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Full text of "Syria"

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in  2010  with  funding  from 

Universityof  Ottawa 


http://www.archive.org/details/syriabei02beir 


SYRIA 


REVUE     D'ART     ORIENTAL     ET     DARCHÉOLOGIE 


SYRIA 

REVUE  D'ART  ORIENTAL 
ET  DARCHÉOLOGIE 


publiée  sous  k  patronage 
du  Haut- Commissaire  de  la  République  française  en  Syrie 


ToynE  II 

Avec  103  figures  et  53  planches  hors-lexle 


PARIS  ' 

LIBRAIRIE  PAUL  GEUTHNER 
13.  RUE  JACOB   (Vr) 

1921 


Sï 


(,a  direclion  de  la  Revue  Syria  est  assurée  par  MM.  Edmond  Pottier,  membre 
i\f  riiistiliil.  Conservateur  au  Musée  du  Louvre,  Gaston  Migeos,  Conservateur  au 
Musée  du   l.ou\re,  cl  Re>é  Dlssald,  Conservateur-adjoint. 


IIAMA,  DE  SYRIK 

PAU 

GASTON    MIGEON 


Ilaiiiii,  l)Ali('  à  46  kilnrii(''lros  au  iionl  ilf  Iloms  on  Syiio.  ol  au  sud-csl  d'An- 
lioclu-,  sur  li'S  deux  livi's  île  l'Onjnlr.  i-sl  uno  des  plus  |iiltnrfsi|iii's  villi's  de 
la  Syrie  (lu  NOid.  A  l'i-poquc  j,'rc(i|iii'.  i-llo  s  a|n»i>lait  «  Kpipliania  >.  (/est 
cornnuî  Damas  uiio  M'ric  oasis  au  luilii'ii  do  jdaiiios  iulVrtilos:  vuo  di's  liau- 
lours  ollc  apparaît  cliarinaritr,  divisoo  ou  «piarlioi-s  divors  par  ses  jardins  aux 
groupos  d'ailu'os  magiiiliipios  ol  ses  vcrgors;  dos  bords  do  l'Oronto  ses  mai- 
sous  Idanclios  sôtagout  ou  torrassos  (lourios.  au  bas  dosipioMos  d'onornios 
«  norias  »  donnent  à  ces  rives  un  surprenant  caraotèro.  I.o  Nabr-ol-'asi  coule 
en  ollot  enhedes  berges  si  élevées  (pi'il  lallut  recourir  à  ces  énormes  maeliines 
ii\(lrauii(pu's  pour  amener  l'eau  du  Meuve  au  niveau  dos  jardins. 

Tous  ceux  qui  la  visitèrent  en  ont  vanté  la  beauté  et  le  cliaruie.  Nassiri 
Khosrau  au  onzième  siècle,  dans  son  iliin-i-aiic  en  Syrie  e[  en  Kg\pte,  sans  s"y 
arrêter  longuement,  ne  manque  pas  d'en  parler  avec  éloges'",  Ibn  Haliila  la 
visita  encore  au  (juatoi/.ième  siècle  '•'.  Mais  cest  aux  voyageurs  modernes  que 
nous  devons  le  plus  de  dehiils  sur  l'intérêt  arcbéologiquo  des  monuments 
anciens  quelle  nMifermait.  et  dont  beau(dU[>  ne  sont  plus  ([ue  dos  souvonii-s. 
liurckliardt  v  découvrait  en  l<S|-2  les  celèiues  iiiscri|>lions  liilliles  sur  des  blocs 
de  basalte  encastn'-s  dans  les  muis  du  b:i/ar.  Klles  ont  éti-  Iransporléos  tiepuis 
lors  au  .Musée  de  Constantino[ile.  .\ujourd  iiui  on  voit  un  peu  plus  clair  dans 
riiistoire  de  ce  peuple  des  lliltiles.  dont  une  grande  ville  se  trouvait  au  sud  do 
Ibuns,  Qadecli.  -ur  la  bulle  de  rell-Nebi-.Mondo,  non  biin  ilu  lac  do  (Jadas,  et 
(pie  découvrireni  Tbouisori  et  lionder.  C'est  de  cette  civilisation  (]ue  M.  Kilmon<i 
Pollior  entretient  savamment  les  lecteurs  do  Sfirin. 

Nous  avons  eu  la  bonne  buluin'  de   rencontrer  il  \   a  peu  île  lenq>s,  dans 

1'*  Sefer  Saineli,  relation  du  voyage  de  Nvs-  l"  lus  B,*tita,  1,  p.  lil.  Trad.  Dffn'mory. 

sini  KiiosRAi,  trad.  Cli.  Schcfcr.  Paris,  Leroux,  Paris,  1873. 

1881,  p.  37. 

Syuia.  —  U.  1 


2  svr.  lA 

une  cullectiuii  parisienne,  celle  de  .'Mlle  Lion,  nne  délieieuse  atiiuirelle  qui  nous 
lionne  un  aspect  vrai  de  ce  qu'était  l.lania  au  milieu  du  di\-nea\iènie  siècle  et 
nous  remercions  Mlle  Lion  de  nous  avoir  autorisé  à  en  donner  cette  excellente 
reproduction  (V\.  I).  Kile  lut  prise  à  llania,  de  la  rive  gauche  du  tleuve,  par 
un  vo\ageui'  ipii  la  \isila  en  IS:;:},  Kugène  Flandin.  et  elle  est  inléressante  par- 
tout re  qui'  la  vision  directe  doniu.'  de  charnu'  et  de  heaulé  à  une  leuvre  des- 
tinée à  rilluslration  d'un  alhuni  '". 

