Skip to main content

Full text of "Sermons doctes et admirables, sur tous les jours caresme, & feries de Pasques : preschez a Paris"

See other formats


c 


/ 


'    •  i 


. 


-# 


•.    »-^ 


0    SE 


rf 


SERMONS 

DOCTES   ET 

ÂDMÏRABL  E" S, 
Sur  tous  les  iours  de  Carcfiiic, 

PRESCFfEZ.  A    TARIS   PAR  VN 
$>e~&> 

A    %o  y  E 

Chez        A  î*   B  a  b  t 

rue  auxluifs,  près  le  Palais, 


M.    DC.     XXV  I. 


v< 


ï 


?i  s#- 


r 


approbation  des  Doffieurs. 

'  -i 

Ovs  fbubs-fignez  Do&eurs  erî 
Théologie  de  la  Faculté  de  Paris, 
certifions  auoir  veu  &  leu  ces  prefcns  Ser- 
mons ,  fur  les  Euangiles  du  Carefmc ,  auf- 
quels  nous  n'auons  rien  trouué  qui  foit 
contraire  à  la  Religion  Catholique ,  Apo- 
ftolique  &  Romaine,  ains  lesauons  iugés 
tres-dignes  d'eftre  mis  en  lumière  pour 
rvtilité  du  public.  Fait  à  Paris  ce  24.  Iuil^ 
Jet  1613. 

F.  I e  a n  le  Page.' 


N 


^> 


F.Iacqvïs  Ieanne,' 


SERMON    POVR    LE 

Mer  cre  d  y    des 
Cendres. 

Tu  autem  ciim  saunas  vnge  cdput  tuum  olcâ] 
^rfaciam  tuam  Uua9ne  videarîs 
homimbutieïunAns* 

M  A  t  t  h.    £. 

Lurarquc  en  la  vie  d'Alexandre 
le  Grand,rapporce  de  ce  grand& 
puillancMonarque  de  l'Vniuers: 
que  comme  ice'uyeftoit  en  che- 
min auecvne  forre  &pui(Tante 
armée,  pour  aller  à  la  conque* 
(le  des  Indes  Orientales,  miraculeufement  ÔC 
inopinément  au  milieu  de  Ton  armée  cV  de  fou 
exercice,  nalquirent  deux  fontaines  ,  l'vne  d'eau, 
Vautre  d'huyïcjchofe  qui  rcfioiiitfort  Alexandre 
(  comme  luy-mcfmc  le  tel'moigne  en  vne  lettre 
qu'il  refait  à  Antipatcr  ,  mettant  cela  entre  les 
plu  U  figncs  que  les  Dieux  luy  euilcnt  cn- 

uoyez  jAumcfmcinltant  les  deuinseftans  inter- 
cz  de  ce  myftere  ,  &  fur  tout  le  grand  &  di~ 
um  Aftrolugue  Ariftandcr,dit  que  c'eftoit  vn  11* 


5  Tourte  Mercredy 
gncârtcurêquc  fon  voyage  luy  feroit  glorieux* 

6  que  ces  deux  fontaines  eftoient  vn  vray  (ym- 
bolc  de  la  victoire  que  ce  grand  Prince  dcuoic 
remporter  fur. fes  ennemis  :  Bien  eft-il  vray  que 

Buyle     Cgfte  victoire  ne  deuoit  eftre  finon  après  anoir 
donne e      ^tn  «aty    ^  auee  beaucoUp  de  peine  &  trauail, 
4«x  bom   ccquieftoitreprefentéparla  fontaine  d'hùy le,  à 
yfsr  ?ar  caufe  ,  dit<Arïftander  ,que  les  dieux  ont  donné 
les  dieux,  inUyie  aux  humains  pour  vn  rafraifehiflemenc 
t°urr   r*~  en  leurs  trauaux  :  auflî  de  fait  Alexandre  en  cefte 
fraijchij-   cnrrCprife  romba  en  de  grands  dangers,  &c  fuc 
jement  ^^  plufieurs  fois  blefté  à  bon  efeient  en  combat- 
leurs  tra-  tanr>  ^fais  cn  gn  rous  ccs  trauaux  &  combats 
vaux.        deuoient  eftre  fuiuis  d'vne  heureufe  &  fignalec 
victoire.  Ce  qui  eftoit  lignifié  par  la  fontaine 
cTeau,(ymbole  de  victoire,  d'autant  que  lors  que 
nous  auons  bié  foif,nous  ne  sômes  fi  cnuieux  ÔC 
Û  defireux  de  l'eau  ,  corne  les  foldats  font  altérez 
de  la  vidtoircjcxposâs  leur  propre  vie  à  cefte  fin. 
(Chrcftiennc  &  deuotc  afïiftance  )  par  la  grâ- 
ce de  Dieu  ,  nous  voicy  à  l'entrée  de  cefte  Qua- 
rantaine où  nous  prenons  vne  faindte  refolu- 
tion  >  &  pieufe  délibération  en  nous-mcfmes,  de 
faire  guerre  ,  &  nous  armer  contre  nos  plus  cru- 
els ennemis,  le  diable,  la  chair, &  le  monde, &  le 
péché  :  &  voicy  qu'aufll  heureufement  que  mi- 
Huyïefi-  raculeufêment,  non  au  miiieu  d'vn  champ,  mais 
vnc       du  ^u  m'ncu  de  noftre  Euangile,  nailTcnt  deux  fon- 
iraudilcr  tamc$  »  l'vncd  huylc  ,  &  1  autre  d'eau  ,  Tuautim 
Peau  de  la  cum  ^etuna6  ^'nge  cafuttuum  o/fo,C'cft  pour  la  fon- 
'yiftoire     tainc  d'huyle  ,  Et  faaemtuam  Uua  ,  c'eft  pour  la 
fontaine  d'eau  :  lvnc  cft  pour  nous  aiîeurer  le 
Courage  ,  &  nous  donner  force  à  combatre 


der  Ceridresl  3 

l'antre  eft:  vn  fignc  de  la  victoire  que  nous  rcm- 
torterons  après  auoir  vaillamment  ôc  courageu- 
iement  combatu:Ccft  le  fommairc  de  ce  preienc 
fermon:  Mais  puis  que  la  (ain&e  Elcrirure,  ôc  les 
Saincts  Fcrcs  m'apprennent  que  l'huyle  ôc  l'eau 
fonr  aulli  vrays  fymboles,&  vne  parfaicie  repre- 
fentation  de  la  grâce  ,  cela  eftant  nous  ne  pren- 
drons la hardicllc  de  palier  plus  auant,  fans  de- 
mander &  requérir  lalliftancc de  cefte  grâce di- 
uine,&  ce  fous  la  faueur  ôc  intercefllon  de  cefte 
bien-heureufe  dame, qui  a  efté  Ôc  fontaine  d'hui- 
le par  (amifericorde  ,  &  fontaine  d'eau  pour  l'a- 
bondance de  grâce  qui  a  efté  en  elle,  faliïons 
donc  cefte  Vierge,  ôc  luy  difons  très- humble- 
ment: 

^yCue  M at lit. 

Opifcus  traitant  de  l'art  ôc  difeiplinc    ffau}M 
militaire  ,  dit  qu'entre  toutes  les  loix  pr0ptrcw 
*$è$$$L  4UC  lesanciens  Capitaines  donnoient 

à  leurs  foldats  ,  celle  cy  eftoit  la  phis  i0ixJel4 
foigneufement  ôc  eftroitcmcnt  obfciuec,  fçauoir  *4crret 
eft,  que  leurs  armes  fullcntbien  nettes  Ôc  biea 
fourbies. >/4rr»4  terfa  /*nfde,façô  &  manière  que 
c'eftoit  vn  cas  capital  ôc  pumlîable  de  mort  pour 
ceiuv  duquel  les  armes  eltoient  trouuecsrouil- 
lecs  Ôc  mal  fourbies. 

(  Chrefticns  )  noftrc  vie  n'eft  autre  chofe 
«ju'vnc  guerre  Ôc  perpétuelle  mi  fer  e  ,  Mtlitiuefi 
îfiià  hùminit  fuper  terrant ,  en  laquelle  il  nous  faut 
touliours  auoir  les  armes  en  main.  Mais  anaui 
que  palier  plus  ourre,  il  cftqucftion  de  recher- 
cher ik  fçauoir  quelles  font  les  armes  des  Chrc- 

A   ij 


4  Tour  le  Mercrcây 

Quelles  (tiens, auec  lefquels  nous  dcuons  côbatre  nos  en-* 
font  les  ar-  ncinis,  &  lors  que  ie  lis  en  S.Paul,  ic  trouue  que 
mes  des      ces  armes  ne  font  autres  que  les  bonnes  œuures, 
Chrejîïes.  ^htjctamiM  ergo  opéra  tenebrarum  Cr  tnduamur  ar- 
ma lue'ps ,  mettons  loin  de  nous  les  œuures  de  té- 
nèbres,^ nous  armons&  rcueftons  des  armes  de 

i  „  lumière.  Et  puis  que  ce  diuin  Apoftrc  auoit  au-» 

/  Hom.15.  V  j  r  r 

'     parauant  parle  des  mauuailcs  œuures ,  reprclen- 

tecs  par  les  œuures  de  ténèbres, fans  doute  par  les 
œuures  de  lumière  il  prétend  parler  des  bonnes 
œwires,de  façon  que  difanr>4r7W4  lucïs,  c'eft  autâc 
comme  s'il  difon,o^er*  turis^c  forte  que  les  bon- 
nes œuures  font  les  armes  des  ridelles  Chrcftiés, 
auec  lcfquelles  ils  rembarrent  leurs  ennemis. 
Ces  armes  Chreftienncs  fe  reduifent  princi- 
sArmes  palcment  à  trois  chefs  ,qui  font:  l'aumofnc,  l'o- 
Chrejtien-  rajfon  >  &  \c  jeufne  :  toutes  lefquclles  œuures 
nés  rtdm-  fonr  cotrecs  <jans  lc  texte  de  noftrc  Euangilc: 

*'l  r  tT0Pi  ^c  cn  cccy  fingu,'crcment  >  ievoy  vn  traictad- 
cnefs,        mirablcde  la  prouidence  de  Dieu  :  nous  auons 
trois  ennemis  à  combattre  ,  &  tous  trois  ont 
trois  forres  d'armes  différentes    &  difpropor- 
tionnees  l'vne  de  l'autre  .  armes  que  TApoftre  Se 
.  I04fj.i.  Euangelifte  S.Iean  acomprinfesen  peu  de  paro- 
les dilanr,  Quid^md eft  m  mundo  concupifeentta  car- 
Tiù  eff^aut  conruptfcentia  orulorum ,  dut  fuperbta  ~ïitœ„ 
Quelles  Les  armes  auec  lefquelles  combat  le  malin  cf- 
font  les     prit,  c'eft  la  fuperbe:  le  coutelas  de  la  chair,  cet 
irmes    delà,  luxure,  &  lafcnfualité:  &  lc  bouclitr  &  la 
îathan.      argue  du  mode ,  c'eft  l'auarice:  Voicy  trois  for- 
res d'armes  du  tout  contraires  ,  que  la  (îngulie- 
re  prouidence  de  Dieu  donne  aux  ridelles  Chrc- 
(tiens  pour  fe  défendre  à  rencontre   de  Icursi 


des  Cendres":  S 

ennemis  ,_&  pour  rcpoulîcr  leurs  coups  :  ces  ar- 
mes (ont  l'aumofne,  le  jeulnc,  &  roraifon:l'au- 
mofne  pour  côbatre  l'auaricc  du  monde,  le  ieu(- 
nc  pour  affoiblir  la  chair  &  tuer  la  concupifccce 
&  fenfualitc ,  ôc  l'oraisô  pour  deftruire  l'orgueil. 
Puis  donc  que  ce  font  ces  trois  (ortes  d'armes 
que  les  Théologiens  aucc  rEglifcrccognoilIcnt 
cftrc  trcs-proprcs  pour  combatre  &  mettre  en 
entière  déconfiture  nos  ennemis ,  la  raifon  veut 
que  puis  que  nous  faifons  profeiTion  d'eftre  fol- 
dats ,  combarans  (ous  l'enfeigne  de  Iefus  Chrifi:, 
que  nous  obfcruions  le  mcdne  que  les  anciens 
Capitaines  vouloient  faire  obferucr  à  leurs  fol- 
dats,fçauoir  eft  que  nos  armes  foient  bien  nettes 
&  bien  fourbies:  ~)>tarma  nojlrd  terfdftnt.  Le  fils  de 
Dieu  mclme  nous  apprend  auiourd'huy  le  moyé 
d'en  olter  la  rouillcurc  »  difant ,  Cum  AUtem  teiu- 
fiâtii  nohte  jierï  ficut  hyvocrit*  trtihs\cxttrmin1t  rmm 
fdeies  [uAi  ~\t  dppdrcdnthomtnibu4  /Wirwu/fj.  Voila  la    n     n     n 

rouillcurc  des  armes:mais  tov,dit  ce  mcfmcSei-  ;  ^     .. 

r*i_     n-  A  n  -m         '*     roud- 

gneur,qui  csLhrclticn,pour  oiter  ccitc  roinlleu-  i  . 

re  de  dcllus  tes  armes ,  ie  dis  pour  rendre  tes  œu-  , 

,  r„.  _  Marnes   du 

urcs  puresmettes  »  propres  a  cobatre  &  mcritoi-     i     »■ 

icsyrnge  Cdput  tuti  olroic^fjctetua  Uud^ne  Itidedris         ' 

homimb9ietunasyfed pjtri  tuoqm  eiïindbfoduo^crpd- 

ttr  tu9^m  Ifidet  m dbfcoforetldet  t'ibi. L'huyle&l'eau 

font  moyens  rrcs-proprespourofter  la  roiiillea- 

redel'hypocrifie  ,  fi  cllcv  vouloir  prendre  place. 

:n£c.  Grégoire  de  Nazianze  accompare  les   i/7porri„ 

hypocrites  aux   bartclcurs  ou  ioiicurs  Je  Co-|rJro M 

medic  ,  lcfquelscftans  furvn  Thcarrc  :  là  cc!uy  rgy    AuX 

qui  lera  maiftre  tient  la  perfonne  du  feruircur,  iÀt'e[ettrs 

Se  Le  feruircur  reprefente  la  pcrlonnc  du  mai- 

A  1 1 1 


#  Tour  le  Merereây 

{lie  :  Ainli  demelmeen  eft- il  des  hypocrites  qui 
apparoiflent  gens  de  bien  deuant  les  hommes? 
qui  toutesfois  ont  vne  ame  pleine  de  difïimnla- 
lation ,  de  péchez ,  &  de  rancune,  ô  dangereuic 
cho(e  que  rhipocriiie.il  n'y  a  ro'uillcure  telle  que 
celle- cy,c'eft  vne  chofe  du  tout  infernale,  car  ce- 
tte rouil;eure  de  l'hypocrifie  ronge  du  tout  8c 
mange  la  trempe  de  nos  bonnes  ctuures. 
C'eft  en  cecy  que  ic  remarque  la  grade  differen- 
^rande  Ce  qu'il  y  a  entre  Dieu  &  Satan.(car  le  propre  du 
différence  majjn  efprjt  eft  de  contrepointer  noftre  Dieu  en 
ev.tr eDieu  toutes  fcs  ceuures^  en  tontes  fesadtions.)  Dieu 
Cr  Satan.  c^  p^9  f0jgneux  de  l'intérieur  que  de  l'extérieur: 
Satan  au  contraire  eft  foigneux  de  l'extérieur 
pour  trôper  8c  deçeuoir,  &  corrôpre  l'intérieur, 
Satin  &  en  cela  il  eft  femblable  au  foudre, lequel  brife- 
[em^lable  ra  vne  efpee  fans  endommager  ny  interefter  ic 
au  foudre.  fourreau:il  bruflcra  dans  le  corps, &  les  os,  &  les 
nerfs  fans  toucher  à  la  chair  :  ainli.  les  hypocrites 
font  paroiftre  'extérieurement  desœuures  pieu- 
fes ,  humbles  8c  faintes ,  mais  au  dedans  ce  n'efl: 
que  péché  ,  que  corruption ,  8c  mauuaife  inten- 
tion.  Nolite  fîerificuihypacritœ  tri/tes.  DauantagC 
Dieu  commence  ordinairement  par  les  choies 
intérieures  ,  8c  aboutit  par  les  extérieures  :  le 
diable   au  contraire  commence  par  les  chofes 
extérieures ,  8c  aboutit  par  les  intérieures  :  Vou- 
lez vous  voir  comme  Dieu  commence  parles 
thofes  intérieures,  8c  aboutit  par  les  extérieu- 
res? voyez  cela  en  la  création  du  monde  ,  tout 
au  commencement  du  Genefe  ,  il  eft  dit ,  Inprïn- 
Gcftefc   I-  cipio  creautt  Dem  cœluvtO^  terram  :  c'eft  là  Tinte» 
-fiçur,&  après  cela  il  dit  >  Fiat  lux^  f*8*  efilux. 


des  Cendres.  7 

Cette  lumière  ornement  déroutes  chofes  Dieu  corn- 
c'ePtl'cxteri.ur  .en  après  Dieu  créa  les  fontai-  mence  par 
nés ,  les  arbres ,  les  plantes  ,  &  tout  cela  ce  n'eft  les  chofes 
que  parure  &  beauté  extérieure  ,  voyez  conv  wterieu- 
menten  parle  Moyle  ;  Igitur  ptrfettifunt  cœh  cr  res&SA- 
terrd,  voila  l'intérieur,  cr  omnn  orn*tu*  eorum^.ccd  tan  far  les 
là  l'extérieur.  exte  teu- 

Ainù  lors  qu'il  fut  queftion  de  drcfTer^  ba-  w. 
(tir  le  Temple  que  les  faincts  Pcrcs  ont  dit  eftrc  Temple  de 
le  fymbole  de  l'Vniuers,  fait  fur  le  patron  &  mo-  Salomon 
delc  du  monde,  foit  intelligible  ,  foit  eclefte  &çftmholede 
ôc  fub'unairc  :  car  le  Sunfla  Sanchrum  ,  où  eftoic  l^muers. 
l'Arche  d'Alliance,  la  Manne  ,  les  Tables  de  la 
loy  ,  &c  la  Verge  d'Aaron  ,  reprefente  le  monde 
intelligible  :  le  Sxnaum  ,  où  eftoit  le  Chandelier 
àlcpc  branches ,  reprefente  le  monde  celeltc  où    ' 
fcrctrouucnt  lps  cicux  des  fept  planettcs  :  puis 
les  porches  Se  la  nef  où  on  efgorgcoit  les  victi- 
mes &  les  hoftics ,  repreientoit  le  monde  fublu- 
jiaire.  Dieu  voulut  cxprelîement  que  l'on  com- 
mençaft  par  l'intérieur  ,  &  par  le ,  Suniïu  Stnclo- 
rum ,  &  qu'on  l'aboutit  &  paracheualt  par  les 
potches  6v  par  l'extérieur.    Fut-il  queftion  de 
donner  la  loy  au  peuple  d'Krael  (ur  le  montSi- 
nay  (  loy  qui  eftoit  vn  Tabernacle  (piriruel  où      loy   de 
eftoie  la  Manne  &  la  Verge  ,la  douceur  cV  la  ri-  Duu  Ta- 
gueur  )   Dieu  commença  par  i  intérieur  &  par  ùernacle 
l'aclc interne  quieft  l'adoration  à  luy  deuc  ,  >\\-jpintuel> 
fant,  ^4udi  fftael  ,  efrofum  Onmmuf  frevu  tj»i  eduxt 
te  deterrA  Eçypti  de  domo  feruuuti<^  ~\nur»  ueu  fol  Mm  Peut.  6. 
adoralts  ,  £7*  ilh  joli  ferutes  ,  non  bsùcL:>  Uras  altcnos 
cofAmmr.  C'cft  là  pour  lintencur  ,  c'eitoit  ce 
qui  eftoit  couche  fur  la  première  table  deccf;c 

A  iiij 


8  Pour  le  Mercredy 

loy  :  voicy  cequieftoitfur  la  féconde,  où  vous 
verrez  queDieu  finir  par  1  exterieur,difant,#o;?0- 
rapatrem  tuii  £r  matrem  tuam,  "\tfts  longauut  fuper 
terrât»,  &  ce  qui  s 'cnfuit:de  forte  que  c'eft  l'ordi- 
naire de  Dieu  de  commencer  toufiours  r^ç  les 
Contre-  chofes  intérieures ,  &  aboutir  par  les  exrTrveu- 
pointe  de  res:  au  contraire  le  malin  efprit  voulant  contre- 
Satban.     poin&er  les  œuures  dcDieu,commencc  par  l'ex- 
terieur,&aboutir  par  rinterieur,afin  de  le  con  ô- 
pre.  Dieu  eft  foigneux  de  l'intérieur,  &  de  1  être- 
tenir  en  fain&etc  :  le  diable  au  contraire  eft  foi- 
gneux de  1  exterieur,&le  garde  afin  de  le  faire  pa- 
roiftre,  mais  pour  le  dedans  il  tafche  d'y  faire  en- 
trer le  vice&riniquitc,afin  de  le  perdre  &  ruiner. 
Luc    8  Belle  &  riche  parabole  propre  pour  nous  fai- 

re voir  cecy  en  faind  Luc ,  où  il  eft  parlé  du  La- 
boureur qui  femànt  fon  grain  ,  vne  partie  tom- 
ba auprès  du  chemin ,  vne  autre  fur  la  pierre, 
vne  autre  entre  les  efpincs ,  &  vne  autre  en  bon- 
ne terre.  Quelle  eft  cefte  femence?  N.  Seigneur 
luy  mcfme  l'explique  à  fes  Apoftres ,  difant ,  Se- 
mtn  eft  ")ierbum  Dei ,  c'eft  la  parole  de  Dieu>  ceux 
qui  fement  auprès  du  chemin  font  ceux  qui  en- 
tendent cette  diuine  parole,  jWi'  autemfecui  ~\iam 
hjunt  qut  audiunt  licrlumDeîydeinde  l>enit  duholvKy 
Cr  toltt  "\erbum  de  corde  eoru  ne  credentesfalut  fiant. 
$eau  fe-Mais  Seigneur ,  pourquoy  ne  dites  vous  plu- 
ttet.  ftoft,ro////  T/erbum  de  attribut  <  or«w,pourquoy  di- 

tes vous,  de  corde?  6  grand  fecret,  c'eft  pour  nous 
Xitfe  du  monftrcr  que  le  diable  ne  fe  foucic  beaucoup 
diable.      que  les  hommes  reçoyucnt  la  parole  dc'Dieu 
par  les  oreilles:  il  laine  là  l'extérieur  ,  Se  le  refer- 
uc  :  mais  feulement  a  foin  de  rauir  l'intérieur  & 


des  Cenires]  9 

de  le  corrompra:  57  tolût  ~>>cr[>nm  de  corde  eorum'xae 
il  (çaic  bien  qa'eftant  mailtrc  de  l'inteticur  ,  il 
aura  facilement  l'extérieur:  il  (e  contente  quan  J 
il  peut  auoir  le  cœur.  r 

O  erani  Prophète  Ozee  n'auez  vous  point  ~\-  •'• 
vfé  à  cecy  quand  vous  auez  dit, Fatlus  e(l  Evhrum  -        rr 
qttjji  columid(educld  non  htbens  cor.  Qjiov  ù  Pro-  *  o       F  ' 
phetc  n'auiez  vous  point  de  hmilitude  plus  pto-  %    ' 
prcàcôpatct  Ephraim  que  celle  de  la  colombe? 
pourqnov  cela  ?  bon  Dieu  la  colombe  cft  li  bel-  F aujfes 
ie,  il  lemble qu'il  n'y  aycri:nde  ri  beau  ,  ccn'clt  couleurs 
qu'or  ,  qu'argent ,  que  pourpre  &  azur  ,  c  :  n'eft  de  U  Co- 
que  mcmcille  :  &  toutesfois  ,  o  Prophète  ,  vous  lom!?eyre- 
accomparez  Ephraim  maujais  &  dcfloyal  ,  a  la  prefettod- 

►I  jmbe  Ci  belle.  Fd&im  eji  Ephriim  luift  colomba  tio  de  thy 
jeducld  non  hjiens  cor.    Il  cft  vray  ,  la  colombe  eft  pocrifie. 
brlle.ee  n'clt  qu'or  ,  qu'argent ,  que  pourpre  &c  Sueton.in 
azur ,  mais  tout  cela  n'eft  qu'apparence  ,  ce  (ont  Inu  lu'.:j 
couleurs  feintes  &  non  vray  es.  f  teint  ejl  Ephraim  Ceftr, 
qutfi  eolombd  fedtttld  non  hubens  cor,  Phn.    l;j. 

Cecy  me  faict  reilouucnir  de  ce  que  nouslisos  ir. 
de  ce  grand  Celar. que  le  mefmc  iour  qu'il  deuoit  57. 
élire  allafliné  au  S*nat,ice!uy  faifanr  fàcrifice.iux  slui.tr-. 
Dieux  ,  il  le  ttouua  que  l'hoftic  qui  deuoit  cftre  in  >iu  e- 
immolée  n'auoit  point  de  caur ,  qui  eftoit  choie  iufdem, 
cftrâge  &  prodigieufe  en  nature, pource  que  na-  Hoflte 
lurcllmict  vne  belle  ne  peut  viuresas  cœur.  Les  Ctfàt 
Sacrificateurs  &  les  Preftres  voyans  cela,  &  le  1-  u  >^ure 
chas  que  la  victime  (ans  cœur  ne  leroit  agréable 
aux  Dieux, réitérer  le  (acrificc,&dcrcchcr  trou-  MMëtuu 
ucrent  que  la  féconde  victime  eftoit  encore  ùns/'v  1 

jur ,  dCv]iioy  touseltonnez  prindreot  de  là  vnfftr    Ct. 
mauua^s  prcl.»ge  6c  pronoûic  trille  &  maoui 


i  o  Pou  r  le  Mercredj 

du  malheureux  a  (Ta  (lin  qui  fe  dcuoir  commettra 
enlapcrfonnedecegrâi  Cefar  :  Ainfi  Ozte  par- 
lât des  œuures  d'Ephraim  diCoitfattus  e/lEphrum 
qttafi  columba  feduti*  non  haltes  for. Ce  n'eit  qu'hy- 
pocrifie  &    apparence  extérieure  feulement  il 
e(t  impoflïble  que  nous  puiiTîotis  offrir  à  Dieu 
facrifice  qui  luy  foie  plaifanr  &  aggreable ,  s'il 
n'y  va  du  cœur  ,  cous  nos  facrifkes  font  facrifi- 
ces  de  iuftice  ,  nos  œuures  font  autant  de  victi- 
mes,mais  Q  dedans  il  n'y  a  vn  cœur>elles  ne  peu- 
uenc  eftre  méritoires.   Voyez  le  reproche  que 
faifoit  noître  Dieu  à  (on  peuple ,  difant  parla 
Efdye  19.  bouche  de  fon  Prophète  Elaye  ,   Populm  ifle  la- 
bùs  me  honorât  ^cor  autem  eorum  longe  efta  me  fine  eau» 
fd  dutem  cohtnt  me  docentes  doftrwas  O"  mandata  ho- 
minum.  C'eft  en  vain  qu'ils  m'honorent,  dit  N. 
les  bonnes  Seigneur  ,  &  pourqnoy  ?  d'autant  que  cor  eorum 
œuures  ne  lonoèefi  ame.  Si  vous  fai&es  des  œuures  feulemét 
fldifent   a  pour  cure  veus  extérieurement ,  &  pour  paroi- 
DieufieU  ftre  deuant  les  hommes ,  &  qu'en  iccllcs  il  n'y 
les  nepro-  ait  point  de  cœur,  d'affection  &  de  volonté  pure 
cèdent  du  ôc  fainctc,iamais  elles  ne  plairont  à  Dieu  ,  ny  ne 
cœur.         pourront  eftre  méritoires.  Non  emm  m  fi  ex  cordls 
rddice  faiïdprocedunt^kS.  Auguftin:  car  comme 
le  fruict  prend  toute  fa  fubltance  de  fa  racine, 
ainfi  nosœuutes  prennent  leurs  mérites  du  cœur, 
de  façon  que  fi  elles  font  fans  cœur  ,  elles  font 
mortes, &  fans  mérites  :  &ainfi  donc  concluons 
ce  poin£t,difans  que  puifquc  le  cœur  cft  la  four- 
ce  Ôc  la  racine  de  nos  œuuces,  ce  n'cftdem'er- 
Te  *u    er  ueille  C\  le  malin  efprit  fe  crauaille  tant  pour  nous 
riche  pdf-  l'oser, afin  de  le  peruertir. 
fdre.  C'eH:  auOTi  vn  uefbcau  &  riche  pafïagc  pour 


àesCcnlres.  IX 

mcnftrer  cecy  que  ce  que  nous  lifonsen  PEc- 
c'ciïiftiquc,  où  le  fage  Iefus  fils  de  Sirach  parlât 
cie  l'homme  iage  luy  donne  vne  prerogatiue  ad- 
mirable par  dclnjs  le  fol  difant ,  Cor  japtentis m 
dextera  ewt^cr  cor  ftulti  in  ftnistrj.Qnjyi  que  dites 
1  I?  :  à  Sage  le  cœur  de  l'homme  îuttceltil  dif- 
pofé  autremenr  que  celuy  du  toi  ôc  de  Tinfcnfé? 
n'cir-i!  pas  vray  qu'en  tous  les  hommes  le  cœur 
effc  au  milieu  du  corps  comme  le  poin&en  la 
circonférence  ,quoy  qu'Ariftote  diic  qu'il  pan- 
chc  plus  du  colle  gauche  que  du  droidr,  ?  Si  donc 
il  cft  ainfî.ô  Sage,pourquoy  diecs  vous  auec  dir- 
fcrcncc/'orfapic?}tisindexteranuf  ^{ycorftulu  m 
ftnijhâ  ?  Si  le  vencrabîc  Bedc  dcuoit  expliquer  ïni"r[>r?- 
cccy  ,  ilentendroic  par  la  dextre  la  vie  future  ,  &ct4tl0ns^l~ 
par  la  feneftre  la  vie  prefente:  &  diroit  qu'il  y  &uerjes  "e 
cette  différence  entre  J'homme  fage  &  le  Çq\ S et *][*£*• 
que  ecluy  là  attache  fon  cœur  à  la  vie  future  & 
aux  choies  ecleftes  ,  &  cc'uy-cy  ne  metlcficn 
qu'à  la  vie  prefente ,  6c  aux  choies  de  la  terre.  Si 
S.  Hierofmc  nuoir  ce  partagea  expliquer,  ildi- 
roit ,  que  puiiquc  la  dextre  lignifie  la  faluation, 
&  la  feneftre  la  damnation  ,  que  toute  Peftudc  & 
le  (oing  de  l'homme  fage  eft  après  les  cho(cs  qui 
touchent  &  concernent  le  falut:&  le  fol  au  con- 
trite ne  le  plaift  qu'aux  chofes  qui  conduilent 
à  l'éternelle  damnation.  Si  vn  autre  interpretoie 
cecy  il  ewendroit  pat  la  droite  les  aductlitcz, 
ôc  pnr  la  gauche  les  profpcritez  :  Se  diroit  que 
le  fige  elt.  ferme  &  alfeurépanny  les  aJucrlitcz, 
$c  (c  nourrit  parmv  icclles  :  mais  au  contraire 
l'homme  fol  le  lailFe aller  ,  &  nemet  ion  caur 
qu/aux  proipetitez  de  ce  monde. 


12  Tour  le  Mercrcdy 

Mais  îaiflant  toutes  ces  explications  àpart,ie 
Pufe    du%ouscn  veux  dônrrvne  autre  qui  ferai  mô  pro- 
(erpent.     Pos  ^a4uc^c  c^  fondée  fur  vne  curiofité  des  Na- 
turaliftes,lefqucls  dirét  que  le  ferpent  cftât  entré 
en  fa  eauerne ,  fi  quelqu'vn  met  la  main  droietc 
au  trou  de  cette  eauerne  ,  il  ne  luy  fera«poinrdc 
mal,ny  ne  la  mordra  poinr,mais  fi  on  luy  prelen- 
te  la  maingauchc,il  la  mordra  fi  fort  que  laper- 
fonne  fera  en  danger  de  mourir  ,  hé  !  pourquoy 
6  ferpent  n'en  veux*  tu  qu'à  la  main  gauche?  c'eft 
pour  autant  qu'il  fçait  que  le  cœur  eft  plus  pen- 
chât du  cofté  gauche  que  du  droidc- ,  voy  la  pour- 
quoy il  n'en  veut  qu'à  la  gauche ,  &  nô  à  la  droi- 
yraye  ex-  &c  :  am^  ^c  Sage  dil>cor  fapientis  m  dextera  ciusi&* 
plication   cor  ftu^il  infini/ha,  le  fage  met  sô  cœur  en  fa  droi- 
dupaffare  cte  d'autant  qu'il  fçait  que  la  droite  eft  prefer- 
du  Save.    uce  ^c  ^a  niorfure  du  ferpent ,  qui  eft  le  diable: 
maisaucôtrairelcfoLlaitlê  fon  cœur  en  fa  gau- 
che,il  fe  laifle  piper  par  le  diable,&  par  ce  moyen 
fc  caufe  la  mort  éternelle  ^Cor fapientis  in  dex- 
tera eiu.^cor  dulti  infini/ira  ,  bel  enfeignement  que 
donnoit  le  mtfme  Sage  pour  ce  fujecl: ,  difanr, 
Differen-  ferUd  cor  tuum  fuia  ex  tpfo  tôt a  ")iita  procedtt. 
ce   entre       Belle  differéce  qu'il  y  a  entre  les  filles  de  Dieu, 
les  filles  de  &  celles  de  Sathan,  toute  la  gloire  &  beauté  des 
sion     cr  ^cs  ^c  ^cu  c^  au  dedâs  comme  à  fort  bien  dit 
celles     de  ^c  P^almiftc  Roy,difant .Omnisglorwfili*  l^rgis  eh 
Satan.       tntus  wfimbrtfs  aureis  circum  amicla  ^arietatibus^C 
le  mefme  en  vn  autre  endroit  parlant  des  filles 
de  Sathan, &  des  filles  du  monde  >  &  de  la  chair, 
dit  que  toute  leur  beauté  eft  au  dehors ,  ftli<e  eo- 
FJal.  44.  rUm  comp0jlt4^ctrcumornata'\lt  [imiluude temph.Cc^ 

ftc  grande  lumière  de  1  Egliïe  Latine  S.  Augu- 


de f  Cendres]  13 

ftin  expliquant  ce  premier  pafîage  de  Daujd,  om-  yçu«ua 
rjisgloridfiliéC  l(egts  *b  intus, donne  deux  beaux  en-  cnxTTÀ_ 
feignements  quicobatent  &  mettent  en  ruine  tlone  m 
deux  fortes  d'hereflcs,  l'vnequi  cft  des  Scribes  &  pM      « 
Pharifiens ,  &  l'autre  de  nos  nouucaux  pretédus 
reformez.  Les  Scribes  &  Pharihens  ne  raifoient  Oeux  ror- 
eftime  que  de  l'extérieur  ,  &  ne  fe  foucioient  tcsd'lhre- 
pomt  de  lintericur.  Au  contraire  nos  Rchgio-  ftes  com- 
naircs  ne  veulent  que  l'intérieur  ,  &  ne  foucicnt  yatl4-( ■■-  pjr 
point  de  l'extérieur,  fc  fondans  fur  ce  palïage  de  s.  ^wru- 
J'Efcriturc,  Deus  fpintusesl,  crtnjpiritu  oportet  illu  y?;w# 
tdoTArc ,  ces  deux  erreurs  (ont  combattues  par  S. 
Augnftin  ,  difant  que  pourautant  que  l'homme  rierefie 
eit  composé  Je  corps  &  d'amc  ,  il  faut  par  toute  des  pbdrU 
necefluë  qu'il  rende  grâce  à  Dieu,  &  d'amc  &  dcfiens  dif- 
corps,  Se  qu'il  employé  les  deux  à  Ion  feruicc,  ferente  de 
puisque  c'eft  de  Dieu  que  viennent  ces  deux  celle  des 
parties  edcnticllcs  de  l'homme  :  car  que  l'amc  hérétiques. 
vienne  de  Dieu,  cela cft  cuident  &  trop  clair, 
que  le  corps  aullî  vienne  de  luy  mcfmc  ,  la  merc  Chomm? 
dcsMacabccs  nous  rcn(èignc,quaud  elle  dit,par-  doïtferuir 
Jant  .1  (es  cnfans,A>/</o  cjuomodoin  Ifteromeo  appa-  Du  h  de 
ruiftis /rd  qui  jormJUtt  homims  rutuutAtemt&C  donc  corps  fp 

f>uisquc  ces  deux  parties  viennent  de  Dieu  ,  cl-  d'âme. 
es  doiuent  dire  employées  à  luy  rendre  ferui- 
cc ,  &ain(ï  tant  intérieurement  que  cxtcncurc- 
mcnr,nous  deuonsferuir  à  Dieu:car  S.  Augulrin 
expliquant  ce  patfage  fus  allégué,  omms gloru  fi- 
L*  r  eçu  d\>  mtu^dn  que  non  feulement  la  gloire 
&  la  beauté  îc  lame  ridelle  eft  au  dedans    mais 
encore  elle  (c  faict  p.iroillrc  au  dehors  pat  bon-  Oifftnci 
OCJ  Saura  :  bien  cft  vray  que  c'cll  le  pi  onre  de  de  Pieu 
Dieu  de  faire  puroiitr»:    toute  la  beauté  d'.n:  ■' "  le  j"4- 


ï  4  four  le  Mefcreây 

amc  an  dedans  &  au  dehors  :  mais  il  n'en  eft  pas 
ainfi  du  malin  efprit  :  il  fait  tout  paroitirc  au  de- 
hors ,  &  rien  au  dedans  ,  de  forte  que  les  amesj 
qui  font  Ces  efclaues,  font  belles  à  merueiilcau 
âchors9fili£  eorum  compofîtœ.circumornatœ  ~\tfïmdt- 
iudoX empli:  Il  fcmble  queDauid  difant  cela  face 
allufion  a  ces  temples  des  Egyptiens. 
Chmens       Clément  Alexâdiin  dit  que  cestéples  eftôienc 
iAlexana.  admirables  en  beauté  &  apparéce  extérieure  ,  ce 
M?»  3»        n'eftoit  que  porphyre  9  que  marbre  ,  que  iafpej 
.       quebt6ze,que  e  îapiteauxfiiéb  àla  MofaïqUe: 
Temples    jcs  efcallcrs  escient  d'vne  prodigieufe  grandeur 
desEgy-    tous  de  porphyre  :  entrant  dedans,  l'oeil  defeou- 
f  tiens  ad-  uroit  vne  infinité  de  colomnes  faites  à  la  Ro- 
mvrabies ^  niajne  s  cc  n'eftoit  qu'or  ,  qu'argent  ,  qu'azur* 
en  beauté.  qUCftatués  ,  qu'obelifques,  que  colodes  haute- 
mét  eleuez  ,  &  ouurages  les  plus  cxcelléts  &  ad- 
mirables qniayent  iamais  cftè  veus  :  de  (ortc  que 
l'entendemét  humain  dcmeuroiteiton'né  &  ra- 
tiy  en  la  contéplatiô  de  tels  édifices:  mais  entrez 
plus  auant  en  ces  temples, &  tirez  les  rideaux  Ôc 
Beficslte-  courtines  (  c'efl; là  l'intérieur  )  Vous  y  trouucrcz 
ri*  meufn  vn  crapault,  vn   chic  enragé,  vn  char,  vn  bafilic, 
retirées    vn  ferpent  &  vn  crocodile.  Ha!  quelle  richeiTd 
tour  dieux  pour  choies  fi  abominables  Filia,  corïi  copofu<e9 
mire  les      etreumernatœ^t  ftmihtudo  teph.  Ohypocrites  qui 
ypùens.  ne  voulez  paroiftre  qu'au  dehors  ,  vous  efies 
fernblables  à  ces  Teples  anciens  des  Egyptiens^ 
car  en  vous  il   n'y  a  qu'apparence  extérieure 
feulemet:  cène  font  que  icufnes,  qu'aumofnes» 
qu'oraifons,&  prières  qu'eeures  qui  fcmblenr 
bonnes, de  pieufes ,  mais  en  vos  cœurs  &  en  vo-f 
Arc  inteneur  ce  n'eft  que  noife ,  que  rancune  $& 


desCendres".  15 

rnefchanceté,ô  dangereufe  hypocrifie. 

Plutarquc  die  que  le  vin  elt  vn  remède  fouue-  Vin   jJfim 
rain  contre  le  poilon  ,  mais  s'il  vient  à  cftrc  mef-  a-freux 
lé  auec  le  poilon  ,  alors  le  poilon  cft  irremedia-^tf/^^ 
b!c    Ainfi  diions  que  l'antidote  &  (ouueraine  \t  polron% 
theriaque  conire  le  vice  &c  le  peché  ,  ctt  la  ver- 
tu, mais  lorsqu'il  arriuc  que  parla  malice  des 
hommes  la  veuu  eu:  meflee  auec  ic  ne  fçay  quel- 
le apparence  cxrerieure  &:  hvpocrific  ,  alors  el-  .,. 
Je  elt  mortirerc  &  trcs-dançereulc  ,  cclt  vne       _     J 
roiïilleurc  qui  elt  tort  à  craindre  :&  pourec  no-      *  , 
ftre  Seigneur  nous  infirment  auiourd'huy  d'vn 
moyen  *c  remède  très  propre  pour  empefeher 
cette  roiiilleurCjdifant.r»  autem  cum  leiunts  ~*nre 
CéPut  tuum  o/to,  ry  factemtuam  liu.i  ne  ^iclearis  bo- 

mimbws  leiunarii  le  vous  veux  donner  trois  belles  ^    •    #  , 
..  a  ,  Trois  bd~ 

cxplicarions  lur  ces  paroles  îcv.  ; 

t  n.  l   c  les    W*r- 

La  première  elt ,  que  par  ce  cher  nous  pou- 

uons  cntndrc  l'intention  &:  larin  denosœu-r 

ures  &  actions  :  cjput    en  Latin  ic  prend  anez  ;    „r  r 
u  c  •  j  1  1       "*  Chef. 

louucnt  pour  cher  &  principe  de  quelque  eno-  J 

fc.Or  (us  voulez  vous  voir  côme  la  fin  &  le  prin-  r       „,   r 
ope  ne  lont  qu  vn  l  )c  vous  le  vais  rairc  voir,    n         ■ 
Philofophci  ne  m'apprenez  vous  pas  cecy  quaJ  J      7   r 
Vous  dites,  finis  elt  prunus  m  tntenttone  CT   ntimm  J 

tnexecuttone.  Puis  donc  que  le  chef  elt  pris  pour 
la  fin  pour  l'intention  &c  le  commandement, 
noftrc  Seigneur  nous  exhorte  qu'au  commen- 
cement de  nos  ctuures ,  nous  oignions  noftrc 
intention  d'huijc  ,  m.ns  de  celte  huile,  de  la- 
quelle ;l  cft  parlé  aux  Cantiques  >oleum  , 
nomen  tuum  :  l'huile  qui  n'elt  aurre  que  noltrc  c  A  '  * 
Seigneur,  ou  par  rncphralc  I  khraique  le  m^ 


16  Vôtir  le  tAetcreây 

me  mot  Hebrcu,qui  fignifie,«owf»  ,  eft  pris  pour 

touie  la  perfonne  du  fils  de  Dieu  ,  lequel  a  efté 

vnc  huile  cfpanchcc  en  fon  incarnation  &  donc 

N,Sc\vnÂ\iarii:rnge  caput  tuumcleoycc(\.pom  di* 

reque  noftre  intéuon  &  nos  œnures  ne  doiuenc 

TUUiAfO.  eitre  que  pour  l'amour  de  Dieu.C'eft  ce  mefem- 

bleceque  vouloit  dire  le  Prophète  royal  Dauid 

d\Ca.nt.Prouidebaw  Dvmmumm  conJpcBumeofemperl 

Ôc  en  vn  autre  endroit!: ,  Dirigatur  Domine  ad  te  o- 

ratio  me  a  ficut  meenjum  w  colpetlu  tm.ll  femble  que 

Dauid  face  allufion  à  l'vn  des  dix  miracles  qui 

Te  faifoienc  continuellement  au  tabernacle  an- 
Vtx  rrnrd-    .  ,     ~  .     .  r    r  ,    , 

i    ,-  ç  •   cien,au  rapport  de  Galatin  en  les  lecrets  de  la 
c  csjeja  -  ^ajn(^c£fcrjture  c»c(];0it  qUC  la  future  de  l'en- 

oient     au  -    n    •       iT  i  ^  r*-  »  1 

;    ,  cens  qui  cftoit  oirert  tous  les  îours  a  Dieu  ,n  al- 

taberna-    .    .    .  »  v  .  v  ,  •     , 

/  Joie  ïamais  ny  a  dextre  ny  a  gauche,  ains  ma-gre 

de   an-  .  H   «  r  i:     i   ■ 

tous  les  vents  alloit  toudours  perpendiculaire- 
ment en  haut:  ainfi  Dauid  difant ,  Dingatur  Po- 
mme ad  te  oratio  mea    ,  c'eftoit  autant  comme 
s'il  difoit ,  St  igneur  faictes  ,  s'il  vous  plaift  ,  que 
iamais  les  vents  des  tentations  de  Satan  ,du  mo- 
de ,  ou  de  la  chair,n'ayét  la  force  de  faire  fléchir 
mô  iménon»&  empefeher  le  mérite  de  mes  au- 
urcs ,  orailons  Ôc  prières.  Proutdeham  Dominum  in 
row^mMw^o/fw^er.Cequcnousfaifonsdoitcftrc 
pour  l'amour  de  Dieu  ,  &  non  pour  ellrcveu 
des  hommes  à  guile  des  hypocrites  ,  delquels 
noftre  Seigneur  parlant  ainourd'huy  dit ,  Nçlite 
'  "*    ^es  fiert fient  kyfacrjf*  tnffes.  &c  6  choie  dangereufe 
bemmes     ^  merneillcufement  à  craindre  que  la  veue  des 
défiant*-  jlomm-s  t  car  }cs  yeux  de  l'homme  font  plus 
Ie*  dangereux  que  ceux  des  Bafilics  qui  tuent  ceux 

lefqucls  ils  regardent.  O  Chrcltien  ,  fi  tu  fais  de  * 

(r  il  àircs 


des  C en are s.  17 

œuures  pour  eftrc  veudcsh  <cqne 

ces  yciix  font  mouric  tCi  l ,  &  BC  pcuacaC 

iair.  .  :rcr  ,  bal  yeux  ,  ô  veuè'non  feulement 

icmblablc  àccile  duBaliiic,en  ce  qu'il  rue  ceux 
q.ii  le  regardent  :  mais  encore  en  ce  qu'il  le  rue 
luy  -meûne  en  le  regardant  dans  vn  miroir  :  ainii 
s'il  arnue  que  ic  face  des  bonnes  ctuurcs,  <S:  que 
ce  loir  feulement  pour  eftrc  veu  des  hommes, ie 

1  eftrc  certain  que  celte  veue  des  hommes  me 
caufe  la  mort  ,  ex  ii  dauanrage  îe  me  regarde  par 
vnc  réflexion  que u Lus  fur  moy-metmc  ,&  par 
vnc  vainc  complailance  formes  actions  ,  &  fur 
mes  œuures,  ic  me  cùule  la  morr  a  moy-mefmc 
aintî  que  le  Bafilic-*&  par  ce  moyen  il  (c  iair,quc 
les  cruurcs  qui  déuroieut  auoir  vie  ,  mais  viede 
gloire  ,  font  mortifères,  cVcauiènt  l^m^rt  eter- 

'.e. 
O  Lucifer  miracle  de  nature  ,  comme  vn  autre      luciftr 
Balî  ic,  ru  rc  voulus  réfléchir  fur  toy-mclmc ,  tu  i\ft  perdu 
tcvoulm  complaire  en  rapers6nc,cVquclle  mer.  cn[ÀComm 
ucillc  ,  lî  en  mefme  temps  celte  cognoiUancc  &  nC€ 

vtux  comme  ceux  du  BafiltC  t'ont  donne  la 
îr.orc  '  voila  le  malheur  qui  promeut  de  1  hv  pô- 
le, 3c  le  dangerque  marchandent  les  hypocri- 
tes <S;  pouicc  6  Chrclfccns,  gardez-vous  de  celle 
a:  de  celte  rôtit  Heure,  cV  dites  aucc  Dauid, 
JjiTi^ttur  Dorr.inc  juI  t? or.tti^wej,  C7~f. 

La  fcccffldc  explication  de  ces  parafa  ,  t'nje  ch'f  >  < 
eUfm  .^c'clt  que  par  le  chef,  nous  pouuons  pour    ic 

endre  le  ectur.  car  tout  ai  ni]  qu'en  11  :gli  (c  cœur 
fr  rerrnnuem  deux  chefs ,  l'vn  vinblc ,  &  l'autre 
inuifiblejatnfi  en  l  home  (c  trouuenc  deux  chr 

D  viiibrc,  lc,auoir  la  te&a  ,  l'autre  inu.ùblc* 

B 


i  8  Pour  le  Mercvcây 

fçauoir  ls  cœur,  c'eft  de  ce  chef inuifiblc  que  no9 
charité  pouuons  entendre  ces  paroles,  Vr,ge  caputtuum 


deflus  toutes  les  autres  liqueurs  :  ainfi  la  charité 
emporte  le  delTus  &  la  prééminence  fur  toutes 
les  autres  vertus  >Vng<  cafut  tuum  oleo,  oindt  ton 
cœur  de  l'huyle  de  la  charité.    Que  dis-tu  Reli- 
gionnaire,  que  les  commandemens  de  Dieu  (ont 
impofïiblesftant  s'en  faut ,  tu  te  trompe  en  cela: 
car  fi  tu  oindts  ton  cœur  de  l'huyle  de  charité ,  il 
ne  fe  tt ouuera  rien  de  plus  facile  pour  toy  :  il  n'y 
a  chofe  qui  fe  dilate  dauantage  que  l'huyle ,  aufft 
n'y  a-il  rien  qui  outre  plus  le  cœur ,  &  qui  le  di- 
late d'auant#gc  que  la  charité,&  de  faiet  S.  Paul 
efcriuant  aux  Corinthiens,  leur  difoit,^  nofttum 
XXor,  6-  patct4£{  y0s,S  Corinthij^cor  nofïru  diiatatum  efwrtge 
caput  tuum  oîeo,  s'il  arriuc  donc,Chrefiicn,que  tu 
oigne  ton  cœur  de  l'huyle  de  charité,  les  côman- 
demens  de  Dieu  te  feront  très-faciles:  car  l'huyle 
ne  peut  fi  bien  ramolir  quelque  chofe  >  comme 
la  charité  faiét  le  cœur  :  auiTi  S.  Auguftin  difoit, 
sAttl-  libi  Charitate  omma  faciltafiunt,  cur?  t^uta  jarcina  ChriHï 
de  natura  leut*  e(t>cui grêuiamandata'\identur,pit*t')>t  auferat 
Crçratia.  quodimpedit,  ty  impie at  quodiubet,  c'f  ft  la  charité 
€ap%  C9.    qui  rend  toutes  chofes  faciles  &  pofïibles  ,  par 
fon  moyen  les  cômandemens  de  Dieu  font  tres- 
I.  Joap.y  légers,  aufli  S.  lean  difoit  ,  Haie <ji  chant**  Dei  lit 
mandata  eim  cufiodiamw yey~mandata  einsgrauianott 
Junt  6  grand  Dauid  n'auez-vous  pas  bien  expéri- 
menté cecy  quand  vous  auez  dira  Dieu  ,  Viam 
mAnaatorucucHrrtfÇumddéitaJitcormeii  ,  Seigneur, 


des  Cendres".  19 

puis  qu'au  moyen  de  voltre  grâce,  &  de vodre 
sîmour  mon  caura  elle  ouuerr  :  ie  ne  nie  luis  a- 
mulë  ny  arrclté  en  raçon  quelconque  ,  linon  A 
courir  en  la  voyc  de  vos  fainrs  commandemens, 
*>/jw  m.tndjitorum  cwurrr.donc  "}">£?  tàfut  tutioLo:     jj,. ///  /7. 
charitute  ~\n£e  cor  tuum.  Car  tout  ainli  tome  pour  miHtttuet 
bien  faire  aller  les  carroiles  on  a  accoultumede 
huyler  les  ailleaux  des  roiics,  auPù  s'il  y  a  de  la 
pelanteur  en  vous,  Ci  vous  crouuez  de  la  difficul- 
té à  mettre  en  exécution  les  commandemens  de 
Dieu  ,  prenez  moy  cette  Iiuylc  de  la  chanté  ,  £c 
en  oignez  les  roiies  de  voltre  cœur  ,  &  alors  vou« 
trouucrez  tout  facile.   Sainâ  Augullin  l'auoic   ^«Ç«"- 
expérimenté  car  furie  poindtde  fa  conuerfion,  "".«.ro»- 
il  luy  eftoic  aduis  que  /es  plaifîrs  s'adcireflbicnr/^  Cat* 
encore  à  luy  ,  tk  l'inciroienc  à  faire  vne  r'enrrec11, 
au  monde  ,  &  reilenroit  en  luy  de  la  peine  a  les 
quircr  ,  &  à  s'en  défendre  ,  mais  nnfli  toit  qu  il 
euft  oindtlon  errur  de  cette  huyle  de  la  charité, 
6c  dd'T.mour  de  Dieu,  il  d\:  Irmtttrcmetua 

erat  dimitttrc fâU&ém  I  r.tt  ,  Cx  Ao:\C  ,  Irrite  c.xfut 
tuumolto  ,  faiercs  parti  Ut  expérience»  oignez  vo- 
frreeccur  de  cette  huvle,  U  vous  ferez  foulages 
en  rour  ccque  vous  ter. 

La  troilicfmc  explication  de  ce<;paroIes,  "Vw-  ~  m  .^ 
gr  cjpui  tHumoito,  c  fit  que  par  le  chef  nous  pou-  ùfn  (  ;_ 
uons  entendre  lame,  &  par  l'inivl  ICC  LcsÇ 

vnç  onc  appelle  lame  I  epitome  bu  abrège  de 
l'Vmocn  ;  les  aotiet  la  forme  ha  plus  exee   ebtc 
de  toutes, les  vus  vn  rayon  de  la  diutntté,  les     i  - 
rres  le  cabinet  des  memeillcs  de  Dieu  :   mais  Ckffrmt 
pour  moy  ic  disque  l'amccrt  le  chef  de  l'hoia-foKr /*4- 
me.   Ccftc  ftatuc  de  Nabuchodonolor  cftoit**'. 

Bij         i 


20  V curie  M '  rcredy 

vue  belle  reprefentation  de  l'homme:  car  la  par- 
tie fuperieure,  à  (çauoir  le  chef  d'or  ,  reprefente 
lame  qui  vient  du  Ciel  :  mais  les  pieds  de  terre 
de  cefte  ftatuëi  reprefente  le  corps  de  l'hom- 
me qui  eft  fait  de  terre  ,  Terra  es  &"  tn  terramre- 
enej.  3.    uert€riâ  ^  c»c^  donc  ce  chef ,  c'eft  cède  ame  qu'iL 
faut  oindre  auec  Phuyle  de  la  grâce ,  ~\nge  cafut 
tuum  ota,car  comme  il  n'y  a  rien  de  plus  penetrâc 
quel  huyle:  auflï  n'y  a-il  rien  qui  pénètre  târ  que 
oà  eftL  lagrace.Theologiens,  d  tesmoy  vnpeu,ofieftla 
gr*ce    en  grâce  en  nous  ?  le  fçay  bien  que  la  force  gift  en 
ïbomme.    l'appétit  fenfitif  ,  la  raifon  en   l'entendement: 
mais  la  grâce  pénètre  bien  plus  auant,  e(l  m  ejfen- 
tia  anima  ,  elle  pénètre  iufqu'à  la  fubftance  de 
l'ame ,  chanta*  Va  diffufa  ejt  in  cordihm  nefiris.  O 
Religionnaires ,  ie  veux  que  vous  fçachiez  que  (î 
ce  chef  &  cefte  ame  n'eft  oinéte  de  cefte  huile  de 
la  grâce, il  n'y  a  point  de  mérite  en  nous:  ie  vous 
prie  d'apprendre  cet  enfeignement ,  ckne  vous 
flattez  point  »  (cachez  que  toutes  nos  ceujires, 
quoy  que  bonnes  &  pieufcs,fi  elhcs  ne  font  fon- 
dées fur  la  grâce  ,  ne  peuucnt  mériter  la  vie  éter- 
nelle :  elles  pcuuent  bien  nous  difpofer  à  iccllc, 
mais  ne  peuuent  rien  mériter, 

Dauamagc  les  mefmcs  Théologiens  remar- 
iai* for-  quent  trois  (orresd'œuurcs  &  actions,  &  difenr 
es  ,/'#«.  Que  les  vnes  font  mortifères  >  les  autres  mortes, 
ires  mor-  &  les  autres  mortifiées.  Les  actions  mortifères 
\fere<  ne  font  iamais  bonnes  ,  &  rendent  à  la  mort  >  Ç\ 
tortes  £r  on  ny  Prcncl  garde  :  les  mortifiées  (ont  capables 
wtiHee  m  ^e  v'e  '  ^  on  v^cnr  à  fe  rccognoîftre  .  mais  celles 
qui  font  mortes  ne  peuuent  iamais  receuoir 
vie,  &fjnt  celles  qui  font  faites  en  pechemor- 


des  Cendres*.  2 1 

tel  :  voila  pourquoy  pour  fourbir  ces  armes ,  #c 

pour  rendre  nos  actions  bonnes  ,  Cv  capables  de 

la  vie  éternelle  >  il  faut  auoir  ceux  huylc  delà 

grâce  pour  oindre  naihc  Aix\c,lmge  avut  tuïi  oie-. 

Car  lans  cette  huvle  elles  ne  peuuent  eilrc  meri-  r 

r»  «4     1  -1  1  lansmeri- 

roircs,  voyez  S.  l\uil  il  prend  toutes  les  vertus,        r      . 

tous  les  dons  les  plus  hauts  ik  rcleuez,  <x  dit  que 

touteelanc:,  en  ,  ny  neprohre  point  lans<=>         iM 

la  c^racc  nv  la  charité, Si  die -il,  ltn»ruis  hommumlo- 

i~  1»Cot.  EC 

•  «/?*,  /î  h.ibucro  prophetiM  ejr  nouerim 

,  CJ7"  omncmlaer..  ,i  hjl/wro  om- 

r>cm  Hdem  ytmcntrstransferxm,fi  -iiùribucro^ncwos 
pÂUpentmomncs  facu!tdte>  m(J     ;       :radiderocorptif 
meum^ti  ~\t  ardejmi  chdrttjicjn  autem  nonh.dueroy 
mhil  mihl prodeftyi<c  donc, dit  nollre  Seigneur  ycum 
ttiunas^n^c  caput  \u*m  oleo, il  ne  dit  pas  cum  ti#s  eU- 
emofyrjjrn,  ou  bié,  ùm  orxr.  mais  r«w  Hmmtâ,  d'au- 
tant que  le  ieufneeft  vn  œuure  la  p'us  méritoire  ^ouuerdin 
de  toutes.  Erapedocles  auoit  vne  fois  inuente  me"lCÀ- 
vn  certain  médicament ,  lequel  corn  ne  il  difoir,  mtnî  t0** 
pouuouraire  viure  fans  rcfpiter  :  ce  quece  Vni-  Tm**j**s 
lofophediloit  de  (on  medicamenr  ,  à   plus  iufte  refftrcr' 
iujccfc  le  pouuons  nous  dire  du  ieufnc  »  lequel 
nous  rai&  viure  hors  Je  nous  mclmes  en  la  grâ- 
ce dcDieu:anlli  S.Paul  difoir  de  (ov  o  um 
noneço^iuit  ^eromme  chrijlut,  c'elt  le  ici  ncq;ic 
Tcrtulian  appelle  bouclier  &cfcu!l  le- 
quel nous  nous  défendons  contre  le  diable  ,  & 
contre  le  vice.  Ce  fut  le  îeulne  ,  dilcr.t  quelques  Loùjntres 
Pères  ,  qui  donna  tant  de  forces  à  S              1  l'en-  JM  . 
contre  de  les  ennemis.   Mais  ce  iettfnr  11c  peut 
auoir  de  force  ôc  de  mérite  ,  s'il  ne  t  .  a- 
g;ic  de  le  'zz^cnulinm  opus  menn,  4, 

B 


21  Fûurle  Mercrejy 

dit  le  doreur  angelique  S.Thomas,  &pource 
nofireSeigneur  voulant  que  ce  ieufnc&  nosceu- 
ures  foientmeritoires,dit  auiourd'huy,  Tuautem 
eut,:  Kinn<i4  Iwge  caput  tuum  oleo ,  il  faut  faire  en- 
trer celle  hnyle  de  la  grace,&  de  la  charité  en  no- 
$  die  Cen-  ^fe  àmci^r&ecaput  tuum  oler  9id  cïi^charitate,  quia 
tence     de  m^  ^widitatts  kabet  rxmuâ  boni  operk-  9Ji  non  muneat 
S  ^Amh-  in  Y*dice  charitatis  ,  dit  S.  Auguftin  ,  la  grâce  feicl: 
a:m  que  toutes  nos  ceuures  font  méritoires  eftans 

M/7.  À  „ 

rauesen  icciJe. 
Fiftion  de     ^  Poètes  que  feignez-vous?  vous  auez  dir  que 
Midts        Midas  auoit  impetré  des  Dieux  que  tout  ce  qu'il 
toucheroit  leroït  or.  La  verité  furpaile  ia  feinti- 
{e ,  tout  ce  que  la  grâce  &  la  charité  operenc  c(t 
tout  bien.  DiiiTcntibut  Dcum  omma  coor erAntur  m 
bonum  omnia  :  toutes  chofes  font  conuertiesen 
bicn.C«w  tetuncK  içttur^n^e  caput  tuum  olet:  Mais 
comme  dit  S.  Grégoire ,  Fiuftr*  caro  atteritur  fi  a. 
truutf  cupiditatibm ammw  tionrefrenjtur.  La  méde- 
cine ne  fert  de  rien, fi  le  tronçô  de  l'cfpee  demeu- 
re encore  en  la  p!aye:voila  pourquoy  après  auoiç 
oingr  noftrc  chef  de  l'huylc  delà  grâce  &  de  la 
chante,  nous  dcuons  encore  lauer  noftrcfacc, 
crfdritm  tuam  Uua:Sc  ce  au  moyen  de  la  péniten- 
ce &:  des  larmes  qui  (onttres-propres  &  tres-fa- 
luraires  pour  lauer  nos  péchez  ,  &ofter  les  ta- 
ches du  vilngc  de  noftre  ame  &  de  nollrc  con- 
feience  ,  6  pénitence  ,  ô  larmes  méritoires  de  la 
vie  éternelle  auilî  N.Sd.diloiz^incentt  dabo  ede- 
E^upcri^    re de  liipo\it<t  epuod  eft  11  paradijo.  Vmcenti  dabo 
comment,  mtnnjtabfconditum.   Le  docte  Rupett  expliquant 
in  cap,   i.  ce  mot  /'wcefl//,ditque  c'elt  autant  ç\uepœmtenti. 
^f)ocJ.    Ç'elt  cefte  eau  de  pénitence  qui  nous  fait  auoii* 


^Apocal. 

2. 


des  Cendres.  23 

entrée  au  Paradis ,  après  auoir  effacé  &  nettoyé 
nos  iniquiecz. 

Sus  donc  Chrcftiens ,  s'il  arriue  que  nos  âmes 
foient  touillées  dhypocrifie ,  prenons  Phuyle  4c 
la  grâce,  &  en  après  l'eau  d'vnc  vraye  pénitence, 
à  finie  non  feulement  fourbir  Cv  nettoyer  nos 
ames.ic  dis  nos  ccuures,  mais  auiîi  pour  leur  dô- 
ncr  vne  bonne  trempe  ,  &  qu'au  moyen  d  icclles 
nous  combations  vaillamment  nos  ennemis ,  ÔC 
obtenions  lur  eux  vnc  heureufe  victoire.  Plon- 
geons donc  nos  ceuurescx:  nos  armes  fpirituellcs 
dans  l'eau  de  la  pénitence  :  que  fi  par  nos  péchez 
la  face  de  noftreame  a  cite  noircie:  fi  f actes  nojtr* 
denigrata  eïl  ,uper  carbones  :  failons  qu'au  moyen 
de  celte  eau  de  la  pénitence  (que  nous  ptopoion? 
faire  en  ce  iaincl:  temps  de  Carclme  )  nous  net- 
toyons noitre  amc  de  tous  vices  ,  à  fin  qu'eftans 
bien  lauez  &  entièrement  purifiez ,  nous  foyons 
vn  îour  tronuez  dignes  èc  capables  de  participer 
à  cette  manne  celeite  ,  que  Dieu  promet  au  vray 
pénitent  &z  victorieux  de  les  cnncmis,afin  de  vi- 
urc  éternellement  auec  luy.  Ainfi  foit-il. 


B  iiij 


SERMON  POVR. 

LE     I  E  V  D  Y     D'A  PRES 

les  Cendres. 


Amenàico  vobis,  non  ttnteni  tantam 
jidcm  in  Ifra'éL 

M  A  T  t  h.   8. 

[|Vis  Qjr  e  ce  matin  nous  voyons 
cnnoftre  Euangile  que  l'encremi- 
fc  des  Scribes  &  Pharifiens  ,  eux 

[  eilans  Seigneurs  du  Temple  ,  a  eu 
fF&yÊ$%$  tc'le  force  &  vertu  à  l'endroit  de 
N.  Seign.  que  fort  facilement  ce  Centuriô  a  ob- 
tenu l'entérinement  &  l'appoinéremcnt  de  la  re- 
cjuefte  qu'il  luy  prefente  ce  matin  ,  touchant  la 
guarifonde  fon  feruireur  malade.  Nous  auons 
tres-jnfte  fujec*fc  d'elperer  auiourd'huy  que  fi 
nous  employés  la  Vierge  en  nos  neceflitez,  faci- 
lement nous  obtiendrons  l'appointemet  de  no- 
ftre  demande  :  la  prière  &  requefte  des  Scribes 
&  Pharifiens  eftoit  fondée  fur  la  dignité  de  ce- 
luy  pour  qui  ils  demaodoient ,  &  fur  leur  indi- 
gnité ,  qui  eft  caule  que  noftjc  Scign.  leur  lait  çc 


Tour  le  Jeuây  et  Apres  Us  Ccnircs.       2  5 

reproche, diiantj^'f'wn  ihcoltoLi^nno  inutmttan- 
ifiilem  m  ijrdèl,  Ainli  les  vœux&rcqucltes  que 
nous  prercndons*faireà  ce  Seigneur ,  ici  6t  Fon- 
dées Ulf  noitre  indigo  lié,  &  lui  la  dignité  de  cel- 
le que  nous  puions  •  ■■eicnieiiu-nt  ,  luy  di- 
ians:                      ^ue  Mart*. 


KrT5<>>  Luiarciue  en  la  vie  de  Sckuiiuà  rap" 
f-ll-^y^J  porte  de  ce  vaillant  cV:  Luimix  capi" 
T:£yCji  îamc  Romain  ,  qu  il  contraignit  vu 
îour  les  Caruiiunicns  de  le  rendre  i 
Ta  inercy  par  vh  ftratageme  mcrueilleux  qui  fuc 
tel.  Iceuxvoyans  qu'inné  pourroienc  luullcnic 
contre  les  Romains,  que  leurs  forces  n'eftoienc 
ballantes  pour  combatte  &c  rcfiltcr  cotre  vn  tel 
ennemy  ,  s'enfuyrcnr  deuât  luy  ,  &  le  rcrircrét  en 
des  lieux  cauerneux  &  fouitcrrains.oii  ils  auoicc 
accoutumé  Je  demeurer  ;  n'ayans  aulli  d'autres 
iy  citez  que  les  cauernes,où  ils  (e  tenoiér, 
p-nian  ..  c  bien  allcurez  ,  pour  la  lui  c:  des 

lieux,aapcei  dclqucls  il  y  auoit  de  très  grands  c\: 
lenrab'..  _cs:  Donc  Senonus  feu- 

dc  ion  deilcui,&  dcicipcrant  prcfquc  de  les 
prêterions,  le  poiirucut,  paùe  Se  rcpalïc  par  pla- 
neurs <S:  diuerics  fois  par  deuant  ca  caticnics, 
Iclquelles  il  r.  -.lloit  inacceffibles ,  &  amiî 

îmeil  le  pooonafoiCttDtC  quelques  C  ipitai- 
ncs  il  Ion  armée  ,1e  va  a.imicr ,  &  prend  gaule 

0  le  vet  ioufilïr  emitiyoir  la  poudre  mite. 
en  ,  :c  le  cctcauerncs  dcllon  gran- 

ux  qui  eûoieot  dedans ,  &  1  oif- 

t  auec  cela  que  la  terre  d'alentour  de  ces  | 
ucrncscltoit  fuit  po  ,  le  lctuic  de  celte 


25  fûurleleuâj 

rufe  pour  les  faire  rendre  à  fa  mercy  ,  au  lieu  dç 
dôhcr  a  (es  foldats  des  picques,  des  hallebardes, 
des  flèches ,  (k  des  jaueiors ,  il  leur  fit  donner  des 
peiîes>des  perches, des leuicrsi  &  battons ,  auec 
charge  &c  cômandcmét  que  lors  qu'ils  verroient 
le  vent  leuer,  &  qu'ils  entcndroiét  la  trompette 
fonner  ,  ils  frappaiîent  la  terre  auec  ces  leuiers, 
&  remuaient  la  poudre  auec  ces  pelles,  &  fiflenc 
dancer  leurs  chenaux,  afin  de  faire  leuer  la  pouf- 
fïcre,qui  par  laide  &  faucur  des  vents  s'en  alloic 
tout  droicl  en  lemboucheure  de  ces  cauernes, 
ce  qu'ils  firent  :  de  forte  que  ceux  de  dedans  fe 
voyansprefque  eftourTez  ,  &  craignans  d'eftre 
enfeuclis  tous  vifs  ilans  la  poudre  &  parrny  ces 
cendres ,  le  rendirent  à  la  mercy  de  leur  ennemy 
Sertorius  :  grand  ftratageme  à  la  vérité  &  for  c 
mémorable  (  chreftienne  &  dcuotc  afliitance) 
vousplaift-il  que  ic  conjoigne  L'hiftoire  pro- 
phane  auec  l'hiftoire fainetc  &  facree  ?  le  trouuc 
cnlafaincte  Efcriture,Dieu  fouuerain  &  éter- 
nel s'eftre  feruy  &  auoir  vfé  de  pareil  &  fembla- 
ble  ftratageme  que  Sertorius,  enuers  les  Prin- 
œs  de  Babylonc  :  efeoutez  vn  peu  ce  qu'en  dit 
^fbaCHt.  A\ncucyrpfe  deregibut  triiïf/bahit ,  er  tyranni  riàir 
lt  culi  eius  crunt3ipfëfuper  omnem  mumtwnej»  ridebito* 

(omportahit  tfjreremcr  capiet  eam.  Il  triôphera  des 
Roy  s  &  fe  rira  des  tyrâs  :  il  fc  mocquera  de  tou- 
tes les  munitions  de  la  terre ,  &  feulement  auec 
des  gazons  &  mottes  de  terre  il  renuerfera  les 
fuperbes  murailles  de  l'orgucilleufe  Babylonc, 
au  milieu  de  la  quelle  fon  nom  eft  profané. 

Il  fcmble  encore  auiourd'huy  que  cette  mef- 
rae  diuine  M.ajefté  aye  voulu  renouuelcr  vn 


et  Apres  les  Cendre  si  27 

mefme  (trafagane  ,  au  moyen  dequoy  il  vient  à 
chef  de  fes  deifeins  :  ne  voyez  vous  pas  hier  com- 
me il  faitoit  amonceler  6c  amailci  de  la  poudre 
&  des  cendres  ?  n'entendiez  vous  pas  que  nous 
faifant  mettre  ces  cendres  en  celte  poudre  lur  - 

Ja  race, il  nous  falloir  dire  pat  Ion  Eglilc,  Mémen- 
to homo  quu  cims  t.<,o~  tr>   ">erem  reucrtert^puluis  es 
Cr  m puliteremrcueneri  :C  efloit  pour  faire  fortir 
les  hommes  des  cauernes  du  pechc,&  (ingulicrc- 
nient   les    Gentils,    qui  eftoient  renfermez  es 
lieux  foufterrains  de  la  perfidie  ex:  de  1  infidélité, 
entre  lefquelscltoit  ce  Centurion  ,  Tvn  des  Ca- 
pitaines de  celte  cauerne  ,  auquel  N.  Seigneur 
n'eue  (1  toit  ftict  voler  de  la  poudre  ,  qu'il  fut 
contraint  aulîi  toit  de  le  rendte  à  (a  mercy  ,  ainfi 
que  firent  les  Caraiitamcns  cnuers    Sertorius, 
difant,  Domine  puer  meus  uetin  cUmo  Puralyttcus 
Crm.ile  tonjuctur   :  De  fotte  que  N.  Seigneur  le 
glorifiant  de  celle  victoire  remportée  ,  diloir, 
^4men  dico  "Yo£/>  non  tnueni  t.inixm  fi<lemin  ifruè ^Ec 
puis  que  ça  clic  la  loy  de  ce  Ccntcnicr  qui  fuc 
caulc  que  Ion  tsTuiteur  retourna  en  conualcf- 
cenec  ,  6c  rece.r    ;i       on  •  (ur  ce  lujct  ie  dcfirc 
auiourd'huv  voub  expliquer  deux  choies  :   La  Intention 
première  cft  la  ncccllitedc  lafoy  au  falut  :  &  la  de  I'au- 
feconde  l'excellence  de  cefte  mehnc  roy  en  la  theur     en 
petfonne  de  ce  Centenier  ,  ce  leronc  les  deux  et dêfctwrs* 
parties  de  ce  prelent  lermon. 

Premièrement  touchant  la  neccHirc  de  cefte 
.'ut  ,ic  disqucc'clt  choie  lu  t  >  u  impol- 

-  Tcllre  ûuue  fans  la  tov.     C'clt  vn grand 
abus  de  Sathan,&  i'vne  de.  p  1  Hes  rules 

dckpicllcs  il  Ce  puillc  aduiler  ,  cllcclic -cy  ,  fai- 


28  Vcurleletfdy 

fant  accroire  aux  hommes  en  les  filtrant ,  que 
pourueu  qu'ô  viuebien  &  moralemétilfufrït  ,Sc 
qu'i  1  n'eft  nccefïaire  d'auoir  la  foy  :  erreur  de  la- 
quelle il  fe  fert  cotre  les  Reformez  pour  leur  fai- 
.    .  reperdre  leur  creâce,&  pour  les  damner  eternel- 
Foypnmi-  lemcnt ,  car  le  fondement  &  le  premier  principe 
pc  du  ja-  ^e  ^ljiu  n'e||.  autre  q,je  ja  f0y^  laquelle  eftât  per- 
/«/.  due  il  n'y  a  plus d'efperance  de  lalut; Voulez  vous 

voir  corne  c'eft  le  principe  du  ialut  fefeoutez  ce- 
cy.  U  eft  dit  en  S.Matthieu  que  ce  Ccturion  s'eft 
approché  de  N.  Seigneur  pour  le  requérir  de  lak 
guarifon  de  fon  fcruiteur  :mais  cornent  s'en  eft- 
Al  H  h  **  approché?c*effc  au  moyé  de  lafoy.auiîî  pour  ce- 
"  fuject  S.  Paul  efcriuant  aux  Hébreux  ,difoir, 
^yCccedentem  ad  Deum  oportet  credere  ijma  eji  :  que 
Croire c'eft  faut  il  faire  pour  s'approcher  de  Dieu?  il  faut 
/approcher  croire  ,  car  la  foy  eft  vne  efchclle  par  laquelle 
de  ûteu,    l'homme  fe  conioint  auec  Dieu  ,  &  Dieu  auec 
l'homme. ^/f  cedentemad  Deum  oportet  credere  am* 
efr.  Remarquez  ie  vous  priecepaflage  ,  &  notez 
en  fuitte,que  s'il  y  a  péché  aucun  qui  nouseftri- 
gc  6c  elloigne  de  Dieu  ,  c'en:  fingulierement  cc- 
luy  de  l'infidélité  tout  péché  nous  retire  de  Dieu: 
il  eft  vray  que  tout  péché  nous  fepare  d'auec 
Dieu  ,  nous  retire  deJuy  ,  &  nous  conuertir  vers 
Dipance      Ja  crcaturCt peccatum  efi  auerfto  a  Peo  ,  £?-  conuerfto 
infime  en-  a({  ^^«^  :  &  autant  qu'il  y  a  de  diftance  entre 
tre     Dieu  £)]eu  &  ja  Creaturc,le  liny  &  l'infiny3aurant  y  en 
Cr  le  pe-  a_jj  enrre  jj)jcu  &  |c  péché  ,&  entre  Dieu  & 
*'A%  J'homme  pécheur  ,  la  diftance  du  Créateur  à  la 

créature  eft  infinic:&  partant  relloignement  de 
Dieu  &  du  peché  ,  &  du  pécheur  eft  infinynnais 
qui  eft  cauledecét  eiloignement  qui  eft  cauiedç 


/'- 


d'après  les  Cendres*.  2 9 

cette  diftanoe  infinie  reft  ce  Dicu.?  non,  &  qui 
donc  c  efr  le  peché  de  1  homme. 

Nous  li  ons  au  chapitre  1.  neduGenc-. 

le,  qu'Agi. lui  ay.ui:  tranfgrc'.x  le  commande- 
ment à  luy  donne  de  ne  touchcr.au  rruicr.  dé- 
fendu, Lvicu  le  mit  dehors  du  Paradis  rcrreftrc. 
EncitilUrn  de  ïâraiii.o  TwluptéW.  Il  ledcpollecU 
de  celte  demeure  dclicicule  :  mais  remarquez  _ 
qu'il  n'y  a  rien  de  plus  véritable  que  cet  axio- 
nie  de  Théologie  :  U  eus  ntmmcm  deftrit  ymft  prius 

deferâtur  ab  ilio  :  que  iamais  Dieu  ne  delaillc  vnc    Ay 

c  r  ■  \  r  t    j     •**  \tomc 

pcrlonnc  ,(1  premièrement  la  perionne  ne  le  de-  jeJ-L    1 

unie  &  ne  l'abandonne  :  ainli  donc  dilons  qu'il 
challa  AJam  du  Paradis  ,pource  que  première- 
ment Adam  par  Ion  poché  s'en  eltoit  luy-mel- 
me  challé  &  retire, &  ainli  ce  ne  fut  Dieu  qui 
le  challa  ,  il  le  challa  bien,  mais  c'edoir  pour  au-  *>**4*  A 
tant  qu'Alain  s'eftoit  rendu  mjj^ne  du  lieu  où  ("AUé    «* 
il  cltoit  :  .S:  celte  fortic  qu'il  luy  rit  faire  ncftoïc  ^ATA^li* 
autre  choie  qu'vne  figure  &  vue  reprclenration 
de  ce  qu'Adam  s'cltoi:  fui  et  à  luy-mcfne  atipa- 
rauant.   AnfTi  pareillcmenr  quand  nous  liions 
au  Genelc  4.  deCaïn  ,  lequel  après  Ion  fiarri- 
cide  dit  à  Uicu.  Ecce  ctfcies  me  hodie  4  fâcie  tu.t ,  çr 
ero  y^us  cr  profufrus  fuper  terram.  Nous  D€  de-  C.tinfere- 
uoi;  .loireque  ce  fut  Dieu  qui  le  challa  de  tira    de 

Face:   mais  ce  rut  le  meime  Caïn  qui  D%$n   par 
étira  par  fon  peché.  fonfr      . 

The  :is  aprenés  mry  cecy  ,  ievouspric:  /r    peché 

01)  -le  chofei  Te  retrouvent  elles. -in  pc-  efi    'ïn 
incipalemeoc  au  pet  hé  mortel  ?  vous 
me  refpon  irez  ,  que  le  peché  cft  vn  compolé  monflr*^ 
moftlUucux     car  tout  ainli  que  l'homme  cil  eux. 


30  Tourleleudy 

compofede  matière  &  de  forme, ai  nfî  le  pechéà 
vnc  matière  ôc  vne  forme,  l'aueriïô  de  Dieu  c'eft 
fa  forme ,  &  la  conuerfion  à  la  créature  ,  c'eft  fà 
matière,  de  façon  qu'il  n'y  a  point  de  péché  fariS 
%)*)*•  ces  deux  chofes,  Duo tnahfecitfopulus meus ,  me  de 
reliquerîït  fontemaqu*  "W«*:voylala  forme  du  pc- 
ché,voyla  refloighement&:  i'auerfion  de  Dieu, 
çr  quœfeeruntftbi  cifternœs  dtfîpatas  qu*  aquam  con- 
unere  non  Valent:  voyla  la  matière  dû  pethé  qui 
eft  la  conuerfion  à  la  créature. 

Que  f\  bien  donc  tout  peche  nous  efloigne  de 
Dieu, fi  eft-cc  qu'entre  les  autres  ,  11  n'y  en  a 
point,  qui  d'auantage  nous  en  efloigne  que  ce- 
luy  de  l'infidélité  &  incrédulité,*!  nous  efloigne 
.   r  ;  r  *  de  Dieu,  qui  eft  vnique  ,  il  nous  en  efloigne  par 
'*t'        l'entendement,  là  où  les  autres  nous  en  éloignée 
'        i       feulement  par  là  volonté;  Voyla  pourquoy  S. 
•  Paul  dit  que  la  première  chofe  que  doit  faire  le 

Chreftien,quand  il  fc  veut  conuertir  à  Dieu, c'eft 
de  croire  &  d'auoir  la  foy  empreinte  en  l'enten- 
dement ,  ^yfccedcntcm  ad  Deum  oportet  credere  auik 
e/?,ainfi  s'en  eft  aproché  le  Centurion  ygceefsitad 
démens    eum  Centurw9\\  s'eft  aproché  de  luy  aucc  la  lumic- 
^yflexad,  re^c  'a  Fo^tfceb  eft  caufe  que  Clément  Alexan- 
z.firomat.  ^"n  pillant  de  la  foy  dit  ,  que  c'eft  la  première 
inclination  ,  &  le  premier  mouuement  à  falut,^- 
de s  eft  prinia  adjalutem  inclinatio  ,  c'eft  le  premier 
coup  d'efperon  que  Dieu  donne  a  l'home  pour 
La  joyco-  lc  faire  venir  à  luy,  c'eft  le  premier  branflequi 
faretanous  donne,  afin  de  nous  faire  approcher  de 
jtotUe     des  \Uymxyfcce((er)tcm  ad  Deum  ûporttl  crerJf  requta  f//.Dc 
M'ges»      fortc  qUC  jc  diray  auec  faindt  Auguftin  que  1* 
foy  cil  celle  cftoillc  oui  apparut  aux  Mages  >  Se 


d'dïres  les  Cendres.  31 

qui  les  conduiht  à  la  crèche  du  Sauucnr  :  eai  ce 
que  celte  grande  lumière  de  TEglilc  Latine  ,  dit 
de  cefte  dtoil'c  ,  que  c'eft  linguac^'orum  ,  la  lan- 
gue des  cicux  ,  plus  proprement  deuroit- il  eftre 
entendu  de  la  roy  qui  de  vray,cft  vne  langue  des 
cieux  ,  poutee  qu'elle  ne  parle  que  du  Ciel  &  des 
chofes  diuincs.  Maximus  Tauiii  enlis  die!  que 
l'citoil'e  qui  conduilît  les  Mages ,  pouuoir  eftre 
appeliee  ,  orul*9  mundi ,  l'oeil  de  1  vniners  :  ce  qui 
p  ut  eftre  dicl  plus  meritoircment  de  la  foy  la- 
quelle nous  conduit  à  Dieu.  Mais  voulez-vous 
voir  vn  pallage  très  riche,  pour  montrer  com- 
me la  foy  eft  vn  acheminement  au  falur ,  ef coû- 
tez vn  peu  ccque  di6t  faincl  Grégoire  le  grand, 
jllc  nouamfttUttn  declurautt  naius ,  nui  antiauum  fo- 
ltmob,curAUit  occifus  yilla  luce  tnckoat*  eft  fidesgen- 
ftPMPj  illis  tffichrts  deeufata  efîfcrfîdtd  Iudœorum,  vo- 
yez vous  comme  la  foy  eft  le  principe  du  falut  de 
1  homme  ,  cV  par  ainfi  iugcz,fi  lair.r  Paol  amau- 
uailc  railon  de  d\tc,ssfcced(mtm  éd  On  m  eportet 
eredrre  q»id  efr.^Acctfiit  âd  eumCenturir  }  t  le  mef- 
me  faire!  Paul  pour  monftrer  encore  comme 
Ccftc  fov  eft  la  baze  &  le  fondement  du  falot ,  & 

la  neceflité  d'icellc  ,  fait  vnc  admirable  PradatiÔ.     -1 

ri      "  <  Rorrt. 
trnms  en;m  cuuuntiue  tnuocAUcritnrmen  Dcmimjjl- 

PU4  mt ,  éjuomodo  mug^âLunt  eum m  cuem  non  cralt- 

ii?M\t  quomodo  credeni  et  qutm  nonuudicjutîr  ho- 

rnodn  âuttm  uudict fine  f>r*diiate''<luomcdo  ^ero^T*- 

'l>unthifimutAniur;\\  y  a  lalur,il  y  ainuocatiô, 

ii  y  a  la  foy, il  y  a  l'entendre  de  la  diuine  par.   c, 

il  y  a  prédication  cV  million  :  or  rout  amh  luiu- 

mc  i!  n'y  a  point  de  légitime  prédication  lans  la 

million  :  ainiî  n'y  a  il  aucune  inuocation  lans  la 


fi  fcttrleUnây 

roy  voy  vn  peu  de  ces  paroles  de  rApo(lre,qucî- 
Preuue  ^e  c^  'ia  neceflité  de  celle  toy  ,  &  comme  elle  tfê 
âne  b  fcy  »c  fondement  de  toutxar  àquoy  aboutit  la  mif- 
ea  [e  prm^  fiôfc'eft  pour  cnuoyer  des  prédicateurs  :  &  quel 
cipedufa-  eu^c  deiiein  d'vn  prédicateur  ?  c'eft  d'annoncer 
/«*.  I*  parole  de  Dieu  ,  ouy  mais  s'il  preiche  à  vn  in- 

fidèle, il  perdra  ton  t~mps:car  il  ncrecognoift  le 
Dieu  duquel  il  luy  annonce  la  parolc,done  ma- 
xime aiïeuree  ,  que  pour  oiiir  la  parole  de  Dieu, 
&pour  la  receuoir  ,iifaut  la  foy:  Ce  n'elt  pas 
tout ,  pour  eltre  fauué  que  faut  il  encore  faire?  il 
faut  inuoquer  ,  &  qui  l  Dieu  :  mais  comment  le 
pourray-ie  inuoquer  fi  ie  ne  le  croy  ?  il  n'y  a  pas 


pnncip< 

me  fainct  Paul  efcriuant  aux  Hebrieux  ,  parlant 

»  -r  a     de  cefie  mefrne  foy  feion  fa  nature  ,  difoit,  Fides 

,      v"    e(rfub(r*ntia  rerumfuerdndtrum* le  tcxteOrec  porte, 

j^VacTjÇ.qui  ourreccquil  (ieniheiUDltaiice5usni- 
w  epé  ad  r  î     r   r      j  o  j- 

,r         he  encore  baie, rondement  <x  principe  ,  pour  di- 
re que  la  foy  e(t  le  fondemét  de  totu  ce  que  nous 
entédonsaufli  S.  Chryfoftome  difoit  que  laf>y 
I  fert  comme  de  baie  &  principe  pour  opérer  le 

n   1  dut  &  que  toutes  les  autres  œuures  (ont  com- 
■x.iib.  .     r  .  r  i         ,i    j 

me  les  autres  choies  qui  (eruent  pour  le  reltedu 

baltiment  :  autant  en  dit  Clément  Alexandrin, 

ÔC  fàincl:  lJaul,F«w^wf  rtum  \>o:m  ,  altj  luper  *difi- 

.g  cant:  Sur  cecy  ie  defir ■*  auiourd'huv  vous  faire 

Différence  ^  Ja  dlfferencc  qu»li  y  a  entrf  jc  fo|  &  |c  fagC 

/«  J^     ^^  jcs  pr0prPs.  pnroVs  Je  fa  fagelfe  éternelle, 

C^/iujo,.  jaqlicj|e  dit ,  parlant  du  sage  ,<fOT*l  a!-  urefon 

bailiment  fur  lapieir^  fctmc,&  fur  lcioc  ,  u 

ou  au 


êffiffis  les  Ccniu$\  3  j 

où  au  contraire  partant  au  fol  &  de  I'irjfci.fé» 
du  qu'il  édifie  Ion  baftiment  far  le  iablc  6:  fur 
latcrte  molle,  S apiens  édifie dêftffk  frtramy  jiultus 
^erojuper  drenâm:  6  Rcligionnaire.furquoy  fjn- 
de  té  ton  baftiment  ?  c'elt  far  le  iablc  mouuanç, 
c'eit  fut  lafaintteEfcriturc,  &  la  faindtc  Elhi- 
turc  fur  leur  efpiic  particulier, car  en  leur  confef- 
(ion  de  foy  ils  n'ont  autre  recours  qu'à  ce  qui  eft 
de  cet  efptit  particulier,  ôc  quel  efl  cet  efpric 
particulier?  c'elt  leur  propre  fantaific  ,  c'elt  vn 
fable  mouuant ,  il  n'y  a  rien  de  plus  foiblc  &  de 
moins  atfeutc. 

Sain&  Paul  difoir,  Kolite  credere  omni fpiriiui: 
donnez-vous  bien  garde  de  croire  à  tout  elprir, 
&  pourquoy  \  pource  que  quclquesfois  le  diabl« 
(c  change  &  fe  transforme  en  Ange  de  lumière, 
pour  abufer  l'entendement  des  hommcsi&pour- 
cCjditfàint  Ican,auparauantquede  croire,  Pro- 1  UâBjj 
y  été  ytrum  fpirhus  ftnt  ex  Deo. 
Luther  difoit  qu'il  auoit  1  efprir  deDieu,Cafuin  Dchâten- 
le  dément, &  dit  que  c'eft  luy  -mefmc  qui  l'a.  Non  tr  e   l  be- 
(urormlle  ^fiéguftwos,  mille  Concilia  ,  mille  ffnrony-  rettauts. 
mos ,  mille  Cyrillos,  mille  Cyprunos.  le  ne  me  (oucic 
point  de  ce  que  pourroienr  dire  millcAuguftins, 
mille  Conciles,  mille  Hicrofmcs,  nulle Cyrilles, 
&  mille  Cyprians  ,  ôc  pourquoy  ?  pource  que  ic 
fuis  fondé  fur  mon  efprir  particulier  ,  fur  lequel 
icm'alieure.  Voila  ce  (ablc  mouuant  lurquoy  les 
Hérétiques  fondent  leur  bglife,  ôc  ainli  quello 
inerucillc  ,  il  fe  fondans  ainli  fur  la  terre  molle 
ils  ie  ruinent  l'vn  l'autre  le  plus  fondent? 

Ll  où  au  contraire,  le  ia^e  Catholique  iflim 
*«  Ion  fondement  furie  toc  &lur  la  piètre  fec- 

C 


i4  Tùurleieudy 

me  qui  cil  la  foy  ,&  cefte  foy,  no  fur  Pelprit<parV 
ticulier ,  mais  fur  lefprit  de  Dieu.  In  qno  adtfiat- 
mxd  domum  nofiram  jptrttualem.  Car  quand  nous 
croyons  à  ce  qu'il  nous  reuele  ,  c'eft  alors  que 
nous baftiflons  vne maifon  fpirituel'e  queft  ce 
que  baftir  vnc  maifon  i  c'eft  mettre  pierre  fur 
pierre  :  ainii  baftir  vne  maifon  fpirituclle ,  c'ed 
«  adioufter  vertu  fur  vertu  :  efeoutez  corne  fain^fc 
tArchite-  Paul  no9  appréd  l'architecture  fpirirueîlc  :  Mmi- 
Elnre  fpi-  ftrate,  dit-il  ^m  fidèle  slralfirtutemy  m~\irtute  au» 
rituelle»     temfeientiam>  mfetenua  autem  abjrinenttam ,  m  abfri- 
l.Petr.  i.  nentta  autem  patieotiam,  mpatuntia  autem  pet atemv 
inpietate  autem  amorem  fraternttatûf^n  amore  frater- 
mtatis  ebantatem.  Voicy  comme    cefte   maifon 
cft  baftie  fur  la  première  pierre,  &  fur  le  roc  fer- 
me qui  cft  la  foy  i  après  laquelle  faurpofer  la 
vertu  ,  puis  la  feience  fur  la  vertu  >  l'abftinencc 
furlafciencc,  la  patience  fur  l'abitincnceja  pic- 
té  fur  la  patience,  &  puis  fur  la  pieté,  pour  corn* 
blc  de  tout  faut  mettre  l'amour  fraternel  &  la 
Dimen-     charitéivoili  comme  il  faut  elleuer  le  baftiment 
(ions    lu  du  falut.  voyez  les  dimenfions  de  cefte  maifon 
baftimet     fpiritucllcda  profôdcur  c'eft  l'humilité ,  la  hau- 
(Ptrituel    tcur  c'eft  l'cfperance,  la  largeur  la  perfeueran- 
•'  ce,  &  la  longueur  la  charité  :  fes  quatre  murail- 

les  quatre  les  font  la  prudece,  la  iuftice,  la  force,  &  la  tem- 
muratlles.  perance:  Ces  feneftres  (ont  les  defirs  ecleftes  ,  ÔC 
les  fene-  les -fain&es  affections  >  par  lc(quclles  la  lumière 
ftres.  de  la  grâce  entre  en  nous  :  plus(  afin  que  rien  ne 
manque  en  cefte  maifon  )  il  faut  vne  montée  & 
l'efcaher.  Vn  cfcalier  pour  môter  ,efcalicr  où  il  y  ayt  plu- 
iicurs  tours  &  deftours,  qui  (ont  la  patience ,  les 
la  forte,  tribulations  &  afflictions  :  la  porte  de  ce  îogis 


fwpres  les  Cendre  si  J  S 

c'eft  l'obferuanon  des  Coramandcmcns  d« 
Dieu  Je  portier  la  crainre,  cV  les  gardes ,  les  An- 
ges :  mais  le  fondement  de  coût  c'ett  laroy  &i  c- 
ftant  aiufi  édifice  ,  que  les  rnneres  (e  débordent, 
que  les  vents  fouftlent ,  celle  mailon  dctiicurcra 
toufiours  ferme.rien  ne  la  pourra  clbranlei ,  ny 
lcsdcfirsqui  tiennent  de  la  terre,  ny  les  tenta- 
tions qui  tiennent  du  cofte  de  l'cnf  r  ne  la  pour- 
ront renuerfer  ,  ains  demeurera  touhouts  llablc 
Secondante,  y  eues 

Ou  bien  disos  que  l'vnedcs  principales  chofes  y0fn>tine„ 
qui  doit  eftre  recommandée  en  vncnui(on,c'clt  eefâirti 
ilnguliercmcnt  qu'elle  aye  de  bonnes  veuespac  (ft       ^/}C 
lefqucllcs  la  lumirre  donne  dedâs:  en  cette  mai-  m^tCorit 
Ton  (piriruclle  celle  veue  n'y  manqua  point  :  & 
quelle  eft  celte  veue  de  lamai*ô  fpirituellc  ^c'eft 
la  foy.La  première  choie  que  Dieu  fit  au  comen- 
cement  du  monde  ce  fut  la  lumière.  Fui  iux  >fjr  Cenel'  l* 
fdftâ  eftlux.t\\v\(\  la  première  chofe  nccciiaiic  & 
requife  en  la  maiion  (piritucllec'cft  Ialuinierc 
de  la  foy.Dc  routes  les  cholci  bonnes  la  meilleu- 
re fut  cftim  e  la  lumière  ,  ainfi  .111  bairiment  fpi-  '* 
rituel  ,  des  chofes  la  m  îlieurc r  il  la  foy  :  &  touc 
ainfi  qu'en  la  création  du  monde  3  caufede  la  lu- 
mière,tout  ce  qui  fut  crée  fut  eftimé  bon  :  ainft 
à  caiife  de  la  foy  toutes  les  ceuures  que  nous  fui- 
fonsfont  appcllces bonnes, &  (ans  elle  rien  n'eft 
bon,&  comme  encore  aup.irauâr  que  la  lumière  lâMsUfo 
fur  faite  ,  il  <*(t  dit  que,  ferra  (taimmu.        \ .  îu   learuura 
auffi  auant  la  lumière  de  la  foy  tout  en  l'homme  ne     Jo»i 
cil,  •  rune  cr  ^Acuum  :  ainl'i  d  inc  ô  l  IcTCtiQUC  ray  bor.% 
tour  ce  que  tu  voudras  ,  dy  tout  ce  que  bon  te 
fcmblera  :  û  tu  n'allies  ta  maiion  ,  ck  ne  i'aiîcucc 


\6  Vourklcuiy 

Tu  le  fondement  de  la  foy  tu  ne  fais  rien  pouf 
ton  iâliu.  le  (îiis  trop  petit  compagnon  pour  te 
le  faire  croire  &  peribader  i  il  faut  qu'vn  plus 
grand  mailtre  que  moy  te  le  face  voir  •  efeourc 
donc  vh  peu  ce  que  dit  S.  Auguftiq  parlant  de 
CKAng.pét-  l'acte  héroïque  d'Abraham  ,  voicy  Tes  propres 
fâù  m        termes:  ^oYnhjiw oltulitjilmm^  magnum  opusfecit. 
PJ*L$*       Uudofrutlïi  boni  overisyfed  in  fi  de  dg/)oj  ce  rddice^  non 
Uudo  fu fer  ddificutionem  operisjed  laudo  operisfunda- 
mentnm,mfi  entm  pr  opter  raUmfidem  bocfecijfet  nihtl 
ei prof ui tfet.Uz&G  d'Abraham  fut  admirable  & 
héroïque  5  mais  tingulicremcnf  admirable  en  fi 
racine,car  ic  ne  loue  pas,  dicT:  S.  Auguftin,la  iu- 
peredification  &  l'accompli tlerticnt  di  iVjuure, 
mais  Je  fondement  &  le  principe  'd'iccîuy  ,  car 
s'il  n'eutt  faicl:  cela  auec  la  foy  ,  il  ne  hry  euft  de 
rien  profité.  De  tortc  Jonc  »  o  Hérétique ,  qu'a- 
uant  la  lumière  de  la  foy  ,  la  terre  de  noitre  am.3 
cft  toute  (tcrilo  :  auant  que  la  lumière  fut  créée, 
toures  chofes  au  monde  cftoient  en  ténèbres: 
Tenebt*  erwt  fuper facietn  kbyfûiAtxtii  allant  que  la 
lumière  de  la  foy  (bit  produite  en  noflre  caur 
nbusiommes  enfans  de  ténèbres:  &.  tout  ainù 
encore  que  lorsque  nottrcDieu  dit  Fut  lux  y  ce 
monde  oui  aunuauanteftoit  vu  chaos  de  ténè- 
bres &de  confufion,  foitit  dehors  ainfi  par  i'in- 
fu  fïon  de  la  foy  nofttc  amc  tort  des  ténèbres 
d'ignorance  Se  de  pechc.  De  mefmc  pour  faire 
fortir  le  Centurion  des  ténèbres  de  1  infidélité, 
noftre  Seigneur  fait  auiourdhuy  rayonner  fur 
fon  amc  la  lumière  delà  foy  \  voyla  pourquoy 
il  dit  puis  après,  Non  inuem  tantamfidem  m  IjrAÏL 
Voyla  pour  le  premier  poinft  de  ce  fermon* 


itdprcslcs  CtnÂrd.  57 

Le  fécond  r\\  ,  en  quoy  conlïftc  l'excellence  de  seconde 
la  foy  :  à  quoy  îc  rcfpoads  qu'elle  confiltc  en  ce  pÀrtlc   du 
qu'elle  cil  très-  véritable  «S.  ancurec  ,  &en  met-  j'ermcn. 
me  temps  quen  iceîle  il  y  a  «le  Uçeriitudç  .  en 
mefmc  temps  il  y  adci'obfi  ,  en  quoy  clic 

e&diftin&e&b  elle  cil  certaine, 

c!airc5J  .r'ilcnce,  Refor- 

mez t\  sale*  a  equi  cft  con- 

.  .m  je  ;  en  ton- 
tes chofci  .que  ce 
n'cll  en  L             ilfauc dire                .  uepbicr. 
i  la  fcieOCC  ou:  lenà  rai 
gne  :  mus  en  matière  Je  to)  H  ne  faut  v 
îauon  :  Voplez  vous  que  la  (apience 
vous  apprenne  cccy,cfçoiue.  rie, 
KtjtirrdiJeritv  m*i9tellsrerfi,Q\\c  voulez  vous  di- 
re Seigneur  OK  vov  bien  que  VOUS  nous  voulez 
montrer  que  ce  n'eft  pas  de  mdmc  de  la  foy  cô-  jr0y  Jffij 
IRC  de  la  (CÎCI    C         >us  voulez  que  iccroye  que  r  me  fait 
le  .Soleil  c                                       r:rc,il  faut  que  'acncc% 
vous  me  le  f..cicr  cognoiftreauec  railons  &  de- 
inonftrarions,c  eft  par  fcicnce  ,  mais  en  matière 
àcfoj%Nifiereiiidrrtttsfuninti           .Sivousvou- 
Jez  peler  les  m) Itères  de  !a  foy  félonies  balan- 
ces de  vodre  iu^ement  naturel,  vous  vous  tenez 
•n  vn  occean  fans  fond  cV  (ans  nue, duquel  ditH- 
cilcmcnt  vous  vous.pourrez  retirer, 

le  vous  difois  rantoft  q-.c  le  fage,en  différen- 
te du  fol  &  de  l'iqfcnic  .  %  bally  &  affaire  les 
fondemens  ;.e  (a  maifon  fur  le  roc  ferme  :  ie 
dis  que  ce  (âge  bien  admle.n'eft  autre  que  e 
fidcllc  Chrcthui  cV:  Catholique  ,  lequel  allcurc 
les  ionicmciis  de  l'edifice  lpiritueUar  la  to\, 

\1   À] 


3$  Têurleleudy 

comme  fur  vn  roc  bien  dur  &  fort  afleurc  :  ce(l 
là  de  dus  qu'il  s'affermit ,  c'eft  fur  çefte  foy  qu'il 
batlit  :  foy  dure  &  ferme  roche  de  la  nature ,  & 
qualité  de  celles  desquelles  parle  ce  grand  natu- 
1  rah  fie  Pline,  qui  fe  retrouucnt  auprès  le  fleuue 

Hoche  <td-  ArpafTûs ,  entre  lefqucllcs  il  s'en  trouuc  vnc  de 
mirAleen  telle  nature  &  propriété  ,  que  fi  vous  la  touchez 
froprnte.  feulement  dubou'.  du  doigt,  vous  la  tournerez 
comme  vous  voudrez  :  mais  fi  vous  y  mettez  la 
main,  &  que  vous  la  vouliez  remuer  à  force  de 
bras  &  aucc  violence  clic  demeure  ferme  comme 
vn  rocher, &  impoflible  cft  de  la  pouuoir  efiSran- 
ler  ny  remuer, 9  foy  admirable,tu  es  de  la  matiè- 
re de  ce  rocher  remuabîc  feulement  auec  le  doigt 
d'vnc  pieufe  intenrion  ,  mais  point  de  force  de 
*f*  bras,  car  elle  ne  veut  c lire  contrainte  par  lesar- 

>    •  gumens  de  Philofophic,  ny  ne  veut  cftrccon- 

uaincué  par  la  force  des  raifons  naturelles,  Ntfî 
credidcritis  non  tntelligctts  :  Ci  vous  y  apportez  de  la 
violence  &  de  laratiocinatiô  vous  ne  ferez  rien: 
Eufeb.  E-  il  n'y  faut  aller  qu'auec  le  bout  du  doigt  d'vne 
^   mïj.homil.  pieufe  atfc&ion  &  intention,  fu  fîdet  opéra  cre- 
I.  in  fym- denda  funt  non  difeutienda  s  dit  Eufcbc  Emiffenc: 
.    Loi.  voila  pourquoy  puis  que  la  foy  ne  demâdc  point 

d'eftre  côbatuc  par  les  raifons  de  Philofophic, 
elle  eft  certaine  ,  mais  obfcure,  en  quoy  elle  cft 
dillindle  &  différente  de  la  feience.  Et  pourec  re- 
Symbole  de  cherchant  fouuentcfois  en  l'ancien  Tcftamcnt 
lu  foy.       vnc  figurc  &  vn  parfait   fymbole  de  la  foy, 
iamais  il  ne  m'a  eflé  poflible  d'en  trouucr  vn 
"  Pms  fignificatif  que    la  nuec  qui    conduifoit 
les  enfant  d'lfraëh^l*égy^te  ,  nuée  mcruc%il- 
Icufc  en  fa  nature  &  qualité  ,  contenant  en 


d'après  les  Cendres".  3P 

foy  deux  choies  diamctrallcment  oppofees  de 
la  clarcé  &  des  tenebres  ,  ou  de  l'oblcurité. 
Erdtnubes  tencbrold  ey~  tltummam  notlem.   Que  '    4* 

dites  vous  6  Moyie  qui  rapportez  cecy?  quoy? 
fi  celte  nuée  e(toir  tcncbrcuic  ,  comment  pou- 
uoit  elle  efelurer  parmy  les  ténèbres  de  la 
nuit 'Si  elle  eftoit  lumineule  comment  cftoit 
clic  tcncbrcuic  i  la  clarté  du  Soicil  ?  voila  qui 
cit  eftrancc,  que  veut  dire  cela? 

La  p.naphrale  C  haldaïquc  parlant  de  cefte 
nuccdîdtamiî  :  Erdt  nubes  tenebrojd  &*  tllumt- 
ftâmnotlem  ,  teneur ojd  Efypty  s ,  Cr  illumindns  no- 
flem  ifraeliHs.  Tant  y  a  qu'il  eltoit  ainfi  que 
cette  ouée  eftoit  claire  &  tcnebtculc  ,  claire 
de  nui&  ,  &  tcncbrcuic  ,  ëc  ombra^eulc  de 
iour  :  parraiditc  teprclentation  de  la  foy  ,  qui 
conduit  les  enfans  de  Dieu  en  la  vraye  terre 
dcpromilïion  qui  cft  le  Ciel  ,  par  l'entrcmi- 
(e  de  laquelle  Dieu  nous  parle  ainfl  que  an- 
ciennement il  failoit  aux  llraclites  que  l'en- 
treiinic  d'vne  coiomne  de  feu.  In  columndignis 
lojurhdtur  dd  fos.  Dieu  nous 

ïftl  nucc  coniuifoit  les  llraclites  ,  cV:  les/'"'^  f** 
elclairoit   de  muet  ï  Ainfi  la  foy   nous   con-k/oj- 
duit    &:   nous  cfclairc  parmy    les  tenebres  de 

r.oranwC  &  de  l'infidélité  ;  mais  la  mcù 
me  foy  ,  ainiî  que  la  nuée  ,  cft  ombrageufe, 
&  tcncbreuie  de  iour  :  elle  cft  ombre  &  te- 
nebres ,  obilure  ,  &  dillicilc  à  entendre  |  *r- 
le  iour  tics  demonltrations  l'Uilofoplu- 
quci  ,  &  des  railons  naturelles  :  mais  c'eft 
vnr  rc  ,  pourec  que  la  foy  elt    vn  don 

Jica  ,  &  vpc  lumière  infulc  ,  de  laquelle 


4  S  fdttYleïeuây 

l'homme    eftant   illuminé   croit    fermem  ncj 
&  prefte  confentement  a  toutes  les  chofes  que 
Dieu  nous  a  reuelccs  par  Ton  Eglife  ,  (oient  ef- 
crites  ou  non  çferites  :  elle  eft  aufïi  obicuic&c 
'  /td  Ff  h  tcnckrcufc  5  pource  qu'elle  parle  de  chofes  que 
*  nous  ne  voyons  point ,  ainfi  que  dicl;  l'Apoftre, 
F tdes  efifuitfidntU  rcrumfperandarHm ,  drgumentnm 
non  apparen/iam ,  Atpmentum  ,  c'eft  là  la  lumière, 
non  Appdrentium  :  c'eft  là  l'obicuritê  &  les  ténè- 
bres, 

Cefte  foy  eft  encore  fort  bien  reprefentee  par 

ces  deux  grands  luminaires  que  Dieu  comman- 

^Genef.iè    à*  c^rc  raidfcs  au  Ciel ,  dcfquels  l'vn  eftoit  pour 

pvefiderauiour,à  fçauoit  le  grand  ,  l'autre  pour 

prefidcr  à  la  nui&}c'cft  à  fçauoir  le  petit. 

?J_  Ces  deux  grands  luminaires  nous  reprefen- 

flit     t  ftcnt  *cs  deux  lumières  qui   font  en  l'homme, 

/       A    x  ^  Prcm*crc  »  c'c^  a  fçauoir  la  plus  grande  qui  eft 

i  i     pour  prefidcr  au  iour ,  c'eft  la  cognoiffanec  hu- 

minaires    mamc  > &  ^a  faifon  naturelle  :  la  féconde  qui  eft 

du  Ciel.    P^us  Pct*tc  >  Pour  Polder  à  la  nuid ,  c'eft  à  iça- 

uoir  la  foy. 

Dauantagc,nc  voyez  vous  pas  que  lors  que 

Différence  jc  Soleil  cil  en  noftre  horifon  ,1a  Lune  eft  ob- 

'Cr    con-  fcurcjc  par  fa   lumicrc  rayonnante  de  toutes 

trariete      parts:&  au  contrairc,nc  voyez  vous  pas  que  lors 

du    Soleil  qUC  jc  soleil  eft  dcuallé  &  defeendu  aux  Antipo- 

k  h  Lune  dcs&  cn  i«autrc  hemifpherc,  la  Lune  luit  ?  ainfi 

reportée  ^j  de  ja  foy  &  dc  |a  raifon  naturelle,  pendans 

a  U  con-  qUC  noftrc  lugèment  luit  comme  vn  Soleil ,  & 

tranetede  ^-j  vcuc  cfp[uchcr  lcs  my fteres  diuins  auec  fes 

U    raiun  rajfons  naturelles  ,  adieu  la  lumicrc  de  la  Lune, 

naturelle.  adicu  la  fov .  mai4  fi  ^^tfens  la  lumière  de  c© 


rl'apfes  h  s  CtndrhT.  41 

Soleil  naturel ,  ce  fera  alors  que  la  Lune  luira,  ÔC 
que  tu  feras  ii:umioc  de  celle  belle  lumière  de  la 
foy. 

Bc'lc  reprefentation  encore  de  cecy  en  \a.M.inneem 
Manne  ,  laquelle  le  fondoit  deuant  la  face  du  les  pro- 
00  z\\ ,  mail  citant  expofec  deuant  le  feu  ,  elle priete^ 
i  ui'i'irlioit  !  ainfi  la  foy  te  fond  ,  ÔC  s'ancan  -  représente 
tir  lenaot  le  Soleil  de  la  raifon  natuielle  :  maisk/oj. 
clic  s'affermit  Citant  expofecaufeu  de  l'amour 
drain  3c  de  la  chanté  :  6  Manne  facrec  que  le 
cm-  bout  &  ieicuc  myftcre  de  la  tres-fainetc 
Tri  '.ite  :  mnis  6  Keligionnaires  ,  fi  vous  le  vou- 
lez exp     cr  nu  deuant  du  Soleil ,  &  à  la  lumiè- 
re Jr  I  itn.clle  ,  il  fe  fond  ,  ôc  ny  co-  Lem^ftere 
gnoi!l-o:è  rien  :  car  par  quelle  raifon  de  Philo-  «e  la  Tri- 
ioph'r                  e     vous  de  voir,  &  cognoiftrc  mte    mm1 
qu'eu  r>>]$  oiiiin&es  perfonnes  il  ne  le  trouue  eompre- 
qu'vnc  cllence  ,  qu'vnc  nature  y  Ôc  qu'vnc  di-  henfiblt  s 
mimé  ,  que    le  Fils  eft  aufTî  puisant  que  le  Pc-  entende- 
rc,  fc  le  lain<ft  Lfptit  que  le  Pcrc  ôc  le  Fils  ,  ce-  ment  h*- 
la  cil  încomprehcnfiblc  par  les  raifons  natu-  ***** 
relies. 

O  Manne  que  ce  grand  myftcre  çlc  l'incar-    Myfttê 
nation  du  Verbe,  incogneu  neantmoins  à  tout  àtvmctr* 
enrendemenc  humain  ,  finon  par  la  lumière  de  n-*tnn  MN 
la  foy  :  car  de  dire  que  nous  pouuions  enren-  ccrnpre- 
dre    par  démonfrrations  naturelles  que  ecluy  ^enjible» 
qui  clt  Dieu  le  foit  fji&  homme  ,  l'immortel 
mortel  ,  l'impalTiMc  pallible  ,  rincomprehen- 
ilblc  comprchcnfiblc  ,  ecluy    que  le   Ciel  ne 
pouuoit  enferrer  eftrc  comprins  dans  vnc  crci- 
che  ,  dans  le  ventte  d'vne  Vierge ,  Ôc  dans  vn  pe- 
tit corps ,  il  ncftpofliblc.  O  manne  adrrirrablc. 


4.2  TôUrleleuây 

Enchéri*  que  le  my  frère  de  l'Eucharifticqui  fe  fond  &  Ce 
ftte  m-    perd  Heuant  le  Soleil  de  nottre  iugemcnr:  cari} 
.cmj're-     n'y  a  aucun  argument  en  Philofophic  qui  me 
h  nftblt.   puiïïe  faire  enrendre  comme  au  Sacrement  ii  ic 
1  •       puiiïc  trouucr  des  accidens  demeurer  fans(ujcr? 
icurCnbfrance  citant  chanpec  en  vne  autre  fub- 
{tance, fans  perdre  rien  de  la  quantité,btcfquvn 
me  (me  corps  fepuiffetrouuer  au  Ciel,  &  en  vnc 
infinité  de  lieux,  çà  bas  en  terre:  certes  ie  ne  puis 
comprendre  cela,  fi  ie  n'auoisla  foy,  de  laquelle 
ic  me  (ers  en  tous  ces  myfteres  releuez  par  déf- 
ais la  nature  &  la  cognoiffanec  humaine;  c'eft 
donc  ainfi  que  le  mérite  de  lafoy  (e  perd  là  ou 
la  rai  (on  naturelle  veut  faire  fon  expérience  ,fi* 
Jrs  non  hsbet  meritum  ~^bi  hum  An  a  ratio  frœhet  ex» 
pmmcr.tum,  dit  faint  Grégoire  le  grand:c'eft  ainfi 
,  Mrtço-    que  la  lumière  de  la  foy ,  qui  eft  comme  celle  de 
Plni.         la  Lune  ,  fe  perd  à  la  prefence  du  Soleil  du  iuge- 

ment  naturel. 
Bette  ftmi-        Mais  tout  ainfî  auflï  que  nous  voyons  ordi- 
litude.       naircment  par  expérience  que  le  Soleil  s'ccly- 
pfe,&  perd  fa  lumière  par  rinterpofitionde  la 
Lune,  qui  (e met  entre  luy  &  la  terre:  ainiilafoy 
éclypfe  laraifon  naturelle, 6 Soleil,  ô  raifon na- 
turelle qui  dit  qu'vn  corps  ne  peut  cftrc  en  di- 
uers  lieux  :  voy  la  la  lumière  de  la  foy  qui  éclypfe 
ce  Soleil,  &  me  faicl:  croire  que  le  corps  de  mon 
Sauueur  eft  au  Ciel,  &  en  terre ,  voire  mefme  en 
/?/  la  moindre  parcelle  de  l'Hoftieconfacree:  Que 

'  dis  -tu  6  Soleil ,  ô  raifon  naturelle  que  les.acci- 

dens  ne  pcuuent  fubiifter  (ansfuieâ  :  La  Lu- 
ne de  la  foy  éclypfe  ce  Soleil  ,  &  m'apprend 
qu'en  fHtritré  cVtttiiâcrcc  les  accidents  demeu- 


adpres  les  Cendres.  43 

rent  fans  fujedfc  :  Qujr  dis- tu  ,  ô  Scjlcil  ,  que 
nous  dc  mangeons  que  du  pain>&  nebcuuons 
que  du  vin  en  la  communion  ,  attendu  que 
nous  ne  voyons  rien  autre  choie  ,  nous  ne 
voyons  que  dc  la  blancheur  ,  de  la  rondeur, 
nous  ne  rcfllntons  que  le  gouft  du  pain  ,  Se  du 
yin:  la  Luncdelaroy  cclyp(eccSo;eil ,  &  me 
faidi  croire  qu'outre  les  accidcos  .  ic  prens  «5c 
reçois  en  moy  la  lubltanccdu  corps  cxlangde 
lefus  Chnlt,  &  que  le  fuje&  de  ces  accidens 
changez,  eft  le  corps  &  le  fangde  ce  mclmc 
Seigneur. 

Dc  (orre  ,  que  comme  nous  voyons  que  la 
Luneéclyp:c  le  Soleil  ainh  la  Lune  de  la  foy 
cclyplc  le  Soleil  ucnolcrc  raiion  naturelle:  rai- 
fon  naturelle  qui  talche  dc  faire  cclyjifer  noftrc 
foy:  car  comme  la  Lune  eft  cclypice  par  l'in- 
tcrpoiîtion  de  la  terre  ,  qui  fc  mec  entre  elle  ôc 
le  Soleil  :  ainiî  le  Soleil  &  la  raifon  narurellc 
obfcurcit  Se  eclyple  la  I  une  de  la  fov  ,  par  lin- 
rerpoliuondc  latauc,  ic  dis  des  fens  qui  fonc 
entre  deux 

Voulez- vous  voir  mainrenanr  comme  en  la 
pcrlonnc  du  Centurion  ,    la   Lune  a  èdypfe 
le  Soleil ,  ic  dis ,  la  foy  ,  la  railon  naturelle  ?  el- 
coutez  la   croyance  par   CC*  par oltff  ,    Domine^     r'y\rMn~ 
dic-il.tnw    *'n  dtfnm   Vf  trjtru  ju(t  trcium  m'nmy    '*'*»Ccn 

tATHum  4ic  "\rrio  &  / M  ubitur  puer  meut  ,    Il  tHrion' 
croir  que  no!trc  Seigneur  cft  vn  Dieu,  encore 
qu  il   ne   voycqu'vn  homme  1  il  le  recognoift 
pour  vn  Dieu  ,  mais  pour    vn   Dieu  caché  en  , 

celle    humanisé,    rerc    tu    es  Dtm     dh<onJitus% 
vrayement   Seigneur,  difoit  le  Prophète  Elaye,     * 


44  Tôurlcleiiày 

vouseftesyn  Dieu  caché.    Et  de  fait  nous  au- 
rions iufte  fuject  de  dire  de  }uy  ce  que  nous  li- 
ions auou  elle  rrouueau  Temple  de  Diane  bafty 
en  Epkelçj  cnlaccintprc  &  couronne  de  cefte 
gfcrlktr  ^cc^c  »  c  c^  *  i^auoij:  deux  mots  qui  ne  pou- 
nrm  r'    uo'cni  edre  leus  ny- entendus, pour  eitre  ces  deux 
tue  au     mo:s  compoiez  de  lettres  hicrog'ipiiliqucs  & 
Temple  ^  enigmatiques   ,  tourcsfois  Eultatius  fur   l'O- 
ViJne       ^y^cc  d'Homcrc»  dit  qu'ils  (îgnifioicnt  lumière 
&  ténèbres, autant  en  peut  on  dire  de  noftrc  Sei- 
gneur ,  qu'il  cft  lumière  de  ténèbres,  comme 
Dieu  il  cfl  lumière ,  fvamaju [um  m  m.undpiegofum 
luxmur\ài ,  mais  aufii  il  cft  ténèbres  cfta.ru  caché 
fous  les  ombres  de  l'humanité,  Ttcrp*  donc  tues 
2cr?uirdt   DeHS  *H%  ondi^m:  Et  de  fait,  fainct  Bernard  cxpli- 
(am.   'n-  quant  ces  paroles  que  l'Ange  difoit  à  la  Vifl> 
pif'Mtjfa  8e»  $tm%m  fdnttui  fuperuemet  m  te  ,  £r  ^irfus  ^Al- 
g§  ttfsimiobumbrAhit  ùbt ,  dit  que  c'eftoit  vne  figu- 

re pour  monftrcr   que  le  fils  de  Dieu  dcuoit 
cftrc  ténèbres ,  caché  fous  le  fnanteau  de  l'hu- 
manité :  mais  quoy  qu'il  Toit  caché  &  enuc- 
loppé  dans  les  ténèbres  de  noftrc  mortalité  ,  ôc 
qu'il  ne  paroifle  qu'homme  ,  fi   eft-ce  pour- 
tant que  le  Centurion  ne laiiTc de  le  croire,  & 
les  hère-  àc  le  recognoiftre  pour  Dieu  »  difant  ,  Domine 
tïques       nonfum  dignus ,  fac.    Par  cefte  fienne  croyance  il 
condAm-    condamne  les  hérétiques  de  noftrc  tcmps,qui  ne 
"fte\pAr  U  vculerit  croire  quece  qui  cft  conforme  à  leurs 
•fo)    du     fens. 

"Cehiu-  Mais  laiiïbns-U  les  hérétiques  ,  &  venons 

tMb.         aux  libertins  ,&  les  entendons  vn  peu  parler  fur 

le  fait  de  la  foy ,  efcotttcz  ce  qu'ils  difent  ,   le 

croy  bien,dira  le  libertin,  le  myftercdelaTrini- 


étires  les  Cendres*.  45 

ce, ccluy  Hr  l  -iun,  &  ccluy  de  la  rédem- 

ption  mail  pdtu  le   I  urgacoirc  &  poui  l'inuo-     Toutes 
cauuii  des  Grillas,  \t  ne  puù  aoirc  ccia  :  u  mon  ârHil^^e 
omy  ,  ra  rc  trompe  lourdement ,  ne  ic;ais-ui  pas  Â  faf^k, 
que  la  foy  embrallc  tout  :  en  matière  de  toy  ,  il  tr\tltn^ 
faut  croire  ou  toot  ce  qu'elle  nous  propoic  ,  ou  n(nt 
rien  tout  ùfaiiffc.  car  la  mefme  raifon  formelle 
par  laquelle  ie  croy  vn  myitcrc,  me  coitftaîûâ 
à  croire  l'autre:  laraifon  rormclle  delà  foy,  c'eft 
la  icuclation  qui  a  cité faiCtc  à  l'Eglilc  ,  l'Eglife 
me  propoic ,  &  me  commande  ccia  comme  rc-  KJtj°»'S 
uclcde  Dieu,  &  pourec  il  faut  que  iclc  ctoyciforme',\ 
&  par  la  melmcrailon  formelle  que  ic  croy  le       '^Jv 
mvltcrc  de  l'incarnation  &  de  la  Tiiniié,  parla 
incline  ,  ic  dois  croire  le  Purgatoire,  «3c  L  UHlOCfc- 
uon  des  faincls  ,  pourec  que  l'Eglilc  me  le  com- 
mande.  Exemple  familier  pour  vous  faire  co- 
gnoiftre  eccy. 

Voyla  vn  homme  qui  vient  de  Conftanti-  Belle ftmi- 
nople,  il  arnucen  cette  ville,  citant  arnuc  il  IttUdcl 
raconte  dix  choies ,  j'en  crois  neuf  ,  6c  ne  veux 
croire  la  dixiclmc  ,   5\:   pourquov  croi  -je  le; 
neuf?  c'eftpource  qu'il  les  1  ducs;  mais  von. 
me  dire*  qu'il  a  aulli  bien  du  la  dixidmc  com- 
me les  neuf,  &  pourec  ic  la  dois  croire    je 
rcfpondray  que  ic  croy  les  neuf,  &  nonladix- 
îcfmc  ,  poutec  que  ic  trouue  plos  d'apparen- 
ce aux  neuf ,  que  non  pas  en  la  dixiclmc  :  amii 
en  cft-il  de  la  foy  ,   laquelle    nous   cnleignc 
tour  ce  qu'il  faut  croire:  l'Eglilc  nous  jlleurc 
que  c'eft  Dieu  qui  l'a  dit»  Je  partanr  il  le  faui 
croire    mai»  dira  l'hereiique  ,  ic  croy  bien  ce 
cy  :  mais  ie  ne  puis  croire  cela,  pouuc  qu'il  ? 


4  6  VoHtUleuty 

a  plus  d'apparence  en  cccy  qu'tffc,  cela ,  tfirii* 
porte  pour  l'apparence  puis  que  Dieu  la  dit,c'cft 
allez  il  le  faut  croire,  &  n'aller  à  l'encontre,  il 
faur  croire  tout  ce  qu'il  a  dit  *  ou  ne  croire  rien 
du  tout:car  en  matière  de  foy  il  faut  croire  tous 
les  articles,  car  qui  n'en  croit  vn ,  &  croit  les  au« 
très ,  ne  croit  rien  du  tout  »  &  en  cecy  a  lieu  le 
0 in  h\\,_  dire  de  (aint  Ican, q m  ofienâ'it  in  "Vw>,  fatfus  eft  om* 
ftfht  "V»  niumreus ,  qui  manque  eh  vfi  ,  manque  en  tous. 
cbvtmnn-  Tous  les  commandemens  de  Dieu  fc  doiucnt 
dtmtntde  obfcruer  pour  l'amour  de  luy  ,  fi  tu  n'en  garde 
j>ll1t        aucun  ,&  que  tu  garde  les  autres  :  ic  dis  que  tu 
j  «y  férue  ne  garde  les  autres  à  eau  fe  que  tu  ne  garde  ce- 
/n  autres,  ftuy-cy  :carfitu  garddis  les  autres  pour  l'amour 
de  Dieu  ,  tu  garderois  aufïi  cclhiy  -  cy  pour  l'a- 
mour de  luy".  Ce  n  eft  pas  à  dire  que  celuy  qui 
eft  larron  (bit  paillard  ou  homicide  :  mais  c  eft 
à  dire  que  celuy  qui  ne  croit  vn  myfterc  ne 
croit  femblablemeflt  tous  les  autres,  puis  que 
TEglife  nous  les  pcopofe  tous  en  gênerai  pour 
les  croire,  luy  eftans  rcuclcz  de  Dieu  :  &  par 
cecy  remarquez  ce  que  ccux-la  ont  dit  du  grand 
Achile ,  qu'en  tout  fon  corps  il  cftoit  inuulnc- 
rable  excepté  par  le  talon  i  partie  en  laquelle 
2I  fut  blefle  par  Paris  *  &  de  laquelle  partie  bief- 
fceil  mourut; 

Ainfi  bien  que  nous  foyons  inuulnerables  eii 
toutes  les  parties  de  nollrc  amc,  &  que  nous  ob- 
feruions  tous  les  aurres  commandemens  ex* 
ccptévn,  celuy- la  fcul  que  nous  n'obferuons, 
eft  fuftifant  pour  nous  faire  mourir  &  p«rir  cter-* 
îléllemcnt,  nonobltant  que  iamais  nous  n'ayons 
rranfqtcrtHcs  autres*» 


A  £<r>Ycs  les  Centres.  4  y 

Donc  (  Chreitiens)  puis  que  le  Centenier  a 
creu  tout  ce  qui  cftoit  de  croire  , qu'il  a  reco- 
gneu  noftrc  Seigneur  pour  Dieu ,  maiitrc  &c  Ca- 
pitainefouucrain  ,  &  indépendant,  de  tous  les 
nommes  :  nous  deuons  talcher  de  l'imiter,  cV 
d'auoir  ainfi  comme  il  auoit ,  vne roy  entière  & 
inuiolable  ,  embraient  tout  ce  que  croit  ,  5c 
nous  propofe  de  croire  noHrc  bonne  mère  l' F 
glife:  cV  pource  que  lob  dit  que  la  vie  prefeme     " 
n*eft  autre  cho(c  qu'vne  guerre ,  mtbiiâ  efi  >#m 
hommù  fuper  terrjm  ,  cV  que  tout  homme  après  le 
baptcfme  receu  ,  neft  autre  choie  qu  vn  ioldar,    7pT  -ân„ 
il  faut  que  vous  remarquiez  icy  qu'ancienne-  :^,J^e 
ment  il  eftoit  porté  par  les  loix  de  la  guerre,  Jomtee 
que  (î  quelque  foldat  cftoit  (orty  de  la  meilee,  àux  rQ[m 
non  feulement  fans  auoir  cfté  blclîc    mais  en-  jMt}t 
core  remportant   fon  bouclier  fam  &  entier, 
(ans auoir  efte  en  aucune  choie  offencény  en- 
dommagé ,  on  luydonnoitvn  prix  d'honneur, 
&  icrecompenioir  -  on  comme  glorieux  6\:  vi- 
ctoricux  des  ennemis  :  Ainfi  ,  Chrclhens ,  puis 
que  nous  fomines  foldats  en  la  milice  de    le 
lus  Chnlt,  cV  qu'an  baptcfme  nous  a  cité  mis 
entre  les  mains  le  boucher  de  la  toy  pour  ré- 
futer à  tous  les  erforrs  de  Sathan  ,  m  ommlm 
fumtntes   jeutum    Çxdti     $n  auo   f*ffit*    amm*   teld     fj  g^ 
'Ui'umt     ifncA    extm^urre    ,     dîâ     l'Apoftfe,  £  * 

Combattons  courageufement  ,    ik    non    len- 
Jcmcnt  foyons  foigneux   de  fornr  du   COinbmi 
(ans  rftre  blcfTcz  :  mai  ^  encore  ayons  foin  par- 
tieuherement  de   tirer    de    Ij  meflefl   te   POU 
cher  de  la  foy  iain  &  entier,  a  fin  que    VM 


5|  4     tàurle  Uuty  Jtafre$  les  Ctgdreil 

remportions  là  hauj  au  Ciel  i  où  pour recom* 
pcn(e  de  nos  trauaux 9  &  de  noltrc  victoire  nous 
ecceurons  L\  couronne  de  gloire.  Ainii  iuu-iL 


SERMON 


SERMON     POVRLE 

Vendredy   d'à  pris 
les  Cendres. 

^fu  -ha  J'tfum  efi  antiauù ,  dilues  proximum 

tuum  ,  cr  odio  huit- bis  immicum  tnum:  E(o  xuttm 

di'o~\ol?h  diligite  inimicoslfeftros  ,  b<mjactte  L:s 

nui  oderint  "Vo; ,  £r  orale  pro  perfcquentiôuscr  cà- 

ftflfoj  ">oj,  ~)rt  fttis  filif  patris  ~\eflri  qui  m 

imlisffl.      M  a  t  t  h.  5. 


'F.  st   vn  grand  mot  que  ceîuv  que  ce 

bieô-ftémcdifcipledc  lefus  C  brtfl    tînt 

Ic.in,J:t  en  la  Canonique, Qui  à:  îi  1  m 

luce  iJfr,ty-frÂtremfuumodit^ntcrif'v' 

■HCâdhuc.  Quidilirù fratrem ttmmin  lumit.i  r>«- 

jMf,  cr  fcéndJ.um  uieononefK  Ccluv  qui  fc  dit 

dire  en  lumière  ,  Je  Lait  ion  frère,  il  (e  trompe, 

<^r  dm  i]  dt  en  ténèbres,  nuis  bien 

I    -laelt  en  lumière  OUÏ  aime  Ion  frère  (Chre- 

:  ftffiftance)  hier  ievoas  dil  ts 

qaelafo)  iHceffiure  Aiaur.i..         bote 

tort  bien  ;.  u  lepl**  petit  des  deux 

grands  luminaires,  que  Dieu  acaau  Ciel  ta 

-mène  du  monde  :  puis  donc  que  Celle  loy 

D 


5  o  Pour  le  Venàreây 

elt  vnc  Jumïerc,- voila  auiourd'htiy  noftre  Sei- 
gneur qui  nous  donne  vn  ligne  &  vnc  marque 
pour  voir  Ci  cefte  belle  lumière  reluir  en  ce  petit 
monde  de  noftre  amc:  &  cefte  marque  cft  pour 
voir  fi  nous  auons  la  charité  &  l'amour,  Qui  od'ii 
fratremfuum  in  tenehru  efl  ,  &  qui  dih^tt fratrem 
fuurn  in  lamine  huuet.  La  raifon  de  ce  cft ,  pourec 
que  l'amour  cft  accompagné  de  feu  &  de  cha- 
leur, &  nu  contraire  la  haine  de  glace  &  de  froid,- 
c'eftlefujctdccequc  re  dois  auiourdhuy  trait  - 
ter. 

11  eft  bien  vray  que  les  Poètes  ontfabulcufè- 
mcntcontrouuéqucç'a  cfté  Promcthee  qui  \6 
premier  a  apporté  le  feu  du  Ciel  en  terre,  &  ce 
par  le  moyen  d'vne  torche  qu'il  alluma  au  So- 
lcil,cequi  eftfaux/mais  pluftoft  diray-jcquec/a 
efté  la  trcs-fain&e  Vierge  qui  a  produit  au  mon- 
de le  feu  cclcftcie  dis  le  Sauucur  du  monde,  qui 
dit  de  foy  ,  Içnem  ~*eni  mitterem  terram  ,  cr  <}Hid 
*Wo  nifi  lit  ardeatïVùons  donc  cefte  fainte  Dame 
afin  que  par  les  intercédions  nous  foyonsefclaï- 
rez  &  confommez  de  quelques  petites  bluertes 
de  feu  d'amour  &  de  charité  fingulicrement  en- 
uers  Dieu  &  le  prochain  ,  Implorons  fon  aide  &£ 
fonaffiftance,  iuy  difans: 

^/£<*e  Maris. 

E  giand  &dium  i  hitolophe  Platon 
di(bit((î  tene  mctrôpe)  merueillcu- 
^  fement  bien  ,  que  Dieu  fouueraincV: 
J,  éternel  s'cftoit  mis  &  exposé  deuant 
les  yeux  de  tout  le  monde  ,  comme  patron  ex- 
cellent ,&  exemple  ues-parfaïc,  fur  lequel  le 


d'apra  îd  Cendres.  5( 

\\\  le  deuoit  toujours  iuoir  les  yeux  fichez  :& 
bdioufte,  que  la  nature  ije  l 'Vrii  tiers  eftafeitcoa- 

tulc  ordonnée,  n  eut   antre  principe  pour 

deuenir  meilleure  pour c  US  parfaite,  pOttt 

lortit  du  chaos  dedclordicc>:  de  contulion,  bref 
pour  citic  vu  mon  Je  beau  5c  poly  ,  que  l'idée  di- 
uinc. 

Ce  que  ce  grand  Philofophe  difoit  de  Dieu, 
l'éternelle  1  îpicncc  !c  die  auiourd  luiy  de  (ou 
Pcre  éternel,  «S:  eeque  ce  mclmc  Philolophcad- 
joullc  de  celle  nature  générale  doit  ethe  enten- 
du de  ce  petit  monde  de  l'homme  :  car  par  le  pè- 
che la  nature  ayant  cftcpcrucrtie  ,  ex  celte  ima- 
ic  Dieu  ayant  cllcbirlcc  &  chaibonr.ee  par 
le  vice  ,  &  noircie  par  le  péché  de  nos  premiers 
parens  ,  ne  pouuoic  reprendre  (es  premiers 
traits ,  les  premiers  lineamens ,  ôc  les  premières 
Couleurs  qui  luy  auoienc  elle  données  au  pre- 
mier iour  de  la  création  ,  qu'en  ietrant  l'otil  (ur 
le  modèle  &  procorvpc,  (ur  lequel  ci  i  c  auoit  e!tc 
créée  &  fennec.  Piototype  qui  n'eit  autre  qiMJ  ^en(,'  l 
Dieu  qui  créai  homme,  Fëciâim  îem  *À 

imurmem  ey  [imiliindinem  9ô/fr*m'%    Dclàcllquc 
ir  remettre  celle  imites  en  la  première  beauté 
terfe&too^l  falloir  auoir  le  premier  modèle, 
anili  pour  Ce  lui-vik  noilre  Seigneur  d'tau'our- 

Et  fli  ic  rr  mr  trompe)  i'rilimerav  que  c'elt  fur  P[A.  ~;G. 
icron  i         leleoae  le  Prophète  F  }  i- 

ni  1  jettoil  1rs  v:iis,  dilanr  ,  I  te  m  H  ;.  Q^c  Belle  con- 

ducs  rous  ,  n  1  Dam  |]   Il  y  a  maintes  an-  cftion. 

*ccs  que  vou>  auez  prins  le  pinceau  en  mjua 

D  i) 


j  2  TotitUVenàredy 

pour  peindre  voftrc  amc,&  lny  donner  les  traits 
de  perre&ion  ,  l'orner  des  dons  du  fain&  Efprir., 
&  luy    appliquer  les   plus  viues  couleurs  qui 
foient,comme  l'azur  delafoy,le  verdgay  de  l'ef- 
perance,l'or  de  la  charité,lc  violet  &  le  bleu  d'v- 
ne  conucrfioncclefte  ,1e  blanc  de  l'innocence, 
l'argent  de  la  feience,  &  le  pourpre  de  la  patien- 
ce :  &  toutesfois  après  auoir  longuement  efté  à 
tirer  ce  pourtrait.vous  dites ,Eccenunc  cœpi.Vom- 
quoy  cela?  c'eft  que  cefte  image  ayant  efté  tirée 
fans  auoir  jette  l'œil  furie  premier  prototype^ 
n'eft  qu'imparfaite  &  efbauchcc  &  pour  ce  Da- 
uid  recognoillant  cela,difoit,  Eccenunccœpi ,  co- 
rne s'il  difoit  :  I'ay  trauaillé  plufîeurs  années  à 
peindre  mon  ame  »  &  lors  que  la  première  foia 
i'ay  prins  le  pinceau  en  main  ,  i'ay  veu  qu'il  y  a- 
uoic  vne  infinie  diitance  enrre  cefte  image  &  fort 
prototype  ,  ie  m'en  voy  à  la  fin  aufii  efloigne 
qu'au  commencemcntjinfinic  en  cftoit  la  diftan  - 
ce  du  commencement  ,  infinie  encore  cft-elle  à 
la  fin  ,  &  pour  ce  >  Ecce  mine  cœpi.  Il  eft  bien  vray 
que  pourecque  Dieu  contiét  en  foy  toutes  for- 
tes de  perfections ,  de  peur  d'engendrer  en  nous 
vne  confufion ,  noftrc  Seigneur  s'eft  icy  voulu 
reftraindre  ,  car  premièrement  Dieu  eft  vnfeu 
qui  brufle  ,  Dem  nofter  i^nn  conjumens  (if,  duquel 
nous  ne  pouuons  nous  approcher.   Donc  entre 
les  autres  perfections  qui  font  en  Dieu  ,  nous 
pouuons  ierrer  l'œil  fingulicrement  fur  fon  a- 
mour  &  charité,  Dm  chanta  eft ,  cr  qui  in  charl- 
tate  manet^  m  Deo  metnet^eed  fur  cér  amour  que  le 
Fils  de  Dieu  veut  que  nous  ayons  l'œil.  le  fçay 
bien  que  Dieu  eft  infinicment  fage  &  bon  ,  mais 


i 


d'après  les  Cendres.  5  î 

cen'cftlà  delTus  que  noftre  Seigneur  veut  que 
nous  regardions  leulcmcnr,  ainsfur  Ion  amour 
&  chante  ,  Ejhte pcrftch  jicut  P*ter  Ittfier  Ufltfk 
perf ceins  efi. 

Voicy  qu'heureufement  pour  nous  noftre     Joy  je 
Dieu  change  auiouid'huy  la  ioy  de  crainte  en  rr,lhlc 
vne  loy  d'amour, la  iov  terrci:re  en  vne  loy  diui-  citr]„ef, 
ne  «5c  ce'citc,  cvainlî  s'accomplit  ce  qui  cftclcnr  (?)         ^ 
n'.i  Dcrcrunomc,  où  il  clt  dit  qu'en  ladoarede  rKT,r> 
I  -  eu  "le  loy  de  feu  ,   In  fé  ans  i^Jica  p 

lex,  comme  ii  1  Lfcrirurc  diloir,  Moylceftoit  à  la  ^  ,  v 

hc  au  mont  de  Sinay  ,  &  noMre  Dieu  à  la 
droidte  ,  Moylê  n'juoir  qii'vnc  loy  dererre  &  de 
piètre  ,  mais  en  ladroic'tc  de  noftre  Seigneur  eft 
vne  lov  dcrcu,/n^.vffr*  tius  %fp*A  ■'  v,l'ar  cela  ic 
vous  veux  vn  peu  rcprclenrer  la  différence  qu'il 
y  a  entre  la  loy  ancienne  ex:  la  nouuclle  ,  par  la 
contrepoinre  du  feu  &c  de  la  terre  ,  Indcxterdcius 

-i/f.r,;  ■  i de*  &■  terre firi*. 

La  terre  cli  laplm  imparfaite  de  tous  les  ele-    Terre  U 
mens,  qui  elt  caufe  que  nous  la  foulôs  aux  pieds,  p[t4S    \d 
là  où  au  contraire  le  feu  eft  le  plus  parfait  &  le  des  ele- 
plus  excellent  de  tous  les  clcmens.    Celle  loy  mens. 
.^r:cnnc  citoir  vne  loy  de  terre  &dcpicrrc,  clic 
ctfoit  en  la  gauche  de  Moyie,  pour  ce  qu'en  iccl- 
le  ronces  choies  efloientà  gauche,  ce  n'cftoir, 
qu'imperfection  ,     fJpfl  njlsil  ->Jîu>ti  !ex9 

ce  n'eftoit  que  haine  ex  rancune,  ocu!nm  frooci  t 
CT  detem pro  dmtc,  qu'oniniaftrerc  ex'  end'  .      »     . 

ment,*;/  dmniiêm  eu-  lis  ~*cfirt  permifti 

>nm  repwdç  :  M.ns  quelle  pi. is  grande  imper* 
von  Iriez  vous  voir  que  celle- 1 J 
flis^m*  (Jldnti^uu ,  diii^c  "tHtntuumt 

D 


5  4-  Pm  ?  k  Venâreày 

ç? ■  od'rh tbehif  inimicum  tuum .  le  fcay  queque!-* 

ques'vns  difent  que  les  premières  paroles  de  la 

loy  eftoient  feules  couchées  &  eferires  en  vne 

ligne  aucc  vne  période  ,  &  les  fécondes  en  vne 

autre  auec  vne  interrogation  à  la  fin  d'icelles, 

j     i   n  comme  li  Dieu  cuit  dit',  quoy  ?Tu  aimeras  ton 

Qjif1  et  .  *  ■ 

,^>         amy,&  tu  navras  ton  ennemy-  Les  autres  diienr, 

ce t    en?ie  •  ■  i  * 

,  iqu-parrct  ennemy  qu'il  faut  l>ayr  ,  fautenten- 

■  /  .r  dre  le  diable,qui  en  l  Efcrirure  tft  appelle  noftre 
r.~r:  ■  *  etwenïyy^fduerfariM'ï'efler  dtaboltu  circuit  cjuœrens 
éfttemdtuoretif  mmtcut  homo  hoc  je  cit.  les  autres  di- 
*  i  ■  *  ient  que  ces  ennemis  qu'il  faut  hayr  ,  ce  (ont  les 
peruers  Se  impies,  lefqueîs  doiuent  cftr*  hays: 
auiii  Dauid  difoit:  Nonne  qut  oderant  te  Pomme  o- 
deram  tllos perfetlo  odioî 

Les  autres  difent  que  ces  ennemis  que  les  Hc- 
Sdmtri-  [njeux  deuoient  hayr ,  eltoient  Samaritains,  ÔC 
Uins  en-  idolâtres, qui  eftoient  ieurs  aduerfaires.ainfi  que 
nemis  des  nous  pourroient  eftre  les  Hérétiques  :  à  rai  (on 
Jiebri*  dequov  parmy  eux  il  eftoit  exprefiement  defer- 
enx.  du  de  fréquenter  les  Samaritains, ai  n(l  qu'en  TE- 

glifc  il éft  défendu  de  conuerfer  auec  les  hereti- 
quesrrourcsfoisquoy  quefcVn  (oit,  i'ayme enco- 
re mieux  me  tenir  à  la  teHre%sy€»dtfttsifpid  ditfrvi 
el<  antiqut*  ,  dili^rs  proxwzrtm  tu^r»,  &■  odtohal>eli>f 
inimicum  tuum  ,  cV  que  là  il  cft  parle  de  l'inimitié 
Comme  //que  Ion  porteordmaivemenr  uux  ennemis  par- 
rïcft  fer-  ticuliers.  , 

mu  aux  Premièrement  donc,  oHctetique,  remarque 
iqnwtnî  ce  mot  audifris ,  tu  te  plains  que  l  £e.li<e  défend 
de  lire  U  aux  ignorans  de  lire  la  Bible  ,  &  ics  (ainctes  Ef- 
fainte  Ej-  crituies  ,  tu  dis  qu'on  remonltre  en  l'Eicrirurc 
cri  turc,     qu'anciennement    il  citoit  défendu  au  fimple 


£  acres  les  Cendres]  5  5 

peuple  délire  les  (ain&es  E(crnurcs.  Orfusic 
vous  veux  auiourd'huy  môftrcr  que  1  Eghfc  an- 
cienne, ck  noilrc  Seigneur  mc(mc,  nous  a  voulu 
montrer  cecy.  Remarquez  donc  que  noftrc  Sei- 
gneur en  l'Euangilc  tantolt  il  parle  aux  Scribes, 
&  tantolt  au  peuple:  quand  il  parle  aux  Scribes 
ts:  Docteurs  Je  laloy,il  leur  dit  :r//^*r /<>£/// rf,*« -  A.o* 
éjuid  Ugi/hs  m  Icjçe  :  Il  ne  du  pas  ynun^uid  4udiftist  Sri„n:t,r 
mais  au  peuple  il  ne  leur  dit  pas,  Im^uc  /<£■  °ï     ^_ 

nuis  t>ic  JU(i>fti.,p(nu  nous  cnlcigncr  qu'il  n 'ap-  ucri(mtn% 
pâment  qu'aux  Joctrs  de  lire  la  hible^d'expli-      *  s    • 
c;ucr  les  faillites  Elcinurcs  ôVau  Copie d'enten-  y  afé 

dre  &c  d'oiiyr  feulement  l'cxpoilnon  d'iccllcsqui  p      /f 
leur  en  elt  faite  par  les  Docteurs  :  &  pour  mon    \mJL*    I2 
ftrercomecen'elt  d'auiomd  huy  qu'il  y  a  eu  des  Jn   , , 
Heretiqaei  qui  ont  publiquement  enlcignc:  que 
tomes  (ortes  de  pcilonucs  pouuoicf  lire  la  fam- 
cte   hlcruure.  U  mdmc  Tcrtulian  le  plaignoic  -        » 
des  Hérétiques  de  (on  temps, qui  enlcienoicnt  le     ,    /' 
incline  que  nos  modernes ,  de  lortc  qu  il  diloit:      '      rt 

nnu4m  tum  euh prcfi.itur  (^uammcâfirii  k*rctico~ 
THmyhodir  cjtbecumcni%  crxf  docloresy  hodie  Idiet,  cr.u 
fj  ipiuellc  cil  la  uaturc  les  hérétiques  d'cfleuer 
les  hommes  tout  d  vn  coup  ,  tel  qui  auiourd'huy 
lera  cordômer,  lera  demain  minittre:  tel  qui  lera 
auiourd'huy  laucticr  fera  dcmainEucfquc,cV:  luy 
fera  permis  de  lire  <3c  d'expofer  la  fainetc  E  (cri- 
turc  (clon  (aranrainc  paniculicrc:&dir  dauâtage 
S.l  M.iirc,quc  parmy  eux  chacii  veut  parler  de  ia 
foy,(ansauoir  la  loy:u  grâ  le  mcrucilîc  que  telle 
Cylomncsjcriftur.t  fine  lutrt  riur  ^nmnrsp.it  m  f/irr,  rpi, 

jSncftJelo<jkHtur.  Ce  (ont  les  mots  de  cet  Apo'lic  ,J  nk.,. 
de  ia  franec:  &  adioultc  b-1  Iicrofmc, qu'il  n'y  inum. 

D   iiij 


$6  Tour  le  Veniredy 

li  chetif  meftier  où  il  ne  faille  c fixe  apprentif, 
auant  que  d'cftre  maiftre  ,  excepté  en  l'efchole 
des  Herctiqucsrcar  parmy  eux, en  I  expofuion  de 
la  faindte  Efcritureil  n'y  a  point  d'apprcnrilla- 
ge  ,  chacun  y  veur  eftre  maillre ,  tous  la  veulent: 
expliquera  en  donner  raifon.   Et  dit  encore 
Tertul.     Teitulian  ,  que  les  femmes  mefmes  des  Heieti- 
iliuem.      ques  veulent  fe  méfier  d'enliigner.&difputerdc 
1  hferiture  ,  Ipfœ  etiam  mtdiercs  <&>  quam  audaces 
funt  <:oc(re  ^'olunt,  difputare  ~\>nlunt ,  chofe  toutes  - 
fois  prohibée  Se  défendue  deDieu  aux  ignorans, 
&  releruee  feulement  aux  Doclenrs  &  fçauans, 
&  pour  ce  il  dit  auiourd'huy  parlant  au  h"mp!e 
peuple  ,  audislis ,  &  non  pas  legt/hs ,  comme  s'il 
leur  difoir,  c'eft  à  vous  à  faire  cTentendre,&  non 
pas  de  lire  èc  d'expliquer. 
M*  yCtti*     Parmy  les  hiftoires  Romaines  nous  lifons que 
lius    puny  Marais  Atrilius  pour  auoir  feulement  donné  à 
pourauoir  défaire  les  liurcs  où  cftoient  les  Oracles  des  Sy- 
féùt  /Mr-b^'cs»  &auoit  communique  les  fecrets&  my- 
crnelesli.(ïcies  qui  cfïoicnt  dedans,  fut  condamne  à  ia 
mes     des  1Tlort>  &  ^  e^rc  renfermé  dans  vne  peau  de  to- 
SybUles,     reau, comme  vn  parricide  &  facrilegc.  Si  c'eltoic 
vn  crime  &  vn  parricide,  que  de  vouloir  rcuclcr 
les  fecrets  diuins,  mefme  entre  les  Payais, à  plus 
forte  raifon  cft-cc  vn  grand  (acrilege  pour  vn 
ignorant  de  vouloir  manier  vne  Bible  ,  ôc  lire  la 
fàin&c  Efcriture,  l'expoiant  ainfi  que  bon  luy 
kmble,&comme  il  l'entend.Voila  ce  que  noftrc 
Seigneur  nous  a  voulu  reprefenrer  par  ce  mot 
^/^//?;i, maintenant  voyons  ce  qu'il  veut  dire  par 
ces  paroles,  DiHumejiantHjuts ,  dritges proximvm 
tuum9  cr  odio  h*ltcbis  imrnicum  tuum. 


iïa,  ï res  Us  Centres.  57 

Pluficurs  interprètes  &  commentateurs    iur  £^[rrf^ 
çepati'agedc  fain£kMatthiea,dilcoi  &  obier-  mUTqUf9 

loy  queDicu  donna  à  Ion  peu- 
ple ne  porta q  1  il  fallQU  b  \ii  fon  enocray:  mail 
Dien  qu  il  falloif  aimer  [\>n  prochain  ,  «S:  que  ce-  Lcs  1™*** 
cy  cil  v  'sScnbcsA'vncgloled'Or-  (c'rr'  m" 

lcaos,corroropanc  te  texte  comme  font  les  herc-r**1/111'  Er 
tique,  Je  i;  ernps ;  lis  firent  lonc  \nc  con-  CTUVTe 

:ecoco  ftc  forte,  Il  cftpermjs  J'ai-  4JnJ*.    Vie 

...  .  misd  haïr  les  cnnc-rw,,n';N 

;lsdient  que  C ntranornm  con- retlîUli' 
tidi  \  cil  bon  à  dire  ,  eV  a' 

lieu  es  1  contraires, &  tellement  contrai- 

re) ,  qu'entre  ci  es  :i  n'y  a  point  de  milieu  :  com- 
nplcjî  ic  dilo:.,  Voil  1  qui  cil  chaud, 
01  1  ,  !a  ça  :icc  ne  l  lit 

i  #  pourec  qu'il  pc  tici«  :  mais  (lie  di- 

foif,lie(]  ncil  n'c*i  viuanr.alorsla  con- 

ience  (croit  bonne  s  parce  qu'entre  la  more 
1  vie  il  n'y  a  poitade  1.  Aiofi  en  cet  en- 

ch  oit  la  loy  porre  ^11'i!  tant  aimer  (on  a;r.v,&:  les 
Scribcsconduan  ju'il faut  donc  iiair  ion 

ennen  :  \  ne  con(cqucncc  raulTe  :  car  entre 

aimer  &  haïr  il  le  uouue  vu  mi.ieu,qui  cil  ny  ai- 
mer nv  ha 

Aulli  pour  ce  (ujet  auiourd'huy  noire  Sci 
gncuraolU  ce  negatif.ft  amis  le  poirif,  dilanr,  ' 
Kçojutrm<  ydilrytc  imm  !  ode 

l'impe rfcclion  f  &  met  lapcrt'.  ction,  il  p  ' 

mour,«Sc  ofte  la  haine  tfc  la  rancune.  °" 

imc  le  plus  panait  des  clc,  u, 

E  de  toutes  les  vertus  la  1 


58  FottrleVendredf 

<5lion  de  !a  chofeeft  d'eftre  vnie  à  fon  principe, 
a; nfî  la  perfection  de  la  charité  cft  de  nous  con- 
ioindre  auec  Dieu  ,  c'eft  elle  qui  nous  vnit  auec 
]uy,^fmor  eft  ymtiuus}c^£jm  aàbsret  P  eoy  >mw  fpi- 
rituseftcutneo  :  de  forte  que  tout  ainlï  que  le  feu 
perfectionne  les  chofes  fk  les  transforme  en  foy, 
ainfi  l'amour  transforme  lame  en  la  perfonne 
aimee:&70 ammdmeaauia  diligi!i&-quvd jine  amore 
fjfe  non  poiesçrlti  a  mort  s  trAmformdrts,&~plit-s  e$~}bi 
am,u  quamybiammxt,  dit  Hugues  de  fain cl:  Vi- 
ctor, l'amour  eft  vn  extafe  qui  ram  &tranfpor^- 
te  l'ame  en  la  choie  aimee:  ainfi  la  charité  Se  l'a- 
mour qu'vneame  porte  à  Dieu  ,  la  transforme 
en  luy  mcfme.  C'eft  oit  ce  que  recognoilloit  fort 
bien  fa  in  cl:  Paul  en  foy  meime,  difant  :  Vmo  ego 
tam  non  ego ,  "\luit  ")>ero  w  me  chrtflus  :  ô  grand  À- 
poftre,  vous  dites,  Viuo  ego,  fi  vous  viuez,  com  - 
ment  dites  vous  ,  Um  non  ego  ,  liiutt  T>ero  in  me 
Chrïflus. 
Similitude      Pour  entendre  ce  palfage^ic  me  veux  feruir 
pour  en-     d'vne  belle  fimilitudc  fort  familière:  prenez  moy 
tendre  le    du  fer ,  iettez  le  dans  la  fournaifeardante  ,  aulîi 
paffage  de  tort  qu'il  y  eft, il  eft  transformé  &  metamorpho- 
S.  Paul,    se  en  feu  :  de  forte  que  (î  le  fer  pouuoit  parler  il 
diroir,ic  fuis  fer,&  fi  ie  ne  fuis  plus  fer, mais  feu. 
A;nfi  ,6  fain&Paul ,  vousauez  cfté  ietté  en  la 
fournaife  de  l'amour  de  Dieu,  &  auez  cfté  trans- 
formé en  luy  :  de  forre  qifà  prefent   vqus  dites 
que  vous  viuez,  &  que  vous  ne  viuez  ,  mais  que 
c'eft  IcfusChrift  qui  vit  en  vous,r iuo  c go  iam non 
Effet  de  U  en-0  ^  -),wjt  -\erowme  cbrtftus.  De  là  nous  voyons 
lïAture.     qU*jl  fc  fajr  cn  nous  le  mefme  que  la  nature  fait 
enuers  les  femmes:vpus  autres  fcmraes,lors  que 


tf-ipfff  1er  Cendres.  59 

Vous  eftcs  grolies  ,&  que  vous  dcfirez  manger 
quelque  choie  ,  fi  vous  ne  le  pointez  auoir  tour 
fur  l'heure  ,  &  qu'en  ce  grand  d  lir  vous  portiez 
volirc  main  iur  quelque  partie  de  voftrc  corps, 
le  fruict  que  vous  portez  fera  marque  du  mclmc 
f~rui&  que  vous  aucz  defiré  manger, &  en  la  incl- 
ine place  ou  vollic  nuin  auroit  touche,  &  qui 
cft  caufe  de  tout  la]  c*cll  le  dc;ir  ,  6c  qui  cautc 
ce  defir ;  c'eft  1.   I         df.    Ainli  lacob  fie  conec- 

-  les  brebis  diqerfemeot ,  eatpoGuit  auprès  de 
ia  fontaine  de  vcr;;ei  d  amendser  bigarrées  ,  &c 
ccy'n  frruore  ,!'.nt  \  ia  plus  grande  chaicur  du  iottr, 
laquelle  rue  caufe  de  cefte  murattôOr  (us.Chrc-  ~  .„,r,~ 
ftiens  ,  vous  elles  gro*  de  uunezes  &  pieulcs  affe- 
ctions ,  5e  pour  taire  en  vous  ce  que  la  nature 
fait  enuers  les  femmes  gi  oifes ,  c'clt  à  dire  ,  pour 
faire  que  voftrc  fi  uiù  porte  la  marque  de  Dieu, 
aimons  Dieu, touchant  Dieu  ,  Se  ainfi  nouspor- 
terons  f<?n  image  eu  noltre  amc:  Dieu  noustou- 
chc  par  Pc  l  iicnr,  c'clt  a  nous  de  le  toucher 

par  lecœur  &  p.ir  la  volonté. 

On  lit   c  lirable    du    bien-heureux 

fâinâ  I  •     kce9«iffcîple  des  Apoftres ,  qu'après  (a  *  on%       e 
D   (      ]•  ■  ,  tant  ouuerr  fut  rrouuc  au  mi-  'ej*s Xr*J\ 
i:cu  <«e  (on  <  our  le  nom  de  Iefus  eicril  &  graue  \  "'' 

h  ,en  IcltretcTor  ,  de  l'amour  duquel  il  auoir 
nie   r#DC  cfprif,    C'clt  ainli  que   noftre  amc  fc 

transforme  en  Dieu  par  l'amour  fc  pai  la  chari- 
té, voylacc  que  nous  reprefente  ceflclov  <Je  feu, 
xirut.u  1  n  g /rx.yoy  la  cefte  ioy  de  grâce 

d'amour  ,  tnjlniftré  Imfultt  ,  l  cil  poar  la  loy  an- 
cienne. 

Au  commencement  du  Gcncfo    il  cft  di&£?raW!i 


6  o  Pour  le  fécond  Venàreây 

qu'auparauant  la  création  du  monde ,  Terra  errt 
triants  cr  1) ACH4>o»tenebr<i>  étant  fuper  factem  abyfît: 
Quelle  eft  cefte  terre  vuidefc'eft  la  loy  ancienne: 
Ô  loy  ancienne,il  eft  vray  que  tu  cftois  vne  terre 
vuide  de  merites,vne  terre  feiche  &  fterile  ,  tous 
les  Sacremens  anciens  n'eftoient  que  (impies  e- 
le  mens  fans  vertu  &  fans  efficace  Jnfirma  e^  ege- 
loy  an-  »a  clemcnta.Yoyh  pourquoy  faincl:  Epiphanc  ac- 
cienne  fê-  compare  cefte  loy  aux  cirternes  limonneufes, 
LUble  aux  dont  l'eau  altère  pluftoft  que  de  defalterer.  Loy 
çifteryes  encore  fort  bien  reprefentee  par  l'Autel  des  fa- 
hmonneu-  crifices  ,  qui  eftoit  vuide  &  non  iblide  ,  F actes iU 
Ses.  lud  ^acuum^noufoUdum,  pour  dire  qu'en  cefte  loy 

il  n'y  auoit  ricp  d'afteuré  ,  Se  ne  pouuoit  confé- 
rer la  grâce  comme  la  nouuclle.llupert  l'accom- 
parc  à  l'arbre  fouz  lequel  rcpofalonas  ,  arbre 
qu'aucuns  appellent  lierre,  mais  les  70.  Inter- 
prètes difent  quec'eftoient  des  courges  ,  à  l'om- 
loy  anci-  brage  des  fueilles  defquelles  Ionasfejetta  &  fe 
tnne  corn-  repofa.    O  eft- il  que  les  courges  &  citrouilles 
faree  aux  Ton r fort groftes  par  dehors, mais  elles  fontvui- 
tourges.     des  par  dedans.  Belle  reprefentation  de  la  loy  an- 
cknne  ,  q^ui  eftoit  belle  au  dehors, mais  vuide  de 
grâce  Se  de  merires  par  dedans. D'autres  laccom- 
j  •  parent  à.  la  manne  ,  que  les  70.  appellent  J)i,Kttott 

r       1.  ctbum  Tracuum ,  viande  creufe  &  vuide:  aulii  les 
tnne  \em-  T ,  ,    .  n  ,.r  .  r 

u  1  r  '  r   Hebncux  voyans  cette  manne  diloicnt ,  Naufeat 
pUbleaU  a     y  r     a   1     •    ■  •    r      a    1 

anima  nonralupcr  cwo  ilro  leutisimo  ,  ainli  celte  lov 
manne.        n    .       '.  .  J  r  J         J         '  ' 

eftoit  vuide. 

Les  Philofophcs  nous  enfeignent  que  la  Na- 
ture'&  l'atuheur  d'icellc  abhotrent  tellement  le 
vuide ,  que  pluftoft  la  terre  prendroit  la  place  du 
ciel ,  &  le  ciel  celle  de  la  terre  ,  &  pluftoft  le  feu 


d'ap  res/cs  Cendres.  6 1 

defccndroit   contre  bas  ,  que  Je  petmettre  au  ^<n     *?< 
moodeqaelque  ebofede  vuide.  Puij  donc  que  ~^ut"e  ** 
celte  loy  ancienne  cltoit  vuiJe  ,  &  que  la  Nature  mon«e. 
&  l'aotheui  d'iccllc  ne  fouffrem  rien  de  vuuie, 
qu'elt-il  donc  arriucrdequoy  clt  ce  que  ce  vuide 
i  cltercmply  i  Le  I  \l$  de  Dieu  die  que  venant  au 
monde,  il  apporte  du  feu  ,  t^nnn  Icmmiucre  m  Bcau  mj* 
tcrrtm^-  <iutd~\olo7i  '.c  fcU  n'clt  ZTl-  (ttT€'t 

rre  choie  que  le  Feu  d'amour  i>:  de  charité  ,  du- 
quel ce  vuide  a  cité  remply  ,  de  (a  ditiinitcUa 
pli  noltrc  humanitéqui  eftoie  vuide  d'amou: 
de  dile&iô  yExinanittii  rm  mfotmémferm  de- 

apiens  :  Il  a  cfpuré  iulqucs  à  la  dernière  goutte  de 
Ion  amour  pour  remplir  le  vuide  de  l'humanité,    ^.i 
pour  remplir  le  ccrur  des  hommes  vuides  d'à-         ^ 
inour,dc(ortcqinl  dit  auiourd'huy  ,  Dilifile  mi-    :' 
micoi  "Vr/ro.», aimez  vos  ennemis >  ayez  la  char 
CZV,Plemtudolc£n  eji  àiicftio  ïnon^em  ,  dit-il,      - 
uere  /r^m.ic  ne  luis  pas  venu  pour  rompre  la  loy, 
jedâdimplfre^ïwiis  pour  l'emplir  d'amour  ,  puis 
qu'auparauantcllc  en  cltoit  vuiJc  ,  c  clt  auiour- 
d'huy que  cela  le  tait  :  cc(tc  loy  ancienne  cftoïc 
vne  terre  vuide  d'amour, mais  le  Fill  de  V).z\\  ve- 
nant au  monde  a  apporte  quant  &  lov  le  feu 
d'amour  pour  la  remplir,  Ptlt^itc  imm  .   . 
La  vrave  &  parfaite  chanté  ne   peut   aUCanOr 
menteftre  vuide,  ce  n'clt  pas  moy  qui  Icdit.c'cft  Bt'[(    reftm 
lainct  Bernard  qui  me  l'apprend,  difani 

noncfl  %de  feipju  (entent a  r<  iproprx             \gy 

T»4tyycrus  drnor  u_ 

lez  vous  voir  comme  la  <\  remplie  tOOt , 

que  tout  ce  qui  clt  .  .idc  clt  vuide  loi)-  la 


6  z  Pour  le  Vendre  Jy 

charué;voiis  le  verrez  roue  prc(eotcrncnt,qunn(i 
Belle  con-  ^tcs  vous  c\li>xn  vaideau  cft   vuide?  c'eft  lors 
ce  tion.      Su '^  n'y  a  r*en  dedans  :  6  grand  Ùiititk  Paul ,  ap- 
prenez moy  s'il  vous  plaift,  qu'eftes  vous  fans  la 
charitê?vuide:car  dit-il, combien  quci'ayc  la  foy, 
les  dons  de  propherie  &c  de  feience  ,  (ans  la  cha- 
riré  ymbdjum  ,  ie  (uis  vuide,  il  n'y  a  rien  en  moy: 
de  Lotte  due  fort  iuftement  l'Efctuurc  faincïe 
I.  Cor.  13.  dit  que,  Plenitudolegiseft  dde B 10  ,c'eftoit  là  ce  qui 
manquoit  en  la  loy  ancienne, c'eftoit  ce  qui  la 
rendoit  fterile  :  ie  veux  bien  qu'elle  fuft  beîc  eh 
les  cérémonies  comme  R.ichel ,  mais  pourtant 
comme  RaChelellc  eftoit  fterile  &  inféconde, 
point  de  grâce, point  d'amour  ny  de  mérites ,  ce 
n 'eftoit  qu'vne  loy  de  pierre, &  qu'vne  loy  dé 
terre  vuide  &  fterile,  qui  n'auoit  aucune  force. 
Mais  la  loy  de  feu  &  la  loy  de  grâce  ,  c'eit  vne 
Lya.vnc  loy  féconde  ,  vne  loy  d'amour  &  pleine 
de  charité. 
Peu  fnn-       Empedoclcsdifoît ,  cfuele  feu  eftoit  principe 
ape  de       cîe  toutes  chofes  :  combien  que  cela  (oit  faux ,  ie 
tout ,  félon  loy  veux  toutes  fois  accorder,  &  dire  outre  plus, 
Emfcdo-    que  le  feu  eft  l'inftrument  gênerai  delà  narure 
tle.  &  de  l'art  ,6c  n'y  arien  de  fiadtif  qu'iceluy  .  Da- 

uant.ige  ,  les  Poètes  ont  conti  ouué  que  Iupiterr 
engendra  Mincruc  de  (a  ceruellc,&  et  au  moyen 
Faute.  <to  feu  que  luy  prefenta  Vulcan  ,  teqael  feu  fer- 
uit  comme  de  fage- femme  :  &  donc  ainii  qu'il 
n'y  àriende  il  a&ifquele  feu  ,  ainfinen  de  plus 
ac"iifqLïe  la  charité :Charit*:  Tffatft  atotoa  oprr,ituri 
quoi  jt  non  operatur  ,  ebarirat  non  tfi9âii  laincT:  An- 
gultin ,  Probatiô diitttioms  ef\  exbibilio  opens  3;  âii 
i'Apoftre  (kitték  Paul. 


d\'frcslcsCinàrci\  63 

Sur  cecv  ic  me  rciluuuicns  d'vn  bcàDtraiâ 
que  nuus  lifons  dans  lolephc,  lequel  raconte  fofeph,  Ui 
q  i'vii  ioar  le    luit  Svdonirn  rut  pnns  &  tenu  n.ç4nnqt 
pour  Alexandre  fils  d'Hcrodc  Aicalonitc ,  à  can-  17, 
le  de  quelque  reflèmhlancc  *^u*îl  nuoit  aurc  îce- 
luy  Alexandre  ,  &  mefinc  [Haïr  ce  fuier  îl  rut  te- 
nu &  receu  pour  Roy  ,  pcnLmt  que  ce  ftill  le 
vray  &  légitime  héritier  d'Hcrodc  Alexandre: 
mail  vn  iour  iceluy  (c  trouuant  douant  AuguùV, 
1  E  rpereur  (e  rcprmt  à  1';  regarder  de  fort  prés, 
&  en  fin  recogneut  par  (es  ma:ns  rudes  &  mal 
polies  ,  que  tant  s'en  taut  que  ce  fuit  Alexandre 
fils  du  Roy  Herode  ,  qu'en  bon  François  ce  n'e- 
itoitqu'vn  vilain  ,  cVpour  ce  (a jet  lechalla  d'au- 
près de  luy  &  l'exila  :  ainfi  cft  ce  par  les  mains  ÔC 
par  les  otuures  que  (c  recognoift  la  chari:c  ,  Fro- 
batio  cb+ritati:  e/éexbiifitio  operis.  ies  ccuurc  . 

V!en-ça,Clu^(t'en,tudis  que  tu  es  fils  de  Di:u  preuucr.t 
en  aimant  tes  ennemis  :  ot  lus.  baille  moy  la  U  xhâtitii 
main,cV:  que  l'en  vove  rcxpcrien<:e,fais  moy  ap- 
paroiflrequc  tu  les  aime  ,  mon  »v  les  us- 

ures decharité  que  tu  exerce  en  leur  endroit  1 
tu  les  aime  ,  il  faut  que  tu  prie  pour  eux  ,  que  ru 
leur  face  du  bien  |  h  tu  fuis  cca  ,  ic  Cogooiftray 
tlors  que  tu  les  aimeras,  ms  e()  ex- 

iii§9fer$rfôc  fi  tu  oc  le  fais  «figne  très  afleurc 
que  ru  ne  les  aune  pas  :  Car  laincfc  Ican  dn\ 

li  non  diltgamus  tffbû  jcd  eperc  (y   ~\eru<i  ,       T 
aimons  new  ennemis ,  non  Je  parole  nv  par  dillî 
mutation*, nuis  de  c  ^ur  Si  d'oiiiurcv  ftrt  XT  '>-- 

XUâtr. 

Dauid  dit  que  l'homme  efl  vn  atbrccVvnc 
plante  ,   il  erit  tunquum  !r;nnm  queu    pUotdtkm  ' 


6  4  Tour  le  Vendredy 

éfifecus  decurfus-  dquarum3ey~  fruêfam  fuum  délit  ift 
L'homme   tempore  fuo  :  c'cil  vn  arbre, mais  femblabk  au  pin, 
f//"Y'7  jr-  ta  v'e  duquel,  ainli  quedifenc  les  N  juiiraiilbci>s 
ire  sebU-  confiée  en  (a  pointe  &  extrémité  ,  &  non  en  fa 
Uedèpin'.  racine.    Que  reprefente  cette  pointe  de  l'aibic 
en  l'homme? ce  font  les  œuures  delquelles  dé- 
pend toute  la  vie  fpiriruelle  de  1  homme  ,  Hocjac 
gr  Ifiuei  :  ce  n'eft  donc  allez  d'auoïr  la  charité, & 
de  dire, i'aime  mon  ennemy,  &  neluy  veux  point 
de  mal  ,  il  raut  les  auures  pour  prouucr  cefte 
charité ,  &  tefmoigner  cefte  diieclion. 

Mais  fmgulieremcnt  l'amour  des  ennemis  fe 
fait  voir  en  ce  que  c'eft  vn  feu  ,  mais  vn  feu  qui 
brufle  entre  les  efpines, /ça/; /«fer  ffin*s  >&c pour- 
ce  il  en  e(t  plus  ardant  :  o  haines,  6  calomnies, 6 
orTêTcs ,  ô  mefdifances,ce  (ont  là  les  elpines.-mais 
tout  ainfi  que  le  fenfe  monltre  ardant  au  milieu 
des  cfpines ,  ainfi ,  ô  pauures  gens  calomniez  de 
haïs  ,  faites  touiiours  paroiltre  fe  feu  de  voftrc 
amour  &  charité  cnuers  ceux  qui  vous  hayenc 
d:  calomnient ,  plus  ardant  que  n'eft  pas  le  feu 
les  hdir.es  hruflant  les  efpines  :  &  iuflement  îe  dis  que  les 
accempj-   haines  &  calomnies  fe  penuent  accomparer  aux 
rees    aux  cfpincs  :  car  tout  ainli  que  les  efpines  viennent 
efpines.       &  croi fient  fans  femer:amfi  ,  ô  âmes  Cluefticn- 
nes ,  ces  haines  que  l'on  vous  porte  ,  &  ces  ca- 
lomnies viennent  le  plus  (ouuent  pour  n'en  a- 
Embhme    uoit  donné  aucun  fu  jet  :  mais  pour  cela  ne  vous 
de  h  Lune  cftonnez  point,ne  perdez  rien  devoftre  charité, 
£t-  du       demeurez  toujours  fermes  ck  con<>  ois  rellem- 
chien         blans  à  cefte  Lune  de  laquelle  fait  mention  Al- 
abbajant    cia.   Cet  autheur  fait  vn  emblème  d'vn  chien 
«près         qui  tabbaye  après  la  Lunc:mais  nonobfcant  (on 

abbayerr*  " 


d'après  les  Cendres.  65 

uement ,  c  1:  ne  laiflc  pour  cela  de  faire  ion 
iour».c\'dcrairj  reluire  la  ciane^Et  Ijtrttj  \".ri 

;ur  >o.v  irrita  y?m     '        ..y  que  les  âmes  h-  liWp.ATt7 
d-  \: I,  en  la  i.i!\lc  E&i  fomtet  r^ 

d   e  .  pat  le  Sage  en  les  Praoci 
eut  i.nr.4  fient  m  hehm  Les  chiens  ab- gjfyX  <, 

■  uieux  &  les  cnuies  ,  ô  m-  tVttnsâh* 
les,  demeurez  touliours  Lune/,  ,-àJ|l4 
norobitam  l'abbovemcnt  des  cnuicux.  le  fçiy 

,  iiicu  levoid  en  la  L  une  cô- 
ne dans  \n  miroir  ,  &  pour  ce  11  ne 
•vn.ii,               :i  qu'il  void  ,  il  cnc&  abbo 

il  me  femblc  que  cela  cil 
croy  |  cpÊC  laraifonpoorlaquel-  ?, 

z  api  es  la  Lune, eftpoortuctnt foi 
qu  rtCC  de  la  lune  oftenec  le  cerneau  /     1 

chien  :  Ainli ,  ô  âmes  Chrétiennes ,  vous  ruez  Alt^r  4- 
tro  :  ,  roy  1  efclaicci trop ,        cn-frtsldLth 

Dieux  en  ont  mal  en  leur  rcltc  ,  &  ne  le  peuu 
tenir  d'abboyer  après  vous  ,  &  de  t  c 

nies  contre voftre bon neureV  r<  n, 

ma  :  cvouicftunr 

ne  perde  point  la  force  :le 

rc  plui  ar^:  ,is  les 

deccsenuics  <N:  de  tes  ca- 
lomnies. 

turenottfa  Jonnc  vn  beau  fvmholedc     le  rrrvr 
Miel   ett   le 
•  'lue  \c  f    'au (Vi  le  nt  lieu   du 

qu  de 

le  l  -  1    -        >*ime  % 

ni-  :r  jS  fgé  in  n 


6  6  Pour  le  Vendreâj 

garde  tout  îc  cercle, &  tout  ce  qui  eft  dedas,  ainfî 
Dieu  eft  ^c  cœur  voit  &  gouueme  toutes  les  penfees  de 
~l>n  cercle  l'home.  Ou  bien  difons  que  le  cœur  eft  îc  centre, 
Cri  home  &  Dieu  eft  le  cercle,  pource  que  nous  viuons  en 
en   et}   /e  luy,&  mourons  en  Iuy,&  tout  ainucômc  le  cen- 
cemre.       tre  recognoift  tout  ce  qui  eft  au  cercle  >  ainfi  par 
noftre  cœur  nous  recognoiflbns  Dieu  premiè- 
rement corne  noftre  cercle,  &  puis  en  luy  toutes 
les  créatures, les  amis  ennemis, bos  &  mefehans. 
Mais  difons  ,nonobftant  le  dire  des  Natura- 
lisées,  que  le  cœur  n'eft  point  tant  au  milieu  de 
l'homme  >  qu'il  ne  panche  plus  du  cofté  gauche 
Le  cœur  ^uç  (|u  faon:  s'il  eft  ainfi  que  le  cœur  reprefente 
f  anche       j£  rQ]n  ^c  ]'homme,pourceque  Cor  dicitur  kcura^ 
¥'"1,  ie  dis  que  la  nature  par  cecy  nous  a  voulu  don- 

cojte  gau-  ncf  vn  cn'lCjgneincnt  admirable,  c'eft  que  nous 
chenue    cjcuons  auojr  p  us de  f0jn  de  ceux  qui  (ont  à  la 
au  droit.    gauchc  ?  qUC  nor)  pas  de  ceux  qui  en  ce  monde 
iont  à  la  droite.  O  paumes  6  indigens, c'eft  vous 
qui  en  ce  monde  eftes  à  la  gauche,  &  c'eft  de 
vous  que  l'homme  iufte  doit  auoir  plus  de  loin, 
que  ceux  qui  font  à  la  droite  des  profperitez  &C 
honneurs.  Mais  difons  autrement ,  que  le  cœur 
au  milieu  de  l'homme  panche  plus  du  cofté  gau- 
les  enne-  che  que  du  droit ,  les  ennemis  (ont  a  la  gauche, 
mûrepre-  &  font  ceuv  la  dcfqucls  nous dcuons auoir  plus 
('mtc^  par  de  foin  ,  cklcfquels  nousdeuons  dauantage  ai- 
le   coflé     mer  que  non  pas   nos  amis  mcfmes ,  que  nous 
gauche,      mettons  à  ia  droite.  C'eft  la  leçon  que  fait  au- 
iouid'hny  noftre  Seigneur,  dilant,  DiUgite  tmmi- 
cos  Tteftro!»   De  forte  que  tout  ainfi  que  nous  ne 
pouuons  eftreorfencezde  nos  ennemis  que  par 
f  roii  chofcs,ou  par  le  cœur>ou  par  leurs  paroles, 


Bflli 


e  m:- 


â  après  tel  CenJrts.  67 

bu  par  leurs  mains  ,  p::r  le  coeur  penfans  mai  Je 
nous  ,  par  ics  paroles  dcrruot.ms  &  me  de 

DOOf.CTCpai  les  mains  nous  uilenfa*.  Itre 

Scignctic  f  eut  que  nous  employons  i-  mel 

choies  pour  les  aimer  &  remlic  lcru;:c  :  pour  le 
ccrur,  £>'//£ '/f  immicoslftflror.pour  Iabouche,0r4fp 
proprrff.]*  >o. :pour  \c$m.uhiiEcnfj-uite  hU 

oui  pder uni  "V  >f. 

beJ  lmiloiophesdifcntquc  le  caur  eft  ,  Pn- 
r*jjm  >B«nij  c?~  yltimummoricru:  auili  repreientez 
•  is  que  lors  que  nollrc  Seigneur  commande 
il  ai  mec  nos  ennemis,  il  veuc  que  la  naine  que 
nous  portons  aux  ennemis  meure  en  nous  ,  & 
que  k'arooac  naidè  :  mais  hclas  i  Cor  1  il  "\Uimum 
tnoruri ,  ce  ectur  plein  de  haine  &  de  rancune  a  * 
bien  de  la  peine  à  mourir,  quandtu  disque  ru  UiUtton' 
ne  veu::  point  de  mal  à  ton  ennemy  »  mais  que 
tu  ne  le  peux  voir  de  bon  cril  ,  c'clt  la  haine  qui 
fcrctcruc  touliours  à  mourir  la  dernière  ,  clic 
demeure  en  ton  ccrur  ,  quand  tu  ne  !  aime  p. 
elic  vit  en  ta  langue,  quand  tu  ne  peux  bfCO  dire 
de  luy  :  elle  vit  en  tes  mains  ,  quand  tu  ne  luy 
trenx  bien  faire.  Or  (us,  a  fin  de  remédier  à  iccy, 
noftrê  Seigneur  die:  Otlsitteimmùêt  *W/?rtj ,  or.nr 

jrro  prrfnjumti'  U  bit  nui  oderum  l'os. 

H  faut  que  le  caur  ioit  employé  à  le;  aimer  ,  9C 

la  langue  à  pria  pour  eux*  À  les  autins  en  leur 

bien- tai  fan  t.   Auili  les  Naturalises  dilcnr ,  que  *e**e    re~ 

du  COSUf  pari  vn  nerf  qui  dckend  au  péril  doigt,  rnâr^ur. 

8e  pour  dire  qu'il  faut  aimer  l'ennemv  de  césar*, 

de  parole  &  d'aïuire    car  ie  vous  allemeque  le 

plus  beau  m  ftincrc  8C  lurmonter 

i'ennemy  clt  de  luy  bien  fane. 

M 


6s  TourleVendredj 

les  enne-       ^es  enncmis  f°nc  ordinairement  accomparez' 
mn  aCm     à  l'abeille:  ck  pourquoy  f  pource  que  faifant  fort 
compAreX  ïflielclle  s'en  va  effiorant  tous  les  arbres,excepté 
klabeiik.  l°hue  >  ^es  fleurs  de  laquelle  elle  n'eftlore  point, 
pource  qu'elle  luy  eft  ennemie  &  en  mourroit. 
Jamais     &  abeilles,  6  ennemis,  ô  oliuc  qui  portez  Phuy - 
l'abeille     ^e  &  lcs  fleurs  de  mifericorde  ,  ô  gens  de  bien 
ne  touche  4Q*  vous  feuanchez  des  iniures  par  les  biens- 
l'oliue.       faits,  vos  ennemis  ne  les  peuuent  endurer,  mais 
courage  Chreftiés,  c'eft  là  le  moyen  de  Jes  vain- 
cre &(urmonrcr ,  &  d'en  auoir  le  demis  ,  ne  ce(- 
fez  de  les  aymer,&  de  leur  vouloir  du  bien,  puis 
que  noiire  Seigneur  vous  le  commande,  VÛigite 
mimicos  "\>eftros. 

Voila  comme  cefte  loy  de  terre  a  efte  changée 
en  vne  loy  de  feu  d'amour  &  de  charité  ,  voila 
comme  le  précepte  dchayr  fes  ennemis  eft  chan- 
gé en  vn  piecepre  poluif,  qui  eft  delesaymer* 
yAimtr  Ce  précepte  eft  «difficile  a  obferuer,  &  àcaufede 
fes  enne.    cela  S.  Ierofme  dit  que  les  commandemens  de 
mis  ety  y»  Dieu  eftoienî  impomb]es>rudes& difficiles-mais 
précepte     au  contraire  il  n'y  a  rien  au  monde  de  plus  doux, 
difficile  a  pourueu  qu'on  ave  la  charité    ôc  l'amour  de 
obferuer.    Di-u,Ww*  amor  difficultatu  ncmen ignorât.  Noftre 
ccrur  ne  peut  viure  fans  amour, ny  pi9  ny  moins 
que  la  Salcmâdrc  ne  peut  viure  fans  les  rî.immcs, 
le  coeur  charnel  ne  peut  viure  (ans  l'amour  char- 
nel: ainfi  le  cœur  di  in  ne  peut  viure  fans  l'a-  • 
mour  diuin  ,  8c  eft  vnechofe  merueilleufc  de  ce 
que  ie  dis,  &  quiconque  l'expérimente  dira  har- 
diment que  les  commandemens  de  Dieu  font 
très  doux  ,fugum  meum-jimue  eft-ey^onta  meumleue% 
die  noftre  Seigneur  :  furquoy  s'eferie  S.  Bernard, 


a  Apres  Us  Cendres.  6 9 

Mité  nokttds3jeà  tim  <jt'i  fecti  crnr.ux  nouJy  eut  fin  *  /* 
îul/ott'  m I>r4ccptnt'rux  Tf»fld  r!eo,Lùor  jictM%  luqum 
fudufyfurcmu  Luit ,  6c  adjointe  puis  après  d'Abra- 
ham, parlant  de  l'immolation  de  ion  fils > 
iSfbrahéC  dut û  efitéciipf fi  lumtuum  Ttmfemtui 
ojjtr  tum  m. ht  m  facnjîaum  ,  Ulor  inprdcptc 
*     I  imrno'.uLuur  i  fdétJèdfrM  . 

contumniÂ,  crucifix  hô  munJo  ,  ~\iuh*  i  .  y  a  de 

-nie  à  execu  iement  de  Di 

c  lcscnnci  dites  aucc  ceux- 

trdfiitA^u^  ienez  i 

DUS  l'a  kuicircz,  couùdcrant  fur  iceluy  le  I 
de  Dieu  priant  poui  les  eonetais»l*f<r  iff 
lu  ,  e^uis  nefciunt  r^uul  Uiiunt.  Remettez  VOUS 
vouspiaift,  en  mémoire  les  paroles  d'Abuion, 
lorsqu'il  comman  la 
armes  pour  tuer  &  metirc  . 
mon  i         ur  dit  :  : cla  ,  y  ;o  um  <ju.  ptétcipio 

'<  ,c'cu  andc.  Or  lus, 

tu  as  cnaiedc  nuire  à  ton  ennemy, 
met  mes  bas  .  &  te  relouuicns  de  ce  que  te 

con  pas  vn  Ablalon,  mais  vn  Dieu 

H  -puill    ,  mtcoi  ~\cftro>   ik  pour 

-ment  ,  ex  l*ob- 
icrue. 

1  il  S  !cle,pourfuiuant  vn  iour  Ion  beau  , 

fils  I  nccntion  de  luy  nuire  ,  &  de  le 

tuer,  ei  /ne  voin  en  v  lKmin»qui  hij  u>m- 

•i  !  •   l  .  r 

cV  de  n'attenter  aucune  chofe  lui    l-r 

mi» 

: 

le  Dieu       |     ob  pour  le  fien  9  emioekni 

.UlUiC 


7  9  ?eur  k  Vcnàredy 

cfctiàntagQ  Tacob.  Que  fi  vn  infidèle  a  obey  at| 
commandement  d  vn  Dieu  qu'il  ne  recognoif- 
foitpour  lien  ,  que  fera  auiourd'huy  le  Chre- 
ftien  Catholique  entendant  la  voix  de  Ton  Dieu, 
diiant  ,  Diligne  ir.ïmicos  ^ejiros  ,  n'arrcltera  il 
point  Ton  courroux  ,  ne  retiendra-il  point  fon 
courage  pafiïonné  contre  (on  ennemv  ?  certes 
il  en  eh  bien  plus  obligé  que  Laban. 

Mais  ii  tout  cela  te  fcmb'e  grief,  ie  te  prie  au 
moins  que  cette  feule  recompenfe  excite   ton 
cœur,  l'adoucitte  6c  l'appaife  ,  K/  fuù <  filiit  petits 
1/eflri  qui  in  cœU  cfl.  O  recompenfe  grande  .'  6 
promette  admirable  deftre  rnfans  de  Dieu  1  c'eft 
le  propre  des  enfansde  rettembler  à  leur  père: 
Sic  oculos ,  fie  ille  manu* ,  fie  or a  j ère bat ,  Dieu  eft  la 
me  fine  charité.  Si  donc  vous  voulez  eftrc  en- 
fuis de  Dieu,  il  faut  que  vous  ayez  cette  dile- 
£tion  6c  cet  amour,  Se  fingulicrement  entiers 
vos  ennemis  :  La  marque  d'vn  vray  Chreftien 
Ldmir-  c'eft  l'amour  Se  la  charité.-  &  donc  fi  vous  vou- 
aue    du     kzcftre  vrays  Chrcftiens ,  portez  cette  marque, 
Chreftien  ^a'rcs  (luc  'on  la  voye,  Ptltgti  inimicos  TrrfkêS. 
ceft     Ia~     ^nc,cnnernent  cetixde  la  race  de  Pclops  por- 
mour         roienr  tous  vne  marque  d'yuoife  grauee  &  cm- 
plainte  (ur  Pef paule:  6c  Dion  Chryfottome  rap- 
porte d'autres  peuples ,  c'ett  à  fçauoir  des  The- 
bains,  lefquels  portoient  vnecfpee  grauee  &c 
emprainte  fur  leur  cuille:  ces  marques  ettoienc 
pourrecognoiftre  leurs  gens  quand  ils  a  or  oient 
efb'  tuez  aux  combats  6c  batailles  :  mais  la  mar- 
que du  vray  Chretticn  ce  n'eft  vne  mai  que  d  y- 
uorie,ny  vue  efpee  grauee  fur  la  cuitfe, niais  bien 
vne  marque  d'amour,  grauee  lui  ion  cœur,  pur 


J  après  les  Ctndresl  7 l 

laquelle  marque  il  cil  recogneu  pour  enfant  de 
Ditu,  Ftfiikilt/fMtrm  "V/rV*  qui  m  cœln  efl,  parti  - 
cipans  à  l'héritage  du  Fils  de  Dieu  ,  H*redes  Dn9 
coktredes  autem  chrifti.  C'ell  à  la  vérité  ce  qui 
nous  détroit  dauantage  amènera  la  recherche 
de  cet  amour  ,  puis  que  pour  iccluy  vne  il  belle 
iCcompcntcnoiis  cft  promue.  El  i\  tant  ell  chic  Gcncfiy, 
\  >b  pour  l'amour  grand  qu'il  portoit  à  la  bel- 
le K.ichcl  s'obligea  de  Icruir  Laban  quatorze 
années  conlecutiues  ,  en  efpcrancc  de  l'auoir  en 
mariage,  à  laquelle  il  portoit  tant  d'affection, 
que  lestraunux  qu'il  endura  en  la  mailon  de  La- 
ban luy  lembloicnt  cltrc  très  doux  ■%:  levers, 
pour  l'amour  d'iccllc.  Qu'elhce  que  Rachcl  en 
comporaifon  de  l'éternelle  g'oirc  ?  Rachcl  n'clk 
rien  au  prix,  &  ce  pendantii  Iacob  endura  tanc 
de  trauaux  pour  l'amour  deile  ,  que  doit  fane  le 
Chrcftien  Catholique  pour  jouyr  vn  iour  d'vnc 
fie  cternclic  ,  &  dite  tenu  pour  fils  de  Dieu-" 
pour  vn  peu  d'amour  &  de  charité  ,  le  Paradis 
nous  cft  promis ,  aimons  nos  ennemis  ,  cV  nous 
voila  enrans  de  Dieu  ,  Dilt^ite  mimicos  V//roj,  ~\t 
fttu  plu  pdtris  Itfiïriquiin  cœlis  rfl ,  c'elt  là  dclîus 
que  nous  deuôs  toufiours  auoir  les  yeux  fichez 
il  voltrc  coeur  cft  imparfait,  pcrfcdtionnez-le 
auec  cet  amour:fi  vottre  cœur  ell  rcmply  de  ran- 
cunes &  de  haines  ,  qu'il  foie  maintenant  rem- 
d'amour  :  lî  vollrc  langue  eft  pleine  de  me! - 
dilancc  ,  que  muntenant  clic  foir  pleine  d 
fons  &  de  prières  &c  finalement  ii  vos  m.r 
ont  cite  pleines  cV:  remplies  de  vengeance  , 
prêtent  elles  (oient  pleines  de  bien -faits. 

Picnus  dit  que  les  anciens  ont  remarque  que 

E  i 


7  2  four  le  Venàreàjy  &c. 

R  emeae  jc  fouuerain  remède  de  tendre  la  pomme  de  gr$- 
louucrain  nade  douce  &c  agréable  à  manger,  c'eft  d'enter 
de  rendre  ailpied  du  grenadier  vn  petit  morceau  de  bois 
U  pomme  je  pjn  :  âmes  Chreftiennes ,  il  eft  vray  que  les 
de  grent-  grains  de  la  pomme  de  grenade  (emblent  auoir 
de  douce.  cfté  trempez  dans  le  (ang  tant  ils  font  rouges,  ce 
qui  reprefente  fort  bien  la  haine  &  le  courroux 
contre lennemy  :  cefte  pomme  s'adoucit  par  le 
moyen  de  ce  morceau  de  pin  enté  au  pied  de 
l'arbre:  ainfi(Chreftiens)  Ci  vous  trouuez  de  l'ai- 
greur en  ce  commandement  d'aimer  vos  enne- 
mis ,  ie  vous  coniurc  au  nom  de  Dieu  ,  de  pren- 
dre vn  petit  morceau  de  l'arbre  de  pin,  iedisdc 
coniideter  vn  peu  cefte  croix,  &  voir  quel  eft 
ecluy  qui  eft  attaché  en  icelle  ,  &  comme  auanc 
que  de  mourir  ,  il  a  fait  prière  pour  (es  ennemis, 
ôc  ie  mafTeureque  fi  vous  engrauez  bien  auanc 
cefte  confideration  en  vos  cœurs  ,  vous  quitte- 
rez vos  haines  &vos  vengeances,  &  mettrez  ce 
commandement  de  noftre  Dieu  en  exécution, 
Viligite  mimicos  beffroi  :  &c  ce  faifant  vous  vous 
rendrez  dignes  d'eftre  enfans  du  Pcre  celeftc, 
lequel  finalement  vous  fera  héritiers  &partici - 
pans  de  l'héritage  de  (on  Fils  ,  qui  eft  la  vie  éter- 
nelle, a  laquelle  nous  conduite  ie  Pctcdc  Fils,  ôc 
le  fainct  Eipiit.  Ainfï  (oie -il. 


71 


S  E  R  M  ON     P  O  V  R     LE 

S  A    M   E   D  Y      \>    A    P    R   E  S 

les  Cendres. 

Et  cùm  fe)b  rflit  yerat  ruuis  in  mrjiamjri, 
C  oins  m  terra.     Marc.  6. 

£sMirinirr<:  fç.iuins  cV  cx- 
ict  de  la  nau 
iflans  L  rifagt~ 
lire  de  l.i  m  iriefd  vient  le  na- 
mre  clt  coi  io!f 

de  bois  yÔi  le  lieu  ou  il  faut 
c   ,  fçauoic    Ii    mer 
plein:  |    rocheri  le  tern- 

ir foi£ncux,au.itit  q-ic  t.nre  voife, 
deb  iirrcr ,  &  cltoupcr  leniuirc, 

-  ce  &  abondance  des  va- 

-    l'eto  n'entre  dedans ,  de  parce  nuren  il  ne 

>rtuncdcltre  fnbmergc,  Se  tons 

ceux  dededan  enfeuciis  dans  les  ori 

de1  (     irelticnn?  jv'  Iftjotc  allïfrancc 

Fils  de  !)•  le 

>U  d'vn  ntoirc  ipe- 

1res  au  milieu  de  la  nier  :  ex'  (âinâ  Chrvi 

qu'ayant  egard  i  la  con  lii  prefim- 

te,  à  la  multitude  innombrable  des 


74  toutUsameây 

deiqucls  l'Eglife  eft  compofec,  &  à  la  diucrfué  & 
concurrence  des  affaires  qui  Ce  crouucnt  en  icellc, 
c'eft  chofe  bien  difficile  qu'en  icellc  ne  Ce  facenc 
des  fentes  &ne  s'engendrent  des  haines  &  ini- 
mitiez,&  ne  s'efleuent  des  vents  contre  cefte  naf- 
fellc.de  là  cft  que  le  fils  de  Dieu  foigneux  de  bien 
poiiïer  &  calfeutrer  ce  nauire ,  difoit  hicïtDiligite 
tnimicos  *)>eJrros ,  &c.  Et  ayant  pourucu  à  tout  ce 
qui  cft  neceflaire  ,  voila  qu'auiourd'huy  il  fait 
marcher  cefte  nauire  librement  &  franchement  à 
la  mercy  des  flots,&  des  ondes. Souz  la  conduite 
de  ce  Pilote  nous  prendrons  la  hardiefle  de  nous 
embarquer  dedans:  fi  bien  lanuicleft  fur  le  ciel 
de  noftre  Euangilc  ,  Cùm  fera  effet,  I'apperçois 
ncantmoins  autrauersdes  nuages  cefte  eftoillc 
polairc,ic  dis  la  Viergcjaquclle  fera  rayonner  par 
fes  intercédions  quelques  rayons  de  la  grâce  du 
faincT:  Efprit  parmy  ces  tenebres  &  obicuritez. 
Adreflbns  nous  donc  à  elle,&  la  faliions  du  faluç 
de  l\Ange,luy  difans, 

Auc  Maria. 


d'après  le t  &  ndni.  7! 


^'  1     ^"ffi  ;    cs  TefuZ,u~n  w.'mwi  Atribulâtiont  rut  p/i/.il- 
|/^  jç      r  r«nu(  ntmcy  diloit  Dauid  parlât  à 
K*>H>    Dieu  (ouuerain  <3c  etcmcl'.Scigneur 
H  trN§    vous  cites  mon  refuge  ,  mon  rem- 
part &  baltion  en  toutes  les  tribu- 
Itcioni   .     "Aicllcs  ic  pourrois  cure  înuclty.   Par 
ces  paroles  lc  Prophète  Royal  procède  deux  cho- 
f^Sji'vne  eft  qu'il  tecogrioift  Dieu  pour  cftrc  fou- 
uerain  refuge  de  rous  les  milcrables  :  l'autre  cil 
que  lors  qu'il  arnuc  que  lc,  hommes  (ont  enui- 
ronnez  1.  flirtions  ,  il  les  deliure  d'iccllcs  auili 
puillammcnt  que   liiifcricordicufcmcnr  ,  Tu  cs 
tffnfWm  meum  .:  tnùuluticnc. 

Pour  entendre  cecy  ,  ic  vous  v:ux  rapporter 
ce  que  Plucarque  raconte  de  ce  grand  Capitai- 
ne un  qu'vn  lour  ce  grand  Roy 
de  I             rlonc,  luant  aucc  vue  bien  pc-       ** 
rire  armec  tort  ctnpcitlic,  ayant  en  tefte  vn  en-  •  !",     ence 
nemy  tort  puttTaat,  il  arruu  hcurculemenc  pour  .  :«*>-'" 
luv  ,  que  le  lieu  ou  eftoil  campée  (ou  armee  i4HS* 
eltoit  h  fort  d'allicttc  ,  qu'il  eftoit  autant  def- 
auanragcux  pour  (on  ennemy  ,  qu'au  nuageux 
pour  luv.    O-t  ennemy  ne  le  pouuoit  concrain- 
lefccn  Ire  en  bas  pour  ic  battre, cv  voyant 
1  rriolut  J'enuironncr  ,  d'mucftir  &  de  bou- 
t  le  lieu  ou  c  :  ^clilaus  campé  auec  ion 
armec  :  &  lur  eclta  delibrration    nrinlc  entic 
tem  de  conlnl  ,  on  commence  a  taire  des  rol- 
Sc  des  trenchecs  tout  a  l'cntour  pour  cm- 
chef   que    les   viurcs    n'allallcnt    i    l'armée 
s ,  cv  que  pcrfoODC  de  Ion  année  ne 


7 6  F  curie  Samedy 

psuft  fortir  ,  croyant  par  cela  contraindre  Age- 

Confeil      Hâus  de  (e  rendre  à  fa  mercy  :les  plus  grands  Car 

donne      a  Plaines  de  ion  armée  le  fupplicrent  de  coramâ- 

^Agefi-     dcr que  tous  prinîlét  les  armes  Se  de  courir  la  rif- 

Uhs,  °iue  dvns  bataille,&  qu'il  valloic  mieux  mourir 

en  braues  guerriers  Se  vaillants  Capitaines ,  que 

defe  laifier  ainfi  boucler  Renfermer  :  Agefilaiis 

nefiteftime  de  leurconfeil,  felailîè  enceindre  Se 

enfermer  de  tous  cotiez,  &  iors  qu'il  vit  qu'il  n  y 

auoit  plus  qu'vn  bié  ellroit  palïage  à  boucier,a- 

lors  il  régea  Ton  armée  en  baraille,  Se  s'en  alla  af- 

faillir  Ton  ennemy  par  ce  petit  endroit  defeou- 

uert,a(ïeuté  qu'il  eftoit  des  rempars  de  l'en  ne  m  y 

qui  luy  leruoient  de  deflcce ,  Se  luy  couuroiér  les 

ailles  Se  coftez  de  (on armée ,  confideratu  en  iuy 

mefmc  qu'en  vn  lieu  bieneftroit  corne  elloit  ce- 

Juy  là  vue  petite  poignée  de  monde  auoit  autanç 

de  force  Se  d  auantage  qu'vn  grand  nôbre  de  fol- 

dats:  de  façon  qu'Agefilaus  fc  môilra  auiïi  braue 

que  fon  ennemy  ,  Se  plus  valeureux  encoie  que 

luy  en  ce  qu'il  le  vainquit,brauc  entreprit, con- 

feil  d'éternelle  mémoire ,  de  fe  laillèr  aiufi  inue- 

flirde  toutes  parts, &  puis  vaincre  par  vue  petite 

boucle  non  fermée:/'»  esrefug-.ummeum  k  uibula- 

tione^  t^ua  circundedit  me ,  Dieu  efl  plus  braue  fans 

comparaifôqu'Agcfilaus  &c  plus  aduifé que  luy, 

il  permet  que  les  tranchées  loient  raires  de  tou- 

res  parts ,  il  ne  laillc  aucun  trouponrrortir.il 

DîcnncM  permet  que  les  tribulations  nous  enuironneu: 

feçcure  su  de  tous  coftez,  Se  lors  qu'il  voit  qu'il  n'y  a  p!us 

flus    fort  moyen  d'en  fottir  cVd'cn  eftrc  deliiué  ,  ceft  a 

Uén      te.  îors  qu'il  commence  à  nous  lubuenir  &aid  r, 

efsii  Tu  être fugiummcum  k  tribuUuohe,qu*  circundi dit 


à'tttes  les  C'en  1res]  y  7 

ainfi  I  :u  elle  icrrc  par  fes  frere 

la  cili  b dans  vi  ;!i'cn  dJi-  pJWt  1( 

urc,ainlî  Daniel  ayant  cite  icteeen  lafblTea 
lions, cil  en  fin  dcliurc:amli  Suianne  citant  inuc- 
iHc  du  peuple  qui  la  vouloir  lapider,  clt  deliurcc 

:cr  par  la  toute  pu  niant»:  de  Dieu:  a 
lob  cfiant  tout  couucn  de  playes  reccues  de  Sa- 
I  ,  clt  finalement  deiiutc  de  celle  henne  mifere 
aie  main  de  Dieu  :  u  te  Cv  ia- 

crc.  le  ,  iu  en  pmurois  bien-dire  auiour- 

ii  nuy  dzs  nouuel  ->icn  de  rs,  de  vents 

^edetv  :  attaquée, 

Ôc  voicy  au  milieu  de  celte  angoilTc  vn  (ecours 
lain  qui   t'aniuc  ,  &  au  .  gnoillant  ce- 

la tu  dis  auec  Dauid,/"»?*  rtfugmm  mrum  utrîlu- 
-ux  circi  mty  c'ett  ce  Seigneur  qui  at- 

feurc  celle  nalîcl  c  y£c  qui  appailc  les  vents, 
rait  cellier  la  tourmcntc:Le  (ecoursde  ce  Seigneur 
enuers  ccite  naiiellc  trauaillcc,  nous  rcprelcntc 
fort  bien  lalliftance  de  Dieu  enuers  1  Eg  iic.afli-  Double  df. 

rue  qui  clt  doiib'.cj'vnc  partie.  rs  qu'il  fiji  ma 

ralliftcdc  U  vcuè'ex:  de  la  pi  -  urc  clt /'/.«     et  - 

rccl'ccV:  corporelle,  au  moyen  du  Linct  Sacre   uns 
ment  de  l'Autel, /'/d'rwj  n     ifc  ^tndo^Eg 

c'cA  pour  la  première  alliltancr  ,  "9i 

tnnâuim  ,  o~  ccfiuu   •  aria  féconde: 

ce  Ion:  la  les  deux  poîoâl  Bc  kl  deux  punie 
ce  prêtent  Sermon. 

ur  le  fondement  dctOUI  trs,ie  pre* 

o(e  que  celle  :,qui  •  la 

mrr,  n'clt  autre  que  l'I  ;.;!ilc.  Ir  neveu  *>u* 

poicer  les  paii  triture 

K  prouucrqueU  t  vr.ciullciic  ,  f< 


?  8  V  ourle  S  âme  d) 

lement  ie  vous  en  veux  rapporter  vn  de  faincl: 
Chryfoltomc  >qui  parle  ainii:Q  (ainctc&  facree 
hailelle  de  l'Eglife,<£«rf hauigantibus  ^<>rpo[ïolis,m- 
bernutorc  Domino Mante  Spiritu  S. y  bique  ~ïerbi  duani 
fr£dicatwne  difcurnt.Q  Eglife  facre  threfor  des 
dons  Se  des  vertus  du  S.  Etpritlnauire  chargé  des 
mérites  du  Fils  de  Dieu  !  &  ainfï  quelle  merue fl- 
ic Ci  celte  nauirc  fc  voyant  ainfi  chargée  de  fi 
grands  trefors ,  a  peur  &  crainte  de  tomber  entre 
les  mains  des  corfaires  &  efeumeurs  de  mer? 

Voulez  vous  voir  la  defeription  de  co  nauire? 
efeontez  ]à,eilc  eft  belle.  Au  lieu  de  maft  elle  a  la 
croix ,  pour  voiles  la  prédication  de  l'Euangile,' 
les  vents  ce  font  les  doux  zephirs  des  infpiratiôs 
duS.EfpritjCeuxqui  tirent  ce  nauire  font  les  An- 
ges ,  ceux  qui  (ont  dedans  font  les  SS.  Voila  la 
defeription  de  ce  nauire  par  S.  Chrifoft.  à  la- 
quelle i'adioufte  que  le  trinquet  c'eft  la  médita- 
tion,la  boulîôlejes  fainctes  Efcriturcs,  les  rames 
&auiroris,  les  bonnes  œuures ,  les  hauts- bois  la 
mutuelle  charité  des  Chreftiens ,  l'anchre  l'efpe- 
ranceje  chafteau  la  confiance  en  Dieu  ,  la  fenti- 
nc  la  mortification  &  la  pénitence,  le piloteda 
nauire  lefus  Ch.  lefoufpilote  le  PapefucceiTcut 
6e  S.  Pieire,les  compagnons  les  Prélats  &Pa- 
fteurs  ,  les  Pdges  le  refte  des  Ecclefiaft  iques,  &  le 
port  la  vie  éternelle  :&  eftantainfi  cefte  naflèlre* 
de  TEglifc  conduire,  quelle  mcrueille  ,  Siddttter^ 
nà  beatitudiMs  portum  deducituri  Mais  ce  qui  forti- 
fie cefte  natfelle  ,  c'eft  l'aiïiftance  particulière  du 
Fils  de  Dieu  ,  c'eft  la  pieuoyancede  laquelle  il 
voiede  fes yeux  les  afîli&ions  des  iuftcspreuoyan- 
cc  marquée  en  ces  mots  de  noftrc  Euangile,  Vi* 
dem  eoi  ULorantes  in  rcmigtndo* 


et  après  les  Cendre s.  7? 

Ccft  vn  blafphcme  que  cc'.uy  qui  aefte  profe-  BÏafpheme 

ré  au  12. ch.  de  lob  par  vndefes  ennemis,  lequel  des^yC- 

pariât  de  Dicudifoit:  supra  cardmes  cœh  perâmbu-  thees. 

Ui^nec  nojira  tofidtTât^  non  ludebit  Dominui>  nrc  m- 

;et  Deus  lacob.  Caïn  a  efte  le  premier  qui  leur 

a  frayé  ce  chemin   car  lorsque  Dieu  s'adrcllant 

à  luy,  luy  diluit-  VÏicfi ^Cbel  [rater /««.'Il  luy  re-  etnef.  4* 

fpondic  ,  :*'<■  Yw^mtMMtùdcm^ûsfrâtriswtetfmm}  El- 

courez  (ur  cecy  vnc  Icntcnce  ,  mais  pluftoft  vn 

foudre  de  ce  grand  docteur  S.  lrcnec  ,  Extendit 

C  Ain  ,  Cr  multtpUcauit  m*lum perjkam  rrfponftonem,  ,  , 

Etemm  malume/r  occidere  [ratrem  ,  mulio  peius  cji  jic      ,    '  ç 

audatier  ty  irreuereter  relpcndere  emma  ïcienti  Peo,  t       /' 

-     r    r    n       ■  -         r       1  ri,  h*reLcAPi 

jujjtpoJSttfru(trdneH,Propterborcripjemale4iftio-    ^         * 

nem  portâuit^uonia,  adje  peceatu  attuhtynon  reuentu*  ' 
Deum  neque  cofufus  m  frétncidio,  O  mal-heureux 
Caïn  ,  c'a  cite  véritablement  vn  grand  mal  que 
ton  fratricide  ,  mais  c'a  efte  incomparablement 
vn  plus  grand  mal  d'auoir  relpôdu  fi  arrogam- 
met  à  Dieu  qui  fçiir&cognoift  tout ,  &  de  luy 
aooir  voulu  cacher  ton  peché.  Et  S.  Ambro.  dit 
qu  il  s'clt  leparéde  Dieu  ,  non  quand  il  commit 
Ion  fratricide, mais  bien  lorsqu'il  voulut  cacher 
&  exculcr  lun  paricide.A'juu/i  Céït  À  Deo  non  fo-    /Çmht 
lum  /jHjnào  tiimijit  frutnci  ùti  ifed  audndo  Ifoluit  ee~  l'L    ^ 
LrrpMTi  r  putjuit  j  aller  e  Deum.  Et  de  faidt  fi  Camcr 

;  cgjtf  IÔ  (k  prés,  nous  verras  que  ce  n'a  pas  yçyel, 
clh  le  meurtre  qui  fut  le  premier  mal  de  Caïn, 
maisc'elloit  ponrec  qu'il  |  Oloit  s'exeufer,  croiât 
que  Dieu  ne  !c  voioir:  pcilualiô  lottie  de  la  bou- 
tique Je  S.v.i.  5c  mile  en  la  tcilc  de  ces  vieillards 
quidi(bicoi  i  SuGmmm  Tfmkféttwttmdâimm^iT  '" 
nemonoi  ">,  1  p*maiy  claujajunr.ô  taux  vieil- 


Emblème 


86  Tour  le  Samedy 

lards,  c'eftoit  pour  abufer  la  chafteté  de  Suslnèj 
&  pour  luy  faite  perdre  ia  pudicité  ,  mais  tous 
vos  erlorts furent  vains,  car  elle  ne  voulut   con- 
fcntir  à  vos  (aies  &des  honneftesdehrs  :  dequoy 
nous  auons  moyé  de  faire  vn  emblème  ,  &  dire, 
plufieurs  de  tels  vieillards ,  &  peu  de  telles  fem- 
mes, oftid  pomtrt]  claufajunt:  Sus  compagnons, 
difoient  ils.il  n'y  aperfonne  qui  nous  voye,tout 
PU.  93,     eit  fermé  ,  Tenebra  arcundamnos ,  <&*  nemo  r>os  ">*- 
det  :  vous  mentez  faux  vieillards ,  car  Dieu  vous 
voi  ■*,  Inulligttetfuln  in  populo ,  Deusqui  *f}ra.  cor.fi- 
àer&t^y  qui  fUntdutt  Aurem  non  axdtetc  Quoy,  ce- 
luy  qui  a  mis  les  oreilles  en  la  telle  de  l'homme* 
ne  pourra  il  entendre  f  Et  quifwxit  oculumnon 
conjidtrat  t  Eft-ilpollible  queccluy  quia  burine 
les  yeux  en  la  face  de  l'homme,  ne  voye  les  cho- 
JfpoRrù-   f*8  clui  k  f°nt  lcy  Das  ?  cc  f°nt  paroles  du  Pro- 
pbed'ffo-    phete  Royal  Dauid,  ce  qu'aucuns  ontditauoir 
mer  c  tu       apprins  du  Poète  Homete ,  qui  apoftrophant  le 
Soleil.         Solei':  6  Soleil  qui  vois  tout  &  qui  entens  tous. 
ofumme  Sol  fut  cùft*~)>idesrfwq\  cmrtia  c*litus  audisi 
Delàeftquc  ce  grand  Empereur  Adrian  a- 
uoit  fait  mettre  au  milieu  de  (on  Palais  &  de  fon 
Louure  (  &  que  plcuft  au  ciel  que  les  Princes  & 
lesgrnnds  d'aprefent  fuient  de  mefme  )  nu  lieu 
de  tableaux  fales  &  des  honnelle,le  pourtrait 
de  Dieu  qui  auoit  quatre  faces  ,  chacune  def- 
Tcitrtrait  qlîc||cs  cftoit  tournée  a  chaïque  'partie  de  l'Vni- 
de  Dieu  *UCTS:  pOUr  dire  que  Dieu  void  tout  ,  &   defeou- 
quAueJA-  urc  t0iucs  chofes. 

cc  *  Ca?:ar  Augufte  fit   mettre    au     Temple   de 

la  Paix  le  pourtraicl:  de   Dieu  aucc  ces  quatre 
faces,  mais  autrement  diipolees  •*  car  il  les  fit 

mettre 


frnleiCtkinii  %i 

mettre  en  relie  iortc  ,  que  r\nceftoir  en  bape 
i'viic  à  colté, l'autre  à  l'autre, pour 
direqueDicu  voit  root  «Se  par  toat,&  en  la  mer, 
&  en  la  terre,  6:  au  Ciel,  ik  aux  enfers. 

Cecv  me  taie  refouuenir  de  ce  que  nous  liions 
en  1  zechiel,  de  ce  chariot  admirable,  reprefen-     v-       I# 

iô  Je  ladiuine  Majcité,  qui  eftoit  traifné  par 
quatre  animaux  qui  eitoient  tous  pleins  d'yeux, 
*nte  c~  rétro,  tnttu  crfortf yquc  veut  dire  cecyUn-  Animaux 
t.  pour  dire  que  Dieu  voit  les  chofes  futures,  rc-  pleins 

,  pour  les  pallces  x/i/m*  CT  fora  ,  dedans  &  de-  d'yeux  re- 
hors  ,  qu'eft  ce  à  dire  cela?  c'eft  pour  dire  que  prej fe  ntd- 
1  )ieu  voit  non  feulement  le  dehors, 6cles  allions  tion    de 
cxtcriem  es:  mais  encore  le  dedans.  Dieu. 

On  dit  du  Linxque  dfpuit  crmptcit ,  pource  f'iui  uh~ 
qu'il  pénètre  iniques  aux  entrailles  de  la  terre:  mit       ♦ 
mais  cela  cfl  dit  plus  proprement  de  Dieu  qui  a  Linx, 

veux  plus  clairs  -  voyans  cVpcnetrans  que  le 
Linx  ,  âfj  in,  pour  les  choies  extérieures,  cr  t*f- 
ficit,  pour  les  interieiireti  Dew  àjptctt„  il  regarde 
au  dehors  ce  qui  cft  commun  à  tous  :  mai 
r##  .  il  regarde  le  cœoe,  ce  qui  luy  cil  particulier: 
&L  h  non  .  voulons  rapporter  cecy  à  lTglifc ,  .i,pi~ 
n/,pour  les  perlccutions  viliblesd  icclles,er'fl/- 

l  ,  au  dedans  pourvoir  les  tribulations iiatc- 

dc  l'enncmy  d'enfer  ,  qui  eft  inuifible,  ou 

•  pour  voir  les  tribulations  d'vnc  nmo 

au  dehors ,  crtrjpicit ,  en  (on  ccrur  pour  vou  li 

elle  i  la  pttience. 

Non  feulement  cecv  :  mais  encore  pouuons  Z*cb.  4. 
nous  dire  auec  le   Prophète   /.acharic  ,  «pie  la 
prcuotanec  de  Dieu  elt  fort  bien  reprcfcntcc 
parles  fepe  yeux  qui  alioicnt  cfclairans  route 

F 


82  Peu7leSamedf 

Figure  de  IsitcttCyfeptem ocult  Dornim  dijcurrentesper  ~\riiuer* 
U  pre-  jam  féT4/»,qu'eft-ce  à  dire  cela  :  pour  dijeurrentet, 
uojance  l'Hébreu  porte  Mechotetety^  id  ci\  y^identes,  wfpi- 
de  Dieu,    aentes,  pourvoir  &foigncr  à  toutes  lcnecelîitcz 

de  la  terre,  c'eft  comme  vn  grand  maiftre  d'ho- 
SimïlitU'  ftcJ  qui  a  foing  de  pouruoirà  tout  ce  qu'il  faut 
de.  cnvnemaifon  d'vn  grandile  monde  cft  comme 

cefte  maiion  bien  ordonnée  &  la  prouidenec  &c 

preuoyancc  de  Dieu ,  eft  ce  maiftte  d'hoftelqui 

pouruoit  à  tout  ce  qu'il  faur. 
Imhkfme     viciât  nom  a  (cc  Semble  )  voulu  lignifier  cecy, 
j>^  lors  qu'en  Tes  emblefmcs  il  nous  a  dépeint  vnc 

.«.;.»     «   main  conioindte  aucc  vn  œil  qu  lia  appellee, 

main  con-  .  _  .  r  ■ 

;„;„*.    .   manu*  oculata .  celte  main  très  -par  raite  &  toute 

née    ")in    Pul"antc>  rio«s  rcprclcntc  1  ayde  &;  le  (ccours  de 

aif  Dieu,  &  l'œil  clair-voyant,  fa  preuoyancc  gran- 

de,&cét  œil  conioinCt  aucc  cefte  main, c'eft  pour 
élire  ce  que  difoient  les  anciens ,  que  Deorum  lit- 
dere  e(i  luuare  <y-  mtjertri  :  De  là  Dauid   difoit,  m 

PjAi,  574.  minu  eitts  funt omnes fines  terra  y  £7-  altitudines  mon- 
tium  ipfe  confpicit, emedez  s'il  vous  plaift  ce  palîa- 
ge»  que  veut  dire  Dauid  di'ant  ces  mots,  in  manu 
awi  junt  omnes  fines  terra  \  N'auez  vous  iamais  CX- 
perimétêcccy  ?  n'auez  vous  iamais  marche  auec 

*  a  r.—  '  vue  lace  fur  le  bout  du  doigt,  il  faut  pour  cc  fai- 
Bellejimi'  ...       .     .  _      <?  '  Ar        .. 

i      /         rc  que  vous  alliez  droict,  &  que  voltre  œil  con- 
duite voftrc  main  auec  la  lance,  autremét  iamais 
pour    tt»  r  i      v        / 

i    dre   r    vous  nela  portericz:or(us,cntendeza  prêtent  ce 

fr  que  veut  direDauid,in  manu  et9  sut  or>es fines  terra  y 

*•*''*'     grc. Dieu  porte  le  mode  auec  fa  main, voire  mef- 

me  aucc  trois  doigts  ,  tribpus  dignw  appendtt  orbem 

terra,  tn  manu  et9}  unt  omnes  fines  terra  ,mais  c'eft  en 

telle  forte  qu'il  a  toujours  les  yeux  fichez  deflus, 


d* 'après  la  Ctn.bes.  8} 

tfl  f.  m:in  accompagnée  d- (a  vctc.;;~  ûhn 
r.t.um  rpfe eonjptctr.  a:r(i  cob.cn  cil  il  vrjy 
ne  pc  neeeflirez,  que  en 

"pstl  ne  nons  rffnev&iM  nous 

i       arc:  le  mc/mc  Daaid  en  feprefcbtation  de 
eecy  ,  difoit  encore  en  vn  aiirrc  endroit,  *diuu«,-     .- 
I  p    iM  Jilu'.h!o>  lelcn  le  rcxrc  Hcbrca    J4  "^^' 

no ii  ï  lifbns  j'iHu*bit(jm  m  rc  nctrnciomjnr  ,  il  la 
(et  >orera  211  meime  temps  qu'il  la  regardera: 
ainn*  an  incline  temps  cjnc  Dieu  ietta  les  yeux 
iîir  1rs  Apoftcef  trauaillcz  en  la  nalîcilc,  au  mef- 
rtM  I  les  foulage*,  &  tir  cciiet  ia  :ourm:n- 

rede  la  mer. 

Aoffi  pour  ce  fajeâ  le  mefdle   DauiJ  Ji-  ^fil*  15. 

b'.rt^ltonulrb.im  Domi'n-m  in     dm  -     :</  m*o  icn.frr 
\txtrli  rfl  mibntt iômi»t.ir,l)\e\i  a  ronl  - 

rs  les  yeux  fiJicz  fur  moy  »  «Se  que  s'en\: 
il  de  là  ,  r.u  mtmk  dtxtrit  efl  mihi  ne  (ArièMéir,  que  $ejm  péf. 
dites  vous  Dauid  :  ne  (çauc-2  -  vous   p,\%  bien  rJ(Te    4e 
nu'en  me  bataille*  le!  COUpJ   le    ■  >nnent  plus  OâuU, 
louuent  à  la  gauche  ,  q»ic  n  1  l.i  droite, 

uMirce  le  deiun;c  cite   là  que  le  C  apirame 
Je  dedroie  rroouet  ?  il  ert  vu»  cria,  pour  les 
batailles  0c  co  nbiti  corporel  1  :  mail  pour  le 
îrirucl  1 1  partie  qui  *  plàf  dcbeior 

'  ■'       :  6,  &  pourec  c'clt 

•  doiucm  trouuet  lc>  plu'grandsCapi- 

ttrre   (04  mt'le  (y  Jeam  milhd  4 

d*x*  ind  c't       ;       bre  de  ceux  Pfék 

c]  n  iriaillc  •       |uc  non  p  iu<  lie, 

■    -    •  .  îli 

pOUt  ce  fujeâ   Peu  c't  dir  p'uftolt  alFiltcr   la 

dcoi&c  que  l.i  gauche -j   vuyia  pourquoi  le 


S  4  Vourk  Sdmeàj 

Prophète  Royal  dit,  Proutdebam Vomirai  in  confoé~ 
tlu  meoJemper9tjuomaadexterke(imibi  ne  comouedr. 
O  Âpoftres  bien- heureux,  rendez  nous  vu 
peu  raiion  de  cecy  ,  n'eft  ce  pas  la  veuë'de  Dieu 
qui  vous  a  (ecourus  &  deliurez  du  danger  &  du 
trauail  où  vous  eftiez?  ouy  fans  doute ,  \iditeos 
làborantcs  innmigando ,  il  ietta  les  yeux  fur  voltre 
na(Telle  agitée  des  vagues  furieufes  de  la  mer  ,  il 
vit  la  crainte  de  laquelle  voftre  cœur  cltoit 
laiiî  >  ôc  auili  toft  il  fait  céder  les  vents  &  vous 
alleurc. 

O  yeux  de  Dieu  accomparez  au  Soleil:  vous 

les  yeux  r  tv  S-    j     c    j     i         >-i 

,      J.       fçauez  ce  que  ceux-là  ont  dit  du  Soleil  ,qu  il  a- 

leH    uoit  cent  mains ,  centi  matms ,  ÔC  cent  yeux  :  plus 
y    '       proprement  cecy  pourroit  eltre  dit  de  vous  ,  o 
rt>-.fdtt    mon  Dieu»  vous  elles  vrayement  ce  Soleil  à 
cent  mains  ,  Ôc  a  cent  yeux  :  mais  que  dis-ie 
cent  yeux  ?  ie  dis  mal  ;  car  vous  cftes  tout  cou- 
uert  d'yeux  pour  voix  les  necefiitez  de  la  terre: 
Ôc  auez  cent  mains  pour   lècourir   ôc   affilier 
ceuxqui  en  ont  beioin  :  vos  yeux  clairs-voyans 
font  plus  puiflans ,  &  plus  lumineux  que  le  So- 
leil, oculi  Domine  lucidiorei  Sole  :  car  fi  le  Soleil  féd 
Bdlespre-  la  terre,  ÔC  penettic  iufques  dedans  Tes  enrrail- 
emmenées  les  ,  vos  yeux  fendent  notlrc  cœur,&  penettrent 
des   yeux  iufques  dedans  noftrc  amc  :  le  Soleil  diflîpc  les 
de  Dieu     orages  ,  ôc  dechalîc  les  ténèbres  ,  Ôc  vos  yeux,  ô 
]>4r  dejfm  mon  Dieu , dechaflent  les  ténèbres  de  nos  âmes 
le  Soleil.    &  diflipent  les  orages ,  les  vents ,  ôc  les  tempe - 
fies,  Jmperauit  ~\entv  (crmAri&fxclA  eft  tranquilli- 
té ,  c'eft  auiourd'huy  que  cela  fe  fait  ,  voyla 
pour  la  première  aflïftance  de  Dieu  enuers  fon 
Eglife,  atTiftancc  particulière,  par  laquelle  il 


ctdpres  les  Cendres»  8 5 

voir  les  tribulations  5c  afflictions  d'icelle  ,  & 
quand  &  quand  l'en  dcliure,rayde,&la  foulage. 

La  (ccondc  attiftanec  que  Dieu  rait  à  (on  l;j  1-      Seconde 
fc,  nous  clî  marquée  en  ces  mots  de  mon  Eu  .fiance 

gi'c,  ^yfiCcndit  .nirv  tnnautm,  il  monte  fur  le  na-  dé    Jhrit 
uirc  ,  c'eft  pour  l'affiftaricé  qu'il  faiefc  au  fainc*t  01 

Sacremcnr,  belle  partie.  {/*• 

Icfçav  bien  que  le?  Reformez  onr  long  temps 
y  a  délia  enuié  à  I  e  c«  bien  ineltimable  de 

la  réelle  prefence  du  cremenr, 

nous  roulans  par  ce  moyen  ,  priuer  *^:j  pin  gi  i 
bien  que  nous  fçaurioM  auoirrmais  ils  onc  beau 
faire, ils  ne  pourront  rîotis  l'oser  .  il  n'eft  pv.cn 
leur  pouvoir  de  nous  pf mer  dé  cefte  affi (lance 
réelle  &  perfonnelle  de  Dieu. 

O  Moyte  vois  parliez  trop  haut ,  fors  que 
Dieu  VOUS  di(anr  1  ic  te  donneiay  mon  Ange  qui 
te  précédera  iV  afli  lcra  toufiouri ,  vous  replica- 

melincs  n'allez  deuanc 
cVoen  .mais  vous  ne  nous  retire- 

rez vous  alliez  trop  haut  •  cette  promette 

&  ce  priuilege  n'cltoit  pour  ton  temps ,  il  citoit 
rcleruc  pour  rEghic  Cnrclticnnc  ,  à  laquelle  le 
fils  de  Dieu  a  promis  afïîftancc  perpétuelle,  Ff-      ■"'•  "'• 
ce  r^o  \  m  (um^fâme dd  conjtjmmétipBe  fdet 

Or  maintenant  que  dis-tu  Reformé  ,  que  le  Bli 
de  Dieu  cit  feulement  au  Ciel  ,&  non  en  terre 
depuis  Ion  Aicenfion  ?  s'il  cfl  ainfi  pourquoy 
cft  cequil  a  dit  cV  promis  qu'il  den  eurrro:t  a- 
uec  nous  iniques  à  la  confommation   lui 

t  f^o^fobt'ctim  umyféjue  a  -v  d- 

culiy  is.  la  merueille  cft  encore  plus  grande  ,  c 
- 1  qu'il  difoit  c:  cltoit  preft  demon- 

I    i.j 


S<5  Tottrle  Sameây 

ter  au  Ciel ,  fumant  donc  cette  promette  il  faU 
loir  qu'il  demeurai  &  au  Ciel  &  en  la  terre  réel- 
lement &  perfonnelicmentau  lainct  Sacrement 
de  l'Autel. C'eft  cefte  merueilleque  les  Caphar- 

lodn  6.  naïtesne  pouuoient  entendre:  car  eimerueillcz 
de  ce  que  noftre  Seigneur  vouloir  donner  ion 
corps  6c  Ion  fàng  à  manger  &  à  boire,  &  s'en 
trouuansfcandaiizez,il  leur  c'u^çtuid  eritcum  "W- 
derittt  filium  hommis  ajeendenam  m  cœfum  ?  comme 
s'il  difoit,  vous  vous  cftonnt-zdc  cecy  ?  vous  au- 
rez donc  beau  vous  efionntr  lors  que  vous  ver- 
rez le  mefme  fils  de  l'homme  monter  au  Ciel,  ce 
fera  bien  vne  plu:»  grande  merueillc,  cV  néant- 
moins  les  Hérétiques  ne  s'en  eltonnent  point 

Belle  con-  tant,  ecce  ego,  grande  merueille,qui  cft  celuy  qui 

ceptton,  parlerc'eft  Iefus  Chrift,  ecce  ego%  qu'eft-eeque  Ie- 
fus Chrift  >  eft  ce  l'humanité  feulement,  ou  la 
diuinité  ?  les  deux  enfembie  6c  l'humanité  &  la 
diuinité,  l'vnç&  1  autre  ,  quod femel ajfumpfu mn- 
quttmdimifit ,  il  parle  donc  en  tant  que  Dieu  ,  6c 
en  tant  qu'homme,?^  < £<>,  puisqu'il  e(t  Dieu, il 
faut  quiï  dife  vérité, &  puis  qu'il  dit  vérité,  il  eft 
donc  auec  nous  réellement  &dcfaicl:3  non  feu- 
lemct  aucc  la  dinimtt  ,mais  encore  auec  (on  hu- 
manité, 6c  où,  c'elt  en  ce  Sacrement  de  l'Eucha- 
riltic  :  voyla  pourqooy  S.  i^aul  dit  qucTEglife 

i.Cor.io.  n'cp^  nu'vn  corps,  Omnes  ~Vji»m  coi  p  uô  Jumw ,  me  m  - 
bres  de  membres  ,&  chair  de  chair  ,  lEglife  cil 
corne  le  corps  6c  Iefus  Chriit  en  eft  l'ame,  6c  co- 
rne l'ame  forme  ie  corps ,  6c  luy  donne  vie,  auffi 
Iefus  Chriit  anime  l  Eglifepar  ton  afliftâce  réel- 
le &  peiionuellc:  ainfi  que  l'ame  faictle  corps, 
citant  ptefeiitc  ,  vnie  ôc  conioin&c  auec  luy. 


d'après  les  Cendres.  %7 

Dieu  anciennement  eftoie  prefent  enlaSina- 
gogue  au  moyen  d'vnenuee,  Peut  babitduit  m 
neinUy  en  l'incarnation  celte  ntice  a  efte  changée 
en  chairtde  forte  que  fi  Dieu  a  efté  prêtent  par  la 
nuec,  en  l'EglifcChreltiennejl  a  donc  efte  pré- 
sent par  la  chair, &  pourcelujecr,  il  ne  doute  11: v 
intime  dédire,  bocfjtemfM  mcumy  ce  q  îe  ie  vous 
donne  eft  mon  cotps. 

Tu  te  ris  Reformé  de  ce  que  nous  difons  que 
Dieuelr  au  Ciel  ,  cV  icy  bal  en  terre,  cfcoiuc  vu 
Doelcurde  IT^ÎHc  plus  home  debicnquci* 
&qui  levait  mieux  que  toy  la  volonté  du  mailtre, 
c'elt  fnnt  Auçuftin,  lequel  dit  que  ce  que  nolhc 
Seigneur  donna  en  la  Ccne  cltoit  véritablement 
Ion  corps, îccluy  doneen  l'explication  de  ces  pa« 
rôles  tirées  du  idiurc  des  Rovs  th. 21.  cr  j  f 
tut  m  miml/iH  ju  r\ou  (clon  les  70. interprètes^*' 
collâbel'jtur  tr>  mdnil'H'  juh  ,6il    ainil ,  cr  jerebdiur 

mdnib"  »;•  ,fco'  ">rrn  frgtre<  aunmodo  poffetfiert  tnt.o-         &   '' 

n  /o   ;  a  l  concione 

mine  *ui>  intellij^airmdniL >  jlioritpoteft  portdri  h'-mo, 

mamL9  (ur  nrmo portât arj^uomodo  mtelli^dtur  m  if*    'l 

foPéUidecundii  ItterÀ^on  muemm' jnChriflo  âUttm         '    J*  * 

tnuemmn*  f<  rehutur  emmChrif}0  m  mdnibus  fuis  ouâ-  "• 

Aocommen,  :<m  corpuiJHum  %  ait.  hoc  fit  corpUi 

mrum:'crcl>Jt  emm  dlud  corpui  m  mâmbus  [uis ,  cV  le 

mclmc  au  lermon  fécond,  fur  le  tilrre  de  ce  mef- 

mc  rialmc  ,  dit  encore  le  mclmc;  mais  en  autres 

termcc,  ;  "  frrtl  .nur  inmjmb'fun'.QuomodoftrebA- 

tur  m  WHUUkwfmBiéÊmé  (ùm  (ommenddret  tp  urm  . 

fUifuum  ,(/■    jn«uintm    uum  uccepit  m  mdnut   i 

4uod  norunt  fidèles ,  ty  ipjt  je  portdbdt  aurddmmo- 

do(um  iii  tr.  t  %knr  efl  corpus  meum.    Etairhdoi.c 

qucdis-cu  Reforme  ,  que  nous  n'auons  au  Sa- 

1    ni) 


SS  V  ourle  Samedy 

crcment  que  l'image  &  la  figure  du  corps  de  no- 
ftre  Seigneur,  on  voit  qu'vn  homme  porte  bien 
Ton  image,  &  pour  ce  cela  n'eft  vnc  merueillc: 
maiseeque  fasnet  Auguftin  admire ,  c'eft  que 
Dieu  porte  Ton  corps ,  s'il  ne  portoit  que  (on 
image  il  ne  s'en  eftonneroit  :  mais  qu'il  porte 
fon  corps  il  ne  peut  entendre  cela,finon  lois  que 
il  jnftitua  ce  (ain&  Sacrement ,  &  que  prenant  le 
pain  le  confacrant ,  il  dit  tout  haut ,  hoc  efi  corpus 
meum,tunc,  dit  fainft  Augu&inyferebatitr  m  mani* 
bus  fuit. 
Tajfare  de     ^ur  cccy  mefme  s'accomplit  encore  ce  que  di- 
Dauid       f°ic  Oauid,  procidebatfe  ad  ofîia  elemus.  O  âmes  h- 
explique.    belles ,  lors  que  vous  vous  approchez  de  la  table 
pour  communier,&  que  vous  ouurezla  bouche 
pourreceuoir  ce  Seigneur,  &  que  le  preftre  le 
met  dedans  voftre  bouche  ,  c'eft  alors  quececy 
s'accompliftj^roa^f^/  fe  ad  oftia  domtts,  qu'eft-cc 
que  la  bouche  ?  c'eft  la  porte  de  la  maifon  de  l'a- 
ine, Os  ejr  ofliumper  quod  mirant  mortalta  &'  excunt 
immortalu ,  difoit  Platon  ,  ces  chofes  immortel- 
les ,  ce  font  les  conceptions  de  lame  que  nous 
exprimons  &  faifons  fortir  dehors  au  moyen  de 
la  parole:  Mais  ô grand  Philofophc,  ie  croy  que 
il  vous  eufliez  elle  de  ce  t  éps  &  que  vous  eufïiez 
veu  la  grâce  que  Dieufaiel:  àl'Eghfe,  &  à  lame 
fidclle ,  vous  eufliez  retourné  voftre  fcntcncc  8c 
dit,0J  fer  auod  mirant immortahacr  excût  mortalia, 
pource  que  c'eft  par  la  bouche  que  ceftepre- 
cieufe  Se  immortelle  viande  entre  dans  l'amc  de 
chnfo.  m  l'homme,  HacportaChrtjius  mgrtduur  auum  com- 
cap.  13.      mumcamus^osmmifteriorumhaud  tqnarime  accipt- 
2.  ad  Cor.  tiy.nojîrum  emm  os  norTïnlgari  honore  ^uod  domimcu 


a  après  les  Cendres.  89 

corpus  fufcifidi ,  dt£n*iur  :  oui  juter»  imfudice  ~\crl/4 
ybemd  crepjnt,  judur, 
xnt^i'f  modi  ort<  fturciiiemrej .  :  S. 

Chi  i  vous  voulez  voir  encore 

me  I  heu  s'abanlc  i  ilqucs  là  que  de  (c 

prclcncei  a  la  bouche  de  l  amc,arin  qu'elle  ic  rc- 
çoi;  .ditjeédojiix  domui.  :z  ce  que 

cii c  le  nul. ne  lainct  Chryloltome,  (.^mqn*jo 
tenu  m  ta  ul  >  hic  bejimur,  cMHtm<>  Uté  Pet  ùe- 

>    mui  er^A  hum  nus  ron^r^it.  ride  /jui  m  ldrm.l\ 

(    .a  cutn  rutrrrtft  mhic  omnium  manu  jertur  de   Sacer- 

wn  nmm  u;  défi  rt^ui  gqrifiuMÇF  *m  limr:  dotio. 

c  dit  encore  que  le  fils  de  Dieu  mon- 
.uj  Ciel  n'a  laillc   tomber  Ion   manteau  en 
nroefit  Helic, mais  bien  il  a  lailic  larob- 
bc,  la  cii  tir  Luecieufe  a  rEguTe,&  la  remportanc 
iitinoins  atieclu\.  :iutJ%^oI:<  démon- 

Jtrjueroattf  ndfmdêk   rnultomdius  omnes  Jactis 

m)  mWÏHtLdl  ncmft  melotem  aui-  Ft  "omt'» 

dem  di  rlitjutt,  ft'.ius  AUtemDei  ns  luum  *•  l'ty°pu- 

not  lem  exutus  yCbri- ^m^rno 

Jrus  Autrm^:  '    :  >uttey*  ipjam  k.i(>cni  ajcenJ.t.        nim- 

que  Doftre  S:ii;nciir  avant  de*  tomo-  4« 
.ir<»  les  mens ,  le   Linceul  au 

tre,  &sô*corp$a  rEgli(c,ce  n-cil  de  n.cr- 
ucillc  s  il  dit, E CCt  c£o  ^obijiumlum^      < 

m4t*mtm  .♦  /«/.Celte fouuer aine tapi€ce par  1 

paroles,'- '.-■••*  '0  W.  ;  ic  ne  me  tro- 

pe>  taie  ail  icequedicPlurarquedela  :  ••'•'/. 

tu;.  nains,  laquelle  avant  tratiersc  coûte  ÂU  ,'J 

îrece,  pafèé  par  deilus  la  I  >Û  c!-w 

le  (ccoiïa  habilement  Alexandre  1.  I,  en-*1'  '  * 

ua.iant  p.ir  deifiis  l'Afi  ;  [tic  »  ter  raflant  îc  gra 


$o  VotèvUSmedy 

Anmbal  ,  en  fin  paruint  iufques  à  Rome ,  où  e* 
ftant  s'affit  fur  le  Mont  Palatin  ,  &  la  demis  de- 
laiiîafes  patins,  fe  repofant ,  &  ne  voulant  plus 
s'enuollerçaum"  le  filsdeDieudifant,  Ecce  ego  "W* 
hfcumfum  ,  vrc.  fcmble  vouloir  dire ,  Il  elt  vray 
que  i'ay  aflïftc  rancicnneSynagogue,mais  ic  n'e- 
itois  a(îis  que  fur  les  ailles  dcChcïuhin,  Qui  fedes 
Jupcr  Chérubin:  &poiircc  ie  m'en  pouuois  enuol- 
ler  j  mais  eftant  paruenu  fur  le  mont  Palatin  du 
Caluaire,aucapitoledc  i'EglifcChrefl:iéne,i'ay 
Jailsé  là  mes ailles,  demeurât  là,non  fur  les  aifles 
des  Chérubins,  mais  fur  l'arche,  au  faincl:  Sacre- 
ment de  l'autel ,  c'eft  l  i  où  ie  veux  cftre  :  Ecce  ego 
'ïobifcum  fum  Itfijue  dd  confummattonem  faculiyCcHk 
ce  qui  nous  deuroi:  encourager  en  nos  tnbu'a- 
tions  &  angoi(îès,&  de  les  endurer  aucc  patien- 
ce, nous  aiieurans  &  confians  en  noltrc  Sei- 
gneur qui  demeure  icy  bas  aueenous  en  ce  Sa- 
P£J,    xi.  crement,  dire  aucc  Dàuid  si ambuLuero  m  medio 
~\mhra  mortis non  timebo ,  e^u'iA  tu  mecum  es.  11  me 
fcmble  que  Dauid  vueille  faire  allufion  à  ce  que 
nous  lifons  du  grand  Cefar  ,  lequel  vn  iour  paf- 
iantvn  bach  ,  la  nafîclle  &  le  vaifleau  où  il  c- 
floit  eftant  agitée  de  vagues  &  de  tempeftes,  n*e- 
flât  plus  qu'à  deux  doigts  du  bor'd, les  mariniers 
&  nautonnifrs  trembloicnt  de  peur,  plus  morts 
que  vifs  :  Cefar  les  regardant  leur  dit ,  que  crai- 
cnczvous?  non  nô  n'ayez  nulle  peur,  vous  por- 
$elle  ref-  tcz  Qcfar  &  fa  bonne  fortune ,  vous  eftes  en  fa 
fonce     de  compagnie,n'ayez  crainte  d'aucun  danger  :  ainfi 
Cefar.        difoit  Dauid  ,  Bien  que  îcfois  affligé   iufque  à 
lamort,neantmoins  ic  n'auray  aucune  crainte 
1  de  nen,pourcc  que  vous  cftes  aucc  moy  ,  6  mon 


tpjpres  Us  Cendres]  $ i 

Dieu.ÇTw'WM  tu  mecum  r  :  O  Eglilc  tu  es  cefte  na- 
fcllc  ,  tu  es  ce  périr  namre  cxpolc  à  la  mercy  des 
vagues  OC  tempeftes ,  Efâê  tums  tn  mtdiomjiTi.  Tu 
ci  agitée  de  traiter  ici  fle  de  periccunons.tu  crains 
de  périr  &  Je  r.urc  naufrage , mail  allcuretoy, 
la  porteCclar.ru  porte  le  ms  de  Dieu  qui  cil  cô- 
renu  rcallcmenc  &.  de  raiû  au  (amet  Saciemétde 
l'Autel ,  &  par  aiofi  ne  crains  pour  le  naufrage, 
ny  le  péril  ,  tu  peux  bien  eirre  rombatue  ,  mail 
jamais  abbatuë  ,  &  av-  riperanec  que  toufiours 
au  plus  fort  de  tes  tribulations  il  t'alfiftera  6c  fe- 
courcra  ,  Cum  i  p*  tnhuUttonr  :  &  tour  ainfi  /y.t/.  }. 

que  ce  lonr  cOc  le>  vents  qui  ont  fait  (urgir  ce 
nauire  à  bon  porr  ,  ami!  clt-ce  par  les  vents  des 
tribulations  qu'il  raur  lurgir  au  port  de  la  vie 
éternelle,  f'crmu'ids  triùuljtwnrs  cr  én^ujhjs  epor- 
tet  iniràYc  \n  re^num  cœ'orum.  C  e!t  Ccftc  conhdc- 
ration  qui  nous  doit  donner  en  lame  ,  nous  al- 
feurans  que  le  mdme  nous  arnucra,  qu'il  arriua 
à  Dcnys  le  rvran. 

PIÎOC  hure  feconJde  fon  hiftoire  naturelle, 
chap.  i  >0«  raçootc  de  Dcnvs  le  Tyran,  qu'vn 
jour  Ce  Rov  citant  challé  6V  expulsé  de  fon  roy- 
aume de  S;  tic  par  quelques  liens  ennemis  qui 
auoient  raid  reuolter  le  peuple  comte  luy >(c 
met  fur  mer  pour  s'en  aller  ailleurs  chercher  (à 
fortune:  Apres  auoir  uaoigé  quelques  louis  il 
arriua  en  fin  au  port  de  Myccnc  ,  ou  à  (on  arn- 
uee  les  eaux  de  la  mer  d'auprès  ce  porr, qui  aupa-  rLJtm 

rauant  cltoient  amercs  5c  (allées  ,  deuindrent i 

•'•       es ,  (alubresSc  potables,  i^ 

0  ir  mon  Dieu  ,  vous  aucz  trauerfc  la 

mer  de  ce  monde  par  l'cipacc  de  trente  trois  ans 


9  2       Tour  le  S  dm.  à' après  les  Cendres^. 

de  voftrc  vie,  vous  auezpafte  ie  rigoureux  Océan 
de  la  mort ,  &  en  fin  eftes  paruenu  au  port  de  la 
vie  éternelle  ,  où  cftant,aucz  conuerty  l'amertu- 
me de  ces  eaux  en  douceur.  Nous  fommes ,  Sei- 
gneur ,  comme  les  difciples  ,  en  celle  mer  de  ce 
monde  expofez  aux  vagues  &  tempeftes  ,  aux 
tourmens  &  perfecutions  de  l'enfer  ,  du  monde, 
de  la  chair  &  du  péché  :  que  refte  il ,  C\  ce  n'eft, 
que  vous  cftant  là  haut  >  vous  ne  faciez  en  noftrc 
endroit  ce  que  vous  aUez  fai6t  à  l'endroit  de  vos 
difcipîes,que  vous  iettiez,s'il  vous  plaift,!es  yeux 
fur  cette  pauurc  naiïclle  de  l'Eglife ,  affiftez  de 
voftre  grâce  le  Royaume  de  France  ,  noftre  Roy 
rres-Chreftien  ,  laRoyncfamere  ,  lesenfans  ik 
Princes  du  fang  &  leur  faites  la  grâce  de  fi  bien 
gouuerncr  les  affaires  publiques  de  cefte  puiffan- 
te&  florilfante  Monarchie,  que  comme  noftrc 
Roy  eft  le  premier  enfant  de  l'Eglife  ,  aufîî 
après  cefte  vie  du  règne  temporel ,  il  puifte  ré- 
gner là  haut  au  Ciel,  &  ioiiyr  à  iamais  d'vnc  vie 
ctcrnclle,&  nous  auec  luy . Ainfi  foit-il. 


93 


$?m&^, 


*  > 


SERMON     POVR    LE 

premier   Dimanche 

de  Carefnae. 

Ductus  esl  le  fus  indefertum  àfpiritu  vt  ten- 
ttretur  a  Diabolo. 

M  A  T  T  H.      4. 

\/J  I  hier  nous  oyons  en  TEuangilc 
\w&  quel'Eglifc,  &  en  fa  perfonne 
1^»  'cs  ficelles  Chrefliené  comba- 
\jgj  toienc  à  l'cncontie  des  Héréti- 
ques reprefentez  par  les  vents 
^  qui  agiroient  la  nauelic  r.u  mi- 
lieu de  la  mer:  auiourd'huv  nous  voi  ont  comme 
le  chef  my  (tique  de  l'EglifecombAf  j  rencontre 
du  Capitaine  çencral  du  p.utv  contraire  ,  lï  hier 
is  enrendiiies  que  içglifc  de  Dieu  eftoit  in- 
uincihlc  ,  qu'elle  pouuoir  citre  combatuc  &  a(- 
faillic  ,  &  non  pas  conuaincuc  ni  abbatuë  ,  c'eB 
grand  mercy  .1  la  viâojre  que  le  chef d'iccllc a 
icniportce  à  l'encontre  de  I  en  ce  combat 

d  auiourd'huy  qu'il  liurc  contre  lu-  l   li- 

gne des  Anges  pou;  eitre  chai 
dcpourclhc  mefprisc  .  ur 


94  tour le premier 

cltre  imite ,  ôc  digne  des  Prédicateurs  pour  cftrc 
prefché  ôc  annpncé  au  peuple  combat  fembla- 
ble  à  ce  duel  qui  fc  fie  entre  Dauid  Ôc  Goliath: 
Il  cft  bien  vray  que  Dauid  n'entreprit  iamais  ce 
combat  que  fous  cfperancc  d'auoit  Michol  en 
mariage  fille  du  Roy  Saul,ain(î  nous  n'entrepré- 
drons  de  raconter  ce  combat  qui  s'efl:  faid  entré 
le  fils  de  Dieu  &  vri  malin  efprit ,  que  fous  la  fa- 
ueur  de  celle  qui  eft  mcre&  fille  tout  enferable 
de  ce  grand  Empereur  derVniucrs,  ôc  pour  ce 
nous  la falli££ons  luy  difans, 

^yfue  Maria, 

M   Ccingimmi9eflote  jHij  pot  entes, ty  efïotc 
paraît  in  mane  lit  dimicetts  tduers9  na  - 
tiones  aliéna  s, me  Lus  efi  emm  mort  qu'a, 
Sidère  mal*  infamiUjsnoîîrts  ,  difoit 
^ ce  grand, brauc  &  valeureux  Capi- 

taine, ludas  ?  Machabeus  à  Tes  foldats ,  Préparez 
vous  mohftrcz  le  courage  &  la  valeur  qui  eft  en 
vous,foyez  prefts  à  demain  du 'matiri}pour  choc- 
quer  Tennemy  qui  s'eft  armé  contre  nous  pour 
nous  perdre  ôc  ruiner  les  chofes  les  plus  fain&es 
que  nous  ayons:car  il  vaut  mieux  mourir  &  pro- 
diguer fa  vie  ôc  fon  fang  en  combats  &  batailles, 
que  de  voir  les  malheurs  qui  nous  arriucront  il 
nous  ne  combatons.  (Chrefticnne  ôc  deuotc  af- 
fiftance)c'efl:  auec  la  mefme  refolution  que  ce 
iourdhuy  ie  fuis  monté  en  chaire,  pour  vous 
donner  aduis  &  confeil  de  prendre  les  armes  en 
main,&  de  vous  armer  de  pied  en  cap  pour  corn- 
batre  vaillamment  ôc  valeureufcraent  Tcnnô- 


Virrun  h  de  Câfefrel  95 

my  du  gère  humain,  ^iccm^immi  ey  cflte ji-  -iq- 
.   Audi  Je  fait €C  grand  pedonnage  lub  rc- 
cognoitïant  la  condition  milcrablc  decOc  vie 
pretente,  prorefte  &  Confclle  qu'il  a  tellement 
cndoll'c  la  cuiralle  fur  le  dos ,  que  iamais  il  ncla    °M,« 
quittc,&  dir  yCurêh:  iliclui  <juilu>t,unc  mihto:  que 
ducs  vous  o  lob  ,  fi  cunchs  dtclu: ,  comment  ducs 
vous.flttnoll  y  acciemblc  ic y  de  lacontradifliô  Belle  con~ 
&  de  l'implication  en  vos  paroles:  tous  les  lours  cefùon 
représentent  le  temps  de  la  vie, 6:  \znunc  ne  veut 
dire  autre  chofe  qu'vn  mitant, cv  qui  ne  fçait  que 
le  temps  &  l'inftant  ("ont  di.imcrralemcnt  con- 
traircs.&quc  cequicit  temps  ne  peut  eltre  in-      /y 
ftant  ,  &  ce  qui  eft  inftant  ne  peut  eltre  temps:   ,  & 
comment  donc  dites  vous,  Cunths  dtebus  qwïus     * 
uwaf  mditoïcur.ths  dttbu.  :voyla  pour  le  temps, aux-   * 
Lui  nunc  miliio  ,  c'eft  pour  1  mitant  :  tout  cela  eft 
pour  nous  reprefenter  l'cltatdc  la  vio  preiente, 
laquelle  C\  bien  elle  paroift  longue   ,  elle  n'eft 
neantmoins  qu'vn  inltanticx'  dilaOC  lob  ,  Cun:hs 
m  yutlus  nunc  mihto  :  n'eit  ce  pas  pour  dire 
que  pour  tout  leremps  de  celle  vie  nous  n'auons 
que  le  moment  &  l'inltir  auque.  nous  lommes, 
pource  que  le  temps  pallc  ne  tl  plus  à  nous ,  Se 
ne   fommes  pas  adcuirz  du  temps  à  venir  ,   & 
pource  nous  n'auons  à  nous  que  le  moment  &c  <U 
luttant,  auquel  nous  viuons:  mais  ô  lob  ,  ce  n'cll  loi. 
point  pour  cela  que    vous  dires  ,  CtmBu  *ub*s 
éjuibui  nunc  miliio  y  iums  p\[i\\o\[   VOUiVoil'c/    li- 
re que  la  guérie  l.inglanrc  que  nous  drOOfll  fai  - 
rc  aucc  noltrc  cnneiuy  ,  eu  telle  ,  que  le  tOUI  '.es 
liccles  il  n'y  aannec  ,qtie  ilis  je  année ,  - 
mois,  que  dis  îc  mois ,  il  n  y  a  lcpmainc,que 


p6  Tour  le  premier  Dimanche 

dis-ic  fepmaine  ,  il  n'y  a  iour,  que  dis  ie  iour  ,  il 
n'y  a  heure  ,  que  dis-ic  heure ,  il  n'v  a  minuttej 
Guerre  que  dis  ie  minutte,il  n'y  a  point ,  momet  ny  in- 
fanriante  h:ant  ou  il  ne  taille  toujours  combattre.  Cunclis 
contre  cel-  dtebus  quthus  nunc  militoiou  bien  pour  due  que  ce- 
lé de  le[~  ftc  guerre  eftfi  îangiante  que  routes  les  bacilles 
prit.  que  nous  auons  eues  contre  nolhe  ennemy  (ont 

toujours  à  recommencer ,  &  que  tous  les  com- 
bats reuiennenr  toujours  ou  bien, pour  nous  re- 
prefenter  qu'il  y  ade  fa  diueditéen  cet  inltant. 
Cuncîis  âiebus  quibus  mine  milite  pour  dire  que  c'efr, 
vn  inftant  d'où  l'éternité  dépend  ,  ou  d'vne  vie 
ou  d'vne  mort  éternelle  ,  Momentum  yn4e  ;•  • 
éttermtasAh  S.  Hierofme  :  &  fi  vous  délirez  ica- 
noir  d'où  procède  la  racine  de  celte  guerre ,  qu'il 
nous  faut  toufiours  donner  fur  nos  gardes,  qu'il 
ne  faut  iamais  quitter  lecorfelei  ny  la  cuirallc: 
c'cftla  fentenec  de  condemnation  qui  rut  pro- 
noncée à  Tencontrc  de  nos  premiers  parens,& 
contre  tout  le  genre  humain  en  leurs  petfonnes: 
Immicitias  ponam  inter  te  cr  muher imputer  jcmen 
tiium  erfemet)  illius^Cr  ipfa  conte* et  capnt  tuum. 

Et  pource  remarquez, qu'il  femble  qu'Adam 
incontinent  après  (on  péché  cognent  quel  de- 
uoit  élire  leftat  &  condition  de  in  vie  ,  &  la  mi- 
fere  à  laquelle  lept-ché  l'auoit  porté  :  6  grand 
malheur  î  il  recognoifloit  que  (a  vie  qui  Éftoit 
vn  iardin  de  toute  volupté  &  contentement,  par 
fon  péché  auoit  cfté  changée  en  vne  guerre  con- 
tinuelle :  il  recoL'noilîoit  qu'après  ion  pèche, 
fortit  du  ventre  de  la  mère, n'cltoit  autre  chofe 
dam  dpres  ^  ^^  e  r,)Tfn^.Sp0ur  combattre  l'enncmy 
wpechi.  d'cn£e|.  .  Scelle  occalicn  pour  vous  représen- 
tée 


Gcnefc. 


torttêif- 

$ace  d\y£- 


^uerc- 


de  Çdtefrne.  P7 

ter  qu'il  cuit  cefte  cognoulancc  après  Ton  peche, 

il  c»t  dit  au  Genclc  $.  que,  cou  utrunt  jolupcw  e~ 

ftcm-ni l'unfjenl^omMtâ.  Ils  coulurct  par  ensemble 

plufi  urs  ruci!  les  de  figuier,  &scn  firent  des  1 

biliemens.  le  lçiv  bien  que  quelques  vns  dilenr    -*<!!/ 

que  ces  habillcmens  de  fueillcs  de  figuier  qui  ^^JTTy 

piquent,  nous  rcprclentcnt  lahaire&  lesiihccs  es  bÀbll~ 

de  la  pénitence,  pour  dire  que  tout  ainfi  que  no9  'mef.s  f 

voyons  en  la  nature  que  les  mouches  cantandes  i*ellles  *c 

font  toutes  venimeuies,  &  toutesfois  îccllcs  ont  P&u>cr* 

leurs  pieds  &  leursaifles  pour  contrepoifon ,  de 

nielmc  il  lemblc  que  Dieu  ait  voulu  reprefenrer 

à  l'homme  le  mcluiequc  la  nature,  car  le  mefmc 

arbre  qui,  fi  Ion  aucuns  auoit  porte  le  poilon  du 

péché,  c\:  qui  auoit  donné  la  mort  à  l'homme,  le 

meime  (cruit  de  contrepoifon  pour  luy  rendre 

la  \ic &  la  fantc,pourcc  que  les  Pcrcs  dilent que 

ce  fur  de  la  figue  que  mangèrent  nos  premiers 

parens  :  ainfi  le  fruict  de  l'arbre  qui  auoit  potté 

la  preuancation,lcs  fueillcs  du  mclme  portèrent 

les  remèdes  pour  rendre  la  lanté  &  laguanlon, 

ô\r  leruirent  à  l'homme  à  faire  pénitence. 

Mais  fayme  mieux  dire  auec  Rupert,î>.  Chry- 

foltomc  Se  S.  Aueuftin  ,  que  ces  habillcmens  de  rT  1  •   j 
r  Lin  1  Hdbitsdes 

figuier  cltoient  habillemcns  propres  aux  luit-  / 

reurs ,  lelqucls  anciennement  eftoienc  faits  Ci 

iultes  qu'il  n'y  auoit  pas  vn  fcul  ply»  à  fin  que  les 

deux  parties  venansaux  mains  6c  bras  à  bras,  ils 

ne  frétillent  à  quoy  (éprendre  :  &  ainfi  Adam 

prenant  ces  habiilcmcns  de  luitteur  nous  vou- 

ioit  donner  .1  entendre  que  celte  vicn'clt  quV- 

ae  guerre  où  il  faut  combatre  afprcment  ,  pour 

acquorir  non  voc  couronne  tcncûrc  ,  mais  ce- 

Q 


98  Pô  tir  le  premier 

lelte:&qui  pis  c(t  en  cette  guerre,  &  qui  me  faic 

dreiïer  les  cheueux  en  telle  ,  ce  font  ces  paroles 

que  difoit  Dauid  à  loab  au  premier  liurc  des 

Roys,  r anus  eft  euentus  £fi//.L,cucnemcnr&:  Pif. 

fuë'  de  la  guerre  eft  incertaine  &doutcufe:  Il  eft 

"T4^  e j,    bien  vray  que  le  fils  de  Dieu  ayant  vaincu  au- 

à    FL       louvd  huy  1  ennemy,il  a  mis  hn  a  celte  gucrrc,au 

e      om~  moins  à  l'incertitude  qui  eft  en  la  guerre.  De  forte 

?'■  4  /  (lnc  JC  diray  clu  cn  cc  combat  fe  palîe  le  niefme 
pmepar  e  ^u,cn  lagUCrrc  qU'Curcnt  les  luifs  auec  les  Phi- 
combat  de  g^^fc  ^  laqUCnc  fur  |c  commencement  de  Pcfta- 
woi  rf  a"  bliflement  des  luifs  print  fin  par  le  combat  de 
gneur.       j)auid  à  l'encontre  de  Goliath. 

L'hiftoire  Romaine  porte  quViic  fois  il  y  auoic 
vnc  grande  guêtre  entre  les  Romains  &  les  Sa- 
bins,  mais  tout  leur  différent  fut  vuidé  entre  les 
trois  frères  Sabins.  En  l'hiftoiredes  Roys  ,  il  eft 
dit  que  les  luifs  auoient  guerre  les  vns  contre  les 
aunes,  mais  elle  fur  finie  entre  Dauid  Se  Saiïl: 
&  airm"  la  guerre  qui  auok  cftê  entre  te  monde 
&  îe  diable  !  aefté  auiourd  huy  finie  par  cc  com- 
bat de  noltre  Seigneur  contre  cet  ennemy  :  ÔC 
ain(i  ditS.Auguftin.  .^f^o  V?  te  in%llotentAtumyzy 
m  illo  açnofte  "V metntem ^tdio ,dit  le  mefme,  tentatus 
eft  cbri/îusadiaboiot&aïubo'Hs  kchrt(io  "\tncimr  ne 
Cbnfiianus  "\tncerrtur  a  tentatore.   En  ce  combat  ic 
vous  veux  monftrer  deux  choies  ,  la  première 
c'elt  que  cc  combat  eft:  vn  duel  ,  la  féconde  quel 
eft  le  lieu  où  fc  fait  ce  duel. 
Vuelenfre       Premièrement  pour  voir  que  c'eft  vn  duel,ic 
noftre  Sei-  vous  prie  de  me  prefter  audience  ,  cV  de  ne  dire 
gneur  cr  mot ,  pourec  qu'anciennement  il  y  alloitdcla 
Stthtn*     vie  pour  ceux  qui  parloicnt  pendant  le  corn- 


Dimanche  d&Carefme.  <*9 

bar:  ic  dis  donc  que  ce  combat  dcncàlrc  Scign. 
auec  ic  diable  elt  proprement  vn  duel  :  Cauoi 
ites  qu'clt-ccquclcducl  ?  Ceft  vn  combat  entre  {j*Vrf-« 
deux  particuliers  ,  auquel   tous  deux  foni  îïjj-  iUe  (e 
grclîcurs,  &  de  cecy  fe  prend  l'cooroiiic  Ju  duel,  Jur(m 
car  d'cltre  aggrcilcurs  d  vn  combat  c'eit  élite 
opposé  au  premier  commandement  de  Dieu, 
L'on  t  uiijbtj  Dominum  Deum  tuuwy&L  contre  le  le- 

.id  de  l'ancienne loy  Non  cru  >//o,  mimiciturn,       u,e  v 
mrderfcnduà  toutes  perfonnes  de  prendre/^'     dH 
vengeance  de  Ton  ennemy:  contre  lerroifiefme,  c°mman' 
■  occiJes  ,  par  lequel  commandement  tout     cment    e 
meurtre  tait  par  aurhorité  priuec  cft  dirrendu     teM* 
de  Dieu,  Oc  n'eft  permis  à  aucun  de  tuer  vn  au- 
tre, quand  mcfme  ceferoit  le  plus  baibjrc  &  le 
plus  tyrant  de  TVniuerSjC'cft  vn  commandcmJc 
qui  detrend  de  tuer  qui  que  ce  (oit,  à  plus  forte 
raiion  donc  porter  la  main  fur  la  pcrlonnc  des 
Princes  &  des  Roys  qui  lontlcs  oinch  facrcidc     j-0UCU  t 

Dieu  ,  &c'e(l  vn  a&cdeteitabledcu.int  Dieu.  O  /,,    - 

rt       i«t-    r  les    K°P 

monltre  dhnrcr  qui  nous  as  prme    ie  ce  b<  ^^^ 

S  >icil  clc  la  France  ,que  nct'ertois  tu  (ouucdu,  (\A{,\(  JL 
commettant  ton  abominable parricide  ,  de  -Li  Uintpl<M 
a^te  h  généreux  de  Dauid,  loti  qu'ayant  coù| 
iculement  le  bout  du  manteau  tuyal  .  [on 

ennemy  ,  eut  vn  rcl  rtflcntiment  que  I  Lia  mi- 
re porte  que,  Percujut  ûâunl ftftm  fuum  ,  qu'il 
frappa  la  poiârinc  &dit  ,ô  moy  nniciable  que 
ic  luis  d  auoir  mis  la  main  lui  1  oincl  Ac  Dieu:  '-> 
malheureux  ,  que  ne  t'cllois  tu  remis  douant  les 
y  eux  celle  fubuc  punitiô  d'O/.a ,  qui  i>our  au. 

Ac  de  toucher  l'Arche  d  Àiluiu  :  la  vou- 
lant iclcucr ,  Dieu  l'en  courrouça  tclleméc  con- 


io  o  Tour  le  premier 

Xrch   uc  *llv  ^u'^  ^'en  ^c  mour^r  mr  1  he"rc  rncfme& 
j>   w/     m  S. Grégoire  expliquant  cecy  dit  que  l'arche  où  e- 

ce^reùr  ^on  ^a  verge  cl*  vrK  belle  represétatiô  des  Prin- 
fe~*J;^  ccsôc  (uperieurs  qui  sot  vrayes  arches  d'alliance, 
des  frn-  ou  c  verge  de  1  authonte&dc  lapuiisacc,ar- 
ces  chc  d'alliance  où  elt  la  mâne  marque  de  la  dou- 

ceur &  de  la  clémence  d'vn  Rov  enuers  fcsfub- 
jets:  Oc  fus  donc  les  Princes  &  les  Roys  font  rc- 
prefentezpar  l'arche  dailiance,  &  toutainfi  co- 
rne Oza  fut  puny  pour  auoir  touché  larche,ain- 
fî,dit  S. Grégoire,  il  en  arriuera  de  mefmc  à  ceux 
qui  feront  fi  ofez  que  de  mettre  la  main  fur  la 
perfonne  des  Roys  &c  des  Princes  :  les  duels  dôc 
pource  qu'ils  font  contre  la  loy  de  Dieu,  &  fes 
commandemens,  font  prohibez  &  defTendus. 

En  ce  combat  d'auiourd'huy  les  deux  font  ag- 
greiîeurs ,  noftre  Seigneur  s'en  va  au  defert  Se 
aggrciïe  ,  premièrement  le  diable  ,  pource  que  ie 
malin  efprit  n'ofoit  pas  l'attaquer  le  premier  ,  & 
pour  ce  fujeâ;  noftre  Seigneur  l'incite  6c  per- 
met qu'il  le  tête  cklaggrelle,  Etriuncaecedensterj- 
tatory  furquoy  ie  vous  prie  de  remarquer  ce  tune, 
&  la  vous  verrez  comme  c'eft  l'ordinaire  de  Sa- 
than  d'attaquer  les  hommes  pendant  qu'ils  font 
des  bonnes  œuurcs ,  ainfi  il  attaqua  noftre  Sei- 
gneur le  voyant  exténué  de  ienfne. 
Defert         Le  lieu  du  combat,  c'eft  le  defert,  lieu  aduanta- 
lieu  pour  geux  pour  le  diable,  &  defauantageux  pour  le 
compare  n!s  de  Dieu,  pource  que  c'eft  vn  lieu  efloigné 
teduhle.  de  tout  fecours,  c'eft  vn  lieu  foliraire  tres-dan- 
gereux  pour  cftrc  attaqué  du  diable:  auflï  dit 
Belle  cb-  1  Efcriture  ,  ftfoli  quiafe  cecidertt  mmo  fubleuabit 
fermtm.  eum^dclidï  que  quelque*  vns  ont  obfcrué  que 


Dimanche  de  Câtefmf.  loi 

.  lislcfcrpct  n'actaqua  Eue,  linon  lors  qu'il  la 
trouua  (eparce  de  ion  mary  Adam  :  iamais  Gain 
n  eut  eu  la  liardicfî'e  de  tuer  Ion  frerc  Ab  i.s'il  ne 
l'cuft  fait  retirer  en  vn  champ  defert  &  lolkaire:  r 

ncacmoms  quoy  ques  en  (oit  (îclt-cc  toutcstois 
que  ic  dis,  &  c'.ï  choie  certaine,  que  le  defert  eft 
vn'icu  fort  auanragcux    pour  celuy  qui  de 
vaincre  cv  lurmontcr  l'enne  ruer  ,  car  p.ir 

les  vi. les  il  y  a  trop  de  fui  -rs  <5c  d  occations 
fenier  Dicu.amti  di(bitceP< 
/«  terra  Jm^c  Uttm  aujtrum:  Ce  n'ctt  qu'agit  ion  $C 
impiété  par  m  y  les  Cirez  :  anili  eltoic-ce  vn  bel 
cnicigncmctu  de  S.  Arribroifc  ,  dilant  luxâmes  j'     ' 
amjurciitcsde  leur  ialur  ,  fuyei  les  vil  es  &  Ci    V    "     *** 
tez,  &  allez  à  la  loi  tu.-L\  &  t'amet  Bgfilc  parlai^    TGljC' 
de  la  iohtuJc  die ,  Hi  ntneUus^.  ■  *, 

ffm'mfrêtiA,   dUfi  ruiôc  fi  bien  en  lalolitudc  ic 
rctxouucn;  les  combats  à  renconrred'Amalccli,  Iviïdnge 
&  I  ,  la  m  (nie  cil  la  victoire     la  s'il  fc  au  defert. 

trouue  les  ierpens  de  feu  mordillans  les  Kracli- 
tes  ,lame:;nelc  rrouuc  le  ferpent  d'airain  cllc- 
U"»c]ui  gnartt  les  morlures  du  pèche:  li  au  dC" 
fert  les  eaux  (ont  amercs ,  là  ic  trouue  le  bois 
qui  conuri'it  i\vncnumc  en  doucur  :  fiaude- 
uicJe  pain,  là  moi'.ue  fc  trouue  la 
numi:  &  le  paiq  des  Anges  qui  a  toute  forre 
i  dclcu  font  les  angoilïrs ,  là  mef- 

lont  les  ilariorts  des  A< 

cft  le  b  1  cipmes  J  I  1- 

celuy  Dieu  ic  rrouuc:   G  au  de  (en  ro- 

iicj  diftillcnc  l  eau  cryfl 
&  vo.nilîcni  les  romaines  &  iinlîeaux, 
Ioqc  fon  iultemeai  du 

G  n) 


ici  four  U  premier 

A  mbroife ,  J{ elinAMe  ciuitates  ,  Crfuge  in  [oll'itudU 

Pftd  <4     nem  »  ^£Ut  e^rc  Tie  Ponr  cc  ^ll jcft  Dauid  difoir* 
Çhns  d*bit  mthi pennes  >/  (cJ.umb.i^cr  yolaho^CT  re- 
quicfcam  ?  O  Prophète  ,  que  ne  defirez  vous  plu- 
ftoft  les  ailles  d'Aig;le  nui  perce  &  pénètre  les 
nues  ?  non  "V  columbjf  poarce  cjne  vous  fç^uicz 
queîç  (ain&Efpritdeuoit  defcendreen  forme  de 
colombe  ,  &  pour  ce  devriez  auoir  de^  ailles  de 
coîombcjC'efl:  à  dire  ettre  afBi-  é  diceluy,  Et  yofa- 
bo,£T  rf<jHiefcam^5c  ie  m'en  iray  au  defett  prendre 
mon  repos,  aînfi  îc  dt<;  qu'il   n'y  a  lieu  plus  ad- 
uantageuxpour  le  Chreftien>que  le  deferr  ,  non 
pas  que  ie  vueillc  dire  qui'  raille  que  tous  quit- 
tent &  abandonnent  les  villes  ponr  aller  au  dé- 
fère ,  mais  ie  veux  dire  qu'au  moins  on  éuite  les; 
occafions  du  peche  ,  &  qu'on  fc  retire  vn  peu  en 
lafolitudedu  cœur. 
Forces  au       Nous  auons  vn  ennemy  terrible  a  combarre, 
ditble        jcs  forccs  duquel  font  incomparables ,  ainfî  que 
dejerttes.    jjc  \0\y^  #«//<*  eflpotfjla^  fuper  terram  aux  coptraur 
et.  Il  n'y  a  force  ncpuiiFancc  fur  terre  qui  puifle 
eftre  parangonnec  à  la  fîcnne:  6  grand  iob  ,  à  ce 
que  vous  dites  qu'il  n'y  a  puiilance  fur  la  terre 
qui  foit  parangonnec  à  la  fienne  ,   permettez 
^/Crfumet  moy  quei'adiouftc  ,  Quodnc^uc  wcœloneaue  fuprr 
pour  prou*  cœlum  null*  eft  Pctcf}^  <!uœ  comparetur  et.   Il  n'y  a 
uerUfor-  puifîance  en  tout  le  monde  des  créatures,  qui 
ce     du      clgaltc  relie  de  Lucifer:  Et  s'il  efl  vray  cc  que  dit 
diable.      fain<5r.  Thomas, que  Lucifer  eftoit  plus  relcué  en 
fa  nature  que  toures  les  autres  créatures  ,  donc 
i!  elloit  plus  qu  iccllcs  rcleuf-  en  puiffanec.   le 
Beau.  xfurcccv     mener  vn  beau  pnfîagc  trés- 

or, 'efâ.indl;  Paul,  lequel  vous  fera  voir&  co- 


Dimanche  de  Carefme.  103 

gnoiftre  quelle  cilla  puifTancc  de  Sathan.  Per- 
iuadez  vous  dit  ecc  Apoftre  ,  que  ,  Non  eftnolis 
collucUtio  ddticrJM  r.tr/i  m  {y  m<*  umem/ed  àduir?  Aa  Ephe. 
trinctpescrvotc" jt  ^rdurr  . 9  mu*)dt  reàores  tcncbrA-  "• 
rum  bjrum  r>rjr.i  ûtnt*âltâ neamété  /i  cœlelhbu*. 
Grand  Apo'rre  ,  permettes  s'il  vous  plaill 
cric  ie  difeou  _•  v  1  p  1  me  toàf ,  elles  v  ous 
h  qabiieux  de  ce  ^uc  vous  .uuv.  dit  aux  Gelâ- 
tes ,  Curo   Mr«#i  ruum  ,  Çp+^fdGdU* 

nus  âdutr}us  >  -.  Puuiquoy    donc  dtr    5. 

tes  -  vous  à  prefent  ,  Vonrfi  nahm  col'udutio  ud- 

nrr'iut  .um'm  t  *rc  F n  outre  ne  (ça-     r 

.  »      1,  r etri t  1 

nez  vous  pas  ce  que  dit  Tu  net  Pierre  ,  F  r  aires  ol>- 

f  *>dd ttn-ju-'W  i  C7    [' l'^t'tnos  %  éhfhnttê 

y  os   a  CêTHélsbus  -  r   rut   mtntdni    dduer  .m 

êmimtm 9 eorpnvnt    irel    vous  donc  ,  Aon ejiro- 

bu  Cfd'i-  ■    carnem  <i;r  j4nguir)em)cr'C.Q  Belie  con~ 

protonde  lodrincele  cet  Apoftrc,  ô  fecret  my-  crp^ont 
ftrricux  qm  HO01  elt  cnlcigné  par  (aindl  Paul> 
il  parle  ni nh  le  recognois  que  la  chair  mène 
guerre  à  l'homme  ,  mais  (î  nous  icttons  l'œil 
l'irles  pui'Ian.rcs  de  l'Enfer  cV  du  diable,  &  de 
la  guerre  qtl'ili  nous  meinenc  celle  là  ne  merire 
pas  d'eftre  ippellee  guerre  ,  les  alFaucs  de  la 
chair  ionr  vrnr.iblemcnt  terribles ,  mais  neanc- 
moins  ils  ne  tour  rien  au  prix  de  ceux  du  diable, 
létio  dduerjus  Cérnrm  £r  jânvut- 
rem,  ta  ëdutt  i»j  prnuipfi  cr  f>ntrftdir<.\\  n'y  a  rien 
de  (1  rude  que  la  chlif  à  l'en  Iroir  de  l 'homtnc  ,  ic 
l'apprends  de  ce  mefme  A poltre  ,  (  *ro  con.u 
Ûtêim  -  tum  ,  Qjellc  inerueille  eft  ccllc- 

cy  'Pour  l'enirn  Ire  remarquez  cecy  :  Ci  l'on  di-  tlm  '  tu- 
il  y  a  guerre  langlaïuccncrc  le  Koy  de  Fran- 

G    114 


jo/j.  Tour  le  premier 

ce  6c  le  Turc,pource  que  le  Turc  délire  la  Frân* 
ce  ,  &  le  Roy  de  France  defirc  la  Monarchie  du 
Turc,  de  forte  qu'ils  combatent  par  enfemblc 
&  pourquoy  ?  C'eft  pour  auoir  le  defius  l'vn  de 
l'autre  ,  ainfi  ,  Caro  concuptfcit  aduerfw  fyriturn,£r 
fymtw  aànerfa  carnem,  p  dit  fainçft.  Paul,  ce  neft 
rien  de  la  guerre  des  hommes  au  prix  de  celle 
qui  cft  entre  la  chair  &  l'efpt  it  :  îa  chair  eft  pire 
,  .  que  le  Bafilic  ,  car  fi  bien  il  bielle  &  tue  en  re- 
gardant, la  chair  nous  tue ,  non  feulement  par  le 
pire  que      f         ,   '  r     \  r      ~  -, 

i  «  rv     regard, mais  par  vne  leule  penlee, Caro  concupi  cit 
icSafrltc.       P     r     n  ,   en      a.    r rr         a>  i 

J         aduerjws lf».ritum>   bile  elt  anih  puilJantc  pour  le 

mal  que  Dieu  cft  pour  le  bien  ,  le  vouloir  de 
Dieu  eft  pour  faire  quelque  chofe  de  bien ,  mais 
la  volonté  de  la  chair  n'eft  que  pour  faire  le  mal, 
Caroconcupifctt  adutr[ns  ffiritum  ,  çr fcirïtua  aduer- 
fa  carnem. 

Plutarque  en  la  vie  d'Alexandre  le  grand ,  dit 

que  corne  vn  iour  on  vint  dire  à  ce  Monarque, 

que  la  bataille  eftoit  prefte ,  &que  tous  Ces  gens 

eftoientprefts  adonner  le  choc.   Alexandre  dit, 

Pire  no-  Or  fus  ,  il  ne  rçftc  rien  â  faire ,  fi  ce  n'eft  de  faire 

table  de     rafer  la  barbe  aux  foldats.  Grad  Monarque ,  que 

^AlexAn-  vouliez  vous  dire  par  ce!a?C'cftoit  pour  dire  que 

dre>  la  bataille  feroit  de  fi  près  &  fi  preignante  que 

mefme  la  barbe  pourroit  donner  de  l'aduanta- 

geàl'cnnemy,&  afin  qu'il  n'eut  aucune  prifefur 

eux,  il  leur  fit  â  tous  rafer  la  barbe. 

Or  fus,  que  veut  dire  faincl  Pau!  par  ces  pa- 
roles, Caro  concuptfcit  nduerfus  (piritum  ,  Qrfyiri- 
tus  aduerfus  carnem  ?  C'eft  qu'il  veut  dire  que  la 
guerre  d'entre   la  chair  &  l'cfprit  eft  de  plus 
près  que  celle  d'Alexandre  ,   de  (ortc  que  Ci 


Dimanche  de  Arejmel  î  o$ 

pg  Monarque  faifoit  rater  la  barbe  à  fes  foldats, 
en  cefte  guerre  fpiri ruelle  ,  non  feulement  faut 
rafer  la  barbe  &  le  poil  de  la  tefre,  ruais  du  caur, 
&  après  tout  cela  il  (cmble  que  cet  ennemy  de  Ij 
chair  cft  encore  inuilïblc  ,  6c  toutefois  cette 
chair  comparée  aucc  le  malin  clprit  n'eft  rien, 
de  (orte  que  iamctPau!  dit,A'on  eji  noiu  colluHatio 
adu-  -netne^  '}€m >  comme  s'il  diioit, 

tout  ainfi  comme  la  terre  n'eft  rien  en  compa- 
railon  du  ciçl,  a:nii  la  chair  n'ctl  tien  en  Compa- 
rai Ion  du  di         ,  tfoueft  fsotcjiu)  jupet  terram  qu* 
cnmparctur  <i  :  m.mivioy  qu'il   (oit  for:  &  puif- 
fant ,  fieft-cc  pourtant  qu'en  ce  combat  d'au- 
ïourd'huy  il  y  a  vne  partie  bien  plus  torte  que 
I u y ,  qmctt  noltie  Seigneur  ,  qui  eftd'vnc  force  ^rqrf 
inuincib'c, lequel  le  renuerfc  d'vnc  (culc  parole:  srtrneur 
forcede  D.cu  clpouucntable  à  rencontre  de  (es  incompÂl 
ennemis  :  (on  petit  doigt  cil  1î  tcdoutabie  qu'vn  rÂH(meni 
iour  il  renuer!  i  BalthaUr  clcnuant  fur  la  paroy  p(Ui    fort 
lalcnrcncc  de  mort  :  iî  (on  doigt  cit  fi  fort  &  /i  .ue      S4_ 
terrible ,  qu  c'.t  ce  donc  de  Con  ht  as  :  il  cil  d'vnc  tfJjn 
merucillcufc  5c  prodigiculc  rorec  :  de  forte  q  ic 
tout  ainli  eûme  la  lumière  de  tous  le;  altres  n  c;t 
ri   n  en  <_.>mnaraiion  de  celle  du  Soleil  ,  ainli  la 

f orec  de  i  cqparaifon  de  ccilcdcUieu 

n'cll  rien  ,  ce  a  f-         le  le  de  ce  iour,  SsmiliiM- 

de  I.iqncl  ciiiaur  vu  p:u  méditer    ics  paroles:  da„ 

'efm  m  J^ertum  éjptriiM  >;  tentaretur  u 
dtéboln. 

