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STATISTIQUE
DE L'ANCIEN
DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
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STATISTIQUE
DES PROVINCES
DE
SAVONE, D'ONEILLE, D'ACQUI,
ET DE
PARTIE DE LA PROVINCE DE MONDOVI
FORMANT
L'ANCIEN DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
PAR LE COMTE DE CHABROL DE VOLVIC,
CONSEILLER d'ÉTAT, PRÉFET DE LA SEINE.
TOME PREMIER.
PARIS,
IMPRIMERIE DE JULES DIDOT AÎNÉ, IMPRIMEUR DU ROI,
RUE pu PONT-DE-LODI, IfO 6.
1824
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AVANT-PROPOS.
Les recherches auxquelles se livre la statistique sont dans Fintérêt des
gouvernements et des peuples. En recueillant des renseignements qu'elle
étudie, quelle classe avec méthode, l'administration apprend à mieux
connoitre ses ressources, ses moyens, ses revenus. Elle sait quelle in-
fluence exercent les variations du climat, ou la nature du sol, sur la
population, source première de la force et de la richesse dun état;
elle voit ce que l'agriculture et le commerce attendent de l'action d'une
autorité bienfaisante-, quelles routes il faut tracer, quels canaux on
peut ouvrir, quels terrains incultes on peut rendre fertiles, et com-
ment, par de sages avances, l'état, pour ainsi dire, s'enrichit en dépensant.
Dirigée d'après ces vues, la statistique est devenue depuis quelques
années une science usuelle en Europe : les lumières des souverains la
propagent et la favorisent. Chacun d'eux aujourd'hui cherche la splen-
deur du trône dans le bien-être de ses peuples: les droits sacrés d'une
antique origine ajoutent naturellement aux sentiments d'afiPection que
les princes portent aux sujets, comme ils fortifient l'attachement qui
lie pour jamais les sujets aux princes.
Les recherches qu'on se propose offrent un nouveau degré d'intérêt
et d'utilité quand leur application se fait dans un pays que des circon-
stances locales ou des causes politiques, ont long-temps privé des amé-
liorations dont jouissoient déjà d'autres contrées. Dans cette partie de
ritalie qui avoisine à-la-fois Gênes et le Piémont, la nature, l'aspect seul
des lieux sufBsoient pour rendre les communications peu fréquentes.
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ij AVANT-PROPOS.
Sur les sommités de TApennin, qui de ce côté se rattache .aux Alpes, le
climat est presque en tout temps âpre et rigoureux. Des monts escarpés,
des torrents qui se précipitent de leurs flancs dans des vallées profondes,
des sentiers à peine frayés sur la crête des rochers, au bord des abymes,
n offroient aux voyageurs, aux commerçants, que des accès difficiles ou
dangereux. On est surpris de trouver dans une contrée sauvage , sur-
tout en descendant vers les bords de la mer, de riantes vallées où régne
l'air le plus doux; où la terre, parée de verdure, déploie sa fécondité
sous les feux dun soleil ardent; où croissent la vigne et l'olivier; où
Toranger porte en pleine terre des fleurs et des fruits; où des soins
assidus préparent enfin le sol à tous les genres de culture.
Malheureusement les améliorations sociales trouvèrent long-temps
dans les anciennes mœurs et sur-tout dans les institutions du pays, plus
d'obstacles à vaincre encore que dans la nature du sol. Les peuples de
cette contrée ont dû, comme toutes les nations de TEurope, leur pre-
mière instruction aux bienfaits de la religion chrétienne. Vers le qua-
torzième et le quinzième siècle, le latin, le grec, l'éloquence, et la poésie,
s'enseignoient dans les couvents, et les lettres auroîent prospéré, no-
tamment à Savone, si l'état politique du pays n'eût été contraire à
leurs progrès.
Des villes et des communes qui composoient le département de Mon-
tenotte en 1810, les unes, lorsqu'on remonte à des époques éloignées,
avoient été soumises à la domination des ducs de Montferrat, de Car-
retto, et d'une foule de seigneurs moins puissants; les autres, consti-
tuées en république, avoient leur gouvernement, leurs lois, leurs ma-
gistrats , et formoient autant d'états indépendants. Telles étoient Savone
et la plupart des villes assises sur les bords de la mer. Gênes, à-la-fois
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AVANT-PROPOS. iij
commerçante et guerrière, ne vit jamais sans ombrage les petits états
dont elle étoit entourée; son ambition fut toujours de les soumettre à
son pouvoir, et, soit par la force des armes, soit par Thabileté de ses
négociations, elle parvint à joindre au territoire ligurien presque toutes
les villes maritimes. Les villes situées par-delà les crêtes des montagnes
après avoir d'abord conquis ou payé leur affranchissement, tombèrent
successivement sous l'empire des ducs de Savoie, qui comménçoient à
s'agrandir. Gênes avec beaucoup de courage et d'opiniâtreté leur dis-
puta constamment les bords de la mer. De là vint la haine aveugle qui
divisa long-temps la Ligurie et le Piémont; de là vinrent peut-être aussi
tous les soins qu'apporta dans sa conduite la maison de Savoie, pour
rendre son alliance utile à ses amis, et son gouvernement cher à ses
peuples.
Placés entre deux grandes puissances qui s'observent sans cesse,
maîtres d'ouvrir aux François les portes de l'Italie, à l'Autriche la route ,
de la France, tour-à-tour attaqués ou ménagés par leurs voisins, les
princes de Savoie ont été presque tous habiles politiques et vaillants
capitaines. On voit qu'ils ont cherché dans l'affection de leurs peuples
une force que leur refusoit le peu d'étendue de leur royaume. Une sage
économie suppléoit à la modicité de leurs revenus; ils exerçoient sur
leurs sujets cette double influence que donne la valeur unie à la bonté.
Les impôts n'avoient rien d'onéreux; en tout temps ceux qui avoient
des vœux ou des réclamations à porter au princes trouvoient un
libre accès près de lui. Tant que dura mon séjour dans cette contrée,
je ne vis que des hommes encore remplis du souvenir qu'avoit laissé dans
leurs cœurs la familiarité noble des princes de la maison de Savoie.
Un département composé en partie d'hommes aussi reconnoissants,
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iv AVANT-PROPOS.
en partie de Liguriens^ peuple actif, laborieux, rempli d'intelligenGeet
d'industrie, méritoit bien qu'on, s occupât, même dans le cours d'une
administration temporaire, du soin cl'ajouter aux avantages de sa posi«-
tion* Je cherchai donc par quels moyens on pouvoit assainir un canton;
quelle digue il falloit opposer aux torrents qui dévastent des vallées
fertiles; quelle culture convenoità certains territoires; quelles<fabriques
pouvoient s'élever avec succès sur d'autres points; quelles ressources,
dans chaque^comnmne, la charité publique avoit ménagées pour l'in-
digence, et quels revenus la piété du peuple assuroit au culte dont il
reçoit tant de lumières et de consolations. Voilà, de quelle manière je
me trouvois engagé insensiblement dans ce travail auquel vinrent se
réunir successivement tous les détails que je rassemblai sur la géologie,
l'histoire naturelle, les mœurs, les coutumes, et les antiquités du pays (i).
Dans la foule des aperçus qu'un ouvrage de cette nature présente
, nécessairement sur les travaux qu'on peut entreprendre, sur 1 adminis-
tration des hôpitaux, ou sur la salubrité des prisons, sur les. routes
qu'il convient de tracer, ou les ponts, les édifices publics, dont on
attend la construction, peut^tre se trouverait-il quelques Jdées qu'on
pourra mettre à profit? Le projet d'établir un canal, qui, traversant
l'Italie d'un rivage à l'autre, uniroit l'Adriatique à la mer de Sardaigne
peut, si je ne m'abuse, o£Frir d'incalculables avantages.au commerce
ainsi qu'aux pays que le canal doit parcourir. Si quelques-unes de.oes
(i) n est inutile de remarquer qu'en publiant cette statistique, dont tousjes matériaux ont
été recueillis en 1 8 lo, on a dû se conformer à Forganisation administrative et aux divisions terri-
toriales alors en usage.' Tout autre mode de publication n'eût entraîné que désordre et confusion
dans l'ouvrage, qu'on eût privé par-là de Futilité qu'il peut avoir.
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AVANT-^PROPOS. v
vues peuvent 9 en 8e réalisaùt, deveair utiles à lancienue Ligurie, au
Piémont, à Savone, à toutes les villes dont se composoit autrefois le
département . de Montectotte, je me croirai heureux d'acquitter ainsi
1 affection que mont témoignée leurs habitants; si cet ouvrage obtient
lapprobation du monarque que Ja Providence a chargé du soin de les
rendre heureux, je recevrai la plus douce récompense de mes travaux
Cependant un autre intérêt ma déterminé sur-^tout à la publication
de cet ouvrage: cet intérêt est celui de la France. Deux états voisins
^gnenttoujours infiniment à Téchanga de3 produit» de leii;r sol ou de
leur industrie. I^a France,. qui, par l'immense variété de ses richesses
territoriales, ses manufactures, peut satisfis^ire aux besoins, et an luxe
des peuples de l^'Italie, doit trouver un^gr^tod avantage à po^mottre
ce quelle peut recevoir en cetûur. Le. Piémont peut ojSirir des bois
de construction à nos chontims, du r», des^bléa k nos provinces
méddionales, d^s huiles à notreLComm^rcç, d^ soies brutes à nos
faln*iques« Lescariiàresde^marbires^ lesisoin^s, les.m9hnl[açtni;ef,fjb^^rr
cien département de Montenotte^ pi^ésenH^roient ençpire, cpmxne o^l.e
verra dans la statistique, bien d'autres objets à notre consommation,
si leur placement étoit certain. Plus nous ménagerons de débouchés
aux denrées de nos voisins, plus ils pourront nous les donner à bas
prix, et les deux peuples gagneront à cette communication, comme
ils gagnent déjà, sous tant de rapports, à la noble amitié qui lie les
deux maisons de France et de Savoie.
François et Piémontois ont cent fois mesuré glorieusement leurs armes
sur le champ de bataille. Les deux maisons avoient long-temps appris
à se connoitre, à s'estimer, avant de s'unir. Leurs alliances ont été fré-
quentes, et dans ces heureuses années que suivirent* de trop près les
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vj AVANT.PROPOS.
orages révolutionnaires, la félicité d*un triplé mariage sembloit avoir
abaissé les Alpes et rapproché Turin de Versaillies.
Des doctrines anarchiques et d odieux excès vinrent ébranler les
trônes, et menacer tous les principes de Tordre social. Autant alors
les petits-fils d'Henri IV montrèrent de magnanimité dans les revers
autant les successeurs de Charles-Emmanuel opposèrent de constance
aux coups du sort. Mêmes causes , mêmes sentiments , même sang les
unissoient: la même époque les a vus rentrer dans rhéritage de leurs
pères; et quand la France jouit des bienfaits dune restauration, quand
tout ce quelle a obtenu, depuis quelques années de prospérité dans
l'intérieur, de puissance, de gloire et de considération au-dehors, elle
le doit à la sagesse de son roi, à la valeur, à la loyauté de ses princes,
peut-elle oublier le sang qui coule dans leurs veines? cest le sang d'A-
délaïde de Savoie, si remplie d'esprit, de grâces et d'amabilité; c'est le
sang du duc de Bourgogne, l'élève de Fénélon, de ce prince accompli,
llionneur et l'espoir de la France, et qui, ravi trop tôt à son amour^
revit pour nous dans ses augustes descendants!
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AVIS AU RELIEUR
POUR PLACER LES FIGURES REPRÉSENTANT LES VUES DES LIEUX
Cr-APRÈS INDIQUÉS, BATOIl:
PREMIER VOLUME.
Acqui » Page 226
Alassio • i47
Albeoga i36
Albissola, palais Durazzo • • • 220
palais Royerre 221'
Arenzano 223
Borgomoro i5a
Cadebona 2o5
Cairo i83
Callizano • • • io3
Carcare • • • 1 85
Castello d'Orba 235
Ceva • • 95
Deço . . • • 241
Diano-Marine i56
Dogliani • • . • • • ^ 106
Finale Borço • 190
Finale Manno. . • • • fb.
Garessio •« • • m
Gagliano • 2o4
Incisa .••••••••• • ••.. 245
Millesimo ..•.••... • 1 16
Murazzano •••... • ••.••..% • • • • 122
Pont de Nava... . • • 6
Nizza « • . • ' 2^
Noli • 195
Oneille • • • • • • 169
Orméa • • 128
Piana 260
La Piève • . • 161
Port-Maurice « • • .- itS
Salicetto • 101
Sassello •• • 207
Savone ( ville.et port de) 212
Savone (le fort de) • • 212
Spigao 259
Saint-Stephano « 178
Stephano-Belbo • 255
Varazze • 222
Visone •.«... 264
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viij AVIS AU RELIEXm.
DEUXIEME yOLVUté
Vue du défilé dui précède la valle d^Upéga ;•.....♦ *.•... J Page 472
Plan du golfe de la Spezzia 4^8
Vue du golfe et de la ville de la Speuia« •••••« A83
Vue du port de Porto- Venere 484
Anses de Gastagna , de Varignano , et des Grazzie ; 49^
PLACEMENTS DES TABLEAUX A ENCARTER (1).
PAÊMtÊH VOIUME.
Division, de la populatioo par classes d^individus et par états et professions principales 28a
'Pk^mier tableau de la mortalité par âge dans le département de Monténotte, pendant les
trois années i8o9« 1810, et 181 1 292
Second tableau,. juâssiaAces dans le département de Montenotte pendant les années 1809,
i8jo^. 181 1 ,i.^..K.. ....... ....... . ., 294
Second tableau, «m^rUg^s. pour les années 1809, 1810, et 181 1 •' ; • 294
Quatre.tableaux pour. Ul çoi^cription ? 3^4
Estimation des cnos^ nécos^^in^s à la vie . .^ .' 33^
DEUXtèME TOLtJME.
État des collèges existants dans le* département de Montenotte en Tannée. i8ia 36
£itat des impôts indirects. •••....•....•• .'y. ..'•*•*. '•'•*•*•*.'•*. .'•'.*•'.*.•.*.•.••••'• ••.•••••• ..».«.• ..... . . • . 00
Tableau des dettes dé comblùnes 8G
État des crimes et délits commis et dénoncés à la justice depuis Fan i4 (1806} jusqu'au
3i décembre 1809. ..'......•.; .-....•....'.• • « 108
État des oeuvres pies et dé bienfaisance partîctrlîère existant dans le département de Montenotte. 1 1 4
Tableau général des produits territoriaux et des denrée» importées et exportées pour con-'
stater la consommation du département • . • • , . . a54
Tableau de la dépense et du produit des fours- à briques depuis 1706 jusqu'en 1809. 292
Tableau relatif à des essais de diverses sortes de fers fabriqués dans les £oi|fes de Monte-
tenôtté, par ordre du préfet m&ritime du port de Oénes et suivant les-ppocédés usités dans
le pays' . . . .' 1 .* •• ^ . • ^. < - . . • 3i8
Taibl^au dés forces et des fôuf neatix et* des communes où ils «ont situés. • 3i8
Tableau dès moyens] dé transport à dos de mulets et en chariots en f 8^9 44?
État sommaire des bâtiments entrés et' sortis des ports et rades de Montenotte pendant les
années 1807^, 1808, 1809, et 1810 . . • .' 44o
Tableau général des rades ^ 3i8
(i). Le pl^cepnept des tableaux qai entrent en feuillêi n'ayant pas besoin d'être dëti^në, on' fié Ict 1 pas indiqués dans cette
|i%te. •
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TlaAé^
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ANALYSE GÉOGRAPHIQUE
DE LA CARTE
DE L'ANCIEN DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
Lorsque j'arrivai dans le dëpartement de hfontenotte ,
formé des provinces de Savone , d'Oneille , d'Acqui , et d'une
partie de la province de Mondovi , il n'existoit d'autres cartes
détaillées de cette contrée , que celle des États de Piémont
par Borgonio , et celle de la rivière de Gênes par Ghaffrion.
Ces cartes étoient trop imparfaites pour servir même aux
besoins ordinaires d'une administration qui s'asseyoit sur
de nouvelles bases , et soumettoit le pays à de nouvelles sub-
divisions ; à plus forte raison se trouvoient- elles insufE-»
santés pour l'exécution des travaux que je ne tardai jpas
d'entreprendre , et pour les recherches de statistique aux-
quelles je crus nécessaire de me livrer. Je mis donc tous mes
soins à améliorer la géographie de ce pays , et il me fut facile
d'y parvenir, avec le secours des ingénieurs que les besoins
du service avoient placés sous mes ordres , et dont plusieurs
aroient long-^temps travaillé au i;adastre du Piémont. Je me
procurai non seulement tous les documents géographiques
qui existoient dans les dépôts publics, à Turin et à Gêne&,
mâif encore les résultats de toutes les opérations géodési-
ques que le chef du gouvernement faisoit alors exécuter k
b
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\ ANALYSE GÉOGRAPHIQUE DE LA CARTE.
grands frais pour déterminer les emplacements de ses nom-
breux champs de bataille. C'est avec la réunion de tous ces
matériaux qu'a été dressée la carte qui se trouve annexée à
cet ouvrage , et dont je donnerai une courte analyse géogra-
phique, afin que ceux qui auront occasion de s'en servir
puissent mieux apprécier le degré de confiance qu'ils peuvent
lui accorder.
Tout le gisement de la côte , et tous les points principaux
ont d'abord été assujétis aux observations astronomiques
qui déterminent le point dé Gênes. Les opc^rations trigono-
métriques faites sous la direction de M. Martinet, chef de
bataillon des ingénieurs-géographes , donnant une suite de
triangles qui s'appuyent sur Turin , nous ont particulière-
ment servi pôur tous les pays compris entre Loano , Savone,
Sasseilo, Monesiglio, Nocetto et Balestrino. Toutes les par-
ties nord et nord-est de la carte ont été basées sur les
opérations des ingénieurs-géographes , qui , sous la direc-
tion du général Brossier , ont été employés à dresser la grande
carte du royaume d'Italie.
Les détails du littoral ont été perfectionnés d'après une
carte à très grands points dressée par MM. les officiers d'ar-
tillerie pour la défense des côtes de la rivière de Gênes. Cette
carte s'étend depuis le Var jusqu'à la Magra. Nous nous
sommes aussi servi pour cette partie, d'une carte manuscrite,
construite d'après les opérations cadastrales , depuisMonaco
jusqu'à Savone , en la combinant avec les plans levés par
MM. les ingénieurs dès ponts et chaussées, pour le tracé de
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ANALYSE GÉOGRAPHIQUE DE LA CARTE. xj
la route qui longe les bords de la Méditerranée. Nous devons
aux levées des mêmes ingénieurs des détails précieux sur
toute la ligne de la route qui conduit de Port-Maurice à
Céva , en passant par le col de Nava , et sur celle de la route
de Savone à Acqui, Nous avons aussi mis à profit diverses
levées partielles faites pour l'exécution de chemins projetés
dans le but de franchir les Apennins , et d'ouvrir de nou*
veaux débouchés, au commerce et à l'industrie. Quant à
la partie septentrionale , les détails qui ne nous étoient point
fournis par les travaux des ingénieurs français, ont été
remplis d'après les grandes cartes cadastrales des états de
Piémont. Les périmètres des arrondissements et les limites
des cantons ont été tracés avec exactitude par nos soins , et
par les moyens que nous avions seuls à notre disposition.
Nous avons fait relever , d'après tous les nivellements faits
pour le tracé du canal projeté de l'Adriatique , et pouJ* les
routes , les hauteurs des points principaux , et nous les avons
fait graver sur notre carte. Ce travail nous a servi à donner
plus de perfection au tracé des chaînes de montagnes , et à
bien faire distinguer les directions de la crête principale,
et celles des chaînons secondaires et tertiaires. Il n'est au-
jourd'hui aucune personne éclairée qui ignore combien la
connoissance de la géographie physique d'un pays , et sur-
tout d'un pays montagneux , est utile pour ceux qui se li-
vrent à l'étude de ses productions , et pour ceux même qui
veulent juger des événements dont il fut le théâtre , ou qui
désirent apprécier les résultats de la statistique. J'ose dire
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xij ANALYSE GÉOGRAPHIQUE DE LA CARTE.
que sans des-notions précises sor cet objet, et même sans une
exacte topographie, il est impossible de bien comprendre
ia description d'un pays, et déporter un jugement équitable
sur les efforts plus ou moins heureux que l'administrateur
a faits pour vaincns les obstacles que la nature lui opposoit,
ou pour mettre à profit les ressources qu'elle lui oiïroit.
C'est dans ce but que nous avons apporté tous nos soins à
l'exactitude, et à la perfection de cette carte.
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STATISTIQUE
DE L'ANCIEN
DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
^%/%^%y%/^/\,'\/%^\.'%.
-%.'%/*/%.^/%/%.'%/%/*.'%i%^*.^*/%^%/*/%/%,\/*/%-%^9^%,i*^/\.'^/%/%^%/%/%,^/%/%/%/%i%.v%r*/%^%r*.
CHAPITRE PREMIER.
TOPOGRAPHIE.
OAVONE, port de mer et chef-lieu de lancien département de Montenotte,
est situé sous le 44* ^8' Sy" de latitude, et 26** 1 1' 35'', comptés de Fîle de
Fer: Le département s*étend, du sud-ouest au nord-est, sur une longueur
de 106,000 mètres; du sud au nord, sur une longueur de 9 myriamétres.
Sa surface est de 38 myriamétres carrés; sa population de 297,730 âmes.
Il se divise en quatre arrondissements communaux : ceux d'Acqûi, de Ceva,
de Port-Maurice, et.de Savone.
Le tableau suivant indique leur étendue et leur population respectives.
NOMS
DES CHEFS-LIEUX
D'ABRONDiSSEMENT.
NOMBRE
DE COMMUNES
de chaqae
ARRONDISSEMENT.
POPULATION.
SURFACE.
ACQUI
80
55
81
5i
■mei.
84,637
55,285
84,^87
73,521
li«etere«.
120,601
106,274
75,809
79*739
Ceva
PnBT.MAtmmit
SAVONE
Totaux
.67
297,730
382,423
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a CHAPITRE L
Le sol de ce département est en général montagneux et peu fertile; et,
malgré la sobriété des habitants, les productions ne sviffisent pas à la con-
sommation. Les deux tiers environ du territoire sont couverts de friches,
de rochers nus, et de bois taillis; les forêts de châtaigniers y sont dune
grande ressource pour le pauvre. Les bords de la mer ne laissent point ce-
pendant que de donner des productions précieuses : on y récolte une grande
quantité d'huile, particulièrement sur le rivage le plus à Fouest; des fruits,
des jardinages, des oranges, et du vin. Les vallons, qui s'agrandissent
vers les limites septentrionales du département, forment des plaines assez
fertiles. Le pays possède de& substances métalti<|u0B de plusieurs espèces:
il renferme une grande quantité de bois, de mines de charbon, qui ne sont
point exploitées, et des marbres de différentes natures. Il y existe diverses
manufactures qui peuvent être encouragées, des usines, des papeteries, des
chantiers de constrvictipn -, on y récolte une quantité considérable de soie.
Cette partie de l'Italie mérite donc par elle-même d'être étudiée avec soin ,
mais- plus paEticuUèremeni encore à raisdn des avantages que sa posiftion
peut péïrir «m^ jour au coHunerce de la France. Placée entre le riva^ de la
Méditerranée et les riches plaines de l'Italie, die dmt, à l'aide de ses
ports,, de ses rades, et de ses plages abordables dans-tous les temps, ouvrir
desdébouchés aux plaines du Piémont , du Montferrat et du Milan^s, etrece*
voÎF, en échange des produis qu'elle offre aucommeroe, des denrées, des
subsistances , et tout ce dont elle est dépourvuei
C'est à l'aide des routes et des cofiununications nouvelles. que ce pays
profitera de tous les avantages qui lui semblent réservés ; mais il faudra de
longs et pénibles travaux pour établir des routes qui devront constamment
franchir des montagnes escarpées. En effet, le département est traversé dans
toute sa longueur par une grande chaîne qui s'appuie d'une part aux extré-
mités des Alpes, et se prolonge ensuite parallèlement aux côtes de la Médi-
terranée ; il est ainsi divisé en deux parties distinctes, qui versent leurs eaux
dans les deux mers opposées qui baignent l'Italie.
Sur le flanc des montagnes qui environnent les sources du Tanaro,
commence et s'appuie la chaîne des Apennins, qui va du sud-ouest au
nord-est, et forme les versants nord du vallon de cette rivière; sa crête se
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TOPOGRAPHIE. 3
dirige ejMuite parallèlement au rivagedelav»» , fomaut ^lireiitraat con-
sîdéraUe à Ja haateuf desisources de la Becmida^ et m rapjprochant du rivage
près de Safrone ,; où elle d'abaisae ooufiîdiérahleDienl;. A partir de ce poiot dAe
se prolonge encore pardlélement au littoral juaquà la hiiii443ur de la Bpc-
dietta, ojk elle change de direction et tourae ver$ le^ud-est.
Dea hauteurs principales de cette chaîne, et de la partie* des Alpes oi^ elle
se rattache, partent les différents contre-forts qui d'un côté forment le
bassin des torrents qui ^e jettent à la mer, et de 1 autre les vali^i^is où cou-
lent les riWères qui arrosent la partie nord du département, et vont grossir
le Pô à la hauteur d'Alexandrie.
Un contre^fort qpi tient enoere aux^Alpes nxaritimes*se.prcdonge vers Sas^to-
Stephano, et forme à 1 ouest les versants de TArg^tina,. qui 'terminent le
départemopt. U se subdivise en plusieurs points, et sa Jbase est covipée par
les basons de divers torrents qui ne s appuient plus à la grande chaîne , et
ont des sources moins intarissabl/es. Le prenûer de ses rantcaiix remarquar-
bles est celui qui. prend son origine à Capella di Strona, et, ae divisant
Montegrandi, forme dune part la vallée d'Oneille, et, séparé ensuite ^en trois
branches, divise le torrent d'Oneille de celui de Rosso„ deDiano, de Cervo,
pousse un rameau qui forme la vallée d'AJbenga, et, se divisant à 1^ hauteur
de<prarlande, se dirige sur Laigueglia, où il. se termine au cap de.lM^lle, en
formant la rade importante dAlassio. Un vautre rameau .sort du sommet
au-dessus de Garpasio, et sépare la vallée d'Oneille de oellede Px)rt*Maurice;
un autre rameau descend encore de Passo-I^igea, et divise les bassins des
torrents de Port-Maurice et de Saint-Laurent. Aunlelàde ce rwneau, laLase
du contre-fort s'élargit, et est coupée par de petits ravins.
Cette partie du sol, qui appartient pour ainsi dire aux Alpes, est dune
structure dilfér^ite de celle qui tient immédiatement .aux Apenaûns.
Le premier contre^fort de cette dernière montagne, partant de la cime de
Garlande, sépare les deux sources de TArossia; le second, appuyé au mont
Arial, à lest de ]Nava, sépare la Penaveradu torrent dont nous venons de
parler.
Le troisième part du brico de Galle , et divise les sources de la Penavera.
Un autre contre-fort appuyé sur Rocca-Barbena te^rmine et ferme à Touest
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4 CHAPITRÉ L
le yallon d'Albmga. De Monte-Calyo part également un rameau, c^i sépare
les vallons de Loano et de Pietra. Des montagnes de Sette-Panni et de
Saint-Jacques partent deux contre-forts principaux, qui forment le lit du
torrent de Finale. Lie dernier se dirige sur Bergeggi et. Vado: il forme
dune part la belle rade de ce nom, et de lautre il aboutit à Noli, dont le
cap se compose de rochers calcaires taillés à pic, et inaccessibles jusquà
cette époque.
Des montagnes de Cadibona, de Montenegino, fameux par le champ de
bataille de Montenotte, enfin de Monte-Oldino, au-dessus de la Stella, sor-
tent les contre-forts qui forment les lits des torrents de Timbro et de la San-
sobia; enfin, de Monte^Boga, de Brico-Comola et de Monte-Fayole, au-
dessus de Gampanu, partent trois contre-forts qui séparent les torrents de
Varraze, de Cogoletto, de Leone; le dernier, qui s appuie sur ub point très
élevé, et dont la base a plus de largeur, vient aboutir près d'Arenzano,
dont le territoire limite le dépai-tement vers la Lovera.
Telles sont, du côté de la mer, les principales ramifications qui appuient
et servent de base aux sommités des Apennins.
Sur le revers septentrional, on remarque d'abord les versants du Tanaro,
qui sont limités par les pics élevés de Ciaggio-Cavallo, à lest du Col de Tende,
la pointe Bertrand, celle de Garnino, etc. De ces sommités part un contre-
fort qui, se dirigeant au nord-ouest, compose un des versants du Tanaro,
limite par ses versants nord le territoire de Montenotte, et vient aboutir à
Viola, où il se divise en deux branches , dont lune sépare le lit de la Corsaglia
du torrent Monza, et l'autre, celui du Tanaro du bassin du même torrent.
Le second versant du Tanaro est d'abord formé par le revers septen-
trional de la grande chaîne des Apennins, jusqu'à la hauteur Gianea. A cette
pointe s'appuie un contre-fort qui se dirige au nord-est en formant les mon-
tagnes élevées de Montelinco, Spinarda et la Sotta. De Mâssimino, les mon-
tagnes se prolongent plus vers l'est, formant le bassin de la Bormida ; et, sur
l'autre revers, les sources de la Gevetta, au pied de Montremolo. De ce point
remarquable descendent deux contre-forts: l'un se dirige sur Dogliani, se
partageant à la hauteur de Murassano, et formant d'une part le bassin de la
Rhea, et de l'autre celui du Bejibo.
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TOPOGRAPHIE. 5
L autre contre-fort, partant de Montezemolo et Rooca-Vignale, suit le
cours de la Bormida.
En revenant à la grande chaîne , vers Gianea , on remarque un contre-fort
considérable, qui prend son origine à Sette-Panni, se dirigeant du sud au
nord, et sépare les bassins de Bormida de Pallare et de Milesimo. Il se
divise à Santa-Julia, et forme, dans le département, les versants du torrent
Uzone.
A la hauteur deCastellazza, une nouvelle branche s'appuie à la chaîne
des Apennins; et, se prolongeant vis-à-vis Terzo, sépare le lit de lïrro
de celui de Bormida, donnant naissance, sur le revers occidental, au torrent
de Spigno. Un autre prend son origine à Monte-Fayole, près Campanu,
divise le lit de FErro de celui de FOlba, bifurquant à Ponsone, et formant
le bassin du torrent Caramagna, qui aboutit près d'Acqui.
Enfin un dernier contre-fort part de la Bocchetta , au-dessus de Gènes ,
et , se dirigeant vers le nord-ouest , séparo 1p lit Hft TOrha de celui du
Lemmo.
Le territoire de ce département a donc en quelque sorte pour charpente
les montagnes que nous venons de décrire. Ce territoire se compose d une
grande chaîne parallèle au littoral, appuyée entre deux contre-forts des
Alpes maritimes, et poussant, dune part', directement à la mer une foule
de contre-forts qui forment des torrents rapides; de l'autre, des rameaux
plus alongés, moins escarpés, et plus larges : ces derniers suivent des direc-
tions moins parallèles, forment les divers vallons où coulent les rivières,
et les dirigent toutes dans les fleuves de la Lombardie.
C'est une chose fort remarquable que l'aspect et la configuration des
deux revers de la grande chaîne. Au noixl , les rivières ont un long cours :
elles coulent paisiblement dans des vallons vers lesquels les monts descen-
dent par des pentes faciles et riantes. Le point le plus bas des hautes
vallées (38o mètres au-dessus de la mer) est au pied des Apennins, dans
les environs d'Altarre. Les plaines inférieures (i5o mètres seulement au-
dessus de la mer) sont aux environs d'Acqui. Au midi , les torrents roulent
par bonds impétueux , et se précipitent à des profondeurs de 900 et de
1000 mètres, sur un espace de 3 ou 4 lieues jusqu'à la mer. Les montagnes
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6 CHAPITRE I.
n offrent ^e dés sillons affreux i^d'honibles déchirements. Les âots se sont
ouvert passage violemment; et, jusqu'à leur embouchure dans la mer, où
ils ont formé despetîtes plaines d'alluvions très fertiles, ils ne laissent après
eux que des ravins sans rivage. Ainsi , en partant du Piémont pour Savone,
on voit d'abord de riantes prairies, des champs féconds, des collines char-
gées de vignes, ou des montagnes couvertes de châtaigniers. Maisi peine
le voyageur a-t-il atteint le sommet de la grande chaîne, quun autre ^pec-
tade vient fra^^r ses regards : des précipices lenvirannent; de quelque
côté quil jette la vue^ des gorges profondes, d'afireux escarpements, pré^ .
sentent -leur aspect menaçant; plusioin, rencaissement. étnoit du torrent,
dans la profondeur iduqvel; Toeil ne j^osige qu avec effroi : plus loin , la mer ;
raaîsisttr ses bovds en retrouve de plus riants tableaux : les bois d oliviers, la
vigne, les jardins d orangers, de citronniers, couvrent tout le littoral de leur
verte parure, et offrent, <lans un étroit espace, un cevip d œil enchanteur et
un séjour délîiumiY
Ce premier aperçu général indique la manière dont les eaux sont distri-
buées sur tottute la surfooe du département. Nous allons maintenant entrer
dans des détails |Jus -étendus; et le travail se trouvera naturellement divisé
en trois >p€uties, dont Tune traitera des rivières et des principaux torrent»;
La seconde, des vallées, de leur largeur, leur aspect et leur profondeur;
La (troisième, des diffécentes régkms def cultures, suivant la iiature de
chacune d'elles.
On a joint à ce travttl un plan général du département. Pour en faciliter
Tintelligence, on y a marqué dune manière exacte ou très rapprochée la
mesure des hauteurs.
RIVIÈRES ET TORRENTS.
Le Tanaro prend sa (Source au pied du col de TanaroUo et du mont Gical.
Ses deux branches, FuAe sous le nom de Tanaro, 1 autre 6ous celui de ISé^
grone, se réunissent un peu au-dessus du pont de Nava, à i3 kilomètres
au sud du mont Gical ; le bassin de sa source jusqu'à ce point est de
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TOPOGRAPHIE. 7
376 kilomètres cavrésv 11 coule d'abovd dans une direction sud-^est, el» en
reprend <uiiea« nordKaiest, au-dessus de Malpotremmo : il passe à Omea,
où il reçoit le torrent d'Armefia; se grossît, à Garessio, de ceux de Mindino
et de Malsang^e; à Geva^ il reçoit la Cevetta, la Gorsaçlia.à Lesegno^ le
Pesîo à Clavesana, et la Rhea à Dogliaoai. Là il sort du département, passe
à Cberasco^ on il prend la direction nord*est, à Alba; Asti et Alexandrie,
et vient se jeter^ensnite dans le Pô , auprès de Basîgnanov
Le Tanavo coule sensiblement en ligne, droite depuis le pont de Nava
jufitfpia^Gera : dans cette partie de son cours ^ il of&e un déreloppement de
43,000 mètres sur une distance de 87,000 ; mais à ce point sa TaUée s'élargît
scBsihlemetit, et ilpvéseme beaucoup de sinuosités; en sorte que i^ depuis
le pQBtde Géra jttscfu'à rembouchure de la Rhea ^ point oiiil quitte lancien
département de Montenotte, il a, sur une distance en ligne droite de
29,000 mètres, un développement de Sa^ono;. La pente, de cette riTdère de-
vient nmvna rapide, à mesure quelle s'éloigne de sa sovree; ses eaux sont
cependant élevées de 282 mètres au-dessus du niveau delà mer, vis-à-vis
de Giglie. Depnis lemboiichure de la Gorsaglia jusqu'an-^lesaous^de oe-village,
sur. un dév)eloppement de ySooi .mètvcs^. il oi&e 18 mètnes dbaipoine; à
2000 mè<a*e» au nord-ouest de Ce va, il est^élevé de Su- mètres: sa pente,
du pont deCevaà cepcrât, n'est que' de« 12 »ètves; maisy enler^Dtentani;
au-dessus de cette ville, ^ sur 20001 mètres de cours^ il offre une pente de
27 mètres. Sa. hauteur, au^lessus de^ la mer est de -800 mètres au pont de
Nava-
Le COUDS de cette rivièiFeest inégal et trèsi^apide. Les eaux y ont commua
nément 8 décimètires de hauteur; mais son Ut offre des endit>its plus pro-
fonds. C'est là que se trouvent leplu» sourvettt.les excellentes: traites qiVt>n
pèche dons cette rivière.- ¥ers Gighe^ il s'élève^ dans ses crues, de i mètre
5 n»ilhmètres. Il gèle* que^nefess complètement vers ce point.' Ses encaisses
mente, toujours escarpés suv une ^ive^ tandis qu'ils sont plus adoucis sur
lautpe^ présentent des obstacles^ pour les gués. Il existe des ponts sur cette
rivière, à Nava, Garessio, Priola, Noceite^ Ceva; de» bacs à Farigliano,
Bastia et Giglie. Cette rivière n est ni navigable ni flottable danseette partie
du territoire : elle ne commence à fétre que depois Asti 9 mais en général le
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8 CHAPITRE I. V
commerce use peu des moyens de transport qu elle pourroit procurer. Cepen-
dant elle porte des bateaux de douze tonneaux vers ce point, et de vingt-cinq
vers Anone. Ordinairement les bateaux s arrêtent au moulin d'Alexandrie.
La vallée du Tanaro peut fournir des bois, des vins et des grains ; mais cette
rivière débouchant dans des pays qui ont le même avantage, sa navigation
n offre pas une utilité réelle, sur-tout si Ton considère la dépense considé-
rable qu'entraînerait cette entreprise. On trouve dans cette valUe des
marbres de beaucoup d'espèces, auxquels l'industrie n'a point encore trouvé
d'emploi. La description de la vallée du Tanaro complétera ce que iv3us
venons de dire sur cette rivière.
La Corsaglia prend sa source au col de Termini, au-dessus' d'Ormea, dans
les montagnes qui bordent la rive gauche du Tanaro, à 2020 mètres au-dessus
de la mer. Son cours se dirige du nord-est au sud*est; plusieurs affluents
viennent le grossir. ï-a «urfare do son ha<isin, à la hauteur de la Torre, où
elle commeuct; à .si^rvir de limite à l'ancien département de Monteuotte, est
de 162 kilomètres carrés; son cours, depuis sa source jusqu'à ce point est
d'environ trois myriamètres et demi. Depuis le pont de Casotto jusqu'à son
embouchure dans le Tanaro, il a un développement de 16,000 mètres sur
85oo en ligne droite. Elle serpente jusqu'à la Torre dans une plaine stérile :
alors elle devient très sinueuse; elle coule sur la partie gauche de la vallée,
de sorte que son lit fort encaissé se trouve au pied des escarpements, et
n'est aperçu que lorsqu'on est arrivé sur ses bords. Sa largeur moyenne est
de 10 à 12 mètres; mais elle est plus considérable près du Tanaro. Sa pro-
fondeur générale est d'un demi-mètre; elle est d'un mètre à son embouchure.
Le fond de son lit est fort inégal; quelques parties ont trois mètres de
profondeur : son sol est pierreux. On pêche d'excellentes truites dans la
Corsaglia. Depuis le pont Saint-Michel jusqu'à son embouchure, cette rivière
a, sur i5,5oo mètres de développement, 202 mètres de pente; ainsi elle est
plus rapide que le Tanaro. Sa pente diminue progressivement à mesure
qu'elle approche de cette rivière ; elle re«oit la Monza à la hauteur de Le-
segno. On trouve sur son cours trois ponts, l'un à Revillone, l'autre à la
Torre, l'autre à Lesegno.
La Monza prend, comme la Corsaglia, sa source dans les montagnes qi|i
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TOPOGRAPHIE. 9
forment la vallée du Tanaro, et vers le bric Mindin au-dessus de Viola. Son
cours est rapide, tortueux et encaissé dans des rochers; elle est sujejtte à des
crues considérables, et fait de grands ravages quand elle sort de son lit. La
direction de son cours est d abord du sud au nord-ouest, puis il se dirige
exactement au nord. Sa largeur est d environ 6 mètres, sa profondeur varie
beaucoup, dans les grandes crues les eaux s'élèvent de plus d un mètre. Le
fond du lit est couvert de cailloux; elle se jette dans la Gorsaglia au-dessous
de Lesegno; son bassin à la hauteur de Mont-Basiglio, oix toutes ses sources
sont réunies, est de 6,472 kilomètres carrés; son cours en ligne droite est de
18,000 mètres sur 24^000 de développement; la pente de ce torrent n a pas
été mesurée, il est encore plus rapide que la Gorsaglia.
• Le torrent Gevetta, prend sa source d une part à Montezemolo, de lautre
sur le revers des montagnes qui forment le vallon de la Bormida vis-à-vis
Borda et Murialdo; ses sources sont élevées de 666 mètres au-dessus de la
mer, il se jette daùs le Tanaro à Geva; sa pente jusquà ce point est de
356 mètres; mais on sent quelle est infiniment plus rapide en s'éloignant de
son embouchure; son cours est à peu près en ligne droite : il a un dévelop-
pement de 1 8,000 mètres. Son lit étant resserré entre des collines , ses débor-
dements causent peu de dommages; le bassin de ses sources, à la hauteur de
Mollare , est d environ 786 kilomètres carrés ; il reçoit la Bovina près de Geva.
Ce dernier torrent prend sa source près Paroldo. Il est à sec pendant Tété;
mais dans Fhiver, il cause des dégâts par ses débordements.
La Rhea prend sa source près de Murassano auprès du bric de Polone; ses
versants s'étendent le long des bries de Bruna, de Spinei, et de la côte de
Seimare; elle passe à Bonvicino après avoir déjà reçu divers affluents. A
4,000 mètres au-dessus de Dogliani, elle se grossit encore des torrents de
Gomba et Riarre ; elle commence alors à couler en serpentant dans un vallon
très riant, et court se jeter dans le Tanaro vers les limites du département.
L'étendue de son bassin à la hauteur de Dogliani est d envion 8 lieues
carrées; jusque-là elle est fort encaissée, et ses sources coulent dans des
ravins profonds. En entrant dans la plaine elle apporte des alluvions fertiles;
mais elle est sujette à des crues énormes; son lit est alors fort inconstant, et
elle ravage le vallon qui lui doit en d'autres temps sa fertilité. La pente de la
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10 CHAPITRE I.
Rhea est & peu près la même que celle de la Gorsaglia à la hauteur de DogUani ;
depuis ce pcMUt jusqu'au Tanaro elle dffire tin déyeloppemetit de 1 9,000 mè-
tres, sdû côttrs'en ligne droite est de 1 8, ooô 'mètres seulement.
Le Beïbo commence son cours vers les' montagnes de Mônteasemolo , à
676 mètres au-dessus du niveau de la mer, il passe à Mombafcaro, puis sort
du département à là hauteur de la Viella, y rentre à Rochétta. Il arroge lés
tei^ritoires de Saint-Sebastiano , de Calamandrana , Nizza , Incisa, BergUmasco,
où il quitte le département, et se jette dans le Tanaro auprès de Oabellb.
Le bassin de ses sources estd'îiboi^ très étrôkstir une longueurde 5,ooo mètres,
etne présente qu'une sdrface de six kilomètres carrés. C!e ii^êst à'propremént
parler qu'un ruisseau jusqu'à la hatiteur de S)Biint-Stephatia;'soti btfssin s'est
déjà fort élargi à cette hauteur, et il reçdk la Tinnelta'et la NizBa, qui aug-
Tnecitent beaucoup son Tolunie,*et rendent son coups *sujet à des crues très
considérables.
Cette rîVièi^e *ôule'tine grande qùlintifé de limon, qui rend ifia vallée très
fertile; mais elle attaque fréquemmeht ses rives. *Lte fond sur lequel coulent
ses eaitx est't^ète vëséiix : Ce n'est qu'avec iti^plus grande difficulté qu'on ^peut
y fonder les digues pour les' moulins; èlles^sûbissént, avant d'être steble9,<tin
aOkissement'énoi'me, et qui est quelquefois de 10 mètres de hameur. Près
de Nîzza etd'Incîsa, on fonde, en général, sur des- fascines, et on relève lès
digUesUoii velles* chaque année , à prbpoiiiOh^de l'affieiissemént.
Le Belbo a, dans^odt sdn^cours, uhe petite d'erivîron 496 mètres dej)uis sa
SOUrC€ljus(|u'àsdh embouchure; son cûiits en ligne droite est de92,5oo mètres.
Depuis sa soUt^e jusqu'à Mombarcaro,sitr 9^000 mètres^enîliguedtuite, il
<iffre ùn'Uévèldppeilflênt de 24,000 mètres; <?e qui suppose dans tout -son
Cours xineion]*U'èur ptlesque triple,* comparée'à'la ligne-droite. Sa pentcs-af-
laisse à ibeèUreMqi/tl s'éloigne lile* Ses sources: 'i/^rs son origine, oiiîl^*été
mesuré, sur 2,4t>o'mètres dé développement, il ^73*mètres de pente. Le lit
de cette rivièi'e n'dflFre peint de bords ^escarpés, et }>at^tout elle arrose de
riantes prairies.
t)eux rivières ^c6nsidéi*ables prennent leur source dans les Apennins, et
portent le titttn de ^ttrmixfe ; elfes «eiféunissent au-dessus de Bestagno,'et
versettt leurs *eaux dansle Tanaro , un peu atï-Miessow» d'Alexandrie.
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TOPOGRAPHIE. n
Le8 crues des deux Bo^mida, quoique fort considérables, u*ont pas empê-
ché la construction des pont^ s^des qWon ^ jetés sjuir ces, riyij^res. Leui;^
bords, sont générajbm^nt g;ariiis de terre, q^oiqué9 le spl^ sw Ij^quel elles
coulent soit rocaîUeui^» Leurs eaux deviennent troubles dUmks les grandes
inondations ; au^si sonjrelljçs peu poissonneuses : le poisson qu on y pêche
e^ de xnauyaisfe qusilit^. Ava^t de donner la^ desçripipuon dj^^ cours de cba^
çm^ deSk Bonçida, nous ferons uiie oJ^servation qyi est dune grande im-
portance : c'est que, à laide de cette rivière, il devient possible d'établir
une communication par ea,u eiitre la igneir Adriatique et la Méditerranée.
La plus occidentale des Bormida est la plus considérabl/e : çlle porte le
nom de Bormida du Gengio ou Milesimo ; elle prend sa source au pied 4u
Montre l^9PO,, à iiQo ijnétres environ au-dessus de la mçr. Deux fontaines
abondantes commencent son cours j près de Bardinetto elle fait tourner un
moulin. Les Apennins, qui s'élèvent beaucoup à ce point, lui forment un
T£|Ste bassin. Elle se grossit de divers affluents, et reçoit FOsiglieta à la
hauteur dç Borda ; dès-lors elle cesse d'être un torrent. \je bassin» de ses
sources jusqu'à œ point est de 195 kilomètres carrés. Elle se dirige ensuite
du sud a^ noirdj passe pfur Milesimo, Saliçetto, Menusiglio^ quitte en cet
endroit l'a^oiep département de Montenotte, passe à Gorsegno, Cortemi-
glia, où elW se grossit des eaux de l'Uzzone. Là, changeant de direction,
elle court de l'ouest à l'est, et revient arroger les territoires dç Vesimôi
Bobbio, IVIonaatei^o; et n^^le enfin ses eaux à celles de la Bpionida de Cairo.
Ce^ rivière, quQÎqi^ pfpa considérable en été, l'çst be^iVCoup en hiver. La
largeur de son lit est irrégulière : il a 45 mètres à Borda. La rivière en occupe
environ la moitié. Daiis ses eaux moyennes, elle s'élève d'un mètre; dans ses
crues ,^ on l'a vue monter à 5 mètres. Son cours, depuis ce liçu jusqu'au
point où eUe sort du département , présente un déveloj^ment de 34,6oQ«
mètres svr une distance en ligne droite de 20,200 mètres,
La Bormida de Gairo ou Spignq a deux sources et deux lits bien distincts
jusqu'à i5oo mitres .au-delà de Carcare; ses sources portent elles-mêmes le
nom de Bprmida de G^care, et Iformida de Mollare; c'est à leur naissance
que les Apennins p^uroissent rentrer dans le Piémont, et suivent pour uo
temps le cours de ces rivières.
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12 CHAPITRE I.
La première de ces Bormida prend son origine au pied de la montagne de
Sette Panni, au-dessus du petit village de Bormida; elle se grossit du ruis-
seau de Poutto; arrivée à Pâlare, elle coule dans un vallon assez large quelle
ravage; sa pente est excessivement rapide, et son cours fort incertain.
La Bormida de Mallare prend sa source au-dessous de la Madona délia
Neve, point moins élevé que Sette Panni; elle réunit un affluent considé-
rable à Massare, et arrive à Altare, où elle commence à prendre un cours
réglé.
Cette petite rivière depuis Mallare jusqu'au point où elle s unit à celle de
Carcare, a sur une distance en ligne droite de 99600 métrés un dévelop-
pement de 17,000 mètres.
La Bormida de Cairo, après avoir réuni ses sources, coule dans une direc-
tion du sud au nord jusqu'à Bestagno, en arrosant les territoires de Dego,
Piana, Spigno, et Ponti; là elle reçoit la Bormida occidentale et se dirige
à lest jusqu'à Acqui, où elle reprend la direction nord jusqu'à Castel Novo
Bormida. Enfin elle mêle ses eaux à celles du Tanaro près d'Alexandrie.
Cette rivière serpente dans les plaines qu'elle arrose, et prend un dévelop-
pement considérable, depuis Dego jusqu'au confluent de la Bormida de
Milesimo, sur une distance en ligne droite de 1 1,701 métrés, elle serpente
sur une ligne de 22,770, elle a trois régimes différents; sa pente vers son
embouchure est d'un sur 1,200; vers le milieu de son cours, d'un sur 760,
et enfin elle a un trois-centième de pente après la réunion de ses sources :
son fond est en général rocailleux; le poisson qu'on y prend est médiocre et
sent la vase.
Près de Montenotte supérieur, l'Erro prend sa source dans le vallon délie
Mogge, élevé de 865 mètres au-dessus de la mer; ses versants s'étendent
sur la côte des A{>ennins jusqu'au bric de Ludrin, sur un développement
de 1 5,000 mètres; son bassin jusqu'à Pont-Ivrea est resserré, et contient
seulement une surface de 24 kilomètres carrés ; il se grossit d un affluent
considérable au-dessous de Sassello , passe près de Malvicino, Cartosio, Me-
lasso, et se jette dans la Bormida au-dessous de Terzo. Son lit est très vaste
vers son embouchure, et diminue à mesure qu'il se rapproche de ses sources.
A Pont-Ivrea, il n'a plus que 8 à 10 mètres de largeur, et la profondeur
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TOPOGRAPHIE. i3
commune de ses eaux est. de trois à quatre décimètres ; ses crues sont énormes ;
les flancs de ses versants sont généralement nus, découverts, et peu agréables.
On ne trouve sur son cours aucun pont pour le passage des chariots; les
piétons la traversent communément sur des planches. Sur une distance en
ligne droite de 1 2,65o métrés, à partir de Montenotte supérieur jusquà Car-
tDsio, l'Erro a un développement de 1 8,658 mètres; sa pente varie du Soo^^^
au yoo^e de son cours.
L'Orba prend sa source dans la grande chaîne des Apennins au-dessus
de Gampanu, entre les montagnes de Sassello et Monte Fayol; il se
compose de deux ruisseaux, dont l'un porte le nom d'Orbicella, et lautre
celui d'Orba. Cette rivière est très resserrée jusqu'à la hauteur de MoUare.
Les montagnes qui forment son vallon sont boisées sous tous les aspects ;
à peine y trouve-t-on quelques espaces destinés au labour ou couverts de
prairies étroites; TOrba sort vers ce point du département de Montenotte, et
y rentre à Rocca Grimalia ; il se grossit à cette hauteur du torrent Gorsento,
et ressort du département à Gapriata, où il reçoit le Lemmo. Sur une dis^
tance en ligne droite d'un peu plus de 4 niilles au-dessus de Mollare, cette
rivière a un développement de 7 milles; ses débordements sont considérables
à Silvano, son lit est de 35 mètres sur o*"- 36 de hauteur; dans les eaux abon-
dantes il s'élève d'un mètre sur 5o de largeur; dans les plus hautes eaux il
s'élève jusqu'à 3 ou 4 mètres, et son lit ou plutôt l'inondation a jusqu'à
1 5o mètres de largeur.
Les rivières dont nous venons de parler coulent sur le revers septen-
trional des Apennins ; elles portent toutes le tribut de leurs eaux dans le
Tanaro, qui les verse lui-même dans le Pô, dont le cours féconde et ravage
parfois une des plus belles plaines de l'univers; sur le côté méridional, au
contraire^ les torrents précipitent leurs eaux dans la Méditerranée. Leurs
premiers versants sont une suite de cascades; puis ils coulent rapidement sur
un sol incliné , tantôt se frayant un passage à travers des rochers , et tombant
de l'un à l'autre, tantôt traversant des petites plaines d'alluvions déposées dans
les lieux où les montagnes s'écartent davantage. Près, de la mer leurs eaux
se sont presque toujours frayé un passage étroit, et la vallée est en général
plus resserrée que dans les autres points; mais immédiatement après elles
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i4 CHAPITRE L
entirent dans une plaine qui: forme Fouverture du vallon. A ce point ces toiv
renCs changent de régime, leur pente est moins, irapide, on peut les rendre
utiles^ à la culture; mais leurs eaux, au moment même où dles peuiyeat enri-
chir la campagne, se perdent dans la mer et ne laissent d& traces dans. leurs
cours, que ceUes des ravages qu elles occaaipnent. Oxi. conçoit qu une pente
auesi rapide ne permet pas. de longs détours à ces torrents.; en géijiéral ils
nont guère plus de développement que la distance de leurs sources à la
mer, mesurée suivant une ligne droite. Tel est leur régime haj^ituel : nous
ne décrirons, que les principaux^ notamment ceux qui pourront par la suite
exiger quelques travaux.^ a£n de préserver des plaines fertiles^ de leur ravage
ou de garantir même des. villes de leur débordement. Sous ladmipistratio^
française on a tenté de les contenir; mais ces tentatives sont presque tou«
jours restées sans succèsi, parcequll est difficile de réuuir et de wettre d'9^
cord les propriétaires riverains intéressés à rencaissement des eaux.
L'Argentine prend sa source au-^dessud c^ Trior%; ^}e formoit les Unités
du département deMenilenottew Ses eciux ravagent la {^aine de Taggia et die
Riva; la pente db ses vecsanta est fort roide; le torrent prend enswte une
autce déclivité, et, tMftbant dje cascade en cascade, court sur w^ pen^
d environ 8 mètres pour 200 mètres, en approchant du bord de U Bt»r,
et dans les deux dernières lieues de son cours il n9^ quVn mètre de pei^t?
sur i5o mètres de développement. Sa largeur e$t fort variable, il est quel-f
quefois resserré par des rochers; mais vers son embouchure il a générale*
ment une largeur de aoo à %3^ mètres^ qui se trouve recouverte en en^tier
pendant le temps des inondations ; il est difficile de pouvoir calculer la qu^Ur
tité deau que roule ce torrent pendant les inondations; il est souvent à sec
pendant une partie de lanuée. Cependant voici la base sur laquelle nous
établirons nos calculs : nous rechercherons quelle est Tétendue de$ versants
de tous les torrents, nous établirons quelle est la quantité d'eau qui peut
tomber dan$ oe bassin en 24 heures, et nous donnerons par là un aperçu
du volumedes eaux qui doivent déboucher à la mer pendant les grandes
inondations. Il est constant que Ion a vu tomber en Ligurie jusqu'à 5 pouces
deau en a4 heures; mais ce fait est rare, et on peut considérer ces pluies
comme diluviedes. D après des observations faites avec beaucoup d'exactitude
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TOPOGRAPHIE. ï5
dans lautomne de 1808, où il y a eu de grandes inondations., il n'est jamais
tombé au^KielÀ de 2 pouces d eau dans 24 heures; de semblables pluies se
sont succédé très rapidement, (et notamment cinq «fois dans dix jours. 11
est constant que le terrain ayant été hmnecté pendant le temps des pre-
mières pluies, les dernières ont Ûvl être versées entièrement par le torrent
dans Tintervalle de 34 h^ures^nous.paitironsde^ceiprâncipe, et «nous suppo-
serons qu'une couche d eau de deux pouces de hauteur ayant pour base
toute Fétendue du bassin, peut s'écouler «n .24 heures à îr^elubouchupe du
torrent.
D après ce Calcul, la sut^cedu bassin de!TArgenline, «étantde 3â8 kilo-
mètres carrés, peut verser dans un jour 16,8^4)9^^ mètres «cubes; mais il
faut observer que le cours des ^eaux>pendan;t la crue n est jamais unifbrnxe:,
et varie plusieurs^fois dans* le jour : de là vient ^que ledit dmondation «s'élève
quelquefois 2 à Smètres au-^esSus du litrhabitud.
Le torrent d'Oneille .prend sa souirce au^Poggio del More, À'Montegrandi,
Colla d'Origo, Poggio'Gpoisso, à S5o mètres au^iessus du niveau de laïuAr.
Les eaux se réunissent au bourg âaint'^Laaare : le bassin a jusqu'à ceipoisA
10,000 mètres de longueursur 5oo de largeur. Les valléessont peuesoarpées
et plantées d oliviers sur tous les points. Une miiltitude de villages s'élèvent
sur toutes les sommités, ee qui produit F^fetde plus pittonesque et le plus
attrayant. Ge torrent, depuîssasource jusqu'à la ville d'On4lille, a 22,00a mè-
tres de développement, sur une distance en ligne droite de 18^00 mètres.
Le fond die la vallée a environ 200 métrés de largeur réduite; île torrent
occupe environ 60 métrés ; il s'élargit d^i^antage vers son embouchure^
ravage des propriétés) précieuses, et tmenac^^ même* les faubourgs de la ville;
plusieurs fois les' habitants oiit sollicité' UUe mesure généràleipour son encais*
setnent. La peiite des*sources, à* leur origine, esir considérable; elle se réduit
ensuite à 4 pour 100; et«nfin à une pente < de i mètre pi»ur i3o mètres.
'On peut calculer, d après* les bases posées précédemment, que, pendant
les inondations^ le torrent d>Oneillq peut rouler 7,976,320 mètres^ubesd'eau
en 24 heures.
La coupe, à lentrée dans la plaine,ieitd'environ4o mètres de laideur
réduite sur 3 mètres de hauteur.
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i6 CHAPITRE!.
Le torrent d'Albenga se compose de deux sources principales, FAroscia et
la Neva , qui se réunissent à lorigine de la plaine d'Albenga. La première
prend son origine à Monte Grosso et au bric del Galle; la seconde, vers
Gaprauna, à la hauteur d environ looo mètres au-dessus du niveau de la
mer. Les versants de FAroscia, jusqu'à la rencontre de la Neva, sont de
342 kilomètres carrés; ceux de la Neva, jusqu'à la rencontre de FAroscia,
en ont 164.
La Centa, ou le torrent d'Albenga, qui se compose de ces deux sources,
renferme dans son bassin 5o6 kilomètres carrés. D'après les calculs pré-
cédents, elle doit rouler, dans les inondations ordinaires, 27,342,000 mètres
cubes dans un jour. Les inondations sont quelquefois énormes; dans les
plaines, le lit a 3oo mètres de largeur, et quelquefois 5oo. Dans les endroits
resserrés, son élévation est de 6 à 7 mètres, sur 120 mètres de large. On a
fait des observations exactes, et l'on a été effrayé du volume d'eau qui passe
dans les grandes crues: la coupe sur FAroscia a donné 228 mètres 80 milli-
mètres carrés ; celle de la Neva , 92 mètres 23 millimètres. Ainsi il faut, pour
le débouché des eaux de la Centa, 32 1 mètres carrés de surface.
La pente des sources de ce torrent, d'abord très rapide, se réduit ensuite
à 8 ou 9 mètres par 200 mètres. A son débouché dans la plaine, le torrent
prend une pente de 68 millimètres par mètre : cette pente étant beaucoup
trop foible, la plaine d'Albenga, qui e&t la plus belle et la plus fertile du
département, se trouve ravagée dans tout son cours; et le torrent enlève,
ainsi à l'agriculteur un terrain de la valeur de 600,000 francs. De plus, il
ravage les propriétés voisines, tantôt sur la rive droite, tantôt sur la rive
gauche, et menace même la ville d'Albenga. On a songé de tout temps à
remédier à ce cruel fléau. La ville d'Albenga a des règlements qui ordonnent
que le lit du torrent sera tous les ans labouré aux frais des habitants, afin
que les eaux puissent entraîner une terre fraîchement remuée, et creuser
plus profondément leur lit. Ces règlements fort sages ne sont plus en vigueur.
On avoit songé, sous le gouvernement ligurien, à faire des travaux pour l'en-
caissement ; on a fait même de grandes dépenses ; mais elles ont été mal conçues.
On trouveroit des ressources pour de nouvelles dépenses dans la bonne volonté
des habitants, et dans la valeur des terres qui seroient rendues à l'agriculture.
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TOPOGRAPHIE. 17
Le torrent de Finale prend ses sources au pied des monta{j;Des de Montalto
et de Sette Panni , à 900 métras au-dessus de la m«r. Son développement, sur
un cours en ligne droite de i i^ooo métrés, est seulement de i3,ooo métrés.
La surface de son bassin est de 68 kilomètres carrés. Il doit rouler, dans les
inondations , 3,ooo,ooo métrés cubes. Ses pentes ont trois régimes différents :
celui des sources sur les revers des montagnes ; celui du torrent quand les
sources sont réunies; enfin celui où les eaux, cessant d'être encaissées,
rentrent dans la plaine. Ce torrent est en général contenu par de bonnes
digues, qui exigent peu de réparations.
Le torrent Letimbro prend sa source au pied du mont Castellasso, à
557 métrés au-dessus de la mer. Il a, depuis sa source, 17,000 mètres de
développement sur 1 2,000 de cours en ligne droite. Le bassin de ce torrent,
y compris laffluent du Lavanestro, est de 64 kilomètres carrés. Il doit
rouler, dans les inondations, 3,ooo,ooo mètres cubes en un jour. Sa
pente, aux abords de Savone, est de 53 mètres sur 7000; elle augmente
ensuite dans une grande progression, et les sources sont d'une rapidité
extrême. Le lit est encaissé aux environs de Savone ; il a maintenant 80 mètres
de largeur, que Ion a vu recouvert, sur une hauteur réduite de 80 centimètres,
après une pluie générale qui avoit produit 2 pouces d'eau. Dans les grandes
sécheresses, ce torrent est réduit à 4oo pouces de fontainier.
Le torrent de Sansobia a ées sources sur le revers du col de Terno,- et du ^
côté de Ciampanu, à 84i mètres au-dessus de la mer. Son bassin est de
173 kilomètres carrés. Il roule, dans les inondations ordinaires, 9,342,000
mètres cubes en un jour. Son lit est très large dans la plaine : il a environ
1 5o mètres de dimension ; on voit les eaux s'élever quelquefois jusqu'à deux
mètres. Sa .pente est de 78 mètres sur 10,000 de développement près de son
embouchure.
Ce torrent ravage des propriétés précieuses; il menace même une partie
du village d'Albissola, et il est important pour les propriétaires de se con-
certer afin de parer à ce danger.
Tels sont les principaux torrents Sur les revers des Apennins. Tous, en
général, exigent des travaux pour être encaissés, et éviter le ravage de
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i8 CHAPITRE I.
pn^riéiés très produetwes; tous rcml^U/des cailloux, portent des alluvions,
et exhaussant par conséquent leur lit. Les moj^e&s que l'on a employés jus-
qu'ici pour les contenir sont insuffisants, pu trop dispendieux daud l^ur
entretien. Dans la Li^rie, ou les crues sont subites et considérables,
ces moyens consistent principaiement à bâtir des murs sur les deux rives,
à les continuer dans tout lespace ou les eaux peuvent ftwi^e de^ déyasl;ations.
On défend les parties qui sont menacées, par des corps saillants placés dune
manière oblique contre Icicours du torrent. Ces épis ont le plus souveiJit la
forme d une pyramide triangulaire, dont ia pointe se termine d^ns le lit du
torrent, et dont la base s appuie contre le muF de digue. Qp est Ql)|)igé de
laisser unegrande largeur au torrent encaissé , pour le dégorgeweiat d^s eaux
daos le momeot disa grandes crues : mais, libres 4ans c€^ espace, les cirjLies
moyennes forment un lit particulier, qui serpente ^t se bewte d'une rive ^
lautre ^ il en résulte des afifouillements qui tôt onl itard finissent pw renver^r
les UMirs.
DESCRIPTION DES VALLEES.
La pente des Alpes.où le T^n^o pi(€^nd.sa ^urce présepte sncce^veip.^t
de grands paciiges, de vastes bois de sapin et dp im^èse. :Les lver^f^pts des
sources les plus élevées sont dégari^is; ils f^i^riQ^nt trqis yaUQQs principaux,
qui d^^Quchent dans, le territoine.de iVio^ène , oii J'cwi voit des pàtu«9g^ for|;
étendus. Lesbabitapts de ce territoire sont peu^nombi:eux; l^mcs buUes ^ont
dispevséfs.eil mal bàlies : cette manièire de vivrejsolé^QQUti^a^teavecI'alK^éAÎté
de leurs «^œurs. )I1 sevoit avantageux de iaire .quelques efipwts pour a#^
menter la population, qui trouveroit des ressources suffisantes dansirédu*
cadon des 'bestiaux et dans r>e^Lploitation. des bois de construction , si précieux
pour la marine. Cette richesse esjL inépuisable. Les -forêts, aménage, ren-
formeroient un demi-million de pieds d arbres, dont cent clinquante mille
propres aux mâtures des grands vaisseaux.
Au-delà d'tJpega, le vallon se resserre entre des rochers escarpés et des
précipices, à travers lesquels les eaux semblent s'être ouvert un pénible
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TOPOGRAPHIE. ig
passage, que les hommes ne peuvent franchir. Ce débouché n a que 4oo métrés
de longueur : la vallée reste resaerrée à Viosène ; ce n'eet que vers Ormea que
le vallon commence à s'élargir à lembouchure de TArmdla, et à former une
plaine de 460 mètres de largeur. Dans toute cette partie, les sommité» des
versants sont couvertes de bois^de futaie; et les penchants, de taillis. Leur
escarpement est efirayant. Les montagnes ^ taillées à pic, se composent de
blocs de marbres de divelrses couleurs, mais plus souvent noirs, et dune
grosseur prodigieuse : leurs masses suspendues semblent menacer le vallon;
elles interceptât les rayons du sc^eil, et donnent à ces contrées un aspect
saûVage. Tout tient éilcone, dans ces paragpes, de la structure imposante, dju
pittoresque et de la majesté des Alpes.
Au^essous d'Ormea, le vallon se resserre en consekratat le même aspect :
la plaine n a que a5o métrés de largeur; elle s'élargit à Garessio, se rétrécit
de nouveau aux environs de Priola, jùsquà la Ciusetta; se resserre encore,
et se développe à Bagnasco, dont le territoire fertile a environ 3 kilomètres
carrés. Dans les défilés, la partie supérieure du vallon na qu'un kilcHnétre
d'étendue; il se resserre même davantage de Nucetto jusqu'à Geva, où le
vallon ne présente plus qu'utie lisière, et où le torrent coule à travers les
rochers : mais à ce point la plaine commence à s'ouvrir. Dans cette partie de
son cours, le Tanaro devient extrêmement sinueux; il est profondément en-
caissé : la plaine qu'il fertilise a 1000 métrés de largeur, et se prolonge jus-
qu'aux limites où finissoit autrefois le département de Montenotte.
La vallée de la Corsaglia est étroite, mais les pkteaux de ce versant sont
larges et susceptibles de culture : à la hauteur de Lesegpso elle à un demi-ki-
lomètre de largeur. Le lit de la rivière est encaissé ; il forme de belles prairies
dans les parties basses. Les montagnes qui la séparent de la Monza sont
couvertes de bois. A l'embouchure du torrent, la plaine s'élargît davantage,
et la vallée devient fertile; la rive gauche présente de grands escarpements.
Le vallon de la Mon^a est resserré ; il est sujet aux dégâts des inondations.
Depuis ce torrent jusqu'au mont Asiglio la plaine naque aoo mètres de lar-
geur; elle s'élargit ensuite du double, et se resserre de nouveau jusqu'au
moment où elle vient s'unir k la plaine de la Corsaglia.
Le yallon de VBrto s'étmid, en ligne droite , depuis MoQtepotte jusqu'à
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20 CHAPITRE I.
Cartezio; ses versants sont couverts de bois qui atimentent des forges; on
remarque vers les sources du torrent quelques parties cultivées. Ce vallon
na, à Pont-Ivrea, que 3 à 4oo métrés d'ouverture; il se resserre bientôt,
et reste fort étroit. On trouve ensuite une plaine bien cultivée à la hauteur
de Mioglia ; vers Ponzone elle est plus étendue : ce ne sont plus des bois qui
couvrent les versants, on y remarque des terres cultivées et des vignes.
Le vallon a, dans cette partie, un kilomètre de largeur; il conserve cette
dimension jusqu'à la Bormida.
La vallée du Belbo est assez large et très fertile; la rivij|fe charrie une
grande quantité de limon, qui engraisse la plaine. On remarque le long
de son cours beaucoup de prairies; mais celles qui sont vers ses sources
ne produisent que des fourrages aigres, et propres a la nourriture des mulets.
La vallée conserve toujours 2 à 3oo mètres de largeur; elle s'élargit en
plusieurs points, notamment quand elle reçoit des affluents. Les plaines les
plus remarquables sont cdles de Santo Benedetto et de la Niella. Le vallon
acquiert plus détendue quand il rentre dans l'arrondissement d'Acqui; il
forme à Nizza la plaine la plus riche, elle a une demi-lieue de largeur; les
digues construites sur la rivière s'enfoncent quelquefois de 3o pieds avant
d avoir acquis leur stabilité. La vallée est dépourvue de pierres; les mon-
tagnes qui la bordent sont cultivées et plantées en vignes : elles sont moins
escarpées que celles qui avoisinent toutes les autres rivières du département.
Le vallon de la Bormida de Milesimo présente d'abord un vaste bassin
dont les versants sont couverts de bois. Les eaux découlent de tous les points
de cette enceinte, tqui n'a qu'une issue étroite et escarpée. La profondeur du
bassin , l'épaisseur des bois dont il est ombragé, y maintiennent une humidité
constante; il est eduvertde brouillards même au milieu de l'été. Quelques
prairies et quelques champs parent le bord de la rivière, dont la pente a
favorisé l'établissement de beaucoup de forges. Après le défilé et dans les
autres points, le vallon s'ouvre davantage, notamment à l'embouchure de
l'Ossilieta et du torrent d'Acqua Freda; k Milesimo, les bois disparoissent et
le terrain parett plus riant; les collines du vallon sont escarpées, mais plan-
tées de vignes. A la hauteur de Cingio, la plaine est entrecoupée de belles
prairies; elle s'étend jusqu'à SallicettQ, où elle devient plus étroite; elle se
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TOPOGRAPHIE. 21
développe au-delà de Moneseglio jusqu'au point où la rivière 8ort du dé-
partement. En rentrant dans le département la vallée s'élargit : à la hauteur
du Belbo et de Monastero, elle présente dasse^ riches cultures.
Les vallons que baignent les eaux de la Bormida de Gairo n ofFrent d abord
que des versants couverts de bois de châtaigniers qui alimentent des forges et
des verreries; mais la chaîne des Apennins, qui s abaisse d environ moitié de
sa hauteur, change bientôt cet aspect sauvage en points de vue pittoresques
et riants; les plaines de Gareare et d'Altare, où débouchent les deux sources,
ne présentent plus que des collines agréables^ les deux torrents se réunissent
dans la plaine de Gairo, qui a une demi-lieue de largeur, et qui-pourroit
être fertile si l'on y appliquoit les moyens d irrigation employés avec tant
de succès dans le Piémont. Le vallon de cette Bormidâ offre cette particu*
larité, qu'il forme tour-à-tour depuis son origine jusqu'à son débouché des
plaines et des défilés fort resserrés. On peut sur tout le cours de la rivière
former à peu de frais des retenues d'eau immenses; les bassins ou réservoirs
projetés pour le canal de l'Adriatique pourroient contenir, avec des digues
de 100 à 120 métrés de longueur, un million de toises cubes d'eau dans les
plaines de l'Ue-Grande et de Ferania. Les plaines principales, après celle de
Cairo, sont celles de Dego, de Spigno, et enfin de Bestagno. Les défilés les
plus remarquables sont ceux de Piana, où la rivière est encaissée entre deux
niontagnes. Les plaines ont constamment une demi-lieue de largeur, et les
collines qui en forment l'enceinte sont plantées en vignes ou couvertes de
châtaigniers greffés; quelquefois leur aspect est stérile, et elles présentent
de grands escarpements, une terre ardoiseuse qui n'est susceptible d'aucune
production. Ges escarpements sont causés par le torrent qui vient se heurter
contre les montagnes, et en détache des masses considérables. Le vallon vers
Acqui a plus de largeur, et il se développe de plus en plus en approchant
d'Alexandrie; en sorte qu'avant de^pûttter le département, le torrent ser-
pente déjà sur un sol d'alluvions qui troublent la limpidité de ses eaux. Ges
alluvions sont fertiles, les arbres s'y développent avec majesté, et déjà com-
mencent à la limite du département les plaines fertiles et renommées du
Montferrat.
Les Apennins, dont les sommets se relèvent au-delà des versants des
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22 CHAPITRE 1.
Bormida , et parviennent à une grande hauteur vers ceux de FOrba , donnent
au vallon nh aspect désert. Les flancs dès montagnes qui le bordent sont cou-
verts de bois sauvages, ou sont déchirés par Iteâ torrents, et frappés de stéri-
lité. A peine voit-on quelques traces de champs et de vighfes, et jusqua
MoUare cette vallée paroît la plus triste et la plus abandonnée de celles de
TApenhin; mais les environs de Mollare commencent à être cultivés, et le
vallon s'élargit sensiblement à Ovada; il conserve les mêmes dimensions en
rentrant vei's Rocca-Gritnalda et Capriata, dont les environs sont formés
par des coteaux plantés de vignes. Le vallon présente alors une largeur
dé lo'o'o à 2006 mètres.
Les vallons oh coulent les sources de la Rhea sont couverts de pins et de
châtaigniers. Le sol peu Solide est sillonné sur plusieurs points par des ravins
profonds qui charrient tous des àlluvions -, la rapidité de ces ravins cause de
grandes dévastations dans la tallée, qui commence à se développer au-dessous
dé Ronvicino, et qui est déjà riante et étendue auprès de Dogliani. Ce ter-
ritoire qui liniîte Je département est très fertile, les arbres y montrent une
végétation vigoureuse.
Nôuè ne parlerons point en détail des vallées de la Corsaglia et du Lemmo,
elles nappartiennent presque point au département quelles limitent; il
suffît de dire que, dans la partie que ces rivières parcourent, le plateau est
déjà fertile; elles coulent fort encaissées au-dessous de ce plateau, contre
lequel leurs flots viennent se briser en formant de grands escarpements.
On peut remarquer par ces descriptions que les vallées enfermées dans
Fancien département de Montenotte sont presque entièrement couvertes
dé bois. à leur origine, couronnées de vignes et ornées de qu^ques chamîps
et de quelques prairies vers le reste de leur cours; et qu au moment où elles
se développent et présentent l'image de la fertilité et de la richesse, elles
cessent de faire partie du territoire. Ainsi le sort des habitants de cette partie
de ritaiîe est de forcer par le travail un sol ingrat à produire et à fournir des
moyens d'échange pour acheter des subsistances dans ces plaines ofi les*
mêmes eaux qui ravagent leurs terres vont déposer plus loin tous les gérmès
de la fécondité. Cette remarque s'applique également à l'autre versaût, et
Je territoire de l'ancien département dfe Montenotte est borné par îa mer
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TpPQGRAPHIE. :,3
au moment même où commencen]t ce$ riaQt$ coteaux et ces plaines heifr
relises, qui, situés sous le climat le plus favorisé de la nature, feroient de la
liguxie^ sïls ëtoient prdongés, un des plus beau^ p^ys de la terre. C'est le
propre de ce département de n'occuper que des montagnes stériles, et d'êtpe
environné presque entièren^ent ^es lisières les plus féconc^es et les plus
attrayantes.
Les vallées qui, du versant méridional des Apennins, se rendent à la mer,
sont trop noinbreuses et d'un cours trop peu étendu pour mériter chacune
une description^ elles ont toutes d'ailleurs une physionomie uniforme, ce
qui produiroit dm répétitions fastidieuses. Le versant méridional des Apen-
nins n'est pas auasii bçisé que celui que nous ayons décrit j toutes les som-
mités l'ont cepen<iUnt été, et on remarque facilement qu'elles pourroient
l'être encore sous tous les points. A ces sommités couvertes de broussailles
ou de bois, et souvent m;^es et dépouillées commencent les vallons. Leurs
pentes sont d'abord excessivement roides, et suivent l'inclinaison des flancs
des montagnes*, leur ver^pt dans cette partie ne consiste que dans des bois
de châtaigniers domestiques, et quelques champs ou quelques prairies
établis a\ir les sommets dçs contre-forts de montagnes, ou $ur les versants les
moins rapides.
Les eaux réunies ^u bas des penchants dopt nous avons parlé sont encore
profondément encaissées, et le vallon n'offre, sur aucun point, un espace
assez grand pour mériter le nom de plaine; mais les montagnes latérales s'a-
baissent en s'approchant de la mer, et leurs contre-forts sont couverts de
belles plantations d'oliviers, du milieu desquelles s'élèvent de petits villages,
des clochers, des m^tisons de campagne, qui donnent an vallon un aspect
varié jet pittoresque. Toutes ces plantations sont soutenues par dés terrjEisses
qui découpent la montagne ^n lignes horizon tfile^. A louest du littoral, les
oliviers sont cultivés seuls : ^illeur^, ces plantation^ sont elles-mêmes sepées
en Wé, et souvent même la vigne et les lég;un^es Remplacent les oliviers et Jes
moissons, Ces travaux en terrasses n'ont pu être que le fruit du tcimps : ils
ont exigé une main-d'œuvre énorme ; ils se multiplient encore sur les collines
qui arrivent jusqu'à la mer, et qui sont plus favorables que toute autre ex-
position à la culture de l'olivier. Le débouché du vallon offre constçqnmec^t
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94 CHAPITRE L
une plaine en forme de delta plus ou moins large, suivant la distance des
caps qui ferment le vallon; plus ou moins longue, suivant que le torrent a
plus empiété sur le inur. Ces terrains dalluvions, imprégnés d'humidité par
le torrent qui les traverse, abrités de tous les vents froids par les montagnes,
sont très fertiles, et le peu d'étendue qu'ils ont les rend très précieux. Ce
sont plutôt des jardins que des terres labourables ; lolivier, les arbres frui-
tiers, la vigne , les orangers, les parent ou les enrichissent de leurs produits.
Lies propriétés situées dans ces terrains précieux sont environnées de mu-
railles garnies despaliers et de citronniers; Ion y fait successivement plu-
sieurs récoltes; le blé est semé et fructifie sous la vigne, lolivier, et loranger;
la culture des fleurs, des légumes de toute espèce, lui succède, et l'hiver
même a ses récoltes. Tel est le fruit d'une culture assidue et prescrite par
le besoin, sous un beau climat; et malgré le spectacle imposant que pré-
sente la mer, on regrette de voir ses flots terminer ces belles plaines près*
qu'à leur naissance.
Parmi tous ces vallons, on doit citer ceux d'Oneille et de Dolcedo pour la
beauté dé leurs plantations d'oliviers; les environs de Savone et de Finale,
pour la fécondité de leurs jardins; celui d'Albenga, pour l'étendue de sa
plaine triangulaire, qui a une base de deux lieues sur une hauteur à peu
près égale, mais que dévaste le torrent même qui l'a formé.
DIVERSES ZONES DE CULTURE.
Quoique la nature ait répandu ses bienfaits d'une manière fort inégale
entre les divers climats, l'homme peut cependant s'accoutumer à chacun
d'eux en variant un peu ses habitudes et son industrie. Il habite la Sibérie,
qui ne produit que quelques mousses pour servir de pâtures à l'animal
qui le nourrit de son lait; il vit sous la ligne, brûlé des rayons d'un soleil
ardent. On peut s'expliquer comment le Hottentot et le Lapon vivent égale-
ment heureux de leur sort, et pleins d'attachement pour le sol qui les vit
nattre, quoique à des latitudes si éloignées, et sous une température si
différente; un espace immense les sépare, et la nature, par des modifications
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TOPOGRAPHIE. aS
dans l'organisation des individus , les dispose insensiblement à supporter,
Fun Fâpretë des frimas du nord, et lautre Fexcessive chaleur de FAfrique.
Mais cette heureuse faculté qiie Dieu a donnée à ITiomme de vivre et de se
plaire sous les températures les plus opposées se fait remarquer bien da-
vantage dans une portion de territoire oh régnent presqiie à-la-fois lés quatre
saisons de Fannée, et qui, sous une étendue de sept à huit lieues, réunit le
climat et les productions des diverses parties de l'Europe. Tel est le territoire .
de Montenotte; les fleurs d'un printemps perpétuel couvrent les rivages bai-
gnés par la mer, tandis qu'à peu de distance les frimas blanchissent le
sommet des montagnes. Déjà la pêche parfumée, le melon savoureux, cou-
vrent la table des heureux habitants du littoral , quand la fraise commence à
peine à mûrir dans les forêts demélèses et de sapins. Les animaux, obéissant
à leur instinct, à leurs besoins, à leur organisation, ne dépassent point les
limites que semblent avoir tracées, dans une étroite enceinte, la différence
du sol et les degrés de la température. La chèvre, le chevreuil agile, s'élan-
cent sur la pente escarpée des monts ; l'aigle établit son nid dans le creux de
leurs rochers les plus élevés, et laisse les troupeaux timides errer dans les
vallons. L'homme seul, vit également sur les plateaux les plus bas et les
plus élevés des Apennins, capable à-la-fois de supporter ou le froid piquant
des montagnes, ou Fair brûlant des rivages baignés par les flots.
Les climats se diversifient à mesure que l'on s'élève sur les montagnes
qui rattachent FApeimin aux Alpes, et chaque climat a ses plantes et ses
productions distinctes. Cette diversité de température étabUt des zones
très marquées, et que nous allons décrire. En partant du bord de la mer,
où le rosier et le citronûier fleurissent toute l'année , si tous gravissez les mon-
tagnes, TOUS laissez bientôt derrière vous ces jardins où le sol prodigue presque
sans culture les fruits à côté des fleurs; bientôt vous cessez de rencontrer
l'oranger, il s'éloigne peu du rivage. L'olivier résiste long-temps encore ; on
voit que l'industrie s'est efforcée d'étendre le domaine de cet arbre précieux,
n est rare qu'il passe le niveau de âoo mètres; cependant, les abris que lui
offrent les hautes montagnes des Alpes contre les vents du nord lui assurent
en quelques points une zone jJus élevée : c'est ainsi qu'à Pornassio on en
trouve à 64o mètres au-dessus de la mer; mais ce fait particulier ne peut être
4
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26 CHAPITRE I:
regardé que comme une rare exception. Le chêne vert cesse de croître sur le
sol oîi s'arrête la culture de Folivier j mais la vigne, plus nécessaire au besoin
de l'homme, se défend long-temps contre la rigueur du climat: elle fournit
un vin liquoreux, au-delà de 5oo mètres de hauteur, quand elle est dans
une^ bonne exposition •,- à 700 métrés, elle résiste encore, mais ses fruits
cessent déjà de mûrir. Le mûrier n atteint déjà plus cette hauteur, soit qu'il
ne puisse résister au froid, soit que Féducation du ver à soie devienne dès-
lors impraticable. Plus vivace que le mûrier, le châtaignier domestique donne
encore des fruits; il ne s'élève point en général au-delà de 600 mètres. Le
bois taiUis de châtaignier sauvage et les bois de hêtre lui succèdent, et déjà
on commence à remarquer quelques pacages qui indiquent une végétation
moins active. Les sapins et les mélèses commencent à la hauteur de 1,000
à 1,100 mètres, et ne s'étendent pas au-delà de i,5oo. A cette élévation
l'Apennin est déjà totalement dominé, et Ton se trouve sur le contre-fort
des Alpes. Les grands pacages, que l'on connoit sous le nom ^ Alpes y
s'emparent alors de tous les cols et des plateaux couverts de neige pendant
les deux tiers de Tannée; ils produisent, pendant l'été et le commencement
de l'automne, une herbe fine et succulente; les laitages y sont excellents;
on y conduit les troupeaux dans la saison qui adoucit l'aspérité de ce climat :
le domaine des grands pacages ne s'élève pas au-dessus de 2,000 mètres,
c'est sensiblement la hauteur du Mont-Cenis. Déjà l'on voit s'élancer des
rochers nus et menaçants sur lesquels les mousses seules semblent pouvoir
trouver quelque substance. L'ombre de ces rochers maintient, d'espace en
espace, des flaches de neige contre l'influence des rayons du soleil; ces flaches
se multiplient ainsi que les rochers nus, et la région des neiges étemelles
commence à 2,45o mètres de hauteur; mais déjà l'ioeil n'aperçoit plus le ter-
ritoire de Montenotte, que lui dérobe l'étendue des glacières. ^
Voici les cols ou passages principaux de la grande chaîne des Apennins. .
Le col deNava, hauteur au-dessus de la mer. 964 mètres.
de Montariolo, près de Caprauna- 980
de Borghetto 920
de Rocca-Barbena 900
de Montecalvo 890
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TOPOGRAPHIE, 27
Le col de Sette-Panni hauteur 85o mètres.
de Saint-Jacques 800
d'Altarre 49^
de Gastellasso 685
de Montenotte 700
de Zovo 760
de Montebevea 8i5
De la grande chaîne des Apennins se détachent plusieurs rameaux de
montagnes moins ëlerées, qui tournent du côté du sud, et salongent en
s'abaissant, jusqu'au bord de la mer. Venant de l'ouest à lest, et depuis la
rivière de Taggia jusqu'à Albinga , la première zone de culture est celle des
oliviers, qui s'étend depuis le bord de la mer jusqu'à la hauteur de 200 métrés ;
après les oliviers, et en remontant sur les cols, on rencontre les châtai-
gniers, sur-tout aux revers ; cette production occupe une zone de 80 mètres.
Viennent ensuite des buissons, des pâturages au sud, et des bois taillis au
nord, lesquels s'étendent jusqu'au sommet*, de loin en loin s'élèvent des ro-
chers nus; les jardins et les plantations d'orangers se trouvent au bord de
la mer.
D' Albinga à Arenzano, la première zone de culture, qui s'élève depuis la
mer jusqu'à la hauteur de 23o mètres, est mêlée d'oliviers et de vignes : sou-
vent on voit dominer la vigne; les oliviers ne sont pas si productifs ni
entretenus avec autant de soin que ceux qui se trouvent entre Albinga et
Taggia. D' Albinga à Savone, les oliviers sont encore nombreux et toujours
mêlés avec les vignes; on en voit moins de Savone à Arenzano.
Par-tout où l'on trouve des vignes, on trouve aussi des champs et quelques
prés; les châtaigniers s'élèvent au-dessus des vignes et des oliviers; du côté
du nord, ils commencent au pied des montagnes et vont jusqu'à la hau-
teur de 280 mètres. Après les châtaigniers, on ne voit que des friches, des
terres vaines et des pâtures; au nord, des bois et des rochers. C'est au bord
de la mer, dans les petites plaines, et à côté des habitations, que se trouvent
toujours les jardins potagers, et les bosquets d'orangers.
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28 CHAPITRE I.
GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE.
I
Après avoir décrit la surface du département, nous allons rechercher
quelle est la nature de son sol, quelles sont les richesses qu'il recèle; et,
guidés par de nombreuses observations , nous réunirons les faits qui peuvent
jeter du jour sur sa géologie.
Chacun des torrents que nous avons décrits a creusé une vallée qui mérite
d'être étudiée ; le passage remarquable de la chaîne des Alpes à celle des
Apennins offriroit un champ vaste de méditation au géologue qui voudroit
approfondir les causes des grands événements de la nature qui ont déterminé
la face du globe.
Les rochers qui composent ces montagnes ont un caractère particulier
dans leur aspect; on peut embrasser dans un court espace la diversité des
terrains, et il doit nécessairement résulter de leur disposition des rappro-
chements frappants, quand ils auront été suffisamment examinés.
On divisera cette description en offrant i^ l'ensemble du littoral, depuis
le sommet de la chaîne des Apennins jusqu'à la mer; 2^ le territoire à partir
de cette même chaîne jusqu'aux limites septentrionales du département.
Il est à regretter que les renseignements qui ont été fournis avec les plus
grands détails, presque sur chaque point dans les arrondissements de Savone
et d'Acqui j soient moins complets pour les arrondissements de Port-Maurice
et de Ceva: aussi nous ne présenterons cet exposé que comme un recueil
d'annotations déjà intéressant par lui-même, qui suffira pour donner une
idée générale de la composition des divers terrains de cette contrée, et qui
mettra sur la voie des observations qu'il conviendroit de faire encore (i).
(1) II est à désirer que Ton continue de recueillir ces renseignements locâtix, que Ton doit à
M. Tabbé Stella > curé de Moi^ello* Avec un goût décidé pour la recherche, des indices dès sub<*
stances minérales, et une connoissance parfaite du p^ys, il n'a laissé échapper aucui^ des faits
importants dans les lieux qu'il a parcourus^ Ses observations isolées ont l'avantage de pouvoir
être facilement réunies suivant Tordre que l'on se prescrit; elles appellent Fattention sur les
objets qui méritent d'être vérifiés , et conséquemment abrègent beaucoup un semblable travail ,
qui, pour être complet^ exige le concours de plusieurs personnes.
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TOPOGRAPHIE. 29
PREMIÈRE PARTIE.
La crête de rApenuin, ainsi que les principaux contre-forts, sont essen-
tiellement formés de roches serpentineuses, de roches micacées, et dun
granit composé de feldspath et de quartz, dans lequel le diallage yerdàtre
est quelquefois réuni au mica, ou le remplace entièrement.
Le porphyre proprement dit n a encore été observé que dans la vaUée du
Tanaro, par masses isolées ; mais les roches que Ion vient de désigner ont
tellement le caractère des roches primitives, quelles ont été considérées
comme telles jusqu'à présent. On pourroit donc attribuer à celte formation
la chaîne principale, notamment vers lest; car, à Fouest, les schistes et le
caleaîre dooainent, et impriment à cette partie de F Apennin les caractères
des terrains de transition, ainsi que nous aurons occasÎMi par la suite de le
foire remarquer.
La partie du littoral qui* est bornée par la mer est coupée, du nord au
midi, par de nombreux torrents, la plupart à ^ec pendant Fêté, à cause du
peu d'étendue des bassins qui les alimentent, tandis qu ils forment des cou-
rants tumultueux durant les pluies abondantes de l'hiver. Ces torrents
occupent, près de leur embouchure, des espaces souvent considérable^ et
entassent le long du rivage des amas de galets qu'ils détachent et roulent du
sommet des montagnes.
Les principaux torrents sont ceux qui passent par Albissola, Savone,
Vado, Finale, Albinga, Oneille, et Port-Maurice.
Le terrain des environs d'Arenzano est généralement un micaschiste alter-
uBMt avec un schiste argileux plus friable, quelquefims noirâtre, qui se dé-
compose facilement; il est alors très sujet aux éboulements, ainsi qu'on le
remarque principalement sur la nouvelle route de Voltri, qui conduit à
Gênes. Ses bancs sont fort inclinés, et s'approchent de la verticale, en présent
tant des escarpements élevés et menaçants par les masses qui s'en détachent.
La serpentine se fait jour par jJace à travers ce schiste, qu'elle pénétre, et
auquel elle sert d'assise; elle se trouve ensuite en masse continue, si on
s'élève vers le sommet de la chaîne.
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3o CHAPITRE L
Au-dessous de la |)apeterie près de Voltri, le schiste est quelquefois très
talqueux ou stéatiteux; et alors on voit dans ses joints de petites veines
d asbeste amiante.
La vallée au-dessous du télégraphe abonde en mica d un jaune brillant,
et qui forme une poudre dont on se sert dans les bureaux. Le ruisseau est
traversé par plusieurs petits filons de quartz avec des efflorescences fibreuses,
près desquelles on voit des débris d excavation, que Ton attribue à une an-
cienne exploitation.
En se dirigeant d'Arenzano à Cogoletto, la serpentine domine entièrement.
Elle est dure et compacte, verte, à fractures inégales et coupantes, et dont
les surfaces se recouvrent en peu d années d'une croûte blanche-jaunâtre,
qui donne un aspect particulier à ce territoire aride.
Le calcaire compacte recouvre plusieurs monticules à Cogoletto, près de
la mer, et donne lieu à une exploitation de chaux considérable, qui est
presque Tunique ressource des habitants de cette commune.
Le torrent ParpigUo, à Test de Cogoletto, et qui alimentoit une forge
actuellement détruite, fournit constamment de leau, quoiqu'il soit,' par la
surface de ses versants, un des moins considérables du littoral. Ce torrent
est encaissé dans la serpentine verte, compacte, admettant le diallage métal*
lique, le quartz, et formant quelquefois, avec ces substances, une espèce de
granit, mais dans lequel on ne remarque point de cristallisation régulière. ^
Ces pierres alternent avec des roches micacées, qui se prolongent jusqu'à
Varazze. En s en rapprochant, et montant le torrent d'Alpialla, on rencontre
successivement la serpentine et la roche granitique avec le diallage, sem-
blable à celle de Cogoletto; la chlorite en masse, des roches talqueases ren-
fermant dans leurs fissures de 1 asbeste amiante flexible et de Tasbeste rokie,
ligniforme; et enfin le calcaire saccharoîde blanc, lequd est ensuite recou-
vert par des couches argileuses dures, renfermant une couche de lignite
terreuse d environ un décimètre d'épaisseur.
Cette lignite est pulvérulente, et douce au toucher; elle se délaie facile^
ment dans Feau, et donne une couleur brune de bistre, qui pourroit servir
è la peinture.
l^e terrain change à Varazze, le long de la mer; et 1 on n observe plus, jus-
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TOPOGRAPHIE. 3i
qu'à Albissola, que d'immenses dépôts de galets, composés de roches serpen-
tines, de gneiss, de cornéenne, et de granit, dont les couches alternent avec
des couches de grès micacé, lesquelles reposent dans quelques endroits sur
des bancs horizontaux d'argile grise, endurcie, stratifiée avec une argile
bolaire rouge , que Ion remarque principalement près de Celle.
Ce poudingue contient accidentellement quelques pyrites, et des mor-
ceaux de lignite brune, qui ont encore conservé la teinture fibreuse du bois;
tandis que le grès renferme assez fréquemment des vénules de houille
lignite, dont la fracture est dun noir très luisant.
Les vallées formées par les torrents Riabasco et Sansobia, au-dessus d'Al-
bissola, offrent plusieurs faits intéressants.
La vallée de Riabasco est généralement formée de gneiss; mais à la dis-
tance d'une lieue de la mer, on observe que ce terrain est subitement pénétré
par une roche serpentineuse seinblable à un filon très compacte, d'un vert
très obscurci, présentant dés parties polies et douces au toucher. Elle a été
exploitée, il y a six ou sept ans, pour en extraire le sulfate de magnésie,
que Ion obtient par la oalcination, le lavage, et la cristallisation. *
La même substance produit aussi du sulfate de fer et de cuivre, mais en
petite quantité, et elle se retrouve à une certaine distance au-dessus du pré-
cédent gisement ( i ) .
On verra*par la suite que le département possède plusieurs gisements de
roches susceptibles de fournir du sulfate de magnésie; et il paroit même
qu elles doivent être fort communes dans tous les terrains à serpentine.
La vallée de Riabasco offre de fréquents indices de pyrites, notamment au
Ueu dit Pian del Pero, où il existe quatre filons considérables de ce minéral.
En remontant la Sansobia, on passe au milieu du gneiss, qui souvent est
semé de pyrites en eflflorescence, et traversé par plusieurs filons de quartz.
Le terrain change à EUera, où le calcaire gris compacte se prolonge sur
plusieurs milles d'étendue. On remarque dans ce calcaire des grottes consi-
dérables, mais d'un très difficile accès. Près de la paroisse Santo-Bernardo,
commune de Stella, sont plusieurs bancs de chaux sulfatée, grenue, cristal-
(0 Une exploitation semblable est en pleine activité à Sestri, près de Gènes.
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32 CHAPITRE L
Une, blanche, dont Fexistence a été ignorée fort Iong«-temps, et dont on na
reconnu les bonnes qualités que depuis près d!un an. Oh commence à ex-
ploiter ce plâtre avec avantage, et on lemploie dans la fabrication des mo-
dèles qui servent au moulage de la poterie.
En se portant à la Stella Saint-Jean-Baptiste, repartit la serpentine,
affectant Taspect de Tasbeste roide, à fibres parallèles. Enfin, en montant la
Stella Saint-Martin, jusqu'au site dit SteUa Santa^Giustina, qui occupe la
partie la plus élevée près les sources de la Sansobia, se montre le terrain
schisteux argilo-micacé, d'un jaune fauve, renfermant des pyrites globu-
laires, disposés en couches horizontales. Ce schiste alterne avec un grès dur,
quelquefois tégulaire, mais plus ordinairement en couches épaisses, renfer-
mant de nombreuses couches de houille sèche sulfureuse , dont les plus puis-
santes peuvent être évaluées à un demi-mètre. Le sol est recouvert d efflores^
cences salines, que Fon pourroit exploiter atec la plus grande facilité.
A ce terrain succède un terrain de grès stratifbrme, composé de couche^
d argile grise endurcie, semblable à celui qui recouvre la région nord du
département. Il occupe la partie basse du col que Ion traverse pour aller à
Sassello, tandis que la serpentine se reproduit sur les parties élevées envi-
ronnantes.
Si Ion suit le rivage d'Albissola-Marina, pour se diriger vers Savone, on
ne retrouve plus que des roches micacées, qui paroissent former la masse
dominante de Montenegino.
Ces roches se présentent sous la forme de gneiss jaunâtre on grisâtre : les
bancs sont très inclinés, et disposés en feuillets ou en mamelons ; ils admettent
souvent lamphibole, mais en parties très divisées, qui communique à la
pierre un teint bleuâtre. Ces roches sont stratifiées, vers la partie élevée ^
avec une sorte de granit composé de mica, de quartz, et de feldspath, agglo-*
méré sans cristallisation distincte^ le quartz ne paroit souvent y être (kssé-
miné qu en nombreuses vénules, qui pénètrent la roche dans tous ses sens.
On a découvert, il y a quelques années, sur les bords de la mer, un petit
fikm de pyrites en décomposition , offrant dans ses fissures beaucoup de petita
cristaux de bleu de montagne : ces pyrites, grillées et lavées, produisent assez
abondamment du sulfate de cuivre et de fer, et un peu de sulfate de magnésie.
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TOPOGRAPHIE. 33
Le terrain que l'on vient d'indiquer se prolonge au*delà de Savone, dans
les vallées de Letimbro, de Lavanestro, et dans les deux vaUées au-dessus
deVado.
La roche a une texture très contournée au lieu dit YArgentièrCy situé à
environ un mille de la mer, près de la nouvelle route qui conduit en Piémont.
Elle est pénétrée de grains de bleinde, de galène, et de pyrites : disséminée,
dans la masse, sur une étendue ayant au moins 8 mètres en tout sens, cette
roche affecte l'allure d'un filon dirigé du nord au sud. On y voit encore une
excavation assez considérable, que l'on prétend avoir été faite par les
Sarrasins.
Cette même roche micacée, susceptible des formes les plus variées, passe
quelquefois au schiste luisant violâtre, tel qu'on l'observe notamment dans
la vallée du Letimbro, au-dessus de Notre-Dame de Savone.
Quand le mica prédomine, la roche se délite facilement, et l'on peut en
partie attribuer à cette décomposition les amas de terre argileuse grise et
jaune déposée près du rivage à Albisola, à Savone, et à Vado, dont l'exploi-
tation donne heu. aux nombreuses fabrications de briques et de poteries
communes, formant une branche de commerce importante dans ce dé-
partement.
Ces amas argileux sont disposés en monticules isolés près de la mer, et sont
stratifiés avec des couches horizontales d'alluvions renfermant des coquilles.
Le sommet des Apennins, au col d'Altare, est essentiellement formé d'une
roche cristalline composée Ae quartz, de feldspath blanc, et de diallage.
Cette roche, quoique fort dure quand elle est récemment entamée, se délite
en fragments plus ou moins volumineux, et donne naissance à une portion
de terre rouge bolaire.
Un fait géologique vraiment digne de remarque, sont les amas de pou-
dingue résultants des débris de la roche que l'on vient de désigner , et qui
recouvrent, en formant plusieurs monticules, le terrain primitif près du
sommet de l'Apennin.
Ces amas s'étendent depuis Cadaboni jusque près de Roviasca, et consti-
tuent le gisement d'une mine de houille actuellement en exploitation.
La couche de houille a un mètre et demi d'épaisseur ^ sa direction est du
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34 CHAPITRE L
nord au sud, et elle s'incline de treize degrés vers l'ouest, dans la partie
actuellement exploitée.
Elle fournit une houille sèche de bonne qualité, et dont on commence à
tirer un parti avantageux dans le pays.
Elle est séparée des dépôts de galène par un banc assez épais d^un grès mi-
cacé, dur quand on lentame, mais qui se décompose fecilement à lair en
produisant une argile jaune.
Le toit de la mine est un schiste argileux gris noirâtre.