(iel  Kiigène  Klaiidiii  étail  un  artiste  l'rancais  vraiineiil  autodidacte,  qui,  né 
à  .Naples  en  IS(t9,  s'était  révélé  au  Salon  de  Paris  eu  IHiUi  par  quelques  vues 
li'ilalie.  (i'i'dait  un  voyageur,  car  il  travaillait  l'année  suivante  en  Italie.  En 
l.s;!!».  à  la  Mille  d'un  concours,  il  était  désigné  pour  accompagner  eu  Perse 
l'andiassade  de  .M.  de  ."^ercey  et.  sur  les  raïqxtrts  des  deux  Académies,  tous  ses 
dessins  étaient  leproduits  dans  la  grande  puhlicalion  à  laquelle  M.  (loste  avait 
riillalioré.  et  qui  de\ail  être  ciimplélée  par  les  planches  de  relevés  de  fouilles 
et  de  uiiininueiils  il  .\ini\eoù  il  axait  l'té  désigné  [lour  accompagner  .M.  Botta 
eu  llSi:î.  (Vo\age  en  l'erse  IHi:!.  —  N'oyage  à  Xinive  184.").)  C'est  dix  ans  plus 
lard  que  l'Iandin  t'ai>ait  un  urand  \o\age  eu  Asie  Mineure  et  en  S\  rie.  d'où 
de\ail  siiitii  relie  magiiilique  |iiililicatiiiu  lillii(gra[iliir'e  sur  !(  Micnl  (>n  W  livrai- 
sons et  -HM  planches  en  IS.'li.  L'arli^ic  mourut  eu  ISTli. 

Il  est  ruiieuv  de  rniit'ninler  l'aquarelle  si  légère,  lluide  el  délicate  que 
nnii>  puhlioiis  a\er  l;i  lillii igia|ihie.  planche  lli  de  la  tV'  liviaison  de  l'Orient. 
La  premirn-  es!  l'i  ni  pression  \  i\e.  sponlaiièe  et  sens!  I  de  d'un  artiste  ému  de\ant 
la  heaulé  du  >ili'  qu'il  a  devanl  les  veux;  la  lithographie  e>l  d'iiiii'  coiiqiosition 
[du-  ma>>i\e.  d  un  a-pert  plus  jniiid.  les  (•niistructiniis  plu-  -ern'-es.  eiilourées 
a\iT  innius  d  amplitiiitr  par  li-  liiauv  ailires;  la  lumière  \  est  muiiis  transpa- 
renle,  le  ciel  innius  li-ger:  et  icuiuiii'  le  MUilail  le  goùl  du  jour,  les  [lersonnages 
qui  n'élaienl  dans  l'ieuvii'  niigiualr  que  des  unies  ('(dnn'es  daus  l'euseudjle, 
di'N  ieiiiieiit  >uji-t-  impnrtauts.  uiaiid  lavalier  sui-  le  pnul.  [leiMuiiiages  adossés 
a  la  grande  piu'le.  'l'outes  deux  nous  otheni  de  Ijama  en  I.S.l:!  uii  s[iectacle 
enclianleiir.  que  prè-eiite  ciiinre  la  maguiliipie  \ue  gèih'rali',  alms  [iholo- 
gravée.  ipi'eii  dniinail  Saihaii  eu  !.S.s:i  '•'  . 

Ilaiiia  cnu-.ei\e   pi'ii  ilr  veslige-dr   laiitiquile  ;    mai-   quelipie-    luoiiumenls 

"    Kl  .;►»►.   l'iAM.iN,  I  iiriiiil.    .Mliinii  tli-  li-  i-'i  Ki.ui  \u„  Su  nu;,  Ihise  in  Syrien,  pi.  IX. 

lli..j(rii|ihlrii,  iMKi  i.luiiclii.H.   Cille,  l'iiris,  I8:i;i.  Leipzig,  Itimkuus,  I8S3. 


w    ^ 


IIAMA,    OK    SYMIi:  .'{ 

iiiMMiliiiaiis  parlnil  (Imkit  de  >nii  y.\>>i'  i>l,imii|iM'.  Ni.iis  navoiis  (|ii'.i  irili-iin- 
j:ci'  Tiin  (le  si's  (li'iiiicis  vi-;ilciii<.  \r  plus  siisiiiil  .■•|.it;ia|.lii-.tr  i-ii  res  malit-n-s. 
.\hi\  vaii  hcirliciii.  Il  la  \i-lla  l'ii  Is'.i:;.  Il  iii  a  rc|.in.|iiit  ilivcrs  a-|M'il<  :  la 
ri\('  fiaiiclic  avcr-  ses  |)(inls  (|iii  i  viiln  iiic  \r  (|iiarliiT  |iiimi|ial.  la  -lamli'  iiin-i- 
(|iir('  cl  1rs  l)a/.ars  "'.  cl  i|ii!  |MMlail  jadis  la  Ciladcilc  --  cl  la  ii\c  dioilc  avec 
CCS  cidclwcs  nmcs  h  caii.  Ii's  norias  *-'. 

