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r
CHRONIQUES
DE
J. FROISSART
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNBDR
A NOOBNT-LB-ROTROU.
CimONIQUES
DE
J. FROISSART
0 ^^ DIUXIÀME LIYÏK
PUBLIA POUE LA SOClili Bt L*HI8T0IRB DB FEIRCB
PAR GASTON RAYNAUD
TOME DIXIÈME
1380-1382
(depuis L'ATàNIMKKT DE CHARLES VI JUSQu'àU COMUElfCEMENT
DE LA CAMPAGNE DE FLANDEe)
À PARIS
LIBRAIRIE RENOUARD
H. LAURBNBy 8U0GB88EUR
LIBRAIBB DB LA SOGIÉTrf DB l'hISTOIRB DB PRAHGB
RCT DB TOURRORy R« 6
M DGOG xcyn
282
THE NEW YORK
PUBLIC LIBCARY
ASTOR, LEHOX ANO
TILO&N fOUNOATlONS.
t8d8.
EXTRAIT DU RÈGLEMEIfr.
AmT. 44. — Le Conseil désigne les ouTrages à publier, et
choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en
saivre la publication.
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Le CamnUsiaire responsable soussigi^ déclare que le tome X
de PédUion des Ghrohiqubs de J. Feoissaki, préparé par
M. Gaston Rathaud, lui a paru digne d'être publié par la
Soaiii DB l'Histouub db Fraucb.
FttU à Paris, le 4«' août 4896.
Signé : L. DBUSLE.
Certifié :
Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France,
A. DB BOI8U8LE.
SOMMAIRE.
CHAPITRE XI.
1380, septembre. sNTEis en bbetagne dk L'AimiE du comte de
BUCEiNGHAïf . — 4 novembre, couaonnement du boi ghables yi
A BEDts. — Du commencement de novembre au 2 janvier 1381.
SIÈGE DE NANTES PAB LES ANGIAIS. mVEBNAGE DES ANGLAIS EN
BBETAGNE. — 15 janvier et 4 avril, tbait^ de paix entbe le
BOI DE FBANCE ET LE DUC DE BBETAGNE. 11 UVril. LES ANGLAIS
EVACUENT LA BBETAGNE; BUCEINGHAM BENTBE EN ANGLETEBBE
(SS 169 à 192).
La nouvelle de la mort du roi Charles Y arrive à Buckin-
gham au moment où, après avoir traversé la Sarthe à Noyen,
il fait reposer ses gens à Poillé^ ; elle parvient en même temps
au Mans', au quartier général de l'armée française, dont les
chefs se dispersent pour courir aux informations. Les Anglais
poursuivent leur route par Saint -Pierre- sur -Erve' et par
Argentré^, passent la Mayenne au milieu de marécages dan-
gereux et s'arrêtent à Ck)ssé', pour attendre les instructions
du duc de Bretagne*.
1. Sarthe, arr. de la Flèche.
2. Le duc de Bourgogne commandait l'armée royale an Mans ; ce ne fat
qae le 13 octobre 1380 que les troupes furent licenciées par le duc d'An-
jou, régent, qui retint seulement les hommes d'armes de Clisson, de Jean
de Beuil et de Pierre de la Rocherousse (Bihl, not., Clair, vol. 23,
n- 1665).
3. Mayenne, arr. de Laval.
4. Mayenne, arr. de Laval.
5. Go88é-le- Vivien, Mayenne, arr. de ChAteau-Gontier. C'est à tort que
Kerryn a identifié cette ville avec Changé (arr. de Laval).
6. Dès le mois de septembre, on préparait en Angleterre l'envoi de ren-
X — a
II CHRONIQUES DE J. FROISSART.
Le duCy qui se trouve à Hennebont, mécontent de Thosti-
lité continue de ses villes et particulièrement de Nantes, à
rapproche des Anglais, députe vers Buckingham ses conseil-
lers habituels : Bertrand de Montbouchier, Etienne Guyon,
Guillaume Tannegui, Eustache de la Houssaie, Geoffroi de
Kerimel et Télu de Léon % pour lui demander de venir à
Rennes conférer ensemble.
Cette ambassade rejoint à Châteaubourg ' Tarmée anglaise,
qui de Ck)ssé, à travers la forêt de la Gravelle', avait gagné
Vitré ^, puis Châteaubourg, sûre désormais de ne plus être
poursuivie par les Français. P. 1 à 3, 297, 298.
Après de longs pourparlers au cours desquels Buckingham
se plaint de ne pas être accueilli en Bretagne comme il s'y
attendait d'après les conventions passées, rendez-vous est pris
pour Rennes, où les Anglais arrivent au bout de quelques
jours. Mais ils n*y peuvent entrer et les portes de la ville ne
s'entr* ouvrent que pour loger le comte et quelques barons avec
lui. Ils attendent ainsi plus de quinze jours la venue du duc de
Bretagne, qui multiplie ses excuses plus ou moins sincères.
Les Nantais profitent de ce répit pour obtenir' des quatre
oncles du roi, ayant alors le gouvernement du royaume, six
cents lances de renfort, qui les mettent en état de soutenir un
siège». P. 4à6, 298, 299.
forts à Tarmée de Buckingham, et Thomas Gredy était chargé d'arrêter
des navires pour le passage des troupes en Bretagne (Aec. 0^., Queen's
Rem., Mise., Navy 610/11).
1. La chronologie des évêques de Saint-Pol-de-Léon est assez indécise
à cette date, d'autant que les archives du Finistère, comme a bien voulu
nous le dire notre confrère, M. J. Lemoine, ne renferment aucun acte ni
aucune mention d'évéque de ce diocèse entre 1364 et 1390. A en croire
Fr.-Alb. Le Grand {Vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bre-
taigne,.., 1637, p. 484), il s'agirait ici de Pierre Ouvroin, élu évéque en
1370 et mort en 1385, prélat qui « n'estoit pas encore sacré en 1380. »
Malheureusement, pour cette partie de sa notice, l'auteur ne parait pas
avoir eu d'autre source que le texte même de Froissart, dans lequel il
identifie « l'esleu de Lion » avec Pierre Ouvroin ; et, quelque vraisem-
blable que soit son hypothèse, il ne saurait être cru sans preuves.
2. Ille-et- Vilaine, arr. de Vitré.
3. Mayenne, arr. de Laval.
4. Ille-et^Vilaine, ch.-l. d'arr.
5. Ce fut seulement après le sacre du roi que les ducs, apprenant la
marche de 7,000 Anglais sur Nantes, « ordonnèrent que Chastelmorand
« et le Barrois, qui avoient quatre cens hommes d'armes en la frontière
SOMMAm DU DEUXIÈME LIVRE, §| 169-192. ni
Las d'attendre, le comte de Backingham envoie vers le duc
de Bretagne comme messagers : Robert Knolles, Thomas de
Persi et Thomas Trivet, accompagnés de cinq cents lances,
tandis que lui-même, avec le restant de ses hommes, s'ache-
mine vers Gombourg^ par Saint-Sulpice^. Le duc, qui s'était
décidé à quitter Vannes, où il était allé en partant de Henne-
bont, rencontre les trois chevaliers et se dirige avec eux sur
Rennes. Entrevue à Hédé' du duc et de Buckingham; dîner à
la Mézière^; longues conférences à Rennes entre le duc et les
envoyés du cœnte. P. 6 à 8, 290, 300.
Finalement le duc de Bretagne s'engage à venir mettre le
siège devant Nantes, quinze jours au plus tard après l'arrivée
des forces anglaises sous les murs de cette ville, et à fournir
les barques nécessaires. Le comte revient de Hédé prendre
acte de cette convention à Rennes, et le duc retourne à Hen-
nebont, tandis que les Anglais mettent quinze jours encore à
faire leurs préparatifs'.
De leur c6té, les Nantais, ayant à leur tète Jean le Barrois
des Barres*, Jean de Châteaumorand ^, le sire de Tour-
t de Pooeneé, près d'Angers, menassent leurs gens dedans Nantes et qu'ils
c se hastassent avant que les Anglois y parvenissent et qu'ils chevau-
« chassent jour et nuit. Ainsi le firent, et furent à Nantes premiers que
« les Anglois quelques trois heures » {Chronique du bon duc Loyt
p. 120). Us eurent facilement accès à la Tour neuve, commandée par
Giûliaume Leet, mais n'obtinrent que par force les clefs de la ville, gar-
dées par un chanoine, ami des Anglais, comme beaucoup des habitants.
Us tarent bientôt renforcés par Pierre de Beuil et 200 hommes d'armes
(/Md., p. 123).
1. lUe-et-Vilaine, arr. de Saint-Halo.
2. Saint-Sulpice-la-Forét, Ule-et- Vilaine, arr. de Rennes.
3. lUe-et-Vilaine, arr. de Rennes.
4. lUe-et-Yilaine, arr. de Rennes.
5. Les désertions commençaient à décimer l'armée anglaise, et un man-
dement, daté de Northampton le 10 novembre 1380, ordonne l'arrestation
d'hoomies d'armes revenus de France et de Bretagne avant l'expiration
de leur service {fiée, Off,, Close Rolls 227, m. 27 v).
6. Jean des Barres, dit le Barrois, que nous avons déjà vu à Troyes en
1380 dans l'armée du duc de Bourgogne (t. IX, p. cvii, note 3), appartenait
à la maison du duc de Bourbon. Avant cette date, il avait, en 1375, assisté
à la chevauchée d'Auvergne; nous le retrouvons ici, aux côtés de son
cousin germain Jean de Chàteaumorand, à Nantes et à Vannes. La Chro-
nique du bon duc Loys nous le montre successivement à la bataille de
Bosebecque (1382), à l'Écluse (1386), puis en Espagne, en Bordelais, en
Bretagne (1387), enfin en Barbarie (1390) et à Gènes auprès de Boucicaut.
7. Jean de ChAteaumorand, l'inspirateur, peut-être le véritable auteur
tv GHRONIQUKS DE J. FR0IS8ABT.
nemine^ et autres, s'apprêtent à la défense. P. 8, 9, 300.
Pendant ce temps, à Reims, le dimanche 4 novembre 1380,
a lieu le couronnement du jeune roi Charles, entouré de ses
quatre oncles, les ducs d'Anjou, de Berry, de Bourgogne et de
Bourbon^, des ducs de Brabant, de Bar, de Lorraine, etc. Le
comte de Flandre' et le comte de Blois s'étaient excusés. La
veille, le samedi, le jeune roi avait fait son entrée solennelle,
au milieu d'un concours immense de seigneurs et de jeunes
écuyers, comme ses cousins de Navarre, d'Aibret, de Bar et
d'Harcourt, qu'il devait le lendemain armer chevaliers ; il avait
veillé une grande partie de la nuit dans l'église Notre-Dame.
Le dimanche, le roi est sacré par l'archevêque de Reims, en
présence de tous les seigneurs et d'Olivier de Glisson, le non-
de la Chroniqw de Cabaret d'Orville, était en 1370 écayer de la mai-
son du doc de Bourbon, dont il portait a continuellement » le pennon.
Après avoir &it, en 1375, la chevauchée d'Auvergne et accompagné B. du
Guesclin à son passage en Bourbonnais, en 1380, nous le retrouvons à
Nantes et à Vannes. 11 prend dès lors part à toutes les expéditions où
figure le duc de Bourbon, qui l'envoie souvent en ambassade, et la ChrO"
nique du ban duc Loys s'étend longuement sur ses exploits. Elle ne men-
tionne cependant pas son r61e en Orient (voy. Delaville Le Roulx, la
France en Orient^ p. 302, 360, etc.). Jean de Ghâteaumorand, qui fut
sans doute fait chevalier à l'occasion du couronnement de Charles VI
(Chazaud, Chr. du bon duc Loy$, p. xiii-xiv), figure, en 1385, comme
chambellan du duc de Bourbon, et, en 1388, comme chambellan du roi; en
1389, il est au service du duc de Touraine (Bibl. nal., Pièces erig. vol. 699).
1. Un Jean de Toumemine, écujer de Charles d'Orléans, est, en 1410,
au service du roi sous les ordres de Richement (Bihl, nai.. Pièces oHg,
vol. 2867).
2. Ne pouvant s'entendre sur l'interprétation de l'ordonnance de
Charles V (août 1374} qui avait fixé la succession royale, les quatre
oncles du roi convoquèrent au Parlement, le 2 octobre 1380, un conseil
où figurèrent, à leur cdté, la reine Blanche, la duchesse d'Orléans, les
comtes d'Eu, d'Artois, de Tancarville, d'Harcourt, de Sancerre, de Brene,
Charles de Navarre, les archevêques de Rouen, de Reims et de Sens, les
évéques de Laon, Beauvais, Agen, Paris, Langres, Bayeux, Thérouanne,
Évreux, Meaux et Chartres, et autres prélats et barons (Arch. nai,,
Xiâ 1471, fol. 382 v). Ce conseil décida, après avoir donné le titre de
régent au duc d'Anjou et confié la garde du roi aux ducs de Bourgogne et
de Bourbon, de couronner au plus tôt le jeune Charles VI {Religieux de
Saint'DeniSf t. I, p. 16). Une violente dispute eut lieu entre le duc d'An-
jou et le duc de Bourgogne, le jour même du couronnement, à propos de
la préséance (ibid,, p. 30 et 32).
3. Le comte de Flandre était occupé par le siège de Gand, qu'il voulut
quitter, dit la Chronique des Quatre Valois (p. 290), pour aller assister
au sacre du roi, a mais les Flamens ne vouldrent souffrir qu'il laissast
« leur host durant ledit siège devant Gant d.
SOMMAIRB DU DEUXIÈME LIVRE, §§ 469-192. y
▼ean connétable^. Pour célébrer son avènement , il ordonne
que toutes impositions, aides, gabelles, fonages, subsides et
antres impôts grevant le peuple seront i^lis*.
Après la messe, le roi dtne au palais, sous une tente, avec
ses oncles et les prélats; il est servi par des hauts barons
montés sur des destriers caparaçonnés d'or : les sires de Gouci,
de Clisson, Gui de la Trémoîlle, l'amiral de France', et autres.
Le lundi, le roi se rend pour dtner à Tabbaye de Saint-
Thierri'*, près de Reims; il retourne ensuite à Paris où il est
bien accueilli par les habitants*.
Après ces fêtes, les oncles du roi se partagent le gouverne-
ment : le duc de Berri a le Languedoc; le duc de Bourgogne
la Picardie et la Normandie; le duc d'Anjou reste auprès de
son neveu, pour diriger en son nom le royaume*. Sur la
1. Olivier de Clisson ne fut officiellement nommé connétable de France
que par lettres patentes du 28 novembre 1380 (Dom Lobineau, Preuvei
de l'hist. de Bretagnêy t. II, p. 610] ; mais il avait prêté serment au roi
dès le 21 octobre {BUd. nat.^ Brienne vol. 259, p. 27), • en especial contre
• le roy d'Angleterre ». Nous trouvons, à la date du 8 novembre, une
quittance donnée au service du connétable de France {Bild. nat.f Clatr,
vol. 36, n- 2725).
2. Le roi promit à Reims de supprimer les aides, mais il ne tint cette
promesse qu'à son retour à Paris, sous la menace d'une émeute (ReU*
gieux de Sain^Denis, t. I, p. 44; Grandes Chraniquet, t. VI, p. 472;
Ordonn.^ t. VI, p. 527) : « Le juedi après la Saint Martin d'hiver n
(15 novembre), « le roi nostre sire abati les aydes ayans cours en son
« royaume, par le conseil de nos seigneurs de son sang » {Arck, nat,
XI» 1471, foL 443; voy. aussi Petit Thalamus, p. 401, la Chr. des Quatre
Valois, p. 291). Cette suppression des aides fut suivie à Paris {Areh. nat.,
a 147, fol. 108) et au dehors (/ftid., JJ 148, fol. 55) d'excès de tous genres
contre les Juifs, qui venaient, en octobre, d'obtenir du roi la confirma-
tion des lettres que Charles V avait données en leur faveur {Arch. nat,,
JJ 118, fol. 11 et 22). Ces excès n'avaient pas encore pris fin en décembre
1380, pulsqu'à la date du 19 de ce mois on voit un Jean Beaudouin arrê-
tant un Juif « pour avoir de lui une ou deux pintes de vin, ainsi que
« compagnons ont acoustumé de demander aux Juifs, quant ils sont
« trouvez sanz rouelle ou sauf conduit » (iirc^. nat., JJ 118, fol. 93 v*).
Une nouvelle émeute contre les Juifs avait lieu à Paris en janvier 1381
(iM., fol. 139).
3. M. Terrier de Loray [Jean de Vienne, p. 158, note 2) cite une quit-
tance donnée par l'amiral, A la date du 4 novembre, « estant à la poursuite
des Anglais », ce qui rend sa présence au sacre de Reims assez douteuse.
4. Marne, arr. de Reims.
5. C'est le dimanche 1 1 novembre que le roi rentra à Paris « à grant
c solempnité... et fu la ville encourtin^, et furent joustes laites au palais,
ff le lundi et le mardi, des chevaliers et escuiers qui y estoient m {Grandes
Chroniques, t VI, p. 472).
6. A la date du 19 novembre 1380, le duc de Berri est nommé lieute-
Yi CHRONIQUES DE J. FROISSART. .
demande des ducs de Brabant et d'Anjou, le comte de Saint-
Pol peut rentrer en France ^ où il s'établit dans son château
de Bohain'. P. 9 à 13, 300, 301'.
Le duc de Bretagne, comme nous Tavons dit, avait quitté
Rennes et se dirigeait, avec les seigneurs de Montbouchier,
de Montraulieu et tous ses conseillers, vers Hennebont et
Vannes. Le comte de Buckingham, passant par Ghàtillon^,
Bain' et Nozay*, arrive en quatre jours aux faubourgs de
Nantes où il se loge à la porte Sauvetout; Guillaume de Lati-
mer, connétable de l'armée, Gautier Fitz-Walter et Raoul Bas-
set se logent à la porte Saint-Pierre; Robert KnoUes et Tho-
mas de Persi à la porte Saint-Nicolas; Guillaume de Windsor
et Hugues de Calverley à la poterne de Richebourg.
Ils sont aussitôt inquiétés par les défenseurs de la ville, Jean
le Barrois des Barres en tète ^, qui, la veille de la Saint-Martin
(10 novembre), les surprennent à la porte Saint-Pierre. P. 13
à 15, 301, 302.
Le surlendemain (12 novembre), nouvelle escarmouche du
côté de la Loire, que soutiennent Jean de Harleston, Guillaume
de Windsor et Robert Knolles. P. 15, 16, 302.
nant général du roi en Guyenne, Toulousain, Languedoc, Berri, Poitou
et Auvergne, avec faculté de disposer dans ces pays des finances du roi
{Bibi. nat.y Brienne vol. 259, fol. 219-222 v). Le duc d'Anjou, qui s'éUit
déjà fait attribuer la majeure partie du trésor royal, reçoit en don (25 dé-
cembre 1380) les restes des forfaitures des Navarrais {Arck. nat.t JJ t21,
fol. 120). L'accord définitif pour le gouvernement du royaume eut lieu le
28 janvier 1381 : un conseil de régence de douze personnes était nommé;
la garde du roi et de M' de Valois était confiée aux ducs de Bourgogne
et de Bourbon ; le duc d'Anjou avait la présidence du conseil (BibL «a<.,
ms. fr. 6537, fol. 45, orig.).
1. Le comte de Sain^Pol vint à Paris demander grâce au roi, et, son-
tenu par de puissants amis, entre autres le sire de CJouci, obtint la res-
titution de ses biens (Chronographia regum firancorum, p. p. H. Moran-
villé, t. m, p. 2). Il ne put, malgré ses efforts, arriver à perdre Bureau
de la Rivière, auquel il reprochait sa disgrâce {Religieux de SaifU^DeiUs^
t. I, p. 36 et 38).
2. Aisne, arr. de Saint-Quentin.
3. Ici se placent, dans l'édition de Johnes, deux chapitres nouveaux,
dont nous reparlerons à propos des H 210 et 216.
4. GhAtillon-sur*Seiche, lUe-et- Vilaine, arr. de Rennes.
5. Ille-et- Vilaine, arr. de Redon.
6. Loire-Inférieure, arr. de ChAteaubriant.
7. Aux défenseurs de la ville était venu se joindre, avec ses hommes
d'armes, Pierre de Beuil, dont le père, Jean de Beuil, était engagé, le
12 décembre 1380, par le connétable de Clisson pour la guerre de Bre-
tagne (Bibl. fia/., Ciair. vol. 23, n« 1665).
SOmiAIRB DU DBUXI&lfE LIYBE, §§ 169-192. vii
Le 18 novembre^ les Français font une sortie par la porte
Sanvetout; mais les Anglais , gardés par les troupes alie-
mandesy se défendent bien : ils n'en perdent pas moins un de
leurs chefs, Thomas de Rhodes, et se laissent faire six prison-
niers. P. 16, 17, 302.
Le siège dure toujours, et le comte de Buckingham reste
sans nouvelles du duc de Bretagne, malgré les messagers qu'on
lui envoie et que guettent sur les chemins les gens du pays.
Le duc, en effet, ne peut décider ses hommes à venir avec lui
assiéger Nantes : ils refusent de faire guerre et dommage sur
la terre de Bretagne, pour le service des Anglais, alors que la
cour de France, qu'on voulait effrayer tout d'abord, semble
disposée à respecter leurs anciennes coutumes.
D'autre part, les hauts barons, les seigneurs de Glisson, de
Dinan, de Laval, de Rochefort, le vicomte de Rohan, menacent
le duc de lui faire eux-mêmes la guerre, s'il vient assiéger
Nantes; ils lui conseillent, au contraire, de se soumettre au
jeune roi de France, qu'il ne peut haïr comme son père*.
P. 17 à 19, 302, 303.
Sous les murs de Nantes les escarmouches continuent; le
soir de la Notre-Dame des Avents (8 décembre), dans une sor-
tie contre Guillaume de Gosyngton' et les hommes de guet, le
seigneur d'Amboise' est fait chevalier par Amauri de Glisson'*,
cousin-germain du connétable. P. 19, 20, 303.
Le jeudi d'avant la Noël (20 décembre)', les Anglais sont
1. D'après le Religieux de Saint-Denis (t. I, p. 58 et 60), c'est surtout
à rinterrention du sire de Beaumanoir qu'est due la reprise des négocia-
tions, commencées du vivant même de Charles V (Grandes CfironiqueSy
t. VI, p. 473).
2. Ce Cosyngian, qui ne peut être le Guillaume figurant en 1313 dans
Rymer (t. III, p. 406), doit être identifié avec Etienne de Gosyngton,
bien connu déjà, qui, d'après la Chronique du ban duc Loys de Bour-
bon (p. 124), fut fait prisonnier dans cette sortie.
3. Pierre II, seigneur d'Amboise, vicomte de Thouars en 1397, mort
en 1422.
4. Amauri de Clisson, qui prend part plus tard à l'expédition de
Gneldre, figure comme chevalier bachelier, avec deux autres chevaliers
et six écuyers, dans une revue reçue à Corenzich le 1*' octobre 1388. Une
quittance à son nom, de 129 francs, porto la date du 27 septembre de la
même année [Bibl, nat, Pièces oriç. vol. 789).
5. A la date du 18 décembre 1380, le roi- Richard appointe John Ore-
well pour arrêter vingt vaisseaux destinés à aller porter secours par la
VIII CHRONIQUES DB J. FROISSART.
encore attaqués par le Barrois des Barres et le seigneur de Cho-
let^ ; ils perdent un de leurs chevaliers, Hugues TyreP, mais,
malgré leur désir, ils n'osent dégarnir leurs postes pour
envoyer, sous bonne escorte, de nouveaux messagers rappeler
au duc ses engagements. P. 20 à 22, 303, 304.
La veille de Noël (24 décembre), grande escarmouche, où
se distinguent du côté anglais Yves Fitz-Warin et Guillaume
Drayton^; le chevalier français, Tristan de la Jaille, est fait
prisonnier par un écuyer de Hainaut, Thierri de Sommaing^.
P. 22, 23, 304.
Pendant les fêtes de Noël, les hostilités cessent. P. 23, 24,
304.
Depuis plus de deux mois, les Anglais sont sous les murs de
Nantes. Le comte de Buckingham décide alors de lever le siège
et d'aller avec toutes ses troupes trouver le duc à Vannes.
L'armée anglaise part donc le 2 janvier', passe par Nort*,
Moisdon^, Teillais®, Bain, traverse la Vilaine et arrive à
Lohéac^ un samedi (12 janvier); de là par Guer^^, Mauron^*,
Loire à l'armée de Buckingham {Ree, Off., Lord Treat. Rem,, For. RoUs
n-2).
1. Yves de Cholet mourait en 1390 sous les murs de Garthage pendant
l'expédition de Barbarie {Religieux de SoM-Deniêy t I, p. 668).
2. Rymer cite au moins deux Anglais de ce nom. Il faut sans doute
identifier celui dont il s'agit ici avec Hugh Tyrrel, capitaine, en 1374,
du château d'Auray en Bretagne et garde du chÂteau de Carisbrooke dans
l'Ue de Wight en 1377 (Rymer, t. VII, p. 51 et 147).
3. Nous retrouvons ce personnage en Flandre en 1385 au service du roi
d'Angleterre (Rymer, t. VII, p. 488).
4. Les Nantais surprirent l'ennemi et détruisirent la mine qu'il &isait
depuis plusieurs jours. Tristan de la Jaille, prisonnier, fut sans doute
échangé, car il figure plus loin aux joutes de Vannes. Au dire de la
Chronique du bon duc Loy$, Thierri de Sommaing fut tué dans cette
escarmouche (p. 125).
5. Malgré les pillages nombreux auxquels ils se livraient [Religieux de
Saint'DeniSy t. I, p. 62), les Anglais avaient grand'peine à se ravitailler;
aussi la disette de vivres, jointe à « une maladie de cours de ventre qui
« fort les acoura » (CAr. du bon duc Loys de Bourbon, p. 12*7), fut la
véritable cause de la levée du siège de Nantes.
6. Loire-Inférieure, arr. de Ghâteaubriant.
7. Loire-Inférieure, arr. de Chàteaubriant
8. lUe-et- Vilaine, arr. de Redon.
9. Ille-et- Vilaine, arr. de Redon.
10. Morbihan, arr. de Ploërmel.
11. Morbihan, arr. de Plofirmel.
SOmiAIRE DU DKUXIAmE LIVBE, §S 169-492. ix
la Trinité^, elle vient traverser l'Oust à Brehan', et campe sur
la rive droite de la rivière.
Effrayés de rapproche des Anglais, les habitants de Vannes
demandent conseil au duc de Bretagne qui les rassure et les
engage à ouvrir leurs portes au comte^ sous la condition qu'il
ne logera que quinze jours dans leur ville. Lui-même, le len-
demain, il sort de Vannes au-devant de Buckingham qui, après
un arrêt à Brehan, avait, la nuit précédente, couché à Saint-
Jean'.
Le duc s'excuse auprès du comte de son manque de parole :
il invoque les résistances qu'il a rencontrées chez ses vassaux
et les menaces des seigneurs de Clisson, de Laval et autres
hauts barons. La saison, du reste, est avancée; mieux vaut
attendre l'été pour recommencer la campagne. Le comte, bien
accueilli par les habitants de Vannes, jure de n'y séjourner
que quinze jours et est logé au château de la Motte*, tandis
que le duc s'en va à son chAteau de Sucinio', d'où il échange
des visites avec le comte.
Les lieutenants de Buckingham devaient, d'après les con-
ventions, être logés avec leurs hommes à Hennebont*, à Quim-
per-Gorentin^ et à Quimperlé^; mais ils ne peuvent réussir à
se faire ouvrir les portes de ces villes et sont forcés de se can-
tonner dans les faubourgs, où ils souffrent du froid et du
manque de vivres*.
Harcelées sans cesse par les garnisons des châteaux de Kaer^^
et de Guéméné-Guingamp'S appartenant au vicomte de Rohan,
1. La Trinité-Porhoët, Morbihan, arr. de Ploërmel.
2. Morbihan, arr. de Ploërmel.
3. Saint-Jean-Brevelay, Morbihan, arr. de Ploërmel.
4. Ce chAteau ducal, à Vannes, fat rebAti au xiir, puis an xvii* siècle
pour devenir le palais épiscopal, et servit de préfecture après la révoln-
tion; il a été presque complètement démoli en 1866.
5. ChAteau situé à Sarzean, Morbihan, arr. de Vannes.
6. Morbihan, arr. de Lorient.
7. Quimper, Finistère, ch.-l. de dép.
8. Finistère, ch.-l. d'arr.
9. Les barons bretons n'avaient pas consenti à laisser entrer les
Anglais dans les villes; ils ne leur avaient laissé que la campagne et les
laiiiwnrgs et les avaient obligés à s'approvisionner A prix d'argent auprès
des habitants {Heligieux de Saint-Denis, t. I, p. 58].
10. ChAteau situé A Locmariaqner, Morbihan, arr. d' Aurai.
11. Aujourd'hui Guéméné-snr-Scorf, Morbihan, arr. de Pontivi.
X CHRONIQUES DB J. FROISSABT.
et par celles des châteaux de Josselin^, de Montaigu^ et de
Moncontour'y appartenant au seigneur de Qissoni menacées
par les forces du connétable qui occupe le pays^, n'osant ni
s'en aller ni se porter mutuellement secours ^ les troupes
anglaises en sont réduites à se contenter de Tintervention dou-
teuse du duc de Bretagne. P. 24 à 30, 304 à 306.
Le duc, en effet, durant ce temps, négocie la paix à Paris
avec le roi de France, par l'entremise du vicomte de Rohan,
de Charles de Dinan, de Gui de Laval et de Gui de Rochefort,
aux conseils desquels il se rend, craignant qu'une fois établis
en Bretagne, les Anglais n'en veuillent plus sortir. P. 30 à 32,
306, 307.
Les Anglais ignorent' tout cela et passent leur temps en
joutes. On se rappelle le combat de Gauvain Michaille et de
Janekin Cator dans la forêt de Marchenoir*. A cette occasion,
plusieurs défis avaient été échangés entre chevaliers anglais et
français, mais le comte de Buckingham avait ajourné ces joutes,
qui, une fois encore, sous les murs de Nantes, n'avaient pu
avoir lieu.
Quand les Anglais sont cantonnés à Vannes et aux environs,
les chevaliers français veulent à tout prix tenir leurs engage-
ments, et, grâce à un sauf-conduit donné par le connétable de
1. Morbihan, arr. de Ploermel.
2. Vendée, arr. de la Roche-sur- Yon.
3. Gôtes-du-Nord, arr. de Saint-Brieuc.
4. Les troupes qu'avait rassemblées Olivier de Clisson étaient impor-
tantes; à la date du 1*' août 1380, nous voyons figurer dans une montre
passée à Ghàteau-Josselin deux chevaliers bannerets, trente-deux che-
valiers bacheliers et cent soixante-cinq écnyers (Dom Morice, Mémoires,
t. II, col. 254-255).
5. Malgré Topinion du Religieux de Saint^Denis (t. I, p. 56), les Anglais
ignorèrent si bien les négociations de paix entreprises par les barons bre-
tons, qu'à la date des 21 et 24 décembre 1380, Thomas Credy et Walter
Leicester étaient chargés de réunir des navires destinés à transporter des
troupes en Bretagne en même temps qu'en Portugal (Aec. 0/f., Istue
Rolls 302, m. 13; Queen's Aem., Mise, NuneU 632/12). Dès le mois de
février 1381, Thomas de Felton s'apprêtait À partir pour la Bretagne avec
900 hommes d'armes et 900 archers, « pro fortificatlone Thome, comitis
« Buk. et exercitUB régis... » (Ibid., Issue Rolls 303, m. 12). L'insur-
rection des communes empêcha son départ ainsi que celui de Jean des
Roches, de Pierre Veel et de Robert Passelewe, qui, de Dartmouth,
devaient aller au-devant de Buckingham {Rec. Off., Lord Treas., Rem*,
For. Âee, 5, m. 11 r* et m. 20 v«).
6. Voy. t. IX, p. 272-274 et 278-279.
SOMUillBE DU DBUXIÈMB LIVRB, §§ 169-192. xi
France y des passes d'armes mettent en présence à Château-
Josselin des chevaliers des deux nations, entre autres le
Galois d'Annoi^ et Guillaume Clynton', Lionnel d'Airaines' et
Guillaume Frank^. P. 32 à 34, 307, 308.
Les joutes se continuent à Vannes, en présence du comte de
Buckingham et des principaux chefs anglais". P. 34, 35, 308.
Joute des seigneurs de Pouzauges et de Vertaing; le sei-
gneur de Pouzauges est blessé. Joute de Jean d'Aubrecicourt et
de Tristan de la Jaille. Joute du bâtard de Glarens^ et
d'Edouard de Beauchamp^, remplacé par Janekin Stonckel.
P. 35 à 37, 308, 309.
1. Voy. sur Robert d*Aanoi, dit le Galois, que Ker^yn confond avec son
père Philippe, la notice détaillée de M. H. Moranvillé dans le Songe vérir
UUOe, p. 93-96 (Extrait des Mémoires de la Soc. de l'Hist. de Parii,
t. XVII).
2. La Chronique du bon due Loyt fait mourir ce « banneret » anglais
sons les murs de Nantes. Il est probable (pi'elle commet une erreur, car
en avril 1399, nous voyons nn Guillaume Clynton accompagnant le roi
Richard en Irlande et Intervenant, en 1406, à l'acte réglant la succession
du roi Henri IV (Rymer, t. VIII, p. 78 et 463).
3. Peu de temps auparavant, le 1*' octobre 1380, Lionnel d'Airaines
assistait à une revue à Ardres {BiM. nat., Clair, vol. 5, n* 238).
4. Ce chevalier anglais est sans doute le même que Jean Franc, que
la Chronique du bon duc Loy$ fait mourir à tort dans une escarmouche
du siège de Nantes, puisque nous le retrouvons plus tard en Barbarie
en 1390. Le témoignage de Cabaret est du reste ici comme ailleurs assez
sujet à caution, car parmi les chevaliers anglais tués en même temps
que Franc, il cite Thomas Trivet, qui ne mourut qu'en 1388 d'une chute
de cheval (FroiBsart, éd. Kervyn, t. XII, p. 251-252).
5. La Chronique du bon duc Loys parle longuement de ces joutes de
Vannes, où devaient primitivement figurer quinze hommes d'armes de
l'hétel du duc de Bourbon contre quinze Anglais (p. 127-128) et com-
battre à outrance. Les champions, réduits à cinq de chaque côté, par
suite de la fatigue des chevaliers anglais (p. 130), ne portent pas tout à
fiût les mêmes noms que dans Froissart Ce sont, du parti anglais : Wau-
tier Cloppeton, Edouard de Beauchamp, Thomas de Hennefort, Brisselai
et Jean de Traro; du parti français : Jean de Châteaumorand, le Banois,
le bAtard de Glarains, le vicomte d'Aunai et Tristan de la Jaille.
6. De la maison du duc de Bourbon, le bAtard de Clarens se trouvait
en Bretagne, après avoir fait la campagne d'Auvergne, en 1375, et accom-
pagné B. du Guescltn en Bourbonnais en 1380. En 1382, il assiste à la
bataille de Rosebecque et, en 1386, il fait partie des chevaliers partant
porter secours à l'évêque de Metz, Pierre de Luxembourg.
7. D'après la Chronique du bon due Loys (p. 131), Éd. de Beauchamp
était ivre, ce qui l'empêcha de fournir sa joute. Cet écuyer fit, en 1386,
la campagne d'Bspagne au service du roi de Castille (Rymer, t. VII,
p. 490).
/ :
XII CHRONIQUES DE J. FROISSART.
Joute de Janekin Cloton* et de Jean de Châteaumorand.
Jasekin Gloton est jugé trop faible pour lutter. P. 37, 38, 309.
Il est remplacé par Guillaume de Faringdon^, qui blesse k
la cuisse Jean de Châteaumorand. P. 38, 39, 309, 310.
Tandis que les Anglais, logés à Vannes et aux environs,
sans autre ravitaillement que ce qui leur vient des îles de la
Manche et de Cornouailles , attendent la fin de Thiver pour
recommencer la guerre avec de nouveaux renforts, les barons
bretons continuent à Paris leurs négociations en vue de la
paix, désirée surtout par le duc d'Anjou qui prépare son expé-
dition d'Italie'.
On arrive enfin à une entente : le duc de Bretagne s'engage
à faire évacuer son duché par les Anglais, auxquels il fournira
des navires. Ceux d'entre eux qui appartiennent à la garnison
de Cherbourg seront libres de retourner par terre avec un
sauf-conduit. Le duc viendra en France faire hommage au roi^.
P. 39 à 42, 310, 311.
Quand les Anglais apprennent que la paix est conclue entre
le roi de France et le duc de Bretagne, ils s'en montrent fort
mécontents. Après de longues explications et excuses de la
part du duc^, le comte de Buckingham quitte Vannes le
1. Le même sans doute que le Gautier Glopton de la Chronique du
bon duc Loys, que Rymer cite à la date de 1397 (t. VIII, p. 10).
2. La joute de Jean de Châteaumorand et de Guillaume de Faringdon
eut lieu le lendemain de celle où ayait figuré Janekin Gloton.
3. Grâce aussi au duc de Bourgogne, aUié par sa femme au duc de
Bretagne {Religieux de Saint-Denis, t. I, p. 60).
4. Le traité de paix, par lequel le duc de Bretagne fait sa soumission
au roi, est signé le 15 Janyier 1381 à Vincennes. Par cet acte, le duc de
Bretagne demande pardon au roi et s'engage à lui faire hommage; il
promet son concours contre les ennemis du roi de France et particuliè-
rement les Anglais; il paie une indemnité de 200,000 francs (Dom Lobi-
neau, Hiit. de Bretagne, t. II, col. 610 et suiy.). Olivier de Clisson ratifie
ce traité le 23 février, remettant aux mains du roi son dififérend avec le
duc de Bretagne, qui, le 4 aviil, à Guérande, appose son sceau au traité
en présence des commissaires royaux : Jean le Fèvre, évêque de Chartres,
Arnaud de Corbie, premier président au Parlement, Pierre de Chevreuse,
Jean le Mercier et Jean Tabary, secrétaire du roi (H. Moranvillé, Étude
tur Jean le Mercier, p. 85). Ce n'est que le 27 septembre, à Paris, que
le duc de Bretagne prête hommage au roi (Dom Morice, Hist, de Bre^
tagne, t. I, p. 384). Charles VI n'avait pas attendu cette date pour accor-
der une rémission générale aux partisans du duc de Bretagne à Saint-
Denis, le 2 mars 1381 (Arch, nat, JJ 118, fol. 187).
5. Pour apaiser Buckingham, le duc avait, le 11 avril, fait dresser un
SOMMAIIIB DU DEUXIÉMB LIVBB, $$ 193-208. xm
11 avril 1381^ et s'embarque aussitôt : U part le soir même
pour r Angleterre y refusant une dernière entrevue que lui
demande le duc. P. 42 à 44, 311.
Le connétable fait donner des sauf-conduits aux Anglais qui
retournent à Cherbourg; parmi eux se trouvent les chevaliers
Jean Burley, Yves Fitz-Warin, Guillaume Glynton et Téouyer
Nicolas Glifford'. Ce dernier rencontre à Chàteau-Josselin un
m
écuyer du comte de la Marche, Jean Boucinel, qui l'avait défié
autrefois à Valognes. Un nouveau défi a lieu, et, malgré les
résistances de Clifford, le connétable, pris comme arbitre,
décide que le lendemain le combat se fera. P. 44 à 47, 311, 312.
Jean Boucinel est tué par Clifibrd. Les Anglais, sous la con-
duite du Barrois des Barres, s'acheminent vers Cherbourg.
P. 47 à 51, 312, 313.
CaiAPITRE XII.
1380, Juin, CONCLUSION de la paix KNTBS LK COMTB de FLAimiE ET
LES GANTOIS. 8 aOÛt, EEPRI8E DES HOSTILITES. 27 aOÛt,
DÏFAiTB DES GANTOIS. — Septembre, le comte paît le SliOB DE
6AND. — 5 novembre, victoire des gantois a longpont. —
10 novembre, paix mabtinienne. — 1381, février, nouveaux
DippiaiNDs. — 13 mai. dïpaite des gantois a ne vêle; lbue
DïsuNioN (§§ 193 à 208).
En Flandre, les Gantois sont toujours en hostilités avec le
acte par lequel ses baions s'engageaient à refuser de combattre les
Anglais, si le roi de France voulait y forcer le duc. Backingham feignit de
se contenter de cet acte et partit (Dom Morice, BUt. de Bret., 1. 1, p. 384).
1. Walsingham {RUt. angl.j t. I, p. 444) prétend que le duc de Bre-
tagne donna de l'argent aux Anglais pour obtenir leur départ. L'armée
anglaise était alors bien diminuée par les maladies {Religieux de Saint'
uHiiSj 1. 1, p. 66) : de 6,000 hommes qu'elle comptait devant Nantes, elle
n'en avait guère plus de 3,000 (Chr, du bon duc Loys, p. 35), et avait
perdu tous ses chevaux (Walsingham, t I, p. 444). Le paiement des
gages de Buckingham (9,000 livres) et celui de ses chevaliers est daté de
Brest, 30 avril 1381 (Rec Off., Lord Treas. Jl«m., For. Âcc, 4, m. 40 v*
et 50 V*). Le 2 mai, le comte de Buckingham arrive à Falmouth avec
1,069 hommes; le reste de ses gens débarque dans d'autres ports de Cor^
nouailles (Aec. 0/f., Lord Trea». Rem., For. Acc. 4, m. 40 v*).
2. A ces noms, il faut ajouter ceux de Guillaume de Windsor, qui
part pour Cherbourg le 5 mars, de Guillaume de Faringdon et de Hassy
XIV CHRONIQUES DE J. FR0Î8SART.
comte^ qui profite d'une émeute populaire à Bruges pour inter-
venir et mettre la main sur la ville^ où il fait de nombreuses
exécutions; ce qui entraîne la soumission du Franc de Bruges ^
Enhardi par ce succès, le comte décide d'aller assiéger
YpreSy que viennent secourir SyOOO Gantois, conduits par
Jean Boele' et Amould de Glerk'. De Bruges, le comte se
dirige sur Thourout, puis sur Poperinghe, où il réunit une
armée de 20,000 hommes. P. 51 à 53, 313, 314.
Les Gantois envoient alors à Ypres un nouveau renfort de
9,000 hommes, sous les ordres de Basse d'Herzeele, Pierre
du Bois, Pierre de Wintere^ et Jean de Launoit^, qui, après
être passés par Courtrai, décidés à livrer bataille au comte,
attendent à Boulers ^ d'être rejoints par les troupes d' Ypres,
déjà renforcées par celles de Jean Boele et d'Axnould de Glerk.
Surprises dans une embuscade, ces dernières troupes sont
taillées en pièces par les gens du comte ^ et perdent près de
de Podyngton, qui s'apprêtent à le rejoindre, le 30 mai {Ree, Off,,
Early Chaneery RolU 325, m. 13 et 2).
1. Après l'exécution de Jean Pruneel et l'appel fait par le comte aux
bannis de Flandre (voj. t. IX, p. xcnr-xcv), le 18 juin 1380, les Bmgeois
avaient arraché à Louis de Maie certains privilèges relatifs, entre antres,
à la bière et aux vins. Revenu à Lille, le comte s'était hâté de révoquer
ces concessions {Arch. du Nordj citées dans Le Glay, Chronique rimée,
p. 88, note 1) et avait imposé son alliance aux habitants de Bruges et
du Franc (J. Meyer, Ann, flandr,, fol. 174). Malgré ces alliés, malgré
ses mercenaires anglais {Religieux de Saint-Denis^ t. I, p. 110), le
comte assistait aux nouveaux succès des Gantois, qui s'étaient emparés
de plusieurs villes (Kervyn, M. et chr. de Flandre y t. II, p. 191 et 236);
il se résolut à la paix, qui fut « criée » au mois de juin 1380. Elle fut
bientôt rompue, le 8 août, à l'occasion d'une querelle de tisserands
(Meyer, fol. 174), et les hostilités recommencèrent.
2. C'est par erreur que, dans le volume précédent (t. IX, p. lxxxii), ce
personnage a été appelé Guillaume. Jean Boele, qui figure à différentes
reprises dans les comptes de la ville de Gand, était âhevin en février
1381 (J. Vujlsteke, Rekeningen der Stad Gent, 1893, p. 185).
3. Amould de Glerk (en flamand Àrent de Cleerc) est mentionné en
1380 avec Simon Golpaert dans les comptes de Gand (Rekeningen,
p. 192) & propos d'une expédition à Dixmnde.
4. Un Pierre de Wint paraît en mai 1378 dans les comptes de Gand
{Rekeningen, p. 104).
5. Jean de Launoit (Jan vander Blst) appartient à la corporation des
marchands en 1376 et 1377 {Rekeningen, p. 24, 35, 83, 97, etc.). Est-oe
le même que Jan vander Helst, échevin entre 1377 et 1380 {Ibid., p. 151)?
D'après Meyer (fol. 177 r), c'était un banni.
6. Belgique, prov. de Flandre occidentale.
7. La défaite des Gantois eut lieu le 27 août 1380 (Meyer, fol. 175 r),
SOHMAmS DU DSUXIÈHB LTVRB, $§ 193-208. XV
SyOOO hommes V Les Yprois rentrent dans leur ville et les
Gantois se réfugient à Gourtrai. P. 53 à 56, 314.
Mais, dans leur fureur d'avoir été vaincus, ils accusent Jean
Boele de trahison et le tuent; ils retournent ensuite à Gand,
pendant que Jean de Launoit va s'emparer du château de
Gavre sur TËscaut. P. 56, 57, 315.
Le comte marche alors sur Ypres, qui lui ouvre ses portes
et se rend à merci ^; il fait mettre à mort plus de 700^ parti-
sans des Gantois, envoie à Bruges 300 otages, et, cela fait, se
dispose à assiéger Gourtrai. P. 57, 58, 315.
N'espérant plus de secours de la part des Gantois, la ville
se rend au comte ^, qui prend 200 otages et, peu de temps
après, rentre à Bruges en passant par Deynse'. Au bout d'une
quinzaine de jours, aux environs de la fête de la Décollation
de saint Jean-Baptiste (29 août) ^, le comte convoque de nou-
veau ses gens et vient s'établir à la Biete^ pour faire le siège
de Gand. Robert de Namur a répondu à son appel, mais non
Guillaume, qui alors est en France, auprès du roi. Gautier
d'Enghien est maréchal de l'armée. Les Gantois, encouragés
dans leur défense par les Liégeois, les gens de Bruxelles et du
Brabant, supportent vaillamment le siège, qui ne peut être
complet, et sont ravitaillés du côté de Bruxelles et des Quatre-
Hétiersi». P. 58 à 60, 315.
au moment où, d'après une rédaction des Chroniques de Flandre, ils
se disposaient à marcher sur Dixmude (IH* et chr,, t. II, p. 539). C'est
peot-étie ici qu'il faut placer l'expédition d'Amould de Clerk, voy. p. xiv,
note 3.
1. Mejer n'esUme qu'à 1,200 le nombre des Gantois morts.
2. Ypres ouvrit ses portes au comte le 28 août, bien qu'une rédaction
des Chroniques de Flandre {IsL et chr,, t. II, p. 257} place cet événe-
ment après le 9 septembre.
3. Le comte « fist decoler bien .mic. de ceuls de ladicte ville » (Jsl. et
dur., t. II, p. 174).
4. Le 29 août 1380.
5. Voy. Jst, et ehr,, L II, p. 174.
6. D'après Meyer (fol. 175), ce fut 1^ 1*' septembre. Immédiatement
après la prise de Deynse, que commença le siège de Gand, qui devait être
long et durer près de dix semaines. Le comte avait avec lui 100,000 hommes
llst. et ehr., t. II, p. 193).
7. Ter Boote, plateau situé au nord de Gand, au delÀ de Longpont
(Langerbrugge).
8. Région située au nord de Gand et comprenant les métiers d'Asse-
nede, de Bouchaute, de Hulst et d'Axel.
XVI CHRONIQUES DE J. PROISSART.
Tandis que le seigneur d*Enghien, que le Hase de Flandre
et le jeune sénéchal de Hainaut, Jacques de Werchin, se dis-
tinguent dans des escarmouches, les gens de Bruges, de Pope-
ringhe et d'Ypres, envoyés par le comte à Longpont^ se font
battre par les Gantois^. P. 60 à 62, 316.
Fiers de ce succès, les Gantois, au nombre de 6,000, vont
prendre, brûler et piller Aiost^, dont les seigneurs, Louis de
Marbais, Geoffroi de la Tour^ et Philippe de Jonghe, n*ontque
le temps de fiiir; ils se rendent maîtres ensuite de la ville
de Termonde* (Philippe de Bfasmines est tué dans cette
affaire), mais ne peuvent s'emparer du château, défendu par
le seigneur de Widescot; enfin ils entrent par force dans
Grammont', puis retournent à Gand avec leur butin. P. 62,
63, 316.
L'hiver s'approche; le comte se retire alors à Bruges^ et
1. Langerbiugge, au nord de Gand.
2. Ce combat eut lieu à la fin du siège, le 5 novembre 1380. Il fut fort
meurtrier; c'est lA que mourut Josse de Hallwin (/«(. et ehr,, t. Il,
p. 174). Voj. les comptes relatifs A Longpont (Adfcenlit^en, p. 218).
3. Le 6 octobre 1380 (Heyer, fol. 176).
4. Godefroy de la Tour, rentier de Brabant, donne quittance le 15 dé-
cembre 1374 de 125 francs d'or, pour terme d'une rente à lui due par le
trésor royal {Bibl. nat., Pièeei orig. vol. 2859).
5. C'est le jour de la Saint-Denis, 9 octobre, que les Gantois partent
pour Termonde, qu'ils prennent le 11 (Meyer, fol. 176 r).
6. La prise de Grammont par les Gantois eut lieu en novembre 1380;
le seigneur d'Enghien y fut fait prisonnier {ht. et chr.y t. II, p. 193). Elle
avait été précédée en octobre de l'attaque contre Audenarde, de la prise
d'Eenaeme et de la défaite et mort d'Amould de Clerk, que Froissart,
d'accord avec une des rédactions des Chroniques de Flandre (t. II,
p. 198-199), place en carême 1381; ce dernier combat est daté par Heyer
(fol. 176 r) du 25 octobre. Dix jours après (le 5 novembre) se passait la
bataille de Longpont, dont Froissart a parlé plus haut.
7. Avant de retourner A Bruges, le comte signa la paix que deman-
daient les Gantois; lui-même « tôt fessus mails et œre exbaustus, videns
« plus se damni quam lucri facere » (Meyer, fol. 176 v*), y consentit volon-
tiers. Cette paix, signée « au camp devant Gand » le 11 novembre 1380,
jour de la Saint-Martin, prit le nom de paix Martinienne; elle est igno-
rée de certaines Chroniçt^es^ qui disent que « demeura la cose ainsy
a toute la saison sans paiSy sans trleues et sans nul accord » {Ist. et ehr,^
t. II, p. 193; cf. p. 238). Par cette paix, dit Wielant,dans ws Antiquités
de Flandres (Dom Smet, Ree. des ehr. de FL, t. lY, p. 307), c le comte
a pardonne tous melfaictz sans jamais rien pouoir demander; Uem^ que
« tous ceulx qui sont bannix par ceuls de Gand demeureront banniz et
a obeyront au ban et que désormais l'on fera justice selonc les cous-
« tûmes de la ville ». De plus, toute personne qui violera cette paix sera
SOMMAIRE DU DEUXIEME LIVRE, ^ 493-208. XVU
envoie à Aadenarde tenir garnison les seigneurs d*Enghien et
de Montigniy pour inquiéter les Gantois.
En mars suivant, au printemps, le comte rassemble une
nouvelle armée, dont il fait chef le seigneur d^Enghien. Les
contingents de Deynse et d'Audenarde sont attaqués et mal-
traités par Rasse d'Herzeele et Jean de Launoit, qui revenaient
à Gand d'une expédition contre Deynse ^
Le lendemain, les Gantois vont brûler les faubourgs de
Courtrai et rencontrent les troupes du comte àNevele'. Rasse
d*Herzeele et Jean de Launoit s'apprêtent à livrer bataille,
sans attendre Pierre du Bois et Amould de Glerk. P. 63 à 66,
316, 317.
L'armée du comte est forte de 20,000 hommes, de
1,500 lances, tant chevaliers qu'écuyers ; ce sont : de Hainaut,
le seigneur d'Enghien, maréchal de l'armée, Michel de la
Hamaide, le l>âtard d'Enghien', le seigneur de Montigni,
Gille de Risoit, Hustin du Lai, le seigneur de Lens et Jean de
Berlaimont^; de Flandre, Jean et Gui' de Ghistelles, le sei-
ponie comme si elle avait violé une réconciliation légale (Van Dayse et
de Bosscher, Inventaire.., des chartes... de Gand^ p. 158, et J. Vuyls-
teke, Rekeningen der Stad Gent^ p. 448-450). A cette époque, le comte
cherche anssi à s'assurer le concours de l'Angleterre, où Û envoie des
ambftssadears, en décembre 1380 {Rec. O/f., Earty Chane. Rolls 325,
m. 20). Le 20 février suivant, Jean Elyot est envoyé à Calais, porteur de
lettres pour le comte, les échevins et bourgeois de Bruges, Ypres et Gand
[Ree. Off., Issue Rolls 302, m. 20).
1. La paix ne dure guère. De nouvelles contestations s'élèvent entre
les Gantois et les Brugeois, ces derniers voulant garder ce qui avait été
pris par les autres durant les hostilités. Le 24 février 1381, les Gantois
renouvellent leur alliance avec Ypres et créent un tribun du peuple,
Rasse Mulaert; par une nouvelle loi, ils décident que quiconque fera pri-
sonnier un chevalier recevra deux livres ; pour un écuyer le prix ne sera
que d'une livre. Au commencement de mai, les Gantois prennent Ter-
monde, Courtrai, Grammont, etc., sans pour cela que le calme règne
dans la ville. Pendant une émeute, Simon Rym est tué (Meyer, fol. 176 v*-
mr).
2. Village près de Gand. La bataille eut lieu le lundi 13 mai 1381, jour
de la Saint-Servais. On trouve des comptes se rapportant aux expédi-
tions de Courtrai (voy. la note précédente) et de Nevele dans le livre de
M. J. Vuylsteke (Rekenlnjjfen, p. 220-223).
3. Jean, bâtard d'Enghien, figure déjà en 1379 au'^siège d'Audenarde,
pendant lequel il fut fait chevalier (Ist. et chr., t. II, p. 230).
4. Kervyn a consacré aux Berlaimont une assez longue notice (t. XX,
p. 310-311) où ne figure pas celui dont il est ici question.
5. Sur Gui de Ghistelles, voy. t. IX, p. lxxxiv, note 4.
zvin CHRONIQUES DB J. FROI88AAT.
gneur d*Escomaiy le seigneur de Hullac, le seigneur et Daniel
d'Halewin, le seigneur d*Estaimbourg, Thierri de DixmudeS
et d'autres > en y comptant le jeune sénéchal de Hainant,
Jacques de Werchin^ qui mourut à Obies. Le seigneur de
Leeuwerghem^ porte la bannière du comte. Le choc a lieu, et
mal fût avenu aux gens du comte, si Pierre du Bois, qui était
arrivé sur le lieu du combat, eût pu secourir les siens; maisU
en est empêché par un marais. P. 66 à 68, 317, 318.
Rasse d'Herzeele et Jean de Launoit, assaillis par une armée
quadruple de la leur, se replient en désordre sur la ville.
Rasse d'Herzeele se fait tuer en défendant l'église où Jean de
Launoit' est brûlé vif avec tous ceux qui s'y sont réfugiés.
P. 68 à 70, 318, 319.
Des 6,000 hommes de Jean de Launoit et de Rasse d'Her^
zeele, à peine en survit-il 300 '*. Pierre du Bois, qui a assisté
au combat, sans pouvoir y prendre part, s'achemine vers
Gand, où les fuyards ont déjà annoncé la mauvaise nouvelle,
se plaignant de l'inaction de Pierre du Bois.
Aussi, quand ce dernier, bien que poursuivi parle seigneur
d'Enghien, arrive à Gand, est-il assez mal accueilli et a grand'-
peine à se disculper. De là cette haine, dont Gilbert de Gru-
tere et Simon Bette sentirent bientôt les effets. P. 70 à 74,
319, 320.
1. Thierri de Dixmude, chevalier, donne qaittance le 1*' mars 1376 de
ses gages et de ceux de deux chevaliers et neuf écuyers de sa compa-
gnie, au service de Louis de Sancerre. On le retrouve en 1380 figurant
dans une revue à Hesdin, le 19 juillet, et à Corbeil, le 1*' septembre; U
est sous les ordres du seigneur de Gouci (Bibl. nat.t Clair, vol. 40, n*" 192,
193 et 195). En différend depuis quelqiie temps déjà avec les bourgeois de
Valenciennes, au sujet de la mort de son écuyer tué dans cette ville, U
soumet son cas au comte de Blois et au seigneur de Gouci A la fin de
1382 [Arch. du Nord, série B, t. I, p. 184). Le 13 septembre 1386, nous
le retrouvons au service du duc de Bourgogne, comte de Flandre, dans
une montre passée à Thérouanne, où il figure avec huit chevaliers et
soixante et un écuyers {BibL no^.. Clair, vol. 40, n* 199).
2. Un heer van Leewerghem parait dans les comptes de la ville de
Gand en 1380 (Rekeningent p. 177).
3. D'après Meyer (fol. 178 r), Jean de Launoit ne meurt pas à Nevele,
mais est banni après le combat.
4. Les Gantois perdirent 6,000 hommes {Isl, et chr,, t. II, p. 174). Une
quinzaine de jours après l'affaire de Nevele, le comte « envoya le banieie
« des Gantois, qui avoit esté gaihgnie, à le comtesse d'Artois, se mère »
{IsL et chr., t. II, p. 199).
SOMMAIBB DU DEUXIÈME LIVRE, §§ 193-208. xix
Le comte retourne k Bruges et licencie son armée; il ren-
voie le seigneur d*Enghien à Audenarde^
Les Gantois^ au nombre de 15,000, au moment de la fête de
Bruges (mai 1381), vont brûler les faubourgs de Gourtrai^, que
le comte se contente de munir d'hommes d'armes.
Sous les murs d'Audenarde, les attaques de Pierre du Bois
et de ses gens sont repoussées par les chevaliers.
Trois jours après, Amould de Clerk et 1,200 chaperons
blancs viennent tenir garnison à Gavre, pour faire échec aux
gens d'Audenarde; ils en sortent bientôt pour surprendre une
route conduite par le seigneur d'Escomai, Blanchard de
Gal<mne' et autres, leur font perdre plus de 60 hommes et
s'emparent de la ville et de l'abbaye d'Eenaeme^; Pierre de
Steenhuyse est tué. P. 74 à 77, 320, 321.
Le lendemain, les chevaliers d'Audenarde marchent sur
Eenaeme, surprennent les Gantois, les tuent presque tous, et,
parmi eux, Amould de Clerk; ils retournent ensuite à Aude-
narde. Ces nouvelles comblent le comte de joie. P. 77 à 79,
321, 322.
Désespérés de ces échecs, les Gantois songent k faire leur
soumission, mais ils n'osent, par crainte de Pierre du Bois et
de ses partisans, qui les imposent et les obligent à continuer
la lutte, sous prétexte de défendre leurs franchises. Les hon-
nêtes gens sont ainsi victimes de leur faiblesse, témoin Jean
de la Faucille', qui, pour éviter d'être compromis, s'exile,
t. Le combat de Nevele fut suivi d'une accalmie qui ne se prolongea
guère. Le comte de Hainant s'interposa pour arriver à conclure la paix;
mais les Gantois s'y refusaient {M. et ehr,, t. II, p. 243), et le comte
exigeait des conditions trop onéreuses (Heyer, fol. 178 r*).
2. Cette attaque des Gantois, qui doit être placée avant le combat de
Nevele, eut lieu le 2 mai 1381. Quant aux événements qui suivent, rela-
tifs à Audenarde et à Eenaeme, on a déjà vu qu'ils sont de beaucoup
aitérieurs. Voy. plus bant, p. xvi, note 6.
3. Nous retrouvons plus tard, après la campagne de Flandre de 1383,
ce Blanchard de Galonné, chargé par le roi, ainsi que Jacques de Galonné,
dit Riilart, « de pranre et recevoir les biens des Flamans et de ceux qui
« tenoient leur partie et aussi des Urbanistes t (Àrch. naL^ Xi» 1472,
fol. 62, XU 10, fol. 163 et 11, fol. 49).
4. Belgique, prov. de Flandre orientale.
5. Sur Jean de la Faucille, voy. t. IX, p. lxiv, note 1, et le Cartuiairê
des comtes de ffai/naut, t. II, p. 311-331. n était accusé par Simon Rym
d'avoir été la cause de la mort de son onde. Voy. plus baut, p. xvu,
note 1.
XX CHRONIQUES DE J. FROISSART.
mais n'en est pas moins accusé par Simon Rym*, qui le tue en
duel à Lille. P. 79 à 81, 322, 323.
Voyant que les notables de Gand sont fatigués de la guerre,
et que, d'autre part, il ne peut traiter avec le comte sans ris-
quer sa vie, Pierre du Bois imagine de s'adjoindre un autre
chef capable de gouverner la ville de Gand avec lui*. Il pro-
pose à la nomination des Gantois Philippe d'Artevelde, fils de
Jacques d'Artevelde, si populaire autrefois. P. 81 à 85, 323
à 325.
Après bien des hésitations voulues, Philippe se rend aux
instances de Pierre du Bois, de Pierre de Wintere et de
Sohier d'Herzeele'; il accepte et fait donner au seigneur
d'Herzeele, ruiné par la guerre, une partie des revenus que le
comte possédait dans la ville de Gand. P. 85, 86, 325.
CHAPITRE XIII.
1381, 14 mai. traita d'alluhcb entes le poetugal et l'angle-
TEEEE. HOSTILITES ENTEE LE POETUGAL ET LA CA8TILLE.
10 Juin. iNSUEEEGTioN EN angleteeee; les bandes dtsuegEes
MAECHENT SUE L0NDEE8. 13 Juin. PDLLAGE, MEUETEES ET INCEN-
DIES DANS LA VILLE. 15 Juin. MOET DE WAT TYLEE. iSjUÙt,
NOUVELLE TeAvE CONCLUE AVEC l'EcOSSE PAE LE DUC DE LAN-
CASTEE. EiPEESSION DE l'iNSUEEECTION DANS LES COMTES.
Août. AEEIVÉE DU COMTE DE CAXBEIDGE ET DE SON AEHÏE A LIS-
BONNE (§§ 209 à 227).
La mort du roi Henri de Castille ne met pas fin à la guerre
entre la Castille et le Portugal. Aussitôt couronné, lui et sa
femme ^, Jean est attaqué par Ferdinand, qui soutient les droits
1. Le Simon Rjm qni parait eo 1360 comme caution d'on hôtelier
(J. Huyttens, Recherches sur les corporations gantoises, p. 54) est sans
doute l'oncle de celui-ci. Voy. la note précédente.
2. Après Neveie, Pierre du Bois et François Àckerman avaient été
nommés capitaines de Gand {Ist. et ehr.y t. Il, p. 243). Ce dernier fut
même rewaert de Gand du 30 juillet an 6 août 1381 {Rekenéngen, p. 202
et 211). Il eut pour successeur Gilles le Foulon jusqu'en janvier 1382.
3. C'est à tort que le Religieux de Saint-Denis (t. I, p. 172) prétend
que Sohier d'Herzeele aida PUlippe d'Artevelde seulement A partir du
siège d'Andenarde, au courant de 1382.
4. Éléonore d'Aragon.
SOMMAIRB DU DEUXIAmB LIVRE, §§ 209-227. x«
aa trône de Casdlle de ses deux cousines^ Constance et Isa-
belle, filles de Pèdre le Cruel, et mariées. Tune au duc de Lan-
castre, l'autre au comte de Cambridge. Le roi Jean se défend
avec l'aide des chevaliers français ^ qui sont venus se mettre
à son service depuis l'entrée des Anglais en Bretagne : le
Bègue de Villaines, Pierre', son fils, Jean de Berguettes, Guil-
laume de Nailhac^, Gauthier de Passac^, Bertrand de Ter-
1. Depuis son avènement au trône de Gastille (30 mai 1379), Jean était
resté rallié du roi de France, avec lequel il amt renouvelé les traités
conclus par son père. Une première fois, en 1379, il envoie une flotte en
aide à Charles V; une seconde fois, en 1380, ses vaisseaux entrent dans
la Tamise. La gnerre semble cependant suspendue pour quelque temps,
et des fiançailles sont même décidées entre Henri, infant de CastiUe, et
Béatrice de Portugal. Hais, tout à coup, le roi Jean, retenu à Salamanque
par les obsèques de sa mère, morte le 27 mars 1381, apprend que le roi
de Portugal s'apprête à une nouvelle lutte pour laquelle il attend d'An-
gleterre des troupes commandées par le comte de Cambridge. Jean renou-
velle alors à Vincennes, le 22 avril 1381, par ses ambassadeurs Lopez de
Ayala et Fernando Alfonso de Algana, les traités antérieurs conclus avec le
roi de France (Rymer, t. VII, p. 285). Il décide de s'opposer tout d'abord à
l'arrivée des renforts anglais, ce qu'il ne peut cependant faire, malgré la
Yictoire nayale que remporte son amiral, Femao Sanchez de Toar, sur la
flotte portugaise commandée par Juan Alfonso Tello, le 17 juillet 1381.
Sur terre, les Portugais ne sont pas plus heureux : ils voient leurs villes
minées par Fernando Oaorez et leurs châteaux pris par le roi Jean lui-
même, qui manque mourir sous les murs d'Almeida (Lopez de Ayala,
Cnmieat, t. II, p. 125-153; Duarte Nunez, CronUas, t. II, p. 308-317).
2. Pierre de Viilaines figure en 1388 comme écuyer dans une montre
de son père, le Bègue de Viilaines, avant de partir pour l'expédition de
Gneldre {Bibl, nai.j Pièee$ orig. vol. 3001) ; en 1386, il est envoyé par
Charles VI au secours du roi de Castille {ReUgieux de Saint-Denis^ t. I,
p. 440).
3. Guillaume, seigneur de Naillac, du Blanc et de ChAteaubrun,
Ticomte de Bridiers, conseiller et chambellan du roi et du duc de Berri,
surnommé le Preux, parait comme chevalier en 1376 {Bibi. nat.j Clair.
J€lt. 80, n' 153), prend part en 1382 à U campagne de Flandre {Clur. du
bon due Loys^ p. 170), est créé sénéchal de Saintonge et gouYemeur de
U RocheUe le 16 avril 1383 (Guérin, Arch. hist. du Poitou, t. XXIV,
p. 201, note 1), et nommé garde du château de Taillebourg en 1385 {Chr.
du bon due LoffS, p. 140) ; le 5 février 1387, il s'engage avec Gauthier
de Passac, moyennant l6o,000 fr., à mener en Castille 2,000 hommes
d'armes contre le duc de Lancastre (DouCt d'Arcq, Choix de pièces iné-
dites, t. I, p. 76-78) ; en mars 1396, il reçoit du duc de Bourgogne, A la
maison duquel il appartenait aussi, une livrée pour assister A une récep-
tion d'ambassadeurs (E. Petit, Itinéraires, p. 552).
4. Gauthier de Passac, que nous trouvons chevalier bachelier en 1372
(Bibl, nut.. Pièces orig. vol. 2209), assiste, avec le duc de Bourbon, A
la prise de Brive-la-Gaillarde en 1374 et de la Roche-Senadoire en 1375
xxn GHRONIQUIS DE J. FROI88ART.
ride S Jean et Tristan de Roye^ d'autres encore. Le roi de Por-
tugal songe alors à envoyer en ambassade en Angleterre Jean-
Femandez^y pour demander au duc de Lancastre de venir à son
secours avec une nombreuse armée. Jean-Femandez s*embarque
à Lisbonne et arrive à Plymouth, alors que les troupes du comte
de Buckingham, venant de Bretagne^ débarquaient en Angle-
terre après avoir essuyé une violente tempête. Buckingham et
l'ambassadeur de Portugal font route ensemble jusqu'à
Londres, où est le roi. P. 86 à 89, 326, 327.
Jean-Femandez est bien accueilli par le roi et ses oncles; il
assiste aux fêtes de Saint-Georges (23 avril) à Windsor, en
même temps que Robert de Namur, venu auprès du roi rele»
ver ses fiefs anglais^. Le parlement s*assemble à Westminster
et décide que le comte de Cambridge ira en Portugal avec
500 lances et 500 archers, tandis que le duc de Lancastre par-
(Chr. du bon due Loys, p. 58 et 102) ; il est sénéchal de Limoasin en
1376 {Bibl. nat. Clair, vol. 83, n* 217) et conseiller du roi en 1381 {Bibi.
naty Pièces orig, vol. 2209); en 1382, il fait la campagne de Flandre,
assiste à la bataille de Rosebecque {Chr. du bon duc LoifSj p. 169 et 172),
fait partie de l'armée de l'Écluse (p. 185) et part avec Guillaume de Nail*
lac (voy. la note précédente) pour l'Espagne en 1387. Il était chambellan
du roi (Bibl nai,. Clair, vol. 84, n* 3) et vivait encore en 1405 {Ibid,^
n« 6).
1. Bertrand de Terride, fils de Bertrand de Terride, seigneur de Pen-
neville et sénéchal de Bigorre {Bibl, nat.y Pièces orig. yoI. 2809), était
chambellan du duc d'Orléans en 1403 et chambellan du roi en 1410 [Bibl.
nai., Ibid.),
2. Juan Femandez d'Andeiro, qui devait jouer un peu pins tard un
rôle considérable comme favori de la reine Éléonore, avait été exilé en
Angleterre par suite du traité intervenu entre la Gastille et le Portugal.
Ayant reçu du roi les pouvoirs nécessaires pour traiter avec le Portugal
(Rymer, t. VII, p. 253), il était revenu secrètement auprès de Ferdinand,
qui s'engageait, le 15 juillet 1380, à payer un prix raisonnable pour
trois mois les 1,000 hommes d'armes et les 1,000 archers que lui amè-
nerait le comte de Cambridge; il promettait de plus de marier sa fille
Béatrice au fils du comte (Rymer, t. VII, p. 263), qui devait succéder à
son bean-père sur le trône de Portugal. Le 14 mai 1381 a lieu à West-
minster le renouvellement de l'alliance entre l'Angleterre et le Portugal
(Rymer, t. VII, p. 307).
3. En 1346, lors dn siège de Calais, Robert de Namur avait reçu du
roi d'Angleterre « trois cens livres à Testrelin, qui valent dix huit cent
« frans de Franche... Adonc fist hommaige le dit conte au roy d'Engle-
« terre » (Froissart, t. IV, p. 260). Le 12 mai 1376, il reçut du roi, pour
hommage, la confirmation d'une pension annoelle de 1,20() florins (Rymer,
t. VII, p. 102-103).
80MHAIRB DU DKUXltlfB LIYRB, ^ 209-227. xxm
tira poar l'Ecosse et tâchera d'obtenir pour trois ans une pro-
longation de la trêve qui prend fin au l*' juin; cela fait, il
pourra, en août ou en septembre, aller retrouver en Portugal
son frère le comte de Cambridge*. Sa présence en Angleterre
est, du reste, rendue nécessaire par les négociations du
mariage du roi avec la sceur du roi des Romains ^ P. 89 à 91,
327.
Le duc de Lancastre part; quinze jours plus tard, le comte
de Northumberland le suit, pour se rendre à son poste de gou-
verneur du pays de Northumberland et de Tévéché de Durham,
t. Le 6 septembre 13S0, le dac de Lancastre avait déjà reçu un pou-
voir général pour aller en Ecosse réformer *les attentats aux trêves anté-
rieures (Rymer, t. VU, p. 268). Les attentats avaient été réparés le
1** novembre, les trêves confirmées le 1" décembre (/Md., p. 276 et 278)
et le comte de Northumberland avait reçu Tordre de payer comme répa-
rations an comte de Douglas la somme de 59 livres, qui lui étaient rem-
boursées le 8 février 1381 {Rec. Ojf., Close RoUs 227, m. 21).
2. Simon Bnrley s'était occupé, depuis le 18 juin 1379, avec Richard
de Bmybroke, des négociations de ce mariage (Aec. Ojf., Lord Trea$,
Rem.j For» RoU$, n* 2), pour lequel il fit de nombreux voyages. Nous
l'avons vu, à la fin de juillet 1380, revenir d'Allemagne (t. IX, p. ci, note 7)
avec les ambassadeurs de Wenceslas et traverser la France; il était
accompagné de Robert de Braybroke, plus tard évèque de Londres {Ree.
Off.^ I$tue RolU 302, m. 13). Un passage d'un ms. connu de Johnes
seul nous apprend que l'envoyé de Wenceslas, qu'il nomme duc de Saxe,
se rendait en Angleterre • to observe the state of England and to make
I inquiries conceming the dower, and how it was to be settled on the
« Qneen » (ChrotUeles, translated... by Thomas Johnes, 1862, 1. 1, p. 622-
624). Le duc de. Tesschen repart bientôt pour l'Allemagne, accompagné,
nous dit Froissart, de Pileo de Prata, archevêque de Ravenne; Simon
Bnrley, qui a reçu ses pouvoirs le 26 décembre (Rynier, t. VII, p. 280),
part avec lui, emmenant Adam Houghton, évêque de Saint-David. Le
23 janyier 1381, Anne de Bohême nomme les trois plénipotentiaires
chargés de négocier son mariage : Przenislas, duc de Tesschen, Conrad
Kreyger et Pierre de Wartenberg (Rymer, t. VII, p. 282). L'acte par
lequel le roi d'Angleterre s'engage à épouser Anne de Bohême et à verser
à Wenceslas la somme de 80,000 florins, payables à Bruges, est signé à
Nuremberg le 1" février 1381 (Rymer, t. VII, p. 290). Les plénipoten-
tiaires repartent alors pour aller faire ratifier à Londres (2 mai 1381)
{IMd., p. 294) cet acte, dans lequel intervient le comte de Cambridge.
Des pensions viagères sont accordées par le roi d'Angleterre aux ambas-
sadeurs de Wenceslas (Rymer, t. VII, p. 288, et Rec. Off., Patent RoUs,
n* 311, m. 17); et, vers le milieu de mai 1381, Simon Burley et les
envoyés de Wenceslas retournent « versus partes Alemannie ad regem
« Romanorum » en compagnie de Walter Skirlawe {Rec. Off,, Lord Trea*,
Rem., For. RoUê, n* 2), pour aller chercher la jeune reine, qui doit être
conduite à Calais.
XXIV CHRONIQUES DE J. FROISSART.
jusqu'à la Sevem<. De son côté, le comte de Cambridge fait
à Plymouth' tous ses préparatifs de départ pour le Portugal'.
Il emmène avec lui sa femme, la princesse Isabelle, et son fils
Jean^. Les chevaliers qui doivent raccompagner sont nom-
breux; ce sont Matthieu de Goumai', connétable de Tarmée,
le Chanoine de Robersart*, Raimond de Castelnau^, Guillaume
de Beauchamp^, maréchal de Tarmée, le syndic de Latrau*,
1. Fleuve qui, prenant sa source dans le nord du pays de Galles, se
jette dans le canal de Bristol.
2. Froissart place à tort Plymouth dans le Berkshire, alors qu'il est
dans le Devonshire. De Dartmouth devaient aussi partir un certain
nombre de bateaux {Ree, 0/f., Itsue RoUt 303, m. 12).
3. Depuis la fin de décembre 1380, grftce aux soins de Thomas Seyville,
Walter Leicester, Thomas Credy et Will. Lokyngton, de nombreux
bateaux avaient été retenus pour le passage des troupes en Portugal {Ree,
Of., Issue RoUs^02, m. 13; 303, m. 1; Early Chanc. Rolls 325, m. 16;
QvieefCs Rem., Mise, Nuncii 632/12). Jean Gokefeld, dès le 6 avril 1381,
avait été chargé de préparer, à Plymouth et À Dartmouth, les logements
de l'armée {Ree. Off., Issue Rolls 302, m. 25; Early Chanc. Rolls 325,
m. 12); Robert Crull et Will. Lokyngton étaient préposés au paiement
•des gages (/Md., Issue RoUs 303, m. 4, et Accounts Queen's Rem. 39/17).
4. Le comte de Cambridge emmenait avec lui, outre 4 chevaliers ban-
nerets et 16 bacheliers, 500 hommes d'armes et 500 archers {Ree. 0/f.,
Issue Rolls 302, m. 20 et 24). S'étant endetté pour faire ses préparatifs,
il obtenait, le 4 mai, que ses pensions, en cas de décès, fussent payées
pendant un an à ses héritiers {Ibid., 303, m. 2) ; le 10, il chargeait de
le représenter, pendant son absence, son frère le duc de Lancastre et le
comte Richard d'Arundell {Early €hanc. RoUs 325, m. 7).
5. Matthieu de Goumai commandait à 250 hommes d'armes et à
250 archers {Ree. Off., Issue Rolls 302, m. 20 et 24). Le 1" mars 1381,
il recevait son sauf-conduit {Early Chanc. RoUs 325, m. 13) ; ses com-
pagnons le 4. Le 8 mai, il obtenait la remise d'un procès {Privy Seait
470, n* 1770) et, le 9, la confirmation du don de Tortas {Ibid., n* 1794).
6. Thierri, dit le Chanoine de Robersart, était à la tête de 100 hommes
d'armes et de 100 archers {Ree. 0/f., Issue Rolls 302, m. 20 et 24).
7. Il s'agit bien ici de Raimond et non de Jean de Castelnau, comme
l'indiquent certains mss., ce personnage étant désigné dans la suite par
le titre de seigneur de Castelnau, qui convient seul à Raimond, l'alné.
8. Guillaume de Beauchamp, dernier fils du comte de Warwick, rece-
vait une pension de 200 marcs les 3 décembre 1380 et 20 février 1381
{Ree. O/f, Privy Seals 467, n* 1485, et 469, n* 1606); il emmenait en
Portugal 250 hommes d'armes et 250 archers {IMd., Issue RoUs 302,
m. 20 et 24).
9. Le syndic de Latrau commandait à 100 hommes d'armes et à
100 archers {Ree. O/f., Isstie Rolls 302, m. 20 et 24). Le 4 mai 1381, on
lui faisait une avance de 200 livres sur sa solde {Ibid.y 303, m. 2); le
18 mai, le roi d'Angleterre lui confirmait une rente de 200 écus à Bor-
deaux, dont il donnait quittance le 23 (/Md., Privy Seals 470, n* 1794,
et Close RoUs, 227, m. 6 r).
SOMMAIBE DU DEUXIEME LIVHS, §§ 209-227. xxv
Jean de la Barthe, Richard Talbot *, Guillaume Elmhaniy Tho-
mas Simond^ Miles de Windsor ^^ Jean de Sandwich^ et
d'autres encore'; parmi eux, Jean-Femandez*, le chevalier
portugais. L'expédition compte 500 hommes d'armes et
500 archers^. Us attendent plus de trois semaines à Plymouth
un vent favorable.
Pendant ce temps, le duc de Lancastre arrive à Berwick^,
obtient un sauf-conduit du roi Robert et s'achemine par Rox-
burgh vers l'abbaye de Melrose, où il attend que les Écossais
soient réunis au Lammerlaw, pour entamer les négociations,
qui durent plus de quinze jours. P. 91 à 94, 327, 328.
Une révolution éclate en Angleterre, qui met le royaume
bien près de sa perte. Les serfs des comtés de Kent, d'Essex,
1. Richard Talbot, qui était allé en France en 1359 (Rymer, t. VI, p. 137)
et avait accompagné en Italie Lionnel, duc de Glarence, lors de son mariage
avec Yolande Visconti (/M., p. 587), participe, en 1385, aux expéditions
de Portugal et d'Ecosse {Ibid,, t. VII, p. 454 et 475).
2. Thomas Simond avait avec lui 20 hommes d'armes et 20 archers
(Rec. Off., Issue Rolls 302, m. 20 et 24). Il fit plus tard, en 1386, partie
de l'expédition de Castille (Rymer, t. VII, p. 491).
3. Miles de Windsor, fils de Guillaume de Windsor, devait, en 1386,
suivre le duc de Lancastre en Castille (Kervyn, t. XI, p. 455).
4. Peat-étre faut-il lire ici, comme plus loin (p. 159), Jean de Caven-
disch.
5. Aux noms donnés par Frolssart, il &ut ajouter les suivants : l'évèque
de Dax (Jean Guitier), a?ec 70 hommes d'armes et 70 archers, Thomas
Fichet, avec 40 hommes d'armes et 40 archers, et les barons espagnols
Femand Rodrigaes et Jean Alphonse, avec 50 hommes d'armes et 50 ar-
chers {Bec. 0/f., Issue BoUs 302, m. 20 et 24, et Early Chanc, Rolls
325, m. 12).
6. Jean-Femandez avait avec lui 120 hommes d'armes et 120 archers
{Ree. Off., Issue RoUs 302, m. 20 et 24).
7. Ce chiffre est tout à &it au-dessous de la réalité et ne doit s'appli-
quer qu'aux troupes que le comte de Cambridge commandait personnel-
lement. L'expédition comptait 1,500 hommes d'armes et 1,500 archers,
réduits, au moment du départ, à 1,379 hommes d'armes et 1,483 archers,
sans compter les chefs, 4 chevaliers bannerets et 37 bacheliers {Ree, O/f,,
AccouiUs Queen's Rem, 39/17).
8. Les nouveaux pouvoirs du duc de Lancastre, pour réformer les atten-
tats commis contre les trêves d'Ecosse, datent du 1*' mai 1381 (Rymer,
t VII, p. 288). Parmi les chevaliers qu'il emmenait figure Robert Rous,
ancien capitaine de Cherbourg, aux gages d'une litre par jour {Rec. Ojf.,
Lord Treas. Rem., For. Rolls ^ n* 2); avec lui étaient aussi l'évèque
de Hereford, Jean Gilbert, et maître Jean Waltham {Ibid., Warr, for
issues, bundle 5).
XXVI CHEONIQUES BB J. FROISSilRT.
de Sussex et de Bedford se sottlèyent et prétendent être payés
de leur travail^.
Us sont poussés à cet esprit de révolte par nn prêtre de
Kenty Jean Bail', puni> à plusieurs reprises, par Tarchevêque
de Gantorbéry, qui prêche Tégalité de tous les hommes', excite
le peuple à la haine des riches et des nobles et engage ses
auditeurs à aller à Londres demander justice au roi. Les habi-
tants de Londres murmurent de leur côté et appellent à eux
les gens des provinces. P. 94 à 97, 328, 329.
Cet appel est entendu; les gens de Kent, d'Essex, de
Sussex, de Bedford et des pays environnants, au nombre de
60,000, se dirigent sur Londres. Ils ont pour chefs Jean Bail,
Jack Straw^ et Wat Tyler', un couvreur en tuiles, le plus
populaire des trois. A leur approche, les habitants de Londres,
sauf ceux qui partagent ces idées, ont peur et songent à fer-
mer leurs portes; mais, craignant Tincendie des faubourgs,
ils laissent pénétrer dans leur ville ces bandes de paysans,
qui, venues parfois de cent lieues, ne savent guère ce qu*ils
1. La cause détenninante de rinsorrection fut la perception de l'impôt
personnel, qui, fixé à 4 deniers par personne en 1380 et modifié en 1381,
n'avait pas donné ce qu'on espérait. Jean Leg, chargé de la perception,
avait exaspéré par ses abus les populations déjà épuisées par les imposi-
tions des années précédentes (Knyghton, dans Hist. angL seripL ont.,
t. II, col. 2632-33).
2. Déjà soumis à la justice ecclésiastique à la fin du règne d'Edouard III,
Jean Bail, chanoine excommunié, fut poursuivi de nouveau en décembre
1380 par l'archevêque de Gantorbéry {Ordann. royale, citée par Kerryn,
t. IX, p. 561], qui dirigea contre lui un mandement, à la date du 26 avril
1381. Jean Bail était en prison à Maidstone, quand il fut délivré par les
bandes de Wat Tyler (Knyghton, col. 2634), sans doute le 11 juin 1381,
comme il le prédisait lui-même (Walsingham, t. II, p. 32).
3. Partisan des doctrines de Wiclef, Jean Bail prêchait contre la dime :
personne, selon lui, ne pouvait espérer gagner le ciel s'il était né hors
mariage (V^alsingham, t. II, 32).
4. Jack Straw, qui était à la tête des insurgés de l'Essex, a été con-
fondu par plusieurs historiens, entre autres par Knyghton (col. 2636),
avec Wat l^ler; mais un acte de Rymer (t. VII, p. 311) les distingue
positivement
5. Les historiens ne sont pas d'accord sur l'origine de Wat Tyler, les
uns le fiiisant venir d*Essex, les antres de Kent : en réalité, il y eut,
parmi les insurgés, deux personnages de ce nom (voy. Bémont, dans
Histoire générale de MM. Lavisse et Rambaud, t. III, p. 388, note 1). Un
Wat Tyler est signalé comme « manens in Ketleston, from which we
may perhaps infer that he was not a résident in the district » (Powell,
The RUing in EaU Anglia in 1381, p. 34-35).
SOMMAIRE DU DEUXIAmK LIVRE, §$ 209-227. xxvn
▼enlent et ne demandent qu'à yoir le roi. Effrayés, les nobles
s'apprêtent à la lutte.
Le jour de leur arrivée à Londres^ les gens de Kent ren-
contrent en chemin la mère du roi ^, qui revenait de Cantor-
béry. Molestée par eux, elle se hâte de se rendre auprès de
son fils. Elle le trouve entouré de son conseil, du comte de
Salisbury, de Tarchevéque de Cantorbéry', de Robert de
Namnr, de Jean de Gommegnies et d'autres qui, depuis long-
temps déjà, avaient connaissance de ce mouvement populaire
et auraient dû y pourvoir'. P. 97 à 99, 329 à 331.
Cest le lundi 10 juin 1381 que les bandes commandées par
Jean Bail, Wat Tyler et Jack Straw entrent à Cantorbéry et
envoient des émissaires dans les autres comtés pour leur
donner rendez-vous le jour de la Fête-Dieu (13 juin) ou le
lendemain, sous les murs de Londres ; elles pillent les abbayes
de Saint -Thomas et de Saint- Vincent '*, et, le lendemain,
prennent le chemin de Rochester, abattant les maisons des
gens de loi et entraînant à leur suite les habitants des villages.
Arrivés à Rochester, les insurgés, bien accueillis par la
population, s'emparent de Jean Newton', capitaine de la ville,
et l'emmènent avec eux sous menace de mort.
Dans toutes les autres parties, de l'Angleterre, jusqu'à Lynn*
1. Jeanne de Kent, princesse de Galles, malgré un premier mariage
contracté aTec Thomas Roland, avait été forcée, pendant l'absence de
son mari, à épouser le comte de Salisbury. Ce second mariage fut déclaré
nnl par le pape. Veuve de Thomas Holand, en décembre 1381, elle avait
été recherchée et épousée par le prince de Galles, père de Richard IL
2. Simond de Sudbury, archevêque de Cantorbéry depuis le mois de
mai 1375.
3. C'est à tort que Froissart reproche au roi de ne pas avoir pris de
précautions contre l'émeute menaçante. Les mesures prises à cet égard
furent même en partie causes de l'échec du comte de Buckingham en Bre-
tagne, car les renforts qu'il attendait durent rester en Angleterre et furent
rappelés à Londres dès le commencement des troubles. C'est ainsi que
Thomas Felton et autres chevaliers, engagés dès le 1*' mars 1381, retournent
auprès du roi (Aec. 0/f., Lord Trea$. Rem.^ For, Aec, 5, m. il r« et 20 v*;
Jtiue RoUâ, A Rieh, II, m. 20).
4. Kervyn (t. XXIV, p. 164) estime que Froissart, ici comme ailleurs,
désigne ainsi à tort l'abbaye de Saint- Augustin.
5. Walsingham (t. II, p. 464) fait jouer à Jean Newton un certain rôle
le jour de la mort de Wat Tyler. Insulté et menacé par le chef des insur-
gés, il va être frappé, quand s'interpose le maire de Londres, Guillaume
Walworth.
6. King's Lynn, port du Norfolkshire sur la mer du Nord.
xxvni GHR0NIQUB8 DB J. FROISSART.
et à Yarmouth^^ les mêmes violences se produisent, et des
chevaliers tels que Thomas de Morley', Etienne de Haies ^ et
Etienne de Cosyngton sont contraints de marcher avec les
révoltés. P. 100 à 102, 331, 332.
Les insurgés partent de Rochester et s'acheminent vers
Londres; ils passent la rivière à Brentford^, puis s'établissent
sur la montagne de Blakheath', à quatre lieues de Londres.
Le maire, Jean Walworth^, et les notables font fermer et gar-
der la porte du pont de la Tamise. Plus de 30,000 habitants
partagent les idées des émeutiers.
Ces derniers députent Jean Newton vers le roi, pour lui
demander de venir les trouver et pour se plaindre du mauvais
gouvernement du royaume. Le roi leur promet de venir les
voir le lendemain jeudi 13 juin. P. 102 à 104, 332, 333.
1. Port du Norfolkshire sur la mer dn Nord. — D'après une note com-
muniquée par notre confrère Petit-Dutaillis, note qu'il a bien voalu
extraire pour nous de la thèse manuscrite du regretté André Réville,
qu'il doit bientôt publier, sur le soulèvement des paysans d'Angleterre..,
daru les comtés de Heriford, Suffolk et Norfolk en 138t, la révolte
s'étendit plus au nord encore que la ligne de démarcation que lui assigne
Froissart. Les positions de la thèse d'André Réville ont été publiées en
1390 (PosUions des thèses smUen^tes par les élèves de la promotion de
1890, pour obtenir le dipUHne darehivUte-paléographe^ p. 139-148).
2. Ce chcTalier, que Walsingham nomme Guillaume de Morlee, fut
envoyé avec Jean Brewes à Londres, par les insurgés de Norfolk, pour
demander au roi les lettres d'affrancbdssement (t. II, p. 6). En 1405, il
fait partie d'une expédition contre la France (Rymer, t. YIII, p. 403) ;
en 1406, il intervient dans l'acte par lequel le roi r^le sa succession
(Ibid., p. 463).
3. Ce personnage figure aussi dans Walsingham (t. II, p. 5) parmi les
chevaliers « qui eos sequi compulsi sunt, » à côté de Jean Brewes et
Robert de SaUe. Le fait ne semble pas prouvé pour ce dernier (Powell,
The Rising in East Anglia in 1381, p. 31).
4. Froissart a évidemment confondu ici Brentford sur la Tamise avec
Dartford sur la Darent, où la tradition place la première explosion de
colère des paysans à propos des vexations des collecteurs de la poU-tax,
Pour aller de Rochester à Blackheath, on passe en effet par Dartford et
non par Brentford.
5. Ce nom est porté aujourd'hui par une petite localité des environs
de Greenwich, dont le parc est encore borné de bruyères au sud et au
sud-est.
6. Le prénom du maire de Londres était Guillaume et non pas Jean,
comme en témoignent les documents officiels du Record Office {Paient
Rolls 311, n*" 4 V* et 5) et un procès -verbal des Guildhall Records
(Letter Booh H, fol. 133).
SOMIIAIRS DU DEUXIÈME LIVRE, §§ 209-227. XXXS
Le comte de Bnckingham ne quitte pas, durant tout ce temps,
le pays de Galles, où sa femme*, fille du comte de Northamp-
ton, possède des terres*. Le bruit court cependant à Londres
qu'il accompagne les émeutiers, et cela à cause d'un certain
Thomas, de Kent, qui lui ressemble.
Le comte de Cambridge et ses barons, craignant de voir
arrêter leur expédition par cette révolution, mettent à la voile
malgré le vent et sont obligés de jeter l'ancre devant Ply*
mouth.
Le duc de Lancastre, malgré les craintes qu'il ressent pour
lui-même du mauvais état des choses, car il se sait peu aimé,
n'en continue pas moins à traiter avec les barons écossais,
les comtes de Douglas, de Moray, de Sutherland, Thomas
d'Erskine^ et autres, qui se montrent d'autant plus difficiles
qu'ils sont au courant de ce qui se passe. P. 104 à 106, 333.
Le jour de la Fête-Dieu arrive (13 juin) ; le roi entend la
messe et, accompagné des comtes de Salisbury, de Warwick,
d'Oxford et de quelques chevaliers, il se dirige en bateau
vers la rive droite du fleuve, du côté de son château de Rother-
hithe^. Plus de 10,000 hommes Taccueillent par des cris; très
effrayé, il n'aborde pas, et rentre au château de Londres.
Furieux de leur déconvenue, les émeutiers envahissent les
1. ÉléoDore de Bohun, fille du comte de Hereford et Northampton, avait
épousé Buckingham en 1374.
2. A flon retour de Bretagne, le comte de Bnckingham avait appris le
mariage de son neven Henri de Lancastre avec sa belle-sœur, Marie de
Bohun, qu'il espérait voir entrer en religion, pour être maître de tonte
la fortune revenant à sa femme. Il en fut fort mécontent « and never
« aAer loved the ducke of Lancaster as he had hitherto done ». C'est
ainsi que Johnes s'exprime dans un passage qu'il est seul à reproduire
(t 1, p. 623-624). Dans ce passage, Froissart donne aux deux sœurs,
filles du comte de Northampton, les noms fautifs de Blanche et d'Isa-
belle, an lieu d'Éléonore et de Karie.
3. Thomas d'Erskine, que nous voyons en 1357 prisonnier des Anglais
(Rjmer, t. VI, p. 35), intervient au traité de la rançon du roi David,
le 3 octobre 1357 {Ibid., p. 48). Il va en Angleterre en 1366 et 1367 {Ibid.,
p. 534 et 576) avec 12 chevaUers et a un duel retentissant avec Jean de
Douglas en 1367 (/Md., p. 582, 583); en 1369, il se rend en France et en
Angleterre {Ibid, y p. 614) et intervient aux trêves qui sont signées pour
quatorze ans (Ibid,<, p. 632). Nous le retrouvons ici négociant de nouvelles
tiêves, de même qu'en 1384 et 1390 (Rymer, t. VII, p. 434 et 683).
4. Cette ancienne résidence royale a donné son nom à un quartier du
Londres actuel.
tXX CHRONIQUES DE 1. FROI88ÀRT.
faubourgs de Londres, saccagent les maisons des gens d'église
et de cour, abattent la prison des Maréchaussées ^ délivrent
les prisonniers et se présentent aux portes de la ville.
Le peuple leur ouvre les portes '; et ces gens affamés se jettent
sans mesure sur les vivres et sur les boissons qu'on leur donne
pour les apaiser.
Jean Bail, Jack Straw et Wat Tyler, avec une troupe de
plus de 30,000 compagnons, brûlent Thôtel de Savoie', pro-
priété du duc de Lancastre, la maison des Hospitaliers con-
nue sous le nom de Saint-Jean de CleckenwelP; puis parcourent
les rues, tuent les Flamands' qu'ils aperçoivent, forcent et
pillent les habitations des Lombards; enfin, rencontrant un
riche homme, Richard Lyons', qui avait autrefois, pendant
les guerres de France, battu Wat Tyler, son valet alors, ils
lui coupent la tête, qu'ils promènent en trophée par toute la
ville. P. 106 à 108, 333, 334.
1. La prison de Manhalsea, qui est démolie aujourd'hui, était située
dans le quartier de Southwark, près de remplacement où fut bAtie au
XVI* siècle l'église actuelle de Saint-George. Elle existait encore en 1826;
Dickens j a placé le lieu d'action de son roman LiUle DarrH,
2. Les insurgés entrèrent du côté d'Aldgate et de Southwark {GuUdhaU
Records, LeUer Book H, fol. 133).
3. L'hètel de Savoie, construit au milieu du xm* siècle, sous le règne
de Henri III, par Pierre de Savoie, oncle de la reine, était bientôt devenu
la propriété de la maison de Lancastre. Longtemps après l'incendie
de 1381 (1505-1511), on bAtit sur son emplacement la Savoy-Chapel,
restaurée en 1864.
4. Ce quartier de Londres possède encore la crypte de l'église Saint-
John. D'après Walslngham (t. I, p. 457) l'incendie dura sept jours.
5. Cette haine du peuple anglais pour les étrangers, et surtout pour
les Flamands, a été tout particulièrement signalée par A. Réville (Po<i-
iiom... de la promotion de 1890, p. 144, 145 et 146). Les Flamands, mas-
sacrés le vendredi 14 et non le jeudi, étaient au nombre de 40 (G%Udhall
Records, LeUer Book H, fol. 133).
6. Impliqué en 1376, en même temps que Latymer, dans une affaire
de concussion, Richard Lyons, après avoir vainement essayé de se faire
bienvenir du prince de Galles en lui envoyant un baril plein d'or, avait
été condamné à la prison perpétuelle, en h Tour de Londres, « pur cer-
« taines mesprisons par lui faitz dont il est convict » (Rymer, t. VII,
p. 113-114), puis gracié (Knyghton, col. 2636; cf. aussi un passage d'une
chronique anonyme publié par Kervyn, t. YIII, p. 469). C'est sans doute
en suivant Latymer en France, lors de l'expédition de Buckingham (1380-
1381), qu'il avait eu pour valet un Wat Tyler. Richard Lyons fut déca-
pité le jour suivant, vendredi 14. Son château d'Overhall avait été détruit
par les insurgés de Suffolk (Powell, The lUsift^ en EaU Amglia in 1381,
p. 10).
SOMMAIRB DU OEUXIÀMB LIVRE, §g 209-227. xxxi
Le soir, les insurgés campent sur la place Sainte-Catherine S
devant la Tour et le chAteau de Londres; ils veulent, disent-ils,
que le roi écoute leurs doléances et que le cliancelier rende
compte de tout Targent qui, depuis cinq ans, a été levé dans
le pays.
Le roi et son conseil, se tenant dans la Tour de Londres,
sont prêts à écouter Tavis de Walworth, qui veut à minuit
tomber sur tout ce monde et le massacrer. Robert KnoUes
a plus de 120 compagnons sous ses ordres ; de même Perducat
d'Albret. Avec ses chevaliers, les notables de la ville et leurs
valets, le roi peut opposer au moins 7 ou 8,000 hommes aux
60,000 émeutiers. Mais le peuple de Londres n'est pas sûr;
mieux vaut, comme le conseillent le comte de Salisbury et
d'autres, accorder ce que demandent ces gens. On n'attaque
donc point. P. 108 à 110, 334, 335.
Le vendredi matin, le peuple demande à parler au roi; U
menace d'assiéger le chlteau. Le roi leur fait dire par le maire
d'aller hors de Londres, à Mile-End', où il ira les trouver et
leur accordera ce qu'ils réclament.
Les émeutiers quittent donc peu à peu la ville, mais non
pas tous. Aussitôt que le roi, ses deux frères et les barons de
sa suite sont sortis, 400 bandits, conduits par Jean Bail,
Jack Straw et Wat Tyler, pénètrent dans les chambres du
château' et massacrent l'archevêque de Cantorbéry, Simond
de Sudbury, chancelier d'Angleterre; de même sont tués le
grand prieur des Hospitaliers'*, un frère mineur, médecin
du duc de Lancastre', et Jean Leg*, sergent d'armes du
1. En aval de U Tour de Londres; le nom est resté aux Saint Kathe-
line's Docks.
2. Ce nom, donné alors A une grande plaine, a été conservé à nne me
sitaée à l'extrémité est de Londres.
3. Walsingham dit qne le roi avait permis anx insurgés d'entrer dans ,
la Tour (t. I, p. 458). |
4. Robert de Haies, trésorier dn roi, dont le palais de Hybery, situé à |
deux lieues de Londres, fut détruit complètement (Knyghton, col. 2636). ,
5. Ce frère mineur se nommait Guillaume Appelton (GuéldhM Records j
UtUr Book H, fol. 133).
6. Jean Leg, chargé, en 1380, de lever l'impôt de la poU-tax, était,
en 1370, sergent d'armes du roi; il avait dû, à cette époque, s'occuper
de rassembler des bateaux pour l'expédition de Robert Knolles en France
(Rymer, t. VI, p. 659). En 1373, on lui avait confié la garde des deux
fils de Charles de Blois (/Md., t. VII, p. 26).
xxxn GHRONIQUBS DB J. PROISSARt.
roi; les quatre tètes sont placées sur le pont de Londres ^
Les misérables entrent aussi dans la chambre de la mère du
roi, dont ils mettent le lit en pièces; la malheureuse femme,
à demi morte de peur, est transportée en bateau à la Tour
royale, à la Garde-robe de la reine*, où elle reste toute la
journée et la nuit suivante'. P. 110 à 112, 335, 336.
Le roi s'avance avec une faible escorte sur la place de
Mile-End, où Tabandonnent ses deux frères et Jean de Gom-
megnies. Il s'adresse alors au peuple, et, après des pourpar-
lers, il promet Tabolition du servage; chaque village aura sa
charte d'affranchissement et sa bannière; tout est pardonné.
L'apaisement se fait, les insurgés rentrent à Londres, et, à
mesure que sont écrites les chartes^, ils les emportent et
rentrent dans leurs pays. Tous cependant ne partent pas; près
de 30,000 restent à Londres avec Wat Tyler, Jack Straw et
Jean Bail, attendant une occasion de pillage'.
Le roi, voyant la rébellion un moment apaisée, se rend à la
Tour royale pour rassurer sa mère : il y passe la nuit du ven-
dredi. P. 112 à 114, 336.
Les mêmes scènes de désordre se présentent ailleurs, à Nor-
wich*, entre autres, où les bandes de Lynn, de Cambridge et
de Yarmouth, conduites par Guillaume Lister^, ne pouvant
1. A ces noms, 11 faut ajouter un certain Richard Somenour, qui, avec
les antres, fnt décapité sur le Tower hill, où avaient lieu les exécutions
pour crime de haute trahison {OuUdhaU Records, letter Book H, fol. 133).
2. La Tour royale, où était la Garde-robe de la reine, était située sur
la Tvre gauche de la Tamise; non loin du pont actuel des Blackfriars.
3. Le procès-yerbal des Guildhall Records ^ qui semble ici incomplet
intentionnellement (il ne parle pas des chartes octroyées par le roi à
Mile-End], reste muet aussi sur les outrages faits à la reine mère, qui
se serait rendue de la Tour A la Garde-robe non pas en bateau, mais en
suivant le roi en char.
4. Ces lettres, dont la teneur est donnée par Walsingham (t. I, p. 467),
sont datées du 15 juin : non seulement elles affranchissent les serfs, mais
encore leur pardonnent tous leurs crimes et délits.
5. Sous le prétexte de discuter les termes des chartes d'afi^nchisse-
ment (Walsingham, t. I, p. 463).
6. D'après A. Révlile, c'est le 17 juin que la bande de Geofftey Lis*
tere, « recrutée dans la région de Holt et de North Walsham, » marcha
sur Norwich (PosUions de thèses,.., p. 145). Au dire de Walsingham
(t. Il, p. 5), le nombre des chevaliers entraînés par les insurgés fut con-
sidérable en Norfolk.
7. Geoffroy Listere, un teinturier de Norwich, qui « apud North Wal-
SOMMAIRB DU DEUXIEME LIVRE, §§ !U)9-227. xxxiti
persuader au capitaine de la ville, Robert Sali*, de venir avec
elles, le tuent lâchement, le jour même de la Fête-Dieu, alors
qu'à Londres on brûle Thôtel de Savoie et qu'on brise les
portes de la prison de Newgate^. P. 114 à 116, 336, 337.
Le samedi matin, 15 juin, le roi quitte la Tour royale, va à
Westminster faire ses dévotions, mais n'ose entrer à Londres ;
arrivé près de l'abbaye de Saint -Barthélemi', il tombe, à
Smithfield^, au milieu des partisans de Wat Tyler, qui, au
nombre de 20,000, munis de leurs nouvelles bannières, s'ap-
prêtent à piller la ville, avant que les autres bandes, conduites
par Guillaume Lister et Thomas Baker', ne soient arrivées des
autres comtés.
Wat Tyler s'avance au-devant du roi, se prend de querelle
avec un des écuyers et est frappé par le maire de Londres,
Jean Walworth : un écuyer, Jean Standish*, descend de che-
val et l'achève. La foule se montre hostile et va faire un
mauvais parti au roi, quand des renforts lui arrivent, 7 à
8,000 hommes, amenés par Robert KnoUes, Perducat d'Albret,
c sham et nomen et potestatem regiam exercebat » {Chr, a manaeho
SaneH Âlbani, p. 310), était réellement de Felmingham (Poweil, The
Rising <n East Anglia in 1381, p. 27).
1. C'est en refusant de snlTie les insurgés que Robert Sali fut tué
{Ckr. a monacho SancU Albanie p. 305). Frappé tout d'abord par Henry
Riae, il fut achevé par Adam Blak, William Broom, etc. {CommunicO"
tkm de M. PetU-DuiaiUis, d'après les papiers d'André RMUe). Les
rôles municipaux de Norwich consultés par A. Résille ne disent nulle-
ment que Robert Sali fût eapUaine de la ville. Fait chevalier par
Bdouard III, Robert Sali représentait au Parlement le comté de Norfolk
(PoweU, The RMng <n Easi Anglia <n 1381, p. 29).
2. La principale prison de Londres porte encore aujourd'hui ce nom.
3. Il ne reste aujourd'hui du prieuré de Saint^Barthélemi que l'église,
bien modifiée au xvr siècle.
4. Sur la place de Smithfield se donnaient autrefois les tournois et se
tenait la foire de Saint-Barthélemi ; on y faisait aussi les exécutions
capitales.
5. Ce Thomas Baker n'est autre sans doute que Roger Bacon, lieute-
nant de 6. Ustere, qui c déchire la charte des privilèges de Yarmouth,
< vide la prison, massacre trois prisonniers, pille les collecteurs des cou-
« tûmes royales » (A. Réville, Positions des thèses.,, de 1890, p. 145).
Ce Bacon éUit chevalier (PoweU, The Rising ki Basi Anglia in 1381,
p. 26).
6. Ce jeune écuyer du roi ne peut sans doute pas être le même que le
Jean Standisch, qui était chargé, en 1346, de conduire à la Tour de Londres
un prisonnier écossais (Rymer, t. Y, p. 534), d'autant que son vrai pré-
nom est Raoul et non Jean (voy. la note suivante).
ZXXIT CHRONIQUKS DIB J. FR0IB8ABT.
les neuf échevins fidèles et Nicolas Brembre. Fort de cet appui,
le roi crée trois nouveaux chevaliers^ : Jean Walworth, Jean
Standish et Nicolas Brembre', et fait redemander aux insur-
gés, par ces trois ^chevaliers, les bannières qui leur avaient été
distribuées. Les bannières sont rendues, déchirées sur place,
et la foule rentre sans résistance dans Londres, au grand
déplaisir de Robert KnoUes, qui eût voulu tuer tout ce monde'.
Le roi rentre à la Tour royale pour revoir sa mère. Défense est
faite à quiconque n'est pas natif de Londres ou n'y demeure
pas depuis un an d'y séjourner plus tard que le dimanche sui-
vant, sous peine de mort. Chacun s'en retourne donc dans son
pays^. Jean Bail' et Jack Straw', découverts dans leur cachette,
1. Les noms ne sont pas les mêmes dans le procès-verbal, où il est dit
que le roi « dictnm majorem et dominum Nicholaum Brembre et demi-
« num Johannem Phelipot, pridem majores dictœ civitatis, domînnm
« Robertum Launde ordine militari suis propriis manibus decoravit »
{Guildhall Records, UUer Book H, fol. 133). On lit dans Knyghton
(col. 2637) : « Tune rex dicto Johanni de Walworth et Radulpho de Stan-
a diche vicem rependens, ipsos cum aliis .ini. burgensibus de ciTitate
« militari cingulo snblimayit, scilioet dominos Johannem Philipote,
« Nicholaum de Brembre, et Johannem Lande, Nicholanm Twyford. »
2. Nous voyons Nicolas Brembre prêter de l'argent an roi « in magnis
« et urgentlbus necessitatibus, » probablement en 1381 (Rymer, t. VII,
p. 459) ; il est membre du conseil du roi en 1388 {Jbid.f p. 566).
3. Dans la compagnie dn roi se trouvait encore un jeune chevalier de
Hainaut, compagnon de Robert de Namur, Henri de Sansselles, qae
Johnes cite dans une addition à notre texte (t. I, p. 663, en note). Frois-
sart l'a nommé plus haut p. 103.
4. Le roi, qui avait, le Jour même du 15 Juin, ajourné le Parlement
(Rymer, t. VII, p. 311), donne la garde de la cité de Londres à Guill. Wal-
worth, le maire, Robert Knolles, Jean Philipot, Nicolas Brembre et
Robert Launde {Rec. 0/f., Patent RolU 311, m. 5), auxquels il adjoint,
le 20 juin, Robert Bealknapp et Guillaume Cheyne(/6id., m. 4 v*). A cette
date, de nombreuses arrestations sont faites à Londres et ordre est donné
à Robert d'Asheton, capitaine de Douvres et garde des Cinq-Ports, à
Jean de Clynton, à Thomas Trivet et à Et. de Valence de s'armer contre
les rebelles (IM.).
5. Arrêté, non pas à Londres, le 15 juin, mais plus tard à Coventry,
Jean Bail fut jugé è Saint- Albans, vers le 15 juillet, par Robert Tresi-
lian et condamné à être écartelé, puis pendu ; son corps, coupé en quatre
morceaux, fut exposé en différents quartiers de la ville (Walsingham,
t. II, p. 34; Knyghton, col. 2644). Il avait avoué qu'il avait été poussé à
la rébellion par des personnes « of the highest rank and power » (Johnes,
t. I, p. 664, en note).
6. Jack Straw fut pris à Londres : amené devant le maire, il fit sa
confession, où il indiqua que son projet était de supprimer le roi, les
nobles et les ordres religieux, sauf les frères mendiants, et de s'emparer
SOmCAIRB DU DSUXlâMS UVRB, K 209-227. xxxv
sont décapités, ainsi que Wat Tyler^ Ces exécutions arrêtent
la marche des bandes qui, appelées par les gens du Kent, se
disposaient à venir à Londres. P. 116 à 124, 337 à 340.
En Ecosse, le duc de Lancastre a conclu une trêve de trois
ans'; muni d'un sauf-conduit donné par les barons écossais,
il veut entrer à Berwick, mais Tentrée de la viUe lui est inter-
dite par le capitaine Matthieu Redman ^, au nom du duc de
Northumberland, qui a donné ordre de ne laisser pénétrer qui
que ce fût dans les villes^.
Le duc dissimule la colère qu'il ressent de cet affront et se
retire à Roxburgh, dont le châtelain lui appartient. P. 124 à
127, 340, 341.
Ignorant de ce qui se passe exactement en Angleterre, le
duc demande alors aux barons d'Ecosse de le recevoir dans
leur pays; ils viennent le chercher avec 500 lances et l'accom-
pagnent à Edimbourg, où, logé au château, il attend de meil-
leures nouvelles d'Angleterre.
Le bruit court cependant que le duc a trahi le roi et a
embrassé le parti écossais; propos haineux et mensongers
propagés par les mêmes hommes qui, à Londres, brûlent l'hô-
tel de Savoie, propriété du duc'. P. 127 à 129, 341, 342.
da pouvoir en nommant on roi à la tête de chaque comté (Walsingham,
1. 1, p. 9-10; Chr. a numacho Saneii Àlbani, p. 308-310). Il Ait décapité.
1. Wat Tyler avait été tué à Smithfield, par Guillaume Walworth, le
15 juin. *
2. C'est le 18 juin 1381 qne la nouTelle trère fut signée entre le duc de
Lancastre et Jean, comte de Carrick, fils aîné du roi; elle derait prendre
fin le jour de la Purification (2 février 1383), et fut proclamée le 10 février
1382 (Rymer, t. VII, p. 312 et 344).
3. En 1373, Mattlûeu Redman intervenait an traité d'alliance entre
l'Angleterre et le Portugal, et, en 1375, négociait une trêve en Bretagne
(Rjmer, t. VII, p. 19 et 78).
4. D'après Knjghton (col. 2641), qui est très sensiblement partial en
sa laveur, le duc de Lancastre reçut du duc de Northumberland un
envoyé par lequel il lui fit dire qu'il ne pouvait le recevoir dans le chA-
teau de Bamborough , avant de savoir si le roi était bien disposé pour
hd. Le duc de Northumberland avait du reste été chargé de la garde des
frontières d'Ecosse, au sujet desquelles Thomas SeyviU lui était envoyé
en juillet 1381 (Bec. Off.y Lord Trea$, Rem., For, Rolli, n* 2). Une addi-
tion de Johnes (t. I, p. 664, en note) montre que cette inteidiction était
spéciale au duc de Lancastre, compromis par les révélations de Jean Bail
et de ses complices.
5. Les châteaux du duc à Leicester et à Tutbury avaient été saccagés;
sa femme, la duchesse Constance, fuyant l'émeute, s'était vu refuser
XZZYI CHRONIQUES DB J. PROISSART.
Quand le calme est rétabli, que Baker à Saint-AlbansS
Lister à Stafford', 'l'ylcr» Bail et Straw à Londres ont payé
de leurs vies leur rébellion, le roi décide qu'il parcourra son
royaume pour punir les coupables et reprendre les lettres
d'affranchissement qu'il n'avait accordées que contraint et
forcé. Il part pour le comté de Kent avec 500 lances', et arrive
à Ospringe^ : sept des coupables sont pendus, les lettres sont
déchirées. Les mêmes exécutions (plus de 1,500) ont lieu à
Cantorbéry, à Sandwich, à Yarmouth, à Orwell' et ailleurs'.
l'entrée de son chAtean de Pontefract et arait été contrainte de se réfu-
gier à BLnaresborough. Knyghton prétend (col. 2642) qu'ému par tons ces
désastres, où il voyait an châtiment de Dieu, le duc aurait à oe moment
fait vœu de renoncer à sa vie de désordre et d'éloigner sa maîtresse
Catherine de Swinford. Il l'épousait néanmoins en 1396, deux ans après
la mort de la duchesse Constance.
1. Froissart parle à peine de la révolte de Saint-AIbans, où la lutte fut
vive entre les rebelles commandés par William Grindecob et l'abbé Tho-
mas de la Mare (Walsingham, t. I, p. 467-479). Roger Bacon, qui fut un
des chefs de l'insurrection en Norfolk, fut Jugé et emprisonné à la Tour
de Londres; finalement, il fut amnistié à l'occasion du mariage du nA
(Powell, The Rising in Bast Anglia in 1381, p. 39).
2. Fait prisonnier par l'évèque de Norwich, Henri Spencer, qui s'était
mis À la tête des chevaliers de son comté. Lister fut pendu (Walsin-
gham, t. Il, p. 8) avec douxe complices (Johnes, t. I, p. 664, en note).
3. Dans cette armée figurait Thomas Trivet < et certains hommes
« d'armes et archiers chivalchant en sa compaignie » (Rec, Ojf., luue
RoUi 304, m. 2; Warr, for issues, bundle 5).
4. Village du comté de Kent.
5. Village du comté de Cambridge.
6. Aussitôt l'émeute apaisée à Londres, le roi était parti pour le Kent,
sous prétexte d'un pèlerinage A Cantorbéry, accompagné des comtes de
Salisbury, de Suffolk et de Devonshire. Il passe par Rochester où, après
enquête faite par J. Newton, de nombreux rebelles sont exécutés; de
même à Ospringe et à Cantorbéry (Johnes, t. II, p. 667-668). Le roi se
rend alors en Essex, d'où, en date du 23 juin et jours suivants, il envoie
A tous les comtés d'Angleterre une proclamation déclarant que les rebelles
n'ont point agi par son ordre, comme ils veulent le £iire croire, et doivent
être poursuivis partout où on les trouvera [Rec. Off,, Patent RoUs 312,
m. 39 V*); des commissaires sont nommés pour chaque comté; le duc de
Lancastre est un de ceux du comté d'York; le comte de Bucklngham
un de ceux du comté d'Essex. De Waltham-Abbey, le roi va à Havering-
at-Bower, où de nombreux ordres d'arrestations sont donnés (/M.,
m. 33 V*) A partir du 28 juin ; le 2 juillet, de Chelmsford, il révoque ses
lettres d'affiranchissement (Rymer, t. VII, p. 317) et continue ses enquêtes
(Rec. Off.^ Patent Rolls 312, m. 33 v*). Revenu A Londres pour quelques
jours, le 8 juillet, il s'occupe d'organiser la résistance contre les rebelles
dans les diiférenU comtés (/sive Rolls 303, m. 9). Le 15, il est A Saint-
SOMlfAIIlE DU DKUXIAmE LIVRB, g 209-227. xzzvn
Le roi envoie alors un de ses chevaliers, Nicolas Camefelle,
vers le duc de Lancastre, pour lui donner ordre de revenir^.
Le duc obéit, quitte Edimbourg et va à Roxburgh remercier
de leur bon accueil les barons écossais, qui l'accompagnent
jusqu'à Helrose; puis il s'achemine vers Londres par New-
casUe, Durham et York*.
A cette époque, meurt Guichard d'Angle, comte de Hunting-
don, aux obsèques duquel assistent le roi et toute la cour'.
P. 129 à 132, 342, 343.
De retour en Angleterre, le duc de Lancastre expose au roi
ce qu'il a fait au sujet des trêves d'Ecosse, mais garde en son
cceur rancune au comte de Northumberland, qui lui a fermé
les portes de Berwick. Les fêtes de l'Ascension (15 août)
arrivent; le roi tient cour plénière à Westminster. Désireux
Albans, où il ordonne plnsieurs enquêtes {Patent RolU 312, m. 29 v*),
et assiste an supplice de Jean Bail ; le 16, il convoque, pour le lundi 16 sep-
tembre, le Parlement (Cloie Rolls 228, m. 40v; lisue RolU 303, m. 10),
que, plus tard, il proroge aux premiers jours de novembre {Close Rolls
228, m. 39v*; Issue RoUs 303, m. 14); le 20, éUnt toujours à Saint-
Albans, il reçoit, avant de se rendre à son chÂteau de Berkbampstead,
le serment de fidélité des gens du Hertford (Walsingham, t. II, p. 39). Il
s'occupe enfin, d'accord avec les évêques de Norwich et d'Ely et le comte
de Sullolk, des enquêtes et des poursuites à faire dans le Norfolk et le
SuiTolk {Ree. Off,^ luue RolU 303, m. 11; Lord Treas, Rêm., For.
RolU, n* 2).
1. Dès le commencement de l'insurrection, le roi avait envoyé au duc
de Lancastre Jean Orewell, porteur d'une « quadam billa facta per com-
« mnnes qui insurrexerunt contra pacem » {Ree. O/f., Lord Tretu. Rem, ,
For. RoUs, n* 2). Se sentant soupçonné de pactiser avec les rebelles (Johnes,
t. I, p. 664, en note), ou tout au moins avec les barons écossais, qui lui
avaient offert des troupes pour marcher contre les révoltés (Walsingham,
t II, p. 42), le duc écrit au roi pour lui expliquer sa « migrationem in
« Sootiam. » Richard, sur les conseils du comte de Warwick (Johnes,
t I, p. 668), invite à revenir son oncle , qu'il déclare lui être toujours
resté fidèle, contrairement aux bruits qui ont couru (3 juillet 1381. —
Rymer, t. VII, p. 318), lui donne un sauf-conduit {Ree. Off», PaietU
RMs 312, m. 35) et, à la date du 5 juillet, ordonne au duc de Northum-
berland de lui &ire escorte (Rymer, t. VII, p. 319).
2. D'après la rédaction de Johnes (t. II, p. 668], c'est à Newcastle que
le duc de Lancastre rencontra le comte de Northumberland, avec lequel
il se réooncUia. D'York, en passant par Rothingham et Leicester, le duc
arriva à Reading, où il trouva le roi (Knyghton, col. 2641).
3. Frotssart revient ici avec des détails complémentaires sur la mort de
Guichard d'Angle, dont il a déjà parlé (t. IX, p. 236; voy. la note 2 de la
p. xcvm).
XZXTin CHRONIQUES DE J. FR0I8SART.
d'aller à Reading^, à Oxford et à Coventry châtier les rebelles,
comme en Sussex et en Kent, il crée de nouveaux chevaliers :
le jeune comte Jean de Pembroke^, Robert Rrembre', Nicolas
Twyford* et Adam Fraunceys'. A cette solennité assistent de
nombreux barons. En leur présence, le duc de Lancastre
reproche son action au comte de Northumberland et le défie.
Le roi s'interpose et justifie le comte, qui n*a agi que par ses
ordres. Ses ordres étaient formels; on a seulement oublié de
faire une exception en faveur du duc, la faute en est à un scribe
négligent. Ces explications et les supplications des barons
décident le duc à faire la paix avec le comte*. Le roi part le
surlendemain avec 500 lances et 500 archers, pdur de nou-
velles exécutions ^ P. 132 à 135, 343, 344.
1. Capitale du comté de Berks.
2. Jean de Pembroke, que nous retrouvons en 1386, dans Froissart
(Kenryn, t. XXII, p. 341-342), chargé de la défense d'Orwel et de Sand-
wich, mourut très jeune encore en 1386, à Woods tock, mortellement
blessé dans un tournoi.
3. Il s*agit ici non pas de Robert Brembre, mais de Robert Laundê,
qui figure plus haut (p. zxxiv, note 4), et que Knyghton nomme À tort
Jean Launde.
4. Nicolas Twiford, orfèvre de Londres, est chargé, en 1370, d'un essai
d*or (Rjmer, t. VI, p. 611); en 1389, il était maire de Ldhdres et un des
collecteurs du roi en cette ville {Ibid., t. VII, p. 634 et 646).
5. Adam Fraunceys, marchand de Londres, fut chargé de l'essai de l'or
de la rançon du roi Jean, en janvier 1361 (Rymer, t. VI, p. 307); le
22 juin 1372, il est un de ceux qui prêtent de l'argent à la reine Margue-
rite d'Ecosse {IMd., p. 727). En 1405, mentionné comme ehevaUer, il est
collecteur pour le Middlesex {Ihid.y t. Vin, p. 413) ; il devint plus tard
maire de Londres (/Md., t. XI, p. 29).
6. D'après Walsingham (t. II, p. 44-45), le duc et le comte comparurent
devant le roi à Rerkhampstead. Le comte fut d'abord arrêté, puis relâché
sous caution des comtes de Warwick et de Suifolk, à condition de se
présenter devant le Parlement au commencement de novembre. Le duc
de Lancastre, craignant un mauvais accueil à Londres, différa toujours
sa comparution, et, l'affaire n'aboutissant pas, le roi força les deux adver-
saires à se réconcilier.
7. Le 18 août 1381, le roi avait donné pouvoir au duc de Lancastre
pour faire les enquêtes sur l'insurrection (Rjmer, t. VII, p. 323; Ree.
OfT.y Pat. Bolls 312, m. 26 y), La répression continua. Le 20, on arrêta
un drapier de Londres, Stephen HuU, accusé d'avoir participé à l'incen-
die de l'hôtel de Savoie (Aec. 0/f., Clote Rolls 228, m. 40) ; le 30, le
roi demande le rôle des sentences prononcées dans les divers comtés
contre les insurgés (làid.); le 14 septembre, on instruit le procès des
gens d'Essex accusés d'avoir pillé et brûlé les domaines de la reine
mère (/d., Pat. RolU 312, m. 23 v). Enûn, le Parlement s'ouvre à la
SOmiAIRB DU DBUXiilfB LIVBB, $§ 209-227. zxzix
Le yent se montre enfin favorable, et le comte de Cambridge
cingle vers Lisbonne. Sa flotte est assaillie le troisième jour
par ime tempête terrible, qui sépare les navires. Le comte de
Cambridge et la majeure partie de son expédition entrent
dans le port de Lisbonne S ignorant ce que sont devenus les
chevaliers gascons Castelnau, la Barthe, le syndic de Latrau
et quarante hommes d'armes.
Le roi Ferdinand, qui caresse le projet de marier sa fille'
avec le jeune fils du comte de Cambridge', accueille avec joie
les chevaliers anglais, qui, au milieu de toutes les réjouissances
qu'on leur prodigue'*, songent à leurs compagnons perdus,
jetés peut-être par la mer sur les côtes mauresques. Les che-
valiers gascons, en effet, ballottés sur les côtes du Maroc et
du royaume de Tlemcen, risquent, pendant quarante jours,
d'être pris par les Sarrasins. Le vent les ramène enfin dans la
mer d'Espagne. Us se dirigent d'abord sur Séville, où, sur la
foi de marchands rencontrés en mer, ils croient que le roi de
Cas tille est assiégé par le roi de Portugal et les Anglais.
Toussaint {RotuU ParUameniorumy t. III, p. 98). Les lettres d'affiran-
ehissemeot sont réroqaées et une amnistie, à laquelle de nombreuses
exceptions sont &ites, est accordée aux communes rebelles, en échange
d'une taxe sur les « leynes, peanlx, lanntz et quirs, » votée difficilement
pour cinq ans par le Parlement (/d., p. 103) dans les commencements
de 1382. A cette date, on pent considérer l'insurrection comme finie.
1. Le comte de Cambridge n'arriva à Plymonth qu'après le 12 mai
1381, date où fut &ite la montre des troupes partant pour le Portugal
(Kymer, t. VII, p. 305). D. Nunez (t. I, p. 319) dit qu'il arriva à lis-
bonne le 19 juillet 1381 ; nous avons cependant un état de solde daté
dn 2 août, où il est parlé du départ prochain des Anglais (Rec. Off.n Attftf
BoUs 303, m. 12). Les bateaux qui emportaient les 3,000 hommes de
l'expédition étaient au nombre de quarante et provenaient : sept de
Bristol, quatre de Plymouth, un de Lynn, onze de Dartmouth, deux de
Bajonne, treize de Lisbonne et deux d'Oporto, comptant en plus près de
1,200 marins (Ree, O/f, AecùwnU, Q^een*» Hem, Z9/\T),
2. Béatrice de Portugal (voy. la note suivante).
3. Edouard et non Jean, comme le nomme Froissart, n'eut jamais pour
femme que Philippine de Mohun. Ses fiançailles, décidées depuis long-
temps avec Béatrice de Portugal (voy. plus haut, p. xxii, note 2), furent
rompues en 1383 (voy. p. lxviu, note 2) par le mariage de cette princesse
avec le roi Jean de Castille.
4. Le comte de Cambridge fut logé à San Domingo. Les Anglais n'ayant
pas amené de chevaux avec eux, le roi Ferdinand s'occupa de leur en
procurer et fit don au comte de Cambridge de douze chevaux, et à la
comtesse de douze mules richement garnies (D. Nunez, t. II, p. 319-320).
XLTI CHRONIQUES DS J. FROI88ABT.
Cependant^ des conférences s'ouvrent à Haerlebeke, où le
comte et les villes de Flandre envoient des représentants ^
comme aussi les pays de Brabant, de Hainaut et de Liège. Les
Gantois sont au nombre de douze, panni eux Gilbert de Gru-
tere' et Simon Bette. La paix, désirée par tous les gens pai-
sibles, est décidée sous certaines conditions; et les Gantois
rentrent dans leur ville. Gilbert de Grutere et Simon Bette
annoncent à leurs amis que bientôt la paix sera signée, joyeuse
pour les honnêtes gens, mais funeste pour les mauvais citoyens.
P. 145 à 147, 347, 348.
Informé de ce qui se passe et voyant dans les paroles de
Gilbert de Grutere et de Simon Bette une menace pour lui,
Pierre du Bois, d'accord avec Philippe d'Artevelde, convoque
ses gens pour le jour où le traité doit être rendu public dans
la halle de Gand. P. 147 à 149, 348, 349.
Le jour dit, à neuf heures du matin, les échevîns et les
notables de la ville se réunissent pour entendre ceux d'entre
eux qui sont allés à Haerlebeke. Gilbert de Grutere et Simon
Bette prennent la parole et expliquent comment^ grâce à Tin-
tervention des ducs de Brabant et de Bavière, le comte con-
sent à la paix, sous la condition que dans les quinze jours on
lui livre 200 otages, qu'il désignera lui-même, pour aller i
Lille se mettre à sa merci. Pierre du Bois se montre alors et
reproche à Gilbert Grutere d'avoir trahi la ville en disposant
ainsi de la vie de 200 de ses concitoyens : tirant sa dague, il
le frappe à mort; Philippe d'Artevelde poignarde de son côté
ikire la paix, ils s'y seraient résolus dès septembre 1381, si les exigences
du comte, qui ne cherchait qu'à différer, n'avaient pas été si grandes
(Meyer, fol. 179 t*). Après de nouvelles hostilités et malgré les résistances
du parti révolutionnaire, les conférences de Haerlebeke eurent lieu du
30 septembre au 2 octobre et du 5 au 7 octobre 1381 {BekeningeHj p. 272-
273). Elles avaient été précédées d'autres conférences tenues à Oedelem,
près de Bruges, le 8 juin, et du 13 au 20 août {Ibid,, p. 186 et 271).
1. Les représentants du comte aux conférences de Haerlebeke furent
messire de la Grathuse, Josse de Halewin, messire Jean de Halewin,
maître Pierre de la Zeppe, le receveur et Gilles le Sonton, « envoyés par
« deux fois ou mois d'octobre l'an IIIIxx et I à Haerlebeke pour tenir
« journée contre chiaus de Gand. » Les frais de cette ambassade mon-
tèrent à 142 livres, 13 sous, d'après un compte des archives de Lille, cité
par Le Glay {Chr. rimée, p. 102).
2. Gilbert de Grutere n'assista qu'aux dernières conférences, du 5 au
7 octobre {RekmUngm, p. 272).
SOmiAIBB DU DBUXlftias Livn, Si 234-262. zun
Simon Bette. Une émeute semble poindre; elle se calme bien-
tôt, tandis que le comte, apprenant à Bruges ces deux meurtres,
jure de se venger*. P. 149 à 151, 349, 350.
Les Gantois pleurent tout bas ces deux victimes, mais ils
sont terrorisés' et continuent à souffrir de la guerre, exposés
à être faits prisonniers par les garnisons qui les guettent, et
ne recevant plus de vivres ni du Brabant ni du Hainaut.
P. 151, 152, 350.
CHAPITRE XV-
1382, 24 février. aivoLTs a xoukn. — 1*' mara, iMxuTX des
maillotuts. — 14 janvier, iiAauGK du roi xichabd u et D*Ainnt
DE BOHÊME. — 22 février, le duc d'amjou aerive a avignok. —
13 juin, EL PART POUR l'italie. — 14 octobre, il piênàtre sur le
TERRITOIRE NAPOLITAIN. Mai^juin, GHEVAUCUiE DES ANGLAIS
EN ESTRAMADURX. AoÛt, GOMMENCEXENT DES POURPARLERS DE
PAIX ENTRE LE PORTUGAL ET LA GASTILLE. Octobre, DÏPART DU
COMTE DE CAMBRIDGE (§§ 234^ à 262).
Les Parisiens, eux aussi, s'insurgent à la même époque
contre le roi, qui veut rétablir les aides et autres impôts dont
la suppression, accordée par feu Charles V, avait été confirmée
lors du couronnement à Reims'*.
1. D'après le Memorie Boek de Gand, cité par Kervyn (t. IX, p. 566),
on moDvemeiit popalaire se produisit le 26 janvier 1382. Simon Bette,
ptemier échevin de la Keure, ne périt qne le jeudi 30.
2. Maitie de la ville, Philippe d'Artevelde édicté de noovelles lois et
fait nommer quatre tribuns : Pierre du Bois, Jacques le Riche, doyen
des tisserands, Jean de Heyst et Basse Yande Voorde (Meyer, fol. 180 v).
Voy. Kervyn, t IX, p. 566-567.
3. Ce paragraphe ne commence dans ce chapitre qu'à la ligne 13 de la
pege 152.
4. La suppression des aides accordée à Paris le 15 novembre 1380 (voy.
plus haut, p. v, note 2) avait été accueillie avec joie. La fin du règne
de Charles Y fat en effet marquée par une augmentation sensible des
impôts, dont on souffrit vivement : « Dyablement y ait part, » disait en
parlant du feu roi un homme du peuple, « quant il a vescu si longue-
< ment, car il nous feust mieulx, s'il feust mort passé a .z. ans I » (AreK,
nai.f JJ 136, fol. 13 v*). « Maudite soit l'heure que il fu onques nez ne
c sacrez! » disait un autre (/M., JJ 144, fol. 169 v*). Aussi, quand le
4 mars 1381 « ont esté mandé à Paris les gens des trois estas de la Lan-
XLIV CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART.
Le roi et son conseil sont forcés de se rëfiigier à Meaux' ; le
peuple de Paris prend les armes', massacre les collecteurs,
ouvre les portes des prisons^, pille les maisons'* et délivre
Hugues Aubriot*, ancien prévôt du ^Ghâtelet, condamné à la
« goedooyl et a esté assemblée à Paris pour atoir ayde pour le fait de la
a guerre » {Ibid., Xia 1471, fol. 443), les États refusèrent l'aide. De même
à Compiègne et À Seuils. Le roi dut se contenter d'une taille accordée à
Paris et dans le diocèse de Sens et de subsides du clergé obtenus par le
pape en septembre 1381. Après un accord fait ayec le prévôt des mar-
chands et les bourgeois de Paris en Janvier, il est décidé qu'au 1*' mars
prochain un impôt sera perçu sur le vin et sur le sel et 8 deniers (12,
d'après d'autres chroniques) par livre de toute marchandise {Chranoçra-
phia, t. III, p. 3-8). L'ordonnance est publiée au mois de janvier à huis-
dos au Ghâtelet; on afferme les impôts, et le dernier jour de février on
a recours à une ruse pour l'annoncer au peuple {Religieux de 5aM-
DeniSy t I, p. 134).
