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Full text of "Simple avis d'une femme sur la bible de l'humanité de M. J. Michelet"

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SIMPLE AVIS D'UNE FEMME 



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LA BIBLi Bi L'HIIHAHITÊ 



M. J. MICHELET 



Dieu est la justice même. 

(J. MiCBELET.) 



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PARIS 

E. DENTU, LIBRAIRE-MdITEUR 

Palais-Royal, 17 et 19, galerie d'Orléans 

STRASBOURG 

TREUTTEL ET WURTZ 
4865 



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HARVARD COLLEGE LIBRARY 
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Strasbourg, typographie de G, SilbermeoD; 



SIMPLE AVIS D'UNE FEMME 



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LÀ BIBLE DE L'HUMANITÉ 



M. J. MICHELET. 



Diea est U jastice même. 

(J. UlCULIT.) 

Nous venons parler de la Bible de l'humanité^ 
bien que nous eussions voulu laisser ce soin à d'au- 
tres. Ce livre est de ceux dont on ne doit parler 
qu'avec force, talent et conscience. Nous sommes 
loin de prétendre remplir ces conditions, nous sen- 
tons au contraire vivement notre impuissance. Notre 
humilité est donc motivée, et elle est grande. Devmit- 
elle nous ordonner de nous taire? Nous ne le croyons 
pas; des trois conditions énumérées plus haut, nous 
remplissons du moins la dernière, et elle nous pa- 
raît suffisante pour nous autoriser* La conviction 
d'infériorité ne doit pas toujours déterminer au si- 
lence. On se tait, quand une vérité atteint et frappe ; 
mais, ici, contre une accusation sans preuves, il s'a- 



4 

git de protester. Bien ou mal, il faut parler, il faut 
en appeler à la justice de tous, à la justice surtout 
de l'illustre auteiu*, auquel nous nous permettons de 
résister. 



l. 

La Bible de Thumanité déroule dans un poétique 
tableau la plupart des croyances du passé, leurs 
beautés, leur part de vérité, leur part d'erreur et 
leurs mélanges impurs de superstitions criminelles, 
ignobles ou ridicules. Nous n'avons pas à suivre l'au- 
teur dans cet enchaînement rapide, auquel il sait si 
bien donner la vie et prêter les inunenses ressources 
de son génie. Ce qui nous importe et nous occupe 
exclusivement, c'est la part que M. Michelet fait à 
la femme dans le développement religieux du passé. 
Nous voulons surtout parler du rôle qui fut le sien, 
d'^rès l'auteur, dans les origines et les progrès du 
christianisme. 

Cette question demande quelques éclaircissements 
sur ce que le christianisme est aujourd'hui, — sur 
ce qu'il fut à son origine. 

M. Michelet définit, une fois pour toutes, le chris- 
tianisme: la religion qui enseigne le Dieu de la 



grâce arbitraire, capricieuse, le Dieu de la faveur 
injuste et du bon plaisir. C'est, dirait-il, la religion 
qui substitue la grâce à la justice, — le péché ori- 
ginel à la tendance au bien, au beau, au vrai, — la 
nécessité d'un médiateur, à la communication de 
chaque homme avec Dieu, — la damnation du plus 
grand nombre, au progrès et au salut naturels, — 
l'arbitraire enfin, à la rétribution suivant le mérite et 
les œuvres. 

Nous sommes heureuse d'être d'accord avec M. Mi- 
chelet en repoussant avec lui ces doctrines impies, 
qu'elles fassent ou non, aux yeux de quelques-uns, 
partie du christianisme; nous sommes heureuse de 
répéter avec lui : « rien n'est saint que le juste. » 

Nous sommes heureuse de croire à la tendance au 
bien, et non à la chute, 

— au progrès, et non à l'incapacité native de 
faire le bien, 

— au salut naturel, au libre arbitre et à la res- 
ponsabilité dans l'usage légitime de la liberté. 

Mais là s'arrête l'accord entre la pensée de M. Mi- 
chelet et la nôtre, car, contrairement à ses affirma- 
tions, nous croyons qu'il y a dans le christianisme 
tout autre chose que la grâce arbitraire. Sans cette 
conviction nous cesserions de revendiquer le titre 
de chrétienne. 



6 

Les dogmes, les confessions de foi, les miracles, 
l'échafaudage des doctrines du catéchisme officiel, 
tout ce cortège inutile écarté, nous croyons qu'il 
reste encore quelque chose de la religion qui a rempli 
dix-huit siècles. Ce qui reste, c'est ce que le chris- 
tianisme a de vrai, c'est la pensée même de son fon- 
dateur -*- et cette pensée est encore debout. 

L'idée chrétienne qui subsiste, c'est l'idée du Dieu 
miséricordieux; et, pour éviter tout malentendu, ne 
confondons pas la miséricorde avec le dogme de la 
grâce arbitraire. Celui-ci naquit de la croyance à la 
chute originelle; l'idée de miséricorde sort spontané- 
ment du cœur de l'homme. 

Le paradis terrestre fut une chimère, et le mythe 
de la chute une conception sortie de l'imagination 
effrayée de l'humanité, à la découverte du mal, de la 
douleur et de la mort. Nous concevons l'homme, sur la 
terre, d'abord à l'état inconscient de l'animalité, puis 
arrivant peu à peu à la vie consciente^. La conscience, 
germe d'essence divine, déposé en son sein, se dé- 
veloppe en lui, sous la puissante influence de la na- 

* Dieu parfait^ dit-on , devait créer Thomme parfait. C'est là, 
pour maintenir l'idée de chute, une assertion sans valeur, qui 
demanderait une réfutation dont le lieu n'est pas ici. La vraie per- 
fection de rbomme est dans sa nature perfectible, La prétendue 
perfection native serait une pétrification. 



ture, sa première tutrice. Elle parle à ses sens, en- 
core grossiers, d'ordre et de beauté; la conscience, à 
peine éveillée, commente, travaille ces premiers en- 
seignements; le jour où elle les comprend, elle porte 
des fruits, elle se sent libre d'en porter. Quelle joie, 
quelle approbation intime ! C'est le premier triomphe 
de l'homme moral sur l'homme instinctif, de l'homme 
conscient sur l'homme primitif, aux passions déré- 
glées. La découverte de l'opposition entre le bien et 
le mal est un trait de lumière, et non l'arrivée des 
ténèbres. Le progrès est la loi. 