Reformez  vous  dictes  que  Dieu  eft  autheuc 
du  peché  ,    vous    p  .Me   blal- 

pneme ,  lequel  vo 

ilire  Caluin .  ali  premier  liure  de  les  Inititu- 


io6  Tcuy  le  premier 

tiens  chap.118.  paragraphe  2.  ou  il  dit  que  Dieu 
eft  promoteur   &  inftigatcur  du  peché  ,  par  ad  - 
uenturc  qu'il  fc  rondo it  fur  ce  partage,  Dutlus  ejt 
leftts  mdcfcrtum'M  tentaretur  a  diabolo  :  Mais  tout 
,  û4*0^  comme  c'eft  chofe  impoflîb'e  que  la  lu- 
Dttu  »^micrefoit  principe  dcstcncbrcs,  la  chaleur  du 
*ulheurdu  froide  fa  bonté  de  la  malice,  auflicft.ee  chofe 
peche.        imnoiîible  que  Dieu  caufe  &  (oit  autheur  du 
mal,ainfi  difoitDauid, NonDcus  ~\clens  iniqmtatcm 
tu  es  :  Si  Dieu  ne  veut  le  pécheur ,  dont  il  ne  veut 
Je  peche,  Mundifuntocuh  eitts ,  er  ad  initjutiatem 
re/picere  non  pnteji.  ô  Seigneur ,  dit  Dauid,  ie  reco- 
gnois  que  vos  yeux  font  nets  &  à  peine  regar- 
dez vous  le  pcché,mais  qfioy,  Dauid  ,  vous  aucz 
dit  que,0/»*!4  nudafunt  cr  aperta  coram  ocul'is  eius, 
pourquoy  donc  à  prefenc  dites  vous ,  Mundifunt 
Belle  con-  ocult  €tus  ^  A£  iniauitatem  rcff'icere  non  poteft?  Si 
etption.      Dieu  ne  regardoit  nos  péchez  il  en  iroir  mal 
pour  nous.  Les  Théologiens  diftinguent  deux 
peux  for-  fortes  de  feience  en  Dieu  ,  l'vne  de  (impie  intcl- 
tes     de    ligence  ,  l'antre  d'approbation,  par  la  feienec  de 
feience  en  (impie  intelligence,  Dieu  cognoift  Ôc  voir  nos 
Dieu.        pechez  ,  mais  par  la  feience  d'approbatiô  il  co- 
gnoift le  peche  pour  le  punir  &  chaftier,  puis  que 
Dieu  cognoift  rout ,  donc  il  eft  caufe  du  bien  Se 
du  mal,  il  eft  autheur  du  bié,  &  eft  caufe  per mi f- 
fiue  du  mal  &  non  autrement.  Secondement  il 
eft  iufte&par  confequent  ile(t  impofiib'c  qu'il 
l'oit  autheur  du  pechë  aufli  pour  ce  fujet  difoit 
lACoh.l.     S.  laques;  Nemocumtentatur  ,  dtcat  juntiUm  à  Peo 
tematur,  r>eus  emm  intentitor  maforum  ejljpfe  auttm 
neminem  tentât  ,ouy  bien  ,  diraquelqu'vn  ,  m  lis 
fieft-cepourrantqu'ilcftditenla  fain&e  Eicri- 


Dimanche  de  Cârefmi.  107 

ture  que  Dieu  tenta  Abraham, Tcntâuit  Deus  ^ 
brakim  ,  à  quel  propos  donefaindt.  lacques  parle  prttx  rm 
ilainfi'vaincr  Augufttn  au  liarc  deConjenfn  Eua-  u$([f  . 
g'itfttrum  ,  dit  qu'il  y  a  deux  (ortes  de  tentation,  iut:^, 
Pvoc  q.i:  ett  vp.r  inftigation  pat  laquelle  nous 

I  'm  nés  portez  au  mal,  de  laquelle  tentation 
Dun  n  U  .au!e  nv  nmlictir  :  en  (econd  lieu  il  y  a 
vn  athre  genre  de  tentation  cj'.n  c\  ptobatiue 

r  cfprouuer  le  iule  ,  Qut*  ut/hu  eras  oportebat 
">/  tf.itJtso  probant  ir  ,  Se  celle  là  vient  de  Dieu,  Icb. 
:i  permet. 

Pline  luire  i.Je  ion  hiftoirc  naturelle  cha.  i3.  ,  1 

1  a      r  s'cret  dn 

dit  que  ceux  qui  veulent  coenoiltre  (1  en  vnc  x.  .       ;• 
110  A  attirait- 

mine  il  y  a  de  l'or  ou  de  l'argent,  ont  accouftumé  a 
de  prendre  la  pierre  de  touche  &  la  mettant  foc 

la  mine  recognoilTcnt  par  ce  moyen  lî  dedans 

îccllc  il  y  a  de  l'or  ,dc  I  argent  ou  du  cuiurc  :ô 

tentation, c'clt  li  celte  piètre  de  touche,  laquelle  ^ 

n-       n        Tentitnn 
eltant  mile  auprès  de  no'trc  ectur  ,  aulli  toit  on  r     ,  1  , , 

voir  11  dans  icemv  1!  va  de  !  or  ,  de  la  chante  ou     ; 

de  l  arpent  dr  I  çfDeranfe  ,  ou  du  cuiure  de  la  j         1 

.    *  ,,    ,  de  ton 

penenerance  :  aufti  (ainct  Paul  appelle  la  tenta- 
tiotl  pTCUue  de  la  pan  :iue./>iW.if/0,dit- il,  ^*i/r- 

p'ratur,  tt»hf  ^probatto^ero 

Jpem^prs  an'  m  1  1   .    lurit.ts  Deidiffn- 

:  m  cor{;bi<<  mflrts  wn  fdnflum  <j*i  datu 

r(i  nobti  :  voul  *z  vous  voir  vn  autte  beau  palfage 
pout  voir  tomme  la  tentation  e(t  vnc  prenne  de  "^    *0'w- 

I I  patience  ?il  eft  tire  duDeuteronom:  chapitre  *' 

'  au  peuple  difoit    ,   %ecor- 

>•        itinms  per  <tuod  âdduwt   te  Pomt- 

ttuf   Dm:  //  rjf.i  unnn  prr  d-'ertum  ,  >/ 

JfTti  ir  t  ui'.ur  ttntarct    -jr  nets  jîerrnt  ^Hd  m 


io8  Tour  le  premier 

tuo  antmo  yerfabantur9~Vtrum  cujiodires  madata  illiu$ 
an  ncn.Dica,  dit  Moyfe ,  a  prins  la  pierre  de  tou- 
PfM.15.  cne  Pour  v°ir  ce  qui!  y  auoitenton  cœur  ,  6c 
ailleurs, Tentât  ~)>os  Pomtnus  Deus~\efter  ytpal'afiat 
"Vtrum  ddigatis  eum,an  «ow.Ccfte  pierre  de  touche, 
c'eft  pour  voir  fi  en  vous  il  y  a  de  Por  ou  du  cui- 
urcsc'cft  pour  voir  Ci  tu  l'aymes  ou  nb^T  entât  T>os9 
il  vous  tente  pour  voir  iufqucs  à  combien  s'e- 
itend  cet  amour  tien  cnuers  luy ,  vt  pdUmfiat  T- 
trum  ddiratts  eum  an  non  3  c'eft  pour  voir  fi  tu  l'ay- 
mes de  tout  tô  cœurj  fn  toto  corde  cr  m  tota  anima 
"\eftra  :  6  malin  cfprit  tu  fçauois  bien  cecy  ,  que 
Pieu  ordinairement  prend  la  pierre  de  touche 
pour  voir  fl  en  noftrc  ame  il  y  a  de  l'or  ou  du 
Sure  de  cu^rc  j&  tu  luy  difois  de  lob  ,Extendepaululum 
Sathan  ma»um  tuamfupcr  eum  ey  tage  eum,  pour  cela  il  ne 
laitfera  de  te  bénir,  Ipfefemper  benedicet  tibi.  Pline 

r.^«        dit  que  la  façon  &  manière  par  laquelle  on  co- 
iffa» 1  *     p  *i, 

tour     et-  8no1"  S1*v  a  de l or  en  vnc  mine  ,  cclt  lorsque 
çnoiftre     ^a  P'crrc  de  touche fe  tient  à  la  mine: Or  fu$,ame 
s'il  y  a  de  dcuorc  >  fi  quclquesfois  Dieu  vous  enuoye  des 
Y  or  en  -y.  rcntat*9ns  ^  ^ut  que  ces  tentations  tienncnt,& 
ne  mine     ^uc^es  Câccnt  cognoiftre  ce  qui  eft  au  dedans 
de  rame,il  faut  que  la  tentation  nous  face  ap- 
procher de  Dieu ,  ^Accède  a  me  ,  dit  ce  Seigneur, 
"\tprobem^trum  ddigisme.  Pline  remarque  que 
lé  f  terre  fo  picrrc  dc  touche  a  deux  parties  ,  l'vnequi  re- 
de  touche  garjc  \c  cic\dc  l'autre  la  terre  ,  celle  du  ciel  eft 
4  deux      pius  propre  pour  cognoiftre  l'or  que  celle  qui 
fautes,      regarde  la  terre  :  aulTi  y  a- il  deux  fortes  de  tenta- 
tions ,  l'vnc  de  la  terre  ,  qui  cft  la  propre  concu- 
pifeence  qui  emporte  l'homme  au  péché,  celle 
là  cft  mauuaifc  :  mais  celle  qui  vient  de  Dieu  & 


'Dimanche  âe  C  arc  fine.  109    • 

du  ciel  eft  tres  bonne  &  falutairc  ,  pourucu  que 
l'on  l'endure  mec  pacicnoc»c  eftlà  oc&c  tentauo 
qui  elt  la  plus  excellente  Ôc  c'eit  de  celle  la  que 
noltrc  Seigneur  ett  auiourd'huy  tenté,  D»àni  elt 
Jejw  m  denrtum  "V/  tentaretur  udidbolo. 

Les  coups  qui  le  ruenc  ck  les  armes  qui  fc  ^€rmes 
manient  en  ce  combat ,  c'clt  la  (ainrtc  Elcnrurc,  de  s*thm 
Satlun  le  iert  de  l'Eicriturc,  &  noltrc  Seigneur  crdeshe- 
aufli,S.  Augultin  au  trai&c  iS.lur  S.  lean  die  que  retiûues, 
les   iatndtci   Elcuturcs   mal    mrerpretees    (ont  <•',/?       [x 
des  verges  de  l'Egide,  «Se  iainft  Chryloftomc  dit  ÇdinclcEl- 
qu  il  ne  faut  feulement  lire  la  lamàtc  Elcnturc,  criturc. 
mais  encore  faut  l'entendre  ,  autrement  c'eft  vn 
mailles  A'ricns  difoienc  qu'ils  auoicnr  7i.pat- 
(ages  pour  prouuer  leur  heretie  ,  amii  les  Do- 
natifles  s'en  icruoient  pour  confirmer  leur  hc- 
relîe,  mais  laillons  cela, &  dilons  que  le  diable 
rente  noftie  Seigneur  par  la  fainCte  Elcriturc, 
&c  luv  darde  trois  coups,  pour  lclquels  cognoi- 
itrc  vous  remarquerez ,  s'il  vous  plaifk  ,  qu'il  y  a 
trois  (ortes  de  biens ,  ou  de  corps  ou  d'clpnt  ou 
de  fortune  ,  pour  faire  perdre  ces  rrois  fortes  de 

M  Sithan  ic  (crt  de    trois   fortes    d'armes, 
dc(qu:lles  parle  S.  Iean,^«;  :  m  mundo  sut 

(ntid  CArnu  ,  Mut  conçu;    rrntu  n  ulorum,  i.  ïou?>. 

nperbid  >»/rf,  cotre  les  biens  du  corps  il  (clerc 
de  gourmandilc  ,  de  l'auance  contre  les  biens  de 

'inc,&  de  1  orgueil  côrrc  les bicnsdc  l'elprir, 
voyez  ces  coupsqu'il  rue  contre  noltrc  Seigneur,      UJ  ' 
SifHias  Deies ,  die   "Vf  bpidri  l 'h  panes  f'unt  :  fOlU-'4*  4"' 

M  la  gounrnnJife  ,  de  laquelle  il  fc  fert  pouc 
rompre  le  jeuine  de  noltrc  Seigneur  ,o.goulu 
é  gourmands   ,    Uinci:  CLcmcnc    A:  in, 


no  Pour  leprtmht 

dit  que  le  figne  du  Taureau  a  larefte  contre  !g 
Dit  h  */w  venue, ainfi  le  gourmand  n'a  pour  Dieu  que  (on 
qourmad.  vcntre,lc  temple  de  ce  Dieu  c'ctl  la  cmfine  ,  l'au- 
tel c'elt  la  table  &  les  hofties  (ont  les  viandes 
diuctics'.Hsc  omma  tihidaloji  cadensador4uernme9 
voicy  le  fécond  coup  qu'il  rue  contre  noltrc  Sei- 
gneur,il  luy  monftre  tous  les  Royaumes  du  mo- 
de, &  promet  de  les  luy  donner  s'il  veut  l'adorer, 
c'cftla  féconde  tentation  de  laquelle  il  le  tente 
qui  eft  l'auarice  ,  tentation  dangereufe  &  mer- 
tSfmbhio  uc'Ilcutem.cnt  à  craindre.  Le  troiiîefmc  coup  eft 
dar^c-      Cc\uy-cy,Sijïlius  Deiesmitte  te  deorfum  ,  c'eft  pour 
Ytttfr.       l'ambifion,ceftainil  qu'ordinairement  le  diable 
elleuc  les  hommes  afin  de  les  précipiter  au  mal- 
heur ,  Tolluntur  m  altum  "Vf  cafu  çr/tutore  ruant  :  ôc 
Dauid  parlant  des  orgueilleux  &  des  ambitieux, 
dilott  a  DicUyDepecifli  eos  dum  elcuarentur ,furquoy 
îaindt:  Auguftin  dit  fort  bien,  Non  dixitpj  atteste- 
le cijh  eos  pofîjUdm  eleuati  funt ,  fed  deiecifit  eos  dum 
Bdîance     eleuirentur  ,  Au  mefme  temps  qu'ils  le  font  elle- 
de  la  ^ie  uez  ,  au  melme  temps ,  Seigneur  ,  vous  les  auez 
prejtnte,  abbaiiTez  &  femblc  qu'en  cecy  Dauid  vucillc  fai- 
Cr  de  /arevnc  balance  de  la  vie  prcfente&  de  la  vie  fu- 
jttture.     turc,  ik  vueillc  dire  ainlî  au  mefme  temps  que 
tu  te  veux  cllcuer  en  celte  vie  preicnte,  au  mdmc 
temps  tu  t'abailTc  au  plat  de  la  vie  future  ,  &  au 
contraire  ,  au  mefme  temps  que  tu  iourTre  cltrc 
le  DtaHeab^i^c  au  plat  de  celle  vic,au  mefme  temps  tu  es 
eflene   /rjellcuéau  plat  delà  vie  ccleltc&:  future,  ainli  dôc 
hommes    diloit  DaiùdyOeiecifrt  eos  dumeleuarmtur, 
fans   an-      Mais  ,  6  Ecclefiaftiqucs  ,  condderez,  cecy  en 
cttnmcri- pziïànz ,  que  le  Diable  a  eQcué  lefiU  de  Dieu  fur 
u.  le  pinacle  du  Temple  :  pour  monftrcr  comme 


Dimanche  de  Carefme.  m  : 

iîefleue  les  personnes  aux  hautes  dignirez  fans 
aucuns  metites  ,  il  conduit  les  hommes  lans de- 
gré, Staïuit illum  juper  pintculum temph ,  il  met  les 
personnes  fuper,  &  non  pas/w^r/r,  ô combien  de, 
Prélats  de  firent- 1 1s  eftrc/*/>er,a(ïis  aux  fupremes 
dignitezdc  l'Eglife,  mais  peu  qui  veulent  eltrc 
fuprk>  &  qui  veulét  trauailier  &  exercer  la  charge 
dVnbon  6c  vray  Prélat:  o  dignité  de  Prelar ,  di- 
gnité rigoureufe  &  onereufe  ,  quand  on  l'exer- 
ce comme  il  faut,  c'eftoit  dequoy  le  plaignoit 
Moyfc  en  lExode  ,  &  sébloit  mefme  fe  vouloir 
fafcher  contre  Dieu  difant ,  Cur  Domine  afflixift* 
feruum  tuum^Cr  onus  fopuli  tut  tmpofuifh  fuper  me? 
c'eft  la  charge  onereufe  de  prclature  qui  luy  fai- 
foit  dire  ccla,ô  que  de  peine  pour  les  Pielacs,quc 
de  veilles  &  de  follicitudes  pour  ceux  qui  sot  cô- 
ftituez  aux  fouucraincs  dignitez: voila  pourquoy 
nous  autres  qui  en  fommes  les  fujcis  nous  tom- 
mes tenus  &  obligez  de  les  foulager  par  nos 
prietes  &  parle  rcfpcct  que  nous  leur  deuons. 

Finalement  faut  remarquer  icy  vn  mot  d'im- 
portance ,  voyés  ce  que  dit  ce  malin  efprit  à 
noftrc  Seigneur  ,  Hac  omnia  ubi  d.ibo  ,  ic  te  don- 
neray  tout  cela, dit-il  à  noftrc  Seigneur  ,  le  te 
donneray  toutes  ces  couronnes ,  tous  ces  Ro- 
yaumes, &  toutes  ces  grandes  Seigneuries  que 
tu  vois,  5*  cAilt-ns  udoraueris  me ,  tout  cela  cft  à  ETime  de 
moy ,  Hac  omniA  uhi  daboydc  là  nous  pouuons/*  ^çm€, 
tirer  l'cftimc  que  nous  deuons  faire  de  noftrc 
amc  ,  comment  cft-il  poffible  que  le  diable 
nous  face  offre  de  tous  les  biens  de  ce  monde 
feulement  pour  auoir  noftrc  amc  ,  c'eit  bien 
plus,  le  fils  de  Dieu  inefrac a  prodigue  fon.fang 


ï  1 z  Tour  le  I.  Diman.  de  Carefmi. 
pour  auoir  noftre  amc  ,  iia  reipandu  iufquesa 
la  dernière  goûte  ,  &  la  moindre  goutte  d'icelu^ 
vaut  plus  que  mille  mondes  >  &  ce  pendant  vous 
autres  pécheurs  vous  ne  faidxs  point  de  con- 
science de  donner  voftre  amc  au  diable  pour  vri 
feui  petit  plaifir  ,non  non  ,  Chreftiens,  f(tfiflite 
diabolo  CT  lf!€  Aufugtet  a  ^obir.  Refiftcz  de  bonne 
heure  à  Tes  tentations ,  &  ne  vous  laiffez  empor- 
ter par  Tes  tromperies ,  vous  atfeurartt  quayans 
îcy  bas  vaincu  cet  ennemy  ,  vous  vous  rendrez 
capables  d'entrer  victorieux  «5c  triomphans  là 
haut  en  la  béatitude  éternelle  ,  à  laquelle  nous 
conduife  le  Pere,le  Fils,  &  iefainex  Efprit.  Ain$i 
fôit-il. 


SERMON 


SERMON     POVRLE 

LVNDY     D    APRES     LE 

premier  Dimanche 
de  Carcfme. 


Cum  venerit  films  hominis  in  mjieftdtf  pêà] 
Cr  cmnes  An^ili  cum  to>  tuncfidtbit 
umw.ucttatssftiJt. 

M    A    T    T    H.     2f. 

'Eftoir  anciennement  vnc  :me 

•.ijuce  i  ;  ôc  combats  Olym- 

,  cjue  lc  uy  cjui  là  ckui.  comme 
ht  uigcant  Jcsioups  pour  ani- 
i  «Scène  mrager.  dauâtageicj  A  i  hlctcs  vv  cô* 
!  Jf  lai  cric,  le  icium  au  bouc  uV  la  t  .mc- 
icmum  en  li  ir.iin  vnc  couronne J OliUC  ver- 
c,  de  !.  -         oit  elhc  ;nc  le 

ftont  iii,  |ui  .uioir  reporté 

J'honn-  ft  Jriutc  alli  - 

ftanec,  hyer  VOU1 

uers  n'eltoii  ,  qqi  la  vu  pi  c- 

^^».par  le  rcfmoignagc  cic  lob,  n  -  ;u'vnc 

II 


il  4  Tour  te  premier  Lunàj 

guerre  &  milice  continuelle ,  durant  laquelle 
l'home  fê  deuoit  exercer  &  combatre  désarmes 
de  i'cfpric  à  Tencontrc  des  ennemis  puiflansde 
fa  félicité ,  enuieux  de  fa  gloire  &  perturbateurs 
de  fon  repos:  &voicy  qu'auiourd'huy  l'Eglife 
parlant  du  grâd  iugemet  gênerai,  dit  que  le  Sau- 
ueur  du.môde  aefté  eftably  de  par  fon  Père  pour 
prciidcr  en  ce  iour  &c  iuger  des  actions  &com- 
portemens  d'vn  chacun ,  tenant  d'vne  main  les 
couronnes ,  &  de  l'autre  les  fupplices  >  pour  par 
celles-là  couronner  le  front  des  victorieux,  6c 
par  ccux-cy  punir  les  vaincus  &  les  enuoyer  aux 
obfcuritez  éternelles  ,  ce  fera  en  ce  iour  que  ce 
combat  fera  limité,  que  la  retraite  fera  fonnee, 
les  vrays  foldats  recompenfez ,  &  les  mefehans 
punis  &chaftiez.  Alors  fera  le  temps  venu  &  la 
iaifon  arriuee  que  les  lys  feront  feparez  des  cfpi- 
nés,  l'yuroye  d'aueele  bon  grain,  l'aigncaùdc  la 
côpagnic  du  bouc,  les  belles  mondes  fcqueftrces 
d'auec  les  immondes,  bref  les  bons  enlcuez  de 
la  compagnie  des  mefehans,  diuifion  iufte  6c  c- 
quitablc ,  qui  reistte  loin  de  foy  toute  faueur 
6c  acceptation  de  perfonne,laquelle  nous  eft  re- 
prefentee  auiourd'huy  dans  le  texte  Euangcli- 
qdede  S.Matthieu  (ous  ces  deux  mots,  Itèrent* 
te:\oy\a  lefommaire  dece  difeours  que  i'ay  au- 
iourd'huy à  vous  rcprefentcr,apres  que  nous  au- 
rons imploré  -l'afliitance  du  fainct  Efprit,  par  les 
mérites  6c  fauorablcs  intercclTions  de  cefte  bien- 
heureufe  Dame ,  qui  non  feulement  en  ce  mon- 
de s'eft  monltree  mère  mifericordieufe  enno- 
ftre  endroit,  mais  encore  fc  referueen  ce  iour 
du  iugement  pour  patrone  6c  aduoeate  media- 


dcCAYefmt.  ÏI5 

\vct  entre  Ton  fils ,  &  nous  autres  miferablci 
hulhcuieux  pécheurs,  diions  luy  dond 


-    ■  ' 


KVt'Crftc  grande  machine  de  l'Vni- 
uersJaiuc  quelque  iour  prendre  fia 
retourner  en  ion  premier  ncant& 
^§^  ^n(-i"n  chaos  Je  «ielordrc  &de  con- 
ta feulement  les  lâfn&ej  lettres  nous 
Papprennenr^  mais  aufli  les  lain&s  Pcrcs,ô\:  non 
feulement  les  Ss.  I}ercs,mais  encore  lesautheurs 
prophanes  &c  anciens   Philjfophes   ont  enici-     Çue    le 
£nc  la  mcl  me  doctrine.  Et  premiercmenr ,  pouc  monde 
ce  qui  cft  des  fainctes  Efcriturcs  Dauid  a  aflez  doiue 
du  quand  parlant  à  Dieu  il  mettoit  en  auant  ces  prendre 
paroles  :  Irinott*  Domine  terram  funJj/lt  cr  opéra  finL{din- 
tndr.uumtu  ira  font  cet  II,  ipft  peribunt,  eyomnes  àcut  ce    Ejcrt' 

uum  lrcteTdfcent.l)&  ces  paroles  &  par  ces  ture  le 
deux  choies  Ja  terre  &  les  Cieux  ,  le  Pfalmifte  tefikêigwe: 

is  a  voulu  enfeigner  que  toutes  les  tireaturei 
de  l'Vniuers,  arnuant  la  fin  desteps,  duiucnt  pe- 
ur, parlatu  principalement  des  créatures  iublu- 
raires  c\*  inférieures, car  pour  lesCieux  ils  ne  pe- 
int point  quant  à  leur  lubltâce  ,  mais  blé  per- 
dront le  mo  uement  local  &  autres  accidens  àc 
qualirez  qui  loin  en  eux ,  cédai  cil  tflet  docu- 
ment expliqué  parLjrranoi  fur  ces  deux  valets 
dnPtalmei   i.DaaahtageS  l  menfon  Apotn 

bch.l  >,  dit  qu'il  a  feu  vn  Ange  qui  <f  vu  pied 
tôttchoil  la  mer  J  <V  de  l'autre  laterre  ,  01  leuanc 
la  inain  vers  le  Ciel,  lurduitper  Irmcntrm  m  fêcmU 
fdciêlorum^HU  umpv.t  émpUm  non  trit  m  <ncbm 

H  II 


il  6  Tour  le  premier  Luncij 

l>ocis  feptimi  angeh9cum  cœ pérît  uba  canere^confum-' 
mabitnr  myflerium  Detficut  euangelifauit  pcrjeruos 
fuos prophète  :  Auffi  en  quelque  endroit  noftrc 
Seign.  diloic ,  que  ce  n'eitoit  pas  le  mefme  de  fa 
parole,  laquelle eft  éternelle,  que  du  ciel  &  delà 
terre,cardifoit-il,  Car/a;»  cr  terra.tr  anfibunt^erba, 
dutem  mea  non  tranfibunt*  Mille  autres  pafTagcs  de 
Que  le  la  S.  Efcriture  que  ie  pourrois  icy  alléguer,  veri- 
monde       fient  a/îez  fuftifamment  cefte  maxime ,  que  le 
doit  périr  monde  doit  quelque  iour  périr,  c'eft  d'iccllc  que 
par  le  tefi  l'ont  apprins  les  Pères, &  entr'autres  S.  Cyprian 
moignuge  voulant  clairement  reprcfènter  ce  qui  eft  de  la  fin 
des  ferts.  de  l' Vniuers  efcriuant  à  Dcmetrius  iuy  difoir:  //- 
ludprimoin  locofeire  debesfenuijfe  iam  mundum>non 
emm  die  ~\irtbw  flat  quibm  prins  fie  ter  a t  ,  ne  c  "Wjro- 
re  acrobore  eo  Galère  quo  atcà  prœualebar.jic  folio  oc- 
cafufuo  radios  minus  claro  <cr  igneo  fplendore  tacula- 
turSvc  déclinante  iam  curfu  exoletis  cormbm  luna  atte- 
vuitur^o*  trborquœ  fuerat  "\iridis  crtjcentibm  ramis 
fit  po[i  modum  fterilv^  crfinettute  deformis. 
Que    le  Pour  les  Pioplianes  ce  grand  Platon  eftima 

monde        pour  le  premier  Philofophe  de  (on  temps  enfei- 
doit  pren-  gnolt  publiquement  en  (on  efcole  quelemon- 
drefinpar  ^e  Benoit  c^rc  renouucllc  quelque  matin  par  les 
le  tefmoi-  ^cux  rnefmesclemens  qui  auoient  donne  prin- 
wave  des  CM)C  *  &  naillance,  c'eftà  fçauoir  Peau  &  le  feu, 
prphune.  °im  mc  ^'Àlt  croirc,o\  ût  cefte  maxime  queccPhi- 
lofophe  auoit  autresfois  leu  les  Ss.  Efcriturcs, 
le  monde  Icfquelles  enfeignent  que  le  monde  doit  cltre  rc- 
doit   efire  nouuellé  par  Peau&  le  fempar  l'eau  no9  trouuôs 
renouvelle  qu'il  l'a  dcfiacftê,  lors  que  le  Déluge  vniuerfel 
par   leau  arriua, lequel  abifma  toute  la  terre, ainfi qu'il  eft 
çr  le  feu.  eferit  au  Gencfe  cha.  7 .  voila  ce  premier  renou- 


de  Carefme.  117 

ucîlcmcnt  du  monde,  que  liaton  auoit  tiré  des 
faindfes  lettres. Pour  le  1.  il  auoit  appris  des  Pro- 
phètes, qui  tous  eu  gênerai  ont  eulcignéquc  le 
monde  dcuoit  quelque  iour  ardre  (k  bruflcr;  les 
railonsde  ce  rcnouucllemér  du  monde  par  le  feu  roUr1uoy 
font  fortdiuei.es  :  Cx  entr'autres  Philon  le  Iuif  wonde 
dônant  fon  adins  lui  ce  ,  dit  que  le  monde    -  " 

doit  ardre&brullcr  <xe(tre  rcnouuellc  par  lefco,  ..  " 

pooraotam  dir-il,que  la  loy  ancienne  tut  douce 

(c  p.ir  le  feu  (tir  le  mont  Smzy  ,TotM  autemi       CJC  ' 
mo  ibat  totjuod  dt  tDomtm        tu 

n  t.t .  Et  d'aufani  que  le  feu  a  en  (oy  deux  qu.di  - 
tezLVproprierez.ee  1  noir  luire  &  briller, 

aulli  fera  le  1116  le  icnouucL  par  le  feu, pour  mo- 
ntrer que  Dieu  efclairerad  vne  lumière  ce  le 
du  feu  de  fon  amour  ceux  qui  en  ce  mode  aurôc 
recherche-  l'accôplilTeroèf  de  (es  préceptes  :  mail 
aulli  br  1  éternel ,  ceux  qui  auront 

vclcu  Iclon  le  branle  de  leur  propre  volonté  ,  ik. 
(c  lcront  afïeruis  an  peché  ,  au  melprts  de  les 
commandement!  ce  au  préjudice  de  les  loix. 

autre  dira  que  ce  feu  rcprcfcntc  les  deux 
chofes  que  celuge  gênerai  tiJJra  entre  (es  mains 
au  iour  du  Jugement ,  c'eft  à  kauoir  la  couronne 
des  iuftes  ck  le  (upnhce  des  melchans  couronne 
qui  reprefente  la  gloire  .qui  n'cll  autre  que  Dieu 
mefmc  ,  qui  en  I.  ;c  Elcrirure  eft  appelle  Ot%%% 

,  Dtm  ;  umrns  rft  :    foppltC     des 

mefehans ,  qui  n'cll  autre  que  le  tcu  internai  & 
les  flammes  perpcruellcs. 

Vn  autre  nous  apprend  que  ce  renouuellemenc 
du  monde  le  doit  taire  par  le  tcu  ,  à  rîn  d'embi 

H   ii j 


n8  four.lefremttr  Lundy 

ièr  les  îuftes  en  i'amour  de  Dieu  ,  &  endurcir  les 
cœurs  des  peruers  &  iniuftes,  ny  plus  ny  moins; 
l'ùrtin  qne  fat  endurcy  cet  airain  Corinthien  ,  duquel 
de  Corin-  parle  Cœlius  Rodiginus, au  moyen d'vn  certain, 
the  endur-  feu  du  Ciel  qui  tomba  delîus ,  ou  bien  par  artifî- 
cy  p*r  le  ce,  lequel  feu  endurcit  de  telle  forte  cet  airain, 
feu»  °ilic  r'cn  au  rocmdc  ne  le  pouuoit  altérer. 

Les  autres  difent  que  cerenouuellemcnt  fera, 
fait  par  le  feu,  pour  par  ce  feu  nous  reprefenter 
i. choies  en  Dieu, fa  mifericorde  &  iufticc,mifc- 
ricorde  de  Dieu  qui  en  ce  gtad  iugement  efclai  - 
rera  &  illuminera  les  iultes  d  vue  lumière  de 
gloire  :  iuftice  de  Dieu  qui  bruflera  les  pécheurs 
&  les  condamnera  au  feu  rigoureux  de  l'Enfer. 
Mais  lailFant  toutes  ces  opinions  à  part,  ic  di- 

f       j  ray  feulement  que  celle  fin  du  monde  doit  arri- 
pri'fente  te  •  /         .    c    *  **  }  i 

1    J  uer  parle  reu  ,  non  pour  nous  rcpreienter  la  mi- 

courroux    r    .  r  »  r    . 

i  _  {encorde  de  Dieu,mais  la  terreur  diceluy  &  ion, 

lufte  courroux  a  1  endroit  desmelcnans;  iemç 

^  ■  '  fooderay  en  mon  dire,  fur  ce  qui  eft  en  la  faindte 
Efcriture  ,  en  laquelle  il  n'eftpasdir  que  Dieu, 
au  iour  du  iugement  doit  venir  en  feu  pour  les 
iu!tcs, mais  bien  comme  vnefclair  &luifant  So- 
leil, Ecce  Itobit  timetitihiM  Deum  orieturfol  tuftitis, 
Vous  autres  qui  craignez  Dieu  &  qui  faidtes 
ce  qui  cft  defon  vouioir,  vous  >feicz  efclairez 
du  Soleil  de  iuft  ce  ,  vous  verrez  (on  throfnc 
plus  brillant  que  le  Soleil  ,  Tkromu  eimficuifok 
&c  le  tout  pour  voftre  confolation  :  de  forte  que 
lors  qur  quelquctfois  i'Efcriturc  fain&c  dit 
r  iour  du  iiigement  doit  venir  en 

elanc  doit  eftre  entendu  pour 
!  \  terreur  &  irfroy  des  mef- 


de  Carefme.  119 

chins  qui  comparoiftront  à  lorsdeuant  letn-  ^r4/  *q 
bunal  de  celle  diurne  Majefté,  &  verrôt  leur  lu- 
ge ayanc  la  face  toute  de  feu  ,  laquelle  ils  n'ole- 
ront  contempler  >  /gnu  afacit  nm  exârdejcet.  Ils 
feront  clpouuentez  voyans  que  ics  deux  jeux  ^P0C4-1 
feront  comme  flammes  de  teu  ,  oculi  citw  aujfi 
fi.ims  mi^SoQ  throlne  dauantage  doit  eftrc  tout 
de  feu»  Thronm  ctw  jlamm*  t^nu,ôc  tout  pour  mô- 
ltrcr  la  Majcitc  d<*  ce  luge  fouucrain,  pleine 
d  ire  8c  de  fureur  à  l'endroit  des  pécheurs. 

Suétone  en  la  vie  d'Augulte  Cifar,  raconte    surunl- 
choie  citrange,fçauoireft que  ce  grand  Prince  Unfe  Ma- 
auoit  vnc  li  grandcMa  jcOc,quc  tanroft  (a  face,  a  jejté 
l'endroit  de  tes  amis  &  fauoris  ,  cltoit  mcrueil-  d'y-CuPu- 
leufemcnt  douce  6V  gracieule:  là  où  au  contraire  fie. 
à  l'endroit  de  (es  ennemis  il  auoit  les  yeux  plus 
efpouucntables  que  la  foudre  .   de  lortc  qu'vn 
jour  arrma  que  ceux  qui  auoienc  entreprins  de 
le  tuer,  air.ii  comme  il  nallbic  les  Alpes  ,&  de  lo    ,. 
p:ecipi:er  du  haut  en  bas  des  rochers,coniideras  1»    - 
les  veux  erîrovables,  n'eurent  le  cœur  ny  le  cou-  m"    * 
race,  ny  encore  moins  la  hardiclie  de  le  toucher,  I 

ams  bien  rolt  luy  tournèrent  le  dos,  &  le  retire-  ■     1 

rent  tous  la:iis  de  crainte  &  de  frayeur.  • 

Ce  que  nous  liions  de  cet  Empereur  de  Ro- 
me fc  vérifie  beaucoup  dauantage  en  la  perionne 
de  nolfre  Seigneur  Monarque  du  Ciel  &dcla 
terre,  lequel  cil  remply  d'\  ne  telle  Majcfrc  ,  que 
pour  les  b  Si  Ion  vilage  eft  très-doux,  mais  pour 
les  melchans  il  n'y  a  rien  île  plus  effroyable.  le 
n'irav  plus  loing  pour  cautiôuer  mo  dire  »  qu'.m 
1  .'me  \j.  par  lequel  l)juid  dem.in  ianr  pardon 
à  Dieu  de  les  rauies,  nous  reprefent e  en  luy  deux 

H  m] 


120  Tour  le prewitr  Lunâj 

viiage,  \hm  doux,  l'autre  efpouuenrable,  de  for- 
te,que  pour  Tvn  il  difoit,  Ne  proijcta*  me  Domific  k 

PfaL  79.  f*"e  'a«*,Scign. ne  m'eiloignc  s  point  de  voftre  fa- 
ce, ojhndefaciemtuam  cr  jalui rr/W*,difoît-il  ail- 
leurs, lidefiroit  n'eftre  ïamais  (epatédece  vu'a- 
ge  doux  de*Dieu:mais  de  l'autre  il  defire  en  eftre 
elloigné  &  ne  le  voir  ,  de  forte  qu'il  die ,  ^fuerte 
faciem  tuxm  a  me  ,  Seigneur  mon  Dieu  ,  retirez  de 
rooy  cevifage  courtoucé  duquel  vous  contem- 
plez l'horreur  de  mes  ofFences.  Véritablement 
pour  les  bôs  levifagede  Dieu  eft  plus  refplédif- 

tfal.  66.  iant  que  le  SoleiUufli  de  fait  le  mefmeDauid  di- 
foit parlât  de  ccluy-Cy  >  llluminct  yulwmjuumju- 
pernosvrmiJereatHrnojiri:  Pour  les  mefehans  la 
face  de  Dieu  eft  toute  renebreufe  Fumus  a  fade  e* 
tus  :  celle-là  eft  pleine  de  grâce  &  de  vertu,  Faciès 

JPJaî,  17.  tua plena gratta,  cclle-cy  eft  pleine  de  feu  ,  Jgms  k 
faciecms  exarftt9C elle  l.iguarit&eft  fort  falutai- 
ie,Sanit<t4  in  penms  ems\  c'eft  à  dire  en  fes  yeux>cel- 

Vfal.l  9.  ^C"CV  r^'d  malade, No  e\}\amtds  in  facie  etus,  Cel!e- 
cy  CzuuC'Ofîendefaeitmtuam  çyfalui  erimu\ cclle- 
cy  perd  &  dârtc  les  pécheurs  ,  Quitus  Damtwfttper 
facientcs  w4/^,Ctliclà  eft  belle  &  gracieufe,  liU* 

TjAl.  33.  jlrafaâem  tua  fuper feruum  tuum  ,  Celle  cy  eft  hi- 
cheufe  ôceipouuùtablc.  Praxis  ad  ^idcndum,  cel- 
le -cy  eft  defirablc,^  muent  gratta  cor  a  te  oftende  mt- 

Pjal.  y.  htj-uxicm  tUéim, difoit  Moy(c  à  Dieu, mais  celle-là 
fait  dire  aux  miferables  dzncz,Montes  eaditt  Juper 

kXQ.  y  y .  nos  ^  abfcondttenos  afactejedenips  fuper  thronum^r 
ah  ira  agtù  ,  C'tft  la  eau (e  pour  laquelle  le  iuge- 

tSipoc.  6.  ,Vl;.,  gCQeM§  fc  fcra cn  feu ,  feu  qui  reprefente  la 

fureur  J  j  luge  &  la  côdânation  des  pécheurs.  Si 
ccn'cft  que  par  vn  fmguiier  myftcre  &  cocepuô 


àcCArefmf.  m 

profonde,  nous  couderions  en  ceiogetnéter  015 

choies  que  nous  repreLntc  le  rcu  en  (es    pro-  Iro:$  .^ 
prierez  lç-.ucm  ,  1  ,ucur,  la  lèpararion  &  le  *  :0iiMï- 

brullemjnt,  choisi  qui font  coojoindces eb  00-   ,  âU 

ftreEuaogilc:  la  lueur  rcprcJfncclaMajeftédi-  marnent, 

tlinedu  \\.\'^çyCum"\tnerit  films  bomimstnmAiest  tte 
jud.  Secondement  nous  y  trouuôs  lafepararion, 
>ut  ainù  que  1  or  c il  par  le  rcu  leparc  de  l'or- 
dure SCCXCI  ':  ain'1  aa  i°lir  du  Jugement 
roue  les  b  irez  d'aucc  les  melchans  ,  Ft 
conrrtçjiuntur  ante  cumemnes  ^ente:  £r,'p*rj(>itt4é 
t  pAJhr  (*gr*té  *  ijœdn .  5  Je  te  u 
qui  brulîc  nous  figure  rort  bien  la  fcntcncc  des 
damnez,  Itcmx'.ca.              nrm  dternum^cc  lont  les 
•-,  dece  preiène  irrmon. 
Et  pour  Ce  qui  CJJUCec  llde  premier  point,  ic  I->tm.itefle 
dis  que  la  N            de  Dieu  ru  te  mieux  de  Oïtn 
reprefentec  que  fooj  le  frmbolc  ÔC  hiéroglyphe  rcprrsctee 
du  rcu:  Mtrtîc  ,  d.loic  ccluv-la  ,  mjiefldf  t^nts  tri-  pArlc  feu, 
bmtur,<iuiu  Vcnnde  *c )i  ut,  htm e/fetyftncif!  <r*  t.c 
nnnnotrt.  A  bon  droit  ôc  à  îuitc  lu;ct   vnc  ma- 
jctlc   cit  accomparcc  au  Feu  ,  pourec  qu'il  cil 
impolliMc  que  celuy  qui  de  trop  pre  tôt 
approcher dÔ  fet]  ne  rciîcntc  quelque  douleur, 
amn  celuy  qui  trop  curieulemcnt  le  veut  inge- 
rcr  de  pcnccrcr  dans  ics    lecrers   de  la    diurne 

pert  incontinent  ,  &  ne  rrouue  qi 
deUdifficulté  :  que  dirons   nous  de  ceux  qui 
tcmcraircment  mettent  la  main  lur  I  . 
dcsK-vs  ,  le  peut-il  fane  que  ce  feu  qu'ils   v: 
lent  toucher  ,  ne  leur  t.\^c    : 
leur-  Bot  non,  il  cil  rotn  ceftlil 

Icneni  'ici  J eûre 


I2î  Vôttr  le  premier  Lundf 

Ceux-là     matériel,  mais  encores  aux  flammes  éternelles,  fi 
soi  dignes  Dieu  ne  leur  faide  grâce  &  mifericorde,  pour  au- 
d"      fe  «tant  que  la  Majcité  Royale  n'eft  autre  chofe 
a  Enfer ,  ^  qu'vn  efclat  &  participation  de  celle  de  Dieu:  Se 
lm  ^eu^et  que  tout  ainfî  que  Dieu  veut  que  toates  creatu- 
toucher^  h  rcs  ployent  le  genoiiil  deuant  la  Majcité  diuinc, 
Mafefte      ^udî  veut -il  qu'en  terre  les  fubieérs  honorent 
des  i^ojs.  jcur  Roy  &  tcC?cacm  fa  Majeftc.  CefteMajefté 
deDieu  eilicy  par  fain£t  Matthieu  reprefentec 
accompagnée  de  gloire,  Cum  l>eneritfîlius  homims 
m  maiefUtefudy  cr  omnes an^eli  cum  eo.  Il  larepre- 
fente  afljfefur  vn  throfne  pourd'auâtage  la  té- 
dre  effroyable  aux  pécheurs  ,  qui  alors  côparoi? 
fttont  en  per Tonne  deuant  ce  faincl:  &  facré tri- 
bunal. Et  il  bien  nous  lifons  de  Marius  grâd  Ca- 
pitaine Romain  ,  que  durant  fon  ilxiçtme  côfu- 
lat  il  fut  député  pour  mener  guerre  à  renconrre 
de  Mithridates,  où  il  fut  prins&  mené  en  prilon 
en  la  ville  de  Minturne,où  cftans  les  officiers  du 
M        Roy  conclurent  &  arrefterent  qu'il  le  falloit  fai- 
**rlTl  '  remour":  persône  alors  ne  fc  trouuaqui  voulue 
n  ojé  fat-  vcnir  àchef  de  cefte  entreprinfe ,  finon  vn  ccr- 
re  mourir  tajnGaulois  de  nation,  lequel  corne  il  aprochoic 
Manu*  a  ^  |a  c|lambrc  jc  Marius  tout  cfpouuanté  de 
çsuje ifc     voif  ^  Majefté,  &  effrayé  en  luy-mefme ,  confi- 
Lpfrete     cjccant  pafprcté  de  fon  vifage  ictta  l'efpee  con- 
dejon  l>i-  tfC  terrç^  &  retournant  en  arrière  crioit,Aro»  pof- 
J*&e*         jum  Caium  Matrum  tnterficere. 

Nous  lifons  femhlahlemcnt  en  l'hiftoire  Ro- 
^°trm    mainc,  que  ce  grand  Catond'Vtiquc  pour  auoic 

^  *     autres  fois  feruy  le  party   contraire  de  Cefar, 
trouuer        .    r  7.        r  .    i     „       .     ,       ,    r  „_ 

i  ainfi  comme  on  le  vouloit  çotraindre  de  le  pre- 

™r  tenter  deuant  fa  perionne  ,  dit  que  plultoftU 

Cejar.  k 


dcdrcroir  mille  fois  mourir  que  fe  rrouucr  dé- 
liant la  M  '  J  Prince  qu'il  auoit 
orfonceen  rauonfant  (es ennemis. Si  les  Majcitcz 
dz  cdl  Monarq  les  ont  eu  telle  force  que  dcl- 
:  les  plus  rclolus  ,  dofler  le  cœur  aux 
plus  co  irageux  ,  oc  l'r.rim  1er  les  pms  hirdis, 
que  pourrons  nous  due  le  la  Majeftc  de  cegrij 
Dieu  au  iour  du  ut  ,  affi  tee  de  la  gloire,  .yfss'a/.p. 
fera  il  poifibleqqc  les  pécheurs  puilfent  rcliltcr  h 'a-,?,  i. 
deuanr  vu  tel  Solcil,qui  rcr.i  toSer  fur  eux  mille  o/rr.io. 

merresde  m«l-dutions ,  alors  ils 
voudroicnc  bien  fc  cacher  ,  mais  hcLislil  n'y  aura 
m  ncn,ilsappclIcront  la  mort, mais  tant  plus  ils 
Ciieroc  plm  s'enfuira  elle  d'eux, /fj  diebusiUtî  tuè- 
rent '■  mirtem  cr  non  inmefÛeBê  (tm,  dejuderjt- 
bnit  monter  ji' riet  mors  ab  t ,  . 

Piinc  du  qu'il  n'y  arienqniraceplaftofteC> 

pouuentcr  le  Ivuii  ,  ny  qui  le  prouoque  d'auan- 
tJ^r  a  la  Riitce  ([  iz  le  rcu.  C'clt  :cy  le  premier 
filpplicc  des  niclchans ,  qae  laviuc  n'anime  de 
la  choUre  6:  indice  de  Dieu  dpouucntcra  de 
celle  lorte  qu'ils  aym:i  oient  mieux  mille  fois 
en  lurer  le  feu  éternel  de  1  Lnfcr  ,q  îc  defuNli- 
iter  vnc  (cuie  minute  de  retnpj  demnt  ce  I  î 
brodant  de  l'ire  fc  de  !a  fureur  de  Dieu  ,  tel-  Cr  'me 
moin  ce  que  d'.l bic  Io  \  hiditytmmftrm^Be  le  4- 

prote^js  me  ,  dnti-c  f  >r  tuu;.   Helas'  **#!  ii  U 

mon  Dieu  perfonne  n  il  cette  trace/*    " 

que  me  cachet  dani  les  fî  1  0  nés  d'F.nrer ,  peu-  P. eu. 

àaocqucvoftrefu  le  que  voftre  di- 

•   M  iera    1;  1     -         i;urc  les    | 

ir  élire  qae  |oelq  iVn  (ê 

tout  *  .u  ik  brullc  q  . 


124  Pour  le  premier  Lundy 

ceux  qui  s'en  approchent  detrop  prés,&que  par 

ainfiil  n'y  aura  du  danger  que  pour  ceux  qui  fè- 

ront  auprès  de  cefte  Majefté  diuine:mais  ne  vous 

trompez  pas  ,6  mondains ,  car  Dieu  eft  vu  feu 

qui  brufle  iufqucs  au  plus  profond  des  Enfers, 

&  n'y  a  homme  pécheur  qui  puirtè  éuiter  les 

flammes  de  fa  iuftice. 

te      lion     Les  Naturaliftes  rapportent  du  lyon  chofe  ad- 

crunt  ef  mirable,car  ils  difent  que  dés  aufli  toft  qu'il  crie, 

fouueme    ics  belles  les  plus  légères  &  les  plus  ibuplesà 

les  autres  la  courfc  s'arreitent,&  demeurent  toutes  crainti- 

animaux.  ucs&cftonnces:Si  la  voix  d'vn  animal  a  tant  de 

vertu  que  d'intimider  les  autres  animaux,  que 

fera-ce  de  celle  de  Dieu  ,  qui  porte  aucc  foy  vne 

MajcftéjVne  puiflance  infinie  ,  voix  de  Dieu  qui 

edonne  les  Cèdres  du  Liban  ,  qui  par  fa  force  Se 

Voix    de  vertu  brifera  les  contempteurs  de  fa  diuinc  pa- 

Ditu    ef-  rôle  :  voix  de  Dieu ,  viuc  flamme  du  feu  qui  de 

fouuentA-  routes  parts  eftincelle  pourbruflcrSc  embrafer 

ble.  les  mefchans:voix  de  Dieu  qui  pénètre  les  cœurs 

plus  fecrets,&  les  cabinets  plus  cachez  des  a- 

mes,  alTeruics  fous  le  ioug  de  l'impiété,  voix  de 

Dieu  ,  feu  bruflant  qui  réduira   en  cendres  au 

iour  du  ingénient  les  inefchans  endurcis  en  leurs 

vices,  qui  comparoiftront  en  ce  iour  ny  plus  ny 

moins  qu'vne  poignée  d'eftoupes  ,  choies  qui 

pcuuent  facilement  élire  confumées  par  le  feu, 

eruntmali  quafi fîipuU ante  eum>  dit  le  Prophète 

Malachic. 

Si  ie  dis  que  Dieu  eft  vn  feu  bruflant ,  quel- 

f07>qu'vn  dira  qu'il  fe  pourra  éuirer  enfuyant  :Si 

ceptton.     jc  ^js  jauanragC  qUC   Dieu    paroiftra  comme 

vn  lion  au  iour  du  iugement ,  le  pécheur  pourra 


âcCârefmt.  125 

efpcrer  que  tout  ainfi  que  le  lyon  qtioy  que 
touche  &  cruel,  pardonne  vol         .    à  ceux  qui  ie     \^Qn 
profternent  aies  pieds  :  ainlï  Jna  il,ii  Dieu  cfkùârJomu 
vn  lyon  ,  il  eft  à  prcluppofcr  que  ce  proUcrnant  itcemxfêi 
deuant luy  il  fera  mifcricoi  fe  profter- 

is  net'abufccnc  -  pécheur  !  car  non  nent    dc- 

fculcment  il  viendra  en  rcu,  tra  comme  ««ftfJay. 

vn  lyon  >  mais  aulli  Ici  a   I  à   l'ouric> 

befte  à  la  vente  qui  de  l'a  nature  cil  douce  ,  iî  Dieu  feré 
ce  n'eit  au  temps  qu'on  luy  a  rauy  les  petits:  ftmhUhlè 
car  alors  elle  eft  implacable  ,  .1  homme  h  4     ïourfe 

iurdy  qui  en  ofc  approcher  ,  I  ..iion  de  ce  mi    iuvt* 

eft  pour  autant  que  l'ourle  ayant  plus  de  peine  ment, 
que  tous  \cs  autres  animaux  de  la  terre  à  pro- 
duire les  per.rs  ,  les  ayme  Se  les  arrcctjonnc  ou- 
tre médire  ,  &  quand  vue  rois  on  les  luyarauis, 
ellcdcuicnt  comme  enragée  Oc  cil  fort  cruelle. 
Les  Naturalises  difent  qu'elle  produit  par  deux 
rois  les  petits,  la  première  fois  quand  ils  loitent 
de   (on  ventre  ,inaisators  ce  ne  (ont  que  malles  toUefimi* 

hair  ,  lans  ronn:  nv  perfection  aucune  :  par  &****• 
après  pour  la  féconde  fois  clic  par  la 

langue  leur  donnant  des  yeux  ,  Iles.  » .  Ac 

autres  membres  &  paif.es  de  leur  corps,  O  mon 
Seigneur  ,  c'eft  1  unie  (ujet  que  vous  VOUS 
comparez  a  l'ourle  ,  cV  que  vous  dttet»0<  m? 

■:<j/i  >r/4  rdftii  céiuhs  :  parlant  des  pechenrfj 
n'cll  il  pas  vi.:v,ù   v.\on   Diea ,  que  nous  ail 
enge  louble 

naillancc  ,  mais  en  !  1ère  nous  n'elhons  Doullt 

qo'f  ne  msjle  de  chaii  :usen|         ,  &poui 

la  1.  rou  vous  nous  auer  enj 
langue  ,  &  aucz  grauc  fui  noftl  C  amc  les  traits  cV  me . 


12  6  Tour  te  premier  Lunày 

linéaments  de  voftrediuinité  :ô  diuine  langue; 
6  faille  Etprit ,  qui  en  forme  de  langues  pani- 
fies en  l'Eglifc  le  iour  de  la  Perttecofte^'eft  vous 
qui  tftes  autheur  de  la  grâce  en  laquelle  nous 
fouîmes  régénérez  par  l'eau  baptifmale  :  de  for- 
ts que  Dieu  louuerain  &  éternel  nous  ayant  en- 
gendrez premièrement  au  ventre  de  noftre  mè- 
re ,  feulement  comme  vne  ma(!e  de  chair  &  dé 
terre,  s'eft  referué  à  nous  donner  noftre  formé 
en  la  féconde  naifîance ,  par  laquelle  il  veut  que 
iious  foyons  plongez  dans  les  eaux  du  Baptefme 
où  le  (aindè  Efprit  rend  noftre  amc  parraicflc  Se 
Formée  de  toutes  Tes  parties  celeftes  &  spirituel- 
les. 
la  .  /»  Celle  vie  fpirituelle  &  celle  naiiîancc  qui  fe 

jftruHdle  faj^  ajn^  paf  je  moyCn  de  la  grâce  eft  double, 
ejt  double  t'cft  a  (fircylpès  que  ie  fuis  Baptii é  ie  fuis  bien  en- 
ehnetis.  gendre  de  £)jCUj  &  ay  bien  vne  vie  diuine  ,  toù- 
tesfois  ie  ne  fuis  qu'vne  malîè  de  chair,  bien  que 
par  le  Baptefme  ie  rcçoiue  la  foy  ,  &  que  i'aye  la 
charité,  ce  ne  font  neantmoins  qu'habirudes ,  ie 
ne  fuis  toufiours  cju'vne  malle  fans  forme ,  attë- 
du  que  ie  n'ay  ny  yeux  ny  mains, c'eft  à  dire  ,  que 
ie  n'ay  point  d'œuurcs  qui  forment  les  vertus 
qui  m'ont  elle  infufes  au  Bapteime,(ans  lclquel- 
les  ceuurcsiccllcs  vertus  infufes  n'ot  aucun  me- 
rice:  voila  pourquoy  pour  vne  féconde  généra- 
tion il  eft  necedaireque  ie  lois  intérieurement 
forme  &  r'engendré  en  bonnes  ceuurcs ,  au  mo- 
yen de  la  langue  de  la  parole  de  Dieu,  aufïidifoit 
faincl:  Paul  prefehant  cefte  diuine  parole ,  Fiholi 
met  quos  tierumpartuno  denec  m^ohis  formetur  Cbri- 
fttis:U\oy  ^  dit  cet  Apoftre ,  que  vous  àuez  eftë 


dcCarefmel  1:7 

premièrement  engendrez  par  la  foy  au  Baptcl- 
mc  mais  ic  ne  vuy  qu'vnc  mafle  de  chair ,  îc  ne 
voy  aucuns  membres  ny  parties  formées ,  ic  ne 
rov  rien  de  tout  ccla,voyla  pourquoy,  FtiioU  ma 
Ifos  iteruin  purtuno.   Ic  vous  r'engendre  derechef 
au  moyen  de  ma  langue,qui  vous  annonce  la  pa- 
role de  Dieu  ,  afin  de  former  en  vous  les  parties 
qui  vous  manquent, &  qui  vous  font  les  plus  ne- 
celïaircs. 
C'cft  donc  ainfi  que  Dieu  nous  a  engédrez  deux 
fois ,  la  première  dans  le  ventre  de  noltrcmcre, 
la  féconde  au  Baptelmc  ou  bien  la  première  par 
la  grâce  qu'il  nous  conrerc  au  Baptcirnc.cV:  la  le- 
çon le  par  fa  diuine  parole  :  &  nous  ayansainli 
doublement  engendrez  quelle  merucillc  s'il  nous 
ayme  &:  chérit  vniquement  par  dcfïus  toutes  les 
autres  créatures  de  iortc  que  fi  quelques  fois  à 
noftrc  grand  malheur ,  nous  nous  dclrobons  a 
luv  par  le  pechc,pour  nous  rendre  enfans  de  Sa- 
than  ,  quelle  meruei  le  G  au  iour  du  iugcmcntil 
le  emportera  enuers  nousny  plus  ny  moins  que 
l'ourle  furibonde  fe  côportc  à  l'endroit  de  ceux 
qui  luy  ont  rauy  fle  dclrobé  fa  chère  portée  ?  oc- 
currdm  (istjuji*  ~\r,4rjptis  câtuliS) Telle  fera  la  Ma- 
iclîc  de  ce  luge  fort  bic  reprefentec  par  ces  paro- 
les de  fain&   Mathieu  ,  Cum  ~\nunt  jUim  hnmmis 
tune  iedeiit  [uperJeJem  mutcflatis  jujc  ,  o  quel  lîcge, 
quel  throinc! 

L'Abbé  Rupert  cfcriuanr  fur  le  troilîefme  li-  le  '*ff- 
urc  des  Koys  ,  &  parlant  de  ce  throfnc  de  Dieu,  ment  com- 
èk  que  le  illgetneOC  doit  dire  lemblablc  au  rW  ** 
throinc  que  fît  le  R>y  Salomon  ,  throinc  throfnc  Je 
grand  &cilcuc  ,  ggfl^f  »di&îl  tfic  throjnm  mji  Sdlomon. 


128  Fûur le  premier  Iftidy 

It'.iUmls  Du  majefias  ?  &  vn  peu  après,  çnW/i  thro- 
nustil  <\uu  grande  tudiuum  expettamui  :  IctCcZ  les 
yeux  fur  'es  parties  du throfne  de  Salotuon  vous 
verrez  que  la  montée  &  Ses  degrezpoury  mon- 
t-r  eit  oient  dyuoire,&  le  throfne  eftoit  (Torique 
lignifie  cet  or, &  cet  y  noire  :  l'or  de  ce  throfne, 
qui  cil  le  plus  pur  des  métaux  ,  nous  reprefente 
que  la  iultice  de  Dieu  fera  pure  ,  turus  thronus  ex 
pwtiutt  iuftitUi  II  n'y  aura  en  ce  iour  aucun  mef- 
langede  mifericorde  ,  la  iuftice  du  iuge  fera  pure 
comme  Yox^yCurea,  iuftitu  app a rebi t. Mais  que  re- 
prefente cet  yuoire  dont  la  montée  e(t  faicte? 
Que     rf-  Anciennement  paritiv  les  Romains  les  throlnes 
des  iuges  cltoient  dyuoire  ,  comme  aufli  les  de- 
ïor      ty  grez  pour  y  moter  cci'e  môtec  d'yuoire  pour  al- 
l'juoirt  de  1er  au  throfne  de  Salomô  ,  throfne  qui  reprefen- 
ce    tbrof-  te  leiugemcnt  finaLyuoirequieft  prins  c*  rire  de 
nct  l'Eléphant ,  Eléphant  qui  ne  peut  fe  ployer  &C 

eft  inflexible  ,c'eft  pour  nous  reprefenter  la  ri- 
gueur de  ce  iugcfouuerain  >  lequel  ne  fléchira 
ny  par  leiang,ny  pour  l'ormy  pour  l'argent^  cft 
là  cet  Eléphant  qui  ne  peut  nullement  flech  r  le 
genoiïil.  Cecy  nous  a  efté  fort  bien  reprefente 
par  S.  Ican  en  Ion  Apocaîypfe  ,  quand  il  aditSfc 
]oan,  KA-  parlant  de  ce  iuge  ,  Et  ifje  rt^et  cas  in  "\ir£<*  ferreu , 
foi.iy  grancj  Apoftre  que  dites  vous  ?  pourquoy  plu- 
Itoft,/»  yirg*  ferrej,quc,plumbeo}b  verge  de  plôb, 
tu  es  flexible, là  où  au  contraire  la  verge  de  fer,nc 
peut  fléchir  ny  ployer  fans  fe  rompre  ,  pour  di- 
re que  ce  iuçe  ftra  inexorable  &  ne  pourra  flé- 
chir par  les  prières.  On  dit  que  la  Loy  Lcfbia 
eftoit  fort  rigoureufe  ,  fi  eft-ce  toutes  fois  qu'el- 
le fléchilToit  en  quelque  chofe.      Le  Sénat  des 

Aréopages 


àeCjïffme.  12  9 

Aréopages  en  Athènes  ci  toit  tres-feuerc  &  n- 

reu* ,  mais  il  pan         rit  quelque         ,  2c 

auoit  pitié  des  crimi.  .  0uDkuj.11  iourdu 

.mène  n'aura  pitié  ny  ne  fera  mifericordei 
aucun:voilà  corne  Y\  noire  Se  le  fer  reprefentét 
l'inllexibilitc  de  la  milice  de  Dieu, &:  l'or  fa  pu-    . 

.  Pline  dit  que  l'or  ne  fourr're  auam  débris, 
audience  iourdu  act  il  n'y  aura  aucun  de- 

bris,  nulle  actiô  tant  petite  fait  elle,  qui  ne  foie 
peiee,  tout  fera  examine.  S  S  que  par  cet 

orqui  cil  autour  du  throfnede  Salomon  nous  f^fJUL 
vouliosenredre  \  n  autre  myitere:N'auez-vous     ur  ^Qf 
iamais  ouy  parler  de  la  raçô  d'efprouucr  l'or  es  *%  ^^  • 
Indes -on  dit  qu  cntr'euxlors  qu'il  cft  queftion, 

amineriil'or  cil  fin  5e  parfaict,on  y  va  tort 
exactement, on  ferme  les  feneitres  de  peur  que 
le  vent  n')'  entre:on  allume  la  châdclle,on  pred 
le  trébucher,  &  ne  prend  on  l'or  aucc  la  main 
pour  le  mettre  en  iceluy  tresbuchet,  ains  auec 
des  petites  pincettes  &  ne  faut  que  ce  foitàla 
prefencedu  Soleil,  citant  pofé  on  le  met  en  la 
fburna:  ;uelque  temps  on  le  re- 

tire ,  citant  retire  on  le  pcfc  derechef,  ft  s'il 
ne  pefe  autant  qu'auparauant  c'eft  ligne  qu'ils 
n'eu  pas  pur  :  ainlï  Dieu  veut  pcfcrnosccuurcs, 
mais  auparauanr,  il  obfcurciralc  Soleil  8t  la 
Lune, il  allumera  la  châdelleêc  La  lumière» 4 
tJm liinufth.n  &  fa  initiée  ilruira  de 

tresbuchet ,  pour  examinera  ^ir  ii  nos  cru-  Lts  *** 
uresfunt  pures  iv  mentoires:voila  ce  que  nous  """    liu 
•.qui  cita  lentour  du  tfaiofeç *^m 

Dauantage  il  y  auoit  deux  lions  S"omri» 
u  coite  d  iccluy,qui  holu>  reprclcntcnt  cc^  deux 

I 


ï  i  o  Vôm  le  premier  L  uhJy 

lions:  c'eft  pour  dire  auecfaincl:Paul,que,  Voir- 

Ad  Ihb.  rendum  est  wctdtre  m  munus  Dtt  vwentts  :  ces  deux 

10.         lions,ditRupert,e'eft  pour  nous  enfeigner  que* 

y  tunique  terribde  trit  wdiçium,  pource  que,  ajw$» 

sîris  tmqutts  condemmbitur  ,  er  *  ckxim  vtx  ihHus 

*  jaluabitur  Les  fix  degrez  pour  monter  à  ce  throf- 

ne,reprefententlesfîx  ceuuresde  mifericorde* 

defquelles  il  eft  faict  mention  en  noftre  Euan- 

L«   de-  gile,  ejtmuit ,  voila  le  premier,-  ptuutyvoila.  le  2. 

gtez  àt\a.  bo/pu  erum  voila  le  troiiiefme, mdus  tram  9  voila 

vicntte  dt  le  quatriefme,  infirmas  eram, voila  le  cinquiefme* 

ce  tbtojne  m  carcne  ew/t,  voila  le  fîxiefme  :  voila  ces  Cix  de- 

tepr(jcn-  grez  lcfquels  il  faut  monter  pour  paruenir  à  ce 

/cHf/fs/Jxthrofne. 

at'ures  Secondement  en  ce  iour  du  iugement  fe  fera  la 
*&»>//<>/- feparationreprefentee  parla  2.  qualité  du  feu, 
corde.  qui  eft  de  fcparer,il  faut  qu  é  ce  iour  les  homes 
(oient  difccrnez  les  vns  des  autres,-  Dieu  appel- 
lera deuant  luy  le  ciel  &  la  terre  Aduocabit  cœlum 
de/ur/um  &  te*r*mdtorjum%  il  afséblerale  ciel  &  \x 
tcrre,les  iuftcs  &  les  pécheurs,  les  corps  &  les 
zmcSjdtfetrnft fwpuiH l**m9  c'eft  là  lafeparatiô,8c 
cornent  fe  fera-elle? <\t*ts  eft  rjut te dijcenat  Efcou- 
tei  cecy  ,  Rcfotrhczjie  ne  veux  icy  parler  de  1# 
predeftination,&  môftrcr  comme  Dieu  a  fepa- 
rc  des  mefchans  les  âmes  predeftinees  de  toute 
eternite:  mais  en  ce  ioûr,</»»<  te  ^/Ivrof/ïc'eft  icy 
vu  point  qui  touche  les  infidèles,  les  hérétiques 
&  les  mauuaif  Catholiques,  ce  feront  nosceu- 
urçsqui  nousdefcoimrirôt  &  nous  feparcront: 
y.càv  prenne  de  cecy,  no9  n'irôs  plus  loin  qu'en 
noftre  Euançile ,  &  vous  verrez  comme  cette 
Réparation  fe  fera  par  les  <x\xur es,  Efurwit  tmm^ 


àt  C(tr'fme,  I  ;  I 

'ieJtftis  mihi  m.wlucjre ,  fitiui  %  crc  Remarquez  cet 
cefte  particule  caufalc,  poflbdez  le  i;aradis, 
dift  Dieu  aux  bien  heureux,  )n>i  -i  r*tmt  pouree 
quei'ay  eu  faim  &:  vous  ni  liiez  donné  a  man- 
ger:iv  au:,  mcfchansildira,  Allez  tmmcs 

éternelles,  'jhum  <  {  a  taim&  ne  m'a-  ( 

Dczdônt!  amiger.  Grand  Dieu  par  deux  riches 
paraboles  vous  auez  voulu  montrer  ce  que 
vous  voulez  faire  en  ce  iour  du  ingénient:  l'vne 
cfh  en  Sainct  Matthieu,  Oum>  *\ktifutwm  <*\jnt 

•  mcxcind.itur  or  mittjtur  h  t*er,m  :  Tau-  -\jJttr 
rre  Ce  void  encore  au  mefmc  Sainct  Matthieu:  I2 
ou  il  eit  dit  qu' vn  iour  le  fils  de  Dieu  trouuanc 
vnhgucr  fansfruict  le  maudit,  Xumfjuam  tx  te 
WâjtéBur  ftuc/u-;  toutesfois  fainct  Marc  remarque 
que  ce  n'eftoit  le  temps  des  truifts ,  &  pourec 
dira  quclquvn,  c'eftoit  a  tort  que  noltre  Seign.  Mjrtb! 
le  maudit  :  quelques- vus  difent  que  noftreSei-  l  ^ 

ur  maudit  le  figuier  qu'il  trouua  fans  fruict, 
pour  nous  reprefenrer  qu'il  veut  que  l'homme 
OC  foit  Limais  deitituede  fadâs  &  de  bonnes 
cruurcs.  Or  fus  cesdeux  paraboles,  l'vne  qui 
eft  de  l'arbre  qui  doit  eftrc  îetté  au  fen  ,  l'autre 
du  ruicts  qui  tut  maudict ,  nous  re- 

présentent  ce  que  Dieu  doit  taire  en  ce  iounail 
ingénient  contre  les  mefehans,  X^mâkéHtm  p  ' 
étttiuum  li      i  .:1a  la  malédiction  :  h  $& 

dt*r»umy  voila  pour  li condamnation  au  fcu,& 
::pourauoir  efté  trouuezsâs 
trmets  ,   f  jnntéi  >'. 

Il  vu  p  iffage  jkUni 

rable  de  1  1  feriturc  famae  pour  vo:  ÀV 

comme  pax  les  cruurcs  lç$   homme*  fccûott 

1  il 


i  $  2  Tour  h  premier  LunJy 

fauucz  ou  condamnez  au  iourduiugement. 
Hpoc*        S.  Iean  en  fon  Apocal.  dit  qu'en  ce  iour  les  li- 
se.-        ures  font  ouuerts  *  Lén  apeiti  junt ,  g/  *hus  liber 
apeitus  t(ty  qmeltvttA  ,  &wdtcati  [unt  moïtm  ,  tx  bis 
quœ  fcrtpta  eût  m  hbrts  [ecnndum  operd  ipforum:  Expli- 
^  quons  cecy,quels  font  ces  Hures?  Bede  &  Rup. 

difent  que  ce  fçnt  les  côfciéces  dedâs  lefquelles 
font  efcrits  la  loy  &  le  faict  d'vn  chacun,  laloy 
P/i/.4«   de  Dieu  pource  que,  St^natum  ejt  juper  nos  iuwe  vuU 
tm  tut  Dommt 5c'eft  cefte  loy  éternelle  que  Dieu  a 
Lîeu  no9  empreint  en  noftre  côfcience,c'eft  cefte  loy  qui 
a  traitez  eft  Ja  royne  des  mortels: femb le  que  Dieu  nous 
en  fyys    ay  c  tr  aiclez  en  Roy  s.  Nous  lifons  des  Roy  s  de 
Perfe,  qu  iccux  auoiét  vnChâbellâqui  fe  trou-* 
uoit  tous  les  matins  au  cheuet  de  leur  lit  difant, 
Sire  leuez  vo9  &  penfez  aux  affaires  que  le  grâd 
Monomafdes(ainfi  appelloiét-ilsDieu)a  mifes 
entre  vos  mains.  AinlIDieu  nous  adonné  vn 
Chambellan  qui  eft  la  côfciéce  propre,  laquel- 
le nous  donne  le  bon  iour ,  &  nous  aduertit  de 
penfer  auxchofes  que  Dieu  a  mifes  entre  nos 
mains:voilà  cefte  loy  que  Dieu  à  mife  en  noftre 
confcience,par  après  ce  que  nous  auons  faid:  y 
eft  encore  efciït,nos  œuures  y  font  grauees,  tât 
bonnes  que  mauuaifes,  Vtccatum  iud.t  fcnptum 
1        •       ejt  Jtylo  feneo  m  vn^ue    ad  wwittno  ^  exaratum  Juper 
Utituhnem  cordis  eorum.  Voilà  le  liure  où  font 
nos  œuures  &  nos  fai<5h.  Mais  quel  eft  ce  liure 
de  vie  ?  Et  dhus  hbtr  apertu*  en?  qui  t\i  mœ  :  Quel- 
Denxfor-  ques-vns  difent  que  c'eft  le  liure  despredefti- 
tes  de  //•  nezimaisi'ayme  mieux  dire  qu'ily  a  deux  fortes 
mes  de    deliuresde  vic,lcprcmier,c'eftlaloy  de  Dieu, 
y  te,        tiocfac&yiues  :  le  féconde  eft  la  croix  &  le  fils 


it  C.tYtfme.  J;  $ 

de  Dieu  attache  deilusqui,  efî  ïu,vnitJi  6-  w.tt 
oquel  liurequcce  fécond,  ileft  côpofénondc 
papier,mais  de  la  chair  de  ce  Saïuieur,  coiuiert 
du  parchemin  Vierge  de  fa  peau  ,  cfcritnon  a- 
ucc  l'ancre, mais  auec  Ion  fang,non  aucc  la  plu- 
me ,  mais  aucc  les  doux  ,  c'en  la  cet  autre  liure 
de  vie.  S.  Iean  dit  que  les  morçs  feront  iugez 
félon  ce  qui  cftcfcrit  en  ces  deux  liures,  tt  u*di- 
ntm  m  rtmltcpâm^tà  MuèfcnptMeréntmimtkjrtl 
chacun  fera  logé  félon  ce  qui  cft  eferit  au  pre- 
mier liure  de  vie, fçauoir  comment  on  aura  ob- 
ferué  laloyde  Dieu,&  félon  ce  qui  eft  eferit  au 
2.  c  cita  dire,  félon  les  bénéfices  que  nous  auôs 
reccus  de  Dieu enla rédemption, Etjtcumiumope- 
fë  utn, Galba,  vous  vous  trompiez  lorsqu'c- 
ftant  appelle  en  ingénient  pour  rendre  copte  de 
youtc  vie  fainéante,  vous  rcfpôdificsque  cha- 
cun deuoir  rendre  compte  de  fes  actions  &  non 

fou  feiour,il  fe  trompoit  dilie,car  parmy  ^([/e  joy 
les  Athéniens  chacun  vue  fois  l'année  il:  pi     i      .s    ^ 
toitdeuantlc  Roy  pour  luy  faire  allauoir  (on  tbtnitm 
meftier  &:  condition  ,  &  s'il  fetrouuoit  aucun 
qui  n'euft  métier  \\y  conditio, exaucune  pour  \  i- 
[ -Jiaftioit  ex  les  ehailoit  on, car  ce  s  fa- 
|         \ .  rhenicns  cltimoicnt  qu'vii  homme  fans 
art  ex  (ans condition  ne  pouuoit  viure  parmy 
fans  defrober  fon  prochain  :  ainîi 
Chreftiensli  vousfuiucz  les  Rdîgionafl 
dittes COflVne  (  -  llba  que  nous  nedeuo! 
dre  Compte  dt  mais  feulement  I 

mpei  :  eanl  ne  tauc 
il  fur  IHuangilc  d'auiourd  ' 
:z  le  contraire  id  >ro  entendrez 

I   ni 


1 3  a  Touy le pYPm'm  lundy 

noftre  Seigneur  qui  dit ,   Ejuuut  #•  non  dtJi^ 
jti  mihi  mAnducaYe,  arc  De  forte  que  c'eft  çhofe 
très-certaine  que  iettant  l'œil  fur  ce  qui  eft  de 
cefte  fentence  vous  verrez  que  non  feulement 
les  a&iôs  particulières ,  mais  encore  les  ceuures 
bônes  &  pieufes  font  loiiees ,  &  fi  on  ne  les  fait 
on  efteondamné  pour  ce  fubie&.Les  hérétiques 
fe  fondent  fur  ce  qui  eft  de  la  foy  feulement  6c 
non  fur  les  ceuures ,  ils  affeurent  là  deffus  le  ba- 
ftiment  de  leur  falut ,  mais  efeoutez  ,  ô  hereti- 
qucs,ce  que  die!  fainct  Auguftin,  iceluy  fe  fon- 
dant fur  ces  paroles  du  iuge  ,  Efuriui  tnim ,  &cm 
dit  ainfî  :  s'il  eft  vray  ce  que  ceux-là  difent  que 
fans  obferuer  les  commandemens  de  Dieu  ,  &: 
que  feulement  auec  la  roy  nous fommesfauuez, 
comment  pourra  fubliter  cefte  fentence  du  iu- 
ge â  l'endroicldes  impies  ,  le fquels  feront  con- 
clânez  non  pas  pour  n'auoirpascreu,  mais  pour 
n'auoir  bien  faiâ  ?  Les  foldats  anciennement 
entransen  la  ville  triomphans  &  glorieux ,  on 
$dle  con  ne  fe  contétoit  de  mettre  vne  couronne  fur  leur 
[iuw  àt\  tefte  ,  mais  encore  en  mettoit  on  vne  en  leur 
ancum.    bras  pour  dire  que  fi  ceux  la  font  couronnez  au, 
bras  &  à  1  a  tefte, c'eft  pour  leurs  met  ites  &  pour 
auoir  bien  combattu:  fur  ce  Saine!  Paul  dict  que 
nous  fommes  tous  foldats ,  &  que  personne  ne 
fera  couronne  fans  comhzxtvc ^Hon cor onthitur  wfc 
Jitjtaleprirne  ent  tuait  9  &  pource  ie  dis  donc  con- 
Cvtftttm  tre  1  erreur  des  hérétiques,  que  c'eft  par  lesceu- 
objnuee    ures  que  nous  ferons  fauuez,  &  à  faute  d'iceîles 
es    heux  condamnez.  Remarquez  encore  cecy ,  ancien- 
Ci  lywpi.    ne  ment  les  Athlètes  &  gladiateurs  des  ieux  O- 
qtécs,       lympiques,auparauant  que  d'entrer  au  combat, 


Je  C'Tffme.  I;  } 

eftoicntoingts  £c  frottez  d,huile,&  aprcs  auoii* 
remporte  la  victoire  pn  lescouronnoit  debrâ- 
ches  &  de  rameaux  d'oliue;bô  Dieu,  pourquoy 
dvn  mcfme  arbre  prenoient-tîs  l'huile  &  les 
branchesrils  vouloient  dire  qu'il  cft  impoflTible 
d'eftre  couronné  linon  en  combattant  :  pour 
moy  ic  disque  1  huile  delaquelle  ecuxey  citoict 
oingts,&  ces  brâchcsd'oliues  defquclles  ils  e- 
ftoient  couronne z,rcprç (entent nos  bonesecu- 
ures  qui  nouscourounct,&  d'iccllcs  fe  forme- 
ra la  couronne  de  gl<  parainfi  nouspou- 
uonsdirequc  La  foy  fans  les  cuuureseit  morte. 

Ne  feaue/.- vous  pas  que  S.Pierre  parlant  de  la  p 
foy  en  parle  fous  la  forme  &:  fymbolc  de  la  la-  2*  (tr'J' 
pc^Hj/jLmuijiitmortniprcpbettcwnjtrwontwctubenef.t- 
c/r/5,  étterula.tfSy  qtu(i  UçÊfpt  lucer.t i  m  leco  Cdbgmûfê% 
:  t'Iuctfctt ,  ty  lucifer  oruturm  cotdib'is  v/fr,i>i 
ncft-il  pas  vray  que  les  s .  vierges  folles  furent 
condamnées  pour  n'auoir  prins  1  huile  auec 
[..împ.idu  nofrr*  extnrw  /«> ,  à.tte  nobn  de  olto  re- 
Jr>o,  difoient  elles  aux  cinq  fages,  txtt  >,&;>>;,,, 

pourqi  u'iln'y  auoit  point  d'huile  2f 

ainfi,  l ultifmeopmbuiWfntudtV,  fans 
kscruures  la  foy  cil:  morte  :  &:  iuftcmcntdonc  /4C6£    , 
noflrc  Seigneur  auparjuant  que  de  donner  la 
couronne  rc  dit  ,  Efmt*a  etum  &  àtâ\ 

miLimandêtcuc  y<jc.  il  recherche  premièrement 
1.   oeuurc 

le  :t  par  cy-deuant  que  lePoctC 

•     merc  par loit  die  Dieu  fous  la  forme  ^ 

l>Ole  ùi  1  ,  Ufol  qui  u/'S  q-nqur  on 

c(rhtus*H<lv.  Si  ie  ne  me  trompe,  il  U  I 
Homcrc  auoit  cite  autre-lois  en 

I  nu 


1$6  Pour  le  premier  Lundy 

T(ux  &  auoït  veu  que  les  Egyptiens  pendoient  au  mî- 
anreiUes  lieu  de  leurs  Temples  des  yeux  &  des  aureilles 
d  'or  es  d'or  pour  dire  que  Dieu  furpaffe  tous  les  homes 
Temples  à  voir  &  entendre  ;  qu'il  yoid  &  entend  parfai- 
des  Egy-  dément,  S.Paul  parlant  de  luy  dâbit?0f*to*  mtdÀ 
tiens.  £T  alerta  cor amocuits  etus.  le  vous  veux  expliquer 
cecy  :  s'il  arriue  que  quelqu'vn  de  la  compagnie 
AâHcb.  aye  perdu  quelque  bague  &  que  l'on  fe  doute 
4.  qu'aucun  d'autour  de  luy  l'aye  defrobee,  on  le 

fouille  &  cherche  on  par  tout  fur  luy,  on  ne  la 
Belle  r  trouue5  mais  s'il  l'auoit  auallee  vous  feriez  bien 
m  itud   troP^>  vous  ne  Ie  pourriez  fçauoir ,  car  vous  ne 
"  pouuez  voir  les  chofes  qu'à  l'extérieur  làoùdc- 
uant  Dieu,  Omma  nttda  <s  aperta  cordm  oeuhs  (tus..  Il 
voidtout,  &par  ainfine  vous trôpez pas  ope- 
cheurs ,  car  Dieu  non  feulement  nous  mettra  à 
nud  pour  chercher  ,  mais  encore  il  fondera  ce 
ventre  ,  &  ouurira  cette  poitrine  pour  voir  ce 
qui  fera  caché  dedans,  il  pénétrera iufques  au 
plus  profond  de  noftrc  cceur,  Viofimdajtnuwvmri 
jcrtitatns  t)t ,  c'eft  vn  vent  impétueux  qui  va  iuf- 
ques aux  entrailles  de  la  mer  ,  CV  im\n\  tJrjfjn^n 
m.irc  fermées  c'eft  de  cefte  mer  qu'il  fera  fortir  vne 
infinité  d'ordure  de  péchez  &  de  vilennies. 
Chofe  Anciennement  les  Egyptiens  mettoienr  au 

fort  nota-  deffusde  lamaifon  de9  iuges  l'image  d'vn  Roy, 
£>.  fans  mains  &  auec  des  yeux  ,  &  au  deffus  de  la. 
porte  du  palais  Royal  mettoient  l'image  d'vn 
iuge  fans  yeux  &  auec  des  mains  :  cefte  image 
du  Roy  au  deffusde  laportc  de  la  maifon  des 
iuges, image  fans  main  &  auec  des  yeux,  repre- 
fente  que  leiugcnedoitauoir  des  mains  pour 
receuoir  des  dons  &  prefens  afin  de  corrompre 


JeC.trefnte.  j*y 

le  bon  droict  cl'  vnc  partie ,  mais  doit  auoir  des 
\  eu\  pour  taire  vnc  exacte  recherche  de  toutes 
IcspartKsd'vnpioccs  :  ïc  image  du  ingd 

au  dclfu  s  de  la  porte  du  palais  Royal  lisjtûi  a- 
uec  les  mains  leult  met, pour  dire  que  ce  n'cltle 
(     iprt  des  Ro\  s  de  rechercher  &  elplucher  les 
kiÔS  de  leurs  lubi  pour  ce  îR  n  ôt  point 

d'yeux,  mais  ils  ont  desmainspour  affilier  la 
iuftice,cV  pour  luy  preiter  main  forte. Dieu  vien- 
dra au  iour  du  ingénient, &  comme  luge  &  co- 
rne Roy,auet  le  glaïuc  en  main,difant  au  mef- 
chans  ,  DtfceJue  a  tnt  omut s  qui  optwmtm  wtffuuâttm, 
ut  'n*l(Jrf}nn/?n<m4tnnnm.  C'cft  icy  le  dernier 
poina  de  ce  fermon,où  le  ingénient  c  (t  compa- 
re SUÉ  t  eu  qui  brullc:mais,dira  quelqu'\  n,  pour- 
quoy  cilccquc  noitre  Seigneur  ne  dit  pas  aux  Relie  s? 
mefehans  ,  I/<  mékdkhfétth  mé ,  ainliqu  il  a  dit  rï- 

bOîlt,    >  n:;t>  lrr,"lt(tlp4triSir,'i';    BdlCttieft  U  ÇrMjfJf, 

refponfequ  en  taitOrigcnc,  i^n  dit-il, l>  >*«/.. 
ittor,:  i  ,  mdltdffftmtS4Mtemémfm 

<lnt[HM$.tu'hortïïy&.  pDlir  CC  iuftcmét  il  dit,/"  < 

titni'rr.ttnnuitijKWc/  maïkir 
de  mou  Père,  alk  zen  enter,  bu  cit 

li  l'Enfcr,c  eftlilc  feu,ô quelle  voix^$x  ■ 

tnt  tnrm  ,  (.'cil  vn  I  -'c  en  vnerouc,  &  n  Aie! 

Ici  qui  pour  auoir  le  cômmcnccmct  coo-  P/^  l^* 

ioincct  auee  Li  tin, cil  vn  beau  fymbolc  de  l'efc 
:&  qucplcuilauCicl  que  le  coup  de  ce  lou- 
ent telle  force  cnucrslcsChrcfricns  ,  que  le 
tonnerre  a  entiers  les  biches  pleines,  Y$x  u°>> 
°I>1{'  chc  qui  ne  peut  engendrer 

fespcti:  qu'au  U  blé  par  lape 

*  lie  a  du  tonnerre  qui  eflorgtt  les  pou 


i  < S  TourUl.Luncljcle Carefmt. 

Seigneur,  àficte  tna  conceptmus  y  parturiuimus  [pire- 
twH-jélmti  y  combien  de  refolutions  auons  nous 
prins  de  nous  amender,  combien  vn  chacun  de 
nous  conçoir.  il  en  foy  vn  ferme  propos  de  bien 
faire  à  raduenir,mais  nous  fommes  comme  les 
biches  qui  ont  de  la  peine  à  produire,  pour  ce 
qu'elles  ont  le  conduit  tro.p  petit ,  Vetatwj<ms 
y/queadp4rtum  &  non  cft  -piïttéb  pMimài ,  Seigneur 
nous  auons  le  cœur  de  l'enfanter ,  (i  ce  n'eft  par 
le  tonnerre  de  voftre  diuine  parole,  Sonet  vox  tu<* 
in  aunbus  mets ,  Faictes  que  çefte  voix  donne  iuf- 
Cdtitic  2.  ques  en  noftre  volonté ,  pour  mettre  en  exécu- 
tion les  fermes  propos  que  nous  auôs  pris  pour 
paruenir  à  voftre  gloire,à  laquelle  nous  côduife 
le  Pere,le  Fils, &  le  fainft  Efprit.  Ainfi  foit-il. 


M  9 


SERMON      POVR       LE 

MARDY      D'APRES     LE 

premier  Dimanche  de  Carefmc. 

Domus  mea  cfomus  oranoms  vocuhturl 

*-  os  autemfcciflis  ifinm  fpcïun- 

cam  lanohum. 

M  a  i  ru.      i  i. 
X)àf^fC     l  fikdcDicu  citaU;.  de 

mprtd 
rtcls,  ne  reccuoiten  fon  U 
H55«»âp  glorieux  de  U  Hj  (le 

que  cew  qui  en  ce  ^  1 

,  .miourd  huj  il 
i  duTcpl         '..il  lier.; 

►ict  fur  des  m 
■ 
vous  entendi!  omelc 

du  i  d  2U1CC  .  iU- 

lu  les  iniuit      ,  . 
pou  de  les  l>nr. 

Ct  Hiei  blc, 


i^o  Vcur  k  premier  M'tYcly 

que  ceux  qui  fembloient  eitre  éleuz  pour  eftre 
mai  fou  de  pierre  font  faits  maifon  de  retrai&e 
&  le  repaire  des  larrons  ,  c'eft  de  cefte  maifon 
que  nous  prétendons  auiourd'huy  parler ,  mais 
auparauant  que  de  commencer,^  raifon  veut 
que  nous  demandions  l'afliftance  de  la  grâce, 
laquelle  nous  implorons  par  les  prières  &  inter- 
cédions de  cefte  bien-heureufe  Vierge  qui  de 
toute  éternité  a  efté  efleuë  &  choifîe  pour  eftre 
le  Temple  &  la  maifon  facree  deDieuSouue- 
rain  &  éternel,  difons  luy  donc: 

Aue  Maria, 

gïl  ce  grand  Phare  &  reluyfant  flam- 
beau de  l'Occident  S.Hierofme  a 
dit  ,   parlant  de  ce   grand   Do- 
cteur Origene  ,  que  m  omnibus  omms9 
m  hoc  fetpfum  ju^ramt ,  en  toutes  çho- 
fesil  furpaffe  tous  les  autres ,  mais  en  ce  poincl, 
il  a  furpaffe  foy  mefme  :  Ce  que  ce  grand  Do- 
cteur difoit  d'Origene,  le  mefme  pouuons  nous 
dire  de  DicuSouuerain  &  éternel ,  confiderant 
comme  il  cft  fouuerainement  mifericordieux, 
in  ammbm  onvivs  .  m  hoc  [eipfum  fupcrauit  :  car  Dieu 
Die» fur-  (  pour  parler  auec  vérité  )  en  toutes  fes  perfe- 
p«fo)oy-  <5tions  furpaffe  tout  le  refte  des  créatures,  maïs 
ntelme  en  en  mifericorde  il  furpaffe  foy-mefme  ,  aufti 
mtfni-     pour  ce  fui  et  Dauid  fans  exception  a  dit,  Mijtra- 
cordeè      rioves  tiusfuper  omm  %  opcradt's.  Te  ferois  trop  long  fi 
je  voulois  vous  faire  toucher  au  doigt  cefte  vé- 
rité ,  &  difeourir  des  attributs  de  cefte  infinie 


de  C^rfjnt.  I  j 1 

Maicftc,  ic  me  conte  d'ffl  feul,  &  faiL 

entrer  aup.  »  l'vn  auec  1  autre,  la  ;  a- 

uec  lamiierKordc^oub  verrez/que  ^ 

c;/wrj ,  vjhocj'if'uii.  diray  que  ti  çp  au- 

cune choie  Dru  a  furpaik  Ils  créatures  à:  iby 
incline,  c'eftfingul  l  en  l'a  nuTericordc. 

Pourprcuuedw  cet}  îevo  alltgueray  ccqucdic 
Daiud  en  deux  pa:.a^es,le  premier  eit  te).  Dius 
nujttuori,  Otn  i*  ui  c  nmtjtftcm  ,Çc  ^rand 

Prélat  Milannoh  S.Ambroife,pefant  cesparo- 
ey ,  fait  deux  belles  &  riches  obferuations. 

J     première  que  feulement  il  cil:  dit  vne  fois  Btlhscù- 
lJuu  eit  iuitc,&  que  par  deux  fois  il  eft  mi-  Jouatioi 
\  ii>: ,  z^tAi  i  tjeftetn.  Otuitujfui  cr  ^  S. 

viu.tuht  mj  r*9)  rf  pour  dire  que  dieu  eit  plus  mi-  *Ainbr$i- 
fericordieux  que  Luftc  ,  I    que  deux  fois  plus  il/', 
faitreifentirk  fcs  de  &  mifericorde  ,  que 

non  pas  ceux  de  la  iuitu 

La  ruation,c'cftqiicPaiiid  ayât 

dit  vue  fois  que  DÎCU  eft  iuftevl  a  entouré  cVcn- 
Krmé  cefte  iufticc  entre-deux  mifericordes, 

JJcm  no  la  wije.t         ,  liumir.ij(Yt.or$% 

pour  dire  que  fa  iiifticc  cfc  enuirônce  de  miferi- 
.^pou.  1  quclaniillricordc 

eu  Dieu  (ert  corne  de  lia}  c,  de  laquelle  & 

faut  qu'ilpafle  par  c 
dclamifericordc  lorsqu'il  veut  faire  faiuuice. 

Pai  reprefentationdccecj  enl  Apoiâr  ^p*".4- 

lipfe, lafainet  Iean  représente  U  Maicftc  de 

1  d  vu  throfoç  royal ,  Se  eftant  en  ce  "l* 
throfne,il  eft  porté  ,  que  lu  en  *"*  \uti$%  crf! 

.  r  :  n'entendi  le 

Throfnc  de  balomon  ciloit  vn  1  jle 


1 4 1  Vottr  h  premier  Marcly 

de  la  iuflice  deDieu?Ainfi  doc  ccftuy  cy  repre- 
fente  fa  iuftice  en  l'arc  en  ciel  euuironiiant  ce 
throfne:  que  veut  dire  cela  ?  m  m  citcmtuje  us  \i- 
ftwts  vijiom jmt&adtnk  j  Lare  en  ciel  a  < .  couleurs 
de  vert,  de  pourpre  &  d'azur,  (igné  &  fymbole 
de  paix  &  de  mifericorde,  pour  dire  que  la  iu- 
ftice de  Dieu  eft  entourée  de  mifericorde ,  iu- 
ftice teprefentee  par  ce  throfne  ,  mifericorde 
par  cet  arc  en  ciel  qui  enuironne  ce  throfne. 
Et  pour  no9  môftrer  encore  que  <»  omthb*  omnes 
in  hoc  je  tpfu  fuperamt.  Pour  môftrer  difle  que  Dieu 
a  furpaffé  foy-mefme  en  mifericorde,  il  eft  die 
que  le  throfne  de  fa  Maiefté  eft  entouré  de  l'arc 
Ufifyg  en  ciel  de  fa  mifericorde, &  ie  vo9  demâde  vne 
belle  con-  chofe,Icquel  eft-ce  des  deux  qui  eft  le  pi9  grâd, 
ctption  ou  ce  qui  entoure  &  côtiët,ou  ce  qui  eft  côtenU 
&  entouré  ?  Il  n'y  à  point  de  doute  que  c'eft  la 
chofe  qui  entoure,  qui  eft  la  pi9  gràde:Dieueft 
entouré  de  mifericorde,ce  qui  entoure  eft  plus 
grand  que  ce  quieft  entouré, doc  par  là  il  s'éfuit 
qu'en  cela  il  s'eft  furmôté  &  furpaffé  foy-mef- 
me, &  que  fa  mifericorde  eft  pl°  grade  que  luy 
mcfme  ,  inorpmbw  %mnl  ,  m  t<oc  le  ipfumjùptt*Hw. 

L'autre  paffage  eft  tiré  du  Pfalme  3  5  .où  Da- 
lïid  parlant  à  Dieu,  dit  Domine  tncœ'o  mtjiricorn'r4 
ttt.i,^}  vnitt$tt(t  yfj(j>(r  a  )  nub  5.  Que  v  eut  dire  ce 
Prophète  Roy  arquât:  il  dit  que  la  mifericorde 
de  Dieu  eft  au  ciel  ,  &  fa  iuftice  eft  iufques  aux 
nues?  Parauanturc,  ô grand  Prophète ,  voulez 
vous  par  là  repre  1  enter  l'cftat  des  hommes  au- 
pnrauât  l'incarnation  &  âpres  l'incarnation  du 
Verbe:  auparauit  l'incarnation  du  fils  de  Dieu, 
Ja  iuftice  eftoit  for  la  terre, &  la  mifericorde  au 


Je  Cay  14; 

ciel,  mais  après  l'incarnation  la  iufticc  cil  re- 
montée au  riel,&  la  nniericorde  eft  defeenouc  P/4.  84. 
?ers  la  terre,  V entas  ttetmdtrté  eiiy  cr  mUnu  de 
cœkjrfptxit,  côme  s'il  difuit,la mifericorde 
la  iufticc faifoient  vue  balance,  la  mifericorde  Btan 
eftoit  en  vu  badiner,  &  la  iufticc  en  vn  autre, a-  ptfsre 
■arit  l'incarnation  da  Verbe,  le  plat&  lebaffi-  txfhq*** 
net  dcMamiicricordc  eftoit  plus  léger  que  celuy 
<lc  la  iufticc, &pourcc  elle  gaigna  le  haut,elk 
ftoit  logée  au  ciel,  &  la  iufticc  fur  la  terre  come 
obtenant  le  baftlnet  plus  pefant:mais  après  lin- 
carnatiô  le  contraire  eft  arriué,lc  plat  de  la  mi- 
fericorde  s'eft  trouué  plus  pelant  que  celuy  de- 
là iuftice, &  pour  ce  ileftdcualé  vers  la  terre, Sc 
en  me  fine  temps  la  iuftice  s'eft  en  volée  au  ciel, 
&  ainfi,  Vêtiras  de  te>y*  oit.u'rt  ,  or  m\uttx  de  carfa 
prônent.  Toutesfois  quoy  que  cefte  explicatioit 
Toit  belle, ie  ne  m  y  veux  neantmoins  arrefter. 

concernent  par  ces  mots ,  lJomintmcato  mt- 
JerKori  4  tin  fjr  vaitdi  lu*  vjqut  adnubes .  ie  pOUT- 
-c,que  c'eft  pour  nous  reprefenter  que  le 
prdprc  de  Dieu  eft  de  taire  mifericorde, &  que 
toutainfiquelc  ciel  eft  le  propre iiegede  Dieu, 
ainfi  la  mifericorde  eft  Ion  (iege,uon  feulement 
au  ciel ,  maU  encore  en  la  terre.  Mais  î*aj  me  p' 
mieuxdonne:  .vue  autre  interprétation. 

I  Dieu  veut  faire  iuftice  ,  il  la  t'ait  en  la  tl  r- 
re  ,  pourec  qu'elle  a  Ion fiegeen terre  :  ottbien 
direqu  ut  faire  mUcricor* 

aeicttelesyenxqfiefiirfo)  mefm.  l 

\  pour  te  Om  *U 

Tnifrtkiotiiid  tu  1  ,   f<o    lu-  •$- 

fft  m*  :  ma,  :d  il  veut  fai:  alcrs 

ji  nous  regar< 


Admirable  reprefentationde  cecy  au  chap; 
3  8.  d'Efaye  ,  lors  qu'il  fut  qucftion  de  rendre  la 
fanté  au  Roy  Ezechias,  le  Prophète  luy  annôce 
vu  miracle  &vn  figne  pour  affeurance  de  fa  gua- 
rifô,ce  fut  que  leSoleil  rétrograda  de  dix  lignes 
en  l'horloged' Achab,qui  eftoit  au  téple  de  Hie- 
rufalem:  cefte  guarifon  faite  en  la  persône  d'E- 
zechiel  reprefente  la  guarifon  de  nos  vices  &: 
Btinjt-  péchez, lefquels  lors  qu'il  eft  queftiô  de  les  gua- 
cren       rir^ [\  faut  que  £>ieil5  qUf  effc  ie  vray  Soleil  de iu- 
ftice, rétrograde  &  marche  à  reculons,  que  veut 
dire  cela?  iuand  vous  marchez  à  reculons  vous 
ne  iettez  rceil,fmon  fur  le  lieu  duquel  vous  par- 
tez^ non  pas  fur  celuy  auquel  vous  allez:  ainfï 
Dieu  regardât  foy  mefme,&nôpas  fur  fes  créa- 
tures, il  fait  mifericorde  aux  pécheurs,  &  pour 
ce  il  eft  dit  marcher  à  reculons,pour  ce  que  c'eft 
fur  fon  amour  qu'il  regarde,  &  non  fur  nospe- 
chezrcar  s'il  regardoit  fur  nos  péchez,  alors  au 
lieu  de  nous  faire  mifericorde  il  nous  chafti- 
roit:voylàdonc  pour  ce  premier  mtjertcordtatua 
m  cœtoy  Venons  à  la  iuftice  de  Dieu,  cr  iuftitiA  tua 
laiftfli-  vfque  <*d  mbcs.  le  fçay  que  félon  vne  autre  verfio 
ce  contp.i-  no9  lifons,  luttitu  rua  peut  motes  ô  iuftice  de  Dieu, 
ree  aux    iuftement  vous  eftes  accôparee  aux  môtagnes* 
m***-     poLircc  que  tout  ainfi  queles  môtagnes  ont  leur 
fms*        principe  dans  la  terre,  ainfi  la  iuftice  de  Dieu  à 
i  Corin  fon  principe  en  terre ,  ô  homme  puis  que  par  tô 
i $  •  péché  tu  es  fait  terre,  \Jrtmun  ho»w  d».  tena  ttrrenus, 

j"cur,rlvs  homo  rit  cœ'io cœtcfits  C'eft  là  deffus  que  ce- 
fte iuftice  de  Dieu  eft  fondée,  car  s'il  n'y  auoit 
point  de  péché  il  n'y  auroit  point  de  iuftice. 
De  là  eft  que  la  iuftice  de  Dieu  eft  en  l'Efcri- 

turc 


Je  Carcjme.  74  -, 

tureS.represcteepai  aide,mais,ghuue  1cm- 
bb.blc  au  foudre,  3 1  ^  tur*  vt  J«         éd$nm  méms 

narqu  .îspric  ,  pourquoy  la  iu-  luftice  Je 

jfcicç  deDieu  cû  elle  comparée  pluitolt  a  vn  glai-  £'fw  ca- 
pable au  foudre  qu'à  vn  coutelas  matériel? /w«  <** 
en  voicy  laraiion  :  lequoy  fe  tov- foudre» 

dre?  n  -  paçdc :  &  lanuec 

3eq  re3dreeUe?a'e(c-cepasdes  ohalu- 

fions  &  ^  apeuré  qui s  efleuét  4e  ta  terre  en  1  air? 
or  fus  voyons  le  rapporta  hicriture  S.  dit  que  la 
iuftiee  de  Dieu  efc  femblable  au  rbudrc,pource 
que  !e  glai  iuftiCC  de  Dieu  ne  peut  eft: 

péchez,  5j  dcutrtyi  '■ 

lUJiûmeù,  &  iullcmCt  ileft  dit  qu'il  aiguifeion 

.potirce  que  tout  ainfique  1  eir  (je 

fm  La  pierre,  oui  reprefente  robfiinatioQen  pefs 

péchez  ,  ainlïquâd  nous  pe<  u (bus 

de  U iuftiee  de Dieu:maislaiiïôsc  .-  Tt^c°n- 

pli.  iapart.1  X)  memieu\  01  n" 

cy, laquelle  fera  mi  {  -  0  «pu  tïtm- 

du.  tu;,  .pourd: 

-  (i  plus  grand  |  haut 

<fu  atlanniericorde  de  Dieu 

elle  i a  \  Dites  moy  vn  peu  *  »  \n*rt 

ciel  furpafie  il  lesmô-  f-v'; 
medir  e  la  terre,  nW'z  qu'vn  tm9 

p<»intau  re(peâduciel,c< . 

coparaifond 
qu  ;atom 

la  terre, &  ai 
la  terre  autant  la  miferict  >icu  furj 

fa  i  ,  voilà  pour  l'cxplicatiô  de  ce  \\u 

K 


1 4  '  Pour  le  pnmier  "Mardy 

net  /mbes,  ou,  ficutmctes  :  la  mifericorde  eft  corne' 
vn  ciel,  &  dit  S.  Auguftin  comme  le  ciel  enuirô- 
ne  toute  la  terre  &  luy  fert  de  muraille  ,  ainfi  la 
mifericorde  enuironne  la  terre  de  l'homme.  La 
n uicricorde  de  Dieu  eft  vn  cieî,disét  les  autres^ 
}  our  ce  que  tout  ainfi  que  le  ciel  influe  furl$ 
terre, ainfi  la  mifericorde  deDieu  influe  fur  no9  i 
&  tout  ainfi  qu'Ariftote  à  dit  que  Oportct  bùcmû- 
du  tj)e  contiguumypour  eftre  côlerué  &  entretenu 
en  ion  eftre,  ainfi  fi  nous  n'eftions  attachez  à  ce 
ciel  de  la  mifericorde  deDieu,aumefme  temps 
nous  ferions  réduits  à  néant,  Domine  in  cœlo  mifie- 
ricordu  tua3&  iufiitia  tua  fient  montesiDz  forte  doc 
que  autant  que  le  ciel  eft  releué  au  defïus  des 
montagnes,autant  la  iuftice  de  Dieu  eft  elle  ra- 
baifiee  au  deilbus  de  fa  mifericorde,  non  pasaii 
refpcctdeDieUjCareniuy  fa  iuftice  eft  aufii  gra- 
de que  fa  mifericorde,tout  y  eft  efgal ,  mais  au 
regard  de  no"  &  de  fes  cftecîs,  Do  mine  in  cœle  mi- 
ferucrdia  tud,  &  iuftitia  tua  fient  mentes.  On  pour- 
voit encore  icy  raporterplufieurs  raifonspour 
prouucr  q  fclon  noftre  regard  la  iuftice  de  Dieu 
eft  moindre  que  fa  mifericorde,  mais  ie  me  cô- 
tenteray  de  ce  que  l'Efcriture  dit  que  la  miferi- 
corde eft  en  famain,-&:  fa  iuftice  en  fa  bouche: 
(i  en  TApocalypfe  faint  Iean  reprefente  la 
miicftédcDieutenâtcn  fes  mains  des  eftoilles, 
&dc  fa  bouche  fortoitvn  glaiue  :  ces  eftoilles 
en  main  reprefentent  fa  mifericorde  qu'il  don- 
ne auec  libéralité,  &  ce  glaiue  fortant  de  fa 
bouche  reprefente  fa  iuftice  :  ô  iuftice  vous  e- 
ftes  en  la  bouche  de  Dieu  ,  vous  ne  confiftez 
qu'en  menaces:Celafevoid  auiourd'huy  en  no^ 


de  C-r  rr>.  itf 

nx  malades,  c'eft  U 
icon  m  fa  main,  ce  tour  la  lcse- 

y&chaifahtl       endeufsdu  lemple, di- 
Cuic,  ûên  .isvoc*  vosfe- 

afin .  ï  li  faiuftice  qui 

procède  d       bouche.  Dêmus  m  uorsutottii 

boCdbn  endray  fuie:  de  dire  que  les  «•    - 

Ter  it 

r  » 

Di.  nier  J'cmple  ,  qui     ;    , 

tatU  [     ..;icK'i],cc  tut  luy  quiendonna      (  / 

le  modèle  &  patron  à  Movfc  fur  la  montagne:    -/    ii 

,  ce  rut  luy 
qui  l  dde  luy  en  baitir,  &  pour- 

>auida  de  le  bàftird 

}l.u  on  ernut  Ad  me  dcfcr.iPta  u  Dei. 

Co  te  monde  en  1  cihic 

de  natr  ia  loy  anùuihroirv  j  i  la  loy 

:  "table, la \ 
la  auoir  d^s    1 1  ct\  la 

•  ;c 
Dieu,enlal<  ïuhroirc  jl  von;  i 

ir  le  n  !   du 

i  i  ùtqu'vn  taberna         -r- 

::en  la  .uoit  \n  Temple  ïo- 

leje  afieure^nais il  û'eftoit  ;:  l'ut 

non  fcl 
ne  que  Dieu  en  a  ! 

au  z.  i  pitre.  - .  I 

grâce  Dieu  alv  iplcafleun  .:du- 

a  iufques  a  la  tin  dû  iv.  I  u  es  Ten 

fuper  b.uu  Vcfi.tm  étil-fiidbo  ecilefidw  tnejm  C7  por- 

tA    ï;;rfT|  M9TJ  pïAHdtcburlt  4il  \d 

Temple  tut  bafty  fur  le  modèle  du  premier,  & 

K  U 


ja8  Veur  h  premier  TrUrJy 

le  troiiîefme  qui  efloit  le  Téple  de  Salomon  fut 
Jdéûtb.     fait  &  tiré  fur  le  modelle  du  iecond,qin  eitoit  le 
1 6.        tabernacle  ancien.  De  forte  qu'en  mefme  temps 
qu'il  fut  recogneu  vn  Dieu,  au  mefme  temps  luy 
fuftbaftyvntéple:c'efticy  queie  voy cefte  chaif* 
Chdînt    ne  d'or ,  de  laquelle  parle  S.  Denis  Areopagite, 
iïor  de  S  chaifne  à  plulieurs  chaifnons,  le  i. c'eft  Dieu   le 
Denis.      2 .  l'homirie,le  3  .la  Religiô,ie  4.  le  facrince,le  y . 
le Preftreje  6.  l'Autel, &  le  7.  le templeile  tem- 
ple c'eft  pour  l'Autel,  l'Autel  c'eft  pour  le  Pré- 
fixe, le  Preftre  pour  le  facrifke,  le  facrifke  pour 
la  religion,  la  religion  pour  l'homme,  &  l'hom- 
me pour  Dieu,c'eft  la  cefte  chaifne  qui  lie  la  ter- 
re auec  le  ciel,&  l'homme  auec  Dieu. 

En  laloy  Chreftienne,puisque  c'eft  vneplus 
parfaite  religion  que  les  autres,  il  y  deuoit  auiïi 
y  anoir  des  temples  ,  comme  de  fait  y  en  a  :  fi 
donc  ce  temple  de  Salomon  efteit  appelle  la 
maifon  de  Dieu,  à  plus  forte  raifon ,  les  Eglifes 
de  la  loy  nouuelle  doiuent  elles  eftre  appellées 
temples  &  maifonsde  Dieu. 
Quand  il  fallut  faire  le  tabcrnacîe  ancienDieu 
Exoa.      difoit  à  Moy  fe.  Facientque mibt  fanctuariu  &  habi- 
15  •        tébô  in  medio  corn  pour  dire  que  ce  tabernacle  fe- 
roit  la  maisôde  dieu.Et  Dauiddehrcux  de  baftir 
vn  temple  &  vne  demeure  à  fon  Dieu  difoit  au 
ilT{eo,    Prophète  en  ces  termes.  Videfne  quodegobtbitè  in 
p.  domo  cedrinay&  a,  i\t  Du  pr./ii a  fit  inmtdio  pelliumï&c 

par  après,  nunqiàd  (  difoit  Dieu  à  Dauidpar  fon 
Prophète  Nathâ)  tuadificabis  wibi  dowumadha- 
bitâdumfceft  pour  môftrer  que  les  teples  sot  ba- 
ttis pour  eftre  la  retraite  de  cefte  Arche  diuine. 
O  arche  facree  que  Tefus  Chrift  Verbe  éternel, 
arche  d'alUançç  où  font  les  tables  de  la  loy  ;  la 


,lamanc  &  le  propitiatoire, ô  vraye  arche 
d  alliâccquc  ce  Saubcur,puis  qu.  é 

de  et  médiateur  que  le  cicls'vnit  auec  la  terre, 
Dieu  auec  l'homme  ,  le  créateur  auec  la  créatu- 
re ,  &  l'eternitc  la  temporalité  ?  s 
d  alliance  pjt;/.  .:  ..     mnid, ,  arche  d'ail 
eft  celle  verge,  où  eft  celle  puiilancc  etenu  lie. 
Dut*  tjt  mtbi  (j)nnn  peteftus  m  t  cr(o  &  tu  tti  ré%  arche 
d'alliance  ou  fout  les  tables  de  la  loy  ,  p<  *  t  q 
que  m  ko  {uni  omms  tbtféUm  fctentiA  & fdpiimid db-  , 
JLonclut ,  arche  d  alliacé  ou  eft  cefte  cruel: 
ne  de  manne  de  la  diuinite,/^co  bfibiùU  omntsple- 

Tllludo   dlHinilMlï. 

Mais  Cngulictcmét  puis  que  l'Eglifc  a  cecy  1  t 

propre  que  d  dire  apcllec  maisôde  Dieu, il  tant 
qu'elle  côtienne  en  loy  la  réelle  prefencedu 
•  nime  de  fait  elle  le  contient,^:  p 
vous  le  faire  voir,cfc,outez, s'il  vous  j  lailr 
s "éluir.Keligionnaire,afinque  tu  ne  tenoques  c n 

doute  cette  rente,  l'éternelle  (apience  a  dit  qi  e  L'E-Ift 

tnore  duorv  vcl  mnmfldi  omnt  Vfj  e  rt  U,. 

uangeliftes  auec  mefme  termes  tcfmoi-  onde 

gnallent  de  û  prelcnee  réelle  ai  I  de  Oitul 

1  \u:el,dc  forte que  t  OU          n  fans  a-.  il4j(  de 

ourdir  que  le  hls  de  Dieu  prenant  le  y.  Dedle 

lebcniflantdir,  I            irf'meim  ,(f<nce 

onc  toute  parole  eft  afleuree  par  le  tcfmoi  de 

detr<>!  langeliftesdifanstousd  vue  Oun** 

t  corpus  meun.  ,il  t.'.ut  côclure  aïK  .  ,e^ 

tcv  1  citant  au  Sa,  ,„r#  ' 

elle  p; 
qui-  nterement  appellcc  mai 

Dieu  ,  &  a  celle  fil  lanta^» 

K 


1 5  o  Tour  le  premier  MarJy 

confirmé  ,  ie  vous  veux  encore  apporter  le  te. 
moignaged  ni  quatrielmeEuangchttc  ,qui  cir. 
S.  Paul ,  lequel  ainfi  que  les  trois  autres  affeurë 
que  le  fils  de  Dieu  a  dit,  Hocejtccrpm  tofm.Vout 
ce  grand  S.  lean  ,  il  seft  contente  de  rapporter 
I  Cor.  la  promefle  que  le  fils  de  Dieu  faifoit  de  donner 
it.  Ton  corps  pour  la  vie  du  monde ,  ïdnu  tfmm  ego 

ciabo  caro  ?ma  cft  pt  o  mundi  vi;a.  Et  quand  il  à  vou- 
h  ...  5     lu  monftrer  la  grandeur  de  ce  ni)'  itère,  il  s' efl  re- 
ftrainc5t,&  à  fait  corne  ce  grand  &  exceilët  Pein- 
tre Timantfaes  rit  en  lapourtr'aiaurc  du  facrifi- 
Thne  Jib.  ce  tât  célèbre  d'Iphigenia,  au  rapport  de  Pline, . 
z  s .  c>ip.  laquelle  corne  il  la  peignit  préfixe  d'eftreimmo- 
io#         lee,  ayant  peint  le  dueil  amer  &  les  chaudes  lar- 
mes de  fes  plus  prochains  amis  ,  Calchas  &  V- 
lyfles:  ayant  côme  defpcndu  &  employé  tout  sô 
fens  a  peindre  le  dueil  de  Menelaus  fon  oncle, 
&  de  fes  autres  païens  &  n'ayant  plus  rien  en  la 
boutique  de  fon  2XX^C%nfumpits  affeihbtu  non  >epe- 
rtes  qm  digne  mû  do  Pdtris  yuhumpofjctexpYimue^-ve- 
n    ' .  -     vHHt  thu  CH put ,  &  fuo  inique  Anima  dédit  œflwhtdttm, 
jp-  ,  »     dit  Quint Hi an,  pour  faire  paroiftre  par  peinture 
Q  ,     le  plus  qrand  dueil  du  pere  de  la  ieune  Dame, 
voilai  contint  Ion  viiage,  voulant  taire  croire 
f*!i,     au  fpectatenr  le  deuil  paternel  d'Agamenmoo, 
eftre  fi  grand,  que  ny  pinceau,  nv  couleur  quel- 
conque ne  le  pouuoit  exprimera  fuffifanec, 
ainii  fainct  lean  recôj  nt  la  grandeur  de 

ce  nv  i  nré  de  le  cacher  comme 

fous  \nvoil<  t  obfcures  :  Ancienne- 

Inuiiflrie   mcnt  au  deuât  du  S.-nc/a  <  il  y  auoit  vn 

je  $  .  ç    .  voulant  cachet- 

ce  grandni)  itère  ,  vous  vpi  ni  de  ce 


de  Carefmô.  ly  1 

vôije  d'efcarlatede  l'amour  de  ceSeig.  de  auez 
déclaré  en  peu  de  paroles  ce  qui  eftoitde  fa  li- 
bérale bôté,difant:  Cum  dilexijjetfuQS  in  munçlo  m 
fine  dilexit  eosicum  dilexifjet  fuos,  en  l'incarnation, 
c'eft  là  la  première  peinture ,  in  fine  dilexit  ees7 
dônât  Ton  corps  au  S.SacremetjC'eit  là  la  fecôde 
peinture ,  de  lbrte  que  ie  peux  dire  que  fi  Dieu 
nous  à  monftré  vn  grand  amour  en  ljncarnmô 
il  nous  en  à  monftré  vn  plus  grand  en  l'iriftitu- 
tionde  ceSacrementrEtconfiderant  cecyàpar 
moy  ,  il  faut  que  ie  vous  confefie  que  ce  grand 
Apoftre  ne  pouuoit  plus  proprement  reprefen-; 
ter  ce  Sacrement  que  par  ces  paroles  :  Cum  dile- 
Xtffet  fuosjn  mundo  in  fine  dilexit  cosy  à  amour  grdd, 
ô  amour  que  tu  esmerueilleux,  afin  de  faire  ay- 
mer  les  amans  les  vns  les  autres ,  tu  as  trouué  & 
inuenté  des  philtres  &  des  morceaux  charmez,  Kmour 
mais  pour  faire  qu'ils  foient  tels,il  eft  neccilai-  w^eni- 
re  qu'en  iceux  il  y  aye  vne  pièce  de  la  fubftance  tuxm 
de  celuy  qui  compofe  ces  Philtres  :  ô  mpn  Dieu 
vous  auez  efté  efpris  de  l'amour  des  chreatures 
&  afin  de  les  attirer  à  vous ,  vous  auez  compofe 
vn  morceau  charmé,  &  vn  Philtre  où  vous  auez 
mis,  non  vn  petit  morceau  de  voftre  fubftance, 
mais  tout  voftre  fang,&  tout  vous  mefme,  c'eft 
là  ce  Philtre ,  c'eft  par  ce  Sacrement  qu'il  nous 
rauit  à  luy,  &  qu'il  s'eft  transformé  en  nous  ,  & 
nous  en  luy,c'eft  là  la  maifon  de  Dieu.-Hzc  domus 
Dei  eft,  où  il  fait  refidence.  Veve  Dominus  eft  in  loco 
iftoyvere,  c'eft.  vrayement  qu'il  y  eft,  &  no  pas  en 
figure.  C'eft  là  cefte  efchelle  admirable  ,  de  la- 
quelle Iacob  difoit ,  hic  Dei  domus  eft>  ô  efchelle  Gentfl 
excellente  que  ce  diuin  Sacrement  de  l'Eucha-  18. 

KiiM 


j$i  Tour  le  premier  Harây 

riftie ,  efchelle  qui  d'vn  bout  touche  la  terre,  3C 
de  l'autre  le  ciel,  il  touche  le  ciel  pour  l'eftre  di- 
uin  d'iceluy  qui  y  eft  contenu  ,  &  la  terre  pour 
fon  eftre  facramentel ,  le  ciel  à  caufe  du  corps 
glorieux,  laterreàcatifedes  efpecès  facramen- 
henetts     tellesrde  la  S.Irenée  diCoit,  Eue  bar  ijha  duobus  con- 
hb.i.iâ-  ftAt,  quoru  alteru  terrenn,  alteru  cale  fie  ift ,  ce  Sacre- 
Htrjtit     ment,dit~il,eft  côpofé  de  deux  chofès,l'vne  ter- 
btrejos    reftre,aflauoir  lesefpeces,rautre  celefte  afiauoir 
le  corps  glorieux  de  I.  C.  S.  Auguftiii  dit  que  ce 
Sacrement  eft  côpofé  de  deux  chofes,  l'vne  vifi- 
ble, l'autre  inuifiblc  l'vne  vifible,  ce  font  les  ef- 
peces,c'eft  le  corps.Et  S.  Chrifoftome  à  dit  qu'à 
l'heure  de  la  confecration  les  Anges  defeendét 
Chrifl.  du  ciel  enterre  pour  la  merueille  qui  s'y  fait, 
6  Je  fa     attende  qt4^fuidit-i\y  quales  debeat  manns  haberi  quà) 
cerdotw,  illud  attrelïam ,  cuiujmodi  linouaquœ.  talia  yerba  ef- 
fnndit.  Et  poflremo  qnakfcumque  etia  animi  yfquâba- 
betur  qnibus  no  expurgatior  &  faniiior  hic 'animus  effe 
debeat  qui  tantum  reneredum  fplritum  accepit'Quippe 
,      .      angeliçj- totus  calefiiutn  poteftatum  chorus  illiafsidëty 
&  Deu  capellant  ,  <&area  cirai  altare  angeloru  Cobor- 
m  '    U~  tib9  affluit,  m  honore  iliiusjui  cfferturiè.  ailleurs  ce 
''  *    mefme  père  dit,  me  fa  quidem  myjkrys  infirucfa  eff, 
O*  Deia?n9  pro  n  offertt!r}facerdos  tuo  nomme  diftrin- 
gttur ■yjjùritualis  ignis  de  fanlia  meu  fa  finit,  Séraphin 
a  fiant  ,f acte  mr^e  fiktm  bis  teruo  alarum  remigio  tenant 
yntuerfœ  fpirituales  yirtutes  aim  facerdote  pro  nobis 
orant.pro  nobis  ttjterpcllàt.De  façon  doc  que  ce  Sa- 
crement cfl  vrayement  lamaifondc  Dieu.  Hic 
domus  Dei  cr  po>ta  cœli,  c'tft  là  cefte  efchelle  de 
Iacob  ,  &  remarquez  que  ce   lieu  où  Iacob 
vid  cefte   efchelle    qui    cftoit   appelle   Luza 
fut  puis  après  appelle  Bcthel,  c'eft  adiré  Do- 


rui    maifon  de  Dieu,  ce  nom  fut  changé,& 
Théodore:  -  j  rcmicT  dict  que  le  nom 

gé  lignifie  toui  que  tranfuhftantian 

tiou  ;  auni  le  lama  Sai  :nt  ne  pourrait  eftrc 
appelle  maifon  de  Dieu  >  s  il  n'y  auoit  en  iceluy 
tranfubftantiation,&  vn  changement  de  fubitan- 
ceen  fubftâçe:Et remarquez  cec) ,  o  reformez, 
que  comme  nous  Lifons  au  Génefc  ce  lieu  Omtfl 

ïc)  .ob  vit  1  efdiélle qui auoiteite appelle  2^. 

pour  ce  fubiectliethcl,  maifon  de  Dieu,futp 
âpre  J  malice  du  diable  &  des  hommes 

appelle)  tittbaaen  ciomuf  mt^uiiAtti  y  domu*  mbili% 
ou,  dotnui  valui  :  Ainiî,  o  reformez,  quand  vous 
dites  que  ce  Sacrement  n'eft  que  la  marque^ 
figure  du  corps  de  lefus-Chrift,  vous  laites  que 
BctheJ ,  que  celte  maifon  de  Dieu  eft  vn,  fc  for- 
vne  nuiion  vuide  ,  vne  maifon  de  vanité: 
Mais  pour  laitier  a  part  les  reformez  ,  difons 
tjoecc  Sacrement  e  A  la  maifon  de  Dicu,&  eftac 
la  maifon  de  Dieu,  elle  eu  iuftcmcnt&  venta-* 
blemcnt  ai  :fon  doraifon,  Domm 

tfti  ,  pource  que  Dieu 

s  a  de!     ï  ce  Sacrement  pour  luy  eArc 

une  vn  (àcrific  able  ,  de  14  en1  que  l'o- 

raifonlaplus  excellente  c'eltle  faxifict,*  le  ^Tw 

[e  plus  excellent  efl  cçluy  qui  fe  faict      JT** 
fur  l'Autel  :  Dclânom  pouûons<Ûre  qu*au  fa-  At'    S 
Ile  Prcfti  le  meûne  qur''or4'w' 

DOUSlifi  r.bre.s  chapitre  ï   .on 

ileltdit  qu'Aron  facr  furer  W*«j  cr  mortuc*. 

1         tre  Euâ  le  mefinqÉ  l'Autel ,  il  &ari 

auant la  o 
nation  des  yiuan 
-des morts.  Difons 


ï  ç  4  Vouy  le  prem'ur  "Mdrdy 

dauantage  que  cède  prière  &  celte  oraifon  eft 
vn  coutelas,&  comme  vn  bouclier  propre  pour 
refifterà  la  furie  deDieu,ô  quelefcu(lbn,ô  bou- 
clier^ prière,  mais  bouclier  femblable  a  ccluy 
d'vn  ancien,lequel  le  fauua:  car  s'en  retournant 
en  Ton  pays  ,  voila  que  le  nauire  faicr  naufrage, 
&  ayant  fait  naufrage  ceftuy-cy  quitte  tout,ex- 
cepté  fon  bouclier,fur  lequel  il  fe  mift  à  nage  & 
fe  fauua  ainfi  deflîis.  Donc  celuy  là  faifant  vn 
emblème  de  cet  aductur  e  reprefentoit  vn  hom- 
me nageant  fur  vn  bouclier  auec  cède  deuife, 
jtuxilium  ïiwncjuam  déficits.  O  bouclier  que  cefte 
oraifon ,  bouclier  non  pour  refifter  au  flèches 
des  hommes,  mais  bien  pour  refifter  aux  flèches 
du  courroux  de  Dieu,  c'eft  là  l'efficace  de  cefte 
prière  &:  de  ce  Sacrement ,  qui  eft  le  facrifice  le 
plushautdetouSjC'eftlàceftemaifond'oraifon, 
Donms  mea  domus  oratioms  vocabitur^yos  aute  feciftis 
illam  fpeluncdm  Utronum.qiïeft-ce.  que  cecyPquâd 
commettons  nous  ce  larcin?  lors  que  nous  nous 
approchons  de  ce  Sacrement  indignement  auec 
vne  ame  &  vne  confeience  peruertie, alors  nous 
commettons  vn  larcin. le  fuis  troppetiteompa- 
gnô  pour  vous  le  faire  croire, ie  vous  veux  allé- 
guer des  tefmoins  aufquels  vous  croirez  plus 
qu'à  moy. 

Rupert  &  Pafchafms  expliquans  ces  paroles 
de  l'Apocalypfe  2.  Vincent  1  d.ibo  edere  deligno  -vit A 
quodeft  in  paradtfo ,  donnent  deux  beaux  enfei- 
gnemés.  Ils  difent  que  par  ce  bois  de  vie  eft  en- 
tendu le  fainâ:  Sacrtmcnt  :  &  remarquez  que 
comme  il  y  adeux  Eglifcs,  l'vne  triomphante, 
&  l'autre  militante  ,  l'vnc  qui  eft  en  la  patrie, 


L'antre  qui  cft  en  chemin, aufïï  y  a-il  deux  Para- 
disTvn  f        eftrc,  le  celefte  c'eft 

la  gloire,  le  terreftre  c  e!i  l'Eglifc  militante:  que 
celte  f.gli  le,  (bit  vn  i  laincc  Auguihn  nie 

l'apprend,  maisvn  paradis  terreftre  ,  dont  les  jiigaË. 
quatre  lleuucs  font  les quat  ingeliftes ,  les    K 

arbres  les  Sainctï ,  les  miiâs  dès  arbres  les  bon- ,,/«.£?;. 
nés  a-u  lires,  le  Soleil  qui  regard.  af- 

fiftai  Dieu  fur  fon  Lglifejes 

plantes  font  1  les  fleurs  cV  verdu- 

res les  prières,  les  oyfeaui  qui  chantètincelTaiTi- 
ment  h  qui  prient  touiiours; 

e  du  bien  ex  ele  mal,  c'eft  le  li- 
béral arbitre, mais  fut  tout  i  de  \  ie  qui  çfij 
au  milieu  .  c  cft  le  fainâ  Sacrement  de  1  i 
riftie,  G                .ment  arbre  ...  rie  donnant 

Eternel  edegloirerc'eftcét 

arbre  qui  cft  plante  an  milieu  du  Par;         \  ny 

moins   (  ue  le  eei.ru-  elt  au  milieu  du         * 
c<  rc  au  mil'.  I  homme,  anili  le  ucrm\* 

iàin  .nient  lieu  de  Ttulife  ,  &  4r~ 

v  I  J  * 

uneduSolcil]  lumicre,ainfiduSa-        , 

Bient  partent  toutes  les  que  nous  a-  '     "u  ttu 

uons,  &  ain'i  encore  que  do  ceenr  procedettotu  ',ujrUiil4 

l^sefprits  \  [taux,  ainîi  du  S.ierement  procèdent 

.     N  ainfi  q 
les  h  •,.     ui  par:    i      centre  inique 

pent  ace  cretnent  rèçôkicnt 

ban- 

ft  vn  f<  lin  du  (  ici  où  chacun 
[uc  pluiieurs, 


I  ç  6  Vour  U  premier  ÏÏUrJy 

Sumlt  vn/tf  yfttmunt  mille  jantum  vnus  quantum  mille  y 
ç'eft  là  le  milieu  du  Paradis,  c'cft  cet  arbre  dç 
vie  que  promet  nofrre  Dieu  au  vainqueur,  Vin- 
ceti  dabo  edere  de  lignoyit^^quodefl m  medioparadifi. 
Rupert  dit  que  par  ce,  yinccnti  dabo,  c'eft  autant 
à  dire  que  pee.>.  i  enti  dabo,  ie  douer ay  au  penitét? 
pourquoy  dabot  pource  que  celuy  qui  s'appro- 
che indignement  de  ce  Sacrement ,  Clmpm  non 
illi  dat,  ItdfurAturi  il  commet  le  plus  grand  larcin 
qui  fe  foit  iamais  commis ,  pource  qu'il  defrobe 
la  chofe  la  plus  precieufe  du  monde  :Le  premier 
qui  a  reçeu  ce  Sacrement  a  efté  le  premier  quia 
efté  noté  de  larcin,fçauoir  Iudas,&  pource  il  eft 
dit  que  c'eftoit  vn  larron,pource  que,  Kon  Cbri- 
ftus  illi  dedity  fedfuratus  eft ,  pource  qu'il  en  eftoit 
indigne  il  eft  dit  qu  ill'auoit  dcfrobé. 

Par  cecy  i'entends  ce  que  iufquesà  prefent  ie 
n'auois  encore  entendu,  c'eft  ce  paffage  de  faint 
Paul  ,  Quicurique  manducauerit  aut  bibertt  cali- 
cem  Dommi  indigne ,  veus  erit  corports  &  fanguinis 
Domini ,  c'eft  à  dire,  il  defrobera  &  commettra 
vn  larcin  du  corps  &  fang  de  Iefus  Chrift  :  de 
forte  que  ce  n'eft  fans  fuiet  fi  ce  mefme  Apoftre 
nous  donne  cet  aduertiflement  toutes  &  quâte- 
fois  que  nous  approcherons  de  ce  Sacrement, 
*Probet  autem  feip/um  homo  or  fit  de  pane  illo  edat. 

Reflbuuenez  vous  qu'anciennement  l'Autel 
où  l'on  ofFroit  le  pain  à  Dieu,  eftoit  enuirôné  de 
lions,  &  que  celuy-là pour  en  auoir  mangé  indi- 
gnement fut  par  eux  deuoré.  ()  lion  que  ce  Sa- 
crement ,  que  cefte  faincte  table  pour  ceux  qui 
s'en  approchent  indignement,  pource  que  lu- 
dkitunfibi  manducat  G"  bibit.  Les  hiftoires.  racon^ 


rentdvnc  certaine  fille  qui  pours'eftrede  Ion- 
:.    ;n  accouftumeé  au  poillon,  lors  qu'elle 
mangea  du  pain  il  luy  fcruitdc  poilon  :  o  âmes 
qui  ddotincz  aux  \  .  cftlapoisô,  vo" 

-  l  auee  ^  ne  confeienec  pleine  de  péchez  à 
:  ~oir  ce  i  ai  net  pain  des  Anges,  Vdnemanvclo- 
\u.,i  ménducâba  bomo.  Lt  quelle  mcrucille  fi  ce  p^ 
pain  cclefrc  vousfertdc  poifonpour  vous  faire    '*    '  * 
mourir  éternellement  i  nais  au  contraire  p. 
ceux  qui  s  en  approchent  aucc  vnc  confeienec 
pure  &  nette  au  lieu  d'y  trouuer  la  poifon  &  la 
mort  ils  y  trouuent  l'antidote  du  péché  ,  qui  e/c 
la  i^race  au  moyen  de  laquelle  nous  viurons 
éternellement  auec  Dieu,&  iouyronsde  lagloi 
re  des  bien-heureux.  Ainiifoit-il, 


^OT^ 


SERMON        POVR        LE 
SECOND    M  E  R  C  R  E  D  Y 

de  Caieiine. 


Ceneratiopraua  &  adufterajïgnum  Qu§- 

nt3&  fignum  non  dafcitur  u3nu 

fignum  long  cPrôyhttç'. 


¥ 


M  A  T  T  H.        I  îê 

'Eftoit  vne  metamorphofe  e- 
ftrange,  &  vn  changemét  mar- 
ueilleux  queceluy  que  nous  li- 
ions hier  en  l'Èûâgile  ,  où  nous 
voyons  comme  la  maifon  d'o- 
raiion  eitoit  changée  en  vn  repaire  de  larrons: 
mais  le  .changement  que  ie  remarque  auiour- 
d'huy  en  noftre  Euangile  eft  bien  plus  merueil- 
leux,carlànous  voyons  que  lamaifon  de  Dieu 
ctt  changée  cri  lacauerne  &  fpclonque  du  malin 
efpritrde  forte  que  ce  malin  cfprit  dit,  1{euertar 
in  dimum  ?neâ  vnde  cximAc  laquelle  maifon  Dieu 
difoithier,  uoflfwjnfk  3  d*m  ~vocabitur9 

metamorphofe  eftrangc  àlaveritc,veu  que  c'eft 
autant  que  fi  vous  difiez  que  la  maifon  de  Dieu 
eft  celle  de  Lucifer,  &  que  le  Ciel  eft  changé  en 


fit  Ctrefme.  i  j  ^ 

_  que  les  miracles  ne  font  que 
(tiques  de  Di  que  lesPha- 

prouuez  de  D'eu  ,  &  dome- 
tan,c<  de  merueillcfi  no- 

gueur  leur  dénie  &  refuie  les  lignes  & 
s  demande uent  ,  &  non  feu' 
S  encore-  pour  vue  féconde  partk 
ent  fermon)  il  leur  donne  des  ligne  s 
ation. 
S:  .  îerge, quf dht&ttùght  delà  maifon  j 

d  vue!  faiaâ  Lan  raui  enextafe  en  ll% 
alipfc  tlifoit  ,  »«m  app.t- 

rutt  uuœln^nuittr  amicU  Soit  'S  Luru,  :  !  s  il 

vous  p!  onner  quelque  rayon  de  voftre 

terueur  &  crédit  fur  tous  autres,  iffin  que  pat 
vol:  lance  ,  nous  lovons  rendus  capables 

&  dign.es  d'élire  l  pour  eitre  la  maifon  et 

mond  race,  &  la  haut  au  C 

par  g!  tins  nous  vous  diroi 

Ane  M  dru. 

«LV  ^CU  ^unc  v  éternel  ,  abyfme 

^^  de  tonte  bontés  ayant  mis  {cm  coeur 
fé    8tfi  aion  entiers  lame  iulclc 

^COmmc  a  l'endroit  de  il 
Chefl  vniee  efpouic  ,  pour  luy  damier 

à  cm  qui  cft  eu  elle  de  plus  rare  &  a 

iien1  uiflbit  1  junour 

pour  luy  apprend:  Ile  de- 

uoit  au'.  .ne  admirable  a. 


I  '  o  Vouy  le  fécond  Mercredy 

Dieu ,  &:  digne  de  cette  faueur  :  &  en  fin  pou? 
gaigner  l'amour  de  Ton  Dieu,luy  difoit  aux  C'a- 
tiques  Jl  uerte  oculos  tuos  a  me ,  quia,  ipfime  auoiare 

C'axti  6.  fectrunt,  ô  ma  chère  Efpoufe,  deftourne  tes  yeux 
de  moy ,  pource  qu  iceux  m'ont  faicl:  perdre  & 
fortir  de  moy-meime.  Cefte  fentence  peut  eftre 
entendue  &  expliquée  en  deux  façons,  toutes 
deux  diuerfes  &  diametralemét  oppolees,  d'au- 
tant que  les  yeux  de  cefte  ceîefte  efpoufe  peu- 
ut  nt  eftre  pnns  en  bonne  ou  mauuaifepart,  & 
foit  que  Ion  les  prenne  en  Fvne  ou  en  l'autre 
forte,  toutes  deux  nous  apprennent  pourquoy 
noftre  Seigneur  a  defnié  des  lignes  &:  des  mira- 
cles aux  P h anfiens  ,  &  leur  donne  des  fignes  de 
teprobation  :  neantmoins  pour  eftre  court  ie 
veux  prendre  ces  parolles  en  bonne  part  auec 
fainct  Cyprian ,  Theodoret  &  Lyranus ,  qui  di- 
fent  que  ces  paroles ,  Jtuerte  oculos ,  &c.  ce  font 
paroles  d'vn  amour  excefTif  ,  véhément ,  fer- 
uent  &  immenfe ,  &  difent  ces  Docteurs  que 
par  cecy  ce  celcfte  Efpoux  nous  a  voulu  ap- 

D  prendre  que  les  yeux  ont  cela  de  particulier  par 

refne-   JeflUsles  autres  fens:qu  iis  bleflfent  &  font  blef- 

rez  a  t      ^  ,  ^  ^^  ^  ^  rCç0jucnt  &■  ^u[  donnent 

Tft  ^Y  les  bleffcuresQamour,ce  font  des  arcsdefquels 

de  fus  es  ^^  décochez  les  flèches  d'amour ,  &  les  mef~ 

a,UUts      mes   font  le  blanc,  vers  lequel  ces  mefmes 

•fS"        flèches  font  iettees.  Auilî  les  Platoniciens  &, 

Pytagoriciens  ont  dit  des  yeux  ,  qu'vn  feuî 

traieft  &  vn  fcul  regard  d'oeil  cft  plus  mortel 

pour  le  cœur  que  le   dernier  foufpir  quand 

nous  rendons  lame.  Les  autres  difent  que  les 

yeux  font  de  pierres  d'aymant,  qui  attirent  à 


Je  Carefmt, 

eux  le  cœur  &  l'affection  :  *  utm  ceufos  tuos  a  >»?, 
u-A.irt  / -v:»/#/.r ,  rcimoing  cecy  ,  vuh.i- 
ralttcor  weu/n  m  rnotctu  ôemtmmm  :  retire  ton  re- 
garddemoy,pourceque  c'eft  luyqui  me  def- 
robe,  &  l'aine  &  le  coeur ,  ./>M>rr  ittrfej  tu<*\  «if* 
cuuijjtn  /.ce  n'eft  pas  que  cccc- 

Icftcefpoux  vuci  Iponft  dcftoiirné 

.  eux  de  luy:mais  c  eïtpar  vnc  figuré  de  Rc- 
thorique  pour  nous  monilrer  latorce 
yeux  amoureux, qui  font  douez  d'vne  telle  ror- 
Bl  \ertu  qu'ils  ront  fortir  Dieu  de  foypour 
s'en  aller  vers  la  créature,  y  tinte  oa.toi  tuo\  a  mi 
qtit.tt^it  me  «««  mtnt     ils  le  font  cnuoler 

hors  de  foy  ,  pôurce  que ,  mmk  \  WMC«  f\*  *bt  «m  *' 
Lmp  v/>.  «mn  ri    dit  Hugues  de  S.  Victor  ,  auiîi 
Plutarque  difoit  que  ,     I  mé  est  archr  «mmi  m  }*ro-  y\Uoo  fa 
friocoYport ,.  >::<er.tti.Quc  fi  les  yen*  ftncio 

ont  cette  force  &  \ertuquc  d'attirer  le  caur  vtctoreU 
&  l 'anie  des  hommes  ,  demandons  vn  peu  ex  Jeatax- 
ail-  'îerchâs  quels  font  lesyeux  fpirituels  nim.t. 

de  celte  efpouie  qui  attirent  à  foy  fonefpou 
fcCSJ  eux  font  doubles  ,  1  \  p.  de  lapure  lanietetc 
*:  diuinc  intention, &  l'autre  cft  l'ail  de  la  foy 
viue  efelatante  es:  agitante  par  la  charité. 

I     tl  ention  donc  premièrement  cftant  droi-  Unttn- 
c"t'  |  eltvn  util,  fi ocnlm  tuus  (tmpkx fntftt t&t*m  ttm  rf- 

tuum  \u:\<tnm  f/»/,  tous  les  Tcrc  |  glift  pitftrtec 

paroles  difent  q  AtétCmiU 

fimple1l'intentionSte&  droite  eit  entend  ...    I  uc  n. 

\iuc  cfraufli  vu  ail,'"  jb  tmefï 

•r-iui  tkt<<,  &  d'autant  que  i  Vf  dit  que  la  foy  L-tfoy 

WC1  r  CO)ptit>   eu  qcu\u\     tTÏ  VU 

nous  poiiuons  dire  que,  Luctrru  .<>»»*  tsl fiâei  ail. 

I 


I  £  i  Tour  lefeconâ  Mercredy 

Chrelïiés,vous  vous  eftonncz  au  fimple  recic 
de  cet  Euangile,  que  le  fils  de  Dieu  eftât  récla- 
mé de  dôner  des  fignes,il  les  defhie  :  Quoy  !  S. 
nèfles  vous  pas  reprefenté  par  ce  Propitiatoi- 
re ancien?  c'eftoitvne  marque  de  toute  voftrc 
bonté  &  mifericorde ,  n'eft-il  pas  vray  ce  que 
dit  S.Paul,parlant  du  filsdeDicu,^  conjiituit  tfit 
fro}>itiator:tti}que  s'il  eft  ainfi,n'eft-ilpas  vfay  que 
ce  Propitiatoire  eftoit  au  milieu  de  deux  Ché- 
rubins,non  fur  les  vents  :  mais  furies  ailles  & 
non  feulement  fur  des  aides ,  mais  ailles  eften- 
duës  des  Cherubins?y  a-il  rien  de  plus  léger  que 
I'aifle?de  forte  que  pour  monftrer  comme  il  eft 
preft  de  dôner  fa  mifericorde, il  veut  eftre  por- 
té fur  les  ailles  des  Anges  ,  pour  monftrer  qu'il 
Be Ile  cm-  eft  plus  lege  r  que  les  Anges  pour  fa  mifericor- 
cytion.  de,&  nô  feulemét  il  veut  eftre  porté  fur  des  aif- 
les:mais  encore  des  ailles  eftéduës,  poureeque 
il  craint  que  par  cet  inftat  que  les  Anges  met- 
troiét  à  eftendre  leurs  ailles,  fa  mifericorde  ne 
tardaft  à  venir.Mais  pourquoy  veut  il  eftre  por- 
té fur  les  ailles  des  Chérubins  Ci  c'eftoient  des 
Séraphins  pleins  d'ardeurs ,  qui  font  ainfi  apcl- 
lez,  db  ay<ïou  ce  ne  feroit  pas  fi  grade  merueille 
ce  feroit  pour  dire  que  Dieu  eft  preft  de  nous 
dôner  fon  amour,  mais  fur  des  Chérubins  qui 
font  ainfi  appeliez,  *fhn*wlm*fcwttt49  cela  eft 
merueilleu>:,&neâtmoins  c'eft  pour  dire  qu'il 
employé  toute  fa  feience  à  faire  mifericorde. 
Que  fi  ce  Scig.eltoit  ainfi  represété,par  ce  Pro- 
pitiatoire ancien  qui  eft  affis  fur  des  ailles  de 
Chérubins: mais  ailles  efte dues  pour  reprefen- 
ter  vne  foudaine  mifericorde,pourquoy,ôSei# 
defniez  vous  auiourd'huy  des  miracles  à  ceux 


qui  vous  en  demander»:,  &  leurs  donnez  des  fi- 
mou  ,  difant ,  G^nm*  ps..K4cr 

a.ikttta  f*i»nm  nw£$ti  (  .  vmd  b  tm  ti  ntfi  fftm  lo- 
ti* Pnphtr.f  Ch:vitiens,commece  font  les  yeux 
de  la  pure  &  droite  intention,  qui  donnent 
des  ailles  a  Dieu  pour  accourir  a  l  homme, 
au lli  le  défaut  de  celte  pure  intention  en  nous 
oftj  ces  ailles  à  Dieu  pour  venir  à  nous,  c'eil 
là  la  caufe  pour  laquelle  noftre  Seigneur  def- 
nie  auiôurd'huy  les  lignes  &  miracles  aux  Pha- 
riliensqui  luy  en  demandent.  La  droite  &  pu- 
re intention  eft  comparée  a  la  pierre  d'ayman, 
laquelle  a  celte  propriété  naturelle  d'attirer  i 
foy  le  fer  :  ainfi  eft-cc  le  propre  de  la  droite 
&  pure  intention  d'attirer  Dieu  à  foy. 

Vous  entendez  quelquefois  par  la  S.Efcritu- 
rc,quc  rintétu")  peut  eftre  expliquée  par  la  cor- 
de,non  feulemct  pour  la  raifon  que  ie  vous  di- 
ray  ranroft  :  mais  pourec  quec'eft  vne  corde 
qui  attire  Dieu  à  nous  ,  cV  tourne  noftre  amc 
comme  elle  veut  :  voila  pourquoy  nous  pou- 
uons  dire  encore  que  cefte  intention  eft  côme 
la  main,  &  comment  cela?ic  vous  le  veux  faire 
r  en  pende  paroll 

Platon  que  dites-vous  de  lame?  vous  dites 
quec'eft,  tgm$ém  tsbmU  têfsm  <\u.t  wibdtHdtpi» 
ft«L  que  c'eft  comme  vne  table  rafe  où  il  n'y  a 
rié  de  dépeint  ny  defcrinmaisi'âimc  mieux  di- 
re qu'elle  eft  côme  vne  belle  glftCC  de  cri  liai ,  ô 
gUccdecrifta]  ,  tun'esii  rcluifanteque  lame 
île  1  home  ?qtl  que  Tintent; 

fte  main  qui  tourne  celte  ame  6  i^lacc  de 

çriftaL  Tournci  la  glace  vers  le  ciel  clic  rcpre>» 

L  tt 


i  #4  ^0UY  k  ffconi  McrcreJy 

fentera  vn  Ciel ,  tournez  la  vers  la  terre  eîle 
reprefentera  la  terre ,  tournez  la  vers  le  Soleil 
elle  reprefentera  vn  Soleil ,  vers  vn  fumier  vn 
fumienainfi  ô  ame  tu  es  cefte  glace  de  criftal,ô 
intétion,  tu  es  cefte  main  qui  tourne  ce  cnftal, 
de  forte,ô  hôme,que  fi  tuas  vne  pure  intention 
&  fi  tu  tourne  ce  mirouer  de  l'ame  vers  le  Ciel 
elle  fera  Ciel  fi  vers  la  terre,  terre,  fi  vers  1  erer, 
enfer  :  mais  fi  tu  la  tournes  vers  Dieu,  elle  fera 
i  C or      E^eu> ^portera, &  represétera  l'image  de  Dieu 

ficu^t  port  attira  u^  ttrijgbittn  t  rrr/t  ^  îti  po>'AbnnUs  ;ma- 
pntm  cœlcfîts  Ce  qui  fait  que  le  mirouer  me  re- 
prefente,c'efï  pour  autât  que  me  tournant  vers 
le  mirouer ,  i'aduife  en  iceluy  mô  efpece  :  aufll 
l'intention  de  l'home  eftant  tourné  vers  Dieu, 
il  vient  luy  mefme  àieter  fou  efpece  dâs  le  mi- 
roiter de  l'ame ,  &  ainfiouclle  merueille  fî  elle 
le  diable  le  reprefente  ,  &  fi  alors  elle  n'eft  plus  terre, 
tafebe  de  mais  Dieu  ?  De  là  eft  que  le  malin  efprit  reco- 
ffrutnw  gnoiflant  îa  force  &  vertu  de  cefte  intention,  il 
mire  m   employé  toutes  fes  forces  &  tout  ce  qu'il  peut 
tentton.    pour  corrompre  &  vitiernos  aétions ,  &  per- 
uertir  cefte  intention. 

Cccy  cft  fort  bien  reprefente  par  vn  paffage 
admirable  de  lob,  iceluy  parlât  du  malin  efprit 
lob   4.    difoit,  li"ri<p'rut  eo anoâ  non  hab  rer  rr^iam     \cg 
70.  Interprètent  pour  r«?w  pmit  on  dit  onwc.t- 
Ze  dtAbk  ]eo  %  \yQn  &  fourmis:  c'eft  ainfi  que  lob  appelle 
appelle     le  diable,  bô  Dieu  quel  epitethe,  que  veut  dire 
l)o  four-  ceia  autres-fois  i'ay  donnay  quelques  interpre- 
w***        rations  de  cecy:  mais  à  prefent  ie  vous  en  veux 
donner  vne  nouu'  !lc:  grand  Tob  pourquoy  ap- 
peliez vous  lem^l^n  efprit  1  von  fourmis,' auez 
1  vo9  iamais  ouy  parler  des  Chimères  &  des  mç* 


eJe  C<t)(fm  \6 / 

tagnesd'or?bonDieu,voicy  bien  autre  chofe  y 
a-il  né  de  ii  (bible  que  la  formis,&  de  plus  puifc 

que  1<_  lyon,&  neantmoins  lob  conioint  les 
,  {  en(èmblê,&  dit  que  le  uiablc  tbjwmtcâ  t§9 
lyon  formis ,  oqucl  tnonftrç ,  quelle  compofi- 
rion  !  que  veut  duc  cela }  c'eit  pour  nous  repre- 
fente,  ce  qui  cit  de  la  nature  du  malin  cfprit ,  fi 
tuluy  cèdes  en  fesaifauts  ,  c  eic  vn  lvommaisfi 
tu  lu)  reiîii  :  \  ne  toi  mis  :Toutes  fois  1  ay- 

me  mieux  expliquer  ce  partage  de  lob  par  vn 
autre  du  Sage, lequel  parlant  a  1  home  oiiit  l'cn- 

I  a  la  formis  ,  »''•/'  pi^t  *«  jMnin.trn  &  pour- 
quoy  rc:i  \  oicy  la  raifon,ic  ne  diray  pas  que  c^cft 
pour  autâtque  la  petite  rormis  cherche  fa  vie  en 
cite  £c  fait  la  prouilion  durant  la  moiilon  pour  PwV/Jf- 

mps  de  1  hyucrmuis  ie  rapporteray  cecy  a  ■  "^  l* 
vn  (bin  &  a  vne  prouidence  particulière  que  ie  [mnts, 
remarque  en  ce  petit  animahelle  cit  (î  prouide 
&  h  u'apres avoir  fait  quelque  prouifion 

de  grain  en  la  petite  lûgettc  dâ  ,cllc  fçait 

&  recognoifl  qu'iceluy  eftât  en  terre  il  fe  pour- 
nu  r ,  que  fait  elle  pour  empefehereela? 
par  vne  induit"  rie  grande,  elle  ronge  le  cœur  du 
in  9  ou  elle  udconfifie  le  germe, &  par 

$Q  l  rempefihc  de  germer,  &  le  fait  ainfi  tfos  l^i. 

•en  terre  iufques  à  rhyuct  :  Belle  rc-  m 
preleiu.aion  de  ce  que  fait  le  malin  cfprit  en  j0:,t   jt- 

noft         -oit, les  aâionsque  no'faiibnscesôc  memt$ 

feu.  rTientiUl  ie  éternelle, c'efr  ce  ceUFîes 

re  qui 
au  Ciel:  u  malin  efprit ,  ru  I  !  bien  le  fruit 

qui  cft  en  ce  grain  ,  ru  ftS  bien  peurqu  il  germe, 

apoui>  uttôpponoir 

L  m 


I  tj  6  Vont  h  fécond  "Meycredy 

dofter cefte vertu feminale,&  de peruertir no- 
ftre  intention  d'où  procèdent  ces  ffuiâs,  &  ces 
'  àctiôs,  de  forte  que  lob  appellât  le  malin  efprit 
joïmrci-Uo  lyonformis ,  c'eft  pour  dire  qu'il  em- 
ployé toutes  ces  forces  pour  ofteren  nous  cefte 
vertu  feminale,&  pour  peruertir  cefte  intétion, 
&  de  bône  qu'elle  eftlarédre  mauuaife,arinque 
d'icelle  ne  procedét  que  dès  fruits  &  des  a&iôs 
Luc.  i  J.  corrompues  &  de  prauees  :  ainfi  eft-ce  auiour- 
d'huy  que  nous  voyons  les  Scribes  &  Pharifiens 
demâder  des  miracles  &  des  lignes  auac  pareil- 
le intétion,peruertie  &  corrôpuë,^^//^  voium* 
d  tt  ftinm*  vi<hnS.  Luc  dit  qu'ils  fe  font  aprochez 
de  N.  S.  &  luy  ont  demâdé  des  miracles,  thar.tts 
tu  enletentant,c'eftlàlegermeque  le  diable  a- 
uoitrôgé,c'eftoit  la  cefte  mauuaife  intétiô,  W<#- 
pfttr,  voilà  la  belle  apparéce,  voiumn^  voilà  fin- 
tétio:maisy  a-ilvn  cœur  en  iccl\ch\o:  fêtâtes  'um 
c'eftoit  feulement  pour  le  téter  &  par  curiofité; 
voilà pourquoy  fort  iuftemét  N.  S.  dit,  £e»n«tn 

praua   /  adultéra  \iinum  qu<ert  y  non  àabitur  et  ,   il  les 
pomnttoy  apelle  generatiô  adultaire ,  pource  qu'ordinai- 
ïqScrtbei  remet  l'on  voit  que  les  femmes  qui  trôpent  leur 
ih    mary  font  celles  qui  font  les  plus  aft'e&icmnee S 
tpp'i  z  enuers  eux: mais  cefte  aftecliô  qu'elles  leur  por- 
fiïno\ln  tentefttrompeufe:d'autâtque  leur  bonne  arfe- 
ïyneur  ction  eften  leurs  mignons  &  feruiteurs  sjti"0- 
fwmétiû  IttY ,  ô  génération  adultère  ce  n'eft  que  miel  en 
adultère,  la  bouche, &  que  fiel  au  cœur,  n*t**tes  e«m ,  '6U-* 
xeunt  Deum  t»  corde  fno  r?  Un-n-t  (u*  rmrititi  fuvt  fi: 
en  leur  bouche  ce  n'eft  qu'afFection,mais  le  tex- 
te Hebrieu  porte  pour  ,  mmuti  fini  ItUmàitt  ey 
moilm  funr,  c'eft  à  dire,ils  l'ont  allaicté,  &  l'ont 
alléché  comme  les  femmes ,  mtntutjunt  tnlingn* 


de  City'fme.  \6y 

/îw,c*eft  aucc  douceur,aucc  lait,&  aucc  flateric, 
tthtjHtci  mm  fifftàm  d\  v  o  yt.<nbuhi%  O  génération 
pcrucrfc  le  Déniez  vousdecttoifi^m4b$mme$€$i 

ex  vnbn  ,  tçuil  Utum  auum  vttb.ttx  corde  pfvfât.tur^ 

dit  S.Bcrnad,lc  Prophète  IU>\  al  Dauidàdi&Mî  B.rw^rJ. 

grand  mot  parlant  à  Dieu  en  cefte  forte  ,  tu  co- 

Znomltifen.ua  nit.is  ,  c  j'umculuin  tncum  WmtfkgéfH    Vfjf, 

pour  dire  que  Dieu  fçauoit  tout  ce  qui  fe  paifoit  1 3  8. 
en  Ton  c  »  grand  Dauid,  vous  ne  vous  cites 

contétc  de  dirc,Seign.  vo9  auez  veu  mon  cceur, 
niais  vous  auez  fouillé  mon  cœur ,  vo*  auez  veu 
nicsœuurcs,nô  feulement  internes, mais  exter- 
nes, (ernitas  me  as  tonifit*  *  fit  5  c*efl  peur  les  ouiiurcs 
externes,  '^fumcHluwmtkm  c'eft  pour  les  internes 
(lue  veut  dire  Cccy  :  Quelques- vns  diient  que 

1  cognoift  non  feulement  noftre  intention, 
mais  encore  nos  inclinations  ,  &  àquoy  n< 
sûmes  porte/, la glo(e  dit ,  fêm*4m tmultf  m'dém    - 
prxuAmi  ;,  pourquoy  ccl.t  \  w)tisaucu 

gOCt]  ma  voye  qui  eit  mefehante  :  poureeque 
flOU  .chons  nos  bonnes  cvuurcs,ains  feule- 

ment nos  mefehantes.  Maisiavmc  Iflictl 
auef  Theodorçt,  que  par  la  corde  1  intention  Belle   f,- 
lue  ;  &  par  ainfi  nofre  vie  eft  c< 
maifon  que  nous  batiilons  ,   &  en  I 

..ns  adiouftons  pitlT«  fur  pierres ,  ccuures 
>ns  ont  actoulUimc  de  1 
■;ordeaulieuou  iîsbaftilfent  pour  voie 
fi  la  muraille  va  droit ,  cV  ainfi  celle  corde  leur 
fcrtdereiglerautât  en  vent  dire  Dtnk)»r*  a 

-un  nH*nt  nm'hn'.tjit    c< 

ou*  ne  vouseftev 
I       ounu 

L  : 


168  Tour  hfecwâ'Mewreày 

la  corde  &  l'intétion  auec  laquelle  elle  ont  efté 
laites, c?*  (Htticuium  mtu mtffJTiiAjti,  c'eft  ce  qui  mâ~ 
que  en  ceux-cy ,  &  pource  N.  S.  non  fans  fuied 
lesrenuoye  rudement,  difant,  ^enttattopraua^ 

adttittïa  {îgnum nuœnt  <jr  non  ctabitur  et. 

Secondement  il  manquoit  en  eux  l'oeil  de  la, 

foy  viue,en  quoy  gift  leur  fidélité,  &  comment 
la  foy  leur  manque  elle?quoyl  Seigneur  s'ils  de- 
mandent desmiracles,eft-cevne  marque  d'infi- 
delité?non,ce  n'eft  pas  vne  marque  d'infidélité: 
mais  difpns  contre  les  hérétiques,  que  celuy 
qui  prefche  vne  nouuelle  doctrine  il  faut  qu'il 
preuue  &  authorife  cefte  Tienne  doctrine  par 
miracles. Venez-çàlleformez,il  y  a  i6.  cens  ans. 
que  nous  tenons  le  Purgatoire  &  linuocation 
desSs.  vous  venez  au  iourd'huy  ,  &  dites  qu'il 
n'y  en  a  point:D'auâtage,  il  y  a  tant  de  teps  que 
nous  croyons  la  réelle  prefencedufils  de  dieu 
au  S.  Sacremétde  l'Autel, vous  venez  damner, 
&  dites  qu'il  n'y  eft  point.  le  dis  que  puis  que 
vous  dites  qu'il  n'ycit  pas,  c'eft  vne  nouuelle 
doctrine  que  vous  prefehez  ,  laquelle  il  vous 
nous  voulez  faire  croire ,  il  faut  premièrement 
rue  vouslaprouuiez  par  miracle  :Et  li  bien  les 
choies  de  la  foy ,  n'ont  befoin  d'eftre  prouuces 
&:  débattues  par  railons  ,  ncantmoins  pource 
que  la  foy  eft  vnaétc  de  vertu,que  c'eft  vne  ha- 
bitude de  l'ame  il  faut  qu'il  aye  pieuuc3afin  que 
la  chofe  foit  plus  croyable  ,  pource  que,  le 
Sac^e  dic~t ,  qutci/o  crmn  ,  l'un  tit  'ov<i(%  En  outre 
ifeft-il  pas  vray  que  Dauid  a  dîct  ,  T  (tmum* 
tué  cïeuibihx  f*cid  funt  twms.  Il  ne  diÔ:  pas 
f*flibî$4%  ny  rutJentu  :  mais  credtbilu ,  pour  au- 
tant que  tout  ainfî  que  l'œil  ne  peut  voir  fans 


Je  C/7  fin?.  169 

lumière,  ainfi  noftrc  entendement  ne  peut  vo.r 
ou  par  ci.         pcrTuafion'oa 
parcrediDilitc:à:cômcla  volonté  ne;  .rre 

portée  a  ion  obicet  que  Tous  la;  c  e  du  bien, 

ainfi  il  cft  im[  .■nruuicmcnt  cro)  c 

fans  quelque  vente  apparente-, &  pourec  arinde 
croire  il  eftnece;:  ;ous  ayons  quelque 

vente  &  quelque  lumière  qui  eft  la  r'o  >ur 

ctoire  a  la  foy  ,  il  cû  neceflarre  que  M 
quelques!]  oàrsdiuinsqui  font  les  mirael 
quoy  t  o  Hérétiques  ferez  vous  plus  priui 
que  •    (tant  députe  de  la  part  de 

Dieu  pour  aller  dcliurcr  le  peuple  d'Ifrael ,  a- 
pres  auoir  àityHêttcmkm  lieu  luj 

fcjfo  mu.  :  que  riens  tu  en  ta  tu 

iuvdit]  ft  vue  \  te  là  à  te 

rc,d:  lie  rïiit  cbigee  &  en-  ExoJ  4. 

tic  en  ferp  ieu  luy  dit,Prends  le  parla 

que,  .1  prenant  |  rcuint  en 

)ii  que  la  million  1  (c  kit . 

thonfeep..  Et  la  difficulté  qu'il  y 

than,d'Abiro;  ptsefcl 

rach  arrêta 

ift. 
En  l'hiftoirc  des  R<  auoir  (1 

ût  le  vi.ty    D  >a  bien  ccluy  qu*H< 

adoroi: 

• 

tienne 
it  mis  fur  i< 
aucun  Ku 

ni  l'holocaufic  duquel 


5-  O  Peur  fefecovl  niUrcnâp 

|.  \t*  feumiraculeufement ,  leDieudeceluy-là  fera 
iS.  tenu  pour  vray  &  véritablement  Dieu  ,  ce  qui 
fut  fait  &  accordé ,  &  ny  eut  que  fur  le  facri- 
ficc  d'Helie  que  le  feu  defeendit ,  &  ainfiHelie 
confirma  fa  doctrine  ( qui  eftoit  pour  faire  co- 
gnoiftre  vu  vray  Dieu)  par  miracle  :  de  forte 
que  le  peuple  qui  adoroit  Baal  fe  print  alors  à 
crier ,  difant ,  Dommus  tpje  eïl  ûem\  Dommus  tpje 
eitûem.  Vous  autres  donc,  ô  Hérétiques ,  mon- 
ftrez  nous  voftre  verge  comme  Moyfe ,  faictes 
quelle  fleuriffe  corne  celle  d' Aaron ,  mais  vous 
îie  pouuez  faire  cela ,  vous  nepouuez  monftrer 
qutdesefpees  &  coutelas  ,  &  au  lieu  de  verge 
fiori  fiante,  vous  ne  monftrcz  que  des  piftoîkts, 
auec  lefquelles  vous  auez  planté  l'Euangile ,  &: 
au  lieu  de  feu  d'amour  &F  de  charité  ,  vous  vous 
cftes  feruis  de  feu  matériel  pour  bruiler ,  &  de- 
ftruire  nos  Temples  &  nos  Eglifes. 

Il  n'y  a  iamais  eu  loy  ou  les  miracles  n'ayent 

Ctmf  4 .  cfté  pour  côfirmer  la  religiô  &  la  pieté  de  ceux 
qui  auoiét  cognoiflace  de  Dieu.En  la  loy  de  na- 
ture vo°  auez  le  facrifice  d'Abel,qui  fut  embra- 
fé  par  le  feu  du  Ciel ,  &  qui  fut  fort  agréable  3 
Dieu. En  cefte  me  fine  loy,apres  le  Déluge,  vo' 

Gemf.c,  auc*  1  arc  eil  Ciel  mis  aux  nuées  pour  figne  d'a- 
liance  entre  Dieu  &:  les  homes.  En  la  loy  eferi- 
te  ce  n'efcoientque  meruciiles  &  miracles  :  car 
en  cefte  loy  eferite  afin  que  le  peuple  ne  chan- 

GaUt  fccclafteil  laco^noiiïancc  &  adoration  du  vray 

-   j'     Dieiuil  fefaifoit  continuellement  dix  miracles 
4 .  de  ar  '  , 

ctmsCd-  au  tabernacle  a'i  rapport  de  Petrus  Galatinus. 

thohe*        **e  PreiTner  eftoit  qu'en  ce  tabernacle  ancien 

vetîtatis  ^rendoient  les  refponfescte  Dieu  parlemini- 

ftere  de  l'Ange/elon  qu'il  auoit  promis  à  Moy- 


àt  Ctrtftne.  jj  I 

rç.lnJepr*cipiim  c  loqu^r  aJtifupr*  Mcdimedioatto-  T.xiâ. 
tum  Chemin» .qui erunt juftr  arcam  ttJttwont^Chottacmt  %t 
»i.ind*,bopti  ttji  us  ijratl. 

Le  fecôd  miracle  qui  fe  faifoit  au  tabernacle 
ancien  citoit ,  que  les  pierres precicuies  qui  ei- 
toient  fur  le  rarional  du  grand  Préfet  cham- 
geoient  de  diucric s  couleurs,  lelon  les  diucrics 
©ccureuccs &  euencmCQtS, 

Letroiliclme  c  ckoit  encore  que  ce  taberna- 
cle fat  comme  \  ne  boucherie  ou  ruerie  perpé- 
tuelle de  bettes  8(  d  animaux  occis  pour  taire 
iacririecs,  ncantinoins  on  n'y  rcillnioic 
point  de  mauuaiic  oucur. 

Jx^.c'ci  toit  que  la  chair  des  hofties  &  wiâ 
mesoLuus  |t  imm<  »ien  quelle  lut  lo, 

Éetnpf  gardée  ,  ncantmoms  ianiais  {         i  le 

Ici.  miracle, ceTc  qu'en  ce  tabernacle  Jamais 
BKHlcht  I  ,  bien  quelles  deuil', 

y  entier  acauledela 

es  A  iirii  |iioy  il  cfi 

de  Caron  ou  les  rppôcl 
en  t.         6ndancc,qu'ârai 
SjTTÎ  1  Bit  appelle  Temple  d 

mouches. 
54  miracle  qui  i  lean- 

i  u  Lice  n'eftott  e/tcjnr. 
7. mini  :,  que  II  .  ns 

quieltoittoi.sk  s 

Iroitn;  chc  ,  ains  perpei 

lavement  mootoit  toujours  en  haut  :ac 

ieiK  |  I  .tut 

a  Dieu,  Dmm  nr éuittoïâti.  ..crijnm 

tn  co»jptJu  tuo. 


Tour- 
(juoy  no 
hre  Set 
omuï  re 
fufe  des 
miracles 
aux  bcrt 
les. 


J7 1  Pour  le  fcorià  MeYaêJy 

Le  huictiefme  miracle  ,  c'eft  que  ce  taberna- 
cle eftoit  baftant  de  tenir  tout  autant  de  per- 
fonnes  que  l'on  pourroit  dire. 

Le  neufiefme,c'tft  que  tous  ceux  qui  eftoient 
en  ce  tabernacle  fe  trouuoient  tout  autant  à 
•leuraifeà  genoailsque  debout,  &  dit  encore 
Galatin  qu'ils  fe  trouuoient  encore  plus  à  leur 
aife  agenouillez  que  debout  :  c'eftoient  là  les 
•dix  miracles  qui  le  faifoient  en  ce  tabernacle 
ancien ,  &  en  cefte  loy  efcrite. 

Venons  à  la  loy  nouuelle:  ôque  de  miracle  il 
s'eft  faict  pour  eftablir  la  religion  Chreftienne, 
le  fils  de  Dieu  n'a  fait  autre  chofe  que  miracles, 
toute  fa  vien'eftoitque  miracles  pour  eftablir 
la  nouuelle  doctrine  qu'il  prefchoit  :  donnant, 
môtant  au  Ciel, authorité&pouuoir  à  fes  Apo- 
flres  de  faire  des  (ignés  &  merueillespour  efta- 
blir &  planter  l'Euangile  fur  la  terre  :  de  façon 
que  la  marque  d'vn^  nouuelle  doctrine  font  les 
(ignés  &  les  miracles. Pourquoy  doc  lesScribcs 
&Pharifiens  demâdans  miracle  s  à  N. Seigneur, 
qui  prefchoit  vne  nouuelle  doctrine  ,  font-ils 
refufez  &  conduits?  c'eft  pour  autât  qu'ils  de- 
mandoient  des  miracles  fans  necefTité,car  il  en 
auoit  défia  affez  faict,  &  n'eftoitneceflaire  qu'il 
en  fit  d'auantage  pour  eftablir  fa  doctrine,  Jpt- 
y>  dit-il,  (]n*  "'"  fret  tpthnomum  ptrhtbtnt  de  me, 
Quoy  ?  nos  Reformez  fe  voudront-ils  préfé- 
rer au  fils  de  Dieu  ?  voudront-ils  eftablir  au 
monde  vne  nouuelle  doctrine  fans  miracle? 
cela  n'a  efté  permis  au  fils  de  Dieu  ,  beaucoup 
moins  donc  à  eux  :  Ce  Seigneur  difoit ,  Sinon 
vcr/ijstm  Çr  io(]Hutm   ets  non  JHifitm  &  fi^na  nonft- 


non  h  tbti  h    c  e  ft  autant  di- 

foit,h ie n'eu  lie tait  des i 

aiucv  reccutna  dc&nn<  lis 

n  euilent  nullcmc  wrcequ'j 

lanouucllcduar  ûile&ft 

miracle.Ainiiic  disque  puisque  ni  z 

ils 
prefehent  (bit  le  plu*  oie  du:  ou- 

ois  n  y  croy  ans  point  bons  ferions  exa 
deuant  Dicu,pource  que  ce  qu'ils  difjtcx  cniei- 
gnent  n  a  point  elle  autlioriie  ny  continue  par 
miracle.  >///£W4  wm  ftctrutit  peccatum  nonbalj  mus. 
Mais  (  pour  venir  a  monrropos)  il  eit  donc 
tout  certain  que*  c'eftoit  a  tort  ^  fans  canfç 
que  ceu  trCJ  dèmandoient  des  miracles  a  Ho- 
iries.-  aear^c  ir  tour  ce  q  ent  fait  &  dit 
anciens  Prophètes  n  étroit  que  toachant 
Gtperibnne  :  &  Pénible  en  en  nru  /*- 
Ibouerain  8t  éternel  aye  faitenuers  fou  (Us  le  ™**k 
mefire  que  les  anciens  ftatoairesdeL  WQt- 

onlaas faite  quelque  ••  â-  "IS 

deur  incroyable ,  rtt  de  \  &  l* 

plufieui        diuen  ftati  U 

l  l'antre  les  pu 
d'autres  ouuriers  les  autres  partie  s,  d . 
que  pluflcurs  trauaiUoient  i 
ment,  &  ne: 

mes  parenfemble  , 
mbloit  i  i 

ouurier  qui  y  cuit  : 

n  aye  roula  faire  le  me  me 

roulu  donner  ire  11  perfonne  d 


f  y  ±  Tour  Je  fécond  Mtrcreày 

fils  aux  anciens  Prophètes  ,  lefquelsfe  font  ef- 
forcez de  represéter  la  vie  de  ceSauueurJ'vna 
prédit  fa  naifsâceji'autrefa  fuite  enEgypte,l'vn 
fa  paflion,  l'autre  fa  refurre&ion:  Y vn  Ion  afcé- 
fioiiji'autre  fon  ïugemeut:&  réiôigncz  tout  ce- 
la par  enséble:que  faites  vous?  vous  côpoferez 
la  feule  &  vnique  persone  du  fils  de  Dieurquels 
plus  grands  miracles  defirez  vous  que  ceux- 
là^  ainiifort  à  propos  il  dit  fgna  ou  op<r  *  qu* 
toofv.ct ,  tpja  trjtmiomum  perbtb  nt  de  me.  Lors  que  S. 
ïean  enuoya  fes  difciples  vers  N.  Seign.  pour 
fçauoir  de  luy  s'il  eftoit  le  Mefïie  attendu  en  la 
loy,  ou  s'ils  en  deuoiét  attendre  vn  autre  :  pour 
1i4â  N  toute  refponfe  il  leur  dit  ,  tuntLsremnctate  loanni 
'  -  quai  fmdtfn  tjr  vidtttis  cita  vtden  t,  claudt  ambulant 9 
leproft  mnndantur  9f*rJi  dukunt,  mort  ut  refurçunt  ,  patt- 
hères  fuinoelifantur  I'ay  fait, dit  N.Seigneur ,  tels 
&  tels  miracles,  iettez  les  yeux  fur  les  Prophé- 
ties ,  &  fur  ce  qu'ils  ont  dit  de  moy  ,  &  vous 
verrez  que  ce  n'eft  que  de  moy  qu'ils  ont  par- 
lé. Pour  de  fubiect  noftre  Seigneur  refufedes 
miracles  aux  Pharifiens  qui  luy  en  demandent^ 
&  au  lieu  de  leur  en  donner,  il  leur  donne  des 
lignes  de  réprobation,  c'eft  icy  la  féconde  par- 
ilpte  de  tie  de  ce  prefent  Sermon  :  quels  font  ces  fignes' 
h  ïfpro-  de  réprobations  :  les  voicy ,  Vm  Nmtuit* [urgent 
dation,  tn  xuthao  cum  ^cneratione  tjta,  ?P  condenmabunt  eamf 
quu  peenitentiam  eeerunt  tn  prœdtctttwne  Ion*  ,  {?  ecce, 
plufquwt  îonas  htç.  I{e^uia  ^Aufiri  fur^et  in  iudicio 
cum  penerationc  itla  ,  ç^r  condemn.tbit  ram  y  quia  venit 
à  fimhm  terrœaudne  Uptmxam  S domnnh ,  (çreccepluf- 

(imm  s.tbimn  hic.  Voilà  les  fignes  d'vne  répro- 
bation :  le  fçay  que  Saint  Paul  dit  que  Ktmojcit 


dt  Cm  fat  1 7  S 

yt i » rn  amie  yeî  oàto  ihc  t O m b i C n  q u £ 

celàfoitvray,  fi-cftce  poui  liiiju'il 

.urrrouuerdes  figues  de  lap:^  on 

ces  bons,&  de  la  réprobation  des  nie  A* 

quels  font  ces  lignes  tic  lape  destination  ,  ceft 
oii;  r  la  parole  de  Dieu  n  olontiers.  C/«mj  m*À  v*<? 
m..in  Auuuo.t  &  ne  l'entédrc  point  ceTt  vn  iigr.c 

«le  la  réprobation, *«id«w»4"'i"'"*  nQ  f/?/.y/*M 
ci  mtMn  n  auditif  Ce  grâd  Dauid  à  tort  bien  i  e- 
prefente  cecy  quand  il  à  dit,  Luarnapedibui  mis 
Vnbum  tuum  Domine.    Que  ditCS-VOUS  PropllCtC  prj 

royal?  quoy?  la  parole  de  Dieu  eft-ce  vne  lan-  JL  ' 
tel  ne  }  ouy  c'e/t  vne  literne  qui  fait  cognoiftre 
ce  qui  cil  delà  prededinatiô  &  réprobation:  & 
■  nient  eelar\ous  1  entendrez  a  CClU  heure. 
(  Muy  qui  de  ni:  t  alleroileler,  il  a  ac-  Rf//,  r 

.le  porter  auec  luy  vne  lanterne  aucc  rçJfogJL 
& :  fllctsccilc  lumicie  elt  caufe  que  les 

petits  oilcaui  (c  kttentdana  lesreri ,  penfans 

proche!  de  celte  lumière  ,    pouree  qu'ils 
iiec'efl  le  ionr»mai$  celte  incline  lu- 
mière ellonnc  les  bel  het,  &  faiéfc 
prendre  lafu:-            lODpS,  aux  r\  grès ,  &  aux 

19,   (>  luinitre  diuine  ,  eue  la  parole  de 
Lii  attire  à  foy  le  &  les  prederti- 

nez ,  &  fait  tourner  en  fuitte  lesmek 
reprouuez    fi  vous  Nouiez, ( Mire  (liens,  efm 
nombre  eles  bons  \  despredeirinez,  &:  prédre 
le  vol  au  Ciel, il  faut  ftuure  la  lanterne  de  cefte 

inc  parole:   &  s'il  arriue  qie  tous  ^ 
attirez,  c  arque  & ligne  que vous 

tfte  /  &  prede:  ;  ourel'tre  fauuez:  ÔC 

au  contraire  u  \uu*  boudiez  les  orcii  . 


5  o  S  Tour  Je  fécond  Uevcredy 

cœur  à  la  prédication  de  cette  diurne  parole, 
que  vous  fuyez  cette  lumière  &  cefte  lanterne 
de  falut,c'eftvne  marque  certaine  de  voftre 
réprobation. 

O  grand  Apoftre  S.  Paul  rie  M'apprendrez 
vous  point  cecy?dites  moy  vn  peu,quelle  efh  la 
À  tl<  j ;  marque  du  reprouué,n'eft-ce  pas  le  mefpris  dé 
la  parole  de  Dieu?certes  vous  n'en  doutez ,  car 
parlant  aux  Iuifs  vous  diffiez^  V ohn  opontbat  pn- 
infînloquiverbum  Ùety\td  ûnoutam  repeilttis  illud  & 
indignos  vos  indicatif  œtemœ  vttœ  ,  tcce  conueyttmurad 
genre)    Ileft  vray  ,  dit  S.  Paul,  ie  gie  fuis  faict 

6  deguifé  comme  vn  chafleur  pour  vous  pren- 
dre :  fay  pris  en  main  cefte  lanterne  de  la  paro- 
le de  Dieu,  pour  voir  &  cognoiftre  M  vous  e- 
ftiez  du  nombre  des  predeftinez  mais  voyant 
que  vous  fuyez  deuât  cefte  lumiere,&  quevouS 
ne  vouliez  entendre  cefte  diuine  parole  ,  i'ay 
autti  toft  recogneu  voftre  réprobation.  Sedquo- 
mam  repeituis  tilud  CP  wdi^nos  vos  tudicatis  œmnœ  v*- 
î<t .  ecce  cowevtmwr  ad  *eatfs  :  Auffi  adioufte-il 
puis  après  ,  jitsdnmes  Éuttm  gtutes  ^auijœjunt ,  & 
ghrificub^m  v*rùttm  Dommi  &  credideru><t  qmtquot 
mnt  pranrdinati  advitam  œtern~im  NOUS  aUOnsdit- 

il,  monftré  ces  lampes  aux  nations  eftrangeres 
&  ainfi  comme  oifeauxils  fe  font  lai  (fez  pren- 
dre, &  ont  receu  cefte  fainde  parole,  &'y  ont 
adioufté  foy. 
Di'u  pu-     Tachciie  ce  prefent  fermon  en  difant  ce  mot, 
niraciux  que  par  ces  paroles  yVmNtmuitœ   furent  imu- 
(\m%  nt       diao    coritra    "(nerstiomm    lïiam  :  e^r  f{efftn/t  auHriy 
l'amont    çrc.  nous  eft  reprefenté  vn  très-grand  fecret; 
liceu.      c'eftpour  dire  que  là  où  Dieu  a  plus  faic~t  cf- 

dater 


àeC*refme\  177 

clarer  les  rayons  de  ù  bonté  8C  mifcruv.rJe,  là  ptM  je 
niclinc  s  il  y  a  de  l'abus ,  il  fera  au  iugetneJtf  nrr4ce  gUg 
dauanrage  eulacer  fa  ioftke  :  les  luirsauiour  [es   aMtTes 
du  iagctncm  icront  plus  condamnez  que  lcs-^^,  („ 
Niniuiccs  &  que  iaRoyne  Saba,  cV  pourquoy?  aurnnt  4. 
pource  qu'enuers  eux  Dieu  a  plus  faiâ  clcla-  / .., 
ter  le.  grâces  ex  ta  milciicordc  ,  que  non  pas 
cnuers  ceux-là,  &  pource  en  ayansabule  88  s  I 
il  ans  rendus  ingrats  ,  ils  icront  gricruement 
c  mdamnez  ,  voire  metme  plus  que  ces  Niniu:- 
rcs ,  boarec  que  Dieu  ne  leur  a  pas  tant  rr.on- 
ftréde  ruucut  qu'aux  luiis.  burcecy  il  faut  que 
ic  vous  interpretc  vn  peu  ces  paroles  de  IV.po- 
ftrcS.liCques,.vw/vr  fXébdt  aMtemmi'eri(ordi4  tu-  Iâcot.  1, 
aictum.  le  ic,ay  bien  qu'enuers  nous  lamiferi- 
corde  de  Dieu  cft  plus  grande  que  e, 

cela  cft  très  véritable  ,  niais  li  quelqu'vn  abuic 
de  cette  milericordc  de  Dieu, alors  fût  luy  Dieu  Belle  con- 
féra d'autant  plus  clclarer  iaïuilicc,    Otmk  t'tm  ceptton. 
jud(i  Lmf>4*  àrdem  :  les  yeux  de  1  - 

jnc  lampes  ardcntcs:puis  que  les  \  eux  de  Pu 
(ont  comme  lampes  ardentes ,  dira  uielqu'vn, 
nous  pouuonsefpcrer  d'clteiiuirc  celle  lampe 
ardente  de  la  lulticc  pat  les  larmes  de  la  Pétri- 
ter         I  fia  eft  bon  pour  celle  rie prefci 
n  1  autre  non  ,  il  n'y  aura  pflM  mo)  en, 
luliexm  cha\\  Umptf  *TÙrn..o  lampe,  o  huile  de  la 
»1,;  fc  Dieu  ,  qui  au  foui  ne 

c:.  mince  ;  i:<. 

pcchetif  ,11  crue  moftdrta  n 

que  Dieu  tC  flicl  •  îccllei  c  Of 

l      :es  Contre  toy  en  itC  &  (  OOTCOUI  »CO  iu- 

iticc, en lcucuic& rigueur.    On.  ir 

M 


178        Pour  le  IL  Mer.  de  Carefmel 

ie  vois  bien  maintenant  pourqaoy  vous  aucz 
la  iuffice  ^z  >  StdUbitfurormcm  fufer  demain  1  flair .  6  iu- 
de     Dieu  ftice de  Dieu, eft- il  poflible que  vous  foyezac- 
compAree   comparée  â  l'alambic  qui  diftile  Ôc  réduit  en 
à  laUm-  cau  ^cs  fleurs  ôc  les  herbes  au  moyen  du  feu  ÔC 
bicquidi-  ^cs  flammes  qui  font  au  deftousrouy  iuftemenc 
fitle    les    la  iuftice  de  Dieu  eft  femblableàraîambic,.?/*/- 
fleurs.        la  bit  fur  or  meut  fuper  domum  ifram  ,  ec  feu  eft  la 
concupifcencc  charnelle, tocs  fleurs  ce  font  les 
plaifirs  Ôc  délices  de  ce  monde.  Toutesfois  j'ay  - 
me  mieux  dire  que  ce  feu  de  la  concupi/cence 
fait  diftiller  les  plaifirs  ôc  les  voluptez  ,  Ôc  les 
change  en  la  iuftice  de  Dieu,  c  cft  à  dire, en  vne 
condemnation  éternelle, Ducuntin  b^n^diesfuos^ 
£r  m  punlfo  in  infernum  defeendunt.  Ou  bien  en- 
core mieux  difonsjque  ce  feu  n'eft  autre  que  la 
iuftice  de  Dieu  qui  diftillefur  les  mefehans:  ôc 
que  les  fleurs  qui  diftillent  en  l'alambic  de  cefte 
iuftice,  ce  font  les  dons  de  Dieu,  dcfquels  nous 
auons  abufé,&que  la  grâce  mcfprifee  cft  ce  feu 
qui  fera  changer  ces  dons  de  Dieu  en  l'eau  de 
fon  ire  ôc  courroux.    O  Seigneur  mon  Dieu 
nous  recognoiflons  véritablement  que  nous 
auons  mente  cela  enuers  vous.-  mais  il  vous 
plaira, 6  mon  Sauueur»  de  nous  donner  l'oeil  de 
la  pure ,  bonne  &  fainte  intention  ,  à  fin  qu'en 
cette  vieprefente  ,  nous  vous  attirions  à  nous 
par  voftre  grâce, &  qu'après  que  nous  en  ferons 
dehors  vous  nous  attiriez  à  vous  par  l'oeil  de 
voftre  gloire.  Ainfifoit-il. 


SERMON    POVR     LE 
Second    Ievdy 

de  Carcfme. 

us  mJi  lefusfeeefut  m  fartes  Tyrj  cr  Snlo- 
ri  .  ht  >;:,•  muiter  cbdnartAd  djimiui  dits  egre  - 
im*U!ty<iicfhs  etyMtfercrc  met  Domine fili 
Pâutd,  Crr.  Ft  re  pondens  Ufus  dixit  ,o 
muter,  cre*    M  ATT  H.    15. 

1^  }?}  v;   'Est  icv  la  fin  &  la  conclufion  de 
t}f*fr  H   cc   combat  qui  nous  eft  auiour- 
r*  ♦     ^^    d  huv  lepielcnrc  en  1  huani»ilc,cti- 
^->  ~ï    '   rrc  noftrc  Seigneur.  &  la  Cbana- 
née,  0  prorondeur  de  la  llptcncc 
duiine  ,  &  du  ftflc  de  l'Egltfc  ,  conduite  & 
Ice  par  le   faioâ  Eiprir.    Dimanche  pat- 
ft  elle   nous   rcprclenroit  le  combat    d'entre 
v.'  le  malin  efpril  ,  «Se  auiour- 
d'huy  elle  nous  mer  en  auant  vn  combat  en- 
tre ce  melme  Seigneur  Al   f  ne  limp'e Ùva 
Ictrc  :  ni  n<c  ,<]ue  Diman- 

che S  '  ;  or: eux  ,  fi 

:  1  huv  1  reprefenté  vaincu  &  fur- 

;   vnr  limplc  creirurc  :    .  che 

dernier  il  ic  tendu  victorieux  de  Sathan:afin 


i  go  Peur  le  feconà  Ieudy 

de  nous  encourager  à  combatte  contre  iuy  :  Si 
auionrd'huy  il  le  laiflc  vaincre  aux  priercs  d'v- 
ne  femme,  pour  nous  donner  atîeurancc  de  cô- 
barreauccluy  aucc  les  mefmes  aimes,  afin  de 
obtenir  la  mefmc  victoire  que  celle  femme, 
c'eft  ce  que  ic  defîrc  vous  reprefenter  ce  matin: 
mais  anparauant  demandons  l'aiïiftance  du  Si 
E (prit ,  par  les  mérites  8c  intercédions  de  la 
Vierge  bien-heureufe,  laquelle  nous  faluè'rons 
pour  ce  fu  je 61;  luy  difans:   <y£ue  Mari*. 

gW^^g^  Efort  8c  faricux  Goliath  ledia- 
|H^ÎJ|  ble,  (  les  forces  duquel  lob  allant 
deferiuant  difoit^o^  eflfuper  ter- 
rampotffa  efttœ  compare tur  (g,  quafi 
ifattiM  eft ,  'Mnullum  timeret  ,  )  (e 
fiant  à  ce  qui  e(t  de  (à  force  &  de  fon  courage, 
eut  la  hardiciïe  d'attaquer  vn  iour  noftrc  Sci- 
Matth.^.  gneur  au  deferr ,  le  voyant  aduantagé  du  lieu, 
qui  eftoit  (olitaire,confiderant  qu'il  eftoit  fcul, 
ayant  efpié  encore  i'occafion  8c  le  temps  fauo- 
rîfansà  (es  derteins  ,  puis  que  c'eftoit  au  temps 
que  noftre  Seigneur  auoit  faim, le  voyant  exté- 
nue &  prelquedu  tout  deftitué  de  fes  forces 
corporelles  pour  auoinculnc  Tefpace  de  qua- 
rante iours  ôc  de  quarante  nuicts;mais  nonob- 
ftant  tous  ces  aduantages  8c  toutes  ces  occa- 
(ionsprinfes  &efpices  ,  afïauoir  le  temps  8c  lo 
lieu  ,  au  bout  du  jeu  il  n'eut  auttr  chofe  que  de 
fe  retirer  honteufement  8c  ignominieufemenr, 
8c  par  fa  lafche  rctraidte  coutelier  8c  aduouër 
noftrc    Seigneur  victorieux  de  fa  perfonne, 
gtand  cas  que  ccluy-li. 


dtCarcfmcl  I8t 

Mais  ce  marin  l*Eglii*c  nous  rcprcfcntcvne 
bien  plus  grande  merucille  ,  mcrueille  non  cn- 
corcoiïye, mcrucille  des  merueillcs, de  voir  ce- 
luy  qui  a  valêurcufcment  triorop!  é  de  Sathan. 
&  qui  cft  doiic  d'vnc  force  merucilleufc  &  el- 
pouucntablc,  cflrc  vaincu  Se  lurmonté  par  vne 
petite  femmelette:  o  femmelette,  gloire  des 
Gentils,  confuùon  d  llracl,  «Scie  triomphe  de 
tour  c  1  Eglifc. 

>nfj  Jerons  le  titre  d'honneur  que     '   irr 
noftrc  fcuangcliile  donne  a  celle  femme,  nou 
aurons  encore  plus  grand  fuject  de  nor. 
rcr.  En  l'Apocalypfc  de  S. Iran  nollre  Seigneur.  ; 
cfl  appelle  Lion, /'*:*/  (eo  de  tniu  fujsy&  en  no- 
ftre  Euangilc  cette  panure  femme  cil  appci.ee 
chienne , /^  on  umfum  cr 

muterr  urubu*  ,  ev  voicy  la  mcrucille  qui  le  rlle  eon- 

c'cll  que  ce  Lyon  àort  &  puillant  cil  lurmonté  ception. 
ôc  vaincu   par  l'imbcciliti   £  foiblellc  d  vne 
chienne,  q  quelle  re. 

la  la;:  riture  extolle  iufques  au  Ciel  le       ... 

courage  malle  ce  la  valeur  de  celle  brauc  oc  7 
puillantc  Amazone  Iudith,cn  ce  qu'elle  eut  le 

Il  cv  le  ;-  Je  trancher  la  telle  au  fore 

ex  puillant  IJolophemes  :  mais  cède  victoire 
de  Iudith  n 'cil  rien  en  comparailon  de  celle 
que  celle  femme  remporte  auiourdhuy  lur 
noitre  ir.  Car  cet  l  lolophcrncs  n'efloit 

qu'homme  ,  mais  c  luy-cv  cil  Dieu  eV  homme 
roui   enlcmblc  :  "iHith  ciloit  CI  lc  Oien, 

mais  celle  •[  Pavcnne  :  luditbtucô 

te  H    lophernes  cllant  en  ionlic*  ae, 

&  CclL  monte  no.Uc   Seigneur  qui  u- 

M  iij 


182  Tourte  fécond  Iettdy 

mais  ne  dort  &  cft  toujours  veillant  :   Iuditfy 
furmontc  Holophernes  dcfarmé  ,  mais  ceîle-cy 
furmonte  noftrc  Seigneur  arme  de  toute  pie- 
ce  ,  de  pied  en  cap,  &  à  l'encontre  de  luy  fe  iert 
de  trois  tfcfches  ou  fagectes,  affauoir  celles  cy, 
FiL  DaHifi  miferere  ma, en  voyla  vnz.yCdiuua  me 
Vcm  ,  en  yoyla  deux.  Btum  cateliteàunt  demicts. 
rut  c advint  de  mrr?la  dcmxnorum  fuortim  ,  voyla  la 
troificfcne.  Ce  font  -là  trois  fagettes  rellemenc 
affilées  .que  tout  d'vn  coup  elles  percent  l'a- 
cier &  dure  trepe  de  la  cuiralfe  du  fi!s  de  Dieu, 
ôc  luy  portent  infques  au  cœur  :  de  forte  que 
noftrc  Seigneur  icTcntant  en  luy  les  poincîes 
de  les  fagettes ,  confefle  ingenuement  qu'il  eft 
vaincu  &gaigné>difant,  0  mulier,  majrnd  cft  fîtes 
tuA^fh't  ttli  ftcut  "Vtf,  &  fanât  a  efi  jilia  eim  ex  illtl 
hora.  O  triomphe  admirable  ,  p  glorieufe  &  in- 
firme vidoire  de  cède  femme. 

Nous  lifons  dans  i'hiftoire  des  Roys  que  le 
jeune  Dauid  ayant  abbatu  ce  grand  &  puilFanc 
Colofle  de  chair  &c  de  graine  Goliath  >  en  mé- 
moire &  fouuenancc  d'vne   tant  heureufe  ôc 
(ïgnalce  victoire  ,  voulut  que  l'efpec  &  îeglai- 
uc  duquel  il  luy  auoit  valeureufement  tranché 
la  reftefut  apporté  en  (on  tabernacle  ,  &  con- 
feruc  perpétuellement  :  ainfi  auiourd'huy  ie 
veux  rapporter  ce  glaiue  au  moyen  duquel  ce - 
ftc  femme s'eft  fer uie:  afin  que  vous  en  ayez  à 
tout  iamais  mémoire:  ccglaiue  de  laChananee 
n'effc  autre  que  la  prière  &  l'oraifon,  de  laquel- 
le ie  veux  auiourd'huy  difeourir  6V  rapporter 
tout  ce  qui  fe  peut  dire  de  cette  oraifonrcpie- 
(entec  en  l'Euangile  de  ce  iour. 


de  Carcfmâl  iî$ 

En  Voraifon  fix  chofcs  (ont  foigneufcmcnt  à  six  chofes 
remarquer  &  à  conhdcrer  ,  la  première  cft  la  4  conftde- 
qualité  de  ccluy  que  Ton  prie,  la  féconde  \*  rerenpn- 
volôrt  &  pouuoir  de  la  pcrlonne  priee,la  troi-  4W/, 
iïcime  l'intention  de  la  perfonne  qui  prie  ,  la 
quatiiclmc  TinterccfTion  des  Saints  en  (a  priè- 
re ,  la  cinquieime  la  pcrleucrance  en  iccllc  ,  & 
la  lîxicimc  l'humiiitéau  moyen  de  laquelle  on 
peut  obtenir  ce  que  l  on  demande  à  ccluy  que 
l'on  prie  :  voyez  comme  cecy  c(t  fort  bien  rc- 
prelcntc  en  noftrc  Euangile,  Efrtejfm  efitnde  le- 
\ut,  c'elt  là  ccluy  que  nous  dcuons  prier  ,  Et  ecce 
mu'.icr  eçreffd  étfimùti*  tllsf^UmdUtt  dteenset  Mtfe- 
rere  met  Comme  fU  Pjutd  ,  c'eft  pour  la  rolontc 
cV  pouuoir  de  celuy  que  nous  prions,  tilts  m   i 
m.tle  a  âtmor.-.o  ~\exatur  ,  c'elt-  là  l'intention  de  !a 
redonne  qui  prie. /'•■  HueimrofÂ- 

uerunt  tu  «.  ,  dimttte  edm^uid  clamât  poj}  nos, 

c'cfl  l'intercrflî.m  des  Saindts  quicltlà  repre- 
(enree.  yf#  ilU  "\m;tc~  ddorduit  eumdtcen.'yDi  mt> 
fte  ddiuuu  me  ,c  ett  U  la  pedcuerancc&  la  perfî- 
itanec  en  la  prière.  F.tum  cdtellt  edunt  demici<9 
ejud  eddunt  dr  mm  d  dominorum  (uorum,ce(ï  pour 
i'humilité  requiieen  la  perlonnequi  prie. 

Pour  la  première  condition  de  la  prière,  alla-  flufteurs 
uoir  de  regarder  la  pedonne  de  ccluy  que  nous  'orties  du 
prionsjcllceft  norceen  ces  mots, F^rr (fus  efitnde  fa    <te 
lefus ,  c'cfl  la  pcrlonne  du  fils  de  Dieu  ,  tgtffiu  Dieu. 
efi:  lui  r  dirav  îcv  que  !c  fils  de  Dieu  a  fait 

pluticurs  &diuerlcs  iornes ,  la  ffremicrcclt  de 

l   l'ère  Eternel  ,  qui  cft  de  toutecternité  .  d        . 
jum*  '(t\o  t^rejsmetks.  i.  d  ici  ctrrr,itutr^\c  l'erc  '  '  *"  IC'* 
mclmc  parlant  a  fon  Ris  luy  diloit./-  x  >tero  dnte 

M  iiij 


ï84  Tout  le  fécond  Ieudf 

Ittciftrtfmgcnui  /e,&cefte  (apicnce  éternelle  par« 
Jât  de  foy  dit^Eço  ex  ore  alnfsimi  prodtf,  par  la  ge- 
neratiô  éternelle  ,  mais  c'eft  en  telle  lorte  qu'il 
eft  forty  que  pour  cela,  il  ne  laide  (Tertre  touf- 
iours  demeurât  au  Père  ,  il  fort  du  Père  &  ren- 
tre an  Père  par  l'identité  eflcntielle  qu'il  a  auec 
lePere:  voyla  pourquoy  il  nous  eft  tellement 
reprefenté  forty,  qu'en  mefmc  temps  la  fain&e 
eleriture  no9lc  représente"  roufiours  demeurât  au 
Père,  Inprtcipio  erat'\erbù,&'~\erbù  erat  apudùeiï, 
*)fM£emtMa  qui  c/linfinu  patris  ipje  en&rrabtt  ~\obi«\ 
Secondement  ic  dis  qu'il  eft  forty  lors  qu'il 
s'eft  incarné  &  a  prins  chair  humaine  ,  il  elfc 
forty  du  Ciel  pour  Venir  en  terre  ,  Extui  a  pâtre 
Cr  "Vf»'  m  mundûy\\  eft  forty  JuCiel  &  eft  entré 
das  les  chartes  entrailles  de  la  Vicrge,du  ventre 
de  la  Vierge  il  eft  forty  pour  entrer  en  Bethlcé 
en  l'cttable  &  en  la  cre(chc  ,  &  de  la  crcfche  ic- 
pourray  dire  qu'il  eft  forty  pour  s'en  aller  en 
Egypte,&  par  cela  ic  pourrois  encore  dire  qu'il 
eft  forty  desluifs  pour  s'en  aller  vefs  lesGétils. 
Ticrccment,ie  dis  que  le  fils  de  Dieu  eft  for- 
ty par  la  création  du  monde,  Exiuit,  ou  Egrejfm 
efl  extra,  portam  creatwnu ,  &  par  quel  moyen 
eft-  il  forty  ?  c'eft  par  fa  puiifancc  &  par  (a 
bonté,  par  fa  puiflànce,  pource  qu'il  a  créé 
toutes  chofes  de  rien  ,  &  par  fa  bonté  ,  pource 
queç'aeftc  defon  bon  gté  &  de  fa  pleine  vo- 
lonté :  puilïancc  &  bonté  fc  font  les  deux  cho- 
fes que  nous  «leuons  considérer  en  lapcrfon- 
nc  que  nous  prions  :  car  il  faut  que  ecluy  que 
Ion  prie  aye  la  volonté  &  le  pouuoir  de  nous 
'.onnerec  que  nous  luy  demandons.  En  Dieu 


AeCârefmi.  185 

pous  pompons  conhJ-rcr   mille    attributs    &c 

jtez ,  nuis  luigulicrcmenc  lors  que  nous 

ions  nous  deuons  conliJcier  en  lu v  la  bon- 

ilancc»  c.ufi  encc'.uy  que  nous  prions 

il  n'y  -  c,  nou;  perdons  noftrc 

te  a. 

M  îleine  cnuoycrent  vn  lour 

vers  nt-  usr  luy  fiirç  (çiuoir  les 

::  leur  rrerc  ic  Lazare,  ?&** l'» 
dil  i  tt  tCÇt   <jttjmjmi<  inji'm.itHr  ,  belle 

rep  •  ie  viensdedire,  i  fça- 

:rcr  en   Dieu  u  puilTarïcc 

>ntc  ,  lors  que  nous  le  prions,  Domine,  voila 

la  puiiTancc, EccctjHum  amu-i  injirm:tur,  vovla  l'a- 

P}CurtUbonré,A»layq  iion. 

Tour  de  hicl  no  ImV  mx,  qui  s'ad- 

lac  vn  lour  .1  noiire  v.  .  i;iy  dit  ,  emme jï 

9t :  ,•  te  *n  >/;,royla la vo  ->tesmt 

\  la  puif>.icc  Cecy  a  meimemet  efte 

.  Seigneur,  car  luy  m:I- 

mepr:  (evecognoif-  Méttb.  S 

iuy  lapuillanv.  uter%  ft 

fien pttaf  trdjfâi  j  m  n-n         ut  erolt')-  Métlb  il. 

zjtdâ- 
ruttuy  uneileft 

nccciraircque  ces  1.  qualités  (oient  conjoint 
en  laprrlonncquc  n  >US  prions.  :.i- 

lirez  de  Dieu  lont  fort  *    par 

Iesdcux  Chérubins  q.ie  vid  le 
cluel  ,  (p:  .noient  des  ailles  fil  (f1 K 

>chct  de  Dieu  qu'auc    Qf  il10, 

lps  '  ,  is  repre- 

ientenc  la  pciion;ic  jc  cJiuvqu  prière,  dctUf 


is  6  Tour  h  feconâ  Icu  ly 

Chérubins  s'approc^étde  Dieu,  auilï  fait  ccluy 

Beau  WY-  ^Ul  Pr'c  '  ma*s  Pource  Suc  ^ieu  c^  troP  c^a^r  ^ 
n  lumineux  en  (oy  ,  voyia  pourquoy  afin  de  le 

mieux  contépler  ,  nous  dcuôs  prendre  des  aifles 
pour  nous  couurir,  &  auoir  ces  deux  confidera- 
rions  deuantlesyeux,  fçauoit  eft  qu'il  eft  bon  & 
tout  puillât.O  Dauid  ,  tu  eftois  l'vn  de  ces  deux 
Chérubins,  tu  veux  prier  Dieu,  mais  cornent"  tu 
te  couures  de  ces  aifles  ,  &  côfideres  en  luy  ces 
2. choies, disât:P*o  h*c  andim^uU  tibi  Domine po- 
tcfta<,  ey  tih  Domine  mifericordit:  Voyez  donc  co- 
rne tout  ainfi  qu'i  1  faut  conllderer  z.  qualitez  de 
N.  Seigneur  ,  aufli  de  mefmc  faut-il  que  comme 
laChananeenousfortionsdc  nos  fins  Ôc  de  nos 
péchez,  &  que  comme  l'abeille  nous  alhôs  ef- 
florer  les  Heurs  des  perfections  de  toutes  les 
créatures ,  &  veniôs  en  la  ruche  de  noftrc  cœur 
pour  faire  ce  miel  agréable  de  la  prière  ,  auec 
ces  deux  considérations,  que  Dieu  eft  tout  bon 
,  &  tout  puiflanr,  voyez  comme  la  Chananeeco- 
fîderoic  &  pefoit  ces  deux  chofes  en  Dieu,  Mi- 
ferere  met  Domine  ,  miferere  met ,  c'eft  là  la  miferi- 
corde,Pomwf, c'eft  là  la  puitfancejz/*  Dauid,  c'eft 
làlabonté, puis  que  vous  eftes  fils  de  Dauid, 
mifercre  me*',  ayez  pitié  de  moy,  Domine,  puis  que 
vous  eftes  Seigneur, c'eft  là  la  puiiïancc  :  ou  bien 
elle  veut  ainii  dire  9fili  Dtuid  miferere  met,  Seign. 
ie  fuis  voftrecnncmye  ,  mais  vous  eftes  fils  de 

i.^eÇ-14.  r3aoiji  qUj  a  fajt  mifericorde  &  pardon  a  fon 
ennemy  ,  fils  de  Dauid,  qui  auec  le  sô  de  fa  har- 

idem.  16.  pe  a  cha(Té  le  malin  efprit  du  corps  de  Saiil  9*fili 
Dân\iy  ïc  fçay,  dit-elle,  que  Dauid  a  delaiife  fon 
bercail  pour  aller  combatte  &terrailér  le  lion. 


de  C  a  te  fine".  187 

Seigneur ,  voyîa  ce  lion  de  Sathan  qui  tient  ma 
fille  polfcdce  ,  puis  que  vous  eftes  fils  de  Dauid  c$v>   17. 
exaucez  ma  prière  ,  &  la  guarantuTez,  Domine  fit 
Dauidmifcreremei ,  grande  Théologie  que  ie  voy 

en  cecy.  Cefte  femme  ne  fe  contente  pas  de  dire  . 

«'     •         •  ■  rv  rx      j  '  1  3  Ecau     fe- 

Domine,  mais  encore  JiU  Dauid ,  pourquoy  celar  J 

c'eft  pour  autant  que  la  vraye  Se  parfaite  miferi-       ? 

corde  renferme  dedans  foy  deux  chofes ,  cjfeftum 

Cr  affeftumjcftcû;  &  rarfec1:ion,difcnr  les  Théo- la  m'iferi- 

îogiens,pour  eftremîfencordieux  parfaitement  cordecom- 

il  huit  eftrc  touché  au  cœur  ,  &  (ubuenir  ,  en  vn  pend 

mot,ii  faut  lacompaflion   ôcla  fubuention.  E-  deux  cho- 

xemple  pour  vous  faire  entendre  cecy.  Voylày7v. 

deux  pedonnts  qui  vont  parmy  les  rues ,  l'vn  efi: 

Seigneur  riche  /l'autre  eft  vn  pauurc  homme, 

vous  deux  DalTans  leur  chemin  »  rencontrenr  vn  _  ,,  r    • 
;    ,  .   .    ,  ,     _  ,        Beat  imi- 

pauure  malade  ,  réduit  a  vue  grande  &  extrême  »■     ; 

ncceiiire.  Ce  Seigneur  riche  '.e  voyant  luy  îette 
quelque  pièce  d'argent  par  effecl:  *ans  cftre  au- 
trement touché  de  co  m  p  a  (lion, cet  autre  pauure 
homme  a  compadion  de  la  mifere  de  ce  pauure 
langui Jant  ,  mais  pour  aurant  qu'il  eft  pauurc  il 
ne  luy  peut  rien  donner,  il  a  bien  l'affedion, 
mais  il  n'a  pas  le  moyen  de  l'affilier. 

Dieu  eft  mifericordieux  ,  nmntum  ad  effeftum^ 
mais  non  pas ,  quantum  ad  affeftum  ,  pour  autant 
qu'il  n 'eft  nullement  fujecï:  s  paftion  ,  comme 
il  faudroit  qu'il  fuit  s'il  y  auoit  en  luy  de  la  corn- 
pairion,de  forte  que  fi  nous  difons  quclquesfois 
que  Di^u  a  pitié,  Se  eft  touche  de  la  mifereda 
pécheur,  cela  feulement  fe  doit  entendre  par 
m:taph©re  comme  dit  faindt.  Thomas  >  &  non 
pas  quant  à  fa  nature  ,  l'homme  au  contraire 


183  Fourlcfeconàlenày 

pour  cftrc  homme  pur,pcut  bien  citre touché  de 
la  mifere  d'autruy ,  mais  il  n'y  peut  pas  fubuc- 
nir:quefa!loir-ildoc  faire  pour  cftablir  au  mon- 
de vue  parfaicte  mifericorde  accomplie  de  tour 
poincT;,&  pour  faire  quVnc  perfonne  futpar- 
rai&emctmifericordicufe?ilfalloitvnDicu  hô- 
lelle  con-  me  tout  enséble,vn  Dieu  pour  fubuenir,  vn  hô- 
ception.  rne  pour  compatira  la  mifere  du  pécheur  ,  & 
quel  eft-ccDieu  homme  fceft  le  fils  de  Dieu  in- 
carné,c'e(t  de  luy  de  qui  l'Eglife  chante  ,  Deus  eut 
proprium  e(lmi[ereri[emper  ty  p<trcere:voy\a.  pour- 
quoy  la  Chananee  demandant  vnc  mi  fericorde 
parfaite  ,  ne  s'adrelTe  point  à  d'autre  qu'à  Noftre 
Seigneur, &  non  feulement  eft  contente  dédire, 
Domine  ,  £c  de  l'appellcr  Dieu:&  Seigneur  ,  mais 
fili  Dauid ,  homme  &  fils  de  Dauid  ,  mifererc  met. 
Pour  vue  féconde  explication  ,  voyons  ce  que 
veulent  dire  ces  paroles: Egrejf*  eflmulier  de  fint- 
btuillis,  c'eft:  pour  nous  monftrer  que  lors  que 
nous  voulons  prier  nous  deuons  iortir  de  nos 
péchez. 

le  fçay  que  celuy-là  a  dit  que  la  prière  des 
pécheurs  n'efl:  bonne  eftant  fondée  fur  ce  pallà- 
gc  de  VECakurCyDeus  peceatores  nonexaudit,  mais 
en  cela  il  s'eft  trompe  ,  car  encore  que  l'Efcritu- 
rc  dife  que  Deus  peecttores  non  exaudtt  >  nous  de- 
uons pourtant  confiderer  que  la  prière  a  deux 
chefs, l'vn  eft  le  mérite ,  l'autre  l'impetration  ,  le 
4   prière  mcrjtc  fc  fonde  fut  la  grâce  :  voyla  pourquoy 
*.    ct!X     faincl  Auguftin  dit  que  lors  que  Dieu  couron- 
c  ***        ne  no*  œuurcs  ,  il  ne  couronne  que  le  don  qu'il 
a  donné  ,  c'eft  atfauoir  la  grâce,  &  cl  impoiTiblc 
qu'il  y  aye  en  nous  aucun  mérite  (ans  la  grâce, 


icCarefîiîc.  189 

&  toutes  1rs  crûmes  que  nous  pourrions  faire  li 
elles  ne  suc  raidies  en  grace,cllc iont  tansmetue. 
Beau  pallage  de  l'Llcnrurc  pour  vous  repré- 
senter cccy.il  cil  dit  au  Genelcquc  rejpexit  De 
nus  dd  yibtl^zr  dd  munira  eiusjejpexit adouci.  Il  Cenef,  4. 
regarda  premièrement  la  perionne  d'Abcl ,  pour 
vuir  s'il  eftoitcn  grâce  ,  ô:  voyant  qu'il  y  cltoi:, 
muncra  ttm ,  il  reccut  alors  les  dons  Cv 
ion  lacrifice  pour  agréable.   Le  lecond  cher  de 
Ja  pnerc  ,  c'clt  l'impetranon  ,  &  pourimpetrer 
ce  que  nous  voulons  demander  par  noilrc  priè- 
re ,  il  faut  (ortir  du  peche  comme  la  Cl.anance: 
c'clt  la  (aindc  Efcnturequi  me  l'apprend  ,  Ôc 
m'enfeigne  que  le  peché  cmpcichc  que  la  priè- 
re ne  loit  efficace  pour  nous  ,  de  que  par  iccllc 
nous  ne  pounons  rien  impctrcr  de  Dieu  ,  voicy 
comme  parle  I.laye,  Kêsimque  ef^tmus ,  ÇrâÀttâ\* 
cundum  prouocauimus  te  ,  idto  tnexoraLiln  facius  es 
noiif ,  iurquoy  le  Vénérable  Bcde&  Thcodorcc 
dilcnt  vn  beau  mot  ,  &  le  (etuent  d'vne  très- bel- 
le li  nilitude^ïiK/jdilcnr'ils,/»  ^ulnrre  noHédbiùe- 
sur  mrdi.'dmentum  y  ft  M  eoéU   m 
yuandiu  feccAtum  erit  m  anima  ne  .1  e- 

rit  inexnrjLilis  ,  c'clt  donc  ainli  que  icpcchcrcnd 
nuflre  piiercimperratoire»  Ld  pr"r' 

La  :  nrurc  parle  quclqucsfoisde  la  !er»l>l*M* 

prière  fuubs  le  lymbolc  de  en  ciel  ,  qui  cn 

ipptroiâ  îanais ,  linon   lors  (jue  la  nuée  cil  Cl: 
:   ,  tcncbrculc,  c\  pfcftc  aie  IC  eu 

pnrrc!  oarc  en  <  fej  , 
Je  courroux  &  1  ircd-. 

MM  opaque  ,  de  lo,  .c  que  ( 

atc  cn  ciel  de  la  prierc  v  .  cil  ne. 


1 9  o  Vont  le  fécond  lekày 

re  que  cède  nucc  opaque  du  peche  le  refoude  bd 
piuye,&  eau  de  larmes  &  de  pcnirence  ,  ^yCadiui 
lackrymM  tutoyer  audiuiorationem  tuam  ,  difoit  ce- 
luy  lijuft:  Uchrymis  wdulgenturH  eius pofiulabo3di- 
foit  Iudicli. 

Mais  pource  que  l'homme  ,  nefeit  "\trum  amore 

"Vf/  odiodtgnusfit,  voyla  pourquoy  pour  vn  troi- 

Jntfrcef-    ficfme  poinc~b  iedis  quel'intcrcefîïon  des  faincts 

f.on   des    eft  fort  neceflaire  pour  obtenir  de  Dieu  ce  que 

Suitifts.     nous  luy  voulons  demander  ,  interceflïon  des 

fain6ts,quc  ie  nutte  en  ces  paroles  de  mon  Euan- 

gile  ,  Et  accedentes  difcipuh  eius9rogàùant  eum  dteen- 

ta  dimitte  eam  oui  a  clamât  poflnos. 

Que  dis-tu  reformé, que  l'intcrceflion  6V  priè- 
re des  fainifts  eft  vainc  &.  friuole  feonfidere  icte 
prie  l'Euangilé  de  ce  iour  ,  là  tu  verras  les  Apo- 
ilres  qui  prient  pour  celle  pauure  femme  ,  difans 
à  N.  Se'gn.  dimitte  eâm  >  Se  à  leur  requefte  elle  fue 
exaucée >ô  merudllelô  erreur  des  hérétiques» 
quoy  ?  eft- il  pofTiblcqueles  Apofrrcs  ayent  eu  le 
pouuoir  en  cefte  vie  preiènee  d'imperrer  pour 
les  pécheurs  ,  &d'eftrc  exaucez  , eftanseux  mef- 
rncs  pécheurs  ,  &  que  là  haut  cftans  deuant  cefte 
diuine  Ma jefte ,  ils  n'ayent  le  mcfme  pouuoir 
de  prier  ,  d'intercéder  ,  &  d'eftre  exaucez  pour 
nbusOngcne  lur  le  o.  des  luges  ,  dit  qu'il  a  ap- 
pnns  de  fes  maiftres  que  les  faindh  intercedoicc 
pour  ceux  qui  sot  icy  bas  en  terre, il  y  a  quatorze 
ces  ans  qu'il  viuoir,&  ne  pouuoict  cftrc  (es  mai- 
ftres  finô  ceux  qui  auoict  c(\i  fuccellcuts  des  A- 
poftres  lelqùcls  hèpouuôicc  enfeigner  autre  do- 
ctrine ilnon  celle  qu'ils  auoient  jppriniedes  A- 
poftrcs.  De  façon  que  pour  laitier  auiourd'hu/ 


ieCâftfmik  ioi 

nos  Reformez  en  repos  iurce  ujkl}  ,  ic  duay 
feulement  que  les  Ss.intcrcedans  pour  nous  (ont 
ces  Anges  que  Incob  le  Patriarche  vid  monter  &  ctnej.it. 
dcfccndrc  par  l'elchcllc  quelle  cft  cette  cfchcU 
eft  la  prière  ,  &  les  Ss,lcs  Anges  qui  montée 
au  Ciel ,  &en  de!  pat  icci  c  ,  cV  remarquez 

q  le  premièrement  il  cftd.t  que  ces  Anges  mon- 
toui>  &  puis  dclcendoienr,pcur  nous  cnUigner 
que  premièrement  les  iainers  prient  &  interec-  Beau    fe- 
denc  pour  nous  c'ett  là  monter,  cV  ayans  obtenu,   ret. 
puis  après  pat  leurs  prières  ,  ce  que  nous  deman- 
dons à  Dieu, c'eft  lorsqu'ils  dclccndcnt. 

Que  faut- il  demandera  Dieu  \  En qoatlicfipç ]nêfmhtd 
lieu  ,  eft-ce  qu'il  te  donne  vengeance  de  tes  en-  ^f     Cft 
nemis  Muy  faut  il  demander  qu'il  te  face  venir  à  nmPrie  ' 
chef  de   tes  mefehantes  volontez  ?  c'tft  tout 
ainfi, comme  fi  vn  coupeur  de  bourlcs  appcl- 
loit  la  mfticc  à  fon  (ecours  ,  laquelle  rant  s'en 
faut  qu'elle  luy  aydalt  ,  qu'au  contraitc  elle  le 
feroit  plurtoit  pendre  :  ainli  de  mflmc,  prier 
Dieu  qu'il  ficc  venir  à  cher  tes  meuhantes  a- 
ns  (5c  dciirs  ,  c'eit  tenter  la  UlftiCC   pour  te 
punir  cV  chaftîci  comme  tu  le  mente. 

Les  Pythagoriciens  ancienncn  tient  le  ic 

prière  a  Dieu  tout  haut  ,  ahnqu'vn  chacun  \\ 
tendant  ils  fuilent    comrainch    de  ne    iuy   Jc- 
mander  que  choies  mites ,  lainctcs  &  ration; 
b'es.  Ainli  la  Chananec  lut  ai:  i~ 

a  Dieu  tout  haut , & deuanc  roos  ceox  cjli  la 

VOodroîcnC    entcn.lrc   ,  &    pOOtûUCty    'pou: 
quMic  ne  dcmandoit  à  noltrc    S  jll'vne 

choie iofte 9 alîàaoir la goarifon         Bik  podt- 

dec  du  malin  clpnt  JUm  me  a  m  >r- 


I  çz  four  lefeceni  leuây 

xutur.Mzis  auparauantque  de  palier  plus  auât  Î3 
defire  vous  faire  cognoiltrevri  beau  lecrer,  ce  (t 
qu'auparauaur  que  la  Chananee  face  la  requefte 
Bfdu  mi-  &P"cl:c  s  l'Euangelifte  remarque  que  rff'Jf*  e/è 
ftere  de  fimbus  fuis  y  o  grande  Théologie  ,  il  pat  le  en 

plurier,  de  fmius  fuis ,  pour  nous  apprendre  que 
lorsque  nous  Tommes  en  la  grâce  de  Dieu  ,  nous 
n'auons  qu'vne  feule  &  vnique  fin:mais  n'y  e- 
ftans  pas,&  citas  empeftrez  das  le  péché  nous  eri 
auonsplufieurs,c'eft  le  péché  qui  engendre  cette 
multiplicité  de  fins  :  toy  ambitieux  tu   pechc 
pour  le  defirquetu  as  de  t'aduancer  aux  hon- 
neurs &dignitez  terriennes, ce  font  là  tes  derniè- 
res fins  ,  de  façon  donc  que  péchas  mortflleméc 
nous  auons  plufieurs  fins ,  pource  que  nous  dé- 
taillons Dieu  ,  qui  eft  la  feule  fin  &  vnique  béa- 
titude de  l'homme  :&  ainfi  fort  iuftement  l'E- 
uangelifte nous  voulant  reprefenter  comme  la 
Chananee  eft  fortic  de  fon  pcchë,dir:  e greffa  ejt  de 
finibusfuis9&\i  plurier,&  en  eftant  fonie  elle  fait  fa 
piï'ïc9fili  Dautdmifereremei^iutafilia  mea  à  d<xmo- 
riio  yexaturyç\\e  demande  celte  guarifon  de  fa  fille 
aucc  indifférence^  dit ,  Domine  fit  Dauidmiferere 
met ,  quia  filia  mea  maie  a  demomo  1/exatur  }  pour- 
quoy  ccla;quoy  ,6  Chananee,eftiez  vous  mala- 
fftféitlio  de?  non  ,  &  pourquoy  donc  dictes  vous ,  Domine 
des  enfant  pli  David  mijerere  meii  C'cft  pour  vous  apprendre 
*  eft  foffi*  o  percs  &  mercs ,  que  le  propre  malheur  de  vos 
tïion     de  erifins  eft  le  voflre  mefme,&  vous  touche  au- 
Lurs  f~-  tantquàcnxjvoireplusqu'àeux  mcfmes. 
tins.  Ce  Philofophc  ancien  auoit  vn  iour  tort  bon- 

ne grace,difant  que  les  cnfansd'vnperc  cfi oient 
ainii  quvne  certaine  cfpcccdcponTon  nommé 

Enni»   "" 


JeCtrefme.  193 

Equinesjcqucl  fi  vous  le  raillez  en  pièces.  &  que 
il  îctticz  toutes  les  pièces  en  l'eau  ,  il  iei  re- 
joindra toutes  &  reuiura  comme  auparauanr> 
ainliclt  il  des  enfant,  ce  font  les  pièces  &  parties 
de  la  fubftancc  des  parens  ,  leiquels  rcuiucnc 
t  jufiours  en  eux  ,  quoy  que  feparez. 

Aulîî  Philippe  Roy  de  Macédoine,  après  a- 
uoir  eu  Alexandre  le  Grand  de  la  femme  Oiyni- 
pias,ditalorsqi  1!  n'auoit  plus  regret  de  mou- 
rir, cV:  qu'il  ne  pouuoit  plus  mourir  ,  pourec 
qu'il  dclailloit  après  luy  vn  fils  qui  cftoir  parcel- 
le de  l'a  (ubftance,  6i  reprefentoit  comme  vn  au-    ^tsferes 
tre  luy  mefme  $  car  les  percs  viuent  en  leurs  en-  "^tucn*  '* 
fins  après  leur  morr.Er  conformément  a  crcv,cc  "UTS    en* 
grand  Rov,  non  moins  (âge  qucgrand,ied:s  Sx-l'Wj* 
lomon, parlant  d'vn  certain  pere  qui  eito.r  m  HT, 
£:  qui  auoit  dclailïé  vn  enfant  après  (a  mort ,  d»c 
\orlHm  ffters '•'  cfi  mnrtuu  ir- 

quoy":î£M*4  ftmdem  jiii  rcUnuir.  Si  donc  il  clt  a 

les  pères  viuent  en  leurs  cnfans,de  li  il  s'en- 
fuir .  I    -         •    enfans  font  îespro- 

iren*,  &  ainii  j  iulL-  fije  t  la 
mr  Ion  enfant. ainli  que 
ré  pourclL»  niefine  diiant  %0*mim pli 
Dâutd  .miftreremei  ,  ^uu  filu  meu  m;L  j  dkm: 
teXétyr, 

anciens  Lacedern -miens  eftoicnr  li  fu- 
reurs de  kurs  enfin 
Am  \a  renant  alliegez  ,  promit  de  Irt 

rfp  de  den.int  leur  ville  ,  \  cot\  \\  r'i!| 

ni  cinquante  de  leur    -  s,  les 

I-3cedcmonicns   luy    firent  refpo 
meroien:  mieux  luv  djnu.r  cent  hommes     r  ,f 


194  Pûar  le  fécond  leuây 

cinquante  de  leurs  enfans ,  pource  qu'ils  craint 
droient  qu'eftans  ciloignez  d'eux,  ils  fullent  mal 
inrtruùs  &  mal  traitez ,  &  qu'ils  aimoient  mieux 
endurer  parce  moyen  tous  les  mauxdclqueis 
Antipater  les  mcnaîlbit,  tant  il  elt  vray  que  l'af- 
fliction des  enfans  touche  dauantage  leurs  pa* 
rens  qu'eux  me(mcs. 

„r  *  O  stand  Dauid  ,  que  tu  as  bien  dit  parlant  des 

TULll-7       c*      n.       r  ■      ■     ri  ■  r 

J  '  enians  tjtcutjagutœ  in  manu  fournis ,  iîa  jiu<j  excu\- 

forttm,cc  Prophète  Royal  fait  (ce  femble)allu- 

fionàccquc  nous  iifons  deSilurus  Roy  des Tar- 

Fait  lo'iid-  tares,qui  cftant  au  licl  delamortappellafes  8o* 

blc  de  si-  enfans, leur  prefenra  a  chacun  d'eux  par  ordre  vn 

lurus  i(oy  petit  paquet  de  nefehes, commandant  de  lesbri- 

desTart**  fer  toutes  d'vne  fois  >  &  comme  ils  n'auoient  la 

ftSt  force  de  ce  faite  ,  les  fracalla  &  brila  toutes  luy- 

mcfme  l'vne  après  l'autre  facilement  ,  lignifiant 

ce  qu'au (îi  difent  les  Phiîofophes  ,  virius  ~\mt*, 

foriionfljtipf*  dijpcrja  ,  que  la  force  vnie  eft  in- 

uincible  ,&:  foible  celle  qui  eft  efparpillee,  pour 

ainfi  les  incitera  concorde  &  vnion.  C'eft  pour 

nous  reprcftntcr  qu'autant  d'enfans  conioints 

enfembecrvnc  maifonde  familière  font  côme 

'    /      (agettes qui  (ont  dans  icscarquois,maiseuxeitâs 

diuifez  ,  ce  font  fagettes  (eparees  du  carquois. 

Pour  conclusion  de  tout  ce  prefent  difeours, 

Loraijon  jc dis qu'il  eft  neceilaire  que  noftreorailon  (oit 

doit    eftre  accompagnce  de  deux  chofes ,  c'eft  à  Içauoir  de 

tecempa-  numililf  &  de  confiance:  ce  font  ces  deux  rames 

gnee      de  ^  ccs  t-jcux  aujrniv  qui  la  pcuuenr  faire  furgir  à 

deux  cho-  bon  pOCt .   &  par  |c  moyen  defquels  nous  nous 

lcs%  comoi^nons  &  vni'fons  à  Dieu. 

J  ay  dit  cy  deuant  que  les  ailles  des  Chérubins 


de  Carefmel  195 

qui  eftoient  au  dcfliis  du  propitiatoire,  defquci- 
lcs  ils  fc  couuroLm  les  yeux  ,  reprefentoient  la 
prière  &  loraiion.de  laquelle  nous  nous  leruons 
pour  nous  vnirauec Dieu :mais  maintenant  îcdis 
aucc  S.lcro(inc,qucccs  deux  ailles  de  Chérubins 
font  l'humilité  &  la  confiance  ,  au  moyen  def- 
qucllcs  nous  nous  approchons  de  Dieu  >  &  ob- 
tenons de  luy  tour  ce  que  nous  demandons. 

Mm  (c  allo:t  fur  la  montagne  pour  prier   ofué,  Myfterê 
&  l'blcriture  (aime  remarque  qu'iceluy  cflcuant  grand* 
les  mrinsau  Ciel ,  loluc  lurmonroit  (on  enne- 
my    Amalech  ,  &  au  contraire  lors  qu'il  les  ab- 
bailToit  Amalec  furmontoit  Iofué,cc  que  voyant 
Ton  frère  Aaron  pendit  qu'il  prioir.il  luy  renoit 
les  deux  bras  cflcucz  en  haut  ,  à  fin  que  parce 
moyen  iamais  le  peuple  ne  fuft  iurmonte  ny  ab-     çue  n 
batu.Ccs  deux  bras  cLMoyfc  nou.reprelenrent  Çnir'int 
l'humilité  &  la  confi.îce:ce  (ont  là  ces  deux  bras,*rj;  ^ 
c'cftlà  la  force&U  vertu  de  l'oraisô  auec  laquel-  yfi(f    je 
le  nous  vainquons  &  furmontonsDicu.O  grand  M( 
Dieu  ,quoy  >e(t  il  pofîiblc  que  l'oraifon  d'vnc 
pente  femmelette  vous  vainque  &  fumunte  ,  ÔC 
aye  la  force  darrclter  vollre  puilfance  ?  ouv. 

I  ii  Naruralilles  racontent  d\'n  certam  petit    rcrtue*u 
poilîon  appelle  Rémora,  lequel  combien  qu'il  î°'lfonKS*. 

.  fortpetir,  neanemoins  il  a  telle  force  d:  ver-  morâ» 
tuqn'il  peut  arrefter  tuut  court  les  plus  torts 
eV  plus  grands  nauires  ,  voire  mefme. 111  beau  : 
lieu  de  la  mer.  O  Seigneur  tout  puiflftOt  ,  tou- 
tes cV  quantcsfois  que  dcfplovcz  les  voiles  de 

*rc  ire  &  courroux  ,  il  ne  faut  (MM  2  petit 
Rémora  de  l'orailon  c\:  de  la  prière  pour  vous 
arrcltcr:  En  prcuuc  de  cecy  ,  o  mon  Dieu  ,  vous 

N   ij 


io5        Tour  le  ILJeudy  de  Carefmèl 

Exode  i*  dilîcz  à  Moyfc  en  i'hxo  de  >Stne me  "\tirafctttur  fu* 
"  ror  mew9h\Œe  moy  punir  ce  peuple,  &  quoy,  Sei- 
gneur, Moyfenevous  touchoit  point ,  il  nete- 
noic  vos  bras  ny  vos  mains ,  &  donc  pourquoy 
dites- voustfine  me  'Mîrajcatur  furor  wm  ?  Auoit-il 
la  puiffancede  vous  retenir,vousqui  eftes  Dieu, 
&îuy  quin'eftoit  qu'homme  ?ouy  ,  c'eftoit  aucc 
la  prière  &  Toraifon  qu'il  l'empefchoit ,  &  qu'il 
retenoic  Ton  courroux,  <Aut  farce  populo  kmc^ 
dut  de  le  me  de  libro  ~\iuentiumt 
Cenef.xi  Autant  en  lifons  nous  au  Genefe  ,  où  l'Ange 

luittant  vn  iour  auec  Iacob,  fe  laifïa  par  Iuy  fur- 
monrer>&  priant  lacob  de  le  laiflcr ,  dimitte  me, 
Iacob  luy  dit,  non  dimittam  te  donec  benedixerii 
mtbi:  6  faincteluitte  qne  l'homme  fait  auec  Dieu 
parla  prière  ,  6  armes  faintes  &  fort  vtilesquc 
î'oraifon  ,  au  moyen  de  laquelle  ayfement  nous 
furmontons  Dieu  &  deftournons  fon  courroux 
allumé  contre nousio  mon  Dieu  c'eft  là  la  iunte 
que  nous  faifons  aucc  vous,  c'eft  là  que  vous 
vous  conférez  vaincu. &  pource  ô  Seigneur, per- 
mettez que  nous  vous  difions  le  mefme  que  Ia- 
cob  à  l'Ange,,   Non  dimittemm  te  donec  benedixer'ts 
nobx, Seigneur  nou,s  ne  vous  quitterons  point, & 
ne  céderons  de  vous  prier  &  importuner  ,  iuf- 
ques  à  tant  que  vous  nous  ayez  donné  voftre 
grâce  en  ce  mondc,&  voftrc  g'oirc  en  l'autre. 
/\iniifoit-il. 


*97 


SERMON  POVR. 

LE      SECOND 

Vendrcdydc  Carcimc. 

2jl Ait  cm  Hïerofoitmis  probâtïcAfijcinâ.qUét 

co^nomindîUY  hebraice  Betfitda,  qutnquc 

forttctis  habcns. 


I  O   A 


N« 


T  v^  ^^flf  E  f^  vn  granJ  forfait  5c  vn  crime 
s\  bien  énorme  que  celuy  que  Ii: 
■cÇ  commic  en  la  perfunne  de  noltrc 
Seigneur, lequel  il  irafiir:  mais  To- 
bien  dire  que  fon  dcfcfpoir,  au- 
quel il  (c  porta, hit  beaucoup  plus  énorme  que  la 
rrahiion  poorec  que  le  dclclpoir  bat  JireclcmJc 
contre  ce  quieit  de  plus  propre  à  Dieu 

.  milcricorde  ,qui  cil 
Léon  parlant  de  loy,  tr 

snfcrlicior  t..  ,  muemf**  m  </«- 

*J  Dtum ,  fed  drfverdtio  trjMt  u.l  fu  imAitim. 

aeftvray(ames  Chreftici 

pire  au  monde  que  le  dei  C 

.c  fyit  : 


jo$  VouyU  fiConàVenàrcdy 

quenoftreEuangeiilte  nous  propofc  vne  pifci-^ 
ne  ,  où^on  peut  eftre  guary  de  quelque  maladie 
que  ce  foie  ,  c'eft:  en  celte  pifcine  o\i  ie  deljre  que 
vous  ioyez  plongez  >&  moy  auec  vous  ;&  dau- 
ranr  qu'en  cette  pifeine  probatique  fe  trouue  vn 
pauure  paralitique  qui  du,homwem  non  haLeo,  ce- 
la n'eft  à  dire  en  celte  pifeine  delà  mifericordç 
dp  Dieu  ,  car  icy  ie  voy  vne  femme  qui  eft  touf? 
iours  prefte  de  nous  fecomir  ,  &  ierter  dedans,  ic 
dis  la  Vierge  ,  à  laquelle  nous  addreilerons  nos 
vœux,  dilans: 

Aue  Maria. 

Lutarqucau  rraictê  qu'il  a  fait  des  gtf- 
ites  de  vertus  héroïques  des  femmes, 
rapporte  des  Tyronicnnes  autrement 
appelleesTofcanes,que  celles-cy  ayans 
efté  ruynées  Se  mifesen  entière  déconfiture  par; 
les  Laccdemonicns  :  voyans  que  leur  pays  cftoit 
ruyné  ,  8c  qu'il  eftoit  tout  perdu  &rauagépar  les 
ennemis  :  résolurent  finalement  de  s'embarquer 
fur  la  mer,  oc  chercher  leur  meilleure  fortune  ôc 
aduanture.fur  ccfterefolution  ils  choisirent  pour 
chef  tk  Capitaine  de  leur  nauigation  vn  nommé 
Paulus  :  Ceftuy  fe  voyant  efleu,  auant  que  s'em- 
barquer voulut  premièrement  confulter  l'Ora- 
cle,pour  fçauoir  ce  qu'ils  deuiendroicnt>&  quâd 
ils  pourroient  trouuer  lieu  de  repos  ,  l'Oracle 
refpondit ,  que  ce  fero.t  lors  que,  amboram  Cr 
Aram prrdidetwt ,  quand  ils  auroienr  perdu l'an- 
chredeleur  nauire,&:  l'image  de  laDeclTe Diane, 
qu'il  auoit  mifeaufond  d'iceluy,pour  duc  en  vn 


deCifefme*.  joo 

mot  que  lors  que  les  choies  feroient  entière- 
ment dciclperees    ,  ce  (croit  à   1  heure  incline 
qu'ils  trouueroicnt  du  repos  :  Et  de  faictccux- 
cy  a?*HI  faict  voile  par  que. que  elpacc  de  temps 
paruinJrcn:  en  vnc  ccitamc  ifle  a  la  renarde 
de  la  nuict  :  ni  eltans  le  Capiraine  fait  G  nner 
la  rctraictc ,  &c  commande  que  tous  prennent 
terre  pour  coucher  en  cefte  lilc  :  la  nuid  citant 
pallcc  ,  1  heure  allignec  pour  remonter  au  na« 
uirc  ,  ils  dcfancicnt  &  pourluiucnt  leur  che- 
min ,  &  arnua  par  malheur  (  comme  celuy  du- 
quel on  le  louuicnt  le  moins  ,  elt  Dieu)  qu'eux 
eltans  délia  allez  loing.  Paulus  le  rclolut  de  voir 
ce  qui  cltoit  dans  le  vaillcau  ,  &  ayant   veu  que 
l'image  de  la  DeclTePallas  n'y  cltoit  plus  &  auoit 
elle  oubliée  ,  voulut  rcbroulîcr  chemin  pour  re- 
tourneren  llilc,  Cv  de  fait  retourna,  &  comme  il 
voulut  prendre  port  .atriucq  »c  lancine  de  leur 
nature  le  rompit    alors  Paulus  voyant  cela  ,  dir, 
.njim  c~  4c4m  perdidimus  ,  ccft  îcy  ou  nous 
ns  trouuer  repos, 
.rcltienne  cV  dcuotc  afli  tance  ]  y  eue  il  ia» 
mais  nature  plus  dcltinc  i  la  tcmpcltc  ,  que  ce 
j     nircmilcrablcdc  nolhe  Fuangilc?  Le  voila 
dclaillé  de  l'Ange  ,  &  a  tellement  perdu  l'anchre 
de  l'clpcrancc  ,  d  auoir  cite  l'c:pace  de  trente  ans 
U)B1  les  porches  de  la  pilcme, qu'il  JiK>;r  j  noîtrç 
Seigneur  ,     Domine  bominrm  non  buiro  t  c\'  de  ta <^fc 

f»our  montrer  qu  il  auoit  perdu  rourc  c  ^c 

ors  que  noftre  Seigneur  iuv  dit,  /'j  ,.i  i,  il 

ne  relpondit  rien  ,  n  clpcraut  nen  moins  que 
de 

Ce  pauuic  homme  reptçlcntc  la  nature  1m- 

N  iiij 


20 o  Pour  le  fécond  Vendre  dy 

maineauant  l'incarnation  du  Verbe,  pauure  na 
Nature      ture  humaine expofec  a  la  mercy  des  vagues  ,  tu 
humaine    ^uo's  perdu  ,  Pturn  &  anchoram  ,  de  forte  que  a- 
eft  "\-nna-  lorstu  pouuois  bien  dire  auec  cet  homme  ,  bo~ 
v.ire  âme,  ******  non  habto  :  car  s'il  eft  vray  ce  que  ce  grand 
pife        Philofophe  Anaxagorasdi(oir,queftre homme 
iï^yCnn-     cc^  auoir  des  mains  pour  fubuenir  aux  panures 
xatrorœf.    affligez:  de  là  ie  concluray  que  la  nature  humai- 
ne ne  pouuant  receuoir  fecours  depcifonne  en 
fa  miferc  &  afïli&ion  ,  iutlcmenr  pouuoic  dire, 
hominemnon  haheo,  pource  qu'il  n'y  auoit  home 
■nrj   1A,   au  monde  qui  la  peuft  fecourir.  De  làdifoit  Da- 
Lild,  Nolitc  conpAere  m  prwapibus  tienne  m  hitjs  w- 
mwum  minibus  non  eflfalus ,  queditesvous  Pro- 
phète Royal»  quoy ,  le  fils  de  Dieu  félon  la  chair, 
n'eft-ilpasfilsde  l'homme?  n'eft  ce  pas  de  luy 
que  nous  deuons  attendre  le  falut  ?  cela  donc 
"Brttedo-  eftant,  pourquoy  dites-vous  ,  noiite  confidere  in 
firme.       filrjs  hominum  ?    O  que  Dauid  eftoic  vn  grand 
Philofophc  ,  il  ne  dit  pas  >  Noiite  confidere  infilio 
hom'wit ,  non,  mais  ,  wfilijs  hominum^  pource  que 
tous  les  hommes  en   particulier,    font   enfans 
d'homrncs,c'cft  à  dire  de  pere  &  de  mère  qui  font 
homme$,maisiI  n'y  aque  lefeul  fils  de  Dieu^qui 
feul  foit  fils  de  l'homme, ie  dis  de  la  Vierge, félon 
la  chair,  &  ainfi  Dauid  avant  efgnrdà  cecy ,  di- 
foit  :  Nchte  confidere  wfilijç  komwnm  in  quibusnon 
efî  fa  lut ,  pource  qu'il  n'y  a  que  le  feul  fils  de 
Dieu, qui  elt  feul  fils  de  f  homme, qui  eft  la  Vier- 
ge, quant  à  la  génération  temporelle:  &c  quant  à 
la  génération  éternelle,  il  n'aqu'vn  pere  fans 
mère  ,  &  eft  de  ce  feul  fils  de  l'homme  ducjuej 
nous  cfperonslc  falut, 


eteCârrfrne.  201 

Au  quatricfmc  Hure  -les  Koys  clnp.^.vnc  fem- 
me le  prclcnta  vn  iuiirJcii.it  le  Roy  d  Ilrae!  &  4*^£'6* 
1  u  v  d:r,5-»/^j  me  Domine  mi  .*tx.  Le  Roy   Juy  rcl-    „ 

',  ^ndc  pofum  (uluire?  ^         - 
Elle  Uiy  ditoic  cc!a  ,  p'jurcc  que  les  Roy?  6:  les  gppc{ 
i  ri  peuple  (ur  U  ter-  j.lttMrwrf 

rc  ,  cV:  de  faict  **«i  cotre  les  Grecs (îgnirle  Roy  ôc 
i ucur  tout  enieiTil)Ic,«iv  aucc  ce,  encor: 
il  ia^c,poiircc  qu'eo l'ancien Teftamenc les 
R  >.  iges  du  peuple, ex  pour  monllrer 

Dr  n'eit  qu'vn  ,  il 
lit  aux  Logef,£âf    iuuur\    Dominas  indices  aui 
libcrArent  eos a  n$im*% mêmibm  ,'flg m ebap  ;, 

il  elt  dit  d'Aod  ,  Sh  iitauit  eis  fâbutortm  ,  Trocjbulo 
^A;  Df  donc  »  conti  icranccecy  celle 

femme  dît  à  ce  Roy,S"u/«4  mf  Domine  mi  f(ex  :&  /fl.^'f.  2. 

is  le  Roy  luy  refpondiCjiVow/r/j/Mr/ Cr  5» 
t.'poffum  'tluureXàt  il  n'y  a  que  Dieu 
qui]  imes ,  les  homme*  (bot 

pour  Jeliurcrlcurs  fem- 
blablet  de  mil  dépêche  ,  il  n'y  a  que  Dieu 

le  pu  1  lier  nrc,;  rater  non  redimet  frdtre,  l'hom- 
II  bien  vendre  ,  mais  il  ne  peut  pas  fc 
rachète.  fu  "\-nun  (au  efiis  ,  vous  vous  cites 

vendu;  pour  nranr,  dir  l'Apoftrc  ,  Et  fine  *rtt»~ 
ton  ,  :    %  presto, neijue  emm  grffBm 

Sum  petit  tiui  pro  prrtio  m'iro  Jed;t  corf  Ui  cr  ;un- 

£uinem%d\t  laindt  Ambrai  fe  ,  &  Lunct  Au  fWr»  1 

iur  le  Pial.  118.  expliquant  ces  paroles  du    ij:.il  -  /Îmt  ^f*,. 
miftC  ,  Ft  tp'e    rrdimri         -      x  omnibus  mtau  tuii 
,  Ijrdêl  \if.Mid.tre ft ptuitjednon 
vote !r  ft  ^en.lerenec  potc/r  Je  redt- 
trfl  ejfertdemfm  ,<iutpecc*i, 


2  Q  2  Tour  le  fécond  Vendre  âj 

Bernard,    commiiere  nonpotuit ,  6c  S.  Bernard  fur  ces  paro- 
les du  tnelme   Prophète,  Peus  m  medio  eim  non 
comr/iixebitur,  dit ,  Quiâ  dtbeo  ùbimn  pro  frffo  yfed 
porefetio  .'parlant  à  Dieu»  Netjue  emmtamfacilè 
f&ttws  ptdm  refeftm.   I'auois  ,  dit- il,  cftc  fai&  en 
difant  vn  feul  mot  >  mais  lors  qu'il  m'a  fallu  re- 
faire &  racheter  ,  Dixit   Dens  multa  ,ftcit  multa  t 
Quelle  fjt  pertultt  dura  ,  ejuid  dtco  dura  imo  intaua  :  &  pourcc 
Veau  de  la  j\  a  ej^  necciTaire  que  cet  Ange  defcendill  en  la 
pleine  ^  Pifcine,  &  qu'il   nous  iettaft  dedans  :  Peau  de 
lapemten-  ceftc  Pifcine  elt  le  fang  que  le  fils  de  Dieu  a 
(e*  efpandu  en  la  Croix, &  celle  Pifcine  qui  confier 

•   celle  eau  (ont  les  Sacremensimaislaillant  toutes 
La    pem-  ,  ..  v  ,.  à      •/* 

1    ,    les  autres  explications  a  part,  îc  disque  celte  pil- 

^     '-ç  cine  n'eft  autre  que  ce  Sacrement  de  Pénitence, 

**    les  malades  qui  s'approchent  de  ceftc  pifcine 

font  les  pecheuts ,  l'Ange  eft  le  Prcftre ,  &  celuy 

Chrifof}.    qui  les  iette  dedans  c'eft  l'application  des  meri- 

Hieron).    tes  du  fils  de  Dieu. 

Tourauoy        Or  fus,  la  pénitence  eft  donc  cefte  Pifcine  :  il 

U   pijCinefaut  que  ie  vous  face  voir  le  rapport  qu'il  y  a 

de  Hieru-  entre  cefte  pénitence  &  la  pifcine.  Ceftc  pilcinc 

ft'.e    eftoit  de Hierufalé  eftoit  appel lee  Probatique  pourcc 

elle  appel-  qu'ainfi  que  dit  (ain&Chryfoftome  ,  les  brebis 

lee  proba-  y  eftoient  lauees:ou  bien  ainfi  que  dit  S.Hicrof- 

tique.         mc  »  c^c  eftoit  appellec    Probatique  ,  pourcc 

qu'elle  eftoit  auprès  du  marché  où  l'on  vendoit 

Deux  54-  les  brebis,  pourcc  fu  jet  elle  eftoit  appellec  pi(- 

cremens     cine  Probatique,  c'eft  à  dire  pifcine  de  brehis. 

inQtweX.        Remarquez  en  fécond  lieu  que  le  fiis  de  Dieu 

pour  huer  a  principalement  inftitué  deux  Sacremens  pour 

nos   pf-    lauer  nos  péchez,  aflauoir  le  Baptefme  &  la  Pe- 

cht\.        nitence,  le  Baptefraep.cutcftLC  appelle  pifcine 


dcCârefme.  203 

batique,  pifcinc  de  brebis ,  pource  que  c'cll 
par  iceluy  que  Dieu  nous  raicl  entrer  en  (oa 
bercail  &  cftrc  de  (es  brebis.    On  marque  ordi- 
ement  les  brebis ,  afin  de   rccognoilhc   cel- 
les du  bercail  d\iuec  Ici  autres, ainti  au  Baptel- 
j       nous  recédons  la  nurque  &  le  charraclcrc 
des  enfans  de  Dieu  &  de  Ion  Fglifc.     Delàcft 
que  lePapç  ne  peur  contraindre  les  infidelies  LfS     tnfi" 
•oU'rcs  par  exorciimcs  ,  pourec  qu'il    ne  "'""     nt 
font  de  l'a  bergerie  ,  mais  bien  les  hérétiques  f™*"»  '- 
pomee  qu'ils  onr  la  marque  de    l'Eglifc   ,    6c  l:re     con~ 
pource  !c  Vicaire  diccllc  les  peur  contraindre  tr*ins  pur 
de  rentrer  en  la  bergerie  par  les  exorcifmcs  &  txorci\mei 
excommurij.itions.Aiiifi  donc  le  Baptclme  pour  Â  ~"*(mr  J 
autanr  qu'il  nous  dône  la  marque  du  Chreftien,  *  E&j* 
Se  nous  fa:  et  eftre  brebis  du  bercail  du  fils  de 
Dieu  ,  peut  eftrc  iuftement  appelle  pifcinc  pro- 
batique  où  font  lauez  les  brebis ,  puis  que  c'eft 
dm  s  les  eaux  b.iptilmalcs  que  nous    lommes 
lauez  de  noftrc  peché   originel.   M  lis  pourec 
près  le  Baprcfmc  reçu  derechef  nous  fai- 
»  naufrage  ex' tombons  en  vnc  infinité  de  pe- 
chcz:voyla  pourquoy  la  Pénitence  cft  inftituce 
afin  que  les  péchez  journaliers  que  nous  com- 
mettons y  (oient  lauez  &  effacez,  cV  pourec  que 
la  pénitence  peur  auiîi  pour  ce  fujet  cllrc  appcl- 
lcc  p:Vine  probatique. 

n&  Grégoire  de  Nice  en  la  vie  de  Moyle  >r;«# 

dit  que  ces  Sacrcmens  le  Baptcfmc  ex'  la  ;. 

!        tenec   (ont  fort    bien  reprefenrez  par    les  de    >//. 
eau  loooa  à  (on  peuple  au  dcfei  fiS, 

•nerement  eux  cfbns   en    Helin  Dieu    ht 

Jou£c  belles  romaines 


204  f°Ttr  h  fécond  Sâmeày 

qui  leur  fourni(ïbicnt  d'eau  pourboire  &  puis 
apreselîans  pah'ez  plus  auât  au  defert  il  falut  bat- 
tre les  rochers  par  la  verge  ,  lelqucls  audi  toft 
vomitét  l'eau  auec  abon Jâcejaquclle  eau  alloic 
feipentât  dans  le  delercraniofb  J'vn  codé  rantoft 
de  rautre,au(ïïbicn  que  celle  des  fontaines, que 
Belle  de-  veut  dire  cecypS.  Grégoire  dit,  que  les  fontaines 
firme,  d'Helin  reprefenrent  le  Bapteftne ,  car  pour  ces 
fontaines  on  n'y  apporta  point  de  peine, on  les 
trouua  toutes  faiâxs  ,  mais  pour  les  eaux  du  ro- 
cher il  falut  frapper  8c  parler;Sacrcmét  de  peni- 
tcnce,c'eften  diiant  Peccaut98c  en  frappât  la  poi- 
trine qu'il  faut  tirer  l'eau  de  la  grâce, &  comme 
cette  pierre  fut  frappée  plnficurs  fois,  ainfî  la 
pénitence  fe  rcïcere  fouuct,&  dit  ce  raclmc  Do- 
cteur ,  que  les  eaux  à  force  de  ferpenter  fc  tari- 
rent ,  6c  pource  il  fallut  retourner  au  rocher  8>C 
le  frapper  derechef:  pourquoy,dit-il,ne  retour- 
nèrent ils  aux  fontaines? c'ed pour  monftrerque 
le  Sacrement  de  Baptefme  ,  reprefenté  par  ces 
fontaines  ne  fe  réitère  iamais  &  ne  fe  donne 
qu'vne  feule  fois:mais  bien  la  pénitence  fc  réitè- 
re plufîeurs  8c  diucrfès  fois. 

Secondement  ie  dis  qu'en  Hierufaîcm  onla- 
uoit  les  brebis  en  cefte  pifeineauparauant  eue 
d'eftre  offertes  &  prefentées  à"  Dieu  en  fao  ifice. 
Que  dis- tu  Reformé, que  Dieu  ne  nous  impute 
les  péchez  que  nous  failoos,  8c  partant  que  nous 
n'auons  befoin  d'en  faire  pénitence  ?  en  Hieru- 
faîcm on  lauoit  les  hoflies  auparauant  que  de 
les  offrir  ,  pour  nous  inftruire  que  fi  nous  nous 
voulons  confacrer  «à  Dieu, il  faut  que  première- 
ment noftrc  ame  foirlauce  8c  mondificc  par  les 


âeCAYcfmi.  205 

eaux  de  cefle  pifeinc  >qui  cit.  la  pénitence  &  la 
contrition  des  pechez  ,  C  or  contritum  cr  kumilu- 
tumDeusnondepicies.  Anlfi  de  faiâ  S.  Grégoire  P^Imcto. 
legrandcxp'icl:  l'Autel  des  holocau.les  diu    -, 
Huidefi  dlturc  holo.  rm  fu  ré  &  iu'sIj, 

mimor  fcccAtvum.  Vne  conlcicncc  pure  Cv  iultc 
qui  rafchc  de  laucr  fespechez  par  la  pénitence, 
qui  talchc  que  le  rcu  d'amour  bruile  tour  ce 
qui  eft  de  (.:1c  en  (on CCTUC :  nous  délirons  faire 
vn  facrifice  à  Dieu  de  nous  mefmes«mais  noftrc 
amc  clt  noire  .  pourquoy  il  faut  première- 

ment auoir  l'eau  de  celle  piùincdc  la  pénitence 
pour  laucrccs  taches. 

Il  y  a  vne  certaine  fontaine  en  Arcadicdont  rontétni 
l'eau  c,t  de  relie  nature  &  qualité  ,  que  les  bre-  wunl- 
bis  blanches  qui  y  (ont  lauecs  deuiennenc  noi-  l(Uje» 
rcs,&  celles  qui  font  noires  demennent  blan- 
ches :  o  pénitence  vous  elles  celle  fontaine  ,  6-: 
vous  ,.>  Diuid  ,  vous  auiez  voltrc  amc  fouillée 
de  taches  noires  pecbez  ,  mais  vous  vl 

ietrez  en  l'eau  de  cefte  fontaine  de  japenitep- 
ce  afin  d'eftre  [aué  £<.  de  vous  rendre  vn  agréable 
Sacrifice  à  Dieu,    tucrunt  mil..  L-  punes  Pfé^  lot* 

dicêcm         ■    ila  comme  il  hoir  de  ces  eaux  , 

m  menm  cumflctumi^elum ,  cV  que  s'cn(u;r  il 
de  ce  lauemenr  '  Uutli  ,mc  r-  fyper  r 
hébor,  DcIj   e;f  que  pour  nonrtrer  celte  mci. 
z  cv  vertu  delà  pénitence  le  oiefm 

dit,yf'  Mme  db  minuit  Jtc  T*y  *  ^- s  peccdto    i    rn'^°' 

mm  mun  la  me ,  cV  auparavant  il  di(( 
t4trm  mcAm  (  Rcnaïqucz  quo  Daui 

rlt9  hi4.t  ,  //  ,  comme  s 

:tncl ,  deU  :  Uc 


20  6  four  le  fécond  P'enâteiy 

mifcricordejVOUSjô  Rlsjaua  me  ai  intquitdteme^ 

par  le  Iauoir  de  voflre  fang  ,  &  vous  ô  S.  Efpric, 

apeccatomeomundamc^at  voftrc  grâce  &  iuftifi- 

cation.En  outre  ie  recognois,  ô  mon  Dieu  ,  que 

les  péchez  ont  faly  mon  amc ,  &  pource  Uua  me. 

Belle  con-  je  rcCognois  qu'ils  font  efents  fur  le  Hure  de  ma 

ceftion  de  confcience,&  pource  dele.  le  fçay  que  par  iceux 

DaHta*      j»ay  cfl.£  rendu  immonde  ,  &  partant  munda  mey 

de  eftant  ainfi  laué ,  fnpcr  muem  deaibabor.  Voyez 

comme  les  eaux  de  la  penitece  font  très-  propres 

pour  blanchir  &  mondifier  noftie  ame  :  auifi  cri 

TApocalypfeS.  ïean  parlant  des  âmes  iuftes  dit 

ainflyLauerunt  ftolasjuas  cr  dealbauerunt. 

En  troifiefme  lieu  l'eau  qui  cftoit  en  cefte  pif- 
cinc  de  Hicrufalem  il'cftoit  point  de  l'eau  de 
pluye,  mais  c'edoient  des  eaux  qui  prenoienc 
fburec  là  dedans: Beau  rapport  de  cccyaueclà 
penitcnce:Chrc(licns,vous  déliriez  auoir  la  con- 
trition,vous  dites ,  hélas  l  ie  ne  fçay  que  c'eft  de 
la  contrition,  il  me  fcmblcqiïe  c'eft  afleide  plo- 
T.nquoy      rcr  &  ^c  fe  rCpcntir  du  péché:  mais  iedis  tout 
confifle  la  )c  contraire ,  que  la  contrition  ne  conlifte  pas  erî 
contrition.  [%  repenraace  de  fon  péché  au  dehors,  &  à  iet- 
terdes  larmes  feulement ,  mais  bien  à  (c repen- 
tir au  cœur  du  péché  commis  &  en  auoir  vne 
douleur  intérieure  dans  l'ame, Canner  ùmim  ad  me 
in  toto  corde  ^eftrojcindite  cordx  ~\eftra  £r  no  Itefii- 
meMa'\cJlr4iïompcz  voflre  cœur  &  non  vos  ve- 
Hcmcs,  Si  ciujefierisillum  itiucmes  cum^[\  tu  le  cher- 
ches tu  le  trouuéras  ,  Sun  toto.  tnbuUtione  anima 
tu*  tfuœfieru  eum ,  pourucu  que  tu  lé  cherches  en' 
la  douleur  de  ton  ame.  Voyez  vous  maintenant 
comme  la  contrition  ne  confiftc  pas  tant  en  lat- 


deC&refmi.  207 

mes,  qu'elle  faid:  en  la  douleur  extérieure  du 
caur,&  S.  Auguftin  a  fort  bien  dit  que  faire  pe-  syCunU'}m 
nitenec  n'eft.  autre  choie  qu'auoir  detelhtion 
du  vcchCyCertam pœmtentum  rôti  ftcit  mji  ndium 
feccatorum ,  c'eft  la  hayne  du  peché  qui  faift  la 
Vrayc  pénitence  :  c'eft  la  celte  pifeioc  qui  a  fa 
fourceen  foy  ,  c'eltoit  ce  que  vouh  it  diic  Ierc- 
mic  par  ces  paroles,  <£uis  dahit'jpm  meo  d<ju*m> 
çy  octtln  mfhjotiiem  Ucr^mArum-.  6  laindr  Prophc-  Fontaine 
te  ,  vous  demandez  vne  romaine  d  eau  ,  n'eft  ce  (t'^i.hc* 
point  vne  romaine  scbl.iblc  a  celle  d'Acheron, ron. 
où  les  hommes  croient  changez  &  metamor- 
phofez en  belles?  non  ,  maisceli  vne  fontaine 
qui  nous  change  ,  non  en  beftes ,  mais  en  D;tu: 
&  quelle  fontaine  ?  peut  élire  que   c'etl  celle  de 
laquelle  par  le  (aincî  lean.^w/  iredulerit  m  me  m 
top  ~\ut  jurai    in^ttjm4t(rn.3m^c\[\ 

là  celte  fontaine  :  6  Lincle  fontaine  de  larmes, 
eaux  rcs,  eaux  de  pénitence  qui  arrou-  C    *J°  «?• 

(cm  le  ciel,  à  quel  miracle  ,seicne  fainCl  Chry- 
fologuc  ,  r  iurj   nature,  U:hî\m*  irritent 

wm    A  I  mx  k  larmes  ,  ce  font  ces  er.ux  def-  pf/.m. 
quelles  i!  clt  parlé  en  Dauid  ,  ^tq**  yu*  (*f*ri+$ 
cœlos  funt  Umétâié  nomen  Domim  ,  c'eft  ce  lleuue 
imperueuxqui  refiouit  la  cité  de  Dieu  ,  fJSmmwu  4£JL, 
impetuslitifiji  iwtjtem  Pf #*  Tcfffioif]  ce  que  di-    ' 
foit  noltre  Seigneur,  (Uudinm  mt  m   cr'.n    u\cr 
~>no  precâtore pœnitmtum  trente ,  &  non  feuler 
tria,  mais  SSCOfC  Diui  \  di'oir,  I  i  nifti  lé  ci 
mfMsinenjpettu/uo.  Vous  fçauez  que  c'eft   oiviu 

:cmcren  la  cane  que  l'on  mer  le  vin  ,  le  cidt  CÀnt'9- 
'.ppehe  ciuc  en  I.    |  I     rjrurc  , /»/ro- 

u.xii  mt  f{ex  en  iUl*m  Trindrum.l  :   en  cefte 


208  VôurleftconàVendreây 

cauequenos  larmes  (ont  rrnfes  &  conferuees  \ 
iamais,  ïofuijli  Uchrym^rneas  m  conffetlu  tue,  c'cft 
Jà  cette  fontaine  que  demandoie  Ieremie  ,   U}'<h 
d*bii  capm  meo  j^juam,  <£r  oculu  meitfontem  Uthry- 
marumïû  demande  vnc  fontaine  d'eau  de  larmes, 
fontaine  qui  reiailit  iulqucsà  la  vie  éternelle:  & 
pourquoy  faint  Prophète  ne  dites  vous,  &  ocnl'ts 
meii  torrentern  lacrimarhmïonenny  j\  avme  mieux 
dire  fontaine  de  larmes,  poureeque  les  correns 
fc  deiTcichenten  Elle  là  où  les  fontaines  font  pe- 
JSelle  con-  rennelles- mais  que  ne  demandez -vous  donc  vne 
ceftion.      ciftetne  ;  nort  ,  ie  veux  vne  fontaine,  ponrec  que 
la  cifteme  ne  reçoit  l'eau  de  foy  ,  mais  de  de- 
hors ,  la  fontaine  au  contraire  la  reçoit  de  (oy: 
ainfice  fainct  Prophète  defire  vne  fontaine  de 
larmes ,  qui  prenne  fource  en  foy  :  car  (ï  ie  pleu- 
re la  perte  de  mes  parens  ck  de  mes  biens ,  ce(ï 
vue  cilterne  qui  prend  fa  fource  dehors;  mais  (î 
ie  pleure  pour  mes  péchez  commis  ,  a'ors  ceft 
vnc  fontaine  qui  prend  fa  fource  en  moy  ,  c'e- 
ftoir  des  eaux  de  celle  fontaine  queDauid  arrou- 
foir  Journellement  fon  lict,  Lacrymis  met*  flratum 
*  t    r     rmnm  ripubo  :  Et  dit  Sain6t  Auguitin  ,  que  iufte- 
J '"  ment  cV  fort  à  propos  Dauid  dit  ,  firatum  mntm 

r^kNe  (çiuezvous-pasque  ce  n'eft'cs  fleurs 
ny  les  fuei îles  que  l'on  arroufe,  mais  bien  la  raci- 
ne des  plâces?ainh\difoit  Dauid,  ce  n'eir  pas  mon 
corps  que  ie  veux  laiier,  ny  les  fueilles,ie  dis  mes 
miures  extérieures  :  mais  bien  mon  cœur  qui  eil 
la  racine  de  tout  ce  que  ie  fais  ,  Et  Ucrymts  mets 
flratum  menm  rijtho. 

N'auez  vous  iamais  ouy  parler  de  la  malédi- 
ction que  Dieu  donna  à  la  terre  &  à  f  homme, 

elle 


de  Car e pneï  20? 

elle  fur  telle,  M.iled.ûu  ttrrd  moferc  tue  ,  ff» 
tnlulos çermi nuiit If hi     <x  \  ii.î  oiie  Cefl  :  (cire  tult 
rendue  fertile,  Dieu  dit  a  l'homme,/*  /«W#r#  "W-  s^c 

IM  tui  ~\rjcen<  far.e  tuo.  Il  f:Ut  i]iic  tu  airouics  CC-  frj  ;.. 
fte  terre  par  tes  latines    &  par  tes  lueurs.  Or 
fus,  celte  iHak  n  qui  fur  portée  contre  la 

terre  ,  eft  plus  proprement  porrec  contre  nous 
aptes  que  noi;s  auon:>  pccbî  ,  Sfiritt  cr  9n 
£  )mir.jibit  tibi  ,  non  .  0  uu  uns  de  no  us  \\\A- 

mes  nous  porter  au  |  ace,  de  lortc 

que  pour  reccuoir  <.  ace,&  pour  rendre 

Ja  terre  de  noltrc  aine  fertile,  il  cit  necellàite 
que  nous  arroulions  noltrc  amc  &no(tre  co 
de  la  partie  la  plui  noble  de  noltic  corps  :  qui 
tit  1  otil  :  aulli  fur  ce  fajcâ  difoit  Ditfid  :  txit«>  Pf*J<  nS. 
A^uémm  drduxn  u  M  n-u'.t  mci ,  cjutd  !>  ce  m  t*am  non 
diui.  Voyez  vous  comme  ces  larmes  qu'il 
Verfoit  prcnoien:  fotircc  en  ion  errur  >  î xitm 
irum  ,  poui  ciuc  que  ces  toilTeanx  de  larmes 
produiioient  en  iuv   vue  mer,  ../«/ 

frurr  conmtLotut  ,  o  S.  l 'r  v.ilicrc  lercmic,  fi  tu  [trerrttf 
cuilcscflc  >sde  la  M agdelai  ne  &  lu  temps  t  i4miu 

(jiicnoltic  ur  mardioit  (us  la  m  \C 

'///<>, que  la  on  clt\     : 

mcr,plus  grande  que  U  met  mcânei  car  n, 
liions  que  noftrc  ur  marchant  far  la  met  *'?*  v 

rulcmcnt  l.i  plante  de  k  n- 

■       nais  en  la  *¥- 

ement  la  | 
encorei  1-s  jambes  furent  lu  ;iac- 

ment  de  les  termes  ,  &  ainfi  ,  o  mtior 

ran  Icui  conrrii  ion  ,  nés 


iiô  Tout  le fcconàVendredj  ' 

iccllc,  ExitU*  AauArum  deduxerunt  oculi  meiyo  Da- 
uid  vous  parlez  en  plurier,  difant,  exitm^  par  ce* 
cy  vous  vouliez  dire  que  tout  auraftr  de  péchez 
que  vous  auiez  fait  > autant  de  ruitlcaux  de  lar- 
mes fortoient  ils  de  vos  yeux  pour  en  fane  pé- 
nitence. Deduxtrunt  oculimu  ,  pour  dire  que  ces 
larmes  feroient  pcrcnnelles,  Qpjanon  euflodierunt 
legem  tuam  >  pour  dire  que  ces  larmes  ne  font  pas 
pour  la  perte  des  biens  &  des  parens  ,  mais  bien 
pour  auoir  tranfgreffc  la  loy  de  Dieu. 

O  vertu  excellente  des  larmes  qui  ont  la  for- 
ce &  puifTance  de  guarir  toutes  fortes  de  pé- 
chez :  C'eft  icy    la  quatrielmc  conucnancc  que 
ic  trouuc  entre  la  pénitence  &  la  piieine  qui 
lauoit  &  guarilîoit  toutes  fortes  de  maladiesa 
&  ainfi  ce  n'eft  fans  fuject  fi  nous  trouuons  que 
Pénitence  quclqucsfois   la  pénitence    c(t    appellee   Bap- 
df pelle*     tefme  en  la  fainde  Elcriture  ,  ainfi  cft  ildit  que 
Saptefmc.  faindt  lean  fut  enuoyé  au  fleuue  du  Iourdain, 
Luc.  3.       Prddicare  B'ptlfmumfœmtentiài  y  pourec  que  tout 
ainfiquelc  Baptefme  efface  tous  péchez,  ainlî 
la  pénitence  elt  propre  pour  purifier  noftrc  a* 
me    de  toutes  fortes   de  vices  &    d'iniquirez* 
Chreftien  .  ie  te  veux  icy  amener  vne  belle  con- 
ception de  Sain  cl:    Chryfolromc  ,   m  as  fai& 
Chryfofti  rifquc  &  perte  de  tes  biens ,  tu  en  pleure,  as- tu 
éd   popu-  vcu  qllc  jamais  aucun  aye  recouuert  ce  qu'il  a 
lum.  perdu  »  pour  pleurer  ?  tu  es  malade  ,  tu  pleures, 

^€nùo'  p0ur  ccla  cs  tu  gunty  ?  là  où  fi  tu  as  offencé  ton 
thennm.    Dieu  >&  que  tu  pleures,  alors  tes  larmes  ont 
moyen   de   l'appaifcr  &  d'effacer   tes  péchez, 
c'eltcc  que  nous  veut  fignificr  S-  Paul  4  quand 
il  dit ,  Tnft ma  faculi générât  mortem  ,  triftitt*  Itéra 


àeCâYefmi.  zn 

yU  (ecundum  Deum  es l centrât  'iitim.  S.  Grégoire 

de  Nazianzc  appelle  les  larmes  de  la  pénitence,  Greçor'itu 

dilttmum  prccdtorum  :  car  tout  ainfi  que  le  mou-  x^XunX' 

de  fut  purifié  par  leseaux  du  D:luge,  ainfi  l'a- 

mccft  purifiée  par  les-eaux  delà  pénitence,  qui 

font  les  larmes.    Le  mefme  compare  derechef 

les  larmes  aufang.  car,  dit- il  ,  tout  ainli  que  es 

l'on  tire  du  fangàceluy  quialafiéurcipour  faire  comPérefS 

fortir  quant  &  quant  le  une  ,  les  humeurs  pec-  dUJÀn&* 

cantes  :  ainli  o  Chrelticn  ,  i\  tu  es  malade  de  la 

maladie  du  péché,  prend  la  lancette  de  la  contre 

non,  &  au(lï  toit  fortira  ce  fang,  ic  dis  les  larmes 

qui  feront  fortir  les  humeurs  peccantes  de  no- 

itrcame.A  cecy  faifoit  allufionlc  RoyEzechias,     r       « 

quand  il  diioir  ,Sicut  pullns  hirundwis  jic  ciamubr,    I™' 

que  voulez  vous  dire, o  grand  Roy?  vous  voulez 

dire  que  tout  ainli  que  l'hirondelle  voyant  fes 

petitl  aueuelcs  .s'en  va  en  la  mer  clirrchcr  vnc  .  „  r    • 
,-    b  Ê     .,      ,,  r  .      Belle  /in- 

certaine lone  de  pierre  ,  ce  d  icellc  en  trotte  les  .      ,' 

yeux  Je  les  petits  &  les  fait  pleurer,  fait  quant  & 

quant  fortir  auec  les  larmes  l'humeur  precante 

qui  les  cmpelchoit  de  voir.   Cède  pierre  cft  ap- 

pcllce  par  les  Naturaliftcs  Chclidoine:  o  (ain- 

tc  Chehdoincque  la  pénitence  ,  Chrcllien  es  tu 

aucuglé  en  tes  péchez  ,  prend  cefte  pierre  de  con- 

011  c\'  en  frotte  ton  cœur  ,  cV  aufli  rolt  di- 
celuy  fortiront  des  larmes  auec  abon danec  Se 
101  Equant  i  celles  les  humeurs  pédantes  qui 
Dt  en  ta  confcience. 

lay  dit  tantoft  que  le  rocher  repr  Lnrcla  £xcj       • 
pénitence:  vous  fooei  ccquieft  ekntcn  1 
xode,  que  Moyfc  citant  au  dclcrt  ,  i  de  11 

verge  le  rocher ,  qui  aufli  toit  vomit  !  îcc 

CJij 


5Î2  Tour  le  fécond  Venâredj 

abondance  ,  laquelle  eau  eft  appellee  miel  êc 
huyle  par  Dauid  ,  Edux'tt  met  de  petra  cr  oleum 
de  fdxo  dtmfsimo  :  non  pas  que  cefte  eau  fuft  miel 
ny  huyle  :  mais  c'eft  pour  monftrer  qu'elle  ciloic 
fort  douce  ,  bonne  tk  falubre  ,  ô  larmes  qui  elles 
tirées  du  cceur  à  force  de  frapper  par  la  verge 
de  la  contrition ,  vouseftes  des  eaux  plus  dou- 
ces que  le  miel,  pour  autant  que  par  vous  l'a- 
mertume du  péché  eft  changée  en  la  douceur  de 
la  grâce,  Conuertifli pUnttum  meum  m gtudium  y  O" 
circundtdifti  me  Utitu.  O  larmes  ,  ô  baume  pré- 
cieux, au  moyen  duquel  les  playes  &  vlcetes  des 
vices  ôc  péchez  fonr  guaris. 

En  l'Efcriture  faindle  il  eft  dit  de  îobque  le 
malin  efprit  l'auoit  affligé  de  telle  forte  ,que  le 
texte  de  l'hiftoire  porte  que,  a  planta  pedu  l>J<jue 
ad~\erticem   capitls  non  erat  \<xnueu  :  c'eft  icy  vnc 
belle  reprefentation  de  ce  que  le  peché  faicl 
entiers  l'home ,  il  fe  monftre  entiers  luy  fi  cruel 
ennemy,  qu'en  toutes  les  parties  de  fon  corps 
il  luy  raidi  relïèntir  des  playes  &  vJccres  fort 
mortifères,  il  lebleflccn  la  tefte  par  le  dard  pe« 
ilifcré  de  l'hypocriiîc  ,  au  front  d'arrogance, 
les  yeux  decuriofité ,  le  nez  d'impureté,  la  lan- 
gue de  mefdifance,  les  aurcilles  de  vanité x  les 
mains  de  rapine  ,  les  reins  de  paillardifè ,  le  ven- 
tre de  gourmandife  ,  les  pieds  de  parellè  :  &  au 
refte  du  corps  ce  ne  (ont  que  playes  mortel- 
les: de  forte  que  ce  que  l'Elcriture  faindtc  dit 
de  lob  ,  à  plus  îufte  fuject  le  pouuons  nous  dire 
de  l'homme  que  ,  ^  fiant  a  pedit  Ttftjtic  ad^erticem 
capitii  non efl tneofamtos  :  Maisquel  moyenya*il 
de  remédier  à  ces  playes:Vcit  d'appliquer  le  bau- 


de  C«refmc.  21  j 

me  précieux  &  de  vcrlcr  abondance  de  larmes. 

Ou  bien  dit'ons  que  la  contrition  (  qui  cauJj 
ces  larmes  ;  elt  vue  médecine,  mais  autre  que 
celle  de  laquelle  parle  I  Jvppocratc  ,  ^Ars  lonfij, 
"V//4  breuh^  fxpmmcntumjjuux,  occâfto prteeps,  car 
ii  celle-là  cit.  longue  ,  celle  cj  cft  courte,  In^uâ- 
cur.j/jue  die  mtemuerté  peccAtor  omnium  p< :cc Jtorum 
Juorum  non  recorjulor. 

Belle  cil,  fur  cecy,  la  conception  que  fait  faint  Belle  ro«- 
Ambroilc  ,  il  conliderc  qucDauid  n'eut  li  toft  ceptton  de 
d\tpc:cjui ,  que  le  Prophète  Nathan  luy  dit  de  s.    ^Am~ 
la  part  de  Dieu  ,  Domtnus  trAnjtulit  a  te peccatum  ùrotfe. 
tuum:   lutquoy  scierie  ce  grand  Prélat  Milan- 
nois ,  J'idc  qu.intum  posmt  u-  <t  dpud  Dcum, 

Il  m'clt  aduis  qu'il  fait  allufion  à  ce  que  nous 
liions  de  Ca.lar  ,  qu'vn  iour  il  efenuit  vnc  let- 
tre au  Sénat  de  Rome  ,  en  laquelle  n'cltuictu 
clairs  que  ces  trois  mots»  ytm»1fUU91fici î,  au 
mOfCO  dJqucls  il  auoit  emporte  la  victoire: 
ccltoicnt  trois  dictions  ,  mais  ce  ne  (ont  icy 
que  trois  petites  ivllabcs  ,  ce  n'eit  qu'vnc  leuie 
.on  qu\n  petit  peccjui  ,  au  moyen  duquel 
nous  emporterons  la  plus  belle  victoire  qui 
ioit.  i\auoir  celle  du  pechc. 

Qjc  rcltc-il  li  ce  n'cll  que  puis  que  le  fils  de 
Dieu  a  initiale  ce  Sacrement  de   pénitence  fie      Tre  "s 
que  ecluy-cy  fut  ombrage  par  celle  pifcinc  ,  \léfteUe\. 
neccllaircmcnt  dire  que  les   Preftics  ibnt  ^V** 
les  ÀQgÇJ  qui  mouucnt  l'eau,  o  PreOrea  votif 
eftes  CCI  An;.;es  qui  douez  compatir  ai. 
mtens  : u le  Sacnaricain  a  applique  le  vin  fui  les 
playcsdu  pauutc  nair  aulVi  appliqua  I 

le  de  la  douceur  :  aiutiUuc  il  que  1 

O 


SS  Tour  le  fécond  Vcndteây 

fuient  doux  &  feuercs  entiers  les  penitens. 
Ntture       *-cs  Naturalises  difent  que  le  Poulpe  s'atra- 
JuPoulpr.  cnc  ^^orT  au  rocncr>  ^!l"îl  p'en  peut  cftre iéparé 
que  par  l'eau  douce  ,  éc  non  par  l'eau  de  la  mer, 
&  faut  qu'icelle  foit  diftillee  entre  le  rocher  &  le 
Poulpe,&  par  ce  moyen  ilen  eft  ofté:6  Poulpe, o 
peché  ,  il  n'y  a  rien  qui  s'attache  plus  fort  à  no- 
ftre  cœur  que  le  pcché^ôCofefleurs^fi  vous  vou - 
iez  defraciner  ce  poulpe  &  ce  peché  ,  ne  prenez 
l'eau  falec  de  la  rigueur  ,  mais  bien  l'eau  douce 
d'vne  bonne  6V  faindte  intention:  6  S.Paul  vous 
nous  auez  inftruic'ts  en  cefte  belle  leçon ,  difanr, 
ros  qui  fpirituales  efti*  (  il  parle  aux  Confclfeurs  Se 
Prédicateurs  )  eiufmodi  inflrmte  mffiritulemtatis^ 
ne  prenez  pas  l'eau  amere  de  la  rigueur,  mais  al- 
lez y  auec  \a.<\ouccuï,înfpiritulemtat»:8£  vous,o 
âmes  Chreftiennes  ,  plongez  vous  en  cefte  pifeir 
ne  de  la  pénitence,  mais  pifeinc  quiaycfourcc 
en  voftrc  cœur  :  ie  ne  defire  pas  que  cefte  pifeinc 
foit  comme  ces  fontaines  defqùelles  parle  Se- 
Seneji.  $.  nCqUC   Jjurc  troifiefme  de  Ces  queftions  natu- 
^«^/f./7A-^c|jcs  cnapitrc  fixicfme  :  lefquelles  ne  foulent 
tural.cap.  qU»cn  Hyuer ,  mais  en  Efté  fc  deiîcichenr  &  ta- 
7«  6.        rifTcnt,  mais  il  faut  que  cefte  pifeine  coule  touf- 
iours,  &  qu'a  toute  heure  vous  ayez  regret  des 
péchez  que  vous  commettez  ,  &  que  vos  lar- 
mes (oient  pcrfonnelles  :  6  larmes  femblables 
à  cefte  pierre,  de  laquelle  parle   Pline  en  fon 
hiftoirc naturelle,  laquelle  eftant  touchée  iec- 
te  de  la  rofec  &  de  l'eau.  O  pierre  ,  6  caur ,  puis 
que  tu  es  vn  rocher  obftiné&  endurcy  au  pé- 
ché, fais  que  tu  fois  donc  de  laqualirédcceluy- 
cy  ,  &  qu'eftant  frappe  par  la  contritioti ,  tu  vô- 


deCarefme:  2T5 

mille  incontinent  l'eau,  ic  dis  vnc  abondance  de 
lar  ;>cs,  Iciqucllcbcrtaccront  tes  fautes,  laucronc 
ta  conlciciuc  6c  te  remettront  en  grâce  aucc  ton 
Dicu,&tc feront  finalement  viure  éternellement 
la  haut  au  L  ici,  ou  nous  conduite  le  lJcre,lc  Fils, 
ôciclaincttlDiic.  Ainliioit-iL 


O 


m 


SERMON     POVR    LE 

SECOND     S  A  MED Y     DE 

Carefme,  fai&  au  iour 

deSain&Mathias 

Apôftre. 

Exurgtns  Fetrus  in mediofratrum  d/xit^c* 

A    C    T.       I. 

I  iamais  vous  aucz  entendu  que  la 
mifericorde  de  Dieu  fe  change 
quelquesrois  en  iuftice ,  que  l'huy- 
ie  de  les  grâces  ,  de  fon  amour  8c 
charité,  fe  conuertir  maintefois  en 
flammes  d'ardeur,  d'ire  &  de  courroux»  il  ne  faut 
que  ietrer  i'cxril  fur  ce  dot  il  eft  auiourd'huy  que- 
stion :qui  pourroit  dire  combien  cefte  lampe  de 
Iud.is  auoit  efté  remplie  de  i'huyle  de  la  faueuc 
de  Dieu  ?  qui  pourroit  nombres  les  grâces  &  bé- 
nédictions qu'il  auoit  miles  dans  l'alambic  de 
fon  amc  ••  &  cependant  voicy  auiourd'huy  que 
pour  ù  malice  &  trahi(on,  cefte  huy  le  de  la  grâ- 
ce e(t  tellement  changée  &  conuertic  en  ire  ÔC 
fureur,  que  le  voila  ietté  en  vn  defcfpoir  mal- 
heureux. Il  eft  bien  vray  que  pour  l'ordinaire 
l'expérience  nous  fai&Yoir  es  choies  naturelles 


deCaref,  217 

la  corruprion  d'vnc  chofc  élire  cnufc  de  la  gé- 
nération d  vnc  autre  ,  <"orru  m  ffîgcnerutto 
âlieriê09diicat  les  Philolbphe>,ainlï  melcmblc- 
ii  arriucr  de  mefinc  en  l'ordre  delà  grâce  :  la 
corruption  de  l  vn  e&caule  de  la  génération  de 
1  .i'irrc:au!li  l'Ange  en  l'ApocalypIcadurnnlanc 
S.  Icandi!  ne  tjuod b*bes  ne  a!ih4  dcctjiut  co- 
ron m  tn.tm  ,  O  malheureux  luJas  ,  quelle  cil 
Ccftc  gioirc  ou  ru  auois  clic  appelé.-  quel  clb 
'  g;oncuxoù  tu  auois  cite  efleué  ?  tu  as 
u  de  celte  excellente  grâce  d'hon- 
neur vie  i  ApoftoUta&  voicy  S.  Machias  qui 
cil  mis  tk  continue  en  ta  place,  de  (orte  que  la 
corruption  de  l'vn  ell  caufe  de  la  génération  de 
fourre.  Vous  gloneuic  Vierge, qui  auez  affiltéa 
celle  (àjo&e  cllccliô.aflîitcz  nous  s'il  vous  plaill, 
du  crédit  &  de  lafaucur  que  vous  auezenuers 
volhc  hlSjCv  nous  vous  la  iKions,dilans. 

Auc  Méfié. 

■ —  ■ 

L  grand  cv  malcurcux  Capitaine  A-  pluUr*ue 
thenien  Epammondas  ,  voyant  vn  ,„  t.  1  ■ 

)    jour  vnc  erandc  ,  nombieulc  &  po-j'j.^.. 

vVil^         1     r  11  ;■ 

•4i*—Ww    puleulc  aniKC  ,  laquelle  loiircsrois  nonj4S 

eftoit  fins  chet  &  lan  >  Capital  ne*etlt  fort  bonne 

grâce  de  dire  que  c'clloit  vnc  prodigiculc  bc- 

lie  (ans  chef(&   panant  I  ini  efl  !  ne 

Ul  ne  mcntoit,  lequel  eftanc  ioten 
venoit  cela  qu'il  auoit  efté  vaincu  en  vnc  telle 
année,  relpôviit  rehublèmcc  C*C 
rncarmee.r.uis  que  c'eftoil  tous  vn  autre  chef. 