I.a  grande  nmsqiicc,  (|ni  oll'ii'  les  caiaclcrcs  cniiiiiinns  du  lciii|dc-ci;lisc- 
iiii)S(|n(''c.  a  nnc  1res  licllc  cmif  cnlniiicc  de  |ii.rlii|Hes  \iiuli'-s:  nue  >allc  de 
|iiières    avec    des    i'cnclies  massives  de  liinii/e  de  re|i(Miue  des  Hiandnk^  ci   le 

mausolée  (lal-.Malik  al-Mn/allar  III    Malin .1.    ()S:t-(i!tS   .le    ihé-in-.  avec    de 

splenilides  ci-intiaphes  de  lioi-^  -.culidé  (A'Hr//r/«/«'V/*c  '/*'  l'Isliiiii.  I.cvdc.  I!t|.», 
■21'  livraisnii.  |iaj;e  2.1(i.  ailiclc  Marna  par  Sdlteiidn-im  i.  N'an  lleiihem  icmar- 
(|ua  dans  l'anijle  snd-onésl  de  la  uiathlc  Mosipn'c  nii  cdicnic  nc-ti(i.'unal  purlé 
par-  di'  li(dlcs  ndnnno  à  iliapilcan\  li\/anlin>  '  .  de  lirande  analiigie  avec  celiii 
Av  la  i;raiidc  \lci-ipicc  de  Damas,  dnnl  le-  cnlunncs  ;'i  cliapileaiiv  curinlliieiis 
s(inl  de  sl\  le  plu-  cla->iipic.  -  Kl  r^'  uwmc  l'dicnic  >c  ivliniive  dans  la  i;raiide 
musipicc  de  llnins.  l'ciil-clic  laul-il  \  \nirdc-  liadilinn-  anliipu's  un  même 
(du(''licinics  (le  1,1  Sviic.  al'liinccs  par  les  lc\lc>.  cl  v  rcirnnvcria  "  cliandire  <lii 
lrés(n-  "  (ph'  les  \ralic>  app(daiciil  ;i  Damas  ..  l5ail-al-Mal  ».  cl  à  llama  «  klia/.na  ». 

Sni-  la  même  livc  ipie  la  -randc  m(isipn-c,  cl  prc-  ilu  llcnvc,  es!  nnc  vieille 
mosqnce.  Djami  al  iNiiri,  liàlic  pai-  Niir-al-din,  le  mailri'  de  ."^aladin.  cl  dmil 
rinscriplion  csl  à  s<in  ncnn  (  !  Iti.il  :  nn  V  voil  les  rcsic-  d'un  liean  miidiar  de  Imis. 
—  Kiicore  du  ddu/.icrne  siècle  snni  les  rcsics  iliinc  m(is(pn'c  cl  d'une  maismi 
hàlie  par  un  cmii'  dn  premier  prince  av  vimliidi'  de  llama  i  inscriplinn  de   I  JSSi. 

.\u  Ixnd  de  I  (»i(inlc.  rive  druile.  en  aval  de  la  ville,  -'.dève  le  man-uli'c 
^u  cchdn'c  lii>l(Micn  -.••ofiraplie.  .M.nl-lida  l-niad.  -ullan  de  l.lama  i  v  i:i:tli. 
linnl  la  |»clilc  ciinp(dc  es!  dnnhliM'  d'un  lian!  minarci  carn''  '".  I.e  nn'-me 
princi' a  sa  umsipicc.  |iaii;ii('i'  par  le  llcnvc  ..  Djami-al-l.lavava  ■'.  la  nnisqwee 
des  serpcnis,  (pi'dul  ehidiée  .MùliiUMi  cl  Scvlndil  '.  avec  des  ctilumn-lles  eu 
l'aisceanx   scidpiccs  à    la   façon    d'mn-    lic-sc   dnnl  le-   inidnnN  cnlrelacés   pa- 

i"  Mv\   VA>  ItEiiiiiiK.M  ol  Ei>.  Kum,  Voyiigo  t"  Und.,  jil    XMU. 

("Il  Syrio.  Mémoires  de  VInstilul  nrcliéoliuiiiiiie  (')  Ihiil.,  |il.  X\ll 

(/((  Cuire.  liUl.  pi.  XXII.  ("•,    /.fitarhrifi   <t,-r   ,lriilsr;,rn     M..r,i.nt,inilî- 

("  /^i(/.,  pi.  XXIV.  schen  r.eselluh-ifl.  l'.HIS.  p.  tyi:,  (ip.  \0i. 


4  SYRIA 

naissent  autant  <le  serpents.  Pout-êlre  pourrait-on  y  voir  les  signes  dun  talis- 
man contre  la  morsure  des  reptiles,  ce  qui  serait  desprit  bien  arabe. 

Beaucoup  de  maisons  arabes,  tout  à  fait  charmantes,  la  plupart  du  dix- 
septième  siècle,  se  rencontrent  encore  dans  la  ville;  assez  semblables  aux  belles 
demeures  de  Damas,  elles  font  déjà  pressentir  rarchitecture  civile  dAlep. 

Ces  monuments  musulmans  de  Hama,  comme  d'ailleurs  tous  ceux  de  la 
Syrie,  doivent  être  analysés,  étudiés,  et  leurs  inscriptions  relevées  et  déchiffrées 
sous  la  direction  de  Max  van  Berchem  ;  ce  travail  doit  faire  partie  du  Corpus 
Iiiscriptionum  arabicarum  publié  par  lui  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  belles  lettres. 

l'eut-ètre  pourrai-je  ici  apporter  une  très  modeste  contribution  à  ce  tra- 
vail, pour  la  partie  des  inscriptions  mobilières,  en  signalant  un  beau  monu- 
ment de  marbre  (PI.  11)  qui,  depuis  longtemps,  a  dù"ètre  arraché  à  l'édifice  de 
Marna  qui  le  renfermait. 