1. Les détails donnés par Froissart sur la révolte des Maillotins sont
assez confus et incomplets; ils doivent être rectifiés et complétés par
d'autres chroniques, principalement par la Chranographia regum- fran-
corutny p. p. M. H. Moranvillé. Lorsque, le 1*' mars 1382, la révolte
éclata au sujet du recouvrement de l'impôt, la cour, forcée de fuir à la
hâte, se réfugia non pas à Meaux, mais à Yincennes {Œuvres d'Kusiaehe
Deschamps, t. III, p. 139), où était le roi, qui n'alla à Meaux qu'en
avril, après la répression de l'émeute de Rouen (Petit, Séjours de
Charles VI, p. 13).
2. Le peuple s'empare à l'hôtel de ville de douze mille maiUets de
plomb, que Hugues Aubriot avait autrefois fait faire en prévision d'une
guerre (Chronographia, t. III, p. 23); les insurgés, au nombre de 4,000,
se rassemblent sur la place de Grève.
3. L'émeute avait des partisans, même parmi les sergents du guet :
l'un d'eux, Jean Évrart, « fut un des principaulx rompeurs et briseurs
« de noz prisons du Ghastellet » {Areh. nat., JJ 138, p. 123).
4. Les Maillotins tuent plusieurs gens de justice {Chnmùgraphiaj
t. m, p. 23-24), portent le pillage « à Montmartre, à Sainte Katherine, à
a Saint Éloy et en l'ostel » du duc d'Anjou {Arch, nai,j JJ 136, fol. 1 v*).
Le peuple profite du désordre pour tuer et piller de nouveau. Les Juifs
ne sont pas épargnés à Paris {Ihid., JJ 122, fol. 55, et JJ 136, fol. 114),
non plus qu'à Mantes {Ibid., JJ 122, fol. d6 v*) « et en aucunes autres
a villes » (/Met., JJ 136, fol. 113) : on les tue, on les robe « de tontes
« leurs chevances tant d'or, d'argent, de joyaux et autres meubles, comme
a de leurs lettres et obligations en quoy leurs debteurs estoient tenuz à
tt eux » (/Md.).
5. Bourguignon d'origine, Hugues Aubriot intervient en 1360 (Frois-
sart, t. V, p. Lxvii, note 2) avec six autres bourgeois au traité par lequel
le roi d'Angleterre s'engage à respecter la Bourgogne, moyennant une
somme garantie par les dits bourgeois. Bailli de Dijon en 1362 (Moran-
villé, Étude sur Jean le Mercier , p. 85, note 2), il l'est encore en 1366
(Petit, lUnéralres, p. 469). Charles V le fait alors venir auprès de lui.
Prévôt de Paris en 1367, il embellit et assainit la ville, mais indispose
SOmiAmB DU DBUXltalB LIVIIS, |S 234-26Î. xlv
prison poar ses méfaits dignes da feu : il se hâte de fuir en
Bourgogne.
Effrayé de cette émeute, le roi se décide à envoyer aux Pari-
siens le sire de Couci^, pour traiter avec eux. P. 152, 153,
350.
Sans autre suite que sa domesticité ordinaire, le sire de
Conci se rend à Paris, descend à son hôtel et entre en négo-
ciations avec les chefs des émeutiers. En échange de la suppres-
sion des aides, ceux-ci s'engagent à payer chacjpie semaine à
un receveur spécial du roi la somme de 10,000 francs, destinée
uniquement à la solde des gens d'armes. Le roi, espérant
mieux de l'avenir, accepte ce marché, mais reste éloigné de
Paris*. P. 153 à 155, 350, 351.
contre lui les clercs de rUniversité par ses règlements de police. Il est
créé chevalier par le roi et derient maître des comptes en 1378 {Arck,
nat., P 2295, fol. 529). Aux obsèques de Charles V, il entre en lotte
OQverte arec l'Université {Chr. des Quatre Valois, p. 288); accusé d'hé-
résie, de liaison avec des Juives et d'autres crimes encore (Religieux de
SaiiU-Denis, 1. 1, p. 102-104), il est arrêté, obligé de désavouer ses erreurs
{Ckronographia, t. III, p. 5) le 17 mai 1381 et condamné à la prison pei^
pétnelle. Délivré le 1*' mars 1382 par les Maillotins, qui veulent en faire
leur chef, il s'enfuit d'abord en Bourgogne, puis à Sommières en Lan-
guedoc, où le pape lui assigne résidence (voy. la notice de Le Roux de
Lincy, Bibl. de tte. des chartes, t. XXIII, p. 173-213, et Isl. et chr.
de Flandre, t. II, p. 255-256). D'après les Grandes Chroniques (t. VI,
p. 475), il c demeura toujours prevost de Paris » jusqu'à sa condam-
nation. Une quittance {BibL nat. Clair, vol. 7, n* 139) en date du
9 novembre 1375 nous apprend quels étaient les gages d'Aubriot, qui, pour
le terme de la Toussaint, reçoit 150 livres, 2 sols et 7 deniers.
1. L'interrention d'Enguerran de Goucl eut lieu deux fois : d'abord
le 1*' mars 1382, et plus tard au mois d'avril, après la répression de
l'émeute de Rouen. Froissart supprime tous les faits qui se sont passés
entre ces deux dates. Le 1** mars 1382, à la première nouvelle de la révolte,
le roi envoie le duc de Bourgogne et le sire de Gouci pour apaiser le
peuple. Sur le refus du roi de supprimer les Impôts, les troubles conti-
nuent : on ouvre les prisons du Châtelet, dont on incendie les papiers,
de Sainte-Geneviève et de Saint-Germain. L'émeute dure jusqu'au 4 mars.
Après des pourparlers assez longs, le roi finit par obtenir des bourgeois,
terrorisés par le peuple et les troupes menaçantes du duc d'Anjou, la
punition des coupables. Dans la nuit du 10 au 11, on arrête un grand
nombre de Maillotins qui, du 12 au 15, sont décollés ou pendus, à l'indi-
gnation croissante des Parisiens. La paix semble rétablie, sans que le roi
ait obtenu de subsides : il part pour Rouen (Chronographia, t. III,
p. 24-30).
2. Après son départ de Rouen, le roi s'arrête à Gompiègne, où il con-
voque vers le milieu d'avril {Beliffieux de 5aln(-2>enii, t. I, p. 148) les
XLYI CHRONIQUSS DB J. FROIMART.
Même insurrection à Rouen au sujet des aides; meurtres du
châtelain et des collecteurs. Craignant que l'exemple ne soit
contagieux pour les autres villes, le roi arrive à Rouen, apaise
la révolte et obtient pour chaque semaine une somme qui sera
payée à un receveur spécial^. P. 155, 156, 351.
Désireux de conquérir le royaume, dont le pape Clément Ta
déclaré héritier, le duc d'Anjou prépare sa campagne d'Italie'.
trois États de la province de Reims, qui ne loi accordent pas entièroment
ce qn'il désire (Chronographia, t. III, p. 32). Il demande alors aux Pari-
siens sur q[uelle aide il peut compter de leur part. Le sire de Couci part
de Meaux, où est le roi (20 avril), pour chercher une réponse. Paris offire
12,000 francs pour les besoins personnels du roi. Le 18 mai, une con-
férence a lieu à Saint-Denis entre les représentants du roi, à la tète des-
quels se trouve le président au Parlement Arnaud de Corbie, et ceux de
la ville, dirigés par l'avocat Jean Desmarès. Moyennant une amnistie
générale remontant au 1*' mars et la renonciation à toute aide, la ville
accorde au roi une taille de 80,000 francs (le Beligieux de Saint'Denis
dit 100,000), dont 12,000 pour le roi et 8,000 pour les réparations de la
ville ; les 60,000 autres, destinés à la solde des gens de guerro, doivent
rester entro les mains d'un receveur spécial [Chronographia, t. III,
p. 36-37). « Et par ce furont pour lors paix et accort entro le roi et eulx >
{Chr. des Quatre Valois^ p. 302). Le roi, mécontent de cette solution, ne
fit son entrée à Paris que le 1" juin et se hÂta d'aller ensuite à Maubuis-
son (p. 303).
1. L'émeute de Rouen précéda celle de Paris et commença le lundi
24 février, jour de la Saint-Mathias, « pour ce que le roy et son conseil
0 rovoudront avoir toutes les aides comme devant » {Chronique de Pierre
Coefunif p. 163), et dura trois jours, pendant lesquels il y eut « infractions
a de prisons, maisons rompues, murtres, larrecins, monopoles, conspira-
« cions, assemblées, sons de cloches, portes fermées, pors d'armes, crimes
« de lèse majesté, infractions de sauvegarde, sacrilèges et infractions
« d'églises et lieux saints, et autres maulx et inconveniens » (àrch,
naLj JJ 122, fol. 56 v*). Les Rouennais, ayant à leur tète un drapier du
nom de Jean le Gras (R^igieux de SaitU-DeniSf t. I, p. 130), obtiennent
par la force du chapitre de Notre-Dame et des religieux de Saint-Ouen
le renoncement à leurs droits {Ibid., p. 164-165 ; Chr, des Quatre Valois,
p. 298), puis envoient demander au roi des lettres de rémission. Le roi
part de Vincennes le 17 mars et séjourne à Pont^e-l' Arche du 23 au 27
(Petit, Séjours de Ch. VI, p. 13). Avant de faire une entrée triomphale à
Rouen, il fait mettre à mort les plus compromis des émeutiers et déposer
toutes les armes au ch&teau, puis, proclamant son pardon, il entre dans
la ville le samedi 29, veille des Rameaux, et y reste jusqu*au 6 avril,
jour de Pâques. Le maire de la ville est suspendu et sa mairie mise entre
les mains du bailli de Rouen {Chr. de Pierre Cochan, p. 166). « Le roy
« estant à Rouen, fut par les barons et prelas et bourgois de Normendie
a acordée l'imposicion eu cas que les autres provinces du royaume de
« France l'acorderoient » {Chr, des Quatre Valois, p. 301).
2. Les hésitations du duc d'Anjou furent grandes avant de se décider 4
SOMMAIBB DU DKUXiftiIB LIVHS, g 234-262. ZLvn
Ne négligeant rien pour se faire bienvenir des Parisiens, dont
il espère obtenir des subsides, il s'entend avec le duc de
Savoie^, qui, moyennant 500,000 florins, lui fournira mille
lances pour un an. Le duc, de son côté, engage à sa solde
9,000 hommes d'armes' et s'occupe de tous les préparatifs
nécessaires à un long voyage. P. 156, 157, 351, 352.
Pendant que le comte de Cambridge et ses gens se reposent
à Lisbonne, on célèbre le mariage de Jean ', fils du comte de
Camlnridge, et de Béatrice, fille du roi de Portugal, tous deux
aOer en Italie. Malgré la prise d'Arezzo par Charles de la Paix, que le
pape Urbain avait leconnn roi de Sicile, malgré les appels de la reine
Jeanne (4 juin 1381), qni lui promettait de le faire couronner roi dès son
arrivée en Italie {Bibl. na^, coll. Dupuy 845, 2* partie, fol. 26), malgré
l'entrée à Rome (8 juin) de Charles, qui se fait couronner par Urbain et
s'empare de Naples (16 juillet] , le duc attend toujours, « iUam guerram
c*arripere trepidans » [Chronographia, t. III, p. 15 et 20). Dans un con-
seil du roi tenu à Créci les 26-28 juillet {Journal de Jean le Fèvre, p. p.
H. Moranvillé, t. I, p. 8), il avait été alloué au duc 60,000 francs sur les
aides; le roi lui donnait de plus 50,000 francs en pièces d'argenterie,
c subsides auxquels il convient de joindre 32,000 francs que Louis s'était
« appropriés à la mort de son frère » (Valois, La France et le grand
9chiime dOecideni, t. II, p. 14-15). Décidé pour le moment à envoyer des
secours pécuniaires à la reine Jeanne {Journal de Jean le Fèvre, t. I,
p. 9-10), il apprend le 25 septembre qu'assiégée dans Castel Nuovo, elle
B*e8t rendue à Charles de la Paix après la défaite de son mari, Othon de
Bmnswick ; tout le pays, devenu urbaniste, s'est soumis au nouveau roi
(Valois, La France et le grand schisme ^ t. II, p. 11-12). Le duc semble
renoncer à ses projets définitivement ; mais, à la fin d'octobre, il cherche
à se renseigner auprès du pape sur les dispositions des Provençaux A son
égard; enfin, le 8 janvier 1383, il s'engage A risquer l'entreprise malgré
tout et envoie A Avignon son chancelier Jean le Fèvre {Journal de Jean
le Fèvre, 1. 1, p. 11-14).
1. Avant de partir pour l'Italie, le duc d'Anjou avait essayé, mais en
vain, de contracter une alliance avec les Bolonais, les Florentins et les
Génois. Ses ambassadeurs avaient été plus heureux avec les Visconti de
Milan. Un projet de mariage avait été ébauché entre Louis, fils aine du
duc d'Anjou, et une des filles de Bemabo. Ce dernier s'engageait A payer
pendant six mois la solde de 2,000 lances, commandées par un de ses fils.
Même réussite auprès d'Amédée, comte de Savoie, auquel le duc aban-
donnait sur son futur royaume le Piémont et quelques villes. Le comte,
en échange, suivait le duc en Italie avec 1,200 lances (Valois, La France
et le grand schisme, t. II, p. 29-35).
2. La majeure partie des troupes recrutées par le duc d'Anjou se com-
posait des « gens d'armes de Bertram du Guesclin, qui encore se tenoyent
c ensemble > {Ist. él eh, de Flandre, t. II, p. 173).
3. Les fiançailles d'Edouard, et non de Jean, fils du comte de Cam-
bridge, aTec la princesse Béatrice, furent solennellement célébrées. Cou-
XLimi CHRONIQUSS DB J. PROISSAKT.
âgés de dix ans ou i peu près. Les enfants sont couchés nus
dans le même lit.
Après les fêtes du mariage S le roi assigne comme garnison
au comte de Cambridge et à ses gens la ville d'Estremoz*; aux
chevaliers anglais et gascons Villa Viçosa', leur recomman-
dant de ne faire aucune chevauchée sans sa permission. Pen-
dant ce temps, le roi de Castille^, séjournant à Séville, fait
venir des renforts de France. P. 157 à 159, 352.
Désireux de ne pas rester inactifs dans leur garnison de
Villa Viçosa, le Chanoine de Robersart et les autres chevaliers
gascons et anglais* envoient un des leurs, Jean de Sandwich,
demander au roi Tautorisation de faire une chevauchée en
pays ennemi. Refus du roi. Les chevaliers décident d'agir
quand même, et, avec 400 hommes d'armes et 400 archers,
ils partent un jour, sous les ordres du Chanoine, pour aller
assiéger le château de Higuera*, défendu par les frères Pierfe
et Barthélemi Gouse^. P. 159 à 161, 352, 353.
chés dans le même lit, suivant la coutume anglaise^ ils forent bénis par
révdqae de Lisbonne et reçurent le serment de fidélité des nobles de Por^
togal (D. Nunez, Cronicas, t. II, p. 321).
1. Les troupes anglaises se livrèrent à Lisbonne à des excès et à des
désordres sans nombre ; se conduisant en bommes qui Tiendraient, non
pas défendre le pays, mais le ruiner, ils pillaient les villes et violaient les
femmes (F. Lopes, dans la Collecâo de libros ineditos de José Gorrea de
Serra, t. IV, p. 413). Le roi de Portugal cbercba alors à les éloigner; il
aurait voulu les voir s'établir sur les rives de la Guadiana, à la frontière
même; mais ils restèrent à Villa Viçosa, où ils continuèrent A exaspé-
rer les populations, qui ne pouvaient se venger d'eux qu'en cachette
(D. Nufiez, t. II, p. 323-324).
2. Portugal, prov. d'AlenteJo.
3. Portugal, prov. d'Alentejo, près de la frontière d'Espagne.
4. Après la prise d'Almeida, le roi de Gastille était venu A Coca. Le
9 décembre 1381, il est à Madrigal; le 31 à Avila (Ayala, t. II, p. 155).
5. Les chevaliers qui accompagnent le Chanoine de Robersart ont déjà été
énumérés plus haut, p. xxiv-xxv. Froissart ajoute seulement Ici les noms
de Raymonnet de Marsan et de Jean Soustrée, que Johnes appelle Soun-
der. Ce chevalier, que les historiens désignent simplement comme un
bâUrd d'Angleterre (F. Lopes, t. IV, p. 448; D. Nunez, t. II, p. 319),
devait être un bStard de Thomas de Holand (cf. Kervyn, t. XI, p. 389, et
t. XII, p. 96). Ce n'est donc que par extension qu'il pouvait être considéré
comme frère bâtard du roi, ce dernier ayant pour mère Jeanne de Kent,
qui avait précédemment épousé Thomas de Holand. — C'est par erreur
que Froissart donne ici le prénom d'il dam à Thonuu Simond.
6. Higuera-la-Real, bourg d'Espagne, prov. de Badajoz.
7. Ces deux frères ne figurent pas dans les chroniques espagnoles et
portugaises.
SOmAIRB DU DBUXdEMB LIVRB, g 234-262. xlix
L'assaut est donné, où se distingne tout particulièrement un
jeune écuyer de Hainaut nommé Froissait Meulier * . Les Espa-
gnolsy ayant perdu un de leurs chefs, Barthélemi Gouse, par-
lementent' et livrent le château, où ils laissent leurs armes et
bagages. Ils se dirigent vers Xérès ^, espérant y trouver le
grand maître de Saint-Jacques^, qui, de son côté, à la tête de
400 hommes d^armes, cherche les Anglais pour les combattre.
P. 161 à 163, 353, 354.
Les Anglais laissent une garnison à Higuera et retournent
en trois routes à Villa Viçosa. La route commandée par le
Chanoine de Robersart aperçoit en chemin, entre Olivenza' et
Alconchel ', les gens du grand maître de Saint-Jacques, qui,
malgré leur nombre, n'osent attaquer. P. 163, 164, 354, 355.
Tout rhiver se passe sans nouvelle chevauchée ^. Le roi Jean
de Castille demande alors secours au roi de France, qui lui
envoie Olivier du Guesclin et autres chevaliers ^ de toutes les
provinces de France. Ces nouvelles troupes traversent T Ara-
gon pour se rendre auprès du roi Jean. P. 164, 165, 355.
1. Un Fioissait le Meulier est dté dans un document de 1517 comme
ancien propriétaire d'un pré {Monutnents peur servir à rhisUHre des prth
vinces de Namur, de Hainaut ei de Luxembourg^ t. III, p. 626).
2. D'après Froissart, ce fut à Matthieu de Goumai, connétable de Tar-
mée, et à Guillaume de IVIiuisor, maréchal de l'armée, que se rendit ce
château, n faut évidemment lire Beauehamp au lieu de Windsor, Guil-
laume de Beauehamp étant alors maréchal de l'armée (voy. p. xxiv), et
Guillaume de Windsor se trouvant à cette époque en Angleterre (cf. plus
loin, p. L, note 6).
3. Jerez de los Caballeros, ville d'Espagne, prov. de Badajoz.
4. Don Fernando Osorès, d'après F. Lopes.
5. Ville forte d'Espagne, prov. de Badajoz.
6. Bourg d'Espagne, prov. de Badajoz.
7. Durant cet hiver, nous trouvons la mention de l'envoi en Angleterre
de deux messagers, Guillaume Bettenham, écuyer de Guillaume de Beau*
champ, et Alph. Sejns, espagnol, a ad p: àsequendum versus dominum
« regem et consilium snum quedam négocia tangencia moram dicti WiU
t lelmi et aliorum militum de comitiva sua in guerra régis ibidem » (Aec.
Off,^ Issue Rolls 304, m. 14; Warr. for issues, bundle 5). Ils reviennent
en Portugal avec des lettres pour le comte de Cambridge. Vers le milieu
de l'année 13S2, une autre ambassade, où figure le chancelier de Portugal,
se rend auprès du duc de Lancastre (/Md., Issue RoUs 305, m. 14).
8. Froissart nomme plus loin (p. 198-199) quelques-uns des chevaliers
qui accompagnèrent Olivier du Guesclin en Castille. — En automne 1381,
le roi de Castille avait reçu la visite de Charles de Navarre, autorisé par
le roi de France [Àreh, nat, PP 109, p. 522) à se rendre en Castille et en
Navarre avec tous ses gens. En passant par Montpellier (24 à 27 octobre),
h CHRONIQUES 0K J. FROISSABT.
GrAce aux négociations de Simon Burley^, le mariage du
roi d'Angleterre et d'Anne de Bohème est décidé. La sœur du
roi des Romains^, accompagnée du duc de Tesschen' et de
nombreux chevaliers^ s'achemine vers Bruxelles^ où elle est
reçue avec joie par le duc et la duchesse de Brabant^ et
séjourne plus d'un mois par crainte des bateaux normands qui
croisent en vue des côtes.
Le duc envoie alors à la cour de France deux messagers '
chargés d'obtenir un sauf-conduit, ce qui est facilement accordé.
La jeune princesse, escortée par 100 lances brabançonnes, se
rend à Gand, puis à Bruges, où le comte de Flandre lui fait
bon accueil ; de là à Gravelines, puis à Calais, où elle entre en
compagnie des 500 lances et des 500 archers * que les comtes
de Salisbury et de Devonshire lui ont amenés entre Gravelines
et Calais 7. P. 165 à 168, 355, 356.
Anne de Bohème quitte bientôt Calais^ grâce A un vent
Charles avait reçu de nouveau du duc de Berri la seigneurie de la terre
de Montpellier {Petit Thalamus, p. 402-403).
1. Les gages de Simon Burley pour ses voyages en Flandre et en
Bohème sont ordonnancés à la date dn 28 février 1382 [Rec. Off.^ Warr.
for issues, bundle 5).
2. Froissart donne à tort au roi des Romains le nom de CKarlet, au
lien de WeneesUu.
3. A côté du duc de Teschen et de ses deux compagnons Conrad de
Kreyg et Pierre de Vaterbery, qui devaient remporter l'argent octroyé à
Wencesl&s à l'occasion du mariage (Ree, Off,, Issue RoUs 304, m. 12), il
faut citer Hère Poto, chevalier banneret de Bohème, qui accompagna la
reine en Angleterre (Jbid, 305, m. 14).
4. Wenceslas de Bohême et Jeanne de Brabant, sa femme.
5. L'un de ces messagers, Jean de Rotselaer, appartient à une famille
bien connue de Brabant.
6. Parmi les chevaliers qui vinrent à Calais au-devant de la reine était
Guillaume de Windsor, auquel l'ordre avait été donné de se préparer à
cette uiission dès le 20 septembre 1381 (Ree. 0/f., Issue RoUs 303, m. 15).
7. Les ambassadeurs anglais chargés de recevoir à Calais la reine Anne
étaient Jean de Montaigu, Simon Burley et Jean de Holland, frère dn
roi (Rymer, t. YII, p. 236). Ils étaient jporteurs d'une certaine somme,
empruntée à Nicolas Brembre et destinée « à diverses chivalers, esquiers
« et autres officiers venantz en la compaignie de Anne, la soere du roy
a des Romayns et de Boeme, nostre compaigne future, de son palis tan-
« que À Calais et retoumantz d'illueques à leur palis susditz » [Ree, Off.,
luue Rolls 304, m. 12 et 15; Warr. for issues, bundle 5).
8. La reine emmenait avec elle en Angleterre 55 chevaux de selle et de
trait, qui nécessitèrent pour leur passage l'aifrètement de trois bateaux
de Dunkerque {Ree. Off., Issue Rolls 305, m. 8).
SOMMAIRB DU DEUXIAME LIVRB, §§ 234-262. Ll
favorable et débarque à Douvres ^ De là elle se rend à Cantor-
bëi7, où elle est reçue par le comte de Buckingham, eiifin k
Londres^. (Depuis Maestricht, la nouvelle reine est escortée
par Robert de Namur.) Le roi Tépouse à Westminster le 14 jan-
vier 1382, au milieu de grandes réjouissances ', et Temmène
auprès de sa mère à Windsor, où se trouve aussi la duchesse
de Bretagne, Marie, qu!on ne veut pas laisser retourner auprès
de son mari, accusé de pactiser avec le roi de France. On
propose alors aux deux fils de Charles de Blois, Jean et Gui, pri-
sonniers en Angleterre sous la garde de Jean d'Aubrecicourt,
de leur rendre Théritage paternel sous condition d'en faire
hommage au roi d'Angleterre; Taîné épouserait Philippine,
fille du duc de Lancastre et de la duchesse Blanche '*. Les deux
princes refusent, préférant mourir en prison que d'abandonner
leur qualité de bons Français. P. 168, 169, 356, 357.
Ayant besoin d'argent pour la solde des gens d'armes qu'il
envoie au secours du roi de Castille, le roi demande au rece-
veur de Paris, à qui chaque semaine, comme cela est convenu,
est payée une certaine somme de florins, de lui avancer
100,000 francs. Celui-ci refuse de le faire sans le consentement
de la commune de Paris. Mécontent, le roi demande l'argent à
ses bonnes villes de Picardie '.
Tandis que le roi, ne venant point à Paris, réside soit à
1. Anne fnt reçue à Douvres par le « connétable » du château, Robert
d^Aaheton, qui s'occupait déjà depuis quelque temps des préparatifs de cette
réception (/toc. Off,, luue BolU 304, m. 14 et 15; /Md. 305, m. 6). L'ar-
rivée de la reine en Angleterre fut accompagnée d'un tremblement de
terre, dont on ne manqua pas de tirer présage (Walsingham, t. II, p. 46).
2. Arrivée à Londres, la reine demande, le 13 décembre 1381, une
anmistie générale, qui est accordée aux rebelles des communes (Rymer,
t. VII, p. 337). CoDTocation est envoyée « diversis episcopis, prelatis et
c certis magnatlbus de essendo apud Westm. in diebus maritagii et coro-
« nacionis domine regine » {Bec. Off, y luue Rolls 304, m. 16).
3. Walsingham (t. II, p. 47) ne précise pas la date des noces royales qui
furent faites, dit-il, après l'Epiphanie de 1382. Ce fut l'archevêque de
Cantorbérj qui célébra le mariage et couronna la reine.
4. Cette princesse épousa en 1386 Jean, roi de Portugal.
5. Froissart fait sans doute ici allusion à la convocation des Trois États,
qni eut lieu à Coropiègne vers le milieu d'avril 1381, où « aucuns des
« bonnes villes », à l'exception de Reims, Chftlons, Laon, Soissons et
Tournai (Chronographiay t. III, p. 32), « acorderent l'imposicion » (Chr,
des Quatre Valois ^ p. 30t) ; voy. plus haut, p. xlv, note 2.
Ui CHRONIQUES DE J. FROISSART.
Meaux^ soit à Senlis, soit à Compiègne ^ , le duc d*Ajijou se
fait le défenseur des Parisiens et sait si bien leur parler que,
pour sa campagne dltaiie, il obtient d'eux 100,000 francs sur
les sommes recueillies par le receveur royal, auxquelles ni le
roi ni ses autres oncles ne peuvent toucher' (le duc avait,
dit-on, rassemblé à Roquemaure ', près d'Avignon, deux mil-
lions de florins).
Ses préparatifs faits, au commencement du printemps, le duc
part pour Avignon *y où il est bien reçu par le pape ' ; les villes
de Provence, excepté Aix<>, lui font hommage. A Avignon ont
lieu les paiements convenus au comte Amédée de Savoie et
aux chevaliers qu'il a amenés ''.
Le duc, accompagné du comte, fait route par le Dauphiné^
1. Depuis le 1*' juin (voy. plus haut, p. zlv, note 2) jusqu'à sa tentrée
définitive à Paris, avant la campagne de Flandre, le roi séjourna princi-
palement À Melun (Il au 28 juin), à Ck)mpiègne (8 à 11 juillet), à Senlis
(13 et 15), à Maubuisson, à Soissons; il était le 22 août à Meaux (Petit,
Séjours de Charles VI, p. 14). Le 23, il allait coucher au Louvre et,
s'apprétant à continuer en Guyenne la guerre contre les Anglais, présen-
tait son frère Louis de Valois comme son lieutenant [ChronograpfUaf
t. m, p. 38-39; cf. Chr. des Quatre ValoU, p. 305).
2. Quand éclata l'émeute des Maillotins, le duc d'Anjou était déjà,
depuis près d'une semaine, à Avignon, où il était arrivé le 22 février, oe
qui rend assez Invraisemblable l'assertion de Froissart relative à l'octroi
des subsides par les Parisiens. Le fait n'est du reste pas mentionné par
d'autres chroniqueurs.
3. Gard, arr. d'Uzès, sur un bras du Rhône.
4. Le duc d'Anjou arrive à Avignon le 22 février 1382 {Journal de Jean
le Fèvre, t. I, p. 21). Avant son départ, il avait dû renoncer à son titra
de régent. Le roi fut « dispensé à âge royal au jour de Toussains » 1382,
sous la garde des ducs de Bourgogne et de Bourbon [Ist. et chr. de
Flandre, U II, p. 209).
5. Aussitôt son arrivée à Avignon, le duc chercha à gagner les Proven-
çaux (Valois, La France et le grand schisme, t. Il, p. 21-23), auxquels il
confirma à diverses reprises les dons faits par la reine Jeanne. Le pape
l'aida dans ces négociations, et le 20 mai, en grand consistoire, donna
officiellement le royaume de Naples à la reine Jeanne et au duc d'Anjou,
auquel il remit la bannière papale {Petit Thalamus, p. 405).
6. Le duc partit sans plus s'occuper de la rébellion d'Aix, laissant an
duc de Berri, qui était en Provence depuis la Noël et auquel il avait
donné la principauté de Morée et celle de Tarente {Journal de Jean le
fèvre, 1. 1, p. 34 et 41), le soin d'apaiser cette révolte.
7. C'est du 15 au 19 février, à son passage à Lyon, que le duc d'Anjou
avait définitivement conclu son traité avec le comte de Savoie (Valois, iUi
Urance et le grand schisme, t. II, p. 34).
8. Fourni d'argent par le roi de France et le pape (Valois, (oe. eit.f
SOMMAIRE DU DEUXIÈME LIVRE, §§ 234-262. Utt
jnsqu*en Savoie * et en Lombardie^'. A Milan, il reçoit les pré-
sents des seigneurs Galéas et Bemabo ', et, tenant état de roi,
battant monnaie, il traverse la Toscane et s'approche de Rome^.
Défendu par les bandes de Jean Hawkwood ', le pape Urbain
ne craint point les 9,000 lances du duc d'Anjou, du comte de
Savoie et du comte de Genève*. P. 170 à i73, 357, 358.
Le duc évite Rome, côtoyant la marche d'Ancône et le Patri-
moine^. Pendant ce temps, Charles de la Paix est àNaples,
s'apprétant à soutenir ses droits au trône : héritier naturel de
la reine Jeanne *, il n'admet point, avec les Napolitains et les
t. n, p. 24-29), après avoir passé quelques jours (du 31 mai au 6 juin)
à Pont-Bur-Sorgues , auprès de la duchesse, à laquelle il laisse pleins
pouvoirs (loumal de Jean le Fèvre^ t. I, p. 43), le duc s'arrête du 7 au
13 à Carpentras et part décidément pour Tltalie le 13 juin 1382 {Ibid., p. 3
et 44). 11 est le 14 à Sault et pénètre en Dauphiné, passe par Gap et Brian-
çon et entre en Italie par le col du Mont-Genëyre (Valois, La France et lé
grawi icMsme, t. II, p. 38).
1. M. Valois (toc. d(., p. 38) a montré que le duc d'Anjou n'est point
allé en Savoie; c'est aux environs de Rivoli (le 23 juin) qu'il opère sa
jonction avec les troupes du comte de Savoie. Il est le 25 à Turin.
2. Après s'être attardé en Piémont, le duc entre seulement le 18 juiUet
en Lombardie (Valois, loe. dt., p. 39-40).
3. Le duc ne passe pas à Milan, mais à Broni ; il reçoit la visite des
seigneurs de Milan, qui le ravitaillent. Le mariage de la princesse Louise
et du fils du duc est décidé. Bemabo fait une avance de 40,000 florins
sur k dot, somme qu'il s'engage à payer chaque année jusqu'à la fin de
la guerre (Valois, loc. cU., p. 40-41).
4. Le duc ne pouvait traverser la Toscane, contrairement à ce que dit
Froissart, ayant lui-même promis de prendre un autre chemin. En quittant
la Lombardie, il traverse les pays de Plaisance et de Parme, et parvient
le 5 août à Panzano, sur le territoire de Bologne. A partir de ce moment,
les l^ostilités commencent aux environs de Forli ; le seigneur de Ravenne
seul est partisan du pape Clément. Arrivé à Ancône, le duc se décide à
passer les Apennins et à marcher sur Rome. Il s'arrête à Leonessa, à
vingt-cinq lieues du Vatican (Valois, toc. cit., p. 40-47).
5. Ce ne furent point les routiers de Hawkwood (ils ne s'avancèrent sur
Rome que plus tard, vers le 22 octobre), mais les conseils de ses com-
pagnons, qui décidèrent le duc d'Anjou à s'emparer du royaume de
Naples, avant de songer à détrôner le pape Urbain (P. Durrieu, Bibl, de
tEc. des chartes, t. XLI, p. 167-168; Valois, he. cit, p. 36).
6. Pierre de Genève, frère du pape d'Avignon.
7. Le 17 septembre, le duc est à Aquila, dans l'Abmzze, où il est
reçu avec les honneurs souverains. Il reprend sa marche en avant et le
6 octobre pénètre sur les terres de l'abbaye du Mont-Gassin; le 14, à
Maddaloni, l'armée angevine est à six lieues et demie de Naples (Valois,
La France et le grand schisme, t. II, p. 49, 52-53).
8. La reine Jeanne était morte très probablement le 27 juillet 1382.
UV CHRONIQUES DE J. FR0I8SART.
Siciliens, qa*elle ait pu disposer de son royaume en faveur de
Fantipape Clément.
Il se contente de pourvoir d'hommes et de vivres le château
de rOEuf, imprenable sinon par magie, et compte sur le temps
pour rentrer en possession de ses provinces, sachant bien
qu'une armée, fût-elle de 30,000 hommes^, finit toujours, loin
de son pays, à s'épuiser et à manquer d'argent. P. 173 à 175,
358, 359.
Le duc arrive en Fouille et en Calabre, pays riches et fertiles,
et reçoit la soumission des villes. Les habitants de Naples
laissent leurs portes ouvertes, sachant bien que les gens du duc
n'oseront point s'aventurer dans leurs rues dangereuses*.
Mise à mort de l'enchanteur, qui propose au duc de le rendre
maître du château de TOEuf '. P. 175 à 178, 359, 360.
Au commencement d'avril, les chevaliers qui ont tenu gar-
nison tout l'hiver à Villa Yiçosa envoient à Estremoz le syndic
de Latrau, pour demander au comte de Cambridge l'autorisa-
tion de chevaucher. Le comte leur dit de patienter jusqu'à
l'arrivée du duc de Lancastre, qui doit venir avec une grosse
armée. Le roi de Portugal, en même temps, leur députe Jean
Fernandez * pour leur défendre toute action.
Malgré tout, les chevaliers sont résolus à marcher et décident
Jean Fernandez à les suivre. P. 178 à 181, 360, 361.
Cette date, nouvellement proposée par M. Jarry {Bibl. de VÈc. des
Charles 1 1. LV, p. 236), semble concorder avec celle du service solennel
que Charles de la Paix fit célébrer le 31 Juillet pour le repos de son Ame
(Valois, La France et le grand schisme, t. II, p. 51).
1. L'évaluation du nombre des bommes composant l'armée angevine
varie suivant les chroniqueurs. M. Valois {hc. dt., p. 39, note 1), que
nous ne pouvons mieux faire que de suivre pour toute cette période, a
relevé des différences allant de 15,000 à 100,000.
2. Pour des raisons multiples, le duc s'immobilisa devant Naples, sans
pouvoir empêcher les bandes de Hawkwood de faire leur jonction (31 no-
vembre) avec Charles de la Paix, qui l'amusait en le défiant à des com-
bats personnels, dont la date était éternellement remise (Valois, loe, cit.,
p. 53-57).
3. L'enchanteur dont parle Froissart était un chevalier nommé Garillo
Caracciolo et surnommé le Chevalier sauvage. Envoyé par Charles de la
Paix pour défier le duc d'Anjou, il fut accusé de pratiques ténébreuses et
^ magiques et brûlé, en dépit de son caractère de messager (Valois, toc.
di,, p. 56).
4. Peu de temps auparavant, Jean Fernandez Andeiro avait été fait
comte d'Ourem (D. Nunez, t. II, p. 325).
SOMMAIRB DU DBUXliMB LIVBB, {§ 234-262. LV
fls partent * et arrivent sons les murs de Lobon * ; la ville se
rend, ainsi que le chftteau. Plus loin, ils assiègent et prennent
Cortijo». P. 181 à 183, 361, 362.
Os continuent leur chevauchée : Zafra * est pris et pillé ; ils
s'emparent d'une grande quantité de bétail et rentrent à Villa
Viçosa.
De retour à Lisbonne, Jean Femandez est emprisonné sur
Tordre du roi, pour avoir, contrairement aux instructions don-
nées, fait chevauchée avec les chevaliers gascons et anglais.
P. 183, 184, 362.
Rentrés à Villa Viçosa, les chevaliers envoient à Lisbonne
Richard Talbot demander au roi le paiement de leurs gages,
dus depuis près d'un an. Le roi reçoit fort mal le messager et
lui reproche de lui avoir désobéi en chevauchant.
Le comte de Cambridge, que les chevaliers accusent d'avoir
reçu leurs gages et de ne pas les avoir payés, quitte alors
Estremoz pour venir à Villa Viçosa recevoir leurs plaintes.
P. 184, 185, 362, 363.
Réunion orageuse des chevaliers, qui lèvent l'étendard de
Saint-Georges, mettent à leur tête le bâtard Jean Sounder' et
veulent guerroyer contre le roi de Portugal. P. 185 à 187, 363.
Le Chanoine les apaise et leur conseille de parler au comte
de Cambridge. Celui-ci les engage à envoyer trois des leurs
réclamer leurs gages au roi. P. 187 à 189, 363, 364.
Les trois chevdiers sont désignés : Guillaume Elmham par
les Anglais, Thomas Simond par les Allemands et autres étran-
gers, Castelnau par les Gascons. Us partent. Le roi leur pro-
1. C'est k Arronehes que se réunirent les Anglais pour commencer lear
cheYauchée. L'expédition, forte de 200 chevaliers et de 4,000 hommes de
pied, prit d'abord le chemin d'Ouguella et gita la première nuit à San Sal-
Tador da Matança. Ce n'est que le deuxième jour que Lobon fut pris
(D. Nuoez, t. II, p. 340).
2. Ville d'Espagne, prov. de Badajoz. — Après la prise du château, où
se distingua le bâtard d'Angleterre (F. Lopes, t. IV, p. 448), les Anglais
y laissèrent une garnison de 70 hommes (D. Nunez, t. II, p. 340).
3. Cortjjo de Cantaelgallo, ville d'Espagne, proy. de Badajoz. — La
mort d'un des leurs fut le signal pour les Anglais d'un massacre général
des habitants de la rille, où ils laissèrent 200 hommes de pied et
30 écuyers (D. Nunez, t. II, 341).
4. Ville d'Espagne, prov. de Badajoz.
5. Sur ce personnage, voy. plus haut, p. xlviii, note 5.
LVl CHRONIQUES DE J. FROI88ART.
met qu'ils seront payés dans (piinze jours ; mais il désire que le
comte de Cambridge vienne le voir. P. 189 à 191, 364.
Le comte de Cambridge se rend donc à Lisbonne auprès du
roi, et tous deux se résolvent à chevaucher. Le roi convoque
ses hommes d*armes, qui devront se trouver le 7 juin au ren-
dez-vous, fixé entre Villa Viçosa et Olivenza.
Le comte, après avoir obtenu la grâce de Jean Femandez,
qui sort de prison, retourne à Villa Viçosa. Peu après, les
gages des chevaliers sont payés. P. 191, 364, 365.
Le roi de Castille, apprenant à Séville les intentions du roi
Ferdinand, lui fait demander de désigner, soit en Portugal,
soit en Espagne, le champ de bataille où les deux armées se
rencontreront. Le roi de Portugal choisit un emplacement
entre Elvas^ etBadajoz. P. 191 à 193, 365.
Il vient camper à la place convenue avec environ 15,000
hommes; de même le comte de Cambridge, avec 600 hommes
d'armes et 600 archers '. A cette nouvelle, le roi d'Espagne
prend position à deux petites lieues de Badajoz avec plus de
30,000 hommes 3. P. 193, 194, 365, 366.
Les deux armées sont séparées par la montagne où est située
Badajoz. Pendant quinze jours, ce ne sont qu'escarmouches,
où s'exercent les jeunes chevaliers. Le roi de Portugal hésite à
livrer bataille : il ne se sent pas assez fort pour s'y risquer et
attend toujours les 4,000 hommes d'armes et les 4,000 archers
que doit lui amener le duc de Lancastre. Mais les émeutes
d'Angleterre et les événements de Flandre^ ont empêché le
départ de ces renforts.
1. Ville de Portugal, prov. d'Alentejo.
2. Le roi Ferdinand, qui était à Vimieiro, vient à Estremoz, pnis à
Borba, et rejoint le comte de Cambridge à Elvas (D. Nnoez, t. II, p. 341).
Lopez de Ayala estime l'armée portugaise à 3,000 hommes d'armes et
celle des Anglais à 1,000 hommes d'armes et à 1,000 archers, forces aux-
quelles s'ajoutait un grand nombre de gens de pied (t. Il, p. 157).
3. Le roi de Castille quitte Avila, se rend à Oterdesillas, puis à Siman-
• cas, à Zamora, enfin à Badajoz, où il est à la fin de juillet 1382. Il a sous
ses ordres 5,000 hommes d'armes, 1 ,500 geneieurs et quantité de gens
de pied, d'arbalétriers et d'archers (D. Nunez, t. II, p. 342; Lopez de
AyaJa, t. II, p. 156-157). Le roi de Castille « entra oudit royaume de
« Portugal si fort et si puissant de gens d'armes que lesdis roy de Por-
« tigal et Anglois furent contrains de faire traictié avecques lui, par
« lequel traictié ledit roy de Portigal renonça au traictié et aliances qu'il
« avoit ayecques les Anglois » {Ist et ehr. de Flandre, t. II, p. 260).
4. Froissart fait sans doute allusion à la prise de Bruges par les Gan-
SOMHAIBB DU DIUXIAMB LIVRB, §§ 234-262. ltii
Des négociations s'engagent alors entre Martin, évèque de
Lisbonne ^9 et Pierre Moniz, grand mattre de Tordre de
Calatraya, don Pierre de Mendoça, don Pero Ferrandez de
Velasco'y Femand d'Osorès, grand mattre de l'ordre de
Saint- Jacques, et Jean de Mayorga, évèque d'Astorga' : la
paix est signée^ à Tinsu du comte de Cambridge et des Anglais,
qui reprochent au roi de Portugal sa dissimulation '. P. 194 à
196,366.
Après une joute brillante entre Tristan de Roye, jeune che-
valier français du roi de Castille, et Miles de Windsor, cheva-
lier anglais, les deux armées se séparent. P. 196 à 198, 366.
Une partie des chevaliers français, parmi eux Tristan de
Roye, Geoffroi de Chami le jeune, Pierre de Villaines et Robert
de Clermont, prennent congé du roi de Castille pour se mettre
au service du roi de Grenade *, alors en guerre avec les rois de
Barbarie^ et deTlemcen^. Quelques Anglais se joignent à eux,
mais en petit nombre; les autres regagnent l'Angleterre avec
le comte de Cambridge * et le jeune prince, mari de la princesse
de Portugal.
tois et anx négociations engagées entre Philippe d'Artevelde et le roi d'An-
gleterre.
1. Martin, cardinal, fut éréque de Lisbonne du 5 mai 1379 au 6 décembre
1383, date à laquelle il fut tué.
2. Grand chambellan de Castille. Ce personnage est le seul de tous
ceux que cite Froissart qui soit ofDciellement intervenu comme plénipo-
tentiaire dans la signature du traité de paix. Il avait pour collègue cas-
tillan Pero Sarmento. Le roi de Portugal était représenté par dom Alvaro
Ferez de Castro, comte d'Arraiolos, et Gonçalo Yasquez de Azeuedo
(Lopez de Ayala, t. Il, p. 158; F. Lopes, t. IV, p. 459; D. Nunez, t. II,
p. 345).
3. L'évéqne d'Astorga était chancelier de Castille.
4. La principale clause du traité de paix fut les fiançailles de Ferdi-
nand, deuxième fils du roi de Castille, avec l'infante Béatrice, dont le
mariage avec le fils du comte de Cambridge était ainsi rompu. Le roi Jean
s'engageait à rendre sans rançon les vingt galères prises à la flotte por-
togaise et à fournir des bateaux pour rapatrier les mercenaires anglais
(Lopez de Ajala, t. II, p. 159; D. Nunez, t. II, p. 345).
5. Les chroniqueurs portugais mentionnent la colère des Anglais de voir
signer la paix; ils se disaient trompés (F. Lopes, t. IV, p. 464; D. Nunez,
t II, p. 348).
6. Mohammed V était monté sur le trône de Grenade en 1354, où il
resta jusqu'en 1391, après un interrègne entre 1359 et 1360.
7. Le roi de Tunis était alors Abou-'l-Abbas-Ahmed (1370-1394).
8. Ab0fa-Hammou Mouça II (1359-1386).
9. Le comte de Cambridge avait pris le chemin de Rio Maior pour
LViii CHRONIQUES DE J. FROISSART.
Un an après meurt la reine d'Espagne, Éléonore d'Aragon^
Le roi, devenu veuf, épouse Béatrice de Portugal', dont le
pape annule le mariage avec le fils du comte de Cambridge; il
en a un fils^.
Le roi Ferdinand de Portugal meurt peu de temps après ^ ;
mais les Portugais, ne voulant pas être gouvernés par le roi
d'Espagne, nomment roi le frère bâtard de Ferdinand, Jean,
grand maître de Tordre d'Avis'. De là les nombreuses guerres
qjai divisèrent TEspagne et le Portugal. P. 198 à 200, 366, 367.
De retour en Angleterre, le comte de Cambridge explique
au duc de Lancastre comment le roi de Portugal, ne voyant
pas arriver les renforts annoncés, a dû se résoudre à la paix
sans combattre. Pour lui, cpioi qu'il puisse arriver, il a ramené
avec lui son fils, croyant avoir agi pour le mieux*. P. 200,
201, 367, 368.
venir à Santarem; il était à Almada le 1*' septembre 1382, prêt à s'em-
barquer sur les bateaux castillans (D. Nunez, t. II, p. 349); mais il ne
partit qu'en octobre, après ayoir été ravitaillé par Othe de (ïraDSon et
Jean de Gruyères {Ree. Off., Early Chane, Rolls 327, m. 23; luue Rolls
305, m. 3). — Un chroniqueur nous apprend que, dans l'acte où il s'en-
gageait à renvoyer au roi de Oastille ses bateaux, le comte de Cambridge
avait pris le titre de /ils du roy de France et d'Angleterre, Le roi n'ac-
cepta pas cette rédaction, à laquelle il fit substituer les mots : fils du
roy d'Angleterre (ht, et ehr. de Flandre^ t. II, p. 260).
1. Le 27 octobre 1382, le roi Jean de Gastille éteit à Madrid quand il
apprit la mort de sa femme, la reine Éléonore d'Aragon (Lopez de Ayala,
t. II, p. 160). Cette princesse était fille du roi Pierre IV d'Aragon et
avait épousé Jean I*' en 1375.
2. Aussitôt après la mort de la reine de Oastille, le roi de Portugal
propose au roi Jean de lui donner en mariage sa fille Béatrice, qui, en
vertu du traité de paix, devait épouser son second fils Ferdinand. Le roi
Jean accepte; l'archevêque de SaintJacques reçoit pleins pouvoirs (mars
1383) pour dire annuler les fiançailles ayant eu lieu avec le fils du comte
de Cambridge; les dispenses du pape sont obtenues et le mariage, hâté
par le roi Ferdinand, qui se sent malade à Salvaterra, est célébré par
procureur le 30 avril 1383 (L. de Ayala, t. II, p. 161 ; F. Lopes, t. II,
p. 469; D. Nunez, t. II, p. 350-351). La nouvelle reine arrive à Elvas le
13 mai 1383 (D. NuSez, t. II, 359).
3. Ce prince mourut en bas âge.
4. Déjà malade depuis quelque temps, le roi Ferdinand mourut le
22 octobre 1383, à l'âge de cinquante-trois ans passés.
5. Froissart raconte avec plus de détails dans son troisième livre la
lutte du roi Jean de Oastille, soutenu par la reine régente de Portugal,
Éléonore Tellez, contre le frère bâtard du roi Ferdinand, qui devait bien-
tôt porter le nom de Jean l" de Portugal.
6. Peu de temps avant sa mort, au moment du mariage de sa fille
SOMMAIRE DU DEUXIÈME LIVRE, §§ 263-312. LIX
«
CHAPITRE XVI.
1382, avril, conf^kence de tournai; propositions inacceptables
DU comte de FLANDRE. 3 mai, BATAILLE DE BEVERHOUT8VELD ;
victoire DBS gantois; prisji de Bruges; fuite du comte. —
Commencement de Juin. siiGE d'audenardb par Philippe d'arte-
VELDE. Août. ASSEMBLA A COMPIEGNE DES NOBLES ET DES
PRÉLATS. — Septembre-octobre, phiuppe négocie avec l'angle-
terre. — 3 novembre, le roi de frange arrive a arras pour
PRÊTER secours AU COMTE DE FLANDRE ET S^APPRÉTE A ENTRER EN
FLANDRE AVEC SON ARMÉE (§§ 263 à 312).
La guerre de garnisons continue entre les Flamands fidèles
au comte et les Gantois, qui ne reçoivent de vivres que du
comte d'Alost et des Quatre-Métiers ; encore ceux d'Alost,
poursuivis et harcelés par les gens de Termonde, ne peuvent-
ils continuer à les secourir.
D'accord avec le duc Aubert et le duc de Brabant, le comte
empêche le blé de pénétrer dans la ville de Gand; la famine
est imminente ^ et Philippe d'Artevelde fait ouvrir les greniers
des abbayes et des riches bourgeois et vendre le blé à un taux
fixé».
Malgré quelques secours venus de Hollande, de Zélande et
parfois de Brabant, la ville manque de tout à T époque du
carême.
Douze mille hommes, poussés par la faim, s'acheminent alors
vers Bruxelles et Louvain, où ils trouvent des vivres^. Leur
avec le roi de Castille, le roi Ferdinand avait envoyé en Angleterre un
écoyer nommé Ruy Cravo, pour s'excuser d'avoir été forcé de renoncer à
marier sa fille avec le prince Edouard, fils du comte de Cambridge, et
pour protester de son amitié (F. Lopes, t. IV, p. 478; D. Nunez, t. II,
p. 358).
1. Les Gantois ne pouvaient se procurer des vivres qu'à grand'peine
« et furent de si près guettiés toute celle saison d'yver et jnsques à l'en-
c trée de may que vivres deffailloient en Gand, si que plus n'avoient que
• mengier » (tsi. et ehr., t. Il, p. 245).
2. Philippe d'Artevelde avait, en mars 1382, commandé une expédition
qui était allée chercher des vivres dans les environs d'Audenarde et de
Gourtni (Kervyn, t. X, p. 455).
3. Ce n'est que le 16 avril que les Gantois parent aller à Liège et à
LX CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART.
chef, François Ackerman^, demande aux Liégeois et à leur
évécpiey Amould de Homes ^^ d'intervenir auprès du comte et
de leur laisser faire de copieuses provisions. P. 201 à 204,
368, 369.
La permission est accordée ; en deux jours, six cents chars
sont remplis de farine et de blé. François Ackerman songe
alors au retour; mais, en passant par Vilvorde^, il s'avise d'al-
ler trouver à Bruxelles, au palais de Caudenberg^, la duchesse
de Brabant. Celle-ci, en l'absence du duc, promet aux Gantois
d'intercéder pour eux auprès du comte et de provoquer à Tour-
nai la réunion d'une conférence en vue de la paix. P. 205, 206,
369, 370.
Ces vivres permettent aux Gantois de prolonger quelcpies
jours la lutte, mais bientôt ils n'en souffrent pas moins. On
était en carême (mars et avril 1382) : le comte décide alors '
de mettre le siège devant Gand et de châtier les Quatre-
Métiers. Il convoque ses bonnes villes de Flandre et ses che-
Louvain chercher des provisions. Dès le 1*' du mois, ils avaient envoyé à
Louvain des députés qui, accompagnés du bourgmestre et de quatre
échevins, avaient obtenu de l'évéque des vivres et la promesse de s'en-
tremettre pour eux auprès du comte (Kervjn, t. X, p. 455).
1. Sur François Ackerman, que nous avons déjà cité comme rewoê/i
de Gand en 1381 (p. xx, note 2), et que nous retrouvons à la tète d'une
flotte en 1382 (p. lxxi, note 4), voy. dans Kervyn (t. X, p. 454-455, et t. XX,
p. 2-5) plusieurs actes du Record Office. Ce personnage, qui joue dans la
suite un rôle important comme amiral de Flandre, est nommé Frand/m
et qualifié de eux ignobilU par le Religieux de Saint-Denis (t. I, p. 370);
une rédaction des Ckroniqties de Flandre (IsL et ehr., t. Il, p. 223-225)
le confond avec Jean Yoens et lui attribue en 1379 l'incendie du château
du comte de Flandre.
2. Évéque de Liège de 1378 jusqu'à sa mort en 1390. La plupart des
manuscrits, et d'après eux Meyer, offrent à tort la leçon Arnould d'Erdé
pour Jean d'Arkel, prédécesseur d' Amould de Hornes (1364-1378) sur le
siège épiscopal de Liège. Une longue généalogie de la famille Hornes,
dans laquelle figure l'évéque de Liège, a été imprimée à Paris en 1722;
elle est conservée à la Bibliothèque nationale {Pièces orig., vol. 1533).
3. Belgique, prov. de Brabant.
4. Le palais de Gaudenberg « dominait de ses créneaux et de ses tou-
« relies la ville industrielle placée au-dessous » (Kervyn, Étude littéraire
sur le XIV* siècle^ t. I, p. 93). Le nom de l'hôtel de la duchesse de Bra-
bant est rappelé aujourd'hui par l'église de Saint-Jacques-sur-Cauden-
berg, située tout près du palais royal.
5. C'est, d'après Heyer (fol. 182 v), le 6 avril 1382 que le comte résolut
d'assiéger la ville de Gand.
SOmCAIRB DU DKUXIAme LIVIIB, §§ 263-312. LZI
valiers de Hainaut, voulant être prêt à partir après la proces-
sion de Bruges (3 mai 1382). P. 206 à 208, 370.
Cependant, la conférence de Tournai est fixée au dimanche
13 avril*. Le comte de Flandre s'est engagé à s'y rendre.
L'évêque de Liège est représenté par douze notables et le che-
valier Lambert d'Oupey; le Brabant a envoyé ses députés, le
Hainaut les siens, avec le bailli Simon de Lalaing; les Gantois
ont choisi douze des leurs, ayant Philippe d'Artevelde à leur
tète. Us sont résolus à accepter toutes les conditions du comte,
sauf les sentences de mort. P. 208, 209, 370.
On attend le comte trois jours ; puis on lui envoie en dépu-
tation le seigneur de Crupelant, Lambert d'Oupey, Guillaume
d'Hérimez' et six bourgeois des villes de Flandre. Le comte
leur répond (pi'il leur fera bientôt part à Tournai de ses déci-
sions.
Six jours après, en efiiet, arrivent à Tournai Guillaume de
Reighersvliet, Jean de la Gruthuse, Jean Vilain et le prévôt de
Haerlebeke', porteurs des conditions du comte, qui n'entend
faire la paix avec les Gantois que si on lui livre, pour en dispo-
ser selon sa volonté, tous les hommes de la ville de Gand de
quinze à fixante ans. Philippe d'Artevelde et ses compagnons
refusent d'accepter un pareil traité, sans avoir consulté les
1. Les Chroniques ne fournissent pas de grands détails sur ces confé-
rences de Toomai, où furent « le conseil des bonnes Tilles de Flandres,
« du Franc et de tout le plat pays; » du c6té du comte « y furent plui-
c senrs nobles et gentils hommes dudit pays, et aussi y furent l'eTesque
« du Liège et son conseil, pour traiter de Tacord dudit comte de Flandres
« et de ceuls de Gand; mais on n'y peut paix trouver » {fst. et ehr.,
t. II, p. 177). Meyer prétend que l'évêque de Liège arriva à Tournai le
6 avril (fol. 1S2 r), mais cette date est démentie par les comptes de Lou-
vain cités par Kervyn (t. X, p. 455), d'après lesquels l'évêque, se rendant
à Tournai, n'était encore à Loutain que le 22. Il partit le lendemain pour
Bruxelles pour se joindre aux députés du Brabant. Les échevins de Lou-
Tain ne purent obtenir un sauf^^nduit du comte pour les accompagner
(/Mtf., p. 456).
2. Sur les familles d'Oupey et d'Hérimez, voy. Kervyn, t. XXII, p. 317-
318, et t. XXI, p. 544-547.
3. Le prévôt de Haerlebeke, conseiller et chancelier du comte de Flandre,
plus connu sous le nom de prévèt de Saint-Donat de Bruges, se nommait
Sohler vander Beke et était un ancien chanoine de Tournai. Malgré le
tôle conciliateur que lui prête Froissart (t. IX, p. 211), il n'en avait pas
moins été visé personnellement dans le traité de 1379 (t. IX, p. lxxxvi,
note 6).
Lxn CHRONIQUES DE J. FftOISBART.
Gantois; ils retournent à leur ville en passant par Ath. P. 209
à 211, 370, 371.
La conférence de Tournai est donc terminée, à la grande
joie du comte, qui ne veut à aucun prix faire la paix avec les
Gantois avant d'en avoir tiré un châtiment exemplaire.
Nouvelle émeute des Parisiens, qui, craignant que le roi ne
prenne la ville par surprise et ne fasse des exécutions, mettent
les quartiers en état de défense et multiplient les patrouilles de
nuit*. P. 211, 212, 371.
Philippe d'Artevelde, revenu à Gand, hésite à annoncer à ses
compatriotes les mauvaises nouvelles qull rapporte et ajourne
cette communication au lendemain, 9 heures,' sur la place du
marché du Vendredi. Seul, Pierre du Bois est mis au courant
des conditions que veut imposer le comte. C'est une lutte qui
se prépare où il faut réussir ou mourir. P. 212 à 214, 371, 372.
Le jour arrivé, un mercredi, en présence du peuple et des
capitaines de la ville, Philippe rend compte de sa mission et
démontre qu'en réponse aux exigences du comte, ils n'ont
d'autre parti à prendre que de marcher sur Bruges au nombre
de 5 ou 6,000, et de livrer bataille. Les Gantois acclament Phi-
lippe. Rendez-vous est pris pour le lendemain : on choisira les
combattants et on partira. P. 214 à 219, 372, 373.
Le jeudi, 1*' mai, les 5,000' hommes sont choisis; ils
partent accompagnés des voeux de la population et viennent
gîter à une heure et demie de la ville. Le vendredi, ils sont k
une lieue de Bruges^. Protégés d'un côté par un grand marais,
1. Ce passage de Froissait, relatif à de nouveaux troubles de Paris,
n'est pas ici à sa place; il se rapporte à la fin d'avril, au moment où le
sire de Gouci, envoyé en ambassade auprès des Parisiens (T07. plus haut,
p. XLV, note 2), ne put obtenir d'eux qu'une somme de 12,000 francs pour
les besoins du roi. Poussé par les seigneurs, qui désiraient le pillage de
la ville et s'y préparaient {Chr. dêi Quatre Valois, p. 302), Charles VI
voulut à ce moment affamer Paris et songea même à donner l'assaut
{Chronographiaj t. III, p. 32-33). Les conférences de Saint-Denis ame-
nèrent un accord dont Froissart a parlé plus haut (p. 153-155).
2. D'après une chronique (/st. etchr.y t. II, p. 204), les Gantois n'étaient
que 4,000 « et avoit avec yauls pluiseurs carios qui menoient trebus et
a espingalles. » D'après Olirier de Dixmude, cité par Kervyn (t. X, p. 458),
l'armée de Philippe d'Artevelde s'élevait à 8,000 hommes.
3. Au point du jour, le vendredi 2 mai 1382, les Gantois arrivent à
nonne à une lieue de Bruges (Ht et ehr,, t. II, p. 246), dans la plaine de
Bcverhoutsveld, qui a donné son nom à la bataille.
SOIOCAIBS DU DlUXlilOB LTVRB, ^ 263-312. LXUI
de l'antre par leurs bagages, ils passent la nuit dans Tattente
de la bataiUe. P. 219, 220, 373.
Le samedi, 3 mai, jour de la fête et procession de Bruges, le
comte est informé de Târrivée des Gantois. Il fait prendre les
armes et envoie en avant trois de ses hommes pour le rensei-
gner; ce sont Lambert de Lambres, Damas de Buxeuil^ et Jean
du Bëart'. De son côté, Philippe d'Artevelde fait dire la messe
dans son camp et prêcher la guerre par les moines qui ont
accompagné les Gantois. P. 220 à 222, 373 à 375.
Philippe harangue ses troupes. Le repas a lieu, et les Gan-
tois se préparent au combat en s'abritant derrière leurs ribaw»
deauxy sortes de brouettes blindées de fer, garnies de piques et
armées de canons, qu'ils poussent devant eux. P. 222 à 224, 375.
Les trois chevaliers envoyés en éclaireurs reviennent à
Bruges. Le comte fait sonner le départ, et ses gens, au nombre
de 40,000', viennent prendre position en face des Gantois.
La journée est déjà assez avancée^. Effrayés par les 300 canons
des Gantois' et aveuglés par le soleil, qui baisse à Thorizon,
les Brugeois se débandent bientôt et s'enfuient vers la ville,
poursuivis par leurs ennemis. Les morts sont nombreux*.
P. 224 à 227, 375, 376.
1. Le texte de Froissart porte ici Bytxy, mais de la comparaison d'un
antre passage où fignre cet écoyer, à roccasion des obsèques du comte
de Flandre en 1384 (Kerryn, t. X, p. 282), et d'une pièce d'archives publiée
par Kervyn (t. XXI, p. 266), il résulte qu'il s'appelait BuxeiU » BuxeuU.
C'est du reste ainsi orthographié qu'il apparaît de nouveau dans Frois-
sart (t. XV, p. 396, 397 et 423).
2. Le nom de ce personnage, qui assiste comme écnyer aux obsèques
du comte de Flandre (Kenryn, t. X, p. 282), semble altéré; nous le retrou-
vons ailleurs (t. X, p. 542, et t. XXI, p. 266) sous les formes Leombiati
et Le Ombearde^ peut-être Lombard,
3. D'après une chronique (M, et ehr., t. II, p. 204), l'armée du comte
était forte de 20,000 hommes, sans compter les courtiers, bouchers, pois-
sonniers et vairiers qui étaient du parti du comte, les tisserands et fou-
lons tenant pour les Gantois (/frid., p. 205). Dans Olivier de Dixmude,
ce nombre est réduit à 12,000 hommes. Le comte devait avoir aussi à son
service des gens d'armes anglais, que nous voyons faire montre en la
Tille de Bruges le 6 avril 1382 {Àrck. du Nord, citées par Le OUy, Chr.
riWÊée, p. 103).
4. La bataille commença à l'heure de vêpres {lU. et ehr,, t. II, p. 204);
les Brugeois étaient « plains de viandes et de vins » (IMd., p. 247).
5. Il 7 eut deux décharges d'artillerie de la part des Gantois; l'une
d'elles jeta le comte à bas de son cheval (IsL et ehr., t. II, p. 247).
6. D'après le Religieux de Saint-jOetUi, (t. I, p. 112), l'armée du comte
perdit 5,000 hommes; 6,000, d'après Olivier de Dixmude.
LXiv GHR0NIQU1BS DE J. FROISSAAT.
Voyant la lâcheté des gens de Bruges ^^ le comte , avec
(pielques chevaliers ', profite de la nuit qui commence pour
rentrer dans Bruges, dont il ordonne de fermer les portes. Il
convoque toute la population sur la ptace du marché. P. 227,
228, 376, 377.
Les Gantois brisent les portes et s'emparent de la ville'. Le
comte, qui se rend au marché, est forcé de renvoyer son escorte
et de revêtir la houppelande de son valet ^. P. 228 à 231, 377,
378.
A minuit, il se fait reconnaître d'une pauvre femme, qui le
cache dans le lit de ses enfants' : il échappe ainsi aux recherches
des routiers de Gand, qui veulent le remettre vivant aux
mains de Philippe d'Artevelde. P. 231 à 233, 378, 379.
Maîtres de la ville, les Gantois, sur Tordre de François
Ackerman, épargnent les marchands et les étrangers, mais sont
sans pitié pour les quatre métiers, courtiers, fripiers, bouchers
et poissonniers, qui ont toujours été du parti du comte : on en
tue plus de 1,200, leur^ maisons sont pillées', leurs femmes
violentées.
Le dimanche matin, 4 mai, à sept heures, les habitants de
Gand apprennent la nouvelle de leur victoire et en ont grande
1. Malgré la panique provoquée dans les rangs de ses auxiliaires, le
comte Toiilait quand même assaillir les Gantois, mais « une grant partie
a de ceulx de ladicte ville de Bruges se tournèrent contre lui et se mirent
« avecques ses ennemis et en leur ayde » (Ist. et chr., t. II, p. 258).
2. Obligé de fuir et de rentrer à Bruges, le comte n'avait pour l'accom-
pagner que 40 hommes (Meyer, fol. 184 r).
3. Un nouveau combat eut lieu dans l'intérieur de la ville, où périrent
près de 10,000 habiUnts (Chronographkij t. III, p. 33). Le Religieux de
Saini-Denit (t. I, p. 118) prétend qu'étant entrés presque sans résistance
dans Bruges, sous prétexte d'assister à la procession, les Gantois se
ruèrent sur les habitants et en égorgèrent une partie avec les armes qu'ils
tenaient cachées.
4. Le comte perdit son sceau dans la déroute, et trois semaines après,
à Lille, dut se servir de celui du sire de Ghistelles (7* Cartulain de
Flandre^ cité par Le Glay dans Chr. rimée, p. 104).
5. Froissart a donné dans sa Chronique de Flandre {Bibl. nat, ms.
fr. 5004, fol. 105 v*-108 r*) une rédaction plus détaillée qui nous apprend
que ce fut à un bourgeois de Gand, nommé Benier Campion, que le
comte dut son salut. La vieille femme qui le cacha chez elle était la
veuve Bruynaert (Kervyn, Hitt, de Flandre^ t. III, p. 486).
6. Le pillage fut grand (/s^ et ehr,j t. II, p. 178); d'après Walslngham
(t. II, p. 62), 17,000 hommes furent tués dajis Bruges.
SOMMAIRE DU DEUXIÈME UVRE, §§ 263«312. LZV
joie. A Audenarde» la frayeur est extrême S car on craint l'ar-
rivée des Gantois qui, avec 3 ou 4,000 hommes, prendraient
facilement la ville. Mais. il n*en est rien, et les gens d'Aude-
narde, encouragés par trois chevaliers, Jean de Baronaige',
Thierri d'Anvaing' et Florent de Heule^, attendent la venue
de Daniel d'Halewyn que le comte va leur envoyer. P. 233 à
235, 379, 380.
Philippe d*Artevelde et les autres chefs des Gantois ne font
aucun mal à ceux des menus métiers, dont ils respectent la vie
et la propriété'. Sans se soucier de ce qu'est devenu le comte,
ils songent à ravitailler la ville de Gand. Damme et TEcluse
leur ouvrent leurs portes et leur fournissent du vin et des
farines qu'ils expédient à Gand. P. 235, 236, 380.
C'est le dimanche, pendant la nuit, que le comte sort de
Bruges, seul, à pied, couvert d'une vieille houppelande. Une
fois dans la campagne, il gagne Lille, monté sur un cheval que
lui procure Robert le Marescal, un de ses fidèles chevaliers,
mari d'une de ses filles bâtardes. Il retrouve^ le lundi, à Lille
la plupart de ses barons, qui ont échappé au combat^. Les
1. Un assez grand nombre d'habitants quittèrent alors lear ville et se
retirèrent à Tournai avec tout ce qu'ils possédaient (Àrch, nai., JJ 122,
fol. 37 V).
2. Jean de Baronaige figure déjà, quoique non mentionné par Frois-
aart, parmi les défenseurs d'Audenarde en octobre 1379 {Chr, et ist.^ t. II,
p. 165 et 230}.
3. Sur la filiation et les alliances de Thierri d'Anvaing, voy. Kervyn
(t. XX, p. 96).
4. Florent de Heule avait été fait chevalier au siège d'Audenarde en
octobre 1379 (W. et ehr., t. II, p. 166).
5. Un des premiers actes de Philippe d'Artevelde fnt de mettre de nou-
veaux fonctionnaires à la tète de la ville {Ist. et ehr,y t. II, p. 248). La
Ckronàque de Flandre donne le nom de l'épicier-hôtelier, Guillaume le
Gat [BM, %ai.y ms. fr. 5004, fol. 110 r), chez qui Philippe organisa la
nouvelle administration de Bruges (voy. aussi Kervyn, t. X, p. 460). Phi-
lippe avait lait rassembler hors des murs, à l'abbaye de Sainte-Catherine,
tons ceux de Bruges qui acceptaient le nouyel état de choses et leur avait
&it jurer fidélité; le reste des habitants avait été tué (lit. et ckr., t. II,
p. 205), ce qui ne concorde guère avec l'opinion de Walsingham (t. II,
p. 62), qui prétend que les procédés des Gantois furent si humains que,
trois Jours après la prise de la ville, les marchandises recommençaient à
afliner à Gand et les marchés à se rouvrir.
6. Le comte resta caché Jusqu'à minuit le samedi (et non le dimanche)
et sortit seul et à pied de Bruges {lU. et chr,, t. II, p. 247) « par une
c fausse porte » {Chr. normande de P. Cochon, p. 170). Il prit aussitôt
le chemin de Lille, arriva à Trois-Sœurs, y trouva une jument qui le
X — e
LZVI CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART.
autres^ comme Gui de Ghistelles, se sont réfugiés en Zélande
et en Hollande. P. 237, 238, 380.
La nouvelle de la défaite du comte est reçue avec plaisir par
les habitants des bonnes villes, les Liégeois entre autres, par
ceux de Paris et de Rouen, par le pape Clément, qui voit dans
cet échec un châtiment céleste S et par les gens de Louvain',
qui se sentent d'autant plus forts pour lutter contre leur sei-
gneur le duc Wenceslas de Brabant. Le comte n*est même pas
plaint par les hauts barons, qui n*aiment pas son grand orgueil.
P. 238, 239, 380, 381.
Les Gantois décident d*abattre deux portes' de Bruges, avec
les murs qui sont du côté de Gand, et de prendre comme otages
500 bourgeois notables. Puis ils se font jurer obéissance par
toutes les villes du Franc de Bruges et du littoral du comté de
Flandre. La soumission est reçue à Bruges par Pierre du Bois
et Philippe d'Artevelde, qui tient état de prince. Le château de
Maie est pillé, toutes ses richesses volées. Pendant quinze jours,
deux cents chariots ne font que transporter à Gand Tor, l'ar-
gent, les vêtements de prix, la vaisselle, les bijoux que Ton
trouve à Bruges ^ P. 239 à 241, 381.
Les 500 otages partent pour Gand' escortés par François
Ackerman, Pierre de Wintere et 1,000 de leurs hommes. Pierre
du Bois reste à Bruges pour hâter la démolition des murs. Phi-
lippe d'Àrtevelde, avec 4,000 hommes, part pour Ypres,
où il reste huit jours pour recevoir la soumission de Cassel,
de Fumes et autres villes*. Puis il se rend à Courtrai^, mais
conduisit jusqu'à Ronlers; là il se fit reconnaître « à son hoste da
« Cornet, qui le monta de bon cheval et le mena jusques en Lille, et ses
« gens siewirent après luy » {Ist et ehr., t. II, p. 248). D'après la Cknh
noçraphia (t. III, p. 33), le comte avait deux compagnons de fuite.
1. « A part les chàtellenies de Cassel, de Bourbourg et de Dunkerque,
a tenues par la dame de Bar, toute la Flandre était perdue pour Clé*
« ment VII » (Valois, La France et te grand tchisme, t. I, p. 261-262).
2. La défaite du comte fut une occasion pour les gens de Louvain et
de Liège de resserrer leur alliance avec les Gantois, et d'échanger avec
eux des ambassades (Kervyn, t. X, p. 460).
3. Une des rédactions des Ckrmàqnes de Flandre {Ist et ehr,, t. II,
p. 205), de même que Meyer (fol. 184 r), parle de trait portes de
Bruges, qui furent détruites dès le 7 mai.
4. Voy. M. et ehr., t. II, p. 178.
5. Ibid., p. 205.
6. Ces autres villes étaient Damme, l'Écluse, Berghes « et tout le rema-
« nant de Flandre » {Ist, et ehr,, U II, p. 178 et 248).
7. Philippe d'Artevelde alla à Courtrai, où il était le 11 mai, avant de
SOMMAIRE DU DEUXIEME LIVRE, g 263-312. LXYii
De peut obtenir qu'Audenarde fasse acte d'obéissance. Les
trois cbeTalierSy gardiens de la ville, ne veulent point trahir
le comte et se rient des menaces du fils d'an brasseur d'hy-
dromel <. P. 241, 242, 381.
Furieux de cette résistance, Philippe séjourne cinq ou six
jours à Courtrai, puis retourne à Gand, où il est accueilli avec
les plus grands honneurs. Magnifiquement vêtu, entouré de
soldats, menant vie joyeuse et dépensant largement, le nou-
veau rewaert de Flandre est au comble de sa puissance. P. 242,
243, 381, 382.
Le comte est à Lille'; il songe à reconquérir son pays rebelle
avec l'aide de son gendre le duc de Bourgogne et du jeune roi
de France, qui, certainement, suivra les avis de son oncle. En
attendant, il envoie comme capitaine à Audenarde Daniel
d'Halewyn, accompagné de 150 lances, de 100 arbalétriers
et de 200 hommes de pied. P. 243 à 245, 382, 383.
Le 17 mai, Daniel d'Halewyn entre dans Audenarde; avec
lui sont Louis et Gilbert de Leeuwerghem', Jean^ et Florent
de Heule, Blanchart de Galonné, Gérard de Rasseghem, Gérard
se rendre à Ypres, où il était le 24. A la fin de mai, il mettait le siège
deTant Audenarde (Meyer, fol. 185 v*).
1. Une chronique française de la Bibliothèque nationale (fr. 17272,
fol. 22 V*) qualifie Jacques d'Arterelde de « brasseur de miel. » C'est
ainsi que Froissart s'exprime dans sa première rédaction et dans la
rédaction du ms. d'Amiens (t. I, p. 127 et 394); mais, dans la rédaction
dn ms. de Rome (t. I, p. 394), il le nomme simplement bùurgeoU, Les
Grandes Chroniques (t. V, p. 372) disent qu'il « prist A femme une
0 brasseresse de miel; » même leçon dans la Chronographia (t. II, p. 46).
Voy. à cet égard Kervyn, t. II, p. 533-539, et t. IV, p. 464-475. Les tra-
vaux de M. de Poter sur les Artevelde, dans les publications de l'Acadé-
mie de Belgique, ont été complétés par M. J. VuyIsteke en 1873 {Eenigê
Bijzonderheden over de Artevelden).
2. Ponr essayer de paralyser le commerce des villes révoltées, le comte
signe à Lille, le 15 mai 1382, des lettres par lesquelles il déclare ne plus
prendre « sous sa protection et sauve-garde les marchands étrangers
■ étant en Flandre, à cause de la rébellion des habitants de ce pays »
(Pièce des Areh. du Nord, analysée par Le Glay, Cbr. rimée, p. 103).
D'après Walsingham (t. II, p. 62), le comte se tint A Saint-Omer pendant
le siège d' Audenarde.
3. Gilbert de Leeuwerghem, écuyer, était capitaine d' Audenarde A la
date dn 8 avril 1382 (Le Glay, Chr, rUnée, p. 103). Il devint plus tard
chambellan du duc de Bourgogne.
4. Jean de Heule était un des défenseurs d' Audenarde en 1379 (l$i, t{
chr., t. II, p. 165 et 230).
Lxviii CHRONIQUES DS J. FROISSART.
de MarquillieSy Lambert de Lambres, Enguerran Zannequin^
Morelet d'Halewyn, Hanghenandin et plusieurs autres cheva-
liers et écuyers de Flandre et d'Artois. P. 245, 246^ 383.
Philippe entreprend alors le siège d'Audenarde, il lève une
taille de quatre gros par semaine sur chaque feu et convoque
tous les combattants flamands pour le 9 juin sous les murs
d'Audenarde. Personne ne manque à Tappel et Philippe se
trouve à la tête d*une armée de plus de 100^000 hommes', bien
approvisionnés de tous côtés. Son premier soin est de planter
des pieux dans TEscaut, pouV empêcher les bateaux de Tour-
nai de descendre à Audenarde. P. 246, 247, 383, 384.
Daniel d*Halewyn s*apprête à soutenir le siège ; il distribue
les provisions, couvre de terre les toits des maisons voisines
des murs, exposées plus particulièrement aux coups des nom-
breux canons des Gantois, renvoie de la ville les vieillards et
les bêtes de somme et loge dans les églises les femmes et les
enfants. Il soutient ainsi le siège tout Tété, faisant parfois des
escarmouches où se distinguent deux frères, écuyers d'Artois,
Lambert et Tristan ' de Lambres.
Philippe d'Artevelde, qui ne veut point donner Tassant pour
ménager son monde, établit sur la montagne qui domine Aude-
narde un immense mouton destiné à jeter de grosses pierres sur
la ville ^ ; il a de plus à sa disposition d'autres puissants engins,
qui ne peuvent réussir à lasser la patience et le courage des
assiégés. P. 247 à 249, 384.
Pendant le siège d' Audenarde, 1,200 routiers environ se
détachent de l'armée et s'en vont détruire par toute la
Flandre les châteaux des nobles; ils dévas'tent une seconde fois
le château du comte à Maie et brisent le berceau où il dormait
enfant. De là, ils se rendent à Bruges, où ils sont bien reçus par
Pierre du Bois et Pierre de Wintere; et, après quelques jours
1. Cet écuyer appartenait sans doute à la famille de Nicolas Zannequin,
capitaine des Flamands, tué à la bataille de Gassel.
2. D'après le Religieux de SaitU-Denis (t. I, p. 17Q), l'armée de Phi-
lippe d'Artevelde comptait 300 archers anglais, 40,000 Gantois et un
grand nombre de bannis et de condamnés.
3. Nous voyons Tristan de Lambres, écuyer, tenir un écu aux obsèques
du comte de Flandre (Kervyn, t. X, p. 282).
4. M. Kervyn veut reconnaître cette grosse pièce de siège « dans le
« canon gigantesque placé aujourd'hui à Gand, » près du marché du Ven-
dredi (t. X, p. 461).
SOMMAIRE DU DEUXIÂME LIVRE, §§ 263-312. lxix
de reposy ils passent la Lys à Wameton * et viennent devant
LiUe abattre les moulins à vent et brûler les villages.
Attaqués par 4,000 hommes de la garnison de Lille, les rou-
tiers entrent en Toumaisis et, après avoir brûlé Helchin' et
autres villages, qui sont du royaume de France, ils retournent
au siège d*Audenarde'.
Le duc de Bourgogne apprend ces nouvelles à Bapaume : il
en donne aussitôt avis à Charles VI, qui est à Gompiègnfe^ ; c'est
pour lui une bonne fortune de voir ainsi mêlé le roi de France
à cette affaire, d'où il ne peut advenir que secours pour le
comte de Flandre, son beau-père. P. 249, 250, 384, 385.
Le comte apprend à Hesdin' le sac de son château de Maie:
furieux, il se rend à Arras, puis à Bapaume* auprès du duc de
Bourgogne, son beau-fils, qui lui promet aide contre toute la
ribaudaille de Flandre. Revenu à Arras, il délivre de prison
plus de deux cents otages et retourne à Hesdin. P. 250 à 252,
385.
Soucieux de tenir sa promesse, le duc de Bourgogne quitte
Bapaume avec Gui de la Trémollle et l'amiral Jean de Vienne.
Il se rend à Senlis auprès du roi, dont la jeunesse ardente ne
demande qu'à combattre, d'accord avec les ducs de Berri et de
Bourbon. Un conseil de prélats et de nobles est convoqué à
Gompiègne pour décider ce qu'il y a lieu de faire ^. P. 252 à
256, 385, 386.
1. Belgique, pfov. de Flandre occidentale, sar la rive gauche de la Lys.
2. Belgique, piov. de Flandre occidentale. La ville d'Helchin c estoit
• enclavée ou royaume de Franche » (M, et dur., t. II, p. 178).
3. Le Migieux de Saint^Denis parle d'un défi que le seigneur d'Heer-
lele aurait envoyé au comte (t. I, p. 172) ; il est plus probable d'admettre
que ce fut entre Daniel de Halluin et le sire d'Heenele qu'eut lieu, sous
les murs d'Audenarde, une Joute dont parle une chronique française
(BibL nat., fr. 17272, fol. 43 v et 44 V).
4. Le roi se trouve à Gompiègne du 8 au 11 Juillet 1382 (Petit, Séjours
de Charles F/, p. 14).
5. Le comte, qui réside à Headln au commencement du mois de Juin,
approuve, à la date du 4, la défense fiiite par le bailli aux habitants de
Tennonde de sortir de la ville {phr, rh/ufe, p. 104). Le 26 août, il paie
.VI. livres .ii. sols « au Grand Coppin pour les frais des justices fais à
c Hesdin de .m. conspirateurs de Flandres > [ibid., p. 105).
6. A Bapaume, le comte lait décoller les otages de la ville de Ck>urtrai,
qui vient de se rendre aux Gantois; de Douai, il envoie les otages d'Ypres
à Bapaume, à Hesdin et ailleurs (/i<. ei ehr.y t. II, p. 206).
7. C^est an mois d'août que fut convoquée à Gompiègne l'assemblée des
LZX CHRONIQUES DE J. PR0I8SART.
Songe du roi à Senlis; origine du cerf volant adopté par le
roi comme emblème ^ P. 256 à 259, 386, 387.
Le siège d*Audenarde traîne en longueur. Craignant Tinter-
vention du roi de France, Philippe d'Artevelde, qui a déjà dans
son armée des archers anglais, songe à une alliance avec le roi
d'Angleterre. P. 259 à 261, 387, 388.
Mais, pour masquer son jeu, il écrit au roi de France une
lettre où il lui demande d'obtenir la paix du comte de Flandre^.
Le messager, porteur de la lettre, arrive à Senlis; comme il
n*a pas de sauf-conduit, il est arrêté et mis en prison pour plus
de six semaines '. Le roi et son conseil ne font que rire de la
lettre de Philippe. Ne recevant pas de réponse, ce dernier pro-
pose alors à ses capitaines de faire alliance ** avec le roi d'An-
gleterre, qu'on laissera passer par les Flandres pour entrer en
France; moyennant quoi le roi d'Angleterre remboursera
les 200,000 vieux écus que le pays flamand prêta autrefois au
nobles et des prélats (Terrier de Loray, Jean de Vienne^ p. 167). Le loi
et le duc de Bourgogne s'y trouvaient ensemble le 15 (Petit, S^foun de
Charles F/, p. 14, et ItinéraireSy p. 152).
1. Le Religieux de Saint- Denis (t. I, p. 70) raconte d'une autre façon
l'origine de l'emblème adopté par Charles VI, qui aurait pris à la chasse
un cerf, porteur d'un collier sur lequel étaient gravés les mots : OstMor
hoc mihi donavU, Le récit de Froissart faisant allusion à un cerf valant
a au moins le mérite d'expliquer toutes les particularités de l'animal cher
au roi.
2. La Chronoçraphia (t. III, p. 34-35) fait remonter antérieurement
(au 24 juin 1382) l'envoi d'une lettre de Philippe d'Artevelde, demandant
au roi de France, qu'il appelle son seigneur, de prendre en main le gou-
vernement des Flandres en lieu et place du comte, s'il ne voulait pas
voir le roi d'Angleterre se substituer à lui. Les Flamands ne demandaient
du reste qu'à traiter; mais le comte de Flandre et le duc de Bourgogne
poussaient au contraire le roi à faire la guerre {Chr, des Quatre Valois,
p. 305).
3. Ce messager, qui se nommait Hennequin et avait appris le fiançais à
la cour de France, fut accueilli par le duc de Bourgogne avec des insultes
{Chronographia, t. III, p. 34), mais fut laissé en liberté, dit le ReUgieus
de Saint-Denis (t. I, p. 172). Froissart semble être plus dans la vérité,
quand il avance qu'on le garda plus de six semaines en prison, car cette
arrestation fut un des griefs de Philippe d'Artevelde contre le roi (cf. dans
notre texte p. 261 et 277).
4. Peu de temps après sa lettre du 24 Juin (voy. plus haut, note 2),
Philippe d'Artevelde avait entamé des négociations avec l'Angleterre,
et aux dates des 11 et 15 juillet et du 18 août 1382, nous trouvons la
mention de paiements faits soit à un envoyé de Philippe, soit à Richard
Hereford, héraut, à Edmond Halstede, Richard Wodehall et George de
SOMMAIRB DU OBUXIÈME LIVRK, §$ 263-312. LZXI
roi Edouard III, pour payer ses troupes devant Tournait
P. 261 à 263, 388.
Après avoir pris l'avis de Pierre du Bois et de Pierre de Win-
tere, capitaines de Bruges*, et de ceux d'Ypres et de Gourtrai,
Philippe organise son ambassade : cliaque bonne ville enverra
un ou deux bourgeois, Gand en enverra six', à savoir Fran-
çois Ackerman'*, Basse vande Voorde', Louis de Vos^, Jean de
Scotelaere^, Martin vande Water^ et Jacques de Brauvere*.
;, éenyers, dépntés vers les Gantois (ilee. 0)f., ItMm Botté 305,
m. 9, 11 et 13). A la date des 19-24 août figure aussi dans les comptes de
la ville de Gand l'embarquement des échevins de Gand Michiel Boene et
Jan de Hert, et à la date du 13 septembre le départ pour l'Angleterre de
Laurent de Maech, de Jan de Jonghe et de Jan uten Broacke {Rekenén"
geny p. 328-329).
1. Voj. le passage relatif à cet emprunt de 200,000 florins ou 50,000 marcs
dans la rédaction du ms. de Rome, t. Il, p. 256-257.
2. Philippe d'Artevelde était à Bruges du 4 au 8 septembre 1382; nous
le trouvons sous les murs d*Audenarde ou à Edelaere du 12 septembre à
la fin de novembre {Rekeningenj p. 328-331).
3. Le récit de Froissart renferme plus d'une erreur et plus d'une con-
fusion dans rénumération des ambassadeurs flamands. Cette ambassade
se composait en effet de 12 membres, dont les noms nous ont été conser-
vés par les lettres de créance qui leur furent données le 14 octobre 1382.
C'étaient Willem van Coudenberghe, Willem vanden Pitte, Race vander
Voerde, Jan van Waes et Michiel Boene, représentant Gand ; Lodewijc de
Vos, Jacop de Scoteleere, Jacop de Bruwere et Willem Matten, représen-
tant Bruges; Gillis Tant, Jacop Moanin et Lamsin de Borchgrave, repré-
sentant Ypres {Rekeninçeny p. 457459; voy. aussi Gachard, Mémoires de
VÀcadémie de Belgique, t. XXVII, p. 3*7). Aux cinq envoyés de Gand
étaient adjoints Gillis van Wijnvelde, Hartin van Erpe et Pieter van
Beerevelt [Rekenéngen, p. 330).
4. François Ackerman ne pouvait faire partie de l'ambassade, étant à
cette époque parti pour la Rochelle à la tête d'une flotte (Rekeninçen^
p. 345).
5. Mentionné plusieurs fois dans les Rekenéngen der Stad Gent (p. 278,
298 et 310).
6. Ce Louis de Vos ^t peut-être le même que ce bourgeois de Gand,
qui, en 1383, à la bataille de Ounkerque, fut fait chevalier (Kerryn, t. X,
p. 225).
7. Nous trouvons un Jean de Scotelaere mentionné en 1380 dans les
Bekeningen (p. 184); mais il est à remarquer que l'envoyé de Bruges se
nommait Jacquet et non Jean.
8. Martin vande Water fut le successeur, en 1384, de l'évêque urbaniste
de Gand, Jean de West; il oe faisait pas partie de l'ambassade (cf. Ker-
vyn, t. X, p. 403).
9. Le nom de Bruwere, qui appartient ici à un bourgeois de Bruges, est
fréquent à Gand (Rekeningenj p. 64, 84 et 97).
Lxxn CHRONIQUES DE J. PR0I8SART.
A ces envoyés se joint un clerc ^, parent de Philippe d'Arte-
velde, qui vient d'être élu évèque urbaniste de Gand en rem-
placement de Jean de West'^ ancien doyen de Notre-Dame de
Tournai.
L'ambassade, composée de douze bourgeois, quitte le camp
d'Audenarde au commencement de juillet' et arrive à Calais.
Le capitaine de la ville, Jean d'Évreux, leur procure des
bateaux pour passer en Angleterre. Ils débarquent à Douvres
et arrivent à Londres, bien accueillis par la population anglaisé.
Le roi venait de donner à Perducat d'Albret, en récompense
de ses services, la terre de Gaumont en Gascogne, qui, après
le décès de Jean de Caumont^ et d'Alexandre, son frère, morts
tous deux sans héritiers, avait été attribuée par le roi à Jean
1. Ce clerc, dont le nom est supprimé dans la plupart des manuscrits,
est appelé Bande QuinUn dans l'un (c'est la leçon que nous avons adop-
tée) et Hewart de Sueskes dans un autre ; mais ces noms sont tout à &it
fantaisistes. Nous avons consulté à ce sujet M. Julius Yuylsteke, dont la
compétence est grande pour tout ce qui regarde l'histoire de Gand. Il
nous a gracieusement répondu et sa conclusion est que le personnage en
question ne peut être que maître 'Willem de Coudenbergbe, l'un des
ambassadeurs. Malgré la valeur de cette autorité, nous croyons qu'il faut
plutôt reconnaître dans le clerc de Froissart, parent de Philippe d'Arte-
velde, Martin van Erpe, neveu de Philippe et plus tard un de ses héritiers,
un de ceux qui avaient été adjoints à l'ambassade (voy. p. lxxi, note 3). En
faisant de ce clerc anonyme le successeur prématuré de l'évâque urbaniste
Jean de West, Froissart l'identifiait avec Martin vande Water, qu'il avait
déjà mentionné à tort comme accompagnant l'ambassade.
2. Jean de West, évéque urbaniste de Gand, que Froissart semble avoir
confondu avec l'échevin Jan van Waes, suivi dans cette erreur par Meyer
(fol. 186 V*) et par Kervyn de Lettenhove {Histoire de Flandre, t. Ifl,
p. 505), a laissé peu de traces dans l'histoire de Gand. Cet ancien doyen
de Tournai, nommé par les Gantois, en haine de la France clémentine,
évéque de Tournai à la place de Pierre d'Auxy, avait été pourvu en 1380
de bulles régulières par Urbain VI ( Valois , La France et le grand
schisme, t. I, p. 261). C'était un grand derc, disent les chroniques du
temps {IsL et chr,, t. II, p. 175; dom Smet, Rec. des chr. de FL, t. III,
p. 273); il mourut en 1384 et fut enterré dans l'abbaye de Saint-Victor de
Waestmunster près de Termonde, revêtu de ses habits pontificaux {GaUêa
ehristiana, t. III, col. 229).
3. Les ambassadeurs qui vinrent recevoir leurs instructions de Phi-
lippe d'Artevelde étaient à Edelaere du 30 septembre au 2 octobre ; ils par^
tirent le 17 {RekeniTtgen, p. 32^30).
4. Ce Jean de Caumont semble devoir être nommé Raymond (P. An-
selme, t. IV, p. 481). Par contre, nous trouvons un Jean de Caumont, sans
doute frère de Nompar de Caumont (/M., t. IV, p. 470), écnyer en Flandre
et à l'Écluse en 1387 et 1388 {BibL nat.. Pièces wig. vol. 622).
SOHKAIRS DU DSUXliMS UVM, §$ 263-312. Lzxnt
Chandos, puis à Thomas de Felton. P. 263 à 265, 388, 389.
Perducat accepte la terre de Caumont et s*engage, lui et son
hoir, à servir le roi d'Angleterre contre tout ennemi, excepté
contre la maison d'Albret, dont il est issu. Il est mis en posses-
sion de sa nouvelle terre par le sénéchal de Bordeaux, Jean de
Neuville^, mais meurt bientôt, laissant son héritage à un jeune
cousin, Perducet, qui prend les mêmes engagements vis-à-vis
du roi d'Angleterre >. P. 265 à 267, 389.
Les ambassadeurs flamands sont reçus par le conseil du roi ;
ils demandent l'alliance de l'Angleterre et offrent au roi
100,000 hommes pour combattre les Français'; mais ils
tiennent avant tout à être remboursés des 200,000 vieux écus
prêtés autrefois par Jacques d'Artevelde^. Les seigneurs
t. Perducat d'Albret, que noas voyons le 6 mai 1381 rece?oir du roi
d'Angleterre la confirmation du don de la ville de Bergerac, qu'il avait
reçue précédemment du roi Charles V, se retrouve à la Rochelle, après
le 6 mai 1381 (Labroue, Le Uvre de vie, p. 154) et à Londres lors de l'in-
snrrection de 1381 (voy. plus haut, p. xxxi), reçoit le 6 septembre le don
de la baronnie de Gaumont et autres lieux (Aec. 0/f., Prk>y Seals 472,
o* 1901), après avoir reçu le 1*' du même mois les terres du seigneur de
Langoiran rebelle (Ibid., 471, n* 1897). Il reçoit le 25 octobre un don d'ar-
gent (itee. Off., Issue RolU 304, m. 5), le 6 mai 1382, le château de Ver-
teuil-de-Castelmoron (Labroue, p. 159); enfin, le 26 juillet de la même
année, 50 livres à valoir sur une somme promise par le roi Edouard. Cette
somme de 50 livres est délivrée à « Bertucato de la Brette de dominio
c Aqnitannie, nuper capto de guerra in servicio régis per gentes fran-
« cigenas, inimicos régis, et pro instante prisonario existenti » {Ree, 0/f.,
issue RoUs 305, m. 12). Sur Perducat d'Albret, alors qu'il était au service
de la France, voy. une note de Siméon Luce (t. YII, p. civ, note 2).
2. Li noie précédente montre que Perducat d'Albret ne mourut que
passé le 26 juillet 1382, an moins près d'un an après avoir été mis en
possession de la baronnie de Caumont.
3. Les ambassadeurs flamands étaient porteurs d'instructions que nous
résumons d'après le texte qu'en a donné Kervyn (t. X, p. 464-466). Ils
demandaient la confirmation des privilèges à eux accordés par les rois
d'Angleterre, l'établissement à perpétuité en Flandre de l'estaple de la
laine, la protection par une flotte anglaise du commerce que la Flandre
entretenait avec la Rochelle et autres villes du continent, le paiement
par termes de la somme de 140,000 livres sterling octroyées autrefois
aox Flandres par le roi Edouard, enfin l'expulsion hors du territoire
anglais des réfiigiés flamands. Les ambassadeurs recevaient des présents
dn roi à la date du 25 octobre 1382 (Rec. O/f, Issue RoUs 305, m. 3) et,
le 31, Jean Morewell les accompagnait jusqu'à Sandwich (Ibid.), comme
il l'avait fait précédemment pour une autre ambassade {Ibid. 306, m. 1),
et retenait des bateaux pour leur traversée {IHd. 305, m. 3).
4. A la date du 20 décembre 1382, Philippe d'Artevelde recevait du rai
LZZIY CHRONIQUES D£ J. FROISSilRT.
anglais trouvent les propositions quelque peu risibles et dif-
fèrent leur réponse. Les choses vont ainsi à bien pour le roi de
Francei qui se prépare à entrer en Flandre. P. 267 à 269, 390.
Charles YI fait relâcher le messager de Philippe d'Artevelde.
Échange de prisonniers entre la ville de Gourtrai et la ville de
Tournai. Philippe d'Artevelde, qui s'attend à être attaqué par
le roi de France, défend aux habitants de Tournai de venir
s'approvisionner dans les Flandres. P. 269 à 272, 390, 391.
Philippe continue à assiéger Audenarde, mais ne donne pas
Tassant; il espère affamer la ville et la prendre sans risquer de
faire tuer ses gens^ P. 272, 273, 391.
Le roi de France se résout à intervenir auprès des Flamands';
il envoie à Tournai Tévèque de Beauvais Milon de Dormans,
Tévéque d'Auxerre', Tévéque de Laon^, Gui de Honcourt' et
d'Angleterre une certaine somme à valoir sur les 100 marcs représentant
jusqu'au 14 novembre les arrérages d'une pension viagère de 12 sons par
jour à lui accordée autrefois par le roi Edouard III (Aec. 0/f., Issue
BoU$ 306, m. 9).
1. Au cours du siège, Philippe manqua de s'emparer de la ville sans
coup férir, car les chevaliers, se plaignant de ne pas recevoir leur solde,
étaient décidés à abandonner le service du comte. Les bourgeois inter*
vinrent, et grâce à un changeur de Valenciennes, Pierre Rasoir, les choses
restèrent en l'état. Voy. de longs détails sur cette négociation dans la
Chrani^M de Flandre de Froissart {Bibl. naL, ms. fr. 5004, fol. 138 r*-
142 V*). Pendant que les Gantois étaient ainsi occupés par le siège, nous
trouvons, à la date du 28 septembre, la mention d'un paiement fait par
le comte à un garçon qui aurait mis le feu au logis de Philippe d'Aite-
velde {Chr, rimée, p. 106). Cette maison n'est sans doute pas celle que
son père possédait à Gand place de la Calandre, à côté de l'hôtel de Mas-
mines (Kervyn, t. II, p. 537), et que l'on montrait encore au xv* siède
(Kervyn, t. IV, p. 473).
2. Malgré des avis contraires qui se manifestèrent jusqu'au dernier
moment, le roi, influencé par le duc de Bourgogne, qui plaidait la cause
de son beau-père {Chr. du ban due Loy$j p. 167), était décidé à interve-
nir dès le mois d'août; et le 18 il allait à Saint-Denis prendre l'oriflamme
qui fut remise à Pierre de Villiers {Reli0eux de SaM-Denis^ 1 1, p. 176).
Pendant ce temps, la campagne se préparait secrètement et sous l'appa-
rence d'un projet d'expédition en Angleterre. C'est ainsi que la compa-
gnie de Jean de Vienne, rassemblée à Orléans, ne prit qu'à la fin de
septembre le chemin du nord (Terrier de Loray, Jean de Vienne, p. 167).
3. L'évéque d'Auxerre, Guillaume d'Estouteville, fut transféré à Usieux
le 18 septembre 1382; son successeur, Ferri Cassinel, fut installé sur son
siège avant le 22 octobre 1382.
4. Pierre Aycelin de Montaigu.
5. Gui de Honcourt, chevalier, au service du duc d'Anjou en 1379, gou-
verneur du bailliage d'Amiens en 1385 (BUtl, nat, Clair, vol. 60, n*> 14 et
80MMAIBB DU DlUXliMB LIVBB, gg 263-312. LZXV
TMstan du Bos. Ces commissaires^ apprennent à Tournai de
Jean Bonenfant' et de Jean Piétart', qui se sont occupés de
l'échange des prisonniers avec Courtrai, que Philippe d'Arte-
velde ne veut point entendre parler de traiter avant la prise
d'Audenarde et de Termonde; mais^ confiant dans le bon sens
des Flamands, ils adressent à chacune des trois villes, Gand,
Bruges et Ypres, une lettre portée par un messager spécial.
P. 273, 274, 391.
Par cette lettre, datée du 16 octobre 1382, les trois bonnes
villes sont informées que le roi de France, désirant voir la paix
se rétablir entre le comte et son peuple, ne saurait tolérer Tal-
liance que les villes de Flandre pourraient contracter avec le
roi d'Angleterre. En conséquence, les commissaires demandent
un sauf-conduit leur permettant de mener à bien les négocia-
tions de paix. P. 274, 391, 392.
Les trois messagers arrivent et sont retenus prisonniers. Phi-
lippe, qui a lu la lettre à Gand, va la communiquer au seigneur
d*Herzeele sous les murs d'Audenarde. P. 274, 275, 392.
Réponse de Philippe, datée d'Audenarde, 20 octobre 1382 * :
63), était seignear de Laidain et de Fontaines, conseiller du roi (Bibl, nat. ,
Pièces orig. vol. 1530) en 1387, et plus tard l)ailli de Vermandois. Nous
lavons déjà mentionné à Béthune et à Ham en 1380 (t. IX, p. eu).
1. Ces commissaires, auxquels une chronique de Flandre ajoute Enguer-
ran de Hedin {Id, et ehr., t. II, p. 260), arrivaient en octobre à Tournai
(Cbronographiay t. III, p. 40) et demandaient par deux fois un sauf-con-
duit à Philippe d'Àrtevelde pour aller traiter avec lui, mais celui-ci refusa
insolemment une première fois de Gand à la date du 10 octobre, une
seconde fois d'Edelaere à la date du 14 {ht, et chr., t. II, p. 261-262).
Une autre rédaction note cependant que quelques-uns des commissaires
allërent à Audenarde parlementer avec Philippe (/Md., p. 207).
2. Jean Bonenfant, bourgeois de Tournai, premier échevin de Saint-
Brice en 1379, était marchand de vins (Kerryn, t. XX, p. 357).
3. Sur Jean Piétart, bourgeois de Tournai, tanneur, plusieurs fois
majeur des écherins de Saint-Brice, voy. Kerryn (t. XXII, p. 358-359).
4. Cette lettre du 20 octobre a été publiée par M. J. Vuylsteke dans les
Bekenmgen der Stad Cent (p. 461-463) d'après un ms. de Gand qui olfre
quelques variantes avec notre texte et modifie même le sens de toute une
phrase; c'est ainsi qu'à la p. 276, 1. 19-22, au lieu de mais il.,, entre
nous (leçon qui se retrouve à peu près semblable dans tous les mss.,
même ceux de la Chronique de Flandre ^ cf. Bibl. nat., fr. 5004,
fol. 145 r*), on lit dans le ms. de Gand : mais U vous samhUque, selone
nostre re^Mnue à votu sur ce envoiée que nous n'avons volenté de
entendre à la vojfe du traitée; sur quoff fermement sachiés que nul
fraUié n'enquerrés entre vous.
Lxxvi CHRONIQUES DB J. FR0I8SART.
il s'étonne que son souverain seigneur, le roi de France, veuille
aujourd'hui s'interposer en faveur de la paix, alors qu'il ne lui
a pas répondu naguères sur le même sujet. Aucun traité n'aura
lieu tant que toutes les villes et forteresses de Flandre ne
seront pas ouvertes au peuple flamand; jusque-là, tous les mes-
sagers seront emprisonnés. P. 275 à 278, 392, 393.
Cette lettre est confiée à un écuyer d'Artois qui avait été fait
prisonnier. Il la remet, à Tournai, à l'évéque de Laon et aux
autres commissaires royaux, qui la communiquent au prévôt
et aux jurés de la ville. P. 278 à 280, 393.
Voulant ne pas trop s'aliéner les gens de Tournai, Philippe
leur écrit quelques jours après (23 octobre), pour leur dire qu'il
désire vivre toujours en bonne amitié avec eux, qu'il regrette
de ne pouvoir encore mettre en liberté les messagers, mais
qu'il accorde toute facilité aux marchands pour trafiquer et
passer par les Flandres. P. 280 à 282, 393, 394.
Cette lettre est apportée à Tournai par un valet de Douai ;
elle est lue en présence des commissaires royaux, qui con-
seillent aux gens de Tournai de ne pas répondre aux avances
des Gantois, de crainte de mécontenter le roi de France et le
duc de Bourgogne. Trois jours après, les commissaires retour-
nent à Péronne^ auprès du roi et de ses oncles. P. 282, 283,
394.
La veille, le comte de Flandre était arrivé pour plaider sa
cause et faire hommage du comté d'Artois, qu'il venait d'hé-
riter de sa mère. L'orgueil des Flamands et leur désir de s'al-
lier aux Anglais décident le roi à soutenir les droits de son
nouveau vassal*.
1. Nous ne trouvons ni dans les Séjown de Charles VI ni dans les
lUnéraires de M. Petit la mention à cette date du séjour à Péronne du
roi ou du duc de Bourgogne.
2. « Pluiseur noble du conseil du roi ne consillèrent mie que li rois
« entreprinst le fait, pour ce que li Flaroenc estoient fort et douté, et
« pour ce qu'il sambloit à aucuns que H contes n'avoit mie en temps
« passé obey à la couronne de Franche dont il devoit le conté de Flandres
« tenir en pairie. » Ce qui décida l'intervention royale fut la promesse
que le comte ferait hommage de son comté au roi {Ist. et ehr,y t. Il,
p. 207). On feignait du reste de ne prendre aucune décision ferme, et il
fut convenu que le roi irait d'abord à Arras « et là se prendroit la condu-
it sion de ce qu'il devroit faire » (/M., p. 262).
SOmCAIBB DU DBUXIÈMB LIVRS, §§ 263-342. txxvu
Le comte retourne à Hesdin, et le roi appelle à Arras tous
les gens d*armes du royaume ^ P. 283 à 285, 394, 395.
Le comte s'occupe des vivres nécessaires à Tarmée royale'.
Le roi arrive à Arras', où le comte le rejoint; en recevant son
hommage^, il lui promet de le secourir en Flandre. P. 285,
286, 395.
Bien qu'il affecte de se moquer des entreprises du jeune roi
de France, Philippe d'Artevelde n'en appelle pas moins à Aude-
narde le seigneur d'Herzeele pour le remplacer, tandis qu'il
part pour Bruges et Ypres'. Craignant que les Français ne tra-
versent la Lys, il charge Pierre du Bois de garder le passage
de la rivière à Commines* et Pierre de Wintere de défendre le
1. C'est vers la mi-octobre, à Arras, que devaient se réunir les gens
d'armes (RHigieux de SaitU-DenU, t. I, p. 174). La Chronographia fixe
le rendez-Yous à Ck>rbie et à Péronne pour le 20 octobre (t. III, p. 39).
2. Quoi qu'en dise Froissart, la distribution des vivres fut moins qu'as-
surée et l'armée royale, ne recevant pas de solde, pilla la province d'Ar-
tois, abandonnée aux hommes et aux chevaux {Ist. et ehr., t. Il, p. 210;
cf. Chronographia, t. III, p. 41).
3. C'est de Compiègne que Charles VI partit pour la Flandre ; et avant
son départ, le 28 octobre, il écrivait une lettre au bailli de Rouen pour
presser l'envoi d'une troupe de 100 arbalétriers [Bibl. nat, Portefeuilles
Fontanieu, vol. 99-100, fol. 152-156). Les diverses chroniques fournissent
des dates différentes pour l'arrivée de Charles VI à Arras. D'après les
Séjours de Charles VI, le roi était les 30 et 31 octobre à Nesle, le i*' no-
vembre à l'abbaye de Saint^Nicolas d'Arrouaise et le 3 à Arras. Le prince
Louis, frère du roi, vint aussi à Arras, mais le conseil décida son éloi-
gnement, voulant assurer la succession au trône, au cas où il arriverait
malheur au roi (Isi. et ehr., t. II, p. 210-211). L'armée royale était forte
de 10,000 hommes, sans compter les arbalétriers, les gens de pied, les
troupes légères et les valets d'armée [Religieuœ de Saini-DenU, t. I,
p. 188).
4. C'est à l'abbaye de Saint-Nicolas d'Arrouaise, le 1*' ou le 2 novembre,
que le comte de Flandre « fist hommage au roy de toutes les terres qu'il
« devait tenir du roy et du royaume » {Ist. et chr., t. II, p. 210). Le
comte était du reste arrivé à Arras bien avant Charles VI, puisqu'à la
date du 26 octobre il donnait quittance en cette ville à Gilles Basin, son
panetier, d'une certaine somme empruntée pour lui {Chr. rimëe, p. 106).
5. D'après le Religieux de Saint-Denis (t. I, p. 190), le roi, avant de
commencer la campagne, fit sommation de déposer les armes et de ren-
trer dans le devoir à Philippe d'Artevelde, qui refusa. C'est sans doute
une allusion à l'échange de correspondances qui eut lieu précédemment
entre Philippe et les commissaires royaux.
6. Nord, arr. de Lille, sur la rive droite de la Lys; la partie belge de
la ville est sur la rive gauche.
Lzxvm CHRONIQUES DE J. FROISSART.
pont de Wameton, avec ordre de rompre les ponts d*Estaires^,
de la Gorgue^, de Merville^ et autres jusqu'à Gourtrai. Phi-
lippe pense ainsi empêcher le roi de France de pénétrer en
Flandre, jusqu'à l'arrivée des troupes anglaises, qui ne saurait
tarder. P. 286 à 288, 395, 396.
Un certain nombre de chevaliers et écuyers de la garnison
de Lille, 120 hommes environ, tentent, sous la direction du
Hase de Flandre, de faire une chevauchée. Us passent la Lys à
Menin^ et dévastent la ville, tuant et chassant tout devant eux;
mais au retour, assaillis par les paysans, ne pouvant se servir
du pont qui s'est brisé, ils perdent, tant tués que noyés, plus
de 60 des leurs, sans parler des blessés', parmi lesquels il faut
compter Jean de Jeumont. Le châtelain de Bouillon et Bou-
chard de Saint-Hilaire^ sont tués; Henri de Duffle^ se noie.
P. 288 à 291, 396, 397.
Tandis que Pierre du Bois démolit le pont de Commines,
Philippe apprend à Ypres la défaite des Français et s'en réjouît.
Pendant cinq jours, il harangue le peuple, lui faisant entrevoir
l'appui de l'Angleterre, et, confiant dans la fidélité des habi-
tants, il retourne au siège d'Audenarde en passant par Gour-
trai, où il se repose deux jours. P. 291, 292, 397.
t. Nord, arr. d'Hazebroack, sur la Lys.
2. Nord, arr. d'Hazebroack, au confluent de la Lys et de la Lawe.
3. Nord, arr. d'Hazebronck, sur la Lys. — Les escarmouches forent
nombreuses sur les bords de la Lys {Areh. nat, JJ 126, fol. 144).
4. Belgique, prov. de Flandre occidentale, sur la Lys.
5. Cette escarmouche doit se placer au moment où le roi avait déjà
quitté Arras. D'après une chronique française {Bibl. fuU., fr. 17272,
fol. 43 r*)) le Hase de Flandre était accompagné de Henri d'Antoing, maré-
chal du comte, du seigneur de Brugdam et de Guillaume, bAtard de Poi-
tiers, ayant avec eux 120 hommes d'armes. Ils passèrent la Lys et mirent
en fuite les Gantois, qui gardaient le pont de Commines ; mais, surpris
dans leur sommeil par 8,000 Yprois, ils perdirent 56 hommes d'armes et
durent se réfugier à Lille auprès du comte.
6. Sur ce personnage qui, en 1380, devant Péronne, fut fait prisonnier
par les Anglais (t. IX, p. eu), voy. Kenryn, t XXHI, p. 69.
7. Henri de Duille étoit fils de Gauthier de Duffle et d'Elisabeth d'Oos-
terhout (Kervyn, t. XXI, p. 118).
CHRONIQUES
DE J. FROISSART
CHRONIQUES
DE J. FROISSART
LIVRE DEUXIÈME.
§ 169. Encores ne savoient riens li Englès, qui
avoient passet le rivière de Sartre en grant péril, de
la mort dou roi de France ; et estoient logîet à Noiion
8118 Sartre, et là se rafresquirent et reposèrent deus
nuis et un jour. Au second jour, il se deslogièrent et 5
s'en vinrent à Poilli, et là se logièrent à deus petites
lieuwes de Sablé. Et estoit tous li pooirs de France en
la citté del Man[s] et là environ, mais il ne faissoient
que costiier les Englès, et dissoient li aucun que on
les combateroit. Quant les nouvelles vinrent as uns iO
et as aultres que li rois de France estoit mors, adont
se desrompi li pourpos des François, car piuiseur
grant baron, qui estoient en le poursieute des Englès,
se deslogièrent, et s'en revinrent en France pour
savoir des nouvelles. Et demorèrent li Englès à Poilli 15
trois jours; au quatrime jour, il se deslogièrent et
X— 1
2 CHRONIQUES DS J. FROISSART. [1380]
s'en vinreot tout souef jusques à Saint Pière d*Arve, et
là se logièrent. A rendemaio passèrent il la rivière
d'Ârve, et vinrent logier à Àrgentré, et passa Tost à
Tendemain la rivière del Mainne parmi uns marescages,
5 que il ne pooient aller que deus ou troi de front le
plus dou chemin, qui bien dura deus lieuvires. Or
regardés se 11 François seuissent che convenant et que
il euissent assailli Tavant garde, li arrière garde ne le
peuist avoir conforté, ne li avant garde l'arrière garde.
10 Et se doubtèrent moult li Englès de cel affaire ; tou-
tesfois il passèrent et vinrent logier à Kossé, et là
furent quatre jours en iaulx repossant et rafresquissant
iaulx et leurs chevauh:, et esperoient tous les jours
à oïr nouvelles de Bretaigne.
15 Li dus de Bretaigne se tenoit en Hainbon en la
marce de Venues, et ooit bien tous les jours nouvelles
des Englès, comment il aprochoient durement Bre-
taigne. Si ne savoit encores comment il se cheviroit, car,
quant on li recorda le mort dou roi de France, il l'eut
20 tantos passé et n'en fist conte, car il ne l'amoit que
un petit, et dist adont à ceulx qui dalés li estoient :
c La rancune et haïnne que je avoie au roiaulme de
France, par le cause de ce roi Gharle mort, est bien
afoiblie la moitié, et tels a haï le père, qui amera le fil,
25 et tels a guerriiet le père, qui aidera le fil. Or fault que
je m'aquitte envers les Englès, car voirement les ai ge
fait venir à ma requeste et ordenanoe et passer parmi
le roiaulme de France, et me fault tenir ce que je leur
ai proumis. Or i a un dur point pour moi et pour
30 eulx, car j'entens que nos bonnes villes de Bretaigne
se doeront ne point dedens ne les laisseront. > Âdont
appella il aucuns de son conseil et diiaulx où il
[1380] LIVU DSUXliME, § !69. 3
aToit la grignour fiance, le signeur de MoDtboudiier,
c'oD dist messire Bertram, mesaire Estiène Guioo,
mesaire Guillaume de Taonegui, messire Datasse de la
Housoie, messire Joflfroi de Garesmiel et Tesleu de Lion,
et leur dist : c Vous chevaucherés deviers rnoosigneur 5
de Bouquighem qui aproce durement che pals. Vous
le trouvères, je le croi assés, à l'entrée de ce pals :
vous me recommanderés à lui et me saluerés tous les
barons, et leur dires de par moi que tempreraent je
serai à Rennes à rencontre de euU, et que il tiennent lo
che chemin, et là arons nous ensamble avis et orde-
nance comment nous nous maintenrons. Et leur dites
bien que je ne treuve pas mon païs ou convenant où
il estoit quant je envoiai en Engletière, dont il me
desplaist grandement, et par especial de chiaubt de 15
Nantes, qui sont plus rebelle que nuls des aultres. »
Ghil chevalier respondirent que volentiers il feroient
die message. Si se départirent dou duc et de Hainbon,
et chevauchièrent deviers Rennes, et estoient environ
soissante lances. 20
Et li Englès partirent de Rossé, quant il s*i furent
repossé quatre jours, et entrèrent en la Torrest de
Gravielle et le passèrent au travers, et s'i logièrent
une nuit et un jour; et à Fendemain il vinrent à
[Vitré] en Bretaigne. Là furent il plus assegur que il 26
n'euwissent esté en devant, car bien savoient que il
ne seroient plus poursieuwi des François, enssi comme
il avoient esté en devant. De [Vitré] en Bretaigne, où
il furent trois jours, vinrent il à Chastel [Bourg] en
Bretaigne, et là se logièrent et arrestèrent pour le 30
cause des chevaliers dou duc de Bretaigne, qui leur
vinrent là à rencontre.
i
4 CHRONIQUES DB J. FROtSSÀRT. [1380]
§ 1 70. Li contes de Bouquighem et li baron d'Eogle-
tière requeilièrent les chevaliers dessus oommés, mes-
sagîers dou duc de Bretaigne, moult honnerable-
ment ; et là eurent grans conssaulx et grans parlemens
5 ensamble : et missent li Ënglès en termes que moult
s'esmervilloient de cbe que li dus de Bretaigne et li
païs de Bretaigne n'estoit aultrement apparilliés que
il ne monstroient de iaulx requellier, car, à leur
ordenance, requeste et priière, il estoient là trait et
10 venu, et pris celle painne, et passé parmi le roiaulme
de France. Li sires de Montbouchier respondi pour
tous en escussant le duch, et dist : c Mi signeur, vous
avés cause et raison de mouvoir che que vous dites,
et est li dus en grant volenté de tenir et acomplir les
15 ordenances et convenances que il a à vous et vous à
li, selonc son loial pooir; mais il ne puet pas faire de
ce païs sa volenté, et par especial chil de Nantes, qui
est la clef de Bretaigne, [sont] à présent [tous rebelles]
et se ordonne[nt] à requellier gens d'armes de le partie
20 des François, dont messires est tous esmervilliés, car
che sont cil qui premiers scellèrent avoecques les autres
bonnes villes de Bretaigne ; et croit messires que cil
de Nantes soient en nouviel traitiet entre le jone régent,
lequel on doit à ceste Toussai ns couronner. Si vous
25 priie, messires, que vous Taiiés [pour] escusé de toutes
ces coses, et oultre il vous mande par nous que vous
tenés et prendés le chemin de Rennes, car temprement
ils venra contre vous et a très grant désir de vous
veoir, et à tout che n'ara nulle deffaute. » Ces paroUes
30 contemptèrent grandement le conte de Bouquighem
et les Englois ; et respondirent liement en dissant enssi
que li dus de Bretaigne ne pooit miex dire. Si se
[1380] UTRB DEUXIÈMI, § 170. 5
départirent enssi oontempt li un de l'autre, et s'en
retournèrent li message dou duch deviers Hainbon,
et trouvèrent le duch à Venues. Et li Englès se tinrent
à Ghastiel [Bourg] quatre jours, et puis s'en partirent
et vinrent logier ens es fourbours de Rennes. Et 5
estoient les portes de la citté de Rennes closes que
on n'i laissoit nul homme d'armes entrer, mais li
contes de Bouquighem i fu logiés, et li sires de Latî-
nier, messîres Robers GanoUes et cinc ou sis baron
seullement dou conseil dou duch ; et furent là plus de iO
quinse jours en attendant tous les jours nouvielles dou
duc de Bretaigne, qui point ne venoit, dont il estoient
esmervilliet. Dedens la citté de Rennes estoient li sires
de Montraulieu, li sires de Montfort en Bretaigne, mes-
sires Joffrois de Karemiel, messires Âlains de la Hous- 15
soie, cappitaine de Rennes, et messires Ustasses, ses
frères, et escusoient tous les jours ce qu'il pooient le
duch de Bretaigne, ne sai se c'estoit à bonne cause ou
non, mais li Englès se commenchièrent mal à contemp-
ter de che que point ne venoit. 20
Ghil de Nantes qui se tenoient tout clos et n'estoient
pas bien assegur des Englès qui estoient logiet à
Rennes, envoiièrent deviers le duch de Ângo, qui avoit
fait tous leurs tretiés et par lequel la grignour partie
dou roiaulme de France se demenoit pour le tamps 25
de lors, en remonstrant que il n'estoient mies fort
assés de eulx meïsmes de iaulx tenir, garder ne def-
fendre, se il avoient siège ou assaut, sans estre pour-
veu de bonnes gens d'armes : si prioient que il en
fuissent rafresqui. A ceste requeste obéirent tantos li 30
quatre duch qui avoient en gouvrenement le roiaulme
de France, Ângo, Berri, Bourgongne et Bourbon, et
6 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1380]
i envoiièrent plus de sis cens lances de bonnes gens
d'armes et toutes gens de fait et de grant vaillance,
Enssi furent cil de Nantes reconforté et rafresqui, et
ces gens d'armes entendirent à remparer de toutes
5 pars la ville et de mettre en bon estât pour atendre
siège ou assaut, se il leur venoit.
§ 1 71 . Li Englès, qui se tenoient à Rennes et là
environ, se commenchièrent à merancollier sus le duc
que point ne venoit, et eurent conseil que on envoiieroit
10 deviers lui. Si furent ordonné de aller messires Robers
Ganolles, messires Thumas de Persi et messires Thu-
mas Trivès, et si fort que atout cinc cens lances, pour
descouvrir et desrompre toutes enbusques qui leur
poroient de nul costé sourdre ne venir. Ghil troi baron
15 et leurs routes se départirent de Rennes, et se missent
au chemin en tel bataille que de cinc cens lances et
otant d'archiers, et partirent un joedi, et li hoos le
samedi enssieuant. Et vint li contes de Bouquighem
logier à Saint Souplis en Bretaigne, et là demora trois
20 jours, et puis vint au quatrime jour à [Ciombourg] en
Bretaigne, et là demora quatre jours. Li dus de Br^
taigne, qui estoit partis de Hainbon et venus à Venues,
savoit tous les jours les convenans des Englès, car ses
gens, qui se tenoient en la citté de Rennes, li sene-
25 Soient : si s'avisa, tout considéré, que il venroit par-
ler à iaulx, car, à son honneur et selonc les grans
aliances que il avoient ensamble, ils ne les pooit lon-
guement démener. Et entendi que messires Rebiers
GanoUes, messires Thumas de Persi et messires Thu-
30 mas Trivès venoient deviers li : si se mist au chemin
pour venir viers Rennes et encontra, die propre jour
[1980] UVBS DBUXlÂia, g 171. 7
qae il se parti de [Yennes], les chevaliers d'Eogletière.
S se fissent grans reoonnissaDces sus les camps, et
demanda li dus de Bretaigne dou conte de Bouquighem.
li chevalier respondirent que il l'avoient laissiet à
Rennes tout merancolieus de che que il n'ooient nuUes 5
nouvelles de li. Li dus s'escusa, et dist par sa foi que
il ne Favoit peut amender. Adont chevauchièrent il
tout ensamble, et fiiissent bien venu à Rennes che
jour, mais il entendirent que li Englès estoient à [Gom-
bourg] pour venir à le Heidé, et là se logièrent et à 10
la Maisière, car il tournèrent che chemin. A Tendemain
vinrent li contes de Bouquighem et ses routes à le
Heidé, et là se logièrent, car il entendirent que li dus
de Bretaigne venoit : si ne voidrent aller plus avant.
Là vinrent li dus de Bretaigne et ses consaulx : si 15
s'entrecontrèrent li dus et li contes de Bouquighem
ensamble, et se monstrèrent grant amour, et s'escusa
li dus de Bretaigne moult bellement au conte et as
Englès de che que il avoit tant demoret à non venir,
car il ne trouvoit mies voirement tout tel son pals que 20
il li avoient proumis au commenchement de Testé.
Dont respondi li contes et dist : c Biau frère de Bre-
taigne, pour ce ne demora il mies, se vous volés, que
nous ne oorigons les rebelles, car, avoecques Taide et
le poissanche que vous avés et que nous avons et qui 25
tous les jours nous puet venir d'Engletière, nous sous-
metterons si vos subgés que il seront tout aisse quant
il poroot venir à merchi. » De tels parolles et de plui-
seurs autres parlementèrent il longement ensamble,
et puis se traïst cascuns à son hostel. Meïsmement à 30
Tendemain il chevauchièrent tout doi ensamble, et
vinrent à la Massière, et là disnèrent tout doi ensamble
s CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [1380]
en grant joie, et parlèrent apriès dîsner de leurs
besongoes moult longement ensamble; et fîi adont
ordonné que li consaulx dou conte s'en iroit à Rennes
avoecques le duch, et là ordonneroient il et conclui-
5 roient finabtement toutes leurs besongnes. Si demora
che soir li dus de Bretaigne et li consaulx dou conte
à le Massière, et li contes retourna à ses gens à le
Heidé, car il estoient tout là logiet [etj environ le Ma-
sière, et Tendemain li dus de Bretaigne s'en retourna à
10 Rennes, le signeur Latinier, messires Robers Ganolles,
messires Thumas de Persi, messires Thumas Trivet et
le conseil dou conte en sa compaignie. Si furent trois
jours à Rennes, tondis consillans leurs besongnes.
§ 17SI. A che darrain conseil fu acordet, juret et
15 fianciet sus saintes evangilles dou duch de Bretaigne,
que il venroit [devant] Nantes mettre le siège, en le
compaignie dou conte de Bouquighem, quinse jours
apriès che que li Ënglès seroient là venu, et feroit li
dus de Bretaigne venir et amener par le rivière de
20 Loire barges et balengiers à plenté, pour mieulx cons-
traindre par la rivière ceulx de Nantes, et ne s'en
partiroit, ils ne ses gens, si seroit Nantes prisse. Pour
toutes ces coses entériner et affirmer plus plaine-
ment et que li contes de Bouquighem iust à ces obli-
25 gâtions prendre et faire, ses consaulx le renvoiia
querre à le Heidé, où il estoit logiés et toute li hoos.
Si se deslogièrent et s'en vinrent logier eus es four-
bours de Rennes, enssi que autre fois il avoient esté
logiés. Si entrèrent li contes et li baron en Rennes,
30 et là leur donna li dus de Bretaigne à disner moult
grandement. Là eut li dus de Bretaigne en convenant
[1380] LIVRE DEUXIÈME, § 473. 9
et jiira sur sa foi solempnellement et sus saintes
evangilles que il venroit à tout son pooir devant Nantes.
Et sur cel estât il se parti et se retralst vers Hainbon ;
et K contes de Bouquighem et li Englès demorèrent
à Rennes et furent depuis bien quinse jours en orde- 5
nant leurs besongnes.
De toutes ces coses estoient bien enfourmet et
avisset chiaux de Nantes, que il dévoient avoir le
siège : si se ordonnèrent selonc che, et uns des plus
grans capitainnes qui fust en Nantes, c'estoit messires 10
Jehans li Barois des Bares, uns vaillans et appers
chevaliers. Âvoecques li estoient li cappitainne de Cli-
çon, Jehan de Gastiel Morant, Morfouace, messires
Jehans de Halatrait , Tournemine et moult d*autres,
toute fleur de gens d'armes, liquel se pourveSrent 15
sagement et biellement de tout ce que il leur conve-
noit, tant à rencontre de la rivière que des portes,
des murs et des tours, qui regardent sus les camps
de celle part où il pensoient à avoir le siège.
Nous meterons ches besongnes ichi un petit en res- 20
pit, et parlerons de Tordenanoe dou couronnement
dou jone roi Gharle, qui fu en celle saison couronnés
à Bains.
§ 173. Vous devés savoir que riens ne fu espai^niet
de noblèces et de signouries à faire au couronnement 25
dou jone roi Gharle de France, qui fu couronnés à
Bains le jour de un diemence, ou dousime an de son
eage, en Tan de grâce Nostre Signeur mille trois cens
et quatre vins. Â la solempnité de son couronnement
heut grant fuisson de haulx signeurs ; si quatre oncle 30
i furent, Ângo, Berri, Bourgongne et Bourbon, et
10 CHB0NIQUX8 DK J. FH018SART. [1380]
osai ses grans oncles, li dus Winchelios de Braibant,
ti dus de Bar, li dus de Loraione, li contes de Savoie,
li contes de la Harce, li contes d'Eu, messires Guil-
laumes de Namur ; li contes de Flandres et li contes
5 Jebans de Blois s'escusèrent. Finablement il i ot trop
grant fuisson de grans seigneurs : jamais je ne les
aroie tous nommés. Et entra li jones rois en la cité
de Bains le samedi à heure de vespres, bien acompai-
gniés, che poés vous savoir, de toutes noblèces de
iO hauts signeurs et de menestraudies; et par especial
par devant li il i avoit plus de trente trompètes qui
sonnoient si cler que mervelles. Et descendi li jones
Charles de France devant l'eglisse de Nostre Dame de
Bains, si oncle et ses firères en sa compaignie. Là
15 estoient si cousin, tout jone enffant ossi, de Navare,
de Labreth, de Bar et de Harcourt, et grant fuisson
de autres jones escuiers, enffiains de haulx barons dou
roiaulme de France, lesquels li jones rois à Tendemain,
le diemence, le jour de son couronnement, fist tous
20 chevaliers. Et ol che samedi li rois les vespres en
Teglise Nostre Dame de Bains, et villa en l'église, enssi
que usages est, la grigneur partie de la nuit, et tout
li enffiint qui chevalier voloient estre avoecques lui.
Quant che vint le diemence, dont le jour de la Tou-
25 sains avoit esté le [joedi] devant, li église Nostre
Dame fu parée si très richement que on ne saroit miés
ordonner ne deviser, et là fu à haute solempnité de la
haute messe de l'archevesque de Bains sacrés et beneïs,
ch'est de la sainte ampoule, dont mesires sains Bemis
30 consacra Glovis, le premier roi qui fu en France, et fu
ceste unction envole de Dieu et des cbiaux par un
saint angle, et depuis tousjours li roi de France en
[4380] UVBB DSUXliia, { i73. H
ODt esté coosacré, et point s'amenrist. Or regardés se
c*e8t disoe cose et Doble !
Avant le oonsacration, li rois fist là devant l'autel
tous les Jones chevaliers nouviaulx. En apriès, on fist
Tofiisse de le messe très solempnellenient et très rêve- 5
ranment, et le canta li aroevesques de Rains. Et là
seoit li Jones rois en abbit roial en une caiière eslevée
moult haut, parée et vestie de draps d'or si rices que
on les pooit avoiis et tous li jone nouviel cheva*
lier desouls, sus bas escamiauk couvers de draps d'or, 10
à. ses pies. Enssi se persévéra U offices en grant
noblaice et disnité ; et là estoit li nouviaulx connes-
tables de France, messires Oliviers de Gliçon, qui
avoit esté fais et créés connestables puis un petit, qui
bien faisoit son ofiBce et ce qui à lui apartenoit. Là i5
estoient li haut baron dou roiaulme de France, vesti
et paré si ricement que mervelles seroit à recorder,
et seoit li rois en majesté roial, le couronne très rice
et oultre mesure presieuse ou chief • Li église de Nostre
Dame de Rains fu, à celle heure de le messe et de le 20
solempnité, si plaine de nobles que on ne savoit son
piet où tourner. Et entendi que, adont ou nouviel
avent dou jone roi et pour resjolr le peuple parmi le
roiaulme de France, toutes impositions, aides, gabelles,
fouages, sousides et autres coses mal prisses, dont 25
li roiaulmes estoit trop blechiés, furent abatues, quit-
tées, ostées et aliennées, et fu grandement à le con-
templation et plaissance dou peuple.
Apriès le messe, on vint au pallais, et pour ce que la
salle dou pallais estoit petite pour recepvoir tel peuple, 30
on avoit enmi la court dou pallais, où il i a grant
place, tendu un hault et grant [tref] sus hautes estaces ;
12 CHRONIQUES DB J. FROI88ART. [1380]
et là ftt li disners fais et ordonnés, et sissent li jones
rois de France et si cinc oncle, Braibant, Ângo, Berri,
Bourgongne et Bourbon, à sa table et bien en sus de
li. Et li arcevesques de Rains et aultres prelas seoient
5 à sa destre, et servoient haut baron : li sires de Gou-
chi, li sires de Gliçon, messires Guis de la Tremoulie,
li amirauhc de France, et enssi des aultres, sus haulx
destriers couvers et parés de draps d'or. Enssi se
continua en toutes honneurs la journée, et à Tende-
10 main, le lundi, moult de haulx signeurs prissent con-
giet au roi et à ses oncles, et s'en retournèrent en
leurs païs. Si' vint li rois che jour disner en Tabbeïe de
Saint Teri à deus lieuwes de Rains, car chil de laiens
li doivent ce pas, et cil de la citté de Rains le sacre
15 dou roi. Enssi se départi ceste noble et haute feste de
la consacration dou jone roi Gharlle de France, et s'en
vint li rois à Paris, où il fu des Parisiiens de rechief, à son
retour et à l'entrer en Paris, très grandement festiiés.