Avec le sens du juste, l'homme connaîtra Dieu 
par une autre face, si l'on peut ainsi parler, que 
celle révélée par la nature et son ordre invariable. 
Cette notion nouvelle est celle du souverain bien, de 
la souveraine justice. L'homme ne connaît Dieu que 
par la connaissance de lui-même, il transporte dans 
l'idéal, le beau, le bon, le vrai, qu'il reconnaît en 
lui, et il a raison; il sent que la conscience parle le 
langage de la justice, parce que Dieu est la justice 
même. Toutes les actions auraient le cachet de l'in- 
différence morale, si l'idéal moral n'était en dehors 
de nous. L'homme serait resté inconscient si l'ordre 
moral n'avait pas son origine, comme sa sanction, 
en Dieu. La douleur- poignante que nous ressentons 
du mal, nous indique violemment qu'il est la trans- 



8 

gression d'une loi, la loi de la tendance au bien, vé- 
ritable attraction que la justice et la beauté suprê- 
mes exercent sur l'homme, mais qu'il est libre de 
méconnaître, libre de violer, à ses risques et périls. 
Si donc il est vrai que l'homme fasse le mal par 
l'usage volontairement mauvais qu'il fait de sa liberté, 
que sa conscience acquière peu à peu, pour cet usage, 
de nouvelles lumières^, que l'imperfection (et non la 
chute) soit derrière nous et le progrès en avant, — 
le dogme de la grâce est, dès lors, si pâle, si faux, 
si devancé, qu'il ne méritait guère le grand courroux 
de M. Michelet. Sauvés, nous le sommes par nos 
efforts; PERDUS, nous le sommes par notre mépris de 
la lumière qui est en nous, par notre mépris des 
sollicitations du bien hors de nous, par notre éloigne- 
ment volontaire de l'appel qu'il exerce sur nous 

' Le progrès actuel nous donne, en quelque mesure, l'image 
du premier progrès; il marche toujours de découvertes en décou- 
vertes aussi bien dans le monde moral que dans le monde maté- 
riel. Ces découvertes sont, dans le monde moral, moins accen- 
tuées que dans le monde matériel; voilà pourquoi il plaît à cer- 
tains esprits de ne pas vouloir les constater. Pourtant n'est-il 
pas vrai que ce qui est actuellement réprouvé par la conscience 
publique, était par elle, dans un temps, hautement approuvé? Ce 
qu'elle tolère encore aujourd'hui ne le sera plus demain; elle ar- 
rache à la justice, chaque jour, un lambeau de son voile et en 
découvre un peu plus la face. Dans l'œuvre du progrès moral, les 
consciences individuelles devancent la conscience publique , et 
celle-ci devance la législation, qui ne se laisse, en général, modi- 
fier que la dernière. 



9 

perdus, cela veut dire, attardés, car le coupable n'est 
perdu que dans la mesure de la durée de son erreur, 
de sa méconnaissance des voies de la justice; lui- 
même hâte ou diffère son salut. Et ce perdu, cet 
égaré, qui a pris la voie opposée à celle de la loi de 
justice, de la conscience, du progrès, M. Michelet 
lui-même n'en a-t-il pas pitié? L'homme qui 
s'élance dans la voie du progrès, qui marche, éclai- 
reur hardi, pionnier infatigable du bien et du 
beau, n'a-t-il pas un cœur ému, une main se- 
courable pour celui qui s'égare dans les sentiers obs- 
curs du vice et de l'erreur? C'est ce que Jésus nous 
dit: Dieu a compassion, il a miséricorde. Le ciel 
n'est point fermé au coupable, il est seulement voilé; 
la compassion pour l'erreur est l'écho divin, la ré- 
ponse anticipée à la douleur du remords. 



Toutefois l'idée de compassion ne fut point déga- 
gée de ses origines juives; elle se greffa* sur le 
mythe de la chute, et devint méconnaissable dans les 
dogmes inouïs du sacrifice expiatoire et de la grâce 
arbitraire ; le salut gratuit devint le salaire de la foi 
dans l'efficacité du plus grand des sacrifices, et le 
sang d'un Dieu fut seul capable de racheter le genre 
humain perdu dès le paradis. Otez du christianisme 



10 

le dogme de la corruption initiale, du péché originel^ 
et tous les dogmes de l'Église s'écroulent. 

L'idée de justice vengeresse abolit si bien, dans le 
dogme ecclésiastique, l'idée chrétienne, évangéliqne 
de la miséricorde, que l'humanité est loin d'avoir re- 
cueilli les fruits de cette dernière. La justice humaine 
en est encore, à l'heure qu'il est, à méconnaître le 
véritable but des châtiments. Elle semble ignorer qu'il 
n'est de châtiments réellement justes que ceux qui 
améliorent, qui laissent la possibilité de la réhabili- 
tation et les moyens de la réparation. Tout autre châ- 
timent est une vengeance, et cesse d'être moral, puis- 
que le but ne doit pas être la destruction du coupa- 
ble, mais bien, sa moralisation. 

Pour nous résumer sur ce premier point, il nous 
semble que la critique de M. Michelet eût dû signaler 
les méprises vulgaires et non les partager, en assimilant 
ce qu'il y a de vérité et de justice dans le christianisme 
avec les dogmes qui travestissent cette vérité et cette 
justice. Rejeter les scories, sans relever la perle qu'on 
y a égarée, ce n'est plus de la justice, c'est du parti 
pris. 



14 



IL 



Nous atteignons à présent le véritable objet de ces 
lignes, car nous avons pris la plume surtout pour 
protester contre l'accusation arbitraire, selon nous, 
par laquelle M. Michelet déclare la femme seul et 
véritable auteur des dogmes que nous repoussons 
comme lui. 

On croit rêver, lorsqu'on lit (p. 431 et suiv. de 
son livre) que le christianisme est entièrement né de 
la femme ! Eh, sans doute, si vous dites que tous les 
initiateurs religieux du genre humain. Moïse, Con- 
fucius, Sakia-mouni, Zoroastre, Jésus, Mahomet, sont 
nés de la femme, à moins qu'ils ne soient descendus 
des cieux, comme le prétend la légende du Bouddha 
par exemple^. — Mais si vous dites que c'est la 
femme qui a dogmatisé pour l'homme, nous deman- 
dons si cela est admissible, et si une opinion précon- 
çue, un arrêt prononcé d'avance, doivent prévaloir 



* Histoire du Bouddha Sakya-mouni^ traduite par Ph. Ed. 
Foucaux, où Ton trouve même la reproduction d'un bas-relief du 
musée de Calcutta, représentant le dieu descendant du ciel, sous 
la forme d'un jeune éléphant, pour s'incarner (pi. IV). 