Cest  !•'  bassin  de  fontaine  de  marbre,  qui  appartient  au  Victoria  and  Albert 
Mu.settm  de  Londres,  et  que  javais  publié  pour  la  première  fois  dans  le  Manuel 
d'art  Musulman,  tome  11,  fig.  61  (l'icard,  Paris,  it>07).  —  C'est  une  grande 
vasf|ue  de  marbre  blanc,  dont  la  paroi  extérieure  est  couverte  d'un  magni- 
fique décor  en  relief  de  splendides  rinceaux  lleuronnés  sur  un  fond  plus 
inini-.e  de  légères  sculptures,  selon  le  principe  connu  de  décoration  à  deux 
plans,  ipi'on  rencontre  de  luèuie  nature  et  de  même  style  dans  les  plaques 
d"ivf)ire  qui  décoraient  les  vantaux  des  portes  de  cèdre  à  assemblages  polygo- 
naux, loinme  il  en  exista  surtout  au  (.'.aire. 

Celte  cuve  concave  porte  une  large  margelle  octogonale,  selon  un  principe 
de  conslruclion  qu'on  retrouve  iréquemment  dans  les  minarets  de  mosquées 
passant  ainsi  de  la  forme  cireiilaire  à  la  p(dygonale.  El  sur  les  huit  pans  cou- 
pés de  la  margelle,  se  développe  une  l)elle  inscription  en  caractères  neskis, 
qui  a  été  ainsi  lue  par  .M.M.  Max  van  BerchcMU  et  Cuest: 

^Ul    U\^\    JU»U«J1   ^}\ii\   J:>U1    ^Ul  j_^l  dJu}\  OIUJI   UVjJ  ^ 
dU\    jlUJl  ^   ju^  JLJ\   ^\    ^.oJlj    LaJI  _^i;   j^,^:^\  ykJl    j^_^| 


ty  l'j- 


-3    ^ 


^^3*' 


HAMA,    DE    SYRIE  5 

«  Gloire  ù  noire  Seigneur  le  Sultan,  roi  victorieux,  sage,  juste,  guerrier, 
conihatlaiit  contn'  les  inliJèles,  sauveur  du  Monde  et  île  la  Religion.  Ahu'-l- 
Ma'ali  Muliaiiiniad.  fds  do  .Mal.imud,  lils  de  Muiiarnuiad.  lils  dOuiar,  lils  di- 
Shaliinsiiali.  lilsd  Ai\id).  année  (»7()  de  l'in-girei  1277-1278,  ère  chrétienne).» 

Ce  .Miil.iaiMiiiad.  d  apn"':^  van  Herchern,  est  1  Ayyuhide.  sultan  de  l.iania 
(Syrie)  qui  y  régna  de  1244  à  \±Hl.  11  descendait  de  la  fauiilli'  de  Saladiti 
et  était  l'oncle  du  célèbre  historien  Ahu-l-lida.  prince  de  IJauia. 

Cette  fontaine  a  0  m.  -td  centimètres  ilr  hauteur,  o  m.  S(i  centimètres  de 
diamètre  intérieur. 

Elle  fut  acquise  au  Caire  en  ino:{  par  le  Musée  anglais,  ainsi  que  (juelques 
autres  belles  choses,  des  mains  de  Daninos  pacha.  Il  serait  intéressant  de  savoir 
de  quelle  cour  de  mosquée  ou  do  palais  de  IJama  elle  provient  et  si  quelque 
vieux  souvenir  en  a  sid)sisté  dans  la  ville. 

Gaston  .Migeon. 


L'ART  HITTITE 

PAR 

EDMOND  POTTIER 
(Troisième  article.) 

IV.    ZENDJini.I  '" 

A  louost  de  Karki'inich.  adossé  aux  contreforts  du  mont  Anianus  qui  est 
comme  un  bastion  avancé  de  la  chaîne  du  Taurus,  commandant  le  croisement 
des  routes,  les  unes  qui  viennent  de  l'ouest  par  les  cols  des  montagnes,  d'autres 
qui  remontent  vers  le  nord  du  côté  de  la  vallée  de  l'Halys  ou  qui  inclinent  à 
l'est  vers  l'Euplirate,  Zendjirli  occupe  une  position  stratégique  et  commerciale 
de  première  importance.  On  s'explique  la  prospérité  de  la  ville  ancienne  qui 
y  fut  établie,  mais  dont  nous  ne  connaissons  pas  encore  le  nom  historique. 
Ouanlité  de  tépés  (monticules)  sont  répandus  dans  la  région  et  attestent  la 
présence  d"hal»itats  antiques,  mais  celui-ci  est  le  plus  important  et  les  fouilles 
y  ont  été  très  fructueuses.  Klles  donnent  l'idée  la  plus  précise  de  ce  que  fut 
une  cité  hittite  avec  ses  murs  d'enceinte  forliliée,  ses  poternes,  sa  citadelle 
et  ses  palais.  C'est  |>iiunpii>i  nous  jiourrons  nous  arrêter  ici  avec  quelque 
délai!  sur  l'archiletlure. 

Ces  belles  déciiuverles  sont  dues  à  une  exploration  allemande  qui  fouilla 
le  site  de  ISHH  à  IS!)I  et  consigna  li-  résuKal  do  ses  travaux  dans  une  grande 
publication  parue  de  !«!•.{  à  l!lll  :  Ai(s(/ni'iitni/:ii  in  Sni(lsrliirli  i Mtitheihnxjm 
am  den  nrieiilfilisrln-n  Stimmlini'iiii  ). 