Âpriès toutes ces festes, ces solempnités et ces hon-
20 neurs, il eut grans consaulx en France sus Testât et
gouvrenement dou roiaulme, et fu ordonné que li dus
de Berri aroit en gouvrenement toute le Langhedock,
li dus de Bourgongne toute Pikardie et Normendie, et
li dus d'Ângo demoroit dallés le roi son nepveut, et
25 aroit principaument et roiaulment l'aministration et
gouvrenement dou roiaulme. Âdont fu li contes de
Saint Pol rappelles, qui en devant avoit esté eslongiés
de la grâce dou roi Gbarle mort, et li fist à Rains li
dus de Braibant sa besongne et li dus d'Ango, en
30 laquelle grâce et amour li contes de Saint Pol estoit
grandement. Si se départi de Han sus Heure séant en
l'evesquiet de Liège, où il s'estoit tenus un grant
[1380] UVftB DBUXIAmB, S 174. 13
tamps, et s'en revint en France, et amena sa femme
ens ou castiel de Bohain ; et se déportèrent toutes les
mains misses de ses terres et retournèrent toutes en
son pourfit.
Nous nous cesserons un petit à parler des beson- 5
gnes dessus dites, et retournerons as incidensses de
Bretaigne et au conte de Bouquighem.
§ 174. Vous savés comment les convenances et
ordenances furent prisses et jurées entre le duc de
Bretaigne et le conte de Bouquighem de venir asseoir 10
Nantes. Quant li dus de Bretaigne fu partis de Rennes,
le signeur de llontbouchier, messire Estièvene Guion,
le signeur de Montraulieu, le signeur de la Houssoie
et son conseil en sa compaignie, il se retraïssent vers
Vennes et vers Hainbon, et li contes de Bouquighem 15
et ses gens s'ordonnèrent pour venir devant Nantes,
et se départirent des fourbours de Rennes et des vilr
lagcs là environ où il estoient logiet, et se vinrent che
jour logier à Gastillon, et à Tendemain à Bain, et le
tierch jour che fu à Nasçay, et au quart logeïs il vin- 20
rent logier ens es fourbours de Nantes, et fu li contes
de Bouquighem logiés à le porte de Sauvetout, et li
sires de Lattinier, connestables de Toost, et li sires de
Fil Watier et li sires de Basset furent logiet à le porte
de Saint Pière, et messires Robers Ganolles et mes- 25
sires Thumas de Persi logiet à le porte de Saint
NicoUai, tout sus la rivière, et messires Guillaumes de
Windesore et messires Hues de Gavrelée à le posterne
de Ricebourc. Ënssi estoient cil baron logiet entre
leurs gens et moult honnerablement, car c'estoit au 30
plus priés par raison conune il pooient.
14 GHR0NIQUB8 DB J. FROISSART. [1380]
Dedens la ville avoit grant fuisaoo de bons cheva-
liers et esouiers de Bretaigne^ de Biausse» d'Aogo et
[du Mainne], qui songnoieut de la ville et le gardoieot
très bien, et en avoient dou tout le fais et la carge,
5 ne cil de la ville ne s'en ensonnicuent en riens. Et
a vint que le nuit Saint Martin, messires Jehans li
Barois des Bares esmeut aucuns de ses oompaignons
qui là dedens estoient, et leur dist : c Biau signeur,
nous sentons nos ennemis priés de chi, et encores ne
10 les avons nous resvilliés. Je conseille que en la bonne
nuit nous les alons veoir et escarmuchier. > — c Par
ma foi, respondirent cil à qui il en parla, vous par-
lés loiaument; et [est] ce que nous devons faire, et
nous le voilons. > Âdont se quellièrent il sus le soir,
15 et armèrent iaulx sis vins, toutes gens de fait ; si fis-
sent ouvrir le porte de Saint Pière, et li oonnestables
et li sires de Basset et li sires de Fil Watier [i] estoient
logiet, et missent bonnes gardes à le porte pour le
retraite. Si estoient cappitainne et meneur de ces gens
20 d'armes li Barois des Bares, Jehans de Gastel Morant
et li cappitainne de Gliçon, et vinrent si a point au
logeïs des dessus dis que il seoient au souper, et
avoient leur cri : c Les Bares ! > Si entrèrent en ces
logeïs, et commencièrent à ferir et à abatre et à
25 mehaignier gens. Tantos U Englès furent sailli sus et
pourveu de leur fait, et se rengièrent devant leurs
logeïs. Quant li François en veïrent le manière, il se
retralssent et tinrent tout ensamble moult sagement,
et retournèrent vers leur ville; et Englès de toutes
30 pars commenchent à venir à Tescarmuce* Là en i
ot de boutés et reboutés et abatus de une part et
d'autre, et furent mis li François en leurs barrières.
[4380] Wta MinCliMB, s ^75. <5
Si en i ot des mors et deê blechiés de une part et
d*autre ; mais li BarroiB des Bares et ses gens ren-
trèrent en la ville à petit de damage, et tint on dedens
et dehors oeste escarmuche à bonne et belle.
§ 175. Quant die vint le jour Saint Martin au soir, 5
li Barrois des Bares parla as compaignons et leur
dist : c Ghe seroit bon que demain, au point dou
jour, nous [eussions] pourveu sis ou set gros batiaux,
et deus cens hommes et cent arbalestriers, et par la
rivière nous alissoos visseter nos ennemis ; il ne se 10
donnent de nous à garde de che costé. » Tout furent
de son accord, et se quellièrent celle propre nuit le
somme de gens que li Barois avoit nommés, et eurent
pourveu siis gros batiaux. Devant le jour il entrèrent
ens et, sans faire friente, il naviièrent contreval la 45
rivière, et prissent tière au desoulx des logels. Mes*
sires Jehan de Harieston et ses gens estoient logiet
assés priés de là en un grant hostel ; là vinrent droit
sus le point dou jour li François, qui l'environnèrent
et commenchièrent à asaillir. Messires Jehans de Har- 20
leston fu tantos aparilliés et armés, et ossi furent ses
gens; si se missent à deffense moult vaillanment, et
archier à traire contre ces arbalestriers. Là eut escar-
muce forte et dure et des navrés et bledés, et vous di
que li hostels euist esté prins et conquis, mais mes- 25
sires Robers Ganolles, qui estoit logiés assés priés de
là, le sceut ; si s'arma et fist armer ses gens et des-
voleper sa banière , et se traïst moult coiteussement
celle part. D'autre part, messires Guillaumes de Win«-
desore, qui en fu segnefiiés, i vint et ses gens ossi S9
tout le cours, et tondis venoient Englès et sourdoient
16 OHRONIQUBS DE J. FE0I8SART. [i380J
de tou8 oostés. Adoot se retralsseot li François sus le
rivage et vers leurs batiaulx, quant il velrent que faire
leur convenoit ou rechepvoir grant damage. Là ot sus
le rivage, au rentrer ens es batiaulx, grant escarmuce,
5 et moult vaillanment se portèrent les cappitainnes et
i fissent des grans apertisses d'armes, et furent auques
des darrains rentrans. Toutesfois il en i ot au rentrer
des François pris, mors et noiiés, et retournèrent à
Nantes. Enoores tinrent ceste emprise tout cil qui en
10 olrent parler de une part et d'autre, à grant harde-
ment et grant vaillance.
§ 176. Quant li Englès se perchurent que cil de
dedens les resvilloient si souvent, si eurent conseil
entre iaulx que il seroient mieulx sus leur garde que
15 [il] n'avoient esté et feroient bon gais. Dont il avint
une nuit, le setime jour apriès que messires li Barois
avoit escarmuchiet sus la rivière, ils issi de recbief
sus la nuit à le porte où li contes de Bouquighem estoit
logiés, et avoit li Barois en se compaignie environ
20 deus cens hommes d'armes et cent arbalestriers.
Celle nuit faissoient le ghait li Âllemant, et estoient
leurs cappitainnes messires Âlghars et messires Thu-
mas de Rodes ; si s'en vinrent ferir les gens le Bar-
rois et ils meïsmes tout devant et Jehans de Gastiel
25 Morant et la cappitainne de Gliçon sus ce gait entre
ces Allemans. Là eut grant escarmuce et dure et des
abatus à tière ; dont se levèrent cil qui couchiet estoient
ou logels dou conte, et s'armèrent et se traïssent tout
de celle part où li escarmuce estoit. Quant li Barois
80 des Bares et cil qui avoecques lui estoient issu, per-
churent que force leur sourdoit trop grande, si se
[1380] LIVU DBUXlàMB, S i77. 17
retraissent deviers le porte en combataat, en traiant
et en escarmuchant ; si en i ot pluiseurs dou trait blechiés
et navrés de une part et d^autre, et par especial mes-
sires [Thumas] de Rodes, uns chevaliers de Aile-
maigne, fu trais d*un vireton et perchiés tout oultre le 5
bachinet parmi la teste, douquel cop il morut trois
jours apriès, dont che fu damages, car il estoit moult
appers chevaliers. Si rentrèrent li François et li Bre-
ton en Nantes à point de damage, et eurent sis prison-
niers. Et demora la cose en cel estât, et tousjours li 10
Englès sus leur garde, car toutes les nuis il n'atten-
doient autre cose que de estre resvilliet.
§ 177. Enssi se tenoient là devant Nantes à siège li
contes de Bouquighem et ses gens, et attendoient tous
les jours le duck de Bretaigne, que point ne venoit ne 15
de ce que juret et proumis leur avoit, riens ils n'en
tenoit; dont il estoient tout esmervilliet à quoi il pen-
soit, car de li il n'ooient nulles nouvelles. Bien envoiiè-
rent par devers li aucuns messages et lettres, qui
remonstroient que il faissoit mal, quant il ne tenoit 20
les convenances telles que il avoit jurées par sa foi
à tenir et acomplir en la citté de Rennes, mais de
toutes les lettres que li contes de Bouquighem i
envoiia, onques n'en eut response, et suposoient li
Englès que leur messagier estoient mort sus le che- 25
min, car nuls n'en retournoit. Et voirement aloient il
en trop grant péril et toutes gens ossi, se il n'estoient
dou pals et bien acompaigniet, entre Nantes et Hain-
bon, car li chemin estoient si priés guettié des gens
dou pals que nuls ne pooit passer que ils ne fust pris 30
et que on ne seuist quel cose il querroit et voloit ; et,
x-2
18 CHRONIQUES DR J. FROISSART. [1380]
se il portoit lettres des Englès au duc et dou duc as
ËDglès, il estoit mors. Âvoecq tout ce H fourrageur de
Toost n'osoieut chevauchier sus le pals en allant à fou-
rage fors en grant route, car li chevalier et li escuier
5 dou païs estoient quelliet ensamble et ne voUoient
nullement que leurs terres fuissent foullées ne cou-
rues, siques, quant il trouvoient dis ou vint ou trente
variés, il les ochioient ou leur tolloient le leur et lors
chevaulx, et les batoient et navroient, ne on n'en pooit
10 avoir autre cose; dont cil de Toost estoient moult
courouchiet et n'en savoient sur qui prendre l'amen-
dement. Au voir dire, li dus de Bretaigne tiroit trop
fort que il peuist avoir ses gens d'accord pour venir
aidier à mettre le siège devant Nantes par le tière et
15 par le rivière, enssi que ordenance se portoit et que
en couvent il l'avoit eu à Rennes au conte de Bou-
quighem, mais il n'en pooit venir à chief, et dissoient
baron, chevalier et escuier que ja il n'aideroient à
destruire leur tère pour le guerre des Englès, ne, tant
20 que li Englès fuissent en Bretaigne, il ne s'armeroient
avoecques lui. Et li dus leur remonstroit pour-
quoi dont avoient il consenti et ordonné de commen-
chement au mander les Englès. Il respondoient que
ce avoit esté plus pour donner cremeur au roi de
25 France et à son conseil, affin que il ne fuissent mené
fors as anciiens usages, que pour autre cose, et, ou
cas que li rois de France ne leur voelt que tout bien,
il ne li voellent point de guère. Autre cose ne autre
response n'en pooit li dus avoir.
30 D'autre part, li sires de Gliçon, connestables de
France, li sires de Dignant, li sires de Laval, li
viscontes de Roem, li sires de Rocefort et tout [li]
[1380] UTRB DBUXliMB, $ 478. 19
grant baron et haut et poissant ou pals de Bretaigne
se tenoient tout ensamble, leurs villes et leurs cas-
tiaulx dos et bien gardés, et dissoient au duck ou fais-
soient dire par leurs messages, que bien s'avisast, car
il avoit esté simplement oonsilliés d^avoir mandé les 5
Englès et de [les] avoir mis ou pais pour guerriier et
destruire sa terre, et que nuls confort il n*aroit d'euls ;
mais, se il aloit devant Nantes à siège, enssi que on
avoit entendu que il le devoit faire, il li destruiroient
sa terre à tous lés, et li donroient tant d*empeche- iO
ment que il ne saroit auquel lés entendre ; mais se
vosbt recongnoistre et remettre en Tobbelssance dou
roi de France, enssi que faire le devoit et que tenus
i estoit, et il se faissoient fort, et porteroient oultre,
que il li feroient sa pais envers le jone roi de France. 15
Et li remonstroientencorestels parolles, en dissant enssi
que tels avoit en contrecorage le roi Gharle mort, qui
venroit et demorroit grandement en Famour dou jone
roi son fil. De toutes tels coses des plus haus barons
de Bretaigne estoit li dus servis ; si ne savoit au voir ÎO
dire auquel pour le mieulx entendre, car il ne le trou-
voit nul segur estât en ses gens ; [si] le convenoit di-
simuller, vosist ou non. Et toudis se tenoit li sièges
devant Nantes.
§ 178. Le jour Nostre Dame des Avens au soir, 25
eurent conseil li François, qui en Nantes se tenoient,
que il venroient resvillier Toost, car trop avoient
reposé. Si issirent environ deus cens hommes d'armes,
desquek messires Âmauris de Gliçon, cousins ger-
mains au signeur de Gliçon, et li sires d'Âmboise 30
estoient meneur et gouvreneur, et s*en vinrent ferir
20 CHRONIQUES DB J. FR0IS8ART. [1S80]
SUS les logeïs messire Guillaume [de] Wîndesore, et
issirent par le posterne de Ricebourc sus la rivière ; et
faissoient le gait cbe soir les gens messire Hue de
Gavrelée. Â ceste heure là fu fais chevaliers U sires
5 d'Amboisse, et le fist chevalier messires Âmauris de
Gliçon. Ces gens d'armes bretons et françois se bou-
tèrent de grant vollenté ou gait, et gaaignièrent de
venues la bare dou gait et le chevalier dou gait, qui
s*appelloit messire Guillaume de Quisenton. Là eut
10 forte escarmuce et dure, et maint homme reversé.
Messires Guillaumes de Wi[n]desore et messires Hues
de Gavrelée, qui estoient en leur retrait, entendirent
le hustin : si saillirent tantost sus, si s'armèrent et
apparillièrent, et vinrent celle part où li plus fors bus-
15 tins estoit. Là eut trait, ferut et lanciet et escarmudet,
et si portèrent toutes les parties vaillànment, et ren-
trèrent tout en combatant et escarmuchant li François
et li Breton en le posterne de Richebourc, par laquelle
il estoient issut, et sans damage, car il eurent un che-
20 valier prisonnier et siis hommes d'armes, et il en i ot
pris des leurs trois. Enssi se porta ceste nuittie.
§ 179. Le joedi devant la vegille dou Noël, issirent
de Nantes sus le soir par la porte de Sauvetout mes-
sires U Barois des Bares et li sires de [Golet] à sis vint
25 hommes d'armes, et s'en vinrent ferir ou logeïs dou
conte de Bouquighem, et faissoit le gait che soir li
contes de Douvesière. Là ot grant escarmuce et forte,
et maint homme reversé et bouté jus à terre des
glaves, mais li Englès furent là plus fort que cil de le
30 ville ne furent; si furent recullé et rebouté ens es
barrières et en le porte à force. Si en i ot des leurs,
[1380J LIYBB DBUXliMB, § 179. 21
que mors que pris, environ sèse, et là fu trais à Tes-
carmuoe d'un quarel uns chevaliers englès, qui s'ap-
pelloit messires Huges Tiriel, et férus tout parmi son
bacinet, de laquelle navrure il morut. Âdont se retraïs-
sent toutes gens à leurs logeïs, et n'i eut plus nulle cose 5
fait celle nuit, mais toutes les cappitainnes de Nantes
furent en conseil ensamble que le nuit dou Noël à toutes
leurs puissances il isteroient de la ville et venroient
faire en l'oost une grande escarmuce, et tinrent tout
chela entre iaulx en secré. 10
Li contes de Bouquighem et li Englès estoient enssi
resviUiet moult souvent des François et des Bretons
qui en Nantes se tenoient; et d'autre part sus les
camps leurs fourageurs avoient moult de painne en
querant vivres et fourages pour les chevaulx, et 15
n'osoient chevauchier fors en grans routes. Et estoient
li contes de Bouquighem et ses consaulx trop esmer^
viUiet dou duc de Bretaigne, qui point ne venoit ne
dont il n'ooi[en]t nulles nouvelles, et s*en conten-
toient mal, car de tout en tout il trouvoient et avoient 20
trouvé en li foible convenant, et ne s'en savoient à
qui plaindre qui droit leur en fesist. Et eurent en
conseil environ le Noël que il envoiieroient de rechief
messire Bobert GanoUe et messire Thumas de Persi et
messire Thumas Trivet devers li à Venues ou à Hain- 25
bon, et cil li remonsteroient de par le conte que il
faissoit trop mal, quant autrement il ne s'acquitoit
enviers iaulx. Et puis fu cils pourpos rompus et bris-
siés, et dissent, quant il eurent entre iaulx tout consi-
déré et imaginé, que il ne pooient bonnement che 30
faire ne afoiblir leur siège, et que on ne pooit aler
deviers le duck fors tout ensamble, car, se il i aloient
22 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [IS80]
cinc oeo8 ou sis œns lances et il en trovaîssent sus le
païs mille ou quinse cens de leurs ennemis, dbe leur
seroit uns trop grans contraires ; si poroient bien estre
ruet jus, et li allant deviers le duck et li demorant au
5 siège. Pour celle double, tant c'a celle fois, ne se
départi nuls de l'oost, mais se tinrent encores tout
ensamble.
§ 1 80. Quant che vint à le vegille dou Noël au soir,
li Barrois des Barres, messires Âmauris de Gliçon, li
iO sires d'Âmboise, li sires de Collet, li castelains de
Gliçon, Jehans de Gastiel Horant, Mwfouace et toutes
les cappitainnes de Nantes issirent par le porte Saint
Pière en grant voUenté que de bien faire le besongne, et
avoient en leurs routes bien sis cens hommes d'armes ;
15 et se partirent, quant il furent hors de la porte, en
deus parties : li une des pars s'en vinrent parmi la rue,
et li autre pars parmi les camps, au logeïs le signeur
Latinier et dou signeur de Fil Watier; et faissoient le
gait messires Yon Fil Warin et messires Guillaume
20 [T]raiton ; et de venues il gaaignièrent toutes les bailles
dou gait, et ruèrent jus et recuUèrent le gait tout oultre
jusques au logeïs le connestable, le signeur de Lattinier,
et s'arrestèrent devant Tostel le signeur de Yertaing ;
et là fu li escarmuce et li grans assaulx, car U Fran-
25 çois avoient jette leur avis dou prendre, et fu sus le
point de estre pris, et li sires de Yertaing dedens. Là
eurent cil dou gait moult à souffrir avant que li secours
venist, et i furent messires Yon Fil Warin, li sires de
Yertaing et messires Guillaumes Traiton, bon cheva-
30 lier, et i fissent plusieurs grans appertisses d'armes.
A ces cops s'effreèrent cil dou logeïs dou connes-
[1880J UVRB DEUXliMB, $ 181. 23
table et doa maresdial, et sonnèrent les trompettes;
si s'armèrent partout oommunaalment. Messires Guil-
laume de Windesorre [et] messires Hues de Gavrelée
entendirent la friente et le son des trompettes ; si con-
neurent tantos que li avant garde avoit à faire ; si fia- 5
sent sonner leurs trompettes et alumer grant fuisson
de faDos et desvoleper leurs banières. Si vinrent celle
part où li grignour escarmuce estoit, en leur oompaignie
cent hommes d'armes et œnt archiers. D'autre part,
messires Tbumas Trivès, messires Thumas de Persi et 10
li sires de Basset, cascuns sa banière devant lui, vin-
rent à Tescarmuce, et bien besongnoit à l'avant garde
que il fiiissent hastéement conforté, car il furent sus
le point de perdre tous leurs logels ; mais, quant cil
baron et leurs routes furent venu, se recuUèrent li 15
François et li Breton, et se remissent tout ensamble
moult sagement, et se retralssent vers la ville, lan-
diant, traiant et escarmudiant. Là eut fait tamainte
grant apertise d'armes, et s'abandonnoient aucun jone
dievalier et escuier dou costé des François pour iauU 20
monstrer et agradier de renommée moult avant, et
tant que messires Tristans de la Galle i fu pris par sa
folle emprisse, et le prist uns escuiers de Hainnau, que
on dist Thieris de Sonmaing.
§ 1 81 . Enssi se continua ceste escarmuce, et ren- 25
trèr^it en Nantes tout cil ou en partie, qui issut en
estoient, car il convient que en tels fais d'armes il en
i ait des mors et des navrés et des pris et des bleciés,
car, très dont que on s'arme et que on ist à l'escar-
muce, on n'en puet autre cose attendre. Toutesfois il 30
rentrèrent ens à petit de damage, car il eurent bien
24 CHRONIQUES DE J. FROI88ART. [1381]
otant de prisonniers que li Englès avoient des leurs.
Si se retraïssent à leurs hostels, quant la porte fu
refremée, et entendirent à mettre à point les blechiés.
Enssi se retraïssent cil de Toost, et s'en ralla cascuns
5 en son logets, mes pour ce ne rompirent il mies leur
gait, anchois gaitièrent il plus fort que devant.
Le jour dou Noël n'i ot riens fait ne toutes les festes ;
si n'atendoient li Englès autre cose tous les soirs [fors]
à estre resvilliet, et, ce qui plus leur touchoit et fai-
10 soit d*anois, c'estoit ce que il n'ooient nulles nouvelles
dou duck de Bretaigne, et leur estoient vivres et fou-
rages si destroit que à painnes en pooient il recou-
vrer; mais cil de dedens en avoient assés, qui leur
venoient d'autre part la rivière de Loire, de ces bons
15 païs de Poito, de Saintonge et de la Rocelle.
§ 182. Quant li contes de Bouquighem et li Englès
eurent esté à siège devant la dtté de Nantes deus mois
et quatre jours, et il veirent que il n'en aroient autre
cose et que li dus de Bretaigne ne tenoit nulles de ses
20 convenances, car il ne venoit ne n'envoioit deviers
eulx, si eurent conseil que il se deslogeroient de là,
car riens n'i faissoient, et se trairoient deviers Venues,
et s'en iroient tout ensamble parler au duck, et vol-
droient à celle fois savoir son entente. Adont fu soeu
25 et nonchiet parmi l'ost au deslogier ; si se deslogièrent
à l'endemain de l'an renoef, et chevauchièrent en
bataille et en ordenance, tout enssi que il avoient fait
parmi le roiaulme de France, et vinrent à leur dépar-
tement de Nantes che jour logier à Nord, et furent là
30 pour eulx rafresquir trois jours. Au quatrime jour, il
se départirent et vinrent à llaide, et à l'endemain à
[1381] LIVU DRUXIÈMB, § i82. 25
Tillay , et à l'autre jour apriès à Baiu ; et là demorèrent
trois jours pour le pout qui estoit rompus. Si eurent
moult de mal au refaire, pour passer oultre et leur
carroy; toutesfois li pons fu refais bons et fors, et
passa l'oost la rivière de Yollain, et fu par un samedi, 5
et vint logier à Lohiac, et là demora Toost deus jours.
Et l'endemain, quant il se départirent de Lohiac, il
vinrent logier à Gors, et là demora l'oost deus jours,
et l'endemain au Maron, et là demora l'oost deus
[jours], et à l'endemain à la Trenitté. Au département iO
de la Trenitté, il passèrent la rivière d'Âust au pont de
Brehaing, et là demora oultre l'aige sus les plains li
host ce jour que il eurent passet la rivière.
Cil de la citté de Venues estoient tout enfourmé par
ceulx dou pals, que li contes de Bouquighem et li i5
Englès venoient celle part, et estoit leur entention que
de logier en la ville; si ne sa voient comment il s'en
cheviroient dou laissier en leur citté ou non, et vinrent
deviers le duch qui estoit en Hainbon ; mais ce jour
que il venoient vers li, il encontrèrent le duch sus les 20
camps, enssi que à deus petites lieuwes de Venues,
qui venoit celle part. Quant li dus de Bretaigne veï
ses bonnes gens de Venues, il les conjoX et leur
demanda des nouvelles et où il alloient. [Il respon-
dirent :] c Monsigneur, des nouvelles vous dirons 25
assés. Vechi le conte de Bouquighem et toute l'oost
des Englès, qui viennent celle part, et est leur enten-
cion, sicomme nous sommes enfourmé, que de logier
en vostre ville de Venues. Si regardés que vous en
voilés faire, car sans vostre mandement nous n'en 30
ferons noient ; et ja ont il refait le pont à Brehain, que
on avoit romput sus la rivière de Âust. > Quant li
26 CHR0NIQUS8 DB J. FR0IS8ART. [fd8!]
dus oï ces parolles, il penssa un petit, et puis re»-
pondi : c Dieux i ait part ! Ne vous effiraés ne soussiés
de riens. Les coses venront à bien : che sont gens qui
ne vous voellent nul mal. Je sui en aucunes coses tenus
5 envers iaulx, et ai tretiés à eulx, lesquels il fault que
je porte oultre et que je m'en acquite. [Si] m*en vois
à Venues, et demain je croi bien que il venront. Je
isterai contre le conte, mon frère, et li ferai toute
Tonneur que je porrai, car voir je i sui tenus. Dou
10 sourplus vous ferés enssi que je vous oonsillerai : vous
li offerés et presenterés les clefs de la ville, et li dires
que vous et la ville iestes tout rebrachiet et aparilliet
de ri rechepvoir, sauf tant que vous li (erés jurer
que, quinse jours après ce que il en sera requis dou
15 partir, il partira et vous rendera les clefs de la ville ;
c'est tous li consaulx que je vous donne, t Li bourgois
de Yennes, qui chevauchoient dallés le duc, respon-
dirent enssi et dissent : c Monsigneur, nous ferons à
vostre ordenance. > Depuis chevauchièrent il tout
20 ensamble jusqu'à Venues , et là se loga li dus celle
nuit, et li Englès s*en vinrent logier à Saint Jehan, un
village séant à deus petites lieues de Venues.
Ghe soir rechut lettres h contes de Bouquighem
dou duch qui li escripsoit comme à son diier frère,
25 et li mandoit que ils estoit li bien venus en la
marce de Venues. A l'endemain, quant li contes
eut ol messe et beu un cop, il monta à dieval,
et tout montèrent ses gens, et chevauchièrent naoult
ordonnéement deviers la citté de Venues, Tavant
30 garde premiers, le conte de Bouquighem apriès en sa
bataille, et Tarierre garde ensieuant la iMitaille dou
conte. Enssi les encontra li dus de Bretaigne qui issi
[1381] IXVUK DEUXIÈME, $ 182. 27
de Vernies à l'enoontre de eulx bien une grant Keue;
et, quant ils et li contes s'encontrèrent, il se fissent
grant honneur. Âpriès ces requelloites, qui furent
moult honnerables, et en chevauchant Tun dallés
Tautre, le conte à destre et le duch à senestre, li 5
contes de Bouquighem entra en paroUes, et dist :
c Sainte Marie ! Biaux frère de Bretaigne, que nous
vous avons tant attendu devant Nantes, là estant au
siège, enssi que ordenance se portoit entre moi et vous,
et [si] n'i estes point venus! > — t Par ma foi, res- 10
pondi li dus, monsigneur, je n*en ai peult autre cose
faire, et vous di que j'en ai esté trop durement cou-
roudiiés; mais amender ne le pooie, car mes gens de
ce paib, pour cose que je aie sceu monstrer ne quels
aliances que à leurs requestes [je aie] fait à vous, il 15
ne se sont volut traire avant pour aler au siège avoeo-
ques vous devant Nantes ; et se tiennent tout pourveu
sus les frontières li sires de Gliçon, li sires de Dignant,
li sires de Laval, li viscontes de Rohem et li sires de
Rochefort, pour garder les entrées et issues de Bre- 20
taigne, et tout cil qui s'estoient ahers et conjoint
avoeoques moi, tant des dievaliers comme des prelas
et des bonnes villes, sont maintenant tout rebelle,
dont je sui trop grandement courouchiés, quant vous
me trouvés, et par leur coupe, en bourde. [Si] vous 25
dirai monsigneur, que vous ferés. Il est à présent ou
plain de Tivier, que il fait froit et mauvais ostoiier :
vous venrés à Venues, et là tous tenrés tant c'a l'avril
ou au mai, et vous i rafresquirés ; et je ordonnerai
ossi de vos gens, et passeront le tamps au mieulx que 30
il poront, et de toutes ces coses nous nos revengerons
à Testé. » li contes respondi : c Dieux i ait part ! »
K CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART. [1381]
qui bien veï que il n'en pooit avoir autre oose. Si
ramena li dus de Bretaigne en Yeunes, et, à Tentrer
dedens, les gens de la ville furent aparîUiet, qui se
misent en la presensse dou conte, et li dissent moult
5 douchement et à nus chiés : c Monsigneur, pour la
révérence de vostre haute signourie et Fonneur de
vous, nous ne vous mettons nul contredit à entrer en
nostre ville, mais nous voilons, pour apaissier le peuple,
autrement vous ne sériés pas bien asegur, que vous
10 nous jurés sus saintes evangilles, que, quinse jours
apriès ce que vous en serés requis, vous vos partirés
de ceste ville et ferés partir les vostres, et ne nous
ferés ne consentirés damage ne moleste. » — c Par
ma foi, dist li contes de Bouquighem, je vous le jure
15 enssi, et le vous tenrai. > En apriès, les signeurs fis-
sent il ossi jurer sus leurs fois et sus saintes evangilles
de tenir le sierement que li contes avoit fait, et il s'i
acordèrent legierement, et faire leur oonvenoit, se il
ne voloient dormir as camps.
20 Enssi fu li contes de Bouquighem logiés en la dtté
de Venues, et ses corps en Tostel dou dudb, un bien
plaissant castiel qui siet dedans la ville et est nommet
La Motte ; et tout cil de sa bataille furent logiet en la
ville et eus es fourbours. Et li dus de Bretaigne s'en
25 vint au Suseniot, et là se tint, mais à le fois il venoit
à Venues veoir le conte, et avoient parlement ensamble,
et puis s'en retournoit [là d']où il estoit partis. Li sires
de Lattiniers, li sires de Fil Watier, messires Thumas
de Persi, messires Thumas de Trivès et li avant garde
30 dévoient estre logiet en le ville de Hainbon; mais
onques on ne leur vault ouvrir les portes, et les con-
vint logier as camps et ens es fourbours. Messires
[13841 l'I^^BB DKUXIÈMK, § 182. 29
Robe» Ganolles, messires Hues de Gavrelée, li sires
de Fil Warin et plusieur autre dévoient ossi estre logiet
en la ville de Gampercorentin ; mais onques on ne
leur volt ouvrir les portes, et les convint logier ens es
fourboors et as camps. [Messires Guillaume de Win- 5
desore et cbil de Tarière garde dévoient ossi estre
logiet en la ville de Gamperlé; mais onques on ne
leur volt ouvrir les portes, mais furent logiet ens
es fourbours et as camps] : si soufirirent et endu-
rèrent, le terme qu'il furent là, moult de povretés et 10
de malaise, car, ce qui ne valloit que trois deniers, on
leur vendoit douse, encores n'en pooient il recouvrer.
Si moroient leurs chevaulx de froit et de povreté, et
ne savoient où aller en fourage, et, quant il i aloient,
c'estoit en grant péril, car les tierres voisines leur 15
estoient toutes ennemies.
Li viscontes de Rohem a en le marce de Venues de
fors castiaulx et grans : Tun appelF on le Raire, et
l'autre Gommelin Guighant. En ces deus castiaulx
avoit grant gamisson de par le visconte, qui portoient 20
trop de confaraires as fourageurs englès, et en ruèrent
tamaintjuset ocirent, avoecques trois autres garnissons
au signeur de Gliçon, qui sont ossi en celle frontière :
Ghastel Josselin, Montagut et Mont Gontour. Et tout
ce souffrait li dus de Bretaigne, et dissoit que il ne 25
le pooit amender, car voirement li connestables de
France, li sires de Gliçon, faissoit guerre pour le roi
de France et se tenoit sus le pals à grant gens d'armes,
de quoi li Englès ne s'ossoient ouvrir ne partir l'un de
l'autre ; et encores, tout consideret et regardet com- 30
ment il estoient logiet as camps à nulle deffensse, mer-
veilles fu que il ne rechurent plus de damages, car cil
30 CHRONIQUBS DB J. FROiSftÀRT. [4S61]
de Yennes soudainnement ne peoissent avoir conforté
chiaulx de Hainbon, ne cil de Hainbon [chiaulx] de
Gamperlé, ne cil de Gamperlé chiaulx de Gamperco-
rentin, mais, au voir dire, li dus aloit au devant, et
5 les deffendoit et gardoit de tout son pooir de estre
en val ne asaiUi, et bien dissoit en son requoi et à son
conseil que foiblement et povrement, seionc che que
il leur avoit proumis, fls s'estoit acquittés envers le
conte et ses gens.
10 § 183. En che tamps estoient à Paris par deviers
le roi de France de par [le duch] envoiiet quatre
hault baron de Bretaigne qui li pourcaçoient sa pais,
c'est assavoir li viscontes de Rohem, messires Charles
de Dignant, messires Guis, sires de Laval et messires
15 Guis de Rocefort ; et Tavoient cil quatre baron de Bre-
taigne en conseil, le conte de Bouquighem estant à
siège devant Nantes, enssi que efforciet et li avoient
remonstré par plusieurs fois moult sagement, en dis-
sant tels paroUes : c Monsigneur, vous monstres à tout
20 le monde que vous avés le corage tout englois : vous
avés mis et amenés les Englès en che païs, qui vous
toldront vostre hiretage et toldroient, se il en estoient
au dessus. Quel pourfit ne plaisance prendés vous à
eulx tant amer? Regardés comment li rois de Navare
25 se confioit en eulx, et les mist ens ou castiel et en le
ville de Ghierebourc ; onques depuis il ne s'en vorrent
partir ne ne partiront, mais le tenront comme leur
bon hiretage. Ossi, se vous les euissiés ja mis et
semés en vos villes fremées en Bretaigne, il ne s'en
30 parte^ssent jamais, car tous les jours fuissent il rafres-
qui de leurs gens. Regardés comment il tiennent
[f38t] LIVRB DBUXlAllB, S iB3. 34
Brest : 9 n'oot nulle volenté de [le] voua rendre , qui
est de vostre droit demainne et Ûretage, [et n'est pas
dus de Bretaigne, qui n*est sires de Breth. Pensés ad
che que vous avez ung des biaux héritages] de cres-
tienneté sans couronne, mais que vous soii^ amés de s
vos gens. La duceé de Bretaigne et les gens dMoelli
païs ne relenquiroieot jamais le roi de France pour
servir et estre au roi d'Engletière. Se vostre moullier
est d'Engleterre, que de ce? Voilés pour chou perdre
vostre hiretage, qui tant vous a cousté de painne et lo
de traveil à Tavoir, et tousjours demorer en guerre?
Vous ne poés c*un homme, ou cas que li païs se voelt
dore contre vous. Laiiez vous consillier. Li rois de
France, espoir, que vous n'aviés pas bien à grasoe,
ne ils vous, est mors : il i a à présent un jone roi de 45
bel et bon esperit, et tels haï le père, qui servira le
fil : nous vous ferons vostre pais envers li et metterons
à acord. Si demorrés sires et dux de Bretaigne et en
grant poissance, et li Englès s'en retourneront belle-
ment en leur paix. » Tels paroUes et pluiseurs [autres] 20
toutes coulourées avoient cil baron dessus nommet
par moult de fois remonstret au duch, et tant que il
Tavoient enssi que demi conquis à faire leur volenté ;
mais enoores se faindoit il et dissimulloit contre le roi
de France et son conseil et contre les Englès, tant que 25
il verroit à quel fin il en poroit venir. Et de tous ces
tretiés secrés et convers que cil quatre baron de Bre-
taigne qui estoient à Paris, faissoient deviers le roi et
ses oncles, ne savoient riens li contes de Bouquighem
et li baron d'Engletière ne ne seurent jusques en fin 30
de ordenaoce. Mais, ansçois que il s'en perchussent
ne que il ississent hors de Bretaigne, il i eut un fait
3t CHRONIQUES Dl J. FROISSART. [1381]
d'armes et une ahatie devant Veones, preseat le ooate
de Bouquighem et les signeurs qui là estoient, de
laquelle nous vous ferons mention, lesquels coses ne
font mies à oubliier ne à taire.
5 § 18&. Avenu estoit, très le terme et le jour que
Gauwains MicaiUe et Janekins Kator Basent fait d'armes
devant le conte de Bouquighem et les signeurs, que,
avoec le dit Gauwain et en son sauf conduit et pour
veoir les armes, aucun chevalier et escuier de France
10 estoient venu à Marceaunoi en la conté de Blois, et tant
que messires Renauls de Touars, sires de Poissances,
un baron de Poito, en prist paroUes au signeur de
Yertaing, et dist que volentiers il feroit fait d'armes à
lui de trois pouls de lances, de trois cops d'espées et
15 de trois cops de baoes. Li sires de Yertaing ne le volt
mies refuser, mais li acorda, et les volt tantos faire
et délivrer le cbevalier, à quel damage ne pourfit que
ce fust ; mais li contes de Bouquigbem ne le volt pas
consentir que adont il en fesissent riens. Nonpour-
20 quant les paroUes des emprisses d'armes demorèrent
en pourpos des deus cbevaliers ; et tels paroUes sam-
blables eurent là à ce jour à Marceaunoi uns escuiers
de Savoie, qui s'appelloit li bastars [de] Giarins, à
Edouwart de Biaucamp, fil à messire Rogier (mais
25 tout se passèrent adont enssi li un comme li autre), et
li Gallois d'Aunai à monsigneur Guillaume Clinton, et
messires Lionnaubc d'Arrainnes à messire Guillaume
Franc.
Quant li contes de Bouquighem et li Englès furent
30 logiet eus es fourbours de Nantes, sioomme chi dessus
est dit, cil chevalier et escuier dou costé des François
[1381] UVM DKUXDkHB, | 484. 3â
estoient dedens Nantes. Si requissent li sires de Yer-
taiog et li autre de son lés et fissent requerre à cheulx
qui les avoient aparlé d'armes, que devant Nantes il
les vosissent délivrer. Les cappitainnes de Nantes
n'eurent mies conseil de chela faire ne aoorder, et -5
escusèrent leurs gens, et dissent que il estoient en
Nantes comme saudoiier et gagiet et ordonné pour
garder la ville. Ces paroUes se passèrent tant que li
contes de Bouquighem fii venus et arrestés à Venues,
et li autre signeur à Hainbon, à Gamperlé et à Camper- iO
corentin, enssi que vous savés. Quant il furent là
asserissiet, messires Renauls de Touwars, messires li
Barrois des Barres, messires Lionniaulx d'Arrainnes
et grant fuisson de chevaliers et d'escuiers s'en vinrent
au Gastiau Josselin à set lieuwes de Venues, où li cou- 15
nestables de France se tenoit, et li contes de le Marce
et grant fuisson de chevaliers de France, qui volentiers
les veïrent et bellement les requellièrent. Adont s'es-
murent les parolles devant le connestable en remons-
trant comment il avoient emprins tels et tels à faire 20
fait d'armes as Englès. Li connestables ol volentiers
ces parolles et dist : < Envoiiés deviers eulx, et nous
leur donrons sauf conduit de faire fait d'armes, se il
voellent venir. > Si envoiièreot premièrement li Gal-
lois d'Aunai et messires Lionniaux d' Arrainnes à ceulx 25
où il s'estoient ahati de faire fait d'armes et de assir
trois cops de glaves à chevalx. Quant messires Guil-
laumes Clinton et messires Guillaumes Franc enten-
dirent que il estoient semons et requis des François à
faire fait d'armes, si en furent resjoï, et emprissent 30
congiet au conte de Bouquighem et as barons d'En-
gletière de là aler, et i alèrent, et aucun chevalier et
x-3
34 GHROmQUM M h FEOISSiBT. [1384]
^escuier en leur oompaignie, et joustèrent moult vail-
laument li Englès et li François, et fissent fait d^armes,
eossi que ordeoaooe se portoit. Là furent requis de
messire Renault de [Touwars], de Jehan de Gastiel
5 Morant et don bastart de Glarins, cescuns son cheva-
lier et son escuier, c'est à entendre li sires de Yertaing,
messires Jehans d'Âubrecicourt et Edouwars de Biau-
camp. Li troi Eoglès en estoient en grant volenté, et
voloient sus le sauf conduit dou connestable aler au
10 Gastiau Josselin.
«
§ 1 85. Quant li contes de Bouquighem [qui se tenoit]
à Venues, entendi les requestes des François, si res-
pondi pour les siens et dist enssi au hiraut qui portoit
la paroUe : c Vous dires au connestable de France que
15 li contes de Bouquighem li mande que il est bien ossi
poissans de donner et de tenir son sauf conduit as
François, comme il est de donner as Englès, et que
cil qui demandent à faire fait d'armes à ses gens,
viengnent à Vennes, et il leur donra, et qui que il
20 voldront en leur compaignie, pour l'amour de euls,
venant et retournant, sauf conduit. > Quant li con-
nestables oï ceste response, il imagina tantos que li
contes de Bouquighem avoit droit, et que il voloit veoir
le fait d'armes, et che estoit raisons que otant bien il
25 en euist à Venues en sa présence comme il en avoit
eu à Gastiel Josselin en le presensse de la sienne. Si
respondi, quant il parla, et dist : c Li contes de Bon*
quighem paroUe comme vaillans homs et fils de roi,
et je voel que il en soit à sa paroUe. Or s'escripsent
30 tout cil qui aler i voldront avoec les faissans d'armes,
et nous envoiierons quérir le sauf conduit. » Tantost
[1381] UVRS DSUXlàlIX, I 186. 35
s'escripsireot chevalier et escuier jusques à trente :
si vint uns hiraus à Vennes querre le sauf conduit, et
(Ml leur donna et seela de par le conte de Bouquighem.
Adont se départirent de Gastiel Josselin li troi qui faire
fait d'armes dévoient, et tout li autre en leur com- 5
paignie, et vinrent à Vennes et se logièrent, le jour
que il i vinrent, ens es fourbours, et leur fissent li
Englès bonne diière. A Tendemain, il s'ordonnèrent
pour combatre enssi que faire dévoient, et vinrent en
une belle place toute ample et toute ounie au dehors iO
de la ville. Assés tost apriès vinrent li contes de Bou-
quighem, li contes d'Askesuffort, li contes de Douves-
dere et li baron qui là estoient, en sa compaignie, et
cil qui faire dévoient fait d'armes : premièrement li
sires de Yertaing contre Renault de Touwars, signeur 45
de Poussances ; apriès, messires Jehans d' Aubrecicourt
contre noiessire Tristran de le Galle, et Edouwars de
Biaucamp contre le bastart de Glarins. Là se missent
sus le place li François tout d'un lés, et li Englès
d'autre ; et cil qui dévoient jouster estoient à piet et 20
armet de toutes pièces, de bacinès à visière et de
glaves à bon fiers de Bourdiaulx, et d'espées de Bour^
diaulx tous pourveus. Or s'ensieuent li fait d'armes.
§ 186. Premièrement li sires de Poussances, de
Poito, et li sires de Yertaing, de Hainnau, doi baron 25
de haute emprisse et de grant hardement, s'en vinrent
l'un sus l'autre et tout à piet, tenant les glaves acérées,
et passèrent le bon pas, et noient ne s'espargnèrent,
mais assissent les glaves l'un sus l'autre en poussant.
Li sires de Yertaing fu férus sansi estre blechiés en so
char, [mes il feri par tele manière le sire de Poussances
36 GHR0NIQU88 BB J. PB0I8SART. [1381]
que il] trespercha le8 mailles et le poitrine d'achier
et tout ce qui desouls estoit, et traïst sanc de 8a char :
che fu graut mervelles que il ne le navra plua parfont.
Âpriès recouvrèrent il les autres copa et fissent toutes
5 leurs armes sans damage, et puis allèrent reposer, et
laissièrent faire les autres et les regardèrent. Âpriès
vinrent messires Jehans d'Âubrecicourt, de Hainnau,
et messires Tristans de la Galle, poitevin, et fissent
les armes moult vaillanment sans point de damage;
10 et, quant il eurent fait, il passèrent oultre. Et adont
vinrent li autre, Edouwars de Biaucamp et li bastars
de Glarins, de Savoie.'^Cils bastars estoit uns escuiers
durs et appers et trop mieulx fourmes de tous membres
que li Englès ne fust : si vinrent l'un sus Tautre de
15 grant volenté, et assissent les glaves en leurs poitrines
en poussant et tant que Edouwars fu boutés jus et
reversés, dont li Englès forent moult courouchiet.
Quant il fu relevés, il reprist son glave et s'en vint sus
Glarin, et Glarins sur lui. Encores de rechief le bouta
20 li Savoiiens jus à la terre, dont furent li Englès moult
oourouchiet, et dissent : c Edouwars est trop foibles
contre cel escuier ; li diable le font bien ensonniier de
jouster. » Âdont fu il pris entre iaulx, et fu dit que il
n'en feroit plus. Quant Glarins en vel le manière, qui
25 desiroit à parfaire ses armes, si dist : c Sigoeur, vous
me faites tort, et puisque vous voilés que Edouwars
n'en face plus, si m'en bailliés un autre, auquel je
puisse parfurnir mes armes. > Li contes de Bou-
quighem volt savoir que Glarins dissoit; on li dist.
30 Dont respondi li contes, et dist que li François parloit
bien et vaillanment. Âdont sailli tantost avant uns
escuiers englès, qui fu depuis chevaliers, qui s'appelloit
[1961] LIYU DBUXlim, g 187. 87
Jaoekins Setinoelée, et vint devant le conte et s^enge-
noulla et li pria que il peuist parfaire les armes. Li
contes li accorda. Lors se mist Jankins en arroi et
s'arma en la place de toutes pièces, enssi comme à lui
appartenoit, et prist son glave, et li bastars de Glarins 5
la sienne; et vinrent en poussant Tun sus l'autre moult
asprement, et se poussèrent che premier cop de tel
façon que les deus glaves voilèrent en tronchons par
dessus leurs testes. Adont [recouvrèrent] il le second
cop, et enssi en avant et enssi dou tierch. Toutes leurs lO
siis lances furent rompues, dont li signeur de une part
et d'autre, qui les veoient, tenoient che fait à biel.
Adont prisent il les espées qui estoient fortes, et en
siis cops il en rompirent quatre, et voloient ferir des
haces, mais li contes de Bouquighem leur osta, et dist 45
que ils ne les voloit pas veoir en oultrance et que
assés en avoient fait. Si se tralssent arrière, et lors
vinrent li autre, Jehans de Gastiel Morant, françois, et
Janekins [Ointon], englois : si se apparillièrent pour
faire fait d'armes. 20
§ 187. Ghils Janekins [Clinton] estoit escuiers d'on-
neur au conte de Bouquighem et le plus prochain que il
euist pour son corps, mais il estoit déliés et menus de
membres : si desplaissoit au conte de ce que il avoit
à faire à un si fort et renommé homme d'armes comme 25
Jehan de Gastiel Morant estoit. Nonobstant il furent
mis en l'assai, et vinrent l'un sus l'autre moult aspre-
ment ; mais li Englès n'eut point de durée au François,
anchois fu en poussant jettes à tière moult durement.
Si dist li contes : c II ne sont pas parel ensamble. > 80
Adont vinrent à Janekin [Clinton] aucun chevalier dou
38 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1381]
ooDte, et li dissent : c Janekin, vous n'estes pas tailliés
de porter oultre ces fais d'armes, et messires de Bou-
quighem est oourouchiés de vostre emprise : aies
vous reposer. » Adont se retraïst de une part li Englès,
5 et quant Jehans de Castiel Morant en vel le manière,
si dist as Englès : c Signeur, se il vous samble que li
escuiers vostres soit trop menus contre moi, si m'en
bailliés un autre à vostre plaisir, et je vous em priie,
par quoi je parfaoe ce que j'ai empris, car on me feroit
10 tort et villonnie, se je me partoie de chi sans faire
fait d'armes. > Dont respondirent li connestables et li
mareschaulx de l'oost : c Vous dites bien et vous
Tarés. > Âdont allèrent il au tour as chevaliers et as
escuiers de leur costé, qui là estoient, et leur dissent :
15 c Qui s'avance de délivrer Jehan de Castiel Morant? >
 ces paroUes respondi tantos messires Guillaumes de
Ferrinton, et dist : c Dittes li que il ne se puet partir
de chi sans faire fait d'armes ; il s'en voist reposser un
petit en sa caiière, et tantost sera délivrés, car je
20 m'armerai contre li. > Geste response plaissi grande-
ment à Jehan de Castiel Morant, et s'en ala seoir et
un petit reposer. Tantost fu armés li chevaliers englès
et vint en place.
§ 188. Or furent l'un devant l'autre messires Guil-
25 laumes de Ferrinton et Jehans de Castiel Morant, pour
faire fait d'armes. Cescuns prist son glave et apuigna
moult roidement, et dévoient de courses venir de piet
l'un contre l'autre et assir les glaves entre les quatre
menbres : autrement à prendre li afaires estoit villains.
30 Adont s'en vinrent il de grant volenté, armé au vrai
de toutes pièces et le came dou bacinet abatu et
[188!] UVRB BSUXitliS, | 189. 39
arresté. Jehan» de Gaatiel Morant assegna le chevalier
moult gentement et li donna grant horion enmi le poi-
trine tant que mesaires GuiUaumea de Ferrinton fleca
et, à ce qu'il fist et que li pies li falli un petit, il tenoit
son glave roit devant li à deus mains, si l'abaissa, car 5
amender ne le peut, et consieuwi Jehan [de] Gastiel
Morant bas en es quisseus et h percha dou glave les
pans tout oultre et les quisieus, [et] li bouta le fier
dou glave tout parmi le quisse tant que il apparoit
oultre d'aultre part bien une puignie. Jehans de Gastiel 10
Morant pour le cop canchela, mais point ne cheï. Âdont
forent li signeur englès et chevalier et escuier de une
part et d'autre moult durement courouchiet, et hi dit
que c'estoit villainement poussé. Li chevaliers s'escusa
et dist que che li desplaisoit très grandement, [et], se 15
il cuidast, au oommenchement des armes, avoir ainssi
ouvré, il n'euist encores conunenchié, et, que, se Dieux
li aidast, il ne Tavoit peut amender, car il glicha dou
piet pour le grant pous que Jehans de Gastiel Morant
li avoit donné. Si demora la cose enssi. Li François se 20
départirent et prissent congiet au conte de Bouquighem
et as signeurs, et en remenèrent en une litière Jehan
de Gastiel Morant jusques au Gastiel Josselin, dont il
estoit parti, liquels fu de che cop et de la navrure
en grant péril de mort. Enssi se départirent cil fait î&
d'armes, et se retraïst cascuns en son lieu, h Englès
à Venues, et li François au Gastel Josselin.
§ 1 89. Âpriès ces fais d'armes qui forent fait en che
jour que li contes de Bouquighem sejoumoit à Venues,
n'i eut riens fait cose que à recorder face, et se tenoient 30
li Englès, enssi comme jou ai dii dessus dit, à Vennes,
40 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1381]
à HainboD» à Gamperlé et à Gamperoorentin, et pas-
soient Tivier au mieux que il pooient. Si i eurent li
pluiseur moult de damages, de dangiers et moult de
malaisses de vivres pour eulx et pour leurs chevaulx,
5 car li fourageur ne trouvoient riens sus le païs, et ossi
en che tamps là les grangnes sont vuides, li fain sont
alel, avoecques che que li François i avoient rendu
grant painne, affin que leur ennemi n'euissent aisse ; et
furent li Englès en che dangier moult longuement, car
10 li François estoient en es garnissons sus les frontières
trop poissanment, par quoi li fourageur englès n'osoient
chevauchier. [Si] vinrent as Englès aucuns vivres de
mer des illes de Cornuaille et de Gernesée et de Wisque,
et chela les reconforta moult : autrement eulx et leurs
15 chevaulx fuissent tout mort de famine.
Entrues estoient à Paris, de par le duch de Bre-
taigne, li viscontes de Rohem, li sires de Laval, mes-
sires Charles de Dignant et messires Guis de Rocefort,
qui li procuroient sa pais envers le roi. Il les laissoit
20 convenir, car il veoit bien que il ne pooit tenir son
convenant as Englès [de] che que il leur avoit prou-
mis, se il ne voloit perdre son païs. Ghe estoit le inten-
tion dou conte de Bouquighem et de ses gens que il
passeroient là Tivier en la marche de Yennes au plus
25 bel que il poroient, et à Testé il retourneroient en
France et i feroient guerre; et avoient mandet et
escript tout leur estât au roi d'Ëngletière et au duc de
Lancastre : si estoit li intention dou duc et dou conseil
dou roi que li imaginations dou conte de Bouquighem
30 et de leurs gens estoit bonne, et leur avoient rescript
que il fesissent enssi et que à le saisson uns passages
des Englès se feroit de rechief en Normendie, et pren-
[1381] LIVBB DSUXIÉMS, § 189. 41
deroient tière à Ghierebourc, et se trouveroient ces
deos 08 en Normendie, pour quoi, quant il seroient
tout ensamble» il poroient faire un très grant fait en
France. Li rois de France, si oncle et li consaulx ima-
ginoient bien tous ces poins, et en estoient aucune- 5
ment avisset et enfourmet, et dissoient bien entre
iauk en secré conseil que, se li dus de Bretaigne et
aucunes de ses villes et ses gens estoient contraire au
roiaulme de France avoecques le poissance d'Engle-
tière, li roiaulmes de France aroit pour une saison à 10
porter trop dur fais. Pour quoi cil quatre baron de
Bretaigne, qui representoient le duc et qui concevoient
bien tous ces aflfaires, avoient mis ces doubtes avant,
et especiaulment il s'en estoient descouvert au duc
d'Ângo qui avoit le souverain gouvrenement pour le 15
tamps dou roiaulme de France ; et li dus d' Ango qui
tendoit à faire un grant voiage et de aller au plus tart
dedens deus ans en Puille et en Gallabre, ne voloit
mies que li roiaulmes de France fust si ensongniés
que ses voiages en fust rompus ne retardés : si s'en- 20
clinoit grandement à che que li dus de Bretaigne venist
à paix, affin que il demorast bons François et loiaulx
et homs de foi et d'omage dou roi de France.
Tant fu parlementé et tretiet par les quatre barons
dessus nommés que li dus de Bretaigne vint à acort, 25
et pooit, et sans fourfait, adrechier les Englès de navire
pour râler en Ëngletière. Encores mist li dus de Bre-
taigne en ses ordenances que, se chil de le garnisson
de Gbierebourc, qui estoient en che voiage venu ser-
vir le conte de Bouquigem, s'en voloient par tière 30
râler en leur garnison, il aroient bon sauf conduit dou
roi et dou connestable de France, pour faire leur
il GHROraQUSS DE J. FROI88ART. [138IJ
chemin parmi le roiaiilme de France, voires à die-
vauchier sans armeures, et aucun chevalier et escuier
d'Engletière, se il se voloient mettre en leur compai-
gnie; et, les Englès partis de Bretaigne, li dus de
5 Bretaigne devoit venir en France deviers le roi et ses
oncles et recongnoistre foi et homage dou roi, enssi
que uns dus de Bretaigne doit faire à son naturel
signeur le roi de France. Toutes ces coses forint
escriptes et scellées bien et souffissanment, et apor-
10 tées deviers le duch de Bretaigne, qui pour le tamps
se tenoit au Suseniot en la maroe de Venues : si s'acorda,
mais che fu à dur, à che que ses gens en avoient fait,
car bien [savoit] que il ne pooit che faire sans avoir
grant mautallent as Englès •
15 § 190. Quant li connissance vint au conte de Bou-
quighem et as Englès que li dus de Bretaigne s'estoit
accordés au roi de France, si en furent moult courou*
chiet et se contemptèrent moult mal de li, et dissent
que il les avoit [deceus], car de commendiement il les
20 avoit mandés et fait venir en Bretaigne , et onques,
enssi que il deuist avoir fait, il n[e s*]estoit acquîtes
envers eulx : pour quoi il en tenoient mains de bien
et de loiauté. Âssés tost apriès, li dus de Bretaigne
vint à Venues deviers le conte et les barons, et leur
25 remonstra couvertement coment ses gens avoient
tretiet et pourcaciet à Paris deviers le roi et ses oncles
tretiés, lesquels il convenoit que il fesist et tenist, se
il ne voloit perdre son païs. Âdont eut grandes paroUes
entre le conte de Bouquighem et les barons d'Ëngle*
30 tière d'une part, et le duc de Bretaigne d'autre, mais
li dus s'umelioit et escusoit ce qu'il pooit, car bien
[i381] UVRK DBUXIÈMS, $ 190. 43
veoit et sentoît que il avoit en aucunes manières tort.
Toutefois faire le convenoit que li Englès partesissent
hors de Bretaigne. Âdont fist li contes de Bouquighem
asavoir parmi la citté de Venues que, se ses gens
avoient riens acrut, on se tralsist avant, on seroit 5
paiiet, et rendi as bourgois de Venues les clés de la
ville, et les remercia de ce que il avoient fait. On
délivra au conte et à ses gens pour leurs deniers
navire à Venues, à Hainbon et à Gamperlé, là où il
estoient logiet, et se parti de Venues li contes de Bou- iO
quigbem le onsime jour dou mois d'apvril, et toutes
ses [gens] , banières desploles en ordenance de bataille.
Et vinrent enssi sus le havene où leurs nefs estoient;
si entrèrent dedens ordenéement et furent là ou havene
tout le jour à l'ancre. Et là vint li dus de Bretaigne, i5
messires Alains de la Houssoie, H sires de Montbou*
chier, messires EstièvenesGuion, messires Guillaumes
de Tannegùi, messires Joffirois de Karemiel et plui-
seurs aultres de son conseil, et en voilèrent deviers le
conte qui estoit en sa nef, dire que li dus voUoit par^ 20
1er à lui. Li contes n'i volt mies venir, mais i envoiia
le signeur de Latinier et messire Thumas de Persi.
Ghil doi vinrent parler au duc de Bretaigne, et furent
ensamble en parlement bien trois heures, et fu ordonné
des Englès à leur département que il feroient tant 25
deviers le conte que à Tautre jour ils et li dus aroient
plus de parlement ensamble, et revinrent sus cel estât
en leur nef, et remonstrèrent tout ce au conte et quel
cose il avoient trouvé ou duc de Bretaigne. Quant che
vint apriès mienuit et li flos revint, li maronnier 30
eurent vent à volenté : si demandèrent au conte quel
cose il voloit faire. Li contes, qui ne voloit plus avoir
44 CmONIQUBS DK h FROI88ART. [4381]
de parlement au duc de Bretaigne» dist : c Tirés les
ancres amont, avallés le cable, et partons nous. » Tan-
tos fu fait et desancré. Adont se départirent li Englès
dou havene de Venues, et singlèrent vers Engletière.
5 Ossi fissent chîl des autres havenes et pors : tout se
remissent sus lé mer ensambte.
Or parlerons nous d'aucuns chevaliers et escuiers
qui retournèrent par tière à Ghierebourc, et recorde-
rons quel cose leur avint sur leur chemin par tière.
10 § 191. Li connestables de France, qui pour cfae
tamps se tenoit au Ghastiel Josselin à set lieuwes priés
de Vennes, avoit donné sauf conduit de aller leur die-
min deboinairement aucuns chevaliers englès et nava-
rois de la garnisson de Ghierebourc, qui avoient eo
15 che voiage servi le conte de Bouquighèm, entre les-
quels messires Yon Fils Warin, messires Guillaumes
Clinton et messires Jehans Hurlé estoient. Et se parti-
rent chil de Venues, et prissent le chemin de ûistiel
Josselin, car c'estoit leur voie, et vinrent là, et se
20 logièrent en la ville au dehors dou castiel, et ne qui-
doient ne voloient fors que disner, et tantos partir.
Quant il furent descendu à leur hostel, enssi que gens
passans qui se voloient délivrer, li compaignon dou
castiel, chevalier et escuier, les vinrent veoir, enssi
25 que gens d'armes s'entrevoient volentiers, especiaul-
ment François et Englès. Entre les François avoit un
escuier, bon homme d'armes et renommé, liquels
estoit à monsigneur Jehan de Bourbon, le conte de
le Marce, et le plus prochain que il euist et de ses
30 escuiers que il amoit le mieulx, et s'appelloit cils
Jehans Boudnel. Chils escuiers avoit dou tamps passé
[1381] tnm DEUXIÈHK, § 191. 45
esté en gamisson en [Yalongne] avoecques messîre
Guillaume des Bordes et les Franchois à l'encontre de
Ghierebourc, et avoit eu de ce tamps parolles de fait
d'armes par pluiseurs fois à un escuier englès qui là
estoit, qui s'apelloit Nicolas Gliffort. Quant cil che- 5
▼alier et escuier françois furent venu au bourc bas à
Tostel où cil Englès estoient, et que il eurent parlé
ensamble et regardé et avissé l'un l'autre, Jehans
[Bottcinel] commencha à parler et dist à Nicollas Glif-
fort : < Nicollas, Nicollas, par pluiseurs fois nous som- 10
mes nous heriiet et devîsset à faire fait d'armes, et
point ne nous sommes nous trouvé en place, où nous
le puissons faire. Or sommes nous maintenant chi
dallés monsigneur le connestable et les signeurs : si
les ferons tant seullement, et je vous en requier de i5
trois pous de lanche. > Nicollas respondi à celle
parolle, et dist : c Jehan, vous savés que nous sommes
enssi que pèlerin sus nostre chemin, ou sauf conduit
de monsigneur le connestable, et que ce que vous me
requerés ne se puet faire maintenant, car je ne sui 20
pas chiés dou sauf conduit, mais sui desoulx ces
chevaliers qui chi sont, et, se je voloie demorer, si
ne demoroient il pas, se il ne leur venoit bien à
point. > Respondi li escuiers françois, et dist : t Nicol-
las, ne vous escusés point par che parti : laissiés vos 25
gens partir, se il voellent, car je vous ai en conve-
nant, les armes faittes, [que] je vous ferai remettre en
la porte de Ghierebourc sans damage et sans péril ;
anchois vous i conduiroie que vous n'i fuissiés sauve-
ment menés, et de tout che je me fai fors de monsi- 30
gneur le connestable. > Dont respondi Nicollas, et si
dist : c Or preodés que enssi fust, et dou mener je
46 CHR0NIQUB8 DE J. FR0I8SART. [4381]
VOUS croi assés ; mais vous veés que nous cheyaucons
parmi die païs tous despourveus d'anneores, et n'eu
avons nulles avoecques nous, ne, se je me volloie
armer, je n'ai de quoi. > — c Ha ! respondi Jehans,
5 NicoUas, ne vous escussés point par oe parti, car je
vous dirai que je vous ferai : je ai des armeures assés
en mon commandement ; je vous ferai aporter en le
plache où nous ferons fait d'armes, deus hamas tous
ievols, otels les uns comme les autres, et, quant il
iO seront là mis et coudiiés, vous les regardorés et avis-
serés, et lequel que vous voilés, je vous mech à coes,
vous eslirés et prenderés, et de cbeli vous vos arme-
rés, et de l'autre je m'armerai, i Quant NiooUas Glif-
fors se veï ai^és et pointîiés si avant, si fu tous
15 virgongneus et honteuls pour ceuls d'environ qui escou-
toient les paroUes, et li sambloit bien que chils li oSroit
tant de coses, que il ne le pooit pour son honneur
refuser, car encores li dissoit Jehans : < Prendés tous
les partis que vous voilés : je m'i asentirai avant que
20 nous ne fâchons fait d'armes. > Et tant que NicoUas li
respondi : € J^en arai avis, et, anchois que je me
parte, je vous en segnefierai aucune cose, et, se il est
enssi que che ne se puist faire bonnement maintenant
et que mi signeur qui chi sont, desous qui je sui, ne
25 le me voellent accorder, moi retourné à Ghierebourc,
traies vous à [Yalongne], segnefiiés moi vostre venue
tantos, et incontinent je m'en irai vers vous, et vous
délivrerai. > — € Nenil, nenil, dist Jehans, n'i querés
nulle eslonge ; je vous ai offert tant de honnerables
80 offres que nullement vous ne vous poés partir à vostre
honneur, se vous ne faites chi fait d'armes, quant je
vous en requier. > Encores fu Nicollas de ces parolles
[1381] UVRB DEUXIÈMS, g 192. 47
plus oourouchiés que devant, car il li sambloit, et voira
' estoit, que chils parloit grandement contre son hon-
neur. Â ces cops se retraïssent li François ens ou cas-
tiel, et li Englès se retraïssent à leurs hostels, et se dis-
nèrent. Quant li compaignon François, chevaliers et 5
escuiers, furent retourné ens ou chastiel, vous poés
bien croire et savoir que il ne se teurent pas des par-
dioos d*armes que Jehans Boucinel avoit faites et
présentés à Nicollas Gliffort, et tant que li connestables
en ot la connissance. Si penssa sus un petit, et lors li 10
priièrent li chevalier et li escuier qui là estoieot, que
il vosist rendre painne à che que chils fais d'armes se
fesist, et li connestables, quant il les oï, respondi :
c Yolœtiers. >
§ 198. Quant die vint apriès disner, li chevalier 15
d'Engletière, qui là estoient et qui partir se voloient,
s'en vinrent ou castiel deviers le connestable, pour
Fi veoir et parler à lui, car il leur devoit baillier dou
mains un dievalier qui les devoit conduire et mener
tout leur chemin parmi Bretaigne et Normendie jus- 20
ques à Ghierebourcq. Quant il furent venu ou castiel, li
connestables les rechut moult doucement, et puis leur
dist : c Je vous arreste tous, et vous deffens à non
partir meshui. Demain au matin, apriès messe, nous
verrons ce fait d'armes de vostre escuier et dou nostre, 25
et puis vous vos disnerés avoecques moi. Le disner
fait, vous vos partirés, et vous baillerai bonnes gides
qui vous menront tant c'a Ghierebourc. i II li accor-
dèrent et burent de son vin, et puis s'en retournèrent
à leurs hostels. 30
Or s'avissent li doi escuier Jehans et Nicollas car il
48 CHB0N1QUB9 DB J. FR0IS8ÀRT. [1381]
oonvient que au matin il facent fait d'armes : jamais
n'eu [seront] déporté. Quant che vint au matin, tout
doi fiirent ensamble à une messe et se confessèrent et
acumeniièrent ; et puis montèrent aus chevaulx li
5 signeur de France de une part, et li Englès d'aultre»
et s'en vinrent tout ensamble en une belle place et
ounie au dehors dou Gastiel Josselin, et là s'arrestè-
rent. Jehans [Boucinel] avoit pourveu deus harnois
d'armes bons et soufBssans, enssi que li affaires deman-
10 doit et que promis à l'escuier englès avoit : si les fist
là tout parellement estendre et mettre sus la terre, et
puis dist à Nicollas : < Prendés premiers. » — c Par
[ma] foi, respondi li Englès, non ferai. Vous prenderés
premiers. > Là convint que Jehans presist premiers,
15 et s'arma de toutes pièces parmi ce que on li aida,
enssi que uns homs d'armes se doit armer : ossi fist
Nicollas. Quant il furent tout armé, il prissent les
lances à bons fiers de Bourdiaux, qui estoient tout de
une longueur, et se mist cascuns où il se devoit
20 mettre pour venir de courses et faire fait d'armes ; et
avoient avalés et clos les carnes de leurs bacinès, et
puis s'en vinrent pas pour pas l'un contre l'autre.
Quant il deurent aprochier, il abaissièrent les glaves
et les missent en point pour adrechier l'un sus l'autre.
25 Tout dou premier cop, Nicollas Gliffort consieuwi de
son glave Jehan Boucinel en le poitrine d'achier amont :
li fiers de glave coulla oultre à l'autre lés et ne se prist
point à le plate d'achier, mais escippa amont en coul-
lant tout oultre le camail qui estoit de bonnes mailles,
30 et li entra ou col et li coppa la vainne orginal et li
passa tout oultre à l'autre lés, et rompi li hanste dallés
le fier, et demora li fiers et li tronçons ens ou hateriel
[iSSi] UVU DSCXIÈMB, § 192. 49
de Fescaier, qui estoit de che cop navrés à mort, che
poés vous bien croire. Li escuiers englès passa oultre
et mist sa lance jus, qui estoit brissie, et s'en revint
viers sa caiière. Li escuiers françois, qui se sentoit
férus à mort, s'en alla jusques à sa caiière et là s'asist. 5
li signeur de son [costé], qui avoient veut le cop et
qui li veoient porter le tronçon ou hateriel, vinrent
celle part : on li osta tantos le badnet et li osta on le
tronçon et le fier. Sitretos comme il l'eut hors dou
col, il tourna d'autre part sans riens dire, et ceï là et to
morut, ne onques li escuiers englès qui venoit là le
cours pour li aidiér, car il savoit paroUes qui faissoient
estanchier, n'i peut venir à tamps que il ne le trou-
vast mort. Lors n'eut en NicoUas Gliffort que courou-
diier, quant il vel que par telle mesavenue il avoit 15
mort un vaillant homme et bon honmie d'armes. Qui
veist là le conte de la Marce, qui amoit l'escuier mort
sus toutes riens, courouchier et dementer et règreter,
il en peuist et deuist avoir grant pité. Li connestables
de France, qui estoit là présentement, le reconfortoit 20
et dissoit : c En tels ahaties ne doit on atendre autre
cose. Il est mesavenu à vostre escuier, mais li Englès
ne le peut amender. » Adont dist il as chevaliers d'En-
gleUère : c Âlons, alons disner; il est heure. > Li
connestables, enssi que maugré eulx, les enmena ou 25
castiel pour disner avoecques li, car il n'i voloient
aller, tant estoient il courouchiet de la mort de celli.
Li contes de la Marce ploroit moult tenrement et regre-
toit son escuier. NicoUas Gliffort s'en vint à son hostel
et ne voloit nullement aler ou castiel disner, tant 30
pour le grant courons que il avoit pour le mort de
celli que pour les amis et prolmes de l'escuier, mais li
X — 4
50 CHRONIQUIS DB J. FR0IS8ART. [1881]
oonnestables reovoiia querre, et le convint venir on
quastel ; et, quant il fu devant li, il li dist : € Certes,
Nioollas, je croi assés, et bien le voi, que vous estes
courouchiés de la mort Jdiian BouchineU mais je vous
5 en escuse. Vous ne Tavés peut amender, et, se Dieux
me vaille, se je euisse esté ou parti où vous estiés,
vous n'en avés fait oosse que je n'euisse fait, car mieulx
vault grever son ennemi que ce que on soit grevé de
li. Telles sont les parechons d'armes. » Âdont s'asist
fO on à table : si disnèrent li signeur tout par loissir.
Âpriès disner et le vin pris, li connestables appella
monsigneur le Barrois des Bares, et li dist : c Barrois,
ordonnés vous. Je voel que vous conduissiés ces Englès
jusques à Ghierebourc, et faites partout ouvrir villes
15 et chastiaulx et eulx amenistrer che qui leur besongne. »
Li Barrois respondi et dist : € Monsigneur, volen-
tiers. 1 Adont prissent li Englès congiet au connestable
de France et as chevaliers qui là estoient. Si vinrent à
leurs hostels : tout estoit tourset et apparilUet ; si
20 montèrent et partirent de Gastiel Josselin, et chevau-
chièrent devant eulx pour aler à Pont Ourson et au
Mont Saint Miciel. £t estoient ou convoi et en le garde
de che gentil chevalier le Barrois des Barres, qui
onques ne les laissa, ne en Bretaigne, ne en Normen-
25 die, si lurent rentré en Ghierebourc. Ënssi se départi
li armée dou conte de Bouquighem par mer et par
terre.
Or revenrons nous as besongnes de Flandres et
conterons quels coses estoient avenues en Flandres en
30 la saisson ipie li contes de Bouquighem fist son voiage
parmi France, et comment cil de Gaind se maintinrent,
et ossi d[ou c]onte Loels de Flandres, leur sîgneuri
[iSSaj LIVBB DEUXIÈMB, g 193, 51
comment il persévéra sur iaulx et leur fist guerre
moult forte durement.
§ 193. Bien est vérités que li contes de Flandres à
cbe oommendiement n'amiroit et ne doubtoit les Gan-
tois que trop petit, et les pensoit bien tous à sous- 5
mettre par sens et par armes petit à petit, puis que
Jehans Lions et Jehans Prouniaub: estoient mort ; mais
li Gantois avoient encores des grans cappitainnes
ens esquels il avoient grant fiance et par les-
queb il ouvroient don tout. Et estoit Rasses de Har- 10
selle cappitains de ceulx de le casteilerie de Gaind,
et Jehans de Launoit, cappitaine de la casteilerie
de Gourtrai; encores i estoient cappitainne Jehans
Boulle, Piètres dou Bois, Ernouls Glercq et Piètres le
Wittre. 15
En che tamps s'esmut uns contens et uns mautal-
lens entre les gros et les menus de Bruges, car li
menut mestier voloient faire à leur entente, et li gros
ne le peurent souffrir : si révélèrent, et en i ot de
foulons et de tisserans mors une quantité, et li démo- 20
rant s'apaissièrent. Âdont mandèrent chil de Bruges
le OMite qui estoit à Lille, que pour Dieu il venist vers
eulx, car il le tenoient à signeur, et estoient mestre
des petis. Li contes de Flandres entendi volentiers ces
nouvelles et se départi de Lille, messire Guillaume de 25
Namur en sa compaignie et grant fuisson de cheva-
liers et d'escuiers de Flandres, et s'en vint à Bruges,
où il fu receus à grant joie parmi le bon conseil que il
eut adont; et furent pris à Bruges à la venue dou
conte tout cil principaulment qui avoient les (cuers 30
gantois [et] qui en estoient souppechonné de l'avoir,
52 GHR0NIQUI8 DE J. FR0I8SART. [1380]
et en furent mis en le Pière en prison plus de cinc
cens, lesquels petit à petit on decoUoit.
Quant cil dou Franc de Bruges entendirent que li
contes estoit paisiulement à Bruges, si se doubtèrent
5 et se missent tantos en le merci dou conte, liquels les
prist et en eut grant joie, car ses pooirs encroissoit
tous les jours, et ossi chil dou Franc ont esté tondis
plus de la partie dou conte que tous li demorans de
Flandres.
10 Quant li contes se veï au dessus de ceuls de Bruges
et dou [Franc], et que il avoit desouls li chevaliers et
escuiers dou païs de Hainnau et d'Artois, si se avissa
que petit à petit il reconquer[r]oit son païs et pugni-
roit les rebelles. Et premièrement il ordonna et dist
15 que il voloit aler veoir cheulx de Ippre, car il les haioit
trop grandement de che que il ouvrirent les portes si
legierement as Gantois, et dist bien que cil qui che
tretiet avoient fait que de mettre ens ses ennemis et
de occire ses chevaliers, le compa[r]roient crueusse-
20 ment, mais que il en peuîst estre au dessus. Âdont
fist il un mandement parmi le Franc de Bruges que
tout fuissent apparilliet, car il voloit aler devant Ippre.
Ces nouvelles vinrent à Ippre que li contes, leurs
sires, s'ordonnoit pour euls venir veoir et asaillir : si
25 eurent conseil de segnefiier ces nouvelles à ceuls de
Gaind, adfin que il leur envoiaissenl gens et confort,
car il n'estoient mies fort assés de euls tenir sans Taide
des Gantois, qui leur avoient juret et proumis secours
toutesfois que il leur besongneroit. Si envoièrent quoi-
30 teusement lettres et mesages à Gaind as cappitainnes,
et leur segnefiièrent Testât dou conte, comment il les
manechoit de les venir assegier et assaillir. Ghil de
[1380] UVRK DXUXlftlIB, § 494. 53
Gaind r^rdèrent que il estoient tenu par foi et par
proumesse de iaulx conforter : si avisaèrent première-
ment deus cappitainnes, Jehan Boulle et Emoul Clerc,
et leur dissent : c Vous prenderés trois mille hommes
des nostres et en irés hastéement à Ippre et reconfoi^ 5
terés cheulx de Ippre enssi que nos bons amis. > Tan-
tes à ceste ordennance se départirent de Gaind tous
dl qui ordonné i furent ; li troi mille s'en vinrent à
Ippre, dont cil de la ville eurent grant joie. Li contes
de Flandres issi de Bruges à tout grans gens, et s'en 10
vint à Tourout et à Tendemain à Popringhe, et là
séjourna ti*ois jours tant que toutes ses gens furent
venu, et estoient bien vint mille hommes.
§ 194. Ghil de Gaind, qui savoient bien tous ces
convanans et comment li contes voloit poissanment 15
aler devant la ville de Ippre, regardèrent que il asam-
bleroient leur poissance et s'en iroient par Gourtrai
vers Ippre, et feroient vuidier dieulx de Ippre, et
combateroient le conte et ses gens, et, se il les pooient
une boine fois ruer jus, jamais ne se relleveroit. 20
Âdont se départirent de Gaind toutes les cappitaines,
Rasses de Harselle, Piètres dou Bois, Piètres le Wittre,
Jehans de Launoit et pluiseurs autres qui estoient cen-
tenier et chiequantenier, par perroces, et se trouvèrent
as camps plus de noef mille, et cheminèrent tant que 25
il vinrent à Gourtrai où furent recheu à joie, car
Jehans de Launoit en ëstoit cappitains. Li contes de
Flandres, qui se tenoit à Popringhe et là environ,
entendi que chil de Gaind venoient vers Ippre et que
ja estoient il à Gourtrai : si eut sur che avis et tint 30
toutes ses gens ensamble. Ghil de Gaind, qui estoient
54 CHRONIQUES DB J. FROlkSÂRT. [iS80]
venu à Gourtrai, s'en partirent, et s'en vinrent à
Roullers, et là s'arestèrent et envoiièrent dire à cheulx
de Ippre que il estoient là venu, et que se il voloient
issir hors à tous ceuls que il leur avoient envoiiés,
5 il se trouveroient gens assés pour aler combatre le
conte. De ces nouvelles furent cil de Ippre tout resjoî
et en grant vollenté de che faire, enssi que il le
monstjrèrent, et se partirent tantos au matin plus de
huit mille, et les conduissoient Jehans BouUe et Emouls
10 Clerc.
Li contes de Flandres et ses pooirs qui se tenoit en
celle marce, ne sai comment che fîi ne par quelle inci-
densse, seut que cil de Ippre estoient issu de le ville,
pour euls venir bouter avoec ceulx de Gaind qui
45 estoient à RouUers. Si ordonna sus un passage, dont
il estoit tous certains par où chil de Ippre passeroient
et non par ailleurs, deus grandes et grosses enbusques
de son fil le Haze, le bastart de Flandres, dou signeur
d'Enghien et des chevaliers et escuiers de Flandres et
20 de Hainnau avoecques ceuls de Bruges et ceuls dou
Franc, et avoit en cascune enbusque bien dis mille
hommes. Quant cil de Ippre et li Gantois, qui premiers
i avoient esté envoiiet avoecques Jehan Boulle et
Ernoul Clerc, furent sus les camps et il eurent cheminé
25 environ une lieuwe, il trouvèrent deus chemins : li
uns aloit vers RouUers, et li autres vers Tourout.
Si s'arestèrent et dissent : c Lequel chemin tenrons
nous? > Dist Ernouls Clerc : c Je conseille que nous
alons vers nos gens qui sont à RouUers. > — c Par ma
30 foi, dist Jehans Boulle, je les tenroie mieuhc logiés sus
le Mont d'Or que autre part, car soiiés tous certains,
je congnois bien de tant Piètre dou Bois et Basse de
[1380] UVRK DBUXIÈia, § 194. 55
Harselle, puisque il nous ont mandés que il voellent le
conte oombatre, que il aproceront dou plus priés que
il poront : si conseille que nous alons ce chemin. >
Emouls Glers le debatoit, mais Jehans Boulle le voloit,
et les fist tous tourner che cbemin. 5
Quant il eurent allet environ deus lieues et que il
estoient enssi que tous las de cheminer à piet, il s'en-
batirent en milieu de ces deus enbusques. Quant il se
trouvèrent là, si crièrent tout : c Nous sommes trahi ! »
Onques gens ne se missent à si petite defifense que il iO
fissent adont, mais se boutoient à sauveté à leur pooir,
et retoumoient li aucun en Ippre, et li autre pren-
doient les camps et s'eniuioient, qui mieux mieux,
sans arroi et sans ordenance. Les gens dou conte qui
en avoient grant fuisson enclos, les odoient à volenté 45
sans nullui prendre à merci. ToutesFois Jehans Boulle
et Ernouls Glers se sauvèrent. Li fiiiant qui fuioient
vers Ck)urtrai, trouvèrent leurs gens qui estoient parti
de Roullers et s'en venoient leur chemin vers Rose-
bèque. Quant Piètres dou Bos et li autre veïrent les 20
filiaux, il leur demandèrent que il leur estoit avenu :
il respmidirent que il fuioient comme gens trahis fau-
sèment et desconfis dou conte de Flandres et de ceulx
de Bruges, c Et quel quantité de gens sont cil,
demanda Piètres dou Bois, qui ont fait ceste descon- 25
fiture ? > Il respondirent que il ne savoient et que il
n'avoient mies eu bon losir dou conter, mais tout li
camp en estoient couvert. Là eut Piètres dou Bois
phiiseurs imaginations dou traire avant pour retourner
les fuians et combatre leurs ennemis qui les cachoient, 30
ou de retraire vers Gourtrai : tout consideret, consil-
liet fu que dou retraire pour œlle fois ce estoit li plus
56 GHRONIQUBS DE J. FROISSART. [1380]
pourfitables. Si se retralssent tout en bataiUe rengie
sans iaulx desrouter, et s'en retournèrent ce jour à
Ck)urtraî, et là se retraioient li fuiant. Si se logièrent
cil de Gaind en Gourtrai, et missent garde as portes,
5 par quoi il ne fuissent souspris. Comptés leurs gens et
avisés, quant Jebans Boulle et Ernouls Glers forent
retournet, il congneurent que de la ville de Gaind, de
ceulx que il avoient envoiiet à Ippre, estoient bien
mort douse cens, et si en i ot bien de ceulx de Ippre
10 otant ou plus ocis, et, se les enbusques dou conte
euissent cachiet en alant vers Ippre et en allant vers
Gourtrai, petit en fuissent demoret que tout n'euissent
esté rataint, mais ce que point ne cachièrent ne n'en-
tendirent à tuer fors ceulx qui obéirent en leur
15 enbusque, en sauva trop grant plenté. Si furent dl de
Ippre moult esbabi, quant il veïrent leurs gens retour-
ner desconfît le propre jour que il estoient issut,
et demandoient conunent cbe avoit esté. Il dissoient
apriès Tun l'autre que Jebans Boulle les avoit trahis
20 e[t] menet mourir maisement.
§ 1 95. Vous avés pluiseurs fois oï recorder que c'est
dure cose de commun rapaisier, quant il est esmeus ;
je le di pour ceulx de Gaind. Quant il furent cbe jour
retrait à Gourtrai, li desconfit seurent que Jebans Boulle
25 estoit en la ville ; si se missent plus de mille ensamble,
et dissent : c Âlons au faulx et très mauvais trabiteur
Jeban Boulle, qui nous a trabi, car par lui, et non
par autrui, fumes nous mené ou cbemin dont nous
entrasmes en l'enbusque. Se nous cuissons creu
30 Ërnoul Glerc, nous n'euissons eu garde, car il nous
voUoit mener droit sus nos gens, et Jebans Boulle,
[idSO] LIVRE DKUXIÈIIB, $ !96. 57
qui nous avoit vendus et trahis, nous mena là où nous
avons esté desoonfit. » Or regardés comment il Tacu-
soient de traïson; je ne quide mies que il i euist
cause, car, se il fust enssi que il dissoient et que il les
euist vendus ne trahis au conte, il ne fust jamais 5
retournés viers euls et fîist demorés avoecques le
conte et ses gens : toutesfois, ce ne le peut escusser,
puisque il estoit aquelliés, que il ne fust mors; je vous
dirai comment. Li Gantois Talèrent querre et prendre
en son hostel, et ramenèrent sus le rue, et là fu 10
depedés pièce à pièce : cascuns enportoit une pièce.
Enssi fina Jehans Boulle. À Tendemain li Gantois se
départirent de Gourtrai et s'en retournèrent en Gaind
et envoiièrent Jehan de Launoit ou castiel de Gavres,
qui est castiaulx dou conte, séant sus la rivière d'Es- i5
caut, et le prist Jehans en garde et en gamisson.
§ 1 96. Or parlerons dou conte de Flandres et de ses
gens. Quant il eurent enssi par leur enbusque rués
jus les Gantois et bien mors trois [mille] ou environ,
que de ceulx de Gaind, que de ceulx de Ippre, li contes 20
eut conseil que il se trairoit devant la ville de Ippre et
[i] meteroit le siège. Sicom il fu consilliet, il fu fait,
et se traïst li contes celle part à toutes ses gens et à
belle compaignie de chevaliers et d'escuiers de Flan- .
dres, de Hainnau et d'Artois, qui l'estoient venu ser- 25
vir. Quant cil de Ippre entendirent que li contes, leurs
sires, venoient là si effordement, si furent tout effiraé,
et eurent conseil li rice homme de la ville et li notable
que il ouveroient leurs portes et s'en iraient devers le
conte et se meteroient dou tout en se ordenance et SO
obéissance et li crieroient merchi, car bien savoit que
58 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [1380]
de die que il avœeDt esté gantois, che avoit esté par
force et par le commuo, foulons et tisserans et tds
mesceans gens de la ville de Ippre; il le sentoient
bien si notable et si merciable que il les prenderoit à
5 merci. Sicom il ordonnèrent, il le fissent, et s'en
vinrent plus de trois cens, tout de une compaignie,
au dehors de la ville de Ippre, et avoient les clés des
portes avoecques eulx, et, quant li contes de Flandres
fu venus, il se jettèrent tout en genoulx devant li et
iO H criièrent merchi, et se missent dou tout euk person-
nellement et toute la ville en sa vollenté. Li contes en
eut pité et les fit lever et les prist à merchi : si entra,
et toute sa poissance, en le ville de Ippre, et i séjourna
environ trois sepmainnes et renvoia ceulx dou Franc
15 et ceulx de Bruges. En che séjour que li contes fist à
Ippre, il en fist décoller plus de set cens, foulons et
tisserans, et telles manières de gens qui avoient mis
premièrement Jehan Lion et les Gantois en la ville et
odiis ses vaillans honomes que il avoit là establis et
20 envoies, pour laquel cose il estoit moult irés pour ses
dievaliers* Et, à le fin que il ne fuissent plus rd)eUe
envers li, il en envois trois cens des plus notables tenir
' prison à Bruges, et, quant il eut tout die fait, il s'en
retourna à Bruges à belle compaignie de gens d'armes,
25 mais il prist le chemin de Gourtrai et dist que il voloit
ceuls de Gourtrai mettre en se obéissance.
§ 197. Quant dl de Gourtrai entendirent que li
contes, leurs sires, venoit effbrdement sus eulx et
que dl de Ippre s'estoient mis en se obéissance, il se
30 doubtèrent grandement, car il ne veoient point de con-
fort apparant en chiaulx de Gaind : si se avissèrent
ffSM] LIYBI DBtJXIÉllB, § 197. 59
que il se renderoient legierement à leur si^eur, et
trop mieulx leur valloit à estre dallés le conte, quant
3 li dévoient foi et loiaulté, que dallés les Gantois.
Adont s'ordonnèrent il trois cens de la^ ville, tous des
plus notables, et se missent tout à piet sus les camps 5
contre le venue dou conte, les clés de la ville avoec-
ques eulx. Quant li contes deubt passer, il se jettèrent
tous en genous et li prièrent merchi. li contes en ot
pité, si les rechut à merchi, et entra en la ville moult
joieusement, et tout et toutes li fissent honneur et rêve- iO
rensse. Si prist des bourgois de Gourtrai environ deus
cens des plus notables, et les envoiia à Lille et à Douai
en ostagerie, afiîn que cil de Gourtrai ne se revellais-
sent plus. Quant il ot esté à Gourtrai sis jours, il s'en
ala à Donse et de là à Bruges, et s*i rafresqui environ 15
quinse jours. Et adont fist il un grant mandement par-
tout pour venir assegier la ville de Gaind, car toute
Flanckes pour che tamps estoit apparillie à son com-
mandement. Si se parti li contes de Flandres de Bruges
moult estofféement, et s'en vint mettre le siège devant M
Gaind, et se loga en un lieu que on dist à la Biete.
Là vint messires Robers de Namur servir le conte à
une quantité de gens d'armes, enssi que il estoit
escrips et mandés, mais messires Guillaumes de Namur
n'i estoit adont point, ains estoit en France deviers 25
le roi et le duc de Bourgongne. Ghe fu environ le Saint
Jehan Decollase que li sièges fu mis à Gaind, et estoit
marescaulx de toute l'ost de Flandres li sires d'Enghien
qui s'appelloit Gantiers, qui pour che tamps estoit
Jones, hardis et entreprendans, et ne resongnoit painne 30
[ne] péril qui li peuist avenir. Quoique li contes de
Flandres fust logiés devant Gaind à grant poissance,
60 CHROIfIQUBB DS J. FB0IS8ART. [1380]
[si] ne pooit il si oonstraindre oeuls de la ville que il
n'euwissent trois ou quatre portes ouvertes, par quoi
tous vivres sans dangier leur veuoient ; et ossi diil de
Braibant, et par especial cil de BrousseUes, leur estoient
5 moult favourable. Ossi estoient li Liegois et leur mao-
doient chil dou Liège pour eulx réconforter en leur
oppinion : c Bonnes gens de Gaind, nous savons bien
que pour le présent vous avés moult à faire et estes
fort travilliet de vostre signeur le conte et des gentils
10 hommes et dou demorant dou pals, dont nous sommes
moult courouchié ; et sachiés que, se nous estions à
quatre ou à sis lieuwes près marchissans à vous, nous
vous fixons tel confort que on doit faire à ses bons
frères, amis et voisins, mais vous nous estes trop
15 loing, et si est Braibans li pals entre vous et nous :
pour quoi il faut que nous nos souffirons, et pour ce,
se vous estes maintenant assegié, ne vous desoonfortés
pas, car Dieux scet et toutes bonnes villes que vous
avés droit en ceste guerre. Si en vauldront vos beson-
20 gnes mieux. » Enssi mandoient li Liegois à cbiaulx
de Gaind, pour eulx donner bon confort.
§ 198. Li contes de Flandres avoit asegié la ville
de Gaind au lés deviers Bruges et deviers Gourtrai,
car par devers Brouselle ne vers les Quatre Mestiers
25 ne pooit il venir ne mettre le siège pour les grans
rivières qui i sont, le Lis et TEscaut; et vous di, tout
considéré, Gaind est li une des plus fortes villes dou
monde, et i faudroit plus de deus cens mille hommes,
qui bien le voldroit assegier et dore tous les pas et les
30 rivières, et encores fauroit il que leurs hoos fuissent
séparées pour les rivières, ne au besoing il ne poroient
[1380] LmiK DKUXIÈMB, | 198. 61
conforter Tud Tautre, car il i a trop de peuple dedens
la ville de Gaind, et toutes gens de fait. Il se trouvoient
en die tamps, quant il regardoient à leurs besongnes»
quatre vins mille hommes tous aidables, portans armes
desoulx soissante ans et deseure quinse ans. 5
Quant li contes eut esté à siège environ un mois
devant Gaind, et que ses gens et li sires d'Enghien
et li Basses, ses fils, eurent fait pluiseurs escar^
muces et li jones senescaulx de Hainnau à chiaulx
de Gaind, dont un jour perdoient et Tautre jour 10
gaaignoient, enssi que les aventures aportoient, il
fil conssiilliés que il envoieroit cheulx de Bruges et
cenlx de Ippre et de Popringhe escarmuchi^ à un
pas que on dist au Lonc Pont, et, se on pooit che pas
gaaignier, che leur seroit trop grans pourfis, car il 15
enteroient ens es Quatre Mestiers, et si aprocheroient
Gaind de si priés comme il voldroient. Adont furent
dl ordonné pour aler à ce Lonc Pont, et en fii cappi-
tains, menères et conduissières uns moult entrepren-
dans et hardis chevaliers, qui s'appelloit messires 20
Josses de Haluin : avoec lui i ot encores des dieva-
liers et escuiers, mes messires Josses en estoit li chiés.
Quant dl de Bruges, d'Ippre et de Popringhe furent
venu à che pas que on dist au Lonc Pont, il ne le trou-
vèrent pas desgami, mais pourveu de grant fiiisson S&
de gens de Gaind, et i estoit Piètres dou Bois et Piètre
le Witre et Basses de Harselle ou front devant. Là
commencha li escarmuce moult grande et moult
grosse, sitretos que les gens dou conte furent venu,
et traioient canons et arbalestres de une part et d'autre 30
à effort, dont des quariaulx, tant des canons comme
des arbalestres, il en i ot pluiseurs mors et blechiés.
62 GHB0NIQUI8 DB J. FROISSABT. [1380]
Et trop bien s'i portèrent là li Gantois, oar il i recol-
lèrent leurs ennemis et oonquisent par force et par
armes le banière des orfèvres de Bruges, et fu jetté[e]
en Faighe et là dedens touellie; et en i ot de ces
5 orfèvres, et ossi i eult d'autres gens, grant fuisson de
mors et de blechiés, et par espedal messires Josses
de Haluin i fu ocis, dont che fii damages. Et retour-
nèrent cil qui là furent envoiiet sans riens faire. Enssi
se portèrent li Gantois vaiUanment.
10 § 199. Le siège estant devant Gaind par la manière
que li contes Tavoit assis, i eut fait pluiseurs escar-
muces autour de la ville, car li sires d'Enghien et li
senescaux de Hainau et li Haze de Flandres en trou-
voient à le fois à descouviert, dont il ne prendoient
15 nulles raenchons, et à le fois il estoient rebouté si dur
que il n'avoient mies loissir de regarder derière iaulx.
Âdont se requeillièrent en le ville de Gaind euls siis
mille de compaignons moult aidables, et eurent Rasse
de Harselle, Ernoul Clerc et Jehan de Launoit à cappi-
20 tainnes, et se partirent de Gaind sans le dangier de
l'oost, et cheminèrent vers Alos, qui lors estoit une
ville bonne et bien fremée, et i avoit li contes mis en
gamisson pluiseurs chevaliers et escuiers. Mais, quant
cil de Gaind i furent venu, il s'i portèrent si vaillan-
25 ment que par assault il le conquissent, et convint
messires Loels de Marbais, messires Godefrois de la
Tour et messires Phelippre le Jovene et pluiseurs
autres dievaliers et escuiers partir et vuidier hors par
la porte de BrouseUes : autrement il euissent esté
30 mort. Et fil adont par les Gantois Alos toute arsse,
portes et tout, et i conquissent moult grant pillage, et
[1380] LIVRS DBUXIÈMB, $ 200. 63
de là il vinrent devant Tenremonde, qui est forte ville ;
mais adont par assaut il le conquissent, et i fu m<H*8
messires Phelippres de Mamines. Et furent li Gantois
signeur de la ville et non pas dou castiel, car li sires
de Widescot le tint vaillanment avoecques ses compai- . 5
gnons contre eulx. Et de là vinrent li Gantois devant
Granmont, qui s*estoit nouvellement tournée deviers
le conte, par Teffort et tretiet dou signeur d'Enghien.
Ne sçai se il i eut traïsson ou autre cose, mais adont li
Gantois i entrèrent de force, et en i ot de oeulx dedens iO
moult de mors, et, quant il eurent fait ces voiages, il
s'en retournèrent à Gaind à tout grant butinage et
grant pourfit.
§ SOO. Quant li contes de Flandres vel que il per-
doit son tamps à seoir devant Gaind, et, quoi que il 45
seist là à grant frait et à grant painne pour li et pour
ses gens, àl de Gaind ne laissoient mies à issir ne à
ardoir le païs, et avoient conquis Âlos, Tenremonde
et Granmont, si eut consdl que il se partirait de là,
car li iviers aproçoit. Si se départi et si renvoiia ses 20
gens en leurs maissons rafresquir, et envoiia le signeur
d'Enghien et le signeur de Montegni en Âudenarde ea
garnisson, et avoient sans les gens d'armes deus cens
bons archiers d'Engletière , dont on faissoit grant
compte, et li contes s'en vint à Bruges ; si fissent cil 25
signeur, qui en Âudenarde se tenoient, pluiseurs belles
issues sus les Gantois, et estoient priés tondis sus les
camps, et ne pooit nuls aler à Gaind ne porter vivres
ne autres marohandisses, à painnes que il ne fust
raconsieuoîs. 30
Qfxuit li iviers fu passés, et che vint sus le marc,
64 GHRONIQUSS DE 1. FROI88ART. [138!]
li contes de Flandres rasambla toutes ses gens, et
manda œuls de Ippre, de Gourtrai, de Popringhe, don
Dan 9 de FEscluse et dou Franc, et se parti de Bruges
avoecques ceulx de Bruges, et s'en vint à Maie ; et là
5 se tint une e^asse de tamps, et fist de toutes ces
gens d'armes, encores avoec ceulx de Lille, de Douai
et de Âudenarde, souverain cappitainne le signeur
d'Enghien. Les gens le conte, qui estoient bien vint
mille, sicomme on dissoit, se ordonnèrent pour venir
iO devant Gauvres, où Jehans de Launoit se tenoit. Quant
Jehans seut le venue dou conte et des gens d'armes,
il le segnefia à Gaind à Basse de Harselle, et li manda
que il fust confortés et que les gens le conte estoient
sus le pals. Basses de Harselle asambla bien siis mille
15 honomes de ceuls de Gaind, et se mist as camps vers
Gauvre, et ne trouva là point Jehan de Launoit, mais
le trouva à Donse, où il pilloit le pals d'autre part le
rivière. Adont se remissent il ensamble, et cheminè-
rent che jour, et trouvèrent ceulx de Audenarde et de
20 Donse qui en aloient devers le conte : si les asaillirent
et en ocirent bien sis cens, et n'estoit point li sires
d'Enghien en oestecompaignie, mais estoit allés deviers
le conte qui estoit logiés sus les camps entre Donse
et Bruges.
25 Quant les nouvelles vinrent au conte et au signeur
d'Enghien que cil de Audenarde avoient redieu tel
damage, si en furent grandement courouchiet, et fu
adont ordonné que li sires d'Enghien se departiroit
atout quatre mille hommes, et s'en [venroit] à Gauvres
30 là où on esperoit que Jehans de Launoit estoit, mes
estoit retrais à Gaind atout son pillage et son butin et
ses prisonniers, mais de ce n'avoit il mies grant fîiis-
[138i] LIVKB DKUXliMB, § 200. 65
son. A l'endeinain se départirent il, ils et Rasses de
Herselle, atout siis mille hommes, et eurent en pour-
pos que d'aler à Donse ; mais, quant il furent sus les
camps, [il tournèrent vers] Niewle, car on leur dist
que li sires d'Ënghien et bien quatre mille hommes i 5
estoient, et que li contes n'i estoit point encores
venus : si les voloient oombatre.
Ghe propre jour que Rasses de Herselle issi de
Gaind, en issi ossi Piètres dou Bois atout siis mille
honmies, et Ernoul Clerc en sa compaignie, et vinrent lo
ardoir les fourbours de Gourtrai et abattre tous les
moulins qui estoient au dehors de Gourtrai ; et puis
s'en retournèrent vers Donse pour revenir à leurs
gens, mais che fu trop tart, car, quant Jehans de
Launoit et Rasses de Herselle furent à Niewle, il trou- 15
vèrent le conte et toute se poissance logiet sus les
camps, qui n'atendoit autre cose que il fuissent venu.
Enssi se trouvèrent ces deus hoos dou conte et des
Gantois sans ce que au matin il seuissent riens l'un de
l'autre. Quant Rasses de Herselles et Jehans de Lau- 20
noit veirent que combatre les convenoit, si ne s'efirè-
rent point, mais se missent en bon convenant, et se
rengièrent sus les camps et se missent en trois batailles ;
et en cascune bataille avoit deus mille hommes, tous
hardis et aventureux compaignons des plus ables et 25
corrageus de la ville de Gaind, et otant en avoient
Piettres dou Bois et Ernoulx Glers, qui estoient sus le
pais, et riens ne savoient encores de ceste avenue que
leurs gens se deuissent combatre, et au départir de
Gaind , il avoient pris ordenanche et convenant ensamble 30
que, se il trouveroient le conte et se poissance, il ne se
combateroient point l'un sans l'autre, car, cascune
X — 5
66 CHRONIQUES DU J. FR0I8SART. [i38i]
bataille à par li, il n'estoient point fort assés, et tout
eosamble il estoient fort assés pour oombatre otant de
gens trois fois que il estoient. Et tout ce avoient il juret
et fianchiet ensamble Piètres dou Bois et Basses; et
5 au voir dire, Basses euist bien arresté à non combatre
sitretos, se il vosist, car, se il se fust tenus en la ville
en attendant Piètre dou Bois, li contes ne ses gens ne
les euissent jamais là dedens requis ; mais , sitretos
que Basses soeut la venue dou conte, par orguel et
10 par grandeur il se mist sus les camps, et dist en soi
meïsmes que il combateroit ses ennemis et en aroit
Tonneur sans attendre Piètre dou Bois ne les autres,
car il avoit si grant fiance en ses gens et si bonne espé-
rance en la fortune de ceulx de Gaind que vis li estoit
15 que il ne pooit mies perdre, et bien monstra che jour
la grant volenté que il avoit de combatre, enssi comme
je vous recorderai présentement.
§ SOI • Moult fîi li contes de Flandres resjoïs, quant
il veï que Basses de Herselle estoit issus de Nieule et
20 trais sus les camps pour combatre : si fist ordonner
ses gens et mettre en bonne ordenance. £t estoient
environ vint mille hommes, toutes gens de fait; et i
avoit environ quinse cens lances, chevaliers et escuiers
de Flandres, de Hainau, de Braibant et d'Artois : là
25 estoient de Hainnau, li sires d'Engien, mareschaubc
de Toost, de sa route li sires de Montegni, messires
Mikieubc de le Hamède, li bastars d'Enghieo, Gilles
dou Bi8[oi] , Huistin dou Lai et moult d'autres ; et de
Hainnau encores, li sires de Lens et messires Jehans
30 de [Berlaimont] ; et de Flandres, li sires de Gistelles,
messires Guis de Gistelles, li sires d'Escornai, li sires
[1381] LIYBB DEUXlâME, | 201. 67
de Hulut, li sires de Haluin et messires Daniiel de
Haluin, messires Thieris de Disqaemue, messires d'Es-
taionebourc, li sires de Grutus, messires Jehans Yil-
lainst messires Gerars de Marquillies et pluiseurs
autres; et là i ot fait aucuns chevaliers nouviaulx. 5
Et estoit en devant li jovenes senescaulx de Hain-
nau mors sus son lit de la boce [à Obies] dalés Mer-
taigne, car il i euist esté. Si fist li contes de Flandres
cinc batailles, et en cascune mist quatre mille hommes :
là estoient il en grant voUenté de courir sus les enne- 10
mis; et porta che jour li sires de Lieureghem la
banière don conte de Flandres. Toutes ces batailles
faittes et ces ordenances, il aprodèrent, les dnc
batailles contre les trois ; mais de commenchement il
n'en i ot que trois de la partie dou conte qui apro- ^^
diaissent ne asamblaissent, car les deus estoient sus
elle pour reconforter les branllans. Là estoit li contes
en présent, qui les prioit et amonnestoit de bien faire
et de prendre vengance de ces esragiés de Gaind, qui
leur avoient fait tant de painne, et dissoit bien à ceulx 20
des bonnes villes : c Soiiés tout seur, se vous fuies,
vous serés mieux mort que devant, car sans merci je
vous ferai tous trenchier les testes. > Et mist li contes
ceulx de Bruges en la première bataille, et ceulx dou
Franc en la seconde, et ceulx de Ippre et de Gourtrai 25
en la tierce, et ceulx de Popringhe, de Berghes, de
Gassiel et de Bourbourc en la quarte, et il avoit retenu
dallés li ceulx de Lille, de Douai et de Âudenarde.
Or s'asamblèrent ces batailles, et vinrent Tun contre
l'autre. Basses de Herselle avoit la première bataille, 30
car c'estoit li plus outrageus, hardis et entreprendans
des aultres, et pour ce yoloit il eslre des premiers
68 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1381]
asaillans et avoir ent Tonneur, se point [en] i oeoit,
et s'en vint asambler à œuls de Bruges, que li sires
de GisteUes et si frère menoient. Là eut, je vous dis,
grant bouteïs et grant poussis de premières venues :
5 ossi d'autre part les aultres batailles asamblèrent. Là
en i ot pluiseurs reversés à ce commencement de une
part et d'autre, et i faissoient li Gantois des grans
appertisses d'armes; mais cil dou conte estoient trop
plus grant fuisson : quatre contre un. Là ot bon bou*
10 tels et qui longuement dura, anchois que on peuist
veoir ne savoir qui en aroit le milleur, et se missent
toutes ces batailles ensamble. Là crioit on : < Flandres
au lion! > en reconfortant les gens le conte; et li
autre crioient à haute vois : c Gaind ! Gaind ! » Et fu
15 tel fois que les gens le conte furent en aventure de
tout perdre, et, se il euissent perdu terre, il estoient
desconffi et mort sans recouvrier, car Piètres dou
Bois et bien sis mille hommes estoient sus les camps,
qui bien les veoieot combatre, mais il ne les pooient
20 conforter pour un grant plassiet d'aige et de mares,
qui estoit entre eulx et les combatans; mais, se li
contes euist perdu ce jour et que ses gens euissent fui
par cause de desconBture, Piettres dou Bois leur fust
saillis au devant et les euist eu à volenté, ne ja pies
25 n'en fust escappés, ne contes ne autres, que tout
n'euissent esté mort sus le place ou en cace; dont
c'euist esté grant damage, car en Flandres n'euist eu
point de recouvrier.
§ SIOSI. Basses de Herselle et Jehans de Launoit ne
30 l'eurent mies d'avantage à asaillir les gens le conte,
car li contes avoit là grant fuisson de bonne chevale-
[1381] UVBS DSUXIÈMB, g Wl. 69
rie et ses oommugnes de Bruges, d'Ippre, de Gourtrai,
d'Audenarde, dou Dan, de TEscluse et dou Franc de
Bruges, et estoient les gens dou conte quatre contre
un des Gantois ; dont il avint que, quant les batailles
dou conte furent toutes remisses ensamble, il i ot 5
grant gent, et ne les peurent souffrir li Gantois, mais
se ouvrirent et recuUèrent viers la ville, et li chevalier
et li gent dou conte les commenchièrent fort à apro-
chier et à desrompre. Sitos que il les eurent ouvters,
il entrèrent ens; si les abatoient et les tuoient à iO
mons.
Âdont se relraîssent li Gantois vers le moustier de
Nieule, qui estoit fors, et là se rasamblèrent, et i eut
grant bataille et grant occision des Gantois au rentrer
ou moustier. Jehans de Launoit, comme tous esbahis 15
et desconfis, entra ou moustier, et pour li sauver il se
bouta en une grosse tour dou docier, et cil qui peu-
rent de ses gens avoecques li ; et Basses de Herselle
demora dehors, qui gardoit Fuis et requelloit ses gens,
et fist à Fuis grant fuisson d*apertisses d'armes, mais 20
finablement il iîi efforchiés et férus de une longue
picque tout oultre le corps, et là abatus et tantos par-
occis. Enssi fîna Basses de Herselle, qui avoit esté uns
grans cappitains en Gaind contre le conte, et que li
Gantois amoient moult pour son sens et pour sa 25
proèce; mais de ses vaillances il en eut en fin che
leuwier.
Quant li contes de Flandres fu venus en la place
devant le moustier, et il veï que li Gantois se requel-
loient là dedens et estoient requelliet, il commanda à 30
bouter le feu ou moustier et tout ardoir. Ses comman-
demens fu tantos fais, et li feus aportés et grant fuis-
70 GHR0NIQU18 DX J. FROISSART. [1381]
son d'estrain et de velourdes que on mist et [apoia] tout
autour dou moustier, et puis bouta on le feu dedens.
Ghils feus monta tantos amont, qui s'esprist eus es
oouvretures dou moustier : là moroient li Gantois qui
5 estoient ou moutier à grant martire, car il estoient
ars, et, se il issoient hors, il estoient esboullé et
regetté ou feu. Jehans de Launoit, qui estoit ou clo-
quier, se veoit ou point de la mort et estre tous ars,
car li cloquiers s*esprendoit à ardoir : si crioit à oeulx
10 qui estoient bas : c Raenchon ! Raenchon ! » et oflFroit
sa taisse, qui estoit toute plaine de florins, mais on
n'en faissoit que rire et galler, et li dissoit on ; c Jehan,
Jehan, venés cha par ces fenestres parler à nous, et
nous vous requellerons. Faites le biau saut, enssi que
15 vous avés euv^an fait saillir les nostres; il vous con-
vient faire che saut. » Jehans de Launoi[t], qui se
veoit en tel parti et que ce estoit sans remède et que
li feus le quoitoit de si priés que il convenoit que il fust
ars, entra en hideurs et avoit plus chier à estre ods
20 que ars; et il fu l'un et l'autre, car il sailli hors par les
fenestres enmi eulx, et là fu requellîés à gbves et à
espées, et detrenchiés, et puis jettes ou feu. Enssi fina
Jehans de Launoit.
§ ,303. De bien siis mille honunes que Rasses de
25 Herselle et Jehans de Launoit, de la ville de Gaind ou
de environ Gand, qui servoient les Gantois pour leur
argent, avoient là amenet, il n'en escapèrent point
trois cens, que tout ne fuissent mort sur les camps
ou en la ville, ou ars ou moustier ; ne onques Piètres
30 dou Bos, qui avoit une grosse bataille sus les camps,
ne les peut aidier, car entre sa bataille et les gens de
[i38i] LIYHS DBUXlilII, J SOS. 71
Rasse, qui se combatoieDt et qui mort estoient, avoit
un grant plasquier tout plain d*aige et grans mare^
cages, par quoi il ne pooient venir jusques à eulx. Si
se parti de sa place à toutes ses gens bien rengiet et
bien ordonné en une bataille, et dist : c Âlons ent tout 5
le pas nostre chemin vers Gand. Rasses de Herselle et
Jehans de Launoit et nos gens ont mal exploitié : il
sont desconfit; je ne sai que il nous avenra, se nous
somme[s] poursieuwi ne asailli des gens le conte. Si
nous tenons tout ensamble et nous vendons et comba- iO
tons vaillanment, enssi que bonnes gens qui se oom-
batentsur leur droit. » Il respondirent, cil qui Foïrent :
< Nous le volons. > Lors se partirent il de là et se
missent au chemin pour venir vers Gaind en une
belle bataille rengie et serée. Li fuiant aucun, qui 45
escappé estoient de la bataille de NieuUe, se retour-
nèrent vers Gaind et rentrèrent tout eflGraé, enssi que
gens desconfis, en la ville, et recordèrent ceste dure
aventure comment Rasses de Herselle et Jehans de
Launoit et leurs gens estoient desconfit et mort par 20
bataille à Nieulle. Cil de Gand pour ces nouvelles
furent durement efihraé et courouchié pour la mort de
Rasse, car moût l'amoient et grant fiance en lui ent
a voient, car il Tavoient trouvé bon cappitaine et loial,
et, pour ce que Rasses estoient gentils homs, fils de 25
signeur et de dame, et que ils les avoit servis pour
leur argent, tant Favoient il plus emé et honnouré.
Si demandèrent as fuians qui retournoient : c Dites
nous et où estoit Piètres dou Bos, entrues que vous
vos combatiés? » Cil, qui point ne Tavoient veut ne 30
qui de lui nulles nouvelles ne savoient, respondoient :
c Nous n'en savons riens, ne point veut ne l'avons. »
X — 5*
72 GHR0NIQUB8 DE J. FROI68ART. [1381]
Lors commenchièrent aucunes gens en Gaind à mur-
murer 8ur Piètre dou Bos et à dire que mal s*en estoit
acquîtes, quant il n'avoit estet à le bataille, qui avoit
sis ou sept mille homme tous armés ; et eurent adont
5 li Gantois, qui en la ville estoietft et qui le gouvrene-
ment en a voient, en pourpos que, che Piètre lui revenu,
il Fochiroient, et puis au conte leur signeur s'apoin-
teroient et accorderoient, et se meteroient dou tout
en sa merchi. Je croi que, se il euissent enssi fait, il
10 eussent bien ouvret et fuissent legierement venut à
pais, mais point ne le fissent, dont il le comparèrent
depuis, et ossi fist toute Flandres ; ne encores n'estoit
point la cose à che jour là où elle devoit estre ne li
grans maus de Flandres sanchiés, enssi comme il fu
15 depuis et sicom je vous recorderai avant en Tistoire.
[A]près la desconfiture des Gantois, qui furent pour
che jour mort et desconfit à Nieule, et Rasses de Her-
selle et Jehans de Launoit mort, li contes de Flandres
entendi que Piètres dou Bos et une bataille de Gantois
20 estoient sus les camps et s'en raloient à Gaind ; adont
s'arresta li contes et demanda conseil à ses chevaliers
se on les iroit combatre. On li respondi en conseil que
pour ce jour on en avoit assés fait et que ses gens
estoient tout lassé, et les convenoit reposser. c Mais,
25 sire, che seroit bon que de cinc cens ou sis cens
hommes d'armes, tous bien monté, vous les fesissiés
poursieuir, pour savoir leur convenant. Il poroient
bien che soir gésir en tel lieu que nous seriens à leur
logement. > Li contes s'enclina à ce conseil et fist
30 enssi. Tantost furent ordonné cil qui seroient en ceste
chevauchie, et en fu li sires d'Ënghien menères et
souverains : si montèrent environ cinc cens lances as
[1381] UVBB DBUXIÈIU, § 203. 73
chevauix et se départirent de Nieulle et dou conte, et
prissent les camps, et chevauchièrent à le couverte
pour veoir les Gantois ; et tant alèrent que il les veï-
rent avaler un tieme, et esloient tout serré et en bon
convenant, et cheminoient le bon pas sans iaulx des- 5
router. Li sires d'Enghien et sa route les poursieuoient
de loing et sour costé. Piètres dou Bos et les Gantois
les veoient bien, mais nul samblant de iaulx desrouter
ne faissoient, et dissoit Piètres dou Bos : < Âlons ton-
dis nostre chemin et le bon p^s, et point ne nous 10
desroutons, et, se il se boutent en nous, nous les
requellerons ; mais je croi bien que il n'en ont nulle
vollenté. » Enssi cheminèrent il li un et li autre sans
rien faire jusques à Gaind, que li sires d'Enghien
retourna deviers le conte, et Piètres dou Bos et ses 15
gens rentrèrent en Gaind. Âdont fu Piètres aquel-
liés de plait et sus le point d'estre là ochis pour la
cause de che que il n'[avoit] autrement confortet
Basse et [ses] gens. Piètres s'escusa, et de voir, et
dist que il avoit bien mandé à Basse que nullement il 20
ne se combatesist sans li, car li contes estoit trop pois-
sanment sus les camps, et il fist tout le contraire :
c Se il Ten est mesavenu, je ne le puis amender,
et sachiés que je sui ossi dollans de la mort Basse
que nuls poeut estre, car la ville de Gaind i a perdu 25
un très bon et sage cappitainne : si nous en fault
requerre un aultre, ou nous mettre dou tout en la
volenté et obéissance dou conte, qui nous fera tous
morir de malle mort. Begardés lequel vous voilés
faire : ou persévérer en che que vous avés commen- so
chié, ou mettre en la vollenté et merchi de monsi-
gneur. > Piètres ne fu adont point respondus, mais
74 CHRONIQUSê DB J. FROISSART. [1881]
tant que de la bataille et avenue de Nieulle et de la
mort de Rasae il Ai excusés et descouppés. Dont ce
que on ne le respondî point, il se oontempta mal,
et sus aucuns grans bourgois qui là présent estoient,
^ li plus riche et li plus notable de la ville» tels que sire
Ghisebrest Grute et sire Simon Bete, il n'en fist
adont nul samblant, mais il leur remonstra dure-
ment en Tanée, enssi que vous orés recorder avant
en Tistoire.
10 § S04. Quant li sires d'Enghien et li sires de Mon-
tegni, li Haseles de Flandres et leurs routes furent
retourné à Nieulle devers le conte, et il eurent recordé
ce que il avoient veu, li contes se départi de Nieule
et s'en retourna vers Bruges, et ren[v]oiia ses bonnes
15 villes et ceulx dou Franc, et le signeur d'Enghien et
les Hainnuiers en garnison en Âudenarde.
Quant cil de Gaind entendirent que li contes estoit
retrais en Bruges et que il avoit donnet congiet toutes
ses gens, si se resmurent par l'esmouvement de Piètre
20 dou Bos, qui leur dist : c Alons devant Gourtrai et
ne nous refroidons point de faire guerre ; monstrons
que nous sommes gens de fait et d'emprise. > Adont
se départirent il de Gand plus de quinse mille, et
s'en vinrent moult estofféement devant Gourtrai et i
25 missent siège , le feste et le pourcession de Bruges séant ,
l'an mil trois cens quatre vint et un ; et furent là dis
jours, et ardirent tous les fourbourgs de Gourtrai et
le pals d'environ. Quant li contes en sot nouvelles, il
remanda tous ses gentils hommes et ceulx des garnis-
30 sons et les communs d'Ippre et dou Franc, et se
départi de Bruges avoec ceuls de Bruges, et se trou-
[1384] UVBK DBUXIAmB, § 204. 75
vèrent sour les camps plus de vmt et cinc mille. Dont
se missent il au chemin pour venir vers (k>urtrai et
combatre les Gantois et lever le siège.
Quant Piètres dou Bos et li Gantois entendirent que
li contes venoit vers euls si efforchiement, si n'eurent &
mies conseil que de Fattendre là [à siège], et se
départirent et s'en allèrent logier à Donse et à Nieulle,
et dissent que là il atenderoient le conte et segnefie*
roient leur estât à ceulx de Gaind et remanderoient
Tarière ban pour estre plus fort et plus de gens. Si ^0
se départirent de Gaind bien encores quinse mille
hommes, et s'en vinrent devers leurs gens à Nieule
et à Donse, et se logièrent tout sur les camps, en
attendant le conte. Quant li contes fu venus à Herle-
bèque, dallés Courtrai, il entendi que li Gantois estoient ^^
parti de là et retrait vers Gaind et logiet à Donse et à
Nieule. Si n'eut mies li contes conseil adont dou pour^
sieuir, et donna congiet ses gens d'armes et ses com-
mugnes, et en laissa une grant quantité à Courtrai,
et renvoia le signeur d'Enghien et les Hainuiers et son 20
fils bastart le Halse en Âudenarde en gamisson.
Quant Piètres dou Bos et li Gantois veirent que li
contes ne venoit point vers eulx, si se départirent de
Donse et de Nieule, et prissent le lonc chemin par
devers Âudenarde pour revenir par là à Gand. Si 25
envoiièrent, che jour que il passèrent vers Audenarde,
une quantité de leurs gens, desquels Ernouls Glers
estoit cappitains, et s'en vinrent cil escarmuchier
jusques as bailles de la ville. Li chevalier et li escuier,
qui là dedens estoient, ne se peurent astenir que il ne 30
venissent escarmuchier à iaulx ; et en i ot des mors
et des bleciés de une part et d'autre. A celle fois cil
76 CHRONIQUES DB J. FROISSÀBT. [1381]
de Gaind ne oonquestèrent point plenté à rescarmuche,
et s'en partirent et s'en retournèrent avoecques leurs
gens à Gand, et se retrait cascuns en sa maison.
Trois jours apriès, fu ordonnés Ernouls Clerc à
5 venir à Gauvres atout douse cens des Blans Gapprons,
et li fu li castiaulx et la castelerie de Gauvres baillie
par manière de gamisson pour faire frontière à ceulz
d'Audenarde. Si i vint Ernouls Glers à toute sa route
et se tint là, gaires ne fu che mies. Quant il entendi
10 que aucun chevalier et escuier qui estoient en Aude-
narde estoient issu hors à Taventure, adont se départi
il de Gauvres avoecques ses gens, et estoient bien en
nombre quinse cens. Si se missent en enbusque sour
ceuls qui au matin estoient issu hors d'Audenarde, li
15 sires d'Escornai, li sires de Ramseflies, messires Jehans
Villains, [li sires deLieureghen], li Gallois de [Mamines],
li bastars d'Escornai, messires Blanchart de Galonné
et pluiseur autre. Enssi que cil chevalier et escuier
qui avoient pris leur retour, s'en revenoient à Aude-
20 narde, Ernouls Glers et li embusque leur sailli au
devant : là en i ot des ratains et des rués jus et
ochis, car il ne prendoient nuUui à merchi. là vin-
rent as chevaliers et as escuiers li cheval bien à point,
car il brochièrent des espérons et retournèrent vers
25 Audenarde, et, enssi que il venoient devant les bailles,
il descendoient et se mettoient à d[eff]ense et aten-
doient leurs gens et leurs vallès, mais il ne peurent
onques si nettement rentrer en la ville que il n'en i
eust mors et bleciés plus de soissante. Et, quant il
30 eurent faite leur empainte, Ernouls Glers retourna che
soir à une abbeïe priés de là, que on nomme Eham :
si trouvèrent cil Gantois en la ville d'Eham Pière de
[4381] umB DBUXIÉMB, S ^05. 77
[Stinehus] et le Galois de Mamines et environ cent
compaignons de leur route. Si assallirent Tabbie où
il estoient trait : à grant dur se sauva li Gallois de
Mamines. et se parti par derière et entra en un batiel,
et s'en vint celle nuit à Audenarde et compta au signeur 5
d'Enghien, au signeur de Montegni, à messire Daniel
de Haluin et as chevaliers qui là estoient, conmient
ce soir Ërnouls Glers et li Blanc Gappron estoient entré
en Tabbele d'Ëham et avoient ochis leurs compaignons,
et bien penssoit que Pières de Stinehus estoit mors, iO
et voirement le fu il, car Ernouls Glers et ses gens le
fissent sallir jus de une[s] phenestres enmi le place, et
le requellièrent à glaves, et le ochirent, dont che fu
grans damages.
§ 805. Quant li chevalier, qui en Audenarde se 15
tenoient, entendirent que Ernoulx Glers et li Blanc
Gappron environ douse cens, que il avoit adont de
sa cai^e, estoient aresté à Eham, et mort leurs com*
paignons et pris Tabbete, si en furent moult courou-
chié, et avissèrent que il envoiieroient celle nuit leurs 20
espies celle part, pour savoir se à Tendemain il i seroient
trouvet. Enssi comme il l'ordonnèrent il le fissent. Leurs
espies raportèrent au matin que li Blanc Gappron s'or-
donnoient pour demorer là che jour, dont li signeur
furent resjoï. Adont s'armèrent U sires d'Enghien, li 25
sires de Montegni, li sires de Lens, li sires de Brifuel,
messires Mikieulx de le Hamaide et plus de cent che-
valiers et escuiers de Hainnau et bien otant de
Flandres, et se départirent de Audenarde environ trois
cens lanches et plus de mille que arbalestriers que 30
gros Vallès, et vinrent à Eham. Quant il deurent apro-
78 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1381]
chier Eham, il envoièrent devant messire Daniel de
Haluin à cent lances, pour commenchier le hustin et
atraire hors de Tabbele Ernoul Clerc, et ossi pour
attendre les gros varllés et arbalestriers qui venoient
5 tout de piet, et pour euls mettre en ordenance. Mes-
sires Daniel et li sires de Disquemue et li Hases de
Flandres s'en coururent devant esperonnant, et entrè-
rent en la place devant Tabbeie d'Eham en escriant :
c Flandres au lion au bastart! > Cil Gantois ne se
10 donnoient garde de celle enbusque, car il estoit encores
assés matin ; si n'estoient mis tout aparilliet. Nonpour-
quant chil qui [avoient] fait le gait le nuit, se missent
ensamble et requellièrent et ensonniièrent les chevar
liers et leurs gens qui là venoient, et entrues s'ar-
15 moient li autre. Avant que Ernoulx Glers peust avoir
remis tous ses gens ensamble, li sires d'Enghien, li
sires de Lens, li sires de Briffiiel, li sires d'Escornai,
li sires de Montegni et leur bataille entrèrent par
derière en la ville en escriant : c Enghien au signeur ! »
20 et se boutèrent de grant volenté en ces Gantois et ces
Elans Gapprons, qui noient ne du[rè]rent, mais s'ou-
vrirent, et ne tinrent onques point de conroi ne d'or-
donnance. Des douse cens en i ot bien mors, que là
qu'en l'abbele que sus les camps, onse cens, et i fu
25 ochis Ernouls Glers en fuiant et férus de deus pickes
tout parmi le cors et là apoiiés contre une haie. Après
ceste desconfiture retournèrent li sires d'Enghien et
li chevalier en Âudenarde, et tinrent ceste besongne à
grant proèche. Et sachiés que li contes de Flandres,
30 qui pour ce tamps se tenoit à Bruges, quant il en
sceut les nouvelles, en fu grandement resjols, et dist
dou signeur d'Enghien : cPar ma foi, il i a en lui un
[1381] UTBI DKUXIÈIB, S ^^M. 79
bon enfant et qui sara enoores Taillant homme, > Au
voir dire dou signeur d'Enghien, c'estoit tous li coers
doa conte de Flandres, et ne Tappelloit mies li contes
de Flandres son cousin, mais son biau fil.
§ SOC. Quant les nouvelles furent venues à Gand 5
que Emous Glers estoit mors et leurs gens desconfis,
si se commenchièrent li pluiseur à esbahir et à dire
entre iaulx : € Nos besongnes se portent mal ; petit à
petit, on nous odiist nos capitainnes et nos gens ; nous
avons mal exploitié de avoir esmeu guerre contre no lo
signeur le conte, car il nous usera tous petit à petit.
A mal nous retoura les haines de Gisebrest Hahieu et
de Jehan Lion ; nous avons trop soustenu et eslevé les
oppinions de Jehan Lion et de Piètre dou Bos : il nous
ont bouté si avant en ceste guerre et en ceste haîne 15
envers le conte, nostre signeur, que nous n'i poons
ne savons trouver voie de merci ne de pais. Encores
vauroit il mieux que vint ou trente le comparaissent
que toute la ville. » Enssi dissoient li pluiseur en requoi
Tun à l'autre, car generaument n'estoi[t] ce mies, pour 20
le doubtance des mauvais, qui estoient tout de une
sexte et qui s'eslevoient en poissance de jour en jour,
qui en devant estoient povre compaignon et sans nulle
diavance ; ores avoient il or et argent assés, car, quant
il leur en falloit et il s'en complaindoient as leurs cap- 25
pitaines, il estoient oï et tantost conforté, car on avis-
soit aucuns simples hommes et riches en la ville, et
leur disoit on : c Aies, et [si] dites à tels et à teb que
il viengnent parler à nous. > On les aloit querre : il
venoient (il n'osaissent contrester) ; là leur estoit dit : 30
€ Il fimlt [à] la bonne vîUe de Gand à présent finance
80 CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART. [1381]
pour paiier nos saudoiiers qui aident à garder et à
deffendre nos juridicidns et nos francisses; il fault
vivre les compaignons. > Et là metoient avant finance
toute celle que on leur demandoit, car, se il desissent
5 dou non, il fuissent tantos mors, et les amesist on
que il fuissent traître à la ville de Gaind et que il ne
vosissent mies l'onneur et le pourfit de la ville. Enssi
estoient li garçon et li mauvais maistre et furent tant
que la guerre dura entre eulx et le conte, leursigneur;
10 et, au voir dire, se li rice et li noble en la ville de
Gaind estoient batu de tels verghes, on ne les en
devoit ou doit point plaindre, ne il ne se poeuent
excuser par leur record meismes que il ne fuissent
cause de ces fourfais. Raison pour quoi? Quant li
15 contes de Flandres leur envoia son baillieu, pour cons-
traindre et justichier aucuns rebelles et mauvais, ne
pooient U tout demorer dallés lui et avoir conforté à
faire justice? Liquel i furent? on en i trueve petit. Il
avoient ossi chier, à ce que il monstrèrent, que la cose
20 alast mal que bien et que il eussent guerre à leur
signeur que pais, et bien pooient sentir et congnoistre
que, se il faissoient [guerre], povres gens et mescheans
gens [seroient] signeur de leur ville [et] seroient leur
maistre, et ne les en osteroient mies quant il vorroient,
25 enssi conune il en est avenu. Jehans de le Faucille,
par li dissimuller et partir de la ville de Gaind et v^r
demorer en Hainnau, s'en cuida purgier et oster, et
que des haines de Flandres, tant dou conte son signeur
que de la ville de Gaind, dont il estoit de nation, il
30 n'en fust en riens demandés ; mais si fu, dont il morut.
Et vraiement che fu damages, car cils Jehans de le
Faucille, en son tamps, fu uns sages et très notables
[1381] UnM DBUXiilIB, § 207. 81
lioms; mais od ne poeut à présent dopiier devant
[boiteux, c'est à dire devant] les signeurs ne leurs
oonsaulx : il i voient trop cler. Il avoit bien sceu
les aultres aidier et consillier, et de li meismes il
ne sceut prendre le miUeur chemin : je ne sai de 5
venté se des articles, dont il fut amis de messire
Simon Rin ou chastiel de Lille, il fu coulpables,
mais li chevalier, avoeecq le perverse fortune de li,
qui tourna tout à un fais sour li, le menèrent si avant
qu'il en morut. Et ossi ont fait toutes les cappitainnes 10
de Gand, ou quoiement ou ouvertement, qui ont tenu
et soustenu rébellion encontre leur signeur, et ossi
ont moult d'autres gens de la ville de Gand, meisme-
ment ceulx, espoir, qui couppe n'i avoient, sicom
vous orés recorder de point en point en l'istoire chi 15
iq>rès.