Etd:  taivt  ,  pelez  ic  VOUS  prie  ,au:cmoy  vnc 


jmi- 


218  Four  le  fécond  Samedy 

ehofe  digne  d'admiration.  Voyla  vnc  armea 
pui(Fancc  qui  a(u\gc  Bjthulic  ,  celle  armée  e- 
ftoit  c  lie  du  Li-utenant  du  Roy  des  Perles 
Holophernes,  arm^cft  nombr  ufeque  la  fain- 
cte  Efcriture  tefmoigne,  qu'il  fembloity  auoir 
cnicelle  plus  de  foldatsqucde  grains  de  fable 
en  la  mcr:routesfoiscefte  grande  arnve  fut  mife 
en  d  route  par  vne  petite  poignée  de  foliats  for- 
tantdela  ville  de  Bethuiic  :  &  pourquoy  cela? 
pource  que  îudith  l'auoit  priuee  de  chef. 
Cantic.  6.  (ChrclHcnne  &  deuote  a(Tiftance;l'Eglifc  ainfî 
que  ce  cclcftc  Efpoux  m'appréd  au  6.  des  Canti- 
qics5n  cft  autre  chofe  qu'vne  arme. Cafhoru scies 
ordmata^maxs  ce  doit  cftre  vne  armée  qui  aye  fes 
fiffc<Sts,&  partant  doit  auoir  vn  chef  afin  de  faire 
tefte  à  Sathan,brifer  les  portes  d'£nfer,&  m-ttre 
en  entière  déconfiture  Ces  forces  &  puidaoces. 
ordre  de  N'auez  tous  iamais  regardé  Tordre  qui  cft  en 
lltnluers.  rVniuers  ,  en  ce  monde  intelligible  des  Efprits 
Angéliques,  &  en  ces  corps  celcftes,  ne  voyez 
vous  pas  comme  les  chofes  inférieures  obeyf- 
fent  aux  fuperietircs  par  vn,  ordre  &  vne  conca- 
ténation mcrueilleufc  ,de  forte  que  cela  faifoif 
dire  à  cet  impie  Auerroe*  que  l'ordre  de  l'Vni- 
uers  conuainc  &  furpaflfe  Pcntcndcmcnt  hu- 
main >  &  qu'il  faut  qu'en  iceluy  il  y  ave  quelque 
chofe  qui  le  conferuc  &  maintienne ,  fi  cet  Vni- 
ners  eft  ainfi  ordonné  ,  ainfi  ie  disque  l'Eglife 
Chrefticnne  doit  eftçc  ordonnée  ,maisordon- 

«  r  v  ~  nec  comme  vne  armée  >acies  caftrorumordinAU. 
Définition       _,  .,    _  ,   _  il      i        in 

j  >    j.m       Phiiofophcs  ,  qu  cft  ce  que  i'ordreîc  elt  coor- 
4e  l  ordre    ...         r        »  Pi       r  .    *  .   iZ         ,, 

'dtnattoprimi  5  mrdtj  <y  finK^ÔC  tout  ainliquc  l  or- 
dre maintient  T  Vniucrs;  &  qu'il  conferue  les  ar- 


de  Cârefme.  2!& 

irre$,ain(î  il  n'y  a  rien  qui  mieux  entretienne  a 
Monarchie  de  l'Eglife  que  l'ordre.  Si  donc  TE- 
çlifecft  ordonnée,  il  ertoit  neceflaire qu'en  icel- 
Ic  y  eut  vu  chcf,aulTi  de  fait  icttez  l'ail  lur  le  co- 
clau-  de  Hicrulalem  ,  &  en  ce  pérît  Conci'eaf-  Conc"f 
iemblé  par  les  Apoftres  &  difciples  ,  ils  n  eftoict  des  ^F°' 
que  lix  vingts  en  nombre  , armée  petite,  maisi         trnU 
pourtant  qui  combatra  tout  1  Vnincrs  ,  dont  J*  H"r*~ 
elledcuoit  auoir  vn  chef  ,Sc  defaicten  icellc  [\j4"m* 
y  en  a  vn  qui  par  dciîiisro9  autres  apparoiftSc  fc 
mon(trec(trr  rcl,ie  dis  lain6t  P îerrc,/-. xurgtns  Per 
trm  m  mediofrâtrû  dix  t,  c  eft-  ce  que  ic  remarque 
en  ce  peu  de  paroles  de  l'Epi  (hc  de  ce  iour ,  car 
comme  chef  il  difcourr,&  comme  chef  il  donne 
fcntcncc  de  la  preuancarion  de  ludas&dcl'ef- 
lection  de  S.  Marhias.  le  dehre  vous  rapporter 
tout  cecy  à  trois  c'iefs:au  premier  ic  monltrcray 
comme  l'cftar  de  l'Eglife  c(t  vn  citât  Monarclu- 
qiie'Sccondemcnr  ie  monltrcray  comme  la  rautc 
d'vn  particulier  ne  doit  eflre  imputée  à  tour  vn 
corps:  Se  en  rrotfcfmc  lieu  de  l'humilité  de  S. 
Marinas  qui  l'a  cfleuc  à  l'Apoftolat.   Pour  le 
premier  ,  ic  dis  que  c'clt  chofe  très-certaine  que 
derous  lesgouuernemes  leplus  beau  (5c  lenv.c.ix 
ordonne  elt  celuy  de  la  Monarchie  ,  rcfmoing  /Cnfl*t. 
Ariltore  liure  S.  de  les  Morales  chap.  i.  8cdcfi&,S,   £- 
fat  iaint  Iullin  martyr  dit  que  Dieu  iouuciam  rfcif«  c  i. 
&  éternel  voulut  cl' ablir  anciennemct  vn  pareil  /nfiinm 
gouuerncmcnr  en  la  Synagogue, car  la  il  ne  vou-  rmrtyr. 
lut  y  auoir  qn'vn  chef  qui  cltoir  le  (ouuerain 
Pontife , auquel  vn  chacun  obcï!Foit  ,  co.nmc  Ct  uit*.  !. 
BMune    les    hérétiques  aduoi.enr   ,  tclmom  ce  4.    l'tiit. 
qjc  dit  Calum  liurcquatricl.nc  de  les  InlMiWJ.i.  J.  4. 


2  2  o  Pour  lefeconi  Sâmedy 

rions  ci.  §.4.  de  forte  que  (i  Dieuauoir  donnée 
eltably  vne  Monarchie  en  la  Synagogue  ,  de 
quel'Eglife  eft  ordonnée  comme  vne  autre  Sy- 
nagogue, il  s'enfuit  donc  qu'en  icellc  ainfi  côme 
^/ttbanaf,  e;i  ancienne  Synagogue  ,  il  y  aye  vn  chef,  aulîl 
ycna-il  vn.  S.  Athanafedit  que  l'Eglifceft  vn 
Royaume,  &  tout  ainfi  que  fi  envn  Royaume 
il  n'y  a  vn  chef,il  n'y  a  que  de  la  confulion, ainfi 
en  PEglifc  s'il  n'y  auoit  vn   chef  ce  ne  feroic 
que  dc(ordre.Vn  autre  duaque  l'Eglife  eft  vne 
maifon  ,  il  faut  donc  qu'en  icelle  il  y  aye  vn 
Hteron.      perc  de  famille:  S.   Paul  l'appelle  corps, dont  il 
faut  qu'il  y  aye  vn  chef:  S.  lerofme  dit  que  c'en: 
vn  nauirc,clonc  il  faut  qu'il  y  aye  vn  pilote:au(ïi 
Mattb.16.  de  hic  en  l'eftabliiTement  de  cefte  Monarchie 
nofUe  Seign.dità  S.  Pierre,  Tu  es  Pétrie  cr juper 
bac  hetrum  œdificabo  Ecclefia  me  a  ,£?-  tibi  dabo  cla- 
ues  regni  cœlorumicc  qu'eft  le  chef  en  vn  corps, ce- 
la mefme  eft  le  fondement  envn  baftiment  :  & 
ce  qui  eft  fondement  en  vn  baftiment ,  cela  mef- 
me eft  le  Roy  en  vn  Royaume  ,  &  ce  qui  eft 
Roy  en  vn  Royaume,  cela  doit  eftre  chef  en 
vn  corps  l'Eglife  eft  vn  corps ,  vn  baftiment  &c 
vn  Royaume  ou  Monarchie,dont  il  y  doit  auoir 
vn  chef,le  voicy,T«f:  P  trw^ey  Jupet  banc  Petram 
adtficabo  Ecclefta  meam. Optât  Mileuitain  dit  que 
Optât  Afi-  le  Grec  porte,7*»fC5f/;^,qui  vaut  autant  à  dire 
lcuit,dia-  Tues  caputju  es  fundamentum^&C  dit  plu  ,./■'  enus  ex 
log.  contra  duodecim  conftituitur  caput^t  capite  conftituto  emms 
f  aiment,  fchifmi tollatur  occafio  ,  voyla  comme  faim  Pierre 
fut  conftitué  chef ,  &  comme  tel  il  eft  Roy  & 
Prince, fur  lequel  eft  fonde  «.urne  &  la 

Monarchie  J'E^.'f ...  -diji- 


deCdrefmf.  221 

Cdùo  ÉccleftAm  rncum  Tu  es  Prtru^ccd  autant  à  di- 
re,tu  es  le  fondement  de  rF.gliie}o  pierre  fonda- 
mentale^ puillancc  de  I  Lgliie,  ^m*  wjcrrih  /'£«</>  IliUriuu 
Cr  ttrt.trt  porta*  ,  ty~tmnu  mort.}  ~\m:u  a  d  (soluity 
dit  S.  Hilaircquoy  difanc  ii  icnc  metrompe  il 
faicailulîon  à  celte  petite  pierre  de  Daniel  ,  qui 
roullant  de  la  BlOUttgnc  ,  deltruidt  c\  tuyna  !a 
grande  &  pfodigiaifc  itatue  de  Nabuchudono-    %* 
lor  :  ainli  celte  pierre  fondamentale  de  l'Eglifie 
dcltruit  la  puillancc  de  l'Enfer,/  «  es  Petrus  crju- 
fer  hune  Pctr.i  xdifi.éioh'cclrjta  meA^cr  tibi  tUbo  dé- 
mtrtrmimlorëj4'c(k-ihp*i  vray  que  lorsque  les  ^miluude 
Kovs  font  leur  entrée  cnvnc  ville  on  leur  met  vcllem 
en  main  les  clefs  d'icclle,  comme  iceluy  en  citant 
le  chef  &  le  maiitrc  1  EgUtc  e(t  vn  Royaume, 
non  tcrrcltrc,mais  cclcltc,  ex  Icfus-Chnit  dilant 
à  S.  Pierre,  ubi  tUbo  duuesrrgm  cœloru  ,ceft  comme 
s'il  luy  diloir,ic  te  donneray  les  clefs  du  Royauv- 
m:celeltc, comme  toy  citant  le  clwfde  l'Eglife: 
ou  bien  comme  s'il  luy  vouloit  dire  ,  l'Eglilc  c(l 
Yne  mailon, cV  comme  telle  il  faut  rn  KuJcmct, 
de  (brtequch  îe  conliderc  l'Eglife  commcmai' 
ion, Tu  rs Petrus ,  tu  eues  le  fondement.  , 

Saincl   Ambroifc    conlidcraJit    ces    paroles, 


Tu  rs  Petru  <  rr  bine  Petrum  ,  çre.  I.uci  vnc 

belle  6c  riche  oblcruation  ,  &  dir  que  l'vn  des 
premiers  miracles  que  ïamais  lainct  Pierre  aye 
fut  ,  c(t  ccluv  qui  clt  efent  au  chao.  troiliclmc 
des  A3cs,ou  il  c!t  dit  qu'il  vu  \  n  boueux  »&  jgff  * 
comme  ccluv  cv  lnv  demanda  l'aiimoinc  ,  iauu 
Pierre  luy  1  iir,  Kurmm ç? ^twemu m k*bt*} 

in  nnminf  I,  p  ty-  Aml>%U,$£ 

aulli  toit  il  cù  adioullc,cr  •'       ■  .1   ■• 


222  tour  le  fécond  Samedf 

eim  £r />/*«/*  ,furquoy  dit  lai nâ:  Ambroifc,qirë 
Dieu  a  voulu  que  ecluy  qui  cltoit  le  fondement 
de  l'Eglife  donnaft  le  fondement  à  ce  paunre 
homme  qui  n'en  auoit  po  nt,  &  qu'il  s'clt  com- 
porté de  mefme  enuers  les  Chreftiens. 

Vn  autre  palîagede  S.Pierre  pour  môftrer  en- 
core comme  ii  a  eftéeftably  delcfus  Chriit  pour 
eftrc  le  fondement  de  l'Eglife,  c'eft  en  S.lean  oii 
noftre  Seigneur  l'interrogeant^  uy  di(oit,  Petre 
amas  me?  Pierre  m'ayme  tu?&  en  fuitte  de  ce ,  ri 
luy  à'itrfafce  oues  meMjtfce  a^nos  meosiQnc  dis-tit 
ietie    do»  ^c^orm^  y  <\uc  $-  Pierre  n'adoit  aucune  preemi- 
ttrine        ^cnce  Par  delïus  les  autres  Apoftres  ,  eft  il  vray? 
que  veut  donc  dire  noftre  Seigneur  ,  lùy  dilant, 
Pierre  pais  mes  brebis  &  mes  aigneaux ,  le  Pa- 
fteur  n'cft-il  point  de  degré  plus  haut  que  les 
oiïailles^cerres  ouyrti  donc  S.Pierre  eft  conftitué 
Paftcur  par  tcfus-Chrift ,  ôc  que  tu  dife  qu'il  n'a 
point  de  prééminence  par  delTus  les  Apoftres,  il 
faut  donc  que  tu  confelîcs  que  les  Apoftres  n'e- 
ftoient  des  ouailles  de  lefus  Chrift:Or  cft-il  quel 
noftre  Seignr  parlant  deux  leurdi£l:,ro5  cftis  de 
bmril?*  meis,dc  forte  doc  qu'ils  eftoien'  de  fa  ber- 
gerie,&  difant  à  S.  Pierre,  Vdfre  oues  nie *j,fans  ex- 
ception ,  il  parle  de  pouuoir  &  de  la  prefeancô 
qu'il  reçoit  par  deflus  eux  :  &  puis  qu'en  l'Efcri- 
ture  fain&e  il  n'y  a  aucun  iota  fupcrrlus,qu'il  n'y 
aaucunc  fyllabe,ny  lettremy  virgule  ,  sas  myftc- 
re  &  fecret,cela  donc  cftant,  ce  n'eft  fans  myfterc 
que  noftre  Seigneur  a  diftingué  ces  deux  cho- 
{cs,Pafcesoues  measjiiee  agnos  mf05,Pourquoy  vfc 
il  de  ces  i.  vnots,oues  ey  agnrio  mon  Dieu  je  voy 
bien  qu'il  doit  y  auoir  deux  fortes  de  fidclles 


deCarefmei  223 

en  l'Eglifc  rr prefenrez  par  les  brebis  &  par  les  ai- 
gneaux,  les  brebis  font  celles  qui  engendrent  les 
aigneaux:o  Apoftrcs  vous  eltesdes  brrbis,&vous 
6  reftes  des  ridelles ,  vous  elles  les  aigneaux  qui 
elles  engendrer  par  les  Apoitrcs  &  leurs  fuccci- 
feurs,  cornent, les  Apollres  cngcndrent-iL'ouy: 
&  comment  engcndrcnr-ils-c'eft  par  la  parole  de 
Dieu  ,  rcfmoin  ce  que  diloit  S.  Paul  parlant  aux 
Corinthicns,rrr  LHun^eliumcgo'ïos ;^r/Jw/,&donc  . 

puis  que  les  Apollres  font  appeliez  brebis  ,  Se  les 
fidèles  aigncaux,noilre  Seigneur  dilant  à  Saincf! 
Pierre  ,  tdfce  dgnos  meoty  pdjce  oun  meus ,  c'cll  luy 
dire,  ie  ce  donne  l'authoritc  fur  tous  ceux  qui 
m'ont  fuiuy,  &  fur  tout  mon  bercail. 

De  là  Sawdl  Cyorianau  liurc  qu'il  a  fait  de  Cypr'unus 
rvnitc  de  rEghic,dit  que  tout  ce  qui  a  clic  clic  U\,%  de  V- 
gcncrallcmcnt  aux  Apollres ,  a  elle  dit  particu-  mute  £c- 
licremcnt  à  faincl  Pierre.  C'eft   le  propre  du  deux. 
maiftrc  de  prier  pour  (es  difciplcs,  &  de  leur 
donner  des  cornmandemens  :  Nolhc  Seigneur 
comme  maiftrc, a  prie  pour  tous  les  Apollres, £- 
£oproeHre>^oynonpro  mundoroçojcd prohu  auos  de-      0Ân%  ^* 
di;h  mibr.il  prie  particulieremer  pour  S.lJierrc,o- 
r*uipro  te  Pctre,  ~\t  non  dcjicidt  Jides  tU4t  11  promet 
à  tous  en  gênerai ,  ^uodeumque  ligdueritv  (*pcr  tt  r- 
tâm  cru  li^Aiiïçr  m  eœlniey^  tjuod  utrùi  fuper 

terrdmfoluiii  cr  tn  ccclu,  &  à  S.  Pierre  il  f-it  celle  jtfjfft  \6. 
particulière  promellc  ,  CM  «uni  li£*M'rii  juper  ter- 
ruent  MgâÊM  cr  m  cœln  ,il  donne  les  grâces  géné- 
ralement à  cous.  f*<i*m  1  »>  %& 
particulièrement  il  dir  à  S  Pierre  .  I             lie  14m      '  *  ' * 
erm  bêmims  céfiew  f\\  cotnt          i  tous  en  geoc*     M.irr. 
lai  j'allcr  prelchcr  tue  praduuie  lu.ing.ltum  omnt  cup.  16. 


%ï  4  Pour  k fécond  Sâmeây 

créature  ,  &  à  S.  Pierre  particulièrement  Ucîit, 

Ioan.  iS.  Petre>paJce  oues  rn(04,paf(:e  agnosmeos ,  H  reprend 
généralement  les  Apoftres  ,  «oh  potuiflû  "^na.  hora 
lugihre  rnecum ,  &  à  fàinct  Pierre  il  an  en  parti- 
culier^/wow  dormis  >i\  dit  à  tous  en  gencial,o/w«ri 
"\os  fcandali{abimimy  &  à  fainct  Pierre  en  parti- 
culier, terme  nejrabis  à  pourquoy  tout  cela?  dit 
S.  Cyprian,  c'eCt  pour  monftrer  que  laint  Pierre 
auoit  authoritê  iur  tous  les  autres  Apoftres. 

A  <ru!i       Saint  Auguftin  en  la  queftion  neufiefme  fur  le 
h     *   Hure  des  Nombres,  dit  que  lors  qu'il  fallut  tflirc 
JT\   '    les  71.  Senieur.s  ,  Dieu  dit  à  Moyie ,  ^yCnUram  de 
}piritutuo,&'  daboj  2.  .Î?w0n£^,v4noy?bcigneur^ 
vous  faifîez  toit  à  Moy(e,n'eulTicz  vous  pas  bien 
donné  pareille;  prerogatiuc  à  ces  fu  Senieurs 
qu'à  Moyferô  dit  S.  Auguftin, ceftoit  pour  mon- 
ftrer que  Dieu  vouloit  que  ces  7 *»  Senieurs  fuf- 
fentfujed:s  à  Moyfe,  &  qu'il  euft  authoritê  fuir 
eux:  ainfi  l'authorité  des  autres  A  poftres  dépend 
de  celle  de  faint  Pierre.  Saint  Bernard  dit  que  la 
er  Af"  puiifance  de  faint  Pierre  eft  encore  fort  bien  re- 
prefentee  parce  miracle  qui  fc  fît  en  faincl:  Iean 

1  21  c^aP^trc  ll-où  il  eft  dit  qu'il  marcha  luy  feul 
'  fur  les  eaux  de  la  mer,  pendant  que  les  autres 
difciples  cftoient  en  la  naflèlle,  c'eftoit  pour  mô- 
ftrer  ,  dit  ce  faint  Docteur,  la  puiflàncc  de  fainct 
Pierre  fur  route  rvniuerfalité  dcTEglife  efpan- 
dué  fur  la  terre»  non  feulement ,  mais  encore  fur 
Préemi-  la  mer  :  &  qu'eft-ce  marcher  fur  la  mer  &  fur  la 

nence    de  terre ,  comme  a  fait  faint  Pierre  ,  finon  dire  qu'il 
Pierre  auoit  elle  conftitué  Seigneur  &  maiftre  fpiri- 

f*r  dcjfni  tuellemcnt  de  tout  le  monde? 

S.Paùli         Dieu  a  encore  voulu  monftrer  cefte  preemi- 

nenec 


dcCtre/hie.  us 

nence  de  fain&  Pierre  cl  Paul,  il 

Jcmbloit  que  ûi  lainâ  Pier- 

re  ,  il  (cmbloit  que  iair.ct  Pieu.-  ncult  aucune 
prééminence  lut  luy  :  mai;  :.iu  ,  dit  Dieu, 

vous  mourrez  rous  deux,  pour  voiii  lair.cl  Paul, 

is  aurez  la  telle  trar.chcc  ,  &  non  pas  vo 
5.  Pierre,  pourec  que  v<  oy,  6c  comme 

tel  vousdeuez  eltrc  plus  giand  que  volhc  (rere. 
N  ..ucz  VOUS  ïamais  ouy  dire  Je  oaul  ,  quiccluy 
eltanc  conlacrc  Roy  d'llracl,il  patoilloit  dérou- 
tes les  clpauJcs  plus   haut  &  plus  émincnt  que 
tout  le  ici.e  Je  (on  armcc:o  Pielatblo  Palpeurs  de 
:,qu  cites  vous  linon  desRoys  &  des  Prin- 
ces ,  conflitues  eos  principes  laper  omhem  terram  ,  î$C 
de  combien  lonr  ccsRoys  (piritucK,plus  hautsôc 
plus  éminents  que  leurs  (ubjets.-  c'cit  de  toute  la 
telle:  pour  ce  lubjcct  Jonc  :  6  l.und  Paul ,  vous 
deuez   tCCOgOoiftfC  la  ncl    Pierre    pour  voltrc 
clier  ,&  pouicc  au  refpcct  Je  luy  vous  n'aurez 
SI  de  telle  en  mourant  r 1  vous  ô  laintPicnc 
~iczcruittic,mai«  i  M  la  telle  en  bas 

pourec  que  ru»ft:  ;eur  l'auou  c(L  la  telle 

enhai  '  ,  &  vous  lucceaiTicz  Iclang 

lécoalotf  Je  (es  playes. 
M  litic  veux  duc  que  cecy  nous  rcprcfcntc  vn 
auric  beau  mvllctc  :  noftrc  beigneur  lut  crucifie 
la  relie  rn  U  un  ,  p  □  Ircr  qu'il  citoic  chef 

dcl  S. Piètre  il c.loic 

,ô\:pour  ce  il  rut  cruci- 

kècflbat.&ainfiiercCDgnoi  enr  la 

il  cil   die  aui  •  n  \  |uly 

c]uc  oi  leptetnicf  au  mi- 

•   ■  té  if  ** 

t 


226  four  le  fécond  Sdmeây 

trum  dixit,  les  autres  font  bas,  &  luy  il  eft  leuè/irt 
medio  frdttum,  pour  dire  que  ce  que  le  cœur  eft  en. 
Chrïf.  ho.  nous  »  W  deuoit  eftrc  1e  rtieftne  en  l'Eglife:  aulîi 
4.  in  défait  faindfcChryfoftomeen  Thomehe  4.lur  les 
xftA%  Actes ,  dit  ainfî ,  Voyez  comme  fainét  Pierre  fe 
monftte  eltre  le  chef»  &  le  premier  au  milieu  du 
cœur  des  Difeiples  ,  voyez  comme  par  tout  où  il 
pat  le  le  premier, pource  qu'a  luy  feul  eft  donnée 
la  prééminence  par  dellus  l'Eglife.  Et  Oecume- 
nius  difoit  encore  ,  faindt  Paul  ne  fe  leue,  faindr. 
Iacques  encore  moins, ny  aucun  des  autres  di(ci- 
ples,il  n'y  eut  que  faint  Picrrc,comme  celuy  qui 
auoit  receu  de  fon  maiftre  la  prééminence  par 
deiïus  les  Apoftres ,  &  qui  cftoit  le  premier  chef, 
&  comme  tel  il  parle  auiourd'huy  de  la  preuart- 
cation  de  Iudas,  &  de  l'eile&ion  de  S.Mathias. 

Que  diray  ie  decefte  preuarication  de  ludas? 
c'eft  vne  grande  impieté  &  iniuftice  de  vouloir 
imputer  atout  vncotps ,  le  forfaid  d'vn  mem- 
bre particulier  ,que  fi  cela  eft  de  raifon,  que  fera- 
ce  de  ce  facré  collège  des  a  poltres,la  faute  del'vn 
doit  cftre  imputée  à  tous  les  autres  :  tous  feront 
donc  coulpables  de  la  rrahifon  de  Iudas,  bien 
qu'ils  n'y  ayent  penfe.  Y  auoit-il  au  monde  de 
plus  faindfc  que  la  compagnie  des  Anges  en  leur 
création?  &  cependant  le  plus  beau  &le  plus  ex- 
cellent d'iceux  s'eft  rrouué  rebelle  à  (on  Dieu, 
celuy-cy  contenoit  en  luy  la  perfection  de  tous 
les  autres  ,  Omnv  la  fis  prœtwfpu  operimcntum  tuum, 
dit  Ezechiel ,  il  côtenoit  l'Efcarbouclc  de  la  per- 
fe&iô  des  Séraphins,  l'émeraudedes  Chérubins, 
le  Saphir  des  Throfnes,le  Sardoine  des  Puiilan- 
ces,leCiyfolite  des  Vertus, leTopazc  des  Domi- 


âcCarffme.  2:7 

•on*, le  lafpe  des  Principauté?  î'Onix  des  Ar- 
chives. &  le  Ikrilîe  d  efte 
t.inc  nobic  co                                              traKtc  de 
pair  à  pairauec  Dieu  ,  lcrrouuc  vn  Uuicicux  ,1e 
plu            eut  de  toffs,qui  cft  conda 
cou             ,  il  cltoir  du  naturel  des  autres  Arges, 
iï  la  faa  e  le  IVrn  do;:  t  tre  imputée  à  tout  va 
corps,  il  s  enfuir  que  toute  la  nature  des   Ai 
deuoir  ctre  condamnée. En  outre,.             cft  ae- 
iparcs-i  vn  champ  où   le  bon  grain  cil  aucc 
rose,  c  cft  a  duc  les  bons  aucc  les  mcfJnns, 
il  faut  donc  \  caulc  des  mauuais ,  pet  ;rc  &  Con- 
damner les  bons  ,  puis  que  tous  ne  compolcnc 
qu'vn  corp  :-'           îatthicu chap.  m.  le  Royau-  Màtw.if 
me  du  Ciel  elt  IC(             1  dix  Vierges  ,  entre  lef- 
qucllcs  il  y  en  a  cinq  (  jges  eV  cinq  toiles, h 
fol  les  pour  n'a  ioir  apporte  quant  &  eux  le  pur. 
d  hoyle  turent  challees  ik  exclufei  de  la  lal'c  des 
nop:es  de  I  I 'poux  ,  >                              leslesau- 
tres  le  dotoenc  e(tre,puii  que  toutes  çftoient  d 

1 .1 1 1  c  d  c  ri 
Cela  t  1rs  Apo    1  es  il  n'v  ru: 

las  reprouué,  enrre  les  An*cs  que  1  uci 
t  on  \  uiinc  ,  enrre  les  (emences  que  l'\uioyc  1 
1   e    0  fetJ ,  cV  Chtl  ik  Vierges-  que  les  cinq 

lull  !ledes  nopeesde  l'Mpoux, 

t   ht  il  e(l  |ue  la  foute  d'vu  par-  ne 

vu  coi  i 
ici  Ile  h  en  vue  bina  ■  u- 

lue  le  |    .  [uî 

n'en  le  corpi  ne  demeure  ton 

ÎOOl  fainclctè. 

L  .      juxaux  Caïuiqn 

l'  il 


228  four  le  fécond  Sameâj 

poufcrEglifc,cn  parle  fous  vn  fymbole  admi- 
rable Axfanvficut  hliumwtcr fymxt ,  fie  arnica  met 
imer filial ,  que  dites  vous>  diuin  Efpoux  ?  il  veut 
r  .    dire  que  l'Eglifeeft  vn  parterre  ,  &  vn  iardin  de 
"ejir'~  fleurs,  les  plus  belles  &exquifesdu  monde,  là  fe 
*    on  «     u  trouuenc  les  paflefleurs  des  Patriarches  ,  les  tu- 

jTprrrr   ^Pcs  ^es  ProPnc*csJ  ^es  Colomnes  des  Apoltres, 
ç     £"Je'  les  œillets  d'inde  dcsMartyrs,  les  rofes  muiquecs 
des  Docteurs,  les  violettes  des  Intérieurs,  les  pa- 
uots  des  Contemplatifs  ,  les  menues  penfecs  des 
Actifs  ,  les  hyacinthes  des  Religieux  ,  les  lys  des 
Vierges,  &  les  (oucis  des  Mariez ,  6  riche  parter- 
re, ccftvn  iardin  réply  de  toutes  fortes  de  fleurs: 
mais  (1  bien  en  ce  parterre  il  y  a  plufleurs  fleurs, fi 
ed-ce  Toutefois  qu'entre  toutes  les  autres,  l'Egli- 
l  Fgh^e  [e  cft  côparee  au  lys,  pource  que  les  Vierges  /ont 
comparée   accomparecs  au  lys  ,  auxquelles  elle  elt  pareille- 
au  lys.        ment  cocnparce  ,  Simile  efî  Regnum  cœlorum  decem 
\iYg\mbtM.  Sainct  Matthieu  ne  dit  pas  ,  Simile  efi 
Mat*  15.    reç-num  cœlorum  decem  ^/fpoftoli^  decem  martyribm, 
mais,  decem  Trirginibus,  puis  donc  que  PEglifc  cft 
accomparce  aux  Vierges,  quelle  mcrueille.il  l'ef- 
poux  dit  qu'elle  eft  fcmblable  au  lysfymbolcde 
la  virginité  ?  ficut  Idium  interjpm(ts ,  ftc  arnica  me* 
interfiliés,    La  racine  du  lys  eft  faite  en  forme 
de  cœur  qui  reprefente  la  foy  de  l'Eglife  :   le  lys 
eftant  coupé  il  s'cfpanoùir,reprefentation  de  l'ef- 
peranec,  les  grains  d'or  fymbole  de  la  charité,  la 
tige  toufiours  droicte reprefente  la  dtoicture  de 
TEglifc,  la  blancheurda  pureté  d'iccllc,  le  nom- 
bre de  fes  fuci lies ,  le  ramas  des  vertus ,  l'odeur 
odonferanre3fi  fainte  conucrfarion.o  !ys*6EgI.i- 
k,fi:ut  lilium  mter  fpwasfic  amie  a  me Aimer  filial 


dtCàrcfme:  229 

6  lys  que  les  bons,  ô  cfpines  que  lesmefebans, 

entre   lefquels   llorillenc  ik   le  nournllcnc   ces 

beaux  lys,  c'efl  ainlî  que  1  explique  Rupert. 

L'efpine  a  trois  proprietez,  cuofînrrt^  cr+feit  & 

u  ,  il  n'y  a  rien  qui  rlcuriilc  pluitolt  qui  scC- 

■  oùille  Ôc  qui  pique  plusemrc  les  plantes  que 

i'clpinc&auili  n  y  a  il  rien  qui  plutiolHe  Hctnf- 

fe  ,  ainli  ell-il  des  melchans,  ils  Heunllent  auanc 

tous  autres  au  temps  de  la  pcofpericc:  mais  venac 

l'a  i(lCffifC,il  n'y  a  rien  qui  il  toit  Ce  fïemiïcjà  otl 

iaire  ,  les  bons  ne  HcunlFent  iamais  tant 

>nt  parmy  iesaduerhrez  &   tribulations. 

t  dooeftiofi  qucl'Eglifc  ieretrouuc,  meime 

parmy  les  mcielians ,  nv  plus,  ny  moins  que  les 

lys  entre  les  efpincs,&ne  laitlcd'y  rîcunren  (ain- 

det é,&  en  toutes  lortes  de  vertus  c*  perlerions: 

aulîi  difoit  S.  Hierobne  ,  Psucorutn  <u!p4  nnn pr*- 

IHtl:  ur  r  "/,  &  S.   A Uguftin,  &  fi  rnltr     l',crcnt 

<lr  ijuiifu^lum  fur^jmfntj'  i  tmrn  fst,  mur  Jt  /fii:l>t.J-  f//.J«^'- 

àxmmn.'.m  nu' ,  car  s'il  y  a  de  ftmperfcâton  en  /  >r't*r» 

vnvmx  autres  1   v  a  de  la  nciL 
de  I  re<  L- 

tpagnievo  LadttCraiAteâf  I  tpcf»jh    t 

im  iurrm  s;     pcrditnrrm  fum  Cr 

"'•'<"" ,  mus  pool  cela  la  compagnie  n  e  laide 
d'eltre  bonne  &  tîW  I  ÙOCjk 
de  mcnieillc ,  1  rrouuecnla  1  Je 

gens  de  bien  q:ic  cflhan  cla 

arriuc  ordinairement  l..ns  pi 

,  :  petft 
ceux:  voila  pour  la  pren  ir- 

ions malmenant  de  l*efl< 
anciennement  pour  taure  eJLcUon  1  m, 

4 


2$o  Vntrk  fécond  S/imcdy 

Komhe  *'  hl\o'iT  que  le  nombre  de  u.  fuft  obferuê:  ainfi 
Je  .  2  rc_  le  peuple  de  Dieu  effcoit  diuife  en  douze  poniôs, 
cuis  an-  kfquclles  reprefentent  les  douze  Apoftrcs&Pa- 
ciennemet  fteurs  de  l'Egliiè  Chrcftienne,  le(quels  fonten- 
fof,*r  fi/Vf  corc  ^orr  k'en  reprefentez  par  les  douze  fontai- 
cQrftion  nes  ^e  Hclin-  pource  que  tour  ainfi  que  ces  fon- 
de  quel  taines  dônnoicnr  l'eau  au  peuple  ,  ainfi  ceux  cy 
tu~\n.  nous  ont  donne  Se  administré  ce  qui  eft  de  la  pa- 
role de  Dieu. 

A  propos  de  fontaine  ,  il  faut  que  fur  cecy  ic 

parlevnpeu  aux  iuccelîeurs  des  Apoftres  les  E- 

uefqnes,  Prélats  &  Payeurs. 

Servent        Saint  Fpiphane  rapporte  du  fepent  Difpfos, 

n ;'♦,/■  ,       qu'il  eft  fi  venimeux  &  malicieux, qu'avant  nic- 

fort \em   ^ue    "ommc  »  "  dément  tellement  altère  ,  qu  il 

L.«-  court  viftement  pour  boires  la  première  fontat- 

J&ctt.*.  r  r  '  r  ■  r. 

ne  qu  il  rencontrc,que  tait  ce  (erpentîrecognoil- 
fant  ccla.il  y  court  le  premier, &  efpand  tour  fon 
venin  en  l'eau  de  la  fontaine  ,  Hin  que  l'homme 
parqué  venant  à  boire  de  l'eau,  meure. 

O  ferpent ,  6  malin  cfprit,  tu  as  picqué  d'vno 
picqueure  mortelle  nos  premiers  parens,&  les  as 
rendus  altérez  d'vnc  foif  extrefme  ,  &c  de  quelle 
foif  ?c'e(t  de  (çauoirtout  ,  Qmntt  hemonatur  aliter 
pire  dt  fidcrat^dit  Ari(totc,rr//J<  ficut  dij  /fientes  bo- 
nvm  cr  malum  ,  de  (orte  qu'il  falloit  la  parole  de 
î.Mctdfh,  Dieu  pour  guarantir  l'homme  de  cède  (oif  o  pa- 
caf.  i.        rôle  de  Dicu,c'eft  là  la  fontaine  que  ceferpér  in- 
fernal tafche  de  corrompre  par  la  mpuuaifê  vie 
des  Prélats, Icfquels  font  boire  le  venin  aux  ameS 
Chrétiennes  ,  au  lieu  de  leur  faire  aualîer  l'eau 
faUiraire  :  c'eft  ainfi  que  les  Prédicateur?  vicieux 
causent  la  mortfpiritueKcà  leurs  auditeurs  par 


àeCdrcfme.  231 

leur  mauuais  exemplc,mais  les  Apoftres  ont  efte 
d  s  fontaines  mcdecinalcs  ,  &  des  conduits  tres- 
purs,  par  lcfquels  l'eau  vmc  de  la  parole  de  Dieu 
paruient  lulqucs  à  nous:  o  noble  compagnie  que 
celle  des  Apoftrcs^ompagnie  petite  en  nombre, 
fiCCOCOfC  plus  en  humilité  par  laquelle  ils  (c  (ont 
rendus  capables^:  idoines  dilpeniatcurs  des  my- 
ftercs  diuins  ,  (  onfiteor  tibi  Peter  *juu  abjccndifii 
kétCé  jpuntiùu4  ty  reurhlh  r4paruttU<  ,  c'a  elle  la 
dif polit  ton  aucc  laquelle  S.  Mathias  a  cfté  cllcu 

efte(ainâccompagnie,ç*i  cité  auec  vne  pro- 
fonde humilité  qu'il  s'cll  diipoic  à  celle  dignité 
tant  noble  ,  c'clt  celte  bel'e  verni  qui  l'a  cflcué  à 

citât  tant  rclcuc  de  l'Apoltolat,  citant  fem- 
blablc  à  ecluy  des  Anges^delquels  le  propre  oih- 
ccclt  de  purger  ,  illuminer  &  pat  faire  eu  perre- 

onner  ,  airilî  que  dit  l'Apoltrc  de  la  FranccS.     rr       1 

nU.ainîi.n  /\poltrcs,<>  l}rcdicarcurs,vous  aucz        a 

n  .  f  Te  lires 

ces  vomccs,c)  lJrcltrcs, quand  vous  donnez  l'ab     q      , 

ivii  pénitent  f  vous  le  purgez-  quand  #  1  #1 

.s  luv  prclchezla  pal  , 

cdtty    des 

nez  oc lof administrai Jeoacrcri  ..eper-    -? 

ooocs:6  noble  di|  aisûoj 

vous  v  cflcuc.c'clt  l'humilité, c'clt  a-llc  belle  ver- 
111  cjui  nous  cil -ne  nuques  \  Dieu:  fi  quelquefois 
par  le  péché  1!  tre  de  nous, il  Liut  que  nout 

montions  à  luy  ;  ité  >&  feront  pal  ic 

vcncni   ,  lefcendi 

,is  tire  haullcr  (5c  etlcucr  O  gi  i  \  I 

.  !cd  .  qoe dites  vous  pai  .1     vie 
,  vous  dites  que  c'e  ■       r  °*« 

i  e dd  ijun>i omnié  ïoujImh >l *clt  vn  errt an.  \  ui  • 
de  ipintuel, auquel  toutes  choies  ICCOMCM, c'clt 

T   iiij 


232        Tour  le  IL  Samedy  de  Cdrefinel 
vn  vuide,  dans  lequel  Dieu  defeend  pour  le  rem- 
plir, Ôc  pour  nous  cfleuer  à  luy,  Omnu  qui  fe  exal* 

ut  humiliabitur  &  qui  humiliât  txahabitur,  dit  no- 

ftre  Seigneur. 

Canne  4.    ^'c^  *a  Petfc&i°n  quc  l'Efpoux  confideroit  en 
{on  Efpoule,  dilant:  <%iihm puhn  junt  egreffut  tui 
jîha  pnncipi*  in  calceamctnu  ,  6  fille  du  Prince  ,  ma 
bien  aymee ,  que  voftrc  démarche  eft  admirable, 
mais  démarche  faire  en  des  foulicrs  femblables 
aux  voltres  :  ô  âmes  ridelles ,  ne  fçauez  vous-pas 
que  c'eft  auec  les  (ouliers  que  nous  foulions  les 
chofes  (ailes:  ainfi  elt-ce  auec  l'humilité  ,  repre- 
fentee  parles  fouliers,que  nous  foullôs  les  cho- 
fes de  la  terre  ,  &  que  nous  mefprifons  les  gran- 
deurs mondaines  pour  l'amour  des  celeftesiô  hu- 
milité profonde,  ô  patins  admirables  ,  mais  pa- 
tins femblables  à  ceux  que  portoient  ancienne- 
ment les  Empereurs  de  Conftantinoplc,  fur  \e(- 
quels  eftoit  attaché  vn  Aigle  d'or  1  ô  fouiiers ,  6 
humilité, qui  porte  cet  Aigle, ou  pour  mieux  di- 
re ,  qui  nous  donne  des  aifles  d'Aigles  icy  bas  en 
ce  monde, pour  nous  efleuer  là  haut  auCicl.C'cft 
là  le  profit  &  le  bien  qui  reuient  à  vne  sme  d'e- 
ftre  humble,  c'eft  cefte  humilité  par  laquelle  clic 
attire  Dieu  à  foy  ,  lequel  finalement  l'attire  à  luy 
par  fa  grâce  ,&  l'clleuc  iufqacs  à  la  félicité  eter- 
ncllcjOÙ  nous  conduife  le  Ferc,  le  Fils,  &  le  fainç 
Efpiic.  Ainfi  foit-il. 


SERMON    POVH     LE 

second    Dimanche 

deCarefmc. 

Et  refp/epl/éit faciès  eiusficut  Sol ,  vefl'iw 
ta  aHtcmeimfaclajtint  aibaficut  mtX* 

M  a  t  t  h.  17. 

ÏX^Cr\Ç  LtCAIM  hure  qu'il  a  f.iicl des 
1  £\  *,v-    r.mcc  deux  Lnrerprecci  ,  rapporte 
^•Jl?  *,¥^  chofe  mcrucillculc  de  apa'm< 
t/*i  -*  £  jucii  bien  ecc  arbre  &  là  racine  amece 

&qu'cilc  naillccn  vn  champ  (tcrilc  >  aride,  ÔC 
picrrcux,ù  elt-ce  tooceffois  que  les  rrpidb  qui  eu 

procodent  font  mcrucillcufcncnc  doux  ÔC  fore 
rablcs.  (  Chrefticnne  &  dcuoccalliit:  \rn  e  )  le 
fils  de  Dieu  parlant  de  foy  l'aCCOOBpare  à  la  pal- 
mCjdifanr ,  EgtficMi félmâ mwhtfhcékê  Jtrs  m  t 
la  r.uinc  de  celle  palme  cil  merucilivulcnenc 
amere  ,  de  de  faick  vous  tneen  lifl 
dernier  que  ecc 

eodaçi  bas  en  terre eo  la  pi 

c'eftoictiU  racine  amc;  us 

oyez  en  l'Euangilcque,  '  int44,t,us 

,    eftlilefittiâ  de  cette  palme  mçiucilk 


2  j  4  Pour  le  fécond  Dimanche 

menr  doux, Vous  ,  ô  faintte  &g!oricufe  Vierge 
porr-e  d'vn  delîr  de  participer  à  ce  fruicl: ,  vous 
àifiezciiçc  ce\uy. là.yfjcen^am  in  palmam  Çr  ap- 
frehenda  fruftum  eiw,fk  nous  portez  de  ce  mcfme 
defîrnous  délirions  y  môter,mais  nous  femmes 
trop  foibles  pour  ce  faire  »  &  i\  bien  ces  trois  A^ 
poiires  pour  afîïfter  à  cefte  palme  ont  eu  befoin 
d'y  eftr e  eileuez  :  ainlï ,  o  laindte  Vicrge,nous  a- 
uons  befoin  de  voftre  alîîftance ,  6c  pour  ce  fujec 
nous  vous  dirons,    ^yfue  Mari*. 


!'r  ~  fcrJJ^^^â  E  grand  PrinccdesMedecinsHyfo- 
t€jS  lJ'.1'  z&^J^'ïf  Cr«itcs, Hure  premier  de  la  Medecirc, 
<iemediu~  jfo^jî)  chap. 56. done&prefcrit  celte  loy& 
n*  ca.  3(Ç.  «fc^-*^^  celle  reigle  aux  Médecins ,  fçatuir 
e(l,qif  ils  doïuet  foigneufemet  ietter  l'oeil  lur  les 
fonges  de  leurs  malades, &  dit  que  s'il  arriuc  que 
le  malade  sôge  que  le  Soleil  s'éclypfe,  c'eft  ligne 
&  vue  marque  afTeurec  que  la  maladie  eft:  mor- 
rellc,ainn"  va  difeourant  ce  grand  Médecin^  s'il 
eft  vray  cecpiedilent  les  Philolophes  que,  Cm- 
inriorum  contraria  tjt  confequentia  ;  de  celte  reigle 
d  Hypocrateic  tire  celle  côfequcnce,llceft:  mar- 
que de  mort  de  longer  que  le  Soleil  s'éclypfe, 
au  contraire  ie  diray  que  de  voir  en  fongeant  vn 
nouueau  Soleil,  c'e(t  bon  lïgnc  de  la  sâté  du  ma- 
lade.(Chrefticnnc  &  dcuotc  aiTiftancc,il  eft  vray 
que  tout  le  genre  humain  cftoit  malade  d'vnc 
tres-grande*  maladie.  Magmi*  de  cœlo")>emtmedi- 
cusyfjuta  magnm  in  terra,  ucebat  açtoIm  ,  &  Il  heu- 
reufement  auiourd'huy  nous  voyons  naiftrevn 
beau  Soleil  yEtftcnscM  rtjflenduit ftent Sol ,  n'a- 


dt  Cdre/me* 

NOUS  pas  fujct  de  dire  que  ce  Soleil  nous 
vue  gloire  &  vue  félicite  éternelle, 
n  m  nenc  poor  ce  Seigneur  lequel  ,rep[en- 

f,mais  encore  te 

£.oire  a  e  pour  paruenic  àcc  repre- 

len-  nantie, (ont  lesdeux  parties  dece 

prefent  Sermon. 

ur  la  première  ovant  cet  paroles, %efp\enàwk 

ut  sol.  le  (lis  que  par  là  nous  clt  icprc- 

leniee  la  gloire  de  nolirc  Setgneur,de  Ion  ame  &: 

de:  ;iprcs  la  rcfiirrcction.  Cciontdcs 

paroles  qui  méritent  d'eftre  pelées  que  celles  de 

ix  Cantiques,  dilant ,  Fneccrfiat  po(l  Cdntic.  5. 
fArirt'mnoflrumyrclviriensptrc*ni'.<.      tff    yiciens 
fer  tst  cet  Efpoux  elt  le  fils  de  Dieu  ,  qui 

s'eft  caché  derrière  noftrc  paroy  lors  qu'il  s'cit 

>mme  Se  qu'il  apfinscbaif  humaine, ''t-  fQ       T 
i  mh  \um  rli  fp*  h*L:tdu:t  in  ooi     :  c'clt  ii  la 

pai  .  celle  1  lonte  que  le  Verbe  éter- 

nel a  m:(c  6c  oppoîec  au  deuan:  de  l'ire  de  Dieu, 

Eni  '  jirtrtrm  nr^rvm  l  aullî   eft  il  de  HO- 

.meur  en  tant  qu  home:  car  corne  Dieu  il 

ne  pouuoil  leruir  de  muraille*  Ponetur  m  tA  muru> 

;nte  murale  quomxm  mm"  tr.ir>l:rrunt  irttuét. 

-,  lit  il ,  ô  ir.on  Dieu  ,  décoché  contre 

.  les  Hechcs  de  volUc  ire  i'av  1er  îr.ul- 

1c  <?c  de  hutte  pour  reccuoir  le  lre 

le  là  i*entem  maintenant 
Dieu  à  Abraham  parlât  du  myltcrc  de  . 

•h  ttmfrr,  r^o  proie,   or  tuu>   »»"*»,  rHcbfCU 
cli  plus  ampharique  ,  CET  pOQI  ffU  10  peue 

clipeus  lu  h*  u  m  ,  que  vou* 
vJS  dire  bcigncuric  te  veux  dite 


23  6  P sur  le  fécond  Dimanche 

me  en  la  batail  le  l'écutFon  pare  les  coups  de  l'en- 
nemy,ainfidemdme  yScutum  ZT chpcus tuusjum, 
le  te  feruiiay  de  bouclier  pour  parer  aux  coups 
de  l'ire  de  Dieu  :  Projptciens  per   cancellos,  Que 
veuj  dire  cecy  ?  n'eft-ii  pas  vray  que  les  treillis 
fontfaitsdc  telle  forte  &  manière  qu'il  y  a  plu- 
iieurs  barreaux  qui  palTcnt  à  t*  auers  les  vns  des 
autres.  Ce  treillis  repre(èntc  la  perfonne  du  fils 
de  Dieu,  les  barreaux  qui  font  droi&s  c'eft  fa  di- 
P.  Léo*     uiriit'e  yynum  corufeat  mïraculii ,  les  trauers  c'eft 
Tapa.         ^on  bumanité.  ^Ahudfuccumbit  imur/js.Dïcu  d'v- 
ne  part  Sd'homme  de  l'autre,  l'ai  celle  d'vne  part, 
la  foiblelïe  de  l'autre  ,ies  profperiuz  d'vne  paît, 
les  trauerfes  de  l'autre  ,  ce  (ont  là  les  treilles  par, 
lciqucls  Dieu  regarde,   ^ejpiciens  per  cancellos ,&: 
tout  ainfi  que  par  le  treillis  vous  pouuez  voir  & 
2-depmi-  cognoiftte  lesautres,fans  que  vous  puilîiez  eftre 
Liude.       veu  ny  COgr,eil::ljnu"  Dieu  regarde  par  les  treillis 
de  l'humanité,  mais  il  ne  peut  pas  eftre cogneu, 
Et  bomo  tftyfcd  e^u'is  co£no;cet  eum  fdifoit  vn  Pro- 
phète ,  pour  la  diucifu^  de  fes  actions  il  cft  très- 
malaifé  delecognoiftre:lacob  fit  vn  iour  à  Ton 
fils  vnc  robbequi  cftoit  de  couleur  changeante, 
tantoft  ell;  etclatoit  en  vnc  couleur, tantoft  en 
vnc  autre  :  ainfi  en  noftrc  Seigneuries  actions 
eftoient  mefiangees,  tantoft  elles  eftoient  diui- 
nes ,  tantoft  humaines  ,  &  lorsqu'à  l'extérieur  il 
failoit  des  actions  diuines,c'tftoit  alors  qu'il  rc- 
gardoit  par  les  treillis,  ^.[puiensper  cancellos  ,  & 
principalement  auiourdhuy  le  voyant  fur  le  Ta- 
bor>relui(ant  comme  vn  Soleil,  Et  rcjplenduit  fa- 
ciès eïm  fient  Sol ,  c'eft  là  les  treillis  par  lefqucls 
nous  recognoiflons  ce  Seigneur  pour  Dieu. 


àeCâYefwe.  237 

Il  n'y  a  au  monde  chofe  cj  i  puiiîc  mieux  repre- 
fcntcrDicu  que  lcSolcjl,voi!a  pourquoy  ce  gtâd 
Apollrcde  la  Frâcc  SDcnys  parlant  de  Dieu  di- 
CoityDeus  qui  éfi  ip  d  tmitdi  ,  Imcu  éppclUtionc  hu- 
datur  tjntjuum  m  rxprcjjé  vméfmtfT  prtmmut  for- 
mi,  Scellant  ainiî  que  le  Soleil  cft  l'image  de 
Dieu,ccn'e(l  de  mcrucillcfi  ce  iourd  huy  ladiui- 
nitccil  représentée  par  le  Soleil,  flenduiâ 

fdcies  nus  jtetit  Sol .  Les  anciens  ontdit  que  le  So- 
leil ,  d  mage  &  le  prototvpe  de  Dieu  ,6V  irsn'nl 
l'orna  >iiiine  D<ea,& de  iacon  l'ap-  tïïiiméve 
pclloii  h!s  de  Dieu   :  aulli  IBM  urd'huy  voyons  ^  Ll 
nous  qu'au  incline  temps  que   nollic  Seigneur 
paroiit  fut  IcTabor  comme  voSolcil>4'jMMM    i 
s  au* jicut  So!,a\xn\c[\v.z  téps  on  pi  otefte  qu'il 
efl  L-;cu«  ffic  efi  films  meus»  ...•    <<   ,  Ccll  ce  qu'a- 
uoit  long-temps  auparauant  prophctilé  Dauid  T['*lfyit% 
dilant  en  Ion  Plalmc~i.  Ame  Soim pirmsnens  nth-  7*« 
nun  nus  :  mais  i  i  lebteu  explique  mieux  mon  di- 
re,. €À fdctts  fo!tspltélfUur  ,  que  vouliez  vous  dite 
Duuidncft  ce  pas  pour  dite  que  ce  Seigneur  Bctup- 
citant  chaogëcil  vn  Soleil, ell  rr  i  pourrils  jé„r 
de  Dictr  cela  le  pourrait  dire, mais  c'clfc  pourvn  p(W/(/ 
autre  n.,j;  :  iicls.uic/  vous  pas  que  les  rraili  les  txpliime'* 
plus  vif>  (ont  appropriez  au  vilage  ,  ninli  Puni 
mt,  Adfécie\iolnfiluibttury  que  le  fils  vie  Pieu 
.  tel  en  laprcfcnce  du  Soleil,  fébU 
il  vucillc  taux  dire  au  perc  Krct  :  >y,  dit- 
il  ,  i              'i.iv  tuur  ce  qui  l'av  vie  plus  îare,  & 

mon  fils,  ie  !i:v  donnci.-.v  H  :ui 

,  «le  rm  iiuimtcM 

S  Prophète  >/m9qiio 

j  a  ilpjuiicuti  lavejicéDkacA 


238  Vont  le  ftcond  Dimanche 

vn  6c  trcs-pur,  neantmoins  félon  rtollre  inte^U 
gencc  nous  trouaonsen  Iuy  diuerfes  p^rfedrtôs, 
Ôc  chaque  perfection  a  (a  propre  intel*igence,& 
pource  Dauid  ayant  efgard  à  Tes  diueries  perfe- 
ctions dit,  JC<1  faciès  Jobs,  comme  fi  le  père  difoit 
encore, le  ne  mecontenteray  de  le  faire  So!eil,dô 
le  faire  bon, mais  ie  le  veux  faire  auili  grand  que 
moy  >y£d  faciès  Jolis  fi  liabitur:\[  fembieque  Damd 
face  alluiion  à  ce  que  d'ordinaire  font  les  pein- 
tres ,  lefquelspeignans  vne image  fe  Jettent  en- 
tr'autres  choies  iur  le  vifage,  &  ne  fe  foucient 
tant  des  autres  membres  :  ainfî  ad  faciès  fo'is  fil;a- 
bitur^coiwmc  fi  le  père  Eternel  difoit, engendrant 
mon  fils  ie  mettray  les  yeux  fur  ma  puiilance  &c 
le  rendray  &  feray  aufîi  puilfant  que  moy  ,  au  (Il 
grand  quenioy  &  vnmefme  Dieu  aueemoy. 

,    „  1  -i       La  eeneration  eternel'cdufiiseft  fort  bien  re- 
Le  Soleil  r&  .     c    ,   ..  .    r  . 

r       prelenteè  par  le  soleil ,  car  tour  ainli  comme  le 
repre  ente  r   .  ..  ,       »     ,  ,  ,  r  r  .... 

/  r    J        Soeil  orsqu  u  entendre  par  (a  tecondite  donnd 

-■  /   route  la  chaleur,  la  vertu  &  la  lumière  &  la  reti- 

tioeterneU  r  '  .  c  . 

I    t    ri  i  retouiioursen  loy  ,quie(t  Vne  perrecton  admi- 

n  t  rable.  Ainfilepcre  Eternel  engendrant  fon  fils 
fe  vuide  tout,&  Iuy  a  donné  toute  fa  diuinité^ 
mais  il  Iuy  adonnée  en  telle  façon, que  toufiours 
il  la  retiét  en  foy,&nedône  rien  qui  nedenvurd 
toufiours  en  Iuy. Et  tout  ainfîencore  corne  leSo- 
Jeil  procréât  la  lumière  au  dehorsla  retient  touf- 
iours en  foy  &  demeure  toufiours  en  Iuy  :  ainfi 
le  fils  qui  eft:  vhe  lumière  incréc,  eft  engendré  du 
père, fort  du  père  Eternel, &neanrmoins  demeu- 
re toufiours  en  luy,ceft  pour  la  premieregene- 
ration:  quant  à  la  féconde, lors  qu'il  eft  fortydd- 
horslepere  ,  c'eft  par  la  génération  temporelle 


de  Carefme.  230 

ÈxiuiÂpâtre  fy» >rtw fit mundwmj\  a  efrc  engendré 
dansleschaftescntraillcsdc  la  Vit  ^com-/wri  | 

me  la  lumière  du  Soleil  produictc  hors  de  fi 
c'clt  lors  qu'il  s'cll  faict  homme, &  (ou  que  nous 
conlîdcnons  ce  Seigneur  comme  Dieu  &  hom- 
mc,routîours  pouuons  nous  dire  que,  f{r  pUnu  ■>  t 
fucies  eîws  ftcut  Sol ,  &  que  touliours  il  eit  demeu- 
rant au  Perc. 

S  )uucnez  vous  icv  (  s'il  vous  pfaift]  de  ce  qui 
cft  clair  au  Genelc  chap.  1.  Q^jc  Dieu  au  coin-  cenef.  u 
mencement  mit  au  firmament  deux  grands  lumi- 
naires :  Frcit  Dtut   duoluminiru.   mtirujuminjre 
mxiwi  ">/  profit  dieijummare  mim*  Ir  pr£ftf  n°^!- 
S'il  cft  quctiion  de  parler  de  l'hommejcs  Philo-  Lho^Ti 
iophes  l'ont  appelle  petit  mouàc  ^imddém  totum,  âff*U*fe- 
vu  certain  tout  ou  toutes  les  perfections  de  tou-  llt  mon"r- 
res  créatures  (e  rctrouuent ,  ainfi   que  dit  (aimfc 
Grégoire  de  Nazianzc  ,  auliïde  luy  lcul  s'enten  l 
ce  pacage  de  faioâ  Marc,//r  prrdtc.tt:  trc,  \C, 

omm  cTCAiurjt ,  El  quoy  ,  Seigneur  ,  voulez,  vous 
que  vos  Anoltrcs  prc(chent  aux  belles  &  aux 
pierres  qui  lonc  creaturc;?non,m  us,  omm  fit  nu. 
r*,c'elt  j  dire  à  l'hommc^qui  fit  l'abrégé  de  tod- 
tes  créatures  :puis  donc  que  l'homme  eft  vri  mo- 
de,ic  dis  que  tout  ainli  que  Dieu  créa  au  monde 
deux  grands  luminaires  ,1'vn  gtfa  titre  petit: 

toffi  de  incline  en  c  !  petit  mû  \c  rie  l'homme  il  .1 
mettre  deux  grands  luminaire* ,  lirai - 

lon>c'clt,/«.'W/r7jrr  mâi$<-,  pou  -  c'clt  elle  qui 

donne  la  lumière  ÔC  !  1  û (Tan ce» fie  la  fdlon- 

tCtCCi\J:4m»nrr  »  I   II  I  \\(\ 

lîflX  la  Loti  !  .  . 

de  à  mefure  qu'elle  zX  illuminée  du  Soleil 


240  Four  le  fécond  Dimanche 

la  voioté  eft  déambulatoire,  tantoft  clic  eft  plei- 
ne degrace  ,  tantoft  vuide,  tantoft  elle  eft  lurrîi- 
neu(e  quand  elle  regarde  Je  Soleil  de  Jaraifon,&: 
tantolt  obfcure  quand  elle  s'en  deftourne  :  d'a- 
uanrage  la  Lune  ne  luit  que  de  nuidt,ainfi  la  vo- 
lonté ne  luit  que  parmy  les  ténèbres,*' o«W<^/i:r- 
tur  mincûinitum, 
L'Eglife  Toutesfois  biffant  l'homme,  i'aymc  mieux 

eftl>nmo-  dire  que  I'Eglile  eft  vn  monde  myftiqtie,  vous 
de  my(}'t-  plaiffc  il  de  le  voir  ?  efcoutez  en  voicy  ladcfcri- 
que,  ption,IcCiclempireeccfunt  les  Apoftres, le  pre- 

mier mobile, les  Patriarches  de  cry  Itallin  les  Pro- 
phètes, le  Ciel  eftoillé  où  font  les  aftres  brillans 
.    .w  les  Docteurs, les  fepr  pianettes  les  fept  ordres  de 
Dejcrtptio  pïc[inÇc^\cs  douze  (ignés  les  douze  articles  de  la 
du  monde  p0^  ^  jes  faux  pôles  (ur  lcfquels  tourne  ce  mon- 
mylti^ue,    demyftiquCjfont  ladiuinirécV  l'humanitédu  fils 
de  Dieu3c'eft  fur  ces  deux  poiners  que  roule  tou- 
te noftre  croyance, les  élemens  ce  (ont  les  Sacre- 
mens,les  montagnes, les  Prélats,  les  campagnes, 
les  fujeébjes  imprefïîonsceleftes ,  c'eft  la  garde 
des  Anges, la  diuerlïtc  des  fai(ons,la  diuerfité  des 
cftats  de  iEgliic,Ies  nuées  font  les  prophéties, les 
vents  i  a  Alliance  du  faincl  Efprit ,  les  neiges  l'a- 
bondance de  la  grâce,  les  pluyes  les  influences 
celcftcs ,  les  cfclairs  les  miracles, les  tonnerres  la 
prédication  de  la  parole  de  Dieu  ,  les  pierres  la 
Foy  de  l'EglifeJes  minéraux  diuers  la  variété 
desdo&tines&dcs  feiences ,  les  plantes  les  (Im- 
pies gcns,les  animaux  qui  rampent  fur  terre  font 
les  actifs ,  les  poiflons  les  pénitents,  les  oy  féaux 
les  contemplatifs  ,  les  belles  farouches  le  malin 
efprit ,  le  fexe  mafeulin  c'eft  i'Efprit  ,&  le  fémi- 
nin 


de  Carefmel  241 

nin  la  chair,  o  monde  admirable  :  Qa'cft-cc  cj 
Dieu  a  n  ce  monde  de  l'r  Fccit  D<m 

9   lumwATi*  méfju  y  ôc  quels  (ont  ces  deux  Q^f[ 
grands  lummaiics  :  voulez   vous   que  ic  dite  Us 
que  ce  (ont  ces  deux  grands    ApOBtCJ    Ùàùêt  ftàn     - 
Pierre  &  (àioû  Paul  :  lamct  Pierre  grand  Itidii 
mire  pour  prcfidcr  r.u  îour  en  l'Eglife  :  fain&  de  ït 
Paul  peut  &  moindre  luminaire  pour  prclï'er 
à  la  nuict:  c'en  àdirc,  pourprefeher  aux  Gentils, 
fi  ce  n'clt  que  par  ces  deux  grands  luminaires 
nous  voulons  entendre  les  deux  Maries  que  l'E- 
glife honore  &  rcfpcâe  par  dclfus  toutes  les  au- 
tres ,  ic  dis  la  Vierge  Marie  mere  de  Dieu  ,  & 
Marie  Magdalcine  ,  l'vne  grande  lumière  pour 
prcfidcr  au  iour  de  l'innocence  l'autre  luminaire 
moindre  pour  prcfidcr  à  la  nuict  des  penitens. 
Oui  ien  encore  par  ces  deux  grands  luminaires 
nous  pouuon,  entendre  les  deux  puiflances  de 
ce  monde  m\  ftique  de  L'Eglife  :  l'vne  (pirituellc, 

tre  temporelle,  tout  cela  ic  pourroit  dû 
Mais  laiiTanc  ces  chutes  à  patt ,  ic  dis  que  Dieu 
a  fait  deux   E>  aires   en   ce    monde 

tique  de  (Eglife,  o  Moylc  vous  paroilîez 
auiouiiihuy  en  cefte  Transfiguration  ,  mais 
comme  vn  petit  luminaire,  comme  vnc  Lune 
aucc  1.;  ,  aufîî  eft:  .,   petit  & 

lobj  nais  le  fils  de  Dieu  c(t  vn 

gr-i:  S  \\  vn  Soleil  ,  Fdctes  cm  t> 

plénum;  ;0y  ancienne  en  !.. 

iftoitq  ont 

ic  la  teerc  ,  po.iuc  que 

queleibieoi  delà  ccue,  Boha 

îcmàtdil  f  i.ouuclle  . 

L 


242  Pour  le  fécond  Dimanche 

où  commande  le  Fils  de  Dieu  ,  qui  promet,  non 
les  choies  de  la  terre,  mais  bien  celles  du  Ciel.  Si 
ce  n'eft  que  par  ces  deux  grands  luminaires  nous 
voulions  encore  entendre  deux  fortes  de  gloire 
qui  apparoident  auiourd'huy  en  laperionne  de 
noftre  Seigneur  fur  ce  Tabor  ,  la  gloire  de  ion 
amc ,  qui  eft  le  grand  luminaire  ,  &  celle  de  (on 
corps,  qui  eft  le  moindre  luminaire,  c'eft  ce  qui 
apparoift  auiourd'huy  fur  ce  Tabor. 

Si  vous  defirez  feauoir  la  façon  comment 
cefte  Transfiguration  s'eft  faite  ,  vous  le  fçaurez 
incontinent,  &  ce  par  le  moyen  du  Soleil.  Spar- 
tiandir,qu'vniour  l'Empereur  Adrian  ayant  de- 
firdevoir  leuer  l'Aurore  &  le  Soleil,  s'en  alla 
furie  mont  Ethna>  où  eftant  il  vit  ce  bel  aftre 
naiftre&  leuer  comme  vn  bel  Arc  en  Ciel,enui- 
ronnee  de  diuerfes  couleurs.  Ainfi  ,  Chreftiens* 
defirez  vous  voir  ce  Soleil  ?  montez  en  la  mon- 
tagne de  Tabor ,  &  là  vous  verrez  comme  ce 
Soleil  immenfe  y  apparoift  ,  mais  comme  vn 
Arc  en  Ciel.  Es  derniers  temps  de  l'Empereur 
Domitian,  au  Ciel  parut  vne  couronne, &:  com- 
me vn  certain  Arc  en  Ciel ,  qui  refplenditloit  & 
orTufquoit  le  Soleil:  ainfi  auiourd'huy  fur  ce  Ta- 
bor ievov  ce  Soleil  immenfe,  ce  diuin  Arc  en 
Ttdris-    Ciel,  &  par  fa  trop  grande  fplendeur  offufquc 
fiçura-      le  Soleil  naturel.  le  vous  veux  faire  voir  à  pre- 
uon  de  no-  fent  comme  cefte  Transfiguration  s'eft  faite,  par 
flre    Sti-  ledifeoursde  l'Arc  en  Ciel. 
çneur  re-      Les  Philofophes  parlans  de  l'Arc  en  Ciel,di- 
prefentee   fent  qu'en  iceluy  ie  remarquent  trois  chofes  ,  le 
far  Ï^Arc  Soleil,  la  nucc  claire,  &  la  nuée  opaque,  le  Soleil 
m  Ciel»     bat  fur  la  nucc  claitc ,  &  la  nucc  claire  eftant  in- 


de  Carefme.  z*. 

ucftie  du  Soleil ,  fait  rci.niiirlcs  rayons  fur  Yo- 
paque,  et"  par  ce  moyen  (e  fait  l'Arc  en  Ciel. 

Eu  la  perfonne  de  noifcrc  Seigneur  îe  remar- 
que trois  choies ,  la  diuioité  ,  !  Bc  le  corps: 
bdiotoitc  c'ett  comme  le  Soleil»  lanuec  claire 
c'eft  comme  l'amc  :  ex  la  nuce  opaque  le  corps: 
en  laTran -figuration  ladiuinité  ht  paroiflrcics 
>ns  lui  l'a. ne  de  ce  Seigneur,  l'amc  citant  in- 
ucltie  de  ce  S  >!ei!  ,  renuoyc  les  mclmcs  rayons 
de  celle  tliuinité  ex  de  celte  gloire  (ur  la  nucc 
opique.  qui  cft  le  corps,  ex  par  aîofi  quelle  rncr- 
ucilic,(î  a  railonde  cerenuoy  ex  reuerberation 
de  rayons ,  ce  corps  de  mon  Sauueur  paroilïau- 
iourd'huy  lumineux  comme  vu  Soleil  fur  ce 
Tabor  !  Ce  non  lcu'emcnt  (on  corps  paroilt  lu- 
mineux ,  mais  encore  les  veftemens  paroillenc 
blancs  comme  neige-  ht  -,  itimficmê 
Solder  r.u,  r:&  fitui r:tx.  L  t  t out  ainfi  cn- 
corc  comme  li:  S.  Auga  in,  qne  quand  au  dc!- 
lous  du  !  ire  ,  le  Soleil 
lemeni  lucede (a lumière qu  el- 
le reprcicnte  t  BCTC  Soleil  ,ain(i  l'amc 
bien  beOK  .  uair,  foc  or 
venant  i  inueitir  le  corps  d'uciuvje  cbâge  en  Tfl 
autre  Sole:  L'amc 
de  c                                        la  noce  efl  ion  corps 

'.nu  icetoy  înue- 
ftv  île   I  '    I  ■.'■.■    |OI  rc       ,,    _     . 

nu.  * r" 

:  qic  ^our  entendre  . 

I  ]UC 

:  il, 
le  k.  .:ic,  la: 


24  4  *ûur  lefeconÀ  dimanche 

ftancc  ,  que  la  quantité  ny  que  la  forme  du  erp 
ftal  Ce  perde  :  ainn*  en  la  Transfiguration  la  fub- 
ftancedu  corps  de  noftre  Seigneur  ne  fe  change 
point  >  ny  la  forme  Se  quantité  ,  mais. feulement 
ell  changé  en  lumière  par  accident ,  &  non  pas 
par  changement  de  fubltance  en  hibftance,  Caro 
tlia,  qu£  ex  Maria  "\bgwe  fumpsaefî  w glonam  mu- 
tât* ej}9  dit  faindt  Auguftin. 

Si  vous  voulez  fçauoir  comme  feront  nos 
corps  bien-heureux  après  la  refurredtion  ,•  vous 
le  fçaurez  par  la  conion&ion  de  lame  raifon- 
nable  awee  le  corps  :  car  ny  plus  ny  moins  que 
vous  voyez  que  le  corps  forme  au  ventre  de  la 
mercauparauant  que  l'ame  y  foit,  n'cftqu'vne 
ma  (Te  de  chair. mais  l'ame  v  arriuanr  elle  l'anime 

é 

Ôc  luy  donne  la  lumière  de  raiion  :  ainfi  au  mef- 
mc  temps  que  l'ame  bien-heurcuie  eft  rejointe 
au  corps  >fi  bien  que  le  corps  eft  mortel,  il  eft 
ncantmoins  par  cefte  rciinion  de   lame  bien- 
heureufe  &  immortelle,rcndu  immortel  &  bien- 
heureux :  ce  font  ces  deux  veftemens  de  gloire 
que  Dieu  donne  aux  iuftes  en  Paradis ,  vefl'iti 
Junt  àuflicibtit  ,  duplicia  pofsidebunt  m  cœlù.  Verte- 
ment de  gloire  pour  lame,  vertement  de  gloire 
pour  le  corps. 
Couftume       Titc-Liuc  rapporte  que  parmy  les  anciens 
des  an-     Romains  on  donnoit  aux  Soldats  reuenans  de 
cicns  j{o~  la  bataille  deux  couronnes  ,  l'vnc  que  l'on  leur 
mains.       met  toit  fur  lateftc  &  l'autre  au  bras,  ainn*  lors 
qu'il  faudra  entrer  en  la  gloire  des  Cieux  il  fau- 
dra couronner  le  chef,  qui  eft  la  gloire  de  lame, 
&  puis  le  bras,  qui  eft  la  gloire  du  corps  :  ô 
N  corps  qu'elles  vous  finon  bras  de  l'ame,  ou  lin- 


dcCarefme.  245 

Animent  de  l'amc  :  &  h  bien  ceux-là  ayans  rcm- 
portcla  victoire  eftoicnt  couronnez  à  la  tefte  ex: 
au  bras  :  ainli  ayant  vaillammcnc  combattu  & 
emporté  la  victoire  en  ce  monde  ,  il  raut  cftrc 
couronnez  au  chef  &  au  bras,  au  corps  c\:  à  la- 
me. Et  lî  fadioultc  que  celle  gloire  du  corps  ne 
pouuoit  cftrc  mieux  rcprcfcntcc  que  par  la  lu- 
mière. Saincr.  Thomas  dit  que  nos  corps  cftans 
glorieux  ,doiuenteftre  douai  nez  de  quatre  qua- 
iitczgloricuLs:Carcc  n'eft  pas  le  melmeduma- 
jc  de  Dieu  cn:  du  mariage  des  hommcs.au  ma- 
riage des  hommes  il  faut  que  les  remmes  achet- 
tent  leurs  maris,  bien  qu'anciennement  c'cftoict 
les  maris  qui  achetoient  leurs  femmes  :  mais  ce 
n'eft  pas  le  mclmc  au  mariage  de  Dieu  ,  lors  que 
nous  fommes  bien  heureux  noftrc  amc  eltct- 

poulce  à  Dieu  ,&  Dieu  pour  doiiaire  luy  donne 

1  1  1  n.  s  r  1    r  1  -       DcHdtre 

quatre  quahrez  gloneulcs.  c  cita  (çauoir  la  IplC- 

deur,rimpa!libilitc.lagilitc&  le  don  de  pénétra-  l 

lion  :  toutes  lclquclles  quûlitcz  (ont  fort  bien  '.,'  ~ 

rcprcfcruecs  par  le  Soleil    qui  c't  fomaincdc  lu  v7 

miere,impalnble,agi!c  &  pcnctratif:  car  il  penc- 

tre  iniques  auxcnrtai'lcsdc  laterre.    Ces  quatre  '«     '* 

■.liiez  des  corps  glorieux   nous  font  encore 
fort  bien  reprckntces  par  les  quatre  fîeuues  du 
Paradis  terreitre  ,  qui  nous  conduiient  au  Para- 
dis de  gloire:  ou  bien  par  les  quatre  coîom; 
du  lie t  de  Saiomon.  Hfcnnêtwtumttm  â\  &* 

column*  mu  attente*  ,  cet    or,  c'el    la  gloire  ,  cV: 

:  -       Snei  d'argeor,(bnt  Ici  quatre  qua- 
lités glocicsfes:  ou  bien  encore  parles  quatre 

animaux  &'[  zechicl  qui  trament  ie  chariot  de 
ot  où  Dicuclt  potu,  c  ciU'amede 


24  6  ?ûtir  le  ffconà  Dimanche 

l'homme  ,  laquelle  eftant  bien-  heureufe  doie 
eftrc  portée  par  ces  quatre  animaux  ,  &  par  ces 
quatre  qualitez  glorieufes  :  Ces  quatre  animaux 
auoienr  diuerfes  faces  ,  de  Lyon ,  de  Bœuf,  d'Ai- 
gle &  d'Ange  :  la  face  de  Bœuf  accouftumé  au 
iougreprefente  lç  don  d'impaflibilité  ;  le  Lyon 
l'agilité:  l'Aigle  qui  pénètre  les  nuées,  le  don  de 
pénétration.  &  la  face  d'Ange  la  lumière  :  car  les 
Anges  dit  faincl:  Auguftin  ont  efté  créez  quand 
Dieu  a  dit,  Fiat  lux  : c'eft là  la  lumière  de  laquel- 
le les  corps  glorieux  (ont  inueftis,  lumière  par 
laquelle  nous  voyons  Dieu,  In  lum'me  tuo  Yi* 
à 'eb imwi lumen.   Seigneur  ce  fera  par  voftre  lu- 
mière que  nous  verrons   voftre  gloire  ,  difoit 
Danid  ;  ce  fera  en  cefte  terre  du  Paradis  que 
nous  vous  verrons,  c'eft  de  cefte  terre  que  dé- 
coulera le  laiét  &  le  miel  ,  Dabo  yobis  terram 
jlrtentem   lac   çr  mel  ,  c'eft  de-làque  diftille  le 
ne£tar  &  l'ambrofie, c'eft  de  là  que  vient  la  man- 
ne de  douceur,  Dulcedtnemtuam  mfilios  tuos  de- 
mor.p-rafti  ,  c'eft:  d'où  vient  cefte  manne  diuino 
qui  a  en  foy  tout  plaillr  &  contentement  >  t'anem 
de  cœlo  prefhtifti ,  (mne  deleflamcntttm  m  fe  htben- 
trm,  c'eft  de  laque  fortent  &  dériuent  les  ruif- 
feaux  Se  torrens  dcplaifir.  Torrente  ^olaptatii  po- 
tab'ps  eos ,  c'eft  là  que  fe  trouuc  le  vin  amoureux 
qui  enyure  les  iuftes  en  l'amour  de  Dieu,  Inebna- 
buntur  ab  ^bertate  domna  iva  ,  mais  d'où  vient 
tout  ce  plaillr  ?  linon  decefteveuede  Dieu  ,  le- 
quel nous  verrons  &c  contemplerons  face  à  face, 
éi  le  voyant  nous  ferons  changez  en  lumière: 
car  toutainft  que  le  miroir  regardant  le  Soleil 
fc  change  en  vn  autre  Soleil  :ainii,o  aine  bien 


deCarefmc]  247 

heureufe  ,  tuesvn  miroir  fans  tache  ,  Spéculum 
fine  mjtcu'a  ,  lors  qu'en  cefte  gloire  tu  (cras  con- 
jointe aueccefte  lumière  &  cet  immenfc  Soleil, 
ce  fera  lors  que  tu  (cras  changée  en  vn  auttcSo- 
leil,  Fulgebunt  iujit  freut  Sol, 

Non  feulement  ic  dis  qu'en  la  gloire  nous 
fommes  changez  en  lumière ,  mais  bien  encore 
puis  ic  dire  qu'en  la  contemplation  &  mefme 
par  l'orailon  nous  (ommes  changez  en  lumière: 
tclmoin  auiourd'huy  noftrc  Seigneur  qui  eftanc 
en  prière  lur  le  Tabor,  aulfi  toit  il  eft  transfigu- 
re cv'  conuerty  en  vn  Soleil,  ainfi  Moyfc  eftanc 
monté  fur  la  montagne  pour  prier  &  pour  par- 
ler aucc  Dieu  ,  n'en  defeendit  iamais  qu'aucc  la 
face  rayonnante  &  lumineufe:  ainfi  aux  A&cs 
des  Apoftres  nous  lifons  ,  que  la  face  de  faindc 
Eftiennc  fut    veue    lumineufe    aptes  qu'il  eue 
prié.   En  l'Apocalypfc  chapitre  19.  il  cft  porte 
que  la  rumec  de  l'enccnloir  s'en  alloit   vers  le 

l  ,  ô  fumée  que  la  prierc  8c  l'orailon   qui 
monte  iu'cpics  à  Dieu.  N'aucz  vous  iamais  ic- 

jué  lors  que  le  flambeau  cft  nouuellcinent 
cltcintjh  vous  rpproch-z  ce  flambeau  encore 
fumanr  ,  aupresd  vn  autre  qui  eft  allumé,  aulli 
rolt  la  Hammefc  prend  à  la  fumée.  Chrcfticns, 
ou  cft  ce  que  la  perfonne  de  l'homme  finon  vn 
flambeau,  tandis  qu'il  cft  viuanrc'eft  rn  rlam- 
beau aidant:  roaiidifooi  que  tant  qu'il  elk  en 
grâce  c'eft  vn  rlambeau  allumé,  cV:  lors  que  nous 
pechôs  ce  llambeau  de  la  ;^rare  s'cltcmr  en  nous, 
^v  |  DÛ  après  lorsque  nous  prions  c'eit  la  fnmec 
qui  s'approche  du  feu  qui  elt  Dieu  ,  Pem  nolUr 
gn*  conjumem  ej} ,  Si  donc  lame  qoi  eft  en  pc- 

Qjiij 


24-8  ?  ottY  le  fcconâ  Dimanche 

chc  eft  vn  flambeau  efteint:  que  rcfte-il,!!  ce  rveft 
que  lors  que  nous  cnuoycrons  la  fumée  de  nos 
prières  vers  Dieu,qui  eft  vn  feu,  il  nous  enflam- 
me &  nous  allume  en  fa  grâce  &  en  fon  amour: 
car  en  mefme  temps  que  l'homme  fait  prière, 
c'eftià  la  fumée,  au  mefme  temps  cette  fumee 
touche  Dieu  &  s'allume.  Il  eft  bien  vray  que  la 
^  lumière  de  noftrc  ame,  qui  eft  la  grâce  ,  n'eft 
qu'vnc  lumière  de  chandelle:  mais  la  lumière  de 
la  gloire  ,  c'eft  vne  lumière  de  Soleil  ,  expli- 
quons cecy.  Noftre  Seigneur  luy  feul  eft  Soleil, 
&  tout  le  refte  des  Anges  &  dçs  hommes  ne  font 
que  lumière  de  chandelle  :  le  Soleil  a  la  lumière 
de  foy,  &  nous,  nous  l'auons  empruntée:  au  So- 
leil la  lumière  eft  propre  &  connaturclle  ,  &  à  la 
chandelle  elle  eft  accidentaire:  aulîi  à  Dieu  la  lu- 
mière de  la  grâce  eft  connaturelle  :  mais  aux 
Anges  &  aux  hommes,elle  eft  accidentaircvoila 
pourquoy  au  rcfpect  de  Dieu  ,  qui  eft  vn  Soleil, 
nous  ne  fommes  que  chandelles,  qui  ne  fommes 
allumez  denous  ,  mais  par  vne  autre  lumière; 
&  G  bien  l'homme  n'a  en  foy  la  lumière  de  grâ- 
ce, (1  eft -ce  neantmoins  qu'il  eft  capable  de  la  rc- 
,,  ,  ceuoir  :  car  tout  ainfique  (1  la  chandelle  eftoit 
2  °m  capable  d'obligation ,  clic  feroit  tenue  &  obli- 
gée d'auoir  la  lumière  :  ainli  l'homme  eft  capa- 
ble &  obligé  d'auoir  la  grâce  de  la  gloire  :  de  là 
eit  que  tout  ainfl  que  le  flambeau  eftant  priué 
de  la  lumière  >  eft  dit  cftre  mort  :  ainfl  lors  que 
nous  fommes  priuez  de  la  lumière  de  grace,nous 
fommes  dits  eftre  morts.  Il  eft  donc  vray  que 
les  Anges  8c  les  hommes  ne  font  que  chandel- 
les, &  le  Fils  de  Dieu  (eul  vn  Soleil  :  mais  fi  bien 


de  C  are  [mi.  240 

luy  feul  cft  Soleil ,  li  cfl  ce  pourtant  que  fi  nous 
.filerons  la  gloire  fu:urc  &  la  vie  prefente: 
nous  pourrons  iultemenr  duc    que  les    mites 
qui  l'ont  au  Ciel  (ont  Soleil  \i- 

c ut  Sol ,  en  comparai(bn  dcsiultcsd'icy  basqui 
ne  loue  que  chandelles,  ce  ton:  Soleils  ex  lumiè- 
res qui  ne  peaoeoi  s*cfteiodre:cai  I  ime  de 
te  lumière  n'clt  autre  que  la  gloire  qui  ne 
leur  peut  mauquer  àiamais,  Il  où  la  lutnierc  des 
puftej  d'icy  bas  n'c.'t  aucre  que  la  grâce  ,  laquelle 
ille  à  s'cftcmdrc  &  à  te  perdre. 
Rcftc  iprcfenrquc  ic  vous  face  voir  comme 
nous  pourrons  obtenir  celte  gloire.  Saindfc  Paul 
parlant  de  celte  gloire,  dit  qu.  elle  cit  G  grande 
que,  1                 -   iity  nec  aut'h  dt4<iinitynec  tn  cor  ho-  i,Corifl/J& 
m/                      aud  frdpÂTâun  Drus             )tibutfet  2 
Aulîi  Je   fait  elle  nous  eft  auiourd'iuiy  repre- 
fenrec  p.ir  vnc    nuce  lu  m:            ,            Ile  ne 
po.i            tre  contemplée  de  l'œil  humain  ,  cr 
r$  lucide  obi                                  vue  nu  ce 
plei         lu  nierc  qu  1  •            ,  enuironne  Se 
cmpcJchede  le  voir.  <rcmrr- 

Cccy  méfait  rcL  ce  que  quelques  util 

vns  racontent  ,  fçaooic  eft  qu'en  1  vnc  des  Itles  iJlesdcÇt- 
de  C  marie  ,  il  y  a  vnc  certaine  nuce  qui  (c  vient  nurif, 
repofec  fur  IVn  les  ai  c'y  rc- 

pofantcllc  diftillc  de  l'eau  &r  CCt  arbre  en   li 
gra:  lance ,  que 

it en  l'Ifle eq  foo  lionneftemeoi  rai- 

| 
.  rerre  en  eftarrol 
en  lue  G  t  :11c  pi 


25  o  Pour  le  fécond  Dimanche 

quelle  eft  cette  nuée?  c'eft  la  gloire  ,  quel  eft  cet 
arbre  fur  lequel  cefte  nuccrcpofc?  c'eft  fur  la 
palme  qui  eft  Dieu.difant;  Ego  fi eut  faim*  expan- 
dï  ramos  meos ,  ôc  de  cefte  palme  diftille  l'eau  de 
la  gloire,  propre  pour  dcfaltercr  l'homme  qui 
en  eft  altère  ,  &  qui  ne  peut  eftre  defalteré  d'au- 
tre eau  que  celle  de  la  gloire,  difant  auec  Dauid, 
Satiabor  cum  appartient  glorï  a  tua  ,  ôc  non  feule- 
ment cefte  eau  nous  raffafie,  mais  encore  elle 
bous  rend  fertillcs ,  ôc  nous  peut  faire  produire 
des  fruits  dignes  de  la  vie  éternelle  ,  ôc  quel 
moyé  de  ce  faire ,  Ôc  d'eftre  rendus  lumineux  en 
la  gloire  ?  1  pÇum  audlte  y  dit  Dieu  parlant  de  Ton 
_  Fils,  c'eft  le  moyen  d'oiiyr  fa  parole  Ôc  de  garder 

fes  commandemens.  Quelques  vns  ont  dit ,  que 
la  lumière  qui  paroiflbit  en  la  face  de  Moyfe 
prouenoit  des  tables  de  la  loyqu'il  portoit  entre 
fes  mains ,  ic  ne  fuis  pas  certain  de  cela ,  mais  ie 
fuis  bic  certain  ,  que  les  tables  de  la  loy  de  Dieu 
cftans  portées  entre  nos  mains  ,  c'eft  à  dire  cftâs 
Kefponfe  de  obferuees  de  nous,  elles  feront   reluire  noftrc 
nojlre  Set-  amc  de  lumière  ôc  fpîendeur  éternelle:  le  voulez 
gneurfai-  vous  voir?  Efcoutez  cecy  ,  vn  certain  Pharifien 
fle  à  "\n   s'adreflant  vn  iourà  noftrc  Seigneur  ,  luy  de- 
pharifien.  wandoit  :Qutd  faciam  Çr  ~ïium  œterna  pofsideboî 
Que  feray  ic  pour  eftrc  rcluyfant  côme  vn  So- 
leil en  !a  gloire  des  Cieux?  Noftrc  Seigneur ,  luy 
refp*ndit,  Si  >«  ad  "\itam  tngredi  feruamandata^ 
pour  dire  que  le  feu!  ôc  vnique  moyen  de  par- 
ticiper à  la  gloire  des  Cieux  ,  c'eft  d'obferuer  la 
loy  de  Dieu  .fis  1/ïsad  Citant  ingrediferua  mandata. 
C'eftoient  des  paroles  fott  amiables  que  cel- 
les que  difoit  1  Efpoux  à  fon  Elpoufe,  ajsimiLbo 


deCârefme.  z$i 

te  Cdfrtd  hirwulaque  cerumrnmj ,  que  voulez-vous 
dire,  ôdiuin  Efpoux  ,  vous  louhaittez  que  vo- 
ftre  Efpoufc  loit  (èmbUblc  à  la  chèvre  &  au  che- 
vreau? 

Archclaus  dit  que  les  cerfs  &  les  biches  reP  tes   cerfs 
piren:  par  les  oreilles.    Anltote  au  hure  qu'il  a  ç~     les 

le  l'hiftoirc  des  animaux  ,  tait  mention  de  (riches réf. 
Ccftc  proprict  delà  biche,  &  du  chevrcao  ,  QCfmmi  fmJ 
dit  plus  que  attirant  l'air ,  il  attire  le  ionpource/rj  oreilles. 

.c  Ion  eit  porte  en  l'air  comme  d  ms  vn  cha- 
riot, ie  ne  veux  maintenant  débattre  il  cela  elt 
vray  ou  non  :  mais  ie  içay  bien  que  comme  la 
vie  corporelle  gft  en  la  respiration  ,  amù  la  vie 
ruelle  ne  gift  pare  renient  qu'en  la  relpira- 
tion  ,  mais  en  la  iclpiration  des  oreilles ,  c'clt  à 
dire  par  l'oblcruarion  dc>  Corn  ua'.i  lemens  de  P/.J.  nS. 
Dieu  :  grand  Dani  i  vous  auez  fort  bien  reco- 
gneu  ce  is  aucz  ht  »  Os  me  mm  <*pnui 

Csr  Jttr  m       i  >u  iuj  à(\''dcrAi>Am% 

cV:  puis  que  Duui  i  a  pu  cette  qucftion  à 

Dieu  ,  Seigneur  quel  moven  v  ail  d'entrer  en 
voltrc  gloire?  le  mclmc  DaUÎd  rcfpond.  Inno- Pf*!'  *4- 
cen  mxnikwi  çymundo  corde  aui  non  xcetpit  in  ">4- 
no  jinimâm  fu*m  :  c'cll  icy  le  mvltcre  que  ccftc  in- 
-nccncfepcut  auoir  que  par  loblcruarion. 
des  commandcmcnsdc  D  eu.  Au. Il  Minci  Gré- 
goire le  grand  demandant  raifon  ,  pourquoi 
f»rincipallctiicnt  M  >vfc  demanda  au  peuple 
eurs  penJans  d'oreilles  précieux  ,  pour  d'iccux 
iirc  les  vtlcs  pour  ferait  à  Dieu  au  Temple, 
dit  ,  (^id  prr  Aurcm  n  nu  ir»  ,  ey  pi  r  m  4M- 

rcm<J,    ',  n/:.-r»i  ■  &  par  ainli ,  dit- il ,  ceux-cy  ont 
.  olontia*  leurs  penjans  d  oreilles ,  %uu 


252  Pour  le  fécond  Dimanche 

innocentiœ  ornamentum  obedientiae  lungitur  ,  quiâ 
cjt  quod  lob  Ait  mnocentiamjine  obedientix  ejfe  non  po- 
te7? ,  ntjï  quia  qui  redemptori  juo  non   obedit  inno- 
cent non  rfr.  De  làeft  cette  conjonction  admira- 
ble de  l'Efpoux  ,  qui  parlant  à  Ton  Efpoufc,  luy 
diioit  :  Vcr.ter  tuus  eburneus  dijl  inclus  [aphiris  ,  que 
ld  Ioy  deveut  dite  cecy  ?  faincl  Grégoire  de  Nazianze 
Di eue fi oit  dit  qu'il  fait  allulîon  à  la  Ioy  de  Dieu, qui  eftoir. 
Bvrince      efcrite  &  burinée  fur  des  tables  d'yuoire  enri- 
fur  des  ta-  chics  de  (aphirs,qui  auoient  cftê  raillez  &  coup- 
yies    d'y-  pez  du  Throfne  de  Dieu  fouuerain  ÔC  éternel, 
noire.        au(Ti  de  fait  fi  nous  iettons  l'oeil  fur  la  phrafe 
Chaldaïque,Dieu  difoit  àfon  peuple, Dabolegem 
i     me<tm  fuper  tJbulam   eburneam  ornatam  (aphiris: 
Que  reprefentent  ces  faphirs ,  (mon  l'innocen- 
ce :  quelle  elt  cette  y  uoyre  ,  fiRonl'obey  llancc  ôc 
la  confiante  ,  ôc  alïèurce  volonté  d'obferuer  les 
commandemens  de  Dieu  ?  ô  obcyïïànce ,  6  pen- 
dans  d'oreilles ,  qui  doiuenr  eftrc  précieux  &  lé- 
gers de  peur  d'incômoder  vos  oreilles  :  6  (aindtc 
ioy  ,  vous  cites  precieufe  ôc  legere  ,  lugummeum 
juiuc  e/î  cronus  mcumleuè ,  vous  eftes  vrayement 
vn  pendant  d'oreille  oii  il  y  a  des  faphirs    decou- 
lcm-  ccldle  ,  puis  que  celuy  qui  veut  entrer  au 
Ciel  doit  garder  ôc  obferuer  les  commandemens 
de  Dieu  :  faphirs  qui  confortent  la  veuë^  pource 
que  nous  deuons  toujours  auoir  la  lof  de  Dieu 
deuant  les  yc:  x  ,  Praecepium  Dcmim  luctdum  illté- 
rrnntns  oculos ,  faphirs  celeftcs  détaillez  ôc  décou- 
pez du  throfne  de  Dieu, pour  ce  ,  lex  Jcriptapar- 
tuipatio  efi  loris  eternae  ,  ou  bien  pour  dire  que 
celle  Ioy  rend  lame  du  iu(lc,le  fiege  Ôc  le  throf- 
uede  Dieu^yfnimtt  iufiijedcs  efi  jupiemiac ,  ôc  par 


deCare/mel  253 

ainfi  pour  paruenir  à  celte  gloire  ,  Dieu  le  Pcic 
dit  auijurd  huy  ,ip.um~u«ue ,  oyez  mon  Fils  3  ôc 
obfcruez les  commandement. 

Et  puis  que  i'ay  commencé  ce  prclent  fermon 
par  le  Soleil ,  ic  veuxauin*  le  finir  pal  L*  mclme. 
Les  Roys  de  Pcrfc  allans  ancienncmcr  en  guerre, 
portoient  au  dcllus  de  leur  rente  royal:  v  n  Soleil 
renfermé  dans  vnc  boullc  d:  cry  Italie  à  melure 
que  ce  Soleil  s'arreftoir ,  à  melure  l'ai  mec  rûilbic 
alec  &  dcmcuroir.  Dilbns  auc  le  fils  de  Dieu  eft 
vn  vray  SoLil,qui  aprej  l'Incarnation  a  efte  ren- 
ferme dans  vnc  boulledc  c  yftâl  fragile  ,  quirc- 
prefence  le  corps  moite!  qu'il  aprins&tnyà 
lOjlCc  puisqu'auiourd'huy  laindt  Pierre  parle  Je 
tabernaclcs^owHtfj  eji  WOS  l.i:  eft  ,  !jriâmnô  tria  ta* 
ùernaculu  ,  le  voy  que  voila  ce  Soleil  qui  auiour- 
d'huy  cil  au  Commet  de  ce  Tabernacle  de  Tabor, 
ic  dis ,  1  Eglilc  ,  lequel  nous  dcuons  luiurc  com- 
mc  l'armée  Pcrlicnnc  le  Soleil  de  cryftal,o\:  nous 
dcuons  Uiilci  conduire  (ous  la  main  :  &  ahn  que 
comme  nous  îuy  publions  dire  Soleils U  baM 
au  Ciel ,  obleruars  ta  luy  :  cV:  après   Pauoir  imuy 
en  ce  monde  par  l'obeyflàocc  deue  à  feicunv 
mandemens ,  nous  nous  rendrons  capables  de  le 
fuuirc  iniques  en  la  gloire  des  Cieux  ,  où  nous 
conduite  le  Perc  ,1c  J  ilscx  le  Carnet  infi 

il. 


SERMON     POVR    LE 

SECOND     LVNDY 

de  Carefme. 

JI<to  vado  &  cjuœrethmt,  &  îàpcccatô 
vejtro  moriemïni.   I  O  A  N.  8. 

Srt  g  *^Ê\  ^  S.  Luc  chapitre  i^cft  fait  me- 
tion  de  cette  jeune  Damoifelle  E- 
uangeliquc ,  qui  ayant  perdu  vue 
dragme  ou  vne  bague  de  valeur, 
\ alluma  la  chandelle ,  &  cercha  par 
tous  les  coings  &  recoings  de  fa  maifon  >  afin  de 
larrouuer.(Chrcftienne  &  dcuote  aiTiftance  )  le 
fils  de  Dieu  eft  vne  dragme  dvn  prix  incompara- 
ble, &  beaucoup  plus  eftimable  que  ne  (çauroit 
iamais  auoir  cfté  dragme  de  celte  vie  prefente: 
voyla  pourquoy  ,  fi  cefte  jeune  Damoifelle  allu- 
ma foigneufement  la  chandelle  pour  rrouucr  fa 
drasme,  ce  n'eft  de  mcrueille  file  Samieur  du 
monde.dragmc  precieufeeftam  perdu. c'eftàdire 
incogneu  aux  yeux  des  hommes ,  il  fut  befoin  ÔC 
nccdfairc  hyer  d'allumer  non  la  chandelle  ,  mais 
le  Soleil  tout  entier, afin  dcletrouuer  &  pouuoir 
le  rccognoiftre.Auiourd'huy  cefte  mcfmc  drag- 


de  Car effiiè".  255 

nie  nous  c(l  reprcfentec,clgatec  quelques  fois  de 
nous  pour  nos  pechez:  voila  pourquoy  ,  afin  de 
la  retrouuer  &  rcccrchec  ,  nous  auons  befoin  de 
la  lumière  de  la  grâce  ,vous  neufe  Vicigc, 

qui  aucz  autrestois  perdu  celle  dragOM  ,&  ic- 
trouucc  après  l'auoir  loignculcrocnt  recerchee, 
alTiltcz  nous  s'il  vous  plailt  de  vos  priercs  6c  in- 
tcrcellîons ,  afin  que  nous  puillîons  par  voftre 
moyen  rctrouucr  celte  dragme  perdue  en  nofttc 
Euangile,  6c  nous  vous  dirons. 

A  ne  Maria, 


EVX  qui  ont  dit  que  ce  grand 
globe    &    flambeau   du    Soleil  soUilhm- 
cit  vn  beau  hiéroglyphe  &:  ex-£0/f  ^  [Â 
ccllent    iymbolc    de  la    mileri-  mlfericor* 
corde  de  Dieu,  n'ont  pas  (  h  ic  je    J[c 
ne  me  trompe  )  nul  rencontré:  pieu, 
car  véritablement  pour  moy  ,  ic  croy  qu'en  IV- 
niuers  il  ne  le  peut  trouuer  choie  ,  qui  mieux  re- 
prelente  la  milcricordc  de  Dieu  que  le  SolciI,veu 
oits  grands  qu'il  y  a  entre  iceluy  &  celte 
milcricordc  :  du  Soleil  louent  tous  les  ra\ons  de 
lumière  ,&  de  la  milcricordc  de  Dieu  luirent 
es  les  grâces  <5c  bcncd.dions  celcllcs.  Si  le 
Prophète  Royal  Dauid  parlant  du  Soleil  ,  dl 
que.  ;«</  ft  él    ondétA  cAort  cm   ,  qu'il  n'y  a 

\c  la  terre  qui  ne  rclenic  Cequicftde  les 
es ,  le  meimc  Prophète  Royal  adii  du 
Soleil  de  I  r  de  de  Dieu  lié  Dit 

>4  cji  terrd.  Si  du  Soicii  piotcdc  toute  la  lu- 


2  j  6  Tour  lefecenâ  Lunây 

miere  qui  Ce  trouue  aux  allres  &  eftoilles  cele- 
ftcs  ,  li  les  champs  par  la  chaleur  verdoyent ,  les" 
fleurs  donnent  leur  odeur  ,  &  les  arbres  fructi- 
fient par  la  rorce  du  Soleil  ,1e  Prophète  Royal  a 
dit  encore  de  la  mifericorde  de  Dieutmifericordid 
eifta  prtuenietme  ,cr  mifcricordiA  etm  fubjtauetur 
twcla  mifericorde  me  deuancéra,afînquela  terre 
de  mon  cœur  foit  roufiours  verdoyante  ôc  fleii- 
riile  en  grâce  &  vertu  ,  &  miferteorata  êim  juk,  <r- 
tjucturme  \  afin  que  cefte  terre  de  mon  caur  fru- 
ctifie des  fruits  dignes  de  la  vie  éternelle.  Dau-\n- 
tage  le  Soleil  entre  toutes  les  créatures  eft  le  plus 
reluifanr  &  lumineux  ;  aufli  la  mifeticorde  de 
Dieu  elteileuee  par  deiîus  toutes  les  œuurcs  de 
Dieu  ,  mtjertcorftia  eiusjupcr  emnia  ofera  eius  :  Ho- 
mère parlât  du  Soleil ,  dit  qu'il  a  cent  mains  pour 
monftrer  fon  aififtanec  ,  &  la  communication 
qu'il  fait  de  Ces  ray os  amoureux  à  toutes  les  créa- 
tures halles  &  infetirurcs ,  &  de  fes  influences: 
ainfi  auons  nous  fujet  dedireqUelamiiericorde 
de  Dieu  n'a  pas  feulement  cent  mains, mais  mille 
&  mille  mains  pour  aflifter  &  fubuenir  à  tous 
les  hommes  en  général.  De  forte  que  par  cecy 
nous  pouuohs  voir  &  cognoiftic  aileurémenc 
que  le  Soleil  eft  vn  fymbole  patfaicl  deîamifc- 
îicorde  de  Dieu  De  manière  que  fi  hyer  vous 
entendiftes  que  ,  faciès  nus  tefplendutt  fient  Soly 
c'c'ioit  pour  dire  que  tout  aînfi  qnc  le  Soleil  e(- 
claire  les  bons  &  les  mauuais,les  iu(les  cV  les  in- 
iuftes ,  ninfi  fa  tnïferî  corde  sVflend  par  tout  le 
lnoi>dcj5c  fui  les  bons,&  (ur  les  impies, Se  deluy 
mefmc  pouuonsdire  ce  qu'il  diioit  de  ion  l'eré 
éternel  ,  jw/  facit  oriri  folem  juumjùper  iuftàs  ,  er 


de  Carefme. 
mu'fos .  pource  que  Inv-mefnicci:  qui 

c  tout  le  mon 
Mais,  ô  mcrucillc  gi  -.1  ic,  ce  Saui  1  hyer 

cftoit  reiplcndillant  coivuik  vn  Soleil,  ;i  [clie- 
nt auiourd 'huy  icnr 
|  ons, qu'il  ne  peut  dire  veu  ny  trou 
qui  le  cherchent,  taurin  >cr 

m  peccaio  Irrjho  ■  M  :  touresfois  tour  air. 11 

que  (i  vous  fermez  la  rencltre  de  voltrc  chambre, 
n'eft  la  faute  da  Scacslii  cilcn'eitcfclaircc  de 
rayons ,  mais  la  voltrc  :  ainli  ce  n'clt  pas  la 
e  Je  Dieu  s'il  n'clclairc  cv  ne  fecoure  le  pé- 
cheur: mais  bien  ceiledu  pécheur  qui  ferme  la 
t  lire  de  Ion  amc,  ex:  rcrute  la  grâce  que  Dieu 
1      prclcncc,  pour  luy  faire  rccognoi'.trc  Limi  1- 
rc  du  péché  :  c'clt  icy  le  (ommaire  de  l'kuangilc 
que  nous  voulons  auiourd  huy  expliquer.    I 
~)udo  ty  jHétritu  me  ey-  non  imicmctu.  C   e(t  vu 

nd  mal  que  de  perdre  Diea,  plus  grand  ,  le 
e!u:         r  après]  perdo ,. Ôc oe le  trooucc 

le  plus  grief,  c'ej 
noftre  Seigneur  au::   Iuifs, 

lj  perte  que  l'homme  fait.    Pltilieurs  ferra  de 

dilpute  mainte- fois  pour  1 
quelle  e:tmr  !  jures» 

iri  opinion  cilus ,  les 

11  du  ,  qu-  ii  |a  perte dci  1 

rime  qui  cftpauureefl  mefj 
de  r  |0j  cit  caufe  que  le  ! 

dit  que  C'eftoîf    la  p  ,  cfi 

quclapcticdciiiJio 


258  TourU  feconà  Lunàj" 

cellc-cy,  car  ccluy  qui  a  perdu  Ton  honneur  &  fà 

bonnerenommec,  eftfait  le jeiiet  &  le  mefpris 

du  monde:  les  autres  ont  die  que  c'eftoit  la  penc 

de  la  'liberté  ,  &  eftre  ferf  &  elclaue  ,  Theoduret 

Theodoret  fur|clIi  chap.  de  l'Exode,  donnant  raifon  pour 

tnca.ii.    jaqUej|e  no!ire  Dieu  commanda  anciennement, 

xo  c'      quefi  le  fenrireur  après  auoir  demeuré  fept  ans 

auec  (on  maiihe,  vouloir  encor  demeurer  en  la 

maifon,  qu'on  luy  perçait  l'oreille  auec  vnealef- 

ne  ,  dit  que  c'eftoit  à  fin  que  par  cela  il  portail  la 

marque  de  fon  e'clauage  de  perpétuelle  miferc; 

auflî  anciennement  les  appelloit-on  Strgmaucn 

Ôcdc  là  ,  paraduanture ,  eftoit  ce  que  faindr,  Paul 

dïloit  ,  Nemo  mihi  mole\iw  fty  reo  ffigmata  Dormm 

met  porto  incorpore  mu  :cant  y  a  (  difoient  ceux  là) 

que  le  plus  grand  mal  &  la  plus  grande  perte,  elt 

celle  de  la  liberté.   Les  autres  ont  dit  que  la  plus 

grande  perte  de  l'homme,  eft  celle  de  la  lame: 

pource  que  l'homme  eftant  malade, perd  tout 

plaifir  &  contentement. 

la  plus  Ceux-là  finalement  ont  dit,  quelapîusgran- 

grande      de  perte  eft  celle  des  parens  :  mais  tous  ceux  qui 

perte     de  parloient  ainfi  >  eftoient  tous  Payens.    Là  où 

l'hemme    nous  autres  qui  fommes  Chrcfticns  ,  inftrui&s 

eft  celle      en  vue  meilleure  efcholle  ,  difonsque  la  plus 

qud  fait  grande  perte  que  nous  fçaurions  faire  ,  eft  celle 

far  le  pe-  qui  fefait  par  le  pèche:  perte  qui  comprend  tou- 

tbim  tes  les  autres  pettes  de  lanté ,  a  6  rjf- jamta*  in  carne 

Ldpre-  mea  perte  de  parens,  Pater  me  m  cr  mater  mea  de^ 

rniere fer-  relitjuerunt  me,  pertes  de  liberté  ,  puis  que  par  le 

tiitude  eft  péché ,  nous  fommes  faits  &  rendus  elclaues  du 

^enuepar  péché  ,  Qnjfacitpeccatum  \eriii<A  c[t  peccati  ,  c'efl: 

h  pèche,    eftre  dominé,  non  de  trente  tyrans  comme  les» 


c'cCarcfme.  259 

Athéniens ,  ma  s  du  péché  le  plus  cruel  tyran  de 
tous    auffi  «Je  fait  1  hcuJorcc a fort  bâentenv 
ciné  que  la  première  lcruitudc  cft  \  par  (c 

peche,  cV:  la  première  qui  tut  rendue  ciclauc  du 
pcchc,fuc  Eue  lur  quoy  tau 
belle  remarque  ,  &  dit:  que  liuc  tut  tirée  âc  la 
cofte  d' A  lam  ,  non  de  (es  pied,  monitrer 

qu'elle  n'cltoit   la  (cruante:  non  aulli  du  chef, 
pource  qu'elle  ne  luy  dcuoic  commander  ,  11 
de  Ton  collé»  pour  monltrer  qu'elle  droit  créée 

:r  cftrc  la  compagne  ridelle:  nuis  après  quel- 
le eut  péché,  clic  fut  rendue  doublement  cfclauc 
du  péché  premièrement/:  pais  de  Ion  mary,/«fc 
yir$ fotefijti erk i  mais  la  première  iwiuitudcruc 
pire  que  la  féconde.  &  rut  celle  hé. 

Si  vous  voulez  ictter  l'œil  lur  le  monde  re- 
nouuelc,  pas  vn  (err  ny  aucun  etiluuc  n'entra  en 
F  Arche,  ce  n'eit  poortai  c  que  Noé  n'euu 

des  Icruiteurs  ,  car  c'citoïc  \n  grand  ScîgOCHtl 
mail  ilseltoicnt  tous  hbics.  Mais  après  le  Oclu- 

:cs  enfani  :  le  lny,& 

parties  vr;  \Çc$  ,  fuient  m  de 

Di  ^  Lues >  qui  fut  caulc  de  cela?  le 

peche ,  féUh ■  ,ur.t         mnéhlri  idtxe- 

rknt.  C'efl  ainli  que  1  homme  le  rend  abomina" 
Me  à  Dieu  ,  aorai  hufcf  qu'il  aime  luy 

font  abominable  ilheorpoui  l'homme,  de 

ncll ,  pour  cm.  6c  ac- 

quérir les-  -  rc  plus  d'ell.;:  de  iu  bouc 

te  dei  margoerirci  prcucuics 

par 
mU 


260  Pour  le  fécond  Lundy 

Itmleté  ritM  '  °  Per^c  excellente  qui  ne  reçoit  aucune 
de  laper-  ctlo^c  c^e  '*  mcr  >  grand  mercy  ,  que  pendant 
^  qu'elle  eft  en  la  mer  elle  eft  toufiours  renfer- 

m-een  fa  petite  nacre  &  coquille  :  ô  grâce  di- 
uine  vous  vous  trompez  icy  bas  parmy  les  eaux 
de  ce  monde  :  mais  combien  que  cela  (oit»  fi  cft- 
ce  toutesfois  que  vous  ne  relîencez  rien  de  la 
terre  ,  vous  eftes  toute  celeftc  ,  Conuerfatio  no(rr<t 
m  cœlis  e(r ,  vous  eftes  vn  rayon  de  la  diuinité, 
particula  anrœ  diuinœ  :  voila  pourquoy  ceux  qui 
ont  cefte  grâce  ,  font  faits  de  meime  nature  auec 
Dieu,  Conjortes  diuinx  r,citurœ  ejft'Bi^  grand  mercy, 
que  c'eft  Dieu  qui  eft  aurheur  de  cefte  grâce  :  ô 
perte  grande  que  de  perdre  cefte  grace,perte  que 
nous  faifons  par  le  pe chè ,  6  homme  que  penfes- 
ru  faire  quand  tu  pèches  ?  tu  perds  la  grâce  que 
Dieu  auoit  mite  en  ton  ame,qui  eft  la  plus  gran- 
de perte  que  tu  pourrois  faire.  Cleopatra  auoic 
vne  pierre  prcci&ufe  ,  fort  riche  ,  que  fon  mai  y 
Anthonius  luy  auoit  lailîee  ,  &  pour  l'amour 
grand  qu'elle  luy  portoit  fie  fondre  cefte  pierre 
precieufe  en  du  vin-aigre,  puis  l'aualla.ô  pé- 
cheurs, par  vos  orTences  vous  faites  fondre  cefte 
pierre  precieufe  de  la  grâce, dans  le  vin  -aigre  des 
plaihrs  <k  voluprez  de  la  terre,  auec  lefquelles 
vouslabeuuez  &auallez  •  Ôc  ainli  la  faites  per- 
dre &  efuanolivr,    Vovez  encore  la  perte  que 
nous  faifons  par  le  péché  ,  non  feulement  nous 
perdons  la  grâce  ,  mais  encore  auec  icelle  nous 
2.  Corlnt.  perdons  les  threfors  ineftimables  des  dons  du  S. 
4.  Efprit-  ô  threfors  ineftimables  que  ces  dons  ôc 

Couflume  que  cefte  grâce  ,  Habemm  t'tr  ^><rum  lufrkm  in  "V4- 
</aPfr/f;.y#j^c7/7;^:ParaduaniurequeS.Paul  fait  allufioa 


de  CAYcfme.  261 

coutume  des  anciens  Perles,  qui  faifoienr 
garder  leurs  rhrefors  &  finances  en  des  pots  de 
terre  ,  &  quand  ils  s'en  vouloun:  1 L r u  1  r  ils  1  es 
oient  :  celle  grâce  cft  vn  rhrclor  eclefte  Se 
diuin  ,  ex  ou  cft-cc  qu'il  cft  renrerme  ;  c'clt  en 
vn  pot  de  terre,  o  pots  de  rené  que  les  hommes, 
,  fragiles  que  les  pots  déterre,  c'eft  là  de- 
dans que  cefte  gr.icc  cft  renfermée  ,  $c  (ans  dou- 
te puii  que  (aioâ  Paul  dit  cela  ,  il  cft  impolfiblc 

-  nous  1  us  de  celte  gloire  ,  fi  nous  ne 

calions  ce  pot  de  terre  ,  il  tant  carter  &  dclaillcr 
celte  carcallc  mortelle.  O  grâce  ,  o  thrclor  que 
nous  perdons  par  le  pèche,  perte  grande,  car 
perdre  la  grâce,  qu'eft  ce  aune  chofe  (înon  per- 
dre Dieu  ,  «S:  perdre  Dieu  ,  c'eft  perdre  toutes 
choies  :  car  comme  a  fort  bien  dit  lai  net  Augu-  w/f*Ç*/?. 
Ain  ,  (gaiâi  te  hilct  Domine  ,  etum  )t  estera  rot.  hd- 
heatl  tjmrn  omntu  bdbrt^uu  tr  bubet  ,queft  CC  que 
Dieu.-  c'clt,  omne  bonum ,  QiiVft  ce  que  la  félicité 
éternelle,  qui  neft  autre  choie  que  la vifion  de 
Dieu  _c  dit  que  c'clt  ,  Stëtm  omnium  bonorum  Bœtittt. 

*t£rrZ ,tlon(  f /*««•, c'eâ  vn  ramas  de  tous  biens 
èc  atnfi  pcrdrcDiru, c'clt  perdretout  bicn,quclt- 

;  ic  le  pcchefC  clt  tout  rien, c'eft  en  qnoy  il  cft 
diamecralcuvnt  oppofe  i  Dieu  qui  cft  tout  bien, 
«S:  l  nomme  qui  perd  Dieo,  1  quv.v  fit  il  réduit?  à 
vn  ancantillcment.ie  le  dis  après  David,  Jtà 

Itilum  deductm  etf  tn  en,  <  nm  mj(i£rt*. 

C'clt  vn  beau  partage  pour  m  ;   reev, 

que  ccliiY  que  nous  liions  au  chapitre  dix  hui- 
Cticlfic   lu  luire  des   I  li  il  cft   dil   (ju'vi  r    .. 

loui  certains  latrons  p. .dans  leur  chemin,  c 
trerenren  lamailon  de  Mica,  c. 

K    11  j 


z6i  ?  ourle  fécond  Lunây 

cl rtrobcreht  feulement  Tes    idoles  qu'il  s'eftoît 

fait  iuy  melme.Michacftant  entré  en  famaifon, 

6c  voyant  la  pêne  qu'il  auoit  faite,  court  après 

ces  larrons ,  &  pleurant  à  chaudes  larmes,  leur 

cfifoif  :  Dcos  meos  tuhftit  &  omma  auœcumejue  hd- 

but  :  Vous  auez  defrobé  les  Dieux  que  ic'm'e- 

ftoh  faits  ,  &  tout  ce  que  l'auois,  &  encore  vous 

me  dites,   quid  haùesî  Que  dis- tu  ,  6 Mica  >quo 

l'on  t'a  defrobé  tout  ce  que  tu  auois  ?  le  trouuc 

toutesfois  qu'on  n'a  defrobé  que  tes  idoles,  &C 

£-!'?  do-  quoyâfauois-tu  que  cela  en  tamaifon>Tu  auois 

firme,       des  Preftres  qui  îacrifioient  tous  les  iours  aux 

Dieux  que  tu  t'eftois  forgez  :  neantmoins  tu  dis, 

omnid  tjuœcumtjue  habm  ?  6  fecret  grand  que  le  voy 

encecy!  Micha  difoitainfi,  vous  auez  defrobé 

mon  Dieu,  Helas!  de-là  que  s'endiit-ilîii  ce  n'eft 

de  dire  que  vous  m'auez  tout  prins ,  cr  ernnu 

tfudt  haùm  ,  6  Chrefticns ,  fi  cela  n'eft  véritable  de 

l'Idole  de  Mica  ,  cela  e(t  (ans  doute  véritable  de 

noltrevray  Dieu  ,  que  le  péché  nous  fait  perdre: 

de  forte  que  l'ayans  perdu  ,  nous  pouuons  dire 

auec  toute  vérité  que  nous  auons  perdu  tout  ce 

que  nous  auons,  ccft  là  la  perte  que  nous  faifons 

par  le  peché>perte  represétee  en  ces  mots  de  no- 

ftre  Euangile,^ço"V4<!/oc7"fWfr//^  me  &  non  mue- 

niettf,  celt  encore  bien  là  le  comble  du  malheur. 

7  Religionnaircs,  dires  moy  vn  peu  >  pourquoy 

a\      M  eft-cc  quecherchans  Dieu  quelquesfois  nous  ne 
tnftit.  cap*  I  .  r    •    al  l      • 

le  trouuonsfCaluin  en  les  înititutions  chapitre 

vingt- dcuxielme  oc  vingt-quatnelmc  auec  Lu^ 

ther,  difent  que  c'eft  pour  autant  que  Dieu  def- 

nie  fa  grâce  aux  reprouucz,&  ne  la  donne  qu'aux 

predeitinez,  &  à  caufe  de  cefte  négation  de  la 


dcCârefme.  26  j 

grâce,  iccux  reprouuez  cherchent  Dieu  ,  &  ne  le 
pcuuenttrouuer  ,  qui  elt  caufe  de  cela  :  ils  rci- 
pondcntquc  c'elt  Dieu. 

Or  (us  voyons  cecy  ,  après  le  péché  de  nos  pre- 
miers parens  ,  Dieu  pouuoit  delnicr  fa  grâce  à 
tous  les  hommes ,  &  auoit  lujccl  de  leur  fermer 
pour  iatmis  la  porte  de  (a  milencordc  :  &  tou- 
tcsrois  nonobttant  le  peche  il  donne  (a  grâce  à 
tous,cx  ne  la  dclnic  aperfonne  tanr  melchanc 
foit  l'homme,  aufli  de  fait  faincl  Paul  difoit  de 
1     eu  que,  /' *'■ tomnes  hommes  fuUos  fitri  &*À4- 
£nuionim  tentai:!  "\enire  ,  Que  dis-tu  à  Cela  ,  Rê- 
ne ,  lî  cela  cft  ,  comme  tu  dis ,  que  Dieu  ne 
donne  fa  grâce  qu'aux  predeftinez  ,  lai n ce  l\aul 
ment ,  ou  bien  toy  ,  car  il  dit  que  Dieu  veut  que 
tous  foient  (auucz  :  Noctczcccy  ,  ic  vous  pue, 
Ce  n'eft  le  rneime  de  la  volonté  de  Dieu  cV  de 
celle  des  hommes ,  la  volonté  des  hommes  n 
operatiue  comme  celle  de  Dieu  ,  Qmutu  y* 
CH.n^nr  ,  les  mains  de  Dieu  ,  c'eit  la  t 

Ion         Faire  6cle  vouloir  en  lus  ne  (bot  qa\ 

or  (us  donc,  l.uncr.  l;aui  dit  que  Dieu  veut  que 
...;uez  , fWl omr.  éluor  ftri% 

\  a  dire,  Dieu  donne  (a  grâce  à   tous  ,  aux 
s  «5c  aux  mauuais ,  aux  prcJelïincz,  cV:  i  ceux 
ne  le  (ont  pas  :  de  raç,on  donc  que  (î  la  lalua- 
>nli(toir  feuleioeoi  en  Dieu  ,  ce  (eru.t  li- 
iez pour  clhc  (auué  ,   ce  que  dit  ùiiKt  l  aul, 
runes  jéluoi  Jîcri  :  mais  pourec  que 
AuguUin  dit  que  ,  <jki  creuuit  te  \\ne  te  ,  non 
fâUukuu  jine  te  ,   ce  n  elt  ail. z  que  Dieu   nous 
prenne  par  la  main  ,  il  le  faut  aulli  prendre,  à  fia 
ni  non  uicijuy,  il  nous  pretènec  picmi 

R  liij 


264  Tcur  le  fécond  Lunây 

men:  la  (ienne  ,  il  nous  offre  fa  grâce»  Nunquid 
l>oluntatps  me  a,  efi  l>t  moriatur  impiMyfed  potins  con- 
uertAtur  cr  ~viuaty  difoic  Dieu  par  (on  Prophète, 

T    u  f  r-  tfuidpotuifacere  \ine&  meœ  çy*  non  feci?  Et  fur  cecy 
J       il  faut  que  ie  vous  falle  voir  trois  fortes  de  blaf- 

yUfpbe-r     Pnemes  ^c  nos  hérétiques,  proferez  contre  la 

— J  Jm       diuine  bonté  :  le  premier  ,  cft  de  Martin  Luther, 

mes  &e  •  n 

nos  hère-  cn  ce  °luc  Prcmierement  il  dit  que  Dieu  cft  eau  - 
f  fe  du  péché:  (ècondement  ,  en  ce  qu'il  dit  que 
Dieu  deinie  fa  grâce  au  pécheur  :  la  féconde  ,  eft 
de  Caluin,  difantque  puis  que  Dieu  eftautheur 
du  péché,  il  nous  prouoque  au  péché,  tant  exté- 
rieurement qu'intérieurement.  La  3.  herefieeft 
de  Théodore  de  Beze ,  lequel  dit  que  Dieu  a 
permis  qu'  Adam  pechaft ,  à  fin  de  faite  paroiftre 
faiufticecnuerslcsiuftcs,  ik  fa  gloire  enuers  les 
bien -heureux  :  voila  trois  rlefchcs  qui  offen- 
cent  merueilleufement  la  bonté  de  Dieuce  font 
blafphcmes  très-grands  &  par  trop  insupporta- 
bles, tk  qui  battent  directement  contre  la  fain- 
cfte  Efcriture  ,  qui  enfeigne  ouuertement  que 
l'homme  eft  caufe  defon  peché  ,  &  non  point 
Dieu  ,  perdit  10  tua  ex  te  0  /frael ,  dit  Dieu  par  fon 
,  Prophète  Ofee  ,  en  luy  ce  n'eft  que  bonté  & 

y  •  **  mifcricordc  ,  Se  partant  il  ne  nous  peut  porter 
au  mal:  s'il  eft  queftion  que  quelques  fois  il  nous 
abandonnci  iamais  il  ne  le  fait  que  premiercmét 
il  ne  foit  abandonné  de  nous,  Dew  nomment  de- 

\Augufl,  ferit  nifi  prim  deferatur  ab  ilio  ,  dit  S-  Auguftin: 
mais  s'il  nous  faut  chercher,  c'eft  loy  au?  nous 
cherche  le  premier  ,  tefmoin  ce  qui  eft  dit  en 
la  parabole  du  Pafteur  qui  cherchoir  G  brebis 
ffgatee,  au  temps  qu'elle  pcnfoit  le  m  uni  s  à  luy; 


ieCdYcfme\  165 

aufli  ce  mcfmc  Seigneur  parlant  de  foy  Hifoit- 
/nu  'ne  ,  c'eit   lu V  qui 

is  cherche  le  premier  1  cV  nous  delaiiTe  le  der- 
nier, de  ne  rient  point  à  luy  !i  nous  ne  le  trou- 
nons,  ains  .1  nous  &  .1  dos  pèches. 

s.       b  Auguftinau  liurc,/         riJ*c       ttcrjy 
dit  que  Dieu  cit  infiniment  plus  prompt  à  nous  j  ,'  V  ' 
nner  rcmilîion  de  nos  pech.  ic pécheur  . 

n'etr  pi  onipt  a  pecher  ex'  a  l'oricnier  ,  J'rom 

1  m  '         ..tter*. 

llli^iiiletur peccjtfirittn    weMdmdéi  mpcccâtnri 

peccjrr.l  \  S.  Chrifofrome  en   1  Hourelie  qu'il  a     ,    .r 
un  &  d'Eue,  dit  que  comme  Adam  ,, 
faiâchcf  Je  tous  les  hommes ,  aullî        .' 

ce  (lue  Uk  i  Adam  .il  a  raid  le  melme 

enuersroos   les  homme*.  11  cit  dit  nu  Ccnclc 
qu'après  le  péché  Dieu  die  à  Adam  ,.\<Lm  ~\ùt 
ou  cit  [  .  Lli'appclla  par  ion  nom,  pour 

.         i.i  première  choie  que  Dieu  taicfc 
au  pechetu  c'eftcrief  ,  de  chercher  l'homme  , 
de  frapper  a  h  poire  de  la  conlciencc,  *d 

o'hutn  Ceft  l 'îndigacion  que  Dieu  rai  et  au  pc- 
■iiicitir,  . .Adam  ">/>i  t$?Q  qu'elle 
Iques  vus  dilcnc  que  c'eftoit  vue  voix, 
iembl.i  d  tonnerre  ,  cV  puiirquoy  à  vu  ton- 

nerre.-c  cil  .  *:  c'pouucntcr  Adam, 

ou  bien  celte  .  D  antre, cltoir  pour  taire 

coooerrir  A  lam  ir  dire  que  Dica 

I uant  il  ne  ire, 

ifiréde  Dieu  :    lors  que  la 

defolariôde Niuu  0  haine&i  io.u- 

rc  metrfte  que  ce  peopl  tir  cfac  perdu  *| 

l'heure  mitcu. 

C'clt  !  à  1  c  t  qu'il  \  .       ira  enic- 


266  Tour  le  fécond  Lunày 

danc  la  voix  de  Dieu  fe  mulîà  &  cacha  dans  la 
fore  H:  du  Paradis.  Cùm  audijjet  liocem  Domini 
deambuUntis  in  paradifo  abfronditfe.  Adam  fe  ca- 
che^ Dieu  le  cherche,  ^/t  Um  "\bi  es  rô  homme 
tu  es  vue  glace  ôc  Dieu  elt  vn  feu  qui  s'appro^ 
chc  de  toy  pour  fondre  cède  g!ace  :  Et  abjcondit 
fe  ^f^4w,pourquoy  ce  cacha-  il?  ceftoit  pour  la 
crainte  qu'il  auoit  de  la  iuftice  de  Dieu  dont  la 
voix  refonnoit  de  toutes  parts  au  Patadis  terre- 
i\re9^€dam  "\bt  es?  6  quelle  voix,quoy?bonDicu> 
^yfmhro-  cft-il  poflible  que  vous  cherchiez  Adam  .  pour- 
ftusiib.  ce  que  vous  ignoriez  où  il  eftoit  ?  A  cecy  ref- 
deparadi-  pond  ce  grand  Prélat  Milannois  fainét  Am- 
fo.cap.i4.  broifedifantainfi:  Diccndo  Deus  ^dam  ^bi  ess 
non  locum  jutent  qui  nouit  arcanum  ,  neque  entm 
Deus  claufos  oculos  babebat  "ïtnon  \tderet  Utentem, 
Dcmque  ideo  dixit ,  fatlus  efl  Adam  tamquam  ~\nus 
ex  nobis  quia  aperuit  oculos  ~\t  culpam  fuam  "ïideret 
iiuam  \itaere  non  potuiiiMagts  emm  poflquam peecd- 
mmuf)  nefcio  quo  modo  noflra  delttla  cognofcimus:  £r 
tune peccatum  sjfeintdligimm  ,  quod  antequtmpec- 
€ ar emm  ,  non  putabamus  cjfe  peccatum.  Certè  non, 
qu*fi  peccatum  putamus  e[[e  damnandum  5  nam  fi 
damnaremus  ,  non  admitti  remus.  Deus  autem  om- 
nium "\idet  culvoi  ,  Cr  omnium  ddicia  cognojcit  :  [h- 
peromnem  ammam  y  fuper  omnium  octdta  oculos  hx- 
bet.  Quid  efl  ergo  lAdam  l>bi  es?  1  défi  ,  non  m  qua 
loco,fed  in  quibus  es  ?  Non  ergo  tnterrogatio  cfltfed 
increpaiio.  De  quibus  bonis ,  cliqua  beatitudine  ,  de 
qua gratta  ,  in  quam  mtfcriam  mcidifli  ?  DereUquiflt 
"\itam  Aternam  :  &  attumulatus  es  mortl  ,  conjepul- 
tus  errori.  vb't  t(l  dU  tua  bene  fibt  confeia  confiden- 
tuî  Timor  ifle  culpam fataur  :  Utebra^r^uaricatK^ 


dtCArrfme:  267 

mm.  flic  '  ,  non  m  <f*n  lo'o  4U*rotfed  m 

éjuo  ftatu.    <£uo  te  dcduxn  >*r>:  fi .  uts  tuj  ,  ~\t ]u*im 
m  tuum  :  ^urm  ante  rntrt'ûa*.    Voulez  vous 
if  encore  comme  Di  omble  ,  à  pat 

tardif, quand  il  veut  paon  mevoyezee 

cy  en  Aiiim  ,  lors  qu'il  le  voulut punir  ,  i*Efc 
crirurc  famcle  remarque  qu'il  le  pourmenoit  au 

Paradis,  -CmfiulAnt  ad-uram  fntm  r:  ;cm,ci- 
quelles  paroles  aduifez  la  tatdiuerc  :  première- 
ment en  ce  qu'il  dit  ytrnhul^At ,  &  non  pas  cur- 
reùat,  il  (c  pourmenoit,  puis  en  mirtc  *d  turtm  il 
marchoïc  contre  le  vent:  vous  Içauez  que  cc- 
luv  qui  marche  contre  le  vent  elt  retatdc  :amfi 
il  (embioit  que  l'Etemel  voulue  cfttc  entretenu 
de  ce  doux  périt  vent  :  tiercement  pojt  men- 
dtrm ,  après  midy  fur  ladcfccntc  du  Soleil  ,  il  ne 
vienr  pas  du  matin  ,  ou  bien  lur  le  midy  ,  mais 
cheminant  à  petit  pas  il  nartmaque  le  foir,  X"»- 

l>êt  dd éuri*n  :    .  n   -,   :•  ^;,  o  infinie  bonté  de 
Dieu  ,  o  picte  immenfe  ,  vovez  à  lail  comme 

1  elt  tres-promt  ner  ,  *c  très  lent 

6V  tardif  à  chaftiei  raefMiproc 

lieu  f>;i  Adam  s'elloi  c.    Ad*m 

yh$ rtJou  es-tu  Adara  fainic 

Ambroifc  ,  pour  :  :u  er  le  fa!  H  de  Ion 

aine  ,  cV:  pour  taire  mourir  !c  p  "oyen  de 

I       ic,il  ne  fuir  q  vn  m  :  \y  rir>n£4- 

prclcntet  dcu.'r  luv  ,  Bd  iceJay  le  reg  dans 

etmtroirpai  la  reoa  m  de  fejycux  em« 

»niif/,!c  donne  la  mort  i  II  ic.O  Ha- 

que  le  pc        .  qui  tue  noftrcarm  .  ù 

i.ous  Je  voulons  mettre  an. ou  iliaut  prendre 


258  Tour  le  fécond  Mardy 

Je  miroiïer  &  Ce  remetrre  deuant  les  yeux  la  coZ 
gnoitïance  du  péché  Ôc  l'enormité  d'iceluy  ,& 
cette  enormité  le  fera  chaflTer. 

C'cft'vn  blafpheme  grand  que  celuy  qui  a 
cfté  proféré  par  la  bouche  de  nos  hérétiques, 
difansque  la  perfonne  lé  remetrant  deuant  les 
yeux  les  péchez  qu'elles  a  commis,  au  lieu  de  l'a- 
mender deuient  pire  qu'auparauant  ,  &  par  tant 
qu'il  n'eft  belbin  de  la  contrition ,  &  faut  fc  fier 
feulement  à  la  mi  [encorde  de  Dieu  :  blafpheme 
grand ,  Ôc  qui  côtredit  diamétralement  à  la  fain- 
<5te  Elcriturequi  dit,  Quœrite  Pomwum  & inuc    * 
métis  wuenies  cumfi  quœfteris   tllum  m  toto  corde^ 
tuo  &  w  tota  trihulutione  ammœ  tua.  Il  (cmble  que 
Dieu  aye  fauiïé  fa  promette  difant.  Quarite  Do<* 
mmum  ey~  tnuemetis ,  pource  que  ie  voy  auiour- 
d'huy  plufieurs  qui  cherchent  Dieu  ,&neanc- 
moins  peu  le  trouuent  ?  ô  nenny  ,  il  ne  nous  a 
manqué  quand  nous  fanons  cheiché  auec  les 
Cyrillus     circonftances   requifes  &  neceflaires   pour    le 
Ori^enes    trouuer.  Saindfc  Cyrille  ,  Origene  &  faind  Ber- 
Bernar-     nard  difent  que  pour  chercher  Dieu  ,  afin  de  le 
dus.  trouuer  trois  circonftances  font  requifes  &  ne- 

ceflaires ,  c'eft  à  fçauoir  ,  Iocm ,  modm  cr  trmpw, 
le  lieu, la  manière  ôc  le  tcmps.Le  lieu  pour  cher- 
cher Dieu  cft  ce  monde  :  pour  le  chercher  afin 
de  le  trouuer  ,  c'eft  auec  l'amertume  du  cœur  ÔC 
auec  la  tribulation  de  l'âme,  fnuemes  illum,ft  cum 
ijitoefierîs  m  toto  corde,  tuo.  Tu  te  trompe  ,  6  mon- 
dain^ tu  veux  donner  vne  parcelle  de  ton  cœur 
aux  richelTes  Ôc  aux  hôneurs,&  vne  autre  à  Dieu 
il  faut  luy  donner  rout  entier  ou  rien  du  tour, 
In  toto  corde  tno ,  &  m  tota  iniu'ttuvne  arum*  tax. 


Cccy  nous  efl  t\ni  bien  reprefenté  parla  dir- 
fcrcncc  qu'il  vauoit  entre  la  vrajc&  la  raulic 
mere,aiu(i  commo  nous  liions  en  l  Hiftoire  des 
Roys,la  faulîc  merc  dcmandoit  ladiuifiou  de 
l'enfant  en  l.i  prefenec  de  Salomonnnais  la  vraye 
&  naturelle  mère  ne  voulue  permettre  que  : 
enfant  fuftdi..  ta  pluttoll  que  Ton  ic 

do:.  ^at  entier  a  la  faulfc  merc , />.*/i-  ill.  m- 

jàTîtcm  >mmnv,  elle  ne  voulull  qu'il  tuit  diuilc: 
ainu  Dieu  qui  cil  noftre  vray  perc  ne  demande 
que  nollrc  cœur  (ou  diuilc  ,il  ne  le  \cat  par  par- 
celles, nuis  bien  luy  (cul  le  veut  poflcdci  tour 
entier  , /«  tnto  corJ,  1  _. 

(     !a  me  fait  rcllouuenir  d'vnc  certaine  pierre  . 

laquelle,  aioiîqu  Narur  -fiant  '    *  . 

1     upucu  née  tant  loir  peu  ,  h  vous  la  ict-       «•  * 

tez  dans  l'eau  elle  1  ,  mail  li  vous  l'y 

icrtcz  tome  entier e ,  elle  n'yra  au  ton  1  de  l'e: 
aios  nagera  au  de  (Tu  S  :  autant  en  pourrav  îe  dire 
de  noltrcocur ,  s  il  clt  diui'.  les 

tribu  ta 

.ne 
1 
peu  irer  :\i  C,  & 

I  dell'us 

: 
voi; 

U, 


27  o  Pour  le  fécond  Lunây 

Si  auaejleris  eum  m  toto  corde  tuo  ,  çr  m  tota  tribut** 
tïone  animée  tuae.  Dieu  ne  veuc  pas  que  nous 
ayons  doleance  d'vn  vice,&  que  nous  ayons 
vneioye  de  l'autre  :  il  faut  que  celle  douleur  de 
lame  foi  t  generailement  pour  toute  forte  de  pé- 
chez &  de  vices. 

Secondement ,  il  faut  confiderer  le  lieu  au- 
quel nous  le  pourrions  cercher  pour  le  trouuer» 
C*ntic%  3.  L'Efpoulc  au  Cantique  âcs  Cantiques  a  cher- 
ché. Ion  Efpoux  en  trois  lieux,  mais  elle  ne  Ta 
peu  trouuer,  In  icBulomeofer  nofles  quxjiui  quem 
ddlgit  anima,  me  a  ,  quςtui  tJlum  ty  non  muent  >per 
yicos  ey~ plantcas  quaejïui  çr  non  inuem.EWc  a  cher- 
ché fon  Efpoux  au  lict,par  les  rues  &  parles 
places  publiques ,  &  en  ces  lieux  elle  ne  la  peu 
trouuer  :  le  lidfc  reprefentcles  voluptez  charnel- 
les parmy  lefquelles  Dieu  ne  fe  trouue  :  les  rues , 
reprefentent  la  vanité,  &  les  places  publiques 
l'ambition  efquels  lieux  Dieu  ne  fe  trouueimais 
Dieu     fe  0ù  eft-ce  donc  qu'il  faut  chercher  Dieu  pour  le 
trouue  f  trouuer  ?  Il  le  faut  chercher  en  trois  lieux  con- 
trois  traites  à  ceux-cy  ?  il  aeOè  trouué  en  la  creichc 

lieux.  par  les  Paiteurs,  en  l'eltable  par  les  Roys,  &  au 
Temple  par  (a  mcre,la  creiche  c'eft  pour  contre- 
pointer  au  litt ,  l'eltabie  aux  rues  >  de  le  Temple 
aux  places  publiques:  mais  principalement  nous 
trouuerons  Dieu  par  la  penirence,  fi  nous  le  cer- 
clions en  l'amertume  de  noftre  caur^ruenics  eum 
ft  ruaefieris  ilium  m  teto  corde  tuo  ,  ey  m  tôt  a  trd>u!a- 
le    Ump  ticm  ahi;me  iuxe. 

de  Ihom-  Ticrccmcnt  ,  nous  deuons  confiderer  le 
me  tft  la  temps  auquel  il  conuient  chercher  Dieu:ile(t 
yte,  jray  que  le  temps  de  l'homme  c'elt  la  vie  >  corn* 


deCare/mt!  lyi 

me  difoit  Antigonus ,  c'clt  en  ce  temps  auquel 
nous  dcuons  chercher  Dieu, OS  hors  iceluy  il 
n'y  aura  plus  moyen  de  le  trouuer.  Il  clt  bien  w/^tro* 
aulîi  véritable  ce  que  die  lamct  Ambroilc  que,  ./***• 
NuntjUÂm  i*r4  efipœmtentiA,  b*-c  Itox  primumeon- 
firmux  eftm  lutrone.  Mais  fculcmcnr  die  fainct  Hyeron)' 
Hicrofmc,  Dieu  dit  au  larron,^:  non  à  autre  ,  tu  mH  ' 
icras  auiourd  huy  aucc  moy  en  paradis  ,  uixit 
Vomtniij  Liront  cr  non  Alt\i  Amen  duo  tibi  hoche  me- 
cnm  cru  in  pjr.iui  o  car  il  c(t  bien  trop  tard  d'at- 
tendre à  la  fin  de  (es  iours  à  faire  pénitence, 
pour  autant  qu'alors  nous  nclçauons  lien  au- 
rons le  loifir  6c  la  commodité  ,  cv  h  nous  ne  fe- 
rons point  [Keuenus  de  mort  :  il  clt  très-certain 
que  D;cu  accomplit  la  promellc  ,  In^uAcumnue 
boru  VÊftWUtll  peccjtnr  j  omnium  juarum  miauu.i- 
tem  non  rcjordâLor  ,ik  non  (eulcmcnt  m  auâcnm- 
tjur  horj  ,  mais  encore  in  ijuAcumque  mftâHtt.  Mais 
pourtant  touliours  faut  il  clpicr  l'occalîon  & 
le  temps  prêtent  pour  ce  faire  ,  de  peur  qu'icc- 
luy  citant  pallc  nous  ne  rctrouuions  l'heure  cv  la 
commodité  de  faire  pcmrcncct 

Les  anciens  peignoieni  l'occafion  d'vnc  fa- 
çon  eltran^c  ,  ils  la  rcprclcntoicnt  cluuuc  par  ?  ' 
derrière  <x  chaicluc  par  deuant  ,  cclUit  nourj,    ,, 
dire  ce  qu  a  dit  Hvppocrarc,  An  log**  ^n*  vrcui', 
experimentum  fjll.tx  ,  occAfio  prAecep!  y  c'clt  pour  di--' 
rc  que  pendant  que  l'occafion  le  prefente  nous 
i\   poiiuons    prendre  ,  mais  depuis  qu'elle  clt 
k  paiTcc  plus  de  moyen  de  la  rencon- 
trer, chofe  fort  dan  !  ,  &  principalement 

ir  le  pécheur  :  auiii  ;L;ultm     •.'"•-.     - 

di.oit ,  ImpiHS  qH4».iu    >...iti  h  -i      ..,./.  ihia  non  nu  . 


272  #*jut  le  fécond  Lunày 

'yoluit  tjuando  potuit ,  cr  per  mAum  nolle  precCulit 
hotium^elle.  Semblable  celuy-la  eit à  Annibal, 
Capitaine  de  Carthagc  ,  lequel  lors  qu'il  vou- 
lut prendre  Rome  ne  peut  ,  pourec  que 
Ion  qu'il  auoir  peu  la  prendre  ,  il  ne  le  voulut 
faire  &cn  meipnfa  Toccafion  :  de  lorre  qu'il 
difoitj^rfWo  ~\olm  nonpotui ,  c?~  qucindo  po:ui  no- 
lui ,  tant  il  e(t  véritable  que  parnoftre  mauuaife 
volonté  nous  perdons  le  bon  pouuoir  d'auoir 
remiflîon  de  nos  péchez,  &iultement ,  ô  mon 
Dieu  ,  diloit  îaincl:  AugulUn  ,  le  pécheur  ellant 
frappé  de  vos  iuftes  chaitimens  lors  qu'il  meurt 
il  s'oublie  de  foy  ,  pource  que  pendant  qu'il 
viuoit  il  s'oublioit  de  vous  ,  &  ne  retournoit  à 
vous  pour  demander  pardon  de  fes  péchez. 

C'eft  vue  voix  de  corbeau, que  de  dire  ie  fe- 

ray  demain  pénitence  ,  eraspœmtehis ,  6  que  cela 

eft   dangereux  de  craftiner  ainfi  fa  conuerfion: 

ha  '•  corbeau  :  qui  elb  (orty  de  l'Arche  ,  &  n'as 

remponc  le  rameau  d'oliue  ,  ,pource  que  tu 

cffcoisvn  corbeau  ,  qui  t'adonnois  à  la  charon- 

^ne  :  mais  c'a  eftéla  colombe  >qui  le  remporta 

en  l'Arche.  Or  (us , âmes  Chrétiennes, gardez 

que  vous  ne  (oyez  vrais  corbeaux  &  que  vous 

ne  dilavez  de  ioutà  autre  vo'tre  pénitence  &: 

conuci  lion.  Dieu  nous  donne  le  temps  de  la  vie 

pour  faire  pénitence ,  après  laquelle  il  n'y  aura 

plus  moyen  de  la  fane  ,  ny  d'obtenir  pardon. 

Aiexr.n  hc  le  Grand  aflîcgeanr  vne  ville,  auoit 

cou-  accou^unû-  de  faire,  allumer  vn  flambeau  ,  ôc 

Jutme        «uifii  toit  qu'il  cftoir  allumé  faifoit  (ignifîcr  aux 

4%*Mc%4~ Citadine  quiUculfcnt  aie  rendre  pendaor  que 

Arc.  le  flambeau  brufloic , d'autan;  que  s'ils  ac  ui- 

doicnC 


dsCarefmi.  '  27  j 

doient  après  qu'il  feroit  efteint,  il  ne  prcndroic 
pas  vn  d'cuxàmercy  :  La  vie prefénte  que  Dieu 
nous  donne  eft  vn  flambeau  allumé  ,  le  temps 
de  faire  pénitence ,  eft  pendant  que  ce  flambeau 
dure ,  &  le  temps  de  la  vie    voila  pourquoy  pen- 
dant que  ce  flambeau  dure,  &que  nous  (ommes 
encorviuans  ,  faifons  pénitence  êc  retournons  à 
Dieu,  car  après  que  ce  flambeau  fera  conlommé, 
ëc  que  cefte  vie  fera  efteinte ,  plus  d'efperance 
d'obtenir  pardon  &  remiflion  de  les  péchez  :  8c 
cioh  donc  pendant  que  nous  fommes  flambeaux 
all-umez  conucrtiflbns  nous  à  Dieu  ,  &  luy  de- 
mandons pardon  en  cefte  vie ,  à  fin  qu'en  l'aurro 
nous  foyons  capables  de  ioiiyr  de  la  félicité  cter? 
nclie,  à  laquelle  nous  conduife  le  Perche  Fils  Se 
leS.Eiprit.  Ainfifouil. 


274 


SERMON  POVR 

LE      SECOND 
MardydeCarçfme. 

Super  Cdthedram  M/yfîs  federunt  Scril*  & 
Pha/îfœi.   MatTh.    23. 

E  grand  Philofophe  Senequea(fï 
ie  ne  me  trompe)  merueilleufe- 
ment  die ,  que  les  hommes  croyenc 
pluftoft  à  cequi  eft  delà  veuc  &de 
l'expérience  ,  qu'a  ce  qui  eft  de 
l'oiiyr  éc  de  l'entendre,  Hommes  ydit-i\,  /»<*£#  ">#- 
fui  quam  auclitm  credunr.  Voulant  ce  Philofophe, 
par  ce  peu  de  paroles  nous  apprendre  que  l'e- 
xemple bon  ou  mauuais ,  fert  de  beaucoup  en 
toutes  lortes  de  perfonnes*.  mais  que  (inguliere- 
ment  la  force  bc  efficace  eft  merneilleufe  ,  pro- 
uenant  des  pcrlonnes  qui  font  cfleucescV  confti- 
tuees  es  premiers  rangs  «Se  fuprémes  dignitez, 
car  le  propre  du  premier  mobile  eft  d'entretenir 
par  Ton  premier  mouuement  rapide  toutes  les 
autres  cercles  des  Cicux  qui  luy  {ont  inférieurs: 
ainfi  l'exemple  des  grands  (oit  bons  ou  mauuais* 


Tour  U  IL  Mâfdy  cL  C^efmi.  275 
fert  de  moule  &  de  j  itron  ,  (tic  lequel  les  nuc- 
rieurs  fcreiglcnt  &  le  conforment  :  5:  ràttl  r. 
encore  que  l'E  cl  1  pie  du  S  oie  il  ou  Je  i  a  Lune  cau- 
sent beaucoup  plus  de  ténèbres  en  ce  bas  monde 
cj-ie  les  petites  cltoillcs:  ainli  la  ^autc  ou  l'exei/Ic 
inauuais  cTvn  grand,  a  plus  de  force  entiers  les 
iubjecis  6x  inrcneurs,que  non  pas  celay  de  quel- 
que (impie &  petit  compagnomvoila  pourquoy 
noftrc  Seigneur  (cachant  cecy  ,  &  voyant  le? 
Scribes  &  Hunlicns,  gens  mefehans  ex  de  mau- 
uaiïc  vie ,  ailiï  (ur  la  chaire  de  Moyle  ,  chaire  de 
doctrine  &  de  vente  ,  défend  aux  limples  de 
prendre  garde  à  leur  exemple  ny  à  ce  qu'ils  tout: 
mais  feulement  à  ce  qu'ils  commandent  Se  en- 
feignenc.  Omnu  cr?o  qu4cumt^uc  dixcrint^obv 
iiu  cr  I jette  Jecundum  oper*  Itero  corumnohtc  fuce- 
rc:  cciï  le  fujet  de  ce  preienr  difeours.  Mais  tout 
ainfi  comme  nous  liions  en  l'hiltoirc  des  Rovs, 
que  lors  que  le  grandSalomon  citoit  allis  en  Ion 
throine  Royal,  U  merc  cftoit  proche  de  luv,  non 
feulement  pour  eltrc  honorec^mais  encore  pour 
prendre  ik  rccrnoir  les   rcqucltcs  de  ceux  1 

•orocher  delà  Majeftc   Royale  de 

ion  ri!  .-.u.ilil  e  le  fil*  de  Dieu  fera  afli j  en 

uairc  de  vente  ,  ic  -nreicme  la  Vierge  i* 

mcrcallile  Cofte  à  coite  dcccltecli.;:rc  ,  pinte  i 

receuoir  les  prières  des  pécheurs  pour  les  prclcn- 

rcr  nsdoiic  celle  Vierge  de  recc- 

n .1  huv  nos  voeux,  «S:  impetrer pour 

lliltanccdu  S*Efprir,&  pour  ce 

diloi\sluy. 

S 


27  6  four  le  fécond  Mardy 


Aue  Maria. 

%a+j  O  S  T  R  E  Sauueur  &  Rédempteur 
fcTjj    lelus  Chtift  elt  vn  Soleil ,  qui  de  fa 
ft  part  fait  battre  à  plomb  les  chaleu- 
çiJ    reux  rayons  de  faMifericorde  ,  de 
^^C    *  ion  amour  8c  de  fa  grâce   fur  les 
hommes  »  ainfi  que  dit  Dauid  ,  Non  efl  qui  fe  aI- 
fcondat  <t  uloreeiM.  Il  n'y  a  perfonne  qui  fe  dife 
cftre  exempt  des  chaleureux  rayons  de  ce  Soleil 
de  Iuftice  ,  cela  efl:  certain  nous  le  prouuafmes 
hyer.  Ce  iourd'huy  ce  mcfme  Seigneur  fe  mou- 
dre véritablement  eihe  vn  vray  Soleil ,  qui  fait 
briller  fcs  rayons  &  illumine  tous  les   hommes 
par  fa  doctrine  &  enfcignement  :  de  forte  que 
comme  le  Soleil  illumine  les  collines  8c  les  plai- 
nes, comme  la  pluye  tombant  du  Ciel  arroîc  les 
montagnes  8c  les  vallées, comme  la  rofee  du  Ciel 
humecte  les  iardins,  les  parrerres ,  les  paradis  de 
volupté,  les  campagnes  :  comme  le  Soleil  donne 
la  vie  aux  Elephans  6c  aux  petits  moucherons: 
comme  la  mer  entrerienr  tes  plus  grottes  balei- 
nes &  les  plus  perits  poifïons  :  comme  la  terre 
fouftient  les  Palais  dcsKovs,&  !es  cabanes  ou  ta- 
bernacles des  Pa(teurs:ainfi  ce  Seigneur  tternel, 
Soleil  de  l'éternelle  prouidence  de  Dieu  ,  pluve 
de  fafouuerainc  mifericorle,  celeftc  rolce  de  fa 
diuinegrace,  cet  air  du  (aindr  Efprit ,  cette  mer 
de  fon  îmmenfïté,  celte  terre  de   fon  indicible 
patience:  regarde  indifféremment  &  les  mon- 
tagnes &  les  collines ,  les  iardins  6c  les  partes- 


AcCâYefmf.  277 

rcs ,  les  p.uadis  de  volupté  &  les  campagnes, 
les  Elcphans  &  les  petits  moucherons ,  les  grof- 
fes  baleines  ôc  les  petits  poillbns  ,  en  vn  mot 
les  grands  &  les  petits ,  les  fiches  &  les  pauurcs, 
les  bons  &  les  mefehans  :  de  forte  que  ce  dimn 
Soleil  fait  rclunc  la  bonté  enuers  tous  :  cecy 
fïngulicrcment  fc  voit  en  noftrc  Euangilc,ou  les 
Pielats  &  les  fubjects  ,  &  les  Princes  &  les  vaf- 
lauxjcs  grands  &  les  petits. &  les  PredicatcurscV: 
auditeur*  l'ont  ce  matin  enfeignez  de  ce  qui  cil 
de  leur  deuoir  :  grand  maigre  &  grand  Docteur 
que  noftrc  Seigneur  ,  il  Içauoir  bien  le  très  par- 
fait rapport,  la  liaifon  grande  ,  la  dépendan- 
ce fingulierc  qu'il  y  atioit  entre  ccux-cy:  voila 
pouiquoy  tout  ainlî  qu'il  y  aplnlieuts  regiitres 
ci  quelque  bel  orgue,  &  ceux  qui  ("émettent  en 
peine  de  les  accorder  ,  ne  doiucnt  accorder 
les  vns  ,  cv  laiirct  les  autres  difeordans  :  mais 
les  doiucnt  tous  accorder  par  cnfcmble  ,  à  fin 
de  leur  faire  rendre  vn  (on  doux  &  mulr;al: 
AinG  en  ces  belles  orgues  de  l'ellat  de  la 
Religion  &  delà  PreUtori  JelT^lifc»  il  faut 
accorder  les  regiitres  ,  les  Princes  «S:  lesfubje 
les  Pafteursjv  les  ouailles  :  c'eft  ce  que  Dieu 
ce  matin  difant ,  surrr  Cêtbedrtm  Moyfts  jedr- 

runt  Scnb.t  c      i'i  triftdiji  il  touche  les  RegtfttCS 

àcs  Prélats  ,  des  Princes  &  des  Predicar;  Bl  ,  "m- 
Mé  n    <>  t^ux  umque  dixerunt  >n£»  [crnêtt  f?  Uc\tr% 
\ccui)i\umoitrA  ~><roeorum  nntite  fuerrr,  ic  |  pour  Trou  ( on • 
les  fubjeds  »  cV  pour  les  féconds  rcgiftrcs  des  or-  Citons 
gues  de  cet  citât.  nôtres    en 

Jt  ce  qui  cil  des  premiers  regiftres,  ic  vous  <fi  '  f*T+~ 
diray  quctioii  conditions  nous  font  i^v  COttCCS,  ***• 

^   il) 


2  7  S  Tûur  le  fécond  Mxrây 

La  première  eft  ,  que  fi  bien  en  iEglifê  il  y  a  vnç 
multitude  &  diuerfîté grande  des  Prélats, fïeft-cc 
que  tous  doiuenr  eftre  dépendans  d'vn  feul.  La 
féconde ,  c'eft  que  ces  Prélats  doiucnt  eftre  con- 
tinuez au  moyen  de  la  perpétuelle  fucceiïîon.La 
troifiefme  ,  c'eft  qu'auec  la  doctrine  il  Faut  qu'ils 
ayent  la  probité  de  vie,  necefïaircà  vn  Prélat: 
Ce  font  icy  les  trois  parties  de  ce  prefent  Sermô. 
Pour  la  Première  il  eft  icy  dit,  Stifer  Cathcdram 
Moyfts  federunt  Scnbd  çypharifai.  Lors  qu'icy  ie 
voy  qu'il  eft  parlé  au  plurier  des  Pharifiens  ,  &C 
en  flngulier  de  la  chaire  de  Moy(e  :de  là  iecol- 
Jige  ,  que  la  multitude  grande  des  Pafteurs  qui 
font  en  l'Eglite  ,  font  dépendans  d'vn  fouuerain 
éV  premier  chef:  aufïï  icycft-ildit  que  les  Pha- 
rifiens font  afïis  fur  la  chaire  de  Moy  fe  ,  qui  eft 
vnique  ,  pour  nous  reprefenter  comme  les  Pré- 
lats de  l'Eglife  afïis  en  la  chaire  defain<5fc  Pierre 
dépendent  tous  d'vn  feul  Pontife ,  qui  eft  le  fuc- 
cerTcur  légitime  de  S.  Pierre.  Secondement ,  par 
cecy  ie  voy  qu'en  cefte  ancienne  Synagogue  des 
Iuifs ,  la  vraye  &  légitime  fuccefïion  n'eft  inter- 
rompue ,  d'autant  qu'il  eft  dit  qu'ils  font  afïis  en 
la  chaire  de  Moy  fe:  car  les  Scribes  ne  pouuoient 
eftre  dits  afïis  en  cefte  chaire  dcMoyfe, s'ils  n'euf- 
fent  efté  les  vrays  &  légitimes  fuccefteurs  de 
Moyfe  :  Ainfi  de  mefme  ie  dis  que  les  Eucfques 
ôc  Prélats  de  l'Eglifc  ne  pourroient  eftre  dits 
afïis  en  la  chaire  de  S.  Pierre ,  s'ils  n'eftoient  les 
vrays  &  légitimes  fucceffeurs  de  fainct  Pierre. 
Tierccment ,  la  grandeur  de  dire  &  de  faire,  la 
doctrine  conjointe auec  la  probité  &picté  en  vn 
bon  Paftcur  ,  fe  marque  en  ccr  paroles  de  noftrc 


de  Câreftnc*.  7 9 

;neur,  nmniu  ergo  anxcum^ue  dixerini  *>o£*, 
fâ  ne  fecundum  opéra  Irero  eorum  nolitc  facere.dicuut 
enim  £r  nonfuciunt. 

Premièrement  ,  donc  ce  qui  concerne  le  pre-     Eaifcn 
mier  poinct  elt  icy  note.  Super  Cathedrum  Moyfts  p0Hr    [4_ 
federunt  Scnh*  cr  iharijjri.  Socrare  qui  (cul  enrre  auelle  Jo- 
ies homes  cic  ion  ren  ps  fur ,  par  l'oracle  d'Apol-  Crate  rtn„ 
Ion,  iugé  lage  &  le  plus  aduilc:  entre  autres  cho-  </0,/  nrx~ 
fes  rendoit  grâces  à  Dieu  de  ce  qu'il  citoit  Grec,  Ces     a 
&  fingolieremem  Athénien:  Ainli  ie  dis  que  lï  Dieu. 
bien  nous  auons  (bjcâ  de  rendre  grâces  à  Dieu 
de  ce  que  nous  tommes  Friçois ,  comme  les  plus 
excellent  du  monde  :  (quoy  que  le  premier  dire 
loit  que  ,  l'iro  forti  omne  felum  patrta  r/?,  &  qu'il 
n'importe  àDicu  que  nous  foyon  Flamands,  Al- 
lemands,Uahcs  ou  Efpagnols,pource  qu'en  luy, 
u\'on  efi  Afrintho  ImÀan  &*Gr*tu)  Toutcsfois^e 
dis  que  le  plus  grand  iujcft  que  nous  auons  de 
iuv  rendre  grâce  ,  cft  de  ce  que  nou;  foir.mcs 
Chrefticns  :  ex  li  bien  on  nous  peur  dire  comme 
aux  lui  h:  Sifilif  ^/thrAha  cjh<t  opéra  ^sflsrah*  facue* 
<  C  Lrilii  tftk  ,  opéra  Cbn  :  vous  eftes 

ChrcftiûOI  &cnfansdc  Ie(us  Chrill  ,  faites  les 
ermites  de  Iclus  Chrift:&  C\  bien  cltre  feulement 
Chrcfticn  de  nom, (ans  faire  les  cruures  de  (  hre- 
Aien,ccla  ne  (oit  militant  pour  cfrrc  iauuc.lî  clt- 
cc  toutefois  que  ie  dis  qu'cihc  Chrcitien  ,  c'cll 
ieiiient  du  ialut ,  pourcr  (pie  jui 

n'eft  Chrcfticn  ,  éx'qui  n'ctl  en  ITghfc  ,  r.e  peut 
citre  tauiii  tmnonr  :*o*kêhf- 

WÙtBi&Ut    Deum  pjtrem  ,   qui   in  frr:>  r    >.  I 

hc(l(fnmmjirrm,i\ii  faint  Cyprian   Celuy  li  rû- 

peut  cfttc  adopte  p^iir  RI*  de  Diea  ,  qui  en  terre  nm% 


2  S  o  Pour  le  fécond  Marây 

n'aura  cftc  fils  del'Eglife ,  Se  n'aura  cfté  Chrc- 
fiien:  C'eft  vnc  chofequi  nous  importe  forr  ,  de 
voir  Ci  nous  fommes  dedans  ou  dehors  l'Eglife, 
Chreftiens  ou  non  ,  nous  deuons  voir  fi  les  Re- 
formez font  en  l'Eglife,  ou  fi  nous  y  fommes. 

Ce  matin  nous  auons  vne  marque  certaine 
pour  cognoiftre  la  vraye  Eglifê,  &  pour  voir  (i 
nous  en  fommes  enfans:  la  marque  la  plus  vraye, 
la  p'us certaine  ,  Se  qui  peut  eftre  mieux  reco- 
gneue,  efb  de  voir  fi  celle-là  n'eft  pas  la  vraye  E- 
glife  ,  en  laquelle  fe  trouuc  l'authorité  Se  légiti- 
me fucceflion  des  Minières  d'icelle  >  que  fi  cela 
ne  le  trouueen  l'Eglife.  Non  cfi  federe  m  Cathedra, 
Pétri,  fed  tn  cathedra  peftilentiœ.  Le  vray  moyen  de 
fçauoirlî  l'Eglife  Romaine  cftla  vraye  Eglile^eft 
de  voir  Ci  en  icelle  il  y  a  des  vrays  Se  legitimcsPa- 
fteurs  pour  le  voir  il  ne  faut  que  iettec  l'oeil  fur 
ces  paroles  de  noftre  Euangile  ,  Super  cathedram 
Mo) fis  federunt  Scribd  &r  phartfer, 

C'cftvn  grand  mot  que  celuy  del'Apoftre  S. 
Paul,  en  fa  première  Epiftre  aux  Corinthiens 
chap.  quatriefme  :  Sic  nos  exiflimet  homo  ,  "V/  Afi- 
niflros  chrtjiiic^'  difpepfatores  Mtntfteriorum  Dei^hic 
%am  fluaritur  inter  difpenfatores  ,  >/  fidelit  quù  m- 
*  j~+~  a  Htttittur ,  il  n'y  a  mot  qui  nepefe  ,  Sic  nos ,  c'eft 
pourmonitrerqu  ily  a  de  1  empnale  en  ce  qu  il 
veut  dire  :  ainfi  lorsque  S.  ïean  a  voulij  mon- 
trer ce  qui  eftoit  de  la  charité  de  Dieu,  enuers 
les  hommes>dit,5/f  Dews  dilexitmundum  litfdium 
fuum  linigemtum  darct.  Ce  fie  en  ce  lieu  reprefen- 
te  ic  ne  fçay  quelle  eminencede  ccfteaiuhori- 
té  des  Prédicateurs,  il  reprclcnre  celle  charge  des 
Pçclats  qui  cft  grauc  Se  pelante ,  0  onm  .yïn^elicis 


Ioa\  5, 


dt  C>\re[me.  281 

lumn'uformtdanilum  ,  dit  S.  Cliryioftome  que  ^jr^^a 

cation  ,1c  mefine  le  plaignenc 

de  cette  charge  ,  Geansdcl  quels  parle  Lob,  qui 

ne:  que  le»  i'attcuis,  c'eit  ce^/V  qui  rc- 

prelcnrccefte  charge,  A'o  ,  que  reprefentCCC  no  -.    Vj  4M  II, 

toir.e  iinlcrc  5C  pauureté.  Su{ctt*ns  de  ttrrâ  wopem 
Cr  dc\iercore  cri^r/t:  ptuperem,  il  cilcuc  !es  pauurci 
à  ce  qui  cil de  l  ctrunenccdc  cefte  digmiCyPerfectt- 
m  y  nec    Mi       'nt4:,mLc  oftelus. 

I  [erodoce  liurc  lecondde  les  (Oloires ,  «Se  Eu-  H 'roi  \ 

ce  .'/.  defrr*  ne  Eumgflic*  ,  dl-  //.  i.Eufe- 

feni  ; ,n, Uil  Ivoy  de  l'Egypte,  ayant  efteap-  ^«j Ce   ,- 

pclL-  à  la  dignité  royale  de  mailon  balle, à  celte  rien 

cioit  mi,  le  (es  iubjecus ,  pour 

reprcleiucr  ce  qui  cltoit  de  leur   dcuoir  enuers  „  n    •    , 

n  !      r       i-       1  11  Belle  m dH- 

icur  l'rnice  .  pnnt  vu  Iviilin  d  or  duquel  il  auoic  a        1 

-r  le  Iau-r  les  pieds, a  luv  -       j. 


citant  tond  ,  l  image  <x  vue  it.itm  L    J 

ou  plus  erand  Uicu  des  biivpncni ,  «S:  ne  rut  li 


unis  eran.i  uicu  ucs  bevpricn>  ,  «x  ne  rut  11 

,'      1  •.  •..  ver  iii 


iii'il  in  :  .  latablc,  le  fit  ton  -ire, cv  r.    L 

induci  icvn  image  oL  vne  Itatiic-  r.i  t 

ci 
.  Egyptiens  l'adore-  r  1 
renc  :  alors  Anniis  leur  demanda  ,drquoy  pen-J     ; 

M  que  celte  Itatuc  luit  tauc  r  c'eit  ,  dit- il, 
d'vi  1  ,  duquel  ordinairement  îc  me  icniois 

•r  Imcrmcspi         :  toutes  foiscÔmeeftanc 
rira  gc  lu  Dieu  vous  ne  lai  liez  de  l'adorer,  ai 
encore  que  ic  le  lieu  pet it&  ignoble, 

ne.i  \.wn  \  , 

Prince,  inoeuc  6c  l*obcj  1- 

infi  du  s.  Paul ,  1 

le  teirc  à  la 
irinoin  ne  deuei  laii.cr    le 

met  bo- 


282  Pour  le  fécond  Mârdy 

mo  ,  bien  que  nous  ne  foyons  que  pcfcheiirs5& 
cfleuez  de  baffe  condirion  à  vne  grande  dignité, 
nous  auons  efté  crouuez  dignes  de  vous  pref- 
cher,&  pource  vous  nous  deuez  entendre,  ftc 
nos  exiftimethomo  ,  (ans  diftmdtion  de  (exe  ,  Tan- 
quam  mtmfhos  Chrtjfi  &  dijpenfatores  mimfterio- 
rum  Dei:  Dieu  eftvn  grand  maiftre  .Seigneur  du 
Ciel  6c  de  la  terre  ,  voyla  pourquoy  il  a  grands 
quantité  de  rn^iftres  ,  milites  milita  ^Anqelorum 
miniftrabam  eiyles  Anges  feruent  à  Dieu  pour  (a 
gloire,  les  Diables  pour  fa  iuftice,&  les  hommes 
pour  fa  mifericorde  ,  les  Minières  qui  font  au 
Ciel  doiucnt  eftre  refpe&ez,  ceux  d'Enfer  doi- 
uent  eftre  hays ,  &  ceux  de  la  terre  aymez,&  re- 
lierez, Tanqu* m  mimjiros  O"  difpenfatores  myfterto- 
rum  De'r.  Nottez  que  cet  Apoftre  appel  le  les  Pré- 
dicateurs ,  miniftrosChrifti,  en  différence  de  ceux 
des  Princes  &  des  Roys ,  car  ceux  là  au  lieu  d'a- 
maffer  ils  perdent  &  diflîpent ,  maisceux-cy  ,ic 
dis  les  Miniftrcs  de  Dieu,  ils  ramalTent  pour  do- 
uer ,  Tanquam mtmftros  Chrifti^gr  dtfpenjatores mi- 
mftenorum  Dei,o  threfor  de  la  fain&c  parole  de 
Dieu,threfors  que  les  Sacremés,  threfors  que  les 
grâces  de  Dieu  lesquels  nous  enrichiflent,  In  om- 
mlms  diîtites  faéli    efrts  in  illo  ,  la  prière  ou  l'orai- 
fon  c'eft  vn  tlireforqui  nous  enrichit,  pource, 
éjuacunque petierttu  pttnm  in  nomme  mco  dabit  "\c- 
/*„-    t^   ^«»  le  S. Sacrement  de  l'Autel  eft  vn  riche  thre- 
lor  ,  duquel  quiconque  en  vlera  comme  il  raut 
fc  rendra  digne ,  &  capable  de  l'amitié  de  Dieu. 
Tous  ces  threfors  ont  elle  mis  entre  les  mains 
des  Minières  de  Dieu  ,  pour  en  eftre  les  difpen- 
fateurs  :  lafainetc  parole  de  Dieu  eft  vn  threlor, 


de  Cdrefînâï  28$ 

voyez  comme  elle  a  efte  mifc  entre  les  mains  des  BMrc,  16* 
Mil  Je  VÉgMfc tI te ptd  îtrute  Emn^ehumom- 

rii  (rcjturjr, tout  de  mclme  du  ihrcior  Je  la  picr-    xA  H  h 
ïc  &  de  VoTZlCon^PûTtttfexfrc  l^mmilus  conlhtui- 
turin  bis  au*  funt  u  Peo  "V/  o ffrr st  donn  ry  J 4cr iji- 

le  thrclor  du  Sacrement  de  Baptc(mc,  Ivm.  /cuw.r. 
/j/;/rj  roj  in  nomme  Vmtis  filif  Crjpiritm  jjnïhjc 
threfor  du  Sacrement  de  pénitence  ,  quodeunaue 

^rin  cœhs ,  c?-  quod- 
cur  ufrr  trrram ,  erit  li^utum  c~  in   »  ,     • 

,  le  threfof  du  Sacrcmct  de  TEuchariftic»  hoc 
mejm  cnmemorationem.  Dz  lorteque  tout 
air, Il  que  nous  liions  qu'anciennement  il  y  auoit 
des  villes  de  refuge  là  où  les  pauures  criminels 
eltans  p.uuenus,  citoient  en  allcurancc  ramlicn 
l*Eg1ife  fctromie  il  des  lieux  de  refuge  .  qui  ionc 
lcsl-'reftrcs,  où  les  pécheurs  le  rctircnr,/ï<-  nos  e.n- 
flimethomo  tjrnjujm  mnu'tros  Chri,h  ,  c~  difftW* 
rc:  mmfertêrwm  On  ,  &  puis  après  l'Apoitrc 
a  liouftc,  btcfjm  quxritur    intcr  dijpenjétorcs  ,  1/ 
fidt  w.  i4mlrcr. 

V  Ambroilc cfcrî OlOC   fur  l'EpiPtrci*/  Titum  méfia 
C.  i.  S.  Cypnan,&  S.Chrvf.  difentque  ce  fidèle  Titum  j 
Minilhc & feruireur , n'eft  autre  qu'iccluy  qui  up.i.Cj- 
ligoemcnr  confHrtié  par  le  îuccciïcur  de  S.frùmw, 

:c:  de  (or:-  )iit  ai  ni!  <]tie  de  M  (nie  de-  chryfcfl. 
pendoienc  rou  itret  Mmithcs  de  l'ancicn- 
!i  en  I  !  |  Minières  ,  les 
Prelitl  &les  Pic;*  km  tous  de  S.  lier- 
re, comme  la  ;  l  iher'vili'ole. 
Il  (emblc  que  Dieu.  'c  metme  en  l'Egli* 
lu'ilaaoiti  mu  en  Fgvprc: 
1  nil'ouc  du  41.  ii. 


songe  de  284  Pourlefecênd  Marây 

Pharaon    R0y  d'Egypte  Pharaon  eut  vn  fonge  grand  ,  par 
ext.ique    |CqUCl  [\  prophetiza  l'abondance  &  la  famine 
fjr    io-     générale  de  fa  terre  :  premièrement  il  vid  eftant 
jepb.  fur  vn  fleuue,(ept  vaches  graiîès  fortansd'iceluy: 

ôc  après  ces  fept  premières,  il  en  vid  encore  fepe 
autres  qui  fortoient  de  ce  mefme  fleuue  fort  mai- 
gres ,  &  lefquelles  deuoroient  les  premières. 
Pharaon  eftant  efueillé  defira  fçauoir  l'interpré- 
tation de  Ton  longe, &  pour  ce  enuoya  quet ir  les 
deuineurs  &  autres  fages  defon  Royaume:  mais 
pas  vn  d'eux  ne  luy  peurent  dire  la  vérité  de  Ton 
fonge ,  &  vn  certain  d'entr'eux  fe  fouuint  à  l'in- 
ftant  de  lofeph, &  fut  dit  au  Roy  qu'aucun  autre 
qu'iceluy  ne  pourroit  interpréter  fa  vifion  :  le 
Roy  incontinent  fit  deliurer  Iofcph  de  la  prifon, 
&  cômande  qu'il  foit  amené  deuant  luy  pour  in- 
terpréter Ton  fonge,  lequel  il  luy  raconta  pre- 
mièrement, &  puis  après  lofeph  luy  dit ,  que  les 
fept  vaches  graïles  reprefentoient  fept  premières 
années  d'abondance ,  &  les  fept  vaches  maigres: 
fept  autres  années  fuiuantes  de  famine  &  de  fte- 
rilité  :  &  après  celail  dit  à  Pharaon  jonflitu*  ergo 
J{cx  ^numfapiente  &  tudicem,  &  prsfictat  ilium  in 
~ïmtierfa  terra  Efypti ,  ZT  coftituat prœfetïos per  *V«/« 
aerfai  regiones  qui  quintampArtem  frugwn  per  y  .an- 
nos  fertilitatis  congvcgem  in  borrea  régis,  ~)>tferuentur 
aduerftu  futur am9parat.im  faviem.C'cQcoit  vn  con- 
feil,non  d\n  homme,mais  de  Dieu:&  comme  ce 
fut  par  particulière  reuelatiôdcDieuque  Iofcph 
enteditee  fongerauftice  confeil  de  lofeph  eftoie 
vn  confeil  1  non  d'vn  homme  ,  mais  de  Dieu, 

(Chreftiens  )  il  eft  icy  queftion  ,  non  de  la  fc- 
menec  de  grain  iettee  en  terre  qui  caufa  i'abon- 


deCarefme]  5 

dance  en  Egypte ,  mais  bien  il  cft  queftion  de  l;i 
icmenec  diuine,ic  dis  de  la  parole  de  Dicu,vraye  peulero^ 
lcmcncc,&  vray  pain  (pintuel   ,  Non  m  folopane 
'ytuit  hemo  yfed  m  omm  ~\erbo  tjuod  procéda  de  ore 
Dm  afin  de  difpofcr  de  cette  icir.ence  ,  &  de  faire 
profiter  ce  grain, il  elt  Scioin  que  ,  Dens  conftutus 
Itnitrn  fapuntem  fT  ludictm  çy  prdficut  iLnm  m 
~\,uurr!AtcTrj^  qo'vn  leul  fage  (bit  conitituéclicr 
fur  toucc  la  tene, fur  toute  I  Eglifc,  &  ayclaiou- 
ucraine  puillancc  lur  tout  ce  monde  myftique,  il 
cil  bien  vrav  qu'en  cecy  la  ditlerencc  grande  fc 
void  entre  Dieu  &  les  Grinces  de  la  rerre  :  car  les 
Prince;  faifans  efleéHon  de  quelques  gouucr- 
neurs  de  Prouinccs, ou  de  quelques  Capitaines, 
doiucnr  premièrement  prciuppoicr  leur  capaci- 
té, voila  pourquny  Ioteph  diioit  a  P:iaraor},ro;r» 
llituât  /(ex  Irirum l jpienttm  cr  thduem  :  mais  lors 
que  Dieu  aconftirué  vn  chef  pour  auoir  la  uipe- 
rintentanceen  Ion  Eghfc,  il  luv  adonne  tout  et 
qui  eîtoit  de  ù  capacité  : anflî  elt-cc  la  railoa 
u  laquelle  .  d  te  Pe- 

tre  ^tnon  élefictét fidts  tu*  :  &  cour  ainfi  que  cous 
les  autres  fcs  d'Egypte  ,  cltuicr  1c- 

lam  dvn  (eul  gouverneur  &  fouptrain  P 

nnli  puis  que  S.  Pierre  cil  ce  icruircui  fidèle, 
cdupcnl.ucur  cc'elte  ,  il  eft  :  ire  que  les 

aurr  lent  de  luv  :>e  vou<av  dit  cv  deuant 

qucS.  Pierre  aclic  conif 

r  amh  qnc  les 

scmbrei  d  am 

si  Prelai  leni  d  un 

:re. 
de  Dieu  pour  cftrc  le  fouuc- 


2  8  £  Tour  te  fécond  Mardy 

.      r     rain  Paftcur  Se  conducteur  de  Ton  peuple  :  au  [fi 
-/-/       de  raie  S.  Denys  Areopagitcl  appelloit  ,pnmw 
r   *    "  minifler^ôc  pour  eftte  premier  Mmiftre,  il  falloir 
*f    *  qu'il  y  euft  d'autres  Miniftres  (ubalternes ,  infé- 

rieurs à  Moyfe  &  dependahs  de  luy  :  auflïdefait 
ilyauoit  72.Senieurs  que  Dieu  auoic  eflcus  pour 
eftrc  coadiuteurs  à  Moyfe,  en  l'eile&ion  def- 
quels  ii  difoit  à  Moyfe,  yiuferam  deipnitu  tuo  c**' 
daboyi*  Senior il?usy  pourquoy  cela  ?  o  mon  Diefr 
ceftoit  faire  tort  à  Moyfe  de  luy  retrancher  de 
fon  Efprit  ?  o  ce  n'eftoit  pas  que  Dieu  oftaft  de 
Pefprit  à  Moyfe  pour  donner  à  ces  72.  Senieurs. 
mais  bien  que  c'eftoit  pour  dire  que  toute  la  au 
gnité,& authorité  qui  eftoit  en  ces  72.  Senieurs 
dépendoit  de  la  dignité  Se  authorité  de  Moyfe? 
ainil  toute  fauthoritç  qui  eft  aux  Prélats  de  Î'E- 
glife  dépend  de  celle  du  Premier  Minière  de  l'E- 
glife,quiaeftéS.Pierre:&  ny  plus  ny  moins  en- 
core que  toute  la  lumière  des  eitoillcs  dépend  du 
corps  lumineux  du  Soleil  :  S.  Pierre  eft  comme 
vn  Soleil ,  &  les  autres  Pafteurs  de  TEglile  fonn 
comme  cftoilles  &  aftres  inférieurs,  dot  l'autho- 
rité  participe  du  premier  chef  qui  eft  S.  Pierre. 

L'authorité  donnée  à  S.  Pierre  par  Iefus- 
Chrift  fur  par  ces  paroles,  Dabotibi  chues  regni 
cœlerum ,  que  voulez  vous  dire  Seigneur?  consi- 
gnez ce  partage  aucc  vn  autre  de  S.  Iean  ,  qui  non 
intratper  ofiium  Me  fur  e(l  ey  Az/ro.celuy  qui  heur- 
te à  la  porte  elle  luy  eft  ouuerte  ,  mais  ecluy  qui 
neheurt  e  &  qui  n'entre  par  la  porte  eft  vn  larron 
&vnvolleur.  S.  Pierre  a  les  clefs  de  l'Eglife,^ 
non  wtrat  fer  cftium  Me  fur  £r  latro  ,qui  eft  ce- 
luy  qui  entre  par  la  porte  :  finon  ecliry  a  qui  le 


de  Carefmei  287 

portier  a  ouucrt  lapunc  \  o  Rcligionnr.ires,vous 
cites  lcslarronsde  cette  auihoiitc  ,  pourec  que 
vous  n  y  eftes  entrez  par  l'authoritc  du  portier, 
ny  par  l'cnuoy  des  Ene(ques  qui  ont  puilianec 
denuoyer  d'autres  P*  fleurs  ,  puillancc&autho- 
ntcd  cnuoycr  ,  qui  clt  dénuée  ,  &  participée  de 
cède  première  Ht  fouucraine  authonté  de  S. 
Pierre  ,  voila  pour  la  première  partie  de  ce  pre- 
fent  Sermon. 

Pour  la  féconde  ,  ic  dis  que  DJI  ces  paroles  de 
noftrc  Seigneur  ,  Super  Cdthfdram  Moyjtsjedtrunt 
SenL*  cr  rburi  */,  nous  e(l  fort  bien  reprclentee 
li  ftlCCfeffiofl  ÔCCQUOJ  des  légitimes  Patteurs  de 
l'Eglilc.     L'cnuoy  &  la  million  des  Pafleurs  de 

;ine  nous  a  elle  fort  bien  rcprcfcntcc  par  les 
paroles  de  noftre  Seigneur  en  S.  Ican  chap.6. 
di'ant  à  (es  Apoftrcs  &  Dnaplcs  ,jtcutmijtt  me  IêêM.6* 
^tuens  Péter ,  m  eeo  muo  ~\o:  :  voyez  vn  peu  le  icns 
de  ces  paroles  :  fient  mijitme  lnuens  p.ttery  comme 
mon  Pore  m'a  cnuovc  fil  m'a  rioooé  le  S  Efpfir, 
I  rrme  ,  (0  ejuoii  "fn.xerit  me  ,rnijtt 
me  etê.ir,£(ii  ure  >  AUf>eril>u<yty~c.ï:iï  fciujc  i  lup.  6l.    j'1!''61' 

it*<  toy&s  ,  ainli  vous  entioyanc  ic  vous 

donne  le  \l  %  terifue (fmtum  1  loAn-  : 

mif-t  me  ~\turn>  r*ter  y  commcinun  Pcre  m'a  cn- 

uoyèpour  ciUcouy.//  «m  gudn ctt*  y     m$$ê  >#jj 

de*  meimeie  vous  cnuoyc  ,  afin  on  vcz 

ouy<.  umtmifiim$yimmfmitr9çommem>ti  I 

rc  m'a  enuoyc  auec  pomiuir  fie  pin  (li 

UD\rr,.fj  iQomitto  >o;,ainli  le  vous  en 

meune  pooaoii  5c  authoricc  d'cnuo>er  après 

vous  d'autres  nouueaux  Prélats  &  Mil  ïi- 

(ktmiftt  me  ^iuen.'. Pater ,  comme  09OU  Pcrcma 


288  Tout 'le fécond  Marjf 

cnuoyé  pour  cftre  auec  vo9  iu(qu'à  ia  cofomma- 

tiô  du  fiecIc,?/<*  ego  mittos  l^ainfî  ie  vo9  cnuoyc 

Belle    do-  ?om  c^re  cn  ^  £gu*c  Par  facccflion  iufqu'àla  fin 
rf  du  monde:car  comment  eft-ce  que  cela  pourroit 

cftrc  autrement  veu  que  les  Apoftres  n'ont  vef- 
cu  que  leur  temps  r  par  confequent  il  faut  dire 
que  noftre  Seigneur  auon  elgard  à  celle  fuccef- 
fion:fucccllîon  qui  auoit  elle  prédite  de  Dieu  par 
la  bouche  du  Prophète  Efaye  >  difant  i  Hoceftjœ- 
dm  quodptptgi  eisjfmttu  Dei  qui  in  te  e/r ,  çy  ~ï>erbo 
quœpofut  m  ore  tuo^c^  m  ore  femwis  tuijion  déficient 
m  te  a.  modo  Ifjque  m  fempiternum  :  que  fi  la  pro- 
mclfe  eft  vraye,il  faut  donc  que  la  fucceffion  {oie 
cn  l'Eglife  :  c'eft  là  le  bouclier  qui  renuerfe  cefte 
nouuelleEgîife,&  celte  nouuelle  Religion  :  que 
diront  à  cecy  les  Religionnaires?  Ils  diient  qu'ils 
font  venus  pour  r'eftablir  Peltat  de  l'Eglife  qui 
Quelle  f/?eftoit  perdu  ,  ilsdifent  qu'ils  font  venus  pour  la 
U  refurre-  reflufeiter  :  mais  pour  moy  ie  croy  que  cefte  re- 
ftion  de    furre&ion  cft  fcmblable  à  cefte  refurredion  que 
lEflife      firent  les  Phitonilles  qui  relîufcito:cntà  rebours, 
fattle  par  car  les  Pères  difant  qu'ils  mettoient  enbasceqtâ 
les  hcrcti-  deuoiteftrc  cri  haut  :ain(ï  eft-il  de  la  refurrection 
eues,         de  l'Eglife  faite  par  nos  Reformez, ils  ont  chan- 
gé la  doctrine  de  r£git(e,ont  renuerléles  tradi- 
tions d'ïcelle, ont  oftê  les  cérémonies  de  la  Reli- 
gion ,  Cv  ce  qui  cftoit  cn  bas  l'ont  mis  en  haur, 
voila  la  refurreclion  nouuelle  qu'ils  ont  fai&e, 
tciuri poon  à  rebours  :  mais  l'Eglife  n'a  eu  be- 
foin  <f£.  ^efurrection  ,  car  depuis  qu'elle  a  elrê 
eftablie&  fondée  ,  elle  a  touliours  efté  mainte- 
nue ,  &:  s'eft  conlcruce  de  temps  en  temps  iuf- 
ques  à  maintenant  par  la  légitime  fucceflion  des 

Pafteuis 


'deCxtefoi.  289 

Padcurs^  Prélats ,  voila  pourquoy  puis  qu  en 

icclle  ù  rrouuc  la  vrayc  iucccllion  ,  il  s'cnluic 

die  clt  la  vras  ;it:mc  Eebfc,  quirouf- 

•ars  a  elle  vnic  depuis  -  rares  miques  à 

prêtent. 

C'clc  ce  que  reprochoic  vn  iour  Tcrcuiian  Tertu'Ji. 
aux  hcrcciqi;  m  tcir.ps,  ditant  au  chap.12.  t{c     prje_ 

de    (un  luire  ,    De   prétjcrtptionibui  hxrai.urum\  (cripL 
Q"  ,  "\nde  ey~  oudndo  ^etu  r$  jmin*-  hétteti 

t    M  mto  Cétnpefïri  non  ~\eflro  :  oltmpcfsideo  ,  ego    um  CJpt  zl, 
h*res  ^yfpOjlolorum  ,  hibro  criants  ub  n  ;r/- 

•  cjt  :  &  plus  outre  ,  euoUnt Kpijccpos 
Juos  fer  ordinem  <y~JuccrJsiones  nx  >/  primum  eorum 
rpofrolorum  AutalicuiM  ysCpoftolorum  jucerf- 
Jort)t  lucccjforemo'jcndjt ,  voila  comme  Tcrrni 
monltroit  aux  lurctiqucs  de  ion  temps  qu'ils 
e.toictu  (ans  légitime  iuccellion  ,  8e  par confe- 
quent  (ans  million. 

Pareillement  laine  Auguflin  cfcriuant  contre  ^*£*  "^» 
iltc  Manichec  chap.  4.  <lir  ainh  :  qui  clt-ce  (ontT* 
1  vous  maintient    en    l'EgJ  ife   Apoftoliqtiel  F****** 
\  f«*  »  dCttloliet^ïc  '"• 

nent ,  Imiuer'orum  m  ,  omnium  im  au-  C4F'  4« 

tber  nrdculu  tneeftd  ,  chârit.:tc  r.uint*  , 

•.«ne  firm4U,4ju<fprocej.':$  éh  tpfd  prima  Jede  l'e- 
"i  9*i  nftus  dédit  pdfrend.. 

cillcmcnr  S  Cyptittl  ic  rien  ne  l'aîîer-  ("Vr"- 

miiloit  en  la  Religion, que celte belle faccetâ 
«les  Prêtai  :  l'on  croie  en  difparc  pot 

(1  Valcnnm.m  ,  otl  Corneli       cltoit  !  ur 

es:  en  tin  il  coin  la  I  ?<  dit  ,  etf. 

droit   1  : 
que  Valcntiman   d  jic  clhc    I 


290  TourleftcondM  rJy 

des  Apoftres,  die  ainfi,  neque  Jucct[jo)  ^€poftolorum 
ejfe  poteft  t^m  ^poftohea  traditions  ncçleta  ,  a  nullo 
Juccedity  cr  àjeipjo  ortm  eft 

lofephe  Irure  5.  des  Antiquitez  Iudaïques 
lofepbtts     chap.  5.  dit  que  tors  que  les  Iuifs  qui  eltoient 
Ub.  anti^.  captifs  en  Babylone ,  obtindrent  pcimiffion  de 
frf/M*       reftablir  &rebaftir  le  Temple  de  Dieu  »  vn  dé- 
bat grand  s'efleua  entre  les  luifs  de  les  Samari- 
tains: les  Samaritains  difoient  par  leur  Aduocat 
Débat  en-  qu'il  falloir  redreiler  le  Temple  de  Samarie  :  au 
tre    les     contraire,  l' Aduocat  des  Iuifs  remonlhoit  qu<î 
Juifs  £r   ^c  Temple  de  Hierufalem  eftoit  le  Temple  où 
les  Samx-  touliours  auoient  elté  les  (uccefleurs  de  Moyfe: 
ritams.      cefte  caufe  fut  debatuë  deuant  Prolomée.qui 
eftoit  Payen  ,  lequel  neantmoins  donna  fenten- 
ccen  faucur  des  Iuifs  :  rccognoillant  que  celuy 
là  citoit  le  Temple  du  vray  Dieu,  où  (e  trouuoit 
cefte  fucceiTion ,  &  condamna  Thcodofius  Sa- 
beus  ,  pour  auoir  plaide  vue  mauuaife  caufe. 
Ainfi  s'i!  nous  falloir  plaider  noftre  Eglifc  auec 
la  nouuellc  Eglife  prétendue  Reformée  ,  deuant 
Dieu  ,  fans  doute  nous  obtiendrions  fènrencc  à 
nollrc  profit. puis  que  icelle  fe  retrouue  la  vraye 
&  légitime  fucceftion  des  Pafteurs  &  Prélats  ,  de 
la  vraye  million  des  Prédicateurs ,  qui  prefehent 
&  annoncent  la  parole  de  Dieu.  Voila  pour  la 
féconde  p  <rrie. 

L  a  troifie  me  éV  dernière  ,  eft  de  voir  comme 

il  eft  neccilaire  que  la  doctrine  (oit  accompa- 

Uteroni-  ,Tnce  <jc  |a  probité  de  vie  en  vn  Preiat  &  Predi- 

mm*  catcur.  S,  Hierofme  nous  a  fort  bien  repreienrê 

cecy  t  difaut.  que  l'cftar  des  Preftres  eft  grand  à 

la  vérité ,1a  dignité  elt  tres-noble  ,  mais  autant 


de  CAÏefnel  oî 

C'JclcJTcftat  cft  grand  ,  &   Ici  ire  noble, 

nt  i  voire  pins  leurchcute  cft  elle  delagtea- 
blc&defplaiiantc  à  Dieu.  Les  Preftrei  (bot  fort 
rclcucz  en  dignité  ,  mais  qu'ils  garder,:  de  s\ib- 

cr  bien  bas  par  leur  mauuailc  vic,ccft  ce  que 
le  Prélat  &  !c  vray  PredicatetlC  fe  Hoir  repreien- 
ter  à  toute  heure.  Aulïi  de  fait,  S.  Bernard  expli  -  T'tnAr- 
bnanrce  es  de  S.Ican,  ers  lactr  14  ârdenscr  dus, 

lu. ni  ,ditair.li,  /«rrrr  tantum^unum  efr^rdere  tan- 
:rum^  incere  cr  ardere  Verfcflttm  efr. 

C'clt  là  refte  mcrueillc  qui  cltou  ancienne- 
ment reprcfcnrcc  par  le  grand  Prcftrc  des  luifs, 
qui  portait  vu  R.uional  lur (à  poiclrinc  ,   dans 

ici  croient  grauez  ces  deux  mots ,  Tur>m  ,  & 
Tumim  ,  c'eft  à  dire  ,  doBriMé  cr  >fiwîi  :  n'elt-cc  5(Cre** 
point  pour  dire  qac  bien  faire  &  dire  vray,  cille 
:       ?rc  de  Dieu  I  non  ,  mais  bien  c'cll  pour  n  Wl 
tepreienter  ce  qui  clt  de  la  bonne 

i\\S  Prcftrc,  outre  te.  porroit  encore  fur 

front  vnc  lame  dor  ,  fur  laquelle  cltoir  gra-         • 
ue  le  nom  de  Dieu  tctragrammatujuc  ,   feba 
qui  nous  rcprclcntc  la  doctrine,  dont   Tcntcn- 

:  Prédicateur  doit  cftrc  i         ,  <?c  ce 

aldirla  ,  rcprelcnte  lalainclctc 

ôc  probité  de  •  ii  doit  citrc  conioiote  aucc 

une,  en  la  .ne  d'vn  Pic  licatew  <?C 

Paftcor  de  PEglifc  ,  Rational  îcrrcs 

prc>  refencarion    les  ver: 

qui  cil  coaflittW  en 

que  hi  tftique  1c- 

menr  la  Foy,l  i  fperai  •  uden- 

,la  rcrti 

.»  Milcticordc: 

i 


292  four  le  fécond  Mirdy 

uoir  la  doctrine,  fans  les  vertus  morales,  &  fans 
les  œuuresrcar  d'vn  Prédicateur  qui  neconioincl: 
la  pieté  auccla  doctrine  ,  Ton  peut  dire  ce  que 
diioit  Ifaacà  lâCob^Tox  quidem  lacob  ,  marins 
autem  Efaiï, ,  ô  voix  de  Iac@b  ,    ô  voix  de  Dieu 
vcritablemenr ,  que  celle  d'vn  id  Prédicateur, 
mais,  6  mains  d'E  faii:  pour  les  ceuures  mefehan- 
tesquifontenîuy. 
lèchent         Les  Naturaliftes  rapportent  que  le  chant  du 
duCoq  ef  Cocq  eftennemy  du  Bafilicq  ,  cardés  aufîi  toft 
pounente    Cju'il  chante  il  l'elpouuente  &  le  fait  tourner  en 
leBdjtlicq.  fuirte  :  voila  pourquoy  ceux  qui  nauigent  vers 
l'Afrique,  où  il  y  afjrce  Bafilicqs  ?  ont  accou- 
tumé de  mener  aueceux  force  Cocqs  pour  les 
efpouuenter  ,  fi  tant  eftoit  qu'ils  en  fulïènt  af- 
faillis ,  &difent  les  mefmes  Naturaliftes  ,  que  le 
Cocq  qui  efpouuente  le  Bafilicq  en   chantant 
engendre  en  (oy  vn  autre  Bafilicq  qui  luy  caufe 
la  mort.OCocqs  qui  efpouuentent  les  Bafilicqs, 
que  les  Prédicateurs  par  leur  chant  &  par  leur 
voix  :  ô  Prélats  ,  qu'eftes-vous  finondes  Cocqs, 
qui  en  chanrans  &  enfeignans,  efpouuentent  les 
Bafilicqs  ,  qui  font  les  pécheurs  :  mais  malheur 
pour  vous,  fi  lors  que  vous  efpouueotcz  les  Bafi- 
licqs en  chantant  &  enfeignans,  vous  vous  don- 
\yfdPKom.  ncz  'a  more  à  vous  mefmes  ,  &  faites  par  voftre 
7  mauuaife  vie  que  ce  reproche  de  S.  Paul  s'adrclfc 

à  vous  >  cor.fidiA  teipfum  cjfe  ducem  cœcorum  ,  lumen 
eorum  qui  m  tenebiis  funt  %  eruditorem  tnfipientium: 
tnagifïrum  infantmm  ^habentem  formam  fcientiœ  &* 
"^critatvs  in  le??.  Qui  erpo  alium  dores  ,  teipjum  non 
doces  ?  qui  prédiras  non  fur andum  ,  fura.ru>  ?  qui  dicis 
non  mœchaJndum,mœchMK'i  qui  abhommarn  idola,fa- 


deCâtefmf.  203 

criUçium fjcif}  qui  in  UçeglorurM,  per [rétuàricatio- 
nrmleiity  Dcum  mhonor.t<\  Somcn  emm  Dn  per  Ifos 
yiâffhemAïur  mter  çrntcs  ficut  jcrtptum  eft.  Ce  n'eft 
pas  a  dire  pourtanc,quc  li  bien  il  y  auoit  quelque 
atgu  Prédicateur ,  qui  n'euit  la  probité  de 
vie, que  ne  (oyez  obligez  de  l'entendre  pour  en 
faire  voftrc  prork  ,  ôc  non  pas  pour  la  curiofité, 
comme  quelques  vns  font.  Carc'cltoit  le  (uje& 

fK>ar  lequel  anciennement  Dieu  derfendoit  que  Pcunjuy 
cmiel  Iuy  fuit  offert  en  lacrificc,poiirqin>v  cela?  'r  mie^ 
V>on  Dieu,  il  n'v  a  rien  de  iî  doux  que  le  miel,  &  effoit-il 
poumuoy  le  refiliez  vou s  ?  ô  miel  qui  cil  fait  c*c  ***•*■•*■ 
compote  par  l'abeille  des  fleurs  des  arbres,  c'eft  mcnX    rc~ 
vnfymbolc&  parfaite  rcpicfentation  delà  en-  /'  l  uc  "e 
riollré  ,  que   Dieu  l  en  dctcftation  fur  routes  Oumm 
chofes  .  1  pourquoy  il  le  rctula  en  facrifice:  [*&$***• 

nuis  il  ne  rerula  les  pendans  d'oreilles ,  &  les 
bralTelcts  des  femmes  cv  filles  d'Ilracl,  ô  pen- 
dant i'orcillcsquc  l'audition  pieufede  la  parole 
de  Dieu  .illclcrs  que  les  (rinircs  bonnes  & 

•  es  ,  par  lclqucllcs  nous  mettons  en  exécu- 
tion ecque  nous  auons  ouy  eV:  entendu  i  la  Prc- 
dica  Mie  Dieu  a  p*)ur  açrcablc,^;  de 

ce  cft  formée  l'Arche  d'Alliance,  qui  nous  alie  cv 
conioincfcauec  Dieu, &  nous  comble  de  grâce  en 
cette  rie  gloire  en  l'autre  ,  à  laquelle  DOIU 

conduite  lcPcrc,  le  Fils, ôclcùinct  fclput.  Amlî 
foic-iL 


T«J 


TÇA 


SERMON  POVR. 

LE    TROISIESME 
Mercredy  de  Carefme. 

Qtc  vt  feâeant  hi  duejîlij  met  v nus  ad  dcxtf^ 
ram  tuam ,  &  vnus  ad  finutram  m 
regno  tue.  Mat  h.  20. 

EVX  bien  différentes  &  contraires 
pafîîons  nous  font  reprefenrees  ce 
matin  en  noftre  Euangile  ,  l'vne  d'a- 
mour, &  l'autre  d'ambition,  l'vne  de 
lefus  Chrift,  &  l'autre  de  ces  deux  frères,  Dilci- 
ples  de  ce  mcfme  Seigneur:  l'vne  qui  eft  vn  vray 
pourtrajet  de  l'humilité; :  l'autre  qui  eft  vnvray 
pourtraidt  de  l'orgueil  &  de  l'arrogance  :  l'vne 
qui  ne  reprefente  qu'arllictions  ,  labeurs  Se  fati- 
gues.Tautrc  qui  nereprefente  que  délectation  ëc 
plaifir,ccllc-la  aboutit  à  la  gloire  cV  repos,&  cel- 
le- cy  aux  peines  &  tout  mens  éternels  :  hyer  no- 
ftre Seigneur  reprochoit  aux  Scribes  &  Phari- 
fiens,  &  les  reprenoit  de  ce  qu'ils  chargeoient  les 
autres  &  fe  defehargeoient:  &  auiourd'huy  il  re- 
proche à  ces  dcux'Apofttes  ck  Dilcip'es  qu'ils 


de  CArefme\  205 

ne  fçauenr  ce  qu'ils  demandent  ,  Nefckà  fmife- 
u:  Qje  ti  ces  deux  Apoftrcs  ont  employé  la  fa- 
ucur  de  leur  inerc  ,  pour  obtenir  de  noltre  Sei- 
gneur ce  qu'ils  d.  liroient,  tant  ils  citoient  portez 
d'ambittpn:  de  mefme  nous  cltans  portez  de  ce 
mefme  d  cfir  &  ambition  ,  nous  auons  tujcrdcl- 
percr  que  li  nous  employons  laraueur  de  celle 
qui  s'eit  touliJurs  ir.onftrce  mère  des  mot  tels  ôc 
des  immorrelsmous  obtiendrons  de  Dieu  ce  que 
r.ou  *  demanderons,  faliïons  là  donc  a  ces  tins,  & 
•lions. 


Ane   Mayu* 

T  r  a  b  o  n  liurc  quinzicfme  de  fa 
CjcoçM'aphie,  dit  qu'entre  les  loix 
des  Indiens  ,  il  y  en  a  vnc  laquelle 
ils  obletuent  inuiolablement ,  la- 
quelle loy  cft  telle,  li  quclquvn 
parmy  eux  auoit  trouuc  quelque  plante  morti- 
fère ^  vcnimculejl  n'y  alloit  tum  moins  que  de 
la  vie  pour  luy,  li  au  mclmc  teps  il  ne  trouuoit  le 
remède  ucpoilun  d'iccllc,que  h  licutcule- 

ment  pour  luv  il  auoit  trouué  aucc  celte  mclme 
}    1  ne,  le  cootrepoifon  propre  pour  citre  garât? 
ci'iccllc  ,  il  citoit  tort  bien  lalauic  «S:  recotnpentc 
Phoce&  :u  Kov,  Chrcrticnne  I  lîi- 

ftanec,  il  c  in  que  dans  le  champ  «S:  la  ter- 

re de  noftrc   !  c,  nous  rci,  us  vnc 

plante   mcruciilculcment  mortJlc  &    enucni- 
mec  ,  ex  fl  pcftlfcrc  que  -  il 


3  9  £  Tour  le  troifiefae  Mercredy 

ne  s  en  eft  trouué  vne  pire  ,  die  "Yi  duo  jUij  meiÇe- 
}>Unte  pe~  de<tnt  linus  ad  dexteram  tuam  ,  altcr  *d}inifham%n 
fiifere  M»erVle  tno  *  ce^  ^  Cc^e  P^nte  malheureufe  6c 
l\imùi~  defaftreufe  de  l'ambition:  mais  voicy  qu'en  mef- 
tlor)  me  temps  que  nous  trouuons  ceite  plante  pe- 

ftifcre  de  l'ambition  >  nous  trouuons  en  ce  mef- 
me  champ,  6c  en  mefme  temps?  le  contrepoiion 
&  le  remède  qui  luy  eft  propre  ,  afîàuoir  l'humi- 
lité ,  Pote/tu  bihcre  caltccm  quem  ego  bibiturus  Jum? 
Vous  vous  eftonnerez  paraduanture  de  ce  que 
celle  éternelle  fapience  a  permis,  non  feulement 
pouranoy  <I,,e  ^cs  ^P°^res  tombaflcnt  en  péché:  mais  en- 
noflreSeu  Core  a  vou^  4UC   lcs   péchez  de  (es  Apoftres 
«neuf 4.|/fuffcnt  enreç;iftrez  ésfacrez  cayers  de  l'Efcritu- 
hfermuque  re  faindte.  Qoelqu'vn  dira  auec  fainct  Auguftin 
lespicÈtZ  clllc  'e  ^'s  deDieuafaicl:  cela  ,  pour  faire  paroi- 
dejes  ^/C-  ^fc  <a  bonté.  Car  fi  au  commencement  du  mon* 
poffres       de  Dieu  a  fait  paroiftrecequi  eftoit  dcfa  puif- 
foient  en-  fance  en  ce  qu  il  a  donné  1'eftre  aux  créatures,  &c 
teqifhcX    atirétoutes  chofes  hors  les  cachots  Ôccauerncs 
enlafaïn-  du  néant, ainfi  dit  faint  Auguftin, Dieu  a  faitpa- 
fte  Efcri*  roiftrece  qui  eft  de  l'immenfité  de  fa  bonté  en  ce 
turc*         que  du  mal  ,  il  a  tiré  le  bien,  &  qu'il  n'y  a  point 
tant  de  diftance  du  néant  à  l'eftre,  que  du  mal  au 
bien:aufli  tirer  le  mal  du  bien, eft  vne  marque  de 
la  grande  6c  immenfe  bonté  de  Dieu. 

Vn  autre  dira  que  c'eft  pour  enfèigncr  aux  Pré- 
lats de  l'Eglife  qu'ils doiuent  apprendrez  com- 
patir auec  leurs  iubjedb  ,  "Vw  f  f*i  fpirttuales cjfa, 
eiujmodiinflrmte  m  fpiritulemutUy  dit  S.  Paul. 

Vn  autre  auec  Theodoret ,  pourra  dire  que 
c'eft  pour  monftrer  la  fragilité  dé  rho:r.me,con- 
fideré  en  foy  ,  6c  ce  qu'il  peut  eftant  alîiité  de  la 


Ctrefntc.  >j 

grâce  ,  car  alors  ce  n'eft  que  merueilîcs  &  mir.t- 
cla  ,  ainù  ,  adioude  Theodorcc,Dicu  ancienne-  rcurqUôy 
u  vouiucqucia  main  de  Moylc  rutl  rendue  [,tmuinJe 
lcpicufc,  auparauant  que  de  taire  des  miracles   >*„wr  fui 
en  Egypte,  Fthomints  m  fi*»  •      •  -  .   >  ;      .  r^w^ 

r  munlkcr  que  celuy  \et>renfc 

:  aia  grâce  doil  piemicre-  49p4rd^M 

fcrefonimbe  êjmedefdU 

V,  ra  encoreque  ceft  pour  comba-  rr</rc  ww- 

rcnuerlcr  la  vainc  confiance  de  nos  Re-  rjc[es 

formez  qui  s\.ilaircm  trop  le  leur  falut,  &  n'ôr  *    ' 

me  crainte  njr  apprehenfion  quelconque 
la  perdre  ,  conu  enr  à  ce  que 

dit  Paul  ,  Cum  timoré  mêvt  operamtm 

ïeftrsm  :  COOtrç  ce  que  dît  l'Ange  en  l'A- 
téUMe  ci    'L.tcnc  tjuod  h.t- 
t       ne  alms  âcctput  coronAm  tUÂtn.    C  cil  ce  q;ic  <▲'- 

moivUc  iain.fc  Augilftin  ,  reprelcntant  que  les  r,u . . 

>  1rs  au         crainte  de 

perdi     r  ic  ,d.c  au.li ,  Ne  tuifieri  potuit  ex 

.:,ex  me'.iort  tlctcnorjcmper  ti- 


m 


laidàm  pela  i  partie  dirav  que  c'a 

rc   «S:   toucher 

■  éternelle  Lapien-  injftqrr 
nous  iugeons  de  l'arc  flcindn-  ,,--•    ^Prt. 
le  la  chair  de  vipère  .         J7t 
toute  cnucnimcc  ,  (c  uiem  C 

miK'ionncr  ,  que  tirent 

ontre  I 
i   i  q    -  . 

hez  de  leuaoc 

.juxdctjj 


2  o  8  T ourlet roifiefme  Mercreây 
pre  pour  y  remédier  ,  Die  "V/  duofihj  méi  (edeani 
~)>nus  ad  dexteram  tuant ,  ahus  ad  ftntjham  m  regno 
iho,  voila  le  venin  &  poifon  du  péché.  Pote/Hs 
bihere  caïiccm  quem  ego  bibiturusfum  ?  Voila  lathe- 
riaque  Ôc  la  conuepoilon,  voila  les  deux  parties 
deceprefenc  Sermon. 

Pour  la  première  ,  à  la  vérité  il  femble  que 
Dieu  a  voulu  permettre  que  les   Apolhes  ps- 
chalïènt  en  me  (nie  temps  qu'ils  furenrefleus  ôc 
deftinez  pour  eftrc  les  colomnes  &  pilliers  de 
•  l'Eglile  :  en  vn  mot  il  a  voulu  qu'iceux  furent 
malades  (pirituellement  en  mefme  temps  qu'ils 
furent  cfleus  pour  eftre  les  médecins  fpiiitucls 
Hendo-    ^es  âmes.  EnqnoyDieua  voulu  que  le  mefme 
tus.  ^lî^  ^a^  en  ''Egltft  que  le  père  de  l'hiftoirc  Hé- 

rodote dit ,  auoir  cfté  autrefois  pratiqué  en  Ba- 
%  bylone,  laquelle  lors  que  quelqu'vn  e(toit  ma- 

lade (oudainement  il  eftoit   porté  en  place  pu- 
blique ,  oii  eftant, chacun  l'alloit  voir,  &  il  quel- 
qu'vn  auoit  autrefois  e(té  atteint  dépareille  Se 
fcmblable  maladie  5  deuoit  dire  ôc  enfeigner 
deuant  tous  les  moyens  ôc  remèdes  defquels  il 
s'eftoit  feruy  pour  recouurer  fa  (anté  ,  afin  que 
pareillement   ceihiy-cy    s'en   feruift  &  reuinc 
comme  luy  en  conualeicence  :  ainlî  de  mefme 
puisque  ces   b:en-heureux  Apoftres  deuoienc 
eftre  les  médecins  du  genre  humain  ,  il  eftoit 
necellaire  qu'en  eux-me(mes  ils  experimentaf- 
Grande      çcm  |a  mc[mc    maladie  laquelle  ils   deuoienc 
maladie     çUarjr#  Ceux-cy  cftoient  malades  d'vne  mala- 
que  lam-  jjc  eftrangC  9  qui  eft  celle  de  l'ambition  mala- 
bition.       £]Ç  grande  à  la  vérité,  pourec  qu'elle  atteint 
tout  le  corps ,  maladie  griefue  ôc  dangereufe  ac- 


(■cCjrefmi.  299 

compagnee  de  fvmptomcs  ,&  accidens  ,  repre- 
frnece  ruiourd  huy  en  noltre  Euaiftgilc  :  Je  iôrtc 
qa'J  ceflc  maladie  grande  il  c.'toit  ncccllaircquc 
ift  k  h  s  Hc  Dieu  qui  v  douait  Icfemede  pro- 
pre  &  conuenableponrb  guarir  comme  il  raid, 
.diîanr  à  ces  deux  Apoftrcs  malades  ,  Pofcftk  libé- 
rée: .  m'  o  bii  iiurm  um'S\  ic  ne  me  trompe, 
il  femble  que  noftre  Seigneur  nous  vucillc  re- 
i  :-nrer  ce  que  S.  Paul  a  dir  en  la  première  aux 
Cor fnthiés  chap.  io.  Sunpot<         .  cm  Domtm    *  or*     * 

bihere ,  ey  caltcem  déemomorum  tn> potcjiis  mmf*  L>o- 
mmt  \ft%  ejfe  ,  ey  men[&  dxmonwrum.    Ces 

deux  calices  font  forr  contraires  &:  diamétrale- 
ment oppolcz  l'vn  a  l'autre. Le  calice  que  le  ma- 
J in  clpnt  nous  reprefente  ,  c'eft  vn  hanap  d'am- 
bition :  c'cll  cccaîicc  de  Babylone  ,  duquel  parle  /frcnf  c^ 
1. icimc  chap.  51.  C dix  mebridw  omn  m  1  TT*m%  'c 
Ifino  eius  biberunt  omnes  ventes.  Ce  grand  Prophè- 
te nous  rcprelciitc  ce  qui  cft  de  la  grandeur  de 
liai  ,  en  ce  qu'il  fc  ~\ino  ciu  -  iiberunt omnes 

;>ourcc  que  S.  Augultin 
tilt  que,  -rc  /juiijujm  e/è  ameuredt  émnre  do- 

mwjndt,  D'où  |oe  cefte  maladie  eft  (1  dan- 

!  qu'elle  11  prciqQC  tous  les  hom- 

mes delà  terre  ;  c'clt  ce  te  lepre  qu'Hclilcc  Ful- 
mina contre  (on  (eruircur  (  îiefi ,  leprd  Suxmtn 
ddbercât  tib  ■  !     .<    cit  celte  lepre  le  la- 

quelle A  (ara  a  efté entaché  de  toute  (a  pofteriré, 
tant  il  r  miféfMém ê/r qw cm 

dmoredomtnjindt^:  !a,ic  vousen  don- 

perayin  ieni  la  :  tâfium 

rneron  >  %\  >n.- 

iaconte  de  la  Panthère,  1 


3oo  Tour  le  i rorfefme  Mcrcfeàyl 
que  la  hayne  qu'elle  a  contre  L'homme  eft  Ci  gra- 
de que  ne  pouuant  s'attaquer  à  luy  ,  &  rencon- 
trant pat  hazard  Ton  pourtraict  &  fon  image, 
cefte  befte  furieufe  &  demie  enragée  fe  ierte 
deiïbs&le  deichire  en  mille  pièces.  Or  fus  ,  ce 
que  les  Naturaliftes  disét  de  la  Panthère, ie  le  dis 
.  r  •  du  defir  enflamé  de  la  domination,  &  du  fouhait 
j  que  l'homme  Se  toute  créature  railonnable  a  d'e- 

.    ,  •   ltre  Dieu.  Le  voulez  vous  voir?  voyez  ce  que  die 
/        //       Lucifer*  ^Afcenda  in  ccelum^pona  foliummeum  m  fo- 
■*,,  a  W  eut*  Cr  erofimrfif  al t ifs imo\w oyez  cela  en  l'hom- 

D,  me.  Eritis  jicut  Py.  Donc  les  créatures  raifonna- 

bleseftans  portées  deceiteambition,nepouuans 
eftre  femblables  à  Dieu  ,  du  moins  elles  fe  pren- 
nent à  Ton  image  :  elles  fçauent  que  la  plus  par- 
faicte  image  de  Dieu  >  c'eft  la  domination  &  (ei- 
gneutie  ,  Faciamus  hommem  ad  imagwem  noftram 
Gencfz  *  Préfet  omnium  AmmantihpK  £7-  hetlijs  terra. ,  c'eft 
là  la  domination.de  façon  que  tous  les  Pères  re- 
cognoiffent  que  l'image  que  Dieu  a  empreint 
fut  la  face  de  l'homme,  c'eit  la  domination.  De 
là  eft  que  Piutarquea  dit  des  Roys  Se  de  leur 
puilfancc  ,  que  c'eftoit  vne  image  de  Dieu  regif- 
fnnt  touttaufti  Menander  a  dit,  qu'il  n'eft  hefoin 
d'vn  Appelles  Se  d'vn  Zeuxis  ,  pour  peindre  l'i- 
mage de  Dieu, pource  que  (a  domination  eft  fon 
im^ge  parfaidte  ,  &  pource  adioufte  Menander, 
que  le  Boy  eft  vne  belle  image  de  Dieu,par- 
Roy  imi-  lante  &  non  muette.  De  làCajus  Empereur, 
ge  de  Pieu  chez  Philon  le  luif  ,  dit  que  le  Roy  ne 
peut  eftte  qu'vnc  image  de  Dieu  en  terre: 
pource  dit- il ,  qu  Homère  a  dit  qu'ils  font  Pa- 
ftcurs  des  hommes  ;  Or  le  Pafteur  eft  plus  que 


de  C.\rtfmc\  501 

la  brebis  ,  donc  le  Pa  cur  des  hommes  doic 
c  trenon  homme  feulement  ,  mai  s  plus  qu'hom- 
me ,  quoy  donc,  Dieu  :  non  ,  mais  miage  de  la 
diuiniré.  Auiîi  de  tait  les  Roys  ont  ptins  leurs 
marques  cVcnlci^ncs  da  Dieux  ,  leur  Iceprrc  3c 
couronne  de  [upitet  ,  le  ca.iucee  de  Mercure, 
l'cfpee  de  Mars ,  l'ecullon  de  Pallas  ,  le  manteau 
Royal  de  Phœbot  :  &  aulli  vous  voyez  qucccftc 

inon  eu  vnc  image  pairairc  de  Dieu  . 

defrrer  cefte  domination,  c'eft  dducr  limage  de 

1  :  c'eti  li  l'ambition  d\  n  chacun  ainli  dit  S. 

^ultin,  Non  fere  qui' quam  eji  qui  carett  âmore 

dom-.nAn.ii^cVi  vn  hanap,  (nebruns  omnem  terrain. 

Cclt  vu  fait  eftraoge  que  ce  que  nous  liions 
au  Gencfc  ,dc  la  belle  Kachcl  laquelle  eftoit  li  Fachel 
am  :ob ,  qu'elle  oublia  perc  ,  merc,  porta    l'i- 

nuifon  8c   bil  ir  s'en  aller  aucc  luy  ,  mais  dole  d<. 

merucille  elle  n'oublia  pas  vu  petit  idole  qu'elle  père  la- 
peioc  1  (on  perc  f  ains  l'emporta  ce  le  cacha  en  (rtn  aucc 
Ion  l.m  ,  5:  rc  l  que  cet  idole  lut  prel-  elle. 

que  le  la  perte  de  lacob&dc  Rachd,cax 

li  Laban  les  euft  trouucz   il  les  euft  tuez  tous 
::ai:i(i  bien  que  conte-  autre  arieccion  loit 
>ltre  pentec   ,  lî  cil- ce  pourtant  que 
toofioars  l'ambition  demeure  oc  ne  le  perd  ia- 
I  v'  le  que  tues  pcrnicicuic 

a  l'homme  !  S.  leroljne  dit  qur  Daui.i  dclircroit 
d'clbccxc  lcvoyc,c'c   pour-  Hi-rcnj. 

t  Dieu  1  Uommê  ">"*»""- mw.. 

f 
d    i  >  |    le  ce  do.  t.     M •  ,  .i  m  M 

gneur ,  dedournez  m  ufok 

de  lambiiiou:&  dit  pUll  Ci  mefi  :  >  que  les 


30  i  Vôuy  le  trotficfmc  Mercrcâj 

y\poflres  ayans  delaiue  toutes  chofes  pour  fui- 
we&  feruir  à  Dieu  ;  toutes,  dit-il  ,  nypiusn^ 
moins  que  Rachel  ,  ils  ne  ic  peurent  défaire  dé 
l'ambition  ,  fcefmoin  ces  deux  d'auiourd'huy  qui 
font  dire  par  leur  mère  au  fils  de  Dieu,Z?/V'V* 
duo filif  meijcdeant ,  linm  ad  dexteram  tuam  ,  alms 
ad  Jwiftram  m  regno  tuo  :  ôdangereufe  maladie 
que  celle  de  l'ambition  ,  maladie  qui  n'a  point 
de  fin  ny  de  limites  ,  Nullum  termmum  habetam- 
iït.o,  diioitSeneque  ,  Il  n'y  arien  eu  iamais  fur 
la  terre  qui  ait  peu  borner  l'ambition  d'Alexan- 
dre,le  monde  eftoit  trop  euroit  pour  compren- 
dre fa  grandeur  ,  &  de  faict  iceluy  s'eftant  faicl: 
ap  preïter  la  phiole  ,  dans  laquelle  il  vouloit  que 
les  cendres  flirtent  miles  ,  apoftrophant  celte 
phiole  dit  ;  Tu  illum  captes  quem  totus  orbk 
terrarum  cdpere  non  fotmt, comme  s'il  difoit ,  com- 
ment ,  fera-il  bien  polTible  que  tu  enferme  & 
Comprenne  en  toy  ,  celuy  que  ce  grand  vniucrs 
ne  pouuoit  enclorre  ny  enceindre  ?  ô  ambition 
des  hommes  grandement  à  craindre.  S.  Bafile 
parlant  d'icelle  ,  dit  que  c'eft  vne  pefte&vne 
maladie  de  laquelle  mefmc  Sathah  a  efté  tra- 
uaillé  :  Sz  S.  Auguflin  expliquant  ce  mot,  Cathe- 
dràfeftilentU  ,dit  que  c'eft  la  chaire  d'ambition, 
de  laquelle  Dauid  veut  parler  qui  6c  vray  cft  vne 
chaire  de  peltilencc  :  mais,  fingulierement  re- 
marquez que  Dauid  ne  dit  pas ,  m  Céthedrkf%mzi$ 
in  Cathe.tr. i  ,  au  (inguîier  &  non  au  plurier  ,  pour 
autant  que  l'ambition  à  peine  touffreclle  deux 
Seigneurs  &  deux  Princes  en  vne  meimc  chai- 
re &  en  vn  meime  throfne,  elle  ne  peut  fuppor- 
ter  aucun  compagnon  ,  tclmoins  auiourdhuy 


àt  Cdrefméz  3  0$ 

ces  deux Di Triples  :  Ils  demandent  la  diuifïon, 
ils  ne  veulent  cllrc  tous  deux  à  ia  dextre  ny  à  la 
gauche  de  Dieu, mais  l'vn  à  la  lexrre  ôc  L'autre  à 

niche  ,  Pic  ~V/  4  n-yjihi^mn  jedeAM  ?MM  tddtX* 
tt'xm  âlim  ,  *</  ftmjtrum  m  rc^no  tuo.  Ainii  Lucifer 

liant  qu'il  :i'y  auo  l  iru  qui  eftoit  au 

dedus  de  luy  ,  il  dit  ,  C'o  1  .         \m 

thronum  mnim  m  oi.um  u.  r.o% 

&  s'il  fuit  patuenu  au  bout  de  Tes  inrentions  il 
euîl  chali'e  Dieu  de  Ion  throlne  pour  y  cllablir 
le  hen  &  pour  cllrc  leul  ,  rât  il  c!t  vr.iv  que  l'am- 
bîcioo  ne  délire  la  pluralité  ,  mais  bien  ÎVnitéft 
la  fingolaritc  :  de  celle  ambition  iont  fortis  les  Tt\ 
fchifmtS,  de  ià  les  licrefics  6c  les  erreurs.  rws   K,  ■ 

Tciru'ian  dit  que  Valcntin  le  rit  herctiqu  «j 

pour  n'auoir  peu  cftreEucl  |M,SC  S.  Auçultin  ■*$ . 

dit  le  mefiiic  d  Atnus   :  i  hure  4.  en  Tiii     W.  4. 

ftoirc  Hccichaltiquc  thap.  11.  die  que  Nouatûs 
ic  tic  pareillement  hérétique  pour  n'auoir   peu  rfr.        il 
eltrc  luclquc.  Ainli  »  ce  que  l'on  dit 

des  Patriaruiesdc  nos  hérétiques  ,  cV  la   caufe 

ir  laquelle  ils  le  (ont  retirez  de  l'EgllI 
n'clt  autre  que  l'ambition  pour  n'auoir  peu  < 
tenir    les    premières 
laulons-ia  les  herc  -  éschokspo- 

nies,  ou    nous  VCtfODI  cju  .cr  ,  le 

droit  de  la  ;  -  •    jrn- 

ucrlé  vs»  v 

lum  rjfc\|«  père  fcbâfl  , li- 

tre le  perr,  \.  le  fi  r, 

les  vns  vient  de  I  ne 

aller  lans  mérite  eV  I  ma 
dilciplcs,i>»K  r.t  ,  C7-f«  11$  <■ 


304  four  le  t  roifiefme  Mercredi 

ployent  la  faueur  de  leur  mère,  autant  voire 
plus  ambiticufê  qu'eux  ,  pour  venir  à  chef  de 
leur  ambition  :  ô  combien  y  a-il  auiourd'huy  de 
^/Cmbiuo  mcies  parmy  le  monde  ,  ftmblables  non  à  ceile- 
grands     Cyj  majs  ^en  a  cc|je  ^c  Néron  ,  qui  ayant  f a  et 
deUmcre  vculz  deuant  elle  les  augures  &  deuins  ,  pour 
de  Néron*  fçauoirccque  deuiendroit  fon  fils  ,  ref  pondi- 
rent qu'il  (croit  Empereur  de  Rome,  mais  qu'il 
la  tuéroit  :  ô  ambition  grande  de  cefte  femme, 
elle  dit  ,  c'elt  tout  sn^Occidat  modo  imper et. Q^Jl 
me  tue  ,  ie  ne  m'en  foucic  point ,  pourueu  qu  il 
règne.  Mon  amy  tu  te  perds  achetant  des  bene- 
Bernar-     gccs  ^ouJ.  tQn  fi[s  ^  &  fi  queîqu'vn  te  vouloit  rc- 

us'  .        monftrer  fur  cecy  ,  difant  que  tu  luy  caufe  la 
es   wges  mort  éternelle  &  la  damnation  tu  dirois  certes 
tuent  eurs  tout  autrcment  >  &  encore  plus  qu'Agrippina, 
pe  t  spour  jjamnetur  modoregnety  ô  parentes  non  parentes  9fe 
7  r.'        mortisfiliorum  peremptoreA  dit  fainct  Bernard  ,  6 
c  erir  &*  par£s  femblables  aux  linges  ,qui  pour  eftre  trop 
djmer.       am0lircux  de  leurs  enfans  les  ertouffent  entre 
leursbras,  ô  mauuaife  &  maudite  ambition:  al- 
lez voir  en  la  Cour  des  grands  ,  combien  y  en  a 
il  qui  font  les  chiens  couchans  pour  auoir  des 
Rufede     grandeurs  :  o  ambition  (emblable  à  l'Autruche 
F  yCutru-  qui  calle  (es ailles  fc  foufmettant  à  tous,  mais 
c\ie%  deuore  les   petits   oyfeaux    qui    s'approchent 

d'elle  :ainfi  ('ambition  fai&tôber  bien  bas  ceux 
qu'elle  a  cfieuez, En^it  allas  <cr  deijeh  éftenforem 
eiun  AuflTj  noftre  Seigneur  cognoifsât  que  cefte 
femme  eftoit  malade  de  cefte  maladie  d'ambi- 
tion, la  reprend  aigrement  elle  &  fcï  deux  fils,&: 
leur  dit,  Nefeit'u  autdfktdti%  vo';  ncfçauezcc  que 
vous  demandez  ,  vous  demandez  des  grandeurs 

ÔC 


de  Carefme]  5 

&  vous  ne  fermez  pas  que  parray  les  grn: 
il  y  a  des  afli.ctions  &  trauerlcs: 
croix  des  ambitieux  de  ce  monde,  ronne, 

non  poi.u  couionnc,  (1  ce  ncltaucclcs; 
d  clpincs.pour  piquer  l'âme: ô  (ceptre 
lccptrc  ,lî  cen  cil  mec  les  loin  i rudes; 

u  pourpre  non  poinr  reine  dans  1 
tir  portion  appelle  pourpre:  mais  b.'cn  dans  ic 
&ng  du  taur  ourre  de  iaklicrics  ,  ôc  atili 

/randeur  ou  croillcz-vous  ?  (mon  parmy 
traucilcs&  afili&ions:  Kejcitis  t^md petJtu  :  vous 
ne  fçauez  ,  ô  ambitieux  ,  ce  que  vous  demandez, 
quand  vous  pourchatlcz  les  grandeurs  mondai- 
nes ,  ce  ne  font  tiuclpines  &  (ollicicu  •      ,,  r  ., 

Pi  \      r  J  1        ■  1  ^f"r  ' 

ioliuc,  le  hunier,  ix.  la  vigne  ,  entendent  bien 
cette  Philolophie:  vous  fçauez  eequied  eferit  ,   ,  ' 
au  liurc  des  luges ,  qu'vn  iour  les  arbres  s'allem  - 
blerent  en  vu  certain  lieu  ,  pour  c  rcer  &  conûS  - 
tuer  (tir  eux  vn  Roy ,  ayant  a:  délibère 

fur  ce  (ujcr ,  ils  s'adreherent  premièrement  à  i'o- 
liuc  ,  &  luy  dirent  1  Irrperânobu  ,1'oliuc  tel 
titre  J  honneur ,  nun 

3*m mtétm  >/ inter  ipromokfarl  Du  re- 

hisdc  l'oliuc ils  sadrcllcrent  au  figuier  ,&  luy 

dirent ,  imfrrsnohi^  le  figuier  s'enexeufe  &  dit  : 

"léjwd  f>  r  dulcrdtnem  mrum  >/  inier 

"  csrrrj  :  Victcemcnc  ilss'adrciîcrct 

àlaviçnc,  .nt,    fmptrdnch)  ,  la  vigne 

pareille  nn^md  potfurn 

*m  m*'t-n  nuod  Uiijicdt   Dcum  cihcn 

'tinter  mn»(.ir\    f  I  ii.iîcincnt  llf 

B  tireur,  Jmprrdno- 

i",alorsla  rooCC  ICICpCl  la  louiuiihc  de  le  turc 


30  6         Pour  le  troijiefme  Mercredy 

de  Roy ,  &  leur  dit,  Si  me  regem  Iteflrum  conflitue- 
riti?,  yemte  crfitb  Irmbramea  requiefeite.  Quoyl  o 
oliue  ,  on  ne  veut  pas  que  vous  quittiez  voftre 
graille  :  &  vous,  ô  figuier ,  on  ne  vous  parle  de 
laifièr  voftre  douceur  ;  &  vous  *  6  vigne  ,  on  ne 
vous  contraint  dabandonner  voftre  vin  ,  pour- 
quoy  donc  dites  vous  cela,  pourquoy  refufez- 
Vous  la  couronne  &  le  tiltre  de  Roy  ?  6  fecret  ,  ie 
voy  bien  que  vous  recognoillez  qu'au  mcfme 
temps  que  vous  prendriez  la  couronne ,  au  mef- 
mc  temps  il  vous  raudroit  quitter  ce  qui  eft  de 
voftre  graille  ,  de  voftre  douceur  ,  &  de  voftre 
vin  :  voila  pourquoy  fort  iuftementee  ne  fut  ny 
l'oliue,  ny  le  figuier,  ny  la  vigne  qui  accepterenc 
cefte  couronne,mais  la  ronce  &  l'efpine:cn  mar- 
que &  reprefentation ,  que  les  grandeurs,  les 
courônes  &  les  feeptres,  ce  font  efpines  8c  ron- 
ces ,  qui  outrent  Se  piquent,  non  les  habillemés, 
mais  l'ame  ôc  le  cœur:  voila  pourquoy  ie  dis, 
que  fi  pour  nous  les  Roys  ne  font  que  miel  ÔC 
douceur,  pour  eux-mefmes  cène  fontqu'efpi- 
ncs  Se  douleurs  de  forte  que  Xenophon  parlant 
^lre  e,a  d'vn  Roy  difoit  fort  bien  ,  omnium  [omnw  ,  tliius 
Jtenop  0  '\,',n^llia^oinmum  qui  es  &  otium,i!lius  lahor  çr  dolor. 
touchant  £t  yous  cjonc  ,  ^  Apoftres  qui  demandez  des 
U  pirjor.-  ^rancjcurs  t  uejcitis  tjuidpetati*  ,  vous  ne  fçauez 
ne  dyn  cc<jUC  vous  demandez ,  difbic  noitre  Seigneur  à 
^°^'  ces  deux  difciples  ,  Poirflv  bibere  caltremtjutm  ego 

libitum*  fum  ,  vous  demandez  le  repos  en  cefte 
vie  ,  Nefcitif  quid  petaw ,  vous  ne  fçauez  ce  que 
vous  dcmandeziil  n'y  a  que  peine  fatigue  Ôc  tra- 
uail,&  partant  ce  n'efticy  oui!  faut  (crepofer, 
c'cll  le  propre  d'vn  Chreftien  deftre  touliours 


debout ,viure  debout  ,  c\:  mourir  debout,  opor- 
:brij]unnm  fUutim  mon.   Il  rjut  que  le  Clue- 
(ticnoblcruc  le  melmcqui  cftoit  anciennement  $rUe  cou- 
obferué  entre  les  Amazones ,  lclqticllcs  ne  per- //*»);  Jet 
mettoient  iamaii  qu'aucune  d'eux  mourait  cou-  ^fmé\o- 
chec,  ains  debout  ce  toute  droite  aind  ,  oportet  ncs% 
CbnfliâHmmftdmttm tmru  11  raut  mourir  debout, 
c'eft  à  dire  mourir   en  combatant  Se   trauail- 
}ant  ,  Non  comnàbitur  ntji   qui  Icgitimv  certâuerit 

11  faut  que  le  Cluefticnic  rrprefente  le  mcfme     enty5.mt 

1  -  d  1   t        1  des  une  us 

que  failoicnt  les  anciens  Romains,  leiqucls  en 

leurs  enfcignej  &  bannières  de  guerre, portoient  \omat    * 

tn  bras  eitendu  »  pour  dire  que  s'ils  s'cltoicnt 

rendus  mailhes  &  leigneursdc  tout  le  monde, 

r'cltoit  en  combatant  valcurculcmcnt  :  ainli  il 

faut  que  le  Chrcftien  fe  reprclentc,  que  lclcul 

$C  vnique  moyen  d'auoir  la  vie  éternelle  ,  cft  de 

.b.urc    en  celle  vie    prclcntc.    tmwm  artd- 

mencertuui  ,  curjum  (on  ummdui  f\dtm  jiTuuui  ,  m 

rcliétuo  rrp-  miht  coron*  \*\]iiut  qu*m 

Irtudex.  Grâbde.Thcplogiede  Gunâ  Qlutrf 

Pftol,  tell  autant  comme  s'il  diioïc  que  quatre  (ho^es  de- 
cho  '  :  Jcilineci  au  riauail, les  bras, les  pieds,  P'nec>  AU 

la I tngQC cV le CQDQff j  Konum  ierl*men  iCTl4u:y  c'clt  IT*U41^ 
H  la  main  &  pour  le  bras  :  Curum  cnn,umm*- 
:   «   pieds j  Pukm  fitfumi  $  c'clcpour 
Ordra  pourec  que,'  or  de  creditur  âd  tufrttdm, 
ir  la  langue i  pourec  que  ,  ore  iomftfiiofii  ad 
nrm.'vneauCH  jrc  ce  mcfmc  Apo- 

itic  dit,  quece  n'eit  a  L/.  de  irau.nllcr  ,  mais  il 
::  que  lctrauail  Ion  continu.     I  :r, 

Dl  qu'eu  ce  tcpoi  il  c  »n 

plus  habile  que  nous  remporte  (c  | 


30  i        Tour  le  trôi/iefme  Mercredy 
nous  foyons  demeurez  ,  omnes  qu'idem  cutrutil 
in  fladio  yfed  ~)mut  accipitbramum ,  que  veut  dire 
cet  Apoftre?  Il  fait,  fi  ie  ne  me  trompc,alIu(îon  à 
ces  icux  Olympiques,  aufquels  les  gladiateurs 
couroient  pour  remporter  le  prix  :  ëc  au  bout 
de  la  carrière  eftoit  vn  homme  tenant  le  prix  .  &c 
falloir  que  celuy  qui  auoitfurmonré  les  autres 
à  la  courte  ,  l'enleualt  auec  la  main  :  ainfi  ,  Omies 
quidem  currunt  m  (tddiot  H  n'y  en  a  gueres  qui 
n'obferuent  en  quelque  choie  les  commande-- 
mens  de  Dieu  :  mais  ce  n'eft  allez  ,  Vnw  accipit 
bramum>  pour  remporter  le  prix  de  la  gloire ,  il 
faut  auec  ce  trauaiiler  &  enieuer  celle  couionne 
auec  la  main. 
Vegetim        Vegetiusen  fonlinre  de  l'art  militaire,  Ôc  Sue- 
de     arte-  tone  en  la  vie  de  Domit^an  ,  dilent  que  la  fol- 
mtlttan    de&  les  deniers  defquels  les  foldars  Romains 
Suctouim  cftoient  payez  >eftoient  referuez  &  mis  fous  les 
in  Domi-  cftendarts  &  enfeignes  de  guerre  :  6  enfeigne 
Uano.        royale  Se  diuine  que  cefte  croix ,  c'eft  là  deflous 
que  le  Père  Eternel  a  mis  la  folde,  le  prix  d'hon- 
neur ,  &  la  recompenfe  des  Chreftiens,  Mihi  au- 
tem  abjit gloriari  mfi  m  cruce  Domim  ,  in  auo  efîf<t- 
im  çy  1/ita  mundi  :  pour  dire  en  vn  mot,  que  per- 
fonne  n'eft  recompenfe  en  la  gloire  celclle  ,  fina 
en  combarant  &  en  trauaillanr  :  aufli  pour  ce 
fujer  noftre  Seigneur  dit  à  ces  Jeux  difciplcs 
qui  luy  demandoient  à  eftre  aflîs  en  (a  gloire, 
Votefiit  bihere  calice  Qwm  ht*  bihitatw  fumr  c'eftoit 
fous  l'eftendart  de  cefte  croix,que  la  recompenfe 
eftoit  mife.  Iacob ,  ainfi  qu'il  le  lit  au  Genève, 
eftantau  lictde  la  mort ,  voulant  donner  fa  be- 
nedi&iô  à  (es  deux  enfans ,  Ephraïm  &  Manaf- 


de  Cdrefme.  30° 

croifa  fcs  bras  :  ainiï  le  l'erc  Ercrncl  ne  don- 
ne la  bénédiction  fans  les  hommes,  finon 
par  la  croix, c'eft  à  dire,  après  auou  bien  trauail- 
îc,  ik  ennuie  force  traucrlcs  &  rnbulations. 

Il  lemblequcnollrc  Seigneur  diiant  auiour- 
d'huy  i  ces  deux  d.tcip'.cs  ,  Poteftis  bibrre  c*hcem  B(ue  CQfJ^ 
eu  m  rgo  Lil'iturMJum  ,  nous  dilc  le  mclmc  qu'vn  iid,l  .f 
certain  Capitaine  de  la  campagne  diloïc  à  les  a^n^rad 
uicl  voyant  qu'il  eltoir  prellé  &  PP^m  Cdpiuine, 
fuiuy  d  rie-.nis,  il  (c  fie  apporter  vn  breu- 

[irclKle  le  boire  il  s'a- 
îpatiiots  cv  ce  ens,  &  leur 

prclcnrale  g  >ubclcc,dilant  ,  ko fHJiulKmtjuodmt- 
hi  ditumrliy  ^oiu  ojjero.  Ne  redoutez  celle  potio.- 
car  ce  hanap  deliurcra  voftrc  corps  des  tout  m< 
&  douleurs ,  ex  vos  oreilles  6V:  vos  yeux  de  toi- 
rcs  les  chofes  ignnminieufcs  que  l'ô  vous  ; 
roic  faire  ctlans  vaincus  :  ainli  de  mclmc  I 
noftre  *e 

e^o  Lt'iturui  f*m  ■   I  c  han.ip  que  ic  dois  boire 
I  .  cft  prefctW  ,  cd  \C%  boire, 

c    exfl  au  m»  |  ce   hani; 

arcs:  I  •  diray  de  ce  cali 

-    i       .:e  difoil  du  i\  m  <p  il  vouloil  boire; 
te  ce  I  nirir , 

s  au  contran 
en  dirav  ic  d  . 

iar  pai  Dire     de 

lel'O    i     lent  de  ce 'le  vi-.  oCTdtf, 

tre  :  ainli  .uicc  ce  i 

rc  ,  nous  |  il  ne  de  i  * 

traiicrlcrons  celle  vie  [MHK  alicr  en  l'autre 

;uc  veut  lignincr  nodre  ô>  jncur  ,  dilant* 

V    in 


3TO  Peur  le  troifiefme  Mercrtây 

potefîls  libère  cahcem  quem  ego  bibiturus Jum  ?  Ces 
paroles  ont  del'amphafe  ,  pour  dire  &  repré- 
senter que  noftre  Seigneur  boit  auec  nous  les 
trauaux  que  nous  endurons  en  ce  monde.  Vote- 
ftu  bihere  caiieem  ,  erc.  pour  dire  que  nos  affli- 
ctions fe  détrempent  auec  la  mort  du  fils  de 
Dieu,  afin  de  mériter  la  gloire  &la  couronne 
d'immortalité  :  6  Chreftien  ,  fi  tu  dis  que  ce  ha- 
«ap  eftamer  ,amarœ  funt  aqu<ei(l<e,  que  ces  tra- 
uerfes  &  afflictions  font  ameres  ,  prend  ce  bois 
de  la  croix ,  &  le  trempe  en  ce  hanap  ,  &  aloi  *  il 
ièra  rendu  doux  &  amiable. 

Nous  lifonsau  troifiefme  Hure  des  Roys,  cha. 
19.  que  le  Prophète  Helics'cnfuyant  deuant  la 
rage  de  l'impie  Iefabel ,  femme  d'Acab,  s'en  alla 
nu  defert ,  où  eftant ,  il  fe  repofa  à  l'ombre  d'vn 
petit  buifibn  ,  &  d'vn  petit  Genevre  ,  &  comme 
ï\  repofoit  fous  ce  Genevre  ,  Pctijtanimœ  fu*  *\/ 
moreretur.  Il  defiroit  la  mort:  quoy  !  6  S.  Pro- 
phète ,  vous  vous  enfuyez  pour  la  crainte  de  la 
mort ,  &  neantmoins  vous  la  defirez  :  que  veut 
dire  cecy  ?  o  gloire ,  0  croix  ,  ô  aduerfirez  :  c'eft 
cefte  croix  qui  nous  faitpaffer  le  paflhge  de  la 
mort ,  pour  entrer  en  celle  gloire  :  belle  confo- 
lationque  donnoitTcrtulian  aux  affligez  :   Les 
chofes,  dit-il,  font  fuccefllues,  maintenant  nous 
fommcstrauaillez  ,  &  le  monde  ferefioiiir:  plo- 
rons  donc  maintenant,  pendant  qu'il  (e  refioiiir, 
à  fin  que  lors  que  le  mon  .Je  fera  tourmente  nous 
nous  rcfiouifiions-,  car  (1  nous  nous  Ircnouuflooi 
auec  le  monde  ,  nous  (crions  quelque  ipur  tour- 
mentez quand  &  quand  le  monde. Voila  comme 
h  Ris  de  Dieu  nous  enfeigne  la  voyedu  Para-- 


àeCârcfmc\  31 1 

dis,  par  les  angoifics  &  tribulations, difanr,  Pote 
flt*  bibere  calictm  tjucm  c£o  LditurM  jum  !  (1  ce 
n'eft  que  par  cecy  nous  voulions  dire  que  noftrc 
Seigneur  nous  veut  reprelcntcr  l'humilité  qui 
noUi  porte  2  celle  gloire:  ô  grands  de  ce  monde: 
voulez  vous  dire  grands  en  l'autre  vicabbailïez 
vous  en  ce  monde,  ^>w  r  humiliât  rxAlt*litui  :ainfi 
le  fils  de  Dieu  pour  s'eftre  humilie  ,  il  a  efte 
cxaltcCs:  eilcuc  ,  Humduuit  rtnctr'um  froptered 
fXâiid*  rr.ilitxi  pjijsionti  Chrijii  cjl  mert- 

tum  rejurrethonté. 

Sur  cecy  remarquez  que  la  vie  de  l'homme  cft  Ldlrte  hu- 
accomparce  lultemcnt  à  la  Lune  :  donc  ta  railon  m.une  co- 
elt  telle:  La  Lune  a  deux  faces, Tvne  qui  clt  tour-  parce  4  U 
nec  vers  le  Ciel,  A  l'autre  vers  la  terre  :  pendant  Lune. 
que  la  tàcc  de  la  Lune  qui  regarde  la  terre  cil 
claire  oc  lumincuic  :  celicqui  regarde  le  Ciel  elt 
tenebreuie  &  obLurc   :   &  tout  ainii  uu'icclla 
I- une  clt  int  en  Ion  plein  cil  claire  de  la  lace  qui 
rJc  la  terre,  niais  en  la  face  qui  regarde  le 
i  elle  c(l  oblcurc  :  pourquov  tout  cc!aJ  n'cit- 
oint  vncreprelentation  de  ce  qui  arnueaux 
liommcs  :  ô  quelle  Lune  que  S.  Paul,  qui  /u  s'eft 
point  obicurcie:  grand  merev  que  toufi  >urs  ;l 
a  efte  conioincr  aucc  le  Soleil  ,  ictus  Chrifl  :  de 
c  qu'en  cefte  comonriion  il  derh        I    clt 
terre,  &  cr  îtrien    il  droit  ob- 

feurcy  pour  la  terre, mai?»  clair  6ù  lumineux  poen 
le  ciel  :  de  (ortc  qu'il  diluir,    1  *m 

Domint  jpecnUntn ,  mtémlem  im  n  m  rit  -ar- 
mAfnur  :  car  s'il  cuit  cit  rvertlâl  1  eult 

efte  tenebreux   vers  le  Ciel  ,  | 
ainli  duc  la  Lune  OC  peut  : 

\    iiij 


peu.  il. 


3T  2        Pâïr  le  III.  Mercr.  de  Caref. 

faces  ,  ainlï  il  eft  bien  difficile  que  l'homme  foit 
lumineux  en  terre  &  au  Ciel  :  6  Roys  vous  eftes 
Lunes  pendant  que  vous  eftes  en  ce  mode  :  mais 
ibuuenc  vous  vous  elclypfez  au  milieu  de  voftrc 
plus  grande  fplendcur  ,  c  eft  lors  que  le  plus  (ou- 
uent  les  hommes  (ont  bai{fez,quand  principale- 
ment ils  défirent  eftre  efleuez  en  cefte  vie  :  mais 
l'humilité  ,  ceft  celle  qui  nous  efleue  :  &  pour 
iceile  en  nous  s'accôplit  cefte  promelîe  du  Deur. 
ehap.i  l.Omn'ps  lapis  quem  calcauerit  pes  licfler^ejhr 
erit.b  hommeSjVoulez  vous  eftre  grands?  G  vous 
mefprifezles  (ceptres  ,  les  pourpres,  &  les  cou- 
ronnes ,  ce  fera  le  moyen  de  deuenir  grands, 
non  en  ce  monde  véritablement ,  mais  en  l'au- 
tre :  &  en  cecy  a  lieu  ce  que  difoit  cet  ancien  Se- 
neque  ,  qic  les  grandeurs  de  ce  monde  font 
comparables  à  l'ombre  :  &  moy  j'adioufte  ,  & 
dis,ô  mon  Dieu,  vous  eftes  vn  Soleil,  &  tout 
rinii  auc  celuy  qui  fuit  le  Soleil  fuit  l'ombre ,  & 
l'ombre  le  fuit,  &  au  contraire,  s'il  fuit  l'ombre 
ic  Soleil  le  fuit  :  ainfi  puis  que  les  richeftes  (ont 
comparées  i  l'ombre,  iedisquefî  en  ce  monde 
nousfuiuions  les  grandeurs &rtcheifes ,  là  haut 
au  Ciel  le  Soleil  de  la  gloire  s'enhiyra  de  nous: 
mais  au  contraire  fi  en  ce  monde  nous  fuyons 
cesgrandeurs  &  cesrichciles  ,  li  h«mc  au  Çicl 
nous  ferons  illuminczde  ce  Soleil  de  la  gloire, 
à  laquelle  nous  conduiic  le  Perc  ,  le  Fils  ,  ôc  le 
fainft  Efpnt.   Ainfifoitii. 


SERMON  POVR. 

LE    T  R  O  I  S  I  E  S  M  E 

IcuJy  deCarcfme. 

Homo  qmdim  erât  diues  quiiniutbâtnt  pnr- 
pura  ry  kyffotfr  epuiibuurqttoti.. 
ftlcniiuc.      Lvc    16. 

'ESTAT  de  l'homme  nous  cfl 
hier  parfaitement  nrptel  \\  U 

1       c,  (i'.uuant  que  tout  tiofique 
lors  que  celle  cy   elt  pleine  ,  c 
lors  lînçulicremciu  qu'elic  court  rifqucâcd 
ger  d'cicrcobkurcie  3c  elypfee  :  £:  voi  ir- 

iv  qu'à  peine  le  rooodeauou  vcuvnai 
'if  Lnneque  ce  Maq  de  no 

cl  î i  clt  dit  q 
Im^d'cicirlate  rou 

fcllins  Ôc  banquets,         )OÊmdâmtrê$diuesy 
duebâtur  purpura  fy  b)Jj*     '  âitâtnr  û\ 

"JiJè ,  cVfkoic  là  vnc  Lu 
lune  qui  citoir  amli  pleine  rot, 

■    le  vohipre I 
lie:.  lus  grande  l'plcn  leur,  Umtnm  < 


T.cau  dire 

s.  mo- 
flene 


3*4-  Four  le  troffiefwe  Jeuây 

&~fepulmf  eft  inm/ernoic^ctt  la  ic  fom maire  cîc  ce 
prefent  Sermon.  Ôr  il  feroit  à  délirer  que  qucl- 
qu'vn  de  ces  cachocs  infernaux  vint  icy  fur  la 
terre  pour  nous  reprefenter  la  feuerité  des  pei- 
nes éternelles:  mais  pource  que  cemauuais  ri- 
che defiroit  parler  à  fes  frères  pour  leur  racon- 
ter les  peines  qu'il  endutoir ,  afin  qu'ils  nefidenc 
comme  luy  ,  mais  il  luy  fur  refpondu  qu'ils 
auoient  les  Prophètes  qui  les  initruiroient  de 
iêstourmens  :  Ainfi  il  ieroit  befoing  de  nous 
feruir  dcquelquvn  de  c:ux-là  pour  les  appren- 
dre, Se  pource  auant  routes  cho(es  implorons 
i'.ifliltance  du  (aincl  nfprit  par  les  intercédions 
&entremifes  de  la  Vierge, difans. 


Aue  Maria. 


*  E  grand  Orateur  des  Prince*  ,  Se 
Prince  des  Orateurs  Demoflhene 
difoit  vn  iour  en  haine  &  deteftation 
ïË&Z  delà  cupidité  infatiable  des  grâdcurs 
de  ce  monde,  &  à  l'encontre  de  ceux 
qui  défirent  les  richefîes  de  la  terre  ,  que  l\  bien 
on  luy  propofoit  deux  voyes  &  chemins  diuers, 
l'vn  qui  Cônduifit  aux  richcfïes  &  grandeurs  de 
ce  monde,  &  l'autre  qui  menait  à  ['Enfer  |  il  ne 
douteroit  nullement  de  choifir  pluftoit  ceftuy- 
cy  que  ceiuy  là, il  cfliroit  plulloft:  la  voyc  des 
peines  que  celle  des  dignitcz&  grandeurs  de  ce 
monde. fChrc!licnne&  deuore  a (Tiftan ce > j'ap- 
pelle auicurd  huy  la  cohfciencc  de  tous  tant 
duc  nous   fommes   à  tçlmoin  combien  nous 


dtCArcfmr.  315 

fommes  èfloignei  de  La  rclototion de  ccPayca 
&   înfijclcjlicllj.  |UC    la  vove  qui 

mené  au  Ciel  d'vnc  part,  6:  la  voyc  èx  le  chemin 
qui  conduit  aux  grandeur*  de  ce  monJc  d  autre, 
&qtieleci.  :$  deux  fin  .  uollrc  liber 

t    nous  choifinons  la  voyc  qu.  lull 

aux  grandeurs  de  la  terre,  6c  dciaiilenons  celle 
qui  conduit  au  Ciel  ,  c'c't  là  la  muque  de  noûrc 
croc  milere,  de  quitter  ainh  le  Ciel  pour  le 
ide  ,  l'éternel  pour  le  temporel ,  ex  la  vcriic 
pour  la  nilUce:&  le  malheur  qui  elt  encore  plus 
i Craindre,   c'clt  que  celte  cflcction  que   nous 
faifons  des  grandeurs  de  ce  monde   ,  n'aboutir, 
iculemcnt  là,  que  de  perdre  le  Ciel    m. ^ordi- 
nairement après  la  iouvilanccde  ces  biens,  cv  de  j.jl(ron 
ces  gran  leurs  nous  allons  dam  vn   l:.nfcr  ,  tcf-  jjjj  j(  -    • 
que  rapporte  (ainct  Hierofmcau  liurc  ,i, tut   Uo_ 
qu'il  iitutton  borum  ,   lequel  fucjj 

d'vn  certain  Religieux  qui  au  :(- 

rtcheflès  du  mondl  ,  &  les  dignitez  qui 
lu\  offertes  cV  prelcntecs  ,  après  (a  chofe  no- 

1 1  il  s'apparut  à   .  .le  qu'il  auoir  ,  &  table  pour 

'n>U  numéro  dAmnAiorum  ,  fifiùf-  /<-. 
Jem  te  num  >n, 

.:  cela  à  part,  il  ne  faut 'pour 
tgnoifirece  rl'aHl  (urlerccirde 

nolh-  l'n.v  ;i  cerrniu  ho- 

me riche  c  t  c;t  en  ire  en 

'notjuijjm  rr.i:  ai  xnduebxtHT  purt    \ 

'^,voicy  route  ,;_ 

fentecs  en  ce  peu  de  paroles f  (oient  Politiques  m         CfS 

'r  J'urp:  \\&t4T0i 

ir  les  Throl  iila  pour  les  luges,  pour  les 


ji5  Pour  le  tYôifiefme  Ieudy 

firges  ,  &  pour  les  grandeurs ,  &  dignitez  politi- 
ques,c^  hlf°*  cc^  pour  les dignitez  Ecclefiafti- 
ques ,  comme  ainfi  qu'anciennement  les  grands 
Prcftres  eftoient  habillez  &reueftus  de  fin  lin. 

Mais  pource  que  cen'apasefté  feulement  à 
caufedesricheiîèsquGceiuy  cy  a  elle  condamné, 
mais  pour  fi  en  auoir  bien  vfé,&  pour  auoir  abu- 
(tdc  cède  grande  abondance  de  biens  que  Dieu 
luy  auoit  donné,Cv  neantmoins  en  eftoit  ingrat 
V'iuifion    &  mefeognoiflant  entiers  les  pauures  :  pour  ce 
de  ce  dif-  mJer  ÎC  deiîre  icy  vous  déclarer  deux  chofes  :  la 
cours,        première  qu'elle  eft  îa  voye  qui  a  conduit  ce 
mauuais  riche  en  enfer  ,  &  la  féconde  quelle  fut 
fa  condamnation ,  &  quelles  peines  il  endura  en 
Enfer  :  ce  font  les  deux  parties  de  ce  prefent  fer- 
mon.    Qaant  à  la  première  ,  pour  ce  qui  eft  de 
celte  voye  qui  a  porté  ce  riche  au  malheur   ôc 
\acI.  5.    en  Enfer  ,  le  Prophète  Zacharie  au  chap.  5.  de  fa 
prophétie ,  rapportant  ce  qui  eft  de  la  punition 
que  Dieu  dcuoit  prendre  en  fon  peuple  ,  accom- 
parant  celle  punition  à  vnephioleou  à  vnc  bou- 
teille pour  reprefenter  la  propriété  delà  iuftice 
de  Dieu  ,qui  ne  s'efteni  tout  d*vn  coup  fur  les 
pécheurs,  mais  petit  à  petit  ,ny  plus  ny  moins 
Couftume  *Iue  ^a  ^^ucur  renfermée  dans  la  phiole  :  eV  (1 
de:    Juifs  vous  vou^ez  fçauoir  quelle  fut  la  cauie  de  leur 
de  meure  condamnation  &  punition  ,  la  voicy  :  hic  eflocu- 
des  efert-  ^w  eorumm  "^niuerfa  terra  ,  dit  ce  Prophète.    Et 
tcdux  au  mr  cccy  vn  ^°&e  cfcriuain  de  noftrc  temps  dit 
deffas   de  °iue  Zacharie  fait  alluiion  à  ce  qui  eftoit  de  la 
la  tefre  des  cou^umc  ^cs  Juifs  ,  où  parmy  eux  lors  que  l'on 
(upplicicl,  condamnoit  quclqu'vn  à  la  mort  pour  l'ordi- 
u  naire ,  on  auoit  accouftumé  de  mettre  au  detf'us 


de  Carefme.  31? 

de  fa  telle  vn  cfcriceau,  contenant  lacaufe  de  (a 
condamnation,  ainli  qu'il  tut  t^icTb  a  nollre  Sei- 
gneur :  &  ainli ,  hic  ejtoculua  corum  m  ^muerfd  ter» 
rAy  c'elt  à  dire,  voicy  la  teneur  de  leur  condâ. 
tion,6/-  ejr  oculu<  corum  le  ne  fçay  que  par  COC  Sll 
quclqu'vn  pourrait  entendre  i  il&lalu- 

pCtbc  ,  oculus  juperli*  cju.m  condtmnutionts  corum, 
pour  dire  que  l'orgueil  qui  cil  vn  péché  mor- 
tel,clt  eau:  .nation  des  hou  mes  s'ils 
meurent  en  ce:  citât,  le  iffi  que  quelques 
autres  pomroicnt  dire  que  cet  crû  caule  de  la 
condan  d  éternelle  ,  n'elt  aune  que  li  con- 
cupilccncc  delà  chair ,  d'autant  que  j>.  Paul  dit, 
qui  lndtritmuliercm  *d  toi  upijcendum  cxm  um  mœ- 
chétus  efl  m  corde  [un.  D'autres  diicnt  que  CCI 
ctil  n'elr  autre  que  fauaricc  ,  qui  par  S.  Ican  clt 
appcllcc  concupifccnce  desyeux,  Concupijcer.tu 

wwm<  Mais  l'aymc  mieux  rapporter  cecy  à 
rous  ceux  qui  font  icmblables  au  riche  de  no- 
(IrcEuangilc  ,bi:  e(i oculus  eorum  ,  voicy  la  voyc, 
voicy  l'cril  ,  c'cli  icy  li  caulc  de  leur  condamna- 
tion, a  iiclles.  Nollre  ElUDgeliftf 
au  commencement  de  cède  lultoirc  ou  paiabo- 
lc  nous  reprclcnrc  le  lu;ctdc  [  imiu- 
tion  du  riche, dilant  :  Homo  quidam  erut  àinc.ccil 

I  a  il,W  efl  oculus  eorumy  ce  lont  les  richeil 
qui  font  porté  ta  malheur  auquel  .1  u- 

ue  ,  riLlulles  îultcmcn:  appelle.  is, 

corum  ,  DOOn  I    de  tC 

nature  q  •  .-appel- 

1rs  .  ii  défit  ■  i         ■ 

Se  po(fi 

.  tpfd  ,  d'autant  que  tout  amliquj^jKoj. 


3 1  b  Pour  le  tYOÏfiefme  Ieuày 

pcrlonne  ne  fe  peut  empefeher  de  ietterles  yeux 
iur  le  Soleil  ,  ainfifort  peudeperfonnes  fe  trou- 
nent  qui  ne  foient  portez  d'vn  defirinfatiable 
&  auare  de  conuoiter  l'or  en  le  regardant. 
Xicbeffes        Les  anciens  ont  d ici:  que  pour  ce    fujeâ;  les 
comparées  richefles  (ont  comparables  aux  plumes  du  Paon, 
aux    flu-  pource  que  les  plumes  du  Paon  belles  &  agrea- 
mes  de      blés, (ont  toutes  tachées  d'yeux  , aihfi eft-il  des 
Haotï,        richcfïes,  ce  ne  font  qu'yeux  de  conuoitife  pour 
hs  hommes  qui  font  perpétuellement  addon- 
nez  en  l'aquilition  d'icelles  >hic  cfrocultts  eorum^ 
celt  lâdedusquc  les  hommes  iettent  principa- 
lement les  yeux:  &  pour  ce  fubico:  fouuentes- 
fois  font  caules  de  leur  condamnation  ,  à  caufd 
deqiioy  la  conuoitife  d'iceiles  eft  appellee    en 
l'Etait  ure  (àindrcla  fource  ,  l'origine  &  la  raci- 
ne  de  tous  maux  &  malheurs  ,  tcfmoin  ce  que 
.    dit   S.Paul.    Radix   omnium  malorum   cupiditaï. 
1  '  l'rppelle  laconuoitife  racinedetousmaux, celle 

qui  en  efTecl  n'elt  autre  chofcqu'vn  defir  ardant 
d'auoir  en  ce  monde  des  richelles,  &  de  les  ac- 
quérir à  droicTt,  ou  «itort ,  de  bond,  ou  de  volée, 
fiadix  omnium  malcrum  cvpditas ,  potirec  que  ced  e 
malheureufe  conuoitife  porte  quelques- fois  les 
homes  aux  larcins, aux  meurtres, aix  arïafîinats, 
aux  vfures  ,  &  autres  mille  malheurs.-  R*dix  om- 
r:urn  malcrum  cuptàitat. 

Mais  pefons  ie  vous  prie,  profondement  ces 

paroles  ,  que   voulez  vous  dire:  o  grand  Apô- 

flre ,  diiaftt  que  la  eoncupifcehce  ,  ou  cupidité 

r  'uxfor-  des  biens  &  des  riche  (Tes  ,  cfl  la  ratine  de  tous 

Ht     de      maux  ?  le  veux  dire  ,quefilcs  Théologiens  po- 

maux.       fent  deux  fortes  de  maux  ,  l'vn  qui  eft  appelle* 


dcCAte[me\  119 

NMfaMtfttfJM,PaQtre,fi  i  ,laconu 

en  cil  la  rai  me  t,l 

la  cupidité  d  auoir.  cil  la  foun 

du  mal  de  peine, &  du  mal  Àc  (.oulpc,c!.  iu- 

ic  de  routes  les  peines  ,  irauei  :ns 

que  l'on  le  pourroit  reprelèntefj 

Sainck  Paul  nutis  a  :  ■)  reprclcnrécecy  en 

la  première  Eplftrc    il  ■•.  £  IC 

après  auoir  «hc  •  Rdilix  tmmmm  mêUmmcu) 
que  les    nclicllcs  le  vont   rendre   an  cloaque  de 
1  MIS  maux  .adioulteen  (ùitu  jui 

ont  déliré  les  richdTcs  le  fonc  cn,  oie/.  &  aban- 
donnez a  toutes  fortes  ck  maux  ,  de  pcmcs.tour- 
incns  Se  douleurs  ,  tj uos  ouiAi  m  •"/-  rrjuc- 

runt  a  fide  cr  "  f*  dolonbw  ,   (jue 

dictes  voir,  grari  l  Apeftrei  dires  plultoft  qu 

ic  lont  (ubmcrçez  en  viiO.ciu  ,  C5c 

Hetrauerl:  ,   dites  donc  <|0*î  mt 

niellez  cV  pin:  & 

e  moins  :  que  voulez  vous  donc  *  ,    me' 
dire  ,  Itfttmenmi  ' 

(m  le  tronc  de  tous  les  malheurs  d 

Qjevcur  dire  cci  :v-  n   ratrmnt  '   '" 

cil  vue  metapho:  rs* 

qui    onr   ■CCOoftuHl 
entent  vn  arluc  ,  d  ml/rcr  cV  enter  les     • 
les  inicrc  que  .  c  l 

que  l'arbre  croiit  &  (e  nourrit  lui 

il  eft  enté ,  aintl  de  m 

bot  coimnc  les  v;rc::  1  aibrc  ,  le  tr 

fur  lequel  les  gre  (ont  . 

k  «nierez  ,  (ont  le;  1  uni 

baillent  accroilic, nent  aux  1 


3 2 o  Tour  le  tro'ifiefme  Ieudy 

richeflTes  ne  fe  peuuent  entretenir  que  fur  ce 
tronc  les  douleurs  &  fatigues  ,  Injeruerunt  je  do- 
ionbm  multtf  :  d'abondant  comme  vous  voyez 
que  le  greffe  tient  quelque  chofe  de  la  fubftan- 
te  du  tronc  ,  de  telle  loire  que  file  tronc  eft  vn 
poirier  ,   le  greffe  d'vn  pommier  qui  fera  enté 
delîus  apportera  des  pommes  qui  auront  faneur 
de  poires  ,  retirans  cefte  faueur  ôc  ce  gouft  du 
tronc  qui  eft  troncdvn  poirier  :  ainfi  pareille- 
ment il  eft  véritable  que  toutes  les  grandeurs, 
richefîcs  &  dignitez  de  la  terre ,  tirent  ie  ne  fçay 
quel  goult  de  douleur  ôc  de  tomme ns ,  auec  ïct- 
quels  elles  ont  efté  acquîtes  ,  Injeruerunt  je  do- 
lonbm  multti  :  Et  tout  ainfi  encore  que  le  fi  u  ici 
de  tronc  eft  beaucoup  plus  gros  que  celuy  du 
greffe.  Ainfi  diray-ie  que  les  douleurs  ôc  trauer- 
Belle    do-  fcs  çom  beaucoup  plus  grandes  quelcsdiuer- 
ctrine    de  fcs   rjCQC(]fcs.    Mais  grand  Apoftre  contentez 
Jainct         vous  de  diïe, Injeruerunt  je doloribm  :  A  on  iamais 
fauu        veu    qn'vn  feu\  grcffe  foit  enté  en    plusieurs 
troncs  ?  Non,mais  c'eft  pour  dire  que  les  riche f- 
fès  font  entées  en  plufieurs  douleurs ,  Injeruerunt 
je  doloribits  multu. 

Quand  on  ente  vn  arbre,  on  a  accouftume 
de  couper  toutes  les  branches  iniques  au  tronc* 
puis  là  delîus  on  y  ente  les  grertes  ,  de  manière 
que  toute  la  force  de  la  racine  du  tronc  leva 
rendre  aux  greffes  ,  C'eft  ce  que  m'apprend  faine 
Paul  quand  il  dict ,  Injeruerunt  Ce  dolortbtu  mult^i 
pour  dire  que  tout  ce  qui  eft  de  peine  i  de  dou- 
leur &  Je  Litigue,toiit  cela  ce  Va  fondre  au  gref- 
fe des  ria,iclîès:&  ainfi  voyez  (i  fa  in  cl  Paul  n'a 
pas  fubiect  de  dire  que   la  conuoitife  d'auoir 

des 


JcCdrtfme]  ,    521 

des  richefTes  cft  la  ;  àc  tous  m~u*  ,  4*6* 

omnium  rn^Ur  >  r  cufidiUi  ,  pource  que  ces  ri- 
chclfes  ionc  plantées  &  entées  furie  tronc  des 
fatigues  &  des  maux,  &  u::ict  Grégoire  le  grand 
parlant  des  richelfcs ,  les  accomparc  pour  ce  lu- 
iect  aux  efpinesdifant  ,  5Jj*  mihi  crederct  fidiui- 
ti  1  [finis  corner xre  >.'«(Ji  m  ,  f ut  tdmrojfinajunf. 
Véritablement  les  richclFcs  ("ont  cfpmcs  pic- 
qu  nues  qui  définirent  par  leur  lollicitudc  non 
les  habillcrncns  :  mai*  la  ne  &  !c  cœur  :  &  non 
feulement  elles  nous  Jclchirenc  ,  &  nous  pi- 
quent :  mais  nous  cnianglantent  encote  lors 
qu  elles  nous  portent  au  péché  ,  qui  c(t  accom- 
plir ■  au  (ang  ,  ?  aÀix  omnium  m  Aorum  eft  cupiditAS. 

Vn  certain  Philofophc  ancien  ,  auoit  vn  iour  leM 
fort  bonnegrace  ,  lori  que  partant  par  dcauitla  /r, 
maifon  d'vn  pauurc  homme  ,  il  vidau  dcflus  Je  a  *"  Aîl~ 
\.\  porte  vn  Hercule  repiclcntc  auec  fa  malfuc  un    h*1' 
rail  tenoit  en   nuin  ,  audcikus  des  pieds  du-    Jcf 
quel  eltoit  ceitc  mlcription    ,  Neiuid  mtliy  de 
laquelle  inùnpnon  (c  prenant  à  tire  ce  Phi.'o:    - 
phc,didl  qu'il  (croir  plus  à  proposa  celuy  là 
défaire  mettre  au  delîus  de  la  poire  de  i  on  lo- 
gis la  reprefentauon  de  la  pauurciô  auec  cette 
ne  dcuifc  /*>*/' ,pource  que  la  pau- 

Urctc  a  plus  de  force  &  de  vertu  pour  empef- 
cher  le  nul, que  non  pas  vn  Hercule  aiuc  lapait 
ernilL  .  c  par  cela, qy'vn  liom- 

me  panure  en.iurant  fapauuretc  auec  patience, 
fil  pla$  poidàm  pour  dcft-jurncrdcloy  lire  de 
Dieu  ,    que  non  pas  le  riche  auec  rou  ri- 

cluiîcs  :  car  tant  s'e  <juc  (es  richefles  le  fau- 

»  au  contracte  1  le  uuj.-nt 

x 


322  Tour  le  trcifiefme  leuâyl 

portent  les  hommes  au  comble  des  malheurs.' 
Belle  jittio     C'eft(fiiene  me  trompe)  ce  que  les  anciens 
des  poètes.  Poètes   nous  ont  voulu   repreienter  par  leurs 
belles  &  riches  inuentions,  donnans  à  Pluroti 
Deux        Dieu  des richeiîes, deux  clefs  pour  Caducée  ôc 
([(fs  don-  Trident ,  pour  nous  faire  entendre  que  cesri- 
neesAïlu-  chcllès  ferment  le  Ciel  ,  &  ouurent  aux  hom- 
ton       £7- mes  la  porte  d'enfer:  ce  (ont  clefs  qui  ouurent 
pourauoy.  la  porte  à  tous  vices  ,  &  a  tous  malheurs:  à  caufe 
de  cela  S.  Paul  n'a  point  redouté  de  prononcer 
celte  parole  au  defauantage  des  riches  &  des  ri- 
chefles ,  M ergunt  dit- il  ,  hommes  in  wteritum  cf 
ferdïtïonem  ,  elles  font  fubmerger  l'homme  dans 
le  goufrede  l'éternel  le  damnation. 

Cecy  me  fait  relîouuenir  de  ce  que  rapporte 
Plutarque  du   Sage  &  prudent   Vlyl7e  ,   quVn 
iour  eftant  reueftu  d'vn  certain  manteau  muf- 
qué,que  la  Nymphe  Calypfo  luy  auoit  donné 
en  prefent  ,  la  Nauire  en  laquelle  il  fai  foit  voile, 
fc  trouua  tellement  agitée  des  vagues  &  tempe- 
ftes ,  qu'elle  fut  contrainte  de  faire  bris  &  nau- 
frage :  de  manière  que  tous  ceux  qui  eftoient  de- 
dans furent   renuerfez  &   fubmergez  dans  les 
eaux  ,  entre  Iefquels  eftoitVIy  (le,  qui  à  peine  euft 
ilefehappé  le  danger  de  fa  vie  ,  fi  fubirement  il 
n'euft  delaifTé  &  abandonne  le  manteau  mufqué 
duquel  Calypfo  luy  auoit  fait  prefenr. 

C'eft  icy  vne  belle  reprefenration  deeequ* 
Lesricuef-  jes  ric[iedcs  caufent  à  l'homme  :  routes  les  ri- 
fes  appel-  chefl'cs  &  grandeurs  terriennes  ne  font  autre 
lees  mart-  cnofCqUC  manteaux&  veltcmens  des  hommes,  . 
seaux.  dcfquels  ils  font  ornez,  (^u^funt  cmnia  t errer* j,*?  fi 
corporis  orriéunenta? 


àeCâfe[rue\  5:3 

(cite  robbcdcs  nchc(;"cs  en  l'cfUr  d'inneccu- 
e  feruoie  .i  1  homme  d'orne:  (     \,v  ojn- 

noirvnbeau  lultrc  :  mais  après  cet,  cii.ic  perdu, 
après  le  naufrage  fait  par  le  pèche  ,  vc  uv 

mc  réduit  à  palier  le  reitc  de  tes 
chapper  le  danger  dfa  î  parmjb les  flots  dei 

jres  &  tnbulations  :  que  lien  ce  ir.itjrable 
eftar  il  le  complaiirc\:  s'en  urgunli;:  en  celle  rob- 
be  des  richelies,  au  lieu  de  le  lauuer  clips  !uy  te* 
iunr  rres  nuifiblcs,  dommageables,  pcroKicu.. 
c\'  caulj  Je  (on  éternelle  perdition  ,  mtv  ;:</>/  ho* 
mines  in  inltntum  (^perdition 

O  CratcsThcbanus,  fini  vivez  eflcChrerticn,  grdu 
cV  que  ru  eulles  enren  du  Saine!  Pau]  parler  ainfi  je  crutrs 
des  richelies  ,  tu  rafla   véritablement  tadfc/fe  r\. 
qu'il  auoit  railon  ,  car  lorsque  tu  eftefis  vn  iouc 
en  danger  d'cftrc   fubmcrgè  dans  les  tji'X  oc  la 
mer  ,  prenant  les  richeile.  qui  croient  dans  ton 
:e,  &  les  portant  dedans  l'eau  ,  tu  dijois  ,  ite 

âllft  richelies  ,  faune    beaucoup  mieux   venta 
!  ;      r  en  la  rur,queunt  que  vous  lo\ 

cl  ri  fis  que  mo'.  le  (oit  fui  potn 

sue  les  richelies  (ont  des  robbes  pelantes,  qui 
'\  nous  fcroicnt  perdre  que  nous  uuuer. 
:rquov  au  Senefe  ,   Ijoij  il  cil  dit 
:i    nottre   L;>mn»iiiK-  OQ | 

jt  >/r  -  ùlon  le  tcxrc  Hc- 

H  »  il  elt  appelle  »  ~\tr £rjuy  y  homme  giauc  Cv 

.1  r.en  qui  petc  tant  que 
"lies  ,  lefquerlca  nmis-cnctaincnr,  &  D< 
iricinent  à  coures  forte 

.nient  à  croii  ,  qui  fotal  COOUDC  ki  chefj  & 


324  9 ont  le  troifiefme  leudy 

fontaines  des  autres  :  dcfquels  maux  parle  faint 
I.  Iodn  2.  *can  en  ^a  première  Canonique  chapitre  deux- 
iefmc  difant ,  omne  quod  eft  m  munto  concupifeen- 
tiA  carnis  eji  ,  £r concufifcentia  oculorum  cr  fu- 

•  i  r  Ter^u  "*//<c  >°  ficheffes   »  que  vous  eftes  mon- 
lesricbej-  ftrucufcs  •  comment    cft-il  poffiblc  que  vous 
Je  s  Jont      procjuj(iez  Ja   prodigalité  oc  l'aiiarice  ,  chofes 
T°n~ r      neantmoins    diamétralement  oppofees  !  I!  cft 
pruepjes.    yray  jcs  richclTcs  caufent  la  prodigalité  es  ieur 
nés  gens ,  &  Taiiance  es  vieillards ,  lefquels  t3nc 
plus  ils  approchét  de  la  fin  de  leurs  ans ,  plus  soc 
ilsauares  :  &  à  cecy  conuient fort  ce  quedifoit 
faindt  Hierofmc,  que  véritablement  toutes  cho- 
fes  vieillirent  auec  le  temps  :  mais  laitance  es 
vieillards, au  lieu  de  vieillir  comme  eux,  elle  ra- 
ieunit  ,  &  iamais  ne  prend  tant  de  racine  au 
cœur  des  hommes  que  lorsqu'ils  font  prefts  de 
quitter  ,  &  les  biens ,  &  la  vic:&  de  fait  Socrate 
Dire    no-  djfo^  £  cc  fuiect,  que  auaricu  numjuamfenefat, 
table    de       Voulez  -vous  voir  comme  en  vnc  mefme  per- 
Socrate.     fonnc  |cs  nchclTes  caufent  la  prodigalité  &  de 
Tauarice  !  voyez  cela  en  la  maifon  d'vn  grand, 
entrez  là  dedans  ,  vous   n'y  verrez  que  luxe, 
que  tapiflerie  de  haute  lice ,  qu'or, qu'argent, 
que  feftins  &  bonbanccs>ôque  les  prodigali- 
rez  ,  oque  de  biens  mal-cmployez,cx:  inutile- 
ment confommez  :  fortez  de  cefte  maifon  ,  vous 
trouucrez  à  la  porte  vn  pauurc  Lazare  languif- 
fant, mendiant  fa  vie ,  tout  vlccrc  &  couuert  de 
playes ,  requérant  l'aumofne  à  la  porte  de  cc  ri- 
che ,  &  de  ce  grand,&  neantmoins  ;  Nemo  tilt  da- 
^/,  il  Tentent  crier  à  fa  porte  ,  &  cependant  il 
ncauoyeperfonnc  luy  donner  i'aumofneio  prô- 


de  Csrefme:  325 

digalicé&  auariecque  les  tichelTes  caufenten- 
fcuiblcment  en  vne  mcimc  perfonne.  D  auaq- 
tage,  Anltotc  die  que  les  nchclles  ne  cauienr. 
que  du  deshonneur  aux  îcunes  gens  5c  de  l'aua- 
ricccntrc les  Anciens.  .» 

O  richards ,  iuftcincnt  vous  cites  accomparez  ^tc       y 
aux  chameaux,  par  la  bouche  mclme  du  Fils  de        »    7\ 

AUX     CuAm 

DlCU^Faciltw  eji  cumtleum  mît  are  per  joramen  âctu 

i  i  s~\  i  *       L  WKâHX • 

audm  diuittm  m  rtvnHm  cœtorum.    VJ  riches, o  cha- 
meaux,qui  vous  mectez  àgcnoiiil  , deuant  Baal, 
ic  disdcuan:  le  malin  elpnt  ,  afin  d'eltre  riches 
&  opulcns  en  moyes ,  ny  plus  ny  moins  que  les 
chameaux  qui  s'agenouillent  pour  receuoir  lur 
le  dos  la  charge  que  l'on  leur  veut  taire  porter: 
Se  de  raidc  ce  mcfmc  malin  elpnt  en  fainct  Mat- 
thieu chaprtre  4.  promcttoit  à  noltre  Seigneur  » 
de  luy  donner  toui  les  Royaumes  de  la  terre  qui' 
luy  m  jnltroit  ,  à  condition  toutesfois  qu'il  s'a- 
ouilicroit,  &:  l'adoreroit  ,  b*c  omniâ  tiii  dilo^ 
Uns  àdorjuern  me  :  c'elt  là  cet  idole  qu'il  con- 
sent adorer  à  ceux  qui  défirent  ardammenr  les 
ricbc&l  Ôc  grandeurs   de  ce  monde  ,  &c  donc 
ut  aindquc  le  riche  (oit  accomparc  au  cha- 
meau ,  pourquoy  clt-ce  que  noftrc  Seigneur  dit 
que  le  chameau  entrcroit  plultolt  par  le  trou       ., 
d'vne  aiguilic  ,  que  le  riche  au  Royaume  des    e  e  con~ 
Cicux?voicy  rempefehement  &  lobitacle  ,  ny  Ucnénce 
plusny  moins  que  vous  voyez  que  les  chameaux    . , 
ont  (ur  le  dos  vnebolFcqui  lesempefehe  d'en-  .tc  e    c~ 
trer  en  beaucoup  de  lieux  :  ainli  de  mef  me,ic  dis  *' 
que   toute  la  difficulté  quieftau  riche  d'en: rcr  meAU* 
en  Paradis,  coniilte  en  celte  boiïc  de  ricfaefl     | 
CClUà  cet  obftaclc,f  AiiUm  eji  c*mrls*m  imtjlïc  ftt 

X  uj 


$26  ?  ourle  traifiefine  Ieudy 

for.trr.cn  ttcw  e[uam  diuitem  m  rffn'nm  cœlorum  :  C\ 
porte  du  Giel  que  ru  escilroittc  ,  puis  que  tu  es 
accomparee  au  trou  &  pertuis   d'vne   aiguille, 
ô  que  justement  le  Fils  de  Dieu  a  dit  que  ,  Porta, 
cœlimmts  anrufta  eji  :  tntrareper  an^ufiamportam  : 
en  quoy  ie  recognois  icy   vne   belle   doctrine 
]tie  ce  Seigneur  m'apprend,  fçauoireftque  pour 
entrerai!  Ciel ,  il  faut  premièrement  palier  par 
les  angoilTes ,  afflictions  ,  &  tribulations  ,  lnir&- 
Moycn  de  r.e*t>cr  :in^uft<importam  ,  6  que  cefte  porte  du  Ciel 
entrer  au  el*  eftroitre':  mais ,  6  mon  Sauueur  ,  vous  auez 
CitU         etlargy    le  partage  ,  puis  que   tout  le  premier 
vous  y  auez  entré  ?  vous  auez  accomparé  celte 
porte  du  Paradis  au  trou  d'vne  aiguille  ,  &  pour 
y  entrer,  vous  déniez  vous  rendre  extrêmement 
petit  ,  ainli  que  vous  auez  fait  :  car  vous  vous 
cites  abbniiîeiufques  au  néant  mclme  >  en  vous 
faiiant    homme  ,  Exinamuit  fcmetipfum  formam 
Jeruiaccipiens  :  &  de  là  ie  dis  maintenant ,  que  (1 
nous  voulons  entrer  par  le  trou   de  celte   ai- 
guille ,  ex:  fi   nous   defirons    auoir   entrée  au 
Ciel  ,  il  nous  conuient  eftre  merueilleufcmcnc 
petits. 
Bcllejïmi'  '     Les  Naturaliftcs  difent  que  par  où  le  chef? 
Ittude.        parte  »  indubitablement  les  autres  membres  y 
penuent palier  :  ainfi  ie  disque  puis  que  lefiis 
de  Dieu  qui  cil  noltrc  chef  a  pallé  au  Ciel  par 
cefte  porte  clhoitte  ,  comparée   au  trou  d'vne 
aiguille  ,  nous  autres  qui  lommes  [es  membres 
nous  y  pouuons  palier  :  il  ce  n'elt  que  de  mal- 
heur il  arriue  que  nous  foyons  bollus  ainli  que 
le  chameau  :  6  bolîc  ,  ô  ticheilcs.  C'cit  B  ce  qui 
empwfchc  à  l'homme  d'entrer,  au  Ciel  .  &  Scne- 


de  Cat(fme\  327 

auc  dit ,  que  s'il  y  a  aucune  choie  au  monde  qui 
pluftoftcrnpcfchc  l'homme  d'auoir  la  cognoil- 
ianec  de  io y  incline  ,  c'eft  la  trop  grande  pro- 

Voila  pourquoy  les  richciïcs  3c  les  trop  gran-  J\ictJrJjes 
des    profpcntcz  ,   (ont  ordinairement   compa-  compArees 
recs  au  vin  pur  :  car  ny  plus  ny  moins  que  le  vin  àH  ^in 
pur  pria  outre  inclure  ,  cv  parexcez  ,  bouleucric  fur% 
le  cerucau  de  l'homme,  6c  empeiuic  ^cs  (ou* 
étions  de  la  raifon  ,  de  telle  iorte  Se  manière 
que    l'homme    demeure  comme  hebeté  :   ainlî 
eillcmenc  ie  dis ,  que  les  trop  grandes  pro- 
.  ;:cz  oitcnc  la  railon  de  l  nomme .l'aucuglcnr, 
6c  le  pçiiieni  delà  cognoillance  de  foy-  mcln.c; 
Vuycz  en  prcuuc  de  cecy  ce  que  diloit  Dauid, 
;  m  aburiti.inttd  mcA  non  m  u,  ior  in  éctanum: 
}       Uxi  jn  jbunJantiu   mr*  :  \ o)  la  lVoon  lance 
&C    les  ri.  hclTç  moutùor  m   xiirnutn  :    Voila 

l'orgue.  •  -scaulenr ,  ieicray  ,  di 

1  ,p  r duc ab le  ne  me  changeray  point; 

qu  lîd   ,  que  dlîCS  VOUS  j   il  n'y  \Cory>*nce 

;  oint     pourquoy  "e  'J*uid 
non  mourimr  m  jtt.mum  :  c  elt  pat  tn  J€i  ri~ 
orçu  11  qu'il  dit  cela  »  c'eft  que  la  trop  grande™'"- 
atnWr.cc  de  biens ,  ex  les  trop  grandes  profpcri- 

tczl  iugémcnt$clacognoiliau« 

ne. 
1  rrtain,  &c  plus  que  véritable. 

i ;  rép  le  plus  le  ^a.  ut  des  hora  - 
1  orgueilleux  ,  que  lc>  richefïèsacY  les  gran] - 
.:  la  terre  »  c\:  par  confequeni  il  ctt  ucs- 
(  ctti  il  n'y  a  rien  qui  lefoanouiiîc  li  roft,  cV 

.  durée,  c  quç  dir 

iiij 


328  Pûur  le  troifiefme  Uuâj 

Je  mefme  Dauid,  J7/*///  tmpium  ex  ait  a  tuméfient  Cer 
dros  Ltbant  >  tranjuu  cr  ecce  non  erat.  Le  texte  H^r 
bricuefl:  plusamphatique:car  il  porte  ainfi,^»- 
dt  tmpium  exaltatum  jicut  laurum  :  I'ay  veu  l'impie 
Beau  paj~  CQCU^  ?  &  exalté  comme  le  lauriet .  Que  voulez- 
Jage      de  vous  dire  Dauid!  Voicy  le  fecret ,  l'impie  ou  le 
Dàuuï       mauuais  riche  fc  prefuade  pour  fc$  riche(Ie<r& 
explique.  gran jeurs  d'eftre  Cèdre  :  c'eft  à  dire  immortel 
6c  incorruptible  :  ainfi  quefaifoit  Pauid>fc  glo- 
rifiant en  l'abondance  de  Tes  richelîes  ,  Ego  dixl 
in  abundavtiA  me  a  nonmottebor  m  dternum:Le  mef- 
me riche  fe  perfuade  d'eftre  comme  le  laurier, 
penfant  par  fa  pu i (Tan ce  ,  &  par  fon  crédit  euiter  * 
les  foudres  des  chaftimens  de  Dieu  ,  ha  l  cft-il 
vray  ?  c'eft  là  vne  folle  perluafion  pour  eux, 
qu'ils  confièrent  bien  la  cataftrophe  du  mau- 

C<u  Y°A  ua's  ÏK^C  ^C  no^rc  Euangile  ,  qui  comme  eux 
f  .  u  lors  qu'il  eftoit  en  ce  monde ,  fe  perfuadoit  d'e- 
mauiutt  ^rc  ^ccjrc  inconuptible  &  perdurable  à  iar 
mais,  &neantmoins  le  voy la  frappé  de  la  mort, 
voyla  fa  puiflance  affoiblie,  &  fes  richetfes  cfua- 
noiïies,f/*/*  tmpium  exaltatum  fecutCedros  Ltba- 
?ii  :  tranjîui  cr  eccc  non  erat.  Il  penfoiteftre  le  lau- 
rier qui  ne  redoute  les  foudres  ,  &  tonnerres  de 
l'ire  6c  fureur  de  Dieu  ,  8c  neantmoins  le  vdyla 
touché  du  doigt  cfpouuentable  de  la  IufHce 
àminCtC?"  fepultus  efl'm  tr.fcrno.  Voyla  le  laurier 
par  terre  reduict  en  fumée,  Vidi  tmfium  exalta- 
tum peut  laurum  >  tranftut  £r  ecee  non  erat.  Ce  (ont 
les  effects  des  iugemens  de  Dieu  ,  qui  pour  mi- 
niftres  fe  fert  de  la  mort  à  l'encontrc  de  ceux  qui 
fe  veulent  preualoir  en  leurs  grandeurs  &  ri- 
cheiîcs  :car  fi  pendant  qu'ils  ioiioient  leur  rôle 


dtCsreÇme.  320 

fur  le  théâtre  de  celte  vie  prefente  ,  les  pauurcs 
n'eitoicnt  non  plus  clhmcz  enuers  eux  que  le 
ficus   6c  la  paille  :&  pour  ce  fubicct  après  le  pu  fonce 
cours  Je  celte  tragédie  la  mort  arriue  ,  qui  trap-  J§     U 
pc  les  Palais  des  Roys  ,  boulcucrlc   les  Monar-  mort. 