12 

œntre l'histoire et la science réunies. Nous nous en 
rapportons aux travaux déjà faits, et bien faits par 
d'autres. Jamais le dogme n'y est mis au compte de 
la femme, et une assertion faite a priori^ pour les be- 
soins d'une cause, ne saurait infirmer les fermes as- 
sises, les conquêtes positives de la science des reli- 
gions. 

Les grands travaux de cette jeune science nous 
montrent la préparation du christianisme dans un 
progrès antérieur, dans une élaboration de longue 
main, tant par le mouvement général des esprits que 
par le courant qui vient de l'Inde et par l'influence 
de la philosophie grecque. C'est retourner au mi- 
racle, et au plus bizarre de tous, que d'en voir le 
germe et la conception dans un cerveau féminin, ou 
même dans celui d'un initiateur unique, sans travail 
avant-coureur. Pourquoi ne pas reconnaître, ce qui 
est reconnu de tout le monde, que le christianisme fut 
une révolution morale d'un caractère tout particulier, 
en ce qu'elle prenait la forme d'un enseignement re- 
ligieux? La morale elle-même n'était peut-être pas 
absolument neuve; les moralistes grecs, les Juifs 
eux-mêmes avaient été aussi loin. Ce qui fut nou- 
veau, ce fut l'esprit de cette morale. Elle était dans 
la bouche de Jésus le principe religieux lui-même. Il 
eût demandé : que fais-^tu? non pas : que crois-tu? 



là 

Lui-même disait qu'il était venu « accomplir, » non 
«abolir.» Accomplir quoi? le dégagement de la loi 
morale, la libération de la conscience des pratiques 
vaines, interminables, qui en étouflFàient le sens et la 
beauté; accomplir en insistant sur ce qui avait de la 
valeur dans l'ancienne loi, dégager toute la loi et 
les prophètes^ en quelques traits, et rendre à la con- 
science ses droits, en parlant tout haut le langage 
qu'elle parle tout bas. 

Jésus ne fut en cela que l'initiateur principal 
d'un travail que le temps avait mûri, et nous avons 
de la peine, tant ce fait nous paraît clair, à nous en 
détourner, pour suivre M. Michelet dans ce laby- 
rinthe de dogmes, dont il veut rejeter tout l'odieux 
sur la femme. Le dogme blesse ses regards; l'honmie 
fort et juste, pense-t-il,- ne pourrait en être cou- 
pable; quel doute injurieux lui en attribuerait l'ori- 
gine? Il s'agit de démontrer cette impossibilité, en 
en découvrant le véritable auteur. Nous ne savons si 
c'est là un but scientifique; nous nous demandons 
depuis quand l'histoire abdique son austère justice, 
ses procédés impartiaux, sa dignité et ses devoirs ; de- 
puis quand la science oublie qu'elle est reine, pour se 
faire, au profit d'une moitié du genre humain, la ser- 
vante d'opinions passionnées, d'une soif de grandeur 
morale, qui n'ont pour elles ni la justice ni la vérité. 



14 

Ce n'est pas d'aujourd'hui que M. Michelet nour- 
rit la pensée de rejeter sur la femme tout ce qui, 
dans les dogmes, offense la justice; voici ce qu'il 
écrivait, en 1860, dans son livre De la femme: 

« Pour la généralité (des femmes) on peut dire le 
mot de Proudhon : La femme est la désolation du 
juste. Dites-lui, en effet, si elle aime : saûs doute ce 
préféré, vous l'avez cru le plus digne, vous avez dé- 
couvert, en lui, quelque chose de bon, de grand? — 
elle dira naïvement : Je Vai pris parce quil rna plu. 

« En religion, elle est la même. Elle fait Dieu à son 
image, un Dieu de préférence et de caprice, qui 
sauve celui qui lui a plu. L'amour lui semble plus 
digne quand il tombe sur l'indigne, celui qui n'a pas 
de mérite pour forcer de l'aimer; en théologie fémi- 
nine, Dieu dirait ; Je t'aime; car tu es pécheur, car tu 
n'as pas de mérite; je n'ai nulle raison de t'aimer, 
mais il m'est doux de faire grâce. » (p. 125). 

Voilà qui est clair. Ne cherchez pas ailleurs le thème 
du nouveau livre qui porte ce titre si beau : Bible 
de Vhumanité! Il est dans la page que nous venons 
de citer, il est dans l'acte d'accusation que M. Mi- 
chelet dresse contre la femme et contre une religion 
qui, dit-il, doit venir d'elle* 



15 

Oublions pour un moment l'histoire , supposons 
que la femme soit effectivement l'auteur des dogmes 
aujourd'hui professés dans l'Église, — nous deman- 
dons qu'on nous explique, œmment l'homme, lui 
seul doué de sens moral (ceci ressort pour nous du 
livre de M. Michelet), a pu accepter une religion sor- 
tie tout entière de l'esprit féminin. 

M. Michelet a rappelé un mot de Proudhon, Ce 
même auteur rapporte dans son livre : De la justice 
dans la Révolution et dans l'Église^ t. III, p. 285, 
les opinions émises sur la femme par les pères et 
les saints les plus vénérés de l'Église. Nous y trou- 
vons des aménités comme celles-ci : 

Souveraine peste que la femme! dard aigu du dé- 
mon! (saint Jean Chrysostome). 

La femme est une méchante bourrique^ un affreux 
ténia etc. (saint Jean de Damas). 

Tête du crime^ arme du diable. Quand vous voyez 
une femme^ croyez que vous avez devant vous^ non 
pas un être humain^ non pas même une bête féroce^ 
mais le diable en personne. Sa voix est le sifflet du 
serpent, (saint Antonin). 

Nous passons le reste, en Tappelant toutefois là 
parole de saint Augustin, citée au même endroit : La 

FEMME NE PEUT NI ENSEIGNER, NI TÉMOIGNER, NI COM- 
PROMETTRE, NI JUGER, A PLUS FORTE RAISON COMMANDER* 



16 

Telle est la femme au jugement des docteurs de 
l'Église, des organes accrédités de l'enseignement 
chrétien. D'où vient que ces mêmes docteurs, qui, 
en leur qualité d'hommes, étaient seuls justes, seuls 
raisonnables, seuls moraux aient pu accepter le 
dogme venant d'un être aussi méprisé, aussi dé- 
testé? 