On n a point observé encore dans le grès, ni dans le schiste formant le toit
du bois fossile, d'empreintes végétales ni de coquilles f on voit seulement dans
l'intérieur de la houille quelques feuillets d'un schiste très bitumineux, qui
suit la direction de la couche.
Nous nous sommes assurés que la houille reposoit, en plusieurs points, sur
une roche micacée talqueuse, qui a la plus grande analogie avec certain
gneiss.
Nous ne devons pas omettre de consigner un fait dont nous ne connoissons
encore point d'exemple.
La mine renferme plusieurs dépôts d'ossements de quadrupèdes imbus de
houille, et moulés au milieu de ce combustible; et nous avons lieu de croire
que, dans la suite de l'exploitation, on en trouvera fréquemment. L'espèce
des animaux auxquels ces ossements appartiennent est probablement diffé-
rente de celle des animaux actuellement existants; mais ce fait atteste néan-
moins que les bouleversements qui ont donné lieu au dépôt de la houille, et
des masses roulées qui les recouvrent, sont d'une date plus récente qu'on ne
l'avoit généralement présumé, et qu'ils ont dû être très considérables, puis-
qu'ils ont agi sur de grandes hauteurs, qui donnent moins de prise à l'af-^
fluence des courants extraordinaires auxquels on les attribue.
D'une autre part, l'absence des coquilles et la* présence des ossements
semblent prouver deux circonstances de cette révolution : la première, que
la cause qui l'a produite est venue du continent; et en second lieu, que cette
révolution a été antérieure à celle qui a formé le terrain de sédiment et les
immenses dépôts marins qui recouvrent toute la surface de l'extrémité nord
du département, ainsi qu'une grande partie du territoire d'Alexandrie: car,
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TOPOGRAPHIE. 35
s'il en aToit été autrement, les débris de ce terrain eussent dû se trouver
confondus avec le terrain formant le gisement de la mine.
Tout semble ici attester ces grands événements, et prouver qu'ils ont été
suivis par d autres qui sont venus détruire ce que les premiers avoient pro-
duit. Nous ajouterons à lappui de ces présomptions l'observation suivante.
Pluiseurs sommets très élevés de cette partie de TApennin, tels que Mon-
temoro, Cutre, Lavanestre, etLetimbro, le sommet de Montenotte, qui forme
une des crêtes les {dus élevées de la chaîne principale, et enfin le revers mé«
ridional du Monte Tremo, à lest de Notre-Dame de Savone, sont surmontés
de piles de calcaire compacte, qui, dans cette circonstance, sont demeurées
comme des. témoins des bancs de ce sel pierreux qui jadis ont recouvert tout
le littoral, et que les courants ont, par suite des révolutions, successivement
emporté avec les terrains de sédiment, dont il ne doit plus rester de même
qu'une très foible poi*tion.
Mais, quoi qu'il puisse être de ces conjectures, nous avons cru pouvoir
les hasarder pour fixer plus particulièrement l'attention sur cette partie inté-
ressante de l'Apennin ; et nous croirons avoir rempli notre but, si de nouvelles
observations donnent lieu à des explications plus satisfaisantes. Nous sentons
qu'il n'est pas encore temps d'approfondir ces grands événements, et nous
nous bornerons volontiers à fournir quelques uns des matériaux qui pourront
y conduire un jour. t^
En remontant jusqu'à la source du Letimbro à Test, près du sommet de
l'Apennin, au lieu dit Labaissa on trouve l'afïleurement d'une couche de
houille, mais qui a à peine un décimètre d'épaisseur. Au-dessous de cette
couche coule une fontaine imprégnée de sulfate de fer, et employée en
médecine.
Toutes les vallées des environs de Savone sont métallifiées.
On a déjà indiqué un gisement de plomb sulfuré au lieu dit l'Argentière,
dans la vallée de Lavanestro. La matière métallique, quoique rare dans la
masse, se trouve cependant si généralement répandue, qu'elle pourroit for-
mer l'objet d'une exploitation j la seule difficulté qu'on y voit est l'emplace-
ment trop resserré que la mine occupe aujourd'hui, à raison du voisinage
de la nouvelle route.
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36 CHAPITRE I.
En remontant le Letimbro , on observe, dans un petit versant dit la Pistula,
de fréquentes pyrites cuivreuses éparses dans le gneiss, et un filon de quartz
qui s'enfonce sous le lit du ruisseau, et qui renferme d'assez belles pyrites
panachées. On vient de découvrir sur l'autre revers de la même montagne
qui regarde le torrent principal, un second filon de quartz dans une roche
micacée, brunâtre en décomposition. Ce filon renferme du cuivre sulfuré
noir, très riche, et de légers faisceaux divergents de cuivre carbonate soyeux.
Ce gisement est accompagné de plusieurs filons assez considérables de fer
sulfuré arsenical.
La probabilité de l'existence d'une mine de cuivre dans cette vallée semble
encore être augmentée par de nombreuses efflorescences vertes recouvrant
les pierres avec lesquelles sont bâties plusieurs murailles au-dessus de l'hos-
pice ; mais on ignore leur véritable gisement.
Les vallées de Vado se divisent en deux vallées principales, par les tor-
rents de la Cassola et le Tracinto. La dernière de ces vallées seulement
présente des indices de minerai.
On y a reconnu plusieurs filons de quartz et une roche serpentineuse
avec pyrites en efflorescence , semblables à celles d'Albisola, dont on a
recueilli le sel d'epsom ; elle affecte le même gisement.
Le versant Bonelli est traversé par deux filons de petites pyrites cubiques,
semées avec profusion dans une roche chlcfritée verte.
Dans le lit du versant Piatolino existe un filon de quartz carié à sa sur-
face, souvent micacé, recouvert d'efflorescence d'un gris noirâtre, et ren-
fermant dans son intérieur une grande quantité de pyrites arsenicales
jaunâtres.
De semblables filons se succèdent, presque sans interruption, au-dessus
et au-dessous du lieu dit Cenin, en remontant, sur une loqgueur d'un mille,
jusqu'à la Cataracte; mais ils sont pour la plupart recouverts par la terre
végétale, en sorte qu'on ne peut guère en juger que par les amas des masses
détachées gisant dans le torrent.
Les petites pyrites cubiques disséminées dans ces filons sont fréquemment
unies à des grains de galène.
Ce minéral commence à se montrer plus abondamment près de la cona-
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TOPOGRAPHIE. 87
inune de Roviasca, au-dessous du pont, près de la papeterie, dans le lit du
versant Faja ; et il donne les plus belles espérances près du pont de Martinet,
oh il existe deux filons d environ 3 mètres de puissance, dans lesquels la
galène se présente en veines assez fortes , compactes , à grains d acier exempts
de pyrites.
Le terrain de gneiss est recouvert, au-dessus de Boviasca, par le calcaire
gris compacte, qui se prolonge jusque vers le sommet.
Nous avons indiqué la nature, du terrain d'Albisola^ de Savone, et de
Vado, en nous transportant de chacun d eux vers le sommet de TApennin.
Le terrain micacé et talqueux, coupé fréquemment par le quartes pyri-
teux, se prolonge encore à Fouest de Vado, et remonte jusqu'à Segno.
Au-dessous de cette commune est un lieu appelé Pozzo d'Oro, c est-à-dire
puits dor, où Ion prétend que Ion a fait autrefois des excavations; mais ou
n'en voit plus la moindre trace; il est possible qu'elles aient été comblées par
les pierres que le versant y a jetées.
Le sentier qui passe au-dessus est traversé par un filon de quartz carié,
semblable au minerai de la Faja, et renfermant de même des pyrites et
de la galène.
Plus en remontant au lieu dit Mont-de-la-Mine-de-fer, se voit encore une
excavation considérable, dans les décombres de laquelle on trouve beaucoup
de fragments d'hématite brune caverneuse.
On prétend encore que l'or a été l'objet de ces travaux; on y a même fait
quelques tentatives dans ces derniers temps, et on a assuré qu'on y a trouvé
de ce métal, mais en trop petite quantité pour mériter une exploitation suivie.
Le terrain touche au calcaire compacte, qui recouvre le primitif à l'ouest
de Vado.
Le calcaire forme des montagnes entières à Spotorno, où il est exploité par
plusieurs fours à chaux établis sur le bord de la mer. Le rivage est creusé
dans Les environs par plusieurs cavernes naturelles, dont une fort spacieuse.
Les ûancs de l'Apennin se trouvent ensuite recouverts par le calcaire
jusque près du sommet, vers la chaîne; mais il fait de nouveau place au
primitif près de Noli.
A un demi-mille de la mer, en remontant le torrent qui passe par cette
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38 CHAPITRE 1.
commune, se voit un très beau filon de fer oxidé rouge, compacte, prësen-
tant, dans certaines cassures, le luisant métallique, mais peu prononcé.
Le filon s'élève verticalement, et se divise en plusieurs branches, en traver»
sant une serpentine verte-brunâtre, qui lui sert de gisement.
Ce minerai, quand il est pur, ressemble beaucoup à Fhématite; mais il ea
diflEëre par sa cassure, qui est unie, et qui na rien de strié ni de mame-
lonné : la serpentine lui a imprimé sa texture, et il semble, sur plusieurs
points, se confondre entièrement avec elle.
On remarque dans cette serpentine des noyaux de quartz et de minerai
de fer, et, dans le minerai de fer, des noyaux ou firagments de quartz et de
serpentine, qui donnent à cette substance Taspect dune brèche fort extra*
ordinaire (i).
Sur la rive ori^xtale du torrent, s enfonce verticalement dans le gneiss
un filon considérable de quaiîz grenu, ayant toute lapparenoe du grès, dans
lequel se trouvent des veines de la même substance, mais qui s'égrène faci-
lement, et dont on se sert pour la composition des briques réfractaires et
des poteries blanches de Savone.
de quartz s enfonce avec le gneiss sous le lit du torrent, où il est recouvert
d une manière très tranchée par la serpentine et le minerai de fer. Le gneiss
des environs est souvent traversé de veines de pyrites.
Plus à louest, à Saint-Clément, le terrain est composé d une roche blanche
feldspathique, légèrement micacée en décomposition, et produisant une
argile blanche quartzeuse , qui a tous les caractères du kaolin et des pétautzés.
Les mêmes matières se retrouvent près du château de Yarigoti. 11 est {m*o-
(i) Cette observation tendroit h prouver que la serpentine, dans la portion de l'Apennin que
nous décrivons, est due aune formation différente du primitif, et que celui que nous avons
énoncé comme tel, appartient au terrain de transition, que les minéralo^stes ont distingué
récemment du terrain primitif proprement dit, ou de cristallisation.
Nous avons déjà cité plusieurs exemples où elle parott être contemporaine au gneiss, dans
lequel elle s'enfonce. Il est donc possible qu'il en soit de même à l'égard des filons que nous
avons indiqués jusqu'à présent; mais comme notre but n'est pas d'approfondir cet objet de
discussion, nous continuerons de désigner à l'avenir ces divers terrains comme des terrains
primitifs, avec lesquels ils ont d'aiUeurs les plus grands rapports.
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TOPOGRAPHIE. 39
bable que quand elles seront mieux connues, et quoh aura fait sur ces
points des recherches conyenables , elles deviendront très utiles aux manu-
factures de Savone.
Le terrain est ensuite recouvert par le calcaire, le long^ de la mer, au lieu
dit Malpasso; ce calcaire se prolongée jusqu'à Finale, et au-delà, en s'élevant
de nouveau vers FApennin, jusqu'à Feglino, où reparott le gneiss : il présente
alors de loin des escarpements verticaux, doù les pluies détachent des ébou-
lements quelquefois dangereux, et qui comblent le torrent.
Le calcaire cependant fait encore place, le long du rivage, au schiste
micacé et à des roches, mais qui n occupent que fort peu d'étendue.
On remarque principalement, avant d'arriver à Finale, de fort beaux
faisceaux radiés d'arragonite , le long des escarpements de la mer, et peu
au-dessus se distingue une roche actricoleuse, d'un beau vert semé de petites
pyrites cubiques.
Les environs de Finale offrent plusieurs gisements de minerai.
On cite principalement une mine de plomb argentifié^ ex|4oitée autrefois
par les marquis de finale. Cette mine existe à Rialto, près de la source du
torrent qui descend à Finale. On y voit encore plusieurs galeries profondes
dans une roche tordue, micacée talqueuse, où le feldspath et le quartz
dominent quelquefois. Le galène paroît être disséminé en veines dans une
gangue de quartz.
A 1 ouest, près de Guistenice, on voit;^de même l'entrée de plusieurs gale**
ries, mais presque entièrement éboulées, et que l'on prétend résulter d'une
ancienne exploitation de mine d'argent. Le terrain est à peu près le même
qu'à Rialto, et stratifié par une roche talqueuse, feuilletée, gris tendre, im-
prégnée de légères efïlorescences cuivreuses.
A l'ouest, le terrain est assez généralement formé d'une roche fissile, et
d'ardoise, que l'on retrouve jusqu'à Carpe, au-dessus de Toirano.
Plus au nord-ouest de cette commune , à Balestrino, sont deux excavations
creusées dans un terrain semblable au précédent, mais immédiatement
recouvert par le calcaire compacte, attribuées à une exploitation qu'on assure
avoir eu lieu en i4^^9 ^^ avoir produit un fer arsenical argentifié; mais les
éboulements des galeries n'ont pas permis d'y recueillir des échantillons.
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4o CHAPITRE r.
On a construit, il y a peu d années, une petite forge à Magliolo, au-dessus
de la Pietra : cette forge est la seule existante sur le revers méridional de
l'Apennin ; mais il patoît que les boi« des environs fournissent à peine à sa
consommation.
Après avoir passé Finale, le terrain calcaire se prolonge le long de la côte,
tandis qu'il laisse à découvert des terrains micacés et talqueux vers la partie
élevée de l'Apennin.
A l'ouest, à un mille de Finale, le calcaire gris compacte se divise par
petites portions inclinées vers le midi, présentant dans ses points des canne-
lures ressemblant à certaines empreintes de végétaux, mais que l'on ne peut
guère leur attribuer, en raison de la continuité de ces cannelures, et de leur
direction toutes dans le même sens.
Les bords escarpés de la mer sont creusés par deux cavernes placées l'une
au-dessus de l'autre : la supérieure est ouverte à hauteur d'homme^ elle
s'élargit ensuite, et s^enfonce de plus de soixante-dix pas dans l'épaisseur de
la masse. Elle est intérieurement hérissée de stalactites pendantes; et les eaux
qui s'infiltrent constamment déposent sur le sol des ii^crustations. d'albâtre
qui reçoivent journellement de nouveaux accroissements.
Les deux cavernes se communiquent, et forment, par leurs diverses
sinuosités, une espèce de labyrinthe.
Nous avons déjà eu occasion d'indiquer plusieurs de ces grottes. Il en existe
encore à Noli , à Borgi , et à la Pietra ; mais les plus renommées sont celles des
environs de.Toirano, dont une, appelée Sainte-Lucie, du nom d'une cha-
pelle taillée dans la grotte, a plus de loo mètres de longueur.
Ces grottes renferment de nombreuses stalactites disposées en colonnes
fort grosses, ou formant sur le sol des masses d'albâtre nuancées de zones,
et de petites couches parsemées d'un brun rouge-jaune, ou d'un blanc pur,
quelquefois translucides, d'autres fois opaques, qui ont mérité d'être em-
ployées dans les arts. Ces albâtres sont susceptibles de recevoir un poli très vif :
on en a exploité à la Pietra , et ils sont connus sous ce nom dans le commerce.
Le terrain , sur tous les points que l'on vient de décrire , depuis Finale jus-
qu'à Loano, est formé de pierres calcaires, mais d'une nature différente du
calcaire compacte qu'on a décrit précédemment.
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TOPOGRAPHIE. 4i
Ces pierres sont exploitées par plusieurs carrières.
A Verezzi, près Finale, la pierre est une brèche poreuse, légère, formée
de petits fragments calcaires enveloppés d une pâte rouge de briques, qui en
constitue la matière prédominante , et qui communique sa couleur à la masse.
Cette brèche est susceptible de recevoir un certain poli, qui, sans être vif,
lui donne une apparence agréable. On lemploie quelquefois comme le
marbre, mais plus communément dans les décorations extérieures. Elle est
connue sous le nom de pierre de Finale. Les portes de la ville de Gênes en
sont ornées. ^ ,
En examinant avec soin cette brèche, on y aperçoit les débris de coquilles
marines à peine reconnoissables.
Cette brèche alterne avec d autres dans lesquelles les fragments de pierres
et de coquilles sont très distincts.
Les couches les plus approchées de la surface renferment quelquefois
abondamment de grosses coquilles, de Fespèce appelée Pettini^ parfaitement
conservées, et disposées dans le même sens, en sorte que les empreintes con-
caves sont toutes dun coté, et les empreintes convexes de lautre.
Au-dessous de Verezzi, on trouve des terres bolaires grisâtres, bleuâtres,
très fines et onctueuses.
On désigne encore le torrent de Finale comme très propre à fournir un
sable quartzeux qu on poùrroit employer avantageusement dans la fobrica-
tioh des cristaux.
Nous n aurons que fort peu de choses à dire sur le reste du littoral,
à commencer de la vallée de Toirano jusqu au département des Alpes-
Maritimes.
Le calcaire stratifié avec des schistes prédomine entièrement, à dater du
mont de Sette-Panni, et la masse principale de cette partie de la chaîne qui
se rapproche des Alpes paroît être formée de cette pierre.
Ce calcaire se présente sous diverses formes : on y remarque une brèche
mêlée de débris primitifs, Ués quelquefois par un ciment sihceux, qui rend
les brèches propres à foire des pierres meulières.
La vallée d'Albinga mériteroit d'être connue, pour y constater des acci-
dents que semblant y présenter les termes.
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42 CHAPITRE I.
La terre bolaire que nous ayons indiquée à Verezzi se retrouTe de nou-
veau à Zucarelk), situé dans la partie haute de la vallée d'Albinga^ ce qui
indique encore le voisinage du terrain primitif. On distingue parmi eesterres
bolàires la blanche et la noire. Les habitants se servent de la blanche poar
les voûtes dont ils recouvrent leurs maisons, et pour empédber par ce
moyen les infiltrations de la pluie. La plupart des habitatiofis de camt-
pagnesont construites de cette manière, à défaut de bois de charpente, et
en raison de la grande facilité que Ion a de se procurer sur placée tons >les
autres matériauM de construction.
On distingue, parmi les pierres des environs, un calcaire biano à cassure
pétro-siliceuse, fort beau, et qui pourroit, jusqu'à un certain point, tendr
lieu de marbre.
Nous ne connoissons encore, relativement anix*indieeside minéraux, q«e
quelques veines de pyrites éparses dans une pierre caleaire grise foncée,
veinée de blanc, que Ion a récemment observée près de la paroisse deCona,
commune d^Andoza.
Tels sont les objets les {Jus frappants et les mieux connus que Ton a été à
même de recmeillir sur le revers méridional d» TApenoin de: Afontenotte.
Nous y reviendrons après avoir fait connoitre le rev«:* opposé.
On ne connoit point encore d'indices de minéraux dans lanondîssettient
de Port^Maufice-, nous awrons cependant oceasÛMi de voir que plusieurs
terrains calcaires fournissent, sur le revers opposé de rApeanin^ des ffêo-
mçnts de minerai susceptibles d'acquérir de f importance: Le ra^roehement
tend à prouver que le territoire que nous indiquons présentemenit n'en est
point peut-être totalement privé , et qu il est possible d y faire dlienraiâes
"découvertes^ si l^on met à cette recherche tous les soins nécessaires.
SECONDE PARTIE.
En décrivant, dans la première partie de ce mémoire. Je territeii^ sud du
département, qui regarde la mer, nous avons successivement parcouru
chacun des torrents, en les remontant de leur embouchure jssque pH» de
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TOPOGRAPHIE. 43
leur rannrcé ; et nous sommes ainsi parvenus jusqu'au sommet de la diÀine
qui se rattache aux Alpes^Maritimes.
Kotts nous proposons de "suivre une marche analogue en décrivant le
renat» nord du département. Nous nous transporterons sUecessivemenl; dans
chacune des vallées, en observant leur CM^re:de position par rapport au
levant^ mais^ au lieu de suivre les torrents de bas en haut, nous les piren-*
droBsà kur origine la jdus^ élevée, et descendrons dans la partie basse, avec
le cours des eaux. Nous. nous y arrèteraos quelquefois, quand la nature des
terrains nou& indiquera qu'il finit les abandeoiaer pour réunir dans un même
cadre les terrains qui nous cmt semblé mériter une mention particulière.
Les valiées<lu Tanaro, du Belbo, et de la Boraaida de Milesimo font partie
de l'arrondissement de Geva. Les observations que nous avons à offrir rela-
tivement à cette partie du territoire seront générales et bornées à ce qui suit.
Nous commencerons par la vallée du Tanaro, située à l'extrémité ouest
du département, et qui n'est séparée des vallées qu'on a indiquées que par
les cols du pont de Nava et de la Pieve.
Les masses prédominantes de la partie élevée de la vallée du Tanaro sont
des bancs de calcaire verticaux, ou du moins très approchés de cette direc-
tion, quelquefois coupés par des bancs de roches micacées et talqueuses,
avec lesquelles ils alternent : ce calcaire constitue alors de véritables marbres
grenus, parmi lesqudb on diftdngue de fort beau marbre blanc et de fort
beau marbre turquin.
La vallée renferme encore plusieurs autres marbres nuancés de couleurs
variées, et susceptibles de recevoir un poli très vif, qui pourroient rivaliser
avec les plus beaux marbres de S^ravezza.
Une partie de ces marbres doit être classée parmi les brèches.
On distingue principalement, savoir : un marbre d^un jaune légèrement
enfumé, quelquefois veiné de violet; un marbre d'un fort beau rouge ver-
millon ^ veiné de blanc; plusieurs à fond blanchâtre, mêlés de fragments de
marbres de couleur de chair; et enfin un marbre à fond noir avec des veines
jaunes, ayant beaucoup d'analogie avec une variété de marbre de Porto
Venere, département des Apennins, et dont les couleurs sont un peu moins
tranchées.
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44 CHAPITRE I.
Ces marbres sont exploités par plusieurs carrières ouvertes depuis fort
long-temps, et on en transporte dans le Piémont (i).
En se rapprochant de Ceva, le terrain calcaire est recouvert par un grès
argileux dur, stratifié par des couches de grès tendre et d argile endurcie.
Il est quelquefois précédé ou recouvert par un poudingue formé de galets de
roches primitives et de bancs de grès à gros grains, qui sont alors très épais.
Le terrain de grès stratifié d argile commence à être observé à Bagnasco;
il forme ensuite toute la masse prédominante des éminences de Ceva , Mura*
zano et Dogliani. Le grès dur qui en fait partie est très propre aux construc-
tions. Son aspect est communément gris-jaunâtre , et quelquefois gris-cendré :
1 argile endurcie qui laccompagne prend les mêmes nuances; mais sa teinte
(i) Marbres qui se trouvent dans le territoire de Garessio,
.1. Marbre noir; dans la région de Trappa; carrière peu abondante , et dont le maibre est un
peu tendre.
X SeraTezzavidâtre; région de la Condamina, au-dessus del Borgomaggiore de Garessio ^ car-
rière très abondante dans son principe, mais qui commence à s'épuiser; d'une cpialité dure
et difficile à travailler.
3. Brocatello ; région di Falle ctlnfsrno; marbre très dur et fin ; carrière non exploitée.
4* Gris-obscur; région de Tlsola Pdosa; carrière nouvelleinent dlëcouverte, abondante, et d'une
dureté médiocre.
5. Persiglino pâle, extrêmement dur, que l'on trouve dans le Tanaro.
6. Gris-brun; région di Santo-Mauro ; carrière très abondante; qualité un peu tendre.
7. Marbre blanc, tendre; carrière ordinaire; région di Grapiolo,
8. Seravezza fleuri; morceaux très durs, qui se trouvent in Nmya dOrmea.
9. Bradiglio veiné, passablement dur, d'une carrière très abondante, dite deUe One, qui se
trouve entre Ormea et Garessio.
10. Bradiglio clair, extrêmement varié, très sain et doux; carrière très abondante; région de la
Pianea.
11. Madré obscur; morceaiTx dont la dureté est presque semblable à celle du porphyre; région
di Faite dlnfemo.
13. Jaune et noir; morceaux passablement durs, qu'on trouve dans la même r^on.
i3. Seravezza fleuri; région de la Nava d'Ormea; carrière qui produit des blocs d'une grosseur
médiocre; passablement dur.
j4* Blocs extrêmement durs, qu'on trouve dans le Tanaro.
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TOPOGRAPHIE. 45
s éclaircit , et acquiert un grain plus fin en sortant du département pour
passer dans celui de la Stura, où elle forme, notamment à Mondovi, des
couches dargile blanche fort épaisses, et dune excellente qualité pour la
poterie blanche dite terre de pipe*
Plusieurs manufactures récemment établies dans le pays commencent à
l'employer avec avantage.
Le terrain gréseux, ou de sédiment, qu on a indiqué dans les environs de
Ceva, occupe également.tout le lit du Belbo, qui prend sa source à Monteze-
molo. Il est fréquemment recouvert par le terrain tertiaire coquillëux ; les
bancs sont généralement très^ peu épais, et légèrement inclinés du sud au
no|rd: fJusieurs d entre coix renferment dans leur intérieur de nombreuses
empreintes végétales carbonisées et quelquefois des coquilles.
i5. Mâan^ jaune et noir, dur, mais inconstant dans la diversité de ses couleurs; carrière aboi»'
dante; région diBarchu
16. Qualité du no 3, ci-dessus.
17. Marbre blanc et doux, qu'on trouve en blocs; réçîon de la Nava d^Ormeâ.
18. Blocs très durs, qui se trouvent dans la même région.
19. Albâtre d^ean, passablem^it dur; petits blocs assez abondants; région di SantO'Bemarda*
ao. Marbre noir et dur; carrière très abondante ; r^on dello Falone ctlsoltu
31. Persiglino rouge, très dur, dont les blocs surpassent le madré de France par la vivacité de
leurs empreintes; carrière très abondante; région di Villarchiosso,
12. SeraVezza veiné et doux; blocs qui se trouvent m Falle âlnfemo,
i3. Giis^bseur^ médiocrement doux et inconstant dans la diversité de ses veines; carrière abon-»
dante ; région di Trappcu
34* Persiglino pâle, très dur; blocs qui se trouvent dans la région di Fillarchiosso.
a5. Albâtre pâle. Foyez n*» 19, ci-dessus.
36. Vefde à forestière; aux montagnes de Cenova. '
37. Brocatello trèsdur; blocs qui se trouvent dans le Tanaro*
Nota, On observe que tons ces marbres prennent nn très beau lustré, et que si Ton faîsoié
fouiller dans la plupart des montagnes du côté d'Ormea^ on y trouverait de nouvelles carrières
qui, en outre des marbres détaillés ci-dessus, en fourniroient encore d'une qualité couleur de
vin, à grandes veines, qu'on nomme braecia, et dont les échantillons manquent. De ces derniers
étoient formés les beaux édifices de Gasotto, ainsi que les colonnes qui soutenoient Fintérieur de
l'église. Ce marbre est très dur, et surpasse en beauté toutes lès autres qualités dont nous avons
parlé. La carrière très abondante qui le renferme est située dans la région Belorina.
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46 CHAPITRE I.
La vallée de Bormida Mdesimo, aux environs de CaKzzano, qui «si la
portion >la plus vcMsine de la chakie prindipale, ^t ttiélée ^dé cakaire oohi-«
pacre et d^ gneiss, dont la superposition mt difficile à constat^*; mai» il suffit
d'avoir observé que le calcaire recouvre le gne^ daûs de certaines- paràesi
pour faire juger de leur gisement en général.
Le calcaire de cette vallée est gris de cendre ou gris daï'dôise jtooé, lï^s
dur,'^atiDànt légërenent sous les choes répétés des briquets^ et v^néde
chaux ^afrboi!iatée blanche lamellaire.
Les roches serpentineuses , et phi^eurs espèces de graint propres à la
èhatne principale, paroissent associés au gneiss sur plusieurs points ^evés
des vaBées^ de la Bormida, au-dessus de Bardinetto et de Galizano. On trouve
aussi dans la même vallée tles schistes takpieux micacés, et des schistes cal-
caires argileux, parmi lesquels on a rencontré quelques schistes graphiques
ou ampitites ; et enfin du calcaire grenu , chipolin , ou micacé.
• Il existe dans plusieurs fonds de vallées des. dépôts de terre bokare Manche
et noire, analogue à celle que nous avons indiquée à Zucarello, vallée
d'Albinga : leurs couches sont fort inclinées, et mêlées avec des petits galets
roulés.
On observe principalement la réunion des* divers terrains -décril» cif^lessus
dans les environs de Murialdo, de Biestro, et de Castel-Nuovo, qui sont en
effet placés au point de partage du terrain primitif dans le terrain calcaire.
Ces diverses espèces de terrains sont déjà alors en. partie recouvertes par
le grès et Taille endurcis^ stfatifiés^ oonstitnant le terrain de sédiment qui
compose, au-dessous de Milesimo, les masses prédominantes, et iqui encais-
sent la Bormida jusqu'à leXtrémité du département.
Le terrain de sédiment, dans cette vallée, est plus ébouleux et moins
propre à la végétation que ceAvà de Geva^ et, sous ce rapport , il a b(MUCOup
d analogie avec celui des environs d'Acqui, que nous décrirons par la suite.
La partiehaute des' vallées de la Bormida et du Tanaro est génén^eHeni
recouverte de forêts très épaisses, qui ont donné lieu à l'établissement de
plusieurs forges, notamment aux environs de Galizzano.
L arrondissement de Ceva, quoique encore peu examiné, paroît être très
riche en prod«dtibns jninérailes.
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TOPOGRAPHIE. 4^
U existe au vaom» quaU*e couches de houille à Bagna«co , vallée du Tanaro :
eUes^ soivt, à la yérité, peu épaiases, mais étendues, et semblept annoncer
1 existence d autres couches dans les environs.
On en trouve également plusieurs à.Biestro; mais la houiUe est très sulfu-
reuse, et moins bonne que celle de Bagnasco.
Les pyrites se montrent abondamment ; on en connoit déjà deux giscnnents
dans les environs de Murialdô, au mont dit Conio, et. dans le vearsant dît
Riangroeso, oit ce minéral forme de puissants fil<ms de feDSoUioréansenioal
jaunâtre ; et en second lieu, dans les environ«^ de PrtjQroet de Morere, dan^
le lit du versant la Cevetta, où ce minéral forme en quelque sorte Je cimeilt
de plusieurs coudies de poudingue.
On a découvert, il y a pi^i d années^ deuxgisements de plomb sulfiiré de
galène^ dont Tun au c(À de Saint-Bernard, aurdeasus de Garessjo, et lautre
à Caatel-Nuovo , au^iessu^ deMilesimo : ils sont tous les deux dans le calcaire.
Les indices à Garessio sa montrent sur une étendue de plusieurs milles.
Ceux de Castel-Nuovo ne consisiloient d-abord que dans quelques masses
éparses, trouvées superficiellement dans la terre végétale; mais le minesai a
ensuite été mieux reconnu^ par des recherches exécutées en i3ô9, p&r
autorisation du Ministre de Fintérieur. U est résulté d^ eœ recherdbes
que le plomb sulfuré existe de deux manières dans le terrain : d abord en
vénules éparses dans la pierre calcaire compacte; et en second lieu dans une
couche du filon de brèche calcaire argiteuae qui traverse le calcaire en
masae. Ce minéral est accompagné de spath-fiuor : on ne le trouve encore
que peu abondamment, et sans suite susceptible de grande exploitation;
mais on doit néanmoins augurer favorablement de cette découverte, le filon
pouvant s'enrichir en s approfondissant, et ea multipliant convenablemenit
les recherches.
On a en. même temps djécou;vertd anciens travaux qui prouvent que ces
mânes ont déjà été exploitées; la tradition du pays nen a conservé aucun
souvenir, et on i^ore les^motifs qui les ont fait abandonner,
La commune de Biestro, au-^dessus de Milesimo, possède dans son terri-
toire un filon d environ un décimètre d'épaisseur de fer arsenical blanc avec
des efflorescences merde-doie, que Ion présume argentifiées.
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48 CHAPITRE I.
L or n'est pas étranger à cet arrondissement : la plupart des torrents roulent
des particules de ce métal, et il paroit même quon vient de le trouver sur
place , ainsi que nous allons en rendre compte.
Un particulier de la commune de Gamerana, se confiant à une tradition
vague qui couroit dans le pays, et qui portoit que la montagne Calcinara
recéloit des sources abondantes et des minerais d or, s'est déterminé à en
feire répreuve : il fit ouvrir cette montagne, il y a deux ans, par une galerie
qui a actuellement 90 métrés de longueur. Le terrain n offre aucun indice
favorable : il est presque en tout égal au gprès tendre argileux, constituant lé
dépôt de sédiment de larrondissement.
Il est de même recouvert, dans la partie supérieure, par des couches de
poudingue fort épaisses, renfermant des coquilles.
Dans la partie actuellement attaquée, les couches n ont guère que deux
centimètres d'épaisseur; on n'en a encore rencontré que trois, à raison de
leur peu d'inclinaison, et de la direction horizontale de la galerie. Elles sont
toutes les trois à peu près de la même nature, et renferment de nombreuses
empreintes de végétaux carbonisés, réduits à l'état de houille superficielle.
Celle dont on a auguré le plus favorablement est un grès plus foncé en cou-
leur, plus oippacte, et plus pesant que les autres, et imprégné de légères
taches de rouille. En projetant sur le feu cette pierre réduite en poudre,
elle répand une odeui; bitumineuse et arsenicale très reconnoissable. En l'exa-
minant avec soin à la loupe , on distingue dans la masse de fort petites^ pyrites
blanches, auxquelles le dégagement de Tarsenic est probablement dû; et
enfin il paroît , d'après l'expérience que l'on vient d'en faire à Turin , que cette
même pierre, soumise aux opérations du grillage et de l'amalgamation, a
produit, par chaque myriagramme, 56 décigrammes de fin , desquels on a
obtenu, par le départ, 5o décigrammes d'argent et 6 décigrammes d'or.
Cette découverte, si elle n'est pas aussi avantageuse à l'exploitant qu'il Ta
espéré, pourra le devenir, si les recherches sont convenablement dirigées.
Elle est au moins intéressante en elle-même : elle offre une donnée sur la
cause qui produit l'or trouvé dans les torrents, et peut ouvrir en quelque
sorte la voie de découvertes plus importantes vers plusieurs autres points de
gisements encore trop peu examinés.
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TOPOGRAPHIE. 49
La recherche du minerai de fer a été négligée jusqu'à présent, et on
ignore s'il en existe dans Farrondissement en quantité suffisante pour être
exploité ; on assure seulement qu il en a été trouvé en masses isolées dans
une terre rouge, aux environs de Priero, et que lexpérience en a été faite
à la forge de Bardinetto, il y a une dizaine d années; mais on en a perdu le
gisement. La vallée de Bormida donne également quelques indices superfi-
ciels de fer oligiste dans une roche poritée verdâtre. On vient aussi de trouver
du fer oligiste micacé dans les environs de Geva.
Nous finissons ici la description de larrondissement de Ceva, et nous
allons reprendre la description minéralogique locale d'une partie de 1 arron-
dissement de Savone , situé sur le revers nord de TApennin ; et nous passerons
ensuite à larrondissement d'Acqui.
Nous commencerons par le mont de Sette-Panni, qui donne naissance à
lune des Bormida, passant par la commune de ce nom.
Le calcaire blanc compacte à cassure pétro-siliceuse et le calcaire gris
compacte paroissent former la matière prédominante de la montagne, et
descendent le long de la vallée, jusqu'aux communes de Bormida et Pallare,
où ils recouvrent le gneiss.
Une partie du torrent roule sur des amas de poudingue quartzeux de
roches primitives , qui paroissent avoir été déposés dans le lit du torrent même.
Ce poudingue est quelquefois lié par un ciment pyriteux noirâtre.
Le gneiss environnant est traversé par de nombreux filons de pyrites,
parmi lesquels il en faut principalement distinguer deux : savoir, celui du
versant Pistola, et celui du ruisseau de l'église, formé de quartz caver-
neux, renfermant l'un et l'autre du plomb sulfuré.
Dans la petite vallée à l'est, qui donne naissance à une seconde branche
de la Bormida passant par la conmiune de Pallare, se reproduit le schiste
luisant tégulaire, semblable à celui que l'on trouve dans la vallée de Letim-
bro : on y remarque du quartz micacé avec de légers indices de galène.
Cette partie de l'Apennin est généralement très boisée; on en a profité
pour y établir des forges, et on en compte jusqu'à sept dans le lieu que l'on
vient d'indiquer.
Au-dessus d'Altare, près du sommet de la chaîne, en se dirigeant vers
7
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5o CHAPITRE 1,
QuigliaiK), au lieu nommé La Bocca d'Orso, est une roche serpentineuse
encaissée dans le gneiss , ayant beaucoup d'analogie avec la roche dite amère
d'Albissola.
On trouve dans les mêmes environs du fer oligiste, micacé lenticulaire^
mais en veines très superficielles.
Sur la montagne Gastellano, près d'Altare, repose un banc de sable micacé^
avec un banc de grès en décompositi<Hi, fort tendre et à grains fins, que les
verreries d'Altare emploient dans la composition du verre.
Cette commune a été, de temps immémorial, consacrée à la fabrication
du verre, et doit son existence à cet art.
En continuant de descendre la vallée de Bormida, passant par Akare, les
bancs de roches micacées continuent à se montrer jusqu'à la petite plaine de
Carcare; on commence alors de rencontrer des masses de galets et de pou-
dingue qui se prolongent au nord-ouest, et forment parfois des montagnes
considérables.
Ces masses reposent quelquefois sur des bancs de grès rouge, tds qu'on
le remarque le long de la nouvelle route qui conduit de Carcare àMillesimo.
Le terrain de sédiment, principalement formé d'argile endurcie, constitue
ensuite sur la même route la numtagne de Cosseria recouverte par le terrain
tertiaire coquillietu
Le même sédinient paroit former toute la continuation nord de Ti^pendice
dont le mont Cosseria est un des points les plus élevés; mais nous devons re-
prendre^ la description des environs de Carcare.
On taille des pierres meulières avec les poudingues menus des environs
de cette commune, mais elles \)nt peu de réputation.
'La colline délie Neve est recouiwKte par pd^siçurs petites couches de houille
et de pyrites globu'leuses, dures, et à cassures grenues, stratifiées dans des
couches dp grès argileux, micacé, jaunâtre.
Avant d'arriver à Carcare , on observe plusi^irs bancs de grès grisrbleuâtre
propre à être taillé ; il a servi dans les constructions des ponts. : Les eskvifons
de Cairo fournissent tle semblables carrières.
La petite plaine formant le territoire de Cairo est recouverte d'une vé-
gétation, active.
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TOPOGRAPHIE. 5i
Au levant, les pieds des montagnes sont des terrains primitifs, et renfer-
mant de lasbeste flexible et plusieurs filons de quartz, dont les fissures sont
remplies de gros cristaux.
On retrouve encore plusieurs bancs de filons de roches amères près du
ruisseau délia Beretta.
Sur la colline Sainte-Marguerite, le calcaire compacte présente des masses
considérables dans lesquelles la nature a creusé de grandes cavernes tapis-
sées de belles stalactites jaynàtres demi-transparentes. Ce terrain se prolonge
jusqu'à la forge de Ferania et couvre en partie les flancs de Montenotte.
A louest de Cairo, au lieu dit la Taïssa, du même nom qu(m a déjà
donné à une portion de la vallée de Letimbro, au^lessus de Notre»Dame-de-
Savone, se reproduisent les mêmes substances, savoir une couche de houille
sèche d environ un décimètre d'épaisseur, au-dessous de laquelle coule une
source d eàu médicinale.
La petite plaine de Cairo est rétrécie vers Dego par des montagnes de
gneiss assez élevées, et dont les pentes sont rapides.
En suivant la grande route pour se rendre à Piana, on dbserve dé fré-
quentes alternatives de serpentine et de gneiss, dont les bancs, presque ver-
ticaux, sont souvent recouverts par de grands dépôts de galets et de pou-
dingue.
Le terrain prend ensuite constamment le caractère du terrain de sédiment,
que nous avons déjà fkit remarquer dans Tarrondissement de Ceva, mais
qull convient de décrire ici jJius particulièrement, puisqu'il en difière sous
quelques rapports, et forme une partie considérable de la région du nord du
département que nous aurons à parcourir.
Ce terrain est principalement formé de deux sortes de pierres assez gêné*
ralement disposées en couches parallèles, légèrement inclinées vers le nord ;
une de ces pierres est un grès tendre, gris-bleuâtre, qui se divise en plaques
minces, et dans lequel on aperçoit de petites particules luisantes de talc. Ce
grès tendre, ou argile endurcie, se décompose facilement à l'air, en donnant
lieu à des éboulements continuels, qui déterminent les pentes très rapides des
montagnes, et qui permettent à peine à la végétation de se développer. Aussi
l'aspect des régions occupées par ce terrain attriste souvent les regards par la
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52 CHAPITRE I.
stérilité. La seconde pierre, dont les couches alternent avec la précédente,
est un g^rès plus ou moins dur et compacte, à grains fins et serrés, d'un gris
verdâtre obscur, et qui est généralement moins abondant que le grès argi-
leux ; cependant il forme quelquefois des bancs assez épais pour être équarris,
et d autres fois des couches assez minces pour être employées à couvrir le toit
des maisons.
Les couches inférieures sont souvent remplacées par des bancs de pou-
dingue dont les noyaux sont formés de serpentine, mais de très moyenne
grosseur : on s en sert alors pour foire des pierres meulières.
Au poudingue succède ordinairement un grès à gros grains, dont les bancs
sont fort épais; sur quoi on doit faire remarquer que ces poudingues et ces
grès à gros grains forment généralement des masses considérables près de la
chaîne principale, tandis que les grains fins et largile endurcie prédominent
à mesure qu on s en éloigne, d où il résulte que ces pierres paroissent être des
amas de débris des mêmes roches plus ou moins alternées ; elles sont ordinai-
rement verdâtres et légèrement talqueuses vers la partie est du département,
où domine la serpentine, tandis qu elles sont grises-jaunâtres, micacées, vers
Fouest, où la chaîne est plus particulièrement composée de gneiss.
Ces diverses sortes de grès renferment quelquefois des débris de coquillage.
On aperçoit souvent dans les grès durs les plus fins de très petites couches
parallèles de galets menus, ayant à peine la grosseur d un pcÂs.
Nous désignerons par la suite, pour éviter des noms descriptifs compU-
qués, le grès dur par Thornschieffer (Brochand), et le grès tendre par argile
endurcie.
Ayant établi les principaux caractères de ce terrain de sédiment , nous con-
tinuerons de rendre compte des observations minéralogiques faites dans la
vallée de la Bormida.
A louest de Spigno, au lieu dit la Crossea^ s'étend horizontalement un
banc, d'environ un mètre d'épaisseur, d une pierre calcaire de couleur gris de
cendre, mouchetée de taches plus foncées, à laquelle on donne dans le p^ys
le nom de marbre ; mais elle n'est susceptible que de recevoir un poli imparfait ;
on en taille des marbres d'escaliers , des chambranles de portes et de fenêtres,
et on l'emnloie même dans les environs.
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TOPOGRAPHIE, 53
La Bormida reçoit à Spigno le torrent la Yalla, qui prend sa source au-»
dessus de Giusyalla, situé sur un appendice assez considérable de la mon-
tagne de Montenotte, et qui se dirige du sud au nord, en séparant la vallée
de la Bormida de celle de FErro.
Nous décrirons le cours du torrent de la Valla, pour donner une idée plus
complète de la constitution du terrain.
Le terrain de sédiment commence à se faire remarquer à Giusv^lla. Les
environs sont en partie formés de grès en masse qui précède lliomschiefifer
stratifié, ainsi que nous venons de lannoncer; il est quelquefois recouvert
par un tuf calcaire et par un grès argileux renfermant de foibles indices
de houille sèche et de pyrites globulaires : la terre végétale est une argile
jaune.
En descendant la Valla jusquà Squanetto, pour se rapprocher de Spigno,
on observe de toute part le même terrain avec les mêmes indices; mais sur le
revers est de la montagne de Giusvalla on passe subitement au primitif.
La Valla fait une inflexion à Spigno pour se jeter dans la Bormida, «t elle
n en est séparée que par une digue naturelle de grès poudingue, ayant à peine
12 mètres d'épaisseur à son sommet. La pente rapide de ce torrent a établi
une difiérence de niveau entre ces deux courants, et on a profité de cet acci-
dent en perçant la digue, qui, par ce moyen, a procuré une chute d'eau em-
ployée à iaire mouvoir plusieurs moulins placés les uns au-dessus des autres.
Nous avons tâché d'indiquer avec précision la nature du terrain de sédi-
ment qui constitue le territoire nord du département; nous devons encore y
ajouter plusieurs circonstances qui paroissent accidentelles, et que nous
avons dans ce moment-ci occasion de faire remarquer.
La partie élevée de Montechiaro, ainsi que la colline dite la Fea, sont
couvertes d un calcaire caverneux blanc, analogue au dépôt que forment jour-
nellement les sources des environs, et qui est même tellement abondant dans
le lieu que nous indiquons, qu'on l'exploite pour plusieurs fours à chaux.
Ce calcaire, que nous nommerons d'incrustation ,^ développe, pendant la
calcination, des vapeurs sulfureuses, et produit une chaux très blanche et de
bonne qualité.
On trouve dans les mêmes localités une terre argileuse renfermant de nom-
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54 CHAPITRE L
bveusc» pyrites globulaires et de la cham sulfatée sélénite à très larges lames
transparentes.
Dans la partie basse de la vallée, sur la rire gauche de la Bormid», vis-a-
vis de Ponti , s'étend immédiatement au-dessous de la terre végétale un dé-
pôt de fer oxidé brun et dun ocre jaune, léger et pe» consistant, que loii
retrouve par places dans le fond delà vallée, snr plusieurs autres points, en
se i^pprochant d'Acqui, et que Fou finit même par trouver en masses plus
épaisses sur des parties^ élevée», ainsi que nous^ le ferons voir.
Nous avons pensé qu'il étoit d autant plus utile de réunir dans une même
note ces divers dépôts de calcaire, ou tuf d'incrustation, de sélénite, et de fer
oradé, que ces trois substances s'accompagnent fréquemment.
La vallée de la Bormida n'offre plus rie|i d'intéressant jusqu'à Ponti, oh
elle se termine en quelque sorte environnée du terrain de sédiment accom-
pagné des accidents que l'on vient d'indiquer, et où l'on remarque plusieurs
sources inconstantes formant des dépôts assez considérâmes, et trois sources
thermales tiédes, légèrement hépatiques.
Nous verrons que presque toutes les sources de la vallée d'Acqui ont plus
éu moins ces propriétés; m^ais ncms nous réservoirs d'en rapporter les détails
après avoir décrit les vallées de l'Erro, de Visone, et de TOrba.
L'Erro prend sa source près de la sommité du mont de Montenotte, passe
à Pont-Invrée, oit 41 alimente plusieurs petites forges, et reçoit le torrent qui
descend de SàsseHo; on a ftiit voir dans la première partie, en décrivant les
environs d'Abissola, que le calcaire compacte couvroit, à dater d'Ellera, les
flancs les plus élevés de la chaîne, jusque sur le mont de Montenotte; ce
même calcaire se prolonge vers Castel-Delphino, à l'est deCastel-Invréa, où
il repose sur un schiste luisant qui se divise comme l'ardoise, et qui souvent
est coupé par de petits filons de quartz.
Le surplus de la masse générale du terrain est serpentineux.
Près du versant Bertola, on voit encore deux excavations faites dans ces
pierres.
Le terrain environnant e^ traversé de plusieurs filons stériles.
A Mioglia, située à l'extrémité supérieure d'un petit torrent adjacent à
l'Erro, s'étend entre des couches horizontales un calcaire argileux et un
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TOPOGRAPHIE. 55
poudingue lié par un ciment rouge, qui, d après ces caractères, dif¥èjce fiu
terrain de sédiment ordinaire qui forme la masse générale de la région Qord,
et que Ton retrouve parfaitement caractérisé à Paretto, situé sur une colline
éminente à deux milles h Fouest de TErro.
Ce terrain de sédiment j*ecéle , près du versant de Pietra-G rossa , plusieurs
petites couches de houiUe lignite, recouverte de terre argileuse rouge et
fertile.
Au confluent de FErro avec le Rob^oro s élève le moot Ace&jto, i;Soléde$
montagnes environnantes et terminé par une pointe aiguë qui lui a fdoané
son nom. Ce mont est principalement formé de serpentine v^rte compacte
écaiUeuse y et d'uue belle roctue de chlorite v^rte fort tendre, i^t semé de pyrites
coloriées.
La serpentine est sillonnée de plusieurs £yions de quartz géodiques, ^oqt
les parois sont tapissées de petits cristaux curieu^. Ii^ re^te de la mas^e
passe à la calcédoine et ,au silex pyrom^que gris-foncé j ces filons silex ont
un à deux décimètres d'épaisseur, et enveloj^nt dans leur intériew* de
nombreux fragments de pyrites à cassure grenue, et des fragments de ser-
pentine en décomposMion« La pierre s altère facilement à F^ir, en perdapt
son éclat et se recouvrant de taches de rouille et d efïlorescences noirâtres.
Très près de ces mêmes filons, la terre rouge qui longe la partie basse
de la vallée recouvre de nombreuses pyrites disposées par couches, et des
morceaux. isolés d!asbeste roide, qiui semble résuliter dune décomposition
particulière de la serpentine voisine ; enfin on trojove au-dessous de la t^rr^e
écrasée un grès argileux poudingue, str^itifié Avec de petites mais nombreuses
couches irrégulières de houiUe lignite, dont parlée a conservé les fibres, la
couleur et même jusqua Féçorce du bpis^ et dojut }ufjd part^^ quelquefois
prise dsuis le même morceau, est réduite à Fétat de. houiUle luisante.
En descendant FErro jusqu'à un mille du mont Acento, on voit u^ es-
pèce de galerie creusée dans la serpentine .^ que Fon asçjure s y .enfoncer très
avant, mais dontx>n ignore Fobjet.
En descendant plus bas, on rencontre de fréquentes aJUernativesde la ser-
pentine et du terrain de sédiment qui la recouvre entièrement vers Fextré-
mité de la vallée^ mais, avant de nous y arrêter, nous croyons devoir remon-
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56 CHAPITRE I.
ter vers la chaîne de l'Apennin, et rendre compte des environs de Sassello.
La commune de Sassello est située sur un plateau très éminent au point de
réunion des torrents la Sasseletto au sud, avec le Briggiona au nord, qui
prennent leur source au mont Armetta , dont la sommité est distante de trois
heures de marche de Sassello. Cette montagne est une des plus élevées qui
s appuient contre l'Apennin ; elle ç'étend du sud au nord vers les appendices
qui donnent leurs sources au Visone et à la Caramagna.
L abondance du combustible dans cette portion du territoire a donné les
moyens d'établir cinq petites forges placées sur le terrain de Sassello.
Le plateau de Sassello est formé d'un grès dur à gros grains fort épais; on
le découvre particulièrement dans la Briggiola ; mais en remontant le torrent
au nord, on trouve le calcaire coquille stratifié avec un poudingue à grains
de serpentine, quelquefois m^é de cristaux rhomboïdaux, de spath calcaire
transparent et de veines de pyrites cubiques.
Sur la colline de Orato Valassino, près du chemin qui conduit à Mor-
bello, ce même poudingue est stratifié de fréquentes couches de houille li-
gnite très inclinée à l'horizon , et ayant à peine un décimètre d'épaisseur. Le
poudingue devient alors coquîUier, s'imprègne de bitume, et se recouvre
d'efiflorescence alumineuse. Il se termine, au sommet nord de la montagne,
par un grès argileux tendre, grisâtre, renfermant d'innombrables numis*
maies, et des masses de madrépores quelquefois fort considérables.
' En descendant vers l'Erro, la rive droite reproduit la serpentine qu'on a
déjà fait remarquer sur la rive gauche, et dont les joints sont pareillement
remplis d'asbestes ligniformes et d'asbestes flexibles soyeux.
L'exposé que nous venons de feire nous a conduits sur la partie élevée des
sources de l'Erro: nous commencerons la description de la vallée par les en-
virons de Malviccino, et nous la terminerons par ceux de Cesio, Cartazio et
Ponzone.
Malviccino est situé sur une éminence à l'ouest de l'Erro. La partie de la
montagne élevée au nord-ouest est formée de dépôts d'argile endurcie repo-
sant sur des bancs de poudingue, qui quelquefois sont creusés par des ca-
vernes naturelles tapissées d'efflorescences de sulfate de magnésie.
La partie basse au-dessous de Malviccino est une roche serpentineuse.
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TOPOGRAPHIE. 5;
Le versant ac^aoem est aurifère , et roule des masses d'une roche cristalline
composée de fort petits grains de feldspath, de quartz d amphibole, et de
pyrites superficieUement rougeàtr^s ; mais on neconnoit pas^le^vérîtable gise-
ment de cette pierre.
En traversant l'Erro, pour se rendre à Gartozio, on voit que la serpentine
«ontinue -de miivre les deux rives du torrent, et qu'elie renferme souvent
sur la droite «de Tasbeste grossière recouverte d'efïlorescences céreuses et
cuivreuses.
La serpentine est sur plusieurs points surmontée par une brédbe calcaire
grise compacte.
Du reste la masse prédominante des environs est f(M*mée de sédiment qui
renferme «ouvrait de petites coudées de lignites et de pyrites, et qui par places
est recouvre d une terre argileuse rouge projM^e à la végétation.
La commune de Ponzone, sur le sommet d une colline élevée à Test de
r&ro, comprend dans son territoire très étendu plusieurs hameaux et
quelques indices de substance minérale dont nous allons faire une mention
particulière.
On a déjà indiqué les nombreuses coudiies de houilles lignites déposées
an pied du mont Acento, confin de ce territoire avec ceux de Pareto et de
Gartesio.
Les territoires des communes de Grognardo et du mont Gavatore situés
au nordf-est de Ponzone, sont essentiellement formés de dépôts de .sédiment
straHiforme , recouvert par une terre argil^ise rougeâtre.
On y exploite plusieurs carrières dliornsckiefifer. Gemème tonrent est stra-
tifié aux lieux dits aile Pille et Ghapini, par un tuf calcaire d'incrustation que
l'on ex|Joite par plusieurs fours à chaux.
Au lieu dit Malpasso du Pian Gastagna, au sud*est de Ponzone, on trouve
dans une roche serpentineuse niicacée de nombreux indices de mines de
cuivre, et plusieurs veines de malachite susceptible de recevoir un poli
très vif.
Au hameau de Toletto, ^tué au sommet du mont, xegardant la vallée de
Visone, la serpentine se prolonge et paroit former la masse de cette mour»
tagne. Gette roche est pénétrée de nombreuses veines de pyrites qui,
8
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58 CHAPITRE L
en raison de leur décomposition, donnent un aspect jaune au terrain en-
vironnant.
La terre végétale qui recouvre le mont Cesola, abonde en débris dasbeste
amiante; ce site nous porte naturellement dans la vallée de Yisone que nous
allons décrire.
Le torrent Fassato auquel on donne ensuite le nom de Yisone, prend sa
source sur la pente méridionale des appendices résultant des ramifications
du mont Ârmetta.
Les environs de Morbello, situé sur le bord du Visone, possèdent plusieurs
espèces de marbres, mais qui n ont jamais été exploitées.
Sur la hauteur au nord, non loin de cette commune, au site dit le
Ghiozze, s'élève en bancs verticaux la chaux carbonatée saccharoïde, nuancée
d'ondes colorées, quelquefois dun blanc pur, ayant la demi-transparence
dalbum.
Ces bancs sont encaissés dans une roche micacée ou gneiss, formant
sur ce point une exception à la constitution générale de ce territoire, qui,
comme nous lavons fait remarquer, est presque toute serpentineuse.
Les rives du torrent Fossato, qui se réunit au Visone au sud de Morbello,
sont en partie bordées de plusieurs bancs de serpentine à fond gris verdAtre
susceptible de recevoir un beau poli, et parmi lesquels on distingue des
marbres d un vert foncé et de couleur de lie de vin assez agréable.
Elles sont quelquefois pénétrées de pyrites, dont Féclat ajoute à la beauté
de ces pierres quand elles sont récemment polies jamais elles ont Finconvé-
nient de noircir promptement à 1 air.
Enfin, vers le torrent Sareccio, se trouvent plusieurs marbres, brèches
serpentineuses, formés de fragments de cette pierre diversement nuancée
et cimentée par la chaux carbonatée saccharoïde.
Les échantillons quon s est procurés de ces pierres, font espérer quau
centre des masses on en trouvera de fort agréables, et qui pourront par la
suite être employées avantageusement.
Les serpentines environnantes renferment fréquemment plusieurs va-
riétés d'asbestes; elles sont aussi quelquefois traversées par des filons de
quartz ordinairement opaques, et colorées par bandes commf^ les calcédoines.
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TOPOGRAPHIE. Sg
Cette observation ainsi que celle que nous ayons déjà faite relativement
au silex quartz du mont Acento , ont fait penser que les excavations que
ion trouve fréquemment dans les environs de Morbello, peuvent avoir été
faites dans la vue d exploiter des pierres dures de ce genre.
Il existe notamment une douzaine de puits ou d excavations, en partie
comblées, creusées dans la serpentine, près des lieux que nous venons d'in-
diquer, mais plus rapprochées de la vallée de Garamagna : on ne sauroit du
moins attribuer d autre origine à ces excavations, les serpentines passant
quelquefois au talc lamelleux d un beau vert transparent.
Le site dit Sappagliano est en partie formé d'un «amas de talc terreux
chlorité assez foible, renfermant de nombreuses pyrites cubiques parfaite-
ment terminées, et ayant souvent plus d'un centimètre de côté. La terre à
foulon abonde par places dans les deux vallées au-dessus de Morbello.
La roche serpentineuse talqueuse qui borde ces tori^ents, est fréquemment
semée de nombreuses pyrites, mais presque imperceptibles, qui donnent lieu
par leur décomposition à cette terre à foulon et à des efflorescences magné-
siennes qui se montrent de toute part dans les fissures et autres lieux
abrités.
Ges efflorescences sont tellement considérables qu il sufflroit de les ré-
colter à mesure qu elles se produisent pour alimenter une petite fabrique
de sulfate de magnésie; et il n y a pas de doute qu en provoquant la décom-
position de la roche par des procédés artificiels, on ne parvienne à en former
un objet d'exploitation assez important.
Au site dit la Gafla, dans le lit du torrent Fossato, on distingue principa«>
lement, sur une étendue de plusieurs mètres, une pierre qui conviendroit à
cette exploitation ; elle est constamment recouverte d efflorescences cui-
vreuses et magnésiennes.
A Test de Morbello, sur le sommet de la montagne, au site appelé Gam-
passi , qui regarde le versant de la Garamagna, est une roche serpentineuse,
présentant plusieurs petites veines de malachite.
Vis-à-vis de Morbello, sur la rive opposée de Visone, sont de nombreuses
et très rapprochées rouehes de houille, mais dont les plus épaisses nont
guère plus dun double décimètre, du moins dans les parties reconnues
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6o CHAPITRE I.
jtidqa'àprëdent^da càs^ui^e est canehoïde, et d'un mat très^noir. On y trouve
de très petites esquisses de bois lûiumineux parfaitement distinctes, et à
peine décomposées, mais qui n ont aucun, rapport apparent avec le gros de
la masse. Le prolongem^it de cette même couche pMse jusque dan» les
vallées de S^iglicMae, dé Vairo, et au lieu dit alleFosee situé au snd--est de
MorbeUo.
Ce combustyË>le repose sur ua poudingue, noyau de serpentine qui oc^
eupe I» partie basse de la vallée j il est peeoùvert par un tuf cidcatre argilem
qui se sépare par plaques parallèle», dont les jmnts sont recouvert» de- tÊGm^
breuses empreintesdç feuilles^de cbâtaigner parfaitement eoaservéesi
Ce dépôt est encaissé par la^ serpentine, vers Ift vallée de Vairo et vers le
versant Sigtiala, dans le gneiss-^ don* on ne vok qu'on seul enemfde dans
cette vallée , ainsi que nous lavon» SûtEobserver.
Le gneiss se prokangevers-Grogardo, oà il est recouvert par le terrain de
sédiment.
La bouille Ugnîtc^ est également i»sez r ép andue < fains? h»<envi r eiis de cette
cconmune; elle a la cassure luisante.
On trouve dans le torrent de Morbello des roches roulées amphibokques
très pesante^/renfermant des grenats, maisidont onine conm^t pa» le véri-
table gisement.
La plupart des» sources de cette vallée sont^ acidulés et fbmMnt)des^ dépôts
oeneux plu$ ou moins abondants*
Les versants Gamborella et Fossato sont aurifères; les Génoivvesnoîeiit les
exploiter tous W&ans, il ya^nn denn^^de; mais ik ont fini pat lea abandon-
ner : quelques paysan» s occupent encore oii^ourdliiii de cette pèche et y font
de légers profits j
Nous avons déjà été obligés d entamer la descriptioniéelff vuHée-JelaGara^
magna; nous aUonsinons y transporter pourla cdmfdéten
Le torrent de la Garanagna prenfd^sa source, aînsî que leVisone, aie suke
des ramifications du mont Armetta, Dans toute ia> partie ék^ée, ài dater de
Gremoline^ sur kufaaurteur à lest, jusqu'à Prasco, situé^Sillr.la Garamagna,
le terrain est) à«-pau.«'piiat de laiméme natuae que celui des environs de
Morbello^
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TOPOGRAPHIE. 6i
Au<be$60us du château de Praaco se montrent de fréquentes t^orescences
cnî^retnes, sar une roche serpentineiiae très pesante, ayant beaucoup de
ressemblance avec la roche dite amère d'Âlbissola.
€e point est un de cens où ie tenwn primitif se trouve le plus rapproché de
la vallée d'Acqui ; plus au midi il est tout>-à-£ait recouvert pard» couches de
poudingue stratifié avec de petites veines de houitte ligote- imprégnées
d'effloreseences alumineusses;
Le torrent appelé Orobreno, à' cause du mica jmsne (par y akmAàe^ est
hmdé vers le bas par une serpentine efflorescente mognésiemKe. •
H nous resl» encore, pour adiever de décrire le terrahi pnmitif dfu^épsrc-
tement, à recueilhrlesiannotBlione relative» à la vallée: de rOrba, sîtuéesurlv
reversa esc du mont Armetta;
Cetle portion du territoire a beaucoup de rapport avec celui que nous
avons fait connoître à Sassello ; elle est de même formée de plusîearS'pkiteanx
fort élevés, cultivés et habités, mab séparés par de profondes vadléea. Les
bois qui ombragent le ftanc de ces montagne», alimentenr phniéurs petites
forges aux environs de Tiglietto etd'Olba.
La serpentine forme la masse prédominante^ F Arasettat^en estelriîèrement
composée; on a j^nâenr» fois observé que Faiguille aimantée, ne pienoit
aucune direction fixe dans les environs de ce mont.
Qudqu^is: kserpentine est accompagnée de roche&a«tinoteuges et d'am^
{diibofe, et passe même à la cornéenne, en prenant'dan&oesr divergeas! la pkts
ff^xnèedarexé 6t)téBacité.
On remarque principalement cea variétés au site dit Ceresole, oik ettes
renferment, sur une étendue assez considérable, de nombreuses pyrites
cubiques; plus ordinairement elle* est écailkeuse comme à Badia^ près de
régliw^de âaint-Gotardo, où>ette offre dans^ ses joints dësiamelles de cuivre
otidé ; eteufin danalesrenvirotiade Tiglktto^ elle devient rougeàtre et admet
le diaUage chatoyant gris.
Le torrent Sambruco, près d'Alpicelkt, est'trarersé par plusieurs roches
açttnoteuses , compactes , renfermant des pyrites ; mais la serpentine continue
de prédominer. L amiante flexible, ainsi que ladtieste ligniforme, mais ayant
encore toute la texture de certaines serpentines, sont fréquemment compris
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62 CHAPITRE I,
entre les fissures de ces roches, et ces mêmes substances se trouyent en même
temps dispersées dans le sol qui environne le torrent deVisone, au-dessus
du hameau de Badia.
Le terrain que l'on vient d'indiquer renferme souvent, d une autre part,
des pyrites isolées, notamment sur les bords du torrent FAppellavegio, où
Ton remarque plusieurs filons de ce minéral.
Au levant du hameau de Badia et du torrent de TOrba , le terrain est
généralement recouvert par une terre rougeâtre. qui lavée produit des par-
ticules dor; on cite principalement. le territoire des hameaux de Praisa^,
Falconetta, Casadalto, et Zanania, situés dans le département de Gènes,
comme ayant été exploité déjà plusieurs fois avec avantage.
Il est certain du moins que le Garpanero, à Test de Badia, et qui traverse
une partie des terrains que Ion vient d'indiquer , est un des torrents aurifères
les plus riches de FOrba.
L'Orba, à dater de Ghampianuto jusqu'à Molare, roule fréquemment des
niasses qui méritent d'être désignées, et dont on ne connoît pas encore le
véritable gisement ; nous citerons les principales.
Des roches d'amphibole avec grenats, des roches stéatiteuses lamellaires
verdâtres, avec veinulles de fer oxidulé; des masses très pesantes et d'une
ténacité extrême, d un minerai ayant tout l'aspect du fer oligiste, mais qui ,
exposé à un certain jour, présente de légers reflets chatoyants; enfin beau-
coup de sable ferrugineux, dans lequel on a reconnu le titane menakanite.
Ge sable noir est roulé par la plupart des versants, et on l'observe quelque*
fois épars sur le sol, après les grandes pluies, jusque sur les parties les jJus
élevées des montagnes.
Le terrain serpentineux, formant la masse prédominante de la vallée de
rOrba, ainsi qu'on Ta pu voir, se prolonge jusqu'au torrent Amuzione, au-
dessus de Gassinelle, et même jusquà la commune de Molare, Passé le tor-
rent, le terrain est de sédiment stratifié, mais la partie basse du courant de
rOrba roule sur un poudingue de serpentine fluviatile ancien, quelquefois
enduit d'efïlorescencessaUnes, et recouvert d un grès argileux tendre ren-
fermant de fréquentes couches de houille, notamment dans les environs de
Molare; ce^ couches ont jusqu'à deu^ décimètres d'épaisseur : la houille est
compacte et lamelleuse, noire, luisante, et paroît être de bonne qualité.
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TOPOGRAPHIE. 63
L'argile endurcie, stratifiée par les couches de grès que Ion vient d'indi-
quer, accompagne des ams^ de bois pétrifié, et même jusqu'à de gros troncs
entiers d'arbres de châtaigner, de chêne, et d'aulne.
La pierre prédominante des environs de Roccagri'malda, située près de la
rive ouest de l'Orba, au sud d'Ovada, est un sable agglutiné présentant sou-
vent des escarpements verticaux. Ce terrain en se portant à l'ouest, vers le
mont Riouro, passe au calcaire gris ocreux, léger et absorbant facilement
l'eau; en se portant au sud, vers Silvano, la pierre devient argileuse et
compacte.
Au-dessous de cette commune, l'Orba reçoit dans son cours le ruisseau
qu'on appelle indifféremment Piotta ou Gorgente, qui prend sa source à l'est
dans le département de Gênes, et qui passe pour être un des plus aurifères de
ces contrées.
On prétend également que l'or est épars dans la terre végétale des envi-
rons, faisant suite aux territoires déjà indiqués plus haut, et que le duc de
Mantoue en avoit entrepris l'exploitation il y a un siècle.
Ce métal précieux paroit plus particulièrement dans ce canton appartenir
au terrain de transport coquillier, mêlé à une argile jaune micacée, tel qu'on
le fait remarquer à Belfort et au lieu dit monte Bemardo, où l'on assure
qu'il suffit de laver la terre pour recueillir des particules d'or. Le fond de la
vallée de Piotta est composé de roches serpentineuses et de roches micacées,
recouvertes dans les parties élevées par le poudingue, par le terrain de sédi-
ment stratiforme , et enfin par le terrain de transport qui commence à occuper
des portions de surface assez multipliées dans cette partie du département.
Les indices de houille lignite se trouvent également assez fréquents dans
ces environs, notamment sur les rives dil rtiisseau Boiro, près du Gassalegio,
et du ruisseau Roverno , près de Montaldo.
Le terrain de sédiment est pyriteux près du ruisseau au-dessus de Terma.
Le calcaire sablonneux que nous avons indiqué plus haut se reproduit à
Casteletto'd'Orba, où il forme une pierre assez propre à la fabrication de la
chaux, et qui peut être employée comme pierre de taille.
Les environs de Casteletto, d'Orbia, donnent naissance à trois sources
d'eaux minérales, savoir : la première, près du ruisseau Arbitosa, est hépatique,
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64 CHAPITRE I.
limpide, mais formant des dépots nok*s après avoir séjourne àiair^ elle a
unesaveur salée, amëre et nauséabonde ;>la seconde sonrce, pvè&du ruisseau
Arbarolo, est moins abondante et ne dépose point; la troisième, «ituée md-
lautre idyedu même ruisseau, est peultépatique,maistrès<saléeet amè]?e(i).
Les rives des ruissaux passant à SainM3ristoph«ro sont formées d'un pou*
dingue ikiviatile ancien , recouvert vers la partie basse de TOiba *par Je
terrain de twaifisport. On trouve ^ns ce dernier terrain beaucoup de bois
aga^aé; le surplus du terrain de ce canton, jusquÀ la Bormida, est pves*
que entièrement occupé par les mêmes couches.
U nous reste encore à rendre compte de quelques détails pour ^e<nnpléter
la description de lextrémité ouest de TOrba.
Nous avons déjà remarqué qu'il -se trouvoit |4usieurs couches de houille
dans les environs de Montaldo. Le terrain de sédiment qui fonne la masse
prédominante de son territoire, est quelquefois remplacé par un sdûste
argileux disposé en bancs très inclinés, auxquels succèdent des couches cal-
caires d'incrustation et des couches d argile renfermant de la d^aux sulfatée
i^èlénite. La surface du sol est recouverte par une argile rougeàtre grasse
renfermant des bois fossiles.
On trouve à Garpeneto, situé plus au-dessus, du minerai de-fer lamelleux
en grains, étendu en couches dans un terrain argileux, comme dans 1^
environs de Ponti ; on y trouve également un calcaire d'incrustation et de
gipse.
Tnsobbio donne lieu aux mêmes '(J^rvations, et on y remarque de plus
des couches d'argile epidureie, sablonneuse, in^HPégnée d'effiorescences de
sel marin.
On Sait usage à Morasco de plusieurs terres sigillaires, grises, jaunes, et
rougeâtres, très propres à être modelées, et prenant sans se gercer beaucoup
de ténacité en séchant.
(i)M. Moyon a reconnu, par l'analyse qu'il a faite de ces eaux, qu'elles contenoient : gas
hydrogène sulfuré o,ooo23, chaux o,oooi5, muriate de change 0,00009, muriatede sonde 0,00007^
(^a 0,99^46; total 1,00900.
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TOPOGRAPHIE. 65
Le terrain de Cremolino, situé près des sources de la Garamagna, est
composé, dans les parties élevées, de serpentine vers l'Orba, de beaucoup de
terre argileuse rouge vers la Bornuda, et de terrain coquillier dans les
parties basses.
Nous avons jusqu'à présent décrit les principales localités où le terrain
primitif domine ; nous avons successivement parcouru les principales vallées
qui , en se terminant au nord de la chaîne principale de TApennin , se dirigent
du nord au midi, et nous nous sommes arrêtés dans les lieux où le terrain
de sédiment couvroit entièrement le primitif.
Nous allons passer au détail de la description des terrains de sédiment,
dont la vallée d'Acqui est entièrement composée. Indépendamment de cette
circonstance, elle doit mériter une mention particulière, d abord en raison
des sources d eaux thermales quelle produit, et en second lieu en raison de
sa direction de louest à l'est, qui coupe à angle droit celles que nous avon^
précédemment décrites.
ENVIRONS D'ACQUI.
Cette vallée est traversée par la Bormida et est encaissée au nord par un
coteau fort élevé, qui sépare le cours de la Bormida de celui du Belbo, et
qui, feisant obstacle aux eaux venant de la partie élevée de TApennin, les
oblige de se détourner et de se rejeter à Test.
Le tomà du terrain est essentiellement composé de sédiment stratifié de
grès dur, de thonschieffer et d'argile grise-bleuâtre endurcie , ainsi que nous
l'avons déjà indiqué dans beaucoup d'endroits.
Les bancs de grès thonschieffer se succèdent en {dus ou moins grand nombre,
suivant les localités^ mais ils sont en général abondants dans ce canton:
leur épaisseur est très variable. Quand la pierre est mince, ses couches sont
moins étendues, mais offrent encore des surfaces ayant jusqu'à 80 cen-
timètres en carré; elle sert alors à couvrir les maisons. Quand elle est plus
épaisse, elle s'équarrit plus facilement, et on en taille, suivant ses dimensions ,
des marches d'escalier, des chambranles de portes et de fenêtres, et enfin,
9
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66 CHAPITRE I.
de gros quaiitiers quelquefois très considérables , ayaut jusqu'à un mètre
d'épaisseur en tout sens.
Les pierres des environs d'Acqui sont très estimées pour lesconstructîoiis,
et on en transporte dans une partie du Piémont, et notamment à la forte^
resse d'Alexandrie. Les principales carrières d'où on les extrait sont à Ponti,
Narso, Gasteleto, Melazo, Quartino, Mont-Gavatore, Acqui, et Yisone.
Après avoir donné cet aperçu des environs d'Acqui, nous passerons à la
description locale, en commençant par la commune de Yesime^ à 1 extrémité
ouest de la vallée où la Bormida de Millesiœo prend une ii^exion vers Test.
Lies fontaines des environs de Vesime sont incrustantes. Le tuf calcaire,
probablement dû à d anciens dépôts analogues aux dépôts formés par ces fon^
taines, y est tellement abondant, quon lexpkiîte pour en febriquer de k
chaux. U est exploité également à Monastero et à Yisone, oà Ton en trouve
de même des bancs considérables.
On assure avoir trouvé dans le terrain argileux rougeâtre des environs
de Bubbio, des silex jaspes rubanés gris, mais qui ne sont probablement
que des bois agatisés, qui quelquefois prennent par leur poli un aspect fort
agréable. Ces bois semblent appartenir généralement à ces terrains; mais
ils ne se trouvent que dans les couches supérieures.
Le terrain de sédiment est fréqueHunent recouvert d'afrgile ja«ine-»rou*
geâtre, renfermant des débria, et qudjqpi^is des petites coudws de houîHe
lignite, qui se divisent fiieilMnent à IW et qui sont presque constamment
accompagnées de pyrites cubiques qudlqiiefois assez vohimîmetises» Ges acci-
dents s'observenft sur le» borda du ruisseau dit Fea, dane les enterons de
Bubbio, près de Monastero, et près de Ter^o.
Le terrain de sédiment de la vattée d'Acqui paroit assez généralenwm
sujet à des décompositiona qui déterminent des éboiile»Mits fort ooasîdé-
râbles, et dont bous dlons citer plusieurs exemples;
Le Poazo Magno, »tué près de Fextrémité ouest die la vallée, est une mon-
tagne des pluë élevées des environs; elle est tenmnée par deux pointes aceai»
sionées par un éboulement qui a détruit le somm^ principal, en laissant
subsister les parties adjacentes : on reconnoit encore les débris de cette chutes
qui ont formé un plateau au pied delà montagne ; mai^ on en ignore Fépoque.
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TOPOGRAPHIE. 6>
En remontant de Monastero à Sassano, à la distance d un mille de la Bor-
mida, on voit que le terrain où est établie cette commune est formé d^énormes
éboulements détachés de la montagne voisine, qui ne paroissent pas même
être encore parfaitement assis, ainsi que le prouvent les lézardes qui sillon-
nent les murs de Féglise paroissiale et des habitations.
Le mont Stregone, au pied duquel sort une des principales sources d'eau
thermale, a éprouvé de pareils éboulements, ainsi que nous le ferons voir.
Il est arrivé des accidents analogues, mais que Ion pourroit attribuer à
une autre cause, à Strevi et à Ricaldone, situés à lest d'Acquî, dont le
terrain est formé d'une argile rougeâtre très fangeuse pendant l'hiver : on rap-
porte que ce terrain est sujet à des glissements qui ont transporté quelque-
fois des maisons entières.
Nonscoi^inuerons la description de la vallée en suivant la partie basse avec
le cours de la Bormida; nous reprendrons ensuite les parties les plus élevées
au nord.
Nous avons indiqué les terrains de Gasteletto, de Melazzo, Mont-CIavatore^
ainsi que le mont Stregone , comme en grande partie formés de thonschieffor
et d argile endurcie stratiforme. Les grandes carrières de cette pierre exploi-
tées dans ces différentes communes indiquent suffisamment la nature du
soi; mais il paroit cependant que la serpentine en constitue les parties in-
férieures, car on trouve quelques indices de cette pierre à Monte-Cavatore
et de Fasbeste blanche amiantoïde dans le torrent de Ravanasco qui descend
du mont Stregone.
On croit aussi que le noyau de plusieurs de ces montagnes est calcaire.
La commune de Visone, à l'embouchure du torrent de ce nom avec la
Bormida, s'élève sur les escarpements de ces deux rivières, et présente l'as-
pect d'un sol aride; nous citerons cette commune pour faire mention de
quatre sources d'eaux thermales tièdes qui coulent dans ses environs. Celle
que l'on remarque près de l'église est légèrement incrustante et hépatique;
les trois autres sont moins chaudes et hépatiques, mais ont la saveur salée.
On a déjà fait voir que le tuf calcaire est très abondant dans cet endroit;
on l'exploite même dans sept à huit fours à chaux, qui donnent lieu à un petit
commerce dans le pays.
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68 CHAPITRE I.
On trouve dans le terrain des environs de Visone beaucoup de pyrites
et de bois pétrifies, dont partie encore noirâtre, charbonnée, et d'autres mor-
ceaux réduits entièrement à Fétat de pierre, ayant l'aspect, la cassure et le
son de la terre cuite.
Les carrières de pierre qu'on exploite dans les environs fournissent prin-
cipalement du grès tégulaire.
Les couches supérieures sont souvent recouvertes de numismales et
d'autres coquilles. A Rivalta , plus à l'est, le grès forme des bancs et même des
masses assez épaisses. La pierre est plus poreuse que celle que l'on vient d'in-
diquer; eUe est fort tendre au sortir de la carrière, et prend beaucoup de
dureté après avoir été exposée à l'air.
A Castel-Novo, situé sur les bords de la Bormida, à l'extrémité orientale
du dépaitement, le terrain paroît entièrement recouvert de dépôts occasio-
nés par les changements des lits que la rivière a successivement 'occupés.
Ces dépots recouvrent une argile bleuâtre, dans laquelle on trouve de nom-
breux coquillages.
Nous allons reprendre la description de l'extrémité ouest de la vallée ,«
pour rendre compte des annotations locales relatives au coteau qui borde la
Bormida au nord et au-dessus d'Acqui.
Nous commencerons par Cassinasco. On rencontre, au-dessus de cette
commune, de fréquents indices de houille lignite à cassures luisantes ; on en
trouve de même au mont Saint-Inaire et dans le ruisseau de l'Arriella. Dans
la partie basse des ravins environnants, on a remarqué, sur-tout en été, de
fréquentes ef&orescences de sel marin éparses sur le sol, notamment à partir
de Montabone, et en remontant de cette commune à Castel-Vero, le long
du ruisseau Boglione.
Sur le sommet du coteau, à Castel-Rochero, se trouve de la chaux sul-
fatée en lames transparentes, cristallisées, et interposées dans des couches
d'une terre argileuse grise. Le même sel pierreux forme ensuite des masses
ou bancs très épais à Alice, où il abonde tellement que tout le terrain semble
en être formé. Ce banc se prolonge encore à Monte-Casello et à Riccaldone.
On en exploite beaucoup à Alice, pour être transportée en Piémont. Les
eaux de ce territoire sont généralement saumâtres.
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TOPOGRAPHIE. 69
En continuant de se transporter vers le nord, le gypse cesse, et est rem-
placé par le terrain tertiaire, qui est dans cette partie très propre à la végé-
tation, notamment à Quarantinaetà Casteletto-Molina.
Ce terrain, ainsi que celui que Ion va indiquer, compose essentiellement
tant le canton dlncisa que celui de Nizza, qui limitent la partie nord du dé-
partement; voici ses principaux accidents :
Les environs de Maranzana sont composés de diverses couches d argile
grasse, rougeàtre, re^sant sur des bancs de sable de même couleur, qui
quelquefois forment des escarpements fort élevés sur le bord des ruisseaux.
On remarque, dans la partie basse de Fescarpement du ruisseau Vemasco,
des couches d un sable gris, renfermant des amas considérables de coquilles
et de bois pétrifiés.
Ces divers sables sont ordinairement mêlés avec des cailloux siliceux; et
quand ces pierres dominent, elles forment sur plusieurs points des pou-
dingues, notamment à Mont-Barruzzo et à Bruno.
Ces poudingues contiennent très souvent des bois pétrifiés et des coquilles,
ainsi que le sable que nous avons indiqué plus haut. Ces deux espèces de
terrain alternent avec des couches dnn tuf calcaire, argileux, gris-blan-
châtre, tachant les doigts, et dont on se sert dans le pays pour faire la chaux;
mais eUe est de médiocre qualité. Le terrain argileux et le terrain sablonneux
de Bergamasco renferment des couches dun tuf ferrugineux brun, assez
épais, et de même nature que le minerai en grains que nous avons déjà
plusieurs fois indiqué.
Tels sont les détails que nous avons cru devoir présenter, pour faire con-
naître plus particulièrement les environs d'Acqui. Il convient maintenant
de terminer ce mémoire par la description de ses bains célèbres.
BAINS D'ACQUL
La réputation médicinale des eaux thermales d'Acqui remonte au temps
de Strabon et de Pline, qui en parle sous le nom diAquœ Statiellœ in Liguria.
Plusieurs autres écrivains anciens en font également mention.
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70 CHAPITRE I.
Leur effet ne se borne pas simplement aux maladies cutanées : elles doivent
être considérées comme un remède dune utilité plus générale.
Elles sont divisées en deux sources principales, celle de la ville et celle
des bains.
L eau de la ville est plus abondante et jaillit avec force par deux orifices
d un décimètre de diamètre.
Sa température est de 60 degrés (de Réaumur), et elle exhale une légère
odeur hépatique, en répandant à une certaine distance un nuage de vapeurs
aqueuses. L'eau est parfaitement limpide et incolore; et si elle a un coup
d œil trouble quand on la reçoit dans un verre, sortant de la source , cet effet
n'est dû qu'à de petites bulles gazeuses qui, pendant quelques instants, na--
gent dans le liquide et s'attachent ensuite contre les parois du vase.
Cette eau a une saveur salée légèrement hépatique; sa pesanteur spécifique
ne diffère de l'eau que de 0,00 1 .
On est redevable à M. F. Moyon, professeur de chimie à l'université de
Gènes, savant aussi estimable que profond, d'une analyse des eaux d'Âcqui,
dans laquelle il est parvenu à écarter toutes les circonstances qui tendaient
à ajouter aux résultats, des produits équivoques si faciles à introduire dans
de semblables recherches.
D'après ce chimiste, les eaux de la ville renferment, savoir :
I hydrogène .... 0,000028
soufre 0,000069
chaux 0,000206
Muriate de soude 0,001420
Muriate de chaux . , o,ooo3i4
Eau 0,997963
Total 1,000000
La chaux,, ainsi combinée à l'hydrogène sulfuré^ rend la saveur et l'odeur
du gaz moins sensible. Le sulfate et le carbonate de chaux, que qudques
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TOPOGRAPHIE. ^i
chimistes ont annoncé exister dans ces eaux, ne sont dus qua Faltération
qu elles éprouvent par leur contact avec Fair athmosphérique.
Les anciens avaient établi les bains dans la ville même; mais ces bains
ayant été détruits par suite des événements, on les a transportés sur la rive
opposée au sud jd^ la Bormida, au ped du mont Stregone.
Dès^lors les eaux delà viUe ont été abandonnées aux usages domestiques;
les habitants s'en servent pour la préparation du pain, et pour cuire les ali-
ments ,. qu elles assaisonnent du sel nécessaire, sans leur conmmnicjuer aucun
goût désagréable.
Il n y a pas de doute qu on puisse en tirer un parti fhis important pouv
les manufoctures, et notamment pour les filatures descocoiiis^ ainsi que la
proposé le docteur Bonvicino.
M. Lesme, inspecteur des hôpitaux militaires,, a Sait servir ces eaux à Té»
vaporation du sirop de raisin: elles fournkoient encore Faliment peroé^
tnel au mouvement de la machme ingénieuse récemment inventée par
M. le baron Cagniard de La Tour.
Nous rappcurteroiia ce que M. Moyon dit du mont Siregone, à Foccasion
des bains actuels :
u Le mont Stregone se trouve entre le confluent de la Bormida et du
(f Ravanasco, à la droite des deux.
« Il est peu élevé, et, du côté qui regarde la Borm^îda, on y découvre Fin*
«térieur de la montagne, resté à découvert par Fenfoncement des terres qui
« ensevelirent les anciens bains. C'est plus particulièrement de ce côté que
«le Stregone offre aux regards du naturaliste et du géologue le spectacle le
n plus imposant, en mettant en évidence sa structure et les catastrophes
« auxquelles il a été sujet. Cette montagne est entièrement formée de pierres
«calcaires stratiformes, qui en constituent le noyau principal; et à Fexté-
« rieur cite est couverte de thonschieffer (ou schiste argileux de Brochant),
«adossé sur les côtés de la montagne, en couches inclinées du couchant
«au levant, par une direction opposée à celle de la pierre calcaire, qui
« présente des couches d'une assez grande épaisseur.
« On a observé que, du côté qui regarde le Ravanasco, la montagne est
« formée de pierres calcaires dont les couches continuent leur direction jus-
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72 CHAPITRE I.
(( qu'au-delà du lit du torreot sur la coUiue opposée, appelée Rocca Sorda,
((avec laquelle il est à présumer quelle ne faisoit autrefois quune même
c( montag^ne.
(( Au sommet du Stregone, dans son escarpement, voisin du torrent Ra-
ce vanasco, on trouve à découvert d anciennes carrières de pierres à chaux,
ce et, en montant de ce même côté, on voit quelques couches peu considé-
« râbles de schiste argileux en décomposition, et plusieurs sources d eau. »
Les eaux des bains sont produites par plusieurs sources très voisines les
unes des autres, qui ont chacune leur réservoir particulier, suivant le mode
employé pour administrer ces eaux.
Leur température est à peu près constante en toute saison; mais elle dif-
fère de lune à l'autre de ces sources, depuis 3i degrés (de Réaumur ) pour
les moins chaudes, jusquà 4i pour celles qui le sont davantage.
On voit conséquemment que leur température est infiniment plus basse
que celle des eaux de la ville; aussi faut-il moins de temps pour les amener
à un degré de chaleur supportable pour les bains, et cette considération est
probablement une des principales causes qui ont déterminé le transport des
bains de la ville au mont Stregone. Elles sont d ailleurs plus sulfureuses, ce
qui doit augmenter leiu* propriété médicinale.
L analyse des eaux de ces sources, qui sont toutes de même nature, a
donné à M. Moyon le résultat suivant :
Igaz hydrogène • . 0,000082
soufre 0,000080
chaux o,ooo335
Muriate de soude ^ o,ooo583
Muriate de chaux 0,000142
Terre siliceuse 0,000019
Eau . . . . , ^ . 0,998809
Total 1,000000
Ces sources charrient .des boues auxquelles on a attribué une grande
vertu pour la guérison de plusieurs maladies. La croyance à cet égard
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TOPOGRAPHIE. 7$
étoit telle, qu'on les conservoit avec le plus grand soin , et qu on ayoit même
provoqué un règlement du roi de Sardaigne qui en défendoit sévèrement
lexploitation. M. Moyon observe, à ce sujet, que ces sources traversent des
couches de schiste argileux, dont elles atténuent les parties, les tiennent en
suspension, et les déposent ensuite dans les bassins avec le carbonate et le
sul£Bite de chaux, produits par lé contact des eaux sulfureuses avec Fair at-
mosphérique.
Il résulte de lanalyse feite de ces boues, qu elles ne contiennent aucune
substance soluble capable d'agir sur Forganisation animale : doù ce chimiste
a conclu qu elles n étoieiit susceptibles d'aucune autre propriété qu^ celle
qui leur étoit communiquée par les eaux.
Ces eaux sulfureuses, tant de la ville que des bains, sont décomposées par
Fair, ainsi qu'on Fa déjà observé, et produisent des incrustations sur le ter-
rain où elles coulent, et même des stalactites dans lesquelles l'analyse a dé-
montré le résultat suivant :
Sul&te de chaux 0,71
Carbonate de chaux 0,29
Total 1,00
Ces eaux ne forment d'ailleurs aucun dépôt, quoique tenues fort long-
temps dans des vases clos et exposés à la chaleur -, elles ne dégagent aucun
gaz quand elles sont privées du contact de Fair.
Nous croyons entrer dans les vues de l'auteur des analyses des eaux d'Ac-
qui, en rapportant encore quelques unes de ses utiles observations.
U existe une troisième source sur les bords de Ravanasco, au pied de la
colline appelée la Bigno^a; mais malheureusement elle a l'inconvénient
d'être un peu éloignée de Fétablissement des bains.
Cette eau est froide, et conserve en été une température de plus de 10
degrés au-dessous de l'atmosphère; elle est un peu moins limpide que les
eaux thermales et exhale une forte odeur ; la saveur est de même très sen-
siblement hépatique ; l'analyse y a trpuvé :
10
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74 CHAPITRE I.
384 centig. hydroeulfure-hydrogène de chaux /hydrogèBe . . , o,oooo55
compo3é$de jsoufre q,oooi34
(chaux 0,000195
Muriate de soude . • • . 6,oooo52
Muriate de chaux 0,000009
Eau 0,999555
Total i^oooooo
Ces résultats prouvent que ces eaux contiennent une quantité dTiydro-
gène sulfuré presque double de cefle des eaux thermales des bains, tandis
que la chaux et les autres substances salines s'y trouvent en proportions beau-
coup moindres. La médecine pourra, sur-tout pour 1 usage interne, en tirer
un grand parti, en leur donnant la préférence qu'elles doivent avoir comme
plus efficaces et plus salubres.
Il ne nous reste plus à dire qu'un mot sur les eaux potables. Il ne sera
peut-être pas sans intérêt pour le naturaliste, de voir que près de ces eaux
thermales et sulfureuses on trouve, dans un même gisement, des eaux douces,
potables et parfaitement pures.
On voit plusieurs de ces sources à Acqui, et dans le mont Stregone; nous
allons citer celles qui pourroient être les plus utiles à l'établissement.
Sur le penchant méridional de la montagne de Rocca Sorda, coulent des
eaux très limpides, fraiches et de très bonne qualité, que les anciens ont
transportées à grands frais jusqu'à Acqui, par un très bel aqueduc dont il
existe encore.quatre grandes arches et plusieurs piliers, ainsi qu'nn réservoir
à la prise des eaux, d'où elles étoient distribuées dans l'aqueduc, et vers plu-
sieurs autres points dont on ignore Fobjet.
L'eau potable, la plus rapprochée de l'établissement, roule en face du
portail; mais on ne peut Femployer que pour peu d'usageô domestiques : elle
contient environ moitié des doses des memies principes que les eaux des
bains, et en outre elle est chargée de carbonate de chaux; son usage intérieur
est conséquemment très contraire à la santé ; elle est de plus très peu propre
aux préparations pharmaceutiques. La fontaine dite de l'Eau-Couverte, éloi-
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TOPOGRAPHIE. ^5
Quée d environ 200 métrés de rétablissement, est infiniment préférable à
celle du portail, mais elle a cependant une légère saveur terreuse. La meil-
leure de toutes, malheureusement la moins rapprochée des bains, est celle
qui se trouve au-dessus, en remontant le Stregone, à environ 3o métrés de
distance de celleKi. Elle est saturée de gaz oxigène, exempte de substances
étrangères, très fraîche, et réunit toutes les qualités d une eau pariËsdtement
pure et salubre, et qui devroit être la seule employée pour les usages ordi*
naîres et pour ceux de la pharanacie.
Il seroit très facile et très peu dispendieux de la conduire dans Tenceintse
m^nedes bains.
Les détails qui précédent ne donnent, comme on voit, aucun indice sur
la cause qui produit l'intéressant phénomène des eaux thermales.
On igneore si les sources de la ville et celles des bains ne se réunissent point
dans rii^érîeur de la terre pour n en former qu une seule.
Les habitants du pays rapportent que ces sources ont plusieurs fois tari
momentanément, et que cette interruption a été suivie par une abondance
telle, qn on a craint avec raison que l'accumulation des eaux dans Tintérieur
des montagnes, ne finit par occasioner des ruptures, doù auroient pu ré-
sulter des ravages et des inondations d'eau bouillante fort redoutables.
On croit aussi avoir remarqué, en consultant les auteurs qui ont écrit
sur ces sources dans les ^écles passés, quelles ont été plus abondantes et
que leur température a été plus élevée.
Cette conjecture semble être appuyée p^r les observations que nous avons
cru devoir rapporter dans le résumé ci-après*
RÉSUMÉ.
La description que Ion vient de présenter se compose de beaucoup d'ob-
servations éparses, qu'il s'agit de rassembler sous un même point de vue,
pour prendre une idée plus précise de la constitution de la contrée.
On a fait voir que la partie orientale du sommet de la chaîne principale de
l'Apennin , qui traverse leterritoiredeMontenotte,étoit forméede serpentine.
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76 CHAPITRE I.
que ce terrain passoit aux roches micacées et même au granit vers le centre,
et qu'ensuite il étoit remplacé par les schistes et le calcaire de transition
vers Fextrémité, en se rattachant aiix Alpes Maritimes; on a de plus indiqué
lespéce de granit constituant le sommet de FApennin au centre de sa chaîne.
Le littoral vers la mer souffre quelques exceptions. Il est recouvert à Test
par un schiste micacé , talqueux, de galets et de poudingues stratifiés de grès,
entre Varazze et Albissola; par le terrain de sédiment semblable à celui qui
constitue la partie nord du département, sur les parties élevées correspon-
dantes entre les mêmes points; par le calcaire compacte , entre Yado et NoU ;
et enfin par des brèches calcaires coquillières, mêlées de chaux calcaire dans
la vallée de Finale jusqu'aux limites ouest du département. On a indiqué,
comme un fait digne de remai*que, les couches de grès rouge bolaire et les
amas de galets recouverts, près du sommet et au centre de la chaîne, les
couches de houille et les dépôts d ossements d animaux renfevmés dans ce
combustible.
En décrivant le revers septentrional de TApennin, on a fait voir que le
calcaire grenu étoit stratifié avec les roches primitives, principalement dans
les parties élevées de la vallée du Tanaro, à Fouest du département; que la
serpentine se prolongeoit très avant à lest jusqu'au terrain tertiaire , et que la
région moyenne étoit généralement occupée par le grès du r thonschiefiPer stra-
tifié avec une argile endurcie; que ce terrain de sédiment étoit ordinaire-
ment précédé par un amas de galets, de poudingue gréseux, et de grès en
masse à gros grains, formant des bancs fort épais ; que le terrain de sédiment
étoit recouvert par le terrain tertiaire coquillier , mai s par places et superficiel-
lement, notamment dans les environs de DogUani, dans la vallée du Belbo
et à la partie nord-est de FOrba; et qu enfin ce terrain tertiaire remplaçoit
totalement le précédent à Fextrémité nord du département, au-dessus de la
vallée d'Acqui. »
Nous avons fait une description particulière des environs d'Acqui, dont
le terrain de sédiment semble caractérisé par les accidents suivants: i® par
la grande quantité de pyrites qui existent dans les bancs d'argile; 2*^ par les
dépots de fer oxidé qui paroissent résulter de la décomposition de ces mêmes
pyrites, mais qui, en raison de la friabilité et de la légèreté de la matière,
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TOPOGRAPHIE. 77
ont dû être plus exposés aux ravages des eaux pluviales, et en grande ]>artie
dispersés dans le terrain environnant; 3^ par les couches de tuf calcaire ou
d'incrustation , que Ion trouve souvent à d'assez grandes hauteurs, et en bancs
fort épais ; 4^ enfin par le gypse réuni quelquefois en amas fort considérables
dans une terre argileuse.
Sur quoi nous avons fait remarquer, i * que le tuf calcaire a la pltis grande
analogie avec les incrustations produites journellement par les fontaines
thermales et sulfureuses; 2* que l'odeur hépatique que ce tuf dégage pendant
la calcination , en confirme l'identité ; 3*^ que les stalactites formées par ces eaux
ne sont que des accidents de forme de la même matière; 4"^ que le gypse peut
être attribué à la même formation , puisqu'il se trouve dans les mêmes circon-
stances que le tuf, et qu'il en forme une des parties constituantes 4ont la
proportion peut aller jusqu'aux sept dixièmes de la masse, ainsi que le
prouve l'analyse des stalactites.
Nous ne devons rien hasarder sur l'explication d'un phénomène aussi peu
approfondi que celui de la production des eaux thermales et sulfureuses,
mais nous croyons pouvoir tirer de ce qui précède deux conséquences im-
portantes.
La première, que la plupart des substances que l'on a indiquées comme
étant particulières aux environs d'Acqui, semblent produites par ces eaux
ou avoir contribué à leur formation; en second lieu, que ces eaux ont dû
autrefois couler sur des points beaucoup plus élevés que le niveau de l'orifice
des sources actuelles, et qu'elles oïit dû être plus généralement répandues,
plus actives et en même temps plus chargées de matières propres à être
déposées.
Les observations géologiques qui ont été faites suffisent pour rendre ces
contrées intéressantes au naturaliste et inspirer le désir de les méditer
avec plus de soin : d'une autre part le règne minéral semble y avoir prodigué
ses trésors.
Nous rapporterons brièvement les principales annotations recueillies sous
le rapport de la minéralogie, en commençant par les substances pierreuses.
On a indiqué les excellents matériaux de construction fournis par les pierres
de taille de Varraze, la pierre calcaire de Finale, et le grès de la vallée d'Acqui.
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yS CHAPITRE I.
Parmi les poudingues nombreux du département ^ plusieurs mnt propres
à former des pierres meulières^ on s en sert généralement dans 4e pays.
Celles qui ont plus de réputation se tirent de Ceriale et des vallées de Finale
et d'Albinga, doik on les transporte sur les côtes environnantes.
On a fait remarquer les carrières de marbres exploitées dans les environs
deGiu*6Ssio ; plusieurs de ces marbres sont susceptibles de rivaliser avec les
plus beaux de Serra veua et de Porto-Venere.
Les marbrer et les^ serpentines de Morbello, non encore exploités^ mais
susceptibles de Fétre, fourniroait pkisieurs autres variétés de matériaux
précieux aux arts, ût doût en coniK^tra plus particulièrement le prix, quand
les routes, qui Ouvrent de toutes parts des communications dans le dépar-
tement, permettront de les transporter dans Imtérieur du Piémont.
La pierre à chaux est d'une qualité supérieure^ principalement sur le bord
de la mer à Cogoletto et à Vado. La chaux que Ion fabrique en grand sur
ces deux points est transpwtée sur presque toute la rivière, notamment à
Gèttes et dans les Alp^ Maritimes.
Le calcaire de port MlMiric^e est moins exploité en raison de la Mreté du
combustible. On a vu que cette pierre étoit très répandue sur toute la région
nepd du dépattelnent.
Le gypse y abonde égaletn^nt ; on vient de citer celui des environs d'Acqui,
On en a lîrouvé récemment près de Stella, à deux lieues de Savone^ qui est
d'une nature différente et qui donne, par une très légère calcination, un
plâtre excellait.
Les argiles se trouvent en quantité considérable dans les envir^is de Sa-
vone, et alimentent de nombreuses manu£sictures de poterie commune et
de briques, dont on transporte fes produits dans tous les ports de la Médi-
terranée. •
Panni ces arg^lefc, aa doit distinguer le kaolin et le petusé de Varigotti
et de Saint-Clément, encore trop peu connus, mais qui sont susceptibles de
rendre des services importants au perfectionnement des potées blanches
de Savone. Le revers nord de l'Apennin en fournit également des espèces
très variées; parmi cdlesKsi, il se trouve dans le canton de Morbello, des
ai^es magnésiennes parfaitement blanches.
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TOPOGRAPHIE. 7g
Si nous passons aux substanœs salines^ nous raj^Herons ainsi qu'il suit
les principales annotations.
Les sulfates de fer et d alumine peuvent être récoltes fort abondamment , et
avec la plus grande facilité, de la plupart des couches de houilles Ugnites
sulfereuses qui occupent conslamment la partie supérieure du teirrain de
sédiment ^ dans la région nord du département , et plus particulièrement dans
les environs de la Stetta, sur le revers méridional de TApennin^ où ces sels
affleurent naturdlement sur le sol en quantité considéiable, et oii la houille
suffiroit pour fournir à cette fabrication tout le combustible nécessaire.
Le 9«il&ite de magnésie a déjà été extrait en grand au^lessus d' Albissola. Cette
fabrication pourroit être reprise sur les mêmes points, et tentée sur une foule
d aujùres. On a donné de nombreuses indicadons de rodbes Sttsoepiiblefide pro-
duire ce sel. On a jBnit observer que ces roches paraissent être très communes
dans lajJupartHles terrains s^pei^tineux/Qt talqueux* On a principalement in»
diquéMorbello, où le^ulfiiM de magnésie affleuiAspontaiiéments^^
ronnant. Le sulfate de cuivre pourroit s extraâraen même temps que le sulfaite
de magnésie, dans la plupartdes^seme«ts proposés, mais em petite quantité.