0  i?s  de  la  terre  ,  &  ne  taict  non  plus  d'eftat  des 
plu?  gran  ls  du  monde  ,  que  du  plu»  panure 
gueux  de  I  bofpical «  elle  renuerlc  les  Throincs 

pltn  nv  moins  qu'elle  faict.  les  cabanes  <3c  ta- 
bernacles des  Paftcun  :  elle  trappe  hardiment  à 
la  porte  de  rous,&  les  grandeurs  &  nchclFcs  ne  U 
pcuuent  empeicher  d'entrer. 

Pour  ce  fubiect  le  Prophète  Icremie  confide- 
rant  cecy  accomparoit  ce  grand  Roy  de  Sama- 
ric  Icconias  à  vn  pot  de  terre,  dilant .  Nunquid  „  r 

>ii  fiiuli  Irconu<  :  fcntre  les  Hébreux  le  mot  de  r        f,J 

*>uf  hiinifie  pluficurs  cfcofef  >  tantolt  il  uVmfie  ,' 

,  .,  ,  Urémie 

les  tranchées  de  l  enrantement  :  vncautrcrois  il        1 

1  ie infirmités  mala  lie  ,  &  vnc  autrefois  il     '    * 
lignifie  atlflj  idole  &  limulachrc  :  en  laquelle  lï- 
gnificatioo  il  peut  auoir  e'.lé  piiccn  ce  lieu  de 
Icrcime  :  Kun^uid  Trti  p^nli  lccom<u  comme  s'il 

lit  les  idoles  &  timul.ïJues  des  Gentils  ne 
font  autres  chofes  que  l'or  &  l'argent  :  Simuiu- 

rentmmjrçrmtim  ,'jy  nurHm%npi  rA  mjnuum  /;c- 
minmn.   Ef  pource  qu?  !  I  failoit  plus  d'e- 

ftat  de  (on  or  ,  de  Ton  argent ,  «5c  Ac  ks  nchcl'  , 
que  non  pas  de  Dieu  ,  voilà  pourquov  le 
1-s  qu'il  adoroit  n'eltoient  autres  choies  que 
les  nchelTesJ'or  cV  r.irg;nr,,S:  tout  ainfi  que  L 
itatucxle  Nabuchodonofor  hit  bou'euetlce  & 
renuerfrr  ptf  vnc  petite  pierre  :aulli  ne  tant  il 
qu'vn  rien  pour  taire  anéantir  toutes  les  gran- 


3  j  o  Pour  le  t  roifufme  leuây. 

deurs  &  puiilànces  de  la  terre  ?  il  ne  faut  qu'vn 
petit  reuers  de  fortune  pour  réduire  tout  cela  en 
poudre  ,  Si   ce  n'elt  que  pour  vn  autre  lecrec 
nous  voulions  dire  que  par  ces  paroles ,  Nun- 
tfuid  "\m  ji^uh  fecomat ,  nous  voulions  dire  que 
leremie  nous  a  voulu  reprefeoter  eequieftoit 
de  la  perfonnedes  grands  Roys  &ç  Monarques 
Zrs    %r.ys  de  la  terre  ,  qui  ny  plus  ny  moins  que  les  plus  pe- 
Cr     tous  tlts  ne  {orK  ancres  chofes  que  pots  de  terre  ,  eu 
les    nom-  cfgard  à  la  nature  imbecile,fragile&abiecT:e  ,  de 
mes    ne     laquelle  l'homme  eft  compofe. 
font     que       Pour  cette  conGderation  vn  iout   le  grand 
pots   de     Alexandre  voyant  (on  Ung  découler  fur  la  terre 
terre.         pour  vue  playe  qui  luy  auoit  cité  taire  en  la  ba- 
taille ,  commença  à  blaimer  ceux  qui   i'appel- 
loicnt  fils  de  Dieu,&  confeda  alors  ingenue- 
ment  deuant  tous,  qu'il  n'eftoit  pas  de  la  race 
des  Dieux  ,  mais  que  feulement  il  en  cftoit  le  (i- 
mulachre  :  car  il  n'y  a  rien  de  plus  certain  qu'au 
monde  Ce  puifle  trouuer  choie  plus  fragile  que 
l'homme, eu  eigard  à  la  matière  de  laquelle  il  eft 
compofé  ,  à  fçaupir  de  terre  :  terra  es  çr  wterram 
t  encriers. 

Vnc  autre  fois  Philippe  de  Macédoine  Ce 
voyant  porte  par  terre  en  la  luitte  ,  recognoif- 
fant  la  vanité  des  grandeurs  de  ce  monde  ,  ÔC 
combien  l'homme  eft  peu  de  chofe  ,  dit  ^Fidete 
éjunrn  minimam  terr<*  partcmjortiitf  efiilleqm  1/m- 
ucrfvm  mumWm  /.pf?ct^t. 

Scmblablement  fainct  Grégoire  de  To  1rs 
rapporte,  que  de  pareille  recognoilTance  de  la 
fra^'ité  de  la  nature  humaine  fut  frappé  le  cœur 
&  i  ame  de  ce  grand  &  valeureux  Monarque 


de  C are  fine.  3U 

•ne  ,  car  icciuy  confiderant  combien 
les  honneurs  de  ce  monde  lonc 

vains ,  «S:  combien  elt  r r . i ci 1 1  c  «5c  abie&c  l.i  natu- 
ic  de  l'homme  edant  agité  aq  lu:  de  la  mort, 
ainlîquc  tes  Seigneurs  6c  ôthcieri  de  u  Coure 
i.indoienc,  Sire  quel  iepulchrc  vous  fau- 
dra'il  conirxuire  ,  ce  quelles  armoiries  «3c  deu; 
i      Ira- il  grauer  déliai  ,  tic  vnc  rc  ;nc 

d'vn  C  i  vu  faiot  (êrutteurde  Dieu,  -i  r 

tel  nu  il  eltoir  :  le  ne  veux  ,  dit-il ,  autre  choie,  ,, 

pour  tout  ornement  de  ma  Upulturc  cju  v  n  luai-       Ji     t 
rc    ,   voi  a  tous  les  honneurs  que  ie  délire  m'e- 
me  faits  :c  elt  la  tout  ce  que  nous  remporterons 
au  partir  de  cette  vie  prelêiw  e  ,  pOUC  toutes  ri- 
'cs  nous  ne  rempoi  c,  laire 

propre  pour  rab.trc  ton    l'orgueil  !  oq 

du  i  -  .  la 

mort  tran,  •  j  .  Ic>  i  pnue 

i  le  ISS 
bon  i;- 

. 

/ii  rrpre fente 
IMJC1  q;ic  ic  1   aire  ,  &  q 
[UeoC   qui  rcnucrlc  p  teil 

Cv  I  ambition  «ic  ;un  . 

c.    pic  la  med  fati    n  le  I 

lifoni  d   m  en  11 

i  rM- 

dc  la  mont.  <u  il  auoit  . 

i  i  t./on. 

pu  i  el  »acc  ion  la  I 

,  5c  rclpic     .  de. 

naoïerc  que  ic  p  ne  le  pou  i 

c  pouc  la  trop  gran  (on 

1  fui    lu]   :..: .Àii\i  de  le  voiler  la 


332  Tour  le  troiftefwe  îeudy 

face  d'vn  fuaire  :  &  par  ce  moyen  toute  cède 
fplendeur  fut  empefehee  .belle  reprefentauon 
de  la  mort  que  nous  donne  ce  fuaire  ,  laquelle 
£âbat  toutes  les  grandeurs  Se  ambitions  de  la 
terre.  O  faincte  Se  falutaire  méditation  que  cel- 
le de  la  mott ,  qui  retire  noftre  cœur  de  lambi- 
TertuL  //.  fion  Se  de  l'auarice. 

de  coron*      Tertulian  au  liurc  qu'il  a  faicl:  De  corona  mi- 

milttis.     litifyàii  qu'anciennement  lors  que  les  Empc* 

reurs  triomphoient ,  vn  certain  homme  fe  tc- 

noit  inceflamment  auprès  d'eux  ,  leur  difant, 

Mémento  tutyCrrefpieePofîtc. 

C'eft  vne  meruaillc  grande  que  cecy  Se  vnc 
chofe  qui  mérite  deftre  pefcctfc  confiderce  fça- 
uoir  eft  que  noftre  Seigneur  eftant  lur  le  mont 
de  Tabor  au  iour  qu'il  fe  transfigura, quoy  que 
fa  face  fuft  plus  refplcndilTante  que  le  Soleil ,  Cçs 
habillemens  plus  blancs  que  la  neige  ,  &  que 
ceux  qui  eftoient  tant  à  fes  coltez  ,  qu'au  def- 
fous  de  iuy  ,tous  efclairez  de  la  lumière  de  fa  face, 
&  rauis  comme  en  extafe  de  la  fplendeur  de  celle 
Belle  ton-  gloire  qui  r:jailli(Ioit  fur  le  corps  de  ce  Seigneur 
ception.     transfiguré*  >  nonobftant  dis- je  .tous  ces  e(chan-r 
tiilons  de  gloire,  tous  ces  rauiiremens&  exta- 
fes ,  il  eft  dit  en  S.  Matthieu  chapi7.  que  io^ue- 
bantur  de  excefn  ,  ils  parloient  de  l'cxccz ,  c'eft  à 
Mattb.i?  dire  de  la  mort  de  ce  Seigneur  :  quoy  ?  au  milieu 
de  Ja  gloire  parler  delà  mort  ,  cft-cc  vnc  chofe 
qui   foit  conuenable  &  à  propos  ?  ouy  ,  c'eft 
pour  nous  reprefenter  que  parmy  les  plus  gran- 
des fplcndcurs  Se  dignitez  ,  qu'au  milieu   des 
plus  gtandes  profperitez  Se  hôneurs  de  ce  mon- 
dc,il  faut  auoir.  toufiours  fouucnancc  le  la  mort, 


de  Cartfmii  335 

&  ne  faut  tellement  s'allcurcr  fur  l'afTluencc 
des  biens  &  des  richcllcs  qu'a  l'exemple  de  ce 
mauuais  riche  pour  les  follicitudcs  des  chofes 
temporelles  nous  ne  perdions  la  iouyllance  des 
fpintuclles  &  celcftcs ,  la  mort  interuenant.  A!or- 
tutu  ejî  diues  :  ô  mort  que  tu  es  amerc.o  mers  a/uétn 
jmjird.  tut  recorJdtio  .  que  la  fouucnance  de  tôt 
c(r  trifte  &:  funcftc:mais  d'autant  plus  qu'elle  cfb 
triftccVamcrc ,  plus  elt-cllc  bonnet  ialuraire, 
pour  dclracincr  de  nos  cœurs  l'auaricc  Se  l'am- 
bition ic'crt  cette  amertume  qui  fait  perdre  le 
goult  des  vanitez  du  monde  ,  &  qui  retire  les 
mondains  du  delîr  auare  qu'ils  ont  dcpollcdcr 
les  grandeurs  de  la  terre. 

O  Kumains  ,vous  nous  auez  voulu  repre-  iu£Lcw+- 
ienter  cela  en  vos  couftumes  &  cérémonies  :  car  i}ume  des 
touliours  au  ommcnccmcnt  de  vos  feftins  &  »a 
banquets  :  le  premier  que  vous  faidez  feruir  aux 
aiïîltans  ,  cftoit  de  l'abhnthe  ,  pour  empefehec 
auc  les  viandes  qui  (c  prenoyent  ne  chargeaf- 
(ent  l'eftonuc  ,  Cv  ne  demcurallcnt  dcll'us.  O 
mort ,  o  abimthc.o  amertume  mcdccinalc  ,  que 
la  méditation  d'iccllcqui  cmpclchcquc  les  gran- 
deurs ôc  ambitions  du  monde  ne  demeurent, 
&  ne  prennent  racine  dans  la  terre  de  noftrc 
cœur  :  voilà  ce  que  îauois  à  dire  pour  ce  premier 
ppioâ  de  ce  prêtent  Sermon. 

Qjand  au  fécond  Se  dernier  ,  qui  eft  contre 
nos  Rcror;ïic/.  ,  qui  tiennent  qu'il  n'y  a  point 
de  touemens  fenlîbles  en  enfer ,  ex  que  les  tour- 
ments qu'endurent  levâmes  damnées  n  cit.  au- 
tre choie  que  la  feule  priuarion  de  la  rifion  dt 
u  :  ic  leut  oppoio  vu  (ainci  Ircnee  ,  \  n  Ter- 


334  Tour  le  iroifiefhie  Jcuâf. 

tulian»&  vn  faind  Grégoire  fur  ce  lieujef; 

r      .«,      quels  difenr ,  qu'il  y  a  véritablement  vn  enfer  &t 

Jrcndns      "*■.•.  *  .,    y  ,. 

r    /«]/•'<<»  vn       u  ProPre  &  particulier  pour  tourmentée 

_    „  „      tk  fupplicicr  les  damnez  :  &  ne  me  demandez 
Creqor.  .Kl  r  .  .  . 

rt  point  comme  il  le  peut  faire  qu  Vn  ku  ipiriruel 

puilfe  agir  &  brùfler  les  choies  corpoi elles  :  car 
comme  difent  fainct  Grégoire  &  fainr  /U<gu- 
ftin  ,  ny  plus  ny  moins  quei'ame  qui  eft  toute 
^AKgufr.  fpiritnelle  eftant  infiifc  dans  le  corps  l'anime  &c 
le  vinifie  :  ainfi  tout  de  mefme  le  feu  d'enfer  qui 
eftfpiruuel  ne  laitfe  d'agir  de  de  tourmenter  Icô 
Belle  ftmi-  corps  des  damnez  ,  &  leur  fiit  fentir  Sts  tour- 
litude.  mens  griefs  &  extrefmes,ainfi  que  dit  (ai ncl  Aii- 
guftin  yTorquentur  mirirfed  ~ïeris  fnodti\\zx\^  re- 
ceuoir  aucune  conlolation  de  perforîne  relie 
quelle  loir:  &  partant  que  ic  n'entende  tCy  ceux! 
ÎA  qui  difent  auécEpicuie  qu'il  faut  eftre  con- 
fiant h  peines  qu'on  endure  ,  pource  difent  ils, 
que  fi  elles  faut  longues  elles  ne  font  véhémen- 
tes ,  de  f\  elles  font  véhémentes  ,  elles  ne  font 
frerdurables  hy  éternelles  ,  c'eit  vne  flatterie 
que  cria,  ce  font  des  perfiiafions  vaines*  &  folles: 
Car  véritablement  le?  tourmrnr*  qu'endurent 
les  damnez  en  enfer  font  in'ennrr.ih!es  ,  &  înex- 
pliquables.  Tonjucntur  rmrv  ftd  ^felfif  tkàVix  !  ce 
font  tourments  rres-vehemens  &  fenflb!es, 
&qui  nepeuuent  cftre  cip?.*c7  ?ybhi}cri8ùr^ 
menrs  que  l'on  pourroit  emIHr'lr ,  tfr  cuVvie 
prefentev  Voila  pourquov  noUre  m;iuujis  ri- 
che oui  fe  rrouuôir  en  ces  lieux  de  pcitiè'St  dé 
douleur  extrême  ,  prioir  ,  que  l'on  aduri  ti(î  ft'i 
freref.  qui  eftoient  encore  viuans  fur  terre  de 
le  bien  gouuerncr  ,  &  ne  faire  comme  luy  ,  Né 


de  Cârejmf.  335 

di toit- il  ,  C7*  tpfi   Iffmar.t  m  locum  tormfntorum. 

Qnc  voulez  vous  dirCjQ  riche  ,  le  veux  dire  par  pf[!f  rr-_ 

ce  mot  locum  termeniorum  ,  que  tous  les  chcual-  ùl{erdtlûn. 

lcts  du  monde,  toutes  les  rôties ,  tous  Itb  tup- 

phces,&  tous  les  tourments  de  la  terre  a  11  ce 

routes  les  maladies ,  peines ,  £-:  douleurs  que  les 

hommes  pcuucnt  endurer  en  celte  vie  preten- 

tc  ,  ne  (ont  rien  en  comparaison  des  peines  &c 

tourments  que  les  damnez  endurent  en  enfer. 

Ne  cr  ipft  Reniant  m  locum  tormrntc-rum.     le  voy 

bien  encore  par  ces  paroles  du  riche  qu'en  cc- 

ty  le  vérifie  la  maxime  des  IMiilofophes ,  Iç.iuoir 

ell  que  ContrdTiotUm  cadem  rft  ccnjerinrntid.(Z^X  11 

bien  Bocce  defenuant  la  félicite .  ex  la  bcatitu-    •  1 

Pirhe  cou  - 

de  éternelle  a  dit  que  c'clloit  .Ihttu  omnium  bo- 

*      .  f.  yJ  eeplion, 

T.or.im  j?Ç^reS4ttonr  f  >  rfriiH<.  ' 

Air.iî  de  incline  par  pareille  confequcncc  ic 
diray  que  la  damnation  n'clfc  autre  choie  ,  linon 
i\ \ih*  omnium  mÂiorum  cy  tnrmentorum  tfrprrPM- 
hi  :  c'eft  le  ramas  cV:  la  congrégation 
de  toutes  les  plus  griefues  peines  ex  tourments: 
voila  pourquoy  le  lichc  damné  ctr  ;nr  pi  rtc 
de  compaflion  entier 0 les  frères  g  delimit  qu'ils 
fullenr  ftdmooeftel  8t  aduerns  de  vnne  autre- 
ment que  luv  Ni  &•  a ,t  >emdÀt  m  k  um  lormrn- 

m  :ôc  parlant  des  tourmens  aupluiul.  In 
(nm  tormmtorum ,  il  nous  veut. fi  ic  ne  n  e  irom- 
p-,reprefenter  i\cux  fortes  de  peints   qu\-ndu- 
•niiez.  ,  lç  iuoir  elt  la  peine  4  ,  Je 

la  peme  deiens. 

t)  !qtie  ce  riche damné  »poit   bien  t:i!ucc1c 
re  le  n  on  va i  />- 

hus,  lequel   (c  irouaiiu  uiucitf 


3$  6  four  le  trot  fie fme  ïeuày 

de  (on  ennemy  &  de  toutes  parrs  enclos  &  en- 
jterrets    ^crm^  ,  de  telle  (ortc  &  manière  que  luy  &  tou- 
ffe  l>7/.  tc  f°n  armee  ^  voyant  comblée  de  foiffut  con- 
mtchus.    tramc  de  fc  tendre  à  la  mercy  de  (on  aduerfaire, 
&  de  luy  quitter  tout  pour  auoir  feulement 
moyen  de  boire  :  &  après  auoir  beu  vn  verre 
d'eau,  &  qu'il  euft  efté  quelque  peu  defa!teré$ 
commença  alors  à  dire.   O  moy  mifcrable  de 
malheureux  que ic  fuis,  cft-il  pollîblc  que  i  aye 
cftépriuéd'vn  Royaume  fi  puilfant  ,&  fi  fîorif- 
fant  telqucftoit  le  mien,  pourvn  fi  petit  plailir, 
&  pour  vn  petit  verre  d'eau? 

Si  Lyzimachus  pour  auoir  perdu  Ton  Royau- 
me pour  fi  peu  de  plaifir  &  de  contentement  a- 
Uoit  tant  de  regrets, &  foufpiroir  fi  profonde- 
ment, que  diront  les  damnez  ,  qui  pour  vn  pe- 
tit verre  d'eau  ,  &  pourvn  petit  péché  commis, 
btb'erunt  ftent  djtiam  imquiutcm  ,  pour  auoir  beu 
à  traiéfo glôtftons l'iniquité, fc  verront  damnez 
J^egrets     &  tourmentez  ?  certes  ils  diront ,  ô  miferables 
des  dam-  que  nous  fommes ,  dt  quelle  félicite  &  beatitu- 
nc\é  de  auons  nous  efté  priuez  pour  vne  fimplc  vo- 

lonté ,  pour  vne  petite  auarice  ,  pour  vne  fimpltf 
ambition,  pour  vne  petite  conuoitife,&vn  pe- 
tit defir  d'auoir  &  poflèder  les  grandeurs  &  ri- 
chefTcsde  la  terre  :  c'eft  noftre  malice  qui  nous 
a  porté  à  ce  mal-heur  ,  &  qui  nous  fair  perdre  le 
Ciel  :  de  forte  qu'en  recompenfe  de  ces  plaifîrs, 
&de  ces  conuoitifes  nous  fommes  maintenant 
réduits  en  ces  lieux  infernaux  de  boire  Ôc  gou- 
tter le  vin  pur  de  la  lufticc  diuinc;ie  dis  les  tour- 
ments ÔC  douleurs. Caltx  m  mtnu  Domini  ~\'im  me* 
ripUnn  mixte,  dit  Dauid>parlanc  des  chaftimens 

de  Dieu 


de  CâYtfme\ 
de  Dieu  entiers  les  r  /nuise-  :on~ 

dttesnras ,  6  Prophète  R  n- 

lutticcdiuine,  &  ce  calice  amer  de  cCi  p.jmti 
cil  pur  «ScmixtionuL*  :quoy  r  s'il  cft  ; 
ment  cûVilmixtionnc:X  s  i.  un- 

me-  t  peut-il  cttre  pur.  1 1  liilclc  vray  ,  U  luftjce 
dminc  eti  vn  vin  pur  ,  pourec  que  les  tounr. 
de  ce  monde  font  meilangez  0C  rempli  de  ldh- 
iolauon  :  mais  ceux  de  l'enter  qu'endurent  les 
.mcz  (ont  purs,c'eltvn  vin  pur,  pourec  qu'ils 
font eûoignez découds  conlolanon  en  Icsiuiir- 

:  endurant.  Crmment 

(:s  tonrmens  encore  qu'endurent  les  dam-  /f  tares 
nez  en  enfer  ,  pcuuent  aulli  citre  appeliez  vin  ■*  xtnfn 
mcilangé  de  la  diuinc  lulricc  ,  pource  que  la  'ont  &*** 
peine  de  dam  cil  mcilce  aucc  la  peine  Je  (ens  la  tflrefm 
peine  de  Ham  c'cll  les  tourments  &  doulcuu  Cr  *»*f» 
qu'ils  endurent , de  la  peine  dw  iens  c'ek  la  i  -  '  \**U 

founenanec  des  pl.iilirs  pal;  îcLils 

loi1-  ft  lont  pnue  Je 

i ,  peine  grande  a  la  vente  que  ce^lç  ic^  uns, 
pource  que  ,  mum  ffttJtif/CflMJJ 

recnrdéTtje  effe  n    ,   n   Ionatlui  que  di, 

ru  après  auoir  goulic    n  perjt  ;  cl, 

aula  tani  de  mal  ,  «S:    M  coulL  Il  cher. 
x*m  ,di(oic-il  ,  fatum  mrILs  çr  n  w% 

û  riche  damne  que  peux-m  duc  munterunt: 
iielas!  pour  auoir  trop  prins  D 

nonde  ,  pour  auoir  trop  cite  addon- 

c  cViaux  deliccs  de  la  ici  >i- 

ladamiic  pour  vnc  crcrnirc.    féfwmmimisgn[i4- 

n  »  ytfrt wii1  mt o  miel  ,  ô  laid  i  les 

ce  inocule, ai nfi que  les  appelle  Clc- 

¥ 


33  S  four  le  tretficfme  Jeudy 

Tlatftrs      ment  Alexandrin  ,  qui  méritez  à  1  homme  vno 
appelle\     morr  eterneile  :  combien   expédient  eut-il  efte 
laiiïamer  aux  damnez  de  n'auoir  iamais  efté  nez  au  mon- 
farClc-     despour  y  auoir  fi  mal  employé  le  temps  &  le 
ment  <A-  cours  de  leur  vie  :  ô  grandeur  de  la  luftice  diui- 
lexan-       ne,  luftice  de  Dieu  laquelle  eu  e(gard  à  Tes  ef- 
drm,         fects,  peut  iuftement  &  meritoirement  eitre 
comparée  à  l'arc:  ^/Crcumfuum  tetendit  erparauit 
Juftice  de  illum.  Car  tout  ainfi  comme  vous  voyez  que 
Vieucom-  tant  plus  la  corde  de  l'arc  eft  téduë  ,plus  lctrai£b 
parée  k       qui  en  eft  decochê  en  eft  véhément ,  &  darde 
ïtrCé         auec  plus  de  violence  :  ainfi  de  mefme  diray-  je 
que  la  luftice  de  Dieu  en  ce  monde  eft  compa- 
rée à  l'arc,  car  tant  plus  nous  l'oftenfons  par  nos 
iniquitez  >  plus  nous  bandons  la  corde  de  cet 
arc  contre  nous,  duquel  en  fin  font  décochez 
contre  nous  la  flefche  &  le  traiét  d'vne  damna- 
tion éternelle  ,  &  tant  plus  il  diffère  &  efttar- 
difi  nous  punir  ,  plus  les  chaftimens  font  ils 
dangereux  &  à  craindre  :  ô  Euripide  vous  di- 
fîezquclamjfericorde  de  Dieu  auoit  des  pieds 
d'aides  ,  pour  monftrer  la  célérité d'icelle  en- 
tiers ceux  qui  le  méritent.  Mais  pourmoy  ie  dis 
que  cette  mifcricorde  fe  changeant  finalement 
en  courroux,  en  ire,  &  en  furie  contre  les  mef- 
chans,  eft  retenue  &  empefehec  par  la  pefan- 
teur  de  Tes  bras  &  de  fes  mains  dangereufes& 
à  craindre,  quand  principa'ement  il  les  employé 
pour  faire  l'exercice  de  (a  luftice  ,  6V  alors  dit  S. 
Paul  Horrendum   eji  ,  meidere  m  manu   Deï   *>*- 
uentis. 

Mais  (  Chrcftiens  )  confolez  vous  ie  vous  prie 
prenant  en  vous  ceftcfaindte  &  falutairc  refo- 


âeCâtffme.  319 

lution,qui  e(l  que  pour  cuiter  ces  peines  cicr- 
nclles  de  l'enfer  1  &  p oar  empetcher  que  l'ire 
le  courroux  de  Dieu  ne  s'enliamme  lur  vous, 
vous  deuez  vous  ierter  entre  les  bras  dcnoihc 
Seigneur  attache  en  la  cioix  ,  où  il  nous  attend, 
fî  tant  cfl  qu'en  ce  monde  nous  nous  achemi- 
nions à  luy  par  la  pénitence  •  8c  nous  cilans  vnc 
fois  mis  entre  les  bras  par  vnc  Uintc  conuer- 
flon  &c  rcpcntancc  de  nos  toutes  ,  impollible 
fcraaaucun  de  nous  en  retireriez  nrmoru 
tm  di  munu  med  nous  n'aurons  crainte  ny  aucu- 
ne peur  de  ces  peines  éternelles  :  &  partant  que 
l'enfer  Ce  dcfpite  contre  nous  tant  qu'il  voudra, 
que  le  diable  employé  toute  fa  malice,  cv  le  mon- 
de toutes  les  pipencs ,  iamais  nous  ne  formons 
d'entre  les  bras  de  ce  fils  de  Dieu,  «que  ce  ne  toit 
pour  nous  faire  entrer  en  la  ioiïvllance  de  la 
>:rc  des  Cicux  ,  ou  nous  conduite  le  ^cre  ,  le 
i  ils,&  le  o.Ltpnc.Amliioit-il. 


Y  ii 


340 


SERMON  POVR 

LE    TROIS  IESME 
Vendredy  de  Carefmc. 

Homo  quidam  et  ai  paterfamilias  qui 
fiant autt  vineam. 

Matth,    21. 


A   couftume  &  cérémonie  qui  an- 
ciennement eftoit  obferuccau  Gcrc 
&  couronnement  des  Roy  s  de  Per- 
le ,  eftoit  tourc  myftcrieuie:L'ordi- 
naire  donc  eftoic, qu'au  iour  de  dc- 
uantce'uy  du  facredu  Rov,on  luy  raifoitmâger 
forces  côfir lires  de  figues, ou  toutesfois  il  y  auoit 
beaucoup  plus  dcTcrcbiuhe  merueillcufemenc 
amere  ,  que  d'autres  choies  :  on  luy  friiioit  boire 
aufïï  du  vin  méfie  auec  du  fiel, où  il  y  auoit  beau- 
coup plus  d'amertume  cjuc  le  douceur, pour  no9 
reprelenrer&figni  fier  que  les  £iâ  ic  ursde  ce  mo- 
de font  remplies  beaucoup  plus  de  rrauerfes  & 
arfljétionsrquc  de  prolperirez  eV  bon  heur:Vous 
cnviîlcs  hyervnbcl  exemple  en  l'huangile  que 


de  Care/mil  541 

l'Eglifc  nous  propofoit  ,  Et  auiourd'huy  c/ic 
s'accompare  à  vnc  vigne  ,  ou  tous  tant  grande 
que  petits  nous  douons  travailler.  Hcmo  <jui- 
ium  ctAt  p.ttcr  f* mil léé  ênifumêdUti  Ittneam.  En 
cette  vigne  le  perc  de  famille  a  faitfl  conlhuirc 
vne  tour  ôc  vn  r  rclîoir  pour  nous  reprefenter 
que  l'ellat  de  l  hghfc  en  celle  vicprclentc  elt 
rcmply  d'aduci  (irez  cV:  de  rnhulations,où  le  miel 
descon  ns  diurnes, lerctrouuc  mixtionne 

du  fiel  des  pcrlecuuons  ôc  achetions  :  c'clt  ce 
que   nous  rcprclcnte  ce  predoir  ,  cV:  celle  tour 

iltruitc  en  celle  vigne  ,  tout  qui  lerctcrcà  la 
guerre, aux  ioingi  ,  vucillcs  6c  lolicitudes  dcl- 
queis  l'homme  le  void^ag'.rc  en  celle  vie  prelcn- 
tc  :  &  le  prclîoir  qui  cil  vne  paifaiele  reprelcn- 
tation  des  achetions  c\:  tribulations  ,  lefquellcs 
nous  leruent  de  planches  pour  palier  de  celle  vie 
en  l'autre:  C'clt  ce  qui  n->us  cil  autour J  liuv  mis 
deuant  les  yeux  cnlEuangile  que  i'iighu  nous 
propu: 

Lnd  Pcrc  de  famille  1  :   un  Vigne- 

ron qui  aucz  plante  celle  \  t  l  Eglife  ,  tai- 

dlcs  (  s'il  vous  plailt    par  volirc  honte  ,   que  les 

ppes  dcrailindc  voltrc  diurne  parole  lisent 
tellement  prclîccs  fur  le  ptclloir  de  ma  langue, 
que  de  ce  prclluragc  en  puillcnt  dilliiicr  v\  pro- 
céder les  enleignements  laluraires  poui  celte 
noble  alîîtlancc.bt  vous,  ogloricufe  Vicrge,qui 
autres  foil  laiu  en  eftrc  ICQUilc  ,  vovant  une  le 
fifl  manq  .  -       t  Lai.  .  les 

bre  1  ils  de  change*  l'eau  tti  i  n  ,  ns 

très  îulleluhi            perer  a lli liane*  u liera 

ICBOIMVOUS4  ns 
dilans.                                           Y  1 1  j 


34  *        *cn  ïht  roifiefme  Venàreày 


Aue  Maria. 

I  S  A  NT  les  Hiftoircs  fain&es  & 
prophanes  tant  Grecques  que  Lati- 
nes ,ietrouue  qu'vn  grand  nombre 
de  ceux  qui  ont  efté  appeliez  aux 
Gouuememens ,  Empires  &  Royaumes  ont  efté 
Laboureurs  &  Vignerons,  changeants  l'eftat  de 
vigneron  &  de  laboureur  vil  &abie£fc  enceluy 
deRoy  ,  d'Empereur,  Ôc  de  Monarque  ,  dignité 
noble ,  &  la  plus  excellente  du  monde  :  &  ce  par 
vue  metamorpholc  merueilleufe,  changeant  par 
ce  moyen  la  charrue  en  Throfne  Royal ,  le  col- 
lier en  Couronne,  &  les  rennes  &  brides  des 
cheuaux  en  Sceptres  :  bon  Dieu  quel  change- 
roent?dira  quclquvn  ,  quel  mariage  ,  &  conion- 
clion  v  a  il  entre  ces  deux  cftats  de  laboureur  ou 
vieneron  ,  ôcccluy  de  Roy  ou  de  Prince? 

Quelle  alliance  &c  proximité  peut- il  auoir 
entre  l'eftat  de  régir  les  bettes  &  animaux, & 
relt.it  de  çomierner  les  peuples  ,&:  les  Royau- 
mes? il  lemblc  qu'il  n'y  en  aye  point  ,  &  que 
part&tK  il  n'eft  véritable  qu  aucun  Prince  ou 
Monarque  aye  efté  appelle  de  l'eftat  de  labou- 
teur  ou  de  vigneron  à  ecluy  de  Roy  ou  d'Empe- 
reur. 

Toutesfois  combien  qu'il  fcmble  que  cela  ne 
foit/i  eft-ce  neantmoinsque  iedis  que  s'il  faut 
retourner  iufques  à  l'origine  &  fontaine  de  la 
première  iuftice  de  Dieu  de  la  naiurc  nous 


de  Cânfme\  34$ 

rrouuerons  que  deux  grands ,  &  fouuerains  Em- 
pereurs de  roue  le  monde  onr  cite  laboureurs  pfUX 
&   vignerons  :  car   nous    ne  pouuons  douter  grandes 
qu'Adam  n'ait  efte  créé  de  Dieu  ,  la  couronne \\;on4r_ 
en  relie,  le  Sceptre  en  main, Se  la  pourpre  Roya-  aucs    de 
le  lur  le  dos ,  auec  puiilancc  6c  pouuoir  de  corn-  r*Hwer$ 
man  1er  à  tou:cs  choies  crées ,  ïAcumu*  ,  dit-  il,  omc^cU- 
homincm  êà  tmdtuum  fy  ftmihtudmcm  ncjtrjm^tt  Coureurs 
frétât  omnibus  émmuntibu*  terré.  Comme  il  Dieu  ^     yl 
dilbit  ,  créons  l'homme  à  noltrc  image  «5c  lem-  ancrons. 
Wancc,  c'cll  j  dire  ,  ny  pîus  ny  moins  que  ie  fuis 
Rov  des  mortels  «S:  des  immortels,  ainli  veux- 
ie  que  1  homme  luit  comme  vn  petit  Dieu  en 
renc  ,  commandant  à  tous  les  animaux  ,  tant  du 
ciel  que  de  la  terre     &  p.utant  créons  le  auec  la 
inc  authonte  lur  toutes  les  choies  du  mon- 
de que  nous  auons  lur  luy  &  iur  toutes  cho- 
ies :  t'dciumué  homincm  ad  im.t^inem  cy-  jtmiLtudt- 
mm  no/irjm  :  £c  aufli  de  f  jict  en  ligne  ex'  repre- 
icnration    de  cecy  d^s   aulli-tolt  qu'Adam  rue 
crée  ,  tous  les  animaux  tant  du  Ciel  que  delà  les    *n- 
terre   s'approchèrent    de  luy   ,   pour   luv    faire  muux  fi- 
hommage  comme  à  lcui  Roy  ,  leur  Maiitrc  &  rent  "c' 
Seigneur.  m4.V  * 

Or  lus  voyez  maintenant  comme  Dieu  fou-  l'3ommff* 
ucraincV  crerneli  coniomcr  (c  ioc  <5c  la  charuc  j   '     f** 
auec  les  iceptres  &  couronnes  des  le  com men-  1  ur  i! 
cernent  du  mot)  le  :  car  le  texte  du  Qenefc  por- 
te qu'après  que  Dieu  cutc:  homme  pre- 
mier   ,  la  couronne  en  telle   ,   le  Ucpircenla 
main  ,  &  !a  pourpre  Royale  lur  le  dos  comme  le 
Rov  de  l'Vniucrs ,  il  le  mit  «S:  collo 
ilistcrrcltrc,  non  pour  y  demeurer  ouït   ,   m 

Y  iiij 


344  Tcurle  troifiefme  Vendredy 

pour  cultiucr  &  labourer  la  terre.  l'ofuitDens 
homtnem  m  paradifum  ^oluptatvs  "V/  operaretur  & 
cuftodieret  ï//«w.voilapour  le  premier  Monarque 
du  monde. 

L'autre  Roy  &  Monarque  gênerai  delà  ter- 
re a  eftè  Noé  après  le  déluge  :  car  il  eft  porté 
expredèment  en  l'Efcriture  faindtc,que  Dieu 
ayant  abyfmé  tout  le  monde  par  les  eaux  de  ce 
grand  &  gênerai  Cataclifme ,  renouant  dere- 
chef l'alliance  auec  les  hommes  en  la  perfon- 
ne  de  ce  grand  Patriarche  Noé  luy  dit  ny  plus 
ny  moins  qu'il  auoit  faict  à  Adam.  Crcjcite  £r> 
multipitcamim  ,  &  replète  terram  5  ty~  terror  ^ejier 
at  tremor  fit  fuper  cur/êla  ammaha  terrai  ,  &  fuper 
omnes  ~\olucres  cœlitum  T>niuerfts  quœ  momntur 
fuper  terram.  Omnes  pifees  mari*  manm  ">)eftrœ  ira- 
ditifunt.  Comme  Ci  Dieu  difoit  :  le  veux  ô  Noé 
parlant  à  ta  perfonne  à  tous  les  hommes  ,  que 
toute  la  terre  te  foit  fubieéte  :  comme  eftant  (on 
vnique  &  (buuerain  Monarque  :  &  toutesfois 
qnoy  que  puiflant  Seigneur  &  Roy  de  toute  la 
r  terre  ,  ncantmoins  fe  lit-il  de  luy  au  Genefe,cha- 
f  "  ^  pitre  neuf,  qu'iceluy  a  efté  le  premier  de  tous  les 
hommes,  qui  a  planté  la  vigne ,  &  que  le  mefmc 
a  efte  Roy,  Laboureur, &  Vigneron  tout  enfem- 
ble.  Cœpitque  Noe  ">ir  agricola  exercere  terram .  C7* 
plantauit  l>i»eam. 

Cecy  eftant  dit  &  obferué  ,  quelle  merueillc 
fi  ce  matin  l'éternelle  (apience  parlant  du  plus 
pinifant  Royaume  qui  loir,  a  fçauoir  du  Royau- 
me des,  Cieux  l'accompare  à  vne  vigne  !  Homo 
crat  pater  famille  pUntxmt  "ïweam  :  &  au  lieu  de 
parler  de  couronnes ,  de  feeptres  &  de  diade- 


de  Cdrefmt.  345 

mes  ,  il  ne  parle  que  dvnc  vigne  ,  d'vne  haye, 
dvnc  tour  ,  d'vn  prclloir  &  de  vignerons  ,  C\i  li 
aucc  ic  (oc  de  la  langue  nous  voulons  labourer 
te  vigne,  nous  dirons  qu'elle  n'cltauric  que 
1  Eglife,que  Dieu  en  clt  le  vigneron  ,  que  1  lier- 
re cit  l'autel,  la  croix  le  prclloir  ,  cv  le  lue  lorai- 
(on. 

Premièrement  doneques  ic  dis  que  l'Cglifc  eft  Defcriptto 
vue  vigne  qui  aces  racines  au  ciel  1  duquel  lieu  de  U  >/- 
elle  tue  toute  la  force  ÔC  vertu   ,  ex    de  laqucl-  ^nemyflt- 
Jc   les  rameaux  lont  clpandus  par  toute  la  ter-  que    de 
limites  [uos^a  mxri  >  ^ue  âd  mare  :  vi-  lEglife. 
gne  de  l'EgMC  de  laquelle  il  cft  parlé  en  Ezechicl  E\eck,\$'% 
au  chapitre  nj.  de  la  prophétie  ,  en  celte  ,'or- 
te  ,  Muter  tuu  tjujfi   'ïtneu   m  JunçMine  tuo  Juper  4- 
éuurn  pluntuu  tft  fmBm  eitm  ey  frondes  eim  cre- 
uerunt  ex  u^un  mu'.i.  fâft* Junt  ri  ,   >j  tfé  foli- 

du  m  feeptrd  dommuntium  ,  ey  eXdltJtd  :urx 

c  rendes  {y  ~ïidit  âltihulu  m  m  mul- 

titudtne  pdlmitum  fuorum.    Mais  (ingulicremenc 
ce  Prophète  defcrit  cette  vigne  de  l'Eglife  au 

•:>!trci"\  de  fl  prophétie  :  >n  terri,  boi.  uLm   cb. 

4/ju.(<  multti  fiéUUéi  1  orteil", 

'tiu  :um  "Y/  fit  m  ~\meum  ^rjr.d'im. 

Mais  ic  ne  me  puis  aile/,  cltonncr  deeeque 
I  rophetc  I./.c.hiel  en  ce  chapitre  iy.  cy 
ru  illegué  ,  I  -  :  que  celte  vigne  en  pc[je  con_ 

ion  coannencemcni  citoit  \  I  von,  C(ption 

1  Dieu  que  ;i y 

parler   qu'vne    vigne  en     lun   commencent 

mim  vu  h.  peut  rcpi efen- 

rer  cecy ,  (inon  que  i  u  cil  celle  vigne, 

aeupuur  vignctoi  la  plantée  en  (bocouv 


34<S  'Pour  le  troiÇicfme  Venàreày 

mencement  ccluy  qui  enl'ApocalypfedefaincT: 
Ican  eft  appelle  Lyon,~Wn/  leo  de  tribu  luda ,  fça- 
uoir  eft  le  Fils  de  Dieu  ,  qui  par  Ton  fang  pré- 
cieux cfpanché  en  l'arbre  de  la  croix ,  a  plante 
celle  vigne  ,  &  a  donné  commencement  à  TE  - 
glife.  Mais  n'eft-ce  pas  vne  merueilleufe  grande 
digne  d'eftre  admirée,  de  dire  que  le  bois  de  la 
vigne  n'eft  propre  qu'a  mettre  au  feu  après 
qu'elle  eft  taillée  ,  &  neantmoins  la  fain<5fce  Ef- 
criture  dit  en  ce  chapitre  19.  d'Ezcchiel  que  ce 
boisferuit  pour  faire  des  couronnes,  des  diadè- 
mes &  des  feeptres.  Egrejfsa  efrignn  :  Firga,  ar~ 
A'boRro-  m0TUm  eipt*  1UI  fruftum  eiua  comedtt ,  çr  non  fuit  m 
r  ea  yirga  fortis  ,  feeptrum  dominantium  :  6  Roys 

■g0,s  Chreftiens  que  vous  elles    heureux  d'eftre  les 

Chrétiens  Premiersenfans  de  l'Eglifc  ,  n'eft-ce  pas  du  bois 
J  '  de  cefte  vigne  myftique,que  les  feeptres  de  vos 
floriiTantes  Monarchies  font  faits  &  formez?  6 
France  ,  ô  Royaume  des  Gaulois ,  ô  Roys  de  la 
France  ,  vous  cites  véritablement  les  plus  hono- 
rez de  la  terre ,  puis  que  vous  eftans  les  premiers 
nez  de  l'Eglifc  ,  voftrc  feeptre  par  confequent 
eft  appelle  le  premier  &  le  plus  rloriiïant  de  tous; 
mais  dites  ie  vous  prie  grand  mercy  au  fang  du 
fils  de  Dieu  ,  qui  faifant  florir  cefte  vigne  de 
l'Eglifc  ,  luy  a  par  confequent  fait  produire  le 
bois  dont  ce  fcepr.re  a  efte  fait  &  formé. 

O  vigne  de  r£glife,femblable  à  cefte  admira- 

.Admira  y  c  vignCj  ^c  laqUCHe  parle  Pline  en  fon  hiftoirc 

ble  l/ignet  naturçi|c  ?  laquelle  pour  auoir  Ces  fueillcs  &  Ces 

raifins  toufiours  tournez  du  cofté  du  Soleil,  à 

caufe  de  cela  Ces  pampes  font  tous  reftemblans 

au  Soleil  :  qui  ne  fçait  que  l'Eglifc  eft  vneparcilr 


àcCitrtfmel  347 

le  &  femblable  vigne  à  celle-cy  ?  laquelle  a  de 
tout  temps  cite  tournée  vers  ce  dnnn  Soleil  de 
Iufticc  >  D  il  tel  t*t  metu  miht  ,  o~  <ço  ilh  :  Voila  la 
conuctiïon  perpétuelle  de  cette  vigne  vers  le 
Soleil  EU  voulez  vous  voir  comme  à  Caofc  do 
celte  coaucriion  adtucllc,ellc  rellemblc  à  vu  au- 
tre Soleil  î  voyez  ce  que  dict  iaincr.  Iean  au  cha-  ^fpocâl. 
pure  U.de Ton  Apocalj  pic  ,  Siçrmm  m  içnumuf-  n. 
PâTuitm  cœlomuier  imi  ;j  ol  :ccfte  femme  entou- 
iec  du  Soleil  n'clt  autre  qoel'Eglife  qui  citvn 
Soleil, clclatantc  en  toute  laintfcté  (5c  conucila- 
>n  cclcftc. 

Ec  fi  vous  voulez  voir  comme  toufiours  cette 
ae  a  etté  tournée  du  tofte  du  Soleil  ,  clcou- 
tez  ce  que  rapporte  le  Sage,  il  parle  du  commen- 
cent de  le,  qui  a  phi  fborce  «S:  origine 
dés  le  Paradis  terrcltrc  en  l'fcttat  d'innocence, 
éx  en  la  perionne  de  nottre  premier  perc  Adam,  -  r 
duquel  il  dit  pour  ce  (uicwk ,  crtuuit  Dcu*  homi-  .  *  i 
h                <m  ,  C7"'  iterum  tmtUfÛi  lilum  édftl  pour 

eiHcndre  cecy  ,  ?ooi  devez  (çauohc  que  Dieu    ,v> 

t  tourne  deux  fois  vers  les  créatures ;  la  [ 
mil  Dan  I  il  donna  l'ettrc  à  toutes  choies 

connue qaan  1  il  dit ,  FUi  '  ■  mjmtntum 

itierrA'  ^irtktfmy,  la  IccoikIj 

iors  que  ,  "»/<///  OeMS  OUêSd  ou*  ftetrut  .  -utm 

nu  câ  >âldi  Ifonu    lors  qu  il  le  tourna  1  ei  I  ronres 
les  choies  qu'il  a  .  cs,qinl  les  vit  Bi  les  1 

h  leia  ,  &  les  trouui  met  ucillculcmcnt  b 
ainh  de   toutes   les   chofèl  aies    ,    Dieu  i1 
tourné  premièrement  vers  iccllcs  en  leurdon- 
nant  l'efae  ,  6c  putsapres  1 
duites  -,  u        .  4  ,  pc  ic, 


348        ?our  le  troiftefme  Venârcdj 

yidit  cunfta  auœfecerat,  ey  inuemt  ea  1/alde  boni. 
Et  combien  que  cela  (bit,  fi  eft-ce  toutesfois 
que  lors  qu'il  a  efté  queftion  de  créer  l'homme, 
ic  trouue  que  Dieu  l'a  comme  regardé,  &  s'eft 
tourné  /ers  luy  ,  non  pas  qu'il  fe  fou  tourné  pre- 
mièrement vers  l'homme  :  mais  bien  a  tourné 
1  homme  vers  foy >Fecit  Dent  hominem  reclum  >  cr 
tterurn  conuertit  illum  ad  [e  ,  il  s'eft  tourné  du  co- 
ite de  l'homme  premièrement ,  lors  qu'il  luy  a 
donné  ion  image  ,&  (econdemtnt  il  a  tourné 
l'homme  à  foy  lors  qu'il  luy  a  donné  (es  grâces: 
Pourquoi  Et  remarquez  ce  mot ,  que  Dieu  s'eft  compor- 
te** s'eft  té  enuers  l'homme  ,  tout  an  contraire  qu'il  n'a- 
il    tourne  uoit  faicl:  enuers  toutes  \es    autres   créatures 
~Vm  les    vers  Icfqueiles  il   s'eft  tourné  après  les  auoir 
créatures,  crées  ,  pour  autant  qu'icelles  ne  font  capables 
de  fe  tourner  vers  luy,&  ne  font  capables  de  luy: 
Mais  il  a  voulu  tourner  l'homme  à  foy ,  pourec 
que  l'homme  cft  capable  d'eftre  Dieu. 

Voila  doneques  comme  vous  voyez  que  ce- 
tte vigne  de  l'Eglife,  dés  fon  premier  commen- 
cement a  efté  tournée  vers  le  Soleil  >&  partant 
quelle  merueille  fi  elle  eft  toute  lumineufe  en 
beautcz&  en  faindtetez,  Fecit  Deus  hommem  re- 
ftum  &>  iterum  cjonuertu  ilium  adfe. 
Selle  ton-     Secondement  par  cecy ,  le  Sage  veut  dire  que 
ception  du  Dieu  a  créé  l'homme  n'y  plus  ny  moins  qu'vnc 
Sage.        belle  colomnedroidtefur  laquelle  le  Soleil  fait 
battre  à  plomb  fes  ravons  ,  laquelle  pendant 
qu'elle  eft  droi&e,  ne  faict  aucun  ombre  :  ainfi 
le  Sage  dit ,  que  l'Eglile  en  fon  commencement 
&  en  fon  innocence,  a  efté  vne  belle  vigneau 
Soleil  ,  &  vne  colomne  droi&c  fut  laquelle 


dcCxreÇm.  3  49 

Dieu  a  fair  battre  à  ploiub  les  1  avons  de  fes  y.x- 
ces  ,  &  a  cmpefchè  que  l'ombre  du  pcebe  ne 
l'ayeinucitic  ,  &  par  ce  moyen  ayant  cite  ainli 
tournée  vers  le  Soleil  de  îultice,  quelle  merucil- 
lcfî  elle  a  efté  rendue  luminculc  ,  ex  li  clic  ac(lc 
faict  femblablc  à  la  vigne  de  laquelle  parle  Pli- 
ne.   Homo  (jHiiiim  erjt  patcrfumtltas  qui pluntàutt 

le  ne  peofii  pas  qu'il  (cpuilTc  rien  trouucr      ./   » 
nu   monde  oui   icprclcntc  mieux  la  nature  de    ■ 
;lc  que  la  vigne  .voyez  les  rapports  qu  il  y  f 
a  entre  les  Jeu-      Q    eft-ccqucla  viene  ;•  c'eft  le  J 


Qu'cft-ccquc  la  vie.. 
1  im  mieux 

1  mai  du  lerncnr.Qu  clt-cc  que  1  nomme  Pline  !»».-#,  1 

dit  que  c'clfc  vn  arbre  ,  (5c  fainct  Àuguttin  adiou-      '  1    ^  -< 

i\c  mal  TÂtiotule  cft  drlor.   Mais  lin-  I 

gulicrcment  ,ic  dis  que  l'homme  Chrcfticn  eii 

vn  erp  de  vigne  ,  tel  ro  dit  nutrre  Sei- 

gneur  .Fij-n  um  "Viager  >  i  r.j  ,(1  donc  l'hô* 

•eltiencltvn  cep  de   vigne  :  &  qu'il  clfc 

ile  cil  le  ramas  6c  Ja   contre 

le  h  q  :  \\jic  elt  i\lr 

>elle  taini 

ec  de  bois  fo.blc,    a  0.';;-  timrrt 

i   pinam  le  bois  de  leirc  vigoea 

ii.il.ir  poureftre  (oultcnuc  ,  ex"   pat» 

ucmr  pu  cet  appuv  ,  à  la  perfection  de  laglu.rc: 

dat  (ur  lequel  le  ferme  OC   de 

•  crois 

qui  cites  CCI  ccha- 

\  de  l'I  pny eut 

k*«  i  neni  H  ;nc  myl  tique  ,  5c 

cz  &  ifleurez  ic>  membres  &  pat- 


35  o  Vott*  le  trofftefme  Vendre  dy 
tics  (ficelle  :  voyez  comme  S.  Paul  eftoit  vn  des 
ceps  de  cefte  vigiïe  ,  qui  auoic  befoin deftre  ap- 
puyé de  cet  echalat  de  la  croix  ;  voicy  auiïi  com- 
me il  ne  veut  d'autre  appuy  que  cefte  croix? 
mihi  autem  abfit  gloruri  mfi  m  cruce  Domini ,  in 
quoe/tfaltts  ,  Inta  crrefurreftionoftrd. 

De  forte  qu'en  cecy  fe  vérifie,  &  s'accomplit  ce 
que  S.   Ambroilê  rapporte  de  l'OdylIeedHo- 
Truderice   rnere,  fçauoir  eftqu  vn  iour  le  fage  &  prudent 
dyi.ffes.   Vlylîe  fe  trouuant  fur  la  mer  ,  entendant  les 
voix  charmerefles  des  Sirennes,  craignant  d'e- 
ftre  enforcclé  par  leurfirlementdangercux,atta- 
cha  Tes  oreilles  contre  le  maft  du  nauire  lequel  il 
embradoit  auec  les  deux  mains,  de  telle  forte 
ôc  manière  ,  que  par  ce  moyen  il  ne  peut  enten- 
dre le  fonde  leurs  voix,  &  par  confequent  ne 
peut  eftre  charmé  :  ô  faincte  Eglife,  vous  eftes 
vn  nauire  ainfique  nous  auons  dit  au  premier 
Samedy  de  ce  Carefme,dont  le  maft  eft  la  Croix* 
à  laquelle  les  enfans  de  l'Eglife  fe  doiuent  atta- 
cher ,  &  appuyer  contre  pour  euiter  les  voix 
pecherelTes  du  monde  ,j&  les  charmes  de  l'enfer^ 
çjiefigm-    Vous  fçauez  que  les  feuilles  (ont  necelîaires 
fient  les     en  la  vigne  pour  conferuer  le  raifin  >  tant  delà 
feuilles  en  gelée  ,  que  des  ardents  rayons  du  Soleil,  les 
ceft-e  ">/-    feuilles  en  cefte  myftique  vigne  de  l'Eglife  ,  ne 
gne  de  ÏE- font  autres  que  les  diuerfes  cérémonies  qui  y 
ffijc,  font  oblcruecs  ,  lefquclles  conferuent&  entre- 

tiennent la  religion  :  &  comme  le  fruicl:  de  la 
vigne  ne  peut  eitre  conlcruc  que  par  les  feuil- 
les :  ainli  la  religion  ne  peut  eltre  maintenue,  6c 
conferuee  que  par  les  cérémonies  qui  s'obier- 
uenc  en  l'Eglife ,  «5c  voyez  que  tout  ainfi  que 


de  Câtefme.  351 

s'il  y  a  trop  de  Feuilles  en  la  vigne ,  cela  empef- 
che  que  le  railln  oc  profile  1  puni  ce  que  la Mib- 

ftancede  la  vigne  ,quideuoit  aller  au  railin  s'en 
va  aux  feuilles  :  cinli  lien  lT.glilcil  y  a  trop  de 
cérémonies,  au  lieu  qu'elles  deuroient  mainte- 
nir la  religion,  &  entretenir  les  Chrcilicns  en 
la  pietés  dcuotion  ,  caulent  de  la  fppCfftitioû 
IcdeThypocrific  :  Mai,  les  fainetes  &  r.eccli. 
res  cérémonies  ,  lont  celles  qui  dotttClll  eltre 
maintenues  pour  entretenir  la  rciigion  en  la 
pOICtC  :  Voila  pour  la  vigne. 

Voyons  maintenant  qu'elle  peut  cflrc  celle  Quelle  e(l 
have  de  laquelle  celle   ftgOC  clt  entourée  :  îc  1-*  hjye  de 
pool  rois  due  que  celte  luyc  n'clt  autre  que  les  *  Bg 
bonnes    crûmes  auec  les  veilles    des  lenteurs, 
&  prélats  qui    garden:  celle  vigne  tic  l'Eglite, 
de  peur  que  ce  fier  ianglicr  lorrain  de  la 
inrcrnaltc  ,  n'entre  dedans  pour  la  ruiner  6c  de- 
uorer  :  mais  1  'ayme  mieux  tailler  cela  ,  cX  dire 
que  celle  baye  qui  enrnure  celte  vigne  de l'E- 

c,  n'cll  auticque  la  garde  des  A  r  icel- 

le,  auec  le,  prières  &:  mcerccllions  dcî,  Sfioâ 

le  (v,ay  que  lean  Calum  le  rit  cv  le  mocqac  de 
nous  »  de  ce  que  nous  di;  11  que  les 

Anges  &  les  Siil  li  lont  au  Ciel  piun; 

intercèdent  pour  nous  ,  ce   que   les  Anges  nous 
gardent  ,  que    thalque  Chreliien  a  Ion  Al 
gai  lien  ,  &  -que  par  iceu\  1'.  giilccù  ifliftec  &  Oriç.  ho. 
gardée:  mais  en  le  na- 

us ,  qu'il  le  ne  conlc  mène   dvn  Oiigc-   Am'rro. 

ne  ,  en  l'Ho  nclic  14.  lui    les  Nomhics  il  v  n  S.  :n 
Amhroilc,  cunuant  lui  t.  m 

(amet  l  Iilairc  ,  lequel  expliquant  tes 


352         Vourle  tro\ fie fmé  Vendre  ây 

Pfalmifto,  Leutui  octtlos  meos  m  montes  ~\nde  Ircmet 
anxiiiummihi ,  die  que  par  ces  monragnes  fonc 
fort  bien  entendus  Jes  Anges  gardiens  qui  nous 
aydent  Ôc  (écoutent  en  tout  le  temps  de  noftre 
vie  :  de  forte  que  h  nous  li(onsen  l'ancien  Te- 
ftamenc ,  que  Dieu  auoit  donné  à  {on  peuple 
6es  montagnes  pour  les  défendre  &  preferuer 
de  leurs  ennemis  :  Montes  in  circuitu  popuhjw,  ce 
qui  ne  peut  élire  expliqué  autrement  que  de  la 
garde  des  Anges  :  éc  aufli  fe  peuuent  entendre 
&  expliquer  de  la  garde  des  Anges,ce  qu'vne  au- 
trefois Dieu  difoit  à  ion  peuple  ,  Pofutt  fupermu- 
ros  tuos  euftodes,  6  mon  peuple,6  ville  de  Hierufa- 
lem,ma chère  &  bien-aymec  Cité,autant  de  (en- 
Belle    £r  tinelles  que  tu  auras  autour  de  tes  murailles,  au- 
riotablc       tant  de  gardes  ie  te  donneray . 
mn<-PhtiZ         Anciennement  au  Temple  de  Salomon  ,  ii 
y  auoit  vne  ceinture  par  dehors    ,  ou  eltoienr 
grauez  plufieurs  figures  de  Chérubins  ,    pour 
dire  que  puis  que  ce  temple  eftoit  la  figure  du 
monde  ,  que  les  Anges  en  font  les  gardiens  :  Et 
remarquez  qu'en-cefte  ceinture  ,  entre  leserH- 
gics  &  images  des  Chérubins  ,   il  y  auoit  des 
pommes  de  grenades ,  &  des  palmes  ,  Symboles 
de  vi&oire,  pour  dire  que  c'eft  par  TaiTiftance 
particulière  des  Anges,  que  nous  remportons 
la  victoire  contre  nosennemis  fpuiruels. 
InPjyens     Qj]e  les  Anges  nous  gardent  &  nous  alîiftenr, 
ont    reco-  les  Pavens  meimes  l'ont  recogneu  &  confelîent: 
u    que  tefmoin  Hefiodc  &  Plutarquc  ,  lefquels  difenr 
%tbwes  que  l'homme  a  i.  Anges  dés  fa  naillàncc,  l'vn 
nous  *ar-  bon, l'autre  mauuais  ,  l'vn  qui  le  porte  au  bien, 
ibnt?       l'autre  qui  le  conduit  au  mal  :6c  adioultc  Plutar- 
quc 


dfCjrrfï/ir. 
tarquc  que  l'homme  a  des    .*  particulier! 

c'ii  luy  (ont  côrnc  maiftres  6;  précepteurs,  Ë* 

linitiuilent  intérieurement  de  ce  qu'il  doit  rai*  m    . 
rc  pour  bien  &  hctirculcment  viurc:  &  .    a 
Emilicne  dit  que  I.i  garde  des  hommes  clt  iundre 
&  aifeurec  fur  la  garde  5c  ailiitance  des  Anges-  r- 
Satnâ  Chryfoftome  en  1 1  K>  qu'ila^ 

faicte  lur  la pt emierc  Fpillrc  aux  Corinthiens, 

approprie  à  I        ftk  des  Ançes,ccs  paroles  du 

ie(eqœdi  I    cob,iX  «rit  Dotnini  ijut  eu- 

mmimftr  méU»o(hé  :  S.  Cyrille  Alexandrin 

approprie  auilï  .1  l'allnrancc  des  Anges  ces  pa-  P/-7.  91. 

rôles  du  l}ialm.  <?i.  w/f  •;(£<//<  /au*  Peéa  mandatai  de 

te  "Vf    ufionunt  te    m  mamuus  Juis  portibunt  te  ,  w* 

efendas  *d  Uptdrm  pe.lcm  tuum   ainii  Origcnc  ,  //-  0rtn-.j;L  , 

//ro  î.reriurch'm,  &  S.  Grégoire  le  grand  II.  14.  de  ;<|  J 

les  morale*  chap.  7«  înrere  (emblablcmcnc  ces  Crfrr 

\    Prophète    Zachanc   couchées   au  .  / 

1-1  v-  ■  #       4  m°r4l» 

chap.  1.  de  la  prophétie  ,  c  u  tm  lo- 

■     t  I  L? 

4ji*rb..w  in  me  r^redieU4tnr,  {y  dit*  M 

r  m  êeem  um  e:**.  Ec  qiund  il  n'y  auroit 
que  ce:  :  de  S.  Matthieu  du.  i 

;     .  que  i  pour  rembarrer  l'erreui 

herctiquci  Jne  ne  conttmiJt:<  ^nunt  ex 

km  j  ''tf  émisai  rum  in  ::u''''' 

'iprr  ludent  fâcicrt  pàt*     -         ut  m  cet  h' 

Nos  rerormei  gnen  I.  I 

inc  ils]  de 

r      1  •  ;neuc  au  !..  1  -  lei 

leur  l  mot  ,  I  .       ifl 

.  tou- 
tes 1«  .mcsqic  Latines  ,3c 
rc  aticri  pour  vicier  ci 


354  ^0UY ^e  tY01flefme  Venàreây 

ûgc  qui  eft  très-important  pour  prouucr  la  gar- 
de 8c  a (Iî (tan ce  des  Anges  ,  laquelle  ils  cuilent 
eftë  contrain&s  d'aduoiier  s'ils  euflent  laiiîé  ce 
pronom  Tc\ati£,eorum. 

Gerfon  a  fort  bien  prouué  celte  garde  &  af- 
AB  il     fiftan^e  des  Anges  qu'ils  font  aux  hommes  par 
vn  pa(fage  tiré  du  douziefmc  chapitre  des  A6tes 
où   il  eft  dict  que    pendant  que  fainct   Pierre 
eftoic  en  pri(on,vn  Ange  fe  trouua  la  dedans, 
lequel  rendit  le  cachot  tout  plein  de  lumière, 
Et  ecce  ^/Cngeluâ  DominidfHtùi&'  lumen  refulfit  ïn- 
habitaculo  ,  percttfaque  latere  petn    excitautt  eum 
dicens  ^furre  l/elociter  ,  (r  cectderunt  catena  de  ma^ 
mbtts  eius  ,  par  lefquelles  paroles  nous  pou- 
uons  remarquer  &  colligerfix  belles  proprietez 
des  Anges,  alfitit  ^yfn^elm  Pominî ,  pour  dire  que 
Six  pro-  jcs  /\ngCS  font  comme  gardes  &  Huifîiers  its 
friete^      hommes  :  &  tout  ainfi  comme  lesHuiffiers  fe 
des    ,yCn-  tjcnnent  toufiours  à  coftê   du  Prince  pour  le 
&es*  deffendre  de  garder,  ainfi  les  Anges  font  touf- 

jours  ptefts  des  hommes  pour  les  a(îîfter&:  con- 
duire :  auiîi  Dieu  difoit  à  Moyfe  l  enuoyant  en 
Egypte  vers  Pharaon  pour  deliurer  le  peuple, 
Eçomittam  .yCngelum  meum  aut  teprœcedet  mî/ia: 
&  rout  ai  nfi  comme  c'eft  le  propre  des  Huiflïers 
d'aller  deuant   laperfonne  du  Prince  quant  il 
marche  Ôc  fort  de  (a  chambre  ,  ou  de  fon  Palais, 
pour  luy  faire  fnire  place  &  paffigc, ainfi  les  An- 
ges font  ordonnez  de  Dieu  pour  les  hommes, a- 
hn  de  les  conduire   &  leur  enfeigner  la  voyc 
qu'ils  doiuent  tenir. 

Secondement  ,  le  propre  des  Anges  eft  de  ra- 
battre les  forces   des  tentateurs  du  Diable  :  ô 


drC>\Ycfme.  $55 

tcnrations  de  la  chair  »  ô  foornaifc  de  luikiciic 

que  ce  malin  ciprit  ai  noltrc  cai-r  ,  & 

l'Ai  .rdien  voyant   cela  il  eitcint  (esflairi- 

mes  ,  &    faidt  perdre  en  nous  la  rorce  de  cette 
concupifccncc  charnelle,    belle  cv'  parraictc  rc-  xSewefxi 
prelcnraiiun  de  t*cv  en   Genefcchap<  a  1  en  ce 
combat  mcraeilleax  que  l'Ange  curaucc  le  Pa- 
triarche   lacob  ,  ou   voyant  qu'il  ne   pouuoic 
remporter  le  dcllus  ,  toucha  le  nerf  delà  cuiilc 
de  ce  Patriarche  ,  &c  par  ce  moyen  le  renueria 
par  terre  ,  tenait  neruum  fomoms  ciui  ,  cr  jfatim 
cmirm-.t ,  u  nrrt  de  la  uulle  que  celte  concupil- 
ccncc  charnelle,  &  qui  clt-ce  qui  frappe  ce  nerf, 
£<  qui  faict  tomber  celte  concupifccncc  de  là 
chair  :  c'clt  l'Ange,  c'clt  luy  qui   abbac  toutes 
ces  pallions  ,  ôc  qui  lurmonte  toutes  les  ten- 
tationsdu  Diable. 

i  D  troiddmc  lieu  ,  les  Anges  nous  gardent  c\: 
eonferuent  nos  corps  &  nos  ames  de  tous  périls 

•ers  :  amli  d:.  1  l.nn  J  (Jhrvloltomc  ,quc      '*    rn 
eeux  qui  reçoiuenr  dignement  le  corps  de  lelus-         ;  ' 
(  ..cure  de  leur  mort  ,  leur  «me  tft  cnle- 

Hccnu  Ciel  par  les  Anges    :  ainli  lobic  couroïc 
nique  &  fortune  atieuglc  tout  le  temps 

de  lavici  caulè   delà  fiente   Je  lirondellc  qui 
luy  citoit  tombée  dcllus  \z  voila  que 

1  Ange  Raphaël  le  celeuc  n- 

■ic  cer .  ement  ,  Si  luy  rend  1  ic, 

&  :  lui  les  \  eux  lelicl  d  vu  peut, 

J     ;lIon. 

La  quatnelmc  propriété  des  Anges  j    clr   de 
nous  g:n  irr  .1  l.i  vie  ctei  [pij  1- 

KÉOOJ  ,  par  iclqucllcs  il  1.  en  ro 


3  5  6  Tout  le  troifiefme  Venireâj 

j.Besrrium.  force  de  vertu  :  6  pauure  Helizec  ,  tu  eftois  affil- 
ia, géiufquesàla  mort ,  quand  tu  eiuitois  i'ire&  le 
courroux  de  cette  mefehante  &  impie  lefabel, 
mais  au  milieu  de  cefte  tienne  mifere >  ainfi  com- 
me tu  eftois  a  l'ombre  de  ce  petit  geneure  ,  voila 
vn  Ange  qui  te  conforte  &*te  donne  force  & 
vertu  d  aller  iufques  à  la  montagne  d  Oreb  ,  où 
tu  vis  &  confïderas  la  gloire  de  Dieu  :  AutH 
l'Ange  prefta  il  confort  à  S.  Pierre  qui  eftoic 
emprifonné,&  luy  dit,5«rçe  ^elocuer: 

La  cinquiefmc  propriété  de  l'Ange,  eft  de 
nousdeiiurer  du  mal  quand  nous  y  fommes 
tombez  ,  ce  qui  nous  eft  (ignifié  par  ces  paro- 
les des  Actes  ,  Cr  ceciderunt  cathena  de  manihus 
eius  ,  ainfî  les  Anges  deliurerent  Loth  de  So- 
dome  &  Gomorre  :  ainfi  vne  autre  fois  l'Ange 
deliura  lcslfraelites  d'entre  les  mains  des  Egy- 
ptiens. 

Pour  la  fixiefme  &c   dernière  propriété  des 

Anges,  il  eft  dit  en  ce  mefme  chap.    des  Actes 

Qui  font    que  l'Ange  fit  paruenir  S.  Pierre  iufques  à  la 

les   Portes  porte  de  fer,  6>c  lcficpafler  outre  6  quelles  por- 

defer  aud  tes  de  fer  il  nous  faut  trauerfer  auparauant  que 

fut  Paffvr  d'arriuer  à  la  vertu   :  ces  portes  de  fer  ne  fonc 

pour  Am-  autres  que  les  diuerfes  imaginations  &  appre- 

ueràfalut.  henfions  des  difticultez  qui  fe  rencontrent  en 

ce  paflage  de  la  vertu  ,  Léo  efrin  ~\u  ,  le  lyon  eft 

nu  chemin  qui  empefche  de  palier  :  il  n'y  arien 

déplus  inconftant  &  mobile  que  le  pare(l<uxà 

faire  fonfal ut ,  il  appréhende  dix  mille  difficul- 

tez,  il  a  vn  nombre  infmy  d'imaginations  ,  fi  eut 

opium  "\ohtuur    m  eardwe  {ko  :  ita  piçer  in  leflulo 

jno  ,  comme  par  exemple  celuy  qui  recherche 


de  C ^re [mi.  357 

des  empefehemensa  (on  l.iluc  dira, qu'il  eft  ma- 
lade ex*  qu  il  ne  peut  icuner  ,  <k  rarce  autres  cru-  Belle  ecm- 
urcs  lemblablcs  ,  nuis  tout  cela  ne  iont  qu'ima-  cevticn* 
g::iations  ,  6c  difficultés  apprchenliucs  que  le 
hdelc  enlcuc  par  l'allïltancc  de  l'Ange ,  ainli  que 
fai net.  Pierre  fit  les  portes  de  ter  paliant  outre. 

0  lain&cs  Damés  ,  laindcs  Mai  les  allans  au  (e- 
pulchrc  vous  appréhendiez  ladiiliculté,diiant: 
î^m/j  noi/u  rcuo'.uct  Idpidem  sh  ojïio  monumenti:  niais 

;>cz  courage  ,  pourfuiuez  voltre  chemin, 
ians  double  vous  allilrcra  ,  cV  vous  fera 
voir  ce  que  vous  délirez  ,  ce  de  raicapprochans 
du  (cpulchrc  toutes  eftonnecs  ,  rrjpictentes  Inde- 
ru/. t  nu Autum  lapidem  t  voila  pour  ce  qui  eft  de 
la  haye  qui  conlcruc  TEglife  ,  qui  l'entoure  & 
l'cnuironnc  ,  haye  qui  n'ell  autre  que  iailiftan- 
cc  paiticulicrc  des  Anges.  Deux  for- 

l)  auantage  en   celte  vigne    particulière   de  tes  de pcf- 
rt^iiici!  y  a  vn  prclloirrquci  elt  ce  prelioir  r  le/<»r. 
trouuc  qu'il  va  dcox  prclloirs  ,  i'vn  la  Croix, 

1  âttcte  i  autel    pour  le  prelforrdc  la  Croix  le  fils 

de  Dît  :  en  El  v,  e  ,    ;  wnàUr  câUâui  joluc,  0r;~  irâtf9 

irceqne  hW  a  elle  crucifie  pour  nos  péchez. 
Ncantmoins  Ongcnc  aurrau  t c . i  S .  lur  S.  Mit-  ^utb. 
rhicu  !>.  I  iicrolmc  &c  Tcrtuhan  ,  dilcnt  que  ce  f/ierortm 
prelfuir  n  elt  autreque  l'autel  :  quel  elt  cet  au-  fmJL 
teU'ctt  celuv  iur  lequel  on  fait  Licnricc ,  pour- 

îuc  s'il  y  a  autel  ,  il  fiur  par  toute  necctl 
qu'il  y  aye  lacnhcc  «3c  d  auranr  que  :c    vous  di- 
iniercmcnt  que  l'eirhcllc  de  lacoU  eftoit 
vnc ligure  &  vne  rcprclenr  ~nt 

de   l'fcucharntie  .  aulii  tant  il  que  ic 
qu'après  celle  viuoi»  .-  ,  la 

z 


358  Pour  le  tYotfiefme  Vendreâj 

famcte  Efcrittire  dit  qu'il  érigea  au  mefmc  lieu 
vn  autel ,  m^is  elle  ne  faicl;  mention  d'aucun  fa- 
crifice  ,  qui  deuoit  toutesfois  auoirde  la  rela- 
tion auec  le  facrifice,attcndu  que  l'autel  n'eft  de- 
itiné  que  pour  le  faerifice  ,  &  fuppofe  le  faeri- 
fice :  or  eft-il  que  cet  autel  n'eftoit  autre  en  fi- 
gure5(inon  celuy  fur  lequel  on  faicl:  tous  les  iours 
le  faerifice  non  fanglant  en  l'Eglifc ,  &  où  le  fa- 
erifice que  le  fils  de  Dieu  fit  en  la  croix  eft  repi e- 
fenté:&  eft  lace  prefïoir  qui  a  cfté  érigé  en  cefte 
vrgue  my  ftique  de  l'Eglifc. 

Et  pour  vous  monftrer  encore  comme  l'au- 
tel eft  vrayement  vn  prelîbir  diftillant  le  vin  :  le 
fils  de  Dieu  inftituant  ce  Sacrement  il  a  voulu 
donner  fonfangfoubs  l'efpccedc  vin  ,  car  pre- 
nant la  coupe  pleine  de  vin  ,  il  dit ,  Hic  eft  calix 
fdn<ruims  mets ,  &  vne  autrefois  lors  qu'il  nous 
-         femond  à  boire  fon  fang  foubz  la  figure  du  vin, 
?  '  '*'       il  difoit?,  hthile  l>wnm  quod  mifcui  ^obis  ,  beuuez 
es   a  '    le  vin  que  ie  vous  ay  meflansé»  que  voulez  vous 
ç  dire?  Seigneur  :  il  fait  (lue  ne  me  trompe)  allu- 

f  fion  à   ces  anciens  feftins  des  Pcrfes appeliez, 

Titfj  où  l'on  prefentoit  à  boite  du  vin  meflangé 
de  fang  ,  car  ces  feftins  n'eftans  inftituez  que 
pour  faire  quelque  alliance  ou  proteftation  d'a- 
mitié ,  le  maiftre  de  l'hoftel  &  de  la  maifon  qui 
auoit  conuié  les  aflïftans pour  ce  fubiect  aupit 
accouftuméàla  fin  du  feftin  ,  de  prendre  vne 
coupcoù  il  y  auoit  du  vin  dedans  ,  puis  auec 
vne  lancette  s'ouuroit  la  vainc  du  front  d'où  d'i- 
fliiioit  dans  cefte  coupe  le  fang,&fe  meflan- 
geoit  auec  le  vin  qui  y  cftoit  ,  &  cela  faicl:  ,  of- 
iroit  ce  brcuuagc  à  vn  chacun  des  conuiez  ,  lcf- 


de  Carefme.  359 

quels  prenans  la  coupe  luy  proteftoient  allian- 
ce &  amitié  perpétuelle  ,  &  eltoit  celle  ceremo- 
nieappcllec  en  Grec  tTeUêi  er  pbilus    Le  Sau- 
ueur  du  mô  Je  en  a  raidt  de  incline,  car  pour  con- 
tracter alliance  perpétuelle  aucc  nous ,  il  a  mis 
non  vnc  leulc  pamc  ,  mais  tour  ion  (angenec 
Calice, qu'il  pralcnra  a  cous  dilanc  ,  Milite  ex  hoc 
omnes  ht:  ffl  caLx  jun^umis  met  nom  cr  *tern.\teftA~ 
menti  &  îultcment  ce  hanap  diuin  pouuoit  eltre 
appelle  en  Grcc,7>/roj  cr  pbttixs  pourccqucle 
fils  Je  Dieu  filant  cela  ne  pouuo;t  montrer  vn 
p!u>  t;ri  1  excez  Jamour,c'eltoit  la  la  fin  &  con-  Gr^j  fX_ 
l     nmation  de  Ion  amour,  auui  pour  ce  lubiccfc,  (ey     j*^ 
S.  Ican  Jiloic  parlant  de  noltrc  Seigneur  ,  cum  mour 
dilexiftt  fuosin  mundo  ,  m  fînem  dilexit  co  .     Ou  [e   C\$    Jg 
le  fils  de  Dieu  Jifant,  liiite  ex  hoc  omnes ,  taie  en-  pieu  mZ- 
uers  nous  n'y  plus  ny  moins  que  les  coniura-  f}r4       (n 
teurs  Romains  allouez  aucc  Catilina  firent  par  ïini\liu_ 
enlcmblc  ,  car  (c  voulans  mrcr    ex  promettre  tiltibiSâ* 
fîJclité,  ilscntremcflcrcnt  Je  leur  lang  dans  les  cremens. 
coupes  &  hanap  ,  où  il  y  auoic  du  v;n  ,  &:  beu- 
uoient  les  roi  aux  autres ,  en  protcftation  de  ce 
ic  dis    &quc  iamais  ils  ne  rcuclcroicnt  à 
pcrlonnc  ce  qu'ils  en  atioicnt  entre  eux  délibè- 
re :  quoy  I  li  la  nature  &  l'artifice  ont  conioinct 
Jesca-urs  des  hommes  par  enlcmblc  au  moyen 
du  (âog  pris  par  brcuuagcja  diuinc  bonté   pre- 
ienranc  Ion  lang  à  tous  les  hommes, dil.uu,  Inbi- 
U  ex  hocomnn, n'aur a  il  point  la  mclmc  p-niian- 
ce  &:  vertu  de  nous  con:onJic  X  vnir  :  . 

MâU lîngulicrcmcnt  quan  i  icoteod  le  filf  de      * }mi~ 
Dieu  Jilant  :  bibite  "\mum  *•■■  wûfim  ,    ltH<ie» 

fait  '  li  îc  ne  me  ttompe  )  le  mclmc  que  les  Apo- 

D  m) 


3ôo  Tour  le  III.Vend.de  Carcf. 

tiquaircs  ,  lefquels  compofent  les  médecines  de 
çhofes  venimeufes  ,  mais  il  les  fçauent  fi  bien 
meflangerauec  d'autres  drogues, qu'au  lieu  de 
nuire  elles  feruent  pour  procurer  la  fantè  au 
malade:ainii  eft  il  vray  que  le  vin  porte  les  hom- 
mes à  beaucoup  de  mal-heurs  ,  &c  principale- 
ment au  vice  de  la  luxure  comme  ilfkàLorh, 
aulli  pour  ce  fuiet  Athenee  appelle  le  vin  le  laid: 
yinjrfel-  de  Venus ,  Lac  "\enerïs  ,  &  toutes  fois  ,  quoy  que 
le  Lui  de  le  vin  foit  dangereux  eftant  pris  par  excez  ,  & 
Venm.      qu'il  porte  les  hommes  à  plufieurs  mal-heurs, 
fi   eft-ce  neantmoins  que  le  fils  de  Dieu  s'efl: 
voulu  feruir  d'iceluy  pour  faire  vne  médecine 
rres  propre   contre  le  péché  ,  &  la  tellement 
meilangè,oupluftoftconuerry  &  changé  auec 
fon  (ang  précieux  >  qu'au  lieu  que  ce  vin  nous 
caufelamort    ,  &  nous  conduife  au  péché  il 
nous  garantit  du  peché,par  ce  meflange  &  châ- 
gement  de  vin  en  fang ,  &  nous  caufelavie& 
fa  félicité  éternelle  ,  à  laquelle  nous  conduife  Iç 
Pere,le  Fils,&  le  S.Efprit.Ainfi  foit-  il. 


SERMON  POVR 

LE    T  R  O  I S  I  E  S  M  E 

Samcdy  de  Carcfmc. 

Hrmo  qniddtn  babuit  duosfilios  &  d'txit  ado- 
Lfientiorjater  damtbiportiontm  ftibstan^ 
t$d qux mïhi c oniigtt .  L\  c  i  s . 

1  jamais  le  dire  du  Prophcrr  F! 
a    clk  tu-une  véritable  ,  lorsque 
parlant  de  .  u  { bap«  s>.  del.i 

Prophétie» diLun  que         tmefiéul 
it  principalement 
amour  J  huy  :  de  lorre  que  ce  matin  lilant  la  pa- 
rabole de  cet  entant  pro  ligue,  qui  nous  clt  rc- 
prcfcntc  en  l'Eoangtle  de  fainâ  Luc,  nous  pou- 
is  fort  inftement  confe(Ièr,qae  c\ïdem 

ddi  m  |  ir  laquelle  parabole,  ie  vont  fc- 

ray  voir  lesplà.iirs  dam  letqtidi  cet  entai 
plonge, les  moyens  p  -  ileftrcuc 

paternelle, &  lcgractcux  racucil  qu'il  a 
rcv;eudcso  perc:  c'eit  le  luict  de  rc  près 
•N:  pou;  la  principale  choft  que  Dieu  don- 

cheur  pour  le    I        r ,  cil  la  grâce  Cfc 


jtf  2  Pour  le  troîjiefme  Smedy 
comme  cet  enfant  prodigue  a  reçeucefte  grâce 
de  fon  père  à  l'entrée  delà  maifon  paternelle  la 
demandant  :  ainfi  laraifon  veut  qu'à  l'entrée  de 
ce  prefent  difcours  nous  demandions  cette  grâce 
à  Dieu  ,  ôc  ce  par  l'interccmon  ôc  mérite  de  U 
Viergejluy  difans  pour  ce  fujet. 


4ne  Maria. 

N  t  R  b  les  diuerfes  fculpttires  de  ce 
tant  célèbre  ôc  magnifique  Téple  de 
Dieu  fouuerain  Ôc   éternel  que  ce 
grand  Roy  ,  non  moins  puilTant  que 
fage ,  ie  dis  Salomon  ,  luy  auoit  fai<5fc 
baftir  ôc  conftruire,auec  vne  magnificence  gran- 
de,cntre  les  chofes  belles  &  fignalees  qui  eftoién 
taillées  Stgrau^s  le  long  de  la  ceinture  du  Té- 
Ceinture    pje   cxterlcur  d'Vnc  main  laborieufe  &  indu- 
du   Ttm~  (trieufe  ,  on  y  voyoit  despommes  de  grenade, 
fie  de  Sa-  ^m  cftoient  diftantes  &  diuifees  les  vnes  des  au- 
lomonari-  trcs  .  &  entrc  ces  pommes  de  grenade  il  y  auoic 
"*ie'    des  chefnes:dc  forte  que  quiconque  entroit  dans 
le  Temple>il  ne  iettoit  fi  toft  Ces  yeux  en  haut,& 
de  quelque  codé  que  ce  fuft  ,  qu'auflî  toft  il  ne 
defcouuroit  force  chefncs  entrclaffces  de  pom- 
mes de  grenade. 

Ces  pommes  de  grenade  ne  reprefentant  au- 
tre chofe  fînon  l'amour  &  la  charité  .-aufli  de 
faict  comme  de  toutes  les  vertus  :  la  plus  grande 
Ôc  la  plus  relcueeelt  la  charité  :  &  comme  cefte 
vertu  ôc  royne  de  toutes  les  autres  :  auiii  icelie 


mira 


de  Cdrcfmei  365 

eft  plus  cflcuce  par  dcilus  les  autres  :  ainfl  diloïc 
S.  Paul  ,  :.Uior  Autcm  r.n    m  lit  cela 

après  auon  pcfè  ce  .  ré  les  deux    autres 

précédentes  verru^  a'.Iauoir  la  toy  cV:  lVIpcrancc: 
c\:tout  ainii  comme  vous  voyez  que  dedans  la  ^e\[  n    r 
pomme  de  grenade  1   y  a  vnc  miliacedc  grains  i:lstJe 
te  lemen:  conionus,  qu'il  lemblcquccc  ne  (oit 
qn'vn  ieul  grain  :  de  incline  la  chante  le  plaida 
,:on:s  <  ire  Itmtâtem  fpiritw  9"\nitAtem 

,D  auant.gc les  grains  de  la  pomme  de  gre- 
nade lunt  rouges ,  <N:  diriez  a  les  voir  qu'ils  onc 
e&eplongefl  &  teints  dans  le  lang  rainli  lbnt  les 
entrailles  amouiculcs  qui  (ont  enceluy  qui  a  la 
chaire. 

Mais  que  veulent  dire  ces  chefncs  qui  enrre- 
lafloient  ces  pommes  de  grenade  r  n'ett  ce  point 
pour  nous  rcprclcnter  qu'il  n'y  a  rien  h  fort  ,  (i 
pui.Iant  ,  pour  encbgîlflCf  &  captiuer  que  l'a- 
mour :  de  lortc  que  pour  être  lie  il  ne  fui:  qu'a- 
I  des  entrailles  a;noureu(es  &  pi  incs  de 
1  îcc  •  de  manière  q  1  il  ri  y  a  rien  en  ce  monde 
qui  paille  letenii  nmc  capur  ,  qui  puiilc 

1  cmprilonncr ,  cv  rendre  (crf  de  Dieu  ,  &  le 
10m  Ire  a  Ion  (eruice  ,  <]tic  l'amour  :  car  il  n'y  a 
rien  qui  ave  tant  de  pouuoir  cnuecs  l'homme 
pourlegaigner,qnc  la  coofi  lerarion  deacnrraiU 
les  de  Dieu  mltcment  accomparecs  à  la  pôftie  de 
grena  iccar  COUI  ainfi  de 

le  fcnJ  pour  I  les 

taire  croiltrc  :   .  le  inclines  iediray  que  1, 

tire   Seigneur  a  1  ;e- 

chirec  en  la  mon  ,  fl   a  voulu  que  ion 
ouucrt  ,atin  que  la  iidcilcs  .icns  puillciu 


364        'Pour  le  troificfme  Samedy 

ccoiftre  &  le  nourrir.  De  forte  donc  que  touc 

ainfi  que  toutà  lentour  de  ce  temple  de  Salo- 

mon  il  y  auoit  vne  ceinture  en  laquelle  il  n'y  a- 

uoic  rien  autre  chofe  empraintquc  ces  chefnes 

Que    re-   &  des  pommes  de  grenade:celamefmenon  en 

f refente      ce  Temple   matériel,  mais  en  ce  Temple    de 

U  ceinture  VEglifc   repreiente    la    conuerfion    des     pe- 

deceTcm-  coeurs  ; laquelle  procède  des  entrailles  amou- 

fle.  reufes  de  l'amour  de  Dieu  :  delà  elt  procedec 

la  conuerfion  d'vn  (ai  net  Paul  de  perfecuteur 

de  Chreitiens  ,  fai6t  Apoftre  de  l'Hglife  :  celle 

d'vn  (aincfc  Pierre,  de  renieur  ,  faicl:  chef  de  l'E- 

gli(e:d'vn  fiincl:  Matthieu  ,  de  banquier  faicl: 

Àpo(trc,d  vn    larron  faicl:  héritier  d'vn  Paradis, 

d  vnepecherede  Magdeleine,fai&lcmiroiïerdc 

pénitence  &  de  plu  fie  OT  s  autres. 

Mais  s'il  y  a  traicl;  en  l'Efcriture  qui  pnilfe  in- 
citer l'homme  à  fegarotter  en  l'amour  de  Dieu, 
e(t  ecluy  cy  de  la  parole  de  l'enfant  prodigue, 
enfmt  qui  ayant  delaide  lamaifonde  fon  père, 
s'eft  précipité  à  tous  mal-heurs  :  toutes  fois  re- 
nient en  la  maifon  de  fon  père  où  il  trouue  les 
entrailles  du  perc  plus  amoureufes&  plus  en- 
flammées que  ne  font  les  grains  de  la  pomme  de 
grenade:  6V  ce  perc  comme  vraye  pomme  de  gre- 
nade ouure  le  fein  pour  rcceuoircét  enfant  & 
le  baife  ,  aulfi  ces  entrailles  d'amour  ont  telle- 
ment gaignê  ce  fils, qu'il  ne  vouloit  plus  elrrc 
d'orcfnauant  garotté  ny  lie  d'autres  liens  ny 
d'autres  cordages  que  des  liens  de  l'amour  de 
fon  père  ,  &  ne  defire  ciire  d'autre  qualité  finon 
délire  fetuitcur  &  domcltiquc  de  la  maifon  de 
fon   père  :  c'elt  ce  que  nous  reprefente  celte  pa- 


de  CiYcfmè".  36$ 

rabole  du  prodigue  :  -m  hxhmt  duos 

filios  C7*  dtxit  ddôlrjccmior  ,  I  non 

Untid  <ju4  mtbi  contint   ,  QoJell-CC  que 
entant  prodigue  demande  a  ion  pc:c  laiftant  les 
autres  explications  a  parc,  ie  dis  qu'il  demaa 
le  libéral  arbitre, ainli  le  dit  S .  Hicrotmc  en  l*E-  Pcrtion 
piftre à  Oama(us ,  ainliLTheophilaice&S.   Au- r  T,/r  ^//. 
uuftin  qui  expliquée  aioficefte  parabole  ,  dont 
la  raifun  clt  telle:  Pourquov  particulièrement,  tbêmme 
dit -il  ,  Va  miLtporuonem  juhjt.tnt  d  t^ux  mihi  con.  ef}  (r  /;/,<.. 
tmtit$Mon  le  texte  Grec,  il  y  a  fomoncm  y«*r*/    ur  ,. 

..  cobtret.    Or  il  n'y  a  rien  qui  ioic  pluspro-  /rr, 
preà  riiomme  que  la  railon  :  aufli  pour  ce  iuict 
TnlmeiMttc  vhloit  ,  que  la  propre  lubltancc  de 
l'hoiDIlIC  c'clt  le  libéral  arbitre  ,  c'clt  en  quoy 
l'homme eft diftiogu<  de  forte  que 

les  herefiquei  niaos  iceluj  libéral  arbitre ea 
1  homme  ,  c'clt  le  rendre  belle  :  libéral  arbitre 
que  Dieu  a  mooftré  cltrc  en  l'homme  des  le 
commencement  du  moi  .  e   q  IC  les 

Rerormcz  difênt  que  l'homme  en  l'eftat  d  inno- 
cen  t  bien  le  libéral  arbitre  »  i         iu'iI  le 

;n- 
mc  Dieu  la  voulu  reprefentef  n  rient  après 

lepeché  ,  vovez  ce  qu'il  dit  ï  Cl 

5c  après  ion  meurtre  commis  l*f  rtfêt 
j.   titm  \\i'M  CT  >  effc 

Dîner  :.  ns  libéral 

rc. 

,r  en  ce  mcfmclieu    luGe» 
nefe  Dieu  inonlrc  n  Je 

îef 
ÔC  lu  i  XtX  jtn  «m,\    ; 


S  66  Pour  le  tïoîjïefme  Samedy] 

maie  (ratim  peccatum  tuum  m  foribtu  aderit ,  qûd 
veut  dire  cecy  ,  Nonne  fi  bene  egeris  reaptes ,  cfelt  à 
dire  ru  feras  falarié:  or  le  falaire  ne  peut  regarder 
que  ce  qui  eft  en  là  liberté  :  pour  ce  que  les 
a&iôs  forcées  ne  méritent  falaire,  mais  que  veut 
dire  Dieu  >  difant  :  Sin  autemmaleftatim  peccatum 
tuum  in  foribm  admt ,  Ci  tu  as  fait  mal  inconti- 
nent ton  péché  s'en  ira  aux  portes. 

Pour  entendre  cecy  :  remarquez  qu'ancienne- 
ment les  iugemens  ne  fe  tenoient  n  y  ne  fe  don- 
■  noient  qu'aux  portes  des  villes  ,  les  Tribunaux 

Belle  re-  cftoicnt  ams  aux  portes  :  puis  donc  que  c'eftoit 
marque,    aux  portes  que  fe  tenoient  les  iugemens  j  Dieu, 
difant  à  Cayn>5/w  autem  maie  flattm peccatum  w fo- 
ribm aderu:cci\o\i  pour  dire  qu'en  mefme  temps 
que  le  péché  elt  commis ,  au  mefme  temps  cefte 
offence  demande  vengeance  à  Dieu ,  elle  s'en  va 
aurîî  tort:  au  parquet  diuin  pour  demander  iufti- 
ce:ne  vous  trompez  donc  difans  que  le  peché  eft 
fecret,qu'il  n'clt  que  fongé&  occulte  deuant  les 
yeux  des  hommes ,  &  partant  qu'il  n'eft  befoin 
de  faire  pénitence  ,  ne  vous  trompez  ,  dis  ie ,  car 
quoy  qu'il  foit  fecret ,  quoy  qu'occulte  &  caché, 
fi  eft-ce  neantmoins  que  toufiours  il  crie  ven- 
geice  à  Dieu  :  puis  donc  que  le  péché  crie  &  que 
i/tuftifl.  Dieu  menace  Cayn  que  fon  peché  demandera 
lit.  de  do-  Vengeance  ,  confequence  a(feuree  que  le  peché 
Brtna       vient  du  libéral  arbitre  *  car  autrement  il  ne  fc- 
Chriftid-    roit  peché. 

ri*,rbap.i.  S.  Auguftin  ad  liuré  qu'il  a  faidti'e  dotlrind 
ldim  hb.  Chrifïun î^chap.  14. donnant  ladefinitiô  du  peché 
3. de libero  dit  ainfi .Peccatum  ita,  malumfi  ~\oluntanum  eji  ejuod 
ârtscéP.l.fi  ^olontarinm  non fit,  peccatum  non  crit  &  le  mcfmd 


de  C  art  fi  ^Cj 

au  liurc  troificfmc  àc  lilero  drbitrio,  chap.  pre- 
mier ,  dit  encore, Culpa  non  eft  >|\j  n*tura   ^rl  ne- 
ce\ntju  deprebcnditur  ,   Le  pechc  doit  eihc  hbte 
Ôc  prouenir  d'vne  libre  &  franche  volonté,  au-         ,    r 
trement  il  ne  fera  pcclrl*  :  aulli  pour  cekuctS.  J* 

-Ambroitc  remarque  que  le  libéral  arbitre  cil 
fort  bien  rcprclcntc  par  cecy  ,  Diutjtt  tilt  }ubfi~n- 
tiam  mm  ,  te  qui  ne  peut  clhc  entendu  linon 
du    liber.il   arbitre,  pouitc   de  tous   les  autres  Jw    <fc- 
bicnsil  n'v  |  rien  que  ic  puilFcdiuiicr  cfgalcm.'r,  arme    d< 
s'il  cil  queltion  Je  parler  des  nchelTcs  ,  elles  ne  S,  vXm- 
peuucnt  (c  diuilcr  auec  cfgalité  ,  s'il  faut  parler  vtosffi 
de  la  fanté.les  vns  (ont  plus  faints  que  lcsautrcs 
&  partant  clic  ne  peut  titre  également  partie: 
s'il  raut  parler  de  Tainc  ,  tous  n'ont  pas  vn  mel- 
mc  elprit   :  le  manière  que  le  bien  qui  eft  diuilc 
à  tous  efgallemcnt  ne  peut  cftrc  que  la  railon  cv 
le  libéral  arbitre  :  pourec  qu'il  ctt  efgallement 
diuilcaux  Roys  &  aux  roturiers , iiiuifaiUiJuù- 
ftuntum  ju*m  ,  Se  cil  celle  fobftancc  qui  appar- 
tient «  immii  particulier!  :  «'c  forte  que  li 
nous  allions  a  demander  celte  raitt  pour- 
rions  meritoiicment   dire    a   Dieu  >  Vcmmeâu 
t                mtism 4Mé  mihi  comtwf i/.  Kumero 
telle  représentation  de  cecy  an  luire  des  Nonv  1 2. 

bre*  chap    11.  le  Prophète  l'.ila un  ell  appelle 
H.ilac  pour  Énlmioei  (à  nule> 
•rc  le  peuple  de  Dieu  :  (binant  I  mun- 

dement  de  ce  Rov  ■  il  s  en  v  |  |  cltoit 

en  chemin  vn  Ange  (c  prelentc  deuant  luv  ,  te-  BcîU  ;on- 
nant  vn  glauic  en  main  &  empeichc  l'Alncile  Cepi 

c  Prophète         iflet  outre  ,  maii  poni 

>n£c>  dcl^uaigncz  vous  votUc  clpcc  deuant 


358  Tour  le  trciftefrfte  Sdmeây 

r,\ine{îe,defguamez  lapluftoîl  duant  ie  Pro- 
phète il  y  auroit  plus  d'apparence  :  6  ie  voy  bien 
pourquoy  cecy  (e  £âiét ,  il  çit  vray  les  bâtions  6c 
les  amies  ne  font  pas  pour  les  hommes  :  mais 
bien  pour  les  bcltes,  pontée  que  l'homme  citant 
doué  de    rai  Ton  ne  doit  eilre    force  n'y    con- 
îraint  à  faire  quelque  choie:  voila  pourquoy 
$cll*  con-  l'Ange  ne   contraint  le  Prophète  de  s'arteltet: 
ception  de  mais  bien  fafneile  ïur  laquelle  il  eftoit  monté. 
famt^u-     S.  Augurera  rapporte  d  ce  mefme  (ujet  chofe 
gnfrr).       digne  deirre  pefee  :    Lors,  dit  il ,  qu'il  fut  que- 
(lion  d'euirer  le  déluge  ,  PElcriuirc  (aincTre  rei- 
moigne  qu'en  l'Arche  de  Noë  toutes-  les  beltcs 
y  entrèrent ,  là  on  y  voyoic  venir  des  elephans, 
des  licornes  ,  des  leopars  arriuer  des  quartiers 
les  plus  efloignez  delà  terre  &  qui  les  condui- 
fn  la  dedans, difoit  S.  Augu(lin,qui  lesguidoit  à 
venir  du  bout  du  monde  en  celte  Arche  ,  c'eftoit 
l'Ange: Et  donc  puis qu'ainii  elt ,  6  (aincl:  Ange, 
•*fi  ett  vray  >  que  vous  auez  pris  la  peine  de  con- 
duire les  belles  &  les  contraindre  i  venir  en  l'Ar- 
che, pourquoy  ne  contraignez  vous  aufn  bien 
bien  les  hommes  d'y  entrer!  non  dit  lainct  Au- 
guftin  ,  les  bcltes  priuces  de  railon  doiuenr  eîlre 
forcées  (,°: contraintes  ,  mais  non  pas  les  hom- 
mes pour  autant  que  les  hommes  dotiez  de  rai- 
fon  doiucnt  eftre  conduisis  &  guidez  par  leur 
/Tr'trcco-  Propre  liberté  ,  &    ne  doiucnt  eftrc  contraints 
ni  tien,     par  les  forces  extérieures. 

Pareillement  lors  qu'il  falloit  deliurer  Loth 
des  villes  deSodomc  &  Gomorre  ,  PEfcriture 
faincte  rcfmoigne  que  iamais  l'Ange  ne  voulut 
forcer  ,  il  l'aduertit  &  l'admoncita  bien  de  fo'r- 


dfCjrrfhi-,  360 

.  mais  ne  1c  *ou  ni  t    n  raindre  encore 

l'cuft  peu  faire  ,  poiuc*  que  l 

que  l'homme  qui  el i 
cftre  contraint. 

donnée  en  p.i  e  enfant  prodigue* 

:um  :  ÔC  le  niai  heur ,  : 

celte  liberté  au  lieu  d  cftrc  1 
de  Dieu,  elle  nous  mené  &  conduit  a|  fol 

toels  &  înSy^robeyrTons  plnfl 

ix  commaodemeos  de  Dieu. 
>oi  au  premier liare  des  Rois  th.- 
n.  que  Dieu  commanda  iSaul  d'aller  combatte 
Amalech  »  <5c  ruiner   voiuer(èllemej|C  tour  et 

qu'il  auoi;.  t\unc  a^oludc  o~ [>tr;ute  .  €fÊ^éUA% 
C7"  démolirez mu  -oncon- 

cupifciU  de  Ttbmiffim  dlnjuui ,  fed  mie  »/;o 

"ïfaufdd  mulierem  C7"  p-trun':::n  ,   u:  :  m 

m  ty  ouem  ,  CéwuBM  fp*  j'inum  ,  &  ncant- 
moins .;  •  ic  Diealt]  li- 

er ,  ilrclcrua  api  ES  ni 

j.u  ync  infini  te  d  ..  11- 
;  il  truiiiii  ju  1 
:r  laquelle  ryliaiuc  il     ! 

me.  rltrc  nrnu    Je  ion  Ko)  ic 

>hete  Samuel  a  .. 

1  holo.jtt  h  O"  tiflsméi  Cr  r.on  (•  >iuu  lu  r,!c-  {{. 
meltor  tntmt 

quoniétn  qi.  itutn  a>  rr,  &*  Uieu» 

â:c\uk  1  erpo ,  ;<*- 

m        m  Dor\:  A  fjf. 

Il  1  le  Dieu 

n  com  ux 

A  a 


37  o  Tour  le  troifiefme  Smedy 
ayméobeyr  à  fa  volonté.  Ilcft  vray  &  très-cer- 
tain que  n'aquiefcer  à  Dieu  &  n'obeyr  à  Tes 
commandements  ,  c'eft  vn  pechê  d'idolâtrie  >  Se 
1  idole  de  ce  peché  d'idolâtrie  n'eft  autre  que 
noftre  propre  volonté  ;  &  fort  à  propos  ce  pé- 
ché eft  appelle  peché  de  deuiner  ,  peccatum  ano- 
Undi ,  peché  de  deuins,  qui  anciennement  pre- 
noient  les  entrailles  des  animaux  efgorgez,  Se 
iugeoienr  les  chofes  futures  Se  âduenir  ,  ainlï 
founentesfois  fommes  nous  abufez  ny  plus  ny 
moins  que  ceux-là,  car  félon  le  branle  de  nos 
propres  volontez,  nous  nous  perfuadons  que 
les  fautes  Se  les  péchez  les  plus  énormes  fonc 
petits  Se  excufables  deuant  Dieu  ,  en  quoy  nous 
nous  trompons  lourdement:voila  pourquoy  ce 
peché  là  que  nous  commettons  par  ces  fau(Tes 
perfuafions  eft  vn  peché  de  deuins  ,  tjuafi  pecca- 
tum  arioltvdi  :  Ainii  l'enfant  prodigue  eftant  re- 
folu  de  fuiure  fa  propre  volonté  a  commis  vn 
rej]e  nm;_  te^  &  femblable  peché,  quaft  peccatumartolandiy 
litude  ilaeft-  cmp.)rré  Se  enleué  à  fes  dtfbauches  Se 
miferespar  les  aides  de  fa  liberté  &  par  les  plu- 
mes des  richeffes  que  le  père  la  y  a  donnés  -,  il  a 
quitté  la  maifon  paternelle  Se  s'en  elt  en-allé  en 
vn  pays  loinçtain  ,  abnt  înrerionem  lonj^inquxm. 
Si  vous  auez  vn  ovfeau  que  vous  craignez  per- 
dre, &  afin  qu'il  n  es'enuolle  ,  il  faut  faire  l'vnc 
deces trois  chofes ,  ou  Iny  rongner  les  aides,  ou 
Je  lier  par  lepried  ,  ou  le  mettre  en  cage:ain(16 
père  Se  mère ,  Dieu  vous  a  donné  des  enfms,  ce 
font  comme  des  oyfcaux,  fi  ne  voulez  qu'ils  fc 
perdent ,  il  faur  les  mettre  en  cage  ,  c'elt  à  dire 
ious  la  protection  d'vn  maiftrequien  prenne  lo 


de  Cârefthe.  s  7 I 

foin»  ou  bien  les  lier  par  le  pied  ,  c'eft  à  dire  ,  les 
tenir  près  de  vous  comme  eu  tutelle,  ou  lin'a- 
ûez  moyen  de  le  turc,  tout  au  moins  couppez 
leur  les  ailles,  celtàdirc  ne  leur  donnez  de  l'ar- 
gent, que  fi  vous  leur  laillcz  les  aides  ,  fans  dou- 
te ils  sjenfayrooe  de  vous  5c  le  pcrdtont ,  Qnéfi 
M$tes  frfttnjl'unt  âd  bjucum  ,  >£i  de  penculo  tnim* 
lprorum  é^iîur. 

Il  cil  vray  ,  &  ic  vous  prie  de  remarquer  cccv, 
que  les  nchcllcs  (ont  véritablement  des  ailles, 
mais  ailles  qui  nous  porteront  tout  malheur  & 
milercs.  N'auez  vous  iamais  ouy  parler  des  ail-     FiJ.-ys 
les  d'Icarus,  leiquclles  luy  furent  tellement  nui-  font  les 
fibles  ,  que  finalement  elles  le  precipitctent  dans  d.Jlts   <<ui 
vn  goulphrc  ,  duquel  iamais  il  ne  le  peut  retirer:  nom  en'.c- 

-nranc  prodigue,  tu  asram.illc  tout  ce  qui  te  uent. 
pourroit  appartenir  de  la  chcuanchc  de  ton  perc, 
congrrTAH'  cmn.l>$44  dhiftin  rr£tonrm  Inn^innuim^  ni 
nr  prilll  les  ailles ,  cV  quelle  merucillc  li  les  .miles 
Il  rrailnc  &  précipite  es  nul-heurs  cvmilrres 
icllestu  t'èstrouué  voulez,  vous  voir  cc- 
cy  ,  efcoucex  ce   qui  cft  ditt  de  ce  prodigue. 

ub'hnium    juum     Itmendo      luxurio- 

■ 

les  Anciens  ,  pour  nous   reprefenrer  qu'il 
a  tien  au  monde  qui  nouspuillc  plulioft  pre-  ttti  /,"• 

cipiter  es  mal-iic:  ulctes  que  les  rcinmes  re  d;    i 

on  peint  vncleminc  qui  U  us  femme 

1rs  pic  11  vnc  poulie  ,  pourec  que  tout  amli  c\ 

•ic  les  poulies  font  par  les  pieds ,  les  femract 

dclbauchees  le  font  pat  rz 

des  le  bled  aux  poulies ,  elles!  nt 

de  :  lient  c  *r 

A  I 


3/2  Vôuy  le  treifiefmc  Stmcdy 

ainfi  donnez  à  vne  femme  deibauchee  rant  de 
biens  &  de  richelîes  que  vous  voudrez,  elle  trou- 
uera  moyen  de  diuifer ,  perdre  &confommec 
tout  cela  en  peu  de  temps.  Derechef  encore  la 
Simthtu-  femme  peut  élue  accompareeà  la  poulie,  pour- 
de  fhi-     ce  que  tout  ainfi  qu'entre  les  animaux,  il  n'y  a 
fantt,         que  la  poulie  qui  pui(fe  digérer  l'o:,ainfi  n'y  a  il 
rien  au  monde  qui  trouue  pluitoft  'afin  de  l'or, 
de  l'argent ,  Ôi  des  richelies  que  les  femmes  per- 
dues, qui  (çauent  fort  bien  tirer  toute  la  cheuâ- 
ce  de  (ubftance  des  panures  aueuglez  amants, 
efperduement  efprits   de  leur  amour  &  ce  par 
leurs  paroles  douces ,  charlatanes  &c  difùmu- 
lées ,  qui  ne  tendent  a  autre  fin  qu'à  les  atrrap- 
per  &  les  rendre  plus  gueux  que  ceux  deThof- 
pitai  :  ce  que  nous  a  fort  bien  reprefenré  le  Sage 
Trouer.  $.  aux  prouerbes  chap.  5.  difant ,  Fdimi^newten- 
deru  fallaci*  mulieru  :  faum  emm  difrillans  UbiA 
meretricis  çy  mtidim    oleo  guttur    eim  :  nouifrma 
autem  illiw  amard,  quafe  ^ytbjtntbium^ey^  Imgua  eim 
Acutx  quaft  gladiws  btcçps.  Pedes  eim  defeendunt  m 
moYtcm  o~  <*d  infcros  greffa  eim  pénétrant  :  Mon 
fils,  dit  le  Sage,  retire  toy  tant  que  tu  pourras 
des  falacieufes  paroles  de  la  femme  ,  pour-autac 
que  fes  leures  en  apparence  diltillent  le  miel  en 
parlant,  fa  gorge  eït  plus  douce  que  l'huile  en 
liât  an  r ,  maispren  garde  que  tout  cela  ne  tend 
qu'a  ta  deftruefeion  ,  la  fin  de  fes  propos  emmiel- 
lez ,  &  de    (es  douces  gorges   efl:  plus  amere 
que  l'abfïnrhe,  cV  (a  langue  diferre  pour  dece- 
uoir  plus  à  craindre  &  plus  dangereule  qu'vn 
coudeau  tranchant  à  deux  coftezrfes  embraf- 
lements  cliranglent,  fes  baifers  trahiilent»  fes 


de  Cire/me.  37 j 

cheminent  àla  n.orr  ,  &  (ci  pas  condui- 

(ai'eterneHe  damnation.  Le  unurquezicy 

principalement  comme  parle  le  Sage  »  il  ne 
pas ,  mcl  tilhlant  Libu  meraricis ,  tn&ïtfémm  ,  les  £/7/f  ro/j- 
Jcurcsdifrillenr  non  le  mi  jl  ,  mais  les  rayons  de  ceftion. 
1  >  miel  ,6  rayon  de  miel;  ri  n'as  peu  cftre 

:inon  par  rcrîorerncnt  des  rieurs  que 
les  abeilles  rlleurcs  :ainii,  Lilin, 

meretrieit  f*uw  .   Les  leures  de  la  femme 

p  rduëc'e  n  de  miel  qui  dilrilc ,  miel 

cor.  •   in  de  Oeufs ,  parce  que  toutes 

oies  ne  rendent  qu'à  l'ctforcmcnc  de  l'ho- 
c  ,  de  la  lv>mie  rcnômee>&à  la  conlomma- 
tion  des  ricnclïes.    NitiJtw   olco  çuttur  tint.  Sa 
ror  icc  c\*  plus  agréable  que  l'hui- 

le, t  ilez-vous.  gè\c"tft  pour  dire 

plus  ny  •  pe  l  hmle  fort  \  huiler 

le  r.  le  Barbie!  pour  tttjpper  n  1  ai  les 

rkheiTes  font  ac- 
•îli  dibnc 
le  Sage,  q  cla  concubi- 

ne cfl  Cefr  ponr  dire  qu'il 

n'y  .  -r  &  coupper  les 

che  |tie  la  langue  dé  lai  -démanchée, 

i  ci  les  richclfcs  des 

in  nollrc  Prodt- 

,  qui  adiflipé  8cconfomrrtc  tous  ft  js, 

lant  luxoricnfemem   aucc  les  paillardes  te 

concubine  /  fuhfltttum  (u*m  h 

l*t:< 

de  (elles  j  in<é*  cV:  pipcrc 

procèdent  de  1  \c  telles  p.nl- 

lar.:  acres  que  l'jblmrhe,  c  t(\  pour 

Au   n; 


374  ?cur  l*  troifiepne  Samedy 

dire  que  roue  ainG  qu'il  n'y  arien  de  pins  propre 
pour  purger  l'eftomach,  que  f abfinthe  :  ainfi  n'y 
a  il  rien  au  monde  qui  purge  dauantage  de  net- 
roye  labource  ,  que  la  femme  defbauchée  par 
Ces  di (cours  ôc  propos  agréables  ,  6c  diflimulez: 
c'eft  ce  qui  a  mis  noltre  enfant  prodigue  au 
blanc,  c'eft  ce  qui  l'a  mis  en  chemife,  ôc  l'a 
faicl  aller  en  cueilleur  de  pommes  courant  au 
grand  galop  à  Phofpital,  voire  mefme  redui<5t 
à  telle  extrémité  Ôc  miferes  ,  que  la  force  de 
Ja  neceffité  la  contraincl:  de  fe  rendre  ferf  Ôc 
eiclaue  d'vn  bourgeois  qui  Tenuoya  paiftreÔC 
garder  les  pourceaux  ,  où  il  endura  vnc  fami- 
ne extrême,  voire  telle  que  n'ayant  rien  pour 
mettre  fous  la  dent  Ôc  pour  remplir  fon  ventre 
creux,  vui de  ôc  affamé  defiroit  femblablemenc 
fe  repaiftre  de  mefmes  5c  pareilles  viandes  que 
l'on  donne  aux  pourceaux.  Et  cupiebat  imflere 
"ïentrem fnum  de  fili^um  qua*  manducabant  foret , 
&ntmoi\li  dabat. 
Les  Poètes  rapportent  que  Venus  auoit  eue 
Belle  cy  produitte  de  engendrée  dans  la  mer  :  6  Venus, 
myfterien-  6  paillarde  ,  6  concupifcence  charnelle  que  tu 
fefiftion.  as  causé  de  malheurs  ôc  de  miferes  !  ô  combien 
d'amertumes  fais  tu  endurer  aux  hommes  en 
celte  vie,  6c  tout  ainfi  comme  les  fleuues  procè- 
dent de  la  mer  ,  6c  retournent  touliours  en  la 
mer,  comme  en  leur  fburce  6c  origine,  ainfi  il  cil: 
vray  que  Venus  vient  de  la  mer  de  retourne 
touliours  en  icclle  ,  en  la  mer  comme  en  (à  pre- 
mière fource  de  origine  ,  celle  concnpilcence 
procède  de  la  mer  ,  ic  dis  de  noftrc  appétit  dc- 
fordonué  de  la  mcfme  fe  change  en  amertume; 


àeCârefmi.  37  s 

après  quelque  douceur  apparente  qu'elle  a  raie 
goufter  aux  hommes. 

Mais  pour  moy  ic  dis  tout  au  contraire  s'il  eft 
véritable    que   quelques-fois   vous  vous  feriez 
plongez  dans  la  mer  de  voftrc  propre  concupif- 
cence,  ic  délire  que  vous  retourniez  en  la  mer, 
&  que  lesplaifirsque  vous  y  aurez  pris  (échan- 
gent fmallcmcnc  en  amertume,  mais  en  amer- 
tume de  contrition  ,  en  vn  regret ,  en  vn  rentrer 
enfoy-mefme  pour  cognoilhc  la  mifae  CO  la- 
quelle QOUI  (bmmei  précipitez,  amli  qu'a  taie 
IC,  In  je  aMtemrcuirJHa, 
^ranJc  diticrcncc  y  cut-il   entre  îc  corbeau 
Bc  la  colombe,  qui  furent  mis  hors  l'arche  de  pifferen- 
Noc,au  temps  que  le  déluge  s'en  alla  prendre  ct  entTC  [^ 
fin  :  car  le  corbeau  fut  mis  dehors  par  le  corn-  colombe 
mandement  du  Patriarche  Nue  ,  mail  îccluy  s'a-  ^  /f  fDr_ 
mutant  àla  charongne  ne  reuinc  point  en  l'Ar-  yeÂU  mis 
chc  :  là  ou  au  contraire  la  Colombe  après  auoir  horsïur- 

f  dehors  rcuint  en  l'arche  rapportant  en  che  de 
ion  bec  vnc  branche  èv  vn  r.imcau  d'ohue  ver-  Soe. 
doyanre  :  Ce  Corbeau  qui  ne  rcuint  en  l'Ar- 
che, rcprcicntc  lck  hommes  voluptueux,  qui 
ne  font  citât  delà  pénitence  &  ne  veulent  re- 
tourner en  l'Arche  de  la  grâce  de  Dieu  ,  de  la- 
quelle ils  s'eftoient  ablcntez  «5c  ell  tigriez  par  le 
clic  &  demeurent  noyez  &  abfotbez  dans 
abiûnc  «5c  fondrière  de  1cm  .r- 

Cillcmcnt  :  là  où  au  contniic  la  colombe  q 
retourna  en  l'Arche,  repreiente  ?mi 
le  pcdieur  qui  pal  la  penitefl  c  8c  coorriru 
ainctn  l'Acche  de  la  g- 

Aa  Utj 


I 


yj6        Pour  le  troîfiefme  Sâmcây 
cognoiftcn  (oy-mefme  que  par  le  péché  il  en 
eftoitiorty,  c'eftainfi  que  fait  ie  prodigue. 

In  je  autem  reuerJM  dixiî  ibo  ad  patremmeum,  £7* 
Aicam  îllipdler  peccam  in  cœlurnc^  coram  te  ,   &  en 
(bitte  de  ce  qui  eft  dit  que  ,  Sur^ens  l>enit  ad  pa- 
trem.  Voila  cède  colombe  qui  retourne  en  l'ar- 
che ,  voyla  l'enfant  qui  retourne  en  la  rnaifon 
paternelle,  c'elfc  icy  le  prorotique  du  p*chctn: 
-    qui  retourne  en  grâce  auec  (on  Dieu  ,  portant 
le  rameau  d'oliue  verdoyant ,  ligne  de  paix  cv  de 
réconciliation  qu'il  luy  demande  >  diiant:  Pater 
feccaui  in  cœlum  cr  coram  te. 
Maispourquoy  ô  prodigue  ne  vous  contentez 
Telle  ron-  vous  de  dire  ,  l(?o  ad  patrem  :  pourquoy  dites 
cciiion.      vatàijkrgàm  ?  voulez- vous  cjue  ie  vous  âi(o  que 
le  péché  cil:  vnc  efchelle  par  laquelle  l'homme 
dcfcenddu  Ciel  en  terre  corne  par  vne  clchelle, 
&  de  la  grâce  en  enfer  ,  voyla  pourquoy  necef- 
lairemenrpouT  remonter  au  Ciel  &  retourner 
en  grâce  auec  Dieu  après  cette  defeente  Se  cefte 
cheute  du  péché  ,  non  feulement  il  faut  dire  il?o9 
mais  encore  SHrgam>c,e(l  a  dire,  il  ne  fe  faut  con- 
tenter de  faire  vnc  proteftation  en  foy-meime    j 
de  s'amender  &  de  corriger  fa  vie  :  mais  encore 
par  la  pénitence  faut  retourner  en  grâce  auec 
Dieu,  &  auec  cefte  grâce  rcleuer  &  refufeitec 
du  péché  ;  voila  pourquoy   non  feulement  le 
prodigue  dît  lbot  mais  encore, Sur^am.  Mon  amy 
tu  defirc  aller  en  ce  Cârefinc  à  !a  m  ai  ion  du  Pcrc 
celefte,  mais  nepenfey  aller  fi  premièrement  tu, 
ne  tcleue  de  ton  péché  ,   car  pendant  que  tu 
te  veautres  parmy   tes  paillardifes  ik  impudi- 
citez,iamais  tunetrouucras  Dieu  ?  tcfmoinçc 


dfCAfffme]  577 

cic  difoit  l'Efpoufc   au  «- 

l>  mco  -.  ver  rir  ■    i  amm  me  a 

Ce  n'clt  p.is  vUns  le  lia  des 
vanirez  mondaines,  n'v  parmy   les  voluptez 
charnelles  qu  il  faut  cherchée  Dieu  pour  le  trou- 
ocr ,  nuis  bien  parrny  les  angoides  5c  trihula- 
,S.  Si  ûuéftrriê  Uomir.um  ■    ■     ,     t9tù* 

U  I  w. 

I  ;  feulement  encore  afin  d'entrer  en  la 

.ik  le  leuer  du  péché,  mais 

ivu  <?c  ct:::cr  les  OCcailOOS  cV  chemins 

i  eut  cunJuirc  à  iceluy  :  c'eft 

tc  <5c  repicxntaiion  tic  cecy, 

-»  au  (  dict  à  Abraham  parlant  d'A- 

inc  baftard  Kimcl,  qu'elle  a-  0cCjftorls 
udelay,  "<^m  cr  filittm eim.  Chai-   »      pr-hé 

:  ra  m  ai  Ton  ta  lauante  &  fon  enfant  »  Dieu 

ichors  pource  q 
irenoic  au  ffaac  à  Idolâtra       ail 

Linrèntez  vous 
•uloii  c 
• 
i  le  fils»  m 
1   t  rec  qu'il  poUUOll  arr.ucr  que 

mcfmen  : 

a  ,  1 1  mefmc  le  p  cr    >- 

rec  ion  •  !  ■ 

mc  non  feulement  n    •       iîc- 

tcleucr  du  pecl  é  :  ■  D<j 


37  S  Tour  le  tro'tjtefîne  Sâmedj 

ques ,  dit  le  prodigue ,  ie  me  releueray  de  mon 
péché,  çyiboadpatrem  ,  c'eftàdire,  iequitte- 
ray  les  occafions  d'iceluy  ,  &  me    rcmettray 
en  grâce  auec  mon  Dieu  :  iboadpatrem  Sain6fc 
OjscUion  jfidore  fajc  1Cy dciîus  vne  demande  pouiquoy 
de  S.  Ijt-    l*enfanr  proctigue  liedic!  \>ttlboadpatrem  meum} 
*U*Y#         Et  à  cecy  refpond  que ,  auxmm fdiw  amlftt  quœfi- 
hj  junt ,  tamen  Pater  non  amifit  quœ  pairù  erant  ?  Et 
ainfi  Chreftiens ,  considérant  ce  pere  débonnai- 
re, voyez  quelle  confiance  nous  deuons  auoir 
en  luy  ,  voyez  de  quel  amour  il  eft  porté  enuers 
nous.  Vidit  illum  pater  ipÇ%m%  Cefte  veue  &  ce 
regard  premier   duquel    Dieu    regardit  le  pé- 
cheur >  n'eft  autre  que  la  grâce  preuenante  :  ">/- 
dit  illum  pater  ipftm  ,    "W  ipfe  patrem  pojfet  attendere, 
Chryfoff.     dit  faincl:  Chryfoftomc,  il  Ta  veu  premièrement, 
afin  que  ce  fils  le  peuft  voir  :  Si  vous  auez  vn  mi- 
3eSe  fimi-  ro^r  auquel  voftre  image  foit  reprefentee  >  il  eft 
htude.       impollibleque  cefte  image  vous  regarde,  fi  pre- 
mièrement ne  iettez  les  yeux  dedans  le  miroçr 
de  ne  la  regardez  :  le  fils  eft  l'image  du  pere  ,  de 
manière  que  pour  faire  en  forte  que  le  fils  re- 
garde le  pere  par  toute  neceffiré,  il  faut  que  le 
pere  iette  la  veue  fur  luy  :  De  mefme  ie  dis  que 
l'homme  eft  l'image  de  Dieu.  Creamt  Deuthomi- 
nem  ad  ima^mem  ,  &  ftmdttudmem  juam.  Ertout 
ainfique  l'image  qui  eft  miroer  ne  peut  regar- 
der ecluy  duquel  elle  eft  image ,  fi  premièrement 
il  ne  la  regarde  :&  ainfi  diray-ie,  Chreftiens, 
puisqu'il  eft  ainfi  que  nous  fommes  images  de 
Dieu,  il  eft  impoflibleque  nous  puiflions  re- 
garder Dieu  fi  premièrement  il  ne  nous  regar- 
de, &  en  nous  regardant,  non  feulement  il  nous 


deCarefmi.  379 

donne  la  grâce  prcucnanrc  ,  mais  encore  fublc- 
quenre  perante  ,  ce  qui  nous  clt  icy  figu- 

re par  ces  mots ,  Occurrcns  occidit  jufer  t»  ttum  cxm. 
Le  tils  ne  court  pas,  &:  n'y  1  que  le  perc  qui 
:tt,pour  moniiicr  combien  Ion  amour  cft 
grand  enuers  les  hommes  les  enfans. 

O  b.  Simcon  ,  ic  voy  b;en  maintenant  pour- 
quoy   vous   dificz,     vUrrunt  uuii    mti    j^lutAre  e~ 

meum.    Pourquoy   dites    vous  plultotl  ,   meum  "sUtlon* 
que,  tuum  ?  c'elt  pour  autant  que  le  (alut  cft  no- 
(tre  ,  5c  non  fien  &  ncantmoins  quoy  qu'il  (oie 
noltrc,  toutcsrois  nous  y  alionsauec  telle  pa- 
;   ,  qu'il  (cmble  qu'il  ne  nous  appartienne 
en  aucune  iorto  ,  5c  au  lieu  que  nous  y  dcuons 
accourir  ,  il  faut  que  Dieu  accoure  à  nous  pour 
nous  y   conduire.     Occurrem  cciait  fuptr  collum 
au  .    Et  li  encore  ne  voulons  nous  v  prefter  la 
inain,c\:  negligeOQI   les  moyens  qu'il  nous  of- 
fre ex  prelcme  pour}  paruènir:  Biofnddim  c(l 
eum%  q  baifcr  de  paix  ,  baiier  d'amour  ,  plan  de 
grâce  ,  «5c  de  douceur  ,  baiicr  paternel  ,  rcmply 
nitic  que   ce  perc  débonnaire  nous  porte, 
baiicr  rauorable  pour  nuus  ,  puis  qu'iceluy  nclt 
autre  que  la  graCC  particulière  que  Dieu  nous 
donne  ,  afin  de  nous  attirer  à  luv  pour  nous 
pendre  l  iimail  bien  heureux  là  haut  au  Ciel. 
Amli  loïc  il. 


SERMON  POVR. 

LE     TROISIESME 

Dimanche 
deCarefme. 

JBrat  le  fus  eijàens  d&monium  &  illud 
itiiimutum. 


L  v 


II. 


N  Phifroire  des  Roys  nous  fçauons 
que  le  Prophète  Elizec  voyant  la 
■  nai Ton  de  Ton  maiftrc  ailïeçec  de 
,  outes  parts  par  les  ennemis  &  ad- 
uerfaircs  ,  alla  trouuer  Ton  maiîlre 
qui  cttou  le  Prophète  Hciie  ,  &  criant  à  luv  ,  di- 
(oit,/V eiijieujjeu ^Domine mi  nwd  ftaemtte.  Hclas! 
mon  maiftrc ,  que  fera -il  pofilblc  de  faire  ,  com- 
ment cfchappcrons  nous  le  pcril  &  le  danger 
eminent  auquel  nous  nous  trouuons ,  cftans  de 
tous  coftez  enuironnez  d'ennemis  effroyables  Se 
t fpouucntablcsfChrcftiens  &  deuots  a(lilrans:Si 
jamais  aucun  viuant  eut  fubiedbde  craindre)  & 
de  s'cfpouuenter,  c'eft  principalement  l'homme 


de  Carefme]  3  8 1 

qui  eft  poiïedé  du  malin  clprit ,  cnnemy  autant  à 
craindre  &  à  redouter  ,  qu'il  clt  pioche  de  nous, 
&dctourcs  parts  inucltit^c  enuironne  la  mai- 
ion  de  noftrc  aine ,  pour  d'icelle  en  prendre  pof- 
fclîion  &  c:i  auoir  la  iony  (lance:  Bel  exemple  que 
nous  en  auons  auiourd  huy  en  lEuangilc  ,  en  la 
onnz  de  etc  homme  poilede  tant  corporel- 
cru  que  ipintjclicment ,  qui  elt  caulc  qu'il 
tftoït  mucc  cv  n'auoit  aucune  i  pour  par- 

,  qui  eltoit  l'/n  des  crîcds  de  celle  pollclîion 
corporelle  du  malin  cfpnt  :  &  puis  que  nous  li- 
Ic  do\ȕ  de  Dieu  tout-puillanc 
a  chaise  cç  malin  clprir  du  corps  de  ce  polie- 
de, nous  auons  très  mite  iuicCt  d'implorer  l'aili - 
•ce  particulière  de  ce  m:!me  doigt  diuin  ,1 
le  ïamct  Efpru  ,  afin  qu'iceluv  touche  nu 
il  déclarée  les  my  itères  de  ce 
1    iangile»6C*  us  pour  les  préparer  à  recc- 

:  cv  mettre  en  exécution  ce  que  ic  vous  dirav: 
cèlera  donc  par  les  prières  cV  cntremiles  de  U 
Vierge,a  laquelle  pour  CC  1  uic:l  nous  dirons. 


Ane  M  un  a. 


,T*"\/^' 


£f  O  m  me    ajofi  (oit  «me  î  ucifee 

re  pai  1 

peut  delordonn  1   ÔC 

\4u  feniblablc    à    1)  6c 

S  nclt  ile  mcruciilc 

c(Kmuanr  Ion  :Tnmcur'  &  pcriiitant  en 
iallCCWCouluuis  à  an- 


3$  i  Pour  le  trôijîefme  Timânche 
ce,ie  dis  deftre  séblable  à  celuy  qu'it  doit  tenir  $C 
reuerer  pour  Ton  maiftre  &  Seigneur:  De  là  vient 
le  DtMe  que  les  faindh  Pères  appellent  pour  ce  fuiect  le 
Mppellé  Diable  (înge  de  Dieu  ,  pource  que  confideranc 
hnqe  de  fcs  façons  de  faire  &  (es  compôrtemens  ,  vous 
J)ieu  voyez  qu'il  fe  gouuerne  &  fe  comporte  en  vray 
fînge  de  Dieu:  De  manière  que  il  Dieu  a  voulu 
cftrc  adoré, le  Diable  a  tant  fait  par  fesrufes 
qu'il  a  obtenu  cela  des  hommes  ,  &  d'élire  ado- 
ré d'eux.  Si  à  Dieu  on  a  dreiïc  des  autels  le  Dia- 
ble a  tant  raicT:  que  pareillement  on  luy  en  a 
drelîé.  Si  Dieu  commanda  à  Moyfe  ancienne- 
ment de  luy  dre(ier&  ériger  vn  Tabernacle  ,1e 
Diable  a  fi  bien  faicl:  qu'il  en  a  eu  au  monde  de 
confacrez  à  luy  :  Si  aux  Temples  de  Dieu  on 
adrefTe  &  offert  des  facrifiecs  ,  pareillement  Sa* 
than  s'en  eftfaict  offrir  :Si  dans  les  Temples  fa- 
crez  il  y  a  eu  des  Preftres  ,  le  malin  efprit  a  eu 
auflîdes  Preftres  &  Sacrificateurs  ,  comme  en- 
core à  prefent  en  a-il  au  Royaume  de  Calicut: 
Si  Dieu  a  eu  des  Prophètes,  le  Diable  a  eu  des 
Sorciers  fk  des  Magiciens  ou  enchanteurs: 
Si  Dieu  a  commandé  à  Abraham  de  luy 
immoler  fon  fils  Ifaac  ,  le  Diable  a  tant 
faicl:  par  fa  malice  ,  qu'ils  fe  font  trouuez 
des  hommes  qui  luy  ont  offert  leurs  pro- 
Mal'tce  de  près  enfans.  Jmmo'auernnt  fihos  {vos  &r  fi  fi  m  \u<u 
Sétksn.  damowbw,  dit  Dauid.  De  façon  donc  Chre- 
ftiens  )  que  tout  ainfi  que  nous  remarquons  en 
l'Efcnture  faindte.que  les  Babyloniens  cruels 
prefioient  les  pauureslfraclires  captifs i  déchan- 
ter &  d'entonner  les  Cantiques  de  louanges, 
qui  n'efeoient  par  eux  chantez  qu'au  Temple 


de  Carcfmii  38$ 

de  Dieu  fôuuerain  &:  éternel, durant  leur  profpc- 
ntc  »  difant  ,  Cdntutc  nobta  hynnum  de  Cathicii 
Sjon. 

Voulant  que  ces  Hymnes  «Se  toute  cette  mu- 
fiquc  qui  ncltoic  que  pour  le  leruice  de  Dieu, 
fut  entonnée  pour  chatouiller  leurs  aurcillcs 
impudiques  :  ainti  le  Diab!c  veut  par  le  moyen 
de  (es  potlcilions  &  tentations  que  les  hommes 
luv  chantent  pareilles  louanges  cv  lemblablcs 
actions  de  grâce  qu'ils  ront  à  Dieu.  Et  tout 
atnli  encore  que  Balthafar  voulut  que  les  vafes 
qui  iooienc  cite  defrobez  au  Temple  de  Hiccu- 
Ulem  ,  fullcnr  apportez  au  milieu  de  les  feltins, 
&  prophanez  par  luy  8c  par  (es  minillrcs  :  ainii 
le  Diable  veut  que  les  mclmcs  choies  qui  font 
dcdiccs&  orYerrcs  à  Dieu  ,  luy  loicnt  pareille- 
ment offerte*  pour  Ion  feruicc.  Mais  n'y  plus  n'y 
moins  que  Baltalar  n'cu.l  (1  coft  raict  ce 
qu'il  vit  le  le  Dieu  clcriuîc  CCS  trois  mots 

de  fa  condamnation  contre  le  blanc  d'vnc  ma- 
nille. MdBt,  teccl  y  fbirr  .  De:  \  !c  Diable 
ne  s'clt  (iroft  empar.            ulîeauxqui  (ont  I 

i,&  notamment  du  corps  &  de  lame 
en  ooftre  Eoingile  ,  qu'il  (coi  ce 

:  Dieu  qui  le  touche  ,  le  clulic  ,  In 

digutn  Du  rtf  to  D*mont4  y  Di courons vn  peu  de 
:po(fdîion  ,  &  s'il  cil  croyable  que  le  mali  1 
pofleder  «S:  le  corps  8c  Ia\\c  d'vnc  r 

c  trrs  •  confirmée  par  jff     ^ 

îcritur. 
qu'c 


384       Tour  le  troifufme  Dimanche 
cite  <k  cxreniion  ne  peut  élire  en  dmers  lieux 
en  vn  mclmc  in  fiant  ,  &  que  les  efprits  Se  les 
Anges  pour  n'auoir   aucune  quantité  n'y   ex- 
tentîons ,  peuuent  cïïre  en  vn  niliant  mefmc  en 
plufieurs  &c  Jiuers  lieux  ,  voire  mdme  plufîeurs 
en  vn  feui  lieu  &  endroit ,  pour  ce  fuiecl  ic  dis 
qu'il  ne  répugne  nullement  ,  qu'encore  qu'en 
nollre  corps  il  y  ait  vne  ame  ,  que.  le  Diable  n'en 
prenne  polkllion ,  &  qu'il  n'y  demeure  auec  Pâ- 
me, mais  auec  celte  différence  feulement  que 
Pâme  y  cfl:  comme  forme  informante  ,  &  le  ma- 
lin efpric  comme  rorme  affiliante  ,  n'y  plus  n'y 
moins  que  les  intelligences   celelles  (ont  aux 
corps  celeftes  ,  $C  ainii  par  celle  polTcfïion  le 
Diable  entièrement  pofleie   l'homme  tant  en 
fon  corps,  qu'en  fon  ame.  De  là  clique  toutes 
les  adfcions  d'vn  polTedé  ne  font  fiennes,  mais 
bien  actions  du  Diable  qui  le  polfedc ,  &  par 
celle  pollcllion  il  le  fait  que  celuy  qui  eft  appel- 
lé  malfonde  Dicu,clt  appelle  mailon  deSathan. 
Gcnef.io.      belle  rcpreîemation  de  cecy  au  Genefe  cha- 
pitre 18  1  !  il  ell  dit  que  le  Patriarche  Iacob  s'en 
allant  en  Mcfoporamie ,  le  trouuant  auprès  la 
ville  de  Luza,  en  laquelle  il  ne  voulut  entrer  fc 
logea  en  pleine  campagne  pafTa  la  nu  ici:  la  telle 
appuyée  for  vne  pierre  ,  auquel  lieu  il  s'endor- 
mit,&  en  fon  fommeil  eut  vn  fonge  ,  ou  plulloffc 
vne  vidon  ,qui  fut  vne  efchelle  mvftcricufe  ,qui 
d'vn  bout  touchoit  le  Ciel ,  &  de  l'autre  Ja  terre, 
par  laquelle   les  Anges  montoient  &  dépen- 
daient du  ciel  en  bas  :  ce  que  ayant  veu  Iacob: 
après   qu'il   fut  ciiicillé  commença  à  s'elcrier 
difant ,  i^uam  tcmbilis  loctfi  ïfte >  profetfa  hic  non 

ejl 


ât  Cartfme.  3  8/ 

ts\  Jtmmf  Jomus  un  c~  pcru  cœli  Ft  ainfi  hic  Psufe  ctt 
appelle  ce  lieu  ûiaifon  de  Dico,  qui  auparauant  Sathun. 
s  appettoit  £«*.*. qui  (ignifie amande, &  rut  pour 
ce  fuied  par  les  Hebrieux  appelle  ,  3fr/w  Or 
lus  qu  a  raicr  le  Diable ,  voyant  que  ce  lieu  îcy 
auoic  clic  appelle  ,  Betbtl  ou  domus  un  ,  maifon 
I  );eu,il  a  tant  I  SU  Ù  'Malice, que  ce  lieu 

a  elle  changé  en  lieu  ci  abomination  &  d  idolâ- 
trie A  detouteiniquire.de  manière  qu'aujicu 
de  feite/qu'il  s'appclloir,  il  a  du  depuis  efle  ap- 
pelle Bcthanc  ,  d§mat  v-tcui  du/ma  nthi  1  dumu*  irjqut* 
Ainli  le  mefmc,  fait-il  enuers  l'homme, 
il  fçait  qu'il  cft  crée  pour  eitre  le  temple  ÙU 
de  Dieu  ,  ou  il  veut  habiter ,  &  citant  ialoux  de 
Cefte  habitation,  il  s'efforce  par  tous  moyens  de 
ire  le  maiftre*ft  de  le  poflçder  tout  îeul, 
&  (êoiblc  par  ce  movenquele  malin  efprit  eft 
venu  presque  a  bout  de  fa  première  intention, 
tir  eft,dc  met:  sec  celuyde 

J^ill:  r  qu'il  n'a  peu  sinthron.  îs 

Jethrofne  cêlcftc  de  Dieu-  avant  tùé  précipité 
ai;  rspour  punition  renier  ;e 

fi  eu  ,  a  deux  throiues,  l'vn 

qui  eft  au  Ciel,  I  autre  en  terre,  feauoir  rhom- 
me  :  rojlapourqooyfibieoila  a  peu  ducom- 

encemeir  »:rauthro:  .  lledcDieu 

il  s "inchro:  .:is  Ton  throfhc   tcrreftl 

.:  poiic  !:()■]  de  !  homm  ble 

1  à  chef  de  Tes  pretentif       1  rM  i<y«i 

itu  &  iWuti  nut  Tntul, 

1  crtulian  int  ce  a  »«  2* 

cftautcxr    1      cdenoftrcEuadgilc  rJrÀ 

fjuel  1  Interprète  a  mis  mutum, die  que  n< 


5  $6  Vouy  le  tYoipeftne  Dimanche 

lcmctce  motfignifte  muet ,  mais  encore  fourd, 
c'eft  au  liure  fécond  qu'il  fait  contre  Marcian: 
de  manière  que  par  cecy  nous  eft  fignifîé  que 
la  poflfeflion  du  malin  efprk  auoit  rendu  cet 
homme  muet  &  fourd ,  &  dit  plus  fainét  Mat- 
thieu qu'il  eftoit  aueugle  qui  font  les  trois  ef- 
fets deceftepoflefTion  diabolique,&  les  mal- 
heurs qui  arriuent  à  l'homme. 

Mais  i'ayme  mieux  fuiure  l'opiniô  des  autres, 
lefquels  affeurent  que  c'eft  vn  erreur  de  dire 
que  ce  demoniacle  eftoit  muet,  veu  que  le  tex- 
tedel'EuangileparleduDiable,quandildit,  Et 
t  illud  etitt  mmum  :  Comment  eft-il  vray  que  ce 
eft  muet  ^cmon  eft;0it  muet ,  il  n'y  a  aucuns  démons 
f**  J es   muets ,  n'y  aueugles  ,  parce  qu'ils  font  purs  ef- 
tjfeat.    pr  jtS)^  n'ont  point  de  corps,  &  par  confequent 
font  priuez  des  facultez  d'iceluy,&  n'ont  autre 
langue  pour  parler  que  l'entendemét  fpirituel, 
&  ie  fçay  que  quelques  vns  ont  dit  qu'il  y  a  cer- 
tains démons  addonnez  à  certains  vices  ,  non 
pas  que  telle  foit  leur  nature, mais  c'eft  pourau^ 
tant  qu'ils  incitent  particulièrement  les  hom- 
mes à  tels  péchez  :  ainfi  de  mefme  ie  dis  qu'il 
y  a  des  démos  muets  &  d'autres  babillards,nori 
en  eux  ny  de  leur  nature,mais  par  leurs  effe&s, 
Trois  [or  ç^ft  à  djre  qu'ils  rendent  les  hommes  muets, 
tes     de  foUrcls  &  aueugles.  Et  fur  cecy  il  faut  que  ic 
$wits.     vous  die  qUC  ic  malin  efprit,tant  par  fes  poffef- 
(ions  que  paries  tentations,peut  rendre  l'hom- 
me muet  en  trois  façons  entiers  Dieu,enuers  le 
prochain,&  entiers  foy-mcfme. 

Pour  ceux  qui  font  muets  enuers  Dieu, 
comme  les  negligens  &  ingrats  de  le  remer- 


de  Cdttfme.  ^2j 

cicrde  fcsbictIS  8t  de  (es  gtoçés.  L'Abbé  Ru-  Belle  mç~ 

pert  dit ,  que  Dieu  ayant  créé  1  homme  a  fou  â*â&  de 
image  &  femblance  ,  loy  donna  toute  pleni-  i^upert. 
rude  d<  s  &  de  bénédictions ,  &  toutes- 

dit  Rupert ,  quoy  que  toutes  ees  raueurs 
:it  cite  octioyees  al  homme  ,  neantmoins 
pour  toutes  ces  choies  ,  ie  ne  voy  pas  vn  feul 
mot  de  grand  mercy.  O  Adam  ,  tu  auois  re- 
ceu  de  Djcu  toute  ta  vie  ,  ton  cftre  ,  ce  tou- 
tes tes  perfections  par  vn  feul  (baffle,  &:  pour 
tour  ompenfes  Dieu  ne  demande  de  toy 

qu  vn  petit  vent)quvne  petite  parole, &  quvn 
|  ;  mot  de  grand  mercy  ,  dit  plus  cet  Abbé 
qu'Adam  ayant \ eu  Eue  que  Dieu  luy  auoic 
■  .  ..  de (k  cofte,  dit  bien,  ïlozhunc 
es  de  tâdm  mns^ej?  cjiodccjinewea   Mais  il  ne  rC-        el  *• 

qui  cftoit  Taiithcur  de     » 
^  de  Ton  eft  [tourne  luy  auoir  dit 

i  aitfidelin'a  point  procédé 

\j.  caule  de  la  perte  de  tous  nous  .itit: 

<  eliry  la  à  fort  bien  rencontre  ,  lequel  a  dit  it  tti0nJt 
que  ce  grand  monde  eft  toutainfï  quvn  hor-  e(j 

ucl  l'homme  eft  la  cloche.cn  ce  bel  L0tlo*e. 

horloge  il  y  a  vne  infinité  de  roues,  de  poiv,  & 

nottaements,  tout  cela,  ficen'eft 

"îer  la  clocher  tous  |  bnt 

&  les  quatre  eler  ,cC 

rtour  cela, linon  pour  faire  r  la 

,  qui  e(l  .me  :  n  fbtmet  il- 

(ju'il  reçoit  i  nment  de 

luy.    fient dicite  etnoit  cpn.t  Dominé  Dom-riê  ,  <it  mmt 
v/lHeétlyrfptrâm  font  m:.  A  Dfcui 

Ub   U 


j  8  S  Vour  le  troi[iefme  Dimanche 

que  dites  vous  ;  voulez  -  vous  qu'incertain* 
ment  cefte  horloge  Tonne  ?  Non,  mais  ie  veux 
dire  que  toutes  les  créatures  foient  comme 
roues  &  mouuemens  qui  toufiours  vont  pour 
faire  Tonner  la  cloche  &  pour  dire  grand  mercy 
à  rhomme  :  voila  comme  le  Diable  nous  rend 
muets  enuers  Dieu ,  ie  dis  ingrats  de  luy  ren- 
dre adion  de  grâces  pour  Tes  bénéfices  receus. 
Les  P>v-      Le  Tecôd  muet  qui  eftpour  le  prochain  tou- 
lut  s  pyrf  cne  principalement  les  Prélats  &  Pafteurs  de 
choient  en  l'EgliTe,  qui  pour  la  plus  part  Tout  muets  enuers 
YEtftfe    leurs  Tubiccts,tant  à  faute  de  leurs  bons  exem- 
Citbe-     ples,qu'â  faute  d'inftru&ion  &  d'enfeignemér. 
Jrale  an^  q  côbien  les  Prélats  de  ce  temps  Tont-ils  cfloi- 
ciemtemtt  gnez  de  ceux  qlu'  eftoient  enlaprimitiue  Egli- 
<?  non   le,  où  toute  vertu  &  pieté  reluifoit  :  là  il  n'y  a- 
éutres.     u0 jt  qLlc  \QS  Prélats  &  EucTques  qui  faifoient  la 
Cbryfofl.  prédication  au  peuple:  &  dit  S.ChryToftome 
hmil  44  Homélie  44.  fur  les  Aétes,  ^u'anciennemét  les 
in  Afta  Eglifes  pour  ce  Tubiccl,  eftoient  appellées  Ca- 
thédrales &  EpiTcopaies,pource  qu'en  icelîes  il 
y  auoit  vne  chaire  efleuée  fur  quatre  colomnes* 
en  laquelle  prefehoit  TEuefque  au  peuple  luy 
feul,&  n'eftoit  permis  à  autres  de  preTcherqu'à 
l'Euefquc  principalement  es  EgliTes  Cathédra- 
les :  mais  combien  Tommes-nous  efloignez  de 
ce  temps,  &  de  cefte  ancienne  EgliTePlà  les  Pré- 
lats diïoicnt ,  Kon  tHbonumnobts  relwquere  vetbunt 
Det ,  v  tmmitrare  menfis.  Mais  en  ce  temps ,  le 
dire  cft  retourné  par  les  Prélats ,  &  par  la  pluf- 
part  des  Pafteurs ,  lefquels  difent  ^  Kon  e\t  nobis 
bomtm  yehnquere  menfas  >  &mi')tfirareverbo  Dei,  Ils 

veulent  Te  tenir  à  table,  ioliyr  du  temporel  de, 


Je  Cjtrrfme.  $  8  9 

rVfitfruiâ  de  leurs  bencrîcesrmais  de  prefeher 
la  jurollc  de  Dru, point  de  nouvelles.  Km*  i  «- 
ms  mu  i  r.on  vxïcr.tt*  t.tt)A,t.  Sxmct  1  ulgencc  dit  îul*tn- 

3uc  comme  la  lingue  des  chiens  doit  i  tmsm 

içinale  pour  guarirlesvlçeres  &  bief]  infi 

Ja  langue  des  Payeurs  doit  eftre  médicinale, 
pourauccla  force  de  laparpledc  Dieu,  guarir 
les  maladies  ëc  iniirmitez  fpiritucllesdc  leurs 
fuie 

ht  i  ous  o  Meiïicurs  de  la  iuflice ,  ce  poinft 
vous  touche  ,  ne  foyez  muets  enuers  le  pro- 
chain,rendez  iuftice  en  \  n  chacun  ainfi  qu'il  ap- 
partient ,  &  prenez  garde  que  comme  a  fta- 
tuede  Memonne  rendoit  refponce,n  y  ne  par-  Belle  f- 
lokfinon  lors  que  les  ra\  onsdu  Soleil  battoict  mtltmkn 
delVus  :  ainfi  donnez  vous  de  «jarde  que  ce  ne 
!">ar  la  fplédeur  &  par  les  rayons  d  ,  de 

des  prefens  ,  que  vous  rendiez  \n- 
au  preiudice  des  panures  :  penfe/.  que  ce 
•  auee  la  pointe  de  l'Upee  ,  mais  hic. 

la  lingue  que  vous  eftes  obligei  de  deffendrq 

.  des  orphelins  ex  pupilles, 
-cernent,  ic  dis  que  nous  poiiuons  cuire 
muets  pour  nous  mefn, 

i  efl   me  terrible  epithete  que  înfcrirurc  Efvl*t% 

faincte  donne  au  Dial)le  en  I  I      Pro    /-. 

phete  parle  ainh",  VtftJbk  Ommmn  m  •Udiojnn  </*.  fa*c 
♦       >rti  r?  fr.tnât    ou  bien  félon  la  verdoi  née  4u 

Microlmc.  tnftr fwptottw cU  —  j*m.  ht,tUe 

1  blecfl  pét,  pÂt  1 1 

l'icelu)  Jlauoii  le  p  . 
s  .       '  (  N         dit  que  fort  ê. 

ment  le  pejic  elt  acCO0l|  'cuurc,  X 

ni 


3  po  Tour  le  troifiefme  Dimanche 

car  tout'ainfi  que  la  couleuure  paflant,en  quel-»' 
que  part  par  vn  trou ,  elle  s'y  gliffe  facilement, 
&  y  entre  sas  difficulté,  mais  lors  qu'il  eft  que- 
ftion  de  s'en  retirerai  n'y  a  pas  de  moyen  parce 
que  Tes  efçailles  empefchent.  Ainfi  dictfainâ; 
Grégoire  ,  il  n'y  a  ferpent  qui  entre  auec  plus 
grande  facilité  que  fait  le  péché  entrant  en  no- 
ftre  ame  :  mais  s'il  l'en  faut  retirer  ,  ie  ne  vous 
puis  raconter  les  difficultez  qu'il  y  a ,  ie  prens 
la  confcience  d' vn  chacun  de  vous  à  tefmoing, 
vousfçauez  la  peine  &  la  douleur  que  vousref* 
fentez  lors  qu'il  eft  queftion  de  faire  fortir  le 
péché  de  voftre  ame ,  combien  d'efcailles,de£- 
pines,&  de  remords  de  confcience? 

Sainct  Bafile  donne  vne  autre  raifon,  pour  la-* 
quelle  le  péché  eft  accomparé  au  ferpent,  &  dit 
quec'eftpource  que  le  ferpent  eftant  fur  terre 
ne  peut  fe  releuer  n'y  fe  redreffer  :  ainfi  de  mek 
me  iedis  que  lorsque  nous  péchons,  nous  ne 
pouuons  de  nous  mefmes  nous  releuer  de  l'e-* 
ftat  du  peché,sas  l'afTiftàce  de  la  grâce  de  Dieu: 
voyla  pourquoy  nous  auons  befoin  de  recheiv  . 
cher  cefte  grâce  par  le  moyen  de  la  confeffion: 
t  ^  auiïi  pour  ce  fuiccl  noftre  Seigneur  difoit  à  S, 
Pierre,  en  S.  Matthieu  feize,  / dn dabo chues yc~ 
gni  cœ'oYiwi.  le  te  donneray  pouuoir  &  puiflan^ 
ce  de  releuer  les  hommes  de  leur  peché ,  par  la 
grâce  laquelle  toy  &  tes  fuece  fleurs  les  Prcftres, 
ont  pouuoir  de  conférer  :  Mais  remarquez  icy 
vn  mot  qui  cil;  d'importance.  Efaye  appelle  le 
Diable  ferpent  tortueux  &  fermant  :  Jopen-  • 
Umclduàtnt  m  Pour  dire  que  tel  eft  le  propre 
de  cet  ennemy ,  de  nous  endurcir  au  peché  :  d< 


Je  Car  ef me.  $çl 

manière  que  fi  Sarhan  a  vue  fois  niislc  verrou 
qui  cft  cet  cndurciiïcmcnt  au  peché,  iamais 
tcltecler'&  çe  pouuoir dabi<  &  de  cou- 

ferer  la  grâce,  ne  pourra  feruir  d'aucune  ch< 
car  vousauez  beau  mettre  la  clef  d  ins  la  ferru- 
re, fi  par  dedans  la  porte  cil  fermée  au  verrou 
iamais  vous  ne  l'ouurircz  :  voila  comme  nous 
fommes  muets  entiers  nous  meimes  :  lors  prin- 
cipalement que  nous  ne  voulons  ouurir  nos 
confcicnccs  deuant  ces  Préfixes,  pour  d'icelles 
en  Faire  fortir  lespechez  les  plus  énormes  &  le- 
crets:  la  bouche  cfl  comme  la  porte  de  noftrç 
ame ,  ainfi  que  difoit  Platon,  os  per  quod  v.tr.tu 
mo)tdli.t  cj-  txrunt  vmmttalu  Mais  fi  le  DiabL  a 
mis  au  deuant  de  cède  porte  de  l'ame  le  verrou 
deUvcrgongne,  &  d'vnehoote  mauuaiiequi 

DOIIS  cmpelchc  de  defcouurir  nos  péchez,  ia- 
mais la  clef  ny  rabfoîuriondu  Préfixe  ne  pour- 
r&efire  valable  ny  Gdutairepoar  laguarifondç 

lame:  ou  bien  difons  que  la  langue  ift  la  por- 
te, &  ii  tu  ne  parle  Ô  pe  Jicur  ,  &  nVnp! 

cette  langue  i  la  confeiuon  d  ires,  il  n  y 

aura  iamais  moyen  île  voir  &  de  (OCOgnoif) 

ceijui  cil  en  raconfeietu 

San  il  t  I         »ire  le  Grand,  &  fai: 
tlifent  qu'Adam  penfant  cacher  fou  pe< 
la  taure  commife,  commit  vn  plus  grand  pèche 
&  vn  plus  grand  maléfice,  que  non  pas  \QKÊ 

qu'il  d  ontrenint  au  command 

ment  de  Dieu,  pooree,  diiblt-il,  qu'en 

faut  il  vouloir  rendre   Dieu  ignorant  d 

i  &  pcnfoit  par  ce  moyen  le  t.  :  & 

dfeenoir, 

B  b  iiil 


\ai  V  ourle  troiftefme  D  imanche 

Que  penfez-vous  que  ce  foit  que  la  bou- 
che &  la  langue  qui  déclarent  le  péché  de  la 
confcience  c'eft  comme  lepoulx ,  parle  batte- 
ment &  mouuement  duquel  les  médecins  re- 
cognoiflent  la  maladie  &  la  difpofition  de  l'ho- 
me: ainfi  au  moyen  du  mouuement  de  la  langue 
&  de  la  parole  ,  les  Préfixes  qui  font  les  méde- 
cins de  nos  âmes ,  re cognoiflent  nos  maladies 
Spirituelles. 

Il  eft  véritablement  notoire  à  tous,  qu'il  n'y 
a  rien  en  nous  de  fi  honteux  &  de  fï  vergon- 
gneux  que  le  péché ,  maispourtant ,  tant  plus 
jiousle  garderons  caché  en  noftre  ame  &  ert 
no  fixe  confcience  plus  fera- il  grief,  &  nous  fera; 
de  la  peine  à  defcouurir  à  noftre  plus  grande 
honte  &  confufion  ,  lors  principalement  que 
nous  le  garderpns  toujours  fecret  iufques  au 
iour  du  iugement  dernier.  Ce  que  nous  vou- 
loir merueilleufement  bien  reprefenter  noftre 
Dieu ,  quand  il  difoitpar  la  bouche  de  fon  Pro- 

Belle  me-  Pne^e«  ^oïhgdt  omms  imqnUates  juas  kpbratm  ab* 
taùbore  Jconc^ttum  e^  (>(CCaff4m  titn  jed  "ventent  doUrei  p*r- 
tus  Voicy  vne  très-belle  métaphore  prinfc  de 
l'enfantement  des  femmes ,  tu  cache  ton  péché 
en  cefte  vie ,  ô  vicieux  ,  mais  fçache  qu'vn  iour 
les  tranchées  de  l'enfantement  viendront ,  où 
malgré  toy  il  le  faudra  confcfTer.  Souuétesfois 
le  mal-heur  arriuc  que  la  ieune  fille  ayant  for- 
fait à  fon  honneur  ,  s'eftant  laiflee  abufer  par 
quelque  ieune  muguet,  deuient  groffe  ,  &  de 
cefte  groffefle  la  mère  s'en  apperçoit  par  les 
tournoyemés  de  tefte ,  par  lesfouflemens  d'e- 
ftomach?par  le  degouft  des  viandes,par  la  cou- 


àt  Carefwe.  $<7j 

leur  duvifagc  &  autres  lignes  extérieurs,  la- 
quelle fe  doutant  du  mal-heur  s'approche  d'el- 
le ,  &  luy  dit  doucement  &  en  feerct ,  Ma  rille 
qu'ânes  ,  qu'eft-cc  qui  vous  tourmente, 

quelle  cft  la  caule  de  tout  ce  que  i'apperçoy  en 
\  ous, la  rille  ditTimulec  luy  dit. Ma  mère  le  n'ay 
rien ,  c  cil  vne  coliqi  DM  tourmente ,  ou 

autre  chofe  femblable,  haimal-heureufe  rille 
c'eft  ta  merc  qui  parle  a  toy  ,  c'eft  elle  qui  cft 
clcfircufc  de  ton  bien  &  de  ton  honneur  ,  cV: 
pourquoy  luy  celle  EU  ton  pèche ,  ii  tu  luy  def- 
couurois  ta  faute  ,  elle  feule  feroit  plus  foi- 
gneufequetoy  de  t  exeufer  &  de  la  cacher  :  le 
temps  de  neuf  mois  citant  venu  ,  voila  les  tran- 
chées de  l'enfantement  qui  preilcnr  celle  rîllc 

jient  de  le  mettre  auli^t,  &a!< 
elle  conte  lie  Ton  |  Ion  péché  a  hauts  cris, 

dételle  forte  que  le  père  1  entend  qui  s'en  met 
en COkre,  c^  Icsvoifuis  Qui  pareillement  l'en- 
tendent, s  en  trouuc  ilandalifcz  ,  dételle  forte 
qu'elle  demeure  diffamée  a  iamais,o  panure  ril- 
>ilale  mal-hcurquit'eltarriuc  pour  auoir 

fouln cachet  i  ta  faute  eanen  ta  mc- 

rc,qui  enfl  mis  peine  de  conferuer  ton  htmeur, 

vleuiter  le  leand.ile  ,  &  par  ainli  pour  auoir 

rien  W  I  eft  caule  que  tout 

le  que  tu  es  diffamée 

île  représentation  de 

tes  mi  .   le  temps  de  neuf  moiselt  le  iu- 

ment  gênerai»]  de  l'enfantement 

nie  tuietter.is  en 
lî  pen- 
dant que  tueftoû  ci  ,  tu  as  n  oulu 


ï 9 4  ^om  ^  trotfefme  btMMche  ht  Cari 

cher  &  exeufer  ton  péché ,  en  ce  iour  du  îuge- 
ment  tu  le  déclareras  à  hauts  cris  deuant  la 
face  de  tout  le  monde ,  &  par  icy  fe  vérifie  ce 
que  Dieu  difoit  vne  fois  à  fon  peuple.  Quod 
fectjiis  in  «cculto  e^o  ftçtam  m  conjpeùtu  jolis  ,  que  fi 
pendant  que  tu  eftois  au  monde  tu  eufTe  def- 
couuert  ton  péché  à  ta  mère  l'Eglife,  elle  tou-* 
te  débonnaire  &  defîreufe  du  falut  de  fes  en- 
fans,  l'euft  caché  &  couuert  pour  iamais  ;  mais 
pour  l'auoir  celé  &  gardé  en  ta  confeience, 
cela  eft  caufe  que  tu  feras  condamné  en  pre-r 
fence  de  tout  le  monde ,  fî  de  bonne  heure  tu 
p'y  prens  garde ,  &  ne  fais  pénitence  en  cettç 
vie  prefente,  pénitence  qui  cachera  tes  péchez 
&  te  remettra  en  grâce  auec  Dieu ,  en  efperan^ 
ce  de  iouyr  quelque  iour  de  fa  gloire  où  nous 
conduifent  le  Père  le  Fils,  &  le  faincl:  Efprit> 
Ainfi  foit-il* 


195 


SERMON     POVR      LE 

T  R  O  X  S  I  E  S  M  E     L  V  N  D  Y 
de  C  ireime. 

Qtuntj.  auÀuùmtis  faclain  Caj>Hanut4?n9 
foc  &  in  patrie  tU4t 


V  c. 


(ll&Ëéf*ffo  }  PÎCU  tout-pui  liant 

^^l^-jhû  &  bien-ïaifant",  qui  hier  chaf- 
\i     r^7  ^fr  feit  le  malin  Efpnt  du  de 

î1  ^4^'  u'11)'  <P'îl   pofledoit ,    eduy 
ftfàxzifmM     nu  *  tant  ^c        ■■-les 

ne  peur  au         huy  chafler  des  ccem 

*ai\  la  malice  8k  l'cquic  i  de  forte 

que  comme  en  la  Mauritai 

OQS  la  Zone  :  ,  il  y  a  «. 

(î  defers,  iï  fablo 
plu)  t 
ibe  dtfliis,  quelque 
fent  a: 
I 


'iq6  Tour  le  troifîefme  tunày 

faift,  neantmoins  cela  n'eft  fuffifant  pour 
amollir  cefte  terre  defeichee  par  les  ardans 
&  bruilans  rayons  du  Soleil,  ains au  contraire 
cela  rendoit  plus  dure  qu'auparauant  &  plus 
fterile  que  iamais. 

Ainfi  de  mefme  encores  que  les  déluges  Se 
tous  les  fleuues  de  grâce  tombaient  fur  ceux 
de  Nazareth  au  lieu  de  les  ramollir,  fendre, 
&  rendre  fertilles  en  bonnes  ceuures  ,  elle$ 
les  endurciffoient  dauantage  :  de  façon  que 
(i  noftre  Seigneur  ne  ce  fuft  rendu  inuifïble, 
auffi  toft  il  euft  couru  rifque  de  fa  vie  :  c'eft 
le  fubieét-  du  prefent  Sermon.  Plaife  à  ce  Sei- 
gneur qui  s'eft  rendu  vifiblc  au  moyen  du  ven- 
dre de  la  Vierge ,  de  nous  adifter  de  fa  faueur 
&  de  fa  grâce ,  &  pour  ce  faliions  celle  mefme 
Vierge,  en  luy  difans. 

^ue  Maria. 


\ATl  13'  *1fcjffîyK  veritatc  compeno  ,  quia  non  eH  pnfa~ 
narum  acceptor  Dtus ,  feâ  m  omm  pente> 
qui  ttmtt  tum  ,  t<r  optritur  tufiitum,  ttc- 
ctptus  efi  tUt ,  difoit  le  Prince  des 
Apoftrês  SaincT:  Pierre ,  aux  Actes  dixiefme 
après  que  Dieu  luy  eut  repre fente  l'eftat  de 
l'Eglife  en  ce  linceuil  miraculeux  defeendant 
du  ciel ,  attaché  aux  quatre  coings  de  la  terre: 
linceuil  qui  reprefente  l'vnion  de  l'Eglife ,  & 
les  quatre  coings  de  la  terre  aufquelsil  eft  at- 
taché 3  rvniucrfalité  d'icelle,  ces  bafilics ,  ces 


àt  Cdrtfmf.  iQy 

dragons  8c  fcrpcnsquicftoient  dedans  ce  lin- 
ceuil ,  reprefentent  que  lLglile  deuoir  efirc 
comp»  figurez  par  ces  belles 

y  enimcufcs,àraifon  de  leur  infidélité  ,  &fidu*T™  *■ 
commencement  ces  belles  donnoient  de  l'hor-  *■  hitne 
reur  a  (aînâ  Pierre  :  toutesfois  noftre  Sei-  fXfit^ :« 
gneu  rluy  dit,   ttnt  occxdt  cr  mtnJucd.  C  eitoit 
pour  représenter  cette  authorité  qu'il  auoic 
mife  entre  les  mains  de  lama  Pierre  ,  laquelle 
deuoit  |  i  tous  les  Prc  lats  de  l'Hglife:  jcziàt 

ummcd  Tue  &  mange  pour  nous  reprefen- 
ter  que  le  gîaiuc  que  les  Prélats  de  lEglife  doi- 
uent  auoir  en  main, ne  doit  dire  pour  la ddlrti- 
ètion  ,  niais  bien  pluflofl  pour  l'édification  des 
âmes  :  &  note/  icy,qucDicunc  le  contenta  pas' 
de  dire  à  fainct  PierVCytftatfV,  niais  m.tnduc*   pour 

>s,  &  que  ces  Gentils  fi- 
gure/ par  iceoi  dévoient  cflpeconuerrî*  en  la 
de  fainct  Pierre  j  puisque  h  viande  le 

■îertitcnla  fubltancc  de  ccluy  duquel  elle 

iande^n  m  mo:  jud'e- 

ftat         (  .enrils  du.  kre  change  en  celuy 

duC  i miliani (hic :ou  bien  encore  pour  dire  que 

!ife  eft  pour  ra- 
neri  n  chacun  eo  ion  dcuoir  A"  les  hure  r 
uenir  qu'ils  font  homes,  de  façon  que  faincl 
igneu  ce  que  vouloir  dire  i 
(Ire  Seigneur  ,  &  que  les  (  ientilf  cfloicnt  ca- 
dre appeliez  a  !I  ,  dit:/»***** 
te  cvnfuïio  (]uu  Wm  10  f>rrjon*ri4m  accepter  />r»< ,  fed 
mêmns^tntt  qui  ttmtt  tum  (j  cptratur  tnî}:tt.tm ,  *cc^- 
10 

Admirable  reprefentation  de  cccyçul'A-.' 


*  p  5  four  le  tyoijîcfme  tutiiy 

pocalypfe  de  fainci  Iean  chapitre  premier,' 
&  où  le  fils  de  l'homme  eft  reprefenté  ayant 
en  fa  main  des  eftoilles  3  vn  glaiue  en  fa  bou- 
che ,  &  ceint  particulièrement  au  trauers 
des  mammelles.  LJï<ecmcium  ad  mammtltas ,  m  dtx- 
ttra  Jua  Itellas  jeptem  ,  <2r  àt  ore  eius ,  ^Uàms  vtrtque 
p*rte  acntus  txib<t  Quel  eft  ce  fils  de  l'hom- 
me  ?  finon  celuy  qui  parlant  de  Coy  ,  difoit 
en  Saine!  Matthieu  vingt  cinq.  Cumvinentfi- 
Màtil}.  jifi5  bomtnts,  tn  fede  maie  (iat iS  fu*.  Ces  eftoille$ 
qui  font  en  fa  main ,  reprefentent  les  falaires 
&  recompenfes  qu'il  porte  pour  les  iuftes. 
hece  vtuto  isr  mtrees  mea  tmeum  e[t.  Ce  glaiue  qui 
fort  de  fa  bouche ,  c'eft  pour  fa  iuftice  :  il 
eft  bien  vray  qu'il  eft  icy  à  remarquer  que  ce 
glaiue  ne  fe  tenoit  pas  en  la  bouche  de  Dieu, 
mais  félon  le  texte  Grec  il  eft  dit ,  qu'il  fau- 
toit  de  fa  bouche  en  fa  main  ,  que  veut 
dire  cecy} 

le   trouue  en  la  fainde  Efcriture  que 
D'mpor-  j)jeu  p0rte  ie  glaiue  en  trois  fortes  &  ma- 
te le  glu   njeres  .  premièrement  fur  fa  cuifle.  Actinie- 
ne  en  trots  n  ^uàio  t*o  iuptr  \<£mnY  tuum  potenttfiimè  :  Vne 
fartes.      autrefois  en  fa  bouche  ,  comme  en  ce  lieu 
de  l'Apocalypfe,   Tiercement  il  le  porte  en 
P/rf/44   la  main,    kmiinùbê  Radium  m  um.    Le    glaiue 
fur  fa  cuifle  c'eft  pour  monftrer  fa  puiffancé. 
Jn  fœmne  eius  fcnptum  ejt  R^ex  lyegum ,  o*  Dowtntts 
Dommanùum.    En  fa   bouche    pour   fes   me- 
naces :  &  quand  il  voit  que  ces  menaces  ne 
feruent  de  rien ,  ce  glaiue  faute  de  fa  bouche 
en  fa  main  pour  frapper  &  ferir  :  c'eft  ce  qui 
fait  icy  à  mon  propos,  principalement  quand 


it  Ctrtftrte.  t$f 

en  fuirte  de  ces  paroles,  il  cft  die  qu'il  cfl 
ceint  fui  les  mammclles.    Vitcullum  ad  nuan^ 

La  ceinture  cft  vn  fymbolc  &:  parfaide  L*  et  m* 
reprefentation  de  la   iultice  de  Dieu,  tt  eut  ture    e(l 
iHShut  unou\um   ttmm  tins.    Lt  tout  ainfl  que  la  *n  (ym- 
ceinrure  diuife  1  homme  en  deux  parties  :  ainfï  bêle  de  U 
noltrc  Seigneur  par  ù  iuftice  grande,  a  diui-  wlltce*  ' 
le  monde  en  deux  principales  parties  po- 
pes* &  Lcclciialtiques  :   ï^iddtte  Cafjn  qu>t 
funt  L*J*>ts  :  voila  pour  les  choies  politiques. 
jju.t  Autem  Oti%  ocoi  voila  pour  les  ïiccicfiafti- 
que 

De  façon  doneques  ,  que  comme  vous 
voyez  que  la  eeinrure  diuife  l'homme  efgal- 
ient ,  ii  ce  n  eft  que  quelques-fois  elle  pan- 
che  du  codé  de  la  gibecière  ,  reprefentation 
:  rompu  ,  ce  qui  reprefente  mer- 
neillcuicnient  ce  qui  eft  de  Ui  grande  iuftice 
de  Dieu,  q.:c  pour  ce  fubiect  cil  dit  ceint 
tert  k  nmeiles  :   mais  dira  quelquvu, 

|ei  mammelk         ^nz  elles  pas  fymbolcs  de 

la  miferit  /'/  /*>j//f  fy  repltjmtm  éb  vbe- 

I  ;  urdi*  (tus .  dir  I:faye,  ou  y  ?  Il  cft  vray 

que  les  m.immcUcs  four  vue  parfaite  repre- 
fcnr.irion  de  la  milericorde  de  Dieu  ,  au- 
quel 1  I.fcnturc  fainetc  attribue  des  mammcl* 

«  tunt  ythtr*  tua  rm#,  à  l'vnc  delquel-  ç^ç  ■] 

i        boit  .irr.uh.ee  me  MtgdeUinc  pcnio 

M,  1  autre    mi   (àinâ    Paul   periceUtcUT 

-  tout  ainlï  que  les  mainmcl- 

les  fig ni  rient  la  mn  de,  auili  laceinru- 

la  mil  .  de  Dieu  cftunt 


aoo  Tour  le  trorfiefme  luncfy 

reprefenté  ceint  vers  les  mammelies  *  c'eft 
pour  dire  que  comme  en  ce  monde  la  Iufti- 
ce  de  Dieu  a  efté  changée  en  mifericorde, 
au  contraire  en  l'autre  la  mifericorde  fera 
changée  en  iuftice  :  toutesfoisie  laine  ces  bel- 
les  explications  ,  quoyque  belles  &  riches  en 
prenant  vn  autre  qui  fera  mieux  à  mon  pro- 
pos. 

le  diray  donc  que  le  fils  de  Dieu  en  l'A- 
pocalypfe  de  fainct  Iean  no.us  eft  reprefen- 
té  fingulierement  ceint  fur  les  mammel- 
ies ,  pour  monftrer  qu'il  a  vn  cœur  ferré 
&  non  partial  ny  diuifc  tel  que  nous  le  deuons 
auoir  tous  tant  que  nous  fommes.  Sur  quoy 
vous  remarquerez  que  les  parties  du  corps  les 
plus  charnues  font  celles  qui  font  vers  lç 
cœur  ,  &  pour  ce  fubiecl:  elles  font  moins 
fubiedes  à  monftruofîté,  comme  les  efpaules, 
les  pieds  &  les  mains  ,  pource  que  le  cœur  ne 
fauorife  point  tant  les  parties  qui  luy  font 
elloignees  ,  comme  il  fait  celles  qui  luy  font 
voifines. 

le  dis  donc  que  le  fils  de  Dieu  eft  ceint 
furies  mammelies  ,  pour  monftrer  qu'il  n'eft 
point  partial  ny  accepteur  de  perfonnes, 
comme  l'a  recogneu  fainâ:  Pierre,  in  vtn- 
tAtc  cemptrio  ,  quod  perjonarum  4Cctptor  non  îH 
Deus. 

Et  de  fait \  pour  prcuue  de  cecy  voudriez- 
vous  voir  vn  plus  bel  exemple  que  celuy 
«qui  nous  eft  auiourd'huy  propofé  en  l'E- 
4iangile  ,  où  cette  vérité  fe  recognoift  mani-» 
ieftement  ?  Diray-ie  que  Dieu  eft  partial, 

pource 


àt  CdYtfint.  '401 

pourcc  qu'il  a  regarde  Naaman  ,  &  n'a  point 
regardé ia femme  pour  dire  que  Dieu  regarde 
les  hommes*  firnonlesfemmei  I  NonilaauiTi 
bien  regarde  la  femme  que  le  mary  ,  Diray-ic 
qiK  eitpartial,  pourceqirï]  a  regardé  fui- 

gulicremeik  Naaman,  qui  dtoit  noble,  &  n  a- 

uloregarder  fa  femme,quie(b>k ignoble  :  £c 
que  p  -  aide  que  les  nobles  1  Non,  il 

a  regarde/, fans  don:  ux. 

Diray-ie  encore  que  Dieu  elt  partial  pourcc 
qu'il  a  regardé  Naaman  qui  citoit  belliqueux, 
&  n'a  point  regardé  la  femme  ,  pour  dire  que 
principalement  il  ne  regarde  que  les  folda: 

in,  il  a  regarde  fc  1  \n  cV:  l'autre  ,  il  reçoit 
.  les  8c  Ils  ingnobles,  &  les  panures  6e  ! 
ru!. es  \  les  grands  ce  les  petits  ,   ;  3  qu'il 

n'eii:     accepteur  de    perfonne.     L>i  jmttâft  com- 
l 'no  qtio  1  pnjon.ii  un  JCCtptator  non  etl   Dtus.     L... 

station   des  perfonnes  ne   petit  tomber  en 

1  pour  autant  qu'il  cil  au  :e  iu- 

ie  fa  mifericorde  eft  auiTi  grande  que 

la  mit  laisli  cela  elt ,  comme  il  elt,  pour- 

quoy  eft-il  ii  pi  c  à  ï\i\w  des  mi:  en 

(    ipharnaun  i  chiche  d  en  faire  en 

Nazareth  1  il  lemotc  que  ce  (oit  la  vue  accep-> 

ration   de  perf  de  faire  îles  mil  en 

\  endrotâ  ,   &  n'en  \ouloir  faire  en  m  au- 
ti\ 

tnftrer  qu'en  Diee  il   n  j   1  pomr 
perfoii  principalement 

,  ie  dira)  d^ 
Dieu  ne    diftribin 
gallement,  mais  ccft  félon  u  i  ,  &  le, 

I      c 


r 


40 1  Vcur  k  troifi°fmt  tunày 

propre  mérite  d'vn  chacun.  Secondement  ie 
dirayqûe  combien  que  les  grâces  ne  foyent  di- 
uiices  à  tous  egallemét,  neantmoins  il  en  diftri- 
buë  fuffïfamment  à  tous  pour  eftre  fauuez. 

Pour  la  première ,  fain&  Auguftin  dit  que 
la  vérité  de  la  Religion  Chreftienne  eft  entre 
deux  cxtremitez  :  &  que  comme  noftre  Sei- 
gneur fut  crucifié  entre-deux  larrons,  ai nfi  le 
dogme  de  la  foy  eft  entre  deux  herefïes  diamé- 
tralement oppofees.  La  première  eft  celle  des 
Pelagiens  qui  difoient  que .  nous  auons  tous 
mefme  &  efgalle  grâce ,  difant  que  cette  grâce 
n'eft  autre  que  la  nature  qui  eft  efgallement 
diftribuee  à  tous  :  cette  erreur  eft  réfutée  Par  S. 
Auguftin  ,  in  eptjioit  fttndamtnti  contra  jtwianos: 
Et  au  liure  De  frade{imationt  Santlorum  i  Chapi- 
tre I.  &  2. 

La  féconde  erreur  eft  celle  de  nos  hère- 
tiques,  &  de  leurs  Patriarches  Luther  &  Cal- 
uin, au  liure  troifiefmc  de  fon  Inftitution  ,  arti- 
cle trente-/]  xiefme  chapitre  vingt-deuxiefme, 
fedion  uixiefme ,  difans  que  Dieu  ne  donne  fa 
grâce qu'à  ceux  ,  qui fontpredeftinez  ,  &  cette 
grâce  que  Dieu  leur  donne  n'eft  autre  que  la 
grâce  fu  h  îkmtc. 

Monftrons  ces  deux  erreurs  :  &  contre  la 
première  ,  difpns  que,  Dieu  ne  donne  à  tous 
efgallement  fa  grâce.  Sainct  Auguftin  confir- 
me cela  par  deux  partages  de  l'Efcriturc  fain- 
û.c ,  dont  le  premier  eft  prins  de  l'Ecclefiafti- 
<]uc  ,  chapitre  /ixiefme,  ou  le  Sage  dit  K<*~ 
Eccle^lt pr!4<  ^  m  maint*  muttftt.  umlUHum  uns.  Il  re- 
<*•  preflntc  icy  deux  chofes  ,    la  malice  ,    &  la 


deCdrefm  40; 

folie  :  parla  milice  il  rcprcfcntc  les  tentations 
du  Diable  ,  Se  parla  rolhc  celle  du  monde. 

Etpourautant,  diccleSage  ,  que  cette  amc 
eftoit  agréable  a  Dieu  ,   \*fuk  t/j  :  elle  a  elle 

lie  de  peur  d  eitre  peruertie  par  la  malice 
du  Diable  &  du  monde  :  Or  eitilque  Dieu 
ne  ùicz  cette  grâce  I  ,  ans  feulement  en 

quelques- vus  :  &  partant  les  grâces  de  Dieu 

(ont  efgilemen:  diitxibuecs  à  tous.  Ceey 
n'eft  que  pour  le  :  îcz  feulement,  en 

quoy  giftla  print  i         .iarque  de  la  prediftina- 

opercs  &  mcresfî quelques 
\)i"u  fai&  laatac         >s  énrans  de  les  pren- 
dre ,  &  appellera  foyû  ton:  qu'ils  oncreceule 
!  :s  ne  lesdeue/  p!orer,pourcc  qu'en 

cela  gilllapnncipale  marque  de  leur  predefti- 

autre  paflage    cft  prins    de    Sainct  Mat- 
it%    chapitre    vnziefme.    h  klyt§  c  Siàmi 

ï'i.ttATH    e£i(sn,t     :     où 
i)icufaifbit  fes  rep  1  au  Iuifs 

des  mi-  qu'il  leur  auoit    fàtâs  j    difant, 

fitiès  enflent  cfL  ^    en   Tyr 

&  1  ,  iK  en  enflent  fard  leur  p- 

&    Ce  riiil  par  lequel    pafl 

nous  appj  1  î  La  premi 

que  Dieu  ne  eonwnuniquc  ille- 

mentatous,  puisqu'il  n'a: 

\  ,  ecto  l  en 

Capiiarna:  eft qu'il  en  ii 

ne  p  B,ft  b 

feruironr, 


ao  4  Tour  le  ttoifiefme  Ltmdy 

èc  ceux-cy  :  Non,&  ce  félon  la  mefure  de  lafby 
<fyn  chacun,  comme  dit  faincl  Paul  aux  Ro- 
mains chap.  1  2  Vmcmqut  âcdtt  jtcunâum  menfu- 
ram  fv.ki  Cefte  mefure  monftre  qu'il  y  a  vne 
proportion  Géométrique ,  &  non  pas  Arithmé- 
tique entre  la  iuftice  de  Dieu,&  les  mérites  d'vn 
bdp.ent.  cnacim  Et  quand  le  Sage  dit  en  la  Sapience  qua- 
4  triefme  que  Dieu  a  fomg  efgallement  de  tous: 
j&.(]tulitiY  illi  e{i  cura  de  omnibus. 

Cefte  particule  œqualtiïr ,  ne  fe  doit  rappor- 
ter à  la  prouidence  de  Dieu ,  pour  dire  que 
Dieu  eftprouide  en  toutes  chofes  ,  car  ce  fe-^ 
roit  contreuenir  au  dire  de  faind  Paul  ,  qui 
dict ,  que  Dieu  n'a  fomg  des  bœufs  >  non  pas 
que  Dieu  n'en  aye  foing  i  mais  il  femble  que 
fainâ:  Paul  vucille  dire  que  Dieu  néglige  les 
beftes  en  comparai fon  des  hommes  ,  pour- 
ce  que  ce  feroitvnblaphefme  dédire  que  Dieu 
aye  mis  des  créatures  fur  terre  pour  n'en  auoir 
ioing. 

Mais  en  cecy  le  Sage  veut  dire  que  la  pro- 
uidence de  Dieu  enuers  les  hommes  cft  plus 
particulière  aux  vns  ,  que  non  pas  aux  au- 
tres :  c  cil  pourautant  aucc  e/gallité  qu'il  fe 
monftre  prouide  enuers  tous.  Mais  cette  ef* 
gallité  fe  doibt  rapporter  à  la  mefure  d'vn  cha- 
cun. 

le  veux  monftrcr  cecy  par  deux  beaux  paf- 
fages  de  l'tfcriture  fain  et  c  ,  &  monftrer  que 
Dieu  donne  vne  plus  particulière  grâce  à 
ceux  qui  fc  retirent  du  péché,  qu'à  ceux  qui 
font  touiiours  addonnez  aux  chofes  celcftes. 
Cefte  iuftice  conf  (le    en  ce    que  Dieu    dict, 


DecJin.i  3  ttt.tJo  ,  er  f^c  bonmm    II  rapporte  ce  qui 
eft  de  la   pçrfeâû  i  < 

cho: 

:t ,  ic  vou|  veux  monftrer  que 
.1  prête  plus  tes  \  r  s  i  reçi 
que  non  pas  les  autre         la  nous  dt  rëpreftntç 
en  cette  riche  ;  (bit dufouper.  litwoqut- 

âum  fecit  cœn.u>  ^,  di-ie  ,  quece  foit 

des  •  Tentent  le  mariage  de  lame 

auec  Dieu  par  lai  foitvnfbu- 

per  qui  rcprcfcntc  le  frekin  de  la  gloire  :  vous 
en  cette  parabole,  que  les  vns  font 
appeliez  â  ce  feftin,  &  les  autres  dclaiilez  :  les 
i  )iit  appelle/,  non  feulement,  mais  encore 
contraints  desYtrouuer  :  il  eft 
bien  vrayque  ceo         noient  elle  laiilc/,poiir- 
I  vu  d"  •   ;;re  en  fa  : 

ioit  ;u  hepre  cinq  i 
l  falloir  efpi  ouucr  :  ^  fin; 

.it,  qu'il  eflo 
partant  il  ne  s'y  potiuoittroui 

Trois  empefehements  qui  nous  empefehent 
tin  ou  de  la  grâce  ou  de  la  gloire, 

;ice  ik  ,  la  ÇOnCOplftf 

de  1  ou  du  monde  ,  la  concupife; 

méfiâmes,  cclk 
ifs,  celles  du  tr  la 

I  e,  (bruiteurs  du  pçrc  d 

entendre  le  r 

uent  >  in  ,  Ic- 


406  Tovrletroifîefme  lunày 

aille  parmi  les  rues  &  places  publiques  de  la  vil* 

le  ramaflértous les pauur es  malades,  naurez  &; 

necefliteux. 

Mais  voyez  comme  il  parle  :  Cowpelle  tos  intra- 
re.  Il  veut  qu'on  les  contraigne  d'entrer  :  tant 
il  eft  véritable ,  que  de  la  grâce  que  Dieu  donne 
dépend  de  faiuftice  :  il  ne  donne  à  tous  Tes  gra- 
ces:il  ouure  à  tous  le  chemin  du  Ciel,mais  il  de- 
laiffe  les  vus  &  contraint  les  autres  d'y  entrer 
i'appelle  la  cpnfcience  de  plufieurs  de  vous  au- 
tres. 

Combien  fouuentesfois  Tentez  vous  que  Dieu 
vous  force  &  côtraint  de  vous  retirer  du  péché 
pour  fuiure  la  vertu?  O  grand  faincl: Paul  vous 
nous  en  pouuez  dire  des  nouuelles.-pendant  que 
vousperfecutiez  l'Eglife  ,  vous  fuftes  porté  en 
terre  du  haut  de  voftre  cheual ,  &  eftant  comme 
forcé  de  vqus  retirer,  vous  confeffates  que  vous 
eftiez  vaincu. 

Encores  deux  beaux  partages  de  l'Efcriture 
pourmonftrer  que  Dieu  communique  fa  grâce 
à  tous,  &toutcsfois  plus  aux  vns  qu'aux  au-» 
très. 

Le  premier  eft  de  fainct  Matthieu  ,  où  no- 
ftre  Seigneur  difoit ,  Vpàti  ad  me  omms  qui  one- 
rati  éfih  Là  il  offre  feulement  fa  grâce  à  ceux-ci 
mais  il  ne  les  prend  par  la  main ,  là  où  entiers  les 
les  autres  il  âiât ,  VfYpttu*  ch*rk*tt  àehxt  te ,  or  tr<*xi 
te  mtht  II  ac  fc  contente  de  leur  dire  comme  à 
ceux-cy  ,  Vmté  Hrniet9&à,  mais,  Tyaxtte  tmhi: 
pourmonftrer  que  Dieu  faift  plus  de  grâce  aux 
vns  qu'aux  autres. 


Et  ainfi  ,  ô  Rcligionnaircs  ,    le  veir 
vous  remarquez  que  Le  auec 

il  attire  les  li' 
douces  9i  le  non  de 

un  vo<  m   vr -a'is      1  il  on  f  /f//j  f/; 

m  ,     dilbit  Dieu  fou  Prophète  Ofce.    Voila 
pour  la  grâce  de  Dieu  Lna  a  quelque*  periou- 

IICS. 

Voulez -TOUS  que  ie  vous  ir.onfi.rc  encore 
vn  autre  pal!  briturc    ,    par   lequel 

vous    i  que  Dieu    attire  par  force  ceux 

qu'il  avme  ,    qui  fembloient  s'en  aller  en  cn- 

fe  :  Il  cft  dit  que    les 
Ang  l    u  furent  emioyei  a  J.orli  ,   qui 

it  en  Sodomc  ,   pour  l'aduertir  de  foi 

J.e    texc  dit  ,    N  :  fi  ct'.m  c.tt'rn  me 

tnr    :    Ccftoît     feulement    pour  ta  gTlCC  qu'il 

I 

,  comme 
Dieu  le  conif  i  cum  , 

Ifusju-        \ oyea  i  nu    cora 

aint  les  vus  daller  a  lut ,  &  non  les  au- 
tre 

:    car  I.otli  ne  voulant 

nullement    entendre 

Sainâe  rapporte  que    l  le  pnnt  par  la 

main,  8c  j  t  la  ci:  j*\ 

ait    m  m*  m    tut  s    ,      cr    mtnnm 

&    trcir    ro<  f\'ryf  ctuttMtem    .     |    >ur     mo 

ftre  Dieu  prefti 

Quelque  ,    &  p  car  il 

Ce  uii 


40S  Vonr  h  troiftefme  lundy 

n'y  eut  que  Loth  qui  fut  pris  par  la  main 
de  l'Ange ,  &  mis  hors  de  la  cité  par  force, 
&  furent  fes  deux  gendres  delaiffez  en  la  vil- 
le ,  lans  eftre  contraints  de  fortir  ,  mais  bien 
furent-ils  aduertits  d'en  fortir  de  peur  qu'ils 
ne  periflent  aucc  les  autres  Sodomites  ,  &  ne 
deuonspas  demander  à  Dieu  pourquoy  il  fait 
cela  :  car  comme  dict  fainftAuguftin  -Xurtrabat 
illttm  9  cr  illum  non  tiabat  nolt  tudicarc  p  non  ris 
errare. 

Il  ne  faut  entrer  là  dedans  ,  car  c'eil:  vn  aby  f- 
me  profond  des  iugements  de  Dieu  ,  defquels 
fainct  Paul  ne  peut  parler  qu'aueç  admiration; 
O  altiiucio  dtuuwum  jcmittœ  &  Japuntta  Dtt  quam 
incomprehenfibilta  funt  indtcta  ftta  &  mue  H  t£*  bile  s  yt<C 
etm.  DelàDauiddifoit ,  ludtw  tua  abyfiusmulta. 
Et  fainct  Grégoire  de  Nazianze  dicl:,  Jibyff** 
yeltimentp.mttHS  ,  nubts  (jr  caltopincircuttH  eim.  Oiu-? 
gement  de  Dieurce  ne  font  que  brou  illarts,  que 
nuées  &  ténèbres  ,  parmy  lefquelles  nous  ne 
recognoiffons  rien. 

Grand  Dauid  ,  fi  Dieu  eft  infiny  en  foy, 
comment  eft-il  comprins  de  ténèbres  !  ce  n'eft 
pas  à  dire  que  Dieu  en  foy  foit  enuironné  ,  de 
ténèbres.  Mais  cela  cftdict  feulement,  pour 
noftre  regard  :  car  comme  le  Soleil  eftantec- 
clypfé  ne  perd  rien  de  fa  lumière ,  ains  feule- 
ment icelle  nous  eft  oftec  par  l'interpofition  de 
la  Lune,  qui  fe  met  entre  luy  ,  &  la  terre,  qui 
cmpefche  que  nous  nclepouuonsveoir.  Ainfï 
cette  ecclypfc  des  iugements  de  Dieuarriuede 
noftre  part. 
-  Les  anciens  ont  dict  que  le  Cygne  cftoit  vA 


Je  C ar f fine.  409 

beau  fimbole  de  l'homme  ;  I  gne  dont  les 
deux  colomncs  des  fept  piecU  plus  ie 

les  autres  animaux,reprclcntentquil  cftle  roy 
des  o)  féaux  ,  Ion  col  plus  haut  que  les  autres, 
fl  s  plumes  plus  blanches  que  la  neige,  Tes  yeux 
plus  brillants  que  le  Soleil  ,  Ton  bec  de  nacre  de 
perle,auec  icfquelk    ,  ons  ,  qui  ne  diroir 

que  cet  oyfcauû*  beau  1        apic  auoir  vu  cha 
proportionne  a  la  beauté  ,  antmoh.s  pour 

auoir  la  telle  petite ,  &  n  auoir  point  de  langue 
pour  chanter, reprefente  ce  quedoit  l'aire  1  ! 
me  enuers  les  iugemens  de  Dieu.  O  homme 
qui  esCygne ,  tu  dois  auoir  vn  chef  fans  langue 
quand  tu  veux  parler  de  Dieu:  car  luy  citant 
K>y  fini, pour  celte  caufe  tu  ne  dois  par- 
krdeluy,  ny  de  il  mens,  &  lapins  belle 

1"   .r  le  chant  plus  agréable  qu'il  pour- 

rOÎtrt  •  de  lhonorer  aucc  vn 

'  fîlence  pour  itères  &  iiigemenag 

auiii   droit  1  iymums  Dtui  m  Son.  T/aI.}$* 

tmbicnklon  la  rçfûon  de  fainâ  liicrofmc, 

2  ibi  f)owi'ielil(r,rr>  u\ 

redut  neui   cS:  célèbre  tem- 

ple Je  D  lia  ville  dKphele  ,  qu'a 

1  entourde  la  ceint:1  -;  celte,  il  y  auoic 

deux  mois  qui  ne  pouuoJCOt  élire  leus  ny  eu 

:iatius  diloit  que  1  vu  ii- 

gntâoit  lumière ,  &  l'antre  tenebn         elle  4 

:'c  Tentation  de   Dieu  ,   qui  en  <« 
n'eft  i  micre  , 

Um  :  Mats  pour  noi 

fcuntcz ,  /*..'. 

-  s  au  vus  c'e  r.on  aux  autres,  cela^ 


r*  i0  Tour  h  tyoifiefme  l  mây 

ténébreux  pour  nous ,  l'acceptation  desperfon* 
nés  ne  peut  pour  celaeftreen  luy,  il  n'eft  obli- 
gé à  perfonne ,  de  là  eft  que  fi  quelqu'vn  fe  vfou- 
loit  plaindre  à  Dieu  de  la  grâce  qu'il  faiftà  vn 
autre  plus  qu  a  luy ,  Dieu  luy  pourroit  refpon- 
dre  ,  *mict  non  facto  nbi  mturum  ,  pource  qu'il 
n'eft  obligé  d'en  donner  autant  aux  vns  qu'aux 
autres. 

Venons  maintenant  à  la  féconde  partie  de 
ce  prefent  fermon  ,  &  monftrons  que  combien 
que  Dieu  ne  diftribuë  à  tous  efgalîemét  ks  grâ- 
ces ,  Ç\  eft-ce  toutesfois  qu'il  en  donne  fuffîfam- 
mét  a  vn  chacun  de  nous  pour  fe  fauuer,  numquid 
eH  volwtt.ttts  m*  vt  monatuY  tmpiu^llcd  très-certain 
que  Dieu  a  plus  ay  n  ié  les  hommes  que  les  Anges 
pource  qu'il  eft  mort  pour  les  hommes ,  &  n'eft 
pas  mort  pour  les  Anges. 

Secondement ,  il  attend  les  hommes  à  péni- 
tence, &  non  les  Anges  :  car  Lucifer  n'euft  pas 
pluftoft  offencé  ,  qu'aufïï-toft  il  futpuny ,  &: 
chaftié  de  Dieu ,  ie  fçay  que  les  Théologiens  di- 
fent  que  l'homme  eft  inconuertible  de  foyi 
mais  i'ayme  mieux  dire  cccy  des  Anges  qui 
fontdefoy  inconuertibles,  i'entends  parler  des 
Anges  rebelles ,  &  non  des  bons  ,  pource  que  la 
porte  du  Ciel  leur  a  efté  fermée  pour  iamais,  de 
là  eft  que  les  portes  d'enfer  font  :ippcllees  eter- 
nelles,pource  que  la  grâce  de  Dieu  yeft  defniee; 
voyla  pourqiroy  le  feu  y  eft  éternel ,  ou  bien  di- 
fons  que  le  feu  d'enfer  eft  éternel ,  pource  qu'il 
dure  autant  que  fa  matière  dure ,  la  matière  du 
feu  d'enfer  eft  le  péché  qui  eft  éternel,  &  pource 
ce  feu  eft  éternel,  partant  ie  dis  que  les  Ai> 


ges  ayans  vne  fois  péché  ,  font  condamnez  :. 
feu  éternel,  cV:  font  pour  roue  ïamaisinconuertN 
blés. 

Voyla  comme  Dieu  n  a  attendu  les  Ang. 

comme  il  tait  les  hommes  &  partant 
il  ne  les  a  tant  avmcv. 

Tiereemcnt  ,  Dieu  aplus  aymé  les  hommes 
que  les  ■  qu'il aprinscV  apprehe: 

la  nature  humaine  ,    &  non  pas  1  , 

Myftercqui  nous  efl  mcrucillculcmcnt  repre- 
fentéen  (ainâLuc,  Ions  la  :  le  du  Paitcur 

qui  de  cent  brebis  qu'il  auoit,  enefgara 
pour  l'aller  chercher  laillales  nouante  neuf  au 
defertjou  fur  Ils  maiv  :  rOUS  que  le 

nombre  de  y  9. elle  c  deux  9. qui  repre- 

icntct  les  oeuf  cheee  i  ce  bergère  c  it 

lefilsdcDieugceftel  u    f'eftlanatiire 

humaine,  eftvenu  chercher, 

chœurs  des  Auges aa 
Ciel,  &  .  Cefl  pour  monftrcr 
que  Dieu  ad*  J  <:\  amour  en- 
uers  les  homme  un  s  1rs  AngnUipiiiirlnnci 
quilaplus  ,  nmesque  les  A  nu 
qu'il  a  eree  \%  nr  la  l  ie  éternelle  ;  Il  s  en- 
fuit de  la,qu  il  ad'  s  rnefl 
I               aruenii  c'eftk             de  ecl 

qui  adtltine  vue*.  Miehn  ,  de  lu}' donner 

1  ;  Dieu  a  détoné  ft 

let  homme 

uenir,qaj  z3*m*mmm 

in0*  /  il  no*  à 

donne  fa  •  .  cous,  il  1 


a  ii  'Pour  le  troifitfme  lundy 

mais  c'e/l  ou  immcdiatemenr,ou  mediatement* 
aux  adultes  il  donne  la  grâce  immédiatement, 
&  aux  petits  enfans  qui  n'ont  l'vfagc  de  la  rai- 
fbn,  il  leur  donne  la  grâce  mediatement,  Ceft 
à  dire,  il  donne  la  grâce  aux  parens  de  les  faire 
baptifer,  &  de  les  faire  fauuer.  O  parens,  vous 
auez  le  moyen  non  feulement  de  donner  la  vie 
naturelle  à  vos  enfans  :  mais  encore  la  vie  fur- 
naturelle,  qui  cilla  grâce  ;  voila  comme  Dieu 
lie  refufe  fes  grâces  a perfonne,  foit  aux  bons, 
foit  aux  mauuais ,  aux  grands  ou  aux  petits, 
C'eft  ce  que  difoit  le  fils  de  Dieu,  parlant  de  fon 
Père  éternel ,  Qjtt  [olemjuum  factt  ortrifuper  tafias  & 
imujbs  :  Il  fait  pleuuoir  l'abondance  de  fes  grâ- 
ces furies  iuftes  &  fur  les  pécheurs.  S.  Ambroi- 
fe  fur  le  Pfal.  1 1 8,  expliquant  ces  mefmes  paro- 
les de  noftre  Seigneur  dit ,  Sot  intima  efi  pluma 
gratt*  :  mais  fingulierement  Sainct  Auguftin 
expliquant  ces  paroles ,  état  lux  vera  (\ux  liiummat 
cmmmbomimm .  &  fur  le  Pfal.  18,  expofant  ces  pa- 
roles ,  non  tfi  qui  fe  abjeondat  a  cabre  eius  >  dit ,  cum 
tiutnn  yerbum  caro  fatlum  esl ,  &  habitant  in  nobts 
mortalttatem  niflram  fufeipiens  non  pcrmtftt  vlittm  morta- 
lium  exeufttre  fe  Aetmbra  monts  :  tpfum  enim  penttrauit 
yerbt  calot ,  &  fur  le  Pfal.  4; .  expliquant  ces  pa- 
foles ,  Dftts  m  mtàto  etus  non  commoutbitur. 

A  cecy  fe  peut  adioufter  ce  que  difoit  Galicn 
à  vn  certain  Roy  des  Indiens  qui  fe  conciliant 
a  luy  comment  il  pourroit  maintenir  en  paix 
fon  Royaume,  luy  monftra  vn  cuir  de  bœuf,  fur 
le  bout  duquel  il  luy  faifoit  mettre  le  pied ,  & 
pendant  que  celuy-cy  s'abbaiflbit,  l'autre  fe  le- 
uoit  :  mais  puis  après  luy  faifoit  mettre  le  pied 


an  milieu,  les  deux  extrémités  ne  sabbaiflbienc 
ny  ne  fe  lcuoient  ;  ainlidiibit  CJalicn  à  ce  Ko)  : 
Sire  ,  pendant  que  vous  \  ous  tiendrez  a  l'vn  des 
bouts  de  voftre  Royaume,  il<  ..indrc  que 

L'autre  ne  s'eileue  :  nuis  ù  vous  vous  tenez  au 
milieu,  voftre eftat fera paiûblcTi  ffcufli  Diuile 
milieu  de  nous  par  ce ,  que  U 

mort  mugi(Fe»&  le  Ciel  tonne  ,  iamais  pour  ce- 
la nous  ne  lirons  troublez  :  ograndS.  Paul  ,  n'a- 
llicz-vous  pas  voftre  Dieu  en  voftre  cceur? 
Lapourquoy  vousdefpiticz  &  guerre  &:  fa- 
mine, l  _s,difant,  t^ojçirquodmqucmcrs 
vque  tribulatto  out  m  ,  pottrit  me  Jeparare  k 
ihjrttdte  Det  :  Dieuefloiten  Ton  ame  ,  Cv  quelle 
merueiîle s'il  laiilbir  palier  toutes  les  tempeltes 
ndç  ,  (ans  élire  aucunement  esbrailé. 
Jjtus    m    \n  diê  nus  non  commcmùttur.    Surquoy    il 

VOUS  rapporte  les  paroles 
de  iaimr  Auguftûi  ,  Lequel  expliquant  ces  p.. 

ind  dit  ,    Lhtid  htc  (.  ,  (jhoJ  Dtus 

rfon4$  ntn  dcciptt  :  nnomo.io 

evnn  ttlnJ  rjuo'hnrneJio  esl  pirué  h*btt    (h.ttu  aA  cm» 

rlius  ef]e  dicitvr  ,  dciHAÏutr  êmnbHï 

en/  \<>ila   comme    Dieu    cft  au  milieu 

I  nrre  de  tons  les  hommes  pat  lagr.u 

une  il  n'ya  rien  enlacirconrercDce  à'rn 

cercle,  qui  ne  foit  veu&  regardé  par  le  centre* 

.monde  qui  le  pmlle  plaindre 

de  Dieu.CIcn*  ni  Mlexandrinfur  cesparoksde 

S    I  rr*  (]u*  t\\%mm*t  %  cre    dit  amli 

en  I  ire  au  Gentils  ,  n*//*  *H 

«»w  9ttbmn%  lux  comnmnti  omntl  -  ,  titil- 

lai  til   Lt    *(,,  ;.  [UC  \uulci-vuui 


4 1 4  Tour  h  tYfifiifmî  lunây 

dire:il  veut  dire  que  ce  verbe  éternel  eftfembla-' 
ble  au  Soleil ,  pource  que  tout  ainfî  que  le  Soleil 
efclaire  ,  non  feulement  les  corps  celeftes  qui 
font  auprès  de  luy  :  mais  auffi.  nous  autres  qui 
en  fommes  fort  efloignez  :  ainfi  en  eft-il  de  ce 
Soleil  de  iuftice,auec  le  feul  dir>erent,que  le  So- 
leil naturel  eftant  fur  noftre  horifon,  met  les  an- 
tipodes en  ténèbres, &  au  contraire  luyfant  aux 
antipodeSjil  nous  caufe  la  nuic~h  là  où  ce  Soleil 
de  iuftice  efclaire  tout  le  monde  fans  aucunes 
ténèbres, il  n'yaperfonne  qui  foit  exempt  de  fe$ 
rayons  en  quelque  endroit  qu'il  fe  trouue,  enco- 
re que  ie  fois  aux  Indes  parmy  les  barbares  ,  eu 
Babylone  &  en  Turquie  parmy  les  infidèles  ,  ie 
ne  laifle  pour  cela  d'eftre  efclaire  de  ce  Soleil  dé 
iuftice.  Et  pour  voir  comme  perfonne  ne  peut 
fe  plaindre  de  n  eftre  efclaire  de  quelque  lumiè- 
re auec  laquelle  il  fe  peut  fauuer  :  Remarquez 
que  trois  fortes  de  perfonnes  font  efclairees  de 
lumière  :  mais  les  vns  plus  que  les  autres,les  vns 
n'ont  qu'  vne  lumiere,les  autres  en  ont  deux ,  &: 
les  autres  trois. 

L'infldclle  n'a  qu  vne  lumière,  fçauôir  la  lu- 
mière naturelle  ,  par  laquelle  il  fe  peut  bien  con- 
duire &  obtenir  le  falut:le  Iuif  a  deux  lumières*, 
fçauoir  laloy  dénature,  &  laloyde  Moyfe  par 
lefquellesilpeutainTi  Ct  fauucr  :  maisleChre- 
(lien  &  Catholique ,  il  a  trois  lumières ,  fçauoir 
laloy  de  nature, la  loy  de  Dieu  &  la  grâce. 

L'infldclle  au  iour  du  internent  ne  fera  pas 
condamne  pour  n'avoir  fuiuy  la  lumière  de 
laloy  eferite  ,  &  la  lumière  de  la  grâce  :  mais 
pour  nauoir  fuiuy  la  loy  de  nature  :  le  Iuif  ne 


(k  Céttftmm  4 1  j 

pas  condamne  pour  n'auoir  fuiuy  la  loy  tic 

mais  bien  pour  n'auoir  iu:u\  la  loy  Je 

Mo]  te  Chrefticn  Catholique  ne  iciacon- 

ur  m  auoir  fuiuy  la  loy  de  Moyie,  mais 

bien]         auoir fuiuj  cequieftoitdelftloyds 

M.;  1.'  Huntquelqu'vn  mepourroir  faire  ce- 
lle 1 ,  s'il  arriuc  que  ie  ne  fuiuc  la  loy 

de  narine ,  feray-ic  fai;  la  ie  rciponds  que 

(i  ie  n  ay  411e  la  iumiere  naturelle  ,    a  la  venté 
Dieu  1  itpljlftofi  vn  Ai i-e pour  me  don- 

ner vue  lumière  flirnaturcllc ,  par  laquelle  ie 
pourj  e  fauucrcar  ,  Uaajacnuti  quod  wjt  e(i 

r.on  àenr'.it  pâti 

lececy  auchap.T' .  des  Actes.  Ce 
I  ;it  la  loy  dénature,  vit  vi>e  fois  jiU  iq] 

vr,  Dieu  luy  cnuoya,  Iny  portant  noti- 

ce' lespm  urai- 

isf  8sl  en  aller  en  Eoppe  vers 

S  d<  rc  baptifer, voilaeomn 

Di  defilic  ce  a  1  infidèle  qui  luit  la 

1"  lement  en  Iliiitoire  tL 

auonscU        ..aman,  quicduy  cit. 

le]  de  les  limantes  luy  tonfeillad  al- 

L.    en  [udec  rrouucr  vn  fainctpcrlbnnage  ap- 

llla  après  auoii -prins 
ie,  où  citant,  ce  i  re- 

lier lauer 

1  pour  titre  guari  maa  repre- 

eartoii  ta 

i  ,  la  Inde,  !a 

te  de  voftrc  maifon  qui 

1  la  raafon  laquelle  donne 


a  1 6  Vouy  le  troipefme  tutiây 

aduis  aTinfidelle  qu'il  y  a  vu  fouuerain  méde- 
cin en  Iudee  qui  le  pourraguarir  de  fa  lèpre  fpi- 
rituelle  ;  c'eft  ainfi  que  cefte  lumière  naturelle 
nous  guide  &  nousaduife  d'aller  à  Dieu  :  /»«*• 
(tùilia  Dti  per  ea  qi*a  jatta,  junt  luttïkUa  covjpi~ 
tAa  i\o  CîUhtuY  i  fempiterna.  (juoquc  nus  virtus  ac  ciiutmtas^ 
l*  l'infidèle  fuiuant  l'aduisde  cefte  raifon  naturel- 

le prend  lettres  du  Prince,qui  font  les  grâces  de 
Dieu ,  &  s'en  va  en  Iudee,  c'eft  à  dire  en  l'Eglife 
ChreiHenne,ou  fe  trouuent  les  vrays  Helies,  qui 
font  les  Preftres,  lefquels  enuoyent  le  pécheur 
aufîeuue  du  Iourdain  pour  fe  lauer  j  c'eft  à  dire 
aux  Sacrements ,  afin  que  de  là  il  reçoiue  fa  gua-« 
rifon. 
Taraboïe  Belle  &  riche  parabole  qui  monftre  cecy,c'eft 
tnifim-  à  fçauoir  comme  Dieu  diitribuë  à  tous  efgalle- 
tufe.  ment  fes  grâces ,  &  toutesfois  plus  aux  vns  que 
aux  autres.  Noftre  Seigneur  dit  qu'vn  certain 
Roy  auoit  trois  feruiteurs  ,  aufquels  il  diftri- 
bua  Ces  taîens  ;  il  en  donna  vn  au  premier ,  deux 
aufecond,&  cinq  au  troiiiefme:  Ce  premier  fer- 
uiteur  reprefente  l'infidèle ,  qui  n'a  receu  qu'vn 
talent,fçauoir  la  loy  de  nature ,  le  fécond  repre- 
fente le  Iuif,  qui  a  receu  deux  talcns ,  feauoir  eft 
la  loy  de  nature ,  &  la  loy  de  Moyfe  :  &  le  troi- 
fiefme  eft  le  Chrefticn,  qui  a  cinq  talens  *  fçauoir 
eft  la  loy  de  nature, la  loy  de  grâce,  &auecce,la 
foy ,  l'cfperance  &  la  charité  :  de  forte  qu'ainfl 
faifant,il  n'y  a  perfonne  qui  fe  puiffe  plaindre  de 
Dieu,pource  que  ,  vuiq*étqt<e  rhditftcundum  propriam 
yi>  tuteur,  il  donne  félon  la  fufrifance  d'vn  chacun* 
&  félon  la  capacité  des  perfonnes. 

Ainfi  donc  il  ne  donne  des  miracles  à  ceux 

de  Nazareth, 


et  drefrre.  ^\y 

Nazareth ,  pour  autant  qu'ils  n'en  cftoicnc 

ent  trop  oMtmcz,cc  que  icetix 

rercntpour  k  lapider,mais 

iLiua  Imitant  le  rendit  inuiiible. 

;ncur,  qui  cllargillcz  à  tous  les  rayons 

de  vos  grâces  félon  la  capacité  &   fuihiance 

d'vn  chacun,  '.  vous  piaiit,  que  noftre 

amc  puilîc  icy  bar.  cirre  clclairce  de  vos  di- 

uins  raj  ons  de  vcftrc  amour  &  charité,  afin 

<juc  par  la  vi rtu  d'iccux,elle  puiile  cirre  eileuée 

la  haut  au  Ciel  en  voftre  gloire.  Ainfi  foit-il. 


mm:) 


^s£§      r/^iiLlfr'KgfrT1^ 


SERMON     POVR     LE 

TROISIESME     MARDY 
de  Carefme. 

S ipeccauerit  intefrater  tuusy  va<fe&  cor^ 
rite  mm  tnter  te  &*  ipfumfofum. 


M 


ATTH, 


18. 


. 


I  EN  que  le  doigt  de  Dieu  tout 
pu i (Tant  de  foy  feul  (bit  plus  que 
fuffifant  pour  chaffer  le  malin 
efpri't  du  corps  de  ceux  lefquels 
il  jpoffede  ,  comme  i'ay  monftré 
par  cy-deuant  :  Si  eft-ce  toutes -fois,  que 
comme  nous  voyons  au  gouuernement  des 
chofes  naturelles  que  l'eternelte  prouidence 
de  Dieu  ne  gouucrne  les  chofes  les  plus  baffes 
de  Ce  monde ,  fiiion  au  moyen  des  moyennes, 
&  les  moyennes  au  moyen  des  plus  hautes: 
ainfi  le  doigt  de  Dieu  ne  fait  rien  en  ce  gou- 
uernement fpiritucl ,  ii  ce  n'eft  au  moyen  du 
doigt  de  l'Eglifc  ,  &  celuy  de  lEglife  par  ce- 
•luy  de  l'homme  ,  entre  lefquels  il  y  a  vn  fi 
grand  rapport ,  que  comme  le  doigt  de  Dietf 
ne  fait  rien  fans  ecluy  de  l'Eglife ,  ainfi  celuy 


Je  Cdr'fme.  419 

tlb  lEglifcnefaietrienfansccluyde  l'homme, 
Ss  ptccuHtrit  ft  te  frjttr  tk«s  y  voila  comme  le  malirv 
cfprit  pbfledc  lame  de  l'homme  ,  Compe  eum  m- 
ttr  te  &  tpjki»,  vciila  le  doigt  de  l'homme.  Q«#i 
fmon*u:Uttttto^  die  tccujix  p  voila  le  doigt  de  l'E- 
g1ifè,&  s  il  arriueqtie  le  doigt  de  l'hônimc  & 
:ifc  ne  Lacent  rien ,  S/  nbijtcut  ttèmem  gt 
fmhbcéùm\  :  voila  le  doigt  de  Dieu  ,  voila  vniu- 
gement  dangereux  ,  ingénient  de  l'Eglife  qui 
pocl  &  en  dernier  relfort  :  &  d'au- 
tant que  ce  îugement  de  l'Eglife  eft  important, 
il  cft  befoindauoir des  moyens  pour  cognoi- 
ftre  quelle  eft  la  vraye  ou  la  tauile  Eglifc  ,  &: 
puisque  ie  traicic  de  l'Eglile  mère  de  tous  les 
I  -  citicns ,  6ç  due  la  gloiieufe  Vierge 
ne  des  principales  parties  de  cette  Eglilc: 
nous  auonstres-iuftcfuicct  d'cfpercrque  nouw 
ferons  adifte/  en  ce  prêtent  difeours  de  fes  in- 
tt  réel  lions ,  (i  nous  l'en  requérons,  la  faluant 
^etiotement,  dii". 

•   - 

^Aue  3Xtaru 


1  s  TE  fenteneceft  rres- véri- 
table que  la  rcllemblanec  eft 
bl  mere  d'erreur ,  ex  la  mara- 
ftre  de  la  \critc  ,  s'il  vous 
ptlifl  de  ietter  auec  mo;, 
la  nature  que  for  1.  nres 

■is  prenne 
icment 
I    il 


a  2  o  ? owr  h  tyoijiefme  Mardy 

le  loup  cft  prins  pour  la  dogue ,  la  couleuure 
pour  1" anguille ,  la  cyguë  pour  le  cerfucil,  l'e- 
ftaing'pour  l'argent,  le cuiurepour  lor,  le  ver- 
re peint  pour  l'emeraude,  &  lecriftal  pour  le 
diamant:  Secondement  en  l'art  les  grappes  de 
raifins  feulement  peints  par  le  Peintre  Zeuxis: 
cftoient  prins  pour  des  vrays  &  naturels  rai- 
fins, &  cefte  geniffe  d'Icare  rut  tellemét  repre- 
fentée  au  vit  que  les  taureaux  naturels  y  furent 
trompez  :  &  Ixion  chez  Ouide  n'embraiîa  il 
pas  vne  nuéepenfant  embralTer  limon,  Héro- 
dote liure  troifiefme  traitant  de  la  Monar- 
chie desPerfes,  dictque  vnSmardis  eftoit  fou- 
uentesfois  pris  pour  le  fils  naturel  de  Cirus ,  à# 
caufe  de  la  rcflemblance  grande  qu'il  y  auoit 
entre  les  deux  :  laiffons  les  hiftoires  propha- 
nés,  &  venons  aux  fainctes  Efcritures. 

N'cft-il  pas  yray  que  Sathan  feduifit  nos  pre- 
miers parens  foubs  la  forme  &  figure  d'vn  fer- 
pent?  Pourquoy  cela?  le  fçay  que  les  fainéts 
Pères  difent  que  Dieu  à  permis  que  le  Diable 
fe  foit  prefenté  en  ferpentd  Eue,  pour  mon- 
ftrer  ce  qui  eft  de  fa  nature ,  pour  autant  que 
tout  ainfi  que  le  ferpét  ne  peut  fe  releuer  eftant 
cheu ,  ainfi  le  Diable  eftant  vne  feule  fois  tom- 
bé par  fon  orgueil ,  iamaisil  ne  s'eft  peu  rele- 
uer, &  Dieu  à  permis  que  en  cefte  forme  il  aye 
tenté  nos  premiers  parens,  pour  ce  que  l'hom- 
me eftant  vne  feule  fois  tombé  par  le  péché  ne 
peut  s'en  releuer  fans  la  grâce  de  Dieu. 

Sainét  Grégoire  de  Nazianze  à  dit  qu'il  y  a 
icy  vn  myftercchaché  de  ce  que  le  Diable  en- 
tra en  1  amc  de  nos  premiers  parens,  comme 


▼n  fcrpct  :  pour  monftrer  ce  que  fait  le  peché  i 
l'home  :  car  tout  ainfï  que  le  (erpent  eut: 
lememt  eu  vn trou:  mais  il  n'en  refort  qu'aucc 
de  la  peine  :  ainfi  telle  cft  la  nature  du  pé- 
ché ,  il  fc  gliffe  facilement  en  noitre  cœur  bc 
en  noftre  confcicnce ,  tait  poillder  noitre  amc 
par  Sathan ,  &  tout  autant  de  péchez  que 
nous  commettons  font  tout  autant  de  mains 
pour  empefeher  qu'il  ne  forte  ,  de  forte  que 
nous  voyonsque  comme  le  malin  cfprit  tenta 
Eue  fous  couleur  &  apparence  de  venté* 
ainCi  en  fait-il  tous  les  iours  entiers  nous ,  nous 
trompant  ai nf]  par  l'apparence  des  chofe 
Heures. 

En  l'hiftoirc   des  Roys    nous  tronçons 
qu'vn  certain  Prophète  futvtl  iourenu< 

la  paît  de  Dieu,  auec  commandentet 
deluydenes'y  arreftet  6cdene  rien  emporte^ 
d'iccllc.  Mais  voyla  vn  autre  taux  lJrophct6 
qui  Mteltreen  )ieupotiri 

repaiitreen  fa  maifôn,ccquecr0]  int  celtiy-cy 
lanr  a:  i  boire  I  ger  ehe/  ce  faux 

ainfieommcils'cnrctournoitfut  i 

noré  parles  Lyon, 

Du  commencement  de  !*Eg!î/e  il  fetre 

uoit allez  de  femblables  faux  Proph  ref- 

moinvn Simon Magus qui  (éditait  cftre  le 
racletediuin  ,  ainfi  lcsCymnofophilh 
foienr  !sauoirtout  ,  6t  cependant  parmy  eux 
cen'efloit  qoebeftiiè&  ignoran< 
les  adherfaires  de  11    '      15  d  (ent  i  prefotc 

tonne/,  mais  pluftoft  Pretendusi 
car  s  il  y  a  gens  au  monde  qui  i 

Dd 


4 1  %  Vour  k  troiftcfme  'hJardj^ 

de  reformation  ce  font  eux. 

Telle  eft  la  nature  du  vice  &  du  péché  de  fer 
marquer  &  defguifer  pour  eftre  receu  &  em- 
braffé  plus  aifement  de  tous.  Le  péché  de  foy 
eft  honteux  &  n'ofe  comparoiftre  au  iour ,  fi  cç 
neft  foubs  l'apparence  dubien:  Audi  celuy-l$ 
auoit  fort  bien  rencontré ,  difantqu'vn  temps 
cftoit  que  le  bien  &  le  mal  fe  promenoient  en- 
femble  fur  la  terre,  le  bien  eftoit  receu  de  tous, 
pour  ce  que ,  omuta  bmum  appetunt  :  chacun  le 
pourchaflbit ,  &  le  vouloitauoir  ?  il  n'y  auoit 
aucun  qui  voulut  receuoir  le  mal  quiparoiffoiç 
tout  nud ,  &  en  fin  le  bien  fe  voyant  ainfî  im- 
portuné de  tous,  quitta  les  hommes  &  s'en  alla; 
au  Ciel  :  mais  comme  il  s'en  volloit  de  la  terre, 
il  laiffa  tomber  fon  manteau  fecrettement ,  &ç 
fans  qu'aucun  s'en  aduifaft  :  le  mal  qui  couroit 
tout  nud  delahTé&  abandonné  de  tous,  trou- 
vant ce  manteau  par  hazard  il  s'en  affubla,  &  fe 
fourrât  parmy  les  hommes  ainfi  defguifé  aueç 
ce  fur-habit  fut  receu  &  embraffé  de  tous  pour 
le  bien ,  c'eft  ainfi  que  l'hcrefie  a  prins  pied  par- 
my les  hommes: car  n'ofans  paroiftre  toute  nuç 
comme  elle  eft  en  fa  nature ,  elle  s'approche  de 
nous  en  vraye  mere  de  vérité,  &  ne  l'eft  pas,  de 
forte  qu'en  elle  fe  vérifie  ce  que  nous  liions  en 
fhiftoire  des  Roys  de  ces  deux  femmes  qui  de- 
battoientàqui  appartiendrait  vn  enfant  qui  e- 
itoit  nouvellement  nay  ,  lacaufe  fut  debatuë 
deuantle  RoySalomon,  lamaraftre  difoitàla 
vraye  mere  :  Mon  tiénntc  tmhi  ,  fed  âmidAtur^  ce 
que  voyant  Salomon  dit  à  fes  gens:  Sus  que  Ton 
m'apporte  vn  coufteau  a  afin  que  ic  diuife  ceft 


àe  CàYtfme.  42$ 

.enfant ,  ce  que  voyant  la  vraye  mère,  ne  pou- 
vant voir  exercer  vne  telle  cruauté  enuers  Ton 
enfant ,  dit  au  Roy ,  Sire  donnez  luy  pluftoft 
tout  entier  que  le  diuifer ,  &  par  ccfte  belle  re- 
iblution  ,  elle  fut  recogneue  pour  vraye  mère 
de  l'enfant ,  &  l'autre  pour  vne  maraftre  ,  & 
pource  à  celle  l'enfant  fut  baillé  ,  &  l'autre  fut 
contrainte  de  fe  retirer  honteufement.  Rer 
marquons  icy  que  la  diftinction  de  la  vraye  mè- 
re d'auec  Ja  maraftre,fut  fai&e  par  le  moyen  du 
glaiue  &  ducoufteau. 

Or  fus  de  mefme  ce  fera  ce  matin  que  ce  cour 
fteau  nous  fera  recognoiftre  qu'elle  eftlafauffe 
ou  la  vraye  mère,  c'eft  à  dire  qu'elle  eft  la  vraye 
ou  la  fauffe  Eglife  ,  laquelle  fe  recognoift  telle 
par  le  glaiue, &  parle  coufteau.  de  l'Euangile  8c 
de  la  parole  de  Dieu, 

Cinq  marques  fe  trouuentpour  recognoi- 
ftre la  vraye  Eglife  de  lafauife  :  la  première  il 
faut  qu'elle  foit  vniuerfelle ,  la  féconde  qu'elle 
foit  vne, la  troifiefme  qu  elle  foit  Catholique,la 
qu.atriefme  qu'elle  foit  faincte  ^  &  la  cinquief- 
me  qu'elle  foit  Apoflolique  ,  c'eft  par  ces  cinq 
marques  que  l'on  cqgnoift  la  vraye  Eglife  :  ex- 
pliquons auiourd'huy  trois  de  fes  marques  ,  Se 
difbns  premièrement  que  l'Eglife  doit  eftre  vi- 
fible  ,  car  fi  elle  n  eft  vifîble ,  elle  ne  peut  eftre 
Eglife :1a  vie  prefente  ,  c'eft  la  vifibilité  de  l'E- 
glife :  Les  Reformez  ne  pouuans  monftrer  au- 
cune marque  de  leur  Eglife  ont  dit  qu'elle  ç- 
ftoitinuifible,amnTadit  Luther,  ainliCaluin, 
iiure  quatrieime  de  fes  Inftitutions  ,  chapitre 

Ddiiii 


^14  Tour  le  troiliefme  ÏÏijycIy 

premier  où  il  dit  que  l'Eglife  confifte  feule- 
ment en  l'affemblée  &  congrégation  des  pre- 
deftinez ,  &  adioufte  que  tout  ainfi  que  la  pre- 
deftination  eft  cachée  &  inuifïble  :  ainfi,  dit-il 
l'Eglife  nous  eft  cachée  &  inuifïble :&  tout  ain- 
fï,dit-il,  encore  que  comme  le  bon  grain  eftant 
caché  parmy  les  c/pines  &  yuroyes  ne  peut 
eftre  veu,  ainfi  les  predeftinez  qui  font  en  l'E- 
glife ne  peuuent  eftre  cogneus  d'entre  les  mef- 
chans  :  &  de  là  il  concludque  l'Eglife  eft  inui- 
fïble. S'il  eft  vray  ô  hérétiques ,  ce  que  vous 
dites,  accordez  vous  donc  ie  vous  prie,  auec 
noftre  Seigneur,  qui  dit  auiourd'huy ,  quicon- 
que aura  péché  ,nous  le  deuons  reprendre ,  s'iî 
ne  fait  eftat  de  ce  que  nous  luy  difons  ,  ad- 
dreffons  nous  à  l'Eglife ,  Sttenonaudmudic  Lc- 
ttefi*. 

Dites  moy  maintenant  ,  fi  comme  vous 
dites  ,  l'Eglife  eft  inuifïble  ,  comment  luy 
pourray-ie  parler  ?  Si  ie  luy  parle  ,  il  faut 
donc  conclurre  contre  voftre  doctrine  par 
le  tefmoignage  exprès  de  noftre  Seigneur, 
que  l'Eglife  eft  vifible  compofée  de  bons  &  de 
mauuais  ,  de  reprouuez  &:  de  predefti- 
nez. 

Les  fainftcs  Efcriturcs  m'enfeignent  que 
l'Eglife  eft  vifible  ,  Efaye  dit  que  c'eft  vne 

montagne  ,    trit  wons    hnmu%    Domini  pyœparstus 

m  vemcr  montitn*.  Et  fainct  Auguftin  au  liure 
qu'il  a  fait  de  l'vnité  de  l'Eglife ,  dit  que  ce- 
fte  montagne  n'cft  autre  que  l'Eglife  :  Or  tout 
ainfi  qu'il  n'y  arien  fur  la  terre  qui  (bit  plus  vi- 
fible que  la  montagne ,  ainfi  il  n'y  arien  de  plus 


dt  Ctrrfme,  42  f 

vifiblc  que  l'Eglife  eftant  comparée  a  vnc  mon- 
f-aigne  :  de  la  noitre  Seigneur  couronnement 
au  Prophète  £faye  intencttant  ces  paroles  di- 

foit  ,  Xoo  pott[l  CUHtSS  abfcondt  Juprà  m§Kfem pi)tjm 

Que  dis  ru  donc  ,  Caluin,  que  l'Eglife  cfr.  in- 
uiiiblc  ?  voila  noitre  Seigneur  qui  dit  que  c'clt 
vne  ville  allile  fur  vue  montagne  Lit  ainfi 

comme  la  cire  m  vue  aiicmblcc  de  gens  &  de 
citoyens  tous  viuans  (bus  inclines  loi*  &  infti- 
tuts  :  ainfi  l'Eglife  efi  vue  aifembiccdcCJirc- 
Jticns  tous  viuans  fous  les  loix  de  Icfus-Chrift: 
&  côme  lacitc  expofe  Tes  murailles  aux  coups 
de  canon  pour  derVcndre  les  citoyens,  ainfi  l'E- 
glife evpoie  fil  nauire  aux  ennemis  el'iccllc, 
ir  ioultenir  de  deffendre  fes  fidèles.  Voila 
nmc  1  Eglift  pour  e  lire  vifîble  cil  accompa- 
rée  a  vne  cité  li/.e  fui  le  couppeau  d'vne  mon- 
:  ,qnj  ik  peur  laillirqucllcnc  foit  veue.  lit 

out.  autrefo  -  eltappcllce  lumiè- 

re, Html  étctndit  luctru.tm  cr  pwit  eam  jub  modto^ 
jnl  fuper  cj»  leljbrum  vt  lucut  ,  pource  que  tOUC 
ainfi  que   la  Itimiei  l<    ,  ainlien  elt- 

ild  OrigLiicHomelietren- 

ticiinc  lu:  |  Matthieu  dit,   tcdefu  pltnêtfk 

yte  dit  r.riertt  in  oc,  1  Irntfm,  <«r  à  Sepfentru>ne  M  7W en 
Attm  :    Bt  remarque/  qu'en  ces  paroles  de  $, 
Luc  cy  deuant  rapportées ,  il  eft  dirque  la  lu- 
mière 8l  la  chandelle  cihnifc  furie  chandelier, 

Vt  tmttAm.tt\  domu  *  ni   vt  ,     &   IcêOfl  vil   autre 
«•lifte,  l't  t->>  !t>rt><  ùékéMtj  pour  dire. 

ire  non  feulement  h  11  es  qui 

Ile  :  ruais  en<  Iles 

qui  deho:  îdrc 


^  a£  Pour  le  trôiftefme  TrfdYdy 

£  icellepar  vne  faille  &  nouuelle  conuerfion, 
Sainct  Auguftin  dit  que  iuftement  l'Eglife  eft 
^ccomparée  à  la  Lune ,  pource  que,  dit-il,  que 
£eluy  qui  au  premier  iour  &  au  fecôd  du  croif- 
fantde  la  Lune  eftexcufé  s'il  ne  la  voit  :  mais 
tout  à  fait  aueugle  s'il  ne  la  voit  eftant  pleine, 
LccUfta  lu  ru  ejiji  prima  dit  lunam  ntmojpidtt  vctjtcuncU 
txcufatur  3fedfî  quis  e*fm  plenamnan  yideat  tilt  profe&o 
cxcus  ejt  ;  Ainfî  dit  faind  Auguftin  du  commenr 
cernent  que  l'Eglife  ne  faifoit  que  commen- 
cer àparoiftre  ileftoit  très-difficile  de  la  co- 
gnoiftre  parmy  lesobfcuritez  des  erreurs,  non 
feulement  des  Payens:  mais  encores  des  héréti- 
ques anciens  ,  qui  difqient  pour  fefqiet  quelle 
eftoit  cachée ,  d'autant  qu'alors  elle  n'eftoit  en- 
core qu'en  fon  bien  petit  croiffant ,  Mais  qua- 
tre cens  ans  après  que  le  Sauueur  du  monde  fut 
monté  au  Ciel,  &  que  le  fainct  E  fprit  fut  enuoy  é 
elle  deuint  pleine  :  mais  tellement  pleine  qus 
vrayement  celuy-la  ne  la  voyant  pas,peut  eftre 
dit  vrayement  aueugle  ,  Qut  pienam  lufmmmn  r/- 
detjlle  pYofttio  cœcMs  eft.  Et  iuftement  l'Eglife  eft 
accomparée  à  la  Lune ,  pource  que  tout  ainfi 
que  la  Lune  regardât  fixement  le  Soleil  eft  tou- 
te lumineufe  :  ainfi  l'Eglife  regardant  le  Soleil, 
qui  eft  Icfus-Chrift ,  fait  tellement  efclater  fes 
rayons  fur  icelle  qu'il  la  rend  toute  lumineufe, 
&  comme  la  Lune  tantoft  eft  en  croiffant ,  puis 
vne  autrefois  eft  pleine  :  ainfi  l'Eglife  en  ce  mo- 
de eft  fubie&e  aux  changemensrmaislahautau 
Ciel  elle  fera  toufiours  lumineufe ,  d'autant  que 
regardant  toufiours  cet  immenfe  Soleil ,  qui  efl 
Dieu,  elle  fera  toufioiyrs  pleine,  infote^lmtt^ 


■ 


àe  Cartfuiel  43-r 

b*rr\*cu\um  fuum:  c'cftadire  en  l'Eglife  ,  ainiï 
que  dit  fainct  Auguilin.  De  14  tous  les  IVrcs 
ont  explique  ces  paroles  de  iaina  leande  1  L- 
glife:  ohm  r  aimct*Joie  <S  l**é(mt  pedibit*  MM  :  & 
tiifcnt  que  félon  laterre  ce  paflage  ne  doit  cftre 
entendu  que  diccllc  citant  au  i  du 

Soleil ,  pour  dire  que  de  toutes  parts  elle  !  - 
toute  Iumineufe  ,  citant  impoitiblc que  celuy- 
lane  Toit  lumineux  qui  de  toutes  parts  feroit 
enuironncduSolcil,  la  elle  cftditcauoir  la  Lu- 
ne fous  les  pieds ,  c  cil  pour  monilrcr  le  com- 
niandcment  &  le  pouuoir  qu  elle  a  (far  tout  lj 
monde  inférieur  ,  qui  luy  citfubiea.  Ma 
me  mieux  rapporte.  sk  la  Lune  ,  pour  dire 

que  fi  bien  quelque  naturellement  il  fc 

tqucla  Lune  s  oblcurciilc  ,  l'I::;lifc  ayant 
ccite  Lune  fous  les  pieds, ne  peut  citre  fubu 

(Irccclipfée  ny  obieureie.  Celte  couronne 
de  douze  eftoillcs  que  *>.  fcaa  luy  met  liir  la  te- 
lle ,  nous  î  eprefente  la  prédication  des  d<  i 

Apoitrcsqui  1  ont  couronr.  >ila  la  premiè- 
re marque  de!  Egtifè,fcauoir quelle  cit  viiiblc 
&  laquelle  nous  \^\\i  condamner* 

L.i  [que  par  laquelle  L'Eglife  doit 

cftre  r.  [u'ellefoit  rnpyoitédc 

jlifeque  ie  remarque  en  ces  paroles  de  no- 

ftre  Seigneur  ,  pronom  matin  en  noftare 

,  Dtc  f    !-:>.r  Remarque  c  c] 

ncjqucnoil  neiirne  dit  pas  au  plu- 

;lifes,  mais  au  fin 

cfcfif  qui  cil  la  mai  que  de  La 
nlaqu<  isn  cftes»car  vous  ne  pai 

gu  en  pluriel  de  wi  I         ,quimonl         m- 


^l8  Tour  h  troifitfme  ÏÏlarcly 

rre  vous  il  n'y  a  que  partialité  &  diuifiomlà  ou 
llifcriture  fainéte  ne  parle  que  d'vne  Eglife,  ôc 
nepourroit  parler  autrement,  pource  que  la 
marque  de  la  vraye  Eglife  eft  l'vnité  &  l'vnion 
des  membres  &  parties  d'icelle:&  vous  parlant 
de  plufieurs  Eglifes  vous  reprefentez  la  des- 
vnionqui  cft  entre  vos  membres  :  puis  doc  que 
la  vraye  marque  de  l'Eglife  eft  l'vnité  ,  &  que 
vous  n'auez  qu'vne  Eglife  diuifée  en  plufieurs 
congrégations  &  Eglifes.  Il  s'enfuit  que  vo- 
ftre  Eglife  eft  fauffe  ,  &  qu'autant  que  l'vnité 
répugne  à  la  pluralité,  autant  voftre  Eglife  eft 
elle  contraire  à  la  noftre ,  qui  eft  la  vraye  Eglife 
©ù  fe  retrouue  l'vnité  &  l'vnion  des  membres. 
Cefte  vnité  de  l'Eglife  eft  fort  bien  remar- 
quée dans  lafainéteEfcriturc  aux  Cantiques,  il 
eft  dit  qu'il  y  a  plufieurs  concubines  ,  mais 
qu'il  n'y  a  qu'vne  feule  Efpoufe ,  Vm  eft  colnmba 
me* ,  vna  eft  tkBdgenitïkn  mex  Lifez  les  Euangeli- 
fies,  vous  trouuerez  qu'elle  eft  accomparée  tan- 
toft  à  vne  perle ,  tantoft  à  vne  marguerite,  tanr 
toft  à  vne  drachme. 

Sainct  Hierofme  epiftre  féconde ,  dit  qu'en- 
tre Dieu  &  l'Eglife  il  y  a  vn  mariage ,  mais  ce 
mariage  eft  reprefenté  par  celuy  d'Adam  de 
d'Eue  &  toutainfî  que  Dieu  parlant  du  maria- 
ge d'Adam  &  d'Eue,  dit  qu'ils  feroient  deux  en 
vnemefme  chair  :  ainfi  puis  qu'il  y  a  mariage 
entre  Dieu  &  l'Eglife ,  il  s'enfuit  que  l'Eglife  eft 
vnie  auecque  Dieu  :  aufïiS.  Paul  s'eferie  par- 
lant de  ce  mariage  &  dit ,  O  magnum  facramentum 
ft'tatfs.dicow Chili* art» Eccleft*  :  & iuftementee 
mariage  de  l'Eglife  aucc  Dieu  eft  reprefentg 


de  C  art  [mi.  4  2  9 

par  le  mariage  d'Adam  aucc  Eue  :  Quand  il  tue 
queltion  de  former  Eue,  Dieu  dit,  tdcutnsv  et 
Minutorinmlirmleti,  pour  *diutoiiHm  l'Hébreu  porre 
I  <f»d#c,  qui  vaut  autant  u  dire  que  contre  tpjMrn9 
pourqi.  a  ?  Qùelques-vns  diient  que  c'eft 

pour  monftrer  qu  hue  dcuoit  feruir  d  ayde  à 
Adam  pour  le  porter  du  bien  au  mal.    Cmm 
cfic  ââtmtnxféfiU  tHti  tnfiduunx  Toutes- 
tC  mieux  dire  que  ce  Chem^doc  comté 
tplur»  ,   eu  vue  phrafe  tique  pour  dire 

C9t*m  ip[oy  la  femme  à  efté  créée  en  Ï3.  prefen- 
ce  de  l'homme,  pour  dire  que  la  femme  deuoic 
cftrc  (ilbieâe  à  1  homme  ,  &  que  touiioun>  elle 
deuoit  auoir  les  yeux  hchez  fur  luy ,  par  vue 
rcfpeâueufe  obcyllance.  Sicut  ocult  miciIIa  tnnu- 
mbus  ùowmdlnd  y  iiAoculi  Jeruorum  j.l  bommum  Diu 
no  (hum  ,\',i,rc  pifotétttt notht.  Mais  la  principale 
raifonefi  pour  mouflrer  que  Dieu  deuoit  auoir 
ks  yeux  tournez  vers  la  femme,  CS:  la  femme 
vers  1  homme:  ainfi  1  Ej  elle  créée  déliant 

le  fils  de  Dieu,  mtmht  er  e*o  i 

me  uut  t  &  ainfi  eomme  Eue  &:  Adam 

nïftoient  qu'vn ,  trunt  duo  m  Cerne  ytu  ,  prof  tire  a 
relinnutt  boom  pjrrtm  ey  m  itretm  ty  adbéerebu  vxon 
fêut  :  SUn/i  c  aucc  Dieu  ne  doit  élire  que 

me,  &  quiconque  fe  (epare  de  celle  vjiité  ne 
itcllre  en  1  Eglifc  &  ell  réputé  pour  adultè- 
re &  fauflaire  de  la  foy  promise  au  bapeefinc: 

I  H  là     Q  une  S.  Hierofme  du  qu'il  n'approuuc 

d'autre  1  glifc  qu  de  vnité  :  de 

dit  U,  que  s'il  letrouu         LqueEgU- 

v,  ce  n'efl  pas  vue  vraye 

>luftoftvnc  Synagogue  de  Satbao. 


^ 7  o  Tour  h  tmftcfme  Mardy 

Cette  mefme  vnité  de  FEglife  nous  eft  enco- 
re tort  bien  reprefentée  paf  là  manducation  de 
l'Agneau  Pafchàl  :  Il  eftoit  deffendu  paf  la  loy 
de  luy  rompre  les  os  ,  Os  tmum  commmuats  ex  eo.  le 
fcay  que  fainâ:  Iean  rapportant  ce  partage ,  dit 
quil  doit  cftre  entendu  du  corps  de  noftre  Sei- 
gneur ,  duquel  les  ôs  n'ont  elle  rompus  en  la 
croix,  fumant  cefte  Efcriture  ,  0\  noncommwue- 
tts  ex  êo.  Les  vns  ont  dit  que  les  os  de  noftre 
Seigneur  ,  c'eft  la  diuinité  :  &  comme  les  os 
font  pour  fôuftenir  le  corps  ,  ainfï  l'humanité 
de  noftre  Seigneur  eft  fouftenuë  par  la  diuini- 
té ?  &  pource  il  eft  dit  ,'  Os  non  commimetù  ex  eor 
pource  que  là  diuinité  n'endura  rien,  &  n'y  eut 
que  l'humanité  qui  fourTrit.  Les  autres  ont  dit* 
cjue  c'eftoit  pour  monitrer  que  Dieu  ne  doit 
fléchir  te  gcnouil  deuant  perfonne  ,  &  que 
tous  luy  deuoient  l'honneur  &  fléchir  le  ge- 
noiiil ,  comme  eftant  Sauueur  de  Fvniuers, 
CarameoDwnia^erjuaft^untttr^  cœleHta  terre  firta  & 
tnfernortimjttbàu  :  &  pource j  Os  rtori  comminmtis 

Mais  i'ayme  mieux  rapporter  cecy  à  F  vnité 
de  l'Eglife  :  vous  fçatiez  que  les  femmes  font 
faites  des  os ,  fçauoir  eft  de  la  cofte  d'Adam, Se 
pource  quclqucsfois  les  hommes  doiuent  par- 
donner a  leurs  femmes  fi  elles  ont  trop  de  paro- 
les ,  pource  que  les  os  de  leur  nature  font  fou- 
cicux  :  venons  donc  au  myftere  ,  Tout  ainfif 
qu'Eue  a  efté  tirée  de  fa  cofte  d'Adam ,  ainfî 
rEglife  a  efté  tirée  &  eft  fortie  du  cofté  de  Ie- 
rus-Chrift,  &  partant  l'Eglife  eft  formée  de 
6t  cofte:  Or  fus,  Dieu  dit  >•  Os  non  comminuttis  tyi 


ta:  11  ne  veut  que  les  os  de  l'Eglife  fbient  rom- 
pus, pour  la  chair  trop  bienrompez-là,  mais 
>s,  rjoncetnwwuetts  tx  toi  pour  dire  qu'il  ne  veue 
point  que  l'Eglife  foit  diuifée  :  o  hérétiques 
El  de  l'Eglife  en  pluriel  difans  ,  les 
Egiifesd*icy  les  I  gli/cs<te  la, difant cela,  vous 
:pez  lesos,dc  Lcile  Eglifc êc  ladiuifez.  On 
dit  que   Tmucmlw   mpltx  dijpcde  rmnpuur  ,    voila 
pourquoy  J  >ieu  a  voulu  que  ce/le  vnitc  fut  tri- 
ple ,  aiïnque  difficilement  elle  ne  fuft  rompue. 
Jla  voulu  qu'elle  fuft  triple  ,  c'eft  à  feauoir  en 
,  eiperaiK  harité  :  o  grand  Apoftre, 

vous  aura  bien  recogneu  cftre  triple  vnité  de 
rtglife,<]iiand  vous  auez  dit,  ^^^5,>n*5  Dtu$9 
<?pjter  omr.u/m.  enquoy  il  ne  faut  rien  diuifer, 
&  deue/  eflrc  foigneux  de  tenir  &  garder  cette 
Vnité]  S»!  iciti  fitn  jtrudre  ymtdttm  m  vmctilo  ptcts. 
«iftinditquc  cède  vnite  de  l'Eglife  nous 
a  ttbt  fort  bien  rcprcfcntcc  par  la  robbe  de 
no!  neur  qui  n  a  point  elle  diuilee  en  la 

,  c  efte  robbe  de  1  Eglifc  ,  qui 
aefte  airoufee  du  fang  de  Icfus-Chriit.  en  la 
,  LdHAbit  m  vt'o  ftêUAtn  fuétn     ne  doit  eftrc 
dimkc  en  aucune  forte  &  manière:  voila  pour- 
vu! efl  de   1  vmtede  1  l.glilc. 

la  rroifielnic  marque  delà  vraye 
:lc  ,  Sitwu  jucimtt  dtc Eccle(t.fy  c'clr  pour  mon- 

m  vnraetfalîté  :  car  tout  ainfi  qu'en  tous 

Kiu  &  en  tour  temps  l'homme   pei:r  faillir, 
aufli  noftn  iir  difantdfc  Eccltii* ,  monltre 

'a  que  1  1  fl  en  tous  lieux  ,\  en  roue 

ten.  .li  il  monltre  en  cela  que  1 

gjKfecft  rmqtk  ^  Catholique,  <.  cita  dire  vni« 


>  1 1  Tcur  Je  troificfue  ÏÏUrdy 

uerfelk.-pour  ce  fuiet  le  Concile  de  Nice  difois 
ainii ,  Credo  m  vnamfanctam  Qatholicam  &  ytpoilo- 
Itcam  Ecclefiam.  Cecy  eft  clair  &  euîdent ,  &. 
pource  remarquez  encore  ce  dire  de  faincl: 
Auguftin  y  fç auoir  eft ,  que  cefte  robbe  de  no- 
ftre  Seigneur  qui  n'a  efté  diuifee ,  reprefente 
l'vnité  de  PEghfe ,  &  pour  les  autres  veftemens 
qui  furent  diuifez  en  quatre  parties  ,  c'eftoit 
pour  dire  que  l'Eglife  deuoit  eftre  efpanduë 
aux  quatre  coins  du  monde. 

Pareillement  cefte  vniuerfalité  de  l'Eglife 
ZAB 10.  nous  £  efté  fort  bien  figurée  par  lelinceuïlque 
vit  S.Pierre,  dont  les  quatre  coins  eftoient  at- 
tachez aux  quatre  parties  du  monde ,  lequel 
linceuil  eftoit  plein  &  remply  de  beftes  mon- 
des &  immondes,  pour  dire  que  l'Eglife  deuoit 
eftre  côpofee  des  Juifs  &  des  Gentils,  des  Iuifs 
appeliez  beftes  modes,  &.  des  Gentils  appeliez 
beftes  immondes  :  &  femble  que  cecy  nous  aye 
efté  fignifié  par  le  Prophète  Efaye  au  chap.  4? . 
*/*MJ  de  fa  Prophétie  difant  en  la  perfonne  de  Dieu, 
3eltu  aoyt  olorrjïcabie  me  :  ftrutbwnes  <&  ciruconts  Uu- 
Adbuntme  Les  Iuifs  eftoient reprefentez  parles 
auftruchcs,  &  les  Gentils  par  les  dragons:  les 
auftruches  font  belles  en  apparence  ,  par  leurs 
plumes  elles  fcmblcnt  eftre  les  plus  beaux  oy- 
feaux  du  monde:  ainfi  les  Iuifs  fembloient  cftrè 
les  plus  fauorits  de  Dieu,  &  les  plus  grands  fer- 
uiteursde  fadiuineMaiefté,tant  de  belle  appa- 
rences parmy  eux ,  tant  de  facrifices,  tant  de 
cérémonies,  ce  n'eftoient  que  parades  &  vai- 
nes apparences  :  là  où  les  dragons  engendrez 
de  couleuuxes  font  vrais  fy mboles  des  Gentils: 

le  dragon 


dt  Csr'frne.  4^  j 

Gentils,  fontreprefentez  par  les  trois  Mages, 
ou  Sages d  (  trient.  11  elt  vray  que  l'Aultruche 
a  de  belles  plumes*  mais  elle  a'.  >ii  pelant 

t  lie  ne  peut  le  leuer  qu  auec  grand  peine:  au 
contraire  ledragon  du  commeacemet  ne  peut 
\  oller ,  mai  1  les  ailles  luy  croiffaiu  il  voile  tort 
haut  :  ainii  les  [uirs  eftoient  bcaui  en  cérémo- 
nies ,  mais  ils  auoient  vncœurii  pelant,  cju ilfl 
nepouiioicnt  |UC  les  choies  delà 

terre,  r*\$mHitt,  Ils  n  auoient  leccrur 

qu'es  choies  de  la  terrerik  auoient  vue  amc 

reeerrefrn  jcntilsdu  commencement 

ne  laiioientque  ramper  furtcrre,lorsqu  îlsn  a- 
doroientque  des  idoles  &  des  raulles  Deïtcz, 
mais  les  ailles  de  la  foy  leur  eftant  creucs,  alors 

ont  commence  i  voler  8e  isfcfleuerven 

Ciel.    La  cime  Am'.uUnta  ,  cj?  non  >ntt 

onti')f:f  t  vx  cœ'n  eU.    \  </ila   d< 

que  vouloir  dire  i  Ar  m  bt{iu  d*>tt 

;'    me    :    (trurbiont^    >■  -     Jrjcwrs    ï.tuhbunt 
mt    c'clladirelesluifs^  les  Gentils  l 
fieront. 

l        rniuerfalité  de  l'Eglife  nous  a  encore 

fort  bien  eue  repreJcotée  par  ic  d*B- 

ucl,d.  Ile  lesbrancl,  lendoient 

iuloues  a  la  mer  :  ///  pjlmittt  juot  J  m*t  *J - 

que  aim,rt 

del  l  udiuf- 

qoesàla  m  itroppeu,dedin 

yfqut  Ad  mtre  :  ;i2 

diui 

tncrcnttalinc,quicftlihautau  7  c* 

ce  ptim. 


4  5  4  Vom  fc  troifiefnte  îiiarcly 

Jaoxttnmvfqtte  ad  mare,  c'eità  dire  que  l'Ëglife 
efpand  Tes  rameaux  iufques  au  ciel  .-ces  eaux  fu- 
perieures  reprefentent  l'Ëglife  triomphante, & 
les  eaux  intérieures,  l'Egliiè  militante  :  Extmdtt 
pabnitts/noià  marivjqne  ad  m*n  :  c'eft  à  dire  que 
l'Ëglife  triomphante  &  l'Ëglife  militante  n'eft 
qu'vne  feule  &mefme  Eglife  vniuerfelle,  qui 
s'eftend  depuis  la  terre  iufques  au  ciel,&  fructi- 
fie mefmes  iufques  au  milieu  des  Gentils.  9o]tu- 
Vja]  i  la  a  me  <y  à*bo  tibi  pentes  hœreditatem  tuam  :  di- 
foit  Dieu  à  fon  fils  par  la  bouche  du  Pfalmifte: 

Tdarc      ^e  ^orte  clue  ce  ^ue  ^e  ^s  ^e  ^eu  àifoit  à  fes 

*  Apoftres.  ite  prœdicate  tuan^eltum  omm  creattt- 
rœ  :  cela  a  eftéaccomply,  lorsque  ,  In omnem ter- 
rain exiuit  fonus  eorttm  f  cr  tn  finis  oibu  terra  verb* 
torum ,  c'eft  à  dire,  lors  qu'ils  ont  efté  annoncer 

pr    2q  la  parole  de  Dieu  par  tout  le  monde.  De  la 

*  '     "  fainct  Hierofme  efcriuant  contre  les  Lucife- 

riens ,  &  ce  mocquant  d'eux,  de  ce  qu'ils  voû- 
taient réduire  l'Ëglife  en  la  Sardeigne,dit  ainfî; 

_..  Si  tccltfiam  pir  totum   orbem  te)  r  arum  dijfujam  non 

b.tbet  Qbït(ÎHS,  6?  bnbeat  foiam  Sardtmam  rjuim  i!U 

t  ,  ç  *°faT  »  orof'cio  vhms  pauper  effeclus  efl  Cbrtftus,  Si 
'  la  feule  Sarde  igne  recognoift  le  fils  de  Dieu,  &: 
fi  en  kelle  la  feule  Eglife  fe  retrouue  ,  il  n'eft 
donc  pas  maiflrc  de  tout  le  monde.  Or  eft-rl 
qu'il  eft  maiftre  &  feigneur  de  tout  le  morfde, 
donc  partout  le  monde  il  eft recogneu,  &  par- 
tant TEglifc  eft  vniuerfelle,  &  fort  iuftement 
appellce  Catholique.  Que  fi  vous  n'eftes  contés 
de  cecy  ,  au  moins  voyez  ce  que  veut  dire  le 
mo':  de  Catholique.  Vinccntius  Lyrenenfis  dit 
que  le  mot  Catbobca ,  yaut  autant  à  dire  qac 


de  C  aï1  [me.  41  S 

.  jlftwptr  &  vbtqtte  m  >.»vi.btn  eft ,  Et  lion  obft^iC 
cccy ,  ic  délire  encore  vous  taire  veoir  cette 

.  ueriàlttcde  PEglife  parler  partages  de  \z 
.    fainac  Efcriturc. 

Daniel  parlant  élu  Royaume  que  Dieu  fou- 
uerain&  éternel  adonne  aionrils,ditain/î,  \on 
difiip.tb.tnr  JeU  t**n  bu  m  *urw*m    Et  Dauiel  au 

:1m.  47;  &  i  8.  dit, que  la  cité,qui  eft  1  Lgliie, 
cft  vniucrfcllc  &  durera  a  ïamais.  De  la  i  ai  net 
Marcialen  1  Epiftrcqu'il  eferiti  ceux  de  Bor- 
deaux, contre  nos  Re  formez, ex  ce  qu'ils difenc 
ça  l'article  ;  i.de  leur  conrcilionde  tby  ,  qu'ils 
font  venus  pour  rcdreller  l'cltat  de  l'Lgliie,qui 
titoit  tombe  oc  renuerfé  :  o  ditfainct  Marcial 
Apoitrede  noftre  France,  Pmu  hccitfi*  Dtt  cr 
(    "](i ntc  cjJt re  potejt  nec  tntn rumpt  potejt.  O  far, 
&  diuine  BgliiC  vous  eftes  iuftement  accom- 
.  nauire,  mais  nauire  fcmblable  a  celle 
des  Argonautes,  de  laquelle  il  elidit  que, 
tqud  me  rn'  prur  pot  rjt     [)C   lorteque   o  Egliicj 
\  OtU  pouue/  iiillement  dire  auec  S.Paul,  i  / 
uimu  ptr  i;ntm  c~  MM  <3F  eàuxifti  nos  m  rfft  ir  ■ 

S.  Ambroife  en  Ton  Hexamcron, 
lant  delà  dorme  te  de  eefte  Eglifc  :  kcclehd 

tUÊfWà  \u.t  habit  ptijn.utnr.ii  ty  pACn  ,   qu.f  Jt£ 
tjMi.ii  m  vi  l'tttr  vt  lutjj  fcJ  non  Jf:it  i  obumbrin  qni- 
dtin  pêttli ,  fe.i  t  ommno  non  pote  fi 

Augultin  dit  que  l'hcrefie  efr  ny  plus 
i  moins  qu'vn  torrent,  qui  (i  perron  bout  de 
queKr.  p$:maisquc  l'I  c'cftvncl 

I1C  qui  ne  peut  tarir 

que 
oc  différente  de  ' 


a  ,  (5  Tour  le  troiftefme  Maïcly 

eue  des  luifs  :  cette  ancienne  Synagogue  cftoic 
elleuéefur  des»  ailles  de  Chérubins,  cepropi-,,. 
tiatoire  ,  ces  tables  de  la  loy ,  cette  couche  de 
manne, cette  verge,tout  celaeftoit  fur  des  aifles  *• 
de  Chérubins, &  pourquoy?c'eftoitpour  mon- 
ftrer  que  tout  cela  s'en  deuoit  en  aller  r  mais 
pour  rEgiife,eileaeftébaftie  fur  le  roc  &  fur  la 
Vkrrt     pierre  ferme,  lu  ts  Parus ,  <(sr  juper  banc  Vetram 
wylinu  ^dtjkabo  Ecdeftam  meam.    O  fainéfce  Eglife  ,    tu 
tuje  cIotj  es  vne  pierre ,  mais  femblable  à  celle  de  Nabu- 
nce  in  pre  chodono for ,  laquelle  creut  &  deuint  vne  gran- 
jent  à      <je  montagne  qui  remplit  toute  la  terre  :  mais 
François  principalement  femblable  eft  l'Eglife  à  cette 
1.  ïi*y  fit  precieufe  pierre,de  laquelle  fut  faid  vn  prefent 
frar.es     a  François  premier  de  ce  nom,  Roy  de  France, 
f*r  tes     àBoulongnelaGrafieenltalie,  pierre  fiefcla- 
Boulon-    tante  en  lumière,  qu'elle  offufquoit  les  yeux  de 
nots.        ceux  qui  la  regardoient.  Secondement  cette 
pierre  n'ettoittoufiours brillante  ny  efclatante 
en  îumicre,maisfeulemetlors  que  le  foleil  bat- 
toit  def fus,cncore  que  de  foy  elle  fuft  affez  clai- 
re. Tiercement  fi  elle  eftoit  cachée  en  terre,  el- 
le ne  pouuoit  s'y  tenir  ,  ains  fe  defcouuroit. 
4.  Elle  ne  fe  tenait  dans  l'ettuy.  En  outre  Ci  on 
la  vouîoit  toucher  trop  rudcment,on  en  reffen- 
toit  les  effetts  :  &  fi  on  en  vouloit  efgratigner 
quelque  chofe  clic  ne  diminuent  point  pour  ce- 
la ains  demeuroie  plus  belle  qu'auparauant.  O 
diuine  Eglife,  vous  ettes  vne  pierre  vrayement 
toute  brillantc,puis  que  Sainét  Auguftin  dit  de 
vous,  que  luctdariorti  :  cette  Eglife  ne  pouuoit 
ettre  renfermée  en  vn  certain  lieu  :  eclaettoit 
bon  pour  l'ancienne  Synagogue ,  maisnô  pour 


Je  Carefme.  4  5 7 

l'Eglife, laquelle  hxtenditpdhmte$f*êt  àtnvi  rjqnc 
*d  n>4ic.  t^ue  (i  quelqu*vn  veut  toucher  trop 
rudement  celte  pierre  de   11  il  la 

veut  persécuter  comme  les  tyrans  anciens,  ce 
fera  a  Ton  dam  &  a  (à  perte  :  &  t  quelle 

(bit  persécutée  par  desperlècodonsinnumc 
blés,  neant-moinsellc  ne  peut  pour  ce 
diminuée:tant  s'en  faut,  elle  s  augmente  &  s.i- 
croiftparmy  les  tribulations  cV;  pcrlecutions, 
&  donc,o  ChrciHcns ,  (oyez  je  \  011s  prie ,  de  la 
nature  de  celle  pierre  myflericufe  ,  ne  vous  te- 

renfermez  dans  leihiy  des  fales  &  de 
neltcs  deiîrs  de  la  terre.  O  grand  Dauid  ,  tu  c- 
flois  (emblable  à  celle  pierre  quâd  principale- 
ment tu  difois,  parlant  à  Dieu,  Ommmatâdwuti 
e[t  m  cœlo^çy  a  te  qui.!  voltu  I  Nfr  t  )r.t.  I.r  encore  que 
nous  foyons  qu'elqncs-rois  menez  rudement 
p:ir  des  aduerfairesde  nollre  religion  ,  m\ 
moins  pour  cela  ne  perdons  p«iiiu  c<  I 

:  par  le  moyen  des  tribulations  que 
Ulfte  eu  apreablca  Dieu  cv  fe  rend 
iouyllante  duthrefor  preeieu  er- 

nelle,a  laquelle  nous  L«)!:duife, le  Père, le  i  il- 
le  fiûllâ  Lfprit.  Aiidi  (oit-il. 


Ec  iii 


SERMON     POVR     LE 

QVATRIESME    MERCREDY 
de  Carefme. 

Quart  cfifcipufi  tui  tranfgredluntur  tra^ 
Mtiones  fenwrum? 

Matth.     15, 

lf^b)fi^mt  T  h  e  ^  e  e     liure     quatriefme 

V'  lfk^J)  ^e  ^es  mft°ires  5  raconte  de  Ta- 
^J  cas  ,  Roy  &  Prince  d'Egypte, 
•y  qu'ayant  vn  iour  veu  l'armée 
fe  qu'Agefilaiïs  ,  Prince  de  Lace- 
demone  ,  luy  enuoyoït  pour  l'ayder  &  fe- 
courir  ,  fe  riant  &  Te  mocquant  de  ceh? 
commença  à  dire  que  la  montagne  s'eftoit 
accouchée  ,  que  Iupiter  en  auoit  eu  crainte,  &c 
qu'elle  s'eftoit  deliurée,  nond'vnelephat,  mais 
d'vne  fouris.  Chreftienne.  &  deuote  afTiftancej 
ce  que  ce  grand  Roy  difoit  en  fe  mocquât  d'A- 
gefilaiïs,le  mefme  pourray-ie  dire  auiourd'huy, 
confiderant  l'accufation  des  Scribes  &Phari- 
fiens,  fe  feruans  du  droicl  contre  le  droicl:  mef- 
me ,  &  contre  les  fainétesE Tentures:  car  en- 
tendant leurs  paroles,  Quart  dtjapuli  tut  tranfere- 


-4n. 


JiCdrtfm,  4;  9 

ur  h.tJiticms  ftnmwm  M  f  la    BM1 

gnc,qui  eft  grofle  en  apparences  cfl 

pocniic  <M  diiFimulcc iuftic 

lorsque  vousentédre/.  ce  c],;i  :  uaglte. 

Ntntntm  Uudnt  mj'.HS  f  t.tt^  c?ï.    I  *lî>i 

reprefenter  qu'au  lieu  que  cette  m  £r°f- 

fe  de  deuoriô  diilimuiec,  au  lieu  de  produire  va 
clephâr,&  de  faire  vn  ecuure  depiete  ,  n'apro- 
tfuitqu'yne  (burisâcqu'vne  vainc  fupcrtition. 
ht  parcecy  DOOS] roj 011  Ignoiflbns  clai- 

rement la  veriré  du  dire  4e  Cvak:  Grégoire  le 
grand, difantque  t.ij.t  mftstU  n  lAtt, 

CT  vera  n<j:;n.t   <. ynmijtraîsonni).     Quand    ï'cntCUS 

PharifieUS  difans  1  Oujre  eh/cipti  >*n- 

tur  tïaàuiontsjcmoru»..  !  mile  iuitice  p' 

ned  indignation  :  &  quand d  autre  cpftc  1  1 

;noftr(  ^ur  qui  reprend  ceux  -cv  ,  leur 

dlfant  ,  i2fMff  CT  ><>*  :r*rj°redit»tni  |    .  , 

propter  tr4'lmê'iem)Hftr4m  '   L<  fO)  Il     :  t  \ 

ne  deLonirnîierar!')n,<lep'  :icé, 

nous  apprenant  par  ce  pC 
liant  myfterc  &  la  plus  ha  onquipuiflè 

i  enter, 
tin:  Mais  puis  que  nous  au  :rird 

pure&  vraye  îne&d'vnc  îufticereni] 

de  pieté  &  déboute  ,  adrcilonx-:: 

i,  laquelle  dt  la  mcinic  pureté  &  luy  di- 

is  pour  ce  fuict,  *Aut  AU> 

Cl    grand  &  diuiu  Philofophe   Platofc  PI 
au  liure  premier  de  a    eu 

1e  ne    me   trompe   )   tort    bonne    in  a    Igrfl 

ce    6:  uifon  ,   loti    cju'il   ac    routai   rc- 

Le  uu 


44°  Tour  ^  quAtricfme  "M-troeày 

ceuoir  n'y  approuuer  ce  commû  dire  des  hom«* 

mes,  qui  eft ,  que  volontiers  on  pardonne  à  ce- 

luy  qui  dit  qu'il  s' ayme  &  fe  complaift  en  foy- 

mefme  :  &  la  raifonpar  laquelle  il  refutoitee 

commun  dire ,  eftoit  que  de  là  il  s'enfuit  vn 

Chofe      grand  mal,fç  auoir  eft,qu'vne  perfonne  ne  peuc 

ttunu.it(e  zftte  fauorable  iuge  à  foy-mefme:car,difo]t-il, 

aut  U     au  mefme  temps  qu'il  eft  iuge  équitable  de  foy, 

complat-  au  mefme  temps  il  eft  iuge  iniufte  &  inique 

fance  d?  d'autruy.  Secondement,  pource qu'au  mefme 

foy  mef  temps  que  nous  fommes  clairs-voyans  à  l'en- 

mt%         droit  que  nous  n'aymons  ,  au  mefme  temps 

nous  fommes  aucugles  pour  ceux  que  nous  ay- 

mons  voire  pour  nous  mefmes. 

C'cft  peut-eftre  ce  que  les  anciés  no°  ont  vou-« 
lu  represéterpar  la  figure  &  pourtrai&duDieu 
d'Amour ,  qu'ils  reprefentoient  tenant  en  main 
vue  torche  allumée  &  les  yeux  bandez ,  pour 
môftrer  qu'au  mefme  téps  qu  vn  Amant  ayme 
au  mefme  téps  qu'il  a  les  yeux  bâdez  3ç  qu'il  eft 
aueugle  enuersluy,  &  enuersceux  qu'il  ayme, 
au  mefme  téps  il  tiétle  flambeau  allumé  pour* 
efclairer  les  vices  de  ceux  qu'il  n'aime  point. 
Fable  ât  Ceux-là  aufîi  nous  ont-ils  point  reprefenté 
Lamia.  CCCY  mefmc,lors  qu'ils  ont  feint  de  Lamia,  que 
entrant  en  famaifonelleprcnoitles  yeux  de  fa 
tefte  &  les  mertoit  dans  vn  pot,  &  lorsqu'elle 
fortoit  elle  les  reprenoit  &  les  mettoit  dans  fa 
tefte:c'eftoit  pour  dire  qu'ordinairement  nous 
fommes  aueugîcs  pour  nous  mefmes  :  mais 
pour  les  autres  no9  fommes  clairs-voyansrc'eft 
làle  mal  qui  prouientde  l'amour  de  foy-mef- 
iîie5faifant  voir  les  deformitez  qui  font  eu  no 


àt  Carefme.  4  4  r 

ftrc  prochain,  &  nous  bouche  les  veux  pour  ne 
C<  1  tl  les  noitrcsproprcsCcitraïUi  ce  me 

.  tnbk  ce  que  nous  vouloir  lignifier  le  Prophè- 
te   Royal    Dauid  ,   difant   :  mtndaces  ji!tf   tomi- 
numm  st.it oh  .  ou  bien  ielon  vue  autre  vcriîon,  V[*l.6i. 
tncnd.tcti    hcrmnei  xt    moment  uni  Hé$xfét  ,    ou   bien 
encore  félon  vue  autre  verfïon  ,  KjmAtjA». 
ntusum   vt   ymm  tjtum  \\*tt**  ,  Dauid  accompare 
l'homme  a  la  petite  languette  du  tres-buchet: 
car  tomme  vous  voyez  que  cette  petite  lan- 
guette cittouliours  en  mouuement  fit  va  t. 
Doâ  deçà  tantolt  delà  ;ainiieft-il  de  l'homme 
qui  change  de  rciolution  à  toute  heure  ,  »  *.* 
pt  )  htimnum  yt  w*mtunui  st^t^.e  ;   Mais  l'avme 
mieux  me  tenir  a  la  commune  veriîon  ,  qui  dit 
que, "  nitAcn  jttm  ji  /j  btmmmmm  si  tm>  pour  mon- 
r  la  vente  de  CC  que  ie  \  iens  de  due. 
le  fcay  qœ DnmO cxpliqu.  r  des  he-  BrMTi0' 

retu]uesîes  appcllant  liommes  mensongers  &: 
fallacieux  ,  qui  fous  l'apparence  d  \  ne  fat;, 
humaine,  non diuine  i)  irelhc 

npent  cV:  abufent  les  es. 

liod  Merci  palVagcdcs  lu-  'J"r~* 

i  tiennent  1  équilibre  &  la  balance  de  la 
,  lefquels  véritablement  font  appelez 

ils  dcfrruilcnt  & 
renuei  :  ..jures. 

ird  explique  ce  p.nf.  eeng  ftrgnr/ 

louent  les  chofes  qui  /ont  mcprilabicf  de 
nt  celles  qui  (batloitabl 
1  dore  txptiqi  ne  de  oeu 

,     •   iiieiprilent 
unes. 


44  z  frw  y  /*  <jU4tfiefme  TiitYCHcîy 

Çyigm.  Mais  pour  moy  i'ayme  mieux  auec  faiiiâ  Gré- 
goire le  Grand  expliquer  ce  paffage  des  hom- 
mes qui  mettent  leurs  propres  fautes  dans  vne 
balance  au  contrepoids  de  celle  des  autres,lef- 
quelles  au  refpecl:  de  celles  de  leur  prochain, 
leur  femblent  légères,  &  celles  de  leur  prochain 
fort  lourdes  &  pefantes ,  en  quoy  ils  fe  trompée 
&  s'abufent  lourdement  en  leurs  poids,  &  me>- 
fures  ,  mendaces  plu  bommum  in  fltterts ,  ils  font 
menfongers  &  trompeurs  en  ce  qu'ils  pefent 
mal-heurs  fautes  au  refped:  de  celles  de  leur 
prochain  ,  fondus  &  pondus ,  menfura  Ç?  rnenjura  v- 
trttmqm  cibomimtio  t{i  coram  Domino 

N'allons  pas  plus  loing  pour  prouuer  noftrç 
dire  qu'en  l'Euangile  de  ce  iour ,  où  nous  ver*- 
ronspar  l'exemple  qui  nous  y  eftpropofé ,  que 
ceft  Amour  propre  que  nous  nous  portons  rend 
nos  fautes  légères  ,  &  au  contraire  rend  celles 
de  noftre  prochain  fort  énormes  &  pefantes: 
par  ceft  Amour  propre  qui  nous  aueugle  nous 
confiderons  fort  bien  les  petits  feftus  qui  font 
es  yeux  de  noftre  prochain ,  &  ne  voyons  les 
poultresde  bois  qui  nous  creuent  les  yeux  Se 
nous  accablent  :  nous  aiions  des  yeux  d'Argus 
pour  voir  les  fautes  d'autruy  ,  mais  au  con- 
traires ,  nous  auons  des  yeux  de  taupes  pour 
voir  ce  qui  eft  de  nos  deformitez  :  non  /<- 
tiunt  nunus  fu4S  cum  pdnem  nténHncârtt  ,  Qu^cft- 
ce  que  cela?ce  font  des  petits  feftus  &  de  petits 
atomcs,que  nous  efpluchons  en  la  vie  d'autruy, 
mais  vous  Seigneur,  qui  auez  les  yeux  pluspe- 
nerrans  qu'Argus  ,  vous  pouuez  diftinguer  &: 
voir  tous  ceux  qui  veulent  reformer  les  vns  & 


les  autres  :  vous  auez  fait  voir  a  ceux-cy  ce  qui 
cfloit  de  leur  propre  faute  :  !  ous  ferei  aulli  s  il 
vous  plaiit,  que  nous  ne  ferons  des  chats-huans 
pour  pénétrer  les  noftres ,  CS:  cognoiftre  celles 
Pharilicns  5c  des  relîgionnaircs  en  leurs 
pcrfoiuics,arindc  nous  en  donner, 

Voyons  donc  vn  peu  l  ;  i  Pha- 

rifiens  parlent  des  traditions  cl.  ens  ,  &  le 

iîls  de  Dieu  parle  des  traditions  nouu t  us* 

tecryes  tianj^tdunmi  mouliium  Un  pioyt  >  n  i  uno* 
rtesvfjlrjs  ,  &  foubs  l'ombre  de  cecy  ,  nos  rcîi- 
gionnaires  foulent  aux  pieds  les  traditio 

Mfc  :  maispour  monilrcr  que  rauthorirc  de 
;li/c  :  cfl  fondée  fur  deux  principales  mar- 
ques d'icelle,fçauoir  cfl  qu'elle  cfl  faincte  2c  A  - 
poltolique.  Pour  ce  fubiect  ie  veux  auiourd'huy 
parler  de  ces  deux  marques  contre  n-  fbr- 

:iez,ts:  pui  >  nous  refuterôs  leur  erreur  en  ré- 
futant cl  lies  des  Scribes  &  Phariliens. 

•uent  doneques  iedisquerautho*  d(ux 
•inoirde  commander,  m tr met 
i  deux  marques  ,  fcaûoïr  cil  VTV 

quelle  cfl  i  air  liqUC.   Fnqu« 

n  Lit   pas  poil  jr 

qu'icelle  :  defidclcs&   pre- 

deftmez  (eulemei         fiqûeditLuthi 

jlife  les  bons  font  n  (  les  m. 

p  dans  lequel  le  I 
lin  cfl  Ilu.l  parnr  ,c'eftc< 

delaquelU 

des 

rrc  dont  | 


444  ^our  k  quatriefme  Mercredy 

laquelle  eft  diuifée  en  quatre  parties ,  &  n'y  a 
que  la  quatriefme  partie  qui  raporte  du  fruict, 
&  les  trois  autres  font  reprouuées  ;  Multt  junt 
vocatt,paucive>oeleflt ,  difoit  noftre  Seigneur  en 
S.  Matthieu  :  mais  ils  nous  difent  &  nous  obie- 
OhitUion  dent,  que  fî non  feulement  l'Eglife  ,  que  nous 
</«  hère-  appelions  fainc1:e,eft  compofée  de  predeftinez, 
ttqnes  &  mais  encore  de  reprouuez,que  partant  elle  n'eft 
lait  faon-  pas  fain&e,  pour  ce  qu'enicelleily  a  plus  de  re- 
fi-  prouuez  que  de  predeftinez ,  véritablement  en 

l'Eglife  le  nombre  des  reprouuez  eft  beaucoup 
plus  grand  que  celuy  des  predeftinez  ,  ce  qui 
nous  eft  fort  bien  reprefenté  au  liure  de  Iofué, 
où  il  eft  dit  que  du  peuple  de  Dieu  compofé  de 
fix  cens  mille  hommes  ,  fans  conter  les  femmes; 
&  les  petits  enfans,il  n'y  eut  iamais  que  Iofué  de 
Caleb  qui  entrèrent  en  la  terre  de  Promiftion: 
cecy  nous  a  efté  encore  fîgnific  par  l'Efcriture 
fàhlâiC  ,  laquelle  dit  que  Lata  ejt  via  quœ  ducit  ad 
perauionem ,  Hncia  -veto  quœ  ducit  ad  ccelum  ,  que  la 
voye  d'Enfer  eft  merueilleufement  large,que  le 
chemin  eft  bien  frayé&  battu,pource  qu'vn  nô- 
bre  infiny  de  perfonnes  pendant  qu'ils  font  en 
ce  monde  courent  à  bride  abbatue  à  leur  pro- 
pre mal-hcur;mais  la  voye  qui  mené  au  Ciel  & 
conduit  à  la  vie  éternelle  eft  merueilleufement 
cftroittc ,  pourec  que  peu  de  perfonnes  fument 
le  chemin  &  la  vertu  de  leur  falut  :  en  vn  mot 
c'eftpour  dire  qu'il  y  aura  plus  de  damnez  que 
de  fauucz,&  que  le  nombre  des  reprouuez  fera 
beaucoup  plus  grand  que  celuy  des  prede- 
ftinez. 