Où était alors leur justice? Où était leur raison, 
leur sens moral, leur libre arbitre? Qu'ils sont pe- 
tits, ces héros dont une femme enchaîne la con- 
science! Qu'ils sont pitoyables dans leur supériorité, 
devant la femme transformée en initiateur, en régu- 
lateur, en dictateur même! Vous n'avez donc pas 
réfléchi que plus vous grandissez l'homme*, moins 
on le comprend. Oh le plaisant roman que celui de 
l'homme subissant, dix-buit siècles durant, le joug 
de dogmes inventés de toutes pièces par la femme! 
Imaginez-vous, aujourd'hui, un dogme sorti du cer- 
veau féminin et adopté, sans contrôle, par la partie 
la plus noble du genre humain?... Et on nous dit 
que cela s'est passé à une époque où la femme était 
à peine un être dans Inhumanité! 



17 



III. 



Nous voilà ramenés au témoignage de l'histoire. 
Voyons si l'histoire nous offre des preuves en faveur 
d'une thèse que le bon sens répudie a priori. 

Les religions, dit -on, nous enseignent que la 
femme, qui ne comprend que les transports de la fan- 
taisie, du caprice*, en qui la justice et la raison sont 
absentes, pour qui la religion n'est que sentiment, 

1 Un Jour, la France vaincue, épuisée, mourante, retrouva son 
âme.... et cette âme fut une femme! Gomment se fait-il que le 
souvenir de Jeanne Darc n'ait point arrêté la plume prête à tra- 
cer la note de la p. 403 (Bible de Chumaniié)^ qui commence en 
ces termes : Monsieur, qu'est-ce que le roman? etc 

M.Pelletan, tout dernièrement, écrivait ceci: «Jésus n'est qu'un 

Dieu et ne peut être qu'un Dieu Le Ghrist-bomme est un 

Christ tellement diminué, que ce n'est plus qu'un visionnaire 
qui pousse le fanatisme jusqu'à mourir pour une utopie.» Au 
lieu de diminué, c'est grandi qu'il aurait fallu dire. Car si Christ 
est un Dieu^ il est tout-puissant, omniscient, et qu'est-ce alors 
que son sacrifice? 

Une femme n'eût point écrit les tristes lignes que nous venons 
de citer et qui mènent logiquement à dire : Socrate mourut pour 
l'utopie de la Justice,— Jésus pour l'utopie de la Fraternité 
universelle, — Jeanne Darc pour Tutopie de l'Amour de la Pa^ 
trie,— M"*<' Roland pour l'utopie de la Liberté!.... Ah plutôt, 
membres de l'humanité, héros sublimes, recevez les hommages 
attendris du genre humain reconnaissant, consolé, et demeurez 
à jamais sa gloire et son exemple! 



18 

passion, imagination, extase — porta la folie, la dé- 
pravation, l'arbitraire partout où elle se mêla du 
dogme et du rite religieux. Nous cherchons les preuves 
de ces assertions, nous les avbns vainement cherchées- 
D'ailleurs, dans l'antiquité, tous les cultes ne furent 
point dépravés. Et là où ils le furent, la femme, hélas, 
fut l'instrument et non la cause de la dépravation*. 
Chez les Romains, les Gaulois.... nous voyons 
les femmes faire partie du sacerdoce. En quoi ont- 
elles souillé leurs austères fonctions? La déprava- 
tion peut-elle être imputée aux vestales? Qu'a dé- 
pravé la druidesse, quelle fut son influence morbide 
parmi nos pères? A-t-on déjà oublié les travaux lu- 
mineux de Jean Reynaud sur ces cultes simples et 
purs? Il valait la peine de ne point les passer sous 
silence 2. Mais, sur ce terrain, la thèse que l'on pré- 
fère n'était pas soutenable. C'est sur celui du chris- 
tianisme que M. Michelet s'arrête de préférence et 
qu'il prétend triompher. Nous avons déjà relevé son 



^ Voir, entre autres , dans Hérodote la loi honteuse des Baby-^ 
Ioniens à laquelle les femmes étaient, dit-il, obligées de se sou- 
mettre au nom de la religion!... (liv. I, chap. 199) et Tinquali- 
fiable assimilation au rite chrétien que fait M. Pelletan de 
cette coutume révoltante dans son livre : Pf-o/ession de foi du 
dix-neuvième siècle y p. 481 . 

3 Nous nous demandons pourquoi, dans ce plan général qui 
devait tout embrasser, M. Michelet a omis les Chinois, les As- 
tèques. Pourquoi n'a-t-il rien dit du Koran? 



19 

thème favori : Les femmes furent les véritables au- 
teurs des dogmes chrétiens. 

Demandons à l'histoire de l'Église quel a été réel- 
lement le rôle de la femme dans la formation des 
dogmes chrétiens, et d'abord dans celle du fameux 
dogme de la grâce. Une chose doit frapper ici tout 
esprit impartial, c'est que Jésus semble ignorer ce 
dogme ^. La première voix qui s'élève en sa faveur, 
c'est celle de l'apôtre Paul. De qui le tient-il? D'une 
femme? Quoi! lui qui a émis le principe si respecté 
depuis : 

Que les femmes se taisent dans les églises ^ parce 
qu'il ne leur est pas permis d'y parler; mais elles doi- 
vent ÊTRK SOUMISES GOMME AUSSI LA LOI LE DIT (1 Cor. 

XIV, 34)? — Comparez: Éphés. V, 22-2i et 33. 
Après PauP, qui reprend la doctrine de la grâce, 

* Nous avons relu les Évangiles. Dans les trois premiers , Jésus 
ne prononce jamais le mot même de grâce. Dans le quatrième 
nous ne Tavons trouvé quVne fois dans sa bouche et encore dans 
un sens tout restreint. C'est lorsqu'il dit à la femme samaritaine : 
cSi tu connaissais la grâce que Dieu te fait, et quel est celui 
qui te parle» etc. (Jean IV, 40). 