On Fobtiendroîtpkisavantageusement et plii« en grand^en traitant conve-
nablement le filon des pyrites cuivreuses, cpie nous avons indiqué à Albi»^
sola-Marine.
Les indices de combustiUes miniéraux «se rencontrent de tontes parts dans
le département. Ils ne sont cependant pas^tous susceptibles d'eocploitation;
les petites couches de houille Jignite, qui. recouvrant lé terrain de sédiment,
doivent être rangées dans ce nombre. La couche la pfasrimportante jusqu'à
présent, est celle des mines de Cadebone,<{iii est la mieux reconnue en raison
des travaux que F-on y exécute depms qiAelque'temp&; mais il est pDobable
que quand les usage» 4e ce combustil)le.se|^(mt^lus.généml6m€ffit adoptés,
le besoin ou l'intérêt feront découvrir de nouvelles .mines au moins aussi
abondantes. Lesprincipaux afHeureme»tsobservés,ietqui pourr^Heutdonner
heu à des exploitations, sont ceux de la lioutlleicompacte de Morbello^ les
lignites du mont Acento, confins de Cartosio et de-Grognardo, les houilles
luisantes de Molare sur les rives«occidentales de TOrba, etpeut-iétre les cou^
ches de Bagnasco et de'Stetta.
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8o CHAPITRE L
Les substances métalliques sont très généralement répandues dans ces
contrées ; le plomb paroit très abondant ; on a cité les mines de plomb sulfuré
d'Argmitière, près de Savone, celle de Fipale et de Castel-Novo, comme
ayant été exploitées.
Il existe d autres gisements de ce minerai qui mériteroient plus particuliè-
rement d^ètre connus, et tels sont notamment ceux du col Saint-Bernard, où
la galène se montre en filets dans le calcaire sur des étendues assez considéra*
blés; et enfin les nombreux filons de quartz pyriteux avec graine de galène,
que Ion remarque dans la vallée de Vado jusqu'à Roviasco, et que Ton
retrouve de nouveau sur le revers opposé de TApennin, près des communes
de Bormida et de Mallare.
Les indices de cuivre sont très multipliés ; on a vu qu il se présentoit quel-
quefois sous la forme de malachite, mais ces indices sont généralement très
foibles. Il ne s'est guère montré jusqu'à présent avec quelque abondance
notable quà Albissola-Marine, ainsi que nous lavons indiqué plus hajat pour
le sulfate de cuivre, et dans la vallée du Letimbro, où il existe des petits
filons, dont un de cuivre sulfuré, noir, très riche.
Il n y a que peu d aniiées qu on a reconnu la présence des mines de fer
dans le département ; on a fait voir que les filons de fer oxidé rouge en masse
de Noli et de l'hématite brune de Vado, étoient très considérables; mais les
environs sont privés de bois , ce qui les rend nuls pour les forges. Ces minerais
ne paroissent d'ailleurs point convenir à la méthode catalane usitée dans le
pays, pour laquelle il sera probablement impossible 4^ se passer du riche
minerai de l'île d'Elbe.
On a l'espoir cependant de trouver du minerai de fer oligiste micacé dans
les environs de Céva, où il seroit infiniment mieux placé en raison de la
proximité des bois et du voisinage des forges ; on présume aussi son existence
dans la vallée de l'Orba.
Rien n'est plus commun que le fer sulfuré et le fer arsenical : on en a
indiqué presque par -tout. Il est probable que ces gisements ne seront
pas tous inutiles. On a fait voir que la terre végétale de plusieurs cantons
étoit auriftre ainsi que les sables de la plupart des torrents. Ce métal
vient même d'être découvert dans le terrain de sédiment à Camerana; tout
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TOPOGRAPHIE. 8i
porte à croire conséquemment qu il résulte de la décomposition de certaines
pyrites, et quil doit se trouver parmi celles que nous avons indiquées.
L or se trouve en paillettes dans presque toutes les rivières et torrents du
département, et notamment dans ceux qui se rapprochent de TApennin.
On peut établir néanmoins que ces rivières et torrents cessent presque
toujours d'être aurifères, quand ils passent dans le terrain de sédiment.
Les plus aurifères vers la mer sont , le Leone et TAntra , près de Cog^oletto \
la Sansobia à Albissola, le Letimbro, le Vanestro , et le torrent qui descend
de Quigliano.
Ceux sur le revers opposé de TApennin sont, FErro, près de Gartosio,
où qudques paysans font encore la pêche de For; le Visone, TOrba, la
Stura*Ovada, qui prend sa source dans le département de Gênes, où Ion
prétend quil existe des mines dor; enfin la Piosta, ou Gargenta, où Ton
assure même qu il y en a eu d'exploitées.
On cite comme les plus grosses pyrites qui aient été trouvées, une pyrite
de dix-huit onces trouvée dans la SturarOvada; une de quatre onces trouvée
il y a peu d'années dans le torrent Granosa, qui se jette dans l'Orba à
Molare; une de deux onces dans le Visone, et deux de deux tiers d'once ^
dont une trouvée récemment à Morbello, et l'autre dans le Gambarella,
vallée du Visone.
Nous croyons devoir, à cette occasion , citer plusieurs observations feites
par des orpailleurs du pays.
On estime qu'un torrent est aurifère quand il est voisin des terrains argileux
micacés, rougeàtres.
On les soumet à l'épreuve par le lavage à la sébile, i^ dans les parties où
les sables sont plus rouges, mêlés de noir, et où se déposent les parties pesantes;
2® dans celles où le sable prend le plus de dureté par le tassement ; 3^ dans
les endroits de repos et les angles rentrants des sinuosités du courant; 4^ au
pied des escarpements formés par les pierres qui déterminent de petites
chutes d'eau.
Le plomb de chasse se trouve presque constamment dans le résidu des
lavages, et fournit un moyen assuré pour reconnoître si l'endroit que l'on a
soumis à l'épreuve a été bien choisi.
II
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82 CHAPITRE I.
Les résidus des lavages sont constamment composés de sable noij: ; ce sable,
qui a été reconnu pour être lithane ferrifère, abonde principalement dans
rOrba j on y trouve des grenats. Nous avons observé le jargon dans celui de
la Sansobia.
Nul doute que parmi les indices minéraux que 1 on vient d'énoncer, il ne
s'en trouve qui puissent conduire à d'avantageuses exploitations, d autant
plus désirables que, convenablement protégées et dirigées, elles foumiroient
les moyens de vivifier plusieurs vallées dépourvues de culture et de com-
merce.
On doit être surpris d'après cela que tant de richesses minérales aient été si
négligées jusqu'à présent; car on ne peut citer qu'une seule exploitation
en activité , celle des mines de houille de Gadibona , encore ne date-t-elle
que de fort peu de temps.
Si nous cherchons les causes de cet abandon , nous les trouverons dans les
rivalités et les inquiétudes fréquentes dans de petits états voisins et entre
de grands propriétaires , dont les divers intérêts se croisoient ; dans le défaut
d'encouragement du gouvernement génois, dont les vues toutes dirigées
vers le commerce extérieur eussent même été contraires aux productions du
pays. On aura occasion de le remarquer dans le mémoire statistique relatif
aux forges du département, oii l'on fait voir qu'il avoit été établi sur le fer
des impôts qui tendoient à détruire ce genre d'industrie. Une dernière
cause provient de l'esprit des habitants entièrement livré au commerce
maritime.
On a vu cependant que plusieurs de ces mines ont été exploitées dans des
temj)S où les besoins des métaux étoient moins considérables, et où l'art étoit
infiniment moins avancé ; mais les circonstances peuvent changer , l'industrie
se ranimera et se portera sur tout ce qui peut lui donner un aliment. L'atten-
tion se dirigera sur ces objets d'économie politique, et il suffit qu'ils aient
mérité un instant d'attirer les regards j)Our rendre à la société, aux manu-
factures, et aux besoins de la guerre, des métaux précieux trop négligés
jusc[u'à ce jour.
Parmi les diverses espèces d'exploitation, deux sur-tout paroissent être
les plus importantes pour le pays j la première, l'exploitation du plomb, dont
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TOPOGRAPHIE. 83
remploi se feroit en partie dans les manu&ctures de poteries de Sayone et
d'Albissola , où il s en consomme annuellement pour les verreries plus de sept
cents quintaux métriques, et partie à Gênes, pour fournir aux nombreuses
manufactures de blanc de céiruse, et à la fabrication des conduites deau,
dont lentretien seul feroit un objet immense.
La seconde exploitation , non moins utile, seroit celle d'une mine de fer,
convenablement placée près des bois et propre à la fabrication de la fonte
que 1 on débiteroit aux petites forges du pays : ces forges emploient près de
quatre mille quintaux métriques de fonte par an, que Ion mêle au minerai
de File d'Elbe, pour en faciliter la fusion et augmenter les produits. La fonte
que Ion se procure aujourdliui par la voie du commerce est quelquefois fort
chère et toujours dune très mauvaise qualité, qui influe beaucoup sur celle
des fers de ce pays, en général assez médiocres.
La construction d un haut fourneau rendroit un très grand service au
perfectionnement des forges et contribueroit même beaucoup à augmenter
leur activité et la consommation du minerai de File d'Elbe.
CLIMAT.
Le territoire de Montenotte se compose, comme nous lavons vu, des
deux versants de la chaîne de» Apennins, dont lun descend rapidement à la
mer, et lautre se prolonge insensiblement jusque dans la plaine du Piémont.
La crête de la montagne se trouve d abord éloignée de six ou sept lieues de la
mer; mais elle s en rapproche jusqu'à la distance de trois Ueues seulement, à
la hauteur de Finale et de Savone, pour rester alors parallèle au rivage jus-
qu'aux* limites du département. On voit que le versant, du côté du sud,
doit être extrêmement rapide et pi^ofondément sillonné par les torrents
qui, pour ainsi dire, se précipitent à la mer, tandis que le versant opposé
qui conduit ses eaux à une distance considérable, au travers des belles
plaines de lltalie, doit offrir une pente moins rapide, et un sol beaucoup
plus élevé au-dessus du niveau de la mer.
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84 CHAPITRE I.
Ainsi le versant du côté du Piémont est plus froid , par cela même qu il
est plus élevé dans Fatmosphère ; mais cette différence doit être peu sen-
sible , puisqu'il ne s'agit que d'une élévation d'environ 3oo mètres.
Le contraste des expositions doit occasioner une diversité plus marquée
dans les températures. Le versant du Piémont est exposé au nord et reçoit
plus obliquement les rayons du soleil, tandis que le versant méridional,
qui se relève avec rapidité, en est frappé presque perpendiculairement dans
toutes les saisons : aussi, ces deux parties, quoique placées sous une même
latitude, présentent dans leurs productions et leur température une diffé-
rence très remarquable.
Il est peu de climats en Europe aussi privilégiés que celui de la Ligurie.
On y jouit souvent des plus beaux jours du printemps, à l'époque où nos
provinces méridionales sont couvertes de frimas. Il faut peu de précautions
pour obtenir des fleurs dans tous les temps de l'année. Les légumes peuvent en
même temps fructifier, et les marchés de Gênes sont constamment ornés de
fleurs et d'herbages. Le figuier, l'olivier, l'oranger, et le citronnier, croissent
par^tout sans exiger la moindre précaution. Une partie de ces arbres, ornés
d'une verdure perpétuelle, décorent les vallons et les coteaux qui s'élèvent
en amphithéâtre sur le bord de la mer, et offrent aux voyageurs qui viennent
de passer l'Apennin, dans la saison rigoureuse, l'image du printemps et l'as-
pect le plus pittoresque.
Mais ce climat si favorisé est sujet à des intempéries assez fréquentes; on
y passe souvent de la température la plus doute à celle de l'hiver : les vents
amènent avec eux des froids de courte durée, mais quelquefois assez rigou-
reux, non seulement pour geler les oranges et les citrons sur l'arbre qui
les porte, mais encore pour faire périr l'arbre lui-même, et quelquefois nuire
à l'olivier qui supporte un degré de froid très supérieur.
On cite, dans le siècle passé, six exemples semblables, l'hiver de 1709,
de 17495 de 1762, de 1782, de 1789, et celui de 1792. Les fruits ont gelé dix
fois dans le même intervalle ; mais ces événements ne sont dus qu'à des causes
extraordinaires. Il est fort rare que la neige séjourne pendant vingt-quatre
heures dans un hiver. J'en ai vu tomber à la hauteur de deux pieds, et elle
a séjourné près de quinze jours, mais cet accident doit être mis au rang des
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TOPOGRAPHIE. 85
phénomènes extraordinaires. La neige fond communément au moment même
où elle tombe.
A mesure que Ion gravit les montagnes avant darriver à la crête
des Apennins, le climat devient plus rigoureux, la neige est plus fré-
quente, les brouillards se manifestent quelquefois, mais les frimas ne sont
jamais permanents sur les crêtes les plus élevées, et les neiges ont toujours
disparu ^au mois de mars; ainsi Ton peut dire que les hivers ny sont que
passagers.
Si l'on est au sommet de la crête, et que Ion considère l'autre versant dans
ces mêmes circonstances, le spectacle change, et Ton s'aperçoit que l'on entre
dans un tout autre climat. La neige, en mars, couvre encore au loin tous
les vaUons et toutes les sommités des montagnes qui se prolongent dans le
Piémont; l'aspect du sol, la nature des productions ont changé comme la tem-
pérature. Les sommités sont couvertes de bois de chêne et de châtaigniers ; les
collines y sont ornées de vignes, au lieu d'être parées d'oliviers ; les plaines
renferment des prairies, des champs, quelques jardins où le figuier seul peut
se conserver lorsqu'il est abrité. La nature est totalement morte pendant
l'hiver; aucun arbre ne conserve sa verdure, et le cultivateur est condamné
au repos pendant la plus grabde partie de cette saison. Ainsi, trois lieues
parcourues à travers des montagnes peu élevées, transportent tout-à-coup
le voyageur, d'un climat où la nature est toute sauvage, à un autre où elle
conserve encore un aspect riant et fertile. Une chose digne de remarque c'est
que, malgré* cette différence, les oiseaux [de passage arrivent sous les deux
ciels à la même époque, et que les orages et les inondations y surviennent
dans les mêmes saisons.
Les vents qui régnent sur les deux versants sont les mêmes, mais ils éprou-
vent quelque changement de direction, à raison de la configuration géné-
rale des montagnes.
La crête de 1 Apennin se dirigeant de louest à l'est, les torrents qui
prennent leur origine dans la pente méridionale, et dont les eaux ont une
grande impulsion, à raison de la brièveté de leur course, ont pris générale-
ment la ligne de la plus grande pente, et se sont fait un passage, en se diri-
geant du nord au sud, perpendiculairement au rivage de la mer.
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86 CHAPITRE I.
De Fautre côté, au contraire, la direction suivie par les torrents est irrë*
gulière, mais généralement elle se porte de l'ouest au nord-est.
Cette différence d'inclinaison dans les vallées agit sur l^s courants d air
quoique assujettis aux mêmes lois, parceque la hauteur de la grande chaîne
n est point suffisante pour leur opposer une barrière, et établir un système
divers sur chaque versant.
Les vents qui régnent d'un côté tardent très peu à régner de l'autre, avec
la difiFérence légère qui résulte de l'obliquité des vallées ; mais il s'élève, entre
ceux qui viennent de la mer et ceux qui arrivent de la plaine du Piémont,
une lutte qui occasione fréquemment des pluies abondantes, si les vents de
mer ont le dessus, et des sécheresses au contraire, si les vents de la plaine
l'emportent sur ceux de la mer.
Les pluies sont beaucoup plus abondantes dans la partie ligurienne, par-
ceque les vents de pleine mer sont en partie brisés contre les montagnes, et
que les circonstances, qui refroidissent l'atmosphère, agissent sur une plus
grande masse du côté méndional que du côté du Piémont, à raison de l'élé-
vation de cette plaine. La hauteur moyenne des eaux de pluie, qui tombent
chaque année en Ligurie, est de 45 pouces, tandis qu'en Piémont elle n'est
que de 25 pouces, y compris l'eau de la fonte des neiges. A cette différence
près, les temps de sécheresse et d'humidité sont sensiblement les mêmes, et
n'éprouvent tout au plus, pour la traversée de la chaîne, qu un retard de 12
à 24 heures, suivant la lutte qui existe entre les vents qui régnent des deux
côtés.
Une observation constante prouve qu'il n'existe jamais de brouillards
épais dans la plaine de la Ligurie, tandis qu'ils sont extrêmement communs
dans, celle du Piémont. On s^rçMt souvent des brouillards à une hauteur
de 200 mètres au plu«, lorsque les bords de la mer en sont exempts. Cet ef-
fet tient sans doute à la combinaison des vents et à l'état de chaleur de l'at-
mosphère ^ en sorte que ceux qui apportent de l'humidité produisent, dans
les parties inférieures, une température assez chaude pour ne point admettre
une précipitation de vapeurs. Cet ^effet n'a pask lieu dans l'autre versant, où
les brouillards d'hiver et d'automne sont communs, notamment dans le voi-
sinage des rivières.
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TOPOGRAPHIE. 87
Si les circonstances qui produisent le sec et Tliumide sont sensiblement
les mêmes des deux cotés de l'Apennin, les degrés de chaleur où de froid
présentent une grande diversité.
En général, le climat dans la partie de la Ligurie est beaucoup jJus tem-
péré, en sorte que la chaleur est moindre pendant Tété et le froid moins vif
pendant l'hiver. Indépendamment des raisons que nous avons données pour
expliquer ce phénomène, on doit ajouter que l'eau étant en général peu con-
ducteur du calorique, la mer se refroidit plus difficilement en hiver et s'é-
chaufre plus lentement en été; or, la température d'une masse aussi con-
sidérable doit influer très sensiblement sur celle d'un littoral très étroit,
d autant que les vents régnants tendent à mettre constamment les deux
masses en équilibre.
Dans l'autre versant, au contraire, la chaleur, répercutée en partie par les
montagnes qui environnent les plaines d'Italie, doit s'accroître dans une pro-
gression marquante pendant l'été , tandis que pendant l'hiver les vents qui
traversent ces montagnes couvertes de neige, à raison de leur élévation, re-
froidissent l'atmosphère.
On peut dire généralement que sur toute la ligne du bord de la mer et
dans le fond des vallons , le thermomètre ( de Réaumur ), au niois de décembfe
et de janvier, monte souvent à 10 degrés, et qu'il est habituellement à cette
époque dans une alternative variée-, depuis zéro jusqu'à 4 ou 5 degrés. Il
descend quelquefois à i ou à 2 degrés au-dessous de zéro, mais au-^Ielà le
froid est extraordinaire.
Les pluies y sont fréquentes en automne, sur-toot dans les mois d'octobre
et de novembre. On voit quelquefois de la neige en décembre et en janviei-,
mais elle arrive rarement jusqu'au bord de la mer oijt elle se fond en tombaM.
Lorsqu'elle séjourne pendant quelques jours, à la hauteur d'un pied, c'est
un phénomène extraordinaire.
Du côté du Piémont, le thermomètre, dans les vallées placées immédiate-
ment à la chute des Apennins, descend quelquefois jusqu'à 10 degrés sous
le zéro, et à 12 ou i3 aux débouchés des vallons dans la plaine d'Alexandrie;
et alors il n'est qu'à 3 degrés '/a au-dessous de zéro au bord de la mer.
Ces degrés peuvent être regardés comme le maximum du froid dans les
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88 CHAPITRE I.
hivers les plus rigoureux. Généralement le thermométxe se tient à 2 ou
3 degrés au-dessous de la glace à la chute des Apennins , et à 4 ou ^ aux
débouchés des vallons dans la plaine. Il remonte même dans ces vallées
de ^ h S degrés au-dessus de zéro.
La vallée de Gallizzano, quon a prise pour point de comparaison à la
chute des Apennins, est située à l'origine de la Bormida; elle est une des
plus froides des Apennins. Les montagnes qui l'entourent sont couvertes
de bois très humides. Le thermomètre ne s'élève guère en juillet que
de 16 à 20 degrés.
La vallée d'Acqui, prise pour point de comparaison aux débouchés des
vallons, est assez froide; la plus grande chaleur s'y porte à 27 degrés et
demi. Ce n'est que dans la plaine que l'atmosphère s'échauffe jusqu'à 3o de-
grés. Le thermomètre a marqué à Turin, dans le mois d'août 1B02, 3i de-
grés; il ne monta à Gènes qu'à 29, et à Savone à 28. Régulièrement dans
le littoral, la chaleur ne s'élève que de 20 à 21 degrés pendant que les
vents du nord soufiQent ; elle descend à i5 degrés par les vents d ou est.
Les vents sont la principale cause de ces variations. U est donc impor-
tant de rechercher quels sont ceux qui dominent principalement, et quels
sont les effets qu'ils produisent sur les deux côtés de la chaîne.
La disposition physique des montagnes en change ou en altère la di-
rection, comme nous l'avons dit, mais cet accident local n'influe en rien
sur les grands phénomènes : examinons l'influence de chacun des vents
principaux sur le climat de la Ligurie.
Le NORD ou Tramontana y dont le littoral paroitroit devoir être garanti
par la chaîne des Apennins, s'y fait cependant sentir vivement: il part des
Alpes, traverse le Piémont, plane sur la crête des Apennins), et se verse
dans les vallées, où il porte en hiver le froid et la sécheresse, et en été la
sécheresse et la chaleur. A son souffle, la mer est toujours tranquille le
long de la côte, dans l'étendue de deux à trois lieues; elle est agitée au-delà
de ce point, et cette agitation est plus sensible encore en Corse, en Sar-
daigne, en Sicile, et même en Afrique. U règne principalement en hiver, et
il amène constamment le beau temps, à moins qu'il ne rejicontre quelques
vents opposés; dans ce cas, il cause la pluie ou la neige; autant il est froid
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TOPOGRAPHIE. 89
en hiver autant il est chaud en été. Il détruit souvent la fleur des oliviers,
qu'il brûle et qui tombe desséchée. Son influence est d autant plus sen-
sible que Ion s'éloigne des côtes de la Provence. Les Apennins étant plus
abaissés à Savone, il les franchit plus aisément, et pénètre dans les vallées
avec plus de violence.
Les plages de Saint-Remo, de Taggia, et de Nice, défendues par de plus
hautes montagnes , sont plus à Fabri de ses ravages.
Le NORD-EST ou grégale, est un peu moins sec que le nord en hiver, cepen-
dant il porte aussi la sécheresse et le froid. Sur les côtes de Toscane, Ro-
magne et Calabre, il prend le caractère de vent du nord et cause la gelée
des oliviers et des orangers.
Le NORD-OUEST ou mMstrcâsy souffle sur-tout avec violence dans la partie
de la côte qui s'étend de Savone à Gênes j il vient de l'intérieur de la France,
et produit en Provence les mêmes effets que les vents du nord en Ligurie.
S'il en faut croire les voyageurs, il se divise sur mer en deux courants
opposés, dont l'un porte le froid en Catalogne, et l'autre cause en Ligurie la
gelée des oliviers. En été, il n'arrive que rarement et sans force; mais en
Provence et en Languedoc son souffle est brûlant.
L'ouest et FesT on ponente et levante, n'ont d'empire qu'en été. Le premier
est le zéphyr de la Ligurie; il paroît descendre des Pyrénées, et arrive dans
Montenotte en traversant le Roussillon, le Languedoc, et la Provence; il y
produit les mêmes effets que sur les côtes de Savone.
Ce vent doux et rafraîchissant commence à se faire sentir au printemps,
il se soutient jusqu'en automne ; c'eàt peut-être le seul qui soit régulier et
périodique. Il s'élève presque tous les jours vers midi et souffle jusqu'au soir.
Lorsqu'il s'annonce, la chaleur semble disparottre; le thermomètre descend
immédiatement, et dans le mois de juillet l'on jouit à son haleine de la
température du printemps.
Ce vent pénètre aussi dans l'intérieur de l'Italie; mais en été il n'est plus
aussi frais qu'en Ligurie, le vent du nord qui le combat lui enlève une
partie de ses effets salutaires. Sur la côte du territoire de Montenotte, l'ouest
arrive plus directement, le nord même lui cède dans les heures de la cha-
leur et le remplace de nouveau quand elle a cessé. En hiver, l'ouest change
12
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go CHAPITRE I.
de caractère; il souffle très rarement; il est froid et humide et produit souTent
en mer un changement de temps brusque et rapide.
L'est ou levante^ est un vent toujours humide et chaud, il règne en toutes
les saisons : Il porte toujours avec lui une quantité de vapeurs qui couvrent
Fatmosphère et se changent suivant la saison en pluie ou en neige.
Le SUD-EST ou siroco, est souvent mêlé et confondu avec lest; il est très
violent en automne, agite la mer et porte la tempête; il est dangereux pour
les côtes du département: son souffle est chaud et humide. Il amène avec
lui un léger brouillard qui brûle en juin les campagnes, et principalement
la vigne qui est alors en floraison. Ce vent est accablant en Sicile parcequ il
n est point encore chargé des vapeurs de la mer ; mais en venant en Ligurie,
il est moins sec et moins brûlant.
Le StJD-OUEST ou lebeccio, est un veutviolentquiamèneavecluila tempête.
Il est plus dangereux pour le port de Gênes et la Provence que pour les côtes
de Montenotte. Il règne dans le printemps plus que dans les autres saisons;
son souffle est toujours chaud et humide et il brûle souvent la campagne.
Mine le peint comme dangereux dans la Gaule narbonnaise et dans le golfe
de Gênes jusqu'à Ostie; il ajoute qu'il est inconnu par ses ravages partout .
ailleurs.
Enfin, le SUD ou mezzôgiomo , nous vient de l'Afrique, il porte le calme
le long des rivages de la Barbarie et agite la pleine mer. En arrivant sur les
côtes de la Ligurie, il est chaud et humide; en été il est peu sensible; en
hiver il amène sur mer la tempête, et sur les côtes, la phiie et un brouiHard
qui ne descend cependant pas jusqu'au bas des vallées.
Les effets que nous venons de décrire se rapportent au versant méridional
des Apennins ; nous allons examilier Finfluence des vents sur Fautre rersant.
Le vent du NORD domine en Piémont pendant Fêté; il amène fréquem-
ment la sécheresse et la chaleur. En hiver, il est très froid; sll rencontre le
vent du sud , il détermine là neige ; s'il prend le dessus et souffle avec force,
il amène le beau temps, et s'il dure, il rend lliiver très rigoureux.
Le NORD-EST souffle en hiver; il amène le givre et le verglas; il nuit
aux arbres délicats et particulièrement aux figuiers, sur-tout quand il vient
à souffler sans interruption pendant toute une semaine.
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TOPOGRAPHIE. 91
Le NORD-OUEST souffle avec peu de force en Piémont, qui ep est abrité
par les Alpes. 11 paroît quelquefois sur la fin ^e lliiyer et ramène le froid.
L'ouest ne soufïle guère quen été, et amène une fraîcheur assez douce.
Ce vent rafraîchissant é^t cependant iréchauffé ep partie dans la traversée
des montagnes et de la Ligurie.
L'est souffle rarem^t au printemps^ maii^^ors ilamèjoe la gelée blanche
qui endommage les fruits.
Le SUI>»EST cause un temps humide et amène .souvent la pluie. £n hiver,
il est humide et chaud, et produit beaucoup de rhumes; il amène toujours
un changement subit dans la température.
Le i>UD-OUEST Tamène en été des jours sereins-, il est périodique après le
premieréquinoxe, et souffle quelquefois avec violence. G est lui qui annonce
le printemps y et fiait prospérer la végétation.
Le SUD amène en été une chaleur suffocante, s'il souffle légèrement. La
chaleur est tempérée quand il souffle avec violence. En automne, s il lutte
avec le vent du nord, il amène de grandes fouies et 4es inondations. Cette
même lutte cause souvent en juillet et août des orages qui rafraîchissent
lair , mais qui font redouter la grêle, assez, fréquente dans ces circonstances.
U axnèae le dégel en hiver, et commence par être froid, si les Apennins
sont couverts de neige, et cesse de Tétre s*il souffle plusieurs jours de suite.
La fonte das neiges qu il produit commence toujours par les sommités des
montagnes qui paroitrôient devoir être plus froides que la plaine.
Uii^«parde4es vemts que nous venons de décrire subissent des modjLfica-
tions^en passant d^un versant à Fautre. Nous avons vu que le nord qui des-
cend des Apennins, apporte de ce côté le froid ou la <;^eur quil contracte
dons les montagnes ou les plaines quil traverse. Les vents qui viennent du
sud portent au contraire, dans le versant nord, cette chaleur humide qui
caractérise, les vents de mer, et ces vapeurs qui forment les brouillards qu on
a|^Ue marins: toutefois, ils perdent dans la travei'sée une partie des qua-
lités qui leur sont propres. Les vents de mer ont déjà perdu, à leur arrivée
en Piémont, une partie des vapeurs dont ils étoient chargés; ces vapeurs se
condensent suivant quelles éprouvent Finfluence de la température plus
froide des montagnes. Elles se changent en pluie sur-tout lorsqu'elles sont
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92 CHAPITRE I.
pressées par un vent opposé. Cette condensation produit souvent une chaleur
suffocante. Le vent arrive alors dans l'autre versant moins chaud et moins
humide quil nétoit/et conserve cependant encore beaucoup de sa nature.
Si les vents de mer étoient brisés par la chaîne des Apennins dans toute
la hauteur de leur courant, la partie qui est en face du sud auroit des pluies
fréquentes, comme étant exposée aux vents de mer, toujours chargés de
vapeurs; mais celle qui regarde le nord se trouveroit sujette alors à une
sécheresse constante, ce qui la rendroit aride et stérile; heureusement il
n en est pas ainsi.
Les vents dominent les montagnes de la Ligurie, et portent des deux cotés
leur influence et leurs effets. La principale causé qui produit des pluies
abondantes dans le territoire de Montenotte, dépend du choc des vents con-
traires, et non de la barrière qu'oppose la hauteur des montagnes. La lutte des
vents du nord et du sud occasione presque toujours une précipitation de
vapeurs qui commence quelquefois en mer, ou sur le versant même de la
Ligurie, d'autres fois enfin par-delà des montagnes, mais qui finit toujours
par s'étendre sur les deux versants. On voit souvent pleuvoir, dans une ligne
du sud au nord, perpendiculairement à la chaîne, et, à quelque distance,
le temps est serein à droite et à gauche. Cet effet tijent sans doute à quelque
courant d'air partiel, produit par une des vallées de l'Apennin qui, comme
nous Pavons dit, altère quelquefois la direction des vents principaux, et
occasione un courant particulier.
On voit de temps à autre une pluie violente arriver de la mer, inonder le
littoral et ne point s'étendre au-delà des collines qui forment le pied de
l'Apennin ; mais ces phénomènes sont rares et ne proviennent que des orages
momentanés , de telle sorte , que la précipitation des vapeurs ne peut s'étendre
loin de la mer.
Nous admettons donc en principe que c'est la direction diverse, et la
différente force des vents en lutte, qui détermine dans ce pays la pluie ou
le beau temps, la chaleur ou le froid. Suivant que la force qui cède résiste
plus ou moins, le phénomène s'étend avec plus ou moins de lenteur. Il en
est de même pour la température. Un froid extraordinaire eut lieu à Naples,
la nuit du 1 3 décembre 1 8o8 ; un nord-est très froid , qui le produisit, le porta
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TOPOGRAPHIE. 98
à Gènes le i4 dans la journée; la neige commença la même nuit à Savone,
et s'étendit le i5 à Final. Le froid le plus rigoureux eut lieu à Gênes le 17 ;
il ne commença à Savoneque le 18 au matin. Le thermomètre resta toute
la journée à 3 degrés et plus au-dessous de zéro. Ce même froid ne s'est fait
sentir à Callizzano que le 19 et le 20 sur l'autre versant; le thermomètre y
marquoit 8 à 10 degrés au-dessous de la glace. .
Les pays, dont jai d abord parlé, sont dans la course du nord-est, et
exposés graduellement à son influence, mais successivement, ainsi que
nous l'avons vu.
En 1802 le maximum du froid se fit sentir à Gênes le 7 février, le
thermomètre y descendit à 3 degrés % au-dessous de la glace, pendant qu'à
Finale il n'étoit qu'à zéro; le lendemain le thermomètre y descendit à
2 degrés '/j.
Cette espèce de gradation n'est pas sans doute constante et régulière; la
direction de ces vents est aussi variable que leur combinaison est compliquée ;
ils dévient souvent plus d'un côté que de l'autre, et arrivent même quel-
quefois par des directions qui paroissent opposées ; car, comme nous l'avons
fait remarquer, ce n'est point seulement aux courants principaux que l'on
doit ces différences, la figure des montagnes et la direction des vallées y
contribue encore plus puissamment. C'est donc à cette cause que l'on doit
attribuer ^étonnante variété de température que l'on remarque en Ligurie,
non seulement dans le voisinage d'un lieu à un autre lieu, mais encore pres-
qu'au même moment ; et il en résulte pour tout le pays une alternative conti-
nuelle qui mêle, pour ainsi dire, les saisons et les confond l'une avec l'autre.
Nous avons expliqué, autant que la difficulté de cette matière peut le
permettre, la diversité de température qui existe entre les deux versants des
Apennins, savoir, par l'élévation du sol au-dessus de la mer, et par Fin-
clinaison du revers méridional qui est frappé plus directement des rayons
du soleil. Nous avons vu que le climat de la Ligurie étoit plus tempéré, à
raison du voisinage de la mer qui absorbe lentenysnt la chaleur pendant
l'été , et l'abandonne lentement pendant l'hiver.
Nous avons prouvé que les mêmes vents exercent leur action sur les deux
versants des Apennins, et que la pluie et les phénomènes sont dus, non pas
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94 CHAPITRE I.
aux mcmtafpiM qui arrètem^ pour ainsi dire, et fixent les nuages, maïs aux
vents opposés qui luttent ensemble et ocoasiottent une précipitatioii^le Ta^
peurs dans 1 atmosphère, effet qui se propage, quand la causeiest constante,
avec plus ou moins de lenteur sur les «deux vei^sants.
Les phénomènes partiels se ^ont expliqués par l'action que ia direction des
vallées exerce sur les courants princ^ux; il faudroit des observatîûss pins
étudiées et faites avec constance pendant ile cours de longues années pour
apprcrfondir totalement ce sujet.
JVbeo. On trouvera à la fin de Touvrage un appendice sur la zoologie de Moatenotte, eontenaULt
la nomenclature des animaux et des oiseaux particuliers au pays.
On trouvera également la nomenclature des plantes indigènes.
DESCRIPTION
DES CAJÎTONS ET DES COMMUNES.
ARRONDISSEMENT DE CEVA.
CANTON DT: cet a.
Le canton de Ceta renferme une partie du cours du Tanaro, ainsi que les
bassins des torrents Gevetta, Monza, et Bovina. La rivière de Corsaglia lui
sert de limite vers le nord; son territoire est généralement montagneux; il
est entrecoupé de petites plaines, telles que celles de Ceva, Bagnasco, Lese-
gno, et Priero. Les hautes montagnes de ce canton se rattachent aux Alpes;
les autres, dans une position plus heureuse, font suite aux contre-forts des
Apennins. Les premier* soilt couvertes de châtaigniers et d'arbres forestiers ;
les autres, qui se rapprochent plus de la nature des collines, sont propres à la
culture de la vigne. Parmi les plaines, celles de Bagnasco et de Ceva sont les
plus fertiles; les vins et les châtaigniers formem la principale ressource du
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AiTOH, UFNOX ANQ
Tf
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TOPOGRAPHIE. 96
pays; on y récoke aussi beaucoup de blé, du maïs, et des légumes. Los f^aiir
tations de mûriers y sont nombreuses et fournissent une girande ressource
au pays.
Le commerce principal con^ste, outre lexportation a»nueUe des blés et
des châtaignes, dans la v^te du yin, du bétail, et des cocons. Le travail de la
soie devient lui-même une branche d'industrie considérable^ Il existe neuf
filatures, dont trois peuvent être mises au rang des plus belles du Piémont.
La pêche y est de peu de ressource, quoique le Tanaro et la Cevetta four«-
nissent des anguilles et de bonnes truites.
Lair est assez sain dans le canton; mais la température y est froide; les
hivers y sont longs et la neige abondante, en raison de la hauteur des mon-
tagnes qui forment le bassin du Tanaro. L'humidité du ^1 et la pauvreté des
habitants influent singulièrement sur la vaoe des hommes, qui est petite et
sujette à des goitres et autres infirmités. La gvèle en été, la gelée blanche au
printemps, le souffle des vents de mer lors de la floraisea de la vigne, con^
courent à nuire à labondanceet à la sûreté des récoltes Ce canton xtmferme
1 1,844 habitants; sa surface est de of\A^y hectares.
Ce VA, che^Heu d'arrondissement et de canton^ est une ville de 81^096 ha-
bitants; elle est située dans un fond au confluentde la Cevetta et du Tanaro,
et ses abords sont difficiles. Son aspect pajroît triste et sombire; ses ruiesâoutt
assez commodes dans les traversées principales ; elles sont bordées, dans leur
longueur, dWoades, sous lesquelles on peut se promener à couvert penjdanl:
la mauvaise saison. On y voit queues maisons bien bâties, une grande
place, une église assez beile, deux ponts sur la Covetta, deux autres sur le
Tanaro, dont Ttu), composé de quatorze arches, fut enlevé à moitié eii i6lo
par une inondation.
La ville a trois faubourgs dus à 1 augmentation du commeroe : Yw^ ^t sur
la route de Mondovi, lautre au-d^ du Tanaro, Faiitre enfin parMlelà la
Cevetta. Au-dessus de la ville, et sur le sommet d une colline très escarpée,
on aperçoit les débris de la forteresse de Ceva, qui fut démolie dans la der-
nière guerre.
Les environs de Ceva , au moment où Ion débouche sur le plateau qui l'en-
toure, offrent un aspect agréable. Des collines entrecoupées de vignobles,
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96 CHAPITRE I.
de petits vallons, de jolies prairies, et des bouquets de bois, présentent des
promenades charmantes et des points de vue fort agrestes. La commune
renferme une paroisse et trois succursales. La première est une collégiale
dont l'origine remonte à i loo. Les chanoines au nombre de douze ont une
rente très médiocre; le curé a 5oo francs. Les succursales de Mole, de Poggi,
et de Saint-Antoine, ont chacune un revenu de 200 francs environ. Il exis-
toit autrefois trois couvents dans Ceva; celui des cordeliers étoit le plus riche
et le mieux bâti : il sert aujourd'hui de local pour une école secondaire^
établie depuis peu avec le plus grand succès; elle est dotée dune rente
de i5oo francs en biens-fonds.
- Il existe en outre deux hôpitaux, lun pour les malades, l'autre pour les
orphehns ; leurs retenus réunis montent à 8,000 francs environ. On y trouve
un mont-de-piété doté d'environ 1 0,000 fr . en capital ; il doit prêter sur gages ,
mais sans intérêts, aux habitants dans la détresse. Il existe en outre différents
legs produisant 700 francs de rente, destinés soit aux dotations de filles
pauvrtïs, »oii aux secours à domicile et au paiement du médecin et
chirurgien.
On ne trouve aucun document historique qui atteste Tépoque de la fonda-
tion de Ceva. Pline le naturaliste la cite et loue la bonté de ses laitages. Des
notions postérieures semblent annoncer qu'elle a été beaucoup plus vaste
qu'elle ne l'est en ce moment. La construction de sa vieille enceinte date du
temps du ba^-empire. Des quinze tours qui la flanquoient, il n'en reste plus
que sept, dont quatre tombent en ruine. Dans l'endroit le plus élevé de la
vieille ville est placée la citadelle ancienne; on y voit encore les décombres
du château des marquis de Ceva : il paroit que les guerres, les maladies, et
sur-tout les inondations, ont causé la dégradation d'une partie de la ville;
les époques attestées de ces ravages remontent ài584eti6io.
Ceva fit autrefois partie du pays occupé par les Liguriens Statielli tes. Sous
Auguste, cette ville fit partie de la neuvième région, qui portoit le nom de
Ligurie ancienne. Ce pays subit le joug des barbares quand ils envahirent
l'empire. Les Goths, défaits sous Totila dans le fond de l'Italie, trouvèrent
un asile dans ses montagnes, qu'ils occupèrent.
Ce fut vers le neuvième siècle que ce territoire fut divisé en différents
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TOPOGRAPHIE. 97^
comtes ; le pays de Ceva fut alors compris dans les dépendances d'Alba , qui
s'étendoient jusqu'aux sources du Tanaro. En 967, Othon P' accorda par un
diplôme la possession de ce pays au marquis Alérame, dont lorigine est restée
inconnue, malgré la foule de conjectures que les antiquaires ont .faites sur
son histoire (i).
Au douzième siècle, on voit enfin paroître des marquis de Ceva descen-
dants de Boniiace, marquis de Savone, qui partagea sa succession entre ses
enfants en 1126. Les marquis de Ceva, ayant agrandi leur domination,
devinrent célèbres; sur la fin du treizième siècle, et dans le quatorzième,
ils entreprirent des guerres heureuses contre leurs voisins, et luttèrent long-
temps contre la puissance naissante des ducs de Savoie. L un d eux dota en 1 269
la chartreuse de Casotto. Une de ses sœurs , épouse d'un prince de Catalogne,
laissa des legs en faveur des pauvres particuliers ruinés par les inondations
du Tanaro, comme aussi pour la construction d'un pont sur le Tanaro, qui
existe encore aujourd'hui. L'agrandissement de la maison de Savoie amena
bientôt la décadence de cette famille : en 1878 les mat*quis furent contraints
à prêter foi et hommage au duc Amédée VI , dit le Verd. En 1 4 1 4 9 Amédée VII
joignit à ses titres celui de marquis de Ceva. Les anciens marquis ayant voulu
en 1 4^2 se relever, excitèrent des troubles dans la vallée de la Stura , mais le
prince Amédée les battit et les fit prisonniers. Leurs vassaux, impatients du
joug de la maison de Savoie, firent un dernier effort en i5i5 ; mais le duc
Charles III les punit sévèrement, et reçut en i53o, de Charles V, beau-frère
de son épouse, l'investiture du marquisat.
(i) L'histoire vulgaire, ou le roman d'Adélaïde et d'Alérame, la fuite de ces deux amants, la
rencontre que l'empereur Othon en fit dans ces contrées avec leurs sept enfants , sa réconciliation
avec sa fille Adélaïde , le pardon généreux qu'Alérame ohtint de lui , la cession des sept anciens
marquisats du Piémont à ses enfants, sont un sujet continuel de narration pour les vieillards de
ces pays , qui eux-mêmes l'ont apprise de leurs pères. Ces faits , sans vraisemblance , sont ainsi
passés d'âge en âge par une bizarre tradition, d'après laquelle l'ancienne maison de Ceva seroit issue
de Faine des enfants d'Alérame , qui resta en possession du pays où son père s'étoit réfugié et s'étoit
vu réduit à la condition de charbonnier. Les habitants de Garessio montrent , avec une sorte d'or-
gueil , la montagne Galera , oii ils assurent qu'existoit la chaumière de ce couple infortuné. Le
rocher où elle étoit bâtie est encore appelé chez eux Pietra Degua.
i3
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98 CHAPITRE I.
Les ducs de Savoie y placèrent depuis des gouverneurs choisis parmi les
personnes les plus distinguées de leur cour. Philibert Emmanuel y bâtit une
forteresse sur une hauteur escarpée. Charles Emmanuel II lagrandit. Ce fort
soutint, en 1649, tin siège contre les Espagnols; en 1706, un autre contre
les forces françoises et espagnoles réunies ; il a été détruit par les François
sur la fin du dernier siècle.
Les habitants de la commune de Ceva sont agriculteurs, artisans,
négociants, ou manufacturiers. Ce pays est un entrepôt pour tout larrondisse-
ment, et va devenir un centre de communication entre le Piémont et la
Ligurie, par suite de la construction des routes de Savone et de la vallée du
Tanaro; il s'y fait dans ce moment un grand commerce de blé pour 1 appro-
visionnement du littoral. «Son territoire est de dix mille journaux de Pié-
mont, dont la moitié seulement est cultivée, l'autre est coupée par des bois
de châtaigniers et des taillis. Ses vignobles sont placés sur les collines de la
rive droite du Tanaro. Il existe dans la ville cinq filatures, dont deux sont
considérables.
BaGNASGO, sur la rive gauche du Tanaro, est divisé en deux bourgades,
le Borgo et le Piano. Il renferme 1^22'i habitants; sa plaine, arrosée par un
canal qu alimentent les eaux du Tanaro', est très fertile en blé, légumes, chan-
vre, et semences de toutes espèces. Son territoire produit dans quelques en-
droits des châtaigniers ; le reste est composé de montagnes incultes et de
forêts qui renferment quelques pacages et où 1 on fabrique beaucoup de char-
bon. Il existe en outre à Bagnasco une filature et une papeterie. Les habitants
sont en général agriculteurs, quelques uns travaillent aux manufactures.
La paroisse, fort contestée entre les deux bourgades, est placée à Borgo;
elle a un revenu de 1,000 francs. Il existe une espèce dliospice pour le soula-
gement des pauvres; un médecin et un chirurgien y sont attachés; cet
établissement a été formé à laide de divers legs réunis ^ dont lensemble
monte à 847 francs.
Près de Bagnasco, on voit une ancienne forteresse bâtie parles Sarrasins;
elle est désignée dans les anciens titres sous le nom de Castrum Sarracino^
rum^ et est appelée aujourd'hui Castellazzo.
BatifoLLO, commune de 617 âmes, est bâti sur une montagne qui sé-
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TOPOGRAPHIE. ^ 93
pare les versants du Tanaro et de la Monza; le sommet est occupé par les
ruines du château appartenant à une des branches les plus illustres de la
maison de Cevâ. Quelques maisons sont bâties autour de ses ruines; le reste
se compose de chaumières et de hameaux épars dans les bois. Le territoire pro-
duit peu de blé, une médiocre quantité de châtaignes et de seigle. Les habi-
tants sont pauvres, et n ont de ressources que dans le trafic de ITiuile qui se
transporte de la Ligurie en Piémont.
La paroisse a 3oo francs de revenu en biens-fonds; il existe un legs pieux
de i5o francs de rente.
LëSEGNO, commune de 1,117 habitants, est situé sur une petite hauteur
au confluent de la Monza et de la Corsaglia. Le village est divisé en trois
quartiers; l'un deux est sur la rive gauche de la Monza, les deux autres sur
la rive droite. Une partie du territoire produit du blé, du maïs, et des châ-
taignes ; l'autre est occupée par les prairies et les vignes. Les habitants sont
industrieux et bons agriculteurs. L'air du pays, qui est très sain, contribue à
développer leurs forces. Ce territoire seroit susceptible d'être arrosé par le
canal d'irrigation de Ceva. Les revenus de la paroisse sont de 4^0 francsr.
Il n'y a point d'établissement de bienfaisance.
LiSIO, situé dans les versants des sources de la Monza, renferme 499 ha-
bitants ; le bas de la vallée offre des campagnes bien cultivées et des prairies
fertiles : sa récolte principale consiste dans les châtaignes. Sa paroisse jouit
d'un revenu de i5o francs. Il existe un étabUssement de bienfaisance doté
d'un capital de 5,ooo francs environ, dont le but est l'entretien de l'église et
le soulagement des pauvres.
MALPOTREMO^itué sur une hauteur à la droite du Tanaro, ne renferme
que i53 habitants, dont l'industrie consiste à plantef et cultiver des bois dje
châtaigniers qui forment la seule ressource du pays. Sa paroisse a 1 5o francs
de rente.
MaSSIMINO, sur la rive droite du Tanaro, renferme 342 habitants. Le
principal produit de son territoire consiste en châtaignes : les habitants sont
pauvres et ne vivent que du petit commerce de transport qu'ils font de la
rivière et sur-tout de Finale, Loano, Albenga, dans le Piémont.
Monbasiglio, sur la droite de la Monza, est bâti sur une montagne en
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loo CHAPITRE I.
forme de pain de sucre, dont le château bien conservé occupe le sommet.
Sa population est de 883 habitants; ses productions consistent en châtaignes,
vins, blés, et fromages. Dans la bourgade inférieure de Piani, est une des
belles filatures du Piémont.
La paroisse a 200 francs de revenu. Il existoit autrefois un établissement
de bienfaisance pour le soulagement des pauvres; son capital de i3,ooo francs
étoit constitué en rente perpétuelle sur Tétat, et il a disparu.
NUGETTO est situé, moitié sur le versant des montagnes qui s élèvent à
gauche du Tanaro, et forment la source de la Monza, moitié sur le bord
même de la rivière. La population est de 5o4 âmes. Le tiers du territoire
seulement est cultivé; il produit principalement des châtaignes et un peu
de blé; le reste consiste en rochers et en bois sauvages. Le revenu de la
paroisse monte à 4oo francs.
PrieRO, bâti à l'extrémité dune petite plaine dans la vallée de Cevetta,
est ceint d anciennes murailles garnies de tours. Le château est encore assez
bien conservé. Trois hameaux dépendent de cette commune ; ils sont si-
tués sur des collines formant les versants de la Cevetta et présentent un
aspect très pittoresque. La population est de 976 habitants ; son territoire est
étendu; un grand tiers est cultivé et produit des châtaignes, du blé, des
fourrages, et même du vin qui passe pour le meilleur du canton.
Le curé de Priero a 35o francs de rente, la fabrique en a 200. Il existe
dans la commune deux établissements de bienfaisance, dont lun possède
3oo francs, lautre 100; ils sont institués pour le soulagement des pauvres.
Perlo est divisé en deux bourgades, dont l'une occupe le fond de la vallée
du torrent Perletta, et l'autre est sur le penchan t de la montagne qui en forme
le versant. Sou territoire offre de belles prairies le long du torrent, des
champs et des vignobles bien entretenus. Les produits consistent en châ-
taignes, fourrages, et blé; le vin est d'une qualité médiocre. Un cinquième
de sa surface est cultivé; le reste est composé de châtaigneraies ou de futaies
qui produisent des bois de charpente. La population est de 34o âmes; la
paroisse a 4oo francs de rente.
Il existe un legs de 260 francs employés en feveur des pauvres filles de la
commune.
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TOPOGRAPHIE. loi
ROASCIO, à la droite du Tanaro, est partagé en plusieurs hameaux situés
dans un vallon ou sur des collines qui en forment les versants. La moitié de
son territoire est cultivé, et produit quantité de vins d'excellente qualité,
qui procurent, par leur débit, une grande ressource aux habitants. Us re*
cueillent en outre du blé, des légumes, et des châtaignes. La population est
de 3oo âmes; la paroisse n'est dotée que de loo francs.
Sale, situé dans les montagnes dites des Langhes, au premier versant du
Belbo, est divisé en plusieurs hameaux. Le principal est placé autour d'une
colline dont le sommet est occupé par un château appartenant à la maison
d'Incisa; les autres sont placés dans une vallée formée par le torrent Saluz-
zola ou vers les hauteurs qui l'environnent. Un tiers de son territoire est in-
culte, occupé par des rochers et broussailles; l'autre est couvert de bois de
châtaigniers et taillis ; le reste est cultivé en prés, champs, et vignes. La popu-
lation est de 1 1 1 4 habitants.
La paroisse jouit d'un revenu de 5oo francs.
Sgagnello, placé sur le contre-fort qui sépare les deux sources de la
Monza, montre de loin une tour et les ruines d'un vieux château, qui s'éle-
voit sur le sommet de la montagne. Les habitations sont réunies. La petite
partie du territoire qui est cultivée est assez fertile ; le reste est couvert en
châtaigniers, ou en bois, ou broussailles. Le blé, le vin, les châtaignes, sont
les ressources du pays.
Le pombre des habitants est de 4^7; la paroisse a 260 francs de rente. Un
leçs^ datant de 1628, a affecté un capital de So^ooo francs en biens-fonds,
au soulagement des pauvres.
TORRICELLA, situé dans les montagnes dites des Langhes, au-dessus de
Roascio, contient 253 habitants, les plus misérables du canton. Son territoire
produit d'assez bon vin ; mais sa position l'expose plus que tout autre aux dé--
gâts des orages et de la grêle.
La paroisse n'a que 100 francs de revenu.
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1Q3 CHAPITRE I.
CANTON DE CALLIZZANO.
Le canton de Callizzano s appuie d un côte à la grande chaîne des Apen-
nins qui lenvironne au sud; de lautre, au grand contre-ibrt qui forme les
versants du Tanaro, en sorte qu'il ressemble à un vaste bassin qui débouche
par une seule vallée fort étroite : il renferme tous les versants de la Bormida
occidentale et ceux de FOxiglietta. Les eaux y sont très abondantes même en
été ; elles prennent leur origine dans des montagnes très élevées et long-
temps couvertes de neige; leur pente rapide a favorisé rétablissement dune
multitude dusines et de moulins qui servent, soit à exploiter le fer, soit
à scier les bois qui couvrent les sommités des montagnes qui lenvironnent.
Les principaux affluents de la Bormida sont les torrents de Frassiguo, Rio-
Freddo, Rionegro, Callizzano, Vetria, mais sur-tout celui d'Oxiglietta. Le
pays est entièrement montagneux; il est couvert de hêtres, de châtaigniers,
et de chênes. Les petites plaines qui s y trouvent se composent de prés et de
champs. Le pied des montagnes, dans les parties bien exposées, est planté
en vignes.
Les principales productions consistent en bois, en châtaignes, en blé, en
seigle, fourrage, et un peu de vin. Le sol seroit assez fertile, mais il est na-
turellement froid et sujet aux gelées blanches du printemps et aux orages; il
y régne des brouillards même au milieu de Tété , en sorte qu on ne peut guère
compter que sur la récolte des châtaignes et sur celle des foins; mais Tin*
dustrie vient au secours des habitants.
On trouve dans ce canton huit forges à fer, et vingt-deux moulins à scie^
outre six fabriques de tabac.
Le commerce est assez étendu, et consiste dans la vente des fers et des
planches fabriquées. Il s y fait une exportation considérable de merrains;
enfin on y fabrique des tonneaux.
Le climat en général est très froid, sur-tout aux environs de Bardinetto et
Callizzano ; la neige y est abondante pendant Fhiver et séjourne long-temps
Sfir les sommités; les vents du nord dominent dans le pays et retardent
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THE Nil// Y'. H K
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TOPOGRAPHIE. io3
les productions ; ils y amènent souvent de Forage, et quelquefois de la grêle.
La population totale du canton est de 5,572 habitants, tous agriculteurs et
ouvriers dart, tels que scieurs, forgerons, tonnelliers et charbonniers.
Gallizzano, chef-lieu du canton, renferme i,84o habitants^ composant
45o familles ; cette population est divisée en plusieurs quartiers. Le bourg
est bâti dans une petite plaine où aboutissent cinq torrents qui forment la
Bormida. L'aspect du pays est sauvage, mais pittoresque j toutes les mon-
tagnes qui Fenvironnent sont couvertes de bois. Les maisons y sont généra-
lement couvertes en paille, celles des propriétaires le sont en planches.
Les productions principales du pays consistent dans le fourrage, les châ-
taigniers, le seigle et le blé ; le terrain est froid et peu productif; l'industrie
nourrit près de. la pioitié des habitants; elle entretient quatre forges et dix
moulins à scie. Lair y est très sain. Les récoltes y sont sujettes aux gelées
blanches d'automne et du printemps qui détruisent même le blé. L'abon-
dance des eaux, qui soutient l'industrie du pays, cause bien souvent des
ravages dans la commune.
Il y a à Gallizzano deux paroisses, lune dans le chef-lieu, lautre à Yë-
tria. La première a été bâtie en 1721. L'ancienne église paroissiale étoit
située sur une hauteur. Le curé jouit d'un revenu d'environ 700 francs;
il est archiprétre. Il étoit autrefois grand - vicaire de Févêque d'Alba,
pour sept communes du diocèse. LeTuré de Vétria, a environ 4oo francs
de revenu. La fabrique de la paroisse principale a 200 francs de rente.
Outre ces deux églises, il en existe six autres dans la campagne pour la
commodité des habitants.
On trouve à Gallizzano un établissement de bienfaisance jouissant d'un
revenu de 200 francs pour secours aux indigents.
Calfizzano faisoit autrefois partie du marquisat de Finale, et son his-
toire se confond avec celle de ce pays. Il appartenoit à une des branches
de la famille des Garretto ; on y voit encore les débris d'un vieux château
qui étoit la demeure des anciens seigneurs. Les habitants étoient malheu-
reux sous le régime des lois féodales. Des troubles survenus à Finale
en i558, entre les habitants et le marquis finirent par la destruction de
la seigneurie : Gallizzano et Oxiglia passèrent alors sous la domination de
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io4 CHAPITRE L
Fempereur Rodolphe II. En vertu duae convention faite en i6i3, ce»
pays furent acquis par la république de Gènes, et restèrent sous la même
domination jusqu'au moment de la réunion à la France.
MURIALDO, village étroit et bâti sur une même ligne le long de la Bor-
mida, est renfermé entre deux montagnes escarpées qui y forment pour
ainsi dire de hautes murailles. Ses productions consistent dans les châ-
taignes, le vin, le blé, le seigle et la soie; on y fabrique des tonneaux;
mais la majorité des habitants est composée de cultivateui^.
Le climat y est plus tempéré quà Callizzano, quoiqu'il soit sujet à Tin-
.fluence des vents du nord et du sud.
Trois cent trente familles formant 1,602 habitants composent sa popu-
lation qui fait une seule paroisse, dont Féglise est très ancienne; elle est
bâtie sur un rocher. Les habitants se cotisent pour payer leur curé. Outre
Téglise principale, on compte quinze chapelles champêtres pour la com-
modité des habitants.
BardinëTTO, dans une petite plaine au pied des montagnes de Rocca-
barbena, et de monte Calvo, est situé vers les sources de la Bormida. Les
richesses du pays consistent en fourrages, châtaignes, seigle, et produits
de bestiaux.
Le climat est très froid, et sujet à la gelée blanche dans le printemps
et dans lautomne, et aux orages pendant toute Tannée.
Les habitants sont tous agriculteurs, et si peu industrieux que les ou-
vriers qui font le charbon et fabriquent les planches sont tous étrangers.
La population est de 620 habitants formant une seule paroisse dont le
curé touche environ 700 francs. L'église a une rente de 200 francs en
biens-fonds.
Il existe deux établissements de bienfaisance , lun sous le nom d'Opéra
Rubba jouissoit de 900 francs de rente , fondée sur les monts*de-piété de
Coni et de Turin ; l'autre dit de l'Hôpital jouit d'une très petite rente.
Ce pays étoit un fief dépendant de la famille Caretto Balestrino, et
avoit passé sous la domination du roi de Sardaigne.
OxiOLIA est situé au milieu des montagnes sur les bords du torrent Oxi-
glietta. Il n'existe aucun monument qui fasse connoitre son ancienneté.
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TOPOGRAPHIE. io5
Ses principales ressources consistent dans le bois, qui s'y trouve en telle
abondance qu on le laisse périr sur pied, dans les cliâtai(jnes, le seigle, et le
blé. Le climat est sain, mais froid; et lliiver est très long.
La population est composée de cultivateurs et d'ouvriers employés aux
forges et dans les moulins à scie; elle est de 1,5 lo habitants, qui forment
deux paroisses: la première est située dans le bourg, et le curé ne jouit que
de 1 20 francs : mais les habitants suppléent à son traitement. La deuxième
église, située à Ronchi, est desservie par un chapelain qui jouit de 5o francs
de revenu, outre les produits de la chapelle.
BORMIDA et Oxiglia ne formoient autrefois qu'une seule paroisse, qui fut
séparée en i4Si. Les biens communaux sont encore indivis entre ces deux
communes. Outre les deux paroisses, on trouve quatre chapelles cham-
pêtres pour la commodité des habitants. Il n'y a point à Oxiglia d'établis-
sement de bienfaisance.
CANTON DE DOGLIANL
Le canton de Dogliani est compris entre le Tanaro et les versants de
la Réa, qu'il occupe en entier; il limite lui-même le département. Outre
les deux rivières qui l'arrosent, il renferme aussi les versants du ruisseau
Gavil, qui est un affluent du Tanaro. On trouve dans ce canton beaucoup
de collines peu fertiles ; mais les bords du Tanaro et les vallons de la Réa
offrent des espaces parfaitement cultivés.
Dogliani se trouve même situé à l'entrée des belles campagnes du Piémont;
le sol est de deux natures différentes, fertile dans les plaines, et ingrat sur
les montagnes; il produit du grain, du maïs, des légumes, des châtaignes,
des fourrages, des fruits, et sur-tout du vin. L'air est en général pur et sain
dans les communes placées sur les sommités; mais ces pays sont sujets à des
vents violents qui causent des maladies inflammatoires.
Dogliani et Farigliano, placés dans des vallées étroites, sont garantis des
vents du nord et du sud; mais les vents d'est, toujours humides, y agissent
dangereusement sur l'économie animale.
14
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I
io6 CHAPITRE 1.
Le canton est sujet à la grêle, si Ton en excepte toutefois le territoire de
Bonvicino; les orages se forment ordinairement du côté de Murazzano et de
Monza ; de là ils fondent dans les vallons de la Rea et du Tanaro, et ravagent
toujours quelques parties du territoire.
Dans chacune des communes du canton, on remarque encore des vieux
châteaux presque tous en ruine; celui de Dogliani fut détruit au quinzième
siècle, sous Charles V.
La population est de 7,281 âmes; elle est en général composée d'agri«-
culteurs.
Le commerce ne consiste que dans la vente du blé qui est importé : Fin-
dustrie, dans la filature de la soie: on y compte onze établissements de ce
genre. Il y a aussi une tannerie, un chapellerie, et un martinet pour le fer.
. Dogliani est situé dans le vallon de la Réa; il est divisé en deux bourgs
dont le plus ancien est situé sur une petite colline, et s appelle château, par-
cequ'il étoit entouré de murailles et formoit un point fortifié du coté de la
Ligurie; l'autre partie, qui s appelle le bourg, est beaucoup plus peuplée,
mais elle est resserrée de manière à être privée en hiver des rayons du soleil.
Ce point est très commerçant; il existe trois foires dans Tannée, le 1 1 août,
le 23 septembre, et le 2 novembre: on y vend du blé et autres denrées
pour les communes voisines.
Le territoire de Dogliani se compose d un tiers en vignes, d un douzième
en prés, dun quart en bois forestier et châtaigniers; le reste du territoire
ne contient que des broussailles, quelques pacages, des rochers incultes, ou
des terrains ravagés par les torrents.
La Réa, sujette à des inondations, dévaste souvent ces vallées qui, sans
cet inconvénient, seroient très fertiles en fourrages. Les vents dominants sont
ceux d'est et d ouest qui amènent de la neige en hiver, et en été des grêles et
des orages violents ; 1 été en général y est très sec, ce qui nuit à la fertilité.
Néanmoins cette commune, placée au débouché même des belles plaines du
Piémont, participe déjà à leur fertilité, et passe pour une des plus riches de
larrondissement.
Sa population est de 8,724 âmes; elle est divisée en deux paroisses: la
première , placée au château, est dotée d'environ 5oo francs; l'autre est située
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ASTOR, LENOX ANO
|. TluDEN FOUNDATiONS.
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Jpr#;r:r"^.?."^'^:l??'-*^
TOPOGRAPHIE. 107
dans le bourg avec un revenu d'environ 4oo francs. Les deux curés sont eu
outre pensionnés de ]a rente d un capital de 5,ooo francs.
Il y a dans la commune, deux établissements de bienfaisance; savoir : un
hôpital pour les malades, et un autre destiné aux secours à domicile. Ces
deux établissements ont été réunis. Leurs revenus montoient à 3,159 francs.
Ils se sont accrus depuis dune somme de 10,000 francs environ, légués
par un curé mort sur la paroisse. Il existe en outre, à Dogliani, un collège
qui est rente, et soutenu par la commune; il a été établi dans un couvent
des Carmes, bâti en 14^4? ^^ supprimé en 1801. Cet établissement est
fort bien tenu, et dune grande utilité dans un pays éloigné de tout
moyen d'instruction. On trouve aussi dans cette ville plusieurs confréries,
qui sont dotées, et qui jouissent ensemble d'un revenu de i,5oo francs.
Les habitants de Dogliani et des communes voisines font remonter
leur origine aux premières époques de l'histoire ancienne d'Italie. Ils tirent
ces notions historiques de l'étymologie même de leur nom. Nous n'entrerons
point à cet égard dans des recherches qui seroient sans aucun intérêt.
Les écrivains qui parlent de ces pays ne font que rendre son histoire
plus obscure par leur perpétuelle contradiction. Les premiers possesseurs
connus furent les marquis de Vasto, d'oii l'illustre maison de Saluées tira
son origine.
Les marquis de Vuses possédèrent cette contrée pendant quatre*vingt-dix
ans, et finirent par la rendre à ses anciens maîtres. Mainfroi de Saluées en prit
possession en 1 220. Les successeurs de Mainfroi se multiplièrent, et se parta-
gèrent entre eux le canton *, en sorte que les communes elles-mêmes restèrent
démembrées en plusieurs parties jusqu'en i552, époque à laquelle le pays
prêta serment de fidélité à l'empereur Charles Y. Bientôt après le marquis se
mit sous la protection de François I** ; l'empereur indigné fit ravager le terri-
toire-, ses troupes, d'abord repoussées, revinrent après la bataille de Pavie, et
s'emparèrent de tout le marquisat. Le marquis , nommé Michel Antoine , laissa
trois enfants, le premier prit le parti de l'empereur, et fut chassé, sous
Henri II, par les François en i562 ; il renonça en faveur de Charles IX, qui
lui donna en échange l'abbaye et le comté de Beaufort. Les motifs de cette
renonciation provenoient de l'hommage qu'il avoit été obligé de prêter à
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io8 CHAPITRE I.
Emmanuel Philibert, duc de Savoie. Le marquis mourut, et cette ligne des
marquis de Saluées finit avec lui.
Dogliani , et la plus grande partie du canton , demeura jusqu'à Henri IV,
roi de Navarre, sous l'obéissance des ministres qui rendirent la justice au
nom du roi de France. Sous Henri IV, ce marquisat fut échangé, avec le duc
Charles Emmanuel P% contre les comtés de la Bresse, Beaugier, Valle*
Rome, la baronnie de Gap, et les terres de Château-Dauphin. Dogliani passa
alors sous la domination de la maison de Savoie ; ce[)endant don Rodriguez
Sanchès s'en fit investir avec le titre de comte en 1602 ; il en fit la cession au
baron de Rié. Le marquis Louis Saluzo en a été ensuite investi ,^ et ses des-
cendants l'ont possédé jusqu'au moment oîi le Piémont fut réuni k la France
avant les derniers traités.
FariGLîANO est situé dans le vallon du Tanaro, au pied d'une colhne
à pentes faciles, dont il est sé|)aré par un de ses affluents ; le territoire est tra-
versé par cette rivière, qui y fait de grands dégâts dans le printemps et dans
l'automne. Un quart du territoire n'est point susceptible de culture; le reste
produit principalement du froment, du vin, des fromages, et de la soie. Son
climat est doux, et tout y annonce le voisinage de la plaine du Piémont. Une
foire s'y tient le 6 décembre,
La population est de 1,678 habitants formant une seule paroisse, dont le
revenu est d'enviix>n 5oo francs.
ClavëSANA est bâtie sur des rochers escarpés et des précipices, au pied
d'une colline qui s'avance vers le Tanaro et garantit la commune des vents
d'est. L'escarpement des rochers sur lesquels les maisons sont bâties en
amphithéâtre lui donne un aspect pittoresque. Les deux tiers du territoire
sont susceptibles de culture^ ses productions consistent principalement dans
le vin, qui y est d'une excellente qualité, le froment, le fourrage, et les
cocons. Le Tanaro serpente à la hauteur de Clavesana, et y forme une
péninsule très remarquable et très fertile. Dix affluents principaux qui se
versent près de cette hauteur, occasionent ce changement de direction dans
le cours de la rivière.
La commune de Clavesana compte 1,000 habitants; il y existe une seule
paroisse, dont le curé a 4oo francs de revenu.
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TOPOGRAPHIE. 109
Belvédère^ ainsi nommé, à raison de l'agréable perspective dont on jouit
du sommet de la colline où il est placé, présente la façade de ses maisons
vers le midi. Un tiers du territoire est en vignes, un tiers en champs et en
châtaigniers, l'autre tiers en bois taillis ou inculte. Le sol, exposé à tous
les vents, est sujet aux ravages de la grêle; il est peu fertile, coupé par
plusieurs affluents, soit du Tanaro, soit de la Réa; le principal s'appelle Ga-
rina. Les productions du pays consistent dans le vin, le froment, le fourrage,
et la soie.
La commune contient 44^ habitants; la cure possède 200 francs de
rente. Il existe à Belvédère un établissement de bienfaisance provenant d'un
legs antérieur à 1660. Les revenus ne sont que de yy francs.
BONVICINO est enseveli dans un vallon formé par quatre collines qui l'en-
tourent. L'aspect en est sauvage à raison des rochers qui le dominent et des
cailloux dont le lit de la Réa est encombré. Le territoire, partagé en deux
parties égales par ce torrent, est coupé en outre par plusieurs de ses affluents;
l'un d'eux, celui <{e Montcalermo, est connu par les plantes médicinales que
produit son vallon. Les deux tiers du territoire sont plantés de châtaigniers,
le reste est en vignes, prés, et champs. T-ft p»y-^, abrité de tous les vents, est-
moins sujet aux ravages de la grêle que les autres communes du canton. Ses
produits consistent dans le vin, le froment, les châtaignes, les fourrages, et les
cocons.
La commune a 4441^^^^^^^? "^ ^"^^ ^'^ q^^ ^^^ francs de revenu: les
habitants y suppléent par une contribution volontaire.
CANTON DE GARESSIO.
Le canton de Garessio comprend, outre une portion du bassin du Ta-
naro, les versants qui s'étendent à gauche et à droite des montagnes qui en-
vironnent ce bassin ; ainsi il renferme encore les sources de la Neva , celles de
la'Panavera, enfin une partie des versants' de la Monza et de la Corsaglia.
On compte dans les versants du Tanaro huit petits torrents et douze ravins.
Cette quantité d'eau lui donneroit les moyens de former des canaux d'irriga-
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ïio CHAPITRE 1,
tion et d*ëtablir de vastes prairies; mais jusqu àce moment Tindustrie agricole
n a rien fait pour en tirer parti.
Les productions du pays consistent dans les châtaigniers qui naissent sans
culture sur un territoire immense, dans le foin, le seigle, lavoine, lorge,
le blé de Turquie, les légumes, et un peu de froment; on y cultive aussi
quelques vignes et quelques oliviers sur le revers méridional des Apennins;
mais rhuile et le vin qu on y récolte sont d une qualité très médiocre.
Le sol des montagnes seroit fertile ; mais lliiver y est rigoureux, la neige
y séjourne et y fait souvent périr les blés avant la germination; le pays est
extrêmement pittoresque ; on aperçoit de tous côtés de hautes montagnes
couvertes de bois ou de rochers mçiiaçants ; souvent ces montagnes sont cou-
pées à pic et semblent interdire tout passage: là, comme à Orméa, on est
encore dans les Alpes , et la nature y est également imposante. Ces montagnes,
généralement calcaires,, fournissent de nombreuses carrières de marbre de
couleurs différentes; toutes les églises des environs en sont embellies, et ce
travail , qui est déjà lobjet d une petite industrie , doit deveilir [Jus important
aujourd'hui, que des routes vastes et commodes vont succéder aux affreux
^entiers par lesquels on transportoit les marbres à dos de mulets.
Le commerce est la ressource principale de Garessio; ce village sert den-*
trepôt pour les huiles et les marchandises que Ton conduit en Piémont, et
le grain que Ion exporte.
Il existe deux foires chaque année, et trois jours de marché par semaine.
L'importance de ce pont exigerait qu'il eût une petite communication avec
Albinga, pour l'avantage d'Allassio et de toute cette partie de la rivière qui
s'étend jusqu'à Loano.
La population du canton est de 7,692 âmes; elle est principalement com-
posée d'agriculteurs, de muletiers, et de marchands.
Les femmes s'occupent pendant l'hiver à filer la laine pu le chanvre.
Le climat de ce canton, qui repose sur le sol le plus élevé du département
de Montenotte , est totalement ouvert aux vents du nord et aux vents du sud,
qui produisent successivement beaucoup d'humidité et de froid; aussi la
peige y est-elle extrêmement abondante ; elle y séjourne jusqu'au printemps.
jC^'hiver dure sept mois de l'année; le givre d'automne, les brouillards et les
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— -—i
THENEWYORr
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A$TOR, LENOX AND
TU DEN F0UNDAT10M8.
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TOPOGRAPHIE. m
gelées blanches du printemps, nuisent aux récoltes qui ne sont point encore
mûres, ou qui vont se développer, La violence des vents nuit encore, en
amenant de fréquents orages mêlés de grêle, et des pluies de printemps et
d automne qui produisent souvent des inondations. Le climat du canton de
Garessio est le moins favorisé et lun des plus froids du département.
GareSSIO, chef-lieu du canton, dans la vallée du Tanaro, est divisé en
trois bourgs principaux qui sont voisins, et entre lesquels il existe beaucoup
de rivalité ; quatorze petits villages plus écartés réunissent entre eux une
population de 1,270 habitants; les trois bourgs en comptent 3,470; ainsi la
population totale est de 4)74^ 9 ^^^ composent huit cent cinquante familles.
Le «ol:de la conmiune s'étend de la chartreuse de Casotto jusqu'aux versants
méridionaux des Apennins. Les trois bourgs sont situés à 1 affluent du Tanaro
et d un torrent principal , dont Faspect présente un vaste amphithéâtre en^
foncé dans les montagnes de FApennin.
Le territoire, composé de trente-six mille journaux du Piémont, en con*
tient au moins six mille d arbres sauvages ou de rochers incultes ; le reste
est planté en bois de ch^igniers ; mais les sommités des montagnes forment
pendant la belle saison de vastes pacages, et des prairies qui fournissent
beaucoup de foin et favorisent Téducation des bestiaux. On recueille du
froment, des légumes, du chanvre, dans la petite plaine de la vallée du
Tanaro; le reste du territoire ne produit que du seigle, du blé, du maïs, et
le vin de mauvaise qualité. Les habitants échangent leurs châtaignes contre
le grain , le vin , et Fhuile, dont ils ont besoin ; le laitage des bestiaux com-
pose leur nourriture. La chasse et la pêche du Tanaro leur sont de quelque
res^urce. Dans un pays si pauvre, Findustrie et le commerce deviennent
nécessaires aux habitants. La ville est heureusement située pour le commerce;
elle est un lieu de passage pour tout ce qui vient d'Oneille, d'Allassio, et d'Al-
binga; la facilité des transports y a feit établir un magasin à sel.
Beaucoup d'habitants fabriquent des toiles à voiles et des^acs. Ces toiles
passent pour être durables, et le chanvre de Garessio est regardé comme
de pl^emière qualité. Quatre petites filatures ta*a vaillent pendant quatre mois
de Tannée pour la Êibrique des draps d'Orméa, et enfin quelques ouvriers
sculptent les marbres du pays et en font un petit commerce.
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112 CHAPITRE 1.
Il y a voit autrefois à Garessio un couvent de dominicains, un de capucins ,
et enfin la belle chartreuse de Casotto. Ils ont tous été supprimés et les bâti-
ments presque détruits. La commune est encore divisée en sept paroisses,
savoir;
Celle du Pont, dont le curé a 5oo fr. de revenu, et la fabrique 800 fr.
du Bourg 4^^ 4^^
de Pozzurolo, 3oo • 200
de Norseno 5oo ioo
de Valzorda • 200 80
de Mondino 3oo 100
de Cerisola 3oo 200
Outre ces sept paroisses, on compte quatorze chapelles répandues sur le
vaste territoire de cette commune pour la commodité des habitants ; elles
nont généralement que de très foibles dotations, et sont desservies par
des chapelains, les jours de fêtes, aux frais des habi(^nts. Parmi ces chapelles
antiques on remarque à Valzorda un sanctuaire très célèbre dans le pays
par une fôte qu'on y renouvelle tous les cent ans.
Il y a à Garessio un hôpital civil, fondé en 1666, qui jouit dune rente
de 1,800 francs. Il a souffert de la guerre et n'a pu encore réparer ses pertes.
Cet hospice est chargé de distribuer 100 francs en secours à domicile sur ses
économies. Les chirurgiens et les médecins des pauvres sont payés par réta-
blissement.
Le bureau de bienfaisance administre un revenu de 200 francs employés
au secours des familles indigentes et au transport des malades étrangers
d'une commune à l'autre.
Quatre professei^rs, dont deux. sont salariés par la commune, enseignent
le latin et la grammaire française; deux autres sont salariés par un oratoire:
ils forment ensemble une petite école primaire. Les chapelains dans les ha-
meaux et les villages sont en outre chargés, soit en vertu de la fondation des
chapelles, soit par suite d'une petite contribution volontaire des habitants,
d apprendre à lire et à écrire aux enfants du village. Il y a dans la commune
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TOPOGRAPHIE. ii3
un moulin à scie ; une petite forge qui s y trouvoit a été détruite pendant la
guerre.
Garessio se yante dune grande antiquité ; mais les pestes qui y ont régné,
ou les flammes qui Font ravagé dans différentes guerres, ont totalement fait
disparoître ses archives, et il ne lui reste plus quodes documents très nou-
veaux. Qiioi qu'il en soit de la vérité de ses prétentions, on a découvert aux
environs dePriola une inscription antique qui concerne, dit-on, Valère-
Maxime, et depuis, dans les environs de la vallée de Trappa, la pierre sé-
pulcrale de Marc Bebbio, fils de Marc, laquelle porte le caractère dune
haute antiquité.
Les habitants montrent encore une grotte naturelle nommée Garbo délia
Luna ; la tradition du pays est que cet antre est dédié à Diane. On y trouva,
il y a quelques années, quelques fers de lances avec des lettres romaines.
On montre encore dans la montagne Grachiolo, un endroit nommé Taro
dei mutti, où Ion voit une grosse pierre en carré long que Ion prétend
avoir été un autel de sacrifice. Une autre caverne se nomme Garbo del
Parreze; on prétend qu'il s y rendoit des oracles. Une autre enfin se nomme
Pietra degna. Les hommes instruits du pays prétendent que c étoit un lieu
consacré. La tradition populaire veut que la cabane d'Alérame y ait été
bàtie(i).
Il existoit aux environs de Garessio quatre vieux châteaux appartenant
aux seigneurs du lieu, dont les divisions et les petites guerres nuisirent
long-temps aux habitants. Ces châteaux sont aujourdliui détruits. Deux
d entre eux sont ruinés depuis un temps immémorial; les autres ont été
abattus en 1497? P^*^ ordre dun marquis de Finale, qui envahit le pays
à la tète des Génois.
Cette ville, qui iaisoit le patrimoine des marquis de Geva, ftit vendue à
la ville d'Asti en 1296. En i347î elle fut cédée aux ducs d'Orléans, qui
avoient d'anciennes prétentions sur elle. Vers l'an 1 4oo , le bourg de Garessio
fut environné de remparts; ils furent détruits en partie en i634, par ordre
(i) Voyez la note de la page 97.
i5
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ii4 CHAPITRE L
du marquis de Sainte^^roix, qui commandoit les Espagnob. Christine de
Savoie les fit totalement détruire en i636.
Garesaio formant une position militaire imposante , a souvent été le théâtre
des malheurs inséparables de la guerre, notamment en 1497? ^^^9? ^^^i^
167 2; et dernièrement, vers lafib du id"" siècle. En x65o, cette viUe éprouva
le fléau de la peste, qui y fit de terribles ravages, s'il £aut en croire au dé-
nombi;«ment ordonné par Vévêque d'Alba. Vers cette époque, sa popa-
iation étoit de 7,000 habitants : ette seroit conséquemment réduite dun
tiers aujourd'hui. C'est vers la fin de 1 100, que fut bâtie la chapeliie de
Gasotto, nom dérivé, dit-on, de huit solitaires qui y bâtirent chacun une
chaumière. Les donations des particuliers, et celles des marquis de Ceva,
firent bieqtjtpt après d^ cet établissement un très beau et vaste couvent qui
a subsisté ju^u!à U révolution.
La commune de PrioLA., dans la vallée du Tanaro, est dominée au cou<*
chant, par de hautes montagnes; elle est située dans une petite plaine.
Son territoire, saiEis être très étendu, est assez fertile. On y récolte prin-
cipalement du foin , des çhât^igna$ , de beau chanvre ^ du firoment , du seigle,
de layoine^ et du viu de mauvaise qualité. On y cultive les pommes de terre
et le noyer.
La population, composée de 1,244 personnes, est agricole-, une partie
des habitants etst qe.pendant employé^^ pendant l'hiv/er, à filer du chanvre.
Priola a den^ paroiçses : r>une, dontt le curé jouit d'environ 700 francs,
et. la fabrique dq ipo fraiH^s, compt^nd les deux bourg^es de Saint-Didier
et de^çiinl^Just^, séparé.^ parl« Xanaro; chacune de ces bourgades a son
église, et, le i^êmç. curjé y. fait de six en six mois le service, alternative-
ment. Cet usage a souvent entraîné de grands débats, et. des procès que
l'adiinipistration ayoit apaisas e^.iâii, L'aulve- paiioisse donne au curé un
rj^venu de, 2^000 fjpa^cs^ et à; la fabiriqu^. un d« 120 francs. Deux chapelles
rurales, qui jouji^sent de pçu de.revfBua, sont en outre. desservies par des
chapeUinjS au^ f^ais des habitants.
Priola a un petit hôpital, avec le revenu médiocre de 3o francs^ en>-
ployés au transport des malades étrangers. Le bureau de bienfaisance^
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TOPOGRAPHIE. n5
jouit de deux legs, l'un de io5 francs, l'autre de i3o, quil est chargé de
distribuer aux familles indigentes.
Viola, situé vers les sources de la Monza, par-delà la chaîne qui
forme le bassin du Tanaro, se compose de deux villages bâtis vers le mi-
lieu de deux montagnes en face l'une de l'autre. Son territoire renferme
une étendue considérable de bois. Ses ressources consistent dans les châ-
taignes , le grain , et le produit des bestiaux ; on y récolte aussi du
chanvre et du mauvais vin. Tous les habitants sont agriculteurs. Il s'y
fait un petit commerce de bestiaux. La population, composée de* 970 ha-
bitants, forme deux paroisses: dans lune, le curé est rente de 600 francs, et
la fabrique de 1 loHfirancs ; dans l'autre, le curé, de 3oo francs, et la fabrique
de 20 francs seulement. Il n'y a point d'établissement de bienfaisance.
Nasino, commune de 772 habitants, est placée par-delà la haute mon-
tagne dite Galero, dans le vallon de la Penavera. Le cUmat y est doux
et tempéré. Le territoire produit principalement du foin, du grain, de
l'huile d'olive, et des châtaignes. Tous les habitants sont agriculteurs, et
font un petit commerce de leur huile et du fourrage qu'ils ne consomment
point. Il existe un moulin à scie.
Cette commune n'a qu'une seule paroisse ; le curé jouit de 35o francs
de rente, et la fabrique de 120 francs.
CANTON DE MILLESIMO.
Ce cantMi comprend les source^ du Belbo, le bassin de Zemolo, une
partie du cours de la Bormida, de Callizzano, et la plus grande partie
des versants qui séparent cette rivière de la Bormida, de Carcare, jus-
qu'à la hauteur de Rochetta - Cairo. Le nombre considérable de torrents
et de rivières qui arrosent sa surface, y permettroit l'établissement d'un
grand nombre de prairies qui seroient fort utiles ; mais les habitants n'ont
su jusqu'ici tirer parti des eaux que pour les usines et les moulins.
Le territoire du canton est montagneux; on y voit toutefois quelques
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ii6 CHAPITRE I.
plaines dans le fond des vallées. Les montagnes principales, vers le sud
se rattachent à la grande chaîne des Apennins; les autres, que Ion ap-
pelle autrement montagnes des Langhes , ofïrent dans leur^ ramifications
des collines favorables pour les vignobles.
Le sol nest point fertile; il est en général sablonneux, et montre sur
beaucoup de points un tuf stérile quil seroit inutile de cultiver. Les
terrains et les collines sont sujets aux éboulements; les plaines sont assez
fertiles, mais on manque dengrais pour la culture.
Le territoire produit des grains, du blé de Turquie, des légumes, des
châtaignes, peu de fourrage et de fruits, mais une quantité considé-
rable de vins d'une assez bonne qualité. Les cocons sont aussi une res-
source pour le pays.
Le commerce a pour objet l'échange des cocons, des châtaignes, et du
vin, contre des grains, du chanvre, et des veaux du Piémont que Ion élève
pour Fagriculture.
L'industrie consiste dans la fabrication du charbon pour l'entretien
de deux forges dans le canton, et plusieurs autres situées dans les com-
munes voisines.
La pèche est d'une foible ressource; on trouve cependant quelques an-
guilles et des poissons dans la Bormida et le torrent Zemola; mais le
poisson est très médiocre, comme dans toutes les rivières des Apennins.
Le climat est fort variable; les vents les plus dominants sont le sud
en été, le sud-est au printemps, le nord en hiver. La pluie, tombe par
les vents du sud-ouest; le nord-est et le nord-ouêst amènent, en été, la
grêle et les orages. La sécheresse est ordinaire aux mois de juillet et d'août;
elle est fatale au maïs et aux légumes.
La population est de 5,784 habitants; ils sont en général, dociles, pai-
sibles, et laborieux, mais dune petite stature, et sujets aux goitres et à
d'autres défauts de conformation. On y voit cependant des exemples de lon-
gévité, et l'on compte au chef-lieu douze hommes qui passent quatre-vingts
ans. Toutes les communes du canton dépendent du diocèse de Mondovi.
MiLLESIMO, chef-lieu du canton, placé sur la rive droite de la Bor-
mida, possède sur cette rivière un pont bien construit. La traversée du
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TOPOGRAPHIE. 117
pays est commode; il existe, en face du château, une place ou large rue,
entourée d'arcades. Le bourg est ceint de murailles, qui présentent la
figure dun carré long, et qui sont baignées, à l'ouest, par là Bormida.
La population renfermée dans le bourg et dans les hameaux est
de 1,020 habitants. Le territoire produit du vin, des châtaignes, du blé,
et des fourrages. Le froid y est assez rigoureux en hiver, à cause de la
hauteur des montagnes voisines; le territoire est sujet à la grêle, et aux
inondations de la Bormida; les maisons même du bourg en sont quel-
quefois^ endommagées.
Millésime a une seule paroisse qui ^ 'jio francs de revenu. L'église,
située ancieiiueuieut hors du village, y fut bâtît; on 1467 par M. Car-
letto, évêque d'Alba. Le curé avoit la juridiction d'un prélat, et le droit
de collation des bénéfices, dans toutes les communes du canton, et même
dans Garcare et Gairo; cette dernière en fut ensuite exempte.
Il existoit autrefois un couvent de Bénédictins. On y voit un petit hô-
pital, suffisamment vaste pour le village; mais il ne jouit que d'un re-
venu de i5o francs destinés aux secours des pauvres malades.
Millesimo étoit le chef -lieu d'un fief impérial; il fut cédé au roi de
Sardaigne, en 1736, avec tous ses privilèges; en sorte que, jusqu'à cette
réunion, le pays étoit exempt de toute espèce d'impôt. Gette commune
est d'une création nouvelle. Son territoire fut formé du démembrement
des villages de Gosseria, Plodîo, Biestro, et Roccavignale, en l'an i563.
Cette cession occasiona des querelles de limites qui existent encore.
* C'est vers le milieu du lo* siècle que le nom de Millesimo est pro-
noncé dans les anciens titres. Dans les diplômes^ de l'empereur Othon,
on trouve ces mots: E plèbe quœ dicitur sancti Pétri de Millesimo. En iboi,
il est question de diverses communes du canton, notamment du château
de Gosseria, dit alors Erixia.
Les Sarrasins, débarqués à Frasinetto, s'emparèrent des Langhes mé-
ridionales, et retranchés dans les châteaux de Bagnasco et Erixia, ils y
séjournèrent pendant 5o ans. Ce fut vers le milieu du 10* siècle qu'ils
furent chassés par iVlérame , depuis duc de Monferrat et seigneur d'une partie
de la Lombardie. Il paroît qu'Alérame fit fortifier les châteaux de Cosse-
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n8 CHAPITRE I.
lia et Cengio, qui existoient d^a. Chaque pays avoit alors ses retran-
chements et son château qui lui servoit d asile contre les incursions des
barbares. On y transportoit les effets précieux, et on y conduisoit les trou-
peaux, pour les. mettre à labri du pillage. On observe entre autres à Castel-
NuoYO, une tour très élevée, qui servoit, dit-on, à donner lalarme à tous
les pays voisins, quand ils étoient menacés.
Le bourg de MiUasimo fut réédifié, en iao6, par Henri Gajretto, qui
en fonda le couvert) ^ it^'jo.he bourg fut environné de murs. On voit
encore sur une hauteur les ruines du château qui servoit d'asile aux
seigneurs. Le cardinal Garetto fit bâtir le pont en i4oo.
Ce canton r^ofern^e dei% |VM(ition9 mîlîtairca fort importantes; parmi
celles-ci, on peut citer Qa^tjdUNqovo, Montezemolo, la Bocchetta de Roc-
cavignal^, et Cengip» I^ château de ce dernier point fut assiégé par les
Espagnols, en 1639. Le général qui les commandoit Ait tué sur la brèche,
par les François, retranchés à Sallicetto. Le château de Cengio ne se
rendit qu ^près uq long siège. Le château de Cosseria fut bloqué, en 1262,
par les Génois et délivré par Henri, comte de Millesimo, en i263.
En 1 536, le château fut déœoli, par ordre du commissaire impérial Sallo-
Cette position fut néanmoins occupée dana les dernières g^rres par le
général Provera. Elle iVit emportée par les Français, le 12 avril 1796, après
un com^t opiniâtre de trois heures, dans lequel le général Joubert fut
blessé y et up aut^e général tué. Telles sont les principales notions histo-
riques que Ton s^ pu recueillir sur MiUesimo.
Il y eut dans 1^ canton , oa i63o, une maladie contagieuse qui exerça de
grands ravages. Ce fm Vépoqua d'une, émigration confi^idérable pour l'Es-
pagne.
COSSERI47 autrefois Erixia, est divisée en plusieurs hameaux, dont la
plupart sont bâtis au pied de la montagne du château; lés autres sont
situés dao;s de petites va^ées. La principale production du pays consiste
en vins; on y récolte aussi du blé, et quelques légumes, des châtaignes ^
du fourrage , et di^ chanvre. Le territoire est fertile , sauf la partie établie
sur le tuj^, qui en^ occupe les deux cinquièmes. Le chmat est assez beau ; mais
lair est vicié par le chanvre que les habitants font rouir près de leurs habi-
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TOBOGRAPHIE. ir^
talions. Les f écohes souflrent en été du nanqne d eau ; les torrents y sont
alors entièrement à sec. La porpfulation est de j^o habitants, tous agpricul-*
teuKi. La paroisse jouit d un reyenu de 5oo francs.
CenoiO, sur la rive gauche de la Bormida, est dirisi^ en plusieufrs^ hâ«
meaux, dont les principaux enyi^roiinént la eolKne qui est dominée' par 1«
château. Les attire» sont situés avr de petites collines^, ou dàns^ 1» plaiîne
du vaUon, Le climat est inconstant et exposé aux veivts éd sud^st et
du nord-est. Les principadea productions» oonsisteriit dana le vin, Ie& cllâ^
taignea, le tdé, les légumes, et le produit dea codons. Un tiers du terri-
txÀve est couTcrt de taillis et broussailles^ dont la moitié lie donne ao^
cun produit. Plusieurs régioud produîpoîmit de bon* vin j naais on n'y laisse
point assez mûrir le rsHSÎn. Les habitant» Mut industrieux, travcAlleurs ;
ils soutiennent lenrst vignobles par des^terosusses eomme dans la Ligurie.
Le revenu de la paroisse esn de 4oairancs. La>popidiAioil est de6â3'h»-
bitantSk
ROCGAVIGNALE , divisé en troi» hameaux pttîncipaux, fbrme uncf com-
mune de 1,1 16 habitants. Les nviÂitésqui^crsîMent entre ces troife hameaux,
ont déterminé en 1600, à bâtir Téglise, au centre de la paroisse, dai»
une vallée. Les hameaux sont situéa sur la oôte, ou vers les versants de là
Zemola. On voit, près de la paroisse, les ruine» de landen château. Le
principal hameau dit Borgo étoit autrefois, environné de mumillès. Le
territoire de ce village est fort* étendu v ses productions coilsistent en châ-
taignes^ bois, vignes-, blés, légumes^, fourrages, et coçona. Le terrain d^il-
leurs- estmédiocre ; 3 est exposé aux i/^ents^d est, du sud, et du nord*. Il
existe daila cette comnMne une forge établie e«i^ ^77^- l*© F^y» est sitjet
à une éœigpâition d'habiums pestant Fhiveii. La paroisse jouit d un revenu
àé^ 1,000^ francs*
MONTEZEMOLO, situé sur un point très élevé , entre les sources de Belbo,
et de la Gevetta, renlerme 370 hiJbtoinls. Son climat e^t froid; il est ex-
peaé à tous les vents : conséquemanent, son territoire es» peu fortile. La
priocipale production du pays consiste* en fourrages de mauvaise qualité
qm'on donne aux mulets. Les bestiaux sont sa principale ressource. On'
récolte aussi du vin, des châtaignes, et du maïs. On y trouve beaucoup
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120 CHAPITRE I.
de bois qui tiennent lieu de pacage. Les habitants sont robustes et la-
borieux. La paroisse a 5oo francs de revenus.
Castel-NUOVO, situé dans une plaine élevée, entre les sources de la
Cevetta et de la Zemola, est divisé en deux hameaux. Son climat est très
froid, et son territoire stérile. Il est dominé par les vents du nord, et de
lest. Les châtaignes, les bois, le froment, le seigle, et le maïs, sont les
ressources des habitants. Us sont robustes et sains. On récolte aussi du
vin, des fourrages, et des cocons. La population est de 277 habitants.
La paroisse a 3oo francs de rente. Une mine de plomb, qui s an-
nonce sous des apparences avantageuses , pourra devenir une ressource
pour ce pays naturellt;iiiont pauvre*
BlESTRO, placé* sur la pente dune colline, dans les versants de la Ror-
mida de Pallare, renferme plusieurs hameaux, et forme une commune
de 522 habitants. Le terrain , composé d argile et de terre calcaire , est bon
sur quelques points ; mais généralement peu productif; il est exposé en
été aux vents du sud et du sud -est, qui y causent des fièvres inter-
mittentes. Les principales jHXxluctions du pays consistent dans les châ-
taignes, le vin, et le froment. L'industrie fournit aussi quelques ressources :
on y fait une quantité de charbon qui se vend aux forges voisines, et
celle qui existe dans le pays. Il y avoit autrefois à Roncodi-MagUo, une
verrerie, maintenant détruite.
Le curé jouit de 45o francs de rente environ.
PlODIO, situé dans les versants de la Bormida de Garcare, est partagé
en plusieurs hameaux, qui environnent le village principal. Le climat est
sain. Le territoire est seulement exposé aux vents du nord-est et du sud-est.
Ses productions consistent en froment, châtaignes, vins, et fourrages. Les
habitants, au nombre de 269, sont industrieux. La paroisse a une rente
de 4oo francs.
ROCHETTA-CENGIO, bâti sur la pente dune colUne, dans le bassin de
la Rormida de Millésime, est divisé en deux hameaux principaux. Son ter-
ritoire est exposé au sud -sud -ouest. Son climat est doux, et ses produc-
tions hâtive». Ses ressources consistent dans le vin, le froment, le fbur-
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TOPOGRAPHIE. 121
rage, le maïs, et les cocons. Les habitants, au nombre de 287, sont tous
cultivateurs. La paroisse jouit d un revenu de 35o francs.
Caretto, sur la pente dune colline, dans le versant de la Bormida
de Cairo, est divisé en petits hameaux, qui environnent sa paroisse. Le
territoire est abrité au nord et exposé au sud et à Test; le froid y est
peu sensible en hiver; mais les habitants sont sujets aux dispositions ato-
niques. Ils n ont d autres ressources que la culture d un terrain peu pro-
ductif, et sujet à la sécheresse. Les produits consistent dans le vin, le
froment, les châtaignes, et les cocons. La moitié du terrain est inculte. La
population est de i35 habitants. Le curé jouit d un revenu de 1 5o francs.
ROCHETTA-CÀIRO, »ur la rive droite de la Buriuida de Carcare, est
bâti sur une petite colline, à lentrée d'une jolie plaine. On y voit au sud
les nrines dun vieux château, bâti sur un rocher, que Ion appelle au-
jourdliui Castellazzo. Au pied passe une ancienne route romaine, dont
on voit encore des restes. Son territoire est exposé aux vents du sud,
en été , et aux vents du nord en hiver. Sa population est de 525 ha*
bitants. Ses ressources principales consistent dans le froment, le maïs,
les châtaignes, le vin, et les cocons. Le curé jouit dune rente de 25o francs.
Il y existe une confrérie, qui possède i5o francs de rente, mais avec la
condition de distribuer 36 francs aux pauvres du canton.
CANTON DE MURAZZANO.
Le canton de Murazzano occupe le contrefort qui sépare le lit du
Belbo de celui du Tanaro ; il est traversé par la Rea et par le torrent
Cusina : d'autres petits ruisseaux de peu d'importance sillonnent aussi
le contrefort qui fait le sol du canton. Le territoire est généralement
fort élevé; il n'existe presque point de plaine, excepté dans les vallons
du Belbo et du Tanaro. Le sol s'étend en pente rapide , du point le plus
élevé à Monbarcaro jusqu'aux rives du Tanaro, près de Bastia. Le sol
est par lui - même stérile et composé des débris d'une pierre blanche,
qui produit peu sans le secours des engrais. La rapidité des eaux en-«
16
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122 CHAPITRE I.
tâ^aîne les terres cultivées^ et la quantité de neige qui tombe en hiver
refroidit beaucoup la terre.
Le territoire produit principalement du grain , du blé de Turquie., des
légumes, des châtaignes, du fourrage, des fruits, et sur-tout du vin.
Le commerce dut canton consiste dans l'échange des grains néces-
saires à la subsistance des habitants, contre les bœuft q«iie Ton vend
pour les travaux de Tagriculture. La pèche ny est daucune ressource.
L'air du pays est généralement pur; mais les vents s y font sentir avec
violence: le nord en hiver, et le -sud-est au printemps, causent souvent
la perte des arbres fruitiers et de leurs fruits. La longévité . ny ,est
point consiîdérable, quoique W hobium^ y ^nylcut d^i*, cacactj^^) f!k>i:^ et
guerrier; elle ne s'étend poittt au *^ delà de soixaJ9.te-dix ^ns. I^ violence
des vents produit pendant l'été ^ne sécheresse coinstantie, (qU6 le^ «eriRges
seuls peuvent faire disparoitre en cette saison et vers la fi|i du prid^^mps;
maïs la gràle Jes accompagne, et la foi^ve y .tfiim.be fcéqumnmont. JLfi» ve\i^
du nord et du sudnoueat sont eeux q^i amènent ces tjepipêt^^
L'aspect en canton est ;pitioresque ; on remarque encore dans ^toutes les
communes, .exoepté à Basûa et à IgkanQ^ des châteciux, envifTOno^és de
tours à crénaux qui servoLeiH de défense 901% habitaldts .pondant hs^ irrnp^
tions des barbares. . . ; i,
La population du canton est de 7,1 35 habitants.
MURAZZANO, chef-lieu du canton, est bâti sur la pointe d'une colline; il
est dominé par un vieux château et une tour très élevée; son enceinte con-
tient trois rues principales, et trois autres mal bâties. La population est de
E,95a habiiants. Le tanriloire ^est i^xposé aux vents dm nordrf^t du sud-est
pendant presque.tottte l'année ; laïieig» en hit^er , la séc)ier0sse«n^été ; n^îs^iM:
aux récoltes : ooà évidue à plus d'un nedvi^ine.les peintes Cfiusâas;p4u* ja ^t^\p*
On tîersduilerritoire est cultivé eniYÎgiies^ un liers en jpmt^iaBi, pt foois d^
châtaigniers, eofiA un tiers en bois taîttis. Soq pessotArci^ principales QOin*
sisfeent dans le via , le ftronnent^ et les. fiHurrâg»»i U êxtôteune tann^i^e et ^m
filature pour la soie. . .• . j; .
Laparoissedé ilVfuraazaiio jôuitd'unpevemide 1 ,6Qo^&an€â^ ycomprislos dons
êes habitants. Le 'bufieau de bienfeisanne poswde uu>ne:^euu de '^Q, ^ratios
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TOPOGRAPHIE. laJ
provenant d'une rente constituée sur le mont de Turin avec la charge de
soixante^ouze messes. L'ancien couvent, existant dans cette commune, per-
cevait également une rente de 240 francs du gouvernement pour la distri-
bution aux pauvres ; l'administration du domaine s'est emparée de ces titres,
en prenant possession des biens du couvent. Le curé doit distribuer une
somme de 35o francs, dont il faut déduire le prix de quarante-huit messes.
U existe en outre un legs de 700 francs pour la célébration d'une messe
chaque jour, et pour le secours des pauvre».
L'histoire de Murazzano ne remonte point au-delà de 1 3o5. Tout le canton
faisoit anciennement partie de la Ligurie.