§ 807. Quant Piètres dou Bos vél que la ville de
Gaind afoiblissoit de cappitainnes, et se trouvoit enssi
que tous seux, et que li riche homme se commenchoient
à taner et à lasser de la guerre, si se doubta trop fort 20
et imagina que, se par nul moiien dou monde pais se
faissoit entre le conte et la ville de Gaind, quels trai-
tiés ne quels loiens de pais ne d'acord que il i eust,
il convenoit que il i mesist la vie. [Si] li ala souvenir
et souvenoit souvent de Jehan Lion, qui fu ses maistres, 25
et par quel art il avoit ouvret ; il veoit bien que ils tous
seuls ne pooit avoir tant de sens ne de poissance que
de gouvrener le ville de Gaind, et n'en voloit mies
avoir le principal fais, mais il voUoit bien de toutes les
folles emprisses couvertement avoir le seing. Si se 30
avissa adont d'un homme de quoi en la ville de Gaind
x-6
82 GHRONIQUBS DB J. FROI88ART. [I38IJ
on ne se donnoit garde, sage jovene homme assés,
mais ses sens n'estoit poiot oongneus ne on n'en avoit
eu jusques à che jour que faire. £t celli on appelloit
Phelippre d'Ârtevelle, et fu fils ancbiennement de
5 Jaque d'Artevelle, lequel» en son tan^[>s, eut sept ans
tout le gouvrenement de le conté de Flandres ; et avoit
dis Piètres dou Bos trop de fois oï reoorder Jdian
Lion, son maistre, et les anchiiens de Gaind, que
onques li païs de Flandres ne fu si cremus, si amés
iO ne si honnourés que le tams que Jaques d'Artevelle en
ot le gouvrenement, et enoores dissoient li Gantois
tous les jours : c Se Jaques d'Ârtevelle vivoit, nos
cosses seroient en boin estât, nous ariens pais à nostre
voUenté, et seroit nos sires li contes tous liés, quant il
15 nous poroit tout pardonner. > Piètres dou Bos s'avisa
de soi meïsmest sur ces paroUes et regarda que Jaques
d'Ârtevelle avoit un fil qui s'appelloit Phelippe, assés
convegnable et gracieux homme, que la roïne d'En-
gletière Phelippe avoit anchienement, dou tamps que
20 elle reposoit à Gand et que li sièges fu devant Tour-
nai, levé sus fons, et contre la roine il ot à non Phe-
lippes. Piètres dou Bos s'en vint un soir dbiés ce Phe-
lippe, qui demoroit avoecques sa damoiselle de mère,
et vivoient de leurs rentes tout bellement. Piètres dou
25 Bos s'aquinta de lui de parolles, et puis li ouvri la
matère pour quoi il estoit là venus, et li dîst enssi :
c Phelippe, se vous voilés entendre à mes parolles et
croire mon conseil, je vous ferai le plus grant de toutes
Flandres. > — c Gonmient le me ferés vous? dist Phe-
30 lippes. » — c Je le vous ferai par telle manière, dist
Piètres dou Bos, [que] vous ares le gouvrenement et la
menistration de la ville de Gaind, car nous sommes en
[1981] UVRB DIUXnfellB, g 207. 88
presmit en graot nécessité de avoir un souverain cap-
pitainne de bon non et de bonne renommée, et vos
pères, Jaques d'Artevelle, resusite maintenant en
ceste ville par le bonne memore de li, et dient toutes
gens, et il dient voir, que onques li pals de Flandres 5
ne fo si bien gouvrenés, tant amés ne tant cremus ne
honnoorés comme il fu de son vivant. Legîerement
vous meterai en son lieu, se vous volés, et, quant
vous i serés, vous vous ordonnerés par mon conseil,
tant que vous ares apris la manière et le [stille] dou 10
fait, ce que vous ares apris tantos. > Pbelippes, qui
avoit eage de homme et qui par nature desiroit à estre
avanchiés et honnourés et avoir de la chavance plus
qu'il n'eust, respondi : c Piètre, vous me oflBrés grant
cose, et je vous en crerai ; et, se je sui en Testât que 15
voua me dites, je vous jur par ma foi que je ne ferai ja
riens hors de vostre conseil. > Respondi Piètres dou
Bos : c Sarés vous faire le cruel et le hauster? car
uns sires, entre communs et par espedal à ce que nous
avons à Cadre, ne vault riens, se il n'est cremus et 20
redoubtés et renommés à le fois de cruauté. Enssi
voellent Flament estre mené, ne on ne doit entre euls
[tenir] conte de vies d'ommes ne avoir pité nient
phs que des arondiaulx ou aloettes, c'on prent en leur
saisson pour mengier. > '- c Par ma foil respondi 25
Phelippes, je sarai bien tout ce faire. > — € Et c'est
bien, dis! Piètres, et vous serés tels que je pensse,
souverains de tous les autres. > Â ces mos, il prist
oongiet de li , et se parti de son hostel et retourna
[au] sien. 30
La nuit passa, li jours vint : Piètres dou Bos s'en
vbt en une place où il avoit plus de trois mille hommes
84 GHRONIQUKS DB J. FR0IS8ART. [1381]
de oeulx de sa sexte et des autres, qui là estoient
asamblé pour olr nouvelles et pour savoir comment
on se ordonneroit et qui on feroit à cappilainne. Et là
estoit li sires de Hersselles, par lequel en partie des
5 besongnes dedentrainnes de Gaind on usoit, mais de
aler au dehors il ne s'en voloit de riens ensongniier ne
traitiier. Là nommoit on aucuns hooames de la ville,
et Piètres dou Bos escoutoit tout. Quant il ot assés ol
parler, il esleva sa vois et dist : c Signeur, je croi
10 bien que ce que vous dites est par grant afection et
délibération de corage que vous avés à garder Tonneur
et le pourfit de la bonne ville de Gaind, et que cil que
vous gommés sont bien idone et mérite d'avoir une
partie dou gouvrenement de la ville de Gaind, mais
15 j'en sai un qui point n'i vise ne ne pensse, que, se il
s'en voloit ensongniier, il n'i poroit avoir plus propisce
ne de milleur non. > Dont fu Piètres dou Bos requis
que il vosist celi nommer ; il le nomma et dist : c C'est
Phelippes d'Ârtevelle, qui fu tenus as fons en l'église
20 de Saint Pière de Gaind de la noble rolne d'Engletière,
que on appella Phelippe, et qui fil sa marine, en che
tamps que ses pères. Jaques d'Ârtevelle, seoit devant
Tournai avoecques le roi d'Engletière, le duc de Brai-
bant, le duc de Guerlles et le conte de Hainnau, liquels
25 Jaques d'Artevelle, ses pères, gouvrena en son tamps
la ville de Gaind et le païs de Flandres si très bien
que onques puis ne fu si bien gouvrenés, à ce que
j'en ai [ol] et oc encores recorder tous les jours
les anchiens qui le connissance en eurent, ne ne fu
30 onques si bien tenus ne gardés en droit que il fu de
son tamps, car Flandres estoit un tamps toute perdue,
quant par son grant sens et l'eur de li il le recouvra.
[1381] UVBB BEUXIÈU, i 208. 85
Et sacfaiés que nous devoDft mieux amer les branques
et les meidi>re8 qui viemient de si Taillant homme qui
fti que de nul autre. > Sitost que Piètres dou Bos ot
dist oeste paroUe, Phelippes d'ÂrteTelle entra en toutes
manières de gens si en corage que on dist tout de une 5
vois : € On le voist, on le voist querre ! Nous ne volons
autre. > — c Nenil, dist Piètres [dou Bos], nous ne
Tenvoierons point querre. Il vault bien que on voist
vers li ; encores ne savons nous comment il se vaura
maintenir ne de nous soi ensonniier. > iO
§ 208. Â ces mos, se missent tout cil, qui là estoient,
et encores plus assés, qui les sieuoient, au chemin, et
vinrent vers le maison Phelippe, qui de leur venue
estoit tous avissés. Li sires de Herselles, Piètres dou
Bos, Piètres le Wintre et environ dis ou douse des 15
doiiens des mestiers entrèrent en sa maisson et là [li]
requesrent et li remonstrèrent comment la bonne ville
de Gaind estoit en grant dangier d'avoir un souverain
cappitaine, auquel hors et ens on se peust raloiier, et
que toutes manières de gens demorant en Gaind li 20
domioient leur vois et Tavoient avisset à estre leur
souverains cappitains, car li recorps de son boin nom,
et pour Tamour de son bon père, leur ceoit mieux en
la bouce que de nul autre : pour quoi il li prioient
affectueusement que de bonne volenté il se vausist 25
emprendre d'avoir le gouvrenement de la ville et le
fais des besongnes ens et hors ; et il li juroient foi et
loiaulté [entérinement] comme à leur signeur, et
feroient toutes gens, com grans qu'il fuissent en la
ville, venir à son obéissance. Phelippes entendi bien 30
tontes leurs requestes et paroUes, et puis moult sage-
86 CHROKIQUSS BX 1. FR0IS8ABT. [1381]
meDt il respondi et dirt emsi : t Signeor, vous me
requerés de grant cose, et, espoir, vous ne penssés
mie bien le fais tel comme il est, quant vous voilés que
je aie le gouvrenement de la ville de Gaind. Vous dites
5 que Famour que vostre predicesseur eurent à mon père
vous i atrait : quant il eut fait tous les plus biaus ser-
vices comme il peut, il l'ochirent. Se je emprendoie le
gouvrenement tel que vous dites, et j'en finsse enfin
ochis, j*en aroie petit leuwier et povre guerredon. » ->•
10 c Phelippe, dist Piètres dou Bos, qui happa la parolle et
qui estoit li plus doublés, ce qui est passé ne poet on
recouvrer. Vous ouverés par conseil et vous serés
tousjours si bien consiUiés que toutes gens se loeront
de vous. > Respondi Phelippes : c Je ne le vorroie
15 mie faire autrement. > Àdont fii il là eslevés entre eus
et amenés ou marchiet et là sermentés ; et il serments
ossi les maieurs et les eschievins et tous les doiens de
Gaind. Enssi fu Phelippes d'Artevelle souverains cap-
pitains de Gaind, et aquist en ce oommenchement
20 grant grâce, car il parloit à toutes gens, qui [à lui] à
besoingnier avoient, doucement et sagement, etfisttant
que tout Tamoient, et, une partie des revenues que li
contes de Flandres a en le ville de Gaind de sen hire-
tage, il les fist distribuer au signeur de Herselles, pour
25 cause de gentillèce et pour parmaintenir au chevalier
son estât, car, tout ce qu'il avoit en Flandres hors de
la ville de Gaind, il avoit tout perdu.
Nous nos soufferons un petit à parier des matères
de Flandres, et parlerons des besongnes d'Engletière
30 et de Portingal.
g 809. Vous avés bien ohi dessus ol reoorder que.
fl38l] UVBB DKUZitlB, g 209. 87
quant li nrâ Henris de Gastille fii trespaaaés de che
dède et ses ainsnés fils dans Jehans oouroimés à ixm
et sa moallier couronnée à roïne, laquelle estoit fille
dou roi Piètre d'Aragon, la guerre se resmut entre le
roi Ferrant de Portingal et le roi de Gastille sus oer^ 5
tainnes actions qui estoient entre eux deus, et princhi-
palment pour le fait des deus dames, filles dou roi
dan Piètre, Gonstanse et Isabel, mariées en Engletière,
la première au duc de Lancastre et la seconde au conte
de Gambruge. Et disoit cils rois de Portingal que on iO
avoit à tort et sans cause deshireté ses deus cousines
de Gastille, et que ce n'estoit pas cose à consentir que
deus si nobles et si hautes dames fuissent planées de
leurs hiretages, et que les coses se porment bien tant
enviesir et eslongier que on les meteroit en oubli, pour 15
quoi les dames ne retourneroient jamais à leur droit,
laquel cose il ne voloit pas veoir ne consentir, qui
estoit li uns des plus prochains que elles euissent, tant
pour Famour de Dieu que pour aidier à garder raison
et justice, à quoi tout bon crestiien doivent entendre SO
et estre enclin. Si deflSa le jone roi dam Jehan de Gas-
tille, que toute Espagne, Galise et Sebille avoient cou-
ronnet, et li fist guerre sus le tiUe des articles ci des-
sus dis. Li rois dans Jehans se deffendi grandement à
rencontre de li et envoiia sus frontière en ses garnis- 25
sons grant fuisson de gens d'armes et de géniteurs,
pour résister contre ses ennemis, tant que à che com-
mendiement il ne perdi riens, car il avoit de la sage
et bonne chevalerie de France avoecques lui, qui le
confortoient en sa guerre et consilloient, tel que le SO
Bèghe de Vellainnes et messire Pierre, son fil, messire
Jehan de Berguettes, messire Guillaume de [lingnac].
88 CHRONIQUES DB J. FR0I8SART. [1381]
messire Gautier de Pasac, le signeur de Taride, me»-
sire Jehan et messire Tristram de Roie et pluiseurs
autres qui i estoient aie depuis que li contes de Boih
quighem fu venus en Bretaigne, car li rois de France,
5 qui grans aliances et grans confédérations avoit au roi
de Gastille, et ont eut longuement ensamble, les i avmt
envoies, pour quoi li rois de Portingal s'avisa que il
envoieroit certains messages en Ëngletière devers le
roi et ses oncles, affin que il ftist aidiés et confortés de
10 ses gens, par quoi il fust fors et poissans de faire une
bonne guerre as Ëspagnos. Si appella un sien cheva-
lier, sage homme et vaillant et grant treteur, qui s*ap-
pelloit Jehan Frenando, et li dist toute se ent[ent]e :
c Jehan, vous me porterés ces lettres de créance en
i5 Ëngletière. Je n'i puis envoiier plus especial de vous
ne qui mieux sache mes besongnes, et me reconmian-
dés au roi avoecq les lettres, et li dires que je sous-
tieng le droit de mes cousines, les hiretières d'Espagne
et de Gastille, ses belles antes, et en fac guerre ou-
20 verte à ceii qui s'est boutés et mis par le poissanoe
de France en leur hiretage, et je ne sui mies fors ne
poissans de moi pour résister à l'encontre d'euls ne
conquerre tels hiretages comme Gastille et Espagne,
Galise et Sebille sont, sans sen aide : pour quoi je li
25 priie que il me voelle envoiier son bel oncle le duc de
Lancastre, sa femme et sa fille, mes cousines, et une
quantité de gens d'armes et d'archiers ; et nous ferons,
eux venus par dechà, bonne guerre avoecq le poissance
nostre, [tant] que nous recouverons, au plaisir de Dieu,
30 leur hiretage. > — c Monsigneur, dist li chevaliers, à
vostre plaisir je ferai vostre message. > Depuis ne
demora il gaires de tamps que il entra en un bon vais-
[4381] LIVBI DKUXiiliB, S 210. 89
sid et fort, pour foire die voiage, et se parti dou
hayene de la diité de Lusebonne, et diemioa tant
par mer que il vint à Pleumoude.
Eu celle propre heure et en die propre jour et de
celle marée i arivèreot li contes de Bouquighem et 5
aucuns de ses vaissaulx qui retourooient de Bretaigne,
et vous di que li Englès avoient eut si grant fortune
sur mer que il avoient perdu trois de leurs vaissaulx ,
cargiés de gens et de pourveances, et estoient espars
par mauvais vent et arivet en grant péril en trois iO
havenes en Engletière. De la venue dou chevalier de
Portingal fo grandement resjols li contes de Bouqui-
ghem et li fist très bonne chière, et li demanda des
nouvelles : il l'en dist assés, tant d'Espagne comme de
Portingal. Si chevauchièrent depuis ensamble jusques i5
à la bonne citté de Londres, où li rois d'Engletière
estoit.
§ SI 0. Quant li contes de Bouquighem fii venus à
Londres, li Londriien li fissent bonne chière. Si s'en
ala déviera le roi, qui estoit à Westmoustier, et si doi 20
onde dallés li, le duc de Lancastre et le conte de Gam-
bruge, et avoit le dievalier de Portingal en sa compai-
gnie, pour lequel il parla premièrement au roi et à ses
firères. Quant li rois et li seigneur dessus nommé en
eurent la congnissance, si en fissent grant samblant de 25
joie et l'onnourèrent moult. Il présenta ses lettres au
roi : li rois les lissi, présent ses oncles. Or devés vous
savoir que li rois ne faissoit riens fors par le conseil
de ses oncles, car pour che tamps il estoit encores
moult jovenes. Si fo li chevaliers demandés et exami- 30
nés, pourtant que il avoit aportés les lettres de créance.
90 GHROinQITSB DB J. FBOBftART. [1381]
SU8 quel estât il e8t[oit] issus hors de Portingal et Tenus
en Engletière. U en leur respondi bellement et sage-
ment selonc le prémisse que vous avés oï dû dessus ;
et, quant U signeur Teurent bien entendu, si respon-
5 dirent liement et dissent : <. Grant merdiis à mon
cousin le roi de Portingal, quant si avant il se boutç
en nos besongnes que il en fait guerre à nostre aver-
saire ; et oe que il requiwt, c'est requeste raisonnable;
si sera aidiés bastéement, et ara li rois avis comment il
10 i ordonnera. > Àdont n'i eut plus parolle. Li cheva-
liers estraingnes, pour Tamour des nouvelles que il
avoit aporté plaisans au duc de Lancastre et au conte
de Gandt>ruge, fu festiiés et disgna dalés le roi, et puis
demora il là environ quinse jours as octavlesde le Saint
15 Gorge, dont li rois d'Engletière et si oncle avoient
festiiet la';feste eus ou chastiel de Windesore. Et là fa
messires Robers de Namur, liquels estoit aies veoir le
roi et relever ce que il tenoit de lui en Engletière, et
là furent li parlement et li conseil d'Engletière asignet
20 à estre à Londres, c'est à entendre au palais de West-
moustier. Je vous dirai pour quoi : tant pour les
besongnes de Portingal qui estoient frescement venues
que pour les Esoos, car les trieuwes falloient entre
euls et les Englès le premier jour de juing. Si eurent
25 là li prélat et li baron d'Engletière grans conssaus
ensamble comment il poroient de ces deus coses ordon-
ner, et estoient en estât de envoiier le duc de Lancastre
en Portingal, et disoient que ce estoit uns trop longs
volages pour lui et que, se il i aloit, on s'en poroit
30 bien repentir, car il entendaient que li Escot faissoient
grant aparant pour entrer en Engl^ère. Si fu consil-
lié determinéement pour le milleur que li dus de Lan-
[mi] UTBS DSUXiillB, I Ui. 91
oasire, qui ooognissoît le marce d'Escoce et lea Bsoos,
voit sur les frontières d'Esooce et saroit ooioment li
Eaoot se voroient mainteoir, car mieux s'en saroîf
ensongniier de traitiier que nuls hauls barons d'Ëogle-
tière, et feraient li Escot plus pour li que pour nul 5
autre ; et li contes de Gambruge, atout cinc cens lances
et otant d'archiers, ferait le voiage de Portingal, et,
se U dus de Lancastre pooit tant exploitier as Escos
que, à Tonneur dou raiaubne d'Engletière , unes
trieuwes fuissent prisses à durer trais ans, il i poroit M
bien aler, se li rais le trou voit en oonsel, sour le mois
d*aoust ou [sour] le septembre en Portingal et ren-
fordbier Tarmée de son frère. Et encore i avoit un
autre point pour quoi li dus de Lancastre besongnoit
à demorer en En^etière, che estoit pour ce que li rois 15
d'Eogktière avoit renvoiiet, certains oiessages avoecq
le duo de Tassem et l'arcevesque de Havane deviers le
rai d'ÂUemaigne, pour avoir sa sereur à moullier ou
pour savoir comment il en serait, car on en estoit en
grans tretiés et avoit on estet plus d'un an. Si i estoient 80
d'Engletière li evesques de Saint David et messires
Sîmons Burlé, pour toutes ces coses oonfremer au
mieux que on poroit. A ce conseil s'acordèrent li rois
et tout li signeur, et se départi li parlemens sour cel
estât, et fur^it nonunet et escript li baron et li cheva* 25
lier qui en Portingal iroient avoecques le conte de
GamlHruge.
% Sif. Li dus de Lancastre ordonna toutes ses
besongnes et se départi dou roi et de ses frères, et,
au congiet prendra au conte de Gambruge, son frère, 30
il li jura par sa foi kûaulment que, li revenu d'Escoce,
92 GHR0NIQTJB8 DB J. FR01S8ART. [4381]
il ordonneroit tellement seg bdsongnes que il le aieu-
roit bastéement en Portingal, voire se plus grans
empechemens, que il ne veoit enoores, ne estoient
apparant en Engletière n'i avenoient. Sus cel estât,
5 se départi li dus de Lancastre et prist le diemin d'Es-
ooce, et chevauooit tant seullement li et ses hostés.
Enoores en che parlement darrainement fait à Lon-
dres, fu ordonnés messires Henris de Persi, contes de
Northombrelande, à estre regars de toute la terre de
10 Northombrelande et de Fevesquiet de Durâmes, ren-
trant jusques en Galles et la rivière de Saverne. Si se
départi de Londres pour aler celle part, mais che fu
quinse jours apriès chou que li dus de Lancastre fii
partis. Ossi se départi dou roi et dou conte de Bou-
ts quighem, son irère, li contes de Gambruge, pour aler
ens ou voiage que il avoit empris. Si fist faire ses pour-
veances à Pleumoude, un port sus mer en la conté de
Barquesière, et s'en vint là tout premiers et enmena
avoecques lui sa femme, madame Isabel, et sen fil
20 Jehan, et estoit li intention de li telle, et il Tacompli,
que il les menroit en Portingal. Avoec le conte de Gam-
bruge estoient de signeurs : premièrement messires
Mahieux de Gournai, connestables de Tost, messires li
canonnes de Robersart, messires [Raimons] de Gastiel
25 Noef , messires Guillaume de Biaucamp , mareschaulx
de Fost, le soudich de l'Estrade, le signeur de la Barde,
le signeur de Thaleboz, messires Guillaume Heimen,
messires Thumas Simon, Milles de Windesore, mes-
sires Jehans de [Sandevich] et pluiseurs autres; et
30 estoient le somme de cinc cens hommes et otant d'ar^
diiers. Si vinraat cil signeur et leurs gens à Pleumoude,
et là se logièrent ou ens es villages d'environ, pour
[!38i] LIVRS DBUXIÈMK, § 241. 98
attendre vent et carier leurs vaissaux petit à petit; et
ne dévoient passer nuls chevaulx, car li chemins est
trop loing d'Engletière jusques à LuselxHine en Portin-
gal. Et estœt li chevaliers portingallois, messires Jehans
[Frenando] en leur compaignie, qui s'en aloit avoecq 5
eulx. Si séjournèrent plus de trois sepmaines sus le
mer, en faissant leurs pourveances et en attendant
vent, que il avoient contraire.
Et entrues s'en aloit li dus de Lancastre vers Escoce,
et fist tant par ses journées que il vint à le chitté de iO
Beruich, c'est le darrainne ville à ce lés là de toute
Engletière ; et, quant il fut là venus, il s'i aresta et
envoia un hirault en Escoce deviers le roi et les barons,
et leur mandoit que il estoit là venus pour traire sour
marce, enssi que d'usage avoient eu dou tamps passé, 45
et, se il se voloient traire avant, il en fust segnefiiés :
autrement il savoit bien qu'il en avoit à faire. Li hiraus
dou duc parti de Bervich et chevaucha vers Hainde-
bourcq, où li rois Robers d'Escoce, li contes de Dou-
glas, li contes de le Mare, li contes de Mouret et li 20
baron d'Escoce estoient tout asamblé, car il avoient ja
entendu que li dus de Lancastre venoit celle part pour
tndtier à euls, et pour che s'estoient il mis en la sou-
verainne ville d'Escoce, sus les frontières d'Engletière,
tout ensamble, et enssi les trouva li hiraus d'Engle- 25
tière envoies de par le duc de Lancastre, liquels fist
son message bien et à point, et fu bien et volentiers
OIS, et eut responsse de par les signeurs d'Escoce qui
li dissent enssi que volentiers il croient le duc parler.
Si rapporta li hiraus sauf conduit pour le duc de Lan- 30
castre et toutes ses gens, à durer tant comme il seroient
sur maroe et que il parlementeroient ensamble. Et s'en
M GHBONIQUBS DE J. FROI88ART. [1381]
retourna li hiraus confortés et pourveos des assen-
ranoes, et retourna à Bervich^ et monstra au duc tout
ce que fait avoit. Sur ce, li dus de Lancastre se départi
de Bervidi, mais à soa département il laissa toutes ses
5 pourveances en la ville, et puis prist le chemin de
Rosebourc, et là se loga une nuit, et à Tendemain il
s'en vint logier en Tabbele de Maures sur la [Tuide]
(c'est une abbeïe qui départ les deus roiaulmes, Escoce
et Engletière), et là se tint li dus et ses hostels tant
10 que li Escot furent venu à la [llorlane], à trois petites
liewes de là; et, quant il furent venu, li dus en fo
segnefiiés. Si commenchièrent li traitiet et li parlement
entre les Escos et les Englès, et durèrent plus de quinse
jours.
15 En ces tretiés durans et parlemens fiussans, avinrent
en Engletière très grans meschiés de rebellions et de
esmouvement de menu peuple, par lequel fait Engle*
tière en fîi sus le point que de estre toute perdue sans
recouvrier, ne onques roiaulmes ne pals n'en fu [en
^0 si] grant péril ne aventure comme il le fu en celle
saisson ; et, pour la grant aisse et craisse où li menus
peuples d'Engletière gratoit et vivoit, s'esmut et esleva
ceste rébellion, enssi que jadis s'esmurent et eslevèrent
en France li Jaque Bonhomme, qui i fissent moult de
25 maulx et par quels inddensses li nobles roiaulmes de
France a esté moult grevés.
§ SIS. Ghe fu une m» villeuse cose et de povre fon*
dacion, dont ceste pestiUensse commendia en Engle*
tière ; et, pour donner exemple à toutes manières de
30 bonnes gens, j'en parlerai et le remonstrerai selonc ce
que dou hii et de le incidensse j'en foi adont infour-
[1381] UTBB DSUnilB, 1 212. §5
mes. Uns usageB est en Engletière, et OBsi est il en
ploiseiirs pals, que li noble ont grant firancisse sus
leurs hommes et. les tiennent en servage, c'est à en-
tendre que il doivent de droit et par coustume labou-
rer les terres des gentils hommes, quellier les grains 5
et amener à Tostd, mettre en la grange, batre et vaner,
et par servage les fains fener et amener à Fostel, hi
busce copper et amènera Tostel, et toutes telles oevres ;
et doient cU homme tout ce faire par servage as
signeurs, et trop plus grant fuisson de tels gens a en 10
Engletière que ailleurs, et en sont li gentil homme et
li prélat ou doient estre servi, et par especial en la
conté de Kemt, d'Exsexs, de Sousexs et de [BetefordeJ
en i a plus que eus ou demorant de toute Engletière.
Ghes meschans gens ens es contrées que j'ai nom- 15
mées se c(»nmenchièrent à eslever, pour che que il
dissoient que on les tenoit en trop grande servitude,
et que au commenchement dou monde il n'avoit esté
nuls sers ne nuls n*en pooit estre, se il ne faissoit tralh
son envers son signeur , enssi comme Lucifer fist envers 20
Dieu ; mais il n'avoient pas celle taille, car il ne estoient
ne engle ne esperit, mais homme fourmet à la sam*
blance de leurs signeurs, et on les tenoit comme bestes,
laquel cose il ne voloient ne pooient plus souffrir, mais
voloient estre tout un, et, se il labouroient ou fais- 25
soient aucuns labourages pour leurs signeurs, il en
voloient avoir leur salaire.
En ces esrederies les avoit dou tamps passrt gran-
dement mis et boutés uns fok prestres d'Engletière,
de la conté de Kemt, qui s'appelloit Jehans Balle, et, 30
pour ses folles paroUes, il en avoit jeut en prison
devers Taroevesque de Gantorbie par trop de fois, car
96 GHRONIQtniB OB J. FROISSàRT. [1384]
cils Jehans Balle avoit eut d*usage que, les jours dou
diemenoe après messe, quant toutes les gens issoient
hors dou moustier, il s'en venoit en [l'aitre] et là praie-
choit et faissoit le peuple assambler autour de li, et
5 leur dissoit : c Bonnes gens, les coses ne poent bien
aler en Engletière ne iront jusques à tant que li bien
iront tout de conunun et que il ne sera ne villains ne
gentils homs, que nous ne soions tout ouni. A quoi
faire sont cil, que nous nommons signeur, plus grant
iO maistre de nous? A quoi Font il deservi? Pour quoi nous
tiennent il en servitude? Et, se venons tout d'un père
et d'une mère, Adam et Eve, en quoi poent il dire ne
monstrer que il sont mieux signeur que nous, fors
parce que il nous font gaaignier et labourer ce que il
45 despendent? Il sont vestu de velours et de camocas
fourés de vair et de gris, et nous sommes vesti de
povres draps. Il ont les vins, les espisses et les bons
pains, et nous avons le soille« le retrait [et] le paille,
et [buvons] l'aige. Ils ont le séjour et les biaux ma-
20 noirs, et nous avons le paine et le travail, et le pleue
et le vent as camps, et faut que de nous viengoe et
de nostre labeur ce dont il tiennent les estas. Nous
sommes appelé serf et batu, se nous ne faissons présen-
tement leur service ; et [si] n'avons souverain à qui nous
25 nos puissons plaindre ne qui nous en vosist oïr ne droit
faire. Alons au roi, il est jovenes, et li remonstrons nostre
servitude, et li dissons que nous voilons qu'il soit autre-
ment, ou nous i pourverrons de remède. Se nous i alons
dé fait et tout ensamble, toutes manières de gens qui
30 sont nonmé serf et tenu en servitude, pour estre afran-
chi, nous sieuront. Et, quant li rois nous vera ou [orra] ,
ou bellement ou aultrement, de remède il i pourvera. >
[1381] uwm DSUXIÈMB, s 243. 97
Enssi dissmt cils Jehans Balle et paroUes sen^lables
les diemenoes par usage, à Tissir hors des messes as
vilages, de quoi trop de menues gens Fooient. Li aucun
qui ne tendoient à nul bien disoient : c II dist voir ! »
et murmuroient et recordoient Tun à l'autre as camps 5
ou alans leurs chemins ensamble de village à autre ou
en leurs maisons : c Tels coses dist Jehans Balle, et [si]
dist tout voir. > Li archevesques de Gantorbie, qui en
estoit enfourmés, faissoit prendre che Jehan et le
mettre en prisson, et Ti tenoit deus ou trois mois pour \o
li castiier ; et mieux vausist que très la première fois
il Teust condempné à tousjours en prisson ou fait
morir que che que il en faissoit, car il le delivroit et
n'avoit point consience de li faire morir; et, quant
Jehans estoit hors de le prisson de Faroevesque, il 15
rentroit en sa russe comme en devant.
De sa parolle, de sa vie et de ses oevres hreni avi-
sât et enfourmet trop grant fuisson de menues gens en
la citté de Londres, qui avoient envie sur les rices et
sour les nobles, et commenchîèrent à dire entre euls 20
que li roiaulmes d'Engletière estoit trop mal gouvre-
nés, et que il estoit d'or et d'argent desroeubés par
ceuhc qui se nommoient nobles : si commenchièrent
ces mescheans gens en Londres à faire le mauvais et à
iaulx révéler et segnefiier à ceubc des contrées dessus 25
dites que il venissent hardiement à Londres et ame-
naîssent leur peuple, il trouveroient Londres ouverte
et le commun de leur acord, et feroient tant devers le
roi que il n'i aroit nul serf en Engletière.
§ SI 3. A ces proumesses s'esmurent chil de la conté 30
de Kemt, cil d'Exsexs, de Sousexses, de Beteforde et
x-7
96 GHR0NIQUS8 DE J. nOISSART. [1384]
des palto d'eaviroD, et se missent au chemin et vim^nt
vers Londres ; [et se assemblèrent de pluseurs contrées
et de plaseurs villages au retour de Londres] , et estoient
bien soissante mille, et avoient un souverain cappitain,
5 quis'appelloit Wautre Tillier ; avoecques li estoient, et
de sa compaignie, Jaque Strau et Jehan Balle. Cil troi
estoient li souverain cappitainne de tous, et, le grigneur
entre eubc, c'estoit Wautre Tillier ; et cils Wautres estdt
uns oouvrères de maisons de tieulle : mauvais gars et
iO envenimés estoit. Quant ces mescheans gens se commen-
chièrent à eslever, sachiés, li Londriien, excepté cil de
kur sexte, en furent tout effraé, et eurent conseil li
maires de Londres et li rice homme de la ville, quant
il les sentirent enssi venir de tous costés, que il leur
i5 fremeroient les portes et n'en lairoient nul entrer en
la ville, enssi qu'il fissent. Mais, quant il [eurent] tout
l'afaire bien imaginet, [il dissent] que non feraient et
que il se metteroient en grant péril de tous leurs four^
bours ardoir. Si leur ouvrirent leur ville, et il i entrè-
20 rent ens par [fous] d'un village cent ou deus cens ou
vint ou trente, enssi que les villes estoient peuplées ;
et, enssi que il venoient en Londres, il se logoient. Et
sachiés en vérité que bien les troi pars de ces gens ne
savoient que il se demandoient ne qu'il queroient, mais
25 sieuoient l'un l'autre, enssi que bestes et enssi que h
Pastouriel fissent jadis, qui dissoient que il aloient
conquérre la Sainte Terre, et puis tout ala à noient.
Enssi venoient ces povres gens et cil villain à Londres
de cent lieues, de soissante lieues, de quarante lieues,
30 de vint lieues et de toutes les contrées f environ Lon-
dres; mais la grigneur plenté en vint des terres des-
sus dittes de la conté de Kemt et d'Exsexs^ et deman-
[1S81] UVRB DSUXiillS, S %i3. 9ft
doieiit en venant le roi. Li gentil homme dou pais,
dievalier et escoier, se commenchièrent à doubler,
quant il sentirent tel peuple révéler, et, se il furent en
doubte, il i ot bien raison, car pour mains s'effirée on
bien. Si se commendtdèrait à mettre ensamble au 5
mieux et au plus bel qu'il peurent»
En die jour que ces meschans gens de la conté de
Kemt venoient à Londres, retoumoit de Gantorlàe la
mère dou roy d'Engletière, la princesse de Galles, et
venoit de pelerignage. Si ra fu en trop grant aventure 10
de estre perdue par eux, car ces mescans gens saloient
sur son char en venant et li faissoient moult de des-
rois, de quoi la bonne dame fii en grant esmai de li
meismes que par [aucune] cose il ne li fesissent vio-
lensse ou à ses damoiselles. Toutesfois Dieux l'en garda, i5
et vint en un jour de Gantorbie à Londres, ne onques
ne s'osa anuitier sour le chemin.
A ce jour estoit li rois Richars, ses fils, ens ou cas-
tiel de Londres; si vint là le princesse et trouva le roi,
dalés li le conte de Sasleberi, l'arcevesque de Gantor» ^
bie, mesaîre Robert de Namur^ le signeur de Gomme-
gnies et pluiseurs autres, qui se tenoient tout dalés li
pour le doutance de ces gens qui se reveloient enssi,
et ne savoient que il demandoient» Et cheste rébellion
ertmt bien sceue en l'osteil dou roi avant que il le 25
monstraissent ne que cils peuples isist hors de leurs
lieux; et, se n'i metoit pcmit li rois remède ne conseil,
dont on se poeut moult esmervillier; et, afin que tout
signeur et bonnes gens qui ne voellent que bien i
pmdent exemple pour corigier les mauvais et les 30
rebelles, je vous esclarcirai die fait tout plainement,
enssi qu'il fii démenés.
100 GHR0NIQUB8 DB J. FR0I8SART. [1381]
§ SI 4. Le lundi, le premier jour de la sepmainne, à
bonne estrine, devant le jour dou Sacrement, en Tan
mille trois cens quatre vins et un, se départirent ces gens
et issirent hors de leurs lieux pour venir vers Londres
5 et pour parler au roi et pour estre tout franc, car il
voloient que il n*i eust nul serf en Engletière. Et s*en
vinrent à Saint Thomas de Gantorbie, et là estoient Jehans
Balle, qui quidoit trouver Taroevesque dou dit leu (mais
il estoit à Londres avoecques le roi), Wautre Tieullier et
10 Jaques Strau. Quant il entrèrent en Gantorbie, toutes
gens leur firent feste, car toute li ville estoit de leur
sexte, et là eurent conseil et parlement ensamble que
il venroient à Londres deviers le roi ; et envolèrent de
leurs gens et de leurs compaignons oultre le Tamisse
15 en Exsexs, en Sousexsexs, en la conté de Stafort et de
Bd;efort parler au peuple, que tout venissent de Fautre
costé à Londres : si encloroient Londres. Enssi ne leur
poroit li rois escaper, et estoit leur intention que, le
jour dou Sacrement ou Tendemain, il se trouveroient
^ tout ensamble.
Gil qui estoient en Gantorbie entrèrent en Tabbele
de Saint Thumas et i firent moult de desrois, et pillèrent
et fustèrent le cambre de Tarcevesque, et dissoient, en
pillant et en portant hors : c Gils canceliers d^Engle-
25 tière a eu bon marchié de ce meuble : il nous rendera
conte temprement des revenues d'Engletière et des
grans pourfis que il a levés puis le couronnement dou
roi. > Quant il eurent che lundi fusté TabbeXe de Saint
Thomas et Tabeïe de Saint Yinchant, il se partirent
30 [i'endemain] au matin, et tous li peuples de Gantorbie
avoecq eulx, et prissent le chemin de Boceste. Et
enmenoient toutrâ gens des villages à destre et à
r
[1381] UVBB DBUXIÈMK, § 214. 101
senestre, et, en dieminant et allant, il fondefloient et
abatoient, enssi que uns tempestes, maisons d'avocas
et de procureurs de le court dou roi et de Taroevesque,
et n*en avoient nulle merci.
Quant il furent yenu à Rocestre, on leur fist grant 5
diière, car les gens de la ville les attendoient, qui
estoient de leur sexte, et alèrent ou castiel et prissent
le chevalier qui gardiiens en estoit et cappitainne de la
ville, et se nommoit messires Jebans Menton. [Si] li
dissent : c II faut que vous en venés avec nous et que lo
vous soies nos souverains menères et cappitains, pour
faire che que nous voldrons. > Li chevaliers s'excusa
moult bellement, et remonstra pluiseurs raisons d'es-
cusances, se elles peussent riens valloir, mais nenil,
car on li dist : c Messire Jehan, messire Jehan, se vous 15
ne faites ce que nous voilons, vous estes mors ! > Li
chevaliers veoit che peuple tout foursené et aparilliet
de li ochire : si doubta le mort, et obe! à eux, et se
mist oultre son gré en leur route.
Tout en tel manière avoient fait cil des autres con- 20
trées d'Engletière, d'Exsexes, de Sousexses, de Kemt,
de Stafort, de Betefort, de Tevesquiet de [Norduich],
jusques à [Gernemue] et jusques à [Line], et mis les
chevaliers et les gentils hommes en leur obéissance, et
tels que le signeur de [Morlais], un grant baron, messire 25
Estièvene de Halles et messire [Estienne] de [Gosing-
ton], et les faissoient venir avoec eux.
Or, regardés le grant derverie. Se il fuissent venu à
leur entente, il eussent destruit tous les nobles en
Engletière; et après en autres nations tous menus 30
peuples se fust révélés, et prendoient piet et example
sour cheux de Gaind et de Flandres, qui se rebelloient
iW CHRONIQUES DE J. FROI88ART. [1381]
contre leur signeur. Et en celle propre anée li Parisiïen
le fissent ossi et trouvèrent à faire les maillés de fier,
dont il fissent plus de vint mille, sicom je vous recor-
derai quant je serai venus jusques à là, mais nous
5 poursieurons à parler premièrement de ceulx d*En-
gletière.
§ SI 5. Quant cils peuples, quiestoitlogiésàRocestre,
eurent fait che pour quoi il estoient là venu, il se dépar-
tirent et passèrent la rivière et vinrent à Brainforde,
10 et toudis tenant leur oppinion d'abatre à destre et à
senestre devant eux hostels et mansions d'avocas et
de procureurs. Ne nul n'en deportoient, et copèrent
en venant à pluiseurs hommes les testes et cheminèrent
tant qu'il vinrent à quatre lieues de Londres, et se
15 logièrent sour une montaigne que on appelle ou pals
Blaquehède, c'est à dire en fraoçois la Noire Bruière,
et (Ûssoient en venant que il estoient au roi et au noble
commun d'Engletière.
Quant cil de Londres seurent que il estoient si priés
20 d'eux logiés, il fremèrent le porte dou pont de la
Tamise et i missent gardes ; et ceste ordonnance fist
faire li maires de Londres, sire Jehans Walourde, et
pluiseurs rices bourgois de Londres qui n'estoient pas
de leur sexte, mais il en i avoit en Londres de menues
25 gens plus de trente mille.
Âdont eurent avis chils peuples, qui estoit logiés sour
la montaigne de Blaquehède, que il envoieroient leur
chevalier devers le roi parler à li qui estoit en la Tour,
et li manderoient que il venist parler à eux, et que
30 tout ce que il faisoient, c'estoit pour li, car li roiaulmes
d'Engletière un[e] grant fuison d'ennées avoit esté mal
[19811 UVBI DTOXIiMB, { 215. 103
gouvrenég à l'honiieur dou roiaulme et au pourfit du
menu peuple, et par ses oncles et par son dei^et et
prindùpaument par Taroevesque de Gantorbie, son
canoelier, dont il voloient ravoir compte.
li chevaliers n'osa dire ne faire dou contraire, que 5
il ne venist sus le Tamisse à Tencontre de la Tour, et
se fist naviier oultre Taighe. Li rois et cil qui estoient
oa castiel de Londres, qui desiroient à oïr des nou-
velles, quant il veïrent le batelet venir fendant la
Tamisse, si dissent : c Vechi aucune ame qui nous 10
aporte nouvelles! > Et estoient, je vous di, en grant
doubtance là dedens. Evous venir au rivage le cheva-
lier : on li fist voie ; on le mena devant le roi qui estoit
en une cambre, le princesse sa mère dallés li et ses
deus frères, messire Thumas le conte de Kemt, messire 15
Jehans de Hollandes, le conte de Sasebry, le conte de
Waruich, le conte d'Asquesuffort, l'arche vesque de
Gantorbie, le grant prieux d'Engletière dou Temple,
messire Robert de Namur, le signeur de Vertaing, le
signeur de Gommegnies, messire Henri de Senselles, 20
le maire de Londres et aucuns bourgois notables de
Londres, qui tout se tenoient dalés le roi. Li chevaliers
messires Jehans Menton, qui bien fii cogneus entre
iaulx, car il estoit oflBciers dou roi, se mist en genous
devant le roi, et li dist : c Mon très redoubté signeur, 25
ne voelliés mies prendre en desplaissance le mesage
que il me convient faire, car, chiers sires, c'est de
force que je sui venus si avant. > — > € Nenil, dist li
rois, messire Jehan, dites die dont vous estes car-
giés : je vous tieng pour excusé. > — c Très redoub- 30
tés sires, li conununs de vostre roiaulme m'envoie
devers vous pom* traitîier, et vous prient que vous
i04 CHROmQUBS DE J. FR0I8SART. [138!]
voeliiés venir parler à eux sus la montaigne de la
Blaquehède, car il ne désirent nullui à avoir que vous ;
et n'aies nulle doubtance de vostre personne, car il
ne vous feront ja mal, et vous tiennent et tenront tou&-
5 jours à roi ; mais il vous monsteront, die dient, plui-
seurs coses qui vous sont nécessaires à olr, quant il
parleront à vous, desquels coses je ne sui pas cargiés
de vous dire. Mais, très chiers sires, voeliiés moi don-
ner response telle qui les apaisse et que il sadient de
10 venté que j'aie esté [devers] vous, car il ont mes
enffans en ostages pour moi vers euls et les feroient
morir, se je ne retournoie. > Respondi li rois : c Vous
ares response, et tantos. >
Âdont se consilla li rois, et demanda quel oose estoit
15 bonne à faire de ceste requeste. Li rois fu adont con-
silliés que le matin le joedi il venissent aval sus la
rivière de Tamisse et que sans faute il iroit parler à
eulx. Quant messires Jehans Menton eut celle response,
il ne demanda plus : il prist congiet au roi et as
20 barons et rentra en son batiel et rapassa la Tamisse,
et retourna sus la montaigne où il avoit plus de sois-
sante mille hommes, et leur donna response que à
l'endemain au matin il envoiaissent leur conseil sus la
Tamisse, que li rois venroit là parler à eux. Geste
25 responsse leur plaissi grandement, et s'en contentèrent
tout, et passèrent le nuit au mieux qu'il peurent. Et
sachiés que les quatre pars d'eus junèrent par defibute
de vivres, car il n'en avoient nuls, dont il estoient
tout courouchiet, et c'estoit raisons.
30 § SI 6. En che tamps estoit li contes de Bouquighem
en Galles, car il i tient bel hiretage et grant de par sa
[1381] LmiS DEUXlteK, 8 216. 105
femme, qui fu fille aa conte de Norhantonne et de
Herffort ; mais la vois estoit tout commune aval Londres
que il estoit avoeques che peuple, et dissoient li aucun
pour certain que il Ti avoient veu, pour un Thomas,
qui trop bien le resambloit, de la conté de Kemt, qui 5
estoit entre eulx.
Li contes de Gambrage et li baron d*Engletière, qui
gissoient à Pleumonde et qui apparilloient leurs vais-
saulx pour aler en Portingal, estoient tout enfourmé
de ceste rébellion et dou peuple qui se commenchoit 10
à eslever : si se doubtèrent que leurs volages n'en fust
rompus ou que li communs d'Engletierre, de Han-
tonne, de Wincestre et de le conté d'Ârondiel ne les
venist courir sus. Si desancrèrent leurs nefs et issirent
hors dou havene à grant painne et à vent contraire, 15
et se boutèrent en le mer, et là ancrèrent, atendant vent.
Li dus de Lancastre, qui estoit sus marce entre le
Hourlane, Rosebourc et [Miauros], et qui là parlemen-
toit as Escos, estoit ossi tous enfourmés de ceste rébel-
lion et de sa personne en grant doubte, car bien savoit 20
que il estoit petitement en le grâce dou commun d'En-
gletière ; mais nonobstant toutes ces coses, [si] demenoit
il moult sagement ses traitiés envers les Escochois. Li
contes [de] Douglas, li contes de Mouret, li contes de
Surlant, messires Thumas de Yerssi et chil Escot, qui 25
pour le roi et le pals d'Escoche faissoient et menoient ces
tretiés, savoient bien toute la rébellion d'Engletière et
comment li peuples se commenchoit de toutes pars à
rebeller contre les nobles ; si dissoient : c Engletière
gist en grant branle et péril que de estre toute des- 30
truite. » Et vous di que ens leurs traitiés il s'en tenoient
plus fort enviers le duc de Lancastre et son conseil.
106 0HR0NIQUX8 DB h PROISiART. [1881]
Or parl[er]oû8 dou oommun d'Engletière) comment
il persévérèrent.
§ 847. Quant che vint le jour du Saint Sacrement
au matin, li rois Richars d*EngIetière ol messe en la
5 Tour de Londres, et tout li signeur. Âpriès messe, il
entra en sa barge, li contes de Sasleberi, li contes de
Waruicb, li contes d'Â[cque]sufort et aucun chevalier
en sa compaignie, et naviièrent à rimes pour venir
oultre la Tamisse sour le rivage, en alant vers le Ride-
10 ride, un manoir dou roi, où plus avoit plus de dis mille
bons hommes qui là estoient descendu de la montaigne,
pour veoir le roi et pour parler à lui. Quant il veïrent
la barge dou roi venir, il conmienchièrent tout à huer
et à donner un si grant cri que che sambloit propre-
15 ment que tout li diable d'infer fussent venu en leur
compaignie. Et vous di que il avoient amené messire
Jehan Meuton, leur chevalier, avoecques euls, à le fin
que, se li rois ne fust venus et que il l'euissent trouvé
en bourde, il l'eussent devoret et detrenchiet pièce à
20 pièce. Tout che li avoient il proumis.
Quant li rois et li signeur veïrent che peuple qui
enssi se demenoit, il n'i ot si hardi que tout ne fuissent
effraé, et n'eut mies li rois conseil des barons qui là
estoient que il presist terre, mais commenchièrent à
25 wauler la barge amont et aval sus le rivière, et dont
dist h rois : c Signeur, que voilés vous? Dites le moi.
Je sui chi venus pour parler à vous. > Il li dirent de
une vois, chil qui Tentendirent : c Nous volons que
tu viegnes sus terre, et nous te monsterons et dirons
30 plus aissiement che qu'il nous fault. > Adont respoodi
li contes de Sasleberi pour le roi, et dist : c Signeur,
[1381] UnM DBUXliMB, S ^^T- i07
VOUS n' iestes mies en estât ne en arroi que U rois
doie maintenant parler à vous. > A ces mos, il n'i ot
plus riens dit. li rois fu consilliés dou retourner, et
retourna ens ou castiel de Londres, dont il estoit
partis. 5
Quant ces gens veïrent que il n'en aroient autre
cose, si furent tout enflamé d'air et retournèrent en
la montaigne où li grans peuples estoit, et recordèrent
comment on leur avoit respondu et que li rois estoit
rallés en la Tour à Londres. Adont criièrent il tout 10
de une vois : c Alons tos à Londres ! > Lors se missent
il au chemin, et s'avalèrent sus Londres, en fondeflant
et abatant manoirs d'abés, d'avocas et de gens de
court, et vinrent en es fourbous de Londres qui sont
grant et bel. Si i abatirent pluiseurs biauk hostels, 15
et par especial il abatirent les prisons dou roi que
on dist les Mareschauchies, et furent delivret tout li
prisonnier qui dedens estoient ; et fissent en ces four-
bous moult de desrois, et manechoient à l'entrée dou
pont ceulx de Londres pour tant que il avoient clos 20
les portes dou pont, et dissoient que il arderoient tous
leurs fourbours et cônqueroient Londros par force, et
Tarderoient et destruiroient toute.
Li conomuns de Londres (moult en i avoit, qui
estoient de leur aoord) se missent ensamble et deman- 25
dèrent : < Pour quoi ne laist on ces bonnes gens entrer
en la ville? Ce sont nos gens, et tout ce qu'il font, c'est
pour nous. » Adont de force il convint que les portes
fuissent ouvertes. Si entrèrent ens ces gens tous afa-
més, et se boutèrent tantos par ces maisons bien 30
pourveues de pourveances, et s'ataquièrent au boire
et au mengier. On ne leur veoit riens, mais estoit on
108 CHRONIQUES DK J. FR0IS8ART. [1381]
tout rebradiiet de faire bonne chière et de mettre avant
vivres et boires» pour iaubc apaissier.
Âdont s'en alèârent les cappitainnes, Jehan Balle,
Jaque Strau et Vautre TieulUer, tout droit parmi
5 Londres, en leur compaîgnie plus de trente mille
hommes, à Fostel de Savoie, ou diemin de Wesmous-
tier le palais dou roi, un très bel ostel séant sus le
Tamisse et hostel au duc de Lancastre. Tantos il
entrèrent ens et toèrent les gardes et Tardirent en
10 feu et en flame. Quant il eurent fait cel outrage, il ne
se cessèrent mies atant, mais s'en alèrent à le maison
de rOppitalier de Rodes, que on dist Saint Jehan
de [Galerwille], et ardirent maison, hospital, moustier
et tout. Avoec tout ce, il allèrent de rue en rue, et
15 tuèrent che jour tous les Flamens que il trouvèrent en
églises, en moustiers et en maisons partout, ne nuls
n'estoit déportés. Et eflPorchièrent pluiseurs maisons
de Lombars et prissent des biens, qui dedens estoient,
à leur vollenté, car nuls ne leur ossoit aler au devant.
20 Et toèrent un rice honune en la ville, que on appelloit
Ridiart Lion, auquel, dou tamps passé, en France,
Wautre Tieullier, ens es guerres, avoit esté variés;
mais Richart Lion avoit une fois bato son varlet. Si
l'en souvint et i mena ses gens, et li fist coper la teste
25 devant li et mettre sus une glave et porter parmi les
rues de Londres. Enssi se demenoit cils mescheans
peuples comme gens foursenés et esragiés, et fiasent
ce joedi moult de desrois parmi Londres.
§ SI 8. Quant che vmt sus le soir, il s'en vinrent
30 tout logier et amaignagier en le place que ' on dist
Sainte Katerine, devant le Tour et le castiel de Londres,
[iSSi] LIVBB DKUXriaa, s Si8. I09
et dissent que jamais de là ne partiroient si aroient
«1 le roi à leur voUenté, et leur aroit aoordé tout che
que il demandoient ; et dîssoient oultre que il voloient
conter au oancelier d'Engletière et savoir que li grans
avoirs que on avoit levé parmi le roiaulme d'Engle- 5
tière puis dnc ans estoit devenus, et, se il n'en ren-
doit boin compte et souffissant à leur plaissance, mal
pour lui. Sus cel estât, quant il eurent tout le jour fait
parmi Londres as estraingniers des mauls assés, se
logièrent il devant la Tour. iO
Si poés bien croire et savoir que ce estoit grans
hideurs pour le roi et pour ceuls qui là dedens avoec
lui estoient, car à le fois chils mescbeans peuples
huoit si hault que il sambloit que tout li diable d'infer
fiiissent entre iaulx. Sus le soir avoient eu en conseil i5
li rois d'Engletière, si frère et si baron qui en la Tour
estoient, parmi l'avis de sire Jehan Walourde, maieur
de Londres, et de aucuns boui^ojs notables de Londres,
que sus le mienuit on venroit tout armet par quatre
rues de Londres courir sus ces mescbeans gens, qui 20
bien estoient soissante mille, entrues que il dormi-
roient, car il seroient tout enivré, et en tueroit on
otant que de mousches, car, de vint, un il n'en i aroit
nul armet, et vous di que ces bonnes gens et rices
gens de Londres estoient bien aissiet de tout che faire, 25
car il avoient en leurs maissons repus secrètement
leurs amis et leurs variés, qui estoient tout armet. Et
ossi messires Robers Ganolles estoit en son hostel et
gardoit son trésor à plus de sis vint compaignons tous
aprestés, qui tantos fuissent sailli avant, se il en 30
euissent esté manchevi ; ossi f ust messire Perducas de
Labret, qui pour che tamps estoit à Londres. Et se
110 OHROmQUKS DB J. PaOUSART. [138f]
fuissent bien trouvet entre set et ait mille bommes
tous armés ; mais il n'en fu riens fait, car on doubta
trop le demorant dou commun de Londres, et dissent
li sage au roi, li contes de Sasleberi et li autre : € Sire,
5 se vous les poés apaissier par belles parolles, c'est le
milleur et le plus pourfitable, et leur acordés tout ce
que il demandent liement, car, se nous commenchiens
cose que nous ne peuissiens achiever, il n'i aroit jamais
nul recouvrier que nous et nos hoirs ne fîiissons désert
10 et Engletière toute déserte. » Cils consaulx fu tenus,
et contremandés li maires que il se tenist tous quois et
ne fesist nul samblant de esmeutin* Il obel : che fii
raissons. En la ville de Londres avoecques le maieur
a douse eschevins ; li noef estoient pour li et pour le
15 roi, sicom il le monstrèrent, etli troi de la sexte [de]
ce mescheant peuple, sicom il fu puisedi sceu et cog-
neu, dont il [le] comparèrent moult chier[em]ent.
§ 819. Quant che vint le venredi au matin, chils
peuples qui estoit logiés en la place de Sainte Gateline
20 devant le Tour se conunenchièrent à aparillier et à
criier moult hault et à dire que, se li rois ne venoit
parler à eux, il assauroient le casttel et le prenderoient
de force et ociroient tous ceuls qui dedens estoient.
On doubta ces manaces et ces parolles, et eut li rois
25 conseil que il isteroit parler à euk, et leur envoia dire
que il se tralssissent tout au dehors de Londres en
une place que on dist le [Milinde], une moult belle
prée, [où] les gens vont esbattre en esté, et là leur
acorderoit li rois et [otroi^x>it] tout che que il denoan-
30 deroient. Li maires de Londres leur noncha tout cela
et fist le crit de par le roi que, qui voloit parler au roi,
[IS8I] hrm jnEoxàOÊ^ g Si9. iii
il alast en le place dessuB dite, car li ras iroH saut
foute.
AdoDt se OQimnmchièrent à dq>artir ces gens les
communs des villages et iaus à traire et à aler celle
part, mais tout n'i alèrent mies, et n'estoient mies 5
tout de une condition, car il en i avoit pluiseurs qui
ne demandoient que le ribote et le destrution des
nobles et Londres estre toute courue et pillie. Gbe
estoit le prindpaukc matère pour quoi il avoient com*
mencbiet, et bien le monstroient, car, sitrestos que la io
porte dou castiel fu ouverte et que li rois en fu issus
et si d<H frère, li contes de Sasleberi, li contes de
Waruidi, li contes d'Âquesufort, messires Robers de
Nanuir, li sires de Yertaing, li sires de Goumegnies
et pluiseur autre, Wautre Tieullier, Jaques Strau et 15
Jehan Balle et plus de quatre cent entrèrent eus ou
castiel et reCTorchièrent , et sallirent de cambre en
cambre et trouvèrent Tarcevesque de Gantorbie, que
on appeloit Simon, vaillant homme et preudomme
durement, cancelier d'Engletière, liquekc avoit tantos 20
&it le divin office et célébré messe devant le roi ; il
fu pris de ces gloutons et là tantos décollés. Ossi fu li
grans pneus de Saint Jehan de l'Ospital et uns frères
meneurs, maistres en medechine, liquels estoit au duc
de Lancastre ; et pour che fu il mors ou despit de son 25
maistre, et uns sergans d'armes dou roi, que on app^
loit Jehan Laige, et ces quatre testes missent il sus
longes glaves et les faissoient porter devant iaulx parmi
les rues de Londres; et, quant il eurent assés [joué],
il les eussent sua le pont de Londres, conttne il euisaent 30
esté traïtew au roi et au roiaulme.
Encores entrèrent dl glouton en la cambre le prin-
in OHEONIQmB DK J. FR0IS8ART. [1381]
cesse et despedèreot tout son lit, dont elle fa si eshi-
dée que elle s'en pasma, et fii de ses variés et [cam-
berières] prise entre leurs bras et aportée bas en une
posterne sour le rivage et misse en un batiel, et de là
5 aoou verte et amenée [par la rivière en la Riole, et puis
menée] en un hostel que on dist la Garde Robe la
Rolne ; et là se tint tout le jour et toute ia nuit, enssi
que une femme demi morte, tant que elle fu récon-
fortée dou roi, son fil, sicom je vous dirai ensieuant.
10 § 280. En venant le roi en celle place que on dist
la Millinde au dehors de Londres, s'emblèrent de li,
pour le doutanoe de la mort, et se boutèrent hors de
sa route si doi frère, li contes de Kemt et messires
Jehans de Hollandes. Ossi fist li sires de Goumegnies,
15 et s'en ala avoecq eulx, et ne s'osèrent amonstrer au
peuple en celle place de la Milinde.
Quant li rois fu venus, et li baron dessus nonmié
en sa compaignie, en la place de la Blilinde, il trouva
plus de soissante mille homme[s] de divers lieux et
20 de divers villages des contrées d'Engletière. Il se mist
tout enmi eux et leur dist moult doucement : c Bonnes
gens, je sui vostres rois et vostres sires. Que vous
fault? Que voilés vous dire? > Âdont respondirent dl
qui l'entendirent et dissent : c Nous volons que tu
25 nous afranchisses à tous les jours dou monde, nous,
nos hoirs^ et nos terres, et que jamais nous ne scions
tenu ne nonmié serf. > Dist li rois : c Je le vous
acorde. Retraites vous bellement en vos lieux et en vos
maissons, enssi que vous estes chi venu par villages
80 et laissiés de par vous de cascun village deus ou trois
honunes, et je leur ferai escripre à pooir lettres et
[i38f J LIVRB DKUXlàia, § 220. 113
seeler de mon seel, que il en reporteront avoec eids
quitement, liegement et francement tout ce que vous
danandés. Et, afin que vous en soies mieux conforté
et aseuré, je vous ferai par senescaudies, par caste-
leries et par mairies délivrer mes banières. > 5
Ces paroUes apaissièrent grandement ce menu
peuple, voire les simples et les novisses et les boines
gens qui là estoient venu, et ne savoient que il se
demandoient, et dissent tout bault : c C'est bien dit !
C'est bien dit! Nous ne demandons mieux. > Yelà lo
die peuple apaissiet, et se commenchièrent à retraire
en Londres.
Encores leur dist li rois une paroUe qui grandement
les comptenta : c Entre vous, boines gens de la conté
de Kemt, vous ares une de mes banières, et vous, cil 15
d'Exsexes, une, et dl de Sousexses, une autre, et cil
de Beteforde, une otant bien, et cil de Cambruge, une,
cil de Gememue, une, cil de Stafort, une, cil de Line,
une; et vous pardonne tout ce que vous avés fait
jusques à ores, mais que vous sieuwés mes banières 20
et en rallés en vos lieux sour Testât que j'ai dit. > Il
respondirent tout : c (M. »
Enssi se départi chils peuples et rentra en Londres,
et li rois ordonna plus de trente clers che venredi,
qui escripsoient lettres à pooir et seeloient et deli- 25
vroient à ces gens. Et puis se departoient cil qui ces
lettres avoient, et s'en ralloient en leurs nations, mais
li grans venins demoroit derière, Wautre TieuUier,
Jaque Strau et Jehan Balle, et disoient, quoique cils
peuples ftist apaissiés, que il ne se partiroient pas 30
enssi ; et en avoient de leur [acortp plus de trente
mille. Si demorèrent en Londres et ne pressoient point
x-8
ii4 CHRONIQUES DB J. FROI88ÀHT. [iS8f]
trop fort à avoir lettres ne seauU dou roi, ma»
metoient toute leur entente à bouter tel tourble en le
ville que li riche homme et li signeur fuissent mort
et leurs maisons fustées et pillies. Et bien s'en doub*
5 toient li Londriien : pour ce se tenoient il pourvea
dedens leurs hostelstout quoiement de leurs variés et
de leurs amis, oascuns selonc sa poissance. Quant
dis peuples fu ce venredi apaissiés et retrais en
Londres, et que on leur delivroit lettres scellées à tous
10 lés, et que il se departoient sitretos que il les avoient
et en ralloient vers leurs villes, li rois Richars s'en
vint en le RioUe en la Garde Robe la Roïne, dist on,
où la princesse sa mère estoit retraite toute eflfraée.
Si le reconforta, enssi que bien le sent faire, et demora
15 avoecques li toute celle nuit.
Encores vous voel jou recorder de une aventure qui
avint, par ces maleoites gens, devant la chitté de Nor-
duich et par un cappitaine que il avoient, que on
appelloit Willaume Listier, liquels estoit de Stafort.
20 § 231. Ghe propre jour dou Sacrement, que ces
mescheans gens entrèrent en Londres et que il ardîrent
Tostel de Savoie et le moustier et le maison de TOs-
pital de Saint Jehan dou Temple, et que le prison dou
roi que on dist [Nieugate] fu par euls rompue et brisie
25 et tout li prisonnier delivret, et que il fissent tous ces
desrois que vous avés oï recorder, estoient cil des
contrées que je dirai premièrement de Stafort, de Line,
de Gambruge, de Beteforde et de Gememue tout
eslevé et assamblé, et s'en venoient à Londres devers
30 leurs compaignons, car enssi l'avoient il ordonné, et
estoit leurs cappitains uns gamemens qui s'appdloit
[1381] LIVRE DKUXIAhK, § 221. 115
Lîstier. En leur chemin, il s'arestèrent deyant Norduich,
et en venant il en faissoient aler avoeoq eux toutes
gens, ne nuls villains ne demoroit derière. La cause
pour quoi il s*arestèrent devant Norduicb, je le vous
dirai. 6
Il i avoit un chevalier cappitaine de la ville, qui
s'appelloit messires Robers Salle. Point gentils homs
n'estoit, mais il avoit la grâce, le fait et le renonmiée
de estre sages et vaillans homs as armes, et Tavoit
fidt pour sa vaillance li rois Edouwars chevalier, et lo
estoit de membres li mieux tournés et li plus fors
homs de toute Engletière. listiers et ses routes s'avis-
sèrent que il enmenroient che chevalier avoec eux et
en feroient leur souverain cappitainne : si en seroient
plus cremu et miex amé. [Si] li envoiièrent dire que il 15
venist as camps parler à euls, ou il asauroient la citté et
Tarderoient. Li chevaliers regarda que il valoit mieux
que il alast parler à eulx, que il fesissent cel outrage ; si
monta sus son cheval et issi tous seuls hors de la ville,
et vint parler à euls» Quant il le virent, il li fissent très 20
grant diière et l'onnourèrent moult, et lui prièrent
que il vosist deschendre de son cheval et parler à
eulx. Il descendi, dont il fist folie. Quant il fu descen-
dus, il l'environnèrent, et puis commenchièrent à trai*
tier moult bellement, et li dissent : c Robers, vous 25
estes chevaliers et uns homs de grant créance en ce
pals et de renommée, moult vaillans homs, et, quoique
vous soiiés tek, nous vous connissons bien. Vous
n'estes mies gentils homs, mais fils d'un villain et
d'un macbon, sicom nous sonunes. Venés ent avoec- 30
ques nous, vous serés nos maistres, et nous vous
ferons si grant signeur que li quars d'Ëngletière sera
116 CHR0NIQUK8 DB J. FROISSABT. [i381J
eo vostre obeIssaDce. > Quant li chevaliers les oï par-
ler, [si] li vint à grant contraire, car jamais n'euist
fait ce marchiet ; et respondi, en iaulx regardant moult
fellement : c Ârière, mescans gens, faus et mauvais
5 traïteur que vous estes! Volés [vous] que je relen-
quisse mon naturel signeur pour teUe merdaille que
vous estes, et que je me desbonneure? J'aroie plus
chier que vous fuissiés tout pendut, enssi que vous
serés, car vous n'arés autre fin. » Â ces cops il quida
10 remonter sur son cheval, mais il fali de l'estrier, et
li chevaulx s'efifrea. Âdont huèrent il à lui et criièrent :
c À le mort ! > Quant il ol ces mos, il laissa aler son
cheval et traist une belle longhe espée de Bourdiaux
que il portoit, et vous commenche à estoriier et à faire
15 place autour de li, que ce estoit grans biautés dou
veoir, ne nuls ne Tossoit aprochier. Aucun Tapro-
choient, mais, de cascun cop qu'il jettoit sur euls, il
leur coppoit ou piet ou teste ou brach ou gambe, ne
il n'i avoit si hardit qui ne le resongnast ; et fist là cils
20 messires Robers tant d'armes que merveilles. Mais
ces mescans gens estoient plus de quarante mille : si
jettoient, traioient et lanchoient sur li, et il estoit tous
desarmés, et, au voir dire, se il eust esté de fier ou
d'achier, [si] convenist il que il fîist demorés ; mais il
25 en tua tous mors douse, sans ceuls que il mehaigna et
afolla. Finablement il fu aterrés, et li decoppèrent les
jambes et les bras, et le detrenchièrent pièce à pièce.
Enssi fina messires Robers Salle, dont che fu damages,
et en furent depuis en Engletière courouchiet tout U
30 chevalier et escuier, quant il en seurent les nouvelles.
§ 228. Le samedi au matin, se départi li rois d'Eoh
[1381] LIYBB DKUXIÉMl, S 222. 117
gletière de la Garde Robe le Rolne qui siet en la
Riolle, et s'en vint à Westmoustier, et ol messe en
l'église, et tout li signeur avoecques lui. En celle église
a une image de Nostre Dame à une petite cappelle,
qui fait grans miracles et grans vertus, et en lequelle 5
li [roi] d'Engletière ont tousjours eu grant confidence
de créance. Li rois fist là ses crissons devant cel image,
et se ofiBn à lui, et puis monta à cheval, et tout li
baron ossi qui estoient dallés li, et pooit estre envi-
ron heure de tierce. Li rois et sa route chevauchièrent 10
toute la cauchie pour entrer en Londres ; et, quant il
eut chevauchiet une espasse, il tourna sus senestre
pour passer au dehors, et ne savoit nuls de vérité où
il voloit aler, car il prendoit le chemin pour passer
au dehors de Londres. 15
Ghe propre jour au matin, s'estoient asamblé et
quelliet tous les mauvais, desquels Wautre TieuUier,
Jake Strau et Jehan Balle estoient cappitainne, et venu
parlementer en une grande place que on dist Semite-
fille, où li marchiés des chevaulx est le venredi, et là 20
estoient plus de vint mille, tout de une aliance; et
encores en i avoit biaucop en la ville, qui se desju-
noient et buvoient par les tavernes à le grenace, à le
malevissie chiés les Lombars, et riens ne paioient :
encores tout ewireus qui leur pooit faire bonne chière. 25
Et avoient ces gens, qui là estoient asamblés, les
banières dou roi que on leur avoit bailliet le jour
devant, et estoient sus un propos cil glouton que de
courir Londres et reuber et pillier ce meïsmes jour, et
dissoient les cappitainnes : c Nous n'avons riens fait : 30
ces franchisses que li rois nous a donnet nous portent
trop petit de pourfit, mais soions tout d'un acord.
118 CHRONIQUES DK J. FR0IS8ART. [1381]
Gourons oeste grosse ville et riche et poissans de
Londres, avant que cal d'Exsexs et de Sousexsexs» de
Gambruge, de Beteforde et les autres contrées estran-
gnes d'Ârondiel, de Waruich, de Redinghes, de Bar-
5 kesiere, d'Âsquesafort, de Gillevorde, de Gonventré,
de Line, de Staffort, de Gernemue, de Linoolle, de
lorc et de Durâmes viegnent ; car tout venront, et sai
bien que Bakier et Listier les amenront, et, se nous
sommes au dessus de Londres, de Tor et de Targent et
10 des ricoisses que nous i trouverons et qui i sont, nous
arons pris premier, ne ja nous ne nous en repenti-
rons, car, se nous les laissons, cil qui vienent, che
vous di, le nous torront. >
 ce conseil estoient il tout d'accord, quant evous
15 le roi qui vient en chelle place, acompaigniés de sois-
sante cbevaubc, et ne pensoit point à eidx, et quidoit
passer oultre et aler son chemin et laissier Londres.
Enssi que il estoit devant Tabbele de Saint Betremieu
qui là est, il regarde et voit die peuple. Li rois s'ar^
20 reste et dist que il n'iroit plus avant si saroit de ce
peuple quel cose il leur falloit, et, se il estoient tour-
blé, il les rapaisseroit. Li signeur qui dalés li estoient
s'arrestèrent, che fu raisons, quant il s'arresta.
Quant Wautre Thieullier vel le roi qui estoit arestés,
25 il dist à ses gens : c Yelà le roi, je voel ale[r] parler
à lui. Ne vous mouvés de chi, se je ne vous aoène,
et, se je vous fach che signe ([si] leur fist un signe),
si venés avant, et ochiiés tout, horsmis le roi. Mais
au roi ne faites nul mal : il est jones, nous* en ferons
30 nostre volenté, et le menrons partout où nous verrons
en Engletière, et serons signeur de tout le royaulme,
il n'est nulle doubte. »
[1381] UVBS DBUXliMK, g 222. 119
Là avoit un juponnier de Londres, que on appekût
JehaD Tide» qui avoit aporté et fait aporter bien sois-
sante jupons, dont aucun de oes gloutons estoient
revesti, et ThieuUier en avoit un vesti. [Si] li deman-
doit Jehans : c Hé sire ! qui me paiera de mes jupons ? 5
Il me faut bien trente mars. > — c Âpaisse toi, res-
pondi Tieulliers, tu seras bien paiiés enoores anuit.
Tient t'ent à moi : tu as crant assés. »
A ces mos, il esperonne un cheval sur quoi il
estoit montés, et se part de ses oompaignons, et s'en 10
vient droitement au roi et si priés de li que la queue
de son cheval estoit sus la teste dou cheval dou roi.
Et la première paroUe qu'il dist, il parla au roi et dist
enssi : c R(hs, vois tu toutes ces gens qui sont là ? »
— c Oïl, dist li rois, pourquoi le dis tu? > — € Je le 15
di pour ce que il sont tout à men conmiandement, et
m'ont tout juré foi et loiauté à faire die que je vau-
rai. » — c  le bonne heure, dist li rois, je voel bien
qu'il soit enssi. > Âdont dist Tieulliers, qui ne deman-
doit que le nhotte : c Et quides tu, di, rois, que cils 20
peuples qui là est, et otant à Londres, et tous en men
commandement, se doie partir de toi enssi sans por-
ter ent vos lettres ? Nenil ; nous les emporterons toutes
devant nous. > Dist li rois : c II en est ordonné, et il
le fiiut faire et délivrer l'un apriès l'autre. Gompains, 25
retraiiés vous tout bellement deviers vos gens et les
fiiites retraire à Londres, et soies paisieule, et pensés
de vous, car c'est nostre entente que cascuns de vous
par villages et maries ara se lettre, enssi comme dit
est. > A ces mos, Wautre Tieullier jette ses ieus sus 30
un escuier dou roi qui estoit derière le roi et portoit
l'espée dou roi, et haoit cils Tieulliers grandement cel
120 GHRONIQUBS DB J. FROI88AET. [1381]
escoier, car autrefois il s'eatoient ^ris de paroUes, et
Favoit li escuiera vilonné : € Yoirea, diat Tieulli^rs,
es tu là? Baille moi ta daghe. > — c Non ferai, dist li
escuiers, pour quoi le te bailleroie je ? > Li rois regarde
5 sus son vallet, et li dist : c Bailles li. > Ghils li bailla
moult envis. Quant TieuUiers le tint, il en conmien-
cha à juer et à tourner en sa main, et reprist la parolle
à Tescuier et li dist : c Baille moi celle espée. > —
c Non ferai, dist li escuiers, c'est li espée dou roi;
10 tu ne vaulx mies que tu Taies, car tu n'ies que uns
garchons, et, se moi et toi estièmes tout seul en celle
place, tu ne diroies ces paroUes ne eusses dit, pour ossi
grant d'or que cils moustiers de Saint Pol est grans. >
— € Par ma foi, dist TieuUiers, je ne mengerai jamais
15 si arai ta teste. » Â ces cops estoit venus li maires
de Londres, li dousimes montés as chevauls et tous
armés desous leurs cottes, et rompi la presse, et veï
comment cils TieuUiers se demenoit ; si dist en son
langage : c Gars, comment es tu si ossés de dire tels
20 paroUes en la présence dou roi? C'est trop pour toi. »
Adont li rois se felenia et dist au maieur : c Maires,
mettes le main à U. > Entrues que U rois parloit, dis
TieulUers avoit parlé au maieur et dit : c Et, de ce que
je di et fach, à toi qu'en monte? > — c Voire, dist U
25 maires, qui ja estoit avoés dou roi, gars puans, parle[s]
tu enssi en la présence de mon naturel signeur? Je
ne voel jamais vivre, se tu ne le compères. > A ces
mos il traïst un grant baselaire que il portoit, et
lasque et fiert che TieulUer un tel horion 'parmi la
30 teste que il l'abat as pies de son cheval. Sitos conmie
il fu cheus entre pies, on l'environna de toutes pars,
par quoi il ne fust veus des assamblés qui là estoient
[1381] LIVHE DSUXIÉMB, % 222. 121
et qui se dissoient ses gens. Âdont desoendi uds
escuiers dou rd, que on appelloit Jehan Standuidi,
et traM une belle espée que il portoit et le bouta, ce
Tieullier, ou ventre, et là fii mors. Adont se percbu-
rent oes folles gens là asamblés que leur cappitains 5
estoit ochis. Si oommenchièrent à murmurer ensamble
et à dire : c II ont mort nostre cappitaine! alons!
alons ! ochions tout ! t A ces mos, il se rengièrent sus
le place par manière de une bataille, cascun son arc
devant li, qui Tavoit. Là fist li rois un grant outrage, 10
mais il fu convertis en bien, car, tantos comme Tieul-
liers fu aterés, il se parti de ses gens tous seuls, et dist :
c Demorés cbi. Nuls ne me sieue. » Lors vint il au
devant de ces folles gens, qui s*ordonnoient pour ven-
gier leur cappitainne, et leur dist : c Signeur, que 15
vous fault? Vous n'avés autre cappitainne que moi :
je sui vostres rois ; tenés vous en pais. > Dont il avint
que li plus de ces gens, sitos comme il veïrent le roi
et oirent parler, il furent tout vaincu et se oommen-
chièrent à defuir, et che estoient li paisiule ; mais li 20
mauvais ne se departoient mies, anchois se ordon-
noient et monstroient que il feroient quel[que] cose.
Adont retourna li rois à ses gens et demanda que il
estoit bon à faire. Il fu consilliet que il se trairoient
sus les camps, car fuirs ne eslongiers ne leur valloit 25
riens, et dist h maires : c II est bon que nous fâchons
enssi, car je suppose que nous arons tantos grant
confort de ceuls de Londres des bonnes gens de nostre
lés, qui sont pourveus et armés, eux et leurs amis,
en leurs maissons. » 30
Entrues que ces coses se demenoient enssi, couroit
une voix et uns effrois parmi Londres en dissant
122 CHRONIQUES DB J. FR0I8SART. [1381]
enssi : < Oa tue le roi ! on tue le maire ! > pour lequel
eflfroi toutes manières de bonnes gens de la partie du
roi sallirent hors de leurs hostels, armés et pourveux,
^ et se traïssent tout devers Semitefille et sus les camps
5 là où li rois estoit trais, et furent tantos environ set
mille ou uit mille hommes, tous armés. Là vinrent
tout des premerains messires Robers Ganolles et mes-
sires Perducas de Labreth bien acompaigniés de bonnes
gens, et noef des eschevins de Londres ossi, à plus de
10 cent hommes d'armes, et uns poissans homs de la
ville, qui estoit des draps dou roi, que on appelloit
Nicolas [Brambre] , et cils amena une grant route de
bonnes gens ; et, enssi comme il venoient, il se ren-
geoient et se metoient tout à piet et en bataille dallés
15 le roi. D'autre part, estoient ces mescans gens tous
rengiés, et monstroient que il se voloient combatre, et
avoient les banières dou roi avoec euls. Là fist li rois
trois chevaliers ; l'un fu le maieur de Londres, me^
sire Jehan Walourde, l'autre fu messire Jehan Stand-
20 uich, et le tierch fu messire NiooUes [Brambre] . Âdont
parlementèrent ensamble li signeur qui là estoient, et
dissoient : c Que ferons nous ? Nous veons nos enne-
mis qui nous euissent volentiers ochis, se il veissent
que il en eussent le milleur. > Messires Robers Ganolles
25 consilloit tout oultre que on les alast combatre et tous
ochire, mais li rois ne s'i asentoit nullement, et dissoit
que il ne voloit pas que on fesist enssi : c Mais voel,
dist li rois, que on voist requerre mes banières, et
nous venons, en demandant nos banières, comment il
30 se maintenront. Toutesfois, ou bellement ou autre-
ment, je les voel ravoir. » — c C'est bon, > dist li
contes de Sasleberi. Adont furent envoiiet dl troi
[1384] LIVBB DKUXliia, $ 22%. i23
Dcmvel dievaliffl* devers eux. Ghil chevalier, en veoaiit,
leur fisseot signe que il ne traXssissent point, car il
venoient là pour traitier. Quant il furent venu si priés
que pour parier et estre oï, il dissent : c Escout^. Li
rois vous mande que vous li renvoiiés ses banières, 5
et nous espérons que il ara merchi de vous. > Tantos
ces banières furent bailiies et rapportées au roi.
Encore leur fu là commandé de par le roi et sus le
teste que, qui avoit lettre dou roi empêtrée, il le
remesist avant. Li aucun, et ne mies tout, les apor- lo
tèrent. Li rois les faissoit prendre et deschirer en leur
présence.
Vous devés et poés savoir que, sitos que les
banières dou roi furent rapportées, ces mescheans
gens ne tinrent nul arroi, mais jettèrent la grignour 15
partie de leurs ars jus, et se demuchièrent et se
retraïssent en Londres. Trop estoit messires Robers
GanoUes courouchiés de che que on ne les couroit sus
et que on ne ochioit tout; mais li rois ne le voloit
point consentir et dissoit que il en prenderoit bien 20
venganche, enssi qu'il fist depuis. Enssi se départirent
et demuchièrent ces folles gens, li uns chà et li autre
là, et li rois et li signeur et leurs routes rentrèrent
ordonnéement en Londres à grant joie. Et le premier
cemin que li rois fist, il vint devers sa dame de mère, 25
la princesse, qui estoit en un hosteil en la RioUe, que
on dist la Garde Robe, et là s'estoit tenue deus jours
etdeusnuis moult esbahie, il i avoit bien raison. Quant
elle veï le roi son fil, si fîi toute resjole : < Ha ! biaux
fils, com jou ai hui eu en coer grant paine et grant 30
angousse pour vous ! > Dont respondi li rois, et dist :
c Certes, ma dame, je le sai bien. Or vous resjoissiés,
124 GHR0NIQUB8 DB J. FROI88ABT. [1381]
car il est heure, et loés Dieu, car je ai hui recouvré
mon hiretage et le roiaulme d'Engletière que je avoie
perdu. > En8si ae tint li rois ce jour dalléa aa mère, et
U signeur en allèrent cascuna paisiulement en leurs
5 hostelx. Là fu fais uns cris et uns bans de par le [roi]
de rue en rue, et tantos que toutes manières de gens
qui n'estoient de la nation de Londres ou qui n'i
avoient demoret un an entier, partesissent, et, se il i
estoient sceu ne trouvé le diemence à soleil levant, il
10 estoient tenu comme traîteur envers le roi, et perde-
roient les testes. Ghe ban fait et oï, nuls ne l'ossa
enfraindre, et se départirent incontinent che samedi
toutes gens et s'en rallèrent tout desbareté en leurs
lieux. Jehan Balle et Jaque Strau furent trouvé en une
15 viesse maison repus, qui se quidoient embler, mais il
ne peurent, car de leurs gens meismes il furent racu-
set. De leur prisse eurent li rois et li signeur grant
joie, car on leur trenca les testes, et de Tieullier ossi ;
et furent misses sus le pont à Londres, et ostées celles
20 des vaillans honunes que le joedi il avoient decoUet.
Ces nouvelles s'espardirent tantos environ Londres
pour ceux des estragnes contrées qui là venoient et
qui mandé de ces mesceans gens estoient. Si se
retrsossent tantos en leurs lieux, ne il ne vinrent ne
25 ossèrent vemr plus avant.
§ 9lSi3. Or vous parlerons dou duch de Lancastre,
qui estoit sus les mardies d'Escoce en ces jours que
ces avenues avinrent et chils revelemens de peuple en
Engletière, et traitoit as Escos, au conte de Douglas
30 et as barons d'Escoce. Bien savoient li Escot tout le
convenant d'Engletière, et ossi faissoit li dus, mais
[1384] LIYRB DBUXIÈMB, § 223. 125
nul samblant n'en faissoit as Esoos, anchois se tenoit
ossi fors en ses traitiés, que dont que Engletière fust
toute en bonne pais. Tant fii parlementé et aie de l'un
à l'autre que unes trieuwes furent prisses à durer
trois ans entre les Escos et les Englès et les roiaulmes 5
de l'un et de l'autre. Quant ces trieuwes furent aoor-
dées, li signeur vinrent devant l'un l'autre, en iaulx
honnourant, et là dist li contes [de] Douglas au duc de
Lanclastre : c Sire, nous savons bien le rébellion et le
revelement dou menu peuple d'Engletière et le péril iO
où li roiaulmes d'Engletière par telle incidense est et
puet venir : si vous tenons à moult vaillant et à très
sage, quant si francement en vos traitiés vous vous
estes toudis tenus, car nul samblant n'en avés fait ne
monstre. Si vous dissons et offrons que, se il vous 15
besongne confort de dnc cens ou de sis cens lances
de nostre costé, vous les trouvères toutes prestes en
vostre service. > — c Par ma foi, respondi li dus,
biau signeur, grant mercis. Je n'i renonche pas, mais
je ne quide point que mon signeur n'ait si boin con- 20
seil que les coses venront à bien, et toutesfois je voel
de vous avoir un seur sauf conduit de moi et des
miens pour moi retourner et tenir en vostre païs, se
il me besongne, tant que les coses soient apaissies. >
Li contes [de] Douglas et li contes de Mouret, qui 25
avoient là la poissance dou roi, li acordèreot legière-
ment. Adont prissent il congiet et se départirent li un
de l'autre ; li Escot s'en rallèrent à Haindebourc, et li
dus et li sien retournèrent vers Beruich, et quidoit li
dus tout proprement rentrer en la citté de Beruich, ao
car au passer il avoit là laiiet ses pourveances ; mais li
cappitains de le dtté, qui s'appelloit messire Mahieux
126 OHEOmQUlS DK J. FROI88ART. [1881]
[RademanJ, li devea et li cloï la porte audeyant de li et
de ses gens, et li dist que il U estoit deffendu doa
conte de Northombrelande, regart et souverain pour
le tamps de toute la maroe, le frontière et les païs de
5 Northombrelant. Quant li dus entendi ces parolles,
[si] li vinrent nuNilt à contraire et à desplaissanoe. Si
respondi : c Gomment, Mahieu [Rademan], i a en Nor-
thombrelant autre souverain de moi mis et establi,
depuis que je passai et que je vous laiiai mes pour-
iO veances? Dont vient ceste nouvelleté? > — c Par ma
foi, respondi li chevaliers, monsigneur, oïl et de par
le rm, et che que je vous en facb, je le fach envis,
mais faire le me convient. Si vous prie, pour Dieu,
que vous me tenés pour excusé, car il m'est enjoint
15 et commandé, sus men honneur et sus ma vie, que
point n'i entrés ne li vostre. >
Vous devés savoir que li dus de Landastre fii moult
esmervilliés et couroudiiés de tels paroles, et non pas
sus le chevalier singuUèrement, mais sus ceulx dont li
M ordenance venoit, quant il avoit traveliet pour les
besongnes d'Ëngletière, et on le soupechonnoit tel que
on li clooit et veoit la première ville d'Ëngletière au
lés devers Escoche, et imaginoit que on li faisoit grant
blasme, et ne descouvri mies là tout son corage ne
25 ce que il penssoit, et ne pressa plus avant le cheval-
lier, car bien veoit que il n'a voit nulle cause dou foire,
et que li chevaliers, sans trop destroit commande*
ment, ne se fust jamais avanchiés de dire et faire ce
que il disoit et faissoit. Si issi de che pourpos et prist
30 un aultre, et li demanda : c Messire Mahieu, des nou-
velles d'Engletière savés vous nulles? » — € Monsî-
gneur, respondi li chevaliers, je ne sai autres fors telles
[tS84] LITBB DKUZlilll, f %^- ^^
que ti paito est trop fort esmeuz, et a K rms nos sires
escript as barons et as chevaliers de ce pals que il
soient tout prest de venir vers li, quant il les nian*
dera, et as gardiiens et castelains des cittés, villes et
castiaulx de Northombrelande mandé destroitement et 5
sus la teste, que il ne laissent nullui entrer en leurs
lieux et soient bien seur de ce qu'il ont en garde.
Mais dou menu peuple qui se revelle devers Londres,
je ne sai nulle certaine nouvelle que je peuisse recor*
der pour vérité fors tant que li officiier de là jus, de 40
Tevesqué de LincoUe et de la conté de Gambruge, de
Stafort, de Beteforde et de Tevesquiet de Norduidi
m'ont escript que les menues gens desoulx eulx sont
en grant désir que les cosses voissent mal et que il i
ait tourble en ^gletière. > — c Et de nostre païs, 15
dist li dus de Lanclastre, [de] Derbi et de Lincestre i
a nulle rébellion ? > -— c Monsigneur, respondi li che-
valiers, je n'ai point ol dire que il aient passé [Line],
Lincole ne Saint Jehan de [Bruvelé]. > Âdont s'apenssa
li dus, et prist congiet au chevalier, et tourna le chemin 20
de Rosebourc, et là fu il requelliés dou castelain, car
il melsmes au passer l'i avoit mis et establi.
§ 2SI4. Or eut li dus de Lancastre conseil et avis,
pour ce que il ne savoit ne savoir justement ne pooit
comment les coses se portoient en Engletière ne por- 25
teroient encores ne de qui il i estoit amés ne haïs,
que il signifieroit son estât as barons d'Ëscoce et leur
pri[er]oit que il le venissent querre à une quantité de
gens d'armes sus le sauf conduit que il li avoient
bailliet. Tantos dhe conseil et avis eu, il envoia devers 30
le conte de Douglas, qui se tenoit à Dalquest. Quant li
128 OHHONIQUIS DB i. FR0I8SART. [1881]
contes veï les lettres dou duc, si eo eut graut joie et
coojol grandement le message, et segnefia en Teure
cel afaire au conte de Mouret et au conte de le Uare,
son frère, et leur manda que tantost et sans délai, sus
5 trois jours, eux et leurs gens, montés et aprestés, fussent
venu à le Morlane. Sitretos que cil signeur en furent
segnefiet, il mandèrent leurs gens et leurs amis les
plus prochains , et s*en vinrent à Ja Morlane , et là
trouvèrent le conte [de] Douglas. Si chevauchièrent
10 tout ensamble, et estoient bien cinc cens lances, et
vinrent en l'abale de Mauros, à noef petites lieues de
Rosebourc, et segnefiièrent leur venue au duc de Lan-
clastre. Li dus tantos lui et ses gens furent apparilliet ;
si montèrent et se partirent de Rosebourc, et encon-
15 tarèrent sur leur chemin les barons d*Escoche. Si s'en-
trecontrèrent et fissent grant chière, et puis dievau-
chièrent ensamble tout en parlant et en dévissant, et
exploitièrent tant que il vinrent en Haindebourc, où li
rois d'Escoce par usage se tient le plus, car il i a biau
20 castel et bon, et grosse ville et biau havene. Mais, pour
ches jours li rois n'i estoit point, anchois se tenoit en
la Sauvage Escoche, et là cachoit. Si fîi dou conte de
Douglas et des barons d'Escoce, pour plus honnourer
le duc de Landastre, li castiaulx de Haindebourc déli-
ts vrés au duc, dont il leur sceut grant gret ; et là se tint
li dus un tempore, tant que autres nouvelles lui
vinrent d'Engletière, mais che ne fîi mies sitretos, et
que che soit voirs.
Or regardés des malles gens, comment halneus et
30 losengier s'avancent de parler outrageusement et sans
cause. Vois et famé coururent un tamps en Engletière,
eus es jours de ces rebellions, que li dus de Landastre
[i38ij LIVBS OSUXIÈMB, § 225. 129
estoit traîtres envers le roi, son signeur, et que il s'es-
toit tournés escos. Et il fu tantos sceu tous li con-
traires, mais ces maleoites gens, pour mieux tourbler
le roiaulme et esmouvoir le peuple, avoient mis avant
etsemetces paroles, et che congnurent à le mort, quant 5
il furent exécuté de mort, Listier, Tieullier, Strau,
Baquier et Jehan Balle. Ghil cinc par tout Engletière
estoient li meneur et li souverain cappitainne, et
avoient ordonné et tailliet entre eux que ens es cinc
parties d'Engletière il seroient maistre et gouvreneur, iO
et par e^ecial il avoient en trop grant haine le duc.de
Lanclastre, et bien li monstrèrent, car, sitretos de
oonmienchement que il furent entré en Londres, il li
alèrent ardoir sa maison, le bel hostel de Savoie, que
onques n'i demora esciel ne mairien, que tout ne fust i&
ars, et encores avoec tout che meschief avoient il semet
et fait semer par leur malvaisté parolles aval Engle-
tière que il estoit de la partie dou roi d'Escoce : dont
on li tourna en aucuns lieux en Engletière ses armes
au desous, comme il fust traîtres; et depuis fu si 20
diièrement comparet que chil qui che fissent en orent
les tiestes trenchies.
Or vous voel jou recorder la vengance et comment
li rois d'Engletière le prist de ces mescans gens,
entrues que li dus de Lanclastre estoit en Escoce. 25
§225. Quant ces coses furent rapaissies et que Thome
Baquier ot esté exécutés à mort à Saint Albens, et Lis-
tier à Stafort, et Tieullier et Jehan Baie et Jake Strau
et pluiseurs autres à Londres, li rois ot conseil que il
visiteroit son roiaulme, et chevauceroit et iroit par 30
tout les bailliages et mairies et senescaudies et caste-
x-9
m 0HBONIQUB8 OK h FEOI88ART. [iS8i]
leries et mettes d'ËDgletière, pour pugnir k» muivais
et reprendre les lettres que de force il avait ja en
pluiseurs lieus données et accordées, et remeteroit le
roiaulme en son droit point. Si fist U rois un secr^
5 mandement de gens d*armes à estre tout ensamble un
certain jour, liquel i forent, et se trouvèrent bien cinc
cens lancbes et otant d'archiers. Quant il forent venu
tout ensamble, enssi que dévissé estoit, U rois parti
de Londres o chiaulx de son hostel seullement, et
io prist le chemin pour venir en le conté de Kemt, de là
où premièrement ces maleoites gens estoient esmeu
et venu. Ghes gens d'armes dessus nommé pour-
sieuoient le roi sus costière et ne chevaucboient point
avoecques lui. Li rois entra en la conté de Kemt, et
ib vint en [un] village que on dist [Espringhe], et fist
appeller le maieur et tous les hommes de la ville.
Quant il forent venu en une place, li rois leur fist dire
et monstrer ensi par un homme de sen consdil conoe
ment il avoient esret à rencontre de lui et s'estoient
20 mis en painne de tourner toute Engletière en tribula-
tion et en perte ; et, pour ce que il savoit bien que il
convenoit que ceste cose eust esté faite et commenchie
par aucuns, et iK>n mie par tous, dont mieux vailoit
que cil qui cfae avoient fait le comparaissent que tout,
25 il requeroit que on li monstrast les coupables, sus à
estre à tousjours mais en se indignation et [tenu] et
renommé traïteur envers lui. Quant cil qui là asamblé
estoient, ooient ceste requeste, et veoient li non cou-
pable que il se pooient bien purgier et excuser de ce
30 fourfait par enseignier les coupables, si regardoîent
entre euls et dissoient : c Sire, vecbi œlli par qui
ceste ville fo de premiers tourblée et esmeute. » Taor
[1381] LIVRI DStXlAlIB, i 225. 181
tos cils ft] pris et peadus. Et en i ot à [Esprioghe]
pendus set, et ftirent les lettres demandées que on
leur avoit données et aoordées; elles forent là apor-
tées et rendues as gens dou roi, liquel, en la présence
de tout le peuple, les deschirèrent et jettèrent en val, 5
et puis dissent enssi : € Entre vous, gens qui chi estes
asamblé, nous vous commandons de par le roi et sur
le teste, que cascuns s'en revoist en son hosteil pai-
siulement et ne s*en mueve ne esliève jamais contre
le roi ne ses menistres. Gbils meffids chi, parmi la 10
oorection que on en a pris, vous est pardonnes* »
Âdont disoient il tout d'une vois : c Dieux le puist
merir le roi et son noble conseil ! > En tel manière
que li rois fist à [Espringhe] , et à Saint Thomas de
Gantorbie, à Zanduich, à Gememue, à Orvelle et ail- 15
leurs fist il, par toutes les parties d'Engletière où ces
gens s'estoient rebellé et révélé, et en forent decoUet
et pendut et mis à fin plus de quinse cens.
Adont eut li rois d'Engletière conseil de rmiander
en Escoce son oncle, le duc de Landastre, car les coses 20
estoient apaissies. Si le remanda par un sien chevalier
et de son hostel, qui s'appelloit messires NicoUes Gar-
neffelle. Li chevaliers esploîta tant au oonmiandement
dou roi, que il vint en Haindebourc en Escoce, et là
trouva le duc de Landastre et ses gens qui li fissent 25
grant chière, et là monstra ses lettres de créance de
par le roi. Li dus obéï, che fo raisons ; et osai volen-
tiers il retoumoit en Engletière et en son hiretage. Si
prist son chemin pour venir à Rosebourc; et à son
département il remerchia grandement les barons d'Es- 30
oocbe, qui celle honneur et confort li avoient fait que
de lui avoir soustenu en leur pàls le terme que il li
132 GHB0NIQUB8 DB J. FROISSART. [1381]
avoit pleut à demorer. Si le raoonvoièrent li contes de
Douglas et li contes de Mouret et aucun chevalier d'Es-
coce jusques à Fabele de Miauros, et point ne pas-
sèrent la rivière de Tuide. Li dus de Lanclastre vint
5 à RosebourCy et de là au Noef Gastiel sus Thin, et puis
à Durem et à lorch ; et partout trouvoit les villes et
les cittés apparillies : c'estoit raison.
En che tamps trespassa cils vaillans chevaliers en
Engletière, messire Guidiars d*Ângle, contes de Hos-
10 tidonne et maistres [d'ostel] dou roi. Si fu moult reve-
ranment ensevelis en Teglise des frères prêcheurs de
Londres, et là gist. Et, au jour de son obsèque, fiili rois
d'Engletière et si doi oncle et si doi firère et la princesse
leur mère et grant fuisson de prelas, de barons et des
15 dames d'Engletière, et li fissent toute celle honneur ;
et vraiement li gentils chevaUers le valoit c'on li fisist,
car en son tamps il eut toutes les nobles vertus que
uns gentils chevaliers doit avoir : il fu liés, loiaux,
amoureux, sages, seorés, larges, preux, hardis, entre-
20 prendans et chevalereux. Enssi fina messires Guichars
d'Angle.
§ SSI6. Quant li dus de Lanclastre fu retournés d'E^
coce en Engletière, et il ot remonstré au roi et à son
conseil comment il avoit exploitié des trieuwes qui
25 estoient prisses et accordées entre eux et les Escos,
il n'oublia mie conmient messires Mahieux [Rade-
men], cappitainne de Beruich, quoique il escusast
le chevalier, li avoit clos les portes de Beruich au
devant, au commandement et ordenance dou conte de
30 Northombrelande, et que ce fait il ne pooit oubliier,
et en parloit li dus en telle entente que se li rois
[i38ij UVRE DEUXIÈIOS, % 226. i33
ses nepveus ravooit. Et ouïl, il Ta voua voirement,
mais il sambla au duc que ce fust assés morbement.
Dont s'apaissa li dus, et atendi la feste de la Nostre
Dame, en le moiienne d'aoust, que li rois d'Engletière
tint court solempnelle à Westmoustier. Et là furent 5
grant fuisson des haus barons d'Engletière, et tant que
li contes de Northombrelant i fu, et li contes de Notin-
ghem et grant fuisson des barons dou nort ; et fist che
jour li rois chevaliers, premiers, le jone conte Jehan
de Pennebruc, messire Robert B[r]anbre, messire Nico- 10
las Tinfort et messire Adam François, et les fist li rois
à telle entente que il voUoit, le feste passée, aler vers
Redinghes, vers Âsquesufort et vers Gonventré, et cer-
quier toute la frontière et pugnir les mauvais, enssi
qu'il fist, qui s'estoient rebellé à rencontre de lui, en 15
la manière que il avoit fait en la conté de Kemt,
d'Exsexes et de Sousexes, de Beteforde et de Gam-
bruge.
A celle feste et solempnité qui fu le jour Nostre
Dame, en mi aoust, à Wesmoustier, apriès disner, ot 20
grandes paroUes et grosses dou duc de Landastre au
conte de Mortombrelande, et li dist : c Henri de Persi,
je ne quidoie pas que vous fuissiés si grans en Engle-
tière que vous ossissiés faire clore et fremer les
chittés, les villes et les castiaux à rencontre dou duc 25
de Lanclastre! > Li contes s'umelia en parlant, et
dist : c Monsigneur, je ne desvoe pas ce que li cheva-
liers en fist, car je ne poroie ; et ens ou commandement
que j'avoie dou roi, mon signeur que velà, il m'estoit
si estroitement enjoint et commandé que sus men hon- 30
neur et sus ma vie je ne laiaisse ne fesisse laissier nul
homme, signeur ne autre, ens es chités, villes et cas-
134 CHRONIQUES M J. FR0I88ART. [1381]
Uaulx de Northombrelant, se il n*estoient hiretier des
lieux. Et li rois, s'il lui plaist, et mi signeur de sou
conseil m'en poeent excuser, car bien sa voient que vous
estiés en Escoce : si vous deussent avoir réservé. » —
5 c Goounent, respondi li dus, contes de Nortombrelant,
dites vous que il oonvenoit réservation sour moi, qui
sui oncles dou roi et qui ai à garder mon hiretage
otant bien et mieux que nuls des autres n'ait apriès
le roi en Eogletière, et qui pour les besongnes dou
10 païs estoie aies en che voiage? Geste response ne vous
puet excuser, que vous ne fesissiés mal et contre men
honneur grandement, et donnés exemple et soupechon
de moi que je voloie faire ou avoie fait aucune traïson
en Escodie, quant à men retour on me clooit les villes
15 de mon signeur et celle princhipaument où toutes mes
pourveances estoient : pour quoi je di que vous vos
aquitastes mal. Et, pour le blasme que vous m'en
fesistes et moi purgier, en la présence de mon signeur
que velà, je en jette mon gage : or le levés ! > Âdont
20 sali avant li rois, et dist : c Biaux oncles de Lanclastre,
tout ce qui en fu fait, je l'avoe, et retenés vostre gage
et vostre paroUe. Et excuse le conte de Northom-
brelant et paroUe pour lui, que voirement estroitement
et destroitement nous li aviens enjoint et conunandé
25 que il tenist clos et priés le marce et le frontière d'Es-
coce ; et vous savés que nostre roiaulme a esté en si
grant tourble et en si grant péril que, quant vous estiés
par delà, il ne nous pooit pas de tout souvenir. Che
fîi la coupe dou dercq qui escripsi les lettres , et la
30 negligense de nostre conseil, car, au voir dire, vous
deuissiés estre bien réservés. Si vous pri et voel que
vous mettes ces mautalens jus« car je m'en cai^e, et
[4381] unB DIUXIÈia, ! »7. 135
en descai^ le conte de NorthombrelaDt. i Adoot
8'ageDOullèrent devant le duc li contes d'Ârondiel, li
contes de Sadeberi, li contes d'Asquesufort, li contes de
Stanfort et li contes de Devesiere, et li dirent : c Mon-
signeur, voos oés oom amiablement et loiaulment li 5
rois en a parlé, et vous devés bien descendre à ce
que il dist et fait. > Li dus de Lanclastre, qui estoit
enflâmes d'aïr, penssa un petit, et fist les barons lever
en iauls remerdiiant, et dist : c Biau signeur, il n'en
i a nul de vous, se la cause parelle li fust avenue enssi iO
comme à moi, qui n'en fust courouchiés; et, puisque
li rois le voelt, c*est drois que je le voelle, > Là fii
faite la pais dou duc de Lanclastre et dou conte de
Northombrelant par les moiiens dou roi d'Engletière
et des barons dou païs, qui en priièrent. i5
Au second jour apriès, li rois d'Engletière ala en
son voiage, enssi que dessus est dit, ens es contrées
dessus dites, et chevaucoit bien à cinc cens lances et
otant d'archiers, qui le sieuoient sus costière. En che
voiage fist li rois faire pluiseurs justices des mauvais 20
qui contre lui s'estoient relevé et rebelé.
Nous nos soufferons à parler dou roi d'Engletière,
et parierons dou conte de Gambruge, son oncle, et
conterons conunent il vint en Portingal»
§ 887. Vous avés bien chi dessus oï record^r cpm- 25
ment li contes de Gambruge gissoit ou havene de
Pleumoude à dnc cens honunes d'armes et cinc cens
archiers, et atendoient vent pour aler vers le roiaulme
de Portingal. Tant furent il là que vent leur vint, et
desancrèrent et se départirent tout de une flote, et 30
sînglèrent au plus droit qu'il peurent vers Lusebonne,
136 GHR0NIQUB8 DS J. FROISSART. [438!]
OÙ il tendoîent à aler, et oostiièrent che premier jour
Engletière et Gomuaille, et le second jour ossi. Au
tierch jour, à l'entrer en le haute mer d'Espaigne, il
eurent une dure fortune et contraire et tant que tout
5 leur vassel furent espars, et furent tout en très graut
péril et aventure de mort, et par especial li vaissel où
li Gascon estoient, messires [Raimons] de Castiel Noef,
li soudis de FEstrade et li sires de la Barde et environ
quarante hommes d'armes, chevaliers et escuiers, et
10 perdirent la veue et la flotte de la navie dou conte
et des Englès. Li contes de Gambrugë, messires Guil-
laumes de Biaucamp, mareschal de l'ost, messires
Mahieux de Gournai, connestables , li Ganonnes de
Robersart et li autre passèrent en grant aventure celle
15 fortune, et singlèrent tant au vent et as estoiUes que
il arrivèrent et entrèrent ou havene de la chité de
Lusebonne.
Les nouvelles vinrent au roi qui estoit en son palais,
et qui tous les jours n'atendoit autre cose que la venue
20 des Englès. Si envoiia tantos à rencontre d'eus de ses
chevaliers et ses menestrés, et furent li contes de
Gambruge et cil chevalier d'Engletière et estragnier
qui avoecques lui estoient, moult honnerablement et
grandement requelliet et conjoï des gens dou roi, et
25 vint li rois dans Ferrans au dehors de son castiel à
rencontre dou conte, et le requella et conjoï à l'usage
de celli païs moult bellement, et en apriès tous les
aultres ; et les en voia en son castiel et fist le vin apor-
ter et les espisses. Et là estoit Jehans de Gambruge,
30 fils au conte, douquel li rois de Portingal avoit grant
joie, car il dissoit au conte : c Yechi mon fil, car il
ara ma fille. > [Et sa fille] proprement, qui estoit de
[1381] LIVSS DBUXIÈlfl, g Î27. 137
son eage, en avoH grant joie, et se tenoient par lea
mains au doi li enflfant.
Entnies que li rois de Portingal et si chevalier hour
nouroient le conte et les chevaliers estragniers, se
logoient et ordonnoient en la ville li autre qui estoient 5
issu de leurs vaissaux, et furent tout logiet bien et
largement et à leur aisse, car la citté de Lusebonne
est grande et bien garnie de tous biens, et ossi les gens
le roi de Portingal avoient fait songnier dou bien pour-
velr pour la venue des Englès. Si le trouvèrent bien lo
pourveue et garnie, et estoient li signeur tout aisse et
en grant lièche, mais il leur souvenoit dou signeur de
Gastiel Noef, dou soudich de l'Ëstrade et dou signeur
de la Barde et de leurs gens que il contoient pour
perdus sus mer ou que fortune de mer les euist bouté 45
si avant que entre les Mores ou ou roiaulme de Gre-
nade ou de Bellamari, pour quoi, se enssi en estoit
avenu, il les tenoient là ossi bien perdus comme en
devant; et che leur desplaisoit trop grandement, et
les regretoient et plaindoient durement. Au voir dire, 20
il faissoient bien à plaindre, car cil bon chevalier et
escuier desus nommé furent tant et si dur tempesté
de mer que onques gens sans mort ne furent en plus
grant dangier ne péril; et furent [si avant hors de
leur droit chemin], et passèrent les destrois de Marios 25
et les bendes dou roiaulme de Tramesainnes et de
Bellamari, et furent par pluiseurs fois en trop grant
aventure de estre pris et arresté des Sarrasins ; et
eux meïsmes se cojitoient pour mort et n'avoient mies
espoir de venir à terre jamais ne à port de salut. Et 80
furent quarante jours en che dangier. En le fin, il
eurent un vent qui les rebouta, vosissent ou non, en
4S8 CHRONIQCn Dl J. FRQIBSABT. [IttI]
la mer d'Espaigne. Quant cils vens leur fii fiillis, il
waucrèrent et trouvèrent d'aventure deus grosses
nefs de Lusebonne qui s'en venoient, sioom il leur dis-
sent puis, en Flandres, cargies de marcheandisses.
5 Ghil signeur tournèrent celle part et boutèrent leurs
pennons et leurs estramières hors, et vinrent à ces
nefs de Lusebonne, où il n'avoit que marceans dedens,
qui ne furent mies bien à seur, quant il veirent cbe
vaissel armé et les parures de Saint Joi^ en pluisieurs
iO lieux. Toutesfois, quant il s'aprodûèrent, il se recon-
gneurent et se fissent grant feste ; mais cil marchant
remissent de rechief ces chevaliers en trop grant péril,
je vous dirai pour quoi. Il demandèrent des nouvelles
de Portingal, [et il respondirent que li rois de Por-
i5 tingal] et li Englès estoient trait à siège devant
Seville et avoient là le roi dan Jehan de Gastille ase-
giet. De ces nouvelles furent il moult resjoï et dissent
que il iroient celle part, car il estoient ossi sus la fron-
tière de Seville. Adont se départirent il l'un de l'autre,
20 et leur laissièrent li Portingallois des vins et des
pourveances pour eux rafiresquir, et dissent li Gascon
à leurs maronniers : c Menés nous à Seville, car là
sont nos gens au siège. > Li maronnier respondirent :
c Ou nom de Dieu! » et tournèrent vers Seville, et
tt singlèrent tant que il l'aprochièrent. Li maronnier,
qui furent sage et ne voloient pas perdre leurs
maistres, fissent monter amont ou castiel de leurs mas
un effimt, asavoir se il veoit nul apparant de siège par
mer ne par tière devant Seville. L'enffant ot bonne
M veue et juste : si respondi que nom. Adont dissent li
maronnier as signeurs : c Entendes, biau signeur,
vous n'estes pas bien enfourmé, car pour certain il
[tS8i] JUmil DKUXIÈIIB, i 228. iS9
n'a 8Îège nul, ne par mer ne par tère, devant SeviUe,
car, se il i estoit, aucun apparant en seroient ou
havene. Si n'avons que faire de là aler, se vous ne
voilés perdre, car, pour certain, li rois de GastiUe se
tient là, et est la chités de son roiaulme où il se tient le 5
plus volentiers. > A grant dur en peurent li maron-
nier estre creu ; toutesfois, il forent creu, et singlèrent
toute la bende de SeviOe et entrèrent en la mer de
Portingal, et vinrent ferir ou havene de Lusebonne.
A celle propre heure et che propre jour, leur faissoit iO
on en l'église de Sainte Katherine en Lusebonne leur
obsèque, et estoient li baron et li chevalier vesti de
noir, et les tenoient pour mors. Si deyés savoir que
la joie i fo très grans, quant il seurent que il estoient,
com durement que die fost, arivet et venut à port t5
de salut. Si se coojoïrent et festiièrent moult grande-
ment ensamble, et eurent chil chevalier gascons tan-
tos oubliés les paines de la mer.
Nous nos soufferons à parler un petit des besongnes
de Portingal pour la cause de che que sitrestos il n'i 20
ot nul fait d'armes, et parlerons des besongnes de
Flandres et de ce que il i avint en celle melsmes
saison.
§ 2S8. En ces wdonnances et en ce tamps que ces
[aventures] , sicom chi dessus est dit et recordé , client 25
avenues en Engletière, ne sejournoient mies les guerres
de Flandres, li contes contre les Gantois et cil de
Gaind contre le conte.
Vous savés comment Phelippes d'Artevelle fu esle-
vés à Gaind et [eslus] souverains cappitainne par le 30
promotion premiers de Piètre dou Bos qui le consilla,
140 GHR0NIQUB8 DB J. FR0I88ÀRT. [1384]
à l'entrer en l'office, qu'il fiist craeulx et mauvais,
afin que il se fesist cremir. Phelippes retint bien de
son escolle et de sa dotrîne, car il n'eut mies esté
longhement en l'office de gouvrener Gaind, quant il
5 en fist tuer et décoller devant lui douse, et dient li
aucun que cil avoient esté principaulment à le mort
de son père : si en prist la vengance. Phelippes com-
mencha à resgner en grant poissance et à lui faire
cremir et ossi à amer de moult de gens et par espe-
10 cial des compaignons qui sieuoient les routes et les
armées. Â ceuls là, pour eulx faire leur main et estre
en leur grâce, n'i avoit riens refusé ne repris ; tout
estoit abandoné.
Or me poeut on demander conunent chil de Gaind
15 faissoient leur guerre, et je en responderai volentiers,
selonc che que je leur ai depuis oï parler. Il estoient si
bien d'acord que tout mettoient main à bourse, quant
il besongnoit, et se tailloient li rice selonc leur quan-
tité, et deportoient les povres, et, enssi par celle unité
20 qu'il eurent, durèrent il en leur poissance, et s'est
Gaind, à tout considérer, une des plus fortes villes
dou monde, puis que Braibans, Hainnau, Hollandes
ne Zellandes ne les voelt point guerroiier ; mais, ou
cas que cil quatre païs li seroient contraire avoec
25 Flandres, il seroient enclos et perdu et a£Famé. Or ne
leur furent onques cil pals parfaitement contraire ne
ennemi : de quoi leur guerre en estoit plus belle, et
en durèrent plus longhement.
En che tamps et en la nouvelleté de Phelippe d'Àr-
30 tevelle fu li doiens des tisserans acusés de trahison.
Si fu pris et mis en prisson, et pour trouver en voir
che dont il estoit amis et acusés, on alla en se mai-
[1381] LIVRE DBUXlillB, § 229. 141
son. Si trouva [o]o le pourre de salpêtre toute moul-
lie, ne on ne s'en estoit peut aidier en toute Fanée à
siège que il [i] eust fait. Si fu chils doibns décollés et
traînés aval la ville par les espaulles comme traîtres,
pour donner example as autres. 5
Or s'avissa li contes de Flandres que il venroit
mettre le siège devant Gaind ; si fist un grant mande-
ment de chevaliers et d'escuiers et des gens de ses
bonnes villes, et envoia à Malignes, dont il eut ossi
grant gent. Si manda ses cousins, messire Robert de 10
Namur et messire Guillaume, et li vinrent grant che-
valerie et gens d'armes d'Artois et de Hainnau, car poup
lors il estoit contes d'Artois, et estoit la contesse d'Ar-
tois sa mère nouvellement trespassée.
§ 229. A che mandement et asamblée ne s'oubUa 15
mie li sires d'Enghien, mais là vint servir à tout ce
que il peut par raison avoir de gens, et estoit bien
acompaigniés de chevaliers et escuiers de la conté de
Hainnau. Si vint li contes mettre le siège devant Gand
au lés devers Bruges et au lés devers Hainnau. Si i 20
ot fait, le siège durant et estant, tamainte escarmuce,
et issoient souvent aucun legier compaignon de Gaind
qui aloient à l'aventure, dont à le fois il estoient
rebouté à leur damage, et à le fois ossi il gaaignoient.
Et cils qui le plus de fait d'armes i faissoit et qui le plus 25
de renommés en avoit, c'estoit li jones sires d'En-
ghien. En sa route et en se compaignie se mettoient
volentiers et par usage tout jovene baceler qui desi-
roient les armes. Et s'en vint li sïres d'Enghien à bien
quatre mille hommes tous bien montés, sans cheux 30
de piet, mettre le siège devant la ville de Granmont,
14S CHROMIQUBS DB J. FROI88AET. [1381]
car elle estoit gantoisse. Autre fois i avoit li airea d'En-
ghien estek et eux travilliet et heriiet, mais riens D*i
avoit conqueaté. Or i vint il à celle fois poisaanment
et par grant ordonnance, et le fist par un diemendie
5 asaiUir en plus de quarante lieus, et il [melsjmes à
Fassaut ne se faindi mies, mais s'i esprouva de grant
volenté, et bouta là hors oel jour à cel assaut premiè-
rement sa banière. Ghils assauls fu grans et fors et
bien continués, et la ville de tous costés assaillie si
10 aigrement et si ouniement que environ heure de nonne
elle fu prisse et conquise ; et entrèrent ens, par les
portes qui furent ouvertes et abatues, li sires d'En-
ghien et ses gens. Quant cil de Granmont veïrent que
leur ville estoit perdue et que point de recouvrier n'i
15 avoit, si s'enfuirent, et cil qui peurent, par autres
portes au contraire de leurs anemis, et se sauva qui
sauver se peut. Là eut grant ochision de hommes, de
femmes et d'enfians, car nuls n'estoit pris à merdii,
et i eut plus de cinc cens hommes de h ville mors, et
20 trop grant fuisson de vielles gem et de femmes gi»*
sans en leurs lis ars, dont che fu pités, car on bouta
le feo en le ville en plus de deus cens liens, par qu<n
toute li ville fti arse, moustiers et tout, ne riens n*i
demora entir. Enssî fu Granmons persequtée et mine
25 en feu et en flame, et puis retourna li sires d'Enghien
en Tost devant Gaind, quant il eut fait œl exploit, doo*
quel li contes de Flandres si l'en sceut très bon gré,
et li dist : c Biaux fieux, en vous a vaillant homme,
et vous ferés encores, se Dieu plaist, bon chevalier,
30 car vous en avés un très bon commencfaement. »
§ 830. Âpriès le destrudon de la ville de GntD-
[1381] UVBK DSUXiillB, ( 2S0. US
moot, qui fil par un diemenoe ou mois de jun toute
ane [et] toute perie, se tint li fiièges devant Gaind. Et
là estoit li jones sires d'Enghien, qui s'appelloit Gaur
tierSy qui petit reposoit et sejournoit en son logis,
mais queroit tous les jours les armes et les aventures, s
une fois bien acompaigniés de si grant fuisson de
gais que il reboutoit ses ennemis, et l'autre fois à si
petit de gens que il n'osoit persévérer en ses emprises,
si retournoit ; et priesque tous les jours, ou par li, ou
par le Halse de Flandres i avenoient armes. Et avint 10
environ un mois après, un joedi au matin, que li sires
d'Enghien estoit issus hors de son logels, le signeur
de Montegni en sa oompaignie, messire Mikiel de le
Hamaide, sen cousin, dallés li, le bastart d'Enghien,
son firère, Gillion dou Trisson, Hustin dou Lai et 15
pluiseurs autres de ses gens et de son hostel, et s*m
aloient à Tescarmuoe devant Gaind, enssi que autre
fois avoient fait. Si se boutèrent si avant que mal leur
en ch^, car chil de Gant avoient au dehors de leur
ville fait une embusque de plus de cent compaignons 20
et tous piquenaires. Et voellent li aucun dire que il i
avoit en celle enbusque le plus des escadiiés de Gran-
mont, qui ne tiroient à autre cose que ce que il peui^
aent enclore A atraper à leur avantage le signeur
d'Enghien, pour eulx contrevengier dou grant damage 25
que il leur avoit fait, car il le sentoieut libéral et jovrae
et volentrieu de lui aventurer follement; et tant i
pensèrent qu'il l'eurent, dont che fu damages, et pour
ceulx ossi qui là demorèrent avoec li. li sires d'En-
ghieo et sa route ne se donnèrent garde, quant U se 30
virent encloa de œs Gantois, qui leur vinrent fière-
ment au devant et les eaoriièrent : « Â la mort! »
144 CHRONIQUSS DB J. FB0I8SABT. [1381]
Quant li sires d*Enghien se veï en che parti, si
demanda conseil au signeur de Mont^ni, qui estoit
dallés lui : c Conseil ! respondi messires Ustasse,
sire, il est trop tart; deffendons nous, et [si] vendons
5 nos vies che que nous poons. U n'i a autre cose, ne
dhi ne chiet [à] nul raençon. > Âdont fissent li chevalier
le singne de la crois devant leurs viaires, et se recom-
mendèrent à Dieu et à saint Jorge, et se boutèrent en
leurs ennemis, car il ne pooient fuir ne reculler, si
10 avant estoient il enbusquiet , et i fissent d'armes che
qu'il peurent, et se combatirent moult vaillanment.
Mais il ne pooient pas tout faire, car leur ennemi
estoient dis contre un, et a voient ces longues picques,
dont il lanchoient les cops trop grans et trop peril-
15 leus, enssi comme il apparut. Là fu li sires d'Enghien
ochis, et dalés li, li bastars d'Engien, ses fibres, et
Gilles dou Trisson, et chils vaillans et preudons die-
valiers de Hainnau, qui estoit ses compains, li sires
de Montegni Saint Gristoffle, et messires Hikieux
20 de le Hamaide durement navrés, et euist esté mors,
il n'est nulle doubte, se Hustins dou Lai par force
d'armes et par sens ne l'euist sauvé. Si en ot il
moult de paine pour le sauver; toutesfois, entrues
que cil Flament entendoient à ces chevaliers desarmer
25 et à tourser, pour reporter en la ville de Gaind, car
bien savoient que il a voient ochis le signeur d'Enghien,
dont il avoient grant joie, Hustin dou Lai, qui ne veoit
nulle recouvrance, mist hors de la presse et dou péril
messire Mikiel de le Hamaide. Enssi se porta li jour-
30 née pour le signeur d'Enghien. Si devés crohre et
savoir de vérité que li contes de Flandres en fii trop
durement courouchiés, et bien le monstra, car, pour
[i3Si] LIVEB DSUXIÈMB, $ 231. 145
ramour de lui, li sièges se desfist de devant Gand, et
ne le pooit li contes oubliier, mais le regretoit nuit et
jour, et dissoit : c  ! Gautier ! Gautier ! biaulx fils !
Gomment il vous est tempre mesavenu en vostre jones-
che ! Yostre mort me fera tamaint anoi, et voel bien 5
que cascuns sache que jamais cil de Gand n'aront paix
à moi si sera si grandement amendé que bien devera
souffire. > La cose demora en cel estât. Si fu ren-
voiiés querre en Gand li sires d'Enghien, que li Gan-
tois, pour resjoïr la ville, i avoient porté, lequel corps 10
il ne vaurent onques rendre si en eurent mille frans
tous aparilliés, lesquels on leur paia et délivra, et les
départirent ensamble à butin. Et li sires d'Enghien fu
rapportés en Tost, et puis fu renvoiiés à Enghien, la
ville dont il avoit esté sires, et là fu ensevelis. ^^
§ 231 . Pour la mort dou jone signeur d'Enghien,
c'est vraie cose, se deffist li sièges de devant Gaind,
et [si] s'en parti li contes, et s'en retourna à Bruges, et
donna congiet pour celle saisson toutes manières de
gens d'armes, et les envoiia eus es garnissons de Flan- 20
dres, ens ou castiel de Gauvres, en Âudenarde, en
Tenremonde, à Gourtrai et partout sus les frontières
de Gaind. Et manda li contes as Liegois, pour ce que
il oonfortoient les Gantois de vivres et de pourveances,
que plus on ne les asegeroit, mais que il [ne] vosissent 25
en Gaind envoiier nuls vivres. Ghil dou Liège respon-
dirent orguilleusement as messages qui envoiiet i
furent, que de ce faire il aroient avis et conseil à ceulx
de Sainteron, de Hui et de Dignant : li contes n'en
peut autre cose avoir. Toutesfois, li contes de Flandres 30
envoiia devers ses cousins le duc de Braibant et le duc
X — 10
146 GHRONIQUSS BS i. FR0IS8ART. [1381]
Aubert, bail de Hainnau, de Hollaodea et de Zellandes,
grans mesages de ses plus sages chevaliers, qui leur
remoDstrèreot de par H que la ville de Gaind se tenoit
en soD esreur et en sa mauvaistié par le graut oonfort
5 que les gens de celle ville avoieut de leurs pals» de
vivres et de pourveances qui leur veuoient tous les
jours, et que il i vosissent pourveïr de remède. Ghil
doi signeur, qui envis euissent ouvré ne exploitié à la
desplaissance de leur cousin le conte, s*escusèrent moult
iO bellement as chevaliers, et leur respondirent que en
devant ces nouvelles il n'en avoient riens sceu, et
aroient tels leurs païs que on [i] metteroit atem-
prance. Geste responsse souflS assés au conte de Flan-
dres. Li dus Âubers, qui pour ce tamps se tenoit en
15 Hollandes, escripsi devers son baillieu en Hainnau,
messire Simon de Lalaing, et li envoiia la coppie des
lettres et par escript les parolles et requestes de son
cousin, le conte de Flandres, et avoec tout che il li
manda et commanda estroitement que il euist tel le
20 pals de Hainnau que il n'en oist plus nulles nouvelles
à le desplaissance dou conte, son cousin, car il s'en
couroucheroit. Li baillieux obel, che fu raisons, et fîst
faire un commandement gênerai parmi le conté de
Hainnau, que nuls ne menast vivres à ceulx de Gaind,
25 car, se il estoient sus le chemin veu ne trouvé, il
n'aroient point d'avoé de li. Un tel cri et deffense fist
on en Braibant, ne nuls n'osoit aler en Gand, fors en
larechin, ne mener vivres, dont cil de Gaind se com-
menchièrent moult à esbahir, car pourveances leur
30 afoiblissoient durement, et eussent eu trop plus tost
grant famine ; mais il estoient conforté des Hollandois
et des Zellandois, qui onques ne s'en vaurent déporter
[1382] LIYRB DBUXliMS, $ ^^- t47
pour mandement ne pour destrainte que li dus Aubers
i peuist mettre.
En che tamps, par les pourcas et moiens des oon-
saulx de Hainnau, de Braibant et de Liège, fu uns
parl^nens assis et acordés à estre à Harlebèque dal- 5
lés C!ourtrai, et se tint li parlemens, et i envoiièrent
chil de Gand douse des plus notables hommes de la
ville, et monstroient tout generaument, excepté li
ribaudaille qui ne desiroient que le rihotte, que il
Yoloient venir à pais, à quel meschief que che fust. iO
A ce parlement furent tout li consaus des bonnes
villes de Flandres, et meïsm[em]ent li contes, et ossi
de Braibant, de Hainnaut et de Liège i eut gens. Là
furent les coses si bien taillies et couchies que sur
certain article de paix li Gantois retournèrent en leur t5
ville; et avint que cil de Gand, qui pais desiroient à
avoir, voire li saige et li paisiule, se tralssent devers
les hostels des deus plus notables et rices hommes de
Gaind qui à ce parlement eussent esté, sire Ghisebrest
Grute [et] sire Simon Bète, et leur demandèrent des 20
nouvelles. Il se descouvrirent trop tos à leurs amis,
car il respondirent : c Bonnes [gens], nous arons
une belle paix, se Dieu plaist. Ghil qui ne voellent que
bien, demoront en pais, et on corr[i]gera aucuns des
mauvais de la ville de Gand. » 25
§ fâi. Vous savés que on dist communément :
c S'il est qui fait, il est qui dist. » Piètres dou Bos,
qui ne se sentoit mies asseur de sa vie, avoit envoii^
ses espies pour oïr et raporter des nouvelles. Ghil qui
i furent envoiiet, raporterent che que on dissoit parmi 30
la ville, et que ces parolles venoient pour certain de
448 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
Ghisebrest Grute et de Simon Bète. Qaant Piètres
eotendi che, si fu tous foursenés et hapa taotos oeste
oose pour li, et dist : c Se nuls est corigiés de ceste
guerre, je serrai tous premiers, mais il n'ira pas enssi
5 que nos signeurs, qui ont esté au parlement, quident.
Je ne voel pas enoores morir ; la guerre n'a pas enoores
tant duré comme elle dur[r]a ; encores n'est pas mes
boins maistres, qui fu Jehan Lion, bien vengiés. Se la
cose est entouellie, encores le voel jou mieux touel-
iO lier. > Que fist Piètres dou Bos? Je le vous dirai.
Gel propre soir, dont à l'endemain li consaulx des
signeurs de Gand devoit estre en la dite halle dou
conseil et li rappors fais des dessus dis qui avoient
estet au parlement à Harlebecque, il s'en vint à l'ostel
15 Phelippe d'Artevelle, et le trouva que il avissoit et
penssoit en apoiant sus une phenestre en sa cambre.
Le première paroUe que il li dist, il li demanda :
c Phelippes, savés vous nulles nouvelles? > — c Nenil,
dist Phelippes, fors tant que nos gens sont retourné
20 dou parlement de Harlebèque, et demain nous devons
oïr en la halle che qu'il ont trouvé. > — c C'est voirs,
dist Piètres, mab je sai ja ce qu'il ont trouvé et com-
ment [li] traitiet se [portent] , car il s'en sont descouvert
à aucuns de mes amis. Certes, Phelippe, tout li trai-
25 tiet c'on fait et que on peut faire, c'est tousjours sur
nous et sur nos testes. Se il i a nulle paix entre Mon-
signeur et la ville, sachiés que vous et jou et li sires
de Harselle et tout li cappitaîne, dont nous nos aidons
et qui maintiennent la guerre, en moront premiere-
30 ment ; et li riche homme en iront quite, et nous voellent
bouter en che parti et iaubc délivrer. Et che fu li oppi-
nions de Jehan Lion, men maistre. Toudis enoores a
[1382] LIVRE DSUXIÈMB, § 233. 149
DO sires li coDtes ses marmousès dalés H, Ghisebrest
Mabieu et ses frères et le prevost de Harlebèque, qui
est dou linage, et le doien des menus mestiers qui
s*eo fui avoec eulx. [Si] nous faut bien aviser sour
chou. > — c Et quel cose en est bonne à faire? > dist 5
Phelipes. Respondi Piètres : < Je le vous dirai : il nous
faut segnefiier à tous nos diiens et nos cappitainnes que
il soient demain tout apparilliet et venu ou marchiet
des devenres, et se tiegnent dallés nous. Nous ente-
rons en la halle, moi et vous, et cent des nostres, pour 10
olr ces traitiés. Dou sourplus laissiés moi convenir,
mais avoés mon fait, se vous voilés demorer en vie et
en poissance, car, en ceste ville et entre communs, qui
ne s'i fait cremir, il n'i a riens. » Phelippes li acorda.
Piètres dou Bos prist congiet, et se parti et envoia ses 15
gens et ses vallès par tous les doiiens et cappitainnes
desoulx li, et leur manda que à Tendemain eulx et
leurs gens venissent tout pourveu ens ou marquiet
des devenres, pour oïr des nouvelles. Il obéirent, car
nuls ne Feust ossé laissier, et ossi il estoient tout 20
rebrachiet de mal faire.
§ SI33. Quant che vint au matin à noef heures, li
maieur, li eskevin et li riche homme de la ville vinrent
ou marchiet et entrèrent en la halle, et là vinrent ehil
qui avoient esté au parlement à Harlebèque; puis 25
vinrent Piètres dou Bos et Phelippes d'Artevelle, bien
acompaigniés de ceux de leur sexte. Quant il furent
tout asamblé et assis qui seoir volt, on regarda que li
sires de Harselle n'estoit point là. On le demanda,
mais on l'excusa, car il n'i pooit estre pour la cause 30
de che que il estoit dehetiés. Avant dist Piètres dou
150 GHR0NIQUB8 DS J. PR0IS8ART. [1382]
Bo8 : c Yés me chi pour lui. Nous sommes gens assés :
oons che que cil seigneur ont rapporté dou parlement
de Harlebèque. »
Âdont se levèrent conmie li plus notable de le com-
5 paignie Ghisebrest Grute et Simons Bète, et parla li
uns et dist : c Signeur de Gaind, nous avons esté au
parlement de Harlebecque, et avons heu moult de
paine et de travail , et ossi ont [eu] les bonnes gens
de Braibant, dou Liège et de Hainnau, de nous aoor-
10 der envers Monsigneur. Toutesfois, finablement, à la
proiière de monsigneur et de madame de Braibant,
qui là envoiièrent leur conseil, et de monsigneur le
duc Âubert, [qui i envois] le sien, la bonne ville
de Gand est venue à paix et a acordé envers
15 nostre signeur le conte par un moien que deus cent
hommes, [desquels] il nous envoiera [les noms]
dedens quinse jours par escript, iront en sa prisson
ens ou castiel à Lille et se metteront en sa pure
volenté. Il est bien si frans et si nobles que de cheubc
20 il ara merchi et pité. » À ces parolles se traïst avant
Piètres dou Bos, et dist : c Ghisebrest, comment estes
vous si ossés que vous avés acordé che traitiet de
mettre deux cens hommes en le vollenté de nostre
ennemi? À très grant vitupération venroit à la ville de
25 Gand, et mieux vauroit que elle fiist reversée die
desoulx deseure, que ja à ceulx de Gaind fîist repro-
ciet que il euissent guerriiet par tel manière! Bien
savons entre nous qui avons oï, que vous ne serés
pas li uns de ces deux cens, ne ossi ne sera Simon
30 Bette. Vous avés pris et cuesi pour vous, mais nous
taillerons et prenderons pour nous. Avant, Phelippe,
à ces traiteurs qui voellent deshonnerer et trahir la
[4882] UnM DKUZliia, 1 284. i&i
noble ville de Gaind ! » Tout en parlant, Piètres dou
Bo8 trait sa daghe et vient à Ghisebrest Grute, et li
ûeri ou ventre et le reverse là, et l'abat mort, et Phe-
lippes d'Àrtevelle la sienne, et fiert sire Simon Bette
et Tochist, et puis commenchent à criier : c Tral ! » 5
n avoient leurs gens haut et bas dallés eux. Cil tout
ewireus, corn ridie homme et comme enlinagiet que
il fuissent en la ville, qui se peurent disimuller adont
et bouter hors et sauver ! Et ossi pour Teure il n'en i
ot plus de mors que ces deus ; mais pour le peuple 10
apaissier et pour eulx tourner en droit, il envoiièrent
leurs gens de rue en rue, criant et dissant : c Li faulx,
li mauvais traiteur Ghisebrest Grute et sire Simon
Bette ont volut trahir la bonne ville de Gand. > Enssi
se passa ceste cose, li mort furent mort, ne on n'en 15
eult el, ne nuls n'en leva l'amende.
Quant li contes de Flandres, qui se tenoit à Bruges,
sceut ces nouvelles, si fu durement courouchiés, et
dist adont : c A la priière de mes cousins de Braibant
et de Hainnau et de ma suer de Braibant, je m'estoie 20
legierement acordés à la pais à cheux de Gand, et celle
fois et aultre ont il enssi ouvré; mais je voel bien
qu'il sachent que jamais n'aront paix envers moi si
en arai des leurs tant à ma volenté que bien me devera
soufifire. » 25
§ S34. Enssi furent mors et mourdrit en la ville de
Gaind chil doi vaillant homme rice et sage, et pour
bien faire à l'intencion de pluiseurs gens, dont ca»*
cuns des deus de leur patrimoine tenoient bien [mil]
frans de revenue hiretable par an. Si furent plaint en 30
requoi : on n'en eut el, ne nuls n'en euist ossé par-
152 CHR0NIQUS8 DB J. FROI88ART. [1382]
1er, se il ne vosîst estre mors. La oose demora en oel
estât, et la guerre plus felle que devant, car cil des
garnissons autour de Gand estoient nuit et jour soo-
gneusement sus les camps, ne nulles pourveances ne
5 pooient venir à Gand, car nuls de Braibant ne de Hain-
nau ne s'i osoit aventurer, car, au mieux venir, quant
les gens dou conte les trouvoient en leur présence, il
ochioient leurs chevaulx et souvent eulx meïsmes, ou
il les en menoient en Tenremonde ou en Audenarde
10 prisonniers et les renchonnoient. Dont toutes manières
de gens vitailliers resongnoient che péril : si ne s'i
ossoit nuls bouter.
En celle saisson ossi s'élevèrent et révélèrent ossi chil
de Paris à rencontre dou roi et de son oonseU, car. li
15 rois et ses consaulx voloient remettre sus generalment
parmi le roiaulme de France les aides, les fouages, les
gabeUes et les assisses qui avoient courut et estet levées
dou tamps le roi Gharle, père à che roi qui resgnoit
pour ce tamps. Li Parisiien furent rebelle à tout ce,
20 et dissent que li rois Gharles, de bonne mémoire, lui
encores vivant, leur avoit quitté, et li rois, ses fils, à
son couronnement à Rains, Tavoit accordé et con-
fremé. Et convint le jone roi de France et son conseil
vuidier Paris et venir demorer à Miaubc en Brie.