Eufebe  de  Cefaree  au  liure  troifiefme  de 


Je  Cdrefmel  44 y 

la    préparation  Euangcliquc  ,  prouuc   celte  Eufebins 
incline  vérité  parla  promeile  que   Dieu  HtQtfarhb 
au  grand   Patriarche    Abraham,  fçauoir  cit.  5  deptç- 
quil    multipliroit   la  femeiKc  ,  ainlï  que  les  parât. 
>;lles  du  Ciel  &   le  fable  de  la  mer,  /w*/-  tuang. 
Mo    ftmm    tuwn  jicut    iteilts   cœ.t  9    (s    anrum 

tn»ts  y  que    vouloir,    dire   nofrrc   Dieu    par 
ces  deux  limilitudes  ci.  >illes  du  Ciel  Se 

du  fable  de  la  mer  }  (   efioit  pour  nous  rc- 
prefenter  qu  Abraham  dcuoit  cftre  perc  de  Selle cciî- 
rous  les  t:  ,  iM   pour  ce  que  des  croy-  ception. 

ans  qui  font  en  1  Hglilc  ,  les  vus  font  prede- 
ftinez  ,  les  autres  rcprouucz  ,  pour  ce  fub- 
ieâ  il  vfe  de  ces  deux  limilitudes  ,  Tiïnlupli. 
Cabo  femen  tuum  fettt  tt.l.n  cceli  ,  CT  artntm  mnts 
aiîn  de  nous  repre Tenter  la  différence  qu'il  y 
t CIM  »  autres:  8(  iuftement  les 

Kl  tont  reprefentez  parles  cftoillcs 
du  Ciel  ,  A:  les  rcprouuei  par  le  fable  de  U 
mer,  q  :cdc!tincz  foient  reprefentez  par 

I  I  ici ,  ie  le  prouuc  par  la  fainéfce 

;re  ,   h*l?-bnnt  tutli  junt  J$l ,  (Jf  jicut  fielU: 
&:  fi  Ht  jttîLt  dijfnt  s  ftflU  m  cl.tr it.t- 

U  ,    tr<     A:nli    les   predt  ftinez   différent    les 
msdcS  autres  en   qualité  de  gloire.    Voj 
LC  ■  la  différence  tju  ily  a  entre  L  '.les  fie 

le  (al  l     ir  la  tous  rerrcj  l.idif- 

.  entre  les  predeftinci  &  rc- 

le  delà  mercll  infï.ny  en  nom- 

,  mais  pour  les  efloilles  le  nombre  eo  cil.»    • 

Hn  tant  que 

uultiplicz 
ie  la  mer, fie  le*  prcdciïinex 


q  àfi  P  our  U  (jttatyiefîne  Jrlercreây 

comme  les  eftoilles  du  Ciel ,  c'eft  pour  dire 
que  le  nombre  des  reprouuez  eft  beaucoup  plus 
grand  que  celuy  des  predeftinez,&poiir  ce  Da- 
uid  ayant  comme  entré  au  facré  cabinet  de 
Dieu ,  &  ayant  veu  ceux  qui  eftoient  eferits 
dans  le  regiftre  de  la  réprobation,  diioit  en  fou 

Tfal,  1 8,  Pfal.  1 18.  Dtnnmerabo ees&  fu^er  arma  mutnpu:abufurm 
Sain&Iean  pareillement  en  Ton  ApocalipTe 

'lAfocal.  confeffe  qu'il  a  veu  les  douze  Tributs  d'ifraëlj 
de  chacun  Tribut  defquelles  douze  mille 
eftoient  eferits  au  liure  de  vie,&puis  après  cela 
il  diâ ,  qu'il  a  veu  vne  grande  trouppe  de  peu- 
ples innombrables  qui  eftoiét  de  tous  les  quar- 
tiers de  la  terre,  \Jojua  vtut  tùvbatn  ma  <i,m  quam 
dtnvmrrart  nano  portr.it  qui  nous  marque  les  re-* 
prouuez  qui  font  en  nombre  infiny  ,  ex  omnibus 

tribnbus  rjr  £tntibus\ 

Encore  donc  qu'ainfi  foitque  le  nombre  des 

reprouuez  Toit  infiny ,  Ti  eft-ce  pourtant  que  ie 

dis  que  l'éternelle  prouidence  n'a  permis  ny  ne 

permettra  iamais  que,  Ton  Eglife  Toit  entieré- 

le  petit    ment  abandonnée  aux  mefehans ,  Tans  qu'en 

nombre    icelle  il  y  aye  quelques  gens  de  bié  &  quelques 

tiesrfltus  predeftinez  ,  iaçoit  que  le  nombre  Toit  petit, 

e[tf*ffi-  mais  tres-fuffifant  pour  rendre  cefte  EgliTe 

faut  pour  Tainétc  &  fl  or  i  liante. 

rendre  Le  Prophète  Royal  Dauid  nous  a  fort  bien 
VEthfe  représenté  cccjr  vqttâttd  en  fon  Pfalme8S.paN 
fUrtffan-  lantdc  Dieu  &  de  Ton  TroTnc  il  l'accomparoit 
te.  au  Soleil  &  à  la  Lune,  diTant  :  Ihonus  vus  ficwi 

boL  sj  (tc*t  L»nt  perfeth  :  quand  il  parle  du  TroT- 
nc de  Dieu  Touucrain  &  éternel  :  Tans  doute  il 
parle  de  Ton  EgliTe  militante,  où  Dieu  fingulie- 


àe  Confine.  $  4-? 

r'Ticnt  repofc,  ainiiqu  vn  Roy  cnfonTrofne  Bellecorh. 
au  milieu  de  fesiobieâs:  &  donc,o  Dauid,que  ctpttcn. 
iK>us  vouL         BS  iignirîcr ,  disant  que  celte 
Egtifê  cfl  %  n  rhrofnc  femblable  a  rn  Soleil  &  à 

vue L une  ,  'h hr*Ms  ews  j-  ,  tf  (tcut \nn.t  p't- 

:i  voie}'  hi  r;iifon:il  eft  vray  que  le  Soleil 
quelque-fois  s'eclj  pli-, mais  il  ne  peur  pas  dire 
tellement  ecclypfc ,  qu  entièrement  nous  per- 
dions fa  -eue  &  fa  lumière  :  suffi  pareillement 
it-il  de  la  Lun  (hieeneft-ilde  I'E- 

glifc  ,  il  cil  impolliblc  qu'elle  foie  tellement 
obk  en  ù  Iplendcur  par  le  nombre  grand 

cv  memeillcuT  des  mefduns,  que  pour  cela 
elle  ne  foit  îainetc ,  floriilante  ,  ex  cfclairante, 
eu  eigardaus  predeftiiK         :ns  de  bien ,  qui 

en  font  les  membres  &  parti*.  5, 

le  (çay  aufli  qu'il  J  en  a  d'autres  oui  compa- 
rent pour  ce   fubic  lifeàl'arc  en  (  iel, 

car.  .ileit  in, poihblc  que  l'arc  en  (  iel  le 

SoJcilne  luit  en  quelque  lieu  de  0 
ftre  hcmifpherc,  ainfi  cil-ce  chofe  tmpofllble 

que  l'Eglifc  foit  obfcurcie 

du  pechc  des  mefehans, qu'il  n'y  | 

1  iielque  membi         ttelque 

,  oùcci  :e  ne  relui fc  en  frinâet^ 

dis  que  rEglile  ell  ap- 

icellc  il  n  y  a  L^ 

de  fan  éÈÊÊlm 

•  nous  a  (jt „,, 

lorsqu'il  compare  ' 
'.relie  de  Noé  \f\ 

entrera  fc  renier* 


44s  Vottr  le  qudtviefme  Ttiercvedy 

mer  dans  l'arche  de  Noé  furent  perdus  &  fub- 
mergez  dans  les  eaux  du  déluge ,  ainii  pareille- 
ment ie  dis  que  quiconque  ne  fera  rangé  en 
Cyril  A-  l'Eglife,il  eft  hors  a'efperance  d'obtenir  iamais 
hxan  Ub  ^e  *^ut  Relire  de  tous,  telle  eit  la  doctrine  de 
de  vmc.   Sainét  Cyrille  Alexandrin,  au  hure  qu  il  a  faiéfc 
MccteGé.  ^e  ^wn^  de  l'Eglife  ,  voyez  comme  il  parle* 
Mattyr  ejit  nonpeteii,  qm  m  tccuiia  no ,  t\i  me aUr>*nttm 
pet uemre  pote jt  y  qui  itUm  ,  quœ  v^oatma,  tft ,  ri>tiq'4ity 
comme  s'il  difoit ,  y  a  il  marque  plus  grande 
de  charité  &  d'amour  enuers  Dieu  que  le  mar- 
tyre ?  il  femble  que  non ,  comme  de  faict.  :  Se 
toutesfois  cefte  belle  marque  de  charité  ne  ferC 
JJieron     de  rien,  ny  ne  peut  mériter  le  falut  à  celuy  qui 
tptfl.  ad  eit  hors  de  rEglife,autant  en  dit  faincl  Hierof- 
Danuf.    me  en  l'epiftre  *d  o*m  tjum  :  &  la  raifon  de  ce- 
cy  eft  telle,  feulement  en  l'Eglife  l'efficace  des 
fain&s  Sacremens  fe  retrouue,  &  en  icelle  for- 
tifient leur  effecl:  ,  qui  eft  de  conférer  la  grâce, 
fi  donc  en  la  feule  Eglife  fe  retrouue  l'efficace 
&  l'effect  des  Sacremens  ,  &  que  nul  ne  peut 
eftre  fauué  que  par  l'entremife  de  la  grâce,  qui 
fe  confère  en  l'Eglife  par  le  moyen  des  Sacre- 
mens ,  de  là  il  s'enfuit  affeurement  que  hors 
l'Eglife  il  n'y  a  point  de  falut ,  &  partant  qu'i^ 
celle  eft  faincte  :  &  ainfî  que  tous  ceux  qui  en- 
trèrent en  l'arche  de  Noé  furet  fauuez  des  eaux 
du  déluge,  ainii  Dieu  prendra  a  mercy  tous 
ceux  qui  fe  rangent  a  l'Eglife ,  &  qui  vfent  di- 
Deux      gnement  des  Sacremens. 
prtuuts         La  féconde  marque  qui  prouue  que  l'Eglife 
JeUf*m  eft  "ai nc~te,  eft  l'afTiftance  particulière  du  fainéfc 
ut'e  de   Efpiit  qui  eft  en  icelle  ,  foitpource  qui  touche 
i'tiltfe.  les 


tes  mœurs  \  foit  pour  ce  qui  touche  la  toyt 
pou  .  touche  les  mœui  s,  elle  cit.  tellement 

pure  quelle  ne  peut  approuucr  chofe  aucune 
qui  ibit  mauuaiie,  &  impollible  en  taueur  de 
TainCtkiprir,qircllcimprou- 

&  reiette  les  choies  boni:  tù  eeque 

nous  apprend  faiaâ  Paul  quand  il  dict  par- 
lant du  fils  de  Dieu  ,  J-  cmt  jum  Oct  vt  jelrnet 
kcdcfwn  \iu;  ui>*  ,  v:  y/r  /Wi.<  <y  unmâcuUtJt.  Elle 
peut  élire  maculée  en  quelque  partie  de  Tes 
membres  ,  pourec  qu'elle  ëfi  eonipofee  de 
bon  mclchans,  mais  quant  a  Ion  mité  cv 

i  »y,  elle  cfrpure  ,  immaculée  fc  Tans  taches. 
Dau.  à  caufe  de  celte  melme  ailiitance  lrf-*Vîbi- 

du  s.  iip.it,  ie  dis  qu'elle  cft  infaillible, pourec  ftte  ^ 
que  la  Langue  de  tOUC  le  corps  de  1  Eglife  gène-  ''^'A 
ralement  atlembléc  cil  conduicte  muer-  d'o*  pré- 

née  par  le  Gûnâ  I.iprir ,  ex  n'y  a\  ant  eu  L'Eglifc  «<&. 

ne  feule  ligUC  ,  qu  me  leulc  ioy  &  croyan- 
te ,  quelle  merueillcli  Ton  mité  a  tù 

iniques  a  prêtent  }  £c  pif  ainiicc  ne  il  aullt 
dkmen*  ille  fi  les  Reforme/.  sFeftaot  retire/ 

u'e/.  delvnionde  1  Bgti&j  pour  quittât  l'cT- 

prit gênerai  luiurc  leleurparttculier9qui  ciKii- 
m  le  en  aurai  de  CCI  utiles  qu'il  y  a  de  membres 
parmy  eu  eAé    pareillement  diuife/  en 

diucrh  opinions  :  iâinct  Paul  grand 

Apoftre  dt  5<  rendis,  voulant  parler  de  l'infalli- 
bilitédel  Eglifed  elle  cftlc  firmamcir 

licolofDoede  rerï  coimmu  &  fr» 

vftn:t„fn  vuf.'i   ;  Que  YOul  s  dire  <rand    'e  *  Ccnmt 

H  fçauc/quclao.  te»  ctttm9 

ITlOUtc  L'antiquité  pour  fou» 


^co  Poùyleqtiittriefme'RUrJy 

bole  &  hiéroglyphe  parfaiétde  l'éternité. 
fieriui       Pour   ce  fubiect  Pierius  Valerianus  en  fes 
y  alerta-  hiéroglyphes  obferue  qu'entre  les  anciens  lors» 
ms.        qu'on  vouloit  fignifîer  &  reprefenter  vne  cho- 
fe  immortelle,  la couftume  eftoit  de  mettre  la 
chofe  que  l'on  vouloit  fignifîer  fur  vne  colom- 
ne ronde,poiu*  monftrer  fapermanenee&  éter- 
nité :  ainfi  les  Romains  voulans  fignifîer  vne 
guerre  immortelle,  auoient  couftume  de  pofer 
vne  lance  au  deflus  d'vne  colomne  droiete,ain{i 
fainct  Paul  difant  que  l'Eglife ,  etf  colurmx  <&  jir- 
mtmentum  vnitdtts ,  pofant  la  vérité  fur  la  co- 
lomne, qui  eft  l'Eglife  ,  veut  dire  que  la  vérité 
• ;  fera  éternellement  en  l'Eglife  ,  &  qu'à  tout  ia- 

maisellc  fera  infaillible  puisqu'elle  eft  con- 
duire &  gouuerneeparleS.Efprit,maisgrand 
Apoftre  que  diètes  vous?  ne  fçauez-vous  pas 
que  le  fils  de  Dieu  parlant  de  foy  dit  qu'il  eftoit 
la  vérité  mefme  ,  E»o  fum  via*  ventas  ejr  rtta ,  Si 
donc  le  fils  de  Dieu  eft  la  mefme  vérité  ,  com- 
ment diètes  vous  que  l'Eglife  eft  colomne  &  le 
firmament  de  vérité ,  par  ce  moyen  il  faudroit 
dire  que  l'Eglife  eft  le  fondemét  de  ïefus  Chrift 
ce  qui  feroit  faux,attédu  que  c'eft  Iefus-Chrift, 
qui  eft  le  fondement  de  l'Eglife.  Il  eft  vray  que 
Iefus-Chriftdoiteftrecôfideré  en  deux  façons 
félon  fes  deux  natures  y  félon  qu'il  eft  Dieu  ,  & 
félon  qu'il  eft  homme ,  comme  Dieu  il  eft  le 
Be lie  à)-  fondement  de  l'Eglife,  mais  comme  homme  & 
Byi  t.     cogneu  de  nous ,  corne  eftant  la  mefme  vérité, 
c'eft  l'Eglife  qui  eft  le  fondement  de  cefte  co- 
gnoiifance  &  qui  nous  le  faiteognoiftre  :  voila 
Ja  bafe  &  le  fondement ,  fur  lequel  eft  fondée 


la  parole  de  Dieu ,  à  icauoirfurlado&rinc  8t 

infaillible  de  l'Eglifc.  Autlipourcefub- 

bin  chfoit  :  Km  (y         rm  tmage- 

I19    mfi  shtïarUâl   E::!tft.t  me    ad  hec  monttet   :   8£ 

tout  aiflfi  qu'en  mie  République  il  c(t  neceflai- 

.  c  des  [ùgespour  interpréter  les  loi* 

ifldnguer  les  vues  des  ancres  ,  ainfi  faut 

il  qu'en  la  République  Spirituelle  l'Eglifc  foie 

iuge  <ie  1  Bfaïtur  hérétiques  faf- 

•  rout  ce  qn'ih  voudronr,iamais  il  ne  s  aeor- 

der<  arl  inrerpretatio  des  Lferitures  fain- 

ils  ne  foubs-mettent  leurs  différents  au 

[émeut  de  l*Egiifi 

*chofe  priiTcipallcmcnrtrou'ient-ik  mair- 

uaife  en  rEglife,fçauoircft  les  traditions  d'icel-  O^itC- 

int  que  rÈlcritufe  fainâe  efl  fuffifante,  ^es  htu' 
Quelle  eftlarc  qu'il  n'eftbefbin  u1Htt 

d'obferucr  les  traditions  conime  chofes  fdper-  ccntre  9* 
flnës&in  <»:nrne%r  wrmoy  ******* 

iedis  au  contraire  ,  que  les  traditions  de  l  Egli-  "e^^tfh. 
fe  douient  élire  fai^nci:fcmcntobfeniees,pius  r* 
qucl'L.'îife  nous  le  commande, a  laquelle  n« 
denons"  obeyr  fur  peine  de  pèche  mortel  :  lef- 

i  ions  font  venues  des  Apôflres, 

ont  de  tout  temps  cite  (rMcruces  eu  11 
depn  it,  &  fi  l'Egliic  ne 

i"ir  ces  qu'elle  a  receuësdeii 

Apoftres,  elle  ne  pourroit  r!he    appel' 

nielle  nepourroit  c! 
îteUanHc 

ul  dxr 
înr  de  i  ( 

mande  de  ieufner  t-  autre* 

ht  il 


4  j  2  Pow  fe  qi44triefme  Mercredy 

chofes  femblables,  vous  luy  deuez  obeyr ,  puis 
que  Tes  commandemens  vont  de  pair  auec  ceux 
de  Dieu  ,  &:  qu'il  y  a  pareille  peine  pour  ce  luy 
qui  outrepafiè  les  cômandemés  de  Dieu&  ceux 
de  l'Eglife:  car  le  fils  deDieu  parlât  vn  iour  à  fes 
Apoitres  en  laperfonne  de  toute  l'Eglife  :  leur 
dlfoit ,  Qj*t  vos  audit  me  audit ,  eç*  <J«'  vo>  fp^yr/tt  me 
fyerntt.  Il  faut  en  aller  là  ,  &  fe  fonder  la  dcf-^ 
fus ,  autrement  qui  ne  voudra  croire  à  l'Eglife, 
il  fera  tenu&  réputé  pour  infidèle  :  Si  tcc^um 
non  audicrit  ftt  tibi  tanguant  bthmcus  &  pubhcanusy 
Voila  côme  l'Eglife  non  feulement  eft  faincte; 
mais  encore  Apoftolique ,  ayant  pouuoir  de 
puiffance  de  faire  des  loix ,  des  cenfures ,  &  de 
frapper  ,  lier  ,  ôc  deflier  fpi rituellement,  Quic- 
quul  li^autrts  fuper  terram  trtt  h^atum  &  m  cœlts: 
fi  vous  voulez  fçauoir  de  quels  liens  l'Eglife  lie 
lAmtb  *es  Chrétiens  ,  ie  vous  diray  que  fes  liens  ne 
j^  font  autres  finon  les  loix  diuerfes  qu'elle  efta- 

blit,  loix  par  lefquelles  elle  entretient  fes  en- 
fans  en  l'obeyflance  &  obferuation  des  com- 
mandemens de  Dieu ,  ce  font  de  ces  liens  def- 
quels  Dieu  lia  noftre  premier  père  Adam  ai* 
Paradis  terreftre,  liens  qui  ne  furent  autres  que 
le  commandement  qu'il  luy  fit  de  ne  toucher 
au  fruid  de  l'arbre  de  feience  dé  bié  &  de  mal, 
commandement  fait  à  Adam  pour  le  lier&  l'o- 
bliger à  obéir  à  fon  mai ftre  y  duquel  la  volonté 
eftoitd'efprouuerfon  obeyffance  par  ce  com- 
mandement léger  :  fi  nos  reformez  euffent  cfté 
de  ce  temps, &  que  pareil  commandement  leur 
cuit  efté  faift  de  ne  toucher  au  frutéfe  d'vn  ar- 


ils  cuffent  voulu  conrcflcr  aucc  Dieu,  ny 
plus  n'y  moins  qu'ils  (ont  furie  commandemét 
àc  l'Eglifc,  des'abftenirde  viande  enCarcftnc, 
difanc  que  toutes  viandes  font  indifféren- 
tes ,  que  y  Qkort  wtrat  per  os  non  com  }tnn.it  *nw. 
&  que  partant  ce  (ï  vue  vainc  fuperltition,nujs 
pour  leur  rcfpondrc  de  nu 
lieu  rapporter  les  paroles  de  (àinâ  Auguftm, 
lequel  introdui fanr  Adam  parlant  a  Dieu  ,  ^' 
Dieu  parlât  a  Adam  en  forme  de  dialogue ,  ref- 
pondant  à  ce  qui  luy  demandoit:  il  donne  donc 

ommencement  de  parler  à  Adam  ,  feqi 
difputantaucc  Dieu  fur  la  detrence  qu'il  luy  a- 
uoirfaictc  de  ne  toucher  a  l'arbre  de  vie  ,  & 
ne  goufter  de  fes  fruicts  ,  argumentoit  de  la 

forte  ,  A  ut  aibor  eft  bonay  jut  m.tl.*   (t  m.t!.t,  q  t.tre  eft  m 
Vdïd'iilo^  St  VTobon.t.n't  ire  non  corne  cl  4m '.  Dieu  IV'-   /,; 

pondant  à  Adam  difbif,  B«m  eft  tihor  y  i 

comeths.  Lh4.tr'  1  difoit  Adam  ,  Dici:  <;uloir,  **«  Di- 

QjÊtÀ  tu  jeiuui  C7  t^o  Oomtnui  f    v>  I >  ol>\ti  t.trm  \>r    tu, 

uum  &  n«n  contrjcitcentem  t    I  c  melme   COtlffa 

pourroit-il  arriucr  entre  l'hérétique  &   le  ( 

thoUquc  finie  fai#dcscommandetneradc  1 

0iCc  &  principalement  fiircetu^de  la  mandu- 

cation  de  la  chair:  en  cçfl  H  l'hc:\ 

potirroit  dire  ou  la  cbair  efl  mauuaife  ,  OU  bien 
clleneTeftpas,  fi  elle  cil  mauuaife,  pou 
eftetleenvfage  fi  e(Ie  eft  bonne  pourquo)  i 

pli  fc  défend  elle  tien  n,  '  .  !u- 

Itofl  qu'en  vn  autre  femp.  'arefpond  le 

i    tholique,il  chair  eft  I 

nuis  dira  l'Eglifc  a  ccft  hérétique  :  \  eux 

1  :  iti 


474     ,  Tour  h quatfiefme  Mercyedy 

pas  que  tu  en  manges  en  Carefme ,  pource  que 
ie  fuis  mère  &  toy  fils ,  ie  fuis  mère  qui  te  dois 
commander ,  &  toy  fils,qui  dois  faire  &  execu^ 
ter  mes  commandemens. 

Iamais  Iacpb  n'eufî:  efïé  fils  ?  premier  né  d'I^ 
faac,  fi  premièrement  il  n'euft  entendu  la  voix 
4^  Ta  mère,  car  après  auoir  obey  à  fa  parole,  &. 
auoir  exécuté  fon  commandement ,  il  s'en  alla 
vers  fon  père  ?  duquel  il  receut  la  bénédiction 
qu'il  defiroit  :  ainfi  pour  receuoir  la  bénédi- 
ction du  Père  ceîtite,ilfautobeyr  à  la  mère  qui 
eftl'Eglife,  C'eft  donc  en  cecy  que  les  héréti- 
ques fe  montrent  eftre  feparez  des  aifles  de 
leur  mère  l'Eglife,ne  voulant  obferuer  Tes  com- 
mandemens ,  &  mettant  principalement  les 
traditions  quelle  obferue  &  veut  faire  obferuer 
par  fes  enfans. 

Mais  laiiîons  icy  les  hérétiques ,  rentrons  au 
fubiect  de  noftre  Euangile, &  voyons  fi  les  Scri- 
bes &  Pharifiens  reprenoyent  les  Apoftrcs  de 
noftre  Seigneur  7  pour  l'amour  &  le  zèle  qu'ils 
portaient  à  Dieu ,  à  faloy  &  aux  traditions  des 
anciens  ,  £h4a>e  di fojent-ils  ,  Dtjcipuh  no  tranf- 
ir  »  £y'"/ftw'w  tradttmnes  f émotion  ?  non  enim  huant   tn<t~ 

iiypOCrt'  r  i  •  n  • 

£**  i      nusjuas  ,  cum  comedunt  ,  mais  noitre  Seigneur 

Scribes     ^  v?yoit,lcur  cœur  diflîmulé  &  remply  d'hy- 

p^     pocrifie  leur  dit  ?    Huât* 'y  vos  lyanj^edmoni 

r  mandatum  Det  pyopttr   trtàt{iones  yesîrds  -y    bypocri- 

ta    ùene  de    tcbis  pyophetamt  H.[ayas   dtcens  populas 

htc  hbijs  vie  hvnrat  cor  tutim  eoïum  lon^c  efi  à  mei 

Ils^  vouloient  faire  des  cérémonieux,  &  ils  fai- 

foient  extérieurement  les  dcuotieux  &  grands 

pbferuateurs  des  traditiôs  &  de  la  loy3&  néant-  ' 


JeCareftue.  45  y 

moins  au  dcdâs  de  leur  cour  ce  n'eftoit  qu'hy- 

riûe  8c  diliimulation  :  c  eit en  ccft  endr 
yne  ruiede  Sarhan  que  îe  deicouurc  ,  leqo 

r  mcfprilér  aux  hommes  ce  qui  efl  de  1  inre- 
rieur,  &  leur  raict  feulement  louer  ex  eitimer 
ce  qui  eftdc  Texte-rieur  feulement,  il  ne  le  fou- 
cie  pas  que  le  dedans  loir  corrompu  de  vice  cVi 
dépêché  ,  pourueu  qa  au  dehors  il  faceparoi- 
itre  îs  pieiliCS&   dénotes,  &  ncant- 

rnoins  parce  moyen  ils  abufent  les  homes,  car 
faiùnr  glnlerle  pech':  eu  noltre  ame,  il  rend 
toutes  im^  aâtav  depra 

Pline  ditque  tpefque  le  venin  cil  cfpanchc 
fur  la  racine  d'vn  arbre, rous  les  fruictsqui  puis 
après  en  procèdent  loue  peftir  infectez: 

1  H  mç,fme  iediray  de  Sarhan  qu'il  efltcllcmét 
fin  &  rufe, qu'il  peruertic  &  infecte  noiti  c  Ccms 
tie  péché  c\  d  h\  pocniie\poiir  par  mcfmc  1 1 

uertit  nosuruures  o:  UO  ruiprtH 

dent  du  eccur  ,  DJ  plus  ny  moins  que  le ^  fruicts 
il'v n  arbre,    i  'ytxt*w 

im:i.it*,  forme  tttsnti.crc.    11  ne  IcloilelC  de  tout 

lcrcftedela  perfpnnc,  pourueu  qu  ils  pui 
pofléder  noltre  CCMtt  ,  qui  efl  le  premier  ne 
cnl  liôme  ,  is  le  dernier  mort ,  Prmtm  Mwraiff 
ylttmum  monrw  ,    }  qu'il   Icaif  ,  lcnui. 

qu'il  eit,  is:  le  ialoux  de  noltre  bon  heur,  que 
Dieu  feu]  le  veut  auoir  h  f  I  %  il  veut 

îsluy  donnions  noltre  mell  noltre  1  iv.ir, 
&  que  nous  retirions  nos  art 

balles  &  terriennes,  pour  les  me: I  \\\}\ 

cou  p       •  ntlebuc&  l'ob  ,s  defai  & 

y  6  noltre  tchviu,dc  laquelle  Satl 

iiii 


45  ^  P*W  ^  quatricfme  "MevcrsAy 

f  eue  cou-  £es  anciens  Mages  des  Indiens  femblent? 
//«wf  ^5  nous  vouloir  apprendre  cefte  vérité, fçauoir  eft 
anciens  qUe  £)ieu  feul  veut  poffeder  noftre  ame  &  no- 
Iwa/w  ftre  cœur ,  &  veut  eftre  le  blanc  de  nos  amours, 
car  Strabon  remarque  que  ces  Mages  faifansi 
facrifice  chacun  remportoit  vn  morceau  &  vne 
pièce  de  la  victime  immolée  ,  ne  laiffant  chofe 
quelconque  du  facrifice  bruflé  ,  croyans  que 
Dieu  ne  demandoit  pour  tout  facrifice  que  l'a- 
me  &  le  cœur,&  qu'il  fe  contentoit  de  celarauf- 
û  penfez-vous  que  c'eftoit  fans  fubiecl:  &  rai- 
fon  que  Dieu  defendoit  en  l'ancien  Teftament 
que  l'on  ne  mengeaft  le  fang  des  animaux  Se 
des  hofties  efgorgees  ,  c'eftoit  pour  dire  qu'à 
Dieu  feul  eft  deue  l'offrande  de  l'ame ,  qui  à  ce 
que  difent  plufieurs  eft  au  fang  de  l'animal, 
*Amma  carnis  e/t  m  janoume,  Qujainfï  ne  (bit  que 
Dieu  foit  enuieux  de  noftre  ame  &  de  noftre 
cœur,  voyez  ce  qu'il  dit  au  Cantique  des  Canti- 
ques, il  parleàfonEfpoufe  l'ame  deuote  ,  Se 
parlant  à  elle, il  ne  luy  demande  autre  chofe  que 
fbn  cœur  ,  Prœbe  mihtçàr  ttsum  ,  que  voulez  VOUS 
4ire ,  Seigneur ,  ne  vous  contenteriez  vous  pas 
de  dire,  Pt-abc  mibt  cor  Mimais  9  donnez  moy  le 
cœurd'vn  animal  en  facrifice,  fans  demander 
celuy  de  l'homme ,  qui  ne  feauroit  viure  après 
J'auoir  quitté  &  donné  ?  non,Pr<tbewtbicorfuuw9 
ie  veux ,  dit  Dieu  à  l'homme  que  tu  me  donne 
ton  cœur,  mais  y  ail  moyen  de  le  donner  Se 
pouuoir  viure  après  l'auoir  donné?ouy  xbel  ex- 
emple decccyenDauid,ildifoit  vne  fois,  /c 
plaignant  à  Dieu  que  fon  cœur  l'auoit  delaiffé. 
Çotimurndtitliquit  me  :  Quoy?  Grand  Prophète^ 


cle  Carefme.  a^7 

le  coeur  n  cft-il  pas  1  origine  de  la  vie  ?  s'il  cft 
caufedcla  vie, comment  donc  viuez  vous  après 
qui!  vous  a  abandonné  ?  Si  la  parole  procède 
du  ceeur,comment  pvUiue/- vous  dire  \émk 

dtrritiutt  m  :  Ha  I  le  \ov  bien  que  Dauid  vou- 
loir dire,  il  prend  icy  le  cçravpour  l'affection, 
&  ditqu  il  auoitnuslonarL 
Dieu,  fçauoir  cnBerfai  i  on 

tic  noitre  cœur,  de  laquelle  1  >ieueil  amourci 
&  veut  qu  entièrement  nous  la  refermons  pour 
luy  ,  dilant ,  h/i  fretin  mu  i  c  n  tuum  Mais 
Seigneur,  il  \\\  a  rien  de  pkis  fuyard  que  noi 
cœur  tx  Doftre  atkwnon.  Hdfeétm  unit  n 
dit  fainct  Bernard  :  Et  quel  moyen  y  a-il  de  le 
retirer  de  nous, o  mon  Dru  pour  le  TOUS  don- 
ner? le  \oicy>Alpii  a(  aitrQ  cnfi Toi*-    *<  , 
graphie  de  1  Ftybcrnic  ,  dit  qu  vn<  es  r    àC 

ridant  que  qui  lqucsNaufonnicrs'i       *" 

rai  tmer,i  .  CUx 

vnetre  &  plailanre  iflc,vers  laquelle  i 

Mariniers  voulurent  aller  ;  mais  tant  plus  ils 

Srctl  I  plus  celle  nie  ruyoir 

deu>.  ex  s  cfloignoitd  ant 

rtelot ,  boit  dans  le  Xauire 

Ire  des 
flet l  ■ .        ■  t 

i  que  (on  conftnHutmts  en  c 

ces  flèches  Rirent  décocha 

âne  plus  i 

hiird  eux  :  ainli ,  v 
bien  noi 

alm  »ur  de  I 

cm:  ne  de  1. 


4  j  8  Vouy  le  4  .Tiiercrecly  àe  Ctreftnel 

de  feu  :  mais  fïngulierementpuis  que  derechef 
noftre  cœur  s'eft  mis  à  la  fuitte ,  &  qu'il  fe  reti- 
re de  vous  pour  courir  après  la  vanité;enuoyez; 
nous  derechef  voftre  grâce,  dardez  fur  ce  cœur 
noftre ,  plus  fuyard  que  iamais  les  flèches  de 
voftre  amour,  afin  que  nouspui(ïions,pendan£ 
le  refte  de  noftre  vie ,  nous  arrefter  à  ce  qui  eft 
de  voftre  feruice ,  &  viure  vn  iour  éternelle- 
ment auec  vous  la  haut  au  Ciel ,  où  nous  con> 
duifent  le  Père ,  le  Fils  &  le  fain&  Efprit, 
Ainfi  fpit-il. 


4!9 


SERMON      P  O  V  R      LE 

QVATRIESME     I  E  VDY 

de  Carelîne. 

Çmf  le  fus  cfe  Synagogt  int)\tuit  in  do* 
mum  S  \ monts* 

L  V  C.      4. 


'H.  A  v   1  n    parlant  du  Satuicur  du 
|.  monde  ,  a  eu  (  li  ic  ne  nïç  trompe  ) 


tort  bonne  de  parler  ci 

luy  fous  le  .  Iç  &  la  figure  du 

Soleil,  :,rrtnttamvi.t.n  ,  j  juin- 

tno  çixlo  tpr(f$u  n*s  :  n*n  f(l  qui  Je  abjctneLt  à  c^lote 
nui.  .liercment  auiour- 

d'huy  en  I  ainet  Luc  obfcruc 

que  par  tout  OÙ  le  tTOUUOÎt  nof:  ;neur, 

1      .ie  ppuuoit  ciu'ri 
ac  Ci  prcfcncc ,  ny  s'abfcntcr  ( 

influent         ar  s'il  curie  en  h  ! 
imcil  faifoit  1 
.11 .  pour  l'infti  : 
|  liourdliuv  entrant  en  ' 

liguant  )ic 


&7 


'4  C  o  Tour  k  quHtriême  îtttdy 

malade  de  la  Heure,  Socrns  Stmomstcnebatu*  magnis 
febrtbus.  C'eft  le  fommaire  de  tout  le  difcours 
que  i'ay  prefentement  à  vous  faire:  pour  lequej 
clignement  traicler  nous  implorerons  l'ay de  & 
l'affiftance  du  S.Efprit,  parles  intercédions  èc 
f  ntremifes  de  la  Vierge ,  laquelle  pour  ce  fuiec 
nous  faluërqns  du  falut  de  l'Ange,  difans, 

^Aut  Maria. 

A  R  le  difcours  des  fainâes  Efcri- 

tures,nous  trouuons  que  Dieu  tout 
i  bon  &  iufte  recompenfe  les  bien- 
faits &  punit  les  meffai&s  &  pé- 
chez, non  feulement  en  la  perfon- 
ne  de  ceux  qui  les  commettent  &  qui  fôrît  tel- 
w    r    les  &  femblables  œuures ,  mais  encore  en  la 
£  pcrfonne  de  ceux  qui  tant  foit  peu  leur  touchét 

&  leur  appartiennent.  Ainfî  en  Iofué  çhap.  6. 
&  7.  nous  lifons  que  Dieu  ayant  deffendu  à  ce 
grand  Capitaine  de  ne  prendre  aucune  chofe 
de  la  ville  de  Hierico ,  &  que  quiconque  tou- 
cheroit  chofe  aucune  qui  luy  appartint,  pour 
s'en  faifaynaledictiô  feroit  portée  &  fulminée 
cotre  luy:par  hazardil  arriua  qu'vn  feul  Acham 
ofa  eftendre  la  main  pour  prendre  vn  mâteau 
d'efcarlate  &  vne  règle  d'or;  &  Dieu  en  pu- 
nition de  ce  facrilege  fit  mettre  en  vauderou- 
te  trois  mille  pcrfonnes  du  peuple  d'ifracl ,  & 
qui  plus  eftoit  menaçoit  tout  le  refte  de  l'armée 
d'vne  plus  grande  punition  ,  s'il  ne  luy  fai- 
foicnt  vengeance  de  ce  larcin  commis.  Konfia* 
bit  Ijrad  adwffts  bo[tes  fqos  >  grc.  fugtet  eos  CTW^'W 


de  Confine.  4fi\ 

vitro  VoLtfcu)»  domc  cohUiAiH  tum  qui  humî  focritr^i 
rtuitfï  Et  remarque  fainct  Auguftin  cnlaqi. 
Irion  8.  fur  lofué  que  Dieu  louucntcs-fbis  Ce 
venge  fur  vue  multitude  pour  la  faute  d'vn  par- 
ticulier; car  examinant  ce  iaïad  Acham,ildit; 
C  utn  -vuhi  tfîit  jjcrtlegti  fj ptccjttauUor  tjmen  rm~ 
uerfjtn  ofpixit  tndirtotn ,  t.imjt  cimici  ,  §mné[que  per» 
cnfl,r.  Ccft  mi  taict  eflraoge  que  cciiuy-cy, 
dédire  que  ce  n'cftoitquvn  particulier  qui  a- 
soic  railly,  &  ncantnx  wt  de  gens  en  pari* 
rent,pourquoy  celai-demande  fainct  Auguiiin, 
:oit,  lt  wi  Joium  jtquijqttt  iumt ,  fed  jiOi  mut- 
ctm  éubnbiént  dtliÊtntutn  & mtm'ora  fiïê  olit>  Vinrhris 
finit  folliLin  :  Et  tout  air.fi  qu'vn  membre  afîiftc 
vn  autre  mémo  re  ,  auiii  les  hommes  le  doiuent 
(bulager. 

Sa.    ;t  Chr)  foirome  en  TOC  Homélie  qu'il  a  rj    rm< 

ïe  fur  ces  paroles  du  nmq*iéf$      "  •• 

m      ,tn,,t  iwbm  cQhu^tojuitlt  y  dit  qu  il  tait  allu- 

lion  au  mal  de  contagion  &  de  pcflc  ,  qui  inte- 

quelques-fois  tout  rn  pa>s.,  iacoit  que  du 

comme  util  n'y  ayequ'vne  (culepêribiw 

neinfeâ  atteinte  décernai  :  ainiicli-ildu 

■i  mi  particulier,  ceux  qui  en  font  voiiins 
•  le  plus  iouuentpunisalon  OCClfioiL 
ii  :.  hure  des  K<  ».  .>.  1^.  nous  voyons       n^ 

que  pour  U  pèche  de  Dauid,  qui  par  outrecui-  ù* 

daiKi  aiMiit  l'ait  nombrer  fa gendarn.  ':eu 

lit  qui  ufirlV. 

,  pefteoufamine.  Il  printt 

»■  ant  contraint 

|  \  du  mille  hommes  mou- 

pc  NoyautL)auidcouiiin.i  :lç- 


qè  1  Tour  k  qu.itriefiie  \tudy 

lier  les  yeux  au  ciel ,  difant  à  Dieu ,  en  compaf- 
lion  de  Ton  peuple ,  qu'il  voyoit  mourir  deuané 
foy  ,  Conuertatnr  furor  tuus  Domine  Jttùer  tne  :  tpji 
ïtro  qmd  triait  tgtrttrâ  ?  Comme  s'il  difoit  :  Sei- 
gneur ,  c'eft  moy  feul  qui  vous  ait  oifencé ,  8£ 
partant  puniffez-moy  feulement,  &  pardon- 
nez à  ce  peuple  qui  n'a  confenty  à  mon  péché: 
mais  en  fin  Dieu  prononça  cefte  fentence,  tgo 
Deus  vifitabo  tmquttatem  patrttm  vjque  ad  teytiam 
£nmatwwm.  Si  Dieu  punit  &  chaftie  non  feu- 
lement les  perfouues  qui  l'offencent  \  mais  en- 
core ceux  qui  les  touchent,  ie  diray  à  l'oppofite 
qu'il  eft  tellement  mifericordieux,  qu'il  pardô- 
ne  quelquesfdis  âplufieurs  perfonnes ,  pour  le 
mérite  de  quelque  fibne  perfonue  qui  les  tou- 
che.- Aufïï  au  Genefe  nous  lifons  qu'Abraham, 
voyant  que  Dieu  auoit  prins  refolution  de  de- 
ftruire  les  citez  de  Sodo'me  &  Gomorre ,  s'ad- 
dreffant  à  luy ,  difoit,  Héîquoy ,  Seigneur,n  au- 
rez-vous  point  pitié  de  ce  peuple,  voulez-vous: 
perdre  le  Sacerdoce,  en  puniffant  les  bons  aueà 
les  mefehans  ,  Dieujefpond  à  Abraham  &  luy 
dit  ,  que  fi  en  ces  citez  il  fe  trouuoit  feulement, 
rinquartfe  perfonnes  iuft.es ,  qu'il  pardonneroit 
i  tout  le  refte,  de  cinquante  il  defcen'd  à  quar£- 
te,de  quarante  à  trente, de  trente  à  vingt ,  &  de 
vingt  il  defeend  iufques  à  dix  ;  difant  que  s'il  fe 
rrouuoitYeulementdix  âmes  iuftes ,  ir  pardon- 
neroit à  tout  ce  peuple.  Abraham  en  fait  la  re- 
cherche &  ne  peut  iamais  trouuer  en  toutes 
ces  citez  quVn  feul  Loth  de  iufte ,  auquel  Dieu 
pardonna,  comme  aiiffi  à  fa  femme  &  au  rèfte 
de  fa  famille  ,-  en  faitcar  d'Abraham;  Auflili- 


de  Cdrefme.  46$ 

K>nS  nons  que  plufleurs  Empereurs  ont  par-  çffmet^j 
donné  quelquefois  a  des  villes  enrieres  qui  0fgndt^ 
leurs  eftoient  rebelles,  a  caufe  de  quelques"^ 
amis  qu'ils  auoient  dedans.  Ainfi  Pompée  le  £     '_ 
md  pardonna  a  tous  ccuxd'Aflirie  ,acaufc  "J_ 
îiïen  amyqui  1  en  pria-ainfiCefar  pardon- 
na a  ceux  d'Alexandrie  ,  a  caufe  du  Philofophe 
Arius  qui  y  cnS;r.  De  mefme  en  l'Exode  nous 
voyons  qu'vn  iour  Dieu  sVftant  courroucé 
courre  fou  peuple, qui  auoit  idolâtré,  l'cuftpu- 
ny,n'cuft<  loyfcqtti  lepriad'apaifer  Ion 

courroux, ou  de  l'effacer  du  luire  de  vie,difanr, 
/i  ue  par  ce  popu  'o  but:  .tu  t  de  le  me  de  libro  ytt.e ,  à  quoy 
rcfpondit  Dieu,  Sine  me  vt  trafeatur  furor  v>eni% 
te  en  fa  faneur  îeur  pardonna. 

Ainfi  liions  nous  au  Genefc,quc  Iacobdit 
•1  I.aban,  s'enrerournant  de  fa  maifon,  ïïlodi- 
hubib.it  amtnnam  vemrtmm  âomum  tu.tm  bentfe- 
j/wnu  w  •  wedh&t  damut  ttt.t  ad  re^ftlum  me* 

mm.  Dieu  vous  a  donné  anluencedc  biens  en 
ma  faneur.  Le  texte  Hébreu  eft  plusenrphati- 
ir  au  lieu  que  nous  autuis  en  noitre  com- 
mune verfion,  .ii  rt^r'ciummeum  :  il  porte  y  .%d 
f$4êmmtmmf  pour  dire.  le  n'ay  pas  fi  toit  mis  le 
pied  en  \olircnuiibn,qtie  Dieu  vous  a  tau  t  du 
bien  pour  l'amour  de  ni' 

k  t90X.CC  rue  deiliis,  concluons  2c  difon? 

it  il  pourl'ameur  de  quelques  leiuiteursft» 

dti.  quelques  amies  iuftes,  Dieu  a  coin 

nefices  a  plufients  pcrlbn- 
loir  demeruulleliauiourd'huy  e:i 

la  t.  de  (on  leruiteur  1  linct  Pierre, entranc 

en  h  nuilun  |         tuant  fabelk  merc  malade 


4#4  ^0UY  I*  IvJtritfiM  Uuty 

de  la  Heure  il  la  guarit. 

Il  eft  bien  vray  que  puis  qu'il  eft  icy  parlé  de 
la  maiibn  de  fainét  Pierre  &  de  fa  belle  mere^ 
jjeux      deux  chofes  fe  prefentent  à  dire  en  ce  prefent 
hérita     difcours.  La  première ,  que  fi  S.  Pierre  auoit 
dtctdti-  Vlie  belle  mère  ,'  confequence  qu'il  eftoit  ma- 
cours.      r^  2-  ^  ce^e  niaifon  eftoit  celle  de  S.  Pierre, 
aymé  &  fauory  de  Dieu ,  comment  les  mala- 
dies y  font  elles  permifes. 

Pour  le  premier  chef,  il  faut  que  ie  vous  diç 
que  nos  hérétiques  eftans  portez  à  la  charnalité 
prennent  occalion  de  dire ,  que  puis  que  faincl: 
Pierre  auoit  vne  belle  mère  ;  Oc  qu'il  eftoit  ma- 
'  rie ,  qu'il  faut  par  confequent  que  les  Preftres 
foient  mariez  ,  tant  ils  font  ennemis  de  lacha- 

iluron     ^ct^ :  am**  ^olz  fam&  Hierofme  fur  le  fécond 
chapitre  d'Efaye  ,  Oiffixtc  e/i  muentre  ha/enewn 
~,  '  "    cariuate  arm.itum.  Et  fainct  Epiphane  rapporte 
Epipbjij  ^  autres  hérétiques  de  fon  temps ,  qui  auoient 
'  des  femmes  desbauchees  en  leurs  maifons,  au 
moyen  defquelles  ils  attiroient  &  perdoient 
les  icunes  gens ,  &  corifefle  ce  faincl:  Docteur,- 
qu'il  ne  s'en  fallut  guiere  que  luy-mefme  ny 
fuft  prias  &  attrapé.  Saincî  Hierofme  eferi- 
Vlmon     uant  coatre  Manicheus  ,  dit   que  ceftuy-cy 
contra      c&°iï  &  Ûlk  &  tellement  impudique,  que  pour 
Tûamch.  couurir  fes  impudicitez ,  &  iouyr  plus  libre- 
ment des  femmes  desbauchees ,  qu'il  tenoit 
en  fa  mai 'bn ,  difoit  que  tout  ce  qu'il  tduchoit 
*AU1U-    eftoit  fan&ifié.  Sainct  Au^uftinelcriuant  con- 
contra      trc  jc  mcfinc  M micheus ,  rapporte  qu  vn  jour 
^/lam  '     on  luy  difoit  qu'il  auoit  grand  tort  de  blafmer 
cUtim.    ja  virginité ,  attendu  qu'en  l'Eglife  il  y  auok 

grand 


grand  nombre  de  Vie  idîc  ,  C'cftU 

vne  le  menieille  de  voir  en  l'Eglifedes 

rgd  ,  tcs  Mules  ne  lont  cl! 
&  neantmoiiis  voyez  1  cttat  qu'on  en  faict ,  les 
prile-on  d'auant.  aufe  de  leur  virgini: 

Eanomi us  autre  hérétique ,  diibit  que  garder  l***}* 
Uchafteté eftoit  choie  înipoiTible.  Le  me  fine  f  •»<•*'<& 
fainct  Hieroime  dit  .c  que  Iouinian  &:  M-*"1- 

Valentinean  difoient  c<  nos  hérétiques  ck<tu; 

e temps  ,  que  le^  es  nouuoicnt  élire 

mar  iictuie  difficulté  ;  pôurce ,  difoicN 

ils,  s'il  eitain:-  linâ  Pien  efté,marié 

cftant  Prelrre  ;  pourquoy  les  Prellrcsne  lcfc- 
ron:-ils  par^  juent? 

Ilcft  vray  qu'en  la  primitiue  Eglife  il  eftoie 
de  fe  marier,  mais  pour- 
tant à  condition  que  fi  toit  qu'ils  auraient  rc- 
ceu  les  fain&es  Ordres  ils  quitteraient  leurs 
fenu  ;  Apoftres,quiaooient 

quitte  toutes  elv  ur  fini  iis-Chrift, 

-riuant  à  I  Apoitolat  :  au'.li  pour  e. 
ils  difoient  i  noirre  Seigneur  vn  iour:    cet  nos 
rettt]w.mH<  o-niti  ri  \un\us  te  :     ex  en   COllfîr- 

mati  cecyvn   iour  ce  mefme  Seigneur 

leur  difoir,  y  os  rjut  nhnmftti  owmt  twn  ànttPH\nit 
vos  pttr  mems.   I.-maismonperc  ne  vous  delaif- 

,  vous  receutez  le  centuple  en  la  vie  éter- 
nelle. Pour  auoir  quitté  non  feulement  leurs 
m  LIS  (  leurs  femmes,  c'ef 

"tainc,  ptefinenierit  confirme  les 

(  v  par  leC  I 

i.  lequel  dit  qa  :  vue  tradition  d  o- 

âres;dcL  llïglifc  ,  que  les  I  a  & 


^66  four  U  quatrkjmt  ltudy 

Éuefque  ne  doiuent  eftre  mariez  ,  &  s'ils  îô 
font  eftant  faerez ,  ils  ne  doiuent  approcher  de 
leurs  femmes  ;  ce  que  mefme  tefmoigne  fainct 
Hitrony  Hierofme  >  efcriuant  contre  Iouinian  en  cefte 
contra  lo-  forte  ,  Qonfitent  hpijcopum  fiiws  m  tcctejta  piodu- 
Hinim,     are  non  pofîe  :  quoi  Jim  ea  dcprthtndetur  ,  punittur 
tAmqutm  lubncus  cjr  tndignus  creitms  Epijcopaiu^:  8>C 
JJemcon  je  mefme  efcriuant  contre  Valentiniam  s'eile- 
tra  Va-    Ue  contre  luy ,  luy  difant ,  Qutd  jatittm  e(t  m  kc- 
lentirt.      c\t\\n  t^yptt  m  t  cclefits  Orimtis  %  &  in  Ecclefits  Jedis 
.     vJpofiohcœ  ,  ybi  Epifcopt  (?  Vresbitm  virâmes  Junt 
«&/r    •    y,ei  fj  contunUi  dcnltnqumt  vxom  fuas.  Et  de  là  en 
après  par  les  Conciles  de  l'Eglife  générale- 
ment aftemblez, il  a  efté  eftabiy  &  arrefté  que 
de  la  en  auant  les  Preftres  s'abftiendroient  de 
l'acte  de  mariage  ,  &  qu'ils  demeurcroienç 
chaftes ,  &  ce  auec  raifon  &  équité  :  car  fi  an- 
ciennement nous  lifon-s  qu'il  eftoit  defrendu 
de  fréquenter  les  femmes  ,  pour  manger  les 
pains  de  propofition  3  combien  à  plus  forte  rai- 
fon doit-il  eftre  defrendu  aux  Preftres  lac^e  du 
mariage  &  la  fréquentation  des  femmes  ,  puis 
que  tous  les  iours  ils  mangent  le  vraypain  de 
propofition  ,  duquel  l'autre  n'eftoit  que  figure: 
aufTi  pour  ce  fuiet  faincl:  Paul  difoit ,  Noltte 
frawiare  ir.uiam  àum     vacitis    orationi  ,     laquelle 
oraifon  eft  expliquée  par  les  Pères,  du  faind 
Sacrement  de  l'Autel. 

Parmy  lesluifs  il  eftoit  expreflement  def- 
fendu  aux  Preftres  qui  feruoient  aux  Temples 
par  femaine ,  de  toucher  à  leurs  femmes  :  que 
fi  cela  eftoit  fai<5t ,  pour  autant  qu'en  ces  iours 
ils  facrifioiçnt  i  Dieu  ,  combien  à  plus  forte 


Je  CéYf  4^> 

raifon  douicntles  Preftresde  la  nouuellc  1< .. 

îtenirde  1  .1  mari  \  toute  lu- 

bricité*, puis  qoe  tous  les  ioursils  prefententi 
.1  le  plus  haut  &  le  plus  refait  facririce  de 
tous:en  figure  &  représentation  d  >us 

dcu.         uoir  qu'en  l'ancienne  1  noms 

.  Ilrael  citoient  empreints 
_rauez  fur  dou/e  piern  s ,  qui 

eftoient  au  rational  du  grand  Preftre  ,  mais  fur  * 

:      I  remarquez  que  le  nom  de  la  Tribu  de  Lcui''r*      * 

cUnsvnc  raude, 

pie!  ufequi  elloppoile  &:  conrrair. 

e  la  chair.  Ainfi  liions  nous  d  ÀJphonfc 
Roy  d'Aragon ,  quvn  iour  ayant  affaire  aucc 
fatemme,  atioit  en  Ton  doigt  vu  anneau, 
\     >it  enc!  ne  emeraude  ,  laquelle  au 

toft  fe  rompit  ts;  fe  brifa  en  pic  {  ûoB  donc 

le  nom  de  la  Tribu  de  I 
dans  vne  (  ;dc,  oppofeea  la  charnal: 

is  apprendre  is:  enfeigner  com- 
bien les  Prcltres  doiuent  élire  chaftes,  &  doi- 
lient  al  lapaillardife  &  la  lubricité,  gar- 

clans  en  les  ps  la  chaileté  ,  puis  qu 

foni  .  Pieu 

Il  lemble  que  le  Prophète  le  »u- 

lu   1  .omme  les  Preilrcs    doiuenr 

eftn  de  lâcha!  mis  qu'ils i 

iDieû.  Voyci  £quoi  il  les  compas 
pariant  d  -        us  le  nom  des  N 

Ç.an,;tho'ti   M**jm  wtmi ,  nitiHiom  l*ch,  ruùicmm-  Best» pif* 
àmtt  féure   4*ttqH«  p*  >hyro:   < 

dire  mie 

.  qujdoK  reluire  aux  Prcftrcs,  Prc-  t\phq*fm 


46  S  Tour  le  qttdtrtffme  leudy 

mierement  il  dit  qu'ils  font  plus  purs  que  le 
Belle Çt-  laid,  Hrttthons  Utie ,  vous  fçauez  que  c'cft le 
nuhtttde.  propre  du  laiâ^qu'auflîtoft  qu'il  eft  mis  hors 
du  vaiffeau  il  s'aigrit  :  belle  reprefentation  de 
la  chafteté  &  de  la  virginité.  La  ieune  fille 
eftant  gardée  dans  la  maifon  du  père ,  il  ny  a 
rien  de  Ci  pur  &  de  fi  net  tant  qu'elle  y  eft ,  mais' 
cellequiveuteftreveuë,&qui  defire  fa  liber- 
té ,  c'cft  le  laicl:  hors  du  pot ,  qui  fe  pert  &  s'ai- 
grit :  ô  laicl: ,  ô  virginité ,  c'eft  le  cercle  que  les 
Aftronomes  appellent ,  via  Lctea ,  qui  fe  retrou- 
11e  au  cieh 

Qand'Jtores  Kiue ,  ô  blancheur  plus  excellente 
qui  fe  trouue  parmy  ces  exaltations  terreftres 
éc  corruptibles  :  ô  âmes  chaftes  ,  vous  eft.es 
blanches  &  pures;iele  veux:  mais  prenez  garde 
que  cefte  blancheur  &  virginité  ne  fe  perde  en 
vous  ,nyplusny  moins  quelle  fe  peut  perdre 
en  la  neige ,  à  laquelle  la  chafteté  &  virginité 
eft  accomparée.  Vous  fçauez  que  la  neige  eftât 
expofée  aux  rayons  ardens  du  Soleir,non  feule- 
ment perd  fa  blancheur ,  mais  encore  fon  eftre: 
ainfi  la  ieune  fille  qui  veut  eftre  veuë  desyeux 
des  hommes  ,  court  rifquede  perdre  fa  blan- 
cheur &  fapudicité,  ô  yeux  des  hommes,  6 
yeux  des  femmes  &  des  filles ,  qui  eftes  comme 
d'autres  Soleils  ardens  &  attirans,où  le  mon- 
de fe  va  perdant  &  confommant  :  &  partant  le 
meilleur  feroit  à  l'ame  deuote,  de  iamais  ne  re- 
garder vne  fille  en  face ,  &  à  vne  fille  de  iamais 
ne  regarder  vn  homme.  Ainfi  difoit  Tertulian, 
1dm  jtn&um  eflvtrotm  confunrh  fi  ytdçtts  yirum  quun 
jancium  eft  viroji  yidtrtt  ytrçjnem. 


le  Càrffne.  A6 

RubicunJioris  tbort  atutqao.  Les  chattes  &  lo 
sierges  font  plus  beaux  que  l'yuoire  anci< 
quel  eft  ceit  ancien  yuoire  ?  Tans  doubte  ceft  Q*d  e^ 
yuoire  duquel  parle  lacune  ,   eftde  la  nature 
de  celuy  duquel  parle  Pline  ,   &  dit  qu  il  y  a  yuoirc. 
deux  fortes  d'yuoirc  ,    fvn  tire  des  dents  i 
l'Eléphant  qui  cil:  mol ,  &  peut  prendre  toi:* 
fortes  de  formes. Ync  autre  forte  d  yuoire  naift 
dans  les  entrailles  de  la  terre  ,  lequel  cil:  fort  cv 
dur  ,  qui  cil  caufe  qu'vn  iour  Darius ,  Roy  c 
Perfes  ,   voulant  choiiir  matière  propre  pour 
faire  rqc  l\*zuc  pcrdurablc  ,  la  voulut  faire 
faire  de  ceft  yuoire  tire  de  la  terre  :  doua; 

C  haltes  font  comparez  à  l 'yuoire ,  mais  a  cxr 
yuoire  qui  s'entretient  dans  les  entrailles  de  la 
terre  ,  pour  monltrcr  combien  la  virgir, 
doit  cflrc  cachée   &   eonferuee  ,    &   non; 
lemblable  à  1  yuoire  moict  ,  qui  change  de 
tonne  &  de  beauté  à  tout  moment  ,    Kt 
cum.  rtuntiquo.  Mais  pourquoi  ell-ce  que 

rmic  dit  que  les  Na/ariens  &  lesçj 
font  plus  rouges  ce  rubicondsqu'ancien  \  u 

['yuoire  ncit-il  pas  blanc  de  fa  nature  :  ii 
donequç  il  eft  blanc  ,  quelle  comparai  (on  cil- 
:  il  eft  rray ,  1  yuoire  cfl  blanc  de  ù  na- 
ture, mais  par  fucccilion  &  longanimité  du  remmen% 
temps,  il  vient  rouge,  beau  .lient  :  belle  fymkê 

I      ..paraifon.    11  eft  viay  que  la  virginité  cil  Mutent 
blanche  ,  mais  auiTî  cft-il   vray   que    garder  >our. 

•nent  cefte  virginité,  c'eft  vue  ci- 
de  martyre,  g'eftvnc  J  UOirC  blanc  en  fon  umi- 
ineiucmcnt  ,  &   rouge  par  la  fucccilion  < 
ten  îcremi  auç 

c.gm 


47  o  Tour  le  quatriefme  leudy 

des  chaftes ,  qui  font ,  i\  ubicundwres  ehon  antique! 
Pour  ce  fuiet  aux  Cantiques  la  vierge  &  l'a- 
me  chafte  eft  accomparée  aux  lys  en  Ton  com- 
mencement ,  &  à  la  rpfe  en  Ton  progrez: 
bnut  iumm  mttr  fhittes ,  amtca  mea  mttr  jihas  circun- 
dab.wtçam  flores  rofarum  zy  hit*  conualltum  :  La  vir- 
ginité eft  lys  véritablement  en  fon  commen- 
cement ,  mais  elle  eft  rofe  rouge  &  empour- 
prée en  fon  progrez ,  qui  eft  comme  vne  efpe- 
ce  de  martyre  :  aufïï  l'Efpoufe  parlant  de  ion 
Efpoux  chafte ,  pudique  &  fidèle ,  difoit,  qu'il 
eftoit  blanc  &  rouge ,  Oi  ettus  nu  us  candidùs  #r 
vubtcunàus  :  blanc  pour  fa  virginité  &  rouge 
pour  la  conferuation  d'icelle. 
'Quiïtttc  **i>l>iro  pwdmoYts.  Les  chaftes  (  dit  Ieremie  ) 
dufapbi  f°nt  plus  beaux  que  le  faphyre  :  Remarquez 
re.  cecy  ÎC  vous  prie  &  la  comparaison  propre  du 

faphire,  auec  la  virginité  :  cefte  pierre  precieu- 
fe  à  ie  ne  fçay  quelles  qualitez  qui  conuien- 
nent  fort  à  la  virginité ,  elle  eft  de  couleur  ce- 
lefte ,  &  fe  voit  en  icelle  de  petits  points  d'or, 
&.  fous  cefte  couleur  celefte  Te  void  vne  petite 
marque  qui  eft  rouge,  &  eft  cefte  petite  pierre 
fort  agréable  à  Appollon  i  Tout  cecy  conuient 
fort  â  la  virginité  &  aux  âmes  pures  &  cha- 
ftes :  elles  font  de  couleur  celefte ,  pource  que 
elles  n'ont  autres  defirs  ny  penfees  que  pour 
le  ciel    &  viuent  en  ce  monde  comme  fi  elles 
Cor.ue-     ne  eftoient  de  ce  monde  ,  ayans  conuerfion 
runctîâu  auec  les  Anges  ,  tefmoin  ce  que  difoit  fainct 
f«f>btre9    Paul.   Incarne  ambulantes  nm  jeeunelum  cawem  ambu~ 
auec  la     lantrs  ,  frd  Cmmerfàtio  noflra  m  ccef/s  efl.   Ces  petits 

virginité.  poinc~ts  d'or  qui  fe  voyent  en  la  pierre  du  fa- 


Je  Cartfme.  4-  1 

phirc  ,  reprcfentent  les  vertus  celeftès  ,  Rem- 
plie* d'amour  &  de  charité  ,  qui  font  ^;i  lame 
vierge  ,  pure  8C  pudique  mais  fur  tout  celte 
petite  marque  ro«.:gc  qui  Te  recognoiitau  fa- 
phirc, fousccfte couleur celeite,  repiLicnte  la 
faincte  honte  ,  qui  doit  feruir  de  nuage  ce  de 
voile  a  !a  \  îéfge  ,  pour  cacher  &  couunr  ce  qui 
tftdel'txellenceac*         irgifiirt  t  celte 

faincte  honte  qui  doit  eltre  comme  la  m 
gardienne  de  la  femme  vierge:  ex  tout  ainfi 
•  une  entre  toutes  les  pierre  il  n'y  en  3  point 
de  pi  u>  agréable  a  Apollon  que  le  faphirc,  auiii 
cft  il  vray  qu'entre  toutes  les  vertus  il  n'y  en 
a  point  de  plus  agréable  a  Dieu  que  la  vir- 
ginité. 

AulTi  pour  ce  fuict  les  (ain&s  Percs  dncnt 
qu'entre  tous  les  Apoltrcsil  n'y  en  a  point  tu 
de  plus  a) 'me/  de  1  oc  S.  Ican 

1 1  liangelifte  -  auiequ  il  ( 

Lors  anciennement  qu*<  ifioit  .1 

iamais  les  facrifïccsnc  luycltoicnt  agréai 
fidcuantfa  flatué  nercluifoir  celte  pierre  du 
faphirc  ;  telle  cfloit  la  commune  [ 

enc  idolâtres,  ainliil  n'y  a  lien  qui  plaiût 

tant  a.  Dieu  que  les  ehofesqui  luy  font } 
teesd'vne  maincl.  pudique. 

o  fainâc  EgHfc,quc  vous  auei  paru  f.ii 

'&  vrayemenr  1  prudente,  1 

lemetitqa  unandc 

buTentlachafteté ,  &  queiamaii  ils 

ne  •  marie/  ,  •  enr  eu 

perpétuelle  recommandation  ce  fuj 

chaitecC  fc  virginité,  tant  eu  K 

Cfi  iiii 


47  %  P^w  k  qtMtriefme  leuay 

leurs  corps, afin  que  le  facrifîce  qu'ils  offrent  Si 
prefentent  tous  les  iours  à  Dieu  en  Tes  Temples, 
luyfoient  d'autant  plus  agréables:  voilala  rai- 
fon  pour  laquelle  les  Préfixes,  reprefentez  par 
les  Nazariens,  qui  fe  confacrent  à  Dieu  tanc 
intérieurement  qu'extérieurement ,  doiuent  à 
iamaiseftrefoigneux  de  garder  cefte  virginité 
tant  spirituelle  que  corporelle ,  voila  qui  fuffit 
pour  le  premier  point. 
Seconde  P°ur  Ie  fecondrqui  fera  bref ,  on  faict  icy  vne 
partie,  demande,  fi  c'eftoit  la  maifon  de  fainct  Pierre* 
chery  &  aymé  de  Dieu ,  comment  les  maladies 
y  font  elles  permifes  ?  à  cccy  l'on  refpond  que 
c'eft  ordinairement  aux  iuftes  que  Dieu  en- 
uoye  des  aduerfitez,  afflictions  &  tribulations, 
pour  leur  faire  mefprifer  ce  mode ,  &  les  laffer* 
de  cefte  vie  prefente  ,  en  afpirant  à  vne  autre 
celefte  &  éternelle  :  &  au  contraire  que  telles 
afflictions  foient  dures  &  rigoureufes,pour  tel- 
les âmes  iuftes,elles  leur  femblenttres-douces, 
&  ordinairement  trouuent  de  la  confolation  en 
icelles, quand  elles  les  endurent  volontairemét, 
pour  l'amour  &  affection  qu'elles  portent  a 
Dieu,&  pour  le  defir  qu'elles  ont  de  quitter  ce- 
fte vie  pour  parucnir  à  luy. 
Greop  in  Sainct  Grégoire  fur  lcsCantîques,  confide-* 
canttca.  rant  ce  que  le  Prophète  Royal  Dauid  au  Pfal. 
22.  parlant  des  tribulations ,  fous  les  fy mboles 
P/4/.2.  de  verges  &  debafton,  difoit  à  Dieu,  Viv^auu 
dr  btcuius  tuus  tpfa  w  cenlolat*  funr  :  demande  la 
raifon  pourquoy  Dauid  a  appelle  les  afflictions 
que  Dieu  luy  enuoyoit  verge  &  bafton,  &  dit 
que  les  aduerfitez  que  Dieu  nous  enuoye  font 


dt  C.4)  '[r,;e.  ^7j 

verges,  pourec quelles chaftû  barons, 

d'autant  que  les  mefmes  ennent  evi 

lent  eh  crainte  auec  Dieu  ;  car  fi  nous 
iblement  &  volontairement  i 
qui  eit  des  ehaitimensde  i)ieu&dcs  achetions 
qu'il  nous  <  ,  nous  aurons  d'autant  plus 

iioft:  niolec  paria  \)i~ 

Sericorde  qu'il  nous  fera  puis  après.  Vn  *<u.t    - 
mÊCmlm  ttmi  i  / 1  pi  cor.jouta  jw  e  con- 

dotation  l  la  vo:  ^etKmJutêm  !*b/****mr 

tne  ci  ubui  \it.t  m.*    Si  k   ne  me  trompe 

iid  faiâ  illufionfi  lav^rgede  Moyfe  ,  quj 
ayant  frappe  lesrochers  leur  rit  vomir  des  ri:: 
ntaines  d'eau  criftaline ,  ainfila  ver- 
dis &  tribulations  leur  raiet  v<<- 
imrccquieit  de  la  miierieorde  &  de  l'amour 
Jiuin ,  la  verge  cU  c  frappant  les  rochers, 

fit  que  les  eaux  fortan  'uy  alloicnt  ferpen- 

tansparmy  les  deilrrs,  cv  fuiuircnt  les   Ifrae- 
lires  iufques  en  la  terre  de  promiiîion  ainii  les 
duerfitei  &  tribulations  (iuiicnc  les 

iuih  ne  les  laiflcnt  iniques  au  temps  qu'ils 

rent  en  la  vraye  terre  de  promifGqn,  qui 

cic  k 

Les  al        :Ons  que  Dieu  cnuoyc  aux  fî 

Mement  vue  nais  ver^e  iem- 

blci  celle  de  laquelle  eu  :.         lention  en  nf„t% 

i  ,  ■ 

«<  te  différente  de  cell(  i  de, 

qui  abbouriilcnta  la  fleur  ,  mais  qui  ;  nt 

inconrinent  ,  la  où  celle  1  t  '  i- 

;  ur  ,  ic  i 

vci..  -  par- 


47  4  ^°W  k  quatrième  leaJy 

iiculierementlesiuftes  :  &  s'il  arriue  que  quel- 
que-fois Dieu  nous  deliure  de-  nos  afflictions 
&  maladies,  nous  luy  en  deuons  rendre  actions 
\m<iii    de  grâce  ,  neftre  ingrats  de  Tes  biens  faiclis, 
tuâedrf-  comme  ainfifoit  qu'il  n'y  aye  rien  quifoit  tant 
phifarjtc  defplaifant  a  Dieu  que  l'ingratitude  ,  laquelle 
a  Dm.   pour  ce  iiibieâ:  eft  accomparee  aux  nuées,  qui 
par  la  force  &  vertu  du  Soleil  font  efleuées  en 
haut ,  &  d'autant  plus  qu'elles  reçoiuent  de 
plaifir de fes rayons,  plustafchent  elles  d'em- 
pefcher  fa  lumière  &  clarté  :  ainfî  le  mefme  di- 
ray-ie  de  vous  autres  riches  &  puiffans  de  ce 
monde ,  fi  vous  iouy (fez  tout  voftre  faoul  des 
biens  &  des  richeffes,fî  vous  vous  voyez  agran- 
dis &  auancez  aux  honneurs  &  dignitez ,  pen-r 
fez  que  c'eft  le  diuin  foleil  qui  vous  y  a  efleuez, 
mais  au  lieu  de  l'en  remercier,  vous  empefchés 
fes  rayons  diuins  ,  &  que  fa  grâce  ne  luife  fur 
l'hemifphere  de  voftre  ame  par  le  noir  de  vos 
péchez  ,  &  par  ainfî  quelle  merueille  fî  Dieu 
fouuentes-fois  fe  courrouce  contre  telles  per- 
fonnes  ingrates  ,  lefquellestariflent  l'eau  de  fa 
mifericorde. 
lAlbertus      Albert  le  grand  dit  que  tel  eft  le  naturel  du 
Tûapnui,  Daulphin  ,  qu'il  ayme  les  hommes  naturelle- 
ment plus  que  tous  les  autres  animaux  de  la 
terre  ,  il  eft  fort  amoureux  de  fa  perfonne,de 
forte  que  fouuentefois  il  eft  arriue  que  plufîeurs 
ont  efté  fauuez  par  les  DaulpHns ,  ainfî  que 
racontent  les  Poètes  &  Hiftoriens  :  mais  die 
Albert   que    quand   le  Daulphin  trouue  vn 
homme  mort  &  noyé  dans  les  eaux  de  la  mer, 
qui  auparauant  auroit  mangé  de  la  chair  de 


àt  Car' [me.  49  \ 

quelque  Daulphin ,  il  le  rompt  &:  dcTchire  en 
plus  de  mile  pièces  ex  morceaiu  ,  corni 
vouloir  dirccictlc  homme;]        1  que  tu  c 
ce  là  ce  q'  e  tu  dois  à  l'amour  que  nous  t. 
tons,  nous         mandons  qu  à  te  fauuer  quand 
CU  es  en  danger  de  mort ,  vx  cep.  :  M  es 

tellement  paru  d'ingr;  barb. 

Entiers  nous  ,  qi  -  aithculu 

cognoiiirc  le  bien  que  nous  te  foulons  ,  &  1  a- 
nnric  que  nous  te  portons ,  tu  nous  tue ,  nous 
lacère  &  nous  déchire  a  belle  der'  oisen 

donc a  pre/ent  la  pareille.  Sicc  Daulphin f; 

cela  a  1  endroit  de  l'homme  qui  auroit  ciré 
ingrat  enuers  luy,  quelle  merueilleû*  ce  Daul- 
phin. non  de  la  mer,  n.  sauucur  du  mon- 
de, le  fils  de  Dieu  ,  qui  nous  a  portez  lur  le  ci- 
afin  de  nous  fauuer ,  c;  deliurer  du  péril  de  la 
mort&  de  Tenter  ,  voyant  que  nous  fomr. 
ingrats  ex  j 

ronce  contre  bunentesfois, 

K  nouschaliie?  Apprenez  t  hreitiens  au- 

iourd  huy  a  l'imitation  de  la  Belle  mère  de 
fainct  Pierre  ,  a  remercier  cv  luy  rendre  i 
de  grâce  lorsque  rou  trouuex  par  luy  de- 

liurez  de  quelque  tribul  OÎffc  ,  afin 

que  d'autant  plus  nous  le  rccogpoiftrpnsSt  rc- 

splus  ,  nousconrere  il  Tes  gnu 
bénéfices,  &:  vu  iour  nous  rende  îouyllansd. 
vie  éternelle.  Amen, 


SERMON     POVR     LE 

QVATRIESME    VENDREDI 
de  Carefme. 

0  mulier ,  fifciresdonumDeu 
I  O  A  N.    4. 

cA-v(p^>fVVX  Nombres  chap.  20.  nous  1U 
^C^À-  ^ons  V6  ^e  PeuP^e  ^lft"ael  fe  trou- 
^Vv^È?^  uant  au  mmeu  ^u  defert  trauaillé 
isl£?X^  &  opprefle  de  foif,s'adreffa  à  Moy- 
A  «'■fi^-dfe  fe  luy  difant:  £>*  W;/>  ^«jw  donnez 
nous  de  l'eau ,  afin  que  nous  puiflions  boire  de 
eftancher  noftre  foif:Moyfe  fe  voyant preffé  de 
demandes  importunes  de  ce  peuple  eut  recours 
a  Dieu,  &  luy  dit  auec  prières  ardentes,  Aftri 
Eomim  tlnjAuras  arjua  vtu* ,  Seigneur  ouurez  les 
threfors  de  l'eau  viue ,  afin  que  ce  peuple  puiffe 
boire.  (  Chreftienne  &  dcuote  artiftance  )  il 
m'eftaduis  qu'au  milieu  de  cefte  quarantaine, 
ie  voy  que  vous  me  dictes  le  mefme  que  le  peu- 
ple d'Ifraël  difoit  à  Moyfe,  Oa  noha  aquw,  ie 
vous  voy  tous  altérez  de  l'eau  viue  de  la  parole 
de  Dicu,&  comme  i'eftois  en  peine  ce  matin  de 
trouucr  vne  fontaine  pour  prendre  de  l'eau  afin 
de  vous  donner  i  boire  ,  i'ay  entendu  noftre 


clt  Cxrt  êpy 

Dieu  qui  rcfpondant  au  peuple  leur  difoir,  Ut 
ad  VttiAin  ._-  mfi  d.ihit  vob'ï  .ti^ss  ,  celte  pierre 
félon  le  dire  de  faiiict  Pau' ,  nfeft  autre  que  no-> 
firc  ttrd4*tmfvâtCbnfiMiyi  .(\& 

pierre  de  laquelle  Torrent  les  ruillcaux  &  ton- 
tain-  B  de  celle  fontai- 
ne, laquelle  il  promettent  ce  matin  donnerais 
Samaritaine,  eau  dégrace*  de  laquelle  le  lainft 
Efpriteltledilfributcur,  caud  lie  âpre- 
fent  nous  aaons  linguliercment  affaire  ,  &  pour 
ce  nous  i  implorerons  fous  la  faneur  de  la 
Vierge  ,  luy  difant:                Auc  Mari*. 


fjm  t.  ne  puis  certainement  que  le  ne 
j^t^I  m  cl  tonne  enrendant  ce  que  dict 
|^[>   celt  i  de  1  Egltfc  latine,  Samct   ,       w, 

\js    Auguftinantrai^  .m,      ^* 

'.quantprineipallement  les  paroles  de  no-     '    *    * 
ttre  EnaogBe  ,  voicy  donc  comme  il  parle,  * 

Mme  ,  dit- il  ,  m:ip:nw  my(tauy  non  wmftnHfàÇétt* 
(atu>  Oit  non  itur.fjfi  f4tt£4tiS)t(ictt. 

i     nefterttail  M  raifonque  celuy  qui  re- 

porte les  latfc^  le  lalle  auiourd  nuy:  maiscé 

qui  me  fait  citonner  ,  c  eit  que  lainct  Auguitin 

rapj  ,\.roles,  Km*  inuptw.t  teyJferM t  fur 

angile  de  ce  unir  :  cft  il  vray  ?  C*efl  donc  icy 
remier  miracle  que  noltrc   Seignei 

i  du  Iciuiteurdu  I 

du  (  enteniern cii-cc  pas  \nnn  m  nts 

qui  ont  ppaile/,  la  mer  qu  i! 

cal  me,  les  es  qui  ont  pris  fin,  ainlique 

bous  m  reuuci'  Samcdy  de  C*. 


aj 8  Tourte qunMefm:  Vendredy 

me  ,  ne  font-ce  pas  de  grandes  merueilles,' 
voire  fi  grandes  qu'vn  chacun  l'adiniroit  &. 
diibit  :    i£*ts  eil  /,/.;,  eut  m.ttt  & omrttet obedtunt î  rfi 
ce  font  merueilles  qui  ont  procède  celuy-cy: 
pourquoy  eft-ce  que  faint  Auguftin  dit  donc, 
i\uvc  wiyiMt  mytt'iu  :  la  guariion  de  la  fille  de 
la  Cananee*  n  eft-ce  pas  merueilles?   Pour- 
quoy diètes  vous  ,  <)  grand  Dodeur  ;  Hmc. 
trjcipium  wjjtertA>  Quoy  la  guanfon  du  Paraly- 
tique qui  demeura  3  8.  ans  aux  proches  de  la 
Piicine  probatique,  n'eftoit-ce  pas  vne  mer- 
ueillequi  auoit  précédé  celle-cy,  &  pourquoy 
donc  dicles  VOUS,    Nuric  tmtfHfMt  myieru  ;   La 
guarifon  de  la  belle  mère  de  faincl  Pierre  n'eft- 
ce  pas  vn  miracle  opéré  auant  eeftuy-cy?  &: 
pourquoy  donc  dicïes  vous  ,  Hun*   waptunt 
mytkru  ?  Efcoutez  la  raifon  de  cecy  :  que  le 
fils  de  Dieu  face  mille  &  mille  miracles ,  ce, 
Mn'ftriï  n'eft  pas  grande  merueille:  car  comme  ce  n'eft 
h  àe  U  pas  grande  merueille  de  voir  que  le  Soleil  ef- 
plusoya.  cl  aire,  &  que  le  feu  efchauffe,  aufti  n'eft-ce  pas 
de  au  fi,  grande  merueille  à  celuy  quieft  tout-puiffant 
de  Dut*   de  faire  des  miracles ,  veu  que  ce  n'eft  non  plus 
efifaU   chofe  naturelle  au  Soleil  d'efclairer,  qu'a  ce- 
fiuude.    luy  qui  eft  tout  puiffant  d'opperer  desmerueil-* 
les ,  &  ainfi  ie  dis  que  tous  les  precedens  mi- 
racles que  le  fils  de  Dieu  a  fai<5ts  ne  font 
grandes  merueilles  eu  efgard  à  fapuufance: 
mais  de  voir  auiourd'huy  que  ce  mefme  fils 
de  Dieu  qui  eft  tout-puiflant  fe  laffe  du  che- 
min* ïrV&atHi  ex  itorre  j   c'eft  le  commence- 
ment des  merueilles  ,    Hune  tnàfam  ïtij/imtê 
C'eft  cefte  merueille  que  recogneut  Moyfe  au 


dt  Carrfrne.  479 

milieu  du  defert  lors  ou  eftant  fur  lecoupeau 

d  rnc  montagne,  il  vid  vn  buiflbn  ardant,  &  le 

feu  qui  citoit  au  milieu,  lequel  ne  confom- 

nioit  les  efpincs,  cv  aloi  tat  cela  de  loing, 

il  dit,  *éd*m  kjt  1  '*,  le        ,    , 

m'approcheray  de  ce  buiflbn ,  &  verray  cette    '  *  **' 

grande  même i île  ,  le  fcay  que  le  feu  luyfant  au 

milieu  des  efpincs   icprcfcntc  le    peuple  de 

Dieu  qui  deuoir  eilre  affligé  au  milieu  du  de- 

ferr  ,  mais  pOUTCC  que   1  i:iM^  que  Dieu  fc 

:      Liuaau milieu  4m  ces  efpincs  brullantes  $  ie 

lamerueillequi  s  accomplit  auiourd'huy, 

uoir  cft  qu  iceluv  fetrouue  cnuironné  des 

clpmes  ,  des  tngoiflès  &  tribulations  entant 

qu  homme  ,  /'/m  .mtitn  jatt^tus  tx  tttmrt  jtdtbut 

tem  i  Qgj  veut  dire  cela,  que  la  mefmc 

puil  .  incline  vertu s'efrre  lallee, 

dire  que  Dieu  a  pris  furfoy  nos  milcrcs,  afiîi- 

îucommoditc/.  il  a  prins  ton; 

infirmité/  fur  foy  ,  excepte  l'ignorance  6c 

\  \à  ee  feu  au  milieu  des  efpincs, 

CU  qui  le  trouue  au  milieu  des  buif- 

fons  des  calamité?  humaines  :  c'eft 

cefte  mcruullc  que  les  Difciplcs  nepeuuenc 

.ndrer  ndre  ,  Ult  *uttm  non  mtelltxe- 

:re  que  celuy  qui  c  fr  impafliblc  fc 

rendu  pal  endu  filbieâ  aux  mile- 

:. relies  (ie  1  homme  ,  c  cft  vue  meiueille 

■  »  tx  um  )tjtdfb4t[icjnprii  ^4 té 
pour  ce  fubi<  MVJ  my/le-  loccit. 

m  9nmt*m  fintlra  fttr.trur  vntm  Dtt  ,  non  frtfhd 

.(fut  nui  Idem 

Lcn  tin  tracrt.  il.  fur  faine*  tr^i    \, 

lean ,  dit  que  nousdciiQns  plus  a  la  lajUcudc  de  ] 


4  S  o  Po«k  /e  quattiefme  Venàreây 

noftre  Seigneur  qu'à  fa  force  &  vertu,  &  pour- 
quoy  ?En  voicy  la  raifon,  homtutlo  ûnftcu  vt 
ivuod  non  erat  effet ,  U\\i!udj  ttuttm  ifnus  pat  vt  nttod 
e>at  non  effet  La  force  de  Dieu  a  donné  l'eftre 
naturel  à  l'homme ,  mais  fa  laflîcude  &  Ton  in- 
firmité lity  a  donné  vn  cftre  furnaturel  &  de 
grâce ,  la  force  de  Dieu  a  faicf  que  ce  qui  n'e- 
itoitpasfut ,  &  fa  lalTitude  afaiéfc  que  ce  qui 
eftoit  n'a  plus  efté,  à  fçauoir  le  péché  d'A- 
dam, qui  par  luy  a  cCtc  exterminé  ,  la  force  de 
Dieu  a  créé  l'homme  ,  &  fafoibleiTela  recréé: 
la  force  de  Dieu  a  faiét  que  le  monde  a  efté  il- 
luminé f  &  la  foiblefle  a  fait  que  ce  petit  mon- 
de de  l'homme  a  efté  intérieurement  efclairé, 
non  de  la  lumière  naturelle  du  monde,  mais 
de  la  cognoiflance  de  Dieu ,  c'eft  ce  que  noftre 
Seigneur    difoit  ce  matin  à  la  Samaritaine, 
O  ma; ter  (i  j  cires  Donum  Du  ,  £r  <J«#  eH  nui  dieu  tibt 
àd  mibi  bibcre  ,  rorfirai  pptifiïS  ab  to  ,  &  âtrùRv  tibi 
dquam  vpum.  C'eft  là  la  force  &  vertu  de  la  foi- 
bleffe de  noftre  Seigneur  en  noftre  endroi&j 
laquelle  nous  aefclaircz  &  illuminez  de  la  lu- 
mière de  fa  diuine  cognoiflance.' 
r*,L    ,      Et  à  la  vérité  il  faut  que  ie  vousdife  que  no- 
*    j        itre  Seirrneur  par  celte  fontaine  d  eau  viue  ,  de 
laquelle  il  promet  donner  a  boire  a  celte  rem- 
/  D    me  Samaritaine  ,  veut  ii  ie  ne  me  trompe ,  par- 
-,  »      I  1er  du  faincl:  Efprit:  ainil  faincl  Athanafe  au 
'  '  Hure  qu'il  a  fait,  Di mtrndtme  ïtrbt  Dt,  &,  en 

I  '•  l'Homclie  $o.  fur  fainfflcan,  fiinctHicrr  f  ne 
tj.J„  ,„furfiincl:  Iean,&  faincl  Au^uftm  trac~t.  v6m 
lo5  Awmr  famftlean,diient  que  ce  (te  fontaine  deau 
Irak  i<5  vulc ne^  autre  clue  'c  ^am(^  Efprit , duquel  le 
wlo.in.  fi^ de  Dieu  donne  auioard'huy  pleine  &  en^ 
. *  £ier<* 


ât  Cartfwt'.  481 

tiefe  cognoiflancc  ,  pour  autant  que  te  monde 
auparauant  en  citent  ignorant  :  &  tout  ainii 
que  lors  qu'il  eftoit  queftion  d  imiter  les  mi- 
racles  que  faifoit  M  la- 

de  Pharaon  imitoient  bien  les  deux  pre- 
miers, mais  ils  manqueront  au  troiiiefme  li- 
gne ,  Deftmmm  m  ttrtio  fat  conrcllcrciic 
que  là  véritablement  citoit  le  de  Dieu, 
Ofàm  Dm  ur  nous  mon/tarer  qu'ils  ne 
pouuoient  cognoiftre  le  fainer  hfprit ,  qui  eft 
appelle  le  doigt  de  Dieu, duquel  la  cognoillan- 
ce  auoit  efté  ûAee  aux  hommes  ,  lors  quapres 
le  pèche  des  hommes  de  la  terre  ,  Dieu  dit,  Non 
pttmjv-bit  frmtui  mttts  in  howtnc  cjuià  cato  esly 
ainliquedict  lai  net  Ambroife  au  liure  qu'il  a 
faiet  :   Oi  éru  Xoe. 

Derechef  en  QgAtii  rcprcfcntariondecccy  t*^W 

nouslifonsau  troiiiefme  hure  de^  Roys  chap.  ::F-Z   • 
qUC  Dieu  s  apparut  vn  îour  au  Prophète 
LC  fut  la  montagne  d  Oreb  ,  mais  com- 
mentree  tuten  guilc    d'vn  petit  WOOtt 

r/ephirdoux  6c  agréable  qui  reprefentoir 
le  lama  Hfprit,  duquel  Hehe  ne  pouuant  auoir 
la  cognoiflancc  ,  pour  ce  ftibicâ  priât  (on 
manteau  cv  s  en  cacha  ex  arhiblala  facc-dc  for- 

que  le  moilde  eftoit  de- 
meure ignorant  de  celle  troiiiefme  perlonnc 
delà  Trinité, iu/ques  en  ce  iourque  le  rils 

^noillanee ,  par  celte  t'on- 
i  vmc,  de  laquelle  il  dû  fait  menti 
I  ;     .mgilc. 

M.i;v  lur  tout  remarquez  icymec  ali- 

gne ;ntoblciuet\  1  li 

H  h 


4  S  2  Vouy  le  qtuuriefme  Venâteây 

eildiâ:  en  ce  chap.  4.  de  S.  Iean,  que  lors  que 
noftrcSeigneur-cômença  às'afleoir  furie  puis 
de  la  fontaine ,  &  qu'il  parla  de  l'eau  viue ,  il 
eftoit  enuiron   l'heure  de  fexe ,  HûY<tautf.maat 
qtuftftxta.  Pour  entendre  quelle  partie  du  iônr 
$elle  oh     eftoit  l'heure  de  fexte,  vous  deuez  fçauoir  qu'a- 
luup  io,   ciennement  &  principalement  entre  les  luifs 
le  iour  artificiel  eftoit  party  &  diutfé  en  cinq 
parties, qu'ils  appelloientheures5c'eft  à  fçauoir 
prime,tierce,  fexte,  none ,  douze  ou  le  vefpre, 
l'heure  déprime  commençoitau  Soleil leuant,< 
&  l'heure  de  douze  ou  le  vefpre  commençoit 
au  Soleil  couchant,l'heure  de  fexte  eftoit  l'heu^ 
re  deMidy  ,  la  tierce  tenoit  le  milieu  entre  la 
prime  &.la  fexte,  &  la  none  entre  la  fexte  &  la 
douze,  au  bout  de  laquelle  commençoit  le  vef-" 
pre  &  les  ténèbres  :  de  forte  donc  que  lors  que 
S.  Iean  dit  que  ,   Itjusautimfatigatus  tx  ttmtyeJtcJc- 
ùdt  [icjupya  \onum  :  bord  autem  eyat  qtttfi  fexta,   c'e* 
ftoit  enuiron  l'heure  de  midy  qu'il  fe  repofoit 
&  catechifoit  la  femme  Samaritaine, &  de  fait 
en  cela  il  y  a  quelque  apparence  que  c'eftoit 
l'heure  de  midy,  attendu  que  lorsqu'il  eftoit  en 
difcoursauec  cefte  femme ,  TEfcriture  fàincle 
tefmoigne  que  les  Apoftres  eftoient  allez  ache- 
ter des  viures  pour  difner ,  Dtjapnlt  nus  abirnwt 
m  atat at an  ,  vt  cibos  etrrtrcnt.   Secondement  re- 
marquez qu'en  toutes  les  parties  du  iour ,  il  n'y 
-en  a  pas  vne  où  l'ombre  foit  moindre  qu'en 
l'heure  de  midy ,  il  y  a  moins  d'ombre  à  midy 
que  deuant  &  après ,  l'ombre  commence  a  So- 
leil leuant ,  paroift fort  grand,  &  toufiours  va 
-en diminuant  iufquesà  midy  ,&  depuis  midj 


clt  CdYtfme]  4%* 

I  à  Soleil  couche  toufioiirs  l'ombre  m 
croulant  :  or  fusdkuons  cecy  en  myftcrc. 

i  tenant  1  Ii.  l  de  iv  meur  Belle  J$~ 

nbrê  n'eftoitpasen  fon  midy,il  cftoitgrâdj  chine. 
tfespai  s,  pou 

que,  Otmtié  r.  h  u<ts  uxtwçjtbéM  J.a  nature  hu- 
maine deihoit  que  c'elt  ombre  arriuafti  Ion 
midy  ,  afin  qu'il  difp<  :<:  quelle  lut  dauan- 

.  illuminée  de  Li  ànec  Je  ce  clair 

,1  ,ie  dis  de  ce  très-haut  &  tre 
itère  tic  la  Trinité-  ,  de  fort,  dreflânt 

uelleluy  dcmadoit  quand  elle  auroir  celle 

or  8i  ce  crédit  grand  de  le  pofant  c  ri 

fon  midy  ,  Vin  CtAéU  m  mtèiâm    :  t  pus  que 

iel  fe  fut  incarne 
:  nomme, &  que  le  diuin Soleil  de  initi- 
ée cil  paruemi  au  midy  de  la  e 

alors  il  nous  a  inftruits  8e  apprins  la 

vérité  ,  que  nous  ne  polluions  i  Purement 

toc  au  trauers des  ontbres  &  i  de 

c  ienne  loy  :  de  forte  qu'après  auoir  fait  m- 

•  hommes  la  qualité  de  la  | 
bconde  perfoone  de  la  Trinité,  uiiourd  huy 
il  nous  apprend  lanaturc  &  qualité  de  latn 
;  >ir  du  S.  Kiprit,.  la 

eau  \  nie.  Premièrement  donc  ie  dis 
que  par  ceev  nous  cil  fort  bien  représentée  la  KM 
turc  du  s.r.fpnr,  &  qu'il  cil  vray  Dici  étSm 

qu'il  eu  appelle  eau  riucqu  il  fbit 

le  prenne  par  le  te  In, 

naocAnaniasdei  ffl* 

(oit  :  irnmtnntÊi  es  y  >?non>  h>  <j» 

Citkfn  ho/m  ,ilmi    ft.i  OtO 

ii 


4  8  4  Tour  le  quatritfme  Venheây 

Secondement  ie  dis  que  Dieu  eft  fort  bien 
représenté  par  l'eau  viue,ainfi  il  eft  appelle  fon- 
taine des  eaux  viuespar  le  Prophète  Royal  Da- 
llid  ,  difant  :  Sinnit  anima  mta  ad  te  Ueitm  vmum 
fgnttm aquaru m  ,  Pourquoy  cela?  c'eft  pour  au- 
tant que  Dieu  eft  vie  en  foy,  &  qu'il  donne  vie 
à  toute  creature,pour  ce  fudiecl  fortiuftement 
il  eft  appelle  eau  de  vie,  &  fontaine  de  vie, puis 
qu'iceluy  eft  la  fource  de  toute  vie  :  c'eft  vne 
fontaine  de  vie,pource  qu'il  conferue  &  entre- 
tient en  nous  la  vie  qu'il  nous  a  donnée,  Inipfo 
vint  nus  mourtnr  c<r  jumns ,  c'eft  luy  qui  eft  la  vie 
de  tout  ce  qui  eft  créé  &  produit,  quod  fatïum 

1  -     Dieu  eft,  à  proprement  parler  appelle  eau  de 

^  ï ,,!    vie,en  comparaifon  de  toutes  les  créatures  qui 
appelle      r    '        .      *  , 

1  iont  véritablement  eaux, non  de  vie,  mais  eaux 

eau  vtue^  _..      „   ,  1  -,  r      •  i- 

.      3  mortes ,  fluides  &  labiles ,  telmoing  ce  que  di- 

foit  Dauid ,  Ecce  nos  peut  aqua  àiUhimur  :   toutes 
créatures  .  J     n     * 

les  créatures  peuuent  eltre  appellees  eaux  mor- 
tes  pour  autant  que  11  nous  les  comparons  auec 
Dieu  qui  eft  fontaine  de  vie,  elles  font  comme 
fi  elles  n'efeoient  point ,  Omms  creatuva  Unqnain 
mbilumante  te.  Que  fi  les  Aftrologues  difent  que 
la  terre  en  comparaifon  du  Ciel,  n'eft  fiiiofr] 
qu'vn  point  bien  petit ,  qui  trouuera  effrange* 
Ç\  ic  dis  que  l'homme  au  refpeâ:  de  Dieu  n'eft 
rien,puis  que  c'eft  peudechofe,  voire  prefque 
rien  au  refpeâ:  de  la  terre, terre  neantmoins  qui 
n'eft  rien  en  côparaifon  de  la  grâdeur  de  Dieu, 
Il  eft  bien  vray  que  fi  nous  côfiderions  l'hom- 
me entre  les  créatures,  les  Philofophes  difent 
qu'il  a  vne  parcelle  de  l'eftre  furnaturel,fçauoir\ 


Je  Cdrcpne.  48 j 

rime  raifonnable , Qu*  dtfwihédgem  1  ainfi  1 
ditAriftote  ;  nuis  quoy qu'ils  difepc  ,  iici 
pourtantque  le  ne  redi  1  de  dire  ,  &  auee 

venté  ,  que  nous  auOQS  plus  de  nolh\  que 

nonpas  d'cilre  :  voilapourquoyaraiio. 
çy  ie  disque  véritablement  lesereatures  en 
paraifonde  Dieu  (b  ,  ma    eaux  mor 

fluides,  cV:  aiftt  uir. 

Difons  encore  que  le  .:iires  font  eaux 

mortes,  pource  qu  c  .i  mort: 

par  exemple,  preiu  lodeun 

voluptez  de  ee  monde  ,  prenez  moy  les  rie;. 
fes  de  la  terre ,  vous  trouuerez  que  ,  tmn  dmes 
aut  iniqum  nly  a.tt  wtqnibtrts:  &   de  fait 
Auguftin  dit  que  les  licelîes  font ,  M*m  1 0 u  w 
tjHj: uns 9  ainfi  I  ellcnoftreS  ur,  >.i  u 

Voua  amr.Q*  de  OMJlNfM ■:.tinr\vitjtu%  e'eit  a  dire,  : 

amis  des  richefles  que  t< 
dez  ,  &  dit  encore  le  mefmeS.  Auguftin,  que 

celuy  qui  abonde  en  richefiès  de  m  i 

c\uiZïy<]Himhoc  aljHrKLtinnjui  je  ,  aut&Ot  cii  pour- 
rions nous  dire  des  j^rar.  digDÎjSzd 
terre,  de  lorte  que  nous  Lie  tout 
cfK                               iofe  qu  eau  morte  1 
caule  la  mort,  linoi:             ireno, 
briete  &  diferetion  requile  ,  la  OU  1  ):eu  au  ref- 

de  l'homme  &  des  auti 
eau  viue  ,  &  lingulierement  ie  dis  qu  entre 
trois diuin  de  la  Trin 

prit  peut  élire  £  proprement  pal  l< 
de  vic,Pourcc(]uec  cltpar  Ion  ■  jus 

siultii,  Q  le tliitributeur  < 

fUuines ,  grâce  vraye  eau  de  fo 

11; 


xfi6  Tour  k  tjUJtriefme  Vwdredy 

qu'en  iceîuy  eft  proprement  appelle  fontaine 
d'eau  de  vie  ,  fons  aquœ  vit* 
Les  Naturaliftes  font  eftat  des  eaux  d'vn  cer- 
Lac  nier-  tain  lac ,  ou  d'vne  certaine  fontaine  appellee 
uulkux,  Afphalte,dont  les  eaux  font  de  telle  nature  de 
qualité,que  fi  dedans  icelles  on  y  iette  vn  chien 
à  demy  mort ,  auflî  toft  reuient  en  vie  ;  Chré- 
tiens ,  nous  fommes  à  demy  morts  quand 
nous  fommes  en  l'eftat  du  péché ,  nous  fom- 
mes plus  morts  que  vifs  ,  tefmoing  ce  beau 
prototype  du  pécheur  ,  duquel  parle  faincl: 
lean ,  lequel  defeendant  de  Hierufalem  en  Ie- 
rico  eftoit  tombé  entre  les  mains  des  volleurs, 
qui  après  luy  auoir  donné  mille  coups  ,  &  luy 
auoir  fait  mille  play  es  ,  l'auoient  laiflé  à  demy 
mort  gifant  fur  le  fable:belle  reprefentation  du 
pécheur ,  &  de  la  mifere  où  il  eft  pendât  fon  pé- 
ché, lequel  eft  plus  mort  que  vif,  eftanten  ceffc 
eftat ,  mais  venant  à  eftre  trempé  dans  les  eaux 
viues  de  la  grâce  ,  eaux  du  S.  Efprit,reuit  d'vne 
viediuine  &  furnaturelle. 

Dieu  par  la  bouche  de  fon  Prophète  Efaye  fe 
k/*J*.  plaignoit  vn  iour  de  fon  peuple  ,  difant  qu'il 
auoit  commis  deux  griefues  offences,  &  qu'el- 
les? les  voicy  :  Duo  mata fecftfvoùulusmtm ,  medere- 
liqwYurit  font  an  aquœ  yiiï*  ,  çr  quafiernnt  fibi  àfier- 
ras  dtftip.it(t$  quœ  aquai  çorittneye  non  valent  Us 
m'ont  delaiffé  moy  qui  fuis  la  fontaine  d'eau 
viue  ,  &  ont  choifi  des  citernes  toutes  roirn 
pues  ,  toutes  feiches  &  taries,  c'eft  à  dire  ils 
m'ont  quitté  pour  aller  &  courir  après  la  va- 
nité ,  c'eft  la  mifere  du  pcfcheur  qui  fort  de  la 
grâce  de  fon  Dieu3&  s'en  va  au  péché ,  il  quitço 


âeCart[mi.  4S7 

Vcam'iuc  de  fa  iuftificationquieftle  S.  Efpric 
ex  demeure  croupiffant  en  fon  péché  auprès 

vanité/  de  la  terre. 

Entroiiîefine,non  feulement  le  !.  ît  Le  S.Ef- 

cil  appelle  eau   viue  ,  mais    j  .ne   don-  prit     e(l 

nce  p  ce  qu'a  fort  bien  fignific  le  fils  de  Dieu  tfftilt 

parlant  a  la  Samant.:  don- 

I  Utl  (S  tum  tfi  OU!  àt'.lf  ni .  1  bibtrtytu   or.ne        Je 

fuAi  p>fi(st\  db  coy'jr  dedifîtt  nln  .tqn  "/»  vtk.tm.    Belle  Dr. t(. 
propriété  £  qualité  delà  troilîcfmc  perio 
de  laTrinité  ,  il  efi  \  ray  le  fainct  hipnt  cil  vue 
eau  viue  ,  mais  eau  qui  le  donne  ,  ïtjctrtsdi 

t  tfi  vu  don  de  Dieu  ,  que  1  appelle 

lill",   Oonutn  biidtijun  jj .  (    tft  ctlQfe  C( 

ne  qu'entre  les  diuip.es  perfbpne*  le  pi 
peut  cflre  donné  ,  pour  autant  qu'il  QepTQCf 
d  aueune  autre   ;  ne  que  de  lu)  meli 

partant  ne  peut  eftrc  donne  par  vn  aiu 
pour  Lileeonde  perlonne.K  lcfil&»ilp< 

cllrc  donne  par  ie  père  ,   teiii 
de  h  e,  tumiémmtHmb  [*ar.  3. 

.:>.  3.  (je    Deu<  diltxit   tmn-lum  yi  n<m 

m  djun     \  on  donc  que  le  t'!* 

don  mrlatroilielme  p.rlonne,  .le 

faiiKt  Eiprit,  &  fe  donne audi  par  les  de;:-,  au- 

tresjfeauoir  cil  p.ir  le  père  &  par  le  fils. 

Ma^s  îUitqucltiondc  parler  pli  remet 

irtieulierement  ,  le  fils  n  I  la 

faiii  : ute  ,  m  us  bien  eel.it lt  propre  *U 

|       -îtd  cttrcdonncA  pOUTqUO)  I 

cy  laraÛbnqui  efi  tresbelle,  pourlaquell 

lu  [\étOmmm  Dtt  don  u. 

ne  que  L'amour  cft  eU 

11 


4  S  8  Vour  le  qtuttiefme  VcnJredy 

toutes  les  partions  qui  font  en  nous ,  le  premier 
reiîbrt  de  nos  partions  c'eft  l'amour ,  car  par 
exemple  fîi'ay  haine  contre  quelqu'vn  ,  c'eft  à 
caufe  qu'il  m'empefche  la  iouyflance  du  bien 
que  i'ayme  :  fii'ay  crainte  ç'eft  de  peur  de  n'a- 
uoir  le  bien  que  i'ayme  &  defire  :  de  façon  que 
toutes  les  partions  de  l'homme  procèdent  de 
r amour ,  c'eft  comme  le  premier  qui  donne  le 
branle  à  toutes  les  autres,  &traifne  tout  après 
foy ,  &  tel  qu'eft  noftre  amour ,  telles  font  nos 
partions  :  &  non  feulement  pour  les  chofes  in- 
ternes ,  l'amour  eft  le  principe  des  partions, 
mais  encore  pour  les  externes ,  c'eft  cet  amour 
qui  eft  le  premier  donné  ,  c'eft  luy  qui  nous 
donne  a  autruy ,  &  nous  porte  en  la  perfonne 
que  nous  aymons  &  en  la  chofe  aymee ,  *Amot 
meus  pondus  mium  ,  i(lo  ftror  quocumque  feror  9  di- 
Bernard,  fbit  S.  Bernard  :  de  l'amour  partent  tous  les 
rayons  de  grâces ,  &  de  prefents  que  nous  don- 
nons à  celuy  que  nous  aymons  :  de  façon  donc 
qu'il  n'y  a  que  l'amour  qui  foit  vn  don  propre 
&  particulier ,  tout  le  refte  que  nous  auons  &. 
que  nous  donnôs  ne  peut  pas  eftre  appelle  don, 
car  pour  eftre  don, il  faut  qu'il  ne  foit  deu ,  mais 
tous  les  prefents  font  deuz  à  l'amour,  &  partant 
le  refte  que  nous  auons  ne  peut  eftre  donné  ny 
appelle  don  ny  prefent ,  &  partant  il  ny  a  que 
l'amour  en  faueur  duquel  nous  donnons  toutes 
chofes  ,  &  pource  c'eft  luy  qui  eft  le  premier 
don ,  &  qui  peut  eftre  à  proprement  parler,  ap- 
pelle le  premier  don  de  l'homme. 

Puis  donc  que  c'eft  l'amour  qui  eft  le  premier 
don  3  &  que  le  S.  Efprit  es  diuines  perfonnes 


procède  du  père  &  du  fils ,  par  voyc  or, 

&qui  pour ll  u:ict  eft  s  irdu  p^ 

eftdonclu  Liunea 

pen  appelle  ir  le  premier 

don  de  Dieu,  c  Vit  l'eau  vu.  boni* 

i  pour  Les  iuitirie; 
Celuy  qui  par  .droir,e'e(t  le  ril- 

l  coude  perfonnede  la  1  rinité  ,  qui  p. 
foy  en  trou  ic  fine  pcrlbnne  ,  &  dir  ,  tibi 

*qujmv:uam  ,  pour  monltrcr  la  vente  route  clai- 
re ex  manifeite  ,  que  le  S.  Lfprit  procède  non 
feulement  du  |  mais  encore  du  fils  ;  c'eft 

luyqui  apuillancc  &pouuoirdc  le  donner 
enuoycr  :auflî  vne  aune  bis  parlant  a  Tes  Apo-  h*»*  lf\ 
{1res  il  leurdi/bir  LU  chap.  i;.  G  ■  4M 

ttm  Ttmeiit  pjraclrtHS  f    qu  m  e^o  mut  tmvcùtsï  çMtt    ReUê 
I       là  infère  vne  belle  !  -,  fçauoir  eft  TW*- 

que  puis  que  le  lainet  1. fir.it  ett  proprement  £'*• 
donné^que  i  enfuit-il  de  bâ?  lice  n  cft  que  com- 
me lachofccb  a  qui  elle 

lia  iulhrication  de 

|*ail  iiuin  nous eft  pro  puisqu'il 

:doniK  'le,  ainii  que  dit  l*  Apoilre, 

Cbjutjs  Uttdijjuf.t  t\l  m  Cm  r.orlns  per  ftintum 

fdnfhmfjtt  rfaft/t  efi  >oh$f 

i  quatrfe  fine  lieu  ceftcfciu  de  vie  du  S.  Et 
pritj'e  i  raoe ,  eft  différente  i 

eaux  de  Literie;  &  priiu  i  paiement  de  l'eau  du 

puits  profond  ;  delaqcu         irloit  la  Samai 
raine  i  noftre  Seigneur ,  d  px 

ç  ,  &  phtem   .tltu*  eiï  ,    vide  etfo  h, 

mpu* y**** i Oeftott  \\\\^  >fond,  duquel 

onpouuoic  m  ex  puifer  1  ca 


49  o  ^0UY  ^  quatriefwe  VenJncly    x 

mais  s'il  faut  parler  de  cefte  eau  de  grâce  du 
fain&Efpnt ,  il  ne  la  faut  puifer  ny  tirer  :  ains 
feulement  la  faut  demander  ,  &  auflitoftelle 
nous  fera  donnée  :  ôricheffes,  vous  efteseaux, 
mais  eaux  renfermées  dans  vn  puits  profond, 
duquel  vous  ne  pouuez  eftre  puifez  ,  li  ce  n'eft 
à  force  de  bras ,  ô  ambitieux  de  ce  temps  ren^ 
trez  vn  peu  en  vous  mefmes  &  voyez   corn-; 
bien  il  vous  faut  valleter  &  faire  des  chiens 
couchans ,  pour  paruenir  aux  dignitez  &  gran-* 
(leurs  que  vous  pourfuiuez  auec  tant  d'ardeur 
&  de  cœur  ;  ce  font  eaux  renfermées  dans  vn 
puits  profond,  &  partaut  c'eft  à  force  de  bras 
&  de  nerfs  qu'elle  fe  veulent  puifer  ,  il  eft  im- 
poiïiblede  lesauoir  fans  trauail  &  fans  peine: 
c'eftàlafueurde  noftre  corps  que  nous  acqué- 
rons les  biens  de  cefte  vie  ,  e'eft  en  quoy  nous 
auons  efté  condamnez  par  la  bouche  de  Dieu 
Cenef  3 .  mefme  au  Genefe  ? .  difant  à  Adam  ,  in  [udon 
yultiis  fui  vtfceris  pane  tuo  ilafiati  fumus  t»  via  fmq*tt*ttsy 
ambuUuimu*  via<  difficiles ,  difoit  Dauid ,  &  le  tout 
pour  acquérir  les  biens  &  richefTes  de  cefte  vie 
prefente.  Voila  ppurquoy  cefte  éternelle  far 
pience  parlant  des  richefles  les  accomparoit 
aux  efpines,&  non  fans  fuiet;car  véritablement 
lesefpinesnepiqtfent  nyne  font  tant  endurer 
aux  hommes  de  douleurs ,  que  les  richefles  font 
à  les  maintenir  ;  c'eft:  là  ce  puits  pro'fond  pour 
duquel  pui  fer  &  tirer  l'eau ,  il  faut  la  corde ,  te 
trauail  &  l'induftrie. 

Mais  s'il  faut  parler  de  cefte  eau  viue  de  la 
grâce, il  ne  faut  ny  fceauny  corde ,  ny  mainny 
force  de  bras ,  pource  qu'elle  n'eft  renfermée 


dans  vn  puis  profond ,  mais  f<         en*  ii  i. 

la  d.n..  :  ,  qui  1  .au 

viue  a  nous  donnée,  qi         ousnous  enren- 
i  eft  vn  don  de  Dieu,  qui  -ne 

ent,  pour  autant  que  nous  1  dil- 

uons atquern  \  ar  nos  ;         rs  :  Il  a  ny 

point  <..e  peine  ny  1 
coi{  lu,  pourec  que  roue 

cela  nefert  de  rien-,  feulement  la  tant  deman- 
der |  :nr  pour  1  anoir. 
i  de  la  El  feriture,  pour  nous 
faire                   toiftre  cccy:il  eft  rire 
5  s .  1                  t  Prophète  militant  \  d  chacun  .  /       . 
à  boire            leauxe  :oirainii,     maa 
\tti  \irntc  ad  .iquas  y  <&  n-n  wmbémtn  «r/fOtfftM 
proptratt  weeum  q,    mùtê'ffM    .   Y   Prophète  que  gJU  JLJ 
dit*                 (jus  dires  que  l'on  achepte  gratin-  ^ 
terne  nt  cette  eau ,  vn  l'hilofophc  fc  moqueroit 
de  c         atiocin                   <  »it  qu  il  y  auroic 
de  l 'implication  :  car  .s'il  raut  achepte  r  celte 
,  comment  eft~dle  gratuite,  que  ii  elle  cfl 
gratuite,                   faut-il achçpter.  s.Am- 

I      :1e  ib  u  7;  rend  railbn  il  '    ^°[. 

dit  que  celte  eau.  ptCC,  non  par  nous  il>  àtit. 

mais  bien  .  nu  au  monde  e!-^/'.?. 

panchc  eft  gratuite  tou- 

fois,  d  autan:  c  n'-.lr  pas  par  n   s  me- 

ous  cl   1  ,  niais  bien  de  la 

pure  volonté  cv  libéralité  de  1  ■■•"*  *'- 

0  -  '  :'tnto%  dl 

.  &  quel  prix? 

la  l  (t.  1  . 

MM  Vfi/M  cei.t.uj  *ttcri(  [>..:  w, 


a  y  i  Tcur  le  qrtxtrtrfmt  Vendrecly 

ftd  ùf£tiofo  fdngmne  quafi  4^m  tmnaculatt  Cbrifti  & 

montamm.tù.  Et  ainfi  difant  le  Prophète  Efaye 
Hrmte  gratis»  Que  nous  achetions  cefte  eau  gra- 
tuitement ;  c'eft  pour  nous  apprendre  que  ca 
n'eft  auec  le  fçeau  ny  auec  la  corde ,  c'efta  dire, 
par  nos  mérites  que  nous  acquerôs  la  grâce,  car 
c'eft  vne  eau ,  qui  n'a  fa  fource  en  terre ,  mais 
bien  au  ciel  :  &  pource  il  n'eft  befoin  de  corde 
ny  de  mérites, feulement  la  faut  demander  aueç 
prières  pour  l'auoir. 
ta  Trace     Lifant  la fain&e  Efcriture,ie  trouue  que  cefte 
apptllêe    eau  ^e  *a  grace  y  eau  VU-1C  du  &  Efptit ,  eft  ap- 
eau     en  Pillée  quelque  fois  torrét,comme  par  exemple 
l'Efcri     auliuredelob  ,  ou  il  dit  ainfi  ,  Dabitpro  terra  fi- 
ture    {?  lictm^  &  fro  filtce  torrentes  aureos  :  tontnte  voluptatis 
powquoy  Potabv*  *°s  y  dit  ailleurs  la  fainde  Efcriture  :  & 
pourquoy  eft-ce  qu'elle  appelle  pluftoft  cefte 
eau  viue  du  S.  Efprit  torrent ,  que  non  pas  ri-, 
uiere  ou  fleuue  ?  en  voicy  la raifon  ?  Les  fleuues 
&  riuieres  procèdent  de  la  terre  ,  &  coulent 
perpétuellement  :  mais  les  torrens  ils  tirent  leur 
fource  &  origine  d'enhaut ,  c'eft  à  fçauoir  des 
eaux  pluuiales  &  parla  neige.  Or  fus  pour  ce 
qui  eft  des  grandeurs  &  richefïes  de  ce  monde, 
ie  disque  ce  font  fleuues  &  riuieres  qui  fortent 
de  terre  &  rentrent  en  terre ,  mais  les  eaux  de 
grâce  du  S.  Efprit,  font  torrens,d' autant  qu'el- 
les prennent  leur  origine  du  ciel  &  n'aboutif- 
fent  qu'au  ciel  :  D*bts  pro  terra  filicem  &r  pro  phee 
tov  mes  omets.  Il  m'eft  aduis ,  fi  te  ne  me  trompe, 
que  Tob  fait  illufion  à  ce  que  les  Poètes  racon- 
tent du  fleuue  de  Paétol  ,  dont  les  fables  &. 
grauiers  font  d'or  ;  ce  font  fables  eue  cela: 


ât  Cdr'fme.  ^p; 

Maisiediray  hardiment  &:  aucc  toute  vente, 
que  les  torrens  d  eau  viuc  du  S.  Lfprit,  font 
torrens  ei  or  ,  qui  rendét  dorez  tous  eeux  qui 
le  iettent dedans  :qu'amh ne foit,  efeoutez  \u 

:  ce  que  dit  Damd  parlant  de  l'ame  iîdele, 
qui eft  en  grâce  xi  >u  ;c'dt.  auPUl.  44.  p, . 

\oicy  comme  il  parle  ,  Ashtit  rtgàmà  dtxms  V,f«44 
tuts  m  veshtu  de  amato  ,  circumddt*  vjrtffatc  :  ht 
tout  ainii  comme  vous  voyez  que  celuy  qui 
trempe  le  bout  de  l'on  doigt  dans  l'or  tondu, 
le  retire  tout  doré  :  ainii  eit-il  de  lame  heicle 
qui  fe  bac  dans  ccfte  eau  \iue  du  S.  hlprit ,  Se 
dans  cefte  eau  de  grâce ,  elle  en  fera  toute  do- 

,  toute  remplie  de  vertus  &  de  mérites, 
tt  pour  monitrer  encore  comme  cefte  eau 

>,  hi'prit  ne  prend  fource  &  origine  qu'au 
ciel  &  non  en  terre  ,  pour  ce  fubiet  remar- 
quez qu'vne  autrefois  la  la:  triture  l'ap- 
|        rofo       '  tAi  On                    diioit  lia.; 
I   .ob:&  vnc  autre  foisplo)  c  ,   llnnum  volwt*-  ¥f4f 
rum  fe  irr^abit  Dtm  b.trcaujti  ja* ,  diloitDauid 
auPfal.   r.-.  pluye  volontaire  eue  cl 
du  fainct  Efprit,   pour  autantqu'ellc  nous  eft 
liberallement  donnée  ,  cV  ce  par  la  prière  Icule- 
-  grâce, o  pluye  :  ne  fc_aucz  vous  pas  (jue 
la  pluye  s  engendre  d          ;^eurs  cV  exhalations  prj(rtf 
qui  font  attirées  de  laterreen  1  air  par  la  force  jei  )Kmm 
&  vertu  de               do  Soleil  \  ainfi  LC  dis  que  les  ms  Mp_ 
prieresdes  hommes  font  les  exhalations  de  la  pt\\ttitx 
terre,  oui  fontatti:           ;  haut  parla  force  &  hdUngns 
▼ertu  du  Soleil ,  le    dis  par  ..r  c\  par  la  rfre(htj 
laquelle  faitmonter  nos  vetux  &  nos  0.  pctf7l 
oraifons  iufqucs  au   tribunal  de  U  diuiue  „UOj 


4  9  4  Vohy  le  qUAtrkfiM  Venàreày 

Maiefté ,  où  eftans  elles  fe  changent  inconti- 
nent en pluye  de  grâce,  qui  eft  cefte  eau  viue 
qui  nous  eft  donnée  d'enhaut  :  aufll  pour  vn 
myftere  grâdil  eft  dit  en  noftre  Euangile ,  que 
cefte  fontaine  ou  ce  puits  (  de  l'eau  duquel 
noftre  Seigneur  demâdoit  pour  boire  à  la  Sa- 
maritaine) eftoit  celuy  que  lacob  donna  à  les 
enfans  :  N.unqnid  (  difoit  cefte  femme  au  fils  de 
Dieu  (  tu  mxxoY  es  pâtre  no[\YO  iacoh  y    qui  àtdit  nohts 
fmttmn^  jr  tpjt  ex  tobbit^  ^rfi'tt  eim  ,  &  pecor.t  eiust 
L'Hiftoire  du  Genefe  porte  que  le  grand  Pa- 
triarche lacob,  donnant  la  part  &  portion  de 
•Tes  terres  &  héritages  à  Tes  enfans,  donna  entre 
autres  chofes  à  fon  fils  Iofeph  ce  champ  icy* 
auprès  de  la  ville  de'Samarie,  où  eftoit  cefte 
fontaine ,  qui  pour  ce  fubiet  fut  appellee  de  là 
en  auant  fontaine  de  lacob  ,   &  luy  dit  ces 
paroles ,   ûottbtpmem  v»am  extra  fratyes  tnos  qu  <m 
tu'un  ^Uiiogr  arc»  ma,  le  te  donne  par  demis 
tes  frères  cefte  portion  de  cefte  partie  de  terre* 
que  i'ay  gaignee  &  acquife  par  la  force  de  mon 
glaiue  &  de  mon  arc  :  mais  voicy  la  où  nous 
auons  ,    la  ^Udio  &arcu  meo.  La  Paraphrafe 
Oialdaïque  porte,  Quamtnh  pYece  fywàionr.  Il 
acquit  cefte  pièce  déterre  où  eftoit  cefte  fon- 
taine par  la  prière  &  par  l'oraifon   eft-il  vray 
c'eft  donc  vn  myftere  grand  qui  nous  eft  icy 
reprefenté;  pour  dire  que  c'eft  par  la  prière  & 
par  l'oraifon  que  nous  acquérons  l'eau  viue 
de  la  grâce  du  faind  Efprit. 

Audi  en  figure  &  reprefentation  de  cecy 
mcfme  ;  le  peuple  d'ifraël  fe  trouuant  audefer* 
Accablé  de  foif,  s'adrefta  à  Moyfedifant,  D,t 


àt  CitYtf)»'.  4çj 

nohis  jqujtm  Moyfc  prie  Dieu  pour  luy  i  ce 
qu  il  plant  a  (ù.  diurne  Maicltc  de  leur  pour- 
voir de  quelque  fontaine  pour  boire  ,  Dieu 
refpondit  eu  celle  forte  j   Lêqmmèméui ptttjm,  ey 

.tqujtn  i  quelle  eft  ce  fie  pj 
laquelle  il  faut  parler  ;  pei:  XU  que  ce  tue 

a  v  n  rocher  infen  ad  il  cil  la  fait  men- 

tion? non  non  ,  cecj  eftott  figure  >  cette  pier- 
re n'eftoit  autre  que  le  fils  de  Dieu  ,  Tetra*  au- 
tan trM  Lhrnius%  c'ett  luy  qu'il  faut  prier,  c'cfl 
en  fon  nom  qu'il  faut  demander  celte  eau  \  : 

.liant  pue,  fera  diitillcr  fur  la  terre  de  nos 
âmes  la  precieule  liqueur  de  la  grâce,  grâce 
eau  du  s.  Elprit,  laquelle  nous  fera  produire 
en  ce  monde  dcsiuiurcs  dignes  de  la  vie  etcç- 
nelle,  Qm  Muni  tx  équé  qmém  cm  à.tbo  n  ,  fit  m 

tn  fo»i   .iqff  fali'Hfts  m  vit.un  .ttnn.tm     C'eft   la   \\ 

•  mette  que  le  fils  de  Dieu  nousfaict,  difant 
que  fi  nous  mefprifons  les  eaux  limonneufes 

indeurs,  richeflès  &  dignité/  de  cette 

Me  ,  pour  boire  de  cette  eau  viue  du  s.  1  prir> 
en  nOQ  niera  vue  fontaine  de  grâce,  qui 

nOUS fera  reiallir  iufquc,  a  la  vie  éternelle,  à 
laquelle  nous  conduite  le  Père,  lclils&  le 
Sainct  Lfprit ,  Ainii  foit-il, 


Al6 


SERMON     POVR      LE 

QVATRIESME     DIMANCHE 
de  Carelme. 

rJihi\t  leftés  trdns  vure  GaJilea  qtwd  eft  TyberuMs  (p 
{(cmtb.-itur  tum  multttudo  magna.    Ioan.  6. 

N  iour  celle  queftion  fut  difputée 
jsn  la  prefence  de  ce  grand  conque- 
i  rant  de  l'vniuers  Alexandre  le  grand, 
àfçauoir  laquelle  de  toutes  les  cho- 
fes  du  inonde  eftoit  la  plus  neceffaire  à  la  vie 
des  hommes,  &  au  cas  qu'il  arriuaft  que  l'hom- 
me fuft  priué  de  quelqu'vne  ,  laquelle  le  tra- 
uailleroit  dauantage  :  Sur  cecy  plufieurs  furet 
ouys,&  fur  ce  fuiet  phifieurs  aduis  furent  don- 
nez. Finalement  fut  conclud&  arrefté  que  la 
foif  eftoit  vne  ckofe  la  plus  infupportable  & 
fafcheufc  du  monde.  Et  combien  que  cela 
foit ,  fi  eft-ce  toute-fois  que  ie  dis;  que  de  tou- 
tes les  choies  requifesàla  vie  humaine  le  pain 
eft  le  plus  neceffaire  pour  l'entretien  de  l'hom- 
me que  non  pas  le  boire ,  l'expérience  mefme 
nous  enfeigne  cecy ,  &  nous  fai<5t  voeir  que 
plufieurs  armées  entières  ont  efté  domptées 
&  furmontées  par  la  faim.  Si  aux  chofes  tem- 
porelles le  pain  matériel  eft  requis  pour  l'en- 
tretien 


de   Catffmel  497 

rrct  la  \  ic  corporelle  |  aux  fpirituelles  le 

pain  ipirirucl  n'eit  pis  moins  m  -re:  voila 
pourquoy  la  fapience  etcrnelk  ayant  Vendre- 
ày  dernier  pourueu  É  te  qui  cttoit  de  la  foit* 
de  lame,  auiourdhuy  elle  pouruoità  la  faim. 
Nous  verrions  ceey  plus  au  long  au  déduit  de 
ce  prefent  difcouis ,  refte  auant  toutes  chofeS 
que  nous  laluons  la  Vierge,  difans,  A»t  iïiéau. 


•y  Nciennement,  au  rapport  d'Alciat 

en  Tes  emblcfmes,  on  depeignoit  Wwi 
•M  l'amour    d  vue  façon   cltrangc   &  *'    ''*". 
merueilleufe  j  ils  luy  mertoient  en  ww> 
l'vnede  fes  mains  vn  bouquet  de  rieurs  ,  aucc 
vnc  gerbe  de  bled,  ik  en  l'autre  vn  poiilbn, 
dont  Aleiat  donnant  raifon  ,  dit  que  c'cftoit 
pour  monfrrer  fapuiilance  ,  non  feulement  fur 
la  terre,  mais  encorfur  la  mer,  voiev  fes  mots. 
Klttfj.  ,  jtd  mtnuum  jUrti £:»/r  (  Mttr*  ptjctm 
Sct'tcet  vf  terr*  turadtt  attjue  mxri 
Mais  1  aime  mieux  dire  que  c'eftoit  pour 
monftrer  qu'il  nous  nourrit  &:  alimente,  atten- 
du qu'entre  les  amis  il  n'y  a  rien  de  fecret  ny 
de  partietiîier,  tout  y  cft  commun,    4mèômm 
mnwd  \unt  cammiiA    Comme  ainfî  foit  que  le 
propre  des  amans  foit  de  fe  communique!  ce  Touttt} 
qu'ils  ont  :  de  manière  donc  que  t€t  amour  commun 
mt  en  l'vne  de  fes  mains  vn  poiilbn  ,  &  en  tntre  Us 
l'autre  vue  gerbe  de  bled  &  de  1  jj»h. 

vouloir  dire  que  1  amour  prépare  cV  compofe 
des  tables  couuertes de  viandes  exquifes,  pour 
CCUOÎI  &  feUoyer  les amis,&:  qu'il  ny  ar;.t 

II 


4 98  Vohy le quaîrhfme  Dimanche 

de  il  rare  &  de  fi  caché ,  foit  en  la  terre  ou  en  la 
mer,  que  l'amour  ne  puiflfe  trouuer  ouinuéter 
pour  communiquer  à  ceux  qu'il  ayme. 

C'eftoit,  fi  ie  ne  me  trompe, ce  qu'ancienne-* 
ment  nous  vouloient  reprefciiter  les  Ethio- 
piens, au  rapport  d'Hérodote  en  fes  hiftoires 
de  S.  Hierofme  &  de  Solin,  lefquels  en  certain 
temps  de  l'année  dreffoiét  en  vne  belle  prairie 
Table  élu  pluf  ieurs  tables  chargées  de  viandes ,  les  plus 
Sohil       rares  &  plus  exquifes  du  mode,  &  ce  en  l'hon- 
duRtt     neut  du  Soleil ,  lequel  ils  adoroient  comme 
entre  les  Dieu ,  pour  lefquelles  chofes  voir  &  contem- 
tthio-   pler  plufieurs  nations  eftrangeres  s'y  tranfpor- 
pïens.      toient:  aufquels  les  Ethiopiens  faifoient  croire 
&  leur  perfuadoierit  que  c'eftoit  le  Soleil  qui 
preparoit  ces  viandes  ,  &  drefïbit  ces  tables 
pour  feftoyer  fes  fubiects  &  amis,  cela  eftoit 
fabuleux. 

Maisilefttres-veritableque  le  Soleil  de  iu-^ 
ftice  a  préparé  vne  table  couuerte  des  meil- 
leurs poifTons,  &  de  tout  ce  qui  fe  retrouue  en 
la  terre  &  en  la  mer ,  &  ce  pour  traiéter  fes 
amis  à  caufe  de  l'amour  &  de  l'amitié  qu'il  leur 
porte.  En  figne  de  ce  nous  auons  auiourd'huy 
enrEu2ngile,quele  fils  de  Dieu  amateur  des 
.     ,     hommes  ,  de  cinq  petits  pains  d'orge  &  de 

deux  petits  poifibns,  fubftenta  &  refeétionna 
trotta.       .       r  -,  v  r  .,    , 

*>  Cinq  mil  hommes  ,    Vnde  ewtrur  panes  vt  mm- 

(hctvt  h  :  voila  cet  amour  de  Dieu  enuers  les 

hommes:  JLcctpit  lejus  p<wes    &  ium  grattas  e°if- 

ioan  6  ttf  dtïlitbmt  dtfcvmbwrihmi  Voila  pour  la  main 
qui  tient  la  gerbe  de  bled  :  Swlirer  &  tnptfctbus 
quantum  yolebant  y  c'eft  pour  celle  qui  tient  le 


poifloii;  c'eftlà  la  merucillequi  s'eft  iu- 

îouidhuy  ,  mcnleille  qui  n  preientefbet 

rc  de  lhiiciuiill  :      ')ir  CtmirS' 

ccl;  apports  qu  il  )  a  entre  I'th  &  f/f  ^  y?. 

1  autre.  Oefte  multiplication  qui  ferait  „r,  ,/ff 

miracle  ,  nous  reprefcate  tort  bien  la  tranfub-  /  /w,;„rt_ 
ftantiationquife  fait  au  Sacrement,  La  mul-  tl9n  ,/. 
tiplication  de  \  qui  hit  taire  ente  mira-  /£„<;/;.< 

cle  ,  eftott pour  .ter  le  peuple  corporel-  Ytll.t 

lement,  &  la  traiifubitantiationqui  fc  tait  au 
tût  ,  elt  pour  nourrir  les  hommes  fpi- 
rituellemcnt:de  manière  qu'en  1  '\  autre 

miracle  vous  y  aoez  de  la  mutation  feulement  ~, 

elie  différence ,  qu  en  ce  miracle  d  au- 
iourd  nuv  îly  achangemét  déforme  acciden-   ,  ' 
taire  ,  mais  en  (         de  fEuchariftie  il 

cm  61  ranfinutanon 

fubftanticle  9  &  non  accidentaire.  Dauanta 
en  L*rn&  en  l'aune  miracle  il  faut  paflêflarfi    , 

.  ir  n.uierier  la  mer  de  Galilée, 
en  l'antre  faut  patllr  la  merdq  la  contrition 
aup  irauant  qu'A  s'opère, 

Vùyo  rapports  plus  au  long.  Quant  o4tt0erti 

au  premier,  le  dis  que  tout  ainfi  que  cefte  J»IlZim 
multiplication  efl  faicre  pour  la    nourriture  _  .,,  „,. 
corporelle  des  hommes ,  ainh  le  lairiâ  Sacre-  /»£wc/;4_ 
ment  a  elle  ir.lrituc  ,  eV  la  rranfubftantiation     « 

lia  ,  afin  deconferuercn  1  hom- 
me1 'le. 

i.t  comnu  il  r> 

faut,  remarque  Afeuxchofi     I  nu^ 

que  tout  <  bindé 

.  confimn  c  iîx 

H 


joo  Vour  le  <ju<ttriefme  Dim  m:hté 

qui  ont  eftimé  que  les  cieux  eftoient  animez, 
ont  dit  que  le  Soleil  eftoit  nourry  de  lafaleure 
de  la  mer ,  &  la  Lune  de  Ton  humidité. 

Mais  laiffons ,  cela  &  difons  que  l'ame  qui 
eft  fpirituelle  ,  a  befoin  de  viande  fpirituelle, 
pour  l'entretenir  en  Ton  eftre  fpirituel  :  voila 
pourquoy  vn  de  fcs  efprits  Angéliques  diloit 
vn  iour  àTobie  qui  le  vouloit  conuier  de  man- 
ger des  viandes  qui  luy  eftoient  apreftees, 
l/iih  cibo  muiUbiU  vefcoy* 

La  féconde  ,  c'eft  que  puis  qu'il  eft  vray  que 

tout  ce  qui  a  vie  doit  auoir  de  la  viande  qui 

luy  foit  proportionnée  pour  la  conferuation 

de  fon  eftre ,  &  qu'en  l'homme  il  y  a  double 

y5,         vie ,  l'vne  naturelle ,  l'autre  furnaturelle,  l'vne 

faT  temPorelle  i  &  rautre  ^rituelle.  Il  y  doit 

* .     '      auflTi  auoir  double  viande ,  il  a  befoin  de  deux 

*'"'       nourritures  &  de  deux  viandes ,  l'vne  qui  eri- 

Jttatfotrtveticnt  en  l'homme  la  vie  rfaturelle  ,  c'eft  à 

/  "  fçauoir  le  pain  &  les  viandes  requifes  :  l'autre 

fpirituelle  >  fçauoir  le  pain  Euchariftique  &  la 

parole  de  Dieu. 

Cela  donc  eftant ,  ie  dis  que  comme  l'hom- 
me nourry  naturellement  dans  le  ventre  ma- 
tériel a  père  &  mère  :  ainfi  nous  eflans  nourris 
fpirituellement  nous  auons  Dieu  pour  père ,  de 
l'Eglife  pour  mère  :  &  tout  ainfi  comme  nous 
fçauons  qu'en  la  production  de  l'enfant,  le 
père  fournit  &  donne  la  femence ,  &  la  mère 
la  matrice  pour  luy  donner  nai (Tance  :  ainfi 
GtAceap  l'homme  fpirituellement  eft  engendré  de  la 
pellee  fe-  femence  de  Dieu,qui  eft  la  grace,grace  femen*» 
ww»^t     ce  incorruptible,  l'Eglife  eft  comme  la  mere,& 
la  matrice  qui  nou3  donne  najffance,  c'eft  le 


àt  Cdrefme.  5  C  1 

baptefme,  Ver  Uujcrutn  urqu4  f.iluos  n  t$fec  n 

mut  m  juent  rx  jq'ét  or  fhmiH  f.v.fto  non  intubit  m  re- 
gnumcœlorutn. 

Cette  naillancc  fpirituclle  nous  eft  fort  bieq 
reprefenteepar  cesparok  Cantiques,  où  L4r,itc; 

lEfpoux  parlant  de  fou  Efpoufe  ,  luy  difoit, 
Vtftut  tuus  'bur»rus  àtHmtim  1  ifi  nts.  Ton  ventre, 
p  ma  cherc  Efpoufe  ,  eft  d'yuoire  &  or 
&c  dillinct  de  ÙaMfCS  :  v  Mie  reut  dire  ce»,  > 
n'eft-ce  pas  vue  merucille  qu'en  terres  les 
partiesdti  corps  humain  il  ya  des  os  ,  cétoines 
lois  il  n'y  en  a  point  au  ventre  ,  que  veut 
dire  cela?  c'eft  pour  dire  que  le  ventre  eft  la 
plus  délicate  partie  du  corps  :  le  ventre  de 
l'Eglife  eft  tout  au  contraire  ,  il  cft  plus  fi 
que  tous  les  os  du  corps  humain  ,  &:  pour- 
quoy  ?  pourec  qu'il  cil  d'yuoire  ,  Vtattt  tutti 
M  ,  c'efl  donc  pour  dire  ,  que  tout  ainfi 
que  la  force  du  corps  confille  aux  os  ,  ainfi  la 
force  des  membre^»  de  1  Eglifi  les 

Chrcfticns  ,  confille  au  n entre  d  y  110 ne  de  11.- 
glife  ,  qui  eft  lebaptcfmc.    Vtmtt  muni- 
Mais  pourquoy  eft-cc  que  imgulicrcmcnt   le 
\  entre  de  1  Eglifc ,  ie  dis  le  baptcfme  ,  lï\  ac-  ïïfll'cc*- 
comparé  a  1\  noire     vous   feauc/   première-  Cifitm, 
nient  que  l'yuoirc  elt  tire  des  coites  fc  des  dents 
de  l'Eléphant,  &  1  Hfpouxdifant  à  Ion  Efpoufe 
l'Eglife  ,  Vt»t*r  tnuf  thmmem  ,  que  (on  ventre  efi 
d'yuoire,  il  frai<5t,  fiiene  m'abufe,  allufmn  1  CC 
que  les  Naturalises  racontent  de  la  femelle 
dcl  Hlcphanreftant  pleine  &  prefte  de  fe  dcli- 
urerde  fon  fruict,  cherche  vue  riuicre  ou  vu 
lacjfemetdan  fedeliure  là  dedans^ 

Il  m 


j  ©2  Tot/Y  U  qttdiYtffme  Dimanche 

afin  que  Tes  petits  ne  reçoiuent  aucune  lefion; 
car  fur  la  terre  elle  ne  pourroit  pas  fe  deliurer 
fans  orfencer  ces  petits  qu'elle  laiiferoit  tomber 
d'enhaut ,  pour  autant ,  difent-ils ,  que  cet  ani- 
mal eft  inflexible ,  &  n'a  point  de  iointiires  au 
genoùil ,  pour  fe  ployer  comme  les  autres  ani- 
maux :  iaçoit  que  quelques  vns  difent  que  cela 
foitfaux  :  mais  pour  venir  à  mon  propos  i'ay- 
me  mieux  le  tenir  pour  véritable ,  &.  dire  que 
l'Efpoux  appelle  le  ventre  de  fonEfpoufed'y- 
iioire ,  yuoire  tiré  de  l'Eléphant ,  pour  dire  que 
$out  ainfi  que  les  petits  faons  de  l'Eléphant  font 
produits  &  engendrez  dans  les  eaux  :  ainfiles 
enfans  de  l'Eglife  font  produits  &  engendrez 
dans  les  eaux  baptifmales. 
.  Pierius  rapporte  de  certains  petits  oyfeaux^ 

ritY'Uh  m  ie{qUeis  fe  forment  en  l'eau  de  fueïlles  d' arbres 
s      tombans  dedans ,  defquels  il  fe  forme  vn  petit 
v/*  corps  :  de  manière  qu'en  peu  de  temps  on  leur 

voit  des  yeux ,  des  oreilles  ,  des  poulmons,  va 
Oyjeaux  çœur5yn  pied,  vne  tefte ,  en  après  les  aifles  leur 
K °? .fi*  çroiflant,lefquelles  fi  toft  qu  elles  font  grandes, 
de  fueïlles  s'enuoient  auec,&  ne  les  voit-on  plus. 
a  arbres.      3eiie  reprefentation  de  ce  qui  fe  faiâ:  en  la 
mer  de  Galilée  :  Que  fommes  nous ,  Chre- 
ftiens ,  finpn  des  fueïlles  d'arbres  ;  ainfi  le 
lob.  13.  difoit  lob  ,  parlant  de  foy  ,  Contra  falmih  ytod 
vet;tor.ipttur omn-h?  pot  nu  </ti  tu.im  Non  feulement 
cela  pour  nous  monftrcr  l'incondance  de   la 
nature  humaine ,  mais  auffi.  pour  nous  faire  en- 
Vhommt  tendre  que  fi  cette  fucïlle  vient  à  tomber  en 
rtti  que  j'caubaptifinale ,  par  la  vertu  du  faind  Efprit, 
faillit*     de  fWille  nous  ferons  changez  en  oy  féaux  ,  £c 


de  Ctrtfne'.  j o ? 

)tfl  plumes  nous  croiftrons,  par  lesquelles  n< 
Dons  enuolleronsau  Ciel.  Ce  font  de  telle 
femblables  plumes  que  dcmandoit  le  Trop 
te  Royal  Dauid,  quand  il  difoit ,  ^^  àlbu  n 
pet.ms.  vr  Ct  VTfoUhê  ff  ttqmefcjm.   (  esphKprj   r* 

mes  de  Colombe  four  plumes  du  fainâ  Efprit, 
c'eft  la  grâce  que  D  uiid  defirott  :  mai 
grâce  deuoiteitre  referuéepôuf  l'Eglife  Chre- 

itienne  ,  &   ne  le  deuoit  donner  qu  en  iceile, 
elle  ne  le  deuoir  donner  que  dans  les  eaux  du 
baprefme  :  ô  grâce  >  <>  plumes  de  Colombe ,  â  iA  fKice 
plumes  du  fainct  Efprit,  auec  lesquelles  \t&'éppt     * 

petits  oyfeaux  ,  ie  dis  les  fidèles  Chrcfticns,  pum.  fc 
s'cnuolcnt  au  Ciel,  &  tendent  a  Dieu,  &  de  co/.,w^ 
ceux  la  parloir  fainct  Paul,  dilant,  In  utmém* 
bitl.wtts  non  je.H'ulu'nconnn.   le  veux,  dit  lApO- 
ftte  ,  que  :11c/  que  nous  cftions  de 

chair  auparauant  le  baptefme  reeeu  ,  anpara- 
uant  la  t^raee  du  fainâ  Efprit  infufe  en  noftrc 
ame  ,  mais  maintenant  nous  Ioihiik  .;ux 

qui  ne  demandent  qu  a  senuoler  nu  Ciel, 
lis  ont  elle   fpiritucllcmen; 
s'enuoler  en  force  qu'on  ne  nous  \  !us 

en  ter- 

Puis  donc  qu'il  cft  ainfi  comme  nom  .nions 
îftré  qu'en  l'homme  il  )  a  deux  fortes  de 
,  l'\ ne  corporelle,  1  antre  fpirirnelle  ,  que 

refte  il  fi  ce  n'eft  que  nous  diipns  qu'il  y  a  aûlG 

deux  fortes  de  viaiult 

<  >r  ainfi  comme  nous  \o  ne  la  proui- 

nature  fournit  &  fuppedite  ce  qui  «.il 

neceflaire  à  l'enfant  ,   premièrement  eftant 

petit  elle  luy  founuc  le  lma  des  nummcllcs 

li  îiii 


504  Vour  le  qu4triefme  Dirmnche 

de  la  raete,  viande  délicate  &  liquide ,  propor- 
tionnée au  naturel  de  l'enfant,  encores  ieune  &: 
foible  :  mais  lors  qu'il  eft  deuenu  plus  fort  &  en 
aage  de  maturité  ,  elle  luy  fournit  des  viandes 
pjusfolides.  Ainfide  mefme  eftoit-il  bien  rai- 
*  fonnable  &  ne  fe  pouuoit  faire  autrement ,  que 

Iptlsde  Dieu  nous  ayâs  baillé  l'eftre  &  la  vie  fpirituelle, 
la  aminé  i\  nous  donnait  aufll  vne  viande  requife  &  pro- 
fnwam-  portiônee  à  l'eftat  donné  pour  fa  conuerfation: 
ce.  viande  de  deuxïortes,l'vne  pour  noftre  naifTan- 
ce,fçauoir  le  baptefme ,  l'autre  plus  folide ,  qui 
fe  donne  après  la  naiffance,fçauoir  le  corps  pre- 
TnUprt-  cieux  ae  Iefus-Chrift. 

pttere  E-  jr>e  \^  eft.  qU'en  laprimitiue  Eglife,lors  que  les 
trfe  JP  Chreftiens  eftoient  baptifez  ils  eftoient  con~ 
Cbwws  ^uits  de  1^  à  la  Communion  ,  &  après  auoir 
fe  cornu-  communié ,  ilschantoientce  verfet  de  Dauid, 
motenta-  /jomwus  fg^nme  eymhtlmihi  àemtjnloc9p*fc**thimè 
près  le  coUocamt.  Par  cela  eftoit  figniRé  qu'au  mefme 
baptejme  tempS  auquel  quelqu  vn  eftoit  né ,  il  eftoit  con- 
lecen*      dujt  au  j^^  j  au(]|  p0ur  ce  fuj€t  $  pierre  par_ 

lant  aux  Iuifs ,  di(6it ,  Quafi  moàoof.mtttnfantei  lac 

VMii.C0ncuptfctte  '  Mais,  grand  Apoftre,vous  qui  eftes 

ia  grand,  &  le  premier  des  Apoftres,pourquoy 

parlez  vous  ainfî ,  vous  parlez  a  eux  comme  a 

rj        vous,  comme  fi  vous  &  eux  ne  faifîez  que  de 

naiftre ,  pourquoy  ne  dites  vous  pluftoft ,  pamm 

-  f     '    concupijate  que*,  Uc  cocuptjcite'.  voici  vn  beau  fecret 
Vous  deuez  fçauoir  qu'il  y  a  double  eftat  de' 
l'homme,  l'vn  quand  il  naift ,  l'autre  quand  il 
eft  paruenu  en  aage  de  maturité ,  c'eft  à  dire' 
quandil  eft  adulte ,  &  félon  ce  double  eftat  de 
la  vie  de  1  homme  ;  il  y  a  deux  fortes  de  viandes 


pour  le  nourrir:  l' vnc  qui  cft  de  la  merc ,  l'autre 
qui  n'en  eftpas.  Ainiidc  me  fine  eo  1  citât  ipi-- 
ntucl  (qui  cft  double  ainfi  que  le  corporel,) 
nous  auons  befoin  prennercinent  d'vne  viande 
intérieure,  ex  du  laictdehmerc  1  Hgliie  ,  qui 
cft  l'eau  dubapreihie  .  1  autre  qui  n  cft  d.-  ! 
glife,  mais  qui  cft  le  corps  précieux  du  fils 
Dieu,  c'citla  ce laict ,  c'eft  la  cefte  viande  que 
dcfiroit  1  Apoftre  difant ,  Q*dê  moJo  »  mi  ta  infan- 
tes Uc  coticMpijcttt:  De  façon  donc  que  vous  vo 
que  comme  ceux  qui  ont  la  vie  naturelle  ,  ont 
befoin  d'vne  viande  furnaturclle  pour  l'entre- 
tenir ,  ainft  lorsque  nous  auonsrcceu  vn  cftre 
furnaturel ,  nous  auons  befoin  d'vne  viande 
furnaturelle  pour  nous  y  entretenir      c'eft  ce 
que  nous  apprend  ce  grand  Apoltrc  de  noitre 
I  rance  S.  Denis  Areonagite.  Cap.dc  communion*  Dionyf. 
(]U9(l  tx  Deo  natum  est ,  ji;c  dtMMU  ulimento  viunenen  c  decam* 
frettfl*  munionc. 

Il  y  a  vnc  différence  grande  entre  la  nature  &     .a 
1  a  grac c ,  1  aq u e  1 1  e  le  re ni arq a e  e n  c e  poi nt,  fç a   Dlutrtn ' 

<;r  cft  qu'en  la  nature  la  fubftance  de  \\:n-Cfrvtr   d 
faut  produit  doit  dépendre  de  du  perc  &  de  la  *4turt 
merc  ,raiibn  pourquov  Arifrotcdifoir,  i/./.i«-  lj£rjC^ 

ttifunt  éhquh)  u.tret.thm ,    poiircC    qu'ils    Ollt    vue 

partie  de  la  fubftance  de  leurs  parent.  Mais  s'il 
cfrquefrion  de  parier  des  enfans  fpiritucls  & 
qui  font  produits  par  la  errace  ,   iccux  dept 
dent  feulementde  IcfusChnft,  cV  lotit 
produits  de  fa  fubftance  ,  qui  efr  la  grâce  fe- 

;ce  deladiuiniu  S.  Paul 

dit  que  nous  fbnruru 

M  diiuiùté  de  Icfus-Chriftn<<  ire 


5  c6  Teur  h  quAtriefme  Ùim.tncht 

comme  Père ,  &  l'humanité  Tienne  communia 
que  fa  fubftance  pour  nous  nourrir  corne  mère. 
Et  comme  nous  voyons  que  miraculeufe- 
rnentauiourd'huy,  le  pain  eft  multiplié  pour  la 
nourriture  du  peuple  affamé  :  ainii  au  Sacre- 
ment de  l'Autel  le  pain  eft  tranfubftantié  au 
corps  de  lefus-Chriftpour  nousferuir  de  vian- 
de  ijpirituelle  :  (  c'eft  icy  le  deuxiefme  poinét,  8c 
%    K*p-  je  fecond  rapport  que  ie  voy  entre  ce  miracle 
fort'        &  le  faincl:  Sacrement  de  l'Euchariftie  )  Iefus- 
Chrift  le  dit  expreffement,  en  la  promette  qu'il 
U.tn%6*   a  faite  dmftituer  ce  facrement  en  faincl  Iean 

chap.5.  Vams  qaem  e°p  dafjo  ca.ro  meatflpro  mundi 
vua:  de  forte  que  comme  le  laid  qui  eft  aux 
mammelles  de  la  mère  eft  pour  entretenir  la 
vie  du  petit  enfant  :  ainfi  ce  pain  que  doit  don- 
ner noftre  Seigneur  en  ce  Sacrement  eft  pour 
entretenir  la  vie  de  grâce  &  la  vie  fpirituelle 
de  Yhômc.Cdro  mFa  est  promundi  vit  a  C'eft  pour-* 
lenowdequoy  à  raifon  de  la  diuine  prouidence  de 
Sadd.11    ce  Seigneur  enuers  les  hommes  ,  le  nom  de 
propre  ï   Saàdai  luy  eft  attribué  ,  qui  vaut  autant  à  dire 
Dieu       ciue  Oeu^ttuwmarum^  Dieu  des  mammelles  :  de 
fur  cecy  il  faut  que  ie  vous  rapporte  ce  qu'il 
Jlttpufl.  nie  fouuientauoir  leudans  faincî  Auguftin  en 
quelqu  vn  de  fes  liures  de  la  cité  de  Dieu  ,  fçar 
R#m/wtf$uoir  eft  qu'anciennemétondepeignoitleDieu 
Dieu   de  de  nature  appelle  Ruminus  d' vne  façon  eftran- 
U  native  ge  ,  on  le  reprefentoit  tout  couucrt  de  mam- 
çormmnt  nielles  depuis  les  pieds  iufques  à  la  tefte,  àcha- 
dt  peint    cune  defquelles  mammelles  il  y  auoit  toutes 
fortes  de  petits  animaux  pendus  &  attachez^ 
Ç'eft  vne  belle  reprefentation  de  Dieu  fquuç* 


et  r  y  07 

rain&  éternel ,  autheurde  la  nature:  vray  Ru-  Qm 
minus  &  Dieu  des  mammclles.  le  que/mi    Us 

quelque  w  ont  d  nellcsdeDieu  k*xn 

efioienrli        Bc  la  terre,  utresoi  nia  ai 

ient  les  deux  pri  ruts,  jlDhh. 

içauoir  la  îuftice  \'  le  ,  ta  milice 

eitoit  (a  ma 

fadroiete.  Mais  ohmettant  toute  inter- 

prétations ,  ie  dis  que  ces  deux  mamnifl 
Icfus  Chrilt  iont  les  deux  clpeces  Gtcramen** 
telles,  1  vue  du  pain  ,  1  autre  au  vin  ,  louslef- 
quelles  nous  eftdonncç  cette  viande  celefte,  ie 
dis  (on corps, &  le  dïuiobrcuuagc  de  ion  fang. 
Et  comme  nous  voyons  en  la  cedemption 
de  la  nature  humaine  qu'il  a  elle  QccciTaire 
(pofant  le  ta-S  qu'elle  deuoit  cftre  racheptee 
la  rigueur  de  milice  )  que  le  Verbe  éternel 
fuir,  vny  hypoitatiquenunr  aucc  elle  :  car  la 
nature  feule  ne  ;  :t  latistairc  ,  d  autant 

que  pour  iatistaire  eltoit  requiie  vue  action 
infinie,  or  tout-  de  la  nature  hu- 

maine des  ,  voila  pourqutiy  la  nature 

hum.  fe  pouuoic  raehepter.   Le  V erbe  BtBt  4h 

rairc  vue  condi-  fhi  .'• 
gne  iansfaction  au   père  erernel  pour  le  ra- 
chapt  de  l'homme  ,  d\v  nmeDieu 

il  ne  pouuoir  enduit    ,  :    ie  pouuoit  mourr  . 

tant  il  ne  pouuoit  r;  km 

la  ri  la  mù 

laredempriondc  1  :l*aelk  necellai: 

qt  la  nature  humaine  :  I 

.ne  merueille  fe  void  C 
en:  .a  Me  Ij 


5  o  S  Tour  le  quatrième  Dimanche 

les  ne  peuuent  entretenir  cefte  vie ,  la  chair  du 
fils  de  Dieu  ne  pouuoit  eftre  mangée  à  def- 
couuert  &  a  yeux  clairs  fans  horreur  &  diffi- 
culté ,  &  partant  Ci  elle  n'eftoit  mangée  elle  ne 
Jtellecon*  pouuoit  conferuer  l'eftre  fpirituel  de  l'hom- 
ception.    me5  °iU  a  donc  fait  le  fils  de  Dieu  ?  Il  a  conioinct 
fa  chair  auec  l'efpece  du  pain ,  &  fon  fang  auec 
celle  du  vin ,  &  alors  ça  efté  vn  moyen  afleu- 
ré  pour  conferuer  la  vie  naturelle  de  l'homme: 
ce  font  là  les  deux  mammelles  du  fils  de  Dieu, 
mammelles  defquelles  parloit  l'Efpoufe  aux; 
M»$ic.I.  Cantiques  i.  difant  ,  Meitorafunt  vber*  tua  vino, 

6  en   autre  endroid:  ,  "vbtra   tua  peut  botrut^ 
Que  dictes  vous  diuine  &  celefte  Efpoufe? 

Autnbel  Qupy  >  ft  les  mammelles  de  vqftre  Efpoux  Ie- 
k  conetf.  fus  chrfft  font  meilleures  que  le  vin,  comment, 
ti®9:        peuuét  elles  eftre  femblables  au  vin?Il  eft  vray, 
Çhreftiens ,  qu'en  apparence  exterieure,&  par 
les  yeux  corporels  nous  ne  voyons  que  du  vin, 
&  par  ainfi  fort  iuftement  l'Efpoufe  les  accom- 
pare  au  vin  :  mais  aufli  fi  nous  confideronç 
ces  mammelles  des  yeux  de  la  foy ,  nous  ver- 
rons que  ce  vin  dans  icelles  n'efi:  autre  chofe 
que  le  précieux  corps  &  fang  du  fils  de  Dieu, 
éc  par  ainfi  nous  cognoiflbns  que  l'Efpoufe 
difoit  fort  â  propos  i  fon  Efpoux  ,  Tdtlwrafunt 
rbera  tua  vmo.  Et  comme  nous  voyons  qu'es 
p  mammelles  il  ny  a  que  du  fang ,  &  que  néant- 

moins  il  n'a  aucunement  la  femblance  du  fang, 
aPPot  •  zutfi  noftre  Dieu  nous  a  donné  fa  chair  &  fou 
fang  fous  vue  autre  couleur  :  &  ainfi  que  la  na- 
ture donne  fon  îaicl: ,  non  foubs  la  forme  fan- 
glante  du  fang  craignant  que  l'enfant  n'en  aye 


AtC.aefnn.  509 

horrrcur  :  ainfide  peur  que  nous  ne  prenions 
horreur  de  la  chair  &  du  fang  du  filscie  Dieu, 
il  nous  les  a  voulu  donner  fous  les  efpeces  du 
pain  &  du^in. 

Dauantage  vous  voyez  que  lors  que  le  pe-  Rf^  » 
tic  entant  lue  ce  la  mammeilede  famcre,ilcloft     ,  ■    , 
&  terme  lesyeux  :  ainhccluy  qui.  boit  ce  dium 
breuuage,cc  participe  a  ce  iacre  Sacremenr, 
doit  auoir  les  yeux  des  fcns&  de  1  entendement 
fermez. 

Lelai&quetire  l'enfant  de  la  mammellc  de  £  ygj 
fa  mère ,  n'eft  rien  autre  chofe  que  fang ,  mais  je  ^  me^ 
fang  cuit  deux  fois  :  ainfi  le  laiét  quieft  ciicc^/j/^, 
S.  Sacrement  de  l'Autel  eft  vn  fang  cuit  &  rc-  cult  j^g 
cuit  :  la  première  fois  qu'il  à  efté  cuit  ça  efté  en  r^ 
1  incarnation ,  au  ventre  facre  de  la  Vierge  ,  & 
la  féconde  fois  en  l'inftitution  de  ce  Sacremenr 
:i  la  dernière  Ccnc,  &  en  l'arbre  de  la 
croix  ,  ce  que  S.  Iean  nous  à  fort  bien  repre- 
fenré  en  vn  pailage  feul ,  ou  parlant  du  fils  de  l*m*  *7» 
Dieu  ,  il  dlfoit  :  CunidilltMfîetjuos  tumundo  y  m  fi- 
wm  liihxit  ros ,  0<n»  àiHtxifstt  fuoî ,   voila  pour  la 
première  décoction  de  ce  fang,  mfuitmdilixit  ton 
voila  pour  la  féconde. 

I  rroilkfme  rapport  que  ic  voy  entre  ce  $•  K^- 
miracle  &  ce  Sacrement,  c'efe  que  fi  bien  en/w*. 
ce  miracle  il  y  a  mutation  d'accidens,  en  d'au- 
tres accidens ,  au  Sacrement  au  contraire  fc 
rait  vnc  rranfubltantiation  de  fubftanccs  eu 
d'autres  fubiLinccs  les  aecidens  demeurons, 
car  après  laconfecration  ce  qui  eftoitpainefc 
changé  en  la  firbftance  du  corps  de  le  fus- 
Chrifi  t  &  ce  qui  çftoïc  via  cft  change  en  U 


j  1 o  Vour  le  qtuiriefme  ftim.mche 

fubftance  defonfang,  perfomicne  peut  dou- 
ter de  cecy,  puis  quec'eftle  fïisde  Dieu  qui  le 

Exod.  4-  dit  en  ces  termes,  -ioce»  corpus  mmm  Hic  tnfan* 
e«/i>w«s.  En  l'Exode  4.  chap.  nous  lifons  que 
la  verge  de  Moyfe  fut  tellement  changée  en 
ferpent,que  neantmoins en  fubftance  elle  ne 
laifibit  de  demeurer  toufiours  verge ,  bie  qu'en 
apparence  elle  fut  changée  en  ferpent.-maisil 
n'en  eft  pas  de  mefme  au  S.Sacrement ,  car  icy 
le  pain  deiifte  tellement  d'eftre  pain ,  après  la 
prolation  des  paroles  fàcramentelles  ,  que  la 
fubftance  du  pain  eft  toute  changée  &  tranfub- 
ftantiee  en  celle  du  corps  de  lefus  Chrift  :  au- 
tant en  peut  on  dire  du  vin,&  ne  reuoque  cecy 
en  doute  ,  6  Reforme  !  car  encefaifant  tu  ter- 
mine la  toute  puifiance  de  Dicu,&  la  renferme 
dans  le  pourpris  de  la  nature,  &  fi  tu  as  quelque 

Gtnef.  1.  Peu  d'entendement  confidere  cecy  ;  fi  en  la 
création  du  monde  Dieu  difant ,  Fiat  lux  ,fi*tfiï- 
mtmntwkf  la  lumière  fut  fai&e  &  le  firmament 
receut  l'eftre',  fi  Dieu  prononçant  vne  feule 
parole  fit  efclorre  toutes  chofes  de  la  cauerne 
du  néant,  &  donna  l'eftre  à  tout  ce  qui  n'eftoit 
point:  douteras-tu  que  Dieu  parlant  &  difant 
en  fa  Cène  ,  &  tous  les  iours  en  fa  Méfie  par  la 
bouche  des  Préfixes ,  Hoc  tH  corpus  mmm,  n'aye 
la  puifiance  de  faire  conuertfr  le  pain  en  fon 
corps  ,  &  le  vin  en  fon  fan^  :  il  n'y  a  point  tant 
de  répugnance  à  changer  l'eftre  d' vne  fubftan- 
ce  en  l'eftre  d'vnc  autre  fubftancc,  qu'il  y  a,  à 
donner  l'eftre  à  vne  chofe  qui  n'eft  pas  ,  8c 
donc  s'il  a  peu  donner  l'eftre  à  ce  qui  n'eftoit, 
fans  doute  il  a  peu ,  &  de  faict  il  a  fait  changer 


àe  Céftfmè.  j  1 1 

Veftre  de  pain  &  L'eftrc  du  vin  en  ccluy  de  Ton 
corps  &  defbnfang. 

1  nullement  pour  vn  dernier  rapport  entre 
ces  deux  merueille$,Yoyei  que  pourecceooif 

te  corpf  precieui  de  Iciiis-Chrilt,il  faut  palier 
parla  merde  (  jalike^ui  neft  autre  que  lape  - 
nitence.  Audi  l'aul  parlant  de  cette  pre-     r    .    . 

pararion  qu'il  faut  faire  par  la  pénitence  pour  * 

icccuoir  dignement  ce  Sacrement,  difoitainli 
Probtt  at  Wmjttpfim  bimo  ys  [te  clepune  illo  cdat  %  or 
de  c.tlict  bib.it. 

:  Jean  en  fes  rcuclations  diuincs  entre 
autres  choies  il  dit  qu'il  vid deuant  le  throfne 
de  laMaicftcdc  Dieu  vue  merde  verre  l'un-  ^ac» 
blable  au  cnttal ,  cr  <*nto  cotijp'ctum  thont  \>uiiy'ft 

I  annule  vitre um  ^firntle  crttfjllo  ,  Qlfcfi-CCCV? 
Quelques  vns ont  dit  que  par  celte  nier  de  ver- 
re lemblable  au  criftal ,  deux  choies  nous  font 
fort  bien  rcprcfcntccs,  afçauoir  lcitat  de  la 
vieprefente  &  ccluy  de  la  future  ,  laprefente 
rcprcfcntcc  par  le  verre  fragile  ,  d'autantqif  il 
n'y arien  fi  aife  a  perdre  que  celte  vie:  &  lafu-  MirÂi] 
turc  par  le  Cfiftâlcon  es:  endurcy  par  Ic^f. 

froid  pour  monitrer  la  itabilite  &  permanence 
diccllc. 

Ioachinus  aeftimé  que  cefte  mer  de  verre 
lemblable  an  Criftal  eltoit  rhfcriturcfaincte, 

poutre  qn  eu  Scelle  peut  cftrc  contemplée  la 

.'cienced'vn  chacun.    les  autres 

par  cefte  mer  entendent  le  bapteime  ,  comme 

••"t. 

Mais  1  aidant  routes  ces  interprétations  ic 

mcticudi.  . /u  Cjiiiuix  le- 


r  1 2  Tour  le  qujtriefme  Dimanche 

Venutrict  quel  Par  ceftemerde  verre  femblable  au  cri- 
apptllee    ttal  j  entend  la  pénitence  ,  &  non/ans  raifon; 
wfr^     pource  que  fort  iuftementla  pénitence  peut 
vene.     e^tre  accomparee  à  vne  mer,à  caufe  dj  la  gran- 
de abondance  de  larmes  que  l'ame  pecherefle 
efpand  en  icelle.-penitence  mer  de  verre,  à  rai- 
{qïï  de  la  perfpicuité  de  la  confefllon  :  mer 
femblable  au  criftalde  la  pénitence,  à  caufe 
de  la  ferme  refolution  &  du  propos  délibéré 
de  ne  plus  retourner  au  péché. 

le  dis  plus  que  par  cefte  mer  de  verre  fembla- 
ble au  criftal  nouseft  monftree  double  péni- 
tence &  double  confeiTion,rvne  de  verre,l'au- 
tre  de  criftal  :  caria  pénitence  &:  confefllon  efc 
de  verre ,  pource  que  tel  qui  fait  auiourd'huy 
pénitence  d'vn péché  commis,  &  s'en  confefle,7 
.  y  retournera  demain,  c'eft  là  vne  pénitence,  8c 
vne  confefllon  de  verre  fragile  &  inftable. 
Mais  fi  l'ame  pénitente  fe  conuertit  totale- 
ment a  Dieu  &  ne  retombe  plus  au  péché  x  la 
pénitence  eft  de  criftal. 
Due  no-    Socrate  vn  iour  marchant  par  la  ville  fut  ap- 
ub\ede  »>erceu  d'vn  ieune  homme  qui  fortoit  d'vne 
Sicrtte.  maifon infâme  ,  lequel  dés  auffi  toft  quille 
vid ,  faifi  decrainte ,  de  honte  &  de  frayeur  fe 
retira  au  dedans  du  logis ,  &  fe  cacha  derrière 
la  porte.  Socrate  qui  l'auoit  veu,  entre  aufli 
toft  que  luy  ,  &  va  prendre  mon  homme  par  la 
main  qui  s'eftoit  caché  derrière  la  porte,  luy 
difant  mon  amy  n'aye  non  plus  de  honte  de 
fortirdu  lieu  que  tu  n'en  as  eu  y  entrant.  Belle 
leçon  pour  vous  ô  pécheurs,  qui  commettez  Ci 
effrontément  vos  iniquitez  ,  fi  fans  honte  vous 

y  eftes 


de  CjT'fm.  ç  r  $s 

ayez  hon- 
en  forrirpar  vm  COnfet 

dit  que  le  vin  cft  en  antidote  ymetii 
n&poiibndc                         ^pêimm* 
,  il  die,  (,      g 

.  lepoifon ,  alors,  le  venin  cil  incurable  5c  ^j^ 

j  Chrefliens  que  HCC  /4  c^ 
i  antidote  fouueraia  uc\    ' - 
elepecl  auec 

îcpecbc  ,  aloi  .  ux: 

\  nous  à  I  faut  pour  rec 

ûoirdignemci  que  le  corps 

du  fils  d  i,quéii  i  >nsen 

,  nous  :  ton ,  m 

dote,falutaire  contre  le  pec  nous  fi 

ance  de  la  vie  ecernelk  il. 


13 


K    >: 


5U 


SERMON     POVR      LE 

QVATRlESME     LVNDY 
de  Carefme. 

i/lïcçndit  Icfas  Hiercfofyma,  &*  inuenit 
m  tempfo  vmdmtes  oues  &*  èoues  &c. 

I  O  A  N.      2, 

VE  fi  ce  foiiet  que  le  Sauueur  du 
monde  prend  auiourd'huy  en  main, 
eft,  fî  efpouuentable  &  effroyable 
^C*^  cîue  Par  *e  moyen  d'iceiuy  il  chaflfe 
les  vendeurs, &  les  marchands  qui  eftoient  au 
Temple  de  Ierufalem ,  tirez  de  là  vne  vérita- 
ble confequence ,  qu'elle  fera  la  Maiefté  de  ce 
mcfme Seigneur ,  lorsqu'au  iourdu  iugement 
armé  de  pied  en  cap ,  au  lieu  de  foiiet  il  armera 
fa  main  d'vnc  lance  tres-cruelle ,  ^Acwt  dtr*m  m 
Itnceam  tramfnam  <  C'efl:  ce  que  l'Eglife  Chreftié- 
ne  ,  &  moy  après  clic  ,  prétend  ce  matin 
vousreprefcnter ,  eftant  premièrement  aiïifté 
de  la  grâce  du  S.  Efprit,laquelle  nous  implore- 
rons par  l'intercefliion  &  entremife  de  la  Vier- 
ge ,  que  nous  faluërons  pour  ce  fuie 61 ,  difans, 
t/Ltu  Mari*. 


m  C  j  i  ; 

~Wl  l     K  N  T  ^CS  {a^n<^cs  Efcrirurcs  nous 
|yt<2*trouuons   vi^    p 
auoir  cftc 

r.  Au  lu:  I  w";  V^ 

15.  nous  1  >a      »u, 

qu'vn  ion  :  par  les 

Philiftifis ,  fes-c  .lié 

Marc ,  fi  lie  81  ^arrotec  a  m  piller  ,  ft 

comme  il  :  .     a  cap:  COÔanC 

:  \>rtcr- 

tc  il  droit  at:. 

print   •  de  fric 

mil]  qu'il  renuerfa  morts  fur  la 

aueurdecei  roi- 

.  Canti  u- 

e  prouciTe  .un a  ouc 

fitlefîlsdcsaul,  ie  dis  lonathas ,  cil  pal 

iblc  ,  de  laquelle  il  cil  taict  men- 

desRoyschap.  1  ly-     ^* 

ic  aiTLil  *• 

iliftins,  c\:  les  UC  di- 

la  proucHc  de  celny  duquel  U 

.  :îtua  CS:  det- 
fir  ?  au  2  V*« 

*  .liui  e  il  c.  parle  de  S.indarusJcqiiL-l  an 

(cul  foc  charrue  tua  600.  foldats  :  de  $  P 

a  nul  doute  qu 

i ,  &  andelàdelapuiC- 

Ic  :  mais  1 

rer  |  (le  mcrucillc 

que 

r  quelles  font  t 

K 


j  I S  VcttY  le  qtutriefme  L  ù n ây 

fi  Sansô  tua  mille  Philiftins  de  la  mâchoire  d'vn 
afne:Si  ïonathas  deftit  les  fentinelles  des  Phi- 
liftins auec  fort  peu  de  gens  :  &  fi  Sandarus  def- 
fit 600.  foldats  auec  le  ibc  d'vne  charue  ,  il  eft 
certain  que  cela  ne  fe  faifoit  de  leur  propre  ver- 
tu,mais  bien  par  la  vertu  diurne  &  par  l'aftiftan- 
ce  particulière  de  Dieu  :  mais  ceftc  prouéffe  de 
noftre  Seigneur  ne  procède  d'autre  force  ny 
vertu  que  de  la  fienne  propre,n'eftât  armé  d'au- 
tre armeure  que  d'vn  petit  fouet  de  corde, cho- 
fe  encore  moindre  &  bien  plus  petite  que  non 
pas  la  mâchoire  d'vn  afne  ,  &  que  le  foc  d'vne 
charue  :  de  manière  qu'entre  toutes  les  œuures 
que  noftre  Seigneur  a  fai&es,  pour  le  faîut;  du 
monde  la  plus  remarquable  &  la  plusfignalee 
eft  celle-cy.  Ainfique  difent  S.  Hierofme  &  S, 
ro* n    Chrifbftome ,  ô  chofe  eftrange ,  y  a  il  rien  de  fï 
Lbrtjojo.  pet-t  &  ^e  pjlls  granci  &  puiflant  en  la  main  de 

noftre  Seigneur  que  ce  petit  foiiet  de  corde,par 

le  moyé  duquel  il  a  chaffë  tous  ceux  qui  eftoiét 

auTemple?rien  de  plus  foible  quvn  petit  foiiet 

de  cordes,  qui  n'eft  que  pour  efpouuenter  les 

Chrfesor*  petits  enfans  ,  &  neantmoins  le  fils  de  Dieu  en 

duûves    faict  fuir  vne  légion  de  marchands  :  c'eft  chofe 

en    Dtttt  ordinaire  en  Dieu ,  de  petites  chofes  faire  de 

de  petues  grandes  &  fignolées  merueilles ,  que  fî  cela  eft, 

chofes       comme  véritablement  il  eft ,  difons  que  fi  de 

faire    àt  petites  chofes  nous  en  venons  fouuentesfois  a 

crin  Us    conieéturcr  de  grandes  &  remarquables,  com- 

meyuetl-    me  par  le  chant  des  petits  oy féaux  on  a  ancien- 

fo.  nement  préfiguré  des  victoires  tres-celebres, 

n'eft-ce  pas  la  raifon  que  confideraris  auiour- 

d'huy  l'effed  &  vertu  de  ce  petit  foiiet  tenu  par 


JeCaref/L0.  tfy 

\i  main  de  noftre  Sauueur  nou  ins  a  cou- 

urcr  de  ce  qui  fera  de  fa  pu 
qu'il  fera  paroiftre  au  iourdu  i 
l  iroit  H 
s  il  aauiordhuy  monftft  t< 
droit  de  ceux  qui  tri.  entdai  le, 

que  fera-il  à  l'endroit  d  ent 

ontaminentles  i 
crez  &  dédie/  air&  feruiee  ,  ; 

leurs iiiipiere/.  es:  infidelitei  ?  Lrp:  ment 

pource  qui  concerne  l(  nples  I  d  f  X. 

d'iceux ,  remarque/  îe  VOUS  pi  :e  umu-  -t  /(i  #. 

rus  Currius  &  autres  hyfl  iphes  rappor-  ?/fJ> 

tent  d!  Alexandre  le  Grand,  qu  r  tou- 

tes  les  nations  de  la  terre  fur  10-  O0  Cur- 

ré  pour  vn  Dieu,  Se  auquel  mefmeonpn 

facrificcsôc  érigea-on  des  T  (on   f/j 

feruiee  ,  idolâtrie  r  J. 

pecy  ie  rire  vue  maxime  aileur  iamais  '1 

ne  fur  Ki  terre  qui  n'aye  fait  procéda- 
quclque 
té  qu'il  adoroitpar  quelque  cc- 

:  u  x  t'ai:         '  la  belle  chaifne»&  libelle 
qu'il  y .  i  pluftoftehai         >m- 

bede  pluiîeurs  chaifnons,  le  premier  i 
ijci.  c'eft  1  home,  le  ;.la: 
[ficelle  s  ■  1  Autel ,  le 6.  le  '  la 

ixife:  la  ou  il  y  a  eu  Tép' 
car  la  Prcftrife  tft  pour  le  Téple,  '  -  pour 

l'auteUl'autel  pour  le  facriflce,  le  '  >nr 

1  ion  ,  lareligio  i  pour  l'homni 

nie  |  );eu  &:  Dieu  pour  fo;  fte 

bell  aie  au  mond  :\ct 

K     m 


'j  ï8  Tour  le  (ju<ttriê[we  Lwiày 

Auguftin  liure  $ .  de  la  cité  de  Dieu  ,  dit  que 
JIhiuR*  iamaisil  n'y  a.  eu  nation  tant  barbare  &  mef- 
\ib  ZmJ*  chante  au  monde  qui  n'aye  creu  &  recogneu 
Cuttt.     quelque  diuinité  ,  n'aye  offert  &  prefënté  fa- 
critice  à  celuy  quelle  a  creu  pu  feint  eftre  Dieu, 
amfimefme  que  nous  dirions  tantoft  ,  pource 
qu'il  n'y  arien  de  (ï  effentiel ,  &  neceffaire  à  la 
religion  que  lefacrifice/ainfiqu'adit  Ariftote, 
R  un àt   ^r  er^"^  Q11^  5e  facrifice  a  efté  de  tout  téps  ne- 
plut  epe-  ceffaireàlareligiô,  l'autel  ne  Tapas  efté  moins 
th  I À  ii    Pour  te  facrifice:  car  fans  l'autel  on  ne  peut  of- 
ye'j  ton    &&  facrifice  -,  voila  pourqupy  anciennement fî 
on  U  fa.  t0^  que  l'homme  eftoit  cognoiffant  de  quelque 
enfict.     diumité  ;  aufti  toft  il  erigepit  vn  autel  pour  luy 
offrir  facrifice  ;  &  tout  ainfi  qu'en  la  religion 
l'autel  eftneceffaire  pour  le  facrifice  ,  aufîi  di- 
ray-ie  qu'en  la  mefme ,  le  Temple  eft  neceffaire 
pour  l'autel, &  pour  prefenter  particulièrement 
iDieu  ,  vœux  &  facrifices;  ainfi  lifons  nous  en 
Exode  ,  qu'aurtl  toft  que  Dieu  euft  efté  re- 
cogneu de  fon  peuple  ,  &  qu'il  eufteftabiy  en- 
tr'eux  vne  loy  &  vnereligipn,aufIitoftil  com- 
manda à  Moyfe  de  luy  ériger  vn  tabernacle 
portatif,  iufques  au  temps  qu'ils  fuffent  en- 
trez en  la  terre  promife ,  &  ce  pour  luy  eftre 
offert  facrifi ce ,  &  pour  receuoir  de  fes  ferui- 
teurs  l'obiation  de  leurs  vœux  &  prières  en 
iceluy  :  &  aufïi  toft  que  Dauid  fut  paifiblc  en 
fon  Royaume  ,  auffi  toft  Dieu  luy  commanda 
de  luy  baftir  vn  Temple  fuperbe  ,  luy  promet- 
tant en  recompenfe  pz.r  fon  Prophète  Na- 
than qu'il  luy  baftir pit  vne  mai  fon  (  c'efta  dire 
vvn  règne  3  )  tellement  aficuree  qu'il  ny  auroit 


Ae  C.irefme.  j  i  9 

vent  qui  l'a  peut  abbattre  :  Se  en  outre  qu'il  luy 
donnerait  vn  iils  florin*  an  t  M  admire  de  to>. 
pour  fa  grande  fage fie  N  prudçnc 

Les  premiers  hérétiques  ont  dit  que  cèjaa  ,  r 
cfte  véritablement  en  la  Ipy  ancienne  ,  i:  V*" 

qu'a  prefenten  la  loy  nouuellc,  il  ueit  plus"** 
teifaire  d'auoir.des  Tempk  .irn  to!;-k/' 

dément  le  premiei         .  qui  a  commencé  de 
ruiner  les  Tempk  :e  \  n  nom- 

me Statius,co.i:re  lequel  fut  aiîeir.b'.  **"*• 

cile  qui  fulmina  vue  1er.-  mmuni- 

cation  contre  tous  (  n  ruinent  cv  demo- 

l.lfcnt  les  Temples.  Pui-  ion:  \ cn.us  nos 

,  leiquels  ont  pareillement  dit  &  ef- 
critqueles  Temples  ne  font  nullement  fle< 
fktres,pourcediient'ibque  Dieu  n'abire  point 
en  lieux  faits  de  la  main  des  \v 
dant  ainfî  ii:r  ce 
iitut  n  r  &  fur  ce  qui  efl  cru 

fcritenS.  leâ,ou  noih\  urpaiLta  la 

Samaritaine  di/bit,  P  tm  h  r*  n  wqm  mm 
k,  nenut  M  hytrojolimts   émWtbàlk  /  .  M  vf-       tn  4» 

mr  Aîrx   cr  tiunc  tll  ,  qu.tn  h  vrn  ddorjforts    ..    /  /- 
Zwtf     pttrtm  m     sfiti:  viHste.     Spinfns     tl 

Deu< ,    <jT  f0*  Oit   *  I  r  i  \  >u  n    ;1  -  ,      - 

hrmn  .  mais  il  fa  U       pliquer  ce  paf- 
-  auecOrigene,  SA  hry/bftome,  s.  ( 
tulienfi  t  Hilaire  ,lefquels< 

qu'en  ce  lieu  noArje  S         urdifant,  f«  s 
i  faire  me  oppofiti 

Ht. 

eftrecôprisny  renfer  rempl 

car  il  vouspenlcz  faire  vue  n  ;cr 

Ki  iiii 


j  1  o  Vchy  le  quitriefme  l  unày 

vn  Temple  pour  y  comprendre  la  Maiefté  de 
Dieu  3  vous'  vous  trompez ,  car  il  dit  par  Ton 
Prophète  Efaye  ,  Cœium  mtbijtdes  eH  5  terra  autem 
fcabtUum  p:ae>n  mtwmni.  Cœlum  &  tetram  ego  twp!eo% 
KB  i\  c'eft  ainfi  auiïi  qu'il  faut  entendre  le  paflage 
fus-allegué  des  Actes  :  mais  s'il  faut  parler  des 
facrifices  qui  doiuent  eftre  faits  à  Dieu  ,  ils  ne 
doiuenteftre  offerts  ny  prefentez  qu'es  Tem- 
ples &  Eglifesconfacreesà  fon  hôneur,efquel- 
les  particulièrement  il  re(ide:au  demeurant  en 
la  loy  ancienne ,  les  temples  eftoiét  relierez  fur 
toutes  chofes  :  Noftre  Seigneur  iriefme  n'a  il 
pas  voulu  reuerer  le  Temple  de  Salomon  com- 
me il  fait  auiourd'huy  ,  difant  aux  vendeurs  &: 
marchans  qui  eftoient  dedans.  Koht?  faeere 
Domum  parvis  miy  domtim  mgori.ittoms.  Ce  qui 
nous  doitinftruire&  enfeigner  l'honneur  &le 
reipect  que  nous  deuons  porter  aux  Temples: 
Si  vous  me  dites  qu'alors  le  fils  de  Dieu  n'eftoir. 
pas  mort,  que  la  loy  ancienne  eftoit  encore,  8c 
que  partant  ce  n'efroit  de  merueille  s'il  f ai  foie 
eftat  du  Temple  où  Dieu  eftoit  adoré  enom- 
ObiBtw  bre  &  figure, mais  qu'après  fa  mort  les  ombres 
des  bere  eftant  parlez,  la  vieille  loy  abolie  &  la  nouuelle 
tiques,  inftituee,  les  Temples  ne  font  plus  neceflaires, 
ains  feulement  il  a  commâdé  qu'on  le  priaft  &: 
adoraft  »  fptrtt*  Qr  verttaté.  A  cela  ic  relponds 
que  mefme  après  la  mort  du  fils  de  Dieu,  lés 
,-  r~.:„  Temples  ont  efté  neceffaires  pour  prier  :  Ainfi 
aux  Actes  des  Apoitres ,  ne  voyons  nous  pas 
que  S.  Pierre  monta  au  Temple  à  l'heure  de 
l'oraifon  pour  prier,  S.  Paul  en  la  première  aux 
Corithicns  chap,  1 1 .  parlant  des  Eglifes  mate- 


Cdrtfm.  j  2  r 

ricllcs  &  du  rcfpcctqiv  B  pom 

iieu\  conûcrei  à  I  >ieu  ,  diioïc  aimi ,  Hm- 

11  parle  icy  ceux 
qui  iriangeoient  &  beraoienc  an  Temple  Cuis 

ad.i  h. u 
^  pour 

ftrereui  nom  d  H-  ;;0.i  m 

glift         il  parle  des  temples  mai 
k  Dieu, 

Y  (  hrifoftomecn  l'homélie  p.  i 
■  c  for  le  mefme  cha.  &  s.  Am-  iin 
bre  i  i  lieu.  Terrulien  dttqae  de 

fortrci  ,  Ae  1,10.1  -,  fc  Jj  i 

nt  Idoles première- 
!  hon- 
neur 6c  S.  Lieu:  &  ,. 

>  * 

ireillemencdit  qu  en  l*an  *i« 

itantinlcdraïui.,  r  hebaftir 

FempU         li  que  lemeii 

i  rtainqut  fun  en 

•  tempsreuert  l'Elfe 

hnr,  refr.  îiiaintcnfit  que  nous  voyn: 
me  il  le  faut  ^onnerd         le  de  n<  opha-  .,  ,TK( 4 

irierènv 
Car 
| 
|  lier  au 

ICC 


j  12  Tour  le  cjttitnrfine  Lundy 

cjeuant  le  tribunal  de  la  diuine  Maiefté,&  mé- 
ritent vn  fupplice  tres-grief,  comme  eftans  fai- 
tes en  fa  prefence  ,  ny  plus  ny  moins  que  fî 
qiielqu'vnoffençoit  vn  homme  enlaprefence 
du  Roy  ,  il  feroit  coulpable  de  leze  Maiefté: 
Tfal  (o  C'eftoit ce clue Dauid  alloit penfant  enfonpe- 
•  '  ché ,  lors  qu'en  la  confefflon  il  difoit  a  Dieu, 

Jibi  jest  ptecaut  or  malum  coram  te  feci   Et  fur  ce 
propos  ie  vousexpliqueray  vn  partage  tiré  du 

Vf  1     S    P^anTie  4**  •  QÙ  Dauid  difôit,    ihiquitas  calcanci 

J      ■     met  arcundtdit  me ,  Je  péché  de  mon  talon  m'a 
circuit  &  enuironné,  que  veut  dire  cecy  ?  Quel 
eft  le  péché  du  talon  !  Quelques  vns  difent  que 
Oued  a  cc^  *c  Pecn^  d'impenitence  finalle ,  c'eft  à  dire 
rue  le  0e-  (ieceuxclui  meurent  fans  faire  pénitence  :  les 
ebédsta  aLltres  clifent  que  ce  péché  duquel  feplaignoit 
lQn         Dauid  n'eftoit  autre  que  le  péché  de  Vriel ,  le 
péché  de  trahifon ,  comme  celuy  de  Iudas  du- 
quel parlant  le  fils  de  Dieu,  difoit,  Qnt  pofutt 
maman  fuam  mecum  m  paropfide   :  t!le  pofutt  calca- 
neum  fuum  contra  me  1  Les  autres  difent  que  le  pé- 
ché duquel  fe  plaint  Dauid  n'eu:  autre  quefon 
adultère  de  luy  auec  Berfabee,  péché  de  luxu- 
re iuftement  appelle  péché  de  talon  ,  pource 
que  les  Médecins  difent  qu'au  talon  fe  trouue 
Vschè  d(vn  petit  nerf  qui  excite  à  la  lubricité  :  ainfî 
luxure     quelques-vns  des  Poètes  rapportent  d'Achile, 
ahptlle    qu'iceluy  fut  par  fa  merc  plongé  en  l'eau  tout 
peçhê  du  entièrement  ,  exepté  le  talon  qui  fut  caufe 
ufon,  &  qa'en  tout  fon  corps  il  eftoit  inuulnerablc, 
pw/)^«",)faufccfte  partie  du  talon  quin'auoit  efté plon- 
gée dans  l'eau,  qui  eft  caufe  queftant  vn  iour 
frappé  d'vne  flèche  de  la  lubricité  par  Paris 


ât  Carefme.  5  |  ; 

mourut  de  ce  ccup  ,  .  ousmonfher  com- 

j  c  ut  talon,  ic  d  la  Pcc' 

lub:  Ungerc  .y-  tdm  tïl 

Wy  qui 

tre  que  de  *fl 

fUTiCTlK  .  ny  cle  fcm/*. 

Temple  t  m 

-,  qu  il  ai  uiroui. 

ché  que    Dauid  int  ,   e  ,    Imqmui 

wukâm  m  ,  le  ;  .  talon, 

:a  dire  que  i  ! 

1  Dieu  m'ennironne  ce  ildii 

aptes  du  Pialme  j*-.let  I  j  o 

.  1 
il  cftvray  ,  ainiîqueno*. 

que  Dieu  eftpre  ,  G  eft  .lie- 

ns que  particulièrement  il  fe  trouue 

que  l'on  fait  en  I 
gliieenfàpreièiu         itcrimcdc  lèse  M  aie 

,   pourec  qu'iceluy  entend    &    roit 
coûtée  qui  >ur 

ikm  en  leurs  tem- 

ple 1    .     .:r  dire 

m  ieulemeiu  le 

re entend  tOUtcequi  fediâ  en 
lifc,  Voila  en  premier  lieu  1&<        que 

I 
t  les   1  en 


524  Vouy  le  qttatriefme  tundy 

Les  H»//-  Eglifes  en  leur  premier  nom  eftoient  appellées. 
f es  appel-  l  empli ,  diction  qui  vaut  autâtàdire  que  F/jtn*m9 
lees  Jem-  bride,  que  veut  dire  cela,  pourquoy  eft-ce  que 
fies,  les  temples  premkrs  eftoient  ainfi  appelle, 
ç'eft  pour  dire  que  Dieu  veut  eftre  loué  en  fou 
Eglife,&  fe  fert  de  fa  louange  pour  nous  brider, 

Lande  mta  tnJYcnabo  te. 

Les  anciens  Allemands  aupatauantque  d'eftre 
côuertis  à  la  roy ,  portoient  en  leurs  armoiries 
yn  cheual  noir  fans  bride  ny  licol  pour  môftrer 
leur  liberté  :  mais  puis  après  ay  ans  efté  vaincus 
&  furmontez  par  Charlamaigne ,  il  changèrent 
r-.      .     leur  armoiries ,  &  priudrent  vn  cheual  blanc 
-   •       bridé.  Le  noir  changé  en  bkuc  reprefentoit  le 
vice  changé  en  vertu.  Le  cheual  noir  fans  bride 
£ .  reprefentoit  que  ces  peuples  viuoient  fans  loy, 

,.     "       fans  refpecl:  ny  obehTance  :  &  ce  cheual  blanc 
K  n  '      bridé  reprefentoit  comme  ils  s'eftoient  refre- 
r      nez  &  foubmis  au  feruice  de  Dieu  après  leur 
conuerfion  :  Et  de  faicl  qui  ne  voit  que  TE- 
glife  eft  vne  vraye  bride?car  qui  eft  celuy  qui 
regardant  cefte  Croix  ne  refrénera  fa  malice, &: 
n'aura  enuie  de  quitter  fa  mefehante  vie? 
Trticbée.      L)ieu  par  la  bouche  de  fon  Prophète  Michée, 
parlant  de  l'Eglife  de  fon  temple  ,  luy  baille  vn 
beau  tiltre  de  loiiange,quand  il  l'appelle  mai- 
fon  de  délices  ,  ïïltdieres  eteajiis  de  domo  deltaarum9 
Vous  auez,dit  Dieu,  chaffé  les  femmes  deuotes 
demonEglife  ,  hé  Seigneur  iComment  appel- 
iez vous  voftre  Eglife  ?  Domus  dthci  trum  maifon 
de  délices,  verger  délicieux  &  plaifant;c'eftoit 
du  temple  de  Salomon ,  duquel  Dieu  parloit:&: 
disét  les  Hébreux,  que  cet  ancien  temple  eftoic 


Je  Carefme,  fi$ 

vn  v;rger  plein  d'arbres  ,  autantendir  Je 

t'Eglilè  ,  c  cft  vu  verger  «Je  délices  plein  d'ar- 
bres, o  arbre, que  la  Croix  de  mon  Sauucur,que  L'E^Ufe 
rre & d  vu  S. Anci  .une  de  comparée 

verger  que  le  Bapteûnc,ô  riche  parterre  ,  où  à  m  ver- 
ferctrotmentlts  h)  acioth<  Prophètes,  lester  phm 
oeillets  d'Ind  ipoftres,  lesro{esdc$Mar-<  dejLurs. 
ryrs,  lesrofesn  rs ,  les  vio- 

lettes des  cunfeffcl  nés  des  Religieux, 

ex  jnachorerres  esodorircrans  des 

Ô  riche  parterre  que  celle  Eglifc  ,  c'elV 
vra\  ement  TOC  maifon  de  délices, M  vn  verger 
de  plailir  ,  &  partant  prophanant  ce  lieu  déli- 
cieux par  des  impuretez  ,  ic  vous  laille  a  penier 
fi  ce  û'efl  pas  nie  mcrucillcufc  orVciu 

En  loiué  chapitre  i.ce  grand  Capitaine  p'cnft  io[uc,  fl 
fî  toit  mis  le  pied  dans  la  terre  de  proniillion, 
iîi    toit    mi    Ange   fe    prelenra    deuant 
1'..'  iten  main  toc  e/pee  dcfgainec ,  &  luy 

dict  ,    ïolue  t  ■'(  peilibui  tua  ami  (ocu-f  \ 

rjHo  fiés  fi  l.  Pareillement  M<>\  fe  en  TE-  ExotL  fl 

xoe1  -.liant  s'approcher  du  builîon  ardant, 

qu  il  ai:  'gnoiltre  cefte  DM 

.dit  vn  ;ui  du  milieu  du 

luiiifon  luy  difoit,  5o!ue  CéictémtÊtéek  pecULus  tuis%  Exod   $ .' 

i  -  :  M. us  pourqnoy  Sci- 

eur ,  n  vous  au(li  vn  bon  Ange  de    B4#Wi    * 

liant  M'>  -me  deuant  lofiie  aiICCvnC  ci-  \ofuc 

pe.  rqnesicyqne  M<         epre/èn-  prrjntent 

ce  l'ai  tgue ,  I  Liionuelle  /*    /#y 

ie,il  falloit  re-  mtetem* 

nr.  )!cu,  pour-  &Iathm* 

\  ;  mabcaUtoyooMgcHcil  /« 


j  1 6  Vouy  h  qu<ttwfmè  LtwJy 

faut  rcuerer  les  temples,  cefre  :fp:c  nuë  que 
rient  l'ange  deuant  loiiié ,  nous  figniiîe  que 
c'eù;  choie  tres-dangereufe  de  les  prophaner, 
Solut  caictxtntfifri  a.  !>■   ém  tut*    les  pieds  nous 
reprefentent  les  affections  de  la  terre  ,  &  les 
fouiliers  les  follicitudes  du  monde  :  &  ainfï 
quand  vous  venez  àl'Eglifeonpcut  dire  a  vn 
chacun,  de  vous  ces  paroles,  i#f*é  cAktumtntadt 
pedtbtts  ttits^  locns    nmttâ  quo  H.is  SantlkSeB  :  que  fi 
entre  le's  Turcs  il  n'eflloifibie  àperfonne  d'en- 
trer en  leurs  Mofquees  auec  des  fouiliers  aux 
pieds,combien  àplus  forte  raifon  les  Chreftiés 
entrans   en  rfieïife  doiuent-ils    dcfchauflcr 
les  fouiliers ,•  ie  dis  les  affections  &  foliieitudes* 
du  mondc?Mais  le  mal-hcur  eft  pour  nous,  que 
fi  iarmis  nous  n'allions  qu'vne  affaire  a  dire, 
nous  la  referuonsà  la  dire  en  l'Eglife  pendant 
que  le  feruice  de  Dieu  s'y  faict ,  s'il  faut  donner 
quelque  afllgnation,  cdà  dans lTgîife  qu'elle 
fè  donne  ,-  ii  le  ieune  courrtifant  veut  voir  la 
ieune  damoifelle  qu'il  po'urchafie  en  amour, 
n'ofant  aller  en  lamaifon,  attedra  qu'elle  vien- 
ne à  la  meffe ,  au  Sermon  ou  à  Vefpre  pour  la 
voir  Se  luv  faire  entendre  fes  partions  deshon- 
neftes ,  &  le  tout  au  grand  fcâdale  des  âmes  de- 
uotes,  &  au  preiudice  de  l'honcur  &  du  refpcc't. 
que  nous  deuons  porter  au  lieu  faine!  &  facré 
Autshn-  pour  le  feruice  de  Dieu  :  chofe  véritablement 
cimntmt  dangereufe  &  mcruciiïeufement  à  craindre. 
faict    en      Anciennement  l'autel  du  Tabernacle  eftoit 
forme  ât  faicten  forme  de  lyon  efpouuentable ,  &  pour- 
lyon9  &  quoycela?  ô  bon  Dieu  ,  c'eftoit  pour  dire  que 
pourquoi  ceux  qui  s'approcheront  de  fes  autels  &  de  fes 


àt   Cjrrflhe,  s  *7 

tcn  n  les  profanant  par  leurs  mitraaifes 

actions,  fc  doiucn:  donner  de  rarde  do  lyoa 

furieux  qui  viendra  au  :o-.ir  du  ingénient  pour 

6c  chafticr.  Nous  liions  aulTI  qu'an- 

:it  Dieu  ennuya  aux  Samaritains  qtd 

ilioient  aux  i<  .marie  ,  deux  lyons 

pour  les  deuoret  :  Mai  p  ,  pourquoy 

ne  leurs  enuoyei  inffi  bien  des  lyons  lors 

qu'ils eltoient enl  >:icauc  créé  Ido- 

lâtres idolâtrant  tans  facrificci  aux  i- 

dolcs  aufli  bi<  (      B  pour  au- 

tant que  e  oit  au  temple  de  Dieu  qu'ils 

idolatroient  alors ,  &  pour  ce  il  ne  leur  ennuya 

lyons eftans  en Babylone,  mais  bien  cfl 
en  SamanèTil  leur  enenuoyaponrlcsdeuorer 

;t  qu  ils  protanoient  Jc-  temple  de  Dieu 
qui  eitoitenSamane  ,  prefentans  facririce  aux 
eniceta)  rtantileftretitableqocde  tout 
Dieu;:  lestépks  eonfaerez  a 

ur,chai  euerement  ceux  qui 

taminenr  &  profanent  j  ainfï  qu'il  ta:  >ur- 

dluiy  châtiant  <b         fainct  Tempk  \\\ 

endeursde  eolomlv  toient. 

I  .  rpour  U 

plufpart  les  Prcl  fàcrificatears,  lefqtiels 

metilchaftic,  pource  qu'en         inscon- 
pour  le  femiren  fon  temple, keontami- 
t  &  profanoient  par  leur  auarii 
Il  e  ups  Dieu  a  aimé- 

la  Prcftrîi  antplus  qu  ilaa]  me  les 

Ht plus  feu. rement  leschaftie- 
îl  q  ncent ,  profanant  Tes   lac 

ai.i.  .lires,  remarque**^  mot;  Dicufe 


j  2  S  Tourleq  uatrufme  L  tmày 

dict  eftre  feu  ,  i^ut  tixtA  nu  est  pope  t^nern  efiy  c'eft 
Belle  ào-  vn  feu  bruilaut.     ÏHus  noîler  t*m  conjumcm    t(t; 
firme.     Vous  eftes  proche  de  luy  entre  tous  les  hom- 
mes ,  Sar/cttjiJ.-.bo  nio>  qm  praxtmi  met  ju-a,     Vous 
Dvit.q  eftes  reueftusd'vne  robbe  de  Rn  lin ,  luy  pie- 
fentant  facrifice ,  ny  plus  ny  moins  que  les  Pré- 
fixes de  l'ancien  Teftament,  ayez  eigard  que 
vous  eftes  oin&s  dhuiie  s'approchanc  du  feu:ne 
fçauez  vous  pas  que  l'huile  s'approchanc  du  feu 
l'allume  &c  lembrazeiprenez  donc  garde  à  vous 
&  penfez  que  fî  ne  conuerfez  bien  auec  luy  que 
cefte  robbe  de  fin  lin  fera  réduite  en  cendre ,  &: 
que  cefte  huyle  de  laquelle  vous  eftes  ôinéb, 
feruira  de  pafture  &  d'aliment  très  propre  pour 
Simonin  allumer  le  feu  de  fa  iuftïce  diuine  concre  vous: 
clesvrays  oSimoniacles  ,  vous  eftes  vrayementdes  ven- 
vendeurs  deurs  de  colombes  ,  puis  que  vou;  vendez  les 
er  mar*  bénéfices  de  lEglife ,  qui  font  dons  du  S.  Ef- 
chands  àt  prit ,  lequel  eft  defeendu  au  Baptefme  du  fils  de 
àolombes.  Dieu ,  en  forme  de  Colombie  :  vous  eftes  feni- 
bles  à  Efau  >  lequel  pour  auoir  vendu  fapri- 
mogeniture  fut  pnué  de  la  bénédiction  de  fpn 
père  :  6  Simoniacles,  ô  vendeurs  de  colombes, 
qui  vendez  &  aliénez  les  rentes  &  reuenus  de 
l'Eglife  pour  feruir  à  vos  côcupifcences.  Voila 
pourquoy  l'Eglife  fagement  à  ordonné  que  les 
Profites  ne  ferôt  mariez  de  peur  qu'ils  ne  fufsét 
auaricieux ,  &  auides  des  biens  de  la  terre  :  car 
s'ils  font  curieux  d'amaGer  des  richeflTes  pour 
leurs  niepcesôc  nepueux  ,  que  feroient-ils  s'ils 
eftoient  mariez  ?  L'Eglife  eft  riche ,  il  eft  vray, 
mais  les  richefics  luy  ont  efté  données  pour 
auoir  quâtité  de  miniftres  employez  au  feruice 

deDiei^ 


de  Qd)  efme.  j  2  9 

tfe  Dieu  ,  &  le  tefte  pour  cftre  dilrribué  au* 
I  ainfi  tomme  il  citoit  anciennement 

pratiqué  par  les  Prélats  de  la  primitiuc  Egiife. 

'tam  quidan  touiide- 

rant  les  ficelés  p;  auquel  nous 

i  iprefent ,  âdiâqu  anciennement  il  y 

[lies  c  or: 
Biais  âprefeocill  ont  des  ci  bac 

deueiuis  pourla  plufpartl- ..  :  à 

Preftres  6e  Pi         »  femew  deaantlel 

.iiicicnncnicntlc  Grand  Prcftre  :  qnoy  7?_ 
qu'orné  0  lie  ibmptueuiluient ,  au 

néanmoins  les  puas  nu«ls  :  ainii  les  Préfixes  'Wjrc. 0/f 
lits  de  1  Eglifi  doiokot  marcher  fur  terre  f**r*k 
uMcdsnod  i  du  corps ,  mais  de  lame, ,;  n  dtz 

&  dechauillr  toatts  les  a.  is  terriennes,  L'"'"  '" 

qui  les  puiirroienc  engager  auferuiccdu  mon-  "'";r#- 
de  ,  (e  dUp  celuy  qu'ils  doftUCOt  ren- 

dre à  Dieu  !  ôPafteui  »dc  I  i  glife ,  i  ous  4ei 
dire  ainiiquc  celle  temme  dont  parle  S.  le  an 
au  chap.  12.  de  Ton  Apocalypse,  laquelle  cil 
entourée  du  Soleil,  &  auoit  la  Lune  fous  les 
|       s  :  le  fi  n  dit  que  l  la  lu- 

.idc  qui  lu  hommes  par 

i  exemple  :  Et  puis  qu'ainli  cil  que 
îcilS)  il  faut  que  I  la 

[  .riche::  ulani- 

reprcfenteesparla  I  urv  009 

fouller  aux  | 

coupe  U 
Utonfurc,  Bt  (]ue  lo:i  ,  Uo- 

-  ht  ifii  r»jf,  i    s  cheuein  re- 

prdcntciit  Ici  fupcrlluitez  de  la  terre,  &  les 

II 


j  3  ô  Tour  te  4.  tuniy  Je  Caref, 

biens  de  ce  monde  ,  on  vous  coupe  les  cheueux 
en  iatonlure  pour  vous  reprefenterque  lesfu- 
perrluitezdesricheflèsdoiuent  eftre  eiloignez 
de  vous  :  Anciennement  quand  on  confacroit 
les  Vierges  Veftales  i  la  Deeffe  Vefta  on 
leur  coupoit  les  cheueux ,  &  les  attachoit  on 
à  l'arbre  de  Lothon.  Ainfï  puisque  vous  eft.es 
confacrez  à  Dieu,  il  faut  «attacher  fes  fuper- 
fkritez  à  cet  arbre ,  non  de  Lothon  ,  mais  bien 
les  employer  à  fubuenir  auxpaùures,  &  prin- 
cipallement  tous  tant  que  nous  fommes,  puis 
que  nous  auons  efté  colifacrez  à  fon  feruice 
parle  baptefme ,  nous  deuofïs  prefenter  tou- 
tes nos  richefiesà  celuy  qui  nous  les  renuoye, 
'&  les  remettre  entre  fes  mains  comme  proue- 
nant  de  luy  ,  &  ce  faifant  il  nous  augmentera 
fes  grâces  >  &  nous  comblera  là  haut  de  gloire 
en  Paradis.  Amen, 


^At^kffV-v  f/^  £*• 


r 


Tr"T;'^!f)^ 


S  E  II  M  ()  N      P  O  V  R      LE 

QVATR1LSME     MA  Ri)  Y 

de  Caicime. 

^retenais  /efus  viebt  t  m 

:tmà  tidtmtAÎC. 

[jEST  icyi'vncdcsplir.  haute*  &:  mi-  /^    3% 
ftericuics  Euangilès  qui  vous  ayenr 
cfté  rcprcfcrtttcs  au  long  de  c  c  (  àrcC 
me  ,ou  fousl'e&orcede  la  lettre  nous  defeoa- 
ifdetres-haûts  nnyfl 

su:  ta  la  perfbnne  de  cet  auett- 
glenc  illuminé  par  noitre  Seigneur,  nousreeo- 

amiiere  de  l'homme  tombe  enr 
*  là  lia  receues  en  la  N  ;   . 

t  ion  de         te;4teri(ai  iriô.Vcnlapour^ 

quoy  pour  mieux  coofidefer  &  reprefcnter  ( 

Dîne  il  tau  mous  parlerons  aoioiird'l 
l'anengleinot du peché,& <U  Cs  qaeDi 

S*efl  feruy  pour  enter  cet  SUK  ugte  n  ur  F«in 

illuminer  nos  une  tttémtê* 

Kerdu 

N 

:iour:i  4  »/f*x 

mencemeot  &  l'origine  de  .  . 

Ll  a 


j  3  2  P^r  fc  (jUdtfirfme  "hlâtd^ 

licite  que  ce  panure  homme  receut ,  prouiét  dé 
ce  qu'il  aefté  veu  par  noftre  Seigneur ,  nous  a- 
uons  raifonde  le  prier  à  celle  fin  qu'il  luyplai- 
fe  ietter  vn  diuin  regard  de  Tes  yeux  gracieux 
fur  nous  autres ,  afin  de  defiller  nos  yeux  pour 
voir  &  comprendre  les  hautes  &  facrees  mer- 
ueilles  qui  font  comprinfesen  ce  miracle  qu'il 
opère  auiourd'huy ,  ce  ferapar  la  faueur  &  en- 
tremife  de  la  facree  Vierge ,  laquelle  pour  ce 
fuiecl  nous  faluërons  $  difans,  *AueMam. 


Tfal 


n 


ILcck  I 


i. 


A  plu/part  des  Anciés  ont  efté  d'âd- 
uis  &  d'opinion  commune ,  que  le 
regard  &Javeuë  des  Dieux  n'eftoit 
autre  chofe  que  fecourir^/^rf  deotÏÏ 
tsi  muaYt ,  il  femble  que  Dauid  aye 
voulu  faire  cefte  mefme  recognoiffance  ,  ai- 
faut  vn  iour  à  Dieu  en  l' vn  de  fes  Pfalrries ,  K  </- 
pice  m  me  Domme  çjr  mtjtrcre  ma  Seigneur  iettez 
voftre  veuë  fur  moy ,  &  quant  &  quant  ayez 
pitié  de  moy ,  pource  que  voftre  fecours  ,  vo- 
ftre grâce ,  &  voftre  mifericorde  accompagne 
toufiours  voftre  regard.  Le  Sage  en  l'Eccîe- 
fiaftique  chapitre  n.à  plus  pro fondement  pefé 
cecy  que  Dauid  5  quand  il  dit  parlant  de  l'hom- 
me iufte  ,  Ocmus  Liomitii  refpextt  dlum  m  bvms  ,  ejr 

etexitiHumwùomfatefu*,  Ci  ie  ne  me  trompe  ,  le 
Sage  veut  dire  que  Dieu  peut  regarder  l'hom- 
me en  deux  façons ,  In  buun  &  m  mmAj .  en  bonne 
&  en  mauuaife  part ,  en  quoy  fe  voit  la  diffé- 
rence du  regard  de  Dieu  que  Dauid  a  notté  au 
.Pfalme  3  3  .quand  il  dit  pour  le  premier  regard, 


Ai  Cérefme  $  5  $ 

Ocuh  Domim  fttpfr  w  hi ,  &  jmh  tiët  i*  prcas  tomm,  Vj  J  $  3 . 
te  pour  le  fécond  ,   Vmltui    Domiut  jnp'r  f.t 

tin.t.  Le  premier  :  de 

grâce  ,  &ii  -ond  ci  fa 

mrtice, &de ilst': .       rns.Del  C 

ainii  que  nous  V<  Soleil; 

mes  rayons  de  fa  khi.  ' 

penrsckUtercc  J  .  .  x 

fond  en  eau  ex  en  phi)  c;a:nli  elt-il  de  i  j  ci  ^'", 

Dieu  vra.  .:>  uclairans  de  t<M 

parle  moyen  diccux  il  cfîeuc  les  vns  ;  .:- 

Cire  a  foy  ,  ïlumilu  requit  4i  rff/f,  (h/cum  c.ct'n.t  p/J  ril 

inop"n  >     - ~  tltitnc.rr  mit  pémptrem.    I!  i 

autres,  les  perd  ce  yfmc.  t^exu  ijoivi- 

7,h^  &r  itifcolktt  tntts. 

Cryfippus  parlant  des  yeux  de  la  iufti  '# 

Dieu,  clict  qti  ils  font  aères ,  di  •  :  - 

Acrtsirctt  .jrcrttJit,;  mais  pour  CCU*  de  fam.- 
ferieorde  ,  ils  font  tous  d<>u 
yeux  de  fa  iufncc  ,  i!     g      le  le  pécheur  pour  le 
punir»  &  des  )•  c n  1  d c  (a  mil 
nous  foui; 
icellcs:  de  dé&iilftu  irde  le 

heur  pour  k  perdre,  ainfiqiu         Dauid, 

'    DomiTHi  t/n?iu?n  ■   -  - 

fut  :  mais  des  y  lux  de  fa  mi; 
n«  >s  pèche?  pour  nous  le  trre  &:  p.. 

ncr:  fiede  ces  yeux  de  Dieu  doiU  ,   (al  s& 

gracieux  parloit  l'Hfpoufc  aux  Cantique! 
parlant  des  loyangC  >:il.!p<>  1  L<n- 

0  1  •jequ.riur.t  m  btjebê   Quels  font  ftqtiestx- 

•poux  ?  ce  font  4 
(  -ueuoirs ,  la  ou  :  de  iMM 

l\ 


f  5  4  Vohy  le  qudtriefme  Tviardy 

miferes  fé  vont  fondre  :  enquoy  ces  yeux  de 
Dieu  font  fort  iuftcment  comparez  aux  pifci- 
nesdehefebo  :  carfinous  confiderons  ce  que 
fignifie  ce  mot,  befebo,  félon  l'Hébreu,  nous 
trouuerons  qu'il  ne  fignifie  autre'  chofe  que 
cogitation  ou  follicitude  ,  &  difans  l'Efpoufe 
que  les  yeux  de  Dieu  fon  Efpoux  ,  font  des 
fontaines  &  pifcines  de  hefebon  ,  des  fontai- 
nes de  follicitude ,  c'eft  pour  dire  que  le  grand 
de  la  mifericorde  de  Dieu  ,  n'eft  autre  que  le 
foin  qu'il  a  de  nous  fecourir  en  nos  miferes. 
Differece     Lucian  a  dic~t  qu'il  y  a  yne  grande  différence 
gradt  tn   entre  Dieu  &  les  hommes ,  &  qu'en  efgard  aux 
tre  Dieu   actions  de  Dieu  &  des  hommes ,  il  femble  que 
e^r  le  s  ho-  Dieu  feul  aye  les  yeux  en  tefte ,  &  que  les  hom- 
m?s,  jeton  Ines  ayent  ^cs  leurs  enfermez  dans  vue  bourfe: 
Lucun.    ^  e^  ^en  vray  que  fi  nous  confiderons  la  com- 
mune vie  des  hommes  de  ce  fiecle,  nous  dirons 
&  fort  iuftcment  qu'ils  ont  des  yeux  en  tefte 
pour  voir  les  fautes  d'autruy  :  mais  pour  les 
leurs  ils  ont  les  yeux  enfermez  dans  vne  bour- 
fe :  mais  cela  eft  particulier  à  Dieu  d'auoirdcs 
yeux  en  tefte  pour  nous  ayder  &  fecourir:  l'cx- 
perience  s'en  voit  fur  la  perfonne  de  ce  pauure 
miferable  de  noftre  Euangile  ,  lequel  n'eut 
fi  toft  cfté  regardé  de  noftre  Seigneur  qui  in- 
continent la  veuc  luy  fut  rendue  :  Vtétunms  Le- 
(tu  vtdir  bontmett  ç#ct$mà  Natiuttate  9  "vidît  bemwem, 
dit  S.  Crifoftome  ,   rt  pfccAtt  homims  nen  viderc 
y  dit  ipv*  imkçtrrt  eius  vt  dtfr'reyt.t  op<r*   p-restorum 
Dieu,  dit  ce  père,  a  regardé  la  nature  de  l'hom- 
me ,  otrurage  de  fon  ouurage ,  &  non  pas  les 
péchez  d'iceluy ,  vidit  honuum  excuw  >  il  ne  dict 


de  CéQTtfme,  j  *y 

pas,  W/j*  peccjtewH  y  mais,  f>owmeti\  pour  dire 
que  Dieu  ne  regarde  la  malice  &  Lepeché  du 
pécheur,  nuis  fculci         (amifere. 

0  grand  Dauid,  a'eft-ce  pas  ce  que  vol  h 

demandiez  à  Pienquand  vous  Juydifiez,  Â  >">c% 

domine  eculos  tues ,  t$  vide  jj;:  •  m  on  .  fainct  de  Dm  i.l 

Prophète,  ievoybicn  que  vousrecognoiffiei  mDéa^ 

la  grande  vertu  ècTel  Ç*  diuin  regard 

de  Dieu,  de  dus   vous  afli 

eftrc  deliure  d  calamitcz  ,  h  tant  efl  qu'il 

vous  regardait.  :cVic  donc  par  la  vertu  de  a 

jdiuinc  que  noitre  aucuglc  né  a  cite  illu- 
minc.-maisauec  me  façon  l&phiseftrange,  : 
raciileufe  ,  ev  la  plus  extra  re  de  ton* 

c'eftalVauoirauec  la  poulliere  delà  terres  &  ee 
arïn  de  nous  inonftrer  cV:  enfeigner  que  c 
1  ordinaire  de  Dieu,  de  cho 
re  il  produire  de  grandes  :  ô  p 
plus  pn         .que  les  plus  riches  t!.- 

■  ulc  !  ô  merueilles  gra  Jit 

fous  L'efcatce  decemir 

(i  nous  le  con(:dcrons  de  | 

ftrons  en  iceluy  ce  qui  eft  de  la  iui 

dn  pécheur,  tant  poorce  qui  tppai 

que  pooreequj  clt.de  noitre  pair:  C  e  que  : 

(ire  vous  faire  voir  en  ce  prêtent  fer: 
êmkminem c*cumy  cre,  c'elt  pour  ce  qui  dep 

>:cu,  Vêik  liu  ire  te  *d  \ '    •  m    v  cfl 

E  qui  nous  touche  ,  &:  ce  qui  cft  r( 
pour  noftre  part. 

Pour  ce  qui  eir  premièrement  de  la  part  de 
U  ,  remarquez  que  Ù  fCUC  î 
tante   &   preuenante  efi  la  pi         re    chofe 
I  Ll  iiii 


j  ;  6  Tony  h  qtutriefme  "hidyày 

neceflaire  à  la  iuftification  de  l'homme  :  car  fi 
Dieu  ne  frappoit  à  la  porte  de  noftre  confcien- 
ceimpoffible  ferait  à  nous  d'eftre  iuftifïez  :  de 
manière  donc  que  premièrement  il  nous  pré- 
fente  fa  grâce  quand  il  nous  veut  iuftifïer ,  Vult 
omftts  hoihh.: $  jaiujsp.,*:  &  remerquez  que  cefte 
Belle  ft-  grâce  excitante  que  Dieu  nous  prefente ,  nous 
nuhtttde.  cft  fort  bien  icy  reprefentee  par  ce  mot ,  \>tœtt- 
nns  :  Faifant  l'Efcriture  de  ce  casalluiïon  au 
Soleil ,  qui  fe  leuant  au  matin  fait  fon  tour  iuf- 
ques  au  foir ,  &  cependant  qu'il  marche  à  fon 
couchant ,  il  riy  a  rien  qu'il  ne  participe  à  fa 
lumière  &  clarté,  ainfiil  n'y  a  créature  raifon- 
nable  fur  la  terre  qui  ne  participe  aux  grâces 
diurnes  de  Dieu. 

Si  ce  n'eft  que  par  ce  prateriem  le  fus ,  l'Euangt- 

lenous  veut  reprefenter  vne  très-belle  leçon. 

Il  eft  vray,Dieu  prefente  fa  grâce  a  tous,  &  n'y 

a  aucun  qui  fe  puifie  plaindre  d'eftrepriué  des 

influences  diuines,  mais  remarquez  que  c'eft, 

pr*<  eritm ,  en  paffant ,  qu'il  prefente  à  tous  fes 

grâces ,  qu'eft-ce  à  dire  cela?  Ha!  Chreftien, 

il  eft  vray,  Dieu  te  prefente  fa  grâce,  mais  fi  tu 

la  mefprife ,  fi  ta  fais  la  fourde  oreille ,  &  le 

laiffepafler  &  efcouler ,  prend  garde  que  tune 

Tjfiages  la  puiflfe  plus  r'auoir  ny  reprendre. 

des  Can      Belle  reprefcntation  de  cecy  aux  Cantiques, 

aqueux  là  il  cftdicl:  que  l'Efpoux  frappe  à  la  porte  de 

fbqtiê      fon  Efpoufe  ,  maisicelle  dormant  en  fon  liclr, 

&  faifant  la  pareileufle  &  ne  luy  allant  ouurir 

la  porte  elle  perdit  l'occafion  de  le  voir ,  car 

quand  elle  luy  alla  ouurir  la  porte ,  Me  um  drclt* 

naueraty  il  s'en  eftoit  délia  allé  :  ainfi  quand  le 


de  C  j  *7 

pccheur  tient  la  porte  de  fa  confcicnce  fermée 
aucc  Le  rerroude  1  oï  ftination  &  qu'elle  refit-: 
felagracc  que  Dieu  1li\  »:c,ilscn  va&  la 

dclainecn  ion  citât  du}  ;<  e 11  ainii  ç om- 

mc  vous  voyez  que  la^rac^  provenante  fc  pert 
toute  Guis  la  pouuoir  commodément  r'auoir, 
quand  vik  >ih>  m< 

de  la  reeeuoir.  C'cft  la  ia  première  choie  que 
Dieu  fait  en  la  iuitirication  de]  homme  ,c'eft 
alfauoirla^racc  preuenan:  citante  qu  il 

crlrc  &   prelente  a  tous  rcprelentee  par  ces 
mots,    pystmtm  lejut    nui   «..r  .»/;    a  \.tfit<irjtey 
nous  parlerons  demaiu  d'avantage  de  celle 
ICC  Dieu  aidant. 

La  féconde  choie  que  Dieu  a  faite  en  la  iufti-  G>-.*?;Y; 
fication  de  l'homme  ,  cell  que,  exputt  wmwém  m%  ierti 
ff\Km\mwm%  il  a  crache  en  terre  &  de  fa  faliue  met  fit 
détrempée  mec  lapou(Iurc,il  araitdclabouc  bom. 
de  laquelle  il  a  pilla  &  fiotc  les  yeux  de  CCC 
auei  illumina.  O genre  humain 

pauurc  aueuglené,  tous  le^>  hommes  \erita- 
blement  ijui  naiifent  font  aucuglcz  du  pechc 
Originel,  wmmH  n  uns  dut  mundui  juptr  ur~ 

cft  le  pechc  originel  qui  nous  tr.in (por- 
te au  tombeau  des  auiïitolc  que  nous  prenons 
Iiaillancc  :  p'*ttri(n<  [t)u>  yuln  howtm  c*:uin  ï 
7<if;  Il  cil  Men  via;,  que  s  il  faut  parler 

de  l'aiieuglcment  de  cetl*'>mcde  noftre  Euaa- 
gile.  Ilnev  :e  pas  de  ^on  pccbi  ,  ou  de  i 

dir  noftre  Seigneur ,c 
g!c  des  Ci  r  i  en  la  : 

lesccuiu 


j  3  8  Vêurkquéttrieftne  M.Wy 

y t  opéra  Dm  mamfefîarerjtur  m  tllo  :  Mais  s'il  faut? 

parler  de  l'aueuglement  perfonnel  de  tous  les 

nommes ,  c'eft  le  péché  d'Adam  qui  en  eft  eau- 

fecbê      le  ,  c'eft  le  péché  originel,  &  l'actuel,  le  dis 

#Adam  donc  que  pour  guarir "l'homme  aueugle  des  fil 

caufe  de  naifTaiice  Dieu  a  craché  en  terre ,  txpua  m  ter- 

taueu-    ramy  queft-ceà  dire  cela?  Dieu  auo it  craché 

glement    en  terre  ?  ce  n'eft  autre  chofe  finon  dire  que 

deshom-  le  fils  de  Dieu  s'eft  faict  chair,  Verbum  car* 

?!'?;        fitïïum  eH. 

Pour  cognoiftre  cecy  comme  il  faut,  vous 
deuez  remarquer  ce  que  nous  lifons  de  Dauid 
au  tiltre  de  fon  Pfalme.  3  3 .  lequel  porte  ainfî, 
ïfalmus   Damd  quando  mutautt  vùltum  fuum  cordai 
Pfal'       *Acbis  Abtmelecb,  que  veut  dire  cecy  ,  en  quoy 
$3.        confîftoit  ce  changement  de  face  en  la  per- 
fonne  de  Dauid?  le  texte  du  chap.  2  t.  du  i.  liure 
des  Roys ,  dicl  qu'vn  iour  Dauid  fuyant  de- 
uant  Abimelech  fa  face  fut  veuë  toute  rem- 
plie de  faliue,  &fa  barbe  toute  baueufe,  de 
manière  qu'en  cet  eftat  ceux  qui  le  regardoient 
le  tenoient  &  reputoient  pour  fol  &  infenfé 
Belle  fi-    err^nt ,  Salittœ  orts  jmdeHuentts  m  barbam  rùtt,  tta  vt 
pure  de     ommbus    tnfenfatus   &•  âemtns  vidtbaïur  :  C'eft  la 
l'mcar-    en  quoy  confiftoit  ce  changement  de  face.  La 
nation,     deffus  fainct  Auguftin  diâ:  que  c'eft  icy  vne 
belle  figure  du  fils  de  Dieu  s'incarnant,  car 
dit-il ,  qu'eft-ce  que  la  faliue  fur  la  barbe,  finon 
l'infirmité  coniointe  auec  la  force  ?  la  faliue 
reprefente  l'infirmité,  &  la  barbe  la  force:  aufîî 
de  faict  la  barbe  n'appartient  qu'aux  hommes 
meurs  &  plains  de  force ,  &  la  baue  aux  enfans 
plains  d'infirmité  :  puis  donc  qu'en  cet  équipa-» 


de  C.irefme.  j  ;  9 

gcDauidcftoït  vnc  très  belle  figure  du  fils  de 

a,quandc{t-ccqu  .1  a  cfaang  ,  tyua- 

do  wmtààU  vu.tum j:  île  en  l 'incarnation 

lors  que  ,  £«//)  m  foutu  utt  e^tt  non  r.tf  \  .';/-  **"     "'" 

;  jje  tqujttw  Uto ,  fn  rtumjtiui ..  rv;    HT**  2  ' 

nsniutt   jtnutif  \um  ,    v-_  -  -  MMMM  f7  v/   fa 

Il  aprins  la  forme  d  tne  de 

far,  de  t.  et  équipage  il  cftoit  en 

faperionneU  laliue  conioinetc  auec  la  bar', 
faliue  qui  rcprefentc  fori  humanité,    barbe 
qui   repreiente  ù   diuinite  :   &    \  <>i:!e/-vous 
voir  comme  en  cède  forme  de  fcrfj  il  citoit 
Tenu  pour  fol  ?   efeoutez  ce  qtx 

Paul    ,     VïtHiCjinuS     \fjum  y    GT    >'/«>7v     CJ  /«  , 

Qiùfr-ccquc  lefus-Chriit ,  voulez-vous  voir 

comme  il  aefte  réputé  folierefcoutcz  la  fuit  te. 

lundis   jc.tndMuin  ,    GfatlImS jtultitumy     e eii  là  la 

:é  ,  lAl  **f»W  forriru  lo  fr  ftptenn.t     C*ÇÛ  la  la 

v  ftc  boué  parcelle  In- 
carnation,nuis  Incarnation  mcrucillcufcnK 
bien   rcprcfcnrec   p  «"  /»;  MtMi  ,  9 

quelle  de  fente  delà  laliue  fur  laterre  ,  de  la 
diuinitc  lur  noitre  hunianuc  ,  Imlmwtt  celu  cf 

Sainâ  .  !ibu.  10.de  m-  1      n 

bolcdup.  j..|  ,  ttixirjeh'mnoa'u 

'inAiit  le  u>«i  .  c? tltuMtit  bmmmtM,  r  '  1 
txpritmttn  1  parce  cracher  en 

terre,  il  I*  donné  11  main  pour  nousrc- 

leill  principalement  lccra- 

cht  neceffaire  pour  la  guarifon  de  no- 

nen  t .  S 

Miau.  <>u- 


j  a  q  Tony  le  qudtrtejme  Mdiwy 

loit  prendre  de  fa  faliue  &  luy  appliquer  fut  les 

yeux ,  efperant  que  par  ce  moyen  il  pourroit 

eltre  guery ,  l'Empereur  de  prime  abord  luy 

refufa ,  mais  s'en  voyant  prié  des  affiftans  luy 

en  donna,  &  auffi  toft  cet  aueugle  fut  illuminé, 

que  cela  fe  foit  fatâ  comme  il  voudra. 3  ou  par 

magie ,  ou  par  l'entremife  du  diable ,  fi  eft-ce 

Saliue  de  pourtât  que  Pline  dit,  que  la  faliue  de  l'homme 

l'homme    eftant  à  ieun,eft  fuffifantepour  faire  mourir  les 

a  ituntue  ferpens  :  fi  cela  eft ,  cherchons  a  prefent  vn 

lesjerpes.  homme ,  duquel  la  faliue  (  eftant  à  ieun  )  peut 

rendre  la  veuë  aux  hommes, &  quand  i'ay  bien 

cherché  à  part  moy ,  iay  trouue  qu'il  n'y  a  en 

que  le  feul  IefusChrift  qui  foit  à  ieun  entre  les 

hommes:  car  tous  les  autres  ont  mangé  de  la; 

pomme  :  &  ainiî,  quelle  merucille  fi  ce  fils  de 

Dieu  crachant  en  terre ,  &  ce  faifant  homme, 

a  par  ce  moyen  ofté  l'aueuglement  du  péché, 

qui  nous  tenoit  aueuglez  intérieurement,  txputt 

tn  terram,  &  fectt  lutum  i  vous  fçauez  que  la  boue 

n'eft  faicte  d'autre  chofe  que  de  la  commixtioq 

de  l'eau  auec  la  terre:ainfi  Dieu  voulant  guarir 

l'aueugle  cracha  en  terre  fur  la  poufïïere,  &  de 

ce  cracha  détrempé  auec  la  poufilere  fit  4e  la 

.    boue ,  &  quelle  eft  cefte  boue  !  ô  mon  Sauueur 

&  mô  Rédempteur,  vous  eftes  cefte  fange,  c'eft 

vous  qui  eftes  cefte  boue,faicl:e  &  formée  de  la 

faliue  meflangee  auec  la  terreda  faliue  de  cefte 

boue  n'eft  autre  que  la  fagefie  éternelle  du  Père 

&  la  terre  n'eft  autre  que  nos  péchez,  &  cefte  fa- 

liue,ie  dis  cefte  éternelle  fapiéce,cftitconioin- 

cle  auec  la  terre  de  nos  péchez,  qu'eft-ce  autre 

chofe  finon  dire  que  Dieu  s'eft  faid  homme 


île  Ctreftne.  e  4 1 

8*1  uc  ce  faifant  homme  t'atlutMw*  aui  ait  jtu. 

fainct  Auguitinau  traictc  44.  fur  fainct  Ican,  traa^^. 
m'apprend  celle  mefine  doctrine ,  fçauoir eft m Icmi. 

le  I  ils  de  Dieu  îic't  autre  que  la  faliuc  du 
Père  ,  comme  aufli  teûnoigne  faindt  Ambroife  Ambrof. 
ce  fainct  L.  6c  ce  par  le  rapport  qu'il  y  a  lontfws* 

entre  le  Verbe  Eternel  &la  faliue:  car  tout  ainfî 
que  la  falir.,  nid  &  procède  du  chef  1  ainfî  Rapport 

le  Verbe  Etemel  cft  produit  par  la  fécondité  entre    le 
(fa Pert |  nuis  produit  du  chef  ,  c'eft  cette  di-  VeibeE^ 
uinc  faliuc  qui  defeend  du  chefa  la  bouche  :  &l  ttrnel  (f 
tout  ainfiquc  c'eftpar  la  bouche  que  la  faliuc  U  fuliue. 
cil  crachée  &  cnuoycc  dehors ,  ainlï  cette  diui- 
nc  faliuc  du  Verbe  Eternel  fort  du  Perc ,  par 
la  bouche  intellectuelle  d'iccluy  ,  ainfî  que  ce- 
fte  mefmc  fagellc  tcfmoigne   ,   difant  ,    E* 
ex  $n*htfiméfndtj.  Ce  ft  donc  là  cette  faliuc  qui 
fartant  de  la  bouche  du  Perc  Eternel  cft  venue 
:       .;er  le  limon  pour  la  goarifbf)  de  nos  pc- 
(      l  pat  la  COmmixtiOD   &   conjonction  d  i- 
celle  aucc  la  terre  ,  c'ettàdirc  ,  lorsque  Vmèmà  ç)enff  îm 
e4fo  ts;t*m  efl  ,  que  le  Verbe  Eternel  s'eft  faift  «/  « 
chair ,  o  terre  ,  o  chair  humaine ,  qui  n'eft  autre 
chofe  que  poudre ,  cendre  &  rerre  :  tefmoin  c  c 
oui  cil  eferit  au  premier  chapitre  du  Genefe,oà 
il  ett  dit ,  que  Dieu  fît  l'homme  du  limon  de  la 
terre  ,   )  Ulméuit  htns  Lotnwem  de  lunt  ttn*.  Ht  ail 
chap.  .:  ntrrramreurrtnu  :  Ainfî  donc 

le  fils  d-.:  I  )iai  \  r  I  ye  faliue  du  Pcre  éternel ,  s'e- 
ftant  vny  par  fon  Incarnatin  à  la  nature  humai- 
ne,qu:  n  cil  an-  .  terre,  qu'eft-cc  cela  linon 
iicnt  dire  que  h\Dnu  mtmxm,  ty  j- 

(mm       \  crache  du  Ciel  i»«  urre,  icieft 


fû&t  boue  pour  nous  guarir  ,  &   puis  dîtésf 
îvcaytjA.  maintenant  fi  nous  ne  ibmmes  pas  grande- 
iïonremr.  ment  obligez  à  Dieu,  d'auoir  guary  noitre 
deconue-  aueuglement  par  ctfb  bouë?ô  bon  Dieu,  il 
vable       eft  vray  ,  vous  auez   mil  &  mil   moyens  au- 
fom^ua-  très  que  ceftuy-cy  pour  remédier  à  la  mala- 
rtvlbom-  âiz  de  nos  âmes  :  vous  auez  vn  nombre  in- 
nie.         tfiny  d'autres  remèdes  pour  acheter  le  mon- 
de: mais  pour  fatisf  aire  auPere  éternel ,  adn- 
gortmtuiitti*.  11  falloit  cefte  boue  formée  de  la 
faliue ,  &  la  poufïiere  :  Voyla  pourquoy  eu 
figne  &  reprefentation  de  cccy  ,•  remarquez 
qu'en  la  guarifon  de  Faueugle  ,  ny  la  faliue 
feule  de  noftre  Seigneur  ne  fut  fuffifantc  ,  ny 
la  terre  feule  :  mais  bien  la  faliue,  &  la  ter- 
re conioinc~ts  &  niellez  par  enfemble  :  ainfi 
la  feule  diuinité  du  fils  de  Dieu ,  ny  fa  feule 
humanité     n'eftoient    remède     feparément 
fufiifans  pour  fatisfaire  à  la  rigueurde  la  di- 
urne iuftice  :  mais  bien  les  deux  enfemble 
7  vnis  &  conioincl:,  l'humanité  auec  la  diui- 

nité ,  Dieu  conioinct  auec  l'homme,  & 
l'homme  auec  Dieuaefté  vn  remède  tres-fuf- 
fifant  pour  le  rachapt  du  monde.'car  Dieu  pour 
eftre  pur  efprit  n'a  aucun  corps  pour  compa- 
tir: feulement  ce  qu'il  peur  faire,  c'eft  de  fub- 
nenir  à  nos  miferes:car  en  luy  nous  n'attribuôs* 
aucune  paflion,  finon  par  métaphore .  Pource 
qui  eft:  de  l'homme  il  peut  bien  compatir,mais 
non  pas  fubuenir  à  la  mifere  d'autruy ,  & 
neantmoins  l'vn  &  l'autre  eltoient  neceff ai- 
res^ lafubuention  &  la  compafTion  pour  le 
rachapt  du  monde  :  Voila  pourquoy  les  deux 


clcCtrtfme.  f^i 

ontcfté  conioincts  en  1  Incarnation,  oùlcrils 
de  Dieu  c  efi  faiâ  homme,  Frara/ar»,  vaLumcs* 
>oja  ,arîn  que  comme  Dieu  îlpcutfubuc- 

niranos  ncccilitc/  ,  &  comme  homme  patir 
pouriedk         :neft  que  pour  vue  autre  t 

cation,  ie  vou         que  cefte  bouc  n  en  au- 
tre que  le  fang  du  fils  de  Dieu  rcipandu  en  la  \utrè 
\  oci- vous  pas  que  c/eftlc  propre  &*&  ex- 

ile la  bouc  a  cftre  foullec  aux  pieds?  ainfik  fils  pignon 
de  Dieu  a  efte  fapaflion  par  làcruau-  dt  celle 

U  des  tyran  -  foullurç  reiaHiflbifijN*, 

eux  de  toutes  parts, 

D*auaotagc  ,  nyplusoy  moins  que  vous 

▼oyez  que  ce  ne  fut  allez  de  taire  delà  boue, 

falùt»  qu'icellc  fut  appliquée  fur 

Ks  )  eux  de  rauuigle,arinde  luy  rédre  la  veuc. 

Amii,  o  reformez  que  dites  VOUS  que  noilrc 

uracn  a  mort  pour  nous,  &  que 

i     œuures  DC  lerucntde  rien?  eleou- 

LCyCe  mot,  il  eu  vray  que  Dieu  à 

.!  tout  le  monde,  Ion  fang 

:t  remède  pour gnarir les 

maladies  dénomme,  maiseeleroitpeufien 

vue  ne  d'Apoticaire,  il  y  auoit  rortere- 

,  cela  ne  profite  roit 

ces  drogues  ne  luj  eftoiêc 
appliqi  ô  vieil  Adam,  nv  auoir-il  pas 

terreftre  vn  arbre  de  vie  don:  les 
iruK        iMioient  conferuei  tonimmorralit 

ne  t'eufi  de  rien  feruy  G  tu  n  euife 

ndu  la  main  poui  en  pK  ndre  :  en  Hicru 
km^lj  pifeinc  dont  les  cam  anoi 


j  4  4  Tour  le  quttriefrte  "hlarày 

la  force  &  vertu  de  guarir  toutes  fortes  de  lan- 
gueurs &  de  maladies  ,  mais  pour  eltre  guary 
îlfalloitfe  ietter  dedans  autrement  il  n  y  auoit 
Coopéra-  nu*  m°yen  >  tefmoin  le  Paralytique  ,  qui  de- 
iion  neceU  meura  trente  fix  ans  aux  porches  de  cette  pifci- 
fatre  à  U  ne  languiiîant  en  fon  infirmité  ,  pour  autant 
'iufïiGc*  que  perionne  ne  fe  trouuapour  le  ietter  dans 
ïm         l'eau.  Ainfi  diibns ,  le  iang  du  fils  de  Dieu  a 
efté  refpandu  pour  tous  ,  la  moindre  goûte 
d'iceluy  eftoit  plus  que  fuffifante  pour  rache- 
ter le  monde  ,  c'eftoit  vn  fruid:  de  vie,qui  peut 
entretenir  l'homme  immortel  en  la  grâce  de 
Dieu  ;  c'eft  vne  pifcine  falutaire  qui  guarit 
toutes  fortes  de  langueurs ,  mais  c'eft  comme 
vn  remède  dans  la  boutique  d'vn  Apoticairc, 
lequel  véritablement  eft  préparé  pour  tousy 
tres-conuenable  &  fuffifant  pour   rendre    à 
l'homme  la  fanté  fpirituellt.  Mais  tout  ainfi 
que  les  remèdes  ne  feruent  de  rien ,  ny  ne  pro- 
fitent e'ils  ne  font  prins  &  appliquez  par  le 
patient  malade,  ainfi  ce  fang  du  fils  de  Dieu 
efpanché  en  la  Croix  ,  quoy  que  fuffifant ,  ne 
nous  pourra  iamais  feruir  Ci  iceluy  ne  nous  eft 
appliqué  par  noftre  coopération. 

Et  fur  cecy  il  faut  que  ie  vous  explique  les 
paroles  de  noftre  Seigneur  ,  rapportées  par 
fainct  Luc  ,  lequel  prefentant  la  couppe  de 
fonfatigà  fesApoftres  &  difciplesleurparloit 
en  ceftè^forte:  H  te  est  Ca'ixf.tn^utféts  mtt^wpro  mtiU 
tii  eff'tinàiîur  m  rewtfitontm  p>cc<itnYwn  %  pourquoy 
dict-il/w  mihis  y  n'a-il  pas  efté  efpanché  pour 
tous  ?  le  fçay  que  quelques  vns  difent  ,  que 
f  ïo  mains  >  ç/cft  autant  à  dire  que  fto  omnibus  mais 

i'aime 


de   CaYt[i<  J4J 

tnicux  me  tenir  a  la  lettre  ,  car  certainement  il 
èft  vray  que  s  il  faut  parler  la  lurnfancc ,  le  tils 
de  Dieu  eR  mort  pour  tous  ,  Vu  omnibus  mir- 
tHHïti  niais  fi  de  Utrua^c  îlneftpas  more 
pourrons  jp  .  it  il  eiemorc 

pour  ceux  qui  applique.it  fur  eux  ,1e  mérite  de 
ce  fangpar  la  eu  îey  le  ni)  ile- 

rci;  ;,i-  rfpr&ff  1  ce  mira- 

cle par  <  e  pa  tlu:um  %$  i  mmu  ochUs  ems. 

En  4.1ieudi (oi\s  que  cette  boue  qui  nous  il-  •JCW**! 
lunnne  font  I  5  de  1  Eglife  qui  \c-P^re7: 

ritablcmcnt  ne  font  que  terre,  mais  la  vertu  Ptr   'J 
diuine  y  citant  cu;iioniac  parles  paroles  Sa-  v°HC* 
cramentalles  {  ccft  comme  la  faillie  qui  de 
trempe  celte  terre  ,  qui  rend  ces  Sacremens 
>  falutaires  ,  remec-  ofter  les 

'îezdu  mondial  rue  vertu  diuine,  paroles 
amentellcs,  terre  vnie  flUÇi    c<  rttf 

ditlii  -rment  lelymon  inilrumentairc  de 

noftrc  lalut,  la  tcirc  ev  la  pouliïcre  aueuglç, 
tefii  qui  futauui^'le  par  la  fie, 

de  1  niroiulelle,  les  rjchcflej  cène  font  que 
fien:  );niiere,  par  laquelle  le  diable  nous 

àueuglc polira  ~rdre  ,  fe  feruant  en  ccia 

d'.  mcfme  <S:  pareille  rufe  que  l'Aigle   enuers  1*/'  ^ 

erfjiequelpourcn  auoirle  dellus  va  pion-  ^  àt^le 
perles  ai,  1 1  eau, puis  toute   monllec  le  Pew ' fur- 

iur  le  fable  OU  elle  cueille  fur  ils  '"-""r  /« 
aille  Ollfllcn  r' ,  puis  venant  Cfr/- 

lier  du  Cerf; 

►Ici  le  .  .ta 

i  I     iiiili  1  aueui^lant ,  f'aicr  quelepau- 
:t   demeure  ù  proj  dubif 

M  m 


'r  4  6  Vonr  le  quatriefme  "Mardy 

pour  nous  ruiner  nous  creue  premièrement 
les  yeux  par  la  pouftîere  des  richeffes:&  noftre 
Seigneur,  fçachant  que  la  pouffiere  nous  auoit 
aueuglez,a  voulu  que  la  mefme  nous  rendit  la 
veuë,  eftant  ehangee  &  eonuertie  en  lymon 
par  le  moyen  de  fadiuine  vertu,  opérant  dans 
les  Sacremens ,  par  lefquels  nous  font  appli- 
-quez: lés  mérites  de  fa  Paillon,  &  principalle- 
ment  par  les  Sacrements  de  pénitence  ^  &  de 
VEuchariftie  *  Sacrement  que  noftre  Seigneur 
nous  a  voulu  reprefenter  par  les  paroles  qu'il 
dit  à  l'aueugle  illuminé  ,-  &  ce  contre  nps  re- 
formez, qui  difent  qu'il  ne  faut  point  de  coo- 
pération à  la  grâce  X£CZU'èyV  ade  lauAie  te  ad  nat<t- 
tôt  mm  >iht  Coopération  qui  nous  eft  fort  bien 
4^^.    reprefenteeaii4.1iure  desRoys,  Naaman  Sy- 
reus  lépreux  j  alla  vn  iour   demander  â  Helie 
quel  moyen  &  quel  remède  luy  feroit  propre 
pour  la  guarifon  de  fa  lèpre  $  Helie  luy  dicl?, 
Vade  hudie   jfpttes    m  lot  dam  &  mmtdah  m  à  hf>r* 
tua,  Pourquoy  Ce    Prophète  i'enuoyà-il   ail 
fleuuedulourdain  pour  eftre  guary ,  nepoir- 
noit-il  pas  luy  mefme  le  deliurer  de  fa  lèpre, 
fans  l'enuoyer  lauer  dans  le  fieuue  ?  ileft  vray 
il  le  pouuoit  faire  :  mais  c'eft  pour  monftrer 
que  iamaisDieune  iuftifie  aucun  fans  que  luy 
mefme  ne  coopère  &  ne  trauaille  à  fa  iuftifk&- 
tion  ,  Qh     re  *rt    t-  fini  te -on  iftttfc ilm  te  fine  te 9 
dic"tS.  Auguftin.  Ce  lauoireft  vn  beau  Sym- 
bole de  la  pénitence  ,  car  tout  ainfique  ce  la- 
uoir  fut  caufede  l'illumination  de  cet  aucuglc: 
ainfl  la  pénitence  eft  caufe  de  noftre  iuftifica- 
ticn,maiscaufedifpofitiue  feulement  &  coo- 


cltCarefmt.  $^7 

olauoir  de  Siloe,  ô  pénitence  dans  Btïïe  '& 
laquelle  les  ordures  de  nos  peche/.  (ont  lauees,  1i:\:e  c^ 
furquoy  ie  vous  prie  de  remarquer  icy  vue  ftrM.ttiç^ 
belle  oi)icruarion  :  Diaiiù  voulu  que  les  | 

chez  de* hommes  (oient laites,  ny  remis,  linon 

parle  moyen  de  1  eau  ,  mais  auec  tel  ordre 
qu'il  adonne  1  e au  propre  pour  lauer  la  faute 
qui  nous  Ht  ou  propre,  ou  qui  nous  eH:  impôt 
teepar  droict  u  héritage  de  nos  premiers  pa- 
ïens :  de  telle  iorte  que  pour  lauer  la  taure 
tftrangere,  il  a  ordonne  vue  caueftrangere;)e 
péché  originel  i\\it  de  :  1  nous  vient  par 

neril  z  perc  en  I  ft  ce  peche  qui  m 

la  mort,  &  qui  nous  Lut  mourir  d'vrie 
main  eftrangere  ,  voila poorquoy  pour  tu 
en  deliurer  ,  Dieu  adonné  Les  e;m  i  du  iiaprel- 
ITjie  ,eaux  pareillement  eûrrangeres  qui  no 
UoeOI  ,  c":  nous  purifient  de  nos  macules  ori- 
ginelles :  outre  le  péché  origine]  il  y  aie  péché 
actuel  par  lequel  nous  nous  donnons  a  nous 
mefinc  la  mort,  &  p  ,  Dieu 

qa  an.  race  qu  il  donne ,  ni 

reilentions  en  nous  .  u  efl  de  l 'enorinité 

dnped         que  nous  en  Unions  noftreamef 

&  noAre COnicience  par  l'abondante  des': 
mes  que  nous  deoODS  verferen  la  contrition, 
nés  (ainâts  &    falutairc  ,  lefqnelk  : 

fui  pont  irons  reconcillierauèi  u]<\>  u*^ 

(ephen  Ces  antiquité/.  Il  :cm0itl^ 

c]ii'vniour  tomn  .'.lut  OU  lo- 

is s  entrepartirent  1  rXC,  au- 

auant  que  ce  foifl 
?nc   procelUtio:  ic  ami  tic  pcrpetndkp 

>lm  u 


5  48  Pour  U  qudtriefme  MdrJy 

Grdttclft-  quils  fedeuoient  garder  atout  iamaîs  ^  fut- 
gne  ir      quoy  ils  plorerent  tant  tous  deux,  &  en  H 
fret  Ha-  grande  abondance  qu'vn  grand  vaifleau  fut 
tion  t+  remply  de  leurs  larmes ,  larmes  caufees  pour 
mitié,      la    ieparation  qui  fe  deuoit  faire  entre  ces 
deux  Princes ,  &  qui  eftoient  comme  vne  af- 
feurance  de  la  foy  qu'ils  s'eftoient  promife  l'vr» 
à  l'autre.  Ceftoit  aulli  la  couftume  de  plu- 
fleurs  nations  ,  que  contractant  amitié  ou  al- 
liance il  y  auoit  touiiours  du  fang,  auffi.  les 
Perfesconfederans  par  enfembk  tiroient  de 
la  vaine  d'vn  doigt  de  l'vn  &  de  l'autre  party 
du  fang, afin  de  protefter  par  ce  moyen  vne  al-* 
liance  pèrennelle.  Mais  Dauid  &   ïonathas 
voulans  contracter  alliance  ils  tirèrent  du  fangy 
non  des  veines, mais  du  cœur  ,  non  du  doigt, 
mais  du  cœur  outré  de  douleur  :  Il  eft  bié  vray 
qu'au  cœur  il  y  a  deux  fortes  de  fang,  l'vn  rou- 
ge ,  l'autre  blanc  :  de  l'vn  on  n'en  peut  auoir 
fans  playe:  mais  fi  faict  bien  de  l'autre  :  pour 
auoir  du  fang  rouge ,  il  faut  faire  de  la  violen- 
ce &  de  la  force  :  mais  pour  auoir  du  fang  de 
larme  il  ne  faut  que  noftre  propre  volonté. 
Dieu  ne  veut  que  nous  foyerns  contraints: 
D'auantage  ,  Dieu  ne  demande  pas  de  nous 
vn  vaiffeau  de   larmes,  il  n'en  demande  point 
auec  abondance  ,  il  n'en  veut  qu'auec  prix ,  & 
mefure  :  &  fai&plus  d'eftat  d'vne  feule  larme 
efpanchee  pour  l'amour  de  luy ,  que  nous  ne 
^  „  r     ferions  de  toutes  les  perles  &  pierres  les  plus 
7  udt  Precieu'es  du  monde.  Si  vous  allez  en  la  bou- 
™  tique  d'vn  Orfeure  pour  achepter  des  perles 

en  vous  en  donnera  Skloix  le  poix  que  vous  de- 


Je  Cétrefme.  j  49 

jnandez  :  mais  ne  penfez  pas  que  l'on  tous  en 
lionne  vne  pardcrïbs  le  poids  ,  pource  qu'elles 
font  tropprecieufes  :ain(i  il  eft  n  ni  de- 

mande des  larmes:mais  c'eft  auec  po 
furc,pourcc  quelles  luy  font  trop  chères  &;  de 
grand  prix. 

Auchap.  $8.  de  la  prophétie  d'Kfaye,  nous  rrgjt 
lifons  que  quand  le  Prophète  porta  nouuelle  ,  8. 
au  Roy  Ezcchias  .peu  d'heure  il  mou- 

TOit  dllailt.    Oi*  porte    aêmm  tu*  </dS    thim    tuo  .-- 

m  Ce  pauure  Roy  tout  dcfolé ,  fe  tourna  vers 
la  ruelle  de  Ton  lia  &  pleura  amèrement  :  ma: 
quoy  !  penfez-vous  que  Ton  lia  nageait  en  lar- 
mes :  non  non  ,  car  Dieu  parlant  puis  après  i 
luy  parla  bouche  du  Prophète   lu)    dia  ,    1 ./ 

,mas  tudj  où  pour  Ijcbrirn.is  l'Hébreu  ,  ci 
ûu  fîngulier    Ommstotùt,   qui  figniric  LninmAm 
tuAm  .  voyez  quelle  cft  lato  larmes,  puis 

qu'vne  kule  larme  efpanchee  par  le  Roy  eut 
la  force  &  vertu  :d'appai  1er  lire  de  Du. u.  nuis 
puis  qu'il  cft  mention  de  l'aueu 

qui  fut  illumine  par  les  eaux  de  Siloe  ,  cxi  que 
nous  auons  did  que  ces  eaux  repre Tentant  la 
pénitence  &  le  lauoir  des  larmes.  Il  faut  que  ic 
vous  rapporte  ce  que  me  diioit  le  Ro.  F.ze- 
chias,  lequel  rccognoilfanr  a  par  (oy  les 

aieursquc  Dieu  luy  falloir,  dict,    »  »t   »  «* 
-n./w   Belle  (îmilirude  àla  ver 
Les  naturaliftes  difenr  que  l'hirondelle    \o- Belle  f- 
yant  (êl  petits  aucugle^  à  raifon  d'vnc  certaine  mdtth 
humeur ,  acre  &  cfponle  s'en  va  a  la  er« 

cher  ne  certaine  pierre  appellce  C  elidoine,  & 
d'icclle  frotte  les  yeiu  de  les  |  qiu  ni- 

ai m  iu 


$$Q  Tour  le  A.  Ttlarày  de  Carefmei 

continent  après  viennent  àplorer  ,  &  en  plo- 
rant  diftille  l'humeur  ,  ainli  eft-il  de  nous  ( 
Chreftiens  )  auons  nous  la  veuë  de  noftre  ame 
troublée  &  empefehee  par  l'humeur  empoi- 
fonneedu  vice,  &  du  péché,  pleurons  &  ver- 
fons  abondance  de  larmes  auec  hfquelles  for- 
tiront  les  humeurs  peccantesqui  caufent  en 
nous  ceft  aueuglement  fpintuel ,  pour  puis; 
après  nous  faire  voir  ce  qui  eft  de  noftre  falut^ 
&  de  noftre  dernière  félicité ,  où  nous  çondui- 
fe  le  Père  ,  le  Fils  y  £  le  fainâ:  Elprik 
Ainûfpit-il, 


SERMON     POVR      LE 

ClNc^yiESME  MERCREDY 
de  Caiçimç. 

Trtttneni  Ufta  viâit  heminem  ctzum  l  yiuttmtAtt. 

I  O  A  N.     9. 

*£  V  fecond  liurc  de  l'hyftoirc  do  R  i 
nous  liions  d.         pandRoj  Dauid, 

^  ûu'iceluv  citant  talchc  a  1  encontre 
le  Ton  fils  Abfalon  ,  pour  auoir  mal- 
facré  &:  mis  a  mort  fon  rrerc  Ammon,lors  qq  il 
fur  qucition  de  retourner  en  grâce auec  lu\  ,cc 
fur  auee telle  condition,  qu  il  ne  le  verroir  de 
trois  aiu:il  n'en  e(i  pasainiidu  pécheur  qui  < 
çftrciuftific:  car  aueontraire  Dicufouucrain  c\: 
Ctermlje  monftrcfi  débonnaire  en  Ion  endroit 
quai  heure  me  nie  que  eet  homme  pecheu. 
penfe  cacher  de  la  face  c  Lit  Ion  Çp  il  ictte  fur 
luy  les  yeux  de  û  mifericorde  ,  c'elt  te  que  ic 
defire  vous  taire  voirauiourd "huy;mais  comme 
nouslifunsquc  la  reconciliation  d'Ablalon  ï 
uers  Ton  père  Daifid,ne  Te  fit  que  par  1  i 
d'vne  temnie  bien  (âge, appelle  nli 

l'Incarnation  6c  la  rxçonciliarioo  di  .iu; 

M  m  iiu 


Wi  Tour  U  qttatYitfmtTiïtYCYtây 

auec  Dieu  ne  fe  peut  faire  que  par  l'entremife 
d'vne  femme  :  le  dis  la  Vierge ,  laquelle  nous 
faluerons  ,  difans. 

tAue  Maria,. 

^  E  ne  croy  point  qu'il  fe  puiiTe  trou- 
ât lier  au  mode  vn  plus  parfaidt  &  naïf 
fvv  pourtraiâ:  du  pécheur ,  que  ce  pau- 
^j^g  ure  &  miferable  aueugle,  duquel  il 
eft  parlé  en  l'Euangile  d'auiourd'huy ,  foit  que 
nous  reiettons  les  yeux  fur  fa  mendicité ,  foit 
que  nous  confiderions  fon  aueuglement  qu'il 
a  apporté  du  ventre  de  fa  mère  :  li  vous  iettez 
les  yeux  fur  fa  mendicité,  c'eft  chofe  certaine 
que  ceux  qui  ont  leu  les  fain&es  Efcritures ,  di- 
fentquele  pécheur  eft  fouuent  reprefenté  par 
la  mendicité,  lnfirm.ua  t[t  tnp.iupnfatt  vntus  mtat 
Tfalm.  ditDauid.  Sain&Hierofmelit  autrement:  /»- 
\lMef.  firmita  e$  tn  mtquttate  virtM  mea ,  de  forte  que  le 
mefme  mot  Hébreu  qui  ftgnifie  péché  &  ini- 
quité,lemefme  fignifie  pauureté  ^mendicité* 
&  de  faiét  il  n'y  auoit  rien  de  plus  miferable  au 
monde  que  l'enfant  prodigue ,  réduit  iufques  à 
manger  des  efcofTes  de  gland ,  auec  les  pour- 
jttc.is.  ceaux,  &  qui  pis  eftoit  pour  luy,  c'eft  que  per-? 
fonne  ne  luy  en  donnait ,  c'eftoit  enquoy  con- 
fiftoit  fa  mifere ,  c'eftoit  alors  qu'à  fes  defpens 
ilexperimentoitlemal  &  la  peine  que  la  licen- 
ce offrenée  &  trop  grande  liberté  caufe  à  l'ho- 
me ,  c'eftoit  fon  péché  qu'il  reduifîïten  ce  mi- 
ferable eftat,  il  mandioit  fon  pain ,  quepenfez 
vous  que  vueille  dire  Dauid, quand  parlant  des( 
pécheurs  il  dic"t?  in  enaatu  mjfj  ambulant  i  {\ 


fU  Cirefme.  j  j  $ 

îc  ne  me  trompe ,  il  veut  dire  que  les  pèche i 
font   femblables  à  ces  gueux  &  caimandiers 
qui  vont  raudant  ce  tournant  pat  la  fille  de  rue 
en  rue  de  mai  Ton  en  maifon  ,  de  porte  en  por- 
te pour  auoir  vu  morceau  de  pain,  In  a,  mit* 

l  Ambulant,  ainfi  quand  le  pécheur  a  perdu 
Dieu  ,  tourne  &  raude  de  toutes  parts  pour 
mandier  &  chercher  quelque  confolation  ,  & 
n'en  pouuant  trouucr  ,  d'autant  qu'il  a  perdu     • 
Dieu ,  qui  eft  le  Pcrc  de  toute  coniolution  P attr 
te t tus   confoUtiO'its  qui  conjol.ttur  nos  m   cw.t  tubu1*- 
tiomnothd  ,  quelle  merucille  s'il  va  raudant  & 
cherchant  fans  celle  ny  arreft: ,  in  circuun  m  ./ 
émbkijnt ,  Pour  l'aucuglement  il  n'y  a  rien  de  ii 
aucuglé  que  le  pécheur  ,   txccAut:  tllos   wubtté 
éimbuubuht  t?  c.<:t  qtnt    bornino  peccdutruTj  :  nous  ^j  t!fyi0. 
lifons  des  Scythes  ,  qu'au  mcfme  temps  qu  ils  yeujecn4. 
auoientachepté  vn  terf",  il  n  tiroir  paspluiijit  t  umeibg 
entre  en  leur  maifon  qu'ils  luy  crcuok  Sc\ch(g» 

yeux  :  ainfi  que  les  Phi  lift  m  s  femblcnt  auoir 
praenoue  le  mefine  enuers  Sanfon  :  car  après 
qu'ils  1  eurent  pris,  ils  luy  ercuereut  les  yeux, 
afin  de  venir  par  celle  ruffc  ,  mieux  d  cher  de  fa 
perforn  r  iceluy  ayant  les  yeux  ci. 

yans  il  eftoit  ,  redoutable  &  eu 

pouuentable  oue  la  tondre  ,  mais  iceux  luy 
tftant  creuez  &  arrachez  ,  le  voila  rtduit  à 
vne  roué  ,  cftant  arraché  a  icelle  feruanr  de 

et  &:  de  rifee  a  I  leum.   (  les 

•lus    t'ai  'oient   enuers  leurs  ferl  lct 

Philiftins  enuers  le  fort  cv  \  alurcux  Vml« 
le  malin  cfpnt  t.  mcTme  enuers  le  | 

'•r,  illuy  crcuclcc;cuxdt  lame:  (car poux 


'<  c  a  Tour  le  mqui'fme  Ttiercrecly 

ceux  du  corps  il  ne  s'en  foucie  point  3  )  afin  de 

la  mieux  taire  fuccomber  au  maTheur  dupe- 

i  Ke&     ché.  Au  premier  liu.  des  Roy  s  chap.  n.  nous 

**•         lifons  de  ce  grand  Capitaine  Naab  ,  qu'iceluy 

pourcha,flant  viuement  fes  ennemis  ,  eux  pei> 

dans  courage  demandèrent  à  faire  pa&  èc  ac-' 

"Bsuft  de  cordauec  luy  àquoy Naabrefpondit,  ie fera/ 

ÎS&fS;     pac~t  auec  vous  autres  ,  mais  auec  conditions 

que  ie  vous  arracheray  l'œil  droiâ,  inhoefd* 

çum  vobijeum  paftum  ,  jt  prtus.  ewertm    yobis  ocu~ 

lum  dextrum  ,  #r  ponam  vus  opprobrium    in  Ifrael^ 

Qu^.eft-ce  à  dire  cela  ?  Ceft  autant  comme  s'il 

leur  difoit  ie  vous  rendray  ineptes  à  la  guerres 

car  vous  remarquez  que  ceux-cy  ne  comba^ 

Coicnt  qu'auec  vn  bquelier  &  vne  efpee ,  ils  te- 

noientle  bouclier  delà  main  gauche ,  &  l'et 

pee  de  la  main  droicte ,  auec  laquelle  ils  côbat- 

toient ,  &  en  combattant  ils  mettaient  leur 

bouclier  au  deuant  l'œil  gauche  qu'ils  te  noient 

fermé,  &  ouuroient  feulement  le  droiâ:,&ainfî 

Naab  leur  voulant  arracher  ceft  œil  droid,  c'e- 

ftoit  leur  ofter  le  moyen  de  pouuoir   coith 

battre,  &  de  fe  défendre,  leur  difant ,  Ponam  vos 

opprolnwm  m  Ifrael .  Nottez  ie  vous  prie,  que  c'eft 

le  propre  de  la  foy  de  cacher  l'œil  gauche  & 

laiifer  l'œil  droiâ:  ouuert,ne  fçauez  vous  pas  eu 

Belle  y-  outre  que  S.  Paul  parlant  de  la  foy  dit  que  c'eft 

fonce  des  vn  vray  bouclier,  in  omnibus  [nmentei  lavum  fi- 

Ldcefa    dei  O  bien-heureux  bouclier  que  la  foy  :  puis 

Wytums    donc  qu'il  eft  ainfrque  la  foy  eft  vn  bouclier, il 

faut  que  ie  vous  dife  que  c'eftoit  anneiennemét 

la  couftume  des  Lacedemoniens ,  que  lors  que 

lyujsenfanseftoientnez',  ils  les  enfetmoiçnu 


dt  Car tfr.it.  jfj 

dans  vn  bouclier,  &  leur  difoient,  faune  ce 
bouclier  ou  meurs  pour  la  dcrfcucc  diccluy; 
ainii  L'Eglifc  femble  faire  le  mciine  que  les  La- 
cedemoniens,  elle  nous  donne  auBaptefine  le 
boucher  de  la  foy  ,  &  nous  commande  de  gar- 
der ce  bouclierfcin  fit  entier,  OÙ  bien  mourir 
tu  ladetreneed  l'celuy,  &  pouc  iatonicruatiô, 
arind'tftre  portez  au  tombeau  ÇO  cebo. 
c'eir.  ce  bouclier  qui  n<  |  c me  1  ceil  gauche, 
&:  laiflc  l'ai]  droict  ouuert,  &  ce  fort  iuircmtt, 
car  ii  nous  voulons  venir  a  la  foy  il  faut  fci  mer 
ï  eril  gauche,  c  cit  adiré  ,  retenir  ce  qui  eiî  i 
fens,  6.  auoir  leeil  droite  ouuert,  qui  cltceluy 
de  l'ameôc  de  l'entendement  :  auant  le  péché 
d'Adam  &  Hue  aiioiétl'cLil  droict  de  1  ame  ou- 
Uertj  &  1  a-il  gauche  des  lens  terme,  maisauin 
Coll  qu'ils  eurent  pèche  \uila  l'œil  gauche  qui 
fut  ouuert ,  &  alors  les  feus  commencèrent  i 
combattre  la  rai  ion  ,  &  a  demander  ladctlus. 
S.  Paul  auant  la  conucrlion  auoit  l'uril  gauche 
ouuert,  Cx  le  droict  terme  ,  mais  après  cju'il  tut 

00  MO  tj  Ueil  gauche  tut  rern  i\eil  droit 
ouucrr,quand  il  cftoit  aueugle  intérieurement, 
j!  cftoit  clair- voyant  extérieurement, mais  auf- 
i\  toit  qu'il  tut  paruenu  a  la  toy  il  tut  clair- 
\oyanr  intérieurement,  &  quant  cV:  quant  ren- 
du aueugle  extérieurement, il  fut  illumine  d. 

1  ameA  aueugléen  les  lens  :  Ainlivoiis 
tomme  lcpcehc  arrael  de  lai; 

RM  s  arrachoient  cetl*  d<  leirs&rft» 

C*  les  1  lnlilbnseeux  di  >U,  Sathan  i 

la  mefmc  cruauté  enuers  noiu 
tiO  AfefiçUpÇSiPc  façon  donc  mai'. 


I  ç  S  Vour  h  qudtriefme  Tdeycrefy 

nant  que  vous  voyez  que  ce  pauure  mifërabte 

aueuglé  eft  le  vray  prototype  du  pécheur  ,  &: 

ce  que  noftre  Seigneur  faid  en  Ton  endroic~t? 

le  mcfmepra<5tique-ilenlaiufl:if]cation  dupe- 

theur. 

Les  Théologiens  difentqu'ily  a  deux  for- 
Ces  de  grâce ,  l'vne  actuelle  ,  qui  eft  vu  fecours 
cle  Dieu,  l'autre  habituelle  qui  eft  en  nous ,  la- 
quelle nous  prefente  a  Dieu ,  &  nous  rend 
agréable  à  luy  ,  puis  donc  qu'en  la  iuftifica- 
tion  nous  deuons  eftre  reueftus  4e  H  grâce 
actuelle  &  habituelle  ;  vous  verrez  que  iufte- 
ment  ce  qui  eft  arriué  en  la  guarifonde  cet  a- 
ueugle ne,  le  mefme  arriue-il  à  la  iuftifkatiorç 
du  tout  pécheur ,  VtÀtetùm  lejus,  ç'eftpour  la 
Trois        grâce  actuelle  ,   vidit  kominem  cœcum  à  natiuitatty 
potnch     ç'cft  pour  la  gtaçe  particulière ,  ^aâe  \m*r%  te 
duSsr-  ad  natatôrmin  >*/«<?,  c'eft  pour  noftre  coopéra- 
tion, &  pour  la  grâce  habituelle  :  ce  font  ces 
grâces  qui  nous  font  reprefentees  en  ces  pa- 
roles ,  &  qui  feront  les  trois  points  de  ce  Ser- 
mon. Pour  cefte  grâce  qui  eft  l'actuelle ,  vous 
deuez  remarquer  qu'elle  eft  double  :  car  elle 
eft  ou  excitante  ou  opérante ,  ou  bien  fubfe- 
quente  &  coopérante  ,  grâces  qui  font   fore 
bien  reprefentees  par  ces  mots,  Ytdtmm  le* 

jus    vt  ht    homtnrm   excum  À  tianutr.ire.     Ce    feroic 

vn  grand  malheur  pour  nous ,  fi  allant  à  la  iur 
ftifkation  il  nous  arriuoit  le  mefme  qu'il  ar- 
riua  à  Abfalon ,  lequel  bien  qu'il  fuft  retourné 
en  grâce  auec  Ton  père  ,  neantmoins  Dauid 
futl'efpaee  de  trois  ans  fans  le  vouloir  voir, 
nuis  tant  s'en  faut  que  cela  arriue  ;  car  aoftre 


Je  Cnefnte.  j  e  y 

premier  pere  Adam  après  Ton  peche  s'en  alla 
cacher  au  milieu  de  la  forcit  du  Paradis  terre- 
ftt«  ;  ainii  la  Magdelcme  le  cache  derrière  les 
pieds  de  noftrc  Seignci  >oj<cu-ptdts  Le- 

/•*,fàats  au  mefme  mitant  qu'Adam  &  Marie 
Magdelcine  fepcnfoient  détourner  de  la  face 
de  Dieu, ee  lut  alors  que  Dieu  les  vit  ce  lcsrc- 
garda  de  l'œil  de  Ù  mile  ri  corde,  ainii  qu'il  afaic 
auiourd  huy  1  au.  rtitmm  iej*>  mditham 

mmfinc/e.u/n  i  N.utuit.ueyo  quelle  amphafe  ic  voy 
enc  i na*j\  a  \  eu  vu  hom- 

me, il  confideroit  que  c'eiloitquc  1  homme, il 
oit  ion  infirmité  6c  imbécillité.  o*vu.imipfe 
co°»*uit  p^menfum  noltimm  ,  rteerdatus  efi  quonum 
fuîunfumm.  Y  a-il  rien  qui  foitii  facile  à  eitre 
emporte  parle  vent  que  la  pouiTicrc  'audin'y 
a-il  rien  dcplusaiféas'cluanouit  &  à  fe  perdre 
que  l'homme,  i{tccrdjfu>  efl  quom.nn  quints  jwr.kf, 
<\\\Ç\yVi<iu  hctmn.'w,  il  a  veu  1  homme  qui  n'e- 
ftoit  que  fange,  boué,&  que  limon:auiii  n'y  a 
il  rien  de  li  abied  que  la  nature  lmmaine,ny  qui 
foit  il  pétillai»  G  lob  faifoit  prière  à  ladi- 

uia<  (K  qu'il  luy  pleult  de  reeo^noiitrc 

I  imbécillité  de  fa  nature, luy  difant 

./  lutut/ijcceiH  wC)(j  m  puintr  an  redit - 
eu  me. 

,u{Ti  ce  mefmc  myftcre  que  le  Sau- 

ueur  de  nos  amcs^oulur  vu  iour  faire  reco- 

vir  le  i  internent  de  la  femme  adultère. 

fmoigneque  lcsScribc$,&  Phan- 
fiefl  lerentvnc  fbitdcuant  luy  vue  fem- 

me adultère  ,  afin  qu'il  laiugeaft, 

fvlou  que  la  Loy  le  pu;;u:,oubju.aqu'illiy 


jf  j  8  VottY  le  c'mquiefme  Mtrcredy 

pardonnaft  :  mais  voyant  que  ce  qu'ils  en  'fais 
iôienteftoityluftoftpour  le  f urprendre  &  ac- 
cufer  que  non  pas  pour  faire  exercer  en  fa  per- 
fonne  laiuftice  ,  il  eft  dit  qu'en  leur  preience 
après  auoir  ouy  leurs  depoiitionSjil  elcriuit  fur 
laterre  auec  le  doigt. 

le  fçay  que  quelqu  vns  difent  que  cefte  efcri- 
ture  que  fit  noftreSeigneur  fur  la  pourTiere,n  e- 
ftoit autre chofe quvne viue  reprefentation de 
leurs  péchez  ,  qu'il  leur  propofoit  deuant  les 
yeux,qui  eft  caufe  qu'il  leur  disque  le  premier 
d'entr'eux  qui  feroit  fans  reproche*  iettaft  fur 
cefte  femme  la  première  pierre  ,  ce  qu'iceux 
entendans  ne  peurent  faire  autre  chofe ,  finô  fe 
retirer  &  luy  tourner  le  dos  auec  toute  forte  de 
honte. Mais  pour  moy ,  i'ayme  mieux  dire  que 

p  le  fils  de  Dieu  efcriuant  fur  la  poufliere,  vouloir 

Je.,  faire  recognoiftre  aux  afTiftans  la  fragilité  de  la 

'  ur  fr  nature,qui  n  eft  autre  èhofe  que  terre ,  iiibiette 

'  '  ' ,*  Lv  à  toutes  fortes  d'infïrmitez  .*  C'eft  auffi  ce  qu'il 

Cil*-"  lUf  r  •  T        J        P 

t       'r  nous  a  voulu  reprefenter  en  ce  miracle  de  1  a- 
r  ueugle  ne,&  principalement  en  ces  mots,    tdit 

*  bénimtm  •    mais  -lomintm  edécum  y   homme  aueu- 

gle,  homme  fragile  &  imbecille,  homme  qui 
ne  fe  peut  cognoiftre,ny  voir  le  chemin  de  fou 
falut ,  fans  le  fecours  de  la  grâce  diuine  qui  l'il- 
lumine &  le  guide  en  Tes  voyes ,  *V<«  >  \tis 
hoi>nm>hc<*unv.  Parce  mot  ri<h\  nous  eft  clai- 
rement reprefenté  cefte  grâce,  laquelle  nous  eft 
donnée  de  Dieu,  encore  que  nous  ne  la  luy 
demandions,  Vrdurmii  \t]u\  vuitt h  •mmm  *cum% 
Pour  dire  que  lors  que  nous  auons  les  yeux  dé- 
tournez de  Dieu  ,  ccftlors  qu'il  nous  regarde,; 


àt  CaYtfmt.  $  j 

&  quand  nous  nous  pcnfons  cacher  ,  cfcn  lors 
qu'il  noustrouuc. Mais  principalement  quand 
il  noas  voit  afiiige/,  alors  il  nous  regarde  pour 
nous  fecourir  ,  ainli  il  a  veu  le  panure  Paraliti- 
que  gifant  enfon  infirmité, &  auihtoitil  lecô- 
lole  &  luy  rend  la  faute  :mitterc  de  la  bonté  de 
Dieu  &  de  la  mifericorde  ,  que  ie  ne  puis  af- 
-idmirer  en  la  perionne  de  l'enfant  Prodi- 
gue en  famet  Luc  chapitre  quinziefme  ,  là  il  cft  Luc.ifl 
dictque  le  Père  plein  de  debonnaircté  $:  de 
clémence  ,  ietta  pluftolr  l'œil  fur  fou  enfant 
tetournant,quenonpasfon  enfant  fur  luy  ,  8c 
ce  pour  luy  faire  grâce  &  pardon  de  fes  faute  \  , 
Yi  lit  t  iuw  V \ttit  ilisns,atm  âdïnc Umt i fîtt  cj  mijtncei- 
diATuotH^cccHtTtni  ctciàujuptr  coLumcws ,  ç>-  oJcmIâ~ 
tus  eft  tnm. 

0  quel  creés  de  l'amour  &  bonté  de  Dieu,  ft 
quelle  efficace  N  vertu  de  fes  diuins  rCj 

itlalagrace  que  Dieu  nous  prcknte  en  1  e- 

Itat  du  péché  pour  nous  releuer  (ficelle ,  grâce 

appellee  preuenonte  qui  nous  cft  naïtuement 

bien remarquée  en  ce  peu  de  paroles,   rmè* 

fini*  ifju    ri  nt  hnr, 

Outre  la  grâce  preuenante  &  excitante,  il  y  2 
tncot  i  autre  forte  de  grâce  qu'on  appelle 

aux  efc61es*grace  coopérante  ou  côcomitantc, 
laquelle  ne  peut  eflrt  fans  noftrc  coopération 
bunais  n' eft  donnée  auecnoltrc  ta        ^ i< >n ,  £n 

qu'ira  ent  après  elle  ne  (bit  fuiuie  de  la  iu-  ^t ; 

nte:1agricc  excitante  nectmfiftequéiin- 

fpii  •         •  rieures  que  nous  refcntôs  en  nous M 

melme  de  la  part  de  Dieu. qui  diet  ,  E  «  uodd 

êfimm  c"  f«'jo  ,  jt  qtui   Atuutiit    ititubo  >  IU^  U 


5  6o  Tour  le  quarte fwe  Tslircreây 

grâce  concomitante  eft  celle  qui  nous  ayde  & 
iecoure,&  qui  eft  fufhTante  pour  nous  iuftifîerj 
fi  nous  trauaillons  auec  icelle ,  c'eft  cefte  veue 
de  Dieu,qui  n'eft  autre  que  Ton  fecours ,  lequel 
ne  peut  ietter  les  yeux  fur  nous  qu'auftl  toft  il 
ne  nous  foulage  &  affifte  en  nos  angoiffes:Erf 
quoy  ie  ne  feray  aucune  difficulté  d'accôparer 
Dieuaflisau  tribunal  de  fa  mifericorde ,  à  vn 
Vroprieté  certain  petit  oyfeau  maritain  duquel  les  Natu- 
admira-   raliftes  parlent,  &  difent  que  la  nature  luy  a  do- 
ble  d'vn   né  cefte  tant  admirable  proprieté;qu'iceluy  ne 
oyfeau.    peut  regarder  vne  perfonne  malade  qu'incon- 
tinent! il  rie  luy  rende  fa  fanté,mais  au  contrai- 
re,s'il  en deftourne  fa  veuë ,  c'eft  vnfîgne  tres- 
dangereux  que  la  perfonne  eft  en  danger  de  fa 
vie:lesyeux  de  Dieu  font  bien  douez  d'vne  au- 
tre qualité ,  car  lors  qu'il  les  ofte  de  deffusla 
perfonne  obftiné  en  fô  péché  ,  c'eft  vn  fïgne  de 
reprobatiô,  mais  au  contraire ,  s'il  le  regarde,- 
c'eft  vn  figrçe.&  vne  marque  de  falut  :  Voulez- 
vo9  vqir  eômeDieu  deftournât  fa  veuc  de  l'ho- 
me pécheur,  c'eft  vn  ligne  euident  qu'il  le  veut 
delaiiTer  Efcoutez  ce  que  ditEfaye  au  chapitre 
cinquante  feptiefrne  de  fa  Prophétie;  'ftyc<Wi//i 
JEfjye       f*(tcm  m>m  ab  (o  ,  er  ecce    v<tvus  dbu    in  vum  cordis 
c 7#        fi' ."  *f?fç&$k*  i  Voila  cefte  grâce  oftee ,  &  que 
s'enfuit-ii  de  là?v.i£?<s  --bu  ,&  queft-ce  s'en  aller 
enla  voycdefoncŒiir  Pc'efts'en  alleràl'eter- 
nelledânation:  mais  au  côtraire,lors  qu'il  iette 
les  yeux  fur  l'home, c'eft  figne  de  vie  &  de  iufti- 
fication,ainfi  qu'il  fe  void  en  noftreEuangiIc,& 
f-f*ye      en  laparabole  duProdique.Le  mefmeProphete 
6j.        Efaye  au  chapitre  foixante  feptiefrne  de  fa  pro- 
phétie 


et  CdY'fme.  $  £t 

phetic , parlant  encore  du  malheur  qui  arriue  à 
1  homme  citant  pnucûc  laveuc,  &  de  lagra- 
cc  de  Dieu ,  dit  amh ,  l  ndi  iijitr.o)  u.  mur  m  ;  ./.yai- 
tAti\  noiiiA^yj  .-.'  ii  frètent tmm é  mets ■  Sei- 

gneur ,  vous  n<>  i  liurez  es  mains  de  no- 

itre  iniquité  i  &:  ;.m/  retire*  \  oitre  face  de  nous, 
que  veut  dire  le  Prophète  par  ces  mains  ci  ini- 
quité, lepech  <  >uy, ainfi  me  l'ap- 
prend fai  tut  Muroinie,  lequel  dict  qu'il  n'y  a 
point  de  doute  qu'iccluy  n  aye  des  mains  ,  de 
i]ue  lors  que  nous  fournies  liez  au  péché  par  les 
inauuaifcs  habitudes ,  c  cft  vue  marque  &  vu  li- 
gne de  mort 

Les  Anciens  auoient  accouirumé  de  donner 
à  l'amour  des  pattes  de  griphon  :  vous  fçauez 
cjuc  lorsqu  vnc  fois  le  gnphon  a  attrappé  quel- 
que choie  de  lés  partes ,  il  eft  difficile  de  le  ra- 
uoir,&  de  luy  olicr,(mon  auee  1  eipee  &  lcglai- 
Ue  :  le  peché  n'elt  autre  que  l'amour  auquel  iu- 
ftemcntonpeut  donner  des  pattes  de  griphon 
pour  autant  qu'iccluy  tenant  vue  fois  le  pé- 
cheur ,  bien  difficile  eft-ilde  l'en  retirer  ,  finoq 
parlcglaiucd'vix  e  repentance  ,  &:  de  la 

contrition  propre  &  ialutairc   remède  pour 
tious  retrancher  des  ck  -s  du  pèche  qui 

font  proprement  les  mains  efquclles  nous  tom- 
I  isque  Dieudeltourne  fa  veuéde  nous, 

Cary  a-il  rien  au  monde  de  C\  miferable  que 
1  homme  ,  lequel  eltpriiK  de  s  yeux  de  la  nule- 

■  îde  de  Dieu.  Il  ne  rencontre  que  des 
1  >chcrs  d'inique  ,  contre  1 

brile  le  fragile  \ailleau  de  fon  ame.    Vo;. 
comme  Damd  fur  ce  iubicci ,  fc  }  Uigzuqt  a, 

ÏQ 


' e  £z  Tour  le  cinqut'frne  MfïCYetfy 

Dieu  de  fa  mifere,  Auattfii  diCoit-i\yfa:Umtifjf7f 
a  in  :  &  de  la  que  s'enfuit  il  ?  [acfusjwn  conturb.%* 
tus  Mais  ie  ne  puis  en  cecy  que  ie  ne  m'eftonne 
de  ce  que  dicl:  le  Prophète  Royal  :  car  où  il  dicl 
au  Pfal.  cinquante  ,  Ht  projetas  me  a  faut  tua  :  Iî 
dit  ailleurs  ,  (tuent  facttm  tutm  a  me ,  pourquoy 
cela  ?  îl  fembîe  qu'il  foit  contraire  à  foy-mef- 
me,  &  qu'il  fe  contredife  enfes  paroles:  mais 
■nullement ,  car  quelques-vns  difent  que  Da- 
uid  confideroit  en  Dieu  double  face&  double 
regard ,  l'vn  de  fa  mil ericorde ,  l'autre  de  fa  iu- 
ftice ,  de  l'vn  il  ne  defîroit  en  eftre  iamais  fepa-* 
ré  ,  en  (îgne  dequoy  il  di&  ,  He proijats  me  a  fa- 
cie  rua ,  Mais  de  l'autre  ,  il  îe  redoute  tout  à 
fait  &  pour  cefte  caufe  il  dic"t,  iue>tt  factem  tuamy 
Mais  pour  moy  ie  diray ,  &  plus  particulière- 
ment pour  mon  fubiect ,  que  Dauid  confideroit 
Dieu  en  deux  façons  ,  entant  que  Dieu  ,  &: 
entant  qu'homme ,  fort  bien  reprefenté  en  ce- 
cy  par  te  Chérubin  à  double  face  :  c'eft  à  fça- 
uoir  face  d'homme  ,  &  face  de  lyon ,  face 
d'homme  pouffes  grâces  &  mifericordes  ,  & 
face  de  lyon  pour  la  iuftice  &  pour  fes  chaftn 
mens  ,  quand  donc  É>auid  did: ,  AtMf?f*cum 
tu  an  a  me  :  il  confideroit  Dieu  en  tant  que 
Dieu  iufticier  &  droi&urier  en  toutes  chofes, 
qui  ne  peut  endurer  les  crimes  du  pécheur, 
fans  en  faire  la  vengeance  ,  &  fans  îe  punir: 
Voila  cefte  face  que  Dauid  redoutoit  :  mais 
quand  il  di&  ,  hleproijéiti  mt  a  facie  tut  \  II  con- 
sidère Dieu  comme  homme  plein  de  clémence 
&  de  manfuetude ,  de  grâce ,  de  pardon  ,  &  de 
jrti fer i corde.  Il  confideroit  ceft  ail ,  &  le  rc- 


àeCsrefme.  j<% 

gard  amoureux  de  Ton  infinie  &  éternelle  bon- 
rc:  Ht  pour  ce  il  ne  defiroit  pas  en  élire  fepare, 
He  proucids  meifjctc  tut  :  Seigneur  ,  que  îc  ne 
foisefloigne  de  vos  bonnes  grac.  gardez 

moy,  toulîours  d'vn  bon  filage,  &  dvn  ceil 
plein  de  pardon ,  conliderez  nies  ortences  :  di- 
ïons  mieux  que  Dauiden  ees  paroles  confide- 
redeux  choies  en  foy:  lçauoir  cft  ,  laperfonne, 
&  fon  péché  ,  pour  la  perfonne ,  il  prie  Dieu 
qu  il  aytefgard  fur  luy  ,  &  qu  il  ne  deitoumc 
fa  veue  (or  ce  qui  efi  de  la  condition  naturelle 
encline  à  toutes  fortes  de  fragilité*,  difant,  Hê 
froncus  me  afactetuj:  Mais  pour  les  peehez  ,  il 
ne  délire  pas  que  Dieu  y  aye  efgard  ,  mais 
pklftoft  qu'il  en  détourne  fa  veue,  difant,  Auer- 
te  fjctryn  tu  dm  4  me  :  De  lotte  donc  que  vous 
voyez  que  le  regard  de  la  milcricordc  de  Dieu 
cft  ligne  de  vie  ,  &  au  contraire  ligne  de  répro- 
bation pour  le  pécheur  qui  en  eitpriuc.  (cite 
veue  fauorable  de  Dieu  efi  ce  que  nous  appel  - 

ions  e  .fcholcs  de graee  coopérante  ,oq 

:  tante  ,  ou  concomitante  ,  ou  bien  cnc< 
fubfcqucn  ta  dire,  qui  effc  donnée  auec  le 

ftre  volonté,  &   libre  arbitre 
après  1.  E  preuenante  receue.  Duplieite  de 

grâce  queic  remarque  en  les  paroles  de  no- 
Are  Rnanglff  j  Ptdtwmi  Itjusviht  bominem       r- 

i  :  prdtmt*<  lefus ,  c'eftpour  la  grâce  preue- 
nan-         ;tlale  premier  coup  d  ^uc 

i  1  homme  poux  Gi  inûifk 

'  bompffmc.t  trn  y  c'cll  pour  la  WtUcc  lubfc- 
quenre  :  duplicité  de  gl  IC  le  mcfme  1 

Hidmonitre  auPful.  11«  diUnt , 

N 


j<?4  PowUcfaquiefme  lAtlCitiy 

tws  pnumet  me ,  voila  pour  la  preuenante  ,  & 
fub  jequeturmecunths  du  bu*  vu œ  mex ,-  c'eft  pour 
la  fubfequente  ,  le  mefme  Dauid  vne  autre- 
fois femble  parler  encore  de  cefte  gf  ace,quand 
il  did:  parlant  de  l'homme  iufte  qui  fe  confie 
en  Dieu  ,  Sperantem  tutem  mifertcordta  ctrcundabtt 
celuy  qui  efpere  en  iuy  fera  inuefty  de  tou- 
tes parts  de  fa  mifericorde,C'eft  à  dire ,  il  fera 
précédé  au  chemin  de  fa  iuftifkation  par  la 
grâce  preuenante  fuiuy  de  la  fubfequente  ,  & 
conduit  par  la  concomitante  ou  coopérante* 
Finallement  cefte  duplicité  de  grâce  eft  enco-* 
rc  notée  par  l' Apoftre  ,  difant  de  Dieu ,  Qui  cit- 
ait veïle  dedtt  csr  ptrficre ,  celuy  qui  a  donné  le 
vouloir,  a  donné  par  confequent  le  pouuoir  de 
l'accomplir  &  parfaire  ,  qnt  dédit  vtlle ,  VoyU 
pour  la  grâce  preuenante ,  dédit  Crpcrficere ,  c'eft 
pour  la  grâce  fubfequente.- 

Mais  afin  que  vous  entendiez  cecy  ,■  &  que 
vous  rccognoifliez  laneceflitéde  cefte  grâce 
preuenante,  &  fubfequente  j  reprefentez-vous 
que  Thomme  a  efté  faict.  &  créé  à  l'image  de 
Dieu  ,  mais  remarquez  qu'il  y  a  deux  fortes 
d'images ,  les  vnes  font  réelles  &  fubftantiel- 
les ,  les  autres  feulement  font  intentionnelles, 
&  non  réelles,  exemple  de  cecy  pour  le  vous 
faire  entendre,  l'image  qui  eft  portraide  en  vn 
tableau  eft  vne  image  réelle,  mais  celle  qui  eft 
reprefentee  en  vn  miroiïer ,  n'eftpas  vne  ima- 
ge réelle,  ains  intentionnelle  feulement  >  di- 
fons  maintenant  que  l'homme  a  efté  faicl: ,  à 
l'image  de  Dieu,  mais  penfez-vous  qu'il  /bit 
image  ,  ainfi  que  le  Fils  eft  l'image  du  Père 


de  Cdrefthi.  j  6j 

Eternel,  Qui  eft  ficur*  C  im.i£o  f*bl.tntu  titul 
.  ul  qui  eft  l'image  &  la  figure  de  la 
iubftancc  du  Perc  ,  ccit  la  réelle  &  fubftan- 
tielle  image  de  Dieu  ,  mais  nous  aunes  n< 
De  ibmmes  qu'images  intentionnelle  &  DOQ 
réelles:  les  images  réelles  ,  ont  quelques  fubfi- 
ftance  en  elles,  melhie  elles  n'ont  beioin  delà 
inain  de  l'ouuricr  vue  fois  cite  par  luy  ti- 

rées: Mais  il  nen  eir  pas  de  incline  de  nous: 
car  pour  n'eftre  qu'images  intentionnelles  de 
Dieu,  nous  auonstoui. poi "S affaire  de  luy  pour 
titre   maintenus  en  noftre  cftre ,  ny  plus  ny 
moins  que  limage  qui  elt  reprelentee  au  mi- 
roiicràtouliours  bei'oin  delà  preience  &  af- 
(iftancede  Ton  prototipe  &  miroûer  ,  de  forte 
que  li  vous  ne  vous  tenez  toufiours  deuant  la 
face  de  cemiroiier  d'excellence,  nous  courez 
rifqued'eftre  peçdus,-^  de  ruiner  celte  forme 
&  refcmblance  diurne.  Ce  n'eft  pas  tout,  cefte 
image  que  nous  donne  le  miroûer  ,  a  telle  dé- 
pendance mec  fon  prototipe  ,  que  li  le  proto- 
tipe ne  remue  ou  la-iloula  tefte  ,  ou  la  main 
iamais  l'image  ne  fe  pourra  remuer  :  ainli  de 
mefme  ie  dtt  que  l'homme  ne  peut  rien   re- 
nnier,fi  ce  n'eft  par  l'aide  &  aflifrance  de  Dieu 
qui  eft  fon  prototipe  comme  dict  S.  Paul  ,  \n 
jpjo  MMHffHMRMV  & fumui.  Si  doneques  ie  ne 
puis  pas  feulement  remuer  le  petit  doigt  fans 
leconcoursde  Dicu,au(Ti  pource  quieitdc  la 
01CC  ,  ie  diray,  que  ie  ne  puis  exercer  aucune 
chofe  bonne  fans  l'aflil tante  de  fa  grâce  :  Car  (î 
-  D  afaict  l'homme  a  Ion  image  &  fcmblan- 
«c,il  a  voulu  que  ÇQflQIBC  l'image  intention» 

Nuiii 


j  66  Vouy  k  cinquicfme  MeYcreJy 

nelle  du  mîroiier  ne  peut  mouuoir  que  félon  la 
mouuement  de  fon  prototipe  lauili  ayant  tour-i 
né  l'homme  à  foy  parceftefienne  reiïemblan- 
ce  en  fa  première  formation ,  il  a  faict  en  for- 
te que  cet  homme  ne  fe  peut  mouucnr  eftant 
tourné  à  luy,  fînon  par  le  mouuement  premier 
de  fon  prototipe.  Mais  voyons  ce  qui  arriue 
par  le  péché ,  il  arriue  que  l'homme  fe  deftour- 
ne  de  Dieu  ,  &  fe  tourne  vers  les  créatures ,  Se 
alors  tout  ainfi  que  l'image  qui  eft  reprefentee 
dans  le  miroiier ,  ne  fe  peut  tourner,  il  premier 
rement  le  prototipe  ne  fe  tourne,ainfi  pareille- 
ment ie  dis ,  qu'il  eft  impoflible  que  l'homme 
en  l'eftat  du  péché,  fe  puiffe  tourner  vers  Dieu, 
fi  celuy  qui  eft  fon  prototipe,  ne  fe  tourne  pre- 
mièrement vers  luy ,  ie  ne  puis  m' approcher 
de  Dieu  m'en  eftant  efloigné  par  mon  vice ,  fï 
Dieu  ne  s'approche  premièrement  de  moy  par 
fa  grâce  preuenante  ?  Ainfi  le  dict  fainct  Ber* 
nard,  Mot  m  no  fin  aut  cafîi  funt  fi  non  inumtuY ,  aut 
nulli  funt  mft  pYtuememuY  :  &  fainct  Auguftin  au 
liure  qu'il  a  faict,  De  gratU  a-  hbtuo  a)bunoy  ipfea 
did:-il ,  vt  vebwui  cptYatttY  mcipicns  csr  volent ibu s  coq- 
ptYdtuY  tnctâem. 