Ces pays appartenoient au marquis de Montferrat, qui mourut sans des-
cendants. Théodore, fils de sa sœur et héritier, venoit d'en prendre posses-
sion, lorsque Manfréde, marquis de Saluées, s'empara de la plus grande
partie de ses héritages. Charles, duc de Savoie, profita de la lutte des deux
prétendants pour établir san antariti dans la contrée. Le marquis de Saluces,
trop foible pour résister, fit, en i3o6, un traité par lequel les terres que le
duc de Savoie avoit occupées dévoient appartenir au duc en supi^me do-
maine, tandis que les marquis de Saluces en auroient l'investiture. Depuis cet
accord^ les communes tlu canton ont été soumises au duc de Savoie, et leur
ont donné en tout temps des marques de dévouement. En 1744? ^^^ ^^ levè-
rent en masse contre l'armée combinée françoise-espagnole.
De 1798 à 1800, ce même peuple resta constamment armé pour la cause
du Piémont, et opposa une longue résistance. En général l'esprit des habi-
tants est guerrier. ^
Une tradition ancienne suppose que les châteaux des diverses communes
ont été bâtis par le duc de Mantoue, qui soutint, en i3oo,^ une guerre avec
le duc de Monferrat; mais il est plus probable qu'il rétablit ces châteaux, déjà
bâtis pour préserver les habitants des irruptions des barbares.
Il paroît que jusqu'en 1 5 1 5 le pays étoit peu peuplé; il est prouvé en eflfet
qu'appelés par le marquis de Montferrat à prêter le serment de fidélité, dont
aucun homme ne pouvoit se dispenser, les habitants de Murazzano ne se pré-
sentèrent qu'au nombre de deux cents, ce qui supposeroit que la popidation
étoit alors le tiers de ce qu elle est aujourd'hui ; le résultat est le même pour
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124 CHAPITRE I.
toutes les au très communes de ce canton. L'accroissement de la population est
dû à la culture du blé de Turquie, entreprise depuis cent cinquante ans seule-
ment. Cette récolte fournit près de la moitié des subsistances : elle est moins su-
jette aux ravages de la grêle. On se rappelle encore dans le pays de fréquentes
disettes qui avoient lieu avant Fépoque de cette culture; les familles étoient
obligées d'émigrer après une grêle, et de chercher ailleurs leur subsistance.
La preuve de ces émigrations résulte des actes dont nous avons parlé; tous '
les noms y sont étrangers à ceux des familles qui existent aujourd'hui.
Les droits seigneuriaux étoient assez onéreux dans les communes du can-
ton; leur suppression doit ajouter à Faisance des habitants.
Telles sont les observations historiques qui se rapportent plus particuliè-
rement au canton de Murazzano. Ce pays a partagé depuis les vicissitudes
et le sort du Piémont,
B ASTI A, situé au pied dune colline, dans la vaUée du Tanaro, renferme
860 habitants, tous cultivateurs; Ip Tanaro travtf»r«p iin#» Hfîiif^ d^ fion terri-
toire; sa vallée forme une petite plaine qui, quoique peu étendue, présente
de belles prairies et des champs fertiles. Un quart du territoire est sablon-
neux et en friche; le reste est planté en vignes, bois de chàtaignielrs, et fu-
taies. La principale ressource du pays consiste dan$ le vin , le froment, le
fourrage, et la soie. L'industrie y maintient une filature et un martinet.
Le climat est plus doux à Bastia que dans le reste du canton ; la colline ga-
rantit cette commune des vents habituels ; les vins y sont de meilleure qualité.
La paroisse de Bastia dépend du chapitre de Mondovi, qui doit fournir au
curé une somme pour son entretien ; cette somme étoit autrefois à la charge
des bénédictins de Suze. Il n'y a point d'établissement de bienfaisance.*
CiGLIERO, bâti sur le sommet d'une colline dans les versants du Tanaro,
renferme 43o habitants, tous agriculteurs. La plus grande partie de son ter*
ritoire est plantée en vignes; on y voit aussi des prairies et des champs près du
Tanaro. Ses productions consistent principalement dans le vin, le froment,
et le blé de Turquie. La commune est exposée aux vents du nord et de l'ouest ,
et, par une combinaison singulière, une partie du territoire est ravagée
chaque année par la grêle : une chose plus extraordinaire encore, c'est que
depuissixans cefléau a constamment suivi la direction du nord. Ces malheurs
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TOPOGRAPHIE. laS
fréquents dégoûtent les agriculteurs ; le pays est mal cultivé, et les habitants
n ont de ressource quen se louant à la journée dans les communes voisines.
La paroisse de Cigliero a un revenu de 5oo francs , il existe un établisse-
ment de bienfaisance doté de 260 francs. Les administrateurs réclament une
rente constituée de i25 francs, et le droit de prélever en outre, sur les
particuliers, vingt mesures de grain, pour biens anciennement concédés par
rétablissement.
ROGGA-CiGLIÊ, bâti sur le sommet dune colline, qui sépare deux affluents
du Tanaro, renferme 44<> habitants. Un tiers de son territoire est en vi-
gnobles, un sixième en champs, un autre en prairie, lautre tiers en bois de
châtaigniers, et bois taillis. Il y a une petite plaine sur le bord du Tanaro.
Les productions principales du pays sont le vin, le froment, le fourrage;
les cocons offrent aussi une ressource considérable. Le pays étant pauvre, les
habitants vont travailler dans les campagnes voisines. Le curé de Rocca-
Ciglie a 5oo francs de rt;nte. Il n y a point d'établissement de bienfaisance.
MarsAGLIA, bâtie sur la pointe dune colline, presqu au niveau de Muraz-
zano, renferme 824 habitants. Le$ vents du nord et du sud-est y sont impé-
tueux. La vigne occupe un tiers du territoire, les prairies et les bois un autre
tiers, les châtaigniers et bois taillis forment le reste; le vin, le froment, le
fourrage, s<mt la principale ressource du pays. Les biens de la paroisse ont
été tellement ruinés, que le curé sen'est désisté en 1806; les habitants ont
alloué au desservant par un pacte volontaire une somme de 25o francs.
CaSTELLINO est bâti sur la pointe d une colline, entre deux affluents du
Tanaro; sa population est de 670 individus. Les deux tiers au plus de son
territoire sont cultivés. Ses produits consistent dans le vin, le froment^, et
les cocons. Le vin y est assez renommé. Le Tanaro forme une petite plaine
dans ce territoire. Le climat y est également plus doux que dans les com-
mune^ précédentes. Le curé n'a presque aucun revenu ; il lui est alloué
1 10 francs par contribution volontaire.
IGLIANO, bâti dans une vallée du torrent Cusina, renferme 3oo habi-
tants. La moitié de son territoire est composée de vignobles, champs, et
prairies ; le reste est planté en châtaigniers et bois taillis. La commune
est à labri des vents du nord et du sud. Son sol est assez fertile, et
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126 CHAPITRE L
la récolte suffit à la nourriture des habitants. Les produits principaux
consistent dans le vin, les cocons, et le froment. Le curé jouit d'un ix>
venu annuel de âio francs.
PâROLDO, bâti dans les versants de la Cevetta, compte 554 habitants.
Le territoire est garanti des vents du nord; il est planté en châtaigniers,
vignes, et bois tailUs, et renferme des prés et des champs. La récolte,
qui consiste principalement dans le vin, le froment, et les cocons, suffit
rarement aux besoins *, la grêle et la gelée y font souvent des ravages. Le
curé jouit de 35o francs de revenu.
MONBARGARO, commune de 1,107 l^^^^i^^^ ^t bâtie sur la pente dune
colline très élevée ; de là on découvre la mer à plu» de dix lieues de
distance, par dessus la chaîne de l'Apennin. Son territoire est exposé à
tous les vents; un quart est entièrement stérile et sans culture; le reste
consiste en vignes, prairies, champs, bois taillis, et châtaigniers.
La vallée de Belbo y fournit beaucoup de foin de mauvaise quahté.
Les ressources du pays se composent de froment, de foin, du produit
des bestiaux , de châtaignes , légumes , et vin. Les habitants ont quelque
industrie, et font le commerce du grain. Le curé de Monbarcaix) jouit
de 5oo francs de rente. Il existe sur le mont de Turin , un legs de 166^ francs
à distribuer aux pauvres. Toutes les communes ci-dessus dépendent, pour
le spirituel, de Tévéché de Mondovi/
CANTON D'ORMÉA.
Le canton d'Orméa comprend une partie de la vallée du Tanaro,
et remonte jusque vers ses sources; il comprend celles de la Penavera.
Son territoire est le ^us élevé du département ; il est environné de hautes
montagnes, qui se rattachent aux Alpes, et présentent de tous côtés laspect
effrayant de rochers coupés à pic, suspendus les uns sur les autres, et
qui semblent s'écrouler. Ce territoire est arrosé par une foule de sources
abondantes, notamment par le Tanarello et le Negrone, dont la réunion
forme Le Tanaro; par l'Armella, et enfin par la Penavera. Tous ces tor-
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TOPOGRAPHIE. 127
vent» partent de points très élevés, sont sujets à des débordements peii<-
dant les orages et la fonte ^es neiges, ce qui rend le climat très humide.
L'escarpement des rochers et la hauteur des montagnes privent cette
vallée de la vue du soleil, pendant plus dune heure chaque jour, même en
été. Toutes les sommités des montagnes qui forment les versants du Ta^
naro, se chargent pendant l'hiver d'une neige abondante 9 mais, d'autre
part, rencaissement des vallées e^ tel, que le pays se trouve garanti de
tous les vents violents, ce qui rend le climat un peu mdin» froid que
celui des communes inférieures, dans la vallée du Tanaro. Le territoire
est très peu productif. On y trouvie utie petite plaine, aux euvirons d'Or-
méa. U renferme q^uelques champs die vtgnes, et des prairies. Une partie
est composée de pacages, de montagnes agrestes, couvertes de bois de
sapins, de taillis, de buissoos, et q«ielquefois de châtaigniers ; leurs pen*
chants présentent *de petits champs, et des v%oe», soutenus par des murs
en tofimase, oonniç dans la Ligurie. l'ont le reste n offre <]ue rochers sau»
vages, précLpioes, ou ^ommîliés rebelles à toute espèce de culture. La prin-
cipale ressource du oaoïton oattsiste d^ms les châtaignes, les fourrages, et
l'avoine-, mais l'industrie est venue au secours des malheureux habitants:
il s'est formé i Orméa une manufacture ée draps fort importante, et
qui empb^e une partie considérable de la population, qui est de 5,a5o in-
dividus.
Une autre partie des hcdûtants fait un commerce d'échange ^rès actif
entre la vallée 4'On^Ue et le Piémont. Le reste de la population trouve sa
nourritiu^ daîus tes productions répandues sur un sol presque stérile, mais
dune grande éteotdue. L'exploitation de l'immeose forêt d'arbres verts,
sise aux souroos du Tanaro, et qui pe«t fournir un jour à la marine
une igrande quantité de bois de mâture chaque année, doit lasser dans le
pays des sonuosies considérables poup le paiesient des transports.
(Les débouché» du'Comnierce ont lieu par de col de Nava, qui n^'est
poi^^t.dujet aitt tourmentes du côté de la Ligurie, et. par la * vallée du
Tanaro^ du coté de Geva, pour le Piémont. Il existe encore un passage
cpii conduit diiteetenient à Mondovi,.et abrège beaucoup la route du IHé-
laont; mais ce passage, connu sous le nom de Termiui, esti élevé de 2^020 mè^
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128 CHAPITRE L
très au-dessus de la mer; aussi est-il sujet à des tourmentes violentes qui
ont fait périr huit hommes à-la-fbis en 1808. Ce passage nest pratiqué que
par les contrebandiers.
Les environs d'Orméa présentent plusieurs carrières de marbres très
variés : leur couleur est en général grise-noire , coupée de jaune ; ces
carrières ne sont point encore exploitées.
La pèche fournit des truites, des tanches, des écrevisses; mais cette
ressource, utile à quelques habitants, ne donne lieu à aucun commerce.
ObméA, petite ville située dans une plaine au confluent de FArmetta et du
Tanaro, contient 4 5 80 habitants, formant 85o familles. Les principales pro-
ductions de son sol consistent en fourrage, seigle et avoine, châtaignes,
et vin de mauvaise qualité.
L'étendue de son territoire est immense; mais une très petite partie est
susceptible de culture. La population peut se diviser en trois classes : la plus
forte est celle des cultivateurs; lautre celle des ouvriers, employés à la ma-
nufacture de draps; la troisième, celle des muletiers, ou colporteurs qui
se chargent du transport des grains du Piémont, pour les échanger contre
les huiles de la Ligurie.
La fabrique de draps, étabtie il y a environ un siècle à Orméa, a occupé
jusqu'à 1,600 habitants, soit par la filature, soit par la fabrication des étofies.
Les bâtiments de la manufacture furent brûlés en 1 795 , lors du départ
d un corps de larmée françoise ; ils sont en partie rétablis.
L air d'Orméa, quoique humide et sombre, à raison de la hauteur énorme
des montagnes qui ferment son territoire, est cependant sain et plus tempéré
que celui des communes inférieures, dans la vallée du Tanaro. La direction
du sol y feit promptement régner les vents de sud -est et de nord-est. Le
climat est sujet à de grandes pluies dans le printemps et dans lautomne, et
les neiges qui environnent le territoire y rendent Thiver très long.
La commune d'Orméa n a quune seule paroisse avec une collégiale, com-
posée de neuf chanoines, dont le chef est le curé, qui jouit d'un revenu d'en-
viron 1,000 francs. Les canonicats sont peu considérables, et les distributions
annuelles montent à environ 5o francs; le revenu de la fabrique est de
480 francs. Outre l'église paroissiale, il existe douze chapelles ehampétres,
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TOPOGRAPHIE. 129
dont les desservants sont payés par les habitants. Chacun des douze villages
qui composent la commune a sa chapelle; elles sont pour la plupart distantes
d une lieue et demie les unes des autres.
• L'histoire de la ville «d'Ormea remonte vers le milieu du treizième siècle.
A cette époque, les habitants des divers hameaux dispersés se réunirent pour
former le chef-lieu. A la fin du même siècle, les marquis de Geva se coalisè-
rent avec la république d'Asti, environnèrent la ville dune enceinte bas-
tionnée, et construisirent un château dans ce point important, qui défend
avec avantage la vallée du Tanaro. Les marquis de Ceva en firent un fief
pour une branche cadette qui en a joui jusqu'à la moitié du dix*septième
siècle ; il passa à cette époque à la maison de Savoie, qui l'aliéna immédiate-
ment au profit de la maison d'Esto Dronero; celle-ci l'a conservé jusqu'au
commencement du Hix-huîtième siècle. Mais s'étant éteinte, le fief retourna
au domaine, qui l'aliéna de nouveau à la maison Ferrero Ormea. C'est à un
membre de cette famille, ministre du roi de Sardaigne, qu'on doit l'éta-
blissement de la manufacture de draps qui existe encore à Ormea, et les
privilèges dont elle jouit.
La ville avoit été gouvernée par ses lois municipales jusqu'à la fin du
dix-septième siècle, époque de la décadence de l'ancienne maison de Ceva.
Ormea étoit une position militaire, importante pour la Savoie, parceque
son territoire limitoit avec la Ligurie, et renfermoit le seul passage praticable
pour y déboucher. Ses environs ont été occupés long-temps par les Sarrazins,
qui , de ces points élevés, faisoient des incursions dans tout le pays. On voit
encore sur les sommités et les pointes de rochers, les hautes tours qui y
avoient été bâties. Vers le milieu du seizième siècle, la ville fut prise d'assaut
et brûlée par les Espagnols et les Liguriens, sous le commandement du prince
de Sainte-Croix. Dans les dernières guerres les Français ont occupé ce point
important.
Par-delà les Apennins, entre le col Frasso et Pian del Orso, se trouve la
petite commune de CapRAUNA, de 898 habitants, formant 78 familles. Les
productions du pays consistent dans des fourrages que l'on récolte dans des
pacages très élevés, dans le seigle, les légumes, l'avoine, et enfin les châ-
taignes. Le terrain est en général stérile et soutenu par des terrasses j ce
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i3o CHAPITRE I.
genre de culture est dispendieux: aussi les habitants sont-ils misérables et
réduits à se porter pendant lliiver sur le littoral, où ils s'occupent à faire des
paniers ou à récolter des olives.
Lair de Gaprauna est sain et plus tempéré que celui d'Ormea, quoique
moins abrité ; on n'y récolte point de vin. 11 n y existe qu'une seule paroisse
dont le curé jouit de 3oo francs, et la fabrique de 200 environ.
La commune d'ALTO, située au-dessus de Gaprauna, dans les versants de
la Pennavera, a sensiblement la même exposition que celle de Gaprauna, son
climat est le même. Ses productions consistent dans le fourrage, le seigle,
l'avoine, et les châtaignes. Les habitants émigrent tous pendant l'hiver et ont
la même industrie que ceux de Gaprauna.
Gettc petite commune se forme de 55 familles, faisant 272 habitants. Le
curé de la paroisse jouit d'un revenu de aoo francs, et la fabrique de 80 fr.
Cette paroisse faisoit autrefois partie de l'évêché d'Albenga, et main-
tenant de celui de Mondovij il n'y existe point d'établissement de bien-
faisance.
CANTON DE SALICETO.
Le canton de Saliceto renferme une partie du bassin de la Bormida de
Millésime, et s'étend des hauteurs qui terminent les versants du Belbo à
ceux des sources de l'Usone. Le canton est en général montagneux, mais le
cours de la Bormida offre, de temps à autre, de petites plaines assez fertiles.
Les collines, composées d'une terre blanche, exigent beaucoup d'engrais.
La durée de la neige pendant l'hiver les rend froides et peu productives.
Le terrain des plaines est composé d'alluvions noires et fécondes.
Les productions du territoire se composent principalement de froment, de
vin, de blé de Turquie, de légumes, de châtaignes, de foin, et de fruits.
Le commerce consiste dans le transport des blés, des plaines du Piémont
à la rivière de Gênes. Les muletiers rapportent en échange des huiles et des
poissons salés. La pêche, dans la Bormida, n'offre aucune ressource. La
population est de 4^693 habitants.
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TOPOGRAPHIE. i3i
L air est en général pur et sain dans Tétendue du canton. Le nord et le
sud-est sy combattent en hiver, et il en résulte une température plus douce
que dans les pays y(Hsins. Les mêmes vents de sud apportent en été la pluie
qui nourrit la végétation, et fait prospérer les fruits. Les vents du nord
amènent seuls la grêle, mais elle est fort rare, et le tonnerre même s y fait
peu sentir.
Les seules constructions anciennes que Ton remarque dans ce canton ,
sont celles des châteaux de Saliceto et de Gamerana. Gelui de Saiiceto date
de i588. Il fut ruiné en i6i5, en même temps que les châteaux de Gengio
et de Gherasco; il soutint un siège contre les Espagnols, dont le chef, Martin
d'Arragon, fîit tué sous ses murs : on trouve encore à Millesimo le tombeau
de ce général dans le couvent de Saint-Étienne.
Le château de Gamerana est d une moindre importance.
Saliceto, chef-lieu du canton, est situé au pied dune colline, dans le
vallon de la Bôrmida^ sa population est de i,483 habitants. La commune est
environnée de mui^; on y entre par deux portes qui avoient autrefois des
ponts-levis; on peut se promener au-dehors de la ville sur les allées qui len-
tourent. Le château, placé au nord-ouest, est également fortifié.
Le bourg forme un carré long, traversé par une rue assez large, et coupé
par dix autres plus étroites. On pourroit établir une promenade assez agréable
sur une esplanade placée au-devant des bastions, mais les habitants ne se
mettent point en frais à cet égard.
Le bourg étoit autrefois bâti sur le sommet d une colline, oh Ion voit en-
core les ruines d un vieux château et d une vieille église : cette position in-
commode, et qui ne servoit quà mettre à Fabri des incursions , fut aban-
donnée dans les temps de sécurité.
Le territoire produit principalement du froment, du vin, et des châtai-
gnes ', un tiers environ consiste en vignes et en prés, un tiers en champs et
en châtaigniers*, Fautre tiers en bois tailUs, qui fournit des échalats pour les
vignes.
Il n existe à Saliceto qu une foire, le 1 1 novembre, mais elle est de peu
d'importance. La seule industrie du pays consiste dans une filature. Le curé
jouit d'une rente de 1 5o francs ', le presbytère est une donation faite en i663.
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i32 CHAPITRE I.
Il existe un établissement de bienfaisance, organisé en mont-de-piété ;
les administrateurs avoient voulu convertir les biens-fonds de cet établisse-
ment en capitaux pour acheter des grains. Les distributions cessèrent en
1 798 , et n ont pas recommencé.
La commune, environnée de collines, se trouve abritée des vents les
plus dangereux : celui du sUd-est domine. Il y tombe moins de neige que dans
les communes voisines, et la grêle y £ait peu de ravage. On y remarque
souvent des vieillards de soixante-quinze ans.
Le canton de Saliceto fbrmoit partie du marquisat de Savone, qui
s'étendoit du rivage de la mer, entre le torrent de Lerone et Varrazze,
jusques aux confins d'Acqui. Ce marquisat fut démembré en 998. Il fut
en outre divisé par les successions en i2o4; mais le canton de Saliceto
resta encore dans le marquisat de Savone. Ce marquisat, ainsi subdivisé,
reconnut différents maîtres. Savone ayant obtenu sa liberté, Saliceto fut
agrégé au marquisat de Saluées. L'investiture en fiit donnée sous le titre de
ex marchionibus Savonœ (i). Les marquis furent obligés de prêter foi et hom-
mage aux ducs de Savoie. Cette soumission fut renouvelée en 1898 à
Amédée VI, dit le Vert; enfin en i588, par acte de permutation, datée
du 10 mai , Charles Emmanuel aliéna Saliceto et ses dépendances au marquis
Scipion (iarretto. Ce seigneur fut investi de tous les droits et prérogatives
que comportoit la féodahté de ces temps; ces droits parurent si onéreux
aux habitants qu ils se révoltèrent et lobligèrent de se relâcher d une partie
de ses prétentions. Les seigneurs y vécurent depuis paisiblement, et leurs
possessions revinrent enfin aux comtes Priora, qui en furent les maîtres
jusquà Fabolition des droits féodaux.
MonëSIGLIO, commune de 1,176 habitants, est bâtie sur une petite
éminence dans le vallon de la Bormida; son territoire produit principa-
lement du froment, du blé de Turquie, du vin, et des fourrages. Le
tiers du territoire est planté en vignes, un autre tiers consiste en champs,
(i) Les termes de PinTestitnre ëtoient ainsi conçus: At sciendum est in marchionaiu Savonœ,
fuisse Finariwny etiam prœdictam omnem eam regioneni Langamm seu Liguriœ, quœ est a civitaU
aquarum usque ad Jpenninum et litlus maris.
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TOPOGRAPHIE. i33
et le reste est partagé également en châtaigniers et bois taillis. Les habi-
tants sont tous agriculteurs. Le seul genre d'industrie consiste -en deux
filatures.
Le climat est en général assez doux, la commune étant défendue des
vents orageux par les collines qui Fenvironnent. Les vents de sud-est et
de nord sont plus fréquents à raison de la direction de la vallée. On y
éprouve rarement les ravages de la grêle.
Monesiglio a une seule paroisse. Le revenu du curé estd'environ y 5o francs.
Il n'y existe point d'établissement de bienfaisance.
Camerana, commune de i,5io habitants, est bâtie sur une colline vers
les sources d un affluent de la Bormida. Ses productions principales con-
sistent dans le vin, les châtaignes, 1^ blé de Turquie, le froment et les
fourrages. Les trois dixièmes du territoire sont en terres labourables^ un
dixième en pré , un autre en vignes; trois dixièmes en châtaignes et taillis,
et deux autres en terrain stérile et sans culture. Leè prairies situées dans
la vallée du Beibo produisent du foin de mauvaise qualité. La campagne
est sujette à la sécheresse , qui y fait communément manquer la deuxième
récolte.
La commune, située sur une colline, est exposée à tous les vents ; celui
qui y domine le plus est le sud-est; il y amène quelquefois des orages,
et y cause la grêle.
La population de Camerana est divisée en deux paroisses. Les curés
ont 700 francs de revenu dans la première, et dans la deuxième 5oo francs.
Il ny a point d'établissement de bienfaisance.
GkyrTASEGGA est bâtie sur une haute éminence vers les sources de ITJsone;
elle est dominée par tous les vents, mais plus particulièrement par ceux
du nord, d'ouest et de sud; ce dernier endommage souvent les récoltes: on
peut calculer que sur dix années il y en a une' où la grêle fait des ravages.
Les productions du territoire sont le froment, les châtaignes, et le^vin.
Le cinquième est en champs et en prés, un dixième en châtaigniers, un
douzième en vignes; et plus de la moitié consiste dans des friches stériles
et sans culture : le sol est naturellement froid, et ne peut produire qu'à
l'aide des engrais.
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i34 CHAPITRE I.
La population de cette commune est composée de 5â5 individus; elle
forme une seule paroisse dotée de 520 francs. On n'y trouve aucun éta-
blissement de bienfaisance.
ARRONDISSEMENT DE PORT-MAURICE.
CANTON D'ALBENGA.
Le canton d'ALBENGA, ^s au bord de la.mer, outre trois petites vallées
entre Borghetto et Albenga, renferme presque tous les versants de la Neva,
une partie de ceux de Lerone et de Larossia, et enfin toute la plaine que
parcourt la Centa.
L abondance des eaux y a donné les moyens d'établir une grande quantité
de moulins à grains et à huile, et de lavoirs poui? les mares d olives. Le terri-
toire y est arrosé sur tous les points, et on peut y cultiver des légumes de
toute espèce*, mais cet avantage est bien atténué par les dégâts que causent
les débordements. La masse d eau qu amènent tous ces torrents réunis en un
seul est eiïrayante, et occupe un tel volume, quil faudrait des travaux
immenses pour la contenir.
Malgré la laideur du lit de la Centa qui a plus de 4oo mètres, toute cette
belle plaine est ravagée : dans les inondations, elle est entièrement couverte
deau. Le torrent, élevant son lit par le dépôt des alluvions qu'il entraîne,
doit se jeter tour-à*tour d un côté et de lautre du vallon : il menace dans ce
moment la ville eile^m^e. On cite les débordements de 1689, lyoS, et 1706,
mais le plus dangereux de tous, fut celui du 3 octobre 1744? ^^ ^^^^
montèrent tellement que 1 on napercevoit plus que le sommet des arbres
dan^ les campagnes; et, malgré les précautions que Ion avoit prises à l'aide
des barricades, elles pénétrèrent dans Imtérieur delà ville qui fut inondée.
Les territoires d'Albenga et de quelques communes de ce canton, com*
posent la plus vaste plaine de la Ligurie. On y remarque lolivier, la vigne,
et les arbres fruitiers de toute espèce; on y trouve des prairies, des terres à
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TOPOGRAPHIE. i35
grains, et à chanvre. L aspect de cette campagne est ravissant, et ne ressem-
ble pas à ce que Ton voit sur les autres points de la Ligurie. Une partie des
villages du canton est située sur des collines en terrasse, oh Ion cultive
l'oMNrier, la vigne, et le grain j d'autres sur des montagnes élevées qui «ont
couronnées de forêts et de bois de châtaigniers. Les productions de toutes
espèces appartiennent à la plaine^ lliuile et le vin aux collines; les châ-
taigniers, le vin, les fourrages, et le bois, aux montagnes.
On peut dire que la culture laisse beaucoup à désirer dans ce canton; on
ne -fait rien pour perfectionner les fruits des arbres; on y manque d orangers
et de citronniers, que l'on pourroit cultiver avec succès. Le cultivateur, se
fiant à la bonté du terrain, néghge le fumier et les engrais; enfin la crainte
des inondations et des ravages du torrent, empêche les propriétaires de s'oc-
cuper d'amélioration dans les parties menacées. Le territoire est d'ailleurs trop
grand pour sa population ; beaucoup de terrains y sont laissés totalement en
friche, tandis que l'on pourroit, avec beaucoup d'avantages, y planter l'oli-
vier, la vigne, et semer le blé.
Le climat est tempéré ; les comjnunes les plus élevées sont exposées à souf-
frir quelquefois des orages et de la grêle. Les pluies sont fréquentes en hiver
et en automne. Les vents dominants sont ceux du nord et du sud-ouest.
La plaine, aux environs d'Albenga, renferme quelques marais qui doivent
altérer la pureté de l'air, aussi y remarque-t-on des fièvres intermittentes.
Ce pays est tout agricole; on ne vend au-dehors que de l'huile et du
chanvre, et quelques légumes. Il se £sàt un léger trafic avec le Piémcmt
par Garessio, mais la difficulté du chemin le rend presque nul. La commune
de Borghetto fait un petit commerce de mairain , qu'elle transporte de Gal-
lizzano. Les habitants étant presque tous agriculteurs, la pêche sur les côtes
ne peut être d'une ressource considérable, elle ne suffit pas à la consomma-
tion des habitants.
En face d'Albenga se trouve l'île Galinara; sa circonférence est d'environ
trois railles, et sa figure presque ovale; elle est escarpée de tous côtés, et l'on
y monte par un seul sentier du côté du nord. Le sommet de l'île forme une
petite plaine, où fut fondé en ioo4 un couvent de bénédictins dont on voit
encore les ruines. Le pape Alexandre III, le mit scrus la protection du saint-
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i36 CHAPITRE I.
siège en 1 169. Cette île, célèbre par le séjour qu'y fit saint Martin, évêque
de Tours, est aujourd'hui inhabitée; elle abrite la plage du côté d'Albenga,
et fait un assez bon mouillage, même pour les vaisseaux de grande portée,
mais il n'est point fréquenté. La population de ce canton est de i4,73S4ia-
bitants.
La ville d'ÂLBENGA est située au milieu d'une plaine fertile, sur le bord de
la rivière Centa, que les anciens appeloient Merula; elle est bien bâtie, et
l'on y trouve des maisons qui annoncent de la magnificence. Quelques unes
de ses rues sont assez larges pour le passage des voitures. La population* de
la ville est de 2,101 âmes. La commune renferme en outre les villages de
Leca, de 5o6 habitants; Bastia, de 5 70; Fidel et Lisignano, de 5 16:
total 3,693. Les productions de son territoire consistent dans l'huile^ le viii, le
chanvre, et généralement toutes sortes de denrées. Les bras manquent à
l'agriculture de ce beau territoire, et les inondations de la rivière né per*
. mettent point de construire des métairies dans la campagne.
La population est composée de propriétaires et de cultivateurs; ces der-
niers possèdent eux-mêmes quelques biens, de sorte qu'il n'y existe ni men-
diants ni même de pauvres. La culture employant tous les bras, le com-
merce et l'industrie y sont nuls; quoique le pays produise une quantité con-
sidérable de chanvre, on n'y trouve ni tisserands ni cordiers.
L'air d'Albenga a toujours passé pour malsain; il est certain que le torrent
forme à l'entour de la ville différents marécages, d'où il â'exhale des vapeurs
nuisibles : cet inconvénient étoit encore augmenté autrefois parcequ-on y
iaisoit rouir le chanvre; aujourd'hui il n'existé plus, et l'on a remarqué un
changement notable dans la santé des habitants. Cette commune est sujette
aux fièvres intermittentes, mais les épidémies et autres espèces de maladies
y sont très rares. L'air deviendroit plus pur encore par le dessèchement des
marais et par l'encaissement du torrent.
On voit tout à l'entour de la ville, des forts et des ruines de maisons, qui
attestent qu'elle a été jadis plus étendue et plus peuplée. On y remarque des
édifices d'une haute antiquité. Le Ponte Longo, sur l'ancien cours du torrent
Arrossia, est déjà enterré jusqu'à l'extrados de la voûte; on l'attribue à l'em"-
pereur Adrien, qui fit rétablir la route AureUa, conduisant de Rome à
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t'
\thenewyori
PUBLIC LIBRARYI
A8T0R, lENOX ANO
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TOPOGRAPHIE. 187
Arles; on 1 attribue aussi à Constance, général romain. Ce qu'il y a de cer-
tain, cest qu en 1600 on trouva en creusant des fondations près de ce pont,
des tombeaux de marbre, des ancres, et des médailles antiques. On voit dans
l'intérieur de la ville un édifice de forme octogone, orné de colonnes de gra-
nit très anciennes, et de morceaux de mosaïque. Les uns prétendent que
c'étpit un temple antique. On s'en est servi pour le culte catholique dans les
premiers temps de l'ère chrétienne.
L'évêché d'Albenga est très ancien ; on compte parmi ses évêques deux
papes. Innocent I\^et Clément VII, et quelques cardinaux. L'évêché a
été sufïragant de celui de Milan. En I2i3, le pape Innocent III le réunit
à la métropole de Gênes. L'évéque d'Albenga a été seigneur de la prin-
cipauté d'Oneille, de la Pietra et de ses dépendances; enfin il possédoit
encore d'autres fiefe et des terres impériales. En 1293 et i385, il fut dé-
pouillé de ses deux propriétés principales à l'instigation des papes Boniface
VIII et Urbain VI. Le nombre des paroisses du diocèse s'élève à i8a,
dont deux sont situées dans les Alpes maritimes. Les revenus de l'évêché
montent à peine à 5,ooo francs. Aujourd'hui, la cathédrale a dix-huit
chanoines et dix bénéficiers; le revenu du chapitre est de 5,ooo francs, celui
de l'église est de 2,000 francs. Outre la cathédrale, il y a une collégiale des-
servie par sept chanoines; le revenu de ce chapitre est de 2,000 francs, celui
de la fabrique de 400 francs.
Avant la révolution, il y avoit quatre couvents d'hommes et deux de
femmes à Albenga. Le séminaire, ruiné par les suites de la guerre, vient
d'être rétabli par les soins de l'évéque; son revenu est de 6,000 francs. Ce
séminaire sert aussi d'école pour les enfants. Il existoit encore une abbaye qui
avoit 3,000 francs de revenu.
Parmi les institutions de la ville d'Albenga, on remarque un collège
fondé par la famille Oddi; un hôpital pour seize malades, doté d'un revenu
de 4îOOO francs; un autre hôpital affecté aux cordonniers, avec une rente
de 2,000 francs; il peut recevoir six malades, et doit doter quelques filles
et habiller des pauvres. On voit encore les vestiges d un hôpital de pèlerins
qui existoit en i33o.
Les établissements de bienfaisance sont très nombreux dans cette com-
18
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i38 CHAPITRE I.
mune. Les familles Ricci.et Lengueglia ont laissé une rente de 1 3,ooo francs
au moins, tant pour le secours des pauvres que pour l'éducation de quel-
ques enfants de leurs feimilles.
On compte encore treize autres legs pieux, dotés de plus de 4)000 francs,
soit pour dotations de pauvres filles, soit pour secourir des marins, soit pour
apprendre des métiers à de pauvres gens. En général, les ressources de la
bienfaisance y sont au-dessus des besoins, et une bonne administration doit
y faire disparoître jusqu'à la pauvreté •
L'histoire d'Albenga est très ancienne. Elle étoit cajytale de cette partie
de la Ligurie que l'on appeloit Ingaunia. Sans s'attacher aux conjectures qui
font remonter les annales de la Ligurie aux temps les plus reculés, il est
certain que cette ville existoit un siècle et demi avant le grand Pompée, qui
fonda la ville d'Alba, et non celle d'Albenga. Strabon la désigne sous le nom
^Albingaunus; il en désigne les habitants sous le nom de Ligures Ingauni,
dont il est question vers l'an de Rome 545, pour une alliance qu'ils firent
avec Magon, général carthaginois, contre les Romains. Il paroît que le
naturel de ses habitants étoit guerrier et indépendant; ils se révoltèrent
fréquemment contre les Romains, jusqu'à ce qu'ils furent soumis entière-
ment par l'agrandissement de cet empire.
Albenga se glorifie d'avoir donné le jour à deux empereurs romains, Pro-
culus et Pertinax. Une inscription, qui existe encore, peut prouver du moins
que Proculus est originaire d'Albenga.
On trouve dans cette ville un assez grand nombre d'autres inscriptions
fort curieuses (i).
Albenga éprouva des malheurs sous les empereurs, les troupes d'Othon y
ayant été reçues, tandis que Vitellius étoit campé auprès d'Antibes. Elle fut
ruinée vers l'an 4oo par les barbares ; rétablie par Constance , général romain ;
ruinée de nouveau par Alboin l'an Syo, et pillée par le roi Lothaire l'an 638.
Les habitants furent alors réduits au plus dur esclavage. Il paroit qu'après
avoir chassé les barbares, cette ville se donna un gouvernement.
(i) Voyez le chapitre d'histoire et d'antiquités. Le^texte de plusieurs inscriptions y est cité.
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TOPOGRAPHIE. i3y
En 1 169 , elle fut déclarée libre par l'empereur Frédéric, et mise sous la
protection de lerapire. On trouve encore des monnoies de cette date frappées
aucoind'Albenga.En 1 165, elle futbrûlée par les Pisans, et presque anéantie.
Elle fit sa paix en 1 1 78 , par la médiation de son évêque Lotterius ; elle cher-
cha dès lors à s'allier avec les Génois , et fit avec eux un pacte qui devolt être
renouvelé tous les cinq ans : ce traité porte qu'il y aura alliance offensive et
défensive; on y jure fidélité à la ville de Gênes; le peuple s'astreint à payer un
droit pour la navigation, le transport du sel excepté. Le serment devoit être
renouvelé de dix en dix ans par soixante des premiers citoyens ; d'autre part,
les Génois sobligeoient à défendre la ville d'Albenga, et à maintenir sa juri-
diction sur les communes voisines.
Le pape Innocent IV prononça une excommunication contre ceux qui
violeroient cette convention. En 1199, ce traité fut renouvelé avec quel-
ques autres clauses. Albenga conserva cependant ses privilèges, qui furent
confirmés par Othon IV en 1 2 1 o , et enfin , en l'an 1288 etiSii, par les em-
pereurs Frédéric II et Henri V. Dans cet intervalle, les prétentions de Gênes
obligèrent les habitants à se mettre sous la protection des ducs de Savoie.
En 1287, ^^ y ^^^ ^^^ ligue d'Albenga, Vintimiglia, et Savone, contre Gênes.
En 1240, la ville fut prise par les Génois, et ruinée. Depuis ce temps elle
resta soumise à Gênes ; mais elle eut quelques différents avec cette ville qui
furent apaisés par le pouvoir et le crédit de ses évêques.
En 1 228, les habitants d'Albenga rédigèrent par écrit leurs droits et leurs
privilèges : un conseil composé de quatre-vingt-seize notables régloit les af-
faires de l'administration ; un grand conseil composé de propriétaires faisoit
les lois : un bailli étoit chargé de leur exécution. Il paroît que dans ce temps
la ville avoit un commerce stôsez étendu , notamment pour l'orfèvrerie et la
tannerie. La ville ayant adopté le parti des Gibelins fut prise et ruinée en
1820, et les habitants furent excommuniés par le pape. L'excoi^munication
fut révoquée en i338. Après cette époque, la ville fut encore dévastée par
les marquis de Final et les ducs de Milan, mais 4élivrée par les Génois. En
14999 elle obtint du duc de Savoie de ne point faire cause commune avec
la république de Gênes dans les guerres qui cxistoient entre ces deux puis^
sances rivales. En i443 et i5i2, on trouve des traces d'une vive discussion
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i4o CHAPITRE I.
entre Allassio et Albenga ; Allassio étoit alors sous le pouvoir d'Albenga.
En i536, l'empereur Charles V fut reçu dans cette ville; de là jusqu'en
1624, époque à laquelle elle fut prise par Victor Amédée, on ne trouve au-
cune particularité dans son histoire, sinon quelques tentatives pour réfor-
mer ses lois, approuvées ou modifiées par le sénat génois.
Ce pays aida Gênes dans ses guerres avec les ducs de Savoie; les habitants
se distinguèrent dans celles de 1672 et 1746- A cette époque la ville resta
deux années sous la domination de la Savoie. En 1 794? 1^ troupes françaises y
entrèrent : le quartier général de l'armée y fiit établi. En 1 797, la ville perdit
ses anciens privilèges et adopta la constitution établie pour la Ligurie. En 1 798
et 1 799 , ses habitants aidèrent les Français à repousser les Piémontais. En
1800, les Autrichiens s'y établirent pour quelques mois. Enfin .en i8o5 elle
fut organisée comme les autres portions de l'empire français.
Depuis 1619 le petit gouvernement d' Albenga tenoit d'une répubhque. Il
y avoit des consuls. On convoquoit de temps à autre une espèce de parle-
ment composé de tous les citoyens de la ville et de larrondissement au-des-
sus de vingt-cinq ans, et investi du droit de réformer les lois et de régler ce
qui étoit convenable à l'utilité publique.
Le peuple du chef-lieu étoit divisé en deux classes, celle des marchands, et
celle des artisans. On ne pouvoit passer d'une classe à l'autre que lorsqu'on
avoit des propriétés, et qu on remplissoit les conditions qui étoient fixées par
les règlements : les consuls étoient élus indifféremment dans les deux classes.
Il existoit huit conseillers de district, choisis dans la ville et ses dépendances.
Les consuls et les conseillers juroient de ne point enfreindre les lois du pays.
Le conseil faisoit les élections et les règlements. Le parlement convoqué par
le conseil nommoit huit électeurs qui choisissoient le bailli ; ce dernier pro-
nonçoit jusqu'à la peine de mort en matière criminelle; mais il n'avoit pas de
voix délibérative dans le conseil. Le juge en matière civile de voit être étran-
ger; il étoit choisi de la même manière. Le conseil avoit le droit d'envoyer à
Allassio un citoyen d'Albenga pour bailli. Quant aux détails du gouvernement,
ils étoient confiés à des magistrats; ainsi on trouvoit dans le district d'Albenga
le magistrat de guerre, celui de sûreté publique, celui des eaux, celui de la
voirie, celui de l'abondance, et jusqu'à un magistrat qu'on appeloit des ver-
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TOPOGRAPHIE, i4i
tus, quiveilloit à la conservation des mœurs, et étoit indépendant de toute
autre autorité.
GëRIALE, commune maritime, compose avec le village de Peagna une po-
pulation de 1,099 l^^bîtants; le village en renferme 166. La ressource du pays
consiste dans Thuile; le vin y est médiocre; le blé, l'orge, et le chanvre, s'y ré-
coltent en petite quantité; on y cultive le jardinage, notamment d excellents
melons. L'industrie consiste dans l'exploitation d une carrière de meules à
moulin que Ton débite dans la rivière de Gênes, en Provence, et en Corse.
Les habitants sont composés de cultivateurs et propriétaires. On y compte
peu de marins et de pêcheurs. En juillet i636, le village ayant été pillé par
les Turcs, trois cents de ses habitants furent conduits en esclavage à Alger;
leur rachat coûta 400,000 francs. La dette que contracta la commune en
cette occasion n'est point encore soldée.
Il existe dans ce village un curé qui a un petit revenu. Il y a voit autrefois
un hospice.
Borghetto-SaINT-SpirITO, commune maritime, sur le bord du torrent
Varatella, a 602 habitants. L'huile , les légumes, et du vin excellent, composent
ses principaux produits; le blé, l'orge, et le chanvre, s'y récoltent en petite
quantité. Le commerce du bois et du fer avec Callizzano est d une grande
ressource pour les habitants : ce commerce entretient un petit cabotage avec
Monaco et Menton. Il y existoit autrefois une savonnerie ; près de là étoit
un village nommé Pittarello, aujourd'hui totalement ruiné.
Le village de Borghetto est placé sur l'extrémité d'une ligne militaire célèbre,
sur laquelle les Français défendirent avec avantage la rivière du Ponent; il
existe à Borghetto une église bien bâtie.
Campo-Chiesa forme a^ec le village de Salca une commune peuplée
de 384 habitants. Ces villages sont situés au fond d'un petit vallon. La prin-
cipale ressource des habitants consiste dans l'huile; le vin, le blé, l'orge, y
sont de peu de produit. Les légumes s'y cultivent avec succès. On y voyoit
autrefois beaucoup de vignes qui fournissoient des vins assez renommés.
De nombreux troupeaux de chèvres et de brebis, provenant de Gosio,
Pornassio, et Mendatica, pâturent l'hiver dans cette commune et lui four-
nissent d'excellents engrais. On trouve à Salca des carrières de meules à mou-
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i42 CHAPITRE I.
lin. On y febriquoit autrefois de la chaux en abondance; on y trouve encore
une argile propre à faire de bonne poterie.
Le territoire est sujet à la sécheresse. Les habitants sont tous agriculteurs.
Campo-Ghiesa est le siège d une paroisse dont le curé est pauvre.
CiSANO, commune rurale sur le bord du torrent Neva, est situé dans
le fond dune vallée, et compte une population de 1,196 habitants; leurs
diverses ressources sont Fhuile, le blé, et Forge; le foin y est abondant. Cette
commune fait un petit commerce avec le Piémont: elle échange de lliuile
contre des grains et des châtaignes de Gerassio. Quelques habitants soc-
cupent à tailler des meules à moulin ; quelques autres fabriquent de la
chaux; mais géliéralement ils sont agriculteurs. Il existe une seule cure à
Cisano.
ZUGAAELLO, réuni à Consente ou Castellibero , forme une population
de 779 âmes; 201 habitent à Consente. Le bourg est bâti au pied de mon-
tagnes escarpées, sur le bord de la Neva; on y voit un petit château que les
habitants défendirent en 1744 contre les Piémontais. LTiuile est une des
plus fortes productions du pays; le vin est bon, mais en petite quantité :
on y récolte du blé et des châtaignes. Le territoire étant bien arrosé à laide
de canaux d'irrigation, produit des herbages et du foin en quantité. Le
commerce consiste dans un échange dliuile et de légumes avec les grains du
Piémont, et dans le transport du bois pour les communes voisines.
Zucarello étoit le chef- lieu dun marquisat possédé par la femille Cla-
vesana, vendu à celle de Caretto en 1 4^9, acheté successivement par Gênes,
en 1576, 162 4 9 et 1 63 2. Consente étoit également un fief appartenant à la fa-
mille Costa, puis aux évêques d'Albenga, puis enfin à la famille Balestrino.
La Savoie a voit toujours ambitionné le marquisat de Zucarello; elle chercha
à s en emparer en 1646; mais les six cents hommes qu elle y envoya furent
pris par les habitants. Zucarello étoit un chef-lieu régi par un bailli envoyé
de Gènes ^ il a été réuni au canton d'Albenga avec son arrondissement. Il
y a à Zucarello deux cures.
ErlI, situé sur une montagne au-dessus des grands escarpements du
vallon de la Neva, confine avec le territoire de Garessio; sa population est
de 5i8 habitants. L'huile y est peu abondante, mais les châtaignes y sont
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TOPOGRAPHIE, ,43
dune {>rande ressource ; on y récolte aussi du blé et de l'orge : des sources
nombreuses et des canaux d'arrosage favorisent la culture des légumes et
des jardins.
Le principal commerce consiste dans les plants de châtaigniers et de
noyers que les habitants transportent au bord de la mer. On y vend aussi du
fruit et du foin.
Les abords d'Erli sont extrêmement difficiles : les habitants sont tous
agriculteurs. La paroisse d'Erli a un revenu très borné.
GastelbiaNGO, placé sur une colline dans les versants de la Penavera,
contient 5g3 habitants; llxuile ne s'y réc<^|e point en grande quantité; le
blé, le vin, l'orge et les châtaignes, sont de quelque ressource, ainsi que les
fruits, et les légumes, et le foin, que l'on transporte à Albenga et dans les
communes voisines. Les habitants se sont adonnés les premiers à la culture
des pommes de terre. L'industrie se borne au commerce des bois avec les
environs. Il y a une cure peu dotée.
Gastel-VeCCHIO, réuni à Vicerzi, forme une commune de 696 habitants;
le bourg en contient 876. L'huile, le vin, l'orge, le blé^ les légumes, et les
châtaignes, composent ses productions; on y récolte des pommes de terre
et des fruits. L'industrie consiste dans la fabrication du charbon et le trans-
port des bois dans les communes environnantes.
VenDONE et GURENNA forment une commune de 54 1 âmes, bâtie sur
des montagnes escarpées dans un des afiQuents de la Genta. Le territoire
produit du vin, de l'huile, du blé, de l'orge, quelques légumes, et des
châtaignes. Il n'y a point de foin, et la paroisse passe pour être la plus
misérable du canton.
Onzo, sur le penchant d'une petite montagne bien cultivée, contient
444 habitants. Son territoire est fertile en huile et en vin de bonne qualité;
il produit aussi du blé, des légumes, des châtaignes, et des fruits excellents.
Le foin suffit à la nourriture des bestiaux. Les habitants font un commerce
d'huile. On trouve dans la commune des carrières de meules à moulin peu
exploitées, et des ardoises grossières que les habitants vendent aux villages
voisins. L'air y est bon. Les habitants y wnt agriculteurs.
Onzo étoit un fief, vendu en 122$ aux marquis de Glavesana, en i34i à
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i44 CHAPITRE I.
Albenga; nouvellement racheté par ses marquis, il fut vendu à la république
de Gênes. Les habitants s'étoient affranchis et avoient leurs lois municipales.
OrtoVERO, au pied d une petite montagne, forme, avec leTillage de Pogli,
une commune de 698 habitants, tous agriculteurs. LTiuile, le vin, lorge, les
légumes , composent ses produits ; le vin y est peu estimé ; les fruits et les foins
sont de peu de ressource; il s y fait un petit commerce d'huile et de vin. Les
eaux abondantes du territoire permettent d'y cultiver le jardinage avec
succès.
GarLENDA et LI6O forment une commune de 732 habitants; Garlenda est
située sur le penchant d'une c<liline, et Ligo sur une petite montagne très
agréable et où l'air est très sain. Le torrent Lerone les traverse. On y voit
une petite plaine. Les produits les plus abondants sont lliuile et le vin, qui
font l'objet d'un petit commerce. Le foin ne suffit pas à la consommation;
le blé. Forge, les châtaignes, et les fruits, sont de quelque ressource pour les
habitants. Ils sont tous agriculteurs.
Garlenda étoit autrefois un fief impérial. Il fot cédé au roi de Sardaigne
après la guerre de 1743, réuni à Gènes en 1800 par les Français, et enfin
incorporé au canton d'Albenga. Ce village, dès i562, avoit ses lois munici-
pales qu'on réforma en 16 18. Toute la vallée de Lerone étoit un fief impérial
possédé d'abord par les marquis de Savone. Il passa, en i335, au marquis
de Glavesana, qui en fit don en i385 à la commune de Gènes. La fieimille
de Langueglia en jouissoit sous sa juridiction, mais non sans contestation
de la part des habitants.
L'église de Garlenda est ancienne; on y admire trois excellents tableaux,
l'un d'Annibal Caraccio, les autres du Dominicain et du Poussin.
Casanova, BassINIGO, MarMOREO, et Bosco réunis, composent une com-
mune de 1,110 habitants; tous ces villages sont placés sur des montagnes
plus ou moins élevées. Le torrent Lerone coule avec rapidité à leur pied. Les
oliviers couvrent presque tout le territoire. Le blé, lorge, et les légumes
sont cultivés au pied de ces arbres. Le vin fait une partie de la récolte; les
châtaignes, les fruits, et les légumes y sont de quelque ressource. L'huile est
l'objet d'un commerce assez considérable avec AUassio, Diano, et Port-
Maurice. Les habitants vendent aussi du charbon; ils sont généralement
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TOPOGRAPHIE. i45
agriculteurs. Casa-Nova étiot le chef-lieu de la vallëe de Lerone j on y observe
encore un beau château qui servoit de résidence aux seigneurs du fief
impérial.
VellEGO, Gim^STRA, BëGNA, aux sources dé Lerone, sont réunis en une
commune de 797 habitants, lliuile est son principal revenu; le vin, le blé,
lorge, les légumes, les châtaignes, et les fruits, ajoutent aux ressources des
habitants; le commerce consiste dans la vente de l'huile, des fruits, et du
charbon.
ArnâSCO et SeNESI forment ensemble une commune de 882 habitants; ils
sont placés sur les collines et les penchants des montagnes qui séparent la
Centa et la Neva. Les oliviers sont la ressource du pays, c est le seul objet qui
donne lieu à un important commerce; le vin y est estimé et d un assez bon débit.
Le territoire produit du foin pour l'entretien des bestiaux. Tous les habitants
sont agriculteurs. Ces villages étoient des fiefe impériaux dépendants des
marquis de Savone. En 1 335, les marquis de Clavesanà en furent investis par
Charles IV. Ils passèrent ensuite entre les mains des Cazzaliano, puis à la
famille Caretto, et enfin à celle des rois de Sardaigne en i ^35 ; ce n'est qu'à la
révolution qu'ils ont été réunis au canton d'Albenga.
VlLLANOVA, au confluent de la Centa et de Lerone,. est dans une plaine
fertile, mais souvent ravagée par les inondations; sa population est de
821 habitants. Son territoire est planté d'oliviers; on y soigne aussi la vigne,
le blé, Torge, les légumes, le foin; on y cultive beaucoup de jardinage, à
raison de la facilité des irrigations.
Le commerce du pays consiste dans les huiles, le jardinage, et les fruits.
Les habitants sont agriculteurs, quelques uns sont artisans, mais ils ne peu-
vent vivre le quart de l'année de ce genre de travail. La multitude de moulins
que renferme cette commune , située entre deux torrents , est d'une ressource
précieuse en été pour les communes voisines. Les petits villages de Narta,
de Bossoleto, sont réunis à cette commune. Il y existoit autrefois un petit
hospice ; mais il a été ruiné dans.les derniers temps , et n'est pas encore rétabli.
19
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i46 . CHAPITRE I.
CANTON D'ALASSIO.
Le canton d'Alassio comprend deux chaînes de montagnes, Tune qui, du
cap Cervo, s'avance jusqu'à Textrémité de la commune de Stellanello, et
l'autre qui sépare le canton de celui d'Albeng^a: une troisième chaîne, qui
commence du cap de Mellé, coupe ce canton jusqu'au milieu. Le torrent
Miera, ou Merula, baigne une bonne partie du canton; quelques petits tor-
rents serpentent sur le territoire d'Alassio.
Le sol est généralement pierreux et stérile, excepté dans la vallée d'Andora
et une partie de Stellanello; on y a généralisé la culture des oliviers.
Les productions territoriales sont de l'huile excellente, du vin, des châ-
taignes , et des fruits.
Le climat d'Alassio est peut-être le plus tempéré de toute la rivière occi-
dentale de la Ligurie; il est abrité par de hautes montagnes. Celui d'Andora
et de Stellanello est plus froid et sujet aux orages occasionés par les vents du
nord-ouest; celui de Langueglia est tempéré, mais trop exposé à la sécheresse
en été. L'air est sain et vif, excepté à Andora où la stagnation des eaux cause
des fièvres intermittentes.
Le commerce actuel est |)eu considérable, puisquHl ne consiste que dans
le débit des huiles et poissons contre les denrées de première nécessité: en
temps de paix, au contraire, il y a peu d'endroits plus commerçants en Ligu-
rie. Le grand et le petit cabotages faisoient subsister un grand nombre d'habi-
tants de ce canton.
La construction des navires de différentes grandeurs occupoit beaucoup
de personnes et rapportoit des bénéfices considérables.
La pêche est encore d'une grande ressource ; la rade d'Alassio, de Langueglia,
et d'Andora est très poissonneuse : on évalueàplus de 2,5oo quintaux décimaux
la quantité de poissons que l'on prend annuellement. On va, en outre, pêcher
le thon dans les mers de la Sardaigne sur plusieurs gros navires, et on peut
calculer à plus de 9,000 quintaux métriques celui qu'on débite à l'étranger.
La population de ce canton est de 12,81 3 habitants, en grande partie
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TOPOGRAPHIE. 147
négociants, marchands, agriculteurs, pêcheurs, constructeurs de navires,
artisans, etc.
Lliistoire fournit peu de notions relatives aux communes composant le
canton. Quelques monuments, tels que les débris de vieux châteaux, d'églises,
de ponts, etc. , font juger que quelques unes d'entre elles sont assez anciennes,
mais il ny a rien de positif qui le confirme.
AlassiO, ville maritime située entre Langueglia et Albenga, est entouré
de murailles; les faubourgs sont séparés de la ville par deux ruisseaux. Le
cap Mellé met sa rade à Fabri des vents du sud-ouest, et les bâtiments y sont
en toute sûreté. Le climat est très doux lorsqu'il n'y a pas de vents. Il tombe
rarement de la neige, elle n'y séjourne que quelques heures.
Au nord-ouest de la ville, on voit de belles campagnes, des jardins, des
champs, et des oUviers, qui, quoique dans un sol ingrat, ne laissent pas de
rapporter considérablement. «
Les productions territoriales consistent en huile, un peu de blé, des lé-
gumes, des vins, du jardinage.
Le commerce d'Alassio est borné en cé'moment aux denrées les plus né-
cessaires à ses habitants, mais en temps de paix il mettoit environ huit
millions de francs en circulation. On exporte aujourd'hui les huiles et les
poissons, et on importe des farines, légumes, rîz, chanvre, toiles, draps, ra-
clures de cornes, chiffons, vin, etc., que l'on tire du Piémont et de Marseille.
La pêche occupe un grand nombre de bateaux dans cette rade 3 mais une
plus grande quantité est employée pour la pêche du thon , qu on apprête dans
l'huile ou dans le sel pour être débité dans différents pays de l'Italie. La
pèche du corail est aussi de quelque ressource pour ce pays.
L'industrie de ses habitants ne se borne pas au commerce ou à la pêche;
mais elle s'exerce aussi dans la construction des bâtiments marchands de
toute espèce. Les brigantins d'Alassio, ainsi que ceux de Langueglia, sont les
meilleurs bâtiments pour la navigation de la Méditerranée : quelques uns
sont construits pour les étrangers, et une grande partie pour le pays. On
trouve à Alassio de nombreuses fabriques de vermicelle, et deux tanneries.
Il y a deux paroisses; celle de Saint- Ambroise a 627 francs de revenu,
celle de Saint-Sébastien a 187 francs.
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i48 CHAPITRE L
L'hospice civil a un revenu de 1,858 francs. Le comité de bienfaisance
administre une rente de i,o8i francs pour les pauvres.
La population est de 6,558 habitants, la plupart négociants, pêcheurs,
agriculteurs, marins, et charpentiers, etc.
La ville est, après Savone, la plus peuplée qu'il y ait dans le département
de Montenotte. On n'est pas d'accord sur son origine j on a voulu dériver son
nom d'Adélasie ou Alasie, fille de l'empereur Othon', réfugiée, suivant la
tradition vulgaire, avec Alérame, prince saxon, au pied du montTorassa;
elle auroit donné le nom d'Alassio, ou Alasio, au village situé près de cette
montagne. On assure avec plus de fondement que, dans le huitième siècle,
des Catalans venus pour la pèche du corail sur' cette plage fixèrent leur
demeure sur le bord de la mer, oh ils bâtirent la tour nommée Beltiame dans
le quartier du Tasso. Les habitants des régions voisines s'approchèrent de la
mer, pour imiter l'exemple des Catalans dans la pêche du corail; le pays
augmenta en peu de temps. La pêche du thon dans la mer de Sardaigne y
attira par la suite beaucoup de monde ; enfin ce commerce rendit ce pays
très florissant et très peuplé.
L'histoire militaire fiiit une mention honorable de la bravoure des citoyens
d'Alassio dans la bataille de Lepante; ils rendirent des services à l'Espagne
dans la couquête^du Pérou. Les Génois tirèrent parti de leur courage dans
les expéditions de la Corse. Ils défirent dés flotilles barbaresque» qui infes-
toient les côtes de la Ligurie, et acquirent depuis lors la réputation de bons
marins.
Ce pays étoit régi par des lois municipales comme celui d'Albenga : le gou-
vernement étoit mêlé d'aristocratie et de démocratie; il consistoit dans un
parlement ou assemblée composée de personnes de toutes classes et condi-
tions, tandis que les consuls de la ville et les membres du conseil général
étoient choisis parmi les familles les plus distinguées.
LanGDEGLIA, commune maritime, sur la rade du cap Mellé, possède quel*
ques jardins fertiles, mais son sol est généralement ingrat et peu productif;
ce n'est qu'à force d'industrie qu'on est parvenu à en tirer parti pour la cul-
ture des oliviers et des vignes.
La stérilité est causée en grande partie piar la sécheresse à laquelle ce ter-
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TOPOGRAPHIE. 149
ritoire est sujet. La nature a dédommagé les habitants du pays en y formant
une rade sûre et commode. La principale ressource y consiste dans le com-
merce et la pêche. Plus de vingt-cinq bâtiments du pays, et une quarantaine
pris à Noli, sont employés au grand et au petit cabotage de Langueglia; des
spéculateurs hardis vont s'établir dans les principales places commerciales
de la Méditerranée et y gagnent des sommes considérables. Peu de marins
sont plus habiles et plus courageux que ceux de cette commune.
La pèche occupe beaucoup de monde ^ elle produit plus de 4oo quintaux
métriques de poisson , dont la plus grande partie est envoyée soit en Piémont,
soit dans d autres pays d'Italie, pour l'échanger avec les denrées de première
nécessité qui manquent.
La construction des navires faisoit circuler quelque argent dans le pays.
11 y a un hospice civil et un bureau de bienfaisance: le premier est doté
de 1,167 francs, le second de 2 20 francs; ce sont les seuls établissements de la
commune.
L'église de la paroisse est très vaste et magnifique; pour ceux qui ne con-
noissent pas toutes les ressources du commerce, ce monument paroît au-
dessus des moyens de la commune. Le curé n'a que 224 francs de revenu.
La population est de 2,61 5 habitants, négociants, agriculteurs, marins,
charpentiers, pêcheurs, etc.
StëLLANëLLO, au nord-ouest d'Andora, est situé dans une vallée ; les mon-
tagnes qui l'environnent sont élevées; les collines sont plantées en oliviers,
vignes, et bois taillis.
Le torrent Meruta traverse le territoire de cette commune et sert à l'arro-
sage des campagnes. Le sol est assez fertile; les principales productions sont
l'huile, les légumes, le froment, le vin, et les châtaignes. Les pâturages sont
abondants; les huiles sont excellentes et échangées, en grande partie, contre
les denrées de première nécessité. ^
Les différents hameaux de cette commune sont partagés en sept paroisses:
celle de Saint-Grégoire a 402 francs de revenu; celle de Saint-Vincent,
670 francs; celle de Saint - Pierre , 689; celle de Saint -Laurent, 287;
celle de Saint-Bernardin, 461; celle de Sainte-Marie, 200; cellede Saint-
Cosme etDamiens^ 295 francs.
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j5o chapitre I.
La population est de 1,869 l^^îtaots, la plupart agriculteurs.
AndorA, située dans la yallée de ce nom, arrosée par le torrent Merula,
est composée de cinq bourgades ou paroisses, dont trois sont dans la plaine
et deux sur la montagne. Les hameaux de cette commune sont très éloignés
l'un de l'autre.
Le sol est généralement fertile d^uds la plaine et les coUinçs. Les pâturages
des montagnes suffisent à 4^ nourjriture de plus de quatre mille brebis trans-
humantes. Le territoire produit beaucoup d'huile, de vin, de foin, de fro-
ment, des légumes , etc.
L!air y est vicié par la stagnation des eaux de la Meira ou Merula à son
embouchure. Les bourgades de Saint-Pierre et de Saint-Jean sont sujettes
aux fiéyres intermittentes.
La pi^he et le commerce y sont nuls, cependant le littoral est poissonneux ;
des bateaux étrangers viennent y pécher et vendre environ x6o quintaux
décimaux de poisson par an; ces poissons sont apportés par les habitants à
Ckieille, à Diano, ou à Port-Maurice.
La paroisse de Saint-Pierre a 480 fraises de revenu \ celle de la Trinité, i ,oo4;
cette de Saint-Barthelemy^ 5oo; celle de Saint- André, f52; celle de Saint-
Jean, 470,
La population est de 1,771 habitants, la plupart agriculteurs.
dette commune apparteoioit anciennement aux marquis deClavesana qui
la cédèrent vers la fin du seizième siècle à la république de Gènes. On croit
qu il y avoit autrefois un port dans le golfe, entre les caps Mellé et Cervo, à
un kilomètre et demi de la mer, sur le Merula. On y voit un pontde 4o mètres
de longueur qui paroit être ancien. Au milieu de la vallée, sur une petite col-
line, sont encore les débris d un ancien château, et une église de médiocre
grandeur, darofaîtecture gothique. Les maisons* ruinées que Ion trouve çà
et là font croire que ce pays étoit anciennement plus peuplé. L agriculture
est aujourd'hui p^u^soignée et tout porte à croire que le pays a été abandonné
par une partie des habitants, à cause de i 'insalubrité du cjimat.
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TOPOGRAPHIE. i5ï
CANTON DE BORGOMARO.
Le canton de Borgomaro comprend tous les versants supérieurs du tor-
rent Impero; ses Kmites sont parfaitement tracées par les montagnes qui Ye»^
yironnent; elles fbriiient un vaste amphithéâtre, dont le fond est terminé par
un contrefort qui part des parties inférieures des Alpes et court parallèlement
à la grande chaîne deê Apennin».
Le torrent Impero sert à Farrosage du territoire, et met en mouvement
beaucoup de moulins pour la fobrication de lliuile et pour la mouture des
grains; quoique les sources du torrent ne soient pas placées dans la grande
chaîne, cependant Tétendue des versants ne laisse point tarir entièrement
les eaux pendant Tété , et on les ménage avec assez de soin dans des aqueducs
en maçonnerie.
Le territoire est entièrement montueux et n'ofiFre nulle part une plaine de
quelque étendue; mais les penchants des montagnes étant peu ra|Hdes, les
oliviers y sont cultivés avec le plus grand succès» Quelques sommités présen*
tent des rodiers arides; le plus grand nombre est garni de bois de chênes., de
pins, et d arbres fruitiers.
Les productions^ principales du canton consistent dans lliuile, on peut dire
même qu'elle est presque Tunique ressource des habitants; on y récolte cepen*
dani du vin, un peu de froment, et des châtaignes. Le sol est peu fertile,
mais bien cultivé. Les oliviers décorent toutes les collines et sont plantés^sur
des terrasses en pierres sèches, ce qui donne à toute la vallée un aspect pit-
toresque et fort agréable.
Le seul commerce consiste dans le transport des huiles en Piémont, et
celui du grain nécessaire à la consommation du pays. L'établissement de la
nouvelle route ajoutera à la focilité de ce débouché. Le plus grand nombre
des habitants se compose de cultivateurs : on n'y remarque aucun genre
d'industrie un peu étendu.
Le climat du canton est généràlonent tempéré ; cependant le pays est
moins abrité que dans les cantons plus rapprochés de la mer. La neige y tembe
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i52 CHAPITRE l.
assez fréquemment dans les hivers, et cause souvent des dégâts, en brisant
les branches doliviers quelle surcharge. Les vents du sud-ouett sont les
plus habituels; ceux qui amènent le froid sont le nord-ouest et nord-est.
La population est composée de 4>9io habitants.
BORGOMARO , chef-lieu de ce canton , est situé sur une petite élévation , au
bord de Tlmpero; il est renfermé entre deux montagnes qui forment sa
vallée, dirigée du nord au sud. A quelque distance, on remarque sur une
hauteur les ruines d'un château détruit pendant les guerres entre les Français
et les Piémontais ; c étoit autrefois la place du chef-lieu.
Le territoire ne produit guère que de Fhuile ; les légumes et le vin donnent
une légère ressource, mais qui ne peut être comparée avec le premier
produit.
La population se divise en deux classes : celle des propriétaires qui sont
assez nombreux, et celle des agriculteurs.
Le commerce' n est d aucune ressource; les habitants achètent à la Piève,
Oneille, et Port-Maurice, ce dont ils ont besoin pour leur consommation.
La commune se compose du bourg et de quatre hameaux; sa population
totale est de i,38i habitants.*
Il y avoit à Borgomaro un couvent de franciscains. Lancienne église
paroissiale est située Jaus la uauipogue, pi-ès de Maro Castello, à une demi-
lieue du bourg principal. Le curé jouit dun revenu de i,ooo francs; il est
bien logé. Là fabrique ne jouit que de 5o francs de rente. 11 existe dans le
bourg une succursale pour la commodité des habitants ; cette église est dotée
de loo francs, et le desservant na quun revenu fixe de i5o francs. Outre
ces deux églises, il existe encore deux paroisses, lune à Saint-Lazare, lautre
à Gandeasco, qui donnent toutes deux à leur curé 170 francs de revenu; les
fabriques ne sont point dotées ; dix oratoires ou confréries jouissent en outre
de quelques légers revenus.
Il y a à Borgomaro un bureau de bienfidsance chargé d administrer un
revenu de 400 francs sur le mont de Turin, et une petite rente de 20 francs
environ pour les pauvres de Gandeasco.
Mapo, en latin Macrum, a été de tout temps le chef-lieu de la vallée,
et du marquisat. Le château, situé sur une éminence, soutint plusieurs sièges.
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TOPOGRAPHIE. i53
principalement en 16 1 4 contre Alvares Bassano, marquis de Santa-Croce ;
il ne reste plus que quelques vestiges de ce château qui fut démoli par les
Génois en 1625. Lie village qui lentouroit fut dépeuplé insensiblement,
et Borgomaro qui nétoit quun hameau s'est accru progressivement depuis
cpiû est devenu la résidence des seigneurs du pays.
Il est constant que la paroisse de ce bourg est une des plus anciennes de
la Ligurie; elle doit avoir existé dès les premiers siècles de Fère chrétienne,
mais les guerres dont ce pays a été le théâtre ont fait disparoître tous les
titres qui constatoient son antiquité.
Ce bourg et tout le canton qui en dépend aujourdliui iaisoient partie
des états du comte de Vintimiglia; il passa aux Lascaris, comtes de Tende,
ensuite à René de Savoie qui avoit épousé une Lascaris, héritière univer-
selle de Jean Antoine, dernier comte de Tende, VintimigUa, et Maro. Il ne
résulta de cette alliance que deux filles, dont le duc Emmanuel Philibert
acquit les droits. En iSyS et 1679 elles obtinrent en édiange divers do-
maines en Piémont.
La vallée de Maro fut érigée en fief en Tan 1 690, par Charles Emmanuel ,
sous le titre de marquisat, en faveur de Jean Jérôme Doria marquis de Girié ;
il y joignit la vallée de Mêla. Ces deux fiefs dont les Doria, marquisde Cirié,
eurent la jouissance, furent réunis en i6ao à la vallée d'Oneille et formèrent
sous le même nom une principauté qui a toujours été depuis sous la domi-
nation du roi de Sardaigne; Le marquisat de Maro depuis cette époque a
toujours partagé le sort de la principauté d'Oneille; et son histoire se con-
fond avec la sienne.
AuiUGO, commune située sur le penchant dune colline peu rapide, tire
uniquement sa subsistance de lagriculture. Ses productions consistent prin-
cipalement dans rhuile d olive; on y récolte aussi un peu de vin, dorge, et
de fîroment. Sa population est de 586 habitants. Elle a une seule paroisse
dont le curé a 332 francs de revenuVt>n y voit deux oratoires, et une cha-
pelle près de laquelle se tient tous les ans une foire pour la vente des bestiaux
du pays.
Saint-Pierre. Cette commune est située sur le penchant d'une montagne
élevée qui est sujette aux froids et aux neiges. Sa population est de 849 habi-
20
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i54 CHAPITRE I.
tàutè. L'huiLe es( la principale production du pays; ou y récolte aussi du fro-
ment^ de Forge ^ et des châtaignes. Tous les habitants sont agrieulteurs. Cette
commune a deux parot^es, dont luneconlient Soj âmes, et donne aSo francs
au cuvé : L'autre a 34^ habitants.^ Le reyenu de la cure est de 4 1 S francs.
LUCINASGO, commune placée sur une montagne au sttd<*est du che^lieu
de canton, est diyisé en deux hameaux. Sa population. est de 556 habi-
tants. Les produits consistent principalemeiit datts Thuile d'c^re, le fro-
ment, et le^TÎn. La commune. contient deux paroisses; lune est coospofiée
de 395 âmes; le curé a un revenu de 4i5. fraûacs: la seconde cpii ne omirent
que 161 ajBQiea, fournit 2kh> fraoïcs à son desservant.
CHlCSAiSïlGO^ est plaidé sur k' penchatat d'tine montagne.
Le bameâuubde Chiitôa^Yechia qui en fait partie es& situé dans le fond â^ la
vallée, et n'est pcÂnt également en butte àla violencedes vents. La commune
renferme deux paroissea; celle du çhef^ien a 56o âmes; et donne 5oo francs
à son curé : la.pajroisse de Chiuaa^^Yec^ia n a que agS habitants, elle a un
revenu de 700 francs.
TOBRIA^ estsituée àH^Lneôte sur le pem^aat d'une montagne ; elle est expo-
sée aux vents^, et baix lÙmats. Le village de Gesû> en fait partie; il d^)endoit
des dommmes des marquis Dovia, qui en firent la Viente à Charles Ëmmar-
nuel en 1 5^6, en ae réserraoxt toMtefidi» les droits seigneumana. Sa popuhb-
lion est de 6d6 habilnais qni formenàdeux paroisses ; celle de Tovcia, com^
posée de 4^ hahàlacits, a «tn revenu de 332 francs.; celle de Gesio, composée
de 166 âmes, doone au curé un reitrenu de i5o francs. Ses productions cou»
sistent dans ITiuile d'olive, le vin, et le froment.
Le viUagei de G ARiiVOMIGA est égalemeni; btei sur le penehant d'une mon-
mgi^ suff la ro«tedu Piémont. Cette commune est^aujetteaus neiges et ainx
froids. Ses fMroductîons consistent dans Fhuil^, ie^ftoment, elle vin. La» 00m*
mune a deux paroisses ; la {MreoNitie, de 2»oo âmes , àooaek Mncuvé un^i^ei^nu
de4 1 5 francs ; ba seconde^eom^posée de^7 habitants €«> fournit un de4i^ francs.
Le hameau de Larzello, qui compte 95 âmes, a une dbapeU^: la population
totale est de 352 habitants.
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TOPOGRAPHIE. i55
CANTON DE DIANO-MARINE.
Le canton de Diano est borné au sud pat la mer, et se trouvé renfermé
entre les deux bras d'un contrefort qui sépare le torrent de RoUo de celui
d'Oneille. L'aspect en est pittoresque; il se présente en amphithéâtre demi-
circulaire, dont les contours sont garnis d'oliviers; il comprend les versants
des deux torrents de Diano et de Cervo ; il se termine par les caps de Cervo
et de Berta.
Le cKmat est tempéré ; on s^ plaint rarement de l'excès de la chaleur ou
du froid : la neige ne s'étend pas au-delà de la sommité des montagnes envi-
ronnantes.
Les sources des torretits qui traversent le canton prennent leur origine
dans un contrefort des Apennins. Ces torrents tarissent pendant l'été, et la
sécheresse fait souvent manquer les récohes , et prive d'eau les moulins à grain
et à huOe, qui sont nombreux dans ce canton : aussi les habitants réclament-
ils un règlement pour Tusage des eani. L'opinion générale est qu'il feudroit
les maintenir dans des aqueducs en maçonnerie; il en résulteroit un grand
avantage pour le territoire.
La production du sol consiste principalement dans Fhuile qui est d'excel-
lente qualité; les engrais de la culture sont extrêmement coûteux à Diano,
parcequ'il n'y existe ni forêts ni prairies pour y faire paître les troupeaux :
l'engrais se fait avec des chiffons de laine que l'on achète à l'étranger. On y
récolte aussi du vin, mais en petite quantité : il ne fournit point le quart de
la consommation des habitants ; et cette denrée se tire principalement des
côtes de France ou de celles dTlspagne.
Le peu de grain que l'on récolte est loin de suffire aux habitants: on voit
d'après cela que ce canton doit être nécessairement commerçant. La qualité
supérieure de son huile entretient un commerce actif avec Paris et les prin-
cipales villes de la France, ainsi qu'avec la Hollande, la Suisse, et la Bal-
tique. Le commerce des grains y est aussi fort étendu : on les tiroit autrefois
du golfe Adriatique, et ce canton formoit une espèce d'entrepôt pour la
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,56 CHAPITRE I.
consommation de la rivière de Gênes. Du reste, îl n a point d'industrie particu-
lière ; un chantier de construction , où Ton fabriquoit autrefois des bâtiments
de 4oo tonneaux, est aujourd'hui presque entièrement détruit. Lia pêche n y
est d'aucune ressource; le nombre des habitants est de 9696.
Diano-MaRINE, chef-lieu du canton, renferme 2400 habitants; il est situé
dans une belle plage, près du rivage de la mer, et au milieu d'une plaine
fertile. Le territoire appartient presque tout entier aux habitants de la com-
mune : la population se compose de négociants, de propriétaires, de marins,
et de laboureurs. Parmi les propriétaires, onze sont au nombre des plus im-
posés du département-, plusieurs des négociants font un commerce fort
étendu, soit par l'expédition. des huiles, soit par l'achat des grains, dont
Diano étoit autrefois l'entrepôt pour tout l'arrondissement de Port-Maurice.
Les marins y sont nombreux et hardis; on compte trente bâtiments de-
puis vingt jusqu'à cent tonneaux. Les laboureurs y sont industrieux, et la
culture de l'olivier seroit parfaite dans cette commune, si l'on avoit trouvé
moyen de le garantir des vers qui ruinent la moitié de la récolte.
L'histoire de Diano ne s'étend point au-delà de 1 1 72 ; les notions qui pré-
cèdent cette époque sont absolument obscures et incertaines : telle est par
exemple la tradition qu'il existoit autrefois un temple de Diane, dont cette
commune tira son nom. Les marquis de Clavesana étoient feudataires de
ce canton; un d'eux, nommé Boniface, délivra Les habitants du servage;
il leur accorda des privilèges pour les services qu'ils avoient rendus à ces
ancêtres, et les autorisa à se gouverner par eux-mêmes.
Les habitants, qui fbrmoient un petit gouvernement démocratique, sç
mirent sous la protection des Génois, en 1 199. Cette confédération eut lieu
moyennant des obligations et des conventions réciproques. Ce pays est resté
constamment allié de la république de Gênes, et lui a rendu des services
importants, notamment dans la dernière guerre avec les Pisans : il y eut à
cette époque un combat naval, dans lequel une galère de Diano se distingua
par un acte de bravoure singulier. Ce combat inscrit dans les annales de
Gênes, a été peint dans la grande salle du gouvernement, avec une in-
scription honorable pour Diano; le tableau a été détruit par un incendie. En
récompense de leur bravoure, le gouvernement accorda aux habitants de
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AfiTOR, .F. ^^ /'i
TIITFN rc\ >'^ f
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TOPOGRAPHIE. iSy
Diano des privilèges, qui furent bientôt oubliés : le canton n avoit conservé
dans les derniers temps que la faculté de choisir son podestat sur trois can-
didats proposés par le sénat de Gènes, et le droit de faire quelques règle-
ments pour le bon ordre et la police du pays^ en sorte que Diano avoit une
charte particulière que Ion voit encore dans les archives, et qui a été en
activité jusqu en 1 an 1 80 1 .
Cette commune possède une belle église et de belles habitations, notam-
ment le palais Arduino, dont les jardins sont magnifiques. Il y existoit un
couvent de dominicains qui a été supprimé. Le curé a environ 1000 fr. de
rente, et la fabriqué 220 fr.
Diano possède un hôpital qui a 3ooo fr. de rente; il a été fondé en 1800,
par le respectable Dominique Arduino. Il y a une école primaire payée
par la commune, et un établissement de bienfaisance qui distribue de temps
à autre une somme de 332 fr. pour doter les filles pauvres.
Cervo est situé sur le penchant dune colline très escarpée, et baigné
par la mer. L accès en est difficile et incommode ; la pente des rues est ex-
cessivement rapide, et un éboulement qui s'est manifesté dans la colline a
renversé quelques maisons dans les flots ; du reste, laspect est pittoresque,
et offre de très belles plantations d'oliviers.
Le principal produit consiste en huile d'olive. Les habitants sont marins
ou laboureurs-, la position montagneuse est peu propre au commerce; la
population est de 1020 individus.
On trouve dans cette commune une. très belle église paroissiale. La fa-
brique a 36o fr. de revenu, et le curé 5oo fr. Il y a un petit hospice qui pos-
sède 220 fr. fie rente.
Diano-ChateaU est situé sur une colline. qui forme 1 extrémité dun con-
trefort entre deux torrents : c'étoit autrefois le chef-lieu de canton, et le siège
du petit gouvernement. Sa situation est très pittoresque.
Les habitants se composent de laboureurs très industrieux et de proprié-
taires.
Son église étoit collégiale : il y existe quelques chanoines avec un revenu
fixe de 1000 fr. La population est de 1242 habitants composant un bourg
et cinq hameaux. Diano-Château a un hospice qui étoit riche autrefois, mais
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i58 CHAPITRE I.
doj&t le» revelius oiii été fort dîmmués par ia réduction des rentes dont il
jonissoit,
Saint^BAUTHÉLEMY. Cette coMmune e^ divisée en dix kâlnmu^x^ bâtis sur
deux ootlin^; ^s Imbiltants, au nuiàlyre de 1,195 , softit presque tous labou»
t»eurs ; On ^ t;ortipte cependiaint qiièl<|ues Matins. Elle cohtietot tï^ois ptermsses :
la première, de 464 âmes , comprend cinq hameaux séparés ; le cèré a 200 fir. ,
et î^^gllse jirtweipale autalit; la deûxièftie paroisse a 265 âmes, elle est divisée
éh trois Imtnéaàx ; l'élise prhicipàle jouit de ioo francs, et le curé d^ 80 francs ;
là tiV^isième fAkx)i^^, divisée en deux hûtnéâux, à 466 -atnfes ; le curé a 100 ir.
de rente.
FAÏlIkLDI Se éottipôsfe dte t^ois pajroisses ^ Savoir, Villa, Riva, etTorb, qui
AëiëërytftH^ tiatheaux ^bdés 6ur les Uâontagtteà ; ses habitants presque tous
Ibbouretirs ^nt foW; 'aétife. L*^lise de Faï'aldi est dotée de 200 francs, le
curé jouit de 25o', ellfea i,x>67 âmes. Uéglisè de Riva a 35 francs de retate,
ie c^iré 3oo franco* , fout^nfe par la cotisation des habitants. L'église de Toro
eM dotée de 4d fMAM»^ et lè^cMtéh >uti retenu dé 33o.
SilIifT^PlHlRE est <?d»ipAsé de citaq hamëatix, (placés sur det^x tîoHines;
ses faà^Mtents soiM; t<M& kbôUreurs. Son ^g^ise est dot^e de 400 francs de
revenu, et le curé a une rente fijce de J^oo fraïi<^. Les habitatits sont au
nombre de 67 5 . Cette ediàmùli^ possédée n^ote petite rente d'environ 4o francs ,
pour lesecmirs des YnédàdéS.
BollELLO consiste en deux hameaux ^ placi^s sur dèii^ C6llities; ses habitants
«u notnbre de 800 sont agf4CttlteulM. EHfe ^ dëtix patoi^sés : la premîèf^e comp-
te 5oo individus; son >ég^ise^est dotée de âo6 francs de trente, et le curé
jouit de 540 francs ; la seconde paroisse, celle de Borgampo, a 3oO âmes ; son
reveira estde iS^frisincs^ ^t son ûuték Soo francs de i^ente.
ÂllÉNTlNOtx>iisiste en cinq hatiieëti^ , placés Siûr deux teontagnes ; ses habi-
tants sont tous agricukears.'GèmecokâltiBRnea d«ux paMisses; celle d'Arentino
de 45oamed, dont Fé^ise est dotée de 7^ francs, et la cure de 740 francs;
celle d'Evino de i3o âmes, dont TégUse jouit de 725 francs, et le curé
de 740 francs.
CjiilLDBRtNà consiste en quatre hbmeaiix, plaéés sûr.detiiK eolKnes; ses
hatbitants sent tooskboureurs.î^ comniune contient deux péi^isses; icrelle
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TOPOGRAPHIE. 169
de GaM^wa de âo8 habitasts, dont Féglise a 4^ francs de rei>te et le curé
258; celle de Ceretta de 809 âmes, dont l'église nest point dotée 9 non plus
que la cure qui reçoit 54o francs par colisation. En tout Si 7 âmes.
CANTON DE LA PIEVE.
Des chaîne» de montagnes élevées fbment le^ vallées du caatoft de la
Pieve, au milieu desquelttes serpente TArrossia et où vont aboutir TArogna
qui descend du col Semola. La Centa qui a sa squree cUins la montagne de
Monte-Xrrande, la Busio qui commence au col de Coi^io de la Lavina.
Le territoire est généralement montagneux ; son étendue est de i-4>5 1 8: hec-
tares. La partie du sol à droite de TAvrossia, cpii se trouve exposée au nord,
est couverte de châtaigners, de prairies, et pâturages; ceMe qui est au midi
est couverte d oliviers ou de vignes. A gauche de FArrossia le teirain est cul-*
tivé partout où il est susceptible de cultui^. Le sommiet de presque toutes les
montagnes est stérile.
Ses productions sont les huiles d'olives, les grains, les châtaignes, le miel,
le foin , les bois, etc. Les montagnes de ce canton produisent des plantes utiles
à la teinture. On y prépare des pUnches que Von exporte, ainsi que des boi$
de construction. Le bétail qui est abondant est d une grande ressource pour
le pays. . . •
Il existe dans ces nw>ntagnes des marbres noins tachetés de jaune, des gra-
nits et du pdrphire. On y trouve des ardoises, approchant celles de la Vagna,
et différentes carrières de pierres ptates pour toiture, et de piwres réfrac-
taires pour les foyers et les fours.
Le commerce se borne à l'échange des comestibles et autrei» production^
territoriales, contre les effets dliabillements que Ion tire de la Ligurie ou du
Piémont. Le climat est très firoid ^1 hiver et tempéré en été; Fair est humide dans
les pays situés aux pieds des montagnes, sur les bords de TArrossia et dp
Centa; dans les autres endroits, il est vif et sain. La neige tombe sur les mon-
tagnes les plus élevées, dans le mois d'octobre; elle y séjourne jusqu'au
mois de juin. Les brouillards qui s'élèvent vers le solstice d*été, endomma-
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i6o CHAPITRE I.
gent les vignes, les olives, et même les grains; ces brouillards durent un mois
environ. pleut souvent dans ce canton; le vent le plus périodique est celui
de nord-ouest vers Téquinoxe d automne; il nuit toujours aux châtaignes.
L'histoire fait mention des peuples de ce canton, au sixième siècle de la
fondation de Rome, sous le nom d'Epanteri montani. En 545 de Rome, Ma-
gon, général carthaginois, après avoir pillé et dévasté Gênes, débarqua chez
les Ingauni pour les aider à subjuguer les Epanteri; Us passèrent plus tard,
ainsi que le reste de la Ligurie, sous la domination des Romains. Pline rap-
porte que les Epanteri Montani jouissoient des mêmes privilèges que les
Latins. A la chute de lempire Romain, les barbares envahirent cette région.
L empereur Othon , en 974, fonda plusieurs fiefi»; celui de FArrossia ou vallée
de Pieve, ftit réuni au marquisat de Ceva. En 1094, la ligne des marquis de
Geva s'étant éteinte, Boniface, marquis de Savone, lui succéda, et fit,
en I i3o, un partage de ses états en quatre marquisats, celui de Ceva et Cla-
vesana ftit donné à son troisième fils Ugon.
En ii5i, le marquis de Glavesana eut sous sa domination la vallée de
FArrossia. La famille de ce seigneur vint habiter le château de Teco ou Ti-
cino, situé entre FArogna et FArrossia. En i2o4f cette contrée passa sous la
domination de Gènes, à laquelle ses habitants furent très utiles en 1290,
pendant la guerre contre les Pisans. Le pays fut donné à titre de fief à la
maison de Saluce, mais en i386, la ville de Gènes Fayant racheté, elle ac-
corda (année suivante, anx hahit^ntA de cette vallée, tous les privilèges et
immunités dont ils avoient joui sous les marquis de Glavesana.
Lors des guerres civiles de la ville de Gènes, les nobles les pkis puissants,
semparèrent des différents points de cette vallée. Les Spinola, de concert
avec Philippe Visconti, duc de Milan, possédèrent la Pieve, depuis 14^69
jusquen 14^99 époque à laquelle elle fut rendue à la ville de Gênes. Le voi-
sinage de ce pays et du Piémont, et les rivalités fomentées parles gouver-
neurs de Gênes et de Turin, furent cause que les habitants limitrophes di^
putèrent souvent, les armes à la main, la jouissance du territoire de Viozène,
contre ceux d^Orméa. Plusieurs villages de ce canton appartenoient ancien-
nement à d autres seigneuries. Pornassio, Cosio, Rizzo, et Mendentica,
étCHent des fiefs impériaux; Montegrosso et Tavina appartenqîent au roi
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TOPOGRAPHIE. i6i
de Sardaigne; Acquila et Gayenola étoient attachés au marquisat de Zuca-
rello. La population est de 9,91 1 habitants.
PlEVE, chef-lieu de canton, est situé au pied de trois montagnes; ses rues
sont larges et entourées de galeries. La ville compte deux paroisses : l'une
qui a un revenu de 978 francs, lautre qui n'a que 160 francs de rente; deux
succursales, dont l'une a 1 1 5 francs de revenu , et Fautre 1 00 francs; un hos-
pice des malades qui jouit d'un revenu de 85o francs. Elle possède en outre
différents établissemepts de bienfaisance qui avaient 1,200 francs de rente,
mais depuis quelques années leurs capitaux placés sur les monti de Venise
et de Rome, ont été réduits considérablement.
Le territoire de cette commune a une surface de 1000 hectares, dont le
dixième est en friche, le reste est en châtaigniers, en oliviers, vignes, et
champs, etc. Le hameau Acquetico qui formoit une commune, renferme
des terres fertiles et de riches prairies. Les principales productions de ce
pays sont les huiles, les vins, le blé, et les châtaignes. On y voit des carrières
de pierres plates dont on se sert pour toiture, et une autre de pierre tendre
qui durcit à l'air et qu'on emploie utilement pour les fours. Le gibier abonde
dans le pays.
La Pieve est un entrepôt pour les habitants de toute la vallée de l'Arossia.
U s'y tient deux marchés par semaine, et deux foires pour le bétail; elles
durent quinze jours^ et sont importantes.
L'industrie consiste dans une tannerie, deux fabriques de colle et une de
cire.
La population est de 2,44^ habitants, la plupart cultivateurs, ouvriers,
négociants, etc.
L'époque de la fondation de la Pieve n'est pas bien connue; on sait seule-
ment qu'elle fut agrandie en 1241- Les marquis de Clavesana y bâtirent un
château bien. fortifié; plusieurs communes dépfendoient autrefois de cette
châtellenie : elles possédoient en commun beaucoup de terres. En 1491 , il se
fit un partage ou la Pieve eut sa part, le reste fut assigné aux autres communes
sous le nom de Massa délie ville superiori. Mille disputes s'élevèrent au sujet
•Ae la jouissance de la région de Viozene, entre les habitants d'Ormea et ceux
de la Pieve; on en vint plusieurs fois à des voies de fiEiit, Les gouverneurs de
21
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i62 CHAPITRE I.
Gênes et de Turin se mêlèrent de la contestation : ViozeAe resta au plus fort.
En 1626, le château de Pieve fut démoli par les troupes piémontaises;
en 1676, ses remparts furent détruits une seconde fois; en 1744^ ^^^^ f"^
occupée parles Espagnols et les Pîémontais; en 1794? '79^j ^^ ^ 799? ^We es-
suya des pertes dont elle se ressent encore.
i ACQUILÂ contient 675 habitants, la plupart agriculteurs oU pasteurs. Cette
commune se compose de deux villages et deux paroisses, dont lune a 5 7 2 francs,
et l'autre 3 16 francs de rente. . —
Le sol est généralement stérile 5 il produit de Forge, de l'avoine, et des lé-
gumes; ses pâturages sont très- vastes. Le commerce consiste dan« la vente des
bestiaux, du fromage^ et du miel, qu'on échange contre les vins et les grains.
Cette commune appartenoit aux marquis de Zucarello, et relevoit de l'em-
pereur; elle fi.it long-temps disputée entre la SavDie et Gênes, qui en resta
mattresse en 1 63 1 .
Armo renferme 3oo habitonts^ "Sa ^paroisse a 282* francs de rente, son bu-
reau de bienfaisance i Sg francs. Le territoire produit du froment et du seigle,
et renferme des pacages et de belles prairies dont la possession est contestée.
En 1 57 1 , le pays fut pillé et brûlé par suite des différents survenus entre le
Piémont et la Ligurie a^ sujet de leurs limites.
BORGHETTO a trois paroisses qui jouissent de 3oo francs de revenu cha-
cune; elles composent ensemble une population de 5^5 habitants. Le sol de
cette commune produit des huiles, des châtaignes, et beaucoup de raves, qui
y viennent d'une grosseur énorme. Ce pays fut cédé à Gênes par les seigneurs
de Zucarello en 1 62 1 .
Gartari et Galderara comptent 87 1 habitants, presque tous agriculteurs;
le pay^ produit de J'huile* et des châtaignes; il renferme beaucoup de bois.
Les prairies Ou pacages deValbella et Galderaria, s<mt les plus belles du can-
ton, et fournissent des fourrages à toute la vallée d'Oneille.
La commune a deux paroisses qui ont, l'une 58o, et l'autre 170 francs de
rente. ....
GOSIO a 772 habitants, agriculteurs ou pasteurs; sa paroisse a 439 francs
de rente. Il existe une rente de 639 francs jx)ur dotations de filles et dis-
tributions de secours.
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TOPOGRAPHIE. i63
Ce territoire comprend des forêts de hêtres^ de sapins, et de mélèze; on y
trouve aussi quelques bois de chênes. Les productions consistent en vin-,
huile, et châtaignes. Ce pays étoit un fief impérial.
Lavina et CenOVA ne forment plus qu'une commune de 55o habitants,
tous agriculteurs. Ses deux paroisses ont, l'une 5oo francs, et l'autre sSo franco
de revenu.
Le territoire produit de l'huile, du vin, des grains, et du bois. On y fait
de bons fromages de chévrç; on y fabrique des paniers d'osier.
Lavina, placée sur le. flanc d'une montagne, à une demi-lieue du village
actuel, fut obligée de quitter son ancienne position par suite d'un grand ébou-
lement.
Elle appartint d'abord au comte de Tende; passa de là à la maison de Sa-
voie qui la donna au marquis de Maro. Les habitants se souviennent encore
des comtes de Tende qui firent construire des routes, des aqueducs, et des
fontaines, et se signalèrent par des bienfaits.
MëNDATICA, anciennement Mandaigna, a une paroisse qui a un revenu
de 44^ francs, et un établissement de bienfaisance, qui n'a que 240 francs
de rente, qu'on distribue aux pauvres malades.
Le sol en général est pierreux et ingrat, cependant on y recueille des
grains de toute espèce, des châtaignes, et des légumes délicieux. Les vins y
sont d'une qualité médiocre. On y voit beaucoup de pâturages. Les forêts
abondent en mélèzes, hêtres, et pins, d'où on tire de la résine. On se sert de
ces bois pour faire des échalas et des planches, dont quelques unes ont
25 mètres de longueur. Le terrain étant peu productif, plusieurs de ses
habitants vont travailler sur l'Alpe Marea, commune de Tende; ils la cul-
tivent moyennant une rétribution proportionnée aux grains qu'ils récoltent
ou aux troupeaux qu'ils y conduisent. La population est de 670 habitants,
pasteurs, agriculteurs, et charpentiers.
Ce pays étoit un fief impérial; il passa des marquis de Clavesana aux sei-
gneurs de Yintimile, puis à la république de Gênes. Il étoit administré par
quatre consuls nommés dans une assemblée de tous les chefs de famille.
MOANO a trois paroisses, celle de Saint- Martin jouit de 496 francs; celle
de l'Assomption, de 23o; et celle de Saint-Michel, de î5o francs de revenu.
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i64 CHAPITRE L
Le bureau de bienfaisance n'a que 60 francs de rente pour secours à domi-
cile. ^
La population est de 545 habitants, tous agriculteurs. Les productions du
sol consistent en froment, châtaignes, et huiles. On y cultive les raves et
légumes.
Moano, autrefois Mua, dépendoit de la châtellenie de Teco.
MONTEGROSSO, situé sur une montagne exposée au nord, a une paroisse
dotée de 5oo francs de rente -, deux établissements de bienfaisance pour
secours à l'indigence et distribution de riz possèdent 260 francs de revenu.
Il' y a en outre un mont-de-piété.
Le sol est à-peu-près le même que celui de Mendatica -, il est aussi couvert
de bois et de pâturages. Les vignes pix)duisent d assez bon vin. Les grains et
les châtaignes ne suffisent pas à la nourriture des habitants ; ils sont obligés
d'aller comme ceux de Mendatica, cultiver une portion de FAlpe Marea en
payant la même rétribution.
Ce pays fournit de bon miel; ses forêts sont peuplées de gibiers. Le com-
merce et l'industrie ne consistent que dans le débit des fromages qui sont
excellents, la vente des moutons, celle des planches, bois de construction,
etc. Le climat est froid; la neige séjourne sur ces montagnes sept à huit mois
de l'année.
La population est de 365 habitants, presque tous agriculteurs, pasteurs,
et charbonniers.
Cette commune appartenoit avant 1799 au roi de Sardaigne, elle fut en^
suite réunie au canton de Pieve.
PORNASSIO est situé au sommet d'une petite montagne qui s'étend au sud,
sur des coteaux riants et fertiles. Quatre hameaux ou bourgades composent
cette commune ; savoir : Villa, Oltano, Soprano et Ponti.
Il y a une paroisse dont le revenu est de 95o francs; un hospice qui
a 353 francs de rente destinés à secourir les pauvres malades à domicile.
Il y a en outre différents établissements et œuvres pieuses qui ont en-
semble 1,930 francs de rente. Le territoire de cette commune est le plus
étendu, et, en quelques endroits, le plus fertile du canton. La plus pit-
toresque de ses vallées est celle de Nava dont la hauteur au-dessus de la
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TOPOGRAPHIE. i65
mer est de 949 mètres j elle sert de passage à la route de Turin à Oneille.
Différents ruisseaux arrosent ses belles prairies. Les montagnes sont cou-
vertes de bois de toute espèce ; le gibier s'y trouve en abondance ; d'excellents
pâturages servent de nourriture au bétail , et Ion exporte encore une grande
quantité de foin dans les pays voisins.
Les productions territoriales sont les grains, l'huile, les châtaignes, etc.
La culture des terres est la principale occupation des habitants.
La foire du 20 août, qui se tient au bourg de Ponti, facilite la vente
des bestiaux dont le pays abonde. On trouve du côté de Nava, diverses
qualités de marbres, dont quelques uns méritent la peine d'être exploités.
Quatorze échantillons furent envoyés par la municipalité de Pieve à l'institut
de Gênes, et on en admira la beauté: les granits et porphires fixèrent
particulièrement son attention. Il y a aussi des carrières de pierre bleue
semblable à lardoise de Lavagne, et qui sert à la toiture des maisons.
La population est de 889 habitants, la plupart agriculteurs. La châtellenie
de Pomassio comprenoit les trois communes de Pomassio, Casio, et Men-
datica, qui étoient des fiefs impériaux dépendants des marquis de Clavesana*,
ceux-ci vendirent leurs droits aux seigneurs Scarella qui en ont ahéné par
la suite une partie au roi de Sardaigne, et le reste à la république de Gênes,
ce qui fut cause de plusieurs contestations entre ces deux puissances.
Avant 1797 les affaires civiles et criminelles étoient jugées par quatre
consuls nommés par. une assemblée de tous les chefs de famille connus à
Mendatica et Cosio. Ce pays fut régi par les lois liguriennes, depuis cette
époque jusqu'à celle où il fut organisé en département.
Ranzi est composé de plusieurs bourgades éparses sur une montagne dont
la principale est située au bord de l'Arossia.
Il y a trois paroisses, dont la première est celle de Saint -Donat, qui
a 618 francs de revenu -, celle de l'Assomption de Beaulega qui en a 535, et
celle de Beaulega Casta qui en a 202. Il y a aussi différents établissements
de bien&isance pour dotations de pauvres filles, secours à domicile, et distri-
bution de pain. Le revenu total est de 35o francs environ.
Le terrain est généralement ingrat. Ce territoire abonde en sources inta-
rissables servant à l'aftTOsage de jardins fertiles en légumes. La production.
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i66 CHAPITRE h
la plus abondante est celle de Fhuile, quon exporte en grande partie. Sa
population . est de 9 1 5 âmes .
RëZZO est situé au fond dune vallée : il y a une paroisse qui a 570 francs
de revenu, et plusieurs œuvres de bienfoisance, dont. une a 499 francs die
rente pour distribution de secours à domicile; une autre â65 francs pour
dotation de filles pauvres; la maison dite THôpital ne jouit .que d'un ^^nble
revenu.
Le sol est couvert de pâturages dans plusieurs endroits; il est bien cultivé
dans d autres ; il est peuplé d arbres de hautes futaies. On y voit en outre des
châtaigneraies, des vignes, et quelques oliviera. Les principales productions
sont le vin et les châtaignes.
Autrefois.il y avoit des scies à eau pour les bois : elles étoient d'une grande
ressource pour la commune à qui appartiennent les plus superbes forêts de
hêtres et de chênes quily ait dans le canton. Il y avoit aussi une forge qui
n existe plus.
• Le commerce ne consiste que dans la vente d un petit excédant de pro-
ductions territoriales, de >bêtes à cornes^ et de mulets ; dans Tachât de quelques
objets d'habillement et autres effets que 1 on tire du Piémont et de la Ligurie.
Cette commune étoit aussi un fief impérial, qui passa sous la domination
de Gênes en la^j. Dès^lors, les marquis de Clavesana et Caretto en reçurent
Tinvestiture du sénat de GêneSi En i4i8 les habitants et le marquis de
Clavesana firent une convention par laquelle les premiers sobhgèrent da-
battre leur château, et de construire un palais pour lieurs marquis. Ce
château fut réparé par la suite, et démoli de nouveau en 1675, par les
troupes piémontaises, à la «uite de contestations élevées entre cette commune
et Cenova. De 1740 jusqu'en 1800, ce pays fit partie de la principauté d'O-
neille, sous le roi de Sardaigne ; et, à cette dernière époque , cette principauté
ayant été donnée par la France à la république de Gênes, elle subit le même
sort lors de sa réunion.