25 Sitos que li rois fu partis de Paris, li commun s'es-
murent et s'armèrent, et ochirenttousceulx qui avoient
[censi] ces gabelles et ces débites, et rompirent et
brissèrent les prissons et les maisons de la ville, et
prisent et pillièrent tout ce que il trouvèrent ; et vin-
30 rent en le maison de l'evesque de Paris en Gitté, et
rompirent les prisons et délivrèrent Hughe Âubriot,
qui avoit esté prevos de Ghastelet un grant tamps, le
fi382] UVBS DBUXiilll, § 285. 153
roi Gharle vivant, liquels estoit par sentence oondemp^
nés en prison, que on dist TOubliette, pour pluiseurs
grans mauvais fais que fais avoit et consentis à faire,
et liquel, pluiseur en i avoit, demandoient le feu;
mais chils peuples de Paris le délivrèrent. Geste aven- 5
ture li avint par l'esmeutin dou commun, de quoi il
se parti au plus tost qu'il peut, afin que il ne fîist
repris, et s'en ala en Bourgongne, dont il estoit, et
compta à ses amis sen aventure.
Ghil de Paris, che jour et che terme que il resgnè- 10
rent en leur rébellion, fissent moult de desrois, dont
il en anoioit à aucunes boines gens qui n'estoient pas
de leur acord, car, se tout le fuissent, la cose euist
trop mal aie. Et li rois se tenoit à Miauhc, et si oncle
dallés lui, Ângo, Berri et Bourgongne, qui estoient 15
tout courouchiet et esmervilliet de ceste rébellion. Si
eurent conseil que il envoieroient le signeur de Gouchi,
qui sages chevaliers estoit, traitier devers eulx et
apaissier, car mieubc les saroit avoir et mener que
nuls autres ne feroit. 20
§ 235. Âdont s'en vint li sires de Gouchi, qui
s'apelloit Enguerans, à Paris, non à main armée, mais
tout simplement avoec ceuls de son hostel rieulet.
Et descendi à son hostel; et là manda ceuls qui de
ceste besongne s'ensonnioient et estoient ensonniiet ^
le plus avant, et leur remonstra doucement et sage-
ment que il avoient trop mal esret de che que il avoient
ochis les officiiers et menistres dou roi et romput et
brissiet les maisons et les prisons dou roi et delivret
ses prisonniers, et que, se li rois et ses consaulx 30
voloient, il seroit trop grandement amendé. Biais
154 CHRONIQUES DB J. FROI88ART. [1382]
nenil, car sour toutes riens il amoit Paris pour tant
qu'il i fu nés et que Paris est li cfaiés de son rcHauhne :
si ne le voloit pas confondre ne destruire, ne les
bonnes gens de dedens, et leur monstroit comment il
5 estoit là venus conmie par un moien pour eux mettre
à acordé ; et il prieroit au roi et à ses oncles que die
fourfait que il [fait] avoient, il leur vosissent pardon-
ner. Il respondirent adont que il ne voloient ne guerre
ne mautallent au roi, leur sire, mais il voloient que
10 ces impositions, aides, sousides et gabelles fiissent
nulles [et] Paris euxemté de tels ooses ; et il aidenuent
le roi en autre manière. — c En quel manière? > res-
pondi li sires de Gouchi. — c En celle manière de une
quantité d'or et d'argent que nous paierons toutes les
15 sepmaines à un certain homme qui le recevera, pour
aidier à paiier, avoecq les autres dttés et villes dou
roiaulme de France, les saudoiiers et les gens d'armes
dou roi. > — c Et quelle somme voriés vous paiier
toutes les sepmainnes? » — c Sonmie telle, respon-
20 dirent li Parisiien, que nous serons d'accord. » Là les
mena li sires de Gouchi par biau langage si avant que
il se taillièrent et ordonnèrent de leur vollenté à dix
mille frans le sepmainne et à paiier à un honune que
il ordonneroi[en]t à rechepveur.
25 Sus cel estât se départi li sires de Goudii d'eus, et
retourna à Miaubc en Brie devers le roi et ses ondes,
et regarda et remonstra tous ces traitiés. Li rois fu
adont consilliés pour le mieux que il prenderoit l'oflPre
que li Parisiien li offroient, et que ceste cose estoit
30 entrée et commenchement de jeu, et que petit à petit
on enteroit en eux, et enssi feroient les autres bonnes
villes, puisque cil de Paris avoîent commenchiet ; et.
9
[tSfô] hPnXE DBUXIÈMB, § 296. i55
quant od poroit, on aroît mieux. Si retourna li sires
de Gouchi à Paris et aporta de par le roi le paix as
Parisiiens, mais que il tenissent les traitiés tels comme
il avoient proposet. Il les tinrent trop volentiers et
ordonnèrent un rechepveur qui recepveroit le somme 5
des florins toutes les sepmaines; mais li argens ne
devoit estre contournés ailleurs ne bougier de Paris
fors en paiier gens d'armes, se on les metoit en
besongne ; ne riens aultrement n*en devoit venir ne
toume[r] au pourfît dou roi ne à ses oncles. Enssi io
demora la cose un tamps en cel estât, et li Parisiien
en paix ; mais li rois ne venoit point à Paris, dont li
Parisiien estoient courouchiet.
§ 236. Samblablement cil de la citté de Roem s'es-
murent ossi, et se relevèrent et révélèrent par telle 15
incidense les menues gens de la ville, et odiissent le
chastelain, qui estoit au roi et gardiiens dou castel, et
tous les impositeurs et gabelleurs, qui ces aides avoient
prises et censsies. Quant li rois de France, qui se
tenoit à Miaulx, en fu infourmés, [ce] li vint à grant 20
desplaissance et à son conseil ossi, et se doubtèrent
que parellement les autres villes et dttés dou roiaulme
de France ne fesissent enssi. Si fu li rois de France
consilliés de venir à Roem ; et i vint, et apaisa le com-
mun, qui estoit moult tourblés, et leur pardonna la 25
mort de son cbastellain et tout ce que fait avoient ; et
il ordonnèrent de par eulx un rechepveur, auquel il
paieroient toutes les sepmaines une somme de florins,
et parmi tant il demorèrent à paix. Or, regardés la
grant deablie qui se commendioit à eriever en 30
France : et tout prendoieot piet et ordonnance sus les
156 CHRONIQUBS DE J. FROISSAHT. [1383]
Gantois, et dissoient les communaultés adont tout par
le monde que li Gantois estoient bonnes gens et que
vaillanment il soustenoient leurs franchisses, dont
il dévoient de toutes gens estre amé, prisié et bon-
5 neré.
§ 237. Vous savés comment li dus d'Ango avoit une
grande et baute imagination d'aller ens ou roiaulme
de Napples, dont il s'escripsoit rois de Puille et de
Galabre et de Sesille, car pappes Glemens l'en avoit
10 ravesti et abireté par la vertu des lettres que la roïne
de Naples et de Sesille l'en avoit donné. Li dus d'Ango,
qui estoit sages et imaginaulx et de bault corage et de
grant emprisse, veoit bien que, ou tamps à venir,
selonc Testât que il avoit commencbiet à maintenir,
15 dont envis le veïst afoiblir ne amenrir, seroit uns
petis sires en France, et que cils baus et nobles bire-
tages de deus roiaulmes, Naples et Sesille, et trois
duoés, Puille, Galabre et Prouvence, li venroient gran-
dement bien à point, car en ces terres, dont il se tenoit
20 drois sires et boirs par le vertu des dons qui fait l'en
estoient, abondent toutes riquoises. Si mettoit toute
sa cure et diligence nuit et jour comment il peuist
parfiirnir ce voiage, et bien savoit que il ne le pooit
faire sans grant confort d'or et d'ai^ent et grosse
25 route de gens d'armes, pour résister de force contre
tous ceuls qui son voiage li voiroient empediier. Si
asambloit li dus d'Ângo de tous lés, en instance de ce
voiage, si grant avoir que mervelles, et tenoit à amour
les Parisiiens cbe qu'il pooit, car bien savoit que
30 dedens Paris a grant misse d'argent. Et tant fist qu'il
en ot sans nombre et envoia devers le conte de Savoie,
[4382] UVU DBUHÈHB, | 238. 157
ouquel il avoit très grant fiance, que à oe besoing il
oe le vosist pas fallir, et, H venut en Savoie, il li ferait
mettre en paiement aparilliet la somme de [cinc cens
mil] florins pom* mille lances ou plus, pour un an tout
entier. li contes de Savoie de ces nouvelles eut grant 5
joie, car moult amoit les armes et llavancement de li et
de ses gens : si respondi as mesages que volentiers il
servirait monsigneur d'Ângo parmi le moiien que il
mettoit. De che fii li dus d'Ângo tous resjoïs, car il
amoit moult la compaignie dou conte de Savoie. De 10
rechief li dus d*Ângo ratint tout partout gens d'armes
et tant que il en trouva bien noef mil hommes d'armes
tout en se obeïssance, voire les deniers paians. Si fist,
pour son corps et pour ses gens faire et ordonner et
aparillier, à Paris le plus grant et le plus bel apareil, ^^
que on avoit onques veu faire faire signeur, de tentes,
de trefs, de pavillons, de cambras et de toutes ordon-
nances qu'à un roi appartient, qui voelt aler en un
lontain voiage.
Nous cesserons un petit à parler de lui, et ratou- 20
rons au conte de Gambruge et à ses gens, qui pour
che temps estoient en Portîngal dallés le roi.
§ 338 • li contes de Gambruge et ses gens se rafi*es-
quirant un grant temps à Lusebonne dallés le roi de
Portingal, et avissoient li Englois et li Gascon le païs, 25
pour tant que il n'i a voient onques estet. En che
séjour il me samble que uns mariages fu fais et acor-
dés de la fille dou roi de Portingal, qui estoit adont
e[n] l'eage de dix ans, et dou fil conte de Gambruge,
qui pooit estra de cel eage. Bel enffant estoit et a[voit] 30
à nom Jehan, et la dame fille dou roi Betris. Â ces
!S6 CHBOmOUSS D8 J. FaOISSART. [1382]
oooes de oes deux enflhns ot graiiB festes et grans
eabatemens, et i forent li prélat et li baron dou pals,
et forent ooudiiet, comme jone qu'il foissent, tout nu
en un lit ensamble.
5 Ces noces faites et les festes passées, qui durèrent
bien uit jours, li consauU dou roi de Portingal ordonna
que ces gens d'armes, qui se tenoient à Lusebonne et
là environ, se departiroient etiroient d'autre part tenir
leur frontière. Si fu li contes de Gambruge et ses hos-
iO tels ordonnés et assignés de aler en une belle ville en
Portingal, que on dist Estremouse, et li Englès et li
Gascon tout ensamble en une autre ville que on appelle
ou pals Ville Yesiouse ; et Jehans de Gambruge demora
dallés le roi et sa fenune.
15 Quant li Ganonnes de Roberssart et li autre chevalier
englès et gascons se départirent dou roi et prissent
congiet pour aler à leur garnisson, li rois leur dist :
c Mi enffitnt, je vous commande que point vous ne
chevauchiés sus les ennemis sans men sceu, car, se
20 vous le faissiés, je vous en saroie mauvais gré. > Il
respondirent : c De par Dieu ! » et que, quant il voroient
chevauchier, il li segnefieroient et en prenderoient
congiet. Sus cel estât il se départirent et chevauchiè-
rent à Ville Vesiouse, qui siet amont ou pals à deus
25 journées de Lusebonne et à otant de Seville, où li
rois d'Espaigne se tenoit, qui ja estoit tous enfourmés
et avissés de la venue des Englès et dou conte de
Gambruge, et avoit cel estât segnefiiet en France as
chevaliers et as escuiers dont il penssoit à estre ser-
30 vis. Et quant chevalier et escuier dou roiaulme le
seurent et que fais d'armes apparoient en Espagne,
si en furent tout resjoï ; et [se] aparillièrent li plui-
[1382] LIVBB DSUXiilfB, g 239. 159
seur qui se désiraient à avandbiery et se misseot au
chemin pour aler en Espaigne.
§ 239. Li Ganonnes de Robersart, qui se tenoit en
garnison en Ville Vesiouse avoecques ses compai-
gnons englès et gascons, paria une fois à eulx et leur 5
dist : c Biau signeur, nous séjournons chi, çhe me
samble, mal honnerablement , quant nous n'avons
encores dievauchiet sus nos ennemis, et mains de bien
il en tiennent de nous. Se vous le voilés et vous le
consilliés, nous envolerons devers le roi en priant que lo
il nous donne oongiet de chevaudiier. » Il respondi-
rent tout : < Nous le volons. » Adont fu ordonnés
messires Jdians de [Sandevich] à faire che mesage ; il
dist que il le feroit volentiers. Si vint à Lusebonne
devers le roi et fist son mesage bien et à point et che 15
dont il estoit cargiés. Li rois li respondi que il ne
voloît pas que il chevauchaissent ; ne onques li cheva-
liers ne le peut tourner en autre voie, et retourna
deviers les signeurs et leur dist que li rois ne voloit
point que il chevaudiaissent. Adont furent il plus cou* 20
rouchiet que devant, et dirent entre eux que che n'es-
toit mies leurs estas ne ordonnances de gens d'armes
de euls tenir si longhement en une garnisson sans
faire aucun exploit d'armes, et convenenchièrent l'un
à l'autre de chevauchier. Si se missent un jour as 25
camps bien quatre cens hommes d'armes et otant
d'archiers ; et avoient empris en leur chemin d'aller à
Sens, une grosse ville qui est au maistre de Saint
Jaque ; mais il se ravissèrent et tournèrent une autre
voie pour venir devant le castiel de la Fighière, où il 30
avoit environ soissante hommes d'armes espagnob en
460 GHROmOUSS DE I. PROISBABT. [1382]
garoison, dont Pières Couses et ses firères estoient
cappitaines.
Li Ganonnes de Robertsart, qui se faissoit chiés de
ceste chevauchie, car ossi Tavoit il esmeut et mis sus,
5 chevaucha tout devant. Là estoient messires Guillaume
de Biaucamp, messires Mahieus de Gournai, Milles de
Windesore, li sires de Tallebot, messires Adam Simon,
messires Jehans Soudrée, frère dou roi d'Engletière
bastart, li soudis de TEstrade, li sires de Gastiel N[o]ef,
10 li sires de la Barde, Rainmonet de Marsen et pluiseur
autre. Et chevauchièrent tant ces gens d'armes que il
vinrent devant le castiel de la Fighière, et Fenviron-
nèrent, et se missent en ordenance pour Tasaillir, et
fissent toutes leurs livrées et parechons, enssi que à
i5 faire assaut appartenoit.
Quant cil qui dedens estoient, perchurent que il
seroient asailU, si se ordonnèrent de bonne fachon et
se missent à deffense. Environ heure de prime, com-
mencha li assaus fors et fiers et rades, et entroient cil
20 Englès ens es fossés où il n*avoit point d'aighe, et
venoient jusques as murs, targiet et pavesciet pour le
get des pières d'amont, et là hauoient et piquetoient
de pis et de hauiaulx à leur pooir ; et on leur jettoit
d'amont pières de fais et grans bariaux de fier, îaquel
25 cose em blecha pluiseurs. Là estoit li Ganonnes de
Robersart qui bien avoit corps de chevalier, qui che
jour i fist grant fuisson d'armes, et ossi fist Espérons,
uns siens variés. Là estoient li archier d'Engletière
arresté environnéement sus les fossés, qui traioient à
30 ceuhc d'amont si roit et si ouniement que à paines
osoit nuls apparoir as deffenses, et en i ot de cens
de dedens les deus pars navrés et blediiés, et i fu
[1382] UVBS DBUZliMB, S 240. 161
mors dou trait li frères de Pière Gouse, cappitaine
dou castiel, qui s'appelloit fietremieu, appert homme
d'armés dwement, et, par son appertisse et li trop
follement abandonner, fu il mors.
§ S40. Enssi se continua chils assaulx de Teure de 5
prime jusques à haute nonne, et vous di que li cheva-
lier et escuier englois et gascon ne s'i espargnoient
mies, mais asailloient de grant corage et de grant
volenté, pour la cause de che que, sans le commande-
ment et ordenance dou roi de Portingal, il avoient fait 10
ceste chevauchie. Si se mettoient en paine de oon-
querre le castiel, par quoi la renonmiée en venist à
Lusebonne que il avoient à che conunenchement bien
exploitiet. Là estoit li Ganonnes, qui bien avoit corps
de chevalier et emprisse et fait de vaillant honmie, 15
qui les ammonestoit de bien faire, et leur dissoit :
c Hé! signeur, nous tenra meshui cils fors tant de
bonnes gens que nous sommes? Se nous mettons otant
à conquérir toutes les villes et les castiaulx d'Espaigne
et de Galise, nous n'en serons jamais signeur. > Adont 20
s'esvertuoient chevalier [et] escuier à ses paroUes et
faissoient mervelles d'armes ; et vous di que dou jet
d'amont li Ganonnes, quoique il fust bien pavesdés,
rechut tamaint dur horion, dont il fu durement frois-
siés et blechiés. là avoit il dallés lui un jone escuier 25
de Hainnau, qui s'appelloit Froissart Meulier, qui vas-
saument à l'assaut se porta ; et ossi fissent tout li autre.
Li artellerie dou castiel, pières et bariaux de fier, com-
menchièrent moult à afoiblir à ceulx de dedens [et]
eux lasser. Si regardèrent que de vint et cinc hommes 30
d'armes que il estoient, il n'en i avoit pas trois qui ne
X — il
1
162 GHR0NIQUK8 DB J. FROISSART. [iStt]
fuissent navret et blechiet, et li aucun mis en péril de
mort, et que ionghement ne se pooient tenir que de
force il ne fiiissent pris, car ja veoient il mort le frère
de leur cappitainne, par qui pluiseurs recouvrances se
5 pooient faire : si avisèrent que il prenderoient un
petit de respit, et là en dedens il traiteroient de la
paix. Si fissent signe que il voloient parler as Englès.
Âdont fist on cesser l'assaut, et se missent cài qui
asailloient, tout hors des fossés; et, à voir dire, li
10 repos à aucuns besongnoit bien, car il en i avoit grant
fuisson de blechiés et de lassés.
Âdont se tralssent avant messires Mahieus de Gour-
nai, connestables de Tost, et messires Guillaumes de
Windesore, marescal, et demandèrent que il voloient
15 dire. La cappitainne dam Piètre Gousse parla enssi et
dist : € Biau signeur, vous nous quoitiés de moult
priés, et veons bien que vous ne vous partirés sans
avoir la forterèce. Vous blechiés nos gens; nous ble-
chons les vostres : si avons conseil l'un par l'autre, je
20 pour tous, qui en sui cappttains, que nous vous ren-
derons le fort, salve nos vies et nos biens. Si nous
prendés enssi, car c'est droite parechon d'armes.
Vous estes pour le présent plus fort que nous ne
soions : ce le nous fait faire. » Li chevalier englès res-
25 pondirent que il s'en consilleroient, enssi qu'il fissent.
Quant il furent consilliet, il fissent responsse, et fii dit
que chil de dedens partiroient, se il voloient ; mais la
gamisson, ens ou point où elle estoit, il la[i]roient, ne
riens, fors leurs vies, il n'en porteroient. Quant Piètres
30 Gousse veï que il n'en aroit autre cose, si eut plus chier
à prendre cbe marchié que faire pieur : [si] s'i acorda.
Enssi fu li castiaulx de la Fighière rendus et mis en le
[1382] UVBB DBUXliMB, | 241. 463 .
main des Englès, et s'en partirent li Espagnol sus le
sauf conduit des Englès, et s'en allèrent viers Sceris, où
li maistres de Saint Jaque se tenoit ; mais point ne Ti
trouvèrent, car il avoit entendu que li Englès chevau-
ooient : si s'estoit trais sour les camps, et chevauchoit 5
à bien quatre cens hommes d'armes espagnols et cas-
tdlains, car il esperoit que, se il pooit trouver les
Englès sus son avantage, il les combateroit.
§ 241 • Quant cil chevalier d'Engletière, li Ganonnes
et sa route, furent saissi dou castiel de la Fighière, si en iO
eurent grant joie ; si le fissent remparer et remettre à
point et repourveïr d'artellerie, et i laissièrent qua-
rante compaignons, archiers et aultres, et bon cappi-
taine pour le garder; et puis se consillièrent quel
cose il feroient. Gonsilliet fu que il se retrairoient vers 15
leurs logeïs. Et se départirent li Englès et li Gascon,
et fissent trois routes ; et la daraioière des routes qui
demora sus les camps, che fu celle dou Ganonne. Et
estoient aucun Englès et Gascon et Âllemant, qui desi-
roient les armes, demoret avoec lui, et pooient estre 20
environ soissante lances et otant d'archiers; et che-
vauchièrent ces gens en la route dou Ganonne, un jour
tout entier, en revenant vers Ville Vesiouse.
Lie second jour au matin, à heure de prime, que les
embusques se descuevrent, il chevauchoient tout 25
ensamble bien ordonnéemenl et estoient entre une
grosse ville en Portingal que on dist [Olivence] et le
castiel dou Gonciel ; et droitement au dehors d'un bois,
plus priés dou castiel dou Gonciel que de [Olivence],
estmt en embusque li maistres de Saint Jaque, à bien 30
quatre cens hommes d'armes. Sitost que H Englès les
164 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
perchureat, il se remissent tout ensamble et ne mons-
trèrent point de samblant d'effroi, et chevauchièrent le
bon pas. Ghil Espagnol, com grant fuisson qu'il fuis-
sent, ne monstrèrent nul samblant ne ne fissent de
5 iaulx desbusquier, mais se tinrent tondis en leur
enbusque, et quidoient par imagination que li Englès
eussent assés priés de là leur grosse bataille. Pour che
ne les ossèrent il envaïr, car, se il seuissent justement
leur convenant, il i eust eu hustin. Enssi se départirent
iO il li un de l'autre sans riens faire. Li Espagnol retour-
nèrent che soir à [Seris], et li Ganonnes à Ville
Vesiouse, qui recorda à ses compaignons comment il
avoient veu les Espaignols en embusque entre le Gon-
ciel et Olivence, et dist : c Se nous eussions esté tout
15 ensamble, nous les eussions combatus. » Si se repen-
toient li chevalier grandement de ce que il avoient
laissiet l'un l'autre. Enssi se porta ceste première che-
vauchie que li Englès et li Gascon fissent; et quant
les nouvelles en vinrent au roi de Portingal, si mcms-
20 tra par samblant que il en fust courouchiés, et pour
tant que il avoient chevauchié hors son conmiande-
ment et ordonnance.
§ 242. Enssi se tinrent tout cel ivier li Englès et
Gascon en leurs garnissons, sans point chevauchier ne
25 à faire cose qui à recorder face, dont il leur anoioit
grandement, et ne demoroit pas à iaulx que il ne
fesissent armes.
Entrues se pourveoit li rois dans Jehans de Gastille,
et avoit envoiiet en France devers le roi et ses oncles
30 au secours, en iaulx segnefiant ooument li contes de
Gambruge estoit venus et arivés en Portingal, et eatoit
[1382] LrVBB DEUXliMB, { 243. 165
la vois par tout les roiaulmes de Gastille et de Portio-
gal que li dus de Laocastre, ses frères, poissament
aoompaigniés, venroit en leur aide à Testé ; pour quoi
il requeroit au roi, selonc les aliances et oonfedera-
tioDs que il avoient ensemble, France et Espagne, par 5
grant conjonction d'amour, que il fiist sus le tamps
d'esté confortés de bonnes gens d'armes, par quoi il
p^iist de force et de fait résister à ses ennemis. Li
consaulx dou roi de France s'asentoit bien à tout che,
et veoit derement que li rois d'Espaigne requeroit 10
raisson. Si fu ordonné en France de donner grâce et
oongiet toutes manières de gens d'armes, chevaliers
et escuiers qui avanchier se voloient, et leur faissoit
li rois de France le premier prest pour passer oultre.
Si me samble que messires Oliviers de Glaiequin, 15
frères dou connestable Bertram qui fu, se ordonna
pour aler che chemin sus le printamps. Ossi fissent
pluiseur chevalier et escuier de Bretaigne, de France,
de Biause et de Picardie, d'Ango, de Berri, de Blois
et du Maine, et passoient par routes, pour mieux aler 20
à leur aisse, et avoient passage ouvert parmi le roiaume
d'Arragon, et trouvoient pourveances toutes prestes
parmi leurs deniers paians; mais sachiés que il ne
paièrent mie par as tout ce que il prendoient, quant
il estoient ou plat pals, dont les povres gens le oom- 25
paroient.
§ 243. Vous savés comment li rois Bichars d'Engle-
tière avoit eu, un an et plus, traitiés devers le roi
Gharle d'Alemaigne, qui pour ce tamps en title s'escrip-
soit rois des Boumains, pour avoir sa soer, itiadame 30
Anne, en mariage, et comment mesires Simons Burlé,
166 GHR0NIQUV8 DB J. FROISSART. [1362]
U08 siens chevaliers, en avoit moult travilUet, et com-
ment ii dus de Tassem, d'Âlemaigne en avoit esté en
Engletière, pour confremerle mariage.Tantavoientesté
ces coses démenées que li rois des Roumains envoioit
5 sa sôer en Engletière, le duc de Tassem en sa compai-
gnie et grant fuisson de chevaliers et d'escuiers, de
dames et de damoiselles en estât et en arroi, enssi
comme à tel dame appartenoit ; et vinrent en Braibant
et en le ville de Brousselles. Là requellièrent li dus
10 Wincelins de Braibant et la duccoise Jehane, sa fenmie,
la jone dame et sa compaignie moult grandement, car
li dus en estoit oncles : elle avoit esté fille de Tempe-
reur Gharle, son frère. Et se tint madame Anne de
Behaigne, à Brousselles, dallés son oncle et sa belle
15 ante plus d'un mois sans partir, ne bougier ne s'osoit,
je vous dirai raison pour quoi. Elle fu segnefiie et ses
consaulx, que il i avoit environ douse vaissaulx armés,
plains de Normans, sus le mer, qui waucroient entre
Gallais et Hollandes, et pilloient et desreuboient sus
20 le mer tout ce que il trou voient, et n'avoient cure sur
qui ; et aloit et couroit renommée sus les bendes de
celle mer de Flandres et de Zellandes que il se tenoient
là en attendant la venue de la jone dame, et que li rois
de France et ses consaulx voloient faire ravir la dame,
25 pour brisier che mariage, car il se doubtoient grande-
ment des aliances des Âllemans et des Englès. Et dissoit
on encores avant, quant on parloit que ce n*estoit pas
honnerable cose de prendre ne de ravir dames en
guerres de signeurs, en coulourant et en faissant le
30 querelle du roi de France plus belle : c Gomment ne
velstes vous pas que li princes de Galles, pères de che
roi d'Engletière, que il fîst ravir et consenti le fait de
y
[1382] UVBB BEUXIÉMB, § 243. 161
madame de Bourbomiois, mère à la roïne de France,
qui fa prise et emblée des gens dou prince, et tout de
celle guerre, eus ou castiel de Belle Perce? [M'aiist]
Dieu, si fu, et menée ent en Giane et rençonnée. Ossi
par pareille cose se li François, pour eux contreven* 5
gier, prendoient le mouUier dou roi d'Engletière, il ne
feroient à nullui tort. >
Pour ces doubles et pour les apparans que on en
veoit, se tint la dame et toute sa route à Brousselles
un mois tout entier, et tant que li dus de Braibant, ses to
oncles, en envoiia en France son conseil, le signeur de
Rocelare et le signeur de Bouquehort, pour remons-
trer ces coses au roi de France et à ses oncles, liquel
estoient ossi neveut dou duc de Braibant et fib de sa
soer. Cil chevalier de Braibant exploitièrent tant et 15
si bellement parlèrent au roi de France et à son con-
seil, que grâce li fu faite et bons sauf conduis donnés
de passer où il li plaisoit, li et les siens, fiist parmi le
roiaulme de France ou sus les frontières, en allant
jusques à Calais, et furent li Normant qui se tenoient 20
sus mer remandé. Tout ce raportèrent li dessus dit
chevalier en Braibant au duc et à la ducoise, et leur
escripsoient li rois et si oncle que, à leur priière et
contemplation et nom d'autrui, il faissoient celle grâce
à leur cousine de Behaigne. Ghes nouvelles plaisirent 25
grandement au duc de Braibant et à la ducoisse et à
ceuh: qui passer le mer voUoient. Si se ordonnèrent
et se départirent de Brousselles, et prist la dame con-
giet à son oncle et à sa belle ante, et as dames et
damoisselles dou païs qui compaigniet Tavoient, et [si] 30
le fist li dus convoiier à bien cent lances. Et passèrent
tout parmi Gand et i reposèrent un jour, et fisent li
468 CHRONIQUES DB J, FROI88ABT. [4382]
Gantois ce qu'il peurent d'onneur à la dame. Et vint
de là à Bruges, et le rechut li contes de Flandres
moult bellement, et s'i rafresquirent trois jours, et puis
passèrent oultre et chevauchièrent tant que il vinrent
5 à Gravelines. Entre Gallais et Gravelines estoient li
contes de Sasleberi et li contes de Deuvesiere, à dnc
cens lances et otant d*archiers, qui là Tatendoient. Si
Teumenèrent à Galais. Âdont retournèrent li Braiben-
çon, quant il l'eurent delivret as barons d*Engletière.
10 § SI44. Geste jone dame ne séjourna gaires à Gal-
lais, quant elle eut vent à volenté. Si entrèrent en
leurs vaissaulx un merquedi au matin, apriès ce que li
cheval furent escipet, et, che jour, il arivèrent à Dou*
vres. Là se reposa et rafresqui la dame deus jours.
15 Au tierch jour, elle parti et vint à Saint Thomas de
Gantorbie, et là trouva elle le conte de Bouquighen,
qui le rechut moult grandement. Tant esploita celle
dame que elle vint à Londres, où elle fu receue très
honnerablement des bourgois, des dames et des damoi-
20 selles dou païs et de la ville, qui estoient là toutes
asamblées contre sa venue. Si Tespousa li rois en le
cappelle dou palais de Wesmoustier, au vintime jour
dou Noël, et i furent au jour des espoussailles moult
grandes les festes. Et tondis fu en sa compaignie,
25 depuis que elle vint à Trec en Âlemaigne, chils gen-
tils et loiaulx chevaliers, messires Robers de Namur,
jusques à tant que elle fu espousée, de quoi li rois
d'Engletière [et li baron] li seurent grant gret. Ossi
fist li rois d'AIlemaigne. Si mena li rois d'Engletière
30 sa femme à Windesore, et là tint son hostel grant
et bel : si furent moult joieusement ensamble, et
[i382J LIVRS DKUXIÈMB, § 244. 169
se tenoit madame la princesse dalés sa fille, la jone
roïne.
Et ossi pour che tamps i estoit la duoquoise de Bre-
taigne, soer du roi Richart, que ses maris, li dus de
Bretaigne, ne pooit ravoir ; ne li baron d'Engletière ne 5
li consaulx dou roi ne voloient nullement consentir
que on li renvoiiast, pour tant que il estoit tournés
françois. Et dissoient communément en Engletière li
baron et li chevalier : c Ghils dus de Bretaigne s'acquita
lubrement et fausement envers le conte de Bouquighen iO
et nos gens dou derrenier voiage que il fissent en
France, et il remande sa femme. Nennil, nous ne li
renvoierons pas, mes envoions li ses deus ennemis,
Jehan et Gui de Bretaigne, qui ont plus grant droit à
rhiretage de Bretaigne que il n'ait, car il en est dus i5
par nostre poissance, et mal le recongnoist : [si] li
deveriens pareillement remonstrer sa vilonnie. » Yoirs
est que en ce tamps chil doi signeur, Jehan et Gui de
Bretaigne, qui furent enfant à saint Gharle de Blois,
liquel estoient prisonnier en Engletière et enclos en un 20
castiel en la garde de messire Jehan d'Aubredcourt,
furent requis et appelle bellement et doucement dou
conseil dou roi d'Engletière, et leur fu dit que, se il
voloient relever la ducé de Bretaigne dou roi d'Engle-
tière et recongnoistre en foi et en hommage dou roi, 25
on leur feroit recouvrer leur hiretage, et aroit Jehans,
li ainsnés, en mariage madame Phelippe de Lancastre,
fille dou duc que il eut de la ducoise Blance de Lan-
castre. Hais il respondirent que il n*en feroient riens
et que, pour morir en prison, il demoroient bon Fran- 30
çois. Si demora la cose en cel estât, ne depuis, quant
on sceut leur ferme entente, il n'en furent point requis.
170 CHRONIQUES DB J. FROI88ART. [1382]
§ 245. Vous savés comment li Parisiieo s'estoient
composé et aoordé envers le roi à paiier une scMnme
de florins toutes les sepmaines. Li florin estoient paiiet
à un certain rediepveur que li Parisiien i avoient esta-
5 bli et ordonné, mais li rois n'en avoit nuls, ne riens
ne s'en toumoit en son pourfit, ne riens ne partoit de
Paris. Et avint, ce te[r]me pendant» que li rois eut
grant besongne d'argent, pour paiier ces gens d'armes
que il envoiioit en Gastille, car il voloit aidier et oon-
10 forter à son besoing le roi dam Jehan de Gastille, et
tenus i estoit par les aliances de jadis faites. Si manda
à che recheveur de Paris que il fesist la finance de cent
mille frans, et monstroit tout clerement où il les voloit
mettre. Li rechevères respondi as lettres du roi et as
15 messages moult bellement, et dist que voirement avoit
il argent assés, mais il n'en pooit rien délivrer sans le
congiet et consentement de la communauté de Paris.
Ces responses ne plaisirent mies bien au roi, et dist
que il i pourverroit de remède, quant il poroit, si qu'il
20 fist ; et fist finance ailleurs, parmi l'aide de ses bonnes
villes de Picardie.
Enssi avoit un grant différent entre le roi de France
et les Parisiiens; et ne venoit point à Paris, mais se
tenoit à Miaulx, ou à Senlis, ou à Gompiengne, ou là
25 environ, dont li Parisiien estoient tout couroudiié. Et
le plus grant resort de seurté qu'il avoient et le gri-
gneur moien, c'estoit ou duc d'Ango, qui s'escripsoit
rois de Sesille et de Jherusalem, et ja en avoit encar-
giet les armes. Ghils dus se tenoit communément à
80 Paris, et subportoit desous ses elles les Parisiiens, pour
la cause de ce que il avoient grant finance, et conten-
doit à ce que il en fust aidiés et départis, pour aidier
[1382] UVU DEUUkMB, 1 245. 171
à faire sod fait et son voiage ; car il aaambloit argent
de toas lés et si grant somme, que on dissoit que il
avoità Rokemore, dallés Avignon, Taisent de deus mil-
lions de florins. Si traita par devers les Parisiiens, et
fist tant par biau langage, enssi que dis qui bien le 5
savoit faire et qui bien estoit enlangagiés, et qui pour
ce tamps de droit avoit le regart et Tamenistration
deseure ses irères, car il estoit ainnés, du roiaulme de
France, que il eut de celle somme de florins asamblés,
à une seule délivrance, cent mille francs ; et li rois n'en iO
pooit nuls avoir, ne si doi autre oncle, Berri et Bout-
gongne.
Quant li dus d*Ango eut fait toutes ses pourveances
et ses ordonnances, à Tentrée dou printamps, il se
mist au diemin en si grant arroi que merveilles, et 15
passa parmi le roiaulme, et vint en Avignon, où il iîi
grandement festiiés et requelliés dou pappe et des car-
dinaulx ; et là vinrent li baron et les bonnes villes de
Prouvence tout et toutes, excepté Âis en Prouvence,
qui le rechurent à signeur et li fissent feaulté et homage, 20
et se missent en son obéissance. Et là vint en Avignon
devers li li gentils contes de Savoie, bien acompaigniés
de barons et de chevaliers, qui Ait ossi de son cousin
le pape grandement bien venus et de tous les cardi-
nauix. Là en Avignon furent faites les finances et les 25
délivrances d'or et d'argent dou duc d'Ango au conte
de Savoie et as Savoiiens, qui montoient grant fuisson.
Apriès toutes ces coses faites, li dus d'Ango et li
contes de Savoie prissent congiet au pappe et se dépar-
tirent d'Avignon, et prissent le chemin de la Daufiné 80
de Viane, et amena li contes le duc en Savoie, et là le
honoura il en ses bonnes villes très grandement. Et
172 CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART. [1382]
toudis passoieot gens d'armes devant et apriès, et
trouvoient Lombardie toute ouverte et aparillie. Si
entra li dus d'Ângo en Lombardie, et estoit, par toutes
les cittés et les bonnes villes de Lombardie, trop gran-
5 dément recheux, et par especial à Mellans. Là fu il hon-
nourés oultre mesure de messire Galleas et de messire
Bernabo, et eut de par iaulx si grans dons, au passer,
de riches jeuiaulx et de chevaux de pris, que mervelles
seroit à Tesmer. Et tenoit li dus d'Ângo partout tel
10 estât comme rois, et avoit ses ouvriers de monnoie,
qui forgoient florins et blances monnoies, dont il fids-
soient leurs paiemens, et passèrent enssi toute Lom-
bardie et la Tosquane. Quant il vinrent en Toskane et
que il aprochièrent Romme, si se remissent plus
15 ensamble que il n'euissent esté en devant, car li Rom-
main, qui bien savoient la venue dou duc d'Ângo, s'es-
toient grandement fortefiiet à rencontre de lui et
avoient à cappitaine un vaillant dievalier d'Engletière,
qui s'appelloit messire Jehan Haccoude, liquels avoit
20 de lonc tamps demoret en Rommagne et connissoit
toutes les frontières. Si tenoit grant fuisson de gens
d'armes sus les camps as saulx et as gages des Rom-
mains et de Urbain, qui se dissoit pappes et que li Rou-
main et li Âlemant et pluiseurs autres nations tenoient
25 à pappe. Et cils pour le tamps se tenoit en la dtté de
Romme, ne point ne s'effireoit de la venue dou duc
d'Ângo, et, quant on l'en parloit et que on K remons-
troit que li dus d'Ângo venoit celle part, le conte de
Savoie en sa compaignie [et] le conte de Genève, et que
30 il avoit bien noef mille lances de bonnes gens d'armes,
et ne savoit on encores de vérité se il venroit de fait
à Romme pour li oster de son siège, car il estoit tous
[1382] LIVBB DIUXIAmB, § 246. 173
Glementins, il respondoit en dissant : c Crux Cmtî,
protège nos. » G'estoit tous li efiBrois que il en avoit, et
lequel il reqx>ndoit à ceulx qui Temparloieût.
§ 9A6 • Enssi passèrent ces gens d'armes, li dus d'Ângo
qui se dissoit et escripsoit rois de Naples, de SesiUe et 5
de Jherusalem, dus de Puille et de Galabre, et li contes
de Savoie et leurs routes, toute le [Lombardie et]
la Toscane, en oostiant la marce d'Ânconne et la terre
dou Patrimonne ; et point n'entrèrent ne aprochièrent
Romme, car li dus d'Ango ne voloit nulle guerre ne 10
mautalent à Romme ne as Roumains, mais faire son
voiage et son emprise deuement sus le point et Testât
que il estoit partis de France. Et, partout où il passoit
et venoit, monstroit estât très estoffet et poissance de
roi ; et se looient de lui et de son paiement toutes gens 15
d'armes, car bien savoit que il en aroit afaire.
En die tamps se tenoit en la dtté de Napples ses
aversaires, messires Charles de la Pais, qui se dissoit
ossi et escripsoit rois de Naples, de SesiUe et de Jheni-
salem, dus de Puille et de Galabre, et s'en tenoit 20
hoirs droituriers, puis que la rolne de Naples estoit
morte, sans hoir avoir de se char par loiaulté de
mariage. Et tenoit chils messires Gharles en vain et à
nul le don que la rolne en avoit fait au pappe, et i
monstroit à son oppinion deus raisons : li une estoit 25
que il dissoit, soustenoit et voloit mettre oultre (et [li]
Neapliien et li Sesiliien li aidoient à soustenir) que la
roïne de Napples ne pooit donner ne reserver l'iretage
d'autrui, et, se il estoit enssi que la réservation fust
bonne et li dons utilles, par le [stille] de le court de 30
Ronune et le droit des pappes, [si] dissoient il oue
174 CHR0NIQUB8 OB J. FROI88ART. [iSM]
elle ne Favoit pas fait deuement, car il tenoient UrtMiio
à pappe et non Clément. Velà la question que il deba-
toient et proposoient, et les deffenses que messires
Charles de la Pais i mettoit.
5 Chils messires Charles de la Pais de oommencement
ouvra trop sagement, car il fist pourveir le castiel de
rUef, qui est uns des plus fors oastiaulx dou monde,
car il siet par encantement en mi le mer et ne fait mies
à prendre ne à conquérir, se che n*est par nigremandie
10 ou par Tart dou diable ; et quant il Teut fait pourvoir,
pour vivre trois ou quatre ans une quantité de gens
d'armes qui dedens se boutèrent avoec li, il laissa le
païs convenir, et savoit bien la condition de ceulx de
Napples que nullement il ne le relenquiroient, et là
15 s'enclost. Se Puille et Calabre se perdoient pour deus
ou pour trois ans, ossi legierement il le raroit, car il
imaginoit que li dus d'Ange se useroit de finance à
tenir si longuement telle somme de gens d'armes sour
les camps, que il avoit amenet oultre. Il n'estoit mies
20 en sa poissance : ou vivres leur fauroient, ou finance
et paiement leur fauroît, par quoi il se taneroient, ou
dedens deus ans ou trois, quant il seroient foullé, lassé
et tané, il les combateroit à son avantage. Toutes ces
imaginations eut Charlles de la Paix, dont desqudles
25 on en vel bien, en che terme que il i mettoit, [averir]
aucunes, car voirement il n'est nuls sires crestiiens,
excepté le roi de France et le roi d'Ëngletière, qui hors
de leur païs peuissent, ne trois ans ne quatre, tenir
tel peuple sus les camps de gens d'armes que li dus
30 d'Ango avoit et tenoit, et mist oultre les mons bien
trente mille combatans, que il ne fust tous usés et
minés de chavanche et de finance. Et tels coses, à
[4382] UTRK D8UXIÈ1IB, $ 247. i75
entreprendre on td fait au oommendieroent font bien
à glosser et à resongnier.
§ 247. Quant li dus d'Ango et ses routes entrèrent
en Puille et en Galabre, li pals fii tantos tout leur, et
monstroit li peuples que U ne desiroit autre signeur à 5
avoir que le duc d' Ango ; et vinrent sus un brief terme
tout signeur, cittés et bonnes villes, en son obéissance.
Or dient cil qui ont estet en ce paix là que c'est li une
des plus crasses mardies dou monde et que pour le
grant plenté de biens qui habondent ou pals, les gens iO
i sont tout vdsseux et n'i font point de labeur. Quant
ces gens d'armes se trouvèrent en che bon pals et cras
et raempli de tous biens, se tinrent tout aisse. Âdont
s'en vinrent li dus d'Ango et li contes de Savoie, li
contes de Vendôme, li contes de Genève et la grant i5
chevalerie de France, de Bretaigne et de Savoie, et
passèrent oultre et vinrent en la marce de Napples.
Onques cil de Naples, pour la doutance de ces gens
d'armes, ne daignièrent clore porte de leur ville, mais
les tenoient toutes ouvertes. Bien penssoient que li dus 20
d'Ango ne se bouteroit jamais dedens hors de leur
plaissance, car qui seroit dedens enclos, quels peuples
que che fust, il seroit perdus, ne les maisons ne sont
pas à prendre, car il i a planées que on hoste, quant on
voelt, et là desouls c'est la mer où nuls ne s'oseroit 25
embatre.
Avint que uns encantères, maistre de nigremance,
qui estoit en la marce de Napples et avcut conversé un
lonc tamps, vint au duc d'Ango, et [si] li dist : c Mon-
signeur, se vous volés, je vous renderai le castiel de 30
rUef, et ceuls qui sont dedens, à vostre volenté. > —
!76 GHR0NIQU18 DE J. FR0IS8ART. [1382]
c Et comment, dist li das, poroit che estre? » —
c Monsigneur, je le vous dirai, dist li encantères, je
ferai par encantement Tair si espès, que dessus la mer
il samblera à oeulx de dedeas que il i ait un grant
5 pont pour aler dix hommes de front ; et quant cil qui
sont ou castiel verront che pont, il seront si esbahi
que il se venront rendre à vostre volenté, car il doub-
leront que, se on les assaut, que il ne soient pris de
force. > Li dus ot de ceste paroUe grant mervelle, et
iO appella de ses chevaliers le conte de Vendôme, le conte
de Genève, messire Jehan et messire Pière de Buel,
mesire Meurisse Hauvinet et les autres, et recorda che
que chils maistres encantères dissoit, liquel de ceste
paroUe estoient tout esmervilliet et s'asentoient assés
45 à ce que on le cruist. Adont demanda li dus d'Ângo à
celli et li dist : c Biaux maistres, et sus ce pont que
vous dites que vous ferés, se poront nos gens asseu-
rer de aler sus jusques au castiel pour asaillir? » —
c Honsigneur, respondi li encantères, tout ce ne vous
20 oseroie je pas asseurer, car, se il i avoit nuls de ceulx
qui sus le pont passeroient, qui fesist le signe de le
crois, tout iroit à noient, et cil qui seraient sus, tre-
buceroient en la mer. > Âdont commencha li dus à
rire, et lors respondirent aucun jone chevalier et
25 escuier qui là estoient, et dissent : c Ha ! monsigneur,
pour Dieu laissiés le faire. Nous ne ferans pas le signe
de le crois, et plus legierement ne poons nous avoir
vos ennemis. > Dist li dus d'Ango : c Je m*en consil-
lerai. > Â ces parolles n'estoit point li contes de Savoie,
30 mais il vint assés tost.
§ 348. Quant li contes de Savoie fu venus en la tente
i^.
t*
(i382] LIVRB DEUXIÉMB, $ 248. 177
dou duc d'Ango, li maistres encantères estoit partis.
Adont li reoorda li dus la parolle dou maistre et quel
oose il li offrait. Li contes de Savoie penssa un petit,
et puis dist : c Envoies le moi en mon logis, et je le
examinerai ; c'est li maistres encantères par lequel la 5
robie de Napples et messires Ostes de Bresuich, ses
maris, furent jadis pris ens ou castiel de TUef, car il
fist la mer si haute que il sambloit que elle montast
desus le castiel : s'en furent si eshidé cil qui ou castel
estoient, que il leur sambloit que il deuissent estre tout 10
noiiet. On ne doit point avoir fiance trop grande en
tels gens. Or regardés de la nature des malandrins de
ce païs : pour seuUement complaire à vous et avoir
^vostre bienfait, il voelt trahir ceulx à qui il livra une
^ois la roïne de Napples et son mari à Gharle de la is
^ais. » Dist li dus d'Ango apriès : c Je le vous
ivoierai. > Adont entrèrent li signeur entre autres
^Ues, et consillièrent un tamps de leurs besongnes
dus et li contes de Savoie, et puis retourna li contes
[son logeïs. 20
Quant ce vint le jour, apriès que li signeur furent
^et, li maistres encantères vint devers le duc et Ten-
lina. Sitos que li dus le veï, il dist à un sien varllet :
Va, [si] le mainne au conte de Savoie. > Li variés le
prist par le main et li dist : c Maistres, monsigneur 25
voelt que vous venés parler au conte de Savoie. > Il
respondi : c Dieux i ait part ! > Adont s'en vint il en
la tente dou conte. Li variés li dist : c Monsigneur,
vechi le maistre que messires vous envoie. > Quant li
contes le veï, si en ot grant joie, et li demanda : 30
c Maistres, dites vous pour certain que vous nous
ferés avoir le castiel de î'Uef à si bon marchié? > —
x-12
178 CHRONIQUES BB J. FROISSART. [1382]
c Par ma foi, monsigoeur, respoodi li encaotères,
oU, car par oevre pareille, je le fis jadis avoir à cellui
qui est dedeos, messire Gharlle de la Pais, et la roïne
de Naples, et sa fille et son marit, messire Robert
5 d'Artois, et messire Ostes de Bresuich; et je siû
Tomme ou monde maintenant que messires Charles
resongne le plus, t — c Par ma foi, dist li contes de
Savoie, vous dites bien ; et je voel que Gharle de la
Pais sache que il a grant tort se il vous crient, car je l'en
10 aseur[er]ai, ne jamais vous ne ferés encantement pour
decepvoir lui ne autrui ; ne je ne voel pas que il nous
soit reprochié, ou tamps à venir, que en si haut fait
d'armes que nous sommes et tant de vaillans hommes,
chevaliers etescuiers, asamblés, que nous ouvrons par
15 encantement ne que nous aions par tel art nos enne-
mis. > Adont appella il son varlet, et dist : c Prendés
le bouriel, et li faites trenchier la teste. » Tantos que
li contes de Savoie ot dit ceste paroUe, che fu fait : on
li trencha, au dehors des logeïs, la teste. Enssi fina
20 chils maistres encanlères, et fu paiiés de ses leuwiers.
Nous nos soufferons à parler dou duc d'Ângo et de
ses gens et de leur voiage, et retournerons as beson-
gnes de Portingal, et conterons comment li Englès et
li Gascon persévérèrent.
25 § 2&9. Quant che vint à l'entrée dou mois d'apvril,
li chevalier qui estoient en garnison à Ville Vesiouse
et qui avoient là séjourné tout le tamps [d'ivier] et
n'avoient plus chevauchié, fors que quant il furent
devant le Fighière, s'avisèrent l'un parmi l'autre que
30 il chevaucheroient. Et avoient entre iaulx grant mer-
veilles à quoi li rois de Portingal ne li contes de Gam-
[1382] LIYM DEUXIÈMB, $ 249. 179
bnige pensoient, quant il avoient ja esté noef mois ou
païsde Portingal, et n'avoient chevauchiet que une fois,
et que il se portoient grant blasme. Si regardèrent que
il envoieroient devers le conte Ainmon de Gambruge,
pour remonstrer ces besongnes, et me samble que li 5
soudis de TEstrade i fu envoiiés, et vint à Estremouse,
où li contes estoit logiés. [Si] li dist : c Sire, li corn-
paignon m'envoient devers vous à savoir quel cose
vous voilés faire, car il ont grant mervelles pour quoi
on les a amenés en che pais, quant tant i séjournent, 10
et que che leur tourne à grant desplaisance. Si me res-
pondes que vous voilés qu'il facent, car il ont grant
désir de chevauchier. > — c Soudis, dist li contes,
vous savés que, quant je me parti d'Engletière, mes-
sires mes frères, li dus de Lanclastre, me proumist 15
par sa foi que, li revenu d'Escoce où il aloit, il venroit
par de dechà à une grant quantité de gens d'armes de
deus ou de trois milliers et otant d'archiers, et n'es-
toie decbà envoiiés sus Testât que je vins, fors que
pour avisser le païs; et temprement nous en deve- 20
riens olr nouvelles, car ossi ai jou grant mervelle pour
quoi il séjourne tant. [Si] me salués les compaignons,
et leur dires che que je vous di. Au fort, je ne les puis
ne ne voel mies tenir de chevauchier, se il i ont bonne
affection; mais vous savés que li rois de Portingal 25
paie les gages : si se doit on ordonner par li. i —
c Par ma foi, dist li soudis, il paie mal, car ossi li
compaignon se plaindent trop fort de son paiement :
il nous doit encores tous les gages de siis mois. » —
c II vous paiera bien, dist li contes, tondis vient argens 30
à point. > Sus cel estât se départi li soudis dou conte,
et retourna devers les compaignons. Si leur recorda
i80 GHR0NIQUB8 DE J. FROISSART. [1382]
tout ohe que vous avés oï. c Signeur, dit li Ganonnes,
ja pour ce ne demeure. Je voi bien [que] ou se disi-
mulle de nostre chevauchement ; on ne voeI[t] point
que nous chevauchons, afin que nous n'aions cause
5 de demander aident, et je lo dont que nous chevau-
chons, t Là ordonnèrent et acordèrent entre iaulx que
il chevaucheroient, et i preficièrent le jour.
Le soir dont il dévoient chevauchier à Tendemain et
avoient leurs harnois tous près, vint messires Jehans
10 Frenande» uns chevaliers dou roi de Portingal, qui
estoit enformés que il voloient chevauchier, et aporta
lettres au Ganonne deRobersart. Li Ganonnes les ouvri,
et lissi comment li rois li deffendoit que point ne che-
vauchast, et que bien savoit que par li et par son
i5 esmouvement se faissoient les emprisses et les chevau-
chies. De ces nouvelles fu li Ganonnes courouchiés, et
dist au chevalier : c Messire Jehan, je voi bien que li
rois ne voelt point que je chevauche. Or prendés, biau
sire, que je séjourne à Tostel : pensés vous pour ce
20 que li autre, qui sont milleur chevalier et plus vaillant
que je ne soie, doient pour ce demorer que il ne facent
leur emprise? Par ma foi, nenil. Et vous le verres
demain, car il se sont tout aresté et ordonné à che-
vauchier. > — c Sire, dist Frenando, commandés leur
25 de par le roi que point il ne chevauchent. > — c Par
ma foi, sire, dist li Ganonnes, je n'en ferai riens, mais
commandés leur, qui estes au roi, sus cel escript. »
La cose demora enssi la nuit.
Quant che vint au matin, on sonna les trompètes
30 parmi la ville. Ghevalier s'armèrent, et toutes gens
s'aparillièrent et montèrent as chevaulx, et vinrent
devant l'ostel le Ganonne qui point ne s'armoit. Là
[idSÎ] UVBK DSUXliME, § 250. 481
s'arestèrent tout li chevalier englès et gascon. Il vint
as phenestres parler à eux, et leur dist que li rois de
Portingal ne voloit point que on chevaudiast. < Par
ma foi, respondirent il, nous chevaucherons, puisque
nous sommes si avant, et ossi chevaucherés vous ; ne 5
ja ne vous sera reprochié que nous chevaucherons et
vous reposerés à TosteK » Là convint le Ganonne de
Robersart armer et monter à cheval, et ossi fist le che-
valier portingallois messire Jehan Frenande, dont il fu
puis près pendus dou roi, car tant li priièrent li com- lo
paignon que il s'arma. Âdont issirent il de le Ville
Vesiouse, et se missent as camps, et estoient bien
quatre cens lances et otant d'archiers, et prissent le
diemin de Sebille et devers un castel et une bonne ville
que on dist le Ban. !5
§ 350. Tant chevauchièrent Englès et Gascon que il
vinrent devant le Ban. Si l'environnèrent à l'une des
pars là où elle estoit le plus prendable et le plus legière
à Fasallir. Si descendirent toutes gens d'armes à piet,
et se missent en arroi et en ordonnance d'assaut, et 20
entrèrent ens es fossés, où il n'avoit point d'aighe, et
vinrent jusques as murs, et commenchièrent à pikier
et à hauer et fort à assallir. Pour ce jour n'avoit en la
ville dou Ban nulles gens d'armes fors que les hommes
de la ville, qui estoient moult mal armet. Toutesfois il 25
estoient à leurs deffenses, et avoient lanches et gavre-
los et ardiigai[e]s, dont il traioient et lanchoient, et
se deffendoient che qu'il pooient ; mais il veirent bien
que à le longhe il ne pooient durer ne contrester que
il ne fuissent pris. Si conomenchièrent à traitier à ceuls 30
qui les asalloient. Finablement il se rendirent sauve
!8? CHRONIQUES DE J. FROISSART. [iSfô]
leurs vies et le leur, et dirent que il se meteroient et
demor[r]oieDt en l'obeïssanoe dou roi Ferrant de Por-
tingal. Ënssi furent il rechut, et entrèrent en la ville
toutes gens et s'i rafresquirent, et alèrent aviser et
5 regarder che jour comment il se poroient chevir dou
castiel, et perchurent que il estoit bien prendables.
Très le soir commenchièrent li aucun de l'ost à escar-
muchier. Quant che vint au matin, on conunencha à
asailUr de grant ordonnance, et cil qui dedens estoient
10 à eux deffendre. Ens ou castiel estoit un gentil homme
dou païs, qui en estoit cappitaine, et n*estoit mies trop
bons homs d'armes, et bien le monstra : si se nommoit
Piètres [Raconstes], car, sitrestos que il se veï asail-
lir et tant de bonnes gens d'armes devant li, il s'effirea
15 et entra en tretiés, et rendi le fort, salve se vie et
ceulx qui dedens estoient. On le prist, et le rafreschist
on de bonnes gens d'armes et d'archier[s], et puis
s'en partirent et chevauchièrent devers un autre castiel
à sis lieues de là que on dist la Gourtisse. Quant il
20 fiirent venu jusques à là, si se missent en ordonnance
d'assallir, et assallirent fort et roit. Ghil qui dedens se
tenoient estoient vaillans gens, et bien se deffendirent
che qu'il peurent, et ne se daignièrent rendre. À l'as-
saut qui fu grans et fors, fu mors li cappitainne dou
25 castiel, qui s'appelloit Radighos. Soutis et apert homme
d'armes estoit, et fu mors de trait de la flèche d'un
archier d'Engletière, car il s'abandonnoit trop avant
à la deSense. Depuis que il fu mors, li autre n'eurent
point de durée, et fu li castiaux pris, et li plus de ceuls
30 qui dedens estoient, mort. Enssi eurent li Ganonnes
et ses gens le castiel de la Gourtisse. Si le rafresqui-
rent de nouvelles gens et le remparèrent biel et fort.
[!382] UVRB DBUXIÈMB, § 25i. 183
et puis passèrent oultre en aprodhiant la dtté de Sebille
la grande*
§ S51 . Tant exploitièrent cil Englès et cil Gascon
que il vinrent à Jaffre, à dis lieues de Sebille» Une ville
est Jaffre mal fremée, mais il i a un grant moustier 5
assés fort, que dl dou pals et de la ville de iaffre avoient
fortefiiet, et là s'estoient retrait sus la fiance dou lieu.
De venues, la ville de Jaffi(*es fu tantos prise et toute
arsse, et li moustiers asaiUis, liquels à l'assault ne dura
pas une heure que il ne fust pris ; et là eut grant pil- io
lage pour ceulx qui premiers i entrèrent, et moult
d*ommes mors. Âpriès il chevauchièrent oultre, car
il ftirent enfermé que eus uns grans mares qui là sont
en une vallée, avoit la plus belle proie dou monde,
plus de vint mille bestes, pors, buefs, vaces, moutons 15
et brebis. De celle proie eurent li signeur grant joie, et
s'en vinrent de celle part et entrèrent en ces mares, et
fissent toutes ces bestes vuidier par leurs gens de piet
et cachier devant eulx. Âdont eurent il conseil de
retourner à Ville Yesiouse [là où] il logoient, et prisent 20
tout le retour et ce chemin, et vinrent là au soir, à
Tendemain, eux et leur proie, dont il furent depuis
moult largement pourveu et avitailliet. Enssi se porta
ceste chevauchie.
Quant messires Jehans Frenande fu revenus à Luse- 25
bonne devers le roi, et il li eut recordé conoment il
avoient exploitié, et le chevauchie que leurs gens
avoient fait sus les ennemis, et la belle proie que il
avoient ramenet, il quida trop bien dire et que li rois
l'en deust savoir trop grant gret, mais non fist, car il 30
li dist : < Et comment, gars ordouls, as tu esté si ossés
184 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
que sus la deffense que je avoie fait, tu leur as con-
senti à chevauchier et as esté en leur compaignie? Par
monsigneur saint Jacob, je te ferai pendre. > Âdont
se jetta li chevaliers en genoulx, et li cria merchi, et li
5 dist : c Monsigneur, la cappitainne d'eus, li Ganonnes,
s*en aquita à son pooir loiaument, mais de force li
autre le fissent chevauchier, et moi aussi, pour ensei-
gnier le pals ; et quant leur chevauchie est à bien tour-
née, vous le nous devés pardonner. » Nonobstant
10 toutes ces parolles, li rois commanda que on le meïst
en prisson. Et i fu mis, et i séjourna tant que li contes
de Gambruge l'en fist délivrer, quant il vint à Luse-
bonne : vous orés sus quel estât.
§ SSS. Âpriès che que cil gentil englès et gascon
15 furent de leur chevauchie retourné à Ville Vesiouse, où
il se logoient et estoient tenu toute la saisson, il regar-
dèrent que il envoieroient devers le roi de Portingal,
pour estre paiet de leurs gages. Si i envoièrent tout
generaulment le signeur de Taillebot, un baron de la
20 marche de Galles. Quant li sires de Taillebot fu venus
à Lusebonne, et il eut parlé au roi et remonstré ce
pour quoi il estoit venus, li rois respondi follement
que deus fois avoient chevauchiet oultre sa deflfense,
pour quoi il Tavoient courouchiet et atai^iet leur paie-
25 ment, ne il n'en peut avoir adont autre cose ne autre
response. Li sires de Taillebot se parti et retourna à
ses compaignons et leur recorda la response du roi,
dont il Airent tout courouchiet.
En celle propre sepmainne se parti li contes de Gam-
30 bruge de Estremouse, et s'en vint à Ville Vesiouse
logier en une église de Gordeliers au dehors de la ville.
[1382] UVBB DKUXiillB, $ 253. 185
Si en eurent li chevalier englès et gascon grant joie.
Entre ces chevaliers i avoit des petis compaignons qui
ne pooient pas atendre le lontain paiement dou roi, et
dissent Tun à l'autre : c Nous sommes menet mervil-
leusement ; nous avons ja esté en che pa!is près d'un 5
an, et si n'avons point eut d'argent. Il ne puet estre que
nostre cappitainne n'en aient receut, car jamais ne
s'en fuissent souffert si longhement. » Ces parolles et
murmurations montepliièrent entre iaux tellement que
il dissent que il n'en voloient plus sou£Erir, et ordon- 10
nèrent une journée entre iaulx de parler ensamble et
de estre en parlement en un bel moustier qui siet au
dehors de la Ville Yesiouse, à l'opposite des Gordeliers,
où li contes de Gambruge estoit logiés. Et dist li
Ganonnes de Robersart que il i seroit, et, au voir dire, 15
bien i besongnoit, car, se il n'i eust esté, la cose fust
alée mauvaisement.
§ 253. Quant che vint environ heure de tierdie que
tout lurent là asamblé, excepté li Ganonnes de Rober-
sart, et encores n'estoit point venus, messires Guil- 20
laumes de Biaucamp, messires Mahieux de Goumai,
ses oncles, li sires de Taillebot, messires Guillaumes
Helmen, et li Gascon, li sires de la Barde, li sires de
Gastiel Noef, li soudis de l'Estrade et pluiseurs autres,
si commenchièrent à parler et à faire leur plainte l'un 25
à l'autre. Et là avoit un chevalier bastart, frère au roi
d'Engletière, qui s'appelloit messire Jehans Soutrée,
qui estoit plus tenres en ses parolles que nuls des
autres et dissoit : c li contes de Gambruge nous a chi
amenés, et tous les jours nous aventurons et volons 30
aventurer nos vies pour lui, et [si] retient nos gages :
186 CHEONIQUBS DB J. FR0I8SART. [1382]
je conseille que nous fuisaiens tout de une alianoe et
d'un aoord, et que nous eslevons de nous melsmes le
pennon Saint Jorge, et soions amit à Dieu et anemit à
tout le monde ; autrement, se nous ne nous faissons
5 cremir, n'arons nous riens. » — c Par ma foi ! res-
pondi messires Guillaumes Helmen, vous dites bien, et
nous le ferons. » Tout s'aoordèrent à celle voix, et
regardèrent qui il feroient leur cappitaine. Si avissèrent
que pour tel cas il ne pooient avoir milleur cappitaine
10 que Soustrée, car il [aroit] de mal faire plus grant
loisir et plus de port que nuls des aultres. Là boutèrent
il hors le pennon Saint Joi^e, et criièrent tout : c A
Soustrée, che vaillant bastart ! Amis à Dieu et anemis
à tout le monde ! > Et estoient adont en volenté et tout
15 esquelliet de venir courir premièrement Ville Yesiouse
et de faire guerre au roi de Portingal. Bien a voient
messires Mahieux de Gournai [et] messires Guillaumes
de Biaucamp [debatu] ces paroUes de non courir la
ville, mais il n'en avoient point esté ol. À ces cops
20 que il avoient levé le pennon Saint Jorge et que il
dévoient partir dou moustier, li Ganonnes vint et
ouvri la presse et entra eus, et s'aresta devant l'autel,
et dist tout haut : c Biau signeur, que volés vous faire?
Âiiés ordonnance et atemprance en vous. Je vous voi
25 durement esmeus. > Âdont vinrent en sa présence
messires Jehans Soustrée, messires Guillaumes Helmen
et aucun des autres, et H remonstrèrent tout ce que
il avoient fait et quel cose ossi il voloient faire. Adont
les rafrenà li Ganonnes par biau langage, et leur dist :
30 c Signeur, penssés et imaginés bien vostre fait, avant
que vous entrependés à faire nulle foUie ne nul outrage.
Nous ne nos poons mieux destruire que de nous
[i3M] UVRB DEUXIÉMB, % 254. i87
meisaies. Se nous guerrions che païs, nostre ennemi
en aront nouvelles ; si s'efforceront et i enteront de
une part, et courant, quant il verront que point ne
leur irons au devant. Enssi perderons nous en deus
manières : nous resjoïrons nos ennemis et aseur[e- 5
r]ons de ce qu'il sont en doubte, et si feuserons nostre
loiauté envers monsigneur de Cambruge. > — c Et que
volés vous dont, dist Soustrée, Ganonnes, que nous
fâchons? Nous avons despendu plus avant que nos
gages, et si n'avons eu ne prest ne paiement nul, iO
depuis que nous venismes en PortingaK Se vous avés
esté paiiés et nous ne le sommes point, vous avés biau
souffirir. > — € Par ma foi, Soustrée, dist li Ganonnes,
je n'ai eut non plus avant paiement que vous, ne, sans
vous, je n'en rechepverai riens. > Respondirent aucun 15
autre chevalier qui là estoient : c Nous vous en créons
bien, mais il fault que les coses aient un coron. Mons-
tres nous comment honnerablement nous puissons
issir de ceste matère et avoir hastieue délivrance, car,
se nous ne sommes paiiet briefment, les coses iront 20
mal. > Adont conunencha li Ganonnes de Robersartà
parier, et dist :
§ S154. c Biau signeur, je conseille que de chi eftlroit,
en Testât où nous sonmies, nous alons parler au conte
de Gambruge et li remonstrons nostre entente. » — 25
c Et liquels de nous li remonstera? dissent il entre
eulx. > — c Je tous seulx, respondi Soustrée, mais
avoés ma parolle. > Tout li eurent en convenant de
l'avoer. Âdont se départirent il en Testât où il estoient,
le pennon Saint Jorge devant eux que il avoient che 30
jour levet, et s'en vinrent as Gordeliers où li contes
188 CHB0NIQUB8 DE J. FHOI88ÀRT. [1382]
estoit logiés et devoit aler dîsner. Tout cil oompaignon,
qui estoient plus de set œns uns c'aultres, entrèrent
en la court. U demandèrent le conte. Il issi hors de sa
cambre et vint en la salle parler à eulx. Âdont s*avan»
5 chièrent tout li chevalier qui là estoient, et Soustrée
tout devant, qui remonstra de bon visage la paroUe et
dist : c Monsigneur, vous nous avés, qui chi sonunes
en vostre presensse, et encore assés d'autres qui sont
là hors, atrait et mis hors de nostre nation d'Engle-
10 tière, et estes nos chiés ; et de nos gages dont nous
n'avons eu nuls, nous ne nous en devons traire fors à
vous, car pour le roi de Portingal nous ne fuissions
jamais venu en che païs ne en son service, se vous ne
nous deussiés paiier. Et, se vous volés dire que la
15 guerre n'est pas vostre, mais le roi de Portingal, nous
nos paierons bien de nos gaiges, car nous courrons ce
païs, et puis si en ait qui en poet avoir. » — c Sous-
trée, dist li contes, je ne di mies que vous ne soiiés
paiiés ; mais de courir che païs vous me fériés blasme,
20 et au roi d'Engletière ossi, qui s'est par aliance con-
joins avoec le roi de Portingal. > — c Et que vdés
vous, dist Soustrée, sire, que nous façons? > — «Je
voel, dist li contes, que vous prendés trois de nos che-
valieA, un Englès, un Gascon et un Alemant, et cil
25 troi s'en voissent devers le roi à Lusebonne, et li
remonstrent ceste besongne et le lontain paiement que
il fait as compaignons. Et quant vous l'en ares sommé,
lors ares vous mieux cause de faire vostre entente. »
— « Par ma foi, dist li Ganonnes de Robersart, mon-
30 signeur de Gambruge dist bien et se parolle sagement
et vaillanment. > Â ce darrain pourpos s'acordèrent ;
mais pour ce n'ostoient il pas le pennon Saint Joi^e,
[1382] UVRB DBUXliMB, § 255. 189
et dissent, puis que il TavcHent levé d'un aoord en Por-
tingal, que tant qu'il i seroient, point ne Tabateroient.
Adont furent avisset qui iraient en die voiage devers
le roi : si furent nommé messires Guillaumes Helmen
pour les Euglès, messires Thomas Simon pour les 5
estraingniers , et li sires de Gastiel Noef pour les
Gascons.
§ 255. Ghil troi chevalier dessus nommé esploitièrent
tant que il vinrent à Lusebonne et trouvèrent le roi,
qui leur fist bonne chière et leur demanda des non- 10
velles et que li compaignon faissoient. c Monsigneur,
respondirent dl, il sont tout hetiet et en bon point, et
chevaucheroient volentiers et enploieroient la saison
autrement que il ne font, car li lontains séjours ne leur
est mies agréables. > Ghe dist li rois : c II chevauche- 15
ront temprement, et je en leur compaignie, che leur
dires vous de par moi. » — c Monsigneur, dist mes-
siros Guillaumes Helmen, nous sommes chi envoiiet
de par eux et chergiet que nous vous dissons que,
depuis que il vinrent en che pals, il n'ont eut prest ne 20
paiement nul de par vous ; dont il vous mandent par
nous, qui generaulment sommes chi envoiiet, que ce
n'est pas assés, car qui voelt avoir l'amour et le ser-
vice des gens d'armes, il les faut autrement paiier que
vous n'aiiés fait jusques à ores. Et s'en sont souffert 25
un grant tamps pour la cause de che que il ne savoient
point en quoi il perissoit, et en ont encouppé nos cap-
pitainnes, dont la cose a près mal aie ; mais il s'en sont
excusé parmi che que on a bien sceu que il n'en ont'
riens eu ne receu ; et vous savés se il dient voir. Si 30
voellent estro paiet tout entirement de leurs gaiges.
!9ft CHRONIQUBS DB J. FROISSÀRT. [i38îj
se VOUS en voilés avoir le service ; et, se vous oe faites
che, il vous ac^rtefîent que il se paieront dou vostre.
Si aiiés oonseil sur che, et [nous donnés] response
que nous en puissons porter, car il n'atendent autre
5 cose que no retour. > Li rois penssa un petit, et puis
dist : < Messire Guillaume, c'est raissons que il soient
paîiet, mais il m'ont courouchiet de ce que il ont
oultre ma deffence chevauchié deus fois ; et, se chils
mautallens n'eust esté, il fussent ores satisfait de tous
10 poins. » — < Sire, dist li chevaliers, se il ont chevau-
chiet, che a estet à vostre honneur et pourGt : il ont
pris villes et castiaulx, et courut sus la terre de vos
ennemis priés jusques à Sebille, pour quoi die a esté
honnerablement esploitiet. [Si] n'en doivent pas perdre
15 leur saisson, et ossi il ne le voellent pas avoir p^u,
car, nous retourné, il dient que il se paieront, se il
n'ont certaine et courtoise response de par vous, autre
que il n'ont eu jusques à ores. » — c Oïl, dist li rois,
vous leur dires que dedens quinse jours au plus tart
20 je les ferai paiier et délivrer tous leurs gages, jusques
à un petit denier, mais dites au conte de Gambruge
que il viegne parler à moi. » — c Sire, dist messires
Guillaumes, je le ferai, et vous dites bien. » Â ces oops
fil heure d'aler disner : si disnèrent ensamble, et les
25 festia li rois tous trois ensamble et fist seoir à sa table,
et là furent che jour. Et à l'endemain il retournèrent
devers leurs gens. Sitretos comme on sceut leur reve-
nue, li chevalier se traïssent devers eulx, pour savoir
quel cose il avoient trouvet. Si leur record[èr]ent la
30 response et la parole dou roi, et tant que tout s'en
contentèrent. < Or regardés, ce dist Soustrée, se
rihote n'a [à] le fois bien son lieu : encores avons nous
[4382] LIVIIB DEUXIÈMS, $ 257. 191
avancfaiet nostre paiehient par estre un petit remo-
rous; bien ait qui on crient. »
§ 256. Li chevalier tout troi aièrent devers le conte
de Gambruge et li recordèrent comment il avoient
exploitiez et que li rois le mandoit. Li contes se parti 5
de Ville Vesiouse au matin, et chevaucha tant que il
vint à Lusebonne. Si fu recheus de son fils et de sa fille
et dou roi moult amiablement. Là eurent li rois et ils
parlement ensamble et certain acord et arest de che-
vauchier. Si fist li rois un mandement par tout son lo
roiaulme à estre sus les camps, entre Ville Vesiouse et
[Olivence], le setime jour de jun* Ghils mandemens
s'espandi parmi le roiaulme de Portingal : si s'ordon-
nèrent toutes gens d'armes [de cheval et] à piet, pour
estre là à ce jour au plus estofféement comme cescuns 15
endroit de li poroit.
A la venue dou conte de Gambruge à Lusebonne Ai
délivrés messires Jehans Frenande de prison, sur lequel
li rois pour ces chevauchies avoit esté durement cou-
roudii^. Si prist li contes congiet dou roi , et s'en 20
retourna devers les compaignons à Ville Vesiouse, et
leur recorda comment il avoit exploitié et que il che-
vaucheroient temprement. De ces nouvelles furent li
compaignon tout resjoï, et s'ordonnèrent à estre tout
prest sus cel estât. Âssés tost apriès vint paiemens et 25
finance as compaignons, as cappitaines premièrement,
et tant fissent que tout se tinrent pour content, mais
toudis se tint li pignons Saint Jorge.
§ 257. Li rois dans Jehans de Gastille, qui toute la
saisson avoit fait son amas de gens d'armes qui li 30
m GHRONIQUBS DB J. PR01S8ART. [1382]
estoient venu dou roiaulme de France, et tant que il en
avoit bien deus mille lances, chevaliers et escuiers, et
quatre mille gros vallès, sans ceulx de son pals dont fl
pooit bien avoir dis mille hommes à dievaux et otant
5 de geneteurs, seut ces nouvelles, car il estoit à Sebille,
comment li rois de Portingal s'ordonnoit pour chevau-
chier. Si avisa pour plus honnerablement user de ceste
guerre, ou cas que il se sentoit fors assés de gens et
de poissance, que il manderoit au roi de Portingal la
10 bataille et que il vosist livrer pièce de tière en Portingal ,
pour combatre poissance contre poissance ; et, se die
ne voloit faire, il li liveroit en Espagne. Si en fu car-
giés de porter ces nouvelles li hiraus dou roi ; et die-
vaucha tant que il vint à Lusebonne, et là trouva le
15 roi, et fist son message bien et à point* Li rois respondi
et dist au hiraut que il en aroit avis et temprement
conseil laquelle parchon il prenderoit, et que ce qui
en seroit, il le remanderoit au roi d'Espaigne. Li
hiraus, quant il eut fait sa semonse et il eut response,
20 il se départi dou roi en prendant congiet, et retourna
à Sebille. Là trouva il le roi et les barons de France,
d*Ârragon et de Gallisse, qui Festoient venu servir. Si
recorda tout che que il avoit ol, veu et trouvé, et
tant que il souffi à tous.
25 Depuis ne demora gaires de temps que li rois de
Portingal fu consilliés, par Tavis que il eut des Englès,
que il liveroit en son païs place et terre pour com-
batre ; et furent ordonné de Taler aviser où che seroit,
de par le roi, messires Thumas Simons et li soudis
30 de l'Estrade, et avissèrent la place entre Elvès et
[Badeloce], bon lieu ample et plentiveux pour bien
combatre. Et vous di que diil doi chevalier et leurs
[1382] LrVBB DSUXiillK, § 258. i93
routes furent escarmuchiet ^ en alant avissant celle
place, des géniteurs dou roi de Gastille, et i ot grant
hustin de mors et de blechiés d'une part et de l'autre.
Toutesfois il retournèrent devers le roi de Portingal et
les chevaliers, et recordèrent ù et comment il avoient 5
aviset plache et le nommèrent : ce souffi bien as des-
sus dis. Adont fu ordonnés uns dievaliers alemans qui
s*appelloit messires Jehans Tieste d'or, de faire che
message, avec un hiraut, au roi d'Espaigne. Si se départi
li chevaliers et chevaucha tant que il vint à Sebille, et lO
là trouva le roi, et fist son mesage et conta tout ce
que li rois de Portingal mandoit, et comment de grant
volenté il acordoit la bataille et liveroit place entre
Elvès et [Badeloce], et là dedens dnc jours, li retourné
à Lusebonne, il trouveroit le roi de Portingal logiet 15
et toutes ses gens, qui ne desiroient el que le bataille.
De ces nouvelles furent li Espagnol tout resjol, et
ossi fiu^ent li François, et prissent messires Tristrans
de Roie, messires Jehans de Berghettes, messires
Pières de Yelînnes et autre le chevalier de Portingal 20
entre eux, et le festiièrent un jour tout entier moult
grandement à Sebille et li fissent toute la bonne com-
paignie que on poeut faire à chevalier, et le recon-
voiièrent jusques à Safre, et puis retournèrent arière
à Sebille. Et li chevalier[s] chevaucha tant que il vint 25
devers le roi de Portingal et les signeurs, et recorda
son mesage, enssi comme il l'avoit fait, et le response
que on li a voit donné. De ce se contemptèrent li rois
et li chevalier»
§ 858. Depuis ne demora gaires de tamps que li rois 30
de Portingal s'en vint logier en la place que ses gens
X — 13
494 OHRONIQUSS DE J. FR0I8SART. [iS8S|
avoieot aviset entre Ëlvès et [Badelooe], ens uns biaus
plains desous les oliviers, et là amena le grigneur
partie de oeulx de son roiaulme, dont il se pooit
aidier, et estoient environ quinse mille hommes. Le
5 tierch jour apriès, vint li contes de Gambruge et tout
li Englès moult ordonnéement, et estoient en compte
environ sis cens hommes d'armes et otant d'archiers,
et s'en vinrent logier en che propre lieu, et prissent
place pour eux, et se severèrent des gens le roi et se
iO tinrent tout ensamblè.
Quant |li rois d'Espaigne sceut que li rois de Por-
tingal estoit venus et trais sour les camps où la bataille
devoit estre, si en fu par samblant moult liés et
dist : c Or avant! Nostre ennemi nous atendent; il
15 est heure que nous chevauchons. Nous leur mandâmes
la bataille, il le nous ont acordé et tiennent la journée
selonc leur convenant. Ne puet remanoir que il n'i ait
besongne : traions nous tout de celle part. » Adont
furent segnefiiet toutes gens d'armes à leurs livrées de
ÎO traire avant, car li rois voloit chevauchier. Si se dépar-
tirent de leurs logis tout chevalier et escuier et gens
d'armes, Genevois et géniteurs, et sieuirent toutes les
banières dou roi dam Jehan de Gastille, qui s'en vint
logier francement à deus petites lieues de [Badeloce] et
25 des plains de Elvès ; et avoit li rois d'Ëspaigne en sa
oompaignie plus de trente mille combatans, parmi les
géniteurs ; et estoient en toute somme soissante mille
honunes.
§ 259. En cel estât se tinrent ces deus hoos l'un
30 devant l'autre, et n'i avoit d'entre deus que la mon-
tagne de Badeloce, qui est une grosse ville dou roi
[i382] UVBS DSUXIÈMB, § 259. 195
d'Espagne, et là s'aloient ses gens, quant il voloient,
rafreschir; et la dtté de Elvès siet d'autre part, qui
est au roi de Portiogal. Entre ces deus hoos et sus la
montaigne de Badeloce avoit tous les jours fais d'armes,
car li jone baceler, qui se desiroient à avanchier, 5
queroient là les armes et les faissoient, et escarmu-
dioient Tun à l'autre, puis retoumoient en leur logeïs.
En cel estât furent il quinse jours et plus, et ne fii
mies la de£Giut[eJ dou roi de Gastille que la bataille
n'adrechoit, mais demoroit ou roi de Portingal pour lo
tant que il ne se veoit pas fors assés de combatre les
Espaignols et resongnoit le péril, car bien sentoit que,
se il estoit desconfis, ses roiaulmes seroit perdus. Et '
toute la saison il avoit atendu le duc de Lancastre et
le grant confort d'Engletière, que il esperoit à avoir i5
quatre mille hommes et otant d'archiers, car li contes
de Gambruge en avoit certefiiet le roi de Portingal et
ne pensoit point dou contraire, car li dus de Lancastre
au départir li avoit juret par sa foi que, lui revenu
d'Escoce, il n'entenderoit à autre cose si venroit en 20
Portingal si fors que pour combatre le roi d'E^aigne.
Bien est vérités que li dus de Lancastre, li revenu
d'Escoce, en fist son plain pooir de remonstrer toutes
ces besongnes au roi et à son conseil, mais, pour le
tourble qui estoit avenus en Engletière en celle melsmes 25
anée, et aussi pour aucunes inddensses de Flandres
qui apparoient, dont li rois avoit besoing de avoir son
conseil dalés lui et ses hommes, on ne consenti point
che voiage pour celle saisson en Portingal, et démo-
rèrent toutes gens d'armes en Engletière sans partir. 30
Et, quant li rois de Portingal vel che et que point ne
seroit autrement confortés des Englès que il estoit,
196 CHRONIQUSS DB J. FR0I8SÀRT. [1382]
si se ordonna par une autre voie, car li maistres
de Galetrave et dans Piètres de Hondesque et dan
Ferant de Valesque et li grans maistres de Saint Jaque,
avoecques Tevesque [d'Esturges] et Fevesque de Luse-
5 bonne, traitoient de la pais entre Portingal et Espaigne ;
et tant fu traitiet, parlementé et aie que paix i vint,
ne onques li Englès n'i furent appelle, dont li contes
de Gambruge se merancoUa et euist volentîers fait
guerre au roi de Portingal de ses gens, se il se sen-
10 tesist fors assés sus le pals, mais nenil. Et pour die
li convint souffrir ceste paix, vosist ou non ; mais li
Englès dissoient bien que li rois de Portingal s'estoit
lubrement aquités envers euls et que tondis de com-
menchement jusques en fin il s'estoit disimullés as
15 Espagnos et que onques n'avoit eut volenté de euls
combatre ; et li rois de Portingal s'escusoit et dissoit
que la deffaute venoit des Englès et dou duc de Lan-
castre, qui devoit venir et point n'estoit venus, et que
pour celle fois il n'en pooit faire autre cose.
20 § S60. En Tost le roi de Gastille avoit un jone cheva-
lier de France qui s'appelloit Tristran de Roie, liquels
se desiroit grandement à avanchier. Quant il vel que
pais seroit entre ces parties et que nulle besongne de
bataille n'i aroit, si s'avisa que il n'isteroit pas d'Es-
25 paigne enssi sans faire quelque cose, et envoia un
hiraut de leur costé en Toost des Englès, en requérant
et priant, puisque les armes par bataille de ces rois
falloient, que on le vosist requelUr de trois cours de
fier de glaves devant la citté de Badeloce. Quant les
30 nouvelles vinrent en Toost des Englès, si en parlèrent
li compaignon li un à l'autre, et dissent bien que il ne
[I382J UVBI DEUXIÈIIB, g 260. 497
defvoit pas estre refasses. Adont s'avancha de parler
et d'acorder les armes uns jones escuiers d'Engletière
qui s'appelloit Milles de Windesore, fils à messire
Guillaume de Windesore, qui voloit à son honneur estre
chevaliers en che voiage, et dist au hiraut : c Amis, 5
retournés devers vos maistres, et dites à messire
Tristran de Roie que Milles de Windesore li mande
que demain devant la citté de Badelooe, ensi qu'il le
requiert, il Tira délivrer. > Li hiraus retourna et
reoorda ces nouvelles à ses maistres et à messire Tri»- io
tran, qui en fu tous resjols.
Quant che vint au matin, Milles de Windesore parti
de l'oost le conte de Gambruge, et s'en vint vers Bade-
loce, qui estoit moult priés de là (il n'i avoit que la
montaigne à passer), bien acompaigniés de ceulx de i5
son oosté, de messire Mahieu de Gournai, de messire
Guillaume de Biaucamp, de messire Thomas Simon,
de messire le Soudich, dou signeur de Gastiel Noef,
dou signeur de la Barde et des autres, et estoient bien
cent chevaulx sus la place où les armes dévoient estre 20
faites. Et estoit ja venus messires Tristrans de Roie,
bien acompaigniés de Franchois et de Bretons : ils et
Milles de Windesore savoient bien quel cose il dévoient
faire. Là fu Milles fais chevaliers de la main de messire
le soudidi de l'Estrade pour le milleur chevalier de la 25
place et qui le plus avoit travilliet et s'estoit trouvés
en belles besongnes. Il estoient armés de toutes pièces
et avoient leurs trois lances toutes prestes et leurs
chevaux ossi et tout en plates selles. Adont esperon-
nèrent il l'un contre l'autre et abaissièrent les glaves, 30
et se consieuirent en venant l'un sus l'autre moult
roidement, et rompirent contre leurs poitrines les
198 GHR0NIQUS8 DB J. FR0IS8ART. [1382]
glaveSy et passèrent oultre franoement sans dieoir.
Geste première jouste fu voleotiers veue de tous ceuk
qui là estoient, et prisiet li doi chevalier. À la seconde
fois il recouvrèrent et s'entrecon trèrent de grant randon
5 et rompirent leurs lances, mais point de damage ne se
portèrent. Âdont recouvrèrent il la tierce lance, et se
consieuirent enmi les escus si roidement que li bon fier
de Bourdiaulx entrèrent ens et les pe[r]trusièrent et
passèrent le pièche d'achier, les plates et toutes les
10 armeures jusques en char, mais point ne se blecèrent;
et rompirent les lances en gros tronçons et volèrent
par dessus les hiaumes. Geste jouste fu moult prisie
des chevaliers de une part et d'autre, et adont prissent
il congiet li un à Tautre moult honnerablement, et s'en
15 retournèrent cascuns devers son lés; ne depuis il n'i
ot riens fait d'armes, car pais estoit entre les deus
roiaulmes, et s'en rallèrent [li Ëspaignol] cascuns en
leurs lieux, et li Portingallois ossi en leur lieu.
§ 261 • Enssi que vous poés oïr recorder, sedesrompi
20 en celle saison ceste armée et asamblée des Espagnols,
des Englès et des Portingallois. En ce tamps estoient
venues nouvelles en l'ost le roi d'Espaiffne, que li rois
de Grenade avoit guerre contre le roi de Barbarie et le
roi de Tramesainnes : pour quoi toutes gens d'armes
25 qui celle part traire se vodroient i seroient receu à
saulx et à gages, et leur envoioit li rois de Grenade
bon sauf et seur conduit , et leur faissoit savoir par
leurs messages que eux venus en Grenade il leur
feroit prest pour un quartier d'an. Dont aucun cheva-
30 lier de France qui se désiraient à avanchier, tels que
messires Tristrans de Roie, messires Joffrois de Garni,
[1882J LIVRS DKUUÈMK, g 26i. 199
fils au bon Joffiroi de jadis, messires Pières de Yeliniies,
messires Robers de Gleremont et pluiseurs autres
prissent congiet dou roi dan Jehan de Gastille, et s'en
allèrent celle part pour trouver les armes. Et aussi i
ot aucuns Englès, mais plenté ne fîi ce pas, car li 5
contes de Gambruge les ramena arière en Engletière
et son fil ossi ; et monstroit que il se departoit dou roi
mal contemps, pour tant qu'il ramenoit son fil arière
en Engletière, qui avoit espousé la fille dou roi de Por^
tingal, ne pour oose que lî rois seuist dire ne faire, li 10
contes ne le volt point laissier derière, et dissoit que
ses fils estoit trop jones pour demorer encores en
Portingal et que il ne poroit porter ne souffrir Fair
dou païs : dont il en avint che que je vous dirai.
Environ un an apriès ce que la pais fu faite entre 15
Espaigne et Portingal et li contes de Gambruge et ses
gens retourné arière en Engletière, la femme dou roi
dan Jehan de Gastille ala mwir, qui estoit fille dou
roi d'Ârragon : enssi fu li rois d'Espaigne vesves. Si
fu aviset et regardé de prelas et des haus barons de 20
Tun roiaulme et de l'autre, d'Espaigne et de Portingal,
que on ne pooit mieux ne plus hautement asener
madame Betris de Portingal que au roi d'Espaigne,
et pour entretenir les roiaulmes en pais. Â ce mariage
s'acorda legierement li rois de Portingal, et desmaria 25
sa fille dou fil dou conte de Gambruge par le dispen*
sation dou pappe, qui confrema ce mariage. Enssi fu
la dame fille au roi de Portingal roïne d'Espaigne, de
Galisse et de Gastille, par l'ordenance dessus dite ; et
en ot li rois d'Espaigne, la première anée de son 30
mariage, un biau fil, dont on ot grant joie.
Depuis morut li rois Ferrans de Portingal, mais
200 CHRONIQUES DK J. FR0IS8ABT. [iS82]
pour ce ne vorent pas li Portîngalois que li roiaulmes
vcDist [à sa fille] ne au roi d*Espaigne, ançois se bouta
en riretage uns siens frères bastars, qui s'apelloit
dans Jehans, maistres de Vis. Ghils dans Jehans estoit
5 as armes vaillans homs durement, et tousjours s'estoit
fais amer des Portingallois et tant que il li monstrèrent,
car il le couronnèrent à roi et le tinrent, pour sa grant
vaillance, à signeur, pourquoi grans guerres s'esmurent
depuis entre Espaigne et Portingal, sicom vous orés
10 reoorder avant en Tistoire.
§ 9I6SI. Quant li contes de Gambruge, li Ganonnes de
Robersart et li baron et chevalier d'Ëngletière, qui en
che voiage de Portingal avoient esté, forent retourné
arière en Engletière et venu devers le roi et le duc de
15 Lancastre, on leur fist moult bonne chière, che fo
raissons, et puis leur demandèrent des nouvelles : il
en dissent assés et toute Fordenance de leur guerre.
Li dus de Lancastre, auquel la besongne toucfaoit plus
c'a nul autre pour la cause dou calenge de Gastille,
20 car il s'en dissoit hoirs de par sa femme madame
Gonstance, qui fille fu jadis dou roi dan Piètre, demanda
à son frère le conte moult avant des nouvelles et com-
ment on s'estoit démené en Portingal. Li contes li
recorda comment il avoient esté à hoost l'un devant
25 l'autre plus de quinse jours tous entiers, c Et pour ce,
biau frères, que on n'ooit nulles nouvelles de vous,
s'acorda li rois de Portingal legierement à la pais, ne
onques ne le [peusmes] veir que il se vosist asentir à
la bataille, dont cil de nostre costé furent tout meran-
30 colieux, car volentiers il se fuissent aventuré. Et, pour
celi cause que je n'i voi point de seur estât, je ai
[138S] WfBM DSUXIÈMI, 1 263. ÎM
ramené mon fil, quoique il ait espousé la fille dou roi
de Portingal. > Ghe dist li dus : c Je croi que voua
avéa eu cauae, fora tant que il poroient, ae il leur
venoit à point, rompre che mariage et donner d'autre
part à leur plaiaaance. > — c Par ma foi ! diat li contea, 5
il en avi^ne ce que avenir puet, maia je n'ai fait coae
dont je me doie ja repentir. > Enaai finèrent leura
parollea li dua de Lancaatre et li contea de Gambruge,
et entrèrent en autres matères.
Nous nos soufferons à parler de eulx et de leur iO
guerre, des Espaignos et des Portingallois, et retour-
nerons as besongnes et aa guerres de Gand, dou conte
et dou pals de Flandres, qui furent grandes.
§ 863. Toute celle saison, depuis la deatrution et
arsin de la ville de Grammont et le département dou 15
siège de Gand, qui ae desfist pour le courons que li
contes de Flandrea ot de son cousin le jone signeur
d'Enghien, qui fu ochis par enbusque devant Gand,
enaai comme il est recordé chi dessus en Fistoire, ne
guerriièrent li Flament, chevalier et escuier et bonnes 20
villes, les Gantois, fora que par garnisons, et estoit
tous li pals à rencontre de ceulx de Gand pour le
conte, excepté les Quatre Mestiers, dont aucunes dou-
ceurs venoient en la ville de Gand, et ossi faissoient
de la conté d'Âlos. Mais li contes de Flandrea, quant il 25
aceut que de bures, de lais et de firoumages, qui aloient
à Gand de la conté d'Alos et des villes voisines, il
estoient rafresqui, si i mist remède, car il manda à
ceux de la gamisson de Tenremonde que cils plas pals
fiist tous ars et exilliés. Ce fii fait à son commande- 30
ment, et convint adont les povres gens, qui vivoient
SOS CHR0NIQUB8 DB J. FROISSART. [1882]
de leurs bestes tout parperdre et eaùnr en Braibant
et en Hainnau, et la grigneur partie mendiier. Enoores
demora uns pals pour eeulx de Gand, qui s'appelle
les Quatre Mestiers, car on n'i pooit avenir et toute
5 la douceur que il avoient leur venoit de ce oosté.
Tout cel ivier, li contes de Flandres avoit si astrains
ceulx de Gaind que nuls blés ne leur venoient ne par
terre ne par aiguë» car il avoit tant exploitié envers
ses cousins, le duc de Braibant et le duc Aubert, que
iO leur pbSb estoient clos à rencontre de ceulx de Gaind,
ne riens ne leur venoit, fors en larechin et en grant
péril pour ceulx qui s*aventuroient de mener vivres.
Dont il estoient en Gand moult esbahit, et dissoient li
sage que ce ne pooit [longuement demorer que il ne
15 fuissent tout mort par famine, car li grenier estoient
ja tout vuit ne on n'i trouvoit nuls blés, et ne pooient
trop de peuple avoir point de pain pour leur argent.
Et, quant li fournier avoient quit, il convenoit garder
leurs maissons à force de gens : autrement li menus
20 peuples, qui moroient de faim, eussent effordet les lieus.
Et estoit grans pités dou veoir et olr les povres gens ;
et proprement honunes, fenmies et enffiins bien nota-
bles ceoient en ce dangier , et tous les jours en venoient
les plaintes, li plour et li cri à Phelippe d'Artevelle,
25 qui estoit leurs souverains capitains, Ûquels en avoit
grant pité et grant compacion, et i mist pluiseurs
bonnes ordonnances, dont il fu moult agraciiés, car il
fist ouvrir les greniers des abbeles et des rices honunes
et départir le bled parmi un certain pris d'argent et
30 fuer que il i fist mettre. Che reconforta et mena moult
avant la ville de Gand.
A le fois leur venoient en larechin de Hollandes et de
[1382] UVBB DKUXnkMB, § 263. 203
ZeOandes vivres en tonniaux, farines et pains quis,
qui nx>ult les <*eoonfortoient, et eussent esté trop plus
tos desoonfit que il ne fuissent, se chela n'euist esté et
li reconfors des païs dessus dis. Il estoit deffendu en
Braibant de par le duc que sus la teste on ne leur 5
menast riens, mais, se il le venoient querre à leur
péril, on leur pooit bien vendre ou donner. Dont il
avint ens ou quaresme que il furent en Gand à trop
grant destroit, car des vivres de quaresme n'avoient
il nuls. 10
Si s'en partirent en une compaignie bien douse
mille saudoiiers et gens qui n'avoient de quoi vivre
et qui estoient ja tout taint et velu de famine, et s'en
vinrent devers la bonne ville de Brouxelles. On leur
cloi les portes au devant, car on se doubta d'eus, ne i&
on ne savoit à quoi il pensoient. Quant il se trouvè-
rent en la marce de Brouxelles, il envoiièrent de leurs
gens tous desarmés devant l'amant de Brouxelles et
les jurés, en dissant, pour Dieu, que on eust d'eus
pité et que il eussent des vivres pour leur aident, car 20
il moroient de fain et ne voloient que tout bien au
pals. Les bonnes gens de Brouxelles en eurent pité et
leur portèrent des vivres assés pour eulx passer. Et
se rafiresquirent là ou païs environ trois sepmaines,
mais point n'entroient ens es bonnes villes, et furent 25
jusques à Louvaing, liquel [de Louvaing] en eurent
grant pité et leur fissent moult de biens. Et estoit
leurs souverains cappitains et menères François Acre-
men, qui les consilloit et faissoit pour eux les trai-
tiés as bonnes villes et sur ce voiage. Entrues que cil 30
Gantois séjournèrent et se rafresquirent en le marce de
Louvaing, [s'en] vinrent François Acremen lui dou-
204 GHR0NIQUK8 DB J. FROI88ABT. [138%]
sime, en le citté de Liège, où il se remonstrèrent as
maistres de Liège et parlèrent si bellement que cil de
Liège leur eurent en convenant, et ossi eut li evesques,
messires Ernouls [de Homes], de envoiier devers le
5 conte de Flandres et tant faire que il les metteroient à
paix devers lui, et leur dissent : c Se chils païs de Li^
vous fust ossi prochains de vi[s]nage comme sont Brai-
bans et Hainnau, vous fuissi^ autrement confortés de
nous que vous ne soiiés; car nous savons bien que
10 tout ce que vous faittes, c'est sus vostre boin droit et
pour garder vos frandsses; et, nonobstant tout ce, si
vous aiderons nous et conforterons che que nous
porons, et volons que présentement vous le veés.
Vous estes marcheant, et marcandisses doivent et
15 pueent par raison aler en tous païs. Quelliés et levés
en che pals chi jusques à le sonune de cinc cens ou de
sis cens chars dmrgiés de blés et de farines, nous le
vous acordons, mais que les bonnes gens dont les
pourveances venront soient satisfait. On laissera bien
20 nos marcheandisses passer parmi Braibant. Li pais ne
nous voelt nul mal, et ossi ne faissons nous à lui ; et,
quoique Brouxelle vous soit close, si savons nous
bien que c'est plus par constrainte que de vollenté,
car de vos anois li Brouselois ont grant compation ;
25 mais li dus de Braibant et la ducoise, par priière de
leur cousin le conte de Flandres, s'enclinent plus à lui
que à vous, et c'est raisons, car tousjours sont li
signeur l'un pour l'autre. > De ces ofiEres et de ces
amours que li Liegois oflfroient de bonne volenté as
30 Gantois furent il tout resjoï, çt les en remerchiièrent
grandement, et dissent bien que de tels gens et de tels
amis avoit bien la ville de Gand à faire.
[1382] LTVBB DSUXIÈia, S 264. 205
§ SI64. François Âcreman et li bornais de^aad,
qui estoient venu avoeoq lui en la citté de Liège, quant
il eurent fait che pour quoi il estoient là venu, pris-
sent congiet as maistres de Liège, liquel ordonnèrent
avoeoq eux certains honunes pour der sour le païs, 5
pour requellier chars et harnois ; et en eurent sus deus
jour six cens cars tous chei^és de blés et de farines,
car tels pourveances leur estoient plus nécessaires que
autres. Si se missent ces pourveances au chemin, et
passèrent tout li char entre Louvaing et Brouxelles. iO
Au retour que François Âcremen fist à ses gens qui
estoient sus le frontière de Louvaing, il leur recorda
Famour et le courtoisie que dl de Liège leur avoient
fait et offiroient encores à faire, et leur dist que il iroit
à Brouxelles parler à la ducoise de Braibant et li i5
remonsteroit en priant, de par la bonne viUe de Gand,
que elle vosist descendre à ce que de envoiier devers
le conte de Flandres, leur signeur, par quoi il peussent
venir à paix. Il respondirent : c Dieux i ait part ! »
François se parti de [Ville vort], et s'en vint à Brou- 20
xelle. Pour ce tamps estoit li dus de Braibant pour
ses besongnes en Lusenbourc. François, lui troisime
tant seuUement, entrèrent en Brouxelles, par le congiet
de la ducoise qui les volt veoir, et vinrent dl troi en
Tostel de la ducoise à Cioleberghe. Là a voit la ducoise 25
une partie de son conseil dalés li. Cil troi se missent
en genoulx devant la dame, et parla François pour
tous, et dist : c Très honnourée et chière dame, par
vostre grant humilité, plaise vous à avoir pité et corn-
pation de ceulx de la ville de Gand qui ne pueent venir 30
à merchi ne à paix deviers l^ir signeur, ne nuls
moiens ne s'en ensongnie. Et vous, très chière dame,
206 GHRONIQUSS DB J. FR0I8SART. [1382]
se, par ud bon moiieo, il vous plaissoit à mtendre
par quoi nos sires li contes vosist descendre à raison
et avoir pité de ses gens, vous fériés grant aumosne,
et nos bons voisins et amis de Liège i entenderont
5 volentiers, là où il vous i plaira à ensonnier. > Dont
respondi la duooise moult humblement, et dist que de
la dissention qui estoit entre son frère le conte et eulx
elle estoit courouchie, et que volentiers, de grant
tamps avoit, i eust mis atemprance, se elle peuist ne
10 seuist. c Hais vous Tavés par tant de fois couroudiié
et avés tant de mervilleuses oppinions tenu contre lui
que che le soustient en son air. Nonobstant tout ce,
pour Dieu et pour pité, je m'en ensonniierai volen-
tiers, et envoiierai devers lui en priant que il voelle
15 venir à Tournai ; et là je envolerai de mon plus espe-
cial conseil, et vous ferés tant ossi que vous ares le
conseil de Hainnau avoec celli de Liège, que vous dites
qui vous est apparilliés. > — c Oïl, madame, che
respondirent il, car il le nous ont proumis. > — c Or
20 bien, dist la duooise, et je en esploiterai tant que
vous vos en perceverés. » Et cil troi respondirent :
c Madame, Dieux le vous puist merir et valloir au
corps et à Famé t » Adont prissent il congiet à la
ducoise et à son conseil, et se partirent de Brouxelles,
et s'en vinrent vers leurs gens et leur charoi qui les
25 souratendoit. Si esploitièrent tant que il aprodiièrent
le bonne ville de Gand.
§ 865. Quant les nouvelles vinrent en la ville de
Gand que leurs gens retournoient et amenoient plus
80 de sis cens chars chargiés de pourveances , dont il
avoient grant nécessité, si en furent moult resjcMi,
[1382] UVn DSUXIÈMI, S <65. 207
quoi que toutes ces pourveanoes, qui vmoieut dou pals
de Liège, n'estoient pas fortes assés pour soustenir la
ville de Gand quinse jours, mais toutesfois as descoo-
fortés che fti uns grans confors. Et se départirent de
Gant trop grant fuisson de gens à manière et en orde- 5
nanoe de pourcession oonti^ cbe caroii et à cause de
humelité il s*engenillèrent à rencontre, et joindirent
leurs mains vers les mardieans et les charetons, en
dissant : c Ah ! bonnes gens, vous faites grant aumosne,
qui reconfortés le povre menu peuple de Gand, qui 40
n'avoient que vivre, se vous ne fuissiés venus. Grâces
et loenges à Dieu premièrement et à vous ossi! >
Enssi furent convoiies de pluiseurs gens de la ville ces
pourveances jusques ou marchié des venredis, et là
deschergies. Si furent ces blés et ces farines par fuar i6
ordonné, que on i mist, et départi as plus diseteurs,
et furent de eux cinc mille tous armés de la ville de
Gaind raconvoiié li char jusques en Braibant et hors
dou péril.
De toutes ches besongnes et aflEedres fu li contes de 20
Flandres, qui se tenoit à Bruges, enfourmés, et com-
ment chil de Gand estoient si astraint et si menet que
il ne pooient longhement durer. Si poés croire et
savoir que de leur povreté il n'estoit mies courouchiés
ne ossi n'estoient cil de son conseil, qui la destrution 25
de la ville de Gand veissent volentiers, Ghisebrest
Mahieu et si frère, et li doiiens des menus mestiers de
Gand, et li prevos de Harlebecque. Toutes ces coses
avinrent en quaresme, ou mois de march et d'apvril
Tan mil trois cens quatre vins et un. Si ot li contes de 30
Flandres pourpos et conseil que de venir, plus pois»
sannoent que onques n'euist en devant fait, mettre le
208 GHHONIQUES DB J. FROI88ART. [1382]
siège devant Gand, et se dissoit bien si tors que pour
entrer de poissance ens es Quatre Mestiers et tout
ardoir et destruire, car trop avoient esté soustenu li
Gantois de ce oosté. Si senefia li contes se intention et
5 pourpos à toutes les bonnes villes de Flandres que il
fuissent tout prest, car, le jour de le Pourcession de
Bruges passée, il se departiroit de Bruges et venroit
mettre le siège devant Gand pour eux pardestruire.
Et escripsi devers tous chevaliers et escuiers qui de li
tenoient en la conté de Hainnau, que, dedens che jour
iO ou uit jours devant, il fuissent devers lui à Bruges.
§ 266. Nonobstant ces semonses, mandemens et
ordeoances que li contes de Flandres faissoit et apro-
prioit, si travilloient madame la ducoisse de Braibant,
15 U evesques de Liège et li dus Aubers que une asam-
blée de leurs consaulx sur traitiés de pais fust assi-
gnés et mis en la citté de Tournai. Li contes de Flan-
dres, à la priière de ces seigneurs et de madame de
Braibant, quoi que il pensoit bien à faire tout le con-
20 traire, s'i acorda à estre pour ses raisons tourner ea
droit, et furent cil parlement assis à la Glose Pasque,
en la chité de Tournai, l'an mil trois cens quatre vins
et deus. Si i vinrent de l'evesquiet de Liège des bonnes
villes, jusques à douse hommes des plus notables, et
25 messires Lambers [d'Oupé] , uns chevaliers moult sages .
Ossi la ducoise de Braibant i envoia son conseil et des
bonnes villes de Braibant des plus notables. Li dus
Aubers i envoiia ossi de la conté de Hainnau son con-
seil, messire Simon de Lalain, son baillieu, et des
30 autres; et furent ces gens tout venu à Tournai très le
sepmaine de la Pasque. Ghil de Gand i envoiièrent
[1382] UVRK DBUXIÈMS, § 167. 909
doose hommes des lem^, desquels Phdippes d'Ârte-
vdle fil tous diiés; et estoient cil de Gand adcHit si
bien d'aooord que pour tenir ferme et estable tout che
que chil douse rapoito*oient, excepté que nuls de
Gand ne rechust mort. Mais, se il plaissoit au conte, 5
leur signeur, que chil qui estoient demorant en la ville
outre sa volonté fuissent pugni par ban [et] bani de
Gand et de la conté de Flandres à tousjours sans nul
rappel ne espérance de ravoir la ville ne le pais, sus
œl estât estoient il tout fondé ; et voloit bien Phe- io
lippes d'Artevelle, se il avoit oourouchié le conte,
quoi que moult petit einst esté encore en l'office de
estre cappitaine de Gaind, [estre] li uns de ceulx qui
perderoient la ville et le païx, pour la grant pité que
il avoit dou menu peuple de Gand ; et comment, quant i5
il se départi de Gand pour venir à Tournai, hommes,
femmes et enflbns sus les rues se jetèrent en genoulx
devant lui en joindant les mains et em priant, à quel
mesdiief que ce fust, que à son retour il raportast la
pais, pour celle pité ot il si grant compasion que il 20
voloit faire che que je vous ai dit.
§ S67. Quant chil de Bràibant, de Hainnau et de
Liège, qui là estoient envoiiet à Tournai en cause de
estre bons moiiens, eurent séjourné en la citté de
Tournai trois jours, en atendant le conte qui point ne 25
venoit ne apparant n'estoit de venir, si en furent tout
esmervilliet, et eurent conseil et accord Tun par l'autre
que il envoiieroient à Bruges devers li, enssi comme
il fissent; et i envoiièrent messire Lambiert [d'Oupé],
et de Bràibant le seigneur de Grupelant, et de Hainnau 30
messire Guillaume de Herimés et sis bourgois des trois
%iO GHRONIQUSS DE J. FR0I8SART. [1382]
pals. Quant li oontes de Flandres \eï ces dievaliers,
il les festoîa par raisson aasés bien» et leur respondi
que il n*estoit point aissiés tant que à présent de venir
à Tournai, mais, pour la cause de che que il s'estoient
5 travilliet de venir à Bruges et pour Tonneur de leurs
signeurs et dame, madame de Braibant, sa suer, le
duc Aubert, son cousin, et Tevesque de Liège, il
envoieroit à Tournai par son conseil hastéement res-
ponse finable et ce qu'il en avoit en pourpos de faire.
40 Ghil troi chevalier ne cil bourgois n'en peurent avoir
autre cose. Si retournèrent à Tournai, et recordèrent
ce que il avoient oï dou conte et trouvé.
Siis jours apriès vinrent là à Tournai de par le ocxite
li sires de Ramseflies, li sires de Grutus, messires
15 Jehans Yillains et li prevos de Harld>èque. Cil esou-
sèrent le conte envers les consaulx des trois païs de
che que point n'estoit venus ne ne venoit, et puis dis-
sent et remonstrèrent se intention que cil de Gand ne
pooient venir à pais envers lui, se tout li homme
20 generaulment de Gand, dessus l'eage de quinse ans
jusques à soissante ans, ne wuidoient tout de la ville
et tout nu chief et en pur leurs chemises, les bars ou
col; et enssi venroient entre Bruges et Gand où li
contes les atenderoit, et là feroit de eulx sa pure
25 volonté dou mourir ou dou pardonner. Quant ceste
response fu faite et la connissance en fu venue à ceulx
de Gand par le relation faite de ceulx des consaulx
des trois pals, il furent plus esbabi que onques mais.
Âdont leur dist li baiUieux de Hainnau : c Biau
30 signeur, vous estes tout en grant péril, et cascuns de li
méifsmes. Si aiiés avis sur ce, car ce que li contes nous
a daraine[ment] estroitement segnefiiet, nous le vous
[4382] LIVAK DSUXliMB, § 268. 214
ferons plamement aoertefiier, et, quant vous vos serés
mis plainement par che parti en sa volenté, il ne fera
pas morir tous ceux que il vera en sa présence, mais
aucuns qui l'ont plus courouchié que li autre ; et i ara
tant de bons moiiens, avoec pité qtii s*i metera, que, 5
espoir, cQ qui se quideront ou péril et ou dangier de
la mort, venront à merchi. ^ prendés ceste ofire
avant que vous le refussés, car, quant vous Tarés
refussé, espoir, n'i pores vous retoume[r]. » — *
€ Sire, respondi Phelippes d'Ârtevelle, nous ne sommes 40
pas chargiet si avant que les bonnes gens de la ville
de Gand mettre en ce parti, ne ja ne le ferons ; et, se
li autre qui sont en Gand, nous revenu vers eux et
remonstré le pourpos de Monsigneur, [le voellent], ja
pour nous ne demo[r]ra que il ne se face. Si vous 15
remercions grandement de la bonne diligence et dou
grant traveil que vous avés eu en ce pourcas. > Adont
prissent dl congiet as chevaliers et as bourgois des
bonnes villes des trois pals, et monstrèrent bien par
samblant que il n'acorderoient pas ce darainier pour^ 20
pos ne traitiet. Si vinrent Phelippes d'Ârtevelle et si
oompaignon à leurs hostels, et paiièrent partout, et s'en
retournèrent par Ât en Braibant à Gand.
§ 268. Enssi se départi icils parlemens fais et assam^
blés en istance de bien à Tournai, et retournèrent 25
cascuns en son lieu. Encores a li contes de Flandres à
demander quel cose cil de Gand avoient respondu ; si
petit les amiroit ne prisoit il, ne pour riens adont il ne
vosist nul traitiet de paix, car bien savoit que il les
avoit si avant menés que il ne pooient plus et que 80
nullement il ne pooit [demorer] que temprement il
tiî GHR0NIQUK8 DB J. FR0I8SART. [1382]
n'euist fin de guerre honnerable pour lui, et metlermt
Gand en tel parti que toutes autres villes se exem-
plieroient.
En ce temps se révélèrent enoores ceulx de Paris
5 pour tant que li rois de France ne venoit point à Paris,
mais aloit tout à Tenviron prendre ses esbatemens,
sans entrer en Paris. Si se doubtèrent que de nuit par
gens d'armes il ne feïst enforchier Paris et courir la
citté et faire morir lesquels que il voroit; et, pour la
10 doutance de ce péril et de ceste aventure, dont il
n'estoient pas bien asseuré, il faissoient dedens Paris
toutes les nuis par rues et par quarfors grans gais et
levoient toutes les quaisnes, adfin que on ne peuist
chevauchier ne aler à piet entre eux ; et, se nuls estoit
15 trouvés puis le son de noef heures, se il n'estoit de
leur connissance ou de leurs gens, il estoit mors. Et
estoient, en la citté de Paris, de rices et poissans
hommes armet de piet en cap, la sonune de trente
mille hommes, ossi bien ar[re]és et apariUiés de toutes
20 pièces comme nuls chevaliers poroit estre, et avoient
leurs variés et leurs maisnies armés à l'avenant, et
avoient et portoient maillés de fier et d'achier, peril-
leus bastons pour effondrer hiaumes et bachinès; et
dissoient en Paris, quant il se nombroient, que il
25 estoient bien gens, et se trouvoient par paroces, tant
que pour combatre de eux melsmes, sans autre aide,
le plus grant signeur dou monde. Si appelloit on ces
gens les routiers et les maillés de Paris.
§ 269. Quant Phelippes d'Ârtevelle et si oompai*
30 gnon rentrèrent en Gand, moult grant fuisson de menu
peuple qui ne desiroit que paix furent moult resjol
[138S] LIVRE DEUXIAmb, § Î69. 213
de leur veoue, et quidoieot oïr bonnes nouvelles. Si
vinrent à rencontre de li, et ne se peurent astenir que
il ne li demandaissent, en dissant : < À ! obiers sires
Pbelippes, resjoïssiés nous. Dittes nous comment vous
avés exploitié. » Â ces paroUes et demandes ne res- 5
pondoit point Pbelippes, mais passoit oultre et bai-
soit la teste ; et plus se taissoit, et plus le sieuoient et
le pressoient d'olr nouvelles. Une fois ou deus, en
alant jusques à son bostel, il leur respondi et leur dist :
c Retournés à vostres hostels maishui, Dieux nous iO
aidera; et demain, à noef beures, venés ou marcbiet
des devenres ; là orés vous toutes nouvelles. » Autre
response n'en peurent il avoir ; et vous di que toutes
manières de gens estoient moult esbabi. Quant Pbe-
lippes d'Artevelle fu descendus à son bostel, et cil qui 15
à Tournai avoient estet avoec li râlé as leurs, Piètres
dou Bos, qui desiroit à oïr nouvelles, s'en vint à l'os-
tel Pbelippe et s'enclol en une cambre avoecques lui,
et li demanda des nouvelles et comment il avoit exploi-
tié. Pbelippes li dist, qui riens ne li volt celler : c Par 20
ma foi. Piètres, à ce que messires de Flandres a res-
pondu par ceulx de son conseil que il a envoiiet à
Tournai, il ne prendera en la ville de Gand nullui à
merdu, non plus l'un que l'autre, i — c Par ma foi!
dist Piètres dou Bos, il a droit et est bien consilliés de 25
tenir ce pourpos et de enssi respondre, car tout i sont
participant otant bien li un que li autre. Or sui je
venus à me entente et à celle de mon bon maistre
Jeban Lion qui fu, car la ville est si entoueillie que on
ne le scet par [quel] coron destouellier. Or nous faut 30
prendre le frain as dens ; or vera on les sages et les
bardis. En dedens briefs jours, la ville de Gand sera
214 CHRONIQUES DM h FR0I8SABT. [1382]
la plus honnourée ville des crestiiens ou li plus abatue.
 tout le mains, se nous moroqs en ceste querellei
ne aiorons nous pas seuU. Or penssés anuit, Phelippe,
oominent vous leur puissiés demain faire relation de
5 che parlement qui a esté à Tournai, par telle manière
que toutes gens se contentent de vous, car vous estes
grandement en la grâce de tout le peuple par deus
voies : li une si est pour la cause dou non que vous
portés, car moult amèrent jadis en ceste ville Jaque-
10 mart d'Ârtevelle, vostre père ; et li autre est que vous
les aparlés doucement et sagement, sicom il le dient
communalment parmi la ville ; pour quoi il vous cre-
ront, pour vivre et pour mourir, de tout che que
vous leur remonsterés et que en fin de conseil vous
15 leur dires : < Pour le milleur, je feroie enssi. i Pour
tant vous faut il que vous aiiés bon avis et seur de
remonstrer parolle où vous aiiés honneur au tenir. >
— c Piètres, dist Phelippes, vous dites vérité, et je
pensse tellement à parler et à remonstrer les besongnes
20 de Gand que entre nous, qui en sommes gouvreneur
à présent et cappitainnes, i morons ou viverons à
honneur. > Il n'i eut pour celle nuit plus dit ne fait,
mais prissent congiet Tun à l'autre. Piètres dou Bos
retourna à son hostel, et Phelippes d*Artevdle demora
25 ou sien.
§ S70. Vous devés savoir et croire veritablemait que,
quant chils jours désirés fu venus que Phelippes d'Ar^
tevelles deut generallement recorder les nouvelles
telles que raportées avoit dou parlement de Tour-
30 nai, toutes gens de la ville de Gaind se tralssent ou
marchiet des devenres; et fu par un merquedi au
[1382] UVBX DBUXIÈICB, § 270. 245
matio. Dou peuple qui là estoit asamblés, fu li mar^
chiés tous plains. Droit à noef heures, Pheiippes d' Ar-
tevelle. Piètres dou Bos, Piètres le Viotre, François
Acreman et les cappitaines vinrent : si entrèrent en
la halle et montèrent amont. Âd<Hit se amonstra Phe- 5
lippes as phenestres, qui conunendia à parler et dist :
€ Bonne gent de Cent, il est bien vmrs que, à la priière
et traitié de très honnourée, haute et noble dame
madame de Braibant et de nos chiers et nobles signeurs
monsigneur le duc Âubert, bail de Hainnau, de Hol- iO
lande et de Zellande, et de monsignair Tevesque de
liège, uns parlemens fut assignés et aoordés à estre à
Tournai les jours passés ; et là devoit estre personnel-
lement nos sires, monsigneur de Flandres, et Tavoit
acertefiiet as dessus dis, liquel s'en sont grandement 15
aquité, car il ont là envoiiet notablement de leur
plus espedaulx consauU, dievaliers et bourgois des
bonnes villes, eux, et nous de par la ville de Gaind.
Nous et eux fumes là et avons esté tous les jours, aten-
dans monsigneur de Flandres, qui point n'i est appa- 20
rus ne venus. Et quant on veï que point n'i apparoit
ne venoit ne n'envoioit, troi chevalier des trois païs et
sis bourgois des bonnes villes se travillèrent tant pour
l'amour de nous que il allèrent à Bruges, et là trou-
vèrent Monsigneur qui leur fist bonne chière, sicom il 25
dient, et les oï volentiers parler. U respondi à leur
paroUe, et dist que, pour l'onneur de leurs signeurs
et de sa belle suer, madame de Braibant, U envoieroit
de son conseil à Tournai, dedens dnc jours ou sis, si
bien fondé de par lui que cil diroient et remonsteroient 30
plainement se intention et ce que arestéement il en
feroit. Il ne peurent avoir autre response : bien leur
216 GHR0NIQUK8 DE J. FR0U8ART. [1382]
souffi, il retournèrent. Oa jour que messires i assigna,
vinrent à Tournai de par lui li sires de Ramseflies, li
sires de Grutus, messires Jehans Yillains et li prevos
de Harlebecque. Ghil remonstrèrent moult bellement la
5 volenté [de Monsigneur] et le certain arrest de oeste
guerre comment pais i puet estre entre Monsigneur et
la ville de Gand. il voelt, et determinéement il dist que
autre cose il n'en fera, que tout honune de la ville de
Gand, excepté les prelas d'église et les religieux, dessus
10 Teage de quinse ans et desouls l'eage de soissante ans,
soient tout nu en leur lingnes draps, nus chiefs et [nus]
pies, et, les bars ou col, partent et vuident de la ville de
Gand et voissent jusque à Douze et oultre eus es plains
de Burlesquans ; et là sera mesires de Flandres et ceuls
15 que il li plaira à amener. Et, quant il nous vera en ce
parti tout en genoulx et mains jointes crians merdii,
il ara pité et compasion de nous, se il li plaist ; mais
je ne puis pas veoir ne entendre par le relation de
son conseil que il n'en conviengne morir honteusse-
20 ment, par pugnition de justice et de prisons, la gri-
gneur partie dou peuple qui là sera venu en ce jour. Or
regardés se vous voilés venir à pais par ce parti. >
Quant Phelippes ot parlé, ce fut grans pités de veoir
hommes, femmes et enffiints plorer et tordre leurs
25 poins pour l'amour de leurs maris, de leurs pères, de
leurs voisins, de leurs frères. Après ce tourment de
noisse, Philippes reprist la paroUe et dist : c Or paix !
paix ! > Et on se teut tout, sitretos comme il recom-
mencha à parler et dist : c Bonnes gens de Gand,
30 vous estes en ceste place la grigneur partie dou peuple
de Gand chi assamblé. [Si] avés oï che que jou ai dit :
[si] n'i voi autre remède ne pourveance nulle que brief
[1382] UVRI DKUXIÉlfB, S 270. 247
conseil, car vous savés comment nous sonomes menet
et astraînt de vivres; et il i a tels trente mille testes
en ceste viUe qui ne mengièrent de pain, passet a
quinse jours : [si] nous faut faire des trois coses Tune.
La première si est que nous nos encloons en ceste ville 5
et entièrons toutes nos portes, et nous confessons à
nos loiaux pooirs et nous boutons en églises et en
moustiers, et là morons confès et repentans, comme
gens martirs de qui on ne voelt avoir nulle pité. En
cel estât, Dieux ara merchi de nous et de nos âmes, 10
et dira on, partout où les nouvelles en seront oïes et
sceues, que nous sommes mort vaiUanment et conmie
loial gent. Ou nous nos mettons tout en tel parti que
hommes, fenmies et enfians alons criier merchi, les
hars ou col, nus pies et [nus] chiefs, à monsigneur de 15
Flandres : il n'a pas le coer si dur ne si oscur que,
quant il nous vera en cel estât, que il ne se doie
humelier et amoliier et de son povre peuple il ne doie
avoir merchi ; et je tous premiers, pour li oster de sa
felonnie, présenterai ma teste et voel bien morir pour 20
l'amour de ceulx de Gand. Ou nous nos eslissons en
ceste ville cinc ou sis mille hommes les plus aidables et
les Doieux armés, et Talons quérir hastéement à Bruges
et ri combatre. Se nous sommes mort en che voiage,
die sera honnerablement, et ara Dieux pité de nous 25
et li mondes ossi ; et dira on que loiaument et vaiUan-
ment nous avons soustenu et parmaintenu nostre
querelle. Et, se en celle bataille Dieux a pité de nous,
qui anchiennement mist poissance en le main de
Judith, ensi [que] nos pères le nous recordent, qui 30
ochist Olifernès qui estoit desous Nabugodonosor dus
et maistres de sa chevalerie, par quoi li Asseriien
218 0HRONIQUB8 DE J. FROISSART. [i382]
fiirent desoonfit, nous serons li plus honnourés peu-
ples qui ait resgné puis les Roumaios. Or regardés
laquelle des trois coses vous voilés tenir, car Tune
faut il faire. »
5 Âdoot respondireot cal qui plus prochain de lui
estoient et qui le mieux sa paroUe oï avoient : c Ha!
chiers sirçs, nous avons tout en Gant grant fiance en
vous que vous nous consillerés : si nous dites lequel
nous ferons. » — c Par ma foi! respondi Phelippes,
10 je conseille que nous alons tout à main année devers
Honsigneur. Nous le trouverons à Bruges, et, lorsque
il sara nostre venue, il istera contre nous et nous oom-
batera, car li orgoes de ceux de Bruges, qui nous het,
est avoec lui ; et cil qui nuit et jour Tenfourment sur
15 nous li consilleront de nous combatre. Se Dieux
ordonne par sa grâce que la place nous demeure et
que nous desconfissons nos ennemis, nous serons
recouvré à tousjours mais et les plus honnerées gens
dou monde ; et, se nous sommes desconfî, nous morons
20 honnerablement, et ara Dieux pité de nous. Et parmi
tant li demorans de Gand se passera, et en ara mer-
chi li contes nos sires. >
À ces paroUes respondirent il tout de une vois :
c Et nous le volons, ne autrement nous ne finerons. >
25 Lors respondi Phelippes : c Or, [beaulx] signeur,
puisque vous estes en celle volenté, or retournés en
vos maissons, et apparilliés vos armeures, car demain
dou jour je voel que nous partons de Gand, et en alons
vers Bruges, car li sejoumers icfai ne nous est point
30 pourfîtables. Dedens cinc jours, nous sarons se nous
viverons à honneur ou nous morons à dangier, et je
envoiierai les connestables des parosces de maison en
fim] UVU DKUXlÈlfl, s 27!. 219
maiscMi pour prendre et ealire à eues les plus aidables
et les mieux armés. >
§ 871 . Sus cel estât se départirent en la ville de
Gand toutes gens qui à ce parlement avoit estet don
marchiet des devenres, et retournèrent en leurs mai- 5
sons ; et se appariilièrent, cascuns endroit de li, de oe
que à lui appertenoit, et tinrent che merquedi leur
ville si close que onques homs ne fenrnie n'i entra ne
n'en issi jusques au joedi à heure de relevée, que cil
furent tout prest qui partir dévoient. Et furent envi- iO
ron cinc mille hommes et non plus, et cargièrent envi-
ron deus cens chars de canons et d'artellerie, et set
chars seuUement de pourveances, cinc chars chergiés
de pain quit et deus chars de vins; et tout partout
n'en i avoit que deus tonniaulx, ne riens n'en demoroit iô
en la ville. Or r^ardés comment il estoient astraint et
menet. Au département et au prendre congiet, che
estcMt une pités de venir ceulx qui demoroient et ceuls
qui s'en aloient, et dissoient li demorant : c Bonnes
gens, vous veés bien à vostre département que vous 20
laissiés derrière. N'aiiés nulle espérance de retourner,
se ce n'est à vostre honneur, car vous ne trouve-
riés riens, et, sitos que nous orons nouvelles se
vous estes mort et desoonfi, nous bouterons le feu en
la ville, et nous destruirons nous meïsmes, ensi que 25
gens désespérés. » Ghil qui s'en aloient dissoient, en
iaulx reconfortant : c De tout che que vous dites, vous
parlés bien. Priiés pour nous à Dieu : nous avons
espoir que il nous aidera et vous ossi avant nostre
retour. » Enssi se départirent cil dnc mille hommes de 30
Gand et leurs petites pourveances; et s'en vinrent ce
220 CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART. [1382]
joedi lo^er et jesir à une heure et demie de Gand, et
n'amenrirent de riens leurs pourveances, mais se pas-
sèrent de ce que il trouvèrent sus le païs. Le venredi
tout le jour il ch[e] minèrent, et encores n'atouchièrent
5 il de riens à leurs pourveances, et trouvèrent li foura-
geur sus le pais aucunes coses, dont il passerait le
jour ; et vinrent che venredi logier à une grande lieue
de Bruges, et là s'arestèrent, et prisent place à leur
avis et pour atendre leurs ennemis, et avoient au de-
10 vant d'eus un grant plachiet plain d'aighe dormant.
De che lés là se fortefiièrent il à Tune des pars, et à
Tautre lés de leur charroi, et passèrent enssi la nuit.
§972. Quant che vint le samedi au matin, il fist moult
bel et moult cler, car che fu le jour Sainte Ëlaine et
15 le tierch jour dou mois de mai. Et che propre jour
siet la feste et le pourcession de Bruges, et à che jour
avoit plus de peuple en Bruges estragniers et autres,
pour la cause de la solempnité de la feste et pourcession,
que il n'eust en toute Fanée. Nouvelles avolèrent à
20 Bruges en dissant : c Vous ne savés quoi ? Li Gantois
sont venu à nostre pourcession. » Dont veissiés en
Bruges grant murmure et gens resvillier et aler de
rue [en rue] et dire l'un à l'autre : < Et quel cose aten-
dons nous que ne les alons nous combatre? » Quant
25 li contes de Flandres, qui se tenoit en son hostel, en
fu enfourmés, [si] li vint à grant mervelle, et dist: c Velà
folle gent et outrageus ! La maie mescance les cache
bien. De toute le compaignie jamais pies n'en retour-
nera. Or arons nous maintenant fin de guerre. > Âdont
30 oï li contes sa messe; et toudis venoient dievalier de
Flandres, de Hainnau et d'Artois, qui le servoient.
*
[1382] UVBB DEUXIÈME, $ 272. 22i
devers U, pour savoir quel oose il voroît faire. Eossi
comme il venoient, il les requelioit bellement, et leur
dissoit : c Nous irons combatre ces mesceans gens;
encores sont il vaillant, disoit li contes : il ont plus
diier à morir par espée que par famine. > 5
Àdont fil consilliet que on envoiieroit trois bonomes
d'armes chevaucheurs sour les camps, pour aviser le
convenant de ceux de Gand et comment il se tenoient
ne quelle ordonnance il avoient. Si furent dou mares-
dbal de Flandres ordonné troi vaillant homme d'armes 10
escuier, pour les aler aviser : Lambert de Lambres,
Damas de Bussi [et] Jehans du [Beart] ; et partirent
tout troi de Bruges et prissent les camps, montés sus
fleurs de coursiers, et chevauchièrent vers les ennemis.
Entrues que chil troi fissent che dont il estoient car- 15
giet, [s'ordonnèrent] en Bruges toutes manières de
gens en très grant volenté que pour issir et venir
combatre les Gantois, desquels je parlerai un petit et
de leur ordenance.
Che samedi au matin, Phelippes d'Ârtevelle ordonna 20
que toutes gens se meïssent envers Dieu en dévotion,
et que messes fuissent en pluiseurs lieux cantées, car
il avoient là en leur compaignie des Frères Religieux,
et que ossi cascuns se confessast et adrechast à son
loial pooir et [mesist] en estât deu, enssi que gens 25
qui atendoient la grâce et la mesericorde de Dieu. Tout
die fil fait : on célébra en Tost en set lieux messes, et
à cascune messe ot sermon, liquel sermon durèrent
plus de heure et demie. Et là leur fu remonstré par ces
clers. Frères Meneurs et autres, comment il se figu- 30
roient au peuple d'Israël que li rois Faraon d'Egipte tint
lonc tamps en servitude, et conmient depuis, par la
S2S GHRONIQUBS DB J. FROISSART. [IStt]
graoe de Diea, il en forent delivret et menet en tère
de promision par Moïse et Aaron, et li rois Pharaon
et li Egiptiien mort et péri, c Enssi^ bonnes gens,
dissoient chil Frère Preceur en leurs sermons, estes
5 vous tenu en servitude par vostre signeur le conte et
vos voisins de Bruges, devant laquelle ville vous estes
venu et arresté, et serés oombatu, il n'est mie doobte,
car vostre ennemi en sont en grant volenté, qui petit
émirent vostre poissance. Mais ne regardés pas à cela,
10 car Dieux, qui tout puet, tout set et tout congnoist, ara
roerchi de vous ; et ne penssés point à cose que vous
aiiés laissiet derière, car vous savés bien que il n'i a
nul recouvrier ne restorier, se vous estes desc(»ifi«
Vendes vous vàillanment, et inorés, se morir con-
iS vient, honnerablement, et ne vous esbahissiés point,
se grans peuples ist de Bruges contre vous; car
la victoire n'est pas ou [grant] peuple, mais là où
Dieux l'envoie et maint par sa grâce ; et trop de fois
on a veu, par les Macabiiens ou par les Roumains, que
20 li petis peuples de boine volenté et qui se confioit
en la grâce de Nostre Signeur, desconfissoit le grant
peuple. Et en ceste querelle vous avés bon droit et
juste cause par trop de raisons : si en devés estre plus
hardi et mieux conforté* > De telles paroUes et de
25 pluiseurs autres furent [par] les Frères Preceurs die
samedi au matin li Gantois prechiet et remonstré, dont
moult il se contentèrent ; et se acumeniièrent les troi
pars des gens de l'oost, et se missent tout en grant
dévotion, et monstrèrent tout grant cremeur avoir à
30 Dieu.
§ S73. Âppriès ces messes, tout se missent ensamUe
[13821 UVBS DSUXIÈlfS, § 273* 223
en un mont, et là monta Phelippes d'Ârtevelle sur un
dbar pour li monstrer à tous et pour estre mieos ois*
Et là parla de grant sentement, et leur remonstra de
point en point le droit que il penssoient à avoir en ceste
querdle, et comment par trop de fois la ville de 6and 5
avcMent requis et priiet merci envers leur signeur le
conte, et point n'i avoient peut venir sans trop grant
confusion et damage de ceulx de Gand. Or estoirat il
si avant trait et venut que reculler il ne pooient, et
aussi au retourner, tout considéré, riens il ne gaigne» 10
roient, car nulle cose derière fors que povreté et
tristrèce laissiet il n'avoient. [Si] ne devoit nuls pens-
ser après Gand ne à femme ne [enfans que il eusist,
fors que tant faire que li honneurs fiist leur. Pluseurs
belles parolles leur remonstra Phelippes, car bien fut 15
enlangaigiés et moût bien sçavoit parler, et bien lui
avenoit, et, sur la fin de sa parole, il leur dist :
€ Biaulx seigneurs, vous veés devant vous toutes vos
pourveances ; si les vuelliés bellement départir Fun à
l'autre, ensi que fibres, sans faire nuls outraiges, car, 20
quant elles seront passées, il vous fault conquérir des
nouvelles, se vous voulés vivre. »
A ces paroles se ordonnèrent il moût humblement,
et furent les chars deschargiés et les sachiées de pain
données et départies par connestablies et li tonnel de 25
vin tourné sus le fons. Là desjennèrent il de pain et
de vin raisonnablement et en heurent pour Teure
chascuns assés, et se trouvèrent après le desjunner
fors et en bon point et plus aidables et mieux aidant
de leurs membres que se il eussent plus mengié. 30
Quant [ce] (fisner fii passés, il se misent en ordon*
nance de bataille et se catirent entre leurs ribaudiaux.