' Selon M. Michelet (p. 447-44S), Paul s'est démenti après son 
arrivée à Corintbe où Phébé se serait en quelque sorte substi- 
tuée à lui. Cette Phébé parait avoir beaucoup frappé Timagina- 
lion féconde du poétique écrivain. Il va jusqu'à inventer un dia- 
logue entre elle et un stoïcien dans le palais même de Néron 
(p. 453 etc.). Or que sait sur Phébé l'histoire vraie, calme, im- 



20 

qui la poursuit jusque dans les conséquences les plus 
démoralisantes? Est-ce une femme? Non, c'est le 
docteur de l'Église qui disait: « La femme ne peut ni 
enseigner ni témoigner etc., » c'est saint Augustin. 
M. Haag, dans son savant ouvrage sur l'histoire des 
dogmes, consacre un beau chapitre à la génération 
historique de la doctrine de la grâce chez saint Au- 
gustin. Il montre comment, à la suite d'un blâme 
adressé au « saint » par deux moines bretons, Augus- 
tin, « aussi jaloux de son influence littéraire que de sa 
dignité épiscopale, » ftit conduit, au milieu du feu de 
la discussion, à développer peu à peu sa monstrueuse 



partiale? Rien de plus que ce qu'en disent deux versets de répitre 
aux Romains: 

c Je vous recommande notre sœur Phébé, diaconesse de Tégllse 
de Genchrée, afin que vous la receviez... et que vous l'assistiez... 
car elle a reçu chez elle plusieurs personnes et moi en particu- 
lier» (Rom. XVI, 4-2). 

Et c'est à cette vague indication que l'esprit divinatoire de 
M. Michelet s'enflamme pour faire de Phébé la nymphe Égérie de 
l'apôtre Paul! «Phébé est déjà le ministre actif.... Cest Phébé 
qui est tout. Elle le loge. Elle écrit pour lui^ sous sa dictée. On 
n'en sait pas la cause. Et qu'écrit-elle? Le plus violent écrit de 
saint Paul» (il s'agit de l'épitre aux Romains). Ici, nous en de- 
mandons pardon au savant historien , il bâtit son système sur., 
une méprise. La souscription de l'épitre aux Romains (qui dé- 
clare celle épître écrite par Phébé) est une addition postérieure^ 
comme celle des autres épîlres. Elle n'est pas supprimée quand 
elle manque. Elle est ajoutée quand elle existe. Elle ne se trouve 
point, par exemple, dans l'exemplaire du Vatican, traduit par 
M. Rilliet {Les livres du Nouveau Testament^ t. II). 



21 

doctrine [Histoire des dogmes chrétiens^ t. I, § 51), 
L'influence féminine où est-elle? 

Mais nous n'avons garde de poursuivre cet examen 
de détail. Nous préférons revenir à la question gé- 
nérale déjà posée : Quel a été réellement le rôle de 
la femme dans la formation des dogmes chrétiens? 

Nous ne pouvons mieux faire que de nous adres- 
ser à un guide sûr, à un savant distingué dont M. Mi- 
chelet ne récusera pas le témoignage, le docteur 
Karl Hase. Dans son Histoire de VÉglise (traduite 
par A. Flobert), M, Hase nous apprend d'où part la 
première influence dans la communauté chrétienne : 

(( Les d(mze apôtres^ dit-il, se considèrent dans le 
principe comme un corps à part^ destiné a fonder 
LE CHRISTIANISME; comme amis du Seigneur, et 
comme garants de la tradition apostolique, ils exer- 
çaient sur l'Eglise une autorité qui leur était concédée 
de plein gré... 

c( Immédiatement après venaient les évangélistes^ 
prédicateurs ambulants de l'Évangile, et par suite 
également apôtres dans un sens plus large. 

« Les fonctions exercées dans la communauté s'or- 
ganisèrent selon les besoins et à l'instar de la synago- 
gue. Sept serviteurs (diacres) furent préposés au soin 
des pauvres et à un service journalier pour le bien 



22 

général; des anciens, nommés aussi d'abord dans les 
communautés grecques inspecteurs, étaient chargés 
de maintenir Tordre dans la société» (p. 53-54). 

Jusque-là nous voyons exclusivement des hommes 
avoir la haute main dans l'Église et s'occuper de 
l'instruction et de la direction des âmes. Le livre des 
Actes, d'où M. Hase tire ces indications, renferme un 
passage très-laconique. Il y est question de Philippe 
l'évangéliste qui avait « quatre filles vierges qui pro- 
phétisaient » (chap. XXI, 9). N'y a-t-il pas là quel- 
que indice favorable à la thèse de M. Michelet? — 
«Les femmes,)) continue M. Hase, «après la pre- 
mière agitation, furent ramenées au silence et à la 
soumission envers la n parole divine^)) et durent se 
borner à exercer leur activité dans le cercle de la fa-- 
mille. Toutefois, outre des diaconesses^ chargées d'un 
service féminin, il y a probablement déjà à cette épo- 
que quelques anciennes ou veuves, préposées à la 
surveillance et à l'instruction de la jeunesse de leur 
sexe (p. 54). )> 

Voilà à quoi est ramenée l'influence des femmes, 
dès le début du christianisme : exercer leur activité 
dans le cercle de la famille, offrir des services fémi- 
nins, surveiller et instruire la jeunesse de leur sexe. 

Poursuivons. « Dans le second siècle, )> dit M. Hase 



23 

(p. 77), s'implanta l'idée d'un clergé j faisant l'ofîice 
de médiateur entre Christ et la communauté. La 
prédication et les sacrements étaient considérés comme 

un PRIVILEGE DU CLERGÉ. )) 

Et les femmes? — « On distingue encore des veuves 
et des diaconesses, celles-ci comme vierges, instituées 
pour le service de r Eglise)) (p. 78). 

Leur fut-il permis au moins de continuer ces 
modestes fonctions? — «Les Anciennes,» répond 
M. Hase, « disparaissent au quatrième siècle, l'ordi- 
nation des diaconesses passait alors pour un usage 
MONTANiSTE, et, à partir du cinquième siècle, leur 
emploi fut supprimé en Occident» (p. 182). 

Si l'on observe que la vie de la pensée pendant les 
huit ou dix premiers siècles eut presque exclusive- 
ment pour théâtre l'Église d'Orient, on peut induire 
de ce passage que l'influence de la femme est annu- 
lée dans l'Église au quatrième siècle. Or c'est préci- 
sément à partir du quatrième siècle que naît et se dé- 
veloppe le dogme officiel. C'est au quatrième siècle 
que commence l'ère des grands conciles. Ces assem- 
blées de prêtres et d'évêques discutent et formulent: 

En 325, la divinité de Jésus-Christ. 

En 381, la divinité du Saint-Esprit etc. etc. 

En même temps que les membres du clergé éla- 
borent en commun le système ecclésiastique, des doc- 



24 

teurs et des prêtres isolés se chargent de compléter ce 
système. 

Vers 412, Augustin introduit les doctrines du pé- 
ché originel et de la grâce (nous avons parlé de cette 
dernière p. 19 et 20). 