- Ubaga est située au sommet d'une montagne assez élevée. Sa paroisse
a 25o francs de rente. Ubagnetta a une autre paroisse sous le titre de Saint-
Laurent, dotée de 210 francs ; et Monte-Calvo en a également une dotée
de 200 francs. L'établissement de bienfaisance n'a que 21 francs de rente.
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TOPOGRAPHIE. 167
Monte*Calvo et Ubaga manquent deau, et sont obligés, en été, daller en
chercher très loin. Il se fait quelque commerce dliuile à Ubagnetta : cette
commune ayant peu de pâturages, les habitants conduisent leurs troupeaux
sur les Alpes de Casio et Mendatica. La population est de 470 habitants.
Ubaga étoit une commune de lex-capitanat de Pieve, et subit le même sort
que cette dernière. Ubagnetta et Monte-Calvo, hameaux d'Ubaga, apparue-
noient au comte de Lengueglia; ce n'est qu'en 1797 qu'ils furent réunis à
cette commune.
Vessalico est situé au pied d'une montagne dite Gàstellazzo, sur la rire
gauche de l'Arossia. Il y a deux paroisses : celle de la Madelaine a un revenu
de 5oo francs, et celle de Saint-Procès a '324 francs de rente* Il y a cinq
oeuvres de bienfaisance pour secours aux pauvres et distribution de pain;
eUes ont ensemble 578 francs de revenu. •
Un tiers du territoire est occupé par des vignes, des olÎTiers ou des terres
labourables: un tiers par des châtaigniers; le reste est en bois ou inculte.
L'abondance de l'eau facilite l'arrosage des jardins, qui produisent quantité
de choux. Lliuile est assez abondante; on en vend une grande partie pour
acheter les denrées dont le pays manque. » — ^
Depuis quelques années les terres sont cultivées avec plua d'activité : on
voit avec satisfaction des terrains planté» en vignes qui jadis ne produi-
soient que des ronces et des broussailles. La population est de 453 âmes : la
plupart des habitants sont cultivateurs.
Ce pays étoit anciennement bâti sur le penchant de la montagne dite Gàs-
tellazzo, dans la région Villaro, qui est maintenant cultivée. En ti^K), on
commença à bâtir plus bas des maisons et un pont sur FArossia^ pour faci<-
liter la communication de Pieve à Albenga. Gette réunion de maisons s'appe-
lait alors Ponte-Nuovo. On augmenta depuis les habitations sur la rive
gauche, et ce pays changea son nom en celui de Vessalico.
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i68 CHAPITRE I
CANTON D'ONEILLE.
Le canton d^Oneille s'appuie sur une partie du littoral qui se trouve
entre le cap de Diano et Port-Maurice; il comprend les versants inférieurs de
rimpero.
Ce torrent prend sa source dans les contreforts des Apennins, entre les
sources de FArossia et TArgentina; il tarit entièrement dans l'été, quoiqu'il
soit sujet à des crues extraordinaires pendant l'hiver : il est d'une grande res-
source pour le pays, à raison du nombre de moulins à huile qu'il met en mou-
vement dans l'arrière saison*, mais ses débordements sont désastreux, parti-
culièrement depuis* son entrée dans la plaine d'OneilIe. Quoique son lit soit
fort large, il menace dans te moment les plus beaux jardins, et paroît même
se diriger du côté de la ville : ce seroit un avantage pour ce pays que de le
foire encaisser, ainsi que la plupart des torrents, dont les versants sont
étendus.
Le sol de ce canton est entièrement montagneux, mais de l'aspect le plus
pittoresque et le plus riche.
Tous les flancs des montagnes sont tellement garnis d'oliviers, qu'il ne
reste aucun espace libre pour d'autres plantations. Les villages sont bien
bâtis; une multitude de hameaux se trouvent placés sur les sommités, et
semblent couronner les bois d'oliviers.
L'huile est la principale production de ce canton : le territoire produit
aussi du blé et du vin, mais en très petite quantité, la culture de l'ohvier
étant presque exclusive; on trouve cependant, dans les environs d'Oneille,
de beaux jardins, qui rapportent des fruits et des légumes de toutes espèces.
Le commerce joint, pour l'avantage des habitants de ce canton, ses béné-
fices à ceux d'une culture très soignée : on y trouve des marins en assez
grand nombre. La pêche est peu productive; elle entretient au plus vingt à
trente familles. La population totale est de 7,618 habitants.
Ce canton jouit d'un beau ciel ; l'air y est très pur : il y gèle fort rarement,
et les chaleurs y sont tempérées par les vents du nord.
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TOPOGRAPHIE. 169
OnEILLë, chef-lieu de ce canton, est situé sur le bord de la mer, au milieu
dune petite plaine très fertile; la ville est bien bâtie, ses rues sont longues
et spacieuses; elle renferme des bâtiments qui annoncent de la magnificence
et de la grandeur. Sa population est de 8701 habitants. Une partie du terri-
toire de cette commune est dans la plaine, et lautre sur une montagne; il
est presque entièrement occupé par les oliviers et les jardins. Il y a peu de
pâturages, et conséquemment peu d'engrais ; celui que Ion achète pour les
oliviers vient du dehors, et rend cette culture très dispendieuse. Ses kabi-
tants sont généralement adonnés au commerce ou à la culture; Findustrie
manufacturière y est presque nulle : elle consiste dans une tannerie, une
fabrique de vermicelle et quelques boutiques de tonneliers. Le commerce
consiste dans lexportation de lliuile^ l'importation des grains et de toutes les
marchandises nécessaires à la vie. Il existe en outre un commerce d'échange
par la vallée d'Orméa, d'où on amène des bestiaux, des riz, de la volaille et
des grains. %a y porte des huiles et des denrées coloniales : cette commu-
nication, autrefois excessivement difficile, est aujourd'hui très commode,
par la nouvelle route entre Oneille et Orméa.
Lia plage d'Oneille est ouverte à tous les vents, et les opérations de com<-
merce y sont souvent contrariées, les vaisseaux étant obligés de lever l'ancre
pour se réfugier à Langueglia ou à Savone. Il paroit que, d'après ces motifs,
le roi de Sardaigne avoit eu le dessein de creuser un petit port à Oneille ;
on assure que les projets ^rent achevés, mais l'exécution en seroit trop
dispendieuse : ce qu'il y a de certain, c'est qu'un abri dans ces parages seroit
extrêmement utile pour le commerce.
Oneille a été fondé en 935 , par les habitants de l'ancien bourg de ce
nom , qui étoit alors à un quart de lieue au nord de sa plage , près du village
nommé aujourd'hui Castel-V,ecchio.
Les Sarrazins se rendirent maîtres de cette place dans le dixième siècle, la
détruisirent, et forcèrent les habitants à l'abandonner. Les fugitifs formèrent
une peuplade qui s'établit sur le bord de la mer, pour trouver une ressource
dans la pêche : ils commencèrent à bâtir dans le faubourg à l'est; ils don-
nèrent au village naissant le nom de leur ancienne patrie, et continuèrent
à se régler d'après les mêmes lois et statuts. S'étant ensuite donnés au pape,
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I70 CHAPITRE I.
ils restèrent sous sa puissance jusqu eu iioo; mais ils refusèrent bientôt
d acquitter les impôts, et se rëvohèrent contre lautoritë du saint- siège.
Urbain II, ne pouvant les soumettre, fit donation de la ville et de ses dé-
pendances à révoque d'Albenga, et lui céda tous ses droits le 2 février de la
même année. Malgré le changement de maître, ils conservèrent une grande
liberté, et se réservèrent le droit de décider toutes les aflaires importantes.
En 1200, les habitants d'Oneille et de Port-Maurice eurent des contes*
tatÎQMs relativement à leurs limites ; ces derniers demandèrent et obtinrent
le secoiirs des Génois; ils s'emparèrent d'OneiUe, malgré la résistance opi-
niâtre des habitants. Les Génois^ avec ladhésion du pape, vendii^ent cette
ville autprince Doria. Ils oédèr^at entdédommagement à Févêque d'Albenga
le produit de la vente, réservant à sa sainteté les droits apirituds, et celui
de la dime. En 1579, cette principauté passa des mains des princes Doria
dans cdlles des ducs de Savoie ; elle éprouva alors dififér^ites vicissitudes :
elle fut prise et reprise pinceurs fois par le» Espagnols. En 1 792 j les Fran-
çais s en emparèrent; depuis cette époque,, ette a-successivem^nt éprouvé
tous les malheurs que les guerres entraineiit à leurwûte.
La ville a été en parde brûlée à la suite du massacre d un parlementaire
français; elle a été en outre ruinée par des contributions extraordinaires.
En 1801 , elle fut cédée avec son territoire à la république de Gênes : elle a
été réunie à la France en 1 8o5 , EUe comueaGe à se relever des pertes crûmes
qu elle a éprouvées.
La ville d'Oneille possède deux églises principales : une délies est cc^-
giale, et avoit autrefois douze chanoines :avec un revenu modique de
1200 francs. Le curé a 800 francs de rente. II exîstoit en outre quatre cou-
vents de religieux ; trois d'entre eux pMsédoient des biens considérables qui
ont été réunis au domaine.
La ville a un hospice civil dont le bâtiment fut commencé avec beaucoup
de magnificence : des circonstances malheureuses ont empêché lachévement
de ledifice; son revenu est.de 2800 francs. Il existe en outre une institution
de bienfaisance am^enne, avec un revenu de 600 fi-ancs, en faveur des
pauvres filles. Le bâtiment du collège étoit vaste. et magnifique^ il a été
brûlé ^ mais on le rétablit en ce moment.
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TOPOGRAPHJE. 171
PoifTEDASSIO, situé à une lieue et demie d'Oneille, sur la rive gauche du
torrent Impero, se compose du chef-lieu et de deux hameaux; la population
totale est de i63a âmes, dont 875 sont réunies dans le bourg : tous les habi-
tants sont agriculteurs. Bestagno, hameau de cette commune, établi sur une
éminence, et à la rive droite, renferme 345 habitants. Cette commune con-
tient trois paroisses ; le curé du chef-lieu a le titre d archiprêtre. L'église de
Bestagno est une des plus anciennes de la vallée ; la troisième est celle de
Gaselli, autre hameau, situé de la même manière, mais sur la rive gauche,
et renfermant 412 habitants.
ViLLAGUARDIA, ViLLARIANI, SaROLA, et OLIVAZZI, quatre hameaux situés
sur des collines, à la rive droite de Flmpero, forment la commune de Villa-
cardia, qui contient 1 107 habitants. Les productions sont les mêmes que*
celles de Pontedassiô : la seule ressource du pays consiste dans la culture de
Folivier et de la vigne. Le hameau de Villaguardia éprouva, en 1802, un
éboulement qui en ensevelit une partie, et ruina la campagne à une demi-
lieue d'étendue : à la suite de Féboulement, il sW formé uq étang au pied
de la montagne. Cet événemimt fut une grande perte pour le pays, et plu-
sieurs habitants furent totalement ruinés.
Les quatre paroisses qui forment cette commune renferment. Tune,
â8o habitants, lautre 200, et la troisième 177; la dernière en contient 45o.
BORGO, à trois quarts de lieue au nord <fOneille, sur la rive droite de
rimpero, compose, avec le hameau de Sainte**Agathe, une commune de
4ô5 habitants.^ Les ressources ^ont les mêmes que celles des communes pré-
cédentes. Les deux paroisses renferment, Tune 247 9 Tautre i58 habitants.
On trouve dans Borgo un établissement de bien&ttsanee pour acheter des
grains et tes distribuer aux malheureux en temps de disette.
Costa, située à trois quarts de lieue d'Oneîlle, sur: la rive gauche, forme,
avec le hameau de Castel-Vecchio, situé au pied de la montagne, une com-
mune de 773 âmes; elle est divisée en deux paroisses, lune de 47 4 ? lautre
de 299 habitants. Il existe dans la première un établissement de bienfai-
sance en foveur des indigents, et des dotations pour les pauvres filles. Les
productions de l'industrie sont les mêmes que celles que nous avons décrites
pour les autres communes. En général, le débouché des denrées de tout le
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172 CHA1>ITRE L
canton, et même des cantons voisins, se fait à Oneille, qui est en quelque
sorte un lieu d'entrepôt pour les habitants de toute la vallée; ils y amènent
les productions de leur sol, et en tirent toutes les marchandises nécessaires
à leurs besoins.
CANTON DE PORT-MAURICE.
Le canton de Port-Maurice contient^eux vallées principales, et une troi-
sième qu on appelle Valetta.
Les torrents qui larrosent sont : Tlmpero, Caramagna, et Dolcedo.
Le sol est généralement calcaire et argileux : dans quelques communes on
trouve des quartz et des cristaux de roche.
Le territoire est fertile et bien cultivé; il produit de Thuile, un peu de
vin , et quelques légumes. La culture des oliviers est celle qui occupe la plus
grande partie de la population ; mais aussi quand les insectes ne gâtent pas
les olives , elle dédommage bien de toutes les peines qu elle exige. Les huiles
de ce canton, comme celles d'Oneille et de Saint-Étienne, sont les meilleures
de la Ligurie.
Le commerce, en temps de paix, est très étendu, et consiste principale-
ment dans l'exportation dliuiles excellentes, et dans l'importation des vins,
des blés, draps, toiles, cuirs, chidbns de laine, etc. Les gens de mer ga-
gnoient environ vingt pour cent sur cette importation, et dix pour cent sur
les marchandises de terre. Les quincailleries et les denrées coloniales étoient
tirées de Gênes, de Livourne ou de Marseille.
Le climat est très doux, mais très inconstant; l'air y est généralement pur,
moins cependant dans le quartier inférieur du chef-lieu, à cause de la stag-
nation des eaux du torrent des Capucins.
Les vents dominants en hiver sont ceux d'est et nord-ouest, et en été les
vents d'est et d'ouest; en automne, les vents d'est et sud-ouest.
La population est de 1 5,^49 habitants, presque tous agriculteurs ou com-
merçants.
L'origine des communes composant le canton n'est pas connue : il y en a
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TOPOGRAPHIE. i^S
de très anciennes dont il est fkit mention dans Strabon et dans Titinét^aire
d'Antonin. Les communes renfermées dans les deux premières vallées ont
été g^ouvernées par divers comtes et marquis, avant d'être ré^es par des
statuts municipaux, sanctionnés par la république de Gènes en i4o5. A
cette époque, la juridiction de Port-Maurice fut partagée en trois commu--
nautés dites Terzieri.
Les statuts dont il s'agit régloient là distribution des charges, le mode
d'administration et de nomination des membres du parlement local , des con-
seillers et des pères de la commune dite Anziani.
La république de Gènes entretenoit des troupes à Port-Maurice, sous
les ordres d'un capitaine, ayant lès pouvoirs judiciaires. Les communautés
payoient au gouvernement une somme déterminée : elle étoit répartie par
le parlement sur les propriétés foncières. En 1460, ces communautés se
mirent sous la protection du duc Sfbrce, gouverneur de Milan, en stipulant
les mêmes privilèges dont elles étoient convenues avec la ville de Gênes.
Eu 1 5 1 2, cette république ratifia les anciennes conventions avec ces com-
munautés, et depuis lors, jusqu'en 1797^ <^Ues observèrent les statuts, muni-
cipaux qui avoient été réformés en 1 454 9 par un certain Garibaldi, moine
observantin.
Lors de la révolution de la Ligurie, en 1797^ toutes les conventions pas-
sées avec ces communautés furent anéanties, et les nouvelles lois ligu-
riennes durent être observées jusqu'à la réunion de la Ligurie à la France
en i8o5.
Port-Maurice, chef-lieu d'arrondissement et ville maritime, est situé sur
le cap qui sépare les deux vallées principales de ce canton.
La rade forme une espèce de deimi-cercle ; les bâtiments s'y trouvent en
sûreté lorsque les vents de sud et sud-ouest ne soufflent pas.
Les torrents de Dolcedo et Garamagna coulent à l'ouest de la ville; le lit
du dernier, étant plus bas que la mer, vers son embouchure, cause des exha-
laisons fétides et des fièvres intermittentes.
La paroisse a un revenu de 2,36o francs.
L'hospice des pauvres est doté de 4)^99 fr-> ^^ de i,34i fr. sur l'octroi. Le
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174 CHAPITRE I.
local suffit pour vingt à vingt-deux malades , mais on n en reçoit ordinairement
que dix à douze. Le comité de bienfaisance distribue la somme de 5,641 fr.,
dont une partie pour pension à la famille Pagliaza.
Les productions du sol consistent dans l'huile. Le pays manque de bois,
de fourrage, et par conséquent d engrais. Il tire du dehors des chififbns de
laine et des sciures de cornes pour fumer les terres à oliviers.
Le commerce consiste dans le débit des huiles de larrondissement, et la
vente des blés et du vin que Ton tire, soât de la France, soit de TltaUe.
Il y a soixante-quinze moulins à huile à Port-Maurice ; les soins que Ion
met à la fabrication des huiles contribuent beaucoup à leur donner une qua-
lité excellente:
La population est de 7,000 habitants, en grande partie agriculteurs ou
commer^»uitt.
Lmscription , Trapkea Claris y qui existoit sur la tour de Parasio, fut en-
levée en 1 435 : on suppose une grande antiquité à cette tour.
Ce pays appartint en 400 au marquis de Suze, puis' au marquis Manfredo.
En 649, il ftit pillé par les Lombards, et,* en 729, par les Sarrazins. En 83o,
il passa sous la domination des comtes de Vintimiglia, puis des marquis de
Clavesana. Les habitants se rachetèrent en 1161, moyennant une somme
d argent qu'ils payèrent à ces marquis. En 1:100, la communauté de Port-
Maurice reclama des privilèges de la répt^lique de Gènes, qui les ratifia
en ia4< «t en 1276. Alors le geuTemement de Gènes y entretenok un gou-
verneur pour toute la rivière occidentale de la Ligurie. Les statuts munici-
paux rédigés en 1 4o5, servirent de base pour Fadministration des trois com-
munautés qui, en 1460, cessèrent d'être sous la protection de Gênes, pour
se mettre sous celle de François Sfbrce, duc de Milan. En i5 1 2, ce pays fit
de nouveaux arrangements avec la république de Gênes. Le Doge ratifia les
anciennes conventions qui fbrent en vigueur jusqu'en 1797; alors, Port-
Maurice fut réuni .à la Ligurie, et en i8o5, à la France.
DOLCEDO, situé dans la seconde vallée du canton^ est composé de diffé-
rentes bourgades, dont la principale est Piazza qui se trouve au confluent
de deux ruisseaux. Le village est divisé en deux parties qui communiquent
ensemble par le moyen de quatre ponts anciens et très solides.
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TOPOGRAPHIE. 175
La paroisse rapporte 4^o francs au curé. L'hospice civil a un revenu
de 1,336 francs. Il y existe en outre un établissement de bienfaisance.
Les productions territoriales consistent en huile; Ce pays est le plus con-
sidérable du canton après Port'-Maurice; il est très fertile et bien cultivé.
On y compte cent dix*neuf moulins à olives.
La population est de 2048 habitants, la plupart agriculteurs ou commer-
çants. ^
MOLTEDO est situé sur le penchant d une colline , dont Montegrosso occupe
le sommet. Deux ruisseaux se réunissent dans cette commune, et prennent
le nom de Caramagna , du village quils traversent.
La paroisse de Moltedo a un revenu de 544 francs; celle de Montegrosso
en a un de 54o. Il y a un bureau de bienfaisance à Moltedo. Llmile est la
plus exquise du canton. Il y a quatrervingt^eux moulins à olives dans cette
commune. La population est de 11 86 habitants, agviciilteurs ou commer-
çants.
Moltedo est divisé en deux parties, supérieure et inférieure; la première
appartenoit autrefois au roi de Sardaigne> quoiqu'elle ne forme qu une seule
paroisse avec la seconde.
TORASSA, située sur le penchant d une colline, est traversée par le torrent
Dolcedo. La bourgade inférieure a une paroisse qui raj^rte 5So francs.
L'établissement de bien£Eiisance n'a que 17 francs de revenu.
Le territoire produit de l'huile. La population est de 4oo habitants, presque
tous agriculteurs.
VasSIA et PantasSINA, jadis appartenant au roi de Sardaigne, sont main-
tenant réunis sous une même commune. Le premier est ûtué sur une ccJline
qa:i embrasse la Valetta; le seccmd se trouve à la^ distance de trois lieues de
ce dernier.
La paroisse de Vassia rapporte au curé 600 francs ; celle de Pantaséina
possède 25o francs de revenu. Le comité de bienfaisance distribue aux
-pauvres un revenu de io3 francs.
On trouve des quartz et de très beaux cristaux de roche à Vassia. Le ter-
ritoire produit des huiles excellentes. Les olives n'y sont pas aussi sujettes
qu'ailleurs aux insectes qui les rongent. Il y a trente moulins à huile ^ans
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176 CHAPITRE I.
cette commune, dont la population est de 819 habitants, la plupart agri-
culteurs.
ViLLATALLA, commune composée de différentes bourgades, savoir: Villa-
talla, Tavale, et Valoria, a trois paroisses; celle de Villatalla a 493 francs de
rente; celle de Valoria 867; celle de Tavale na pas un revenu fixe, puis-
qu'il ne consiste qu'en olives.
Les productions du territoire sont l'huile, etc.
Lia population est de 989 habitants, agriculteurs ou commerçants. Ces
trois villages appartenoient autrefois au roi de Sardaigne.
MOLINI est une commune qui se trouve dans la Valetta, au nord-ôuest
de Port-Maurice. La paroisse de Saint<Jean-Baptiste a une rente de 600 francs,
celle de Saint-Sébastien n'en a que 200.
Le territoire produit des huiles. La population est de 760 habitants, en
grande partie agriculteurs.
PlANI , village^itué dans la vallée à l'ouest de Port-Maurice, a une paroisse
qui n'a que î5o francs de rente. Son territoire produit des huiles.
La poptriation est de 600 habitants.
POGGI est placé au sommet d'une colline, au sud-ouest de Port-Maurice.
Le .torrent Prino sert de limite entre cette commune et celle du chef-lieu de
canton ; son territoire touche à la mer du côté du sud, vers la tour dite Prai-
rola. Autrefois ilfaisoit partie de la commune de Port-Maurice. Les produc-
tions du sol sont à-peu-près de la même qualité que celles de Piani. La paroisse
rapporte au curé 210 francs.
La population est de 628 habitants.
Caramagna supérieur, situé dans la vallée de ce nom, a deux paroisses;
l'une de Saint-Barthélémy, qui a 276 francs de rente; l'autre de Saint-
Simon, qui ^i^apporte 334 francs.
Les ruisseaux de Moltedo et Vassia entourent ce pays, et vont se réunir
au-dessous du village, en prenant le nom de Cara[magna.
Le sol est fertile, et produit assez d'olives pour occuper trente-cinq mou-
lins à l'huile. La population est de 676 habitants. , ;
Prela et Pianavia composent une seule commune; ilssont situés sur le
petichant d'une colline, dans la Valetta. Ce pays appartenoit autrefois au
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TOPOGRAPHIE. 177
roi de Sardaigue. Lia paroisse a un revenu de 35o francs. Il y a dix moulins
à olives dans cette commune.
Sa population est de 298 habitants, la plupart agriculteurs.
CANTON DE SAINT-ÉTIENNE.
Le canton de Saint-Étienne est renfermé par une chaîne de montagnes
en forme de demi-cercle, où domine la montagne Bramora, la plus élevée
de la lîvière du Ponent. Il y a quatre vallées principales dans ce canton ,
dont la plus considérable est celle de Saint-Laurent. Les torrents qui ser-
pentent sur son territoire servent à larrosement des campagnes, par-tout où
leur situation permet d y conduire les eaux.
Le climat est très doux; sa chaleur tempérée y est très favorable à l'agri-
culture. Les vents dominants sont ceux d'esl et nord-ouest, qui chassent les
brouillards d automne et de printemps. Le ciel est presque toujours serein : les
orages ny sont pas fréquents; mais aussi on y souffre ordinairement de la
chaleur en été.
La fertilité varie selon la quantité d eau dont on peut disposer pour larro*
La charrue n est point usitée pour la culture des terres, et Ton se sert de la
pioche.
Les productions territoriales consistent en huile, vin, égumes, et châ-
taignes. Les blés ne suffisent pas pour trois mois de consommation; les lé-
gumes et les vins, pour la moitié de Tannée ; les foins et fourrages sont
abondants. Les huiles, fruits, et jardinages, suffisent non seulement aux
besoins du canton, mais encore on en exporte en échange* des grains et
autres denrées.
Le commerce florissoit avant la guerre : le canton fournissoit alors d ex-
cellents capitaines marchands à la marine française des départements méri-
dipnaux.
La population est de 9,01 1 habitants, presque tous agriculteurs, pêcheurs,
ou marchands : elle a diminué depuis la guerre.
2a
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,78 CHAPITRE L
Lliistoire du canton nous laisse dans lobscurité sur lorigine des commùnes^
qui le composent, les documents anciens ayant disparu. Cest depuis le
dixième siècle de l'ère vulgaire qu'on peut rendre compte de leurs vicissi-
tudes politiques. Les habitants de Saint-Étienne, Terzorio, et Cipressa, ne
formoient qu'une seule commune vers Fan io5o. A la suite de dissensions
intestines, elles se sont séparées, sans cesser cependant d'observer les statuts
municipaux qu'elles avoient sanctionnés dans le douzième siècle.
Langueglia fut érigée en fief par l'empereur Frédéric I*', en l'an 1 162 , en
faveur d'Anselme de Quadraginta. Ce fief^ ou comté, avec ses dépendances,
fut cédé par les seigneurs de Langueglîa à la république de Gênes; celle-ci
en accorda l'investiture, en ir^i, à MM. Gandolfe d'Alaissio, et à Jacques
et Oburt d'Albenga, en se réservant Je domaine direct. En 1 199, les habi«-
tants et leur seigneur Langueglia firent, avec la république de Gènes, dif-
férentes conventions qui furent confirmées en 12 23. En i'528, les seigneurs
Langueglia détachèrent de leur juridiction. la commune de Castellaro, qui
fut vendue à M« Spinola de Gênes. En 1609^ le comté de Langueglia fut
vendu à la république de Gênes, à condition que les habitants dépendants
de la juridiction jouiroient de leurs anciens privilèges, et seraient gou-
vernés suivant leurs lois municipales, ce qui fut exécuté jusqu'en i8o3. Dans
le comté de Castellaro étoit comprise Pompejana, dont les traditions du pays
attribuent la fondation. à Pompée, lors de son retour d'Espagne, soixante-
treize ans avant l'ère vulgaire.
Saint-ÉTIENNE est le chef*-lieu de oampn.
Cette commune se trouve située dans la plaine, vers la mer, au pied de
deux petites collines qw embrassent son territoire*
La paroisse est dotée d'e&vîron 6oa francs.
Le comité de bienfaisance a un petit revenu de 4^ francs.
Le sol est pierreux et argileux: il est presque partout cultivé, et produit
de l'huile excellen'le^ du vin,* defe légpames, etc; le pays manque de bois. La
pêche n'est considérable que quand les anchois passent près du rivage.
Le commerce est réduit au petit cabotage. La population est de 966 habi-
tants agriculteurs ou commerçants.
Le village de Saint-Étienne étoit situé sur une colline, à la distance de
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TOPOGRAPHIE. 179
plus dun mille de la mer, entre la commune de Riva et le village actuel. La
colline conserve encore le nom de Saint*Stéve ou Saint'^Étienne; on v voit
les débris de quelques maisons.
Dans le dixième siècle, on commença à bâtir des tours dans la plaine
dite La Foce, pour s opposer aux incursions des Barbares et mettre à labri
les maisonnettes des pécheurs et des marins.
Dans le quatorzième siècle, les habitants de la colline vinrent s'établir sur
le bord de la mer.
Les communes de Terzorio et Gipressa s'étant séparées de celle de Saint-
Etienne, dans le seizième ^écle, elles convinrent avec celle-ci de payer une
redevance annuelle de 4^ francs pour lentretien de l'horloge et le salaire
du commis à la santé. Ces trois communes continuèrent à vivre sou^ le
même droit coutumier jusqu'à la révolution ligurienne.
ClPIŒSSA estsituée sur le penchant dHinem<»tagne, d'où commencent trois
différantes vallées qm vcmt à la mer. Son territoire est*fertile et bien cultivé ;
il produit de l'huile d'olive, du vin excellent, et beaucoup de jardinage; les
figuM y sont abondantes. Les paysans ont soin de recueillir les algues ma-
rines et les broussailles pour en faire du fumier; aussi les terrains sont bien
fumés, et produisent de riches récoltes.
La population est de 1006 habitants, presque tous agriculteurs.
La paroisse a un revenu de 866 francs; et le comité de bienfaisance n a
que i3 francs de rente. On tire des jardins- de ce pays beaucoup d'arbres
qu'on vend dans les environs.
Terzorio est situé au midi de la petite montagne appelée Montenero. Sa
paroisse a un revenu de 352 francs; le comité de bienfaisance est doté de
71 francs. *
Le sol est pierreux et compact ; ses productions principales sont l'huile
d'oHvé, et le vin , qui est assez bon. Ces denréea ne suffisent pas k la nourri-
ture des habitants de ce pays, qui sont obligés d'aller chercher du travail
dans les cantons voisins.
La population est de 3o5 habitants, presque tous agriculteurs.
Riva est située sur la mer, ^an» une jolie plaine, entre deux torrents qui
fournissent abondamment de l'eau pour l'arrosage de ses campagnes. La pa-
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i8o CHAPITRE I.
roisse a un revenu de 600 francs; le comité de bienfaisance distribue un re-
venu de 32 francs le jour de la Pentecôte, et une somme de 4o francs pour dots
aux pauvres filles du pays.
Le sol est fertile; ses productions sont lliuile, le vin, le jardinage, et les
oranges.
La population est de 7 1 3 habitants, tous agriculteurs ou muletiers.
GasTELLARO est situé sur le sommet d une montagne. Il y a une paroisse
dont les revenus étoient de 766 francs, provenant en grande partie des
dîmes.
Le comité de bienfaisance administre un revenu de 4oo francs. Il y a en
outre un revenu d'environ 1000 francs affecté aux chanoines et aux prêtres
de la paroisse.
Le sol est pierreux, et psoduît de lliuile et des châtaignes. Il n y a pas de
jardins, faute d'eau pour les arroser; on exporte des châtaignes, du foin, et
des bois, <^ùe Ton vend danales pays voisins. Les bestiaux sont nombreux, et
fournissent assez de fumier pour lengrais des oliviers.
La population est de 968 habitants agriculteurs, pasteurs, ou suie*
tiers.
POMPEJANA est partagée en plusieurs bourgades.
Il y a une paroisse qui a un revenu de 44^ francs; le comité de bienfai-
sance dispose de 300 francs qu il distribue à égales portions aux chefs de fa-
mille le jour de la Pentecôte; il dispose en outre de 1 15 francs, pour doter
les filles de Pompejana, et dun legs de i5o francs, en faveur du maître de
Fécole primaire.
Le sol est fertile ; Ion a tiré partie de Feau pour 1 arrosage de ses beaux jar*
dins et 4^ ses campagnes. Les bois sont transportés dans les pays voisins;
plus de cent bêtes de somme sont em^Joyées à ce transport.
La population est de 1 1^7 habitants, presque tous agriculteurs, porteurs,
ou muletiers.
GaRPASSIO est entouré de montagnes sauvages; il est situé au pied dune
hauteur d où partent différentes collines. Les sources de Montegrande sen-
vent à faire tourner deux moulins et à larrosage des jardins, ressource con-
sidérable pour le pays.
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TOPOGRAPHIE, i8i
Le $ol est ingrat et pierreux; la plus grande partie est en roches et brous-
sailles; le reste est cultivé en champs, vignes, et jardins.
Le comité de bienfaisance administre un revenu de 83 francs, qu'il dis-
tribue aux pauvres malades du pays. Il y a une paroisse qui a un revenu
de 365 francs.
La population est de SpS habitants, presque tous cultivateurs.
Pietra-Bruna faisoit partie de la commune de Dolcedo ; son territoire est
montueux et peu fertile. Le pays est exposé à la sécheresse, et manque d'eau
pour larrosage des jardins.
Le foin et les bestiaux sont d une ressource considérable pour le pays ;
on ne manque pas de fumier pour les oliviers, qui rapportent une huile
excellente.
La paroisse a un revenu de 35o francs; le bureau de bienfieiisance admi-
nistre les revenus de deux œuvres pieuses, montant à la somme de 1 5o i francs
55 centimes en rente perpétuelle,
La population est de 6 1 5 habitants, la plupart cultivateurs.
GiVEZZA est jfituée au sommet d une colline. Lesol est fertile, et planté en
oliviers^ ou cultivé en champs et jardins. La vallée, vers louest, renferme
un ruisseau qui sert à larrosage des propriétés riveraines. La paroisse a un
revenu de 5oo francs; le comité de bienfaisance n administre qu'une rente
de 19 francs.
La population est de 74^ habitants, presque tous cultivateurs.
LangueGLIA est située sur une petite montagne. Son territoire est assez
fertile; il y a beaucoup d'oliviers. Les champs et les jardins arrosés par diffé-
rents ruisseaux dont les sources sent intarissables. Il y.a une paroisse dotée de
5o4 francs; l'établissement de bienfaisance n'a qu'un revenu de i32 francs.
La population est de 594 habitants, presque tous cultivateurs.
GOSTA-RAINERA est placée au midi, sur une colline servant de séparation à
deux vallées qui s'étendent vers la mer. Sa paroisse a 3o3 francs de revenu.
Le territoire manque d'eau; les habitants. ont creusé des citernes, faute de
sources et de ruisseaux. C'est dans la vente des vins et des huiles du pays que
consiste tout le commerce; il se fîaiit à l'aide des muletiers, qui rapportent
d'autres denrées des contrées voisines.
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i82 CHAPITRE I.
La population est de 619 habitants, dont une partie se loue à la journée
pour la culture des terres limitrophes.
BOSGOMARO ET TORRE Paponi composent une commune située au pied
d une montagne appelée FoUie, d où partent plusieurs petites collines toutes
plantées d arbres fruitiers, d'oliviers, de vignes, bois taillis, etc.
La paroisse de Boscomaro a un revenu de 55o francs; et celle de Torre a
65o francs de rente. Il y a un établissement de bienfeûsance à Boscomaro ,
dont le revenu est de 207 francs, *qu on distribue aux habitants le jour de la
Pentecôte.
Le territoire de la commune abonde en sources, qui, réunies, forment le
torrent de Saint- Laurent. Le sol est fertile et bien cultivé; les bestiaux
abondent, ce qui contribue beaucoup à lengrais des oliviers.
Le pays est heureux par son climat, et par labondance de ses produc-
tions ; il n est pas si sujet que les autres aux vers qui rongent les olives, et qui
sont un fléau pour lagriculture dans la Ligurie.
La population est de 522 habitants agriculteurs ou pasteurs.
Saint-Laurent est placé au bord de la mer, entre Saint-Étienne et Port-
Maurice. Le torrent qui passe dans cette vallée prend le nom du pays. La
production principale est ITiuile.
Le pays est exposé aux vents d*est et de sud*«ouest, qui desséchent les cam-
pagnes. Les habitants font un commerce considérable en comestibles, qu'ils
vont vendre dans le département des Alpes-Maritimes.
La paroisse a un revenu de 869 francs. La population est de 233 habitants
cultivateurs ou commerçants.
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TOPOGRAPHIE. i83
ARRONDISSEMENT DE SAVONE.
CANTON DE CAIRO.
Le canton de Gairo est situé sur le versant nord des Apennins. Il com-
prend les sources des deux Bormida, de Carcare, et d'Altare, et celle de FErro.
La partie qui est au midi renferme beaucoup de bois et de châtaig^niers ;
celle qui est au nord, étant déjà abaissée au-dessous des Apennins, ofire
des coteaux g^arnis de vignes, des plaines bien cultivées; mais le canton est
généralement pauvre, et Findustrie vient au secours des habitants : cette in-
dustrie consiste dans le travail des forges et des verreries. Les principales res-
sources du canton sont les châtaigniers, le bénéfice des bestiaux, et les pro-
duits de la vigne. Le canton est composé de territoires différents, dont les
uns dépendoient du gouvernement piémontais, les autres du gouvernement
ligurien.
La population est de 7,809 habitants.
Gairo, petite ville, entourée de murailles sans fossés, est située dans
le vallon de la Bormida , au pied d un rocher, oh Fon voit les décombres d un
ancien château. Un pont de sept arches établit une communication entre les
deux rives de la Bormida.
La plupart des maisons sont en briques ; les rues sont étroites, mais il y
existe une promenade, plantée d ormeaux, dune grande beauté.
La population est de 3,oio âmes, composant Spo familles.
Une partie des habitants occupe des villages ou hameaux très éloignés.
Gelui de Ferania est le plus considérable. Gelui de Montenotte a donné le
nom au département; c'est près de ce point que se trouve la redoute de Mon-
tenegino, où le géjiéral Rampon prêta un serment célèbre ; c est à Montenotte
que se livra la première bataille de la campagne de 1796. On y voit encore
les restes des redoutes où une poignée de Français soutint si long-temps
Feffort de Fennemi.
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i84 CHAPITRE I.
Le territoire de Cairo consiste principalement dans un bassin formé par
les versants de la Bormida ; il est environné de quelques coteaux garnis en vi-
gnobles, et de montagnes couvertes de bois taillis et de quelques forêts de
hêtres. Le climat est assez sain, mais il est exposé aux orages et à la grêle; les
neiges y sont quelquefois abondantes, mais elles durent peu, parceque les
dégels proviennent toujours des vents de mer.
Faute d argent et dactivité, la culture n a fait jusqu'à présent que peu de
progrès. La défense de l'exportation des grains et des bestiaux, renouvelée
souvent par lancien gouvernement de Turin, n a pas peu contribué à y ra-
lentir Findustrie agricole ; ces entraves furent levées lors de la réunion de la
Ligurie à la France. La route qui vient d'être établie de Savone à Cairo doit
encourager au travail les habitants, dont l'existence deviendra beaucoup
plus heureuse ; l'industrie saura désormais profiter des eaux de la Bormida
pour former des prairies, et nourrir des bestiaux nécessaires à la consomma-
tion de Savone; le transport des bois de construction sera facilité; le com-
merce des forges doit devenir plus actif, et cette commune doit prendre un
nouvel essor.
On trouve à Cairo une seule paroisse, deux confréries, vingt chapelles,
un hôpital, et un bureau de bienfaisance, doté par M. Scarampi; enfin une
école primaire.
La tradition fait remonter très haut la fondation de Cairo. On suppose
que cette ville a pris une part considérable dans les guerres des Liguriens
et des Insubres contre les Romains; que depuis, les Goths et les Sarrasins
s y sont établis, et qu'ils ont construit à Montenotte les châteaux Castelfogo-
rato et Castellazzo, dont on voit encore quelques décombres. Quelques
écrivains ont appelé ce point Regia linguarum; ce nom désigne différents
villages situés au pied des Apennins, et paroît prouver que Cairo étoit chef-
lieu de quelques communes des environs.
Ce pays est compris dans la prétendue donation faite à Alérame, pre-
mier marquis de Montferrat, par l'empereur Othon, le 23 mars 967. Dans
l'an 121.45 1® ^5 juillet, Othon et Hugnon Carretti, seigneurs de Cairo, se
donnèrent à Gênes. En 14195 ce pays revint de nouveau aux ducs de Mont-
ferrat, qui le perdirent en 1434.
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TOPOGRAPHIE. i85
Une partie revint à Victor Amédée par le traité de i^oS. Les ducs de
Savoie en restèrent les maîtres par le traité de Vienne de ij3S. Les Carretti
avoient cédé l'investiture des droits seigneuriaux au marquis de Saluzzo
en i322 j celui-ci les remit aux frères Scarampi en i349- Le marquis d'Aix
leur, succéda en 1747-
Les affaires de la commune étoient confiées à un syndic et à douze con-
seillers : le premier ne restoit en charge qu'un an ; il étoit administrateur des
deniers de la commune, et rendoit compte de sa gestion à deux. commis-
saires du conseil , et ensuite à l'intendant de la province.
Le juge étoit nommé par le seigneur, et confirmé dans ses fonctions par
le sénat; il jugeoit en premier ressort pour le civil. Le roi de Sardaigne en-
tretenoit à Gairo deux compagnies de troupes de ligne et un officier de l'état-
major avec le titre de commandant. Cette commune faisoit partie de l'inten-
dance d'Acqui. Il existe à Ferania, près de Gairo, une inscription antique.
(Voyez histoire et administration, chap. 3.)
Gargare renferme 777 individus composant i55 familles. Ce pays, autre-
fois ligurien, est traversé par la Bormida. La température est à peu près la
même que celle de Gairo; l'exposition est meilleure et plus salubre. Les
collines environnantes sont assez bien cultivées, quoique le terrain soit
sablonneux et peu fertile. Les productions du pays consistent en froment,
en blé de mars, châtaignes, vin, et fourrage. La récolte suffit à peu près
pour la consommation. On y cultive le chanvre; les mûriers y sont d'un
revenu considérable. Le commerce y est actif et s'accroît journellement
depuis l'ouverture de la route de Savone, qui se divise sur ce point, et con-
duit d'une.part dans le Montferrat, et de l'autre dans le Piémont.
Il existe à Carcare un collège où l'on compte actuellement seize pen-
sionnaires seulement. Il fut fondé en 1621, au moyen d'une donation faite
par le sieur Castellani. Six élèves de cette commune dévoient être élevés à
Rome, et quatre filles dévoient être dotées sur les revenus de la fondation;
mais ces revenus ne rentrent plus depuis que la banque de Rome a suspendu
ses paiements, et qu'il n'est plus permis d'envoyer des enfants dans des col-
lèges étrangers. H y a une église, trois chapelles, et un hôpital dont les
revenus sont de 240 francs.
24
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i86 CHAPITRE I.
Il est fait mention de ce pays dans un diplôme de Tempereur Othon, en
faveur de Tévèque de Savone, en Fan 998. Le marquis Boniface^ petit-fils
d'Alérame, marquis de Montferrat, en étoit possesseur, comme om peut le
voir par la cession qull fit du pays deBiestro en 1 1 1 1 ; enfin, Carcare, Cofr-
seria et Millesimo firent partie du patrimoine des frères Garretti, niMnquts
de Savoxke, comme il résulte d'iun acte de 1276. L'histoire de Carcare est
toujours liée à celle du marquisat de Finale dont il faisoit partie*
Les rois d'Espagne, la maison d'Autricbe, et la république de Gènes., ont
été successivement les maîtres de ce pays. Avant la réunion de /la Ligorie,
il y avoit un juge dont la juridiction comprenoit les pays d'Qxilia, de Bor-
mida, et de Pallare. Sa compétence n'étoit bornée qu en matière criminelle,
et ressortoit du gouvernement de Finale. L'administration de Timérieur
appartenoità lan syndic et à un cons^ général.
Carcare a été pendant quelques jours le quartî»*- général de Farmée
française d'Italie à l'ouverture de la campagne en 1 796.
Alt ARE, pays piémontais, situé immédiatement au pied des Apennins, à
la hauteur de Savone, dans un vallon fort étroit, possède un territoire très
borné. Le climat est humide et insalubre, les fiévipes tierces y sont fré-
quentes.
Les productions consistent principalement ^en châtaignes, en blé, seigle,
et légumes; la commune a en onire quelques droits de pâturages contestés
sur le territoire de*Cairo et de la Gonsevola.
L'industrie vient au secours des habitants. On compte plusieurs fours à
verreries qui fournissent environ 4000 quîntaux de verre. Gent vingt ou-
vriers s'emploient à cette fabrioadon pendant cinq ou «rx mots de l'année
et émigrent ensvite pour aller travailler dans les dîflPérevies partiesxle l'Italie,
d'où ils apportent quelque arg^it et une aménité de mœurs très remaiv
quable dans un paysisolé, et d'ailleiu*s presque sauvage. Gette manufacture
a ^té protégée par les rois de Sardatgue; elle avoit des statuts particuliers
qui prescri voient le retour des ouvriers dans une certaine saison, sous peine
de confiscation de biens. Les verriers avoient un consulat séparé, etformoient
une espèce de noblesse. On traitera plus au long ce sv^et dans le chapitre re-
latif à l'industrie.
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TOPOGRAPHIE. 187
On troiiTe du charbcm fossile dans le territoire de cette comimioe) et il y
existe nue source d eau minérale sulfureuse que Ion croit utile dans les ma^
ladies pulmonaires.
Ses établissements consistent dans trois chapelles, une paroisse et une con-
frérie dont le chapelain a la charge d'apprendre à lire et à écrire aux enfents.
Le iMiFeau de bienfaisance administre un leg» chargé de ta dotation de deux
filles chaque année* Les fours à verreries sont au nombre de six.
Cette commune faisoit partie du patrimmne des marquis de Garretto. On
prétend que le village a été bâti vers Tan 1000 de Tère chrétienne, et que les
manufectures de verreries sy établirent vers ta même époque. U existoit
jadis un château bâti par les marquis de Garretto, et qui a été démoli
récemment.
Âltare appartenoit au roi de Sardaigne, qui y entretenoit un juge qui dé-
cidoit en premier ressort, pour le civil, et sans appel pour la police correc*-
tionndle. L'administration intérieure étoit gérée par un syndic, cinq conseil-
lers, et un secrétaire. La population consiste en 1^162 habitants formant deux
cent vingt-quatre familles.
Mallâre, petite commune, est placée à la chute des Apennins, dans une
vallée froide et sombre*, son territoire est étendu , mais peu fertile, et suscep-
tible d'une meilleure culture : f air y est peu salubre. Le principal produit
consiste dans les châtaignes^ le blé, les légumes, et particulièrement le chan-
vre. On augmenteroit ainguHèrement les ressources du pays en grefësint
les châtaigniers sauvages qui couvrent les sommités, et qui sont d'un très
petit produit. L'industrie vient au secours des habimnts. U existe trois forges
dans ce territoire.
On n'a point de données certaines sur lliisloire de œ pays. Il faisoit partie
du patrimoine des marquis de Garretto, qui le tenoient de l'empire. Un d'eux
en fut dépossédé par jugement, et le fief passa ensuite entre les mains des
Marini Gavotti et Gataneo, nobles Génois. Il revint ensuite à la maison
de Sardaigne qui en céda les droits seigneuriaux à la maison Donandi de
Turin.
De cette commune dépend le hameau de Formelli, où l'on voit une église
érigée ei^prieuré en 1179, par Henri de Garetto, marquis de Savone. Il
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i88 CHAPITRE I.
y existoi t un hôpital où dévoient être nourris , traités, et habillés douze pauvres
malades. Les revenus de cet hôpital étoient assez considérables. Le prieuré
ayant été réduit à une abbaye simple, Fhôpital ne subsista plus, mais on
songe à le rétablir.^ Il y a aussi une petite école et un legs pour les filles à
marier. Sa population est de i , 1 5 1 individus formant deux cent huit familles.
BORMIDA, pays agricole , dans une vallée profonde, au pied de la montagne
de Settepani, point élevé de la chaîne des Apennins, est partagée en quatre
bourgades, dont la paroisse, placée sur une petite éminence, forme le centre.
Le territoire est étendu, mais peu fertile; il abonde en pâturages et en
bois. Le climat y est rude; mais lair y est salubre. Le principal produit con-
siste dans les châtaignes; on récolte aussi des légumes et du blé. Cette
commune est une des mieux cultivées.
Bormida' n'étoit autrefdis quun hameau d'Oxiglia; ce nest que depuis
peu qu'elle s est accrue au point de former une commune séparée. Ses eaux
abondantes y ont fait établir trois forges qui- maintiennent lactivité des ha-
bitants. Les propriétaires y résident eux-mêmes, et jouissent de beaucoup
d aisance. Le pays j^articipoit des privilèges du marquisat de Finale dont il
faisoit partie, et payoit peu d'impôts : ce sont probablement les causes de son
accroissement.
Il existe dans la commune une petite école primaire, soutenue par un
ancien legs, une confrérie, trois chapelles, et une paroisse. Le bureau de
bienfaisance administre un legs pour les filles à marier.
La route que fit tracer Philippe V, roi d'Espagne, pour aller de Finale dans
le Montferrat passoit par cette commune.
Sa population est de 703 individus formant i53 familles.
Pallare est divisé en neuf petits hameaux. La principale production du
territoire consiste dans les châtaignes. Les bois communaux sont vastes,
mais ils ont été ruinés dans ces dernières guerres; ils fournissoient avant des
bois de construction. Le climat est moins rude que celui de Bormida, mais
également sombre. Son territoire en plaine seroit assez fertile, s'il n'étoit
dévasté par les inondations de la Bormida, qui roule sur ce point beaucoup
de sables et de graviers. Ce qu'épargne le torrent est le terrain le mieux
cultivé du canton, il produit du blé e^ des légumes. Une forge l^oute aux
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TOPOGRAPHIE. 18^,
ressources des habitants, qui sont en général peu industrieux, et peu tra-
vailleurs.
Pallare feisoit partie du patrimoine des Carretti et du marquisat de Finale.
L'administration y étoit la même qu'à Carcare, dont cette commune dépen-
doit pour la justice. Il existe une paroisse, une confrérie, et une chapelle.
Les habitants avoient le droit de placer leurs malades à Thôpital de Formelli;
ils avoient aussi quelques droits sur les établissements de Garcare.
La population est de 5o6 individus composant cent neuf familles.
CANTON DE FINALE.
Le canton de Finale se compose de huit communes divisées en quatorze
paroisses; il renferme trois vallées où coulent des torrents, dont deux se
réunissent au-dessous de Finale-Bourg; l'autre se jette à la mer, près de Pia.
Le canton est riche en sources que les anciens seigneurs ont ménagées avec
soin dans les canaux, soit pour alimenter des papeteries, des fabriques de
tabac, et des moulins, soit pour l'irrigation de beaux jardins potagers qui
fournissent des légumes à une partie du Piémont et de la rivière de Gênes.
Le canton de Finale est remarquable dans la Ligurie par l'aménité des
mœurs et l'instruction de ses habitants, par la perfection de la culture de
son territoire, enfin par son commerce et son industrie. On y comptoit, il y
a peu de temps, une fabrique de cristaux, vingt fabriques de cartes à jouer,
quatre de papiers, des métiers pour les toiles médiocres, un chantier pour
les constructions navales; enfin il s'y faisoit un commerce considérable,
notamment pour l'entretien-de quatorze forges toutes possédées par les pro-
priétaires du pays.
La jonction des torrents, aux environs de Finale, à lieu dans une plaine
divisée en jardins très riants; le reste du pays est montueux, mais l'art a
tout fait pour rendre ce terrain fertile; la vigne et l'olivier sont soutenus par
des murailles en terrasses dans toutes les collines susceptibles de culture.
Les terres sont fertilisées par des engrais abondants et un fréquent travail à
la bêche. Le jardinage couvre le sol toute l'année, et, à force de soins, les
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I90 CHAPITRE I.
diffi^ents fruits se succédant les uns aux antres sans interruption. Les prin^
cipaux produits consistent en huiles, vins, légumes excellents, chanvre et
herbages, oranges et fruits de toute espèce. La culture de ce pays est
presque parfaite, et l'industrie ajoute encore aux ressources des habitants.
La moitié du territoire environ, située au nord-^est, n est point cultivée,
maîsetie est couverte de forêts qui fournissent du bois de construction, du
charbon, et deis pâturages. La population du canton est de 9,61 2 individus.
Finale, chef-lieu de ce canton, a été autrefois le siège d'an marquisat con-
sidérable, qui comprenoit, outre les communes qui composent aujourd'hui
son ressort, quatre communes du canton de la Pietra, trois de celui de Noli;
enfin les communes de Carcare, Pallare, Oxiglia, Calliss&no, et Massimino
par-delà les Apennins.
La population de Finale monte à i^G^^j individus. La commune est divisée
en deux bourgs principaux et quelques hameaux. Les deux bourgs sont sé-
parés par un intervalle d une demi-heue; il règne entre eux une grande ri-
valité qui se manifeste dans toutes les occa^ons où il s'agit de traiter des in-
térêts particuKers de chaque bourgade; mais les divisions cessent dès qu'il
s'agit d'un intérêt commun.
Les deux bourgs sont environnés de beaux jardins et de belles plantations
d'oliviers et d'orangers, qui acquièrent un développement prodigieux;
quelques orangers portent jusqu'à huit mille oranges.
Les bourgs de Finale renferment trois paroisses, dont les égUses sont ma«-
gnîfiques. Le traitement des curés est d'environ 1,000 à 1,200 francs. Les
revenus des fabriques montent à 6,000 francs. Il y a en outre deux hosfHCes
qui ont un revenu de 10,000 francs, deux collèges rentes de 4,000 francs,
deux oraîtoires dotés. En général les bâtiments destinés au public et les di--
vers établissements ont de la grandeur. La rivaUté qui existe entre tes
deux parties de la commune y a contribué. Les maisons des particuliers sont
également vastes et belles. Il existe un grand nombre de personnes riches^
instruites, et qui cultivent avec succès les arts d'agrément.
Finale, eu latin Finarium, est très ancienne, et tire son nom de la bonté
de l'air qu'on y respire; elle est bâtie sur les ruines de l'ancienne Palupice;
elle passa sifus la domination de la maison de Carretto en 1280. La domina-
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TOPOGRAPHIE. 191
tioD de celte famille qui s'étendoit siir Savone, le marquisat de Finale, et la
vallée du Tanaro, dura jusqu'au marquis Alphonse qui fut chassé par ses
sujets à cause de sa tyrannie. André Sfbrce, k dernier de cette branche,
céda ses droits à Philippe II, roi d'Espagne.
La résidence des jnarquis de GarreUo étoit située dans le village d'Orco;
ils bâtirent le château de Gavone dans le treizième siècle. Cette &mille étoit
souvent en guerre avec les Génois, et défendoit Tindépendance des pays qui
étoient sons ses ordres. Les Gé&ois s emparèrent dun^ partie du territoire,
et s y bâtirent le château de Gastel-Franco, que Ton voit encore. En 1447?
Finale-Bourg fîit bloquée par eux; en 1449? le château GavoiOie fui; pris, et
la république de Gènes s empara du marquisat. En i45o, Finale-Marine
commença à être bâtie.
La famille de Carretto, aidée du secours des marquis de MoiitferTat et du
roi de France, reprit ses anciennes pcissessions, fit chassa les Génois en 1^52.
Les macquis continuèrent à posséder tranqwUememt Finale jus<{ui la
moitié du seizième siècle. Ge fut à cette époque quA^honse^ donc la
tyrannie révolta le peuple, iut chassé, il se ferma après cette révolution
une assemblée composée d'un député de chaque commune, sous le nom de
députation du marquisat : elle étoit chargée du gouvernement, qui s est sou-
tenu dans les mêmes formes jusqu à ces derniers temps., quoique le mar-
quisat eût passé sous plusieurs dominations difféMntes. La députation dé-
clara Alphonse déchu de tous sesdrmts. Ce seigneur, n ayant pu ri^n obtenir
de la cour de Vienne, céda ses prétentions au roi d'Espagne en 1591. Cette
puissance trouvoit un grand avantage dans la possession de Finale qui
facilitoit ses relations avec le Milanais : elle ia conserva jusqu'au commen-
cement du seizième siècle, ^oque à laquelle ce pays^ déjà réuni au duché
de Milan, passa entre les mains de Tempereur.
Enfin, en Tan 171 3, le marquisat fut v^endu par rem^ereur à la répu-
blique de Gènes; la république en est restée paisible possesseur jusqu'au
moment de la réunion , sauf les querelles qui s élevoient de temps à autre
entre les Génois et les Finalois , pour la conservation de leurs intérêts et
privilèges. La plus considérable date de 1784 ; tout le pays s'insurgea, et la
république de Gènes ne put parvenir à y étabhr Tordre. Le procès fut alors
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Ï92 CHAPITRE I.
ag^ité au conseil aulique, qui ordonna aux Génois de renoncer aux inno-
vations, et aux Finalois de rentrer dans le devoir.
Les privilèges de ce petit gouvernement consistoient dans la nomination
de syndics, qui représentoient toute la province. Un conseil composé des
consuls de toutes les communes recevoit leurs comptes à la fin de Tannée, et
délibéroit sur les besoins 4^ petit état. Les afiaires d*une grande impor-
tance et les contributions extraprdinaires se portoient devant un conseil
général composé des chefs de famille, sans distinction de rang et de fortune.
Les syndics nommoient leurs successeurs, moyennant une liste double, dont
Tune devoit être approuvée par le gouvernement, qui représentoit le sou-
verain depuis Fabsence des marquis. Us nommoient aussi les censeurs chargés
de la répartition des impôts. Le souverain exerçoit la pohce, et avoit la sur-
veillance générale, sans toutefois pouvoir destituer ou suspendre les ma-
gistrats ; il n avoit aucune autorité sur les finances et l'économie du marquisat ^
la justice criminelle lui appartenoit; un juge envoyé par la république pro-
nonçoit sur les matières civiles, excepté dans les procès entre communes
qui étoient portés par devant le gouvememenk
Ainsi le système administratif de Finale différoit de tous ceux de la
rivière de Gênes, en ce que les représentants des communes fixoient à
leur gré les dépenses sans Fintervention de la république.
VaRIGOTTI, situé à une demi-lieue à Fest de Finale, est composé de divers
quartiers fbrt éloignés les uns des autres; sa population est de ^yo individus,
qui sont pêcheurs ou cultivateurs. Les productions consistent dans Fhuile ;
les oliviers sont les plus beaux et les plus fertiles du canton; les jardins
produisent des légumes de toute espèce; la pêche forme aussi Fune dps
ressources du pays : la principale pêche est celle des anchois. Les habitants
sont industrieux ; presque tous vont exercer divers métiers en Espagne , et
ils en rapportent beaucoup d argent ; ils entretiennent un assez grand nombre
de bestiaux conduits par des bergers qui habitent dans la montagne pendant
toute Fan née. Cette commune renferme des particuliers fbrt riches, et qui
pourroient tenir rang dans des villes considérables; mais ils sont fbrt atta-
chés à leur pays natal.
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TOPOGRAPHIE. 193
L'église paroissiale est bien bâtie, comme celles de tous les villages du
littoral. Le curé a un revenu de 1 3oo francs.
CalvisIO et VerzI; le premier, peuplé de 4^0 habitants; le second, de
96 seulement, forment une petite commune située au nord de Finale; elle
est fertile en oliviers, en vin , et en légumes. Galvisio possède trois papeteries ;
cette commune a deux paroisses; le revenu de chacune est de 5oo francs.
Les fabriques ont 3oo francs de rente. La commune renferme 546 habitants.
Orco, commune de 336 habitants, située au nord de Finale, renferme
deux quartiers, lun placé sur le sommet dune montagne, lautre au fond
d une vallée s le climat est froid et le sol peu fertile. Les productions con-
sistent dans le vin , les légumes , et les châtaignes. Le pays est généralement
pauvre, et ses produits ne suffisent pas à la nourriture des habitants. Les
femmes sont industrieuses; elles vendent à la ville du bois et du fromage de
brebis. Ce petit village a été, ainsi que nous lavons dit, la première rési-
dence des marquis de Finale ; on y voit encore les restes du château. La
fabrique de la paroisse n a que 5o francs de r^te; le curé jouit d un revenu
fixe de 4oo francs.
Perti, petit village auprès de Finale-Bourg, situé sur le penchant d une
colline, contient S28 habitants, tous cultivateurs. Le. territoire de ce vil-
lage, qui occupe le penchant d une montagne et une partie des deux vallées
qui aboutissent à Finale, est très productif en vin, en JFruits, en légumes de
toute espèce ; on y voit plusieurs jardins où 1 on récolte beaucoup de chanvre.
On y emploie utilement le^ eaux qui arrosent le territoire : elles font mou-
voir plusieurs moulins à huile et à blé ; on y remarque les ruines pittoresques
du château Gavone. Le revenu du curé n'est que de 100 francs, celui de la
fabrique, de 200 francs.
Calice, Montigello, et GarBUTA, forment une seule commune qui con-
tient 1691 habitants, tous cultivateurs; ses productions consistent, pour
Galice, en vin, légumes, et sur-tout en pommes dites de Saint-Gharles; pour
Monticello, en huile, vin, jardinage, chanvre, et oranges; pour Garbuta, en
vin, légumes, et fruits. Il y a, dans cette commune, un bois de chênes qui
a été dévasté dans les dernières guerres; on y voit les restes dune ancienne
fabrique de poudre à canon : elle est aujourd'hui abandonnée.
25
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194 CHAPITRE I.
Cette commune renferme trois paroisses; le curé de Calice a 2600 francs
de rente, et la fabrique 5oo; celui de Carbuta en possède 600, et la &brique
3oo; celui de Moaticello 400, et la &brique 60 francs.
FëGLINO est situié au fond de la vallée quon appelle Lego; son territoire
reàferme une petite jJaine et des montagnes dont la [nincipale s'étend au
nord jusqu'au col de Saint-Jacques, point militaire important et »çnalé par
plusieurs combats. Le territoire est en partie couvert de forêts qui four-
nissent du bois de chauffîige que les habitants transportent au littoral. Les
principales productions de ce pays consistent en vin, blé, légumes, pommes
de SaintrCbarles, et fruits de toute espèce. Les oliviers y sont en petit nombre
et peu fertiles. On trouve dans ce village un moulin à soie et nombre de
bassines à filer les cocons.
La population est de 601 habitants, presque tous cultivateurs. Le curé
a 4oo francs de rente, et la fabrique 35o.
VëNE et RiALTO forment une commune de 708 habitants, tous cultiva-
teurs. Ces deux villages sont situés, lun au-Klessms de lautre, sur le penchant
des montagnes de Carbuta. On récolte un peu d'huile à Vene; mais généra-
lement ces deux villages, couverts par de hautes montagnes, ne fournissent
que du vin, des grains, des légumes, et des pommes de Saint«-Charles. Rialto
abonde en châtaignes. Il y existe en outre quelques gros pâturages oà les ha-
bitants entretiennent des vaches et des brebis qui donnent de bon lait; cette
ressource est assez importante pour le pays. Les femmes sont employées
à porter du bois de chauffage quelles vont vendre à la ville; le bénéfice
qu elles retirent de cet objet, ainsi que du laitage, leur est très utile pour
maintenir leur famille et leur procurer quelques secours. Cette observation
peut être généralisée pour toutes les communes de ce canton. Le curé de
Rialto a 4oo francs de rente, la fabrique en a i5o. Le curé de Vene ne jouit
que de 200 francs, et la fabrique de i$o francs.
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THE NEW YORK
PUBUC UBRARY
TllDEN FOUNrA-,ONS,
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TOPOGRAPHIE. 195
CANTON DE NOLI.
Le canton de Noli se troure renfermé entre deux chaînés de montagnes
qni se rattacbent aux Apennins, vers le c<J de SaintJacques, an-dessus de
Finale; elles aboutissent d une part au cap de Vado, et de lautré au cap de
Noli, où elles se terminent par un roc calcaire, coupé à pic à la hauteur d en-
viron 200 métrés. Ce canton renferftie une partie de versants du torrent de
Pia; il contient en outre deux autres vallées dont la plus fertile est celle de
Noli. La saillie du cap de Noli forme une rade sûre et abritée*
La population du canton est de 3,921 habitants. L'huile, le vin, ei le pro-
duit de la pèche, composent ses revenus : on y trouve aussi quelques terres
semées en blé ou légumes, quelques châtaigniers, et enfin des jardins peu
susceptibles d arrosage. Les communes qui forment te canton sont au nombre
de cinq.
Noli, petite ville maritime, feit remonter son origine avant l'ère chré-
tienne; eHe nétoit dans le principe qUun château bâti sur une montagne
appelée Monte-^Orsini; ott en voit encore les frétées. Labri favorable que for-
moit le cap de Noli au bas de la montagne dont nous venons de parler, en-
gagea les habitants à abandonner la sommité pour descendre sur la rade. La
ville devint bientôt commerçante, et Ton prétend qu elle tira son nom du
commerce de commission et du noiisage de ses vaisseaux. Les riches et
nobles étoiént en général propriétaires de navires, et ceux qui les possé-
doient avoient le droit de bâtir des tours; l'on en voit encore beaucoup dans
la ville actuelle; elles y ont été au nombre de soixante^ouze.
Cette petite vîHe aida les croisades du' secours dé sa marine; elle obtint des
privilèges di^roi Bohémond d'Antioche, en 1098, enfin de Tancréde et de
Beaudouin, rois de Jérusalem, Fan i loo; Vers ce temps son commerce étoit
considérable; mais elle eut bientôt à souffrir de ses démêlés avec la ville de
Gènes : elle racheta toutefois sa liberté des marquis de Carretto, vers 1 198,
et obtint des droits sur le territoire qui l'environne ; ils furent confirmés par
un dijJômede l'empereur Henri VI, daté de Tortonne, le 27 septembre 1 196.
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,96 CHAPITRE I.
A cette époque ce petit état se forma en république ; il se mit sous la protec-
tion de Gênes en 1202, mais en conservant toutefois une sorte d'indépen-
dance, qui a été depuis confirmée par divers actes, tant de la république que
de ceux qui ont dominé à Gênes, ou qui y ont été appelé^ pour apaiser les
guerres civiles. Un de ces derniers actes date de iSyô j la ville avoit en outre
son pavillon particulier, composé dun drapeau rouge avec une croix
blanche. Ce n'est qu'à l'époque de la dernière révolution de Gênes que cette
petite république a perdu ses droits. La difficulté de ses abords qui l'iso-
loient presque entièrement des villages du littoral a sans doute été la cause de
cette particularité extraordinaire. Voici quelle étoit la forme de son petit
gouvernement.
On avoit formé, vers la fin du onzième siècle, un statut municipal, par
lequel il étoit prescrit qu'un conseil s'assembleroit chaque année, le i3 dé-
cembre, pour élire ceux auxquels seroit dévolu le pouvoir. Il étoit confié
pour un an, soit à un bailli, soit à deux consuls, suivant les circonstances.
Sous les consuls étoit établie une magistrature composée de deux censeurs,
deux experts, et deux pères de la commune. On créa ensuite des magistrats
de santé publique et d'abondance. Ces magistrats n'exerçoient que pen-
dant quatre mois, et ne pouvoient être choisis que parmi vingt-quatre
familles des meilleures et des plus riches du pays.
Les consuls a voient le pouvoir judiciaire, tant au civil qu'au criminel. On
pouvoit appeler de leur jugement au conseil des jurisconsultes. L'appel à
Gênes étoit interdit sous peine d'une amende de 26 francs.
Les revenus publics se composoient de quelques droits établis sur le chef-
lieu, et des perceptions féodales que l'on prélevoit sur le territoire de Tosse.
Noii est le chef-lieu d'un évêché qui fut établi en i252 par le pape Inno-
cent IV. L'arrondissement *de ce diocèse fut formé d'un démembrement de
celui de Savone, et la mense épiscopale se composa des revenus de l'abbaye
des moines de Lerin, qui existoit alors dan§ l'île de Bergeggi. On en voit
encore les débris. •
Ces revenus se réduisent aujourd'hui à 2,5oo francs, depuis que la banque
de Rome et de Saint-Georges ont supprimé le paiement des rentes. Le cha-
pitre se compose de huit chanoines, dont le chef, qui est en même temps
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TOPOGRAPHIE. 197
, curé, jouit dun revenu de 600 francs. Les chanoines n'ont que 120 francs.
On ne compte entre les établissements publics qu'un hôpital civil qui a
une rente de 5oo francs, un bureau de bienfaisance qui administre quelques
secours aux indigents, et une œuvre pie, connue sous le nom dopera Sil-
vana, établie pour doter des filles de famille.
Il n'existe à Noli aucune antiquité précieuse. La métropole est un bâti-
ment gothique assez vaste qui ne présente rien de remarquable. La rade offre
un abri assez sûr aux vaisseaux dans les temps ordinaires, mais dans les tem-
pêtes et les vents de traverse les bâtiments vont mouiller à Vado.
L'aspect de la ville, qui renferme beaucoup de tours extrêmement élevées,
est assez pittoresque. L'escarpement des rochers, qui terminent à l'est et à
l'ouest le territoire de ce canton, interdit à Noli toute communication avec
les cantons voisins; aussi le commerce y est-il peu considérable. Une grande
partie de la population s'adonne à la pêche et au cabotage, l'autre à la
culture.
La ville se compose de 25o familles qui forment 1,090 habitants. La com-
mune renfferme en outre les paroisses de Vozze et de Tosse, dont la première
contient 3oo habitants , et la deuxième 2 1 4« Les curés qui les desservent
n'ont que i5o francs de rente. Population totale 1,604.
SpotoRNO est la commune la plus considérable du canton, et étoit la plus
commerçante avant l'époque de la guerre maritime. Ses bâtiments font le
négoce du vin d'Espagne et des provinces méridionales de France.
Sa population est de i,365 habitants, dont la plupart sont marins. La
marine est la principale ressource de la commune dont le territoire produit
cependant de l'huile de bonne qualité. Les femmes de Spotorno sont labo-
rieuses et adroites: une grande partie s'occupe à recueillir dans les montagnes
des fagots qu'elles transportent sur leur tête jusqu'au bord de I4 mer, d'où ils
sont portés par des bateaux à Savone, et à Albissola, pour le service des ma-
nufactures.
Le territoire de Spotorno n'est point parfaitement cultivé; on pourroit y
faire de belles plantations d'oliviers.
La cure a environ 4oo francs de rente fixe.
BerGEGGI est bâtie sur le penchant d'une montagne dont la mer baigne le
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igS CHAPITRE I.
pied ; son territoire s élève en amphithéâtre sur le rivag^e. Le nomlM'e des ha-
bitants est de 320 ; la plupart étoient autrefois employés en quahté de marins
sur les galères de Gènes ; le reste s'occupe à cultiver la terre. Une grande par*
tie du territmre est désert et noffire que des rochers où croissent quelque»
broussailles. Les habitants y nourrissent des brebis dont k chair est sa<»
voureose.
Le territoire n ayant point de resso^irces suffisantes , l'industrie y supplée >
et les femmes sont occupées à filer du coton et de la laine qui leur est four*
nie par des négociants de Gènes.
L'église de Bergeggi est bien bâtie. Le euré a 36o francs de rente.
L'aspect de Bergeggi, doimnée par son église, et entourée de beaux oliviers,
offre de la mer un spectacle très pittoresque. Au bas de la cc^line où elle est
située, ois^ tronve une grotte remarquable par son étendue et les stalactite»
quelle renferme; en fiKîe de la grotte, est une petite île où esistoit autrefois
le monastère des moines de Lerin.
MaGNONE est composé de deux paroisses qui se trouvent dans les mon-
ta^gnes; celle du chef-Keu renferme 260 habitants, celle de Portio i43;
ills sont tous agriculteurs. Le territoire produit du vin et de Fhuile d^une
qualité médiocre, mais sur-tout des châtaignes, des légumes, et des fruits.
La reçoive ne suffit point aux besoins des familles; les femmes ^occupent
à coQ^r du bois, et à le transporter à Noli pour le service des manufac-
tures de Savone; Le bénéfice de cette industrie est employé au paiement des
impôts, à Kaehat d«i self, et autres provisions de ménage. Le revenu des
deux cures ne s'élève pointa 2*50 francs pour chacune.
Vezzi, à un mille au nord de Magnone, limite le territoire du* canton.
U se compose de deux viHages, Veauâ-Saint-Georges qui compte 889 habi-
tants, et yezzi-Sainl>-Philippeqpi en compte 1 20. Le climat est un peu froid,
et l'on y voit peu d'oliviers. La récoite principale consiste en vin d'une na-
ture médiocre, en châtaignes, en légumes de toute espèce; on y recueille
des pommes en assez grande quantité. Tous les habitants s'adonnent à Fagri-
oulture; les femmes s'occupent du transport et de la coupe des bois, comme
à Magnone. La cure de Saint-Georges a une rente de 5oo francs, celle de
Saint-Philippe une dé 200.
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TOPOGRAPHIE. 19g
CANTON DE LA PIETRA.
Le canton de la Pietra est situé sur le penchant méridional des Apeniiing.
Trois des communes qui le composent se trouvent sur le bord de la mer^ les
autres sont situées dans des montagnes escarpées et sauvages* Les vallées de
Loano et Pietra sont les plus fertiles du canton* Les montagnes de Saint-
Esprit, en s 'inclinant vers la m^r, forment une chaîne de collines très bien
cultivées en oliviers et en vignes, au pied de laquelle se trouve Loano , dans
une position délicieuse.
Le sol est généralement pierreux et aride dans les montagnes, arigileux et
fertile dansja plaine; au nord, il est couvert d arbres de constructî<» navale,
Imtérieur du canton est planté d oliviers , de vignes, et orné de champs, prés,
et jardins. La culture, qui est soignée vers le Uttoral, rapporte considérable-
ment en huile, vins, et fruits de toute espèce.
Le commerce est très actif en temps de paix maritime-, les communes de
Loano et Pietra emploient un grand nombre de bâtiments propres au grand
et au petit cabotage. L'industrie consiste en manufactures de savon, et de
vermicelle, et en fabriques de dentelles nmres ; on y vend aussi du charbon
de bois.
Le climat varie selon les élévations du sol; il est chaud ven la mer; la
neige séjourne environ six mois sur le Monte-Calvo, qui est le point le plus
élevé.
La population est de 1 1,444 habitants, agrîcditeurs, marins, ou négo-
ciants.
L'histoire fournit peu de notions sur les coBMnunes de ce canton ; les dé*»
bris des châteaux annoncent quelque antiquité^ mais il n y a rien de positif
sur leur construction, que Ion fait remonter au dixième siècle.
Les communes qui composât le canton, ont appartenu à la répubhque
de Gènes, aux évéques d'Albenga, à la maison de Savoie, et au marquisat de
Finale.
Pietra est située au pied d une montagne, dans une joUe plaine qui s'é*
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200 CHAPITRE I.
tend jusqu'à la mer. La paroisse a 5oo francs de revenu; le bureau de bien-
faisance 254 francs, et Fhospice 547 fr^^^cs.
Le sol est généralement pierreux ou argileux; sa contenance est de 4^4
hectares, dont 325 en oliviers, vignes, prés, et champs; 27 en bois; 4^ en
pâturages; i5 en bruyères; 54 en rochers nus, terres en friche, chemins,
maisons, torrents, etc. Il produit de Thuile, du vin, des fruits, du jardinage.
Le commerce consiste principalement en blé et vins. La population est de
2, 1 1 1 habitants agriculteurs, négociants , ou marins.
Ce village s'est embelli depuis quelques années; plusieurs bâtiments y ont
été construits sur de bons plans, et attestent laisancc des propriétaires.
En 1260, le marquis de Savone vendit la commune de Pietra à Tévêque
d'Albenga; mais le pape Urbain VI en dépouilla cet évéché pour la céder
à la république de Gènes, avec beaucoup d'autres communes, afin de s'ac-
quitter des dettes qu'il avoit contractées envers cette république. Il n'existe
pas d autres notions sur ce pays.
LOANO est situé sur le bord de la mer, dans une belle plaine. Sa paroisse
a 1 , 1 1 3 francs de revenu ; un hospice est doté de 8 1 4 francs ; l'œuvre de bien-
faisance Richerî a 2 1 8 francs de rente, pour distribution de pain aux pauvres
et pour célébration de messes.
Le sol est assez fertile ; les productions sont les mêmes que ci-dessus.
Les habitants sont en général très actife ; les hommes s'occupent du com*
merce en grand; les femmes, du ménage; elles fabriquent des dentelles
noires, que Ton envoie en Espagne ou dans la Romagne. La population est
de 2,767 habitants agriculteurs, négociants, marins, ou artisans.
Le village étoit anciennement situé au Poggi ; le commerce maritime excita
les habitants à s'établir au bord de la mer. Les bénédictins ont possédé ce
pays pendant long-temps ; puis la famille Doria ; ensuite les Fieschi, maîtres
de Torriglia et de la Lunigiana, l'eurent en leur pouvoir jusqu'en i547. A
cette époque, les seigneurs de Lunigiana ayant été bannis à cause d'une con-
spiration contre l'empereur et la république de Gênes, l'empereur Charles V
donna cette commune à son amiral André Doria, prince de Melfi. En 1786,
l'empereur Charles VI, en vertu des préliminaires de paix conclus avec le
roi de France, accorda la juridiction de cette commune au roi de Sardaigne,
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TOPOGRAPHIE. - 201
à titre de fief impérial secondaire. Alors la maison Doria en reçut l'investi-
ture du roi de Sardaigne. En 1770, les constitutions du Piémont y furent
publiées, et dès lors les consuls de Loano cessèrent de juger en première, in-
stance dans les procès civils. Ce pays fiit réuni à la France en 1802 ; et de-
puis 1806, Loano faisoit partie du canton de la Pietra.
Verzi, petite commune composée de plusieurs bourgades, a une paroisse
dotée de 676 francs de revenu. La population est de 366 habitants agricul-
teurs , ou pasteurs.
BOISSANO est situé dans la plaine; sa paroisse a 480 francs de revenus. Ses
productions consistent en huile, vin, blé, châtaignes, légumes, fruits,
fourrages, etc.; ses pâturages sont très abondants. La population est de 432
habitants agriculteurs ou pasteurs.
TOIRANO se trouve dans une belle plaine, environnée de hautes monta-
gnes. Sa paroisse a 291 francs de revenu ; son hospice 1,067 francs ; l'instruc-
tion publique y possède un revenu de 284 francs; et son bureau de bienfai-
sance est doté de 763 francs.
Le sol est fertile; il produit de l'huile, du vin, du blé, des fruits, du
jardinage; c est le meilleur pays du canton.
Il s y fait un commerce de transport qui emploie cent mulets.
La population est de 1,1 65 habitants.
BaleSTRINO et Carpe composent une commune. Le pays est très froid en
hiver à cause de la neige qui couvre Montecalvo pendant six mois de Tannée.
La paroisse de Balestrino a 4oo francs de revenu, celle de Carpe 260 francs,
n y a un hospice doté de 200 francs de rente, et un bureau de bienfai-
sance de 1 20 francs.
Le sol n'est pas fertile, néanmoins il produit de l'huile, du vin; il abonde
en bois de chauffage, et de construction, qu'on transporte à la Pietra, et à
Loano. La population est de 696 habitants, presque tous occupés de l'agri-
culture, de la coupe ou du transport des bois.
Ranzi estsitué sur le penchant d'une colline. Sa cure est dotée de 285 francs;
le bureau de bienfaisance n'a que 20 francs de revenu pour secours à domi-
cile ; il existe aussi un legs de a5o francs pour l'instruction publique, et pour
célébration de messes.
26
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2oii CHAPITRE L
Le sol est ingrat et stérile. La population est de 233 habitants, la plupart
agriculteurs:
GlUSTENIGE est composé de différent» hameaux, épars sur des rochers, et
dans des collines. La paroisse a 38o francs de revenu. Le sol est maigre et
pierreux* Une partie est couverte de pâturages, l'autre est couverte de bois.
Le bétail est abondant, et fournit dexcdllent laitage. La population est de
660 habitants, partie agriculteurs ou pasteurs, partie employés à la coupe et
au transport du bois.
TOVO est composée de deux bourgades, dont lune se trouve en plaine ,
l'autre sur le penchant d'une montagne. Sa paroisse a 400 francs de revenu.
Le bureau de bienfaisance n'a que 16 francs de rente.
Le sol est médiocrement fertile en oliviers. Sa population est de 710 ha-
bitants, presque tous agriculteurs, ou pasteurs.
BarDINO-VECGHIO est composé de quatre bourgades. La paroisse a 270 fr.
de revenu. Le sol est pierreux, mais très bien cultivé. On y voit de tous côtés
des murailles qui soutiennent des vignobles, des oliviers, et des terres labou-
rables. Le bétail est abondant, et le laitage sufRt aux besoins du pays. La
population est de 320 habitants, tous agriculteurs.
Bardino-Ndovo a une paroisse qui a 208 francs de revenu. Le sol est pier-
reux -, mais il est aussi bien cultivé , et produit fes mêmes denrée» que Bardino-
Vecchio. La population est de 44 1 habitants, presque tousr agriculteurs.
MAGLIOLOauneparoisse dotée de ï66 francs de revenu. Le sol, queiquemon^
tagneux, produit du blé, du vin, des châtaignes; Je» pâturages y sont abon-
dants , ainsi que le bois, dont une partie est mise en charbon , tandis que l'autre
sert aux constructions navales. Il y a une forge dans le pays. La population
est de 45o habitants, tous industrieux: il s'occupent de l'agriculture, de la
coupe du bois, et de la fabrication ducharbo».
BORGIO, situé au pied' d'une montagne, vers la mer, a une paroisse èemt
le revenu est de 320 francs. Son soî en plaine est bien abrité et fenile : il fwo-
duit beaucoup dTiuîfe, devin, et de jaixfinage. Lapopulationesldte 30i habi-
tants, tous agriculteurs.
VïaiREZZt, situé sur la montagne du Caprozoppa, a une paroisseqm a'324 fr-
de revenu, et un établissement de bienfaisance doté de 1,0 1 1 francs de rente
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TOPOGRAPHIE. ao3
pour des secours à domicile. Le sol est pierreux et stérile; néanmoins les
habitants y cultivent les oliviers, la vigne, et y sèment aussi des grains. Les
pâturages y sont fort bons, et servent à lentretien.de beaucoup de vaelies
et de brebis, qui fournissent du lait et du fromage que l'on vend à la Pietra
et à Loano. La population est de r^9>babitants, agriculteurs ou pasteurs.
GOBAA se compose de trois^ bourgades, situées sur des collines.: La paroisse
Sai»t^Barthélemy a 33â: francs de reV'Onu, celle de SaîntJeanr^Baptiste en
a 14.0. Le bureau de bienfaisance na que 83 francs derente.
Le sol est entrecoupé de rochers; de hautes montagnes lui dérobent Fin-
fluence de la chaleur du midi , et cependant le terrain est un dest plus fertiles
du canton. C est à Findustrie des habitants quest due la fertilité de cette
commune, qui produit du vin excellent, de Thuile, du blé, et des fruits de
toute espèce, etc. Les pâturages y sont abondants, et nourrissent une quan-
tité de bétail qui fournit d excellent laitage, et beaucoup d engrais.
La population est de 6o4 habitants, presque tous agriculteurs*
CANTON DE QUIGLIANO.
Le canton de Quig^iano s'appuie à la crête des Apennins, depuis Montealto^
jusquau*delà du col d'Altare. Il renferme les versants de deux torrents, de
Zinola et de Vado, et longe kr joter dans la partie la plus abritée de la rade.
Ces torrents ne se dessèchent jamais, et donnent des moyens d'arrosages ,
SHfisi que la fecilité d'établir des mouMns et des usines. Le sol est généra-
lement argileux, mais les petites |^nes quefbrsMnt les torrents à leurs
débouchés vers la mer sont composées d'alluvions, et de bonne terre vé«-
gétale.
Les productions consistent dans le vin, llimle, le blé, les légumes, le jar^
dinage, et quantité de bois à brûler, ou propre à la construction.
La population est de 49674 habitants : ^e se compose d agriculteurs, dé
filenrs, de tisserands pour la fabrication de toiles à voile; enfin de pêcheurs
et de marins. Il se fait en outre un commerce assez considérable de chaux
et de bois que Ion transporte par le cabotage aux di£férents points de la ri-
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2o4 CHAPITRE I.
yière. Le climat du canton est très yariable; la plaine est généralement tem^
pérée, la gelée ne s'y fait presque jamais sentir, parceque les montagnes qui
Fentourent sont élevées, et la garantissent. des vents du nord; mais les vil-
lages placés sur des hauteurs éprouvent une température différente à raison
de leur élévation , et des vents violents auxquels ils sont exposés. Les pluies
sont abondantes dans le printemps et dans Fautomne, et causent quelquefois
des débordements. Les vents les plus communs sont ceux de lest et du sud ;
ils occasionent des fluxions rhumatismales, qui entraînent fréquemment
la perte des dents : ils amènent aussi des fièvres intermittentes pendant Fhiver
et le printemps.
QuiGLIANO , chef-lieu de canton , est bâti au confluent dés deux torrents
Roverossa et Gadibona ; le bourg est environné de collines plantées d'oliviers ;
il est mal bâti ; ses rues sont étroites et incommodes.
La plus grande portion de son territoire est montueux. La partie la plus
fertile est située dans une plaine très riante, mais qui, malheureusement est
sujette aux débordements du torrent. Ses principales productions consistent
dans le vin, le blé, les légumes, les châtaignes, Fhuile et le bois, qui dans
cette commune est à-la-fois un objet d'industrie et de commerce.
La quantité d'eau qui arrose le territoire, a permis d'établir dix-sept mou-
lins à eau, une papeterie grossière, et un martinet ou chaufferie; et enfin
des blanchisseries de toiles à voiles qui se fabriquent dans les environs.
La population est de 2,595 habitants, formant cinq cent soixante-dix fa-
milles. Les habitants, quoique industrieux, n'ont point porté la culture au
point de perfection qu'elle pourroit atteindre. La manière dont ils jouissoient
de leurs bois leur procuroit des ressources plus faciles : chaque habitant avoit
le droit d'y couper sans aucune règle; cet abus a été réprimé.
Les contrats de i449 ^^ ^^ '4^6 annoncent qu'on y a exploité une mine
de plomb mêlée d'une légère quantité d'argent.
C'est vers le dixième siècle que l'on trouve quelques notions historiques
relatives à Quigliano. A cette époque elle formoit une des châtellenies de la
maison Carretto : elle resta assujettie jusqu'en ni^ij et depuis fit partie du
territoire de Savone jusqu'en i45o. Elle forma alors une commune séparée^
mais elle fut divisée en deux sections, l'une sous le pouvoir de Gênes, Fautre
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* TOPOGRAPHIE. 2o5
sous celui de Savoue, Un tiers de la population étoit régi suivant les statuts
de Gênes; les deux autres tiers, suivant ceux de la ville de Savone. Au mo-
ment de la révolution ligurienne, ces deux portions de communes furent
réunies, mais le quartier de Vado fit une commune séparée.
Quigliano a été le théâtre de deux combats lors de la dernière guerre. Dans
le premier , qui eut lieu près de Viola , douze cents Français , sous le comman-
dement du général La Harpe, tinrent en échec, pendant quatre jours, une
division autrichienne. Le second combat eut lieu à Cadibona en 1800; à la
suite de cette affaire les Français furent obligés de se retirer dans le fort de
Savone. On trouve encore les traces des redoutes qui furent construites à
cette époque par les deux armées.
Il y a dans la commune de Quigliano cinq paroisses; celle du bourg jouit
d'un revenu de 800 francs; celle de Valleggia, de 700 francs; celle de Cadi-
bona, de 5oo francs; celle de Montagna, de 600 francs; et celle de Rove-
rossa, de 4oo francs.
Vado, dans une plaine belle et fertile, est situé au bord de la mer. Devant
le village se trouve la belle rade de ce nom, où trente vaisseaux de ligne peu-
vent trouver un asile par tous les vents et dans toutes les saisons. Cette rade
est cependant foraine, mais la nature de son sol d'argile en rend le mouillage
excellent; elle est abritée de tous les vents dangereux. Le sol du territoire de
la commune est argileux. Les produits consistent principalement dans les
grains, les fruits et l'huile. La pêche est d'une très grande ressource pour les
habitants. Le poisson est presque entièrement exporté en Piémont.
L'industrie consiste dans le petit cabotage, employé au transport des lé-
gumes et des fruits, mais principalement des bois pour les manufactures de
Savone, enfin dans une fabrique de cotonnines pour les toiles à voile.
La population se compose de 220 familles, forni^^nt i,3i2 individus, qui
sont agriculteurs, pêcheurs, marins et tisserands.
Le climat de Vado est le même que celui de Quigliano; il est seulement
un peu plus sujet aux vents de mer; mais l'air y est malsain pendant l'au-
tomne et l'été, à cause d'une grande étendue de marais, que forme la rivière
de Segno en se jetant dans la mer.
On pourroit établir dans cette commune, avec beaucoup de succès, des
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2o6 CHAPITRE I.
mîmes pour l'usage dtt pays, le climat étant en général fort sec entre la^fin
de juin et le liiilieu de septembre.
Yado est désigné dans les auteurs anciens sous le nom de Vada-Sabaiâa ,
soit que Sabazia y ait été coûstruite, comme Vassurent les habitants, soit que
cette belle rade eût été considérée comme partie de Sabazia, que Fon croit
être Vanciéftne Sarone. Ony trouve des médaille» romaikies : j'en ai tu plu-
sieurs portait Feffigie de César-Auguste.
Il y a à Vado une seule paroisse dont le curé possède un revenu de
r,oo6 francs. La febrique jouit dun certain droit sur la pèche. Il y a dans la
commune de Vado un hospice de dix-huit lits avec des revenus assez con-
sidérables.
'SeGNO, bâti sur le penchant d une cc^line, dans les versants du torrent de
Vado, renferme i6o familles qui composent 767 iMibitants. Ses principaux
moyens de subsistance consistent dans Fagriculture, le produit des bestiaux,
la manufacture de toiles et cotonnades, le débit de la chaux, et la vente du
bois à brûler.
Les prckluctions de Fagriculture aont principalement les grains, le vin^
f huile, et les châtaignes.
Le territoire est susceptible d'arrosage.
On y trouve des carrières coilsidérables de pierres cataires. La commune
renferme six fours à ehaux qui sont dune ressource avantageuse aux habi-
tants.
Le curé dé Segno jouit d'tin revenu d'environ 700 fî^ncs, y coÉ^pris le
produit des quêtes.
CANTON DE SASSELLO.
Le Canton de Sasséllo est situé par-delà les Apennins, et comprend dans
son territoire les sources de FOrba, et deux affluents de FErro.Son sol, entiè-
rement montagneux," se compose dune quantité de petits vallons arrosés par
des sources qui tarissent pour la plupart pendant Fêté, ce qui le rend peu
fertile.
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PUBLIC UiîKAK'l
ASTOR, L^-VX A*-'0
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M
\*4
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TOPOGRAPHIE. 207
Le^^terrkoîpe est couvert, du côté du midi, de bois sauvages, et de châtai-
g>Dwaies; on trouve versJle levait, outre les bois, quelques prairies et des terras
à grains; vers le nord, de petites vallées, des prés, et des collines garnies de
vignes» Au cducbant les montagnes sont toutes stériles et dépouillées. Le ter-
rain est en général pierreux et froid : il exige une grande quantité deiumiw
pour donner une récolte abondante. Les neiges et les brouilkurds fréquents
contribuent au^ peu de fertilité da sol ; sa stérilité s'accroît par les sécheresses
qui commencent vers le milieu de l^été. On ne peut suppléer au délîiut de
pluie quen se servant des torrents pour larrosage; mais ils sont en général
profbndétnent encaissés et présentent pendant iFété^i peu de ressources que
les^hàbitants sont c^ligés denvoyer moudre leurs grcûnsdaa&les communal
voisines.
Le climat de ce canton, envivonné de hautes montagnes, est sujet à des
vents fort irréguliers. Les orages y sont fréquent» en été, et y amén^eoit la
gréle. Dès les premiers jours d'automne il y-géle et lesci>iK>uiUaixis sonb épw.
Les productions du sol, et les bois»euK*»mémes, soiifficent beaucoup» de llin-
tempérie des saisons.
Le canton se compose de quatre communes: Sassello, Oiba, Martina, et
Santa Maria di Tiglietto. Sa population. totale est de 6,284 habitants, compo-
sant 1,236 femilles. La principale ressource consiste dans les chiLtaignes et le
produit des bois de construction. On récolte en outre des grains^ des légumes,
du froment, du fourrage, du- vin, et on élève desbestiaujK en assez grande
quantité.
L'industrie consiste dans le travail du fer, il exdste neuf forges dans le
canton. On prépare en outre quantité de cercles, d'échalats, de planches, et
autres bois de construction que l'on vend à Varrazee.
SaSSBLLO, chefJieu de canton, est divisé en deux paaxûsses^ et renferme
3,8o5 habitants. Il est bâti entre les deux petits torrents de TErro et Brugia,
et dominé par le mont Armetto, qui forme une des sommités les plus élevées
des Apennins. Cette ville a éprouvé beaucoup de vicissitudes, à raisoa de sa
situation qui en feit une position militaire :^Ue a été brûlée trois fois dans
les guerres des seizième et dixrseptième siècles»
Les bois de châtaigniers, qui font le principal produit de^^n terriijoire.
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2o8 CHAPITRE I.
parsemés de petites habitations, servant d abri aux cultivateurs pendant leurs
récoltes, décorent les montagnes qui environnent la commune, et rendent
son aspect agréable et pittoresque.
Les bois communaux composés de hêtres, de chênes, et autres arbres de
futaie, ofFrent des 'pacages assez vastes pour contenir un grand nombre de
bestiaux. Cependant ce nombre n est point suffisant pour lengrais des ter-
rains semés en blés ou en légumes: aussi les habitants se livrent-ils particu-
lièrement à divers genres d'industrie. Outre ceux qui sont employés à foire
et à transporter du charbon pour quatre forges qui existent dans le territoire
de la commune, un grand nombre s'occupe à foire des cercles, à préparer
des bois de construction, enfin à transporter à dos de mulet des grains et du
riz pour lapprovisionnement du littoral, et à en rapporter, pour l'intérieur
du Piémont, de l'huile et des denrées coloniales. On ignore absolument dans
le pays l'usage des prairies artificielles, et ce défout de culture, joint à l'état
afiFi:eux des chemins soit du côté du littoral, soit du côté du Montferrat,
nuit beaucoup à l'aisance de cette commune, qui, étant bien placée pour
le commerce, ayant un territoire étendu et une population industrieuse,
devroit être dans l'abondance^
Le bourg de Sassello possède deux églises principales : celle de la Trinité,
celle de Saint -Jean Baptiste; la première paroisse renferme quatre cent
vinglKleux familles, formant 2,356 individus; le revenu fixe de la cure est
de 986 francs: il y a en outre un desservant dans le vallon avec un revenu
de 180 francs. La paroisse de Saint-Jean-Baptiste renferme trois cent trois
fomilles, et i,449 habitants. Les revenus de la cure sont de 716 francs; à
cette cure sont attachés deux desservants, dont l'un demeure dans le village
Fallo, et l'autre dans celui de Champane. Us ont chacun 25o francs de rente.
On trouve à Sassello un mont-de-piété établi en 1600 par une bulle du
pape Paul Y ; un hôpital , qui a une rente de i ,000 francs ; enfin un bureau de
bienfaisance administrant quelques oeuvres pies, etc.
Voici quelques détails historiques sur la ville de Sassello, et suf les privi-
lèges que ses habitants ont conservés jusqu'à ces derhiers temps.
Les incendies qui, dans le cours des derniers siècles, détruisirent les
archives de %tôsello, ne nous ont point permis de trouver l'époque de sa
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TOPOGRAPHIE. 209
fondation. On sait seulement qu elle remonte à une haute antiquité. Les do-
cuments les plus anciens qui existent encore sont du douzième et du trei-
zième siècles.
On y voit que ce bourg ainsi qu Orba et Dego furent assignés à un mar-
quis Henri de Carretto , fils de Boniface. Un second titre annonce que les
marquis firent l'échange dune portion de cette propriété en laSy. On
ignore comment ce pays passa ensuite entre les mains des princes Doria.
Ils le possédèrent pendant un siècle.
On trouve en i362 une convention passée entre eux et les représentants
de la commune, qui limite l'autorité des premiers, et règle les obligations ré-
ciproques des seigneurs et des vassaux. Quelques différents s'élevoient en-
core sur ce point, ce qui donna lieu à diverses conventions, en i35i, i458
et i564. Les princes Doria obtinrent de l'empereur Ferdinand l'investiture
de cette terre, sous le titre de seigneurie féodale; ils en furent dépouillés
par l'empereur Rodolphe, pour abus d'autorité, d'après les plaintes des habi-
tants. Les deux tiers du territoire devinrent alors libres, et appartinrent h
la chambre impériale.
Ce fut à cette époque que le gouvernement génois chercha à en faire l'acqui-
sition, afin d'éloigner de ses confins le duc de Savoie, et pour éviter sur-tout
que, des sommités qui dépendent de ce territoire, on pût apercevoir journelle^
ment les mouvements qui se faisoient dans le port de Gênes. Elle obtint cette
investiture à condition de débourser quinze mille florins de cinquante en cin-
quante ans. Le diplôme date de l'an 161 1. La république reçut le territoire
à titre d'inféodation , suivant la nature des biens allodiaux., mais avec la con-
servation des privilèges dont le peuple avoit joui jusque-là; et notamment
sous la condition de ne pouvoir imposer aucune charge publique sans le
consentement de l'universalité des habitants. La commune jusqu'à ces der-
niers temps a toujours conservé ses privilèges avec beaucoup de soin; elle a
eu à lutter à plusieurs reprises contre le gouvernement de Gênes, qui cher-
choit à imposer des droits nuisibles à son commerce, particulièrement après
161 3, époque à laquelle la république acquit le tiers de la seigneurie de
Sassello, qui !ippartenoit encore à un Doria.
Le juge étoit anciennement nommé par les seigneurs; il étoit tenu de
27
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2W CHAPITRE I.
prêter le serment de conserver les privilèges et les droits du pays, suivant
les lois municipales, et pouvoit même être rejeté par les habitants. Il rendoit
la justice tant au civil quau criminel, quelque considérable& que fussent
les intérêts à traiter, et les délits à punir. La république de Gênes envoya
depuis un juge choisi parmi les nobles, avec Tordre de conserver les privi*
léges locaux; et de juger suivant les lois de la république, les seuls cas qui ne
seroient point prévus par les statuts municipaux.
La commune payoit le juge à raison de 600 francs; les dépenses locales
étoient prélevées sur le produit dun léger <lroit imposé aux familles : aucun
autre impôt ne pouvoit être établi. Ainsi Sassello.avoit conservé tous ses
privilèges en passant sous le gouvernement génois, qui navoit pu même y
feire admettre Tusage du papier timbré.
Olba San-PiëTRO, situé 6ur les versants des sources de FOrba, renferme
quatre-vingts familles, et 397 individus. Le site est encore plus sauvage que
celui de Sassello ; la vigne n y est point cultivée, et Fagriculture y rapporte
peu. Les châtaignes et la vente des bestiaux sont les seules ressources du
paysan; Findustrie supplée à la stérilité du sol. Les habitants sont tous scieurs
de long, et charpentiers pour les bois de construction. Ils émigrent pendant
lliiver, et vont chercher de louvrage, soit dans la Romagne, soit dans les
pays voisins. Au retour de la belle saison, ils rapportent dans leur pays des
bénéfices sans lesquels ils ne pourroient y subsister.
Une forge, située dans le fond de la vallée de l'Orba, occupe les habitants
qui séjournent dans le pays. Les femmes sont employées au transport du
charbon.
La rivière de FOrba, extrêmement sinueuse, roule des eaux très vives,
et fournit de très bonnes truites. Le curé d'Olba jouit d'un revenu de
3oo francs.
Martina, entre Orba et Tiglietto , est placée dans les montagnes également
sauvages; ses ressources agricoles consistent dans la vente des châtaignes, et
dans un peu de culture. Il existe à Martina une forge qui envoie ses pro-
duits à Vc4tri par Rossiglione, et tire du même côté la mine de fer. Les
habitants sont pour la plupart scieiurs de long : ils émigrent pendant
Fhiver. La population de la commune se compose de i,i4i individus for-
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TOPOGRAPHIE. 2n
mant deux cents Bamilles. Le curé de Martina a un revenu de jSg francs.
Sainte-Marie DEL TigLïETTO, dans le vallon de l'Orba, au nord de Mar-
tina, a un pont de pierre sur cette rivière. Placée dans une vallée profonde,
entourée de hautes montagnes, cette commune est peu salubre ; la plaine
assez bien cultivée produit des grains, du froment, et des légumes. La
grande ressource des habitants consiste dans les châtaignes, et dans les
produits de Findustrie. On y voit trcHS forges qui oecupent beaucoup de bras.
Les habitants, qui sont en outre pour la plupart charpentiers et scieurs de
long, émigrent ainsi que ceux dont nous avons parlé, et rapportent quelque
argent à leur retour.
TiGLIETTO renferme g^i habitants, qui composent cent quatre -vingt
treize familles. Le curé n a aucun revenu.
Les eaux de TOrba fournissent aux habitants des truites,, des brochets, et
autres poÎMOBs.
Les produits des bestiaux, des châtaignes, et des bois aident à soutenir
cette population, d'aillexurs fort misérable.
CANTON DE SAVONE.
Le canton de Savone n est. composé que de quatre conmianes arrosées
par les torrents Sanzobia, Letimbro, et Zimola. Sa surfoce est de 1 4,000 hec^
tares, dont }a moitié esk culture, le reste en bois ou lM*uyères. Les produc^
tions territoriales sont le vin blanc , Thuile d'olive, les châtaignes, le jardi-
nage, et les fruits, dont les plus renommés sont les pèches, les figues, et les
^licots.
Il existe des indices de matières minérales dans presque tout^ les vallées
du canton; les pyrites sulphureuses de cuivre, de fer, et de plomb, se trou-
vent sur plusieurs points. Des traces d anciennes galeries se voient encore
dans la vallée de Larametra, au lieu dit FArgentiera. On y exploite le charbon
fossjle.
Les terres argileuses, blanches et rouges, employées dans ce canton pour
les bricpieteries, et les poteries on Ëiyences, alimentent une soixantaine
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ai2 CHAPITRE L
d établissements de ce genre , qui occupent plus de 5,5oo ouvriers ou
bûcherons.