224 GHR0NIQUS8 DB J. FROI88ART. [4382]
Ces ribaudiaux sont brouettes haulies, bendées de fer,
à longs picos de fer devant en la pointe, [qu*îl] font par
usage mener et brouetter avoec eubc ; et puis les arrou-
tèrent devant leurs batailles, et là dedans s'[en-
5 cloïrent]. En cel estât les veirent et trouverait les
trois chevaucheurs dou conte, qui i furent envoiié
pour aviser leur convenant, car il les approchièrent
de si près que jusques à l'entrer en leurs ribaudiaux,
ne oncques les Gantois ne s*en esmeurent, et mons-
iO trèrent par samblant que il feussent tout resjoui de
leur venue.
§ 874. Or retournèrent diil coureux à Bruges devers
le conte, et le trouvèrent en son hostel à grant fuison
de chevaliers qui là estoient, qui attendoient leur
15 revenue pour olr nouvelles. Il rompirent la presse et
vinrent jusques au conte, et puis parlèrent tout hault,
car li contes volt que il fussent ol des circonstans qui
là estoient, et remonstrèrent comment il avoient cl^-
vauchié si avant que jusques ou trait des Gantois, se
20 trairent volsissent, mais tout paisiblement il les avoient
laissié approuchier, et comment il avoient veu leurs
banières et comment il s'estoient repeus et quatis
entre leurs ribaudiaux. c Et quel quantité de gens,
dist li contes, puent il estre par advis? » Geulx res-
25 pondirent, selon leur advis au plus justement qu*il
peurent, que il estoient de cinc à sis mille. Âdont dist
li contes : c Or tost, faittes apparillier toutes gens ; je
les vueil aller combatre, ne jamais dou jour ne parti-
ront sans estre combatu. > Â ces paroUes sonnèrent
30 trompettes parmi Bruges, et s'armèrent toutes gens
et se assemblèrent sur le mardiié. Et ensi oonmie il
[1382] UYBM BBUXIÈMK, g 274. 225
veDoient, il se traioient tous et mettoient dessoubs les
banières, ensi que par ordonnance et oonnestablies il
ayoient eu de usaige. Pardevant Tostel dou conte se
assembloient barons, chevaliers et gens d'armes. Quant
tous furent apparilliés, li contes vint ou mardié et veï 5
grant fiiisson de peuple rengié et ordonné, dont il se
resjol : adont commenda il à traire sus les champs.
[A son commandement nuls ne desobeï, mais se dépar-
tirent tous de la place et se mistrent au chemin par
ordonnance et se tralrent sus les diamps], et gens iO
d*armes après.
Au vuider de la ville de Bruges, ce estoit grant plai-
sance dou veoir, car bien estoient quarante mil testes
armées. Et ensi tout ordonnéement à cheval et à pies
il s'en vinrent assésprès dou lieu où li Gantois estoient, 15
et là se arrestèrent. A celle heure, quant li contes de
Flandres et ses gens vinrent, il estoit haulte remontée
et le souleil s'en alloit tous jus. Bien estoit qui disoit
au conte : < Sires, vous voies vos ennemis; il ne
sont au regard de nous que une pungnée de gens. Il 20
ne puent fuir; ne les combatons meshui. Attendes
jusques à demain que le jour venra sur nous ; si ver-
rons mieux quel chose nous devrons faire et se seront
plus affoiblis, car il n'ont riens que mangier. > Li
contes s'acordoit assés à ce conseil, et eust voulentiers 25
veu que on eust ensi fait, mais chil de Bruges par
grant orgueil estoient si chaulx et si hastifs de eulx
combatre que il ne vouloient nullement attendre, et
disoient que tantost les aroient desconfis, et puis
retoumeroient en leur ville. Nonobstant ordonnance 30
de gens d'armes, car li contes en avoit là grant fuison,
plus de uit cens lances, chevaliers et escuiers, ceulx
X- 15
226 CHRONIQUES DS J. FROISSART. [13M]
de Bruges approchèrent et conuneocèreot à traire éL
à jetter de canons. Adont ceulx de Gand se misent
tous en ung mont et se recueillirent tous ensamble et
fisent tous à une fois desclicquer plus de trois cens
5 canons, et tournèrent autour de ce plasquier, et misent
ceulx de Bruges le souleil en Tueil, qui moût les greva,
et entrèrent dens eulx en escriant : c Gand ! > Sitost
que ceulx de Bruges oïrent la voix de ceulx de Gand
et les canons desclicquer, et que il les veïrent venir
10 de front sur eulx et assaillir asprement, craune las-
ches gens et plains de mauvais convenant, il se ouvri-
rent tous et laissièrent les Gantois entrer dens eulx
sans deffence, et jettèrent leurs bastons jus, et tour-
nèrent le dos.
15 Les Ganthois, qui estoient fors et serrés et qui
congneurent bien que leurs ennemis estoient desconfis,
commencèrent à abatre devant eubc à deux costés et
à tuer gens, et tousjours aller devant eubc, sans point
desrouter, le bom pas, et crier : c Gand ! Gand ! » et
20 à dire entr*eux : c Avant ! avant ! suivons chaudement
nos ennemis, il sont desconfîs, et entrons en Bruges
avoecq eulx. Dieu nous a ce soir regardés en pitié. >
Et ensi fisent il tous. Il poursuivirent ceulx de Bruges
asprement, et, là où il les raconsuivoient, il les aba-
25 toient et occisoient, ou sus eulx il passoient, car point
il n'arrestoient ne de leur chemin il n'issoient ; et ceulx
de Bruges, ensi que gens mors et desconfits, fuioient.
Si vous di que en celle chace il en i ot moût de mors
et de desconfits et d'abatus, car entr'eux point de def-
30 fence il n'avoient, ne onques si meschans gens que
ceulx de Bruges ne furent ne qui plus recreanment ne
laschement se maintinrent scelon le grant bobant que
[1382] LmUB DKUXiilIB, g 275. 227
au yexàr sus les champs fait il avoient. Et veulent li
aucun dire et supposer par imagination que il i avoit
traison, et les autres disent que non heut, fors povre
defence et infortunité qui cheï sur eulx.
§ SI75. Quant li contes de Flandres et les gens 5
d'armes qui estoient sus les champs veïrent le povre
arroi de ceulx de Bruges et comment d'eulx meismes
il estoient desconfi ne point de recouvrer il n'i veoient,
car chascuns qui mieux mieux fuioient devant les Gan-
tois, si furent eshahis et eshidé de eulx meïsmes, et se lO
conunencèrent ossi à desrouter et à saulver et à fuir
Tun sa et Tautre là. Il est bien vrai que, se il eussent
point veu de bon convenant ne d'arrest de retour à
ceulx de Bruges sur ceulx de Gand, il eussent bien fait
aucun fait d'armes et ensonniet les Gantois, par quoi, 15
espoir, il se fussent recouvrés ; mais nennil, il n'en i
veoient point, mais s'enfuioient chascuns qui mieux
mieux vers Bruges, ne le fils n'attendoit mie le père
ne le père le fils. Âdont se desroutèrent ossi ces gens
d'armes et ne tinrent point d'arroi, et n'eurent li plu- 20
seurs talant de traire vers Bruges, car la foule et la
presse estoit si très grande sus les champs et sur le
dionin en venant à Bruges que c'estoit grant hideur
à veoir et de oïr les navrés et les blechiés plaindre et
crier, et les Gantois aux talons de ceulx de Bruges 25
crier : c Gand! Gand! > et abatre gens et passer
oultre sans arrester. Ces gens d'armes le plus ne se
fussent jamais boutés en ce péril. MeXsmement li contes
fu conseilliés de retraire vers Bruges et de entrer
premiers en la porte, et de faire garder la porte ou 30
clorre, par quoi les Gantois ne l'esforchassent et feus-
228 CHRONIQUES DE J. FR0IS8ART. [1382]
sent seigneurs de Bruges. Li contes de Flandres, qui
ne veoit point de recouvrer de ses gens sus les champs
et que chascuns fuioit et que ja estoit toute noire nuit,
creï ce conseil et tint ce chemin et fist sa banière che-
5 vaucher devant lui, et chevaucha tant qu'il vint dedans
Bruges, et entra en la porte auques des premiers,
espoir, lui quarantime, ne plus ne se trouva il. Âdont
ordonna il ses gens pour garder la porte et pour
dorre, se les Gantois venoient, et puis chevaucha li
10 contes vers son hostel et envoia par toute la ville gens,
et [Bst] commandement que chascuns sus la teste perdre
se traisist vers le marché. L'intention don conte estoit
telle de recouvrer la ville par ce parti, mais non fist,
sicomme je vous recorderai.
15 § 876. Entretemps que li contes estoit en son hos-
tel et que il envoioit les clers des doiens des mestiers
de rue en rue, pour traire sur le marché et [recouvrer]
la ville, li Gantois qui entrèrent en la ville de Bruges en
poursuivant asprement leurs ennemis, le premier che-
20 min qu'i fisent sans tourner chà ne là, il s'en allèrent
tout droit sus le marchié, et là se rengièrent et arres-
tèrent. Messires Robert Mareschaux, ung chevalier dou
conte, avoit esté envoie à la porte pour sçavoir com-
ment on s'i maintenoit, entretemps que li contes fai-
25 soit son commandement qui cuidoit recouvrer la ville,
mais il trouva que la porte estoit volée hors des gons
et que li Gantois en estoient maistre ; et proprement il
trouva de ceulx de Bruges qui lui disent : c Robert,
Robert, retournés et vous sauvés, car la viUe est con-
30 quise de ceux de Gand. > Âdont retourna li chevaliers
au plus tost qu'il peut devers le conte, qui se partoit
[1382] UVRB DEUXIAmS, | 276. 229
de son hostel tout à cheval et grant fuison de falots
devant lui, et s'en venoit sus le marchié. Si lui dist ce
chevalier ces nouvelles. Nonobstant, li contes, qui vou-
loit tout recouvrer, s'en vint vers le marchié ; et, ensi
comme il i entroit à grant fuison de falots, en escriant : 5
c Flandres au lion au conte ! » oeulx qui estoient à
son frain et devant lui regardèrent et veirent que la
place estoit toute chargée de Gantois ; si lui disent :
c Monsigneur, pour Dieu, retournés. Se vous aies plus
avant, vous estes mors, ou pris de vos ennemis au lo
mieux venir, car il sont tous rengiés sus le marchié et
vous attendent. > Et ceulx lui disoient vérité, car li
Gantois disoient ja, si trestost comme il le veïrent
naistre d'une ruelle : c Yeci Monsigneur, ved le
conte ! Il vient entre nos mains. » Et avoit dit Phelipes is
d'Artevelle et fait dire de renc en renc : c Se li contes
vient sus nous, gardés bien que nuls ne lui face mal,
car nous l'enmenrons vif et en sancté à Gand, et là
arons nous paix à nostre voulenté. > Li contes, qui
venoit et qui cuidoit tout recouvrer, encontra, assés 20
près de la place où li Gantois estoient tous rengiés,
de ses gens qui lui disent : € Ha ! Monsigneur, pour
Dieu, n'aies plus avant, car li Gantois sont sei-
gneurs dou marchié et de la ville ; et, se vous entrés
ou marchié, vous estes mort; et encores en estes 25
vous en aventure, car ja vont grant fuison de Gan-
tois de rue en rue, querant leurs ennemis, et ont
mesmemçnt assés de oeulx de Bruges, qui les mènent
quérir d'ostel en hostel ceulx qu'i veullent avoir;
et estes [tous] ensooniés de vous sauver, ne par 30
nulles des portes de Bruges ne vous poués [issir ne
partir que vous ne soies ou mors ou pris, car] li Gan-
280 GHR0NIQUB8 DB J. FR0I8SART. [!382]
tois en sont seigneur, ne à vostre hostel ne poués
vous retourner, oar il i vont une grant route de Gan-
tois. »
Quant le conte entendi ces nouvelles, si lui forent
5 très dures, et bien i ot raison, et se commença gran-
dement à eshider et à imaginer le péril où il se veoit,
et creut conseil de non aler plus avant et de lui saut-
ver, se il pouoit. Et fo tantost de lui meïsmes consdl-
liés : il fist estaindre tous les falots qui là estoient, et dist
iO à ceulx qui dalés lui estoient : c Je voi bien quUl n*i a
point de recouvrer. Je donne congiet à tout homme,
et cbascuns se saulve qui puet ou scet. > Ensi comme
il ordonna, il fo fait; les falots furent estaints et gettés
dedans le[s] russiaux, et tantost s'espardirent et demu-
15 chièrent ceulx qui là estoient. Si se tourna li contes en
une ruelle, et là se iBst desarmer par ung sien varlet
et jetter toutes ses armeures aval, et vesti la hoppe-
lande de son varlet, et puis li dist : c Va t'an ton die-
min, et te saulve, se tu pues. Aies bonne bouche : se
20 tu eschiés es mains de mes ennemis et on te demande
de moi, garde bien que tu n'en dies riens. > — c Mon-
signeur, respondi chil, pour mourir ossi ne ferai je. >
Ensi demora li contes de Flandres tout seul, et pouoit
bien adont dire que il se trouvoit en grant aventure,
25 car, à celle heure, [se] par aucune infortunité, il fust
escheus ens es mains des routes qui aval Bruges
estoient et alloient et qui les maisons serchoient et les
amis dou conte ocdsoient ou ens ou marchié les ame-
noient, et là tantost devant Phelippe d'Ârtevelle et les
30 cappitaines il estoient mort et esservelé, sans nul moien
ou remède il eust esté mort. Si fo Dieu proprement
pour lui, quant de ce péril il le délivra et saulva, car
[1382] LIVUE DEUXIAmS, § 277. 231
onques en si grant péril en devant n'avoît esté ne ne
fil depuis, siccunme je vous recorderai présentement.
§ S77. Tant se demucha, à ioelle heure, environ mie-
nuit ou ung peu oultre, li contes de Flandres par rues
et par ruelles que il le convint entrer de nécessité, 5
autrement il eust esté trouvé et pris des routiers de
Gand et de Bruges ossi qui parmi la ville aloient, en
Tostel d'une pouvre femme. Ce n'estoit pas hostel de
seigneur, de sales, de cambres ne de manandries,
mais une povre maisonnette enfumée, ossi noire que lo
arremens de fumiere de tourbes, et n'i avoit en celle
maison fors le bouge devant et une povre tente de
vièle toille enfumée pour esconser le feu, et pardessus
un povre solier ouquel on montoit à une eschelle de
set eschellons. En ce solier avoit un povre litteron où 15
li povre enfant de la femmelette gisoient.
Quant li contes fut, tout seul et tout esbahi, entré en
celle maison, il dist à la femme, qui estoit toute
e£Breé[e] : c Femme, sauve moi! Je suis tes sires le
conte de Flandres, mais maintenant il me fault repourre 20
et mussier, car mes ennemis me chassent, et dou bien
que tu me feras je t'en donrai bon guerdon. > La povre
femme le recongoeut assés-, car elle avoit esté plusieurs
fois à l'aumosne à sa porte : si Tavoit veu aller et
venir, ensi que ungs sires va en ses déduis, et fu tan^ 25
tost avisée de respondre, dont Dieu aida au conte, car
elle n'eust peu si petit detrier que on eust trouvé le
conte devant le feu parlant à elle : € Sire, montés
amont en mon solier, et vous bout[és] dessoubs un lit
où mes enfans dorment. > Il le fist, et entretemps la 30
femme se essonia en son hostel entour le feu et à ung
232 GHRONIQUBS DE J. FROISSART. [4382]
autre petit enfaDt qui gisoit en uog repos. Li contes de
Flandres entra en ce solier et se bouta, au plus belle-
ment et souef que il pot, entre la coûte et Testrain de
ce povre Hteron ; et là se quati et fist le petit : faire li
5 convenoit.
Evous ces routiers de Gand qui routoieot, qui
entrent en la maison celle povre femme, et avoient, ce
disoient aucuns de leur route, veu un homme entrer
ens. Il trouvèrent celle povre femme séant à son feu,
10 qui tenoit son enfant. Tantost il lui demandèrent :
c Femme, où est uns homs que nous avons veu entrer
seans et puis reclorrc Fuis? > — c Et, par ma foi,
dist elle, je n'i vel de celle nuit entrer honmie céans ;
mais j'en issi, n'a pas granment, et jettai hors un pou
15 d'eaue, et puis recloï mon huis. Ne je ne le sçaroie où
mussier ; vous veés toutes les aisemences de oeans ;
velà mon lit, là sus gisent mes enfans. > Adont prist
li uns une chandelle, et monta amont sus l'eschellette
et bouta sa teste ou solier, et n'i vel autre chose que
20 le povre litteron des enfans qui dormoient. Si regarda
il bien partout hault et bas. Âdont dist il à ses com-
paignons : c Âlons ! alons ! nous perdons le plus pour
le mains. La povre [femme si] dist voir : il n'i a ame
ceaps fors elle et ses enfans. > Â ces parolles issirent
25 il hors de Thostel de la femme et s'en allèrent router
autre part. Onques puis nuls n'i rentra qui mal i
voulsist.
Toutesfois ces paroles avoit oïes li contes de Flan-
dres, qui estoit couchés et catis en ce povre litteron«
30 Si poués bien imaginer que il fu adont en grant effroi
de sa vie. Quel chose pouoit il là, Dieux, penser ne
imaginer? Quant au matin, il pouoit bien dire : c Je
[!382] LITRB DEUXIÈMB, § 278. 233
suis li uns des grans princes dou monde des cres*
tiens, » et la nuit ensuivant il se trouvoit en telle peti-
tesse, il pouoit bien dire et imaginer que les fortunes
de ce monde ne sont pas trop estables. Encores grant
heur pour lui, quant il s'en pouoit issir saulve sa vie. 5
Toutesfois ceste périlleuse et dure aventure lui devoit
bien estre ung grant mirouer et doit estre toute
sa vie.
Nous lairrons le conte de Flandres en ce parti, et
parlerons de ceulx de Bruges et comment les Gantois iO
persévérèrent.
§ S78. François Âcremen estoit li ungs des plus
grans capitaines des routiers, et envoies de par Phe-
lippe d'Ârtevelle et Piètre dou Bois, pour cherchier et
router en la ville de Bruges; et il gardoient le marchié 45
et gardèrent toute la nuit et au landemain, quant on se
veï comme seigneur de la ville. Bien estoit deffendu
aux routiers que il ne portassent nul dommaige ne nul
contraire aux marchans ne bonnes gens estrangiers
qui pour ce temps estoient à Bruges, car il n'avoient 20
que faire de comparer leur guerre. Ghils commande-
mens fut assés bien tenu et gardés, ne oncques Fran-
çois ne sa route ne fisent nul dommaige à nul homme
estrange. La buschette cheue estoit et jettée des Gan-
tois sus les quatre mestiers de Bruges, coUetiers, vies- 25
wariers, bouchiers et poissonniers, à tous occire sans
nul déport quanques on en trouveroit, pour tant que
tondis il avoient estes de la faveur dou conte et devant
Âudenarde et ailleurs. On alloit par ces hostels querre
ces bonnes gens, et, là où il estoient trouvé, [il es- 30
toient] mort sans merci. Celle nuit en i ot occis plus
284 CHRONIQUES DE J. FROI88ART. [I382|
de douse cens, que ungs que autres, et fais plusieurs
autres murdres, larrechins et autres mauvais fais qui
poiut ne vinrent tous à oongnoissanoe, et moût de mai»
sons et de fenunes robées et pillées et destruittes et de
5 oo£Bres effondrés, et tant fait que les plus povres de
Gand furent tous riches.
Le dimanche au matin, à set [heures], vinrent les
joieuses nouvelles en la ville de Gand que leur gens
avoient desconfî le conte, sa chevalerie et ceubc de
10 Bruges, et estoient par conquest seigneurs et maistres
de Bruges. Vous poués bien croire et savoir que, à ces
nouvelles à Gand, ce fu uns peuples resjouls, qui en
transses grandes et tribulations avoient esté, et fisent
par les églises plusieurs processions et afflictions, en
45 louant Dieu, qui tellement les avoit gardés et tellement
reconfortés que envoie ha à leurs gens victoire. Plus
leur venoit li jours avant, plus leur venoit bonnes nou-
velles, et estoient si tresperchié de joie que il ne sça-
voient auquel entendre ; et je le di pourtant que, se li
20 sires de Harselles, qui demorés estoit en Gand, heust
prins, ce dimanche ou le lundi ensuivant, trois ou
quatre mil honunes et si s'en fust venu à Audenarde,
il eust la ville à sa voulenté, car chil de Audenarde
estoient si esbahi, quant ces nouvelles oïrent, que à
25 paines pour la paour de ceulx de Gand que il ne vui-
doient leur ville et fiiioient à sauveté en Hainnau ou
ailleurs, et furent tous apparilliés, mais nouvelles n'en
ooient . Si recuiUirent couraige et confort, quant il veïrent
que [ceulx de Gand ne venoient point ne] nulles nouvelles
30 n'en oïrent, et ossi trois chevaliers qui là estoient et qui
s'i boutèrent, messires Jehans Barnages, messires Thier-
ris d'Ânvaing et messires Florens de Heule, chil troi che-
[1382] LI7RB DEUXliME, S 279. 235
valîer gardèrent, conseiilièreDt et oonfortèreot les gens
d'Âudenarde jusques à tant que messires Daniaux de
Halwin i vint depuis et i fu envoies de par le conte, ensi
que je vousreoorderai, quant je serai venus jusques à là.
§ 279. Oncques gens qui sont au desure de leurs 5
ennemis, ensi que œulx de Gand furent adont de ceubt
de Bruges, ne se portèrent ne passèrent plus bellement
de ville que ceulx de Gand fisent adont de ceulx de
Bruges, car oncques il ne fisent mal à nul homme des
menus mestiers, se il n'estoit trop villainement accu- iO
ses. Quant Pbilippes d'Ârtevelle, Piètres dou Bois et
les cappitainnes de Gand se virent au deseure de la
ville de Bruges, et que tout estoit en leur commande-
ment et obeïssance, on fist un ban de par Philippe
d'Artevelle, Piètre dou Bois et les bonnes gens de Gand, 15
que sur la teste toutes manières de gens se traïssent
bellement à leurs hostels, et que nuls ne pillast ne
efiPorsast maisons ne ne presist riens de Tautrui, se il
ne le paioit, et que nuls ne se logast ou logement d'au-
trui, et que nuls ne esmeut meslée ne debas sans com- 20
mandement, et tout sus la teste.
Adont fu demandé se on sçavoit que li contes estoit
devenus. Li aucuns disoient que il estoit issus de la
ville très le samedi, et li autres disoient que encores
estoit il à Bruges et repus quelque part où on le por- 25
roit trouver. Les capitaines de Gand n'en fisent compte,
car il estoient si resjoïs de la victoire que il avoient et
de ce que au dessus de leurs ennemis se veoient, que il
n'acootoient riens à conte ne à baron ne à chevalier
qui fust en Flandres, et se tenoient si grant que tout 30
venroient, se disoient il, en leur obeïssance. Et regar-
236 GHRONIQUBS DE J. FROISSART. [1382]
dèrent Phelippes d'Ârtevelle [et Piètres dou Bos] que,
quant il se partirent de Gand, il Tavoient laissiée des-
garnie et despourveue de tous vivres tant que de vins
et de blés il n'i avoit riens. Si envoièrent tantost une
5 quantité de gens au Dan et à l'Ëscluse, pour estre sei-
gneur de ces villes et des pourveances qui dedans
estoient, et repourveïr la ville de Gand. Quant oeulx
qui envoies i furent vinrent au Dam, on leur ouvri les
portes, et fu toute la ville et les pourveanœs mises en
10 leur commandement. Âdont furent trais de ces biaux
celliers au Dam tout le vin qui là estoit de Poitou, de
Gascoingne, de la Rochelle et des loingtaines mardies,
plus de sis mil tonniaux, et mis à voitures et à nefs, et
envoies à Gand par chars et par la rivière, que on dist
15 le Lieve. Et puis passèrent ces Gantois oultre, et vin-
rent à l'Esduse, laquelle ville se ouvrit contre eulx et
se mist en leur obéissance ; et là trouvèrent il grant
fuison de blés [et] de farines en tonniaux, en nefs et en
greniers de marchans estrangiers. Tout fu mis pour
20 ceulx de Gand à voiture et envoie à Gand tant par
chars conmie par eaue. Ensi fu la ville de Gand rafres-
chie et repourveue et délivre de misère par la grâce
de Dieu. Autrement ne fut che mies, et bien en deubt
souvenir à ceulx de Gand que Dieu leur avoit aidié
25 plainement, quant de cinc mil hommes tous a£hmés
avoient devant leurs maisons desconfi quarante mil
hommes. Or se gardent de eulx enorgueillir et leurs
cappitaines ossi ! Mais non feront : il s'enoi^ueilliront
tellement que Dieu s'en courroucera et leur remons-
30 trera leur oi^ueil avant que Tan soit oultre, sicomme
vous recorderons en Tistoire, et pour donner exemple
à tous autres.
[1382J LTVRK DEUXIÈMK, § 280. 237
§ S80. Je fus adoDt informés, et je le vueil bien
croire, que le dimanche de nuit le conte de Flandres
issi de la ville de Bruges. La manière, je ne le sçai pas,
ne ossi se on lui fist voie à aucune des portes ; je croi
bien que oï, mais il issi tout seul et à pies, vestu d'une 5
povre et simple hoppelande. Quant il se trouva aux
champs, il fu tout resjoïs, et pooit bien dire que il
estoit issus de grant péril, et commença à cheminer
à Taventure, et s'en vint desoubs ung buisson pour
aviser quel chemin il tenroit, car pas ne congnoissoit 40
les chemins, car oncques à pies ne les avoit allés. Ensi
que il estoit desoubs ce buisson et là quatis, il entent
et 01 parler ung homme ; et c'estoit un sien chevaUer
qui avoit espousée une sienne fille bastarde, et le nom-
moit on messire Robert Marescaut. Le conte le recon- 15
gneut au parler; si lui dist en passant : c Robin, es tu
là? > — c Oï, Monseigneur, > dist li chevaliers qui
tantost recongneut le conte; c vous m'avés hui fait
biaucop de paine à serchier autour de Bruges. Gom-
ment en estes vous issus? > — c Allons, allons, dist 20
li contes, Robin, il n'est pas heure de chi recorder ses
aventures. Fai tant que je puisse avoir un cheval, car
je suis ja las d'aller à pies, et prens le chemin de Lisle,
se tu le scés. > — c Monseigneur, dist Robin, oï, je
le sçai bien. » Adont cheminèrent il toute ceste nuit 25
et le landemain jusques à prime, ainchois que il peus-
sent recouvrer d'ung cheval. Et, le premier que le
conte heut, ce fu une jument que il trouvèrent cheux
ung preudomme en ung villaige. Si monta sus li contes
sans selle et sans painel, et vint ensi ce lundi au soir, 30
et se bouta par les champs, ou chastiau de Lisle. Et là
se retrouvoient la greigneur partie des chevaliers qui
288 CHRONIQUES BZ J. FROISSAIT. [1382]
estoient eachappet de la bataille de Bruges et s'estoient
sauvet au mieux qu'il avoient peu, li aucuns à pies et
les autres à cheval. Et tous ne tinrent mie ce (^emin,
mais s'en allèrent li aucuns par mer en Hollande et en
5 Zelande, et là se tinrent tant qu'il oïrent autres nou-
velles. Messires Guis de Ghistelles arriva à boin port,
car il trouva en Zelande en l'une de ses villes le conte
Ghui de Blois, qui lui fist bonne chière et lui départi
de ses biens largement, pour lui remonster et remettre
10 en estât deu, et le retint dalés lui tant que il volt
demeurer. Ensi estoient li desbareté reconfortés par
les seigneurs de là où il se traioient, qui en avoient
pitié, et c'estoit raisons, car noblesse et gentillesse
doivent estre aidies et conseilUes par gentillesse.
45 § SI81 . Ces nouvelles s'espardirent en trop de lieux
et de païs, et de la desconfîture de ceubc de Bruges et
de la desconfiture leur seigneur, comment les Gantois
les avoient desconfîs. Si en estoient toutes manières
de gens resjol, et especiallement communautés, tant
20 ceulxdes bonnes villes [que autres; mesmement celles]
de Tevescbié de Liège en estoient si lies qu'il sambloit
proprement que la besoingne fust leur. Ossi furent
ceulx de Rouam et de Paris, se plainement en osassent
parler. Quant pape Clément oït les nouvelles, il pensa
25 ung petit et puis dist que celle desconfiture avoit esté
une verge de Dieu pour exemplier le conte, et que il
lui envoioit celle tribulacion pour la cause de ce qu'il
avoit esté rebelles à ses oppinions. Aucun autre grant
seigneur disoient en France et ailleurs que li contes ne
30 faisoit que ung peu à plaindre, se il avoit ung petit à
porter et à soufifrir, car il avoit esté si presumptueux
[13M) UVU DKUnÈMB, 1 282. 2N
que il n'amiroit dqI seigneur voisin que il eust, ne roi
de France ne aultre, se il ne venoit Uen à point audit
oonte ; pour quoi il le plaindoient mains de ses persé-
cutions. Ensi avient, et que li proverbes soit voirs que
on dist, car, à cellui à qui il meschiet, chascuns lui &
mesofire. Par especial, ceulx de Louvaing furent tout .
resjoï de la victoire des Gantois et de Fanoi dou conte,
car il estoient en différend et en dur parti envers le
duc Wincelin de Braibant, leur seigneur, qui les vou-
loit guerroier et abatre leurs portes ; mais ores s*en to
tenra il mieux en paix. Et disoient ensi en la ville de
Louvaing : c Se Gand nous estoit ossi prochaine sans
nul contredit que la ville de Brouxelles est, nous serions
tout ung avoecq eulx, et eulx avoecq nous. > De toutes
leurs devises et leurs parolles estoient informet li dus
de Braibant et la duchesse, mais il convenoit clugnier i5
leurs ieulx et baissier les chiefs, car pas n*estoit heure
de parler.
§ 28S. Geulx de Gand, eulx estans en' Bruges, i
fisent moult de nouvelletés, et avisèrent que il aba- 20
troient au lés devers eubc deux portes et les murs, et
feroient emplir les fossés, affin que ceulx de Bruges
ne fussent jamais rebeUes envers eubc, et, quant il s'en
partiroient, il enmenroient dnc cens hommes bour-
gois de Bruges des plus notables avoecq eux en la ville 25
de Gand, pour quoi il fussent tenu en plus grant [cre*
meur et] subjection.
Entretemps que ces capitaines se tenoient à Bruges
et que il faisoient abatre portes et murs et remplir
fossés, il renvoièrent à Ippre et à Courtrai, à Berghes 30
et à Cassiel, à Propringhe et à Bourbourcq, par toutes
240 GHRONIQUKS DB J. FROISSART. [1382]
les villes et chasteleries de la conté de Flandres sus
la marine et dou franc de Bruges, que tous venissent
à robeïssance à eulx et leur apportassent ou envolas-
sent les clefs des villes et des chastiaux, en remons-
5 trant service, à Bruges. Tous obéirent, ne nuls n^osa
adont contrester, et vinrent tous à obéissance à Bruges
à Phelippe d'Ârtevelle et à Piètre dou Bois. Ces deux
se nommoient et escripsoient souverains capitaines de
tous, et par especial Phelippes. Celui estoit qui le plus
10 avant s*en ensonnioit et se chargoit des besoingnes de
Flandres ; et, tant que il fu à Bruges, il tint estât de
prince, car tous les jours par ses menestrés il faisoit
sonner et corner devant son hostel ses disners et ses
souppers, et se faisoit servir en vaisselle couverte
45 d'argent, ensi comme s'il fust conte de Flandres ; et
bien pooit tenir cel estât, car il avoit toute la vesselle
d'or et d'argent au conte de Flandres et tous les joiaux,
cambres et sommiers qui avoient esté trouvés en l'os-
tel dou conte à Bruges, ne riens on n'en avoit sauvé.
20 Encores furent envoie une route de Gantois à Maie,
un très bel hostel dou conte à demie lieue de Bruges.
Ceux qui i allèrent i fisent moût de desrois, car il des-
chirèrent tout l'ostel et abatirent, et effondrèrent les
fons où li contes avoit esté baptisés, et misent à voiture
25 sus chars tous les biens, or, argent et joiaulx, et
envoièrent tout à Gand. Le terme de quinse jours,
avoit, allant de Bruges à Gand et de Gand à Bruges,
tous les jours charians, deus cens chars qui menoient
or, argent, vessellemenche, joiaux, draps, pennes et
30 toutes richesses prises et levées à Bruges, de Bruges
à Gand ; ne dou grant conquest et pillaige que Phe-
lippes d'Ârtevelle et li Gantois prisent là à celle prise
[13821 UVRB DSUXiteB, | 283. 24i
de Bruges, à paines le polroit on prisier ne extimer,
tant i eurent il grant proufit.
§ 283. Quant chil de Gand heurent fait tout leur
bon de la ville de Bruges, il envoièrent de Bruges à
Gand cinc cens bourgois des plus notables pour là 5
demorer en cause d'ostagerie, et François Âcremen et
Piètre le Wintre et mil de leurs hommes, qui les con-
voièrent. Et demora Piètres dou Bois capitaine de
Bruges, tant que chil mur, ces portes et chil fosset
furent tous mis à Tonni, et adont se départi Phelippes 10
d'Ârtevelle à quatre mil hommes, et prist le chemin
d'Ippre et fist tant qu'il i parvint. Toutes manières
de gens issirent au devant de lui et le recueillirent
ossi honnourablement comme se ce fust leurs sires
naturels qui venist premièrement à terre, et se misent 15
tous à son obeïssance; et renouvella maleurs et esche-
vins et fist toute nouvelle loi. Et là vinrent ceulx des
chastelleries d'[oultre] Ippre, deCassiel, de Berghes, de
Fumes et de Propringhe , qui tous se misent en son
obeïssance et jurèrent foi et loiaulté à tenir ossi bien 20
comme à leur seigneur le conte de Flandres. Et, quant
il heut ensi exploitié et que il heut de tous Tasseurance,
et heut séjourné à Ippre huit jours, il s'en parti et s'en
vintàGourtrai, où il futreceu à grant joie, ets'i tint cinc
jours et envois ses lettres et messages à la ville d'Âu- 25
denarde, en eux mandant que il venissent devers lui
à obeïssance et que trop i avoient mis, quant il veoient
que tous li païs se tournoit avec ceulx de Gand, et il
demoroient derrière; et, se che ne faisoient, il se
pooient bien venter que temprement il aroient le siège, 30
et jamais de là ne se partiroient si aroient la ville et
X — 16
i4î CHRONIQUES DK J. FR0IS8ART. [1382]
la metroieot tout à l'onnî et à Tespée tout ce qae
dedans trouveroient.
Quant ces nouvelles vindrent en Audenarde de par
Phelippe d*Artevelle, encores n'i estoit point venus
5 messire Daniaux de Halluin, qui en celle saison en fii
cappitaine, et n'i estoient que les trois chevaliers des-
sus nommés, qui respondirent franchement que il ne
faisoient compte des menaches d'u[n] varlet, fils d*un
brasseur de miel, et que Feritaige de leur seigneur le
10 conte de Flandres il ne pooient ne voloient pas don-
ner ne amenrir, mais le deffendroient et garderoient
jusques au morir. Ensi retourna li messages jusques à
Gourtrai, et recorda à Phelippe d'ArtevelIe ceste res-
ponse.
15 § 284. Quant Philippes d*Ârtevelle ot ol son message
ensi parler que ceulx de la garnison de Audenarde ne
faisoient compte de lui ne de ses menaces, si en fo
grandement courrouci^s et jura que, quoi que il deust
couster au pals de Flandres, il n'entendroit jamais à
20 autre chose si aroit pris et rué par terre toute Aude-
narde ; et disoit que de tout ce faire estoit bien en sa
poissance, puis que le païs de Flandres estoit enclins
à lui.
Quant il heut séjourné dnc ou sis jours à Gourtrai
25 et renouvellée la loi et de tous pris le feaulté et Tom-
mage, ossi bien que se il fust conte de Flandres, il s*en
parti et retourna à Gand. A rencontre de lui, on issi
à procession et à si grant joie que oncques li contes
leurs sires en son temps ne fu de trop receu ossi hon-
30 nourablement comme il fu ; et Taouroient toutes gens
comme leur Dieu, pour tant qu'il avoit donné le oon-
[1382] UVRB DKUXitlIB, § 285. 243
seil dont lair ville estoit recouvrée en estât et en pois-
sanœ, car on ne polroit mie dire la grant foison de
biens qui leur venoit par terre et par eaue de Bruges,
dou Dam et de TEscluse. Uns pains, n'avoit pas trois
sepmaines qu'il i valoit un vies gros, n*i valoit que 5
quatre mittes ; li vins, qui valloit vint et quatre gros,
n'i valloit que deux gros. Toutes choses estoient à
Gand à meilleur temps que à Tournai ou à Yalen-
dûennes.
Phelippes d'ArtevelIe endiarga un grant estât de 40
biaux coursiers et destriers, et avoit son séjour conune
uns grans princes, et estoit ossi estofféement dedans
son hostel que li contes de Flandres estoit à Lisie, et
avoit parmi Flandres ses officiers, baiUifs, chastelains,
recepveurs [et] sergens, qui toutes les sepmaines rapor- 45
toient la mise très grande devers lui à Gand, dont il
tenoit son estât, et se vestoit de sanguines et d'escar-
lattes, et se fourroit de menu vairs, ensi que faisoit li
dus de Braibant ou li contes de Hainnau, et avoit sa
chambre aux deniers où on paioit ensi comme li 20
contes ; et donnoit aux dames et aux damoiselles dis-
ners, souppers, banquets, ensi conmie avoit fait dou
tamps passé li contes, et n'espargnoit non plus or et
argent que se il lui pleust des nues, et se escripsoit et
nommoit en ses lettres PheUppes d'ArtevelIe, regars 25
de Flandres.
§ 885. Or a li contes de Flandres, qui se tient eus
ou chastel de Lisle, assés à penser et à muser, quant
il voit tout son pals plus que onques mais rebelle à
lai, et ne veoit mie que de sa poissance singulière il 30
le puist recouvrer, car toutes les villes sont si en unité
244 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [1382]
et d'un accord que on ne les en puet jamais roster, se
ce n'est par trop grant poissance, ne on ne parle par
tout son pals de Flandres de lui non plus en lui hon-
nourant ne reoongnoissant à seigneur, que dont que il
5 n'eust oncques esté. Or lui reviendra l'aliance que il a
au duc de Bourgongne, liquels a sa fille madame Mar-
guerite en mariage, dont il a des biaux enfans, bien à
point. Or est il heureux que li rois Charles de France
est mort et que il i a un jeune roi en France ou gou-
10 vemement de son oncle le duc de Bourgoigne, qui le
menra et ploiera du tout à sa voulenté, car, ensi
comme de Tosier que on ploie jeune autour de son
doi, et, quant elle est aagée, on n'en peut faire sa
voulenté, ensi est il dou jeune roi de France et sera,
15 sicomme je croi, car il est de si bonne voulenté, et si se
désire à faire et à armer si croira son oncle de Bour-
goingne, quant il lui remonstrera l'orgueil de Flandres
et comment il est tenus de aidier ses honunes, quant
leurs gens veullent user de rebellicm. Mais li rois
20 Charles, ce supposent li aucun, n'en heust riens fait;
et, se aucune chose en eust fait, il eust attribuée la
conté de Flandres au demaine du roiaume de France,
car li contes n'estoit point si bien en sa grâce que il
heust riens fait pour lui, se il ne sceust bien comment.
25 Nous nous souffirerons à parler de [ces] devises, tant
que temps et lieux venrra, et dirons que li contes de
Flandres, qui se tenoit à Lisle depuis la grant perte
que il avoit eue devant Bruges et dedans Bruges, fist.
Il entendi que messires Jehans Bernages, messires
30 Thierris d'Anvaing et messires Florens de Heule
tenoient la ville d'Âudenarde et avoient tenu depuis la
dure besoingne de Flandres avenue devant Bruges, et
[1382] LIVBB DEUXiilCB, g 286. 245
bien sçavoit que [ces] trois chevaliers n'estoient mie
fors assés de résister contre la poissanoe de Flandres,
se il venoient là pour mettre le siège, ensi que on
esperoit que ossi feroient il hastivement. Àdont, pour
raïreschir la ville d' Audenarde et repourveoir de toutes 5
dioses, li contes appella messire Daniel de Halluvin et
lui dist : € Daniel, vous en irés en Audenarde, je vous en
fois cappitaine, et aies de vostre route cent et cinquante
lances de boines gens d'armes, cent arbalestriers et
deus cens gros varlets à lances et à pavois. Si sonni[és] iO
de la garnison, car je vous en charge feablement, et
le faittes hastivement pourveoir de blés, d'avaines, de
chars sallées et de vins par nos bons amis et voisins
de Tournai. Il ne nous faulront point sceloncq nostre
espoir. » — c Monsigneur, respondi li chevaliers, à 15
vostre ordonnance tout sera fait, et je en prans le faix
et la paine de la garde d' Audenarde liement, ne ja
mal n'i aviendra par moi ne par ma songne. > — c Je
le sçai bien, > dist li contes.
§ 886. Ne demora gaires de temps puissedi que 20
messires Daniel de Halluin, establis capitaine souverain
d* Audenarde, s*en vint, à toute la charge que avoir
deubt et que baillie lui fu de par le conte, bouter
dedans la ville d' Audenarde, dont ceulx qui i estoient
furent tous resjols ; et i entrèrent le dis et setime jour 25
dou mois de mai et s'i tinrent toute la saison très hon-
nourablement, ensi que vous orrés recorder avant en
ristoire.
Avoec messire Daniel de Halluvin estoient de gens
d'armes messires Lois et messires Ghillebers de Lieu- 30
reghien, messires Jehans de Belle, messires Florens
246 CHEONIQUBS DB J. FR0I8SART. [13%]
de Heule, messires Blanchars de Galonné, li sires de
Rassenghien, messires G[e]rars de MarqueilUes, Lam-
brot de Lambres, Enguerrammet Zendequin, Horelet
de Hallwin, Hanghenardin et plusieurs autres cheva-
5 liers et escuiers de Flandres, d'Artois et de la diaste-
lerie de Lisle, et tant que il se trouvoient bien cent et
cinquante lances de bonnes gens d'armes, hardis et
entreprendans et tous réconfortés d'attendre le siège.
Messires Daniel de Halluvin, qui cappitaines estoit,
iO n'encloï en la ville d'Âudenarde avoec lui fors toute
fleur de gens d'armes, et bien li besoingna.
§ 287. Quant Philippes d'Ârtevelle, qui se tenoit à
Gand, entendi que ceulx d'Audenarde estoient ensi
rafreschi de gens d'armes et de pourveances, si dist
15 que il i pourverroit de remède et que ce ne faisoit mie
à souffrir, car c'estoit trop grandement ou préjudice
et [des]bonneur dou païs de Flandres que celle ville se
tenoit là ensi ; et dist que il i venroit mettre le siège et
jamais ne s'en partiroit si l'aroit abatue et tous ceulx
20 mors qui dedans estoient, chevaliers et autres. Âdont
fist il un mandement par tout le païs de Flandres que
tous feussent apparilliés et venus le nuevime jour du
mois de juing devant Audenarde. Nuls n'osa désobéir ;
tous s'apparillièrent des bonnes viUes de Flandres et
25 dou Francq de Bruges, et vinrent mettre le siège devant
Audenarde, et s'estandirent par champs, par prés,
par mares tout à l'environ. Et là estoit Philippes d'Ar-
tevelle, leurs souverains cappitaines, par qui il s'or-
donnoient tous, qui tenoit grant estât devant Aude-
30 narde. Adont fist il une taille en Flandres que chascuns
feus toutes les sepmaines pai[er]oit quatre gros ; [si
[1382] UWR DKUXliMB, S 288. 247
porterait le riche le povre]. De oeste taille aoquist et
assembla Philippes graot argent, car nuls ne nulle
n*[estoit] excusés ne déportés que il ne paiast; car il
avoit ses sergens espars parmi Flandres pour faire
paier povres et riches, volsissent ou non. Et disoit on 5
que il avoit à siège devant Àudenarde, quant il furent
tout assemblé dou païs de Flandres, plus de cent mille
hommes, et fisent ces Flamencq au dessus d'Âudenarde
en TEscaut fichier et planter grans [et] gros mairiens,
par quoi point de navire de Tournai ne peust venir en 10
Audenarde. Et avoient de toutes choses en Tost à
planté, halles de draps, de pelleteries et de merceries
et marchié tous les samedis ; et leur appprtoit on des
villages environ toutes choses de doulceurs, fruits,
beurres, laitaiges, fromages, pouUailles et autres 15
choses, et avoit en Tost tavernes et cabarès ossi boins
et ossi plantureux comme à Bruges ou à Bruxelles, et
vins de Rin, de Poitou, de France, garnaces, malevai-
sées et autres vins estranges et à bon marchié. Et
pouoit on aler, passer, venir et retourner parmi leur 20
host saulvement et sans péril, voires ceulx de Hain-
nau, de Braibant, d'Alemaigne et dou Liège, mais non
ceulx de France.
§ 288. Quant messires Daniaubc de Hallwin, capi-
taine d' Audenarde, entra premièrement en la ville, il 25
fist toutes les pourveances départir onniement et don-
ner à chascun, soelon lui et à sa charge, sa portion, et
renvoia tous les chevaulx sur quoi il estoient venu, et
fist toutes les maisons près des murs abatre ou cou-
vrir de terre pour le trait dou feu des canons, car en 30
Tost il en avoient merveilleusement grant fîiison ; et
248 GRR0NIQUK8 DE J. FROI88ART. [13821
fist toutes les femmes et les enfans et les anehiennes
gens logier ens es moustiers et plusieurs vuidw la
ville ; et ne demora gaires de chiens en la ville que
tous ne feussent mors ou jettes ens es fossés ou en la
5 rivière. Si vous di que les oompaîgnons qui là estoient
en garnison faisoient souvent de belles issues dou soir
et dou matin, et portoient à oeulx de Tost grant
domaige. Et là a voit entre eulx deux escuiers d*Ar^
tois, frères, Lambrot de Lambres et Tristan. Chil doi
10 par plusieurs fois i fisent de grans apertises d^armes,
et ramenoient souvent des pourveances de Thost et des
prisonniers, voulsissent ou non leurs ennemis. Ensi se
tinrent il tout l'esté, et estoit Tintention de Philippe
d'Ârtevelle et de son conseil que il seroient là tant que
15 il les afifameroient, car à l'assaillir il leur oousteroit trop
grandement [de leurs gens] , et fisent faire ceulx de Gand ,
ouvrer et charpenter à force sur le mont d'Àudenarde
un engin merveilleusement grant, liquels avoit vint pies
de large et vint pies jusques à Testaige et quarante
20 pies de long, et appelloit on cel engin un mouton,
pour jetter pierres de fais dedans la ville et tout eflPon-
drer. Encores de rechief, pour plus esbahir ceulx de
la garnison d'Âudenarde, il firent faire et ouvrer une
bombarde merveilleusement grande, laquelle avoit dn-
25 quante et trois pois de bée et jettoit quarreaux mer-
veilleusement grans, gros et pesans; et, quant celle
bombarde desclicquoit, on Tooit par jour bien cinq
lieues loing et par nuit de dix, et menoit si grant teno-
peste au desclicquer que il sambloit que tous les dea-
30 blés d'enfer feussent sur le chemin. Encores fisent
faire ung engien les Gantois et assoir devant la ville,
qui jettoit vint croiseules de cuivre tout boulant. De
[1382] UVBB DKUXiillB, $ 289. 249
tels engiens, de canons, de bombardes, de truies et de
montons se mettoient en paine ceulx de Gand de ado-
magier ceuk de Audenarde ; et de tout ce se confor-
toient bellement les compaignons qui dedans estoient,
et remedioient à rencontre, et faisoient des issues 5
trois ou quatre la sepmaine, dont il avoient plus d'on-
neur que de blasme et de proufit que de domaige.
§ 289. Eotretemps que on seoit devant Audenarde,
se départirent bien douse cens hommes de Tost et s'avi-
sèrent que il iroient voir là le plat pals et abatre et fiis- 10
ter les maisons des chevaliers qui issus de Flandres
estoient et venus demorer en Hainnau, en Braibant et
en Artois, eulx, leurs femmes et leurs enfans. Si acom-
plirent tous leurs propos chil routier et fisent moût de
desrois parmi Flandres, et ne laissièrent oncques mai- 15
sons ne ostels de gentils hommes, que tous ne feussent
ars et rués par terre. Et s'en vinrent de rechief à Maie,
Tostel dou conte, et le paraba tirent, et trouvèrent le
repos où li contes avoit esté mis d'enfance, et le des-
pechièrent par pièces, et le cuvelette où on l'avoit bai- 20
gnié et la despechièrent ossi toute. Et abatirent la
diappelle et aportèrent la cloche, et puis s'en vinrent
à] Bruges, et là trouvèrent il Piètre dou Bos et Piètre
le Wintre, qui leur fissent bonne chière, et, de ce que
il avoient fait, il [leur] dissent que il avoient trop 25
bien exploitiet.
Quant chil routier se furent rafresqui quatre jours,
il prissent leur chemin vers le pont à Wameston, et
passèrent le rivière dou Lis et s'en vinrent devant le
ville de Lille, et abatirent aucuns moulins à vent et 30
boutèrent le feu en aucuns villages devers Flandres.
tSO GHROlfIQUBS DE J. FROISSART. [1382]
AdoDt 8*armèrent cil de Lille et s'en vuidièreDt à pi^
et à dieval plus de quatre mille ; et en i ot ratains de
ces Flamens : si en i eut des mors et des pris à qui ou
trencha depuis à Lille les testes, et, se il euissent esté
5 bien poursieui, ja pies n'en fust escapés. Touteafois,
cil routier de Gand entrèrent en Tournesis et i fissent
moult de desrois et ardirent la viUe de Helchin et des
autres villages environ qui sont dou roiaulme de
France, et retournèrent à tout grant proie au siège
10 d'Âudenarde.
Ces nouvelles vinrent au duc de Bourgongne, qui
se tenoit à Bapaumes en Artois, comment li Gantois
avoient courut, ars et pilliet sour le roiaulme de
France. Si en escripsi tantos tout le convenant li dus
15 de Boui^ongne devers son nepveut le roi de France,
qui se tenoit à Gompiègne, et aussi au duc de Berri,
son frère, et au duc de Bourbon et au conseil dou roi,
afin que il en euissent avis, et ne vosist mie li dus de
Bourgongne que ce ne fust avenut et que li Flament
20 euissent autrement fait, car il suposoit bien que encores
en conven[r]oit ensonniier le roi de France : autre-
ment ses sires li contes ne revenroit jamais à Tiretage
de Flandres; et ossi, tout considéré, ceste guerre le
regardoit trop grandement, car il estoit de par sa
25 fenome, après la mort de son signeur le conte, hire-
tiers de Flandres.
§ SI90. En che tamps se tenoit li contes de Flandres
à Hesdin. [Si] li fu recordé comment li routier de Gand
avoient esté à Halle et abatu Tostel ou despit de lui,
30 et le cambre où il fu nés arse, et les fons où il fu
batissiés rompus, et le repos où il fu coudùés enfles,
[1382] UVRB DKUXiillS, g 290. 251
annoiiés de ses armes, qui estoit tout d'argent, et la
cuvelette ossi où on Tavoit d'enflianche bagniet, qui
estoit d'or et d'argent, toute deschirée et aporté[e] à
ftruges, et là fait leurs galles et leurs ris; [ce] li vint
et tourna à grant desplaissanoe. 5
Si eut li contes, lui estant à Hesdin, tamainte ima-
gination, car il veoit tout son pals perdu et tourné
contre lui, excepté Tenremonde et Audenarde, et ne
veoit nul recouvrier de nul costé, fors de la poissance
de France. Si s'avisa, tout considéré, que il venroit 10
parler à son fil le duc de Bourgongne, qui se tenoit
à Bappaumes, et li remonstrer ses besongnes. Si se
depajrti de He[s]din et s'en vint à Ârras, et là se
repossa deus jours. A l'endemain il vint à Bappaumes ;
si descendi à l'ostel dou conte, qui estoit siens, car 15
pour ce tamps il estoit contes d'Artois, car sa dame
de mère estoit morte. Li dus de Bourgongne, ses fils,
eut grant compation de lui et le reconforta moult
doucement, quant il l'eut oï complaindre, et li dist :
c Monsigneur, par la foi que je doi à vous et au roi, je 20
n'entenderai jamais à autre cose si serés resjols [de
vos] mescances, ou nous parperderons tout le démo-
rant, car ce n'est pas bon ne cose deue de tel ribaù-
daille, comme il sont ores en Flandres, laissier gou-
vrener un païs, et toute chevalerie et gentillèce en 25
poroit estre honnie et destruite, et en conséquent
sainte crestiennetté. » Li contes de Flandres se recon-
forta parmi tant que li dus de Bourgongne li eut en
convenant de aidier, et prist congiet à lui et s'en revint
en la chitté d' Arras. A ce jour i tenoit li contes de 30
Flandres plus de deus cens hommes des bonnes villes
de Flandres [ostagiers], et estoient au pain et à l'aighe
252 CHROiaQUBB DE J. FR0I8SABT. [1382]
en diverses prisons, et leur disoit on tous les jours
que on leur trenceroit les testes, ne il n'en atendoient
autre cose. Quant li contes fu venus [à] Arras, il les fist
en Tonneur de Dieu et de Nostre Dame tous délivrer,
5 car bien veoit, à ce qui avenoit en Flandres, que il
n'avoient nulles coupes, et leur fist jurer à estre bons
et loiaux envers lui, et puis leur fist délivrer à cascun
or et argent pour aler à Lille ou à Douai ou ailleurs, là
où mieux leur plairoit, dont li contes acquist grant
iO grâce. Et puis se départi li contes d'Arras, et s'en
retourna à He[s]din, et là se tint une espasse.
§ 891 . Li dus de Bourgongne ne mist mies en oubli
les convenances qu'il avoit eues à son signeur de père,
le conte de Flandres. Si se départi de Bappaumes,
15 messire Gui de la Tremoulle en sa compaignie et me&-
sire Jehan de Viane, amiral de France, qui rendoient
grant paine de conseil à ce que li contes fiist confor-
tés ; et cil doi estoient li plus grant et li plus haut de
son conseil. Tant chevaucha li dus de Bourgongne
20 avoecques sa route que il vint à Senlis, où li rois
estoit et si doi oncle, Berri et Bourbon. Si fu là
recheus à joie et puis demandés des nouvelles de
Flandres et dou si%e d'Audenarde. Li dus de Bour-
gongne, à ces premières paroUes, en respondi moult
25 sagement au roi et à ses oncles ; et, quant che vint au
loisir, il traist à une part son frère le duc de Berri, et
li remonstra comment cil Gantois orgilleux se met-
toient en paine de destruire toute gentillèce, et ja
avoient il ars et pilliet sus le roiaubne de France, qui
30 estoit une cose moult préjudiciable, à la confusion et
vitupère dou roiaulme, et que on ne leur devoit mies
[4382] UVBB DXUXiilCB, % 291. 263
souffirir. < Biaux frères, li dist li das de Berri, nous
en parlerons au roi. Noos sommes, je [et] vous, li doi
plus hault de son conseil : le roi enfourmé, nuk n'ira
au devant de nostre entente; mais, à esmouvoir
guerre le roi de France et le roiaulme à Flandres, qui 5
ont esté en bonne pais ensamble, il convient que il i
ait title et que li baron de France i soient conjoint.
Autrement nous en seriens demandé et encoupé, car li
rois est jones, et sévent bien toutes gens que il fera
en partie ce que nous vorons et li consillerons. Se biens 40
Tem prendoit, la cose se paseroit en bien ; se maus
li en venoit, nous en seriens demandé et trop plus
blasmé que li autre et à bonne cose, et diroit on par-
tout : c Yeés les oncles dou roi, le duc de Berri et le
duc de Bourgongne, comment il Tout consilliet jove- 45
nement! Il Tout bouté en guerre et le roiaulme de
France, dont il n'eust que faire. » Pour quoi je di,
biau frère, que nous meterons ensamble le grigneur
partie des prelas et des nobles dou roiaulme de France
et leur remous terons, le roi présent, vous personnel-* 20
lement à qui il en touche pour Tiretage de Flandres,
toutes ces inddensses. Nous [verrons] tantos la géné-
rale volenté dou roiaulme. > Respondi li dus de Bour-
gongne : c Biaux frères, vous parlés bien, et ensi sera
fait corn vous le dittes. > 25
A ces parolles evous le roi, qui entra en la cambre
où si doi oncle estoient, un esprivier sus son puing, et
se feri en leurs parolles, et leur demanda moult lie-
ment en riant : c De quoi parlés vous maintenant, mi
bel onde, en si grant conseil? Je le saroie volentiers, 30
se c'est cose que on puist savoir. » — t Oïl, Monsi-
gneur, dist li dus de Berri, qui fu avissés de parler,
254 GHROmQmS DB 1. FR0I8SART. [I38q
car à vous en apartient de ce conseil grandement. Ves-
chi vostre oncle, mon frère de Bourgongne, qui se
oomplaint à moi de ceuix de Flandres ; car li villain de
Flandres ont bouté hors de leurs hiretages le conte de
5 Flandres, leur signeur, et tous les gentils hommes, et
encores sont il à siège devant la ville d'Âudenarde
plus de cent mille Flamens, qui ont là assis grant fuis-
son de gentils hommes, et ont un cappitaine qui s 'ap-
pelle Phelippes d'Ârtevelle, pur Englois de corage,
40 Uquels a juret que jamais de là ne partira si ara sa
volenté de ceulx de sa ville, se vostre poissance ne
l*en liève, tant i a il réservé. Et vous, qu'en dites?
Volés vous aidier vostre cousin de Flandres à raquerir
son hiretage, que chil villain par orguoel et cruaulté
45 li tollent et efforcent? > ^- c Par ma foi, respondi li
rois, biaus oncles, oïl, je en sui en très grant volenté,
et, pour Dieu, que nous i alons : je ne désir autre cose
que moi armer, et encores ne m'armai je onques. [Si]
me fault il, se je voel resgner en poissance et en hon-
20 neur, aprendre les armes. >
Ghil doi duc regardèrent Tun l'autre, et leur vint
grandement à plaissance la paroUe que li rois avoit
respondu ; et dist encores li dus de Berri : c Monsi-
gneur, vous avés bien parlé, et à ce faire vous estes
25 tenus par pluiseurs raisons. On tient la conté de Flan-
dres dou deraaine de France, et vous avés juré, et
nous pour vous, à tenir en droit vos hommes et vos
lièges, et ossi li contes de Flandres est vos cousins, et
si portés de ses cauches, par quoi vous li devés
30 amour ; et, puisque vous en estes en boine volenté,
ne vous en ostés jamais, et en parlés enssi à tous
ceulx qui vous en parleront, car nous asamblerons
[1382] UVBB DEmOÈia, | 291. 255
hastéement les prelas et les nobles de vostre roiaulme,
et leur remonsterons, présent vous, toutes ces coses.
Si parlés ensi hault et cler que vous avés ichi parlé à
nous, et tout dirons : c Nous avons roi de haulte
emprise et de bonne volenté. > — c Par ma foi! 5
biaux oncles, je voroie que che fust à dematin aler
celle part, car, de or en avant, che sera le plus grant
désir que je arai que je voise en Flandres aîmtre Tor^
goel des Flamens. > De ceste response orent ii doi duc
grant joie. iO
Âdont vint là li dus de Bourbon. Si fu appelles des
deus dus, et li recordèrent toutes les paroUes que vous
avés oies et la grant volentet que li rois avoit dealer
en Flandres, dont li dus de Bourbon ot grant joie. Si
demorèrent les coses en cel estât, mais li rois escripsi, i5
et si oncle ossi, à tous les sîgneurs dou conseil dou
roiaulme de France, que il venissent sus un jour, qui
asignés i estoit, à Gompiengne, et que là aroit parle-
ment pour les besongnes dou roiaulme de France. Tout
obeïrent, che iu raisons, et sachiés que li rois estoit ^0
si resjoïs de ces nouvelles et si pensieus en bien [acom-
plir son plaisir], que il n'en pooit hors, et disoit trop
souvent que tant de parlemens tenoit on pour faire
bonne besongne : c II me samble que, quant on voelt
&ire et emprendre aucune besongne, que on ne le 25
doit point tant démener, car, au detriier, on avisse
ses ennemis. » Et puis se dissoit encores oultre, quant
on li metoit devant les périls qui venir en pooient :
t Oïl, oïl ; qui onques rien n'enprist riens n'achieva. »
Enssi se divissoit li jovenes rois de France, et gengloit 30
à le fois as chevaliers et as escuiiers de sa cambre, qui
dalés lui estoient et qui le servoient. Or vous voel jou
256 OHEONIQUBS DK J. FR018SART. [t3K]
reoorder de un songe qui lui estoit avenu en celle sais-
son, lui estant en la dtté de Senlis, et sur quoi il s*or*
donna de sa devise dou cerf voilant, sicom je fui adont
enfourmés.
5 § SOS. Advenu estoit, point n'avoit lonc terme, au
jone roi Gharle de France, entrues que il sejoumoit
en la citté de Senlis, que, en donnant en son lit, une
vission li vint, et li estoit proprement avis que il se
trouvoit en la citté d'Arras, où onques à che jour
40 n'avoit esté, et là estoit et toute la fleur de la dieva-
lerie de son roiaulme, et là venoit li contes de Flandres
à lui, qui li aseoit sus son poing un faucon pèlerin
moult gent et moult biel, et li dissoit enssi : c Mon-
signeur, je vous donne à bonne estrine ce faucon pour
15 le milleur que je velsse onques, le mieux volant, le
mieux et le plus gentieument cauçant et le mieux
abatant oisiaux. » De ce présent avoit li rois grant
joie, et disoit : c Biaux cousins, grant merchis. >
Adont estoit il avis au roi que il regardoit sus le oon-
20 nestable de France, qui estoit dalés li, messire Olivier
de Glichon, et li disoit : c Gonnestables, alons, vous
et moi, as camps pour esprouver che gentil faucon
que mon cousin de Flandres m'a donné. > Et li oon-
nestables respondoit : c Sire, alons. > Adont montoient
25 il as chevaulx entre eus deus seulement, et venoient
as camps, et prendoit li connestables ce faucon de la
main dou roi, et trouvoient moult bien à voler et
grant fuisson de hairons. Adont dissoit li rois : c Gon-
nestables, jettes Toiseil, si verons comment il cadiera
80 et volera. » Et li connestables le jettoit ; et cils faucons
montoit si haut que à paines le pooit il cuesir en Tair,
[1382] UVBE DSUXliKB, S 292. 257
et prendoit son chemin sus Flandres. Âdont disoit li
rois au oonnestable : c Gonnestables, chevauchons
après mon oiseil; je ne le voel pas perdre. » Et li
oonnestables li aoordoit, et chevauchoient, che estoit il
vis au roi , au ferir des espérons parmi uns grans mares, 5
et trouvoient un bois trop durement fort et drut d'es-
pines et de ronses et de mauvais bos à chevauchier.
Là dissoit li rois : c  piet! à piet! nous ne poons
passer che bos à cheval. > Adont descendoient il et
se mettoient à piet ; et varlet venoient, qui prendoient lo
les chevaulx, et li rois et li oonnestables entroient en
che bos à grant paine, et tant aloient que il venoient
en une trop ample lande, et là veoient le faucon qui
cachoit hairons et abatoit, et se combatoit à eulx et
eulx à lui; et sambloit au roi que ses faucons i faisoit 15
très grant fuisson d'apertisses et cachoit oisiaulx
devant lui et tant que il en perdoient la veue. Âdont
estoit li rois trop courouchiés que il ne pooit sieuir
son oisel, et dissoit au connestable : c Je perderai
mon faucon, dont je avérai grant anoi, ne je n'ai loire 20
ne ordenance dont je le puisse reclamer. > En che sousi
que li rois avoit, li estoit vis que uns trop biaux chers
qui portoit douse [rains], et à elles, apparoit à iaulx
en issant hors de ce fort bois et venoit en celle lande,
et s'enclinoit devant le roi ; et li rois dissoit au connes- 25
table, qui regardoit ce cerf à mervelles et en avoit
grant joie : c Gonnestables, demorés ichi; je mon-
terai sus che cerf qui se représente à moi, et sieurai
mon faucon. > Li oonnestables li acordoit. Là montoit
li Jones rois de grant volenté sus che cerf volant, et 30
s'en aloit à l'aventure après son faucon ; et chils chers,
comme bien dotrinés et avissés de faire le plaisir dou
X — 17
258 GHR0NIQUS8 DK i. FR0I8SART. [1382]
roi, le portait par desus les grans bois et les haulx
arbres. Et veoit que ses faucons abatoit oisiaux à si
grant plenté que il en estoit tous esmervilliés comment
il pooit ce faire, et sambloit au roi que, quant cils
5 faucons ot asés volet et abatu de hairons et de oisiaux
tant que bien devoit soufiire, li rois reclama son fau-
con; et tantos cils faucons, comme bien duis, s'en
vint assir sus le poing dou roi. Et estoit vis au roi
que il reprendoit le faucon par les longues et le metmt
10 à son devoir, et cils cers ravaloit par desus ces bois
et raportoit le roi en la propre lande là où il Tavoît
encargié et où li connestables de France le atendoit,
qui avoit grant joie de sa venue. Et, sitos conmie li
rois fu là venus et descendus, li cers s'en raloit et
15 rentroit au bos, et ne le veoient plus ; et là reoordoit
li rois au connestable, che li estoit vis, comment il
li estoit avenu, et dou cerf comment il Tavoit douce-
ment porté, c Ne onques, dist li rois, je ne chevau-
diai plus aise. » Et li recordoit encores la bonté de
20 son faucon, conunent il avoit abatu tant d'oisiaulx que
il en estoit esmervilliés, et li connestables Tooit vol^i-
tiers. Adont venoient li varlet qui les poursieuoient,
qui ramenoient leurs chevaulx ; si montoient sus, et
trouvoient un chemin bel et ample qui les ramenoit à
25 Arras. Adont s'esviQoit li rois, et avoit grant mervelle
de celle vission, et trop bien li souvenoit de tout, et
le recorda à aucuns de ceulx de sa cambre, qui le
plus prochain li estoient ; et tant li plaissoit li figure
de che cerf que à paines en imaginations il n'en pooit
30 partir, et fu li une des incidenses premiers, quant il
descendi en Flandres combatre les Flamens, pour quoi
le plus il encai^a en sa devise le cerf voilant à porter.
[1382] LTVRK DEUXIAmB, g 293. 259
Nous nos Mufferons un petit à parler de li, et par-
lerons de Phelippe d'Ârtevelle et des Flamens qui se
tenoient à siège devant la gamisson et ville d'Âude-
narde.
§ Si93. Phelippe d'Ârtevelle, quoi que il li fiist bien 5
avenu en son commendiement de la bataille de Bruges
et que il euist eu là celle grâce et celle fortune de
desconfire le conte et ceulx de Bruges, n'estoit mies
bien soutils de guerres ne de faire sièges, car de
jonècbe il n'i avoit point esté nouris ne introduis, iO
mais de pesquier à le verghe as pissons en la rivière
dou Lis et de TEscaut. De cela faire avoit il estet
grans coustumiers, et bien le monstra, lui estant
devant Âudenarde, car onques ne sceut la ville assir
et quidoit bien, par grandeur et présomption qui 15
estoit en lui, que chil d'Âudenarde se deuissent de
&it venir rendre à lui; mais il n'en avoient nulle
volenié, ainçois se portoient comme très vaillans gens,
et faissoient souvent [de belles] issues, et venoient
escarmuchier as barrières à ces Flamens, et en 20
ochioient et mehaignoient, et puis si se retraioient
en leur ville sans damage; et de ces apertisses, issues
et envales Lambert de Lambre et Tristrans, ses frères,
et li sires de L[ieur]eghien en avoient grant renommée.
Li Flament regardèrent que li fosset d'Àudenarde 25
estoient larghe et rempli d'iaue : [si] ne les pooit [on]
aprochier pour asalir fors à grant paine. Si fu con-
sÙliet et avisset entre iaulx que il asambleroient sus
les fossés grant fm'sson de fagos et d'estrain, pour
raemplir les fossés et pour venir jusques as murs et 30
combatre à eux main à main. Ensi conmie il fu
260 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
ordonné, il fu fait. On ala as bos lontains et prochains,
et commença on à fagoter fagos à grant plenté et à
aporter et à chariier sus les fossés et là faire moies,
pour plus esbahir ceulx de la garnison ; mais li com-
5 paignon n'en faissoient compte, et disoient que, se
traïson ne couroit entre eulx de ceulx de la ville, il
n'avoient garde pour siège que il veïssent ; et de ce
trait, messires Daniaux de Haluin, qui capitaine en
estoit, pour li oster de toutes doubtes, estoit si au
10 desus de ceulx de la ville nuit et jour que il n'avoient
poissance, ordonnance ne regard [nul] sus eux, et
n'osoit nuls homs de la nation d'Âudenarde, nuit ne
jour, aler sus les murs de la ville sans la compaignie
des saudoiiers estragniers : autrement, qui i fust trou-
15 vés, il estoit de corection ou point de perdre la teste.
Enssi se tint là li sièges tout che tamps, et estoient
li Flament en leur ost moult au large de tous vivres
qui leur venoient par mer et par les rivières, car il
estoient signeur de tout le pais de Flandres, et avoient
20 ouvert et aparilliet les païs de Hollande, de Zellandes
et de Braibant et ossi une partie de Hainnau, car ton-
dis en larechin li viilain et li païssant de Hainnau,
pour gaegnier, leur menoient en leur ost assés de
vivres.
25 Ghils Phelippes d'Artevelle avoit le corage trop plus
englois que franchois, et euist volentiers veu que il
se fuissent ahers et aloiiet avoecques le roi d'Engle-
tière et les Englois, par quoi, se li rois de France ne
li dus de Bourgongne venoient sus eux à main armée
30 pour recouvrer le païs, il en fuissent aidiet et confor-
tet et consilliet. Et ja avoit Phelippes en son ost bien
deus cens Englès, archiers d'Engletière , liquel s'es-
[1382] UVRE DEUXIÈMK, $ 294. 261
toient emblet de leurs gages de Calais et là venu pour
gaegnier, desquels archiers il avoit grant joie, et
estoient <à\ très bien paiiet toutes les sepmaines.
§ S94. Phelippes d'Artevelle, pour ooulourer son
fait et pour veoir quel oose on disoit et diroit de lui 5
en France, se avisa que il escriproit et feroit escripre
le païs de Flandres au roi de Franoe, en eux humeliant
et en priant que li rois se vosist ensonniier de eux
remettre en parfaite paix et amour envers leur signeur
le conte. De ceste imagination il fu creux sitretos 10
conmie il en parla à ses gens, et escripsi unes lettres
moult douces et moult amiables devers le roi de
France et son conseil; et les baillièrent [à] un mesa-
gier à cheval Phelippes et ses consaulx, et li disent que
il s'en alast devers le roi de France et li baillast ces 15
lettres, dûl respondi que volentiers, et chevaucha
tant par ses journées que il vint à Senlis. Là trouva il
le roi et ses trois oncles; si délivra ses lettres. Li
rois les prist et les fist lire, présent ses oncles et son
conseil. Quant on les ot leutes et entendues, on n'en 20
fist que rire, et fu adont ordonné de retenir le mesa-
gier et dou mettre em prison pour tant que il estoit
venus en la présence dou roi sans sauf conduit; et
lors fu mis en prison et i demora plus de sis sep-
maines. Phelippes d'Artevelle le sceut, car ses mesa- 25
giers point ne retournoit : si le prist en grant indina-
tion, et fist venir devant lui toutes les cappitaines de
l'ost, et leur dist : c Or, veés vous quelle honneur li
rois de France nous fait, quant si amiablement nous
li avons escript, et sur ce il a retenu nostre mesagier ! 30
Certainement, nous mettons trop longuement à nous
262 CHRONIQUBS DK J. FR0IS8AAT. [1382]
fortefiier dou oosté d'Engletière; [si] nous en poront
bien maulx prendre, car ne pensés ja dou contraire
que li dus de Bourgongne, qui est tout en France
maintenant et qui maine le roi enssi comme il voelt,
5 car c'est uns enffes, doie laissier les besongnes ave-
nues en cel estât ; certes nenil, et exemple par nostre
mesagier que il a retenu. Et si avons trop bien cause
et matère de envoiier en Engletière, tant pour le com-
mun pourfît de Flandres que pour nous mettre à seur et
10 donner double à nos ennemis. Je voel bien, dist Phe-
lippes, que nous envoions en Engletière dis ou douse
de nos hommes des plus notables, par quoi la con-
gnissanoe en viengne en France, et que li rois et ses
consaulx quide que nous nos volons aloiier au roi
15 d'Engletière, son aversaire ; mais je ne voel mies que
tels aliances soient sitretos faites, se il ne nous besongne
autrement que il ne face encores ; mais voel que nos
gens demandent au roi d'Engletière et à son conseil
d'entrée, et de ce avons nous juste cause de deman-
20 der, la somme de deus cens mille vies escus que
Jaquemes d'Ârtevelle, mes pères, et li paix de Flan-
dres prestèrent jadis au roi d'Engletière, lui estant
devant Tournai, pour aidier à paiier ses saudoiiers,
et que on die au roi d'Engletière et à ses oncles et à
25 tous leurs consaubc que la conté de Flandres geo^nl-
lement et les bonnes villes de Flandres qui jadis fissent
ce prest, font de tout ce ravoir requeste et demande.
Et, quant on nous ara rendu et restitué che en quoi
li rois d'Engletière et li roiaulmes est par debte endeb-
30 tés et tenus et obligiés envers nous, li rois d'Engle-
tère et ses gens aront belle entrée de venir en Flandres.
Encores vault mieux, che dist Phelippes, que nous nos
[i382J UVBB DSUXIÉMS, $ 295. 263
aidons dou nostre que K estragnier, et jamais ne le
pooDS ravoir plus legierement que maintenant, car li
rois d*Engletière et li roiaulmes d'Engletière ne se
eslongeront mie de avoir Tentrée, l'amour, le confort
et Taliance d'un tel pals comme à présent est la conté 5
de Flandres, car encores n'ont li Englès dessus les
bendes de mer mouvant de l'Escluse jusques à Bour^
diaux, excepté Gallais, Ghierebourc et Brest, nulle
entrée par où il puissent passer en France. [Si] leur
venra li païs de Flandres grandement à point, car 10
Bretaigne, excepté Brest, leur est toute close, et est
li dus de Bretaigne jurés à estre bon François, et, se
il ne l'estoit, [si] le devenroit il pour l'amour de son
cousin germain, no signeur le conte de Flandres. >
Adont respondirent tout cil qui entendu Tavoient et i5
qui à ce conseil estoient, et dissent : c Phelippe, vous
avés très bien dit et sagement parlé, et nous volons
que il soit enssi que vous l'avés ordonné et devisé, et
qui ordonneroit dou contraire, il ne voroit pas le
pourfit de Flandres. > 20
§ 395. Phelippes d'Artevelle ne séjourna pas adont
fonghement, mais ordonna sus che conseil et pourpos,
et en escripsi à Piètre dou Bos et à Piètre le Wintre,
qui estoient à Bruges cappitaines, et ossi à ceulx de
Ippre et de Gourtrai. Il sambla à cascun bon de enssi 25
faire : si furent esleu et avisé des bonnes villes de
Flandres de cascune un bourgois ou deux, et de la
vUle de Gand sis. Et tout premiers François Âcremen i
fîi esleux. Basses de le Vorde, Lois de Vos, sire Jehan
Sootelare, Martin Yandreware, Jacob de Brouère 80
et uns clers qui estoit esleus à estre evesques de
264 CHRONIQUIS DK J. FR0I88ART. [1382]
Gand de par Urbain, car maistres JehaDs de West,
qui avoit esté doiens de Teglise Nostre Dame de Tour-
nai, avoit aviset en son tamps que on feroit un evesque
en Gand, qui posesseroit des pourfis que li evesques
5 de Tournai i devoit avoir, mais en ce procurant il
estoit mors. Or estoit revenus avant uns ders de k
ville de Gaind et de très bon linage en Gand, qui s'ap-
pelloit [Baude Quintin] , et cil s'en ala avoecques leurs
gens en Engletière, et Ti envois Phelippes d'Ârtevelle,
iO pour aidier à faire ces traitiés, car il estoit de son
linage. Quant dl douse bourgois de Gand et de Flan-
dres furent tout ordonné et apparilliet et cargiet et
enditté de ce que il dévoient faire et dire, si prissent
oongiet à leurs gens et se départirent dou siège d*Au-
45 denarde environ Feutrée dou mois de jullet, et che-
vauchièrent vers Ippre et de là à Bourbourc, et puis à
Gravelines, et esploitièrent tant que il vinrent à Calais.
Le capitaine de Calais, messires Jehans d'Ëwrues, les
requella liement quant il sceut que il voloient aler en
20 Engletière, et les pourveï de nefs pasagière[s], et ne
séjournèrent à Calais que trois jours. Quant il se par-
tirent, et eurent [vent à] volenté et furent tantos à
Douvres, et dievauchièrent tant parmi Engletière que
il vinrent à Londres. Et partout estoi^nt bien venut,
25 espedalment dou conunun d'Engletière, quant il dis-
soient que il estoient de Gaind, pour tant que li Gan-
tois s'esioient si bien porté que il avoient desconfit le
conte et se poissance et estoient signeur dou pals ; et
dissoient que Gantois estoient bonnes gens.
30 En cbe tamps que chil de Gand arivèrent à Londres,
estoit li rois d'Engletiere et ses consaubc messires
Jehans de Montagut, messires Simons Burlé et mes-
[1382] LTVBB DIUXIÈMS, $ 296. 265
sires Guillaumes de Biaucamp à Westmoustier, pour
ahireter messire Perducas de Labreth de toute la tère
et baronnie de Ghaumont en Gascoogne, laquelle tère
estoit en la main dou roi pour fair[e] ent sa volenté,
et je vous dirai par quel manière. Messires Jehans de 5
Ghaumont et messires Alixandres, ses firères, estoient,
grant temps avoit, mors sans hoirs; si estoit leurs
hiretages, selonc Fusage de Gasoongne, retournés à
leur liège signeur, le roi d'Engletière. Li rois Edouwars
dou tamps passet Tavoit donnet à messire Jehan Gam- 10
dos, et le tint tant comme il vesqui. Après sa mort, il
le rendi à messire Thumas de Felleton. Or estoit nou-
vellement messires Thumas mors; si estoit la terre
en la main dou roi d*Engletière, laquelle terre ne
pooit longhement estre sans gouvreneur demorant t5
sus, car elle joinst et marchist à la tère le signeur de
Labreth, qui pour che tamps estoit bons Frans. Si (a
regardé et avisé dou conseil le roi d'Engletière que
messires Perducas de Labreth, qui avoit servis les rois
d'Engletière Edouwart et Richart et le prince et le 20
pals de Bourdelois bien et loiaument plus de trente
ans, estoit bien mérites de avoir telle terre, et que il
le garderoit bien et deffenderoit contre tout homme.
§ S96. Messires Perducas de Labreth, quant il rechut
le don de la terre de Ghaumont en Gascongne, dist 25
enssi au roi qui l'en pourveoit et ahiretoit, présent les
nobles de son pals : c Sire, je preng et rechoi cel
hiretage pour moi et pour mon hoir, à condition telle
que contre tous honunes je vous servirai et ferai servir
de mon hoir ensieuant, excepté contre Fostel de 30
Labreth; mais contre cellui dont je sui issus ne
266 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
ferai je ja guerre tant que on m'i voelle laissier
mon hiretage en paix. > li rois et ses oonsaulx res-
pondirent que Dieux i eust part, et que enssi on li
deliveroit.
5 Or vous dirai, puis que en ceste matère je sui, que
il avint de messire Perducas de Labreth. Quant il fu
venus en Gascongne et il eut pris la posession de la
terre, et que messires Jehans de Noefville, seneseaulx
de Bourdiaulx et de Bourdelois pour le tamps, Ten
10 ot mis en posession par la vertu des lettres dou roi
d'Engletière que il monstra, li sires de Labreth en ot
grant joie, car bien savoit que ses cousins ne li feroit
point de guerre. Et demorèrent ces terres de Labreth
et de Gaumont toutes en paix, et tenoit à amour li
15 sires de Labreth grandement son cousin, car il con-
tendoit à ce que après son dediiès il le vosist mettre
en posession des castiaulx qui sont en la baronniie
de Ghaumont ; mais Perducas n'en avoit nulle volenté,
et avint que il s'acoudia malades au lit de le mort.
20 Quant il veï que morir le convenoit, il appella tous les
hommes de la terre et fist devant lui venir un sien
cousin, un joue escuier et bon honune d'armes, qui
s'appelioit [Perducet], et li dist : c [Perducet], je te
raporte, en la présence de mes hooames, toute la terre
25 de Ghaumont. Si soies bons Ënglès et loiaus envers le
roi d'Engletière, dont li dons m'en vient, mais je voel
que à l'ostel de Labreth, dont nous issons, tu ne faces
point de guerre, se il ne te sourquièrent ou efforcent. »
Li escuiers respondi liement, qui tint à grant che don :
30 c Sire, volentiers. > Enssi fu [Perducès] de Labreth
sires de Ghaumont en Gascongne, et morut messires
Perducas, qui en son tamps avoit esté uns grans capi-
r
[1382] LIVRl DEUXIÈMB, § 297. 267
tains de gens d*anne8 et de routes; de li ne sai je
plus avant.
§ 297. Quant cil Gantois furent venu à Londres,
leur venue fu tantos segnefie au roi et à son conseil.
On envoia devers eux pour savoir quel cose il voloient 5
dire. Il vinrent tout en une compaignie au palais à
Wesmoustier, et là trouvèrent premièrement le duc
de Lancastre, le conte de Bouquighen, le conte de
Saleberi, le conte de Kemt, messire Jehan de Montar
gut, maistre d'ostel dou roi, messire Simon Burlé, io
messire Guillaume de Windesore et la grigneur partie
dou conseil dou roi ; et n'estoit mies li rois presens à
celle première venue. Ces gens de Gand et de Flan-
dres endinèrent ces signeurs d'Ëngletière, et puis
commencha li clers esleux de Gand à parler pour tous, 15
et dist enssi : c Mi signeur, nous sommes chi venu, et
envoiiet de par le bonne ville de Gand et tout le païs
de Flandres, pour avoir conseil, confort et aide dou
roi d'Engletière sus certains articles et bonnes raisons
que il i a de aliances anchiennes entre Engletière et 20
Flandres. Si le[s] voilons renouveller, car il besongne
au païx de Flandres à present, car il est sans signeur
et n'ont les bonnes villes et li païx que un regard,
c'est uns homs qui s'appeUe Phelippes d'Ârtevelle,
liquels princhipaument se recommende au roi et à 25
vous tous qui estes de son conseil, et vous prie que
vous requelliés ce don en bien, car, où li rois d'En-
gletière voira ariver en Flandres, il trouvera le païs
ouvert et aparilliet pour reposer, rafresquir et démo-
rer tant comme il lui plaira, lui et ses gens, et pour 30
mener avoecques lui dou paix de Flandres cent mille
268 CHRONIQUES DS J. FR0I8SABT. [1382]
hommes tous armés. Mais oultre, li païx fait requeste
que de deus cens mille vies escus que jadis Jakemes
d'Ârtevelle et les bonnes villes de Flandres prestèrent
au roi Edouwart de boine mémoire au siège de Tour-
5 nai et ensieuant au siège de Calais, il les voellent
ravoir, et est li intention des bonnes villes de Flandres,
anchois que les aliances passent oultre, que la somme
que dit est soit misse avant, et, là où elle le sera, li
rois d'Engletière et tout li sien pueent bien dire que
10 il sont amit as Flamens et que il ont entrée à leur
volenté en Flandres. » Quant li signeur eurent oï oeste
parolle et requeste, il regardèrent Tun l'autre et com-
menchièrent li aucun à sousrire. Adont parla li dus de
Lanclastre, et dist : c Biau signeur de Flandres, vostre
15 parolle demande bien à avoir conseil, et vous vous
retrairés à Londres, et li rois se consillera sur vos
requestes, et vous en responderons tellement que bien
vous devera par raison souflSre. » Ghil Gantois res-
pondirent : < Dieux i ait part! i Âdont issirent il
20 hors de la cambre, et U signeur dou conseil demorè-
rent qui commenchièrent à rire entre eux et à dire :
c Et ne avés vous oï ces Flamens et les requestes que
il ont faites? Il prient à estre consillié, conforté éL
aidié, et dient que il leur besongne, et [si] demandent
25 avoec tout ce à avoir nostre argent. Ce n'est pas
requeste raisonnable que nous paions et si aiderons. »
Lors se départi li consaulx sans riens plus avant adont
consillier, et assignèrent journée de estre de rechief
ensamble. Et li Gantois s'en retournèrent à Londres,
30 et là se logièrent et s'i tinrent un grant tamps, car il
ne pooient estre respondu [du] roi ne de son conseil,
car li conssaus d'Engletière sus leurs requestes estoit
[1382] LIVRK DSUXliMB, { 298. S89
en grant diflPereDt et [tenoit] les Flamens à orguilleux
et presomptieux, quant il demandoient à ravoir deus
cens mille escus, si anchienne debte que de qua-
rante ans. Onques cose ne cheï si bien à point pour le
roi de France, qui voloit venir sus Flandres, que oeste 5
oose fist qui fii enssi démenée, car, se li Flament
n'euissent point demandé la somme des florins dessus
dis et n'euissent singulièrement fors requis le roi d'En-
gletière de confort et de aide, li rois d'Engletière fust
venus en Flandres ou euist envoiiet si poissanment que iO
pour atendre à bataille, avoecques l'aide des Flamens
qui estoient adont tout ensamble, la poissance dou
plus grant signeur dou monde ; mais il ala tout autre-
ment, dont il leur en mesvint, sicom vous orés recor^
der avant en Tistore. 15
§ S98. Nouvelles vinrent en France au conseil dou
roi que Phelippes d'Ârtevelle, qui avoit le corage
englois, et li pals de Flandres avoient envoiet en
Engletière une quantité de homes des villes de Flan-
dres, pour faire aliances au roi d'Engletière et as 20
Englès ; et couroit vois enssi que li rois d'Engletière à
poissance venroit en celle saisson ariver en Flandres,
et se tenroit en Gand. Ces nouvelles et ces coses estoient
assés à soustenir et à croire que li Flament se fortefie-
roient en aucune manière. Adont fu avissé ou conseil 25
dou roi que le messagier Phelippe d'Artevelle, que on
tenoit en prison, on deliveroit, et que au voir dire on
n'avoit nulle cause dou tenir. Si fu délivrés et ren-
voiiés en Flandres et devant Âudenarde, où li os
estoit. 30
En che tamps avoient cil de Bruges pris des bour-
«70 CHROraOraS DB i. FROISSART. [!382]
gois de Tournai et retenu et mis en prison» et mon»-
troient li Flament que il avoient osai chier la guerre as
François comme la pais. Quant cil de Tournai ve&*ent
ce, si fissent tant que il atrapèrent et retinrent devers
5 eux des boui^ois de Gourtrai, et les amenèrent pri-
sonniers à Tournai. Enssi se nourissoiait haines entre
les Tournisiens et les Flamens. Toutesfois li signeur
de Tournai, qui ne voloient mies de leur fait avoir
title de guerriier les Flamens qui estoient leurs voi-
40 sins, sans avoir commandement dou roi de France,
dont il n'avoient encores nul, avisèrent que il envoie-
roient deus de leurs bourgois devant Audenarde par*
1er à Phelippe d'Ârtevelle, pour savoir se intention et
pour ravoir leurs bourgois et rendre ossi en escange
15 ceulx qu'il tenoient. Si i furent esleu de aler, et i
alèrent, Jehan Bonenffant et Jehan [Pietart], et vin-
rent au siège devant Audenarde, et parlèrent à Phe-
lippe, liquels, pour Fonneur de la citté de Tournai,
non pour le roi de France, sicomme il leur dist, les
20 requelloit amiablement, c car li rois ne Tavoit pas
deservi ne aquis envers le païs de Flandres, quant un
mesagier pour bien envoie devers lui on avoit retenu
et mis en prison. » — c Sire, respondirent li doi
bourgois, vostre mesagier, vous le raves. » — c C'est
25 voirs, dist Phelippes, le plus par cremeur que autre-
ment. Or me dites, dist Phelippes, pour quelle besongne
vous venés maintenant ichi. > — c Sire, respondirent
li bourgois, c'est pour ravoir nos bonnes gens de
Tournai que on tient en prison à Bruges. > — c Ha!
30 respondi Phelippes, se on les i tient, ossi tenés vous
de ceulx de Gourtrai par devers vous. Vous ne devés
pas perdre à vostre venue ; rendes nous les nostres,
[i382J UVRK DKUUÈMB, | 296. Vti
VOUS rares les vostres. » Respoodirent cil de Tour*
Dai : c Voas pariés bien, et nous le ferons enssi. »
Là fu aoordé de faire cel escaoge, et en escripsi Phe-
lippes à Piètre dou Bos*et à Piètre le Wintre, qui se
tenoient à Bruges, que on delivrast les bourgois de &
Tournai que on tenoit en la Pière en prisson, et on
deliveroit à Tournai ceulx de Ciourtrai, car il s'en tenoit
bien à ce que la citté de Tournai en avoit ordonné et
escript. Enssi exploitièrent li doi bourgois de Tournai,
et vous di que, quant che vint au congiet prendre, iO
Phelippes d'Ârtevelle leur dist enssi : c Entendes,
signeur, je ne vous voel mie trahir; vous estes de
Tournai, laquelle ville est toute liège au roi de France,
auquel nous ne volons avoir nul traitiet jusques à tant
que Audenarde et Tenremonde nous seront ouvertes, i5
et ne revenés plus par devers nous ne renvoiiés, car
dl qui i venroient demor[r]oient; et contregardés vos
gens et vos maroheans de aler ne venir ne envoiier ne
marcander en Flandres, car, se il i vont, il seront
retenu et li leurs pris, combien que il vaille ; et, se li ^0
nostre i vont, nous [les] abandonnons à estre pris et
retenus sans nul pourcas, car bien savons, quoi que
nous atendons, que li rois de France, vostres sires,
nous fera guerre. » Gbil bourgois de Tournai entendi-
rent bien ces parolles ; si les retinrent et glosèrent, et 25
dissent que de tout ce, iaulx revenu à Tournai, il en
aviseroient la bonne ville et les gens. Si se départirent
dou siège d'Âudenarde et retournèrent à Tournai;
si recordèrent tout ce que vous avés oï. Âdont fu faite
une deffense que nuls n'alast ne marcandast à ceulx 30
de Flandres sus à estre escheu en le indination dou
roi. Toutesfois li bourgois de Tournai, qui estoient
tn CHROraQUKS DB J. FROISSART. [1392]
prisonnier à Bruges, revinrent, et cil de [GourCrai]
furent renvoiiet. Enssi n'ossoit nuls marchans de Tour-
nai marchander as Flamens, mais, quant il leur oon-
venoit [avoir] des marcheandisses de Flandres, il les
5 venoient quérir ou acater à ceulx de Yalenchiennes,
car cil de Hainnau, de Hollande et de ZeUandes et de
Braibant et dou Liège pooient seurement aler demoro*
et marchander par toute Flandres.
§ 299. Ensi se tint li sièges devant Audenarde
10 grans et biaux, et toute celle saisson Phelippes d*Âr-
tevelle et cil de Gand estoient Ic^et sus le mont
d* Audenarde, au lés deviers Hainnau ; et là seoient li
engien et li grande bombarde qui jettoit les grans
[quariaux] et qui rendoit tel noise au descliquier que
15 on Tooit de sis lieues loing. Ens es prés desoulx
a voit on fait un pont sus TEscaut de nefs et de doies,
couvert d'estrains et de fiens, et par delà che pont
estoient logiet chil de Bruges, en remontant sus les
camps oultre le porte de Bruges. Après estoient logiet
20 cil de Ippre et de Gourtrai, de Popringhe et de Gassel
et dou Franc de Bruges, et comprendoient le tour de
la ville en rallant jusques à l'autre part de TEscaut.
Enssi estoit toute la ville de Audenarde environnée,
et quidoient bien par tel siège li Fiament afamer ceulx
25 de dedens, mais à le fois li compaignon issoient di
faissoient des envales. Une eure perdoient, Fautre
gaagnoient, ensi comme à tels besongnes li fait d'armes
aviennent ; mais toutesfois d'assaus n'i avoit nuls fais,
car Phelippes ne voloit pas follement aventurer ses
30 gens, et dissoit que tout sans asallir il aroient la ville
et que par raison elle ne se pooit tenir longhement,
[1382] UVIIB DKUXliMB, § 300. VU
quant il n'estoient conforté ne ne pooient estre de nul
oosté, ne à paines uns oisellès ne [volast] mies en Âude-
narde que il ne fust veus de ceulx de Tost, tant bien
avoient il environné la ville à tous lés.
§ 300. Or retournons au roi de France et à son con- 5
seil. Li oncle dou roi et li consautx de France avis-
sèrent pour le mieux que il envoieroient à Tournai
aucuns prelas et chevaliers dou roiaulme, pour trai-
tier à ces Flamens de Flandres et pour savoir plus
plainement leur entente. Si furent esleu et ordonné io
de venir à Tournai messires Milles des Dormans,
evesques de Biauvais, li evesques d^Auchoire, li eves-
ques de Laon, messires Guis de Honcourt et messires
Tristrans dou Bos ; et vinrent chil à Tournai comme
commissaire de par le roi de France, et là s'arestèrent. 15
Quant il furent venu, asés nouveUement estoient
retourné de Tost de devant Âudenarde Jehan Bonen-
fant et Jehans Pietars, qui remonstrèrent à ces prelas
et dievaliers commissaires dou roi comment Phelippes
d'Artevelle, au congiet prendre, leur avoit dit et que 20
liFlament n*entenderoient jamais à nul tretiet jusques
à tant que Âudenarde et Tenremonde leur seroient
ouvertes, c Bien, respondirent li commissaire, se
chils Phelippes, par orguoel et beubant dont il est
plains, fait sa grandeur, espoir, che n'est pas li acors 25
des bonnes villes de Flandres. Si escriprons à Bruges,
à Gand, à Ippre, et envoierons de par nous à cascune
ville une lettre et un mesagier. Par- aucune voie faut il
entrer ens es coses, puis que on les voelt commenchier,
et nous ne sommes pas chi venut pour guerriier, mais 30
pour traitiier envers ces maleois Flamens. > Âdont
X — 18
274 GHB0NIQUK8 DB J. FROI88ÀRT. [1382]
eacripsirent cil commissaire trois lettres as trois villes
et princhipaux de Flandres^ et i mettoi^t en casoune
PheUppe d'Artevelle en ligne et ou premier chief. Si
contenoient les lettres enssi :
5 § 301 • c A Phelippe d' Artevelle et à ses oompaignons
et as bonnes gens des trois bonnes villes de Flandres
et le Franc de Bruges.
€ Plaise vous savoir que li rois, nostres sires, nous
a envoiiés en ces parties en espèce de bien, pour paix
10 et acord faire, comme souverain signeur, entre noble
princbe, son cousin, monsigneur de Flandres, et le
commun païs de Flandres ; car renonmié[e] queurt que
vous querés à faire aliance au roi d'Ëngletière et as
Ënglès, laquelle cose seroit contre raison et ou pre-
45 judice dou roiaulme de France et de la couronne, et
ne le poroit le roi souffirir aucunement. Pour quoi nous
vous requérons de par le roi que vous voelliés à nous
baillier sauf conduit, alant et venant, pour ceste pais
faire amener à bonne conclusion, sique le roi vous en
20 sache gré, et nous rescripsiés response de vostre
intention. Nostres Sires vous voelle garder. Escript à
Tournai, le sesime jour de octembre. »
§ SOS. Quant ces trois lettres, toutes contenans une
meïsmes cose, furent escriptes et scellées, on les
25 bailla à trois hommes, et leur fu dit : c Vous irés à
Gand, et vous à Bruges, et vous à Ippre, et nous
rapporterés response. > Il respondirent : c Yolentiers
response vous rapporterons nous, se nous le poons
avoir. > A ces mos il partirent, et ala cascuns son
30 chemin. Quant dl de Gand vint à Gand, pour ce jour
[!382] UVRB DBUXIÈia, g 303. 275
nielippes d' Artevelle i estoit ; autrement dl de Gand
n'euîssent point ouvert la lettre sans lui. Il Touvri et
le lissî ; et, quant il l'eut leu, il n'en fist que rire et
se parti assés tos de Gand, et s'en retourna devant
Audenarde, et enporta la lettre avoecques li ; mais li 5
mesagiers demora em prison à Gand. Et, quant il fu
▼enus devant Âudenarde. il appella le signeur de Har-
sdles et aucuns de ses oompaignons, et leur lissi la
lettre des commissaires, et dist : c II samble que
ces gens de France se truffent de moi et don paix de iO
Flandres. Ja avoie je dit as bourgois de Tournai, quant
il furent avant hier chi, que je ne voloie mais olr nulles
nouvelles de France ne entendre à nul traitié que on
me peuist faire, se Âudenarde et Tenremonde ne
nous estoient rendues. > Â ces mos vinrent nouvelles 15
de Bruges et de Ippre des cappitainnes qui là estoient,
comment ossi on leur avoit escript, et que briefment
li mesagier qui ces lettres avoient aportées estoient
retenu ei» es villes et mis en prison, c Ge est bien
fait, » die dist Pheiippes. Âdont busia il sus ces 20
besongnes un petit, et, quant il eut merancoliet une
espasse, il s'avisa que il rescriproit aus coDomissaires
dou roi de France. Si rescripsi unes lettres ; si avoit en
le superscrision : € A très nobles et discrés signeurs
les signeurs coounissaires dou roi de France. 25
% 303. c Très chiers et poissans signeurs, à vostres
très nobles discreptions plaise vous savoir que nous
avons recheu amiables lettres à nous envoiies de très
exellent signeur Charles, roi de France, faissans men-
tion comment vous, très nobles signeurs, estes envoiiet 30
de par lui par dechà pour traitier de paix et d'acord
276 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [138!t]
entre nous et haut prince monsigneur de Flandres et
son païs, et par le roi devant dit et sen [consâl] aians
plaisance de ce conduire et aoomplir, siques ceux de
Tournai, nos chiers et boins amis, nous tesmongnent
5 par leurs lettres patentes par nous veues. Et, pour ce
que li rois escripst que à lui moult desplaist et a des-
pleut que li discors ont si longhement esté et encores
sont, dont nous avons grant mervelle comment che
puet estre, en tamps passé, quant la ville de Gand fu
10 asisse et la paix d'Audenarde n'estoit de nulle valeur,
et ossi quant, nous dou commun conseil des trois
bonnes villes de Flandres à lui escripsimes, sicom à
nostre souverain signeur, que il vosist faire la paix et
acord, que adont ne li pleut en otant faire enssi que il
15 nous samble maintenant que volentiers feroit. Et aussi
en telle manière avons receu unes lettres patentes con-
tenans que deus fois nous avés escript que vous estes
venu, dou roi devant dit chargiet, sicomme chi dessus
est declairiet; mais il nous satnble que, selonc nostre
20 response à vous sur ce envoie, que nous avons volenté
d'entendre au traitiet ce que fermement nul traitiet
n'est à querre entre nous et le païs de Flandres, se
ce n'est que les villes et forterèches, à la volenté de
nous, regars de Flandres et de la dite ville de Gaind,
25 fremée[s] contre le païx de Flandres et nomméement
et expresséement contre la bonne ville de Gand, dont
nous sommes regard, seront descloses et ouvertes à
la volenté de nous, regars, et de la dite ville. Et, se
ce estoit, nequedent ne poriens nous traitier à la
30 manière que vous le requarés, car il nous samble que
li rois ou nom de vous a et puet asambler en l'aide de
son cousin, nostre signeur, grant poissance, car nous
[i382] UVRE DEUXIÈME, § 303. 277
savons et veons que fauseté i a, enssi comme autrefois
i a eu. Doot nostre intention est de ce estre seur et
sur nostre garde et deffence, sicomme nous sommes
après atendans. Il trouvera Tost apparilliet pour lui
deffendre contre ses ennemis, car nous espérons, à 5
l'aide de Dieu, avoir victore, enssi conmie autrefois
avons eu à vous, oultre donnant à entendre que
renommée est que vous avés entendu que nous ou
aucuns de Flandres traitent aliances envers le roi
d'Eogletière, et que nous esrommes pour ce que nous 10
sommes subjet à la couronne de France et que li rois
est nostre signeur souverain à qui nous sommes tenu
de nous i aquiter ; ce que fait avons, en tant que en
tamps passé à lui avons envoiiet nostres lettres, ensi
comme à nostre signeur souverain, enssi que il vosist 45
faire la pais; et sur quoi il pas ne respondi, mais nos
mesagiers fu pris et détenus, ce que grant blasme nous
sambloit de tel signeur. Et encores li est plus grans
blasmes [et fait] à blasmer que desour ce il a à nous
escript sicomme souverain signeur, et il ne nous daigna 20
envoiier response, quant à lui escrisimes conune à
nostre souverain signeur. Et, pour tant que adont che
ne li pleut à faire, pensâmes nous à quérir le pourfit
dou païs de Flandres à qui que ce fiist à faire, sicomme
fait avons. Nientmains que aucune cose en est encore, 25
pora li rois bien venir à tamps à manière que toutes
forterèces soient ouvertes, et pour ce que nous def-
fendesimes ceux de Tournai, quant darrainement
furent en nostre ost, que nuls ne venroit mais en telle
manière cai^és de lettres ne de bouce sans avoir sauf 30
conduit, et oultre se sont venut portant lettres, sans
sent ne consent de nous, à Gand et à Bruges [et à
278 CHRONIQUBB DB J. FROI88ART. [I3tt]
Ippre], si avons les mesagiers fait prendre et détenir,
et leur aprenderons à porter lettres tellement que
autres i prenderont exemple, car nous sentons que
traïson aquerés, espedaulment pour moi, Phelippe
5 d'Ârtevelle, dont Dieux me voelle deffendre, et aussi
faire et mettre disoord ou païs. Pour quoi nous vous
laissons savoir que de ce ne vous traviUiés plus, se ce
n'est que les villes devant dites soient ouvertes, die
que briefment, à Taide de Dieu, elles le seront, liqnels
10 vous ait en sa sainte garde. Escript devant Audenarde,
le vintime jour dou mois d'octembre. Tan mille trois
cens quatre vins et deus. PmsuppB d*ârtbysllb,
regard de Flandres, et ses compagnons. »
§ 304. Quant Phelippes d'Artevelle eut enssi escript,
15 présent le signeur de HarseUes et son conseil, [si]
leur sambla que riens n'i avoit à amender, et seeUè-
rent la lettre, et puis regardèrent [à] qui il le baille-
roient. Bien savoient que, se nuls de leur costé apa[r}-
tenans à eubc portoit ces lettres à Tournai, il seroit
20 mors ou retenus, pour tant que il tenoient les trois
mesagiers des commissaires en trois villes en prison.
Si demanda Phelippes : c Avons nous nul prisonnier
de ceulx d' Audenarde? > On li respondi : c Oïl, nous
avons un vallet qui fu hier pris à Tescarmuce, mais il
25 n'est pas d' Audenarde; il est d'Artois, vallès à un
chevalier d'Artois, messire 6[e]rart de Marquillies,
sicomme il dist. » — c Tant vault mieux, dist Phe-
lippes, faites le venir avant ; il portera ces lettres, et
parmi tant il sera délivrés. > On le fist venir avant.
30 Adont l'appella Phelippes et li dist : c Tu ies mon pri-
sonnier, et te puis faire morir, se je voel, et tu en as
[1382] LTVBB DBUXIÈMK, g 804. 279
esté en grant aventure; et, puis que tu es chi, tu seras
délivrés parmi tant que tu m*aras en convenant aour
ta foi que ces lettres tu me porteras à Tournai et les
bailleras as commissaires dou roi de France que tu
trouveras là. » Li variés, quant il Yoï parler de sa 5
délivrance, ne fii onques si liés, car il quidoit bien
morir ; si dist : c Sire, je vous jure par ma foi que je
les porterai là où vous volrés, se ce estoit pour porter
en infier. » Et Phelippes comiiiendia à rire et dist :
c Tu as trop bien parlé. > Adont li fist il baillier deux 10
escus et le fist convoiier tout hors de Tost et mettre
ou chemin de Tournai.
Tant exploita li variés et tant chemina que il vint à
Tournai et entra ens es portes, et demanda où il trou-
veroit les commissaires; on li dist que il en oroit 15
nouvelles sus le marchiet. Quant il fu venus sus le
mardûet, on li enseigna Tostel de Tevesque de Laon :
il se traXst celle part, et fist tant que. il vint devant
Tevesque, et se mist en genous et fist son mesage bien
et à point. On li demanda des nouvelles de Âudenarde 20
et de Tost. Il respondi ce qu^il en savoit et compta
comment il estoit prisonniers, mais on Tavoit en Tost
delivret pour tant que il avoit aporté celle lettre. On
li donna à disner ; entrues que il disnoit, il fu très bien
examinés des gens de l'evesque. Quant il ot à grant 25
loisir disné, il se parti. Li evesques de Laon ne volt
mies ouvrir ces lettres sans ses compaignons, et envoia
devers eux ; et, quant il furent tout troi li evesque et
li chevalier ensamble, on ouvri ces lettres : si forent
lentes à grant loisir, et bien examinées et considérées. 30
Adont parlèrent il ensamble, et dissent : « Cils Phe-
lippes, à ce que il monstre, est plains de grant orguoel
280 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [1382]
et présomption, et petitement amire la majesté roial
de France ; il se confie en la fortune que il eut pour
li devant Bruges. Quel cose est il bon, ce dissent
il, en chechi à faire? > Lors consillièrent il longhe-
5 ment, et, eux consilliet, il dissent : € li prevos et
li juret et li consaulx de Tournai, en quelle dtté nous
sommes, sevent bien que nous avons envcmet à Pfae-
lippe d'Ârtevelle et aux villes de Flandres : s'est bon
que il oent la response telle que Phelippes nous fait. >
iO Ghils consaulx fu tenus. Messires Tristrans dou Bos,
gouvernères de Tournai, envoia quérir les prevos [et
jurés] ; on ouvri la halle, on sonna la cloque : tout dl
dou conseil vinrent. Quant il furent venu, on lissi et
relissi par deus ou par trois fois tout généralement
i5 ces lettres. Li sage se mervilloient des grosses et pre-
somptieuses paroUes qui dedens estoient. Adont fu
consilliet que la copie de ces lettres [demorroit] à Tour^
nai, et li commissaire dedens deus ou trois jours s'en
retoumeroient devers le roi et i reporteroient ces
20 propres lettres scellées dou seel Phelippe d'Ârtevelle.
Âtant se départi cils consaulx, et s'en retourna cascuns
en son hostel.
§ 305. Phelippes d'Ârtevelle, qui se tenoit à host
devant Âudenarde, enssi comme vous savés, ne se
25 repentoit mies de ce se durement et poindanment il
avoit escript en aucunes manières aux conunissaires
dou roi de France, mais il se repentoit de ce que
parellement ou plus doucement il n'avoit escript aux
prevos et jurés de Tournai, en faindant et en mons>
30 trant amour, quoique petit en i eust. Par voie de
disimulation il dist que il i escriroit, car il n'i voroit
[1382] LIVRE DBUXlàia, § 306. 281
mie aourir toute le haïne ne maie amour que il poroit
bien. Si escripsi Phelippes en le fourme et manière
conmie cbi s'enssieut, et fu li supercription telle : < A
h<Minerable8 et sages nos chiers et bons amis les pre-
vos et jurés de la ville et dté de Tournai. 5
§ 306. c Très chier et bon ami, vous plaise savoir
que nous avons recheu unes lettres mention faissant
de deus vos bourgois et manans, portant lettres à
Gand et à Bruges des commissaires dou roi de France,
pris et détenus par nous, pour avoir hors de pri- 10
son à la prière de vous, par quoi la bonne amour
et afection qui est, et, se Dieux plaist, perseve[r]ra
entre vous et le commun païx de Flandres, soit de
tant plus perseverée ; laquelle amour, très chier amit,
nous samble bien petite, car à nostre connissance est 15
venu que li rois de France, li dus de Bourgongne, li
dus de Bretaigne et pluiseur autre grant signeur
assamblent forment pour venir en l'aide de monsi-
gneur de Flandres sour le païs de Flandres et pour
avoir le dit païs pour combatre, nonobstant les lettres 20
que il à nous envoiièrent pbur traitier pais et acord :
ce que à nous ne samble pas voie faisable, à ceux
appartenant : dont nous sommes sour nostre garde
et deffence, et serons d'ores en avant de jour et de
nuit. Et tant que des prisons vos bourgois, si sadiiés 25
que nous les detenrons devers nous tant que nous
sarons le vrai de Fasamblement des signeurs et que
à nous aplaira de eux délivrer, car vous savés que,
quant vos bourgois lurent darainement en Flandres
pour trouver la pais, que là fu dit, ordonnet et com- 80
mandet que on n'envoieroit mais nulle personne, ne
282 CHR0NIQUB8 DE J. FROMSART. [1882]
par lettres ne autrement, à savoir est sans sauf con-
duit, che que li signeur conunissaire là estant ont
fiadt, pour faire discort et content ou dit paix. Si vous
prions, chiers amis, que ne voelliés plus envoiier nulle
5 personne en Flandres de vos bourgois ne de autres
de par les dis signeurs; mais, se aucune oose vous
plaist, à vous touchant ou à vos bourgois, ce que nous
porons faire, nous rediepverons vos besongnes en
telle manière comme nous volriens que les nostres
10 fuissent redieues par vous, en qui nous avons aucu-
nement, en ce cas et en plus grant, fiance, siami
on doit avoir en ses bons voisins; et est nostre
intention, et generallement don païx de Flandres,
que tout marceant et leurs maroeandisses passent
15 et voissent sauvement de Fun pals en Tautre, sans
eux ne aux maroeandisses riens fourfaire. Et Dieux
vous gard ! Escript en nostre ost devant Âudenarde,
le vint et troisime jour dou mois d'octembre, Tan mil
trois cens quatre vins et deus. PmsLippBS d'Artb-
20 VELLB, regard de Flandres, et ses compaignons. >
§ 307. Au diief de trois jours apriès ce que la pre-
mière lettre fu envoiie aux commissaires dou roi,
enssi que li seigneur de Tournai estoient en [la] halle
asamblé en conseil, vinrent ces secondes lettres, et
25 forent aportées par un varlet de Douai, sicom il disoit,
que cil de [Gand] estant au siège devant Audenarde
leur envoioient. Les lettres furent recheues et portées
en halle, et li commissaire appellet, et là furent lentes
à grant loisir et consillies. Finablement li conmiissaire
80 dissent ensi as provos et jurés de Tournai, qui
demandoient conseil de ces besongnes : < Signeur,
[1382] UVBK DEUXIÈMB, § 306.
nous VOUS dissoDs pour le mieux que vous n'aiiés nulle
aquintance ne canlandisse à ceux de Flandres, car on
ne vous en saroit gret en France ; ne ne ouvrés ne
redievés mais nulles lettres que on vous envoie de che
lés là, car, se vous le faites et on le scet au conseil 5
dou roi, vous en recheverés blasme et damage, et
sera grandement ou préjudice dou roiaulme. Ghils Phe-
lippes d*Artevelle monstre et nous enseigne par ses
escripsions que il ne fait pas grant compte dou roi ne
de sa poissance ; mais se laira trouver au debout de 10
la conté de Flandres, qui est hiretages au conte, à
toute sa poissance. Ghe sont parolle[s] impétueuses
et orguilleuses, et li rois et monsigneur de Bourgongne
en aront à nostre retour grant indignation; si ne
demo[r]ront pas les coses longhement en cel estât. » 15
Et cil de Tournai respondirent que par leur conseil
il perseve[r]roient et que, se à Dieu plaisoit, il ne
feroient ja cose dont il fussent repris. Depuis ne
demora que trois jours que li commissaire partirent
de Tournai, et s*en retournèrent devers le roi, et le 20
trouvèrent à Peronne, et ses trois oncles les dus dallés
lui, Berri, Bourgongne et Bourbon.
§ 308. Le jour devant estoit là venus li contes de
Flandres, pour remonstrer ses besongnes au roi et à
son conseil, et pour relever la conté d'Artois, en quoi 25
il estoit tenus, car encores ne Tavoit il point relevée.
Si en estoit il contes par la sucession de la contesse
d'Artois, sa mère, qui estoit morte en Tanée. Quant
chil commissaire furent venu, li consaulx dou roi se
mist ensamble, présent le jone roi, et là furent lentes 30
les deus lettres dessus dites que Phelippes d'Artevelle
284 CHRONIQUES DS J. FR0I8SART. [1382]
et dl de Flandres avoieût mvoiies à Tournai. De ce
que on les converti en grant mal et que il fu dit que,
en le nouveleté dou roi de France, si grans orgieux
qui estoit en Flandres ne faissoit mies à sou&ir ne à
5 soustenir, de ce ne fu pas li contes de Flandres cou-
rouchiés, che fu raisons, car bien veoit et congnissoit
que, sans l'aide et poissance dou roi de France, il ne
pooit jamais retourner à son hiretage de Flandres. Si
fist là li contes de Flandres au roi, présent son conseil,
10 ses complaintes bien et à point, et fu bien oïs et respon-
dus en dissant des dus : c Cousins, des Flamens ne
poés vous à présent dire ne parler de nul raison-
nable traitiet, sicom il appert par leurs [lettres] scel-
lées, et sont orgilleux et presomptieux et trop fourfait,
15 quant il querent aliaoces à estragne signeur tel comme
le roi d'Engletière, qui est nostres aversaires; et ce ne
sera point soustenu, mais les ira li rois bastéement
combatre, et de che soies tous asseurés. > Lors se offri
et présenta li contes de Flandres au roi de relever la
20 conté d'Artois, enssi comme à son naturel signeur et
que il le devoit faire. Li rois fu consilliés de respondre
et dire enssi : c Contes, vous retoumerés en Artois,
et tremprement nous serons à Ârras, et là ferés vous
vostre devoir, presens les pers de France, car mieux
25 ne poons nous monstrer que la querelle est nostre
que de aprochier nos ennemis. >
Li contes se contempta moult de ceste response, et
se parti de Peronne trois jours après, et s'en retourna
en Artois, et vint à Hesdin. Et lirois de France, comme
30 chils qui de grant volenté voloit venir en Flandres et
abatre l'oi^oel des Flamens, enssi que autrefois si
predicesseur avoient fait, mist ders en oevre à tous
[1382] LIVU DBUXIÈMK, % 309. 285
lés et envoiia lettres et mesagiers et mandemens qui
s'estendirent par toutes les parties de son roiaulme,
en mandant que tantos et sans délai cascuns venist
vers Arras pourveux au mieux que il peuist, car au
plaisir de Dieu il voloit aler combatre les Flamens en 5
Flandres. Nuls sires tenant de lui n'osa désobéir, mais
fissent leurs mandemens de leurs gens, et s'aparilliè-
rent et se départirent li lonlaing d'Auvergne, de
Roerghue, de Quersin, de Toulousain, de Gascongne,
de Limosin, de Poito, de Sainctonge, de Bretaigne et 10
d'autre part, de Bourbonnois, de Forois, de Bour-
gongne, de la Daufiné, de Savoie et de Loeraingne,
de Bar et de tous les circuités et chaingles dou
roi[aume] de France et des tenances. Et tout avaloient
aval vers Artois : là se faissoit li amas des gens d'armes i&
si grans et si biaux que mervelles estoient à consi-
dérer.
§ 309. Li contes de Flandres, qui se tenoit à He[s]-
din et qui tous les jours ooit nouvelles dou roi et dou
duc de Bourgongne et dou grant mandement qui se 20
faissoit en France, fist une deffense par tout Artois
ou plat pals que nuls, sus à perdre corps et avoir, ne
traisist ne mesist hors de son hostel, en forterèce ne en
bonne ville, cose que il euist, car il voloit que les gens
d'armes fuissent aissiet et servit de ce qui estoit ou 25
plat païs. Âdont s'en vint li rois en Ârras, et là s'aresta ;
et les gens d'armes de tous lés venoient et aplouvoient
tant et si bien estofé que ce estoit grant biauté dou
veoir, et se logoient enssi comme il venoient sus le
plat pals, et trouvoient les granges toutes plaines et 30
bien pourveues, lesquels pourveances leur venoient
286 CHR0NIQUB8 BK J. FBOI88ART. [iSK]
bien à points car tout estoit abandonné, et li corps
des grans aigneurs se logoîent ens es bonnes villes.
Adont vint li contes de Flandres en Ârras, et conjol
grandement le roi et les signeurs qui là estoient vttiu,
5 et fist là hommage au roi, présent les pers qui là
estoient, de la conté d'Ârt<Hs, et li rms le recîiut à
homme, et li dist : c Biaux cousins, se il plaist à Dieu
et à saint Denis, nous vous remeterons temprement
en l'iretage de Flandres, et abaterons tellement Tor-
10 guoel de ce Phelippe et de ses Flamens que jamais
[n'aront] cure ne poissance de euk révéler ne rele-
ver. > — c Monsigneur, dist li contes, je i ai bien
fiance, et vous i aque[r]rés tant d'onneur et de grâce
que à tous les jours dou monde vous en serés prisiés,
15 car maintenant voirement est li orgieux moult grans
en Flandres. >
§ 310. Phelippes d'Ârtevelle, lui estant [au siège]
devant Audenarde, estoit tous avisés et enformés
comment li rois de France voloit à poissance venir sur
20 lui. Par samblant il n'en faissoit compte, et disoit à ses
gens : c Mais par où quide dis roitiaux entrer en Flan-
dres? n est encores trop jones d'un an, quant il nous
quide esbahir par ses asamblées. Si ferai tellement
garder tous les passages et les entrées de Flandres
25 que il ne sera mies en leur poissunce que il se voient
de ceste anée dechà le rivière dou Lis. > Adont manda
il à Gand le signeur de Harselles que il venist devant
Audenarde : il vint. Quant il fu venus, Phelippes li
dist : c Sires de Harselles, vous savés bien et enten-
30 dés tous les jours conunent li rois de France se appa*
relie pour nous destruire ; il faut que nous aions avis
[1S82J un» DBUZlilfll, i 310. i87
et conseil sur oe. Vous deiiior[r]és cfai et tenrés le
siège, et je m*eQ irai à Bruges et à Ippre aprendre
encores mieux des nouvelles, et rafiresquirai, par
paroUes et monitions de bien faire et de eux enconn
gier, les bonnes gens des bonnes villes, et establirai 5
sus la rivière dou Lis aux passages tant de gens que
li François ne poront oultre. » A tout oe s'acorda
bien li sires de Harselles. Lors se départi Phelippes
dou si^e, et s'en chevauca vers Bruges ; et chevau-
dioit oonune sires, et faissoit porter son pennon 10
devant lui tout desvolepet, armoiiet de ses armes, et
portoit de noir à trois cappiaulx d'argent.
Quant il fu venus à Bruges, il trouva Piètre dou
Bos et Piètre le Wintre, qui là estoient gardiien et
cappitaines de Bruges. Si parla à eulx et leur remous- t5
tara comment li rois de France atout sa poissanoe
voloit venir en Flandres, et que il oonvenoit aler au
devant pour i remediier et garder les passages : c Si
voel, Piètre dou Bos, que vous allés au pas à Gom-
mines : vous garderés là la rivière. Et vous. Piètre le 20
Wintre, vous irés au [pont] à Wameston et là garde-
rés vous le passage. Et faites tous les pons en de^
sus la 'rivière jusques à la Gorge et à Estelles et à
Henreville rompre, et en desous jusques à Gourtrai.
Par enssi ne poront li François passer, et je m'en 25
irai à Ippre parler à ceux de Ippre et eux en amour
rafresquir et reconforter, et remonstrer conunent nous
sommes conjoint ensamble par une unité, et que nuls
ne se fourvoie ne isse de ce que nous avons juret
ensamble à tenir. Il n'est mies en la poissance dou roi 30
de France ne de ses François que il puisent passer la
rivière dou Lis ne entrer en Flandres, puis que li pas
288 CHRONIQUES DB J. FROISSABT. [1382J
seront gardé, se il ne vont au lonc de la rivière querre
passage vers Saint Orner et Berghes. Et, se il faissoient
die chemin, il trouveroient tant d'empeoemens , de
crolières et de mauvais pas que il ne se poroiait tenir
5 ensamble, avoec ce que il est iviers et que il fait
fresc et mauvais chevauchier, que il seroient tout
perdu d'avantage. > Ghe respondirent cil doi Piètre :
c PheUppe, vous dites voir, et nous ferons ce que
vous dites. Et de nos gens qui sont en Engletière,
10 avés vous oï nulles nouvelles? > — c Par ma foi ! res-
pondi Phelippes, nenil, dont je m'esmervelle. Li par-
lement sont maintenant à Londres, si en deverons
temprement oïr nouvelles. Li rois de France ne se
puet jamais tant haster que nous ne soions conforté
15 des Ënglès, anchois que il nous porte point de con-
traire. Espoir, fait li rois d'Engletière son mandement,
et venront Englois à TEsduse sus une nuit, quant nous
ne nos en donrons garde, car il ont vent pour issir
hors d'Engletière à votenté. » Ensi se devisoient chil
20 troi compaignon ensamble. Auques pour ce tamps
toute Flandres estoit en obéissance à eux, excepté
Tenremonde et Audenarde.
§311. Ëntrues que ces ordonnances se faissoient,
et que li rois de France sejournoit à Arras, et que
25 gens d'armes s'amassoient en Artois, en Tournesis et
en le castelerie de Lille, se avissèrent aucun cheva-
lier et escuier qui sejournoient à Lille et là environ,
par l'emprise et ennort dou Halse de Flandres, que il
feroient aucun exploit d'armes, par quoi il seroient
30 renommé. Si se quellièrent un jour environ sis vins
hommes d'armes, chevaliers et escuiers, et vinrent
[1382] UVRS DBUXIÈIIB, S 3ii. 289
passer la rivière dou Lis au pont à Hemn, à deux
lieues de Lille, liquels pons n'estoit point enoores
deffiJs, et chevauchièrent en la ville et restourmirent
moult grandement, et tuèrent et decopèrent en la
ville et là près grant fuisson de gens, et les cachièrent 5
priés tous hors de leur ville. Li haros commencha à
monter; les villes voisines commenchièrent à sonner
leurs cloques à herlle et à traire vers Uenin, car li
haros venoit de là. Si s'[as]aniblèrent grant fuisson
de gens, et se requellièrent tout ensamble en Menin. iO
Quant li Halses, messires Jehans de Jeumont, li cas-
telains de Buillon, messires Henris de Dufle et li che-
valier et escuier eurent bien esmeu le païs et leur fu
vis que il estoit tamps dou retourner, il se missent au
retour pour rapasser à ce pont la rivière, enssi que il 15
avoient passé ; et ja le trouvèrent il fort et pourveu de
Flamens cgai le deffaissoient ce qu'il pooient, et, quant
il en avoient rosté une ais, il le couvroient de fiens,
afin que on ne veist point le mehaing. Evous cheva-
liers et escuiers retourner, montés sur fleurs de cour- 20
siers et de chevaux, et truevent en la ville plus de
deus mille de ces païssans qui là s'estoient requelliet,
liquel se mettent tout en bataille pour venir sus eux.
Quant dl gentil honmie en veïrent le convenant, si
dissent : < Il nous faut, par force de chevaux, rompre 25
ces villains, ou nous sommes atrapet. > Âdont se
missent il tout ensamble, et abaissièrent les lances et
les espées roides de Bourdiaux, et esperonnèrent les
chevaux de grand randon, et missent devant les plus
fors montés, et commenchièrent à huer. Ghil Flament 30
s'ouvrirent qui ne les osèrent atendre, et li autre
dient que il le fissent tout par malisse, car il savoient
X — 19
2M CHRONIQUKS DB h FROISfSAET. [1M2]
bien que U pons oe les poroit porter; et disnient
entre eux li Flament : c Paissons leur voie; vous
Terés ja biau jeu. » Li Halse[s] de Flandres, li chevalier
et li escuier qui se vdoient sauver, car li sejoumers
5 leur estcMt contraires, fièrent chevaux des espérons
sus oe pont, liquels n*estoit pas fors pour porter on
tt grant fais. Toutesfois li Halses de Flandres et anoun
autre eurent Teur et l'aventure de passer oultre, et pas-
sèrent environ trente, et, enssi que li autre voldent
iO passer, li pons rompi desous eulx. Là eut des che-
vaus enrasquiés, qiû ne se peurent ravw, qui i
forent mort et leurs maistres. Ghil qui estoient
derière velrmt cfae meschief : si furent moult esbi^
et ne soeurent où fuir pour eux sauver. Si ferirent li
15 aucun en la rivière, qui le quidoient noer, mais il ne
pooient, car elle est parfonde et de hantes rives où
cheval ne se pueent aherdre ne [rescoure] . Là &A grant
raesohief , car li Flament venoient, qui les encaociioient
et ochioient à volenté ^ sans merdii, et les fsissoient
20 saillir en Faige, [et] là se noioient. Là Ai messires
Jehans de Jeumont en grant aventure d^estre perdus,
car li pons rompi desous 11, mais, par grant apertisse
de corps, il se sauva. Toutesfois, il fu navrés éou
trait moult durement ou chief et ou corps, dont il jut
25 puis plus de sis sepmaines ^ ne se peut armer en
grant tamps. Â che dur rencontre furrât mort li cas-
telatns de Buillon et [Bouchars] de Saint Hilaire et
pkiiseur autre, et noiiés messires Henris de Dufle ; et
en i eut que mors que noiiés plus de soissante, et dl
30 tout ewireux qui sauver se peurent, et grant foison
de Mechiés et de navrés. Enssi ala de ceste emprisse.
Les nouvelles en vinrent as signeors de France qui
[1382] UVBB WmsÈME, g 842. 291
estoient à Ârras, oonmieiit lears gens avoieot perda»
€t comment follement li Hatees de Flandres avoit die-
yaudiirt. Si farent des aueons plains, et des autres
noa ; et disoient dl qui le plus estoient usé d'armes :
< Il ont fait une folle emprisse de passer une rîvîèm &
sans gué et aler courir une grosse ville« et entrer ou pals,
et retoomar au pas par où il avoient passet, et non
[garder] ^be pas jusques à leur retour; che n*est pas
emprise faite de sages gens d*araies qui voellent venir
à bon efaief de kur besongne, à faire enssi, et pour ^0
ce que outrequidiet il ont cbevaudiiet, leur en est il
mal pris* »
g 31S. Gheste oose se passa; on le mist en oubUanoe,
ci Phdippes d'ArfteireUe se départi de Bruges et s'en
vint à Ippre, où il fu requeUiés à grant joie. Et Hêtres 45
don Bos s'en vint à Gonomines, où tous M plas pals
estoit asamUés, et là entendi as besongnes et fist
toutes les ais dou pont de Gommines deaclauer et dei»-
cpieviUier, pour estre tantos, se il besengnoit, [deffait] ;
mais encore ne vaut il mies le pont eondempner de tous 20
poiiis^ pour l'avantage de ceulx dou plat païs requellier ,
qui passaient tous le& jours leurs bestos à grant fuifr-
son et mettoient oïdtre le Lis à sauveté et eacbœent
cas es bos et ens es praimes sus le pals et environ
Ippre. Si en estoit li ptis si cargiés que^à grans mer*- 25
velles.
Che propre jour que Pbelippes d'Aitevelle vint à
Ippre, vinrent les nouvelles, comment, au pont à
Menin, li François avoitnt perdu et li Hdses avoit esté
priés atrappés. De ces nouvelles fu Pbelippes tous res* 30
joitof et dirt en riant, peur rencoragier oeuU qui daUés
^92 CHR0NIQUB8 DB J. FROISSART. [1382]
lui estoieot : t Par la grâce de Dieu et le boo droit
que nous avons, tout li autre veuroot à celle fin, ne
jamais cils rois de France, jonement consilliés selonc
che qu'il est d'eage, se il passe la rivière dou lis,
5 ne retournera en France. »
Phelippes d'Ârlevelle fu cinc jours à Ippre, rt
preecha em plain marchiet pour rencoragier son
peuple et tenir en leur foi ; et leur remonstra com-
ment li rois de France, sans nul title de raison, venoit
10 sus eux pour eux destruire : c Bonnes gens, dist Phe-
lippes, ne vous esbahissiés point se il viennent sur
vous, car ja n'aront poissance de passer la rivière
[dou Lis]. J'ai fait tous les pas bien garder, et est
ordonnés à Gommines Piètres dou Bos atout grant
15 gent, qui est uns loiaux homs et qui aime l'onneur de
Flandres; et Piètre le Wintre est à Warneston, car
tout li autre passage [sus] la rivière dou Lis sont
romput, ne il n'i a passage ne gué fors à ces deus
villes là où il puissent passer. Et si ai oît nouvelles
20 de nos gens que nous avons envoiiet en Engletière.
Nous arons temprement un très grant confort des
Englès, car nous avons bonnes aliances à eux : il se
sont ahers avoecq nous pour aidier à faire nostre
guerre contre le roi de France qui nous voelt heriier.
25 Si vives loiaument en cel espoir, * car li honneurs nous
demor[r]a, et tenés che que vous avés juret et promis
à moi et à la bonne ville de Garid, qui tant a eu de
paine et de frait pour soustenir et garder les droi-
tures et les francisses des bonnes villes de Flandres.
30 Et tout cil qui voellent demorer dalés moi, enssi
comme il l'ont juret, [lièvent] le main vers le chiel en
segnefiant loiauté. » A ces mos, tout cil qui ou mar-
[1382] LIVRE DEUXIÈME, S 312. 293
diiet estoient et qui oït Favoient levèrent le main
amont, et le aseurèrent que tout demor[r]oîent dalés
lui. Âdont descendi Phelippes de l'escafaut où il avoit
pre[e]chiet, et s'en vint fendant parmi le marchiet
jusques à son hostel, et se tint là tout ce jour. A
Tendemain, il monta à cheval et retourna à toute sa
route vers Âudenarde, où li sièges se tenoit, qui point
ne se defifaissoit pour nouvelles que il oïssent ; mais il
passa parmi Gourtrai, et reposa là deus jours.
Fm DU TEXTE DU TOME DIXIEME.
VARIANTES.
VARIANTES.
f
§ 169. P. ly 1. 2 : Sartre. — Ms. B 12 : Chartres.
P. ly 1. 3 : Noiion. — Ms. A 2 : Nogent.
P. ly 1. 5 : deslogiërent. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent :
et puis se partirent.
P. iy 1. 6 : là. — Le ms. B 20 ajoute : s'arrestèrent et.
P. iyX.l '. Sablé. — Mss. B 5, 7 : Sales.
P. ly 1. 8 : Mans. — Leçon des mss. B 1, 2. — Ms. A 1 : Man.
— Ms. B 12 : Mayens.
P. 2, 1. 1 : d'Arve. — Mss. B 1, 2, 12, 20 : d'Ame.
P. 2| 1. 4 : marescages. — Mss. A 7, B 7 : marez. — Ms. B 5 :
mares.
P. 2, 1. 7-9 : seuissent... garde. — Ms. B 12 : les eussent là
assaillîz, ilz n'eussent aucunement peu secourir à l'un l'autre.
P. 2, 1. 7 : convenant. — Ms. B 20 : inconvénient.
P. 2, 1. 11 : passèrent. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : onltre.
P. 2, 1. 12-13 : en iaulx... esperoient. — Mss. A7, B 5, 7 :
en espérant.
P. 2, 1. 15 : Hainbon. — Mss. A 2, B 12 : Hennebont.
P. 2y 1. 19 : recorda. — Ms. A 2 : compta.
P. 2y 1. 19-20 : l'eut tantos passé. — Ms. B 20 : en eut de
legier passé son deuU.