Dans le courant du cinquième siècle apparaît le 
symbole dit d'Athanase, qui expose la doctrine de la 
trinité. 

590-604. Grégoire-le-Grand introduit la doctrine 
du purgatoire. 

Vers 1060, Anselme de Cantorbéry expose la doc- 
trine du sacrifice expiatoire. 

1260. Thomas d'Aquin développe la doctrine des 
œunres surérogatoires et du trésor de l'Eglise. Il 
adopte, développe et propage la doctrine d'Anselme 
de Cantorbéry sur le sacrifice expiatoire du Dievr- 
homme. 

1854. Pie IX ajoute aux dogmes précédents, celui 
de l'immaculée conception de la vierge Marie^. 

En résumé, l'histoire de l'Église consultée enseigne 
non-seulement que la femme demeure étrangère au 
dogme, mais que le dogme ne commence que quand 



* Tous ces détails sont tirés de : Paroles de Jésus , précédées 
dun essai sur le christianisme (PsltIs, Cherbuliez, 1 862, p. XI-XV), 



25 

cesse l'influence de la femme. C'est l'homme exclusi- 
vement qui est l'auteur du système doctrinal qui, 
jusqu'à ce jour, fait le fond du catéchisme et de la 
prédication officielle^. 

Non, grâce à Dieu, les femmes ne portent point 
la responsabilité des dogmes de l'Église. Elles ne 
furent consultées sur aucun d'eux, et les conciles ne 
subirent jamais leurs avis, pas même les savants doc- 
teurs gravement assemblés un jour pour décider 
si la femme avait ou n avait pas une âme^! — Non, 

1 Toutes les révélations viennent des hommes , ils sont les ins- 
tigateurs des superstitions dont les femmes sont les dupes. Tar- 
tufe n'est pas une femme , et il fait des dupes des deux sexes. 
M. Michelet savait fort bien cela dans son livre Du prêtre de la 
femme et de la famille. Qui inventa au dix-septième siècle le 
culte du Sacré-Cœur? a Dès le commencement du dix-septième 
siècle, nous dit le livre cité, les directeurs, confesseurs, trouvent 
dans le Sacré-Cœur un texte commode. » — Il en fut toujours 
ainsi : l'esprit dominateur de Fhomme, ingénieux à trouver les 
moyens de tenir les autres en bride , le fit sûrement en cultivant 
le plus possible leur faiblesse , leur ignorance et même leurs dé- 
fauts, parce qu'une conscience éclairée, maîtresse d'elle-même, 
n'appartient plus qu'à elle-même. 

M. Michelet suppose à l'influence passée de la femme sur le 
développement du dogme, une importance qui eût bien surpris 
Voltaire, apparemment. Le point de vue étrange de M. Michelet 
ne fut pas celui du grand homme qui écrivait : « C'est par la con- 
versation, par la prédication, par les cabales, c'est en séduisant 
les femmes.,., c'est par des impostures , par des récits miracu- 
leux, qu'on vient aisément à bout d'établir un petit troupeau.... 
Presque toutes les sectes se sont ainsi établies 9 (Dialogue XIX]. 

« Que dire de l'encyclique du pape Pie IX , du 8 décembre de 



26 

elle ne fut pas l'auteur d'un système qui commence 
par l'écraser. — Qui ne reconnaît déjà dans le texte 
juif-biblique l'œuvre de l'homme seul, maître, légis- 
lateur, juge, accusateur, faisant les lois et les ap- 
pliquant absolument comme toujours? — Qui peut 
croire qu'elle fut complice de sa propre condamna- 
tion et qu'elle consentit à la signer, à supposer qu'elle 
y fut invitée? — N'est-il pas reçu de dire : «La 
femme ne saurait généraliser, abstraire, philoso- 
pher^?» Si cela est, elle esf justifiée du soupçon 
d'avoir contribué à l'élaboration de tous les dogmes 
passés, car depuis que le dogme n'est plus révélé, 

Tan de grâce 4864?.... « La vierge Marie (y est-il dit), qui a détroit 
les hérésies du monde entier (qui Feût cru !) et qui, notre mère à 
tous, est toute suave.... toute clémente.... et se trouve en sa qua- 
lité de Reine à la droite de son fils, notre Seigneur Jésus-Christ, 
dans un vêtement doré et brillant d'ornements variés, ne connaît 
rien qu'elle ne puisse obtenir du souverain maître. » Ou a oublié 
de dire si les femmes avaient été consultées sur cette toilette très- 
catholique (et si les prédicateurs en sont relevés du devoir de 
prêcher contre le luxe) ; — il faut convenir que c'était une des 
bonnes occasions de prendre l'avis des femmes ; hélas ! n'en dé- 
plaise à M. Mlchelet, on l'a négligé cette fois comme les autres. 

* M. de Pompéry; La femme dans l'humanité (Hachette 4864, 
p. 27). — Ailleurs, le même auteur ajoute : «...Par le caractère 
propre de son intelligence, elle (la femme) répugne à toute con- 
ception abstraite. Suivre un raisonnement, lui est une peine, et 
généraliser un efifort odieux. La femme ne connaît pas les médi- 
tations profondes, les aspirations puissantes, les enthousiasmes 
sacrés par lesquels l'homme s'élève au-dessus de ce qui est , pour 
imaginer ce qui doit être (p. 444). » Devant ce brevet d'incapacité, 
comment soupçonner que la femme ait pu élaborer les dogmes? 



27 

sa formation, comme l'histoire le démontre, est le 
fruit d'un long et pénible labeur, cpie sa nature intel- 
lectuelle ^ dit-on, l'empêche même d'aborder. 

Le dogme du salut par la foi, dans le sens ortho- 
doxe, est la consolation naturelle qu'offre l'oppresseur 
aux opprimés qu'il ne veut pas affranchir ; l'homme 
non éclairé est porté à croire ce qu'il souhaite. Le 
salut par la grâce a dû découler d'une situation où 
l'opprimé recevait toute révélation de l'oppresseur, 
qui, prétendant avoir en soi la justice, se gardait 
bien de l'exercer. Telle fut la situation de la femme, 
tel fut le spectacle donné au monde par la barbarie 
résultant, au moyen âge, des invasions successives 
qui l'avaient inaugurée. Quoi de plus naturel, que la 
femme n'ait pas compris la justice, n'en voyant pas 
les effets? 