Chaque  partie  des  édilices  y  est  étudiée  avec  le  plus  grand  soin  cl  fait 
l'objet  d'obsiM-valions  très  instructives;  mais  les  fouilleurs  ont  éprouvé  souvent 
de  graniles  difiiiidtés  ii  déterininer  la  date  des  dilférentes  constructions,  pour 
la  raison  di'jii   duniiiT  il;ins  iinlti-  l'Iiidi-  sur  Karkéiiiiili  :  c'est  que  les  [)alaisont 

I'    U  nom  lie  <flti>  liM-nlil.-  .-si  orUiogriif liir  (liipr.\s  les  plus  rcceiilcs  nolalioiis  des  oxplo- 

il<-   ilivtTw»   rBÇtiii!!  ;    Sindjirli    ^l»f:mi..T-Ciii-  râleurs  frani.ais.  CVsl  ce  dernier  vocable  que 

cir/,  IV.  p.  t^,M),  Sinjerli  ^^:^llSTA^c:.  p. -^Tlt),  nous   avons    adopté    ici    et    sur    notre  carte 

S«ndM-blrll    'F.  v.   I.isciitx,    p.   i),   Zendjirli  (fig.  l). 


CI.  ill 


V,ii.  il. 
'Inii  ili'  /l'uiljifli. 


i/Airr  iiniiTE  7 

siil)i  des  rcmanicmenls  importants  à  dillénnUcs  ci»ot[uc's  et  que.  il'uiie  part, 
on  a  dû  se  servir  des  blocs  anciens  en  Ii-ur  attribuant  une  destination  nonvelb', 
tandis  cpic,  d'autre  part,  on  y  a  ajouté  des  parties  tout  à  fait  neuves.  I/incerli- 
lude  Hîste  grande  pour  distinguer  ces  éléments  disparates  ri.  en  labsence 
d'autres  indicMlioiis,  c'est  encore  le  style  des  scul[)lures  qui  lole  Ir  [Aw^  sur 
critérium  puur  dalcr  les  œuvres. 

(Jiioi  (pi'il  en  soit,  riiisloire  ili'  l;i  i  ilc  anlifjue  qui  s  élevait  sur  l'enqdace- 
inent  dtî  Zendjirli  a  été  reconstiluee.  autant  que  les  fouilles  li'  permettaiiMil, 
par  M.  Koldevvey  et  nous  eu  résumerons  les  faits  essentiels  "'.  (;iin)noli>gi(|ue- 
mciil,  on  [K'ut  distinguer  cinc]  coucbes  dont  deux  sont  datées  avec  certitude, 
la  ciiKpiiéme  et  dernière  par  des  inomuiies  b\/.antiMes  et  loiuaines.  la  troisième 
par  des  inscri[)tions  du  règne  de  Téglat-pileser  III.  I.;i  pn'iuiiii',  mnlenant  des 
restes  de  itàliments  insigiiiliaids.  sans  traces  de  l'orliliciition^.  i'\o(pic  une 
('•po(|ui'  de  l'oi-malion  anleiicni-e  au  Irei/.iéme  sircle.  La  mtoihIc.  ipii  di'- 
bulciail  \eis  l!!()ll.  a  \u  eoiisdiiiir  le  iiiiir  iiiliMirur  ijc  la  villr,  le  iiiui'  clr  la 
citadelle  a\ec  le  nMii|iarl  ol)li(pie  (pii  est  \eiiu  s'ap|)ii\  rr  de  cliatjue  coli'  dr  la 
polerne  l>  de  la  ciladclle.  cl  proliablciuiMil  le  plus  ancien  palais  <ll'i  .situe  au 
sommcl  (le  la  colliiie  i  \(iii-  lig.  il,  pi.  III  .  l 'ci  ni  a  ni  la  lioi^icnie  se  sont  ('de\  es 
Icsdeu.x  autres  [)alais  (11  -,  Il  '),  du  côté  ouest,  ipii  manpicnt  l'apogée  de  l'arclii- 
teetui'e  el  di'  la  scHl[ilui-e  liitlites.  .M.  l'uclisleiii  a  pioposé'  la  date  tlu  milieu 
du  dixième  siècle  [lour  les  reliefs  (pii  oiiieiil  la  polcine  A  de  la  \  ille  cl  celle 
du  neuvième  pour  ceux  de  la  porle  Dde  la  citadelle  '-'.  On  connaît  aussi  les 
noms  des  premiers  vassaux  des  rois  d".\ss\  rie  i  neuvième  el  Imitièiue  siè(  lesi 
ipii  on!  lésidé  dans  le  château  et  l'ont  endielli  par  leurs  travaux  d'art.  La  (pia- 
trièuu'  est  marquée  par  la  ruine  de  la  cité  el  par  sa  rcstarrraliou  arr  terrqi> 
drr  roi  assyr-ien  .Vssar-liaddoii  (seplième  siècle)  :  on  v  ajoirle  des  constr-uclion^ 
nouvelles  comme  les  casemates  F  du  qiiaitier  Ksi.  le  palai>  du  iraut  (pri  rciir- 
place  le  plirs  ancien  palais  au  [loinl  cidminaul  des  liàtinrent>  du  rnu'd  et  |>id- 
bableurerrl  \o  mur  extérieur  (pii  double  la  gr-ande  eiiceiirl(>  de  la  ville.  .Mais  une 
iKUivelle  catastrophe,  sans  doute  survenue  peu  de  leuq»  a|uès,  livre  errcore  la 
ville  à  I  iruendie  et  à  la  <lestructi(Ui.  .\  [tartir  de  ce  iruum-id  >'ouv  i-e  la  cinquième 
et  dei-nièrt>  période  où  l'aucierme  ville  végète  el  achève   de   se  di.><suudre  [leu 

("   liis;/;-(i6ii;i;/i';i,  p.  I7"2  ù  178;  cf.  Gaiistanu,  (*'  Nous  priisoiis.  oorame  on  le  vrrra  |«r  la 

Tho  liiiiil  (./  Ihf  llillilcs.  p.  27->.  suito.  que  ces  dnlos  sont  Irop  Imssoii. 