P. 2, 1. 22 : je avoie. — Mss. B 1, 2 : il avoit.
P. 2, 1. 24 : la moitié. — Manquent aux mss. B 1, 2. —
Ms. B 12 : plus de la moittié.
P. 2, 1. 28 : me fault. — Ms. B 12 : ainsi pour la cause de
ce roy Charles mort il m'est besoing de.
P. 2y 1. 31 : laisseront. — Les mss. A 2, B 5, 12 ajoutent :
entrer.
298 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1380]
P. 2, 1. 32 à p. 3, 1. 1 : et chiaulx... fiance. — Mes. B 5, 7 :
telz que.
P. 3y 1. 2 : c'on dist... Guion. — Manquent au ms. fi 12.
P. 3, 1. 2 : messire Bertram. — Manquent aux mes. A 7,
B5, 7.
P. 3, 1. 2 : Guion. — • Le ms» A 2 ajoute : admirai de Bre-
taigne.
P. 3, 1. 3 : Tannegui. — Ms. A 2 : Aubigny. — Ms, B 1 :
Chavregni. — Ms, B 2 : Channi. — Ms, B 20 : Cauvegny.
P. 3, 1. 4 : Câresmiel. — Ms, A2 : Carismel. — Ms, B 12 :
Carmel. — Ms, B 20 : Karennel.
P. 3, 1. 4 : Tesleu de Lion. — Ms. A 2 : grant gouverneur
de Léon. — Manquent aux mss, B 5, 7.
P. 3» 1. 25 et plus bas : Vitré. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Af5. A 1 : Viteri. — Mss. A 2, B 12, 20 : Vîtry.
P. 3, I. 28-29 : où il... jours. — Mss. A 7, B 5, 7 : et de là.
P. 3, 1. 29 : Chastel Bourg. — Leçon du ms. B 12. —
Ms, A 1 : Chastel Brout. — Mss. A 7, B 5, 7 : Chastel Briant.
— Mss. B 1, 20 : Chastel Bronc. — Ms. B 2 : Chasteau-
briant.
P. 3, 1. 29-30 : Chastel Bourg en Bretaigne. — Ms, A 2 :
Bron, qui estoit le propre heritaige de messire Bertran du
Guesclin, connestable de France qui avoit esté, car il estoit
mort, n*avoit guaires, devant Chasteau Neuf de Randon, si
comme nous avons dit ci devant.
§ 170. P. 4, 1. 6-7 : et li... n'estoit. — Ms. B 20 : et les
barons de son païs de Br. n'estoient.
P. 4, 1. 11 : de France* — M$. A 2 : bon ou maugré leurs
ennemis.
P. 4, 1. 17 : chil. — Mss. A 7, B 2, 5^ 7, 12 : de ceulx.
P. 4, 1. 18 : sont. — Leçon dums.Al. ^^M$s. A 1, B 1, 20 :
est. — Ms, B 2 : et qui est. — - JlCfs. B 6, 7 : lesquelz sont. «—
Ms. B 12 : laquelle est.
P. 4, 1. 18 : tous rebelles. — Leçon des mss. A7, B5, 7. —
Mss. A 1, B 1, 2, 12, 20 : toute rebelle.
P. 4, 1. 19 : ordonnent. — Leçon des mss. B 5, 7» 12. — -
Mss. A 1, 7, B 1, 2, 20 : ordonne.
P. 4, 1. 21 : scellèrent. — Ms. A 7 : s'allèrent.
[13801 VARIANTK8 DU UVRS DBUXliMS, § 171. 999
P. 4, 1. 23 : régent. -^ Les m$9. A 7^ B 5, 7 aJouUiu : de
France.
P. 4) 1. 25 : pour. — Leçon des mss, À 7, B 1, 5, 7, 12^ 20.
— Manque au nu. A 1.
P. 4, 1. 31 : et... enssi. — Ms. A 7 : distrent. — Mss. B 5,
7 : dirent.
P. 5, 1. 4 : à Chastiel Bourg. — Ms. A 2 : en la ville de Bron.
P. 5, 1. 7 : entrer. — Le ms, B 12 ajoute : ne antres.
P. 5, 1. 7 : mais. — Le ms. A 2 ajoute : pour Tamour et
honneur du duc.
P. 5, 1. 22 : qui estoient. — Mss. A 7, B 5, 7 : qu*il£ sen*
toient.
P. 5y 1. 25 : se. --- Ze ms. B 20 aj'oute : conduisoit et.
P. 5, 1. 29 : prioient. — Le ms, A 2 aj'oute : moult humble-
ment.
P. 6, 1. 5 : de mettre. -^ Mss. B 1, 2 : demorèrent. —
Ma. B 20 : remettre.
S 171. P. 69 1. 10^11 : messires Robert CanoUes. — • Man^
quent aux mss. B 5, 7.
P. 6, I. 19 : trois. — Ms. B 1, 2 : quatre.
P. 69 1. 20 et plus loin : Combourg. — Mss. A 1, B 1, 2, 5,
20 : Ck)mbrout. — Ms. A 2, 7 : Ck)mbour. — Ms. B 7 : Gom-
brenc. — Ms. B 12 : Cambourg.
P. &y 1. 23 : les convenans. — Ms. B 20 : la conduite.
P. 7, 1. 1 : de Venues. — Manquent aux mss. B 1^ 2.
P. 7, 1. 1 : Venues. — Leçon des ms. A 2, 7, B 5, 7. —
Mss. A 1, B 12, 20 : Rennes.
P. 7, 1. 9 : jour. — Le ms. A 2 ajoute : se ilz eussent voulu.
— Les mss. B 1, 2 ajoutent : se il voulsissent.
P. ly 1. 10 et plus loin : le Heidé. -^ Mss. A 7, B 5 : la Heidé.
— Mss. B 1, 2 : le Herdé. — ATs. B 7 : la Herdé. — Ms. B 12 :
la Heydé.
P. 7y 1. 17 : amour. — Ms. A 2 : signe d'amour par sem-
blant. — Ms. B 20 : signe d'amour.
P. 7, 1. 21 : de l'esté. — jlfj. B 1 : de li estre. — Ar«. B 2 :
de lui estre.
P. 7, 1. 28 : merchi. -^ Le ms. B 12 aj'oute : et en seront
tous aises et joyeulx.
300 GHRONIQUIS DB J. FROI88ABT. [1380]
P. 8f 1. 8-9 : tout... Madère. — Ms. B 12 : là tout autour
logiez.
P. 8, 1. 8 : et. — Leçon des msM.Aly Bi, 2,5,7. — Manque
au ms. A 1.
P. 8y 1. 9 : Bretaigne. — Le ms. A 2 ajoute : et le conseil
du conte.
P. S, 1. 11-12 : et... compaignie. — Af«. A2 : ces .un. barons
estoient propres conseilliers du conte.
P. 8^ 1. 13 : besongnes. — Le ms. A 2 ajoute : et pour sça-
voir comment ilz se pourroient maintenir contre cenls de
Nantes.
§ 172. P. 8^ 1. 16 : devant. — Leçon des mss. B 1, 2, 12.
— Manque au ms. Al. — Mss. A 7, B 5, 7 : à.
P. 8, 1. 24-25 : et que... le. — Mss. A 7, B 5, 7 : on.
P. 8, 1. 24 : ces. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : besoingnes et.
P. 8, 1. 26 : querre. — Le ms. A 7 ajoute : le conte. — Les
mss. B 5, 7 ajoutent : le conte de B.
P. 8, 1. 26 : où il... hoos. — Mss. A 7» B 5, 7 : pour estre
à ces obligacions et consaulx.
P. 9, 1. 5 : à Rennes. — Ms. A 2 : encores es faubours de
Rennes et le conte et ses barons en la ville.
P. 9y 1. 9 : che. — Le ms. B 20 aj'oute : que ilz Tattenderoient
francement.
P. 9, 1. 13 : Morfouace. — Le ms. A 2 ajoute : de Saint
Maslou de llsle.
P. 9, 1. 14 : Malatrait. — Le ms. B 20 ajoute : le Besgue.
P. 9y 1. 14 : Toumemine. — Ms. A 2 : mons. Jehan T. —
Mss. A If B b,l lie sire de T.
§ 17S. P. lOy 1. 2 : li contes de Savoie. ^ Manquent au
ms. B 20.
P. lOy 1. 4 : li. — Mss. A 7, B 5, 7 : mais li.
P. 10, 1. 22-23 : et tout li enffant. — Aff. B 20 : et tous les
jouvenceaulx o lui, et par especial ceulx.
P. lOy 1. 24-25 : dont... devant. — Mss. A 7, B 5, 7 : jour
de la Toussains.
P. 10, 1. 25 : joedi. ^ Leçon du ms. A 2. ^ Mss. A 1, B 1,
2, 12, 20 : venredi.
[1380] VARIANTES DU LIVRK DEUXIÈME, | 174. 301
P. 10, 1. 30 : roi. — Le ms. B 20 ajoute : chrestien.
P. 11, 1. 8 : vestie. — Ms. B 1 : vestus. — Ms. B 2 : vestu.
P. 11, 1. 8-9 : si... avoir. — Ms. B 20 : et le roy estoit tant
ricliemeiit et noblement vestu que Ton ne pouoit plus.
P. 11, 1. 10 : escamiaulx. — Mss. B 5, 7 : eschafaulx.
P. 11, 1. 11 : à ses pies. — Ms. A 2 : assez près du roy.
P. 11, 1. 27 : aliennées. — Le ms. A 2 ajoute : au moins lors.
P. 11, 1. 32 : tref. — Leçon des mss. A 2, B 2, 5, 7, 12. —
Mss. A 1, 7, B 1 : tret.
P. 12, 1. 2 : cinc. — Mss. B 1, 2 : quatre.
P. 12, 1. 2 : Braibant. — Manque aux mss. B 1, 2.
P. 12, 1. 3 : Bourbon. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : avoecques
eulx son grant oncle.
P. 12, 1. 5 : servoient. — Ms, B 12 : seroient.
P. 12, 1. 6 : li sires de Cliçon. — Manquent au ms. A 2.
P. 12, 1. 7 : France. — Mss. A 7, B 5, 7 : la mer.
P. 12, 1. 14 : pas. — Mss. A 2, B 12 : repas.
P. 12, l. 28 : mort. — Mss. A 7, B 5, 7 : qui estoit tres-
passez.
§ 174. P. 13, 1. 13 : Montraulieu. — Ms. A 2 : Montauban.
— Ms. B 12 : Monstreuil.
P. 13, 1. 13 : Houssoie. — Le ms. A 2 ajoute : mons. Gef-
froy de Karrismel.
P. 13, 1. 29 : Ricebourc. — Ms. B 12 : Chierbourg.
P. 13, 1. 31 : priés. — Le ms. B 20 aj'oute : des portes de
la cité.
P. 14, 1. 2 : d'Ango. — Le ms. A 2 aj'oute : de Touraine.
P. 14, 1. 3 : du Mainne. — Leçon du ms. B 1. — Ms. A 1 :
de Humaine.
P. 14, 1. 11 : nuit. — Le ms. A 2 aj'oute : où nous sommes.
— Les mss. B 5, 7 ajoutent : de huy.
P. 14, 1. 11 : escarmuchier. — Le ms. A 2 aj'oute : espoir
ont les aucuns tant beu que le mal Saint Martin les tient es
testes tellement qu*ilz sont ja endormiz, et ainsi cuident ilz de
nous. » Si commencièrent tous à rire.
P. 14, 1. 13 : est. — Leçon du ms. B 2. — Manque aux
mss. A 1, B 1. — Mss. A 2, 7, B 5, 7, 20 : dites.
P. 14, 1. 13 : et est... faire. — Ms. B 12 : ainsi devrions faire.
8M CHR0N1QUS8 DX J. nOISSART. [4SM]
P. 14, 1. 13-14 : et nous le voilons. -* Manquent mue
m9$. B $, 7.
P. 14, 1. 15 : sis vins. — Ms. A 2 : vu".
P. 14, L 17 : i. — Leçim des rnse. B 1, 2. — - Manque aux
mss. A 1, 7, B 5, 7, 12.
P. 14, 1. 25 : mebaignier* •— Ms. B 12 : deoopper. — Xe
me. A 2 ajouu : et mettre ea gnnt meschief,
§ 175. P. 15, 1. 8 : eussions. — Leçon du me. B 2. «-<-
Me. A 1 : issions. «--* Mes. A 7, B 7, 12 : yssions. ^-^ Me. B 1 :
heussions. -*- Me. B 5 : yssissions.
P. 15, 1. 8 : sis. — Mes. B 2, 5, 7, 12 : de sis.
P. 15, 1. 8 : set. — Ms. B 20 : huit.
P. 15, 1. 15 : fiiente. -^ Ms. A 2 : nol semblant. -^^ jlfo. B 5 :
bruyt. — Ms. B 7 : frieme. — ilfji. B 12 : freinte.
P. 15, 1. 28 : moult coiteussement. — Ms. A 2 : mouit cour-
toisement. — Ms. B 20 : tout à la couverte.
P. 16, 1. 9 : Nantes. •*- Le ms. A 2 ajoute : à pou de dom-
maige.
§ tW. P. 16, 1. 13 : les. '*«<' Xe 199. B 20 ajoute : escarmu-
choient et.
P. 16, L 15 <l ailleurs : il. *^ Leçon du me, B 1. -^Me. A 1 : il£«
P. 16, 1. 16 : setime. — Af^. A 2 : vm«.
P. 16, 1. 22 : Alghars. — ils. A 2 : AJehart.
P. 16, 1. 22-23 : Tbumas. ^ A&. B 1 : Tbnns. —- JW». B 2 :
Tun.
P. 16, .1. 23 ; Rodes. -^ ilfs. B 5 : Rodez.
P. 17, L 4 : Thumas. — iUf . A 1 : Thune»; ef. plue haut
p. 16, 1. 22-23. -— Mss. B 1, 2 : Thomas.
P. 17, 1. 9 : point. — Mss, A 7, B 7 ; pou. — Ms. B 5 : peu.
P. 17, 1. 12 : resvilliet. ***- Le ms^ B 20 ajoute : par les sail-
lies des François.
§ 177. P. 17, 1. 15 : duck. -^ Le me. B 20 ajoute : Jehan.
P. 18, 1. 2 : mors. — Le me. B 20 ajoute : saas nul remède.
P. 18, 1. 6 : fottllées. — Ms. A 2 : pillées ne fouUées. —
Mss. B 1, 2 : violées. — Ms. B 12 : pillées.
P. 18, 1. 12 : tiroit trop. ^ Ms. B 20 : iraveiUoit moult.
[I8M] VARIAmUS BO LIVBB I»UXIÈ1fB. { 179. 303
P. 18, 1. 32 : Roem. — Le nu. A 2 ajoute : le seigneur de
Beaamanoir.
P. 18, 1. 32 : Rocefort. — Le ms, A 2 ajoute : le conte de
Longueville, le yiconte de la Bellière.
P. 18, 1. 32 : li. — Manquent aux nus. A 1, 7, B 1^ 7. —
Msê. B 2, 5, 12 : les.
P. 19, 1. 6 : les. — Leçon des nus. B 2, 5, 7, 12. — Manque
aux nus. A 1, 7, B 1, 20.
P. 19, 1. 8 : à siège. — JUb* A 1 : assiège.
P. 19, 1. 10 : tant. — Le nu. B 20 ajoute : de sonssy et.
P. 19, 1. 21 : auquel. — Le nu. A 2 ajoute : aler.
P. 19, 1. 22 : si. — Leçon des nus. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : se.
§ 178. P. 19, 1. 28 : iiommes d'armes. — Mss. A 7, B 5, 7 :
lances.
P. 20, 1. 1 : de. — Leçon du nu. B 1. — Manque au ms. A 1.
P. 20, 1. 5 : Amauris. — Ms. B 12 : Aymeri.
P. 20, 1. 9 : de Quisenton. — Mss. B 1, 2 : de Guisenton.
— Ms. B 5 : de Gousoicenton. — Ms. B 7 : de Gouçuicenton.
-* Manquent au m«. B 12.
P. 20, 1. 20 : siis. — Ms. A 2 : vm. -- itff. A 7 : dix. ~
Mss. B 5,1 : des.
P. 20, 1. 21 : trois. — Mss. B 1, 2 : quatre.
I 179. P. 20, 1. 24 : Golet. — Leçon des mss. B 1, 2, 12 ;
cf. plus loin p. 22, 1. 10. — Mss. A 1, B 20 : Celet. — Ms. A 2 :
Rieux. — Mss. A 7, B 5, 7 : Selete.
P. 20, 1. 27 et plus loin : Donvesière. — Ms. A 1 : Domes«
cière. — Ms. A 7 : Douvestre. — Mss. B 1, 2, 12, 20 : Den-
nesière. — Ms. B 5, 7 : Dnnestre. — Le nu. A 2 donne comme
leçon : Hostidonne et ses gens.
P. 21, 1. 3 : Tiriel. — Afs. A 2 : Tinciel. — Jtf«. A 7 : Ticiel.
— Mss. B 1, 2, 20 : Titiel. — Mss. B 5, 7 : Ûciel. — Ms. B 12 :
Titcl.
P. 21, 1. 13 : tenoient. — Le ms. B 20 ajoute : pour le roy
de France en garnison.
P. 21, 1. 14 : fovragesrs. — Mss, A 7, B 5, 7 : fouriers.
P. 21, 1. 18-19 : qui... nouvelles. ^^ Manquent aux nus. B 1, 2«
304 CHRONIQUES DK J. FROISSART. [1386]
P. 2iy 1. 18-22 : qui... fesist. — Manquent au ms, B 12.
P. 21, 1. 19 : n'ooient. — Leçon des mss, A 7, B 5, 7. —
Ms. A 1 : n'ooit.
P. 22, 1. 2 : ou. — Le ms, B 20 ajoute : xn^ ou.
P. 22, 1. 5-6 : ne... Toost. — Ms, B 20 : le dit messire
Robert Ganolle ne nulz autres ne départirent point de l'ost.
§ 180. P. 22, 1. 10 : Collet. — JIftf. A 2 : Rieux.
P. 22, 1. 11 : Morfouace. — Manque aux mss, A 7, B 5, 7.
P. 22, 1. 20 : Traiton. — Mss. A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 20 : Rai-
ton. — Ms. A 2 : Raton. — Mss. A 7, B 5, 7 : Roiton ; ef. plus
bas I. 29.
P. 22, 1. 28-30 : et i... chevalier. — Manquent au ms, B 12.
P. 22, 1. 29 : Traiton. — Leçon des mss. A 1, 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms.A2: Tinton. — Ms. B 20 : Traicon.
P. 23, 1. 2-15 : si s'armèrent... venu. — Mss. B 1, 2 : si
vinrent tantost moult estofféement à l'escarmuce [B 2 ajoute :
et tellement que].
P. 23, 1. 3 : et. — Leçon du ms, A 7. — Manque au ms. A 1.
P. 23, 1. 5 : à faire. — Ms. A 1 : affaire.
P. 23, 1. 20-21 : pour... avant. — Ms. B 20 : moult avant
pour acquérir loz et pris.
P. 23, 1. 21 : agraciier... avant. — Ms, B 12 : acquérir
honneur.
P. 23, 1. 22 : Galle. — Af5. A 2 : Jaille.
§ 181. P. 23, 1. 31 : eus. — Ms. B 20 : en la cite.
P. 24, 1. 8-9 : si... touchoit et. — Ms. B 12 : mais estoient
toujours les Anglois sur leur guet, et ce que plus leur.
P. 24, 1. 8 : fors. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Manque
au ms. A 1. — r Mss. B 1, 2, 12 : que.
P. 24, 1. 13 : mais... assés. — Ms. B 20 : et cenlx de la cité
en avoient à plenté.
§ 182. P. 24, 1. 17-21 : deus... eulx. —Ms.X2: moult
travaillez et endurans assez de mesaises, deus mois et quatre
jours attendans la venue du duc de Br. ainsi qu'il leur avoit
promis, et ilz virent que point ne venoit ne ses convenances
point ne tenoit, et qu'ilz n'en aroient autre chose.
[1380] VARIANTBS OU LIVRE DEUXIÈME, § 182. 30$
P. 24, 1. 21 et ailleurs : il. -^ Ms. A i : ilz.
P. 24y 1. 25 : au deslogier. — Ms. A 7 : le deslogier.
P. 24, 1. 26 : de Tan renoef. -— Mss, A 7, B 5, 7 : de Tan
révolu. — Ms, B 12 : du jour de Tan. — Ms. B 20 : de Tan
renouvelle.
P. 24, 1. 29 : Nord. —Ms.X2: Aunoy. — Mss. A 7, B 5,
7 : Niorch. — Ms. B 12 : North.
P. 24, 1. 31 : Maide. —Ms.A2: Haidé. — Mss. B 1, 2 :
Blarde.
P. 25, 1. 6 : Lohîac. — Mss. B 1, 2 : Loheric.
P. 25, 1. 8 : Gors. — Jlfs. A 2 : Guer. — Mss. A 7, B 5, 7 :
Gros.
P. 25, 1. 8-10 : deus... Treuitté. — Ms. A 2 : trois jours pour
eulx aisier et reposer leurs chevaulx, et rendemain au matin
ilz s'en partirent et vindrent logier à la Trinité en Forhouet, et
là demoura l'ost deus jours.
P. 25, 1. 9 : Maron. — Ms. B 12 : Maurot.
P. 25, 1. 9 : au Maron. — Ms. B 20 : ilz se arrestèrent à la
Trinité soubz Àmauron.
P. 25, 1. 10 : jours. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Manque
au ms. A 1.
P. 25, 1. 12 : Brehaing. — Ms. Il2: Brehal. — Ms. B 12 :
Beliaing.
P. 25, 1. 18 : et vinrent. — Ms. B 20 : Adont ilz envolèrent
deux bourgois de la ville.
P. 25, 1. 24-25 : Il respondirent. — Leçon des mss. B 1, 2.
— Mss. A 7, B 5, 7 : Geulx resp. — Ms. B 12 : Les bourgois
de Venues resp.
P. 25, 1. 30^31 : nous... noient. — Ms. B 20 : ceulx de Venues
ne sont point conseilliez de leur faire ouverture ne de les y
recepvoir.
P. 25, 1. 31 : Brehain. — Ms. B 12 : Bain.
P. 26, 1. 6 : Si. — Leçon du ms. B 5. — ATs. A 1 : Se. —
Ms. B 20 : Je.
P. 26, 1. 13 : rechepvoir. — Le ms. B 20 ajoute : en toute
humilité et bonne amour.
P. 26, 1. 13 : tant. -- Ms. kl \ tout. — Ms. B 5 : ce Gom-
mant.
P. 26, 1. 24 : frère. — Le ms. A,2 ajoute : car le duc avoit
x-20
306 CHRONIQUES DE J. FBOISSART. [4380]
la seur du conte esponsée, qui estoit fille du roy d'Angleterre.
P. 26, 1. 27 : un cop. — Ms, B 5 : une fois.
P. 27y 1. 10 : si. — Leçon du ms. A 7. — Mss, A 1, B i : se.
P. 27, 1. 13-18 : mes gens... frontières. — Ms. B 12 : il y
a eu sur les frontières, le siège durant, grant plenté de gens
d'armes, chevaliers et escuiers de ce pays, telz que.
P. 27, 1. 15 : je aie. — Leçon du ms. B 5. — Mss, A 1, B 1 :
il aient. — Ms, A 2 : ilz ont. — Mss, A 7, B 2, 7, 20 : ilz aient.
P. 27, 1. 19 : Laval. — Mss. A 7, B 5, 7 : Derval.
P. 27, 1. 20 : Rochefort. — Le ms. A 2 ajoute : le sire de
Rain, le sire de Montauban, le sire de Montfort, le sire de Quin-
tin, le viconte de la Bellière et mons. Olivier du Guesclin, conte
de Longueviile.
P. 27, 1. 25 : Si. — Leçon du ms.B i. — Ms. A i : Se.
P. 28, 1. 24 : ens es. — Ms. B 20 : long des.
P. 28, 1. 25 : Suseniot. — Ms. B 7 : Susemont.
P. 28, 1. 27 : là d'où. — Leçon du ms. B 5. — Mss. A 1, 7,
B 7, 20 : de là où.
P. 28, 1. 28-29 : li sires... Trivès. — Ms. B 12 : de Fitz
Warin.
P. 28, 1. 32 : fourbours. — Le ms. B 20 ajoute : en grant
destroiteté.
P. 29, 1. 5-9 : Messire's... camps. — Leçon des mss. B 1, 2.
— Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 5, 7, 12, 20.
P. 29, 1. 13 : chevaulx. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : de fain.
P. 29, 1. 17-26 : Li viscontes... amender. — Mss. B 1, 2 :
Les grans barons de Bretaigne et leurs castiaus.
P. 29, 1. 19 : Gommelin Guighant. — Ms. A 2 : Kemere
Gningant. ~» Ms. B 12 : Gommelinghant.
P. 29, 1. 24 : Mont Contour. -— Ms. B 12 : Montroutoier. —
Le ms. A 2 ajoute : que plus n'osoient aller fourrer celle part.
P. 29, 1. 29 : ouvrir... de. — Ms. B 20 : eslargir ne deffou-
quier Tun d'avec.
P. 30, 1. 2-4 : chiaulx de Hainbon... Campercorentin. —
Mss. B 1, 2 : l'un l'autre.
P. 30, 1. 2 : chiaulx de Camperlé. — Af#. A 1 : cil de G.
§ 183. P. 30, 1. 11 : le duch. — Leçon des mss. A 7, B 5,
7. — Mss. A 1, B 1, 2 : lui. — Mss. B 12, 20 : le duc de Bretaigne.
[1380] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 184. 307
P. 30, 1. 31 à p. 31, 1. 7 : il tiennent... le roi de France. —
Ms. A 2 : on les trouve prests de vous rendre ce qni est de
vostre droit demaine, le plus noble hiretage de crestienneté
sans couronne, mais que vous soies amés de vos gens ; car se
ainsi vous le faittes, pour certain la duchié et les gens d'icellui
pals vous ameront et obéiront, mais jamais ilz ne laisseroient
le roi de France.
P. 31, 1. 1 : le. — Leçon des mss. B i, 2. *- Manque aux
nus. A 1, 7, B 5, 7, 12.
P. 31, 1. 2-4 : et n'est... héritages... — Leçon des mss. B 1,
2. — Manquent aux mss. A 1, B 20.
P. 31, 1. 2-5 : et n'est... couronne. — Mss. A 7, B 5, 7 : si
vous souffîse atant vostre seignourie.
P. 31, 1. 2-6 : et n'est... Bretaigne et. — Manquent au
ms. B 12.
P. 31, 1. 8-9 : Se vostre... de ce. — Manquent au ms. A 2.
P. 31, 1. 8 : moullier. — Mss. A 7, B 5, 7 : femme.
P. 31, 1. 20 : .autres. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Manque au ms. A 1.
P. 32, 1. 1 : ahatie. — - Mss. A 7, B 5, 7 : jouste.
P. 32, 1. 4 : taire. — Le ms. A 2 ajoute : car ilz embellissent
moult grandement nostre histoire.
. § 184. P. 32, 1. 14 : pouls. —Ms.X2: pointes. ^ Mss. B 1,
2 : fers. — Ms. B 7 : cops. — Ms. B 12 : coups.
P. 32, 1. 15 : haces. — Le ms. A 2 ajoute : et trois cops de
dague.
P. 32, 1. 16 : refuser. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : car il ne
demandoît autre marchandise.
P. 32, 1. 18-19 : ne le volt pas consentir. — Ms. B 12 : ne
voult point souffrir. — Ms. B 20 : ne le volt pas souffrir ne c.
P. 32, 1. 18-19 : pas consentir. — Mss. A 7, B 7 : et com-
manda. — Ms. B 5 : mie souffrir et commanda.
P. 32, 1. 19 : que... riens. — Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 32, 1. 23 : de. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque aux
mss. A 1, 7, B 5, 7, 12, 20.
P. 32, 1. 26 : ainton. — itfs. A 7 : Gliçon. — Ms. B 5 : Glis-
son. — Ms. B 7 : Qiçon. — Ms. B 12 : Glichon. — Ms. B 20 :
GUnchon.
308 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1380]
P. 33y 1. 12 : asserissiet. — Mss. A 7, B 5^ 7 : assegrisiez.
— Ms. B 12 : arrestez.
P. 33y 1. 22 : Envoiiés. — Le ms. A 2 ajoute : an heraolt.
P. 33^ 1. 26 : ahati. — Ms. A 7 : aers. — Mss, B 5, 7 : ahers.
— Ms. B 12 : aatiés.
P. 33, 1. 27 : à chevalx. — Ms. A 2 : trois coups de hache,
trois coups d*espée et trois coups de dague.
P. 33, 1. 30 : d'armes. — Le ms. B 12 ajoute : et de asseoir
trois coups de glave.
P. 34, 1. 4 : Touwars. — Ms. A 1 : Gouwars. — Ms. B 1 :
Thouart.
P. 34, 1. 10 : Josselin. — Le ms. A 2 ajoute : ouquel le con-
nestable si se tenoit.
§ 186. P. 34, 1. 11 : qui se tenoit. — Leçon clés mss. B 1, 2,
12. — Manquent au ms. Al. — Mss. A 7, B 5, 7 : fut.
P. 34, 1. 12 : Venues. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : et.
P. 34, 1. 13-14 : qui portoit la paroUe. — Mss. A 7, B 5, 7 :
tout en hault. — Le ms. A 2 ajoute : ainsi qu'il lui plaira.
P. 34, 1. 18 : à ses gens. — Mss. A 7, B 5, 7 : aux siens. —
MaJiquent aux mss. B 1, 2.
P. 34, 1. 25 : en sa présence. — Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 34, 1. 26 : eu. — Le ms. B 5 ajoute : en la siene.
P. 34, 1. 26 : en le presensse de la sienne. — Mss. B 1, 2, 12 :
en sa présence. — Manquent au ms. B 5.
P. 34, 1. 30 : faissans. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : fais.
P. 35, 1. 9 : dévoient. — Le ms. B 12 ajoute : et tous les
autres en leur compaignie.
P. 35, 1. 17 : Tristran de le G. — Ms. B 12 : Jehan de G.
P. 35, 1. 19 : François. — Mss. B 12, 20 : Haynuyers.
P. 35, 1. 22-23 : et d'espées de Bourdiaulx. — Manquent aux
mss. B 1, 2, 5, 7, 12.
§ 186. P. 35, 1. 31 à p. 36, 1. 1 : mes il... que il. — Leçon
des mss. B 5, 7. — Ms. A 2 : car le sire de Busançois le ferit
par tele manière qu'il. — Mss. A 1, 7, B 20 : ly sires de Ver-
taing le feri par tel manière qui. — Mss. B 1, 2 : mais li sires
le feri par telle manière que il lui. — Ms. B 12 : et le sire de
Pousances fu féru du sire de Vertaing par telle manière qu'il lui.
[1380] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 188. 309
P. 36, I. 20-21 : moult courouchiet. — Ms. B 12 : plus cou-
rouchiez que devant.
P. 36y 1. 22 : cel. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : cest.
P. 36y 1. 22-23 : ensonniier de jouster. — Mss. Kl y B 5> 7 :
à Savoyen jouster ne ensonnier de quérir jouste.
P. 37, 1. 1 : Janekins Setincelée. — Mss. Al, B 7 : Janekin
Setincelles. — Ms. B 5 : Jenekin de Stincelles. — Ms. B 12 :
Jennequin Stincelle.
P. 37, 1. 9 : Adont recouvrèrent il le. — Mss. B 1, 2 : et
ainsi du.
P. 37, 1. 9 : recouvrèrent. — Mss. A 1, 7, B 5, 7 : retour-
nèrent. — Ms. B 12 : recouvrèrent [au second] ; cf. plus haut,
p. 36, 1. 4.
P. 37, \. i2 : k. — Le ms. B 12 ajoute : bon et.
P. 37, 1. 19 et ailleurs : Clinton. — Leçon du ms. A 7. —
Mss. Al, B 1, 2, 20 : Cloton. — Mss. B 5, 7 : Gliton. —
Ms. B 12 : Glichon.
§ 187. P. 37, 1. 25 : à faire. — Ms. A i : affaire.
P. 37, 1. 30 : contes. — Le ms. A 2 ajoute : « Ostez.
P. 38, 1. 8 : plaisir. — Le ms. A 2 ajoute : et vous prie que
ce soit le plus fort de toute vostre compaignie et le choisissez
à vostre bon loisir.
P. 38, 1. 12 : Toost. — Le ms. A 2 ajoute : qui tindrent ce
à grant vaillance.
P. 38, 1. 13-14 : et as... dissent. — Mss. B 1, 2 : et deman-
dèrent.
P. 38, 1. 17 et ailleurs : Ferrinton. — Mss. A 1, B 20 : Fer-
mitton. — Mss. A 2, B 12 : Fremeton.
P. 38, 1. 23 : place. — Le ms. A 2 ajoute : pour faire fait
d* armes.
§ 188. P. 38, 1. 30 à p. 39, 1. 1 : armé... arresté. — Mss. B 1,
2 : Tun contre l'autre.
P. 38, 1. 31 : le came. — Mss. A 2, 7, B 5, 7, 12, 20 : la
visière.
P. 39, 1. 3 : fleca. — Afs. A 7 : flechy. — Ms. B 5 : fleschy.
— Le ms. X2 ajoute : en reculant lourdement jusques bien
près de cheoir.
310 GHRONIQUBS DK J. FB0I8SABT. [1380]
P. 39, 1. 6 : de. — Leçon des mes. A 7, B !> 5, 7. — Manque
au ms, A 1.
P. 39, 1. 7-9 : et li.., tant. — Msè. B 12, 20 : tant qne le fer
lui conlla parmi la cuisse tellement.
P. 39, 1. 8 : et. — Leçon dums.Al* — Ms. A i : à.
P. 39y 1. 10 : une puignie. — Ma. A 2 : demi pié.
P. 39, 1. 12-13 : et chevalier... durement. — Mss. B 1, 2 :
moût.
P. 39, 1. 13 : courouchiet. — Le ms. A 2 ajoute : aussi fut
le conte.
P. 39, 1. 15 : et. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque au
ms. A 1.
P. 39, 1. 19 : piet. — Le ms. A 2 ajoute : et lui convient
reculer ou cheoir.
§ 189. P. 40, 1. 7 : alet. — Mss. B 12, 20 : alonez.
P. 40, 1. 12 : chevauchier. — Le ms. B 20 ajoute : au large.
P. 40, 1. 12 : Si. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1, 7,
B 5, 7 : II.
P. 40, 1. 13 : illes. — Ms. B 12 : parties.
P. 40, 1. 13 : Gomuaille. — Le ms. A 2 ajoute : de Jarsy.
P. 40, 1. 17-18 : 11 viscontes... Rocefort. — Mss. B 1, 2 :
les .nn. barons dessus nommés.
P. 40, 1. 21 : de che. — Leçon du ms. A 7. — Ms. A 1 : che.
— Mss. B 5, 7 : ne ce. — Ms. B 12 : ainsi. — Manquent aux
mss. B 1, 2.
P. 40, 1. 24-25 : en la... poroient. -^ Mss. B 1, 2 : an
mains mal.
P. 40, 1. 28-30 : si... bonne et. — Mss. B 1, 2 : qui.
P. 41, 1. 10 : li. — Ms. B 5 : si que li. — Ms. B 7 : que 11.
P. 41, 1. 15 : le souverain gouvrenement. — Ms. A 2 : le gou-
vernement, au moins la plus grant partie.
P. 41, 1. 17-20 : tendoit... retardés. — Manquem aux
mss. B 1, 2.
P. 41, 1. 17 : tart. — Mss. B 6, 7 : tost.
P. 41, 1. 18 : ne. — Mss. A 7, B 5, 7 : et ne. — Ms. B 12 :
si ne.
P. 41, 1. 21-22 : à che... à paix. — Mss. B 1, 2 : à la paix
dou duc de Br.
[ISaO] VARIANnS DU LlVn DKUXltlfE, § 191 . 311
P. 4I9 1. 22-23 : il... France. — Mss. B 1, 2 : ses volages
n'en fast brisiés^ car il tendoit devant .n. ans aller en Polie et
en Caliabre.
P. 42y 1. il : Suseniot. — Afo. B 5 : Snseniont. — Mes. B 7,
20 : Susemont. — Ms. B 12 : Susseur.
P. k2y 1. 12 : dur, à che. — Ma. A 2 : peine et avoit contre
cner ce.
P. 42, 1. 13 : savoit. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — Mss. A 1,
7y B 5, 7 : savoient.
P. 42, 1. 13 : pooit. — Mss. B 5, 7 : pouoient.
P. 42, 1. 14 : mautallent. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : au
conte de Bonq. et.
§ 190. P. 42, 1. 15-16 : Quant... Englès. — Ms.B5 : Quant
le conte de B. et les Angloys scenrent et eurent cognoissance.
P. 42, 1. 19 : deceus. — Leçon des mss. Â.ly B 2, 12. —
Ms. A 1 : de ceulx.
P. 42, 1. 19-20 : deceus... avoit. — Manquent aux mss. B 5, 7.
P. 42, 1. 21 : ne s'estoit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5,
7, 12.'— Jlf5. A 1 : n'estoit.
P. 42, 1. 25 : couvertement. — Ms. B 20 : ouvertement.
P. 43, 1. 6 : Venues. — Ms. A 7 : Rennes.
P. 43, 1. 9 : CSamperlé. — Le ms. A 2 ajoute : et à Quimper
Gorentin.
P. 43, 1. 12 : gens. -^ Leçon des mss. B 1, 2. — Manque aux
mss. A 1, 7, B 5, 7, 12.
P. 43, 1. 16 : Houssoie. — Le ms. A 2 ajoute : capitaine de
Rennes.
P. 43, 1. 17 : Guion. — Lems. A 2 ajoute : admirai de Bretaigne.
P. 43, 1. 18 : Tannegui. — Ms. B 12 : Cbavegny.
P. 43, 1. 18 : Karemiel. — Ms. B 5 : Kaermel. — Le ms. A 2
ajoute : Tristan de Pastinien, Tristan d'Engoulevent.
P. 43, 1. 21 : lui. — Le ms. A 2 ajoute : et qu'il lui pleust
venir à terre.
P. 44, 1. 3 : et desancré. — Ms. A 7 : et des autres. —
Ms. B 5 : et des autres navires aussi. — Ms. B 7 : et des autres
aussi. — Manquent au ms. B 12.
§ 191. P. 44, 1. 28 : estoit... le conte. — Mss. B 5, 7 : avoit
312 CHRONIQUES DE J. PR018SART. [1380]
à nom Jehan, seigneur de Bourbon et ung de Tostel au conte.
P. 44, 1. 31 : Boncinel. — Afs. B 1 : Boumiel. — Ms. B 2 :
Boumel. — Mes, B 12, 20 : Bourcinel.
P. 45, 1. 1 : en Yalongne. — Leçon du ms. B 12. — Afss. A 1,
B 1, 2, 20 : en Avalongne. — Ms, A.1 : de Boulongne. —
Mss. B 5, 7 : de Bouloigne.
P. 45, 1. 5 : Cliffort. — ATs. A 1 : Criffort ; cf. plus loin,
1. 9-10.
P. 45, 1. 9 : Boucinel. — Ms. A 1 : Bourcinel ; ef, plus haut,
p. 44, i. 31, et plus loin, p. 47, 1. 8.
P. 45, 1. 11 : lieriiet. — Mss. A 7, B 5, 7 : ahaitis.
P. 45, 1. 16 : à celle. — Mss. A 7, B 5 : à celle heure et.
P. 45, 1. 27 : que. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — Manque
aux mss» A 1, 7, B 5, 7.
P. 46, 1. 8-9 : deus... otels. — Ms. A 7 : tous telz. —
Mss. B 5, 7 : des armeures tous telz.
P. 46, 1. 9 : ievols. — Manque au ms. A 2. — Ms. B 1 :
egalz. — Ms, B 2 : egaulz. — Mss. B 12, 20 : pareilz.
P. 46, 1. 14 : pointiiés si avant. — Ms. B 20 : poursieuvy de
si près. *
P. 46, 1. 17 : coses. — Le ms. A 2 ajoute : et tÀnt de par-
çons.
P. 46, 1. 26 : venue. — Mss. B 1, 2 : entente.
P. 47, 1. 3 : cops. — Ms. B 20 : mots.
P. 47, 1. 7-8 : des parchons. — Mss. A 7, B 5, 7 : des
paroles. — Ms. B 12 : de ces tralttiez.
S 192. P. 47, 1. 24-25 : nous verrons. — Mss. A 7, B 5, 7 :
vous verres.
P. 47, 1. 27 : gides. — • Mss. A 7, B 5, 7 : gardes.
P. 48, 1. 2 : seront. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Ms. A 1 : serons. — Ms. A 2 : seroient plus. — Ms. B 12 :
seroient.
P. 48, 1. 4 : acumeniièrent. — Ms. B 12 : administrèrent.
P. 48, 1. 11 : parellement. — Ms. B 12 : plainement.
P. 48, 1. 13 : ma. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque au
ms. A 1.
P. 48, 1. 16 : se doit armer. — Ms. A 2 : doit faire à ung
autre.
[4380] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 193. 313
P. 48, 1. 21 : avalés. — Les nus. B 5, 7 ajoutent : leurs
bacinetz.
P. 48, 1. 21 : les... bacinès. — Mss. B 5, 7, 12 : leurs visières.
P. 48, 1. 28 : escippa. — Ms. Al : esclicha. — > Mss. B 1, 2,
12 : esquipa. — Mss. B 5, 7 : esclissa.
P. 48, 1. 30 : orginal. — Mss. A 7, B 7 : orgonal. — Ms. B 5 :
organal.
P. 48, 1. 32 : tronçons. — Ms. B 1 : trenchans. — Ms. B 2 :
trenchant.
P. 49, 1. 6 : de son costé. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. —
Ms. A 1 : de son cop. — Manquent aux mss. A 2, 7, B 5, 7.
P. 49, 1. 21 : ahaties. — itfs. A 7 : fait. — Mss. B 5, 7 :
faiz.
P. 49, 1. 24 : heure. — Mss. A 7, B 5, 7 : temps.
P. 50, 1. 1-2 : Tenvoiia... et. — Ms. B 5 : envoya ung de
ses escuyers pardevers luy et luy commanda luy dire qu'il le
prioit qu'il venist parler à lui, et il y vint.
P. 50, 1. 9 : parechons. — Ms. B 5 : usances. — Ms. B 7 :
parçons. — Ms. B 12 : adventures. ,
P. 50, 1. 11 : pris. — Ms. A 2 : et les espices données et
prinses.
P. 50, 1. 21 : Pont Ourson. — Mss. B 5, 2 : Pontrouson.
P. 50, 1. 31 : et. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : dirons.
P. 50, 1. 32 : dou conte. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5,
7, 12. — Ms. A 1 : donte.
§ 198. P. 51, 1. 4 : n'amiroit. — Ms. A 2 : n'amoit. —
Mss. B 5, 7 : ne craignoit.
P. 51, 1. 23 : signenr. — Le ms. A 2 ajoute : et bon ami.
P. 51, 1. 23 : estoient. — Mss. A 7, B 5 : estoit.
P. 51, 1. 27 : Flandres. — Le ms. A 1 ajoute de nouveau :
en se compaignie.
P. 51, 1. 31 : et. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12. —
Manque au ms. A 1.
P. 52, 1. 1 : Pière. — Ms. ^1 i Prière.
P. 52, 1. 11 : Franc. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12.
— Ms. B 1 : Francq. — Manque au ms. A 1.
P. 52, 1. 13 : reconquerroit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2,
5, 7. — Ms. A 1 : reconqueroit.
314 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1380]
P. 52, L 19 : comparroient. — Leçon des mss, A 7, B 1, 2,
5, If 12. — Ms, A 1 : comparoient.
P. 52y 1. 29-30 : quoiteusement. *— Mss. B 5, 12 : secrète-
ment. — Ms. B 7 : convertement.
P. 53, 1. 2 : proumesse. — Ms, B5 : serement. — Ms. B7 :
serment.
P. 53, 1. 3 : Emoul. — Mss. B 1, 2 : Jehan.
P. 53, 1. 6 : cheulx... amis. — Ms. A 2 : nos bons amis de
la ville, ainsi que tenuz y sommes.
§ 194. P. 53, 1. 14-15 : tous ces convenans. — Mss. B 1, 2 :
ces convenances estre vraies.
P. 53, 1. 20 : relleveroit. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : rele-
veroient.
P. 53, 1. 24 : chiequantenier. — Le ms. A 2 ajoute : et dize-
niers.
P. 53, 1. 25 : noef. — Ms. k2i dix.
P. 54, 1. 19 : d'Enghien et. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : y ot.
P. 54, 1. 24 : Emoul. — Ms. B 20 : Piettre.
P. 54, 1. 27 : dissent. — Mss. A 7, B 5, 7 : demandèrent
Tun à Tautre.
P. 55, 1. 7 : las. — Ms. B 12 : lassez. — Manque au ms.
Bl.
P. 55, 1. 20-21 : et li... fîiianx. — Ms. B 1 : les vel. —
Ms. B 2 : les vit.
P. 56, 1. 3-4 : Si se... Gaind. — Ms. A 2 : Si se deslogièrent
du milieu des champs et se mistrent plus seurement.
P. 56, 1. 8 : Ippre. — Le ms. B 20 ajoute : si que dit est.
P. 56, 1. 9 : douse cens. — Ms. A 2 : .xvm®. hommes tuffes
et tacriers.
P. 56, 1. 13 : rataint. — Jlf^. B 12 : occiz et mors.
P. 56, 1. 16 : gens. — Manque au ms. B 1. — leurs gens
manquent au ms, B 2.
P. 56, 1. 18 : comment. — Le ms. A 2 ajoute : diable.
P. 56, 1. 20 : et. —Ms.Aiie.
P. 56, 1. 20 : et menet mourir maisement. — Ms. B 12 :
livrez.
P* 56, 1. 20 : maisement. — Ms. A 7 : mauvaisement. —
Mss. B 5, 7 : faulcement et mauvaisement.
[1380] YARIANTBS DU UVBS DKUXiftiII, | i97. 315
§ 106. P. 56^ 1. 31 : mener. — Mss. B i, 2 : amener et adre-
chier.
P. hly 1. 2 : il. — itfff. A 2 : ces commuies.
§ 196. P. 57, 1. 19 : trois mille. — itfs. A 2 : im».
P. 57, 1. 19 : mille. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Manque au nu, A 1.
P. 57, 1. 22 : i. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 12. — Manque
aux mss, A 1, 7, B 7.
P. 58, 1. 2-3 : par le... Ippre. — Ms, B 12 : que.
P. 58, 1. 3 : gens. — Le ms. A 2 ajoute : qui sont marrados
et crafPeurs.
P. 58, 1. 4 : notable et si merciable. — Mss. B 1, 2 : noble.
P. 58, 1. 4 : merciable. — Mss. A 7, B 5 : piteable. —
Ms. B 7 : pitable.
P. 58, 1. 6 : trois cens. — Ms. A 2 : mi^.
P. 58, 1. 11 : YoUenté. — Les ms. B 1, 2 ajoutent : et bonne
merci.
P. 58, 1. 16 : set cens. — ATs. A 2 : vi».
P. 58, 1. 17 : gens. — Ms. A 2 : meschans gens, compai-
gnons des chaperons blans de Gand et.
P. 58, 1. 21 : chevaliers. — Le ms. A.2 ajoute : qu'ilz avoient
tuez.
§ 197. P. 59, 1. 2-3 : dallés... loiaulté. — Ms. B 12 : aveeq lui.
P. 59, 1. 14 : sis. — Ms. A 2 : viii.
P. 59, 1. 21 : Biete. — Mss. A 2, 7, B 5, 7, 12 : Biette. —
Ms. B 20 : Bietre.
P. 59, 1. 26 : Bourgongne. — Ms. A 2 : Bretaingne.
P. 59, 1. 30-31 : painne ne péril. — Leçon des mss, A 7,
B 1, 7. — Ms. A 1 : ne painne péril. — Mss. B 2, 12 : paine
ne traveil.
P. 60, 1. 1 : si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12. -*•
Mss. A 1, B 1 : se.
P. 60, 1. 8 : à faire. — ill^. A 1 : affaire.
P. 60, 1. 12 : quatre ou à sis. — Ms. A 2 : .viii. ou à .x.
P. 60, 1. 12 : marchissans à. — Mss. B 1, 2 : de.
P. 60, 1. 15 : Braibans li pals. ^ Mss. A 7, B 2, 5, 7, 12 :
le pays de Braibant.
316 CHRONIQUES OB J. FR0IS8ART. [1381]
§ 198. P. 60, 1. 22 : Flandres. — Les mss. F 1, A 1, 2, 4,
1, 9, B 1, 2, 5, 7, 12, 15, 16, 20 ajoutent : qui.
P. 60, 1. 28 : deus cens. — Ms, B 5 : cent.
P. 60, 1. 31 : séparées... ne. — Ms, B 12, 20 : estoffez et ce
pour les rivières que merveilles, car.
P. 61, 1. 4 : tous. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : deffendables et.
Pt 61, 1. 6 : à siège. — Ms, A 1 : assiège.
P. 61, 1. 6 : un. — Af5. A 2 : deux.
P. 61, 1. 10 : jour. — Les mss, B 1, 2 ajoutent : il avint que.
P. 61, 1. 14 : Lonc Pont. — Ms, B 12 : passage.
P. 61, 1. 22 : chiés. — Mss, A 7, B 5, 7 : le souverain chief.
P. 61, 1. 27 : le Witre. — Mss, B 5, 7 : de Mittre.
P. 61, 1. 29 : sitretos. — Ms, B 20 : incontinent.
P. 61,1.31: à effort. — ilfs. A 2 : à grant effort. — Afs. B5:
que merveilles. — Ms, B 7 : que effort.
P. 62, 1. 3 : jettée. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Mss. A 1, B 12 : jette.
§ 109. P. 62, 1. 17 : siis mille. — Jlfs. A 2 : .vm*.
P. 62, 1. 23-28 : et escuiers... et vuidier. — Mss. A 7, B 7 :
que, quant ilz sçorent la prise [B 7 : Temprise], s'en vuidèrent.
— Ms.Bb: lesquelz, quant ilz sceurent Temprise, s'en vindrent.
P. 63, 1. 3 : Mamines. — Ms, A 2 : Mauvinet. — Ms, B 5 :
Nammur.
P. 63, 1. 6 : contre eulx. — Ms. B 12 : si qu*ilz n'eurent
point de dommaige.
§ 200. P. 63, 1. 16 : à grant frait et à grant painne. ^
Mss, B 12, 20 : à grans despens et à grant traveil.
P. 63, 1. 19 : Granmont. — Le ms. B 12 ajoute : et tout le
plat pays.
P. 63, 1. 25-27 : si... et. — Ms. B 12 : se rafreschir. En ce
temps furent faittes de ceulx de Gand pluseurs belles issues
sur ceulx d'Audenarde qui.
P. 64, 1. 10-17 : où Jehans... & Donse. — Ms. B 12 : et
d'autre part Jehan de Lannoy estoit à Denze.
P. 64, 1. 12 : Basse de. — Ms. B 20 : Jaques.
P. 64, 1. 14-15 : siis mille hommes. — Ms, A 2 : .vui"*. com-
paignons tuffaulx.
[1381] VARIANTBS DU LIVBB OBUXIÂMS, § 201. 317
P. 64y 1. 18-19 : Adont... trouvèrent. — Ms. B 12 : trouva.
P. 64, l. 29 : venroit. — Leçon des mss, A 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms. A 1 : venront. — Ms. B 12 : yroit.
P. 64, 1. 30 : mes. — Les mss, B 1, 2, 20 ajoutent : Jehans
de Launoit n'i estoit point, mais [B 2 : car; B 20 : ainchois].
P. 65, 1. 2 : siis. — Ms.Il2: huit. — Mss. A 7, B 5, 7 : dix.
P. 65, 1. 4 : il tournèrent vers. — Leçon clés mss. B 1, 2. —
Ms. B 20 : ilz s'en alèrent vers. — Manquent au ms. A 1.
P. 65, L 4 : il tournèrent vers Nieule, car. — Ms. A 2 : ib
eurent autre conseill, car. — Manquent aux mss. A 7, B 5, 7.
P. 65, 1. 15 : Niewle. — Mss. B 5, 7 : demye lieue.
P. 65, 1. 25 : ables. — Mss. A 7, B 5 : abilles. —Ms.Bb :
abiles. — Ms. B 12 : hardis. — Ms. B 20 : aidans.
P. 65, 1. 31 : trouveroient. — Mss. B 1, 2, 5, 7, 12 : trou-
voient.
P. 66, 1. 1 : à par li. — Ms. B 12 : à par elle. — Manquent
aux mss. A 7, B 5, 7.
P. 66, 1. 10 : grandeur. — Ms. B 5 : oultrecuydance.
§ 201. P. 66, 1. 23 : quinse cens. — Ms. A 2 : .xvi<».
P. 66, 1. 28 : Risoi. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7, B 5, 7, 20 : Risson. — Ms. A 2 : Busson.
P. 66, 1. 30 : Berlaimont. — Leçon du ms. B 2. — Ms. A 1 :
Barbaumont. — Ms. A 2 : Barbamont. — Mss. A 7, B 20 :
Barbammont. — Ms. B 1 : Berlaumont. — Mss. B 5, 7 : Bar-
bommont.
P. 66, 1. 31 : messires Guis de Gistelles. — Manquent au
ms. B 20.
P. 67, 1. 2-4 : messires Thieris... Villains. — Manquent au
ms. A 2.
P. 67, 1. 3 : Grutus. — Afs. A 7 : Gentus.
P. 67, L 6 : en devant. — Mss. B 1, 2 : en la saison en
devant. — Ms. B 12 : un petit en devant. — Ms. B 20 : un
petit devant ce.
P. 67, 1. 7 : à Obies. — Mss. A 1, B 1, 2 : au Bies. —
Mss. A 2 : à Doubies. — Ms. A 7 : au Biez. — Mss. B 5, 7 :
à Aubiez. — Mss. 12, 20 : en un lieu nommé le Biez. — Cor^
rigé diaprés une leçon antérieure^ t. IX, p. 228.
P. 67, 1. 14 : trois. — Le ms. B 12 ajoute : de ceulx de Gand.
318 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [138iJ
P. 67, 1. 17 : les. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : batailles.
P. 67y 1. 18 : amonnestoit. — Ms, B 12 : administroit.
P. 67, 1. 20 : painne. — Les msê. B 12, 20 ajoutent : et de
dangiers.
P. 68, 1. 1 : en. — Leçon de» mss. B 1, 2. — Ms. A 1 : on.
P. 68, 1. 1 : ceoit. — Mss, A 7, B 5, 7 : en y avoit.
P. 68, 1. 3-4 : je vous... poussis. — Mss. B 12, 20 : nn mer^
veilleux estour monlt aspre et dangereux.
P. 68, 1. d-10 : bon boutels. — Mss. B 12, 20 : nng moult
fier estour.
P. 68, 1. 18 : sis. — ifs. A 2 : .vm».
P. 68, 1. 20 : plassiet d'aige et de mares* — Mss. B 12, 20 :
marescage couvert d*eaue.
P. 68, 1. 26 : cace. — Ms.Bb : fouyte.
P. 68, 1. 28 : recouvrier. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
que tout le pays fors ceulz qui tenoient le party des Gantois
ne feust allé en essil et à perdition par feu et par glaive [B 12
ajoute : et eussent tout destruit].
§ 202. P. 69, 1. 1 : ses commugnes. — Mss. B 5, 7 : les
compaignons.
P. 69, 1. 10-11 : les tuoient à mons. — Ms. B 12 : occioient
à tous lez.
P. 69, 1. 10-11 : à mons. — Mss. A 2, 7, B 5, 7 : à mon-
ceaulx. — Ms. B 20 : de toutes pars.
P. 69, 1. 16 : ou moustier. — Mss. B 12, 20 : dedens Teglise
avecq maint autre.
P. 69, 1. 19 : dehors. — Mss. A 7, B 6, 7, 12 : der-
rière.
P. 69, 1. 24 : contre le conte. — Mss. B 12, 20 : à rencontre
de son droiturier seigneur.
P. 69, 1. 31 : feu. — Le ms. B 12 ajoute : dedens à tous
costez.
P. 70, 1. 1 : velourdes. — Mss. A 7, B 5 : balourdes. —
Mss. B 12, 20 : menuz fagoz.
P. 70, 1. 1 : apoia. — Ms. A 1 : apaia.
P. 70, 1. 5 : à grant martire. — Mss. B 12, 20 : en grant
misère.
P. 70, 1. 6 : esboullë. — Mss. B 12, 20 : effondrez.
[4381] VARIANTS8 DU UVRK DBUXIÈMB, § 203. 319
P. 70, 1. 12 : galler. — Mss. A 7, B i, 5, 7, 12, 20 : gaber.
— Ma. B 2 : moquer.
P. 70, 1. 14 : biau. — Afs. B 12 : sombre.
P. 70, 1. 15 : euwan. — Mss, 12, 20 : en vain.
P. 70, 1. 16 : Launoit. — Ms. A 1 : Laimoy.
P. 70, 1. 17 : tel parti. — Mss. B 1, 2 : ce péril.
P. 70, 1. 18 : le quoitoit de si priés. — Mss. B 12, 20 : lui
commença à approchier [B 20 : le oppressoit] de si près que plus
ne le pouoit souffrir et.
P. 70, 1. 19-20 : entra... car* — Ms. B 12 : par feu on sail-
lir de hault en bas, si.
P. 70, 1. 22 : Enssi. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : que vous oes.
P. 70, 1. 23 : Launoit. — Lss mss. B 12, 20 ajoutent : sa vie
misérablement.
§ 208. P. 70, 1. 29 : ville, ou ars ou moustier. — Ms. B 12 :
ville et en Teglise de Nyeule. — Ms. B 20 : ville de Nieule ou
ars en Feglise.
P. 71, 1. 2 : plasquier. — Ms. A 2 : marestz. — Ms. A 7 :
flaichis. — Ms. B 2 : placart. — Mss. B 5, 7 : flachis. —
Ms. B 12 : palliz. — Ms. B 20 : palus et marescage.
P. 71, 1. 3 : eulx. — Mss. B 12, 20 : Basse ne le secourir.
P. 71, 1. 9 : sommes. — Ms. A 1 : somme.
P. 71, 1. 11 : gens. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : faire
dolent et.
P. 71, 1. 22 : la mort. — Ms. B 5 : l'amour.
P. 72, 1. 6-7 : que... il Tochiroient. — Ms. B 12 : de le
occire.
P. 72, 1. 12 : toutç. ^ Afff. A 1 : toutes.
P. 72, 1. 12 : toute Flandres. — Mss. B 5, 7 : la comté de
Flandres toute.
P. 72, 1. 14 : maus. — Le ms. A 2 ajoute : qui dévoient
advenir au pals.
P. 72, 1. 14 : sanchiés. — Ms. A 4 : sachiez. — Mss. A 7, 9,
B 5, 7 : ce saichiez. — Ms. B 2 : rapaisez. — Mss. B 12, 15,
16 : advenuz.
P. 72, 1. 16 : Après. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12. —
Mss. A 1, 7 : Près. -~ Un noupeau paragraphe commence ici
dans les mss. B 1, 2, 12.
320 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1381]
P. 72y 1. 24 : tout lassé. — Ms. A 2 : touz lassez et travaillez.
— Ms. B 12 : assez traveilliez et lassés, si. — Ms. B 20 : tra-
veilliez et lassez.
P. 72, 1. 25 : cinc cens ou sis cens. — Ms. B 12 : six on
sept cens.
P. 72, 1. 27 : poursieuir. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et
costoier.
P. 72, 1. 29 : logement. — Mss, A 7, B 5, 7 : deslogement.
— Ms. B 12 : logiez.
P. 72, 1. 32 : cinc cens. — Ms. A 2 : yi«.
P. 73, 1. 4 : tierne. — Mss. A 2, 7, B 2, 12, 20 : tertre. —
Ms. B 1 : tiertre. — Mss. B 5, 7 : tartre.
P. 73, 1. 12 : requellerons. — Le ms. A 2 ajoute : hardie-
ment. — Le ms. B 12 ajoute : lourdement.
P. 73, 1. 18 : n'avoit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A 1 : n'avoient.
P. 73, 1. 19 : ses gens. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Mss. A 1, B 1, 2, 20 : leurs gens. — Ms. B 12 : Jehan de
Launoy.
P. 73, 1. 24 : doUans. — Mss. A 7, B 5, 7 : courrouciez.
P. 73, 1. 24 : Basse. — Le ms. A 7 ajoute :et aussi doullant.
— Les mss. B 12, 20 ajoutent : et de toute sa compaignie.
P. 73, 1. 32 : ne... respondus. — Ms. B 12 : n'eut adont
point de responce.
P. 74, 1. 2 : Dont. — Les mss. A 7, B 5, 7, 12 ajoutent : de.
P. 74, 1. 8 : anée. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : ensieuant.
§ 204. P. 74, 1. 14 : renvoiia. — Leçon des mss. A 7, B 1,
2, 5, 7, 12. — Ms. A 1 : renoiia.
P. 74, 1. 21 : guerre. — Le ms. A 2 ajoute : puisque nous y
avons commencié, à noz ennemis.
P. 74, 1. 23 et p. 75, 1. 11 : quinse mille. —Ms. A 2 : xvi".
P. 75, 1. 6 : à siège. — Leçon du ms. B 1. — Ms. A 1 :
assegié.
P. 75, 1. 6 : conseil... siège, et. — Mss. A 7, B 5, 7 : con-
seil de là plus tenir le siège. — Ms. B 2 : conseil de demourer
là, mais.
P. 75, 1. 8-9 : segnefieroient. — Mss. B 1, 2, 5, 7 : segne-
fièrent.
[1381] VARIANTES DU LIVRE DEUXIAhE, § 205. 321
P. 75, 1. 9 : remanderoient. — Mss. B i, 2, 5^ 7 i reman-
dèrent. — Afs. B 12 : demandèrent.
P. 75, 1. 14 : Herlebèque. — Leçon des mss, A 7, B5, 7. —
Afo. Â 1 : Horlebèque. — Mss. B 12, 20 : Harlebèque.
P. 76, 1. 3 : sa maison. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : son hostel.
P. 76, 1. 4 : Trois. — Ms, A 2 : Environ .vi. ou .vn.
P. 76, 1. 13 : qninse cens. — Ms. A 2 : .xvi^. — Ms. B 20 :
quinse mille.
P. 76, 1. 15 : Ramseflies. — Mss. B 1, 2 : Rengheillut.
P. 76, 1. 16 : li sires de Lieureghen. — Leçon des mss. B 1,
2, 20. — Mss. A 1, 7, B 5, 7 : le sire d'Anghien. — Manquent
au ms. A 2.
P. 76, 1. 16 : Mamines. — Leçon des mss. B 1, 2. — Ms. A 2 :
Hauvinès. — Mss. B 5, 7 : Maninez.
P. 76, 1. 17 : Galonné. — Ms. A 7 : Callemie. — Mss. B 5,
8 : Golenne.
P. 76, 1. 26 : deffense. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A i : dense.
P. 76, 1. 30 : empainte. — Ms. B 5, 7, 12 : emprise.
P. 76, 1. 31 et ailleurs : Eham. — Ms. A 7 : Ham. — Mss.
B 1, 2 : Exhan. — Ms. B 5 : Cham. — Af«. B 7 : Champ. —
Âis. B 12 : Eenham (leçon à adopter).
P. 76, 1. 32 : Pière. — Ms. X i : Pièrez.
P. 77, 1. 1 : Stinehus. — Leçon des mss. B 1, 2. — Ms, A 1,
2, 7 : Stunehus. — Ms. B 12 : Scamuches.
P. 77, 1. 3 : dar. — Mss. A 7, B 5, 7 : peine.
P. 77, 1. 6-7 : au signeur... Haluin. — Manquent au ms.A2.
P. 77, 1. 6-7 : à messire... estoient. — Ms. B 12 : et aux
antres.
P. 77, 1. 12 : unes. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2. — Ms. A 1 :
one.
P. 77, 1. 13-14 : à glaves... damages. — Mss. B 12, 20 : sur
les pointes de leurs picques et de leurs glaives.
P. 77, 1. 13-14 : et le... damages. — Mss. B 1, 2 : et là
endroit morut.
§ 206. P. 77, 1. 17 : douse. — Mss. B 5, 7 : quinse.
P. 77, 1. 18-19 : et mort... abbele. — Ms. B 20 : l'abbaye
et que ilz avoient prins le cloistre et occis leurs compaignons.
X-.21
3tt GHRONIQmS DK J. FR0IS8A1IT. [138i]
P. 77y 1. 23-24 : s'ordonnoi^t... jour. — <- Mm. B 5^ 7 :
demoureroient là ce jour^ car Uz s'ordonnoyent pour y de-
mourer.
P. 78y 1. 2 : pour. — Lt nu. A 7 a/ouie ; appronchier et.
P. 78, 1. 12 : avoient. — Leçon de» msa. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ma. A 1 : aroient.
P. 78y 1. 21 : Gapprons. — Le me. A 2 ajouie : qui devindrent
rouges.
P. 78, I. 21 : durèrent. -^ Leçon des msa. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms, A 1 : durent.
P. 78y 1. 23 : douse cena« — Mss. B 5, 7 : quinse c«is.
P. 78, 1. 24 : onse cens. — Ms. B 12 : de wit à noef cens.
P. 78, 1. 2Ô : haie. — Le ms. A 2 ajoute : après que il fust
congneu d'entre les autres.
§ 206. P. 79, 1. 9 : gens. — Le ms. A 2 ajoute : et se manque
nostre avoir.
P. 79, 1. 12 : retoura. -^ Ms. B 12 : redonderont. — Ms.
B 20 : redondra.
P. 79, 1. 28 : si. — Mss. A 1, B 1, 2 : se. — Manque aux
mss. A 7, B 5, 7, 12.
P. 79, 1. 31 : à — Leçon des mss. A 7^ B 2. — Manque aux
mss. A 1, B 1.
P. 79, 1. 31 : présent. -^ Le ms. B 2 ajoute : faire. — Le
ms. B 20 ajoute : certaine.
P. 80, 1. 5 : les amesist on. — Mes. B 5, 7 : leur meTst on
sus. — Ms. B 12 : leur eust on mi^ sur.
P. 80, 1. 8 : mauvais. — Ms. A 2 : guieliers.
P. 80, 1. 16 : mauvais. — Le ms. A 2 ajoute : garçons qui
avoient prins livrée des Blans Chaperons.
P. 80, 1. 17-18 : à faire justice. — Ms. A 2 : et aidié, se
mestier en eust.
P. 80, 1. 22 : guerre. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Manque aux mss. A 1, 2, B 1, 2, 20.
P. 80, 1. 22 : gens. — Ms. A 2 : truans.
P. 80, 1. 22-24 : guerre... maistre. — Ms. B 12 : de mes-
chans gens leurs seigneurs, ilz feroient les maistres.
P. 80, 1. 22-23 : et... seroient. — Manquent aux mss.
Bl, 2.
ri38f] VARIANTES DU LIVRB 08UX]tlfR, § 207. 323
P. 80, 1. 23 : seroient. — Leçon des mes. A 7, B 5> 7. —
Manque aux mes. Al, 2y B 20.
P. 80, 1. 23 : Tille et. — Mss. B 1, 2 : maistre, ce.
P. 80, 1. 23 : et. — Leçon des mss. A 7, B5, 7. — Afo. Al :
che. — Ms. B 20 : ce. — Ms. A 2 : et avoir finances et porter
estât, qu'ilz.
P. 80, 1. 29-30 : dont... demandés. — Ms. B 5 : dont il pen-
soit en riens n'en pouoir estre ataint. — Ms, B 7 : dont on ne
hn peast riens demander.
P. 80, 1. 30 : morut. — Le ms. A 2 ajoute : honteusement.
P. 81, L 2 : boiteox... devant. ^ Leçon du ms. B 12. —
Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7, 20.
P. 81, 1. 6 : amis. — Ms. A2 : accusé. -^ Mss. B12, 20 :
chargié.
P. 81, 1. 7 : Simon. — Ms. A 2 : Jdian de«
P. 81, 1. 7 : Rin. — Ms. B 12 : Ruy.
P. 81, 1. 8 : chevalier. — Ms. A 1 : chevaliers.'
P. 81, 1. 10 : ont. — Mss. B 1, 2 : en sont mort.
P. 81, L 14-16 : sicom... après. •'*- Ms. B 12 : comme il
sera plus à plain cy après declairé avant en Tistoire. — Ms. B20 :
si eom plus à plain sera ci après racompté.
P. 81, 1. 15 : en Tistoire. — Manquent aux mss» B 5, 7.
P. 81, L 16-16 : chi après* — AfaJi^iieiir aux mss. B 1, 2i.-—
Mss. B 5, 7 : ensuyvant.
§ 307. P. 81, 1. 18 : afoiblissoit. — Mss. B 1, 2 : n'establis*^
soit nuls.
P. 81, 1. 24 : que il... Si. — Ms. B 12 r tpfW en morust,
pour quoy.
P. 81, 1. 24 : Si. — Leçon des mss. A7, B2, 5, 7. -« Mss.
A 1, B 1 : Se.
P. 82, I. 1 : sage. — Le ms. B 20 ajoute : courtois et.
P. 82, 1. 1 : assés. — Le ms. B 12 ajoute : et comtois et
bien loquent.
P. 82, 1. 7 : recorder. — Le ms. B 12 ajoute : par.
P. 82, 1. 21 : et contre la rolne. — Ms. A 7 : et tenu, pour
l'amour de qui. — Mss. B 5, 7 : et tenu, par l'amour de laquelle.
P. 82, 1. 21-22 : et... Phelippes. — itfir. B12 : et donné
son nom.
324 CHRONIQUES DE J. PROISSART. [138iJ
P. 82y 1. 25 : s'aquinta de lui. — Mss, A 7, B 7 : s'acquitta
à lui. — Ms. B 5 : s'adroissa à luy.
P. 82, 1. 29 : ferés. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : fériés.
P. 82, 1. 30 : ferai. ~ Mss, A 7, B 5, 7, 12 : diray.
P. 82, 1. 31 : que. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque aux
mss. A 1, 7, B 5, 7, 12, 20.
P. 83, 1. 3 : resusite. — Mss. A 7, B 5, 7 : resuscitera.
P. 83, 1. 10 : stille. — Ms.Hi: setille.
P. 83, 1. 18 : hauster. — Mss. A 7, B 5, 7 : haultain —
Ms. B 12 : austre.
P. 83, 1. 18 : car. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : nngs homs et.
P. 83, 1. 23 : tenir. •— Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Manque au ms. A 1.
P. 83, 1. 23 : tenir... ne. -^ Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 83, 1. 23 : nient. — Mss. B 1, 2 : de vies d'ommes non.
P. 83, 1. 24 : des arondiaulx. — Mss. B 12, 20 : d'oiseleU.
P. 83, 1. 30 : au. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — Ms. A 1 :
à. — Mss. A 7, B 5, 7 : ou.
P. 83, 1. 31 : Bos. — Le ms. B 12 ajoute : se leva.
P. 84, 1. 1 : sexte. — Mss. B 1, 2 : sorte.
P. 84, 1. 3 : ordonneroit. — Ms. B 12 : pourroit maintenir.
P. 84, 1. 5 : dedentrainnes. — Mss. A 7, B 5, 7 : et des
affaires. — Ms. B 1 : deventraines. • — Ms. B 2 : dedens. —
Mss. B 12, 20 : d'entre eulx.
P. 84, 1. 5 : usoit. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et de
son conseil.
P. 84, 1. 6 : au dehors. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : sur
les champs à main armée.
P. 84, 1. 13 : bien. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : aidables et.
P. 84, 1. 19 : as. — Mss. A7, B5 : sus. — Mss. B7, 12 :
sur.
P. 84, 1. 28 : ot. — - Leçon des mss. B i, 2, 5, 7. — Manque
aux mss. A 1, 7.
P. 84, 1. 29 : les. — Mss. A 7, B 5, 7 : des. — Ms. B 12 :
par les.
P. 84, 1. 30 : droit. — Ms. B 12 : droit ne en justice. —
Ms. B 20 : droit et justice.
P. 85, 1. 2 : qui. — Mss. A 7, B5, 7 : qu'il. — Ms. B 12 :
comme il.
[1381] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 208. 325
P. 85^ 1. 7 : dou Dos. — Leçon des mss. kl y B 5, ly 12. —
Manquent aux mss. A i, B 1, 2.
P. 85, 1. 10 : ne... ensonniier. — Mss, A7y B5y 7 : nous
ne le devons mie ensonnier.
P. 85, 1. 10 : de nous soi ensonniier. — Ms. B 12 : emprendre
nos besongnes.
§ 208. P. 85, 1. 16 : li. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Manque au ms. A 1.
P. 85, 1. 16-17 : là li requesrent. — Mss. B 1, 2 : le arai*
sonnèrent. — Ms. B 20 : rarrenguèrent.
P. 85, 1. 21 : avisset. — Ms. B5 : esleu. — Ms. B20 : entre
tous autres choisi.
P. 85, 1. 23 : ceoit. — Mss. A 7, B 5, 7 : seoit.
P. 85, 1. 25-26 : que de... ville. — Ms. B5 : qu'il luy pleust
prendre en cure les affaires de la ville de Gant. — Ms. B 7 :
de la ville.
P. 85, 1. 28 : entérinement. — Leçon des mss. A 7, Bl, 7.
— Ms. A 1 : et terimement. — Mss. B 2, 5, 12, 20 : entière-
ment.
P. 85, 1. 29 : com grans qu'il fuissent. — Ms. A 2 : de quel-
conques estât qu'ilz fussent. — Ms. B.5 : qui pour lors
estoient.
P. 85, 1. 30 : ville. — Le ms, B ajoute : seroyent contrains.
P. 85, 1. 31 : moult. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : avisée-
ment et.
P. 86, 1. 4 : Vous. — Mss. B 1, 2, 5 : Et. — Manque au
ms. B7.
P. 86, 1. 6 : atrait. — Le ms. A 2 ajoute : mais il est vray
que.
P. 86, 1. 7 : peut. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : ne sceu
[B 12 ajoute : faire].
P. 86, 1. 15 : eslevés. — Mss. B 5, 7 : esleu.
P. 86, 1. 17 : les maieurs et les eschievins. — Ms. B 12 :
la loy.
P. 86, 1. 18 : Phelippes. — Ms. A 2 : Jaquemart.
P. 86, 1. 20-21 : à lui à besoingnier. — Leçon des mss. B 1, 2.
— Mss. A 7, B 5, 7 : à besongner à lui. — Ms. B 12 : à beson-
gner avecq lui. — à lui manquent au ms. A 1.
326 CHR0NIQUS8 D8 J. PA0I88ART. [1381]
§ 909. P. 87, 1. 3 : moulUer. — Msê. A 7, B 1, 2, 5, 7 :
femme.
P. 87^ 1. 6 : actions. — M$$, B 12, 20 : condicions.
P. 87, 1. 7 : pour le fait des. — M$b. B 1, 2 : les.
P. 87, 1. 13 : planées. — Mss, A 7, B 5, 7 : déshéritées. <—
Mss, B 1, 2 : privées. — Ms, B 12 : bannis [sic). — Le m». B20
ajoute : et mises hors.
P. 87, 1. 20 : bon. — Mes. B 1, 2 : roi et prince.
P. 87, 1. 22 : Galise. — Les mss. A 2, B 20 ajoutent :
€astille.
P. 87, 1. 22-23 : couronnet. — Mss. B 1, 2 : à gouverner.
P. 87, 1. 26 : géniteurs. — Mss. B 12, 20 : routiers.
P. 87, 1. 32 : Berguettes. — Ms. B 12 : Bergerettes.
P. 87, 1. 32 : Lingnac. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A 1 : Luicinac. — Ms. A 2 : Neilhac.
P. 88, 1. 1 : le signeur de Taride. — Manquent aux
mss. B5, 7.
P. 88, 1. 12 : grant treteur. — Mss. B 12, 20 : qui parloit
trop bien.
P. 88, 1. 13 : Frenando. — Mss. A 2, 7 : Ferrando. ^
Mss. B 1, 2 : Frenande. — Mss. B 5, 7 : Ferrand.
P. 88, 1. 13 : entente. — Leçon des mss. îlIj B 1, 9, 6. —
Ms. A 1 : ente. — Mss. B 12, 20 : intencion.
P. 88, 1. 15 : Engletière. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : devers
le roy. -^ Les mss. B 12, 20 ajoutent : et les présenterez de
par moy au roy Richart [B 20 : Edouard].
P. 88, 1. 17 : lettres. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : qui
portent créance.
P. 88, 1. 19 : fac. — Mss. kly B5, 7 : est ja.
P. 88, 1. 19-20 : ouverte. — Manque aux mss. B 1, 2.
P. 88, 1. 28 : bonne. — Mss. B 1, 2 : si bonne.
* P. 88, 1. 29 : nostre. — Mss. B 1, 2 : vostre.
P. 88, 1. 29 : tant. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. -^Manque
aux mss. A 1, B 1, 2, 12, 20.
P. 88, 1. 31 : plaisir. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : Dieu
devant.
P. 89, 1. 3 : Pleumoude. — Mss. B 5, 7 : Pelerimoude.
P. 89, 1. 7 et ailleurs : Englès. — Ms. A 1 : Englescq.
P. 89, 1. 10 : mauvais vent. — Mss. B 1, 2 : vent contraire.
[1381] VÀRIÀNTIB DU LIYRB DEUXIÈMB, § 211. 327
P. 89, 1. 10 : arivet. — Mss. A 7, B 7 : arriTa. — Mss. B 1,
2, 5, 12, 20 : arrivèrent.
P. 89, 1. 16-17 : ii... estoit. — Mb. A2 : ik trouvèrent le roi
d'Engl.
I 210. P. 89, 1. 19 : li Londriien. — Mss. A 7, B 5, 7 : cenlx
de la cité.
P. 89, 1. 20 : si doi. — Mss. B 1, 2 : ses trois.
P. 89, 1. 24 : frères. — Ms, B 5 : oncles.
P. 89, 1. 30 : demandés. — Le ms. B 2 ajoute : enquis.
P. 90, 1. 1 : estoit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Ms. A 1 : est.
P. 90, 1. 10 : paroUe. — Mss. A 2, 7, B 1, 2, 5, 7, 12 : parlé.
— Le ms. A 2 ajoute : de ceste matière.
P. 90, 1. 11 : estraingnes. — Ms. Bl : estrangiers. —
Ms. B 2 : estranger. — Mss. B 12, 20 : portingalois.
P. 90, 1. 13 : dalés le. — Af«. B 20 : à la table du.
P. 90, 1. 14 : quinse. — Ms. A 2 : xviu.
P. 90, 1. 22 : frescement. — Mss. B 1, 2 : nouvellement.
P. 90, 1. 24 : juing. — Mss. B 1, 2 : Tan.
P. 90, 1. 27-29 : et estoient... lui. — Ms. B 12 : car le duc
de Lancastre ne pouoit aller en Portingal, car c*estoit ung trop
loing voyage pour lui, comme ilz disoient.
P. 90, 1. 29-30 : on... repentir. — Ms. B 20 : qu'on en pour-
roit venir tart au repentir.
P. 91, 1. 4 : hauls. — Ms. B 20 : autres.
P. 91, 1. 7 : otant d'archiers. — Ms. A 2 : mil archiers.
P. 91, 1. 12 : sour. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : soulz. — Ms. A 7 : soubz.
P. 91, 1. 14-15 : besongnoit à. — Ms. A 2 : ressongna le
voiage de Portugal pour.
P. 91, 1. 17 : Tassem. — Mss. A 2, B 20 : Gassem. — Mss. A 7,
B 5 : Tasson. — Ms. B 7 : Casson. — Ms. B 12 : Sasses.
P. 91, 1. 17 : Ravane. — Le ms. A 2 aj'oute : et le seigneur
de Beauchamp et mons. Symon Burlé.
P. 91, 1. 21 : 11 evesques de Saint David. — Ms. B 12 : l'ar-
che vesque de Cantebery.
§ 211. P. 92, 1. 6 : hostés. — Mss. A2, 7, B5, ^ : gens de
son hostel.
328 CHRONIQUES DE J. FR018SART. [!381]
P. 92, 1. 9 : regars. — Ms. B 20 : régent.
P. 92, 1. 9-10 : regars... et. — Mb9. B 5, 7 : gouyemenr.
P. 92, 1. 17 : Pleumoude. — Manque aux mss. A 7, B 5, 7.
P. 92, 1. 23-24 : li canonnes. — Ms. B 20 : Julien.
P. 92, 1. 24 : Raimons. — Leçon clés mss. B 1, 2. — Mss. A 2,
7, B 5, 7, 12 : Jehans.
P. 92, 1. 24-25 : messires... Noef. — Manquent au ms. B 20.
P. 92, 1. 26-27 : le soudich... Thaleboz. — Manquent au
ms. B 20.
P. 92, 1. 27 : Thaleboz. — ilfs. A 2 : Taillebourc. — Mss. B 5,
7 : Gabbor.
P. 92, 1. 29 : Sandevich. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
2, 7, B 5, 7, 12, 20 : Chaudevic.
P. 92, 1. 31 : Pleumoude. — Mss. B 5, 7 : Pleumon.
P. 93, 1. 1 : cargier. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : chargièrent.
P. 93, 1. 5 : Frenando. — Ms. A 1 : Frenaube. — Ms. A 7 :
Ferrando ; voy. plus haut, p. 88, 1. 13.
P. 93, 1. 18 et plus bas : Bervich. — Lisez : Beruich.
P. 93, 1. 20 : le Mare. — Mss. B 1, 2, 12 : la Marche.
P. 94, 1. 7 : Tuide. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7, B 5, 7 : Ruide. — iJfs. A 2 : rivière de Thui.
P. 94, 1. 10 : Morlane. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. Al,
2, 7, B 5, 7, 20 : Mourbane.
P. 94, 1. 10 : trois. — Ms. B 12 : quatre.
P. 94, 1. 19-20 : en si. — Ms. A 1 : enssi.
P. 94, 1. 22 : gratoit et vivoit. — Ms. A 7 : lors estoit et.
— Mss. B 5, 7 : estoit lors et. — Ms. B 12 : se sentoit.
P. 94, 1. 24 : Jaque. — Le ms. A 2 ajoute : vilains.
§ 212. P. 94, 1. 27 : cose et. — Mss. B 1, 2 : aventure et
chose.
P. 94, 1. 27-28 : cose et... fondacion. — Ms. B 12 : besoigne
de petite conduite. — Ms. B 20 : cose et de petite conduitte et
fondacion.
P. 94, 1. 30 : bonnes gens. — Ms. A 2 : gens qui veulent
tout bien et tout honneur.
P. 95, 1. 8 : oevres. — Mss. A 2, B 1, 2, 20 : corvées. —
Mss. A 7, B 5, 7 : choses. — Ms. B 12 : courroées.
P. 95, 1. 13 et plus loin : d'Exsexs. ^ Mss. B 1, 2 : d*Exestre.
[1381] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 213. 329
P. 95, 1. 13 : Beteforde. — Leçon du ms. B 1. — Mm. A i,
2, 7, B 5, 7, 20 : Betefoude.
P. 95, 1. 22 : engle. — Ms, A 1 : engles.
P. 95, 1. 28 : esrederiefi. — Ms, A 2 : erreurs et folies. —
Mss. A.1, B 5, 7 : machinacions. — Mss, B 12, 20 : mauvais-
tiés et enfermetez.
P. 95, 1. 30 : Balle. — Jlfs. B 5 : Baille.
P. 96, 1. 3 : Taitre. — Leçon du nu. B 1. — Ma, A 1 : lettre.
— Ms. A 7 : Testre. — Ms. B 2 : la place. — Mas. B 5, 7 :
Faitre ou cimetière. — Ms. B 12 : cimetière.
P. 96, 1. 15 : camocas. — Ms, B20 : d'autres fins draps.
P. 96, 1. 17 : espisses. — Le ms. A 2 ajoute : les poucins.
P. 96, 1. 18 : le retrait et. — Ms. A 2 : et tout le gros de.
— Ms. B 2 : et le son.
P. 96, 1. 18 : et. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque au
ms. Al.
P. 96, 1. 19 : buvons. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms. A 1 : buvez.
P. 96, 1. 23 : batu. — Le ms. A 2 ajoute : comme asnes à oont.
P. 96, 1. 24 : si. — Leçon des mss. B 1, 5. — Ms. A 1 : se.
P. 96, 1. 28 : pourverrons. — Ms. A 1 : pourveurons.
P. 96, 1. 31 : orra. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Ms. A 1 : ara. — Ms. B 20 : avra.
P. 97, 1. 3 : l'ooient. — Le ms. A 2 ajoute : et escoutoient
voulentiers.
P. 97, 1. 7 : si. — Leçon des mss. A 7, B5, 7, 12. —
Ms. A 1 : se.
P. 97, 1. 10 : mois. — Ms. A 2 : ans.
P. 97, 1. 12-13 : à... faissoit. — Ms. A 2 : à mourir en prison.
P. 97, 1. 13 : delivroit. — Ms. A 7 : vouloit délivrer. —
Mss. B 5, 7 : faisoit délivrer.
P. 97, 1. 16 : russe. — Ms. A 2 : ruse et sermon. — Ms. B 12 :
irenaisie.
P. 97, 1. 17-18 : aviset. — Ms. B 1 : acusez. — Ms. B 2 :
abuvrez.
P. 97, 1. 29 : en. — Mss. B 5, 7 : ou royaume de.
§ 218. P. 97, 1. 31 à p. 98, 1. 1 : de Kemt... d'environ. —
Ms. A 2 : de Betephoude et de Douzières.
330 CHRONIQUES DI J. PR01S8ART. [1381]
P. 98, 1. 2-3 : et se... Londres. — Leçom des m$s. B 1, 2,
12, 20. — Manquent aux mss. A 1, 2» 7, B 6, 7.
P. 98, 1. 3 : au retour. — Ms, B 12 : entour.
P. 98y 1. 6 : troi. — Mss. A2, B20 : (piatre.
P. 98, 1. 9 : gars. — Ms. A2 : Tillain.
P. 98, 1. 10 : envenimés. — Mss. A 7, B 5> 7 : ennemis. —
Mss. B 12, 20 : plain de Tennemi.
P. 98, 1. 16 : eurent. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms, A 1 : l'eurent.
P. 98, 1. 17 : il dissent. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7. —
Manquent aux mss. Al, 7. — Ms. A 2 : il s'aTisièrent. —
Mss. B 12, 20 : ilz conclurent.
P. 98, 1. 20 : par fous. — Leçon du ms. B 1. — Ms, A 1 :
par fons. — Ms. A 2 : ces meschans gens. — Ms. B 2 : par feux.
P. 98, 1. 20 : fous d'un village. — Mss. A 7, B 5, 7 : les
portes par Tune. — Mss. B 12, 20 : assemblées de villaiges.
P. 98, 1. 20 : ou. — Mss. B 5, 7 : et par l'autre.
P. 98, 1. 21 : ou. — Mss. B 5, 7 : par l'autre.
P. 98, 1. 23 : troi. — Mss. B 1, 2 : deux.
P. 98, 1. 28 : villain. — Ms. A 2 : archivillains tuffaulx.
P. 98, 1. 29 : cent lieues. — Les mss. A7, B5, 7 ajoutent :
de cinquante lieues.
P. 98, 1. 29 : de soissante lieues. — Manquent aux mu.
B5, 7.
P. 98, 1. 31 : plenté. -— Mss. B 1, 2 : partie.
P. 99, 1. 3 : révéler. — Ms. B 20 : eslever et rebeller. —
Les mss. B 1, 2 ajoutent : et eslever.
P. 99, 1. 7 : meschans. — Mss. B 12, 20 : povres.
P. 99, 1. 14 : aucune. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7. —
Mss. A 1, 2 : ennemies. — Ms. A 7 : annemie. — Mss, B 12,
20 : hayne couverte ou autrement.
P. 99, 1. 17 : s'osa anuitier. — Ms. B 12 : lui firent mal,
mais elle ne se osa arrester ne anuytir.
P. 99, 1. 17 : anuitier. — Mss. B 5, 7 : séjourner.
P. 99, 1. 23 : gens. — Ms. A 2 : meschans gens.
P. 99, 1. 23 : reveloient. — Mss. B 6, 7 : eslevoyent.
P. 99, 1. 31 : esclarcirai. — Ms. B 5 : declareray. — Ms. B 7 :
esclareray.
P. 99, 1. 31-32 : che fait... démenés. — Ms. B 12 : ceste
[i38i] VARIÀimS DU LIVBB DBUZltMB, § 214. 331
chose et manldite besoingne de point en points ainsi qu'elle
advint et qu'elle fut démenée. — Ma. B 20 : caste mauvaise
besoingne, tout ainsi qu'elle fîit démenée.
§ 214. P. 100^ 1. i-2 : sepmainne... Sacrement. — Ms. B 20 :
sepmainne du Sacrement devant le jour à bonne estrine.
P. iOOy 1. 3 : gens. — Ms. A 2 : meschans g. — Afe. B 20 :
povres g.
P. 100, 1. 9-10 : Wautre... entrèrent. -^ Ms. B 2 : Et lorsque
Wautre Strate Tuilier et Jaques Strau entrèrent.
P. lOOy 1. 12 : sexte. — Mss, Â 7, B 5, 7 : sorte.
P. 100, 1. 14 : compaignons. — Ms. B 5, 7 : capitaines.
P. 100, 1. 14 : oultre le Tamisse. — Manquent aux mss.
B 1, 2.
P. 100, 1. 15 : de Stafort. — Mss. B 5, 7 : d'EsUnfort.
P. 100, 1. 18 : escaper. — Mss. A7, B5 : estouper le pas.
— Ms, B 7 : estouper le chemin.
P. 100, 1. 23 : fustèrent. — Ms. B 12 : frustrèrent.
P. 100, 1. 24 : hors» — Ms. A2 : ses biens meubles. —
Ms. B 20 : les biens.
P. 100, 1. 30 : l'endemain. — Leçon du ms. B 12. — Mss. A 1,
7, Bl : le lundi. — Mss. A2, B20 : le mardi. ^ Mss. B 2, 5,
7 : ce lundi.
P. 101, 1. 1 : fondefloient. — Ms. A 2 : confundoient. —
Ms. A 7 : fondoient. — Ms. B 1 : fondeflioient.
P. 101, 1. 1-2 : fondefloient et abatoient. — Ms. B 2 : demo-
lissoient, abatoient et ruoient. — Mss. B 5, 7 : abatoient et
fondroyoyent. — Mss. B 12, 20 : abatoient et craventoient.
P. 101, 1. 4 : merci. — Ms.B2: pitié.
P. 101, 1. 9 : Meuton. — Mss. B 1, 2, 12, 20 : Menton. —
Mss. A7, B5, 7 : Mouton.
P. 101, 1. 9 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5. — Mss. A 1,
B 1 : Se. — Mss. B 12, 20 : Et.
P. 101, 1. 9 : Si li. ^ ilfo. B 7 : Ceulx.
P. 101, 1. 18 : obeT. — Ms. B 12 : s'acorda.
P. 101, 1. 21 : Sousexses. -^ Ms. A 1 : Sousexsexes.
P. 101, 1. 22 : Norduich. — Leçon des mss. B 1, 2. —
3f^. A2 : Warwich. — Mss. A 1, B6, 7, 12, 20 : Verduich.
P. 101, 1. 23 : Gememue. — Leçon des mss. B 1, 2. —
332 CHRONIQUES BK J. FROiSSART. [138tJ
Ms. A 1 : Genoume. — Mss. A?, B5y 7 : Genomme. — Ms.
B 12 : Germine.
P. 101, 1. 23 : Line. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7, B 5, 7 : Lime.
P. lOly 1. 25 : Morlais. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7 y B 5, 7, 12 : Moylais.
P. 101, 1. 26 : Estienne. — Leçon des mss. B 12, 20. —
Mss. A 1, 2, 9, B 1, 2, 5, 7 : Thomas.
P. 101, 1. 26-27 : Cosington. — Leçon de Johnes. — Mss. A 1,
2, 7, 9, B 1, 2, 5, 7, 12, 20 : Ghisinghem.
P. 102^ 1. 2 : le... faire. — Ms. B2 : se rebellèrent contre
le roy de France et firent.
P. 102, 1. 3 : de. — Le ms. B 5 ajoute : dix, voire plus de.
P. 102, 1. 5-6 : Engletière. — Les mss. B 5, 7 ajoutent :
et des marches dessus dites.
«
\ § 215. P. 102, 1. 11 : mansions. — Mss. B 1, 2, 12 :
manoirs. — Mss. A 7, B 5, 7 : maisons.
P. 102, 1. 12 : procureurs. — Le ms. A 2 ajoute : du roy et
de Tarcevesque.
P. 102, 1. 13 : testes. -— Ms. B 20 : hatereaulx.
P. 102, 1. 26 : sour. — Le ms. B 20 ajoute : la Tamise et sur.
P. 102, 1. 28-29 : devers... venist. — Mss. B5, 7 : an roi
et dire.
P. 102, 1. 31 : une. — Leçon des mss. B 1, 2. — Ms. A 1 :
un. — Mss. A 7, B 5, 7 : par.
P. 103, 1. 2 : menu. — Ms. A 7 : commun. — Mss. B 5, 7 :
commun et menu.
P. 103, 1. 15 : messire Thumas. — Manque aux mss. A 7,
B5, 7, 12.
P. 103, 1. 20 : Senselles. — Ms. B 5 : Faucelles. — Ms. B 7 :
Sautelles.
P. 103, 1. 27-28 : faire... avant. — Ms. A 2 : faire maugré
moy et par force, car, chier sire, ces villains m*ont mis si
avant que je suis.
P. 103, 1. 29 : dont. — Ms. B 12 : pour quoi estes vous
venus, et de ce que.
P. 104, 1. 2 : que. — Ms. B 1 : plus que.
P. 104, 1. 10 : devers. — • Leçon des mss. B 1, 2, 12. —
[1381] VARIANTB8 DU LIVRE DKUXIÈMB, g 217. 333
Mb, a 1 : vous. — Msa. kl y B 5, ly 20 : vers. — Les nus. B 1,
2 ajoutent : et parlé proprement à tous.
P. 104, 1. 14-15 : quel... ceste. — Ms, B20 : qu'il estoit de
faire pour le mieulx sur celle.
P. 104, 1. 16 : le matin le joedi. — Ms, B 12 : Tendemain
au matin qui estoit le lundy.
P. 104, 1. 20 : batiel. — Mss. A 7, B 5, 7 : vaissel.
P. 104, 1. 24 : rois. — Mss. B 1, 2 : personnellement sans
nulle faulte.
P. 104, 1. 29 : et c'estoit raisons. — Mss. B 1, 2 : et se les
enfelenioit trop. — Mss, B 5, 7 : par raison. -^ Manquent aux
mss. B 12, 20.
§ 216. P. 105, 1. 1 : Norhantonne. ^ Mss. A 7, B 5, 7 :
Northombrelande.
P. 105, 1. 18 : Miauros. — Leçon des mss, Bl, 2. —
Mss, Al, B5, 7 : Miaurés. — Ms. A7 : Maures. —Ms. B20:
Miaurez.
P. 105, 1. 20 : car bien savoit. — Mss. B 1, 2 : si se dissi-
muloit ce qu'il pooit, car dur lui estoit à entrer en traîctié
à le deshonneur dou roy ne dou royaulme d'Engleterre, et ot
pluseurs ymaginacions sur ce, car bien sentoit.
P. 105, 1. 22 : si. — Leçon des mss. B 5, 7. — Mss. A 1, 7,
B 1, 2, 12, 20 : se.
P. 105, 1. 24 : de. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12. —
Manque aux mss. Al, B 1.
P. 105, 1. 32 : fort. — Le ms. A 2 ajoute : et en estoient
plus maltraitables.
P. 106, 1. 1 : parlerons. — Leçon des nus. Al, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A 1 : parlons.
P. 106, 1. 2 : persévérèrent. — Mss. B 1, 2 : persévéra.. —
Le ms. B 12 ajoute : en leurs rebellions et en leurs mauldittes
mauvaisetez, et comment le roy se porta contre eulx.
§ 217. P. 106, 1. 7 : d'Acquesufort. — Leçon des mss. B 1,
2. — Ms. A 1 : d'Asufort. — Ms. A 7 : de Sufforch. — Mss. B 5,
7 : de Suquefort.
P. 106, 1. 9 : rivage. — Les mss. B 1, 2, 20 ajoutent : et
contreval le rivage.
384 OHROMIQIIKS » J. FMI88A1IT. [f381]
P. 106, 1. 25 : wanler. — Mss. A 7, B 1, 2, 7, 12, 20 : wan-
crer. — Ms. B 7 : haucrer.
P. 106, 1. 27 : vous. — Le m», A 2 ajoute : et ay fait yostre
mandement.
P. 106, 1. 30 : plus aissiement. — Mss. B 5, 7 : toat an long.
P. 107, 1. 1 : en estât. — Manquent anx m$$. A 7, B 1, 2,
5,7.
P. 107, L 1 : arroi. -* Les mes. A 7, B5y 7 ajoutera : ne en
ordonnance.
P. 107, 1. 6 : gens. — Ms» B20 : populaires.
P. 107, 1. 7 : d'air. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : d'ire.
P. 107, 1. 12 : fondeflant. — Afs. B 2 : ruant jus. — Mss. B5,
7 : fouldroyant. — Mss. B 12, 20 : craventant.
P. 107, 1. 31 : pourveues. — Afs. B 5 : garnies.
P. 108, 1. 1 : rebrachiet. — Mss. A 7, B 5, 7 : appareilliez.
— Mss. B 1, 2 : apparilliet et tout rebrachiet. — Ms. B 12 :
advancié.
P. 108, 1. 5 : trente. — Mss. B 1, 2 : vint.
P. 108, 1. 9 : gardes et. — Le ms. A 2 ajoute : puis bou-
tèrent le feu dedans.
P. 108, 1. 12 : rOppitalier. •— Mss. B 1, 2 : des Hospitaliers.
P. 108, 1. 13 : Calerwille. — Mss. A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 12,
20 : Galermille. — Af«. A2 : Carlewille.
P. 108, 1. 27 : esragiés. — Ms. B 20 : hors de leur bon sens.
S 218. P. 108, L 30 : amaignagier. — Mss. B5, 7 : assem-
bler. — Ms. B 20 : arrester.
P. 109, 1. 6 : cinc. — Le ms. A 2 ajoute : ou six*
P. 109, 1. 7-8: mal pour lui. — Ms, A2 : ils lui couperoient
la teste.
P. 109, 1. 18 : de Londres. --> Ms. kl : et riches.
P. 109, 1. 23 : mousches. *- Mês. B 12, 20 : moutons.
P. 109, 1. 27 : armet. — Le ms. A 2 ajouu : en certains
lieux tous tapiz et muciez.
P. 109, 1. 31 : esté manchevi. — Mss. A 7, B 5, 7 : esté
menacies. — Mss, B 1, 2 : esté avertit.
P. 109, 1. 31 : Perducas. — Afs. B 12 : Thomas.
P. 110, 1. 3 : commun. «- Les mss. A 7, B5, 7 ajoutent :
estans en la dicte ville.
[1381] VARIANTK8 DU UVR8 MUXIÈlfB, § 219. 335
P. iiOy L 12 : esmeutin. — Ms. A 2 : lui esmottToir contre
ces meschantes gens. — Mas, B 5, 7 : esmoavement. —
Ms. B 20 : nolz esmouToir.
P. liOy 1. 15 : de. — Leçon des mss. A?» B2, 5, 7, 12. —
Manque aux mas. Ai, B 1.
P. 110^ 1. 16 : puisedi. — Mss. A?, B5, 1, 12 : de puis.
P. 110, 1. 17 : le. — Leçon des mss. Al, B 1, 2, b, 7. —
Manque au ms, A 1.
P. IIO9 1. 17 : moult chièrement. — Leçon des nus. A 1,
B5y 1, 12. — Ms. A 1 : moult chierent. — Ms. B20 : moult
amèrement. — Manquent aux mss. B 1, 2.
§ 219. P. 110, 1. 19 : de. — Mss. A 7, B 5, 7 : devant.
P. 110, 1. 20 : aparillier. — Mss. B 12^ 20 : lever et prendre
leurs bastons.
P. 110, 1. 24 : paroUes. — Les ms. B 12, 20 ajoutent : et
non sans cause.
P. 110, 1. 27 : le Biilinde. — Ms. Ai: BfiUeude; cf. pius
loin p. 112, 1. 18. ~ Mss. A 7, B 5, 7 : le milieu de, —
Ms. B 1 : au milieu de. -*- Ms. B 2 : le MilUnde, qui est.
P. 110, 1. 28 : oè. — Leçon des mss. A 7, B5, 7, 12. —
Ms. A 1 : u. — Ms. B 2 : y. — Manque au ms. B 1.
P. 110, 1. 29 : otroieroit. -*- Leçon de^ mss. A 7, B 1, 2, 5,
7. — Ms. A 1 : otroieroient.
P. 110^ 1. 30 : demanderoicnt. — Les mss. B 5, 7 a/oiUent :
on vouloyent demander.
P. 111, 1. 7 : rihote. — Mss. A7, B5, 7 : ricbesce. —
Ms. B 20 : butin.
P. 111, 1. 16 : quatre cent. — Ms. B 12 : trois cens. — Le
ms. A 2 ajoute : villains, marados et petaulx. — Le ms. B 20
ajoute : d'iceulx meutins.
P. 111, 1. 17 : et saUirent. — Ms. B 1 : de trou et. — Ms. B 2 :
de trou en trou et.
P. 111, 1. 27 : Jeban. -^ Mss. B 12, 20 : Laurens.
P. 111, 1. 27 : Laige. •— Mss. B 1, 2 : lagne. -* Mss. B5,
7 : Large.
P. 111, 1. 27 : quatre. — diss. B 1, 2 : trois.
P. 111, 1. 29 : Londres. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : comme
se il eussent esté traictres au roy et au royaulme.
336 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1381]
P. 111, 1. 29 : joué. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : jurez. — Mm. A 7 : jouez.
P. 111, 1. 30-31 : il... roiaulme. — Mss. Bl, 2 : traîtres.
P. 111, 1. 32 : cil. — Le ms. A 2 ajoute : villains puans.
P. 112, 1. 1 : despecièrent. — Ms. B 1 : depestillèrent. —
Ms, B2 : pestillèrent.
P. 112, 1. 1 : eshidée. — Ms. A 2 : courrocée. — Mss. Alf
B 5*, 7 : espouentée. — Ms. B 12 : esbahie.
P. 112, 1. 2-3 : camberières. — Ms. A 1 : cambourièrez.
P. 112, 1. 5-6.: par... menée. — Leçon des mss. Bl, 2, 12.
— Manquent aux mss. Al, 2, 7, B5, 7.
§ 280. P. 112, 1. 15-16 : au peuple. — Ms. A 2 : à ces com-
munes où ilz estoient.
P. 112, 1. 29 : maissons. — Ms. B5 : manoirs.
P. 113, 1. 5 : banières. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et
en tout ce ne trouverez quelque faulte, car je n'en seray ja
reprins.
P. 113, 1. 27 : nations. — Mss. B5, 7 : contrées.
P. 113, 1. 31 : acort. — Ms. A 1 : acors.
P. 113, 1. 32 : mille. — Le ms. A 2 ajoute : villains, tennu-
lons et bomules.
P. 114, 1. 7 : poissance. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : au
mieulx qu*ilz porent.
P. 114, 1. 10 : que il les aroient. -*- Ms. B20 : qu'ilz en
estoient saisis.
P. 114, 1. 18 : un. — Le ms. A 2 ajoute : paillart.
P. 114, 1. 19 : Listier. — Mss. B 5, 7 : Histier.
P. 114, 1. 19 : de Stafort. — Ms. A2 : de Steinforth. —
Mss. A 7, B 5, 7 : d'Estanfort. — Les mss. B 5, 7 ajoutent :
une bonne forte ville.
§ 321. P. 114, 1. 24 : Nieugate. — Leçon du ms. Bi.^
Mss. A 1, B 2, 12, 20 : Mengate. — Mss. A 7, B 5, 7 : Mangate.
P. 114, 1. 26 : recorder. — Mss. B 5, 7 : compter.
P. 114, 1. 31 : uns. — Le ms. A 2 ajoute : très mauvais. —
Les mss. B 5, 7 ajoutent : mauvais.
P. 115, 1. 7 : Robers. — Ms. A 2 : Jehan.
P. 115, 1. 11 : tournés. — Mss. B 1, 2 : formés.
[i381] VARIANTBS DU UVBE DEUXltUE, § 222. 337
P. 1169 1* ^^ • ^^^'' — ^^* ^20 * menet. — plus...'amé. —
Mss. B 1, 2 : trop mieux menet.
P. 115, 1. 15 : Si. — Leçon des mss. A7, B 1, 2, 5, 7. —
ilf». A 1 : Se. — Ms. B. 12 : Hz. — Af». B 20 : Adont.
P. 115, 1. 16 : citté. — Le ms. A 2 ajoute : et la prandroient
par force.
P. 115, h 16 : enls. — Le ms. A 2 ajoute : pour sçavoir
qu'ils lui Touloient.
P. 115, 1. 25 : moult bellement. — Ms. A 7 : bellement et
moult doucement. — Mss. B 5, 7 : bellement et doucement. —
ilf». B 12 : bien gracieusement à luy.
P. 115, 1. 31 : serés. — Le ms. A 7 ajoute : avecques nous et.
P. 116, 1. 2 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2. — Mss. B 5,
7 : ce. — Ms. B 12 : il. — Ms. B 20 : certes il.
P. 116, 1. 2 : yint. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : mont grant
merveille et à.
P. 116, 1. 4 : gens. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : tous
forsennez et plains d'oultrecuidance [B20 : de folle oultr.].
P. 116, 1. 5 : vous. — Leçon des mss. Al, B 1, 2, 5, 7,
12. — Manque au ms. A 1.
P. 116, 1. 8 : pendut. — Le ms. B5 ajoute : par les gorges.
P. 116, 1. 14 : estoriier. — ^5. A 2 : ferir et à frapper d'es-
toc et de taille. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : escarmouchier. —
Ms. B 20 : escarmuchier autour de luy.
P. 116, 1. 20 : tant d'armes. — Af«. A2 : telle fouison
d'armes d'une espée.
P. 116, 1. 21 : quarante. — Mss. B5, 7 : soissante.
P. 116, 1. 22 : li. — Le ms. A 2 ajoute : si espessement.
P. 116, 1. 23 : desarmés. — Le ms. A 2 ajoute : qu'il ne pot
durer longuement contre ces villains.
P. 116, 1. 24 : si. — Leçon du ms. B 1. — Ms. A 1 : se.
§ 223. P. 117, 1. 6 : li roi.— itfs. Al : li rois.— Afss. A7,
B2, 5, 7, 12 : les rois. — Afs. B 1 : le roy.
P. 117, 1. 6 : Engletière. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
crestiens.
P. 117, 1. 17 : quelliet. — Mss. B 1, 2 : esveilliet.
P. 117, 1. 17 : mauvais. — Le ms. A 2 ajoute : villains de
toutes ces communes. — Le ms. B 20 ajoute : de ces paysans.
X — 22
338 GHEONIQUBS DB J. FROISSàRT. [1381]
P. 117, 1. 19 : place. — Le mt. B 12 ajouie : qu'on dit
Sementer et une grant place.
P. 117, 1. 19-20 : Semitefille. ^Ms.Bi: Semitefillier. ^
Afff. B 2 : SendtefiUer.
P. 117, 1. 22 : en la ville qui se. *- M$s. B 5, 7 : et par^
loyent et.
P. 117y 1. 25 : tout. — Le» mss. B 1, 2 a/outent : aise et
tout.
P. 117, 1. 28 : cU. — Ms. B5 : ces Angloys.
P. llSy 1. 7 : lore. — M$. A 2 : Rocestre.
P. 118, 1. 16 : eulx. — Ms. Â2 : ces villains. — Ms. B20 :
ealx gloutons.
P. 118, 1. 19 : regarde et voit. — Mss. B 5, 7 : s'arresta et
regarda.
P. 118, 1. 19 : che peuple. — Ms, A 2 : ces meschans gens
qoi là estoient.
P. 118, 1. 25 : aler. — Leçon des mss. A7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Ms. A 1 : aie.
P. 118, 1. 26 : acène. — Mss. B5, 7 : signe. — Ms. B 12 :
fay signe.
P. 118, 1. 27 : si. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1, 7 :
se. -*- Mss. B 5, 7 : et.
P. 119, 1. 1 : juponnier. — Mss. A 7, B 5, 7 : ponipointier.
— Le ms. B 2 ajoute : ou pourpoinjtier.
P. 119, 1. 2 : Ticle. — Mss. B 1, 2 : Tube.
P. 119, 1. 3 et 5 : jupons. — Mss. A 7, B 5, 7 : pourpcûns.
P. 119, 1. 4 : Si. — Leçon des mss. B 1, 2. -'• Mss. A. 1, 7,
B5 : Se.
P. 119, 1. 4-5 : Si... Jehans. — Af«. B 20 : Quant le dit Jehan
fut quitte de ses juppons, il dist à Wautre.
P. 119, 1. 6 : II... mars. — Mss. B 12, 20 : J'en ai delivréà
▼oz gens plus de trente.
P. 119, 1. 8 : crant. — Mss. B 5, 7, 20 : piège.
P. 119, 1. 20 : rihotte. — Mss. B 12, 20 : huttin.
P. 119, 1. 25 : faire, — Le ms. B 20 ajoute : à toute haste.
P. 119, 1. 29 : villages. — Ms. Il2 : bailliages.
P. 120, 1. 4 : regarde. — Mss. A 7, B 5, 7 : regarda.
P. 120, 1. 6 : Tieulliers. — Ms. B 20 : le glouton.
P. 120, 1. 7 : juer. ^ Le ms. A 2 ajoute : et à le manier.
[1381] VARIANTBS DU LIVRB DEUXIÈME, § 222. 339
P. 120, 1. 7 : tourner. — Les mss, B 12, 20 ajoutent : et
virer.
P. 120, 1. 10 : Taies. — Le nu. A 2 ajoute : ne la tiegnes en
ta main, traître et mauvais.
P. 120, 1. 16 : Londres. — Le nu. B20 ajoute : en celle
place et en la présence du roy.
P. 120, 1. 17 : leurs cottes. — Mss. B 5, 7 : la robe. —
Mss. B 12, 20 : leurs robes.
P. 120, 1. 20 : paroUes. — Le ms. A 2 ajoute : et si oultra-
geuses.
P. 120, 1. 25 : parles. •— Ms. A 1 : parle.
P. 121, 1. 5 : folles. — Mss. A 7, B 5, 7 : mescheans.
P. 121, 1. 10 : devant li. — Mss. B 1, 2 : en sa main.
P. 121, 1. 14 : s'ordonnoient. — Le ms. B 20 ajoute : et ren-
goient.
P. 121, 1. 19 : vaincu. — Mss. B 5, 7 : honteux.
P. 121, 1. 20 : defuir. — Mss. B 1, 2 : liiir et à départir. —
Mss. B 12, 20 : desroier et à départir.
P. 121, 1. 22 : quelque. — Leçon des nus. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A 1 : quel.
P. 121, 1. 25-26 : valloit riens. — Ms. B 20 : pouoit que
dommagier.
P. 121, 1. 29 : lés. — Mss. B 5, 7 : cousté. — Mss. B 12,
20: parti.
P. 122, 1. 1 : maire. — Mss. B 1, 2 : roi. — Le ms. B 20
ajoute : on tue tout.
P. 122, 1. 3 : hostels. — Mss. B 1, 2 : maisons.
P. 122, 1. 6 : armés. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et bien
en point.
P. 122, 1. 9 : noef. — Mss. A 7, B 5, 7 : pluseurs.
P. 122, 1. 10 : cent. — Ms. A2 : .afi. — Mss. Lly B5, 7 :
sis cens.
P. 122, 1. 12 : Brambre. — Leçon des nus. AlIj B 7. —
Ms. A 1 : Lambre. — Mss. B 1, 2, 12 : Bambre. — Ms. B 5 :
Braubre.
P. 122, 1. 15 : roi. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : d'une
part.
P. 122, 1. 20 : Standuich. — Le ms. k2 ajoute : qui portoit
Fespée du roy, à qui TieuUier ot débat.
340 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [138!]
P. 122, 1. 20 : Brambre. — Ms. B 12 : Lambre.
P. 123, 1. 1 : eux. — Ms. B 20 : ces populaires.
P. 123, 1. 10-11 : aportèrent. — Ms. B20 : rebaillièrent
oultre; et ainsi qu'ilz les apportoient.
P. 123, 1. 16 : demachièrent. — Mss, A 7, B 6, 7 : desron-
tèrent.
P. 123, 1. 17 : retraissent. *- Le nu. B2 ajoute : vers
Londres, Tun ça, l'autre là, et le roy et les seigneurs et leurs
routes rentrèrent.
P. 123, 1. 21-24 : Enssi... en Londres. — Ms.B2: Si les
laissa lors partir et le roi rentra en Londres à grant ordon-
nance et.
P. 123, 1. 22 : demuchièrent. — Mss. A 7, B 5, 7 : degas-
tèrent.
P. 123, 1. 28 : esbahie. — Mss. B 5, 7 : courroucée.
P. 123, 1. 29 : biaux. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : doulz.
P. 123, 1. 32 : Or. — Le ms. A 2 ajoute : faictes bonne
chière.
P. 124, 1. 1 : car... Dieu. — Mss. A 7, B 7 : et loés Dieu, car
il est heure de loer Dieu. — Ms. B 5 : et loés Dieu, car il est
heure de le loer.
P. 124, 1. 5 : roi. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Ms. A 1 : roie.
P. 124, 1. 6 : et... gens. — Mss. A7, B 5, 7 : c'estoit que
toutes gens.
P. 124, 1. 9 : soleil levant. — Ms. A 2 : heure de prime.
P. 124, 1. 17 : eurent. — Mss. A7, B7 : furent.
P. 124, 1. 17-18 : grant joie. — Mss. A 7, B 5, 7 : grande-
ment resjouyz.
P. 124, 1. 18 : ossi. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : combien
qu'il fust par avant mort.
P. 124, 1. 22 : pour. — Ms. A 2 : par ceuls des communes
qui venoient de Londres et s'en retoumoient; et quant.
P. 124, 1. 23 : estoient. — Le ms. A, 2 ajoute : sceurent
comment ilz avoient mal ouvré.
§ 228. P. 124, 1. 28 : avenues. — Mss. B 5, 7, 12 : aven-
tures.
P. 124, 1. 28 : revelemens. — Mss. B 1, 2, 12 : ceste rébel-
lion.
[1384] VARIANTB8 DU LIVRE DBUXIÈMB, § 224. 341
P. 125^ 1. 8 et plus loin : de. — Leçon des mes. A 7, B2y 5,
7y 12. — Manque au ms. A i.
P. 125, 1. 13 : si. — Les mss, B 1, 2 ajoutent : vaillanment
et si.
P. 125, 1. 16 : cinc. — Afs. A 2 : .yi.
P. 125, k 16 : sis. — Mss. A 2, B 1, 2 : set.
P. 125y 1. 24 : les coses soient apaissies. — Afs. B 20 : la
mmenr soit ung petit rapaisie.
P. 126, 1. 1 et 7 : Rademan. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Mss. Al, B 12 : Rademon. — Mss. A 7, B 5, 9 : Rademen.
P.126,1. 6: si.— Leçon des mss. Al y B2. —Mss.Ai, Bl:
se. — Mss. B 5, 7 : ce. — Ms. B 12 : moult.
P. 126, 1. 22 : la. — Ms. B 20 : l'entrée de la.
P. 126, 1. 27 : et. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : bien sentoit.
P. 126, 1. 27 : et que. — Mss. B 5, 7 : car.
P. 126, 1. 31-32 : Monsigneur... autres. — Mss. B5, 7 :
non. — Manquent au ms. XI.
P. 127, 1. 2 : escript. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : aux
bonnes villes et.
P. 127, 1. 16 : de. — Manque aux mss. A 1, 7, B 1, 5, 7, 12.
P. 127, 1. 16 : Lincestre. — Mss. B 1, 2 : Wincestre.
P. 127, 1. 18 : Line. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7, B 5, 7 : Gluine. — Manque aux mss. B 12, 20.
P. 127, 1. 19 : Bruvelé. — Leçon du ms. B 12. — Mss. A 1,
7, B 5, 7 : Bumelé. — Mss. B 1, 2 : Vinuellé. — Ms. B 20 :
Bumelé.
P. 127, 1. 22 : establi. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : pour en
estre garde.
i 284. P. 127, 1. 28 : prieroit. — Leçon des mss. B 5, 7, 12.
— Mss. A 1, 7, B 12 : prioit.
P. 128, 1. 3 : afaire. — Mss. B 1, 2 : esUt.
P. 128, 1. 5 : trois. — Ms. A2 : .un.
P. 128, 1. 7 : segnefiet. — Mss. B 12, 20 : advertiz.
P. 128, 1. 15 : Escoche. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : et leurs
routes. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et toute leur routte.
P. 128, 1. 15-16 : s'entrecontrèrent. — Mss. A 9, B 5, 7 :
s'entracolèrent. — Mss. B 12, 20 : s*entrefestoièrent.
P. 128, 1. 20-21 : pour ches jours. — Mss. B 1, 2 : adont.
842 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [IS8I]
P. 128, 1. 26 : tempore. — Mss. A 7, B 5, 7 : temps.
P. 128, 1. 31 : cause. — Le ms. B 12 ajoute : contre venté.
— Le ms, B 20 ajoute : k la vérité.
P. 129, 1. 3 et p. 130, 1. 11 : maleoites. — Mss. A 7, B S, 7 :
mescheans.
P. 129, 1. 15 : esciel. -* Afs. B 2 : Uble, tronche.— Afs5. BI29
20 : bois.
P. 129, 1. 17 : malvaisté. — Mss. B 5, 7 : mauvaises.
P. 129, 1. 20 : il. — Mss. A7, B5, 7 : se il. — Mss. Bl,
2, 12 : s'il.
§ 225. P. 129, 1. 26 : coses. — ilfs. B 12 : troubles et rebel-
lions. — Le ms. B 20 ajoute : et ces troubles et rebellions.
P. 129, 1. 28 : Stafort. — Mss. B 5, 7 : Estanfort.
P. 129, 1. 28 : et Jake Strau. — Manquent aux mss, A 7,
B 5, 7.
P. 129, 1. 31 : bailliages. — Mss, B 5, 7 : vilages.
P. 129, 1. 31 : senescaudies. — Mss, A 7, B 1, 2, 5, 7, 12 :
senescaucies.
P. 130, 1. 14 : entra en. — Ms, B 20 : ne entra pas aillieurs
de venue qu'en.
P. 130, 1. 15 : un. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Manque au ms. A 1.
P. 130, 1. 15 : Espringhe. — Leçon du ms, B 1. — Ms, A 1 :
Ooupringhe. — Mss, A 2, 7, B 5, 7 : Compringhe. — Ms, B 2 :
Espringue. — Ms, B 12 : Gompringhen. — Ms, B 20 : Cons-
pringhe.
P. 130, 1. 18-19 : comment. — Les mss, B 12^ 20 ajoutent :
par leur folie.
P. 130, 1. 25 : sus à. — Mss, A 7, B 5, 7 : sas peine de.
P. 130, 1. 26 : tenu. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss, A 1, 7,
B 7 : tenir. — Ms, B 5 : estre tenuz. — Ms. B 12 : d'estre
tenus.
P. 131, 1. 1 : Espringhe. — Leçon des mss, B 1, 2. — Ms, A 1 :
Conspringhe. — Mss, A 7, B7 : Pourpringhe. — Ms, B6 :
Propinhes.
P. 131, 1. 14 : à Espringhe et à. — Mss. B 12, 20 : traittier
ceulx de Conspringhe et de.
P. 131, 1. 14 : et. — Mss. B 1, 2, 5> 7 : fist il.
[1S81] VARIAimS DU LIVRE DKDXltlil, § 226. 348
P. 131, 1. 14-16 : et... il. — Ms. B 12 : il traiu les autres.
P. 131, L 16 : fist il. — Manquent aux mss. Bl, 2, 5, 7.
P. 131, 1. 16 : ces. — Mss. A 7, B 5, 7 : ses.
P. 131, 1. 22-23 : Carneffelle. — Mss. B 12, 20 : Garnefoulle.
P. 131, 1. 30 : département. — Le ms. A 2 ajoute : il fist
partout paier là où riens on devoit, et puis print congié des
barons d'Escoce et les.
P. 132, L 4 : Tuide. — Mss. A 7, B 5, 7 : Thin.
P. 132, 1. 9-10 : Hostidonne. — Mss. A 7, B 20 : Hestidonne.
-— Ms. B 1 : Hungtindon. — Ms.B2: Huntidon. — Mss* B 5, 7 :
Histidonne. — Ms. B12 : Hostidone.
P. 132, 1. 10 : d'ostel. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7. —
Manquent aux mss. A 1, 7, B 12.
P. 132| 1. 18 : liés. — Le ms. A 2 n^'oute : gay, jolis, chan-
tant.
P. 132, 1. 20 : entreprendans. — Le^ms. A 2 ajoute : preu-
domme.
S 226. P. 132, 1. 24 : avoit. — Ms. Ai : Tavoit.
P. 132, 1. 26 : mie. — Les mss. B 1, 2, 20 ajoutent : à par^
1er. — Le ms. B 12 ajoute : à racompter.
P. 132, 1. 26-27 : Rademen. — Leçon des mss. A 7, 2, 5, 7.
— Mss. A 1, B 20 : Radanen. — Ms. B 12 : Rademon.
P. 132, 1. 31 : que. — Le ms. B 12 ajoute : savoir voloit.
P. 132, 1. 31 : se. — Manquent aux mss. B 2, 5.
P. 133, 1. 2 : morbement. — Ms.èl 7 : morlen^ent. — Mss. B 1,
5, 7 : molement. — Ms. B 2 : voirement. — Ms. B 12 : ten-
drement. — Ms. B 20 : mourmement.
P. 133, 1. 7 : Notingbem. — Afs. A 2 : Vertigem.
P. 133, 1. 10 : Branbre. — Leçon des mss. A 7, B 6, 7. — •
Ms. A 1 : Banbre.
P. 133, 1. 27 : desvoe. — Mss. A 7, B 5, 7 : denye.
P. 134, 1. 6 : convenoit. — Mss. A7, B5, 7 : convient.
P. 134, 1. 18 : moi purgier. — Ms. B 5 : pour m'en purifier.
P. 134, 1. 19 : levés. — Le nu. A 2 ajoute : car sur ce je
vous vueil combatre.
P. 134, 1. 25 : et priés le marce. — Mss. A 7, B 5, 7 : portes
et marches.
P. 134, 1. 25 : et le. — Jlfs. B5 : sur les. -^ Ms. B7 : et les.
344 GHRONIQUlfl DE J. FaOISSABT. [138!]
P. 134, 1. 26 : esté en. — Mss. B 1» 2 : heu.
P. 134, 1. 29 : coupe. — Mss. A7, B6, 7 : faillie.
P. 135, 1. 3«4 : li contes de Stanfort. — Manquent aux
nus. B 1, 2, 12.
P. 135, 1. 8 : d'a!r. — Ms. A 2 : de mautalent. — Les ms$.
A 7, B 5, 7 ajoutent : se tust et pois.
'P. 135, 1. 24 : Portingal. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : et de
la infortune que une partie de ses gens henrent sonr mer.
§ 327. P. 135, 1. 27 : hommes d'armes. — Mss. B 5, 7 :
lances.
P. 136, 1. 7 : Raimons. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss.
A 1, 2, 7, B 5, 7, 12, 20 : Jehan.
P. 136, 1. 18 : qui estoit. — Af^. B 20 : et aux princes et
chevalliers qui là estoient.
P. 136, 1. 21 : menestrés. — Mss. B 1, 2 : ménestrels. —
— Mss. B 5, 7 : ministres. — Ms. B 12 : menistres.
P. 136, 1. 32 : Et sa fille. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Manquent aux mss. Al, 7, B5, 7.
P. 137, 1. 17 : Bellamari. — Ms. A 2 : Bellamarin. — Mss.
A 7, B 1, 2, 5, 7 : Bellemarine. — Ms. B 12, 20 : Belmarin.
P. 137, 1. 18 : bien. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : pour.
P. 137, 1. 22 : tant et si dur tempesté. — Mss. B 5, 7 : en
si grande tempesté.
P. 137, 1. 23 : de mer. — Ms. B 12 : et démenez en la mer.
P. 137, 1. 24-25 : si avant... chemin. — Leçon partielle des
mss. B 12, 15, 16,> 20, dans lesquels on lity entre péril et les
destrois : car ilz nagièrent si avant hors de leur droit chemin
qu*ilz passèrent. — Manquent aux mss. A 1, 2, 7, 9, B 5, 7. —
Mss. B 1, 2 : de mer.
P. 137, 1. 25 : Marios. — Mss. B 1, 2, 5, 7 : des Mores.
P. 137, 1. 26 : Tramesainnes. — Ms. A 2 : Transmenes. —
Mss. B 12, 20 : Trapesonde.
P. 138, 1. 2 : waucrèrent. — Ms. B 5 : vaguèrent.
P. 138, 1. 6 : estramières. — Ms. B 1 : estranières. — ilfr.
B 2 : estendars. — Mss. B 12, 20 : banières.
P. 138, 1. 14-15 : et il... Portingal. — Leçon du ms. B 1. —
Manquent aux mss. A 1, 2.
P. 138, 1. 14 : il. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajouunt : leur.
[1381] VARIANTBS DU LIVBK DSUZlklII, § 228. 345
P. 138, L 14-15 : li rois de P. et li. — Mm9. A7, B5, 7 :
leur roy avecques les.
P. 138, 1. 15-*16 : trait... Seville. — ATm. A 7, B 5, 7 : en
Espaigne.
P. 138, 1. 16 : Jehan. — Ms. B 12 : Ferrant.
P. 138, 1. 17 : asegiet. — Le ms, A 2 ajoute : les marchans
respondirent que onll et que ainsi en couroient les nouvelles
en Castille.
P. 138, 1. 26 : pas. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : faire.
P. 138, 1. 27 : ou castiel. — Mss. B 1, 2 : en la gabie. —
Ms, B 12 : en la hune.
P. 138, 1. 28 : enflant (sic). — Ms, B 12 : jeune filz.
P. 139, 1. 6 : dur. — Mss. B 5, 7, 12 : peine.
P. 139, 1. 16 : festiièrent. — Mss, B 1 : frescirent.
P. 139, 1. 23 : saison. — Le ms, B 12 ajoute : tant par guerre
que autrement. — Le ms. B 20 ajoute : par la guerre et
autrement.
§ 228. P. 139, 1. 24-25 : En ces... aventures. — Mss. A 7,
B 5, 7 : En ce temps que ces adventures et ces ordonnances.
P. 139, 1. 25 : aventures. — Leçon du ms. B2. — Ms. A 1 :
avenue. — Ms. A 2 : advenues. — Ms. B 1 : avenues.
P. 139, 1. 30 : eslus. — Leçon du ms. B 12. — Manque aux
mss. A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7.
P. 140, 1. 5 : douse. — Mss. B 1, 2 : dis.
P. 140, 1. 12 : repris. — Afs. B 20 : repus.
P. 140, 1. 16 : parler. — Le ms. B 20 ajoute : depuis en
maint lieu.
P. 140, 1. 18 : rice. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : quant
U estoit de neccessité.
P. 140, 1. 19 : deportoient. — Ms. B 5 : suportoyent.
P. 140, 1. 26 : parfaitement. — Mss. A 7, B 5, 7 : des-
sus diz.
P. 140, 1. 32 : che... acusés. — Mss. B 12, 20 : de ce dont
on le chargeoit et accusoit.
P. 141, 1. 1 : on. — Ms. A 1 : o.
P. 141, 1. 1-2 : moullie. — Ms. B 12 : fresche.
P. 141, 1. 3 : i. — Leçon des mss. B 1, 12. — Manque aux
mss. A 1, 7, B 5, 7.
346 OHRONMiaiS UE J. FKOI88AET. [1381]
I 299. P. 141, 1. 22 : aucun. — La ms. A2 qfouie : sei-
gneurs et.
P. 141, 1. 26 : avoit. — Le ms. hiO ajoute : par tout le
siège à la vérité.
P. 142y 1. 5 : meismes. — Leçon des mes. AT, B 1, 2, 5, 7,
12. -^ Me. A 1 : mes.
P. 142, !• 10 : ouniement. — Ms. B 5 : vivement. — Mes*
B 12, 20 : continuellement.
P. 142, 1. 16 : anemis. — Le ms, B 20 ajoute : prindrentles
champs.
P. 142, 1. 21 : on bouta. — Ms, B20 : les Haynnuiers bon*
tèrent partout.
P. 142, 1. 29 : ferés. — Mes. A 6, 7, B 1, 2, 5, 7, 12, 20 :
serés.
P. 142, 1. 30 : commenchement. — Les mes, B 12, 20 o/oa-
tent : comme il appert.
§ 2S0. P. 143, 1. 2 : et. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12.
— Manque au ms. A 1.
P. 143, 1. 8 : persévérer en. — Ms, B 20 : paronltrer.
P. 143, 1. 10 : armes. — Mss. A 7, B 5, 7 : adventores. —
Mss. B 12, 20 : nouvelles armes.
P. 143, 1. 12 : d'Enghien. — B 20 : Gaultier.
P. 143, 1. 13 : messire Mikiel. — Ms. B 20 : le seigneur.
P. 143, 1. 15 : Gillion. — Mss. A 7, B 5, 7 : Jullien.
P. 143, 1. 20 : cent. — Mss. B 12, 20 : deux cens.
P. 143, 1. 23 : tiroient à. — Ms. B 1 : desirroient. — Ms.
B 5 : tendoient. — Ms. B 12 : n'entendoient.
P. 143, L 27 : volentrieu. — Mss. A 7, B 5, 7 : en vou-
lenté.
P. 144, 1. 4 : tart. — Le ms. B 20 ajoute : de conseil de-
mander.
P. 144, 1. 4 : si. — Leçon des mss. A 7, B2, 5, 7. — Mes*
A 1, B 1 : se.
P. 144, 1. 6 : à. — Manque aux mss. A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
P. 144, 1. 6 : nul. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12 : nulle.
P. 144, 1. 10 : enbusquiet. — Ms. B 12 : embatua.
P. 144, 1. 19 : Montegni. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
criant.
[4382] YARIÀNTKS DU LIVRS DBUXIÈMB, § 231. 347
P. 144, 1. 19 : Gristoffle. —Lem8.Bi2 ajoute : et S* Michiel.
P. 144, 1. 29-30 : li... d'Enghien. — Ms. B2a : le seignenr
d'Enghien pour celle journée quy trop luy Ait contraire.
P. 145, 1.4: tempre. — Msm. A 7, B 5, 7 : temprement. -«-
Ms. B 12 : tost.
P. 145, 1. 5 : me fera tamaint anoi. — Mis. B 5, 7 : a maint
ennuyé. — Ms, B 20 : me donnera maint desplaisir.
P. 145, 1. 12 : aparilliés. — Mss. B 12, 20 : comptans.
§ 231. P. 145, 1. 16 : la mort. — Ms.Bb: l'amour.
P. 145, 1. 18 : et si s'en. — Ms. B 12 : si se.
P. 145, 1. 18 : si. — Leçon du ms. A 7. — Ms. A 1 : se. —
Manque aux mss. B 1, 2, 5, 7.
P. 145, 1. 20 : envoiia. — Le ms. B 20 ajoute : retraire.
P. 145, 1. 22 : partout sus. — Mss. B 12, 20 : par tous les
fors sur.
P. 145, 1. 25 : ne. — Leçon des mss. A 6, 7, Bl, 2, 5, 7,
12, 20. — Manque au ms. A 1.
P. 146, 1. 3 : tenoit. -^ Le ms. B 20 ajoute : et continuoit
tousjours.
P. 146, 1. 4 : mauvaistié. — Ms. B20 : rébellion.
P. 146, 1. 4 : confort. — Le ms. B 20 ajoute : et par le
secours de tous vivres.
P. 146, 1. 8 : signeur. — ilfs. B 12 : princes.
P. 146, 1. 12 : leur pals. — Mss. B 5, 7 : regart.
P. 146, 1. 12 : i. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque au
ms. Al. — Mss. A 7, B 5, 7 : leur.
P. 146, 1. 12 : metteroit. -— Le ms. A 2 ajoute : modéra*
tion et.
P. 146, 1. 12-13 : atemprance. — Ms. B 12 : remède. — Lô
ms. B 20 ajoute : par bon remède.
P. 146, 1. 25 : veu. — Les mss. A 7, B5, 7 ajoutent : sceu.
P. 146, 1. 26 : d'avoé. — Ms. B 12 : l'adveu.
P. 147, 1. 1 : destrainte. — Ms. B20 : deffense.
P. 147, 1. 4 : Braibant. — Le ms. B 20 ajoute : de Namur.
P. 147, 1. 8 : li ribaudaille. — Ms. B 12 : les mauvais. —
Ms. B 20 : les mauvais et la rib.
P. 147, 1. 9 : desiroient. -— Les mss.. B 1, 2 ajoutent : nulle
autre chose.