Les objets de commerce que Ion importe sont les grains, riz, fromages,
plombs, soudes, laines, draps, chanvres, ferrailles, minerais de fer pozzo-
lane, vins et eaux-de-vie de France, denrées coloniales, etc. Ceux d'expor-
tation consistent en cercles de tonneaux, douves, bois de construction, fruits,
chaises, ancres, fers, faïences et poteries communes.
La construction des petits bâtiments est assez active depuis peu d années;
on y fait aussi quelques brigantins et des corvettes.
L'inconstance de Fatmosphère agit puissamment sur le physique des habi-
tants du canton-, les aliments salins et huileux, ainsi que les boissons spiri-
tueuses, contribuent à leur donner une constitution très irritable. Cepen-
dant les mœurs y sont douces et paisibles; aucune maladie nest endémique
dans le canton. Les laboureurs, les ouvriers, et les matelots y sont acti£s,
forts, et intelligents.
La population est de 16,270 habitants, la plupart agriculteurs, ouvriers,
commerçants, ou marins.
SaVONE, chef-lieu du département de Montenotte, est une viUe maritime,
agréablement située dans une plaine riante qui s'étend jusqu'à Vado; quel-
ques maisons éparses sur les coteaux, et même dans la plaine, ofirent un
coup d'œil pittoresque et attrayant. Le fort, bâti sur un rocher au bord de
la mer, domine la ville et son petit port.
J'ai voulu étabhr d'une manière positive la position géographique de
Savone. M. le baron de Zach, célèbre astronome, a bien voulu se charger
de faire les observations.
Le 24 mai 1 808 on a observé, sur la grande terrasse de la nouvelle préfec-
ture, trente distances au zénith de l'étoile polaire à son passage supérieur au
méridien, à un cercle répétiteur de Reichenbach, qui ont donné pour lati-
tude de ce point :
10 observation 44** i3' 69" 56'"
20 44 18 58 i5
3o 44 18 57 70
Ainsi la latitude de la préfecture de Savone seroit de = 44"* '8' 57" 7'^'
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TOPOGRAPHIE.
2X3
Le même jour un bon nombre de hauteurs correspondantes prises à
quatre chronomètres ont donné le temps vrai de Savone; lequel comparé
au temps vrai de Gênes, obtenu le 27 mai dans cette ville, a fait la diffé-
rence des méridiens entre ces deux villes 1' 44" 25'" en temps.
Mais cette différence de l'observatoire de Gênes à celui
de Paris est 26 3o 60
La différence de longitude entre Savone et Paris est 24 4^ ^^''
En degrés 6 11 35
La longitude de Savone comptée de l'île de Fer. . . . 26 1 1 35
Le soir, nous observâmes avec le géo-théodolite trois azimuths du soleil
avec la lanterne de Gênes. Us donnèrent langle de direction de ce côté avec
le méridien qui passe par le pilier de Fescalier sur lequel Tinstrument av(Ht
été placé comme il suit:
107- 58' 5i" 8'"
107 58 48 4
107 58 47 6
Milieu 107 58 4? 6
Ayant pris avec le même géo-théodolite plusieurs autres angles, nous les
avons tous réduits au méridien et obtenu les angles de direction suivants :
Gi»»*-
ieU«»^
.ù*^^^'
AeS*^*"
No&D,
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ai4 CHAPITRE I.
Angles arec lu méridienne qui passe psfr le pilier de Fesealier die la ter-
rasse de la notnrelle préfecture de Savone,
Gênes, Savone et sud = 107*» 58' 4?'' 6'^'
Sud, Savone et Noli = 20 ^6 ny 4
Sud, Savone et Bergeggi s= 20 3^ $7 4
Sud, Savone, et clocher de là cathédrale . . == 71 38 67 3
D après ces données, Savone est à 68,554 mètres de la méridienne qui
passe par la ville de Turin , et à 83,5 1 7 métrés de la perpendiculaire. Le point
de Turin, par lequel oii a mené la méridienne, est la IHazza Gastello,
comme il est marqué dans la Connoissance des tempç.
Outre les cfiffiferentes administrations, il y a à SaTone un évêché, un cha-
pitre cathédral, et sept paroisses, dont quatre dans la ville, et trois dans les
hameaux.
L'hospice des pauvres, au hameau de Saint-Bernard, a 48,000 francs en-
viron de revenu, et entretient plus de 200 vieillards ou orphelins; Thôpital
pour les malades contient de 80 À roolitâ;maiftilnepos.<%edeque 10,600 francs
de rente. Le mont-de-piété, ou établissement de prêt sur nantissement pour
les pauvres, qui fut fondé par Sixte IV, jouit d un capital de 74,000 francs
environ ; différentes œuvres pieuses ou charitables, pour ta dotation des
fille», composent on revenu annuel de i3,ooo francs.
Les productions territoriales consistent en huile, vin, fruits, jardinage,
et châtaignes, etc.; quelques jardiniers distillent Feau de fleur d'oranges,
et cultivent de belles fleurs, dont la majeure partie est envoyée en Piémont.
Le commerce de la ville de Savone est déjà actif, mais il gagne considéra-
blement par louverture des routes qui lui donnent la communication la plus
facile avec le Piémont et le midi de la France. On devoit encore, d après des
projets adoptés par l'administration fi^ançaise, rétablir le port de Savone, qui
auroit acquis une grande importance par la formation du canal de FAdria-
tique, n est à désirer, pour le bien dts ces contrées, qu elles jouissent un jour
des avantages de ce projet.
En 1 8 1 2 , différentes manufactures ajoutoient à ses ressources ; on y comp-
toit, entre autres, huit (ours à poteries et à faïence, neuf fours à briques,
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TOPOGRAPHIE. ûi5
deux fabriquesd ancres fort estimées, une de cordages, sept de toile à voiles,
trois bonneteries de laine, quatre tanneries, trois savonneries, six fila^unas
de soie, une fabrique de vitriol, et de potasse, plusieurs âibriques de chaises
communes, des fabriques de pâtes dltalie. LadministratioKi française avoit
en outre fait établir des métiers dans les prisons, dans lliosp^e des pauTcres,
et dans le dépôt de mendicité. Trois cents bras y étoient employés à la filatiire
de la laine, ainsi qu'à la fabrication des toiles, draps, et couvertures de
laine.
La population de Savone est de 11,952 habitants, la plupart agriculteuns,
manu&cturiers, marins, commerçants, et marchands^
Sixte IV, fils de Léonard délia Roverre, est né à Savone en i4<4- Unetdut
qu à ses talents son élévation à la dignité de souverain pontife ^ son goût pour
les arts nou&est attesté par un grand nombre de monuments, .parmi lesquels
on distingue la chapelle sextine qu il fit agrandir, la bibliothèque *dii Vati-
can, un pont sur le Tibre, des aqueducs, des routes, des édifices, et des
embellissements de tous genres. C'est à lui quest due la fondation e^ la do-
tation du mont-de»piété de Savone, et la construction de la chapelle sextine
près la cathédrale, oà il fit élever un beau mausolée en Thocnneur de ses
parents.
Jules II, neveu de Sixte IV, fut nommé pape, et s'illustra par ses victoires*
Il reconquit les villes de Rimini, de Ravenne, et toute la Romagne; il sou-
mit Parme, Plaisance, etlaMirandola; il s'empara de Bologne après en avoir
chassé les BentivogUo. Plusieurs édifices magnifiques et de belles routes
furent construites à Rome par ses ordres; il fit bâtir un superbe palais à
Savone, et envoya des dons considérables à la cathédrale. Il fit une fonda-
tion de deux bourses en fiiveur des élèves de Savone au collège d'Avignon
créé par lui.
Philippe Busserio, savant distingué, se rendit célèbre, en i3oo, à l'uni-'
versité de Paris, et fut chargé ensuite de plusieurs ambassades par. les papes
et les princes.
Différents littérateurs et poètes nés à Savone ont acquis quelque réputa-
tion par leurs productions-, entre autres, Jules et Ambroise Salineri, Pierre-
Jérôme Gentil, Ricci, etc. Cdlui qui se rendit le plus célèbre et qui s'est acquis
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2i6 CHAPITRE I.
le titre de prince des poètes lyriques d'Italie, c'est le fameux Gabriel Chia*
brera, qui, après avoir joui des honneurs que les souverains de Piémont, de
Toscane, et de Mantoue, lui avoient décernés, se retira chez lui jK)ur y passer
tranquillement ses derniers jours. Il mourut en i638.
Savone se fait aussi une gloire d'avoir donné le jour aux ancêtres du cé-
lèbre Christophe Colomb.
Si ce hardi navigateur qui découvrit un nouveau monde, n'a point
reçu le jour dans la ville de Savone , il est du moins certain que sa famille
s'y trôuvoit établie depuil 1470 : les preuves les plus authentiques exis-
tent à ce sujet dans les archives des notaires de cette ville. Son père, Do-
minique, y étoit , à cette époque , fabricant de lainages ; genre d'industrie alors
fort honorable et très étendu dans la Ligurie. Dominique Colomb y fit l'ac-
quisition d'une terre. Christophe lui-même se trouve présent à cet acte, passé
le 20 mftrs 1472. Ses frères, Barthélemi et Diègue, sont mentionnés dans
plusieurs autres actes, jusqu'en l'an i484* Enfin dans un procès intenté
en i5oi, par un certain Cumo, pour une ancienne créance, contre les hé-
ritiers de feu Dominique Colomb, les voisins de la maison qu'habitoit ce
dernier déclarent avec serment que Christophe, Bartliélemi, et Diégue,
frères Colomb, fils de feu Dominique, étoient absents depuis plusieurs an-
nées pour voyage en Espagne et dans d'autres pays lointains. Ces documents,
dont lauthenticité est incontestable, peuvent éclairer le jugement des bio-
graphes sur la patrie de cet homme extraordinaire. Les auteurs du Diction-
naire historique universel y imprimé à Paris en i8io, prenant pour appui une
dissertation de M. le chevalier Napioni, imprimée à Florence en 1808, pré-
tendent prouver que Christophe naquit à Curraso dans l'ancien Montferrat.
C'est contredire l'opinion générale et les témoignages de trois siècles, qui
fixent le lieu de sa naissance dans les états de l'ancienne république de
Gênes.
Nous ajoutons, en faveur de la ville de Savone, une seule preuve, dont au-
cune autre ville ne peut se glorifier; c'est le nom de Savone, donné par Co-
lomb à l'une des premières îles qu'il a découvertes, ainsi qu'il est aisé de voir
dans les cartes géographiques de M. Delisle.
^histoire de ce pays n'a pas été traitée jusqu'à présent d'une manière
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TOPOGRAPHIE. 217
bien exacte. Plusieurs auteurs en ont fait mention, entre autres Tite-Live,
Mêla, Pline, Strabon, sous le nom de Sabota, Sabatiœ et vada Sabatiorum.
Dans son cinquième livre Strabon parle des différents peuples qui l'ont
habitée anciennement, tels que les Boyens, les Sénons, les Gersates, et les
Liguriens. On est fondé à croire que cette ville leur doit son origine. Dès que
les armées romaines eurent, après de longs combats, subjugué les Ligu-
riens, le sénat de Rome y envoya des colonies. Marc-Antoine vint s'y réfii-
gîer après la bataille de Modène. Les consuls romaiûs y firent construire
des routes magnifiques, entre autres celles de M. Émilius Scaurus, dont
l'une venoit de Rome en passant par Pise, et l'autre, en passant par Tortone
et Acqui.
La ville fut anciennement bâtie sur un petit promontoire, nommé rocher
Saint-Georges, où se trouve actuellement le fort. Cette position ne pouvoit
être plus agréable ni mieux choisie, puisqu'on jouissoit en même temps de
la vue des campagnes environnantes, de la plus belle partie de la rivière de
Gênes , du port abrité à lest par le rocher, et du golfe de Vado à l'ouest.
Elle fut sujette à de grandes vicissitudes dans le cinquième et sixième siéclei
au temps des Vandales, des Bourguignons, et les Lombards. Ces derniers,
après l'avoir abandonnée au pillage, abattirent les murs d'enceinte par ordre
de leur roi Rotaric, et le nom de ville qu'elle portoit fut changé en celui de
bourg.
Cependant le successeur de Rotaric au royaume des Lombards, Rodebert,
permit aux habitants de relever leurs murailles : en 704 tout étoit déjà ré-
tabli. Un grand nombre de tours, dont quelques unes existent encore aujour-
d'hui, furent construites, soit pour se garantir des incursions des barbares
qui infestoient l'Italie, soit en vertu des privilèges que les empereurs accor-
doient aux principaux habitants pendant la durée des guerres civiles.
Savone acquit un nouveau lustre à l'ombre des lauriers de Charlemagne;
sa population et ses richesses s'augmentèrent par le commerce et les arts.
Après la mort de ce prince, les incursions des Sarrasins causèrent de
grands maux. La ville tomba depuis sous^ la domination de différents mar-
quis, dont, cependant, la juridiction étoit assez bornée. Cela résulte des
statuts faits en loSg, et des alliances que les consuls ou premiers magis-
28
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2i8 CHAPITRE I.
trats conlractèreat avec les ducs de Calabre et de Sicile en iiay, avec
Gênes en iiSy^ et avec d autres villes de la Ligurie, de la France et de
ritalie.
En £ 1 79, les marquis renoncèrent à toute influence dans ladministration
politique et civile de Savone, qui, ayant entièrement racheté sa liberté du
marquis Othon de Garretto, s'érigea en ré[mblique en 1 191 , et 1 192.
Les factions d^Italie la firent passer ensuite sous la domination des ducs de
Milan, des empereurs d'Allema^e, de la France, et de la république de Gènes.
Plusieurs privilèges ont été accordés à cette ville par les empereurs
Othon IV, Frédéric II, Rodolphe I~, Henri VU, Charles ÏV, Sigismond, et
par d autres monarques. Elle fit même frapper des monnoies d'or, d argent,
et de cuivre.
Son port, fav<»*ablement situé à Test du rocher de Saint-G«orges, étoit
fréqifenté, dès le commencement du douzième siéde, par un grand nombre
de bâtiments qui s y tenoient en toute sàreté« La ville fit beaucoup de tra*-
vaux pour empêcher les attérissements causés parles torrents. Elle construisit
un môle qui, peu à peu, fut prolongé jusqu*à environ 3oo mètres^ par ce
moyen , le port se trouvoit à labri des^vents d ouest, de sud-ouest, et du nord*
Ce n'étoit que lors des grandes tempêtes que les bâtiments étoient obligés de
se retirer dans la darse, où ils étoient parfaitement en sûreté, et oik Ton pour
voit calfater et réparer aisément les navires.
La ville, après s'être afïrancbie de ses marquis, cherchoit à-pcofiter de sa
position : eHe organisa des forces maritimes assez considéraUes; tâcha depuis
lors d'étendre ses relations commerciales et d augmenter ees ridbusases ei sà
prospérité. Gênes lui donna des preuves de «a jalousie dains plnsîeucs circon-
stances. Pendant les guerres civiles des quint;ièrae et seizième siièeles, sous
prétexte de se venger du parti le plus foiUe, qui s^étoît réfugié à Savone,
notamment en 1 44<>9 "«He fit couler à fond, dans le meilleur endroit du port,
divers bâtiments chargés de pierres. Cependant, ce pays -se trouvant par la
suite protégé par ses deux papes. Sixte IV et Iules II, se releva d'une gramde
partie de ses pertes, et «ortit encore de rabattement oà lavoîettt fJoagé
ses derniers désastres. Le commerce et les arts lui avotent rendu quek|«ie
splendeur; «Eiais Gênes, rivale toujours dangereuse, fit encore ses effbns
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TOPOGRAPHIE. aig
pour accabler Savone, jusqu'au moment où cette ville se mit sous la protec-
tion de François I", roi de France. La bataille de Pavie, malheureuse pour
ce prince, eut des suites ég^alement funestes pour Savone, dont les Gé-
nois jurèrent la ruine, et qui dut enfin céder aux forces commandées par
André Doria. Malgré la promesse de respecter les personnes et les propriétés,
de conserver le port et les fortifications, Gènes fit abattre les môles de la
darse^ et démolir Fancienne ville, pour construire, à sa place, la citadelle.
Dès4or6, le commerce languit^ la population diminua sensiblement; la darse
ne put plus recevoir que de petits bâtiments. Quoique la république de
Gènes ait, en 1 546, permis à cette ville de faire quelques réparations au port,
et qu on. ait élevé deux môles pour le mettre à Tabri des sables, néanmoins
les gros navires ny peuvent plus pénétrer; les fonds du port s'étant en partie
comblés par suite de Finsouciance des habitants, pendant la peste, Fémigra-
tion et les malheurs de tous genres dont ce pays fut affligé.
La guerre fit encore de nouveaux ravages , et la population qui, avant 1 5oo,
s'élevoit à 3o,ooo âmes, comme il résulte des documents existants dans les
archives de cette ville, soigneusement conservés, n^étoit, en i5yo, que de
1 4,000 environ. Depuis, Savône soutint différents sièges, entre autres celui
de 1746, à la suite duquel le vice-roi de Sardaigne s empara de la ville. Le
château se rendit en 1767, après uiie résistance opiniAtre.
En vertu du traité d'Acquisgrane, en date du 3o avril 1648, ce pays fut
rendu à la république de Gènes, sous la domination de laquelle il est resté
jusc[u a la réunion de la Ligurie à la France. Savone a été honorée de la
présence de Louis XII, roi de France, et de Ferdinand III, roi de Naples,
en i5o7. ^^^ deux rois se donnèrent, dans cette circonstance, les marques
les pfats éclatantes de leur bonne foi : Louis étant monté sur les galères de
Ferdinand sans armes et sans gardes, et celui-ci ayant été plusieurs jours
dans Savotte, appartenant alors à Louis Xil, dont les armées venoient d'être
repoussées du royaume de Naples peu de temps auparavant.
Eu 1529, Charles Y, valant d'Espagne, aborda à Savone pour recevoir
4es mains du pape la couronne impériale*
En 1794 et en 1796, le général en chef de Farmée française en Italie^
passa plusieurs fois par cette ville pour prendre des dispositions contre
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120 CHAPITRE I.
les Austro-Sardes, aux aflBaiires de Dego, Montenegino et Montenotte,
AlbiSSOLA- Marina est située à droite de la rivière Sansobia, sur le bord
de la mer, au pied d une colline assez riante et bien cultivée. Sa paroisse a
800 francs de revenu; on y trouve un hospice de malades qui a 1 172 francs
de rente ^ et différents établissements charitables qui possèdent ensemble
un revenu de 2800 francs environ.
Le sol est généralement argileux dans la plaine et sur les collines; il pro-
duit de lliuile, du vin, du jardinage : les vins y sont renommés, mais capi-
teux.
La meilleure partie du territoire appartient à la maison Durazzo de Gênes,
qui y a fait bâtir un palais très agréablement situé, et qui, par sa position,
ses jardins et son architecture, rivalise avec le palais Rovère d'Albissola-
Supérieure, bien plus vaste et plus magnifique.
Les poteries communes sont d une grande ressource pour le pays : elles
approchent assez de la poterie angloise quant au travail, quoiqu'elles dif-
fèrent par le vernis : il y a vingt-sept manufactures semblables. Le débit de
ces poteries se fait en Toscane, eu Piémont, et dan» la France. En temps
de paix, on les envoyoit en Espagne, en Sardaigne, en Corse, à Tunis, dans
le Levant, et dans les colonies françaises.
La population est de^ i iSo habitants, en grande partie agriculteurs, potiers
ou marins.
Ellera, commune située dans les montagnes, au nord des deux Albissola,
ne fbrmoit autrefms quun hameau dépendant d'AlbissoIa- Supérieure. La
paroisse n a que 364 francs de revenu. Le sol est pierreux ou argileux ; il
produit du blé, des châtaignes, du vin, des fruits, du foin, etc. Cette com-
mune n est considérable ni par ses productions, ni par sa population, qui
n est que de 796 habitants, la plupart agriculteurs.
Albissola-SupÉRIEURE est située dans une belle vallée, à gauche de la
rivière Sansobia, à peu de distance de la mer. Le hameau appelé le Cavo,
ou le cap d' Albissola, appartient à cette commune. Il y a une paroisse dont
le revenu est de 772 francs, un hospice civil qui na que 280 francs, et un
J3ureau de bienfaisance qui distribue en secours à domicile la scHume de
3o2 francs par an.
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TOPOGRAPHIE. 221
Le sol est de la même nature que celui d'Albissola-Marinaj il a cependant
une étendue plus considérable. Les productions territoriales ou d'industrie
sont de la même qualité; les hommes sont assez actii^, et cultivent les terre»
avec soin ; quelques uns sont occupés à la pêche sur la rade voisine.
Il y a dix-huit établissements de poteries semblables à ceux d'Albissola-
Marina; les femmes y font de la dentelle. La population est de 2078 habi-
tants, la plus grande partie agriculteurs, potiers, pêcheurs, marins, etc.
Il est fait mention du château d'AJbissola dans des actes publics de 1 122
et iiSy; l'un de ces actes contient donation par le marquis Vuelfo de ce
château, de la chapelle Saint-Pierre, et de ses terres, vignes, bois et mou-
lins, en faveur de la basilique Sainte-Marie de Savone; un autre relate la
donation faite par Fédérate, fille du marquis Vuelfo, à la ville de Savone,
de ce même château, et des terres y attenantes. Après FaUénation faite de
ces biens et droits seigneuriaux par les marquis Vuelfo , Albissola passa sens
la domination de la république de Gênes, ainsi qu'EUera et Albissola-Ma-
rina, qui ne faisoient autrefois qu'une seule commune. Ce ne fut qu'en 16 1 3
que le village d'Albissola-Marina fut détaché de la commune d'Albissola au-
périeure.
Ëllera fut séparée en 1797, pour fermer aussi une commune à part. La
famille Rovère a fait bâtir un superbe palais dans ce village.
CANTON DE VARAZZE,
Le canton de Varazze comprend les torrents Feiro, Sanzobia, Arestra, et
Lerone.
Le territoire, dont l'étendue est considérable, est montagneux et stérile^
cependant le cinquième environ est cultivé ou planté en. bois taillis et de
haute futaie. Le sol est argileux dans les vallées et sur quelques collines; sur
les montagnes, au contraire, il efst pierreux, et on y trouve des coquillages
pétrifiés, du.sable, des cailloux, et quelques stalactites qui annoncent une
ancienne submersion. A Cogoleto, la montagne QSt calcaire, et fournit une
excellente pierre à chaux.
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^23 CHAPITRE I.
Le canton produit du blé, des châtaignes et de l'huile d olive, du bois de
chauffage et de construction; on récolte, sur son littoral, beaucoup de jar-
dinage, de» oranges, et des fruits. Les hautes tnontagnes sont couvertes de
broussailles, et quelques unes sont tout^-fait nues.
Le climat est très froid et variable sur les Apennins; mais, près de la mer,
il est doDdt et feirorablé à la végétation, même en hiver.
Le Commerce coâsi^te dans lexportation de quelques produits de lagri-
cultmre, et entre autres du jardinage ; dans celle de la chaux, des poissons
frais et salés; dans l'importation du froment, des vins, des chifïbns pour
Fengrais et les papeteries, des bois de construction, etc.
La population du cantoû de Varazze est de 13,827 l^^bitants.
L'histoire du pays fait remonter aux siècles reculés la fondation de fJu-
sieurs communes du canton. L'ancienne juridiction de Varazze comprenoit
la commune de Celle et les deux Albissola; en 967, elle fut réunie au mar-
quisat dé Ponzonne, en faveur de Hugues, fils d^Alérame : ses descendants la
cédèrent par portions à la Ville de Génes^ La première cession date de 1 277 ,
les autres de 1290^ i3i7, enfin 1357.
Les deux communes de Stella Saint-Jean-Baptiste et Stella Saint-Martin
ont passé soûs la domination des Inarquis de Bosco, puis des marquis de
Savone, et de la république de Cènes. Cogc4eto et Arrenzano ont toujours
dépendu de Varazze.
Varazze est^itué au b<Nxl de la mer^ et environné de collines couvertes
de beaux oliviers. La commune a quatre paroisses dont les revenus sont,
pour celle du village, de 1000 francs; pour celle du faubourg et du hameau
de Castaghabonà, de 5oô flrancs; pour la troisième, qui est située dans le
hameau de Casanova, de 600 francs; et enfin, pour la quatrième, d environ
700 francs.
Lliospice de Vàraue peut contenir sept malades, et a un revenu de
1100 francs.
Le territoire est fertile, et produit de Thuile, du vin, des fruits de plu*
sieurs i^pèces, mais s^r-*>to«it beaucoup de légumes. Les jardins sont arrosés
àlmde des dérivations du torrent voisin.
Les habitants sont industrieux et commerçants ; ils transportent en Pié-
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TOPOGRAPHIE. 223
m<mt et dans le royaume d'Italie des légumes et des fruits, des poissons
frais ^t salés, qu'ils échangent pour du blé. Le chantier de construction
de Varazze est en grande activité ; on. évalue k quinze bàtiment:s de 1 3o fon-
neaux, et à soixante de 25, le nombi*e que Ion construit actuellement: ils
sont très recherchés dans le midi de la France. On y fabrique 80 millieifs
métriques de cordages, ^t Ton y emploie 65op pièces de toile à voile de
3o métrés de longueur, et du prix de 32 à 34 francs.
Cinq bâtiments pour le grand cabotage, et vingtphuit pQ^r le petit, servent
aux habitants de ce pays à faire leur commerce. La pâçhe, qui se fis^t sur
douze bateaux, rapporte plus de 5o,ooo francs.
Le village n a pas toujours été oh il existe actuellement. Il paroît qu an-
ciennement il étoit situé au milieu des bois, si Ton doit ajouter fbi'^ ^^e in-p
scription en marbre placée dans le mur de la maison çmnmnnBÏle^ en date
de 1649- Par la suite les habitants oai bâti leurs maisons au bopd de la mer,
et la corruption du langage a fait changer le nom primitif en celui de
Varazze.
La population de cette commune est de 499S<> habitants, marins, agriçi||r
teurs, charpentiers et pécheurs, etc.
AbBëNZANO, commune du littoral, a un^ seule paroisse dont le rêvent^
est de 600 francs. Le pays faisoit autr (^fois un ^oqimerce considérable de
papiers prov^iant de sfis nombreuses fabriques.
La pèche et la construction des bâtiments de ioute espèce y lormoient une
ressource pour les habitants. Le sd, quoique monta^CMx^ rapporte du vin,
des grains , et de Fhuile.
La population du village et des diffiérents bamaaux qiû composept oejtte
<X)mmuae est de 2,276 habitanits.
GoêOLETO est situé au bord de la mar. U a4eux pai^oJïSSies, Tune da^s le
village a un revenu de 19196 francs; l'autre 4ans le hami$au Lerca, na
qu un revenu de 3oo francs. Les |)roduciions territoriales sont le vin, iliuile
etc. On pourroît les augmenter par le dessèchement d un marais qui est à
eoté du village.
On compte douze fours à chaux dans cette communie, et quelques pape-
teries. On y filoit autrefois beaucoup de coton.
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i34 CHAPITRE L
Le commerce consiste dans lexportation de la chaux, des papiers, et des
poissons.
Ce pays sera à jamais célèbre pour avoir donné naissance à l'illustre Chris-
tophe Colomb qui fit la découverte du nouveau monde. La population est
de i,S83 habitants.
Celle, commune maritime, a un hospice pour six malades, qui est doté
de i,ooo francs*, il y a deux paroisses, dont lune, sous le titre de Saint-Michel,
a un revenu de 800 francs; la seconde, sous l'invocation de Saint-Georges,
en a 400. Le sol produit du blé, de l'huile, et du foin. La pêche, le petit ca-
botage, le commerce, et l'industrie, fournissent d'autres ressources au pays.
On y (ait des filets pour la pêche. Les habitants se servent de seize bâti-
ments pour le gros cabotage et de douze pour le petit. Il y avoit autrefois
deux fours à poteries, aujourd'hui il y en a une qui fournit quatorze mille
douzaines d'assiettes par an. On fabrique dans le village quatre à cinq cents
filets.
La population est de 2, 169 habitants tant marins, qu'agriculteurs et com-
merçants.
Stella Saint-Jean-Baptiste est située dans les montagnes. Il y a deux pa-
roisses dans cette commune, l'une de Saint-Jean-Baptiste dotée de 5oo francs;
l'autre de Saint-Bernard dotée de 3oo francs. Les pi-oductious du pays sont
le blé , les châtaignes, le foin , le bois taillis , et de haute futaie. On y recueille
des champignons au printemps et en automne. Les pâturages y sont abon-
dants et on y nourrit beaucoup de bestiaux. On y fait de la chaux et du plâtre.
Sur la montagne d'Ermetta^ ou Ermite, il y a eu en 1800 un combat san-
glant entre les Autrichiens et les Français : ceux-ci, sous les ordres des gé-
néraux Soult etMasséna, s'emparèrent de cette position, malgré les obstacles
du terrain, le manque de vivres , et les forces supérieures de l'ennemi.
La population est de i,546 individus agriculteurs, ou pasteurs.
Stella Saint^Martin se trouve à l'est de Stella Saint-Jean-Baptiste. Il y a
deux paroisses, l'une de Saint-Martin dotée de 5oo francs; l'autre de Sainte-
Catherine dotée de 4oo francs. Les productions sont les mêmes que dans la
commune dont on vient de parler.
La population est de i,3o3 habitants.
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TOPOGRAPHIE. 2^5
ARRONDISSEMENT D'ACQUI.
CANTON D'ACQUL
Le canton d'Acqui renferme une partie du cours de la Bormida^ et les
torrents Medrio et Bogliona. Le sol contient 1 2,240 hectares, tanten champs,
prés, yignes, bois taillis, quen châtaigneraies et en friches. Le terrain est
généralement crayeux, sablonneux ou argileux dans les vallées. Les couches
de terre végétale ont peu de profondeur. La planta tion de la vigne a fait
défricher quantité de bois dont le pays manque actiftUement. Le produit
des cocons égaloit autrefois la contributien foncière, mais beaucoup de mû-
riers ont été coupés pendant la guerre.
Les productions territoriales sont les grains, les cocons, les châtaignes, et
les vins, qui forment la principale ressource et qui sont les meilleurs de
1 arrondissement. Le bétail n est pas nombreux, faute de pâturage.
Les brouillards du printemps attaquent quelquefois les épis de blé, les
brûlent ou les noircissent. Cette maladie est vulgairement connue sous le
nom de manna^ elle est à craindre jusqu'au moment même de la récolte,
sur-tout dans les gorges et les Tallées, si Ton ne prend la précaution de se-
couer les épis, ce qui se fait au moyen d une corde que deux hommes tiennent
à chaque bout tendue horizontalement \ ils marchent le long du champ,
ayant 1 attention que la corde abaisse et secoue tous les *épis sur son pas-
sage. La vigne elle-même lorsqu'elle est en fleurs souffre des brouillards du
printemps, ou des pluies qui tombent pendant la floraison.
L'air de ce canton est vif et salubre : on ny connoît pas de maladies endé-
miques. Les hommes sont en général d'une belle taille et parviennent à un
âge avancé.
Le commerce et l'industrie sont peu considérables en ce moment. On
échange le produit des manufactures de rubans, des filatures de coton, des
organsins, et des vins, contre du blé, et autres grains, des huiles d'olives,
des poissons salés que l'on tire de la Ligurie, ou du Piémont.
^9
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226 CHAPITRE I.
La population est de i3,o49 habitants en grande partie agriculteurs.
ACQUI, chef-lieu d'arrondissement, est située à gauche de la Bormida sur
le penchant d'une petite colline. Le château est placé sur la hauteur; la ville
est entourée de fossés, de murs d enceinte, et de dix-huit petites tours
crénelées.
Acqui a un évèché , un chapitre cathédral , un séminaire et une paroisse
avec deux succursales. L'évéché, qui existe depuis le ^atriëme siéde, éten-
doit anciennement sa juridiction seignemriale sur {rfusieurs communes,
comme il résuke du diplôme de IWipereur Charles IV en i364, ^et de cehii
de Charles V en 1 53 ï . C^s revenus cependant étoient médiocres avant la
réunion de ce pays à la France ; maintenant on les évalue à 3o,ooo francs. Le
chapitre composé de' douze chanoines ne jouit ope de quelques bénéfices
tnodiques. Le séminaire possède un irevenu de 6 à 8,ooo francs, et pe«t
contenir soixante-dix à quatre-vingts individus. La parmsse n'a que 6oo francs
de rente, la succursale de Losse en a 200 environ, et celle ^de Moirano
25o francs.
Trois hospices civils exîstotent autrefois, mais 3s forent réunis en un
seul qui a un revenu de 28,000 frattcs. La majeure partie de la dotation a
été foite pour les orphelins. La suspension du paiement <leè intérêts des
montî et autres rentes sur l'état, diminue considérablement les ressources
de cet hospice.
Le comité de bienfaisance administre un revenu de 966 francs qu'ë dis-
tribue à mre de dot aux pauvres fîliesde la commune, et à wre de pension
à trois écoliers tirés an sort pour la rhétorique et la philoso[^e. Il y a toi^
jours eu de bonnes écoles secondaires dans cette viHe : les professeurs s'y dii-
tinguent encore. Le nombre des écoliers est diminué depuis les derrières
années.
Les collines qui sont à la gaudiede la Bormida sont bien cuhivées, qu<»-
que le tuf ou la craie y dominent^ et celles qui sont à la droite sont irmdes
et formées de pierres calcaires, de tuf, de schiste, ou de gravier; elles ne
produisent que des bois taillis et des<^hftiaigniers.
L'étendue xhi territoire est de ^,88 1 hectares environ ; les cocons et les tins
forment la principale ressource du pays. Les autres denrées sont insf^Rfisantes
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TOPOGRAPHIE. m^
pour la nourriture d^ habilaAts ^ on est obUgë dlmporter par an 8,5oo beo
toiitres enTiron de difiBérenta grains^ tacwlis qu on a exporte que a,ooa myria-
grammes de cocons et de soie^ et S^ooo hectolitres de vin.
Il y a quatre foires par an, dont les meilleures pour la vente du bétail
sont cdleft de juin et de septembre.
Autrefois le commerce de cette ville étoit très florisaant^ Les denrées cdo-
nialea débarquoioit en abondance ài Savone, et elks étoîeiftt entreposées à
Aapn^ pour la haute et basse Italie. La fondation de la ville d'Alexandrie au
doKsième siècle, Ls combkment du p<NÎ;de Savone, Tabandondelavoie
Antenne, firei^ changer la fortune de ce pays dans^ces différentea époqu^es.
L'induatrie ne consiste actueUcmeut quei» quelques madaufectures de ru-
bans, de cordona de soie, et quelques métiera de tisserands.
Presquau ceatre de b ville est une source d'eau thermale célèbre; on Fap-
pelle eau bouilhmte ; naôs elle aa que 60 d^*iréfr de chaleur envircm au thei>-
momètre de Reaumur , tant en hiver qu en été. La source donne 4oo litres par
minute; efie eat rei^<srmée dans nat petit bâtiment cp^ré d'où elle s^écoule
par deux tuyaux en bronze. Cette source dev<Ht servir aux bains d eauxther*
maies établis par Tadministration française dans le local du couvent de
Saint-François. Cet édifice, lun des plus beaux qui aient été^ projetés pour
des bains publics, auroit réuni à des logements commodes un théâtre, des
saUea dfassemblée, et tout ce qui peut être utile et agréable aux baigneurs.
De Fautre coté de la Boraaida, à un quart de heue de la ville, au nord, et
au pied du moat Strigone^ se trwivent sept autres sources d'eau thermale;
c'est là que se trouve rétablissement des bains,, cmaaposé de deux bâtiments,
duxt l'un, fut construit pour le civil,, en 1687, aux frais du duc Ferdinand
de Mantoue, l'autre, pour le militaire, en 1 780, par le roi de Sardaigne. Tous
deux sont aujourd'hui à la di^)osition de l'administraticHà de La guerre, pour
le service militaire.
11 y avait près de là anciennement une autre maison de bains, qu'on nom-
moit la Caretta. Suivant les notices historiques de Chial^era, relatées par Mio-
fîando dans le deuxième volume des Monuments d'antiquité d'Acqui, elle
fîit transportée à phia de 36 mètres de distance, par un éboulement de terre
détachée du mont Strigone, le 3i mars 1679. Les sources d'eau jaiUirent
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228 CHAPITRE I.
alors plus bas, et cest là que les bâtiments nouveaux ont été construits.
L'expérience de plusieurs siècles démontre que ces eaux sont excellentes
pour guérir les maladies de la peau y les blessures, les sciatiques, rhumatismes,
et paralysies.
La population d'Acqui est de 6,095 habitants, en grande partie agriculteurs,
artisans, et commerçants.
Acqui a constamment fourni des personnages distingués dans les armes,
dans le barreau, et dans la chaire; sans toutefois qu aucun ait accjuis une ré-
putation assez grande pour être cité. On ne doit cependant pas omettre une
femme, nommée Jeanne-Marie Scotellazzi, qui se rendit célèbre dans letude
du droit canon; en i538, elle harangua le pontife Paul III, lorsqu'il passa
par Acqui pour se rendre au congrès de Nice; et le pape s entretint avcM? elle
sur plusieurs sujets de littérature. Lorsqu'il parloit de son voyage, il disoit:
acquis tria mirabilia vidi^ aquam bulUentemy circa eaniy herbam virentem^ et
muliei^em sapientem,
Acqui étoit autrefois habitée par les Statelliens, ou Stateillites, que Ton
croit être provenus d'une colonie grecque, comme l'indique leur nom, que
l'on interprète Statio Hellenum. On a prétendu qu elle avoit été édifiée sur
les ruines de l'ancienne Caristo, détruite, ver» l'an SSo de Rome, par le consul
Popilius Lena.
Après que les Romains l'eurent réédifiée, ils lui accordèrent tous les pri-
vilèges de la bourgeoisie romaine; ils y construisirent des temples, dédiés à
Pallas et à Junon, et des aqueducs. Actuellement on voit encore les débris
d'un aqueduc destiné à conduire l'eau de la source de Rocca-Sorda dans
la ville, en traversant la rivière de la Bormida ; douze piliers et quatre arches
de quatorze à quinze mètres de hauteur, en attestent la grandeur.
Les quartiers où étoient les temples de t^allas, de Junon ou Monetta, s'ap-
pellent encore Pallas et Monetta.
Dans la plaine de Madonetta , près la grande route d'Alexandrie à Sa-
vone, on voit une autre ruine qui mérite l'attention; suivant l'opinion des
savants, c étoit un tombeau. Pour peu que l'on fouille dans la ville et dans
les environs, on découvre les vestiges de pavés de mosaïque, de beaux
marbres^ des inscriptions, des idoles, des monnoies, des urnes sépulcrales
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TOPOGRAPHIE. 229
et des lampes, etc. En 1728, on en trouva une quantité dans la fouille du
nouveau canal du Meri; une grande partie fut envoyée au muséum de
luniversité de Turin. On trouva entre autres une inscription dédiée à Gaïus
Valérius pour avoir réparé la route émilienne et les thermes d'Acqui. Quoi-
jqu elle fût en grande partie efiBacée, les antiquaires Font interprétée ainsi :
Caio FaleriOf MarcifiliOy albo viro quodviam JEmiliam lapidibus stravit,
thermas restituit^ Acquœstatiemespatrono ob mérita. D autres inscriptions por-
toient : Ex comitate Imp. Domitiani Aug. Germanici ab Acqui statiellis A. U. G.
IXGGGLXXXI Kal. Aug. divo Andriano Imp. GGG.: les derniers mots pa-
roissent indiquer Censa civium capita. Une autre : Antonius Pius Aug. pont
jussiL En 1788, on découvrit dans une prairie, à Test du château d'Acqui,
des vases lacrymatoires, des monnoies, des miroirs de cuivre, des lampes^
des urnes, et cette inscription : Publias Lucius Accius sibi et militibus /e*
gionis XXII.
Après la décadence de lempire romain, ce pays iuX envahi par les bar-
bares, puis par les Sarrasins.
La ville fut constamment du parti des Gibelins. Les Alexandrins y firent
[dusieurs incursions; lempereur Frédéric leur ordonna, en 1184^ de res-
pecter cette ville; mais ce fut en vain, de sorte quelle dut faire cause com-
mune avec les marquis de Montferrat et les habitants de Gavatore, Visone,
Grognardo, Strevi, etc., pour repousser leurs agresseurs.
En 1278, la ville se donna aux marquis de Montferrat. Leur descendance
en ligne masculine s'étant éteinte en i3o5, tous les pays du Monferrat échu-
rent en partage à la famille Paléologue, alliée à la sœur du dernier marquis.
En i3i3, Robert, roi de Naples, s empara de cette ville, et lui fit prêter
serment de fidélité. En i339, ^^^^ Paléologue reprit le Monferrat, et en
obtint Finvestiture de lempereur Gharles IV en i355. En i4i3, le marquis
de Montferrat dut se réfugier à. Venise, tandis que Phihppe Sforce, duc de
Milan, occupoit ses états. En 14^49 lempereur Sigismond ayant honoré cette
ville de sa présence, confirma en faveur du marquis les investitures données
par ses prédécesseurs aux Paléologues. Il fait la description de lancien comté
d'Acquesana dans son diplôme. I
En i533, le dernier de la branche mascuhne des Paléologues éta^nt uïort,
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23o GHAPITRE I.
il sélev^ uae co&testatîoii entre la &iiiiUe Gonzague et la maifioa de SaToie.
L empereur Charies» V^ en 1536, accorda leur t^nccesaîoa à Frëdécîe Goii«*
aeaçue, duc de Mantoue, doofc Fépouse était issue dea Paléolog^ea. Eu i€ajj
la lig^ne masculine Goozague étast éteinte, la maison de Savoie renouvela
ses prétentions, mais^ le Roi de France c^tint de Fempereur d'AUemagne
que Ckaries I<^, duc de Ncvers et de Rhetel, d une autre branche de Gon-
zague, fÙLt nus en possession dn duché de Mantoue et de Momtferrat. Dès
lors, ce pays appartint. à cette démise famille jnsquen 1703, époque à
laq|uelle une grande partie du MontfiN*vat fut cédée au roi de Sordaigne.
En 1643 €t 1646, Aequi £ut assiégée et prise par les. E^ngnob. En 1649,
la reine d'Espagne passa par cette ville arvee Farmée, commandée par le gé-
néral Caracena.
En 1 702 , Plôlippe V, rm d'Espagne, la traversa avec Farmée pour se rendre
à Milan. Dans les guerres du dix-huitième siècle, les armées d'Espagne, d'Al-
lemagne, et de Fnmce, exigjèrent des contrilmtions de cette commune, qui
fut plus maltraitée encore dans les campagnes de 1799 et de 1800.
En 1796, Bnonc^rte, eonmandant l'armée française en Italie, ^'arrêta
trois jou£s dan» Acqui, pour donner le temps à ses troupes de se porter sur
I^aisance €ft Milan.
Alice est située sur une colline très élevée d'oà Fon voit une partie du
royaume d'Italie, du département de Marengo, de oelui de Gènes, et les
montagnes de l'ancienne Ligurie. La pasoissepossède un rev^iu de 800 francs.
Il existe une fondation charitable de 89 francs», à diatrihner aux pauvres
d'Alice et de Castel-Rochero.
Le sol est généralement mêlé de tuf ou de plâtre. Son â;endue est de
1,292 hectares environ. Il y a une sMirce d'eau salée etamère dans ce terri*
toire. On y fabrique beaucoup de plâtre.
La population est de 1 147 habitants^ en grande partie agriculteur» <m
plâtriers.
II est parlé de celite commune dans Facte de fondation de Fabbaye de Spi*
gno, en 99 1 , et dans^ le (mvilége accordé en f 1 79 à cette même aUiaye^ par
le pape Alexandre III.
En 1 198, les marquis d'Occimia donnèrent cette c<»nmune aux Alexan-
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TOPOGRAPHIE. a3i
<lrins; elle fut exposée aux incursions des marquis de Montferrat et dlncisa.
Il y avoit un vieux château au milieu de la commune : il a été abattu depuis
quelques années.
BiSTAGNO est située sur la rive gauche, au confluent delà Bormida. Cette
commune est ceinte de bastions avec six tours et quatre portes, dont deux
sont fortifiées suivant Fusage des siècles du moyen âge. Les maisons de ce
village étoient autrefois éparses; elles furent réunies, en i253, par les con-
seils de son seigneur, Tévèque d'Aoqui, dans le but d opposer de la résis-
tance aux incursions des partis qui désoloient les communes de Montferrat.
Ce bourg est celui de tout le canton qui présente l'aspect le plus régulier; ses
rues sont alignées au cordeau, mais un peu trop étroites.
La paroisse a un revenu de 800 francs; le bureau de bienfaisance un
de 67 1 francs^
Il y avoit autrefois un hospioe pour recevoir les pèlerins et donner des
secours aux pauvres : les revenus ont été détournés de leur destination.
Le sol est assez fertile, mais il pourroit être mieux cultivé.
Son étendue est de i,83o hectares environ, dont 4^8 en champs, 49 ^u
prés, 523 en vignes, io3 en châtaigneraies, 5j en bois taillis, et 612 en
friches.
Le commerce consiste dans le trang|)ort que Ion fait à Savone de diffé-
rents grains qu'on achète à Alexandrie ou au marché d'Acqui, pour être dé-
bités dans les pays de lancienne Ligurie; on rapporte en échange de Thuile
d'olive, du savon, du poisson salé, des verreries d'Altare, etc. Une grande
partie des habitants étant occupés de ce commerce, négligent la culture des
terres, sur^tout lorsque le Piémont abonde en grains.
La population est de i363 individus, tous agriculteurs ou muletiers.
11 est fait mention de Bistagno dans Facte de fondation de labbaye de Spi-
gno, en 991, et dans le privilège du pape Alexandre IIÏ, accordé à cette même
abbaye, en 1179.
L'empereur Henri II donna cette commune à titre de fîef à Févêché d'Ac-
qui, en 1062. Cette donation fiit confirmée par ses successeurs. L'évêque
d'Acqui céda Bistagno au marquis de Montferrat; celui-ci la donna à Jean
Rovère à titre de fief, comme il résulte du bref d'Innocent VIII, en date
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235 CHAPITRE I.
du 3i janvier 1484 : dès -lors elle partagea le sort de la ville d'Acqui.
En 161 5, le village fut assiégé par le duc de Savoie, qui en fut chassé par
les Espagnols, après cinq jours de blocus et une canonnade contrôle château.
CaSTEL-Rochero est situé sur une colline très élevée. La paroisse a 200 fr.
de revenu.
L'étendue de son territoire est de 6o4 hectares environ. La population est
de 406 habitants, presque tous cultivateurs.
MONASTERO est situé sur la rive gauche de la Bormida de Cortemiglia. Sa
paroisse a 5oo francs de revenu.
Le sol est assez fertile dans la plaine ; une partie est arrosée par la Bormida.
Les collines sont plantées en bois, en châtaigniers, et en vignes. Sa surface
est de 1,278 hectares, dont 4^7 en champs, 22 en prés, 79 en vignes, gS en
châtaigneraies, 226 en bois, et 4^7 en friches. Il y a dans le territoire de
cette commune des indices de charbon fossile et une source d^eau sulfureuse.
On remarque une belle filature de cocons et un moulin à scie.
La population est de i447 habitants, en grande partie agriculteurs.
On sait qu'au commencement du dixième siècle les bénédictins y avoient
un couvent, et qu'ils réunirent un nombre considérable d'habitants disper-
sés dans des hameaux. Ils donnèrent au village le nom de Monastero.
Par le bref du pape Innocent VIII, en 1484» on voit que cette commune
fut donnée par le pape Sixte IV à Jean Rovère de la ville de Savone, à titre
de fief. Les bénédictins s'étant retirés dans le couvent de Saint-Barthélémy
d'Asti, emportèrent les archives de la commune.
MONTABONE est situé sur une colline stérile, fort élevée. Sa paroisse
a 35o francs de revenu. Le sol est ingrat, mais à force de travail on est pai>
venu à en cultiver plus de la moitié. Sa surface est de 658 hectares environ,
dont 79 en champs, 19 en prés, 190 en vignes, 67 en bois taillis et châtai-
gneraies, et 3 1 3 en friches.
La population est de 674 habitants, presque tous agriculteurs. Il est fait
mention de cette commune dans l'acte d'investiture, donnée par Tévêque
d'Acqui aux habitants de Casanova en 1 100, sous la condition de défendre
le château de Montabone.
En i364, l'empereur Charles IV confirma la donation que lempereur
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TOPOGRAPHIE. 233
Henri H avoit faite, en i n6, à Févêque d'Acqui. L'empereur Maximilien,
en i5o3, et Charles V, en 1 53 1, confirmèrent de nouveau cette donation.
RiCALDOME est entouré de collines : sa paroisse a 3oo francs de rente. Le
bureau de bienfaisance est réduit, par la suspension des monti, à une rente
de 68 francs, destinée à donner des secours à domicile. Le sol est peu fertile,
excepté dans les vallées. Sa surface est de 826 hectares environ. La population
est de 896 habitants, en grande partie agriculteurs.
Il est parlé de cette commune dans les bulles du pape Alexandre III, en
l'an II 79 et 1180.
StREVI est composée de deux bourgades ; l'une située sur une petitç colline,
à gauche de la Bormida; l'autre au pied de cette même colline, porte le nom
de Bourg inférieur.
. ' La paroisse est dotée d'environ 900 francs. Le sol est médiocrement fertile.
Son étendue est de 1,690 hectares, dont 708 en champs et jardins, 28 en prés,
928 en vignes, 8 en bois taillis. Les vins muscats y sont renommés. On y voit
un moulin à soie et une belle filature de cocons. On se sert de l'eau de la Bor-
mida pour diverses usines et pour l'arrosage des jardins potagers.
Vers le nord-est du village il y a une source d'eau salée.
La population est de i,4^9 habitants, la plupart agriculteurs.
On ne sait rien de positif sur l'origine de ce bourg, si ce n'est qu'il existoit
avant 991, puisqu'il en est fait mention dans l'acte de fondation de l'abbaye
de Spigno.
En 996 cette commune fut donnée à l'évêché d'Acqui par 1 empereur
Othon III. Une convention passée entre Strevi et Acqui, en 1194» [^ortoit
que les habitants de Strevi consentoient à dépendre de la ville d'Acqui, et
même à envoyer tous les ans des individus pour y habiter, sans toutefois lo-
ger plus de dix ensemble dans une même maison.
TëRZO est situé au sommet d'une colline à gauche de la Bormida. L'église
paroissiale a 5oo francs de revenu, et le bureau de bienfaisance a 128 francs
pour dotation de pauvres filles.
Le sol est fertile et bien cultivé. Sa superficie est de 855 hectares, dont
146 en champs, 1 1 en prés, 491 en vignes, 25 en châtaigneraies, 331 en bois
taillis, 149 en friche.
3o
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iM CHAPITRE I.
Le» productions sont les mêmes que celles d^4cquî. Il y a deux filatures
de ceeons.
La population est de 7 1 2 habitants, presque tous agriculteurs.
Teriîoftit donné, en 996, à rtérêchié d'Acqui par Tempereur Othcm. En
1691, lestroQpM autrichiennes brûlèrent le village, après avoir feil con*
tribuer la ville d'Acqui.
Les archives périrent dans Tincendie.
CANTOJV DE CASTELETTO D'ORBA.
Le canton de Casteletto d'Orba renferme les torrents dX)rba, de Lemmo,
et plusieurs ruisseaux qui y aboutissent. Ses vallées, assez agréables et médio-
crement fertiles, sont entourées à Test et^vi sud par les montagnes liguriennes,
et de lautre ùôté par des collines couvertes de vignes.
Le sol est planté en vignes, bois taillis, mûriers, ou eultivé en .champs et
en prairies. Il produit du froment, dn maïs, des châtaignes, des cocons, et
beaucoup de vin ; on en distille une partie quand il est trop bon marché. Le
bétail est de quelque ressource pour le pays.
Le climat est tempéré^ lair est s^lubre; les hommes sont robnsleset bien
constitués. On y remarque ptusieurs-centenaires.
Il n y a de commerce dans ce pays agricole que celui du transport effec-
tué par des rauletiens qui échangent des vins^ etc., contre d'auu*es 4enrées
de la Ligurie et du royaume d'Italie.
Les paysans vont travailler <(kns d'^titt^s départements pendant quelques
mois , et rapportent à leurs familles des seeoun , soit en gmins , soit en argent.
La population est de i3,53!2 habitants, la plupart agriculteurs.
Les communes de ce canton ont af^ypartenu antx marquis de Bosco, aux
empereurs d'AMemagne, ani Génois, aux Alexandrins, aux marquis de Mt-
rabello, de Montferrat, de Gavi, aux ducs de Mantoue, à la maison de Sa-
voie , etc. A en jnger par les débris 'de châteaux qtiV>n trouve encore dans ces
communes, on est porté à eroire qn^ quelques unes sont très anciennes.
Leurs archives ayant été égarées, lors des incursions militaires, on a dû se
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- - i
\ \
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TOPOGRAPHIE. 235
borner aux documents tirés des ouvrages de Muratori et de Moriando.
Casteletto d'ORBA est situé sur le penchant d une colline, entre les tor»-
rents Albedosa et Arbara. On n a pas su tirer tout le parti possible des eaux.
Elles pouvoient favoriser letablissemenl; de beaucoup de prairies. Les habi«-
tants, ne s'occupant que de la culture de la vigne, ne sont pafi en état de
lournir aux dépenses qu entraineroit la construction d un canal. Les pix>^
priétaires aisés devroient en faire les avances ^ ils en seroient amplement
dédommagés par Tabondance des fourrages que procureroit un ban système
d'irrigation.
La paroisse de Saint'-Antoine a 4oo francs, celle de Saint*Laurent Soo francs
de revenu. Des capitaux montant à la somme de i,i38 francs, sont affectés
à des services de bienfaisance sous le titre de mont-*de»piété. Une œuvre cba«*
ritable a été instituée par le prêtre Charles Pastore, en faveur des pauvres
filles de cette commune, auxquelles il légua une dot de 90 francs pour cha-
cune. Sur le territoire de Casteletto est une source d eau sulfureuse dite del
Paletto, dont quelques habitants se servent pour se purger et pour guérir les
maladies cutanées.
La population est de i ,688 habitants, presque tous agricuheurs.
Cette commune appartint pendant long<-temps aux marquis del Bosco.
En 1 169, ses habitants se donnèrent aux Alexandrins. En 1 196, une conven-
tion fut passée entre les Alexandrins et les marquis de Montferrat, par la*
quelle ceux-ci durent être mis en possession de Casteletto d'Orba, en justi-
fiant toutefois par acte au.thentifue ou par témoins, quils en avoient acquis
la propriété de Guillaume Parodi.
Les troupes espagnoles s emparèrent de cette oom^mune : on voit encore
les armoiries de cette nation sur la porte d entrée du village, côté de Gènes.
Les débris du château ia^diquent une ancienne origine. iTfnt détruit dans le
seizième siècle, par ordre d'AnU)ine Adomo, doge de Gènes, la princesse
Anne Pico de la Mirandola ayant tenté de s'en ^nparer à main aradée.
Les archives de cette commune ayant été détruites, on ne sait à quelle
époque elle est passée sous la domination des duc« de Mantoue. \s roi de
Sardaigneleutà titre de fief en 1708, de Tempereur d'Autriche, qui en re-
nouvela Tinvestiture en 1 7 1 S.
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336 CHAPITRE L
Casaleggio est situé au nord, sur le penchant dWe colline. Vei's la moi-
tié de son cours, le torrent Gorzente y forme une cascade de i5 mètres
de hauteur. Ses eaux s'étant frayé un passage à travers le rocher, se pré-
cipitent en bouillonnant, et forment un bassin appelé délie tine. Plus bas
existent deux autres bassins du même nom, taillés |)areillementdansle rocher
ou les eaux retombent avec fracas. On prend quelquefois d assez gros pois-
sons dans ces petits lacs, mais il est très difficile d y pêcher, parcequ on n y
peut plonger sans danger. Dans les montagnes supérieures à ces lacs on
trouve des paillettes d or dont une partie est entraînée par les eaux plu-
viales dans le sable du torrent. Quelques paysans s'occupent du lavage de ce
sable, mais avec peu de succès, faute de savoir conserver les petits grains
d or, beaucoup plus abondants que les paillettes.
Le sol est généralement stérile. Les rochers sont en grande partie calcaires.
Les productions sont les mêmes que celles deCastelettod'Orba.
La paroisse a 600 francs de rente.
La population est de 465 habitants, presque tous cultivateurs. '
C ARPENETO est situé sur le sommet d une colline. Sa paroisse a un revenu
de 467 francs. Le sol est de tuf et d argile.
On n'élève à Carpeneto que peu de vers à soie, mais les cocons sont d une
bonne qualité. Les vins y sont assez bons.
La population est de 1,390 habitants, en grande partie agriculteurs.
Il est fiiit mention de cette commune dans lacté de fondation de labbaye
de Saint-Quentin de Spigno , en 99 1 . Ses liaKtants firent des alliances en 1^20 1
avec les Alexandrins et les marquis de Gavi. En i2o3, la moitié de ce pays
fut cédée aux Alexandrins par les marquis de Montferrat. Mais la guerre se
ralluma de nouveau, et cette commune reçut alternativement la loi des uns
et des autres en 1272, 1278, et 1291. Les documents, postérieurs ne con-
statent point l'époque à laquelle ce pays passa définitivement sous les ducs
de Mantoue, de Montferrat, de Savoie, etc.
Il y a un château qui paroît fort ancien et dont l'origine est inconnue.
SiLVANO est situé près du torrent Orba, partie sur le penchant d'une col-
line, et partie dans la plaine. La paroisse de Saint-Pierre a 2,5oo francs de
rente, celle de Saint-Sébastien en a 600. Une chapellenie fut instituée le
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TOPOGRAPHIE. \ ix'i^
37 septembre 1 63 1 , par Jérôme Adorno ; en 1 648, la dame Magdeleine Adorno
la dota de 3oo francs, et le chapelain fut chargé d'enseigner aux enfants à lire
et à écrire la langue latine et italienne.
Le sol est fertile dans les vallées arrosées par le torrent la Plota : on y voit
dé belles prairies. On y récolte beaucoup de truffes. On trouve de l'or en pe-
tite quantité dans fOrbaj deux ou trois habitants seulement s'occupent de
cette recherche.
La population de cette commune est de i, 44 4 habitants, en grande partie
agriculteurs.
Cette commune étoit, en 1 190, au pouvoir des Alexandrins; elle passa
ensuite sous la domination des Génois, qui, en 1225, en donnèrent l'inves-
titure au marquis de Bosco. «
Pendant les guerres entre les Génois et les Alexandrins, le château et
une partie du village furent détruits •, on voit encore les débris de ce châ-
teau, de quatre tours, et d'une bourgade considérable. D'après la tradition
du pays il y avoit anciennement sur le sol de la commune une ville très
peuplée appelée Rondinana. Les documents concernant cette ville et la com-
mune de Silvano ayant été égarés, on ne peut rien dire de positif sur son
origine.
Il y a dans le village un superbe château appartenant à la maison Botta
Ardona , de Pavie.
MONTALDEO a une paroisse dont le curé jouit de 890 francs de revenu, et
un établissement de bienfaisance doté de 90 francs. On exploite dans ce
pays des carrières de pierres de taille et de pierres à chaux. La population
est de 667 habitants, la plupart agriculteurs.
En 1271 , Montaldeo fut pris par les Alexandrins; il passa ensuite sous la
république de Gênes, puis sous l'empereur d'Allemagne, qui en accorda
l'investiture au marquis de Mantoue. En 1 786, la maison de Savoie le reçut à
titre de fief impérial des langhes, avec exemption de charges, tant foncières
que personnelles : les armoiries impériales existent encore sur une des portes
de la commun^. On y voit un beau château appartenant ^ la maison de
Georges Doria, de Gênes.
Saint-Christophe est situé sur une colline agréable vers Gàvij sa pa-
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538 CHAPITRE I.
roisse a i84 fraacs de revenu ; 8a population est de 696 habitant», en grande
partie agriculteui^.
Les notions historiques que Ton a recueillies sur cette commuiie ne re*
montent pas au-delà du quinzième siècle, à Tépoque où lempereur ea ac-
corda la jouissance au duc de Mantpue. En 1 786, ce pays fut donné comme
le précédent au roi de Sardaigne, à titre de fief impérial des langhes.
On y voit un château très ancien , entouré de fossés et de remparts , avec une
belletour d oùlon découvre lePiémontetlesbellesplainesdu royaumed'Italie.
TassâROLO est placé sur une colline près de Novi. La population est de
^7 1 habitants, presque tous agriculteurs. La paroisse est dotée de 600 fraacs.
U résulte de la convention &ite en 1 172 entre les marquis de Gavi et les
Alexandrins, que ceux-ci s obligèrent de délivrer cett^ commune et la route
d'Alexandrie à Gavi des brigands qui les infestoient, moyennant 1 exemp-
tion des péages établis par les seigneurs de Gavi.
La république de Gènes s'étant em|>arée de Tassardo, le donna atix
j^exandrias en 1 192, suivant les annales de Schiavina, où Ion voit que les
Génois, ne pouvant garder les communes qui leur a[:^>artenoient au-^ielà
4es montagnes, convinrent que les Alexandrins les défendraient contra l^&rs
ennemis communs.
En 1324) <ies discussions s'étant élevées entre les Alexandrins et les Gé-
nois, Tassarolo fut incendié par les premiers. Au quinzième ^écle, lem*
pereur d'Allemagne le céda au duc de Mantoue; en 1736, il fut donné au
roi de Sardaigne à titre de fief impérial.
On y voit un château spacieux qui e^ orné y à lest et au sud, de belles
colonnes d ordre corinthien. Le salon est décoré de peintures à fresque*
FrAJNCAVILLA est située dans la vallée 4e Lemmo. La population mt de
4i8 habitants ) presque tous agriculteurs* Ce pays est lun de ceux qui, en
vertu des préliminaires de paix entre la France et lempire d'Allemagne, furent
donnést au roi de Sardaigne, à titre de fief impérial secondaire, en 1736. Sa
parois^ a aSo francs de rente^
MorNese a (ine paroisse dont les revenus sont de 5oo francs, et un bureau
de bienfaisance, qui est doté d'un capital de 1 28 1 francs, légué, en 1 755, par
]e curé Gazv.
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TOPOGRAPHIE. 2^9
On trouve sur ce territoire quantité de €X>qaillag^es et de corail pétrifié,
des cristaux de roche, etc. On exerçoit autrefois à Mornese plusieurs genres!
dlndustrie : on a^^oit établi une papeterie sur le Goirento. Il y avoit une ver-
rerie dans le village, une faïencerie, une manufacture de tabacs, uae autre
de poudre à canon, et différents métiers à toile de lin et de chanvre. Ces
a!?eliers furent ruinés dans les. guerres de 1 664 et de 1 702.
La population se compose de 1,020 habitants, qui sont presque tous culti-
vateurs.
La moitié delà commune fut donnée au roi de Sardaigne en 1 786, par l'em-
pereur d'Allemagne, à titre de fief impérial secondaire. Il y existe un vieux
château mal entretenu. Une route d'Alexandrie à Gènes passoit sràtrefois
par cette commune et Voltaggio, mais à peine en aperçoilKm quelques traces;
elle devoit être plus commode et plus courte que celle qui passe par NovL
Tagliolo est situé sur une belle colline ; sa paroisse rappoite 600 feancB.
Le temtoii^ de cette commune est très étendu veK la Folcevera; il y a des
troupeaux considérables de brebis, de vaches, de pc^t^, qui sont d'une
grande ressource pour le pays j il y a uuc tannerie et quelques tisserands ;
on y iTouve quelques indices de charbon de pierre; on y voit ua beau
château, appartenant à la famille Pinelli; on découvre, de ce château, uoci
partie 4es déparlements de Marengo, de Gènes, et du royaume dltalie.
La populatioii eèt de 1 4^^ habitants, la plupart agriculteurs.
£n 1210, cettïe commune fut cédée par le marquis de Bosco à la rép«i«-
blique 4e Gènes-, en i^âS, cello-ci la rendit au niéme marquis, à titre de
fief. En 94779 ^^ p^^J^ passa sous la domination des Adomo, lors de la con--
fédération que ceu^-ci firent at^ec le marquis de Montferrat, les Carretto,
et les ducs de Milan, pour chasser les Génois de toutes les communes qui se
trouvoientau-deflà des Apennins, vers la Lcnnbardie. L'empereur d'Allemagne
réunit ce pays aux duchés de Montferrat et de Mantoue, après la cession que
lui en firent les Génoiç, puis aux états du roi de Sàrdaigne, en 1 786, à titre
de fief impérial.
BiSïO est situé dans la vallée de Lemmo-, il n'y a pas de paroisse dans le
pays, et les habitants vont à celle de Francavilla. Les productions sont k
froment, le méteil, et le maïs; la pc^ulàtion est de 77 habitants, tous colons
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24o CHAPITRE I.
de la maison Gouascx) , d'Alexandrie. Cette commune passa sous le roi de
Sardaigne en 1 787, à titre de fief impérial.
LermA a une paroisse dotée de 600 francs de revenu. Le bétail est de quel-
que ressource pour le pays; la population est de i,o85 habitants, en grande
partie agriculteurs. En Tan 1 1 84 ^ ce pays fut cédé au marquis de Mirabello,
suivant une convention faite à Alexandrie, le 9 avril, entre ce marquis et
les Alexandrins. On ne sait pas positivement à quelle époque cette commune
passa sous la domination de la Savoie.
Son château est situé sur un rocher très élevé , au-dessous duquel passe
le torrent Piota.
Belforte est arrosé par le torrent Stura. Sa paroisse est dotée de
600 francs; sa population est de 566 habitants, tous agriculteurs.
En 1 1 64 , ce pays fiit réuni au Montferrat. Il possède un vieux château
appartenant à la marquise de Belforte.
RoggA-GrimALDA est située au levant, sur une colline élevée, au pied
de laquelle passe TOrba, Sa paroisse donne un revenu de i5oo francs au
curé.
Le sol est médiocrement fertile, et produit beaucoup de vin, dont une
partie est distillé.
La population est de 1,941 habitants, agriculteurs. Dans un diplôme de
lempereur, accordé en 891 à Tévéché d'Acqui, il est fair mention de cep,e
commune: en 1199, elle appartenoit au marquis de Montferrat; ses habi*
tants firent plusieurs fois la guerre aux Alexandrins, qui s en emparèrent
en 1272. En 1278 ils la rendirent au marquis de Montferrat. En 1292^
elle retourna sous leur domination , en vertu de la convention du 10 juil-
let de la même année; elle passa ensuite sous la domination de Gênes.
En i4i7> le <luc de Milan s empara de Rocca Grimalda, et, en i44^9 î" ^^
donna au mà^[bis de Montferrat. Après lextinction de la famille Paléologue,
en 1^33, Charles V, en fit don au duc de Mantoue, et le pays passa sous la
domination de Gonzague en i536. En 1627, il fut donné par l'empereur à
une autre branche des ducs de Mantoue, c'est-à-dire au duc de Nevers et
Réthel ; en 1 707 , l'empereur d'Autriche s'en empara , et cette commune resta
sous le gouvernement jusqu'à l'an 1736, époque à laquelle elle fut donnée
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TOPOGRAPHIE. 24,
à la maison de Savoie, à titre de fief impérial secondaire. On y voit un beau
château de nouvelle construction, et, sur le sommet de la colline attenante
au village, les restes d une très ancienne fortification , et les ruines du châ-
teau de Castel-vero, où se trouve aujourd'hui une chapelle.
CANTON DE DEGO!
Le canton de Dego renferme une partie du cours de la Bormida. Les mon-
tagnes y sont très élevées, et sont en grande partie couvertes de bois forestiers
et de châtaigniers. Quelques unes n offrent que des broussailles et des pâ-
turages. Les collines y sont cultivées en labours ou plantées en vignes. La
vallée la plus fertile est celle de la Bormida. Le canton produit du froment,
du maïs, des châtaignes, du vin, et quelque jardinage. On y trouve des
champignons et des truffes.
Le climat est généralement froid : le printemps est retardé à cause du voi-
sinage des montagnes. En été la chaleur ne s y fait sentir que pendant deux
mois, et alors on est exposé à la sécheresse, sur-tout depuis que 1 on a coupé
les forêts immenses de Monte-Ursale, de Montenotte, Monte-Acuto, etc. Les
vents du sud, depuis cette époque, se font sentir avec violence en été, et
endommagent considérablement les campagnes.
L'air est vif et sain, et les habitants sont vigoureux et actifs, quoique les
aliments dont ils se servent soient grossiers et peu nourrissants.
La population est de 5,o46 habitants. Le territoire est de io,5i8 arpents
métriques.
Le commerce consiste dans l'exportation du charbon, du vin, des châ-
taignes, des cocons, et dans l'importation de l'huile d'olive, des cuirs, du
riz, et de quelques marchandises du Piémont.
Dego, chef-lieu du canton, est divisé en dix-huit hameaux. Le village est
sur un rocher escarpé, au-dessus de la Bormida. A peu de distance de l'an-
cien château qui est ruiné est l'église paroissiale dont le curé a 676 francs de
revenu. La cure d'Urmenano rapporte 3o5 francs. Le territoire de cette com-
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2^2 CHAPITRE I.
mune est de 3,4oo arpents métrique^) dont les deux tiers consistent en forêts,
terres incultes, et rochers. 11 produit du froment, du maïs, des^faâtaignes,
des trufifes, et des champignons.
La population de cette commune est de i ,77 1 habitants, presque tous agrir
culteurs, pasteurs, ou charbonniers.
Il est question de Dego dans le diplôme d'Othon, en date de 967 , et dans
celui de 991, lors de Férection de labbaye de Saint-Quentin de Spigno. A la
mort d'Anselme, fils dAlérame, la commune de Dego passa sous la domina-
tion du marquis de Savone.
En 121 4? ^11^ ^^ cédée aux Génois : ceux-ci renoncèrent à leurs droits en
faveur de Tempereur Charles IV, qui réunit cette commune au marquisat de
Montferrat, en 1419- Le ^5 juin 1625, les Français et les Piémontais réunis,
commandés par le maréchal de Gréqui, se portèrent sur Dego, et prirent le
fort de Cairo.
En 174s 9 larmée française et espagnole, sous les ordres de don PhiK[^
d'Espagne, séjourna à Dego, du 6 au 10 juillet ; en 17949 1^ Autrichiens re-
tranchés à Dego furent battus le 21 septembre par les Français. En 1796, le
général autrichien. Devins, sy établit, et fît tracer des routes militaires,
pour se rendre maître de la Ligurie. Il y repassa dans le mois de décembre
de la même année, en se retirant sur Acqui. En 1796, après la bataille de
MontenOtte, les Autrichiens repoussés prirent position à Dego, furent bat-
tus le i4 avril par les Français, reprirent 1 offensive, et repoussèrent leurs
vainqueurs le 1 5. Le général en chef de larmée française les attaqua de nou-
veau en personne, et les mit en déroute après un combat sauvant, dans
lequel périrent le général Causse et plusieurs officiers de grade supérieur.
Le 18 mai 1799, le général Victor (i) fut envoyé contre une horde de
brigands qui s^étoient établis sur ce territoire. Le 1 5 juin suivant, miHe Aus-
tro-Russes vinrent camper à Dego, et s y arrêtèrent un mois, pendant lequel
ils vécurent aux dépens du pays.
Au commencement daoût un corps français de i5,ooo hommes, sous les
ordres du général en chef Joubert, arriva dans cette commune, et s'y arrêta
(1) Depuis marëcbal de France, et duc de BeUune.
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TOPOGRAPHIE. ^43
quelques jours avant de se rendre à la bataille de Novi; il fallut encore les
pourvoir de subsistances. Le 9 septembre un autre oorps de six mille Frai^-
çais vint à Dego, et il y resta pendant deux mois ; un autre corps de trois mille
Français, en se retirant d'Acqui, y passa le 10 décembre, et sy arrêta six
jours. Au mois daoût 1800, le général Mêlas vint avec une armée de trente
mille Autrichiens, et campa sur ce territoire pendant deux jours.
Le passage des troupes autrichiennes dura jusqu'à la moitié de juin sui*
vaut. Après la capitulation de Gènes, le général Masséna vint camper à Dego,
doit il ne partit avec son armée que lorsqu'il apprit la nouvelle de la bataille
de Marengo : ces détails prouvent toute Fimportance de la position militaire
de Dego*
Les habitants de ce pays ont soufifert, pendant les années 1799 et i8oO|
toutes les calamités de la guerre. Restés sans subsistances et sans maisons,
ils ont vu diminuer considérablement leur population. Plus de quatre cents
personnes furent victimes de la faim ou des maladies pendant Fan 1800.
ParetO est situé sur une colline assez élevée. Le climat est très froid, à
cause de la neige qui s^oume sur les montagnes voisines. Il y a une paroisse
et deux succursales dans cette commune. La paroisse a un revenu de 700 fr. *,
la succursale de Robouro rapporte 4^5 francs; celle de Pontinvrea est dotée
de 3oo francs. Le territoire de Pareto a 1 2,797 journées, dont 3,734 en terres
cultivées, et 9,o63 en rochers, landes, et broussailles. On a tiré partie des
bois et des eaux pour établir trois forges et un martinet dans le hameau de
Pontinvrea. Le minerai est tiré de l-île d'Elbe, et le fer febriqué et renvoyé
en Ugurie.
La population est de a, 1 6ohabitants, agriculteurs^ pasteur6,ou charbonniers.
Le hameau de Pontinvrea ayant été vendu par la cx>mmune de Pareto à la
famille Invrea^ de Gènes, cdUe^ci concéda presque toutes les terres en em-
phytéose à des particuliers qui vinrent s y établir; et ensuite elle fit bâtir des
usines et des moulins.
MiOGLiA. Le territoire de cette oommune est de 6,33o journaux, dont
1,583 en terrain cultivé, et le reste en rochers, landes, et pâturages.
La population est de i , 1 1 5 habitants, agriculteurs, ou pasteurs. La paroisse
est dotée de 55o francs.
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jU chapitre l
• En 1223, ce pays fut cédé à la république de Gênes. Eu 14199 il fut réuni
au Montferrat; et en 1 736, j>ar le traité de paix entre la France et lempereur
d'Allemagne, cette commune a été cédée au roi de Sardaigne, en qualité de
fief impérial des langhes. Dans le diplôme de lempereur Othon, il est fait
mention de Mioglia.
CANTON D'INCISA.
Le canton dlncisa est arrosé par le torrent Belbo qui le traverse, et passe
par le territoire dlncisa, Bruno, et Carentino. On y voit des vallées assez
«agréables dont la plus grande est celle dlncisa et de Bruno.
L'étendue du canton est de 7,808 arpents métriques. Le sol est sablon-
neux ou argileux.
Les productions territoriales consistent en maïs, froment, avoine, jardi-
nages, champignons, truffes blanches, huile de noix, châtaignes, et trèfle.
' Le commerce consiste dans lexportation du vin, des trufïes , et des cham-
pignons; et dans Fimportation des blés pour les communes qui nen pro-
duisent pas assez pour leur subsistance.
Le climat est assez doux. En été on est exposé à la sécheresse, si elle n'est
tempérée par les orages qui sont souvent mêlés de grêle. L'air y est pur et
sain : les hommes y sont d une belle taille, et dune forte constitution.
La population est de 7,386 habitants, dont la plus grande partie n'est oc-
cupée que de l'agriculture.
* En 967, plusieurs communes de ce canton faisoient partie du marquisat
d'Incisa échu en partage à Othon III, flls d'Alérame.
Les forteresses de Betonia et Cereto étoient réunies au marquisat composé
•des communes d'Incisa, Monbaruzzo, Fontanile, Carentino, Ricaldome, Bei^
gamasco, Vaglio, et Castel-Nuovo Belbo, ainsi que le constate une procla-
mation publiée le 22 septembre 990 dans toutes ces communes.
En 1 1 9 1 , les marquis d'Incisa furent spoliés de ce marquisat par 1 empereur
Henri Y I pour crimes et assassinats; leurs terres furent données par le même
empereur aux marquis de Montferrat.
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5?"^??^*-^^
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TOPOGRAPHIE. 245
Charles lY réintégra en 1 364 ^^^ marquis dlncisa dans la jouissance de leurs
droits. Guillaume , marquis de Montferrat , s en empara au commencement du
seizième siècle, et détruisit en i5i4 les forteresses de Betonia et Cereto. En
i5i5, ce même marquis céda la moitié des communes de Saint-Étienne,
'Belbo, et de Castion-Tinella , à Albert, marquis dlncisa; lequel renonça à
,toiis ses droits en fayeur du marquis de Montferrat.
En i536, Jean-Jacques, l'un des descendants des marquis d'Incisa, obtint,
par un jugement favorable du sénat de Milan, la restitution delà moitié de
ce patrimoine.
En 1544? Borello, descendant aussi des mêmes marquis, revendiqua lautre
moitié et l'obtint en vertu d'un jugement semblable rendu par le sénat de
Milan. En 16499 le même Borello, qui avoit hérité de la totalité du mar-
quisat, en fit l'échange contre le comté de Camerana, que Frédéric Gon-
zague, duc de Mantoue, lui céda en propriété, comme il résulte de l'acte du
3o août daté d'Incisa, reçu par Vialardi notaire.
Depuis cette époque' jusqu'en iSqo, le marquisat resta sans feudataires.
.En 1662, les communes qui le.composoient furent séparées et accordées à
.titre de fief à différentes personnes.
En 1 703, par le traité de Turin , les communies de ce canton passèrent sous
l'obéissance de la maison de Savoie.
Incisa est située sur le penchant d'une colline sur la rive droite de Belbo.
Il y a deux paroisses dans cette commune, l'une sous le titre de Saint-Jean,
qui rapporte i,3oo francs par an ; l'autre, sous celui de Saint-Victor, i,5oo fr.
Le comité de bienfaisance distribue aux pauvres i4o francs.
Le sol est sablonneux dans la plaine, et argileux dans la colline. Son
étendue est de â,36i arpents, dont 406 en fiiche^ 760 en bois, le reste en
champs, vignes, prés.
Il y a un moulin à soie, trois filatures, et un martinet. Il s'y tient le 16 août
une foire destinée à la vente du bétail.
La population est de 2,3qo habitants, en grande partie agriculteurs.
Incisa a été pendant plusieurs siècles chef -^ lieu de la juridiction du même
nom. Les débris de son château donnent à penser qu'il est fort ancien. On le
dit bâti sur les ruines d'une ville antique.
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246 CHAPITRE I.
En $90, Othon, fils d'AI^rame, fixa su résidence à Incisa : il y fonda un
bospice et deux bénéfices paroissiaux.
En 1 549 , Incisa passa sons les ducs de Madtooe , cessft d'être che£4ieo dn
marquisat en 1 65^ , et fiit accordée à titre de fief à Scipion Gonaague , parent
du duc de Mantoue.
En 1703, en vertu du traité de Turin , ce pays passa sous la domination
du roi déSardaijg^e.
GareNTINO est situé à la droite de Belbo. La portion du territoire' qui se
trouve dans la vallée de Belbo est assez fertile, et on en a tiré parti pour les
prairies et la culture des blés de toute espèce. La paroisse de Garentino rap-
porte 920 francs,
' L*étetidne du territoire est de 966 arpents dont 10 en fricbe , los en bois;
le reste est en cbamps, vignes^ et prés.
La population est de 5o3 habitants, la plupart agriculteurs. Ce pays fai-
soit partie du marquisat dlncisa.
BftUIHy est situé sur le penéhant d'une colline à droite du totrent Belbo.
Sa paroisseest dotée de 600 francs. L'étendue du territoire est de 987 arpents
métriques, dont deux tiers en collines plantées en vignes , bois taillis et châ«-
taigniers; Tautre tiers en champs, prés, et jardins : cette portion est fertile.
Il y a trois filatures à Bruno. La population est de 663 habitants, en grande
partie agriculteurs.
Il y a un château dans le tiUâge, qui parott très ancien.
En 1348, Bruno appartencMt au marquis de Montferrat, cœnme il résulte
de lacté d'investiture de Rochetta-Palafea <k>nnée au marquis dlncisa.
MaRANZANA est située sur le sommet d'une colline. Cette commune est do-
minée par les vents du sud-est et du nord ; elle est exposée à la sécheresse en
été , et à de très grands froids en hiver. Sa paroisse est dotée de 620 francs.
L'étendue du territoire est de 5o6 arpents métriques, dont un tiers en
collines plantées de vignes, un neuvième en bois et châtaigniers, up neu-
vième en prés; deux neuvième^ en champs, et le reste en rochers et sables.
On y fait un commerce de plants de vignes , de vin , de bois , et de trafics.
Il y a une forge dans cette commune. La population est de 55o habitants,
presque tous agriculteurs.
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TOPOGRAPHIE. 247
Le château de Maranzana paroît foit ancien ; mais on ignore l'époque dé
sa constraction. Les archives de cette commune ont été ^lispersé^ pendant
les guerres qui ont eu lieu entre les marquis dlncisa, de MontferratylesAlexanr
4rins, et les AstefiAijas, On sait seulement quen 1180 ce pay^ fiit cédé aux
Alexandrins par le marquis de Bosco.
FORTANlLE est situé sur le penchant dune colline. Lê$ vents dominants
sont ceux de Test et du sud » de sortç que ce pays est exposé à 1^ sécheresseu
L'étendue du lea*ritoire est de 88d arpents, 4Q9t i4 ec^ fxich^e, 5 en châtai-
gniers, 4o ^^ hois taillis j le reste ep vignes, champs, atpr^. Laplus|p:unde
partie du territoire est située sur des coUiaes.
Il y a peu de sources d eau potable 4 cause des carrières de plâtre dont le
pays abonde. La population e^td^^aS habitfint^,^ la |Jupaj?t agvicult^iv:s>
La paroisse est dotée de 700 francs.
Ce pâysfeisoit partie de laiàciteii, marquisat d'incisa-
CaSTËLLETTO^Moi^U^A est situé surjime p^titia ,f oUiae. Ce piys se trouva
enloiftré de hauteurs qui le mettait ^ Tabri 4e$^ vçpts ^%k Vififà et d|f fnd.
La paroisse est dotée de 45olrancs« > . ..
L'étendue du territoire est de 3o4 arpents, dont 966 eu champs ert vignes,
1 1 en prés-, le reste en bois taillis ou châtaigniers. . .
Le sol est généralement sablonneux ou argileux.
On trouve dans le territoire de cette commune du plâtre et de la pierre
à chaux.
La population est de 820 habitants, presque tous agriculteurs.
On y voit les vastiges d un diâteau dcmt on ne connolt point Torigine.
QciAaAlfTl est situé m^c le soH^met d'aine isoUine. La pa|t>isM a un revenu
de çoa^ncs* Il y a une œuvre pieuse 9ffw le ooraide ^Mut-^o-piété qui
n a voit quun fonds de dix charges de blé; ce fonds est entre le^^^ajois de
«débiteurs insolvables.
Le sol est de tuf. Spn étendue est de 34^ arpents, dont 38 en châtaigniers
et quelque partie en fiiche, a8 1 en champs et vignes, 23 en pr^H^
La population est de 372 habitants, presque tous agriculteurs.
MOMBÂRUZZO est placé sur le sommet et en partie sur le penchant d'une
colline très élevée. Son territoire contient plusieurs haïuQfiux ^t bourgM^^-
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248 CHAPITRE I.
Il y a quatre paroisses, celle de Sainte-Magdelaine rapporte i,55o francs, celle
de Saint- Antoine 760, celle de Saint-Martin 478, celle de Saint-Bernard n a
que 4oo francs.
Le sol est sablonneux vers le gud-est ; le terrain est assez fertile vers le nord-
ouest.
L'étendue de cette commune est de 1,912 arpents, dont iio en friche,
684 en bois taillis et châtaigniers ; 76 en prés; le reste en champs et vignes.
Il y a cinq filatures de cocons. La population est de i,953 habitants, en
grande partie agriculteurs.
Ce pays étoit compris dans le marquisat dlncisa : il en est fait mention
dans les concessions faites par le pape Alexandre III en 1 179 et 1 180, soit à
l'abbaye de Saint-Quentin de Spigno soit à l'église de Toro. Il éprouva les
mêmes vicissitudes qu Incisa, et soutint en outre un siège en 1 542 contre
les troupes du marquis de Vasto et des Alexandrins. On jeta dans le bourg
plus de sept cents bombes ; on abattit les murs d'enceinte et de fortifi-
cation, et Ion passa au fil de l'épée environ- sept cents Italiens qui s'y étoient
réfugiés après la défaite de l'armée du Dauphin. Il y existe encore quelques
débris de bastions et de tours de l'ancien château qui doit avoir été con-
sidérable.
CANTON DE NIZZA.
Le canton de Nizza renferme une partie du cours du Belbo. Deux autres
torrents, leTriglione et la Bogliona baignent ce canton. Les ruisseaux Nizza,
Sernetta, et Colania, le traversent et se déchargent dans le Belbo au-dessous
du chef-lieu. *
Son étendue est de 10,778 arpents métriques, dont 1,752 en friche; et le
reste en champs, vignes, prés, jardins, bois taillis , et châtaigneraies.
Le sol est généralement argileux ou sablonneux. Les collines et les mon-
tagnes montrent un sol de tuf et de rochers ; cependant on en a tiré parti
pour la culture de la vigne ou pour des plantations de châtaigniers. Le terri-
toire produit des grains, du vin, des châtaignes, des cocons, du jardinage.
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/CjOu^le
TOPOGRAPHIE. 249
La culture des terres se fait avec la charrue dans la plaine, et daiis les autres
endroits elle se fait à la pioche.
Le commerce consiste dans le débit des soies, des organsins, des vins, et
des bois du pays. Il est moins florissant qu'il ne Fétoit autrefois. Les moulins
à soie étoient alors un objet d'industrie fort important.
Le climat est tempéré; l'air y est salubre et agréable, sauf dans Nizza, et
Castelnuovo Belbo, où l'on est exposé en été à des exhalaisons fétides
lorsque le torrent Belbo est à sec; peut-être seroient-elles tout-à-fait funestes
aux habitants sans l'usage des vins, qui y sont généreux. Les hommes du
canton sont robustes et vivent long-temps.
La population est de 1 1,626 habitants, presque tous agriculteurs.
L'origine des communes composant le canton de Nizza ne paroît pas très
ancienne, si l'on en excepte quelques unes comme Corticelle et Moasca, que
des inscriptions font supposer d'une antiquité assez reculée.
Les guerres civiles entre les Alexandrins, les Acquesains, les Astesains, el
les marquis de Montferrat, ont fait gémir ces communes sous l'oppression des
uns et des autres; à la fin, elles passèrent sous la domination des Paléologues,
puis de la maison Gonzague, enfin de celle de Savoie.
Nizza est située dans la vallée et sur la rive gauche du Belbo. Il y a trois
paroisses dans cette commune, dont la première est celle de Saint-Jean, qui
a un revenu d'environ 4^000 francs; la seconde est celle de Saint-Cyr , qui
a i,5oo francs; et la troisième, celle de Saint-Hyppolite, qui a 900 francs de
revenu.
Le sol est généralement argileux; mais dans les endroits qui approchent
du Belbo la surface est sablonneuse à cause des débordement^ du torrent.
Son étendue est de 2,7 10 arpents métriques, dont une foible partie en friche,
le reste est cultivé en champs, vignes, prés, jardins, bois taillis.
On y voit des collines très productives, de belles campagnes, des jardins
dans lesquels sont de très belles pépinières de mûriers. C'est un des terri-
toires des plus fertiles de l'arrondissement.
Il y avoit autrefois dans ce pays neuf moulins à soie; le nombre en est
réduit à trois. Les tanneries travaillent peu , et ne fournissent actuellement
que le cuir nécessaire au canton.
32
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25o CHAPITRE I.
Lliospice civil distribue à domicilç la somme de 1,872 francs aux malades,
et le comité de bienfaisance administre un revenu de 967 francs* Les écoles
secondaires coûtent i,35o francs à la commune.
La population est de 3,8oi habitants, la.plus grande partie agriculteurs.
Suivant les mémoires existant dans la bibliothé(]ue.de Turin, Nizza a été
bâtie en 1 171. Suivant d'autres historiens, elle a été fondée en i235. Cette
commune rççonnoît pour fondateurs des paysans dépendant de Févêché
d'Accjui , qui sjnsurgèrent contre les Acquesains, et se réunirent pour bâtir
un village entre le Belbo et le ruisseau Nizza. Ils chassèrent leurs maîtres qui
étoient les Lancri de Belmonte, seigneurs des villages de Calamandrana,
Garbazzala, Quinzano, Lanerp, Belmonte. Tous ces villages furent dé-
truits ainsi que leurs châteaux. Il ne^Uste plus que Calamandrana, qui fut
réédifiée çn grande partie.
Les habitants de Nizza se mirent sous la protection des marquis de Mont-
ferrat pour se délivrer des vexations des habitants d'Alexandrie et de Tor-
tone. Par acte du 24 novembre 1264, le marquis de Montferrat leur accorda
plusieurs privilèges et franchises qui furent confirmés par ses successeurs à
différentes époques.
Nizza a soutenu plusieurs sièges : le premier eut lieu en 1 264 ^ époque à la-
quelle Charles d'Anjou étant en, guerre avec le marquis de Montferrat, lui
prit plusieurs villes j mais il ne put s'emparer de Nizza qu'il assiégea infruc-
tueusement pendant quarante JQui^. Cinq ans après, les Alexandrins revin-
rent à la chargé, et s'en retournèrent sans pouvoir la prendre.
En 161 3, le duc de Savoie y fut repo]Lis^. ayec.pçctg; alors on éleva sur
la place un çbélisque qui existe encore, et où l'oflLgjrava u^e inscription pour
célébrer la çpurageu§p défe^.se que firent les assiégé^. Eçi 1628, les Espagnols
livrèrent assaut, ett furent vigoureusement i:çpQus^é$ ; cçpepdantil fallut se
rendre après viujgt-dçux joyirs de siège faute de subsistfinces et dç munitions.
Le siège le plus mémora)>le est celui que Nizza soutint <;op.tre le duc de Lu-
néville, connétable et gouverneui; de Milaji, en 1642; on dut se rendre, et
les fortifications furent démolies après la retraite des Es{>agnols. Le plan
des remparts, etc., ainsi que des lignes de circonvalla.tion faites par l'armée
du duc de Lunéville fut levé de suite et placé dans les archives delà commune.
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TOPOGRAPHIE. a5i
JNizza passa sous la domination des marquis de Saluce en i3oo,.sous celle
du roi de Naples en i3o6, des marquis de Montferrat en i3o9, puis des ducs
de Mantoue après lextinction des Paléologues, enfin sous Le roi de Sardaigne
en vertu du traite de Turin en 1708 .
BergaMASGO est situé sur la rive gauche du Belbo. Sa paroisse est dotée
de 1,000 francs. La surface du territoire est de i,453 arpents métriques,
dont 209 en friche, 190 ien bois tailliâ; le reste en champs, vijgties, et prés.
La population est de 1,379 habitants, presque tous agriculteurs.
Cette commune a long-tènifte fait partie de la juridiction d'Incisa; cepen-
dant ses marquis, descendants d'Alérame, en furent spoliés en 1191, par
l'empereur Henri VI, et les pays qui leur appartenoient furent donnés par cet
empereur àii marquis de Montferrat. L'empereur Charles IV réintégra les
marquis d'Incisa, en 1364) dans leurs terres, et les en investit en qualité de
feudataires, par son diplôme daté de Prague, de la même année.
CalàMâNDRANA est située sur le sommet d'une colline assez élevée, où
l'on jouit d'une belle vue et d'un air très salubre.
Sa paroisse a un revenu de 420 francs, et un établissement de biètifai^nce
qui n a que 1 44 francs de rente.
L'étendue du territoire est de 11 53 hectares, dont ii4 en friches, 121 en
bois taillis, et le reste en champs, vignes, et prés.
La population est de i,320 habitants, la plupart agriculteurs. Il e^t fait
mention de cette commune dans l'acte de donation ferte, en f 1 2^9, au couvent
de Sainte-Marie de la ville d'Acqui.
Eni2T6eti2i7, ily eut de sanglants combats sur le territoire de cette
commune, entre les Alexandrins et les Astesains; Dans la paix faite à Milan,
en 1 227, les Astesains furent obligés de restituer Calainandrana aux Alexan-
drins. Elle passa sous la domination des évéques d'Acqui, comme il résulte
de l'investiture donnée par ceux-ci en i3o6 et en i348, à Frédéric, seigneur
du pays, et au marquis d'Incisa.
Les documents postérieurs ne font pas mention de l'époque à laquelle Ca-
lamandrana fut soumise aux ducs de Montferrat et de Mantoue.
C ASSINASCO est composé de différents hatneaux. Sa paroisse n a que 200 fr.
de revenu. La surface de cette commune contient 660 hectares, dont la moitié
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52 CHAPITRE I.
2D2
environ est en friche, un quart en champs et vignes, le reste est en bois et
châtaigniers.
La population est de 708 habitants, presque tous cultivateurs. On n a pu
trouver d autres documents relatif^ à cette commune, si ce nest le traité de
Milan, en 1227, doù il résulte que Gassinasco dut être rendu par les Aste-
sains aux Alexandrins.
En 1 3o5, Gassinasco fut donné à titre de fief à Ligerxius de Bubbio, par Fé-
vêqu'e d'Acqui.
GastelnuovO-BëLBO est située sur la rive gauche du Belbo. Sa paroisse
rapporte 4<>^ francs. Son comité de bienfaisance administre un revenu
de 1,270 francs, dont moitié pour dots; le reste est distribué aux pauvres.
L'étendue de son territoire est de 659 hectares, dont 32 en friche, 5j en bois,
le reste en champs, vignes, et prés.
La population est de i,io5 habitants, la plupart agriculteurs.
Ge pays faisoit partie de lancien marquisat dlncisa; il subit le même sort
que Bergamasco.
GastelVERO est situé sur la rive droite de la Bogliona« Il y a une paroisse
qui a 200 francs de rente.
La population est de 786 habitants, presque tous agriculteurs. L'étendue
du territoire est de i,i76arpents métriques, dont 490 en friche, i3oenbois,
le reste en champs, vignes, prés, et châtaigniers.
On ne connoit point lorigine de cette commune. En 1 296 , lors de la trêve
iaite entre les Alexandrins, ceux d'Acqui, de Gassine, de Grognardo, et les
marquis de Montferrat, il fut contenu que les émigrés de Gastelvero pour-
roient rentrer dans leurs foyers, et y jouir de leurs propriétés. Il est douteux
que cette commune ait appartenu aux marquis dlncisa. On sait seulement
. qu'en i652, Gharles II de Montferrat Térigea en fief, en faveur de Nizza.
GORTIGELLE est située sur la droite du torrent Tiglione.
Sa paroisse a 5oo francs de rente.
L'étendue de son territoire est de 767 hectares, dont 10 en friche, 268 en
bois, le reste en champs, vignes, et prés.
La population est de 761 habitants, la plupart agriculteurs.
Gette commune paroit fort ancienne, à en juger par son château et par les
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TOPOGRAPHIE. a53
inscriptions en marbre qui y existent. Lune est ainsi conçue : A. U* C. SCCC.
LXXXI. KaL aug. div. Imp. adr. ccc.
MOASGA est située à droite du ruisseau Nizza. Son territoire est entouré de
différentes communes de Farrondissement d'Asti.
La paroisse a 700 francs de rente, et le comité de bienfaisance administre
un revenu de 3oo francs.
La surface de cette commune est de 891 hectares, dont 5 en friche, 10 en
bois, le reste en champs, vignes, et prés.
La population est de 3oo habitants, la plupart cultivateurs. •
Il y avoit un vieux château avec un pont-levis, et des inscriptions aujour-
d'hui presque efiBacées et illisibles : c est le seul monument qui fasse présumer
son antiquité.
En 12 17, ce pays Ait vendu aux Alexandrins : les documents postérieurs
manquent.
Rochetta-Palafea est arrosée par la Bogliona, qui traverse une partie de -
cette commune. Sa paroisse a 600 francs de revenu. L'étendue du territoire
est de 671 arpents métriques, dont 286 en friche, 100 en bois, 63 en châ-
taigneraies, le reste en champs, vignes, et quelques prés.
La population est de 558 habitants, pour la plupart agriculteurs.
Ce pays fut donné à l'évêché d'Acqui, par l'empereur Henri V, en 1 1 16 j
dans la paix de Milan, en 1227, il i^t restitué aux Alexandrins, par Içs
Astesains. •"
En 1 3 1 1 et 1 364 9 1^® empereurs confirmèrent la donation faite par Henri V
à l'évêché d'Acqui. En i34o, l'évêque d'Acqui céda cette commune au mar*
quis de Montferrat. A l'extinction des Paléologues, elle passa sous les ducs de
Mantoue, puis sous ceux de Savoie, ainsi que Nizza.
SessaMë est située à gauche de la Bormida.
Sa paroisse a un revenu de 216 fr.
La surface de son territoire est de 745 hectares, dont 267 en friche, 81 en
bois taillis, 102 en châtaigneraies, le reste en champs, vignes, et prés.
La population est de 459 habitants, la plupart cultivateurs.
En 978, l'empereur Othon H donna une partie de cette commune à Févê-
ché d'Acqui, ce qui fut confirmé par les différents empereurs jusqu'en 1 364 9
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254 CHAPITRE I.
comme il résulte du diplôme de Charles IV. En 1217, la moitié de Sessame
fut vendue aux Alexandrins. En 1227, les Astesains restituèrent cette com^
mune aux Alexandrins, en vertu de la paix de Milan de la même année.
En i3o5, Févêque d'Acqui accorda k ligerxius de Bubbio, à titre de fief,
Tinvesdcure des dîmes que ses prédécesseurs étoient en droit d'exig^er de la
commune de Sessame.
Vaglio a une paroisse dotée de 3oo francs. Le territoire a une étendue
de 4o3 hectares, dont 49 ^^ friche, i52 en bois taillis, le reste en chailips,
vignes, et prés. La population est de 5oo habitants, presque tous agriculteurs.
Ce pays faisoit partie du marquisat dlncisa en 990.
En 1 191, il fut donné au marquis de Montferrat, par Temperetir Henri VI ,
qui en déposséda ceux dlncisa pour crime d assassinat.
En i3649 l'empereur Charles lY en investit de nouveau les marquis dln-
cisa, et leur accorda le droit de frapper des monnoies d'or et d argent.
On ne sait à cpelle époque cette commune est passée sous la domination
des marquis de Montferrttt et de Mantoue.
CANTON DE SAINT-ÉTIENNE-BELBO.
Les communes eMiposanl ce canton renferment une partie du cours du
Belbo, de la Bormida, et de Finella. Le sol est argileux, pierreux, et dans
quelques communes^ assis sur le tuf. La turface est de 8,727 hectares, dont le
€{uart environ est en landes, bruyères, et rochers, et le reste en champs,
vignes , bois taiUis, et châtaigniers.
Le commerce du canton consiste dans Texportatton de ses vins dont les
meilleurs sont le muscat, le malvoisie, et le passeretta, dans celle des co-
cons, et soies écrues, du bois taillis, des truffes, de la volaille, et dansFim-
portation des grains.
Les vallées les plus conttdérables sont celles de Belbo et Eiormida : cdle-ci
est plus fertile, Fautre est sujette aux attuvîons, et elle est sablonneuse. Le
climat y est assez inconstant et exposé à tous les vents; de sorte q«e le pays
l»ouflBre à-la-fois en été de la sécheresse et des orages.
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^^ifs^i
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TOPOGRAPHIE, 255
La population du canton est de 9,40^ habitants, presque tous agriculteurs
ou muletiers.
Les communes composant le canton de Saint-Etienne ont été le théâtre des
guerres du Montferrat, ce qui les a fait souvent changer de maître. Quoique
lorigine de ces communes ne soit pas connue^ il en est cependant qui sont
fort anciennes, à en juger par les monuments qui existent, et par quelques
documents dont il sera fait mention.
Saint-ÉTIENNE-Belbo est situé dans la vallée et sur la rive, droite du tor^
rent. Sa paroisse a un revenu de 1000 francs. Dans le hameau ^e Valdeville
il y a un desservant.
L'hospice est en mauvais état de construction et p'a qu yne rente de 166 fr. ;
cette somme est employée à dpnner des secours à domicile aux malades in-
digents.
L'étendue du territoire est de 4>^iQ journaux 4^ P^Y^) don^ So.ejgi friche,
3,240 en vignes et cham]>s, ,100 en prés, et 700 en bois taillis et châtaigniers^
La volaille, les œufs, le fromage, les agneaux^ qxie l'on exporte^lu pays., for-
ment une ressource pour les habitants.
On y exploite descarrières de pierres^ plates qu'on l;ransporte à Asti.
La population est de 2,467 habitants, presque tous agriculteurs.
Des sources d'eaux jaillissent sur plu3ieur$ points de cette commune: le
terrain n'est pas toujours spl^de. En 1752, un éboulementde.terre renversa et
engloutit une bourgade entière ayec ses habitants.
. L'histoire du pays n'est pas intéressante. Le document le plus ancien que
l'on, ait tjrpuvé indique la vente £aijte en 1 196, par le marquis de Bosco, des
droits qu'il avoit sur Saint-Stephano-Beibo, au marquis de Montferrat. En
1292, cette commune a passé sous la domination de la ré^M^lique d'Asti. Il
y avoit un pqtit château <;lQnt on voit encçre les débris, et qifi a été ruiné
dans le quatorzième siècle.
En 1 5 1 5 , la moit\^ du fief de Saint-Étienne a été cédée au marquis d'Incîsa
par le marquis de Montferrat. Par le traité de paix dç Turin çn 1708, cette
commune a été donnée au roi de Sardaigne qui en a accordé l'investiture à
la famille I^ncisa Bevaria.