8  SYRIA 

à  peu  ;  l'emplacement  continue  à  être  habité,  presque  jusqu'à  nos  jours, 
mais  ce  sont  de  misérables  petites  maisons  qui  s'installent  dans  des 
ruines. 

Plan  général.  —  L'enceinte  de  la  citadelle  suit  les  sinuosités  du  sommet  du 
monticule  formant  acropole  et  affectant  une  forme  à  peu  près  ovale 
(fig.  41.  pi.  III)  '".  L'enceinte  de  la  ville,  au  contraire,  est  régulièrement  cir- 
culaire et  comprend  doux  murs  concentriques,  laissant  entre  eux  un  étroit 
espace  qui  sert  di-  clicmin  de  ronde.  Celte  disposition,  on  le  remarquera, 
nesl  pas  d'Ile  des  villes  et  palais  assyriens  construits  sur  plan  carré,  comme 
on  le  voit  à  Kliorsabad  et  à  Nimroud  (Perrot-Ohipiez.  fig.  144.  145).  Le 
plan  liittiti'.  ovale  ou  circulaire,  se  rapproche  davantage  des  habitudes  pri- 
mitives qui  ont  délerminé  la  structure  des  maisons  et  des  cités.  La  maison 
est  dabord  une  butte  ronde,  rappelant  le  petit  bouquet  d'arbres  qu'on  a  réunis 
par  (les  palissades  de  roseaux  et  de  branches  pour  en  faire  un  enclos  fermé 
(maison  de  Romulus  sur  le  Forum  romain,  temple  de  Vesta.  urnes  étrusques 
funéraires  '^'j  ;  elle  devient  plus  tard  carrée.  De  même,  la  ville  primitive  s'est 
installée  sur  le  bord  circulaire  ou  uvale  d'une  hauteur,  d'où  l'on  surveille  la 
plaine  et  où  l'on  se  met  à  labri  derrière  une  muraille.  Le  plan  caiTé  résulte 
dune  conception  humaine  qui  n'obéit  pas  à  la  nature  :  il  est  plus  récent  '^>. 
Le  plan  de  la  ville  hittite  de  Kadech,  que  nous  ne  connaissons  encore  que 
par  la  liguiation  de  l'enceinte  sur  un  bas-relief  égyptien  (Perrot-Chipiez,  IV, 
lig.  I;)7),  offre  la  même  disposition  circulaire '*'. 

La  grande  enceinte  de  la  ville  a  environ  720  mètres  de  diamètre,  ce  qui 
doiHie  une  superficie  totale  d'environ  40  hectares,  soit  un  demi-kilomètre  carré. 
Le  plus  grand  diamètre  de  la  citadelle  est  un  peu  inférieur  à  300  mètres  et 
le  plus  petit  compte  200  mètres.  C'est  une  petite  acropole  pour  une  petite  ville. 
Le  plus  grand  palais  à  l'intérieur  a  125  mètres  de  long  et  environ  00  mètres 

l'il.i'plnn  (ig.  4I,|)I.  Ill.aétûconstituûd'nprca  (^)  M.   Koldewev  a  rôsuraô  l'historique  du 

lus  iudiralioii»  (ouriiies  |ittr  la  |»l.  X.XIX,   pur  pliin    circulaire  et  du  plan  carre    en  Orient 

In  fig.  108  do  In  p.  2(>î,  pnr  lu  fig.   17')  de  la  (.\usijrah.,  pp.  178,  179).  Cf.  Noack,  Ovalhaus 

p.  -M)  dra  Aiisijrabiinijen   in   Sendsrhirli.  CA.  uiui  PnlasI  in  Krela,  1908. 

Maspkro.  Ilitl.  ani\  pciipi.  Orirnt,  l\\,  p.  147  Cl  Le  plan  moderne  do  l'oraplaccraent  sirp- 

l])laiM,  et  III,  p.  1  i9  (rcslilutiiin  du  palui-s).  posr    de    Kailccli    est   donné    pur   koLDiiWEv, 

<•'   Cf.   Dirl.  des  Anliriuités  de  Saclio,  art.  iind.,  fig.  81,  p.  179. 
iJomiit,  p.  349  (MoncKAUx). 


LA  UT    HIT'IITE  9 

de  large.  Nous  sommes  loin  des  vastes  espaces  uccupi-s  pur  1rs  lùiistrmliuiisilc 
Sargon  ou  de  Sennachérilt. 

1/oneeinte  générale  de  l.ivilli'  cniiipniid  trois  poternes  (A,  B,  (i.  lig.  il, 
pi.  III I.  an  sud.  à  l'ouest  et  au  nord-est.  Celle  du  sud  (.\)  est  assez  bien  con- 
servée el  seule  ornée  de  sculptures.  Les  murs  ont  de  '.i  m.  10  à  3  m.  .")0  d  épais- 
seur, Manques  de  distance  en  distan(<e  par  des  tours  saillantes.  I^es  fondations 
sont  en  pierre  et  ne  vord  pas  plus  proi'oinlément  (pi'nn  mètre;  la  superstructure 
ne  subsiste  plus;  on  y  voit  beauiou|i  de  didiiis  de  li'rre  cuite  uièli'-e  à  riminiis 
(pii  recouvre  les  ruines. 

L'enceinte  spéciale  de  la  citadelle  se  compose  d'un  unir  ouvert  au  sud 
par  une  porte  (D)  ;  il  suit  la  crête  du  monticule  et  présente  une  foinie  à  |»eu 
pro  o\ale.  En  arriére  de  la  porte  un  second  mur  de  traverse,  s'appuyant 
obli(jueiueiil  de  iliaiiue  cùlé-  sur  la  muraille,  détermine  uiu'  sorte  de  cour  in- 
ir-riiMire  i|ui  foi  me  un  réduit  de  d(''fense  et  empèclie  d  avoir  accès  immédiale- 
MMMil  ilan>  le  ceiilre  île  la  riladidle  :  il  faut  francliir  une  autre  poterne  (E) 
pour  être  maître  de  la  place. 