348 GHRONIQinCS DB J. FR0I8SART. [I3K]
P. 1479 1. 9 : que. — Le nu. A 2 ajoute : la noise et. — Le
nu. B 20 ajoute : le tourble et.
P. 147y 1. 12 : meismement. — Leçon des met. A7| Bi, 2,
6| 1, 12. — M$. À 1 : meisment.
P. 147, 1. 14 : couchies. — Mss. A 7, B 5, 7 : touchées.
P. 147y 1. 15 : paix. — Le nu. A 2 ajoute : qui là fut diidsée
et ordonnée entr'eulx.
P. 147, 1. 20 : et. — Leçon des nus. B 1, 2, S, 1, 12. —
Manque aux nus. A 1, 7.
P. 147, 1. 22 : Bonnes gens. — Manque au nu. B 12.
P. 147, 1. 22 : gens. — Leçon des nus. B 1, 2. — Manque
aux nus. A 1, 7, B 5, 7.
P. 147, 1. 24 : corrigera. — Ms. A 1 : corrugera.
§ 288. P. 148, 1. 7 : durra. — Zeçon dunu.^i. — Ms.kii
dura. — Mss. A 7, B 2, 5, 7, 12 : durera.
P. 148, 1. 11 : soir. — Ms. B 12 : jour.
P. 148, 1. 12 : de Gand. — Mss. B 1, 2 : et chil qui le plus
s'ensonnoient [B 2 : se mesloient] des besoingnes de la ville.
P. 148, 1. 15 : avissoit. — Mss. A 2, B 5, 7, 12, 20 : musoit.
P. 148, 1. 16 : penssoit en. — Le nu. A 7 ajoute : se. — Le
nu. B 7 ajoute : soy.
P. 148, 1. 23 : li. — Leçon du nu. "Ai. — Mss. A 1, 7, B 5,
7 : le. — Mss. B 2, 12, 20 : les.
P. 148, 1. 23 : portent. — Leçon des nus. B 1, 2, 20. —
Ms. A 1 : portoit. — Mss. A 7, B 5, 7 : portera.
P. 148, 1. 31 : délivrer. — Ms. B 12 : deschargier. — Le
nu. B 20 ajoute : et deschargier.
P. 148, 1. 32 : Tondis. — Mss. B 12, 20 : Vous devez savoir
que.
P. 149, 1. 4 : eulx. — Le nu. B 12 ajoute : qui sont tous
d'une bende.
P. 149, 1. 4 : Si. — Leçon des nus. A 7, B 2^ 5, 7, 12. —
Mss. A 1, B 1 : Se.
P. 149, 1. 9 : devenres. — Ms. A 2 : menues denrées. —
Mss. Al,B5y7 : denrées. — Mss. B 12, 20 : vendredis.
P. 149, 1. 10 : des nostres. — Mss. B 1, 2 : de nos gens.
P. 149, 1. 13 : communs. — Le nu. B 12 ajoute : n'y a nulle
audience.
ria82] YABUNTES DU LIVRB DEUXIÈME, § 233. 349
P. 149, 1. 14 : riens. — Lr ms, B 20 ajoute : de audience.
P. 149, 1. 20-21 : tout... faire. — Ms. B 12 : appareUliez de
bien faire ce commandement, car bien pensoient que c'estoit
pour mal faire.
P. 149, 1. 21 : rebrachiet. — Mss. A 2, 7 : prests et appa-
reilliez.
I 288. P. 149, 1. 27 : sezte. — Ms. B 12 : secret et secte.
P. 149, 1. 30 : estre. — Mss. B 1, 2 : venir.
P. 150, 1.7: Harlebecque. — Le ms. A 2 ajoute : où nous
avons travaillé.
P, 150, 1. 8 : eu. — Leçon des mss, B 1^ 2. — Mtmque au
ms. Al.
P. 150, 1. 11 : proiière. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : et
requeste.
P. 150, 1. 13 : qui i envoia. — Leçon du ms. A 6. — Mss.
B 1, 2 : et. — Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 5, 7, 12.
P. 150, 1. 14 : acordé. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12 : acord.
P. 150, 1. 16 : desquels. — Leçon des mss. FI, B 2. — Mss.
A 1, 2, 7, B 1, 5, 7, 12, 20 : lesquels.
P. 150, 1. 16 : les noms. — Leçon des mss. FI, B 1, 2. —
Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 5, 7, 12, 20.
P. 150, 1. 18 : se metteront. — Mss. A 7, B 5, 7 : si nous
mettrons.
P. 150, 1. 27 : guerriet par tel manière. — Mss. B 12, 20 :
guerriez [B 12 : en guerre] pour parvenir à une telle fin et con-
clusion.
P. 150, 1. 28 : avons. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : ce.
P. 151, 1. 5 : TraX. — Les mss. B 1, 2, 5, 7, 12 répètent
ee mot.
P. 151, 1. 6 : Cil tout. — Mss. B 5, 7 : Gomme.
P. 151, 1. 6-7 : Cil... com. — Ms. B 20 : Adont tous combien.
P. 151, 1. 6-9 : Cil... sauver. — Ms. A 2 : mais combien qu'ilz
fussent avironnez de leur linaige, qui estoit le plus grant de la
viUe, chascuns se dissimula et se mist hors de la presse au plus
tost qu'il pot pour se sauver.
P. 151, 1. 9 : hors. — Le ms. B 12 aj'oute : de la presse.
P. 151, 1. 9 : Et... Feure. — Ms. B 20 : se tindrent à bien
enrenx toutefois pour ce jour.
350 CHRONIQUES DE J. FR0IS8AET. [1889]
P. l&ly 1. 10 : plus... deus. — Mss. À7y B5y 7 : que deux
mors.
§ 2S4. P. 151> 1. 26 : Enssi. — Mss. B 12, 20 : Gomme
entendre tous ponez.
P. 151, 1. 29 : mil. — Leçon des mss, B 1, 2. — Manque au
ms. Al. — Ms. A2 : dix mille. — Mss. AT, B 5, 7 : deux
mille.
P. 152, 1. 13 : s'élevèrent [lisez : se levèrent, ou corriges :
s'eslevèrent) et révélèrent. — Mss. B 1, 2 : se rebellèrent.
P. 152, 1. 17 : assisses. — Ms. B 12 : imposicions.
P. 152, 1. 18 : tamps. — Le ms. A 2 ajoute : passé, vivant.
P. 152, 1. 19 : ce. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : si que nul-
lement ilz ne se vouloient consentir [B20 : le voulurent
accorder].
P. 152, 1. 27 : censi. — Ms. A 1 : censist. — Ms. A 2 : con-
senti. — Ms. A 7 : assencies. — Ms. B 1 : censé. — Ms. B 2 :
censé et mis en fermes. — Mss. B 5, 7 : assencé. — Ms. B 12 :
assiz.
P. 152, 1. 27 : débites. — Mss. B 5, 7 : imposicions.
P. 152, 1. 32 : qui. — Ms. B 12 : lequel avoit esté prison-
nier un long temps et.
P. 152, 1. 32 : Ghastelet. — Mss. A 7, B 5, 7 : Paris.
P. 153, 1. 1 : sentence. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : diffi-
nitive.
P. 153, 1. 6 : Tesmeutîn. — Mss. A 7, B 5, 7 : Tesmouve-
ment. — Ms. B 12 : la rébellion.
P. 153, 1. 11 : desrois. — Ms. B20 : grans oultrages avant
Paris.
P. 153, 1. 12 : anoioit. — Ms. A 7 : advint. — Mss. B 5, 7 :
mesavint. — Ms. B 12 : toumoit à grant desplaisance.
§ 236. P. 153, h 23 : rieulet. — Manque aux mss. A 2, 7,
B 5, 7. — Ms. B 12 : rieulez.
P. 153, 1. 23-24 : rieulet. Et descendi à son hostel. —
Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 153, 1. 24 : hostel. — Le ms. A 2 ajoute : près Saint
Jehan en Grève.
P. 153, 1. 27 : trop mal esret. — Mss. B 1, 2 : esté mal
conseilliés.
[1382] VARIANTBS DU LIVBB MDXlftlfB, | 237. 351
P. 154, 1. 7 : fait. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. «— Manque
aux mss. A 1, 2. — Ms. B 20 : commis.
P. 164, 1. 11 : et. — Leçon des mss. Bl, 2, 12.-* jlfo. Al,
2, B5, 7 .: à. — Ms. B20 : et que.
P. 154, 1. 11 : Paris. — Les mss. A2, B 5 ajoutent : et qu'ilz
fussent. — Les mss. A 7, B 7 ajoutent : et.
P. 154, 1. 19 : sepmaiunes. — Les mss. B 1, 2, 12, 20 ajow
tent : dist li sires de Goucy.
P. 154, 1. 24 : ordonneroient. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7.
— Mss. A 1, B 12 : ordonneroit. — Mss. A 2, 7 : ordonnèrent.
P. 154, 1. 27 : regarda. — Mss. B 1, 2, 5, 12 : recorda.
P. 154, 1. 30 : entrée et. — Mss. B 5, 7 : entrée en.
P. 155, 1. 4 : proposet. — Ms. B 12 : exposé.
P. 155, 1. 10 : tourner. — Ms. A 1 : tourné.
P. 155, 1. 13 : li Parisiien. — Mss. B 5, 7 : ceulx de Paris.
-" Ms. B 12 : ceulx de la ville.
§ 236. P. 155, 1. 17-18 : au roi... gabelleurs. — Mss. B 1,
2 : gabelier.
P. 155, 1. 18 : aides. — Ms. A 2 : maies toultes.
P. 155, 1. 20 : ce. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Manque
au ms. Al. — Ms. B 1 : se. — Ms. B 2 : si. — Ms. B 12 : il.
P. 155, 1. 20 : grant. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : con-
traire et.
P. 155, 1. 26 : tout... avoient. — Ms. B20 : tous autres
oultrageux cas que commis avoient.
P. 155, 1. 30 : deablie. — Ms. A 7 : deablisse. — Mss. B 5,
7, 12 : deablerie.
P. 156, 1. 3 : leurs. — Le ms. B 12 ajoute : querelles et
gardoient leurs.
§ 237. P. 156, 1. 9 : Calabre. — Le ms. h20 ajoute : et de
Prouvence.
P. 156, 1. 9 : Sesille. — Ms. B 12 : Prouvence.
P. 156, 1. 22 : comment. — Mss. B 12, 20 : à penser par
quelle voye et façon.
P. 156, 1. 29 : les Parisiiens. — Mss. A 7, B 5, 7 : ceulx de
Paris.
P. 156, 1. 30 : misse d'ai^nt, -— Ms. A 2 : finances. — Ms.
B20 : richesses.
Ȕ
352 OHBOmQUn DB J. FR0IS8ABT. [1382]
P. 157, 1. 3 : cinc cens mil. — Leçon du nu. B 12. — Man^
quent aux mss. A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 1, 20.
P. 157, 1. 4 : florins. — Ms. B 12 : esciu.
P. 157, 1. 12 : noef. — Afo. A 2 : dix.
P. 157, 1. 16 : faire signeor. -^ Ms. B 20 : en Prince à prince
ne à seigneur nul, c'est assaToir.
P. 157, 1. 16 : signeur. — Les mss. B 1, 2 ajouteni : de
France.
P. 157, 1. 17 : cambres. — Mss, A7, 9, B5, 7 : hampres.
§ 288. P. 157, 1. 23-25 : Li contes... pals. — Mss, B 12, 20 :
Quant le conte de Gantebruge et sa compaignie furent arrives
[B 20 aj. : par mer] au port de Luxebonne, ainsi qae dist est
dessus, ilz s'i rafreschirent [B 20 aj\ : une bonne espace], et
estoit là le roy de Portingal qui grandement et bien aroit reçu
ledit conte et ses gens, et tandis les Gascons se départirent du
roy pour adviser le pals [B 20 : et entandis les Anglois et les
Gascoings advisoient le pays à tous costés].
P. 157, 1. 29 : en. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Ms.
Al : e.
P. 157, 1. 30 : avoit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Ms. A 1 : a.
P. 158, 1. 2 : i furent. — Ms. B 20 : ne s'i oublièrent mie.
P. 158, 1. 21 : voroient. — Ms. B20 : sentiroient leur point
pour.
P. 158, 1. 23-24 : chevauchièrent. — Le ms. A 2 ajouu :
tant qu'ilz vindrent.
P. 158, 1. 29-30 : servis. — Ms. B 20 : secouru et servi de
bonnes gens d'armes.
P. 158, 1. 32 : se. — Leçon des mss. A7, B 1, 2, 5, 7. —
Manque au ms. A 1.
P. 159, 1. 1 : avanchier. — Le ms. B 20 ajoute : et acque*
rir los et pris, si se préparèrent.
P. 159, 1. 2 : chemin. — Le ms. A 2 ajoute : si tost qu'ilz
porent.
§ 289. P. 159, 1. 3 : Robersart. — Les mss. B 12, 20 o/oif-
tent : ung moult vaillant cappitaine.
P. 159, 1. 13 : Sandevich. — Mss. A 1, B 5, 7 : Caudevich.
[1382] VARIAlimSS DU UVBB DSUXIÈME, § 240. 353
— Mss. B 1, 2 : €haudevic. — Afss. A 2, B 12 : Canduich. —
Ms. B 20 : Candenich. Cf. p. 92, 1. 29.
P. 159, 1. 20 : chevauchaissent. — Le ms. B 20 ajoute : hors
de ces metes.
P. 1599 1. 24 : convenenchièrent. — Ms. A 2 : commencièrent
à semondre.
P. 159, 1. 25 : chevauchier. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
et quérir leur adventure.
P. 159, 1. 27-28. : à Sens. — Ms.A2: asseoir. — Ms. B 20 :
devant sous.
P. 159, 1. 28 : Sens. — Ms. B 12 : Sons.
P. 160, 1. 1 : Gouses et. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : Jehan.
P. 160, 1. 3 : chiés. — Mss. A7, B5, 7 : fort.
P. 160, 1. 4 : chevanchie. — Mss. B 1, 2 : feste.
P. 160, 1. 8 : Soudrée. — Ms. A 2 : Sandrëe. — Mss. B 1, 2 :
Fondrée.
P. 160, 1. 8 : frère. — Mss. B 12, 20 : filz.
P. 160, 1. 9 : Noef. —Ms.JLi: Nef.
P. 160, 1. 10 : Marsen. — Mss. B 12, 20 : Marson.
P. 160, 1. 14-15 : à faire assaut appartenoit. — Ms. B 1 : il
feroient l'assault. — Ms. B 2 : ilz donroient Tassault.
P. 160, 1. 16-17 : Quant... si. — Mss. Bl, 2 : Et.
P. 160, 1. 19 : fiers et rades. — M8.Â,2: ferme. — Ms. B 20 :
fier et aspre à merveilles.
P. 160, 1. 20 : d'aighe. — Ze i?». B 20 ajoute : se très petit
non.
P. 160, 1. 22-23 : hauoient... hauiaulx. — Ms. A 2 : avoient
pics et hoyaux dont ilz piquetoient le mur.
P. 160, 1. 27 : Espérons. — Ms. A 2 : Espain. — Mss. B 1,
2, 20 : Esporons.
P. 160, 1. 29 : traioient. — Ms. B 20 : tiroient. — Les mss.
B 12, 20 ajoutent : bonnes saiettes.
P. 161, 1. 2-3 : appert... durement. — Ms. B20 : vaillant
hommes d'armes à merveilles.
P. 161, 1. 4 : mors. — Ms. B 20 : occis. — Les mss. B 12,
20 ajoutent : dont ce fut [B 20 ajoute : pitié et] dommaige.
§ 240. P. 161, 1. 5 : assaulx. — Le ms. B 20 ajoute : autour
du chastel de la Fighière.
x-23
354 CHfiCNlIQim DB J. FBOIMABT. [1382]
P. i6i| 1. 7*8 : ne s'i espargnoient mies, mais. — Ms* B 12 :
estoient ja en leur dessus et.
P. 161, 1. 17 : fors. — Les nus. B 12, 20 ajoutent : qui ne
[B 12 : ne me] semble qae ung bourg [B 20 : bourgnel à].
P. 161, 1. 21 : et. — Leçon des mes. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Manque au ms. A 1.
P. 161, 1. 26 : Menlier. — Mss. B 5, 7 : Mulier.
P. 161, 1. 28 : fier. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et trait
k main.
P. 161, 1. 29 : moult à afoiblir à. ~ Mss. B 1, 2, 12 : à fail-
lir et.
P. 161, L 29 : et. -^ Leçon des mss. A6, 7, B 5, 7. — Mss.
A 1, B 1, 2, 12, 20 : à.
P. 161, 1. 31 : trois. — Ht . A 2 : tib.
P. 162, 1. 6 : traiteroient de la. — Ms. B 20 : querroieiit leur
traittié de.
P. 162, 1. 11 : et de lassés. -^ Manquent aux mss» B 1, 2.
— Mss. B 12, 20 : de lassés et de mutillés.
P. 162, 1. 12 : tralssent. — Ab. B 12 : tirèrent.
P. 162, 1. 17-18: sans*., forterèce. — Ms. B20 : pointvou-
lentiers de iey que tous n'ayes en voz mains ceste forteresse.
P. 162, 1. 24 : ce. — Mss. A 7, B 5, 7 : si. — Ms. B 12 : qui.
P. 162, 1. 28 : gamisson. — Les mss. B 12, 20 a/outent : de
vivres, d'artillerie et d'autres utensilles.
P. 162, 1. 28 : lairoient. -^ Ma. A 1 : lairoient. —Ms. B20 :
Tavroient.
P. 162, 1. 31 : si. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — ilfa. A 1 :
se. — Manque aux mss. Al y B5, 7.
P. 162, 1. 31 : acorda. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent :
mais ce fîist moult en vis.
§ 241. P. 163, 1. 9-10 : cQ... route. — Mss. B 12, 20 : Tar-
mée et la chevallerie d'Angleterre, et par especial le Chanoine
de Robessart.
P. 163, 1. 15 : feroient. — Mss. B 12, 20 : estoient de faire
pour le mieulx.
P. 163, 1. 16 : se départirent. — Ms. B 1 : si se sevrèrent.
— Ms. B 2 : si se séparèrent.
P. 163, 1. 27 et plus loin : Olivence. — Leçon des mss. B 1,
[1392] VARIAimS DU LIVRB KUXriSME, § 243. 355
2. — Mss. A ly B 20 : Clivence. — Ms» À 2 : Clémence. —
Mss. A 7, B 5, 7 : Glaence. — Afo . B 12 : GUmence.
P. 163, 1. 30 : li. — ATs. A 2 : li grant.
P. 164, 1. 9 : en. — Le ms. A 2 ajoute : dur.
P. 164, 1. 11 : Sens. — Leçon des mes. B 1, 2. -* Ms. A 1 :
Estrois. — Ms. A 7 : Esceris. — Les mss, B 12, 20 ajoutent :
où ilz s'arrestèrent.
P. 164, 1. 16 : grandement. — Le ms. B 20 ajoute : anglois
et gascoings.
P. 164, 1. 18 : fissent. — Le ms. B 20 aj'oute : en Portingal.
§ 342. P. 164, 1. 24 : Gascon. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
et Allemans.
P. 164, 1. 31 : Portingal. — Ms. B20 : Poîthou.
P. 165, 1. 3 : esté. — Le ms. B 20 aj'oute : prochain.
P. 165, 1. 12 : congiet. — Les mss. B 1, 2, 12 ajoutent : à.
P. 165, 1. 16 : dou. — Ms. A 2 : au bon.
P. 165, 1. 25 : gens. -*- Ms. B 20 : labonriers.
§ 343. P. 165, 1. 28 : un an... traitiés. — ATs. B 12 : envoyé
bien un an avant.
P. 166, 1. 2 et 5 : Tassem. — Ms. A 2 : Casson. — - Mss. A 7,
B 5, 7 : Tasson.
P. 166, 1. 10 : Jehane. — Manque au ms. A 2.
P. 166, 1. 13 : Gharle. — Mss. B 12, 20 : Tacle.
P. 166, 1. 16 : segnefiie et ses. — Ms. B 20 : advertie par ses.
P. 166, 1. 17 : armés. — Les mss. A 7, B 5, 7 aj'outent : ou
environ.
P. 166, 1. 20 : n'avoient cure. — Mss. B 5, 12 : ne leur cha-
knt.
P. 166, 1. 25 : brisier. — Ms. B 20 : rompre et destoamer.
P. 166, 1. 29 : signeurs. — Le ms. A 2 aj'oute : mais les
antres disoient.
P. 167, 1. 1 : de Bourbçnnois. — Ms. B 12 : la ducesse de
Bourbon.
P. 167, 1. 3 : ens ou. — Ms. B 5 : et fut menée dedens le.
P. 167, 1. 3 : M'aXst. — Leçon dums.B2.— Mss. A 1, B 1 :
Mes. — Mss. A 2, 7, B 5, 7 : Se m'alst. — ilfs. B20 : Certes.
P. 167, 1. 4 : ent en Giane. — Ms.A2 : dedans Grave.
356 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
P. 167, 1. 10 : un. — Afs. B 12 : plus d'un.
P. 167, 1. 12 : Rocelare. . . Bouquehort. — Ms. A 2 :
Bouhaing et autres.
P. 167, 1. 12 : Bouquehort. — Ms. A6 : de Bouqne. —
Mss. A.l,Bb, 7 : Bouqueshors.
P. 167, 1. 21 : Tout ce. — Ms. B 12 : Et.
P. 167, 1. 22 : Braibant. — Le ms.B i2 ajoute : lettres.
P. 167, 1, 23 : rois. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : de France.
P. 167, 1. 27 : Si se ordonnèrent. •— Ms. B 20 : tant sou-
dainement.
P. 167, 1. 30 : et si. — Leçon ekt ms. Bl. — Ms. A 1 : et
se. — Mss. A 7, B 2 : si.
P. 167, 1. 32 : jour. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et deux
nuyts.
P. 168, 1. 3 : bellement. — Mss. B 1, 2 : honourablement.
P. 168, 1. 9 : barons. — Les mss. A 2, B20 ajoutent : et
chevaliers.
P. 168, 1. 9 : Engletière. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : dessus
nommez.
§ 844. P. 168, 1. 11 : vent. — Ms. B20 : veu la ville.
P. 168, 1. 13 : cheval. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : se.
P. 168, 1. 13 : escipet. — Ms. A 2 : logiez et chargiez. —
Ms. A 7 : esclipës. — Mss. B 1, 2 : esquippet. — Mss. B5, 7 :
équipés.
P. 168, 1. 14 : jours. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et deux
nujTts.
P. 168, 1. 23 : dou No6l. — Ms. B 12 : d'avril.
P. 168, 1. 28 : et li baron. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 5, 7. — Ms. B 12 : et les che-
valliers.
P. 168, 1. 28 : seurent. — Mss. A 7, B 5, 7 : sceut.
P. 169, 1. 10 : lubrement. — Mss. A 7, B 5, 7 : lubrique-
ment.
P. 169, 1. 16 : le recongnoist. -^ Mss. A7, B5, 7 : reconnoit
le bien qu'il a de nous.
P. 169, 1. 16 : si. — Uçon des mss. A7, B2, 5, 7, 12. —
Mss. A 1, B 1, 20 : se.
P. 169, 1. 30 : en prison. — Mss. B 1, 2 : prisonniers.
[1382] VARIANTES OU LIVRE DEUXIÈME, § 245. 357
P. 169, 1. 31 : François. — Les nus. B 12, 20 ajoutent : et
quant le roy et son conseil eurent entendu la voulenté des
deux escuiers, il fut lors advisé que pour celle fois on ne leur
en parleroit plus [B20 : plus ne leur en seroit parlé].
P. 169y 1. 32 : point requis. — Mss. A?, B5, 7 : requis en
nulle manière du monde.
§ 246. P. 170, 1. 1 et plus loin : li Parisiien. ^ Mss. A 7,
B 5y 7 : ceulx de Paris.
P. 170, 1. 5 : ordonné. — Les mss. A 7> B 5, 7 ajoutent : de
par eulx.
P. 170, 1. 7 : terme. — Ms. A 1 : terne.
P. 170, 1. 8 : ces. — Mss. B 1, 2 : ses.
P. 170, 1. 13 : frans. — Les mss. B 15, 16, 20 ajoutent :
en deniers appareilliés.
P. 170, 1. 16 : assés. — Le ms. B 20 ajoute : pour fumir la
demande du roy.
P. 170, 1. 19-20 : si qu'il fist; et fist. — Mss. Bl, 2 : si
quist et fist querre. — Ms. B 12 : si quist et fist ses.
P. 170, 1. 20 : et fist. — Mss. A 7, B 5, 7 : et fist sa.
P. 170, 1. 22 : un grant différent. — Mss. A 7, B 5, 7 : grant
discension.
P. 170, 1. 31 : finance. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : en
deniers comptant.
P. 171, 1. 3 : Targent. — Mss. B 15, 16 : en trésor l'argent.
— Ms. B 20 : en trésor largement.
P. 171, 1. 10 : seule. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : fois et.
P. 171, 1. 14 : ses ordonnances. — Ms. A 2 : toutes manières
d'ordonnances qui à son Toiage appartenoient.
P. 171, 1. 22 : contes. — Les mss. B 1, 2, 20 ajoutent :
Ames.
P. 171, 1. 25 : faites. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : les
alliances.
P. 171, 1. 27 : grant fîiisson. — Ms. B 20 : à grans sommes
de deniers.
P. 172, 1. 7 : Bemabo. — Ms. B 20 : Bamabo, seigneurs de
Milan.
P. 172, 1. 9 : à l'esmer. — Mss. A 7, B 7 : au compter. —
Ms, B 5 : au raconter. — Ms. B 12 : à extimer.
358 CHRONIQUES DS J. FR0IS8ART. [1382]
P. i72y L 12 : passèrent enssi. -— Mss, B 5, 7 : fiûsojent
aussi par.
P. 172, 1. 19 : Haccoude. — Mês. B 12, 20 : Jaccoode.
P. 172| 1. 20 : en. — Le ms. B20 ajoute : une terre de
rSglise appellëe.
P. 172, 1. 26 : de la venue. — Ms, B20 : que bien à point
pour la Tenue et pour Tarmée.
P. 172, 1. 29 : et. — Leçon des mss. B 1, 2, 5. — Manque
aux mss. A 1, 7, B 7.
P. 172, 1. 29-30 : et que il. — Mss. B 2, 20 : et grant plenté
d'aultres barons et chevalliers [B 12 ajoute : et escuiers], si
qu'il.
P. 172, 1. 30 : noef. — Afs. A 2 : .x.
P. 173, 1. 1 : Clementins. — Ms. B20 : pour pape Clément
d'Avignon.
P. 173, 1. 3 : qui. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : aucunes fois.
P. 173, 1. 3 : Temparloient. — Les mss. B 1, 2 aj'outent :
dont aucun s'en merveilloient.
§ 246. P. 173, 1. 7 : Savoie. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
et le comte de Genève.
P. 173, 1. 7 : Lombardie et. — Leçon des mss. B 12, 20. •—
Mss. Al, 7, B 5, 7 : Ytallie. — Ms. A2 i l'YtaUe et. — Mss.
B 1, 2 : Ytalie et.
P. 173, 1. 9 : Patrimonne. — Le ms. A 2 ajoute : de S. Pierre.
P. 173, 1. 19 : ossi et. — Le ms. B 20 ajoute : tout publi-
quement.
P. 173, 1. 21 : hoirs. — Mss. Ii.1, B5, 7 : roy. — Ms. B 12:
roy et héritier.
P. 173, 1. 26 : li. — Leçon des mss. B 1, 2. — Manque au
ms. Al. — Mss. A 7, B 5, 7 : les.
P. 173, 1. 28 : reserver. — Ms. B 12 : resigner.
P. 173, 1. 29 : réservation. — Ms. B 12 : résignation.
P. 173, 1. 30 : stille. — ilfs. A2 : setille.
P. 173, 1. 31 : si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12
Mss. A 1, B 1 : se.
P. 174, 1. 11 : ans. — Lesmss.ÎLl^ B5, 7 ajoutent : ilprist.
P. 174, 1. 12 : il. — Mss, A 7, B 6, 7 ; et puis. — Ms.
B 12 : et.
[1392] YARIANTKS DU LIVRE DEUXIÈME, § 248. 359
P. 174y 1. 13 : savoit... condition. — Mm. B20 : cuidoit bien
savoir la condition et la voulenté.
P. 174, 1. 14 : il ne le relenquiroient. — - M9, A2 ; le duc
d'Anjou ilz ne recuiUiroient.
P. 174, 1. 19 : oultre. — Afo. B 20 : de oultre les monts.
P. 174y 1. 20 : poissance. — Lt nu. B 2 ajoute : qu'il ne
cheust en Tun de deux inconveniens.
P. 174, 1. 21 : taneroient ou. -* HAs. B 5, 7 : trouve*
royent.
P. 174, 1. 22-23 : foullé... tané. — illii. B 12 : usez et foul-
iez de leurs habillemens. — Ms. 20 : fouliez, usez de leurs
habillemens et hodez.
P. 174, 1. 25 : averir. — Leçon du nu, B 1« *— Mss. A 1, 2,
B 2, 12, 20 : avenir.
P. 174, 1. 30 : mons bien. — Jlùs. B 12, 20 : saint Bernard
^s de.
P. 174, 1. 32 : minés. -* Afo. A6 : gastez.
§ 247. P. 175, 1. 4 : leur. — Ms. B 20 : rendu françois.
P. 175, 1. 5 : ne. — LeM nus. A7, B5, 7 ajoutent : deman*
doit autre eboze ne ne.
P. 175, 1. 8 : en ce paix là. — Ms. B 20 : ou royaulme de
Naples.
P. 175, 1. 11 : labeur. — Le nu. A 2 ajoute : aussi comme
pou on nient.
P. 175, 1. 13 : aisse. — Le nu. B 14 ajoute : et s'en don-
nèrent du bon temps.
P. 175, 1. 16 : Bretaigne. — Le nu. A 2 ajoute : d'Anjou, du
Mayne, de Tonraine, de Normandie.
P. 175, 1. 20 : penssoient. — Mss, B 5, 7 : savoyent.
P. 175, 1. 29 : si. — Leçon du nu. B2. — Mss. Al, Bl : se.
— Manque aux nus. A 7, B5, 7, 12.
P. 176, 1. 12 : Bftauvinet. — Mss. B5, 7 : Maguinet. —
Mss. B 12, 20 : Mauvoisin.
P. 176, I. 30 : tost. — Les nus. B 12, 20 aj'outent : et [B 12 :
après et] trouva illecq le duc d'Anjou.
S 348. P. 177, 1. 2 : la parolle dou maistre. — Afo. B 20 : ce
dont ledit maistre Tavoit averty.
360 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
P. 177, 1. 5 : examinerai. — Les mss. B i, 2 ajoutent : on
petit.
P. 177, 1. 9 : eshidé. — Ms. A 2 : espouentez. — AfM. A 7,
B5, 7 : esbaXz.
P. 177, 1. 12-13 : de la... pals. — Ms. B 12 : que c*estde
cestui homme.
P. 177, 1. 18 : consillièrent un tamps. — Ms. B20 : earent
ung espace advis et conseil sur.
P. 177, 1. 19 : contes. — Mss. B 1, 2 : dus.
P. 177, 1. 20 : logels. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : et li
contes au sien.
P. 177, 1. 21 : jour. — Ms. A 2 : .n*. jour.
P. 177, 1. 24 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Mss. A 1, B 20 : se. — Ms. B 12 : et.
P. 178, 1. 2 : oll. — Ms. B 20 : je suis celluy voirement.
P. 178, 1. 3 : et. — Le ms. B 12 ajoute : prisonniers. — Le
ms. B 20 aj'oute : se i print prisonniers.
P. 178, 1. 4 : fille. — Mss. B 2 : mère.
P. 178, 1. 10 : aseurerai. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5,
7. — Ms. A 1 : aseurai.
P. 178, 1. 16 : son varlet. — Ms. B 20 : ung sien serviteur.
P. 178, 1. 17 : le. — Mss. A 7, B 5, 7 : ung.
P. 178, 1. 20 : leuviers. — Ms. B 20 : labeurs.
P. 178, 1. 23 : Portingal. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et
de Navarre.
P. 178, 1. 24 : persévérèrent. — Le ms. B12 ajoute : et
maintindrent en celle saison.
§ 249. P. 178, 1. 27 : tamps d'ivier. — Leçon des mss. B 1, 2.
- — Mss. A 7, B5, 7 : tamps. — Ms. B 12 : yver.
P. 178, 1. 27 : et. — Ms. B 20 : sans riens exploittier,
car ilz.
P. 178, 1. 29 : Fighière. — Le ms. A 2 ajoute : qu'ilz prin-
drent par force. — Le ms. B 20 ajoute : qu'ilz conquirent,
comme dit est.
P. 178, 1. 31 : contes. — Le ms. B 20 ajoute : Aimmon.
P. 179, 1. 2 : fois. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : voire à
leur emprinse et sans [B 12 mq.] le congiet du roy.
P. 179, 1. 3 : il se portoient. — Mss. B 1, 2 : s'avisèrent.
[1382] YARIÀNTBS DU LIVRE DEUXIÈME, § 250. 361
P. 179, 1. 7 et 22 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 1,
12. — Ms. Ai : Se.
P. 179, 1. 25 : voas savés. — Mss. B 1, 2 : voir est.
P. 179, 1. 28 : paiement. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et
non sans cause.
P. 180, 1. 2 : que. — Leçon du ms. B 2. — Manque aux
mss. A 1, 7, B 1, 5, 7. — Ms. B 12 : comment.
P. 180, 1. 3 : voelt. — Ms. A 1 : voel.
P. 180, 1. 6 : chevauchons. — Le ms. B 12 ajoute : à telle
fin de y paciffier.
P. 180, 1. 22 : nenil. — Ms. B 20 : je ne pense point que
ilz s'en déportent.
P. 180, 1. 27 : escript. — Mss. A7, B5, 7 : estrif. — Mss.
B 1, 2, 12, 20 : estât.
P. 180, l. 30 : Chevalier. — Les mss. A 2, 7, B 5, 7 ajoutent :
et escuiers.
P. 181, 1. 1 et 16 : gascon. — Ms. A 1 : gascons.
P. 181, 1. 3 : on chevauchast. — Mss. A 7, B 5, 7 : il che-
vauchast ny autre avec.
P. 181, 1. 10 : près. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : d'estre.
P. 181, 1. 10 : près pendus dou. — Ms. B 12 : en grant dan-
gier envers le.
P. 181, 1. 15 : Ban. ^ Ms. A2 : Baing.
§ 250. P. 181, 1. 17 : le Ban. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
où il y avoit ung bon fort.
P. 181, 1. 24 : d'armes. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : ne
nulle deffence.
P. 181, 1. 24 : hommes. — Ms. A 2 : bonnes gens.
P. 181, 1. 26 : estoient. — Le ms. B 20 ajoute : bien et bel
présentez.
P. 181, 1. 27 : archigaies. — Ms. A 1 : archlgais.
P. 181, 1. 28-29 : mais... contrester. — Mss. A7, B5, 7 :
mais à la longue ilz ne pouoyent durer, si comme ilz appar-
ceurent et virent bien que contrester ne pouoient.
P. 182, 1. 2 : demorroient. — Ms. A 1 : demoroient.
P. 182, 1. 8-9 : on... grant. — Ms. B20 : bons Anglois
encommencièrent à le assaillir très asprement et par très
bonne.
362 OHAONIQUBS DE J. FEOI88ART. [1382]
P. 182, I. 9 : ordonnuice. — Mss, B 5, 7 ; voalenté.
P. 182y 1. 13 : Raconstes. — Leçon du nu, B 12 (à corriger).
— M88. A 1» 2y ly B ly 2^ 5, 7 : Jagouse. — Mss. B 15, 16 :
Ragottste [leçon à adopter), — Ms, B 20 : Ragoose.
P. 182, 1. 14 : devant li. — Ms, B 20 : qui le avironnoient
à tous costez.
P. 182, 1. 19: sis.— Jlf5.Â2 : .vin. — Af«5. A 7, B 5, 7 : set.
P. 182, 1. 19 : Gourtisse. —Ms.K^i Gourasse. — Afir . B 12 :
Goortoîse.
P. 182, 1. 25 : Soutis. — Ms. B 1 : Sourcis. — Afe. B2 :
Sourcilz. -^ Ma, B 12 : Soortres. -^ M9, B20 : Sourtis.
§ 261. P. 183, 1. 3 : cil... Gascon. —Mss. B 12, 20 : le Cha-
noine de Robessart et sa routte qui estoit la plus part d'An-
gloys et de Gascons.
P. 183, 1. 16 : celle proie. — Ms. B 20 : celluy bestail.
P. 183, 1. 20 : là où il logoient. — Leçon du ms.Bl.—
Mss. Al, B 1 : leur il logoient. — Ms. A 6 : qui estoit leur
logeys. — Ms. A 7 : leur logels. — Mss. B 5, 7 : leurs logeb.
— Ms. B 12 : là où paravant se logeoient.
P. 184, 1. 2 : compaignie. — Mss. B 1, 2 : chevaucie.
P. 184, 1. 6 : à. — Mss. B 1, 2 : bien et en fist.
P. 184, 1. 6 : loiaument. -* Le^ mss. B 1, 2 ajoutent : de non
chevauchier.
P. 184, 1. 13 : estât. — Le ms. B 12 ajoute : et comment.
§ 262. P. 184, 1. 14 : gentil. — Mss. B 1, 2 : chevalier. —
Manque aux mss. A 7, B 5, 7, 12.
P. 184, 1. 19 : signeur. — Ms. B 20 : conte.
P. 184, 1. 31 : Gordeliers. — Mss. A7, B5, 7 : frères
meneurs.
P. 185, 1. 7 : nostre cappitainne. — Leçon du ms. A 7. -*
Ms. A 1 : nostres cappitainnes. — Mss. B 1, 2, 5, 7, 12 : nos
capitainnes.
P. 185, 1. 7 : aient. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : eu et.
P. 185, 1. 12 : bel. — Mss. B 1, 2, 12, 20 : viel.
P. 185, 1. 14 : dist. — Mss. B 1, 20 : eut. — Af^. B 2 : pro-
mist.
P. 185, 1. 15 : Robersart. — Les mss. B 1, 20 ajoutent : en
couvent.
[138q VARIANTES DU UVRB DEUXIÂMS, $ 254. 363
P. 185, L 17 : mauTaisement. -^ M$s. B 1, 2 : maÎBement.
— <* M». B 5 : mal ponr les petia eompaignon». -^ H** B 7 :
mauvaisement pour les petiz compalgnons.
§ 253. P. 185, 1. 23 : Gascon. — Les mss. B 1, 2 ajoutent :
11 sires de FEstrade.
P. 185, 1. 27 : Soutrée. — Me. B 12 : Soustre. — Ms. B 20 :
Stintrée.
P. 185, 1. 28 : tenres. — Ms. A 2 : onltrez.
P. 185, 1. 31 : si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12. ^
Mss. A 1, B 1 : se.
P. 186, 1. 9 : avoir. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : gouver^
neur ne.
P. 186, 1. 10 : aroit. — Leçon des mss. B 5, 1, 12. — Mss.
A 1, 7 : aroient. — Mss. B 1, 2 : avoit.
P. 186, 1. 11 : loisir et plus. — Ms. B 20 : auctorité et plus
de pouoir et.
P. 186, 1. 16 : guerre. — Ms. B 12 : desplaisir.
P. 186, 1. 17 : et. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 12. — Manque
aux mss. A 1, 7, B 7.
P. 186, 1. 18 : debatu. — Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20. —
Ms. A 1 : de vair. — Mss. A 2, B 5, 7 : deveé. — Ms. A 7 :
desveës.
P. 186, 1. 21 : dou. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : dit vies.
P. 186, 1. 22 : ouvri. ^ Af5. A 2 : rompit.
P. 187, 1. 17 : un coron. — Mss. A 2, 7, B 5, 7 : leur cours.
— Ms. B 12 : ung cours.
P. 187, 1. 21-22 : commencha... dist. — Ms. B 12 : reprint
la parole le C. de R. et dist en telle manière.
S 2S4. P. 188, 1. 6 : tout devant. — Mss. B 1, 2 : premier.
P. 188, 1. 7 : qui chi. — Mss. A 7, B 5, 7 : quis si.
P. 188, 1. 11 : traire. — Les mss. A 7, B5, 7 ajoutent : ne
prendre.
P. 188, 1. 16 : nos paierons bien. — Ms. B 20 : trouverons
bien fachon d'estre paiez.
P. 188, 1. 27 : compaignons. — Mss. B 12, 20 : ses soul-
doiers estraigniers.
P. 189, 1. 1 : levé. — Le ms, A 2 ajoute : et mis sus tous.
364 CHRONIQUES DB J. FR01S8ART. [4382]
P. 189, 1. 3 : avisset. — Mss. A 7> B 6| 7 : ordonnez.
P. 189, 1. 6 : estraingniers. — Mss. B 5, 7, 12 : Gascons.
P. 189, 1. 7 : Gascons. — Mss. B 5, 7 : Alemans. — Ms,
B 12 : estraigniers.
§ 256. P. 189, 1. 15 : Ghe dist. — Ms. B 20 : Certes, res-
pondi.
P. 189, 1. 26 : un granttamps. — Ms. B 1 : jnsques à main-
tenant. — Ms. B 2 : jusques à ores.
P. 189, 1. 27 : perissoit. — Mss. A 2, 7, B 5, 7, 12 : tenoit.
— Ms. B 20 : restoit.
P. 189, 1. 28 : a près. — Mss. A 7, B 2, 5, 7 : a près que.
— Ms. B 12 : est près que.
P. 189, 1. 29 : que. — Le ms. B 20 ajoute : de leurs soul-
dées ne des nostres.
P. 190, 1. 3 : nous donnés. — Leçon du ms. B 2. — Afon-
quent aux mss. A 1, 7, B 1, 5, 7. — Ms. B 12 : nons en donnés.
P. 190, 1. 8 : deus. — Le ms. A 2 ajoute : ou .m.
P. 190, 1. 9 : ores. — Le ms. B 1 ajoute : paiiet et. — Le
ms. B2 ajoute : paiez à.
P. 190, 1. 14 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.
— Ms. A 1 : Se.
P. 190, 1. 21 : au conte. — Ms. A 2 : à mon cousin.
P. 190, 1. 29 : quel... trouvet. — Mss. B12, 20 : conmient
ilz avoient exploittié et en quelle disposition ilz avoient trouvé
le roi de Portingal.
P. 190, 1. 29 : recordèrent. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2,
5, 7, 12. — Ms. A 1 : recordent.
P. 190, 1. 32 : rihote... lieu. — Ms. B 12 : de riotte on a
aucuneffois du bien.
P. 190, 1. 32 : n'a à le fois. — Leçon des mss. A 7, B 1, 5,
7. — Ms. Al : n'a le fois. — Mss. A 2, 6, B2 : n'a aucune
foiz. — Ms. B 20 : ne à aucune fois.
P. 191, 1. 1-2 : remorous. — Mss. A 7, B 5, 7 : rioteux. —
Ms. B 12 : rebelles. — Ms. B 20 : rebelle et remorous ; bien
ait quy on aime, mais especialment.
§ 266. P. 191, 1. 3 : troi. — Le ms.B 20 ajoute : messire
Guillaume Helmen, messire Thomas Simon et le sire de Chas-
tel Noeuf.
[1382] VARIANTB8 DU LIVRB DEUXIÈME, § 258. 36&
P. i9iy 1. 5 : le mandoit. — Mss. A 2^ B 1, 2 : li mandoit
qu'il alast [A 2 : devers lui] parler à lui.
P. 191y 1. 14 : de cheval et. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Manquent aux mss. Al, 6, 7, B5y 7. — Afss. A2y B12 : à
cheval et.
P. 191, 1. 27 : que tout. — Ms. B 20 : les Portingalois que
les Anglois.
P. 191y 1. 28 : Jorge. — Les mss, B 1, 2 ajoutent : donquel
j'ai parlé chi dessus.
§ 257. P. 192y 1. 5 : de geneteurs. — Mss. B 5, 7 : à pié.
P. 192y 1. 6 : Portingal. — Le ms. B 12 ajoute : et le conte
de Cantebruge.
P. 192, 1. 10 : vosist. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : faire.
P. 192, 1. 22 : d'Arragon. — Ms. B 12 : d'Espaigne.
P. 192, 1. 30 : Elvès. — Ms. B 12 : Helmès.
P. 192, 1. 31 et plus loin : Badeloce. — Corrigé eTaprès la
leçon suivante f p. 194, 1. 31. — Mss. A 1, 6, 7, B 1, 7 : Val de
Yosse. — Mss. A 2, B 2, 12, 20 : Val de Josse. — Ms.Bb :
Bal de Yosse.
P. 192, 1. 31 : plentiveux. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : plan-
tureux.
P. 193, 1. 1 : avissant. — Mss. B5, 7, 12 : avisser.
P. 193, 1. 10 : chevaucha. — Ms. B 12 : s'advança.
P. 193, 1. 14 : cinc. — Ms. B2 : .vi.
P. 193, 1. 15 : logiet. — Mss. B 1, 2 : sur les camps.
P. 193, 1. 19 : Berghettes. — Mss. B 5, 7 : Verguettes. —
Ms. B 12 : Yergettes.
P. 193, 1. 24 : Safre. — Mss. A 2, 7, B 1, 2, 5, 7 : Jaffre.
P. 193, 1. 25 : chevaliers. — Ms. A 1 : chevalier.
P. 193, 1. 27 : enssi... fait. — Ms. B 12 : bien et saigement.
i 258. P. 194, 1. 4 : quinse. — Ms. A 2 : .xvi.
P. 194, 1. 7 : sis. —Ms. A2'. .vu.
P. 194, 1. 9 : severèrent de. — Ms. B 12 : joingnirent es.
P. 194, 1. 15 : mandâmes. — Ms. B 12 : avons demandée.
P. 194, 1. 19 : furent segnefiiet. — Mss. A 7, B 5, 7 : fut il
segnefiiet à.
P. 194, 1. 19 : d'armes. — Les mss. A 7, B5, 7 ajoutent : à.
366 CHRONIQUES DB J. FROIMABT. [1382]
P. 194, 1. 27 à p. 197 1. 24 : et estoient... faire. — Manquent
au nu. B 20 par suite de V arrachement dun feuillet,
I 250. P. 194, 1. 31 : Badeloce. — Mss. A 2, 7, B 5, 7 : Ban-
deloce. — Mss. B 1, 2 : Baudeloche. — Ms. B 12 : Badelocq[oe.
P. 195, 1. 9 : deèaate. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Af5. A 1 : deffaut.
P. 195, I. 13 : perdus. — Mss. B 1, 2 : gastës.
P. 195, 1. 18 : pensoit. — Mss. B 1, 2 : peûsoient.
P. 195, 1. 19 : départir. — Mss. B5, 7 : commencement.
P. 196, I. 4 : d'Eftturges. -^ Leçon des mss. B 1, 2. — Ms.
A 1 : d'Otnrges. — Ms. A 2 : d'Ortinges. -^ Mss. A 7, B 5, 7 :
de Turges. — Ms. B 12 : d'Ortingues.
P. 196, 1. 13 : lubrement. — Mss. A 7, B 5, 7 : Inbriqne-
ment. — Ms^ B 12 : laschement. -^ Le ms. A 2 ajoute : et mai-
sement.
§ 260. P. 196, 1. 23 : seroit. — Mss. B 1, 2 : se ferott.
P. 196, 1. 23 : ces parties. ~AfM. A 7, BS, 7 s le roy d'B§-
paigne et le roi de Portingal.
P. 196, 1. 28 : falloient. — Mss. B 1, 2 : n*aseembloient.
P. 196, 1. 28 : cours. — Mss. A 7, B 5, 7 : cops. — Ms. B 12 :
courses.
P. 198, 1. 4 : recouvrèrent et s'entrecontrèrent. — Ms. B 12 :
s'en retournèrent.
P. 198, 1. 7 : fier. — Ms. A 2 : trancband. — Ze #m. B 12
ajoute : de la plate d'achier et.
P. 198, 1. 8-9 : les... passèrent. — Mss. A7, B5, 7 : per*
cièrent.
P. 198, 1. 8 : pertrusièrent. -^ Ms. A 1 : petràsièrent.
P. 198, 1. 11 : volèrent. — Ms. B 12 : bondirent.
P. 198, 1. 17 : li Espaignol. —Leçon des mss. B 1, 2, 12. —
Manquent aux mss. .A 1, 2.
P. 198, 1. 18 : Portingallois. — Les mss. A 7, B 5, 7 o/oic-
tent : et Espaignolz.
•
S 261. P. 198, 1. 20^21 : ceste,.. Portingallois. —Mss. B 12,
20 : Tarmée des deux roys d'Espaigne et de Portingal, oà
estoient très grant nombre de François et Espaignolz, cbascun
[i38t] \JMkmE» DU UVRS DBUXiftMS, § 262. 367
en leurs Keax [B 20 : d'une part], et Anglob et Poiiingalois
d'antre part.
P. 198, 1. 21 ; Englès. — Les mss. B i, 2 ajouPBHi : des
Franchois.
P. 1^89 1. 21 : Portingallois. — Le me. A 2 ajoute : et de
François.
P. 198, 1. 23 : roi de. — Le me. A 2 ajoute : Bellemarine et
ceUny de.
P. 198, 1. 24 : Tramesainnes. — Mes. B 12, 20 : Trapesonde.
P. 198^ 1. 26 : leur. — Les mes. B 1, 2 ajoutent : faboit on
dire que.
P. 198, 1. 28 : leurs. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : ses.
P. 199, 1. 18 : morir. — Mss. A 7, B 5, 7 : de vie à tres-
passement.
P. 199, 1. 24 : entretenir. — Mss, A 7, B 5, 7 : confermer.
P. 199, 1. 26 : Gambruge. — Le ms, B i2 ajoute : et la
donna au roi d'Espaigne.
P. 200, 1. 2 : à sa fille. — Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20. —
Manquent au ms. Al. — à sa fiUe ne manquent aux mss. A^2f
7, B 5, 7.
P. 200, 1. 4 : dans... Vis. — Mss. A 7, B 5, 7 : par avant
matstre Denis [B 5, 7 ajoutent : bastart de Portingal].
P. 200, 1. 4 : Gbils dans Jehans. ^ ilfs. A 7 : Che bastart de
Portingal.
P. 200, 1. 5 : durement. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et
soubtil homme à merveille [B20 : homs durement mq.].
P. 200, 1. 5-6 : s'estoit fais amer. — Mss. A 7, B 5, 7 : avoit
il portées les armes.
P. 200, 1. 9-10 : si corn... Tistoire. — Ms» B12 : comme
cy après sera declairé.
§ S63. P. 200, 1. 17 : assés. — Ms. B 12 : ce qn'ilz en
savoient.
P. 200, 1. 17, toute. ^- Le ms. A 2 ajotue : la manière et.
P. 200, 1. 25 : entiers. — Le ms. A 2 ajoute : sanz combattre.
P. 200, 1. 28 : ne le peusmes veir. — Ms. B 12 : scenmes.
P. 200, 1. 28 : -peuêmts.—^ Leçon des mss. A7, B2, 5, 7.—
Ms. A 1 : peuwins. — Ms. B 1 : peuwîs.
P. 201, I. 7-9 : allèrent..* matères. ^ Mss. B 12, 20 :
368 GHRONIQUBS DB J. FROISSABT. [1382]
furent au duc de Lancastre [B 20 ajoute : par son frère le
conte de Cantbruge] racontées des nouTelles de Portingal, puis
entrèrent en autre pourpoz pS 20 ajoute : en parlant d'autre
matière].
§ 268. P. 201, 1. 16 : que li. — Mss. 2 7, B 5, 7 : du.
P. 201, 1. 17 : ot. — Mss. A 7, B 5, 7 : et.
P. 201, 1. 26 : que de bures, de. — Mss. A 7, B 5, 7 : les
nouvelles des.
P. 201, 1. 26 : de lais et de. — Manquent au ms. A 2.
P. 201, 1. 26 : froumages. — Le ms. A 2 ajoute : oefs, pou-
lailles et fiierres.
P. 201, 1. 31, à p. 202, 1. 1 : qui... enfuir. — Ms. B12 :
retraire.
P. 202, 1. 14 : demorer. — Mss. B 1, 2 : durer.
P. 202, 1. 27 : fil moult agfraciiés. — Mss. A 7, B 5, 7 : fist
moult à regfracier.
P. 203, 1. 1 : quis. — • Le ms. A 2 ajoute : chairs salées,
bieurres et poissons salez.
P. 203, 1. 3-4 : se... reconfors. — Ms. B 20 : se celuy con-
fort ne leur fust ainsi venu avec le reconfort.
P. 203, 1. 3-4 : et... dis. — Mss. B 1, 2 : li confors des des-
sus dis. — Ms. B 12 : par ce confort.
P. 203, 1. 13 : taint et velu. — Ms. B 20 : ternis et pelus.
P. 203, 1. 18 : ramant. — Af^. A 2 : la ville. — Mss. A 7,
B 5, 7 : la porte.
P. 203, 1. 18-19 : Tamant... jurés. — Ms. B 12 : la ville.
P. 203, 1. 26 : de Louvaing. — Leçon du ms. FI. — Ms.
A 2 : aussi. — Manquent aux mss. A 1, 7, B 5, 7.
P. 203, 1. 26 : liquel de Louvaing. — Mss. B 1, 2 : les gens
de lequele ville. — Ms. B 12 : si.
P. 203, 1. 28 : menères. — Mss. A 7, B 5, 7 : conduiseur.
P. 203, 1. 32 : s'en vinrent. — Leçon du ms. B 1. — Ms.
A 1 : et vinrent. — Mss. A 7, B 2, 5, 7 : s'en vint.
P. 203, 1. 32 : lui dousime. — Ms. A 2 : a tout .xii^. Gantois.
P. 203, 1. 32, à p. 304, 1. 1 : s'en... en le.—Ms. B 20 : ledit
François d'Acremen accompaignié de environ douze cents
d'iceulx Gantois alèrent ju^ques à la.
P. 204, 1. 3-4 : et ossi... Homes. — Manquent au ms. B12.
[1382] VARIANTES DU LIVRB DEUXIÈME, § 264. 369
P. 204y I. 4 : de Homes. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss,
A 1, 2 : d'Arcle. — Mss. A 7, B 5, 7, 20 : d'Ercle.
P. 2049 ^« 7 : visnage. — Mss. A 1, B 1 : vinage. — Mss.
B2, 12 : voisinaige. — de visnage manquent aux mss. X7,
B5, 7.
P. 204, 1. 16 : cinc. — Ms. A.2 : .vn.
P. 204, 1. 17 : sis. — Afs. A2 : .vm.
P. 204, 1. 30 : resjol. — Ms. B5 : reconfortez. — Ms. B7 :
joyeulx.
S 264. P. 205, 1. 6 : deus jours (sic). — Ms. A 2 : .nn. jours.
P. 205, 1. 7, et p. 206, 1. 30 : six cens. —Ms.A2: .Tn«.
P. 205, 1. 16 : remonsteroit. — Le ms. B5 ajoute : leur
affaire. — Le ms. B 7 ajoute : leur fait.
P. 205, 1. 18 : peussent. — Mss. B 1, 2 : peust. — Manque
au ms. B 12.
P. 205, 1. 20 : Villevort. — Leçon des mss. A 7, B 5, 1. —
Ms. A 1 : VinlcTort. — Mss. B 1, 2 : Braibant. — Ms. B 20 :
Volvorde.
P. 205, 1. 22 : troisime. — Afs. A 2 : .im*. — Ms. B 12 :
avecq lui trois cens Gantois.
P. 205, 1. 24 et 26 : troi. — Ms. B 12 : trois cens.
P. 205, 1. 25 : à. — Ms. B 12 : séant sur.
P. 205, 1. 25 : Coleberghe. — Ms. B 1 : Cauwebergh. —
Ms. B 2 : Cauvreberg. — Ms. B 12 : Cauwenberge.
P. 205, 1. 32 : moiens ne s'en ensongnie. — Ms. B12 :
moyenneurs ne s'en travellent.
P. 206, 1. 1 : plaissoit. — Le ms. A 2 aj'oute : de vostre
bonne grâce.
P. 206, 1. 6 : humblement. — Ms. B 12 : courtoisement.
P. 206, 1. 7 : conte. — Le ms. B 12 aj'oute : Loys.
P. 206, 1. 13 : m'en... volentiers. — Ms. B 12 : m'y emploie-
ray de bon ceur.
P. 206, 1. 20-21 : que... perceverés. — Ms. B20 : qu'avrez
cause de vous en perchevoir.
P. 206, 1. 21 : Et cil troi. — Afs. A 2 : Et cil .mi. Gantois.
— Mss. A 7, B 5, 7, 12 : Adont.
P. 206, 1. 21 : respondirent. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajow
tent : il.
X — 24
370 CHBONtQUBS DE J. FROISSART. [1382]
P. 206y I. 23 : A4ont. — Mss. A7y BS^ 7 : Après ces mots.
§ 206. P. 207, 1. 3 : quinse. — Ms. A 2 : .xvi. ou .XTin.
P. 207, 1. 8 : et. — Le m8.B20 ajoute : devant les chariots.
P. 207, 1. 10 : reconfortés. — Ms, B 12 : avitailliez.
P. 207, 1. 14 : venredis. — Mss. A 7, B 5, 7 : denrées.
P. 207, 1. 15-16 : Si... mist. -- itfis. B 2 : Et à ces blés et à
ces farines fiit mis pris raisonnable.
P. 207, 1. 15-16 : fuer ordonné. — Ms. B 20 : ong certain
taux ordonné et distribué.
P. 207, 1. 16 : mist. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : livrées.
P. 208, 1. 4 : se. — Mss. B 1, 2 : ceste.
§ 266. P. 208, 1. 20-21 : à estre... tourner. — Mss. A 7,
B5» 7 : pour ses raisons estre tournées.
P. 208, 1. 23-31 : de Tevesquiet... Pasque. — Ms. B 12 : de
ceulx de Liège .xxu. hommes, et la ducesse de Brabant et le
conte de Haynnau pareillement y envoyèrent leurs consanlz.
P. 208, 1. 25 et p. 209, 1. 29 : d*Oupé. — Af5. A 1 : dou Pé.
— Af«5. A7, B 5, 7 : de Peme. — Mss. B 1, 2 : dou Pey. —
Ms. B 20 : du Pé.
P. 209, 1. 7 : et. — Leçon des mss./Ll^ B 2, 5, 7. — ATss. Al,
B 1 : que. — Ms. B 20 : comme.
P. 209, 1. 12-13 : de estre cappitaine. — Ms. B 12 : d'avoir
accepté la capitainerie.
P. 209, 1. 13 : estre. *— Leçon des nus. B 1 (en marge), 12.
— Manque aux mss. A 1, 2, B 2, 20.
P. 209, 1. 13-15 : estre... comment. — Manquent aux mss.
A7, B5, 7.
P. 209, 1. 21 : voloit... dit. — Ms. BSO : estoit content de
faire pour sa part ce que dit est.
§ 267. P. 209, 1. 24 : bons moiiens. --r Ms. B 12 : média-
teurs.
P. 209, 1. 26 : ne apparant n'estoit. — Mss. A 7, B 5, 7 :
approuchoit.
P. 209, 1. 30 : Crupelant. — Mss. A2, 7, B5 : Gouppelant.
— Ms. B 7 : Compelant.
P. 209, 1. 31 : Herimés. — ilfs. B 5 : Herines.
IIS82] VARUNTBS DU LIYBB DSUXiAlIE, § 269. 371
P. 2iOy ). 6 : dame. — Ms, A 1 : daines.
P. 210, 1. 10 : cil. — Ms. A 2 : ces .mi.
P. 210, 1. 14 : Ramseflies. — M8.k2\ Rinceflies. r- AT^. S 1 :
RenghesvUiet. — Ms. B 2 : Rengesveillet.
P. 210, 1. 32 : darainement. — Leçon des mss, A 7> B 1| 2,
7. — Ms. A 1 : daraine. — Manque au ms. B 12.
P. 210, 1. 32 : estroitement. — Manque aux mss. B 1, 2, 12.
P. 211, 1. 9 : retourner. — Ms. A 1 : retourné.
P. 211, 1. 12 : ja. — Le ms. A 2 ajoute : tant que nous vivons.
P. 211, 1. 14 : le voellent. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5,
7. — Ms. B 12 : l'accordent. — Manquent aux mss. A 1, 2, B 20.
P. 211, 1. 15 : demorra. — Ms. A 1 : demora.
P. 211, 1. 15 : face. — Le ms. A 2 ajoute : se ilz le veulent.
P. 211, 1. 21-22 : si compaignon. — Mss. B 1, 2 : leurz gens.
— Ms. B 12 : les siens.
P. 211, 1. 23 : At en. — Manquent aux mss. A 7, B 5, 7.
P. 211, 1. 23 : Braibant. — Mss. B 12, 20 : Haynnau (leçon
à adopter).
§ 268. P. 211, 1. 28 : amiroit ne. — Ms. B 12 : craignoit et.
P. 211, 1. 31 : demorer. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms. A 1 : morir. — Mss. B 12, 20 : estre.
P. 212, 1. 2-3 : se exemplieroient. — Mss. A 7, B 5, 7 : en
aroient exemple. — Ms. B 12 : y prendroient exemple.
P. 212, 1. 16 : mors. — Ms. A 2 : mors sanz nul remède. —
Ms. B 12 : perdu et mort.
P. 212, 1. 19 : arreés. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. *—
Ms. A 1 : arez. ^- Mss. A 2, B 1, 2 : armés.
P. 212, 1. 24 : dissoient en. — Mss. B 1, 2 : disoit on à.
§ 369. P. 213, 1. 1 : quidoient. — Les mss. A 7, B 5, 7
ajoutent : avoir et.
P. 213, 1. 12 et ailleurs : devenres. — MspÂ,2 : oienues der-
rées. — Mss. A 7, B 5, 7 : denrées. — Mss. fi 12, 20 : venredis.
P. 213, 1. 30 : par quel coron. — Leçon du ms. B 1. —
Ms. A 1 : par coron. — Ms. A 2': par quel co^é. — Mss. A 7,
B 5, 7 : par où. ^— Ms. B 2 : par quel bout. — Ms. B 12 :
quelque moyen.
P. 213, 1. 32 : briefs. — Ms.B2lO: huit.
372 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
P. 214, 1. 9-10 : Jaquemart. — Ma, B 1 : Jaquemon. —
Ms. B2 : Jaques.
P. 214, 1. 16 : bon. — Ms. A 1 : bons.
P. 214, 1. 25 : sien. — Les mss, B 1, 2 ajoutent : Enssi se
passa ceste nuit.
S 870. P. 214, 1. 29 : raportées. — Mss. B 5, 7 : répétées.
^- Ms. B 12 : apportées les.
P. 214, 1. 29 : avoit. — Mss. A 7, B 5, 7 : avoient esté.
P. 214, 1. 31 : devenres. — Ms. B 20 : venredis.
P. 215, 1. 3 : d'Artevelle. — Le ms. B 20 ajoute : Phelippe
du Bois.
P. 215, 1. 16 : notablement de. — Mss. A 7, B 5, 7 : notables et.
P. 215, 1. 17 : plus. — Le ms. B 20 ajoute : sages et.
P. 216, 1. 5 : de Monsigneur. — Leçon des mss. B 12, 20.
— Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7.
P. 216, 1. 11 : lingnes draps. — Ms. A 2 : cbemises.
P. 216, 1. 11 : draps. — Mss. A7, B5, 7 : robes.
P. 216, 1. 11 et p. 217, 1. 15 : nus. —Ms. Ai : nulz.
P. 216, 1. 14 : sera mesires. — Mss. A 7, B 5, 7 : trouveront
monseigneur.
P. 216, 1. 24 : femmes et enffans [sic). — - Ms. B20 : jeunes
et yieulx.
P. 216, 1. 25-26 : de leurs maris... frères. — Mss. A 7, B 5, 7 :
de leurs pères, de leurs frères, de leurs maris et de leurs voisins.
P. 216, 1. 31 : Si. — Leçon des mss. A7, B 1, 2, 5, 12. —
Ms. Ai : Se. — Afs. B 7 : Gy.
P. 216, 1. 32 : si. •— Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Ms. A 1 :
se. — Ms. B 12 : mais. ^- Manque aux mss. B 1, 2.
P. 217, 1. 2 : vivres. — Mss. B 1, 2 : famine.
P. 217, 1. 4 : si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7, 12. *
Mss. A 1, B 1 : se.
P. 217, 1. 16 : oscur. — Ms. B 20 : auster.
P. 217, 1. 20 : morir. — Le ms. A 2 aj'oute : le premier.
P. 217, 1. 21 : Ou. — Le ms. A 2 ajoute : faisons autrement,
se bon vous samble que.
P. 217, 1. 22 : cinc ou sis. — Ms. A 2 : .vn. ou .vm.
P. 217, 1. 30 : ensi que. — Leçon du ms, B 12. — Ms. A 1 :
ensi. — Mss. B 1, 2 : si comme.
[1882] VARIAimSS DU LIVBK DEUXiftMK, $ 272. 373
P. 2i8y 1. 8 : Toos nous consilierés. — Mb, B 12 : Toulons
do tout ouvrer par vostre conseil.
P. 218, 1. 13 : qui nous het. — Mbs. A 7, B 5, 7 : et de
ceulx qui.
P. 218, 1. 14 : est. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : sont.
P. 218, 1. 14 : cil qui. — M89. A7, B5, 7 : lesquels.
P. 218, 1. 17 : desconfissons. — Ms. B 12 : aions yictoire sur.
P. 218, 1. 24 : nous ne finerons. — Mss. B 1, 2 : n'en ferons.
P. 218, 1. 25 : beaulx. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Manque aux mss. Al, B 1, 2, 12.
P. 218, 1. 30 : cinc. — Ms. A2 : .v. ou .vi.
§ 271. P. 219, 1. 9 : à heure de relevée. — Afs. A 2 : à heure
de nonne. — Ms. B 20 : après midy.
P. 219, 1. 11 et 30 : cinc. ^ Ms. K2 i .vm.
P. 219, 1. 19 : Bonnes gens. — Ms. A 2 : des bonnes gens :
« Or avant, beaus amis. »
P. 220, 1. 1 : heure. — Ms. A 2 : lieue.
P. 220, 1. 4 : cheminèrent. — Ms. A 1 : chminèrent.
P. 220, 1. 5-6 : li fourageur. — Mss. A 7, B 5, 7 : les fouriers.
P. 220, 1. 10 : plachiet. — Mss. A 2, B 2 : vivier. — Mss. A 7,
B 5, 7 : flaschier. — Ms. B 1 : plaquier. — Ms. B 12 : flaquis.
— Ms. B 20 : plasquis.
§ 273. P. 220, 1. 14 : car che fo. — Manquent aux mss. A 7,
B5, 7.
P. 220, 1. 14-26 : et le tierch... enfourmés. — Mss. A 7, B 5,
7 : que ceulx de Bruges faisoient leur procession par coustume,
si vindrent tantost nouvelles comment les Gantois estoient là
arrivés, et lors veyssiez grant murmure dedans Bruges des uns
aux autres tant que les nouvelles en vindrent au conte et à tous
ceulx de sa compaignie.
P. 220, 1. 19 : avolèrent. — Mss. B 1, 2 : vinrent tout en haste.
P. 220, 1. 22-23 : de rue en rue. — Leçon des mss. B 1, 2,
12, 20. — Ms. Ai : de ruez.
P. 220, 1. 24 : combatre. — Le ms. A 2 ajoute : ces traîtres
Gantois.
P. 220, 1. 26 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Ms. A 1 : se.
374 GHRONIQUSS DB J. FROI88ART. [t382]
P. 220, 1. 27 i cache. -^ Mm. A 7, il 5, 7 : meine. —
Ms. B 12 : amaine.
P. 220, L 28-29 : De... maintenant. — * M$s. A7, B5, 7 : à
leur destruction : or est le temps venu d*aToir la.
P. 220, 1. 30 à p. 221, 1. 2 : chevalier... requelloit. —
M88, A 7, B 5, 7 : ses chevaliers et ses gens par vers li, lesqaeljL
il recevait.
P. 221, 1. 3-4 : Nous... il. — Ms. A 2 : Ces traîtres Gantois.
P. 221, 1. 4 : encores... contes. — 3f«. B20 : combien qu'ils
ont encoires grant courage, car.
P. 221, 1. 12 : et. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12. —
Manque aux mss. A 1, 7.
P. 221, 1. 12 : du Beart. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Ms. A 1 : dou Bourc. — Mss. B 1, 2 : le Bourcq. — Ms. B 12 :
de Beyaert.
P. 221, 1. 16 : s'ordonnèrent. — Leçon des mss. B 1, 2, 12,
20. — Manque aux mss. Al, 2, 7, B 5, 7.
P. 221, 1. 17 : gens. — Le ms. A 2 e^'oute : s'armèrent et
ordonnèrent. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : s'aprestoient.
P. 221, 1. 22 : cantées. — Le ms. A 2 ajoute : et célébrées.
— Le ms. B 12 aj'oute : et leutes.
P. 221, 1. 25 : mesist. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — Mss.
A 1, B 20 : mesissent.
P. 221, 1. 25 : mesist en estât deu. — Mss. A 7, B 5, 7 :
priassent tous Dieu.
P. 221, 1. 27 : set. — Afs. A 2 : plus de cent. — Ms. B 20 :
.vn®.
P. 222, 1. 5 : vostre. — Le ms. A 2 ajoute : mauvais.
P. 222, 1. 13 : restorier. — Mss. B 1, 2 : rescousse.
P. 222, 1. 14 : vous. — Les mss. B 1, 2, 5, 7 ajoutent :
bien et.
P. 222, 1. 17 : grant. — Leçon du ms. FI. — Manque aux
mss. A 1, 6, 7, B 1, 2, 5, 7.
P. 222, 1. 17 : ou grant peuple. — Mss. B 12, 20 : au plus
de gens.
P. 222, 1. 18 : maint. — Mss. A 7, B 5, 7 : veult. — Mss. B 1,
2, 12 : met.
P. 222, 1. 25 : par. ~ Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20. —
Mss. A 7, B 5, 7 : des. — Manque au ms. A 1.
[i38î] ViOUANTEft DU LIVRB DSUXIÈIIB, $ 274. ^ 375
P. 222» 1. 25-26 : par... remonstré. — Afo. A2 : ce» Frères
Preceurs racontans ce samedi au matin aux GanUHs.
§ 273. P. 223, I. 1 : mont. — Mss. B 12, 20 : tropel.
P. 223, 1. 6 : avoient. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : avoit.
P. 223, 1. 10-11 : riens il ne gaigneroient. — Afo. B 12 : ne
leur pottoit pronffiter.
P. 223, 1. 12 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : Se.
P. 223, 1. 13 à p. 249, 1. 23 : enfans que... vinrent à. —
Manquent au ms. A 1 par suite de t arrachement de deux cahiers;
pour cette partie ^ le ms, B 1 sert de hase au texte.
P. 223, 1. 16 : bien sçavoit. — Ms. A 2 : fut de beau sçavoir
et de beau.
P. 223, 1. 24-25 : les sachiées... départies. — Ms. B20 :
les sacs de pain ouvers et le pain.
P. 223, 1. 29 : aidables. — Mss. A 7, B 5, 7 : abiUe.
P. 223, 1. 30 et aUleurs : û. — Ms.Bi: ilz.
P. 223, 1. 31 : ce. — Leçon du ms.B2.^ Mss. A7, B7 :
cilz. — Ms. B 1 : se. — Ms. B 5 : celui. — Ms. B 12 : le.
P. 223, 1. 31 : disner. — Ms. B 12 : desjun.
P. 223, 1. 32 : catirent. — Ms. B 12 : Uppirent.
P. 223, 1. 32 : ribaudiaux. — Mss. B 2, 12, 20 : ribaude-
quins.
P. 224, 1. 1-2 : brouettes... fer. — Mss. B 12, 20 : trois ou
quatre petis canons [B 20 ajoute : rengiés de front] sus baultes
cbarettes en manières de brouettes devant, sur deux ou quatre
roes [B 12 ajoute : bandez de fer].
P. 224, 1. 2 : qu'il. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7. *- Ms.
B 1 : qui.
P. 224, 1. 4-5 : s'encloirent. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7.
— Mss. B 1, 2 : s'encloent. — Ms. B 12 : s'enclouoient.
P. 224, 1. 6 : trois. ^ Ms. A.2 : .un.
S 274. P. 224, 1. 17 : des circonstans. — Ms. A 2 : de tous
ceulx. — Mss. A 7, B 5, 7 : des escoutans.
P. 224, 1. 19 : jusques ou trait des Gantois. — Mss. A 7, B 5,
7 : les Gantois eussent bien trait à eulx.
P. 224, I. 24 : il. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : avoir et.
376 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [138%]
P. 224y 1. 26 : de cinc à sis mille. — Mb, A 2 : entre .yd.
et .viii''. hommes.
P. 225, 1. 5 : li contes. — Ms. B 5 : et lé conte apresté, il
s'en. — Ms, B 7 : le conte fut appresté et s'en.
P. 225, 1. 8-10 : A son... champs. — Leçon de» mes. A 2, 7,
B 5, 7, 12, 20. — Manquent aux mss> B 1, 2.
P. 225, 1. 11 : après. — Mss. B 12, 20 : à cheval sienirent
de près [B 20 : après].
P. 225, 1. 17 : haulte remontée. — Mss. B 12, 20 : heure
de vespres.
P. 225, 1. 21 : ne les... meshui. — Mss. B5, 7 : ne les com-
batez meshui. — M$. B 20 : vous le sçavez, ne les vueilliez mes-
hui combatre.
P. 226, 1. 4 : descliquer. — Mss. B 12, 20 : descochier.
P. 226, 1. 5 : canons. — Ms, B20 : ribaudequins.
P. 226, 1. 5 : plasquier. — Mss. A 2, B 2 : vivier. — Ms.
A 7 : plachier. — Mss. B 5, 7 : flaschier. — Mss. B 12, 20 :
plate eaue.
P. 226, 1. 10 : sur. — Mss. A 7, B 5, 7 : pour.
P. 226, 1. 10 : mauvais convenant. — Ms. A 2 : faulx et mau-
vais courage et petit. — Mss. A 7, B 7 : faulx et mauvais
couraige et convenant. — Ms. B 5 : mauvais courage. — Mss.
B 12, 20 : faulx et desloyal courage.
P. 226, 1. 17 : abatre. — Les mss. B 5, 7 ajoutent : et à
ruer jus.
P. 226, 1. 24 : raconsuivoient. — Ms. B 2 : attaignoient.
P. 226, 1. 25 : et. — Ms. B 2 : les jambes dessus et puis les.
P. 226, 1. 25 : occisoient. — Mss. B 12, 20 : detrenchoient.
P. 226, 1. 29 : et de desconfits. — Mss. A2, 7, B5, 7 : de
mehaingniez.
P. 227, 1. 4 : infortunitë. — Ms. A 2 : maigre fortune.
P. 227, 1. 4 : eulx. — Le ms. B 2 ajoute : mais autres dient
que ce fut ung miracle et que Dieu oy leurs dures com-
plaintes.
§ 276. P. 227, 1. 9 : mieux mieux. — Mss. B 5, 7 : mieux
pouoit.
P. 227, 1. 15 : ensonnîet les. — Ms. B2 : baillé à beson-
gner aux. — Ms, B 12 : occupé les.
[1382] VARIANTBS DU LIVRE DEUXIÈME, § 276. 377
P. 227, 1. 17-18 : s'enfttioient... mieux. — Afo. B 20 : se
mettoient tous en faite pour enlx sauver.
P. 227, 1. 31 : Fesforchassent. — Mss. A 7, B 5, 7 : Tesirois-
sassent.
P. 228, 1. 4 : tint. — ATss. A 7, B 5, 7 : prinst.
P. 228, 1. 11 : fist. — Leçon des nus. A 7, B 5, 7. — Manque
aux mss. A 2, B 1, 2.
P. 228, 1. 11 : fist commandement. — Ms, B 12 : commanda.
§ 276. P. 228, 1. 17 : et. — Mss. A 7, B 5, 7 : pour.
P. 228, 1. 17 : recouvrer. — Leçon des mss, A 7, B 5, 7. —
Mss, B 1, 2 : retourner. — Mss. B 12, 20 : garder.
P. 228, 1. 18 : entrèrent en... en. — Manquent aux mss. A 7,
B 5, 7, 12, 20.
P. 228, 1. 19 : poursuivant. — Mss. A 7, B 5, 7, 12, 20 :
poursuivoient.
P. 228, 1. 19 : ennemis. — Les mss. A 7, B 5, 7, 12, 20
ajoutent : vindrent le bon pas et entrèrent en la ville de Bruges
avecques ceulx de la ville proprement et.
P. 228, 1. 26 : la... volée. — Mss. B 12, 20 : les feuillets de
la porte estoient [B 20 ajoute : boutez].
P. 228, 1. 28 : Bruges. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : cpii
là estoient.
P. 228, 1. 29 : sauvés. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : se
vous pouez.
P. 229, 1. 1 : de. — Le ms. B 12 ajoute : torses et. — Le
ms. B 20 ajoute : tortis et.
P. 229, 1. 13 : le. — Manque aux mss. A 2, 7, B 12, 20.
P. 229, 1. 14 : ruelle. — Les mss. A 2, 7, B 12, 20 ajoutent :
les falloz [B20 ajoute : et tortis allumez].
P. 229, 1. 28 : Bruges. — Les mss, A 2, 7, B 5, 7 ajoutent :
en leur compaignie.
P. 229, 1. 30 : et... sauver. — Manquent aux mss. B5, 7.
P. 229, 1. 30 : estes tous ensonniés. — Ms. B 20 : avrez bien
à faire.
P. 229, 1. 30 : tous. — Leçon du ms. A 7. — Manque au
ms. B 1.
P. 229, 1. 30 : tous... sauver. — Ms. B2 : en aventure de
vous perdre.
378 GHR0NIQ0B8 DB J. FROISSART. [1382]
P. 229, 1, 31-32 : Usir... car. — Leçon des mes. A 2, 7, B 5,
ly 12y 20. — Mss. B iy 2 : youb sauver et.
P. 230, L i : en sont seignenr. — Msf. B 12, 20 : les ont
saisies.
P. 230, 1.6: eshider. — Le ms. A 2 ajoute : et durement à
esbabir, comme cellui qui estoit en grant péril de mort.
P. 230, 1. 10 : qu'il. — Ms. B 20 : comment il va, il.
P. 230, 1. 12 : scet. — Ms. A 7 : se part. — Mes. B 5, 7 r se
départe.
P. 230, 1. 14 : les. — Leçon du ms. B2. -- Ms. B i : le.
P. 230, 1. 14 : les russiaux. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : les
rues.
P. 230, 1. 17-18 : boppelande. -^ Ms. B 12 : robe.
P. 230, 1. 24 : grant. — Les mss. A 2, 7, B 5, 7, 12 ajoutent :
péril et en grant.
P. 230, 1. 25 : car. — Les mss. A 7, B 5, 7, 12 ajoutent : se.
P. 230, 1. 25 : se. — Leçon du ms. B 2. — Manque au
ms, Bl.
§ 377. P. 231, 1. 3 : demucha. — Mss. A 7, B 5, 7 : demenU.
— Ms. B 12 : pourmena.
P. 231, 1. 5 : de nécessité. — Mss. A 7, B 5, 7 : dedens aucun
bostel.
P. 231, 1. 7 : aloient. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : et
entra. '
P. 231, 1. 9 : manandries. — Ms. B 2 : grans manoirs. —
Mss. A 7, B 5, 7 : palaiz.
P. 231, 1. 11 : tourbes. — Le ms. A 2 ajoute : de marestz.
— Le ms. B 12 ajoute : qui s'i ardoient.
P. 231, 1. 12 : tente. •— Mss. A 7, B 5, 7 : couste.
P. 231, 1. 13 : esconser. — Ms. A 2 : eschanfer. — Mss. B5,
7 : estouffer. — Ms. B 12 : estoupper.
P. 231, 1. 19 : effreée. — Af«. B 1 : e£Prée.
P. 231, 1. 20 : mais maintenant. — Afîr. A 2 : ainsi meschant
que tu me voiz.
P. 231, 1. 20 : repourre. — Ms. B 12 : muchier.
P. 231, 1. 29 : boutés. — Afs. B 1 : bouter.
P. 231, 1. 30-31 : II... bostel. •-• Af9. B2 : et cependant la
femme fist son mesnage, comme elle avoit acoustumé.
[i38t] VARIANTES DU LIYIIB DBUXltMI, § 278. 379
P. 2315 1. 30 : fist. ■^Lenu.Bi2 ajauig : et tandis la femme
clooit son huis.
. P. 232, 1. 3 : l'estrain. — Mss. A 7, B 5, 7 : le feurre.
P. 232, 1. 6 : routoient. — Mê, A 2 : partout serchoient, que*
roient et aloient.
P. 232, 1. 22 : alons. — Le nu, A 2 ajoute : hors de ceste
maison enfumée.
P. 232, 1. 23 : femme si. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : femme. —
Ms. B 1 : se. — Ms. B 2 : femme se.
P. 233, 1. 2-3 : la nuit... petitesse. — Ms. A 2 : celle nuit
après qu'il se trouToit hoste de la povre femme.
P. 233, 1. 11 : persévérèrent. — Les mss. B 12, 20 ajoutent:
en leur entreprinse.
S 278. P' 233, L 24 : La... estoit. — Mss. UlyBl : L'en-
queste estoit sceue. — Ms^ B 5 : L'enqueste estoit semée.
P. 233, 1. 24 : La... jettée. — ATs. A2 : La buscherie (ut
courue sanz espargnier que.
P. 233, 1. 25 : coUetiers, vieswariers. — Ms. B 2 : collec-
teurs, frapiers.
P. 233, 1. '25-26 : vieswariers. — Ms. A 7 : voîrriers. —
Mss. B 5, 7 : bourriers. — Ms. B 20 : gaîngniers.
P. 233, 1. 26 : poissonniers. — Le ms. B 12 supprime colle-
tiers, vieswariers, et ajoute : contelliers et gnaïnniers.
P« 233, 1. 30 : il estoient. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7,
12. — Manquent au ms. B 1.
P. 234, L 4 : pillées. -^ Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent ;
vioUées.
P. 234, 1. 7 : heures. — Leçon du ms* B 2. — Ms, B 1 :
heurent.
P. 234, 1. 10 : conquest. — ^ Mss. B 12, 20 : leur vasselaige
et entreprinse.
P. 234, 1. 13 : esté. — Le ms. B 12 ajoute : lors joingnirent
les aucuns les mains et plorèrent de joye et se assemblèrent.
P. 234, 1. 22 : hommes. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : ce
que bien faire pouoit.
P. 234, 1. 26 : ville. -^ Les mss. B 12, 20 ajouunt : pour
aller tenir les bois.
P. 234, 1* 29 : ceulx... ne. — Leçon des mss. Al y B5, 7,
12, 20. — Manquent aux mss, B i, 2*
380 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
P. 234, 1. 30 : olreiit. — Les nus. A7, B 5, 7 ajouient : Hz
recuillirent couraige et confort.
P. 234, 1. 32 : Anvaing. — Afo. A 2 : Halluin. — Mss. A 7,
B 12, 20 : Aubaing. — Mss. B 5, 7 : Anbang.
P. 235, 1. 4 : quant... là. — Mss. B 12, 20 : quant [B20 :
lors que] la matierre le requerra.
§ 379. P. 235, 1. 7 : plus bellement. — Ms. A 2 : mieux ne
plus courtoisement.
P. 235, 1. 11 : Bois. — Le ms. A 2 ajoute : François Attremen.
P. 235, 1. 25 : repus. — Ms. B 2 : musse. — Ms. B 12 :
mucié.
P. 235, 1. 31 à p. 236, 1. 1 : regardèrent. — Ms. B2 :
regarda.
P. 236, 1. 1 : et Piètres dou Bos. — Leçon des mss. A 7, B 5,
7, 12. — Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 236, 1. 18 : et. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Manque aux mss. B 1, 2.
P. 236, 1. 25 : de cinc mil. — Ms. A 2 : environ .Tm™.
P. 236, 1. 27 : hommes. — Le ms. B 20 ajoute : ou plus.
P. 236, 1. 31 : recorderons. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : orrés
recorder.
§ 280. P. 237, 1. 6 : hoppelande. — Mss. B 12, 20 : robe.
P. 237, 1. 11 : allés. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : et si
estoit nujt [B 20 : de nuit].
P. 237, 1. 15 : Marescaut. — Ms. B 2 : Mareschal.
P. 237, 1. 30 : painel. —Ms.B2: poitral.
P. 237, 1. 32 : se retrouvoient. — Mss. A 7, B 5, 7 : s'en
retoumoyent. — Ms. B 12 : yindrent.
P. 238, 1. 6 : Guis. — Ms. B 12 : Loys.
P. 238, 1. 14 : gentillesse. — Ms. B 12 : son pareil.
§ 281. P. 238, 1. 19 : tant. — Mss. A2, 7, B5, 7 : tous.
P. 238, 1. 20 : que... celles. — Leçon du ms. B 2. — Ms. A 2 :
et ceulx. — Ms. A 7 : de Gand et. — Mss. B 5, 7 : de Flandres
et. — Manquent aux mss. B 1, 12, 20.
P. 238, 1. 21 : de Teveschié. — Mss. B 12, 20 : du pays.
P. 239, 1. 1 : n'amiroit. — Mss. A 7, B 5, 7 : ne prisoit ne
amoit. •— Ms. B 12 : ne doubtoit.
[1382] VABIilNTBS DU LIVRE DSUXiilfB, | 284. 38f
P. 239, 1. 4 : li proverbes. — M». A 2 : le notable. — Mss.
B 5, 7 : ce notable. — Ms, B 12 : le vocable.
§ 2S2. P. 239, 1. 26-27 : cremenr et. — Leçon des mss. A 7,
B 5, 7y 12, 20. — Manquent aux mss. B 1, 2.
P. 240, 1. 5 : service. — Le ms. A 2 ajoute : obéissance.
P. 240, 1. 12 : menestrés. — Mss. B2, 5, 7 : menestrelz. «»
Ms. B12 : menestreulz.
P. 240, 1. 28 : charians, dens cens. — Ms. A 2 : charios et.
P. 240, 1. 29 : draps. — Le ms. B 12 ajoute : d'or, de soye,
de lainne.
P. 240, 1. 29 : pennes. — Ms. B 20 : d'or, de soye, de layne
et fourmres, toilles. — Le ms. A 2 ajoute : toilles, tapiceries.
P. 241, 1. 1 : extimer. — Ms. A 7 : esmer.
§ 288. P. 241, 1. 9-10 : tant... l'onni. — Mss. B 12, 20 :
jusques à ce que icelles [B 12 : à tant que les] portes et murs
seroient abatuz et les fossez remplis et tout mis à rez des
terres et tout à Tonnit.
P. 241, 1. 10 : tous. — Le ms. A 2 ajoute : ruez jus par
terre et.
P. 241, 1. 16 : tous. — Le ms. A 2 aj'oute : en genoulx.
P. 241, 1. 18 : d'oultre. — Leçon des mss. B 5, 7. — Ms. A 7 :
oultre. — Ms. B 12 : oultre la ville. — oultre manque aux
mss. B 1, 2.
P. 241, 1. 19 : Fumes. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : de
Bourbourg.
P. 241, 1. 19 : Propringhe. — Le ms. A 2 aj'oute : et de
Bourbourc.
P. 241, 1. 24 : cinc. — Ms. Il2 : .vi.
P. 242, 1. 1 : tout. — Ms. A 2 : tous ceulx et celles.
P. 242, 1. 8 : d'un. — Z^eçon des mss. B 5, 7. — Ms. B 1 : du.
P. 242, 1. 8 : varlet, fils d'un. — Ms. A 2 : garçon, fils d'un
viUain.
g 384. P. 242, 1. 17-18 : si... et. — Ms. HT : et. — Mss.
B5, 7 :il.
P. 242, 1. 21 : et disoit. — Mss. A 7, B 5, 7 : si grandement
en fut courrouciez et.
382 GHBONIQfnCfl DB I. FB0I8SABT. [I98Z]
P. 242, 1. 27 : parti. — Les m$9. A?, B5, 7 ajouiau : et
s'en ala.
P. 242, 1. 30 : fîi. — Le ms. A 2 ajoute : adonc à ce retour.
P. 243, 1. 2 : foison de. — Ms. B 20 : quantité et restination
et valleur des.
P. 243, 1. 6 : vias. ^ Ms, B 12 : lot de vin.
P. 243, 1. 7 : deux- ~ Ms. A 2 ; .nn.
P. 243, 1. 15 : et. — Leçon des mss, B 5, 7, 12. — Manque
aux mss. A 7, B 1, 2.
p. 243, 1. 16 : U mise très grande, -n- Ms. B 12 : ses reve-
nues moult grandes.
P. 243, 1. 17 : sanguines. — Ms. B20 : très riches draps.
P. 243, 1. 18 : d'escarlattes. tt- Le ms. A 2 ajoute : et de
draps de soye et d'argent.
P. 243, 1. 21 : damoiselles. — Le ms. B 12 ajoute : de Gand.
§ 285. P. 243, 1. 28 : à muser. — Jfo. A 7 : advisier. —
Mss. B 5, 7 : aviser.
P. 244, 1. 5 : reviendra. — Le ms. A 2 ajoute : l'amour et.
P. 244, 1. 7 : en mariage. — Manquent aux mssp A 2, 7,
B 5, 7. — Ms. B 12 : à femme et à espeuse.
P. 244, 1. 11-16 : ensi... si. — Ms. B 12 : ce jeune roy, s'il
a grant désir et voulenté de soy faire renommer en armes, il.
P. 244, 1. 16 : croira. — Mss. A 7, B 5, 7 : le traira i
ce faire.
P. 244, 1. 22 : Flandres. *— Le ms. A 2 ajoute : par .oonquest.
— Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : par quelcon<{ues [B 5, 7 :
quelque] manière.
P. 244, 1. 24 : comment. — Les mss. B 5, 7 ajoutesu : se oe
ne fîist son oncle.
P. 244, 1. 25 et p. 245, 1. i ; ces. >^ Leçon des mes. A 7,
B 2, 5, 7, 12. — Ms.Bi: ses.
P. 244, 1. 32 : besoingne. — Ms. B 12 : journée.
P. 245, 1. 8 : cappitaine. — Ms. A 2 : cap. souverain. —
Mss. A 7, B 5, 7 : cap. et souverain. — Ms. B 12 : souierain
ciq>. — Ms. B20 : cap. et le souverain.
P. 245, 1. 10 : sonniés. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Ms. B 1 : sonnier. ->- Ms. B 2 : pensez.
P. 245, 1. 17 : paine. — Mss. A7, B5, 7 : charge^
[ISSq VARUBmS DU LrVBK MUXlteE, i 287. 383
p. 245^ 1. 18 : songne. ^ Mss. A 7, B 5, 7 : defiCeittlte. —
Ms. B 12 : fanlte.
P. 245, 1. iS^id : Je... contes. — Màs. A 2, 1, B5, 7, 12,
20 : Daniel, dist [B 20 : respondy] le conte, de tout ce [A 7,
B 5, 7 : de ce] sui je tout [B 12 : soiz bien] reconfortés [A 7 :
confortés]. — Le ms. A 2 ajoute : et pour ce vous y ai je com-
mis. '-^ Lti m$^ B 12 ajoute : et bien le sçay que ensi ferrez.
S 286. P. 245, 1. 20 à p. 246, 1. 11. ~ Le paragraphe
entier manque aux nus, A 7, B 5, 7.
P. 245, 1. 25 : dis et setime. — Ms, A 2 : .xxti*. ^^ Mss*
B 12, 20 : .xxvn^
P. 245, 1. 27-28 : yous... istoire. — Ms. B 12 : cy après sera
racompté au long.
P. 245, 1. 30 à p. 246, 1. 11 : messires... besoingna. —
Manquent au ms. A 2.
P. 245, 1. 31 : de Belle. — Mss. B 12, 20 : d'Ele.
P. 246, 1. 2 : Gerars. — Ms.B2: Gars. — Ms. B 12 : Gerart.
P. 246, 1. 3 : Engaerrammet. — Ms. B 2 : Enguerrant. •—
Ms. B 12 : Engramet.
P. 246, 1. 4 : Hanghenardin. — - Manque aux mss. B 12, 20.
§ 287. P. 246, 1. 14 : et de pourveances. — Ms. B 12 : et
d'artillerie. — Ms. B 20 : à cheval et à pié, et de vivres et d'ar-
tillerie.
P. 246, 1. 17 : et déshonneur. — Leçon du ms. B 7. — Mss.
A 7, B 1, 2, 5 : et honneur. — Manquent au ms. B 12.
P. 246, 1. 22 : nuevime. — Mss. B 5, 7 : .x*.
P. 246, 1. 31 : paieroit. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12.
— Mss. B 1, 2 : payoit.
P. 246, 1. 31 à p. 247, 1. 1 : si... povre. — Leçon des
mss. A7, B5, 7 [B5, 7 : et p.]. -^ Ms. Bl : se portoit lî roi
des li povrez. — Ms. B 2 : le fort portant le feble. -— Ms. B 12 :
et le riche porieroit le f.
P. 247, 1. 1 : taille. — Ms. B 12 : responce.
P. 247, 1. 2-3 : nulle n'esloit. — Leçon des mss. A 7, B 2,
12. — Mss. B 1, 5, 7 : nulles n'estoient.
P. 247, L 6 : à siège. — Jf5. B 1 : assiège.
P. 247, 1. 9 : et. -— Leçon dums.E2. — Manque au ms. B 1.
384 CHRONIQUKS DE J. FE0IS8ART. [1382]
P. 247, 1. 15 : fromages. — Le nu. A2 ajoute : en(s, prunes,
poireSy pommes.
P. 247, 1. 18 : gamaces. — Ma. B 12 : grenade.
§ 288. P. 248, 1. 1 : anchiennes. — Mss. A 2, B 5, 7 : antres
menues.
P. 248, 1. 3 : ville. — Le ms, iL2 ajoute : qui n'avoient de
quoy vivre.
P. 248, 1. 6 : issues. — Me. B 12 : saillies.
P. 248, 1. 9 : Lambrot. — Mss. A 7, B 5, 7 : Lambers. —
Mfs. B 12, 20 : Lambert.
P. 248, 1. 16 : de leurs gens. — Leçon des mss, A 7, B 5, 7,
12. — Manquent aux mss. B 1, 2. — Le ms, A 2 ajoute : et les
dommageroit trop grandement.
P. 248, 1. 25 : pois de bée. — Ms. Il2 : piez de lé.
P. 248, 1. 25 : bée. — Mss. A 7, B 5, 7 : long.
P. 248, 1. 27 : Tooit. — Ms. B 12 : ouoit le bondissement.
P. 248, 1. 32 : croiseules. — Ms. A 2 : quintaulx. — Mss.
A 7, B 5 : croysseulx. — Ms. B 2 : croiseures. — Ms. B 7 :
croisseaulx. — Mss. B 12, 20 : croisuès.
P. 248, 1. 32 : de cuivre tout boulant. — Ms. A 2 : pesant.
— Mss. B 12, 20 : de cuivre tous rouges et tous embrasez et
tous bouillans.
P. 249, 1. 2 : moutons. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : de
bricoUes [B 20 ajoute : et d'autres] .
P. 249, 1. 6 : quatre. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : foiz.
§ 289. P. 249, 1. 14 : routier. — Le ms. Il2 ajoute : et
gnieliers.
P. 249, 1. 18 : conte. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : séant à
demy lieue de Bruges.
P. 249, 1. 19 : rej^s. —Ms.^2i berceau.
P. 249, 1. 20 : cuvelette. — Mss. A 7, B 5, 7 : cuve.
P. 249, 1. 23 : Bruges. — Avec ce mot recommence le texte
du ms. A 1 ; cf. plus haut p. 223, 1. 13.
P. 249, 1. 24 : et. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutait : leur
sceurent bon gré.
P. 249, 1. 25 : il leur. — Leçon des mss. B 12, 20. — Mss.
A 7, B 5, 7 : et leur. — leur manque aux mss. A 1, B 1, 2.
[138^1 VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 294. 385
P. 249, 1. 27 : routier. — Le ms. A 2 ajoute : bomules et
termulons et tacriers.
P. 249, 1. 27 : rafresqui. — Les mss. B i, 2 ajoutent : à
Bmges. — Le ms. B 12 ajoute : en Bruges.
P. 250, 1. 1 : Adont... Lille. -—^5. B 12 : Et ilz s'en vindrent
devant Lille.
P. 250, 1. 1 : s'armèrent. — Ms, B 1 : se arrivèrent.
P. 250, 1. 21 : convenroit. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2. —
Mss. A 1, B 5, 7 : convenoit. — Ms. B 12 : fauldroit encores.
§ STSO. p. 250, 1. 28 : Si. — Leçon des mss. B 5, 7. — Mss.
A 1, B 1, 2 : Se. — M5. A 7 : Ce. — Ms. B 12 : Où.
P. 250, 1. 28 : recordé. -- Ms. B 2 : relaté. — Ms. B 12 :
raconté.
P. 251, 1. 1 : d'argent. — Ms. A 2 : de fin argent bien dorez.
P. 251, 1. 3 : aportée. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7. —
Mss. A 1, 7 : aporté.
P. 251, 1. 4 : ris. — Ms. B 1 : espas. — Ms. B 2 : risées. —
Mss. B 12, 20 : mocqueries.
P. 251, 1. 4 : ce. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7. — Mss.
A 1, B 1 : se. — Ms. B 12 : tout ce.
P. 251, 1. 12 : remonstrer. — Mss. B 2, 12 : remonstre roit.
P. 251, 1. 13 et plus loin : Hesdin. — Leçon des mss. A 7,
B 1, 2, 5, 7, 12. — Ms. Xi : Hedin.
P. 251, 1. 17 : morte. — Ms. B 12 : allé de vie à trespas.
P. 251, 1. 21-22 : de vos mescances. — Leçon du ms. Bl.
— Ms. A 1 : mescances. — Ms. A 2 : et restauré. — Ms. B 2 :
de vos meshaings. — Ms. B 12 : de voz mesadventures. —
Manquent aux mss. A 7, B 5, 7.
P. 251, 1. 27 : sainte. — Mss. A 2, 7, B 5, 7, 12 : toute.
P. 251, 1. 32 : ostagiers. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss.
A 1, 7, B5, 7, 20 : estragniers. — Ms. A 2 : comme ostagiers.
— Ms. B 12 : prisonniers.
P. 252, 1. 3 : à. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Manque au ms. A 1.
§ 291. P. 252, 1. 12 : oubli. ^ Ms. B 12 : non chaloir.
P. 252, 1. 16 : Viane. — Ms. B 12 : Brenne.
P. 252, 1. 25 : oncles. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : ce que il
en sçavoit.
x-25
386 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
P. 252, 1. 28 : paine. — Les nus. A 7, B 5, 7 ajoutera : d'estre
maistres et.
P. 252, 1. 31 : dou. — Le ms. A 2 ajoute : roy et de son.
P. 253, 1. 2 : et. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. — Manque
au ms, A.i. — je et vous manquent aux mss, B 1, 2.
P. 253, 1. 4 : esmouvoir. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : en.
— Le ms. B 12 ajoute : contre.
P. 253, 1. 20 à p. 255, 1. 2 : personnellement... présent voos.
— Manquent aux mss. B 12, 20, par suite cTun bourdon de
copiste.
P. 253, 1. 21 : Flandres. — Le ms. A 2 ajoute : qui vous doit
appartenir à cause de belle seur, vostre femme.
P. 253, 1. 22 : verrons. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7. —
Ms. A 1 : venrons.
P. 253, 1. 30 : conseil. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : Dites le
n*oy> j® yoM^ pry.
P. 254, 1. 13 : raquerir. — Mss. A 7, B 5, 7 : reconquérir.
P. 254, 1. 18 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Ms. A 1 : Se.
P. 255, 1. 3 : parlés. — Ms. B 12 : parlerons.
P. 255, 1. 4 : dirons. — Mss. B 1, 2 : diront.
P. 255, 1. 5 : volenté. — Le ms. B 12 ajoute : Si en parlèrent
au roy eulz deux et lui dirent touttes ces paroles, lequel res-
pondit.
P. 255, 1. 6 : dematin. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : demain.
P. 255, 1. 21-22 : acomplir son plaisir. — Leçon du ms.
FI. — Manquent aux mss. A 1, 2, 7, 9, B 1, 2, 5, 7, 12,
15, 16.
P. 255, 1. 23 : que. — Ms. B 2 : fault il. — Le ms. A2
ajoute : valent.
P. 255, 1. 23 : tant... on. — Ms. B 12 : vous faittes de longs
parlemens et traittiez qui riens ne vallent.
P. 255, 1. 23 : tenoit on. — Manquent aux mss. A2, 7, B 1,
2, 5, 7.
P. 255, 1. 30 : gengloit. — Ms. B 12 : esbatoit.
P. 256, 1. 1 : recorder. — Mss. A 7, B 5, 7 : compter.
§ 292. P. 256, 1. 12 : pèlerin. — Le ms. A2 ajoute : moult
bien afTaitié.
[1382] VARIANTES DU LIVRE DEUXliME, § 293. 387
P. 257, 1. 13 : ample. — Le ms. A 2 ajoute : bosquet et puis
trouTèrent une belle.
P. 257, 1. 23 : douse rains et à elles. — Leçon des mss. B 1,
2. — Ms. A 2 : moult doucement ailles. — Mss. B 5, 7 : douze
elles. — Mss. B 12, 20 : douse branches. — rains manque
aux mss. A 1, 7.
P. 257, 1. 26 : cerf. — Manque aux mss. A 7, B5, 7.
P. 258, 1. 2 : abatoit. — Les mss. B12, 20 ajoutent : et versoit.
P. 258, 1. 9 : longues. — Mss. B 5, 7 : ongles.
P. 258, 1. 14 : cers. — Mss. B 1, 2 : rois.
P. 258, 1. 28 : prochain. — Les mss. B 1, 2, 5, 12 ajoutent : de.
P. 258, 1. 30 : premiers. — Mss. A 7, B 2, 5, 7, 12 : pre-
mières.
P. 259, 1. 4 : d'Audenarde. — Lç ms. B 12 ajoute : et com-
ment ilz s'i maintindrent.
§ 293. P. 259, 1. 8 : desconfire... Bruges. ~ Mss. A7, B5,
7 : desconfiture sus le conte faytte.
P. 259, 1. 18 : portoient. — Mss. B 5, 7, 12 : portèrent.
P. 259, 1. 19 : de belles. — Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20.
— Manquent au ms. A 1.
P. 259, 1. 19-20 : de belles... escarmuchier. — Mss. A 7,
B 5, 7 : des escarmuches.
P. 259, 1. 24 : Lieureghien. — Ms. A 1 : Luueghien;
cf. p. 245, 1. 30-31.
P. 259, 1. 26 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : se. — Ms. B 2 : et.
P. 259, 1. 26 : pooit on. — Leçon des mss. B 1, 2. — Ms. A 1 :
pooit. — Mss. A 7, B 5, 7, 12 : pooyent.
P. 259, 1. 29 : fagos. — Mss. B 5, 7 : feurre.
P. 260, 1. 1 : lontains et prochains. — Ms. B 1 : lonc temps.
— Ms. B 2 : par lonc temps. ^
P. 260, 1. 2 : fagoter. — Le ms. B 20 aj'oute : et à loyer.
P. 260, 1. 3 : moies. — Ms. A 2 : grans monceaulx.
P. 260, 1. 7-8 : et de ce trait. — Mss. A 7, B 5, 7 : et pour
tant. — Mss. B 1, 2 : et de ce fait. — Manquent au ms. B 12.
P. 260, 1. 10 : n*avoient. — Les mss. A 1, 7 aj'outent : ne.
P. 260, 1. 11 : nul. — Leçon des mss. B 1, 2. — Mss. A 1,
7 : nulle. — Mss. B 5, 7 : nulz. — Manque au ms. B 12.
388 CHRONIQUES DB J. FROISSART. [1382]
P. 260, 1. 23 : pour. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : la con-
voitise de.
P. 261, 1. 1 : gages. — Mss. A 7, B 5, 7 : garnison.
P. 261, 1. 2-3 : desquels... bien. — Mss. A7, B5, 7 : les-
quels archîers estoîent.
§ 294. P. 261, 1. 7 : paYs. — Mbs. B 1, 2 : conté.
P. 261, 1. 13 : à. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Manque au ms. A 1.
P. 261, 1. 23 : et. — Ms. B 20 : et ainsi fiit fait, car.
P. 261, 1. 23-24 : et... prison. — Mss. A7, B7 : aussy fut
il. — Ms, B 5 : ainsi fist il.
P. 261, 1. 24 : lors... prison. — Mss. B 1, 2 : le fu.
P. 262, 1. 1 : fortefiier... Engletière. — Mss. A7, B5, 7 :
aller aux Angloys.
P. 262, 1. 1 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : se.
P. 262, 1. 1 : poront. — Mss. A 7, B 1, 12 : porroit. —
Mss. B2, 5, 7 : pourra.
P. 262, 1. 6 : certes nenil. — Afs. B 12 : à la vérité dire, il
fault bien croire que non. — Ms. B 20 : à la vérité il fault dire
que non fera.
P. 262, 1. 16 et 17 : il. — Ms. Ai: Uz.
P. 262, 1. 22 : estant. — Mss. B 1, 2 : séant.
P. 263, 1. 9 : Si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : Se.
P. 263, 1. 13 : si. -^ Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : se.
P. 263, 1. 14 : Flandres. — Le ms. B 12 ajoute : nostre
adversaire.
§ 296. P. 263, 1. 21 : d*Arteyelle. — Les mss. B 12, 20
ajoutent : après celle conclusion.
P. 263, 1. 25 : Il sambla. ^ Mss. B 1, 2 : se il semble.
P. 263, 1. 29 : Vorde. — Afo. A 7 : Verde. — Mss. B 5, 7 :
Verdelle. — Mss. B 12, 20 : Borde.
P. 263, 1. 29-31 : sire... clers. — Manquent au ms. A 2.
P. 263, 1. 30 : Vandreware. — Afs. B 7 : Voutre Waulre. —
Ms. B 7 : Voutre Waere. — Ms. B 12 : Wondenare.
[1382] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 2%. 389
P. 263, I. 30 : Brouère. — Ms. B 12 : Brauwère.
P. 264y 1. 4 : qui. — Le ms. A 2 ajoute : frais aroit et.
P. 264^ 1. 5-11 : mais en ce... linage. — Manquent aux
nus. A 7, 9, B 5, 7.
P. 264, 1. 6-8 : Or estoit... avoecques. — Ms, B 12 : Or
estoit retenu pour clerc de la ville de Gand et s*en alla cel-
lui avecq.
P. 264, 1. 7-8 : qui... et cil. — Mss. B 15, 16 : et cellui.
P. 264, 1. 8 : Baude Quintin. — Leçon élu ms, B2. — Blanc
dans les mss. A 1, B 1, 20. — Ms. A 2 : Hewart de Sueskes.
P. 264, 1. 11 : douse. —Mss. B 1, 2, 20 : .xvui.
P. 264, 1. 18 : d*Ewrues. — Mss. A 7, B 5, 7 : de Wernes.
— Ms. A 2 : de Broes.
P. 264, 1. 20 : pasagières. — Leçon des mss. A 7, B 2. —
Ms. A 1 : pasagière. — Mss. B 1, 5, 7 : passagiers.
P. 264, 1. 21-22 : Quant... volenté. — Mss. A7, B5, 7 : Sy
montèrent sur mer.
P. 264, 1. 22 : vent à. — Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20. —
Manquent au ms. Al.
P. 265, 1. 4 : faire ent. — Ms. A 1 : fairent.
P. 265, 1. 12 et 13 : Thumas. — Ms. B 12 : Jehan.
P. 265, 1. 17 : Frans. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7, 12 :
François. *
P. 265, 1. 20 : Bichart et. — Le ms. A 2 ajoute : son père.
P. 265, 1. 22 : estoit bien mérites. — Ms. B5 : avoit bien
mérité. — Ms. B 12 : estoit bien digne.
§ 296. P. 265, 1. 30 : ensieuant. — Le ms. A 2 aj'oute : qui
est jeunes et a bon commencement de valoir un homme d'armes.
P. 266, 1. 8 : messires... senescaulx. — Mss. A 7, B 5, 7 : le
senescal.
P. 266, 1. 10 : posession. — Mss. A 7, B 5, 7 : saysine.
P. 266, 1. 17 : en p. — Ms. A 2 : en saisine et p.
P. 266, 1. 23 : Perducet... Perducet. — Leçon des mss. B 1,
2. — Mss. Al, 2, 7, B20 : Berduc... Berducet. — Mss. B5,
7 : Perduch... Perduch.
P. 266, 1. 28 : ne te... efforcent. — Ms. B 12 : ne te la font
ou font faire.
P. 267, 1. 1 : et. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : meneur.
390 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
§ 297. P. 267, 1. 3 : cil Gantois. — Mes. B 12, 20 : iceulx
ambassadeurs flamens.
P. 2Ô7> 1. 16 : signeur. — Les mss, B 1, 2 ajoutent : et
mi amy.
P. 267, 1. 21 : les. — Leçon des mss. F 1, A 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms. A 1 : le. — Ms. B 12 : icelles.
P. 268, I. 2 : escus. — Le ms, A 2 ajoute : d*or.
P. 268, 1. 8 : dit. — Mss. A 7, B 5, 7 : ditte.
P. 268, 1. 17 : responderons. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : res-
pondera.
P. 268, 1. 18 : devera... souffire. — Mss. A 7, B5, 7 : en
devrez tenir pour con temps.
P. 268, 1. 22 :/oX ces Flamens et. — Mss. A 7, B 5, 7 : veuz
ces Flamens et ouyes.
P. 268, 1. 24 : si. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 7. — Mss.
A 1, B 1 : se.
P. 268, 1. 26 : si aiderons. — Ms. B 12 : aidons.
P. 268, 1. 31 : du. — Leçon des mss. B 1, 2, 12. — Manque
au ms. A 1.
P. 269, 1. 3 : escus. — Ms. B 20 : vieulz escus. — Le ms. A 2
ajoute : et. — Les mss. A 7, B 5, 7 ajoutent : de.
P. 269, 1. 5 : sus Flandres. — Ms. B 20 : guerroier les Fla-
mens. '
P. 269, 1. 14-15 : sicom... Tistore. — Ms. B 12 : comme cy
après sera tout au long declairé.
§ 298. P. 269, 1. 26 : Phelippe d'Artevelle. — Mss. B 1, 2 :
que P. d'A. avoit envoie.
P. 269, 1. 27 : prison. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : à
Senlis.
P. 269, 1. 29 : li os. — Ms. B 20 : le siège des Flamens.
P. '270, 1. 14-15 : en... tenoient. — Ms. A 2 : ceulx qu'il
tenoient à Tournay en hostaige.
P. 270, 1. 16 : Pietart. — Leçon des mss. FI, B 1, 2;
cf. p. 273, 1. 18. — Mss. A 1, 2, 7, B 5, 7 : Picart. — Ms. B 12 :
Pietaert.
P. 270, 1. 22 : envoie. — Leçon des mss. A 7, B2, 5, 7. —
Ms. A 1 : envoiez. — Ms. B 1 : envoler.
P. 270, 1. 28 : bonnes gens. — Mss. B 1, 2 : bourgois.
[1382] VARUNTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 301. 391
P. 271, 1. 5 : que. — Le ms. B20 ajoute : tout incontinent.
P. 271, 1. il : venroient. — Mss, B 5, 7 : venront.
P. 271, 1. 17 : demorroient. — Leçon des mss. A 7, B12,
20. — Afs. A 1 : demoroient. — Mss. B 5, 7 : demorront.
P. 271, 1. 21 : i vont. — Mss, B 1, 2 : vont en France ne en
Toumesis.
P. 271, 1. 21 : les. — Leçon des mss. F 1, B 1, 2, 12, 20. —
Ms. A 1 : leur.
P. 272, 1. 1 : Courtrai. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 12, 20.
— Mss. Al, B 5, 7 : Tournay.
P. 272, 1. 4 : avoir. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Manque aux mss. Al, B 1, 2.
P. 272, 1. 8 : toute. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : la conté de.
— Le ms. B 12 ajoute : le pays de.
§ 290. P. 272, 1. 14 : quariaux. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Mss. A 1, 7, B 5, 7 : canons. — Ms. A 2 : cailloux. — Ms. B 12 :
pières.
P. 272, 1. 14 : noise. — Ms. B 12 : bondissement. — Le
m5. B 20 ajoute : et tel bombissement.
P. 272, 1. 15 : sis. — Ms. A2 : .vu.
P. 273, 1. 2-3 : uns... veus. — Ms. B2 : ne s'en feust pas
volé ung oisel d*Audenarde que on ne Teust apperceu.
P. 273, 1. 2 : volast. — Leçon des mss. A 7, B 1, 5, 7, 12. —
Ms. A 1 : volost.
P. 273, 1. 3 : bien. — Ms. B 20 : serréement.
§ 300. P. 273, 1. 11 : Milles. — Ms. B20 : Gilles.
P. 273, 1. 13 : Honcourt. — Ms. B 12 : Haulcourt.
P. 273, 1. 18 : Pietars. — Ms. A2 : le Picart. — Mss. A 7,
B 5, 7 : Picart.
P. 273, 1. 23 : commissaire. — Ms. A 1 : commissaires ;
cf. p. 274, 1. 1.
P. 273, 1. 24 : beubant. — Ms. B 20 : presumption.
P. 274, 1. 3-4 : Si... enssi. — Ms. B 12 : Et estoient en telle
manière.
§ 301. P. 274, 1. 5 : A. ~ Manque aux mss. A 7, B 1, 5, 7, 12.
392 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
P. 274, 1. 8 : li rois nostres sires. — Mb, B 12 : le rojaome
de France.
P. 274, 1. 9 : espèce. — Ms, A 2 : espérance.
P. 274, 1. 12 : renommée. — Ms, A 1 : renommé. — Mss.
A 7, B 5, 7 : commune renommée.
P. 274, 1. 20 : response de vostre. — Mss, B 1, 2 : rostre res-
ponse et.
§ 302. P. 274, 1. 24 : cose. — Ms. B 12 : matière.
P. 275, 1. 16 : estoient. — Les mss. B 12, 20 ajoutent : com-
mis de par Phelippe d'Artevelle et Piètre du Bois.
P. 275, 1. 20 : busia. — Jifs. A 2 : visa. — Mss. A 7, B 5, 7 :
musa. — Ms. B 2 : songa. — Ms. B 12 : pensa.
P. 275, I. 21 : besongnes. — Mss. A 7, B 5, 7 : lettres.
P. 275, 1. 24 : discrés. — Mss. B 1, 2 : poissans. — Ms. B 12 :
dignes.
P. 275, 1. 25 : France. — Le ms. B 12 ajoute : dont la teneur
s'ensieut.
§ 303. P. 276, 1. 2 : conseil. — Leçon des mss. B 5, 7. —
Mss. A 1, 7, B 1, 20 : plaisir. — Ms. B 2 : pays.
P. 276, 1. 3 : plaisance. — Ms. B 12 : voulenté.
P. 276, 1. 9-11 : fu... quant. — Ms. B 12 : fist paix au conte
qu'on dit d'Audenarde, le conte tint de nulle valeur.
P. 276, 1. 19-22 : mais il... nous. — Voy. p. lxxv, note 4.
P. 276, 1. 20 : avons. — Le ms. A 2 ajoute : nulle.
P. 276, 1. 21 : au. — Ms. A 2 : à nul.
P. 276, 1. 25 : fremées. — -Ms. A 1 : fremée.
P. 277, 1. 4 : après. — Ms. A 2 : tout prests et. — Ms. B 12 :
aprins et.
P. 277, 1. 5 : ses. — Mss. A 7, B 1, 2, 5, 7 : noz.
P. 277, 1. 15 : enssi. — Manque aux mss. B 1, 2, 5, 7. —
Ms. B 12 : suppliant.
P. 277, 1. 19 : et fait. — Leçon du ms. FI. — Manquent aux
mss. A 1, 7. — Mss. B 1, 2 : et.
P. 277, 1. 19 : et fait à blasmer. — Manquent aux mss. B5,
7, 12.
[138^ VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 306. 393
P. 277, 1. 24-25 : à qui... avons. — Ms, B 12 : car la matière
nous touchoit.
P. 277, 1. 32 à p. 278, 1. 1 : et à Ippre. — Leçon des
nus. B 1, 2, 5, 12. — Manquent aux mss. A 1, 7, B 7.
P. 278, 1. 12 : deus. — Le nu. B 12 ajoute : et ainsi soubz
escript.
§ 804. P. 278, 1. 15 : si. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2. —
Ms. A 1 : se. — Mss. B 5, 7 : il. — Ms. B 12 : bien.
P. 278, 1. 17 : à. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7, 12. —
Manque aux mss. Al, B 1, 2.
P. 278, 1. 18-19 : apartenans. — Ms. A 1 : apatenans.
P. 278, 1. 26 : Gerart. — Afs. A 1 : Grart. — Ms. B 12 :
Jehan.
P. 279, 1. 1 : es chi. — Ms. B 12 : en es issy.
P. 279, 1. 7 : morir. — Ms. B 12 : estre venu à sa fin.
P. 279, 1. 11 : convoiier. — Ms. A 2 : conduire et mener.
P. 279, 1. 23 : aporté. — Ms. B 12 : promis apporter.
P. 280, 1. 2-3 : il se... Bruges. — Ms. B 12 : et ce quant les
Brugelins et le conte furent desconfiz.
P. 280, 1. 3-4 : Quel... faire. — Ms. B20 : Lorsque le conte
et les Bruguelins furent desconfis : « Que vous semble il que
sur ce nous avons à faire, » ce dirent ilz.
P. 280, 1. 10-11 : Chils... Tournai. — Mss. A7, B5, 7 : On.
P. 280, 1. 11 : les prevos. — Ms. B 12 : le conseil.
P. 280, 1. 11-12 : et jurés. — Leçon des mss. F 1, B 12, 20.
— Manquent aux mss. A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7.
P. 280, 1. 17 : demorroit. — Leçon des mss. B 1, 2, 5, 7, 12.
— Mss. A 1, 7 : demoroient.
§ 805. P. 280, 1. 24 : Audenarde. — Ms. B 20 : la bonne
d'A.
P. 280, 1. 25 : ce. — Mss. B 1, 2 : ce que.
P. 280, 1. 25 : poindanment. — Ms. B 12 : irreveranment.
P. 280, 1. 28 : parellement ou plus doucement. — Mss. A 7,
B 5, 7 : amyablement ou plus encore assez.
P. 281, 1. 1 : poroit. — Ms. B 12 : portoit.
§ 806. P. 281, 1. 10 : pour. — Les mss. B 1, 2, 12 ajoutent : les.
394 CHRONIQUES DE J. FROISSART. [1382]
P. 281, 1. 10-11 : pour... prison. — Ms. FI : pour mettre
hors.
P. 281, 1. 12 : perseverra. — Leçon des mss. A 7, B 2, 5, 12.
— Mss. A 1, B 1, 7 : persévéra.
P. 281, 1. 13 : commun paix. — Ms. A 2 : bon commun.
P. 281, 1. 26-27 : tant... et. — Ms, B 12 : de vray tant.
P. 282, 1. 18 : troisime. — Mss. B 12, 20 : quatrime.
§ 307. P. 282, 1. 21 : chief. — Af^. A2 : bout.
P. 282, 1. 26 : Gand. — Leçon clés mss. B 1, 2. — Manque
au ms. A 1.
P. 282, 1. 26 : de Gand. — Manquent aux mss. A 7, B 5, 7.
— Mss. B 12, 20 : dessus TEscaut.
P. 282, 1. 30 : provos et jurés. — Mss. A7, B5, 7 : cealx.
P. 283, 1. 2 : calandisse. — Ms. B 12 : marchandise.
P. 283, 1. 12 : parolles. — Ms. A 1 : parolle.
P. 283, 1. 15 : demorront. — Ms. A 1 : demoront.
P. 283, I. 16-17 : que par... perseverroient. — Mss. B 1, 2 :
de par Dieu.
P. 283, 1. 17 : perseverroient. — Ms. A 1 : perseveroient.
§ 308. P. 283, 1. 23 : venus. — Les mss. B 12, 20 ajoutent :
à Peronne en Vermendoîs.
P. 283, 1. 27-28 : Si... d'Artois. — Mss. A 7, B 5, 7 : depuis
la mort de.
P. 284, 1. 4 : Flandres. — Ms. B 20 : France.
P. 284, 1. 4 à p. 287, 1. 9 : ne à... dou siège. — FèuOlet
déplacé dans le ms. B 20.
P. 284, 1. 6 : che fu raisons. — Ms. B 12 : comme il fait bien
à croire.
P. 284, 1. 13 : lettres scellées. — Leçon du ms. FI. —
Mss. A 1, 2 : seeléez. — Mss. B 1, 2, 12 : seelés.
P. 284, 1. 14 : trop fourfait. — Ms. A 2 : ont trop avant erré
et fait.
P. 284, 1. 27 : se contempta moult. — Afs. B 12 : fut assez
content.
P. 285, 1. 3 : venist. — Ms$. B 12, 20 : chevauchast.
P. 285, 1. 10 : Bretaigne. — Le ms. A 2 ajoute : d'Anjou et
du Maine.
[1382] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME, § 310. 395
P. 285, 1. 13 : et chaingles. — Mes. A 2^ 7, B 5, 7 : et angles.
— Manquent au ms, B 12.
P. 285, 1. 13-14 : dou roiaume. — Leçon des msê. B 1, 2,
12, 20. — Ms. A 1 : dou roi. — Manquent aux mss, A 7, B 5, 7.
P. 285, 1. 15 : Artois. — Msa. A 7, B 5, 7 : Arras et Artois.
P. 285, 1. 15 : li amas. — Mss. A 7, B 5, 7 : l'assemblée.
§ 809. P. 285, 1. 18-19 : Hesdin. — Ms.Xi: Hedin.
P. 285, 1. 27 : aplouvoient. — Ms. B 5 : habondoyent.
p. 286, 1. 11 : n'aront. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7,
12. — Ms. A 1 : n'aroit.
P. 286, 1. 11 : cure ne. — Manquent au ms. A 2.
P. 286, 1. 11 : ne relever. — Manquent aux mss. A 2, 7, B 1,
2, 5, 7, 12.
P. 286, 1. 13 : aquerrés. — Ms. A 1 : aquerés.
P. 286, 1. 15 : moult. — Ms. B 12 : et la presumption est
trop oultrageuse et trop.
§ 310. P. 286, 1. 17 : au siège. — Leçon des mss. A 7, B 5,
7, 12. — Manquent aux mss. Al, B 1, 2.
P. 286, 1. 22 : II. — M». A 2 : Certes ce roy.
P. 287, 1. 1 : demorrés. — Ms. A 1 : demorés.
P. 287, 1. 3-5 : rafresquirai... encoragier. — Mss. A 7, B5,
7 : encourageray.
P. 287, 1. 9 : siège et. — Le ms. B 20 ajoute : monta à che-
val et.
P. 287, 1. 12 : portoit. — Le ms. B 12 ajoute : le champ.
P. 287, 1. 12 : trois. — Ms. A2 : .nu.
P. 287, 1. 19 : pas à. — Ms. A 2 : pont de.
P. 287, 1. 21 : pont. — Ms. A 1 : point.
P. 287, 1. 24 : Menreville. — Ms. B 12 : Merville.
P. 287, 1. 24 : Courtrai. — Afs. A2 : Toumay.
P. 287, 1. 28 : par une unité. — Ms. A 2 : par grant amour
et unité. — Mss. B 1, 2 : par bonne unité. — Ms. B 7 : par
unité. — Ms. B 12 : par une vraye unité.
P. 288, 1. 1 : vont. — Ms. B 20 : prendent ung long tour en
chevauchant.
P. 288, 1. 4 : crolières. — Ms. B 12 : mollières.
P. 288, 1. 4 : poroient. — Mss. B 1, 2, 12 : porront.
396 CHRONIQUES DE J. FR0I8SART. [f382]
P. 288, 1. 5-6 : il fait fresc. — Mss. B 12, 20 : le temps est
pluvieux.
P. 288, 1. 15 : porte. — Ms. Bi : portent. — Mê. B 12 :
puisse porter.
P. 288, 1. 15-16 : porte point de contraire. — Ms. B2 :
facent point de dommage.
§ 811. P. 289, 1. 1 : deux. — Mss. B 12, 20 : trois.
P. 289, 1. 3 : et Testourmirent. — Ms. B 12 : et les espoen-
tèrent. — Ms. B 20 : tant qu'ilz la effarouchèrent.
P. 289, 1. 8 : à herlle. — Ms. XI i k harle. — Ms.Bi2:k
voilée, -r- Manquent aux mss. B 5, 7.
P. 289, 1. 8-10 : li... Menin. — Ms. B 12 : la noise et la tem-
peste venoit de la ville de Menin.
P. 289, 1. 9 : s'asamblèrent. — Leçon des mss. B 1, 2. —
Ms. A 1 : samblèrent.
P. 289, 1. 22 : ces palssans. — Mss. A 2, B 20 : Flamens.
P. 289, 1. 30 : et... huer. — Ms. B20 : puis se prindrent k
jetter ung cri.
P. 289, 1. 32 : par malisse. ^ Mss. B 12, 20 : par [B 20 : à]
cautelle.
P. 290, 1. 3 : Halses. — Ms. Ai : Halse.
P. 290, 1. 5 : fièrent. — - Ms. B 12 : ferirent.
P. 290, 1. 11 : enrasquiés. — Ms. A 2 : entrappez. — Mss.
A 7, B 5, 7 : trébuchiez. — Manque au ms. B 12.
P. 290, 1. 12 : maistres. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : ossi.
P. 290, 1. 17 : rescoure. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7.
— Ms. A 1 : rescours.
P. 290, 1. 18 : encauchoient. — Ms. A 2 : couroient de leurs
piques.
P. 290, 1. 20 : et. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 7. —
Manque au ms. A 1.
P. 290, 1. 26 : rencontre. — Mss. B 1, 2, 12 : retour.
P. 290, 1. 27 : Bouchars. — Leçon des mss. B 2, 12. — Mss.
F 1, A 1, B 1, 20 : Boulehars. ^ Mss. A 7, B 5, 7 : de Bou-
lehars et.
P. 290, 1. 29-30 : cil tout ewireux. — Ms. B 12 : estoient
moult eureux ceulx.
P. 291, 1. 3 : furent. •* Le ms. B 20 ajoute : des mors.
/
[13^] VARIANTES DU LIVRE DEUXIÈME,! 312. 397
P. 291, 1. 5 : folle emprisse. — Mss. A 7, B 5, 7 : follie.
P. 291, 1. 6 : ville. — Mb. B 12 : lieue.
P. 291, 1. 8 : garder. — Leçon des mss. A 7, B 1, 2, 5, 1, 12.
— Ms, A 1 : gardet.
P. 291, 1. 11 : outrequidiet... chevauchiet. — Ms. A 2 : outre-
quidier leur est monté es testes de ainsi.
§ 812. P. 291, 1. 13 : Cheste cose. — Ms. B 12 : Gestui
meschief.
P. 291, 1. 16 : vint. — Les mss. B 1, 2 ajoutent : au pas.
P. 291, 1. 19 : estre. — Mss. B 1, 2, 12, 20 : oster.
P. 291, 1. 19 : deffait. — Leçon des mss. A 7, B 5, 7. —
Manque aux mss. Al, 2, B 1, 2, 12, 20.
P. 291, 1. 29 : perdu. — Ms. B 20 : eu contre eulx.
P. 291, 1. 30 : atrappés. — Le ms. A 2 ajoute : mais toutes-
voies par grant appertise il s*estoit sauvé.
P. 292, 1. 10 : eux destruire. — Ms. B 12 : les confondre.
P. 292, 1. 13 : dou Lis. — Leçon des mss. A 7, B5, 7, 12.
— Manquent aux mss. A 1, 2, B 1, 2, 20.
P. 292, 1. 17 : sus. — Ms. Xi : sous. — Mss. A 2, B 20 :
soubz. — Mss. A 7, B 5, 7 : dessus. — Ms. B 12 : sur. — sus
la rivière manquent aux mss. B 1, 2.
P. 292, 1. 24 : heriier. — Ms. B 12 : travillier.
P. 292, 1. 26 : demorra. — Ms. A 1 : demora.
P. 292, 1. 31 : lièvent. — Leçon des mss. B 1, 2, 12, 20. —
Ms. A 1 : liement. — Mss. A 7, B 5, 7 : liéement lièvent.
P. 292, 1. 32 : segnefiant. — Ms. A 2 : signifiance de grant.
P. 293, 1. 2 : demorroient. — Ms. A 1 : demoroient.
P. 293, 1.'4 : preechiet. — Ms. A 1 : prechiet.
P. 293, 1. 7 : tenoit. ^ Le ms. B 12 ajoute : comme bien
oy avez.
FIN DES VARIANTES DU TOME DIXIEME.
TABLE.
CHAPITRE XI.
1380, septembre. Entrée en Bretagne de l'armée du comte de Buckin-
gham. — 4 novembre. Couronnement du roi Charles VI à Reims. —
Du commencement de novembre au 1 janvier 1381. Siège de Nantes
par les Anglais. — Hivernage des Anglais en Bretagne. — 15 janvier
et 4 avril. Traité de paix entre le roi de France et le duc de Bretagne.
— 11 avril. Les Anglais évacuent la Bretagne ; Buckingham rentre en
Angleterre. — Sommaire^ p. i à xm. — Texte^ p. 1 à 51. — Variantes,
p. 297 à 313.
CHAPITRE XII.
1380, Juin. Conclusion de la paix entre le comte de Flandre et les Gan-
tois. — 8 août. Reprise des hostilités. — 27 août. Dé&ite des Gantois.
— Septembre. Le comte fait le siège de Gand. — 5 novembre. Victoire
des Gantois à Longpont. — 10 novembre. Paix Martinienne. — 1381,
février. Nouveaux différends. — 13 mai. Défaite des Gantois à Nevele;
leur désunion. — Sommaire^ p. xm à xx. — Texte, p. 51 à 86. —
Variantes, p. 313 à 325.
CHAPITRE xm.
1381, 14 mai. Traité d'alliance entre le Portugal et l'Angleterre. — Hos-
tilités entre le Portugal et la Castille. — iOjuin. Insurrection en Angle-
terre; les bandes insurgées marchent sur Londres. — \3juin. Pillage,
meurtres et incendies dans la ville. — 15 juin. Mort de Wat Tyler. —
18 juin. Nouvelle trêve conclue avec l'Ecosse par le duc de Lancastre.
— Répression de l'insurrection dans les comtés. — Août. Arrivée du
comte de Cambridge et de son armée à Lisbonne. — Sommaire, p. xx
à XL. — Texte, p. 8G à 139. — Variantes, p. 326 à 345.
CHAPITRE XIV.
\3S\, juillet. Le comte de Flandre assiège de nouveau Gand. — Mort de
Gauthier d'Enghien. — Octobre. Conférences d'Haerlebeke. — 1382,
janvier. Meurtres de Simon Bette et de Gilbert de Grutere; puissance
de Philippe d'Artevelde. — Sommaire, p. xl à xliii. — Texte, p. 139
à 152. — Variantes, p. 345 à 350.
400 TABLE.
CHAPITRE XV.
1382, 24 février. Révolte à Rouen. — 1*' mort. Émeute des MàiUotiuft.
— 14 janvier. Mariage du roi Richard II et d'Anne de Bohème. —
22 février. Le duc d'Anjou arrive à Avignon. — 13 juin, 0 part pour
l'Italie. — 14 octobre. Il pénètre aur le territoire napolitain. — Mai-
fttin. Chevauchée des Anglais en Estramadure. — Aoûi. Commence-
ment des pourparlers de paix entre le Portugal et la Gastille. — OeUtbrt,
Départ du comte de Cambridge. — Sommaire^ p. XLin à Lvm. — TesU,
p. 152 à 201. — Yarlanies, p. 350 à 368.
CHAPITRE XVI.
1382, avril. Conférence de Tournai ; propositions înacceptaMes du comte
de Flandre. — 3 mai. Bataille de Beverhoutsveld ; victoire des Gantois;
prise de Bruges; fuite du comte. — Commeneemeni de juin. Siège
d'Audenarde par Philippe d'Artevelde. — Août Assemblée à Compiègne
des nobles et des prélats. — SepUmbré-odobre. Philippe négocie avec
l'Angleterre. — 3 nooembre. Le roi de France arrive à Arras pour prê-
ter secours au comte de Flandre et s'apprête à entrer en Flandre avec
son armée. — Sommaire, p. lix à Lxxvni. — Texte, p. 201 A 293. —
Variantety p. 368 à 397.
PIV DE LA TABLB DU TOMB DIXiillB.
ERRATA.
Quelques corrections ont été insérées dans les cariantes.
P. 27, 1. 26, mettes une virgule après dirai.
P. 34, 1. 5, au lieu de : don, — Usez : doo.
P. 137, 1. 2, au lieu de : au doi, — corrigez : andoi.
P. 183, 1. 20, au lieu de : là où, — rétablissez : leur.
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGENT-LE-ROTROU.
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JUN 2 1 1967^