Castiontinella est située sur une colline assez élevée. Il y a six hameaux
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3i56 CHAPITRE I.
dans cette commune, et une seule paroisse dont le revenu est de 63o francs.
Le sol est presque partout de tuf; il a une étendue de â,ooo journaux, dont
3io en friche, et le reste en champs, vignes, prés, bois taillis. Il produit du
froment, du maïs, des truffes, etc.
Le village est dépourvu d'eau ; les habitants sont obligés d aller la chercher
à mi-côte : on a pratiqué des réservoirs dans le village pour abreuver les
bestiaux.
La population est de 985 habitants.
Cette commune est aijcienne à en juger par les débris du château et par
les monnoies qu on a retrouvées dans une de ses tours en 1 791 . Dans les jar-
dins des particuliers on trouve aussi des monnoies antiques. En i5i5, la
moitié de ce pays fut accordée par échange au marquis dlncisa par le mar-
quis de Montferrat; mais en i536, lempereur Charles V ayant remis en
possession les marquis dlncisa de toutes les terres dont ils avoient été dé-
pouillés par les marquis de Montferrat, cette commune est retournée sous la
domination de ces derniers, puis de ceux de Mantoue, enfin du roi de Sar^
daigne.
ManGO est situé sur une colline très élevée. La paroisse a un revenu de
400 francs.
L'étendue du territoire est de 5,254 journaux, dont 2,609 en friche, et les
autres en champs, vignes, prés, bois, et châtaigniers. Depuis quelque temps
où fabrique dans cette commune de la liqueur qui ne le cède en rien à celle
de Turin.
La population est de i,634 habitants, dont la plupart sont agriculteurs ou
muletiers.
ROGHETTA Belbo est située sur un rocher qui forme un petit plateau à la
droite du torrent Belbo. Elle a une seule paroisse dont le revenu est de 25o fr.;
le sol contient 5oo journaux, dont 1 70 en friche, le reste en vignes, champs,
prés, et bois taillis, ou châtaigniers.
La population est de 3o3 habitants, presque tous agriculteurs.
En' 1 196, le marquis de Busca vendit. ses droits sur Rochetta Belbo au
marquis de Montferrat. Ce pays a passé ensuite sous la domination des ducs
de Mantoue et du roi de Sardaigne.
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TOPOGRAPHIE. aSy
COSSANO est situé sur un rocher, sur la rive droite du Belbo. Il y a cinq
hameaux dans cette commune, et une seule paroisse, dont le curé a un re-
venu de i,5oo francs.
L'étendue du territoire est de 5,8 1 3 journaux, dont i,8oo en friche, le reste
en champs, vignes, châtaigneraies, prés, bois taillis, La population est de
1,468 habitants.
En 1 196, Cossano a été cédé au marquis de Montferrat par le marquis de
Brusca. En 12849 la république d'Asti envoya des troupes, qui après avoir
été d abord repoussées, finirent par expulser les anciens feudataires.
VesIME est situé dans la plaine et sur la rive gauche de la Bormida à lest.
Le curé de la paroisse a un revenu de 3,ooo francs, mais il est obligé d'en-
tretenir le desservant et la succursale de la Piève. Le territoire est de 3, 600
journaux, dont 1,800 en friche, et les autres en champs, vignes, prés, bois,
et châtaigneraies. Les cocons y forment une ressource considérable.
La population est de 873 habitants. L'hospice a un revenu de 35o francs.
Vesime possède un monument qui passe pour le plus ancien du canton. C'est
une inscription sur un pilier de l'ancien pont de la Bormida, qu'on voit
encore, et qui atteste que les Romains y ont passé, en venant des thermes
d'Acqui pour se* rendre à la colonie de Catonio (Cairo). On voit aussi les
débris d'un vieux château qui a été détruit en i644«
En 978 et 996, les empereurs Othon II et Othon III accordèrent le tiers
de cette commune à l'évêque d'Acqui. En 1099, Boniiace, marquis de Mont-
ferrat, en donna l'investiture à son fils.
En 1 3 1 3, ce pays passa sous la domination de la république d'Asti, puis sous
les marquis et ducs de Montferrat, de Maiitoue, et de Savoie.
Saint-Georges SgaraMPI, situé sur la rive droite de la Bormida, a une
paroisse dont le revenu est de 800 francs. Le sol est de l'étendue de i ,600 jour-
naux, dont le quart est en fiîche, et 1« reste en champs, vignes, prés, bois,
et châtaigneraies.
La population est de 335 habitants.
BUBBIO est situé sur le penchant d'une colline, sur la rive gauche delà
Bormida. Sa paroisse jouit de 5oo francs de revenu.
Le territoire est de 480 journaux, dont 200 en friche, et les autres en
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258 CHAPITRE L
champ», yi^ea, prés, et bois. On fait dans cette commune quantité de plan-
ches de sapins.
La population est de i,34o habitants.
En i3i3, la république d'Asti donna cette commune au marquis.de
Montferrat.
CANTON DE SPIGNO.
Le canton de Spigno est arrosé par la Bormida et la Valla.
Son territoire est généralement montagneux et stérile. Les montagnes les
plus hautes sont couvertes de bois de haute futaie, et plus particulièrement
de chênes, de hêtres, ou de châtaigniers. Les collines ont des pâturages, des
vignes, et des labours. Les mûriers formoient autrefois un revenu considé-
rable dans les vallées-, mais on en a coupé une grande partie loiis de la der-
nière guerre.
Les productions du pays ne suffisent pas aux besoins des habitants qui y
suppléent par le commerce de transport, et par l'industrie, qui consiste dans
les filatures de soie et de laines grossières.
La chasse en automne et en hiver forme une ressource pour quelques fa-
milles : les lièvres, perdrix, grives, et bécasses y sont abondantes.
Le climat est très variable dans ce canton. La sécheresse s y fait sentir dans
les mois de juin, juillet, et août : elle est fatale au maïs et aux Légumes : il n y a
que les orages qui la tempèrent, mais ils sont souvent accompagnés de grêle
qui dévaste les campagnes.
La population du canton est de 6,712 habitants.
Le territoire est de 40,700 journaux du pays.
L'histoire de Spigno remonte au dixième siècle. Presque toutes les archives
des communes ont été dispersées ou brûlées lors de l'invasion des armées.
Les Sarrasins s'étant établis , au commencement du dixième siéde, dans les
montagnes de la Ligurie, on fait remonter à cette époque la construction dés
châteaux et des tours élevées quon voit dans tout le pays; elles servoient à
éclairer la marche des. barbares.
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TOPOGRAPHIE. 269
Vers le milieu de ce siècle, Alérame, prince saxon, chassa les Sarrasins,
et reçut en récompense l'investiture de sept marquisats en faveur de ses en-
fants; savoir : de Montferrat, de Savone, Saluce, Ceva, Incisa, Bosco et Pon-
. zone. Le diplôme de Fempereur Othon, qui les lui accorda, est de 967. La
seigneurie de Spigno ëtoit comprise dans le marquisat de Ponzone.
Anselme, filsd'Alérame, fonda labbaye de Saint-Quentin de Spigno, par
acte du 4 niai 991. Les bénédictins, en faveur de qui elle avoit été fondée.
Font occupée jusqu'à Fan i49^- Labbaye fut alors sécularisée, et ses biens
accordés à Augustin Spinola, évêque de Savone.
En 1 290 , la seigneurie de Spigno fut cédée par le marquis de Ponzone à la
république de Gênes; celle-ci en accorda les deux tiers à titre de fief à Albert
Carretto, en Fan i3oo, et l'autre tiers en i335; mais elle se réserva la souve-
raineté qu'elle céda en 1419 ^ Charles IV, qui la réunit au marquisat de
Montferrat.
En 1 533, après l'extinction de la famille des Paléologues, le Montferrat fut
dévolu à Fempereur Charles V, qui, en 1 536, en investit Frédéric Gonzaguè,
duc de Mantoue. Cette branche s'étant éteinte en 1627, le duc de Savoie
s'empara du Montferrat; mais l'empereur d'Allemagne en accorda l'investiture
à l'autre branche Gonzague, duc de Nevers, de Rethel , et de Mantoue.
Cependant, comme le duc de Savoie mettoit en avant ses prétentions sur
le Montferrat, il lui fut accordé soixante-quinze villages, par un traité de
Querasque, fait le 6 avril i63i. Le traité de Turin, de 1703, lui accorda à
titre de fief impérial une autre portion du Montferrat, dont il reçut Fin-
vestiture en 1708.^
C'est dans cette partie tlu Montferrat que la seigneurie de Spigno a été
comprise.
Spigno est situé au confluent de la Valla et de la Bormida, sur un rocher
escarpé. On y voit les masures d'un vieux château.
On prétend que le pont de Spigno, sur la Bormida, fut construit pour là
voie émilienne qui traversoit la commune; la route nouvelle passe au milieu
du village.
La population est de 2,242 habitants, dont 1,066 dans le village.
Il y a quatre paroisses; celle du village a 5oo francs de revenu; celle de
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26o CHAPITRE I.
Montaldo 200 ; celle de Torpino 3oo ; celle de Rochetta 200. L'hospice
nest doté que de 126 francs; on y reçoit les malades les plus indigents du
pays.
En 1687, larmée d'Espagne, commandée par don Martin d'Aragon, fut
complètement battue dans la plaine de Spigno, par Victor Amédée, duc de
Savoie. Les Espagnols se réfugièrent dans le château de Spigno, qui fut dé-
truit de fond en comble par les Piémontais.
Le feudataire Frédéric Carretto voulut le rétablir à l'aide de corvées, et
révolta contre lui ses vassaux qui le chassèrent.
Le territoire de la commune de Spîgno a i2,5o'o journaux du pays, dont
6,000 en vignes, prés et champs, le reste en châtaigneraies, bois de haute
futaie ou taillis, broussailles, landes, etc. Les habitants de cette commune
sont la plupart agriculteurs.
GlUSVALA, en latin Visiovalla, est fort ancienne. Il y avoit une abbaye
de bénédictins qui fut détruite par les Sarrasins, comme il résulte de l'acte
d'érection de l'abbaye de Saint-Quentin de Spigno, où il est dit : Et res illas
(jjiiœfueruntjuris abbaticœ DeiSalvatoris, quœfUitconstructa in loco et/bndo Fisio-
vallis, sed a perfida Saracenorum gente destructa. Il y avoit aussi un château
dont on voit encore les vestiges.
Le territoire abonde en châtaignes et bons pâturages; mais il manque
de vin, le sol étant très élevé, et couvert presque partout de bois de haute
futaie, et de châtaigniers.
L'étendue du territoire est de 4)500 journaux.
La population est de i ,064 habitants, presqiie tous agriculteurs ou pasteurs.
La paroisse est dotée de 25o francs.
Pi AN A, anciennement Plana, est partagée en sept bourgades. La Bormida
sépare en deux le territoire de cette commune. On y voit les ruines d'un
vieux château, bâti sur un roc de poudingue. On remarque sur le penchant
de la montagne un gros rocher soutenu par une colonne de [poudingue fort
mince, que le temps n'a pu détruire. Les habitants l'appellent Rocca del coUo.
Dans la vallée de l'Odisio, on trouve les ruines d'un pont antique et de
beaucoup de maisons, sans qu'on puisse attribuer un nom à. ces ruines.
La paroisse n'a que 100 francs de rente.
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TOPOGRAPHIE. 261
Le territoire contient 4^000 journaux environ, dont moitié en plaine ou
colline, un quart en bois et châtaigneraies, et le reste en tuf et rochers cou-
verts de broussailles.
La nouvelle route d'Alexandrie traverse toute la plaine de Piana, à gauche
de la Bormida.
La population est de 687 habitants, presque tous agriculteurs.
Gagna est exposée aux vents, et le climat est froid. On y voit encore les
masures dun vieux château, à proximité de l'église paroissiale. Le curé a
160 francs de revenu.
Le sol de cette commune contient i,5oo journaux.
Il résulte des chartres d'Acqui que cette commune a été donnée aux en-
fants d'Othon de Garretto, en i3i3, par la république d'Asti.
La population est de 236 habitants fort misérables.
MeRANA a sept hameaux et un vieux château. Le sol est presque partout •
en tuf ou en rochers, excepté dans les petites vallées, où les habitants
récoltent un peu de froment, du maïs, et des châtaignes.
La paroisse a i55 francs de rente.
La population est de 234 habitants.
SerOLE, placé sur une montagne, a une paroisse dont le revenu est
de 160 francs. On y voit un vieux château en ruine.
Le territoire contient 49^9^ arpents ou journaux dont le tiers est cultivé,
un autre tiers est en châtaigneraies ou bois forestiers, et le reste inculte. 11 y
a de bons pâturages.
On se sert dans ce pays des arbustes de genévriers ou des sapins sauvages
pour brûler les terrains défrichés ; les terres fumées de la sorte rapportent,
pendant quatre ans consécutifs, de douze à quinze pour un. Dans cet inter-
valle on laisse pousser les plantes pour renouveler l'opération la cinquième
année.
La population est de 462 habitants, agriculteurs ou pasteurs. On trouve
des carrières d'ardoise sur le territoire de Serole.
PONTI est partagé du sud au nord par la Bormida. Il y a sept hameaux
dans Cette commune, et une paroisse dont le curé a 3oo francs de revenu.
Le château quoique ancien est encore habitable. y
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262 CHAPITRE I.
On rencontre plusieurs monuments d antiquité ; près de la paroisse est
un morceau d une grosse colonne de pierre oii on lit : Antonius plus imp. poni
constituit. Dans la montagne près du village, on a trouvé il y a environ vingt-
cinq ans des monnoies de cuivre avec Finscription et la tête de César-
Auguste. Dans lancienne route aquilienne, on a trouvé les débris d'un
temple, et des tombeaux avec quelques lampes sépulcrales.
L'étendue du territoire est de 3,200 journaux, dont la moitié est en
champs, vignes, et pré§, un quart en châtaigneraies, en bois taillis; et le
reste en rochers et broussailles.
La population est de 677 habitants. On trouve à Ponti de superbes carrières
de pierre de taille.
CastÊLLO-D'Ero est situé sur le sommet d une colline. Le château est
ruiné. Sa paroisse a aoo francs de rente. L'étendue du territoire est de 2,000
journaux , dont la moitié en champs et vignes , le reste en bois de châ-
taigniers, rochers, et broussailles. Le pays est très exposé aux vents.
La population est de 266 habitants.
MONTEGHIARO, situé sur une colline de grès très haute et aride, a six ha-
meaux ; le château auprès du village est ruiné. En 1 284, cette commune étoit
indépendante, comme on le voit par lacté de convention passé avec le
marquis de Carretto, et inséré dans les Monuments d'antiquité d'Acqui par
l'abbé Moriando.
La meilleure partie du territoire se trouve di^ns la vallée de la Bormida ,
à côté de la voie émilienne, et de l'église dite de la Piéve, qu'on suppose avoir
été bâtie par l'apôtre saint Barnabas. On y voit encore un grand vase en
pierre qui servôit à baptiser par immersion.
Le territoire a 5,ooo journaux , dont 2,000 en champs , vignes , et
prés; i,5oo en bois ou en châtaigneraies; et le reste en tuf, grès, ro-
chers, etc.
La paroisse a 5oo francs de revenu.
La population est de 572 habitants.
MalviginO est situé sur le penchant d'une montagne à gauche de YEro.
La paroisse est dotée de 100 francs.
Près de l'Ero, dans la région de Valonetto, on voit un effleurement de char-
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TOPOGRAPHIE. ii6Z
bon de terre qui n est pas exploité. Le territoire est de 2^,000 journaux , .
dont 800 en champs, vignes, et prësj 700 en châtaigneraies ou boistailUs^
5oo en rochers couverts de broussailles.
La population est de 822 habitants, presque tous agriculteurs.
CANTON DE VlSONE.
Le canton de Visone est cerné au sud-est et au nord^-ouest par la Bormida,
et les torrents d'Ero et d'Orba, qui coulent dans la direction du sud au nord.
Différents ruisseaux, tels que le Visone et le Garamagna, larrosent dans tous
les sens.
Son étendue est de 65, 1 12 journaux, ou 24^900 hectares partagés en dix*
sept communes.
Le sol offre presque partout des collines de tuf ou de pierres calcaires; les
châtaigniers y prospèrent. Dans les vallées, et sur quelques collines moins
élevées, le terrain est argileux, et, dans quelques endroits , sablonneux. La
vigne est cultivée avec avantage dans presque toutes les communes du can-
ton, et forme la principale ressource. Les vallées les plus fertiles sont celles
de la Bormida et celle d^ FÉro près de son embouchure. Les productions ter-
ritoriales sont insuffisantes pour la nourriture des habitants. Une partie se
rend en Piémont pour moissonner le blé et le riz, et une autre en Ligurie
pour récolter les olives. Après une absence de quelques mois de l'année, ils
retournent dans leur pays pour y cultiver leurs petites propriétés ; c est par
ce moyen qu ils parviennent k nourrir leurs malheureuses familles.
11 n'y a point de commerce dans le canton. L'industrie se borne à la fabri«
cation du charbon de bois qui se débite à Acqui et à Alexandrie. L air y est
généralement sain , et les hommes y vivent long-temps.
On voit des goitreux dans les petites* vallées renfermées de toutes parts par
de hautes montagnes. L'espèce y est plus petite et plus mal conformée
quailleurs.
Le climat est assez variable en été; Ton y souffre de la sécheresse, et
d une chaleur vive, si des orages ne viennent pas la tempérer.
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264 CHAPITRE I.
La population est de 1 7,539 habitants , presque tous agriculteurs, pasteurs
ou charbonniers.
L'histoire de ce canton ne fournit pas de documents au-delà du dixième
siècle. 11 est fait mention de plusieurs communes dans les diplômes des em-
pereurs à Foccasion des donations faites à Alérame prince saxon , et aux évè-
ques d'Âcqui. Il est parlé de plusieurs autres dans les actes des marquis de
Ponzone, de Bosco, et dlncisa, et dans le titre de fondation de labbaye de
Spigno. Quelques communes ont été indépendantes pendant un certain
temps; d autres ont passé sous la domination des descendants d' Alérame, de
la ville d'Alexandrie, de la république de Gènes, puis sous les ducs de Mont-
forrat, de Mantoue, et enfin sous les rois de Sardaigne.
VlSONE est situé sur un rocher calcaire au-dessus de la Bormida. Sa pa-
roisse a un revenu de 600 francs, et le comité de bienfaisance distribue la
somme de lyS fîcancs à titre de dot aux pauvres filles de la commune. Sa
population est de 1,180 habitants.
L'étendue de son territoire est de 1,952 hectares, qui produisent du fro-
ment , du maïs, du vin , et des châtaignes.
Il y a plusieurs fours à chaux près du village. Le torrent Visone est aurifère.
On trouve dans la commune des sources tièdes et sulfureuses dont on ne fait
aucun usage.
Lacté de fondation de Fabbaye Saint-Quentin de Spigno, en 991, a été ré-
digé dans cette commune par-devant le notaire Gavino, d'Acqui. Les débris
de son château sont très anciens.
Visone a été donné à Févèque d'Acqui par l'empereur Henri en io4o.
En 1 198, ce bourg passa à la république d* Alexandrie, puis aux marquis
de Morbello, et de Malaspina, qui en furent investis par les marquis de Mont-
ferrât.
En i3ii, l'empereur Henri VII et en i364 Charles IV confirmèrent les
droits de l'évèque d'Acqui sur cette commune. Depuis ce temps elle a subi le
même sort qu'Acqui.
Ponzone est composé de dix hameaux, outre le village qui est situé sur
une montagne assez élevée. On y voit encore les débris d'un vieux château.
Il existe une paroisse dans le village et une dans le hameau Ciglione; la pre-
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.\
V,
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ïl'T^
TOPOGRAPHIE. 265
mière jouit de 636 francs de revenu, outre 200 francs que le gouvernement
lui paie annuellement; la seconde naque 196 francs de rente. L'étendue du
territoire est de 7,602 hectares environ.
Les revenus \m plus considérables de cette commune consistent en châ-
taignes et charbons de bois. Les pâturages sont abondants près du hameau
de Pian Castagna.
Les productions territoriales ne suffisent pas à la nourriture des habitants :
le sol pierreux et de tuf est ingrat presque partout. L'agriculture n'est pas
assez soignée ; les forêts sur-tout ont besoin d'être surveillées. Plus du tiers
de cette commune est couvert de rochers et de broussailles.
La population est de 2,563 habitants, presque tous agriculteurs, charbon-
niers ou muletiers.
L'antiquité de cette commune est constatée par des monnoies et des mé-
dailles qu'on a trouvées dans les fondations de quelques maisons. Elles
portoient pour légende d'une part: Legio octava et de l'autre Emilio consul.
On y a trouvé aussi des idoles en métal et des urnes funéraires. Ce pays a été
pendant long-temps le siège du gouvernement des marquis de Ponzone, des-
cendants d'Alérame, qui en prirent possession en vertu du diplôme de l'em-
pereur Othon en 967.
En 1 192, ils concédèrent l'investiture de cette commune à la ville d'Acqui ,
et confirmèrent cette cession en 12 10, 1220, et i236.
En 1344) 1^ république de Gênes s'empara de Ponzone.
En i364, l'empereur Charles IV confirma les privilèges que ses prédéces-
seurs avoient accordés aux évêques d'Acqui.
En 1 4 1 9 9 Ponzone passa sous la domination des marquis de Montferrat , et
après Textinction de cette dynastie , le duc de Mantoue en fut investi par l'em-
per^eur Charles V, en i53o.
En 1 708 , elle fut cédée au roi de Sardaigne.
RlVALTA est située sur la rive droite de la Bormida. Le sol est argileux et
sablonneux. Son étendue est de 1,1 4o hectares, dont une partie, située en
plaine, est cultivée en champs, prés, et jardins; le reste consiste en collines
plantées de vignes. Les productions territoriales se composent de iroment,
34
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a66 CHAPITRE I.
maïs, cocons, vin, et jardinage. On y voit de très belles pépinières de mû-
riers. La paroisse a un revenu annuel de 800 francs.
La population est de i,4i^ habitants, presque tous agriculteurs.
Cette commune s'est gouvernée en république pendanltlong-temps.
En 1 199, lors de la confédération entre Milan, Verceil, Asti, Plaisance,
les marquis de Montferrat, et les Alexandrins, ceux-ci déclarèrent qu ils ne
s obligeoient pas à faire la guerre contre leurs alliés les habitants de Rivalta.
Le 7 février i33i , cette commune passa de son propre gré sous ta domi-
nation de la famille Paléologue, marquis de Montferrat; et en i53o, sous
celle de Gonzague, duc de Mantoue. Enfin en 1708, sous celle du Toi de
Sardaigne.
Castel-NUOVO BormidA est situé sur la rive droite delà Bormida. Le vil-
lage se trouve près de lancien lit de cette rivière, qui forme un étang mal-
sain, et cause des fièvres intermittentes.
La paroisse est dotée de 700 francs.
Le sol est généralement sablonneux; son étendue est de i,3 10 hectares. U
est presque partout cultivé en champs,, vignes, et prés. Il produit du froment,
du maïs, des cocons, du vin, et des jardinages. On y trouve quelques beHes
pépinières de mûriers.
La population est de 1,106 habitants.
On voit, près du village, les vestiges de la voie Ëmilienne, qui se dirige en
• ligne droite jusqu'à Tortoné. Quoique dépuis plusieurs siècles on naît' feit
aucune réparation à cette chaussée, elle est encore praticable pou1^ llss voi-
tures, dans les saisons où Ion peut passer les petits ruisseaux qui la coupent.
Il seroit avantageux dy faire quelques travaux pour faciliter les Qonununi-
cations de Savone avec le Milanais, le Parmesan, et une paortiè'du territoire
de Gênes.
En io52, lempereur Henri III donna linvestiture de cette comm^he à
Févêque d'Acqui. En 1 1 16, i3e i , et i364, les empereurs confiribèrent cette
donation. On ne sait h quelle époque cette commune est passée sôiisla domi-
nation des marquis de Montferrat.
Orsara est située sur la déclivité dune (iolKne, àdi^te delà Bonnkla: La
paroisse a un revenu de 63o francs.
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TOPOGRAPHIE. 267
L*étendue de son territoire est de 5 1 3 hectares, qui sont presque tous cul-
tivés en champs et vignes.
La population est de 792 habitants, presque tous agriculteurs.
MelazzO est composé de cinq hameaux et du village qui occupe le pen-
chant d'une colline, sur la rive droite de FErro; les débordements de ce tor-
rent y causent des dégâts considérables.
Il y a une paroisse dont le revenu est de 800 francs.
L'étendue du territoire de cette commune est de 1,710 hectares; les bois
taillis et châtaigneraies en occupent une grande partie; le reste est en
champs, prés, et vignes» On y exploite de belles pierres de grès pour la ci-
tadelle d'Alexandrie.
La population est de 1,393 habitants, presque tous agriculteurs.
Il est fait mentidn de cette commune dans l'acte de fondation du couvent
de Saint-Quentin.
Dans le diplôme de l'empereur Henri XII, il est dit que Melazzo, ses
murs, ses fossés, ses tours, et son château, sont donnés à l'évêque d'Acqui.
Ce diplôme est daté de Ratisbonne, en io4o^ il fot confirmé en io52, 1 1 16,
et i364.
On ne peut marquer avec précision les différentes crises qu'elle a subies
en passant sous la domination des marquis de Montforrat etdeMantoue.
GartOSIO est situé dans la vallée de l'Erro. Le village est assez régulière-
ment bâti sur un rocher escarpé, à côté du torrent. Il y a une paroisse dont
le revenu est de 33o francs, et une petite fondation de 4i francs, destinée au
soulagement des pauvres.
Le sol est pierreux ou de tuf. Son étendue est de i,33o hectares. Les pro-
ductions ne suffisent pas à la nourriture des habitants, dont une partie est
obligée d'aller travailler au-dehors pendant quelques mois.
Le commerce le plus considérable consiste dans le vin et le charbon de
bois.
La population est de 822 habitants, presque tous agriculteurs^ pasteurs,
ou charbonniers.
- Le village est fort ancien, à en juger par les armoiries figurées qui sont
sur la porte d'entrée. En 1062, il fot donné à l'évêque d'Acqui, par Fem-
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a6S CHAPITRE I.
pereur Henri j ce qui fiit confirmé par ses successeurs, jusqu'à Charles IV,
en i364.
Cavatore est situé sur le sommet d une colline très élevée. Sa paroisse a
un revenu de 345 francs.
Le sol est presque partout pierreux et de tuf. Son étendue est de 266 hec-
tares, dont les deux tiers sont à peine productif.
Le climat est froid et variable, à cause des vents auxquels cette commune
est exposée.
La population est de 460 habitants, presque tous agriculteurs.
En 996, Fempereur Othon donna cette commune à Tévêque d'Acqui. Cette
donation fut confirmée en 1 364 par les autres empereurs.
MORBELLO est divisé en bourgades et hameaux, dont les principaux sont
la Costa, et Piazza; dans ce dernier est lancien château delà paroisse. Cette
commune est entourée de montagnes. On y fait beaucoup de charbon. Lé-
glise est dotée de 5oo francs.
Ce pays est riche en marbres variés, albâtre, et pyrites cuivreuses et ferru-
gineuses. Le charbon de terre s'y montre sur plusieurs points.
La population est de 647 habitants, presque tous cultivateurs ou char-
bonniers.
Après lextinction des Malaspina, cette commune passa sous la domination
immédiate des marquis de Montferrat, puis des ducs de Mantoue, et enfin
du roi de Sardaigne.
Létendue de son' territoire est de 1,900 arpents métriques.
GrogNARDO est situé au milieu des montagnes.
Le sol est pierreux et stérile; son étendue est de 49^ hectares, consistant
en châtaigneraies, pâturages, bois taillis.
Il existe dans cette commune une fontaine d eau minérale de la même na-
ture que celle de Spa.
La population est de 460 habitants, tous agriculteurs, pasteurs, ou char-
bonniers.
La paroisse a 2 1 5 francs de rente.
Sur la montrigne dite Castelara, on voit encore les masures d un ancien
château.
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TOPOGRAPHIE. 269
La commune de Grognardo est mentionnée dans Facte de donation faite
en 991 , par Anselme, fils d'Alérame, à 1 abbaye de Saint-Quentin.
L empereur Henri donna Grognardo à Févêque d'Acqui, en xo4o.
Cassinelle est composée de cinq hameaux, outre le village. Elle est placée
au milieu des montagnes et des forêts.
Sa paroisse est dotée de 464 francs.
L'étendue du territoire est de 1,169 hectares. Le sol est peu productif, ce-
pendant on y a planté des vignes. et des châtaigniers. On y semé du froment,
et un peu de maïs. Les pâturages y sont abondants.
Il sy tient, à la fin d'octobre, une foire de bestiaux qui dure trois jours :
elle est assez considérable.
En 1224^ la moitié de ce pays fut donnée au marquis de Bosco par la ré-
publique de Gènes. En 14679 après lextinction de la famille Malaspina, la
commune se soumit volontairement au marquis Guillaume de Montferrat.
Elle resta quelque temps sous leur domination, passa ensuite sous celle des
ducs de Mantoue, et du roi de Sardaigne.
La population est de i,234 habitants, presque tous agriculteurs, charbon-
niers , ou pasteurs.
MOLARE est situé près de FOrba. Le sol est pierreux ou de tuf. L'étendue
de son territoire est de 1,598 hectares; il produit du froment, du maïs, des
cocons, et des châtaignes.
Sa paroisse est dotée de 5oo francs.
La population est de i,3o4 habitants.
Ce pays, à en juger par les débris de son château et par les urnes funé-
raires que Fon découvre sur les bords de FOrba, doit être très ancien. U
échut en partage au marquis de Bosco ; ses enfants en vendirent une partie
à la répubhque de Gènes en 1289.
Les Malaspina possédèrent ensuite Molare; et, en 1467, ses habitants se
mirent volontairement sous la domination de Guillaume, marquis de Mont-
ferrat, à condition cependant que leur commune ne seroit jamais donnée à
qui que ce fut à titre de fief.
En i53o la commune de Molare passa sous les ducs de Mantoue, et en
1708, sous le roi de Sardaigne.
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276 CHAPITHE I.
CREMÔtiSO est situé siir le sommet d'une colline. Le gouyern^ment accorde
une somme annuelle de 600 francs pour le curé. Le château est habiflable, et
du sommet de la tour on jouit d'une superbe vue.
Le sol est ingrat, et en gratide partie courert de tuf ou de rochera. Son
étendue est de i ,366 hectares, consistant en châtaigneraies, bois taillis, vignes^ .
champs , et pâturages.
La population est de r, 1 10 habitants, preèque tou^ agriculteur».
Les marquis de Montferrat s'étant emparés de cette comffiiune, en cédèrent
la moitié aux Alexandrins lors de la paix qu'ils firenf a^éc eux en i!io3. La
fatiiille de Malaspina posséda ensuite cette commune, qui subit le même sort
que Molare.
PrasgO est composé de plusieurs bourgades. Le villag^e, qui ne contient
qtie 60 habitants, est situé sur une colline pierreuse et noirâtre.
Sa paroisse est dotée de !ioo francs.
Son cfimat est inconstant et froid, à cause des montagnes voisines.
Le territoire contient 532 arpents métriques.
La population est de 354 habitants, presque tous cultivateurs. Autrefois
cette commune- s appeloit Pedrasco. Elle doit être fort ancienne; il en est
parlé dans le diplôme de 99 1 . En 1 1 98 la moitié en fut cédée aux Alexandrins.
MORSASGO est situé sur une colline à droite de la Bormida. On y voit un
beau château attenant à la paroisse, qui est dotée d un revenu de 462 francs.
L'étendue de son territoire est de i,oo5 hectares. La portion qui se trouve
dans la vallée de la Bormida est assez fertile.
La population est de 895 habitants, la plupart agriculteurs. En 1224 la
république de Gènes céda la moitié de Morsasco au marquis de Bosco qui,
en 1 228, envoya Hugues de Roussillon en prendre possession.
TrisoBIO est entouré de collines élevées.
La paroisse est dotée de 43o francs.
Le sol est généralement de tuf ou pierreux.
Son étendue est de Syo arpents.
Les récoltes ne suffisent pas à la nourriture des habitants, dont le nombre'
est de 1,075.
En 1224 la république de Gènes donna la moitié de'Trisobio au marquis
4e Bosco, qui en fit prendre possession par Hugues de Roussillon.
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TOPOGRAPHIE. 271
MONTALDO est situé au sommet d'une colline très élevée.
11 y a une paroisse dont le revenu est de 533 francs.
Le sol est de tuf ou argileux.
Son étendue est de 4^^ hectares. Le climat est assez froid. Lair y est
salubre.
La population est de 730 habitants, presque tous agriculteurs.
Tout ce qu on sait de Thistoire de ce pays, c est que ses habitants se ran-
gèrent volontairement sous la domination des Alexandrins en 1202.
TABLEAU
Récapitulatif des surfaces de chaque canton.
ARRONDISSEMENTS.
CANTONS.
SUPERFICIE
DE CHAQUE CANTON,
Idi
DE CHAQUE ARROUDISSEMENT.
ACQUI.
CEVA.
Acqui
Castello-D'Orba
I>ego
Incisa. .*
Nizza
Saint-Stëphano-Belbo . .
Spigno
Visone
CalUssaiio
Ceva
Dogltani
Garessio
Millesimo
Mulazaoo
Ormea
Salicetto
A^beoga
Alassio
PORT-MAURlCE
SAVONE .
Borgomaro . . . .
Diano-Marine . .
Oneille
Pieve' ,
Port -Maurice . .
Saint-Stéphano
Cairo
Finale
Noii
Pietra
QuigUano
Sassello
Savone
Varrazze
ia,a4o hectares.
13,175
10,5 18
7,808
10,778
8,727
14,535
33,395
19,584
20,419
8,6i3
i6,5o5
11,980
9'95a
11,876
7,345
18,533
6,366
5,960
, 4,375
17,825
6,3oo
8,875 .
15,966
4,940
3,233
11,480
6,125
i3,5i7
10 i33
12,575
101,176 hectares.
106,274
75,809
77»978
Total de la surface générale du département 36i,237 hectares.
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CHAPITRE SECOND.
POPULATION.
Il étoit d autant plus difficile de se procurer des renseignemeats sur la popu-
lation du département de Montenotte, que jamais on ne s y étoit occupé
de recensement. Le territoire appartenoit à des gouvernements différents ;
dans la Ligurie^ on avoit dédaigné le soin important de connoître la
richesse du pays en hommes; ce n est cpi'à Fépoque de la révolution de 1 797 ,
qu on commença k tenir des registres exacts.
Le Piémont a offert un peu plus de ressource ; mais faute d'éléments réunis
pour évaluer la population à diverses époques, il a fallu se livrera un travail
très long etf rassembler avec soin des documents épars dans chaque commune.
Messieurs les maires ont mis beaucoup de zèle à répondre aux vues de
l'administration ; messieurs les curés les ont secondés à leur tour avec
le plus louable empressement. On trouvera dans les tableaux qui suivent^
les variations de la population, considérée sous tous les aspects, à trois
époques différentes. La fidélité des tableaux mérite la confiance. D une part,
lorganisation du pays étoit achevée depuis long-temps, et dè^lors il n'y
avoit pas d'intérêt pour les communes à grossir le nombre de leurs habitants.
D'autre part, il n'y en avoit pas non plus à le diminuer, puisque la réparti-
tion du contingent de la conscription se faisoit sur les listes des jeunes gens
soumis au tirage. I^es seules erreurs qui auroient pu se glisser proviendroient
du défaut de capacité de quelques maires; mais il y en avoit véritablement
très peu d'incapables dans le département, et l'on a fait vérifier, par les hom-
mes plus habiles qui occupoient les mairies des chefs-lieux de canton, les listes
soupçonnées d'inexactitude. On peut donc affirmer que les erreurs sont en
35
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^74 CHAPITRE It
ti^ès petit nombre, qu elles ne peuvent avoir eu lieu que pour des communes
très fbibles en population , et qu ainsi elles n influent point sur les résultats
généraux. Pour rendre les vérîfications^itiltérieufef phis faciles, on a con-
signé, dans les archives, le détail des renseignements recueillis de chaque
commune à diverses époques.
TABLEAU DE LA POPULATION PAR ARRONDISSEMENT
A TROIS ÉPOQUES 1)IFFÉRENTES.
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AB;aosiDJâaEM£irrs.
1789.
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1789 à 1797.
1801.
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Port Maurice .
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Département.
POPULATION.
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1801 k i8o5.
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Port Maurice .
SafroBe
Département.
304,945
83,872
5aK8»i
83,o8i
7h^
1809.
Acqui
Cëva
Port Maurice .
9^¥on9
Département.
291,731
«4,a95
55,1 5 1
i3,o43
296,730
Four tirer 4es çoxi8^(}uepces justes de ces trois étatis de populati^w , il fcwu
|;>ien çonnoître les, époques et les circonstaaçes, L année 1 79,7 qu qu a choisie
pourra Liçurie n étoit; pas fevorable. t^e pays étoit occupé déjà depuis plusieujts
années pçjr les Firançais : cependant la population différoit peu encore de c?
qu elle étç^i^ çn 1 789, parçeqwe ce ne fyt qu'en 1 797 qu'éclata la g^uerre avec
\e% Anglais çt le Piéwpnt. AWra l'^rrivéç des apprçvisiQnjjueipepts fut #n-
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ivAvéèy et il s*ensamt tiM famine qui cemsa beaucoup d'^toigMtiotls^. fin i ^M^
les malheurs de là gue^e et àe la fiuikHue cessièifent^ ttài^ldâriuiluelic^^^
fit sentir pendant les ahhées mirantes. C'est en iSoS que la popularîétt
commença à sé relever de ses perteB-, à è^te é^qi!i?è la guèire narttsmiè tèli-
doit À diminuer la popàlatiôn des Villes du tîMàï^, Mais la ^tt^ttlàtioli dés
CMUpagn^ prenait uii acctoissëaient dA wa -soins vigitiriÈitt 4le l'^^tei^il^
tration.
L année 1789, choisie poinr là premièt* ^époque du i^eéeil^èid^t dai^ te
partie piémontaise, étoit un temps de prospérité*, le roi de Sardaigne étoit en
paix avec ses voîaînSi, sas étatsUorissoient, la population devoit VaqcrPÎtre. La
seconde époque étoit au contraire très défavorable : une partie de la jeunesse
avoit été appelée en Sardaigne pour augmenter les troupes du roi; la guerre
s^étoit faite activement dans les montagnes de rApennîn. Le pays avoit été
désolé tour^-tour par les conquêtes des armées françaises, par des trôuhles
intérieurs, par les malheurs qui suivirent de brillantes campagnes, et par
les désordres d une retraite disputée, qui couvrit successivement la crête des
Apennins de troupes françaises et autrichiennes. Une famine cruelle et les
maladies, suite ordinaire de ce fléau, achevèrent de peser sur les malheu-
reux habitants. La mortalité augmenta dans une progression rapide; les
naissances diminuèrent, et Témigration des habitants pauvres vint ajouter
encore à tant d autres causes de dépopulation.
La bataille de Marengo, en annonçant d'autres destins à lltalie, ramena
insensiblement Tordre et la confiance ; mais le pays se ressentit encore long-
temps des maux qu'il avoit éprouvés. Vers 1809 l'équilibre se rétablit, et dans
les années suivantes l'accroissement de la population devint si rapide, qu'on
auroit peine à l'expliquer si l'on oublioit que le pays rendu à un état de repos
ne faisoit que reprendre son ancienne force, réduite, non par la langueur
et l'abattement du corps politique, mais par des secousses violentes dont le
ravage avoit cessé. Il faut considérer en outre que les vastes travaux qu'on avoit
entrepris et en grande partie exécutés répandoient l'aisance dans presque
toutes les classes et notamment parmi le peuple. Depuis 1806, trois mille ou-
vriers étoient constamment employés; les &milles pauvres ont ainsi trouvé
des ressources dans leur détresse. Les enfants ont moins souffert, les vieil-
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176 CHAPITRE II.
lards ont été plus secourus: de là vient le g^rand nombre des naissances com-
paré à la mortalité annuelle. Avant que les secours en travaux eussent ré-
pandu de Taisent dans ces malheureuses communes, la rareté du numéraire
y étoit telle que les marchés s y feisoient par échange. L aisance a encouragé
les défrichements et augmenté les revenus, eton sait que chaque pays produit
en général le nombre d'hommes qu'il peut nourrir. Telles sont les causes de
la prospérité croissante où se trouvoit en 1 809 le département de Montenotte;
on en verra la preuve dans la suite de ce chapitre.
DIVISION DE LA POPULATION PAR SEXES.
Le tableau suivant indique la division de la population par sexes, sous le
rapport du mariage et du célibat.
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POPULATION.
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1^7» CHAPITRE n.
Ce tableau présente, aux trois époques choisies pour points de comparaison,
un plus grand nombre de femmes que d^hommes, et la différence augmente
aux deux dernières époques. C'est qu an grand nombre d'bommes périssoient
à larmée.
Le nombre des mariés ou veufe aux trois époques est de 68,252— 65,6 1 1 —
64,754 ) et va ainii en décroissant; cela tient sur-tout aux yariations qua
subies la population ; car le rapport de ces nombres à la population géné-
rale est, aux trois époques successives ^ dans les rapports approximatifs
de 0045, 00 46, et enfin oo44- ^^ dernier ra^^rt diffère un peu de celui que
présentoît un temps de prospérité ; il s explique en raison de Tabsence des
jeunes gei» appelés k porter les armes.
Le nombrie des lemmes célibataires au-dessus de trente ans éfoit aux trois
époques de i6,6i4 — i5,8S6 — 1 5,3^3. Ce nombre varie à lavantage de la
population aux dernières époquéis, à raison delà suppression des couvents.
Le nombre des femmes eéHbataires au^essus de trente ans est à-peu-près,
eu égard au nombre total des femmes aux trois époques , clans le rapport
de 0009, oôi I9 6t <>oio.
Les hommes c^ibataires au -dessus de trente ans étoient de 17,833^—
i6,748«— 16,373. Les rapports de ces nombres à la totalité des hommes sont
à-peu-près 00 1 2^ 0012 , et 001 1, proportions qui suivent les mêmes lob que
pour les femmes^ et sans doute pat* les mêmes caiises. On remarquera qu il y a
un peu plus de célibataire hotnities que fetumés ; mais Aussi le nombre das
veuves est un peu plus considérable que celui des veu&.
On tk*ouv^î^ dams lé tablisau te nombre des célibataires àu-dessôus de trente
ans, et Ion remarquera que le nombre en est nM)ins grand à la dernière
époque. Cette réduction provient sur-^tout de la suppression des convedts et
de lexemption de service qui dans un temp étoit aci^ordée aux oonœrits
mariés. ,
DIVISION DE LA POPULATION PAR AGES.
On trouvera , dtns le Tableau suivant,, là répartiti^ de la pqjpulation
entre toujs les âges de la vie.
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POPULATION.
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^8o CHAPITRE II.
£a examinant ce tableau ayec attention, on voit d^abord que la dépopu-
lation causée par les désastres politiques a porté principalement depuis la
naissance jusqu'à Tâge de trente ans ; quelle n'a afiecté en rien la classe des
hommes faits qui n étoient pas appelés à la guerre, et qui avoient une force
d esprit suffisante pour supporter avec courage les malheurs auxquels ils
étoient en butte, mais qu elle a pesé sur les vieillards qui ont succombé sous
le poids des chagrins, de l'inquiétude et de la frayeur.
Lorsqu ensuite la population revint à son état primitif, on remarque le
même mouvement, mais dans un sens contraire. Le nombre des en&nts en
bas âge s'accroît dune manière très sensible; il y a peu d'augmentation sur
la classe de dix à trente ans, qui comprenoit les enfants au berceau et les
jeunes ^ens appelés au service. Puis l'équilibre ancien se rétablit de nouveau
depuis trente ans jusqu'à soixante-dix; c'est dans l'intervalle de trente à cin-
quante que l'augmentation se fait le plus sentir.
Quant à la classe des vieillards au-delà de soixante-dix ans, loin de se réta-
blir, elle diminue d'année en année.
Les malheurs publics ont eu leur inévitable effet. Tous les rangs de la
vieillesse ont été dépeuplés. L'atteinte s'est fait même sentir d'une manière
funeste parmi les hommes près d'y arriver. Ébranlés parla secousse générale,
ils sont successivement tombés avant d'atteindre au long terme que la nature
leur destinoit. Les hommes qui étoient dans toute la force de l'âge à l'époque
des troubles , et qui ont su se roidir contre l'adversité verront, seuls prolonger
leur vie dans un terme avancé ; mais avant qu'ils y arrivent, aucun exemple
de longévité remarquable ne les y aura précédés.
Le tableau suivant indique les rapports des diverses classes dont nous
avons parlé, avec la population totale, ou plutôt le nombre d'individus de
chaque classe par milliers d'habitants.
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POPULATION.
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TABLEAU exprimant les rapports entre le nombre des individus de chaque
âge et la masse totale, le nombre de i ,000, représentant la masse tant pour
chaque arrondissement que pour le département en entier.
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Les proportions qui sont données par cet état diflFferent peu de celles
qu'on trouve dans les divers écrits où l'on a traité cette matière. On doit
cependant observer que les cantons maritimes fournissent des enfants dans
une proportion un peu plus grande que les cantons méditerranés : c'est une
remarque qui frappe tous les voyageurs en parcourant le littoral. On voit sur
les rivages de la mer une foule d'enfants dont le grand nombre paroît excé-
der les rapports ordinaires de la population. Cet effet tient sans doute à la
manière de vivre des pêcheurs et des marins, au genre de leurs aliments, e t
à leurs fréquents voyages.
On doit encore observer que la longévité dans le pays montagneux et sain
36
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a»a CHAPITRE II.
exoéde ici les proportions déterminées pour la France, où on ne compte en
général qu un vieillard de quatre^iogts à quatre-vingt-dix ans aur 480 habi-
tants, tandis qu'on en trouve ici environ cinq par mille. Du reste^ cette pro-
portion avantageuse ne se soutient pas au-delà de quatre-vingt-dix ans; car
on peut observer que dans un temps de prospérité la proportion des vieillards
de quatre-vingv<iix à cent ans n étoit que de 0,59 par 1,000, c est-à-dire un
sur 1,700, tandis qu'en France on en calcule un sur 1,600. Cette proportion
a bien changé par suite des malheurs de la guerre : elle se trou voit réduite
à 0,32 , ce qui fait environ un sur 3, 100 individus.
DIVISION DE LA POPULATION
PAR CLASSES DINDIVIDUS ET PAR ÉTATS ET PROFESSIONS PRINCIPALES.
On trouvera dans le tableau suivant' tout ce qui a rapport à la popula-
tion considérée sous cet aspect.
En 1789, on comptoit 49^49 < propriétaires de biens-fonds et aux deux
autres époqiies 489O97 et 48,260, ainsi le nombre des propriétaires dimi*
nuoit insensiblement dans les temps de désastres, et il a commencé à s ac-
croître à raison de la vente de quelques biens du domaine. Le rapport de
cette classe avec la population totale étoit dans le rapport de dix soixante-
deuxièmes, dix soixante-unièmes, dix soixantièmes, c^t-à-dire environ un
sixième de la population.
Le nombre des propriétaires vivant uniquement de leurs biens-fonds n a
pas beaucoup varié; il forme à très peu de chose près le trente-huitième de
la population totale. '
Les personnes vivant uniquement d'un revenu en argent sont très peu
nombreuses.
Le nombre en étoit diminué pendant les orages politiques ; il a augmenté
depuis que la confiance a été rétablie, et que des relations mieux assurées
• ont fait renaître le crédit.
Le nombre des individus salariés par Fétat s'est accru dans une grande
proportion sous l'administration française, et s accroît encore journellement
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Page a8a.
DIVISION i^^OFESSIONS PRINCIPALES.
en
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MANOEUVRES.
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De 1789 a 1797.
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1801.
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De 1801 à i8o5.
1809.
1809.
Acqui
Ceva
Port-Maurice.
Savone.. . . . .
Départemeni
Acqoi ......
Geva
Port-Maurice
Savone .....
Dépaitemeq
Acqui I
Ceva l
Port-Mauric^
Savone
Dëpartemet
TI8SBBA1ID8.
Hommes. Femmes.
i33
s
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627
T4LILLBUBS.
Hommes.
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1,678
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426
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480
Femmes.
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652
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607
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POPULATION. 385
en raison des pensions ecclésiastiques et militaires ; il étoit en 1 809 dans le
rapport d'un deux cent quatre-vingt-dixième avec la population générale.
Les individus vivant de leur travail mécanique ou industriel avoient dimi-
nué de nombre pendant l'époque de la décadence. On voit qu'il se rétablit
aujourd'hui d'une manière notable, ce qui est un indice certain de [Prospé-
rité. Le rapport de cette classe avec la population étoit aux trois époques de
dix cinquante-septièmes, dix cinquante-septièmes et dix cinquante-qua-
trièmes.-
La classe qiïi ajoute un travail quelconque à ses revenus a augmenté sen-
siblement et se trouve dans le même rapport que celle dont nous venons de
parler.
Le. nombre des manœuvres des deux sexes a augmenté; il est entre le
quart ou le cinquième de la population. On remarque dans cette colonne
que le nombre des femmes manœuvres s'est accru à la dernière époque. Les
bras enlevés à la culture par la guerre sont la principale cause de cette
variation. Le nombre des femmes manœuvres est de la moitié environ de
celui des hommes de la même profession.
Le nombre des domestiques faisoit à la première époque le vingt-et-unième
de la population ; il n'en faisoit plus que la trente-troisième partie à l'époque
des invasions et des malheurs. Après il a formé le trentième de la population.
On peut en conclure que tout ce qui tenoit au luxe a été abandonné et que,
malgré le rétablissement de Tordre, on s'est borné encore dans les familles
aisées au strict nécessaire. On remarquera qu'aux deux premières époques le
nombre des domestiques des deux sexes étoit presque égal ; mais à la dernière
les domestiques femmes l'emportoient d'un tiers sur les autres.
Quant aux ouvriers d'art, leur nombre n'a pas beaucoup varié aux trois
époques; mais il avoit une tendance à augmenter, ce qui indique une pro-
gression avantageuse dans l'industrie.
Les recherches que Ton a faites pour constater le nombre des pauvres aux
trois époques n'ont pu rien donner de précis pour les deux premières ; mais
à la dernière il étoit de 7,200, c'est-à^lire d'un quarante-deuxième de la po-
pulation totale. Sur ce nombre il existoit 1,682 mendiants, ce qui fait un peu
plus de deux centièmes de la population.
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à84
CHAPITRE II.
DIVISION DÉ LA POPULATION PAR FEUX ET FAMILLES
Les recherches faites sur le nombre de feux et de familles sont consignées
dans le tableau suivant pour trois époques différentes.
ÉPOQUES.
NOMRRE
de
FAMILLES.
NOMRRE
de
FErx.
RAPPORT
aTec
LA POPULATIOn.
Familles. Feux.
1789^1797.
61,778
63,994
il
^
i8oi&i8o5.
58,6a8
60,987
*•
^
1809.
59,4^4
63478
3Î
^
La proportion est restée sensiblement la même pour le nombre de fa-
milles qui se composent généralement d'un peu moins de cinq personnes.
Quant au nombre de feux, il a augmenté considérablement à la dernière
époque, soit en raison de laccroissement des pensionnaires et des salariés par
Fétat, soit en raison de la suppression des couvents et du rappel des religieux
établis à Rome ou dans le reste de Tltalie.
DIVISION DE LA POPULATION PAR COMMUNES.
Le département de Montenotte comptoit 267 communes; elles sont classées
par ordre de po]3ulation aux trois époques dans les tableaux suivants.
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POPULATION.
285
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286 CHAPITRE IL
On voit par ces tableaux que la plus forte part de la population est classée
dans les communes de i ,000 à 2,000 âmes : une grande partie des communautés
d'habitants devant leur existence au commerce et à Tindustrie, il a dû néces-
sairement se former de$ bourgades et des villages aglomérés ; mais on ne
compte en fait de villes importantes que le chef-lieu qui renferme dans son
enceinte et ses faubourgs environ 8,000 habitants; et celles de Port-Mau-
rice et d'Alassio qui en réunissent 6 à 7,000.
Parmi les communes au-dessus de 3,ooo âmes, on en compte 8 qui s^
rapprochent d'une population de 5,ooo habitants.
La population de larrondissement d'Acqui est presque également divisée
entre les cheffr*lieux <ies communes et les hameaux ou habitations isolées.
Les hameaux n excèdent pas en général une population de 1 5o à 200 : le
plus gran4 nombre est d environ 5o habitants. Au surplus; on remarque que
dans les cantons de cet arrondissement les habitations sont plus aglomérées
que dans les cantons pauvres; on y compte 81 bourgs principaux ou chefs-
lieux et 56o hameaux ou fermes.
Dans larrondissement de Ceva les hameaux sont plus nombreux et plus
|)etits. Leur population ne s'élève pas beaucoup au-dessus de cent individus,
et la plupart ne comptent que 3o habitants. Les trois cinquièmes de la popu-
lation sont concentrés dans les bourgs qui sont au nombre de 55 ; les
hameaux et fermes sont au nombre de 1,1 26.
L'arrondissement de Port-Maurice compte 8 1 chefo-lieux qui réunissent
(Jus des deux tier|||le la population totale. Le nombre des hameaux est
de 783; beaucoup d'entre eux sont très petits et se composent de fermes et
de moulins. Les autres sont en général assez peuplés et excèdent souvent le
nombre de 25o habitants.; plusieurs ont des paroisses distinctes.
L'arrondissement de Savone est encore plus agloméré : les trois quarts en-
viron de sa population sont concentrés dans les chefs-lieux, sur-tout dans
les cantons situés sur le versant méridional. Les cantons de Sassello et de
Cairo, situés sur l'autre versant, sont divisés en beaucoup de petits hameaux
de 80 à 100 hommes de population; les autres cantons en comptent moins,
mais ils sont généralement peuplés de 2 à 3oo habitants. Le nombre total
des chefs-lieux est de 5 1 ; et le nombre des hameaux de 490 : ainsi le dépar-
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POPULATION.
al-
ternent comptmt 267 che&-lieux, 2,959 hameaux on Tillages, et 6i,43o mai-
sons, parmi lesquelles il se trouve environ 5oo maisons d'agrément éparses
dans les campagnes, et habitées par les propriétaires aisés pendant k belle
saison. * • *
On peut faire observer dans le tableau général que le nombre des com«
mùnes au-dessous de 5oo âmes a augmenté pendant le moment défavorable
à la population, et qu'aujourd'hui ce nombre se rétablit suivant l'état ancien.
RAPPORT DE LA POPULATION
A LA SURFACE DU DÉPARTEMENT.
L'ancien département de Montenotte reposoit sur une surfece de 361,287
hectares ou 3,6 1 2 kilomètres et un tiers carrés, ou de 1 44 lieues et demie car-
rées de 5 kilom. de longueur. Sa population en 1809 ^^^^^ ^^ 296,730 habi-
tants. Le tableau suivant indique la division de la surface générale entre les
arrondissements, et le rapport entre le nombre d*hectares et celui des ha«
bitants.
RAPPORT DE LA POPULATION DU DÉPARTEMENT
A LA SURFACE.
ARRONDISSEBIENTS.
NOMBRE
d'bbctaaks.
NOMBRE
BE VOLVES CABUiES
de b kOométres.
RAPPORT DE LA POPULATION
A LA SlïBrACE
P^hwtets.
Acooi
101,176
106,274
75,809
77797B
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31,19
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i,«07 .
0,940
a,o8a ^ habitants.
»,^97t
Geva
Port-Maurice
SaTODA.. •
Dëpartemenc
36i,a37
144,49
0,849 J
a,iaa|habitanu.
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!i88 CHAPITRE IL
Les calculs les plus accrédités sur la population de la France ne donnent
que 1,170 habitants par lieue carrée de 5 kilomètres. On voit que cette pro-
portion est excédée dans tous les arrondissements de Montenotte; qu elle est
double dans larrondissement de Savone, et surpasse cette proportion de
beaucoup encore à Port-Maurice : ainsi le pays peut être mis au rang des
plus peuplés relativement à sa surface.
Il y a des raisons de croire qtie la surface du département est exagérée
dun vingtième : le défaut de cadastres, de mesures agraires dans la Ligurie,
en est la cause. Mais cette erreur n auroit pu être rectifiée avec certitude
qu'après lachévement du grand travail du cadastre parcellaire. Il est cer-
tain qu'il en résulteroit une proportion plus avantageuse encore ; et lac-
croissement annuel de la population doit ajouter de nouveau à l'avantage
du rapport dont nous parlons.
On remarque dans larrondissement de Ceva, comparé à celui de Port-
Maurice, une diversité énorme entre les surfeces et leur population ; la cause
en est facile à expliquer : l'arrondissement de Ceva s'appuie aux Alpes, et se
trouve sur le versant du nord, dans toute là partie contiguë à la grande
chaîne. Les ressources du pays ne consistent que dans des pacages couverts
de neige la moitié de l'année, tandis que l'arrondissement de Port-Maurice
exposé au midi, et abrité des vents par cette même chaîne de montagnes,
jouit de la température la plus douce, et possède des oliviers jusqu'à la
hauteur de 600 mètres au-dessus de la mer. C'est sur-tout à cette culture ,
fort productive dans un petit espace, qu'est dû le surcroît de la population
de cet arrondissement.
Si l'on compare les cantons les moins peuplés du département avec ceux
qui le sont le plus, on remarque que les premiers se trouvent placés près
de la grande chaîne, et les seconds près des rivages peuplés d'oliviers, et Ion
trouve sensiblement d'une part le rapport de deux hommes par cinq hec*
tares, et de l'autre, celui de 5 hommes pour quatre hectares. Cette grande
disproportion est fort remarquable; mais d'ailleurs il n'existe dans le dépar-
tement, sous le rapport de la salubrité, aucune cause de dépopulation mar^
quante.
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POPULATION. ^8g
COMPARAISON DES NAISSANCES, DES MORTS ET DES MARIAGES.
On remarquera dans les tableaux qui suivent, une grande disproportion
entre les naissances et les décès. Les décès sont inférieurs aux naissances de
deux mille cinq cents, ce qui prouve Fétat de prospérité du pays. Il nen
étoit pas ainsi en 1780, époque à laquelle la population étoit en quelque
sorte stationnaire. Aujourdliui que Faisance existe dans toutes les classes, la
mortalité , qui s accroît toujours dans les temps de misère, doit diminuer : les
naissances doivent, par la même raison, devenir plus nombreuses.
La disette de 181 1 a réduit les naissances dune manière sensible; elle a
augmenté les décès, et a influé principalement sur les mariages qui figurent
en 181 1 pour un nombre près de moitié moindre que dans les années
antérieures.
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390 CHAPITRE IL
MOUVEMENT DE LA POPULATION DU DÉPARTEMENT.
P
a
o
eu
1809.
1809.
18IÔ.
t8io.
18II.
18II.
Acqui
Geva
Port-Maarice.
Savone
Département.
Acqni
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Port-Manrîce.
Savoue
Département.
Acqui
Ceva
Port-Maurice.
Savone
Département.
ÉTAT EFFECTIF.
î
84,395
55,i5i
83^3
73,341
396,730
85,i33
55,8^7
84,75o
74,220
299,930
86,060
56,102
84.789
74.7>6
i
768
390
2,788
8i3
394
600
627
2,434
301,767
474
3o3
463
436
1,666
2,205
1,870
3,146
3,027
10,248
3,025
1,890
3,222
2»974'
2,9» 4
1,702
2,465
2,5o8
9.589
1,335
2,117
a.079
7,525
2,187
i,ai4
2,41 5
2,095
7.9»»
1.987
1,337
2,436
7,752 6
SUR 1000
de
POPCLATIOV.
9
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II
10
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35
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34
38
40
34
3o
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34
^4
25
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26
22
28
26
23
^4
27
32 26
SUR 1000
HAI88ABCCS.
348
209
268
260
271
269
209
186
211
219
i63
178
188
170
904
7«4
673
684
744
723
642
75o
704
705
682
786
984
798
812
Ainsi la population s'est accrue de plus de cinq mille individus dans Tin-
tervalle de 1809 à 1811. Le nombre des mariages excède la proportion
ordinaire calculée sur mille de population ; mais dans la dernière année,
qui a été désastreuse à cause de la cherté des grains, cette proportion a été
inférieure.
Si Ion compare maintenant le nombre des décès à la population, on re-
marque que la population moyenne est de 299,476 ; et qu en supposant
340 morts au-dehors du département, soit parmi les conscrits, soit parmi
les habitants qui émigrent momentanément, ce qui est bien près de la vérité,
le nombre moyen des morts pendant les trois années sera de 8,069. ^ ^^
moyenne, qui est le rapport entre la mortalité et lapopulation, seroit dans
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POPULATION.
391
ce cas de trente-8ept an» et un lûois. Ce rapport excède tellement ceux qui
ont été calculés dans la plupart des contrées européennes , qu on ne doit
lattribuer qu*à une circonstance momentanée et favorable.
Pour obtenir un résultat moyen, il nous paroi t plus convenable de se ser*
vir des trois époques de 1789, 1 801, et 1809, dont luné étoit stationnaire,
lautre défevorable, et la troisième avantageuse. On reconnoîtra dans le
tableau suivant les circonstances diverses du mouvement de la population à
ces trois époques.
MOUVEMENT DE LA POPULATION
POUR TROIS ÉPOQUES.
a
o
eu
•H
de 1789 à 1797
de 1789 à 1797
dei8oiài8o5
de 1801 àiSoS
1809.
Acqai
Ceva
Port Maunce.
Sayone
Dëpaitement.
Acqni
Ceva
Port-Maorice.
Savone
Département.
Acqui
Ceva
Port-MaQfice.
Savone
ÉTAT EFFECTIF.
87.449
59,686
82,307
75,603
304,945
83,872
5a,88i
83,o8i
7">897
291,731
84,295
55,i5i
83,943
73,341
832
398
728
907
2,865
462
2,375
768
390
844
786
MAISSAIICE8.
FlUes.
1,507
1,073
1,578
1,544
5,702
1,355
902
1,642
1,396
5,295
1,042
874
1,486
1,404
Garçons.
1,676
1,106
1,640
1,567
5,989
1,353
954
1,775
1,432
5,5i4
1,093
940
1,528
i,48i
nataicU.
26
14
128
a39
II
9a
121
266
l33
141
D^cis.
4.469
2,044
^7^7
2,33»
RAPPORT
des décès
à la
population.
Vie moyenne.
10,571
3,83 1
1,655
2,322
1,802
9,610
2,117
2j079
28 ann. 9 m.
Vie moyenne.
3o ann. 4 m*
Vie moyenne.
1809.
Département,
296,730
2,788
4,806
5,042
400
7,525
MOYENNE POUR LES TROIS ÉPOQUES.
Département. 297,802 2,637 1 5,48i 5,673 3oi 9,244 1
39 ann. 5 m.
32 ann. 8 m.
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292 CHAPITRE IL
On voit que le terme moyen de la vie excède encore trente-deux ans en
prenant la moyenne; mais je crois cette proportion trop forte. En calcu-
lant sur les registres mortuaires, le nombre de jours quont vécu tous
ceux qui ont succombé dans Fan i8i i, le résultat moyen est de vingt-neuf
' ans environ.
On trouvera dans les deux tableaux suivants les états de la mortalité de
chaque âge, et les rapports de cette mortalité à la mortalité totale pour
chaque intervalle de cinq années. Ces états expriment séparément les décès
suivant les sexes.
On observera qu il meurt plus de la moitié des enfants de cinq ans et au-
dessous. Cette proportion n est pas la même partout : on Fa calculée souvent
aux cinq douzièmes, et en Angleterre à la moitié.
On commence à remarquer une proportion plus avantage* 'î-^^^* Ti 8 i i ; il est
possible que Finfluence de la vaccine, qu^a été propagée avec activité dans
les dernières années, y ait influé d'une manière sensible. Les autres propor-
tions pour chaque âge diffèrent peu de celles qui ont été données par divers
auteurs , et 1 on pourra aisément le vérifier. On trouvera cependant que
le nombre des vieillards excède de beaucoup la proportion la plus générale;
ce qui s'explique sous un climat aussi &vorable et dans un pays de mon*
tagnes aussi sain que le département de Montenotte. On doit aussi observer
qu il meurt généralement plus d'hommes que de femmes. On verra par le
tableau des naissances qu'il en naît davantage, ce qui donne une expli-
cation naturelle de cette différence.
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Page 29a.
DE LA MORTALITÉ PAR AGE DANS LE DÉPAE
!«
ÉPOQUES.
ARRONDISSEMENTS.
1809.
1809.
1810.
1810.
1811.
1811.
Acqui
Ceva
Port-Maurice
Savone ...
Dëpartemeut.
MU«t.
437
36 1
389
Acqui
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Port-Maurice . . .
Savone
Département,
Acqui
Ceva
Port-Maurice . . .
Savone
Département.
i4,i4
De I
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2,564
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1,484
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346
33o
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275
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294 CHAPITRE IL
COMPARAISON DES NAISSANCES, MARIAGES, ET DÉCÈS
DANS LES DIVERSES SAISONS DE L'ANNÉE.
Nous nous sommes proposé de rechercher quelle pourroit être Tinfluence
des saisons sur les naissances, les mariages, et les décès, et il est résulté de
ce travail les trois tableaux suivants.
On voit par le troisième état que la Sjsiison la plus fècheuse est le passage
de Tété à Fautomne, et que Fhiver est aussi sujet à une plus grande mortalité
que les autres saisons.
Le plus grand nombre des naissances répond aux premiers trimestres de
Tannée ; c est aussi Fépoque où il se fait le plus grand nombre de mariages.
Il deviendroit aussi long que fastidieux de multiplier les observations sur ces
tableaux ; les personnes qui s'occupent de recherches de ce genre les feront
elles-mêmes sans.peine, et établiront facilement tous les rapports dont elles
auront besoin. Elles ne manqueront pas dé remarquer quelle a été sur les
mariages et sur la population en général Tinfluence de Fan i8i i qui a été
Fépoque d une disette, ou du moins d une grande cherté de grains.
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Page 294.
SECOND T.
MARIAGES POUR LES AN
ÉPOQUES.
1809
1809.
1810.
18 10.
1811.
1811.
ARRONDISSEMENTS.
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Acqui
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page ^94.
PREMIER T
NAISSANCES DANS LE DÉPARTEMENT DE MONTE
ËPCM}UES.
ARRONDISSEMENTS.
Lëgidmes.
PREMIER TRIMESTRE. 1 DEUXIÈME TRIMESTRE.
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POPULATION. 395
TROISIÈME TABLEAU.
DE LA MORTAUTÉ PAR TRIMESTRE DANS LE DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
ÉPOQUES.
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TRIMESTRE.
TRIMESTRE.
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TRIMESTRE.
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MOUVEMENT DE LA POPULATION
DES DIFFÉRENTES ZONES DE L'ANCIEN DÉPARTEMENT DE MONTENOTTE.
Le territoire dont se compo6oit le département de Montenotte est placé
TOUS Tinfluence de plusieurs climats très différents ; on peut en distinguer
trois : celui du littoral ; celui des vallées moyennes qui se rapprochent des
plaines du Piémont, et qui sont généralement situées à 1 5o mètres au-dessus
de la mer; et celui des hautes montagnes dont les vallées sont élevées de 5
à 800 mètres au-dessus de la mer.
Dans le tableau suivant on pourra comparer 1 action des trois climats sur
la population ou le mouvement qui a lieu dans diverses communes placées
sous chacun d'eux. On a pris les trois é}X)ques de 1789, i8oi, et 1809,
comme devant fournir une moyenne plus juste que les dernières années.
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ag6.
CHAPITRE IL
La ville d'Albeng^a sur le littoral passe parmi les habitants pour être très
malsaine, à cause des inondations et des marais que le torrent Genta
forme sur son territoire. On a voulu, par ce motif, la comparer isolé-
ment aux autres communes ; mais on a reconnu que le climat d'Albenga
a été jugé trop défavorablement. On peut ranger cette ville dans la classe
des hauteurs moyennes, ou des plaines dont le climat est en général plus
sain que celui des hautes vallées qui sont trop exposées aux froids, aux
neiges, et à Fhumidité. Plusieurs médecins avoient déjà remarqué quon
attribuoit dans le pays trop d'influence sur la population aux exhalaisons
du petit marais d'Albenga, ces exhalaisons étant balayées par les vents qui
régnent constamment sur les bords de la mer. C est ce que les calculs sui-
vants paroissent démontrer à Févidence.
En parcourant tout le tableau, on pourra d ailleurs déduire une foule de
remarques instructives et curieuses. Nous nous bornerons à observer que le
climat du Uttoral est le plus sain ; que le nombre des naissances y est plus
grand, et que la mortalité y est moins considérable.
MOUVEMENT m LA POPULATION DES DIFFÉRENTES ZONES DU DÉPARTEMENT.
ÉPOQUES.
VILLES.
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CHAPITRE II,
MOUVEMENT DE LA POPULATION
DES VILLES DU DÉPARTEMENT.
ÉPOQUES.
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De 1789a 1797.
De 1801 à i8o5.
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1,468
ao7
7
42
3o
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8
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1,044
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10
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169
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3ii
II
44
27
a35
587
816
730
887
7^9
638
845
Aucune des villes de Fancien département de Montenotte ne mérite d'être
classée parmi les grandes cités ; mais elles offrent toutes une variation sen-
sible dans le mouvement de leur population, comparé à celui des campagnes.
On a donc cru devoir le présenter aux trois époques pour les six villes prin-
cipales. Le tableau ci-dessus en indique toutes les particularités. U est à
remarquer que les mariages sont plus nombreux que sur les autres points,
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POPULATION. 299
ce qui provient sans doute de ce qu'il y a en général plus d aisance dans les
villes que dans les campagnes; le nombre des naissances y est aussi un peu
plus considérable. «
Une autre observation curieuse, c'est que les villes d'Acqui et de Céva*
situées par-delà lés Apennins, ont un plus grand nombre de décès que de
naissances , tandis que les villes du littoral fournissent plus de naissances
que de décès. On conçoit que les habitants du littoral, toujours exposés aux
hasards des navigations et des courses lointaines, peuvent souvent mourif
loin du sol qui les vit naître ; mais la disproportion constatée par les registres
est telle qu'indépendamment de cette circonstance il £oiut conclure que
toutes les villes du littoral tendent à s'accroître, tandis que celles qui ne
vivent que d'agriculture tendent à diminuer. La ville d'Acqui paroît être la
plus maltraitée sous ce rapport; mais il faut observer que l'époque de 1801
lui fut très funeste : la mortalité y excéda de plus de 900 la proportion com-
mune. En tenant compte de cette circonstance extraordinaire, on voit que la
mortalité ne dépasseroit guère les naissances que de 1 5o environ ; différence
qu'on peut attribuer à l'affluisnce des étrangers qui viennent tous les ans
prendre les bains, et dont un certain nombre succombe dans le pays.
OFFICIERS DE SANTÉ.
. Il étoit d'usage de salarier les officiers de santé sur les fonds publics dans
beaucoup de communes ; cet usage a contribué à en augmenter le nombre.
La plupart faisoient leurs études dans l'université de Turin, d'autres à Gènes,
quelques uns à Montpellier.
La liste générale de tous les officiers de santé a été dressée, en exécution
de la loi du 19 ventôse an 1 1 et de celle du 21 germinal même année. Un
jury médical a été établi; il étoit composé de deux médecins et de deux
pharmaciens. Il a été créé en même temps une inspection composée d'un
médecin et d'un pharmacien pour visiter deux fois l'année toutes les phar-
macies du département, et pour inspecter en outre, dans leurs tournées, les
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3oo CHAPITRE IL
enfants-trouvés placés dans les campagnes, donner des instructions aux
nourrices^ et retirer les enfants mal soignés.
La création de ces inspections a amélioré sipgulièrement ces deux services.
Plusieurs pharmacies ont été formées, et le plus grand nombre par dies
hommes, sinon très habiles, du moins incapables de commettre de ces mé-
prises qui sont quelquefois si funestes aux habitants des campagnes.
Les états qui ont été dressés nous donnent les résultats suivants :
RÉCEPTION d'après LES FORMES ANCIENNES.
Docteurs en médecine ayant droit d'exercer dans toutes les parties de la
domination française.
Arrondissement de Savone 27
d'Acqui 16
de Ceva 5
de Port-Maurice 29
Total 77
Maîtres en chirurgie ayant le même droit.
Arrondissement de Savone 16
d'Acqui 4
de Ceva \ 5
de Port-Maurice 12
Total 37
Officiers de santé ayant le droit d'exercer simplement dans le département.
Arrondissement de Savone 2
d'Acqui 87
de Port-Maurice 24
de Ceva i5
Total 78
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POPULATION; 3oi
Sages-femmes. . . - 2
Ce petit nombre de sages-femmes reçues d'après des examens doit fixer
lattention. Plusieurs femmes exerçoient dans les campagnes, n ayant d autres
notions que celles qui résultent de Thabitude et d'un peu d adresse; heureu-
sement que les chirurgiens , qui étoient très nombreux , suppléoient au
défaut de sages-femmes. On s occupe toutefois avec activité des moyens de
former des élèves.
RÉCEPTION d'après LES FORMES NOUVELLES.
•
Docteurs en médecine.
Arrondissement de Savone 2
d'Acqui 2
de Ceva o
de Port-Maurice 3 ^
Total 7
Docteurs en chirurgie.
Arrondissement de Savone i
d'Acqui o
de Ceva i
de Port-Maurice i
Total 3
Officiers de santé reçus par lejuty.
Arrondissement de Savone 8
d'Acqui 2
de Ceva o
de Port-Maurice 6
Total 16
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3o5 CHAPITRE IL
Dentistes.
Arrondissement de Savone à
Sages-femmes.
Arrondissement d*Acqui i
de Port-Maurice i
Total.
2
Maîtres en pharmacie reçus (taprès les formes anciennes et ayant droit
d'exercer partout.
Arrondissement de Savone 9
d'Acqui o
de Ceva 9
de Port-Maurice 2
Total 20
Pharmaciens ayant droit d'exercer dans le département.
Arrondissement de Savone 7
d'Acqui 17
de Ceva 1 4
de Port-Maurice 7
Total 45
Pharmaciens reçus par le jury.
Arrondissement de Savone 2
d'Acqui 2
de Ceva o
de Port-Maurice 5
Total 9
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POPULATION. 3o3
Ainsi on compte dans le département cent soixantenlix-huit médecins ^
quarante chirurgiens, et soixante-quatorze pharmaciens.
Plusieurs jeunes gens reçus dans les écoles de Turin, avoient obtenu de
se rendre à larmée, et il régnoit en général delemulation pour 1 étude de
Tart de guérir.
VACCINE.
Les premières notions sur les propriétés du virus vaccin parvinrent à
Gênes, comme en France, vers l'an 1800; bientôt elles se répandirent à
Savone. Mais Futilité de cette découverte fut combattue de tant de ma-
nières, et si fbiblement appuyée par le gouvernement génois, que Fusage de
la vaccine eut beaucoup de peine à se répandre dans la capitale et dans la
partie méridionale de Montenotte.
La partie septentrionale, réunie à la France, fut plus heureuse, grâce à
Finfluence de Fadministration française et aux précieuses instructions du
comité de vaccine établi à Paris.
Ce ne fut qu'en 1 8o3 que l'on commença à vacciner dans les arron-
dissements de Port-Maurice et de Savone, mais toujours avec peu de
succès, jusqu'à l'époque de la réunion en i8o5. Alors les préjugés fu-
rent attaqués avec force. Parmi les hommes recommandables qui y Con-
tribuèrent le plus, on doit citer M. Mariani, alors receveur- général de
Montenotte.
Avec des connoissances étendues en médecine, M. Mariani se livra lui-
même à la pratique de la vaccination, et fit beaucoup par son exemple
et par ses exhortations. L'épidémie varioleuse de i8o5 à 1806, en secondant
par de terribles leçons les efforts de Fadministration et le zèle de quelques
particuliers, assura entièrement le triomphe de la vaccine sur les préjugés du
pays. A cette époque, l'activité des fontîtionnaires, les conseils des médecins,
les exliortations pressantes des curés, et les ravages de l'épidémie, firent taire
l'ignorance, et parlèrent fortement aux cœurs des parents, qui avoient vu,
pendant la durée du fléau, mourir trois cent cinquante enfants dans la com-
mune de Savone, et plus de mille dans les deux arrondissements littoraux.
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3o4 ^ CHAPITRE II.
Peux mille enfents furent aussitôt vaccinés dans cette partie seule du
département.
Le zèle d'un comité central, et la crainte qu'a voit répandue dans
les campagnes la mortalité survenue à Savone, encouragèrent tellement les
habitants des villages à adopter l'usage de la vaccine, que dès ce moment la
pratique en devint presque générale. Le médecin Carupi , chargé de vacciner
gratuitement dans chaque commune de l'arrondissement d'Ac({ui , fit plus
de cinq mille vaccinations dans une seule campagne. Le comité central de
Paris loua son zèle et sa méthode, et lui fit accorder deux médailles d'hon-
neur et d'encouragement, qui excitèrent une grande émulation entre les
médecins des autres arrondissements.
Afin de lier une correspondance active entre tous les points du dépar-
tement, on établit au commencement de 1810, un comité de vaccine dans
chaque arrondissement. Ces comités, à l'exemple de celui du département,
choisirent des correspondants éclairés parmi les médecins des villes et des
villages j surent envoyer à propos des circulaires pressantes ; s'appliquèrent
à procurer du virus de bonne qualité partout où il manquoit, et n'oubhèrent
enfin rien de ce qui pouvoit assurer le succès de leurs' eflfbrts.
On ne peut passer sous silence le zèle bienfaisant des évêques pour
seconder l'administration, ni l'utile influence des curés pour feire sen-
tir à leurs paroissiens le prix d^une découverte si importante pour l'hu-
manité.
C'est à la réunion de ces efforts que l'on doit attribuer le nombre des
vaccinations opérées dans ce département pendant cinq années. Elles se
montent à 1 6,358 dans les arrondissements de Ceva et d'Acqui, et à 8,56o
dans les arrondissements liguriens, ce qui fait un total de 249918.
Pour anéantir la petite-vérole, il faudroit à la vérité que les vaccinations
excédassent chaque année les naissances, qui montent à plus de dix mille
dans le département. Cependant les avantages obtenus étoient immenses,
et ils devinrent sur-tout sensibles au moment d'une épidémie varioleuse
apportée sur le littoral par des conscrits venant du midi de la France. La
contagion se propagea, malgré toutes les précautions, dans les arrondis-
sements de Savone et de Port-Maurice ; mais aucun des enfants vaccinés ne
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POPULATION. 3o5
fut atteint; douze au plus succombèrent à Savone, et trente dans les deux
arrondissements.
ÉTAT PHYSIQUE ET MORAL DES HABITANTS.
STATISTIQUE MÉDICALE.
Le climat, la nourriture que produit le sol, Téducation^ les habitudes,
exercent une puissante influence sur le déyeloppement des organes, sur les
dispositions physiques de Fhomme; <;es causes forment le caractère particu-
lier qui distinguent les individus de chaque nation ^ ce sont elles qui déter-
minent le genre des maladies dominantes dans chaque contrée.
Nous avons déjà parlé de la topographie et du climat de Montenotte. Il suf-
fira den retracer ici les traits principaux, dans leurs rapports avec la santé
publique; nous analyserons ensuite les observations que les médecins du dé-
partement ont bien voulu nous fournir, et nous rechercherons les causes des
maladies locales en indiquant les précautions qui peuvent en préserver. On
citera des faits sans entrer dans le détail des méthodes curatives qui ne peu-
vent être déterminées que par les circonstances particulières, et qui d ailleurs
varient suivant les divers systèmes de médecins. Heureux si le tableau de ces
recherches attire Fattention sur quelques causes d'insalubrité qu on peut dé-
truire, et éclairer le cultivateur sur les précautions propres à garantir et à
prolonger ses jours !
Le pays de Montenotte, coupé dan& toute sa longueur par une grande
chaîne de montagnes, présente deux versants opposés, Fun méridional, Fautre
septentrional. Delà deux climats tout différents; delà deux divisions bien
marquées entre les indigènes, ceux qui habitent les montagnes, et ceux qui
39
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3o6 CHAPITRE II.
vivent dans les plaines ou dans le fond des vallées; ceux-ci sont répandus sur
un espace de vingt-huit lieues de longueur, entre Riva et Airenzano, et
quatre à huit lieues de largeur entre le bord de la mer et la crête de l'A-
pennin.
Les maladies qui affectent le plus les habitants de cette partie de lancien
département, sont : les péripneumonies(i), les pleurésies, les esquinancies,
les toux, les rhumes aigus, et enfin toutes les maladies inflammatoires. Elles
se manifestent particulièrement parmi les individus de tempérament san-
guin et bilieux, de fibre élastique, et parmi les villageois, les marins, et au-
tres artisans laborieux exposés à la chaleur du feu, tels que les serruriers,
boulangers, etc., sur-tout au commencement de Thiver et du printemps.
Il est reconnu que les habitants de la Lombardie et du Piémont sont moins
sujets aux maladies de ce genre que ceux du littoral; voici les causes qui
contribuent à y rendre les tempéraments plus susceptibles d'inflammation.
Commençons par les circonstances atmosphériques.
Au premier coup d'œil, le littoral semble un pays de délices. Exposé au midi ,
abrité par les Apennins, on y trouve toutes les douceurs du climat le plus
heureux, pendant que les frimas régnent de l'autre côté de la chaîne. Les
campagnes sont riantes, les prairies émaillées de mille fleurs, les champs
parés d'orangers et d'oliviers toujours verts; mais ces avantages sont bien
payés par l'action maligne des vents qui y soufflent habituellement; ce sont
d'un côté, les vent$de mer, vents humides, chauds, peu impétueux et très va-
riables, qui s'élèvent rarement au-dessus de la sommité des montagnes; ce
sont de l'autre, les vents froids et violents qui régnent sur la partie opposée
des monts, et qui viennent se précipiter dans les vallées avec un poids terrible,
et comme des torrents glacés ; on les voit occuper en temps divers l'atmo-
sphère inférieure, y établir sur des points rapprochés les température sles plus
contraires et faire éprouver aux habitants, souvent même plusieurs fbis dans
la même journée, l'impression funeste et subite de la chaleur et du froid.
Ces variations dans la températujre sont telles, que le thermomètre, dans
(i) Les péripneumônîes sont des inflammations qui environnent les poumons , et qui affectent
la membrane qui enveloppe ces organes.
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POPULATION. 3o7
la partie défendue du vent, se soutient quelquefois à 8 .degrés au-dessus de
zéro, tandis que dans le même village, au débouché de la vallée, un thermo*
mètre égal descend au même moment à 3 ou 4 degrés au-dessous de la glace.
Ce fait a été constaté à Finale, au mois de mars 1802, et de février i8o4;
ainsi la température varioit, sur le même point, de 12 degrés, et on assure
même de i4; qu'on ajoute à cela les variations barométriques qui résultent
de la même cause et qui ne laissent pas d'avoir de l'influence sur quelques
maladies, l'on se fera une idée des atteintes que doivent éprouver sur le lit-
toral les tempéraments mêmes les plus forts.
La fibre animale éprouvant presque au même instant les effets du prin-
temps et ceux d'un hiver rigoureux, est saisie de ces spasmes violents et
brusques, d'où naissent les inflammations. Que produit en effet l'impression
de la chaleur? Elle dilate le sang, elle épanouit les vaisseaux capillaires. Ces
vaisseaux se laissent donc plus facilement pénétrer par le sang qui les
échauffe et les colore. Dans cet état d'expansion et de plénitude, si le froid
survient tout^à-coup, les vaisseaux surpris, resserrés par une action si subite,
s'appliquent étroitement sur le sang qui les remplit, le compriment, le pous-
sent dans les vaisseaux blancs voisins, dont le calibre est forcé, et où il agita la
manière d'un corps étranger. Il en irrite la sensibilité, et delà ces vives dou-
leurs qui marquent d'ordinaire le début des inflammations dans les mem-
branes séreuses. Ces inflammations et les fièvres qu'elles provoquent sont
plus familières aux tempéraments sanguins et bilieux, fort communs dans
ce climat.
La variation continuelle de la température produit l'élasticité de la fibre,
de même que la stagnation de l'air en produit le relâchement.
L'atmosphère est plus irritante que dans les vallées humides, situées par-
delà les montagnes; elle est même imprégnée de quelques sels volatils ma-,
rins qui rendent le tempérament plus aride et plus susceptible d'impres-
sions diverses. Le genre de nourriture des habitants ajoute encore à toutes
ces causes d'irritation , ils ne se nourrissent que de poissons secs, d'apprêts à
l'huile, d'épiceries, de viandes salées, etc.
Si la masse de la population est en général sujette aux maladies inflamma-
toires, à plus forte raison ces maladies doivent-elles attaquer les individus
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3o8 CHAPITRE IL
forcés par état à des exercices violents et qui excitent une forte transpiration.
On a observé en effet que les matelots, les gens de campagnes, les boulan-
gers, les serruriers, sont plus souvent atteints.
Les personnes dont le tissu cutané est délicat, celles qui font excès de
nourriture, qui se livrent à l'usage des liqueurs fermentées, ou qui éprou-
vent des passions violentes, telles que la colère, sont exposées au même pé-
ril ; elles le sont surtout au commencement de llii ver et du printemps, époque
où Fatmosphère se montre dans toute son inconstance, et où Ion n oppose
à ses attaques qu une fibre affoiblie par la chaleur de Fêté, ou commençant à
perdre la force acquise pendant la saison des froids.
Tant de causes de malignité réunies sont heureusement modifiées par la
force de l'habitude, et elles ne produisent pas t^jours leur efifet, quoiqu'on
puisse regarder leur influence comme prédominante.
Chacun se précautionne contre le mal, en raison des risques auxquels il
est exposé suivant les saisons, ses affections, son état, et les dispositions où il
se trouve. Ainsi l'homme d'un tempérament bilieux et sanguin d'une fibre
élastique, celui qui est adonné aux métiers fatigants, celui dont la peau est
fine et délicate, garderont de s'exposer à Faction subite d'un torrent d'air,
particulièrement après quelques excès, dans le moment d'une passion vio-
lente, d'une suppression , ou d'une sueur abondante. Us auront soin d'être
sobres, de foire peu d'usage des liqueurs fortes à l'entrée de Fhiver et du
printemps, et d'éviter les refroidissements subits.
L'hémoptysie, la phthisie, causée par Fulcération des poumons, sont deux
maladies qui régnent souvent parmi cette population; elles sont en général
héréditaires et se développent facilement dans les tempéraments du genre
sanguin, bilieux, fibres irritables, chair^ blanche, système cutané délicat,
mauvaise conformation de poitrine, et parmi les artisans obligés par état à
produire une force musculaire dans les pectoraux, ou à développer avec ef-
fort l'action des poumons.
L'usage où l'on est d'envoyer dans l'intérieur du Piémont les personnes
attaquées d'hémoptysie et de phthisies , prouve assez que ce climat ne
leur est pas favorable; aussi ces maladies sont-elles prédominantes comme
les fièvres inflammatoires. Elles tiennent en partie aux mêmes causes.
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POPULATION. 3o9
Les tempéraments sur lesquels elles produisent le plus d effet sont ceux
mêmes qui résultent de laction de notre atmosphère; ses variations conti-
nuelles et subites sont propres à produire des rhumes et des toux obstinées :
ces indispositions négligées conduisent à la phthisie. Les toux et les rhumes,
dit M. Tissot, détruisent plus d'individus que la peste elle-même;. la, suite
des inflammations de poitrine fréquentes peut conduire à la même maladie ;
il y faut joindre l'action dun air épuré, trop vif et chargé d'ailleurs de sels
volatils très irritants. Les variations du baromètre dans ce climat indiquent
; une pression sur les viscères tantôt forte , tantôt foible , et favorisent l'hémor-
/ ragie, sur-tout dans les poitrines déjà desséchées et irritées.
Les tempéraments flegmatiques et pituiteux. qui tiennent souvent à la
diathèse scrophuleuse, sont aussi sujets à la phthisie par le concours des cir*-
constances dont nous avons parlé. Les maladies, cutanées mal guéries dé-
génèrent facilement en pulmonie; elles sont assez fréquentes sur le littoral:
aussi cette maladie est d'autant plus dangereuse qu'elle se propage par la
génération, qu'elle est en quelque sorte héréditaire, et que cette cause tend
sans cesse à la multiplier sous un chmat qui tend sans cesse à la produire.
Les tempéraments que nous avons décrits comme.sujets. à la phthisie
doivent se garder de s'exposer aux vicissitudes inopinées de l'atmosphère, se
jwéserver des rhumes, des toux, des transpirations ^supprimées, les traiter
avec le plus grand soin, abandonner sans hésiter les exercices de poitrine
fatigants, tels que l'art oratoire, les instruments à vent, le chant, sur- tout
s'ils sont nés de parents morts phthisiques, se garder de violentes passions et
des excès de la volupté. Ces précautions valent mieux que la médecine thét>-
rique, car cette maladie une fois développée se rit de tous les efïbrts de l'art.
Peut-être pourroit-on joindre aux recommandations et au^c conseils de l'au-
torité un règlement de police, qui prescrirait de brûler, ou du moins de puri-
fier par des procédés efficaces les effets des personnes mortes de cette maladie,
car plusieurs médecins croient qu'elle peut être contagieuse. La conscrip-
tion, en retardant les mariages jusqu'à vingt-un ans,, pourroit contribuer
aussi à empêcher la propagation de cette maladie qui est moins dangereuse
dans l'âge de la parfaite virilité.
, Les maladies cutanées^ dartreuses, les diverses espèces de scrophules, les
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3io CHAPITRE IL
efflorescences, les pustules, etc., sont assez fréqueutes dans ce département;
elles se développent principalemeiit dans les tempéraments sang;uins bilieux,
chez les ivrognes, les indi\ndus sujets à une transpiration viciée, et parmi la
classe indigente/
On attribue cet effet aux exhalaisons salines dont lair est chargé et à labus
des épiceries et des salaisons qui composent la nourriture de la population,
ainsi qu à la malpropreté de la classe indigente.
Ceux qui sont le plus sujets à être atteints de cette maladie doivent fîiir
la fréquentation de personnes affligées de maux semblables qui sont souvent
contagieux, et maintenir la propreté dans leurs maisons, dans leurs vète^
ments, et sur leur personne. Ce soin devient facile sous un climat qui donne
toutes les commodités désirables pour laver et sécher les vêtements. Le bord
de la mer et la chaleur du climat pendant la saison oh tous ces maux se
manifestent, donnent tous les moyens de prendre des bains.
Les maladies herniaires sont assez communes ; elles s observent dans 1 un
et dans lautre sexe, particulièrement parmi la classe laborieuse et dans les
tempéraments pituiteux ou flegmatiques.
Les vents chauds et humides ralentissent l'énergie et le ton de la fibre, et
cest une des causes de la maladie. Les hemieux s en trouvent si mal, qu'ils
redoublent de précautions dans ces circonstances; mais la cause principale
provient des efforts prématurés que fait la classe pauvre en portant des faix
de bois énormes sur la tête, et cela dans les sentiers les {Jus roides et les
plus escarpés.
On recommande au\ personnes douées dun tempérament lymphatique,
aux individus obligés à de grands efïbrts musculaires, de les éviter dans Tâge
tendre, particulièrement pendant l'action des vents chauds et humides, de
se préserver de laccroissement du mal dès le moment où il se manifeste, en
se munissant de bons bandages. Les femmes, dans les circonstances de l'ac*
couchement, sont aussi très sujettes à cette maladie; elles doivent écouter
l'avis de l'accoucheur, ne point se fatiguer par des efïbrts anticipés, et sur-
tout faire connoître le mal qu'elles éprouvent, car souvent une négligence
peut entraîner la mort.
Les affections spasmodicpies, les vapeurs, l'hystérie, les convulsions, etc.,
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POPULATION. 3ii
sont très communes sur le littoral, particulièrement chez les femmes; elles
régnent en plus grand nombre parmi les habitants des villes et des bourgs,
et notamment dans les tempéraments sanguins, bilieux, les fibres sèches et
les constitutions foibles, moins parmi les habitants de la campagne.
11 n'est pas surprenant qu un climat pareil à celui qu'on a décrit, qu un
air vif, qu'une nourriture irritante, agissent puissamment sur le système
nerveux, sur une fibre délicate et sèche et toujours dans une sorte de con-
traction : tous les stimulants ne produisent, en dernière analyse, que la
tbiblesse de l'économie animale. Les affections morales, les passions, qui sont
très vives parmi cette population, contribuent à augmenter l'intensité de la
maladie; elle est plus commune dans les villes, parceque les passions y sont
plus ardentes, et la nourriture plus irritante encore. On remarque que, dans
les montagnes de la Syisse, oh le peuple ne vit guère que de beurre et de
laitage, les passions y sont plus tranquilles, et que l'on n'y sait pas ce que
c'est que ces convulsions.
Les femmes d'un tempérament sanguin, bilieux, celles de constitution
fbible et délicate, doivent s'abstenir de tout genre d'intempérance et de
toutes passions violentes; elles doivent éviter le café, le thé, les liqueurs, les
épiceries et aromates, et même les vins trop liquoreux; elles doivent foire
un exercice modéré, et prendre l'air habituellement; une inaction complète
ne peut qu'affoiblir le système nerveux.
Nous ne ferons pas mention des maladies communes à tous les climats, et
qui sont accidentelles; de ce nombre sont les dyssenteries, les diarrhées, les
cohques, qui proviennent de l'usage du fruit vert, de l'abus des herbages,
des légumes, sur-tout si à une saison chaude et sèche succède une tempéra-
ture froide et humide; les fièvres gastriques sont la suite dune nourriture
trop subetantielle pendant l'influence d'une température chaude et humide.
Nous ne parlerons pas des maladies des enfants occasionées par les vers, les
dents, .la toux, non plus que de la scarlatine et de la rougeole, qui n'ont
aucun caractère particulier dans ce pays ; nous ferons observer seulement
que le rachitisme est peu fréquent, et que l'épidémie de la petite-vérole est
infiniment diminuée depuis quatre années environ que la vaccine a été
presque généralement adoptée.
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3i2 CHAPITRE II.
Nous allons passer à quelques maladies qui proviennent des causes locales;
nous commencerons par les fièvres intermittentes ou à [paroxysmes. Le can-
ton d'Albenga et les communes voisines y sont sujettes. La plaine d'Albenga
est à-la-fbis arrosée et ravagée par le torrent la Genta qui Tinonde quelque-
fois totalement, et qui, arrêtée à son embouchure par la barre que forme la
mer, remplit de ses eaux plusieurs marais.pernicieux. Outre cela on y cultive
le chanvre en abondance, et on le fait rouïr assez généralement près des
habitations. De ces deux causes provient un dégagement abondant de gaz mé-
phitique, probablement d'hydrogène carboné, qui affecte vivement la santé
habitants, et les soumet à des fièvres intermittentes, quelquefois continues,
putrides, gastriques, et nerveuses. Ces fièvres laissent toujours des traces de
leur passage. On remarque dans cette population une foiblesse générale dans
la système musculaire, un teint jaune, et les symptômes d'asthénie; elles
occasionent encore des ulcères chroniques aux jambes très difficiles à
guérir.
Il faut de grands ouvrages pour purger ce climat de Finsahibrité à laquelle
il est sujet. Il seroit possible d'encaisser le torrent, de feciliter l'écoulement
des eaux à la mer, et de combler de sable les petits marais situés près du
rivage; mais de pareilles entreprises ne peuvent avoir lieu sans le secoivs du
gouvernement; elles sont au-dessus des moyens des habitants. Une mesure
de police sévèrement exécutée, qui feroit éloigner des habitations les fosses
destinées à rouir le chanvre, qui empècheroit l'usage -établi de faire du fu-
mier pour les engrais, devant les maisons, sur les routes vicinales, contri-
buerait en partie à foire atteindre provisoirement le but qu'on se propose.
On recommande aux cultivateurs, pour préservatif, de restaurer leurs forces
dans le temps de la récolte du chanvre en faisant, s'ils le peuvent, usage du
vin. Ils ne doivent pas s'exposer de nuit, et à jeun aux exhalaisons méphi-
tiques; enfin ils doivent, autant qu'ils le pourront, nettoyer les fossés qui en-
vironnent leurs champs avant que les eaux stagnantes ne putréfient les vé-
gétaux et les insectes qui les couvrent.
Il nous reste à parler d'un fléau autrefois terrible , moins cruel aujourd'hui,
mais toujours redoutable, c'est la lèpre ou éléphantiasis, qui depuis plus
de , soixante ans se maintient dans diverses fomilles de la vallée d'Oneille et
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POPULATION. 313
dePréla. On na pu découvrir les causes particulières qui développent et qui
perpétuent cette maladie. On doit donc présumer, et avec raison, que cette
lèpre a été apportée par quelques individus d'un pays éloigné, et qu'elle a été
propagée par la génération; car elle ne paroît pas autrement contagieuse.
Peut-être seroit-il convenable, après avoir pris des informations exactes
sur le caractère particulier de cette maladie, d'interdire le mariage à la
classe infectée qui est encore peu nombreuse, et d'essayer sur elle les eaux
thermales d'Acqui qui sont regardées comme efficaces dans les maladies de
ce genre.
Nous allons passer maintenant aux maladies qui affectent les habitants du
versant septentrional, où sont situés les deux arrondissements de Geva et
d'Acqui.
Les catharres muqueux, les esquinancies de même nature, les fièvres
catharrales, les érysipèles, les arthritis, la sciatique, les affections nerveuses
et autres semblables, sont dominantes dans cette partie du département,
principalement au commencement de l'hiver et dans le printemps , sur-
tout parmi la classe laborieuse et les tempéraments bilieux lymphatiques^
On ne laisse pas que d'observer sur quelques points des maladies inflam-
matoires*, celles d'un caractère bilieux, muqueux, gastrique, régnent de
préférence.
Des vents marins fréquents, une atmosphère plus calme, un froid plus
régulier, une température plus égale, enfin un air moins vif et moins chargé
d'exhalaisons salines font dominer dans cette partie du département les tem-
péraments pituiteux ou lymphatiques bilieux. La nourriture y est moins
excitante; elle consiste en châtaignes, maïs, pommes de terre, et laitage, et
favorise encore le développement de semblables tempéraments. L'entrée de
l'hiver, qui est marquée par des froids précoces, et qui fait succéder à la cha-
leur du jour des nuits très fraîches, occasione des secousses fort vives sur
la fibre animale; mais cette fibre étant plus relâchée, et la nourriture ne
concourant pas à l'exciter, les maladies inflammatoires qui résultent de ces va-
riations subites ne sont pas de même nature que celles de l'autre versant : elles
se manifestent d'ordinaire par des symptômes gastriques. La longue inaction
à laquelle le cultivateur est condamné l'hiver, après les travaux de l'été, con-
4o
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3i4 CHAPITRE II.
tribue à leur développement. Quant aux autres maux dont nous avons parlé,
on en découvre la cause dans 1 affoiblissement des forces qui ne peuvent
lutter avec avantage contre les variations de température.
La seule précaution qu on puisse opposer à cette disposition générale des
habitants aux maladies que nous venons de décrire, est de choisir principale-
ment des habitations séchas, exemptes d'humidité, d'éviter le passage subit
d'une salle échauffée au froid de l'atmosphère, et de fuir toute intempérance,
sur-tout lorsqu'on est doué d'un tempérament bilieux lymphatique.
Les coliques, le cholera-morbus, les diarrhées, les obstructions de bas-
ventre s'observent, quoiqu'on petit nombre, l'été et l'automne, chez les gens
pauvres , leurs enfants, et chez toutes les personnes dua tempérament
bilieux et lymphatique.
Le climat des montagnes étant sujet à une humidité constante pendant
une partie de l'année, à des bouillards, à des gelées blanches, les légumes et
les- fruits mûrissent plus tard et sont moins bons^ cependant les gen^.du
peuple, et principalement les plus pauvres, font un gvand usage de cette mau-
vaise nourriture qui est fort malsaine, qui afibiblit leur force, et les met
hors <rétat de lutter contre Finfluence des neiges, des gelées blanches d'au-»
torane, et des brouillards de toute saison. Les tempéraments bilieux lynt-
phatiques, et la tendre enfance, sont très sujets à ces maux. Les enfants
doivent sur-tout éviter avec grand soin d'aller nu-pieds par les froids et
Thumidité; l'on doit les préserver de l'influence des gelées du matin;, enfin il
est bon de tempérer la crudité et le peu de substance des aliments i>ar l'usage
modéré du vin que l'on peut regarder comme.un préservatif.
Les fièvres gastriques dominent sur le versant ^septentrional, spécialement
en automne et en été , et les fièvres inflammatoires d'hiver sont accompagnées
de symptômes gastriques bilieux. . ....
d'est au genre de nourriture dont nous avons parlé, qui laisse sur J'estonfac
des flegmes abondants, et qui ne peut qu'engendrer un. mauvais chyle,
qu'est dii un excès de gastricité qui domine dans beaucoup de tempéraments.
Cet excès joint au stimulant d'une grande chaleur de l'été, ou des variations
de température de la nuit au jour, doit occasioner les Gèvres dont on vient
de parler, et compliquer le cours des fièvres inflammatoires d'hiver. Un
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POPULATION. 3x5
exercice modéré^ lusage du vin, un climat aéré et sec, Fabsence des passions
violentes, peuvent prévenir les effets de la maladie gastrique.
L ascite et particulièrement l'hydrothorax, se trouvent sur-tout chez les
personnes sujettes aux accidents qu'on va décrire.
Ces maladies sont la suite d'une.nourriture débilitante qui se combine avec
quelques stimulants accidentels, comme lexcès de fatigue, labus du vin,
une passion de lame trop forte, et quelques circonstances de Fatmosphère.