Encore aujourd'hui n'entendons - nous pas dire 
qu'il faut que la femme ait de la religion, c'est-à-dire 
de la crédulité? Gardons-nous de faire de nos femmes 
des philosophes! — On le dit, on l'écrit. Étrange 
illogisme masculin! Vous leur confiez votre honneur, 
vos enfants, votre fortune, votre bonheur, et vous 
leur refusez la possession d'elles-mêmes! Vous vous 
souvenez que le sage disait: Connais-toi toi-même; 
vous y ajouteriez peut-être: Possède-toi toi-même; 
mais à la condition que la femme ne dira ni l'un ni 



28 

l'autre. Et pourtant il est temps qu'elle se connaisse, 
il est encore plus temps qu'elle se possède, qu'elle ne 
soit plus ballottée entre vos afiîrmations et vos néga- 
tions. Que sa crédulité soit remplacée par la raison, 
sa servitude par la liberté, sa soumission à des règles 
arbitraires et puériles, par la moralité; que son juge- 
ment s'aflFermisse, et que la justice, qui doit éclairer 
sa conscience, aussi bien que la vôtre, soit le guide de 
sa vie, guide librement accepté, volontairement suivi. 
Mais cela n'est pas. Ce qui est encore, c'est ce 
qui a toujours été : la lumière est pour elle sous le 
boisseau. On cultive, on admire son ignorance, on la 
loue de ses défauts, puis on la condamne ppur n'a- 
voir pas compris la justice. En vérité, celui qui parle 
de la justice, la pratique de telle façon qu'il y a lieu 
de douter qu'elle existe. Gela est si vrai , qu'alors même 
que toutes les accusations formées contre la femme 
seraient fondées, elle serait plus digne de pitié que 
de colère. Lequel, dans le passé, mériterait le plus 
de blâme, de celui qui, étant fort et se disant juste, 
n'usa que de sa force? ou de celle qui, vaincue, 
anéantie sous la force, aurait perdu dans les souf- 
frances le sentiment du juste, se fût jetée dans l'espé- 
rance extra-terrestre, et aurait attendu avec foi la dé- 
livrance d'en haut, par la grâce, ne pouvant l'espérer, 
ici-bas, de la justice? 



29 

M. Michèle t ne cache pas ses sympathies stoï- 
ciennes, nous les partageons. Nous disons aussi haut 
que lui: soyons Grecs; mais nous ajoutons : soyons 
plus que Grecs. — Grecs, pour arborer le drapeau 
de la justice; plus que Grecs, pour y joindre celui de 
la miséricorde. Tournons le dos aux erreurs passées. 
Renonçons en particulier à celle qui porte à diviser 
l'humanité en deux moitiés, dont une seule ennoblie, 
éclairée du principe moral, à l'exclusion de l'autre. 
Persuadons-nous que l'erreur et la vérité furent mé- 
langées dans les deux éléments du genre humain. 
En douter, c'est douter du juste équilibre de l'essence 
même des choses, et donner gain de cause à l'in- 
justice. 

Marchons, et oublions comme M. Michelet; mais 
n'oublions que le mal; la miséricorde demeure le 
complément de la justice. Ce qui, importe, c'est l'é- 
quilibre des puissances, des facultés dans l'huma- 
nité; ce quU importe, c'est de ne plus oublier d'être 
justes, et de nous souvenir d'être miséricordieux; ce 
qui importe, c'est de proclamer et de prouver 
que l'homme n'est pas seul doué de conscience , la 
femme douée seulement de sentiment; ce qui. im- 
porte, c'est de ne plus ranger exclusivement d'un côté 
la justice, et de l'autre la grâce, mais d'affirmer dans 
les deux moitiés du genre humain, les sources com- 



30 

munes de la justice et de la compassion, afin que 
toutes deux travaillent au progrès commun. Au lieu 
de voir entre elles contradiction, il faut voir l'harmo- 
nie. Il faut que l'homme tempère la rudesse de sa 
justice par la compassion, que la femme raffermisse 
sa compassion, qui la mène à la mollesse, par la trempe 
vigoureuse d'une éducation qui lui donne la connais- 
sance et la possession d'elle-même. Jusqu'ici, toute 
sa vie a été assujettie à une routine de principes 
contradictoires, de conciliations impossibles, qui en- 
seigne à la fois, en dehors du monde et de ses plai- 
sirs, une dévotion malsaine, excluant le monde; du 
côté du monde, une frivolité sans bornes, sans repos 
ni trêve. Quel triste état d'esprit naît de cet enseigne- 
ment illogique de deux puissances aussi absolues et 
opposées! On se plaint que la femme n'ait pas de 
conscience, et l'on éteint cette conscience dans son 
principe même, on l'arrête dans son essor, et, jugeant 
la femme sur ce qu'on la fait, on l'écrase des erreurs 
du passé. 

C'était trop accuser; c'est assez protester. Prenons 
une nouvelle voie : parlons moins des charmes de la 
femme, parlons plus de ses droits et surtout de ses 
devoirs. Ils sont clairs, et trois mots les résument: 
Vérité^ Justice, Travail. Ce serait folie que de la vou- 



31 

loir affranchir sans son concours actif; il est oiseux 
de dire: «Soyez libres;» il faut dire: «Travaillez 
pour l'être. » Cette vérité est aussi vieille que Thu- 
manité. Le Travail a tout fait, il fait Thomme à la 
sueur de son front. La femme ne peut violer cette 
loi: la condition normale de sa vie est le travail. 
C'est entraver, c'est anéantir le progrès de la femme, 
ou celui de l'homme, que de condamner l'un ou 
l'autre à l'oisiveté. Le sauvage fait de la femme une 
bête de somme, — l'oisiveté fait plus, elle énerve, 
elle dégrade, elle asservit. C'est en vain qu'on le 
nierait, c'est en vain qu'on veut épargner aux femmes 
l'emploi utile de leurs facultés; dans cette mollesse, 
tout s'éteint, tout se corrompt, même les plus nobles 
natures. La transgression de la loi ne se fait jamais 
impunément. 

La femme, dernière venue dans l'œuvre du pro- 
grès, y prendra désormais la place qui lui appartient. 
Peut-on prévoir l'impulsion nouvelle, les aperçus in- 
tellectuels et moraux, qu'elle peut et qu'elle doit ap^ 
porter au trésor commun? Quelle haute moralité ré- 
sultera de son activité, quand, à tous les rangs de 
l'échelle sociale, elle aura compris la portée, la 

j nécessité, la valeur, en un mot, la loi du Travail! 