.Vprès  avoir  fran(dii  cette  lrui>ième  porle.  ou  trouve -ur  le  plaleaii  «le  I  acro- 
pole quatre  groupes  de  bâtiments  (F,  G,  .1.  It.)  —  I  A  droite,  du  cote  de  lest, 
une  série  de  <iuator/e  |>etites  cliand)res  étroites  ipii  pou^ aient  .servir  de  case- 
mates ou  de  logements  pour  la  garnison,  les  «  lievaux  et  le  n)atériel.  mais  il  est 
possible  que  ces  constructions  datent  seulement  de  I  époipie  assyrietuie.  du 
règne  d  Assar-liaddon  "'. —  2"  .\u  nord-est  les  restes  ilun  palais  ((Ji  qui.  lui 
aussi,  send)le  récent,  mais  (pii  aurait  reujplacé  une  construction  plus  ancienne, 
antérieure  au  iieuvièuie  >iècle  cl  (|ui  représentait  l'habitation  royali'  «les  pre- 
miers temps:  placée  sur  la  partie  la  plus  éminente  du  monticule,  elle  dominait 
le  mur  et  pienait  vue  sur  la  plaine  :  c'est  le  liilani  1  (11  '  de  la  lig.  H  ).  —  M"  .\u 
nord  lie  la  terrasse  un  baliiueiil  {.\  i  dont  la  destination  n'est  pas  bien  délerniinee, 
mais  (pii  parait  a|»|iarleuir  aussi  au  plan  de  la  première  é[»oque,  avei"  le  liiluni]. 
\  une  date  postérieure  une  autre  con^lruclion  (K).  probablement  le  temple  ou 
la  chapidle  du  culte,  serait  venue  s  apiiu\er  sur  ce  bâtiment,  précédée  d'un 
perron  ou  d'un  portique  à  colonnes,  avec  une  grande  cour  (.M),  où  donne  accès 
une  poterne  (^d)  décorée  de  sculptures.  —  i"  Enlin.  à  l'ouest,  de  cbaque  coté 


(')  /\ijsj/rub(i/ij/.,  p.  I3;t,  17-2. 
s^RiA.  —  n. 


|y  s  Y  R I  A 

d-une  cour  centrale  (R),  bordée  de  portiques,  deux  palais,  le  hihmi  11  et  le 
l,ih,ni  m.  reli.-s  entre  eux  par  de  larges  portiques,  constituent  la  partie  la 
mieux  conservée  et  la  plus  importante  de  tout  cet  ensemble  architectural  ; 
cependant  il  est  proliahle  (|uils  ont  subi  des  remaniements  et  des  réfections 
à  diverses  dates. 

De  C3  majestueux  décor  peu  de  pièces -sont  restées  en  place  :  les  unes  ont 
été  transportées  au  Musée  de  Berlin  ;  les  autres  sont  à  Constantinople. 

Sthictlbe  des  bati.me.nts  l".  —  Le  plan  actuel  des  palais  et  la  division  en 
chambres  multiples,  donnant  sur  des  cours  carrées,  rappelle  l'aspect  général 
des  palais  assvriens  '-'  et  il  est  probable  que  l'influence  des  architectes  de 
Ninive  s'est  exercée  puissamment  sur  l'art  hittite  à  l'époque  des  dernières  ré- 
fections. .Mais  ce  qui  est  resté,  par  tradition,  un  élément  bien  national  et  local, 
c'est  le  procédé  de  construction.  L'Assyrien,  bien  qu'il  ait  du  bois  et  de  la 
pierre  dans  les  régions  montagneuses  voisines,  se  sert  avant  tout  de  la 
brique  dont  il  fait  des  murailles  très  épaisses  ;  il  suit  docilement  la  tradition 
clialdéenne,  et  s'il  a,  sur  ces  murs  de  briques,  appliqué  en  plinthes  de  larges 
lias-reliefs  d"ali)àtre  sculpté,  c'est  qu'il  a  probal)lcment  emprunté  aux  Hittites, 
comme  nous  l'avons  vu,  ce  genre  de  décoration.  Le  constructeur  hittite,  au 
contraire,  use  des  ressources  de  son  pays  et  fait  œuvre  originale  :  il  bâtit  dos 
fondations  de  pierre  au-dessus  desquelles  s"élève  un  gros  mur  de  briques  crues 
et  il  établit  à  la  base  de  larges  dalles  de  pierre  pour  renforcer  et  consolider 
ses  assises.  De  plus,  sur  les  fondations  de  |)ierre  et  dans  le  mur  de  briques,  il 
place  un  autre  appareillage,  une  sorte  de  châssis  de  bois  (juc  forment  des  lits 
de  poutres  dont  les  intervalles  sont  remplies  par  des  pierres  sèches'^'. 

Dans  riiicendii^  (|ui  di-lruisil  \r  palais,  les  bois  ont  brûlé  et  il  ne  reste  plus 
que  leur  [ilace  vide,  formant  des  (;avités  (pii  traversent  la  masse  dans  son 
épaisseur  conmii!  des  tuyaux  de  canalisation,  et  l'on  y  trouve  encore  des 
dél»ris  de  bois  ealciné  et  noirci  (d  des  cendres  '".  Le  Miénie  système  a  été  em- 
ployé dans  uni-  région  qui  devait  subir  naturellement  linlluence  hittite.  àTroie, 
l»uis,  dans  la  tirèce  mycénieime,  ii  Tiryntbe.  Ces  faits  ont   été  exposés  par 

('•  Pour  rcs  ilt'-liiil;)  |Mirliriilicr$i.  in)u.'>  nou:^  dans  les  Beilràge  :ur  Assyriolugie,  IV,  p.  2'27. 