Ces causes amènent une foiblesse totale dans le système vasculaire lympha-
tique. L'homme de fatigue, s'il a quelque vice de conformation dans la poi-
trine, d<Mt éviter avec soin une nourriture débilitante, et ne s'adonner n
aux liqueurs, ni aux excès d'aucun genre, et ne pas se laisser abattre enfin
par la langueur, ou dominer par une passion quiconque. On observe encore
qu'il faut employer très proïkiptement les moyens de guérison, sans cela ils
deviendroient sans effet.
On observe souvent dans cette partie du département les ophtalmies, et
les inflammations internes d oreilles avec quelque surdité passagère; elles
paroissent quelquefois épidémiques attaquant toute sorte de tempérament.
Cet effet tient à Faction des vents de mer humides et chauds. Quand ils
succèdent immédiatement aux vents septentrionaux, ils relâchent subitement
les extrémités des vase$ sanguins d'où naissent des engorgements : dans la
membrane des yeux; ils fomentent encore cette épidémie passagère par les
brouillards, les givres, et l'humidité qu'ils apportent. Ce que nous venon^ de
dire pour les yeu* s'applique également à' l'organe de l'ouïe.
Éviter Faction de ces vents, et des brouillards à l'entrée de la nuit, porter
du coton dans les oreilles pendant des temps semblables; telles sont les pré-
cautions les plus propres à éviter ces maux qui n'ont d'ailleurs aucun carac-
tère inquiétant.
Nous ne parlerons pas des hernies qui sont fort communes sous ce climat,
par les raisons que nous avons exposées quand il a été question de ce genre
de maladie dans l'autre versant.
La vaccine, adoptée partout avec le même empressement^ a, en grande
partie, exempté le pays des ravages de la petite-vérole.
Nous allons maintenant passer aux maladies qui tiennent plus, en quelque
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3i6 CHAPITRE IL
sorte, à des circonstances locales qu à des causes générales et communes à
tout le pays.
Dans les cantons de Nizza, d'Incisa, Ponzone, Malyicino, Cavatore, Mom*
barusso, et Bruno, il circule une maladie appelée pe/agrra, espèce de dartre
acre et rebelle; elle est décrite par MM. AUiau et Stranchi comme ayant
pris son origine dans le pays.^On ne sait si la maladie est contagieuse; on
lattribue soit à lusage ancien d avoir des cimetières dans les églises, soit à
rhumidité, et à la malpropreté des habitations de cette contrée. Le genre de
nourriture, qui est débilitant, sert encore à la développer (i).
En transportant les cimetières hors des bourgs et villages, ladministratioa
a ôté une des causes de l'insalubrité, et les habitants seconderoient leffica-
cité de ce moyen en se tenant dans une grande propreté, et en évitant une
vie trop peu substantielle. Dans les environs de Fontanille, Mombarusso,
Castel-Nuovo-Bormida, comme aussi deDogliani, et ses environs, dominent
les fièvres intermittentes. La grande quantité des eaux, les marais qu elles
forment, soit dans les lits abandonnés par la Bormida et la Rhéa, ou pou-
rissent quantité de joncs et d'insectes, soit dans les dérivations fréquentes
des rivières pour Farrosage du maïs et des légumes, sont les causes des exha^
laisons empoisonnées qui produisent ces maladies : il faut y ajouter Todeur
qui résulte de la putréfaction des chrysalides des Vers à soie dans le local
même des filatures qui sont nombreuses dans le pays.
Assujettir les eaux d'irrigation à un écoulement régulier, éviter, à laide de
quelques plantations et travaux d art, le changement de lit de la Rhéa et de
la Bormida , qui , dans Finégalité de leur cours , dévastent d'une part un terrain
fertile, et laissent de l'autre un marais empesté: telles sont les précautions
qu'on indique aux habitants et aux administrateurs.
La police locale peut aussi exiger que les vers des chrysalides soient
portés chaque jour dans des fosses à fumier, à des endroits déterminés. Les
habitants doivent se garder d'ailleurs de s'exposer aux exhalaisons que nou&
(i) Il existe une dissertation de Janson sur la pelagre. J. M. d^Ollegio, Gherinî, Moscati, et
Frapolli , ont également écrit sur cette maladie.
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POPULATION. Si;
avons décrites, sur-tout le matin , et à la nuit, et lorsqu'ils sont à jeun où
fatigués.
Une autre maladie locale ou chronique, le goitre, règne dans plusieurs
points de cette partie du département, sur-tout dans les cantons de Dégo,
de Spiguo, Visone, dans la vallée du Tanaro, depuis son origine jusqu au-
delà de Ceva, du côté de Murazzano, et de quelques autres points du même
arrondissement. Elle attaque ^plutôt les gens de la campagne que ceux de la
ville ^ les femmes que les hommes; elle est quelquefois héréditaire, et accom-
pagnée d'autres vices de conformation, tels que rachitisme, gibbosités,
hernies, etc., et donne à quelques individus une stupidité qui les rapproche
de l'idiotisme.
Il n'est aucun doute que ces tempéraments lymphatiques et foibles ne
soient les plus sujets à ce vice : les femmes y sont encore plus exposées par
leur foiblesse naturelle. Les efforts que leur occasionent les vomissements
ou les accouchement», la fatigue extraordinaire à laquelle sont assujetties les
campagnardes dès leur enfance, une nourriture constamment farineuse et
débilitante, rendent ces maladies prédominantes dans les campagnes plus
que dans les villes; mais on les attribue sur-tout à l'usage des eaux bourbeuses,
et provenant de la fonte des neiges. La stagnation de l'air dans des pays
situés au fond des vallées, sous une atmosphère agitée par elle-même, laisse
la fibre dans l'inaction-, de là vient l'engorgement des fluides et le dévelop-
pement du goitre : ces mêmes causes engourdissent les fonctions de l'esprit,
et entravent la libre circulation du sang dans le cerveau, d'où résulte sou-
vent la stupidité.
Trop de causes concourent à produire ce mal pour qu'on puisse indiquer
des moyens puissants de conservation. Garantir,^'enfance des fatigues pré-
maturées, éviter l'usage des eaux bourbeuses, et de celles qui proviennent
de la fonte des neiges, bu les corriger par un peu de vin, ne pas abuser d'un
aliment farineux pur, faire un exercice constant, et hors des lieux où l'air
reste stagnant : tels sont les seuls moyens qu'il paroisse possible d'adopter.
On doit faire ici une observation générale qui s'applique également aux
deux versants, et qui est fort curieuse : c'est qu'il existe peu d'aveugles dans
le département; à peine voit-on six ou sept muets: on n'y compte pas dix
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3i8 CHAPITRE IL
fous connus pour tels, et il ny a jamais existe d'établissements pour les
renfermer.
Tel est le précis général des maladies, et des vices de nature qui afiectent
la population de Montenotte. On n entre pas, ainsi c{u oh la déjà dit, dans le
labyrinthe des méthodes çuratives qui sont souvent sujettes aux caprices de
lopinion et à lesprit du temps.
On a remarqué plus haut, par les tables de mortalité, que la vie moyenne
de Fhomme sous ce climat est de 29 ans au moins; ce calcul est avantageux,
et prouve une assez grande longévité; il démontre que le climat du dépar-
tement est en général des plus sains, et qu en remédiant à quelques ihcon-»
vénients locaux, on pourroit le mettre au rang des pays les plus saTubres de
TEurope.
CONSTITUTION PHYSIQUE DES HABITANTS.
La constitution physique de la population varie beaucoup suivant les lo-
calités et les ressources qu elle offre aux habitants. Le pays est en général
montagneux et pauvre ; différents points pourtant placés sur le bord de la
mer ont quelque moyen de conmierce et d'industrie ; d autres situés dans des
vallées abondent de vin et de denrées de première nécessité : Fespéce est
alors plus grande, plus robuste, et prend un développement plus prompt.
Le peuple des montagnes ne vit en général que de châtaignes, et d une
sorte de pâte de maïs; sa nourriture est peu substantielle et peu abondante;
la misère force la jeunesse à travailler trop tôt, à transporter hors des forêts
des fardeaux au-dessus de ses forces : de là des défauts de conformation, des
hernies , des tailles peu développées , signes frappants d une nature souffrante.
Quoique la manière de vivre des habitants des montagnes soit à peu près
la même sur les deux revers des Apennins, cependant il existe une différence
entre eux. Le climat de la Ligurie est mieux partagé, les habitants sont plus
industrieux, et quoique fatigués par un travail précoce, ils sont cependant
plus robustes, et sur-tout sujets à beaucoup moins de maladies. L'usage du
vin plus fréquent sur le versant méridional en est probablement la cause.
La belle population, s'il en est qui mérite véritablement ce nom, habite
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POPULATION. 3i9
les côtes, où le commerce, la pêche, la culture de Foliviei', fournissent quelque
abondance malgré le peu d'étendue du territoire fertile. On rencontre par-
ticulièrement parmi les marins aisés des hommes grands et robustes qui,
placés à côté des gens de la montagne, paroissent d'une espèce tout*à-fait
différente. Cela tient à la bonne nourriture, et à lliabitude d'exercices vio-
lents par intervalle, mais immédiatement suivis de repos. On trouve encore
des hommes remarquables dans les plaines environnées de coteaux et plan-
tées de vignes; mais ils nont plus le même aspect que ceux dont nous ve^
nous de parler : ils sont seulement grands, et bien pris dans leur taille sans
être robustes comme les premiers; leur force est le résultat d'un travail
constant qui, joint à une bonne nourriture, a fortifié les muscles, mais sans
leur donner une grande vigueur. Le reste de la population est une espèce
médiocre qui se développe tard et paroît souffrante, par le manque d'une
nourriture suffisante.
Vouloir comparer exactemeat la force des diverses espèces de population
dont nous avons parlé, seroit une chose difficile, et qui exigeroit de longues
recherches; il faudroit une série d'expériences qu'on auroit d'autant plus de
peine à faire que les travaux dont s'occupent les habitants, sont très variés
sur tous les points du département. Si l'on s'en rapporte à l'opinion des gens
du pays, aux remarques de quelques observateurs, à ce que l'on peut juger
à l'œil, la force moyenne de la petite population est d'un quart moindre que
celle de la grande; celle des marins robustes dont nous avons parlé excède
au moins de moitié; mais on doit observer que dans toutes les classes l'a-
dresse et l'usage suppléent à la force. L'homme le plus vigoureux ne saura
point travailler à la terre aussi bien que l'homme de force médiocre qui y est
exercé depuis l'enfance : telle est la puissance de l'habitude. Je citerai pour
exemple une partie de la population ligurienne des montagnes qui trouve
ses moyens d'existence dans le transport des fagots et des broussailles pour
l'usage des manufactures; ces hommes sont petits et grêles; pourtant ils
placent avec agilité sur leur tête les fardeaux les plus pesants, et les trans-
portent avec aisance par des sentiers rapides et affreux à des distances con-
sidérables.
I^es manœuvres piémontais sont moins adroits, et pourtant les revers de
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320 CHAPITRE IL
leurs montagnes sont pins faciles, le sol de leurs plaines, élevé de 3oo mètres
au-dessus de la mer, se rapproche bien davantage de la hauteur des sommités.
Ils emploient fréquemment des bétes de somme et des chariots pour les
transports; ils sont moins propres à porter des poids qu'à les traîner. Cette
remarque n échappe point aux bons entrepreneurs, et ils distribuent leurs
travaux en conséquence : ils emploient les Piémontais à traîner la brouette et
le tombereau; ils préfèrent les Liguriens pour le transport de la pierre, et
pour la pioche, parceque, accoutumés à travailler sur des montagnes, et à for-
mer des terrasses, ils ont à-la-fois lliabitude de remuer le terrain, et de le
jeter derrière eux, tandis que les Piémontais, habitués à travailler dans la
plaine ou dans les penchants moins escarpés, ne font que remuer la terre.
Mais dautre part, ils préfèrent les Piémontais pour leur vivacité, leur con-
stance au travail; ils trouvent les Liguriens plus lents ^ ce qui tient sans
doute à la diversité de température pour les deux revers des Apennins.
Pour être moins vague, et donner des résultats positifs, j ai fait dresser des
tableaux sur la force moyenne des individus de tout âge et de toute stature.
Dans Fun des tableaux les forces sont réglées par les transports à dos
d'homme; dans lautre, par le transport à brouettes et tombereaux; dans
d autres encore par le remuement ou déblai du terrain.
Ces tableaux ont été faits avec soin sur les ateliers des grands travaux qui
s'exécutx>ient dans le département.
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3ââ
CHAPITRE IL
QUATRIÈME TABLEAU.
ÉPREUVES
faites sur les ateliers
DB LA SOCIÉTÉ M AGNAHl ET BOSAZZA.
D*nn homme d'une taille et stature avan-
tageuse et robuste
D'un homme robuste et de taille moyenne
D'un homme d'une stature grêle, habitant
des montagnes
D'un garçon qui a passé quinze ans ; d'iuie
force ordinaire
MÈTRES
CUBES
renuic dans ua jo«r
par mi homme ,
pour le iih*n
àri fm% aeabict.
5,5o
3,75
3,00
JETÉE
à la pelle
sans
transport.
PRIX
qui est Bccmdi
par jour.
a fr. » c.
I 75
5o
a5
OBSERVATIONS.
Mêmes observations
Îue celles des tableaux
e l'autre part.
CINQUIÈME TABLEAU.
ÉPREUVES
faites sur les ateliers
DE LA SOCIÉTÉ MAONABI ET BOKAÏZA.
TRANSPORT
Pur ie moyen du tombereau , atec deox hommea
en descendant et trois en montant.
Deux bommes d'une taille et stature avan*
tageuse ,
Deux hommes robustes et d'une taille
moyenne
Deux bommes d'une stature grêle, habi-
tants des montagnes
TRANSPORT
Par le moyen de [a brouette.
D*un homme d'une taille et stature avan
tageuse
D'un homme ordinaire . .•
D'un homme foible
D'une femme qui a passé trente ans . . . .
D'une fille de dix-huit à vingt-cinq ans. .
D'une fille au-dessus de quinze ans
D'un garçon qui a passé nuinze ans
D'un garçon qui a passé douze ans
POIDS
transporté
dant
■M je«nié« 4*M.
TRANSPORT
Par le moyen de la civière.
Quatre hommes ensemble.
Deux hommes
TRANSPORT
Des cailloux par le moyen du panier.
Une fille de dix-huit à TÎngt-cinq ans ....
kilMf.
a6,6 1 a
3i,8ia
ao,44a
15,189
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ii,3i7
ii,3i7
i3,46a
7,338
i5,7a5
8,934
18,398
1 1,436
■i4a9
DISTANCE
du
TRAHSPOET
i ao mètres.
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Idem.
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Idem,
9o
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Idem.
Idem.
Idem.
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Idem.
PRIX
accordé
kduqM
OBSERVATIONS.
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1 75
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Idem.
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60
»
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70
a5
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I 5o
I 10
On remarque en gé-
néral, dans les ouvriers
piémontais pnopre-
ment dits, et dans les
montagnards liguriens,
beaucoup d'adresae et
d'aptitude an travail.
Les habitants des côtes
n'ont ni la force ni l'a-
mour du traTail des
premiers. Us se décou-
ragent en peu de
temps, et ne rendent
plus que de foibles ser-
vices ; les montagnards
et les Piémontais, au
contraire, conservent
toujours la même acti-
vité, quel que soit le
genre ae travail auquel
on les emploie.
Cette observation
s'applique à tous les
ouvriers en général et
aux deux sexes.
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POPULATION. 323
POPULATION MILITAIRE.
Après ces observations générales sur la diversité des populations et leurs
divers degrés de force, nous allons considérer plus particulièrement la popu*
lation militaire sous lé rapport des diverses maladies auxquelles elle est
sujette.
C'est sur-tout par les diverses 'causes de réforme que Ion peut asseoir à
cet égard une opinion certaine et basée sur les faits.
Les principales causes de réforme dans le département de Montenotte
sont : i^ Le défaut de taille qui se manifeste sur tous les points, mais princi-
palement dans les montagnes, et sur- tout dans larrondissement de Ceva. Le
nombre des réformés augmente dans une proportion énorme lorsque l'époque
de la conscription est avancée, c'est-à-dire lors qu'on prend les hommes
avant le temps ; on peut le remarquer par les états de tous les cantons ; dans plu-
sieurs il a triplé pour une difiFérence d'âge de dix-huit mois. Le défaut de taille
paroît provenir d'une nourriture insuffisante et malsaine qui retarde sur-
tout le développement complet des forces jusqu'à l'âge de vingt ans accomplis.
2® Le goitre; cette défectuosité se manifeste dans l'arrondissement de Ceva,
une partie de ceux d'Acqui et Savone ; peu de communes du moins en sont
exemptes, et celles-là se trouvent placées sur des sommets de montagnes où l'on
trouve des sources qui ne tarissent point. Dans les vallées le défaut est général :
on l'attribue à la nature des eaux qui proviennent pendant une grande partie
de l'année de la fonte des neiges. On ne remarque point le même défaut dans
les vallées de Bormida, et celles des rivières qui proviennent des Apennins,
parcequeles neiges, dit-on, disparoissentpluspromptement. 3° Les hernies;
elles sont très nombreuses dans l'arrondissement d'Acqui et dans une lisière
de celui de Savone vers Cairo. On remarque généralement cette maladie
dans les cantons pauvres, où les hommes sont obligés dès leur première
jeunesse à des fatigues au-dessus de leurs forces. On ne peut remédier à ce
mal qu en améliorant le sort des habitants, ce qui sera le résultat nécessaire
des communications établies entre la Ligurie et le Piémont. 4"^ L'épilepsie
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324 CHAPITRE II.
qui se manifeste dans tout le département; mais notamment dans 1 arrondis-
sement d'Acqui et dans les cantons pauvres. Mêmes observations que ci-
dessus. 5^ La teigne qui règne sur-tout dans les arrondissements de Savone
et de Port-Maurice. 6® Les ulcères au^ jambes. Ils sont nombreux dans la
vallée d'Oneille; ils prennent quelquefois le caractère de lèpre. Des mesures
ont été prescrites pour bien connoître cette maladie, et remédier à sa pro-
pagation. 7^ Les défauts de conformation ; sur^tout dans les pays pauvres, et
particulièrement dans larrondissement de Ceva. S^Laphthisie qui se mani-
feste fréquemment sur le bord de la mer à raison des variations subites aux-
quelles est exposée latmosphère, dans un climat dont la température dépend
en entier des vents régnants. 9^ Enfin, le rhumatisme et la goutte. Ces
dernières causes sont les moins nombreuses; on en trouve des exemples sur
le bord de la mer, et quelquefois dans larrondissement d'Acqui.
Les autres maladies sont tellement variées, si Ton excepte toutefois les
fièvres intermittentes qui se manifestent dans le canton d'Albenga, quon
peut dire qu'elles dépendent moins du climat et de la localité que des
maux auxquels lespèce humaine est assujettie.
L application de chacune de ces maladies aux localités se fera plus aisé-
ment en parcourant les tableaux suivants et les notes qui y sont jointes. On
y a placé le résultat des observations sur le moral même des conscrits, et 1 on
y verra la taille moyenne des habitants de chaque canton, la progression, et
laccroissement diepuis dix -huit ans jusqu'à vingt; enfin les obstacles que
devoit rencontrer sur chacun des points du département l'exécution des lois
relatives à la conscription.
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POPULATION.
3^5
TABLEAU DE LA TAILLE MOYENNE PAR ARRONDISSEMENT.
ARRONDISSEMENTS.
ÂGÉS
de ao
à ai ans.
De 19^ à 20 J.
De 19 à 20.
DeiSJàigi.
De 18 ans 3 m.
à 19 ans 3 m.
Acqai
Ceva .
Port-Maurice .
Savone
mitm, aillim.
I 598
I 611
I 6a6
» 6o5
nétrct. mUlia.
I 596
I 598
I 627
I 601
mètnt.
I 583
i 568
mitrn. ■illia.
I 569
I 547
I 588
I 542
TAILLE MOYENNE DU DÉPARTEMENT.
I 610 I I 6o5 I I 58i I I 56i
aitm. Btlliia.
I 571
I 552
I 609
I 534
X 564
On remarque par ce tableau qu'il exi&te une grande difl^rence entre la
taille à dix-huit ans et la taille à vingt. On Voit encore que le principal déve-
loppement a lieu entre vingt et vingt-un ans; aussi le nombre des réformés
a-t-il été nécessairement plus considérable lorsque Ion a appelé les conscrip-
tions de bonne heure*
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
CONSTRUCTION DES MAISONS DE LA VILLE ET DE LA CAMPAGNE.
L'intérieur des villes et même des villages situés sur le bord de la mei*
présente des bâtiments d'une bonne construction, des maisons vastes et
d'une architecture régulière. On met en général du luxe dans les habitations;
la vanité l'enfante : on décore du nom de palais les principales maisons et
chaque famille veut avoir son palais. C'est sur-tout à la Ligiirie qu'appartient
principalement ce genre d'ostentation, qui feroit de ses villes et de ses villages
les plus beaux de l'Europe, si la largeur et la beauté des rues se joignoient
à l'élégance des maisons; mais en général les rues sont étroites, obscures et
sans régularité. Les maisons dans la partie piémontaise sont pour la plupart
construites en pierres qui abondent sur tous les points ^ Dans les lieux où les
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326 CHAPITRE IL
carrières sont un peu éloignées, on fkit usage de la brique, que l'on fait
fabriquer; par-tout la nature du terrain se prête à merveille à la cuisson.
La tenture est fermée de tuiles creuses ; les toits sont fort peu inclinés; nulle
part on n emploie le bois dans la construction des façades et des murs dé
maisons, ce qui rend les incendies fort rares. Dans la Ligurie les maisons
des villes sur-tout sont généralement construites en briques de Savone ou
en briques et moellons; la chaux y est d'une nature excellente et par-tout
en abondance. Elle se prêt^ à former un enduit solide qui, mêlé avec le sable
fin de la mer, et appliqué sur les surfaces extérieures des murs, devient assez
uni pour recevoir des peintures à fresque. Sous un climat conservateur, ces
peintures restent long-temps intactes.
Cette facilité de peindre Fintérieur des maisons à très peu de frais contri-
bue beaucoup à leur emb^ssement . Des maisons fbrtordinaires représentent
des ordres d'architecture fort riches et peints avec beaucoup d'art; les orne-
ments sur les frises, sur les entablements sont prodigués; on les exécute avec
une facilité ^ctréme à l'aide de patrons découpés, sur lesquels on passe
avec un pinceau deux ou trois teintes. Souvent les colonnes sont de la cou-
leur des marbres les plus précieux.
Ce genre de décoration architecturale est prodigué par-tout, et souvent
sur une file de belles colonnes corinthiennes qui annoncent de la piajesté et
de la richesse , on trouve une étable , un cuvage ou une febrique de poterie
grossière : le luxé est au-dehors et la pauvreté au-dedans. Les toitures sont
les plus belles et les plus solides qu'on puisse voir : elles se composent de
grandies ardoises d'fin. deifti-métre de surface que l'on tire des carrières de
Lavagne, d^artament dos Apennins; elles exigent très peu de pente pour
donner une garantie par&ite contrôles filtratiops. On peut se promener
sur Jb toit BJèmz facilement; ces couvertures ont rarement besoin de répa-
rations.
L'intérieu]:^ des maisons est également sacrifié à un appareil de grandeur.
On y pénètre par un beau vestibule, décoré de peintures.ou.de colonnes de
marbre. L'escalier est rapide en général, mais vaste. La grande aaJle où il
conduit compose presque toujours la partie la plus considérable de la maison^
soit par sa surface, soit par sa hauteur, qui occupe deux étages. De grandes
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POPULATION. 327
pièces tout à côté servent de chambres à coucher pour le propriétaire; elles
sont sans aucun dégagement, sans aucun de ces petits appartements dont
on trouve l'usage si commode à Paris. Telle est à-peu-près la distribution
intérieure de ces palais imposants au-dehors. Au-dessus des grands appar*-
tements, qui sont toujours placés au second, sont les entre-sols destinés
quelquefois à l'habitation des maîtres de la maison, ils sont moins vastes, et
en général très chauds, presque toujours incommodes, parceque la hauteur
inégale des appartements^ inférieurs empêche quils ne soient de plain-pied.
Au-dessous des appartements d'honneur sont aussi des entre-sols ou des
appartements moins élevés et d'une hauteur uniforme; ils sont en général
donnés à loyer ainsi que les parties inférieures des maisons. ' •
Toutes les pièces de l'intérieur du palais sont voûtées, et cette forme leur
donne beaucoup de grâce. Ces voûtes ont raille formes diverses ; elles sont
en général établies au-dessus d'iine corniche, et formées de diverses péné-
trations de cylindre qui y ajoutent un air de légèreté et de grandeur. Elles
se font très simplement sur des cintres de bois assez minces auxquels on
cloue une espèce de natte de joncs que l'on enduit de chaux, puis on étend
une couche de cette même matière polie avec un sable de mer très fin. ^
Dans la plupart des maisons, l'intérieur des salles est blanchi à la chaux
pour toute décoration, et la nudité des parois est déguisée par des tableaux
de toutes dimensions ; souvent le mauvais, le médiocre et le bon se trouvent
confondus, sans qu'on cherche même à les distinguer. La quantité de
tableaux qui décorent les maisons, est prodigieuse, et ce goût contribue
sans doute à encourager la peinture.
La décoration à fresque est aussi fort en usage; elle coûte peu, et je la
trouve supérieure à nos papiers peints. On peut, pour la somme la plus
légère, couvrir les voûtes de sa maison de graiids tableaux, de sujets histo-
riques ou d'arabesques, de paysages et de fleurs. On emploie, pour les orne-
ments;, de simples ouvriers, sans prétention, sans amour^propre , d'une
docilité parfaite, qui effacent, quand on le veut, et recOTomencent sans
humeur, jusqu'à ce qu'ils aient entièrement satisfait celui qui les dirige. Il
en est à-peu*-près de même des peintres chargés des sujets historiques à
fresque. Leur journée est payée moitié en sus: du reste, ^ un bras, une
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328 CHAPITRE IL
tête, un torse, vous déplaisent dans la composition du sujet, vous pouvez
en obtenir le changement avec toute facilité. Il seroit à souhaiter que ce
mode de décoration pût se propager en France, il remplaceroit avantageu-
sement nos boiseries, nos moulures, qui sont cependant bien plus dispen-
dieuses.
Ce que nous venons de dire s'applique aux décorations intérieures des
maisons du Piémont; la distribution, la forme des appartements est la
même, mais le goût est moins riche et moins avancé. Dans beaucoup de
maisons de petits particuliers on ne connoît point lusage des carreaux à
vitre -, on en voit de papier huilé, sur-tout dans larrondissement de Ceva.
Les habitations rurales sont en général petites et resserrées, mais toutes
bâties solidement en mortier de chaux et sable. Dans la Ligurie elles sont
recouvertes en ardoises de Lavagne, et en tuiles dans le Piémont. Les incen-
dies sont rares. Cependant on voit dans quelques villages pauvres des maisons
couvertes en bois du côté de Sassello, et en chaume, en terre et en mousse
dans quelques autres cantons : ce sont des exceptions.
Dans la Ligurie, la plupart des maisons des champs sont bâties sur le
penchant des collines et des montagnes; on ne peut y arriver que par des
sentiers fort roides. Les maisons se composent dun rez-de-chaussée, divisé
en deux; une partie pour les animaux, qui sont en général peu nombreux,
Fautre partie est destinée à la cuisine. C est là que la famille prépare ses
repas et se rassemble. Le premier étage sert de logement et de grenier;
souvent toute la famille couche dans la même chambre, quelquefois il y en
a deux. Du premier on entre toujours de plain-pied sur une terrasse destinée
à faire sécher les raisins et les figues qu on récolte en abondance. Aux envi-
rons du rez-de-chaussée on trouve une petite esplanade, où est placée Taire
à battre le grain ; tout auprès est une fosse pour les engrais, ce qui rend les
habitations malsaines, comme je l'ai déjà fait remarquer. Le cuvage est sous
la terrasse destinée à sécher les fruits. Il y a quelquefois une cheminée dans
la cuisine ; quand il n'y en a pas , on allume le feu au milieu , et la fîimée sort
par la porte ou se répand dans l'étage au-dessus, qui est destiné à sécher les
châtaignes ; alors l'habitation du colon est séparée du lieu où est la cuisine.
On récolte peu de blé et de fourrage dans le versant méridional, et on le
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POPULATION. 329
garde presque toujours en tas, fdrmant des meules au-dehors. Ces mai-
sons ont toujours un aspect misérable; cependant, sur le bord de la mer,
elles sont quelquefois peintes à fresque, de diverses couleurs, et on les
prendroit de loin pour de jolies habitations.
La plupart des habitations rurales dans le Piémont portent le nom de
cassines ; elles consistent aussi dans un rez-de-chaussée destiné aux bestiauXf
et un premier étage. Le séchoir pour les châtaignes est isolé; la récolte en
provision étant plus abondante qu'en Ligurie, une grange est attenante à
Fhabitation; les animaux sont placés dessous. Le dessus se compose, dans
les cassines un peu importantes, de grandes arcades en briques, formant
comme une galerie découverte: c'est là qu'on serre le fourrage et la paille;
il y a ordinairement une cour renfermée dans ces bâtiments d'exploitation ;
elle est assez bien tenue, et les fosses à fomier sont au*-dehors; m^is cette
description ne convient qu'aux pays qui se rapprochent de la plaine. Dans
les montagnes, les habitations sont plus misérables, et les granges consisteixt
souvent dans un appentis soutenu par quelques pièces de bois, et recouvert
en tuile, en terre ou en mousse.
Il est encore quelques genres de bâtiments dont nous n'avons pas parlé ;
ce sont les maisons de campagne et les édifices publics. En Ligurie, on cite
plusieurs habitations très belles, où le marbre et les décorations sont pro-
digués. Quant aux jardins, ils sont trop précieux pour être sacrifiés à l'agré-
ment : le seul ornement des campagnes consiste à entretenir des allées sous
des treilles qui sont soutenues par des piliers de maçonnerie placés à des
distances égales, ce qui donne un air de richesse et de grandeur à ces pro-
menades ; mais elles ont d'ailleurs un inconvénient pour les promeneurs,
c'est que toutes étant placées sur des penchants assez roides, il faut con-
stamment monter ou descendre. Dans la partie du Piéniont on ne met aiucun
luxe dans les maisons de campagne, aucune plantation n'en annonce l'en-
trée; le jardin n'est qu'un potager, oii tout est donné à l'utilité, et rien à
l'agrément.
Les édifices publics sont superbes, d'une architecture qui n'est pas pure,
mais imposante. Les églises et les oratoires sont ornés de peintures, de
marbres, de sculptures ; il semble que la grandeur et la beauté de ces édifices
42
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33o CHAPITRE II.
snrpassent la richesse des villages où ils sont bâtis; cest le' grand luxe du
pays : la belle ëglise est citée et en fait la gloire. Souvent le mobilier inté-
rieur répond à la majesté de Tédifice qui, dans les solennités, est entière-
ment tapissé en damas rouge ou autre étoffe de soie. Le commerce et les vœux
des matelots ont principalement contribué à cette magnificence sur le lit-
toral ; elle existe aussi, mais avec moins d'éclat, dans la partie piémontaise.
•
NOURRITURE DES HABITANTS.
Il semble que nulle part on lï a cherché à pousser Téconomie plus loin
pour la nourriture de Fhomme que dans le département de Montenotte ; les
pâtes ou vermicelles pour la classe aisée; le maïs, la polente, les châtaignes,
les légumes verts et secs, et la pomme de terre, pour la classe pauvre, forment
la base principale des aliments. La consommation de la viande est très peu
considérable ; celle des poissons secs la remplace parmi les artisans ; cette
ressource avoit diminué beaucoup par Tinterruption du commerce. Le pain
est épargné autant que possible : il y a des fermes où Ion n en mange jamais,
et dans plusieurs communes même les fours restent froids depuis le mms
de novembre jusqu au commencement de juillet de Tannée suivante ; cepen-
dant la manière de se nourrir varie beaucoup dans les arrondissements,
suivant la richesse des divers cantons.
Dans larrondissement de Port-Maurice , qui est le plus aisé , les habitants
du pays maritime et des basses vallées se nourrissent assez bien ; le pain est
de beau froment, le vin est bon ; on le tire du Languedoc ; on mange quel-
quefois du boeuf et du cochon ; il s y consomme une grande quantité de
vermicelle. Dans les hautes vallées et dans les montagnes on vit bien dif£^
r^tnment : les habitants ne récoltent le blé que pour le vendre ; la nourriture
se compose de châtaignes séchées à la fumée, de légumes et de polente ; on
mange de la viande les jours de fête seulement ; le pain se fait d un mélange
de seigle et de froment ; on en consomme très peu. On ne récolte guère de
vin que pour le vendre. La c6te maritime de larrondissement de Savone
participe un «peu de ce genre de nourriture; on y boit cependant moins de
vin ; on y consomme moins d'huile et de viande.
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POPULATION. 33i
Dans tout le reste du département ce sont les châtaignes et le maïs qui
nourrissent les trois quarts de la population* Le peuple £eui deux repas
seulement en hiver, un peu avant midi, et le soir avant la nuit On prépare
des châtaignes en les faisant bouillir avec des fèves ou légumes , et presque
sans sel ; on en forme des portions plus ou moins fortes, suivant Fâge, le sexe
et la force de chacun ; il arrive quelquefois que 1 on mêle un peu de lait avec
ces châtaignes, ce qui leur donne un assaisonnement aésez boû.
La polente est une espèce de pouding fait avec de la farine de maïs, oit
Ton jette un peu de sel ; quand elle est cuite dans la poêle, on la coupe en
morceaux, et on la mange sans apprêts ; on y met quelquefois un peu d'huile
et des figues sèches.
Les jours de grandes fêtes on mange un peu de viande; on ne mange du
pain qu une ou deux fois la semaine. La farine s achète chez les boulangers
de la ville ou du village le plus voisin ; elle est en général de bonne qualité,
et lô froment y prédomine.
Le peuple fait trois repas en été ; le premier à huit heures, le second vers
midi, le dernier à lentrée de la nuit, dans la maison. La nourriture est à
peu près la même qu'en hiver, excepté qu on y mêle beaucoup de jardinage
et de légumes verts. Le pain ne se mange encore dans cette saison que deux
fois la semaine, et se prend constamment che2 le boulanger. Les paysans
plus aisés font pendant lliiver une petite provision de poissons secs ou de
cochon saié pour se régaler les jours de fête.
Dans toutes les montagnes on ne boit que du p^t vin ou de la piquette;
mais cet usage n'est pas général.
On vend le vin récolté pour fournir aux dépenses des vêtements, quand
Tannée est bonne.
Prenons pour exemjJe la manière de vivre dune famille de cultivateurs:
le déjeuner, dans les bons jours, se compose de dix onces de pain avec des
oignons; le dîner consiste dans une soupe faite avec des fèves, quelquefois
avec du riz et des pâtes; on y mêle un peu d'huile; le souper se compose ou
d'une soupe d'herbages ou de raves, de fèves, de pommes de terre, ou
enfin de polente ; on y joint quelques figues sèches ou du pain en petite
quantité. Le paysan malade mange de la sçmoule ou du vermicelle à l'huile.
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;«:^ CHAPITRE II.
La dépense jx>ur une famille de cinq personnes seroit, savoir : deux kilo-
grammes de pain, équivalant à 4B centimes, deux kilogrammes environ de
polente ou fèves et châtaignes, ou riz et légumes, équivalant à 36 centimes :
trois kilogrammes de légumes verts du prix de 12 centimes; lliuile, qui est
généralement épargnée par le pauvre , équivaut à 1 2 centimes, et le sel à 6
centimes ; total 1 1 4 centimes. Somme qui peut se réduire à i franc poiu* le
pauvre, ce qui porte le prix de la ration de 20 à 23 centimes, et* le poids de
la nourriture pour chaque individu à un kilogramme et demi.
LfC vin est un objet de luxe, excepté après le temps des vendanges.
La consommation du bois ne doit entrer presque pour rien dans ce cal-
cul, parceque le pauvre le prend toujours dans les landes et bruyères qui
couvrent la majeure partie du département.
Quelque restreinte que puisse paroître cette manière de vivre, les habi-
tants se maintiennent cependant assez robustes par le mélange des nourri-
tures; c'est-à-dire en entremêlant les légumes secs aux légumes verts, et les
aliments solides à ceux qui sont naturellement aqueux.
Ils préfèrent la châtaigne et la polente à la pomme de terre, comme plus
substantielle.
L eau -de -vie et les liqueurs fortes sont presque inconnues parmi la
classe du peuple, et on ne cite pas d'exemple d'ivrognerie.
Le désir de visiter des chemins de montagne, des établissements ou des
forêts, m'a souvent amené seul et sans être connu dans de petites fermes, et
j'ai été témoin du repias de la fEimille ; bien souvent j'ai réclamé du pain , et
j'ai eu pour réponse que ce n'étoitpas dans de telles fermes que l'on pouvoit
en avoir.
C'est dans la cuisine que se rassemble le soir la fsimille; il n'y a pas
de table: chacun mange assis sur une escabelle, et presque toujours sans
fourchette. La ménagère distribue les portions, suivant l'âge et la force de
chacun; la part du maître est la plus abondante; les écuelles sont rangées
sur une caisse propre à pétrir la farine de maïs , et chacun prend celle que
son rang lui assigne, sans murmurer contre les partages, tant on trouve
par tout cette docilité qui fait le caractère de ce peuple !
La classe riche vit d'une /nanière fort différente sur les deux versants : il
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POPULATION. 333
y a plus de sobriété en Ligurie. Les Piémontais réunissent sou vent, leurs
amis à table ; le Ligurien, fort rarement. On ne voit chez eux que des repas
de grande étiquette -, il régne alors une grande profusion : on commence par
des salaisons et des figues; viennent ensuite des soupes, qui sont commu-
nément de plusieurs espèces; des fritures et des mets légers leur succèdent;
le bœuf et la volaille les remplacent, et enfin les viandes apprêtées, et les
pâtisseries terminent un troisième service, auquel doit succéder un dessert.
Les formalités d'étiquette prennent du temps, et il faut plusieurs heures
pour dîner ;Ja profusion est grande chez les Piémontais, la cuisine y est
peut-être moins délicate.
Le pays en général ne manque pas de mets qui paçseroient pour délicats
chez les gastronomes les mieux exercés : les truffes y sont exquises; les orto-
lans, les grives, les bécasses, y abondent; les poissons sont excellents; les
truites d eau douce soutiennent la comparaison avec les meilleurs poissons
de la Méditerranée; les viandes sont médiocres; celle du bœuf est la seule
qui soit excellente.
C est sur-tout dans Fapprêt des pâtes qu on met le plus de soin ; on les
arrange de beaucoup de manières ; les taglerines, les ra violes, les lasagnes,
se préparent dans toutes les familles, et se mangent à de certaines époques
de Tannée. On dit que nos cuisiniers de Paris ont déjà emprunté ces mets à
ceux de la Ligurie , ainsi que le sambaillon à ceux du Piémont ; .c'est une
sorte de crème qui est préparée avec du vin de Malaga, et qui est un restau-
rant fort vanté ; mais je doute que nos confiseurs empruntent aussi de ces
pays les fruits à Feau-de-vie : on y mêle une telle quantité de poivre et
d'épices, qu'ils sont insupportables au goût; pourtant il n'est pas rare, dans
le pays, de voir de jeunes et jolies femmes en manger avec délice; c'est
un véritable sujet d'étonnement pour les voyageurs qui ont goûté ces fruits.
*
HABILLEMENT.
L'habillement des pensonnes aisées dans las villes et dans les villages est
absolument le même qu'en France. Chacun se pique d'avoir un habit de
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334 CHAPITRE IL
drap fin, et de suivre la mode avec exactitude. Tout ce qui croit posséder la
moindre autorité cherche à se distinguer soit par quelque broderie , s'il le
peut, soit au moins par un chapeau à ganse d argent.
Le percepteur d'un village, le receveur d'une mairie , le garde-forestier,
ont des habits de dimanche élégants. Ds ont pour leur correspondance des
têtes de lettre élégamment im|Himées.
Les femmes des villes suivent aussi la mode française avec un grand
empressement, et leurs vêtements, les joura de fête, diffèrent à peine de
ceux de touties les villes de France.
Il régne moins de luxe dans la classe des cultivateurs. En Piémont, l'ha-
billement d'un paysan aisé se compose d'un habit de gros drap fabriqué
dans des manufactures, de grandes poches sur le côté sou»-pendantes jus*
qu^aux genoux; il est coupé par devant comme l'habit habillé; les boutons
sont de soie ou du même drap. L'habit ne se ferme jamais, et montre une
veste à pâtes de même couleur, garnie d'un seul rang de boutons ; la culotté
est de calmou croisé, de couleur bleue; des boutons et une boucle retiennent
les bas, qui sont de laine ou de filoselle couleur cendrée. On ne porte pas de
sabots ; les souliers ont des cordons de cuir. Le chapeau est à trois cornes ;
k chemise est boutonnée sur le devant; point de cravatte; les cJieveux de
toute la tête èont réunis pour former une queue, qudquefbis ceux du toupet
sont coupés sur le devant. Les habits d'hiver et d'été sont assez généralement
les mêmes ; dans les chaleurs on quitte l'habit, «t on le porte avec assez de
grâce sur l'épaule gauche.
Les manœuvres sont habillés d'un drap grossier &briqué dans le ménage
avec la laine des brebis du pays, et conserve la couleur de la toison. Ils
portent une veste courte au lieu d'habit ; le gdet est de laine ainsi que la
culotte; les bas sont de laine brune; les souliers, blancs, bien ferrés, et à
cordons; les bas, retenus par un simple bouton à la culotte; le chapeau est
rond. En été, l'habillement consiste en toile grossière. Les muletiers, qAi
forment une classe assez nombreuse, portent sur le chapeau un réseau de
soie qui descend jusqu'au milieu des épaules et se termine par une houpe.
Les femmes portent un corset bleu de c^mdlot, se laçant par devant,
et avec des manches arrivant jusqu^au coude. La robe est blanche ou cou-
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POPULATION. 335
leur du corset ; le tablier est blanc ; les bas sont bleus avec des coins rouges ;
les souliers sont à boucles d'argent; le fichu blanc se croise sur le sein et
se noue par derrière. La coiflfe, qui est élevée et garnie de fil darchal,
forme deux ailes garnies de dentelles grossières qui saillent sur le visage;
un tour de ruban vient se nouer par derrière. Les cheveux sont cachés
sous la coiffe ; les pendants d oreille sont d or et les colliers se composent de
plusieurs rangs de chapelet de grains d'or de la grosseur d'une forte perle,
ce qui donne un air de richesse ; mais souvent ces grains ne sont que de verre
doré. Le collier est retenu par un ruban noué par derrière ; des mitaines
couvrent le bras jusqu'au coude. Les femmes de cultivateurs peu aisés ont
un corset de drap ou de toile grossière, une robe de cotonine ou toile, un
fichu croisé sur le corset, des jupons courts avec un tablier, des bas de filo-
selle, de gros souliers avec des cordons, des cheveux relevés en natte sur la
tête et attachés avec une épingle ; elles ne portent ni coiffe ni chapeau.
En Ligurie les hommes portent une veste à poche en guise d'habit, avec
boutons d'acier ou d'argent, un gilet rouge, une culotte dé cotonine blanche
à boucles, des b^ blancs et bleus, des souhers à boucles rondes d'argent,
cravatte de soic^, nouée sur la poitrine, chapeau rond avec cordons en or.
Ces mêmes habillements, en été, sont faits de nankin, de bordât, ou de toile.
Les cultivateurs pauvres ne portent pas de bas pendant Tété ; les jarretières
sont déboutonnées ; ils portent des souliers, et n'ont souvent que la chemise
et un pantalon. Habituellement ils ont un gilet et une veste-habit, qu'ils
placent sur l'épaule gauche en été; l'hiver ils portent la veste, qui est de
toile ou de drap grossier. Les gens de mer ont presque tous les jours les pi^
et les jambes nus ; ils portent des pantalons, et un bonnet de laine rouge ;
ils ont pour la nuit une gros&e capote fort épaisse qui les couvre et leur sert
de matelas dans le bateau.
Le costume des femmes est fort joli, et fait ressortir leur taille élancée;
leurs robes de fête consistent en jupes de linon ou de mousseline et corset
à manche, de taffetas noir; la jupe est quelquefois de même étoffe, toujours
semée de bouquets. Elles portent un fichu qui dessine assez bien les formes
de la gorge; elles le croisent par devant et le nouent par derrière. Leur tête
est couverte d'un réseau en soie noire, qui tombe à la hauteur des épaules,
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336 CHAPITRE IL
et porte deux larges rubans noirs garnis de frange. Ce réseau est surmonté
de différents ornements en or; les cheveux sont frisés, et tombent sur le
front. Les pendants d oreille sont en filigrane d'or; une chaîne dor pendue
auj cou se' termine par une médaille, également dor, représentant une
Madone. Cet habillement, modeste dailleurs, porte ayec lui un caractère
d originalité qui plaît beaucoup aux étrangers; il est sur-tout usité dans
larrondissement de Port-Maurice. Dans celui de Savone les femmes portent
également un corset, qui se lace devant et derrière ; des jupes de cotonine
ou de toile blanche ; leurs cheveux sont tressés et relevés sur la tête ; une
fleur naturelle sert d'ornement; quand elles vont au soleil, elles jettent sur
leur tête un mouchoir d'indienne, qui est lié à la hauteur de la gorçe et
retenu dans les cheveux par deux épingles ; les ornements sont les mêmes
que ceux dont nous venons de parler.
Parmi quelques variétés de costume on distingue particulièrement celui
que l'on appelle Brigasco ; il est très favorable aux femmes : c'est un corset
auquel sont attachées des manches de ratine écarlate et ornées de rubans ;
il est échancré sur le devant, et laisse voir une chemise fort blanche, garnie
dune dentelle grossière, mais qui donne à la personne qui le porte un air
d'élégance et de propreté qui plaît ; les jupes sont courtes et d'une étoffe de
coton bleu ; les cheveux sont réunis en forme de tresses et entrelacés d'un
ruban bleu autour de la tête. Ce costume ressemble assez à celui du tableau
de la belle Ferronière.
Mais le vêtement le plus élégant, et qui convient le mieux aux femmes
dont.il relève les attraits, c'est le Mezzaro, qui est d'un usage général en
ligurie parmi la population des villes : c'est une sorte de voile de mousse-
line, formant un carré long, orné quelquefois de broderie, et que les femmes
placent sur leur tête en laissant les extrémités passer sous les bras et
tomber à coté. Cette parure, qui cache en partie la figure,* mais qui en
laisse distinguer les charmes, y ajoute encore par un certain air de douce
modestie ; le reste du voile forme une draperie tombant avec élégance.
Tous les étrangers sont frappés de l'agrément de ce costume Qt de la
grâce avec laquelle il est porté ; on peut dire que son effet est supérieur à
celui du schall de cachemire si vanté et si recherché dans les grandes villes
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ESTIMATION DES CHOSES NÉCESSAIRES A LA -VIE.
Page 33 j.
DÉSIGNATION
DBS OBJETS
n'CHE GOK SOMMATION HABITOELLE.
%
PAÏ^CleVileg..).
Blanc . . .
Bis
De seigle.
FARINE.
Ue blé turc pour
. poulente ( le
kilogramme ) .
De poit chiches
pour gâteau ( le
kilogramme)..
VlN(rheclolil.).
De la Côte ligu-
rienne ... .
Du Piémont . .
De Provence. .
VIANDE (lekil.).^
Bœuf
Veau
Vache
Génisse
Agneau <.
Mouton
Clicvre
Brebis
Cochon frais .
Cochon salé .
VOLAILLE
( la paire ) . . . .
Poulets
Chapons
Oie ( la pièce ) . .
Dindons {idem).
Première qualité,
Deuxième
Troisième
Quatrième '.....
POISSONS .
Salés....
Ton
Baccalas .
Siolkfich .
LÉGUMES' ( D*"""-;: •
(par quint, de 5o Pommes de terre.
kïlogïammes)... g?"*^^"
LAITAGE
Lait (le litre).
Beurre (le demi
kilog..)......
Crème (le litre).
OEufs (la doa-
saine )
FROMAGER
.-(lekUog..)...
Du pavs
Du Milanais .
De Parme . . .
( Sel(lekiloa..) •
^ I Vinaigre (le litre).
I Savon (le quintal
( de 5o kilog..).
HUlLE(rhectol.). P«"C«ni*re quaUté
Deuxième 62
PRIX.
An
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90 .
93.
DÉSIGNATION
DES OBJETS
d'cMB GOHSOMMATION nABITVELLE.
Chandelles .
Bougies . ■ ■ .
SUCRE
(le demi kilog..).
CHOCOLAT (ùf.).
Bois à briller (par
quintal met*.).
Charbon ( par
quinul met*.)
Première qualité.
Deuxième. . .
Troisième. . .
Première qualité.
Deuxième
Miel ( le demi ki-
logramme ) .
CAFÉ.
PRIX.
An
1789.
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Première qualité.
Deuxième. . .
DROGUERIES. .
SOULIERS.
Poivre
Caoelle
Clouxdegiroffe.
Pour les paysans
Pour les bour-
geois.
CHAPEAUX
DRiy>S (le met..).
TOILES (ùf.)..
Bonneu en bine .
Première qualité.
Deuxième
Surfin . . .
Fin
Grossier .
En soie. .
Première qualité.
Deuxième
Troisième
Quatrième
BAS
En laine .
En m....
En soie . .
FAÇONS
LOYERS
des maisons.
D'habits
De chemises pour
la ville
De chemises de
campagne ....
Première classe .
Deuxième
Troisième
Quatrième
Cinquième
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POPULA.TION. 337
de France. Le mezzaro est particulièrement usité à la promenade ; les femmes
de la moyenne classe, mises toutes avec élégance les jours de fête et parées
de cette tnanière, sont à peine distinguées de celles de la classe la plus riche
et la plus aisée.
L'usage général de porter des souliers rend le vêtement des habitants un
peu plus cher que dans les autres provinces : on peut évaluer à environ
12 francs la dépense annuelle pour cet objet; du reste les habits de travail,
tant d'été que d'hiver, d'un cultivateur sont à très bas prix, et son habille-
ment complet ne vaut pas plus de 36 à 4o francs. Je ne parle pas des habits
des jours de fête, qui ne se renouvellent que dans les grandes occasions.
Les lits sont tous établis sur des planches portées par des tréteaux de bois
ou de fer. La paillasse est remplie de paille de blé, ou plus souvent de paille
de maïs; quant aux matelas on n'en trouve que chez les cultivateurs qui
possèdent des moutons. Il y a des draps pour tous les lits et une couverture
en laine pour l'hiver, et en fil d'étoupe pour l'été. On ne connoît l'usage ni
du chevet ni de l'oreiller : on ne voit pas non plus dans le lit du maître le
luxe qu'on y remarque dans plusieurs de nos anciennes provinces, où les
draps sont garnis de points à jour et même de dentelle.
Le cultivateur se lève dès le point du jour et commence immédiatement
ses travaux , mais il les termine aussi de bonne heure, souvent même avant le
coucher du soleil. On se met au lit vers les neuf ou dix heures ; dans l'hiver on
veille quelquefois jusqu'à minuit. Les femmes, pendant la veillée, s'occupent
à filer; les hommes à faire des liens pour la vigne et à tisser le chanvre, ou à
trier des olives. Le climat, qui est généralement sain, maintient très long-
temps la force des hommes : on voit des vieillards portant chaque jour sur la
tête dies fardeaux de bois considérables. Les enfants commencent de bonne
heure cet exercice pénible : s'il retarde souvent leur croissance au-delà du
terme marqué par la nature, il sert aussi à développer et à fortifier leurs
' muscles , qui sont robustes et bien marqués.
43
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338 CHAPITRE IL
LANGAGE.
Les Piëmontais et les Génois se vantent d avoir une langue particulière;
quoique voisins, il existe en efifet une grande diversité dans leur langage.
Chacun deux veut donner la préférence au sien, et cherche à la justifier
par mille raisons. Je crois fort inutile d'éclaircir cette question ; il suffit que
Ion sache que de chaque coté on fait grand cas du langage habituel, quil
est parlé constamment dans les meilleures compagnies, et que Fusage en est
même général, au point que Fitalien est f<H*t négligé, et .que beaucoup de
personnes bien élevées, quoiqu'elles le lisent habituellement, ne le parlent
qu avec peine et sans correction. Cependant la langue italienne a été em-
ployée de tous temps dans les contrats, dans les actes civils administratifs^
et devant les tribunaux.
Le dialecte génois dérive parlicultèrementde Fitalien ; il s y mêle quelques
mots français, maïs beaucoup plus d'espagnols. Les lettres gutturales, qui
sont fréquemment emjdoyées, semUeat prouver que les Arabes ou les Maures
ont eu des relations avec les habitants : ces lettres sont substituées particuliè-
rement k la lettre ( 1 ) ; les (w) ne se pronoix^nt presque pas» La construction
de la syntaxe paroit entièrement moddée sur odle de Fitalien. On a écrit dans
ce dialecte ; quelques poëtes«e sont même essayés sur la lyre g^oise : on vante
leurs ouvrages; mais je doute qu'ils plissent jamais avoir aucun renom en
Italie. Urne langue dure et grossière , mise-en parallèle avec la langue la plus
douce et la plos pâlie de lïiurope, perd trop à la ocvmparaison. Elle na
d'ailleurs aucun des caractères cpii distinguent plusieurs dialectes de Fltalîe,
Dds qme le vénitien, le bei^gtmasoo, le napolitain, c[ui {taisent au tbéâtpe om
par leur grâce naïve ou par le mordant et le piq«ant de la dictioii, dans la
bouche des interlocuteurs dont le<»ractère est analogue à celui du langage.
Jamais la langue génoise n'a été introduite sur le théâtre que d'une manière
défavorable et pour peindre des caractères hideux : c'est donc assez pour elle
que d'être parlée en bonne compagnie et de n'être pas i-eléguée dans la basse
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POPULATION. 339
classe du peuple ; triste sort de la plupart des idiomes de nos provinces de
Tintérieur, quoique plusieurs d entre eux ne manquent ni de g^race, ni de
naïveté, ni de force.
On remarque quelque variété entre le vrai génois et celui qui se parle
dans la rivière du Ponent, du côté de Port*Maurice. La vallée d'Oneille
ofire aussi des variétés dans son dialecte ; mais elles sont peu sensibles. Je
me bornerai en conséquence à citer des exemjJes des deux principaux
dialectes génois, le génois pn^ement dit et celui de la rivière du Ponent.
Je tirerai ces exemples de la Parabole de TEnfant prodigue. y
Dialecte de Gênes.
In ômô ou laveva doui Qgeui : ou cia pecenin ou disce a ou pajre : Dajm^
a me parte de ben chi m attucca ; e ou pajre ou ghe sparti ou fejtô s6. Quando
lavé' fejto ferri , de li a pochi giomi ou se ne scapa e ou se n andià a un paese
lountan ; dounde a forzà de desba-ouci ou s axgajrà tutto ou s6.
Dopo ch ou savè mangia ô tutto, in te quello paisè ou ghe vègnl tanta
famé non-metl, è èl6 ou non avèva ne de pisti ne da pista. AUoura, ou se
nanda a mette asta conn seignouro de quelo pajse, ou quâle ou manda
a m\nâ a schot i porchi in-t*ina sô vitta. On laverea ouxuo ô fâse una pansa
de giandrè cou mangiâvà i porchi, ma nisciun ou non ghè ne dasevà.
Revegnu on in èlô u disce : tanti serviton in cà de mè pajre i refîi a ou pay, e
mi a mè ne meu^iro da âflame? Mi a me ne partira è ame nanderb da mè
pajre, ea ghe dire: Mi a è oufïèsô ou segnou, e voui : zà mi a non mè meritaô
cia d'esse ciamao ô voscio Qo, trattejmè coume un ri vosci ianti. £ ou se mette
in strada , e ou se n andai dâ s6 paire. Quando ou Fera ancou loènzi, sô paire
au ou visce, e ou ^ senti intenèrl ; ou ghe camminà in-contra , e ou ou baxa.
Ou Qo ou ghe diace : Pajre mi a ô oufieso ou segnou e voui, mi a non mè meritô
cia d'esse ciamao voscio fjô. Ou pajre alloura ou disce ai so servitoù: Servitou
fitô portè^j. a mè-jô marscina, e mètte^jghla, mette-jgke esci lanellô a a
man , e è scarpe ai pe-j, E portè-j in vittelo ben grassô, è amassè-iro, e scial-
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34o CHAPITRE II.
lamousè, pèrchè stou mè Qo chè ou Fera morte e ou l'è resciuscita-o, ou Fera
perso, e ou s'è tourna attrouva-6; è si i se mèttèn a sciallasè. Intrumentre
ou f^o oià grande ou Fera in villa , e quandô ou se ne vègni , e ch' ou fou
vexin à cà, ou senti scana e canta : ou ciamà in servitou, e ou ghe demanda,
cos^a Fera sta cosa. E stousi ou ghe disce : Ou Fè vegnu-6 voscio fre-j , e pèrchè
ou Fè vegnu-o a sarvamentô, voscio pajre ou Fà amassa-6 in vitellô grassô
stouchè ou Finbrancià ; e ou non ouxeva cià intra in cà ; ou pajre ou sejourty
de feura, e ou se ou mette a prega : ma elô a ou pajre ou ghe dixeva : Ve ou
si, i soun tanti agni, che mi a ve servo, en soun ste-jtô de lungô obediente a
vosci ourdini, e voui i non mè i ma i deito neanco un cravetto dandarmero
a scialla con i me-i amixi. E oura che ou è vegnuo stou voscioû i^o, ch'ou
sa consumao tutto ou fejto s5 a bagascie, i gh-è i subito fejto amassa-ô
in vittelo grasso. Ou pajre ou ghe disce : Fjo ti te se de loungô counmi, e tutto
ou me ou ïhth ; ma ou besougnava sciâUâsse, e sta allégramente, perché stou-
te frej ou Fera morto, e.aoura ou Fe resciuscita-ô,.ou Fera perso, e aoura ou
se attrouva-ô.
Dialecte de la rivière du Panent.
Traduzion da Parabola du Figgio Prodigo in lingua da Zittaê de Sanna
capo do dipartimento de Montenotte.
Una v' ota gh' ea un ommo , chè F aveîva doi figgœu : e o ciù zoveno o disse
au poè : Doeme a parte di ben che me toccan ; e Fè o ghe sparti F ereditae,
D' oppo pocchi giorni ou ciu zoveno radunaû tùtto o faito s6, viaggiando o
se ne andaito in parte lountanna, e la o F ha dacto fondo a tutto quanto o
Faveya con vive da discolo; e avendo sciallaquaû tutto, in quelle paise ghe
fu unna grau famme e o comènsa a avei bisegne ; de la o se ne and6, e e
s' accorda con un zittardin dî quella provinzia o quae o mand6 in t'unna s6
villa à pasce i porchi : e o sercava d'impise a panza de giande che i perchi
mangiavan, e nisciun ghe ne dava : Tornan in se o F ha dite : quanti servitori
da mœi poè han dupan abrettio, e mi che meuiro de famme? A finie, me
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POPULATION. 341
n andeo dà mœ poè e ghe dio 5 Poè , o mancoû contra do se , e avantl dé voi ; no
son degno d'esse ciammou vostro figgio, tratteme comme un di vostri servitoi :
e essendose résolu to, o Fandè da so poé. D'in lontananza s6 poè o vidde, e
gha facto mal , e gli and6 incontro ; e o se ghe buttou no coUo, e o ghe de un
baxio : o figgio o ghe disse : Poè ho manco contro do se e contro de voi , no me
meito d'esse ciammou vostro figgio; so poé per6 disse ai s6 servitoi: Portoè
subbito a roba ciu bella per vestito, e metteighe l'anello indio^.e scarpe
ai pe, portae o vitello ciu grasso, e ammassaelo, e mangemmo, e stemmo
allegri, perche questo me figgio o l'ea morto e o F e resciuscitoû, o Fea perso
e o s'è attrovou; e incommenson a mangia allegramente. D'appœn so figgio
6 ciu grande che ea in campagna essendo vegnuo, e accostouse à a casa o
l'a sentio unna musica d' instrument, 6 l'haciammaû un de servitoi de casa,
e o l'ha interogaû cose gh'ea di nœuvo, e quello o gli ha detto: L'evegnuo
vostro Iro e, e vostro poè o l'ha fœto amassa ou vitello ciu grasso perche ou
l'ha ricuperoii san e sarvo; ma quello ou se ne sdegna6, e o no vorrea
intrà. AUoa so poè b la incommensô a pregà, ma quello rispondendoghe o
gli ha detto : Son tanti anni che ve staggo sottomisso, enon v'ho mai desobedio,
e voi nom'eî mai daeto un cravetto da mangiame cô i me amixi, ma doppo
che questo figgio o se mangiou tutto o feito s6 con e bagascie e e F tornou,
voi gh'ai fato amassa un vitello grasso; o poe peo o gh'ha risposto: Figgio
ti ti e sempre in mœ compagnia , e tutto quanto h6 a o mondo o F è o t6 :
besœgnava ben mangià, ben esta allegri perché questo to froe o F ea morto e
o F e resciuscitoû , o F ea perso , e o s' e attrovou.
Le dialecte piémontais a aussi ses variétés. Le langage de l'arrondissement
de Ceva difïère de celui de l'arrondissement d'Acqui dans le Montferrat.
Ces idiomes tiennent un peu du français, ma^ conservent en grande partie
des physionomies italiennes; je leur trouve de la naïveté et de la grâce. Les
poètes et les écrivains en ont négligé l'usage, mais on les a introduits sur le
théâtre, et c'est toujours Fidiome que parle une des caricatures italiennes,
connue sous le nom de Gianduglia. Cette caricature représente un person-
nage qui, sous une apparente bonhomie et un ikiasque de bêtise, cache de
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342 CHAPITRE IL
Ift (inesse et parvient à obtenir ce qu'il désire, et sur-tout de Fargent, s*il
parle le lang^age du Montferrat. Les habitants du Piémont sont un peu plus
familiers avec Titalien que les Génois; ils parlent cependant habituellement
entre eux le langage piémontais. On joint ici deux autres traductions de la
parabole, lune en patois du Piémont, lautre en patois du Montferrat.
Dialecte piémontais de Ceva.
Ai era un om ch a Tavia doi fieui, 1 pi giovo un di a i a die : Me pare déme
tut rh6 ch'a m ven d'mia paré; e'I pare a i a daie mes Fsô patrimoni : da li
a pochi di dop avei da'l bondi a tutti a' Té parti, e \é ndasse a fermé n
'tnn pais lontan dov, a forza d' desse al bel temp, à la sgaïrà tut 1 fait sô.
Edop' avei consuma tut cos a' 1 avia aie sopragiont nt coul pais una tal
carestia ciie sto fieul a commensava a conossi cos 1 era il bissogno. A le anda
al servissi d' un paisan ch' a lo mandava a gpooardé \ i animai. As 'sentia desi-
deri d' ampisse la panza d la giand ch i crin a mangiavo , ma a trovava 'nsun
' ch' ai na deissa. Toma 'nt dbi^ istes ^ la dit : quanti serviteur a stan bin a
ca 'd me pare, a mangie fin ch'a veulo, e mi povr disgrazià i son condanà
a mûri si'd famé : i veui parti, i andreu a trouvé me pare, e i direu: Me pare,
ieu manca contra '1 ciel, e contra 'd voi, y son pi nen degn d'essi ciama
vostr fieul, considieremi mac pi com un d'i vostri servitour. A l'e parti, e a 1
è tornà da so pare. Quand a 'la vist da lountan, so pare pià dalla compassion
a s'e' nen podusse-tni d'andeie an contra, 'd sauteje al col, e'd baselo. So
fieul a i a die: Me pare, i eu manca contra '1 ciel e vers 'd voi, i son pi nen
degn d'esai ctamàvostr fieul. Ma 1 pare a l'a dit ai sô domestîch : Su perteie
un v'sti neuv, deie un aael e yn paira 'd scarpe; e peui mné si un vitel bin
gras, massélo, e mangioumslo pdx^hé coust me fieul a Fera mort, e a Fe res-'
cuscità, s'era prduase, e il'6ma trouvalo; e a s' son buttasse a fe festa. £1 jh
grand di doi fratei, dbi'a Fwa an campagna, quand a Fe torna, e ch'a Fa
senti tanta allegria, a Fa feit vni un serviteur, e a i a ciamaie cos a jera 'd
neuv; chi^ a i a rispost : Tô fratei a Fe toma, e to pare 'd tanta gioia Fa
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POPULATION. 343
fait massé un yitel grass prché a Te torna san e salv;- AYe vnu la bile al
primgenit e a youlia pi nen entré nt ca ; ma sô pare Té surti s la porta, e a la
pregalo : cfaiel a i a rspost : Me pare, a lé già tanti anui ch' i v'servo senza tra&«
^edi nsun d'i vostri ordini e i m'avi mai dame solament un cravet da
mangielo con i me amis. Ma prchè me fratel ch' a la sgaira tut cos à Tayia
con 'd fbmne del bel temp à Y e' torna, y ai i fei subit massé un yitel grass. Me
car fieul, a i a rspôst so pare, ti té stà sempre con mi e tut cos a lé me Fe to.
Absognava ben ch'im ralegrèissa prchè tô fratel lera mort e a Te rescuscità:
s era perdusse e il ayoma tornalo a trouyé.
Dialecte d'Aoqvd en MontferraL
iDayotaoQserainpari chTeiyadioutfib: erpizouyou Fadicc a sopari:
Pari dem la parte cWou m' apparten der tait mè ; er pari scioulinda at ti la
sparû coul poc chl ayia e ouj a da la ch'y avniya. Da li a cbuic dà ist fio n pd
ïouyot r a migia tit coul ch' Y a poussi, Y a fei fagot, e ou anié tiré yia d' an ci ,
e ous n andà ant in pais strangé moud ben lountan* La di*s'e stà, ou la
squarsaya da sg^ore, e yîst aouyist, ant poc temp Te bala tit, a Te resta
biout e patani c m' en yerm dié ou n eiya manc pi un sold da passé Y eya.
Ectoli c^ ant coul païs oui è oni ina carestia mai raparig^gia ch' là porta na
fam du diau. Ghades si ch' m stumma froscb! Goul pover disgrazià ou se
troyà enter miserie fin a i o^ e ou n sc^ya pu douya dé d la testa. Gsal fà?
Ous a'nda accordé pr £amnij an ca d'un pardcoular d' coula terra, e stchequi
ou 1 a manda ara s6 massaria a scoyi i ghin. Oh poyr flo ! «trassà cm' un rîbbè
senza manc' ina feryaja da mangià; eissi poussi armànc ampis ra panza dre
giandre cfae i pors ou mangieiyo; ma ou ny era manc ina razza d'n can
qu oui n a spoursîs ina brama. Quand' cb' oas è vist a st arsthémité, l' a
pensa ai s6 cas , e ou l' a dicc : oh poyer mi ! cha dewa stai achsichi ! In fin d' la
mi sort! Tanti tanti mangia pan là an cà d' me pari, ou streusso a quats
ganasse, caussà e ystl, e bon salari ancour an ser pat : e mi aese qui à mouri
d' la fam? arsoUto an yuoi pu fié sta yita : cb sa yayu coum la y6, amna yuoi
tournemne an cà d'me pari, e ai dip6 osi : Pari mi son qui ai yous pé ch'ay
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344 CHAPITRE II.
demand perdonj a son stà in gran birbant, in impertinent cham la son pîà
accontro ou signor e an contra d' voi, an merit pu d' esse ciamà vost fi6;
armanc aimanc per carità, tnime cm' in di vosc fancc. Dicc e fiiit; der mo-
ment ous leva su dali, e ous anviara enver a ra cà de sb pari. Per bounna
fortuna ous ambat ché so pari beicand'an sa e an là, ou là antervist ch Y era
ancor Jountan , e ou Ta cougnoussi; ciapà dalla compassion, ouj e cours ac-
coutra, ou s y e tra.ar col e ou l'a basa. Ei fio ouj a sibit Vlicc : Oh pari! ah
çh'an ou fà tante an contra ou signor, e an contra d'voi! Ah ch'an merit
manc pu d'esse ciammà vost fio. So pari an loura, ou u'ia manc lassa fini
d'di; l'asibit ciamà i soui servitou, e ouj a dicc: Andi sibit a pié er vesti pi
bel, ch ouj sia; prestou portel qui, e bitteilo ados, bitei aise ou So anè an
toun di, i soi causet, er so scarpe, ande ans la stalla, ouché i videl pu gras,
mazzeli , prontk a diittira în bel disné , ch'a voi ch a dago past : mangiouma e
stouma allegri evyiva l' e pi ch' d' gist, est pover mi fanciotous era pers
e.a r o tourna a trouve', l' era mort , e a pos di, ch' Y e arssissità : via alloun. E
is bettoy tui a cantàe danzi allegrament; evivassce! Tit va ben; ma er fiô
prim oun n'iera nen ant ist festin ch' 1' era andà an campagna : anter coulla
qoun avniva e ch' l' era tost usin à cà l' à senti in ramadan de la pest. L' a
ciamà a' n servitou chsa l' era titta sta bouja , titte ste fracasserie *, e chil ou ja
dicc : L' e riva vost fradé e vost pari l' a sibit fa' massé in bel videl d' auta grassa
d' tanta consolazion, ch'sl'e vist a tourné a ca san, e scciopat. Ist fio sentendu
paregg' cous' i e armonsinna tit ou sang sour sovra e ou 'n voreiva manc pu
antre 'a ca : so pari, maginé, l' é sorti fora chil per pascialo, e guardr bel bel
d'fel andé an cà, e oui la fin ciama per piasé. E chil alloura ous j e mis a di :
Pari, l'e za tance agn, ch'mi av fas ou servitou senza rinprocc, av6 porta
tit i rispet e an' m' son mai artira in pestim dar voce ourdin; il possi di;
m'ev maè dà'n cravet chT e chsi poc da fé marenda con i me camarada. E
pr ist contagg qu'où riva a dess ch' vouscia fev creppi, ch' F a fà sauti tit
erfait s6 cou der pitane, j ev sibit fa massé er videl pu gros qu'oui fousse ant
la stalla: £r pari ou j a rspost: Ou me car fi6 ches a dir mai? De rason fin
ades ti t' ei sempr sta con mi : ass la soumma sempre goi|du ansem : tit
coul qu a' j e' me a J' e ti^ roba toua. St arsouvissansse, n' vorrait nent
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POPULATION. 345
achsi ch*a la feis ist povr to fradé e n't'voughi nent che Fera pers, e ous e
trouva Fera mort, e amor Fe arsissità.
La langue française commençoit à se répandre dans le département;
elle est généralement parlée par tous les Piémontais qui ont reçu quelque
éducation , et elle a fait des progrès sensibles dans la partie génoise ; les dames
elles-mêmes veulent la savoir, et j'ai remarqué que, dans l'intervalle de cinq
ans, toute la bonne compagnie de Savone avoit appris à s'exprimer dune
manière assez facile; le peuple lui-même commençoit à bien comprendre le
français/
ORIGINE DES FORTUNES ET ÉMIGRATIONS PÉRIODIQUES.
Le commerce est la source de toute prospérité sur le littoral ; c'est lui qui
enrichit les familles des pays njaritimes; il enrichit aussi l'intérieur des
terres en ouvrant des débouchés à ses productions. Le commerce a donné
la vie à ce pays si peuplé et si florissant : c'est 1 appât du gain présenté k ses
anciens et farouches habitants qui les a rendus hardis, entreprenants, qui
a multiplié leurs relations, et qui, par des travaux immenses, leur a fait
transformer des montagnes stériles en de magnifiques bois d'oliviers.
Lorsque la mer étoit libre et le commerce sans entraves, les fortunes se
formoient rapidement dans les pays maritimes : une spéculation bien enten-
due doubloit quelquefois le capital, et, avec beaucoup de prudence et un
peu de bonheur, une famille se trouvoit en peu de temps maîtresse d'une
fértune considérable. Elle venoit alors s'établir à Gênes, dont la politique
consistoit à attirer dans son sein tous les capitalistes, afin d'augmenter son
commerce j on y inscri voit sur le livre d'or ceux qui avoient acquis de grands
biens.
Dans les campagnes, les fortunes se sont élevées moins rapidement : le
paysan honnête, économe, laborieux, et qui sait vendre le plus à propos le
produit de ses terres, s'enrichit peu-à-peu et d'une manière sûre; mais ce
n'est qu'à force de travail et d'économie.
L'aisance d'une famille est ordinairement le fruit de plus d'une généra-
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346 CHAPITRE II.
tion. Le paysan ai$é joint aussi à ses travaux rustiques un petit comuierce,
qui contribue à Fenrichir : il achète les olives des autres villageois; il les
travaille pour son compte, et va vendre Thuile quil en retire dans les
communes maritimes. Le bénéfice de ce trafic est assuré, et le produit
est employé immédiatement à de nouveaux défrichements et à des plapta-
tions d'oliviers. C'est à cette marche progressive qu'est due la création
de ces belles plantations, soutenues en terrasses dans le$ penchants des
colUnes les plus escarpées; ouvrage prodigieux, imposant témoignage de la
constance et des efforts des habitants. Il n'est pas un hectare de cette culture
qui ne revienne à ^ooo fr, au moins av^t d'être mis en valeur.
Dans les arrondissements pjémontais les fortunes ne sont pas les mêmes ;
il ne faut pas chercher de grands patrimoines : la nature du sol, sa situation
physique et topographyque, s'y opposent également. Des propriétaires,
i^egardés con^me riches dans ce pays, ne seroient pas tels en Lombardie, où
de vastes p|aii)e$ et des terrains fertiles assurent de grapds revenus; ni dans
la Ligurie, où le commerce procure d/es avaptages immenses.. Ce nes^
qu'avec la plus ^ge éçoqpmie que le propriétaire peut cons.çrver sa fortune ;
plusieurs exemples prouvent que le ii^ioindre dérèglement suffit pour faire
chanceler en peu d'années un patrifnoine assez considérable, et qu'il feut
beaucoup de temps et de peines, pour rétablir dçs affaires dérangées. Le
commerce de la soie, celui des transpor^ts gréant quelques fortunes,, mais on
voit en général ces fortunes se dissipiir et 4isp9rciitre en peu de teu^ps.
Les principales familles maintei^oiept leur ^^nce et ^utenoient leur
nom par l'inégalité des partages : i'alné r^ueiUoit tQut* l^n Ligurie , les
au^es enfants entrent dans les couvents, et les wcirçât SAçr4s; en PiémojiA^
on les pUçoit dans te ipilitaire.
L'iiidustrie corée aujourd'hui de nouveaux «Aoyea^ 4e prospérité, en étar
blissant sur divers points une émigration périodique, qui tend à cherdb^çf
chez l'étranger d'autjres espérances et d'auti:es çessQurcçs. A yajdt la pémiion
du Piémput à \^ Eranpe cenf quatrer-viiigte Xfarrieirs quittojent tous les 9«s
la^cojcnmupe d'Al^ç pour, se cen4r^-4aj»s 1q roy^/jtœe.d'kîklie, en Tosyranç,
à Parme, Vérone, et Venise; ils étpieut,4ivisés^€^ cohortes., qu.oi^ appelçit
uA^itrises, ayai4 pour chef le preoMei: ouyriçr. Letpaois de. septembre éloit
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POPULATION. 347
l'époque de leur départ, et ils rentroieiit toujours à la fin de mai. On évalué
les épargnes qu'ils appdrtoîent chaque année dans leur comniune à 6o,oôô f.
ï)epuis la réunion du Piémoiit cette émigration se trouvoit réduite à peu
près k un tiers; éri voici les èfiotifs : les verrière d'Altare âvoîent dés statut*
appï^ôavés par le roi de Sardàîgn'e, d'aprè'^ lesquels il letir étoit défendu
d'enseigner leur art ani étrangers, sous peine Jêtré eiilés de la commune
et de voir leurs biens confisqiiés. Leurs consuls se rendoîent caution pour
tous ceux qui alloient travailler à l'étranger. Ces ouvrière, ayant acquis une
i^éputation méritée par leur probité, étoient en général recherchés dans tous
les établissemeiïts de l'Italie. Depiris là réunion du Piémont à la France les
statuts d'Altare ayant cessé' d*ê'trë en vigueur, les verriers ont fait, dans dif-
férentes fabriques, des élèves qui les ont remplacés.
Oh comrptoit autrefois environ trois cents scieurs de long émigrànt dans le
canton de Saôsello ; il ne sort plus que la moitié de ce nombre. L'émigratiori
périodîqfue a lieu ordinairement ai la fin de novembre de chaque année,
époque où la neige commence à couvrir ces pays montagneux. Les scieurs
dé Sassello se bôrneàt à parcourir lé territoire des départements de Gênes ,
Marengo, Alpes maritimes et Apennins; iïs rentrent chez eux au mois de
mars. Ceux des communes d^Alba, Tigliettô et Martine, même canton,
se rendent ordinairement en Toscane et dans les Étslts Romaiàs; ils ne
reviennent qu'au mois de juin. On calcule à 3o,ooo'fr. environ le montant
des sommes que ces ouvriers rapportent daiis leur pays.
Lorsque la communication avec la Sardaigiie étoît Kbre, plus d'un millier
d'hommes partoient annuellement d'AUassio et de Langueglia, sur une
vingtaine de brigantins, pour aller faire la pêche dû Aon dans les parages
de cette île. Le commerce dé ce poisson faisoit la richesse de ces deux com-
munes, qui ont toujours fourni de bons marins; depuis, les circonstances
avoient presque anéanti cette ressource : seulement, en 1808, quelques
liavires d^Alassio ont pn aller charger du thon, déjà préparé, au moyen de
licences spéciales accordées par le gouvernement. Dans les années favorables,
les profits de ce commercé s'élèvent à 260,000 francs.
Avant les événements de Bayonne et la révolution d'Espagne, plusieurs
des habitants des cantons maritimes de larrondissement de Savone, et parti-
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348 CHAPITRE II.
culièrement de Pietra et de Finale, se rendoient dans ce royaume et notam-
ment à Cadix où ils exerçoient divers métiers; quelques uns sadonnoient
à la contrebande. Plusieurs d entre eux étoient agriculteurs et se plaçoient
comme domestiques. Lie nombre de ces émigrations étoit considérable, mais
elles yarioient suivant le plus ou moins d'abondance de la récolte. U n y a
jamais eu d'époques fixes pour les retours; il en revenoit tous les ans, et
il en revient encore aujourd'hui; la plupart, à laide de leur industrie ,
fajsoient de bonnes affaires. M. Montlessisto, de Sa voue, fit, il y a quatre-
vingts ans, une fortune immense et quon portoit à 4)000,000; il légua à
l'hospice de Savone 200,000 francs. On ne peut évaluer d'une manière sûre
ni même ap{m>ximative le bénéfice que produisoit cette émigration; elle
enlevoit beaucoup d'hommes au département pour quelques fortunes indi-
viduelles qu'elle créoit. Il sort également tous les ans de l'arrondissement
d'Acqui, à l'époque de la moisson, huit cents cultivateurs des plus misera--
bles, dont un tiers de femmes; ils se rendent dans le département de
Marengo, et retournent chez eux quinze ou vingt jours après, chargés
d'environ un hectolitre de blé chacun ; ils partent principalement des can-
tons d'Acqui, Yisone, Dégo, et Spigno.
A l'époque de la coupe du riz, deux cent cinquante hommes des mêmes
cantons émigrent dans l'ancien département de la Sésia où ils ne restent
qu'un mois, et ils reviennent avec trois hectolitres de maïs qu'ils achètent
sur le produit de leurs journées. Un dixième de ces ouvriers succombe
communément à l'action des fièvres tierces qu'ils prennent dans ces climats
malsains auxquels ils ne sont pas habitués. Cent hommes des cantons de
Nizza, Saint-Stephano-Belbo, Incisa, et Castelletto d'Orba, sortent en hiver
et vont travailler dans les départements de Gênes, Marengo, et dans le
royaume d'Italie ; leurs profits sont peu considérables dans cette saison des
besoins ; ils rentrent à la fin de Thiver;
Quelques ouvriers étrangers se rendent aussi dans Montenotte, mais ils
y sont appelés ou par des circonstances extraordinaires, ou ils viennent en
petit nombre, le pays étant trop pauvre pour les nourrir.
Cent ^cinquante maçons du royaume d'Italie et du département de la
Sésia sont dans l'usage de se rendre tous les ans dans ce département; ils y
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POPULATION. 349
travaillent sur tous les points, soit aux nouveaux établissement^, soit aux
nouvelles routes. Ils arrivent {j^énéralement au printemps, et demeurent
toute laniftée s*ils ont beaucoup de travail. Les entrepreneurs des routes font
généralement venir du Piémont des mineurs et des terrassiers qu ils aug-
meiitent en proportion des fonds accordés. ^
Il arrive de même deux fois Tannée cinq ou six troupes de chaudronniers
napolitains, composées de trois ou quatre individus qui parcourent tous les
pays et sy arrêtent suivant le travail qu'ils y trouvent. On pourroit citer
aussi quelque^ troupes de comédiens qui viennent à Savone, et quelquefois
dans les chefs-lieux d arrondissements.
Dans Tintérieur même du département on voit, pour la récolte des olives
dans les bonnes années, une quantité considérable d ouvriers affluer de lap-
rondissement de Geva, sur le littoral. Ils ne rapportent point ou presque pas
d argent dans leur pays ; leur nombre varie suivant les années et les besoins
de la récolte.
MOEURS DES HABITANTS.
•
Il est difficile et délicat de parler des mœurs des habitants dun paysj
chaque peuple a ses qualités comme ses défauts : le mal se grossit souvent
aux yeux de l'étranger qui les juge, et le bien est toujours très vanté par
ceux qui y ont intérêt. On ne peut cependant s empêcher de rester d accord
sur les traits principaux qui forment le caractère et pour ainsi dire la phy-
sionomie d'une population. Ce sont ces traits que je vais essayer d esquisser
et de parcourir avec impartialité.
On ne peut nier que les habitants de Montenotte ne soient pleins d'intel-
ligence et de capacité; qu'on n'y rencontre beaucoup d'hommes de talent, '
capables de saisir de grandes vues et des idées élevées. Cette faculté sup-
pose à-la-fois de l'esprit et un jugement sain ; elle est commune même dans
la classe la moins éclairée, qui sait entrevoir dans l'avenir des résultats qui
échapperoient au peuple dans beaucoup de nos provinces françaises. Les
imaginations sont vives, les esprits ardents, et cependant les caractères sont
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35o CHAPITRE IL
dociles. Nulle j>art les formes ne sont plus hoiinétes, et loô né pourroit
peut-être citer aucun trait qui tienne à la grossièreté et à la ttidesse. Ces
qualités se rencontrent également chez les habitant» des deux parties dii
département, avec la différence que les esprits sont plus dociles et les
caractères plus souples en Ligurie que dans le Piémont, oh ils ont une
teinte plus fertne, plus indépendante et plus nationale.
Les défauts qui se mêlent à ces qualités tiennent à une rivalité fôcheusé
qu*on voit souvent dégénérer en sentiments de haine et de vetigeance qui ne
s'éteignent plus. Partotrt on trouve des traces de cette espèce de maladie
morale qui détruit le bonheur des individus, anéantit le charme et la bonne
harmonie de la société.
Une administration forte et vigilante, en rendant la dissimulation inutile,
en contenant les haines, en réprimant les vengeances , pourra seule efifiacer le
rçste de ces funestes penchants.
Les habitants ont en général assez de pénétration pour juger les hommes
et leur accorder leur estime ou la leur refuser. Ils ne manquent pas de recon-
noissance et de sentiments élevés.
On reproche assez souvent aux peuples dltalie la jalousie et la supersti-
tion ; je ne sais à quel point ces deux reproches peuvent être fondés, mais je
n'en vois pas de preuves marquantes dans le département. Depuis plû!sieurs
années, je nai pas vu citer un seul exemple de jalousie; il semble même que
1 usage bizarre du sigisbéisme^ connu sous le nom depatitisme, soit incompa-
tible avec ce défaut.
Quant au second' sujet de reproche, le peuple de'Montenôtte a Beaucoup
d^attachement pour les cérémonies de la religion : il y tient comme à ses fiètes;
mais il existe en général peu de pratiques superstitieuses parmi les habitants.
La sobriété est une vertu commune au peuple et à la classe aisée; à
peine peut-on citer un exemple d'ivrognerie. Ce défaut n'iroit pas avec la
réserve naturelle aux habitants. îl y a cependant profusion dans les repas:
!a cause vient d'une certaine ostentation qui n'est pas sans quelques incon-
vénients pour l'aisance des ménages.
On ne peut refuser aux habitants d'être laborieux, durs à la fatigue,
et industrieux : il suf&tt de voir les montagnes de là Ligurie , où plus
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POPULATION. 35i
de 3o,ooo hectares sont soutenus en terrasses, à laide de murs en pierre^
sèches, pour en être convaincu. On voit le paysaii porter sur la tête des
fardeaux énormes, pour un modique salaire. Sur tous les points, les tra-
vaux publics trouvent une foule de bras actifs*, et les ouvrages, moins chers
dans le département de Montenotte que dans beaucoup d autres, attestent
la force et ladresse des ouvriers. Quant à Findustrie, on la retrouve par**
tout, dans les manufactures, dans le commerce, dans les transmigratioas
périodiques des habitants. Si Fagriculture n en est pas au point de perfection
où elle doit arriver, c'est sur-tout au défaut de débouchés et de moyens d*
transports qu'on doit l'attribuerj du reste, la culture de l'olivier et des jardins
en Ligurie, plusieurs canaux d'irrigation en Piémont, montrent assez qu'il ne
mapque à ce peuple que quelques encouragements et la connoissance des
bons procédés : ceux-ci y sont adoptés sans peine; la culture de la pomme
4e terre toute nouvelle; les estais nombreux sur le coton, sur la culture
delà betterave, enfin l'adoption du procéda de la vaccine, tout prouve que
les esprits sont doués de la faculté d entreprendre et des talents die perfeo
lionner.
U existe une grande diversité entre l'éducation ^ les us^gea rt l'ei^istence
morale des femmes en Piémont et en Ligurie. L'éducation des pi'emières se
rapproche davantage de celle des Françaises : eUes voient asses souvent le
monde avant d'être m,ariées; elles connoîssent l'empire qu'elles auront dans
la société, et ont de la prépondérance dans leurs ménages. Le sigisbéisme y
est moins général et n'exige pas la n^4me pégulari^ et les miémes devoirs^^ En
Ligurie, au contraire, iWs filles sont pUcées s^u couvent de bonne heure, et
n'en sortent plus qu'au moment et le jour même qu'on les marie : jusque*là
^Içs ne p^oissent jamais dans 1^ société^ qui est privée de son plus( bel
ornement et de cette gaieté de jeunesse qui anime et emb^lit tout. On
prend peu de soin de former l'esprit des jeunes personnes; wâis on s'applique
à les, rendre dociles et à leur inspirer desi idées religieuses. Ëlles^ entrent dans
le monde sans la moindre expérience et n'exercent aucune influence dans
le ménage. Leur timidité leur fait chercher bien vite un appui dans un ami
constamment prêt à les accompagner, à leur obéir, et à satîsÊiire leurs £ïn-
tai^ies. Cet ^mi. se nomme patito. L'espèce d'escla^vage où il vit doit devemV
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352 CHAPITRE IL
à la longue aussi importune pour lui-même que pour la mère de famille,
dont il est en quelque sorte l'ombre. Je ne prétends pas attaquer les mœurs
de ritalie; mais ce défaut absolu d expérience dans les jeunes femmes, ce
droit de se choisir un cavalier et de lavoir toujours en tê>e-à-tête sanstjue le
public s en scandalise, peuvent certainement introduire au sein des familles
quelques désordres de plus que ceux auxquels la fbiblesse humaine est expo-
sée dans tous les pays. Excepté dans les fiètes et les bals qui appellent les
grandes réunions, on s en tient toujours au tête-à-tête. Au surplus cet usage
bizarre est déjà attaqué par le ridicule, et commence à tomber-, mais il n a
cessé que dans les villes principales où Ion se modèle sur les usages français.
Il est rare en Ligurie et même en Piémont que les femmes d un rang
distingué nourrissent leurs enfants; elles sont ainsi privées dune partie
des plaisirs de la maternité.
Les cérémonies du baptême se font d une manière fort simple. Les parrains
vont à Féglise, et en rentrant chez eux sont accompagnés par une fouie
d enfants qui attendent quon leur jette, suivant la coutume, des fruits,
du pain, des châtaignes, et quelquefois de la petite monnoie. Lorsque les
parrains §ont d'un rang distingué, on tire quelquefois des coups de fusils et
des boîtes pour leur faire honneur.
Les mariages ne sont point accompagnés de cette gaieté folâtre et de ces
amusements que l'on remarque en France, et qui en font une féte char-
mante.
Les premières propositions se font par des amis ou des parents.
Quand on est d'accord, le prétendu est admis dans la famille après la fin
du travail et pendant la soirée. Le jour de la cérémonie est constamment
le jour du repos. Les deux époux vont à l'église, accompagnés des parents
les plus proches, et, après avoir reçu la bénédiction, ils rentrent chez eux,
escortés par la foule qui attend à la porte la distribution des fruits, des noix,
des châtaignes, qu'il est d'usage de leur jeter; ordinairement il y a un
repas chez le père du marié ; il est très rare que la fête se termine par un bal.
L'usage des charivari a lieu lors du mariage d'un veuf ou d'une veuve. Le
peuple se rassemble ayant à sa tête l'organiste du pays et quelques violons;
on fait du bruit à la porte, on brise même quelquefois les fenêtres; mais on
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POPULATION. 353
peut facilement se racheter de cet ennui en faisant aux musiciens quelques
libéralités.
Les enterrements sont plus dispendieux dans les campagnes que dans les
villes ; ils sont toujours accompagnés par des confrairies de pénitents. L'usage
est de fournir des cierges aux assistants ; c'est aux parents éloignés qu'il ap-
partient de faire cette dépense; la famille reste presque toujours chez elle
dans les larmes. Le plus proche parent qui assiste aux funérailles est vêtu d'un
manteau noir avec un chapeau rabattu j ses cheveux sont épars, il suit im-
médiatement le corps du défunt; les autres parents suivent à leur rang, les
femmes viennent après le cortège. Rentré à la maison du mort, on distribue
du pain , du vin , des châtaignes, aux assistants. Les cierges restent aux péni-
tents. Il est d'usage que chaque parent envoie de sa propre maison un mets
pour la famille du mort, comme si la douleur avoit fait suspendre tous les
soins du ménage. On ne porte jamais le deuil.
Les confrairies sont en grande vénération dans la Ligurie ainsi que dans
le Piémont. Dès qu'un enfant commence à sortir de la tutelle, il y est affilié.
Les confrères portoient autrefois des sacs de toile grise qui ne sont plus
aujourd'hui en usage. On ne sauroit croire combien le peuple tient à ces
institutions pieuses; il se rend chaque jour de repos dans l'oratoire pour y
chanter l'office; il n'épargne rien pour rendre brillante la fête de sa con-
frairie et embellir la procession qui est toujours suivie d'une musique
nombreuse. A de certaines époques de l'année, tous les oratoires de la même
ville et quelquefois des communes voisines se réunissent à la procession des-
tinée à célébrer la solennité du jour : ces jurocessions sont alors «uivies d'un
nombre infini de cierges et de flambeaux; à la tête de chaque confrairie on
voit une sorte de plateau porté par des confrères, et sur lequel sont établies
des figures en bois qui représentent un trait de la passion ou de l'Evangile.
Les plateaux fort pesants sont garnis d'une quantité de flambeaux, un en-
fant y est placé pour rallumer ceux qui s'éteignent. Ces sortes de proces-
sions se font le vendredi saint au déclin du jour et forment un spectacle
assez curieux; elles sont connues dans le pays de Gênes sous le nom de
Gasarri.
Les oratoires, les processions, les bénédictions, sont les seules fêtes popu*'-
' 45
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354 CHAPITRE IL
laires. On se rassemble en foule au moment de larrivée et du départ de la
procession, et elle est saluée dune décharge considérable de boîtes dont
chaque village est abondamment pourvu. On compte plus de 80^000 associés
à ces confréries^ et la dépense annuelle dcût être très forte. Dans chaque
village^ le pénitent paie cinq sous par an; il paie la même somme pour la dé-
pense des cierges W jour de la solennité j lentretien de la cape ou souque-
nille coûte quelque chose; on peut être imposé à une amende quand on
manque aux principales réunions, et il se fait encore une quête annuelle
pour lentretien et 1 embellissement du local : ainsi la dépense ne peut être
moindre d un à deux francs pour chaque individu ; elle est plus considérable
encore dans les villes. Cette dépense n est pas le seul inconvénient attaché
aux .confréries : elles entretiennent entre les habitants uqc rivalité et une
émulation qui dégénèrent souvent e|i querelles : il Relève à chaque instantdes
contestations sur la préséance des confréries; enfin elles privent souvent les
égUses principales dassistance et de secours.. Dans quelques oratoires on
trouvoit même des pratiques de, superstition quila fallu détruire : cest ainsi
qu'àSavpne on admettoit de prétendus possédés qui faisoient.d^ cpntorsions
éjjbuvantables, et que les zélés confrères tourmentoient Muvent d une ma-
nière .fort indécente. .On a supprimé ces.abns sans, .pouvoir détruire le vice
de l'institution. .
Les %es des confréries et de^.patronages d'église se désignent en général
sous le nom.de Madones;. Quelques unes ne se célébrent.que tous les cinq
ans et même tous, les . vinglnci^iq aus.; on ^t d^n^ pe cas de. plu^ grajods ap^
prêtSy et communément la jouri^ se terpiipe par unieu d^surtiBc^ t>ans Je
Piémont quelques repas et des ]ms contribuent; à rendrç Ja i$il«^gréablff^
mais.dans la ligune la fête est tout» ¥eUgi^usp..et j^nnaîa 4a, gaieté ne; vient
ranimer*
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POPULATION. • 355
JEUX ET AMUSEMENTS.
Des théâtres existent dans quelques villes et on en établit aussi dans des
villages: des troupes d amateurs y représentent divers sujets. Dans les villes,
les'tliéâtres sont peu suivis. J'ai vu dans les campagnes jouer la Passion avec
une vérité si grande et un accord si parfait, qu'on auroit cru assister à une
exécution : presque toutes les poses des acteurs étoient copiées d'après des
tableaux des meilleurs auteurs de Fltalie; le supplice du Christ, la descente
de croix et toutes les autres scènes, étoient d une vérité qui faisoit horreur. Le
concours étoit nombreux; je fus tellement révolté de ce spectacle que j'ai
évité de le revoir jamais.
Le carnaval lui seul a le droit de tirer cette population de sa réserve : la
dernière semaine excite une folie et une sorte d'ivresse; toutes les rues sont
remplies de masques et de personnes déguisées ; les habitants des campa-
gnes voisines arrivent tous à la ville dans le moment ; chaque soirée est
terminée par des bals où Ion se porte en foule; le mercredi des Cendres vient
arrêter subitement cette sorte d enchantement qu'il est si difficile de commu-
niquer au peuple dans ces contrées.
Le jeu de balon est fort en usage parmi le peuple, et il y a peu de villages
où il n'y ait une enceinte destinée à cet exercice; on y voit des joueurs fort
idiroits^ mais les parties ne sont jamais fort intéressées.
Oii s'exerce quelquefois au tir dans les campagnes : l'entrepreneur du jeu
place un mouton ou un gros fromage à une distance fixe. Les joueurs tirent
à balle sur le but et paient une somme déterminée pour chaque coup.
La chasse au tir est peu en usagé dans un pays de montagnes escarpées et
trop pénibles à gravir; mais la chasse aux oiseaux est très à la mode ; dans
chaque maison de campagne on voit communément une petite hutte d'où
Ion peut faire agir un filet pour prendre les ortolans et les becfigues au
moment de leur passage. Ce genre de chasse est trop sédentaire pour nous
paroître très attrayant ; elle est cependant très goûtée dans le pays. Dans plu-
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356 • CHAPITRE IL
sieurs endroits on embellit avec soin les abords de la chasse et on établît
même des pièges' de toute nature contre les oiseaux. C'est particulièrement
dans les collines aux environs d'Altare quon voit des clos presque entière--
ment destinés à cet usage, et qui semblent des jardins anglais assez pitto-
resques.
Il n y a de danse nationale que celle connue sous le nom de Monferrine^
elle est vive et gaie; elle est .originaire du Monferrat comme son nom l'in-
dique, et le peuple la danse ainsi que le riche. En Ligurie on copie la danse
anglaise, la danse française, et on a adopté celle du Monferrat sous le nom
d'Alexandrine.
Les jeux de cartes usités et propres au pays sont, pour le Piémont, le
Taroc, et pour la Ligurie le Gofjjb. La plupart des autres jeux y sont connus
mais moins usités.
En général dans tous les plaisirs comme dans toutes les habitudes dont
nous avons parlé, on reconnoît le Piémontais plus vif, plus ardent, plus
gai; le Ligurien montre {dus de réserve, de prudence et de circonspection.
ÉTAT DES FORTUNES.
Liste des plus imposés.
Dans le versant septentrional, cest la propriété foncière qui forme la base
des fortunes. Sur le bord delà mer, les spéculations commerciales procurent
une grande aisance, et qudquefois des fortunes oonsidérables; toutefois les
familles commerçantes nobtiennent de Tinfluence qu'après quelles ont
acheté des biens fonds. Autrefois les placements de capitaux se foisoient
sur les banques étrangères; aujourd'hui on commence à placer en biens
fonds dans les plaines de la Lombardie. La liste des plus imposés est donc
une échelle assez exacte pour juger de Tétat des fortunes.
La cote la plus forte est de 3,682 francs.
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POPULATION. 357
On en compte 2 au-dessus de 3,5oo fr.
4 ^e 3,060 à 2,oy>o
11 de 2,000 à 1 ,000
6 de 1,000 à 900
4 t . , . de . 900 à 800
g de 800 à 700
19 de 700 à 600
14. de 600 à 5oo
37 de 5oo à 4oo
Ç9 de 4^^ ^ ^00
126 de 3oo à 200
289 de 200 à 1 20
Total. . . 590.
•
FIN DU PREMIER VOI^UME,
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TABLE DES MATIÈRES.
AvANT-PBOPos Pog^ j
Avis au relieur, etc • • vij
Ahaltse de la carte du. département d^Mon-
tenotte ix
CHAPITRE PREMIER.
Topographie t
Rivières et tonnents ^ • 6
Vallées i8
Diverses zones de culture ^4
GÉOLOGIE ET MINERALOGIE ; a8
Première partie 29
Seconde partie • 4^
Environs d'Acqui 65
Bains d'Acqui 69
Résumé 75
Clixat 83
Description des cantons et des communes . . 94
Arrondissement de Géva t6.
Canton de Céva 16.
— de Callizzano loa
— de Dogliam io5
— de Garessio 109
— de Millesimo ii5
-7 de Murazzano tar
— d'Ormea i a6
— de Saliceto i3o
Arrondissement de Port*Maurice i34
Canton d^Albinga 16.
— d'Alassio . • . . • 146
— de Borgomaro i5i
— de Diano-Marine 1 55
— de la Piéve 1 59
— d'OneiUe 168
— de Port-Maurice . / 172
— de Saint-Étienne 177
Arrondissement de Savone i83
Canton de Cairo t6.
— de Finale 9 189
— deNoli 1^5
— delaPiétra 199
^•deQuiçlîano 2o3
— de Sassello • ao6
— de Savone an
' — de Varazze aai
Arrondissement d'Acqui aaS
Canton d'Acqui 16.
— de Casteletto d'Orba !i34
• — -deDego-. ; 241
— dlnçisa .• a44
— de Nizza %lfi
•^ de Sàint-Étienne-Belbo. /...... 354
— de Spigno a58
^ — de Visione a63
Tableau récapitulatif des surfaces de chaque
canton 271
CHAPITRE II.
Population 273
Tableau de la population par arrondis-
sement à trois époques différentes . .^ 374
Division de la population par sexes .... 277
parages 279
Tableau du rapport entre le notnbre des
individus de chaque âge et la masse
totale a8i
Division de la population pa** classes d'in-
dividus, par états et professions prin-
cipales a8a
— par feux et familles ". a84
— par communes a8S
Rapport de la population à la surface du
département • 287
Comparaison des naissances, des morts
et des mariages .289
Mouvement de la population du dépar-
tement 290
— pour trois époques 291
Tableau de la mortalité de chaque âge,
pendant 1809, 1810 et 181 1 293
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TABLE DES
Rapport d^a mortalîtë de chaque Age à
la mortalité totale ag3
Tableau des mariages dans les années
1809, 1810 et 181 1 394
Tableau des naissances, pendant les an-
nées 1809, 1810 et 181 1 /6.
Tableau de la mortalité par trimestre • . 396
Mouvement de la population des diffé-
rentes zones du département 296
— des villes du département 298
Officiersde santé 299
Vaccine 3o3
iTAT PHYSIQUE ET MORAL DES HABIT AlfTS.
Statistique médicale 3o5
Constitution physique des habitants* • . 3 18
Force moyenne de l'homme 3ai
Population militaire 3i3
MATIÈRES.
Tableau de la taille moyenne. •
359
. 3a5
ECONOMIE DOMESTIQUE.
Construction des maisons de la ville et
de la campagne 3a5
Nourriture des habitants 33o
Habillement 333
Estimation deschoses nécessaires à la vie. 337
Langage 338
Dialecte deOénes 339
— de la rivière du Ponent 34o
— piémontais de Céva 34^
— d'Acqui en Montferrat. 343
Origine des fortunes , et émigrations pé-
riodiques • 345
Mœurs des habitants 349
Jeux et amusements 355
État des fortunes 356
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
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THE NEW YORK PUBLIC LÎBRARY
RBFERENCB DEPARTMENT
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