Dececyietire  vne  infaillible  confequenec 
contre  les  hérétiques,  par  ce  mot,  VYttni'ns 
Jefw ,  ie  voy  que  Dieu  offre  &  prefente  à  tous 
fa  grâce  preuenante  ,  laquelle  eft  fufhTante 
pour  nous  iuftifier  &  fauucr  fi  tant  eft  que 
nous  voulions  coopérer  aucc  icellc  :Que  dis- 
tu  reformé,  que  Dieu  defnie  fa  grâce  aux  pé- 
cheurs pour  caufe  de  leurs  offences,  &  que 
partant  il  çft  caufe  de  leur  perdition,  &  eter-* 


êe  Catê fine.  567 

ncllc  damnation  ?  C'tft  vu  blafphcmc  que  ru 
commets  contre  fa  diuine  bonu. 

il  ladefnic,  qu'il  n'j  aiî  grand  }  au 

mopde  auquel  il  ne  prefenec  rue  grâce  fuffîr 
fante  pour  je  fauucr  s'il  veut  auec  1  :  auailr- 

lcr tic  laparr  5  Dtus   vn,t  ermu  t^féiaêifo    , 

(BT  :jnew  vmtJtt*  vtr.ire  t  tiicr  iainct  Paul, 

îr.ff.rims   \ffus    t.  m>m    cx.uih  a  x 

il  parte  par  la  confeietyx  de  tous,  frappe  i 

la  porte  de  noitre  eeeur ,  &  ne  rieur  qu  a  nous 
que  nous  ne  reeeuions  les  faneurs  qu'il  nous 
prclciitc  ,&  par  confequent  d^v  uls  dé- 

pend, &  non  de  luy  noitre  pûfererç  ,  &  noitre 
condamnation  ainti  qu'il  dictluy  mefine  par 
fou  Prophète  Ofcc,  foumo  tu*  tx  i:  ijiAti  t+ttt/m 

17iO:lo  Vl  W(  .tUXl'itltn  tUU  >\ 

O  quel  mot  que  ce  prjrertens.  Il  cft  vray,  Mcf- 
fleurs,que  Dieu  pi  ci  ente  a  tous  (a  grâce  lutiï- 
fantt  :  NLnsquoy  que  cela  ioit ,  il  e*t-CC  pour- 
tant que  ic  dis  qu'il  cft  impoilible  que  l'hom- 
me puirtc  fcrelcuerde  (on péché  (ans  qu'il 
ayd.         cppru  d  vue  grâce  plus  parrjculK 

auoir dcll grâce  prcueiumre,  îltll 
faire  pour  nous  qpeJDÎCU  nous  \  ilir.  ;  il 

parte  par  la  mai  Ion  de  noftrc  amc,  il  faut  pre- 
mièrement qu'il  iette  les  yeux  fur  nous  aup.. 
liant  que  lesietdoasiurluy ,  \  pour  ce  fort  iu- 
ltcmenr,  il  efticy  dit auparauant qu'il  illum 
■  euglc  ,  il  parte  par  aupresde  1. 

vtlie  [UT  luy  ,     r.t:.ntfJi  Itjm  9êdU  buihi/.tm  ..i.n 
?{ itiuittre. 

ur  cecy  i'interprercray  cc$  paroles 
auurc  iuancte,  Laquelle  paj  m  ,  dit 

Iniuj 


V<;8  VouYUcinquiefmeMercredy 

que ,  quaftuit  locum  pcemtttitta  t  &  non  munit  îùam\- 
pcum^mtnbui  quafimt ,  pafTage  qui  femble  ré- 
pugner à  celuy-cy?  St  quàfitfh  donwmm  munies 
tliumit  tri  tôt  a   trtbuiatwie  anima  tua  quafiern .  tou- 
tesfois  il  n'y  répugne  nullement  :  il  eft  vray 
comme  ie  viens  de  dire  que  la  grâce  fuffifante 
eft  offerte  à  tous ,  mais  non  pas  la  particulière 
laquelle  eft  déniée  quelquesfois  aux  pécheurs, 
a  caufe  de  leur  malice  ,  &  la  priuation  d'icelle 
eft  caufe  de  l'endurciffement  au  péché  ,  de 
forte  que  nous   pouuons   dire  que  Dieu  eft 
caufe  de  la  damnation  de  ]'hornrhe,&  de  l'en- 
durciffement en  fon  péché,  non  pas  pofitiue- 
jnent ,  mais  bien  negatiuement   feulement, 
ny  plus  ny  moins  qu'il  fut  caufe  de  l'endurcif- 
fement  du  Royd'Egipte  Pharaon,mais   fur 
tout  remarquez  en  cecy  que  iamaisDieu  ne 
defnie  cefte  grâce  particulière  au  pécheur,  fi- 
non  lors  qu'il  le  voit  obftiné,  perfiftant  &  opi- 
niaftre  en  fa  malice ,  laquelle  obftination  eft: 
caufe  de  l'endurciffement  de  fon  péché ,  &  par 
confequent  de  fa  perdition ,  &  non  pas  Dieu, 
finon  comme  caufe  negatiue. 

Secondement  ie  vous  dirayque  la  grâce 
fuffifante  ,  &  particulière  eft  non  feulement 
ïieceffaire  pour  noftre  iuftifîcation ,  mais  en- 
core la  grâce  fubfequente  &  coopérante  auec 
nos  œuures  eft  neceffaire  à  falut.  Que  dis-tu 
hérétique, que  noftre  coopération  eft  vaine 
en  noftre  iuftification,&  qu'il  n'y  a  que  la  feu- 
le grâce  qui  nous  puiffe  fauuer?  le  te  veux  à 
prefent  monftrer  le  contraire.  Quand  le  Fils 
<U  Dieu  voulut  guarir  &  rendre  la  faute  au 


Paralityque  ,  il  luy  demanda  prcmicrcnicnc 
s'il  auok  dclïr  d'eftre  guary,  v  u  ,  dict  il ,  j.>'.us 
f  y  •  voicy  qui  eft  cftrangc  ,  il  y  auoic  3  .  ans 
qu'il  eftoitgifant  aux  porches  de  la  piicinede 
Hierufalem,  attendant  toujours  que  quelque 
vn  le  iettaft  dans  l'eau  quand  1  Ange  delcen- 
droit  du  Ciel  pour  la  mouuoir,  &  au  partir  de 
la  noftre  Seigneur  s' approchant  de  luy,  luy 
demande  *^>  jduusjitt  f  veux-tu  eftre  guary, 
pourquoy  cela  Seigneur  ,  raut-il  demander  à 
vn  malade  s'il  veut  faute  ?  que  nous  repre lente 
cec}rbellc  doctrine,  c'ell  pour  nous  reprefen- 
ter  noftre  coopération  au  falut  auec  la  grâce 
leceoëdc  Dieu,  il  veut  premièrement  la  vo- 
lonté du  Paralitiquc  auant  que  le  guarir,  kts 
Jonu>  fitn  '.  pourec  que  corne  dit  S. Auguftin  cy- 
deffus  rapporté  ,  Ô$acn*m#  te  (mue  non  mtttfics* 
Lit  tr  fine  te  Ctft  vn  faict  eftrange  que  nos  re- 
formez ne  peuuent  eftre  mieux  reprcicntCE 
en  cecy  que  par  Naaman  Syrus  le  Lépreux, 
iceluy  s'en  alla  en  ludec  rènjc  Prophète  Hc- 
IÎC  ,  pour  eftre  guary  de  fa  lepre,  eftant  la  Hc- 
Ik  luy  confcille  de  s  en  aller  lauer  par  Icpt 
fois  au  flcuue  du  Iourdain  ,  que  dict  Naaman 
voyant  cela  ':  */^^'",  di!oit-il  ,  fjuod  ipéir 

tttttr  aute  me  c  imponcret  wsrrum  Ju.im  juptr  me 
CT  HiHoCAnt  nomtn  Dei  fuper  mr  r-rcer  elixit  rrnht 
tj<lr  ljM.tre  f  f'prt'i  tn  lordiie^   le   pcilfois  C!U  il  dc- 

noir  fortir  de  fa  mai  Ton  ,  &  venir  au  deuant  de 
moy  ,  qu'il  metrroit  la  main  far  moy  ;  &  qu'il 
iniMKMitroic  le  nom  de  Ton  Uieu  iurmoy,  & 
voila  leulcmcnrqu'il  me  dirque  le  m'en  aille 
mt  lautr  ; ,  lois  au  BeoilC  du  lourdaiii ,  ie  ne  le 


'j  7  o  Pour  le  cmquiefme  TAtrcreày 

f  eray  pas  &  ny  voulut  aller,  ains  s'en  retournajj 
il  faifoit  corne  nos  hérétiques ,  il  vouloit  eftre 
guary  fans  donner  de  la  peine ,  ainfî  nos  re-? 
formez  veulent  eftre  fauuez  fans  trauailler, 
ils  ne  veulent  lauer  leurs  péchez  dans  le  rieur 
ne  de  pénitence. Ainfi  de  mefnie  nous  voyons; 
encore  en  noftre  Euangile ,  qu'il  ne  veiit  point 
illuminer  l'aueugle  né  qu'au  préalable  il  ne 
s'en  aille  lauer  dans  le  lauoir  de  Siloé  pu  il  l'enr 
UOye  ,  Vadelanart  te  ad  natatorinm  Stloe ,  c'eft  là  1$ 
coopération  ncceffaire  pour  le  falut  de  l'home. 
C'eft  vn  fait  eftrange  de  voir  la  contrariété 
grande  qu'il  y  a  entre  Dieu  &  l'homme  en  ce 
qui  eftdela  iuftification,Dieu  parlant  de  l'ho- 
me luy  dit,  Conutrtwimtd  mey  £r  ej>p  conucrtar  aâ 
vos  5  &  l'homme  renuoye  cela  à  Pieu ,  difant^ 
Conuertere  me  Démine  çr  top  conusrtar ,  Dieu  diét  à 
l'homme  ,  Apexi  os  tuum  ejr  e*o  implebo  tllud ,  &: 
l'homme  renuoye  cela  à  Dieu  difant  ,  Domine 
Ubi4  mea  apeneSy  &  os  meum  annunciabit  laudem 
tuam  :  Dieu  dit  à  l'homme  ,  Venue  ad  me  emms 
qui  laboratis  &  oneratts  efits  &  l'homme  luydict, 
iïâhe  me  poil  te  cuir  émus  in  odorem  vnouet.totum 
tuorum  l  que  nousreprefente  ces  contrepointes 
&  contrarietez  ?  C'eft  pour  nous  reprefenter, 
ce  qui  eft  de  la  neceftlté  de  la  grâce  ,  &  de  nq- 
ftre  coopération ,  de  manière  que  quand  Dieu 

di<5t,  Qênuertimtm  ad  me  ,  çy  eço  cor>ue>tar  ad  yto<9 
C'eft  pour  dire  qu'il  ne  veut  rie  faire  fans  nous, 
&  quand  l'hpmme  dic~t,  Conwrte  me  Oomtw  ,  %r 
eo0  (0  untAY  veut  dire  que  fans  la  grâce  de  Dieu 
il  ne  peut  rien  faire  luy  feul. 
.    Et  fur  cecy  il  faut  que  iç  vous  explique  le  paf, 


<ie  Cétrefme.  J71 

fagCS  des  Cantiques  ,   lraheme  posl  te  cummuun 
fdortm  Tm'uttitoïum    tmrum  ,  que   voulez  -    voil$ 

dire  ?  vous  dictes  premièrement  au  iingulicr 
Ifétbi  me ,  &  puis  au  pluricr  cwumus  ,  pourquoy 
cela?  c'eftpour  nous  monftrer  laneccflitc  dSj) 
la  grâce  conioinetc  anec  noftre  coopération, 
Jrsàt  me ,  Seigneur  tirei  moy  à  vous  par  vuftre 
grâce ,  &  puis  moy  auec  elle ,  ôc  elle  mec  moy 
cutttn,f<fy  nousyrons  a  \  ous:car  la  grâce  de  Diui 
feule  ne  nous  peut  iuftifîcr,  ny  noftre  feule  coo- 
pération :  mais  la  grâce  conioin&caucc  noftre 
coopération  produifent  la  fuffïfancc  du  ialut: 
aulli  S.Faul  nous  appelle  cooperatcurs  deDieilf 
JJti  coopttAîores ,  OU  cotfîiHtcres  jumus ,  nous  fouî- 
mes coadiutcurs  de  Dieu, en  ce  qui  cft  de  noftre 
falut  :  non  pas  qu'en  Dieu  il  y  ayt  faute  de  puif- 
fanec ,  &  qu'il  ne  nous  puifle  fauucr  fans  nous, 
mais  ainfi  luy  plaid  de  nous  rendre  iuftes  par 
noftre  trauail ,  alliftczde  la  grâce.  Maisquoy? 
que  dira  1  hérétique  ,  Dieu  ncft-il  pas  mort 
pour  tournons  a-il  pas  à  tous  mérite  le  falut,5c 
donc  à  quel  fuiect  Luit  il  des  uuurcs  !  o  pipe  Uf 
des  aines  (  haïtiennes ,  Il  eft  vray  Dieu  cft 
mort  pour  tous,  Ion  lang  cft  efpanchc  pour 
tous  :  mais  il  faut  aulfi  que  le  mente  de  ce  Sei- 
gneur nous  (bit  appliqué  par  noftre  coop*. 
tion,ainiï  que  nous  difons  i< 

U  eft  fi  ie  ne  me  trompe, ce  que  nous  a  vou- 
lu reprefenter  S.  Paul  parlant  de  i«  Aàtmçlto 
et  <\**  fitftiTjr  mhmphtl  f*8m  1  m  Q  rthi,   1  C  qu 
£rand  Apoftrc  ,  manque-il  quelque  choie  . 
i  releue  è\   tellement  partais  l(  I 
\ra)  du  t            .iilsdcDieuqiul 


\n%  four  le  cinquiefme  ïïitycredy 

ny  manque  rien  ,  mais  de  noftre  cofté ,  il  y 
manque  la  coopération  ,  &  pource  il  dicl:, 
Jid  tmpUo  ed  quœ  défunt  arc,  l'accomplis  ce  qui 
manque  à  la  pafïïon  du  fils  de  Dieu ,  par  mes 
ceuures  pour  ma  iuftification  :  &  ainfi  pour  ce 
fubiect  noftre  Seigneur  enuoye  l'aueugle  illu- 
jniné  au  ileuue  de  Siloé  pour  monftrer  qu'il 
veut  qu'il  coopère  auec  la  grâce  receuë . 

Si  ce  n'eft  que  par  cefte  eauç  de  Siloé  nous» 
tie  voulions  entendre   la  grâce  habituelle, 
Saind  Hierofme  au  traifté  qu'il  a  faict ,  de  locts 
Hebratas  9  di<S  que  cefte  eaue  de  Siloç  prenoic 
fource  en  la  montagne  de  Sion ,  montagne  de 
Sion  qui  reprefente  la  gloire  des  Cieux ,  &  ad-? 
ioufte  ce  Docteur ,  que  quelque  fois  l'eauë  de 
cefte  fontaine  fe  perd,  &    quelquefois  elle 
coule  ,  pour  nous  monftrer  que  la  grâce  habi- 
tuelle qui  nous  eft  reprefentee  par  cefte  eauë  fe 
perd  fouuent  par  le  péché ,  &  dit  fain<5t  Hierof- 
me ,  fur  le  chap.  8,  d'Efaye  que  ces  eauës  de  Si- 
loé coulent  fans  faire  bruit ,  V  adunt  cum  plentio9 
pour  dire  que  la  grâce  vient  à  l'homme  fans 
qu'il  s'en  apperçoiue  ainfi  que  diâ:  fain,ct  Paul, 
tiemo  fit  -vtïum  odio   vel  amore    di»tiHS  fit ,    &   par- 
tant ie  concluds ,  difant  ce  feul  mot  ,  que  puis 
que  la  grâce  nous  eft  reprefentee  par  ce  la-, 
uoir  de  Siloé  que  nous  deuons  la  rechercher 
foigneufement  pour  eftre  par  icelle  nos  pe-. 
chez  lauez  &  nettoyez  :  ô  grâce  diuine  ,  vous 
eftes  femblable  à  ces  torrens  qui    prennent 
leur  fource  ,  non  de  la  terre ,  mais  des  eaux  du 
Ciel,&  oui  au  contraire  des  fontaines ,  fe  tarif- 
fent  par  la  chaleur  du  Soleil  qui  par  fas  rayons 


ârdensles  deffeichc  ,  ainfi  ô  grâce,  combieii 
cftcs  vousaifce  a  perdre  ,  &  a  dcifeicher  par  la 
chaleur  de  noftreconcupiicence,mais  o  grâ- 
ce ,  o  torrens  précieux  dont  les  eaucs  font  fenOH 
blables  a  celles  de  la  nuiere  de  Pactole,  dont  le 
fable  cftparfemé  de  grains  d'or  pour  monftrcr 
combien  cefl  icç  nous  entlamme  en  l'a- 
n  lourde  Dieu  :  &  produit  en  nous  la  charité* 
grâce,  torrens  de  Pactol  au  fable  d'or,  puis  que 
l'hfcnture  Sainc~te,  parlant  de  cette  grâce  que 
Dieu  dciioit  donner  aux  hommes  en  la  loy 
nouuelle  difoit  Dauid ,  à.ibu  pro  terrtfilicem  (<r  pra 
fiiiQt  torentes  aartos ,  &  tout  ainfi  comme  dit  fainéfc 
Chry  foftome  que  celuy  qui  met  fon  doigt  dans 
l'or  tondu, l'en  retire  tout  doré, ainfi  de  mefme 
ie  dis  que  ce  pauure  mifcrablc  de  noftrc  Kuan- 
fcilc,&  en  fa  pei Tonne  1  homme  pécheur  fe  ict- 
:  en  la  fontaine  de  grâce  ,  il  en  fort  clair- 
ant  &  tout  dore  de  chante, &  d'amour  tant 
entiers  Dieu  ,  qu'entiers  Ion  prochain  ,  &  efk 
faict  tout  autre  qii'auparauant. 

nbroifc  au  liure  qu'il  a  faict  de 
la  penitenee  rapporte  vne  h)  floirc  qui  cit. 
tort  a  propos ,  ee  tut  diet-il  vn  ieune  homme 
qui  lailla  efcouler  vne  bonne  partie  de  fa  viç 
en  toutes  fortes  de  délices  &  de  desbauches  Se 
princip  tlemét  a  l'amour  des  femmes'» dcCqacù 
les  r  fî  efperduement  cfpris  qu'il  n'euft 

efté  bien  à  fon  aile  ,  s'il  nen  eufl  eu  quelqu'vne 
pottr  fii  compagnie  ordinaire.  ï  inalementtoa«< 

che  de  1  efpntdc  Dieu,  prit  rcfolution  en  fon 
ame  ,  afldrc  d'\  ne  gtacc  particulière  d'enhaur, 
dequiter  (jl  vie  paille  %  &  de  fc  retrancher  des 


^74  ^0UY  ^  c%««/w,f  "Mercreây 

occafïons  du  péché,  ce  qu'il  exécuta  auec  au- 
tant de  zèle  &  d'ardeur  qu'auparauant  il  les 
auoit  fuiuies,&  eftant  ainlïconuerty  &  retour- 
né à  foy  $  vn  iour  paillant  fon  chemin  fit  rencon- 
tre d'vneieune  dame  courtifane  ,  laquelle -il 
auoit  viuerhent  pourfuiuie  en  amour,  &  icelle 
voyant  qu'il  ne  tenoit  compte  d'elle,  &  qu'il 
pailbit  farts  la  faluer  ny  regarder,elle  commen- 
ce à  s'approcher  de  luy ,  luy  difant  :  Moniteur, 
vouspaifez  bien  fans  dire  mot  *  il  femble  que 
tous  ne  me  cognoiflïez  plus,  n'auez-vous  pas 
fouuenance  que  ie  fuis  vne  telle  ?  ôuy  dit-il,  ie 
fçay  bien  que  vous  eftes  telle ,  mais  pour  moy 
ie  ne  fuis  plus  moy,  fed  e^o  nonjtim  e^t  grand  mer- 
cy ,  que  par  le  moyen  de  cefte  eau  de  la  grâce,' 
dans  laquelle  il  s'eftoit  laué  &  purifié,  il  auoit 
cfté  rendu  d'ignorant  fçauant ,  d'aueugle  clair- 
voyant ,  &  de  pécheur  iufte  &  amy  de  Dieu? 
C'cCt  ainfi  donc,  que  comme  vous  voyez, âmes 
Chreftiettnes,  que  par  le  moyen  de  la  grâce  que 
Dieu  nous  confère  par  noftre  pénitence ,  nous* 
Raflons  du  mefpris  à  l'honneur,  de  la  fange  au 
mérite  &:  au  prix ,  de  la  mort  à  la  vie ,  &  de  ce- 
fte vie  mortelle  à  la  gloire  des  Cieux ,  où  nous' 
conduife  le  Père,  le  Fils  ,  &  lcSain&Efprit* 
Ainfl  foit-il. 


SERMON      POVR      LE 
CINCiViESME  IEVDY 

de  Careime. 

Et  ccztdtfunflu*  ejjcrebjtur  tifiiHS  vment  rtutris  /**,' 

L  V  C    7. 

E  grand   Prince  &   Monarque   des 
Pcrfi  ,  menant  vn  iour  vue 

re  &  puiilante  armée  ,  compofec 
cl'enuiron  de  douze  à  feize  cens  mil  hommes 
pour  conquérir  la  Grèce,  citant  monté  au  haut 

i    ne  montagne ,  pour  auoii  k  plaiiîr  de  con- 

i  aile  cefte  lienne  armée  rengee 
en  batailK  ml  que  tout  l'Hclcfpont  cltoic 

cooaert  de  route  darfheric^nc  peut  ictter 

I  ril  iur  celle  grade  multitude  de  (oldats,qu  en 
riKlnie  temps  il  commença aplorcr  :  hé  I  que 
plo  md  Prince  ,  luy  dirent  les  Sei- 

gneurs de  fa  compagnie  ,  iniques  a  cefte  heure 
Çantmôftrc  de  valeur,  \ -oudrie/-'  ous 
!      :\ nous  taire  penfer  que  quelque  lafchcr*. 

Unie  crainte  de  danger  eufl  fiifi  roftreamej 
es, le  Guet  pour  lequel  iepleu- 

îtlorsprmapulcmétq; 

i  cent  ansde  cefte  belle  5  i 

iante  armée  ne  rcftctaaucun  (61&U  >  nuit  fur  U 


j  7  6  Veur  h  cwquiefme  1  mây 

terre.  Si  ce  Prince  ploroit  ainfi  fon  armée  en- 
core entière,  qui  ne  seftônera  de  voir  que  le  fils 
de  Dieu  s'addrefsât  à  cefte  féme  qui  auoit  pcr-i 
du  fon  fils ,  &  qui  auoit  grand  fuieâ:  de  plorer, 
luy  dit  neantmoins ,  Ntfi  jine  %  femme  ne  pleure 
point?  Ceft  pour  deux  finguliers  myfteres  qu'il 
dit  cela,lefquels  ie  prétends  ce  matin  vous  faire 
voir:&  puis  que  la  fufcitation  de  ce  ieune  hom- 
me mort  n'a  efté  faicte  que  par  l'entremife  des 
larmes  de  la  mère  raurti  n'entreprendrons  nous 
de  parler  de  cefte  refurrec~tion  miraeuleufe,que 
fous  le  créditât  faueurde  cefte  bien-heureufe 
Vierge,  qui  eft  la  commune  mère  deshommes^ 
laquelle  pour  ce  fuieâ  nous  faluërons,difantj 

Aut  ùlADA. 

Àrmy  ies  Hiftoires  nous  trouuôns 
que  les  miferes  &  les  calamitez 
veuës  &  confédérées  parplufieurs 
grads  perfonnages  ,  ont  flechy 
.  les  plus  forts  &  vaieureux  coura- 
ges, &  ramoly  à  pitié  les  cœurs  les  plus  durs ,  & 
les  plus  emmarbrez  &  les  moins  fufceptibles  de 
compaiïiô:tefmoin  ce  que  Diodore  Sicilié  rap^ 
porte  d'Alexâdre  le  Grâd, lequel  fi  bien(c'eftoit 
chofe  indigne  de  fa  grâdeur  &  de  fon  valeureux 
courage  &  magnanime  coeur,)que  fesyeux  fuf- 
fent  veus  mouillez  de  larmes,  fî  eft-ce  toutefois 
que  Sr  c.  faldats  Grecs  s'eftansprefentezdeuat 
luy,ayans  les  vns,le  nez, les  autres  les  mains ,  &: 
les  pieds  coupez,  bref  demébrez  malheureufe- 
met  par  leurs  ennemis,  après  que  cefte  confidc- 
ratiô  cuft  long  tcps  bataillé  dans  le  cœur  de  ce 

Monar-f 


m 


JkCarej  $17 

Mon  ai  nalemcnt  conrrainc>  de  plorer, 

ex  de  il:  porter  a  lacomp.ulion  ,  commandant 
on  leur  donnait  des  habits,  cinquante  mou- 
COQS  8  trois  mille  dragmes  :  laii^  ;oiredc 

Naziaze,&  fainô<  hryfoftouu  bieruc  que- 
ce  (croît  vue  ign<  >p  grotliere  li  1  on  ne 
Te  perfuadoir  que  Dieu  'aillait  viure  les  pauures 
par  my  nous ,  afin  d  achepte  k  (  'cl  en  leur  tai- 
ian:  du  bien, c'eit  du  Grégoire, pour  nous 
Faire ramolir ko  Saque  voyant  leur  mife- 
renous  (b  omme  contrains  d  exercer  les 
ceuures  de  mifericorde  eftuers  eux. 

iap.  7.  le  Prophète  nous  pro- 
poL  nt  les  yeux  ce  myiiere  de  Dieu  lou- 

uerain  &  éternel ,  s  incarnant ,  &  qu  !  I  ie- 

roittouchéde  nos  mifcrcs,  &  pour  mouit 
qu'il  en  auroit  compaiîion ,  il  ciiet  que  c'eir 
po.ir  autant  qu'il  aura  des  yeux  d  homme, 

unt  funt  Kmk  hvruws  y  où  bien  ainiî  que  li- 
fent  les  autres  ,   Qjtu  D     t  i 
laquelle  veriion  ii  nous  voulons  fuiurc  nous 
I  iiblc  ,  ce  Prophète  nous  veut 

représenter,  que  tout  ainiî  que  Adam  &  i 
•         iradis  tetveftrc  ,  ou  il  auoit  me 

inilhace  d  arbres  plantez  ,  ch  de  tri: 

les  plus  doux  &  fanourcux  du  monde,  &  toii- 

parmy  le  nombre  infiny  d  arbres ,  il*» 

ne  ietterenr   les    yeill  que    fur    1  arbre  de  la 
mort  ,  c'eft  ailauoir  lur  l'arbre  de  L  de 

bien  &  t|  qui  iai;  >rt.  A: 

<lor.  ic  que  4h 

,(     ftpOCd  direqn  il  >or\ 

fur  nos  nriferes  ôc  fur  no i:  inuitc  :  m 

Uo 


^  y  8  Vem  k  cwquiefwe  1  e nây 

i'ainie  mieux  me  tenir  à  la  première  verfiôft 
plus  commune  que  l'autre  ,  Quidomimfwit  ocult 
hçimms.  Et  quand  ie  penfe  à  cecy  ie  demande- 
rois  volontiers  à  ce  Prophète,  pourquoy  vou- 
lant parler  de  la  mifericorde  de  Dieu,  il  n'a  pas 
pluftoft  diéfc*  Oeus  fit  bonw  4  que  Dieu  s'eft  faicl: 
homme  ,  pource  que  ce  mot  d'homme  ne  de* 
note»  autre  chofe  qu'humanité  8c  douceur, 
nenny  ,11  n'a  pas  voulu  ainfi  parler ,  pource  que 
fouuent  il  arriue  que  ,  Homo  t\tbommt<>  lupus  ,  que 
l'homme  n'a  point  de  plus  cruel  ennemy  que 
l'homme  ,  mais  il  dicl:  ,  Qui*  Uomtmjunt  owli 
bornum^  Il  eft  vray  qu'il  n'y  a  rien  de  fi  cruel 
que  l'homme  euuers  l'homme ,  &  pource  Bak 
thafar  Prince  de  Babilone  ,  ainfi  comme  il 
eftoit  à  table  ayant  feulement  veu  vn  doigt 
d'homme  efcriuant  contre  la  muraille  fut  tel- 
lement efpouuenté  ^  &  fon  vifage  blefme  de 
crainte  &  de  frayeur ,  qu'il  n'y  auoit  membre, 
ny  partie  deffus  luy  qui  ne  fut  agité  d'vn  trem- 
blement eftrange  &  merueilleux.  Pareille- 
ment Daniel  ayant  efté  ietté  en  la  foffe  des 
Lyons  n'euft  point  tant  de  frayeur  de  fes  bettes 
cruelles  ,  que  des  hommes  qui  luy  auoient 
ietté.  De  là  vient  aufïique  fain&Chryfofto- 
mc  dict  que  l'homme  eft  plus  cruel  enuers 
l'homme  que  Sathan  enuers  nous  ,  car  Sathan 
à  tant  de  crainte  de  l'homme  qu'il  n'ofe  s'ap- 
procher de  luy  ,  ny  mefme  l'attaquer  ,  l'a  où 
l'homme  mefehant  attaque ,  &  l'homme  iufte 
&  l'iniufte,  voire  mefme  plus  fouuent  le  iufte 
que  l'iniufte ,  en  preuue  encore  de  cecy  j  vous 
fçauez  que  Sathan  n'ofant  pas  prendre  là  h  au- 


ât  Céinfitii.  fj} 

dicfle  d'attaquer  Adam ,  il  fc  Icnrit  d'vn  hom- 
me pour  Le  perdre  &  attaquer ,  aflaooir  d  Hue 
fa  femme  :  autant  en  fit-il  a  L'endroit  de  lob, 

car  après  luyauoir  oitc  tous  f  es  biens  ,  Tes  cn- 
.;1  ne  Luylaiflà  rien  que  fa  fem- 
me ,  &  pourquoy  cela }  penfez-vous  que  ce  fut 
pour  lu/  faire  plailir,  ou  pour  le  conioler?rant 

in,  pourec  qu'il  fça- 
uoit  ^.c\\  qu'il  ny  auoit  point  de  meilleure 
i  ;  e  de  batterie  pour  le  battre  en  ruine  ,  que 
la  femme  ,  laquelle  me  fine  luy  confeilla  de 
maudire  Dieu  ,  voyant  les  biens  desquels  il  l'a» 
■oit  def  nié  cv  defpouillé  :  voila  nourquoy  puis 
.1  cft  ainlï  que  l'homme  n'a  point  de  plus 
crael  etmemy  que  l'homme  mcfme  ,  ce  n*eft 

le  merueille  (î  le  Prophète  Zacharie  parlant 
de  la  bonté  &  mifericorde  de  Dieu  ne  di& 
pas  y^rnà  itm  m  rst  bo-no ,  mais  feulement  (tmé 
j  o  m'a  im*  tenh  '•omint.  :  pourec  que  de  toutes 
les  parties  de  l'homme  ,  il  n'y  a  que  les  veux 
aniqueb  la  mifermorde  de  Dieu  puilL 
tCCOQl  virée  ,  dont  la  raifou  elt  belle  :  il  eft 
Tes  certain  que  les  yeux  ne  peuuent  voir 
que  fort  malaifément  des  autres  yeux  ma- 
lades ,  fans  relfentir  ie  ne  fcay  quov  de  la 
douleur  de  celuy  qui  eft  tourmenté  du  mal 
yeux  cV  eelte  douleur  eft  grandement 
tefmoignee  par  l'abondance  des  larmes  qui  s*y 
ap;  icntaulli-toft  :  ou  bien  difons  mieux', 

q:i  difficilement  popiubns  nous  voit  les 

mi  ruy  fans  en  eltre  touche?  au  caur 

8c  que  If  reftentiffemét  roiflei  ire- 

ntptt  les  yeux  Urmoyans  :  <  hr  fus  le  Prc~ 


j  So  Tout  Je  cmquiefme  Uucly 

phete  parlant  de  Dieu  ,  dit ,  Qniâ  domini  funt 
ocuit  bêtnmts,  pour  dire  que  Dieu  ne  peut  veoir 
&  coniideret  nos  miferes  &  neceffitezjqu'auflï. 
toftil  n'apporte  Ton  fecours ,  &  n'en  aye  corn- 
paillon  :  O  grand  lob  vous  vous  plaigniez  au- 
tres-fois de  ce  que  Dieu  n'auoitdes  yeux  de 
chair  pour  confiderer  vos  tourments  &  mife- 
res ;  NHuqutd,  difiez-vous  parlant  à  luy,  ocuit 
c.irneitibi  jur.t  csr  ftcut  vidn  bomo  eï  tu  vtcùbisî  ce- 
la n'eftoit  de  voftre  temps,  malsconfolez  vous 
à  prefent  ,  Quu  Ûomim  jurit  oculi  honnms  ,  Il  à 
prinsdes  yeux  d'homme  i  s'eftant  fait  homme 
en  fon  incarnation,  &  ces  yeux  c'eft  pour  nous 
faire  mifericorde ,  &  pour  auoir  compaffioiî 
de  nos  miferes.  C'eft  improprement  parler  de 
dire  que  le  Père  eft  mifericordieux  ,  &  le  fainct 
Efpritmifericordieux ,  c'eft  dif-ie  impropre- 
ment parler ,  car  il  n'y  a  que  Iefus-Chrift  qui 
proprement  le  foit ,  &  quipuiffe  faire  miferi- 
corde: le  le  monftre, la  mifericorde  comprend 
en  foy  deux  chofes  ,  c'eft  Mçauoir  la  compaf- 
fion  &  la  fubuention ,  côpatirà  la  mifere  d'ait- 
rruy  &  luy  fubuenir  en  icelle  :  auant  l'Incarna- 
tion du  Fils  de  Dieu ,  il  fe  pouuoit  trouuer 
au  monde  vne  vraye,  parfaicte  &  accomplit 
mifericorde,  car  l'homme  pour  n'eftre  qu'ho- 
me pur  &  (impie  peut  bien  compatir  à  la  mife- 
re de  fon  prochain, mais  il  ne  peut  pas  luy  fub- 
uenir en  icelle ,  &  principalement  s'il  faut  par- 
ler de  la  mifere1  du  péché  ,  l'homme  peut  com- 
patir auec  fon  fcmblable  ,  mais  il  ne  peut  le 
•deliurerde  fa  mifere:  D' auant  âge  Dieu  pour 
€ ftrc  Tout  puiffant  peut  fubuenir  à  ceftc  mife- 


âtCartfme,  $$i 

rs  &  foulagcr  les  bomirics:mais  comme cflant 
pu;  incorporel ,  &  Pans  pallion  il  : 

compatir,  &  partant  deuant)  incarnation  t; 
tlucolicde  1  homme  que  du  c  i  Dicn,i] 

ncfepooooitcftablirau  monde  vue  pai 
miicricordcaucc  ces  demi  parties:  qu  a  raient 
ru  pour  la  rendre  par faiâc  &  accomplie  .  il 
fçauoit  que  le  p         itit  efrôk  le  propre 
'mue,  &  le  fubueairdc  Dieu,  &  partant 

en  de  1  Inca:  l ,  ces  deu\  chof< 

vniespar  enleir.ble  ,  lacomp>  lUCClê 

fubuention,  au  moyen  de  l'vnion  t  u  aucc 

l'homme  :  raicteen  laperfonne  de  I  -Chriic 
le  verbe  éternel, qui  comme  homme  peut  com- 
patira  nosmifer.  comrnc  Dieu  fubuenir 

aiccllcs,  c'eft-donc  luy  fculqui  a  proprement 
parler eii  mil. 
\eux  de  chair  I 
htfnnt  o:ult  ho))..  :   mer- 

ucille,!:  i  •  .rnel  a;,  ant CCI 

tantfaiâ  horri 

ped  miferc  îpatir  £ 

tienir,  \ousen  vifte$byer&  auant-hyer\  n  | 

nple,  en  \oicy  vn  autre  propok !cn  I 
gile  de  ce  iour,  ou  ilefl  dit  qu  iceluy  I 

lie  de  Naymtrouua  vn  icum 
mort ,  qu'on  portoit  au  fcpulchrc, 
le  refufeita  lï  toit  qu'il  Cuft  l'être   Heil 

iptflSon  fur  les  larmes  de  la  mère  de  la-2 

Ile  il cft dit ic V  que ,  (hsjm  Ch m  »  otnmiu 

mtjt,  WÊtttm  \npn  t.vn%  <!i\ir  t''t.  \oh  Rtr'9  &  <C- 

ct/ïitcrtitnitlociilH.  Voie,  les  dïu<  pai 

0 


j  2 1  Vouy  le  cinquiefme  leyJy 

mifericorde  trouuee  ce  peu  de  paroles  ,  t[uk 

çum  viài($tt  wt}<rtco)dia  mot  us  jupn  tam  àixtt  5  Voyl3 
pour  la  cpmpaffion qu'il  a  eue  de  la  mifere, 
Tiottfltrt,  y  acctfat&  t.ttjit  toc.ù  j;c  Voila  pour 
la  fubuétiou.  Or  par  ce  commandement  que  fie 
N.  Seigneur  à  cefte  femme  de  ne  pleurer  point 
Isioitfl.rt^ie  veux  examiner  trois  poinâsence 
prefeiit  fermon  ,  le  premier  fera  de  la  fragilité 
de  la  vie  humaine  ,  &  delamifered'icelle;  le 
fécond  que  nous  deupns  pluftoft  pleurer  te 
m.ort  fpirituelle  ,  que  non  pas  la  temporelles 
le  troiiiefme  que  nous  ne  pouuons  refufcitér 
du  péché  de  nous  mefmes,  &  pour  ce  qu'il  faut 
que  Dieu  touche  premièrement  le  cercueil 
comme  il  à  fait  en  l'arbre  de  la  Croix. 

Premièrement  donc  quand  ie  confidere  la 
vie  humaine  mjfcrable  ,  ie  dis  que  nous  ne  dé- 
lions aucunemenr  pleurer,  quand  nous  nous 
trouuons  furie  poinct  de  la  quitter,  &  ce  pour 
trois  caufesoù  raifons  ;  la  première  pour  ce 
que  la  vie  prefente  n'eft  pas  vne  vie ,  mais  vne 
mort  :  la  fecôde  pour  ce  que  cette  vie  eft  brief- 
ue  &  courte  :  &  la  <tpour  autant  que  fi  cefte. 
vie  eft  de  longue  durée  ;  elle  eft  d'autant  plus 
remplie  de  fafcheries  &  de  miferes. 

.  uandàiapremiere,il  fautqueievousdife 
que  le  diuin  Philofophe  Platon  en  fon  Gor- 
gia  à  douté ,  fçauoir  fi  la  vie  prefente  deuoit 
eftre  appellee  mort,  où  bien  fi  la  mort  deuoit 
cftre  nômee  vie ,  &  ce  doute  de  Platon ,  aefté 
diffoudparles  Hébreux  ,  lefque^lsont  dit  que 
le  nô  qu'Adam  donna  aux  créatures,  eftpit  leur 
yray  &  prppre  rj> ,  <j  omm  quod  vocaux  Adœ  eras 


êe  Cari  fine.  5  S  ; 

mmt* élus.  Or  vousdcucz  fçauoir  que  fclon  l'o- 
pinion commune,  tel;  Adam  eftoit 
ligage  Hébraïque,  ôc  dont  ce  (iit  en  lâgue  i 

Lraïque  qu  il  donna  le  nom  propre  a  toi 
choies, &  difentainti  les  Hébreux  que 
donna  mefine  nom  a  la  mort  qu'il  SUlOÎt  donne 
a  la  vie, il  appella  o:  la  mort  &  lavie  par  vn  feul 
mot  ûttht,  il  appella  dvnr.  non  &  les  vi- 

llas &  les  rnort^, pour  dire  que  la  vie  cilla  m^rt 
&  que  la  mort  eit  la  vie,  que  U  ms  (ont  les 

morts,  &:  les  morts  les  \  iuans  :  auih  \n  certain 
Scolifte  de  noltretépsa  remarqué  qucplufi- 
eurs  autheurs ont  doue  diucrk  de 

l'hômc  felô  fa  nature  &  qualifies  vnsl'appcl- 
lit  anima| raifonnable, petit  mode  abbr. 
merueillesdela  nature  &  autres,  mais  que  1 
luy  qui  aie  mieux  rencont:  ,  ciUeluy 

Laquiadit  que  l'homme  n'cltoit  aune  choie 
qu'vne  mort  fcmpitcrncllc:  &  Rupert  confia 
rant  corne  apresque  l'hômc  eut  pcche,cx  qu'il 
fut  condâné  a  mourir  par  la  feritece  diuine,  ap- 
pella fa  femme  I  M»  qui  lignifie  mère  des  vil 
dit,  <\ui  ;  i<  )  ir  iust[i  jpptll.ut  r.t. n  vifjinrjH.r  injt  r.b  h  .- 
Le t  VUmw  qHidi.tcikS  affilé*  >n  tt> e  *mttmm 

efiwdtermoriertrium  f  c Vu  elle  folie  dit-il ,  ei'appcl- 
1er  celle-là  vie, qui  en  loy  n'a  aucune  rie:&  qui 
itablcmentclt  meredes  mouransrCar  ccr- 
tainemét  abicncôlidcrer  noftre  vie  nous  \  er- 
rons quelle  c(t  plus  mort  que  vie,  pource  qu     1 

viulsopusmourôs  6f  en  moutas  noftrc  vie  ne 

tient  qu'a  l'extrémité  de  nos  leurcs,  qttot: 
moruruur .  diloit  Senccque  ,  quôtid.t  dtmvnt  */h 
qtiApârsvit*  nojh*  y  nous  marchons  au  tombeau 

Oo  uii 


c  84  Vouy  le  cinquiefme  leudy 

dés  aufll  toft  que  nous  prenons  naiffance,, 

tiajctntei   moYimuï  ,    p  .y  que  ab  oYijnt  ùVèdtt ,   S, 

Ambroife  confiderant  que  c'eftoit  que  l'home 
me  pendant  la  conioncfion  de  lame  auec  le 
corps  dict  ainii,les  vns  definiffant  l'homme,di- 
fent  que  l'homme  eft  le  cercueil  de  Ton  ame, 
que  ion  corps  eft  vn  lict  où  il  dort  vn  cour 
f  bmme,mais  quand  à  moy,dit-il,  ie  diray  que 
le  corps  mortel  n'eft  autre  chofe  que  la  bière 
dans  laquelle  nous  fommes  portez  au  fepul- 
chre  :  &  le  mefme  fainct  Ambroife  expliquant 
quels  font  ces  quatre  portefaix ,  quiportoienç 
ce  ieune  adolefcent  mort  en  noftre  Euangile 
enterre,  dict  que  ce  font  les  quatre  elemens3 
qui  nous  donnent  la  vie,&  font  les  mefmes  qui 
nous  portet  au  fepulchre:car  pendant  que  nous 
viuons  ces  quatre  elemens  (  defquels  nous 
fommes  compofez  )  s'entrebattent  enfembles 
en  nous,  &  ce  combat  eft  caufe  de  noftre  mort, 
non  pas  tout  d'vn  coup  ,  mais  petit  à  petit  :  a 
quoy  a  lieu  ce  que  nous  rapportions  cy-de- 
uant  deSenecque,  Qj*ondiemoruwur  <&c.  Et  pour 
ce  ie  vous  diray  qu'il   nous  arriue  le  mefme 
qu'il  arriua  à  ce  grand  Prince  Mithridates ,  le- 
quel combattant  contre  fes  ennemis,  &  voyant 
que  la  partie  n'eftoit  pas  e/galle ,  que  les  forces 
luy  manquoient  auec  Je  courage ,  ne  peut  faire 
rien  autre  chofe  que  de  s'enfuir,  &  voyant  que 
viuement  il  eftoit  pourfuiuy ,  craignant  d'eftre 
furpris  il  laiffoit  après  luy  tout  ce  qu'il  a- 
iioit   de  plus  cher  &  précieux  ,  afin  d'amu- 
fer  les  foldats  pourfuiuants ,  &  d'empefeher 
qu'il  nç  f ufl  attrapé  j  cefte  vie  prefente  eft  vne 


àt  Cartfme.  jSj 

guerre  ,  Vua    honn  ts    mi  ifu  cfl  fu^tr  ttxru» 

celle  euerre  la  mort  cruelle  ennemie ,  noas 
pourfuitpas  ,  a  pas  cM  de  près  ,  &  craignant 
ci  citre  attrapez  dicclle,noiLs  laifsôs  après  nous 
ce  que  nous  aucuns  de  plus  cher.  C'ctt  ailauoir 
:ours  dcnoihe  vie  ,  afin  que  la  mort  s  amu- 
Tant  a  les  :  irape  G  toit: mais 

il  jus  auonsbeauccurir     car  touliours  hiut-ii 
tomber  en  k  -  &  nul  ne  peut  tinter  le 

dard  de  fa  mortifère  fage  tte. 

SainctChryfoftomc  en  1  Homélie  ;c.  qu'il  z 
faicte  fur  TEpiitre  aux  Romains  ,  dict  que  no- 
ftre  vie  cft  m  itu  ,  àquoy  i  adiouitc  que  c  cil 
vnicii  femblabL  .xde  Locrois  ,  IcTq1 

furent  initituezen  1  honneur  de  la  Décile  Ne 
mciiie  ,  aufquels  (c  îaitbit  vne  dance  ou  cha- 
cun fc  preientoit  \  n  flambeau  allume,  pour 
repreienter  1  eftat  de  la  \  ie  prefente  iuilumcnt: 

figurée  par  le  flambe        luiau   meime  poinc 
qo  il  commence  a  lu\  rc,au  nicfmc  il  commen- 
i  fc  confonuner  :  autii  de  mcfmc  ie  disque 
la  mefmc   chofe  &  le  mcfmc   point  qui  etl 
principe  de  noftrc    \ic\k  meime  cfl  principe 
:  t,ainii  dit  S.  Ambroiie  llemptm- 
i»  vi'. 1 1  tourna  ■  i   r: ,  le  meime  mo- 

jnenr  qui  donne  la  vie  a  1  homme, le  incfînc  luy 
donne  le  commencement  de  ia  mort. 
Reman  t  me  chofe  digne  de  grâ« 

>quâd  .  leftiô  d'animera 

hairduco  \dâ,la  faim 

l  marque  que  ce  tut  j  ar  le  tnoyc  d  \  n  foui 
]tfy  !  tuir  m  - ■*  pourqi 

!  LC  dlfe  que  c'eitl  :  la 


^  S  6  Vour  le  cinquiefwe  leuây 

fragilité  de  noftre  vie  :  car  tout  ainfîque  parie 
foufrle  on  faict  les  verres ,  ainfî  noftre  vie  eftât 
donnée  par  vn  foufle,  c'eft  pour  dire  qu'elle  eft 
plus  fragile  que  leverre,àquoy  faifoitallufion 
l'Apoftre  fainct  Paul ,  quand  il  difoit ,  H.ibemus 
tbejaurum  tftum  m  fffts  pcttlthtfs  ?  où  bien  félon 
vne  autre  verfjkny»  vafî s  vitr  en, cela,  ce  pourroit 
dire  ;  maisie  reuiens  à  mon  flambeau  ,  prenez; 
garde  que  lors  que  le  flambeau  eft  recen- 
tement  efteinct  fi  vous  foufflez  tant  foit  peu 
deffus,aufutoft  vous  le  voyez  rallumer,  ainfî 
reprefentez-vous  puis  que  vous  voyez  que  le 
mefme  fouffle  qui  peut  efteindre\le  flambeau» 
le  mefme  le  peut  rallumer  eftant  efteincl: ,  ainfî 
la  vie  humaine  comparée  au  flambeau, a  pour 
principe  de  foy  le  mefme  qui  eft  caufe  de  fa 
roort,&;  pourceelte  aefté  donnée  par  vn  fouf- 
fle :  &  afin  de  vous  faire  voir  que  ce  ne  font  icy 
conceptions  formées  en  l'air.Remarquez  auec 
Oleafter  que  le  mefme  mot  Hébreu ,  Uapbnt^ 
qui  fignifie  refpirer  ou  infpirer,le  mefme  fîgni- 
fie  encore  expirer,  difonsdoncà  prefent  que 
la  vie  a  efté  donnée  à  l'homme  par  vn  infpirer, 
pour  dire  que  la  vie  eft  la  mort ,  &  la  mort  la 
vie,puifque  infpirer  &  expirer  sot  fignifiez  par 
ce  mefme  mot  Napbut9  Quand  vous  voulez 
expérimenter  fi  vn  homme  eft  mort,  vous  le 
recognoiffez  par  le  refpir  en  ceftç  forte,vous 
prenez  vne  chandelle  ardante ,  vous  la  po- 
fez  auprez  de  fa  bouche,  &  alors  s'il  n  eft  more 
•vous  le  recognoiffez  en  cefteforte,quand  vous 
voyez  que  laflamme  ne  varie,  ny  d'vn  cofté  ny 
d'autre,c'cft figue  qu'il  eft  mort,  &  alors  vous 


et  Cjyffme.  587 

dites  que ,  Fxpirjuif  il  vient  d'expirer ,  pourec 
qu  il  n  a  plus  de  fouttic  ,  n;  oh  en 

,  de  manière  qu'il  eu  tri  c  le 

fouffle  en  l'homme  eft  figne  de  mort, 

&  fïgnifiant  les  deux  ,  c\  il  pour  dire  que  la  vie 
eft  la  mort,  ex  la  mort  !a  \ic,cV:  partant  ce  n'eft 
fans  caufe  ny  raifon  que  les  H.  1  >nt 

voulu  lignifier  ks  deux, par  ce  mefmc  mot, 
Trtttbi  &  toute  la  différence  qu'il  y  a  pour  rc- 
cognoiftre  quant  n  iignirîc  mort ,  &  quand 
il  lignine  vie  ne  confîfte  qu'en  vn  (cul  puinci, 
qui  eft  à  ,Wr/  quand  il  iignirie  rie  pour  di- 
re que  tout  le  temps  de  nolhe  vie  ne  COflfiftc 
qu'en  vn  leul  point  ce  vmque  inftant  prefent 
auquel  nous  viuons  ,  noc  j,w  4  p>imip;Q  t    quod 

Uni  impto/uih  Lt'Uti   ert    CJT  oand'um    h^pocrttj  et    aÀ 

infljtr  çun(h.  ï'ay  recogncu  des  le  commence- 
ment que  la  losange  des  mefehans  eft  de  peu 
de  durée  ,  &  que  le  plailîr  de  lh\  poente  ne 
COnfifte  qu'en  vn  poinct ,  pour  autant  que  le 
temps  auquel  nousauons  veicu  ,  n'eft  plus  que 
celuyqui  eft  futur  nous  e fk  incertain  ,  ex  n'a* 
uons  rien  d  alfeuré  que  le  feul  poind  auquel 
nous  viuons,  de  manière  que  oftez  CC  point,  il 

ny  a  aucune  différence  entre  la  vie  &  la  n* 

D  auantage  ,  remarque/  bien  que  LesHcbretU 
Ont  :.  fortes  de  voyelles  longue^, cV  brictucs& 
tr.s-bricfucs  ,  lorsque  li fie  vie  ,  (èa 

ont  fort  1<-  lOtt 

elles  font  briefues  ,  pour  due  que  le  peu  de 
temps  que  nous  ridons  en  cefte  %  ic,  eft 

ne  infirmité  de  mifere$&  calam 

lilfoît  lob  ,  Uowv  UAtu  m  biuitfiu 


r  %%  Tour  le  cwquiefme  leuJy 

pore ,  replet ur  multts  mijcrm  :  Voyez  vu  peu  la  fa- 
çon de  parler  de  lob  :  il  ne  dit  pas.*  "/>/:/«/, mais  i 
rcp'etur,  ce  mot  de  re  fignifie  de  rechef  pour  dire 
qu'en  cette  vie  prefente  les  miferes  s'augmen- 
tent de  plus  en  plus ,  &  tant  plus  nous  allons  en 
auant  plus  elles  croiflent ,  &  toujours  font  a 
recommencer  :  en  outre  on  ne  dit  pas ,  repletur 
mtjeiu,au  fingulier,  mzismtfertis,  au  pluriel,  vou- 
lant dire  que  la  vie  prefente  eft  femblable  à  la 
pomme  de  grenade,  laquelle  n'eft  pas  tât  renv- 
plie  de  grains  que  la  vie  eft  de  miferes  &  de  pei 
nés  :  &  corne  les  grains  de  la  pâme  de  grenade 
font  perdre  la  peau  &  Tefcorce,  ain(iles  mife- 
res font  perdre  la  vie,&  encore  tout  ainfi  qu'en, 
la  pomme  de  grenade ,  il  n'y  a  (i  petit  coin  qui 
ne  foit  remply  de  grains  ,  ainli  n'y  a-il  aucune 
partie  de  la  vie  qui  ne  foit  farcie  de  mille 
maux  :  aufli  pour  ce  fubiect  ceux-là  ont  dit  que 
Promethee  voulant  former  ceft  homme  de 
terre  &  de  boue  qu'il  vouloit  animer ,  le  def- 
trempa  premièrement  de  fes  larmes  qu'il  ver- 
fa  auec  abondance  fur  les  miferes  dont  fa  vie 
deuoit  eftre  remplie  :  où  biendeftrempant  la 
matière  du  corps  de  l'homme  auec  les  larmess 
il  vouloit  dire  qu'il  ny  a  partie  de  temps  en  la 
vie  de  l'homme  qui  ne  foit  déplorable  ,  ainfi 
verrez-vous  demain  Dieuaydant  ,que  le  Fils 
de  Dieu  pleura  refufcitaht  le  Lazare  ,  comme 
le  refufeitant  aux  miferes,  en  luy  donnant  la 
vie ,  c'eft  la  raifon  qu'en  donne  faind:  Ifidore, 
difant,   Dominas  non  jieuit  Laz-trum  morruum,  Jed 
âd  vus  s'umnas  yefufcittndwn:   cartOUt  ainfî  que 

Promethee  auant  que  de  former  ceft  homme' 


r.V  Cirtfn:\  ^%y 

*le  terre  pleura,  ainli  le  fils  de  Dieu  verfc  des 
larmes  voulant  refufeiter  le  Lazare  pour  il 
derechef  lesmifi  ce  fte  ne.  Cefl  vn  ora- 

cle 'onque  léchant  du  (  qui  di 

,  1  heure  de  la  mort, n 'a;,  anten  tout  le  temps 
de  j.         ..ict  autre  choie  q  nir  &:  pleurer* 

pour  dire  que  bien-  heu:  eux  eit  ecluyquc  la 
mort  affranchit  de  tant  de  mi  lires,  &  de  maux 
que  l'homme  endure  au  monde  pendant  qu'il 
vit:  &  ainfiiuftemenrnoitre  Seigneur  auiour- 
tThuy  voyant  celte  qui  ploroit  ion  i 

faut  mort  qu'elle  côduifoit  en  la  fcpulturc  luy 
dit,  \o(t  Jl-  ^temme  ne  pleure  point  celuyqui 
c(t  deliure  de  la  cloaque  de  tant  de  malheurs  8c 
miferes;  Voila  :  1  anok  a  dire  pour  Le  pu- 
blier chef. 

iand.au  fécond ie dis  que  siWftqucitiôdc 

parler  d-;  la  mort  de  1  air.e,  alorsnous  deuoCH 

r,mais  ameremcnr,&  auet  abondance. 
Lu  i  qu  il  fit  1  an   m  i-.  de  la 

pen  ^dttquela  contrition  d        dm 

1 1  homme  plus  mefehant  qu'il  n'eftoit  au~ 

uiant,  rant  s  en  faut  que  cela  férue, 

ogmente  d*auantage  les  péchez  ,  es: 
pour  autant  que  le  Pape  Léon  X.i  anoit  con- 
damné ,  &  nnumie  pour  cette  herefîc  ,  il 
iioitnv  Pape  ny  Papclle  qui   luy 

peuftarrax  te  latefle,  me 

la  doârine  de  ceft  herenarque  i         te  à  la 

riture  ,  &  à  Dieu  nu  qnd 

(  ptui  t*trè    pa  |  m%  omntM'n (maïmip* 

>i>/t     net  reconhOir,  Si  qntjùrh    Dommnm^ 


i  ço  Tour  le  tinquieftiie  leuJy 

iuu  nitsilîum,  fi  m  fou  tribmaf/om  cor  du  tut  quéfierh 
illuw.  \tcogitabo  ttbt  i>mnu  annoi  mto*  tn  ttm.iritudine  uni" 
ma  mtœ. 

Que  dis-tu  Luther  à  ces  paffages  de  la  fain&e 
Efcriture,qui  font  diametralemét  oppofez  à  ta\ 
doetrinem  eft-il  pas  vray  que  faùiét.  Pierre  fut 
loué  pour  auoir  ploré  ion  peché?ne  içais-tu  pas 
queDauiddifoit ,  ^au,bvper  fi^uias  mc/es  kct  m 
meum  if  itrutwri  meurfi  h  dbo  i  où  félon  l'Hébreu  j 
"HatitYt  fdctam  itBum  mtum  p>*  abundantu  Uchn- 
mtïwnmct'um.  Cefutàcaufe  de  fa  pénitence 
&  contrition  qu'il  obtint  remiiTïou  de  fonpe- 
ché,ny  plus  ny  moins  quEzechias  obtint  par- 
don du  fien  par  l'abondance  de  fes  larmes: 6c  à 
la  vérité  nous  auôsbien  iufte  occafiô  de  verfer 
des  larmes  quand  nous  fommes  en  péché  mor- 
tel,morts  fpirituellement,  &  priuez  de  la  grâce 
de  Dieu  :  belles  paroles  de  faind  Auguftiu  fur 
ce  fubiectefcrites  au  fermon  dixhuict  des  paro- 
les de  TApoftre  ,  Vttacotpoïtstut  anttniejt  vu  a,  ««;- 
mœtuA  D?us  ejt  Kon  funt  trop  in  te  vifariptcttitifi 
d'ft»s  corpus  )  quo  tece/stt  anima  9  antnum  v»<?  non 
J  i<s*qt4JiY>>ce{ïit  D'us.  Helas  !  dit  le  mefme  S. 
Auguftincn  fes  Confeflïons,  Q»t  i  mtfetim  ^//ero 
rio>,)n>;>?mtti  ;  fumt  Y  a-il  rien  au  monde  de 
plus  miferable  que  l'homme  pécheur  ,  qui  n'a 
en  foy  aucun  reffentimét  de  fa  mifjre,  tâteefte 
côtritioneftneceffairepour  l'abolition  dupe- 
ché,pcrur  la  deftruc~tion  de  l'enfer  ,>  &  confufion 
des  ennemis  de  noftre  falut. 

Voila  pourquoy  en  confideration  des  larmes 
de  la  vefue,il  luy-rctfufcita  fon  flls:Ainfi  en 
confideration  des  larmes  d'Ezechias,il  reuoqua* 


Tirrcfc  de  mort  prononce  contre  luy  :  Et  fur 
cecy  il  faut  que  k  nous  explique  vn  tort  beau 
paiiage  des  Cantiques  ,  lLfpoux  parlant  à  fou 
tipoule  ,  Kiy  dîioit  ,  J  ulnu atft cor intnm m yno tfl* 

...oiU'H  ruer um, 

O  nu  belle,  tu  m'as  nauré  le  cœur  par  le  feuj 
clein  de  tes  yeux  ,  que  veut  dire  cecy.  Les  Mé- 
decins £c  Naturaliitcs,  difent  que  les)  eux  ne 
pleurét  pas  tous  deux  enfemble,  maisl  vn  com- 
mence le  premier  &  l'autre  après ,  i  u  mr*  ticor 
rntm»mvnon.tnocnl(>YumtHo,uiii.  G'efl  autantCOm- 
mc  ÛDÏCU  difoitàl'amc  pechertrfle,  tu  n'as  fi 
toit  ietté  vne  larme  de  tcsycux,qu'incontincnt 
ie  (uis  venu  pour  re  iecounr. 

O  larmes  precieufes  ,  il  fallut  vne  merpour 
fubmer^er  Pharaon,  mais  il  ne  faut  qu' vne  lar- 
me pour  fubmerger  Sathan  &  les  péchez  !  ô 
larmes  admirables  en  erfect ,  la  douleur  eil  1  ef- 
feâdu  pèche,  poorce  que  le  péché  acaiifZ  la 

douleur,  In  do  ote  ptttrs ,  tnfudore  vu  tus  tmftfctm 

f>  m  tuo  ,  &  tour  ainfi  qu'elle  eft  erfeâ  du  peché. 
ainfi  la  mefme  cft  l'antidote,  &  le  fouuerain  re- 
mède d'iccîuy  ,  &  ainli  encore  que  la  douleur 
cft  vne  fle1  ie  1  ennemy  ,  le  pèche*  nous  cn- 

uoye,noufc  délions  prendre  cefte  mefme  tlcfche 
de  la  douleur  pour  le  derraire  &  ruiner  :  &  ai  nul 
comme  les  larmes  de  la  veufue  ont  elle  caufe  de 
larcfurrc<ftion  de  ron  fils  ,  ainfi  lesmefmes  ' 
fuffi  fautes  pour  nous  Taire  rcllufcitcr  du  peché. 
i  D.uid  prenoit  fubiet  de  dire,  îmétféy 
tt*<  l*m ptUnno \oht.MMi  m  ttftê  ,  puiirqiK - 

compare-il  auPelliçan  ?  Vousfçadei  ce  que 

des  Naturaliitcs  difenc  du  Pellkao  ,  quiccluy 


5  9  ^  Votw  k  cinejuiefme  Icudy 

pour  aymer  trop  fes  petits  ,  les  ay ans  eftouffez 
en  les  couuât  &  efchauftànt  de  Tes  aifles ,  fe  def- 
chire  puis  après  la  poictrine,&  fe  becquette  l'e- 
ftomach,  &  de  fonfang  qui  découle  lesrcfuf- 
cite  :  par  l'amour  propre  de  nous  mefme ,  nous 
nous  fbmmes  caillez  la  mort,  &  pource  afin  de 
nous  refùfciter  nous  auons  befoin  d'oultrer  no- 
ftre  cœur  par  la  contrition,  afin  que  d'iccluy  di- 
ftile  non  du  fang,  mais  des  larmes  capables  de 
fuffifantespour  nous  refùfciter. 

C'eft  vn  grand  mot  que  difoit  le  Prophète 
Hieremie ,  parlant  des  pécheurs  ,  ptecatum  ma* 
Jcnptum  efî  sitlo  ferrto  m  vu  u  <tdsmmtOiQ  friper  ht  'tu- 
dmtm  covdn  torum.  le  vous  ay  dict  quelquefois? 
que  le  diamant  ne  pouuoit  ci  ère  arnoly  que  par 
le  fang ,  mais  il  y  a  vne  autre  inuention  trouuee 
pour  ce  faire  ,  les  lapidaires  pour  brifer  le  dia- 
mant ne  fe  feruent  d'autre  chofe  que  de  la  pouf- 
fîefe  du  diamant  :  ô  cœur  endurcy  au  péché! 
quel  moyen  de  ramolirce  cœur  &  ce  diamant 
fi  fort  &  fi  obftiné  ?  c'eft  d'auoir  lapouldre  d'i- 
ccluy ,  c'eft  de  brifer  ce  cœur  par  la  contrition* 

cou  contrttum&  buraih.it  ummnfl'futct^     c'eft  le  fetll 

&  vnique  moyen  d'en  faire  fortir  le  péché. 

Pour  vntroifîefme  &  dernier  chef,  il  faut  que 
ie  vous  die  vn  mot  d'importance  :  fi  nous  fouî- 
mes morts  par  le  péché  d'vne  mort  fpirituclle 
nous  nous  trompons  fi  nous  ne  penfons  que  nos 
larmes  &  autres  œuures  pcnibles,procedantes 
de  la  contrition  foient  fuffifantes  pour  nous  re- 
fùfciter de  cefte  mort,  il  eft  neccfîaire  auec  ce, 
que  le  fils  de  Dieu  nous  touche. Tl  faut  qu'il  tou- 
che la  bière  pour  refùfciter  l'cniat,  ttttyi  loculum 

dietns 


Je  CurefinY.  19  î 

Jicern  y  aJohfctm  nbi ,  duo  fmgi ,  qu'elle  eft  cette 
bière  de  bois,  qui1  faut  que  Je  Sauueur  tou- 
che finon  la  Croix  ;  o  Croix  ,  o  bois  ,  inftru- 
meut  de  noftre  falut  iur  lequel  le  rils  de  Dieu  a 
.ndules  mains  pour  nous  redonner  la  vie, 
nyplus  ny  moins  quhhfee  s'cifcenditfur  l'en- 
fanr  de  la  Sunamite  pour  le  refufciter:  c'eft 
la  ce  qui  efl  requis  pour  ccftenoftre  Refurre- 
éhon  if>irituclle  ,  il  faut  que  le  mérite  de  ce  fa- 
cririccianglantefpanchécnlaCroix  nous  (oit 
applique, &  ce  par  le  moyen  des  Sacrements  de 
\  I  nitence,  &  de  l'Huchariftie  ,  Sacrement  vé- 
nérable queceluy  de  l'Autel  qui  cil  vrayeméc 
appelle  pour  ce  iiiiect  viuificatif,  poureeque 
par  iceluy  nous  renaiffons  de  la  mort  a  la  vie, 
nous  recelions  la  grâce  perdue  par  le  pechc,  ôc 
par  iceluy  Dieu  touche  labicrede  noltreamc, 
qui  eft  le  corps  pour  luy  rendre  fa  propre  vie, 8c 
en  nous  relu  ici  tant  nous  donne  les  arres  &  af- 
feuranee  d'vnc  vie  éternelle  ,  à  laquelle  nous 
conduife  le  Père,  lehls,  &  lcfainctEfpnc. 
Ainli  foit-il. 

pp 


J94 


SERMON      POVR      LE 

CINQVIESME  vendredy 
de  Carelme. 

&At  dutem  quidAm  LAngutns  La^ayhs^  ($G\ 

10  AN.    ii. 

Ainct  Grégoire  le  Grand,  au  corn- 
HSmencement  defon  Paltoral,  dit, 
"  an  arttum  e.H  regirn  n  dntwarum,  la  con- 
duite &  gouuerhement  des  âmes 
eft  l'art  des  arts,  &  la  feience  des 
feiences  :  mais  pour  moy  ie  diray  ce  matin 
que  ,  Jlitî  Arttum  ait  ars  btné  nmtmdi ,  que  l'art 
&  la  feience  des  feiences  eft  celle  qui  preferit 
les  moyens  de  bien  mourir  :  nous  parlerons 
auiourd'huy  de  ces  moyens  ,  en  confiderant 
comme  Marthe  &  Marie  Magdaleine  voyans 
leur  frerc  le  Lazare  malade  enuoycrcnt  quérir 
noftre  Seigneur  pour  le  guarir ,  c'eft  ce  que  ie 
pretens  ce  matin  vous  faire  voir,  mais  aupara- 
uant  que  de  commencer,demandons  rafliftan- 
ce  de  la  Vierge ,  difans, 

jtue  Mayi a. 


h  Cirtfmi.  $9f 


\9f  1>v11  ^^'  au  Hure  qu'il  a  fait  dcs70.I1> 
gerpretes,  raportc  de  Ptclomcc  Phy- 

:,qu  iceluj  c- 
ftant  curieux  &  Joigne  ux  uuicposde 
fonKoj  aunie,  s  i  i  vnioui  ètndc  us->o, 
qui  lu)  auoycntcitc  ciiuoya  parle  grand  Prc- 
iLc  de  Hi  .      Lay  demanda  de  quels 

moyens  il  &  pourroit  (cruirpour  mettre  Ton 
:nccn  paix,  a  laquelle  demande  ce  bon 
illard  ayât  vn  peu  penfé  luydi; 
aur:  .  en, ny plus  ej  pedient  pourarriu* 
VOS de(Tçins9que garder  premièrement  la  iuiti- 
cc,&  en  fécond  licud  auoirpre  de  rousdes  fi- 
dèles aiiiis:au{rice  grand  Capitaine  Romain. 
Marms  (buloit  dire  que  s'il  cltoit  queftion  de 
faire  entrer  au  p^râgon9l'vne  auec  l'autre  deux 
diuerfes  Républiques  ,1  *ne  dcfqnçli  oit 

pour  Empereur  vu  nomme  de  bien, nuis  auprès 

(leurs  perfides  an  l'autre  de  la- 

quelle le  B  oit  nrc(chant,quitput< 

auroitauj  phifieurs  fidèles  amis^ldi- 

foit  qnecelte-ià(erou  lapl*  heureufc,  laquelle 
auroit  vn  !  del- 

lesamiSyque  l'autre  qui  auroit  vu  R  ,:ui 

re,L\  auprès  de  luy  de  mimais  &  ;  i  miSj 

I  td<  faitcôfiderani  ,  îerrouuc 

qu  il  n'y  a  rie  de  pi  '  lie::  i  la  vie  luimainc 

qued'auoird         Scfidelles  amis„Au/Iicelujr 

la  auoirfort  bonne  gra>  nt  que  pour  n 

entretenir  en  no(lrcdcuoir,il  \x  foin  ^lic 

noiibcuilioiUYUçrueltuuemv^M)  tulelamy, 

I  u 


j  $6  Tour  U  cinquiefntt  Vendreây 

vn  cruel  ennemy  pour  nous  affliger,  &  vri  fideî- 

le  amy ,  pour  nous  fouftenir  &  défendre: car  la 

pierre  de  touche  pour  efprouucr  l'amitié  d'vn 

ridelle  amy  eft  l'âgoifle  &  l'afrlictiô  de  fôn  amy 

Yrater  irtan^ufttjs ,  cowprobttur  ,  ee  mot  de  jrate»  en 

l'Efcriture  fainte  eft  fouuét  pris  pour  vn  vray  a- 

my  :1e  motHebreu,c'eft  à  fçauoirjGzw^Vc^qui  fi- 

gnifle  frere,fignifie  encore  tWf»jenfantemét,& 

ainfi  l'on  pourroit  tourner  ce  partage,  l»  ar^ustm 

faïtus  co)iif>robittir>  pour  dire  que  tout  ainfî  que  les 

prémices  de  l'enfantemét  font  les  angoiffes,  les 

tranchées  &  douleurs ,  ainfî  les  prémices  d'vne 

vraye  amitié  font  les  tribulations  &  aduerfitez 

d'vn  amy:àce  fuietDemetriusfouloitdire  que 

les  amysdoiuét  eftre  appelez  en  laprofperité  de 

leur  amy,  mais  en  fon  affli&iô  ils  y  doiuét  venir 

fans  y  eftre  appellez,bié  que  le  côtraire  fe  reco- 

gnoifle  maintenant  aux  amis  de  ce  temps:  auftî 

ceux-là  ont  fortbié  dit  qu'il  arriue  icy  de  mef- 

me  que  aux  corps  qui  font  expo  fez  à  la  lumière 

duSoleil,quadno9  marchôsà  la  lumière  du  So^ 

leil  >  l'ombre  nous  fuit  &  ne  nous  quitte  point: 

mais  les  nuages  cachans  le  Soleil, &  nous  faifans 

perdre  fa  lumière, fôbre  nous  quitte  alors:aufIî 

eft-il  vray  que  tant  que  les  homes  sot  en  faueuf 

&  crcditjforces  amy  s  lesfuyuent&les  vifitent, 

mais  fi  vne  fois  ces  faueurs  &  profperitez  vien- 

nétàeftreobfcurcisparlenuagedesaduerfités, 

à  Dieu  l'ombre,àDieu  les  amis,  Dumfue>tsjœhx 

rnultoiriumertbts  imicos  :  fwpoyafi fuerint  nubild  fofus 

tri<  ,  difoit  Ouide  au  i.  liure  de  trifiikus.  Il  fembïe 

auftî  que  lob  aye  recogneu  eccyen  fa  perfon- 

fle,&  ce  lorsqu'il  diCoit.f,r«tMmetfcWd»Jitrimtmi 


' 


'JeCareffntl  5P7 

<fu*\itÊYrm  qui  fLttm  yatianfut  p  belle  dcfcriptlon 
d'vn  faux  amy,  pourquoy  o  lob  ous 

paSfuf  m.tre  %  pluiloit  qilC   qnjji  ton*  t.*  ,   puis 
qu'il  c(t.ainfiquele4  Anciens  ont  appelle  la  nur 
perfide,  inconftante  te  voilage,  ou  bien  pour- 
quoy ne  dites  vous,  que  vos  amis  qui  fis  font  fe- 
parez  de  vous  fonr  fcmblables  à  vu  ftcuuc  qui 
coule  doucement,  ou  bien  a  vue  eau  dormante 
qui  femble  calme  ,  mais  neantmoins  e(t  plaine 
de    beftes  mortiferces?  ?  nenny  ,  1 1. tu  es    m  i 
pertranficrunt  tnr   h  eut  torrtns  ,  qui  sl.tttm  potranftni 
pourcjuoy  fcmblable  aux  torrens  ?  en  voicy 
(af  tilon,  vous  voirrez  qtiel-ques  fç  s  vn  tor- 
rent qui  fembleraeftrc  perennel ,  mais  néant- 
moins  il  pafle  légèrement ,  ainii  cft-il  des  faux 
amys,  il  femble  qu'ils  font  pour  iamais,  6c 
neantmoinsa  la  moindre  occafionilsvmisquit- 
tent  &  dclaiiTcnt. 

Dieu  en  Sainct  Luc  Chappitte  n.monftre  la 
différence  qu  il  y  a  entre  le  \  ray&  perhek 
car d'cfcriuitlc  faux  amy,ilditqucliquelqu  i 
de  fes  amys  va  à  fa  porte  enplain  minuia,  le 
prier  de  luy  donner  trois  pains  pourvu  de 
amys  qu'il  a  trouué  en  chemin,  le  faux  amy  luy 
refufera ,  non  feulement  du  pain  ,  m.iis  encore 
Ta  porte  ,  &  s'exeufera  en  cefte  forte  difant, 

Tiolt  mihi  mol;, lus  ejst  un  0,'imm  cUnjum  e ,/  h  C7  />**  - 
Tt  met  mtcam  funt  in  ct-btlt  ,  non  pofium  fur-tre 
tltytttbi.  le  vray  amy  fe  recognoift  icy  en  lape  r- 
fonnedeccluy-laqiii  fort  de  la  mailon  en  plein 
minutée  pour  aller  chercher  ce  qui  manque 
en  (x  maifonpour  traiàcr  vn  de  (es  amvsqui 
J'cft  venu  vcorr,  &  le  perfide  amy  fc  recognoift 

Pp  m 


5  9  S  Tour  le  cinquttfrne  VenJttJy 

auftl  en  celuy  qui  au  lieu  d'afiifter  sô  ami  de  ce 
qui  luy  demande,  faitlepareffeux,  &  recourt? 
aux  excufes.Belle  defcription  à  la  venté  des  a- 
mis  de  ce  monde,qu'il  y  ait\les  amis  qui  fe  le- 
net  de  nuit  pour  fecourir  vn  amy  en  Ton  adùer- 
(ité  ils  font  en  petit  nôbre,mais  il  y  en  a  vn  mi- 
lion  de  femblables  à  ceflui-cy  qui  dit ,  mit  mtbt 
molfBêt  efse,  &c.  &  par  ainfife  vérifie  fouuent, 
voire  toufiours  cepaffage  de  l'Efcriture  faintç 
cy-deffus  allégué ,  I»  aniusim  f  rater  compt -oh -atur, 

6  par  confequent  le  dire  de  l'ancien  Poète  En- 
nius  rapporté  par  Ciceron  en  Ton  dialogue  de 
l'amitié ,  amtcus  cwu*  m  re  mcerta  cermtur  ,  l'amy 
certain  fe  recogiioift,&  fe  vcit  en  la  i .  trauerfe 
Mais  fur  tous  les  amis  il  ne  s'en  peut  trouuer  de 
plus  grand,de  plus  certain  &  de  plus  fidèle  que 
noftre  Seig.iamais  il  ne  nous  abâdône,  &  nous 
afïïfte  toufiours  parti culieremét  en  nos  trauer-. 
fes  &  afflictions  ,  auffi  iceluy  par  la  bouche  de 
fonProph.  Royal  au  Pfal.  4.  dit  que  toufiours 
il  aflïfte  l'affligé  en  fatribulation,  lumtpjofumm 

tYthul.itiori\t>7>r  m  eum  {?  ^iovificabo  ram  :  Exemple 

de  ce  que  ie  dis  en  noftre  Euangile,il  eft  dit  que 

noftre  Seig.  aymoit  particulièrement  Marthe, 

Marie  Magdaleine  &  leur  frère  le  Lazare, &  en 

qualité  de  vray  fidèle  amy, voyez  comme  il  les 

aftifte  aubefoin  &  en  tribulation ,  fe  trouuant 

en  leur  maifon,  &  y  refufeitant  leur  frère  mort 

&enfepulturé:luy  ayant  fes  S.  Dames  au  para- 

rAu£      uant  fait» entendre  fa  maladie ,  quand  il  luy  en- 

tra&y      uoyerentdire,   Domine  ceci  qwm  ttmas  wfùmatur: 

43    in    furquoy  S.  A ugu.  ne  peut  affez  admirer  cecy, 

Iom.      fçauoir  eft  que  puifque  noftre  Seig.  aymoit  le 


Je  Carefme.  j  o  g 

Lazare,  pourquoy  entendant  fa  maladie  ne  le 
iriilbit-il  fans  s'acheminer  en  pet  our 

le  refufeiter  cftant  n.crr  ,No7w,  dit-il,  parlant 
de  noftre  Sci£.  $  v/jfctf  /;/;/  Uommt  ^  :  icn 

tmm  defem  quoi  dilhjîy  pourquoy  permic-i!  quii 
mourut?  tVeuft-il  paseflic  pins  facile  de 
rir  citant  malade  que  d  attendre  qu  il  tut  mort, 
qu'il  fut  enlepultutc  ir  le 

refufe:  laclt  vray,m..  -  tair,a- 

fin  de  manifeitcrqu'icckiy  droit  le  v 
£c  pour  glorifier  les  ccuurcs  de  Dicuenee  mi- 
racle.  D'auitage  voyâtd'vne  partlafolicitude. 
&  le  loin  que  ces  huirsontd  cuuoyer  prier  no- 
ftreSeig.de  venir  voir  leur  frere  le  Lazare  ma- 
lade A'  en  dâgtt  de  mort,  &  que  de  l'autre  i  ci- 
tent S.  [eao  qui  dit  en  Ion  Apoc.  Beat»  mortiti  i 
vi  Uuntt.o  tr.ountjn*/ 

■     'ir  i  Ufmrikm  lm<  -,  pat  la  ie  recognois  que 

.'.ifent  que  leur  frere  vjuc  ou  me  II 
brcSei.&  c  rd  à  leur  grande  arriitic,enj 

tiers  CC  frere  malade  ,  eniN  n  toif  qu  iicft 

pialâdc  roirN.Sc  luerain  m< 

âmes  te  prendra;/  de  la  fuîct  de  vous  •  .n- 

terce  matin  les  moyens  de  bien  &  heurei. 
met  mourir ,&  pour  ce  laire  il  faut  {f 

en  f.  lieu  ,  que  trois  forte  s  de  têpsdoiu 
[      e  confiderez,  c'eft a  feauoir  le  temps  auant 
la  maladie,  le  temps  de  la  maladie,  &  le  temps 
de  h  mort,  r:  te$  4e  temps  qui  nous  !i 

iftre  Euang,  0t\  <  » 

.  '  I '..izjrum     I  le 

temps  .  ladie,  Omm  têcttmt  • 

J^u/wrjC'cftpourle  ceps  de  la  maladie  ,  bot 

I     a 


j5o  o  Vow  le  ckquiefme  Venclreây 

fi  futfîes  hicfrater  meus  non  fuifiet  mortuus ,  c'eft  pouf 
le  temps  de  la  mort.Le  premier  téps  qui  doit 
donc.eftre  icy  confideré,c'eft  le  temps  de  deuât 
la  maladie,temps  auquel  nous  nousdeuons  dif- 
po fer  à  la  mort,&  pour  nous  y  bien  difpofer,  il 
faut  bien  viure,  car  telle  que  fera  la  vie  d'vn  de 
nous,telle  fera  noftre  mort,&  ne  faut  attendre 
que  nous  foyons  furpris  de  maladie  pour  nous 
y  difpofer,mais  bien  faut  faire  ce  que  ie  dis  pé- 
dât  que  nous  sômes  encores  fains,&  en  bonne 
saté.Ceftoit  à  caufe  de  cefte  belle  difpoiition  i 
la  mort ,  &  de  la  bône  vie  recogneuë  en  la  per- 
fonne  du  Lazare  que  le  fils  de  Dieu  l'aymoit, 
Eccr  qutm  amas  tHfitmatur.C'efk  le  propre  de  la  di- 
uine  bonté  d'aymer  les  chofes  bonnes,  c'eft  le 
propre  des  hommes  d'aymer  les  chofes  qui  font 
mafquees  fous  l'apparence  du  bien  :  mais  Dieu 
qui  voit  les  chofes  ainfi  qu'elles  font  &  non 
quant  à  l'extérieur  ne  peut  aymer  vne  chofe  fi 
elle  n'eft  bonne:de  manière  que  par  ce  qu'il  eft 
dict  que  noftre  Seigneur  ay moit  le  Lazare  nous 
eft  par  làreprefentee  fa  faincte  vie  qui  eft  la 
vraye  &  pure  difpofitionà  la  mort  :  il  eftoit 
Gentil-homme  de  race  &  d'extractiô,  &  pour- 
ce  que  la  vertu  efclairoit  en  luy  auec  la  noble£- 
fe,  voylàpourqiioy  noftre  Seigneur  l'aymoit, 
ainfi  que  difoit  fainâ:  Chryfoftome  &  fainc~t 
Jlierofme:car  tout  ainfi  que  l'efcarboucle  don- 
ne luftre  &  faict  aymer  l'anneau,  ainfi  la  vertu 
donne  vn  beau  luftre  à  la  noblefle  ,'&  faiâ:  ay- 
mer le  noble:il  eftvrayque  s'il  faut  parler  de 
la  race  commune  des  hommes,  &  de  noftre  ex- 
traction nous  fommes  tous  nobles  en  gênerai, 


Ae  Qàttfwe.  #©j 

mais  ce  qui  rend  vnhônic  principalement  no- 
ble  c'eft  la  vertu:  vo)la  pourquoy  ccslaints 
Docteurs  difenr que  noitic  Seigneur  n'a\  moit 
pas  le  Lazare, a  taule  qu  il  eitoit  lorry  de  race, 
&.  d'erraction  noble,  mais  bien  a  eaule  qu  il  c- 
ftoit  noble  par  fa  vertu  6c  par  fa  bonne  vie ,  de 
forte  &:  manière  que  lavraye  diipolition  a  la 
mort  efl  la  bonne  1  le  ,  mais  remarquez  ce  que 
faint  Hicrolme  a  dit  que,  i*  mi.vumn  prinapiUied 
fini*  (j$4dabitHi  que  la  fin  en  toutes  choies  couron- 
ne l'amure, &  que  partant  la  bonne  vie,  ne  1ère 
de  rien,  fi  on  neperfeuerc  en  îcelle  iufquu  U 
mort:&  en  cefte  Ibrtes'alleure  cequadit  famt 
Auguftin,  que  celuyqui  vit  bien  ne  peut  mal 
mourir:&  queceluy  qui  vit  mal, u  peine  pcui-il 
bien  mourir,  tx  mm  m#ftm  quibte  vix  ut  ■-  mx 
bot  montu,  quiint1'  nxer*  lamort  fuit  la  vie  ,  8c 
telle  a  efte  la  vie, telle  fera  auifi  la  mort. 

Phylachusditque  la  couihime  nciens 

Scythes  cftoitquerous  ks  loirs  auanr  que  de 

nicher  ,  ils  fr'ailoient  vne  reueue  liir  toutes 
leurs  actions  raictes  au  long  du  iour  ,  qo 
auoycnt  bien  faict  ,  ils  g  vne  pierre? 

blanche  en  leur  quart  îlsauoycntraid; 

mal  ils  y  mertoyent  me  pierre  noire   ,  8l  fi  au 
bout  de  leur  vie  ,  il  !e  trouuoit  eu  ce  ciutvi: 
plus  de  pierres  blanches  que  de  noires ,  t 
ligne  qu'ils  etlt  bien-heureux  imaisfiâllf 

rraire  il  y  en  SU*  iit  plus  de  noire-  de 

blanches  ,  c  cftoit  vne  marque  qu'ils  citaient  » 
nul-hcurcux  :   ainîi  cft-il  de  nous  lien  noilrc 

iromieut  plus  de  bonne  ccuurc 
de  nuuiuifcs3noitrcmort  icrahe  meule  pour 


6e  %  Vow  h  citHjuiefme  VenJrecfy 

nous,  mais  fi  plils  de  mauuaifesque  de  bonnes 
noftremort  fera  l'introdu&ion  &laportede 
noftre  dânation  etternelle:de  forte  que  vo9  vo-. 
yez  que  la  pi9  grade  &  la  meilleure  difpofitiô  à 
la  mort  c'efl  la  bône  vie, &  le  moyé  le  pi9  affeu* 
ré  de  bien  viure,c'eftde  péfer  fouuét  à  la  mort. 
Les  anciens  Egyptiens  pour  ce  fuied  em^ 
baufmoyent  les  corps  morts  de  leur  deffunéts 
parens,  &  eftans  embaufmez  lesrenfermoyent 
dans  vn  coffre, dans  leurs  maifons  ,  &  ce  pour 
auoir  continuelle  fouuenance  de  la  mort,  &  de 
la  eft  venu  l'vfage  des  vrnes  &  coffres ,  pour 
mettre  &  renfermer  les  cendres  des  corps  des 
deffun&s  brûliez.  Hérodote  dit  que  les  Nemo-. 
fîens  alloyent  fouuent  vifîter  les  fepulchres  des 
morts, &  dormoiét  demis,  difans  que  leurs  fon» 
ges  &  penfees  qu'ils  auoient  en  leur  fommeilen 
eftoyentplus  ferieufes,&  de  faiét  il  n'y  a  point 
de  plus  faincte  penfee  que  la  méditation  de  la 
mort ,  n'y  plus  falutaire  pour  faire  dcfdaigner 
&  mefprifer  les  chofes  de  la  terre; &  afpirer  au 

Ciel,  \<taè  conttmmt  omnix  fjui  coûtât  je  bviuimorifit- 

tttm,  Plutarque  dicl;  que^  le  grand  Cheuai 
d'Alexâdre  Bucephale  eftât  enharnaché  &  bar^ 
dé  eftoit  tellement  orgueilleux  &  bondiflànt, 
qu'il  eftoit  tres-mal  aifé  den  venir  à  bout,  mais 
eftantdefpouilléde  fa  celle, de  fa  bride  &  autre 
enharnachement ,  il  eftoit  plus  doux  &  trai- 
âablequ'vnAgneaurainfi  l'homme  eft  comme 
»le  Chcual Bucephale  fe  voyant  efleué  en  digni- 
té ,  il  n'y  a  rien  de  plus  fier  &  de  plus  orgueil-» 
leux,mais  eftant  priué  de  fes  efcats  &  dignitez, 
il  n'y  arien  de  plus  humble  :  il  îï  y  a  rien  qui  la 


face  pluftoft  méditer  à  la  mort  que  quand  il  fe 
voitand&defpouilk  ...  biens  &dignfcez,car 

alors  il  dit,  Mé& 

ituutJYtlluç    &devrayiln    *  ur  moyen 

pour  acquérir  m  Pai  ne  de  k  mettre  ainiï 

a  nud  de  nchellcs  ,  c  clt  a  dire  les  mefprilcr  & 
méditer  fouucnt  a  la  n.ort. 

Nousauôs  vue  belle  figure  de  cecy  auGcne- 
fe  chap.  |  c .  lofeph  il  vie  la  more 

dit  aies  enfans  lorsque  îc  icray  mort,  PtrUft  */- 

-4  vobijeum  ,  aufli  de  fait  lors  que  les  enfans 
d'ifrael  alk rent  au  defcTt,fcsoilcmô  furet  ton- 
fîours  portez  dans  vn  Arche  &  dis  vn  cercueil, 

urainli  a  res  que  Dieu  cuit  donné  1  arche 
d'alliance, il  y  auoit  deux  arches  qui  ciloiét  por- 
tées parmy  la  rue  ,  mais  arches  fort  différentes, 
car  1  vnc  droit  faite  d'\'n  bois  incorruptr 
fçauoir  l'arche  d'alliance  ,  &:  l'autre  d  vn  bois 
corruptible  maisquoy  que  cela  iuft,clleseitoiét 
neâtmoinsauli;  rentrée*  1\  ne  que  lautre:cariî 
«m  celle  cy  eitoiét  les  tables  de  la  Ioy  donees  au 
peuple, en  celle  lacitoit  cdtc  loy,  dtutïied^njwt^ 
kêmt'.ih  ftmeé  wJà  û  en  ccftuy-cy  il  y  auoit  la  ver- 
ge dcMoift  en  celle  la  il  y  auoit  la  verge  de 
Dieu,allauoir  la  mort:  mai  s  fur  tous  les  deux  ar- 
ches marchas  eitoient  tellement  difpofccs  que 
)  arche  d'alliicc  citent  deuat  l'armée, ^  CCpOOr 
cfpouuércr  kfCniK  nus  vii:bles,laou  larcin 

-icnt  le  lofeph  allou  aiaqi: 

de  l'armée  ,  c*:  ce  pour  efpouuenter  les  eniu  : 
inuiliblcs,  record 

'ha.  c'eftoicnrliks  acclimations  &  lai, 

poni  que  mnoi:  anciennement  aux  1 


j£o4  Vouy  le  cinquiefme  Venânày 

pereursdeRome,car  iceux  entras  en  triomphe 
en  la  ville  ?  fl,V  auoit  près  d'eux  vn  Héraut  le- 
quel crioit  à  leurs  oreilles,  ainfî  que  difent  S. 
Hierofme  &  Tertulien.  ^efptce  posi  te  hommem 
mémento  te  efje^  pour  dire  qu'au  milieu  des  hon- 
neurs, il  ne  faut  s'oublier,  &  perçfer  à  la  mort. 
Voilà  le  i.tempsqui  eft  celuy  auât  la  maladie. 
Le  fécond  temps  qui  doit  eftre  pefé  &  confî- 
deré,c'eft  le.temps  de  la  maladie,temps  auquel 
véritablement  nous  deuons  prendre  garde  à 
nous:&  à  vn  chacun  de  nous  peuuét  eftre  dites 
les  mefmes  paroles  qui  furent  dites  au  Roy  E- 
zechiasau  cha.  $8,de  la  Prophétie  d'Efaye  :  car 
iceluy  eftant  malade,  ce  Prophète  luy  fut  en- 
uoyé  4e  la  part  de  Dieu,  lequel  luy  dit",  Dtfpone 
Domut  tu  a  ,  crxi  emm  morterts ,  pource  que  c'eft  et\ 
ce  temps  ou,  il  faut  eftre  plus  que  iamais  foir 
gneux  du  falut  de  npftre  ame ,  qui  s'achemine 
a  la difïblution  d'elle  auec  le  corps.Si  la  perso- 
nequieftmala4e,eft  efleuee  en  quelque  char- 
gea: dignité  publique,il  faut  qu'alors  elle  re- 
garde à  ce  qui  eft  du  bien  du  public  &  princi- 
palement pour  les  Roys&  les  Princes,  ils  do i- 
uét  en  ce  temps  eftre  fojgneux  d'inftruire  ceux; 
qu'ils  laifTent  après  eux  pour  leur  fucceder  au 
gouuernement  de  la  chofe  publique. 

En  quoy  ils  fe  peuuent  inftruire  d'vn  tel  ex- 
emple rapporté  par  Euagrias  liure  j.  de  forç 
hiftoire,  où  il  dit  que  Iuftinian  Empereur  fut 
atteinc"t  d'vne  forte  &  véhémente  maladie, 
voire  telle  qu'il  entra  en  frenefie  pour  quel- 
ques iours,maisenfin  Dieu  luy  faifant  la  gra- 
çede  reuenir  vnpeuà  foy,  fe  fit  premièrement 


deCirefme.  Gof 

confeffer ,  &  après  cela  rît  venir  deuant  luy  lou 
filsl  iberequi  luy  deuoit  fucceder,  &  en  pré- 
sence de  tous  luy  met  le  Sceptre  en  la  main ,  &c 
la  couronne  fur  la  tefte,&  après  luy  rccômancU 
iingulicrement  trois  choies  qu'il  deuoit  obfer- 
ucr.  La  première,  que  les  mal-hcursquilauoic 
veus  le  ni  lent  iage  a  laducnir,  fa  féconde ,  qu'il 
fegardaft  foigneuftment  ,  que  l'excellence  &: 
grandeur  de  Ion  Hitat  ne  luy  hft  aucunemet  per- 
dre le  jugement  &:  rentendcmétpourne  voir  &: 
recognoiftre  ce  qui  cltoit  de  la  crainte  &:  du  refit 
r  deu  au  grand  Dieu  viuant,  &  latroiiîcfmc 
qu'il  fe  donna  de  garde  destraiftres  &  dateurs 
qui  gaignent  les  oreilles  des  grands  pource  que 
c iltoicnteuxqui  auoictefte  caufe  de  fon  mal- 
heur :  c'eft  ainii  corne  vous  voyez  qu'il  faut  que 
laperibnnequi  eit  en  charge  aye  foin  de  la  Re- 
publique quand  elle  approche  de  fa  mort. 

ondement,  ccluy  qui  eit  malade  doit  fai- 
re Ion  I  titament  de  bonne  heure  craignant 
que  les  derniers  abois  de  la  mort  ne  le  furpren- 
nent  fans  auoir  mis  ordre  aux  affaires  de  fa 
maifon  :  eV:  feroit  bon  melme  de  le  faire  pen- 
dant que  l'on  cil  en  bonne  fauté,  pource  qu'en 
la  maladie  la  foiblelVe  du  corps  faia  perdre  le 
temps  de  remédier  a  nolrre  confciencc,  &  aux 
affaires  de  noftrc  prochain  ,  &  partant  le  meil- 
leur feroir  al  homme  pendant  qu'il  efl  lain  de 
•y:s'il  faut  auancer  vos  enfamyl  fauc 
que  r  en  roftre  viuant  ,  &  non  point  à  la 

tin  de  vosiour  :il  efl  bien  vray  que  le  Sage  dit, 
//m    nom    dti  pofr<litmt   tnt  m  ru.t  tut  ,     pource 

qu'il  n'eft  pas rajibruublc  que  ygo|  dcpcndiei 


6vG  Tcur  U  cinquiefme  Venclrtây 

de  vos  enfans  ,  mais  bien  que  vos  enfans  dé- 
pendent de  vous ,  &  par  ainii  ne  faut  pas  vous 
defpouiller  de  tous  vos  biens  entièrement  pour 
leur  donner,  (inon  quand  vous  eftes  proches  de 
la  mort.  Donnez  vous  de  garde  aulh  de  déshé- 
riter vos  enfans  par  vosTeftamens  *  pour  quel- 
que oifence  que  vous  ayez  reçcu  d'eux  ,  linon 
en  choie  d'importance  :  S.  Bafile  nous  l'enfei- 
gne  par  l'exemple  de  Dieu,lequel  combien  que 
nous  1  ayons  grandemét  ofFencé5iamais  neant- 
moinsne  nous  delaifïe ,  ny  ne  nous  déshérite: 
que  û  cela  eft ,  S.  Bafile  i  comment  eft-il  pof- 
fible,toy  qui  eftpreftde  rendre  l'ame$&  de  de- 
mander à  Dieu,que  tu  as  tant  offencé  ,  part  en 
fou  heritage,pour  vue  petite  offence  ,  tu  dés- 
hérite ton  enfant? 

S.  Auguftin  parlant  vniour  d'vn  certain  père 
qui  desheritoit  fes  enfans  pour  donner  fonbien 
à  rEglife,di&  que  la  donatiô  ne  doit  auoir  lieu, 
&  qu  elle  deuoit  eftre  rapportée  aux  enfans  qui 
auoient  efté  déshéritez  pour  ce  fuiet  fans  légi- 
times caufes,c'eft aufermon 49.  Del tmport 

Pour  les  Eccleftaftiques  eftans  prefts  de 
mourir  doiuent  par  teftament  1  ailler  leur  bien 
àl'Eglife  ,  il  eft  bien  vray  que  s'ils  ont  des  pa- 
rens  pauures  &  nefcefliteuxjC'eft  très  bien  raict 
de  leur  ayder  ,  &  leur  laifler  par  teftament, 
moyen  de  viure  &  d'entretenir  leur  famille, 
mais  s'ils  font  riches,  c'eft  mal  faid:  de  leur  laif- 
ferle  bien  qui  eftant  venu  de  l'Eglife  y  doit  par 
confequent  retourner.  Sur  cecy  encore  Sainâ- 
Auguftin  faict  vne  autre  remarque ,  &  dict  que 
U'i  riches  perfoanes  qui  font  malades  pour 


Je  C  art  [me.  6oy 

IhOurlr  ,  doiucnt  auoir  iouucnance  des  pau- 
ure&enlcur  teftament,  iit,<i  bébe$c$b*itèn  bj- 

ù'.is    !>'■  îë  quÀtto  (juu  boî  tTtl  j  tuibit ,  Alilli 

Sainâ  Çhrifoftome  difoit,  ïécm  pjhperemcoba- 

ttékm  p  l'itwH  lynmm    ff  Qtrtflm  tut  c ur.it or  tllo- 

rinn  EtSainâ  Ciprian  j  DihuU  pus tnos mm  Chi- 
li-, Pourccquc  1  aumoine  que  l'on  donne  aux 
pauuresdeliure  d  -  liez  :  qu'il  ne  (bit  ainii. 
ban  au  liurcdc  Abr.ibir»  ,  Cha- 

pitre l.quc  Loth  tut  deliurc  de  l'incendie  de 
S  ic  par  l'Ange  ipourcc  qu'il  les  auoitfor^ 
cl  d  entrer  en  (on  logi$,&  le  -  \oulut  faire  cou* 

cherchez  luy,  cV  CÔffK  il  les  auoir  force/ :d  en- 
trer dx  aufli  eux  le  forcèrent  ils  de  fortir 
de  Sodonîe,  de  peur  qu'il  ncrutbriif  Ils 

[omîtes  ,  qui  cil  vue  belle  repreièntarioQ 

du  bien  qui  arruie  a  ceux  qui  font  charitables 

entiers  le?  panures  :  parraumofnc  nos  péchez 
font  rediniei  ,  aufli  difoit  Tobk  ,  tuerho/i  ts 
ftccMûtHà  rteUm.    Rachetez  vos   péchez    par 

l'aun*         i  faiiant  du  bien  aux  panures. 
(  efttn grand  mot  que  difoit  le  Sage  en  U 

Iai>t al  homme  iulce  ,  G»//i  w°te- 
.;/>    Domim  \n°e  pr<bm  tuum.   Ce    Si 

fait  allufion  ace  que  nous  lifons  en  la  c  - 

ipitre  rroHîcfme  ou  il  diâ  a  Sathan  qui 
auoit emprunte  la  forme  du  Serpent,  que  la 

.me  luy  cicraieroit  la  telle  ,  \pj*  codent  .  i- 
put 

Vç  i  ce  qiu-  les  NaturaUfl 

fcnt,  &  principalement  Pline  en  Ton  hiftoire 
naturelle  :  quefil  on  touche  le  fcrpctttauec  vu 

pied  hiullé  auiluoit  il  meure  :  uvspied>  rc- 


6  o  S  Tûuy  le  cinqttteffUe  VendreJy 

prefentent  nos  a&ions  &  nos  œuures ,  &  le  Sa- 
ge difant  que  pour  entrer  en  la  maifon  de  Dieu 
&  pour  chaifer  le  Serpent  internai,  il  faut  huil- 
ier &  oindre  nos  pieas,  c'eft  autant  comme  s'il 
difoit  qu'il  faut  que  nos  œuures  foient  accom- 
pagnées d'aumolnc,&  de  mifencorde,&  prin- 
cipalement lors  que  nous  lortons  de  celte  vie 
pour  entrer  en  l'autre. 

Mais  fur  tout  ce  qu'il  faut  obferuer  enla  ma- 
ladie c'eft  de  bien  préparer  fon  ame  par  la  con- 
fellion  &  réception  des  Sa'cremens ,  affin  que 
s'il  plaiftàDieude  nousappeller  enicelle,nous 
foyons  trouuez  en  grâce  &  dignes  d'eftre  re- 
ceus  en  fon  Paradis. 

O  grand  abus  de  ce  monde,  on  ne  permettra 
iamaisque  le  Preftre  vienne  adminiitrer  lesSa- 
cremens  à  vn  malade  Ci  ce  n'eft  lors  qu  ô  le  voit 
proche  de  rédre  l'efprit,&  à  l'article  de  la  mort 
à  l'heure  le  plus  fouuent  qu'il  ne  eognoift  plus 
perfonne ,  &  que  la  parole  luy  eft  faillie. 

Le  Concile  de  Latran  auoit  ordonné  qu'au 
troifiefme  iour  de  la  maladie  d'vn  malade  ,  le 
Médecin  n'y  retournaft  plus ,  qu'auparauant  le 
Preftre  ne  1  euft  adminiftre  &  ne  luy  euft  dit^ 
comme  Eiaye  fitàEzechias,  Otfpi'te  Domui  tu*% 
cras  tmm  mountsi  &  au  lieu  de  ce  faire  on  en- 
dort le  malade,  &  on  luy  dit  tout  autrement 
refiouiflez  vous,ne  fongez  qu'à  vous  bien  por- 
ter, vous  ne  mourrez  point,  c'eft  vne  trôperie; 
&  le  plus  fouuent  le  mal-heur  arriue  que  lé 
malade  meurt  fans  confedion  &  fans  receuoir 
lesSacremens  ,  s'eft  vne  aftuce  de  Sathan ,  que 
tellc-là,&  de  laquelle  il  fe  feruit  autres-fois 

pour 


de  Carefme.  tQ$ 

pour  perdre  &  ruiner  nos  premiers  parens:car 
pour  leur  faire  goutter  de  la  pomme  defrenduc 
il  leurdict,  non  non  vous  ne  mourrez  points 
"Hey  d  eriwfictêt  Dv  i. tentes 

bonum.'s m. titan ,&  par  ce  moyen  les  abyima  au 
malhcur:Ainlî  font  ordinairement  fes  parcn* 
enuers  les  maltdei  ne  les  aduifans  de  fonger 
de  bonne  heure  à  eux  :  o  chofe  fainâte  &  falu- 
taire  que  de  (t  pre  parer  a  la  mort ,  par  laquelle 
iilcment  *re  exil  fc  termine: 

rej  qui  afsiftcz  ordinairement  les  m 
des  ,  ex  qui  leur a-lminiitrcz  les  Sacrement ,  il 
faut  premiercmet  voir  quâd  vous  entedez  leur 
COnfcfsion,  (i  la  perfonne  que  vous  confciTcz 
n'eft  point   fujcâcà  reftitution  de  quelque 
chofcjcV  lecondement  fi  en  (a  confcicncc  il  n'y 
a  point  de  haine  ex  de  rancune  cachée   à  l'cn- 
contre  dcquclqu'vmpour  vn  homme  qui  aura 
cite  piillardcn  fa  vie, ou  ambitieux  en, fereco- 
gnoiflant  fur  la  lin  de  fesioursnieu  oublie  tout 
cela  ?  mais  pour  ceux  qui  ont  cité  viuriers  , 
moniacles  &  larrons  ,  il  faut  ncccifaircmcnt 
qu'ils  facent  reftitution  ,  cV  n'eft  aile  z  de  dire 
^fa4«i,ray  prins  telle  ou  telle  chofe  ,  mais  il 
faut  rendre,  car  Nom  remittitur  feccatummft . 
ttuttff  abUttan.  \\  faut  rendre  tout  ,  autrement 
iamais  on  ne  pourra  obtenir  pirdon.    \  i 
pourquoy  S.  (jrcgoirelc  Gr.ind  au  4.  liurede 

ialogucs  chap.  si. exhorte  les  Chrel:  ■ 
*  taire  rcilitution  dcccàquoy  ils  font  obligez 
cnccftcvic  &   n'attendre  1  l'autre  ,  M 
enim  ,  dit- il  y  rxW  ftculo  Ubtïnm  fxirt  qttémt 
mencmexpctUi,  .tenem, 

Ql 


6 1  o  Pour  le  5 .  Veniredy 

Secondement  faut  voir,  fi  en  la  confciencc 
dVn  malade  il  n'y  a  point  de  hayne ,  &  de  ran- 
cune ,  &  la  defraciner  s'il  y  a  moyen ,  auant 
qu'il  meure,  car  cela  cft  fort  dangereux  &  très- 
important  pour  le  falut. 

Sain6t  Damafcene  liure  3.  de  fîde  rapporte 
vne  certaine  hiftoire  de  1  heophilaéte  Patriar- 
che d'Alexandrie  ,011  il  dit  que  ce  perfonnage 
auoit  vne  hayne  grande  à  l'encontrc  de  fainéfc 
Chryfoftomc,  &  de  fait  l'auoit  par  plufieurs 
fois  perfecure' &  porte' miifance  :  ilarriueque 
faind  Chryfodorne^mcurt  le  prcmier:&  quel- 
que temps  après  Theophiia&e  deuint  mala- 
de à  l'extrémité',  fciufques  à  la  mort,  maisau- 
parauant  il  demeura  fort  long-temps  en  ago- 
nie ,  &  ne  pouuoit  mourir  ,  en  cc't  cftat  il  ren- 
tre vn  petit  en  foy  ,  fe  douta  qu'il  y  auoit  en  " 
fonamc  quelque  pèche', &  queDieune  vouloit 
point  permettre  qu'il  fortift  de  cefte  vie,  fans 
le  mettre  hors  de  fa  confeience,  penfa  fouuen- 
tesfois  à  foy,  &  finalement  fe  refouuint  qu'il  a- 
uoit  eu  hayne  &  inimitié'  grande  contre  faincl: 
Chryfoftome,&cn  cefte  rcfouuenance  il  s'ad- 
uifa  qu'en  fon  cftude  il  auoit  l'image, &  le  por- 
trai&de  S.  Iean  Chryfoftome  ,  il  commanda 
qu'on  luy  apportait.  ,  ce  qu'on  fit ,  &  iceluy  la 
voyant  & contemplant  la  baifi  par  plufieurs 
fpU,  &  au  mefme  inftant  il  rendit  l'efprit,  c'eft 
ainfi  comme  vous  voyez  que  Dieu  ne  veut  pas 
que  la  perfonne  forte  de  cefte  vie  mal  conten- 
te, &en  hayne  auec  fon  prochain. 

La  dernière  circonftance  qui  eft  icyà  remar- 
quer^c'eft  l'heure  &  le  temps  de  la  mort,&  tout 


de  Cartfne.  i  1 1 

ainfi  comme  nous  auons  en  cette  hifloirc  que 
les  (ceurs  du  Lazare  enuovcrc:  vers  nottre  Sei- 
gneur,  pour  le  prier  d'à  icleur  ^ 
frerc:  ainiî  les  malades  à  l'cx trcniicc* ,  ÔVccux 
qui  leur,  ppartiennent  doiucnc  cftrc  foigneux 
(le requérir]  alsittancc  de  ce  Seigneur  à  leur 
mort  ,  aUiitjncc  cjui  nous  ctt  donnée  à  telle 
heure  purij  perception  digne  &  falu  ,i 
S.  Sacrement  de  1  fcucnariiiic  :  cV  ainii  liions 

Hicrofmefe  voyant  au  liCt  de  la 
nie  apporterlc  S.  Sa.  ,&  le  voyant 

:ant  f  coma  \  dire  &  à  s'ef- 

cricr,  0 [.  '.numchin 

ÊM  ;   I  ucniHiuj  a:1  taltflt*  li\  m ,  de 

forte  que  comme  Htlic  cttint  plus  mort  que 
vif,  repofant  fous  l'ombrage  d'vn  petit  genc- 
urc,  Diculuy  cnuoya  vn  Ange  qui  luv  apporta 
vn  pain  cuit  fous  la  cendre, lequel  luy  donna  la 
force  d'aller  iufques  à  la  montagne  d'Orcb, 
yoir  la  gloire  de  Dieu  :  lin  il  raur-il  croire  que 

:cre  pain  Huchariftiquc  qui 
afsittcen  i.ollrc  pèlerinage. Lt  toutainfi  côme 
nous  lifo;  ttoires  Romaines  qu'vn  Si 

datsde  Pôprc  avant  bien  côbatu  .fut  en  lin 

* 

emporte  par  terre  ,  &  regrettant  de  ce  qu'il  luy 
falloir  mourir ,  vn  de  fescomp  it, 

camarade  ,  quov  •'  pourquov  rous  fid 
mourir, vous  aue7  tant  mettre  de  proi .  de 

valeur  &:  harditflcen  la  bat i 
prefent  vous  regret  icz  voflre  vie 
dit,  ecttui-cy,  il  ne  me  rafclie  poi  i:  d  r, 

mais  bien  ilmefifche  de  mourir  I 
rabfcnccdcmô  maittre  Pompée 

Qq 


6  \  %         Pour  le  5 .  Vendre  dy  de  Car e fine. 

efte  abbatuenfaprefence,lamort  m'euft  efté 
vn  contentement    incroyable:    Que  penfez* 
vous  quel  bien  (bit  de  mourir  à  la  veuedefon 
Dieu,le  Roy  des  Rois,  &  noftre  tant  ayme'  Ca- 
pitaine ?  Il e(t  donc  certain  qu'aux  derniers  de 
nos  iours, nous  receuons  cefte  fain&e  &  falu- 
taire  Euchariftîe  ,  que  craignons  nous  ,  pour- 
quoy  redoutons  nous  la  mort  en  la  prefenec 
decét>ieu  viuant?  nous  deuons  plufîoft  dire 
auec;Dauid ,  SidmbuUuero in medio  vntbr Amortit 
non  timebo  maU  quoniam  tu  mscum  es.  le  ne  crain- 
dray  point  la  mort  eftant  accompagné  de  mon 
Dieu,pource  que  ie  fçay  bien  que  ma  mort  par 
fa  conduite  me  feruira  de  planche,  pour  de  ce- 
fte vie  caduque  &  mortelle  parler  en  l'autre 
qui  eft  éternelle,  à  laquelle  nous  conduife,&c. 
Âinfifoit-il. 


Cl 


SERMON      POVR 
Dimanche  de  la 
Pulsion. 

Qui  s  tfl  zohis  arvuet  me  ê.:'L 

I    O   A    N.      8. 


Aikct  Denys  Arcopagitc  d'vne 
part  di&  que  c'eft:  vnc  choie  admira- 
ble que  d'efeouter  £x  faire  tout  C  - 
fembl  Idiuinu  i  tuihrt Den 

&cooper4ri  Dtt  m  ténia  fki8h  :  D  autre  part  Py- 
thigore  did  que  dircvray,&  faire  bien  clt  cho- 
ie diuine,iuftem  acnoftre  Dieus'cftant 
incarne'pour  le  falut  des  hommes  pour  nous 
montrer  qu'il  i  ioin<5fc  l'vn  auec  l'autre  ,  1 1  pa- 
role aucc  l'etfefttil  dit  en  c  ;ile,XJ*i«c 
Dceeft  yerbdDctduJityfi  fMiépêdfê 
urcâulu  min}  le  fupp  ¥0  i'1* 
eftcsicy  prefens  eftes  en  fan*;  de  Die  i:  C'cft 
p  uirqioy  l'cfpere  i  nV'.cout-rcxau- 
ird'huy  pirlcr  de  l'adoption dei  enrans  de 
Dien»U  premièrement  nous  (aluonj  la  pre- 
mière fille  aifncc  de  Dieu  ,  ic  dis  h  ufc 
Vierge,  ainfiappellel par  S.  Bernai  1  ,  Vtvm* 
gfHUà  n  D:i  nrnuu           ïiuwycn  luy  à  «e» 

Q  1  "j 


£14  Pour  le  Dimanche 

Et  enfeignement  ^précepte  de  S. 
Hierofme  en-. l'Homélie  45.  fur  S. 
g^Vt»  Mathieu,  qu'il  faict  aux  Prédicateurs 
&  aux  Auditeurs. deuroit  eilrc  graue'  clans  l'a- 
mede  tous  les  Prédicateurs  &  Auditeurs ,  Si 
bene  yixerint  lucrum  ip forum  eftjt  bette  docuennt  ye~ 
Hru  cft'.ficpe  enïm  de  bomlne  tnalp proccdit  doEtnna  be- 
na,ficut  de  terrât  yihproceditpraciùfom  aurum  &  Ar- 
gentum  y  &Jicut  accïpitur  aurum ,  ita  activité  bonam 
deElnnam. 
En  figne    de  cecy  noftre  Dieu  auliuredes 

3.ÇJJ  19*  Roisadefire'repaiftrefon  Prophète  Helie,  luy 
enuoyantdupain  quâdpremieremet  ilfuyoit 
la  rage  de  Iefabel  :  &  alors  que  la  terre  là  où  il 
eftoit,eftoit  affligée  de  la  famine:  car  pour  le 
premier,le  pauure  Prophète  s'eftant  retire'  au- 
près d'vn  torrent  s'enfuyat,il  eft  di6t  que  Dieu 
commanda  à  vn  corbeau  de  luy  apporter  du 
pain  ;  &  fecondement  à  ce  mefme  Prophète 
affame',  Dieu  enuoya  vn  Ange  pour  le  condui- 
re iufques  à  la  montagne  ,  &îuy  apporta  du 
pain  pour  le  viure  :  de  forte  donc  que  comme 
vous  voyez  qu'il  receut  &  mangea  le  pain  non 
fculemet  qui  luy  fuft  apporte'  par  l'Auge,  mais 
aufsi  par  le  corbeau, ainii  vousdeuez  receuoir 

7iiatb%  4.  la  parole  de  Dieu  ,  qui  eft  vn  pain  ,  Koninfolo 
pane  yiuit  bomo>fedex  omni  yerbo  quodfrocedit  de  ore 
Dr*, non  feulement  celle  qui  vous  eft  apportée 
par  l'homme  de  bien,  mais  aufsi  celle  qui  eft: 
prefentee  par  vn  mauuais. 

Baronius  en  fon  premier  tome  de  fes  annales 
faift  vnc  belle  obferuation,  &  die  que  non  feu- 


de  la  Çjfston. 
lcmcnt  les  mains  de  S.  Pierre  guerifloict ,  mais 
encor  l'ombre  d'iccluy  ,  pourvus  reprefenrer 
que  non  feulement  ceux-là  gucrilTcnt  qui  font 
de  vrays  S.  Pierre. mais  aufsi  ceux  que  l'ombre 
«ie(  1   ctPicrrc  ombrage,  c'efl  à  direq-i  repre- 
fentent  en  aucune  forte  S.  Pierre  en  offre  :  qui 
efteaufeque  noftre  Dieu  difoi:  aux  Apoftres, 
VvtfUtfidtgrrMtêc  cequ'ilditenfuitc 
ftleuurtH.vir m  mmfrlietur souand  ildit?J 
lu  t  munit ,  il  ne  dit  pzsflnoclfî  UiX  tbjCMtéÊté  t WG  u, 
pournous  appren  Ire  qu'encore  Ptedft» 

catcur ne  foit  pas  d'vnc  bonne  vie  ,  que  toutes- 
fois  fi  doctrine  ne  lailîe  pjsd'eitre  véritable, 
Vos efiis  fui  terr*  ,  pour  les  mœurs  ,  Pin  eflis  lux 
mundi^  pour  ce  qui  eft  de  la  docti'ine:&  encore 
que  cela  foitvcritable,fi  cft-ce  toutcsrois  aufsi 
que  ce  que  di&  S. Grégoire  le  Grand  clt  véri- 
table,que  depuis  qu'on  mcfprifc  la  vie  du  Pré- 
dicateur, on  mefprife  U prédication  d'iccluv, 
Cuiit-s  yiu  fpernitur ,  fpernttu  h\n.< ,  ce  cj    i 

cflcaufe  que  ceux  quienfei^nent  ,  &  prchdcnt 
e's  charges  publiques   dor  mener  bonne 

vie.  Aulsi  jefusChrilt  citant  venu  au  monde 
pour  faire  reccuoir  (a  doctrine,!' . Heure  fur  Tin 
nocence  de  fes  moeurs , 

gnetme  de  peccdto.  La  loy  fut  bai  lire  a  Mo.  le, 
quel  home  eftoit-cc  que  M 
me  bègue, pourquov-'icvou';  en  diray  la  raii<; 
MiiftoircScolatiique  porte  quePhara  it 

mis  fon  diadème  royal  fur  la   Urfted  e 

citant  jeune  enfant,  il  le  print  e\  I 
pieds, &  v  rr  li  c'cfloit  la  j:uncl- 

fc  qui  lu j  auon  fait  faire  cela ,  lu/  lit  prefenter 

Q 


6\6  Pour  le  Djptancke 

vn  charbon  ardent  à  la  bouche ,  &  aufsi  toft  il 
le  toucha auecle  bout  de  fa  langue, &  ainfife 
bruila,  cecy  eitoit    miflerieux,  c'eftoit  pour 
monftrer  qu'il  deuoit  auoir  la  lançue  bruflan- 
te  de  c:iante,puis  qu'il  deuoit  eitre  ie  Legifla- 
teurdelaloy  de  Dieu.   Ainiiles  Apoltrcsde- 
uoienteftre  Prédicateurs  de  fa  diurne  parole, 
&  pourceleurfutenuoyéle  lourde  la  Pentc- 
coite  le  S.  Efptitenformede  langues  de  feu, 
pour  monftrer  cette  charité  diuine  qu'ils  de- 
uoiét auoir.  Le mefme  Moyfe  lorsqu'il  mon» 
ta  en  la  montaigne  il  fembloit  auoir  la  face 
toute  de  feu,pour  nous  monftrer  que  ceux  qui 
montétenlamontaigne,ie  dis  en  la  chaire  de 
verité,doiuent  auoir  vne  langue  de  feu ,  plaine 
d'amour  bruflante  du  feu  de  charité,  ou  bien 
pour  fignifier  que  ceux  qui  montent  en  cette 
chaire,  (i'entens  les  Preftres,  &  les  Predica- 
teurs)ydoiuent  monter    par  le  moyen  d'vnc 
fain&e  vie.  Moyfe  apporta  au  peuple  les  Ta- 
bles qui  fembloiet  eftre  toutes  pleines  de  feu» 
Aufsi, ô  Prédicateurs  vous  deuez. annoncer,  & 
prefeher  non  feulement  de  parole  :  mais  par 
vos  actions,  par  vos  mœurs,  par  voftre  pieté  & 
voftre  dilc6tion:Moyfe  encore  auoit  vne  rob- 
be  toute  parfemee  d'yeux ,  pour  nous  fignifier 
que  les  Prédicateurs  doiuent  faire   voir  leur 
bonne  vie  à  tous,puis  que  tout  le  monde  iette 
!cs  veuëfureux. 

En  Efaye  les  Prédicateurs  font  compares 
aux  trompettes.  jQuafi  tuba  exalta  yocem  tnam9 
Dieu  commanda  de  faire  des  trompettes  pour 
les  Preftres ,  mais  ces  trompettes  nettoient 


de  la  Pafsion.  617 

pas  d'airain  >  ains  d'argent ,  pour  dire  que  les 
Prédicateurs  ne  doiuent  pas  monter  en  chaire 
pour  fonner  ?n  Ton  grofsicr ,  non  pour  clabau- 
dcr,car  ils  ne  doiueiu  pascltrc  des  trompettes 
d'airain  qui  eitourdifiéc  les  Auditeurs,  m^ 
trôpcttcs  d'argCE,defqucllcs  le  fô  c(ï  gratieux: 
•3cn'cft  pas  pour  cfpouucntcr,q:jclcs  Prédica- 
teurs montent  en  chaire  ,  mais  pour  animer  & 
exciter.  Puifquc  les  Prédicateurs  font  trôpct- 
tcs,cVquc  la  parolcdc  Dieu  eft  vnc  rromptt 
&quc  la  trompette  cil  fouftenue  paria  main 
de  ccluy  qui  trompe.  Ainùil  faut  que  les  Pré- 
dicateurs louûScnnct  la  tropettepar  la  main, 
c'eft  adiré  qu'il  face  coioindre  la  doctrine  a-icc 
la  bonne  vie:pour  cefubjet  le  Sage  dilbit> /-»//-  f.cfr.  18. 
gud  terti*  multos  commuât,^* cil  ce  a  dire  ce  la?  Il 
y  a  trois  fortes  de  langues  en  l'homme  ,  la  lan- 
gue du  cœur,  la  langue  de  la  bouche,  &:  la  1 1 
guede  lamiiii.C'cir.  celle  dernière  langue,^** 

Kjua  mf*/m,qui  eft  caufe  que  pluheurs  nV'iii- 
braflent  pas  la  doctrine,  prênent  mauua: 
plc,&  l'occafion  de  mal  taire, mais  le  vrav  Prc- 
dicateurcftcelujr, QuiU  tthié$tm  u$C0dt ffâ^** 

fuQyqui  nçrt  tftfJtlw*  m  Unjuj.  fn.t,na  /air  \>< 
fm  iridium  9pf>robnurn,  non  éCCtpH  dducrfu<  pr^xunos 

-,  de  là  cft  cj'.ic  Ici  Prédicateurs  mcnar.s  vnc 
mauuaife  vie, font  comme  vne  pièce  decan 

trgee  feulement  de  poudre  &  non  de  bou- 
lets,^' cette  pièce  de  canon,  côme  vous  voy 
ne  iiiât  que  force  fumee  ,  mais  point  de  bruit» 
point  d'cfdatdà  ou  fi  elle  clt  chargée  de  bou- 
IctSjCllc  fait  &  excite  vn  grand  tint.»marrc  ,  &: 
icucauisidcUtumcccn  abondance.  Ccn'cû 


6 1 8  Pour  le  Dimanche 

pas  de  mcrucille  donc,fi  le  fils  de  Dieu  qui  de* 
uoit  faire  voir  fa  do&rine  conioin&e  auecfa 
bonne  vie,dit,X^ii  ex  vibis  arguer  me  de  peectto? 
fi  ver  lurent  dico  y  obis  quxre  non  creâetis  mihi  }fi  ve- 
riutem  dico  v>b'u.  Voila  la  poudre,  voila  la  pa- 
role &  la  doctrine,  &  encore  ,  JQuis  ex  vibis  a,r~ 
guet  me  de  peccato,  Voila  les  boulets  ,  voila  la 
iain&cte'  Je  vie.Cecyeft  naïfuement  reprefé- 
te' par  ce  que  rapporte  Pline  d'Appelles,  que 
ayant  fait  vn  pourtraitl'expofoit  aufsitoftàla 
veuëdetoutle  monde  pour  eltre  controolle', 
&iuge'  d'vn  chacun.  Ce  fils  de  Dieu  eft  vne 
vraye  image,  laquelle  il  expofe  auiourd'huy 
deuant  les  yeux  de  tous ,  afin  d'eftre  côtroollé 
de  tous.  Cefteimageaefte'  peinte  du  pinceau 
delà  diuinite',  mais  en  icelle  il  n'y  auoit  faute 
aucune ,  il  n'y  a  que  de  la  beauté  :  d'où  vient  la 
Cdnttc,  4.  beauté'  de  cefte  image ,  l'efpoufe,  diéfc:  Dile&us 
meus  candidus  &  rubkundus  candidus ,  par  fon  in- 
nocence rubkundus  ,  pour  fa  pafsion;  de  forte 
donc  que  le  fils  de  Dieu  eftant  innocent  à 
prononce'  des  paroles  fi  efficaces  qu'elles  ont 
eu  la  force  de  reflufeiter  ce't  adolefcent  de 
Naym,non  feulement,  mais  encore  le  Lazare, 
dequoy  nous  nous  pouuôs  affeurer  que  Ci  nous 
efeoutons  les  paroles  de  Dieu  ,  prononcées 
parla  bouche  des  Prédicateurs  d'vnc  attentiô 
viue  ,  elles  auront  autant  d'efficace  en  nos 
âmes  qu'elles  ont  eu  fur  ces  deux  morts,  &  co- 
rne du  cofte'  de  Dieu,  il  eft  requis  quelque  cho- 
fe,fçauoir  eft  la  prédication  de  fa  parole ,  aufsi 
denoftrecoftc'eftrequifenoftre  attention, & 
pour  ce  il  dit,  QuitxDeoejl  yerb*  Dei  audit ,  en 


de  la  Pafaort.  619 

cccy  giftla  marque  de  l'aJoption  diurne  ,  dc- 
quoy  ic  delhe  parler,  ic  dis  donc  prem  r, 

que  nouslommestousenrans  de  1  I  nu  la 

grâce.  Mais  remarquez  que  comme  il  y  adeur 
fortes  de  filiation  ,  l'vnc  par  nature,  l'autre  par 
adoption  ,  aufsi  il  y  a  deux  fils ,  l'vnnatut/     U 
l'autre  adop:it,le  naturel  c'cfl  le  verbeeternfl, 
l'adopte  c'eft,  l'home, &  pourco^noiftre  cccv. 
Voyons  li  toutes  les  conditions  du  fils  a  ioptir" 
fe  rctrouuent  en  lV.omme,  qu'eit  -ce  que  l'a  i  >- 
ption  ?ce  n'eftautrechote, linon  quand  vu  C 
îant  cft  conduit  d'vnc  famille  en  vnc  autre.  Li 
première  cô  Jition  efr.  qu'il  raut  que  la  perfon- 
ne  adoptée  foie  eilrangc ,  or  il  n'y  a  que  le  fils 
de  Dieu  qui  cil  lils  naturcl,&  nous  autres  nous 
fommcshi&s  Tes  cnhni  par  adoption.  Pline 
rapporte  que  tous  les  Vautours  font  remell 
de  forte  qu'elles  ne  peuucnt  conceuoir ,  fiao  1 
par  le  moyen   'uvcir  >;u  que  celte  ii- 

liation  ne  fe  fait  que  par  le  vent ,  n'auezvous 
pasiamaisouy  dire  is  Chriffc  .lonale  S. 

EfpritafesApoftrcs  parle  fi  >.;•  :\jjnfnjltuit  tncos 
ducnstaipitCyU  cfr  defeen  lu  fur  eux  comme  vu 
vent ,  c'eft  pour  voir  le  rapport  qu'il  y  a  entre 
l'animation  naturelle, &  la  Ipiriruclle-'en  la  na- 
turelle^! cfl  dit  que, InCpirMut .  T9, 
pourdonnerla  vicà  rii6mc:eVen  la  fnirituellr,    n  .  - 
Injitfiautt  »rjr^,Orr.  c'elt  doc  parle  moyen  de  r  *^ 
vent,  ic  dis  li  ^racc,que  nous  fournies  taitsen-  ' 
fans  de  Dieu  adoptifs  ,  &  celte  adoption  n'eft  ' 
elle  pas  eftrançc?ouy,  car  la  c^acc  n'eft  pas  na- 
turelle a  l'home, elle  rli                        ?  naturel, 
&  partant  l'hômc  n'eft  pâscofant  de  Dieu  par 


£  2  o  Pour  le  Dimanche 

nature ,  mais  par  adoptio,  f/f  tranptus ah  yna  fx* 
wjiiwi/î^/w/^»^;».Âufsienlaiufl:iricatioa& 
la  filiation  dadoptiô^eft  vu  admirable  pafïage 
de  l'home  à  Dieu,  d'enfant  àcs  hommes  on  eft 
fait  enfant  deDieu,terreftrcs,celcftes,de  char- 
nels, fpiritueis,  des  homes  d'autres  Dieux ,  Ego 
dixidijeftts  ,  d'cnfans  des  hommes,  enfansde 
Dieu ,  Dédit  m poteftatemfihos  Detfcri ,  de  terre- 
ftres  celé  lies ,  Corner  fat  10  noftra  m  cœUs  eïl  ,  de 
charnels  fpiritueis ,  quod  namefl  ex  carne  car o  ettt 
quodexf]fùruusJ]>irituseft,cc(k  vnechofe  admira- 
ble que  nous  foyons enfans  de  Dieu,  ô  paflage 
riche  de  S.Hierofme,difunt,  Omniadonaexcedit 
2.  Condi»  txcelfa  ;  ythotno  yocet  Deamfatrem,  <&  Deus  homi* 
t'wn         nemfilwm.  L'adoption  doit  eftre  gratuttte,^- 
ftio  non  ettexdebitofèdexgratia,  dit  le  Concile  de 
Francfort,  ainfi  S.  Ican  parlant  de  l'adoption 
fpirituclle,  &  de  ccfte  filiation  la  rapporte  à  la 
grâce  ,  &  non  pas  au  mérite:  aufsi  noftre  iufti- 
fication'eft  appcllée  création  par  Diuid  ,  qui 
cftanten  pèche'  dit yCor  mnndttm  créa  in  me  Dîm9 
Tfal.^o.   &S.  Paul  ne  dit-il  pas,  InCbriftoleftty  nequectr- 
jlà  Gala,  cuncifio  aliquid  valet  nequepr^utium^ednoua  créa- 
16,  tura  ,  pourquoy  noltre  iuftification  eft  elle 

comparée!  la  création?  parce  que  comme  la 
création  cil  de  rien,  ainfi  la  iuftification  eft  de 
rien  ,nousfommes  réduits  au  néant  parle  pé- 
ché, Adnïhihm  redaciusfum. 
r     i.       Comme  donc  vous  voyez  que  l'adoption  ne 
'*    °     ""prefuppofe  rien,  aufsi  la  iuftificatiô  ne  prefup- 
pofe  aucun  mcrite,ains  la  feule  grâce  de  Dieu. 
Ticrccment  l'adoption  deuoit  eftre  gratuit- 
tc.  Belle  reprefemation  de  la  iuftification,  qui 


de  laPafùon.  621 

£c  fait  gratuitement ,  Ofdtii  ycnundm  (fin ,  Or 
fttttfféttu  1  mini.  Parce  que  c'eft  pour  vn 

morcc.ui  de  pain, pour  vn  léger  contentement 
pafTagc^quc  nous  nous  cftios  vendus  à  Satan, 
Çffétù  yemtndati  (pis.  Et  pource  que  nous  auons 
efte' reduif  à  ce:  cfclauagc,Dicu  nous  a  rache 
tez,  Ncn  cerrttptililil  us  auto  crtr tenté,  Gdprect.  I 
pOlgnint QMffi  êgn  imrnacuUti ,  Difoni  que  puif- 
qtic  les  hommes  font  parl'adoption  enfans  de 
J  ):eu>quciuftemcntlefus  Chrift  pouuoit  dire, 
Qmiex Detf&yerbé  Dei  audit.  N'aucz  vous ia- 
mais  remarque'  que  Dieu  commanda  à  S.  Pier- 
re qu'il  allaft  au  bord  delà  mer,  &  y  eftant  allé 
il  trouua  dedans  vn  poilTbnvnc  pièce  d'argent? 
Si  vous  demandez  àTcrtulian  quel  eftec  noid 
Ton, il  vous  dira  que  c'eft  le  fils  de  Dieu  en  l'ar- 
bre de  la  Croix,  poïfïonqui  ayant  efte  ouuert 
par  les  doux  &  les  fouets  a  donc*  pour  le  mon- 
de l'argent  &  le  prix  ineftimablc  de  fa  rédem- 
ption ,  ô  Croix  de  mon  Sauucur.  C'cftvrave- 
ment  cefte  balance,  de  laquelle  parloit  lob. 
Vtwâm  âpptnderentur  peecttd  me  a  injlÂterjt.  Que 
dites  vous  lob?  pourquoy  dites  vomecev  ?ne 
fçauez  vous  pas  que  Dauid  di&,  Koniufttficabi-  yr* 
tur ineonfpeftn tuoommf  y\uen< ,  Pourquoy  donc 
dites  vous  ,  que  vous  délirez  que  vos  péchez 
foient  balancez deuant  Dieu?  Ce  n'cPpascn 
vnebalanec  commune  que  lob  les  defiroit  pe- 
fcr,mmbicn  en  îabalancede  la  Croix, c'iftîl 
qu'il  defiroit  mettre  fa  calamité*,  poureeque 
Ja  ,  irflrrdcmpti*  ,  là  eft  vue  rédemption 

fufhfantcnon  feulement  pourvn  monde, mais 
pour  mille  s'ils  cftoient  là  ,  &  ainfi  vous  vn  ve« 


£  2  2  Pour  le  Dimanche 

que  noftre  iuftification  eft  du  tout  gratuite. 

Remarquez  que  l'adoption  qui  fc  faifoit 
anciennement  cftoit  volontaire,  &  falloit  le 
confentement  de  celuy  qui  eftoit  adopté  ,  & 
du  père  de  celuy  qui  eftoit  adoptif.  llyauoit 
deux  fortes  d'adoptez  ,  les  vns  qui  efloient  ,fui 
iuns ,  les  autres  qui  eftoient  encore  en  la  tutel- 
le de  leurs  parens,  iedisqu  à  ceux  qui  eftoient, 
fùiuvisy  qu'on  demandoit  leur  confentement, 
jeur  volonté  auant  que  les  adopter  :  mais  ceux 
qui  n 'eftoient  pas,/àu/rà  ,on  les  demandoit  à 
leurs  parens:mai$  ceux  qui  n'eftoient  plus  fous 
la  puiiTance  paternelle ,  &  qui  auoient  raifon, 
pouuoient  cftre  adoptez  en  baillant  leur  con- 
fentement :mais  lors  qu'ils  eftoient  petits  ,  & 
qu'ils  n'auoient  pas  la  raifon,  on  ne  les  prenoit 
pour  les  adopter  fans  la  volonté  du  père. 
Admirable  prouidencede  Dieu,  tout  ainfi  que 
l'enfant  n'a  pas  côtra&é  le  péché  par  fa  propre 
vo!ontc',mais  par  h  volonté  du  premier  home, 
aufsi  Dieu  a  voulu  que  les  cnkns  fuiTent  adop- 
tez parla  volôtcdesparensrmais  lors  que  nous 
auons  Ja  raifon  ,  Dieu  ne  fait  rien  fans  noftrc 
*Aug.  hb.  confentement.  S.  Auguftin  chap.  17.  Degratid 
de  g/a.  C  &  hbero  drl?uno3d'tt,  f\ui  creauit  te  fine  te  non  wflifi- 
li.A.'bxaù,  cabittefmc  ff3pource  qu'il  eft  certain  quenoftre 
17.  iuftification  ne  fc  fait  pointfnns  noftrc  con- 

fentement ,  &  fans  noftre  coopération  ,  ilfaut 
aufsi  que  le  confentement  de  Dieu  foit  vo'on? 
taire ,  non  eft  Dolunrdtii  mît  mors  wipy ,  car  s'il  ne 

C  ndi-  ^C  veut  ' cc  n'c^  r*cn  ^û&  •  rc,riarc]ucz  encore 
V  que  lors  qu'où  adoptoit  vn  enfant,  on  ne  jet- 

toit  la  veuë  fur  fes  biens ,  aufsi  quad  Dieu  nous 


delaVafiicn.  62} 

:uflific,&nou$fai6t{cscnfans,il  ne  icttc  pas 
la  veué  furnoscruurcs  >  ce  n'eftpas  pour  nos 
beaux  yeux  ,  qu'il  nous  iuftitic:  mais  pourfa 
feule  volonté,  &:  pour  Ton  bon  plaiiir. 

Admirable  conuenaflCc  de  celle  adoptiô  des  U*n.  îo. 
cr.rans  de  Dieu  ,  aucc  l'adoption  des  homes,  il 
eftott  neceiTaire  que  le  i  rcdesPredresi. 

terviint  CI) l'adopiiô  ancien  mirablrcho^ 

fc  dis-ie  :  car  non  fc  M  Dieu  veut  cjuccc 

Toit  par  noflrc  \olontc  tjuc  nous  luy  (oyons  ^#  C  ni 
adoptez:  maiî.  encore  par  le  moyc  des  Préfères,  tl6H^ 
c\'  pourec  iKli:  :  :fu  un  fecCété  rem; 

tnuntri:<i  £*:  ce  par  la  iurildidtion  qui  leur  a  elle' 
baillée  de  Dieu  ;  Mais  ce  n'eit  pas  tout ,  ecluy 
qui  citoit  adopte'  n'tfioit  pas  en  (a  libcrte',ains 
il  cfïoit  rcduicTt  iousla  puiflanec  de  cçluy  qui 
l'uuoit  adopte,  lequel  auoic  alors  toute  iurif» 
diction  fur  luy  ,  aufsi  de  mcfme  noftre  Dieu  au 
mefmc  temps  qu'il  nous  a  crées  ,ila  verkabic- 
xnent  puifTancc  lur  nous ,  &  de  vie  &  de  mort, 
maisiingulierement  lors  que  nous  fommes  a- 
doptez  pour  eflre  fes  enfaus,  alors  nous  fom- 
mes obligez  à  luy  &  à  faire  fa  volonte^cn  ligne 
dequoy  noftre  Scignctir  dit  aujourd'huy  ,  £h*i 
ex  Dco  tftt  yerbd  Dc%  au  du. 

Et  tout  ainfi  comme  en  fes  paroles  il  i 
né  l.i  marque  des  TTtyi  enfans  de  Dieu.  Adsi 
quand  il  dit  que  ceux  qui  ne  font  defireux 
d'entendre  cefle  lien  ne  parole  font  enfin  S  de 
Sathan  ,  il  donne  par  la  le  Ggnede  la  iep'oba- 
tion  des  impics,  c'cfl  l'obfcruationde  la  loy 
de  Dieu  ,  qui  note  ceux  qui  (bot  fes  entans,  Si 
.iJyifdmir:  Hfpoux  par- 

lant de  fon  Lfpoulc  dit ,  :<U>  ém 


£  2  4  ^0UY  Ie  Tiïmanche 

mus  tihïl  mon  Dieu,vous  parlez  tantoft  au  fin* 
gulicr  ,  tahtoftau  plurier,  n'eft-ce  point  pour 
nous  rcprcfcnter  la  création  ?  car  alors  Dieu 
dictai)  plurier ^Faciam us hominem  ad  imaginent  &* 
fimduudincm  noftram.  Mais  il  parle  au  plurier 
pour  dire  que  ce  n'eft  pas  de.mefme  des  autres 
créatures  comme  de  l'homme,  car  les  autres 
ont  efte  faites  vue  feule  fois ,  mais  l'homme  a 
eire'faiâ:  jieux  fois.  La  première  lors  qu'il  a 
cfrécree,&  la  féconde  lors  qu'ilaeite'  rachète 
&  iuftifié ,  alors  le  père  donne  la  foy ,  le  fils  le 
prolongement  ,  le  S.Efprit  Pafsiftance.  Voila 
pourquoy  il  dit yMurenulœsaureasfacicmus  tibtmii 
plurier  que  (ignifiét  ces  pendas  d'oreilles, por- 
tails formes  de  Iamproyons  ?  Les  Naturaliftes 
difentquede  tous  les  poiflbns  lalamproyea 
l'ouyclaplus  fubtile&  aiguë,  non  feulement 
cela,  mais  encore  ayme  fort  léchant,  d'où 
vient  que  les  pcfchcursla  voulant  prendre  fif* 
fient  doucement  fur  le  bord  de  l'eau,  &aufsi 
toft  fe  iette  en  leurs  rets ,  &  fe  laifTe  prendre: 
ainfirEfpoux  voulant  monftrerle  naturel  de 
l'ame  deuotc  qui  luy  eft  fidelle  ,  dit  qu'il  luy 
donnera  des  pendans  d'oreilles,  figurez  de 
lamproyoîi», pour  dire  qu'elle  preftera  volon- 
tiers l'oreille  à  fadiuinc  parole  ,  pour  ce  que 
Qui  ex  Deo  e.Ft  verba  D ci  audit. ¥ina\cmct  l'enfant 
*ùoptc'ioiïirToit  du  bien  &  de  l'héritage  du  pè- 
re adoptant:  ainli  dcflors  que  nous  fommes 
adoptez  de  Dieu  pour  eftrc  fesenfans,  dcflors 
nous  auons  part  à  l'héritage  celcftc. 

O  pere  éternel,  vous  n'auez  pas  rcfTcmble  à 
Dciotarusquifit  mourir  tous  (es  enfanspour 

faire 


delà  Pafsion.  625 

Lire  fcul  regner  &  hériter  W  premier  ne'  :  bica 
auez  fait  autre chofc:car  vous  auezlmre  voftrc 
fils  vnique  &  premier  ne'  à  la  mort ,  pour  nous 
adopter  &  nous  rendre  participans  de  voftre 
héritage  cclclte  &  éternel ,  autre  que  celuy  du 
Roy  Dejotarus,  héritage  capable  ex  luffil'ant 
pour  pouuoir  enrichir,  &  les  Anges  du  C  ici,  & 
I  1  hommes  tant  qu'il  y  en  a  eu  cV  aura  fur  la. 
terre  pour  l'acquiiition  duquclvous  nous  auez 
de  voihe  grâce  predeftinez,  pour  lequel  vous 
nous  1  1  auquel  vous  nous  appeliez,  & 

auquel  nous  afpirons  ,  comme  au  but  de  nos 
lirs,  &  noftrc  dernière  &  éternelle  félicite, 
où  nous  conduife  le  Pei  eje  Fils,&  le  S.Elnric. 
Ainfifoit-il. 


Rr 


6i6 


SERMON     POVR 
cinquicfme  Lundy 
de  Carefmc. 


LE 


Si  quUfiùaî  5  *yeniat  ad  me» 
L  v  c,    6 

'Estoient  paroles  menfongeres 
que  celles  des  flateurs  d'Alexandre  le 
Grand  ,  lors  qu'ils  luy  faifoient  ao 
croire,&  luy  peiTuadoient  qu'il  eftoit  le  fils  de 
Iupiter:  mais  c'eft  vne  doctrine  vraye  que  le* 
hommes  font  faits  enfans  de  Dieu  :  car  ie  vois 
que  celuy  qui  nous  enaffeurc,  &  nous  ledit, 
c'eft  la  vérité'  mefme;  Egofum  yU  yeritas  &  yitay 
Vous  Pentendiftes  par  les  conuenances  qui 
fontentre  la  filiation  naturelle  &  l'adoption, 
icyl'Euangile  m'enfeigne  auiourd'huy  quelle 
diftinfîion  il  y  a  entre  l'vne&rautre,en  ce  que 
la  filiation  adoptiue  des  hommes  cft  plus  no- 
ble que  la  naturelle  \  par  ce  que  celle-là  eft  in- 
térieure ,  &  cclle-cy  extérieure ,  &  vient  de  de* 
hors, comme  nous  voyonsicy  quand  il  dit,F/«- 
tninafluentcle  yentreeius^c.  c'eft  ce  que  ie  defirc 
vous  faire  voir  ce  matin  :  mais  premièrement 
faliions  la  Vierge,  luy  difans,  Jtue, 


Pour  le  *} .  Lundy  de  Carefnr.  6i*J 
r\Y&  ^s  entansde  Caton  femblcntcnap- 
!  I  carence  auoir  fujet  de  fc  plaindre  de 
jj  leur  pere,  pour  ce  que  Caton  aagc> 
'eftoit  marie  auec  vnc  jeune  temme, 
de  laquelle  il  pouuoit  auoir  desenrans,  àrai- 
fondequoy  ils  luy  reprefenterent  combien  ils 
auoient  toufiouri  luiuy  Ion  commandement* 
&qu'il  deuoit  pour  ce  regard  leur  r  -  plus 

d'amour ,  $  leur  delaillcr  a  eux  feuls  le  bien 
qu'il  p  outc  le  fils  de  Dieu  na- 

turel auoit  plus  de  fujccfc  de  fe  plaindre, que  les 
enrani  de  (.  aton  ,  de  ce  que  Ion  Pere  Eternel 
introduit  en  fa  maifon  vn  ii  grand  nôbred'en- 
fans ,  qui  fout  les  hommes ,  &  luy  pourroit  re- 
côme  il  a  toufiour  ute  (fscom- 

manJcmens  tnm  tnum  mm  0M4m  PTt  lufle 

\ffTCuB  ir  tint  SCI 

it  de  fa  vi  de 

lil  contraire  il  difoit ,  Libusn.  iCttmDt 

.;«,  &  encore, U*emitum  m  me- 
M  ma, ou  ventrté  meit  ou  bien  encore  ,  In 
medio  yi/tii  •»  pour  montrer  côbicn  il 

I accoply  cordialcmét  la  volonté' de  Ion  pere, 
côme  il  voit  que  Ton  pere  introduit  dci  enfans, 
il  auroit  plus  iufteoccaiion  de  le  plaindre,  que 
lcscr.hns  de  Caton  ,  mais  tant  s'en  taut  qu 
Te  (oit  oppofci  crfte  adoption  ,  que  t'cll  luy 
mefme  qui  nous  y  intlitC  ,  &  qui  nous  folicr  C 
venant  a  nous.  Cclî  icy  que  ic  vois  encore  vnc 
îcnâce  belle, entre  fadeptiodc  Dieu.cVceU 
lr  de  !  ,  iedifois  hier  que  l'adoption  doit 

eftre  libre,  cx'cft  requis  le  coicntcnu-c  de  ccluj 
4111  cil  adopte,  &  de  ecluy  quiadoptej'adiou- 

Rr  il 


£2 S  Tourte*).  Lunay 

fie  ce  matin  que  la  volonté  de  l'enfant  naturel 
cftoit  requilc,  &  s'il  arriuoît  qu'il  n'euft  point 
d'enfant  ,  on  côfideroit  s'il  n'en  pouuoit  point 
auoir  ,  que  filon  jugeoit  qu'il  en  peuft  enco» 
res  auoir ,  la  loy  prohibe  à  telle  perfonne  d'a- 
dopter ,  pour  ce  que  ce  feroit  faire  tort  au  na- 
turel, comme  luymcfme  ne  le  voudroit  per- 
mettre &  y  confentir,  que  s'il  auoitdesenfans 
-  &  qu'il  voulult  adopter  quelqu'vn  ,  les  fils  na- 
turels deuoientbaiilcr  leur  confentement  ,  & 
pour  ce  que  la  loy  dit,  qu'en  l'adoption  le  con- 
fentement de  tous  ceux  qui  yontintereft  efi: 
requis  ,  &  par  ce  que  les  en  fans  naturels  y  ont 
intereft  ,  la  loy  a  voulu  qu'ils  baillaiTent  aufsi 
leur  confentement. 

De  là  ie  voy  que  le  Perc  Eternel  voulant 

adopter  les  hommes ,  &  d'ailleurs  ayant  vn  fils 

naturel ,  comme  la  loy  porte  qu'il  faut  que  le 

naturel  baille  fon  confentement  pour  adopter 

vn  autre.  Àufsi  le  fils  éternel  du  Père  a  baillé 

fon  confentement,  lors  que  pour  nous  adopter 

ileft  mort  volontairement,  ObUtus  eflquiaipfè 

yoluit,  Il  efioitconuenabîe  que  ce  fils  naturel 

de  Dieu  feul,  furuint  &  interuint  en  cefte  ado« 

ptiondes  hommes ,  c'eil:  ce  que  m'apprend  S.    . 

Aug. expliquant  ces  paroles  de  S.Iean,  Dédit  eis 

poteftatemfilios  Dcifieri ,  il  dit ,  verbHmcarofaf/um 

r/?,  vt  effet  radix  font  &  origo  noftrx*dof>timp$y  &  le 

mcfme  S.  Auguftin yerbum  DommïmortMHme^ 

ne  effet  *vnus  bereditaus  beres  :&  S.  Léon  ,  filtus 

Lee  fer.  6.  DeifaBu*  eftfiUus homints ,  ytfi\'v\  Dei  effcpoffemus. 

deXdtitti,  C'eft  à  quoy  ce  mefme  Seigneur  nousinuite 

Bommi.  aiuourd'huy>disâs,5'*  qwfitityenut *à W;paro- 


de  Carefnte.  62$ 

tes  qui  nom  montrent  la  diftin&ion  qui  cl\ 
entre  l'adoption  de  Dieu  ,  «S:  1  adoption  des 
hommes  J'cnfantnc  reçoit  pas  Tain  e, 

mais  feulement  le  nom, &:  encore 
adoptent  des  enfan  taie 

Dieu  nous  adoptant ,  Eût  que  nous  ne  portons 
pas  feulemér  le  nom  de  (ils  de  Dieu,  mais  nous 
fommcsmcfmcs  irez  de 

luy^equenousenicignc  S.  Jean,  judlem 

cbdritdtem  dcdit  nobis  p.tter  vt  J1/1;  \)ci  wotmmm 
fjfimuv  ,  grand  merev  ()UC  .uionsfon  I 

prit  ,  Gratis.  Da  diffufd  cji  1 
fpiritum  finElum  qunbtto  (fl  hobu  ,  twiffwruti  Dct 
a*nntur  bi  jj/ij  Deifunt  :  bêC  datent  dixtt  de  fptïitn 
quem  dcceptttri  irxut  crtdmtes  m  etim;  &  pour  nous 
monftrcr  cecy ,  il  allègue ,  oui  crédit  m  meflumi- 
nd  de  y  entre  eivsjlmnt  dan*  viu/e, 

Voudriez  «roui  fç/auoir  comment  cft -ce  que 
le  S. Efprit  procède  J.'i  fils?  vois!-  -zpar 

ces  paroles,  I  ntdquti 

r<.f.Et  pourcccfl 

t:n,ie  disque  iuftement  la  propriété'  perfon- 
ne'.i  S,  h  prit  nous  eft reprelcnuc  par  ce 

Flumtndde  yenifceïus ,  &C    Pour €0 tendre  ce:  y 
vous  deuez  fçauoir  qu'il    y  a  :  :iilincrci 

perlonncs  en  la  Trinité  ,  li  vous  les  COnfiderci 
refpectiuenaent ,  entant  qu'ell 
crcaturcs.qui  toutes  trois  a;. 

•s  diftindes  : 
I  voir,ck'nitez  C< 

Lors  que  Mo  -  Il  veut  reprcfcnccr  la  G 

création ,  il  comprend  toutes  les  trois  perlon- 
ncs en  ces  paroles: InfrwcifM  crtAuu  Demcuimm 


6$0  Pour  le  5.  LunJy 

&  terrït,  &  après, <Sr ff'mtué  Domimferebatnr  fiiftà 

aquas  Deus  t  voila  le  Père  ,  Inprincifio ,  voila  le 

Fils,cjf  tyiw/tf,  voila  le  S. Efprit,  Dauidaufsi 

Jes  comprend  ,  difant  ,  Verbo  Domini  cœhfirmati. 

fimt  <&  Çpintu  orvs  eius  ,  omms  yivtus  corutn  yerbo^ 

voila  la  2.  perfonnc,  le  Verbe  Eternel ,  Domnit 

Voila  le  Père ,  &  fpiritus  orts eius ,  voila  le  S.  Ef- 

prit:  quand  ileft  queftion  de  defcrirela  crea- 

~Â     .      tion  du  monde,  toufipurs  vous  trouuezces  2t 

,r,    ,     perlonnes,  pour  ce  quelcs  I  heologiens  clilenc 
"  que ,  Opéra  Trinitatps  ad  extra  funt  mdimfa  {&  ton 

*"  '  Tîinitati  communia,  Mais  (i  nous  voulons  confi- 

derer  les  trois  perfonnes,  fans  aucun  refpect 
aux  créatures,  nous  trouuerons  que  Ivne  eft 
fontaine  feulement,  l'autre  fontaine  &  riuiere, 
&i'autre  feulement  riuiere,  ie  m'explique,  le 
Père  éternel  eft  feulement  fontaine,  par  ce  que 
Il  ne  peut  eftre  engendre,  d'où  vict  qu'il  eft  ap-< 
$c\\éyOrigo  &fons  Deitatis,\c  Fils  eft  fontaine  & 
riuiere  tout  enfemblc,  riuiere  pir  ce  qu'il  eft 
engendre'  du  perc,  fontaine  par  ce  qu'il  engen- 
dre enfemble  aucc  le  perc,  le  S.  Efprit ,  &  le  S* 
Efprit  ne  peut  eftre  que  riuiere  ,  par  ce  qu'il  ne 
peut  engendrer,  &  eft  engendre'  du  père,  &  du 
fils.  Voyez  donc  cornent  cefte  propriété'  per- 
sonnelle du  S.  Efprit  nous  eft  fort  bien  repre- 
fcnre'e  par  ces  mots ,f  lamina  île  y entre  eius  fluent, 
&c.Lc  fils  eft  produit  du  Vcrcjlleweclarificabit 
iji+iade meo dccïpiet,  &le  S. Efprit  des  deux,  aufsi 
pour  ce  fu  jet  le  filsdifoit,  Si  abieromittamadyos 
Ptracktumfpiritum  veritatts.  Notez  icy  que  qui- 
conque enuoye  vci  autre ,  eft  plus  grad  que  ce» 
Juy  <jui  eft  cnuoyé,  puis  dor\c  cjue  le  fils  enuoyç 


de  Carefnc.  6  3  l 

le  S.  Efprir ,  ileft  plusqueluy  ,  nonennatu 
par  ce  qu'il  n'y  a  qu'vne  njturc  dluinc,  diui 
entrois  perfonnes ,  mais  feule  ie, 

mais  il  femblc  qu'il  leroïc  plus  de 

ùirc  que  le  Fils  tait  ennuyé  ,que  le  S.  E  prit  ^ 
quecomm?ilclt  enuoyc  du  S.  Efprit,  qu'il  c 

:;idre  que  lu  y,  p  l  ar- 

quez qu'en  nous  il  y  a  deux  lo  paroles,   ~      ,  /- 

l'vnc  intérieure,:,  c  extérieure,  la  langue 

cit  au  milieu  de  1  vn  oc  de  1  autre,  mais  cuel  - 

garda  la  parole  intérieure, Stint clic ctucllc  elle 
cft  poftericure  ,  Se  au  contraire  la  parole  ex: 
rieure  ,  &  qui  coproduite  au  dehorseffc  poli 
ricurcà  la  langue,  pour  ce  que  c'clt  la  langue 
qui  la  produit  :  ainli  dilons  que  le  fils  de  Dieu 
peut  cftrc  conlidcrc  en  deux  rayons,  comme 
Verbe  in.  c(l  Lia  parole  iiuc  iecfcucîle, 

Se  comme  vcibc incarne,  c'eit  la  la  parole  ex- 
térieure :  la  langue  qui  effc  au  •  ics  deux , 
c'eft  le  S.  Efprit ,  h  1                         >ns  Le  tiL  de 

eu  comme  Verbe  inerc  >ic 

intellectuelle  dupere>le  S.  Efprit  quieft  cûinc 
L  ItngUC  luy  cft  poftcrieui ,  car  il  Se  de 

la  production  &:  de  Ion  enuoy,ainfi  queleVc  - 

intellectuel ,  cit  c  1  mouvement  de  la 

langue  :  mai<>  s'il  tant  conliderer  le  hk  d  !  i). 

■laie  parole  créée  ficincameV^alora  il  cil  po- 
ftericur  au  S.  I  ,  pour  ce  que  c'efi  le  S.  1 

prit  qui  i"cnuoye,&q  ju'hô- 

neeptuj  tfli  >pric- 

1  S. Efprit  cft  rcprefcntcc  par  ces  mots,/ 7«-  lé 
min  (  ]  telles  vous  créatures  a  des  "♦ 

C2U.  Di.ll.i 

1  > 

Kr  mj 


^j2  Pour  le  5.  Luniy 

mais  vous  n'eftes  pas  fleuucs ,  vous  n'eftes  que 
destorrés  d'eaux  aifez  a  s'efuanoiïiriaufsi  l'Ef- 
criturc  parlât  de  l'homme, en  p  irle  fous  la  for- 
me de  torrent.ExfîCcatus  efi  torrentcs>  où  font  ces 
Cefars,ccs  Alexâdres,cesPompees,-où  elttout 
Qt\zyExciut9  efi  îoïres,\\  n'y  a  cjue  l'etprit  de  vé- 
rité qui  efi  eau  viue,  f lamina  de  rentre  eiusflt4Cntm 
jtdmir*-  En  la  Boetie  ii  y  a  vne  certaine  fontaine  nom- 
blefonui-  niée  Mêlas  ,  les  eaux  de  laquelle  ceux  qui  en 
nçt  boiuent  deuiennent  noirs.    Qujcft-ce  que  les 

créatures  finon  des  fontaines  qui  peruertiffent 
&  noi  raflent  l'a  me ,  Jlbominabiles  faclh ,  fiente* 
qui dtlexertmt ,  les  eaux  des  créatures  font  enco- 
res  fembîablcs  à  ces  eaux  qui  font  en  Phrygic, 
lefquelles  font  rire  ceux  qui  en  boiuent  ,  ô 
eaux  des  créatures  ,  vous  donnez  du  plaiftr 
pourvntemps,mais  au  partir  de  là  vouscaufez 
la  mort  à  ceux  qui  en  ont  goutte' ,  Ducunt  inbo- 
P0  dies  fuos  ,  ^tnfunBoaâ  infernum  defeendunt. 
Mais  les  eaux  du  S.  Efprit  font  fcmblables  à 
certaines  autres  eaux ,  lefquelles  font  plorcr, 
pour  ce  qu'iccluy  ,  Vro  nobts pofitdat gemitibus ine- 
narrabilibus ,  mais  puis  après  caufentdu  con- 
sentement, TrïftitU  reflra  vertetur  ing.tudium. 

O  eaux  de  ce  monde,  vous efr.es  fcmblables 
à  ces  eaux  de  Sion  ,  qui  efrourdiflent  ceux  qui 
en  boiuent,  mais  les  eaux  du  fain<ft  Hfprit  font 
femblables  à  ces  eaux  du  fleuue  d'Orix  ,  lef- 
quelles iguifent  l'efprit  5  aufsiles  eaux  dou- 
ces de&  confolations  de  ce  diuin  paraclcte, 
refioiiiflent  l'ame ,  &  l'efletient  en  la  confédé- 
ration des  bénéfices  de  Dieu.  D'auantage  les 
créatures  font  eaux  limonneufes  &  fangeufes, 


de  Carefme.  635 

mais  Dieu cft  vne eau  vtuc,  qui  eflcaufcqu'il 
difoit  par  Elaye  ,  >/r dneli/ifjtierunt  tqux  funtem 
Utd cT <pHCper*»t  fi, u: ci  lonM diftpdtus. 

D: lirez- vous  cognoillrc  la  production  du 
fils,&  comment  clic  cil  diftinguee  dclapro- 
ccfsion  du  fainft  Eprit?  vous  le  verrez  par  1 
mo:sl//<mj«i^vr/..  ;/*r;;f,lcL:  rit 

.  édu  ventre, &  vous 6  Verbe  éternel, 
lis  Dettes  pas  engendre  du  ventre  :  mais ,  tx 
Cétpue,  c'eil  du  clier,de  forte  que  toute  la 
étioi  qui  Cit  entre  la  procchion  du  faic<5fc£f- 
prit,&  celle  du  1 2 1  s ,  1  c  voil  icy  ,  flswnnA  de  *vniwe  j)'tffi„Wi 
:f>flurnt> le  ventre  en  l'Efcnturc  le  prend  pour  nnre     ^ 
la  volonté' &  pour  le  cceur,&:le  ventre  efl  lym  'Jm 

bole  de  la  volonté',  tout  ainli  que  le  clict  en  jJf ..:.   ^ 
fvmbolc  de  noltre  entendement  >  &  comme  le  t       ,/{4  y 
uege  dei  concept:»)  ..     D  ions  donc  que  le  fils 
cft  jlumeH  de  Cdfiii^Si  finmtn  de 

ven:r:  pjrcc  que  ce  n'c.r  lui 
de  la  eft  qu'ilclt  do;. 

r  la  ch  t  reprefentec  par  le  tcu  ,  il  a 

tcaufsi  donne  par  lefbtvlc  (on  Te  fait,'  ■'  r 

pontduorumcorpoYum  ,  comment  cft  produi»  donné 

S.Efprii?  il  a  cite  produit  par  la  collifiô  deceui  •  Hi   *c 
I     :t  a  dire  par  le  mutuel  amour  du  Père  &  du/»',; 

1  me  le  (b n  e/t  entendre  de  la  colliti  *• 

de  deux  corps:  ainfî  par  le  mutuel  tmoilf 
Père  &  du  Fili,i!  .1  cfle  1»  oduit,&  ptrtai 

r  ces  p.; 
flumuu  de  centre .  ci 

Que  notifie  (bromes  tu  (les.,  linon  par  vne  1 
ftiec  i.noutatiuc,  que  dites  tous  que  ce  n' 
pas  que  la  lui.  cauparaujtf, 


6%  4  Pour  le  <; .  Luniy 

mais  c'cft  qu'elle  ne  nous  eftoit  pas  imputée, 
efcoutcz  ce  que  dit  faincl:  Paul ,  il  ne  dit  pas 
qu'elle  nous  eft  imputée  :  mais  infufe ,  Chantas 
Dei  diffiufia  eft  m  cordibus  noftrisper  fip  intum  fianBtim 
qui  datuseftnobts , Surquoy  S.  A  iguftin  dit ,  w- 
clmaia  chantas  y  inclinât*  iuftitia  perfiecia  chantas , 

[Auguft,  ferfetla  infîuta  eft ,  abfolnta  chantas,  ab filma  tuflitia 
f/^&rApoftre  faincl:  Paul  ^non  accepislis  fipiritU 
fermtutrttterum  in  timoré  ,  fied  accepifti*  [pivitûado* 
ftiontsfiUorum  Dei ,  in  qno  clamâmes  abapater.  le 
m'eftône  de  la  façon  de  parler  de  S  Paul, il  fait 
vne  anthitefe  ou,  Qttodmaiut  eft  exphcuit  &  quod 
minus  eft  fiubticuity  mais  puis  que  le  S.Efprit  eft 
compare'  aux  eaux ,  ie  diray  volontiers  que  ces 
eaux  fontfemblablcs  à  celles  qu'ô  faifoit  boi- 
re aux  feruiteursanciennement  lors  qu'on  les 
mettoit  en  franchife,qui  pour  ce  fu jet  eftoient 

Eaux    de  appelle'cseaux  defranchife,  ainfile  S.Efprit 

hare.  eft  vrayement  vne  caa  de  frâchife ,  par  ce  que 
ces  eaux  nous  rendiibres,  6V.  nous  deiiure  de 
Tefclauage  de  Satnan ,  &  de  Tcfclauage  du  pé- 
ché: car  quibabetpeccatnm  fier  nus  eft  peccantSc  pour 
ce  dit  S.  Paul,  non accepijhs  fipiritum  fiermtn.tis  item 

Jlmbrofii*.  indmore fidaccepiftis fpmtum  adopuonisftlioruDci  in 
quoy  &c,  Cecy  nous  cil  reprefente'  parce  que 
difoit  Dieu  à  (on  Prophète  Efayc  au  chap.  44. 

rjaL  50.  defa  prophétie  >  àelebo  -vtnubem  iniqmtates  tuas, 

(ç?  quaftnebulampeccata  tua  ,  S.  Ambroife  nous 

apprend  que  par  ce  mot  iniquuates^' entendent 

les  péchez  intérieurs,  &  par  peccata,  les  péchez 

'extérieurs,  car  expliquât  les  paroles  deDauid, 

Belle  con-  deleiniquitatemmeam,  il  raporte  cefte  diftinctiô 

ceptiov.     entre  l'iniquité ,  &  ie  peche  :  mais  pcmrquey 


de  Carefmc.  6$] 

St nubem}  parce  que  côme  vous  votez  que  de 
la  nuée  le  foraient  les  neiges  ,  les  foudres,  les 
tempcftes.cV  tonnerres  :  ainfi  à  caufe  du  pèche! 
fe  f  )rmc  la  diflention  entre  1j  chair  &:  l'elprir, 
&  le  pèche  par  confequent  eft  vrayement  vnc 
micercarainù  que  fans  la  nuée  il  n'y  a  point  de 
tempeftes,  ainfi  en  noftrcame  nous  n'aurions 
point  d'inquiétudes  fans  le  pèche  ;  cV  r< 
ainlî  que  la  nuce  par  la  chaleur  du  Soleil  cft 
toute  difsip  c.  aufsi  noftre  Dieu,  noltre  Soleil 
dciufticc  dilsipe  êV  efface  tous  nos  peclu  2  par 
la  chaleur  de  fa  grâce  4tkk*yttmbimft€t4Péti 

De  lj  Ht  que  ce  grand  Propietc  Diii  i  di- 
lotty^fpefges  mtdoimne  c"  mtmtUbêr , & 

fitpcrmuêchMbjbor,  ^Afforgts  w»f,  pour  nous  mo- 
ntrer la  rcrmfsion  du  péché*  ff  mMCMtl.il- 
kkr9rînfufion  de  la  grâce ,  c//«/  •■.•/- 
Ltù-jf, parce  que  comme  la  ni  ce  fc  tond  facile- 
ment,aufsi  la  grâce  cil  tendre  &  délicate^'  cft 
trcî-facile  à  le  perdre.  Lit  (ur  cecy  il  faut  que  ie 
xplivjue  vn  très- beau  myfterc,  que  nous 
reprefentoient  celle  eau  &  ce  fang  fortis  du 
colle  de  noftre  Seigneur  en  la  croix  :  voulez- 
vous  que  ie  dife  qu'ils  nous  reprefentoict  les  *. 
rac  nés  de  la  vie,  le  Baptelmc  cV  l'Euchariftic, 
Laptefine  lignifie'  par  l'eau,  &  l'Kuchariltie  | 
lefmg,  ou  bien  pour  dire  que  le  courroux  de 

ru  figure  par  le  fang,  c  teint,  ce  qui 

no9  cftoit  fignifi  ie  mieux 

«lire  que  le  (a  efcntcla   remilv  p*« 

chez  ,  caria  rémission  des  pecheinc  fc  fa. 
ta:  'lonctu. 


6 3  6  Vourlej.  Lundy 

lottn.  i.  grace  Pour  laquelle  Dauid  ditiO'fi*per  nluem  cle- 
albabi»':  Ou  bien  difons  que  flumina  de  ventre  eius 
flnent>c'c{ï  pour  nous  monftrer  que  nous  deuôs 
c(lrerengendrezdeDieu,dela  façon  que  pj de 
S.  lca.n>quinQnex  voluntdtc  yiri,&c.  reprenôs  la 
chofe  de  plus  haut  :  S.  Paul  dit  9quos profitât  bos 
<?  prœdïjlmduit  conformes  fîeri  ïmagini  filtj  ftnt 
que  veut  dire  cecy,  pourquoy  femblable  à  l'i- 
mage du  fils  de  Dieu,  quoy  Dieu  ne  nous  a-il 
pastaiéfcàfafemblance  ?  ouy  ,  mais  cecy  veut 
dire  que  comme  nous  voyons  que  le  fils  de 
Dieu  eft  feul  &  vnique  ,  a  toutesfois deux  na- 
tures, aufsi  de  mefrne  Dieu  veut  que  nous  ne 
foyons  qu'vn  en  nature,  bien  que  nous  foyons 
deux ,  homme  intérieur ,  &  homme  extérieur, 
ainfi  le  dit  fainét  Paul,  &fîbomo  quiforUett  cor* 
rumpMttr  umen  etsy  qui  intus  eft  renoudtur,  &  com- 
meen  Iefus  Chrift  il  y  a  deux  naiffances ,  l'vne 
intérieure ,  l'autre  extérieure ,  aufsi  il  veut  que 
nous  foyons  engendrez  deux  fois ,  la  première 
naturellement ,  &  la  féconde  fpirituellcmcnt, 
&  donc  vous  vous  eftonnez  quand  noflreDieu 
ditàNicodeme  ,  oportetbominem  iterum  rcntfciy 
nlfi  quts  rcn4tm  fuerit  ex  dqua  &  fpïritn  fantJi ,  drc. 
Dieu  veut  qu'en  nous  arriue  ce  que  nous  li  - 

DiYtnotA-  fons  cjans  pjutarque  eft;rc  arriue' à  Antiftene.% 

^*f#  auquel  on  apporta  la  nouuclle  que  sô  fils  eftoit 

mort,  lors  il  fit  faire  fes  funérailles  ,  &  obfe- 
ques,  de  forte  que  par  après  quand  il  fut  de  re- 
tour perfonne  ne  l'af>iftoit>&  ne  le  vouloit^on 
foulagerdVnpeudepain  feulement;  Ce  que 
voyant,  il  alla  confulter  l'oracle  fur  ce  fujecl:, 
lequel  luy  dit,  fais-toy  faire  ce  qu'on  t'a  fai& 


de  Carefme.  j  y 

quand  tu  es  forty  du  rentre  de  ta  mère  :  ( 
appelle  vnc  fage  femme,  il  le  taitemmaillot- 
tci  >  il  teta  les  mammcllcsd'vne  remme  ,  fc  fit 
bercer,  &  alors  tout  le  monde  le  reccut  ,•  à  la 

rite  nous  fommes  morts, nuis  on  n'a  pas  fait 
nosobfequcs,  nous  fommes  morts  parlcpc- 

é:  car  tout  ail  u  que  Pythagoras  appelloit 
morts  ceux  qui  quittoient  &  abandonnoient 
11  ftc,  a  plus  forte  raiion  nous  dcuons  dire 
il\  e  morts  lors  que  nous  quittons  Dieu  parle 

chif  cV  ne  (ummcsenctteftatrcceus  ny  re- 
cogneus  de  lut:  mais  pouren  élire  recogneus, 
il  faut  qne  nous  îuirez  cf: 

cai  N"'  f  fpintufdnchy 

<fc,  &  pourec  turc  il  raut  retourner  au  ventre 
cVau  giron  de  noitre  merc  naturelle:  mais  biea 
au  giron  de  l'Egîifc  , laquelle  nous  a  première- 
ment engendrez  parle  baptefmc  ,  01  ne 
autrefois  nous  rengendre  dcrcchctpar  la  pe- 

ence,parlaqut  lie  nous  receuons  la  qraccdu 
fain&  Efprit ,  qui  <"ft  la  fecou  Je  naiitanecqui 
nous  donne  des  aides  pour  volera  Dieu  :ar 
cju'a  fort  bien  obferué  Dauid.difanr,  qut  furent 
m  Domino  afjttmrnt pennes  fscut  éfjml*  OtyoUbf4nr9 
au  moyen  dclquclles  aides  de  la  grâce  du  faint 
Efprit,  nous  pénétrons  iufquesdans  le  Ciel, 
pour  ioiitr  vn  tour  de  la  félicité  éternelle. 
Ainù  foit-il.     ' 


SERMON    POVR 

cinquiefme  Mardy 
deCarefme, 


L  E 


i 


Oues  medt  ~yocernmeam  audiunt, 

I   O  A  N.     7. 

'Eternelle  Sapience  incarnes 
,  auoit  iufte  raifon  de  reprocher  aus 
l— ^  lu  ifs  qui  fe  difoient  eftre  enfans 
d'Abraham,  fifiltf  Jlbrthœ  efti*  ^Abraham  oper* 
faite^nous  voulant  apprendre  que  c'eft  le  pro- 
pre des  enfans  de  fuiure  toufiours  &  imiter 
leurs  peres:  vous  entendifteshyer  comme  les 
hommes  ont  receu  la  puilTance  &  pouuoir  d'e- 
flrc  faits  enfans  de  Dieu.refteauiourd'huyque 
ie  vous  dife  le  mefme ,  cjue  fi  vous  eftes  enfans 
deDieu^faiteslesceunres  de  Dieu5& fi  pouffez 
d'vnc  fainfre  curiofitc  &  non  pas  effrontemét, 
vous  me  demandez  commc-les  Iuifs  ,  q#*  nam 
funt  epera  Dei  ?  ie  vous  refpondray  comme  il 
leur  fut  rcfpondu  par  Iefus  Chrift  ,  opus  DeiboC 
eft  yt credattf ,  c'eft  ce  qu'il  nous  reprefente  icy 
quand  il  dit ,  ouesmeœ  yocemmeam  audiunt,  &■'• 
de  forte  que  Dieu  baille  pour  marque  drla 
predeftination  ,  ouyr  fa  voix,  &  au  confère 


de  Car c [me.  6 3  p 

pour  f  gne  de  réprobation  de  ne  la  pas  ouyr, 
nous  difeourerons  de  ces  deux  poinéts  ce  ma- 
tin, moyennant  l'afsiftance  de  celle  qui  cft  la 
première  fille  du  pere  ,  cV  la  mère  de  Iclus 
Chrift/entcnsla  glorieufe  Vierge, luydifanr, 

*Aue  Mjrid. 
ltf5fT>>3  Egrand  Apoiirc  fait  c*t  Paul  vaificau 
5Ti^^  d'dcâion,  ayant  cfle  rai  y  iulques 
^J^-^  au  tîOJficfmc  Ciel,  &  veu  le  hure  de 
vie  ,  Cx  ceux  qui  y  eftoient  eferits  cV  tfVjccz, 
l'efcric  ainii »S  éltutJk éùmtinram,  fdfientid j  _r 
titDeiyqttdmin  nlufum  •*/««*» 

O'inmjli^dbilts  rut ctus.  O akeiTc &  profondeur 
dcsrichcflcs  ,  de  la  fagefle  de  Dieu:  Aulside 
fut  le  Prophète  Efaye  ne  doute  de  dirccjuc, 
rebenflnUs  el  Uiêttf  Se  peut  euro 

que  t'eft  à  ces  6ns  que  les  Egyptiens  ado- 
roient  Dieu  fous  la  forme  du  Crocodillc 
non  U -ultmcut  par  ce  que  cc-ft  animal  n'a 
point  de   langue |  p^  r.fhcr  queecqui 

cft  dit  de  Dieu  cit  inexplicable  ,  mais  ccft 
par  ce  que  cet  anfmal  a  vi.c  telle  propriété* 
qu'il  void  au  trauers  de  ces  paupières, côbien 
qu'il  ferme  les  yeux  ,  de  forte  que  les  \cux 
voyent  tout,  &:  ne  (ont  point  veus,  citant  ainii 
couucrts  de  fes  paupières,  grufsi  noftrc  Dieu 
yoid  tout,  &  perfonnene  le  void  ,  ilell 
vray  Quc^incomfriljeBfbUiafùntcmttuiudiL  id 
&àccquedit  S.  Paul ,  i'adioufrcrav  ce  que  die 
Dauid  ,  mir.-J  U  tft tudfcunttdex  me ,  fllf- 

quoy  S.  Auguftin  expliquant  cc<>  pj'olcs  (  ex 
me  |  dit  que  c'eft  autant  comme  s'il  «iifoit  fnper 
mt.illtimquQm.du*  (m  t*m  nyqni 


6  4  o  Po«y  fc  5 .  Mardy 

piecowprebcnûere  nonpojfuw  tain paruum'.mait  l'ai- 
me mieux  me  tenu  toutefois  à  l'interprétation 
de  S.  Hier.ofme ,  lequel  expliquant  ces  paroles, 
Hier  on.  mirabilis  fatlaeft  fetenti a  tua  cxme.Si  principale- 
ment ce  mot  Wiifabtlti  3  ditquec'eftautât  à  dire 
que  reuelee,cxpar  vnephrate  Hebraïque,com« 
me  s'il  aifoit,  voiîre  icienec,  ô  mon  Dieu,  fur- 
pa(k  tout  moncntcndemét)&  toute  la  portée 
demacognoifsâce.  Aufsicft-cela  raifon  pour 
laquelle  les  Egyptiens  peignans  leur  Dieu,  luy 
bailloientvn  panache  en  la  tefte3qui  eitoit  fait 
V attache  ^e  Pannes  d'Auftruche ,  que  veut  dire  cela  ?  ne 
baillé     à  fçauez-vous  point  ce  qu'a  dit  le  mefmeDauid, 
Dieu  par  ^ccec^ borne  adcor  altum^exaltabitur  Deusjznt 
les  £^j/;-P^us  l'homme  fe  trauaille  à  cognoiitre  Dieu, 
tiens.         P^us  s'cfleue-il  de  luy,  qu'il  ne  foit  vray  ,  de- 
mandez à  Symonides  ,  qu'eft-ce  que  Dieu ,  il 
vous  demandera  trois  iours  de  temps  pourref- 
Demande  podre,  penfant  que  Dieu  ne  fut  efloigne'deluy 
faite a^y-  ^ue  jç  trojs  jours  y  au  bout  defquels  il  en  de- 
montaes.    mancîera  flx  %  &  il  fetrouue  encore  pluscfloi- 
gne' :&cn  fin  il  en  demandera  douze,  &  tou- 
tesfois  n'en  pourra  pas  plus  dire  au  bout  des 
douze,  que  le  premier  iour,  finon  qu'il  con- 
férera alors  Ton  ignorance  :  ce  panache  n'e- 
floit  pas  fait  de  plumes  de  Herô,ny  d'aigrette, 
plumes  fuperbes  :  m  isque  n'cftoit-il  fait  des 
plumes  de  la,  queue  de  ce  beloyfeau  de  Para- 
dis ,  il  embellit  oit  mieux  fa  tefte  ,  ou  bien  des 
plumes  d'Aigle  ?non  il  faut  des  plumes  d'Au- 
ftruche, par  ce  qu'il  rampe  toujours  fur  la  ter- 
re, &  eft  fort  pefant  de  fa  nature ,  encore  qu'il 
aye  des   ailles  >  toutesfois  encore  qu'il   ne 

puifTe 


iç  Cayefme.  641 

puitfe  voler,  il  cft-cc  qu'il  cil  il  léger  à  la  fuitte 
cjuc  l'on  «iic  qu'en  l'armée  de  Cyrus  ,  comme  les 
ioldats  virent  vnc  Auftiuchc  auprès  du  flcuuc 
Eutratc$,|)  s  courir  pour  laprendre,iamais 

îll  ne  U  peurent  attci  ^ufsi  nous  ne  pouuôj 

atreindre  a  la  cognoifiance  de  Dieu  ,  quelque 
e  que  nous  puifsions  taire.  ad 

v.tum/sc. En  prCttQC  de  ce  1  Eipoufc  auxCan- 
tiques  d  eîcriuant  la  beauté  de  Ton  cfpoux  diCt; 
C  mx  tu*  finit  eUtét  paimarum  mgrétfi 
cbcueui  iont  ainh  que  des  branches  de  PJmcs, 
hauts  &  cileuez,  &:  noirs ainii  que  le  Corbeau: 
que  veut  dire  cecy  <  les  cheueux  figr.ih\ru  les 
penfccs,ô  Jicucux  ,  o  penfecs  de  Dicu,ochc- 
ucux,o  fecrctl  logement!  de  Dieu  ,  OMtitMék 

.iritmyfjpun:ix  (fjctintut  Dc^rjuam, 

fbUid/msiê  ..  cit  riéaotlcsPalmiers 

en  comp.ii  -  I  1  hauteur  d  tf, 

nous  eft  reprefaa  rdetcxi  cncBellê, 

dit  pai  Hufi  nliA, que  veut  du       g]  ^epticn, 

que  lcsiugcinôdc  Dieu  .Vcft- 

ce  paspour  &ïrc<\ucétm9*4lub*mê*Vftrcipuedmf 

.  funt  }cômc  ainli  foit  que  et  I  nge  du  v#f        » 

tillet  perd  tout  fens,non,mais  cV(l  parce  qu'en- 
tre l'cfcorcc  de  ceti  arbre  il  v  a  vnc  grande  quâ- 
titc  de  filets  attachez  &  vnis  les  vus  aucc  les  au- 
tres , tellement  q"c  les  plus  fubtils  ne  h  s  peu- 
uent  dc'mefler,ainfi  il  cit  împofsiblc  que  l'ho- 
me puilVe  efplucherleslccrcts  de  Dieu,  fum  m- 
ttef}t^.d>de>  vif  t\u  mprelxnfibtlu  ludKuxjuA^ 

D'auantage  les  naturalises  dilcnt  qu'il  y  a  des 
tillcts  6  torts  qu'on  en  peut  faire  des  cordes ,  3c 

Sf 


i  42  Vquy  le  cinquiefne  Mavdy 

des  autres  plus  dcliez,defquels  on  peut  faire  des 
coronnes, Dieu  eft  vrayementdestillets  ,  &des 
cordes  pour  ceux  qui  veulent  trop  curieufemét 
recercher  ce  qui  eft  de  fesfecrets,ce  ne  (ont  que 
priions,  que  chaifnes  :  mais  puis  que  ceux  qui 
ïairitement  recerchent  ce  qui  eft  de  Dieu  ,  peu- 
uétfeferuir  de  fa  cognoiftanceà  baftir  des  co- 
ronnes  de  gloire. N'allons  point  Ci  auant,iln'ya 
rien  fi  gi ad,ny  de  plus  obfcur  en  Dieu  pour  no9 
que  la  predeftinatiô  &  réprobation  des  homes: 
vous  remarquerez  donc  icy  qu'en  noftre  Euang» 
noftre  Seig.parlant  des  ouailles ,  parle  des  pre- 
deftinez,&  des rcprouuez tout  enfemblc>0«M 
meœ  yocem  meam  dudi-unt,proptered  non  ëfhs  de  ombus 
tm      n    meisquïavocem  meam  non  dudiftis:\ç-\aS.Augu[\in, 
ejfe  de  ouili^yel  non  sffe  de  ombus>efl  effeprçdeftindtum, 
yel  noncfje prœdeftindtum.  Lors  qu'il  eft  parle'  des 
predeftincz,retcrnelie  fapience  lefus  Chrift,en 
S. Math. 25. dit  qu'il  mettra  Tes  ouailles  à  fon  co- 
tte' droit,  &  parlant  des  reprouucz  il  dit,  celles 
qui  ne  font  point  de  Tes  ouailles, feront  mifes  au: 
BUfpheme  cofte'  gauche.  Nos  Reli^ionaires  difent  que 
des  Hère-  Dieu  a  crée'  les  vns  pour  les  fauuer,  &  les  autres 
ttques,      pour  les  damnerrainfi  ledit  Caluin, de  forte  que 
la  réprobation  de  Dieucftcaufedu  peche'j&ne 
permet  pas  feulement  le  mal ,  mais  il  en  eft  au- 
thcur,rEglife  afin  qu'elle  aye  des  tillets  pour 
faire  des  coronnes  ,011  des  cordes  ,  a  monftre 
que  crcft  l'homme  qui  eft  la  caufe  de  fa  reproba* 
tion.Iln'y  a  point  de  doute  que  Dieu  ne  prede- 
ftine  pas  les  homes, fans  auoir  efgard  aux  méri- 
tes :  mais  il  eft  contre  toute  raifon  de  dire  que 
Dieu  fans  auoir  efgard  aux  de'mcritcs,  nous  re- 
prouuc,cc  feul  paflage  de  fa  patience  au  cha.jo. 


deCarefox.  &4y 

môftrccequeicdis,queDicunepcut  eftre  cau- 
fe  de  noilrc  danation,  Dtits  morte nôftcit  iKcJftiH 

:n perdit wm m b'jn:irii*,(]\ic  CiDicun'a  point  tait 
la  mort,  &  que  la  mort  cft  l'crfect  du  ycchéper 
feccMui  âuttêmmmméù  qucs'e  îfuit-il  linou 

que  Dieu  n'eft  pjs  cauic  du  peçheVV  par  conic- 
quent  dcuoltre  reprobatiacôtre  Caluin,  «rc/e- 

rimperduuneb  S  îge  que  Dieu 

n'ei:  ..tueur  de  la  mort  corporelle    beau- 

coup moins  le  îcra-il  de  la  mort  dcl'ame  ■  Dieu 

.':t  la  malice  des  homes, il  eil  dit  qur 
eblore  intrmjccm  <j  Axitfvenïtet  m 
a  efte  fiapc  d  vnedoulcur  au  dedas,iia  dit  le  me 
repens  d'auoir  rait  1  hôme,T 
fcfe repentir:  maisc'cft  peurs  accômodcr  à  no- 
flrcncccfsit'jde  parlera  la  raifon,  pour- 

quoy  Ç£Cj1f*id9mmtCéfêC$rrMffi  m  fn4*t  >& 

tâts'en  faut  que  Dieu  de  leurreprobê* 

tiô  qu'il  a  :  :  pourfoy 

aires  pour  me  user 

1  cltauthcurdu  km 
tout  pour  ioymci! 
pour  foy  mcfnu.maisic  rclpons  qu'il  a  Elit  to 

ir  foy  mcfme/t'liomc  particulier*,  mec  no  1 
pour  l'enfer  mais  pour  loymcime,;  ifo- 

ilcr  iai;loirc:dc-làcftquc  tout  ai  •  0- 

yons  que  la  flamme  ne  peut  dire  de  rq 
qu'elle  cft  h  infi  nolrr?  ctrur  nepeut  auoir  rdi-. 

aucun  repos  en  terre, dc-la  in  et  ad- 

iblcdel)juitl,qui  p.  ,r  Texccll' nec  de 

Minu.  :  .  Q 

•cmarque?  que  ce 
fc  qu'rnc  poignée  de  terre  c\  pej 

tout  le  relie  iic  flefgal  aux  Anges. 


6  A  4  ?&ur  k  5 .  JMariy 

De  là  vient  que  l'home  qui eft  dans  l'Egîifeeft 
defcouueit  ci  fa  femme  couuerte,  pourquoy  ce- 
la?eft-cequela  femme  ait  quelque  chofe  déplus 
robleque  1  homme? non  cai  Thomme  cftcrtéà 
l'image  de  Dieu,&  lafemmeà  l'image  de  l'hô- 
me:mai$c'ett  parce  que  l'hommedoit  marcher 
latcfte  leuecdeuâtl  Ange:  mais  l'homme eftre 
vn  peu  moins  que  1'  Angc,n'ell-  ce  pas  beaucoup 
dcloiïange5c'efte{treraualle'd'vn  peurcarThô- 
Induflrie  me  en  terre  eft  vn  image  encômencc'e  &ei>bau- 
a'iAppd-  che'e  feulement  :  cecy  me  fait  reilouuenird'Ap- 
fo.  pelles, qui  esbaucha  feuîemét  l'image  de  Venus 

&  ne  parfit  que  la  bouche,  &  nul  autre  peintre 
n'eut  la  hardieffe  de  prendre  le  pinceau  pour  le 
paracheucr.  Dieu  eft  vn  excellent  Appelles, qui 
a  faitvnc  feule  partie  de  riiome,a(fauoir  la  bon  - 
che ,  &  a  feulement  esbauche'  le  refte,*  ô  homme 
capable  de  Dieu,  &  après  cefte  bouche  fai&e,  il 
n'y  a  Ange  ny  Archange,  ny  Trofne  quiofaft 
-prendre  le  pinceau  pour  le  paracheuer,  de  façon 
que  fi  l'homme  a  efté  fait  pour  Dieu ,  il  s'enfuit 
que  Dieu  a  difpofé  des  moyens  parlefquelsil 
peut  paruenir  à  luy,ou  intérieurs,  ou  extérieurs, 
intérieurs  comme  les  infpirations,la  grâce  inte- 
rieure:&  extérieurs,  la  prédication  de  fa  parole, 
&  lesSacremenSjlcs  voulez-  vous  voir,ne  feroit- 
ce-pas  en  vain,fi  vous  apcllez  quelqu'vn  qui  euft 
les  oreilles  bouche'es  ,  &  qu'il  ne  les  peuft  ou- 
urir  que  par  voQrc  moyen,  lequel  toutes-fois 
vous  ne  luy  donneriez,  vous  yolis  moqueriez 
de  luy.  Que  fi  vous  appeliez  quelqu'vn  pour 
venir  à  vous,eftant  dâs  les  ténèbres,  ce  feroit  en 
vain  fi  ne  luy  apportiez  de  la  chandelle  :  de  là  il 


deCarefme.  fq.  «5 

nefepeut  faire, que  voync  vous  moquiez  de  lu  y: 
fîquclqu'vn  cftoit  dans  vn  prorond  puis  &  que 
vous  rappcllafiic2,cc  (croit  en  vam.li  vo*  ne  lu  y 
prcilicz  la  main  ,  <S:  ne  luy  preftant  pas,  n'eli-  ce 
pas  en  vain  que  v  il  ic 

dis  que  nous  auons  la  meilleure  volô:c  du  mon- 
dermaisfiuieu  ne  ne  doue  la  grâce, c  cil  en  vain 
qu'il  m'apcllCjauUi  lî  de  nollrc  cotte  nous  n'ou- 
urôs  les  oreilles, c'clt  en  vain  qu'il  nous  appelle. 
L'E'poux  difoità  fou  Efpoufe  ,  lAptri  n 
med;.tf>tnmi!n  :  miis icclle  fit  11  parcilcuie  defe 
leuer,dt  forte  que  l'Efpoux  s  6  alla,  &  puis  après 
venant  à  ouunr  fa  porte  elle  ne  le  troutia  plu», il 
l'auoir  appcllee,  mais  elle  auoit  f^it  la  fourde  o- 
rcillc,cV:  quelle  mcrucillc  fî clic  ne  Ictrouue  pi9? 
ainfîDieu  prefente  fa  grâce, &  fi  no9  la  rtfufons, 
quelle  mcrueiilc  s'il  nous  ddaiffe:  nom  fommes 
nez  au  milieu  du  bourbier. ïnfixMj  ftan  ni  hmopro- 
f*ndi:\\t  Dauid,  que  rcitc-il  (lûô  que  Dieu  nous 
baille  la  grâce  .  exéJttnjnum  mtxt*,  &  DiuîdfU- 
foit,  tnfftnedtlMifect*  ,  Nous  tommes  tombez 
parle  pèche  en  vu  profond  ♦  vient  que 

Dauid  avant  pèche  di foi r,/;  wfif ciémmi mi 

tUHmim,TB*tM  c  eften  vain  de  nous  appellerai! 
neiette  la  corde, cVaufsi  la  iette 
voir,  trxum  va  infante hU s  Ckwit*  ufij  vout 

verrez  qu'il  appelle  tout  le  monde  à  refinoin  de 
ce  qu'il  fait  à  l'endroit  des  homes,  jm  l\  /;•• 
rtvèmtétmt  kalBtern  Il  icc 

s'eferie,  tttxexte  i;>.t.l  tA>it*mm*.  *u- 

xtliiïtuMm  ,  t'i  es  en  ténèbres,  ie  te  prclcnrc  la  I 
miere,cVtu  fermes  les  veux  ,  quelle  merucille  lî 
tu  demeure  ca  ténèbres?  u 

S( 


6^6  Tourle^.  Mardy 

du  pèche,  iete  tëdsla  main,  &  tu  ne  veux  pas  M 
regardcr/xftWj  marin  meâ,  <j  nemo  efî  qui  afpkiat. 
voulez-vous  encore  voit  par  pratique  cornent  il 
nous  offre  fa  grâce?  quand  il  crc'a  Adamengra- 

&e*efï.  i.  cc  >  'à  nous  crc-a  tous  en  *uv  en  ^  grace  j  il  ^e  creâ 
en  grâce  :  car  lors  qu'il  eft  parlé  de  fa  création, il 

cft  dit  que,  infpiratut  infaciem  etm  fpiraculum  vïtay 
ou  félon  rHeorieu,^i^c«/^wm4r«w3pourquoy 
•Viur«w?pource  qu'il  donna  double  vie  à  l'hom- 
me ,  l'vnc naturelle, l'autre  fpiritucîle ,  qui  eft  la 
grâce ,  par  la  prcfence  de  i'ame ,  ton  corps  a  vie, 
penfe-tuqueton  ame  n'aye  point  dévie?  Dieu 
\A*gnfk,  cft  la  vie  de  l'ame  ,  dit  S.  Auguftin:  fi  Adam  doc 
aeftécrcéenîa  grâce,  &  nous  en  luy(  car  de  là 
vient  que  nous  contractons  le  péché  originel)  il 
s'enfuit  que  comme  il  auoitefté  créé  en  grâce, 
nous  l'auons  aufsi  tous  efté  en  luy.  Si  donc 
Dieu  eftoit  caufe  delà  reprobatiô,  delà  damna- 
tion ,  fans  preuifïon  des  démérites ,  que  s'enfui- 
iiroit-il^finonqueDieucfttres-injufte.'fi  on  pu- 
niffoit  vn  homme  fans  auoir  forfait,  ne  feroit- 
cepasinjufticc?  aufsi  Dieu  qui  eft  très -jufte  ne 
nous  punit  pas  fans  forfaict:cela  ne  fe  peut  faire 
fipremicrcmétiln'apreuue  de  noftre  mefcha*- 
ccté:car  fi  Dieu  par  fa  prouidencc  nous  damne, 
i\  faut  que  fa  jufticc  s'exécute:  car  elle  ne  peut 
manquer  ,  il  faut  neccffairement  qu'il  aye  pre* 
«eu  nos  démérites  ,  &  péchez  ,  il  faut  qu'il  aye 
preueu  que  nous  mourrions  en  péché  ,  autre* 
•mcntilferoit  autheur  de  noftre  mcfchanccté. 
Ceux  qui  croyent  que  Dieu  cft  autheur  des  pé- 
chez ne  croyent  pas  Dieu  ,  &font  pires  que  Pa- 
yent :  car  fjtgaui non credendc credunt ,  btretici  ver» 
.**:  cdmdo  'hïk  crtdmtMxt cti<gue  ta  crois  que  Dieu 


deCaycfme.  6  47 

ciï  Dieu ,  &  tu  crois  qu'il  ne  l'effc  pat,  parce  que 
croire  qu'il  veut  l'iniquité, c'eft  croire  qu'il  n\ 
pas  Dieu ,**»  Drur yeleas imqmtdtem  tu  es .Dieu  ne 
veut  rien  ii  ce  n'clt  ppr  la  volonté, ny  r.  en 

finon  par  (a  v  o  1 6 1  c ,  1 1  ne  1  le  pc^hc,  il  se» 

fuit  donc  qu'il  ne  le  £  imnâtjMâfumfÊf  "w- 

tmtfmit,  uieflomnu  7;  4  :  fait.  Paftaçc  adeni» 

rablc ,  Utdùttur  tu  Hua  cum  -.un^manui 

fit.ti  huabitm  fj**uinepecL  >    .  1 J  :  M r f- 

iicurs.  leiuitc  clt  J  hrilî,v  rrtamti 

wflustmà\s<.][\o)}mjtn9  fu.ts  UHjb:r,\iucr  Tes  mains 
rcprefcr.te  l'innoiéce,d  .:  quePjldtC  laui 

Tes  mains. hmocens  ftt.tm  afin:  mue  »/</?*,  il  lauc  Tes 
mains  doc  pour  mon ftrer  qu'il  efloit  in  noce: 
&  qu'il  proteftoit  n'eftre  caufcdclcur  prête*. 
ô  mains  lefqucllcs  ic  voisdcltrcpccs  de  ce  pre* 
cieux  fangrcfpnndu  en  l'arbre  de  la  C 
mains  de  mon  Sauueur  proteftent  qu'il  n*cfl  pas 
caufcdenofh  ion.  D'anitégc encoïc que 

no9  dilios  lcSolcil  cilrclcué  parce  qu'il  ir, 

ce  n'eft  pas  que  lciour  i  ieiîlc- 

uennais  au  contraire  ,  le  Sole  il  lcuc'cft  caufe  du  l 
iour./.  landildicil  endet  pas.  iîsnc 

crovet ,  parce  qu'ils  ne  font  pas  de  i  lillei, 

n'ed-r:       .     dire  que  n'cltrc  pasde  iesoûaillcs, 
(bit  la  caufe  qu'ils  n'cntcndci.t  pjs:  RMfJ  IU  I 
traire  ,  ill  ne  loin  pas  des  ouailles ,  parce  qu'ils 
n'entendent  p  ,  il  faut 

queie  vous  dite  que  ce  ne  11  p.v  de  la 

predeflination  que  de  la  réprobation  ,  Dieu  ne 

:speut  pasinftruirc  &  incirer  au  mal,&  p 
tant,  il  ne  peut  pas  cflre  la  caufe  de  noli 
probatu  n  ,   parce   qu'il  cft 
bon,  &  autheur  d:  }  il  peut  bj 


6  4  $  Pour  le  5 .  Mardy 

'jitL,  epift.  cauk  ^c  no^re  predcftination;  vn  beau  trait  de 
tdluli       S. Auguftin  fur  cccy.Deus  bonus ,£f  Deus mfîus  ejîf 
bonus  qui*  fine  mérita  faludrepoteft,  fedfine  de  merito 
damwtre  non  potefi ,  quia  iuftus  &  bonus  tjl  Deus  ,  de 
forte  que  fi  vous  me  demandez  auec  TApoftre 
quis efï qui  te difceniiÀ  diray-  ie  que  c'eft  moy?  non, 
diray-ie  que  c'eft  la  gloire  de  Dieu?nô,efcoutcz 
cecy  Religionaircs.  Non  egofedgratiaDeimecum: 
Belle  fimilitude,  les  homes  font  femblables  aux 
martelets  qui  n'ôt  point  de  piedsrmais  feulemét 
des  aifles,dc  forte  que  quâd  ils  font  à  terre  ils  ne 
peuuent  voler ,  fi  ce  n'eft  par  le  moyen  du  vent 
qui  aide  leurs  aides, ce  n'eft  pasle  feulvétjCen'eft 
pas  les  feules  aides  qui  les  font  aller  :  mais  le  vét 
&  les  aides  cnséble  les  font  voler:  ainfi  l'home  a 
des  aiiles,qui  font  fa  volonté',  mais  il  faut  du  véc 
auec,cjui  eft  la  grâce:  La  volôté  feule  n'eft  fuffi- 
fante,  fi  le  vent  de  la  grâce  ne  fouffle,  ny  ce  vent 
feul  fans  fa  volonté'  :  mais  il  faut  l'vn  &  l'autre. 
Ainfi  donc ,  ie  dis  qu'encore  que  Dieu  aye  pre- 
dcftinc'vn  home  fans  auoirefgard  aux  fiens  mé- 
rites ,  fi  eft-ce  pourtant  que  perfonne  n'eft  fau- 
ne'fans  le  mcriteic'eft  poufquoy  il  donne  la  grâ- 
ce efficace  aux  prcdeftinez.-auffi  S.  Auguf.en  Ccg 
confefsions,  côfiderat  la  grâce  de  laquelle  Dieu 
l'auoit  honore',  difoit.Ciycumnolitabat  me  Démine 
4  longe  tinferkordia  tua^uc  dites  vous?  de  loing, fi 
c'eft  de  long  ,  comment  efc-ce  au  tour  ?  il  fai<5fc 
allufion  à  ce  qui  eft  de  la  chafi'c  dcl'oyfeau  de 
M  die  con*  Proye  ,  l'oyfeau  de  Proye  n'eft  pas  pluftofl: 
teplion.      lafchc  qu'il  voile  fort  haut  en  l'air,  &  la  Cail- 
le ou  Perdrix  voyant  l'Oyfcau  de  Proye  def- 
cend  à  terre,  &  comme  il  eii  bien  haut  5  &  qu'il 


Je  Carcfme.  ^49 

▼oit  faproyebiendifpofcc  ,  il  prend  facourfe& 
fe  vient  ruërtoutd'vn  coup  furcllc,&  la  prenJ. 
Aufsi  S.Auçuftin  i  Juloit  dire,  DO  Dieu!  vous 
cites  vn  oyfcau  de  proye,  ie  m'cfloignc  de  vous, 
ie  ieCct  If  à  terrecV:  ;ous  atié.tez  que  ie  (ois  bien 
diipoie.afin  de  nu-  frapper  tout  a  coup  de  io(tre 
grâce  ,  afin  de  ne  perdre  pis  en  mov  l'efficace 
d'icclle.De  (brtc  donc  qu'encore  que  Dieu  nous 
ayepredeitinez  nous  neparuiendrons  pas  toute 
fois  a  celle  Coronnc  éternelle  ,  fans  les  œuurcs 
de  Tes  commandement  ,  pourec  que  noftrc  San- 
lieur  dit  ,  Omt  mcxyoummtdm  audiunî ,  pour  la 
foyyjT/  :,  pourl'obicruation  Je^  com- 

mande mens  de  Dieu. 

O  pi  peurs  ,  qui  penfez  eftrc  fauue7  ,  cro\ 
vn  article  ,  &  ne  crovant  pas  1  autre,  il  faut  tl 
rc  tout  i  ou  rien.  N'auez-  vous  iamaisouy  i\ 
qucBrafidas  grand  Cap  mourai 

à  ceux  qui  eftoient  autour  de  Kiy  ,  : 
cliere(t-i!  une  il  luy  fur  reipondu 

cjue  ouy  ,  mourray  mairten 

volontiers  :  car  cclk  me  Ternira  de  plan- 

che pour  entrer  en  repos.  Ne  fcautx  vous  pas 
que  DO  n   perpétuelle  guerre  ,  & 

que  la  toy  cft  vn  bouclier,  In  awmfa 
futturr.fnici.    Il  faut  COnfcrtier  le  bouclier  de   la 
,  fein  cV  entier,  li  D  cflrc  fau- 

tiez. Ht  cft  auec  ce  neceflaire  que  nousobfcr- 
uiopi  les  commai  h  par- 

t  -1  5   (1  ce  n'eit  qui  le 

])  rmrâfiei  métm  mrj: 

i    hr   vn*  panncre'e 
de:  |  ;i  bien  uc  les  uk  du 


6<>  o  Tour  le  5 .  Mardy  de  Curefnte] 

ciel- iî  trompans^es  venoient  bequetter  comme 
des  vrays  &  naturels  raifms,&  auprès  de  ce  pan- 
nicr  eiioient  aulsi  peints  des  enfans  qui  le  gar- 
doyent ,  ce  que  voyant  vn  autre  peintre ,  die ,  il 
faut  que  les  enfans  ayée  elle  mai -faits, parce  que 
s'ils  euflenr  eite  bien  f  liftj ,  i  miais  les  Oyfeaux 
n'euflent  ofë  prendre  les  railins  de  leurs  mains. 
O  fouucraine  bonté,  Verbe  éternel,  vous  cftes 
l'image  au  vif  du  Père  étemel, ce  que  vous  tenez 
en  vos  mainsjlc  diable  n'ofe  ny  n'a  le  courage  de 
le  venir  prendre  entre  vo>  mains:  &doncfitant 
efl  quevous  nous  portiez  par  voftre  grâce  entre 
vos  mains, nous  ne  craindrons  rien:  Au  rationat 
du   grand    Preftrc  eftoient   grauez    les  douze 
Tribus  d'ifraël,  que  vouloic  dire  cela?  O  grand 
Preftre ,  vous  ne  nous  parlez  pas  feulement  en 
figure, mais  encore  voflrrc  robbe  parle  àvray  di- 
re :  Dieu  (  la  Majefte'  duquel  vous  reprefentez) 
nous  porte  tous  fur  les  aifles  de  fa  grâce,  &  ne 
peut  nous  quitter  (  fi  premièrement  ne  le  quit- 
tons parle  pec  e'  )  que  il  ne  nous  aye  conduits 
au  bercail  des  bien-heureux ,  quieft  la  félicité 
cterncllc.  Ainii  foit-il. 


*5t 


SERMON      POVR     LE 

fixicfmc  Mcrcrcdy 
de  Carcfmc. 

Fait  au  iour  tic  l'Annonciation 
delà  Vierge. 

Fous  pa  ;  fjttiit'.m  m 

gnum  Di  /  ? . 


H  E  S   T   E    R.       II. 

Es  Poètes  ont  Mmlcufcment  controu» 
uc  cj.jc  la  Hache,  &  le  Coutelas  d'A- 
chilcs  guariiloic  laplaye,  quclanv 
auoi:   faiéfe  ,   frappant   pour  la 
fur  la  mefme  :  l'expérience  en  rui  fait€  fur  le 
corps   de  Telemaclius   :   mail    •   "!   ni  les  fa- 

ï  à  part,  il  0  \  a  rien  d*    fi  certain  (JUC 
cjue  nous  enfeigne  la  na  tre 

[>ar  expérience,  que  comuicn  que  les  aaouchc$ 


caatarides  foient  toutes  venimeufes  ,  néant- 
moins  leurs  aides  &  leurs  pieds  feruentde 
fouuerain  remède  contre  leur  mortifère  poifon. 
Demain  ,  Dieu  aydant,  nous  verrons  que  le 
malin  efprit  s'eftoit  feruy  de  la  femme  pour 
perdre  le  genre  humain,  ils*cftoit  feruy  d'vne 
Magdeleine impudique, pour  feruir  de  rets  ÔC 
de  lacets  à  mille  jeunes  gens  :  &  voicy  autour- 
d'huy  que  Dieu  fefert  d'vne  femrrçe  pour  repa- 
rer les  théâtres  &  les  ruynes,  que  ce  fexe  auoit 
caufe'  au  monde  :  de  forte  que  S.  Chryfoftome 
difoit,  que  celle  qui  auoit  ferme'  la  porte  du  Pa  - 
radis  à  l'homme ,  la  mcfme  eft  faite  la  porte  du 
Paradis  de  gloire  ,  celle  qui  a  produit  les  tene- 
bres,donne  la  lumière,  &  que  celle  qui  a  e(re  cô- 
uertie  en  ténèbres  par  le  peché>la  mefme  eft  au- 
iourd'huy  change'e  &  conuertie  en  vn  Soleil,  & 
cnvnflcuucdc  lumière ,F ons paruultts creuit in flu- 
tt'mm  mAgmm>&m  lucetn  fokmque  conuerfus  eft.  C'eft 
ce  que  ie  délire  vous  reprefenter  auiou  rd'huy .  Il 
eft  bien  vray  que  nous  aurions  fuj et  de  craindre 
de  ietter  les  yeux  fur  ce  Soleil  brillant ,  fi  ic  ne 
croyois  à  ce  que  dit  l'Ange ,  que  celle  qui  eft  e& 
clattante  en  lumière,  eft  neantmoins  ombragée 
du  S.  Efprit ,  &  pource  ce  fera  fous  fa  faueur  & 
protection  que  nous  entreprendrons  auiour- 
d'huy  de  parler  de  fefi  louanges,  luy  difant  pour 
cefujeft. 


*Auc  Mari*, 


icCarefwe.  653 

fE  grand  Naturaliflc  Pline  Hure  dix-^r;^  jg 
r  1  i.iftitimc  de  Ion  hiiioire  natuidlcc  !7  £wr 
?  chapitre.  17  &  Diolcoride  liurc  qua-/  '  i  ,_, 
incline  des  profpcritcz  des  plantes  chapitre 
deux  cens  trois  ,  comme  auisi  pareillement  Ma- 
thiole  commentant  et  l'eu  de  Diolcoride  ^ap- 
porte de  la  fleur  du  Soleil,  appellee  HtUctro» 
pxum ,  ce  que  mefmc  l'expérience  nous  mon- 
lire,  fçauoif  cft  cjue  ceflc  plante  clt  iî  amie  du 
Soleil ,  qu'elle  ne  le  peut  perdre  de  Tti.e  ,  car 
depuis  le  leuant  d'iceluy  iufques  à  Ion  cou- 
chantrcllc  l'cnvifagc  tcllement&  fc  tourneen  le 
fuiuant,  pendant  que  cet  aftre  fLmboyant  fait 
fon  cours,  &  poureftre  toultours  tournée  fur  ce 
flambeau  du  monde,  elle  a  telle  rciTemblance 
d'iceluy  en  ces  petites  fleurs,  que  la  regardant 
yous  diriez  que  C*cfl  vn  autre  Soleil.  (  Chrc- 
Rienneêc  dcuou  ince  ,  )  Ce  grand  per- 

fonn;ge  Ion  ,  parlant  de  tous  kl  liommcs  dit, 
qu'ils  ne  font  autre  chofe  que  fleur  ,  Qui  (juj'ï  1 £.14. 
WêttgrtJktm    f       rrtrur  c  MtVtf  vmkfé ,  cr 

num  uxm  iticedemf}.t!u  pnw.iu:t.  Il  cil  bien  vray 
que  tous  les  hommes  loi  t  des  fleurs,  mais  par- 
ticulièrement ie  dis  qu'entre  les  hommes  ,  la 
Vierge  eit  principalement  vne  fleurraufsi  de  toit 
Sainc5t  Cyprian  l'appelle,  fUsEccUfié  mi* 

nityôc  Tertulian  parlant  de  la  Vierge,  l'appel- 
le ,¥l9s  meorumy  pudor  corporum  ,  eV  ii  bien  tous 
les  hommes  font  fleurs  ,  li   les  \  entre 

tous  les  hommes  font  des  Lys ,  li  efl-ce  que  ie 
diray  que  par  deflus  toutes,  la  merede  DÎC1  a 
cède  prerogatiue  d'efrre  appellee  Ljsdes  val- 
lées ,  Lilium anuâlwm ,  fi  bien  du- ie  encore  tous 


les  hommes  font  fleurs  ,  neantmoîns  entre 
toutes  ces  fleurs  il  n'y  a  eu  que  cette  Vierge  qui 
aye  eu  pareille  propriété'  que  la  fleur  appelle'e 
Héliotrope,  cefi  à  dire  qui  s'eft  toujours  tour- 
née vers  le  Soleil,  &  Ta  fuiuy  en  tous  temps  :  les 
vus  ont  regardé  ce  Soleil  depuis  l'Orient  iuf- 
ques  au  Midy  ,  les  autres  depuis  le  Midy  iufques 
fur  le  couchantjC'cft  à  dire  les  vns  ont  recogneu 
Dieu  depuis  leur  naiffance  iufques  au  milieu 
de  leur  vie  ,  &  les  autres  depuis  le  milieu  de 
leur  vie  iufques  à  leur  trefpas  ,  ils  ont  eu  re- 
cours à  luy  en  leur  vieille(fe,  &fur  le  déclin  de 
leurs   ans  :  mais  l'intention  de  la   Vierge  a 
toufiours  efté   tournc'e  vers   Dieu ,  immenfe 
Soleil,  depuis  le  premier  inftant  de  fa  concep- 
tion ,  iufques  au  dernier  période  de  fa  vie  ,  di- 
fant,  Dilettusmem  mibi ,  à?  ego  iîhy  &  cela  cftant, 
quelle  merueille  Ci  ic  dis  qu'elle  a  cfte'ftmbla- 
ble  à  cefte  petite  fontaine  changea  &  conuertic 
en  vn  Soleil  ,Vms  paruulus  creult  irtfinuium  m^ium 
&  in  Incem  fvlcmque  conuerfus  eft. 

Dc-!à  efl:  ,  que  ce  que  nouslifons  au  com- 
Gencf.  i.  mcnccrncnt  (Ju  monde,  que  Dieu  af.i&dcux 
grands  luminaires  ,  l'vn  grand  ,  l'autre  petit, 
l'vn  pour  prefider  au  iour,  l'autre  pour  preft- 
der  à  la  nuift,  ic  l'appliqucray  à  ce  dont  il  efl: 
auiourd'huy  queftion:  I'ay  dit  autresfois  que 
ces  deux  grands  luminaires  nous  rep^efentent 
ces  deux  grands  Apoflres  S.  Pierre  &  S  Paul: 
S.Pierre  grand  luminaire  pour  efclaircr  les 
ïuifs:  S.Paul  luminaire  moindre  pour  illumi- 
ner les  Gentils  :  ou  bien  fi  vous  aymez  mieux, 
ie  diray  que  ces  deux  grands  luminaires  repre- 

i 


ic  Carefme.  (y> 

fentcnt  deux  fortes  de  grâces,  J'vnc  mturclle, 
rautrcfurnaturcllc,vneaut[etuis  i'ajdit  queecs 
deux  grands  luminaires  (ont  les  deux  1  t(i-n  es, 
le  nouueau  c\i\  pour  le  grand, &  le  vu  il  pom  le 
pc  tit.Or  j'ay  dit  QUC  ce  s  deux  luminain&  itpte- 
Çcntoiét  deux  fortes  dcpcffonncstc*cfiàrçauoil 
M<;yf;  . .  Dieu  ,  le  (ils  de  Dieu  rc  p<  e- 

ie  grand,  &>  par  ic  petit.  Mi 

catioi  sa  part  >&.  avant 
à  ce  que  nou.^  au 

(u;  s    tr  jicrttiiis  au  if  -y 

qu'en  (  icjUC  de  II  ,:  a  Fait 

rec  deux  grand*  lumir.aircs,/  tcii  D^to  dut  lu* 
urupupi*  Le  petit  &  le  moindre  reprefente 
Marie  M3gdclair.c3qui  tft  come la  Lune, claire 
àlavc:  de  conuerhen  &.  pci.iten- 

ce:maisi'\ne  plein  .  lis  pou;  fa  vie  paf- 

fec,  plw  maislcgrand 

li  nunaire  rcpretèotc  la  Y  Tge  facree,  quieft 
v»  grand  luminaire  cV  *  iidcau 

ioi  ocçocci&de   la  pureté,  Yoyïa 

pourquoy  rort  à  pro': 
&:  expliquées  ces  p.v 
rapp#ft<      ,    en*  f>~rnulvj  cr< 
fj  m  lm  l  M  )>diwqh(  C^nhiïfkj  f/?,  I  I  >0- 

IcidcMardoe  ec,  paroles  de  Ion  fonge  &  de 
la   villon    qu'il  vit  ,  .iterallcmcnt 

efloient  entendues  de  L  P.  :  *il 

pour   ce  que   Heflef  en  figure   rrp;  U 

\  u  rce,\  oyla  pourquoy  tout  cee^  ;  cft  diftdc 
cette  Koyne  (e  peut  mect  M  la 

A  :rrge,mais  finpulic  ay 

pnfes  pour  tficrac  au  co;  de  ce 


6  5  6  Tour  kfix'icfne  Msrcreây 

prefcnt  Sermon  ,  lefqueiles  conuicnnent  fort 
au  myftere  que  l'Eglife  célèbre  en  ce  iour,  dans 
lefqueiles  paroles  tout  ce    qui  fc  peut  dire  fur 
ce  Saluée  fubjeét  fe  retrouue.  fct  pour  mieux 
veoireccy,  reduifons  tout  ce  difeours  à  trois 
chers  principaux.  Au  premier  nous  parlerons 
delà  difpofition ,  auec  laquelle  celte  Vierge 
s'eit  préparée  pour  eftre  mère  de  Dieu.  Au  fé- 
cond nous    toucherons  cefte  dignité  de  merc 
de  Dieu.  Et  au  troiticfme  nous  parlerons  des 
fruits  &  des  eflfe&s  que  nous   refentons   en 
nous  de  ce  qu'elle  eft  mère  de  Dieu  :  Fons  par- 
nului  creuicinfluuium  magnum jC'eft  pour  la  diipo* 
fîtion&  préparation  auec  laquelle  celte  Vier- 
ge s'eft  préparée  à  la  dignité  de  mere  de  Dieu: 
ce  que  l'Ange  Gabriel  nous  explique  fort  bien 
en  ces  mots>  difant,^  ne  gr aria  plena  Dominas  tecïï, 
Ipiritus  fanBas  fuperuemetin  te  y£n>irt9  altifîimi  obu- 
brabit  tibi-.A  quoyeftadioufteefa  refponce  ,Ecce 
dncilla  Domïni  yfiat  mïbi  fiCimdum  yerbum    tttum: 
Pour  le  fécond  chef,  il  cft  dit  que  ce  fleuue  fut 
change'  &  conuerty  en  vn  Soleil  :  Infolemlucem- 
queconuerfus  efttcc  qui  môftre  fort  bien  la  digni- 
té' de  lamcredc  Dieu,  reprefenteeaufsi  par  ces 
paroles  de  l'A  nge  ,  Ecce concilies  &  paries  jïlium: 
pourletroifiefme  il  cft  adiou fté ,  &  m  aquas plu- 
rimas redundauit >pav<]uoy  nous  eft  monftré  Fvti- 
lite  &  profit  que  nous  recelions  de  ce  qu'elle  eft 
merede  Dicu,cequc  l'Ange  finalement  nous  a 
fort  bien  lignifie'  en  trois  mots,  difant,  &ipfè 
faluabit  populum  fuum  àpeccatis  corum. 

Quand  au  premier  chef,  ce  qui  touche  la 
difpofition  par  laquelle  la  Vierge  s'eft  préparée 

à  cette 


de  Cârcfmc.  657 

a  cefte  dignité  de  merc,  elle  nousefc  fort  bien 
dénotée  par  ce  peu  de  paroles  ,  ruulus. 

uttin  fluutum  magnum.  Cette  dilpolKion  &  pre- 
pirationdc  la  Vierge  coniifte  en  trois  choies, 
en  l'humilité  s  en  la  plénitude  des  grâces  rc- 
ceuè's ,  &  en  l'abondance  des  dons  du  rit, 

dont  Ton  amc  clloit  reucfluc,  &  ie 

dis  que  la  Vierge  clt  vncpctr  j  pour 

la  p  andc  de  (on  ho  mi  ire  ,  Antt 

rmn.nn  fx*l$4h  tttHatdtUftem  bumil:Murt 

dit  l'Efcnturc  ,  auant  Ucheurc  le  coeur  cft  efle* 
ue  fie  exalte',  Cx  auant  l'elbuanon  Cxcxalntion 
il  eft  dt  prime'  &  humilie  ,  cjue  veut  dire  cela? 
c'efl:  pour  dire  que  l'humilité  efleue  &  exalte 
l'homme,  ex"  au  contraire,  laluneibclc  rabaiile 
&  humilie, aufsi  pour  ce  fuj  )e~  jivrmÊ 

d*wele*dr$niur9t  yfaint  Augufl 

liant  1  interprt  1  •  trqoeq 

}quàm  tlcu.m  funi  eos,fed 

dumdcH.tftntur^t' 

Eftrecflcue^'cfleftreabbjiileA'cftrcabljiiHe, 
c'eft  cftrc  cflcué ,  pri  :  ment  deuant 

QjtU  qui  fi  cxdltdt  bumilubitur,  (f  qutfèbumil 
exdltdbitur. 

Vous  plaid  il  voir  vne  parfaire  repreferv 
tiondecci  ez-lc  en  cet  aftrc  flamboyant 

du  Soleil  :  car  ii  vous  v  prenez  garde  vous  ver- 
rez que  lors  que  le  Soleil  defeend  en  noil 
Hemifphcrc  ;  au   mcfmc  temps    il  monte  cV 
s'efleuc  en  l'autre  ,  &  lors  qu'il   1  en 

l'autre,  au  mcfmcinlhnt  il s'eflene au  noftre. Beue fimi* 
Ainli  difons  que  nous  foraines  femblablcs  au  inu  U. 
Soleil  en  cecy:  mais  premièrement  remarquez 

Tt 


é'}  8  Vovr  le  5 .  MercrcJy 

qu'il  y  a  deux  fortes  de  mondes ,  ou  Hemifphe- 
ycs  delà  vie,l  vn  de  Dieu  ,  l'autre  des  hommes, 
de  forte  c]ue  il  nous  nous  eflcuons  vers  Dicu>au> 
mefme  temps,  nous  fommes  abbaiflfez  enuers 
les  hommes  ,  &  au  contraire  (inous  nous  efle- 
uons  vers  les  hommes,  nous  ferons  abbaiflfez 
&  humiliez  deuant  Dieu,  &  ainiV  ie  dis  main- 
tenant, que  ce  r/eft  de  merucille  fi  la  Vierge 
treffainéteacfte'cflcue'eiufques  à  celte  dignité 
&hauttiltre  d'honneur, d'eftre mère  de  Dieu, 
puis  qu'auparauant  elle  s  eftoit  abbaiflfe'e  par 
vne  profonde  humilité'  ,  car  lors  queccftcglo- 
rieufe  Vierge  prononça  ces  paroles  dehrab'es 
&  profitables  pour  nous,  Ecce  ancûla  Domittifat 
tmhi  feenndum  verbum  tuutn.  S.  Bernard  dit  que 
par icellcs elle s'abbaiilaiufques  au  centre  delà 
terre ,  In  ilb  verbo  cenirum  munclipenetrault.  Voyez 
icy  vn  fecret  grand. 

Sain£fc  Bernard  ne  fe  contente d'accomparer 
la  Vierge  à  la  terre  ,  mais  encore  au  centre  de  U 
terre ,  pourquoy  cela  ?  elle  eft  ,  difent  que]ques- 
vns  ,accomparceà  la  terre,  pourmonftrer  fon 
humilité'  profonde  ,  d'autant  que  l'e'lcment 
le  plus  vil  ,&  le  plus  bas,  c'eft  la  terre  :  mais  S. 
Bernard  pefle  plus  outre  ,  &  l'accompare  au 
centre,  pource,  dit- if,  que  des  chofes  du  monde 
la  plus  bafle  c'eft  le  centre  qui  cft  encore  plus 
bas  que  la  terre,  c'eft  le  milieu  du  monde;  Or 
fus ,  le  fils  de  Dieu  eft  dit  auoir  opère  le  falut 
des  hommes  au  milieu  du  monde,  Operabamt 
ftlnteminmecHomiwc/i,Cc  qui  doit  cftre  enten- 
du du  ventre  de  la  Vierge,  qui  cft  accomparé 
au  centre  ,  pour  ce  que  tout  ainfi  que  tout  ce 


icCAYcfme.  6^ 

cft  au  monde  icgirde  fixement  le  centre 
ii  terre,  ainti  la  Vierge  cil  le  centre  de  U 

Cur  laquclletous  ccui  qui  font  au  I 
ç  qui  font  aux  i  iommes  en 

deuant  nous ,  fit  ceux 

qui  viendront  ietteront  les  yc*ux  lur  ucllc,com- 

cltant  fourec  de  tout  b  tout  bc 

r  :  comme  donc  1  ;c  deuoit  dire  efic- 

i  les  créatures  eftant  merc 

*     i ,  audi  elle  deuoit  s' 

ment  Cj  mais  c 

les  ab. 
m  ,  aufsi  d  i  parlant 

d  won- 

iergc  y  humilité 

s'eft  rendue  la  pi  créât ui 

ucepar  def- 
lit  ain'.  int  à  cl'. 

Ce 

de  merveille,  iî  clic  cl t  ien 

rcprcfentcc  pir  celle  peti  tainc  accrcuc 

ci  vu  gran  m  p.tn<u-> 

Imevriuc  Conu 
p  >  ; rc '"  q  IC  tant  plu  l   monte  liant,  p| 

ainlila  Vierge ,  plus  ellcfc  vc  -  l 
efleuee ,  plus  l'abbaifTc-elle ,  diîant  :  / 

iMMS&plusellei'abaifle,!  -cllcrclctu         é    n 

CL  '      i  1 

cite  pleine  ;  i  clic  deuoit 

titre  la  n  de  Dieu,  o  faincte  &  facree 

i  i  V* 

\  icrgc  tout  le  monde  fient  vers  vous,  comme 

vous  cftant  le  tabernacle  d-  '  I  le  Tem- 

ple facre,  où  Ton fils a rcp<>  ;uc  le 


(orne. 


6  60  Pour  le  6 .  Meycreiy 

Temple  de  Dieu  eft  faind  à  caufe  de  fa  prefeiî- 
ceeniccluy  ,  quelle  merueillecft-ce  donc  fi  la 
Vierge  efUnt  le  Temple  de  Dieu,  eft  faillie  & 
pleine  de  grâce? 

Dauid  parlant  de  cefte  fan&ification  du 
Temple  de  Dieu  ,*di foi t ,  Santlijicauit  ttbernactt- 
Ittw  fuum  fient  ynicornis ,  Dieu  a  fan&ifïé  Ton  ta- 
^a  .  /bernale  &  Ton  Temple,  ainft  que  la  Lycorne, 
,  ,'  que  veut  dire  cecy  ?  Dnuid  fait  allufion  à  ce 
^  que  les  Naturalises  racontent  de  la  Lycor- 
ne)chofecfti,ange,  c'eft  qu'icclle  s'eftant  ap- 
prochée de  la  fontaine  pour  boire  ,  aupara- 
uantque  de  touchera  l'eau  ,  a  accouftume'  de 
tremper  premièrement  dedans  le  bout  de  fa 
corne  ,  fai&e  en  rorme  d  efpc'c  qu'elle  porte 
fur  fa  telle  ,  &  par  le  moyen  de  cefte  corne,  qui 
eft  mcdecinalle  chaffe  tout  le  venin,  &  le  poi- 
fon  que  le  dragon  ou  ferpent  pourroit  auoiref- 
panche' dedans*,  &  puis  après  boit  àfonaife,  & 
enaffeurance. 

Or  fus,  la  Vierge  eft  accompare'eà  vne  fon- 
taine, Fon  s -paruulus  creuitinflmÙHmmagnum^e  fils 
de  Dieu,  qui  eft  vne  vraye  Lycorne  ,  voulant 
boire  l'eau  de  noHrc  mortalité'  &  fe  voulant  in- 
carner ,  il  a  prinsla  corne  de  fadiuinite,&  la 
trempant  dans  cefte  fontaine  ,  il  a  empefché 
que  le  poifon  &  le  venin  du  péché  ny  entraft: 
Voila  pourquoy  cela  eftant ,  l'Ange  Gabriel  ne 
redoute  de  luy  dire  ,  *Aueçr4tMplcna,&pour- 
cjuoy  cela  ?  en  voicy  vne  belle  raifon  rapporte'e 
par  Merhodius,  lequel  parlant  à  la  Vierge  luy 
dit  ainfl  ,  Eugt quem debttorcm  itlum  babesycuiom- 
nés  nos  débitons [mmu }  &  Hlettbi  Àebim eft, peut fi< 


de  Cavefme.  66\ 

x.7  mdtrctK)  o*  om>i  rm   rxtidm  mdtrl ,  &  honorent 

impcnJit  D.'li  efl  q  :  ront    graceeftcq 

elle,  îitfi talent  il  cfl  <pcrue- 

met  w  te.  Le  S.  E  f > r 1 1  dcfccndrtenellc,  c  cil  là 

cette  fontaine  creuc  ■ 

uulus  CTtmtinflt4Hiwn  •». 

Grand  myltcre  que  fiintE 

prit  ne  pouuoit  eitie  mieux  repfcfcntc  qu  par 
le  flcuiu\po -rquay  ccia<  la  ia!  00  que  ie  vous 
en  veux  donnereft  belle:  entre  les  troisdi  ir.es 
per(onne<  de  la  Trinité',  il  n'y  a  que  le  fainâ  Ef- 
pric  qui  cil  fleuuc,  mai;»  fleuuc  du  vetre  qui  p; 
cède  par  voyc  d'amour, c'efhlà  la  fontaine, c'eii 
la  la  fourec  ,  car  le  lils  cft  bien  vn  fleuuc  ,  mais 
c'eft  <lccjpitc,$:  non  pas  th  v:///jv,à  raifon  qu'ice- 
luy  cfl  produit  pjr  l'entendement   1  du 

Pcre  |  le  S. Kfpnt  cflant  -lonc  fkuuc  dcçracc,  & 
«le  bonté  ,  &  difant  qi.c  la  "  oléine 

grâce  ,  c'fft  autant  comm  !  qui  diroit  qu'eîlccft 
changc'c  &  conuertic  en  vn  fleuuc  de  1 
font  futruulirureuit  tnjlu.  m. 

De -la  cit  que  fi  nous  !•  .la  (ai 

cri  turc  que  ccluy-là  deuoit  cftrc  rcmplydu  faint 

i*,  qui  dcuoitbaftii  d'AUjancc:a:. 

la  Vierge  à  plus  forte  rail. >n  deuoit  cltrc  rem- 
plie dc^racc  ,  puis  quYllea  efte  toute 
etc             >ur  cftre  l'aulie d  r» 
nacle  du  hlsde  Dieu  ,  ainfi  I  app 
Damafccnr 
fdn[i/n  tdbcMM'Mlum  I 

Quand  il  fallu  '»e  de  l'Alliance, 

chacun  v  Ipp  I  y 

apportaient  de  l'or,  les  autres  de  I  les 

1  I  iij 


6  6  ï  Pour  lefixtefme  MenYeêy 

vnsdonnoicnt  du  cuiurc,  &  le*s  autres  du  fers 
ainfi  quand  il  fallut  baftir  l'Arche  d'alliance 
du  fils  de  Dieu:  chacun  y  appotta  ce  qu'il 
peut,  A'vn  apporta  l'or  delà  chante,  l'autre 
l'argent  de  l'innocence  ,  l'vn  le  cuiure  de  la 
conitance  ,  l'autre  le  fer  de  la  force  &  viri* 
lire*  Où  bien  dirons  que  tout  ainfi  que  di& 
fan&gt  de  Plutarque  qu'vn  certain  voulant  faire  l'imai- 
iapruden  ge  ,  &  le  pourtraift  de  la  Prudence,  Iupitcr 
'ce  Cornent  commande  à  vn  chacun  des  Dieux  de  luy 
fnïBe.  donner  quelque  chofe  en  leur  particulier:  de 
manière  que  Ivn  luy  donna  la  beauté)  l'autre 
la  force  ,  l'autre  l'éloquence ,  ainfi  lors  qu'il 
a  fallu  faire  l'Arche  d'alliance  du  fils  de  Dieu, 
chacun  y  contribua  quelque  chofe  du  fienh 
Adam  donna  l'innocence  *  Abcl  la  iuftice, 
Abraham  l'obeirTince  ,  lacob  la  debonnaire- 
te',Moyfela  fnanfuetude ,  Dauid  l'humilité', 
&  Salomon  la  prudence  &  (agefle  :  Si  ce  n'eft 
que  nous  voulions  dire  autrement,  fçauoir  eft 
queleSainct  Efpriteft  venu  \  &  eft  defeendu 
en  terre  pour  cftre  comme  peintre  :  pour  ti- 
rer au  vif,&  tirer  lepourtraiét  naturel  de  cefte 
Arche  d'alliance  de  la  Vierge.  Et  tout  ainfi 
comme  nous  lifons  en  Pline,  qu'vn  iour  Ale- 
xandre le  grand  commanda  au  peintre  Zeu- 
xis  de  luy  pourtraire  &  tirer  au  vif  la  belle 
Heleine ,  Zenxis  commanda  qu'on  amenaft 
deuant  luy  toutes  les  plus  belles  filles  de  la 
ville  d'Athènes ,  pourquoy  cda?vne  des  plus 
belle  n'euuc-clie  pas  cflé  fuffifantc?non  pour- 
ce  que  telle  qui  auroit  les  beaux  yeux,&  pairs 
niroit  la    bouche    où  le  jie-z  difforme  •  de 


Je  C are fine,  c 

for-  efl  bi  en  difficile  de  tmir.i  r  vue  lil- 

tc,tellcraeut  pat 

cliofc  nv  manque,  &  pour  ce  '  rc- 

rneiflanc  cecy  ,  . 
accomplir  en   coûtes  fcf  | 

t  ).itcs  les  pLis   belles   dain>>i!  La   wllc 

ci'Atiiencs,  de  CM  tes  il  emprun- 

tait les  u'uv  j:Ï::j  ceiefte9des  aatrcslcnçz 
aquitain  ,  d-s   mes   Ls  1  >.ies  vermeille 
des  autres  ures  coraillincs  ,  cV  des  aul 

le  cold'alb  drre,  &  parainli  tic  vn  pourtraict  iu 
tout  paifaict  &  admirable  :  lin  11  !  S.  ht  prit 
Toulant  prepirer  le  tabernacle  du  Seigneur  ,  & 
créer  cefte  V  k  ge , il atTemMa  toutes  les  p 
frétions  des  créatures  ,  &  de  toutes  emprunta 
tout  ce  qui  eftoit  de  b  r  le 

mettre  en  Le  lie,  de  forte  cjue  ce  n'eft  de  :ner- 
ucillc  fi  ce  ce!  lant  à 

aux  Ci  *CÂ 

raphin,  celle  d'vn  Ch   1    b  jii< 

que  ,  fi  celle  d'vn  Chérubin  ,  celle  d  a- 

ra  pas:  car  autre  c(t  la  beaui  Se- 

rapliins  t  autre  celle  S\n   Chérubin,  &  cTtii 
autre  Anç;e  ,  mai<>  la  V 
foy  toute  la  beauté  &  p  • 
Tôt  a  pAcbfd  ifl ,  1 

ce  que  !  i  n  itnre ..  111 ,  Ac  d'exccl 

•en  ,  elle  a   I 

le  feu" 

;rs,U  fa  in  acte  >a- 

tio  is  ,  la  pue  c  vic^  Vi  rttll 

PuitlaïKCfc,  Lamiferkordc  do  A  ,^>,  la 

Tîiij 


6  6  4  V'ouy  hfix'iefmc  Merçredy 

fubtilité  des  Anges,  la  foy  des  Patriarches, Tcf- 
peranec  des  Prophètes,  la  charité  des  Apoftres> 
la  confiance  des  Martyrs  ,  la  pieté  des  Do- 
cteurs, la  deuotion  des  Confcffeurs  ,  &  la  cha- 
iieté  &  virginité  des  bien  heureufes  Vierges. 

D'auantagc  elle  tient  de  Sara  le  refped  & 
l'honneur  cjue  la  femme  doit  à  fon  m:ry  :  de 
Rachel ,  la  beauté:  de  Lia,  la  fœcondité:  d'He- 
fier,  la  bonne  grâce:  &  de  Iudith  la  force  &  le 
caurage:  de  forte  que  iuftement  &  à  bon  droi6t 
nouslapouuonsappcller  ,Tot4pulcbrat  puisque 
clic  contient  en  foy  tout  ce  qu'il  y  a  d'admira- 
bleentrelcs  créatures  :  C*rem  per partes ,  in  ~Md' 
ria  autem  tota  plenitudo  gratiœ  je  infundit  :  d'où 
vient  que  pour  ce  fujeâ:  l'Ange  luy  dit ,  Spiritu* 
pt/j&uj  fupcrucmetin  te.  Par  celail  n'y  a  vertu  que 
l'Ange  ne  nous  denote}&  ne  nous  fignifie  :  vous 
fçauez  qu'en  Iudith,le  faint  Efprit  a  produit  la 
force  qu'elle  a ubit,  en  Saral'obejiTance:  en  Ra- 
chel, la  beauté':  en  Lia,  la  fécondité:  bref  tout 
ce  qu'il  y  a  de  vertueux,  de  parfai<5t&  de  mé- 
rite aux  créatures,  le  faint  Efprit  le  produit,  & 
produifanteela  il  vient  à  eux:  au  mefme  temps 
qu'il  produit  la  ferueurdes  Séraphins,  il  vient 
a  eux,  au  mefme  temps  qu'il  produit  la  pléni- 
tude de  feience  aux  Chérubins, au  mefme  temps 
il  vient  à  eux  ,  &  ainfi  da  autres  creatures.mais 
iors  qu'il  vient  à  la  Vierge  pour  luy  donner 
toutes  les  perfections  des  créatures  ,  il  n'eft 
pas  dit  qu'il  vient  à  elle,  mais  fispetueoiet  in  te. 

SâU'iÔ:  Dcnys  Arcopagice  ,  dit  que  c'eft  mal 
«lia:  ,  de  dire  que  Dieu  e(t  fage  :  mais  qu'il  eft 
&*>fagc  ,  de  dire  qu'il  cft  bon ,  mai*  fur-bon: 


ic  Carefme.  é  tr} 

àc  dire  qu'il  e(t  iuitc  ,  mais  fur-iuftc  :  ainfi 
6  Gabriel  î  que  dites  vous  de  cefte  tres  ficu- 
rcuic  Vierge  parlant  a  elle  ,  Spirttut  ftnclus  ftt- 
peruenwt  %n  te  }  1  !  v.-ut  donc  dire  que  la  fefueur 
de  U  cnarite  de  \x  Vierge  n'clt  pas  terucur, 
mais  iur-rerucur  ,  que  fa  virginité'  ,  n'eit  pas 
virginité  ;  m:is  fur  virginité  ,  cV  ainfi  de  les 
autres  per  s  ,  Sptntuj  fmEkw  fuferutmtî  in 

te ,  pouf  lue  Ôu'etk  excède  &  (urpafle  toutes 
les  pt-t  t  Ctions  des  Anges  &  des  h  |  ,  tant» 

fropixfxcf*  es  Du  qtidntf  prnfxns  xunlix  gj  verb», 
dit  Methodius  ,  cVainfi  ayant c'garJ  a  ces  preé- 
mincnces&  qualités diuincs ',  queetfte  Vierge 
reçoit  par  dcllus  les  autre*  créatures  ,  quelle 
meruetl  efiiedil  qu'elle  I  enV  changée  c\  c 
ueme  en  vn  So'cil   fêms fssftndm crème iwfl**nm 

•i  es  miu-'m  foi  m  m  t  va  i 
que  le  Solei  t  de  lumière  en 

loyt  que  font  par  enfern  orps  1 

mineux  :  ainfi  la  Viergeaaotsr  aces  &  de 

perfections  en  ioy  ,  que  toutes  les  autres  créa- 
tures enfemble. 

:^oi  ift.parccfte  petite  fontai- 
ne c  leil ,  nous 
fort  h:             refentec  la  difpodtion  que  cette 
Vierge  a  f             pour  mériter  ce  tiltre  d'iion- 
neur  d'cltrc  mere  de  Dieu  :  difpolrjon  qui 
cl; 

P<^  Itre  cecy  ,  remarquez  ce-  <  âp. 

lequel  •  !  h  imilirc.dit  qu'el-*r//f    U  ' 

Icelt  .  tAnjttum  fjxculum  cim'AKum  ,  c'cfl  comme 
vn  miroir  conc.  1  cV  au 

centre    du    miroir  concaue    les    rayons   du  <  ika*. 


666  Pour  le  6.  Mtrcrciy 

Chofè  m*  Soleil  fe  font  fondre,  ainfi  tous  les  rayonsfe 
table.       vonc  fondre  &  rendre  en  ee  miroir  concauc  de 
l'humilité'. 

Lafaincfce  Efcriturc  parlant  de  la  Vierge 
l'appelle  miroir  fans  taches  &  fans  macules, 
spéculum  fine  macuU  ,  pourquoy  miroir  fans  ma- 
cule }cei\  pour  monftrer  qu'en  elle  il  n'y  a  eu 
aucune  tache  de  vice  ny  de  peché. 

Qjand  y  ne  perfonne  agonife  ,  &  eft  à  la  fia 
de  fa  vie, fi  vous  doutez    quelquesfois  qu'elle 
foit  expirée,  il  ne  faut  que  prendre  vn  miroir 
bien  net,&  bien  poly ,  &  le  mettre  au  deuant  de 
fa  bouche,  fien  îceluy  miroir  il  ny  a  point  de 
rachc ,  c'eft  figne  qu'elle  eft  morte,s'il  y  en  a,  li- 
gne qu'elle  ne  Tcftpas  encore.  Tous  les  hom- 
mes eftoient  morts  par  le  pcché:au  parauant 
la  naifTancc  de  cefte  Vierge  :  mais  icelle  ayant 
paru  dans  le  monde  comme  vn  beau  miroir  net 
&  poly  ,  expofe'  aux  yeux  des  hornmcs,il  eft  de- 
meure' fans  taches  &  fans  macule,  figne  qu'il  ny 
auoitque  ceflc  Vierge  dépure  ,  &  fans  peche 
entre  tous  les  hommes  ,  &ainfi  pour  ce  fujecl: 
l'Efcriturc     l'appelle    ,    Spéculum  Jine    macu- 
U. 
Belle  con~     D'auantagc,s'ilarriuoit  qu'icy bas  en  terrer! 
cevuon.     n'yeuft  point  de  feu  ,  quel  moyen  y  auroit-il 
d'en  trouuer&  d'en  pouuoir  auoir?le  voicy  ,il 
faudroitauoir    vn  miroir     ardent  ,  6V  mettre 
auprès  d'iceluy  quelque  quantité  d'eflouppcs 
fèiches,le  tout  expofe  aux  rayons  du  Solcil,& 
ainfiferegendreroitlefeu.  Enl'eftat  d'innocé- 
ce,  l'homme  parfonpccSc  fit  efleindre  le  feu 
eclefte  de  la  grâce  icy  bas  en  terre  ;  mais  au 


de  CaYcfme,  (Cl 

temps  de  l'Incarnation  Icfca  acfîc  appo.tcdu 
Ciel  en  terre  par  le  fils  le  Dieu 
terc  intcrrAm  ,  or  quut  .  1  uu- 

.  elle   au  moyen  du  mil  MfCâllt 

lie  l'humilité  de  la   Vierge  ,  cjui  a  reccu  ji. 
tre  de  Ton  ventre  les  Ji,; 

deiuflice  :  Vierge,  miroir  (ans  ftoacule ,  eipo- 
fè  douant  la  tace  du  So! 

humilité  elle  a  prorere  ces  mots,  Ecce  nmilUDè- 
mtmijidtmibifectémlmm  yrrbumtuum.  \'oyla  com- 
me ce  fierc  miroir  ci\  fans  taches,  à  clL 
duconcauepir  le  moyen  de  (on  humilité  ,  & 
par  ainli  ce  Soleil  eltant  reccu  dans  ce  miroir 
noftre  humanité  a  efte  rendue  lumineufe.  ( 
bien  drlons  nucc  le  Proph  yCj  Que  l 

flre  humanité  n'dt  que  paille  %wmnisXdfèfanumi  /  £• 
fc  au  moyen   d:  (esardants  rayons  d 
menfc  Soleil  receu  dans  la  concauite 
roir   d'excellence  ,  cefte  paille  a  cfl 
fc'e,  quieft  caufe  cjuc  fi 

ne  redoute  de  dire  que  lève.  a 

cfte'  vnabyfmcdc  ,  cV  de  incruc-.l 

-l'emerueille  de  \  ,  cV 

les  efpinei  ruées  entre  \a  fl  i - 

dirccjie  le  feu  qui  brufiedefa  nature,  3  pp 
xheneanrmoinsdc  la  matière  1  le  ,  & 

per  >rce  :  ce  feu  c'cll  la  diuinité    &t\ci  et 

pincsl'hn  .  ce  feu  conioi:'  auec  lesefpi- 

tre  de  la  v  l'a 

point  bruflee  ,  nv  |OC 

ectorrent  leneefiinâ  Léon,  au  ferra 

!  a  faiâ  iela  N  ■  ,  '     n-  ^Ç 

<dit  1  '.leufemcntbic:'.   ftir^cefuj      ,  ""• 


66%  „  Tourle fixlefme  Mercredy 
fœdereytramqnc  naturam  interfe  confermt  Vf  neque 
Çupcrur  abforberet  infenorcm  ,  neque  infertor  fupc- 
riêremi  De  force  que  fort  à  propos  au  moyen  de 
cefte  maternité'  de  la  Vierge,ic  dis  qu'vne  peti- 
te fontaine  a  efté  changée  en  vn  Soleil ,  In  folem 
lucemque  conuerfus eft ,  &  ce  qui  eft  vn  miracle 
plus  grand  ,  ce  miroir  fans  taches  eftant  ex- 
poféau  Soleil,  eft  change' &  conuerty  en  vn 
autre  Soleil:  voyez  cecy  par  vn  paflage  tire  des 
Cantiques, dde&xsmeus  mibi&ego  iili,  di&  TEf- 
poufe,  dïlt&M  meusmihi  ,  voila  le  miroir  tour- 
né au  Soleil ,  <?  ego  Mi  y  voila  le  miroir  changé 
en  vn  Soleil:  De  manière  que  Petrus  Damia* 
nus  pari  vnt  de  cefte  Vierge ,  difoit ,  clara  eft  pro 
stureo  utulo ,  feâ  incomparabtlitcr  cUrior  generofttate 
frolis.De  là  eft  que  nous  pouuôs  dire  que  cefte 
Vierge  eft  la  fontaine  du  Soleil  :  furquoy  ie  de- 
fire  vous  expliquer  ce  paffige  de  Iofué,  Sors  tri- 
bus luda  defcendityyfque  adfontem  SoUs ,  6  fecret ,  ô 
merueille  ,  que  la  part  &  portion  qui  fut  don- 
née à Iuda  (quand la  terre  promife  fut  dimfee 
aux  12. tribus  d'ifraël  )  paruint  iufques  à  la  fon- 
taine du  Soleil.  Cecy^ft  vn  myftere,  &  pour 
voir  ce  fecret, remarquez  cecy. 

N'auez  vous  pas  leu  en  1  Euangilede  fainéfc 
Mathieu  chap.  i.  ce  qui  eft  eferit ,  làcétEuar- 
gélifie  défaillant  la  généalogie  temporelle  du 
Verbe  eternel,fclon  la  chair,  dit  ainfi  furie  mi- 
-,  «  \içuilHd(tù4ute?ttgenuit'Pares)&c.  puis  fur  la  fin, 
'  "t\Ât]un  tutem  genmt  lofcpb  y  tram  M>triœ  de  qu* 
natus  eft  Ieftu  quis  yocatur*Cbriftus  ,  qu'eft  ce  que 
celajC'eftj/àn  Tribus  Iuda  peruenit  yfque  ad  fontem 
£?(*?>  tous  les  autres  Patriarches  font  biffez  ,& 


de  Cdrefme.  6  6$ 

TEuangcliftc  vice  Kifqucs  à  Iuda  ,  cV  iufqucs  où 
va  cette  tribu  de  \uû. .  -  mfqucs  à  ielus,c'c-it 

quel  à  la  fontaine  du  Soleil  ,quicftce  fils  de 
Dieu, 

Dc-là  cfhqucpource  mcfme  fujeft  nous  di-  j4  jficr*e 
fous  que  la  \  ierge  cr.  la    fai:-.<fxe  Efcriturc  t&ctmtontà 
appellcc  Aurore, puurce  que  l'Aurore  non  feu-  ^^Ufoff 
lcrocnt  c\ï  merc  du  Sold  îs  encore  fille  du 

nufine:ain.i  la  \  iergeclt  mère  Ju  (ils  de  Dieu 

;icre  toute  en!  lu  mcfme. Si  nous  con- 

fi     ronsleSo.  e  hcmifphcrc  ,à 

lors  l'Aurore  cfl  fa  merc  ,  pource  quec'efl  elle 
quile  fait  nail  jui  nous  1  ::iinous 

confiderons  aulsi  que  l'Aurore  e(t  engendrée 
du  v  i  lors  elle  efl  fille  du  No'cil  ,  tout  de 

mcfme, fi  non i<  leil  ,  icdisle 

yerbe  éternel  en  1  :r- 

ge  cft  fa  fille,  pource  iluya 

ineTeftrecôtne  aux  autres  créatures:  m 
G  nous  leçon  s  comme  ,a 

lors  ie  dis  que  la  '  eft  fa  mere  ,  &  amiî  :    - 

flement  nousdifons  vi'eîlecft  mère  du  Soleil: 
qui  efl  caufe  que  celte  grande  lumière  de  1  E- 
glife  Latinc,S.Auguftin,fcperdcn  la  i  ra- 

tion de  cefte  merueille  ,  il  ne  fçauroit  que  dire 
de  l'excellence  &  dignité'  de  cefte  Vierge  ,  cf- 
coutez  ces  paroles  prinfes  d'vn  defes  fermons 
qu'il  a  fait  dcrAfTompti»  •  'pAH-K 

n><1ete (jutcquid  Jhcmmî  m  :'  ^^r 

.i  wertm  >itwm  te  <A  xrr«  frç.  Jufnp» 

cetin.fï  re  [itum  dn'flormm  , 

■rem  vtum  te  cj  uri 

€um  nemof$t  qui  dt^m  fu 


6  1  ">  Tour  le  fixiefme  MeYcredy 

Et  vous,©  grand  UinCt  Cyprian  ,  quand  vous 
pi  riiez  de  celle  Vierge»  vous  diiiez  que  c'eftok 

Cypruv,  YA  petit  Inancleî  Cu,us  tenafoïiditxs  Immiliuus  fut 
cuimmdredmplitudo  cbtrimts  illtus>  nubes  aXtnudp 
ComempUtiom*  eim>  cuinscalumfublimius  Celfitt+du 
nis  fnœruim  pi '■  fplendor  ïntelkzcntiç  (kdfcims  Luru 
JjiUndor  iuffnhi,  eu  lus  Lucifer  at  dot  ornais  fmBka.tisy 
cuim  fyder*  vh'tutumcœterarum  ornamznt*  (?don4 
ppttformis  gYAtix. 

Belle  con-      ^c  tiçon  que  fort  iu dément  nous  difon*, 

ctptitn.  quc  tout  ainfi  qu'au  Ciel  il  y  a  vn  fi  *ne  appel!* 
le  fi  «ne  delà  Vierge,  qui  a  cela  de  propre:  ainfi 
que  les  autres  figues  celeites  que  d'eftre  appel- 
le' la  mai  fou  du  Soleil ,  pour  ce  regard  à  caufe 
de  la  demeure  de  trente  jours  qu'il  Fait  en  ice- 
luy  •  b.ea  îcoup  plus  donc  la  Vierge  fera-elle 
appellee  la  maifon  du  foleil ,  puisque  parl'ef- 
pace  de  neuf  mois,  le  vray  Soleil  de  indice  a 
choififonfacre'  ventre  pour  maifon  &  demeure 
très  di<7nc. 

$.poin&s*  Cefticvqueie  veux  paffer  du  fécond  poinéfe 
au  troifi  f  ne  &  dernier,  auquel  nous  parlerons 
des  cffeâs  &  profits  que  nous  retirons  ,  de  ce 
que  la  Vierge  a  efte'  la  mere  de  Dieu  :  ô  afh*e  de 
f  la  Vierge  ,  d'oii  procède  l'abondance  des  eaux 
de  grâce. 

Vous  fçauez  au  rnpport  des  Aftronomes, 
que  des  aftres  il  y  en  a  qui  font  heureux  ,  &  les 
autres  mal-heureux,  les  vus  font  bénins,  &les 
autres  defaftreuxrô  aftrc  bénin  que  la  Vierge, 
quiavn  afpc&falataire ,  doux,  &  bénin,  aftre 
heureux  &  fortune'  ,  pour  ceux  fur  lefqucls  il 
iette  [es  influences,  aufsipour  ce  fuje&jfaint 


rff  Cérefme.  6ji 

Fcrnard  luy  difoit,  //;  te  *Jngeli  .'.• 
ûéomy(S  ttuiémtm  n uotntercp- 

ficmni  .■■.•,  c^pcr tcc?  dttt 

rcduerat,rfcrfdtiit. 
Lie  pcndar  •  v       il  eft  au  li- 

gne du  I.yon  ,  il  irdamment  retentir  Tes 

cauic  des  maladiel  au  corps  :  mais 
rant  au  (igne  delà  Vierge  il  remprre  l'ardent 
defesraso  I  us 

eaux  deb  «rc  par 

I*  moyen  d  ~deccltc\  rViuftemenC 

pour  ce  (tijet  j1  cîï  icy  dit  ,  que  I^duudjui: m 

4ÊMUU  flkïh 

[u (le ment  cède  ree  à  ce 

>  :  car  tout  •:  rtn"  que  ce  fi^netem- 
pcrcles  ravos  ardem 

gc  a  appaiic  lire  de  D  1  lur  nous,  Aupara- 
uant  rircarnationdcfon  I  ils,  C*eftoit  vn  Dieu 
des  vengeances  ,  mais  ap-cs  ,  c  tfl  vn 

Dieu  de  bonté*  Se  de  miferi         -,  pournoftrc 

»rd  ,  avant  elle  appaife  pir  lefcinpi 
de  ccflc  Vie  r  plus  ny  moina  Que  la  biche 

viucmcnt  pourfuiuic  des  chaiTcurs  ,  ex  au  mi- 
lieu de  ù  plus  granàc  colère  ,  s'appaife  tout 
court  cV  s'arrefte  ,  trouuant  le  (èiu  ouuert  de 
quelque  ieunc  pucelle  ,  ainlî  que  dit  laint 
-goire  de  NaïUnM  :  O  Vierge  fjcrec  ,  ic 
puis  dire  le  mefme  de  vous  ,  que  Mardochce 
difoit  d'Hcfter  ,  fçauoircfr,  qu'icclle  .  (le! 

M  pour  le  profit  cV  vtiliicdu  peuple 
Amh  ,  o  fainâc  Dame  ,  !  10- 

iourd'huy  ie  vois  l'Ange  venir,  vous  apporter 
les  nouucllcs  du  Ciel  ,  q"c  de  toute  eterr 


6  7  2  Four  le  6.  Mercredy  de  Carefmel 
vous  aucz  cfté  préefleuë ,  &  choific  pour  cftre 
merc  de  tout  le  monde  :  &  par  confequent» 
par  ce  moyen  vous  aucz  elle  faicteRoyne  des 
mortels  &  des  immortels ,  citant  fille  &  mère 
du  Roy  del'Vniucrs,  &  ce  pour  1  vtilité  par- 
ticulière de  l'homme,  &  puis  qu  aini«  cttque 
vousauezeiïe'conuertiet.'n  vn  grand  fleuucde 
grâce, verlez  s'il  vous  plaid  quelque  gouttelet- 
te de  ces  grâces  fur  celte  noble  aflemblée  faite 
que  Tire  &  le  courroux  de  Dieu  foit  *ppaifé 
par  voftre  moyen:&  que  lors  qu'il  nous  faudra 
comparoiftre  quelque  iour  deuant  le  tribunal 
de  faiufticc  ,  tempérez  Ton  courroux  allumé 
contre  nous  ,afïn  que  nous  nefoyons  de  ceux 
qui  feront  condamnez  aux  fupplice^  éternels» 
mais  bien  du  nombre  de  ceux  qui  feront  ad- 
mis à  fa  dextre,  &  qui  ioûyront  pour  iamais  de 
fa  gloire.  Ainfifoit-il.  * 


SERMON 


*73 


SE  R  MON     POVR     LE 
fixicfmc  Icudy  de 

Cardin. 

JtluUtr  tpuddmcratîn  dm 

pi  |  V. 


L 


/  • 


^VJY?  E  diligent  &  Jcbona ire  pnilcur 
1  duquel  pailc  laii  Cl  LoC,J  citant 
A  npperecu  de  Ivre  de    les  cent 
/   bubis  cftoit  efgarec  de  la  b< 
rie  &:  du  troupeau, quir 
09.   &  va  après  à  la  PB 
ou  félon  les  autres  au  deferc  pour  la  1 
&  fit  tant  par  Tes  allées  &  venues  qu'il  trouua  la 
brebif  perdue  couchée  à  l'ombre  d'wi   arbre 
verdoyant ,  la  mit  fur  Tes  cfpaules  cV  la  ramena 
au  Bercail. Chrcfticnj.,Lc{l  icyvne  belle  figure 
de  ce  que  le  fils  de  Dieu  pratique  enuc  ?• 

cheur*>Ic  vou*  difois  hier  que  l'tuani»clille 

Vi 


6  7  4  Vout  Ufix'ufme  leuciy 

lcanaccomparoitce  Scigiuuràvn  berger  O'J 
pafteur,&  tous  les  hommes  à  vn  troupeau de 
brebis compofé de  pluficurs  ouaiiles,dont  les 
vnes  demeurent  au  bercail, &  les  autres  s'en  cf- 
garent quelquefois:  &  fi  iamais  il  y  eut  brebis 
efgaree  &  errante  parmy  les  deferts  du  pèche', 
ce  fut  (ingulierement  Marie  Magdelaine ,  que 
ce  grâd  &  puiffant  Pafteur  trouue  auiourd'huy 
dans  le  defert  du  monde,  fous  l'ombrage  des 
délices  &  concupifcenccs  charnelles,  &  l'ayant 
trouuee  la  met  fur  les  efpaules  de  fa  grâce,  &  la 
rameine  au  bercail  :  C'eft  ce  que  ie  defire  vous 
reprefenterce  matin.-&  poureeque  c'cftd'vne 
Marre  que  nous  voulons  difeourir  ,  pourçcftc 
caufe  demandons  la  grâce  du  fainâEfprit,  par 
l'intercefsion  d'vnc  autre  Marie, non  pleine  de 
péchez, mais  pleine  de  grâce  ,  ie  dis  la  Vierge 
que  nous  falùerons pour  ce  fujcâ;,difans, 
IAm  Marti. 


Efte  bouche  d'Or  S.  Chryfoftorae  (  (Î 
ie  ne  me  trompe)a  merucilleufement 
bien  di&lors  qu'il  dit  que  là  fain&e 
E'criturc  n'eft  autre  chofe  qu'vn  tableau, qu'vn. 
pourtraict,&  vne  viuc  imagc,duquel  le  peintre 
eftle  S. Efprit ,  les  pinceaux  les  Prophètes  & 
anciens  Patriarches,  &  les  viues  couleurs, la 
celeftecV  diurne  reuelation,  &  fi  iamais  ils'eft 
rencontre7  vne  parfaire  image  &  vn  tableau 
accomply  de  toutes  fes  pièces  &  parties. 

C'cftfingulierementceluy  de  laMagdelaine 
que  ce  grand  peintre  fain&  Luc  nous  propofe 


deCarefnc.  £7} 

auiourd'riuy  deuanc  les  yeux.  Ec  tout  ainlï 
comme  c'ek  le  propre  &:  l'ordinaire  des  pein- 
tre:),voulant  faire  quelque  tableau  ,  de  crayon- 
ner premièrement  auec  le  crayou  l'image  qu'il 
faut  reprclcnter  ,  &  puis  après  y  appliquer  les 
viues  couleurs  :.ain(i  il  fcmbîcquc  lainâ  Lac 
fc  foitferuy  de  mcfme  &  lemblablc  artifice, 
fjuand  il  nous  a  voulu  pourtrairc  cefte  luftoirc 
de  la  Magdelsiae* 

Premièrement  il  s'eft  feruv  de  crayon  ,  &  cri 
après  eft  venu  à  l'application  des  viues  cou- 
l€urt*7d*lifrq*c4éimtr*ti*ci$$UéUf  pteedi  [\ 

donc  le  crayon ,&  charbon  dclignant,£r /. 
mis  fini  cctfitn  érefedesltfk*  C'cit  pour  lesviuei 
couleurs  &  poux  les  demie.  in  ta- 

bleau. 

Iuflemcn:  Jonc  ic  disen  premier  lieu  ,  que 
lecrayonex  charbon  par  lequel  le  pourtraicT, 
ou  pourmieux  dire ,  ce  tjblcau  de  la  Magde- 
lainc  clï  commence  ,  ce  font  ces  paroles  icy 
rapportées  par  fiin&  Luc,  tout  au  commence- 
rnentdcccftc  hiftoirc  d'vne  ame  pecherefle, 
vray  miroir  &  exemple  de  tout  pécheur  péni- 
tent, Tlîalur  tjM.fiLm  tfMVk 

le  fçiy  que  quelques  TOSpe&fl  utide- 

rans  ces  paroles  de  fa  in  et  Chryloftome  ,  qui 
parlant  de  la  temme  ,  difoit  que  ce  n'eft  au: 
chofe  (\\\on^ntiquumSéthdh  <m, l'ancien  » 

inftrument  de  Sathan  ,  on  dict ,  qu'il  fuit  alla- 
fion  à  ce  qu' Ariftotc  di&  parlant  de  l'ame,  que 
c'eftoit,.  rporHir^dnuipjfi  i    *- 

\$tr.  forte  que  tout  ainfi  que  le  corps , 

Ion  la  doctrine  d'Ariftotc,  eftl'orgtne  3». 


é 7  6  Tour* lepxiejtxe  leudy 

ftrument  de î'ame,qui  eft  la  forme  fubftantîel* 
Je:  Ainfi  difent  ceux-là  ,  ainii  qu'il  y  a  appa^ 
rtnec  que  Sainct  Chryfoftome  veut  dire  que 
!•  femme  eft  l'ornanc  ,  &  l'inftrument  de  Sa- 
thanjqu'elleeft  comme  le  corps  ,&  le  diable 
fr  forme  ,  toutesÉois  i'ayme  mieux  dire  que 
Tame&la  force  d,e  la  femme,  c'eft  fon  hon- 
neur:car  tout  ainfi  que  les  Philofophes  difent 
que, forma datifferch,  que \a  forme  dône  Teftre 
àlachofe:  ainli  c'eft  l'honncurqui  donne  Tc- 
7r;)onne:ir  flre  principalement  à  la  femme  :  Et  ainfien- 
tft    l'ame  corequcrameeftantfeparec  du  corps  le  rend 
CrU  for-  informe,  &fans  vie:  ainfi  eft-il  de  la  femme 
me   de  /^  qui  a  perdu  fon  honneur,elle  ne  doit  plus  eftre 
femme       appelle'e  femme  :  mais  pluftoft  infâme  infor- 
me, &  fans  beauté,  ayant    perdu  ce  qui  eftoit 
de  plus  beau  ,  &  de  plus  riche  en  elle ,  de  façon 
que  ce  n'eft  de  mcrucille  ce   que  nous  lifons 
dans  l'hiftoire  Romaine,queccfte  matrone  de 
Romc,ayantforfaict  à  fon  honneur,  &l'ayat 
perdu,fe  voyant  ainfi  deshonnorée ,  ne  voulut 
pas  puis  après  le  furuiure:  car  tout  ainfi  que 
l'amour  fut  caufe  de  la  perte  de  fon  honneur: 
ainfi  l'amour  de  fon  honneur  perdu  fut  caufe 
delà  mort  de  fa  perfonne. 

Pour  prenne  de  mon  dire ,  ie  ne  me  feruiray 
d'autre  exemple  que  de  celuy  qui  nous  eft  pro- 
pofe' par  le  Prophète  Daniel,  où  il  elrditque 
ces  faux  vieillards  n'ayât  peu  faire  perdre Tho- 
neur  de  la  chafte  Suf.mne,  commencèrent  à 
î'aceufer  deuant  les  Mngiftrats  ,  &  elle  fe 
voyant  ainfi  acenfee  par  eux,  voyez  ce  qu'elle 
dit  Ji  enim  hoc  egero  mors  milii  cft}fim  4utem ,  mortetà 
fugcYQjion  poffnm. 


de  Carefme. 

Si  ie  confcnts  ,  difoir-c'lc ,  à  leurs  desh< 
ftesdciîrs,  ie  me  procure  la  m  f- 

rne,  poureeque  c.  contre    lalov 

itrc  part ,  ii  ic  leur  rc( 

s. 
f^jellc  refoh  Iraceftcfcm 

) .  voyc  ch  c  la 

morr  de  Ton  amr&:  d,To.i  ru)  .  1 

la  vie  defoa  hÔQeur&  icfon  I 
de  (on  corps  ,  elle  fc  rcfolut  a  la  demie 
pluftoft  vouluft  mourir  &  s'expofer  àla  mort 
du  corps  ,  que  de  perdre  ton  honneur,  ainli 
qu'elle  fît  bien   apparoiftre ,  en  laquelle  ret 
lutiooellca  efte  lui-iie    par  plufieurs  dan 
Chrétiennes  ,  lcfquellcs  ont  mieux  ayn. 
drclavicqic  jrlcsbomes  de  l'honneur 

&  de  la  bonne  renomme  |  _.        .. 

Pline  le  Naturalise  ,  !iurc  fepticfme 
luftoirc  naturelle,  taict  vne  belle  rem.  ' 

&dict,quc  pour 
eftrcioip 

ncur  ,•  la  nature  po.i  ut  bc 

par  toit ,  ledtt  honneur  d 
commande'  ,  donne  vn  tcfmo 
blc  fur  '.me,  que  1 

riucpar  mal'heur  qu'vnc  femme  vienr  a   clt 
novee,  iai:  m  corps  nereaientq 

delïui  ,  ce  qui  arriucroit    au 
ftoit  le  corps  de  '  mc,  pour  in 

cefte  mere  commune  de  tous  ,appréJ  c; 
ble,aiu  femme?  qu'elles  ne  doiuent  o.icurtc- 
ment  fur  -^res  leur  honneur  perdu  :Cjt 

l'honneur  lingulicr<  i:  ci 


&7  8  four  lefixiefme  Ieudy 

tout  ainfi  que  lame  de  (on    corps  ,  car    tout 
ainfi  que  l'ame  citant  feparee  du  corps  le  corps 
ne  demeure  plus  que  charongne,  parceftepri- 
nation  ,  aufsi  l'honneur  d'vnc    femme  citant 
perdu  ,  elle  ne  demeure  plus  femme,rnais infâ- 
me: Ceft  ny  pl-usny  moins  que  du  fien, pardô- 
nezmoy  s'il  vous plaiftli  i'auance  ces  mots,ie 
ie  ne  les  dis  qu'après  le  Sage  ,  Mulicr fornicamx 
fcutftercora  tn  y  ta  conculcabuuY:  De-  là  cft  qu'an-* 
ciennement  ainft  que  nous  lifons  au  Deutero- 
nome  ,  Dieu  refufoit  les  prefens  &  facrifi- 
ces  qui  luy  eftoient  offerts  &  prefentez  delà 
part  d'vne  femme  des-honorée  ,  &  pourquoy 
cela  ,  quittait  l'Efcriture  ,  ytrumque  abomina* 
b île efl ceram  Domino  ,  Et  le  prefent  &  celle  qui 
l'offre, font  chofes  abominables  deuant  Dieu: 
Mais  quoy  ?  Seigneur  >   fi  elle  vous  offre  de  la 
cire  ne  la  voulez-  vous  pzs  reeeuoir  ?  el !e  pour- 
ra fcruirpourle  luminaire  de  vos  autels:  non 
ic  n'en  veux  point  ;  mais  quoy  !  Seigneur, vous 
auez  pris  pour  deux  mailles  ,   &  vous  n'auez 
niefprifé  vn  fi  petit  prefent,  vousn'auez  rciet- 
té  les  peaux  des  c heures  qui  vous  ont  efté  of- 
fertes pour  la  couucrture  de  voftre  taberna- 
cle, vous  auez  permis  que  le  vaiffeau  où  fc  la- 
uoiét  les  Prcftres  entrant  en  voftre  tempîe,fut 
faicSt  par  Mov  fc,  des  miroirs  des  fcmmes,aprcs 
lefquels  elles  auoient  rart  idolâtre' ,  vous  auefc 
permis  que  Salomon  aye  defrobe'  l'argent  qui 
cftoit  enterré  au    fepulchre  de  Dauid,  pour 
parfaire  voftre  temple,  &  pourquoy  re«fu feriez 
vous  l'or  &  l'argent  >&  les    proftns  que  yqus 
HQuxrpit  offrir  la  femme  mcrctriçç^c/eftpout 


de  C  are  [me. 
autant  que ,  Vatimqut  i  ::- 

tmm  , Et dolà  i'çntcq  >      mon  ; 

quoy  vous  ne  vouliez  au( 
enfacrifice  ,  o  miel  qui  n'efl 

fleurs  que  le  r ,   beau 

fymbolc     des   prclcns   des  femmes   dcabaife 

checs  qui  ne  (ont    L:Cts  i;y  coi. 
des  plailirscharnels  ,  lefqi.  ir  ce    luieô 

Dieu  reictte  ,  5c  c'cll  ,liic  ne  rac  trompe,  p 
vnc  iingulicre  prouidenec  de  Dieu,  lcfuiect 
pour  lequel  les  Cypru  oient  accoutu- 

me de  mettre  dans  le  Temple  de   h    D 
\  -nus,  laquelle  il*  honoroicnt  &  rc  t, 

«les  fuaircs ,    &  des  diaps  de  morts  ,  ix  n 
feulement  cela  ,  mail  er.corcs    ;  u- 

ject  mcfmc   on    donnoit  anciennement  d< 
armoiries   noires  à   Cupidon   ,  &    i  il, 

pour    monitrer    combien    h>rt    fouuent  c 
plailirs    cnarnels   èx   (enfucil 
talor.ne/.  de    mil  ères  :  nuis  ereme 

lt  pour  dire  q.ic 
des  ci   difforme  \  noii ,  Ion 

qu'elles  expoient  leur   In  IX   ,    es: 

ment    l'honneur  èx    la   p 
me  perdue,  cil  vnc  tael  noir  :  car  tout 

ainli    que   le   noir  nV  d'.i.n 

ne  autre  couleur  :  ainli,  ©femme  Jes-ho 
rec  .quand  tu  ferois  plus  f;  > 

plus  humble  que  Daui  ;  IC 

Juditi  (nie  Rachcl,  tout  cela  ne 

fert  dcricrffansla  pi.luice  :  cir 
licuidclafcuirac^c'cd  la  tac'  -il 


6  8  O  Pou  y  le  fixiefme  leu  iy 

la  tacher  de  toute  forte  d'infamie  ,  pource  que 
perdre  l'honneur  ,  c'eft  perdre  tout  :  En  ligne 
dececy,noj>  lifonsen  fainét,  lean  chap.4  que 
noftre  Seigneur  ayant  dit  à  la  Samaritaine  que 
1  homme  qu'elle  auoit    en  fa  maifon  n'edoit 
pas  Ion   mary,  mais  vn  concubinairc  t  Hune 
qw'm  bdbss  non  efl  vir  tuus ,  icellc  alors  s'eferiant 
tout  haut,    di<5t,  qu'elle  auoit  trouue  vn  hom- 
me qui  luy  auoit  reuele'  tout    ce  qu'il  y  auoit 
en  ç[\:,dixit m'tbi omnix ,  que  dites  vous  ,  ô  fem- 
me :  le  tils  de  Dieu    ne  vous  a  taxée  que  d'vn 
feul  vice?0  c'eft  tout  vn^ixitmibi  ommay  pour- 
ce  quetouchintà  mon  honneur  ,  il  atouchéà 
tout  ce  qui  eft:  en  moyrcarla  tache  de  l'hon- 
neur perdu  eft  de  telle  qualité' ,  que  toute  l'eau 
de  là  mer  n'eft  fuffifante  pour  la  pouuoir  lauer: 
en  quoy  fe  trompoit  Pcrimander ,  lequel  con- 
feilloità  la  femme  déshonorée  de  s'aller  lauer 
à  la  mer  ,&  qu'elle  feroit  remife  en  fon  hon- 
neur ,  &  putifice  de  fa  faute  :  non  ,  non  ,  c'eft 
vn  erreur  que  cela  ,  il  n'y  a  que  les  eaux  de  lar- 
mes qui  puiffent  effacer  celte  tache   noire  de 
I'i m pudicite  :  Exemple  de  cecy  en  la  Magde- 
laine,  qu'aptes  auoir  expofe  fon  honneur  n'eut 
autre  recours  pour  eftrc  lauee  de  cefte  tache, 
que  de  s'aller  lauer  d  ms  cefte  mer  de  larmes. 
-yivnaen    ^  \AC]Jlt^m\6  pit5  cxs^u  riga/e  pedes  Itfus  :  Et  ic 
<e  clt  Diett  vf)U£  prjc  Çhrc{}{c,JS y  cn  cef}c  pénitence  de  la 
p^nalee.     j^ agdclainc  de  ietter  vn  peu  î'ceilde  la  con- 
fijer  tion,  fur  ce  qui  eft  de  la  prouidence  de 
Dieu,  qui  reluit  particulièrement  icv  :  fçauoir 
eft,  îue  des  chofes  les  plus  nuifiblesà  l'aine,  ri 
en  tire  ordinairement  des  remèdes  les  plue 


ie  Carefmc.  6ii 

..crains  pour  la  fantc  cVguarifon  d'iccllc: 
y  a-il  rien  de  plus  nuiliblc  à  1  ameque  les  yeux 
qui  donnent  li  Courent  la  mort  à  l'ajnc  ,  Mcrt 
tniYduu 

O  ycux,ii  cil  rraj  i  elles  h  rnerueillcdc 

l'homme,  car  n'v  plus  ny  moins  que  l'homme 
cil  l'epitomc  &  l'abbrege  de  1  vniur:s  , 
les  real  fooi  comme  l'abbrege  de  toutes  les 
pertc&ions  de  l'homme,  &  tout  ainlicncore 
cjue  l 'homme cft  l'image  de  Dieurainii  lc:>yeui 
font limace  de  l'amer  &  encore  qi 
Toit  ,  li  cit-cc    neantenoins  que  ic  dis  que  de 
toutes  les  parties  de  l'homme,  il  n'a  rien  de 
plus  nuiliblc  pour  Ton  ame  que  les  yeux,  pour 
ce  que  c  cil  eux  qii  font  caulede  fâ  pei 
fafortK  'j  cr  pcr^JiMCf'i  /u»f, 

:t  Medce  ,  parlant  de  Jalon  l\  ide, 

itoiuli  ,difoit  S.Bernard, 
QcuU  fant in  Amore  duces ,dil eut  ceuï'li  î  Ortg 
atifsi  difoit  que  les  yeux  >*** 

arrn jy  i:  S.   C  h    .  app 

mmm  dtahsh  telum  ,  àc  de  i 

des  fa  g  et  tes  .  nv  par  des  Jards  que  i  uers 

parens  ont  efte  portez  par  terre  .  m  n  ptr 

nmrjuodifjct f:rkWm  . 
titbtlev:fttyCjr a.I  fufljTukrn  ftuuc:  A da i .  '  rdu 

par  le  regard  de  li  t<  mme  ,  ainl  nous 

que  le  plus  forts  cV  plus  valcureu*  du  flKMnic 
ont  cnc'tcrra(îc7  par  le  fcul  regard  rcra- 

me,qui  cft  plus  ptiiflant  pour  tuer  lame  , 
leregaril  du  Bafiliquc  pour  tur  :  les 

armes  dr  (\j|  nit  flèches ,  &  les  fle- 

chei  ne  font  autres  que  le  regard  des  jeux, 


é'S  2  Pour  le  fixiefme  leuêy 

auec  lequel  il  tue  &  embraie  le  cœur  :  de  telle 
force  que  pour  le  couper  court  vous  recognoif- 
fezà  veuë  d'oeil-,  la  perte  &  la  ruine  qui  arriuc 
fouuentà  l'homme  par  le  regard  des  yeux  ,  & 
qu'il  n'y  a  rien  qui  foit  plus  miferableàl'ame 
que  les  yeux  :  Voyez  à  prefent  ce  qui  eft  de 
cefte  diuineprouidence.  Amli  que  delà  vipè- 
re on  tire  le  venin  &le  contrepoifon,  &  com- 
me vous  voyez  que  les    mouches  cantarides 
font  tres-venimeufes  ,  &  que  neantmoins  de 
leurs  aides  s'en  tire  l'-atidote  fouuerain.-airih*  de 
mefmeiediray  que  les  yeux   font  vraye  chair 
de  vipère  ,  d'iceux  forcent  mille  regards  ,em- 
poilonnez  &  dangereux  :  mais  Dieu  veut  que 
puis  que  d'iceux  part  &  procède  le  poifon, 
quedesmefmes  procède   l'antidote  ,  la  the  - 
riaque,  &  le  fouuerain  remède  propre  pour 
guarir  ce  poifon  :  ô  regards  lafeifs  ,  c'eftlàle 
venin,  mais  ô  larmes  qui  diftillent   de  ces 
yeux  ,  c'eft    là  le  contrepoifon  &  le  remède 
conuenablepour   remédiera  ce  venin  &  à  ce 
poifon: Grande prouidence  de  Dieu,  de  dire 
qu'au  mcfme  temps  que  ces  yeux  ont    fouille' 
noftre  ame  par  leur  regard,  au  mcfme  téps  que 
nousenauons  regret:  ces  mefmes  yeux  pleu- 
rent &  en  demandent  pardon  à  la  diuine  Ma- 
jefte':&  fi  bien  ces  larmes  n'ont  point  de  lan- 
gue pour  parler  ,  neantmoins  elles  ne  làiifenc 
pas  de  parler  à  Dieu  ,  d'obtenir  de  luy  re- 
mifsion  du  pcchéqucles  yeux ,  d'où  elles  pro- 
cèdent ,  ont  faidfc  commettre  :   Et  combien 
qu'icelles  foient  efpanc!,ees  en  terre,  neant- 
moins elles  font  vn   rejallifcment  iufqucs  à 


Je  Carefme.  <  8  j 

£)ieu  ,  cV  luy  demandent  pardon  :  vouUz- 
vout  voircela  par  la  laincte  îilcriture  r  Indttl-       ,  , 

::Amiy[»rnrnfufii  Uchrym*  poflulemu/.  \  ois  Ici  *  °* 

vous  voir  le  rcjallilîement ,  eleoutez  ce  que 
diloit  lob  parlant  à  Dieu  , Vofutjrt  Lu  m 

conspcftuin::Dei  yeux  procède  le  teu  qui  rcdttk 
noltrcame  en  cedre,  Ôc  des  melmes  lorcentlcs 
larmes  propres  pour  éteindre  ce  feu:  dcsvei.c 
fortent  les  regards  dcsl.ôneltcs  q-.  .  uk  ne 

Jioftrc  amc  ,&de%  mcfmes  procèdent  les  lar- 
mes qui  îa  rendent  blanche:  C'eft  ainfi  comme 
vous  voyez, cjuc  d'où  procède  ic  mal,dc-'L 
me  Dieu  tire  le  remède  fbinierain  pour  le  p 
rir  :  c'eft  en  cela  meimeque  conlîltc  la  (atitl 
&ion  de  la  MagdcLinc,en  cc-que         Les  mef- 
mes  chofes  qu'elle  a  efrenec  ,  par   le 
elle  fatisfaicî  a  Dieu    &  li n  r  peni* 

2c  en  elles s*accomj  ces  paroles,  Percns 

rheteus  des  filets  & 

des  p 
amesdes homme  ie   Marie  Mj 

c*,qui  on:  autres  rois  tant  leruy  pour  pei- 
dre  l'ame  de  tant  Je  teanê's  \\  -lont 

les  mcfmes  que  vous  emp 

niroir  de  penirence  ,  po:  >n 

à  Dieu  ,c/cï/'  :  luftemi 

dclainc,tu  te  fersde  tes  clieueux  en  tl  n-        ^    Wf* 

var  fi  nous  lifont;  qu'anciennement  ceux  tJ 

i  luoiènteuite'qi  elqoc natifrsge ou  datsgqp 

efrans  hèoteufemesu  ami  <t 

cucux  &  les  alloicnt  dédier  & 

il  aux  Temples  des  Dieux.  Y  cut-ii  nmaÎB 


6  8  4  Pour  lefixiefme  leudy 

nauire  plus  battu  des  flots  de  la  vanité'  que  toy» 
6  Magdelaine  ?  &  maintenant  que  parla  grâce 
de  Dieu  tu  as  efuité  le  naufrage  de  la  condam- 
nation etcrnellc,tu  prend  tes  cheueux  &  lesvas 
offrir  a  Dieu ,  &  luy  en  efluyc  les  pieds  lauez  8C 
détrempez  de  tes  larmes. 