I 

Elle deviendra, dès lors, la moitié égale et libre de 

l'humanité. 



32 

L'égalité morale est aujourd'hui plus qu'un prin- 
cipe, c'est un besoin, et la justice actuelle réclame 
de nouvelles conditions. Le fort tourne vers le faible, 
jadis délaissé et méprisé, des regards attendris; il 
souffre fraternellement de l'inégalité choquante des 
lumières; il se plaint de la lenteur que l'obscurité 
met à s'éclaircir; il excite avec amour ses frères et 
sœurs attardés, et du sommet intellectuel et moral 
où il est monté par le travail, il envoie à leurs 
oreilles des paroles d'encouragement. C'est mécon- 
naître le présent et ses voies que de ne pas signaler, 
entre les degrés divers des intelligences, ce touchant 
intérêt, cette cordiale attraction, qui se produisent 
de haut en bas, et réduisent les distances les plus 
réelles par le seul désir de les voir s'amoindrir. 



33 



IV. 



M. Michelet a eu la gloire d'inscrire le premier sur 
un livre ce titre magnifique : La Bible de l'humanité. 
Il gardera cette gloire, bien qu'on puisse la lui en- 
vier. Mais, hélas! on ouvre ce livre avec espérance, 
on le referme avec tristesse. Le désappointement est 
douloiu^eux. Le plus majestueux des sujets s'annonce 
dans les premières pages ; — pourquoi cette plume, 
si savante, si poéticpie et si noble n'a-t-elle pas su, 
ou n'a-t-elle pas voulu être tout ce qu'elle peut, 
tout ce qu'elle sait être? 

La magnifique conclusion même, avec laquelle nous 
sommes en si grande communion de pensée, tout en 
rassérénant l'esprit, ne le contente pas. — Il y 
manque quelque chose, ou, quelqu'un. Nous voudrions 
ne pas être injuste, et voir tout ce qu'elle dit. Nous 
voyons bien ce que l'auteur recommande du père au 
fiils, mais la femme et la fille, où sont-elles? Elles ne 
sont pas appelées au foyer!.... et pourtant : Dieu est 
la justice même! La femme ;>ew^-elle être exclue, dés- 
héritée? Sans passé, sans présent, restera-t-elle aussi 
sans espérance, sans avenir? 



34 

Cette Bible ne sera point la seule. D'autres, moins 
illustres que M. Michelet, mais, nous l'espérons, 
d'une impartialité plus sévère, seront inspirés de 
cette grande idée. Le sujet est si beau, si vaste, il 
promet tout! Rechercher dans le passé des peuples les 
notions religieuses primitives, bégaiement de voix en- 
fantines mal affermies, et pourtant pleines de con- 
fiance, de fraîcheur juvénile, — sourire du printemps 
de la vie, où la pensée naïve mêle avec grâce les 
forces naturelles et les beautés sensibles, les fleurs, 
les fruits, la rosée, le soleil, seuls biens qu'elle com- 
prenne encore; montrer l'idée religieuse, naissante, 
prenant forme, couleur et force; suivre à travers 
les péripéties de l'histoire ses manifestations suc- 
cessives et ses transformations; montrer la vérité, 
et avec elle, la justice grandissant toujours, et de 
plus en plus brillantes, malgré les éclipses, malgré des 
nuages passagers.... jusqu'au jour où les peuples, 
prêts à s'unir dans le concert unanime d'un sentiment 
universel, s'entr 'aident, s'excitent, s'encouragent de 
leurs appels fraternels à la conquête du vrai; dis- 
cerner, comprendre cette grande, cette majestueuse 
unité, y voir exposée en traits de feu la preuve la plus 
saisissante de l'ordre providentiel et de l'ordre mo- 
ral ; reconnaître enfin dans la génération présente, en 
chacun de nous, dans l'émotion qui nous pousse, le 



35 

pressentiment des temps nouveaux , — c'est avoir le 
droit de proclamer sa pensée conforme à celle de La 
Bible de V humanité. Dans ce livre, tous les peuples 
ont le droit d'être inscrits, les uns, il est vrai, à plus 
haut titre que les autres, mais tous selon leur rang. 
Le grand tableau de l'humanité ne saurait donner 
place à aucune critique absolue, l'erreur étant toujours 
mêlée de quelque parcelle de vérité; encore moins y 
faudrait-il la critique douloureuse de toute la moitié 
du genre humain. La critique doit être impartiale: 
elle dégage le vrai du faux; elle voit le vrai sous les 
ruines, et suit avec satisfaction le développement de 
la vérité et ses transformations. Le bon sens nous 
dit, sans le secours de la science, que si les religions 
ne sont pas issues d'une révélation miraculeuse, elles 
sont le fruit de la conscience humaine, d'accord avec 
les vues providentielles et avec les acquisitions du 
travail de l'esprit. Nul, parfaitement convaincu de 
cette vérité, ne peut croire que pendant dix-huit 
siècles tout entiers l'humanité se soit arrêtée ou qu'elle 
ait même reculé! — Ces dix-huit siècles ne mé- 
ritent-ils donc rien de mieux de notre justice? Tout 
y est-il également digne d'être flétri, condamné? 
Pourquoi aujourd'hui tant d'ardeur à combattre le 
vieux dogme qui s'effondre et ne trouve plus d'ad- 
hérents que dans l'ignorance et dans le parti pris? 



36 

N'y a-t-il nen de mieux à faire qu'à pourfendre des 
nuages qui se déchirent de toutes parts? Déjà un so- 
leil radieux nous envoie dans son aurore les prémisses 
de ses futures splendeurs; sommes-nous insensibles à 
ses rayons?... Déjà se tracent sur bien des points, 
par tous et par toutes, les simples lignes de la formule 
nouvelle, et préludent les accords éternels de l'hymne 
sans cesse renouvelée. Que dit-elle? Dieu; loi de 
Justice et d'Amour; Vie éternelle, Travail, Liberté, 
Responsabilité et Progrès, c'est-à-dire Épanouisse- 
ment éternel de la vie! A ces simples et divines 
beautés, qui se soucie de substituer de vains miracles, 
qui se soucie d'opposer le surnaturel?.... Rendons, 
selon la justice, à tous les temps ce qui leur est dû. 
Déchirons d'une main hardie les enveloppes trop 
étroites. Montons en pleine lumière, et que nos yeux 
s'habituent à contempler ces horizons nouveaux où la 
perspective nous découvre l'union de tous les peuples 
dans la ferme assurance de leur Fraternité! 



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