Et  afin  que  rien  ne  manque  en  cède  péniten- 
ce ,  &  que  tout  Toit  applique  à  la  fatisfactiort 
de  Tes  péchez,  elle  veut  encore  que  les  mefmes 
onguens  &  parfums,  defquels elle s'eftoit  fer- 
me pour  fe  perdre  &  pour  ofFencer  E)ieu,  les 
mefmes  foient  encore  employez ,  pour  luy  fa- 
tisfaire,6r  vnguento  vnxit. 

O  bouche  de  laquelle  procède  tant  de  bai- 
fers  falles  &  impudiques,  tant  de  parolcsdes- 
honneites ,  ô  bouche  de  la  Magdelaine ,  de  la- 
quelle ont  procède  tant  de  traiftres  baifers  ,  tu 
e's  maintenant  employée  en  fa  pénitence  à  bai- 
fer  non  d' vn  baifer  traiftre,  mais  dVn  fain£t  & 
falutairc  baifer,  les  pieds  du  fils  de  Dieu.  Ex 
tyw  intruuit  non  ccffdttit  ofcuUripedes  meos. 

OMoyfcli  tu  auois  veu  cela  vrayementtu 
euffes  dit  qu'il  n'yauoit  au  monde  femme,  ny 
creature(apres la  Vicr£c)plus  noble  que  Ma- 
rie Magdelaine,  d'auoir  cite'  l\  heureufe  &  d'à- 
uoir  tant  eu  de  crédit  &  de  faucurquede  pou- 
tioir  baifer  les  pieds  du  fils  de  Dieu  ,  qui  s'eft 
"Qeuttr.  ]ai(fc'  agprocher  de  luy,  puis  q>\c  tu  difois,  que 
'N.ulldnatio  tem  °rj.nâis  quœ  babe^t  Deos  sppiïpin- 
quamesfibi. 

O  Magdelaine  iuftement  tu  baife  les  pieds 
de  ton  Sauucur  ,  lefqueh  auoient  tant  eu  d« 
pcine>&  auoiéttantuauaillé  &  marché  pour 


de  Carcfine.  £  8  > 

te  chercher  en  tout  ce  grand  efpace  de  3 }.  ans 
de  fa  vie:  par  ces  trois  chofes  que  la  Magde- 
laine  a  fai&es  elle  a  accomply  vnc  vra>c  & 
parfaire  pénitence  Cv  fitisfaâioa  de  Tes  pé- 
chez .-pour  1j  fctisfaâîoo  cV  expiation  du  pè- 
che ,  font  requifes  la  contrition  d'icckiy  ,  l'au- 
mofne  ou  l'orlrande  ,  c\  la  prière,  voyez  cecy 
en  la  pénitence  de  la  Iclaine,  1- 

jwj  jrt  pales  le  fus,  ccft  pour  la  contrition 

CafitilisfHi  c'eit  pour  l'an Piofne,  cr  vw- 

puentoynxit ,    c'cfl  pour  la  prière  &  loraiion, 
comme  ainli  d'il  n'y  aycriencjui  repre- 

te  mieux  la  prière  que  le  parfum,  l'onguent 
&  l'encens  cjui  le  ront  refleurir  'de  loin  >  ainli 
<]ur  difent  S.Arnbroife  &  S.Cyrille. 

I  myftere  queie  voyen  cecy,  la  pénitence i-  v 

de  cette  Maedclain  v.  l'abon- 

1    r    1  en  r    1     c- 

dancede  les  larmes  11  tltrangc  ,  que  non  lculc-    L 

ment  elles  eftoi.  .    pour  lauer  les 

pieds  de  noltrc    Seigneur  qui  iamais  n'auoiéc 
peueftre  feulement  moiiii  les  eaux  de 

la  mer,  &  ncantmoins  1  Euangcliltc  uc 

ces  larmes  ne  (ont  encore  qu\  c- 

cement  de  fa  pénitence, c  idebrymisfux 
trt  prêtes  le  fus. 
(  )  Prouencc,nobîe  prouince  de  noflrc  Fran- 
ce,tu  peux  bien  dire  des  nouucllcs  de  cecy  ,  car 
véritablement  tu  pourris  tefmoigner  que  les 
larmes  que  celle  (air.de  Magdclame  ef  pane 

•mon  le  Lépreux, lors  qu'elle  tn  laua  les 
pieds  de  noltre  Seigneur  ,  n'eftoient  à  dire 
vra'  m   bien    petit  commencement  c 

comparaifon  de  celles  qu'cUta  ebancbctl  du 


*6%6      Tour lefixiefme  Icudf  de Carefmel 
depuis  en  fa  fain&e  &  facree  grotte  ,  durant  fa 
longue  &  tant  pénible  pénitence,  EtUckrymit 
fétscœpiti&cA)  miracle,  ô  merueiiie  grande, 
ôl  s'tfcrie  fur  ce  fuieâ:  fainâ:  Chryfologue, 
iufques  à  cefte  heure  le  Ciel  a  ârrofe  la  terre,& 
maintenant  la  terre  arrofe  le  Ciel  :  ô  Magde-» 
laine ,  qu'e's-  tu  (î  non  terre  &  cendre  ,  &  vous, 
ôrnon  Seigneur  qu'elles- vous  iïnon  vn  Ciel, 
Tïimus  bomo  de  terra  terrenut  Çecundm  homo  de  cœl& 
cœlefits:  Et  la  Magdelaine  arrofant  de  fes  lar- 
mes les  pieds  de  noftre  Seigneur,  qu'eft-  ce  au- 
tre chofe  finon  dire  que  la  terre  arrofe  le  Ciel, 
&  en  faueur  de  ceft  arrofevnec  elle  m?rite  d'en- 
tendre cefte  voix  du  Fils  de  Dieu  ,  Fgmittuntur 
eipeccau  multa ,  quonum dde^it multum.  C'cft  là 
la  confolation  que  doit  efperer  tout  pécheur* 
lequel  doit  retourner  à  Dieu  après  fon  peché, 
pourd'iceluy>  à  l'exemple  de  la  Magdelaine, 
en  obtenir  pardon  &  reniifsion  en  cefte  vie, 
auec  efperance&  affeurance  de  ioîîir  vn  iour 
delà  vie  éternelle  :  où  nousconduife  le  Père, 
le  Fils,  &  le  faind  Efprit.  Ainfi  foit-iU 


c%~i 


SERMON    POVR 
fixicfmcVcndrcdy 
dcCarefmc. 

CoUe*crunt  Conf 

't. 


LE 


lOA! 

«fî  E  iotird'huy  en  HieruGlem  eft  tenu 
^r  &  aflemblc  ?n  Concile  a  l'cncontrc 
S&ir^*  au  Fils  de  Dicj.ou  le  S.  Iv.  prit ,  quoy 
qu'il  n'y  foie  appelle  ,  tient  neanemoins  l'équi- 
libre &  la  balance  de  la  (encence  qui  s'y  t 
nonce  par  la  bouche  du  Pontife  Cavphe  ,c'cll 
à  fçauoir  ,qu'ilefl  expédient  que  l'homme  ij- 
fte  mcure,pourIes  péchez  &  le$ crimes  dcl'in- 
iuftc,chofequi  auoit  efté  rcfoluecV:  dccrettcc 
de  toute  ctcmite'au  faindcV  facrccofcil  delà 
diuinite  :  C'eft  icvlefubicft  de  ce  prefent  Ser- 
rnô,&  doc  puis  qu'il e(t  ainlî  quelc  S.Efprit  a£« 
fifta  particulièrement  à  ce  Côcilc  des  luifs  Tant 
y  eftrc  appelle  ,  la  raifon  veut  que.  nous  nous 
tenions  affcurei  que  C\  tant  eft  que  nous  im- 
plorions cefte  iienne  afsiftancccn  ce  ptefent 


£  8  8  Pour  le  6 .  Ve  ndredy 

difcours,il  nous  l'o&royei  a,&  ce  d'aurant  plus 
fauorablemcnt  que  nous  l'en  requérons  foubs 
le  crédit  entremis  de  la  Vierge,  laquelle  pour 
cefte  caufe  nous  faluerons ,  difant,  Am  Maria. 

^33*  v  i  s  que  d'vnc  mefme  lumière  deux 
r  yeuxdiuerfement  difpolez  reçoiuét 
mers  effucTts  &*  qualité*,  de  telle 
irte  queceluy-là  qui  aura  les  yeux 
fains  Ôc  bien  difpofcz  receura  fort  bien  Tallc- 
grc(Tc&  laioyedela  lumière  ,celuy  qui  aura 
desyeux  malades,  ne  pourra  fupporter  cefte 
mefme  lumière  qu'auec  vn   retTentiment  de 
douleur  grand  &  extre'mc,  voire.mefmeà  rai- 
fon  de    cefte   lumière,  courra  rifque  &  for- 
tune  d'eftre   aueugle  ,  &  de   perdre  la  veuë: 
ainfi  voyons  que  l'Aigle  fortifie  la  veuë  en  re- 
gardant le  Soleil  &  la  lumière,  de  mefme  ef- 
blouit  &  aueugle  les  chats-  huans  :  Nauez  vous 
pasiamais  veu  qu'vne  mefme  viande  prife  en 
diuers  corps  fe  change  &  fe  conuertit  en  di- 
uciTcs  fubftances  du  tout  contraires  ,  voire 
mefme  eftant  récent  en  vn  mefme  corps  fe 
change  en  diuerfeschofes  :car  eftant  enuoyee 
aux  os  fe  change  en  os  fermes  &  folides ,  à  la 
chair  fe  change  en-chair,  le  fangen  fang:la 
mefme  viande  encore  prinfe  diuerfement  par 
diuers  corps,  aux  vns  fe  change  en  bonne  fub- 
ftanec  ,  aux  autres  fe  change  en  venin  cV  poi- 
fon, ainfi  que  U  mefme  viande  qui  cft  mangée 
par  la  perdrix, &  par  la  vipère  ,  ccllr  cv  change1 
cefte  viande  en  venin,  &  celle-là  en  bonne  & 
délicate  viande:  ainfi  d>ne  mefme  fleur  l'a- 
beille 


de  Caref  6$  $ 

bcilleencompofc  Ton  miel  fuaue,  &  la  mrfi 
me  douceur  ,  &;  1  airaigne  BTn  venin  &  poi- 
fon  •'  Ainti  vn  mclmc  médicament  pris  par 
deux  diuers  malades ,  j  lvn  il  caufera  la  we, 
&:   a   l'a.  tre  la  moit  iQui  trouu  ;c 

cede  diucriitc  d'efhfts  a  vnc  mefene    c 
produit^  p^r  la  diuerlucdcs  di  (petit  ions.    Bel 
cxcir.pîj  dece  que  iedis  en  noftre  Euangile; 
la  (ukitation  du  Lazare    fert  de  lumière  pour 
cfclâirerlet  y.ux    des  plus  limples,à  ce  qu'ils 

vent  le  ci. emin  de  leur  falut  :    L  mef- 

mc  fulcit.uion  fert  de  ténèbres  pouroftulqucr 
les  yeux  des  Scribes  &  Phariliens ,  lctqucls  ne 
peurent  fupporter  fans  rage  ny  enuie  l'excel- 
lence d'vn  tel  miracle,  non  pas  que  la  caule 
de  cefîc  dinerfité  d'effets  puifle  elrre  rejette* 
fur  celte  fufciution,  mail  pluftolt  fur  la  diuer- 
dc  la  difpoluion  des  yeux  qui  rccoiuenc 
vn  li  bel  obie<5t. 

on  la  pLs  mefehante  &  mau* 
uaife  qui  fait  q  :<.  troc   viai  de  fc  conuc 

en  venin  &:  poifon  ,  l'*  Il    in.gulicremci 
l'cnuic  .  m  de  laquelle  les  Scribes  &  les  f';" 

Princes     des    Prcitrcs     l '.  llemblcnt    auiour 
d'huy,  &:  tiennent  vn  Concile  contre  de  SF** 

noftre  Seigneur,  autlicur  de  ce  miracle  ,  ( 
Cayphc  prononce  la  fentenec  difant ,  qu'il  e(t 
expédient  qn'vn  homme  meure  |  (Mit  le 

peuple ,  Exfcilu  vbts  yt  mus  fa 
poptil .Par  lesquelles  paroles  le  vov  eltreac- 
comply  ce  que  nouslifons  jii  liurc    I    -I 
oùilcltdifr  ,  que  le  fort  &  valeureux  s.mto:i 
trouuavn  iourvn  Lyon  mort  couche  &  rcuw 

Xx 


é po  Vouy lefixiefme  Vendredy 

ucrié  par  terre,  dedans  la  gueule  duquel  il 
trouua  vue  ruche  de  miel:  Ce  que  voyant  il 
diâ  &  prononça  ceft  cmblcfme  ,  De  corne- 
dente  exiuit  cibus  ,  &  de  fora  egrjja  eft  dulcedo: 
Au  si  m'cft-il  aduis  que  le  metmeeft  icy  ar- 
riue  auec  vne  plus  grande  merueille  ,  feauoir 
eft  que  la  bouche  de  ce  cruel  Lyon  Cay- 
phe  ,  Toit  par  la  vertu  diuine  fortie  vne  ru- 
che de  miel  ,  ie  dis  ces  paroles  autant  dou- 
ces que  falutaircs  pour  tout  le  genre  hu- 
main. Expediet  yobiïyt ynus  bomo moriatur propo- 
fulo. 

O  merueille  grande  de  Dieu  fouucrain  & 
éternel,  quelle  fentence  fuft  îamais  donnée 
,  au  monde  de  plus  iufte  ,  &  de  plus  iniufle, 
sentence  e  ^u$  mifericordieufe,  &  plus  cruelle,  plus  ve- 
C*yphe3w-  rjtable  &  pks  £aulfc  .  iuftC)  rnifencoi-aîcufe 
jtexS  wm-  ^  véritable,  entant  qu'elle  prouient  &  proce- 
J*~  de  du  confiftoire  éternel  de  la  Trinité':  mais 

iniufte,cruelle  &  faulfe  ,  entant  qu'elle  part 
de  la  bouche  de  Cayphe ,  iufte  procédant  de  la 
bouche  du  iufte,  iniufte  procédant  de  la  bou- 
che de  l'iniufte,  pour  faire  voir  comme  cefte 
fentence  eft  iufte  &  iniufte  ,  &  première- 
ment comme  elle  eft  iniufte  ,  il  ne  faut  que 
ietter  l'oeil  fuM'obicâ:  d'iccllc  ,  l'iniquité' de 
cefte  fentence  conflfte  en  ce  que  le  fils  de 
Dieu  eft  par  icelle  condamne'  cruellement  à  la 
mort. 

O  Efcriture  qire  tu  es  mifTcrieufe  ,  ie  voy 
au  trauers  de  cefte  iniquité  ie  ne  fçay  quel- 
le chofe  qui  me  fai£t  iuger  qu'en  cecy  Dieu 
gouucrne  la  bouche  de  ceft  impie  Cayphe, 


dtCjYif;.?.  £Ç\ 

&luyfai&  parler  conerc  (on  dcfïcin  de  Indi- 
gnité d'iccluy  ,  qui  n'eii  autre  chofe  que 
Dieu  me!;  contez  la  cjulc  de  cefte  fen- 

m$  muhdfi'itdfà 
ut.  Voyez  la  teneur  de  la  ientenec  prononcée 
pa    (  .'fnht  y»t>rf  ytmuultom*  mmuh 

tur fïe  fofnU  ne  u>w  °ens perçut  :  Par  ces  paroles 
iniptrti  i  ex  mîtes  en  la  bouche  de  Cayphc  par 
le  S  .  nous  cil  diuinement  bien  re- 

prefemée  la  perfoune  de  '  -Cbrifl  ,  I  .- 
fi  dit  yi  .>.   ii  cil  necefTaire  qu'vn  hum- 

ilier &  rare  S  N'cll-il  pas  tray 
que  l'homme  cil  crée  a  l'image  de  DictltOlIT, 
mais  par  le  pèche  il  s'cll  rendu  fcmblablc  à  la 
bcfïc,&  belle  mcfmc  ,  HtmêCnm  mb*n$n  effets 
non  wtttlexitci  Uw  tjl  mmiBtis ,  <s  fimiUsfd» 

fhuifii 

Mais  entre  tous  1rs  hommes  il  n'y  en  a  pas 
vn  ,  q-ii  n'ait  contracte  le  pèche  des  fa  con-  Belle  d 
ception  ,  cV  cju  jl  fie  foie  oblige  au  pccl  i  ,  H  ;;f« 
nyaeu  que  le    fcul  Fili  de  Dieu    qui  (cul 
ci.trc  tous  aefle  homme  vnique  conecu  (ans 
pèche   ,  *v  Uns  obligation  de  le  contracter. 
Aofii   pour  ce  fubiect  Dauid  difoit  ,  Non  eft 
qui  fdCÎdt  bvium ,  non  fft  rfjitc  éà  VMHH  ,  Com- 
me s'il  diloir,  il  n'y  a  eu  pcr(o:H<c  au  monde 
qui  n'ait  cflc   en  l'obligation  dupe  <- 

cepte  le  fcul  hit  de  Dicu.êV:  a  II  tore 

iullcmcnt    Cayphe    did    ,    1 

>*   ,    Belle    explication  de   la  pcrlonnc" 
ce   Seigneur  ,  lequel  vcritablemcn:  cil  vni- 
que en  pc.  ,  &  le  plurier en  nature: mais 
toutcston  il  ne  laide  d'cflrc    appelle  ftuicV: 


é 9 t  Tour  le  6 .  Venixeiy 

finpulier  homme  ,  ou   bien  difons  que  le 
Seigneur  eft  appelle  yVmts  bomo>  pou  rec  qu'il 
eft  tellement  vnique  qu'il  a  vny  tous  les  hom- 
mes à  foy,  comme  les  membtes  au  chef:  Ou 
bien ,  Vnus  botno  ,  pource  que  là  où  tous  les 
hommes  s'eftans  diuifez  de  Dieu  par  l'ini- 
quité', luy  feuliamais  n'en  a  efte'  diuifé,ains 
a  toufiours  efle'  vnique  en  nature  auec  fon 
Père  ,  Ego  in  pâtre  &  pater  in  me  eft  :  Et  eft  par 
'     confequent  tellement  vn,que  fon  defir  n'eft 
autre  finonde  nous  vnir  tous  auec  fon  Perer 
Aufsi  pour  ce  fuieéfc  en  l'oraifon  qu'il  fit  à 
fon   Père  eftant   fur  le  poinét  de  monter  au 
Ciel ,  ildifoit ,  fygo  pater  yt  ynum  fint fient  tu  & 
ego  ynum  fumus  .*  Et  aufsi  qui  ne  voit  que  le 
fainéfcEfpritatcnula  langue  div  Pontife  Cay- 
Eettter  n.  phe, quand  il  dit  ces  paroles  de  ce  Seigneur, 
Expedit  y  obis  yt  y  nus  bomo  moriatur  pro  populo  ne 
tota  °ens  fereat. 

EtVeft  ainfi  que  i'explique  le  partage  du 
Deuteronome ,  Jludit  ifrael  Dominas  Deus  tuus 
ynuscft:  Efcoute  lfraël  le  Seigneur  ton  Dieu 
eft  vn.  Ainfi  que  fi  l'Efcriturc  vouloit  dire, 
que  fi  l'vnite'  eft  propre  &  particulière  à  Dieu 
priuatiuement  à  toute  autre  créature  ,  ainfi 
l'Apoftre  S.  Paul  difoit  parlant  de  ce  mef- 
me  Seigneur  en  la  première  à  Timotee  cha- 
pitre deuxiefme  ,  Vnus  mediator  Dei  &  bominum 
Cbriftus  eft,  Parquoy  vous  voyez  mainte-» 
nant  que  iamais  il  n'a  efte'  prononcé  fen- 
tence  plus  iufte  que  celle-  cy  ,  fi  tant  eft 
que  nous  ayons  efgard  au  lieu  d'où  elle  procè- 
de. 


de  Carefme.  tf  o  3 

M'ait  iarmis  d'autre  cofte  il  ne  s'eft  veu 
vue  plus  iniufte  fentenec  fi  nous  auonsefga-  1 
à  la  personne  qui  la  prononce,  I  'm 

ytvnuibomo  nurutur  ffê  ffulot  ne  totJ  *< 
rcai:  O  quelle  cruauté  de  condamner  a  mort 
ccluyqui  donne  la  vie  a  tous,  de  conJ.: 
l'innocent  pour  IpaUle,  &  Gngulicre- 

ment  le  condamner  pour  auoir  rcii 
Lazare! 

Mais  puis  que  i'ay  dit  cy  dcuaoi  quclcfainâ 
Efprit   a  faiét  prononcer  celte  fcntcncc   par 
Cayplic  en  plein  Concile  ,  &  en  vnc  aflemb: 
générale,  il  faut  que  ie  vous  race  icy  vn  petit 
difeours  contre  nos  Reformez:  a  fçauoir  li  les  r 
Conciles  généraux  peuuent  errer  ;  car    puis  '• 
que  c'eftoit  icy  vn  Côc île  gênerai  où  les  mem-  *f;» 
bres  cftoient  afiemblcz  aucc  le  chef,  ic  leur 
demande,  que  s'il  elt  ainfi  que  le  I  te 

y  aprefide , comment  il  fe  pourroit  taire  que 
le  mefmc  aisiltant  aux  Conciles  généraux 
iceux  peuuent  errera  >r,/J— 

Premièrement     donc    il  e!t    tres-cerrain  if   liu  $ 
voire  trcs-vcritable  ,  que   Dieu  donne  \  rt>ntne- 

ailliblc  afsiltancc  aux  Conciles  généraux, ctûd$rt 
afin  qu'ils  ne  peuuent  errer  en  ce  qui  cli  de  la  A  y 

Foy  :  aufsi  de  faia   l'éternelle  Sapiciue  v  •»<,.',, 
pourueu   des  Ion  lie  cito:t   au    monde 

Caren  fainci  [eau  *   I  > 

pics  afT-urcz   de  ccite  particulière  afsiirai: 
du    (â\  "prit,    leur  d  '  pirtiut  rjnem. 

tnittft  fut,-  m  nu  H  omnffn 

yfrïutim     1;:  ce  mcfmc  ueur  parlant 

fainct  Pierre  ,  luy  difoic,  I^m  pr~tc  . 

X  x  iij 


66 4  V ourle fixiefme  Vendre  iy 

vnnon deficidrjides  tud\  A quoy  adîbuftez  encore 
cefte  autre  promcil'cdu  fils  de  Dieu,  Vbï  duo- 
yrt  très  co?igrcgdtifucrmt  in  nomme  meo  in  meàio  ilo- 
hrumfum  ,  Eu  quelque  lieu  ou  endroid  delà 
terre  que  deux  ou  trois  feront  aflcmblez  en 
mon  nom  ,  ieferay  au  milieu  d'eux.  Au  pre- 
mier Concile  tenu  &  affcmble  par  iceux  après 
TAfccnfion  denoftre  Sauueurèc  Rédempteur 
Icfus  Chrift ,  là  vous  trouuerez  que  S.  Pierre 
ne  prononce  la  fentence  qu'auec  ces  paroles, 
Sic  vtptmeftSpiritttfknty-)i&  nobis. 

Orcftil-quc  les  Philofophes  difent  que  ce 
qui  eft  premier  en  vn  genre  eft  la  rcigle  &  la 
mefuredes  autres.  Vrimttm  in  y nequoque  génère 
ejl  regu  ld  &  menfurd  cœtereruw , 
Premier  Le  premier  Concile  de  l'Eglife  eft  ecluy 
Cenctk.  qUi  fut  affemble'  par  les  Apoftres  en  Hieru- 
falem,  auquel  le  Décret  eftant  preft  de  pro- 
noncer ,  Sainéfc  Pierre  comme  chef  de  ce 
Concile  diâ:  premièrement  ces  paroles  ,  Sic 
yifum  eft  spiriiu  fdn&o,  &  nobis  ,  Pour  mon- 
trer que  ce  qui  eft  vrayement  decrette  &  re- 
folu  en  vne  telle  afTcmblc'e  ne  procède  pas 
delà  part  des  nommes  :  mais  bien  de  la  part  du 
S.  Efpfit,  Puis  donc  que  ce  premier  Côcile  eft 
le  modèle  de  tous  les  autres  qui  fe  font  en  TE- 
glife Chrefticnne  ,  &"  qu'en  ce  premier  le 
Sainfr.  Efprit  à  prefide'  ,  il  eft  necclTaire  qu'il 
prefide  par  confequent  aux  autres  eftant  légi- 
timement aflemblcz,  &  face  refulterdes  Dé- 
crets &  fentences  infaillibles  &  afleurces ,  fm- 
gulierement  pour  les  chofes  qui  regardent  & 
concernent  la  foy.  En  outre  TEglife  eft  vifi- 


de  Carcfme.  £  ?  $ 

bîc,&  pour  cette  caufe  faut  qu'en  iccllc  il  y 
ait  vue  rciglc  vilible  ,  de  forte  que  corne  en  vn 
Royaume  outre  les  loix  il  y  a  des  Sénateurs  ou 
Migiltrats  qui  font  comme  voix  viics  ,  ainù 
en  ce  corps  de  l  Egllfc  il  cit  ncccflairc  q  l'on- 
tre  le  S.  Efprit  il  y  ait  des  voix  p  triantes,  com- 
me foot  les  Prclars  &les  Po  rft 
que  tout  ce  qui  cft  ordonne  en  c;  ibl  .s 
publiques  &gcnerallcs  ,  touchant  la  foj  ,  ctk 
tenu  pour  tresverit  affeuré,  qui  jefl  ou- 
fequcS.  Paul  dit  ,  que  FEglifeeft,  Cokm 
CJ'JUmdmcnrum  yftUdtis.  Car  tout  aïnfi  qu'an* 
Cicnnement  pour  dénoncer  vne  guerre  im- 
mortelle, 0:1  nettoie  vue  cfpce  fur  vue  co- 
lomnc,  d'autant  quclacolomne  cftoit  fym» 
bolc  d'eternite,  aiuli  faincl  Paul  met  ce  frm- 
blc  h  vérité  fur  la  colomnc,  &  dit  que  1  IZç; •  i  — 
fc  cft  ceue  colomnc  de  vérité  ,  pour  rep: 
ter  que  L  vente  demeurera  éternellement  en 
l'Eglifc  ,  puis  donc  qu'il  elt  ainfl  que  l*Egltfc 
n'eik  autre  que  î'aflemblec  dc*Prclt  es 
Pontifes.-  .  clic  cil  ippclleeptrf  ApoCVre 
colomnc  ,  &  firmament  de  vc rite,  il  eu  necef- 
fairc  pour  cllrc  telle  qu'elle  foit  afiiltcc  du 
Sainct  Elprit. 

ioncle  itafsiii  -.aircment 

Conciles  généraux  qui  les  cmpcfche  d'errer, 
qui  cil  hca-.ifeqic  leCoftCÎlc  d<  '& 

prononce  ccflc  fentence  pU  blalphe- 

mes  a  l'cncontrc  du  fils  de  DÎC 
m  rtif?Votcyla(blatioa  quel  me  prin- 

cipalement à  nos  hérétiques  qui  fc  ferueur  de 
cecy     pour    impugnCf    celle     pirticuhcr^ 

Xx  liij 


6  9  6  Pour  le  fixiefme  Vendre ly 

ûfsiftancc  du  S.  Efpàt  en  nos  Conciles.  Quel* 
ques vns  difent  que  le  S.Efprit  n'eftoit  promis 
a  l'ancienne  Synagogue  ,  ains  feulement  à 
YEghfe  Chrcftienne  ,  &  que  ce  n'ettoit  au 
grand  Preftre ,  ains  feulement  à  Paint  Pierre, 
auquel  le  fils  de  Dieu  auoit  di£fc  ,  fygam  pro  te 
fctrcy  &c.  Toutefois  ceh  cft  faux  à  mon  ingé- 
nient: Car  les  mefmes  raifonsqui  montrent 
que  l'infaillibilité  fetroune  en  l'E^life  Chre- 
itienne,les  mefmes  la  monftrent  auoir  efté 
en  la  Synagog  îe.  Car  ppnr  exemple  ,  ainii 
qu'en  TE^life  Chreftienne  il  y  a  vnc  reigle  vi- 
fiole  qui  monftre  cefte  infaillibilité  ,  ainfi  y 
en  auoit  il  vue  en  la  Synagogue. 

Les  autres  difent  que  l  afsiltance  du  fainct 
Efprit  ne  fe  trouue  fmon  es  chofes,  Vbi  agi- 
turddiuYe&nondzfaBo.  D'autres  difent  que  le 
Concile  des  luifs  à  erre'  ,  pource  que  noltre 
Seigneur  cftoit  prefent  au  monde,  &  que  par 
ainïi  n'y  pouuoit  y  auoir  de  l'infaillibilité, 
d'autant  qu'icelle  n'auoit  efté  promife  que 
lors  qu'il  feroit  abfent.  Mais  la  principale  rai- 
fon  pour  laquelle  ce  Concile  a  erre,  &  qu'il 
n'a  peu  eflre  infaillible,  eft  pour  autant  qu'il 
n'eftoit  légitimement  affemble';  ains  tumul- 
tuairement ,  &  aucc  erreur,  pource  qu'il  auoit 
efte'  aflcmbléfans  l'authorite'  du  chef  vifible^ 
qui  efl:  Iefus- Chrift ,  voire  mcfmc  il  auoit  efte' 
tenu  contre  luy. 
'Belle  re-  Dauantagc  pour  eftre  légitime  principa- 
mjrqtte.  lement  entre  les  luifs ,  il  falloit  qu'en  iceluy  il 
y  euft  eu  qwclqu'vn  ordonné  des  Septante  & 


ie  Car e [me,  69  n 

deux  Scnieurs,  ou  quelques  vns  d  icetix  qui 
aiuiilc^icimoient  les  Conciles  qui  àcaufe  de 
leur prcfencccltoit  par  les  luirs  appelle  Con- 
cile de  ^annedrin  :  mais  remarquent  ces  do- 
ft.urs  pour  cftre  ceux  de  ce  Concile  icv ,  lé- 
gitimes confcillcn  ,  il  f-dloit  qu'ils  cufTent  cite 
cftablis  tels  par  trois  autres  Confeillcri  du 
Concile  Sanhédrin  ,  qui  cftoit  compolc'  de 
ces  72.  Senteurs  ,  ainfi  qu'ordinairement  on 
roit  qu'vn  Eucfquc  pour  clhe  tel  doit  auoir 
efte  confacre'  par  trois  autres  Eucfques. 

parle  coin nvindement  d'Herodes  Anti- 
pas  qui  viuoit  au  temps  que  noflrc  Seigneur 
vint  au  monde,  les  72.  Scnicurs  furent  par. 
commandement  mis  à  mort  fans  qu'il  en  re- 
ftait  aucun  ,&  ainfi  ne  pouuoicnt  Ici  Conl  .il- 
len  de  ce  Concile  auoir  efte  ordonnez  par  a.i~ 
cuns  des  C  rafeiUcri  du  Concile  Sanhédrin,  Se 
par  confequent  ciîc  ne  pouuoit    cflrc 

kgtttOI  ,)lc,ai  eleurloy 

dinaire.  Finalement  il  DC  petit  clhe  légitime, 
attendu  qu'il   n'eftoit   ificmbl  •  l'au- 

tlioritccV  com  nan  letne  1:        P  .  \:a 

moins  pour   monftrcr  le  rcfpect   que  noil 

-jr  porte  au  Concilcoùle  V 
glife  il  ifte,veut,quov  qu'ille^  S. 

Efprit  y  prelide  eV  vafsiite  ,  &  y  fait  pronon- 
cer la  fentence  a  îi  ciUc/  rapporte  'ainft 
Je.v                     vobis  vr  >»;«r  bon»  ru  ffêff* 
pnU,nr  H!.i  *en<  prredt:  &.  ainfi  pou u on  s  ne 
rcL                 !he  arnuc  en  ce  i 

lit  au  No  i      là 

UeAdiâquc  /c  enuovc  pour 


6ç  8  P  ouy  lepx'tcfme  Vendre iy 

fulminer  fa  maledi&ion  contre  le  peuple  ds 
Dieu  ,  le  facrifice  estant  fai£fc ,  il  ne  commen- 
ça lï coft  d'ouurir  la  bouche,  qu'au  lieu  de  pro- 
Sentence    tererdes  maleii&ions,  il  profera  des  benedi- 
de  Caypbe&[ons  :  2lU^1  de  mefme  eu  ce  Concile,  Cay- 
tres^iufte.  Pne penfant proférer  vne  Sentence  tresinufte  le 
S.  Eipritluyen  fait  proférer  vrne  qui  eft  U  plus 
iufte  q  \ï  fç  p  rilfe  trouucr  ,  Expcdit  yibis  yt  ynut 
bomji&c.  Voyez  comme  le  S.  Efprit  a  régie  ia 
langue  de  ce  Pontife, il  luy  fait  p-ononcer  ce 
qui  ie  toute  éternité  auoit  efté  refolu  au  fecrec 
&facréconfeil  de  ladiuinité. 

Oeil  ce  qu'a  remarque' S.  Pierre  en  fa  Ca- 
nonique ,  où  il  dit ,  que  les  fuifs  n'ont  rien  fait 
que  ce  qui  auoit  efté  ordonné  de  Dieu  ,co?iue- 
nerunt  aduerfa  lefum  Hcrodes  <&  VtUtus  cumgenti- 
bus ,  ($  fecenmt  quœ  mmus  tua  &  coftïium  tuum  dé- 
créter tint  fier  i,  O  grade  Théologie  de  cet  Apo- 
ftre  ,à  bon  droid  S.  Dcnys  Tappelloit  le  Co- 
riphee  des  Théologiens ,  ils  out  fait ,  dit- il ,  à 
Tencontre  de  voftre  fils,  ce  que  de  toute  éter- 
nité vous  auiez  décrété  eftre  faicl:  ,bien  eft- il 
vray  que  l'action  eft  vn  péché  tics-grand, mais 
la  pafsion  d'iccluy  vous  eft  tres-agrcable ,  aBio 
difplicuit , pafsiogratafuit,  difoit  celuy-là:  Voyez 
cecy,  &  voyez  ce  qui  eft  de  Dieu,  &du  Con- 
feil  des  Iuifs ,  tï  cogitauerunt  ex  die  UU  tnterficere 
tum:  Voila  l'action. 

Chofe  mauuaife ,  refolu c  au  Confcil  des 
Iuifs:  mais  il  eft  queftion  quclefaincl:  Esprit 
parle  par  la  bouche  de  Cayphe  ,  il  dit ,  Expedit 
vobis  yt  ynus  bomo  morUtur  prs  populo.  Voila  la 
pafsion  agréable  à  Dieu ,  il  ne  di&  pas ,  exfedit 


Je  Carrfrte.  &  9  9 

HohtSymzh  yobti ,  pource  que  malheureux  de- 
uoicut  cftrc  ccux-)i  qui  le  feroient    mourir, 
mais  bien  il  cil  neceflaire  qu  il  meure , 
c'eft  a  dire  pour  tous  les  hommes,  expedit  vob:s 
yt  mcrtdtuf. 

D.eu  a  bien  permis  que  Ton  fils  mourufl 
pour  le  falut  de  tous  ,  il  a  bien  décrété  a  I 
Mais  il  n'a  p.is  décrète  que  les  Iuirs  le  fifTeiic 
mourir  .-mais  voyez  encore  comme  le  V  1    - 
prit  a  dirige  la  langue  de  Cayphc ,  il  ne  du  p.! 
necejfe  efl  yt  ynus  homo  morU:ur  pro  populo:  mais 
fe  ilement  il  dit ,  fxfed$tti\  cil  expédient  pour-  *^",ï*p» 
cedict  S.  Anguftin  que  ,  jilwditnm  raltmendi 
bomtnem  non  deerAt  Dco  ■  Mais  fi  bien  il  n'eih 
neceflaire  qu'il  mourufl  ,  il  cftoit  toute  l  >il 
tres-expcdient,prcmicrcm?nt  pour  fatit-faire 
au  Père  éternel  ,  félon  la  rigueur  de  {x  indice: 
car  l'homme  ayant  ofrlnccpar  Ton  pèche,  e- 
floittenu  &  oblige'  de  luv   fatisfairc:  mais  il 
Ji'cn  auoit  le  pouuoir  ny  \r.  moyen  pour  n'cllrc 
que  pur  homme. 

Dauantage  ,  Dieu  poureftie  incorporel  ,ne 
pouuoit  pas  mourir,  ny  pir  confequent  fa- 
tisfaire  pour  l'homme  entiers  le  Père  éter- 
nel ,  4À  Htùt.  Voila  pourquoi  il  a  elle 
expedienrque  l'homme  fu(t  conioinft  à  Dtetl, 
&  Dieu  aticc  l'homme  ,  en  vnc  mcfmc  per- 
QC  ,  afin  que  par  le  moven  de  cej  deux  na- 
ture* vniespircnfemble,  fut  trotiuc  le  moyen 
de  l.ttisfairc  fcloil  la  rigueur  de  !a  iuflicc 
Père. 

Secondement  ,ilcft  expédient  quel- 
Pieu  rr  :ure  pour  rachepter  lhommc;car  toi 


•joo  Pour  le fix'iefms  Venireiy 

amfiqucle  diable  auoit  trompe' l'home  par  vrt 
morceau  de  pomme  ,  &  l'auoit  faiâ:  mourir, 
ainii  il  eftoit  expédient  que  ce  fuft  par  vn  mor- 
fyle&rdn'  ccau  de  chair ,  ic  dis  par  l'humanité'  du  fils  de 
de  des  an-  Dieu  ,  defehiree  &  vjeeree  par  les  Iuifs  ,  que 
aenstyrÂs  [a  vle  perdue  fut  rendue  &  reftituee  à»  l'home; 
enuers  les    Sathan  s'eftoit  feruy  de  la  pomme  comme 
martyrs,    d'appas,  dans  laquelle  il  a  attache  la  mort  ;  ce 
qui  me  faiâ:  reftbuuenir  de  la  rage  exercée 
par  quelques  Empereurs  tyrans,  qui  voyant 
que  les  Lyons  &  les  Léopards  reucroient  les 
fain&s  martyrs  s'aduiferent  vne   autre  fois, 
qu'auparauant  que  de  les  expofer  à  la  rage  de 
ces  beftes  cruelles  ,  ils  leur  faifoient  manger 
force  moutons ,  &  puis  enuelopoiét  fes  fain&s 
martyrs  dans  des  peaux  de  mouton  pour  eftrç 
parcefte  maudite  inuention  plus  facilement 
deuorez  par  ces  animaux  farouches  :  il  femble 
(fans  comparaifon  )  que  Dieu  fe  foit  com- 
porte' delà  forte  enuers  le  diable  &  Ces  mini- 
ères les  Iuifs:car  fçachant  que  s'il  fuft  venu  au 
monde  remply  de  fa  majefte' ,  iantais  ils  n'euf- 
fent  eu  lahaidiefle  de  mettre  la  main  furluy, 
fi  Deumglortx  atgnonijfent  numquam  cumcrucifixif- 
4  fent,  dit  S.  Paul:  mais  pour  autant  qu'il  falloic 
qu'il  mouruft,  qu  a  fait  ce  fi1s  de  Dieu  ,  il  a  pris 
la  chair  du  pèche,  accepit  carnem  peccati ,  &  aucc 
icelîe ,  cftant  comme  cache'  &  enucloppe  dans  j 
cefte  humanité',  il  a  cfte'  icttc&cxpoféà  la  ra- 
ge de  fathan,  &  conduit  au  fupliccdela  croix. 
faut.    Ec  tout  ainfi  que  le  diable  trompa  l'homme 
par  le  morceau  de  pomme  y  mettant  la  mort, 
ainfilc  fils  de  Dieu  pour  reffufeiter  l'hommea 


icCaref».  701 

trompe' Sathan  par  ce  morceau  de  chair  fous 
lequel  il  a  cache  la  vie:  Vovla  en  quoy  confi- 
ituitla  iufticc  &  lc'quité  de  la  ientenec  pro- 
noncée par  Cayphc  en  ce  concile  gênerai ,  le- 
quel fi  bien  en  ion  commencement , cit  bon, 
neantmoins  e(t  tres-inique  &  mefehant  s'il 
en  fauccouhdcrcrh  i\n  ,  quieft  la  haine,  cxl'i- 
nimkic  que  les  Iuifs  portoient 

ir  ;  concile  yt  rment  inique  &  per- 

nicieux, attendu  qu'il  n'clt  compote  que  de 
confeitlera  portez  de  pafsion^res-malingi ,  Se 
de  mauuaifc  volonté,  fur  tout  il  eft  neccifairc 
pour  tenir  vn  bon  concile ,  que  les  confeillcrs 
qui  y  font  appeliez  foient  gens  de  bien  6v- 
exempts  de  toute  haine  cx'cnuic  ,  voire  mcfme 
decraintede  perdreou  la  faueur  des  Pi inecs, 
ou  leurs  oihees  ex  poureeque,/ 

\  y  t  flcclua  au  concile  des 
Iuifs, comme  la  crainte  opprime  &  fupplcante 
laiufticc  &  l'e'quité/j  ïmitii  wmti 

Ctftns,  voulez  vous  voir  la  haine  &  l'enuie ,  la 
voilV  toute  dcfcouucrte,  <Q  \AÏnC 

homotiu'tdf  oui  voir  encore 

la  crainte,Vfwv»r/\  fi  .  .<w, 

Mjii  ie  reuiensàlafcnrcnce  du  Iuge,&dii  que 
ceftefentence  qu'il  prononce,nondcluy:mais 
par  iufpiration  diuiOC  cil  vue  marque  de  la 
plus  grande  bonté'  de  Dieu,  o  quelle  bonté, 
que  du  mal  en  tirer  du  bi- 
Orfus,leplus  grand  mal  que  l'Enfer  juoit  peu 
inuenter  eftoit  de  faire  mourir  I  eu, 

&  de  cette  mort  Dieu  a  tire  la  vi~  de  tout  ie 
peuple  ,  txftJtt  ytyuuihQm*  wmiétmrfti  pq 


«7  o  2  Pour  lefxiefme  Vèndredy 
6  amour  grand  du  Père  éternel  ,fttDeus  dilexit 
tmmdumvtjiltumfuum  ynigenitum  darety  Chre- 
ftien  ,  fi  tu  peus  comprendre  la  grandeur  de 
Dieu  d'vncofté,&  tabaiTeflcde  1  autre,  alors 
tu  pourras  comprendre  cet  amour  diuin ,  Dieu 
pour  faire  hériter  tous  les  hommes  de  (on  hé- 
ritage celefte  ,au  contraire  de  ce  que  fit  Dc- 
joratus  ,  a  fait  mourir  fon  propre  &  vnique 
fils ,  afin  de  déifier  l'homme  à  iamais:  ô  amour 
incroyable  du  fils  de  Dieu,  qu'il  a  aufsi  de-» 
monftré  fingulicrement  enuersnciiSjS'expo- 
fant  pour  cet  cffeéfc  volontairement  à  la  mort, 
malorem  ebariutem  nemo  babere  potefl  vt  animam 
fiiamquis ponat pro  amicis  fuis  ,  quelle  dileéfcion, 
dit  S.  Chryfoftomc,  plus  grande  le  pourroit- 
iltrouuerde  mourir,  non  feulement  pour fes 
amis ,  mais  encore  pour  Ces  ennemis. 

Cccy  me  faict  remettre  en  mémoire  la  fidé- 
lité' d'vn  certain  efclaue  d'Vrbinus  >  lequel 
voyant  que  fon  maiftre  eftoit  condamné  à  la 
mort,ainil  comme  il  eftoit  au  lict,  fçachant 
l'heure  que  Tonledcuoit  aller  quérir  pour  le 
conduire  au  fupplice  fe  mift  en  fa  place ,  fe  re- 
ueftit  de  fes  habits,  &  endura  volontairement 
la  mort  pour  fon  maiftre  -  Icy  fe  voit  tout  le 
contraire  ,  c'eft  le  feruiteur  quieft  coulpable 
&  condamné  à  la  mort  :  mais  là  le  feruiteur 
meurt  pour  le  maiftre  ,  icy  le  maiftre  meurt 
pourfauuerla  vie  au  feruiteur. 
,        O  Iuifs  ,&  faux  conseillers  de  ce  Concile, 

.  vous  ne  vuiez  pas  a  ccite  nn  ,  &  n  auez  pas 

aux  bornes    r      j  ^  i»      r    '  j  r-^ 

elgardal  vtilite  commune  qui  deuoit  reulsit 

de  la  mort  de  ce  Seigneur  que  vous  condanv- 


p*z  innocemment  :  mais  bicnàvoflre  vtilitc 
particulière,  non  fpiritucllc>mais  temporelle, 
tous  ne  viucz  qu'a  1  agrandifkment  de  voftrc 
Royaume  &  de  vos  terres  ,&  penfiez  étein- 
dre la  gloire  de  ce  Seigneur  en  le  faifant  mou- 
rir :  mais  tant  s'en  t  ut ,  ça-c  (le  la  mort  tjui  a 

caufe  que  fa  gloire  a  cfte  rcfpanduë  non 
feulement  en  !a  ludee  :mai*  p  ir  tout  le  rond 
de  la  terre  ,  vous  craignez  cjuc  les  Romains 
viennent  fi  vous  ne  le  mettez  à  mort  :  mais 
au  contraire  la  mort  lera  caufe  que  les  Ro- 
mains viendront ,  vous  depoflederont  de  vo* 
terres  ,  vous  rendront  clcîaucs  des  nations 
étrangères,  &  vous  feront  viure  les  plus  mi- 
fcrables  de  tout  le  monde.  Parmv  les  Syra- 
cufins  ,  il  y  auoit  certaine  forte  de  fupplicc 
pour  ceui  qui  ss^randifToient  trop  en  leur 
République/, de  forte  que&ni  auoir  faift  au- 
cun mal  ,ny  commis  aucun  crime  ,  ils  les  fai- 
foient  mourir,  feulement  u;  ls,pourcc 

qu'ils  citoient  trop  grands: car  ilclt ... 
dre  que  s'il  vouloit  machiner  quelque  c1 

:rc  la  republique  ,  il  ne  tiif t  prompte- 
ment  afsifte  ,  ex  luppo::e  de  pîudcurs  qui  le 

)rifcroicnt,cx  ainli  le  condamnoict  au  der- 
nier fupplicc  par  l'aduis  d'vn  chacun  ,  &  cet 
aduis  eitoit  clcrit  fur  me  Fueille  d'oliue  ,  pour 
dire  que  ce  qu'ils  en  faifoient  n'efloit  que 
pour  la  confcruation  cV  enrretenement  de  la 
p.iix  &:  repos  de  leur  république  ,  c*  non  pour 
autre  chofe:  iinfi,  6  malheureux  luitk,vous 
condamnez  ce  Seigneur  ,  lequel  \ou 
agrandir  tous  les  iours  parla  grandeur  defes 


y  0  4        ^ w  Ie  &  •  Vendyeiy  êe  Carefinel 

merueillcs  &  miracles ,  qweifacimu*  quia,  hic  ta- 
momultefacit  ,  &  grauez  ce  me  iemble  voftrc 
inique  fentenceainfi  que  les  Siracuiins,furla 
fucille  d'oliue  ,pour  autant  que  ce  que  vous 
entaictes  n'eftque  pour  conferuer  vos  gran- 
deurs &dignitez  teporelles,  yenient  FgmamO' 
tolitntiocum  & gentem  neflrâ ,  mais  courage  pour 
nous  autres  ,  Chrétiens  :  car  fi  le  fils  de  Dieu 
eft  condamne  à  la  mort,c'eft,  vtfiltf  Dei  nomme- 
mur&fumus,  c'eftafin  que  nous  foyons  ren- 
dus dignes  de  l'adoption  duPercetcn  cl,  & 
comme  tels  rentrans  en  fa  grâce  icy  bas  par 
le  moyen  de  la  mort  de  Ton  fils,  receuoir  les 
arres  certains  &  afTcurcz  de  l'héritage  celefte 
auquel  il  attend,  &  auquel  nous  deuons  in- 
cerîamment  afpirer  comme  au  comble  & 
centre  où  fe  doiuent  terminer  nos  defirs  & 
affe&ions.Ainfi  foie- il. 


SERMON 


<*gt  &\       fH>&**^ 


SE  RMO  N     PO VR    L  E 
1  ovr  des    Rame  a  v 

Eccc  Xcx  tu. 

Ma  TT  H.    II. 

r'^C      rand  l{°y   '       CLft  fort 
KjK:  and 

VrX^Ô^'  ^"^  cuten- 

a\K  >  <'  *  '  ;  eral  de-  fou  itmei ,  q  ic  >'."■.•</ 

fl^v-l^  :    tntntui    b(Li    ,   que   l'< 

ment  de   la  guerre     clc    dou- 
Ji&  incertain  ,  confideranr  ce  grand  Koy, 
malencontrei  £  .  jesqui  luy  cftoient 

arnueei,  cjuieft  caufe   cj  <  la  confiJe- 

rant  cette  inçcr  grande  ,  <]'t\  fc  | 

ne  ai.  le  la  mihee  commune 

mes  ,on  dit  ,&  auec  railon  ,  c]uc 
tifeflc  vne  imprudence  grande  de  ctafitcr  le 
phe  auant  la  tiétcire  gai^nee,  &  rrm« 
pTtre.    Il  ' 
pour  Ici  F<oyi  de  la  terre  ,  defquc  i\    - 

•    >creot  des  I  :  dépend- 

de  \t  fortune  ,  miii  cecr  u< 


*o6  Vouy  le  iout 

Iefus-Cnrift  Roy  dcsRoys,  lequel  a  bon  fd« 
ic6t  triomphe  auantlaviâ:oiregaignec,pour 
autant  quiceluyeft très- certain  de  laviàoi* 
re  qu'il  deuoit  remporter  du  combat  qui 
s'en  va  entreprendre.  C'eft  icy  leiubie&de 
fon triomphe,  &  le  fommaire  de  ce  prefent 
Sermon,  pour  lequel  commencer ,  nous  auons 
befoin  de  l'afsiftance  particulière  d'enhaut, 
que  nous  demanderons  fous  le  crédit  de  la 
Vierge ,  laquelle  nous  falucrons  en  ctfte  forte 
difant, 

Jiuz  ûUrid. 
Triom^ 

foedestn*  IjS^JÏJÎi^  £s    Anciens     Empereurs  fané 
ams  Em+  ^/§m%é$  de    Rome   que  de  .  Grèce  en»- 
pereurs.       ^^^^^*  trant    triomphons  dans    leurs 
?\5&|lMj5  villes    chargez  de     triomphes, 
IsS^^lc^  de    trophées    ,   &     de   victoi- 
res remportées  fur    leurs  enne- 
mis vaincus  &furmontez,faifoient  parade  de 
pompes    les    plus    magnifiques  qu'ils   pou- 
uoient  excogiter  &  inuenter,  premièrement 
auant  toutes chofes, vous  auiez  les  trompet- 
tes &  tambours  qui  marchoient    deuant  au 
cofte'du  triomphans,  ce  h 'eftoient  que  mufi- 
que, que  chants,  que  louanges  ,&applaudif— 
fement, derrière  fon  char  de  triomphe  eftoient: 
portez  les  trophées  &  dcfpoûilles  des  enne- 
mis qu'icelny  auoit  furmonte  :  En  après  fui- 
uoit  les  armes  des  ennemis,  lcsthrofnes  les 
plus  exquis  qu'ils  auoient  conquis  ,  chofes 
qui  eftoient  portées  fur  des  chenaux  riche- 
ment parez  &  ornez ,  &  mcfmc  par  les  main? 


detRâmcAu*.  707 

des  foldatseftoient  portez  1rs  ftatués  ,lcsido« 
les,  les  armes  ,  &  les  enfeignes  delà  prouin- 
ce  iubiu^uec,  tous  richement  teitus,  &  pa- 
rez de mcfmes  habillements  que  ceux  du  pavs 
conquis  foiiloicnt  porter  :  en  outre  eftoient 
portées  fur  des  t  hars  de  triomphes  les  chofes 
les  plus  rares  que  les  ennemis  pouuoient  auoir 
conquis. 

I)  auanrage,  en  ce  triomphe  fe  voyoient  les 
J.yons  d'Arriquc  ,  les  Elephans  u'Alie  ,  les 
Panthères;  les  Baulmcs  de  !i  Pjlcftine  ,  les 
Palmes  de  la  ludee  :  Aufsi  cftoicnt  portées  au 
bout  des  lances  les  couronnes&guidons  où, 
eiloient  représentées  les  Armories  &  deuifes 
des  villes,  IcfqucUcs  fans  coup  ferir  s'eftoient 
franchement  &  volontairement  renducsrpuis 
en  mermefuittedu  triomphe, citoicnt  porte- 

ites  &  chafeuncs  les  couronnes  qui  auoient 
efte  cnuoyccs  au  triomphateur  par  les  Pnn- 
ces  étrangers-'  derrière  Ion  char  fuiuoicntlcs 
r>tirs  attachez  à  la  cadene,  enuironnez  des 
foldatstous  couionncz  de  lauriers. puiscltoiét 
conduits  plusieurs  troupeaux  de  bceufs  ,  de 
>utons  cV  brebis  que  l'on  deuoit  offrir  en  fa  - 
crificc  aux  dieux  immortels,  en  action  Je  loiï- 
anqci  pour  la  victoire  remportée.  Maiscequi 
cftoitde  plus  admirable  ^excellent  eftoitlc 
Chardu  Triomphateur,  a'  mecs 

&  Gentils-hommes  richement  ornez  &  fuper- 
bement  veflus  à  l  etour  duque  l  eftoit  vn  nom- 
bre infinvde  muficien*,  chantres  ,  cV  iouçajrs 
d'inftri' mens,  qui  iouoient &  chant oient  au; 
f  ne  harmonie  admirable,  pour  d' mantage ai 

J    Y   ij 


708  TouYleiour 

plaudit» 

Mais  ce  quieftde  remarquable  en  ces  porri- 
pes  magnifiques  pour  mon  fubk&:  ce'ftque 
deuantle  char  du  triomphateur  mjrchoit  vn 
héraut , qui  difoità  ce  Prince  au  milieu  de  fa 
plus  grande  profperite'  &plus  grand  triomphe, 
Bfiïice  poji  te  bommem  mémento  t[fey  prend  carde 
aux  chofes  futures,  &  qui  te  peuuent  arriuer, 
&  ne  perds  point  la  fouuenance  de  ce  que  tu 
e's ,  foiuiens-toy  toufiours  quetue's  homme, 
Plin  li.  28  «^u^si  Pline  liure  18.  de  fonhiftoire  naturelle 
cbap.A  chap.4.dit  qu'au  haut  de  la  tefte  du  triomphât 
eftoit  laftatuc  &  l'image  du  Dieu  Ficinus,  le- 
quel eftoit  inuoqué  pour  le  mal  des  ycux,& 
quieftoit  appelle  Tïiedicus  imidtœ,  pour  nous 
reprefenter  non  feulement  la  tendrefle  de  ce 
triomphe ,  &  comme  il  n'y  auoit  rien  de  fi  im- 
becille &  fi  délicat  que  cefte  gloire, &  non 
feulement  pour  dire  cela  :  mais  encore  pour 
nous  fignifier  que  toute  cefte  gloire  cft  fuiuic 
&  accompagnée  de  l'cnuie  nyplus  ny  moins 
que  l'ombre  accompagne  ordinairement  le 
corpslumineux. 

Chrefliens,  il  eft  auiourd'huy  queftion  du 
triomphe  de  l'Empereur  &  Monarque  du  Ciel 
&  de  la  terre  ,  fjut  m  antmis  bominum  mdiorifopA 
iriumpbatiit  y  qui  triôpha  plus  dans  le  cœur  des 
hommes  ,  qu'il  ne  fit  à  la  veuc  du  peuple  ,  tef- 
moin  la  démonstration  grande  de  cet  amour 
que  ce  peuple  luy  porte  cV  luy  déclare  par  cefte 
pompe  auec  laquelle  ils  luy  *ont  au  deuant.* 
xnaîstbiitesfois  encore  que  cela  foit,fi  eft-ce 
fieantmoins  que  ieconfiderc  icy  deux  chofes 


des  Rameaux 
en  ce  triomphe.  La  première  ,  les  faufTes  accla- 
rrutionsdeta  m.iou  ludayque,  à:  la  féconde 
quecc  triomphe  commence  parchant,  Cxfinit 
par  l'enuie  ,  remarquez  ce.  -riomphe 

vous  y  entendez de> chants,  de  es 

^nnx  vttxcelfis,  des  acclamations  &  1- 

diircmcns:  mais  incontinent  après,  vous  voyez 
comme  ces  louange**  &  toute  ce  e  eft 

tournée  a  l'enuie  contre  nollrc  Sn_'nrur:car 
les  Scribes  voyans  les  enfans  Hébreux  luy  a  - 
1er  audeuant  chanta  s ,  (c  difoieot  1  vn  a  l'autre 
Audi  quid  i'h  ilwuHt  :  voyez  l'enuic  qui  fuiuo 
cetriompuc.  CclurJ-à  auoic  iuite  fuict  d'ac- 
comparer  l'enuie  aux  moue!. es  Cantat  ides,  lel- 
qucllesfe  plaifent  parmylcs  fleurs  odoriféran- 
tes &gratieufcs,  &  de  toutes  les  fleurs,  au  lieu 
d'cncompolc  :uc  bonne  (ubliauce  ,  elle 

n'en  forment  que  du  .  ainfi 

donc,difoit  Themiitocles ,  l'enuie  cft  toute 
femblable  a  ces  mouches  :  car  au  lieu 

:iraux  profperitcz,  Honneurs  ôctortunes  du 
chain  ,  elle  tourne  route  iaqloircer.  mal 
jfiJorc  au  luire  qu'il,  a  f  :ree  dHX 

que  vnc  chofe  qui  certes  ciid:  fcftretb  ffs 

feruee  .  dit  il ,  que  roui  les  vices  quels  c<if4i 

qu'ils  loient  font   oppofez  a  quelque   ver: 
comme  la  gourm  :àlatemperance:la  lu- 

bricité a  la  ebaftet*  ,  la  p  .  e, 

1  auariccalalibcralite'A' ai 
dctouslcsvK  La  qu'ils  loi  en:  >  il  n*v  en  a 

aucun  qui  conbutc  fij 
rnent  contraire  &  G  >utes  les  vert 

que  l'enuie,  Stobcc.  \  :  llem.ee  ce  i 

YyUj 


n\o  Pourleiouï 

enuie  à  l'ombre ,  pource ,  dit-il ,  que  tout  ainfi 
qu'il  eftimpofsible  démarcher  au  Soleil  fans 
cftre  fuiuy  de  l'ombre, ainiîcft- il  impofsiblc 
de  fuiure  la  vertu  &âs  cltre  luiuy  de  l'enuie.  Ce^ 
çy  fe  vérifie  en  la  perfonne  d'Abel  :  car  iceiuy 
ne  marcha fitoft en  la  bonne  g. ace  de  Dieu; 
qu'aufsi  toft  l'ombre  de  l'enuie  de  fou  frère 
Cayn  le  fuir  ,  &  le  met  à  mort.  Plutarque  aufsi 
acufort  bonne  raifon  d'acomparer  l'enuie  au 
Tygre  ,  &  pourquoy  pluftoft  qu'au  Lyon, ou  à 
vn  autre  animal  ?  la  raifon  eil  telle ,  entre  tous 
les  animaux  delà  terre  les  plus  cruels,  il  n'y  a 
que  le  feul  Tygre  qui  ne  fe  peut  appriuoifer 
au  moyen  de  la  mufique  &  dufon,car  iceiuy 
j.j^.g.  au  lieu  de  s'appnuoifcr  par  cefte  mufique  ,il 
s'enfelonie  dauantageiôenuic  iuftement  com- 
parée au  Tygre  :  voyez  comme  cefte  enuie  s'e- 
felonie  parlamuficjue  des  louanges  quieit  la 
plus  grande  mufique  qui  foit.  Voyez  la  preuue 
de  cela  en  Dauid  ?  Au  i.  liurc  des  Roys ,  voyla 
Dauidqui  entre  en  Hierufalem  triomphant, 
«portant  la  victoitc  de  Goliad  ,  les  filles  de  la 
CiteVa/ïemblent  pour  aller  audeuantde  lu  y 
auec  des  tambours ,  elles  fe  prefentent  deuant 
Saul,&  difent.  fercupt  Saut  millegr DAuïdde- 
ctm  milita ,  ô belle  mufique  pour  Dauid,  qui 
eiîoit  plus  grande  que  celle  de  Saiïl,  &  au  lieu 
que  Saiïl  s'en  deuoit  rcfiouyril  s'enfelonie  tel- 
lement contre  Dauid, qu'il  refolut  en  (on  ame 
de  luy  faire  rauir  la  vie:  Ainfide  mefmeenla 
perfonne  de  noltre  Seigneur,  voiycz-vous  qu'x- 
celuy  eftant  loue  des  enfans  Hebreux,les  Seri- 
ns au  lieu  de  s'en  r efiouy r  s'en  fafchcnt  &  de- 


des  Rameaux.  7  il 

i.berentÉntre'eux  de  le  faire  mourinc'eft  ain(î 
donc  comme  vous  voyez  que  touft-jurs  l'en- 
uic  fuir  la  gloire  rc'cft  icy  pourlaprcmiercco- 
uenancequ'ily  a  entre  ces  anciens  triomp 
&  celuy  de  node  Seigneur  :  car  ny  plus  ny 
moins  que  au  dertus  de  la  tefte  de  ces  anciens 
triomphateurs,  eftoitattachc  l'image  de  I 
nus  Dieu  de  l'cnuie  ,  pour  dire  que  leur  gloire 
cftoit  fuiuie  incontinct  après  de  haincSc  d'en- 
uicainii  ce  triomphe  de  noftrc  Seigneur  ne  fc 
palTw-  point  (ans  qu'il  y  ait  de  Tcnuic.  Seconde- 
ment en  ces  anciens  triomphes,  pour  monftrer 
de  quel  pays  venoient  les  triomphateurs,  ils 
faifoient  traidier  leurs  chars  par  des  bcftes&: 
animaux  qui  y  naifloient.  Si  cela  eR ,  o  mon 
Dieu  ,  pourquoy    eftes-vous  monte'  auiour- 
d'huy  fur  vnc  alncfle  ,  vous  veniez  du  Ciel ,  & 
pourquoy  n'eftiez- vous  monte  fur  des  Chéru- 
bins cclcfb.sPc'eft  pour  nous  monfrrer  !c  pays 
duquel  il  triomphe,  il  venoit  de  fumonter 
l'homme  tCtmtmtbtmt  c'eft  à  dire  l'hor  - 

me  ,  de  façon  que  comme  ceux-  cy  ,  pour  mon- 
ftrcrqu'ihtriomphoicnt  dcl'A'ic  ,  oudel 
friquc,faifoicnt  traifncr  leurs  chars  par  les  I 
maux  qui  en  venoient, ainù  le  fils  de  Dieu  |] 
furmonte  l'homme,  fait  fon  triomphe  eth 
monte  fur  Tafneffc  à  laquelle  l'! 
rendu  remblablepar  fon  pèche',  ctcouftc*Cfl 
qu'en  die  I  )  i  ;  i  .1 ,  bimt  cum  m  h  mm  i r,5/l  m" 

t(li(\u,[,mitisiA[iMfeUiumcn:  nubuJ. 

le  y   contraint    de    conclure  cette 

faite  exhortation  outre  mongrc,&  mon 
ordinaire 5c  pourec  ic  vous  dniy  qui  l->i:i1 

y  y  m  j 


«y  12  Pour  h  tour 

ibuuerain  &  éternel  ,  pour  reprefenteria  vi- 
ctoire qu'il  a  remportée  fur   l'homme  ,  & 
pour  rendre  quand  &  quand  la  raifon  pour  la- 
quelleil  a  voulu  fe  icru:r  de  l'aftiefTe  pour  fi 
monture,  a  voulu  qu'il  arriuaft  le  mefmean 
genre  humain,  qu'aux  peuples  de  Saxe  i  lef* 
quels  ayant  elle  defeonfits  ,  vaincus  &  fur- 
montez  par  Charlemagne  ,  au  lieu  qu'aupa- 
rauantqu  ils  fuifent  conuertis  3  ils  portoicnt 
en  leurs  enfeignes  vncheual  noir,  fans  bride, 
après  qu'il  les  euft  fait  conuertirà  lafoy,  leur 
6t  changer  leurs  armoiries  &  enfeignes  ,  & 
voulut  qu'ils  portaffent  alors  en  leurs  deur- 
fes vncheual  blanc  bridé  ,  qu'eft- cccy?qu'e- 
ftions-nous  auparauant  que  Dieu  vint  au  mo- 
de ,&  qu*il  nous  euft  furmontez  &  gaignezà 
luy?nous  eftions  des  cheuaux  rebelles,  vitieux 
&  fans  bride ,  viuas  à  noftre  liberté,  mais.apres 
que  nous  ationseftepar  luyfurmontcz  »vain« 
cus&gaignez  par  fa  parole  ,  il  nous  donne  la 
bride  ,  qui  eft  la  foy,  &nous  drefTepourfuiure 
fes  cômandemens  par  l'obeyflTance  que  nous 
'  luydeuons  porter:&  tout  ainii  comme  vn  boti 
efcuyer  monte  furie  chcual  quoyque  farou- 
che, le  manie  de  telle  forte  qu'il  le  fait  aileron 
il  veut  :  ainfi  Dieu  s'incarne  &  monte  fur  no- 
lire  humanité,  &  a  lors  il  nous  manie  &  nous 
gouuerne,  ainfi  que  bon  luy  femble  :  ô  quel 
cheual  indomp,té,que  fainétPaul  auant  fa  con- 
uerfion  :  mais  fi  toit  qu'il  eft  manié  par  cet 
efcuyer  celefte,aufsi  toft  il  fe  Imiffe  conduire  & 
gemuerner  ainfi  qu'il  luy  plaift  ,  il  obéît  à  l'ef- 
peron,  &  fupporte  le  frain,difant,  durum  eft  con* 


ici  Rameaux*  y  i  j 

trtftimulfimCdlcitrAre ,  il  fc  rend  fouple  à  toutes 
o\cs^L  uulrnt  yts fdcere-.àuidt  en  fait  il 

enuers  toiMcs  Gentils  conuertis  ,  &  cnu 
tous  les  Cbfeftiens  qu'il  gouuernc&  conduit 
par  le  moyen  de  la  bride  de  la  roy  ,  &  les  L 
aller  partout  fais  etainte  de  danger:  c'clt-  !a  la 
raifon  pour  l  iquellc  le  fais  de  Dieu  triomp 
auiourd  huy  monté  fur  l'aPpellc  pour  mon Ttrer 
que  tout  ai ii (î  qu'il  conduit  l'afndlc  par  la 
bride  où  bon    lujr  femblc  ,  ain  -il  de 

l'hommequi  s'eil  rendu  toupie  a  le*  comman- 
dement pirlafov  qu'il  embrafij  ,  laquelle  le 
tient  comme  f  ibirft  S: obligé  de  fuiurc  ce  qui 
efl:  de  fa  loy  :  de  telle  (orte  qu'après  nom  auoir 
conduift  en  cette  vie  ,  par  fa  grâce  ,  parla  mef- 
me  finalement  il  nous  conduira,  s'il  luv  plaift 
là  haut  au  Ciel,  on  nous  conduife  lcPcre,le 
fils,  &:  le  Sainct  Elprit.  Aiiili  ioit-il. 


7*4 


SERMON     PREMIER, 

DE       LA       PASSION, 

faift  au  Lundydaprcs 
les  Rameaux. 

Et  hymno  iiClo  egrejfis  ejl  lefis  traits  tw~ 
rtnum  Cedron. 


I  le  père  de  famille  eftant  aux  der- 
niers abois  de  la  mort,  proche  de 
rendre  l'aine,  toute  la  famille  eft 
9  en  dueil.'aind  lifons  nous  qu'en  là 
mort  de  ce  grand  Roy  lofias  tous 
les  luifs  verferent  abondance  de 
larmes,tant  ils  eftoient  outrez  &  faifis  de  doub- 
leur &trifteflc  pour  le  deceds  de  ce  Prince, 
commandèrent;  que  tous  les  ans  on  fi (t  parti- 
culière mémoire  de  fa  mort,  afin  de  renou- 
uellerà  tout  iamais  la  grande  triftefïe  &  dou- 
leur qu'ils  auoient  reflenty  en  fon  trefpas.  La 
raifon  veut  que  le  fils  de  Dieu  eftant  preftxlc 
rendre  rarae,&  voyant  les  préparatifs  de  fa 
pafsion  fort  proche, que  tous  les  Chreftiens 
reffentent  en  lcurame&cn  leur  coeur, ce  qui 


* 


tPapreslcs  Rameaux.  7  1 5 

eftde  leur  douleur  &:  trifolié  qu'en  fouftrent 
&  endurent  fur  la  confidcration  d'vne  tanc  pi- 
teufe  &  funefte  tragédie. 

Et  puis  qu'en  ce  iour  nous  fçauonsquc  le 
coeur  de  la-gloricufe  Vierge  Marie  a  elle  outre 
de  ce  gîaiuc  de  douleur.  Pnom  la, afin  que  par 
fes  prières  &  intercédions ,  cllen  »  ref- 

fentir  en  nous  ,  de  ce  quieft  des  pafsioin  dou- 
lourcufcs,  auant-couriercs  de  la  n  <on 

Fils,  &  pour  ce  fubrcft  nous  luy  dirons. 


O  v  s  Iifons  chez  Plutarque  de  ce 
grand  cVvaleurcuxCapitaineEpa- 
minondas,qu'vn  jour  entrant  àii 
la  ville,  rcuenût  ducôbatgloruux 
&  triophat  de  lavi&oirc  obtenue, 
charge' de  delpoiulles  ,  &  de  tropbeci  rem- 
portez Ôc  conquis  fur  les  ennemis  furmon- 
tcz  ck  vaincus ,  rut  mcfme  rectu  de  tous  aucc 
des  grandes  acclamations  cV  ioyes  magi.ih- 
ques  ,  &  applaudiifcmcns  :  le  lendemain 
iceluy  voyant  que  tous  les  principaux  de  (on 
peuple  citant  arriuez  en  Con  (uperbe  Palais, 
pour  luy  rendre  l'honneur  qui  luy  cftoit  deo» 
au  Ijeu  de  les  reccuoir  afsis  en  rn  throfnc  5c 
liège    Royal    tel    qui  luy     Ippari  ,    le 

retira  en  l'endroit  de  Ton  Louurc  le  plus 
vil  &  le  moins  trequente  de  tous  ,  citant 
reucflu  d'vne  robe  de  ducil,5c  fâifani  paroi- 
#rc  vu  vifage  fort  tnfte  ,  va  front  mclancoli- 


Ji6  Pour  le  Luniy 

ContcriAce  clue  »  ^  vne  mmc  morne  &  fort  extraordinaï* 
tftra?i<re\    re>  ^equoy  s'eftonnercnt  fort  les  plus  grands 
amu    ^e^gncurs  de  fa  Cour  ,  &  ne  peurentie  tenir 
noruLs. ,    ^ua  *u^e  ^)ct  *'uS  nc  *uy  demadaffent  quelle 
cftoitla  caufedc  tant  de  foufpirs,"&  dVneft 
grande  trifteiîe  qui  tenoit  ainfi  fon  cœur  faifi, 
veu  que  iamais  il  n'aiiait  reccu  plus  grande 
occaiionde  iercfiouyr  qu'il  auoit,  veu  la  vi- 
ctoire fignalee  qu'il  auoit  remportée,  àraifon 
de  laquelle  il  auoit  reccu  tant  d'honneurs  êc 
acquis  tant  de  louanges,  de  crédit  &  de  répu- 
tation. 

Ha/  dit-il  ,  mes  amis  véritablement  i'a- 
uois  hyer  fubieâ:  grand  de  me  refioiiyr ,  &  de 
faiâ  ie  me  complaifois  extrêmement  aux 
honneurs  qu'vn  chacun  me  faifoit  :  mais  au- 
iourd  huyi'ay  fubieâ:  dem'attrifter,  confide- 
rant  àcombien  de  mutations  eftrangcs  eft  fuh- 
ieâe  la  fortune  commune  des  hommes  ,  iefuis 
vidorieux,i  i  eft  vray  :  mais  combien  eft-il  aife 
que  ie  fois  furmonte'  &  v  dncu  vne  autrefois 
de  monennerrry  par  vnfiniftre  eucnementde 
fortune  ,  &  pourec  nc  me  demandez  point  la 
raifondéma  douleur,  &  de  ma  trifte  conte- 
nance :  car  ii  vous  me  la  demandez  ic  vousref- 
pondray  en  trois  mots  que  ,  Hen  mi\n  ni- 
mium pUcui ,  hoc'ic  jrrtmiœ.  muutio  y^ldl'  ammda. 

Clireftienne  &:  dénote  afsiftance,c'cft  cfiofe 
certaine  tres-veritable  qu'entre  toutes  les 
chofes  humaines  il  n'y  a  rien  de  tant  incertain, 
ny  de  plus  inconftantquc  ce  qui  de'pcnddela 
fortune  qui  feulement  eft  confiante  en  fon  in- 


d'après  les  Ramejux.  l  y 

confiance.  Vojla  pourquoy  vn  iour  vn  certain, 
perfonnage  fc  voyant  interroge  &  prefle  de 
rcfpondrc  fur  ce  IL-  demande, a  fçjMOircc  qui 
luy  îcmbloit  de  la  vie  humaine  ,  ou  s'exerce  la  * 
fortune  &  le  plaiit  a  rairc  voir  les  diuers 
c'ucncmens  de  ion  i  mcrueillcufement 

bien  quclavic  deihomm-  il  icmblable 

a  vnc  Comédie ,  &  non  ians  raifonrcar  nv  plus 

•noinb  qu'en  vnc  Comcdic  vout>  vos  cz  que 
,y  qui  reprefente  le  per'orinage  d'vn  Koy, 
en  v..  mitant  après  auoir  dit  foîl  loole,  (c  rc- 
prclentc  lurle  fheacre  reprefentant  la  perfon- 
nevilc&abi  ,  ou  dcqueîquC 

kruitcurdomcltiquc  ,  &  tel  qui  aupirauaot  fc 
prefentoit  fur  le  tneatre  en  abit  d'clclauc  >  n'a 
pa^pludoll  raict  vntour  derrière  la  tapifTcric 
qu'il  fc  pre lente-   fur  le  itre  aux 

yeux  ik  .  ursen  perfonnage  de  Roy,de 

Prince, ou  de  quelque  Empereur: ainfi  cil- il 
du  îcu  de  la  tortune  ,  il  n'y  a  rien  de  li  inco 
fiant  que  fes  aéfccs,  01  le  puil  variable  que? 

Jes  crfw&*  d'icclle  ,  lcfquels  le  recognoiflent 
par  expérience  ,  &  à  veuë  d'ail  ,  en  la  cari 
re  ,  &  fur  le  théâtre  de  celte  vie  prefente  ,1a- 
quclie  véritablement  pour  ce  fubkft  c(t  fi 
vraye  Comédie  ,  icu  de  fortune,  &  de  var; 

.  rous  les  hommes  font  les  j 
leurs  roolcs  les  vns  après  les  autres  as 

d'vnc  tacon  ,  les  a-?res  d'vne  antir  .  i 
gufre  (efar  fe  voyant  proche  de  la  ru  rmcarJU 

les   amis   ,   c 
courtifjns  ,  h  en  celte   rOfftmune   * 
auoiibieu 


71 8  ]?oUYleZMcly 

gc  ;  &  pour  veoir  comme  il  n'y  a  rien  de  J>ïus 
inconftant,  vous  voyez  en  celle  vie,ny  p4us  ny 
moins  que  fur  vn  théâtre  de  Comédie ,  tantoft 
l'vn  efleué  en  la  dignité  dc&oy  ,  qui  aupara- 
uant  eftoit  redui&à  vn  vil  &  abicâ:  exercice, 
tefmoin  luftinian  ,  qui  de  l'ett  at  de  porcher  & 
de  vacher  deuint  foldat,  defoldat  Capitaine* 
&  de  Capitaine  finalement  Empereur  des  Ro- 
mains :  tefmoin  Lechus  Roy  de  Pologne  ,  qui 
du  fafcheux  eftat  de  laboureur  fut  efieue'  à  la 
dignité'  Royale,  vne  autrefois  vn  tel  fera  vem 
bien  grand,fort  efleué  aux  honneurs  qui  bien 

fcf.-       .  toft  après  b'eftveu  réduit  à  vne  extrême  mt- 
Ttftfere  de  c  r      •     i  o  \-n 

1ère  ,  teimoin  Iepauure  belillcre  qui  ayant 

•*      '   ehV  le  grand  mignon  &fauory  de  l'Empereur 
fé  vift  miferablemcnt  réduit  en  la  fin  de  fes 
iours  à  vne  extrémité'  fi  extrême  par  Tenuic 
que  quelqucs-vns  luy  portoicnt,que  les  deux 
yeux  luy  ayant  efte  creuez ,  fut  contraint  de  fc 
tenir  fur  les  chemins  &  paffages  ,  mendiant 
fon  pain ,  difant  aux  palTans  &  à  ceux  qui  con- 
temploient  fa  miferc  ,  Vnum  pufilium  date  BellL 
fèro,  quem  fortuna  e  xaltauerat  &  inuïdia  defref~ 
fit:  tcfmoirag  aufîi  fera  ce  grand  Monarque  des 
Turcs  Baiazet,  qui  ayant  efté  vaincu  &  fur- 
monte'  en  bataille  rangée,  luy  &  Ces  gens  par 
la  force  cV  puiiîjnce  du  grand  Tomburlan  ,fut 
réduit  à  tel  eltat  (  ebofeà  tout  iamais  mémo- 
rable pour  vn  il  puiflant  &  orgueilleux  Mo- 
narque) qui   feruoit  de  marche  pied  au  vi- 
ctorieux, pendant  qu'il  prenoit  (es  rcpa«,& 
non  feulement  cela  ,  mai*  encore  iceluy  citant 
enfermé  dans  vne  cage  de  fer  ^n'eftoit  nourr^ 


d'après  les  RtmtAuxl  9 1 7 

hy  alimente  ,  d'autre  chofe  que  de*  miettes ,  & 
des  os  qui  tomboicnt  de  deflus  la  t«ble  du 
prince  vi&oricux  ,  qui  failoit  beaucoup  moins 
d'cltat  de  fa  pcrloniie  qu'il  n'euft  tait  du  plus 
înifcrablc  chien  de  (on  Palais ,  puniffant  ainfi 
par  ce  rigoureux  traitement  la  cemerite,  l'or- 
gueil, &  la  prefumption  de  ce  pjuurc  mile- 
rable  Baiazct  •'  D?  cecy  l'Antiquité  me  pour- 
roit  fournir  d'vnc  infinité  d'exemples  ,  def- 
quclles  à  prefent  ic  ne  feray  mention,  pour 
conclure  envn  mot  qu'il  ny  a  rien  au  monde, 
&  principalement  pour  les  Princes,  qui  foie 
tant  2  craindre  &:  redouter  que  les  reuers  de  la 
fortune  ,  &  Ton  inconftanec  ,  ce  qui  fiiifoit 
fongeraect  Epaminondas,  fe  retirant  ainfi  1 
part  en  ce  Palais  ,  le  lendemain  de  Ton  triom- 
phe, &:  de  fa  magnifique  entrée  ,  difant,  ; 
m\b\  mwium  pUcuiybodufonunx  mutdtio  ydLlt  ti- 
mencU  eji. 

Mefsieurs  ie  puis  dire  auioutd'huy  de  mef- 
me  :  car  confiderant  d'vnc  part  l'entrée  tri- 
omphante &  magnifique  que  N.  Seigneur  fai- 
foit  hyeren  la  ville  de  Hierudlem,  &  le  com- 
mencement qu'il  donne  auiourd'huv  à  fa  paf- 
fîon,il  me  scble(fiiene  me  trope)  qu'il  dife  le 
me  (me  que  ijiloit  Epaminondas,  Hrn  mibiwU 
miump..  v.Changfmct  eftrage  à  11  verite' 

procédât  du  rcuers  de  Îj  fortune  ,  h\rr  ce 
pMÉIflMIoil  en  la  villc.auiourd'huyil  en  fort, 
hver  ily  enrroit  en  plein  iour,auiourd'hu\  il 
en  fort  denuict:  hyer  il  v  enrroit  porte  fur  l'.i- 
nefle,auiourd'ht:y  il  en  fort  cV  chemine  à  pied: 
hyerilmarchoit  (urlcs  vcltcmensic  (es  A 


720  Pour  le  Lundy 

{très  ,  auiourd'huy  il  porte  fa  Croix  :  Mer  il 
cftoit  accompagne  des  enfuis  Hébreux  qui 
faifoient  mille  acclamations  ,  auiourdhuy  il 
cù  delaiffé  de  tous  :  hyer  Ton  chemin  eftoit 
couuert  &  remply  de  branches  &  nmcaux 
d'okucs ,  auiourd'huy  les  armes  Penuironnent 
de  toutes  parts  :  hyer  les  enfans  le  fuiuoient 
auiourd'huy  les  boureaux  :  hier  on  difoit, 
Beaediffus  qui  yenit  in  nomme  Dominï ,  auiour- 
d'huy on  di<5t ,  5i  bic  non  effet  malefacior  non  tibi 
tradidijfimus  tUiï:hict  on  c\  âtoh.  Ho finnafiho  Da- 
vid y  &  auiourd'huy  on  crie  Crucifigerllnm  De  fa- 
çon que  fort  iuftement  nous  pouuôs  dire  que. 
Ver ft  cftcitbjranoftrdin  lu&um  :  mais  1 1  merueil- 
le  eft  encore  plus  grande ,  c'eft  qu'hier  triom- 
phant &  glorieux  il  commençoit  fon  triom- 
phe par  les  pleurs  &  par  les  larmes,  auiour- 
d'huy fortant  de  la  ville  de  Hierufalem,il  com- 
mence {a  pafsion  par  des  chants  :  ô  larme ,  au- 
gure certain  de  ce  qui  deuoit  fuiurc ,  ô  pleurs, 
fignificatiues  que  ce  fien  triomphe  deuoit  c- 
flre  change  en  la  mort  &  pafsion, & bimno diBo 
cgrejJÏM  eft  trans  torrentem  Cedron ,  ô  chant,ô  him- 
ne  ,  fis;ne  certain  que  cette  fienne  pafsion  fe 
conuertiroit  vn  iour  en  ioye  &  en  gloire  y  & 
himno  dich. 
D  Tbornas  S>  1  homas  nous  apprend  que  ceft  himne 
quelc  fils  de  Dieu  chanta  après  Ton  repas  n'e- 
ftoit  autre  qu'vn  Sermon  qu'il  fit  à  fes  Apo- 
ftres  au  commencement  de  l'infHtntion  de  la 
facro-fain&eEuchariftic  toutefois  fi  nous  re«* 
gardonsvnpeu  de  près,  &  fi  nous  confideronS 
ce  qui  eft  de  cède   himne  ,  qui  eft   comme 

rendre 


a  après  les  Rameaux]  :  i 

ingc  à   Dieu,  nous  dirons  que  Terituble- 

meut  cela  ncfloit  autre  cliok  :mon, 

Sai  ;Ct  Chrifoftomc  applique  cefte  hymne  au 

faire!  facrihec  de  la  McllL-  ,  I  'éprit  fou 

nmencement    en  cette    hymne  :ee 

après    auoir    donne    Ton    précieux    corps  à         . 

fs.-^  Apoîrcs  :&  pourvoirez  que  reméÊ^UÊdm 

quatre  chofes  f  jonfiderer  au  c^  bits    1   U 

mi(sion,  cVità  Gj  auoir  idntiniftrer  les  Sacre* 

mens   ,  prefeher  1j   patolc    de    Dieu  ,  piier 

r  les  diuînei  '  »  a  cite 

>ftre    Sauueur    JcIuj- Chiiit.    en 

fa  dernière  (  cneril  a  sdtnsiuftrc  les    S-icrc- 

mens  en  initituant  ecluy  de 

i  fang,  lecji  chl  Jonnaà  les  Ap  ce  que 

Eu  ous  a  -  nter  fous 

pa  diftnt  ,  tum  dfi  \n  uu 

:itet  .  Jl  compare  l'amour  qu'i 
ir  aux  fientea  ll'> 

9  encore  porte  en  1  : 

n  (itlexiffct  fuos  tu  mtmdo.Ccft  à 

carnation,  Imfmcmdtlfxit  HS t  c'eft  à  dire  en 

ititution  de  rEucnariliic.  Secondement  en 

alite  d  cnuoye  il  a  adm;  :<arolci  de 

Dieu  ,  quand  il  difoit  à  Tes  Apoirrcs  , 

frauptum  mm  m  vr  ildii.ms  muta  m 

la  prie  !  pratiquée  p 

Sauueur,  lors  que  s'addrcil 

foit  tf.ttrrcb 

bnlâpudtt&i  ment  il  a  cl  n- 

pe<a  I>ieu  en  l'on  dernier  Couper/  eu 

alladonner  commenceme.  }>ar 

«*  (tinta  a 


722  Vourle  Lundy 

bytnno  clicio. 

Paulus  Burgeniis  efcrit  qu'ancîennemenc 
les  luifs  au  iour  de  la  manducjtion  de  l'A« 
gneau  Pafchal  ,  auoient  accoufh  me  pour 
a&ion  de  grâces  déchanter  des  Pfahnes,  c'eft 
à  fçauoir  depuis  le  Pfalme  cent  douze,  cjuife 
commence  ,  Laudate  fueri  dcnëttMm*iu{c[U2\i 
pfalme  cent  dix- buiâ:,  &  par  ai n fi  dit  cet  au- 
thenr.ccfte  hymne  que  chanta  noftre  Seigneur 
aucc  fts  Apoftres ,  n'eftoit  autre  que  ces  fept 
Pfalrrics. 

D'antres  difent  que  ce  fut  vh  hymne  nou- 
velle que  le  fils  de  Dieu  chanta  après  l'auoir 
compofee. 
-~  Le  çrand  Annalifte   Ecclcfiaftique  Ba- 

ronius.tome  premier  de  les  Annalles  en  1  an 
tcw»    i  r 

//  *     trente  quatre  de  noftre  Seigneur  iefus-Chrift 
énnall.         >         7  r        j  r 

dictquila  trouueclcnt  dans  vn  ancien  hu^ 

intitule'  ,  T{uuarnm  Iudaorum  ,  que  les  luifs 
auoient  accouftumé  de  chanter  diuers  hym- 
nes &  ofalmes  après  leur  repas  quotidiens, 
ainfi  qu'il  leur  auoit  efte'  commâJéau  Deute- 
DtuU  o.  ronome  chapitre  huiâiefme  ,  Cum  comederis  & 
pttiatuj  fiterisy  benedic  d>mino  Deo  tm  frt  terr* 
âptimd  qttam  dédit  tibi:  Mais  lors  qu'vnc  fois 
Tannée  ils  mnngeoicnt  l'Agneau  Pafchal ,  au- 
tre hymne  ny  autre  pfalme  n'eftoit  par  eux 
chante' à  tel  iour  que  celuy-cy  ,  In  exitulfr/él 
de  ALgypto  ,&c.&  certes  fort  à  propos  cepfal- 
ine  pouuoit  eftre  chante' ,  pource  que  l'in- 
ftitutiondc  l'Agneau  Pafchal  ,n'efloit  autre 
chofe  qu'vne  commémoration  de  la  captiui- 
tc  d'Egypte,  &  du  paflage  de  la  mer  rouge; 


d'après  Us  Ramnmx*  i } 

îtdonc  ccflc  hymne  que  noflre  c  \it 

lefus-Chrift  c  m  a  propos^  tii 

rde  (on  peuple,   non    point  aucc    1* 

bien 

auec  la  Croix,  il    s'en  ai;.   «  ;unr  la  mer 

de  fa  paillon  ,  afin  J'y  roue r  ceqi  ic- 

ftoi  .i«* 

n  laqu 
ccioni     . 
a-  rnU 

eur  Je       f  c- 

fl  •■•  prcci  r  "nr  &  r.  ,-ru 

GÛcai  e  le   Kofsignol  n<  .iVif 

cil  'S, 

tii  han- 

i  e  s 

(  - 

duiâc  de  luy:de  foi  te  r 

fle  le  r  que  la  raifon  poi  r  la 

ie  tant  à  char.ter,cft  po;  . 
tant , qu'il  eOe'c'' 
ren'cil  que  lésante  a  Chreftic 
e'dofes  pir  ce  Chain  du  1 
à\  aant  trei  ,fcs  de  i 

'ter  aux  ne 

n 

1      SU        Dieu  approchant 
nv  moins  qu<      ( 
les  Nattirsliftes  difent  que    I*  : 

une  r1 
mcni  en  fa  mort,  qu'il  : 
ifl  que  alots  tout  1  M4 


724  P°Hr  k  Lundy 

qui  (oit  en  luy  ,  fe  retire  vers  Ton  cceur,  qui  le 
iaiéc  alors  chanter  plus  melodicufemcnt  que 
jamais  ilaye  fai£t:ainfi  en  la  perfonne  du  Fils 
de  Dieu, approchant  de  la  mort,  lefanglcplus 
r.oblequi  efioiten  luy  fe  retirant  auprès  da 
coeur,  y  eftant  enuove  par  l'excez  grand  de  l'a* 
mour  qu'il  nous  poriou,  efl  caufe  qu'il  chante 
Çfbynln  ■  1  tel  -. 

il  chantèen  fa  mort,  voulant  que  fa  mort 
refponditt  à  fa  vie,  pource  que  tout  ainfi  qu'il 
vouluil:  que  l'on  crantai!  en  fa  naifTance  ,  aufsi 
voulut-il  qu'on  chantait  en  fa  mort  :   En  fa 
naifTance  les  Anges  chantèrent  ,  Gloria  inex- 
celfii  Deo.  Et  en  la  mort  les  Apoftrcs  chantè- 
rent ,  Benedixit  Dstnui  ]ft\iel  ,    benedixit  Domid 
Iacob.  En  fa  naifTance  les  Anges  donnèrent 
commencement  à  fa  vie  en  chantant  ,&  en  fa 
Pafsion  les  Apofcres  chantcrentrmaisvn  chant 
qui  eftoit  pronoftique  de  fa  mort ,  tfbymno 
dich  ,  ou  ainfi  que  l'ont  tourne'  les  feptante 
Interprètes  ^Vcfîqujmbymntm  dixerunt  :  Fina- 
lement noftre  Seigneur  chante  pour  monftrer 
&  faire  voir  à  tous  ,   combien  franchement 
&  volontairement  il  alloit  fubir  la  mort  pouf 
nous ,  6V  après  le  chant ,  il  eft  di6t  que  ,Egrep 
Sortie    c- fa    cft   Itfué  trarfS  torrentem   Ccdron  !  ô  fortie 
fir.in"e  de  heureufe  &  malheureufe,  heureufe  vcritable- 
Jeffts,        ment  pour  nous  :  mais  malheureufe  pour  les 
luifs:  Sortie  admirable  de  voir  que  hyerceluy 
quientroit  en  triomphe  en  la  ville  de  Hieru- 
falem,enfort  auiourd'huy  fort  trifte  &  me- 
lancoliquc^ilefi:  forty  de  cette  villc,non  point 
accompagne' des  enfans  Hebrieux  ;  maisttien 


d'après  if  s  Rameaux.  7  2  $ 

entoure  de  bourren  >rtic  verir 

malhcurcuic  pour  la  ville  de  H: 
pauurc  ville,  h  le  Prophète  Hicrc  tefté 

en  vie  prêtent*  ce  clc  ,  c]  .id: 

voyant  cela,  il  cuit  di&fantda 
qu'il  dict  au  premier  Lamentation!   \    - 

tnodo  feUet  I'Aa  ctuttas  fltnà  populo  ,  <-*fi 

-vulu.xd'.n.iii*.  gpatwm  :  Grande  i  h 

la  folitude  de  celle  ville  de  HL'rufalem,  1 
que  le  Roy  Achab  tut  mène  priformiercn 
gypte  ,  plus  grande  encore  fut  elle  >  i  >n 
le  Roy  Zcdcchias  ,  après   auoir  eu  les   deux 
yeux creuez,  tut  mené  captitÔc  prilonnier 
Babylonc  ;  mais  toutes  ces  folitudes  nefc 
rien  au  regard  à  celle- cy  ,  lors  que  le  fils  de 
Dieu  la  quitte  Cxde' 
mt.t>plen4  populo. 

Il  \  Q  vray  que  d'uuant  pTus  cette 

fortie   a  cite  maHicureufc  pour  Lei  lui  s,ù\    - 
tant    plus   a  elle    cite  heureufe  pour  nous; 

car  s  il  fort  - 

trer  en    1  ienne,  c  :  »te-£*£      /f; 

nant  que   \                      mdicc  v  '***• 
que  Hcftcr  cfl  en  fa  pi.                    mainte- 
nant que  ELu  efl  ciullc  ,   & 

de  bcncJicbons  ,  c'eil  à  p  ra 

*'cft  retire    ,  fit   PbarCJ    loir  & 

•dément  c              ce  iour   *  ir 

du  me                                    ;oguç  des  $C 

vient  à  11-  ;li  c  (    .             ie  ,  I  *s 

trmu  mrmmm  Ccdrct.  ,ic 

humaine,  ôtorrens  que   u  tentatio  >r- 
WOi                                 .  ce     S 

L  I 


nt6  Vourle  Lundy 

Chrifi  :ô  vie  humaine,  ôtorrens  ;  letorrenç 
ne  va  lîtolt  à  l'Océan  ,  que  la  vie  humaine 
s'achemine  toit  à  la  mort  ,  Egrtfjus  eft  traits 
wrentem  Cedvm  :  C'elt  de  ce  tocrenc  qu'il 
eft  parle'  au  troifieimc  hure  desRoys,  Exjk- 
çatus  eft  torrens ,  &  au  pi  al  me  cent  neufkime, 
Detorrcnte  inyiabibit  \  lequel  fa  in  61:  Auguitiia 
tourne  en  celte  forte  ,  De  torrents  niortalitatif 
noftrx.  O  torrens  que  la  tentation  qui  coule 
entre  deux  rochers  ,  c'eftàdire  entre  l'elprit 
&  la  chair,  c'eft-là  ce  grand  torrent  que  le 
Sauueur  de  tout  le  monde  a  trauerfé  en  fa 
Pafsion,  Egrejfus  eft  le  fus  tr  ans  torrentem  Ce- 
dron ,  aufsi  ce  mcfme  Seigneur  difoit  par  la 
bouche  du  srand  Prophète  Royal  Dauid,N7- 
Jt  wrentem  anima  tnea  fertranfifjet.forfttam  ama 
abforbmffet nos  :  6  torrens  que  lapifsion,  du- 
quel parloit  nofhe  Seigneur  Ïcfus-Chrift  à 
fon  pereiM<fcipcrè.  Sifofiibile  eft  tranfeat  à  me 
C.tlix  ifte,  que  ce  torrent  le  defleiche  :  mais,  Hon 
jjtcv.-tcoo  y  An, pd  fient  tttyis:  o  torrens,  duquel 
encore  il  parloit  vue  autre  fois  parle  Brophe* 
teDauid  :  Saluum  mefac  Deusyt]tioniam  intrane-* 
Ynnt  aquœ  ypjne  ad  animant  meam  :  exficcatus  eft 
torrens, pource  que  celte  mort  s*eft  paffec  après 
que  les  rourmens  ont  pri-,  fin ,  'Exficcatus  cft tor- 
rent :  mais  quel  torrent,  c'eit  vn  torrent  de  Ce- 
dron,  torrent  delà  mort  iuftemeut  ainli  ap- 
pelle ,  qui  vaut  autant  à  dire  que  ,  Torrens  de 
tedro.  Origcne  fur  le  chapitre  huiétiefmc 
WfaV*  du  Lcuitique  ,  iiit  que  les  Prophéties  font 
Caf.  8.  appcllces  Cèdres,  &  qu'au  tempe  de  la  Pal- 
Zx'utk*     (ion  le  fils  de  Dieu  a  pafle  le  torrent  de  Ce* 


:s  ,  auf^ucls  le*  prc  ont    cotnp 

recs ,  pour  dire  que  parcelle  Gei  <c 

paftioo ,  toutes  les  prophéties  oui 

-  loti  lultcmc  ..y 

L^i'ijjuj  eft  i.\.<sii~ ... 

Oja-  nous  . 

yo  mot  riebrcu,qui  lignifie  autant  ,ur 

&  ténébreux, o  u 

pafsioa  deapltrc         tçurlefps- Cai 

eii  .  ,on  y  voie  q  -  ténèbres 

ob;'caritci  de  cdc$obfcuri^<  a- 

hi.osu:  p  >oleil/tuaepeu*dij 

en  U  mjic  de  ce,  i 

que  ue  pouuiiu  voie  tel  ta 

lace  &  ta  lui» 

plein  MiJy:  Ccit-li  cei te  obfcuri  .1$ 

de  Dieu  4 

A  .  e  dei  c  vn- 

unc  ,  \z  V  iy 

là  Ab.il 

r, 
ce  Datlid  fut  COn 

tir  Je  . 

,    ■ 
rent  <J  in,  &  lefj 

cecy?  1-  »  o 

&    ton:  ;  je    Dauil    trauerfa  le  tor- 

rent  de  Ceiron  voyant  la  crtdi 

ainiil 


«7  1  S  Pohy  le  Lumiy 

de  Ton  Difciple  Iudas  qu'il  couuoit  en  fon 
amc,  va  trauerfant  le  torrent  dcCcdioniuf- 
ques  à  la  montagne  des  Oliues,  aucc cefte 
feule  &  vnique  difterenec  que  Dauid  va  à 
cefte  montagne  fuyant  la  furie  d*  Abfalon,mais 
au  contraire  ,  le  fils  de  Dieu  va  en  ce  mefme 
lieu,  non  pour  fuyr  Iudas,  mais  bien  pour  l'at- 
tendre. 
ïefus  O  myftere  que  ie  voy  en  cefte  monta* 

Cbnfi  dj?~  gne  des  Oliues  ,  i!  va  en  ce  iardin  des  Oli- 
fslié  pier-ues  ,  .&  pourquoy  ?  remettez  -  vous  donc 
xe.  s'il  vous   plaift  en 'mémoire  de    ce  que  diéfc 

lob,  qui  me  fera  cefte  grâce  que  ie  reuien- 
neenmes  premiers  iours ,  lors  que  ie  lauois 
mes  pieds  de  beurre  ,  &  que  la  pierre  me 
donnoit  du  miel,  &  Dauid  parlant  à  la  pier- 
re touchée  pat  lavverge  de  Moyfe  ,  difoit 
que,  MeïexVit  de  Vetïd  & olcum  de  fkxo dttrifli* 
mo  ,  &  faindt  Paul  parlant  de  cefte  pierre» 
&  de  ce  rocher  ,  dià  qu'il  n'eft  autre  que  le 
fils  de  Dieu  ,  Vctrd  autem  erat  Cbriflu-s  :  Or 
fus  ,  aucz  vous  encore  fouuenance  de  ce 
que  nous  lifons  en  fa  in  cl:  Iean  ,  que  le  Sa- 
rtlaritain  remédia  aux  playes  du  panure  vl- 
rcre' malade  de  Hierico,  aueede  l'huyle  &  du 
vin  ,  c'eftoit  vnc  figure  belle,  pour  dire  qu' vn 
jour  viendroit  que  de  la  pierre  &  du  Ro- 
cher ,  iedis  du  cofte  ouucrt  du  fils  de  Dieu  en 
la  Croix, deuoit  foi  tir  huillc  propre  pour  gua- 
rir&  adoucir  nos  playes  &  vlcercs  mortelles» 
&pourcc  c'eft  à  bon  droicrh  qu'il  commence 
auiourd'huy  fa  pafsion  en  ce  iardin  des  oliues, 
çn outre  fainft  Paul  dit,  que  les  Gentils  font 


'jpres  Us  RàmeauX,  7-9 

desoliuicrs  (auuagcs ,  cV  que  le  fîlsdc  Dieu  C 
vu  franc  o î i n i c r  :  or  cft-ilque  pour  raire  pro- 
duire de  bons  truiéts  à  ?n  oliuicr  fauiitl 
doit  eltrccntc'cV:  plante  fur  le  tronc  ci  :ic 

oliuicr:  ainfi  fa  11  oit»  il  que  pour  faire  Truc 

i  les  oliuicrs  fauuagcs,  le  franc  oliuicr  fut 
coupé,  poureftre  iur  iceluy  entez  &  plantez 
ccsoli.  uuages:  voyla  pOUrqtiOY  il  Ta  Ct 

lourd'. -uv  d  ii  montagne  des  oliues  ,  6rfXM* 
runt  m  mtnttm  ■ hu.irum  ,  CT  rernu/it  m  pYtcUum 
cmn$men Gnb/èmém  ,  C'cfloit  parce  licucjif:! 
falloit  pafler  auparauantquc  d'arriucr  à  cefte 
montagne  det  oliues,cclicueftoit  comme  vne 
cfpccede  iardin  auquel  le  fils  de  Dieu  entra 
auec  fcsdifciples  ,  lin  tr.it  bqrtm  inquoipp  ?.- 
u  mit  cum  ctt'i.  ipultsfu*. 

L'Efpoule  conliderant  cecv  de  loing  it 

tant  qu'elle  pouuoit  (o^  cfpoux  d'entrer  en  ce 
iardin  ,  venut  xmïnbvrtum  ^ 

piumcfcolli  huftm  pommes  ^untl 

auoycnt  eltecret 
monde,cV  lcfquellesont  :a:  mallicur 

au  monde,  o  pommes.  >k- pomm 

Mak  quels  frutâ  t  firutâsd'angoifl  ^ 

le  calamitczaufquelL  I  anons  clic  -  - 

fuiettis   par  h  ^ourmandife  de  nos  premiers 

cru.  /      .   .'  mm  fin 

i*Âtfr*Rurpop.  ty 

ce  n'cftde  merucillc  lidc's  aufsi  toft  qu'il  Ctt 
entreen  cciardin  il  commenc  -rilfcr, 

lapremic:  :  qu'il  >Apo(trcs,</c 

nUlum  fétiimini  i  ■ 
ftumi*  ntiMfi  pAÏloran  (f  tttt 


739  P°m  le  Lundy 


eues  çretts. 


Notez  icy  vn  mot ,  s'il  vous  plaift,  que pout- 
cc  que  maintefois  il  effc  dit  en  rhiltoircde  la 
Pafsion,que  telles  chofes  ont  efte  faites,  pour- 
ce  qu'ainii  il  auoit  efte'  eferit.  Il  ne  faut  croire 
que  telle  chofe  aye  efte' elcrite,  que  lesApo-^ 
itresquitteroiét  leur  Maiilre.Celt  au  contrai- 
re cela  deuant  eflre  fait,  pour  ce  fujet  auoit 
efte' prédit,  caries  chofes  qui  doiuent  aniuer 
font caufes des  Proph.ties,&  non  pas  les  Pro- 
phéties caufes  de  ce  qui  doit  auenir.  De  même 
Dieu  preuoit  tout  le  mal  que  nous  deuons  fai- 
re,mais  ce  n'eft  pas  à  dire  que  la  prouidence  de 
Dieu  foit  caufe  de  ce  mal  que  nous  deuons  ùi' 
rc,ain$lemilà  taire  eit  caufe  de  la  preuoyance 
de  Dicu:ainfiJS,o*^rrtw*  efienim aperçut iam  pafto-, 
rem  &  diffrergentur  oues  Gïegis  ,  Ce  ri'eft  pas  à 
caufe  qu'il  cil  eferit  que  lafedicion  doit  eftre 
entre  les  Apoftrcs,  mais  plultoft  celle  fedition 
qui  deuoit  arriucrentre-eux,  eftoit  caufe  qu'il 
auoit  efte' eferitriereprens  dont  icy  mon  fujet, 
le  Fils  de  Dieu  die  à  f^s  Apoftres,  Vos  omnes 
fcanddlmn patieminï  m  h.xc  wkU. 

Sainct  Bernard  en  fes  Qjeftions  chapitre 
quatriefme,  dit  qu'il  y  a  deux  lortes  de  feanda- 
le,  l'vn  a&if ,  qui  procède  de  la  malice  de  celuy 
qui  eft  caufe  du  fcandale,  l'autre  pifsif,  quieft 
double,  l'vn  à:s  Pharilîens,  lors  que  l'on  fc 
fcâdalifedes  chofes  de  pietc,  l'autre  des  petits, 
fçauoir  eft ,  celuy  qui  naift  d'infirmité',  &  de 
coible  cognoiiïance  :  or  fus  le  fcâJale  des  Apô- 
tres n'eft  pas  a&if,  ny  pafsif  des  Pharilîens, 
nais  bien  pafsif  des  petits  :  mais  puis  que  ce 


adores  les  Ptmeaux.  731 

E  S      ,ncura  dit ,  V*  mumU  ïfCéttuLU.  l'x 

vorMtni  pcr  ejti.m  fcumblum  votif,  comment  a*il 

permit  que  le*  Apoltrcs  ayent  cite  banda  liez; 

Sainâ  Bernard  au  lieu  fufdit  ait  1  itrc 

,'icur  j  permis  cela,  aHn  d'y  remédier  y 
après,  com  ne  par  exemple,  ilpcrm:t 
Pierre  abbate  l'oreille  de  Makàus,  pour  p 

.  luy  remettre  par  fa  puiifancc,  eV  aiuli  .lit 
S.  Bernard  ,  no!t:  leur  permit  qu 

Apoltrcs  (oient  fcandalilcz  ,  pour  ptlil  apies 
les  d,  liurcr  du  fcandalc  ,  comme  il  I  mi 

il  dit,  M/itte  m.*&i>v,pourccque  ,  M*ut  efl  Trié 
repardritis ,  mikmfrdftnututii. 

Tant  y  a  que  les  Apoftrcs   dénotent  cfl-c 
fcandalitcz  ,  &  S.  Pierre  avant  d  mais  il 

ne  feroit  fcandalifti ,  noftre  Seig  \  pre- 

dit  (a  cheute, rrr>fK  I  1  me  ilic 

que  cefte  pirolc  d  tPierri 

de  témérité*  ,  m  n  de  r 

n  :  nais 
es*  von 
uons-nous  trop    aymer    D  ,    il    icmble 

!  n'y  ait  iimais  de  i  amour; 

j     tut  diftîngnef  cecy  auec  s.  Berna 
faut  puler  de  l'acte  interne  de  Y 
iamail  l'cxcczàaym  ;,  parce  que  ^Udu4 

am*  ::m  rflftnt'ttt 

Les  Théologiens  dtfenc  que  iamau  l'amour 
n'excède,  lî  la  chofe  aymee  n\  »ec  plus 

lie  ne  vaut  :  <  >r  Dieu  cft  U  mcfim 
&  partant  mour  qu'on  luy  porte  ,  n'clt 

il  1  quand  a  l'j<ft. 

;  und  à  i'aétc  commande,:!  y  peut  auoir 


73  2  Vor  le  Lundy 

del'excez&fans  doute  en  fainâ:  Pierre  à  l'a* 
«fte  commandé  ,  il  y  a  eu  de  i'excezen  (on 
amour,&  pource  il  difoit  comme  priuc'  de  rai- 
fon  par  la  torec  de  cet  amour,  numquamfcandA- 

Remarquez  icy  en  fuitte  de  noftrc  texte 
Euangelique  ,  que  noftre  Seigneur  ne  meine 
que  trois  difciples  auecluy  au  iardin  Se  non 
plus3c'eftà  fçauoir  fain£t,  Pierre,faîn&  Jacques 
&  fainâ:  Iean  ,  pourquoy    cela  ?  pour  quelle 
raifon  n'en  meine- il  que  trois?  pourquoy  fe 
pafTc-il  à  fi  peu  de  compagnie?  que  ne  menoit- 
il  tous  les  autres .'  c'eft  peut  cftre  pour  dire  que 
pluficurs  fuiucnt  noftre  Seigneur  en  profpe- 
ritc5maisfort  peu  en  trauerfes  :  ou  bien  il  ne 
prend  que  trois  difciples  pour  dire  que  tout 
le  monde  deuoit  élire  participant  aux  mérites 
de  la  Pafsion  de  noftre  Seigneur ,  monde  re- 
prefente'  par  ces  trois  difciples,  puis  qu'iceluy 
eftdiuife  en  trois  principales  parties,  ou  bien 
pource  qu'iceluy  a  cite'  renouucllé  par  les  3. 
enfans  de  Noe'  apres  le  déluge ,  c'eft  à  fçauoir 
par  SethjCham  &  Iaphct.  Ou  bien  ces  trois 
Difciples  ne  nous  reprefenfent-ils  point  les 
trois  cftats  du  mondc^'eft  à  fçauoir  l'eftat  des 
Preftrcsjdes  Vierges  &  des  mariez  !  le  fils  de 
Dieu  parlant  du  ingénient    marque  ces  trois 
fortes  d'eftats, quand  il  dicl: ,  duo  erunt  in  molla, 
n>ms  a/fumetur  (J  *dtcr  rclwquetur  :  duo  erunt  m  le- 
£falo9ynui  affumetur  (?  altcr  relinquetur  :  duo  erunt 
in  molU,  c'eft  pour  les  mariez, &  pour  les  folici- 
tudes  du  monde  yduoerttntin  leclulo ,  c'eft  pour 
les  chaftes  &  contemplatifs ,  O*  duo  erunt  m  <***•« 


et  après  hs  Ramea1  733 

c'eft  pour  les  Prcftres&  Ecclefiaftiqties,&  iu* 
(ternent  donc  ces  trois  Apoftrcs  font  cfleus,S: 
choiliscntrcksau::cs,pourcc  qu'entre  les  au- 
tres ils  cftoiet  les  p"  afsifterà  cette 
tctctragiqucNj  faU                    ce  ne  p  <uuoient 
titre  que  les  tre                       |oi  pcuflcntvoir 
trembler  celuy  qui  efttout  puiflant  :  voire  cc- 
h.y  flefehir  le  genouil  qui  efl  Maillre  de  rVni- 
DCrs:&  voir  dei  gril           du?  lequel  contient 
en  !o>  la  plci                       ..ait  de  tels  Apr>ftrcs 
pour  voir  ce  fpeâade  ,  pourec  que  s'ils  le 
voy  oient  trcml;  fe  pourront 
rcfôuuenir  qu'a                    s  l'ont  veu  glorieux 
iur  le    .                         •    •     1  tant  qu'en   luy  il  y 
anoit    deux  nat                  's  voyoient  le  Perc 
le  d'.  biffer  ,  iU  le  refouuiefldront  qu'vr:  iopf 
le   Perc  d                        de  ce  fien  Fils  ,  bic  rfè 
1  tnquo             :ne  Complncut  :  o 
icurcux  D^ciplcs  ,   h  aucz  veu 
autrefois  fur    le  Tabor  remply  de  ef  ' 
maintenant  que  la  chance  elr            ce,  vo 
le  voyez  rem  pi  y  5c  Pal  i  !  •  trifl             fissc/l 
M  TH4.  me*  yfjktdJ  mirrem  ,  v            .uez  veu 
au  Tabor  ai.ee  vue  face  teplendiffante  ain- 
û  que    le  fokil   ,  &                         vous 
cefte  fienneracc  toute  changée  de    tri  fie  H 
en  Tabor  ce-                                                     u 
blancs  que   la  nci«e  ,  &  auiourd'huy    vous 
voyc2  tous   plains    fie  couuerts    de   fang 
diftillantdefcs  ptayci  &  Je  fc%  fueuri  :  en  Ta- 
bor le  Père  -               &  le  FiU  fc  t  a  i  H               1- 
1  ili  parie  \  le  Père  fe  taifl:en  Ta- 
bor il  vous  confortoitl  &  auiourd'huy  vous 


^34  ^our  k  ï-un(b 

k  voyez  conforte  par  vn  Angc,cœp>tp4iieït  & 
mœft/.'sej)e,èi  ce  pour  confiner  l'erreur  des  héré- 
tiques   lefcjuels  difcnt  cjuc  iamais  noftre  Sei- 
gneur n'a  eij  crainte  :  mais  afin  qu'ils  appren- 
nent qu'il  a  efté  fuicâ:  aux   mcfmcs  palsions 
que  les  homme   ,  &  auxmefities  afflictions , il 
dit,  Triftis  eft  anima  mea  ,  yfjuc  aà  mortem.  11  eft 
bien  vray  ,  ainfi  que  dit  fainâ  Ican  D-.mafce- 
ne  ,  que  les  pafsions  de  noftre  Seigneur  eftoict 
bien  différentes  de  celles  des  hommes  ,  &  n'e- 
iloient  pas  proprement  pafsio*is  :  mais  bien 
propafsions  qui  n'eftoient  pas  diiTonnantes  à 
laraifon  comme  font  celles  des  hommes  ,  & 
eftoient  fes  pafsiôs  en  luy  marqué  de  l'infinité' 
de  fa  nature  humaine,  czjnt  pamrc  &  wœfïus  ejfc, 
C'cft  ce  qui  fai<5t  efpouuctcr  ceux  qui  auoient 
efte  prefensa  fa  Transfiguration,  &  en  cette 
tienne  triftefle,  il  les  prie  de  prendre    leurs 
veilles  auec  les  fiennes.craignant  qu'ils  ne  fuf- 
fent  furpris  de  quelques  tentations  ,  Vtgilate 
Grande  weeum  ne intretis  in  tentationcm%&  Ci  tant  eft  que 
ymlance  nOL1s  ^'ons  parmy  leshilloircs  Romaines,  que 
ujinnu    tam  ^uc  ce  Rranc^  Capitaine    Annibal  fentit 
ii  auprès  defoy  Scîpiô  l'Africain  ,  iamais4 il  nefe 

coucha, ny  ne  fe  defarma  :  ainfi  la  r.iifon  veut 
que  nous  fovons  roufiours  en  perpétuelle  veil- 
le, puis  que  noftrc  Sauueurle  recommande* 
pour  autant  q-ie  nous  auons  auprès  de  nous  fa- 
than,qui  fai<5t  perpétuellement  la  fcntinellcj 
cfpiant  les  occafions  de  nous  prendre;  m.iis 
poureeque  Dnnd  dit  c\uc,Hifî  Dominus  euflo- 
dimt  cimtatem  fru/lrayiotUt  qui  euftodit  tams  V  oy* 
U  pourquoy  il  faut  que  ce  foit  auec  luy  que 


d'après  Us  pameauxl  75^ 

nous  veillions, afin  de  nous  garanrirdcs  parcs 
de  ce  cruel  en  ne  m  y  ,  &  par  fon  afsi  fi  an  ce  par- 
ticulière gaigner  le  haurede  la  félicite  éter- 
nelle, oùtous  les  naufrages ,  dangers, per il* & 
tempeftes  ne  feront  en  règne  ny  en  laiion, 
ains  vn  repos  ,  rnc  trancjuilirc  pcrdurablc  & 
pcrfonrftrllcà  iamais,  où  nous  conduife  le  Pe- 
rche "  ils&leiain&Efpri:.  Ainii  loit-il. 


ftÈ8WÔ^€ 


SERMON     SECQND 

DE    LA    PASSION    FAlCT 

au  Mardy  fain£h 

DormiteUm  &  requwfcite  ecce  appropin-* 
quant  bora ,  &c, 

Vi  a  ouy  que  la  mort  du  fils  Je  Dieit 
a  commence' par  chant  ^Uymno  ciiBoy 
&  qu'il  s'eft  retire  à  vn  iardin  ,  pour- 
roitpenfer  que  c'eft  pour  quelque  plaifir  & 
contentement  :  mais  ccchanteftvn  chant  de 
CirTncprogno(iiquede!a.mort,&:  ce  iardin  au 
lieu  de  fleurs  n'a  que  des  efpines,  pour  fontai- 
nes,fueuts  &  fang,  pour  doux  vents  &  zephirs, 
foufpirs  &  fanglots,pour  fui  i<5h,  poires  d'an* 
goifles3&  pour  plaifirs  agonie, combats,  &  ba- 
tailles. Mais  qui  ne  dira  que  ce  n'eft  vn  iardin 
rr,alhcureux,vovantlaforucdufilsdc  Dieu.  O 
infortune'  iardin ,  il  ny  peut  auoir  plus  grand 
malheur  pour  toy.Heureufc  l'Egîifc  Chreftië- 
ne,en  laquelle  nofire  Seigneur  entre  comme 
dans  vn  iardin, où  fctrouuc  l'arbre  de  vie, les 
fontaines  de  l'armes ,  les  vents  &  zephirs  du  S. 
Efpritcefera  pouffez  de  ce  ven&que  nous  en- 
treprendrons d'en  difeourir  fous  la  faucur  de 
la  Vierge  luy  difant,  jIm  Maria. 

Cisr 


d'après  les  Ramejuxl  7  ;  7 

'Est    vue  mcrucillc  que  TEfpou- 
fc  parlant  de  l'Efpoux  ,  entre  au- 
£Q  très  loi'nnges  qu'elle  luy donne,  luy 
dit    ,  lilu  iltfiiUdntié  myrrbjm 

'»*t*.    ht  ce  qui  me  fait  eftonner  d'auan- 
que  cet  ETpotlt  celeftc  s'addreffant 
à*  cefle  Efpoufe  ,  luy  va  difar.t   ,   /.  d 

fub  lâi  elle  merueillc  eit  cccv  ?  des 

léures  de  I  Efpoux  ,  la  myrrhe  première  tre  - 
•mère  fort,  &:  de  celle  de  l'Efpoufc,  le  laift  cV: 
le  miel  merueiilcufemcn:  doux  r  Quelques  vns  Dimn-fès 
rront  dire,  que  par  le  lys  figure  del'clo-  cxplict- 
•ice,eftrcprcfehtce  la  force  de  l'éloquence  t, 
du  J         .   Dieu,  h  que  prefehant  la  mortifi  :a-  , ,,  ;. 
tion  ,  pénitence  &  aufteute,  c'cft-là  la  myrrhe 
\  reccue  volontiers  ,  &  lors  qu'il  la  pref- 
chc,c'eft,  VÂUlHdlilidiiiftiiUhtU  myrr!)Ampri~ 
mxm.  réelle  myrrhe,  lors  que  ce  Seigneur 
prefehoit  au  haut  de  la  montagne  ,  Besti  p.tu- 
pmsfyirittiyF.rAttrjHipn  ttur ,«ftj  I 

>n  ip forum  e/1  tegtm*  Ca  i  m  »;. 

où  au  contraire  ,  l'Efpoufc  dr  I'Eglife, 

Ifnblâi  Errant  qu'elle  a  re- 

éeu  le  pouuoir  de  prefeher  ra  paro'c  de  Dieu^ 

laquelle  cft  dite  cftre   plus  douce  que  miel, 

om  du  Ici  m  ■  meif  èlétmU  htd  fièpff  tKkl\ 

ntto.  çUquidtHdftHlriord  ft<prr  mrl  cf  I -tu u m, pour  le 

t    S  P.ml  pAtuklis  IdT potumékdi  ttft 

Iclaict  delafaindeparo!  >vu. 

iikiëi  dilc-  ttthlt*  -*rti 

»w. d'autant  t  :  1- 

~  les  menaces  &  cbartîmeni  q  m 

fur  les  meferrans,  cx'ees  chaAir*rn<  fontmy- 

Aaa 


7  3  S  J^  k  Lutidy 

rhes  tres-ameres.Mais  rEglifc,rfcfpoufc,cllc  a 
le  Jaict,  &  le  miel,  pour  le  pouuoir  qu'elle  a  re- 
ceu  de  confacrer  le  corps  du  Fils  de  Dieu,qui 
n'eft  autre  chofe  que  cela  :  i.laiù^afimodoge- 
niti  infantes  Uc concuplfcite  ,1e  laiâ:  eitaliméc  ve- 
nant de  la  propre  fubftance,aufsicclaiéfcn'eft 
autre  chofe  que  la  chair  ,  &  le  fang  du  Fils  de 
Dieu,&  non  feulement  cela, mais  encore  eft-il 
miel ,  fAïiejn  Cceli  dédit  eis ,  omne  deleBamentum  in 
fie  babentem. 

Mais  laiffant  toutes  ces  explications  à  part, 
foit  des  le\irc$  de  TEfpoux  ou  de  lEfpoufe  ,& 
confiderant  le  fujet  dont  il  e(l  queftion  ,  & 
comme  Iefus-Chrift  cftoit  hier  profterne'  en 
terre  ,  présentant  cefte  prière  à  Dieu  fon  Père, 
diïant  ifttter  fi  pvfabile  eft  tranfiat  a  mecAlixifte, 
C'eft  la  terre  ,  la  partie  inférieure  qui  parle. 
Voyons  comme  ce  lys  ouurc  fes  fueilles  ,  & 
aboutit  au  Ciel,  la  partie  fuperieure  >difant, 
Vcriîumen ,  non  fient  ego  y  oh  %fedficut  tum  yis>  voy  là 
comme  cefte  prière  faite  à  Dieu  le  Perc  ,eftvn 
lys,  Labia  tu^ficutlilu.  Voyons  que  ces  lys  font» 
difldU?itia  myrrbam,  Cefte  fueurfanglante  qui 
fort  de  (on  corps  ,  qu'eft  ce  autre  chofe  que  la 
myrrhe  trempant  ces  lys. 
Deux  for-  .  Les  Naturaliftcs  remarquent  qu'il  y  a  deux 
tes  demyr-  fortes  de  myrrhes ,  i.  &  i.  la  première  eft  plus 
hresm  arrière,  aufsi  cft-ellc  plus  excellente  que  la  fé- 

conde ,  &  y  a- il  encore  cefte  différence  ,  c'eft: 
que  la  première  diftillc  volontairement  de 
l'arbre,  par  le  fcul  battement  des  rayons  du 
Soleil ,  &  la  féconde  ne  dc'coule  que  par  l'inci- 
fion  de  l'arbre ,  Cefte  myrrhe  féconde  eft  for- 


à 'âpre  s  les  Rameaux*.  Il  9 

tic  de  Iefus-Chrift  ,  lors  que  les  fouets  ,  les 
clouxjescfpines  ont  efte  attachées  ,  quionc 
fait  incillon  à  ce  facrc'corps.  La  première  dé- 
coule ce  iourd'huy  ,  ce't  arbre  citant  battu  des 
rayons  de  ce  folcil  d'amour  ,  de  ce  dcfir  très- 
ardant  qu'il  auoit  de  mourir  pour  nous  ;  c'eft 
ce  qui  fait  diftilcr  celle  fucur  defang  :  myrrhe 
prcmicrctrcs-amcrc  qui  trempe  ce  (acre lys. 

S.  Hierofme  expliquant  ces  paroles ,  Trtfiii 
tfl  unimu  mtx  y  finie  ait  mort  cm  ,dit  que  le  Seigneur 
vouîoit  dire  par  cecy,  qu'il  feroit  en  impatien- 
ce, &:  en  trilicfle,iufqucs  à  tant  qu'il  euft  expi- 
ra pournous:&cc  Seigneur  parlant  de  fa  mort, 
difoit,/>.*/  bâftifarï  (f  (ttêtmttk  Cê4rtJort 

c perfkUm  \  oyià  les  rayons  de  fon 

amour  qui  ou:  tait  cfcoulcr  cefte  myrrhe  pre- 
mière ,  cède  fucur  J?  fa  «g» 

clt  queftion  de  parler  des  leures  de  l'EÊ- 
poufe  fon  Eglifc  ,  Lac  &  mcl  fùb  Ut/v  ■  U  •■  ,  ce 
n'eft.  que  laict  ,  que  miel,  celle  de  l'Efpou.v, 
nVftant  que  mvrrhc ,  c'eft  à  dire  que  fa  triflcllc 
nou*  a  caufe  faiove.  Sa  myrrhe,  dit  I'Efpoufc,* 
produit  en  ma  bouche  le  laict  ex  le  miel -c'cfl 
pourquoy  auiourd'litiy  il   dit  a  fes  Apoftrc 

n  & requiefute}  Et  delà  il  moflre  qu'il 

cfl  vray  Roy.cnuoyc  de  fon  Père,/ 

(htur.  'Ht  St$n  m 

r  adiré  fur  l'EgUfc.  Aux  luges  y.  lorç 

ioa  de  f tire  cflcction  entre  les  pti 

arbr-  >ulut  douer  la  ^ 

,  portée  âh 
au  ti  nnrrvju  il  ne  voulut  l.ireccuo'  T1  "  / 

luv  r  miel  ,1'oliuier  de  mcfmc, 

difaneq  ,  jeur^avi-     * 

A  aa  ij 


n  40  Pour  le  Lundy 

gne  fa  liqueur  ,  mais  refpinc  la  print , pour  r£ 
prefcnter,  quec'eft  le  propre  dcsRoysd'eftre 
toufiours  es  efpincs,  priuez  de  douceur  pour 
eux  ,  de  forte  qu'on  peut  dire  d'eux ,  LxbiA  tua 
fient  liltd  diHiiUntid  myrrbam  primant. 

Mais  pour  les  fuje£ts ,  pourri' Efpoufe ,  Labid 
tttdfîcutmd.  O  que  icyeft  vn  Roy  différent  de 
celuy  des  Abeilles  s  qui  eft  toufiours  dans  le 
miel ,  parmy  les  ruches ,  tout  ce  que  les  autres 
trauaillent ,  ccft  pour  le  viure  de  leur  Roy ,  fe 
contentât  de  porter  fur  fon  frôt  vne  goutte  de 
rofe'e  qui  lny  fert  corne  de  Diade'me,pédât  que 
les  Abeilles  font  en  trauail  &  peine  ,  &  toutes 
chargeas  de  Tueur  .-Mais  ce  Roy  ilofte  ,  prend 
&  porte  toutes  nos  facurSjfc  contentant  que 
nous  emportions  quelque  goutte  ,  que  nous 
ayons  fouuenance  de  festrauaux,  &  que  nous 
recognoifsions  que  fes  peines  nous  ont  caufe' 
le  repos,T)ormite iam,  & requiefctte.  Ha  !  que  ce't 
Efpoux  cil:  bien  différent  de  luy-mefme  aux 
Cantiques,  ayant  fa teftc,& Ces  cheueux  pleins 
de  rofce,crioit  &  buquoit  à  la  porte  de  fon  Ef- 
poufe, disat  ,*Aperi  mibiforor  mea  SponfdrfuU  capta 
Ttitùphmt,  eflrore,  maintenât,  ny  feulemét  sô  chef 
cft  charge' de  rofe'e,  mais  bië  tout  fon  corps  eft 
trempe'  d'vne  fanglate  fueur ,  &  au  lieu  de  dire, 
^ApcrimïJH^c  nous  faire  leuer,  il  ait, Dormite6r 
Force  ck   rctl^fclte ,  Voilà  h  force  de  Toraifon  de  noftre 
ïorAtfin.    Sauucur  &  Rédempteur  Iefus-Chrift,  par  la- 
quelle il  a  acquis  le  repos ,  le  contentement, 
&  luy  s'eft  acquis  la  peine  Je  trauail  &  la  for- 
ce &  confiance  pour  le  fupporter ,  crayon  qui 
cft  vn  yray  arc  en  ciel ,  compofe  de  lumière 


£  après  les  Rameaux.  741 

&  opacité',  comme  elle  cft  compofc'c  de  con- 
fiance &  humilité,  qui  n'cil  autreque la  con- 
iideratiô  de  nos  impcrtc&iôs  de  noltre  néant, 
c'cll-là  i'opacite^a  côfuncc;par  laquelle  nous 
montons  lufqucs  a  Dieu  ,  c'efl  la  lumierc, 
cet  arc  en  ciel  le  fait  de  la  lumierc  defeendanc 
de  la  niice  opaque  cVoblcurc,  aufsieir.  il  <i 
Q*ifcb»mi  'uuexé&ubtiur%&tim  npf,c'eft 

^flumi/Udjux  yiu*  dc\ïirc 
..  I  J  il-  reflc-il  dôc,  linon  que  la  lumierc 
:  jendanr,  la  nuée  montant,  l'arc  de  la  raiton 
fe  forme.   L'arc  en  Cielcft  compofede  : 
couleurs,  de  l'azur,  couleur cclcftc  , de  verd  &  L[t 

de  pourpre  :  l'oraifon  aufsi  fe  fait  de  l'azur  de  /  urc 
la  méditation ,  du  verd  de  la  pétition  ,  &  du  ( 
pourpre  de  la  contemplation  :  pour  méditer, 
Mafoy,pour  demander  l'cfperancc,  pour 
.iplcr  1  IWK  par  jprcs> 

ce't  arc  en  (  :  marque  de  la  p  lix,  tranquil- 

&.  repos  q»e  rdre -il ,  linon  que  cet  arc  en 
1  de   i  raiercauiardin  dc\  Oliucs, 

no1  e  ce  repos ,  ce  qu'il  :  ^ft  pour- 

quoy,  I) -'t'iutteuh:,  .  &  celle  m  Jme 

n  donne  ror^c  8ç  confiance  au  I  :i<.  de 
u  ,  pour  fupporter  tant  de  pe: 
mens.wmcrucill-  .icl'or.i 

parle'  a  Djcu  iur  la  montagne  ,IIMjcIm$ 
>iut.im  ,  marque  de  force  Se  valeur, 
.1  a-il  eu  telle  forcc,qu'ila  retc: 
de  courroux  contre  les  homme  -if- 

hommequi  as  la  îoicc  pjc 

>n  de  vaincre  non  c  ^es  cele- 

ftcsfe.  1 7mais  Dieu  m  i»« 

A 


Vertu  du  titJMMfww  nxus.  On  ne  fçauroit  mieux  com- 
J\emsra.  parer  celte  force  de  l'oraiion  que  au  Rémora, 
lequel  a  celle  force  de  retenir  le  plus  grand 
nauirequi  foitfur  la  mer  :  l'oraifon  raid  de 
mefmc  ,  Dieu  venoitàvoilc  defploye'e  pour 
punir  le  monde  ,  voicy  ce  petit  poirTon  ,  vne 
petite  oraifon  qui  l'arreftc  &  luy  fai<5t  dire,  Sme 
me  Dt  irafeatur  furor  meus» 

Danidarcprefcnté  cecy  difant.  Nifi  Moyfîs 
ftetiffetin  confr*c~hone\ ,  c'eft  à  dire  ,  lu  humihtate, 
comme  porte  l'Hcbiieu.  O  prière  qui  as  ce- 
tte vertu  que  de   donner  force  &  courage  à 
l'homme  !  lob  parlant  de   l'oraifon  &  de  fa 
force  dit  ,  DerehBtt  funt  tanthn  modo  Ubia  cire*, 
dentés meos ,  les  Septante  difent  OJ]a7  aulieu  de 
Labia.  Et  fainft  Auguftîn  l'explique  ainfi  ,  Fru- 
Bus  Ubiorum%cci\d.  dire,  Orationumy  &  d'autant 
que  les  Septante  difent  ,0^,  non  LabU,  delà 
quelques-vns  ont  voulu  dire  que  les  Septante 
ont  voulu  entédre  la  force  de  l'oraifon,la  com- 
Zdfjrce     parant  aux  os ,  la  plus  forte  partie  du  corps.  Et 
de  l'orai-    de  Iefus-  Chrift  il  eft  di&  qu'eftant  fur  la  mon- 
fon  compœc  tagne  de  Tabor,  Faciès  eius  facld  cH  (juafi  fpecies 
reeduxos.  altéra.  Et  icy  au  iardin  par  l'oraifon  yMutatuse(l 
yultuseius ,  de  craintif  il  elt  deuenu  courageux, 
fuyant  auparauant  fon  ennemy  la  mort ,  voicy 
qu'il  s'en  approche  &  luy  vacnteftc,difantà 
fes  Apoftrcs ,  Kamus. 

L'Euangeliftc  remarque  que  Iudasfçauok 
le  lieu.  Sciebat  autem  &  Iudas  qui  tradebat  eumt 
Ucum. 

O  iardin  plantureux  !  qui  porte  les  fruits 
&  fleurs  depluficurs  xnyftcrcs,  ô  qu'il  eft  yc- 


£  âpres  les  Rameau   .  -743 

ritable  ce  que  dict  le  Sage  de  Dieu ,  £>ut  4ttin*it  Bf^  conm 
*  fine  vpjue  ddfinc?n  former  [HAnuerque  ciifpcnens:  C(ptt9nt 
Lavieduhls  de  Dieu  a  commence  par  vn  lar- 
dirîifïniten  vn  iardin.  Ovray  iardin  que  le  vc- 
tre  virginal  delà  Vierge.  Inquo  ctndiu  fum  om- 
mdflorum  pcn.->  s    iUrxmtntA  >*» 

Hicrol.    I  S  yborttis  conclu  fia  ,/*>'./  //; 

iardin  ex  romaine  pour  fci  vertus  c\  mérites, 
Il  •  fer,  renferme'  dedans  foy  pour  fa 

virginité.   Le  beigncuracflc  lie  des  cordes  de 
noltrcchair  dans  ce  iardin  myftique,  ce  ven- 
tre de  la  Vierge,  quelles  mcrueillcs  auiour- 
d'huy  dans  ce  iardin  des  Oliues ,  s'il  fetrouuc 
garrChc?Saiu<ft  Ambroifc  cpiilre  4.  dierque 
l'Eglifccft  vn  iardin  ,  Tertulian  contre  Mar-  j[m* 
ciondicqueramcrcft  aufsi ,  Origene,Uo-  j:.f-n 
melic  116.  di<ft  le  mefme  de  l'Efcriturc,  Clc-      .      /   1 
ment  Alexandrin  s.  Stromat.  lcdiaaufsi  du  fyf  ^. 
monde:  Icfus-Cliriu  entre  dans  ce  iar-  /wî  u* 

dm  pour  donner  commencement  a  la  palsi  on,  .  ^    w- 
pourdire  que  par  la  more  cv  pa(* ion  il  dcuoit  - 
I     :lt(e,  rsxheter  les  ames ,  donner  ! . 
&  vraye  intelligence  des  Ecriture  ^      . 

lier  tout  k  îfte  p  îcommciu 

dans  ce  iardin,*:.  ;n  iceluy,  puis  quily 

cft  enfeuely. 

i.irdin,tu  me  reprefentes  l'cflat  dece  vie- 
Adam  ,  lequel  iooit  elle  mis  dantvn  iardin 
de  plaifir  ,  êv  délices  :c*efl  à  dire  1 
du  Paradis  tcrrellre  ,  V$fi  m 

yolttptdtis  yt  êperurctur  ,  mai 
A  lam   dans  vn  iardin  d'à 0 go  i  les  ten- 

tations ont    eu    le   deilus  ,  U  die  fuc- 

A  aa  : 


744  ^0UY  k  i-un{(y 

montées  ,  là  le  malin  efprit  fait  cheoir  nos 
premiers  parens  ,  icy  l'Ange,  conforte  Iefus- 
Chrift.làeftoient  les  plaiiirs&  délices,  icy  en 
ce  iardin  des  Oliucs  ,  les  batailles  &  combats, 
là  eftoient  les  fleurs  dont  les  cfpincs  de  noftrç 
ruine  ont  efté  faites  ,  icy  les  cfpincs  dont  les 
fleurs  &  rôles  de  noftre  falut  font  fortics,  là 
Adam  en  pleine  liberté,  icy  Icfus-Chrift  captif 
&  ferf,  là  la  liberté  d' Adam  a  efte'  conuertic  en 
efclauagc,  icy  la  feruitudeduFilsdeDieucn 
liberté',  mais, 

Ecce  qui  me  tradit  prope  ejî ,  iuftement  cefie 
éternelle  Sapicnce  commence  par  ce't  Ecce, 
parole  efmcrueillable  &  d'eftônemcnt,  chner- 
ucilles  !  que  tant  de  maux,de  grace,tant  de  bé- 
néfices ,  tant  de  remontrances  n'ayent  peu  ra- 
molir  ce  cœur  diamantin,  que  les  menaces  fi 
horribles  ne  luy  ayent  peu  faire  drelTer  les 
cheueux ,  que  tant  de  miracles  que  le  Seigneur 
auoit  faits  en  fa  prefence,  n'ayent  cmpcfche' 
fes  deiTeins.  Ecceobftupefcitccœli  piper  bdc ,  &  terra 
attdiat  yerba  oris  met.  O  terre  fourde  &  muette/ 
cntcnlsce  que  ic  dis,  f  ' ilios  entitriui  &  exalta  • 
m,  &  tpfi  fprcHtrunt  me. 

Trois  choies  finguliercmcnt  peuuent  flef- 
chîr  &  adoucir  vname  felonc,  i.  les  menaces, 
2. les  paroles  douces,}. les  dons  &  prcfcns,tout 
cecy  a  pratique'  IefusChriffc  cnuers  Iudas,pour 
les  menaces,  qu'elles  pcuuct  eftrc  plus  grandes 
que  celle*  cy .  Va bomini  ï\li)  per  quetnfilius  bomints 
tradetur,  pour  les  paroles,  JLmice ad quidvemfité 
pour  les  faucurs  &  grâces,  on  ne  fçauroit  ima- 
giner rien  de  plus  grand  que  ce  que  Iefus- 


£  Apres  Us  Rameaux.  74$ 

Chrift  a  fait  pour  le  mal-heureux  Iuda^  :  ^  r 
immédiatement  auat  que  ce  Seigneur  allait  a 
la  mort ,  il  luy  donna  l'on  corps ,  &  proiterne 
deuant  luy,  luy  hua  les  pieds,  plus  aucc  les 
larmes  du  cœur,qu'aucc  l'eau  du  bafsin;  tant 
de  regards  amoureux  qui  luy  jette ,  tout  cela 
ne  le  peut  retenir,  c'elfc-la  cet  Au f. 

Ce  mal-heureux  Iudas ,  nonobftant  tout  ce» 
la,  le  veut  vendre,  puis  quccclacit,  ad  Julfc 
toy  à  ce  lapidaire  Euangrlique  ,  qui  en  lyait  la 
?aIcur,/w/<;Wrf  v/w  fritte  fa  mérguattâ  ytrud 
nu qux baùcùut (f  émit tom ,  Judis  addiclle-toy  B.IU  con> 
au  Sage  qui  t  en  dira  le  prix,  Dur.  éilejfti 

■  nom  xlïuis.  Ha  '  maudite  auarice,X^W 

m,,iA[  rucoys lurifdCrdfdmtsi  Ha.'dc- 

i:r  d'acquérir  à  tort  &  à  uauers,  iuiques  à  ren- 
dre Dieu. 

Ma:        |  .das/  Ci  tu  le  rçm  vendre  amcine-lc 
àl'encan,  en  place  marchande  ,  declare-la  les 

feâtOAS  *c  rarctez  de  ce  ferf ,  afin  que  tu  en 
dilcs  ce  qui  vaut ,  dis  hardiment  que  c'eir.  1 

'  me  ,  mais  efclaue,  qui  eftlamelmc  beauté, 

io[u*  farmd  fr.x  Q  ii  vn  '    P°' > 

;itcur,mais  fi  toi:  qu  'il  porte  le  : 

!'es  efpaules  ,  mais  par  U  feule  parole  ,  1   < 
>  yirtu  <  i 

artifan  ,  puis  <  & 

Jetoutle  monde, s'eflant  L  Kit  il  4*1 

Jwf.pour  matière  d'vnricn,  d'vnneint4  que 
c'clt  vu  efclaue  ,  mais  comble  de  fjpicnce, 
InrjucfuntomiUi  I  A* 

■  ■  ',  Qoec'ffl  vn  trcs-cxccllcnt&  très  pur 
médecin  ,  lequel,  InfiAMtéi  ^  vn-. 


647  ^our  ^  Mari? 

fi***  Q^îleft  grand  Aftrologue&  Arithmetï- 
cie,puilque,  Humer at  multitudinëftetiartî&  omni- 
bus eis  nomina  yocat.  C'eft  vn  cfclaue  à  la  vérité: 
mais  neantmoins  c'eft  l'image  du  pcre ,  la  fplé- 
deur  de  la  gloire,  les  richeffes  du  Ciel,l'efpera- 
ce  des  Prophètes ,  la  foy  des  Partriarches ,  l'a- 
mour des  ÀpoftreSjlacoftancedes  Martyrs,  la 
gloire  des  Do&eurs,la  Couronne  des  Vierges, 
la  rédemption  du  genre  humain  ,  à  qui  les  An- 
ges font  trop  heureux  de  rendre  feruice,àqui 
les  vêts  &  la  mer  obeiflfent ,  deuant  qui  les  dia- 
bles tréblent.  Que  fi  à  raifon  de  tout  cecy  il  eft 
inaprctiable ,  voicy  encore  d'autres  raretez,S. 
Ambrof.  li.^.deyirg,  Omnuïn  Chnfto  habcmusy 
&  omnittnobis  Cbnflus  eft3fi  vulnerucurationem  dé- 
fi der  as  medic  us  efi.fi  éeftuat-.fms  efi,fi  iniquitdte  gra- 
U4rif,iufttiideft)fiindiges  ,  yirtus  e(t9fimortem  urnes 
ytuefl.fi  cœlu  deftderas,  yideft^  fitenebras  fugisjux 
efl,fi cibum quart* ^limemum  efi.Et  toutes  fois,a- 
uarice  grande  ,  eftrange  aueuglement,  il  efl 
vendu  pour  trente  denicrs,ô  vil  prix  pour  vn  fi 
grand  Seigneur,ja  qu'il  efl  vray  ce  qu'il  difok 
par  so  Prophète ,  Koenim  cogitât iones  meœ cogita- 
tiones  yeflrœ,  peut  nec  yiœ  meç  yiœ  yeflrç  :  ficutexaU 
taturcceli  a  terra ,  ita  exdtantur  yiç  meç  à  yi]s  ye- 
fins.  Seigneur  vous  faites  tant  d'eftatdePhô*» 
me,&  il  vous  nnefprife ,  vous  Tauez  achepte'  par 
vo{trcfang,&il  vousved  pour  trente  deniers. 
Belle  anti-  rQ\in  d\t  qu'anciennement  s'il  arriuoit  qu'vn 
qmte.        bœufeuttuc'  vn  bceuf,ou  vn  efclauc,lemaiftre 
dubœufpayoit^o.  deniers  ,&lesluifs  furent 
vendus  par  Ptolomee  30.  deniers ,  &  après  la 
deftru&ion  de  Hicrufalcm  en  efchangedccc 


iïapYcslcs  MmueâMx]  -  j.  7 

qu'ils  auoicnt  achepte' le  Sauucur  30.  dcni. 
&cn  donne  trente  pour  vn  denier. 

(I  TNUH  ex ;du:d< .  r  fol.  Ain Q 

a  on  veu  vn  Lucifer  cuire  les  Anges ,  vn  C- 
cn  la  maifon  d'Adam, vn  Camcnla  iaii.Ctc  I 
mil'cdcNcv  a  iclen  La  maifon  d  Al)  1- 

ham,  L  uikntcm  inm [juAi^c'cti  à  dire  u  c. 

Dam  la  rnaifoR  de  lacob  les  deux  frercsquî 
Tendirent  Le  petit  Ioleph  ,  ainii  dans  la  roaiion 
de  Dauid  vn  Abf  tlon,quitua  Ion  fircrç  Amu 
f  tm  ex él$éoJtctmtYRC dt$  12.  Colomnes^i'ra  de 
ces  12  n  peuples  de  Dicu,fne des  12  tô- 

taioesdeg  12.  Apoftrcs,fo.US cjui  1  crer  trébl 
àq  'es  obciiloicnt ,  cjui  auoit  raicl 

mille memcillcs,  cchiy  qui  tliohchaflc  les  dia- 
bles d<?s  po(îedez,nc  le*  peut  çhafl-T  de  loyjia" 
qu'il  cfl  vray  ce  que  dit  S.  Grégoire  le  granJ» 
nm\iuiu<  fçnùttêé 

dcLtur  .fitbul  à  iffdmm  fk  fia  •  :.  Ce 

ludas  du  connu  lent  %ÈfM9Cui  ibdbims, 

ce  tuera  petit  pèche  1  parspees  a  vn 

lui  tult  de  trahifon* 

9JLnUtfufurrofpfec(}  Fn  la  naiflance  on  donne 

des  lignes.  WM»  /;:«.*;; tens  wUn::m% 

en  fa  mort  au  Psi ,  1  antem  TU  fffium  ,  en  la 

naifTancc  on  donne  ligne  de  paîl 

puis  qu'il  eftoif  venu  pour  réconcilier  le  Ciel 

aucclatcrre,lc  Créateur  aucc  la  créature, 

auec  l'homme,  le  luif  aucc  le  (  ientil  ftf*rî 

CéBStdflf  [untincœlo  ,  V*\uf  mi^ 

Juy  donne  ligne  de  ni  grande  ditL-rcnce 

de  Dieu  d  aucc  l'h  :u  donc  ligue  aux 


748  P°UY  k Lundy 

hommes  pour  n'eftre  tué,  tefmoin  Caïnàqui 
Dieu  auoit  empreint  marque  au  front ,  pour 
n'eftre  offencé  de  perfonne  ,  &  cependant 
l'homme  donne  figne  pour  faire  mourir  Dieu. 
Dieu  autrefois  en  Egypte  marqua  de  fang  le 
fueil  des  portes  desl  uirs ,  afin  que  l'Ange ,  de- 
flrufteur.  n'y  entrai!:  pour  occire  les  premiers 
nez,  &  ce  de  grand  amour  qu'il  leur  poitoit, 
voyez  Iudas  qui  donne  figne  d'amitié' en  ap- 
parence ,  pour  refpandre  le  fang  du  Fils  de 
Dieu,  Dederxteis  trtduor  ftgnum }  quemeumque  of. 
cuLttus  fucro ,  &c. 

Ha  chère  Efpoufe!  vous  fouhaitiez  autres* 
fois  aucc  tant  d'ardeur  vn  baifer  de  voftrc  Ef- 

CMtic,  poux,difant,  Ofculetur  me  ofcuU  oris  fui.  Te  fçay 
bien  que  les  Cieux  ont  des  bouches ,  Cceli  enar- 
ïMt°lonam  Dei,  que  les  Anges  en  ont,  Si  lm*uis 

1 J  '  bominum  loquar  G*  JtngdoYum ,  Qne  les  Prophè- 
tes auÇsi,Multifariï  ,  multifque  mocks olim Deuy  lo- 

\,£d  Heb.  qnens  pAtribus  inVropbetis,  le  ne  dcmâde  de  leur? 

j.  baifers.  Tslottifliine  diebus  iflts  loquuius  eft  nobis  in 

jilio.  C'efc  cette  bouche  que  ie  defire  baifer, 
pour  viure  à  iamais  ,  Ofculetur  me  ofculooris  fui. 
Ha  efpoufe!  vous  demâdcz  &  efpercz  vn  baifer 
de  vie,  &  voicy  ce  iourd'huy  l'homme  qu'il  luy 
donne  vn  baifer  de  mort ,  Quemcnmque  me  ofu» 
Ltusfuero,  ipfe  cft. 

O  que  de  Iudas  au  monde,  autant  de  RcMçio- 
naircs,  autant  de  Iudas  qui  donnent  le  baifer 
de  marc  ,  trahiffant  leur  Seigneur,  lorsqu'ils 
difent  qu'ils  veulent  t'Efcriturc,  c'cft-là  le  bai- 
fer, lors  qu'ils  refufent  les  traditionsjc'eft-là  la 
mhifon.  Quand  ils  difent  que  le  fang  d*  Fil? 


(Câpres  les  Hameau  74? 

de  Dieu  eft  fuffifant,  vovlàlebaifer:q;ul  ne 

..tnyfatisfa&ionny  mériter  de  noftrc  cotte, 
trahifomque  le  fils  de  Dieu  cft  Aduocat  &  ni  • 
diatcnr  pour  les  hommes, vov  la  ce  baifcr,qu'il  Trébifon 
ne  faut  linuocationdc;  ,  c'cfl-Li  la  tra-  £j  //., 

iiifon.  O  Catholiques  !  lors  que  vous  vous  ap-  nues* 
prochezdc  la  fain&e  Table, aucc  vne  aine  eau- 
terjfe'c  ,  vous  bailez  cxtrahifkzce  ur,  ô 

âmes  !  qui  retenez  la  complailance  dans  voflre 
ame  de  quelque  peche  mortel  !  r, 

vous  k  baifez  de  la  bouche ,cx  le  trahifez  de 
cœur. 

Hl  !  impudent  &  ma!-'icur  \is, es-ru  fi 

outrecuidé,  que  de  porter  ta  bouche  fur  les  1c- 
urcsdccc  Seigneur?  La  M  )e  s'eft  con- 

tentée de  luv  pieds ,  Of. 

nint.Lcs  Apoflres  fe  font  côtentez  d'adorer 
.  }\eutr ter tint  ddor  dates  veft^ia  fednm 
H*#,c'cftidir  es  la  Kcfurrcclioa 

les  trois  Maries  n'oferent  toucher  ce  Seigneur, 
(c  contentèrent  de  fejetter  à  fes  pieds ,  cV  toy 
mifcrable?  tu  te  ietres  aCà  bouche:  faint  leari 
duquel  il  ell  dit,  Interné  ^Hm^on  furrc\ 

mAurlosnne  Bdfùfld  ,  s'ctlimoiundigne  de  def- 
lier  l.i  i  ve  de  Tes  foulicri .  Nw  fumtdifwâ  | 

/  liêjm  <  v  tu  le 

bai  1  eu  m. 

<  >  mi!-ii  ureuj    fepeut-il  frrrquc  cebaifer 
ne  t'jyercfu'.  t  delu  mort?rft  il 

jr  ayant  !  re  ftt- 

cV  avant  foufflédeft 
•    mcntrmt 
Hn  Kzcchiel  ces  «&c  oyincreceuce 


75  o  Pour  h  Mariy 

foufle  du  Scigneur,nsont-ils  pas  receu  la  vîe,& 
to v  tu  baifes  cefte  bouche ,  &  tô  cœur  n'cft  rc- 
fufcité. Ha!  malheureux  que  fais-t:, tu  côjoints 
deux  exrremitez  bien  efloignees,  la  bouche 
d'enfer  auec  I3  porte  de  Paradis,  la  face  infer- 
nale auec  la  face  de  Dieu  ,  la  guerre  auec  la 
paix,la  parole  de  vie  auec  îe  figne  de  mort.  Ha'- 
Seigneur,  vous  auiez  occafionderepHquer  à 
ce  traiftre,vous  difant ,  Jim  Rtfbi,  ce  que  repar- 
tit Cefar  à  Fuluius,  qui  auoit  di  un  Igné  à  fa 
firpamede  femme, &  fa  feme  à  l'Imperatrice^le  fecret  que 
Ce  far  à     Cefar  luy  auoit  communiqué,  ce  que  fçachant 
Fuiums,    Cefar , Fuluius  venant  le  matin  à  fachambre, 
pour  luy  donner  le  bon  jour  ,  luy  difant,  Jtut 
Cœfar ,  l'Empereur  luy  repart ,  ValeVulu'h  vale, 
d'où,  ce  pauure  Courtifan  apprift  qu'il  eftoiu 
condamné  à  la  mort.  Ha  t  Seigneur ,  ce  Iudas 
vous  dit  yi/îueUabi,  &  que  iuftement  vous  luy 
pourriez  dire,  Vale  ïuda  valey  mais  au  lieu  de  ce 
faire,  vous  luy  dites,  Jtmva  adqmdvenifîi  ?  Haï 
paroles  capables  de  rompre  vn  cœur  diaman- 
tin,  de  froiffer  vn  marbre  leplusdur.'noftre 
Seigneur  frémit  de  cefte  trahifon, particulière- 
ment pour  auoirveu  Iudas parmy  les  foldats: 
Ainfi  lifons  de  Cefar  ,  lequel cftant  entre  les 
,us ',  "  armes  &  efpees  de  fes  afïafsinateurs  ,&  ayant 
r)  e*  (C     apperceu  Brutus  parmy  eux,  playe  qu'il  cftoir, 
7'4K  ,l     s'eferia,  Tu  quorjtte  j?/j,  comme  Ci  ccftuy-cvlny 
brutus.     auoit  fcul  donné  danslecoeur.Iefus-Chrift  de 
mefme  vovanr  tuduparmv  les  foldats,luy  dit, 
jLmkt adcjuidyemdi^  tuquo^uefiH,  Er  dit,  ami" 
ce.si'ny  pourmov,  &  ennemv  poiKt^y  ,  puis 
que  ie  fuis  preft  à  te  receuoir  à  pardon:  amy  en 


<Faprt  s  Us  Rameaux]  75L 

apparence,  &  ennemy  en  effet  :  amy  débou- 
che, &  ennemy  de  cœur  :  Jlmïctjm  :  miferable 
que  tu  es  ,  puis  que  cette  douce  parole  ne  te 
peut  faire  changer  de  refolution  ,  &  recognoi- 
icre  ton  pèche'  ,  qui  ctt  d'auoir  vendu  &  trahy 
le  fang  iufte  ,tutc  recognoiftrasen  fin,  mais 
cette  cognoiilancc,au  lieu  dete  conduire  a  pe- 
nitcnce,tc  portera  au  dcfcfpoir,cxlors  tu  (c mi- 
ras la  vertu  de  cette  fcntcncc.i  mit  lu?» 
pjtejl ,  ri»npQteftcum  Wr,tu  diras  vn  de  ces  ma- 
tins ,  Ticcuui .                  Hincm  lufti  :  niais  ce  fera 
pour  te  dcfcfpercr,  tcfmoin  S.  Léon  » Infelkur 

Indu  fjucrn  non  pcniirc'.  .1  dv.nxn. 

■  10  trjxit  AcllAqttri  ,1c  Seigneur  voyant 

:icquc  toutes  ces  paroles  d'amicie  n'auoL 
de  rien  feruy  à  ludas,  voicy  qu'il  s'addrciTc  à. 
cette  cohorte  de  foldats,  leur  demandât ,  Quer* 
quxrtc.i'YLi  rcfpondircnt  qu'ils  cherchoient,/ 

:  ..irttium.  Ji£êfitm%dii  le  Seigneur,  &:  voi- 
cy qu'a  cette  feule  parole  les  foldats  furet  ren- 
uerfcz&  portez  à  terre  ,  ^Aburunt  rcnrorf$tmfc 
icciéinun:  m  terr.tmt  On  a  feint  de  cet  efeuflon 
&  bouclicrdccriftaldecebraticchcualicr,qui 
prclcnceà  l'cnnemy,  l'csblouifloir , tellement 
qu'il  le  jettoità  terre.  Le  FiWdc  Dieuettccc 
cfcullo: !  '.mufum  ,  e^of-utum  t.mm. 

Il    la  porte  iufqucs  auiourd'huy  couucrt  du 
voile  de  (ou  humanité' ,  mais  maintenant  il  a> 
>uucrt  cette  diuinitc  &  ce  bouclier  ,  & 
renuerfc  tout  à  terre. 
Mais  voicy  qu'il  donne  pouuoir  à  fes  puif- 
fances  infernales  de  le  prendre:  Hclas    Perc 
cterncl,vous  auez  plus  eu  de  copafsion  de  lob, 


7  $  ï  Tour  le  Luniy 

que  de  voftre  fils?  car  pour  lob  vous  auez  don- 
ne' puiflance à  Sathan  fur  fôn  corps  feulement, 
&  non  fur  fa  vie  :  mais  de  voftre  fils  vous  dites 
fans  exception  aucune ,  Sedbçc  eft bord  veftrd ,  & 
poteiï>isprwcipij  tenebrantmyon  le  charge  de  ceps, 
de  menottes ,  on  le  lie ,  on  le  meinc  captif. 
itatt  fè-  Or  fus(Mcfsieurs)./£>T4  Dei  capta  eft, pouuons- 
tttu  nous  dire  à  prefent.  Lors  qu'on  apporta  à  Heli, 

grand  Preftre  la  noiiuelle ,  que  fes  fils  auoyent 
efté  tuez ,  il  ne  s'en  efmeut  pas  beaucoup  ,  mais 
hiy  difant  que  l'Arche  d'Alliance  auoit  efte' 
prife  ,  il  cheut  pafme'en  terre  de  fa  chaire,  & 
mourut  à  Tinflant.  Hn  •'  c'eft  véritablement  au- 
iourd'huy  que  ,  *Ayca  Dei  capta  eft.  Ce  fils  de 
Dieu  eft  pris,  &quov  :  ferons- nous  fans  quel- 
que reffentiment  }  Dominas  noHer  Iefus  Cbnftus 
jfyïntus  oris  noftri  cap t fis  eft  inpeccatts  mfÏYPS ,  L'ame 
de  noftrc  ame ,  par  qui  nous  rcTpirons  &  vi- 
uons ,  SpiYitHs  otîs  tiofiri  in  quo  yluimus ,  mouemnr 
&  fumu*  ,lc  voylà.  lie  ,  Captus  eft  inpeccatts  no ftYÏs, 
Ce  ne  font  ces  liens ,  Seigneur ,  qui  vous  tien- 
nent attache  ,mais  bien  pldftoft  nos  péchez 
qui  vous  garrottent.  Ha  !  Seigneur,  ie  coniure 
voftre  Majcfle,  de  nous  dédier  nous-mefmes 
des  liens  de  nos  péchez  ,  &  nous  retirer  de 
l'efclauage  du  vire ,  pour  nous  mettre  en  éter- 
nelle liberté'  ,  &  nous  faire  iouyr  à  iamaisde 
la  confolation  de  voftre  gloire.    Ainfi  foit-il. 


SERMON 


753 
SERMON    TROISIESME 

DE      LA      PASSio;;,     ;  AIT 

au  Mcrcrcdy  (àinct 

Cehors  autcm  &  Trt!un::5  y  C  /w- 

dxorum  comftehcnitYHnt  lefum^  £?• 

lieattim  da.xcrunt  ad  *Am*m 

E  Prophète  Hicremie ,  parle  com- 
mandement de  Dieu  ,  ayant  pris  la 
lanterne  en  main  en  plein  midy, 
Comme  vn  autre  Dio^enes  ,  pour  chercher 
dans  la  ville  de  Hierulalc,  s'il  n'y  auoit  aucun 
en  icelle  qui  euft  la  crainte  de  Dieu  deuant  les 
yeox  ayat  bien  regarde  de  toutes  parts, de  tous 
coftez  ,  &  recogneu  parmy  le  peuple  qu'il  n'y 
auoit  aucun.quieuft  la  crainte  cV:  la  cognoifsâ- 
ce  de  Dieu,  dit ,  Fir/fauj  Ai fAupercs funt  &  îp*" 
r.tui>  :reque  la  caufe  pour- 

quoy  ce  peuple  ignore  les  ?oycs  d?  Dieu  ,c(l 
.ntconfi.lcrc  cecy  luy-rneC- 
mr, en  fin  délibère  &  i*iàm 

ter  aux  Preftrr 
illil,  »  :\ffrm  lif- 

tiui.VîTzy 
ontcoçucu  laîoy  du  Seigneur,  cV  I  i  în- 

gemerurmais  fc  trouiut  fruftre  de  foTicfperan- 

Bbb 


7  <*  a  Tour  le  Mercredy 

ce,  &  de  Ton  attente,  s'eferie ,  &  s'eferiant,  dkl 
Eccemdvtt  yruperuntingum,  &fregerunt  yincttU, 
voylà,  voylà  que  ceux-là  ont  outrepaiTé  la  Loy 
de  Dieu,  ont  rompu  le  joug  du  Seigneur  Ic- 
fus-Chrift ,  &  ont  rroiffé  Tes  liens.  (  Chreftien- 
ne  &  deuete  afsiftance.  )  le  vous  diray  qu'il 
m'eft  arriué  le  mefmc  qu'au  Prophète  ,  car 
ayant  veu  &  cogneu  les  rudes  traittemens  que 
les  Iuifs  faifoient  à  noftre  Seigneur  Iefus- 
Chrift,  iecroyois  que  c'eftoit  qu'ils  eftoient 
jgnorans  &  idiots,  F&rJitanbipMiperes  font  igno- 
rantes yUi  Domini  ,  &  croyois  que  mon  Sau» 
ueur  Iefus-Çhrift  eftant  mis  entre  les  mains 
des  Preftres  &  des  luges  ,  il  feroit  comme  en 
TAfilc  de  iuftice  &  équité:  mais  helas  !  qu'eft- il 
arriué,  i'ay  cfté  fruftré  de  mon  efperance ,  aufsi 
bienque'lc  Prophète,  d'autant  que  >Eccc  mugis 
hï  ruperunt  iugumy  &fregerttnt  vincuU. 

I'ay  enuiedevousmonftrer  ce  matin,  qu'il  a 
cfté  plus  rudement  traitté  des  Preftres  &  des 
luges,  que  non  pas  du  peuple  ,  eftant  aupara- 
uant  afsiftc  du  fain&  Efprit,  parla  faueur de  la 
Vierge,  luydifant  pour  ce  fu  jet. 
jLue  Maria, 

'Est  vneeftrangcvifîonque  cel- 
le qu'euft  le  Prophète  Zacharie  au 
rroifiefme  chapitre  de  fa  Prophé- 
tie ,  là  où  il  rapporte  que ,  Viditft- 
cerdotem  magnum  Iefumftantem  coram 
\AngeU  y  &  diabolus  flabat  a  dextns  eius  dicens  ,  I#- 
crepet  in  te  fathanas  :  Domine  nunquid  ifte  ejl  torris 
(rtitw  de  igm ,  £T  e  rat  le  fus  yeftitus  yeftibusjôrdidis. 


Auprès  les  fiameaux]  755 

Quov  Mefsicurs ,  que  vous  fcmble-il  de  cette 
vilion  ?  c'eft  vnc  parfiifre  reprefentation  du 
fujec  que  i'ayà  vous  reprefenter  en  ces  deux 
dernières  Prédications  de  la  Pafion  ,  l 'tJrffi- 
Ctrdotem  m*?num  Itfum  $Anttmcimjim  *An . 

Le  grand  Preftre  n'eft  autre  que  Icfus- 
Chrifr  deftiné  pour  mourir  pour  tous  les 
hommes,  dcftinc'po.irlcs  ra<  1',  toutde- 

ftine'  pour  leur  donner  1a  vie  ,  au  lieu  de  la 
mort  qu'ils  auoient  mérite  .  Il  cfl  grand  Prc- 
ftre  ,  non  feulement  en  office  ,  mais  encore  en 
vertu  ,  eV  de  nom ,  Vid'it  Ctccrdotem  /n.tpiumflja- 
Tém  •AmpUtc'tfïoïi  lors  qu'au  i.rdin  des 
Oliues  il  fa  i  foie  fa  prière  à  Dieu  Ton  Perc  ,  la 
tefre  en  terre  iVr^ciatm  in  fdciemfmdm$  après  la* 
quelle,  l'Ange  fut  enuovc  pour  le  réconforter, 
Vidit  lifum  fjcerdomnmé»nnwf}jntemcor.tm%j4n* 
*rlo  ,ft*re  ,en  l'Efcriturc  nous  reprefente  naïf- 
Pflt  bien  ce  qui  eft  de  la  prière  &:  oraifon, 
Et  didhoïm  ftdhdtédtxtrît  etu*  ,  pourdrcfïèr  des 
embuflhe<  à  (es  Apoftres ,  lefquelseftoient  i 
la  dextre  de  fa  grâce,  Hanquid  die  cfltorriéerntus 

!uvnVft-il  pastifon,qui  a  cftc'leue'dufeu 
du  Jardin  des  Oliues  >  il  a  efte  efleuv  decefeu 
la  il  eft  vray  :  nuis  ç  a  efte  poureftre  jetteen 
vn  plus  grand  ,  qui  deuoit  eftre  allume'  fur 
le  mont  de  C  me  ,  il  a  efte  tire  de  la 
I  le  la  douleur  &  dreVeflè  ,  lors  qu'il 

difoit  ,  tfl  Anun.%  med  éél  m  rtrm. 

iv  cftant  conduit  au  fupplic   ,   dit  aux 

filles  de  Hierttfàfcui ,  qui  le  >lem  ôc  le 

B  bb  Ij 


7  5  ^  Pour  le  Mercredy 

lamentoient,  Si  inyiridib^cfiHntiquidina.YÏdài 
nstnqmd  hic  eft  torris  ermus,  O  grand  my  ftere ,  le 
tiifon  qui  eft  verd ,  eftant  mis  dans  le  feu  brufle 
d'vne  partj&fucde  YâutïeyNunqmdbkefttor* 
ris  trutus  de  igncî  dequoy  fes  entrailles  efloicnt- 
clles  pleines,finon  du  feu  d'amour,amour  qu'il 
portoic  au  genre  humain  ,  &  à  tous  les  hom- 
mes. Ceft-là  ce  tisô  qui  brufloit  de  l'amour  & 
chanté  qu'il  nous  porte  d'vne  part,  &  de  l'au- 
tre ,cetifonfuoit  vncfueurfanglante,/f#7^tfi^ 
ifteesl  torris}  Ceuxquifontattains  d'vne  heure 
Yehcmentc  &  ardante,bru(lent  &fuent  tout 
cnfemble  ,  &  lafiéurc  ayant  pénètre'  jufques 
dedans  les  os ,  fai<5t  fortir  la  fueur  du  corps ,  & 
la  fai&paroiftre. 

Ogenre  humain ;  tu  eftois  malade  d'vne  fié- 
urc  eftrange,la  heure  eftoit  ardante,&tu  auois 
befoindeguarifon,  &  voicy  que  parvncme- 
tamorphofe  effrange, &  non  encore  ouye,le 
Medeçjn  fuë  pour  le  malade  ,  afin  que  fuant,  il 
luy  puifle  donner  fanté  ,  &  quant  &  quant  la 
vie,  le  malade  brufle  du  feu  de  concupifcence, 
&  le  Médecin  brufle  du  feu  d'amour ,  de  chari- 
té &  d'amitié  enuersnous ,  Kunquid  ifteefl  torris 
erutus  de  igné  ?  C  cft-là  la  marque  de  la  gua- 
rifon  de  l'homme  iuftement  ,  par  cecy  Dieu 
reprefente  à  Sathan  qu'il  fera  per-Ju  ,  qu'il 
fera  ruine'  ,&  brufle  ,  puis  qu'il  cft  tifon  ar- 
dent. 

Les  Naturaliftes  difent  que  le  tifon  du  feu 
ardant  prefenté  au  Lion  le  plus  furieux  du 
monde,  a  tant  de  force  &de  tertu, qu'il  lefaiéfc 
fuyr  iKunquid  ifte  fft  torris  crut m  cleigne}  O  ma- 


d'après  les  Rameaux.  ~  «5  y 

lin  efprit qu'es- tu  fmon  vn  Lion.'Sclc  chef^cs 
Apoitrcs  iainct  Pierre,  auoit  iutic  raifon  de 
t'accomparcr  au  lion,  dilanr ,  jiduerfarius  vcfler 
dtdéolus  unquum  Léo  rumens  circuit  quçnn s  qutm 
éumnt. 

Le  diable  cil  appelle'  iuftement  Lion, 
d'autant  qu'il  l'imite  en  fex  actions  ,  car  il  ro- 
de deçà, de  là  pour  prendre  celuy  qu'il  trouue 
en  pèche, circuit  qutrens  ,  le  cherche  -pour  le 
-hirer  &  dcuorcr, circuit ,  il  le  cherche  pour 
lemettreà  mort.  Voylà  pourquoy  Dieu  luy 
prefente  vn  tilon  de  feu  ardanc  ,  (cachant 
bien  qu'il  cft  Lio:!  ,  &  que  le  Lion  s'en 
àlavcuëdu  tifon  allume'.  O  tifon  que  mon 
Seigneur  lefus-Chrifr.  ,  tire'  du  feu  de  dou- 
leurs ,  Erutktdcigne  ,  &  ainfi  quelle  mcrueiK- 
le,fià  la  prefence  de  ce  tifon  ardant,  les  fol- 
dats  furent  tellement  cfpouuentez  &crTr. 
qu'ils  furent  icttez  par  terre  :  ce  n'efl 
iede  merucilles  ce  iourd'huv  (\  ces  puiflarv 
ers  infernales  n'ofent  approci  er  de  ce  ti- 
fon ,  s'il*  n'en  ont  recherche  la  puillance  d'ail- 
leurs ,  nufsi  de  fai&  ce  Seigneur  leur  dit,  vunc 
Ixjrdvcftrdeft ,  &  partant  ce  n'eft  de  mcruul- 
le  lien  mcfmctemru  les  diablei  ,  & 

tout  l'enfer  cft  drflic  !  le  fils  de  Dieu  elr  lie 
eV    ^irrote'  ^4ffrebenctfYuut    cum    cjr     litatmm 
duxerunt  Ad \4nn4m  ,  de  forte  qu'il  le  voi:  qu'a- 
uoirdeilic l'enfer,  eVauoirce  Serqneur  lafché 
-idcàlarage  &  fureur  des  luift ,  ils'elt 
les  chaifncs  eV  des  cordes  ,  dont  il  a  c(ïé 
maii  puis  après  ces  mefmes  liens  ,  deC- 
cjueMcfils  de  Dieu  a  tfté  lie  ,  ont  feniy  vnc 


y  5  S  Pour  le  Mecyeiy 

autrefois  pour  lier  &  garioter  l'enferme  ma* 
nierequele  defliementde  l'enfer  à  efté  le  lie- 
ment  du  fils  de  Dieu,  &  Dieu  eftant  lié,rcn- 
fer  eft  deflié  ,  &  Dieu  du  depuis  eftant  deflié 
&  mis  en  liberté,  l'enfer  a  efté  lié  &  mis  en 
feruitude  :  mais  fur  tout  vne  fentence  du 
tout  admirable  pour  vous  monftrer  cela,  la- 
quelle eft  tirée  de  fainâ  Auguftin  au  Sermon 
cent  quotre-vingt  dix-fept.i)e  tempore;Seddtcat: 
dliquisy  fi  ligatus  eft  diabolus  quare  adbuc  tantum 
prœualct .?  verum  eftjratres  quta  mulum  prœuakt, 
fed  ttpidis  ç>*  neghgenttbus ,  &  Deum  in  rentate  non 
timenrihus  dominatur  :  alligatus  eB  taqnam  innexus 
canis  catents  ,  <(j  nomment  poteft  mordere  nifi  eum 
qui  fe  tili  mortifera  fecuritate  coninnxerit  :  tam  vide- 
te  ,fratres  ,  quant  fi  anus  eHhomo  Me ,  quem  canis  in 
catena  pofitus  mordet  :  tu  te  tlli  per  yoluptates  & 
cuptditates  huius ftcult  noli  coniungere  ,  &tlleadtt 
non  prt fumet accéder e ,  latrarepotefl,foiltcitare  potefi9 
mordere  ommno  non  poteft  ^  nifi  volentem  mon  emm 
cogendo ,  fed  adendonecet ,  ?iec  exmquet  à  nobis  con- 
fenfum  fed  petit. 

Il  peut  beaucoup  feulement  pour  ceux 
qui  font  pareffeux  ,  &  qui  ne  craignent  pas 
Dieu,  il  eft  lié  aueedes  chaifnes  ,  comme  vn 
mauuais  chien ,  ne  t'approche  pas  de  luy,  par  le 
moyen  des  plaifirs  &  des  voluptez.  ,  il  peut 
aboyer,  mais  il  ne  peut  pas  mordre, il  peut 
prefler  ,  il  petit  perfuader,  mais  non  pasblef- 
fer  ny  furmonter  ,  fi  non  ceux  qui  le  veulent, 
de  forte  que  le  fiis  de  Dieu  eft  lié  ;  Ligatum 
duxeruntad  Annam  prirnum.  Pour  obferuer  & 
accomplir  cecjuçcedefaftrcux  Apoftrc  auoit 


£ âpre s  les  Rameaux.  759 

dit  anx  Scribes  &  Phariiicns,  Tenae  tllum  cr  </». 
çttectute. 

()  mal-heureux  Iudas  ,  par  tes  paroles  tu 
marques  deux  attributs  du  iils  de  L)ieu,fça- 
uoir  fa  toute  puiflance,  &  puis  ton  infinie  ia- 
pienec yTenetceum  ,  pour  l'vn  ,  iIuciteiAinc ,  pour 
l'autre  :  tenete  tum,  tenez  le  bien  ,  d'autant  qu'il 
cfttout-puifljtjtencz-lc  bien  qu'il  nes'efel 
pe  de  vous.  Et  pour  (on  infinie  fapience  Jucite 
tiIt4rncdktttconduiCcZ'  le  doucement  :  ex  finale- 
ment ,  prenons  cefte  fapience  Eternelle  du 
Pere,&  l'ayans, tenons  le  bien,  &  le  condui- 
fons  6ûCmtt>CÂ*ii  èmcémm  illum1  il  le  taut  b 
tenir, lors  que  nous  l'auons  ,  d'autant  qu'eu 
l'Apocalypfefainct  lean  dit,  Tcnc  quodbAu. 
dhuj  HCCifU   aroîiAin  tuum.    O  ames  deue 
gardez  bien  ce  Seigneur  quand  vous  l'aucz, 
conferuez  bien  ceile  Couronne  que  vous  .. 
acquife  par  luy  ;  imitez  cette  Efpouie,  laquelle 
avant  foi^neufement  cherche'  fon  bienavmc 
;ux,  &  l'ayant  en  fin  trouuc,  dit  lnuu>iaim, 
&  bien  que  s'cnfui:-il  dc-là^Hec  dtmtttdm  1 
introiiiudm  tllum  m  cubuulum  ;s  wr/.  i 

fons  le  mcfme.Mefsicurs,  l'ayans  trouuc, ne  le 
laiflons  aller  iuiques  à  ce  qu'ils  nous  ave  con- 
duit a  celte  qloirc  du  Paradis. 

Nous    liions  de    ces   anciens    ,   lefqueli 
attachoient  leurs  Idoles  de  peur  qu'ils  ne  s'e- 

palknt  d'eux  ,&  lingulicrcinent  de  ^ 
dcTyr  ,   lefquels  lioient   l'Idole  d'Her< 
(raîgntm  quelle  ne  s'enfuyt:  ainli  pareille- 
ment l'Idole  ou   la  ftatuc  d'A  1   cftoit 
attachée; ainli  les  Laccdcmon  ic  & 

JUbb  iiij 


*• 


y  60  Tour  h  Mecredy 

attachoient  Mars, afin  qu'il  ne  s'enfuit  r'pâiw 
niy  les  Athéniens.,  la  ftatue  de  la  Vi&oiro 
clloit  attachée  de  cordes  ,  de  peur  qu'elle  ne 
s'efloignaft  de  leur  ville  :  ce  qui  a  efté  obfcrué 
des  anciens  >  doit  fçmblablement  eftre  obfer- 
ue  de  nous  ,  quand  nous  auons  noftre  Dieu 
auec  nous ,  il  le  faut  lier ,  afin  qu'il  ne  s'ccbap- 
pe  de  nous.  O  heureux  eV  trois  fois  bien- heu* 
reux  les  Iuifs  s'ils  euflent  lié  ce  Seigneur 
pour  fe  tenir  auprès  d'eux,  &  pour  leur  donner 
la  vie  &  non  la  mort,  mais  helas  t  comprebende- 
runteum  (jlizaium  duxerunt ,  malheur  &  trois 
fois  malheur  pour  eux,  ils  ont  lie' ce  Seigneur, 
non  pour  le  faire  tenir  auprès  deux,  mais  afin 
qu'il  fut  condamné  à  mort  ,  receuft  fentence 
de  mort.  O  qu'il  eft  tres-verirablc  ce  que 
ceux-là  ont  dit,à  fçauoir,que  ceux  defqucls  on 
attend  le  plus,  c'eifc  de  ceux-là  que  l'on  reçoit 
ordinairement  le  moins  ,  y  a-il  rien  qui  doiue 
eftre  plus  fain<5t  que  les  Prélats,  Ltbia  ftcerdrtis 
cuflodwntfcientiam^cn  Malachie  2.)  &de  oreeius 
requirent  legcmDeiy  quia  .Angélus  Domini  exerci- 
tuumefi ,  ce  font  les  Anges  du  Seigneur  icy  bas 
en  terre.-&  pour  les  Iuges,maintenant  y  doit-il 
auoir  chofe  plus  iufte  au  monde  &  de  plus  ve- 
ncrable;n'eil-il  pas  véritable  qu'entre  les  Iuifs 
pourchoifirfeptate  deux  luges,  pluileursqua- 
litezy  furent  requifes ,  la  première  c(t,  vtjint 
yirifipirntesjai.  timmtes  Deum  &  la^.  qui  amant 
i*/?mrfw,laprcmierc  qu'ils  foient  fçauans,qu'ils 
ayentla  crainte  de  Dieu  deuant  les  ycux,& 
qu'ils  hayiTent  les  richeffes  ,  qu'ils  ne  foient 
pas  amateurs  de  l'argent ,  mais  la  chofe  la  plus 


tfapresles  Rameaux.  7  Si 

requife ,  c'eft  qu'ils  craignent  Dieu  ,  d'autant 
qu'en  iccllc  tour  y  cftcôtcnu  ,  c'eft-Ia  perfe- 
ôion  de  l'homme  que  le  Sage  dit  auoir  cite  in» 
cognuede  tous,  &  aucun  Philofoplie  n'a  peu 
fçauoir  iufqucs  a  maintenant  ,  Time  Dtum  (f 
tnAnddUiiu*  LniiAUt,ljQCfj} omnishomoy  &  il  aura 
toute  pcrrc&ion  en  luy  :  la  3.  c(l ,  fbi  ederwt 
duaritum ,  il  efteit  requis  eltre  efloiguc  de  l'a» 
ua:ice,voylà  ce  qui  cil  requis  pout  la  qualité 
dtsiuges  qui  font  icy  bas  en  terre  de  petits 
Dieux, qui  ont  la  balance  en  la  main  ,  pour 
mirqutrccquieftdc  la  iufrice. 

Titr-Liuc  rapporte  J u  K  >y  Prufsias,  lequel 
citât  entré  dans  le  Sénat  Romain  feproih^r 
en  terre, Cv  parlant  aux  luges, les  appelle  Dieux 
&  Si\ujitcius,Deoi  jdltiMtoresftios,  Dieux  ex  Sal- 
tiateursqui  le  gardoien:-\V  la  fair.cxc  Efcriturc 
mcl.nelcs  appelle  ai n(i ,  De  Pijl Wtm *btr*hes%Tn 
ne  parleras  maldcsDieu\',c'efr.  a  dire, desluges. 

Pour  les  Princesse*  les  Roys  maintenant  : 
doit  auoirriendclifainct.dc  li  facrc'que  leurs 
p-r(nnncs  ,  puisque  Dieu  prcJ  leurs  cœurs  en* 
tre  (es  mains,  fer  R^^tinmAnn  Dci  4?,!cccrur 
du  Koy  clr  entrcle^.  maius.de  Dieu,  ml  i  Dieu 
veut  en  efc'nange  que  les  Princes  **  oys 

ayent  fa  loy  entre  leurs  mains  pour  l'cxr. 
ter. 

Au  i.dn  Paralipomene  lu  chapitre  1 
qu'il  fut  queftion  de  confacrer  Fois 
fias  le  rex'.c  dit  que  jem^orund.tm 

m  m.tnn  ,pour  dire  qu'il  deuoic  taire  ,  & 

rendre  à  vri  chacun  ce  qui  luy  appartient  :& 
nonoblhnt   tout    cecy  nous   liions  auiour- 


762  Pour  le  Mercredy 

d'huy  yËca  magtsij  ruperunt  iugum  &  fregeruni 

vincnU ,  ils  ont  dit ,  vale ,  à  ce  qui  eftoit  de  Te- 

quitéjils  ont  delaiffé  h  loy  de  Dieu,&  ont  tout 

abandonne'. 

O  Seigneur  qui  fouffrez  cela,vous  trouuant 
au  milieu  de  Cayphe,  de  Pilate ,  &  d'Herodc, 
vous  pouuez  iuftemcnt  dire ,  Circmdedertmtmc 
canes  multijauri  pingues  ob fédérant  me^O*  aperuerut 
[liper  meosfuumy  tanquam  leorugies  :  que  veut  dire 
cecy ,  circundedernntme  canes  multi,  tauri  pingnes 
cbfèderut  me?  c'ciï  pour  dire  que  lors  qu'il  eftoit 
au  milieu  des  bourreaux  les  chiens  î'enuiron- 
noient,  mais  lors  qu'il  eft  au  milieu  des  Prin- 
ces &  des  Preftrcs,  ce  ne  font  plus  des  chiens, 
mais  des  taureaux, Tauri  p'wgueS)po\\rc{i\oy  ditil 
des  taurcaux,gras  pluftelt  que  des  licornes?  re- 
marquez s'il  vo'plaiffc  cecy ,  en  voicy  la  raifon. 

La  licorne  a  vne  corne  feulement ,  &  les  tau- 
reaux en  ont  deux,les  cornes  des  taureaux  font 
au  deffus  des  yeux,  &  frappent  en  aueuglcs  ,  ils 
ne  fçauent  là  où  ils  touchent ,  mais  la  licorne  a 
vue  corne  au  deflous  de  Ces  yeux ,  &  pour  cela 
elle  voit  ou  elle  frappe: raifon  pourquoyles 
chaftimens  de  Dieu  font  femblables  à  ceux  de 
la  licorne,d'autant  que  Dieu  voit  où  il  frappe, 
mais  les  coups  de  ceux-cy  font  des  coups  de 
taureaux,  ils  ne  fçauent  où  ils  frappent ,  ils 
frappent  comme  le  boeuf ,  Obfederunt  me  Tauri 
pingues ,  aperuerunt  osfuum  fuperme  tanqua  leo  ru- 
giens,  ils  ont  ouuert  leur  bouche  fur  moy  com- 
me vn  lion  rugiffant ,  que  veut  dire  cecy ,  t*n~ 
quam  leo  rugiem  ?  remarquez  s'il  vous  plaift,  vne 
propriété'  du  Lion, que  les  Naturalises  ont 


d'âpYcilts  'Rame a  76$ 

ot>reruee,ilsdifcnt  qu'iccluya  vne  bouche  li 
puante  &  ii  intacte  ,  qu'ayant  vnc  iois  mis  la 
dent  fur  quelque  proyc  ,  bien  qu'il  la  quitte  & 
la  laide  aller  ,  il  1  a  1  fie  toutcstois  dtllus  vne  li 
grande  puanteur,  que  toutes  Ici  autres  beites 
cjuoy  qu'affamées  >  n'en  veulent  appi  oeher,  tac 
s'en  raut  elless'encfloigncnt  bien  loin  :  A. 
JlptruzYuni  9ifHHmfnpcrme  turiju.im  Ico  rugiens. 

Ces  m  .  lions  des  5tnbcs  ex  dci  Pnari- 

ficns,  ont  taici  é  démettre  la  dent  à   1  Hon- 
neur du  fils  de  Dieu  ,  afin  de  laifler  vnc  gran- 
de puanteur  en  la  voye  ,  &  cjuc  celle  puanteur 
emp  (chaltles  Chreftiens  de   fortir  dclcuts 
cauernes  de  l'infidélité,  &  n'approc!  cr  di 
de  Dieu.O  maudits  Scribes  &:  Pnarilicns,vous 
auez  tafehéde  tout  voflrc  pouuoir  de  dclro- 
berfon  honneur  , honneur  qui  c(t  l'cmbd 
fement  du  corps  &:  de  l'âme,  car  ces  mcfchtnt 
fcauoienr  bien  que  lorsque  l'honneur  en  vu 
homme  cil  perdu  ,  tout  le  refte  c(l  peu  ùc  [ 
fe  ,  cx'pourcc  s'ils  accufentcc  Seigneur, c'eft 
fauflement,  &  fe  voyant  accufc'il  le  taili 
ne  dit  mot  à  fes  aceufations,  il  cftoit  lie  &  gar- 
rotte de  chaifnes  de  fer ,  ex  ces  liens  très-, 
retenoien:   fa  parole    comme   attachée   :  ôc 
auec  tout  cela,  il  auoit  vnc  grande  p 
quelle  lioit  fa  langue  ,  de  forte  qu'il  ne 
pondoit  rien  aux  iniurei   ny  aux  calocni 

iraclcqrandquc  ie  voy  en  c  :ole 

fe  taift, la  fontaine  (c  tarir ,  la  p. 
lumière   s'ofTjfque  ,   mais   quelle  mcrueillc? 
c'eft  p<MM  accomplir  la  figure  *v  -  tic. 

Ioleph  fraye  figure  de  ce  Scign* 


7^4  P°UY  k  Mecvedy 

faufTcment  accufe  par  fa  maiftrefle  deuant  le 
Roy  Pharaon ,  fe  teuft  &  ne  dift  mot ,  il eft  mis 
en  la  prifon ,  il  ne  dit  mot  fc  (entant  innocent, 
Hucmiflusfum  inwcens.Qr  fus,  puis  que  l'ombre 
doit  refpondre  à  la  lumière ,  la  figure  à  la  cho- 
ie figurée,  &  puis  que  la  figure  ne  difoitmot 
aux  tauffes  aceufations ,  il  fa/loit  que  la  veritc 
nediftaufsimot.Sicc  n'eft  que  nous  ne  vou- 
lions dire  que  le  fils  de  Dieu  fc  taift  deuant  ces 
faux  aceufateurs,  pour  accomplir  U  Pt  ophetie 
de  Dauid  difant  yVdïitu  fum  fient  fùrdus non  *u- 
diens,  &  fient  muttts  non  béibens  in  ore  fno  redargn* 
tiones,  i'ay  efté  fait  comme  lourd  &  muet  :  mais 
fingulicrement  ie  dis,que  c'a  efté  pour  accom- 
plir la  Prophétie  d'Efaye,  lequel  dit  parlant  de 
ce  Seigneur  ,  Sicut  oms  occifionem  âu&usefi ,  & 
peut  agnuscoram  tondentefe  obmntcfcit ,  corne  vne 
brebis quel'oncô Juitàla  boucherie,  &  com- 
me vii  agneau  deuant  le  tondeur  il  s'eft  teu. 
Iuftementie  dis  que  ce  n'eft  de  merucillCjS'il 
s'eft  teu  à  la  prefence  de  ces  loups  rauiffans, 
luy  qui  cftoit  la  brebis.  Les  Naturalises  di- 
fent ,  que  fi  on  faiét.  /n  tabourin  de  la  peau  de 
brebis,  &  vn  autre  de  la  peau  de  loup, celuy  de 
peau  de  brebis ,  en  la  prefence  de  celuy  de  peau 
de  loup,ne  peut  Tonner  ,  &  n'a  pas  de  fon,  il  n'y 
a  que  celuy  de  la  peau  de  loup  qui  en  aye.O 
Seigneur,  vous  cftes  cette  brebis  ,  vous  ferez 
efeorchée  Vcndrcdy  prochain,  8c  voftre  peau 
fera  cftenduc  en  la  Croix  ,  elle  fera  feiche'e  en 
l'air  ,  lors  que  vous  ferez  cfleué  en  haut  :  quel- 
le merueillc  donc,  vous  qui  elles  vraye  brebis. 
&eux  loups ,  &  pires  que  loups  rauhTansi& 


i'âfres  les  Rame.iuxl  7  6  5 

loups  acharnez  contre  voftre  honneur ,  vous 
vous  taifez  &  ne  di&es  mot  à  leurs  faciles  ac- 
eufanons  îHon  tmm  erdntc  .iiJiuummi 

e<*rnm. 

Lesmefmes  Naturalises  difent encore, cjuc 
il  au  luth  vous  y  mettez  des  cordes  de  brebis, 
êc  parmy  celles  de  brebis  des  cordes  de  loup, 
l'inltrument  ne  pourra  iarnais  c£lrc  accordé. 

ain^cs  entrailles  des  brebis  que  celles  de 
mon  Sauucur  &  Rédempteur  Icfus-Chrifr.  •  o 
entrailles  de  loups  rauiifans  que  celles  desScri- 
fees  &  Phari(îcns!&  quelle  merucillc  donc  ,  Sj 
non  erunt  conuementu  ufumom*  illorum  ,  quelle 
mcrucille  s'ils  ne  s'accordent  pas  cnlemb'c? 
S.  Ambroifc  admirant  la  patience  de  noftrc  S»*A 
Seigneur ,  lequel  ne  dit  mot ,  dit  ainlî,  JUcm 
tur  Dommu*  (jtAttt<S  verttdcct,  quudccnfAti 
nem  non  wduidt  ,  non  entm  crimen  cortfcjjuj  ift td~ 
etndi ,  (.ddifyuit  nonrefpondendo ,  il  le  tai(t  ,  il 
tient  le  taect ,  pource  que  celle  bouche  d'or,  S. 
Iran  Chryloftome  dit  encore  que,  ^ffcrtdmen-  c 

nftintrctpoDjioneiU***  :  Yoylà  pourquoy 
le  1 1 1  s  de  Dieu  ncrclpond  nen,d'autat  que  tout 
JUC   l'on   luy  impute  cil  menfonge  tout 
apert.ll  fetaift  aufsi,  pour  apprédrt  aux  Chre.  f 

?m  la  manière  auec  laquelle  il'.  \utntlefU 

go«merner,&  aucc  quelles  armes  iU  (e  doiucnt  [)irH  £ 

Fendre  contre  les  calomnies  qui  cft  non  en  tutf}  de* 
récriminant  l'Iniure  ,  nuis  en  fc  raifiuit ,  en  ne  U4rtt  l(f 
di(ant  mot  ,  en  patientant  cV  endurant  tout  nccnfiêm 
ceqtie  l'onnoum  ftaufv. 

iiittnt  qu'il  1        b  ie  s'il  rcfpon doit  ce 

qu'il  diroit ,  leroit  tQU&Qiill  pi  ifc 


7  6  S  Pour  le  Mercvciy 

part.  Cayphe  voyant  cela,  le  coniuroît  de  par- 
ler, difant,  ietc  coniure  par  lerefpeélquetu 
dois  à  ton  Pcrc  ,  de  dire  fi  tu  es  le  fils  de  Dieu, 
^diuYQ  rcper  Deum  yiuu.vt  dicasji  es  films  ÙenTu 
dixiflï ,  ref  pondit  noftrc  Seigneur ,  VeYumtamen 
modo  yidebitis  filium  bominis  venientem  infede  ma  - 
icftanffuœ  O  admirable  Seigneur  !&  admira- 
ble en  toutes  chofes  :  ô  mon  Dieu ,  vous  cftes 
icy  en  la  prefence  de  vos  iuges  ,  &  vous  leur  re- 
prefentez  ce  qui  eft  de  voftre  dernier  iugemét* 
jLboftïo-    ^e'^e  reprcfentatiô  ,  &  vtile  leçon  pour  les  lu- 
phe  aux     ^cs»clu* ont  en  leurs  mains  noftre  vie  &  noftrc 
tum  de     mort'  O  iuges  ]  vous  iugez  en  cefte  vie  en  dcr- 
{U  la  terre  n*cr  rc^ort  »  ouy  cn  terre  vous  iugez  lesder- 
nicrs,  mais  non  pas  pour  le  Ciel,  il  n'y  a  pas 
d'appel  aux  iugemens  que  vous  donnez  icv  bas 
en  terre  j  G  eft-ce  toutesfois  qu'il  y  a  appel  là 
haut  au  Ciel  deuant  le  luge  des  luges. 
Belle  cou-    Sain&e  &  mémorable  couftume  des  Parlc- 
ftume  àes  Irtens,&  iingulîeremet  de  noftre  France,  où  au 
Ya,de-       beau  milieu  des  châbres&  auditoires  publics, 
mens  de     eft  l'image  duCrucifix,n'eft-ce  pas  pour  reprc* 
f  ronce,     sétcr&  remettre  en  la  mémoire  des  iuges  que 
StetitiHSma^oguap6pttloru,  &  de  pi9.  In  medioeom 
dtjudkat,  entre  les  prefides  Dieu  prefide,&  a  les 
oreilles  ouucrtes  pour  entendre  vos  iugemes, 
&lesyeuxouucrspour  pénétrer  noscôfcieccsi 
*Amodo  yidebitis  fihuhominps  yenietem  in  fede  maie- 
ftatisfue,  c'eft  de  luy  feul  qu'il  n'y  a  pas  d'appel* 
Le    Scoliaftc  de  Sophocles  rapporte  qu'an- 
cirnnemet  ,  lors  que  quelqu'vn  eftoit  meurtry 
&tue',  les  meurtriers  luy  couppoient  encore 
les  pieds  &  les  mains,  pourquoy  cela?0  les 


û!  après  les  Rameaux],  767 

mal-feeureux,  ils  ne  faifoient  pas  cela  fans  cau- 
fc,  ils  fçauoicnt  bien  que,  Qttirffudit fin*uwem9 
effunderur  fdn^uts  ûliu*  ,  Dieu  auoit  imprime  dis 
Je  cœur  dcceuxquicftoict  encoreen  la  Loy  de 
nature,quc  quiconque  tuera,  fera  :uc  Quicon- 
que efpâdra  le  fang  humain  ,1e  lien  fera  efpan- 
du,voylà  pourquoy  ces  malheureux  ayans  ce- 
lle fentcccenramc,ils  craignoientquc  l'om- 
bre de  ce  luy  qu'ils  auoient  tue' ,  ne  reuint  après 
cux,&  afin  d'euiter  cela, ils  luy  couppoict  pieds 
&maim;picds,afin  qu'il  ne  peuft  reuenir  après 
luy  ;  les  mains,  afin  qu'il  ne  peuft  prendre  l'cf- 
pee  en  main,  pour  prcJrc  vcngclcc  de  fa  mort. 
Mais  c'eftoit  en  vain  qu'ils  s'addrefloient  à  ce 
cadaurc,  s'ils  euffent  peu  coupper  les  pieds  cV: 
mains  au  fils  de  Dieu,  il  euft  cfte  vrav,  puis  que 
c'efl  luy  qui  prendra  vengeance  du  fang  hu- 
main cfpandu  ,  Vindicldm  mdn  (f  e^oretrtbudm9 
c'eftà  luy  feulque  la  vengeace  appartient,  ouy 
il  prendra  vengeance  du  fang  cfpandu  Me  vou- 
lez-vous voir  tout  au  commencement  du  mon- 
de,nedifoit-il  pas  à  Cain,  V  .nui 

cl dtnjii  dd  mt  de  tenu,  le  fang  de  tô  frère  epandu, 
a  cric  à  moy  delà  terre.  C'cft  doc  ce  que  le  fils 
de  Dieu  veut  rcprefenter*aux  iuges, voulant  di- 
re qu'vn  jour  viendra  que  leur*  iugeinent  fera 
derechef  examine  au  iourdu  iiigemcnt  der- 
wicr,  lorsqu'il  iugera  &i  les  vifs  cV  les  morts. 
C  "cil  ce  qu'il  rrprefente  à  Cavphe ,  cV  au  liru 
il  deuoit  prcdrccelaenbônc  part ,  corne  s'il 
auoit  hlalphemc',il  dclchirc  I  -mens  ex  le 

condamne  a  mort  .dil.int  ,  '  <  trt 

jCaypiic,nci<jaiS'tup«qu'ilacfte 


+]6%  Pour  le  Mercredy 

dcflfendu  au  grand  Preftrc.de  dcfchïrer  fcs  hai« 
bits,pourquoy  doc  fais- tu  cela  ?  c'cft  pour  mô- 
ftYer  quccefteauthorite'  Pontificale  des  Iuifs 
deuoit  eftre  transférée  aux  Gentils,  &  de  la  Si- 
nagqgue  à  l'Eglife  Chreftienne.  Vous  lifcz  au 
3.  liure  des  Roys3  que  lors  qu'il  futqueftion 
de  diuifer  le  Royaume  de  Dauidà  Roboam* 
Dieu  manda  le  Prophète  Helifee,  &  par  vu 
mâteau  qu'il  defchiraenfa  prefence,le  Royau- 
me fut  diuife',  belle  figure  des  Princes*  des 
Roys  &  Monarques  ,  car  comme  nous  voyons" 
que  le  manteau  couure  &  deffend  l'homme 
des  immondices  du  Ciel,  du  vent>delapluye, 
&  autres  iniures  de  l'air,  aufsi  les  Princes, Roy  s 
&  Monarques ,  feruent  de  mâteau  &  d'e'curTori 
Coujlume  au  peuplerquieftoit  caufe  anciennement  que 
des  Bat4-  parmy  les  Baraues,  tout  aufsi  toft  que  les  Roys 
ites.  eftoient  confacrez  ,  aufsi  toft  on  les  mettoit 

fur  vn  bouclier,&  eftant  là  de{fus,tout  le  mon' 
de  crioît  viue  le  Roy  :  au  Fils  de  Dieu  on  dit, 
Hettsefl  womjjCommes'ileuft  efte' criminel,  le 
voilà  mis  à  l'abandon ,  &  à  la  mercy  des  bour- 
reaux, entre  îcfquelsil  parTela  nuiâ:.  O  nui<5fc 
cruelle  !ô  nui<5t  defaftrcufe  1  non  tant  priuee: 
du  Soleil  matériel  ,qitedu  Soleil  deiuftice& 
fpirituel ,  là  on  le  foufflete ,  icy  on  luy  crache 
à  la  face,  &  furie  vifage,  là  on  luy  voile  levi- 
fage ,  icy  on  le  flagelle  :  Seigneur  pardonnez- 
moys'il  vousplaift  |  fi  iedisque vousauçzmc- 
V)'ut.  c.  rite  cecy  ,  d'autant  que  vous  aucz  fait  cefte 
16.  loy  eferite  au  Deuteronome,  chapitre  16.  là. 

il  eft  dit  que  s'il  arriue  que  la  femme  du  frere 
demeure  vefue  fans  enfans ,  lcfrcrc  du  tref- 

paffe 


(Papres  les  Kàmea'  -69 

paffe  prendra  en  mariage  celle  quiauoitefté 

iriec  auecfon  frère,  qui  efl  h  femme  de  Ton 
frerc,  &  s'il  irriuoit  qu'il  cuit  auerlîô  de  cœur, 
&  qu'il  euft  horreur  de  >         [    ia>&nelavou- 
.  prendre  poi  À  >i:  que 

mme,  laqui  île eftoic  réputée,  luy  cucluil 
fur  la  fac:,  c  citait  la  lu  ;;• 

c.tt  èm 

au'  1  cxdccclic  lov, 

& 

À'  oblige. 

le  trouue  que  Moyfc  efloit  marie  aucc  la 
Sy  -  ,       t(k  mort  fans  <  ,   ponrefl 

qu'elle  ftcrilc.    S 

frerede  Moyfc,  0  ,&  vous 

efles  frerc  de  Movfe,  d'autant  qu'il  auoit  pre- 
dit  que  Dieu  fufeiteroit  vn  autre  Prophète 
f.mblablca  luv:voflà  d£  .magogue  veuf- 

uedefon  1  re,Generjuo  f>rx- 

ut  :  •  yos doc.  luir.t,  dit 

fainetlcan,  ont  Seigneur  .c  l'aucz  pat 

toliIu  auoir  en  mariage^u'autant  qu'elle  cftoit 
adultère  ,  d'autant  qu'elle  cftoit  mefehante  ÔC 
perucrle  ,  ÔV:  pour  cela  vous  raucamefprifce  & 
rei  >uscfte£  choHirEglifc  vo- 

ilrcbicn-avmre,  vnftrc  tont  ^SpsnsÂiwnljébt,. 

uUmxlirfUA.  1  <ur  puis  que 

▼ousauez  btâ  la  lov  ,  c'eft  chofe  tres-iulte 
quevoiK1  die  ,  cV  par  confe- 

quenc l'ayant  rra  tif  mcritîei  nue 

1  1  rifagC,  comm*  on  faift 

aujourd'hui  v  ,  1 1  fXfmrttmt mfédtm  dus  ,  mai*  J' 
iuc cela fok  , lieft-cc que  c'eftoie icy  **• 

Ccc 


y  n  o  Tour  le  MevcYeiy 

vn  opprobre  grand,  Et  expuertmtïnfacïmelus] 

O  mal-heureux!n'auiez-vous  pas  vn  lieu  plus 
fale  que  ccftu y-cy  ,  pour  cracher  &  pour  jetter 
vos  ordures.  Les  hiftoires  nous  rapportent 
que  Diogcncs,  eftant  vniourinuite'de  difner 
âucc  vn  grand  Seigneurie  difner  prcfl,il  vient 
chez  luy&  entre  dans  fa  falle  ,  qui  eftoit  fort 
richement  parée ,  car  les  tapifferies  eftoient  de 
haute  lice,  les  murailles  fort  richement  pein- 
tes, &  les  buffets  tapiriez  d'or,la  table  fort  ri- 
chement paree,&  couuerte  de  viandes  tres-ex- 
cjuifes,lcs  planchez  tous  couuerts  de  tapis,  & 
deie  ne  fçay  quelles  autres  riche{fes:&  Dio- 
genes  eftant  à  la  table, il  luy  prift  enuie  de  cra- 
cher, &  regarde  de  quel  cofte'il  cracheroit,il 
trouua  toute  la  fale  (ï richement  parce  ,  qu'il 
ne  peut  trouuer  lieu  à  fa  commodité' ,  en  fin  il 
crache  furie  nez  de  celuy  qui  l'auoitconuie'  i 
difner, celuy.cy  luy  dit,  comment  Diogenes, 
cft-ce  le  grand  mercvquc  tu  me  rends?  Dio- 
genes refpondïiion  mô  amy,i'ay  crache'  fur  ton 
nez, d'autant  que  ie  n'ay  trouue'licu  plusfalc 
céans  que  ton  nez  &  moins  pare'. 

Ornai»  heureux  que  vous  eftes,  vous  ne  direz 
pas  cecy  de  ce  Seigneur,d'autant  que,  Stcilç  non 
funtmundç  incon^cclu  eïus ,  &  cependant  vous 
le  fouillez  de  vos  vilains  excremens. 

Ce  dcuot  S  Bernard  ne  s'oublie  pas  fur  ce* 

paroles ,  difaiu ,  Faciès eius  fteciofa pr* filfjs bomi- 

Tium  ,  Fputts  lu Jœorumdeturbatuj)  ce -ftc  face  plus 

rcluifante  que  le  Soleil ,  cft  ce  iourd'huy  foiïil- 

Ice  &  enftee  par  les  ordures  des  Iuifs. 

.... 

Ornai- heureux  que  vous  elles,  ie  vois  bien 


et  après  le  s  fi  dm  >  J  ji 

levous  ledeflinezà  la  mort  ,  or  vn  tres-uo- 
éte  commentateur  tic  uo(ir<  temp  î.dit  que  c'e- 
(loi:  vnc  coullumc  obfcruec  pi  my  les  Athé- 
niens,queceluy  qui  titoiteonvi  m  ejlamorc 
chacun  luy  jettoit  de  la  bouc,&:  tuy  craenok- 
on  fur  le  vi  jgc. 

C'tfl  là  c»  lie  merueilîe  qui  fe  fait  nuiour- 
d'huy,cc  Seigneur cftant  condamné  au  fuppli- 

cc,  1rs  luiù  crachent  for  fa  face,  faCC  U 

beauté' du  Paradis, ex' le  delir  des  bien-hcurei;  , 
rrtii».  hrlas  !  le  plus  grand  mal-heur  cil,  que  li 
les  luifi  crac  r  celle  tacc  extérieurement, 

les  Apoflrcs ,  comme  vn  (ainct  Pici rc, y  cra- 
chcntintcricurcment. 

Soîin  rapporte  &iie  qu'aux  Ganmantes  il  y 
a  vnc  certaine  fontaine,  les  eaux  de  laqurlle 
font  de  nature  du  tout  admirables  ,  c'eil  q 
parmy  h-s  qhçons  de  h  nilîâ  file  brullc 
&  à  la  chaleur  du  [ouf  clic  (c  glafTc  :  ce- 
la cil  très  vray,qu'à  la  fioidcur  de  la  nuLt  ,  ce- 
fie  eau  bouillonne  &  brufle  de  chaud  ,  &  aux 
ravons  du  So'cil  clic  fc  qlacc. 

On  rapporte  auHi  d'm  valeureux  foldatde 
ce  grand  conquérant  de  tout  le  monde  Ale- 
xandre nomme  I>  mophon,  lequel  à  l'ombre, 
Ton  ccrur  luv  bmfloît,  &•'  au  feu  luy  glacoit. 
0  S. Pierre  Prince  des  Apoilrc*.  DC  voyci 

pas  en  vous  l'eau  de  celle  fontaine,  de  la- 
quelle parle  Solin,  parmy  les  vagues  de  la  mer? 
vous  efres  È  b  millant  cV  ardant ,  que  vous  ne 
cloutez  pafle  vont  jetterau  milieu  des  vagues, 
If  îïlrr  vers  voflrc  Mai  ♦re.cV  nuintenât  ce 
iuurd'huva  lafpcftdu  Soleil  foui  elles  glacé 

Ce 


y  7  2  Tour  le  Mercrcdj 

&  di&cs3  Non  mui  bominem  bum\  6  fain6t  Pierre 
voftre  cœur  eftoit  fi  bouillant  ,  tantoft  lors 
que  vous  eftiez  fous  l'ombre,  au  iardin  des 
Oliues  que  vousdiiiez,  Etutm  fi mori  oportuerit> 
vunquam  te  negabo ,  Encore  Seigneur  qu'il  me 
faille  mourir  mille  &  mille  fois,  ie  ne  te  renie- 
ray  ,  &  pour  le  tefmoignage ,  que  vous  eftiez 
tout  ardant  en  feu  d'amour  ,  vous  miftes  la 
main  à  l'efpee ,  &  montrâmes  la  grandeur  de 
cefte  charité ,  mais  hclas !  vous  voylà  mainte- 
nant proche  du  feu,  vous  voy là  tremblotant, & 
voylà  ce  coeur  voftre  ,  tant  embrafé,  glace', 
voylà  vn,  Etiamfî  mori?neoportHeritt  non  te  negabo , 
change'  envn,  Non  nota  bominem. 

O  ames  dénotes  !  fi  iufqucs  à  cet  heure  vous 
n'auez  feen  que  ,  Volimushominis  eftdeambitlato- 
rù,vous  le  voyez  ceiourd'huy  icy  ,  iiiufquesà 
maintenant  vous  auez  ignore'  que  l'homme  cft 
vne  fuc i lie,  5cx\\ic,Cotrafo(iumfjf(odycntorafitur 
oQmdfs potenttam  tuam: Voyez  auiourd'huy  cefte 
tu  cille  &  cefte  volonté' de  fainct  Pierre ,  agitée 
&  portée  tantoft  d'vncofté,  tantoft  de  l'autre: 
voyez  l'inconftance  de  l'homme ,  il  auoit  diéfc 
qu'encore  qu  i!  faudroit  verfer  tout  le  fang  des 
veines  de  (on  corps,  &  qu'il  faudroit  mourir 
cent  mille  fois,  que  ilmaisilnerenieroitfon 
Maiftre,cV  voicy  la  chance  tournée  ,   voicy 
,  la  piefence  d'vne  fimplc  chambrière  & 
.  tnelette ,  qu'il  le  renie  difant ,  Non  nota  bo+ 
rninm>  ie  ne  Tay  pas  cogneu.  Sur  cecy  vous  re- 
marquerez ce  que  dit  Rabanus  ,  parlant  de 
fain^c  Pierre,  Sitimet .natitrx ?fïfi Tequitur,  deno- 
ifinem  infîmiuus.efi  }fi[anitct,jidtitft* 


et }  après  les  Ramcauxl  7  7  3 

s'il  craint  ce  n'cfl  Je  mcrucillc,  d'autant  que 
cela  cft  de  Ja  nature ,  s'il  fait  c 
Ja  deuotion  &  l'amour  cjui  luy  poi  re  ,  s  il  le  re- 
nie, c'eft  vnc  ir.hin.  :.iicfc  penir 
ce,  c'cfla&cdc  toy,maisi|uoy>fi  c  "ô- 
tircauccfa  thiarc  ,   aucc  fà               H  tcflc  « 
J'interroge, fi  c'cftoii  Herodc  aucc  le  Sceptre 
en  main,ou  bien  Caypbe  la  Couronne  en  telle, 
palTcjmaisdcle  renier  pour  vnc                  :e, 
'ur  vncchJbiicrCjC'cfl  vn  cas  tft  range,  mais 
Mcfsicurs, la  tentation  n'en              moindre. 
Sainô  Cern^:             parc  la  femme  au  bal: 
les  Naturalises  difcnttjuclc  venin  dubafi- 
lic  faict  rompre  les  picrr 

Le  venin  delà  femme  c  fila  parole  ,ffVoi 
Je  la  parole  de  c. 
preccflc pierre  rond. 
1  Eglifc  ,  Super  hsne  fetram  ddificaùo   . 

•  .  V.rucillc dC miracle cju'vnc  portière 
la  terre  race  trembler  vn  por  la 

rriere  dit  prétoire  de  1         »lcpoi 
edu  Paradis,  vue  ternir, 
i-il  auoir  vn  p 
rable  &  des  plus  exccl  uf  voir 

il    clr   pris   de    M 
(dit-'\\)tnpMrjuiifoy-  m 

I 

9 ,  j(<Lm  ne  ranger  et ,   .  et ,  *Adâm 

le  *AiLm  huhxii  1  *.;  ,  wde  V*  mm  mit  m**k  **~ 

CilU  ,  il:  1  fur  Mit  ' 

i.n:fuA.nrumdcctl     ,  t  «tt*».: t 

C 


■7  y  4  Pour  le  Me  rcrecty 

trnm  :  illtimpulit  jfdam adprœnaricaHclum  ,  hyc'dà 
negtndum ,  (y  tdemfexus  in  y  troque  officio  hoftiarix 
hune  expclîitad  vita ,  illum  inclufit  admertem.  Voy- 
là  ce  que  Jifoit  ce  grand  pcrlonnageMaximius 
Taurinenfis:Qui  a  induit  Adam  à  pec lier?  là 
la  chambrière  a  induit  lainâ:  Pierre  à  renier 
Dieu, par  Eue  Auam  a  eftcdeceu,  p.ir  la  cham- 
brière fainct  Pierre  a  cfte'  vaincu  ,eile  par  fa 
perfuahon  a  fui  monte ,  celle-cy  par  la  deman- 
de a  fait  cjue  S.  Pierre  a  renie  Dieu,  &  Tvne  & 
l'autre  nous  ont  ch;ih\z  de  la  vie ,  &.  l'vne  &c 
l'autre  nous  ont  obligez  à  la  mort ,  &  1  vne  & 
l'autre  ont  e  e  caulc  de  noitre  perdition, 
qu'elle  mcrueille  doncqnes,  fi  fainct  Piem  s'e'- 
branlc  à  h  parole  de  la  feme  ?  tu  fuys  ton  Sei- 
gneur en  te  taiiant,  6V  le  fuis  encore  en  parlants 
mai1  maintenant  en  parlant,  tes  yeux  parlent 
en  pleurans.enlarmoyans ,  là  la  bouche  parle 
en  reniant  ,icy  vn  cœur  parleen  pleurant, là  la 
parole,  icy  lesflnglots  ,  les  foufpirs&  les  re- 
grets d'auoir  renie'  ce  Seigneur. 

Les  luifs  mettent  vn  voile  fur  la  face  de  ce 
Seigneur,marque  de  leur   rc  probation  ,  mar- 
que de  leur  aueuglement ,  marque  aufsî  du  de- 
fcfpoir,  comme  Caïn  lequel  difoit ,  Mttior  efl 
tmquitdi  mea  quam  vt  ventant  mercar,  mon  péché 
cil  Ci  grâi  que  iamais  ie  n*cn  puis  auoir  pardô. 
Ceux-cy  voilent  la  face  du  fils  de  Dieu,  afin 
qu'auec  plus  de  rage  ils  puifïcnt  fouffletter  ce- 
flefaincl:c&  prccieufefacc,  fi  eft- ce  toutefois 
queiediOv    dernièrement, que  lesyeux  du  fils 
de  Dieu  eftoient  fembUbles  aux  yeux  du  Cro- 
codile ,  qui  paffent  au  trauers  des  paupières  & 


fapYts  Us  Ramcauxl  11  S 

fês  paupiercscftant  fermées,  il  voit  au  trauers. 

Ce  n'eft  doc  de  mcrueille  G  les  yeux  de  ce  Sei-  « 

gncurpcrcenr.ee  bandcau&cc  voile  au  trauers 
duquel  il  regarde  S.  Pierre  ,  Cumtrfo  refyexit 
?etriï,8c  S.  Pierre  fe  fouuint  de  ce  que  luy  auoit 
dit  noftre  Scigncunii  cft  bien  vray  aufsi  quefe 
coq  chîtant,ycfl  interuenu  aucece  regard  de 
noftrc  Seigneur  qui  tut  caufe  de  fa  conucrtîon» 
car  b.  Pierre  oyat  ce  coq  chanter ,  s'cfl  reffou- 
uenu  de  ce  qucnoAre  Seigneur  luy  auoit  dit, & 
Doftrc  Seigneur  le  regardant  après  que  ce  coq 
eut  chante  luy  caufa  vne  penkéee  bien  grande. 

O  chant  du  coq  qui  me  rcprcfcinc  ce  qui  cil 
du  Prédicateur?  le  difois  maintenant  aucc  le? 
Naturalises,  que  le  venin  du  bafilic  brife  la 
pierre,  ic  dis  maintenant^  vous  le  fçauez,que 
le  chant  du  coq  challe  le  bafilic  :  o  heureux  ,  , 

ApoftrcS.  Pierre,  léchant  du  coq  chalk  le  ba  , 
liuc,&  le  venind  iceluy  qui  auoit eitccaulcdc 
fon  reniement,  &:  non  feulement  le  chant  du* 
coq  chafle  le  balilic,mais  l'afpcct  mefmc  d  ice- 
luy le chafle  ,difons  donc  que  li  ic  regard  du 
bafilic  tuc,celuy  de  noflre  Seigneur  viuific,//* 
CQ*f}><{U  tuo  yiuw;  nuerfus  reftexit  Vctrum. 

Pline  dit  &  rapporte  que  !a  Phrygic  il  y  a  cer- 
taines pierres,  Icfqucllcs  cftantappofecs  aux 
rayons  du  Soleil,  dégouttent  vne  très-  douce  flrrrts^ 
pluvc.O  Pierre  diuinc,ô  S.  Pierre  re  voylaex    fltmtnfii 
pofcauxrayôsdu  Soleil  deiu(ticc,voulez-vous  txpofct 
r  comment  ileft,  expofe  ,  c  citmnfité  rcfyc-  uuxrA 
xit  ?etrumt  quelle  mcrueille  doneques  ,  fi  ce-  ,,/# 

fte  pierre  à  la  veut:  de  ce  So'.cil  de'gOUtt  vne 
douce  pluye  de  larmes  ,fl  mk  âm.ut  i:  a  pleure', 

lu  îiij 


*  y  6  Vouy  le  Mecredy 

non  pas  vn  petit  mais  tres-amcrcmcnt  :  iufle* 
nient  S.Picrrc,vous  auez  ietté  des  larmes  pour 
la  guerifon  de  la  playe:&  celuy-là  a  eu  fort  bô- 
ne  grâce  lequel  a  compare'  les  larmes  au  ver  qui 
s'engendre  du  bois  &  ronge  le  mefme  bois  ,  ô 
larmes  vous  naifTez  en  bois ,  fa  rongez  le  inti- 
me bois  du  peche'  3  &  par  les  pleurs,  par  leurs 
douleurs,  par  la  contrition  &  viue  repentence, 
vous  rongez  ce  bois. 

SainÔ;  Léon  a  accompare'  les  larmes  à  vn 
Baptefme,ramecjuiaefié  baptifee  aefte'  celle 
de  fa  mû  Pierre  ,  larmes  doneques  au  dire  de 
fainâ  Léon  ,font  vn  Kaptefme,quiont  eu  la 
force  de  rebaptifer  Tarne  de  fain  Pierre,  Vt 
cvgmueftdulcedo  fauta  cfi  amaritudo  ,  dit  fainéfc 
Auguflin  ,mais  quoy,  les  racines  des  arbres 
font  ameres,  &lcs  frui<5hdes  mefmes  arbres 
font  merucillcufement  doux  &  fauourcux. 

O  amertume  !  c'eft  la  racine ,  ô  conuerfion, 
c'eil-là  le  fruit  de  la  racine,lequcl  eft  fort  doux 
côbien  que  la  racine  foit  amere.*&  vous  remar- 
querez, s'il  vous  plaift,  auec  moy  ce  que  fainéfc 
Marc  dit  }&  comment;  il  dit  que fainct  Pierre 
en  la  prefence  de  noftre  Seigneur,  cœpitflere,  il 
cômençaà  plorer:  furquoy  S.  Clemét  Romain 
dit  que  vray  émet  il  ne  fit  quecômencer,  d'au-» 
tant  que  depuis  ce  teps-làces  yeux  furent  touf- 
jours  conuertits  en  fontaines  de  larmes. 

O  S.Pierre  à  qui  t'accomparcray-je  mainte= 
nant  voyant  ta  douleur ,  voyant  ta  trifteffe, 
non  telle-quelle  ,  mais  trifteffe  véritablement 
grande.jie  t'accomparerayàceitc  pierre  appe- 
lée Eui&rosdc  laquelle  parle  à  fando  Gcmi- 


tfaprcs  les  Rame  a  777 

nîano  au  liurc  premier  de  ces  exemples  cl;.  4$. 
il  dit  que  cette  pierre  cil  douce  d'vnc  vertu 
admirable,  c*cft  qu'elle  diitillc  continuelle- 
ment de  l'eau  qui  cil  douce  comme  ro 

O  S.  Pierre  te  vo)  la  côucrt y  en  vnc  Euictros 
laquelle  côtinucllcmét  coule  fans  céder  ,  aufsi 
tcsyeuXjôS.  Apoftre, de-'a  en  auant  dittillcnt 
fans  aucun  arreft  \ ne  douce  ployé  de  larmes. 

Que  rcflc-il  maintenant ,  6  ames  deuotes, li- 
non que  ie  vous  coniurc ,  &:  que  ic  vous  repré- 
sente le  mcfme  que  fid  &reprcfc:na  S.  Ambr. 
à  ce  grand  Empereur!  hcodofc  ,  lequel  ayant 
cite  condamne  de  luy  de  ne  rentrer  en  l'Egli- 
fc,  &  venant  vn  iour  pour  y  entrer,  S.  Ambroi- 
fc  luy  ferma  la  porte  au  nez,  ceft  Empereur 
voyant  cela  reprefenta  tortbicnà  faincl:  Am- 
broife  ,quc  Dieu  n'auoit  pas  terme  la  porte  de 
fa  milericorde  à  faincl:  Pierre,  &  qu'il  l'auok 
reçu.  Ce  grand  Prélat  Milanois  luyraict  ref- 
ponfe  ,  &  luy  dict .Sifkutm  Vi  timumerï.tnti m,  fc- 
quere  crprnitcntidwX^hn  de  nousfc  pourroit  ex- 
eufer  de  n'auoir  renié  lefus-Chrift  nertre  mai- 
ftre,  ou  par  pirolr  ,  ou  par  penice,ou  par  quel- 
ques actions;Or  fus  Chrclticns,ic  vous,fai<fts 
la  mcfmc  leçon  que  faincr  Ambroifc  fïft  à 
Theodofc,  ic  vous  veux  dire  que  iî  vous  aucz 
fuiuy  fainct  Pierre  en  fcsrcnicmens/uyucz-le, 
&  limiter  en  ce  qui  cft  de  fa  pénitence  afin 
qu'ayant  receu  en  l'ame  ce  regard  de  Dieu, 
nous  le  puifsions  regarder  là  haut  au  Ciel  face 
à  facc.auqucl  nous  conduife  le  Pcrc ,  le  1  ils,  & 
lcfainft  Efprit.  Amen. 


SERMON       QVATRIES: 

ME    DE     LA  PASSION, 

faicSt  au  iour  du  Vendre- 
dy  Sain£t. 

ITS  ^  crains  (  Chrefticnne  &  deuote  afsi- 

!JJ*  ftance  )  que  fi  ce  matin  la  Vierge 
ILffi'eftant  toute  trifte  ,  i'entreprends  de 
fco:o/a:o/qa  fanera  la  façon  ordinaire,  elle  ne 
me  face  la  mefme  refponce  ,  &  n'aye  lefub- 
jeffcde  médire  ce  queNoëmi  refpondit  à  fes 
voiflnes  ,  difant,  Hohre me  vocare  Koënà,  id  eji 
fulcbram  ypdyocate  me  marem ,  idefiamaram  ,  Ne 
m'appeliez  pas  ^Koemi,  çcii  a  dire  belle,  mais 
4maram>  c'cîï  à  dire  amere,  d'autant  que,  T\eple* 
mt  me  a?narltudme  Deus  omnipotes  Ainfi  la  Vierge 
me  pounoit  dire  le  mcCme,Koliteme  yscare Noe- 
mifedvocttte  me maram ,  c'eft  à  dire  ^Amaram ,  & 
ne  dites  pas ,  Jtue ,  qui  lignifie  faine, fans  dou- 
leur, mais  dites  moy  >Vale yà.  Dieu, ne  voulant 
furuiure  la  vie  de  ma  vie ,  mais  mourir ,  ne  me 
faluezpas,  &  ne  m'appeliez  pas  Marie,  qui  fï- 
gnifie  lumineufe  ,'mais  appeliez  moyamertu^ 
me,  d'autat  que,  jLnima  mea  amaritudino  reple* 
ta  efl ,  Mon  amecft  toute  replie  de  trifte{Tc,dc 
douleur,  d'angoiffes,&  d'amertumcs:en  vain 


delaPafsionl  77^ 

me  faluè'rez-vous  pleine  de  £race  >  puif- 
que  ,  Hfpltuu  me  Dommus  dtnmpi-ttm  4WAriw* 
dîne.  En  vain   VOUS  diriez    ,   le  S.:  .    cft 

aucc  moy  Domvtut  ira. m  ,  d'autan  qu<.  le  Sei- 
gneur ii'clt  pa  iioy  :  mai.  clt  entre  les 
mains  dc>  bourre-mx  &  ucs  luirs  :  en  vain  vous 
diriez  que  le  fuis  bci  lifte  entre  toutes  lcsfcm- 
mes,  Ecned'chtu  m  mmltertkm  ,  ou  que  ic  l'ay 
elle  lors  que  1  ay  curante  Uns  Iclion  de  ma  vir- 
ginirc:mais  hclas?  au  lieu  quenc  dcuois  auoir 
re(cnry  la  Iciion  a  la  naifljncc  ,  voicy  que  ic  la 
paye  en  fa  mort  :  cV  d'autant  que  ic  l'ay  veu 
tout  rcfplendifTant  de  gloire, ie  le  vois  ce  iour- 
d'hi/y  auec  autant  de  triltefle,  d'affliCtioA*  d  i- 
gnominie.  En  vain  vous  diriez  ,  BcnecLi 
ctus  ventru tui:  Lcfruictdc  to  ventre  c\\  benift, 
d'autant  que  ie  le  voy  pendu  (or- 
teque  ^Vcrfji  cfl  citfurA  nêftrA  in  \nSum  S 
nummeum  m  vKcm  //  S*$  ,  ces  ioyes 
uertiesen  larnus,  le  huic*  Je  mon  ventre  1  il 
pas  benifl ,  puis  qu'il  cft  dit,  MdleJtB 

;  //*>n  ,  Toutes  ces  grâces  co 
cefte  lalutation  angelique, font  changes  pour 
moyen  peines  &doulcurs,puis  que  l'harm< 
dcccftc  lalutation  ne  peut  auoir  accord  aucun 
lucc  les  larmes  &  les  pleurs  :  au  lieu  donc  de 
nous  adreffer  à  cefte  Vierge,  nous  nous  adref- 
ferons  au  haut  du  Caluaire  ,  nous  rcrons 

«fur  1'Atttel a atf  eft  Areffé  ,Aiteloùlc 
fils  de  D  eufai(5t  le  plus  rare  Sacrifice  que  ja- 
mais le  nvmie  aye  veu  ,  cfleuons  donc  nos 
yeux  vers  cefte  Croix  ,  &  la  faluons  en  fvicur 
de  ccluyquiacltc  attache  fur  icellc,  difans, 


'y  8  o  Four  h  Jour 

\V$f^  V  suat"c^me  ^urc  des  R°ys  ck** 

pitre  3.  trois  foits&  puiflansRoys 
s'eltant  bandez  &  lignez  à  rencon- 
tre du  Roy  des  Moabites ,  &  ayans 
dreffe  vne  forte  &  ptiiffante  armc'c 
pour  luy  liurcr  la  guerre  ,  en  fin  le  comba- 
ttent: mais  d'vne  telle  forte,  qu'ils  deftruifi- 
rent  tout  fon  Royaume  :  &  après  auoir  tout 
rauagc  &  mis  en  feu  ,  &  en  flamme  tout  ce 
qu'ils  auoient  trouue'  en  iceluy  ,  ce  Roy  des 
Moabites  fe  voyant  à  deux  doigts  prez  du 
bouluerfement  de  ce  qui  cftoit  de  fes  eftats, 
fut  contraint  de  fe  retirer  en  vne  certaine  vil- 
le qui  eftoit  tienne,  &  luy  appartenoit  ,  & 
eftantencefte  tienne  ville  ,  les  trois  Roysl'af- 
tiegerent ,  mais  d'vne  telle  forte  qu'ils  le  con- 
traignirent de  prendre  vne  refolution  telle 
que  le  Ciel  n'a  iamais  veu  ny  entendu:  il  prift 
fon  fils  vnique  ,  &  lequel  il  aimoit  fort  ten-» 
drement  ,1e  tira  hors  de  fon  Palais  ,  &  le  con- 
clu ilit  au  haut  des  murailles  de  la  ville  ,  aux 
yeux  de  toute  l'armée  ,  &  là  le  faciifia  aux 
yeux  de  tous  fes  ennemis ,  comme  s'il  leur  eut 
voulu  dire,  voyons  fi  vous  ferez  touchez  de 
compafsion  ,  vous  qui  m'auez  porté  iufques- 
là  de  facrificr  &  immoler  mon  fils  vnique: 
Le  texte  porte  que  ces  Roys  tous  trois  enfem- 
b'c  bandez  contre  luy  ,  ayans  veu  ce  triftcfpe- 
âacle  ,  F  afta  efl  indignatio  maxima  Ifraïl  ,  ftti- 
timque  Yccefjerunt  abeo,Çj  renerfi  fttnt in  patïi<tin 


de  la  Vafsion.  781 

fi.tmyvoj\i  vnc  indignation  grande  qui  s'cfl 
faicte  en  ifracl  entre  ces  trois  Roys, indigna- 
tion qui  outra  l'amc  de  tous  leurs  fc&atcurs, 
en  fînrcfolurentcntr'eux  de  quittcrla  guerre, 
fjirecefsion  d'armes^  fe  retirer  en  leurs  p^ys, 
en  leurs  Royaumes  ,  StAtvnqueret'cJJcrumF,  <?rt* 
uerfî fùnr  \r,  Pdtriémfikt**, 

Chrétienne  &  dcuotc  afsiftancc  ,  n'eft-d^ 
pas  icy  vnc  parfaicte  reprefentation  ,  de  ce  que 
ce  marin  il  le  pafle  deuant  nos  yeux,  tout  le' 
genre  humain  eft  ligue'  enfcmble  ,  &  ligné 
qu'il  a  ci'  (1  bjnde'à  1  encontre  de  ce  Roy 

du  Ciel,  &  s'eft  arme  de  telle  forte,  qu'ils  ont 
defire'  d'attirer  tout  ce  qui  eft  en  luy  ,  &  ny 
is   ny  moins  quecomme  ce  Roy  ,pour  fle- 
ir  le  cœur  diamantin  de  ces  trois  Roys  Sa- 
crifia cV  immola  fon  fils  au  haut  delà  muraille, 
aux  yeux  de  toute  l'armée.  Ainfi  le  Pcre  éter- 
nel jii  Inut  de  la  môtagne  de  Caluaire ,  immo- 
i'huv  [on  fils  an  haut  de  Caluaire ,  & 
.-'encedetout  le  monde:  c'eft  ce  Pcrc 
l  qui  2  ,1c  toute   éternité'  décrè- 

te que  ce  fill  mourroit  pour  la  rédemption  de 
unes,  telmoiu  ceqoc  dit  ce  Co- 
tet  des  ApoPtrcs  au   quntricfmc  chapitre 
des  \  bubanrsSc  félons, 

I   ulunfttm  Cwtflnm  tuum  , 

fteerttnr  que  m.wu*  tv*  c  Hcruat 

».  Perccrernel,  Pilatc,  Hercule,  Cavphc,  les 

itils  fe  font  aflcmblcz  tous   en- 

-  ce  que  vollrc  main  tou- 

te-p  -niante,  ce  que  vofhc  (  auoit 

à  crcuJ.  vternite,  c'eû  donc  vous, po 


r 


782  Tour  te  lôur 

te  éternel,  qui  en  cftes  caufe,  d'autant  qu'il  fat- 
loir  que  cela  s'accôplift,  puis  que  vous  l'auiez 
ainfi  arrefie'.  Vous  remorquerez  ,  s'il  vous 
plaift  ,  qu'il  ne  dit,  Quœmànu*  tud  ,  & confihum 
tuum  djereuerunt  vt  faccrent ,  parce  que  ce  faire  a 
clic  lé*plus  énorme  crime ,  &  le  p!us  énorme 
>eche/,queiamaislc  Cielaye  veu, d'autant  auk 

que  Dieu  ne  peut  eftre  autheur  de  mal,  mais 
il  a  dit ,  Quœ  manuj  tud^  &  confilium  tuum  decre- 
ucruntfieri ,  &  non  pas ,  vtfacerent  pource  que^ 
comme  ie  vous  viens  de  dire  ,  Dieu  ne  nous 
peut  po.ifltr  à  faire  mal  ,  &ainfilcs  Theolo- 
giensdifent  diuinement  bien  traiétans  de  ce 
fu  jet ,  JlBio  difylkuu  ipaflio grdta  fuit,  l'action  a 
cfté  la  chofe  la  plus  peruerfe,  &  la  plus  bomi- 
nable  du  monde  ,  mais  la  Pafsion  du  fils  de 
Dieu  a  efte'  la  chofe  la  plusfain&e,  &  la  plus 
louable  que  iamais  le  Ciel,  ny  la  terre  ayet  veu- 

Aufsi  le  Père  éternel  parle  de  fon  fils  fous 

le  fy.nbolc  de  la  pierre,  par  le  Prophète  Za- 

ZAcka.  4.  c}lirjc    Snf>er  lapident  vnum  oculi  feptem  ,fur  vue 

pierre  fept  yeux,  qu'eft- ce  cecy, quelle  eft ce* 

fie  pierre? 

Le  fils  de  Dieu  eft  crfte  diurne  pierre,  ces 
fept  yeux  nous  demonftrtrnt  rvniuerfaîité 
des  yeux  de  tous  le*  hommes  ,  Super  Upidem 
"vnum  oculippte,  pour  dire  que  des  veux  de  tout 
le  monde  deuoient  eftre  fichez  fur  ce  fre  pier- 
re ,  Egocelabo  f.ulpturam  tius  ,  Ce  fera  moy-mcf- 
me  qui  graucra  fur  cette  pierre  ,  dit  le  P<.  re, 
entant  que  de  toute  éternité  >  i'^v  arrefte'  ce 
qui  eft  defes  playes  ,  &  ainfile  Père  éternel 
(  contre  lequel  nous  nous  eftions  armez  ) 


àc  U  Vafiion.  783 

pouf  nous  appaiiîer,  immole  fon  fiîsau  haut 
de  la  montagne  de  Caluairc  ,  &  ny  plus  ne 
moins,  que  comme  ces  trois  Roys  ,  qui  s'e- 
ftoient  bandez  contre  ce  Roy  desMoabites, 
ayans  veu  ce  faiét  trafique ,  curent  vne  telle 
indignation  de  cela,  qu'ils  quittèrent  les  ar- 
mes, quoy?  Mcfsicurs,lamort  du  fils  de  Dieu 
en  pourra-elle  pas  caufet  en  nous  vne  indi- 
gnation grande  de  ne  le  p-us  offencer:  cV  com- 
me cela  a  faict  tombet  les  armes  des  mains  des 
ennemis  ,lcfquels  cftoient  comme  acharner 
contre  luv,  &  leur  faict  leuer  le  Gege  ,&  s'en 
retourner  en  leurs  Roy.uimes ,  quoy  ?  ce  faid: 
du  Pcre  éternel  n'aura  il  pas  la  vertu  &  la  for- 
ce de  nous   coufer  vne  indignation  pareille, 
ie  dis  de  nous  faire  changer  d'intention  2  Se 
toutesfois  ,  quoy  que  cet  aclc  foit  plein  de 
compafsion,  neantmoins ,  ô  mon  Dici^ie  vojr 
que  les  lu  ifs  ,  Super  yeUmen  ynlnerumeius ,  qutm 
ftrcuflifli  adluUrunt. 

Voyez  Mcfsicurs ,  comme  ce  trifte  fpc&ade 
n'a  pourtant  pas  eu  la  force  cnuersles  Iuif*, 
de  leur  faire  changerde  rcfolution,  ilefl  bien 
vray  que  Pilatc  tafehant  de  le  dcliurcrde  la 
cruelle  rage  &  felonnic  des  ces  Iuifs,  ils'aduife 
de  trouuer  des  moyens  pour  ce  faire,  il  fça- 
uoit  quece  peuplcauoit  dccouflume  ,en  mé- 
moire de  ce  qu'ils  auoient  cflc  deliurez  des 
mains  de  Pharaon,  &  dclacaptiuitc  d  Egypte, 
de  deliurer  tous  les  ans  vn  prifonnier ,  à  la 
frite  de  Pafques  ,  &  ainfi  Pilatc  voulant  de- 
liurer ce  Seigneur  ,  il  demande  à  ces  Iuifs, 
X%**tm  yu'.  MmutJm,  lequel  voulez- VOUS 


rj  r  Four  le  leur 

que  ie  dcîiure,  &  que  ie  vousenuoyc,  leifum 

yia^rcnum,  an  Bàrrdbtm,  Iefus  de  Nazarèth,oii 

bien  Barrabas  :  Sainâ:  Lcon  dit  que  depuis  les 

Empereurs,  en  ligne  de  ce  bénéfice  très-grand 

de  li  Rédemption,  vouloie.     -juctous  les  ans 

fehifieurs  criminels  LnTent  deliurez,&mis  en 

liberté  :&  de-là  j'infère  que  c'eft  cliofeindi- 

qnc  de  retenir  hayne  &  rancune  àl'encontrc 

de  Ton  propre  frerc  iKeque  enimprinatç  legesfant 

auflcriores public ts.  De  forte  que  ii  les  Empereurs 

'Pitié  dis    vouloient  que  ceux,  qui  auoient  commis  quel- 

TmH-       cluc  crnric  ^  encontre  d'eux  &  de.leur  maiftre 

reurs  fuflent  dcliurez  ,  larailbn  veut  aufsi  que  fi  Ton 

CbrtHiens  a  comm^3  q^lquc  cï*™c  contre  nous ,  que 

nous  le  pardonnions. 

Pilate  donc  fonde  fur  la  Couftume  des  Iuifs» 
fait  entrer  en  panmgon  l'iniquité  aucclapu- 
dicitc,  la  douceur ,  &  l'innocence  ;  mais  helas/ 
conildcrat  cecy,n'ay'  je  pas  fu jet  de  dire  ce  que 
difoit  le  fainét  Apoftre  des  Gentils ,  puis  que, 
ô  Pilate,tn  mets  Iefus-Chrift,qui  eft  la  mefme 
pureté,  la  mefme  candeur,  &  la  mefme  inno- 
cence ,  en  parangon  auec  Barrabas  ,  qui  eft  la 
mefme  mefehancetc   la  mefme  iniquiré:  jQu* 
focietrU  lucis  ad  tenekras  ,  qu*  cmutntio  Cbnfti  ad 
Belialjtemph  Dei adldolt)  quelle  comparaifon  y 
a-il  de  la  lumière  aux  ténèbres  ,  de  Reliai  à 
Dieu. du  temple  de  Dieu  auec  celuy  de  Idoles? 
lorsque  Pilate  parle  de  Dieu  ^qu'eft-ce  ?  tlnon 
tonte  lumière,  &  lorsqu'il  parle  de  Barrabas, 
qu'eft  ce,  linon  toutes  tenebn  s? 
Il  eft  vray  que  Pilate,  commet  yne  iniuftice 

grande 


de  la  Tafswnl  785 

grande,  mais  celle  des  îuifseft  encore  bien  pi- 
re, de  bien  plus  grande, iL  crient, Tollïbunct(it- 
mitte  Burrab,tm  :  1 1  eulcnt  p*scuiyr parler 

1  deliuranec  du  tilsde  D 

le  pourrois  icy  dire  des  lu  ifs  ,cc  quedifoit 
ce  Prophète,  l  ertnntêflitum  &  rc- 

cefcccrunr  ïnujHtté$èm ,  c?eltgn'HMt  fibifUttgism 
tem  quàm  1 

O  cfLctiô  peruerfe  que  celle  des  lu  ifs/  ils  de-  7 
liurent  liarrabasj&laifîeiit-  I  ucurlc-  fvrnnfe 

fus-Chnit  :  ObtuftfcitecaU fuftr )m  :6  c 
me  nielliez- vous  fur  cecy  !  &  vous  teire  trem- 
blez :  Dm  mdUammifit  f  ft  rme derehn- 
tjncruut  forttem  éUjnÀ  yiK£}  CT  <\H 
lUpifÂi.-  O  manu  aile  e lie— 
ction  '  ce  peuple  a  commis  deux  pcchcz,il  m'a 
delaifle,  moy  qui  fuis  vne  romaine  d'tau  viuc, 
ti  font  allez  auprès  des  eifternes  rompues,  lef- 
quelles  n'ont  pas  ?  ne  goutte  d'eau,  ex  ou  il  n'y 
a  que  de  la  fange. 

Hc  quoique  defirez-vous  que  icdicPJirav- je 
que  nous  fommes  pires  que  les  Iuifsmous  met- 
tons Dieu  d'vn  code'  de  la  balance, &  la  créatu- 
re de  l'autre,  &  nous  difons  &  crions  aucc  les 
JmÇs/rollebHîic^cf  dtmitte  BarrtbAm-.quc  dis-tu? 
toyqui  es  auaricieux/inô, ttlle /*/*r, tirez  Iclus- 
Chri(r,cVme  1  tiffe*  mon  argét.'cVtoy  qui  mets 
les  phillrs  d'rn  cofre  ,  cV  de  l'autre  Dieu  ,  que 
dis-tu, lmô,To//f/;«wc,cVainfi  des  autres.  Le  pro- 
phète Sophonie  parfit  le  Chanaam,d'tt,/ri  mx-  S^fbm 
nu  nus  fUmdMUp^  elle  eft  du  tout  iniufte, d'au- 
tant que  mettant  d'vn  cofte  les  p!ai(îrs  &  vani- 
tcz,& de  l'autre  Dicu,lc$  plaifirs  pe«ét  glus  que 

Ddd 


7  8  £  Tour  le  tour 

ton  Dieu,  la  balance  danslaquelleeft  Dieu,và 
en  haut  :  il  cft  bien  vray  qu'il  falloit  que  Dieu 
mouruft  pour  nous  tous.Barrabas  auoit  mérité 
la  mort,&  le  fils  de  Dieu  non,car  luy  qui  cft  la 
mefmc  pureté,  bonté',  &  la  mefme  innocence, 
ne  deuoit  mourir.  Voylà  pourquoy  Barrabas 
eft  deliuré  par  la  mort  du  fils  de  Dieu ,  &  le  fils 
de  Dieu  cft  pris  &  liuré  à  mort  pour  le  dcliure- 
ment  de  Barrabas. 
Tour  quels     Barrabas  cil  vne  belle  figure  du  genre  hu- 
crimes        main,  il  eftoitaccufé  de  trois  crimes:premie- 
eftoitem-    rement, pour auoir  fait  &  excité  vne  fedition 
prifmné     grande  en  la  ville  :  fecondement,  d'auoir  com- 
Bambat.  mis  larcin  &  bringandage:  &  en  3.  lieu  il  eftoit 
aceufe  d'homicide.  QuoyPAdam  eftant  au  mi- 
lieu du  Paradis  tcrreftre,&  ayant  tranfgrefle  la 
loy  du  fils  de  Dieu ,  ne  s'enfuit-il  pas  vne  fedi- 
tion grâde?la  guerre  ne  s'enfuit-elle  pas?d*au- 
tant  que  la  raifon  fe  reuolte  cotre  Dieu ,  le  Su- 
périeur contre  l'inférieur  ,  voylà  pour  le  pre- 
lAcUm  <t    micr.  QuoyPAdam  ne  commit-  il  pas  vn  larcin 
commisvn  au  ParadisPmais  larcin  tel,  que  iamais  le  ciel  & 
larcin        la  terre  n'ont  veu ,  ny  ouy  parler  d'vn  séblable, 
au  Vara-    le  diable  leur  difant  .*  Erinsfîcut  dijftientesbonum 
dtstem-    &malum.  Ils  afpircnt  à  cela,  &  voylà  le  grand 
rrt*  larcin  commis,d'autât  qu'ils  veulent  defrober 

ladiuinité:  voylà  pour  le  fécond. D'auantage, 
ne  commet -il  pas  homicide  ,  lorsqu'il  nous 
donne  la  mort  à  tous  fer  ynumbominem  mors  in* 
trauitinmundum.  Voylà  donc  comme  Barrabas 
cft  la  figure  vraye  du  genre  humain,  voicy  la 
verité.Barrabas  fut  deliuré,&  le  fils  de  Dieu  de- 
laiflç/igne  &  marque  infaillible/juc  la  Pafsion 


Je  U  Pâfsion*  787 

&  mort  de  ce  Sauucur  dcuoit  feruir  pour  la  re* 
demptîon  &dcliurance  tic  tout  le  monde. 

Pilate  voyant  que  cefte  yovc  n'auoit  peu  fer- 
uir pour  deliurer  noftrc  Seigneur, ils'adnifc 
dVfl  autre  moyé,  c'cli  qu'il  liurclchls  de  Dieu 
entre  les  mains  des  bourreaux  pour  eftrc  fla- 
gelle', pour  appaifer  les  luifs  par  celle  flagella- 
tion.Nous  lifons  que  ceux  qui  appt  iuoi'cnt  les 
Lions,  ex'  domeftiquent  les  petits  taons  de* 
Lionnes,  font  vnc  chofe  digne  de  remarque: 
c'eft  qu'ils  ont  de  couftume  de  battre  le  chien 
deuant  le  Lion  ,  Lion  qui  eft  le  roy  des  ani- 
maux, &  qui eft  redoutable  à  tous,&  le  chien 
qui  eft  vil  &  abied  ,  ce  n'eft  de  merucille ,  dis- 
jejs'ihlesappriuoifcnt  parce  moyen. 

Mais  ce  matin  ic  voy  le  contraire,  ic  voy  que  le  Lion 
le  Liô  eft  battu  pour  fléchir  la  rage  des  chiens  eft  battu 
enragez.  Dieu  eft  ce  Liô  de  la  Tribu  de  Iuda,&  pour  dp- 
les  Iuirs  font  les  chiens  qui  l'cnuironncnt,  Ctr- f  défit  la 
amàederunt  me  canes  multi  ,cf  tdurtpiB*Mesêbfec{e-  chiens, 
runt  me  :car  Pilate  ne  fouette  pas  les  chiens, 
mais  le  Lion  efl  fouette ,  pour  appaifer  la  rage 
des  chiens  qui  eftoient  acharnez  contre  ce 
Lion,  Et  Apprebendens  Ufum  VtUtus  eum  fUgelUmt. 

Il  fembleque  Pilate  face  allution  à  ce  quife  Belle  pmi- 
Lit  aux  forges,  lors  que  le  fer  a  efte  aflez  long-  luude. 
temps  dans  la  fournaife,  &  qu'il  eft  côme  con- 
uerty  en  vn  feu,  le  nuiftre  de  la  forge  le  tire ,  & 
le  met  fur  l'enclume,  puis  frappe  vn  petit  coup 
deflus,  &  frappe  qu'il  i ,  tous  les  feruitcurs  puis 
après  frappent  deflus  à  coups  perdus.  O  forge 
des  tourmem  cV  douleurs,  que  ce  Prétoire,  oà 
rfto;:  le  fils  de  Dieu  Pilate  le  retire  hors  de 

Dddij 


7  8  S  Pcuy  le  iour 

ccftc  fourn-aHc ,  &  retire  qu'il  l'a,  luy  donne  vrl 
petit  coup,  &l'ayantfrappe'de  fa  langue  ,&le 
condamnant,  voylà  tous  les  autres  qui  frap- 
pent fur  ce  Seigneur  à  coups  perdus.  O  mal- 
heureux !i!  n'eit  pas  de  fer  ny  demctailrileft 
bien  vray  que  ce  Seigneur  eft  tout  ronge',  mais 
c'clt  d'amour  &  de  charité',  ce  Seigneur  n'eft 
de  fer,  mais  de  chair  :&  Ci  bien  ilfemblequc 
lob  parloit  en  la  place  de  ce  Seigneur  ,  lors 
qu'il  difoit  de  luy,  Caro  mcaœnea  e/?,ma  chair 
n'efl:  que  de  bronze  rc'eftoit  pour  dire  qu'i! 
eftoit  patient,  ferme  &  conftant,&  qu'en  cela 
iieftoit  plus  fort  que  le  bronze  i%Apprehemlcns 
ïtfîtm  ViUtu-s  fagclUuit  cum. 
11  fcmblc  qu'icy  TEuangelifte  face  encore  al- 
Belles  dn«  ln(iô  aux  chafticmes  anciens  des  Romains:  car 
tintait^  lors  que  les  foldats  eftoient  fouettez  en  vu  lieu 
que  Ton  nommoit  Fuft>irium,\cs  Tribuns  &  ca- 
pitaines donnoiét  chacun  vn  coup  de  fouet  fur 
iô  corps  ,&puis  tout  le  refte  des  foldats  de  l'ar- 
mée frappoiétdefluSj&le  foiiettoit-on  iufqu'à 
la  mort:&  ainiï,  jifprthendcns  eum  Tdatus9flageU 
Umteum:  Pilate  ayant  donne'  deffus,  les  Iuifs  & 
les  bourreaux  tousenfemblele  rrapperent. 

Eufebe  de  Cefaree,  &  cefte  bouche  d'or  S. 
le  a  Chryfoft.ducc  que  le  fils  de  Dieu  a  efte' fla- 
gelle'de  3.  fortes  de  difeipline  s  ,  DifcipUnapacts 
neflr/tfapetmmi  lis  difent  que  la  première  difei- 
pline ar.ee  laquelle  ce  Seigneur  a  cite  fuftige, 
c'a  eftd  auec  des  verges,  nô  pas  des  verges  tel- 
les quelles,mais  des  verges  d'c'pines. La  fecôde 
difeipline  que  ce  Seigneur  a  reccuë  ,  c'a  elle' 
aucc  des  corde3 ,  mais nouées.  La 3.  difeipline 


de  la  Pajtionï  5  8  g 

qu'îlaendure'eç'aeiléaucc  des  verges  de  fer: 
&ainliileftvray  que,  jttmtu<st$[  celer  a 

nrfr* ,  d'autant  que  ces  trois  difciplmcs  reir 
dent  à  trois  vices  que  le  mode  a  cômif  à:  com- 
rnçtyJ^incrjicultft  in  mîuhjtéttfi  Cocupi  , 

dtét  concupif.  cnti.i  ocnl  rum  >.tnt  fuf 

La  première  diiciplinc  qu'il  a  endurée  cil  cô- 
tre  1  auarice  ,  &  j  aueedes  verbes  d'efpi- 

nes,pource  queluy  mcfmcacop-  chcl- 

fes  aux  e fpincs.  La  fecô  le  difciplmt  cft  contre 
la  concupifcencc,rcprc!entcc  par  fcj  cordes  de 
iiiacc.-car  tout  ain!i  que  Les  cordes  fc  font  ai:cc 
delafîlaccA'dcscftoupeschofcs  lerquellcs  I 
hcûcsÀ  rompre  :  mais  iiczcx  noues  cnlcmblj, 
iaipolsiblccfl  dclcsrôpre:ainfila  coeur 
ce  du  commencement  n'cllrien,  au  n  xju 

dechofe:  mais  quand  om  tycompl 
gendre  la  mort,  Co9ÇMpi(ccntidCtêMÇoMC*ftdf*arit 

.rrAtpccCéttum^cjrconfimm.^ 
troificfmcdifciplinccliaucc  des  chaînes  de  : 

ure  l'orgueil,  qui  clt  iuitement  lu: 
fcr,pource  que  tour  ainfi  que  le  rcr  nes'amollit 
quepir  le  rcuA'par  les  mai  trauxramli  I 

3  ne  peut  t  que  parie  ! 

des  us  de  l'a  duc 

:c  c'eftoit  tuti 
ftre  fouette,  &  2  c- 

lacoulh:  mains: 

i:  le  propre  des  libre*. .lire  flagelle,  >it 

le  propre  des  efdauesrpour  ce  fujet  ! 
nandoit  vn  iour  ,    1 

.    ;1  cfloit  per  cr  vn  cit   vc  \ 

Romain,  Mais,  6 fainéi  Pau' 

D 


•7  po  Pour  le  tour 

prcfent,que  diriez-  vous,ne  diriez  vous  paY,Z£î 
cet  ne  ciuem  ccelï  filium  Dci  fîagelUre  :  mais  pour  ce 
que  ce  Seigneur ,  non  feulemét  eftoit  libre  co- 
rne Dicu,mais  encore  s'eftoit  fait  fcrf&efcla- 
ne,prenant  chair humaine:Voila  pourquoy  a- 
ptesauoir  eftetraittéen  libre,  il  a  voulu  eftre 
traittéen  efclaue,&  a  voulu  eftre  flagelle'. 
La  flagellation  eftoit  obferuee  ,&  des  Ro- 
.        jr  mains, &  des  Iuifs,  auec grande difterencercar 

n  veu^eitî  les  Iuifsne  donnoient  pas  plus  de  quarante 

JJ  &e  e  Ie"  coups, &craignas  de  parler  les  qmrate ,  ils  n'en 
on  a  cou-  Jonnoient  qUC  trente-neuf:  là  où  les  Romains 

fume  des    çn  donnoient  fans  mefure,  &  en  nôbrc  infiny. 

tspmams  yQ[\a  pourquoy  le  Fils  de  Dieu  portât  fur  foy 
tous  les  péchez  des  hommes ,  il  a  voulu  eftre 
flagelle  des  Romains ,  &  non  des  luifs  :  &  s'il 
eft  vray  ce  que  dit  le  Prophète, (^[ic^ultaflagel^ 
Upeccatoris  ,  plu  (leurs  flagellations  font  deucs 
au  pécheur,  qui  fera-ce  de  celuy  qui  a  pris  fur 
luy  tous  les  péchez ,  &  toutes  les  iniquitez  du 
mondeP&pource  il  peut  dire  vrayement  auec 
lob ,  Flagellisfitiscwxn  me  Dominus. 
Sainéfc  Grégoire  le  grand,  liure  14.de  fes  Mo- 
rales chap. 2 4. dit  encore,quec'eft  autre  chofe 
d'eftre  fouette', &  autre  chofe  d'eftre  flagelle': 
lors  que  quelqu'vn  eft  fouette',  il  eft  fouette'  fu* 
vne  partie  du  corps,&  nô  de  l'autre^' vn  cofte', 
&  non  pas  de  l'autre  .*  mais  eftre  flagelle' ,  c'eft 
eftre  battu  de  to9  coftcz,&  ainfi  ce  fils  de  Dieu 
difoit,  FUgellis  fais  cwxit  me  Domintts  9i\  n'y  a 
moyen  de  chercher  confolation,  d'autant  que 
ce  Seigneur  eftoit  ceint  de  toutes  parts ,  &  de 
tous  coftez  de  coups  de  verges  &  d'efeourgées. 


dclaVafsiori.  79 1 

Voila  pourquoycc  deuot  S.  Bcrnard,con(idc- 
rant  ce  Seigneur  eftant  ainfi  cnuironné,  &  en- 
toure' de  playes  de  tous  codez  ,  dit  :  Velue  c  rtf- 
uolutyC  ybique  dôlort,  &  ybique  fld^elltf  cinxit  eum 
Dimwuf.OgTznà  lob, ce  n'cltoit  de  voftrc  per- 
fonne,raais  bien  en  la  perfonne  du  fils  de  Dieu 
que  vous  dificz ,  FUoctits  fuis  cinxit  me  Dommus. 
De  vous  vous  diiicZyVeliimexconftmpttSLdrrtibud 
âdhdfitosmeum  :  mais  pour  le  fils  de  Dieu  ,  tlx- 
geliufuu  cinxit  me  Dtminw.QM  il  a  cite  flagelle  de 
telle  forte,  qu'il  ne  luy  eft  pas  refté  vnc  feule 
partie  defachairenricre.  Voicy,  Mcfsicurs,ce 
vray  Iofcph,qui  a  laiiTc  fa  cappc&fon  manteau 
entre  les  mains  de  la  paillarde:  ouy  vrayement 
Scig.vous  aucz  laifle'  voftrc  mâteau-car  qu'eft- 
cc  que  voflre  chair  &  voftre  peau, (mon  voftre 
manteau  que  vous  laifTcz  àla  Synagogue  impu- 
dique entre  les  mains  des  IuirsrôScig.iuftcnicc 
ic  voy  que  de  ces  coups  de  fouets  vo9cftcs  tout 
cfcorche,d'autat  qu'il  cftoit  neceflaire  ancien- 
nement, que  deuant  que  la  vi&imc  fuft  immo- 
lée &:facrihce,fuftcfcorclicc.O  mon  Seigneur, 
vous  cftes cette  vii5rjmc,ro9deuiczcftrc  victi- 
me' fur  la  motagne  de  caluaire.voila  pourquoy 
vo9  aucz  efte'  premièrement  cfcorchc,mais  aucc 
quels  inftrumcts?non  auec  d'autres  qu'aucc  les 
verges  &  cfcourgcesrdc  forte  c\\\ç,*A  plût*  pc  dit 
ne dil  vertkecdpiris^non  e(l m  eo  finit us ,  S u s ,  fns, 
tain&c  Efpoufe  ,  vous  dificz  parlât  de  voftre 
EtpouXyEttpfefiutpcf} pdrutemnoflrum  pcrfytctens  C.tHtX. 
pei  fenefhdiy promûtes percdmceliosiWr  -garde  par  'a 
porte  de  noftre  humanité'.  O  S.  t'poufc, venez 
&  regarde*  au  traucr*  de  ces  treillis  rong. 

Ddi  Uij 


7^2  Tourleiour 

nctrczcequieftde  l'amour  de  ce  Sauucur>& 
m  considérez  ce  qui  eft  de  fes  playes. 

C'eft  vrayemet  luy  qui  en  l'enfant  prodigue, 
lue.  15.     lequclyciifitp^uitfibHantiam  fHam3'ù a  difsipe  Ton 
sâg,  il  a  expofe'  fa  chair  aux  coups, il  a  difsipe'  fa 
peau,  &  prodigue  fa  vie,  Difipauit  fubjlmna  fut, 
le  voila  tout  en  pièces,^  pUnta  pedvs  yfqtte  %  &c. 
Voicyceflcuue  fanglantdont  l'impetuoiite 
refîoiïit  la  cite'  de  Dieu,  Flumims  impetw  Utificat 
ciuitatem  Deiyh  digue  eflofte'e,&eftant  otk'e,il 
fe  fait  vn  lauoir  pour  lauer  nos  ames. 
O  grand  Dauidjn'eftoit-ce  pas  ayant  efgard  à 
. ,         ceiourd'auiourd'Iiuyjque  vo9diiiez  par  vncf- 
JIj  '      '    prit  prophétique  ^fperge^me  Domine byjjopo,  & 
..     ,        fuperniuemdealbabor.  Corne  fi  ce  Prophète  v  ou* 
-        loitdire:Omô  Dieu/i'eftoisautresfois  immô- 
de,  vousauez  faitvn  afperfoir  de  mes  larmes 
pour  me  lauer  .'mais  auiourd'huy  vous  n'auez 
pas  feulement  fait  vn  afperfoir,mais  vn  lauoir. 
O  verbe  éternel/ vo9n'auez  fait  vn  afperfoir  de 
fang  de  bcfre,commc  de  bœuf,  brebis  &  autres 
beftcs,ainfi  qu'anciennemét  on  faifoit  e's  facri- 
fîces,  faits  pour  le  peche'du  peuple,  mais  vous 
auez  fait  vn  lauoir  de  voftre  propre  fang  pour 
purger  tout  le  môde.Quj  ne  fçait  que  pour  fai- 
re vn  lauoir,il  ne  faut  pas  vne  goutte  d'eau  feiv- 
lement,  mais  plufieurs  gouttes  enfcmble^Aufsi 
«otlre  Seigneur  pour  faire  ce  lauoir  a  jette'  plu- 
iîeurs gouttes  de  sag  ,  mais  fingulicremét  quad 
.  vous  dites, ô  Dauid  ,  *AJperges  me  Domine byffopo: 
Ievoybicn  que  vous  iettez  les  yeux  fur  cette 
fueur  de  fang  que  Iefus-Chriff.  a  fué  au  iardin 
des  Oliuesj&pourcc  vo9  diiiezjScigneurjVOus 


deUVafùonl  jç7 

m'arroufcrez  de  ces  gouttes,  ^fyergfime,  c'clt 
pour  le  fang  du  iardin  ,  mais  Uujùis  me,  pour  le 
iangefpandu  dans  le  Prétoire  de  Pilatc  ,  vous 
me  lautrez  au  milieu  de  voftrc  iag,YOUi  me  la- 
uerez  dedans  ce  lauoir,  &  alors  icray  fait  plus 
blanc  que  la  neige  piper  nvucm  ckalùdbor, 

O  faincte  cVpreciculc  chair  de  mon  Sautieur! 
voile  du  SancidS  de  la  diuin  ne' \'ous  re- 

marquerez que  ce  voile  du  Temple  eitoit  teint 
deux  toi5,aufsi  celle  fain&c  humanité' comme 
voile  de  la  diuinité  a  cite  teinte  deux  fois  ,  U 
premierje  au  iardin  des  01iucs,fuat  fang  &  eau, 
E    de  dans  le  Prétoire  de  Pilatc,lors  qu'il 
a  elle  fouetté  des  foldats,  &  tellement  fouette, 
que  ces  bourreaux  ont  tait  découler  le  fang  de 
tous  les  codez  de  Ton  corps,  &  n'ont  laifle  par- 
tic  fur  luy  qui  foit  entière, Aplsu  petits  y  (que dd 
:tcct»  CÂpttts  non  eft  m  eo  fantuf :tdcpuis  le  forn- 
mec  de  la  teikc  iufques  à  la  plante  des  pieds ,  il 
n'y  a  pas  de  fanté  en  ce  Seigneur. 

Sus, fus, dénote  afsiftancc,voicy  ce  cataracte 
du  Ciel  ouucrr,voicy  ces  fôtaincs  'des  aby fmes 
de  la  bonté  de  Dieu  ouuerts,  les  cataractes  du 
ciel  s'ouurent ,  il  fort  du  fang  abondamment, s 
fontaines  de  l'abyfmc  s'ouurent ,  qui  font  tou- 
tes les  playes  de  fon  corps,d'où  procède  le  lou- 
uerain  remède  de  nos  ames.  S.  Augoftin  dit  j(Un 
que  cefte  abondance  de  fang  duquel  le  corps  Q:^C  4J 
myftique  de  Dieu  eft  arroufe  ,  à  fçauoii  Ion  ri-  [ltt% 

fe,rcprcfcntc  l'abondance  de  fang,  que  ce 
corps  myfliquc  de  l'Eglifc  deuoit  -reipandre, 
pour  la  confrefsion  du  fils  de  Dieu.quarate  mil- 
le martyrs  ontcfpandu  leur  fang,  &  mille  & 


7£4  Pourîeiùur 

mille  Vierges  ont  enfanglante'  ce  corps  myfli- 

que, duquel  le  chef  vilible  eft  le  Pontife  fouuc- 

VaYtie  au  rai0)ia  poi&rinc  de  ce  corps  les  Prelats,l'efto- 

corps  jj-  macules  Preftres,!esyeuxlesDo&eurs,labou- 

ft^dc    che  les  Prédicateurs,  les  genouxles  Religieux, 

l  E&lijc*     &  ics  pieds  vn  nombre  infiny  de  femmes  ver- 

tueufes.  *A  pUnu  pedis  yàonc  t  yfque  ddyerticem 

capuis  non  eft  in  eofknitas:  tout  ce  corps  a  foufferr 

quelque  douleur,  &n'y  a  rien  qui  en  aye  efté 

exempt. 

Ofain£te  Efpoufe  parlant  de  voftrcbien-ai- 
me',vous  diriez ,  0  leum  ejfufum  nomen  tuum  :  mort 
Efpoux  vous-eftes  tout  baume:ce  baume  eftoit 
£*nl'1'      referme'  dans  le  vafe  de  voftre  fain&e  humani- 
té'^ ce  vafe  ce  iourd'huy  eft  rompu, Oleumeffu- 
fùm  nomen  tuum ,  il  eft  rompu  en  mille  &  mille 
pièces,  d'autant  qu'autant  de  playes  qu'il  y  a  en 
fon  corps,  ce  font  autant  de  pièces  ,&  autant 
«Touuertures  ,  voila  pourquoy  de  tous  coftez 
fort  &  procède  le  baume  ,  Oleum  ejfufum  nomen 
tuum.  Ainfi  fainét  Bernard  s'appliquant  le  me* 
rite  d'iccluy,difoit  à  ce  ScigneuriTrçriofîfangui* 
ne  tuo  tanqudm  balftmo  vulneribus  meis  medear  :  co- 
rne s'il  difoitiO  mon  Sauueur,  ie  vous  rends  a- 
6fcion  de  grâce ,  de  ce  qu'il  vous  a  pieu  que  ce 
fainâ  &  facre'  vafe  fuft  rompu  ,  d'autant  qu'e- 
,    ,     .  ftat  ainfi  rompu, ie  prends  de  ce  baume  qui  en 
I  de'couîe,&  l'applique  fur  mes  playes,&  y  cftant 

,      .       applique'  il  lesguarit.  Riche  comparaifon  du 

;     >N  fils  de  Dieu  auec  le  baume! 
coupe  qu  4  £çs  Natlrraliftes  difent  que  ce  petit  arbrifTeau 
j        '    qui  porte  ce  baume  ne  doit  pas  cftreincifc  au 
bois  &  à  la  moelle ,  mais  feulement  à  l'efcorcc. 


de  U  TâfsiotT.  795 

Mon  Dîeu,qu'cftes-vous  finon  vn  petit  arbnl-  ^ 
fcau  ?  la  diuinité  c'cft  la  moelle  ,  lame  c'cft  k  apit 
bois ,  l'humanité'  c'cft  i'cfcorcc  ,  laquelle  a  cite 
efcorche'e  ce  iourd'huy,  pour  le  falut  des  hom- 
mes. Iofepli  pour  taire  deuenir  les  brebis  blan- 
ches ,  il  efeorchoit  les  verges  d'amendier,  &  c- 
ftant  efcorche'e  les  icttoit  dans  la  fontaine ,  & 
ainfi  elles  changeoient  de  couleur,  voicy  cette 
Vierge  le  fils  de  Dicu,F/rgjm  yirtutn  tua.  emittet  Vplt  jop- 
Dtmmus  ex  Sion  ,  Verge  de  laquelle  on  tire  l'e(- 
corce,onlc  defehire  afin  de  raire  de'couler  le 
baume  qui  cft  dcdâs,pour  la  fante  de  nos  âmes: 
il  falloit  incifer  cet  arbrc,pour  auoir  ce  baume. 
i  >  fainâ  arbre  que  ce  fils  de  Dieu  ,  mais  il  ne 
faf.oit  toucher  à  la  diuinité'  ny  à  l'ame ,  car  clic 
cftoit  bienheureufe  dc's  l'initant  defaconce- 
ption:on  incife  doneques  refcorcc,qui  cft  l'hu- 
inanitc',afin  de  faire  que  ce  baume  précieux  ta 
puifle  diftillcr  cV:  découler:  furquoy  fainfr  Ber- 
nard dit  ainfi:5n<j quotl tft*  ommdtrud  non  fi<j  fiaï  t , 
fednon  défunt  forntdnia  fer  que  affluant  meduuwiru: 
Tout  ce  que  ie  pourrois  rairc,ccla  n'eft  fuffii 
cela  n'eft  pasbaftant,  cVcequicft  de  manque, 
ic  le  prends  de  mon  Sauucur  &  Rédempteur 
Iefus  Chrift.  Afinderecucillirlebaumc.on  at- 
tache quelques  fioles  ou  quelque  bouteilles  de 
verre  à  l'incifion  faiteà  l'arbre. 
O  âmes  deuotes,  vous  eftes  ces  fioles  de  ver- 
re ,  d'autant  que  vousdeuez  recognoiftre  vo- 
frre  infirmité  :  fioles  qui   deuanc  que  d'eftre 
attachée   font  vuides  ,   vouseftes  vuides  de 
grâce,  cV  de  tous  mérites  félon  vous  ,  mais 
deuant  Dieu  vous  eftes  pleines ,  vous  deuiez 


yç6  Vôuvleiouv 

eftrc  fufpenducs&  attachées  aces  inci(îons,â 
ces  playes  par  la  méditation, par  la  contempla- 
tion,&  direauec  fain&Paul  ^bfitmihi  ^oriArï 
mfimcntce  Domininofiri  leÇu  Confit. 

ConfoU-  Q^  ^  Pour  vous  autres  4U^ nc  pouuez  voler 
tïonpoiiY  ^  ^iaut  ^uc  Rattacher-  là  vos  affeclionsjà  caufc 
les  urnes  ^c  vos  Pecncz  >  confolez-vous,  d'autant  que  le 
gPBi'écs  kaume  de  cet  arbre  découle  iufques  en  terre,& 
*  J  *         en  pourrez  prendre  ce  qu'il  vous  en  faut. 

O  chère  &  diuine  colomne  où  eft  attaché 
mon  Sauueurlcolomne  changée  en  bonarbrif- 
feau ,  duquel  diftiile  le  baume  tres-precieux,  ô 
colomne  à  laquelle  lefus-Chriftcft  attaché! ô 
Eglife  !  n'eftes  vous-pas  cefte  colône  !  puis  que 
fainct  Paul  vous  l'appelle:  Coluwnd&fîr?na.l:n<» 
tumveritatts:  mais  grand-mercy  que  Dieu  s'y 
7tf4tttvlr.  eft  voulu  attachcriEcceyebifcumfumvfqHeAcicon* 
pwimationem  peculi. 

O  Eglife,  colomne  de  marbre,&  non  pas  co- 
lomne de  nuée,  comme  en  la  Synagogue  !  co- 
lône de  nuée  laquelle  peut  eftre  diisipée,  &  d*e 
fâict  l'a  eftéimais  colomne  de  marbre,  laquelle 
nous  auons  en  noftre  Eglife, monflrant  la  fer- 
meté d'iccllc  ,  &  pourray  auec  plus  de  vérité 
grauer  cecy  fur  noftre  colomne,  que  non  pas 
fur  celle  d' Hercule ,Non plus  yltra,  d'autat  qu'il 
nc  fe  peut  monftrer  vne  plus  grande  douceur 
que  Dieuamonitrécnuersles  hommes,  &  en- 
core qu'ils  nc  le  méritent  pas, il  n'a  pourtant 
biffé  de  paflTer  outre  nonobftant  leur  malice. 

Apres  cefte  flagellation  faite,  voila  que  def- 
fu<>  la  tefte  ils  luy  mettent  vne  courône  d'efpi- 
«es ,  Ccvontm  fpÏHMm  fofueïunt  fiipw  cafut  élus. 


ie  U  fêfcumï  797 

O  Arche  d'alliance,  vous  citiez  couronnée   O 
Arche  f  ain&e  &  facree,Iefus-  Chnlt,vous  elles 
couronne  d'vnc  couronne  d'eipincs  :  Dans  JvW;' 
l'Arche  d'alliance  la  manne  y  cltoit,  la  verge  &  ***** 
les  tables  de  1  j  loy,&  icy  dans  celte  Arche  tout  t^fdtt 
cela  s'y  trouuc,  la  manne  de  fa  diuinnc,  la  ver-  téUtéaU 
ge  de  fapuifTancc  ,  &  les  tables  de  la  loy  &dc  CT  U  fis 
fes  Comuun dcmens,auec  celte  diftcrcncc  feu- <k£;l/'. 
Kmrnt,c]uc  l'Arche  d'alliance  eftoit  couron- 
née d'vne  couronne  d'or,cV  celte  diuinc  Arche 
de  m  au  S.inucurcft  couronnée  d 'vnccouion- 
oe  d'cfpinet, 

O  Seigneur  »  vous  méritiez  d'cnauoir  vne  ç. 
triomphante, de  laquelle  les  Roys  eltoicnt  an-  nts  qut  fc 
cicnncmcnt  couronnez,  pour  auoir  vaincu  vn  fils  de 
autre  Roy.  Vous  le  méritiez  ,  Seigneur,  d  au-  Dieu  4 
tant  que  vous  aucz  furmonté  toutes  les  puif-  mtntees. 
fanccs&  les  principauté?  dci'cnfcr  ,  SfolunU  Couronne 
f  Idtes  tnfernt.  triompha 

OS  r  vousmeritiez  vne  couronne  mi-  te. 

litanc,  laquelle  fe  donnoit  à  ecluy  qui  {ut-  Couronne 
montoit  Ton  ennemy  ,  puis  que  vous  aucz  fur-  militante. 
monte'  la  mort,  Mrttcm msritmsk  élejlruxit. 

Vous  méritiez,  Seigneur,  vne  couronne  ob-  Citronne 
fidionalcylaquclhcftoit  donnée  à  ceux  qui  de-  obfîdiotu- 
limaient  li  ville  de  furprife  ,  puis  que  vous  le. 
nous  aucz  deliurc  du  diable, lequel  nousafsie- 
geoit  continuellement. 

us  méritiez  vne  couronne  ciuique  Jaqud-  Ciurvi-.i 
le  clloit  donnée  à  celuy  qui  pacifioitlei  l(t  ' 

trouerles  &  débats  qui  cltoicn'  entre  les  ci- 
toyens, &  vous  ,  Seigneur,  au:  jiitci 


«7?  8  Tour  le  tour 

chofes yfacijîcansomnU  yerboyirtutisfiç  yfut  qu] 

in  cœloftmt,  pue  que  in  tend. 

Vous  méritiez  vne  couronne  muraille ,  la* 
quelle  eftoit  donneeà  celuy  qui  le  premier  ef- 
calladoit  la  ville,  &  y  entroit  par  les  murailles: 
vous  méritiez  cefte  couronne,  puis  que  tout  le 
premier  elles  monte7  au  Ciel ,  l'auez  cfcallade', 
&  l'ayant  efcallade7  y  eftes  entre7. 

Vous  méditiez  vne  couronne  naualle  ,  la- 
quelle eftoit  donnée  à  celuy  qui  le  premier  en- 
troit dans  la  nauire  des  ennemis  î  cor  vous 
citicx,  Seigneurie  premier  qui  eftes  entre'  de- 
dans la  nauire  ,  en  laquelle  vos  Apoftres 
eftoicnt,&  eftant  dedans  vous  pacifiez  tout. 
Mais  au  lieu  de  ces  couronnes,  vousrcccucz 
feulement  vne  couronne  d'efpincs. 

Mais,ô  mon  Dieu,  en  vous  donnant  cefte 
Couronne  d'cfpines  ,  les  hommes  vous  don- 
naient tout  ce  qui  cft  de  leur  pouuoir,ils  n'ont 
que  des  efpines  &  des  ronces  ,  &  ne  vous  peu- 
uent  donner  que  cch^UBentcs  corondm  fy'wexm 
fofutrunt  fufer  cdput  eiust  O  hommes  ingrats  ! 
vous  retenez  pour  vous  lesrofes  &  violettes, 
&  donnez  les  efpines  à  voftre  Dieu*  O  ingra- 
titude grande  ?  ou  bien  difons  qu'ils  luy  pre- 
fentent  vne  couronne  d'cfpines ,  pour  mon- 
ftrer  fa  Royauté7. 

O  ronces,ou  efpinesl,es  autres  plantes  aynat 
refufe7  la  couronne,  vous  feules  l'auez  receuc  ! 
Quelle  merueille  donc  ,  Mefsieurs,  fljce  Sei- 
gneur eftant  Roy  du  Ciel  &  de  la  terre ,  il  ac- 
cepta cefte  couronne  d'cfpines?  &  l'acceptant, 
inarque  qu'il  eftoit  Roy ,  puis  que  de  tous  les 


dt  U  Vafsion]  799 

arhrcs  1  a  feule  cfpinc  a  recefë  la  royauté'  :  ainfi 
ce  Seigneur ,  puis  qu'entre  tous  les  Roys  il  eft 
fcul&  fouuerain.ilfalloitqueluy  fculfuft  cou- 
ronne'd'vnc  couronne  d'cfpincsril  ralloit  aufsi 
qu'il  attachait,  cefte  couronne  fur  Ton  chef, 
pour  môftrer  quecommece  royaume eft  éter- 
nel, aufsi  falloit-il  que  cefte  courônefuft  mife 
fur  yne  partie  éternelle.  D;s  Roys  de  la  terre, 
on  dit,  Cecidit cortrtJiCApmf  noftn9\i  couronne  de 
noftrc  chef  eft  tombée  .  pourec  qu'elle  n'eft  e- 
terncllc-'mais  celle  du  fils  de  Dieu  ne  peut  tom- 
ber,d'autant  que  fon  règne  eft  éternel,  &  icelle 
cft  attachée  au  chef  de  fa  diuinité  :  ou  bien  di- 
fons  qu'ils  luy  ont  mis  la  couronne  d'efpincs 
en  refte,  pource,difoicnt-ils,qucfaufrcmcntil 
j'attribuoit  la  diuinité. 

Pline  dit  qu'il  y  a  des  joncs-marins  qui  font 
fort  aigus  &  pointus  ,  de  ces  joncs  fut  faite  la 
couronne  de  noftrc  Seigneur,  comme  difent 
pluficurs:  &  dit  Pline  que  ces  joncs  produifenc 
des  bouquetsde  fleurs  ,  dcfquels  anciennemet 
onfaifoit  des  couronnes,  pour  couronner  lc« 
Dieux. Pour  dire  donc,quc  ce  Scigncurs'eftoit 
dit  faufTcment  Dieu  ,  fclon  leur  dire  ,  pour  ce 
fu  jet ,  au  lieu  qu'ils  donnoiét  des  fleurs  à  leurs 
Dieux,  ils  ne  luy  donnèrent  qucdcscfpinesw 
Ou  bien  difons  encore,  on  prend  det  efpines, 
onenbaftit  des  couronnes, &  on  luy  met  furla 
te  ftc,  pour  dire  qu'il  cftoit  figure' par  Hclie,& 
par  le  bélier  d'Abraham  qui  fuft  trouue'  parmy 
lescfpines.  Etvïditdrtctem  b/eremem  corniltus  in* 
ta  vêpres. 

L'Llpoufc  parlant  de  fon  bicn-airnéEfpoux 


8  c  o  Tour  le  tour 

Cant.  2.  dit,  Botrus  cypri d\rnlm  meus,  mon  bien  aime  eft 
vue  belle  grappe  de  raifin  ,  qui  eftant  picqué, 
diftille  le  vin,  &  fait  fortir  hors  de  foy  vne  li- 
queur fort  douce,  &  fort  fuaue.  / 
Seigneur,  n'eftes-vous  pas  cefte  grappe  de 
rai(in,on  picque  voftre  fainét,  cerucau ,  &  de  là 
fort  vne  liqueur  fort  douce:  liqueur  fcmblablc 
à  celle  qui  defeendoit  fur  la  barbe  d'Aaron ,  & 
fur  fes  vci\e  me  m^icut  vnguentttm  incapite ,  quod 
defeendit  in  barbam  barbdm  jLafon ,  &  in  or  dm  ye- 
ftimenti.  Et  iuftement ,  Mefsieurs,  cet  onguent 
dc'couloit  de  la  barbe  d' A  arô ,  iufques  au  bout 
de  Ces  vefteirïcns,  nous  monftrat  parla  ,  la  for- 
ce de  ce  fan  g  précieux,  qui  découle  depuis  le 
|>lus  grand,  iufques  au  plus  petit. 

Sus  d0nc,Chreftiens,prenez  vne  de  ces  efpi- 
nes,  &  piquez  voftre  cœur,afin  que  de  ce  cœur 
voftre,fortc  le  fang  des  vices,que  les  larmes  en 
procèdent ,  &  que  vous  puifsiez  dire  aucc  Da- 
uid  >  Conmrfui  fuminarumna,  duconfigiturfpina. 

Belle  mf-      Sus,fus,  Seigneur  jievoy  que  cefte  maledi- 

ditdtion.  ftion  que  vous  auez  donnée  autresfois  contre 
la  terre ,  retourne  fur  vous  &  fur  voftre  chef: 

CeneÇ  Z  •  Vous  auiez  dit  à  Adam,  Spinas  (f  tribulos  germi- 
nabit  tibi ,  £f  in  fudore  vultus  tuive/certt p4?ie  tuo: 
Vous  auez  labouré  cefte  terre  ,  il  eft  raifonna- 
ble  que  vo9colligiez  1e  fruiâ:  qui  y  a  efté  feme'.° 
Vous  auez  dit  en  fainâ:  Matth\eu,Kunquidcol- 
ligunt  de  fpinis  ruas  de  vis  tribulos  :  Vous  auez 
cultiué  cefte  terre  Tefpace  de  trente  trois  ans, 
&  vous  n'auez  peu  retirer  dc-là  que  des  épines 
&  des  ronces  :  ie  vous  remercie  &  rends  action 
de  gracesjde  ce  cjuc  vous  auez  pris  ce  que  vous 

auiei 


• 


de  la  Vafiinn.  8oT 

•  firme,  &  l'ayant  amafle'  vous  Vauez  ente' 

fur  voflrc  chef,  feruant  de  tronc  ,  afin  que  ces 

épines  ne  portallciu  d'orefnauant  qu'vn  frutâ 

femblable  au  tronc  fût  lequel  elles  font  cuk  •. 

O  fainft  tronc  que  le  chef  de  mon  Sam: 
Super  S  pin  tfcebâMt  >  ou  bit 

comme  les  autres  lifcnt,  fMfih*pf,courige,Met 

irs,  fî  voiii  craignez  d'eltrc  pi  que  X  de  cesc- 
pines,confoL  z- v  ou-,  \  i  tbidos 

germinAÙrt,  ces  cfpincsn'outraçeiot  pasd'ju: 

;e  vjftreame,  cV  nepiqueroc  d'aua:  o- 

ftrecœur.Moyfc  ayant  veu  au  haut  delà  mon-  £.\W.  4, 

-ne  vn  buiflbn  ardât,dit,££fl  ïbt  b%  n- 

fnncm  banc  MgfMJ»  :  I'irav,  &  ie  verray  ce  mira- 
cle, il  voyoit  le  feu  dans  lescpincs,&  en  appro- 
cha: Dieu  l.:y  ù\*,Solue  cMceAmëtxde  pedib/u  tut*:  BeUi  f«flu 
où  vous  noterez, s'il  vous  plai(l,qucles  fouliers  ception. 
de  Moyfeeft.oicc  faites  de  joncs- marins,  joncs 
qui  dcuoiét  cftrc  la  couronne  du  fils  de  Dieu, 
cV  poureeque  Rapprochant  du  buiiron,Dieu 
luy  dit,  SoluecafceAtnentA  deped\bustutii  tu  foules 
à  tes  pieds  ce  dequoy  ie  dois  citre  courône'jScf- 
tic  c*  ment  a  depedtbus  tttH, 
Difons  autrement  ,qic  le  feu  au  milieu  des 
cfpines    nous  reprefente  fort  bien  le  fils  de 
Dieu  couronne' d'epines,  Se  reueftu  d'vncrob- 
be  d'efcarlate  rouge  &  de  pourpre. 

I.e  pourpre  ancicnncmct  eftoit  deftinc  pour 
les  Roys  ,pour  les  Hmpercurs,  pour  les  Monar- 
ques, cV  pour  les  Princes:  &  quoy  que  cela  loir, 
fi  eft-ee  pourtant  que  ic  dis  que  le  pourpre  n 
iarruiseftetant  Sonore',  qu'il  e]t  ce  iourd'huy, 
efttnc  porte  par  ce  Seigneur  >  en  la  maifon 


80  2  Four  le  iour 

d'Herode  on  luy  met  la  robbe  blanche ,  mar- 
que  de  fon  innocence, au  prétoire  de  Pilatc  on 
luy  donne  celte  robbe  d'cfcarlatte ,  marque  de 
fon  amot-r. 

O  fain&e  Efpoufe^n'eftoit-  ce  pas  en  regardât 
à  ce  iour  que  vous  dificz  ces  paroles  de  voftrc 
C*ntic.  6,  bien -amie  Efpoux, Dïleclus  métis  candidu*  cr  tn- 
bicundmi  il  eft  blanc  en  la  maifon  d' Herode,  & 
rouge  chez  Pilate  &  dans  le  Prétoire:  Celle 
Conceptio  conception  cft  de  S.  Athanafc,  lequel  dit  que 
de  ftïnch    Dieu  enuoye  fon  fils,  afin  de  nous  deliurer des 
•AwAna-   miferes  &  calamitez ,  cV  pour  marque  ,  dit-il, 
F9  qu'il  nous  deliureroit  de  nos  péchez  ,  de  nos 

iniquités  &  penalitcz,  on  luy  met  en  main  le 
rofeau  comme  Roy,en  forme  de  feeptre ,  &  la 
couronne  fur  la  tclte. 
Belle  me-      O  efpincs.'pourquoy  vous  ruez-vous  fur  ce 
ditation.     chef?  car  de- là  vous  ne  tirerez  que  le  sâg  caille: 
mais  ruez  vous  fur  mô  cœur ,  &  vous  en  tirerez 
le  sag  &  le  prix  des  vices,des  pechcz>&  des  ini- 
quitez.  O  Seigneur,puis  que  ie  fuis  deuat  vous, 
ie  fuis  vn  rofeau,rofeau  leger,rofcau  vuide,fec 
&  foiblc:ic  fuis  plus  léger  que  le  rofeau, par  ma 
foiblelTe  ,plus  vuide  qwe  le  rofeau  à  fçauoir  de 
grâce,  plus  fec  que  le  rofeau  en  deuotiô  &  pie- 
té' enuers  vous:prcnez,Seigncur,ce  mien  coeur 
en  voftrc  main, s'il  eft  fec  de  deuotiô  vous  l'hu- 
mecterez de  l'eau  de  voftrc  grace:s'il  eft  vuide 
vous  le  réplirez  de  vos  faucurs  &  bénédictions: 
s'il  eft  foible  vo9  i'afTer  m  ircz.-s'il  cft  léger  vous 
l'ancftcrez  ,  &  les  genoux  en  terre  ie  voy  diray, 
Jltie  l{expeccatorumi  jlue  B^x Iudœorumy  Jlutfyx 
mjbrtru  :  ic  fléchiray  les  genoux  en  terre, &  vo* 


deUVafskn.  803 

ray  ,  Dettsmeus  es  tu  ,  tf  H$X  metu ,  tu  es  mon 
Dieu,&  mô  Roy, Dieu  Roy  dcspcchcurs.uicu 
Roy  des  Iuifs,  &  Dieu  Roy  des  miferablcs. 

Afsiiions,  Messieurs,  a  ce  triitc  fpe6:jclc,cx 
pro(r,crnez,difonsluy,/.ccc  Aom^&auec  S.  Ber-/W  Jf  no_ 
nard,  Kon  clarus imper*oyfJ  plenuj  oppiûbrio.Cci\  (lr:  J 
maintenant  cjuc  ce  Seigneur  peut  dire  aucc  ve-  gneur  uucc 
rite ,  l 'achsj  fut.  :  ulummundo^n^chs  crin-  %A.Um% 

minibus.  O  Pcrc  éternel  :ic  vous  dis  a  prclent, 
vous  montrant  voftre  fils:  6  mon  Dieu,  vok 
CCtbmu ,  (î  le  premier  a  cite  deiobeiù 
:,voicy  le  fécond  qui  cft  trcs-obciilant.Ti  le 
prenjier  a  citepcchcur,le  IccoJ  cil  impeccable: 
ii  le  premier  a  tranfgrelïc  làloy,lc  fccôJ  l'aob- 
feruee.-li  le  premier  a  elle  furmonte'  par  laten- 
:on,  le  (ccond  a  furmonte  les  tentations. 
O  efprits  Angéliques ,  qui  elles  bien  aifes  de 
cmplcrcc  Seigneur  au  cic\>  Ecce bcrnotvoy- 
la  l'homme  :  li  autrefois  vous  aucz  voile  vos 
veux  pour  ne  voir  fa  face  ,  à  caule  qu'il  citoic 
brillant  &  trop  cfdatant  de  lumière  ,  vous 
auez  plus  de  fujetec  iourd'huy  dévoiler  vo- 
flre  face ,  pour  ne  voir  cette  face  toute  remplie 
de  crachats  &  d'ordures. 

0  Vierge    voylà  celuyquc  vous  aimez  tant,  lAptfro- 
Qttem diltgn émmMmtd:\ ierge  voylà  voftrc  fils:  plxdtU 
nenny, dit-elle, ce  n'eil  pasmofils,  li  c'eft  mon  Vitrai  ï 
fils,  où  cft  celte  perruque  dorée  ?  où  font  ces  finf>. 
yetix  eriftaliat,  ces  joaci  vermillonnces,  ces  lc- 
uresdcfquellcs  la  myrrhe  d:ltilloi:,£4/>M^/?-0<«f.  1. 
c*t  li!i*diftilUnti4myirb.im  tfimétm  :  li  c'ell  mon 
fils ,  ou  cft  ce  front  tout  dilatant  de  gloire 

ifill  >  ou  cft  ceflc  bourbe  de  laquelle 


8 04  Pour  le  tour 

ne  iortoit  que  ne&ar  &  ambrofic  :  fi  c'eft  mon 
h\s,ô  Pilace  !  enqueleftat  V as- tu  mis} Ecce borna, 
6  Pilate, comment  l'as-tu  accommodé?0  fain- 

Ctnt.6,  ^e  fcfpoufe,vous  difiez  autresfois,  Diletlus  meus 
cxnâïAus  (? r-uhk'Andm ,  mô  bien-aime  cft  blanc 
&  vermeil  :  mais  maintenant  &  hardiment  di- 
dites ,  Dilctlus  meus p ail idus  &  moYÏbnndus ,  il  eft 
pafle  &  preft  à  rendre  l'amc.  Ames  Chreftien- 

TdMtlh  8.  ivcs,  Eccebomo}  voylà  1  nommc.-que  difiez-vous, 
Paralytique,  vous  difiez,  Hominçm  non  btbeo ,  & 
toy  ame  pecherefle,  tu  dis  le  mefmc.maisne 
dis  plus  cela,  d'autant  que  ,  Ecce  bomo. 

Anaxagoras  difoit  que,  Homincm  ej]"eyefi  babere 
7n<musyc{\.\-c  homme  c'eft  auoir  des  mains  pour 
prefter  fecours,  &  ainfi  difons  que  celuy  cy  cft 
bravement  homme  qui  a  des  mains  pour  nous 
fecouriç  en  tout  temps-'ô  cruel, vous  auriez  l'a- 
mc outrée  d'vn  chien,  ou  de  quelque  autre  be- 
lle accommodée  comme  cft  ce  Seigneur:  il 
n'eft  pas  vn  chien  ny  vne  befte ,  mais  il  eft  ho- 
me comme  vous  ,  patifTant  comme  vous,  Se 
pourquoy  n'en  auez-vous  pitié'. 

Cbofès  bel-  ^'on  ^lt  ^cs  taurcaux  Sue  >  l°rs  qu'ils  font  en 
i  I  furie,  &  que  rien  ne  les  peut  arrefter,  fi  on  leur 
-^  prefente  vne  pièce  d'efcarlatterouge^oute  en* 

fanglantee ,  au  lieu  de  s'appaifer  ils  s'enfleront 
d,auantagc,&  font  plus  furieux  que  deuant.  O 
Iuifs,rEfcriture  parlant  de  vous, dh,Obpderunt 
me  UMÏpinzutî,  vous  cftes  taureaux,  qui  au  lieu 
de  vous  adoucir,  voyant  ce  Seigneur  tout  rcm- 
pîy  de  fang  &  tout  rouçe  corne  vne  pièce  d'ef- 
carlatte  ,vous  vous  enflez  d'auantage,  &  criez, 
Crucifiée ■iÇYuci$°tMfnfli  tous  ces  cris  de  crucifie, 


dcUPafsion*  805 

ce  font  autant  de  coups  de  dague  que  vous  dô- 
.  1  dis  le  ventre  de  la  Vi  rgc,qui  dit  à  (on  iils, 
fïd  mmUchatiute  îua  Vklner*ufùm.  Et  commet 
celle  mère  ne  feroit-elle  pas  ouircc  de  doulc 
puis  que  Pilate  en  c(t  outre  ,  &  ne  peut  dire  ny 
rien  prononcer  contre  luy<  de  forte  qu'il  di: 
aux  luï&^f CCtfitt  tumy  (j  wékéteiUum  fecundum 
legem  vcftrAm:voicy  que  l'on  attaque  la  place  du 
cotte  le  plus  roible ,  Si  hune  dmtuts^noh  çs  amicux 
Cdfmtjx  tu  lasflê  aller  celuy-cv,aik-i.re  toy  que  MAiicedet 
tu  n'eft  pas  amy  de  Ccfar.voila  le  colle  le  plus  lmfs» 
foiblc.  O  maudit  Ccfar!  c  cil-là  l'idole, c'eit  là 
le  veau  d'or, après  lequel  tant  d'idolâtres  s'a- 
rnufent.  Pilate  lauefcs  mains  deuat  eux,  mon- 
ftrant  qu'il  n'efloit  pas  caufe  delà  moit  de  ce 
àcigueur  :  cVcii  lauant  Tes  mains,  il  le  iuge 
mort,/:/  iudicAutt (cLHTttbtmpctitwmmtirmm,  „    n 

cmcr.t  Alexandrin  rappo- ce,  &  dit, qu  an- 
cicnnemcnt  lorsque  les  Iuirs  iii^eoicntqucl- 
ques-vnsa  Iamort  ,ilsletu;  smams  vers     ^ 

,  difanc  qu'ils  eftoie  :occns  delà 

.  Us  condai  .r. 

lia  Iiililc  remarque  encore  qu'ancienne- 
ut  les  [ugei  itoftns  quelques  iugemeru,  ils 
tiroient  les  cïàciuxyyelum  AÙducebAnt  ,  voulans 
dire  pn:-]*  quec'cîloit  araec  iultice 

auoict  condamne  le  criminel. Ainfi  Pilate  veut 
dire  lauant  Tes  iniins  deuant  le  peuple, qu  il  cil 
innocent  du  fangdu  dis  de  Dieu  clpanclie'.Leç 
rfpondircnt ,  5 

•.a?rof,fon  fjng  (oit  for  n  oui  eVfur  nos 
nul  hcurcuxîvouscftcsbic  - 
de  ccflccouftumcdcs  anciens,  ItfqocU quel 

Ece  iij 


8  o  6  Pour  le  tour 

Belle  C6i<~  qu'vn  ayant  cfté  mcurtry  prcnoit   Pefpe'e  dii 

ftttme   des  meurtrier  auec  laquelle  il  lauoit  tue'3&  encore 

tncicns.     toute  cnfanglantée  le  faifoit-on  dégoutter  fur 

le  mcurtry,  &  puis  la  nettoyoient  &  effuyoient 

auec  (es  cheueux ,  de  peur  que  le  fang  demeu- 

raft  fur  leurs  habits,&  ne  pronofticait  quelque 

mal- heur  contr'eux. 

Ccux-cy  au  contraire,non  feulement  veulent 
les  gouttes  de  fang  fur-cux  ,  mais  encore  fur 
leurs  enfans,  Sanguis 6us  fuper  vos  &  fupr  film 
vefîros ,  &  mal- heur  pour-cux  qui  ne  peuuent 
charTer  ce  fang ,  Bondmbœredit4temÀclcptifunty& 
bonumverbum  rcjjwnderunt  ,fcdperucrpt  intentions, 
dit  fainét  Auguftin  :&  de  plus,  ditlemefme 
fain&  Auguftin, paraucnturcque,MWitt^4rra* 
tum  defluxitinfilios ,  la  mefehanceté  des  parents 
tombe  aux  cnfans:carquelqucs-vns  difent  que 
les  enfans  des  Iuifs  naiflent  auec  vne  main 
toute  fanglante  fur  la  tefte. 
Les  autres  difent  que  tous  les  ans  le  iour  du 
Vendredy  faind  ils  patiffent  &  endurent  le 
flux  de  fang. 

Aucuns  difent  aufsi  qu'ils  fouffrent& patif- 
fent le  flux  de  fang  à  la  pleine  Lune  fluxnm  fan* 
gftinis  fmuntur  in  fUmlunio ,  d'autantque  le  fils 
de  Dieu  fut  mis  en  croix  en  la  pleine  Lune  &  la 
fentenec  prononcée  contrc'eux  le  monltre. 

Venôs  maintenait  à  la  croix  laquelle  on  char- 
ge fur  les  efpaulcs  de  noftre  Seigneur, 0  crux  ab 
étterno  defiderata  &  conçu fifeenti  dnimo  frçparatay 
odiuine  croix  de  toute  éternité'  didréccV  pré- 
parée à  vne  ame  qui  la  defire ,  &  apoftrophant 
cette  croix^il  dit:Ocroix,tu  es  celle  clef  de  Da- 


de  là  Vafiion]  Zzq 

uîd,C/;i*;V £.*«/"*/, pour  ou u ri r  la  porte  du  cicl,&: 
fermer  la  porte  de  1  abyme  des  enter*.  O  croix 
baiton  de  lacob,par  toy  ic  trauerferay  &patie- 
ray  lcflcuucdu  lourdain,c'clt  à  dire  de  la  more 
à  la  vie.de  ce  monde  au  ciel. OfainéiccVificrc'e 
croix,  o  verge  de  Moyfe  jettec  en  terre  ,  verge 
horreur  &  cipouucnution  des  démons ,  verge 
ferpent  jcttc'e  en  terre  ,  mus  verge  prife  par  la 
main  changée  cV  conuertic  en  bon-heur,  on 
charge  cette  croix  fur  le  lesderoon  ^au- 

ueur&  Rédempteur  Icfus-Chrift  Gïxndt  //'.- 
tU.mumfi  sjclUtcur  imf>tct.î>  ^r.ttute  ludibnumfi 
pifr.ts ,  yuk  lefkm  lignum  fortémtemddtffkm  i 
osmium.  Grand  fpcctaclc,Mefsieurs,ii  l'on 
gard  a  l'impiété» mais  grande  moquerie,  h  à  la 
picte  ,  l'on  admire  ce  Roy  dcsRoys  porter  fur 
fes  cfpaulcs  du  bois  pourraffligcr,pour  le  tour- 
menter.Charge  de  ce  r jrdeau  il  monte  la  mon- 
tagne de  Caiuairc  :  monte  qu'il  cil  tout  au 
jt,on  le  defpoiiiilc  a  la  veu ë  de  toi  . 

O  Adam, tu  te  vois  tout  nod  après  ton  pèche', 

&  •  :uc  ce  Seigneur  (c  delpoùille  pour  te; 

couurir,ilvcut  c|uc  (a  nudité  (bit  ta  couucrture: 

;ncur,citât  au  iardin  des  Oliuesen  prière 

norar  voitre  Pereeierncl, 

fét  .nf.tLj.  làmtCélixiflc.'PcTtCU 

ncljsily  a  moyen,  taitesq 

nap  foit  retire  de  mo  i  tes  fois  i*il  W 

plaid  que  ic  le  boiuc,ic  le  boiraf. 

(      il  ce  hanap,o  m  »:i  Dieu  ,  '  >us  a-  £|  fil<  de 

ucz  efte  cnyurc  comme  N'oc  :  ca. 

ce  déluge  vniue::  ItfrirlJ 

enyure  ,  le  voila  tout   nud    exp         i    l  :  I 

li  :.  ::ij 


SoS  FourleiouY 

defesenfans,ileneftdcmefme  de  votis,Seî- 
gneur,ayantpaiïc  le  déluge  du  monde,parl'ef- 
pace  de  trente  trois  ans,  après  cela  vous  prenez 
ce  hanap  &  le  beuuez ,  &  vous  cnyurez ,  &  en- 
yuré  que  vous  eftes,vous  voila  tout  nud,lonfc. 
°rt  P~  rit  &  fe  moque-on  de  vous.  Iofeph  vr*ay  figure 
»:  de  ce  Seigneur  jdeuat  que  d  eltre  jette  en  la  ci- 

fterne  cft  defpoiïillé  par  fesfreresj&defpoiïille' 
qu'il  eftjîls  prennent  fa  robbe  &  la  trempent 
dans  le  fang  du  bouc ,  &  puis  rapportèrent  au 
pere,&  luy  dirent:  Tenez  mon  père ,  voila  que 
nous  auons  trouue'  celte  robbe,  nous  auôs  opi- 
niô  que  c'eft  la  robbe  de  noitre  frere  voftre  fils 
Iofeph  ,  lequel  vous  aimiez  grandement,  Hanc 
iriuemmus ,  Vide  an  runica  fil:i]tnilofe])bfit)dnnon} 
Etleperejettant  les  yeux  fur  celte  robbe,  &  la 
recognoiflant  ,s'cfcrie  &dit-4  Tunicafilijmei  eft, 
ferœpefimadeucr4Hiteum;0  mal- heureux  que  ic 
fuis/icrecognois  eftre  la  robbe  &  tunique  de 
mon  fils  Iofeph,  vne  belle  tres-mefehante  l'a 
.  dcuorc'.  Voulez- vous  voir  vne  befte  plus  mef- 

3ef  e a  en»  cnante  que  ]a  bcfte  d'enuie? Beflta pe/simd dénom- 
me ange.  u n ewWjja  befte  d'enui e  eft  celle  qui  a  mis  le  Fils 
reuIe'        de  Dieu  à  mort. 

O  Vierge  facree  !  ie  vous  voy  en  toutes  les 
peines  du  monde,  vous  ne  fçauez  où  cft  voftre 
bien-aime'  fils  lefus  ,  vous  ne  îcpouuez  trou- 
uer,  vous  allez  de  cofte&  d'autre  le  cherchant, 
vous  ne  fçauez  s'il  eft  en  la  montagne  de  Cal- 
uaire  ou  non  •  tenez,ô  Vierge  benifte ,  ie  vous 
fais  prefent  de  cecy  ,  tenez ,  Hancyidean  tunktt 
filïjtui fi t. Regardez,ô  bien-heureufe  Vierge ,  fi 
c'cft-làlarobbede  voftre  cher  fils, voyez  la, 


fousPaucz  faite,  rccognoiffcz-tajVoyezfi  cefte 
frange  qui  a  guery  tant  de  malades  y  cit.  Elle  la 
recognoift,&  la  recognoiflant  cllcs'efcric,  di- 
{ ant: l'unie jl ju\\ met  efi ,  fcraftfûnu  dcuor.utit curn: 
&  pendant  qu'elle  regarde  cefte  robbe  ,  elle  ne 
ceffe  de  plorer  &  larmoyer,  diianc ,  Voila  t 
robbe  que  moy-mcfmc  de  mes  propres  mains 
i'auois  tifluc  ,  &  voila  qu'vnc  bclte  peruerfe  & 
mefehante  a  deuorc  mon  fils. 

0  âmes  deuotes,  confierons  la  Vierge  ,  la- 
quelle fond  en  larmes  ,  penfantà  fon  filsU 
vovant  qu'elle  a  perdu  la  vie  de  Ion  ame,  &  u 
çonlolation  de  fon  cceur  :  nous  la  taillerons 
plcurcr,&  cependant  nousnous  repoforons  vn 
peu. 


0  Crux    auc. 

3SrV^  ni  ^-s  amis  ^c  I°D  3vans  ouy  la  mau- 
_  il 4--*L/£.  . •        , , » 

V^  ^  ^  iMileaduaturc  quiluy  citoitam- 

i     t\f    ucCjfc  mettans  en  chemin  pour  le 

««•^V-^1    venir  voir  &  vifitcr,i!s  le  vcirct  de 

loingfur  le  tumierradant  &  raclant  les  playcs, 

ucllcs  toui  sô  corps  cftoit  couucrt,  cV  lors 

le  texte  porte  que  EluuutruHt  yxo»  fndmrftfl+* 

Ydun'unt  mm  ,  cr  Cum  eleunfjcnt  oculos  non  co^tjoue- 

r««r:llsnelc  peurent  pascognoiftre,Cx  pleure* 

rent  allez  longtemps, ôcs'afsircnt  aucc  Iny  ref- 

pacede  fcptiours,&  iamais  en  lept  ioui 

ne  parlèrent  ,  Videbjit  emm  il  >*<*- 

tcm.tts  voyoicc  bien  que  la  douleur  citoit  tres- 

^randc  &  trcs-vchcoicnte.  Chreiticnn:  5c  de- 


S 1 6  Tour  le  tour 

uote  afsiftance,voicy  ce  lob  plein  de  playes  de- 
puis le  fommctdelatefte  iufqucsà  la  plante 
des  pieds,afsis  non  fur  vn  fumier,  mais  cltcndu 
fur  la  croix:fes  amis  le  font  venu  voir  de  loing. 
tjui  font  les  Patriarches  &  VrophctcsyVidtmus, 
&  mneognouimus  e//w,Nous  l'auons  vcu,difent- 
ils,&ne  Tauons  plus  cogneu,&le  mefme  glaiue 
qui  leur  outrageoit  Tame  leur  fermoit  la  bou- 
che, &  leur  ouuroit  le  cœur  &  l'ame.Pour  par- 
ï/?0»»e-    1er  de  cecy.Mefsieurs,il  fe  faut  addrerTer  aux  ef- 
ment des    prits  angeliques,lefquels  l'ayâs  veu,difcnt,jQ/*£ 
ériges,     esî  ifte  qui  venu  de  Edon  ùnciis  vefttbus  ?  la  rcfpon- 
fe  leur  cft  donnée ,  à  fçauoir  que  c'à-efté  celuy 
qui  a  foulé  la  vendange  feul,£>o  torcularicalcaui 
follet  toutes  ces  fainétes  ames  qui  l'ont  fuiuy,& 
l'ont  vcu>ne  difoient  mot ,  &  ne  partoient  que 
par  les  larmes ,  la  Vierge  Ta  veu ,  &  iamais  elle 
n'a  peu  parler,&fait  en  cela  comme  les  amis  de 
lob, elle  ne  dit  mot,  &ne  fait  que  larmoyer: 
ainfi  nous  deuôs  eftre  l'efpace  de  neuf  iours  sas 
parler,  &  eftre  afsis  auprès  de  ce  lob ,  nous  ad- 
donnansà  la  contemplation  de  ces  myfteres. 
Saincl:  Grégoire  le  grand  dit ,  quede7H*n<* 
Mdgddlena  panitente  cogitanù  m/tgisflcre  lnbety  qudm 
aliquiddicereizinCi  ie  dis  qu'il  vaut  mieux  plorer 
voyant  Icfus-Chrift  endurant , que  déparier. 
Neantmoins  fi  les  hiftoircs  prophanes  nous 
tefmoignent  du  fils  du  Roy  de  Cyrus, lequel 
tilirdcle     ayant  cfté  dés  fa  naiffance  muet ,  &  n'ayant  ia- 
merueU-    mais  parlé,voyant  vn  iour  vn  foldat  qui  venoit 
laix.         l'cfpce  en  la  main, pour  outrager  &tuer  fon  pè- 
re ,  luy  faifant  violence  à  la  nature,  &  rompant 
ics  liens  qui  tenoient  fa  langue  liée,&rauoicnt 


it  la.  Vafskn,  8n 

toufîoun  tenue  iufques  à  rhcure,s'efcria  &  iuy 
dit;Nc  cognois-tu  pas  que  c'cfl  le  Roy  C 
arrefretoy  mefehant  &  malhcureux:cx  la  voix 
de  ce  fils  eut  tant  de  force,  qu'elle  arreftalc 
coup  de  ccfolJar. 

Chre (tiens ,  iufques  à cette heure ayant  touf- 
jours  parlé,  &  n'ayant  celle  décrier  voyant  ces 
foldats  arriuer,qui  Je  marteaux, qui  de  bâtons, 
qui  de  doux,  qui  de  fouets, qui  d'cfponge,  qui 
de  lance,  qui  de  tiel,qui  de  vinaigre  ,i'aY  fujet 
de  crier,  Proceoiïcntori4,  d'vnc  voix  torte ,  afin  de 
faire  arrefter  ces  foldats:  mais  hclas  en  vain  ie 
cricrois contrccesloups  acharnez. 

O  bourreaux  !  vous  clouez  ces  mains  qui  ont 
bafty  cet  Yniucrs,  cV  cc^raJ  monde,  ces  mains 
qui  vous  ont  moule  &  forme' ,  &qui  vous  ont 
fait  à  su  image:\yjs  clouez  ces  mains  qui  vous 
ont  deliurc  dû  feruage  &  de  l'efclauagc  d'Egy- 
pte :  voila  la  recompenfe  que  cesmains  reçoi- 
us  :  mais  vn  temps  viendra  que  vous 
aurez  befoin  du  fecours&de  l'aide  de  ces  mains 
comme  vousauez  eu  autrefois  ,&  quand  vous 
les  aurez  clouées,  quelle  mcrucillc  li  vous  n'en 
aurez  afsiftance  ny  aucun  fecours? 

(  >  mains,  c'cft-!ù  le  f^hireque  vous  receliez, 
après  auoir  fait  tant  de  mcrucilles,taiu  de  pro- 
diges,  après  auoir  rendu  la  veuë  cV:  la  lumière 
tux  meugles  ,1a  fante  aux  malade* ,  aux  K 

fourds  ,1a  vie  aux  morts ,  cVrles  pieds  au  *" 

tcux.  Voicycc  que  les  Math  unie  ieni  ontltTl'^ 

>fc,&  n'ont  peutrouucriufqucs  a  mainte- 
nant,  à  fçauoir  la  quadrature  du  CCfd  !  ,  a  pre-  u  J 
fent  ic  voy  que  Dieu  cft  vn  cercle ,  b'.M  \ 


V 
uine. 

mi 


Si2  Tourleiour 

lus  eft  aàus  ccntrum  y  bique  eflcircHnferentiannpjUA; 
Ce  Dieu  s'eftant  incarne,  &  s'eftant  fait  hom- 
me,eft  maintenant  en  croix ,  eftant  en  croix  la 
tcftecftenhaut,vnc  main  d'vncoftéjrautrcde 
l'autrc,&  les  pieds  en  bas,  le  tout  en  quarte' ,  & 

t  vî  rf  v°iiaccftc  quadrature  du  cercle. 

.  Le  Sage  parlant  de  ce  Seigneur^'appelle  vue 

N,r        fontaine  ,  F uns  fapieutiœ.  yerbumDei  m  excelfts: 

pelle  fv&-      ..  n        _    .J   £  n     r  .  -av 

vous  eites,Seigneur,celte  rontaine  naiflate  au 
ilieudu  Paradis  de  volupté,  que  refte  il  finô 
que  cefte  fontaine  foit  diuiféc  en  quatre  fleu- 
ucs,deuxprouenasdespieds,&dcuxdes  mains, 
O  Eglife'deuant  le  péché  vous  eftiez  cefte  fon- 
taine de  volupté ,  mais  depuis  le  péché  plus  de 
fontaine, rien  que  bourbier,rien  que  terre, rien 
que  ronces  &  efpines,  &  ce  iourd'huy  depuis 
que  cçs  quatre  fleuues  font  fqçtis  de  cefte  fon- 
taine ,  de  terre  mal-heureufe  &  maudite,  tu  es 
conuertie  en  terre  heureufe  &  beniftc:de  terre 
infruâ:aeufe,cn  terre  fruétueufe:  &dcfterile, 
fertile.  C'eft  icy  vnc  mcrueiile  grade,  à  fçauoir3 
devaincre  &de  remporter  la  victoire  de  fes  en- 
nemis, non  les  armesen  main ,  maisles  mains 
clouées  en  vne  croix:  Kon  manu  armât* ,  federuci 
afjïxa ,  non  equo  inceciensffed  in  cruce  pendens ,  non 
monté  fur  vn  cheual  d'Efpagne,  mais  pendant 
en  la  croix.  Vous  fçauez  que  tant  plus  le  Soleil 
va  montant  fur  noftre  horizon  ,  tant  plus  il  va 
cfchauftantla  terre,  &  l'efchauffant  fond  les 
glaces, tire  à  foyles  vapeurs, difsipe  les  nues. ef- 
cartc  les  brouillards,enrichit  lcsvcrgers,tapi{Te 
lesprarics  de  belles  verdures,  fructifie  les iar- 
dins,embellit  ^enrichit  les  parterres  de  fleurs. 


de  U  Vâfsion.  815 

Ce  Sauueur  en  la  Croix  cftvn  Soleil  cftcué  H'Jhre  Sel- 
furnoitrehorifon  ■  quoy  '  n'aura-il  pis  la  force  °n?nr  co* 
de  faire  fondre  la  glace  de  noitre  cœ ur?no$  i-p*ré  du 
mes  glacées  ne  feront-elles  pas  fondue?  en  \±SAul. 
prcfcncedeccSoIeil?quoy,ccs  brouillards  des 
péchez  ne  feront-ils  pas  dilsipez  par  le  moyen 
de  ce  Soleil  de  luftice'  &  cftantdilMpc-z,  nous 
dtrom  auec  Dauid  ,  /  *Ehtm  rfi  cormeurnfictttccr 
liju  :n  mtdu  v  ntn>  >nri.  (^uoy  î  ce  Soleil  Q^^ortt 

matériel  a  la  force  &  vertu  d  attirer  à  foy  les  (fJ[re  [c 

K'urs,no(tre  vie  n'eflque  vapeur,,  «y 

muàcmpjtt*stÔCcc  Soleil  de  Iufticc  immatériel  jf£/j  ^c 
cleue  eu  haut,  n'aura  il  la  vertu  de  nous  attirer  d^h% 
à  fov?cc  Soleil  matériel  diisipele  nuccs,&les 
refouît  en  pluyc$,&cc  vray  Soleil  pendint  en 
laCroix,nc  pourra-il  refoudre  les  nuecs  de  nos 
péchez  en  douces  pluyes  de  larmes, &:  les  chan- 
ger en  vue  vraye  &  fincerc  pénitence? 

Voicy  ce  miracle  de  lofue  renouuellé  ce 
,  (mi  Sol  \n  medso  cœli  ,  le  Soleil  s'eft 
arrefte'  au  milieu  du  Ciel, puis  que  cette  Croix 
elt  conuertie  en  vn  Ciel,  &  que  ce  Seigneur  cft 
le  Soleil  iuftement,  StAtinmediocctli ,  au  milieu 
delà  Croix. 

\on  Sauueur  !  quand  ie  confidere  en  cefte 
Croix  vos  pieds  &  vos  mainstranfpcrcez  de 
>ix  ,  ie  vov  qu'on  me  pourra  dire  de  vous  ce 
que  lOiiiid  difoit  de  Abner, en  l'Oraifon  fu- 
nèbre qu'il  a  faite  de  f  1  mort ,  N*n  fkui  *n<r\  fa* 
Un-       *      miYtuus(Q  .4lmt*\mAnui  .erunt 

ugMUti&ptdtteimwm  l'ucrunt  a^auju.  Vous  3- 

■ /.  efte  lie  de  grottes  eu  après  cela, auc's 

eu  le.  mâini  ez  en  Ci  ics picJ^ 


5  i  ±  Tour  le  iour 

clouez  en  lamcfme  Croix,  &  cefte Croix eft 
conuertic  en  vn  burin  ,  non  tant  pourpercer* 
cjue  pour  grauer  fur  le  coeur  des  hommes  :  & 
vous,ô  Scigneur,vousletefmoignez,lors  que 
tous  dites,  lnmanibus  mets  defcrtpfi  te ,  ie  t'ay 
graue'  en  mes  mains. 

O  clouXjinille  &  mille  fois  plus  heureux  que 
ceux  que  les  Romains  clouèrent  aux  Portiques 
du  temple  de  Mincrue,au  mont  Capitolin ,  en 
telle  forte  &  manière.  Au  mois  de  Septembre, 
créant  vnnouueau  Empereur,  ils clouoient là 
vnclou,tenans  que  par  ce  clou  ils  clouoient  la 
pefte,  la  famine ,  les  maladies,  les  triftcfTes,  les 
afflictions ,  &  autres  chofes  femblables.Cela 
c'eftoit  fable  &rcfuerie,  maisicy  c'eftlamef- 
me  vérité' ,  lAccipicns  cbiroordfbttm ,  quoddduerfus 
nos  erat,  &afjligens  illudcruci  :  là  font  clouez 
tous  nos  malheurs,  là  eft  attachée  cefte  fedule 

6  cefte  fentencede  mort,  prononcée  contre 
nous,  &  contre  tout  le  genre  humain. 

Ce  grand  Naturalifte  Pline  au  liurc  16.  chap* 
ioi.de  sô  Hiftoire,no9  rapporte  chofe  du  tout 
cfmerueillable  des  doux  de  metail,appclle/  Ta- 
xv>  en  Latiniii  dit  que  l'arbre  appelle  Iiphc  eft  (I 
venimeux ,  que  le  fruift  mefme  qui  en  eft  pro- 
duit,cft  tout  infeéte'  &  remply  de  poisô:de  for- 
te que  vous  diriez  que  c'eft  le  mefme  venin  & 
poifon:dc  là  eft  que  le  venin  &  poisô  eft  appel- 
le'du  no  de  mctail  Taxis,  pource  que  Pline  dit 
que  s'il  arriuc  que  1  o  fiche  vn  clou  de  ce  metail 
dans  cet  arbre,  le  venin  s'en  pcrd,&  perdu  qu'il 
cft,puis  après  produit  du  fruiét  bon  à  manger. 

O  arbre  de  feience  de  bien  &  de  mal/tu  eftois 


de  la  Vafsion.  8 1 5 

femblable  à  cet  arbre  nomme  Iiphc ,  tu  eftois 
tout  venimeux, Se  auois  vn  fruict  tout  peftirerc 
Ôcplcin  depoifon,  d'autant  que  tu  as  donne  la 
mort  à  ceux  qui  en  ont  mangcimais  de  peftife- 
rc  &  venimeux  que  cc't  arbre  cfloit ,  Ton  fruid: 
ce  iourd'huy  a  efté  rendu  doux  &:  gracieux  :  de 
forte  que  TEfpoufc  rauie  de  ce  truies  dit  ^Ç- 
cendam  mfélwutml  (j appréhendant fruEinmiius, 

Voicy  ,amcsdeuotcs,  Abelmeurtry  par  ce 
mal-heurcuxCain  so  frerc  proprc,voici  ce  noc 
battu  des  tempeftesex' orages  dansTArche,  le- 
quel finalemcts'cftrepofc  lur  la  môtagnc  d*Ar- 
menic:  ainii  ce  vray  Noc  mon  Sauucur  &:  Kc- 
depteur  Icfus-  Chnit ,  après  auoir  porte  fur  Tes 
cfpaulcs  ce  pesât  fardeau  de  la  Croix,  fc  repofe 
maintenat  au  haut  de  la  motagne  de  Caluairc. 
En  cefte  vilîon  que  Iacob  eut  de  cefte  échelle  GcnefiS. 
myftcricufc  ,  laquelle  d  vn  bout  touchoit  le 
i    cl ,  &  de  l'autre  la  terre,  Dicucftoitappuyc 
furie  bout  d'en  haut:rnais  icy  en  ccftccfcbcllc 
(tiquc,  il  n'eft  pas  appuyé,  mais  il  y  cft  atta- 
che &:  clouc'rlà  les  Anges  dcfccndoict  &  mon- 
tai incc(Tammenr,  cv  icy  les  hommes  mon- 
rent  îufques  dedans  le  Paradis. 
C'eftlà  t  elesbraseftendus  fur  la  mo- 

tlgne     attendant  le  fecours  Ôc   l'aide  pour 
vaincre  fes  ennemis. 
C'eft  icy  le  (erpenr  d'airain  efleue',  qui  a  la 
e&  vertu  de chaflêl  toutes  fuites  de char- 
s  cVenchaincmens. 
C'crt  icy  la  houlette  de  Dauid,  laquelle  auec  Ktérn. 

vn  caillou brifi: lai  coups 


8  r  6  Tour  le  lour 

de  pierre,  ce  font  les  cinq  playes  de  ce  Sei- 
gneur ,  &  ce  petit  Dauid  a  abbatu  &  tue' ce 
Goliath  :  ainfi  par  ces  playes  les  Philiftinsfont 
furmontez  ,  ie  dis  les  diables. 

C'eft  là  celle  harpe  de  ce  grand  Prophète  Da- 
uid,le  Ton  de  laquelle  a  tant  de  force  &  de  ver- 
tu, qu'il  chaiTe  le  malin  cfprit  de  Saiïl.O  croix, 
harpe  de  Dauid,  les  cordes  de  celle  harpe  font 
les  membres  attachez  en  cefte  croix  >lAccedct 
bonio  dd cor  dltum  ,  &c.  L'homme  viendrai  la 
partie  fuperieure,  Et  exaltabitttr  Deàs. 
Le  cœur        Les  Naturalises  difent  que  le  cœur  a  deux 
Je   l'bom-  parties, vne  bnfie  &  l'autre  haute, vne  fuperieu- 
ntea  deux  re,&  l'autre  inférieure,  la  partie  fuperieure  eft: 
parties,      lcfiegede  l'amour,  &  la  partie  inférieure,  le 
fiege  de  l'ire,Ia  haute  le  fiege  de  charité',  la  baf<» 
fe  le  fiege  de  courroux. 

Autresfois  Dieu  eft  defeendu  en  Cefte  partie 
infericurc^ors  qu'il  voulut  abyfmer&  fubmer- 
Gencf,  (S.  ger  tout  ce  monde,T4c7/£f  dolore  cor  dis  intrinfecus 
dtxitfœnitet mt  feciffe  homine ,  mais  ce  iourd'huy 
il  vient  à  cefte  partie  fuperieure,qui  eft  le  fiege 
de  l'amour  &  de  la  charité,  ^Accedit  dd  cor  dltum  % 
Bïlk  me-  &  jj  nous  monftre  ce't  amour:  il  dilate  sô  cœur 
ditdtÏQn,    tellernet ,  qu'il  eftend  fes  bras  pour  nous  reccr- 
chcr,&  nous  embrafTer,  fon  col  pour  nous  bai- 
fer, fon  cœur  pour  nous  graucrdedâ^:il  eftend 
fes  bras  pour  dire  qu'il  veut  que  nous  nous  ad- 
drefsiôs  à  Iuy,cepcndât  qu'il  a  les  bras  ouucrts, 
&il  nous  fera  mifcricorde,il  nous  dône  tout  ce 
qu'il  a,  il  ne  garde  rie  pour  luv,fai*ât  fon  tefta- 
me  il  donc  au  bon  larro  le  pardon  &  remifsion 
de  fes  péchez ,  à  fa  mere  il  luy  donne  S.  Ican ,  a 

faji  ft 


de  la  Vafshri.  817 

fainft  Iean  il  recômandc  fa  mere,aux  pécheurs 
ii  donne  la  grâce, &  prie  Dieu  Ton  Pcrc  de  par- 
donnerà  ceux  qui  le  crucifient,ÏWfr  i  .lis 

fjuuncfàuntqmdf.iciurit.  .  u    o  homme,  8 

Dieu  immenfe  ,  6  Iiomme  chetiuc  créature 
Dieu  qui  aime  fans  eftrcain  omequior- 

fenfc  èc  n'a  peu  limer  Dieu  ,  qui  pardonne  &. 
cft  orYenfc  ,  qui  viuiric  ,  &  cft  mort  ,  Dieu 
qui  aime  &  meurt, Dieu  qui  prie  pour  ceux  qui 
l'outr.igcnt,  &  pour  ceux  qui  le  ront  mourir. 

amour  inriny,ô  amourctcrncl  cV  aufsi  éter- 
nelle,que  l'éternité'  mcfme  :  o  amour  aufsi  lin-  tins  Piip 
cerc  qu'il  cft  gracieux. Le  Sage  dit  c\ucJ'orti>  eft  f.wt  < 
y t  mors  dtlecl:o,  l'amour  &  la  dileftioncft  forte  lamtrt. 
commelamort.pour  moy  i'adioufte  &  dis  que 
la  mort  domine  tout,  &  non  pas  tout ,  car  l'a- 
mour arriuc  où  la  mort  ne  peutarriuer  ,  l'a- 
mour domine  Dieu  ,  l'amour  a  furmonte  la 
mort,  l'expérience  fe  voit  en  tant  de  Martyrs 
qui  font  morts  pour  l'amour  île  Dieu.  O  diffé- 
rence grande  des  hommes  &de  Dieu, les  hom- 
mes crient ,  Crucifia  ,  cruafige,  Dieu  crie,  I^rtofc 
,quidm'  tidfdcimwt, 

Quo^  fi  Aaron  prenant  Pcnccnfoiren  main," 
obtint  pardô&  remifsion  pour  le  peuple, le  fils 
de  Dieu  au  lieu  del'encenfoir,  a  fou  corps, au 
lieu  de  trous ,  il  a  les  playes  à  fon  corps ,  &:  les 
cloux,&  au  lieu  de  fumcc,il  a  fon  fang-li  Aaron 
a  prie  pourîc  peuple  ,  le  fils  de  Dieu  a  prie'  fon 
Pcre  pour  les  loin .  Quoy  }  dit  ce  Seigneur,  fe-  Belle  mt. 
ra-il  dit  que  le  fl  l  demandant  ven  )1%t 

!je,  cflouy  delà  terre  iufqucs  ta  ciel,  &  que 
mou  fang  auiourd'huy  demandanr  pardô  pour 

fl 


5  i  3  Tour  le  tour 

tout  le  peuple ,  criant  à  Ton  Père ,  Pater  tgnofcè 
Mis,  mon  Perc  pardonnez  leur:  fera-il  pofsible 
qu  il  ne  (oit  ouy  &  entendu? 

Remarquez  cecy  :  quand  il  demande  pardon 
pour  foy,il  le  demande  auec  condition,difant: 
Tdterijffofitbileeft,  transfer  a  mecalkem  bmcimùt 
quand  il  le  demande  pour  les  hommes,il  le  de- 
mande abfolucmcnt,  faterignofceillisi  quia  nefciut 
quicifacïnnt:  Mon  Père, pardonnez  à  ce  peuple, 
i'ay  elle'  contét  de  n'auoir  pas  efte'  exauce  ,  lors 
que  ie  vous  ay  prie',ny  ne  m'e  foucie  pour  moy, 

6  ne  m'en  fuis  pas  (oucic ,  ny  ne  m'en  foucie, 
moyennât  que  i'obtiéne  pardô  pour  ce  peuple, 

Notez  cecy,  ô  vindicatifs!  ce  Seigneur  qui 
pend  à  l'arbre  de  la  croix,là  mcfme  il  prie  Dieu 
fon  Père  pour  ceux  qui  l'ont  crucifie'. 

O  vindicatifs,vcngeur  d'iniures/auiourd'huy 
ce  Seigneur  te  coniure,&  ieteconiurede  la 
part  de  ce  Seigneur,toy  qui  peux  arracher  hors 
de  ton  cœur  cefte  inimitié'  que  tu  portes  à  ton 
frère,  ou  à  autre,ie  te  coniure,dis-  ie,que  par  ce 
fang  tu  la  quittes  ,  &  que  d'orefnauant  tu  l'ai- 
mes  comme  toy  mcfme. 

Saul  ayant  perfecuté  Dauid  iufques  à  la  mort, 
&  luy  ayant  liure  la  guerre  par  tout  moyen,  vn 
iour  ayant  cogneu  que  Dauid  Tauoit  eu  en  fa 
mercy,&reuft  peu  tucr,&  faire  mourir  s'il  euft 
voulu,  &que  toutefois  il  ne  luy  nnoit  porté  au- 
cune nuifance  :  voyant  donc  fa  manfuetude,  il 
recogneut  que  Dieu  l'auroit  elle  u  pour  cftre 
fon  fucce{feur,pour  eftre  receu  après  luy  :  &  de 
faicl:  luy  dit  :  Tay  recogneu  que  tu  es  pour  por- 
ter la  couronne  en  telle,  le  fceptr«  en  main.  Si 


de  la  Vafiorj.  8iÇ 

Sa'ul  rccogncut  ainli  l'amc  genereufc  de  Da- 
niel,ce  n'eft  de  mcrucillc  (i  le  bon  larron  c  fiant 
pendu  en  mefmc  potece  que  noftrc  Seigneur, 
avnc  amc  royale  ,  &  reco^noiffant  la  royauté' 
du  Fils  de  Dieu  ,il  ne  peut  qu'il  ne  s'âddrefleà 
luy,&  luvdifc.  itomtiiCHh.  ...  - 

gnum  tnitm  ,  Seigneur  avez  pitic  demoy ,  lors 
*quc  vous  ferez  paruenu  en  voitre  bien  heu- 
reux royaume. 

Heureux  voir  ferez ,  Mcfsicurs,  (î  vous  pou* 
ucz  rccognoilrc  voftrc  heur. 

On  lit  de  Phocion, lequel  a>ant  vefeu  tout  le 
Jongdc  favieaucc  vne  modiliie^rTue,  &:  aucc 
vne  prudence  tempérée  :cftant  condamne  à  la 
mort  aucc  quelques  autres ,  ccux-cy  ayans  en* 
tendu  le  iugement de  quelques- vns d'eux,  & 
s'attriftans  de  la  fentenec  donnée  contre  eux, 
Phocionparleàcux  les  voyant  ainlï  trift.es  ,  & 
leur  dit  :  Comment ,  ne  vous  eftimez-vous  pas 
bien-heureux  de  mourir  aucc  Phocion,&cn  fa 
prefenec? 

O  bien-heureux  larron  l  quel  plus  grand  heur 
te  pourroit-ilarriuer,finonceluy-cy  ?Etfain& 
Iean  dit,  Bun  qui  in  Domino  moriuntur.  Maisie 
dis  que  ceux-  là  font  bien-  heureux,  £hucum  Do* 
tnino  moriuntur ,  &  de  ce  ^enre  humain,  il  n'y  en 
a  que  deux  ,  &  de  ces  deux  n'y  en  a  qu'vn  qui 
recognoifle  fa  fautc.hc  bon  Se  le  mefehant  lar- 
1  font  véritablement  bien  morts  en  noftre 
:^neur,puis  qu'ils  ont  endure  le  mefmc  fup- 
plicequeluy,  &  des  deux  il  n'y  en  a  qu'vn  qui 
fcfoitrccogncu. 

■i 


820  Tcuy  le  iouY 

Belle  oh-  Pctrus  Damianus  rein  arque  (  c'eft  vne  rîchô 
Qwdiiô».  remarque)  que  Iefus-Chrift  eftant  pendu  en  la 
croix ,  citant  mort  il  auoit  fa  face  tournée  vers 
l'Occident ,  &  eftoit  tourne  vers  le  Midy ,  lors 
qu'il  eftoit  preft  à  rendre  l'ame,&  alors  auoit 
le  boa  larron  à  fa  dextre.  Et  Petrus  Damianus 
remarque  encore  que  Ton  vid  que  l'ombre  du 
corps  de  noftre  Sauueur  &  Rédempteur  Iefus- 
Chrift  donnoit  furie  bon  larron,  &  cette  om- 
bre,dit-il  ,  fut  caufe  qu'il  fe  recogneut ,  &  vint 
à  rcfipifcence. 

Pline  parlant  de  cet  arbre  nomme'  Iiphe ,  dit 
que  le  clou  nômé  taxis,eftant  fiché  dedans  cet 
arbre,  l'ombre  d'iceluy  qui  auparauant  eftoit 
peftifere,  &  quicaufoitla  mort,  eft  rendu  fort 
fain  pour  ceux  qui  fc  couchent  deflous.  Nom- 
bre de  l'arbre  de  feiece  de  bien  &  de  mal  auoit 
cftéfort  venimeufe  &  peflifere  à  nos  premiers 
parenSj&lcur  auoit  efté  (1  peftifere,qu'clle  leur 
auoit  caufé  la  mort  tout  aufsi  toft,  mais  ces 
doux  eftans  attachez  à  cet  arbre  de  la  croix, de 
peftifere  qu'il  eftoit ,  il  eft  rendu  bon ,  &  l'om- 
bre qui  auparauant  donnoit  la  mort ,  donne  la 
vie  maintenant,  &  cefte  ombre  ietté  fur  le  bon 
larron  ,  le  rend  de  mort  qu'il  eftoit  en  fon  pé- 
ché, viuant  en  la  grâce  de  Dieu. 

Le  mefmc  Pline  au  liure  premier  de  fon  hi- 
ftoire  Naturelle,  dit  encore  que  l'ôbre  du  fref- 
neeftfiyenimeufe.fi  mortclle&  peftifere  pour 
les  ferpents  ,  qu'aufsi  toft  qu'ils  font  à  l'ombre 
de  cet  arbre, aufsi  toft  ils  meurét.  Et  il  dit  plus, 
que  les  ferpes  fe  ietteront  pluftoft  dnas  yn  feu 


ieUVafsion.  821 

<jue  de  fe  mettre  fouz  l'ombre  de  cet  arbre.  Le 
<iiable  vray  ferpent  s'cltoit  emparé  de  l'amc  du 
bon  larron:  ce  ierpent  ne  pouuant  fourYîir  la 
feule  ombre  de  cet  arbre,cit  contraint  de  fortir 
&  céder  la  place,  ne  pouuât  endurer  en  aucune 

facô  l'ombre  de  cet  arbre.  Ht  à  la  vente  li  l'om- 

> 

bredefamet  Pierre  auoic  celte  ?crtu  que  de 
guérir  les  malades,  qui  de  nous  doutera  que 
l'ombre  de  la  croix  du  fils  de  Dieu  y  cftlt  atta- 
che', a  vne  fcrtuplus  grande:  &  pourec quelle 
merucille  file  larron  y  clt  viuirîe',jifant,32f/«r/i- 
tomci  àtm  yenerts  m  Yt>num  tuum. 

C'eft  ce  que  Dauii  auoic  veu  par  l'cTprit  & 
don  de  Prophétie  parlant  du  bon  larron  en  fa 
perfonnc,diiant  Domine  Deusmcia  tXd*  <nVropbetie 

deprccjtionts  mec,  Dominât  meus  es  OiMi  meus  ,  (y  Je  D.mul 
yirtus  mea  obumbrsfft  fupr  ctput  mat  m  du  bJJi ,  &:  .< 
iuftement  il  dit,  indicbc!!iy  d'autant  que  c'clt  en 
ce  iour  que  celle  fanglantc  bataille  a  cilédon- 
nc'efur  lamôtagnedc  Calutire.Vooi  a- 

uoyc' voflrc  ombre ,  Sci.  ,Obnmbrj(ti  fuptr 

m  meu  :  pourec  ce  n'elt  de  merueillc  li  ce  Lr- 
ron  dit Ȕl L'tutnt 0 met, A m  y?ncris  m  re;nutntuum: 
^neur  luv  fit  celte  promefle^wr  *//V* 
tibi  qn'u  metù  botiteerts  in  j>4r.i.l:  ).  O  ,  uc  de 

lang,  amourde  cœur  &  de  tout  bien  ,  St  1  - 
gneurqu'auez-vous  fn't  plusà  vn  S.  Pi   ?re,à 
I,  Paul,  &  à  vn  S.  E  tienne  ,  qui  a  meri'c  la 
cornette  rouge  du  martyre  Dfl  vous  tait 

d'auantage  aux  Patriarches  c\  Prophète*, fmou 
de  leur  promettre  la  mefmc  cl  (mmJkM 

r+bit  tqaam4m  trimitTttnoDHi  <ï u  auez.vou* 


$tz  Vour  le  iouY 

fait  plus  à  fainâ  Iean  Baptifte,  duquel  vous  à* 
uez  dityHonfurrexit maiorloanne  Baptiftainter  na« 
tosmulierum:  Il  a  trempé  long-temps  dans  les 
,Lymbes,&  celuy-cy  qui  touiïours  fut  mefchât, 
au  dernier  poinéfcde  fa  vie  ,  pour  vn  mémento, 
vous  luy  dite  s, *A  men  diCQ  iibi}&c,  C'efl  pource 
que ,  frimi  erunt  nouifîimi)  &  nouifîimi  primi  '  & 
plus,  ce  n'eft  de  merueille  liie  donne  mô  Roy- 
aume à  celuy-cy,  dit  ce  Seigneur ,  ie  luy  donne 
ce  que  i'ay  de  plus  rare  &  d'exquis,  puis  que  luy 
me  donne  fon  cœur  &  fa  langue, &tout  ce  qu'il 
aiamaiseu  :  Cor  Je  creditnr  adwftitiam  ,  £r  ore  fit 
confefsio  adfalutem  :  celuy-ci  croyoit  de  cœur  ce 
qu'il  confeffoit  vrayement  de  bouche. 

O  que  fa  fortune  eft  grande!  Il  eft  bien  vray 
que  les  Mages  creurent  &  eurent  vne  grande 
foy  ,  ie  le  concedc:aufsi  eft-il  bien  vray  ce  que 
difoit  ce  grâd  perfonnage  &  Naturalifte  Pline, 
TdagiSolemad  Orientem  adorant, les  Mages  ado-» 
rent  ce  Soleil  de  l'Orient  ,ne  faifant  encorque 
de  naiftre.  Mais  celuy-cy  l'adore  iuftement  au 
couchant  &  à  l'Occident ,  &  pource  fa  fortune 
eft  fort  grandc.D'auantage,le  ciel  &  le  Paradis 
eft  pour  tous ,  Tantum  valet  quantum  qui/que  ba- 
hetyi\  eft  pour  les  pauures  &  pour  les  riches, 
pour  les  Roys  &  pour  leurs  fubiec*ts ,  il  eft  pour 
tout  le  monde  :  &  quelle  merueille  donc ,  fi  ce- 
luy-cy me  donnant  tout  ce  qu'il  a  de  biens ,  & 
corps, &ame,ie  luy  donne  aufsi  en  recompenfc 
tout  ce  que  i'ay?jEt  fi  Abraham ,  &  tous  les  au- 
tres Patriarches ,  &  fain£fc  Iean  Baptifte  n'ont 
pas  entre  en  Paradis ,  c'eft  que  ie  n'auois  pas  la 


de  la  Vafnon]  82$ 

clef  en  main  :  mais  ce  iourd'huy  ic  tiens  ccifcc 
clef  de  Dauid  .-voila  pourquoyie  luy  dis  Hodtc 
mecum  erts  in  faradtfo, 

11  cft  bien  vray  qu'il  faut  que  i'aduertifle  vn 
peu  ceux  qui  fur  ce  prétexte  pourroient  retar- 
der leur  conuerfion  à  la  fin  de  leurs  iours  :  ic 
leur  diray  doc,  efeoutez  ce  que  dit  cefte  lumiè- 
re dcTEglifc  Latine,  ce  docteur  fainft  Augu- 
ftin  :  Konfactte  in  necefsitate  qutfieripnfjunti/. 
cey  nam  in  neceftute  ytxfiuntquc  uonfuerunt  \np*~ 
cequafita.  Ne  te  pipe  pas,nc  te  flatte  pat:  Impu- 
dent t*  cHfoft  lapfum  ab  et  m  temfvrt  affliciioms  pete- 
rc  auxdtum  quant  in  profperture  ccntempfats ,  die 
fain<ft  Hicrofmc.  E  aufsi  Xcnophon  difoit,que 
quand  nous  fommes  en  profperitc,  nous  dcuos 
tafeher  d'auoirla  grâce  &:  la  faueur  des  Dieux, 
afin  qu'eftant  en  citât  d'aducrlitc',ils  nous  foict 
ftuorablcs ,  &  ayant  befoin  de  leur  afsiftancc, 
ils  nousfecourent. 

Laiflant  ce  bon  larron  maintenant,  &:  fa  mè- 
re ,  il  s'addrcfTe  aux  autres  :  8(  fur  cecy  ie  dirois 
volontiers  a  ce  Seigneur,  ce  que  Ton  diloità 
Dauid  ,  Ddigesedw  h abente s  te  tc?  «dto  babe<  dili- 
gentes te.  Quoy  ,  Seigneur'  vous  laiflez  voflrc 
mcre,&:  n'en  tenez  compte  ,  &c'e(t  celle  qui 
vous  aime  fi  tendrement  :  c\  (i  de  vous  qu'elle 
dit ,  Vui  efiquent  ddtgtt  .imtna  wr.<?  vous  cites  fon 
amour  ,&  vous  parlez  aux  Iuifs  ,  &  leur  j 
tcz  amitié,  eux  qui  vous  portent  vnc  haine 
mortelle. 

Stabdt  mater  dolorofà  ,  wxtd  CT* 
dumpendebat  filins.  Miracle,  ftlcfiieutJ  ,  renou- 

J  ffiiij 


824  ^our  k  mv 

uclle  en  la  nature,le  Soleil  &Ia  lune  fc  font  ren- 

côtrez,ie  Soleil  s'eft  mis  à  regarder  la  Lune,8ç 
la  Lune  à  contempler  le  Soleil ,  &  tous  deux 
font  oppofez  l'vn  à  l'autre,  la  Lune  s'eclypfejôc 
leSoleils'offufquc.Cc  rairade,dy-je  ,rcdouble 
en  la  croix ,  le  fils  de  Dieu  noftrc  Sauu.  &  Re- 
dépteurlcfus-Chrift, eillevray  Solèil,la  Lune 
c'eit  fa  mère  la  glorieufe  Vierge  Marie ,  Stabat 
mater âolovo fa ,1a  Lune  s'eclypfc  &  orïufque,par- 
ce  quelle  cil  outréede  douleur  &  de  trifte(le>& 
ce  Soleil  tourne  vers  i'Occident>&  vers  le  cou- 
chan  t  va  s'ecly  pfant  &  mourât,  le  fils  feuffre  le 
martyre  attache'  en  la  croix  ,  la  mère  aux  pieds 
de  la  croix  l'endure  aufshle  fils  a  les  mains  per- 
ce'es ,  &  le  cofté  tranfpercé  par  les  doux ,  &  les 
mcfmes  doux  qui  ont  tranfpercé' les  mains  Se 
les  pieds  au  fils,les  mefmes  tranfpercét  le  cœur 
à  la  mere,cefte  lance  tranfpercé  non  le  cofté  de 
la  Vierge ,  mais  bien  l'ame  :  le  fils  eft  cloiïe'en 
croix  par  les  doux ,  la  mère  attache'e  à  la  croix 
par  les  philtres  &  fagettes  d'amour.  Sagittç  tua 
acutewfxe  in  meftmt:  Vos  fagettes  très- aiguës, 
très- pointues  font  en  moy,  Sagittœ  Deminiin me 
funt ,  quarum  indignatio  obibit  fyïntn  alim  in  corfore% 
altx  in  anima  injîguntur ,  ait*  ejfundunt  fangmntm> 
alUinfanguinem,  dit  ce  Prélat  Milanoisfain6t 
Ambroifc,il  y  a  diuerfes  fagettes  ,  il  y  en  a  qui 
font  fiche'es  dans  le  corps',  les  autres  dâs  l'ame, 
aucunes  qui  font  dc'couler  le  fang,&  qui  l'efpa- 
dcnt,&  les  autres  qui  boiuent  le  fang.  O  mère 
de  mon  Sauueur&  Rédempteur  Iefus-Chrift 
que  vous  eftes  defolee ,  Stabat  mater  dolorofa  iux- 


delaTafsion]  Sic 

U  CTMCem  Ucrymofa ,  dum[n ndib.it  jUÛMT,  O  fp . tta- 
clc  eltran 

Nous  liions  d'Agar,  qu'cftant  parmy  les  dr- 
ferts,&voyatfon  iils  proche  de  la  mort^  qu'il 
ne  pouuoit  pas  rckhapper  de  la  maladie  qu'il 
auoit ,  &  qu'il  alloit  rendre  l'amc  ,  t lie  ne  peut 
voir  cela,  clic  ne  !c  peut  contcmplcrmouranr, 
&  pour-ce  elle  f  bors,  difant,  I 

OpauureAg:  vTay,tu  n'eus  pas  le  cœur 

i  onrage  de  voir  rendre  l'amc  à  ton  fils,  tu 
fors  hors  I  jurne  le  dos,  mais  quoy  ?  celte 

Agar  aiinoit-cllcplus  Ton  fils  que  la  Vierge: 
ne  doute  point  que  ne  le  pouuant  voir  mourir 
c'efroie  figure  d'amitic,  l'amitié  cftoitgran  Je, 
mais  grade CU  cette  Agar.'mais  pourtant  il  n'y  a 
point  de  côparaifon  aucc  l'amitic  que  porc 
la  V'icrgcà  Ion  fils  vniquc,lc  voyât  mo.:rir,cllc 
ncs'cfloigne  &  ne  fe  retire  pas ,  ncnnvj  mais, 
:  mater (LUrcCtjiux.'.t  cruc€m,f}ab.ttyc\\c  clïo'it 
droite  auprès  de  la  croix:  ccltcAgar  n'auoic 
pas  de  courage  ,  la  Vierge  cfl  courageufe ,  clic 
cft  confiante  &  ferme. 

La  femme  de  Saiil  voyant  deux  de  fesenfans 
condamnez  d'eftre  pendus, cftans  pendus  crai- 
gnit que  les  oifeaux  ex  beftes  ne  touchaflent  à 
leurs  corps,vint  au  lieu  ou  îbeftoict  pendus, & 
s'afsit  auprès  deux  fur  vne  pierre  gaulant  leurs 
corps:cVcc  qui  outre  le  cceur  daikitngcala  Vier- 
ge ,  c'eft  que  la  mère  des  enfans  de  Saul  eut  le 
moyen  d'empefeher  les  oifeaux  &  les  belles 
touches  detouclier  au  corps  de  Çon  i.lscRât  af- 
.  fifc,maiscefte  vierge,  quoy  qu'elle!  out 


8  2  6  Tour  le  tour 

&  droîte,toutesfois  ne  peut  empefeher  que  pat 
la  rage  des  bourreaux  &  des  Iuifs,fon  fils  ne  rc-« 
ceuft  encore  vn  coup  de  lance. 
Statues  de     QUOy  •>  Mefsieurs,  fera-il  pofsible  que  les  hi- 
marbres^    ftolïQS  nous  font  foy^  que  \cs  imagCS  &  ftatuës 
ontplore    je  pjerre&de  marbre  furent  veues  pleurer  très- 
-voyant      amcrementjd'autât  qu'elles  voyoient  leur  pays 
leur  pays  çftYQ  trahy}tout  ruiné,tout  rauagé,  &  les  enne- 
rttyne.       mis  auojr  tout  enleué  :  de  manière  que  ne  pou- 
uans  afsifterleur  pays,  pleurent  amèrement: 
quoy,dy-je  ,  fera- il  pofsiblequ'vncftatuëde 
marbre  aye  trouué  des  larmes  en  foy  pour  dé- 
plorer  la  ruine  de  fa  villc,&  que  cefte  image  vi* 
uante  &anîmée,qui  a  des  entrailles  de  mère, ne 
trouue  des  larmes  en  foy  pour  de'plorcr  la  mort 
de  fon  fils  ?  Vlorans ploraui  in  noEte^  <&  nm  efl  qui 
confoletur  me  ;  l'a  y  plore  nuiffc  &  iour ,  &  ie  n'ay 
trouue' persône  qui  m'aye apporté  confolatiô. 
+Amaritudinibus  animam  meam  inebriauit  abfîntbiïti 
O  Vierge,vous  auez  trouué  deslarmes  en  vous, 
vos  yeux  ont  efté  conuertis  en  fontaine  de  lar- 
mes, vos  joues  demontroient  bienladouleur 
que  vous  en  conceuiez.  Hieremie  confiderât  la 
trifteffedelamere  de  Dieu  voyant  fon  fils  en 
croixjildit  d'vne  voix  prophétique, CuiafsimiU* 
bo  te  yirgo  fdia  Sion ,  hclas' voyant  voftre  douleur 
&  trifteffe,  ie  ne  fçay  à  qui  ie  vous  puis  compa- 
rcr,fainâ:eVierge,flllede  Sion yMagna  efl  contre 
tio  tua  >  yelut  ?nare  y  voftre  contrition  eft  grande 
comme  la  mer:  &  comme  il  n'y  a  goutte  d'eau 
dans  la  mer  qui  ne  foit  falee,&bien  amcre.-ainfi 
en  la  Vierge  il  n'y  a  partie,il  n'ya  fentiment  qui 
ne  foit  rempli  de  douleur.O  noble  Dame,merc . 


de  la  Pafîonl  827 

Hu  petit  Tobie.vous  diliez  parlant  a  voîîre  tils, 
VtqHuimtfimus  te pere^rnutht  ex  tout  ce  qui  s'en-  fcù.  6. 
fuit  auchap.6.  $  ..mu.  yitfmtfifd  ,  lumen  omloram 
noflrumybACultim  ftneclutis  mftr^Jpem  pofieriutis . 
Rebut  Ucbrimit  trremedubiiwuj.  Ou  y.  a  Cltifc  que  r 
ion  hls  ne  rcuenoit  pas,&  qu'il  tardent  vn  petit      »  1 
plus  qu'elle  n'cfpcroit,  elle  n'auoit  pas  de  bien  mrj.e  jl 
en  cllc-mcfme,  tantoft  clic  alloic  au  haut  de-  la  ...  #  • 
montagne  tantoft  hors  de  la  ville, regardait  ii 
elle  ne  le  verroit  pas  vcnir.tantoft  elle  s'enque- 
ftoitàccux  qui  vcnoiccdcs  chaps ,  clic  nepou- 
uoit  plus  que  rairc,la  voila  toute  contitc  en  ti  i- 
ftclle.O  mon  fils,dit-cllc,à  quel  propos  yous  a- 
uôs  nous  cnuoyccn  pèlerinage?  vous  qui  eftes 
la  lumière  de  nos  ycux,rc(pcracc  de  noltrc  po- 
fh*ritc,lc  bafhon  de  noftrc  vicillcflc,lc  foulage- 
me:  de  noilrc  vic:û  noble  dame  merc  du  icunc 
Tobic,laiifcz-là  ces  plcurs,voftrc  fils  cftà  la  co- 
duitcd'vn  Ange,ilne  peut  auoir  mal. Mais, dit  la 
Vierge, c'eit  à  moy  à  pleurer  mon  fils, qui  elt  a- 
bandonne  des  Anges:  &  non  (culcmct  des  An- 
;mais  qui  cft  le  pis,c'cit  qu'il  elt  abjdonc  du 
Pcre  crcrnel.O  Vicrqc  fai net  j/ vous  aucz  grade 
occafiô  dédire  aucc  Dauid,-Q«/ det rniln te lAbfi-  SmffWsA 
.1  mi  vt  merur pro  tft  •  jdiwi  jibpdon  ,  O  1110  Ddmidfttt 
fils  Abfalô, mû  bien-aime  enfant, mille  Scmillc  it  mvrtét 
fois  mo  bicn-aimc,qui  me  déniera  que  \z  meu-  /  ';  fis 
rc  pour  vous,ovie  de  ma  vic,oamc  de  mo  ame,  »  tujaUn, 
occcurdc  mocœur,otoutdc  motout»te  le  vois 
mourir  deuat  mes  yeux,  Qmiàébu  milri  ytmtn.tr 
fro  ff,quc  ic  prodigue  ma  vie  pour  vous ,  ou  au 
moinsqueiene  viucpiv  après  \  Df 


$2$  Vourleiour 

qui  eftes  le  bafton  de  ma  vieilleflè  ,  Te^erancs 
de  moncœur,lcfoulagement  demavie,faites 
que  ie  ne  fois  pas  en  ce  monde  après  vousiXhis 
in  mibi  te  vt  morUrpro  tefiU  mi  Jlbfalont. 

Mais  c'eft  en  vain  que  la  bien-heureufe  Vier* 
ge  efpand  ces  paroles  &  qu'elle  efpâche  ces  lar- 
mes :  c'eft  icy  le  glaiue  de  S.  Simeon ,  qui  doic 
outrer  fon  ame>*&  S.  Hierofmc  dit  que  la  Vier- 
ge jeft  plus  martyre  que  tous  les  Martyrs  en- 
femble,clleaimoit  plus  fon  fils  que  fa  propre 
vie:de-là  il  s'enfuit  que  ,  Jldlocû  yndeexeuntflu* 
7nmA  ittic  &  reuertiïtur,  ytiterùfluantydh  le  Sage, 
la  douleur  que  Dieu  enduroit  alloit  au  cœur 
de  la  mere:  &  la  douleur  que  la  mere  enduroit, 
alloit  au  cœur  du  fils.  Plutarque  parlant  de  l'a- 
mour,dit  que  c'eft, ^^r  animo  in propr incorpore 
mortui ,  in  alio  yiuentis:  la  Vierge  amoureufe  de 
fon  fils,  eftoit  comme  morte  en  clle-mefme, 
mais  elle  viuoit  en  fon  fils,  &  le  fils  mourant  en 
luy-mefme,il  viuoit  en  fa  mere. 
!    Voila  que  cefte  douleur  de  la  mere  eft  fi  gra- 
de,qu'elle  ne  peut  eftrc  exprime'e:&  comme  ce 
grand  PeintreTimantes,eftât  paruenu  iufques 
là  que  de  reprefenter  la  douleur  d'Agamemnô 
père  de  la  belle  Iphigenia,  &  voyant  le  dueii  du 
père  eftrc  trop  cxcefsif5&  fe  côfeflTât  eftre  vain- 
cu par  la  nature,  il  fc  contenta  de  luy  voiler  la 
face,  ne  pouuant  exprimer  la  douleur  grande 
qu'il  Gonccuoit  en  foy  de  la  mort  de  fa  fille:  Sic 
cotifumptis  artibué  veUuit  fteiempatrit  9(pvnicui« 
qucdedit  eftim:tm(nm, dit  Quintillian. 

Aiufi  Dieu  grand  Peintre  veut  voiler  la  face 


àe  la  VafsionZ  S  i  9 

de  la  Vierge ,1a  voyat  toute  confite  en  douleur, 
&  ne  pouuant  exprimer  fa  trifterte  ,  il  1  j  voile, 
Tenebrçfd8efttntX)  amour  grad  de  ccScigncur, 
11  ne  nous  a  pas  oubliez,  non  plus  que  fa  mere, 
il  dit,£tfM,i*a?  foir.  Quoy,Scigncur?*ous  cftes 
altère,  cela  cil  bon  adiré  pour  les  autres,  mais 
pour  vous  non.-car  il  vousauczfoif,£/ta</f  after- 
TtAtujy  ces  playes  de  vos  pieds  &  de  vos  mains 
font  comme  des  puits  &  des  ciflcrncs,  berniez, 
Seigneur,  Kit  le  voy  bien  que  ce  n'efb 

pas  de  celte  eau  que  vous  demliez:  mais  diîat, 
i  kn%  il  dit  à  presec  i'ay  Toit  de  ta  conuerlio,  pé- 
cheur ,c'tll  taiurtirîcation,c'cft  ton  pèche  qui 
m'altcrc,hclas,fcraildit  que  le  rocher  ayât  cité 
frappe  parla  verge  de  Moyfc,  aye  rédu  de  l'eau,  ^WW|  7  .- 
&  que  celle  verge  fain&e  de  la  croix  frappât  le 
rocher  de  noftrc  cœur, n'en  fera  fortir  des  fon- 
taines decontritiô?  fera-il  dit  que  la  mafTuë  de 
Tis6,quiefloit  vnc  mafehoire  d'aine  morte, 
*  li  voix  deSamfon,  lequel  difant,5"/r*w«rMr, 
morte  qu'elle  eftoit ,  touchée  de  compafsion, 
nia  vnc  fontaine  d'eau  pour  luy  donner  «t 
boire.  Quoy  ?  ces    miennes  mafehoires  non 
■rtes ,  mais  viuanres  ,  de  mes  yeux  ne  pour-» 
"tes  trouuer  des  larmes  pour  abbrcuucr 
8       >nn«r  à  boire  .1  *neur? 

pars!  ô  ingratitude  des  hommes  que  tu  jrrv.nit** 
le,  au  lieu  -r  de  l'eau  a  ce  Sei-  ({c  .'■ 

gneur,vous  prenez,  o  lui  fs,  vne  fiole  pleine  de  m:;  entiers 
e  cV  de  ficl,&  lnv  prefentcz:ô  fiel  5c  vin-  Dieu. 

1  cfté  applique  pour  faire  ardre  d'à- 

e  feu  d'amouiÎAÏnli  ou  rapporrequ'au 

Ire  le  feu  dclafouri»aife.dansla-« 


8  j  o  Pour  le  iouï 

quelle  l'or  eft  efpure',  plus  ardant ,  on  Tarroufé 
de  vinaigre  ;  voylà  pourquoy  le  fils  de  Dieu  a 
voulu  eftre  abbrcuue'  de  vinaigre  &  de  fiel, afin 
que  ce  feu  d'amour  qu'il  nous  portoit,  tuft  en- 
core plus  grand. 

Rcfte  maintenant  le  dernier  Adieu  qu'il  fait 
à  fon  Père  éternel,  Inmanus  tuas  Domine  com- 
tncnclo  û/iriruw  meum. 

Nous  lifons  es  Annales  de  nos  Roys  de  Fran- 
ce ,  que  François  I.  ayant  efte'  prins  prifonnicr 
par  Charles  le  Quint  ,  les  foldats  le  voulans 
forcer  de  rendre  i'eftoc  &  l'efpee  royale  ,  ils  ne 
voulut  iamais  la  rendre  qu'entre  les  mains  de 
celuyqui  eftoir.  Roy  comme  luy. 

Le  fils  de  Dieu  eïtoit  preft  de  rendre  l'ame* 
citant  tout  outre'  de  douleur,  &  tout  entoure 
d'efpines,de  playes,&  de  tourmés  :  fes  ennemis 
luy  voulôiet  faire  redre  I'eftoc  royal  qui  eftoit 
fon  ame  :mais  il  leur  dit,Ie  fuis  Roy  du  plus  flo- 
riflant  Royaume  du  monde,ie  fuis  Roy  du  ciel, 
ie  fuis  Dieu ,  &  ie  ne  puis  mettre  en  depoft  m© 
ame ,  finon  entre  les  mains  d'vn  Roy ,  qui  foit  , 
Dieu  comme  moy.  Voylà  pour  quoy  il  dit ,  In 
manu-s  tttascommmdo  fjnritîîmeum.  Et  cela  dit,  In» 
clinato  cApiteexpirauu.  O  âmes  fidèles iqu'eft-ce- 
cy?  Dieu  eft  mortja  vie  eft  trefpaiTee,rame  de 
nos  âmes  eft  expirée ,  le  coeur  de  nos  cœurs  eft 
mort.  O  mon  Dieu ,  dit  S.  Bernard ,  ô  qu'il  eft 
bicaife'à  voirqueienc  vis  pasen  vous, d'à utât 
que  fi  ie  viuois  en  vo9vous  mourât,ic  mourrois 
cjuat  &  qnat  vous,  &  vous  expirât  i'expircrois. 
Volontairemet,  Mcfsicurs,ileftcxpirc,£wi/ïV 
(Jnrinmt/ù  a  enuoyéluy-  mcfme  sô  efpritàDicu 


de  la  Pafsionl  S  5 1 

fon  Perc,  ilîuy  a  mis  entre  les  mains,  Wé£mt 
ftm$m*t  volontairement ,  n'eftant  contraint, 
emifit  fyirttum, 

Athanafc  remarque  que  ce  Seigneur  vou- 
lant mourir  il  baiffa  la  telle,  d'autant  que  la 
mort  cognoiflant  la  puillancc  de  ce  Seigneur, 
n'ofoit  approcher  de  luy  ,  &  Dieu  pour  luy 
donner  la  hardiefle  de  venir  à  luy,  baille  la  tc- 
fte,  comme  luy  faifant  figne  de  vcnir,&  luy  di  - 
fant,  Vien  hardiment:  cars'ilncluy  euft  don- 
ne la  puiflanec  ,  &  qu'il  ne  l'cult  iamaisappcl- 
lee,  iamais  elle  ne  fuft  venue. 

Toutes  les  créatures  fe  rcflentant  de  cefte? 
mort ,  le  Soleil  la  plus  noble  créature,  porte  le 
ducil  ,îa  terre  la  plus  bafle  trcblc.  O  entrailles 
delà  Vierge, n'eftes- vous  pas  ceflefainftc  ter- 
re? YtrrA  tremutt,  c'a  efte  les  entrailles  de  la  ter- 
rc.ic  dis  delà  Vicrge,lefqucllcsont  tremblc,& 
ont  efte  touchées  d'vne  douleur  cxtre'me,  mais 
finguliercment  lors  qu'elle  a  veu  qucccfoldat 
Longis  a  prins  la  lance  en  main  ,  cV  adonne 
dans  le  fainct  &  facre'  coflc  de  Ton  fils* 

Salomon  voyat  la  difputc  qui  cfloit  entre  ces 
deux  ternes,  l>nc  dcfciucllcs  auoit  eftoufte  fon 
\int,auoit  pris  l'cnt jc  de  l'autre^'  luy  auoic 
mis  le  lien  auprès  d'elle,  cependat  qu'elle  dor- 
moit.ccllc-cv  veut  auoir  sô  cnfanr,cllc  le  reco- 
gnoilt  les  voila  en  grade  qucrelle.cllesviennct 
deuât  SolomonrSalomo  A\t>*Af) erte nu  •  ,  I  >»(t;t 
que  ie  coupe  cet  enfit  en  de       1  ZW&deSédê* 

te efplorce&  toute  triftedefon  cntant,vovant  mon* 
que  1Y>  1  alloit  couper  en  dcux^'Bfcriturc  porte 


832  Pour  le  kur 

c\uz,Cômmotdfmt  viftera  ei-us,  &  ne  le  voulut  pas 
endurer,  aimant  mieux  que  l'autre  euft  Ton  cn- 
BtlU  me-  fant?que  nô  pas  le  voir  mourir. Q^pyrferoit-  il 
duauon.     pofsible  que  la  Vierge  voyant  ceite  lace  toute 
preftepour  donner  cias  lecofte'dc  [on  fils,Notf 
commuta  fuerim  vifieraeiu*}(çvoit-i\  pofsible  que 
ces  entrailles  fa  in  été  s  ne  fufsét  efmeuës  de  cô- 
pafsiô&detriftcffc?ôlacc!  tues  la  dernière  de 
tous  les  inftruméts  de  la  pafsion:ô  lancc,où  as- 
tu  efte'  forgée':  ô  lance  que  tu  as  de  force,£V  que 
tu  pénètres  bie  auant  dedas  ce  Seigneur ,  dedas 
îô  facre'  cofté:  ô  lace  que  ne  fuis-  ie  en  ta  place, 
pour  pénétrer  aufsi  auat  que  toy  dedas  le  cofte 
de  noftreSauueur,ô  lance  quecerchcs-tulàde- 
daSjles  Apoftres  n'y  font  pas,  ils  ont  fuy,fes  ha* 
billemës  ont  efte'  diuifez,fon  fang  aefte'refpa- 
du,fa  chair  a  efte' mifeenpieces,quecerches-tu 
là  dedans  ?  le  voy  bien  ce  que  tu  y  cerches,  tu  y 
cerchesrEglifc,laquelle  deuoit  eftre  formeepar 
ce  cofte', par  cefte  poictrine, corne  Eue  auoit  c* 
fie' formée  de  la  cofte  d'Ada,  tu  cerches- là  de- 
dans les  Sacremés ,  tu  ccrclics-  là  dedans  la  vie, 
&  nô  pas  la  mort,  vie  qui  cft  la  porte  du  cicl,tu 
Miracle     cercne$*  ^  dedas  le  Paradis, &  t'ouurantje  fang 
*'       )        &  l'eau  en  fortiret:  &fi  bien  la  oierreeftat  fra- 
*>  pee  par  la  verge  de  Moyfe  a  dône  de  l'eau,  quel- 

le merueillePli  la  lance  comme  vne  autre  verge 
frappant  cefte  pierre  diuine,  luy  fait  donner  de 
l'eau  &  du  fang?ià  fculemct  de  l'eau  diftille>icy 
le  fang  auec  l'eau  enfemble,là  sas  miracle  l'eau 
fort,icy  auec  miracle,  là  la  pierre  a  dôneTeau, 
icy  le  Peilican  dône  le  fang,  &  en  me'mc  temps 

nous 


de  la  Péfi'uml  833 

;s  receuons  tous  la  vie  :  voylà  le  code  o.  - 
uert,  quo 

O  mon  fils  !  dit  !a  Vierge, ces  miens  yeux  ont 
doneques  cfte'  conicruez  ;  m  vos 

entrailles  faillites  !  ô lance  tu  trnppcslcco; 
de  mon  Ms,  &  le  frappant  t 
6  lance  tu  es  ignomu  <  moy 

honneur»?  es 

fc  fendent, corn  rge  n'auia-cllc 

pasderclîcntirr.  ifnnt. 

gneur,  vous  me  promiftes  autre: 
que  ce  mien  cœur  de  pierre  fcroi:conucrty 
vn  cccurdc chair:  o  mon  Dieu,  ic  vous  r 
tranfportdcmon  cœur  Je  chair  ic  vou<  prie  de 

rendre  mô  coeur  de  pierre, pu; s  qtie  L 
rcsfc  cafTcn:  &  fe  fendent  à  voftrc  mort:  car 
n  ccrur  de  pierre,  il  fe  fen  Jra.la  pie; 
par  les  goiites  d'cau.cx  ce  coeur  de  f 
fera  caue  par  les  larme  que  i'cipancîic/av  1 
voftrcmort.Ou  bien.Sciijneur.dônc/ 
ccrur  de  ter,d  autâr  que  tout  ainlîque  le  fereft 
r'amollv  dans  le  feu,  a;nli  cccccur  d(  fel  lera 
r'amollv  dans  la  fournaife  d'amour.  Donr 
moy,mon  Dieu,  vn  cœur  diamantin  :  caratftS 
quclcdiami  mollyparlcf  :e, 

aufsi  tnon  cœur  diamâtin  fera  r\imo!ly  par  vr>- 
firc  f:  que  ie  f 

le  du  Tcplc,  Vtwm 

voile  qui  cache  er  ofc 

• 
le  cV  mille  il  qu  il  cl\ 

c  voile  qui  cl;  ccft  -cioi\,  cV  nous 

.  rons  qu'en  celte  croix  pco  quieftlc 


834  Pour  le  iour 

fpe&acle  du  monde^n  cefte  croix  meurt  celuy 
que  le  ciel  &  la  terre  ne  peuucnt  contenir ,  en 
croix  pend  celuy  qui  gouucrne  tout  le  monde, 
en  croix  meurt  celuy  qui  donne  la  vie  à  tout  le 
monde,voicy  celte  Arche  de  Noe',qui  nous  de- 
liure  de  ce  déluge  du  pèche',  Arche  qui  no9  cô- 
ferue,  Arche  qui  nous  defTend  :  voicy  cefte  ef- 
chcile  de  Iacob,à  laquelle  Dieu  eftoit  appuyé', 
&  par  laquelle  les  Anges  defeendoiet  &  mon- 
taient :cfchellc  de  Iacob  à  laquelle  nous  mon- 
tons aucc  le  bon  larron  :  voicy  ce  pofteau  au- 
quel eftoit  ataché  le  ferpet  d'airain, pourguarir 
les  morfures  des  ferpens,  ic  dis  les  morfurcs  de 
nos  péchez  &  de  nos  vices  :  voicy  le  Hure  qui  à 
Tentrec  de  la  Pafsiô  eftoit  fermé  de  ce  fang,  & 
efteit  feclle' ,  dot  le  feau  a  efte  ouucrt  par  la  la- 
ce ,  liure  qui  eftoit  eferit  au  dehors  par  les  ef- 
courgees  &  verges ,  &  eferit  au  dedans  auec  la 
plume,&e'ciit  encore  à  l'extérieur  par  lescloux 
O  y  os  omnes  qui  tranptispcr  yiam,  attendue  &  yide- 
te  ,fi  eft  dolor  faut  dolor  meus  ,  voyez  &  contemplez 
tout  mon  corps,  il  n'y  a  aucune  partie  entière, 
Jl planta pedis  yfqueadyertkem  capttisy  non  eft  in  eo 
fanius:  voyez  Tes  parties, pour  fa  largeur,  Dinu* 
werajterut  omma of]a  mea:  fa  profondeur, Làceala- 
tus  tius  apermt^n  la  tefte  les  cfpines,aux  yeuxlc 
bandeau,  fur  la  bouche  le  fiel,  fur  le  nez  les  cra- 
chats .furies  joues  facrecs  démon   Sauueurles 
ibufflets,fur  les  oreilles  lesblafphemcs:ôfaints 
pieds,  me  voicy  profterne'  deuant  vous,ie  vous 
baife  d'affection:  &  qui  me  dônera  auec  Marie 
Magdelene  ,  cet  heur  que  ic  puiffe  faire  côuertir 
mes  yeux  en  fôtaines  de  larmes  fur  vous,&puis 


de  la  Vafsiotù  835 

que  ic  nepuisverfer  tflci  de  larmes  pour  ar- 
roufer  ces  lain&s  pieds,  &  que  ic  n'e  ay  pas  fuf- 
fîfanccpourlauer  kulemct  moamc  de  les  pé- 
chez^ mon  Sauueur  ic  laucray  mon  amc  de  ce 
sag  qui  découle  de  vos  pic  Jl  :  6  faims  genoux, 
les  vids  deuât  le  Perc  éternel  fléchis  en  terre, 
au  iardin  desoliucSj&icc  iourd'hui  ic  les  voyva- 
cillcrfouzlef.iix  de  la  croix:  ic  voy  fupplie,m6 
Sauueur, que  voftre  foiblefïc  me  donc  de  1 1  ror- 
cefaites  que  non  feulemcc  mes  ^enoyx  fc  laf- 
set  de  fc  profterner  en  terre  pour  baiferlcs  vo- 
flrcs,mais  encore  qu'ilsfc  puifset  profternei 
iour  la-haut  au  ciel  deuant  eux  pour  les  baifer. 
O  mains  pitoyables  qui  aucz  bafty  cet  vni- 
ucrs,qui  aucz  produit  la  lumière, crec  le  iirma- 
mcnt.dônc  cftrc  aux  cicux,  aux  clcmens  fublu- 
naircsrbrcf  à  tout  ce  grand  monde,  &  en  après 
aucz  bafty  le  corps  de  l'homme, faifant  comme 
vu  abbrege  de  ce  grand  mode,  pourquoy  croi- 
rayieque  vous  cftcscficndu  maintciût,  fin 
pour  me  rcccuoir&pour  m'cmbra(Ter?  O  faint 
AuguflinjYo9  difiez,  In  brécbip  Séhétwii  met  v*- 
nen  tmri  cnfio,  ic  dehre  iingulicrcmcnr  &:  fur 
toutes  vnechofedemo  nicu,c 'eflquc  i'aycccc 
heur  &  cet  hôneur  que  ic  puifl'e  non  feulement 
:  rc, ma is  encore  mourir  entre  les  bras  de  mo 
Sauueur  &  Rédempteur  Iefus  Chrift.O  mains 
pleines  de  sa^  ,  mains  pluftoft  pleines  delaiâ:, 
de  micl,d'ambrofic,de  lauriers  &  de  guerv 
diuinefacc,  :  quelle  flamc  fort- il  de- 

o  Soleil,  pourquo  .  vous  &:  vo9  dii 

roiflcz  de  no'<  6  faintte  &  facrec  poi&rine.lo- 
dcmcsptfccs^cllcsy  fiappct.ouurtz  leur  la 


8  j  6  Pour  le  tour  de  la  Pafsiotl. 

portc,&  cftâs  entrez,  logez  les,  s'il  vous  plaifr, 
©  cœur  amoureuXjCnamourez-le  mien,hume- 
étez^Ie  mien  de  cet  amour. 

Mais  quoy  ?  fi  tout  le  refte  me  de'nie  &  me  re- 
fufe  ,  vous  ne  me  dénierez  pas  le  chef  baille',  Et 
tnclwatocàpite  tradidit  fymtum.  Et  bien  ,  Chre-. 
ftiens  &amcs  pcchcreiles,dit  ce  Seigneur, en- 
core que  tu  m'ayes  attaché  à  cette  Croix  ,  & 
quetu  m'ayes  mise  nce'téquipage,auquelic  fuis 
par  tes,  péchez  &  iniquitez,  toutesfoisic  fuis 
preft  de  t'aimer  &  bénir  à  ijmais  là-haut  au 
Ciel  y  auquel  nous  y  conduifele  Père, le  Fils, 
&leS.  Efprit.  Aind  foit-il. 


S57 


SE  RMON      PO  VR     LE 

IOVR      DE      P  ASQVES. 

Vicit   ko   de    Trrfu  luda.  radtx 
Daud>     Apocal. 

;-:  ru*  Ej  Anciens  auoient  cor.flumc  de? 
prendre  certains  augures  ce  tirer 
certai:  ofliqut*  du  vol  dis 

^§K|jk  oifeaux  qui  voloient  fut  lecci    • 
ai  me n cément  de  leurs  cntrcpnfes. 
Aiuh  Olimpius  du  vol  de  l'Aigle  qui  vola  fur  ce 
Itqueraitt  de  tout  le  m  >r.dc  Alexandre  ,  rira 
il  (croit  Empereur  de  tout  Icmonde. 
Me  ,n'.uK/  rrdequece* 

/. ,  lors  qu'il  t.i:  quel  s  V 

gneurentracn  camp  clos  cotre  Satan  y\c  mon- 
de^ la  chair,  fur  le  point  du  combat  no.. 

I  vn  Aigle  royal  &ccle(le  venant  du  c     I     1 
terre,  ic  ili  ;  vn   A:  torter 

nir,pour  luy  donner  coi.  injure  do 

que  \*  prou.  de  h  \ 

rre  le  mode  ,U  chair  ,&le  diable  Jc> 

que  ce  >  >r:er  cr  ,le 

.equei  repre- 


S  3  8  Touy  le  tour  T 

fentercelourd'huy  en  cefte  prefente  prédica- 
tion. Mais  parce  que  e's  iours  de  triomphe  ,lcs 
Roys  anciens  auoient  accouftumé  de  faire  des 
dos  &  des  largclTes  à  leurs  fubie&s:  aufsi  la  rai- 
ion  eft  que  puis  qu'en  ce  iour  (e  celcbrc  le  triô- 
phe  du  Fils  de  Dieu,nous  auonsefpcrance  d'e-« 
flre  afsiftez  de  la  grâce  de  ce  Seigncur^i  tac  eft 
que  nous  luy  addrcfsions  premièrement  nos 
vœux  &  nos  requeftes  ,  par  la  faueur  &  entre- 
mife  delaglorieufe  Vierge  Marie, toute con* 
folée  &  remplie  de  ioye  &  de  liclTe  par  la  refur- 
rc&iô  de  fon  fils;  difons  luy  donc  pour  ce  fujet* 

Jim  Mat'ia, 


'Eft  vne  vifion  eftrange  &  da 
tout  admirable,  s'il  y  en  eutia-» 
mais,  que  celle  d'Ezechicl  en  sô 
ch.  prcmier,d'vncharion  traîné 
par  quatre  animaux  ,  chacun 
2>  ant  quatre  faces,  face  d'homme,de  lion,  d'ai- 
gle &  de  bœuf.  Il  eft  bien  vray  que  ce  n'eftoiée 
pas  quatre  animaux  diflinétsde  faces,  *Afacie 
difttnBty  non,  mais  quatre  animaux ,  ayans  cha- 
cun quatre  faces:  ils  cftoient  quadrifaces. 

Les  Docteurs  donnent  diuerfes explications 
de  ces  quatre  faces:  le  grand  Prélat  Milanois 
faind  Ambroife  dit  que  par  ces  quatre  faces  les 
quatre  vertus  morales  font  entendues ,  la  pru- 
dence par  la  face  d'homme  3  la  force  par  la  face 
de  lion,la  tempérance  par  la  face  de  raigle,qui 


de  Vafcues]  839 

ne  repaift  que  de  la  proye  qu'il  peut  prendre,  la 
iuftice  par  la  face  de  bceut  ,  qui  culuue  &  la- 
boure la  terre. 

Les  autres  difent  que  par  ces  quatre  faces 
/ont  enteduës  les  quatre  principales  partiesde 
noftrc  amc,  l'cntcndcrncc,  la  volonté,  l'appctic 
irafciblc,  &  l'appétit  concupifciblc:  parlcn- 
tcndçment  qui  (c  guindé  en  haut  par  l'oeil  de 
la  méditation  cftcntcdu  l'aigle  ou  h  race  d'ai- 
gle,par  la  volonté  donc  du  rranc&libcralarbi* 
tre ,  qui  cftle  propre  de  l'homme  ,  la  race  de 
l'homme  la  partie  irafciblc  pour  le  lion  qui  effc 
furieux  &  courageux,  face  de  lion^a  concupif- 
ciblc pour  le  bceur,tacc  de  boeuf. 

Nicolas  de  Lira  dit  que  ces  quatre  faces  nous 
rc  prefentet  les  quatre  Eglifes  patriarchalcs,rE- 
glifc  de  Hierufalcm,la  bec  de  lion,  d'Antiochc, 
la  tacede  bceur^d'AlcxâJriCjpar  la  face  de  I 
gle.cVccllc  de  côftatinoplc, par  celle  de  fb< 

Les  autres  difent  que  ce  font  les  quatre 
Euangelifle  ,  S.  Matthieu  ,qui  traitte  de  la  gc- 
nealogc  de  noltrc  Sauueur  &  Rédempteur  Ic- 
fus-Chriir,  félon  la  chair,  face  de  l'homme:  S. 
rc  qui  commence  par  le  rugiflcrflcnt  du 
lion  ,  haclum  tft  ver  bu  m  I)  mini  fltpcr  Iojrtncmfihti 
  ,   la  parole  a  a  cite'  faite  (ur  S. 

Ican  fiUde  Zacharic:fain&  Luc  q'ii  cour 
ce  par  la  Prdtrifcdc'/  aclia:  ie  ,  c'eft  li  ticede 
bccuf:&  fainâ:  Ican  qui  commence  ,  /'> 
mhtm ,  <r  mrimm  eut  A^ud  Deum , 

etAt  Vfrtam.cVva  iufques  nu  commencement  de 
lafain&cTrinitCjcV  c'eft  pour  la  face  ^\c  l'a 


S  40  Tour  le  tour 

aufsi  eft-il  dit  de  l'Aigle }  faciès  -voldntisjous  Je? 
a  litres  vont  rampans  en  terre,ne  parlant  que  de 
l'humanité  'Facuseius aqmlç  yolanùs^our dire 
que  fain<5r.  Ican  ne  rampe  pas  en  terre  comme 
les  autres,  mais  vole  en  haut  côme  l'aigle,  par«* 
lant.de  la  faindte  Trinité. 

Les  autres  pourroiét  dire  que  ce  font  les  qua- 
tre Docteurs  de  l'Eglife  iainCt  Hicrofme  par  le 
bceufjfainâ:  Ambroife,  lequel  aefte'  fi  fort,que 
de  faire  tefte  à  vn  Empereur  fort  valeurcux,par 
la  face  du  lion. 

Sainct  Grégoire  le  grand  pour  fes  moralités 
face  de  l'homme,  &  cet  aigle  volant  fainâ:  Au- 
guftin  face  d'aigle, comme  celuy  qui  a  pris  fori 
vol  en  haut  vers  le  ciel.  Mais  lailTant  toutes  ces 
explications  ,quoy  quetres-riches,  parce  que 

'Les a  Ùces  ces  TJatre  ^aces  eft°ient  cn  vn  feul  chariot ,  il 
^»dn :  me  plaid  de  dire  que  ces  quatre  faces  me  repre- 
induxYe-  ^cntentcluatre  ^ucrs  offices  ou  quatre  diuer- 
trefentent  ^es  avions  principales  ,  ou  bien  encore  quatre 
4.  princî-  principaux  my Itères  deDieu.La  face  de  l'home 
pdux  fcrv-  repreicnte  celle  charge  que  Dieu  areceue  de 
Pères  du  f°n.Pcrceterncl  d'eftre  luge  vniuerfel  de  tout 
fis  de  lemoncTcj&aufsipourmonflrer  cefte  charge, 
Dieu»         A  ait  de  foy >Cum  \\lïm hom'mis yeneritin  fedcmaie- 

ftatispiA)  Ce    Et  ailleurs  il  dit  encore,  Vater 

crnive  iudiàum  deàit  jîïio  fuo. 
La  face  d'aigle  entant  que  glorificateur  & 

Dodreur  tout  cnfemble  de  l'Eglife ,  d'autant 

que  c'eft  îuy  qui  nous  a  enfeigné  &  inftruit. 
La  face  de  veau  ou  debœuf,eftantfouuerain 

preftre ,  &  pour  monftrcr  qu'il  i'eftoit ,  il  s'eft 


de  P  a  faut  si  841 

facrjfic&  victime  luy-mcfme. 

Face  de  lion, entant  que  Sauucur&  Rédem- 
pteur dctouslci>  iiomn.es. 

Ou  bien  difons  que  ces  quatre  faces  nousrc- 
prclcu:  quatre  principaux  myficresdii 

i  ils  de  Dieu, fou  in c irait io,  la  mon> 
iioi.  ti*_*  ia  terre  au  ciel ,  k  le  iwv  ILtc  d'auiour- 
.  oir  delà  Reiurrcction. 
Le  myicerc  de  1  incarnation  race  de  l'hom- 
me,d'autant  que  de  Dieu  qu'il  citoit,ils'cit  raie 
homme. 

Le  myflcrc  de  fa  mort  face  de  veau  ou  de 
t><ruf,d'autant  qu'il  l'cfl  ftçxific  &  wiSkimi  luy- 
mefme. 

Le  m  le  Ton  Afccnfion  face  d'aigle, puis 

que  de  terre  ils'cft  guindc  vers  le  ciel, ie  dis  dis 
le  Paradis  mcfmc.  Mair.tcnat  pour  le  myftcrc 
d'auiourd'huy  fjcc  dcliop,dc-la  cil  que  le  Sage 
aux  Prouerbcs  dit ,  Trié  funt  qux  bem  gyjthantur 
fuj>rrttrr*my'i\  y  a  trois  choies  qui  font  carrière 
. ...  bien  marcher,  l tqu.tr tï<  mir.tbihtcr 
r,&  lequatriefmc  les  furpa(îctous:lequa- 
:lmc  eft  lion  :  Ito  font   imu>  bffturttw  il  m  ir- 
che  la  tefte  leuce,  &:  la  race  duquel  nul  des  be- 
ttes ne  peut  rclîftcr  au  regard  feulement  de  ce 
lion.tourcs  L's  beftes  s'entuyenr. 

Ce  myftcre  d'auiourd'huy  nous  cft  donc  re- 

prefetc  par  la  race  du  lion,  &  faillir.  Ican  en  fon 

Apocals  l'tatleo  de  tribu  lwLrji!i\  clion 

ie  la  Tribu  de  Iuda,dc  la  racine  de  Diuid  a  fur- 

lescimcBi 

Que  ii  en  fa  mort  il  a  efte'  vnc  brebis ,  ou  vu 


842  Tourleiouv 

aigneau  conduit  à  la  boucherie ,  à  la  mort  fans 
dire  mot. 

Toutesfois  en  fa  Refurreét.ion,dc  brebis  il  eft 
conuerty  en  lion ,  lion  qui  a  monftré  fa  force,il 
a  iurmonté  le  diable,  renfer,lc  péché,  le  mon- 
de^ la  mort. 

1  Cegrâd Naturalifte  Pline liurc  ^.chap.y  rap- 
porte^ dit,que  le  lion  iufcjues  à  ce  que  le  crin 
&  le  poil  luyfoit  creuiufques  furies  efpaules, 
c'eft  lors  qu'il  eft  fort,  c'eft  lors  qu'il  a  fa  vertu 
&  force  entière:  auoir  le  poil  &  le  crin  fur  la  te- 
fte  n'eft  figne  de  force. 
le  dis  le  mefme  de  ce  lion  de  la  Tribu  de  Iuda, 
à  l'iiiftant  de  fon  Incarnation ,  à  l'inftant  de  fa 
Conception ,  fa  perruque  dont  eftoit  couuert 
le  chef  de  ce  lion  eft  sô  ame,fon  ame  eftoit  glo- 
rieufe  dés  l'inftant  de  fa  Conception ,  il  auoit 
fur  la  tefte  le  crin,&  ce  crin  n'eftoit  pas  encore 
venu  fur  fes  efpaules, d'autant  que  le  corps  n'e- 
ftoit  pas  encore  glorieux,  &  ce  iourd'huy  ce 
corps  eftant  glorieux,ce  crin  a  creu  iufqucs  fur 
fes  cfpaules,&  y  eftant  creu,il  a  eu  toute  fa  for- 
ce entières,  à  fçauoir  fon  corps  ayant  efté  glo- 
rieux. 

Vicit  ko  de  Tribu  Iudaradix  ïeffe ,  le  dis  premiè- 
rement qu'il  a  furmonte  l'enfer,  &  ce  grand 
lion-  En  Ofee  chap.  5.  ce  Seigneur  parlant  de 
luy,il  difoit^o  rjtiafileenaEphntim.  Les  Septan- 
te Interprètes  difent  autrement  ,£«o  quafi  Van-* 
tbera  £ffraim:(\ue  veut  dire  cela?quc  veut-il  dire 
parla  Panthère? 
Les  Naturaliftes  difent  que  la  Panthère  dort 


dePafquesl  843 

l  fpace  de  trois  iours  dans  la  cauernc,cxr  ayant 
doimy  l'cfpacc  d'iccux  iou:  s  en  ladite cauerne, 
clic  fort  plus  rortc  que  iatrnis,jcttant  &  exha- 
lant de  loy,&  de  Ton  corps,  des  odeurs  fort  fua- 
ucs/ort  douces,&  oaonterantes  ,  de  forte  que 
tous  les  anima,  t  après  cllc,àcaufedc  ce- 

tte odeur  fort  fuauc.  Les  Naturaliftcs  remar- 
quent que  de  tous  les  animaux  ,  il  n'y  a  que  le 
dragon  pour  quîccflodcurcft  vcnimeux&pe- 

re:&  non  feulement  peftiferc,  mais  morti- 
fère, de  forte  que  ceft  odeur  luy  caulc  la  mort, 
là-ou  ccft  odeur  attire  ,  &:  allie  tous  les  autres 
animaux. 

non  Sauueur/n'cftcs-vous  pas  cefte  fainfre 
Panthère  à  la  peau  mouchetée  ?  ce  Sauueur ,  ic 
dis  cefte  fainetc  Panthère,  ayant  rctirc'lc  do  de 
ce  corps  glorieux  ,  &  ayant  dormy  lefpacc.de 
trois  iours  dans  la  cauerne  du  fcpulchrc  ,  au 
bout  de  trois  iours  eft  forty  hors  de  le  cauerne, 
cnrichydc  plufieursdons  de  l'immortalité  de 
lumière, de  fplcndcur,dc  force, de  puillancc,dc 
bonté, &  dcplulicursautrer,a  cftc,dy-jc,cnri- 
chy  d'agilftc  ,  de  legeretc,  &  des  autres  quatre 

ieres.cllc  exhale  de  foydes  odeurs  tres-fua- 
ues,cV  fi  fuaues,  que  les  Apoftf  es  qui  s'cltoicnt 
enfouis  de  la  prife  de  cefte  (ain&c  Pathcrc,  qui 
deçà, qui  dclà,quid'vn  cofté,qr.i  de 
nent  ce  iourd'huy  à  la  feneftre  de  ce  : 
rc  ,  il  n'y  a  que  le  dragon  9Dr49oqtéCtn  tmêftiéi 
illudendumet,  pour  lequel  ceft  odeur  eft  du  tout 

itère  cVmortifcrc:cn  parlât  de  1    . 
L  n  mors  f«4,o  mirstV  (to  mer  fus  tuu> 


S  4  4  P°Hr  k  my 

le  vous  fupplîe  de  remarquer  l'explication 
que  ie  vais  donner  à  ce  partage ,  Ero  mors  tua  7  <t 
worSjO*  ero  morfus  tuus  ,  o  infime.  le  vous  fupplie 
de  remarquer  l'explication  que  ie  vous  donne- 
ra)' à  ce  pafiage,  Ero  mors  tua,ero  morfuj  tuus  fi  in-* 
ftrne.  Ces  paroles  peuuent  auoir  deux  fens ,  & 
pcuuent  eftreprifes  en  deux  fortes  a&iuemét, 
Ero  mors  tuat  &  pafsiuemcnt ,  Ero  morftis  tuus ,  le 
veux  dire  tu  me  mordras,&  ie  te  mordray}&  en 
quel  fens  que  nous  le  prenions  ,  cecy  monftre 
toujours  cefte  victoire, Ero  morfus  tuus  fi  inferne. 
'_,  .  Baronius  remarque  que  les  Romains  cruci- 

.r       noient  les  chiens,  mais  tingulieremet  îlscruci- 
J.'x    noient  les  chiens  enragez  rparray  les  luifs ,  les 

T,  chiens  eftoient  en  abomination  ,  &  Dauid  fe 

Romains.         .       ,        ...      .  _  ...     .. '     . 

-  voulant  humilier  deuant  S'àiu  t  ditiMortuuîn  ca- 

ncmperfeqncrii,  &  les  luifs  voulurent  crucifier  le 
fils  de  Dieu  pour  moftrer  l'abomination  qu'ils 
enauoient,&rcnuie  qu'ils  luy  portoient.Puis 
donc  que  les  luifs  tenoient  les  chiens  en  abo- 
mination ,  &  que  les  Romains  les  crucifioient: 
ainfi  noftre  Seigneur  dit  au  malin   cfpritiO 
malin  efprit, vous  me  traittez  en  chien  enrage', 
&ie  vous  traitteray  de  la  mefme  forte  que  vous 
me  txzmcz  Jiro  mors  tua. 
Lamork-    Les  Médecins  &:  les  Naturalises  difent  que 
re  du  chien  la  morfuredu  chien  enrage  fait  que  celuy  qui  a 
enragé  fait  elle  mordu  vomit  incontinent  aprcsMufsic'efl: 
yomir.      ce  que  noftre  Seig.  veut  dire  ,  le  té  mordray 
en  chien  enrage' ,  &  ie  te  feray  vomir  &  rendre 
gorge  des  âmes  des  fainâta  Pères  ,  qui  cftoient 
aux  Lymbcs.Oubien  dis  os  c^ac^ickleo  de  Tribu 


de  Pafquesl  845 

Iucidradixleffe,  que  Dieu  a  remporte  la  victoi- 
re de  Sathan,  de  tout  L'enfer. 

Pline  liurc  rô.chap.  16.  rapporte  &  dit  que* 
l'Afrique  tftut  infectée  de  lamukitudedcsliôs 
rauiflans,c]ui  rauageoient tout,  tuans  & 
ranslcs  homes,  &  tout  ce  qu'ils  trouuoient,  te 
ne  pou u ans  douer  remède  à  cccv.citoié:  com- 
me à  la  dcfcfperadc.-en  fin  ilss'aduifcrentdc  ce 
remède  ,à  fçauoir  qu'ils  prindret  vu  lion,&  le 
crue  »  Kat  tachant  à  lacroix,&  ils  le  cruci- 

fièrent iultemattoutau  milieu  du  chemin,  par 
1  p  .{Voient  couflumiercment  tous  lesau- 
treslions:&  tous  les  1:  rent  tellement  cf- 

pouuantez  de  voir  ce  Lio  crucifie,  qu'ils  laiflfe- 
rentlcpavs,  &  ils  nefaifoient  plus  derauage. 
Difons,  Chrétienne  &  dcuotc  afsiftacc,quc  le 
diable  &  toutes  ces  furies  internalcs  font  des 
lions,  &  le  chef  des  Apoftrcs  S.  Pierre  l'appel- 
le ainli, .  tàm  fffrim  yefter  dubolus \fcut  ko  >. 

n<  quem  cicu  reti  H:  qui  cil  la  lan- 
gue q;i  pourroit  dire  lerauageque  ces  lions 
Faîfbient  en  ce  mô  Je,  vovla  en  fia  ce  lion  de  la 
terre  de  Iuda  attache'  en  l.i  croix  ,  tous  les  lions 
infernaux  ont  cite  tcllcmct  cfpouuarez  ,  qu'ils 
nondc  de  defpit  cV  indignation. Et 
a!j  1  (te  victoire  fait  plwgloricufe,cc  n'a 

point  efte  auec  les  armes  en  main  ,  nv  aucc  les 
cho  *?s  qu'il  lésa  fur  m  isauec 

foiblesfic  les  plus  baflet.t  des 

le  li  çuerre  ,  voyas  que  le 

cV  les  vou- 
l       côbatrc  ne  prindrciu  que  d;s  fouets  &  des 


8  4  £  P°ur  Ie  m* 

efcourgees,voulant  demonflrer  qu'ils  eftoîent 
ferfs,&  qu'il  les  falloit  traicter  en  ferfs  &  efda- 
ues,&  aufsi  afin  que  la  vi&oirefuftplusglo- 
rieufe  pour  cux,&  ignominieufe  pour  les  ierfs. 
Ainii  lors  que  Bieu  furmonte  l'enfer,  il  ne  fe 
fert  que  de  fouets  &  efeorgees,  d'autant  que 
ceux-cy  voulans  gaigner&  furmonter  le  fils  de 
Dieu  js'eftoiét  feruy  de  fouets  &  d'efeourgees. 
Ainfi  pluficurs  Hifioricns  difent  que  la  victoi- 
re eft  plus  glorieufcde  gaignerrénemyparfes 
propres  armes.  Ainfinouslifonsde  Dauid,  le- 
quel furmonta  Goliath  de  fes  propres  armes* 
car  l'ayant  jette'  par  terre  d'vn  coup  de  pierre 
qu'il  iuy  donna  au  front,  court  viftemet, prend 
fon  efpee,  &  luy  coupe  la  tefte,  &  muid  en  mé- 
moire perpétuelle  il  pendit  cefte  efpee  de  Go- 
liath dans  le  Temple  de  Hierufalem ,  &  non  le 
refte  iuftemét,  puis  que  Dauid  ne  s'eftoit  feruy 
finô  des  armes  de  fes  ennemis  pour  les  vaincre 
&debeller,deuoiteftreen  perpétuelle  mémoi- 
re :1e  malin  efprit  auoit  pris  les  fouets  &  ek 
courgees  pour  vaincre  le  fils  de  Dieu  ,  &  ce 
mcfmes  fils  de  Dieu  s'eft  feruy  de  mefmes  ar- 
mes pour  vaincre  fes  ennemis ,  defquels  ils  s'e* 
iloient  feruy  contre  luy,  &!a  vi&oire  du  fils 
de  Dieu  doit  donc  eftre  en  mémoire. 
C'eft  ce  qui  auoit  défia  auparauât  efte'  figdtc, 
lors  que  ce  mefme  Seigneur  print  en  main  les 
verges&lcs  fouets  pour  chaficr  les  vfuriers  mi- 
niftres  de  Satha  hors  de  fon  Temple,  pour  dire 
quequelqueiourilfurmôteroit  Sathan  parces 
mcfmes  fouets,  Il  aduient  icy  ce  que  nous  lisôs 


dt  Pafquts*.  847 

ic  Conftatin, lequel  allant  à  la  guerre  il  vid  cet 
Oriflan  impérial  de  la  croix, aucc  cette  inferip- 
tion  t  In  bocfî^noywces.  Aufsi  ic  me  rcprcfcntc 
que  lors  quci'Angc  vint  du  ciclenterrc,  pour 
confoler  ce  triôphateurd'auiourd'huy,  dit,//* 
bxfigno  rinces ,tu  lui  monteras  de  celle  croix, de 
ces  efcourgccs:&  donc, Eromerfus  tuu)t<j  //;' 
ie  te  mordray  ,  &  te  mordant  ic  te  feray  rendre 
les  ames  des  Saintfh.  Prenez  la  fecode  explica- 
tion tu  mordras,  &'  qu'arriuera-  il  de-  là,  linon 
que  ic  te  furmoteray  rpour  prcuue  de  ce,icvcux 
rapporter  ccquicfta115.chap.de  Daniel, de  ce 
dragon  lequel  rauagcoit  toutlepays,  6\:  lequel 
faifoitmillcà:  mille  maux. Daniel  s'aduifa  d'vn 
certain  moyen  ,  c'eft  qu'il  fait  vn  tourteau  de 
poix  &  de  graifïc  ,  &:  fait  qu'il  cfl ,  le  prend  êV  le 
jette  en  la  guculle  de  ce  dragon,lcquel  l'auale, 
ivant  aualc',  mourut  tout  aufsi  toft. 
EufebedcCefarec  en  l'Homélie  féconde  ,1* 
Fcitc  de  Pafqucs  nous rcprcsctc cccy,lnpicebo- 
\T  Deus  *dipc  JcrnonflrAturrfui  totUVfM* 
ritdt:  ■../,/•  ,  cr  tonus  bsmtdtis ptn^uedo  :  par  la 

poix  riiommcvcft  entendu  ,  dit  Eufcbc  de  Ce- 
farce,  cV  parla graifle bieu  eft  demonftrc.Laif- 
(ftfM  cela  à  part,  ie  diray  autrement  pour  expli- 
quer cecy  ,  Lm  morfuj  tuusy  0  tnferne ,  tu  me  mor- 
dras, cV  ie  mourray,qu'arriucra-ilde-l 

Vous  remarquerez  ce  que  dit  Pline  liure  8. 

cIi.i^.del'Hydrc  appcllcc  Euchncmon, lequel 

mortelle  à  l'cncontre  ducrocodil, 

&  de  l'afpic  ,  cV  afin  qu'il  les  puifle  combattre 

tous  icai  auec  plusd'afljurance  >  que  faitcç 


84 S  Tour  le  tour 

petit  animal,  il  fe  va  fourrer  dans  le  limo,  dans 
la  range,&  s  eftât  fourre'- là  dedas,  il  s'expofeà 
l'ardeur  du  soleil, afin  qu'il  fe  face  vnc  mottede 
c:  limon ,  &  afin  que  cela  luy  puiiïc  feruir  d'ar- 
mure cotre  le  crocodil,  l'attaque, l'attaquant  le 
crocodillc  mar>ge:ilfe  laifle  manger, fçachant 
bien  que  celte  croûte  de  limô  de  la  terre  fe  de'** 
fait,  &  luy  fert  cô-rnede  cuirace  contre  les  dets 
au  crocodil. Le  crocodil  donc  l'ayant  mangc'& 
aualc,&  eftant  en  Ton  ventre  il  fe  tiec-la  dedans 
enferme' dans  cefte  croûte  de  limon  :  quelque 
teps  après,  parla  force  de  la  chaleur  naturelle, 
lacrouftedu  limon  fc  difioùlt,&  voylà  ce  petit 
animal  qui  creue  &  perce  les  entrailles  du  cro- 
codil ,  &  par  ce  moyen  le  fait  mourir,  &  lors  il 
fort  en  vie,guary  &  gaillard:  parfaite  reprefen- 
tation  de  ce  myftcre,  Ero  morfu-s  tuusjoinferw  '•  ô 
enfer,  tu  me  mordras,  il  eft  vray. 
En  la  Genefc  lors  qu'il  a  elle  queftion  de  faire 
rhomme,il  eft  porte',  VUfmamt  Deus  bominem  de 
limo  terrç.  Voylà  la  croûte  du  limô  de  la  terre, & 
ce  Verbe  éternel  ayat  inimitié'  mortelle  cotre 
l'afpic,  Sttpsr  afpidem  £r  bafdicïï  ambttlabis,  &  coh- 
cttlcabit  leonem & draconemxïX  s'eft  fourre'  &  veau- 
tre'dans  le  limô  de  noftre  humanité',  &  parles 
rayôs  dusolcil  de  la  diuinitc'Ja  chair  qui  de  foy 
eftoîtpechcrciTe  n'a  peu  eftre  touchée  dupeche 
Venit prince p s  butUs  trm<foj&  in  me  nobdbet  qnidqnj.: 
il  nelui  a  feeu  que  faire:que  fait  ce'tBuchenemô 
il  s'eft  laiiTe'  deuorer  par  ce  crocodil, par  ce  dra- 
gon, &  en  fin  il  en  fort  victorieux  ,&  fort  tout 
ioycux&tout  gaillard,il  a  côbatu  rafpic,c'aefte 

par 


àe  Va         .  4  <? 

parle  moyen  de  la  guerre,.  €fprtbtrfdetduiLaà 

eiuf}d'it  Dieu  à  Moyfc,en  la  mort  il  a  clk:  m  (cr- 
pcntdcuore'par  la  .  .  .dcfcr[  ic- 

uenu  vcrgc,ver^ecj.u  ,i  Ur  t- 

gequia  ferme'  les  portes  â\  ni  Pur 

i'afpicj&iuy 
filifeum  dmbuU 

Lefcrpcntà  deux  tcficsncpcut  <  fhc  : 
par  le  bois  de  la  le 

diable  tenta  nos  premiers  parensi  rorme 

de  ferpent,  ferpent  qui  tooit  ,ieu\ 

a  bis  jlqhij.'.  ,1a  m  *rt  du  co  p<.  &  de  l*a> 

mcc'cft  ce  ferpentà  deux  rcfl 
fiirc  tcfte,&:  il  dit,  parlant  de  : 

ipalmites.  Le  bois  de  la 

Croix,fa  verge  fa  Refurrect;c'),  &  «  parle 

moyen  de  ce  bois  qu'il  a  furmonte  ce  fer- 
dcuxtcftcs.C  fiche  !arc!;c  :  c'c.  fé- 

conde victoire  qu'il arcmr  ~>rrc  dudi 
l'enfer,  de  la  mort  &  du  pec     . 

lladcmcurc'trois  ioursdanslc  Se  e*  c\: 

que  nous  veut-il  reprefenter  par  C  :ay 

en  qu'aucuns  pourroient  dire  re- 

fufeite  ny  au  iour  de  la  nature,  nyauiourde 

la  Ioycfcrite,  maisau  iourc  ce. 

Les  vnsdilent  qu'il  y  at 
ncllc,  vnc,!a  tcmporclle,deux.  la  me,la 

fpiritucllc.cc'terrotficmc  ici  cft  celle  d'auioi 
d'huy  ,lo  lort  du  ventre  de  la  commune 

mcrc.&c  ituellceaufeen 

la  refurreâio  du  corps,  la  première  r 
cil  du  corps  &:  de  lame,  la  deuxième  cft  du  pé- 
ri 


8$o  Tour  le  tour 

chc'à  la  grâce,  îatroifiefmeeftdelagraceàlà 
gloire  ,  la  première  refurreétion ,  qui  eft  celle 
du  corps  &  dz\'3mc,EromorstuA>d  mors  ,  ybi  eft 
moys  yiBoriÂtua,}  ybi  eft  ftimulm  tuus. 

Pour  vous  monftrer  qu'il  a  efte'  la  mort  de  la 
mort,il  faut  que  vous  vous  reprefentiez  ce  paf- 
fage  du  Prophète  Royal  Dauid ,  Circundederunt 
me  fient  apes  ,  la  mort  eft  iuftement  comme  vne 
abeille  ,  les  abeilles  fe  nourrirent  de  toutes  les 
flcurs,(i  ce  îVeftl'oliuicr, toutes  les  autresfleurs 
luy  font  alimens,  il  n'y  a  que  l'oliuier  qui  luy 
eft  poifon,  &  luy  caufe  la  mort.  Dites  moy  ,  ie 
vous  prie,  qu'eft>cc  que  les  hommes?Gww^  cart 
fœnum  ,  &ficutflos  4gri  cito  arefeit ,  la  mort  fe  re- 
paift  de  nous  tous,  &  fe  fertde  nous  pour  ali- 
mens ,  il  n'y  a  que  Dieu  qui  eft  l'oliuier ,  Ego  fi* 
eut  oli.ua  frutJiferam ,  &  eft  an  t  l'oliuier ,  ce  n'eft 
de  merueilk  fi  la  mort  ne  fe  voulut  repaiftre  de 
luy.  Mais,ô  mort,ie  feray  ton  aiguillon,  Eroftï- 
mttlus  tuus.  Vous  remarquerez  premièrement, 
fi  les  abeilles  piquent  vn  corps  mort ,  elles  n'y 
laifTent  l'aiguillon  ,  Ero  mors  tua,  o  mors  :  maïs  ïi 
elles  piquent  vn  corps  viuant,  elles  y  laiffent 
leur  aiguillon,  &  meurent.  Tous  les  hommes 
eftoient  mortels,  tous  condamnez  à  la  mort, 
quelle  merueille   fi  la  mort  les  piquant  font 
morts,  &  n\  a  laiffe  fon  aiguillon  ?  Mais  ayant 
attaque' ccluy  qui  dit  de  foy ,  Ego  fnmy'tt 4  , elle  y 
laiffe  fon  niguillon,&  la  vie  quant  &  quant:  Le 
feul  &  vnique  moyen  de  furmonter  la  mort 
eft  la  vie ,  Vick  leo  de  Tribu  luda  radix  Iejft. 
Jtvaftafius  Symiu  libro.  quarto  Hexamere»,  dit 


de  Pafqtn  .  S^l 

«)uele  Lio  entre  tous  les  animaux  de  la  nature 
cit.  fcul  qui  dort  les  yeux  ouuerts,  d'où  vict  que 
quelques- vns  ont  penfc  que  le  Lio  ne  dormoit 
iamaisrdc-làcft  que  dornû:l  .ouuerts, 

il  eftefpouucntable  aux  autres  belles  -it 

que  la  nui&dormantles  yeux  ouuerts^!  bri 
de  fes  yeux  certaines  eftincclles  defeu. 

Le  tils  de  Dieu  cft  yu  vray  Lion 
dit-il, i'ay  veille  :  pourquoy  cela?  d'autant  qu'il 
auoit  les  yeux  de  la  diuinitc'  ouuerts  ,  &:  iamais 
n'ont  efte  trrmez ,  foit  en  la  Croix ,  foit  au  Sc- 
pulchrc,  &  au  tombeau. 

Ceux-là  ont  fait  d'Argus  >  lequel  auoit  cent 
yeux  ,  &  ils  difent  que  lors  que  les  vns  cltoicnt 
i  met»  lts  autres  eftoient  ouuerts,  cV  il  y  en 
auoit  qui  regardoient  vers  l'Orient ,  les  autres 
H  >ccidcnt ,  &:  lors  queccux  qui  regardoient 
l'Orient  eftoient  fermez ,  ceux  qui  regardoiét 
l'Occident  eftoient  ouuerts.  Et  en  noftrc  Sci- 
gncur,il  y  auoit  deux  fortes  d'ycux,lcs  yeux  qui 
eftoient  fermez  vers  l'Occidcnt,cftoicnt  mor- 
tels, cV  c'eftoict  ceux  de  fon  humanité'  :  &  ceux 
qui  regardoiét  rOriét,il  les  ouuroit  touliours, 
&c'cftoicnt  les  yeux  delà  diuinitc  ,  VicttUodc 
Tribu  ïudd ,dc-là  oauiddifoiten  la  perfonne  de 
noftre  Scignct:  '  rmini%  c~fmNnmcœ[>i,  ow 

ecccexutrextySc  la  raifon,  Dauid  figure  de  noftre 
Sauucurlefus-Chrift,  refpond  pourluy  en  fa 
perfonne,  |  mtnnt  fu  fît  fit  me. 

En  Dieu  il  y  auoit  deux  natures,  vnc  d:     - 
ne,  l'autre  humaine.-  Dieu  &  homme,  comme 
homnr  fomuitmccefi ,  ic  me  fuis 

Hkfcij 


5  <5  2  Tour  le  wuy 

c  ndormy,mais  comme  Dieu,  comme  ayant  en 
foy  la  dminitc,jQ/*M Dotnïnu*  fufcepitme  :  ce  Sei- 
gneur m'a  iççtUiVïùt  donc  leo de  Tribtt  Iuda}r*- 
dix  lejje. 

N'aucz  vous  iamais  leu  d'vn  Empereur  Ro- 
main ,  lequel  fit  vn  tefrin  &.  banquet  au  milieu 
de  la  mer,  feftin  tort  riche,feftin  fort  sôptucux 

6  auquel  rien  ne  manquoit  :  &pourmonftrer 
encore  plusfamagnificéce,&  fesrichefles,c'eft 
ou  il  fit  vncômandemcnt  que  toutes  les  vaif- 
fcllcs  que  l'on  tireroit  &  deiTeruiroit  de  la  ta- 
ble, que  1  on  les  jetteroit  toutes  dans  la  mer,  8c 
toutes  les  vaiiïeiles  que  l'on  feruoit  à  la  table 
ci'coict  d'or  &  d'argent.  Ayans  doneques  feruy 
toute  la  viande  fur  la  table,le  temps  venu  qu'il 
fallait  defleruirau  defTert,  tellement  qu'autant 
de  plats  &vaifTellcs  que  l'on  tiroit  de  la  table, 
on  les  jettoit  toutes  dans  la  merrl'on  admiroit 
la  magnificence  de  ce't  Empereur. 

Mais  tout  cela  n'eftoit  qu'hypocrifie ,  d'autat 
qu'il  auoi't  mis  des  rets  en  la  mer  que  l'on  ne 
voyoit  pas,  afin  que  jettant  la  vaifTcllc  dedans, 
elle  ne  fe  perdilTe:  Tô  n'auoit  qu'à  faire  tirer  les 
rets  en  haut ,  &  1  ô  retrouuoit  toute  la  vaiflelle, 
Quix Dom'm9  fufccpit me.  il  a  laifle  d'vn  cofte' tous 
fes tourmes,de  l'autre  fes  veftcmens,dc  l'autre 
fonsag, de  l'autre  fa  chair,  de  l'autre  Ça  peau, au 
iardin  des  OHues  vne  partie  de  fon  sag,au  Pré- 
toire vne  autre  partie, par  la  montagne  deCaî- 
ii-aire  vne  autre  partie, d'vn  cofteil  a  lai  (Te  lepoil 
de  fa  barbe, de  Tau  tic  des  poils  des  cheueuxd< 
fa  telle  Skut aqua  cffufu*  fum£r  difterfi  funt  omnu 


dePafaufs.  ?'  - 

mftt&tout cela fembioit  eft reperdu  dans la 
mer  de  ccftcbafiiô:Mais  la  diuiniiccitoit  com- 
me les  rets  qui  empeîchoient  cjuerien  ne  ruft 
pcvdUfC^pUiuf  dec>i[tteytflr.  tbitt  dit-il  en 

S.  lean,Pas  vn  cheueu  de  voftre  teftene  périra. 
Et  parlant  de  foy  ,il  difoit:  tirante 

ftrpentem  \n  defertojté  oportecpliumbominif  cxAltan, 
comme  Moylca  exalte  k  ferpent  au  deiert, 
aufsi  faut  il  que  le  Fils  de  Dieu  foi:  grande- 
ut  exalte. 

Les  N  .turaliftes  difent  que  le  ferpent, encore 
qu'il  loir  taille  en  mille  &  mille  prec  n- 

nant  que  la  tefte  (bit  entiere,il  a  la  ferte  &\cr- 
t:i  dereioindre  fes  parties,  &  (es  pièces  cnlcm- 
ble,&  après  cela  eft  plus  fort  que  iamais. 

C  t  ferpent  du  F:U  de  Dieu  eft  taille  en  pièces 
parfa  mort  Oc  pafsion,  &  latefte cft  demeurée 
cmieTCyCdputCbrtflt  DeusiEncorc  que  l'ame  (< 
allée  auxLimbes,fes  habits  aux  foldats,t< 
fois  la  tefte  cft  demeurée  cntierc,il  a  eu  h  vertu 
ex  la  force  dereioindre  toutcslcs  parties, voicy 
la  Rcfurrcdion  qui  fe  fait  par  le  moven  de  la 
collectiô  de  toutes  les  parties,  parle  i  de 

la  tefte  qui  cft  la  diuiiuie,  il  sébloir  eftre  mort, 
il  difoit, f'î* rfjr/fii01#,ctfr «ifww  .  «io, 

ors  félon  rhumani:e,ie  fuis  mor^eftant  co- 
me  homme, miïs^cor  meum  vight fc\on  la  di 
nite'  ie  veille, qui  eft  caufe  qu'il  pourra  r. 
tereVrcgermcrparlemoycde  la  diuinirc'ril  sVft 
compare  au  grainrLors  que  la  fourmis  a  ronge'  l 
leCceurdugrain^a  vertu  feminale,que  l'on  ap-  de  U 
pelle  le  cctur,ne  peut  plus  germer, m  us  h  four-  "»*• 

iij 


§54  Tour  le  tour 

mis  n'y'ayant  touché  ,  le  cœur  eftant  entîè£ 
jette  en  terre,il  germe  , germant  il  pouffe,  &  il 
jette  quelque  petit  rejetton  hors  de  terre,apres 
auec  le  temps  il  s'affermit  &fe  fait  comme  vn 
tuyau  ;  &  ce  Seigneur  parlant  de  foy,il  àivSknt 
granum  frumentiin  terra  cadens ,  fi mortuum  fuwit 
nwgcTmin<it  :  Le  grain  de  fourment  qui  tombe 
en  terre ,  il  faut  qu'il  meure,  afin  de  pouffer 
entièrement ,  s'il  meurt  il  ne  germe  pas ,  &  ne 
refiufcite  pas. 

Le  malin  efprit  n'a  pas  eu  la  force  de  ronger 
le  cœur  de  ce  grain,legrain  eft  demeuré  entier, 
il  eft  j'etté  en  terre,  qui  eft  dans  le  fepulchrc,  Se 
là  il  a  germé  ,  Exurrexi  {?  adbuc  tecnmfum,  &  il 
n'eft  reffufeité  pour  foy  ,mais  pour  nous. 
Sainâ  Grégoire  de  Nazianze, HomelU  def^fca-* 
r<?,d  it ,  lleri  cum  ebrifto  commoriebar Jhodie  cum  Cbri- 
(lo  refurgo^c.  Hier  nous  mourions  auec  luy,au" 
ïourd'huy  nous  reffufeitons  auec  luy,&fa  mort 
a  efté  noftre  refurre&iô.Ce  n'eiloit  pas  de  mer- 
ueille  fi  S.  Ican  parlant  de  l'homme, l'appelle 
compagnon  de  la  Refurreclion  du  Seigneur. 

Il  y  a  grande  difficulté  en  ce  poin£ticy,à  fça- 
uoir  de  quelle  efpece  cftoit  le  ferpét  que  Moy- 
fe  efleua  au  haut  du  poteau  au  milieu  du  defert, 
il  eft  fort  probable  qu'il  eftoit  de  la  mefme  ef* 
pece  que  ceux  qui  auoict  mordu  les  enfâs  d'If- 
racl,&  fi  nous  auons  efgard  à  TEfcriture,  nous 
trouuerons  que  c'eftoicntdesferpentsdefcu, 
Erant  ferf entes  tgneiy  c'eftoient  des  vipères. 
Si  donc  noftre  Sauueur  Iefus-Chrift  fecom* 
pare  aux  vipères,  il  s'enfuit  que  nous  fommes 


icPafquef.  S5Ç 

cngeacc  Je  vipères:  il  cil  neceflaire  que  la  merc 
des  vipères  meure  pour  donner  vie  a  (es  cntans> 
aux  vipereaux  quiîont  en  les  cntrailles.d'autâc 
que  cefte  engeance  de  vipère  rompt  les  entrail- 
les de  la  merc  pour  fortir  hors.ne  voulant  cltrc 
dauantage  renrerme  dans  fes  entrailles. 

O  Hghlcjtu  citois  en  ces  entrailles  enrermec, 
&  Longis  quiefloit  membre  de  cefte  Egliie, 
prend  lalance  en  main, cV  perce  les  entrailles  de 
mon  Sauucur,  afin  de  donner  vie  à  tous  lesau- 
tres,cn  donnant  la  mort  à  ce  Seigneur.  Longis 
ne  nous  dû  îa  pus  la  vic^unny,  mais  fut  ce  Sei- 
gneur. Il  cil  mort  pour  nous  tous,  'Mtrrtndoth  - 
tim  mflfAm  (IffifHXit  :  vteit  ko  de  l  nbn  [udx  :  il  a 
remporte' la  victoire  de  la  mort  ex  de  l'enter, 
que  veut  direcclarOn  dit  que  ccu*  (ju  o- 

tcz&graiikz  de  la  moelle delion  , les  ferpents 
nelcurpcuucnt  nuire:  Ainlï  ceux  qui  ont  eu  cet 
heur  que  de  receuoir  auiourd  huy  ce  Seigneur, 
&  quiontefle  ointfh  de  fa  gnec,  ils  font  ta. 
capables  de reflufcitcr,cVnc  craignent  point  les 
ferpents  infernaux. Ou  bien  difons maïutcn  ^nt 
que  ce  lion  a  vue  telle  propriété, que  d'cfucil'. 
fes  petite  par  fon  :  ment,  qui  (o.it  comme 

a(foupis,  Bc  qui  dorment ,  mais  de  telle  façon, 
quel'on  diroit  qu'ils  feroient  morts.  Ncftil 
pas  vray  que  le  lion  de  la  Tribu  de  luda, douane 

K  de  mourir ,  il  cft  cxprcllemcnt  parle  ,  que 
làmàuitv  tdt\\  cria,cxa  cecv  il  aciucil- 

le'&rcfrufcitcles  lie:    . 

Ce  Prince  des  Philofophcs  Arifrorc ,  dit  que 

Hhli  inj 


8  ^6  Tour  le  iouv 

ç-  .     i     là  où  il  y  a  plufieurs  puits  cxcauernesjlà  la  voïsC 
y  .v  .       retentit  plus:  Et  en  Iefus- Chrift  Ton  y  trouue 
quatre  puits,  &  cjuatre  cauernes  tort  prorodes, 
lodmintTtPdnus  mets  &pedes  meos,  &  quelle  mer-* 
ueille,/ù7*J»&  voceviagnafi  criant  à  haute  voix, 
&  tant  qu'il  peut,il  efpouuente  &dône  frayeur 
aux  cfprhs  infernaux?  Voulez-vous  eequeie 
dis?  remarquez  ce  quedit  Valerc  le  grand  ,  à 
Ctk  très-  fçauoir  qn'anciciuxnict.aux  jeux  olympiques, 
grands  du  le  peuple criant,crioit  de  telle  forte  ,  que  les 
peuple  qui  cris  faifoient  tomber  les  oifeaux  qui  venoient 
ejloit  es      du  ciel  en  terre. 

ieux  Ainfi  ie-dis  que  tout  le  genre  humain  eftoit 

Clympi-    affoupy  &  endormy  >  &  par  cette  exclamation 
ques.         &  rugiffement,  ilnoijsaefucillez,  &  nous  a 
donne' la  vie. 

De- là  pour  nous  représenter  que  par  recîypfe 
du  Soleil  qui  s'eft.  faite  à  la  mort  du  Fils  de 
Dieu  la  vie  nous  a  efté  dônéc,&à  Juy  la  mort,il 
Ecbpft  faut  (îue  *e  vous  ^acc  v°irvn beau  fecret.  O  So- 
myfkrreu-  leil  mater  ici,  que  Platon  appelloit  fils  du  Dieu 
feduSo-  Iupiter,vra.y  Soleil  de  Iuftice,filsdu  Pereeter- 
leil.  nel,c'efl  vous  qui  ai.ez  efté  cclypfédors  que  le 

Soleil  s'ecly  pfe  il  ne  pert  rien  de  fa  lumière ,  il 
n'y  a  que  nos  yeux  qui  perdetfa  veuë.  O  Soleil 
de  iufticc  vo9  eftiez  ecîypfé,ç'a  cfté  par  Tinrer- 
poficiô  de  la  tune>c\:it  à  dire  qu'il  a  pris  noftre 
humanité  :  non  que  ie  dife  mon  Sauucur ,  que 
vous  ayez  fouffert  en  vous  aucun  déchet  de  lu- 
mière: maif  nous  difons  cela  de  vous  par  la  cô- 
municatiô  des  idiomes  feulement:  lors  que  l'e- 
ctypfc  du  Soleil  arriuc  au  plain  de  la  Lune,c'eft 


de  Va  fane  si  857 

la  Lune  qui  fe  doit  eclypfer ,  &  nonle  Soleil: 
mais  pour  deliurer  la  Lune  de  lcclyple.voila  le 
Soleil  qui  s  eclypfe,OLune/.>  nature  humaine, 
tu  méritas  vraycmcntli  mort ,  ou  bien  d'ertre 
eclypfeCjCC  Dieu  a  voulu  eftrc  cclypfc  par  fa 
raorti  afin  que  fon  Efpeufcfuir.  dcliurcedcl'c- 
clvpie  &  de  la  mort-'  s'cdypfât  il  a  fait  que  nous 
ne  nous  iommes  pas  eclypfez  ,&  s'il  ne  ic  fuft 
pas  cclypfe'jil  euft  fallu  ncccflairemc:  que  nous 

;ons  eclypfez.  Son  eclyplcdonc ,  ou  L.uttort 
bien  fa  mort>eil  caulc  de  noflrc  vie, non  feule-  du  /. 
du  corps, niais  aufsi  de  ramc,non  iculcmct  Du., 
de  la  temporelle  mais  de  la  fpirituclle  aufsi ,  de  Câufi  de 
non  fculemct  la  mort  nous  deliure  de  la  mort,  n 
mais  aufsi  fa  rcfurrccrion,fy,/"n'fX/r  profter  iufti* 
ftCarnricm  nofiram. 

Il  cil  rellufcitc  iuftementau  bout  des  trois 
iours.trois  iours  compofez  de  deux  nuifts  cVvn 
jour ,  1  Jcs  vtu  lucefugiutt ,  duat  m:rtcs  ytu 

ref;  te dejhmxit ,  à  fçauoir  celle  du  corps  & 

celle  de  l'amc.&ces  deux  nuicts  &  ce  iour  fc  rc- 
duifent  a  quarante  heures, &prenant  toutes  les 
parties  aliquotes,  iuftement  il  rcfultc  le  nObre 
dccinquante,nombrc  de  jubile  &pardo  1.2.3. 
4.5.6.7.8.9  1  o.  &  puis  dix  fôt  vingt, quatre  fois 
dix  font  quarantCjvingtrois  deux  font  quaran- 
te,parce  que  vin^traultiplicz  par  deux  fois  fait 
quarante  ,  &  ainficcnfccutiucment  multipliât 
tous  les  autres  nombres  iufqucs  à  dix.-mainte- 
nant  prenanttoutes  les  parties  du  nombre  ali- 
quote,nous  trouuerons  qu'il  rcfulte  le  nombre 
de  cinquante,  nombre  de  jubile,  vn  &  deux  ce 


858  Tour  le  tour 

font  trois ,  trois  &  quatre  ce  font  fept ,  fept  & 
cinq  ce  font  douze,douze&  huiét.  ce  font  vingt, 
vingt  &  vingt  font  quarantc,&  dix  ce  font  cin- 
quante ,  pour  dire  que  ce  nombre  de  quarante 
heures  &  de  cinquante,deuoit  aboutir  à  indul- 
gence &  pardon  pournoftre  iuftification.  lia 
voulu  refïiifciter  fur  le  Soleil  Icuant,&  il  eftoit 
mort  fur  le  Soleil  couchant,pour  monftrer  que 
farefurreâion  deuoit  chaffcr  les  ténèbres  du 
pechéril  eft  refTufcitc'  le  iour  du  Dimanche,iour 
auquel  la  lumière  a  cfte'  faite.O  grace,iuftice  & 
lumière/  O  lumière  perfection  de  ce  mondelO 
grâce  beauté  du  petit  monde  de  l'hommeigra- 
ce  infcnfible ,  lumière  grâce  fenfible,  grâce  lu- 
mière infirme ,  lumière  qui  eft  vne  grâce  exté- 
rieure ,  &  n'cftdemerueille  fi  le  myftere  de  la 
Refurre&ion  eft  marque  de  la  iuftificatiô,^/^ 
furfnmfunt ,  qu/erite ,  (?  non  qu£  fùper  terrutm ,  &Cm 
dit  S.  Paul,  ayons  le  cœur  en  haut,  Mefsicurs, 
puis  que  nous  fommes  reffufeitez,  Surrexlt^  non 
€Jlbk}quidquxritis>  Quoy  ?  chercher  Dieu  auec 
les  hommes, l'immortel  auec  le  mortel ,  le  flny 
auec  rinfiny?il  n'y  eft  yXus.Vkit  leo  de  Tribu  lud* 
radixlejfe.  Que  refte-il  maintenant?  finon  qu'à 
l'honneur  duTriomphateur  nous  luy  drefsions 
vn  arc  triomphant  à  l'imitation  de  celuy  qui 
fut  drefleàcc  grand  Conftantin  en  la  ville  de 
Rome.  le  dreflè  donc  cet  arc,  dont  les  pieds 
font  taillez  de  porphire  ,  les  colomncs  à  la  Co- 
rinthienne d'argent,  le  vafe&  chapeau  de  fin 
or: fur  l'vne  des  colomnesie  pofe  cebraue& 
valeureux  capitaine  embraflaut  la  colomne,re- 


dePafque/.  85  ? 

ueftu  d'rne  peau  de  lion,  tenir  la  mafehoire  en 
main ,  aucc  cefte  deuile  ,  qui  leruira  de  tilrrc, 
Tluresoccidu  m  >  ~  qtum  titans,  Sur  l'autre  colo- 
nciepofcvncbrauc  Amazone,  ayât  d'vn  code 
la  trouffe  en  main,&  de  l'autre  le  coutelas, aucc 
cette  dcuiic jD^fimujcont  ^ouzla  voû- 

te de  l'arc  parmy  les  vagues  &:  ondes ,  vn  hom- 
mcqucla  baleine  auoit  cnglouty,&:  citant  de- 
dans le  ventre  de  la  balcine,il  cnejdtlùm  tft  ■> 
;r  le  chef  de  cet  arc  en  champ 
degucullc  i'y  mettray  vn  lion  rampant  aucc 
vnc  ruche  de  miel  dâs  la  bouche  ,  aucc  cefte  in- 
feription  ,  Dtcomcdcute exiuit  çïbïié  ,  <S  cîe  foruc- 

:  Ou  bien  en  champ  de  fable  ,  u 
mettray  m  Phcenii  peint  d'or  &  d'argent  ,fe 
reduifant  en  cendre  exen  poudre  lur  vn  bûcher, 
aucc  ce  tiltre  ,  j 'jofîcut  Thœmx  tnulttplicabo  Su 
ineos,  ou  bien, comme  le  Phcrnix  ic  vis  en  mou- 
rant,cV'mourant  ic  donne  la  vie.  A  vn  des  trian- 
glcscirculaircs  ic  mets  vnc  couroncdclauricr, 
auccccftcinfcription  ,  LiluMonuùus  orbis.  Sur 
la  bafe  de  la  colomne  &  champ  de  fable  parfe- 
mé  de  petites  croixrougcsicpofc  ces  mots 

tMSf  riwcipétm  <j  pttcftdtes  tri  fer  ni.  Sur  tout  le 
haut  de  cet  arcicpofcccgloricuxTrioph.r 
aucccctanriflan  de  la  croix,  &  au  deflouz  cette 
inferiptio ,  HêcpimtÂri  fgm  via  mmahm  Uberjiui 
immcrfu-  (Sutyrânnidn 

CAiiquefcruitutt  UUfAïai ,  nm  nuhri  jplemfori  refit- 
tuens.  Au  haut  de  tout  cet  arc  vnc  actiu  de  grâ- 
ce immortelle  à  Dieu, &:  après  cela  ic  me- 
deux  pans ,  fie  fur  i'vn  de  ces  pans  d'vn  cofte  la 


4  60  Tous  h  \our  de  Pafques? 

fceur  de  Moyfc  ,  le  tabourin  en  main  ,  difant, 
Cantcmus  Domino  gloriosè  ,  &c.  Sur  l'autre  pan  vn 
Roy  ayant  la  couronne  en  tefte  ,1a  harpe  pen- 
due à  fon  coft.éych!Lntatiti*AnnunciJteh§c  vniucr* 
fo  orbifluia,  liberdHitDominus populttm fuuma  morte, 
C'eft-là  cefainâ:  triomphateur,  lequel  mérite 
d'eftre  loue'  à  iamais ,  &  que  nous  louerons  a 
caufe  de  fa  bonté'  infinie  ,  de  fa  mifericorde  in- 
comprehenfible,&fa  force  inuincible,  afin  que 
Tayans  bien  loiiéen  ce  monde, il  nous  puiffe 
donner  recompence  en  l'autre.  Ainfi  foit-  il. 


Î6t 


SERMON      POVR     LE 
lendemain  de  Pafqucs. 

Konne  orortebatChriflumiaii ,  &  itamtrare 
il  (forum  fuémî   Luc.  vit. 

ELVY-là  a  dit vray qui  a  dit  que 
l'amour  n'auoit  point  de  melure, 
&  que  l'aimât  fc  transforme  ordi- 
naircmeten  toutes  fortes  défor- 
me, en  faucurde  ecluy  ou  de  cel- 
le qu'il  aime.  Ce  Seiimcurquc  nous  contem- 
plions hier  rcflufcitaiit  en  gloire,  pour  u  (moi- 
gner  Ton  amour  vehement  ,  cV  pour  s'a.iom- 
mo  irr  aux  Difciples  qui  vont  en  Emaus,  icre- 
ucft  de  l'habit  de  Pcle:  in,&  chemineaucc  eux. 
(  I  cet  équipage  de  Pèlerin  rtprocie  er 
gile  de  ce  iour ,  qui  f  >nner ces  deux 

(      ft   cefte  merueillc  qui  arrcftrra  ce  pre 

.   la  (ail  ce  Vierge  qui  a 
mierc  mai'  ce  celciu  in  veiv. 

i      I  en  terre  s'elt  bel 

ift  en  ce   difcoor*  Addn  uou* 


86  2  Pour  le  lendemain* 

donc  à  elle  ,  luy  difans, 

jiue  IAaym, 


L  v  s  la  maladie  cft  grande,  dange- 
reufe  &  véhémente,  plus  cft-  il bc-* 
foin  d'auoir  des  remèdes  &  medica- 
més  fouucrainspour  l'entière  gua- 
rifon  d'icellc.Iamais  maladie  n%  fut  plus  gran- 
de ,  plus  générale  &  plus  dangereufe  que  celle 
de  laquelle  fut  attaint  le  premier  home  Adam, 
caufee  par  l'cxcez  defon  appétit  defordonné 
qui  le  portaà  la  defobeiflance  &  à  latrâsgrcfc 
fion  au  commandement  à  luy  fait  de  la  part  de 
Dieu  de  ne  toucher  au  frui&defédu.Cétema-* 
ladie  fut  celle  du  pèche':  maladie  veritablemet 
grande  &  longue ,  puis  qu'elle  commence  de- 
puis le  premier  inftant  de  la  conception  de 
l'homme  dans  le  ventre  de  fa  mère  ,  &  ne  finit 
qu'à  l'heure  de  la  mort:  maladie  générale  & 
Yniuerfelle,  puis  qu'elle  s'eftendpar  toutela 
généralité  de  la  nature  humaine  :  fer  yntus  obe* 
dientum  peccdtores  conHituti  funt  multi  :per  vnius 
peccatummers  intrault  in  mundum,  &c.dh  l'A  po- 
ftre.  Maladie  finalement  dangercufe,puis  qu'il 
y  va  de  la  mort ,  non  feulement  du  corps ,  mais 
encore  de  î'ame  :  non  feulement  de  la  mort 
temporelle ,  mais  encore  de  la  mort  éternelle. 
Ce  que  Dieu  voulut  fignificrà  Adam,  luy  def- 
fendant  l'arbre  de  feience  de  bien  &  de  mal, 
d  i  fa  n  t ,  In  rjuacunrjue  die  comederis ,  ex  Co  morte  mo- 
rient.  Et  encore  en  ce  qu'il  luy  dit  après  for* 


de  Pafcjuesl  863 

pechc,  f  (S  w  ptduerem  reufrteni.  Mais 

fmgulicrcmcnt,  lors  qu'âpres  fa  defobeiflanec 
il  le  rcueftit  depclice  d'animaux,  ïccit  Dcus 
jiiLm  cr  yxort  (un  tttnu:.t!  pelhecas.  Ce  qu'il  fit, 

prcnâttopufsion  de  fa  mifere.  Mais  quoy,  Sei- 
gneur ?  vous  qui  cftes  le  fcul  &  vnique  Méde- 
cin, qui  pouue7  remédiera  ceftegrande  mala- 
die tant  générale  &  dangereufe,  puis  que  vous 
auczeu  pitié'  &compafsion  d'Adam  ,confidc- 
rant  fa  mifere  ,  pourquoync  le  reftablifsicz- 
vous  en  Ton  cftat  d'innocence  ?  vous  pouuicz 
feul  guarirfon  infirmité  ,  &  donc  pourquoy  ne 
ne  le  tailiez-vous  pas?  quel  foulagcmét  reccut- 
il  en  cette  iienne  mifere  de  ces  habillcmens  de 
pelices  que  luy  donnafles  ?  Il  fcmble  qu'en  ce- 
la il  ne  tire  aucune  confolation  ny  diminution 
de  douleur.  Mais  confole»toy  Adam,  patience 
pour  quelque  temps  ,  endure  pour  quelques 
iiecles,  les  habillcmens  que  tu  reçois  te  repre- 
fentent  &  te  figurent  l'entière  guarifon  de  M 
maladie,quc  toy  &  toute  ta  poftcritc.i  laquel- 
le elle  efl  héréditaire,  receuras  quelque  îour 
après  la  rcuolution  des  temps. 

Il  va  vnc  grande  difputc  entre  quelques  Pè- 
res &  Interprètes,  pour  fçauoir  de  quelle  ma- 
tière furent  faits  ces  habillcmens  que  Dieu  I 
à  nos  premiers  pareil*. 

Premièrement  S.  Grégoire  de  Nazian7e  dit 

qu'ils  furent    faits  d'cfcorcc  d'arbres  choifis 

dmslc  Paradis  terreftre,  &  indullrieufcment 

s  Si  cou  fin  par  cnfcmblc,  propres  à  couuru 

-leurs  corps. 


8^4  ^0téY  k  ïwà-ewtoft 

Secondement,  Gregorius  Nicseus  dît  que 
farces  veflemens  faut  entendre  les  maux  dcf- 
quels  Adam  fut  attaque'  toft  après  qu'il  fut  dck 
poiïille'  des  dons  du  S.  Efprit.  Autant  en  dit 
Philoxenus  Mabugeniis. 

Tiercement ,  Iacobus  Salugenfis  dit  que  ces 
veftemcs  furent  créez  de  noviueau  en  celle  for- 
te :  Contcxuit  tunicas  ex  nibïlo ,  &  ycftiuitipfds.  Et 
puis  apresr^i^  uButrudîs  &crajfa  erant^appeU 
lauit  fîUesiMtexuit  aute ïpfas  paulatïm  corpori'ouj  ip~ 
foYumfm  mufti ,  atque  itd  dum  non ÇtntiUnt ,  indunn* 
tur  tnnicis ,  fedeis  ïam  vefliti  vident  tandem. 

Finalement,  S.Àthanafc  en  i'Oraifon  qu'il  a 
fjite  ,  De  CYnce ,  S.  Ephrem  compagnon  de  S. 
Ba(ile,  au  Trai&e'  qu'il  a  fait  du  Paradis  ter-» 
reflre,  Mofes,  Barccphe,Syrusenfa  première 
partie  du  Paradis,&  to9  les  autres  Pères  de  TE- 
glife,difcnt  que  Ces  habillemens  furent  faits  de 
peaux  de  belles,  &  de  toifons,  d'animaux,  que 
Dieu  efgorgea  fur  le  champ  pour  ce'teffeft. 
Que  veut  dire  cecy?pourquoy  eft-ce  que  Dieu 
fit  des  habillemés  à  Adam  de  peaux  de  bcfles 
mortes,&  d'animaux  occis  St  e'gorgees?  Voicy 
le  fecret ,  c'eftoit  afin  de  represéter  à  l'home  sô 
eflat  miferablc,cVque  par  sô  pèche'  il  auoit  ren- 
du fon  corps  &  fon  ame  mortelle  &  que  cède 
nuditeTeroit  caufe  que  le  fils  dcDicu  vn  iour  fe- 
roit  mis  à  mort  pour  cacher  la  hôte  &  vergon- 
gne  de  l'home  parla  grâce  qui  luy  deuoiteftre 
redônee  par  ce'te  mort  du  Sauueur,ce't  agneau 
occis  en  figure  de'slecômencemcnt  du  mode, 
ainfi  que  ditS.Ica  en  fon  Apoc,*/fgnus  occifustft 

ab  QYinnt 


de  Pafcjues.  865 

H  origine  mundi,  aigncau  qui  fut  rcprefcntc  pat 
celuy  que  le  grand  Patriarche  Abraham  offrit 
&  prefenta  à  Dieu  en  facriticeau  lieu  de 
fils  lfaac:Aigncau  trouue  dans  les  cfpines  em- 
braflepar  les  cornes  dans  les  halicrs  efpineax. 
Vitht  pefi  p  badum  bxTTBttm  cornibu 
£n  la  Genefe  chapitre  22.  le  bélier  &  le  mou- 
ton n'eft  autre  que  la  perionne  du  fils  Je  Dieu, 
dont  les  cornes  de  fa  diuinitc  (ont  attachées 
dans  les  haliers  &  buiffonsde  l'humanité  :& 
défait  ceux-là  interprétant  ces  paroles  du  fils 
Je  Dieu  dit  en  fa  Pafsion  eftant  cooebé  fat 
l'autel  de  la  Croix,  H>//,  Heh  lêm0fytâtbâni ,  di- 
fent  que  félon  l'Hebricu  ,c'eft  autant  comme 
s'ildifoit:  Helas  mon  Dieu,  iufquesà  quand 
feny-ic  embarrafle  dans  les  cfpines  &  buiflons 
de  cette  humanité  !  de  forte  que  ïuy  eftantce't 
iigneitl,  ilfutfacrific  &  immolé  fur  l'autel  de 
la  Croix, au  lieu  &  en  la  place  d'Ifaac  ,  ic  dis 
de  l'homme  ,qui  meritoit  me  mort  éternelle, 
cV  ce  pour  reueftir  l'homme  de  ce  précieux 
habillement ,  de  la  grâce  duquel  il  auoit  elle 
defpoiïillé. 

Ou  bien  difons  que  par  cecy  nous  cft  repre- 
fenté  vn  autre  fecret .  les  habillcmens  faits  de 
pelices  &  de  toisôs  de  beftes  mortes,  ne  repre- 
fcntoiét  autre  chofe  à  l'homme  que  la  mort  pi 
laquelle  il  auoit  efté  côdamné  pour  fon  péché, 
ât  laquelle  il  deuoit  quelque  iour reffufeiter 
pîr  celle  dufi!sdeD»cu,  vrayaigneau  occis& 
mis  à*  mort  ponriuftifier  les  pécheurs.  Carain- 
fi  falloit-il  qu'il  mouruft  &  qu'il  enduraft  les 

Iii 


%66  Tour  le  lendemain 

tourmens  de  la  croix  pour  nous  redre  partiel- 
pans  de  fa  gloire:  au(si  le  mefme  seigneur  par- 
lant auiourd'huy  aux  deux  Difcip'cs  qui  alloiéc 
en  E  mails, leur  difoit  pour  ce  fujet:  Nonneopor- 
tebat  Cbrijîum  ptti,  <?  ita  tntrare  m gUnam  fua>m> 
l'explique  premièrement  ces  paroles  de  celte 
façôrn'eftoit-il  pas  expédient,  dit  le  Seigneur, 
que  le  fils  de  Dieu  mouruft ,  pour  nous  rendre 
par  ce  moyen  iouyffans  de  fa  gloire?  Sur  cecy  il 
faut  que  ie  vous  explique  deux  chofes:  Lj  pre- 
mière ,  combié  il  a  efte'  neceflaire  que  le  fils  de 
Dieu  mouruft  pour  nous  douer  entrée  au  ciel. 
La  féconde ,  comme  ce  mefme  fils  de  Dieu  n'a 
voulu  prendre  poflefsion  de  fa  gloire,  finon 
après  auoir  paffe'  par  les  douleurs,  tourmens  & 
aduerfitez.Ce  font  icy  les  deux  briefues  parties 
de  ce  prefent  Sermon. 

Q^andà  la  première  ,  il  faut  que  ie  vous  face 
toucher  à  l'ceil,&  faire  voir  la  correfpondance 
qu'il  y  a  entre  la  création  de  l'homme  &  fa  ré- 
demption, comme  les  mefmes  chofes  qui  ont 
cfté  employez  pour  la  création  de  l'homme, 
les  mefmes  ont  vneautresfoiscftc  employées 
pour  luy  redre  la  vie  de  grâce  ,  pour  le  recre'er, 
régénérer,  reproduire  &  rebaftir  de  rechef,  & 
pour  luy  redonner  la  jouyfTance  delà  viefpiri- 
tuelle,  tant  en  cefte  vie  prefente  ,  qu'en  l'autre 
que  nous  cfperons  :  &  pour  voir  cecy  ,  remar- 
quez qu'au  .commencement  du  Genefe  ,  ileft 
dit  que  Dieu  fouuerain  &  éternel  ,  opérant  & 
trauaillant  à  la  creatiô  générale  &  vniuerfelle 
de  tout  ce  grand  &  vaflc  Vniucrs ,  dôna  l'eftrc 


de  Pafcuesl  2  6  7 

Jfux  Anges, aux  Cicux,au  Soleil, ù  la  Lune,  aux 
EIcmcns  &  aux  animaux,  par  fa  feule  parole  6c 
vniquevoix:  cardifani  .c'citpourla 

création  des  Anges, difent  quelques  l'crcs:  liât 
jirm amentum  ycc{ï  pour  laercation  djs  Cieux: 
fuMtdnolumin.il'.  .<,c'c(l  pour  la  création 

du  Solci!  &dcla  Lune:i  raqua  m  yn 

locum,  A\ 

pour  la  difpofiaon  de  l'eau  Sx.  de  la  terre  ,  Se 
ainfi  les  autres  c  turent  crcc'cs  par  la  pa- 

role de  Dieu  :  mais  lorsqu'il  fut  queition  Je 
créer  l'homme  ,  &  de  luy  donner  l'cllre ,  Dieu 
non  feulement  y  employa  Çd  parole  ,  mais  en  - 
core  y  mit  la  main,  pourquoy  cela  ?  Quelques* 
vns  difent  que  c'eftoit  pour  autant  que  l'hom- 

loit  la  première  &  principale  pièce  de  IV- 
liiucrs.Scla  plu  .ie.Maisonpourroic  ref- 

pondre  a  cccv  ,  qu'en  Dieu  toutes  chofes  font 
facile!  autant  les  vncs  que  les  autres^  partant 
il  pouuoit  aufsibicn  doner  lettre  à  l'homme, 
par  la  voix  u  la  parole  ,  qu'il  l'auoit  donecaux 
autres  chofes  créées.  Y  n  autre  dira  que  c'eftoie 
pourautant  que  l'homme  deuoitcftrc  la  meil- 
leure pièce  de  toutes  les  autres  creatures.pour- 
autant  que  Dieu  auoit  pris  d'auantage  de  pei- 
ne à  fa  création  ,  qu'à  celle  des  autres  créatu- 
res. Mais  ie  rcfponds, que  toutes  chofes  fans 
difterenec  ,  furent  trouuees  très-bonnes  dé- 
liant Dieu  :  ï'ulit  DckscunçUqn.t  facrat  %  G"  m- 

ca  yaiât  bmu\  Se  par  confequent  il  n'effc 
oin  de  dire  quil  a  pris  d'auantage  de  peine 
a  création  de  i'iiom.uc,  eu  c 

y 


8  6  8  Tcuy  h  lendemain 

d'iccluy  :  mais  ie  diray  que  par  cecy  nous  eft  re- 
prefcntevn  très-grand  myttere.  Dieu  auantla 
création  de  l'homme  preuoyoit  fa  cheute  &  fa 
pene,&  preuoyant  fa  perte,  il  preuoyoit  quant 
&  quant  les  moyés  propres  &  neceffaires  pour 
la  réparer,  fçauoir  eft  la  mort  &  Pàfsion  de  Ton 
fils,  &  partant  en  l'a  création  de  ce't  homme  il 
voulut  mettre  la  main  à  l'œuure,  il  voulut  pai* 
ftrir  &  façonner  ce't  homme  de  Tes  propres 
jnainSjlefquellesrl  mit  pour  ce  fujet  dans  le  li- 
mon &  dâs  la  range ,  pour  monftrer  qù'vn  iour 
arriueroit  que  (es  diuincs  mains  feroient  con- 
jointes,vnies&  attachées  en  l'arbre  delà  croix, 
pour  rebaflir  &  recréer  cet  homme  fpirituel,& 
le  rendre  capable  de  iouyr  quelque  iour  de  la 
gloire  du  paradis3qui  hiy  auoit  efte' ferme'  pour 
fon  pèche'  :  &  ainfi, Oportebat Cbnftumpati)  & ita 
î?itrarewgloriœmfi{am*Bc\\c  figure  encore  de  ce 
que  ie  dis  dans  le  Paradis  :  quelques  Pères  an- 
ciens vont  racontant, &  principalement  Mofes, 
Barcepha,  Syrus  ,  partie  première  du  Paradis, 
chapitre  dix-  neufiefme*  Iacobus  Mabugenfls, 
Philoxenus,&  quelques  autres,  difent  que  l'ar- 
bre de  (cienec  de  bien  &  de  mal  n'eftoit  autre 
qu'vn  figuier,  &  les  fruiéhd'iceluy, dont  man- 
gèrent Adâ&  Eue, eftoient  figues, mais  figues 
de  rnefme  gère  &  efpece  que  celles  qui  fe  trou- 
uent  en  TArTrique  ,  aux  parties  littorales  de  la 
Mauritanie,  regardant  fur  la  mer  Méditerra- 
née, qui  font  de  telle  nature  &  qualité,  que  fi 
vous  les  ouurez&  coupez,  vous  voyez  iultemet 
au  cceur  d'iceux  vne  certaine  forme  &  efpece 


ie  P.'fqucs^  S  6  9 

ie  croix/aite  ainii  qu'vu  Tau  desGrecs,lcqucl 
Tau  fc  môitroit  &  apparoilloir,  en  ce  morceau 
de  figue  que  mangea  Adam.  Que  vouloit  dire 
cela,  Chrétiens  ?  Ccrtaincnu-nr  c'ciloit  pour 
dire  que  puis  que  le  ciel  auoic  elle  terme  par  la 
manducation  de  ce  rruiâ:  dcflcndu,il  n'y  auoit 
point  mové  d'y  paruenir  que  par  les  atlli&iô*, 
croix,  tourmens,  &  aducrlitez  du  hU  de  D 

Il  fcrnblc  encor  qu'encre  les  Payens,  les  an- 
ciens Egyptiens  nous  ayenc  roula  en 
cefte  doctrine,  lcfquels  en  la  plu>-  part  de  U  - 
Pyramides, ColofTeSjObcliiqucs,  Pointes, Ai- 
guilles ex  autres  oeuurcs  merueilicules.  que  ces 
peuples  erigoient  à  l'eterni^c  des  temps ,  rai- 

it  toufiours  grauer  deflus  l'image  &  la  fi- 
gure de  la  croix, ainfi  comme  tcfmoigncnt  en- 
core plulicurs  de  ces  pjeecs  ancienne*  rapport 
iccs  d'Egypte  en  la  ville  de  Rome,  lcfqurlles  fe 
voyent  encore  à  prêtent.  Pour  i.  m'eitô- 

itiniement  pourquoy  lesanciçs  El 
quieftoient  idolaihes,c(toiem  fi  fa  X  de 

faire  grauer  le  ligne  delà  croix  en  ces  pièces 
mcrucilleufcs ,  qu'ils  de'dioicnt  ainii  a  l'ctcrni- 
tc'  des  temv  :  cftrcdiraquclqu'vn,  queks 

ffigypti  oiéccccy,pourcc  qu'ihadoroict 

la  croix  pour  ?n  fymbole  de  leur  faK.r,  1'..  i  tant 
qu'autrcsiois  ils  ajoient  entendu  dire  que  par 
ie  moyen  de  la  croix  que  Moyle  eileua  au  de- 
fert ,  &furicellc  leferpent  ,  ces  ifraelircs  re- 
couurcrcnt  guarifon  de  leurs  morfurcs  &.  blef- 
feures  que  les  ferpents  de  feu  leur  au~ 
faites. 

I  i  i 


5  7  o  Tour  le  lendemain 
Quelques- au  très  difent  que  les  mcfmes  Egy- 
ptiens ont  adore  la  croix,à  caufe  du  miracle  du 
ierpent  d'arairb&  comme  c'eft  l'ordinaire  par- 
my  nous  déplanter  la  croix  au  derTusdenos 
Temples ,  ainfi  les  Egyptiens  oppofoient  le  fi- 
gne  &  la  figure  de  la  croix  fur  leurs  ouurages. 

Ou  bien  fi  nous  croyôs  à  quelques  Autheurs, 
ils  auoient  appris cecy  des  Ifraëiites,lefquels 
cftans  détenus  captifs  en  Egypte,auoient  don-* 
ne'  Tinuention  aux  Egyptiens  de  conftruirc 
leurs  fuperbes  Pyramidef,leurs  Aiguilles, Col- 
lofTes  &  Obelifques  ,  eltans  les  ouurages  les 
plus  excellents  d'Egyipte,faits  &  elabourez  par 
iccux  Ifraelitcs  &  Hcbrieux ,  à  quoy  ils  cfroiéc 
ïournellemét  employez  durant  leur  captiuite, 

6  ce  par  le  commandement  de  l'inique  Roy 
Pharaomparquoy  icenx  Hebricux  entre  plu- 
ileurs  ouurages  marquez  &  diuifcz  qu'ils  met- 
toientà  l'entour  de  ces  pièces  mémorables  par 
vn  inftin&furnaturcl ,  &  d'vne  main  conduite 
&  guidée  par  le  fa  in  et  Efprit ,  mettoient  touf- 
jours  le  fîgne  du  Tau  figure  de  la  croix ,  ainfi 
que  remarque  Maneton  Egyptien, Berofe  Cal* 
de'en,  &  le  Géographe  Arabe. 

Ce  que  voyans  iccux  Egyptiens, à  l'imitation 
des  fufcUtSHebrieux^i'oublioicnt  iamais à  gra- 
ucr  fur  leurs  ouurages  l'image  &la  figure  du 
Taujfignedelacroix.  Et  defaiâ;,entefmoi- 
gnage  de  cecy  noas  lifons  encore  que  Theo- 
dofe  Empereur  d'Orient ,  ayant  fait  comman- 
dement exprès  de  deftruire  toutes  les  Idoles 
des  Payens ,  entre  autres  fut  trouuee  la  ftatue 


de  Vafcjuesl  8  y  I 

•delaDecfTcSerapia,  laquelle  auoitpofcccx  af- 
fifc  fur  la  poiétrinc  vnc  certaine  tonne  ckcfpe- 
*e  de  croix,  c'eit  à  (çauoir  deux  ligues  qui  s'en- 
trecoupoient ,  laquelle  (Utuc  auoit  cite  appor- 
tée d'Egypte  en  Grèce. Ce  que  voyant  I 
rcur  Thcodofc  ,  fit  venir  deuant  lu  y  les  Hyro- 
phantes,  gens  tort  fçauans  &  bien  entendus 
aux  feiences  occultes  &aux  myit.crcsfacrcz&: 
fecrets  des  Eyp:iens  ,Llqucls  rclpondirent  à 
ce  que i  iofe  lcurdcmand^cn 

cestirmes  :  Queparccftc  croix  les  Egyptiens 
pretendoient  &e!pcroicnt  leur  falut  &  béati- 
tude ,  VfAtcnd.ùutjt  vit.tm  tter- 
n.itnyz  liquellc  il  a  taliu  que  le  tils  de  Dieu  nous 
frayaft  le  chemin  parecite  tienne  croix  ,  &:  par 
famort.  tftw*  fétidité  i* 
mH$rumfm*m,  Cccjuc  ic  viens  de  dire  clt  rap- 
té  parce  grand  Orateur  &:  ce  grand  P: 

^crateenfon  Hiftoirc  Ecdcliaftiquc, 
liurc  cinquième,  clnpicrc  dixPcpticfmc ,  par 
Hire  vnz.cfmc,  chapitre  ?iogt«neufieC- 
me,parCieorgius  Cedrcnuscn  Tes  Annales  ,&: 
par  Soldas  Collections  :  pour  vous  taire 

encore  comme  par  les  trauaux  ,  croix  &c 
tourmens  du  fils  de  Dieu  ,  la  voye  du  ciel  nous 
a  citc'ouucrtc  cV:  rendue  libre. 

Remarquez  qu'ordinairement  les  Naturali- 
(\c<.  comparent  ce  Seigneur  au  P  .liteau,  s. 

/  /?♦/»  Tellicuno  frliuriuj  m  rer/j ,  difoit  ce 

taraud  Prophète  Royal  Da   id  en  la  perfonne 

de  ce  Verbe  éternel.  Surquoy  il  tant  que  ic 

M  die  ce  mac  Ici  Naturalises  rapportent 

lii  :iij 


8-7  2  Pour  le  lendemain  f 

du  Pellican ,  qu'iceluy  pour  trop  aimer  Tes  pe- 
tits,!es  ayant  eftouftez  en  les  couuât  &efchau£- 
fant  fouz  Tes  aifles,de  regret  qu'il  a,&  du  grand 
amour  qu'il  leur  porte,  il  becquette  la  poi&ri- 
ne ,  de  laquelle  il  fait  ruiffeler  vnc  grande  abô- 
dance  de  fang,  &  de  ce  fang  découlât  de  fa  poi- 
étrinedanslc  bec  de  fes  petirs,  il  vient  à  leur 
rendre  la  vie  au  prciudice  de  la  fienne.&lcs  ref- 
fufeite,  mais  de  telle  forte  qu'en  les  rciïu  (citât, 
il  meurt  par  refpanchcment  de  fon  fang,  S'imi- 
Usfaïïtts  jum  pellwano,  dit  le  rils  de  Dieu ,  il  a  elle 
faitfemblable  au  Pellican  ,fmgulieremcnt  en 
ce  que  toutainfi  que  le  Pellican  reifufcite  fes 
petits  par  l'efpanchcmét  de  fon  fangenfedô- 
nantlamortà  luy-mefme:ainfilcFilsde  Dieu 
voyant  que  le  pèche' nous  auoit  eftoufFez  dés  le 
ventre  de  noftre propre  merc,  en  ligne  du  grâd 
amour  qu'il  nous  porte ,  &  qu'il  nous  a  de  tou- 
te éternité' porte,  il  a  endure  que  fa  poi&rine 
facre'e  fuft  ouuerte,  &  a  iuge'  neceiïaire  que  fon 
fangfuft  efpanche'au  prciudice  de  fa  vie, pour 
non  feulement  nous  reflufeiter  du  péché,  mais 
encore  quelque  iour  en  gloire.  Et  fie  oporubdt 
Cbriftum  pati)  &  ïtx  intrare  inglerum  fitam. 

Les  mefmes  Naturalises  rapportent  encore 
vn  autre  fïgnerrand  de  l'amour  du  Peilican.-ils 
difent  que  les  oyfeleurs  ayat  intention  de  pren- 
dre les  petits  du  pellican  ,  qui  font  efclos  ordi- 
nairement dans  quelque  buifTon  cfpineux  & 
touffu, ont  accouftume'  d'allumer  à  l'entourvn 
grand  feu ,  craignans  qu'ils  ne  s'euadent  &  ne 
s'cnuollcnt.  Le  pauurc  Pellican  voyant  le  dan- 


ie  Vafaucs.  873 

ger auquel  luy&  fes  petits  font  expofez,raic 
tout  ce  qu'il  peut  pour  les  en  deliurcr  :  de  forte 
qu'il  le  vient  a  approcher  des  flammes ,  tafchac 
aucc  le  vent  excite  par  le  battement  de  fes  aif- 
lcsà  lcscflaindrc.  Mais  hclas,aulieude  ce  rai- 
rc,  il  fc  brufle  luy-mefmc  1  &  endure  ainù  la 
mort ,  pourdonner  la  vie  à  fes  petits.  Ha,  Sei- 
gneur tSwnhs  faïtus  es pelltcdno t  vous  auez  cite 
fait  fcmblablc  au  Pcllicamlc  diable  auoit  ten- 
du fes  reths  de  toutes  parts  pour  nous  prendre, 
les  flammes  d'enfer  efloient  appareillées  pour 
nous  cnucloppcr,  pour  par  ce  moyen  payer  la 
peine  deuëànos  eftenecs  ,  le  feu  de  l'ire  du 
courroux  du  Pcrc  éternel  s'en  alloit  nous  cn- 
ceindre  de  toutes  parts:mais,ô  mon  Seigneur, 
vous  vous  efles  gcncrculcmcnt  expofe  à  ces 
flammes,  vous  y  auczbruflc  les  aifles  de  voflrc 
humanité, vous  aucz  facniic  voflrc  vie  fur  l'au- 
tel de  la  croix ,  pour  par  ce  moyen  nous  dcli- 
urerdes  peinesque  nous  auions  méritées, & 
neus  rendre  dignes  héritiers  de  voftrc  fainclc 
gloire ,  l.tfic  oportebdt  ibïiftjémpjtt ,  tf  M  tw/.irc 

"i  j:i.tm. 

D'auantagc,nous  dcuons  fçauoir  que  le  Roy- 
aume descicux  ne  s'acquiert  &  ne  fc  poflede 
que  par  l'amour  &  que  par  la  charitc.Car  puis 
que  demeurer  en  Para Ji,  n'efl  autre  choie  que 
demeurer  en  Dieu  ,  &  que  Dieu  cfl  la  mefmc 
charité',  il  s'enfuit  ,puis  que  Dieu  cfll'obied 
ilu  Paradis  drs  bien-heureux,  que  demeurer  en 
charitc'.c'cft  demeurer  en  Paradis, Dtiu  rtanfoq 
r  quimarw  en  cbdriutc,  tn  Deo  mdnet  :  donc  le 


8  7  4  ^our  ^  hndemam 

chemin  de  Paradis  c'eft  la  charite':la  charite'eft 
comparée  ordinairemét  au  feu,  le  feu  de  chari- 
té7 eftoit  mort  au  monde,pendant  Teftatdu  pé- 
ché, le  fils  de  Dieu  venant  au  monde,  (cachant 
qu'il  n'y  auoit  moyen  plus  propre  pour  parue- 
nir  à  la  gloire  que  par  ce  feu  de  charité  qui  a- 
uoit  efté  eftaint  parcepeché  ileftdefccnduà 
cette  fin  ça  bas  en  terre ,  pour  r'allumer  ce  feu 
eftaint.-aufsipourcefuj'etildifoit  ,  Ignemveni 
mittere  in  terrant  \  C  ([utd  volo  ,  nifi  vt  acceneUtur} 
Mais  afin  qu'il  s'allumait ,  &  qu'il  bruflaft  auec 
ardeur ,  il  falloit  du  bois ,  non  feulement  pour 
l'allumer ,  mais  encore  pour  l'entretenir  en  ar- 
deur.O  fainfte  &  facrée  croix  de  mon  Sauueur 
lefus-Chrift,  c'eft-là  ce  bois  qui  a  eite'  de  Dieu 
luge'  neçeffaire  pour  entretenir  le  feu  d'amour 
entre  les  mortels, &auez1ô  mon  Sauueur  lefus- 
Chrift,endure'ce  fuppîice  de  la  croix,  fçachant 
que  ce  bois  de  la  croix  que  vous  auez  choifi 
pour  endurer  vos  douleurs  eftoit  necefiaire 
pourentretenir  ce  feu  d'amour  entre  les  ho  m* 
mes,  &  par  l'entretien  d'iceluyleur  mériter  la 
gloire  qui  ne  s'acquiert  que  par  a'mour.'Sirdonc 
oporrebat  Chriftum  pati ,  O*  iu  intrare  in  gloriam 
fuam. 
Finalement ,  quand  le  Sauueur  du  monde  dit 
(pour  y  ne  féconde  explication  de  ces  paroles, 
&  ainfi  qu'elles  fe  deueroient  entendre)  qu'il  a 
fallu  qu'il  paflfaft  premièrement  par  l'eltamine 
des  tourmens ,  auparauant  que  de  prendre  pof* 
fefsion  de  fa  gloire,  il  nous  veut  par  cela,Chre- 
fticnsjinftruirc  &  nous  appredre,que  nul  n'en- 


dePafquei]  875 

trera  dans  ce  Royaume  des  deux,  qu'il  ne 
premièrement  cl  prou  ué  par  les  mbulati       > 
angoifles&  aduerlitcz.  fcn  s.  Luc  cli  ^.lctilsdc 
Dieu  difoit  :  Qui  non  bdutlMCX  ueem  fiUm  ,  dTJMd 
"venu fdfi me ,  tiinpuufl  meta  efledifupulus.  Le  1 
de  la  croix  cli  deriuc'du  v^  >',quifigni- 

fieeftrc  tourmete  &  afrligérd'où  vient  que  lou- 
uentetois  pour  tourmenrer  on  dit  entier  ,  6z 
ainiî  vous  voyez  que  le  mot  tic  croix  pris  en  fa 
générale  lignification, tu- 
ais toutes  •  i'at* 
fli&!Ôs,dc  tourmccs&  de  perfecurions.  Voila 
pourquoy  noftre   Seigneur  fcibf-Chrift  dit, 
ihn  non  ùaihLu  cru             _r  non  yenttpiQ  me  ,  non 
fonfl  meus  effedifupultv.  C  ?  n'clt  pas  a  dire 
nous  portions  la  croix  iur  nos  elpauîcs, comme 
il  a  fait ,  cV  que  nous  forons  attachezfur  i< 
comme  il  aclte:maisbicn  quand  il  comm. 
déporter  ta  croix-, c'effc  autant  cornes  il  j. 
que  pour  parucoir  à  la  gloire  cclcftc  ,  il  : 
mortifier  so  corps,  &:  endurer  en  ce  mode  : 
tes  lésa*                 ;  tribuliti&s  qui  fc  pourroiét 
prefenter.  Don  fient  que  fainct  Grégoire  le 
Vadioufte  encore  vne  autre  forte  & 
manière  de  porter  h  croix, qui  cft  de  fubucnirà 
la  mifercd'autruy  ,&  compatir  de  fa  douleur, 
c'eft  cnrHomclietrctc-fcpticfmCjOiicxp 
ces  paroles  de  fainct  Luc,  par  nous  cydeuant 
rapportées            .  n  b.unl.it  crucemft4.ttn  ,  c7  non 

dit  ainli  :  Duob/a  midit  crut  cm  d*i 
fortdmufyùt/n  tut  per  dbdinentutm  curn  n*s% 

imper  Cùmp.tfnonemprQ\imu;ciejittAicmtlliu/ 


8  7  £  Pour  le  lendemain 

nofîram  puumus.  Quienim dolorem  exhibct  in  alienÀ 
neccjsitate ,  crucem portât  in  mente.  C'cft  donc  ainfl 
qu'il  faut  porter  la  croix  ,  c'cft  à  dire ,  endurer 
les  aduerfitez  de  celle  vie  prefente,fi  nous  vou- 
lons fuiure  Iefus-  Chrift  en  fa  gloire. 

Il  ferable  que  ce  fut  cela  mefme  que  Dieu 
voulut  anciennement  reprefenter  àfon  ferui- 
teurMoyfe  en  l'Exode  chap.  3. car  fe  voulant 
manifefter  à  luy  par  rentremife  du  buiflbn  ar- 
dant ,  &  voulant  Moyfe  s'approcher  de  luy  ,  il 
entendit  vne  voix, qui  du  milieu  du  buiflon  luy 
parloit  en  cefte  forte^ow  appropieshttnCyfoluecal- 
ceament4  depedibus  tuts  :  locus  enim  in  quoftasterr* 
fan&x efi. Pour quoy  Dieu  fit- il  commandement 
à  Moyfc  d'ofter  fes  fouliers  auparauant  qu'il 
s'approchaft  du  buifion. 

Iefçayque  Lyranus  félon  le  fens  littéral  ref- 
pond  à  cecy,&  dit  qu'anciennement,  &  fingu- 
liercmét  entre  les  Hebrieux,la  couftume  ettoit 
de  iamais  n'entrer  aux  Temples  &  aux  Taber- 
nacles dédiez  à  Dieu  ,  auec  des  fouliers  aux 
pieds:demanierc  que  fi  quclqu'vn  y  vouloit  en- 
trerai failoit  delaitfêr  fes  fouliers  à  la  porte,au- 
trement  il  euft  encouru  ync  griefue  peine.-cou- 
ftume  obferuee  encore  des  Abyfsins  fubie<5ts 
du  Prcte-Iean,&  des  Turcs  ou  Mahomctans 
entransen  leurs  Mofque'es  ,  &  ainfi  Dieu  vou» 
lant  fignifier  à  Moyfe  que  la  terre  d'alentour 
du  mot  Synai  cftoit  fainàe,  à  caufe  qu'il  auoit 
efl?u  ce  lieu  pour  y  donner  fa  loy,  auparauant 
qu'il  s'approchaft  d'auantage  de  ce  lieu ,  il  luy 
dit ,  Solue  calcedmenta  depedibtu  tuts.  D'autres  di* 


de  Tafques.  $jy 

fcnt  que  Dieu  appella  ce  lieu  fain£t,  à  caufe  de 

fa  particulière  prefence  ,  &  qu'il  commanda 

r  ce  fujet  au  Prophctc  Moyfc  démarcher 

deffus  à  pieds  nuds. 

1)  autres  difent  que  par  Moyfe  Dieu  vouloir 
entedre  le  peuple  iuir,  lequel  afin  de  fe  rendre 
digne  de  pouuoircônoifîre  les  hauts  mvftcret 
de  Dieti.tigurez  parce  buiflon  ard.mt,  dcuoict 
defehaufler  les  fouliersde  leurs  affeâios  char- 
nelles, de  ne  s'amufer  plus  au  fens  littéral  des 
anciénes  Prophéties, de  laifTcr  le  pied  de  la  let- 
tre, 5c  ouurir  les  yeux  de  h  foy, pour  voir  foubs 
^efeurce  de  l'Efcriturefainte  les  grads  myftc- 
|jelc  S.Efprit  no9afoigneufcniét  reuelcz. 
le  pourrois  dire  aulsi  que  par  ce  mont  de  Si- 
clt  entendue  la  gloire  &  félicite  éternelle, 
quelle  auparauaDt  que  d'entrer  &:  paruc- 
nir,  il  faut  dcTchauflcr  Tes  foulicrs  ,  pour  dire 
qu'il  faut  dclai(Ter&  quitter  ce  corps  mortel, & 
ne  le  reprendre,  iufqucs  à  tant  que  les  derniers 
temps  foient  venus, cVquc  le  nombre  des  efleus 
&  predeftinez  foit  complet  :  car  alors  il  faudra 
endre  fes  fouliers,ce  qui  fe  fera  en  la  refur- 
lon  générale,  de  laquelle  les  îpftei  exiniu- 
(les  cou.pnoillront    deuant   noftrc  Sauucur 
iefus  C'nift  en  corps  3ccn  ame. 

I   »  !t  cela  fc  pourroit  icy  rapporter-  mais  i'ai- 
me  mieux  embrafTcrccftc  autrecxplicati 5  plus 
propre  pour  mon  fu  jet ,  cV  pour  terminer  c 
prefente  Predicatio.  \  eritahlemér  crfte  inon- 
de de  Sinai  nous  rrpresece  le  ciel  &  la  gloî- 
..    Q  :  i  ay  ddiadit:  ;  mais  par  ces  fouliers 


§  7  8  ft?w  fe  lendemain 

qu'il  faut  defchaufler  auat  cjue  d'y  entrer,  noul 
font  reprefentecs  lestrauerfcs  ,tnbulations,& 
acîiicrfitezcle  cette  vieprefcnte  ,dcfquellcs  il 
faut  faire  eftat,  &  ne  les  fouler  au  pieds,fi  nous 
voulons  quelque  iour  marcher  en  cefte  terre 
fainéfce  de  la  gloire  &  du  paradis, Soluecalceame- 
îa  de  pedibustuis ,  defehaufle  tes  fouliers  auant 
que  t  approcher  de  moy,  ditDieu  à  Moyfe. 
S.  Hierofmeefcriuant  furie  troificfme  chap. 
de  l'Exode  disque  les  fouliers  de  Moyfe  eftoiét 
faits  de  joncs-marins,  à  la  forme  &  manière  de 
ceux  des  anciens  Egyptiens. Les  joncs-marins 
qui  font  cfpecesd'efpines,nous  reprefentent 
fort  bien  ce  qui  eft  des  afflli&ions  &  aduerfi- 
tez,  defquelles  il  faut  faire  cftat  &eftime  ,  fi 
l'on  veut  eftrc  fauuc  :  &  pource  en  reprefenta- 
tion  de  cccvy  Dieu  difoit  à  Moyfe,  Soluccalced- 
menta  depedïbus  tuts. 

O  Moyfe!  ic  ne  veux  pas  que  vous  fouliez  Ici 
efpines ,  ie  veux  que  vous  enduriez  les  miferes 
&  aduerfîtez  de  cefte  vie  >  fi  vous  voulez  iouye 
de  ma  prefence  &  de  ma  gloire.  O  Adam  !  n'e- 
#oit-ce  pas  ce  que  tu  nous  voulois  reprefenter 
en  myftere?lors  qu'aufsi  tofl  que  tu  eus  offense 
&  tranfgreffé  le  commandement  de  Dieu,  tu 
eftedis  la  main  fur  l'arbre  du  figuier,  pour  pre- 
drenon  de  fes  fruits, mais  bien  defesfueilles? 
diray- ie  que  c'eftoit  pour  couurir  ta  nuditc',de 
laquelle  tu  auois  honte  &  rougiiTois?  bien  que 
cela  foit ,  fi  eft-ce  pourtat  qu'il  me  seble  qu'en 
eccytu  veux  reprefenter  à  nous  autres  tes  en- 
fans  &  poftercs ,  que  le  mefme  arbre  qui  auoic 


dé  Pafjutsl  Sjç 

clonnc'lamort,  ccmcfmcdonnoitle  rcmcdc, 
&  le  moyen  de  reflufeiter. 

O  fueilles  de  figuier  piquantes  &:mal-gra- 
cicufes,fymboledc  ia  pénitence,  des  js, 

trauerfes  ex  a  Jueriitcz  ,  desquelles  il  fc  tau:  fer- 
uir,lînous  voulons  retourner  dclamortàl.i 
vie, de  la  grâce  au  peche',  du  mépris  à  L'hôneur, 
&  de  c  i  ia  gloire.  Ce  fut  à  quo\  eut  re- 

cours Adamjç/acbant  bien  qu'apre  Ton  pec 
commis,lcs  hommes,  fesenfans  ne  pourroic 
en  quelque  teps  que  fe  foit  ,  auoir  part  à  l'hé- 
ritage ccl-ftc  ,  que  parles  angoiffes  &  tribula- 
tions. Ainfi  l'a  dit  S.  Paul  T  buUù  ' 

uflus  oporm  intrarc  m  regnum  cœlornm:  il 
faut  f  jirc  violence  à  foy  mefme,  en  domptant 
&  fui  montant  Tes  pafsions,e\:  fupportant  tou- 
tes fortcsd'aJuerfitez, puis  quenoilreSeigrieur 
dit  luy-mcfmccnrEuangilcqu  il  n'y  aura  que 
les  forts  ex  courageux  qui  feront  du  nombre 
desefleus,fy^««w  calorum  yimfAtuur  "  nti 
iunt  th.  véritablement  les  tribulations 

&  aduerdtez  font  les  plâches  afïeurccs.par  lef- 
-lies  lcsiuftcspafTcntdc  ce  monde  en  l'au- 
tre,ce  font  les  voyes  que  le  fils  de  Dieu  mefrac 
a  tenues  pour  paruenir  à  fa  gloire, "/'or 
flumpAti,û'tt*intrdrein*loridmfiumG<-  :ci 

eauxd  angoiflc&d'amcrtume qu'il  faut  traucr- 
fer  :  eaux  vrayemét  fembhbles  à  celles  de  Ma- 
ratli  >dcfqucllcsfcp!aiçno!5-  les  ifraelirrs  de- 
meuras es  dc(crts,nprc*  la  fortie  d' 

lies  fort  amcresidc  manu  -sdif- 

ficilesà  bo:rc:ainli  ces  eaux  des  angoiflesfe. 


ÎSSo  Pour  le  lendemain  de  Pafijuesl 
licres  font  véritablement  arriéres,  &  très-diffi- 
ciles à  goufter  &  digérer  .-mais  neantmoinsil 
les  faut  endurer  en  cefte  vie,  fi  nous  voulons 
quelque  iour  eftre  mis  au  rang  de  ceux  qui 
iotiyflent  là-  haut  au  ciel  de  la  vifion  bien-  heu- 
reufe  de  Dieu  ,  &  de  la  gloire  éternelle ,  à  la- 
quelle nous  conduife  le  Perc,  le  Fils,  &  le  faint 
Efprit.  Ainiifoit-il. 

SERMON 


S?7 


SERMON      POVRILE 

MARDY     D*    APRES 

Pafqucs. 

S  te  Ht  le  fus  in  medio  Difdpulomm 
fuorum  dicens  ,  ptx  vobi 

L  v  c.   14. 

f^^VjaMysqg  E  $  curieux  fcrutatîurs  & 
ff-\  Igfc^yx  obfcruateurs  de  h  nature, 
I  -i>y   difent  que  le  Lion  dormant 

Ffl    les  yeux  ouuerts    il  donne 


1 


^KË£/a@  l'efpouuente  ,  &:  de  l'eftroy 
.^1;/",^  aux  befres  1 


es  plus  furieufes, 
&  cruelles  du  monde,  &' ad- 
ioufte  Pline  d'auantaçe  ,  que  s'il  eft  dedans  vn 
faifleau  fur  la  mer,  &  s'il  arriue  que  dansicc- 
!uy  il  dorme  ,  il  fufeite  latempelte  au  milieu 
des  flots ,  &  au  mcfmc  temps  qu'il  (c  rcfueille, 
au  mcfmc  temps  les  orages  cefTenr,  &'lafcre- 
nuercuient.  QutftieaoCj  &  dénote  afsiiUn- 

Kkk 


8  7  S  Pour  le  Mardy 

ce  ,  Dimanche  dernier  ie  difois  que  le  fils  dé 
Dieu  en  (a  Rcfurre&ion  eftoitvn  Lion  forty 
de  la  tribu  de  bxigL%ffu.it  ko  de  tribu  Jw^&pour 
voir  comme  fe  vérifie  en  fa  perfonne ,  ce  que 
les  Naturaliites  difent  du  Lion  ,  il  ne  faut  que 
iceter  l'œil  fur  ce  queditrEuangile,queno- 
ftre  Seigneur  e fiant  en  la  mer ,  &  dormât  dans 
le  vuiiTeau  des  Apoftrcs  ,  les  tempeftrss'efle- 
uent  ,  &iceluy  eftant  efucille  elles  ceflent  ,  & 
ne  virent  marque  de  ce  qui  deuoit  arriuerau 
monde  par  fi  mort  &par  faRefurrcétion  :  ce 
Seigneur  c'eftoit  endormy  en  la  Croix  ,  qui 
eftoit  corn  me  le  vailTeau,  &  aufsi  toft  ces  tem* 
pertes  s'efleuent  ,  &  les  Difciples  quoy  qn'af- 
iaireZjfe  troublent, le  quittent,  le  delaiflent,& 
s'enfuyent  ,  Egliffo  eo  omnes  fugerunt  :  mais  aufsi 
toft  qu'il  eft  rcfueille'  par  fa  Refurre&ion,la  fe- 
renite'  reuient,&  la  paix  Centre  au  monde,  lors 
principalement  qu'il  dit  auiourd'huy  à  fes 
Difciples,  Vax  vobis.  C'cft  le  fujet  de  ce  prefent 
difeours  ;  mais  tout  ainfî  que  la  dernière  gout- 
te d'eau  eft  celle  qui  cauc  la  pierre,  ainfi  ie  prie 
Dieu  que  ce  mien  dernier  Sermon  puiffeen- 
grauer  bien  auant  dans  vos  cœurs  le  defir  de  la 
paix  ,  c'eft  à  quoy  ie  m'cmployeray  tout  du 
long  de  ce  prefent  difeours  :  implorons  pre- 
mièrement l'afsiftancc du  fainâ  Elprit,  parles 
prières  de  la  Vierge,  luy  difant> 

«  jtuc  MayU,  j 


d'après  Pjfquesl 


87„ 


Es  hiftoires  prophancs  rappor- 
tent de  ce  brauc    &  valcu. 
Hercules,  dôptcur  des  Monflrcs, 
cV  que  nos  anciens  Gaulois  de- 
peignoient  aucc  deux  cluifucs 
d'or  fort at  de  fa  bouche,  attachées  aux  oreilles 
d'vne  multitude  d'hommes  qui  citoient  de- 
uant  luy  ,  ils  rapportent  dis-jc  de  cet  Hercule, 
que  le  dernier  de  Tes  travaux  fut  en  l'idc  ap- 
pellcc  Miconc,fort  plantureufc,cx  où  toutes 
chofes  requifes  à  la  vie  humaine  citoient  en 
abondance,  d'où  cft  venu  ce  prouerbe  ordi- 
naire fi  fouuent  vfitc  entre  les  Grecs,  Omni* 
fiiH.intttY  fub  yn.i  MkêBd.  Chrcfticns ,  ii bien  il 
cît  vray  qu'ayant  efgard  à  ce  qui  cft  de  ma  per- 
fonne  ,  ic  ne  fuis  liofcdcm'accomparer  à  ce 
grand  Hercule  ,  mais  bien  a  vn  petit  Pigmce: 
mais  li  vous  icttez  les  yeux  à  la  fonction  que 
i'ay  exercée  le  long  de  ce  Carefmc  iufqucs  à 
prefent  ,  je  peux  iuftement  m'accompnrcr  i 
cet  Hercule,  dompteur  de  Monftrcs,  iedis  du 
pcchc',pourcc  que  le  propredu  Prédicateur  cft 
de  combattre  le  vice,  mon ftre  vrayement,  ; 
de  la  nature ,  mais  des  moeurs,  mordre  qui  cft 
terraflc,non  de  la  force  de  la  maflic,  mais  bien 
par  la  vertu  de  la  parole  de  Dieu  :  Prédicateur 
vrayement  Hercule  qui  attire  les  hommes, non 
auec  des  duifnes  d'or. mais  par  (es  dilcours  re- 
leuez.Ic  diray  donc  auiourd'huv,  iour  heureux 
pour  moy  ,  non  poureftrelc  dernier  de  mes 
trauaux  ,  que  pourec  qi;  et  heur  ,  que 

m«  les  trauaux  d'ILrcuîe  iboutircat  j 

Kkk  ii 


8  8 3  Pour  le  Marcly 

celte  I fie  de  Micone,  oùtous  les  biens  efloient 
cnaffliicnce:ainfidemcfme  au  dernier  iour  (Je 
mes  trauaux  &  îabeurs,ie  rencontre  vne  Mico- 
nc, qui  font  ces  paroles  démon  thcme,SfffirJc- 
pfs  m  weelio  Difcîptdorum  fuonan  cikens  yt>AX  votus, 
C'cff  la  paix  que  ie  rencontre ,  fource  &  origi- 
ne de  tout  bien  ,  laquelle  après  le  fils  de  Dieu 
ferrre  <3:prefente  à  vn  chacun  de  vous. 
Cecy  me  fait  refouuenirde  ce  que  nous  li- 

-o/w.32.  çcns  aux  ]vjombrcs,  chap.  32.1a  il  cft  dit  que 
les  Ifraclitcs  ayans  elle  quelque  temps  dans 
les  deferts,  après  aiioirpaHe  le  lieu  où  efloient 
les  eaux  de  ÎVÏarath ,  qui  eftoient  ameres  ,  arri- 
vèrent en  HelyirijOii  ils  trouuercnt  douze  fon- 
taines, &  72.  palmes.  Ce  defert  dan*  lequel  les 
en  fans  d'ifraël  demeurèrent  par  TcTpace  de 
quarante  ansjc'eft  vne  parfaite  reprefentatioa 
de  la  fainéle  Quarantaine  que  nous  auons  par 
la  grâce  de  Dieu  trauerfez ,  temps  du  Carelme 
,  fainâ:,  defert  où  fc  trouuent  les  eaux  arneres 
J    ,        de  pénitence,  taux ameres  quela  faincte  Pal- 

•^s  fion  de  mon  Sauueur  que  nous  auons  par  cy- 

dcuantrepreîentee.ta  iaincte  Palsion.eaux  a- 
mcrcs,iinguliercment  pour  la  Vicrgejlaquelle 
Vcndrcdy  dernier  nous  difoir,  Noltteme  voedre 
K'fcmi ,  ici vft fnkhrant ;  ÇedMAYum,  quiaamaritu- 
dinerepletùtins  Ow?iipottris:  mais  Dieu  foitloiic, 
que  de  cette  amertume  delapafsion  nous  fom- 
mes  prefentement  arriuezen  Helym,&en  la 
Kefurrection  de  mon  Sauueur,  où  nous  trou- 
vons douze  belles  fontaines  agréables,  qui  sot 
la  plénitude  de  grâce  &  de  gloire  que  le  fils 
de  Dieu  a  acquifeparfa  Refurre&jon: plein* 


d'après  Pafquer.  S  8  i 

tudc  de  grâce  fort  bien  rcprefcntcc  par  le 
nombre  de  douze  :  car  comme  ainii  foie  que 
fa  rcfurrc&ion  plénitude  de  grâce  ,  (oit  bien 
rcprcfcntec  par  le  nombre  de  douze  ;  Je 
nombre  de  douze  cft  fupcrabo:,Jant  de  deux 
audeilus  de  dix,  qui  cft  le  nombre  de  perfe- 
ction ;  de  manière  que  le  nombre  de  Jeux  fu- 
perabondant  par  dctïus  le  dix,  repi  la 

plénitude  &  de  grâce  &  de  gloire  :  tillc- 
:nent  les  feptaïuc  deux  palmes,  fyajbotcj  de 
victoires,  nombre  fuperabondant  ,  nous  re- 
prefente la  plénitude  de  paix  ,  que  le  6U  de 
JDicu  nous  a  acquife  par  la  c  qu'il   a 

remportée  fur  l'enfer,  le  diablc,&:la  mort, en 
fa  Redirrcjfcion  ;  de  forte  que  pour  ce  lubjecx 
ildiCf.  auiourd  huy  citant  au  milieu  de  [\:%  dif- 
ciplcs&  ApoRrcs^xw  ù;i.  \  oir.  pi ji II- il  que 
vous  reprefente  qu'en  cette  paix ,  qu'il  nous 
acquilc  par  le  tiis  c  chofey 

>nde  ;  &  comme  c  eu  leur  vraye  Micone, 

-  uslc  veux  lcrepre- 
iterparles  72.  palmes. 

Le  nombre  de  72.  reprefente  la  généralité  WomM 
de  cette  paix:  pour  la  palme, vous  fçauez  qu'ei-  «  72. 
le        .1'-    .    vlr  i,t  viaoire  ,  oj  ett-il  que  la  »  9mi 
I  >irc  ne  fertderien,  fi  cllen'ett  zcccm\y&- tfntraluc. 
fc  de  la  paix  :  ainù  lifons-nous  parmy  les 
'oires   Romaines  ,  que    Iule  Caiar  aya< 
délibère  défaire  guerre  aux  (  gaulois  ,  va 
on  uouua  au  milieu  de  la  Cour  Impériale, vnc 
palme  qui  fortuitemétettoit  neeen  vi 
ce  q  ii   donna  prani  augure  à  Carfa:         •  \ 
fioiu  Uturc  ,  u  M  peuple  ne  M 

Kl *  ii) 


882  Tour  le  Mardy 

pronoftique  de  la  paix  qu'il  leur  deuoit  ac- 
quérir entre  ces  peuples  ,  par  fes  Tiennes  vi- 
ctoires. Et  quand  le  mcfmc  vainquit  &  fur- 
monta  Pompée  en  bataille  range'e ,  au  mefme 
iourfut  veuëàRomeau  pied  defaflatuë  vnc 
palme  qui  dcmonftroit  la  victoire,  &  la  paix 
qui  en  deuoit  procéder, laiflons  les  hiftoires 
prophanes. 

Sainâ:  lean  en  Ton  Apocalypfe,  deferiuant  la 
béatitude  celefte,  diâ  qu'il  a  veu  autour  du 
throfne  de  l'aigneaUjles  aVnesdcs  bien-heu- 
reux tenans  en  main  des  palmes,  Etpalmœm 
La  palme  mam^us  cornm  ,  qui  eftoit  marque  du  triom- 
cîediee  an-  Pne  &  de  ^a  Pa^x  éternelle  de  laquelle  ils  iouyf- 
cienne-      foient.  Les  anciens  ont  dedic  à  Dieu  la  palme, 
ment  anxcommc  autheur  de  victoire,  &  comme  les  pal- 
Dieux,      mes  luy  ont  efté  donnc'cs  comme  autheur  de 
victoire  t  aufsi  les  mefmcs  luy  ont  elles  efte'  dé- 
diées comme  autheur ,  non  feulement  de  la  vi- 
ctoire, mais  aufsi  de  la  paix.  De-là  eft  qu'an- 
ciennement en  la  fefte  àç$  Tabernacles  ,  les 
Iuifs  auoient  accouftume'  de  faire  vneprocefc 
fion ,  en  laquelle  tous  portoient  des  palmes  en 
main,&  au  retour  de  ceflc  procefsion  les  al- 
îoient  offrir  &  prefenter  à  Dieu  ,  en  recognoi£ 
faneeque  !uy  feulefl:  autheur  de  victoire  &  de 
paix  :  aufsi  pour  ce  mefme  fùbic<5r,  ,  fainéx  Eni- 
phanc  remarque  que  lors  que  le  fils  de  Dieu 
fit  fon  entre'e  en  la  ville  de  Hierufalem ,  les  an- 
fans  de  Hebricux ,  pour  pareille  recognoif- 
fance  allèrent  au  deuant  de  luy  tenans  en  leurs 
mains  des  palmes ,  &  les  iettoient  deuant  luy 
pour  tefmoigncr  tacitement  que  celuy  qui 


£  âpre  s  Pafquesl  883 

cntroit  dans  Hicrufalem  eftoit  Dieu.  Er  non 
feulement  Ton  chemin  citoit  couucrt  de  pal- 
mes, mais  encore  de  branches  &  d'oliues  de  la 
paix,  pour  lignifier  que  la  victoire  &:  la  paix 
luy  appartiennent. 

D:  la  eit  que  iuftement  en  ce  Collège  des 
Apoltrcs  ,1c  fils  de  Dieu  difant,  fdxrjbis  ,  cgi 
fui»  y  conioinct  la  paixaucc  la  diu&nitc  repre- 
fentec  par  ce  nom  ,  Ego/mm,  qui  c(t  le  nom  pro- 
pre de  Dieu  .-car  notez  que  lors  qu'il  eft  que- 
ftâon  que  Dieu  déclare  Ion  nom  en  1 .1  iair.crc 
Efcriture ,  il  ne  le  déclare  que  par  ce  nom  ,  Ego 
fumt  corne  parcxemplc  en  î'Exoic.nous  auom 
que  lors  que  Moylc  fc  vit  chargé  du  com- 
mandement que  Dieu  luy  auoit  fait  d'allcrdc» 
liurcr  fon  peuple  d'entre   les  mains  du  Roy 
Pharaon,  il  luy  dit,  Seigneur,  (1  on  me  deman- 
de de  la  part  de  qui  ie  fuis  cnuoyc\&  comment 
il  s'appelle  ,  que  rcfpondray-jc  ?  Dieu  luy  dit, 
lorsqu'on  te  fera  ces  demindes  ,  rcfponds  que 
celuyqui  t'a  enuoyc  ,  QMltftmifit  me  aJyjs ,  de 
forte  que  le  nom  de  Dieu  eit  ecluy  qui  eft, nom 
propre,  &  qui  repre(cntc  mieux  ce  qui  cil  de  h. 
diuinitc  ,nom  compofe  dequatre  lettres  qui 
eft  Ichoua1quepKj!ieursdilent  venirdu  vcibe 
Haia,qui  fignific  cftre:&  pourmonitrcrcnco- 
rccomcccnom  d'cllreclt  particulier  à  Dieu, 
ce  Seigneur  pirlant  vn  io  js    Difcipîcs, 

leur  di'oit,  C  uni  tXdlfétm  t'uirtrfili: 
C0tH9fcctii  qmu  ego  fut»  ,&  le  incline  au  commen- 
cement de  fa  paùion  ,  citant  au  iardin  dcsOli- 
ues  ,  &   interroge  des  Iuits  ,  où  c(K)it  kfuf 
.zarcth,il  rcfpondit,£^  /*>»,&  aufû  : 

K  I 


S  84  FourleMardy 

ils  tombèrent  à  la  renuerfe  pour  monftrer  que 
la  vertu  de  ce  nom  eft  admirable  ;car  ii  pour 
lesluifs,  eftant  prononcé,  il  les  renuerie  par 
terre,  &  pour  les  Apoftres>illcsreleueeftans 
tombez  ,  de  forte  qui  fe  vérifie  en  la    per* 
fonne  du  fils  de  Dieu  ,  ce  que  fur  tout  on 
r.ipporte  d'Augufte  Ofar,  lequel  enuers  les 
vnsauoit  vn  regard  fort  doux- mais  pour  les 
autres  qui  eftoient  Tes  ennemis  ,  il  auoit  les 
yeux  plus  efpouuantablesqucia  toudre:  ainfi 
dira  y- je  le  mefme  du  nom  de  Dieu,  il  jette  fc  s 
ennemis  par  terre,  &  relcue  de  terre  (es  amis 
qui  eftoient  tombez.  C'eft  doncainfi  comme 
vous  voyez  que  ce,  ££0/â?»,reprc  fente  la  diuinc 
efleuce ,  &  eftant  le  mot  de  paix  conjoint  auec 
celuy-cy  ,^Tote,  Egofùm,  c'eft  pour  dire  que 
la  paix  vient  de  Dieu ,  &  que  luy  feul  en  eft  au- 
tncur. 
Le  mot  de    Voulez-vous  voir  comme  le  motdefrf.v,  qui 
*P*x  (11  ni-  fignific  paix  ,  nous  reprefente  aufsi  tort  bien 
fieUdiui-  ^cs  froii  diuines  perlonncs  de  la  Trinité'  ?  re- 
ne  fffettee.  m  arquez cecy  ,  le  mot  eft  corapofé  de  trois  let- 
tres,&  d'vnc  kule  fyllabe;  les  trois  lettres  font 
P,A  ,  X.  le  P,  première  lettre  reprefente  la 
perfonne  du  Père  ,  qui  eft  le  principe  de  la  di- 
uiniré  ,•  TA  ,  qui  eft  faiét  en  forme  de  trian- 
gle, reprefente  la  dcuxicfme  pcrlonne  com- 
pofée  de  trois  cfoofè.s  ,  ny  plus  ny  moins  qu'vn 
triangle  eft  compofe  de  trots  lignes  ,  de  la  di- 
vinité du  corps  eV  del'acne,  le  confiderat  com- 
me verbe  incarné:  ou  bien  cefte  lettre  A  efè 
compolVe  de  trois  lignes  ,  dont  Tvne  lie  8z 
conjoinc't    les    deux  autres  pour     monftre 


<?Aj>  tes  Pafcuesl  8  8$ 

<cfte  féconde  pcrfonne  de  la  diuinite',  laquelle 
eft  compofec  de  deux  natures ,  &  celte  perfoiv- 
nc  du  verbe  eft  celte  ligne ,  qui  les  vnit  &  con- 
joint par  en  fcmblc:rX.quieftconionnedou> 
blc  ,cltvne  belle  représentation  de  ccquicft 
de  l'amour  mutuel  des  diuincs  perfonnes  >  du- 
quel procède  la  troificfmc  pcrfonne,  fçauoir  le 
faind  Elprit. 

hn  outre  h  paix  eft  propre  &  particuliereà 
Dieu,  pourcequcla  paix  ne  dckre  autre  cho-  l'vnltiift 
fcque  Tvnitcqui  conuientà  Dieu  feulement.  *Dkh 
Voila  pourquoy  ainiiqucl'vnité  cftde  Dieu,/^w^ 
ainli  la  Paix  qui  ne  veut  dire  autre  chofeque 
i'vnite'i  vient  deluy  ,  &  ne  peut  procéder  que 
de-luv  qui  clfc  tres-vnique  en  fa  nature  ,  & 
q  iand  nousruyonsla  Paix  à  lors  nous  nous 
feparons  de  l'vnité  de  Dieu, puis  que  demeurer 
en  Paix  n'eft  autre  chofe  que  viure  vnique- 
mentauee  Dieu.  Que  ficela  cft  comme  il  cfr, 
qui  ne  voit  que  la  Paix  clt  vnc  vraye  Mico- 
nc  dans  laquelle  tout  bien  &  plaifir  le  retrou- 
ue  fOrn*îidfub  yn*  TsIiçwa.  Et  par  confequent 
le  mefme  le  peut  dire  de  la  Paix  que  Dieu  di- 
foit  à  Moyfc  de  la  terre  de  Promifsion  ,  0  Irn- 
Jam îibi  omneÙMumtictc  monftrcray  celte  ter- 
re laquelle  abonde  en  toutes  fortes  de  biens: 
ainliiediray  que  tout  le  bien  que  nous  pour- 
rions dclirerle  trouue  en  celle  Paix ,  &  quelle 
mcrueille  fi  cefte  Paix  cft  tout  bien  ,  &iic,cft 
l         !       ;.c  ,  puisque  Dieu  en  elll'autheur,  ^J  T 

clt  lourcccV  principe  de  toit  le  bien  que  t*mbU  <'* 
nous  auons ,  &  fans  lequel  nous  n'auons  rien: t0k>  ** 
aufsi  difoi:  ce  grand  Docxcui  S*  Bernard,  Çuu( 


2$é  PourleMardy 

non  hdbentqui  kahentem  omnU  kabtnty  Q\ie{t-ce 
qui  manque  à  ceux-là  dcfquels  pofledcnt  ce- 
luy  à  qui  toutes  chofes  appartiennent^  en  qui 
toutes  chofes  font. 

Que  diriez- vous  que  non  feulement  cefte 
Paix  confiderc'e  en  Dieu, mais  encore  enuers 
nous,eft  vne  vraye  Micone  :  pour  entendre 
cecy  reprefentez-vous  ce  qu$  dit  Pline  en  Ton 
hiftoirc  naturelle  chapitre  vingt-deuxiefme, 
raconte  qu'en  Barbarie  il  y  auoit    ancienne- 
ment vne  certaine  fontaine  qui  arroufoit  vn 
palmier  ,mais  l'ombre  d'iceluy  eftoit  fi  plantu- 
reux &  (1  ample  ,  que  fous  iceluy  il  y  auoit  vn 
oliuier  ,  fous  l'ombre  de  l'oliuier  vn  figuier, 
fous  le  figuier  vn  Grenadier,fous  ce  Grenadier 
vne  vigne ,  &  fous  la  vigne  du  bled ,  &  fous  le 
bled  ,  des  légumes  ,  toutes  iefquelles  plan- 
tes eftoient  arroufées  de  1  eau  de  cefte  bel- 
le fontaine  ,  laquelle  les    rendoit  facondes 
a  merueilles  :  Que    veut  dire    cecy  ,  Omni* 
fub  yna  Micona  ,  Toutes  chofes  fetrouuent 
fous  l'ombrage  delà  paix,  reprefenteeparce 
Palmier,  cefte  fontaine  qui  arroufe  K  tout  de 
fes  eaux  criftalines  ,  c'eft  le  Verbe  Eternel, 
Lors  quei'ay  entré  en  cefte  chaire ,  i'ay  com- 
mence7 &  fa  ici:  Tin  ftitution  de  mon  deuoir  par 
deux  fontaines  qui  fe  rencontrèrent  au  voya- 
ge d'Alexandre  le  Grand  en  Orient, l'vne  d'eau, 
l'autre d  huylc,&  expliquant  ce  qu'elles  pou» 
uoiét  lignifier  ie  difois  q.ie  la  fontaine  d'huylc 
reprefente  le  trauail  ,  pource  que  fingulierc- 
ment  en  vne  guerre  il  y  cft  requit  :  &la  fon- 
taine d'eau  la  victoire  ,  pource  quelesfoldat 


■ 


d'après  Pafquts.  887 

ne  font  point  tant  altérez  de  l'eau  quand  ils 
ont  foir  qu'ils  font  de  la  fictoirc  :  Que  rcflc-ii 
maintenant ,  (I  ce  n'elfc  que  celte  romaine  d'eau 
arroufece  Palmier  par  la  returrection  ,  Ftnsfx- 
fientUyerbt'.m  Du  tnexelfis.  Ce  Verbe  incarné 
cil  vnc  fontaine  quiafaict  croiftre  cefte  paix 
rclTufcirant. 

Sur  cecy  &  en  faneur  de  celle  paix  il  faut  que 
ic  vous  diic  vnc  chofe  dignedegrand  poix  OC 
de  grande  conlidcrationLc  doâc  Abbc  Ru- 
pert  dit  qu'au  commencement  du  monde, 
.1  créa  les  beftes  &  les  animaux  ,  mais  en 
telle  manière  qu'il  ne  les  delaiila  point  pnuez, 
dcfnùez&deili  tuez  d'armes  naturelles  pour  ic 
defrendre  &   rcuanclicr  les  vr.s  à.  l'cncontrc 
des  autres  :  où  venant  à  crc'cr  &  produire  l'ho- 
me, il  le  crée  tout  nud  ,  dcfpourucu  &  priuc 
d'armes  naturelles  ,&  pourquoy  cela  ?  deman- 
dera quclqu'vn,  c'eft  que  là  où  Dieu  a  donne 
les  armes  aux  animaux  pour  fedeffendre  quai 
fans  vfagede  raifon  ils  s'cflcuent  les  vns  con- 
tre les  autres, il  a  feulement  priué  l'homme 
d'armes  ,  pour  lignifier  qu'il  ne  doit  iamais 
f'clleucr  contre  Ion  prochain  &  fonfcmbla- 
blc,ains  doit  touliours  entretenir  &  fomen- 
ter la  paix  tant  ayme'e  de  Dieu  :  voyla  pour- 
quoy l'homme    avant  cette  paix  ,  le  voyant 
deftitue  d'armes  naturelles ,  comme  les  autres 
animaux   de  li  terre,  il  a  eu  recours  aux  ar- 
tificielles ,&:delà  ont  commence  les  guerres, 
les  combats  ,  les  inimitiez  les  haines  ,  cV  les 
diflentiins  fur  la  terre  :  celte   guerre   c 

5C  prift  fon  o  entre  la  rébellion 


88  8  VourlcMardy 

du  fens  auec  raifon,  après  le  pèche'  deThom- 
mc,  alors  il  fe  trouua  aflailly  de  toutes  parts, 
&  par  la  chair,&par  le  fang  ,  &  parle  diable, 
&par  les  animaux  de  la  terre  ,  par  les  hom- 
mes mefrnes  ,  &  l'inuention  des  armes  ar- 
tificielles auec  l'inimitié  fraternelle,  en  la  per- 
fonne  du  fratricide  Caïn  :&  guerre .&  inimi- 
tié générale  de  l'homme  *  l'en  contre  de  l'hom- 
me mefmeaduré  iufques  à  TaduenenTcnt  du 
fils  de  Dieu  ,  fans  y  auoir  ny  trefue ,  ny  paixmy 
repos. 

Voila  pourquoy  fi  lors  qu'il   efi  venu  au 
monde  ,  il    a  fai^  annoncer  cefte  paix  par 
les  Anges  ,  difans  ,  GlorU  in  excifis  Dto  &  in 
terra paxbowimbus,  durant  fa  vie  il  n'a  recom- 
mande' autre  chofe  que  cefte  Paix  &  la  dile- 
6fcion  fraternelle  ,  Hoc  efi  prœceptummcnm  Dtài- 
ligatis  inukem  ,ficute*pâiUxit  vas ,  A  près  fa  Rc- 
furre&ion  la  Paix  eil  par  luy  publiée  en  l'af- 
femblee  des  Apoftres ,  Stetït  le  fus  in medio  Difci- 
pulorum  fmrum  dkens  >p<tx  vobis  ,  &  eftant  preft 
defortir  de  ce  monde,  il  dclaiflfeà  fes  Apoftres 
pour  toat  héritage  cefte  paix ,  Paccm  relwqtto 
mundo  if.icein  mcumdo  yohis ,  c'eft  ainfi  comme 
vous- voyez  que  les  eaux  de  celte  diuine  fon- 
taine arrofent  le  Palmier  de  laPaix,&afinque 
plus  commodément  toute  la  plante  de  TS- 
glifc  foit  arrofee  de  l'eau  de  cefte  fontaine, 
qui  engendre  &  produit  cefte  paix,  Stetitin  me- 
dio,  O  Seigneur  vous  obtenez  en  la  fain&c  Tri- 
nité la  place  du  milieu  entre  le  Perc&leFils, 
en  l'Incarnation  raus  aue*  poflfedc'  le  milieu 
du  ventre  de  la  Vierge ,  Opernb^tur  faltucm  m 


&  aptes  PafcjHts]  $  ?  ->  ' 

tnrdf  mt*,  en  la  Croix  vous  aucz  efte  crucifie 
entre  deux  larrons, en  la  Transfiguration  vous 
ettes  apparu  fur  le  1  habor  entre  Moyfc  & 
Hclie,  &  après  voftrc  Refurrcction  vous  eftes 
appar:,  icu  de  vos  Difciples ,  &  letout 

afin  de  rjcificr  toutes  c\\oÇcsy  S tctit  le fuj  ih  me* 
<Urttmfuornfn  Jiccns ,  pdx  >^,  &  ainli 
ie disque  vrayement  c'eft  ce  Soleil vjui  s'arre- 
fteau  milieu  du  Ciel ,  pour  nous  faire  obtenir 
la  ▼  ictoire  &  pour  nous  donner  la  paix  ,  ainli 
qu'autrefois  il  fit  au  temps  de  lofuCySuutSoli* 
'■■•>>  calt. 

<>  faincre  &diuine  Efpoufe  vous  diliczvn 
;r ,1 ïgê  d)rmio.fèdar mttvn  yigiUtt  ie  dors,mais 
mon  coeur  veille.  Quel  efl  ce  cceur  de  l'El- 
poux  qui  touliours  elfc  veillant  ?  vous  fçauer 
f]tie  l*s  Dames  d  honneur  ont  accoullumc 
d'.ipprller  leur-,  Efpoux  leur  cceur, l'Efpoux  de 
cette  Efpoufe  n'ett  autre  que  le  fils  de  Dieu, 
qui  cfl  leccrur  de  cette  Efpoufe  l'Eglîfc  ,  car 
vousfçauez  que  le  cceur  cft  ordinairement  au 
milieu  du  corps  dcTRocirtic  ,  afin  qu'il  donne 
vicà  toutes  les  parties  d'iceluv  ,  ainli  k  61s  de 
Dieu  cttant  le  coeur  del'Eglife,  fctrouucau- 
i'huy  au  milieu  des  Apottrcs,  qui  repre- 
fentoir  cette  Eglife,  afin  de  mettre  paix  par 
(     it,  Stetii  l>rM)  in  mediê  D-;  l    -- 

Cccv  me  tait  rcffouuenir  de  la  rcfponce  que  j)h!  g  u. 
fitvn  iour  ce  grand  Prince  des  Mciecins  Ga-  Ifo  de 
lie  certain  Roy  d'Orient,  lequel  Pauoit  (  „•;,<•«. 

ro^c'  par  quel  niov:i  il  pourroit  mainte- 
iiii  fon  Royaume  en  paix.  Galicn  luy  voulant 


è  ç  o         Tout  le  Mardy  JPafu  Vafq] 
refpondre  &  donner  aduis,  print  vn  cuir  de 
bœuf  fec  ,  &  luy  dit ,  Sire ,  marchez  fur  vn  des 
bouts  de  ce  cuir,  &aufsitoft l'autre  bout  s'ef- 
leuoit,  mais  luy  faifant  mettre  le  pied  fur  le 
milieu,  ny  Tvn  ny  l'autre  bout  ne  fc leuoit ,  ny 
abbaiflbit  :  par  cela ,  Sire,  dit-il ,  voftre  Maje- 
fte'  recognoiftra  s'il  luy  plaift  ,  que  tandis  que 
vous  vous  tiendrez  à  rvnedescxtre'mitezde 
voftre  Royaume  ,  les  autres  s'efleueront  &  fe 
reuolteront  contre  vous,  mais  tenez  vous  au 
milieu,  &  alors  toutes  vos  Prouinccs  feront  en 
paix,  &  vn  chacun  de  vos  fubie&s  vous  rendra 
obeyiTance,  honncur,&  refpecl:  Autant  en  fait 
auiourd'huy  le  fils  de  Dieu,  car  pour  planccr  la 
paix   en  TEglife  il  fe  met  iuftement  au  milieu, 
Stetïtlefu-s  in  medio  Difcipulorum  di-cens ,  pax  y  obis  % 
tant  il  eft  defireux  que  cefte  paix  demeure  en- 
tre les  hommes, pour  l'édification  neceffairc 
de  leur  gloire  &  fa  lut. 


F  I  R 


TUZLE    DES   Mji 
pnncipales  contentas  tti  ces  ta 
*S\  s  du  C         te. 


ky/^Ç  Aron obtient 
jHr'^6  pardon  pour 
(^^  le  peuple,  of- 
frant de  l'encens  a 
Dieu.  817 

Abcl  mafiaerc'  de 
fon  frère  en  vn  champ 
defert.  ici 

Abraham  pere  des 
croyans.  445 

Adam  chaflc'par  luy- 
mefmc  du  Par.: 

Adam  a  parle  Hé- 
breu. 58$ 

Adam  eut  cognoil- 
fance  de  lcitat  rutur 
de  la  vie  humaine, 
après  (on  pèche.  ç6 
Alain  iourec  de 
l'Eçlife.  74-7 

Adam  premier  M 
narquedu  monde.  34 
Adam   reueftu   de 


pelliccs  d'animaux 
pourquoy. 

Adop:ion&fcs  con- 
ditions. 

Acte  louable  de  Dio- 
gène. 

Actions  d'vn  demo- 
niaclc  font  actions  de 
Satlun.  $84 

Airain  Cori 
endurcy  par  le  tcu:  Jtf. 
Ciel.  Il8 

Ade  héroïque  d'A- 
braham voulant  im- 
moler Ton  hli.  36 

Ambition,  m:hdie 
dangereufe. 

Ambition    grande 
de  la  uieic  de  Néron. 

Anciens  folJats  cou- 
uicz  au*  bras  8ci  la 
telle    entran-,    tuom- 
phanscnlavillc.    I}4 
Ai  ici    do 

L 


T   *4    B    L    E. 

falut.                      355  AfncfTe  de  Balaara 

Anges  gardiens  corn  empefehee  de  palier 

parez  aux  murailles  &  par  l'Ange*            367 

montagnes.            352  Afsiliance  du  S.  hf- 

Anges  gardiens   de  prit  .  neceflaire     aux 

nos  corps.                355  Conciles.               663 

Anges  gardiens  des  Affauts  du  diable  et 

homes  (elcnlacroyâ-  pouuentables.        103 

cede>Payens.        352  Afsiftancc  double  de 

Anges  n'ont  efte'at-  Dicuenuers  fonEgli- 

tendus   à    pénitence,  fc.                             77 

corne  lés  bornes.   410  Aftres    heureux    de 

Anim.iux  de  laterre  mal-heureux.        670 

portèrent  à  Adam  o-  Athlètes  oints  aux 

beiiTance  &  honneur.  jcux01impicjucs,auât 

343  cjue  de  combattre.  134 

Animaux  d'Ezechiel  Attilius   condamné 

figure  de  la  majefte'  corne  facrilege  pour  a- 

de^Dieu.                  81  uoirfaitprophanerles 

Anniba!  loiic  pour  liuresdes  Sybilles.  58 

fa  vigilance.          634  Auarice es  vieillards 

Antithefes  denoftre  rajeunitf                 324 

Seigneur  auecAdam.  Auarice  dangereufe. 

803  110 

Arche  d'Alliance  fi-  Aueugle-ne  illumi- 

guredes  Roys.       100  ne',  pourtraiâ  du  pe- 

Armoiries  premières  cbeur.                     552 

des  Chrcfticns  Aile-  Augures  pris  du  vol 

mans.                     524  des  oyfeaux.           837 

Art  de  bien  mourir  Autel  fait  ancienne- 
premier  de  tous.  594  nement  en  forme  de 
Arricles  de  la  foy  Liô,&  pourcjuoy^io" 
s'entretiennent.      45  Authorité  de  fainft 


r  j4 

Pierre  fur  les  autres 

Apoftrcs.  224 

B 

BAlance  de  laiufti- 
ce  &  mifericorde 
de  Dieu.  143 

Balâcesdcla  vie  pre- 
sétc  5c  de  la  future.  130 
Baquet  fuperbe  d'vn 
Empereur  Romain 
faict  au  milieu  de  la 
mer.  852 

Baptcfme     fignilîc 
par  l'eau.  68  y 

Bel  exemple  pour 
les  penitens  &  pé- 
cheurs pris  de  S.  Am- 
broife.  524 

Belle  &  notable  cou- 
ftume  des  anciens 
Scythes.  601 

Bénédiction  vient  de 
Dieu,  cv  la  malcdictiu 
des  hommee.  1)7 

Beftcs  Ycnimcufcs  & 
abominables  reuerecs 
entre  les  anciens  Egy- 
ns.  14 

ites  contrainctes 
d'entreren  l'Arche,  & 
non  l'homme.        268 
îles  cfpouuentees 
par  le  bruit  du  uô,  114 


B  L    E. 

Biche  engendrée  par 
le  Ton  du  tonnerre. 1^7 

Biens  de  trois  fortes. 
109 

Bien  qui  reuient  à 
ceux  quitont  aumof- 
ne.  607 

Blafpheme  de  Luther 
fur  lacontriton.     J 

Blafpheme  des  hé- 
rétiques fur  la  contri- 
tion. 267 
Blafpheme  des  A- 
thecs.  79 
Bœufs  d'Hclic&  de 
Baal  efeorgees  pour 
cognoiftre  le  vray 
Dieu.                     169 

Bonnes  cruurcs  ar- 
mes des  ChrcfVicns.  4 

Bouche  porte  de  la- 
me félon  Platon.      88 

Bras  de  Moyfc  fou- 
itenus  par  Aaron  pen- 
dant qu'il  prioit.  19$ 
•image  d'abfinthe 
offert  an  commenec- 
met  des  banquets  en- 
tre les  Romains.  ^3 
C 

CAluin        combat 
l'intcrccfsion  des 

LU  ii 


Anges. 


T  ^   B   L    E: 

Caftatrophcdumau-  parThuyle.              iS 

nais  Riche.            3*8  Charité   comparée 

Caufc  des  larmes  de  au  feu.  874 
Xcrces.  575  Charlemagne  ne 
Ceinture  du  Tem-  voulut  qu'vn  fuatre 
pie  de  Salomon  admi-  pour  toute  pompe  fo- 
rage. 362  nebre,  33 
Ceinture  fymbole  Chérubins  grauez  à 
deiuftice.              399  Tentour  du  Temple  de 

Ccremonies  obfer-  Salomon.               352 

uees    aux    Sacres    &  Chcueux  des  femmes 

Couronnemens     des  fontles  lacets  de  luxu- 

KoysdePeiTe.      340  re.                          683 

Cérémonies  necef-  Chefs  prins  pour  trois 

fairesenlaReligiô.350  chofes  diuerfes.       15 

Cerfs  &  Biches  ref-  Chiens  crucifiez  en- 

pirent  par  les  oreilles,  tre  les  Romains.   844 

2 5 1  Ciel  appelle  caue  en 

Cercle  fymbole  de  l'Eferiture.            207 

l'Eternité'.              137  Cieux  inaltérables 

Certitude  &  obfcu-  félon  leurfubftâce.115 

rite7 delà  Foy.          37  Cleméce  grade  d'au- 

Chairpirecjuele  Ba-  cuns  Empereurs.   463 

filic.                       104  Cœur  fourec  des  œu- 

Champellan  du  Roy  ures.                         10 

des  Perfes  Taduertif-  Cœur  des  roys  entre 

sat  de  fes  affaires  tous  les  mains  de  Dieu.  j6i 

les  matins.              132  Cœur  fitue' au  milieu 

Chant  du  coq  efpou-  du  corps  de  l'home.  65 

liante  le  Bafilic.     292  Cœur  de  l'homme  à 

Charge  des  Prélats  deux  parties.          2i6 

onereufe.               281  Colombe  auec   fes 

Charité  reprefentee  fauffes  couleurs, mar- 


r  \a  b  l  i> 

IjuC  4'hypocrifie.      p      Contritio  plusgran,. 
Colomnc  fymbolc    de  que  la  mer.        209 
d'éternité.  45  o.  &  695       Contrition,   &  en 
Combats  des  herc-    quoy  conùftc.       206 
tiques.                      2,3  Conucnancc  du  fa- 
Combat  de  l'Ange  phircauecla  virgini- 
âueclacob.             355  té.                         470 
Commandemens  èc  Conuen^ce  du  riche 
Dicus'ciatreticnct.  46  auec  le  chameau,  2,2  r 
Comment  faut  por-  Conuoititc  racine  de 
terfa  Croix.           875  tous  maux.            J518 
Communion  don-  Coopération  necef- 
nce  après  le  Baptcfmc  faire  à  la  grâce  reccué. 
en  la  primitiuc  Eglife.  571 
504  Correfpondancccn- 
Concilc  premier  de  tre  la    Création  &  la 
l'Eglile.                  694  Rédemption.        866 
Côciledes  Apoftrcç  Couleurs  de  l'arc  en 
tenu  en  Hierufalc.  219  Ciel  que  (Ignihct.  142 
ConcilcS          (rin  Courône  oftufcjuant 
des    Iuifs   quel  &  de  le  Soleil  veue  au  Ciel 
combien  de   fenicurs  du  temps  de  ConiUn- 
compofe.  696.  CV697  tin.                         242 
Confiance  de  Uauid  Courage  magnani- 
en  fes  richeiTes.       327  me  de  Iudas    Macha- 
Coniuratioude  Ca-  beus.                         p| 
tilina  faide  &  com-  Courroux  de  Dieu 
ment.                       259  fîgnifie par  le  fâg.  6\\ 
Confciencc   cham-  (         ..medes  Ainazç- 
bcllandc  l'home.  1^2  nesde  moarir  deb  o, 
côfciéce  des  pécheurs  &  non  couchées    207 
feront  les   liures  ou-  Coufhimc  des  h 
llflf  iu  iugenu:.  132  de  mettre   des  eferi- 

Llliij 


T  ui   B  L   E: 

teaux  au  defs9  de  la  te-  Cygne  chante  mé- 
fie des  fuppliciez.  316  lodieufemét  en  mou- 
Couftume  notable  rant>&pourquoy.o23 
des  Bataues.        .  758  D 

Couftumemal-hcu-  T^vAmnation  ramas 

reufe  des  Scribes.  553  JL/de    tous    maux, 

Crainte  de  Caton  peines  &douleurs.335 

d'approcher  de  Cefar  Daniel  deliuré  de  la 

qu'il  auoitofrcnce'.i22  foflc  aux  Lions.       77 

Créatures  raifonna-  Dauid  figure  de  le- 

blés  portées  d'ambi-  fus-Chrift.            627 

tiond'eftre  Dieu.  300  Dauphin  amoureux 

Créatures  compa-  de  l'home  plus  que  les 

re'esàTeau.             631  autres  animaux.    474 

Crédit  &  faueur  de  Débat  entre  les  Iuifs 

la  Magdaleine.      684  &les  Samàritains.290 

Crocodile  adoré  des  Demande  imperti- 

Egypticns    &    pour-  nented'Antipateraux 

qnoy.                      6*39  Lacedemoniens.   Ï93 

Crocodile  feul  ani-  Demande  fai&e  à 

mal  fans  langue,  ibid  Simonides  ,pour  fça- 

Croire  s'eft  appro-  uoir  que  e'eftoit  que 

cher  de  Dieu.           28  Dieu.                     640 

Croix  du  fils  de  Dieu  Defcription  de  Ta- 

liuredevie.             132  mour.                     828 

Croix  du  fils  de  Dieu  Dcfcriptiô  du  riauîre 

înftrument  de  noftre  de  l'Eglife.              78 

falut.                      $93  Defert  lieuauarita- 

Croixdu  fils  de  Dieu  geux  pour  Satan.  100 

bois  pour  entretenir  Defert  lieu  auanta* 

le  feu  de  charité'.    874  geux  pour  le  Chreftié. 

Cuifine  temple  des  102 

gourmans,              110  Defolation  grande 


l'Eglilc. 


T  ^  B 

d'Àgar  voyant  Ton  cn« 
faite  mourir.  814 

DjuiTcs  des  Anciens 
Romains.  307 

Deux  chofes  remar- 
quables au  Triomphe 
du  fils  de  Dieu. 

Deux  forres  de  f 
ne.  318 

Djux  marques  de 

Deux  fortes  d'here- 

fic   combatuë  par  S. 

Auguftin.  J$ 

Dieu  fc  trouue  en 

troislieux.  270 

Dieu  appelle  feu  en 

rEfcriture.  117 

Dieu  exemple  de 

perredion.  52 

Dieu  voyant  nos  ne- 

cefsitcz  nousfecourt. 

Dieu  nous  parle  par 

Dieu  fe  regarde  foy- 
mcfmc  voulant  faire 
mifericorde.  144 

Dieu  mifericordicux 
au  iour  du  iugcixicnt. 

Dieu  promoteur  du 
pechc.  106 


l  e: 

Dieu  copare' au  vent. 

Dieu  a  deux  fortes  de 
nces,  ioe> 

Dieu  entoure  de  im- 

(cricordc.  142 

Dieu  miroiicr  du 

monde.  51 

Dieu  nous  traitteen 
Roys.  l}i 

l>icu  peut  eflretrop 
&  non  allez  aime.  6^1 

Dieu  porte  le  glakic 
en  trois  façons.      398 

Dieu  fcmblablc  à 
l'Ourfc  au  iour  du  in- 
génient. »2Ç 

Dieu  fouucrain  re-« 
fuge  des    aùlcrablcs. 

7>\ 
Dieu  confère  fes  grâ- 
ces en  faucur  de  quel- 
ques liens   feruitcurs. 

Dieu  fc  furpafTc  foy- 
mclme  en  bonte  & 
mifericorde. 

Dieu  compare  1 
ftatuaircs  ancicnsdcs 
Grecs.  17; 

Dieu  toigneui 
l'intérieur  ,  8t  Sa 
dcl  extérieur,  6 

LU  ni; 


Dieu  commence  fes      Dire  notable  d'An- 
ccuures  parchofesin-   nibal.  271 

terieures,au  contraire        Dire    notable   de 
de  Sathan.  7    Charlemagne.       331 

Différence  entre  la       Dire  de  Xenophpn 
nature  &  la  grâce.  505    touchant  laperlonne 
Différence  des  mini-    d'vnRoy.  306 

lires  de  Dtcu&dc  ceux      Dire  notable  de  Ga- 
dcsRoys.  282    lien  donnant  confeil 

Différence  de  la  vo-   à  Alexandre.  889 

lonté  de  Dieu  &  de      Diftace  infinie  entre 
celle  des  hommes.263    Dieu  &  le  pèche.     28 
Diffcrece  de  Dieu  &    .  Difcoursdes  Conci- 
de  Sathan  en  quoyco*    les.  6g\ 

gneuë.  13       Difcours  de  la  mort 

Différence  de  Dieu  du  fils  de  Dieu  en  la 
deuant  &  après  Tin-  Transfiguration.  332 
carnation.  142    Difpute  d'Adam  auec 

Differéce  dufage&    Dien.  453 

du  fol  notée  par  le  fa-    I}iuciTe  façon  de  par* 
gc.  il    1er  de  noftre  Seigneur 

Dimefions  du  baïti-  aux  Scribes  &  au  peu- 
mentfpiritucl»         34    pie.  54 

Dire  de  Cefar  mou-  Diuerfes  forties  du 
ranr.  717    fils  de  Dieu  184 

Dire    d'Alexandre       Diuifion  de  la  terre 
voyant  le  fang  colère    prornife.  (558 

defonfang.  32.0       Dix  miracles  fe  fai-* 

Direnolabledc  Phi.  foient  ordinairement 
Hppc  Roy  de  Mace-  en  l'ancien  Taberna- 
doine.  330    cle.  16 

Dire  notable  de  De-       Droiéfcc   &  garache 
mofthene,  Sm110  %  nifient  en  l'Ef- 


T  ^  B    L  e: 

crîturei  n    quoy  que  lame  y  foi: 

Douaire  donne  de    383 
Dieu  à    l'amc  fidellc         le  Diab'eeft  muet 
fonefpoufe.  245     parfesetfects.        386 

Double  qualité'   du  E 

feu.  117    T?Au    propre  pour 

Double  vie  de  l'hom-    Jj^laucr  les  péchez, 
m-.  500    548 

Double  naîflmce        Eaux  de  la  mer  ai- 
de l'home.  125.  &  126    doucicsà  Tarriiiee  de 
Double     citât  de    Denis  le  Tyran  à  My- 
riiomme.  505    cenc.  91 

Doigt  de  Dieu  rc-     Eaux  de  liberté' qucl- 
doutablc.  505    les.  634 

Douleurs  de  ce  mon-       ErTc&s  effranges  du 
de  ne  font  compara-    foudre.  6 

Lies  à  celles  qu'endu-       Erïcéts  de  îa  nature 
rent  les  damnez.     335    <:nucrs  les  femesgrof- 
Ducl  entre  noftre   Ses.  58 

Seigneur  èvSarhi.   9$         Eftcc'h  de  la  proui- 
Duelopporcaucom-    dcnccdcDicu.       504 
ma  de  nicu.  09     Egyptiens  efpcroicnt 

Diable  appelle  fmgc    leur  falut  parla  Croix, 
de  Dieu. 

le    Diable    appelle    Eglifc  appcllee  m 

Lioo:  757    de.  z.\o 

le   Diable     appelle7  'ifc  appellee  ver- 

par  lob  Lion  &  for-    gtfpfeïn  de  ri mrs.  515 

mie.  166        iglife  appel Icefain- 

le  Diable   compare*    etc,  cV  pourquoy.  447 

an  chicenchaifné.  758      Eglifc  compirec   au 

le  Diable  peut  pof-     fcys.  128 

feder    noftre    corpi,     Egl  ifc  cpifcopale  ap- 


T  ^4  B  L  El 

pellee  Cathédrale,  &      Enfeignes  de  Saxes? 
pourquoy.  388   712 

l'Eglife  comparée  à    Enfcigncmens  de  Iu- 
la  nalfclle  agittee.   77    itinian  mourant  don- 

Eghfc  appellee  co-    nées  à  fon  fils  Tybere. 
lomne   de    vérité,  &    604 
pourquoy.  965       Enuie  bette  dange- 

Eglife  comparée  à  la   reufe.  808 

nauire.  .435      Enuie  comparée  au 

Eglife  appellee    vi-    Tygre.  710 

gne.  345      Ënuieuxcôparezaux 

Eglife  eftvnRoyau-  chiens  abboyans.  65 
me.  220       Epaminondas  trifte 

Elephat  Symbole  du  le  lendemain  de  (on 
Iugccelefte.  128    triomphe.  715 

Emblefme  des  vieil-  .    Epithce  donnée  au 

lards  &  de  Sufannc.80    diable  par  Efaye.    389 

Emblefme    de     la       Erreur  touchant  les 

mainconioin&eauec    peines  d'enfer.      334 

vn  œil.  82     Erreur  des  hérétiques 

Emblefme  de  la  Lu-    touchant  le  libéral  ar- 

nc  &    du  chien  ab-    bitre.  36^ 

boyant  après.  64      Erreur  de  caluin,  de 

Ennemy  qui  doit    Luther  &  de  Beze. 2^4 

eftrehay.  54       Efcriture  mal  inter- 

Ennemis  comparez  prêtée,  Verge  de  TE»- 
à  l'abeille.  6%    glife.  '  109 

Entrailles  de  l'amour  Efcriture  arme  de  Sa- 
de Dieu  côparcesàla  than  &des  hérétiques, 
pôme  de  Grenade. 363    106 

Enfeigncs  desRoys  Efcriture  enigmatî- 
prinfes  des  enfeignes  que  au  temple  de  Dia- 
des  Dieux.  301   ne  43 


T  \A    B   L   El 

Efcriture  du  fils  de  F 

Dieu >  fur lapoufsierc    T^Ace  d'Aug.  terri- 

que  lignifie.  558    JL  ble&  gracieufe.119 

hfpreuuc  ii  l'or  cft  cri       Face  de  Dieu  bonne 

lamine.  ic8    &  terrible.  119 

Eftoillc  des  Mages  Façon  defprouuer 
appellce  langue     des    l'or  es  Indei.  129 

Cicux  par  faincl  Au-      Fait  notable  de  Cra- 
guftin.  31    tes  Thcbanus.        ^2} 

Elire  Chreftien  es  Fai6l  notable  d'Ai> 
fondemens  de    falut.    tifthenes.  6^6 

Faict  louable  de  Si- 

Efcufton  dVn  cer-  lurus  Roy  des  Tarta- 
tain  Soldat  tait  de  cry-    res.  294 

1U1  ,  esblouillant  les        Fauoris  du    diable 
yeux  de  l'ennemj.  751    leuez  aux  charges  fans 
jchariitic  lignifiée    mérites.  110.    m 

parlcfang.  635       Faux  prophètes  en  la 

Eue  attaquée  du  fer-  primitiuc  Eglife.  4-1 
pent  en  l'abfccncc  Faute  d'vn  parcicu- 
d'Adam.  100    lier  ne  doit  cftrc  im- 

.e  tircc#  du  cofte  puteeàvn  corps.  227 
d'Ada  ,  pourmonflrcr  Félicité  amas  de  tout 
qu'elle  n'efr.  fa  feruan-    bien.  335 

te  ny fana iftrc fichai n s         Femme  fans  hou- 
facompagne.         259    neurefr.  infâme.    ^76 

Excez  de  l'amour  de  Fcneants  ban  ris  en- 
Dieu  monftrc  au  Sa-  tre  les  Athénien*,  m 
crement.  359      Fcftins  des  Pcrlcsap- 

Exemple  fert,&  a    pelle/  1  qtielft  35$ 

beaucoup  de  forcc.74.       Peu  celé  (le   1 
U*ff*  du    fur     le     facrilîcc 

d'Hclie.  170 


T  \A  B    L   tl 

Feu  d'enfer  fpirituel.     Le  Fils  de  Dieu  a  te» 
334  nu  le  milieu   en  fes 

Feu  principe  de  tout    myftcres.  888 

félon  Empedocle.  62     Figues  frui&  de  con- 
Feu  Symbole  delà    tradi<5Hon,felon quel- 
indice  &  mifericorde    ques  Pères,  &  non  la 
de  Dieu.  118   pomme.  97 

Feu    Symbole    du       Figuier  maudit  par 
courroux  de  Dieu.  118    noftre   Seigneur,   & 

Feu     Symbole    de    pourquoy.  131 

Dieu.  121       Figure  de  la  femme 

Fidelle  feruiteureft    desbauchee.  371 

le  fucceffeur  defainét    Figure  de  Toccafion. 
Pierre  ,  félon   fainâ:    271 
Chrifoftome.         283      Figure  du  Roy  &  du 

Fils  de  Dieu  corn-  luge, entre  les  Egyp-* 
pàréàMoe'.  807    tiens.  136 

leFiIsde  Dieuacfté  Fin  du  monde afri-t 
fouette'  félon  la  cou-  uera  félon  l'opinion 
flume  des  Romains,  des  petes  &  anciens 
7po  Philofophcs.  115 

Fils  de  Dieu  liurede  Flateried'Epicure.}^ 
vie.  132. &  133     Flatcurs  d'Alexandre 

Fils  du  Roy  Gyrus  par  luy-mefme  blaf- 
muet  ,    parla  voyant    mez.  ,       330 

faire  outrage  à  fon  pe-    Foie  demande  de  Mi* 
re.  810    das.  22 

le  Fils  de  Dieu  fe  Fontaines  merueil- 
taift  -deuant  Ces  faax  leufestrouuees  par  A* 
aceufatcurs,  &  pour*  lexandre  ,  allant  à  la 
quov.  7^5    conquefte  des  Indes. 1 

Fils  de  Dieu  eom-  Fontaine  de  Bertie 
parcauPellican»   872    admirable,  6$% 


r  \a  s  l  e: 

Fontaine   bruflante  Foy  reprefentee  fous 

de  nui<5t,  &  glaçante  à  le  fymbolc  dclalam- 

la  veuc  du  Soleil.   771  pc.                           155 

1   Mitaine  de  lacob  Foy  du    Centenier 

quelle.                   494  caufe  de  la  guarifon 

Fontaine  d'eau  fym-  de  Ton  feruitcur.      27 

bole  de  victoire.        2  Foy  appcllecc  ceildc 

Fontaine  d'Acheron  l'ame.                      161 

changeât  les  hommes  Frayeur  des  damnez 

en  bettes.                207  vov  ans  la  face  de  Dieu 

recs  du  Diable  in-  au  iugement.          123 

copjrables  félon  lob.  Frui&s  de  la  palme 

120  fort  doux,  bien  qu'ils 

Fontaine    des    Ro-  procèdent  de   racine 

mains   dcfchautfa  (es  amere.                     233 

patins  fur  le  mont  Pa-  Fucillcs  de  figuier 

latin.                   .&90  feruirent  à  Adam  eu 

Fo?   bouclier    du  la  pénitence  de  fonpe- 

Chrcflien.               47  chc.                           97 

Force    de   l'oraifon  Fucilles   de    figuier 

comparée  aux  os.  742  picquantes, figure  des 

Foy  principe  de  (a-  aduerfitcz.             87^ 

lut.                           2S  G 

!                rentcdela  /*">  Alba  dit  que  per- 

feience.                      2,7  VJYonnc   n'eft  tenu 

Foy  hguree  par  les  de  rendre  conte  de  fa 

deux  grands  luminai-  vie.                           îtf 

rcsdumnnde.          40  Garder  iuflicc  ,  & 

Foy  obfcurcie  parla  auoir  fidelsamis  ,  cft 

raifon  naturelle.     40  la  conferuation  dvn 

Foy  conduit  Vhom-  Roy  en  fon  cftat.    595 

parmy   les   tene-  Gentils  fignifier  par 

rance.59  Ici  dragons.           4$i 


7 '  \A  B   L    tl 

Glaîue  de  Goliath  contre  Satham  p$ 
confcracré  à  Dieu  par  Guerre  cruelle  en- 
Dauid.  182    tre  la  chair  &  l'efprit* 

Grâce  appellee  plu-   96 
me   de  colombe  par  H 

Dauid.  503    T  TAbillcmcns     des 

Grâce    preuenante    L  JLanciens  luitteurs 
&  fubfequente.      564    iuftes  &  fans  ply.    97 
Grâce  concomitan-        Habillemens    d'A- 
te  &  coopérante,  ibid.    dam  de  quelle  matie- 
Grace  de  Bicu  don-    rc  faiéts.     863.  &  8^4 
nccàtous.  263       Habillemens  de  fi- 

la Grâce  eft  enTef-  guier,  cV  ce  qu'ils  re* 
fencederame.        20    prefentent.  97 

Grâce  appellee  fe-  Hayne  de  la  Pan- 
mencede  Dieu.     501    there   contre   Lhom- 

Grace  de  Dieu  oy-   me.  300 

feau  de  proye.       649     Hayne  comparée  aux 

Grâce  excitante  en    efpines.  64 

quoyconfifte.       560      Hayne  de  Thcophi- 

Grâce  fuffifante  of-   Jade  contre  S.  Chry- 

ferteà  tous.  568    foftome.  610 

Grâce  actuelle  &  ha-      Haire  &  filice  figu- 

bituelle.  556    rez  par  les  vefremens 

Grand  amour  du  de  figuier  d'Adam.  97 
Pélican  enuers  fes  pe-  Hely  faifi  de  grande 
tits.  873    triftefle  ,  fçachant  la 

Grand  Preftre  an-  prife  de  l'Arche  d'Al- 
eiennementmarchoit    liance.  752 

fans  fouliers.  529      Héraut  marchant  de- 

Guerre  du  monde  &  uant  les  anciens  triô- 
du  diable  finie  par  le  phateurs  ,  &  ce  qu'il 
combat    du  Sauucur   difoit.  708 


T  \A   B    L    U. 

Hercfie    des    pre-  les  de  la  grâce  ,  fclcm 

miers  hérétiques,  s  '9  lcsPcrcs.                    $ 

Hérétiques  corapa-  Huylc  donnée  aux 

rcs  a  Galba.             133  hommes  par  les  Dieux 

Hérétiques  fe  fon-  pour  vn    rafraichiflc- 

dent  fur  la  roy  feule-    met  cnlcurstrauaux.a 

ment.                      i}4  Humanité  de  Icfus- 

Hercfiedes  pharifics  Chrifl  voile  de  fa  di- 

ditf-crente  de  celle  des  uinité.                     8$$ 

Rcligionnaires.        1}  Humilité     efleue 

Hcrctiques  conda-  l'homme.                657 

nez  par  la  ioy  du  Ccn-  Hvmne  chanté   par 

turion.                      44  N.  Seigneur  après  fa 

Hjrctiques  ont  plan-  dernière    Ccnc   quel, 

te  l'Euangilcaucc  les  6z\.  &  t  11 

armes.                     170  Hypocrihc  des  Scrî 

Heur  du  bon  larron,  bes.                        454" 

Sic  Hypocrites  compa- 

Homme    mondain  rez  aux  anciens  Tem- 

comparé     au    cheuai  pics  des  Egyptiens.  14 

d'Alexandre.         601  I 

Hommes    appeliez  TDolc  de  Labanem- 

fleurs.                      65;  JLportcparRachel.301 

Hommes   ignorans  Idole  de  la  Déclic 

efleuez  en  dignité  en-  Serapia  trouuec   aucc 

tre  les  hérétiques.     55  vne  croix  fur  la  poi- 

Hommc  diftant  des  trine.                        871 

animaux  pirlaraifon.  Idoles  anciennemec 

>^J  liez,  &  pourquoy.  759 

Hoftic    offerte  par  &760 

Ccfar  ,  trouuec  fans  leconias  faifoit  plus 

cceur.                         o  d'cllat  de  ion  or  que 

>  le  *v  eau  fymbo-  de  Dieu.                  320 


r  14  b  t  h; 

Iefus-Chrift  figuré   triomphateurs    ]    & 
par  l'ancien  propitia-    pouquoy.  708 

toire.  162       Impatience    de    la 

Iefus-Chrift  reffufci-  meredeTobic.  826 
te'  au  iour  que  la  lu-  Infallibilite'  de  l'E- 
mierefutproduite.858   glife    d'où   procède. 

Iefus-Chrift  a   de-    449 
meure'  trois  iours  au       Infidellesne  peuuct 
Sepulclire  ,  &  que  il-   eftre    contraints  par 
gnifie    ces   my itères,   exorcifmes  à  venir  à 
S49.  TEglife.  203 

Iefus-Chrift  appelle'  Induftrie  dcXeuxis 
Soleil.  276    voulant  pourtrairc  la 

Iefus-Chrift  eft  Ta-    belle  Heieine.       661 
medeTEglife.         %6      Ingratitude  des  hô-« 
Iefus-Chrift  reco-   mes enuers Dieu.  824 
gnu   pour    Dieu   du       Induftrie   de    Thi- 
Centurion.  43    mantes  peignant    le 

Iefus-Chrift  appel,  facrifice  d'Iphigenia. 
lé  pierre.  618   818 

Iefus-Chrift  attaque      Induftrie  de  la  four- 
Sathan.'  100    mis.  854 

Iefus-Chrift  a  ofté  Induftrie  pour  fça- 
l'imperfedion  de  la  uoir  fi  vn  homme 
loy  ,  &  y  a  mis  la  per-  agoniflant  eft  mort, 
fcétion.  57    666 

Iefus-Chrift  fe  por-  Interdit!:  aux  igno- 
te  luy-mcfme  en  l'in-  rans  de  lire  la  fainfte 
ftitution  de  l'Eucha-    Efcriture.  54 

riftie.  87        Induftrie  des  Apo- 

Image  du  Dieu  Fi-  ticaires,  pratiquée  par 
cinuspofeeau  haut  de  le  fils  de  Dieu.  297 
la  tefte   des  ancien»      Intention  de  celuy 

qui 


r  Zi  b  l   k. 

cjui   prie  que  le  dort    de  Dieu.  foj 

cftrc.  î  9 1        lu  (1rs  appeliez    ! 

InfHgitiondeDieu 
à  Adam&  au  pécheur.       Indes   comparez    à 

la  Lune. 
Intention  pure  com-      h  fticc  de  Dieu  com- 
parées la  pierre  d'A  rc. 
mant.                           |      [ufttcc  de  oicu  c< 

Intention    cft    rnc    p.ircc  aux  montagnes, 
corde     pour    attirer    144 
Dieu  à  foy.  ibiJ.      Juiticc  de  Dicu,mf- 

Interccfsion  des  S  S.    buchet  pou.  nos 

neceflaire.  jçd    ceuurcs. 

Inuention  pour  co-  L 

gnoiftre  la  mine  d'or,    T    Accdemonicns   a- 
d'argent  &  ducuiure.    -Lmatcurs  dj    kurs 

enfans.  10  ; 

lob  dcliurc'dcfami-        I  aic"t,  dclamcrccft 

ferc.  77    vn  fang  cuit  deux  fois. 

lob  figure  dufilsde    509 
Dieu.  108       L'ame  comparée  au 

Ingénient  de   Salo-    miroiicr.  16; 

mon  fur  l'enfant   des         Langue  Hébraïque 
deuxmerr  premierede  toutes 

0  luges  doiuent  cftrc       Larmes  de  prix  &  de 
oyans  ,  &  fans    valeur  entiers    Dieu, 
mai  136     f.}9 

le      [uif  Svdonrien  1  des  luif*  fn 

1  pour  le  fils  d'ke-  >rtduKoy!oi 

rode  ,  &   finalcmcn 

recognu  par  Augulte.         Larmes  comparées 

a  1 1  (.11  ni 

te  du  fils  irfor- 

Mmm 


T  ^    B  L    E. 

ce.                        207  les.                        59T 

Larmes  eaux    plus  Louanges  &  efficace 

douces  que  miel.   212  du  ieufne.                21 

Loy  ancienne  corn*  Louanges  des  dé- 
parée aux  cifternes  li*  ferts,  &deslu•uxfûli- 
moneu(cs.               60  taires.                     101 

Loy  ancienne  corn-  Lucifer  releue'  en 
parée  à  l'arbre  fous  le-  puiffance  par  deflus 
cjuclrepofa  lonas*  60  les  créatures.  102 
compareeà  la  Manne.  Lumière  première 
ïbi.  côparee  à  la  terre,  créature.  35 
premièrement  créée  M 
vuide  &  ftcrille.  ibid.  \  TAgnanimite' 
compareeà  Rachel. 62  jLVjLgrande  du  Roy 
Lcy  de  Dieu ,  Hure  François  I.  en  fa  gran- 
de vie.                    132  deaduerfue'.           830 

Loy  des  Athéniens  Majefte'  Royale  c£. 

faifantrédre  copte  de  clatdeladiuinite'.  112 

h  vie  d'vn  chacun. 133  Mariage  permisan- 

Loy  de  Dieu  appellec  ciennement  aux  Pre- 

tabernacîc  fpirituel.  7  ftrcs>  mais  à  conditiô. 

Loy  de  crainte  châgee  465 

en  la  loy  d'amour.    53  Marie  comparée  au 

Loy  de  Dieu  burinée  buidonardant.     667 

fur  des  tables  d'yuoi-  Marie  appellee  abif- 

re.                         252  me  de  miracle  par  S. 

Loth  cofeillé  defor-  Damefccne.          667 

tir  de  Sodome,&non  Marie  appellee  au- 

fbrce,&poLirquoy.2,5î,  rore&  pourcjuoy.û'ô'8. 

Louange  delà  Cha-  &  669 

nnnee*                     181  Marie  appellee  mi- 

Loiiange  des  larmes,  rouer  concaue.      66$ 

&  de  l'efficace  d'icel-  Marie  contient  ea 


T  l*   B    L    El 

foy  tout  ce  qu'il  y  a  de    718 
beau  es  créatures.  66$      Mifcricorde  de  Dieu 
Marie  appellcc  Ar-    côparecau  Soleil.  25e» 
chc  d'Alliance  &  ta-       Mi  Je  empef- 

bcrnaclc  de  Dieu. 661    che  laiufticc  de  Dieu. 
Marie  conuertic   eu    14 
vn  Soleil.  66  j      Miferscordc  fiege  de 

Marque  des  cr.fans    Dieu   au    Ciel   &:  en 
de  l'Eglife.  180    terre.  14} 

Matière  &  forme  du  MifericorJecuprend 
peche'.  30    deuxehofes.  187 

Mauuais  confcilde      Mifcricordc  particu- 
Perimandcr.  6Z0    licre  &  propre  à  lefus- 

Maux  prouenansde    Chrift.  580 

la  maladie  du  peche'.       Mifsion    des    Apo- 
212  ftres  &  Prélats  ,  ac- 

Medicament  d'Em-  compagnec  de  quatre 
pedode  faifant  viure    conditions.  611 

fans  refpirer.  21        Monarchie  la  plus 

Miracle  des  5.  pains  excellente  des  gou- 
fi^urc    de    TEuclian-    uernemens.  219 

(tie.  499       Monde  fera  renou- 

Miracle  ordinaire-  ucllc  félon  Platon,  par 
ment  fii&s  au  taber-  les  principes  de  la 
nacle  ancien.  171    naiflance.  \\6 

Miracles  rrfufczaux  Môdercnouucllc'par 
loifsparN  Seigneurs  l'eau  eV  parle  feu.  116 
cV  pourtjuoy.  172        Monde  hoiloge  de 

Mileie  de  Lyzima-    l'homme.  387 

ch  Monde  de  deux  for- 

Miiere  de    Baiazct    tes.  657 

-     eu.  719       Moyen  de  brifer  le 

Mifcrc  de  Delhi       .    diamant*  ^92 

M:iun  i) 


T  *4    B    L    E; 

Morfurc  du  chic  en-        Nature  du  S.Efprîe 

ragéfait  vomir.     844  expliquée  par  Teau  vi- 

Mo"t  Ju  fils  de  Dieu  uc.                         <58$ 

torrent.                 616  Nature    du    Tillcc 

Moyfe  voile  fa  face  deferite.                 641 

d'vnfuairc  pourefrre  Nature  de  THeiio- 

regarde  du  peuple  332  trope.                     653 
Multitude    de    Pa-       Nature  du  peuple, 

fleurs  de  i'Eglife  de-  214 

pendant    d'vn    Chef.  la  Nature  abhorre  le 

278  vuide.                      60 

Myrrhe  double  pre-  Nature  foigneufede 

miere  &  féconde  .338  Thôneurde  la  femme. 

Myftere  de  la  Trini-  677 

teincosneu  denoftre  Nerf  du  cœur  defee- 

entendement.          41  dant  au  petit  doigr.67 

Myftere  de  l'Incar-  Noe'  fécond  Monar- 

nation  incomprehen-  que  gênerai  de  la  gloi- 

fible,                       41  re.                         344 

Myftere  de  lEucha-  Nom  de  la  Tribu  de 

riftie  incomprehenfi-  Leui  graue'    en    vue 

Lie.                           42  emeraude  au  Rational 

N  du  grand  Preftre,  que 

NAbuchodonofor  fignifioit.              467 

efpouuate'  voyat  Nom  de  Iefus  trou- 

le  doigt  de  Dieu  ef-  ue'  graue  au  cceur  de 

criuant  fur  la  paroy.  S  Ignace.                59 

j  78  Nom  de  Saddsi  pro- 

Nature    du  péché.  prcàDieu.            506 

422  Nôbrc  de  12.  requis 

Nature  du  diable  fi-  anciennement     pour 

gnrecpar  lcferpent.  faire  cfledtiô  de  qucl- 

420  «ju'vn.                    230 


Tl4  B  L  V. 

Nombre  de  50.:  Ocuures    gcnerale- 

bie  de  Jubile.         858    ment  diuifez  en  trois 

Nombre  de  n.  pie-    genres  ou  cfpeces  par 

nitude  de  grâce.    8S0     les  I  hcologienr.ibid. 

N  cura  endure       Oeuurefconduifent 

3.  fortes  de  difeiplines    à  falut  ,&  non  Iaiciilc 

cnlaflagcllttion.  7  8    foy.  1^4 

N,  rueilleufc         Ocuures   penib     1 

iilcs  de  canarre.240    rendues  rjvilcs  par  la 

Nuée  :  ceSjnn     charité.  18&19 

bolcdelat  38      Ocuures  prennent  la 

Nue  claire  &:  tenc-    charite'en  l'hôm.,   6j 

breufe.  39        Otlice   des  Pichrcs 

Nul  cfclatic  entra  en    fcmblablcàccluy  des 

l'arche.  259    A:>ges.  j}i 

O  (  >i i -lier  fbarniflant 

OBic&ion  des  hc-    l'huile^ficlcscourônéi 
retiques     contre    auxAthdet.anlics.nj 
les  tra  lirions.         451       Ombre  du  rrcfm 

liions  du  pèche'    nirneaï  pour  les'     - 
euitabl  ia 

il  plus  notable  (  >.  bredenoftre  s 
parr ic  du  corps,  ro$  gneur  tirant  en  Oc 
Oeil  reprefentel 

1  del'ame.  1  irroh. 

es  de  mifcri-      (\ 
Rgurcci  pir  les    pourq  : 
gtci  du  trofnc      \'(  er 

des  m.  1^0    Ici 

uirci  prcuétlcur  s  p-rce'es  aux 

mente  du  crtur.      m    c(V  «e 

-uurcs  fins  grâces    !  r. 

(ont  fans  mérite.     20    Ôjdcnol*  ur 

M  mm  n  i 


T  Z4  B  L  El 

non  brifez  en  la  croix  fâs  fruicx,  &  du  figuier 

que  lignifient.       430  aride,figure  de  ce  que 

Oflemens  de  Iofeph  Dieu  feraauiugemét. 

portez  à  la  queue  de  131 

rarmecd'Ifraëlj&rar-  Parricide  des  Roys 

ched'alliâceàlateftc,  digne  du  feu  d'enfer, 

que  fignifioit.      607  121 

Oraifon  comparée  Parole  de  Dieu  fe- 

auRemorc.           195  menccdiuinc,           8 

Ordre  de  i'rniuers  Parole  de  Dieu  ap- 

eonuaint     l'entende-  pellee lanterne.      175 

ment  de  l'homme.  218  Parole  double  en 

Oyfeaux  produits  de  l'homme.               6^1 

fueilles  d'aibrcs.  502  Parterre  de  l'Eglife 

P  deferic.                   218 

PAix  propre  à  Dieu.  Paffage  du  Paradis 

885  eflargi     par     Iefus- 

Paix  comble  de  tous  Chrift.                   326 

biens.                     885  Pafsions  du  fils  de 

Palmes  &  couronnes  Dieu    appellees  pro- 

diftribuez    aux  vain-  pafsions..               634 

queurs.                   113  Pattes  de  Gryphon 

Palme  née  au  milieu  données  à  l'amour ,  & 

delà  Court  du  Palais  pourquoy.             591 

de  Cefar  ,  que  figni-  Patins  des  anciens 

fioit.                        881  Empereurs  de   Con- 

Panache     baille'  à  ftantinoplc.           232 

Dieu  par  les  Egjptiés.  Pauures   mefprifez 

040  des  riches.              329 

Parabole    des    dix  le  mot  de  Vdx  repre- 

vierges  allcgorifce,  &  fente  la  fain&e  Trini- 

cxpliquee.              135  te'.                          884 

Parabole  de  l'arbre  Pechécaufedelaiu- 


r  >    B   L   El 

flîcedcDieu.        144  ce  defoy-mefinc.    17 

Pcchc  côpofc  mon-  Petit    nombre  des 

ftrueux.                    29  efleus  fufhfant    pour 

Pèche  commis  crie  rendre  1  E^lifc  flori- 

vcngcanccà  dïcu .^66  fante.                     446 

Pcchc  du  talon  quel.  Pied  huile  fait  mou- 

522.&52^  rir  lefcrpent.         6    7 

Pcchc  appelle  nuce.  Pierre  de    touche  a 

tf}4  deux  parties.          ioi> 

hez   commis  en  Pierre  de  Cleopatra 

;lifegricrs          521  fondue  en  du  vinaigre 

Pendant  d'oreille  de-  en  taueur  de  fon  mary. 

mandez  au  peuple  par  260 

Moyfe,afin  de  feruir  Pierre  mcrucillcufe 

au  Tabernacle.       251  en  fa  nature.           16} 

Peines  de  l  enfer  pu-  Pierre    myftericulc 

res&  mcflan^ccs.  337  doniace  en  prefent  à 

Pénitence  appcllcc  François    I.  Rov   de 

Pifcine.                  202  I  ranec,  par  les  Bou- 

Penitcnce comparée  lonnois.                 4^5 

à  la  pierre  ,  appcllcc  Pierre    ietrans    de 

Celido-                    211  l'eau    eltans  cxp<>l<-cs; 

aitenec  appellec  auxrayonsdu  Soleil. 

Baptcfmc.                   1  775 

Pères  viuas  en  leurs  Pietc  grade  desEm? 

enfanc.                   19}  pereurs  Chreftiés. 

Pcrfonne  de  le  fus-  Pifcine  Je  Hin.iU- 

Chrifl    compofec  de  lem  appcllcc  probati- 

troischoles.           143  i]iie,&'  pourqtmv.  1 :2 

Porte  de  Dieu  cft  la  Plailirs    mondains 

plus  grande,           157  appeliez    laiâ    amer. 

rtc  de  Lucifer 

nue  de  la  complaifan-  Pleurer  Cnofc 


T  \A  B  L  El 

gnedu  courage  d5Aie-        Prelatures   charge 

xandre.                  576"  onereufes.              ni 

Pommes  de  grena-  PreMoir    fpirituel 

des  grauees  en  cein-   double.  357 

turc  du  Temple  de  Sa-  Prétentions  de  Moy- 

lomon.                  39 1  fe  trop  hautes.        8  y 

Porte  du  Ciel  coin-  Prcuue  que  rEgiiie 

parée  au  pertuisd'vne  cfl  vniuerfctle.      434 

aiguille.                326  PreuoyancedcDieii 

Pourquoyle  monde  figurée  par  fept  yeux 

nouuellc  par  le  feu.iiy  efclairans  fur  la  terre, 

Pourtrai&deDieua  parle    Prophète  Za- 

ejuatre  faces.            80  ebaric.                     hz 

Pourtraiéfc  de    Ta-  Prière  comparée  à 

mour.                    497  Tare  en  Ciel.         1S6 

Pourtrai&delapru-  Prière retiét  Tire  de 

dence  faict  des  dons  Dieu.                     itfj 

des  Dieux.            66$  Pris  d'honneur  donc' 

Prcftres     appeliez  ancicnncmct  aux  fol- 

Ançcs.                    213  dats  cjuirapportoient 

Prééminences    des  leurs  boucliers  entiers 

yeux  de  Dieu  furie  de  la  bataille.          47 

Soleil.                      84  Procefsiondu  S.  Ef- 

Prcfcts  anciens  d'E-  prit  diftante  de  celle 

çypte  ,  dépendes  d'yn  dufits.                    633 

feul.                        285  Promcthccalepre- 

Prelats    ambitieux  micr  apporté  le  feu  du 

des  fouueraincs     di-  Ciel  en  terre.          50 

gnitez.                     m  Prophétie  de  Dauid 

Prélats    fculs  pref-  accomplie.             821 

choient  anciennemét  Prophéties  appellees 

en  leur  EglifcCathe-  Cèdres  par   Origenc 

dralc.                    388  626 


r  *4  v  t  e; 

Propitiatoire  entre  pourauoif  dcfobcyl 

deux  Chérubins,  &  ce  Dieu. 

qu'il  riguro             191  Puilïanccde  la  more 

Propriété  &:  vertu  du  329 

Soleil.                   z-6  Q 

Propriété' de l'Iron-  y^x  vadrature  du cer- 

dclle.                      549  V^cletrouuc.      Su 

Propriété' du  Rer.  mueilleu- 

re.                              (  fe  du  Lac  Afphalitc. 

Propriété  admirable  ^ 

d'vn  certain   oylcau.  Qualité    des  nv 

5^0  ftres  de  Die 

Propriété  de  la  Perle  Q^litc  de  la  pierre 

appeilcc  Cclidoine. 

Propriété? trop gra-  5^9 

des  oîtant  h  railon  à  :ez  du  Saphi- 

FhofitntCi                3:9  re.                           470 

-iiefles   d'auci  jjlitcz  des  corps 

Capitaines  de  l'ancic  glorieux   représentez 

.t.             U5  pitiés  quatre  Heiiues 

Prouidcnccdclafor-  du   Par             rreftre. 

mis.                        I96  24? 

Prudenc»     grande  Quatre  animaux  J 
d'Agcfilaus.  /echiel  ,&  les  m;  fie- 
Prudence    d'\'l:  j  rts  qu'ils  reprefenttfit 
excellente.  :-.5c  ^41 

aimes  chantez  par  Quatre  c  ho  fcsdeH  i- 

leiHcbreux  après  leur  nc'cs  au  traunil. 

quotidien.  622  R 

ichc  i\.portoicnt        vne 

i  V.jhc  d'alliance.  99  marque  dj            gra- 

PtU              de    baiil  ucefur  lefpaule.     70 


T  *4   B  L   #3 

Racine  de  lysfai&e  Pharifîen,             iy6 

en  forme  de  cœur.  228  Refponce  d'Ariftan* 

Rage    des  anciens  der  à  Alexandre  fur  la 

Tyrans     enuers     les  confultation  de  deux 

Martyrs.               700  fontaines  trouuees.    1 

Raifon  formelle  de  Refolution  admira- 
la  foy.                      46  bleduRoy  des  Moa- 

Raifon    pourquoy  bites.                     78e 

Socrate   rendoit  gra-  Reffemblance  mère 

ces  à  Dieu.            279  d'erreur.                 4T9 

Rapport   entre    le  Rcftabliffemcnt  de 

verbe  éternel  &lafa-  l'Eglife  faiâ:  par  les 

liue,                      541  hérétiques,  femblable 

Rapports      entre  à  la  rcfurreâion  des 

l'Arche  d'Alliance  &  Phitonîffes.            288 

le  fils  de  Dieu.     797  Rétrogradation  du 

Regard  de  Dieu  fi-  Soleil  en     l'horloge 

gnedevie.             553  d'Acab.                 144 

Regrets  de  Lyfima-  Riches    comparez 

chus.                     336  aux  Chameaux.     31$ 

Regrets  des    dam»  Riches  penfant  élire 

nez.                       3  $6  immortels  &incorru- 

Reniede  pour  ren-  ptibles  comme  le  Cè- 
dre douce  la  pomme  dre.  323 
de  Grenade.            71  Richeffes     robbes 

Repartie  de  Cefarà  pefantes.                323 

Fuluius.                 750  Richeffes    compa- 

Reprochede  Terni-  reesau  vin  pur.      327 

lianfai&e  aux  hereti-  Richefles    fembla- 

ques  de  fon  temps,  blés   aux    plumes  du 

289  Paon.                      3 «8 

Refponce  de  noftre  Richeffes  appcllecs 

Seigneur    faiéfcc  à  vn  aifles.                     370 


T  ^   B    L   £ 

Richeffes  caufcnta-  300 

uaricc&prodigualite.  Roys    payeurs  des 

^24  hommes.               300 

RichcfTesdiuifees  à  Roys  vignerons  Ôc 

l'homme  auec  inega-  laboureurs.            34a 

litc'.                         367  Roùillcure  des  armes 

RichefTcs  môftrucu-  Chrétiennes   quelle. 

Tes  &  comment.    314  5 

RichciTcs  comparées  Raminus  Dieu  de  la 

à  la  (tatuc  de  Nabu-  nature  comment  de- 

cloJonofor.           330  p c i  1 . <5fc.                    $06 

Robbc  des  richefles  Rufe    de   l'auftru- 

nuiiîble.                  323  che  voulant  dcuorcr 

Robbe    de   noltrc  les  petits  oyfcaux. 

Seigneur     rcprcfcntc  304 

l'vnitede  l'Eglifc.  431  Rufe  de  l'Aigle  pour 

Roche  admirablcprcs  furmontcrlcCcrt. 

lcflcuuc  Arpafïus.  38  545 

Rofsignal   chante  RufedeNaab. 

toufiours  couuant  Tes  5^4 

petits.                     62}  Rufe  de  l'hydre  pour 

Royaume  desCicux  furmonter  le  Croco- 

compareàla  vigne.  dile. 

344  Rufemcrucillcufc  du 

Kov  des    Abeilles  ferpent.                     11 

chery  de  Tes  fubicts.  Rufe  Je  Sathan. 

Roys    appeliez   les  S 

oin&s  de  Dieu.       09  ÇAcremens    figafCl 

Roys&rtous  les  hom-  i3parh  boue, 

mes  ne  font  que  pots  545 

déterre.                       ,  Sacrifice  defphifant 

Roys  image  de  Dieu,  à  Dieu  s  il  n'efi  orhic 


r  \a  b  le: 

de  cœur.  10    armoiries  citant  fur- 

Sacrifice  d'Abcl  ac-    montez    par  Charlc- 
ceptablc  à  Dieu.    i?o    magne.  712 

le  S.  Efprit  appel-     Scandale  double.630 
lé  fleuue  de  vérité. 961     Scribes  des  luits  cor- 
Sainâ  Elprit  donc  le    rupteurs  delà  fainc^p 
fymbole  du  Ion.    633    Eicriture  ainfiqueles 
Samâ  Efprit  appelé    hérétiques.  57 

eau  donnée  de  Dieu.       Scribes  appeliez  ge- 
487  neration  adultère  par 

*  S.  Pierre  pourcjuoy  noïtrc  Seigneur.  166 
crucifié  la  tefte  en  bas.  Sénat  des  Aréopages 
224.  &  225  rigoureux.  129 

Sain<5t  Pierre  corn-      Sentence  de  Cayphe 
paré  à  la  pierre  appel*    iufte  &  iuiuîtc.     69Q 
lee  Eui<5tros.         776       Serpent  Difpas  fort 
Salut  des  hérétiques    venimeux.  230 

fondé    fur    le    fable       Seruitude  venue  par 
mouuant.  35    le  péché.  259 

Samaritains  ennemis       Septante  deux  Séi- 
des Iuifs.  54    gneurs  des  luifsmisà 
Sathan  compare  au    mort  par  Herode ,697 
foudre.  6       Septante  deux   Se- 
Satban  attaque  les    nieurs  defpendansde 
homes   en  leurs  bon-    Moyfc.  286 
nesceuures.           100       'Signe  de  la  Croix 
Sathan     offre    tout    mis  fur  la  plus  part  des 
pourauoir  l'ame.  111    ceuurcs  des  Egyptiens. 

Saûl  eminent  delà    870 

tefte  plus  que   toute       Signe  de  la  Vierge 

fon  armée.  225    au  Ciel  &fa  vertu  690 

Saxes  contraints  de       Signe  delà guarifon 

changer  de  deuifcs&    d'Ezecliias.  144 


r  **  n   le. 

le  laprcdcfK-  tente.                   ^2^ 

njtion  &  reprobauû.  Soleil  ImTant  &:  ar- 

17 1  dant  cirât  au  ligne  du 

Simoniaclcs  appeliez  I-ion.                        70 

ideurs   de  Colom-  Soleil  appelle  Cer.tt- 

bes.                              )  1**ni                          ;  j. 

Singes   tuent   le  Son  déclarant  la na- 

p  tirs    en     les    trop  turc  du  (âinâ  Eprit. 

304  t 

propri.ic^  dci  Songes  des  malades 

,cs.  iblesfcIÔHy- 

Sù                   fflDCCJ  2^4 

grettatit  de  iriourircn  Songes  de  pharao  t 

licence  de  Ton  mai-  pli  que  par  lofcph.284 

flre.                         6\\  Sortie  du  fils  de  Dieu 

r  d'Alexandrie  mauuaifc     pour      les 

ra(ez  auant  la  batail-  Inifs.                       625 

le.                           104  Sotte  refponfe    de 

latJ  Manicheus.            4-75 

Romains  gardée  fous  Souliers    de   Moyfe 

Ks  enfeignes  de  gner-  rairs  de  joncs-marinr. 

re.                               8  Soi 

lafpirsde  Dauid 

jire  la  faim.     49^  Ibr  la  mort  de  Ton  fils 

1.  Abfalon.                 -727 

fils  de  ifflc  de  l'homme 

Otl.ibid.  &  lèvent  ligne  de  vie 

>lêil  reprcTcnte  la  cV  de  mort. 

lation  .éternelle.  menanec    de    fa 

mort  Kinefle.         123 

Soleil   porte  am  lire  fymbolc    de 

nement  parle  Roy  de  mort.                     ^2 

vie  fa  lires  &  draps  de 


T  ~4  b  i   il 

niorts  au  Temple  de    buth  Dieu  des  mou- 
Venus    eu   Cypre  &    ches.  1-71 
pourcjuôy.             679       Temple  de  Salomon 
Subie&ion  de  Iacob    fymbole  de  lVniuers. 
pour  l'amour  de  Ra-    7 
chel.                         71       Temples  des  Egy- 
Subie&s  obligez  de    ptiens  admirables  en 
prier  pour  leurs  Pre-    beauté.  14 
lats.                         iii       Temps  propre  pour 
Superbe     rabaiffe    chercher  Dieu  eft  ce- 
l'homme.               557    luy  de  lavieprefente. 

Sufanne  deliureede    270 

la  furie  du  peuple.    77        Temps   &  inftans 

Statue    de    marbre    differens.  95 

ont  pleure',  voyansla       Tentation  appellcé 

ruine  de  leur  pays.  825    torrent.  626 

Stratagème  admira-      Tentation     double 

ble  de  Sertorius  vou-    felôn  S.  Auguftin.107 

lantaffaillirlesCaraiN       Tentation  appellee 

taniens.  25    pierre  de  touche    107 

T  Thcbainsportoient 

TAble    du    Soleil    vneefpeegrauccfur  la 
drefifee     par     les   cuifle.  70 

Ethiopiens.  498       Thcodofius  Sabeus 

Tabourin  de  peau  de  condamné  pour  auoir 
brebis  demeure  muet  plaide'  vnc  mauuaifc 
&    ne    peut    fonner    caufe.  290 

pendant  que  le  ta-  Throfne  des  Romains 
bourin  depeaufonne.  faiéts  d'yUoire  128 
764  Throfne  du iugemet 

Tables   autels  des    de  Dieu  figure'  par  le 
gourmands.  110   throfne  de  Salomon. 

Temple  de    Belzc-  127.  &128. 


T   Ji    B    L  tl 

Throfne  de  Salo-  Triple   blafphemtf 

mon  d'or  ôcd'yuoirc.  deshcretiqucs.      264 

128  Trois  Difciples  me- 

Tifon  de  fcuardant  nez  au  mont  des  Oli- 

efpouuantc  le    Ljoii.  ues    par    noftrc    Sci- 

7^7  gneur  ,   &  pourquoy 

Traditions   de    TE-  non    moins    ny  plus* 

glifc  rtnucrfccspar  les  731 

hérétiques.              288  Trois  perfonnes  de 

I  rahyfon  des  herc-  la  Trinité'  fous  troif 

tiques  comparée  a  cel-  romaines    diftindtes. 

le  Je  ïudas.             749  629 

I  :aia  notable  d'vn  Trois  circonftances 

ancien  philofophc.$ii  neceflaires  pour  cher- 

Transiîguration   de  cher  Dieu.             288 

noftie  Seigneur  figni-  Trois  chofes  confi- 

fiec  &   expliquée  par  derablcs  auiugcmenc 

l'arc  en  Ciel.         141  dernier.                  lil 

Thrcfors  de    Dieu 

mis  entre  lesmainsde  V 
les  minières  pour  les 

donner.                  282  YrEntre  ,  Dieu  des 

Threfors  des  Perfcs  V  gourmands.      110 

garde*  en  pots  de  ter-  Verge    de    Moyfe 

re.                            290  changée    en    ferpent 

Tribnlatiosdoiuent  pour  cofirmer  famif- 

eftrc  carrellees    pour  lion.                         169 

entrer  au  C              878  Vérité  de  la   Reli- 

Triomphcs  des  an-  gion  Chrétienne  eft 

ciens  Empereurs.  706  entre dcuxextrc'mitci. 

C  de  ïefus-  401 

(                               :J.  \    rtu  &  efficace  des 

:mcs.  aïo 


T  \A  B   1    11 

Vertu  embelliffcmct  ucntable.               T24 

de  ].i  nobîefîe.       600  Vfagcs  des  temples. 

Vertu  mauuaifcmef-  517 

leeauec  levice.        15  Vnite' propre  à  Dieu. 

Veucfubtiledu  linx.  885 

81  X 

Veuë  des    hommes  '^7'Enophon        par- 

dangereufe.              \6  ./Vlant  des  profperi- 

Vie  humaine  appel-  tez  ,  donne  vn   bon 

îee  guerre.                 3  confeil  aux  hommes. 

Vie  humaine  corn-  823 

parée  à  la  Lune.      311  Xcrxes  pleure  voyant 

Vie  fpirituelle  dou-  fon    armée   &  pour- 

blc.                          125  quoy.                     576 

Vin  appelle'  laictde  Y 

Venus.                   $60  TT'Eux  de  Dieu  ap- 

la  Vierge  profonde  X  peliez  lampes  ar- 

cn  humilité'.           657  dames.                    177 

la   Vierge  appellee  Yeux  de  Dieu  com- 

cetre  de  la  terrée.  6$%*  parez  au  Soleil.       84 

&CÏ59  Yeux    nuifibles   à 

Villon  de  S.  Pierre  l'homme.               681 

expliquée.             397  Yuoire  tire'  de  l'E- 

VoixdeDieuefpou-  lephant.                128 

ÏIK   DE    LsA    TsABLZ. 


} 


Room 


i