■crvoil!*  (le  IVIuilr-  «11-  M.   Kni.i.KwKV,   ;*ii,syni-  (•>  Aiigyrab.,  III,  pi.  30. 

buwjrn,  p.   102.  de   r.-ll<>  île  M.   Jucoby,  id.,  (^I  Cf.  Ausijrab..  pp.  IO;i,  lO-i,  fig.  39,  40,03. 

p.  iOT,  cl  de  Inrlicle  de  .M.   Tu.   Kiui  uiiu.ii  [*}  Cf.  id..  fig.  137. 


i/AHT   iirniiK  11 

(i.  Pi'inil  (NI.  pp.  MIS  il  ity.],  et  p.  iK(l)  :  nous  en  voyons  aiijoiiiiriiui  l'iinpor- 
tarico,  puisqu'ils  sont  nu  t(''uioi^naj;o  dr  IVxlonsion  di's  induenccs  liitliles  à 
longue  (Jistancp.  II  fsl  vrai  (\no  M.  Frictlfich  (op.l.,  [».  220  o[  sniv.)  a  ooutosté 
les  ox|tlicalions  di»  Knlili'W  cy  cl  ilo  l'crrot  :  ce  sont  iiii-u.  dapivs  lui,  des 
canalisations  pralii[urfs  dans  li'S  niuiaillps  do  i»ri(pu;s.  cl  non  pas  des  iiispr- 
lions  di'  |)ontri's:  If  bois  up  pourrait  jms  luiilcr  sans  air  <lans  une  masse  aussi 
roiMpacte.  Ces  tnvauv  iraiMation  asaii'iil  pniir  liut  d"a>-.iTlii'i-  la  eonslrurlinn 
de  l)rii|ues  crues;  on  y  amassait  aussi  des  malii-res  si-clies  itdlammalili-s,  de  la 
paille,  des  morceaux  de  hois,  qu'on  lirùlait  pour  activer  la  dcssiccaliftn.  Tou- 
lel'ois,  maitiii'  celle  di\er;.'cncc  sur  ce  diMail,  M.  l'iii'dricli  est  d'accord  avec 
les  autres  pour  constater  1  emploi  caractciistiqui'  du  iiois  tians  1  architecture 
hittite  :  coloimes  de  hois  sur  socles  de  iiierre.  faiti"  et  rouverlure  en  hois,  ce 
qui  permcUail  des  [loutres  de  ^Maiidc  volcc  cl  des  salles  plus  larges  (|u*en 
Assyrie,  on  la  couverture  en  voiile  ameuail  à  construire  des  salles  longues  et 
étroites  (l'errot.  II,  lig.  :i9,  «!».  !•()). 

Les  Iniques  des  murs  sont  larges  et  plates,  à  la  façon  chaliléenne:  l'argile 
en  est  mal  épurée,  mêlée  de  calcaire  et  di'  paille.  Kxti'-iienremcnt  le  mur  est 
égalis(''  et  plané,  recouvert  d'un  enduit  assez,  l'-pais  qui  di.-Nsinnde  les  joiids.  Les 
bases  de  colonnes  sont  en  pierre,  mais  on  n'a  retrou\c  [ii  fut.  [li  chapiteau  •", 
d'où  l'on  conclut  que  les  colonnes  étaieid  de  hois  et  soutenaient  sans  doulo  un 
plafond  PU  bois,  foruuuit  à  la  partie  supérieure  une  terrasse  que  l'on  recou- 
vrait de  leri-e  ]iiIoini(''e  (-'.  comme  on  en  voit  encore  aujourd'hui  dans  les  mai- 
sons u\o(lernes  de  la  région  '■'''.  On  a  i-elrouvé  aussi  des  dallages  en  carreaux  île 
terre  cuite  '". 

Tel  fut  le  caractère  spécial  de  celle  architecture  analfdierme  et  syrienne 
qu'on  retiduve  d'une  part  en  Troade.  d  autre  part  en  Palestine  avec  le  tem|ile 
de  .lérusalem  et  le  palais  de  Salonu)n,  ipii  fut  adoptée  parles  Perses  au  temps 
des  Achéménides.  (pi'on  observe  enciu-e  après  l'ère  chrètieune  dans  le  palais 
de  C.hosroès  à  Ctésiiiliou  et  (pii  |ieruiel  même  de  lallacher  le  palai'^  hillile  h  la 


l'i    Dans  lo    liiUiuu-nt  J    du    plnii   (fip.    -51.  nique,   iiisliilliV    ilniis   les  ruines   de   rnueieu 

pi.  Mil,  on    11   reeueilli   une   luise  surinouli-c  pulala  hiltile. 

iluii  Ironeon   de  eolonne  cannelée  en  pierre  ('i  Cf.  p.  1  l'i.fig.  i3,  pi.  XX.\  ;  p.  ilf>.  fig.  ISi. 

(p.  "281,  fig.   187\  mais  on  pense  qu'il   s'niiit  t-'i  I'khikit-Chii'Iei.  IIUI.  </<■  r.lr/,  II,  fie.  ,%8. 

d'une  eonslriiermii  lardive.  de  l 'êpixiue  liellé-  l*t   \«.«<;rii/i..  fip.  1,'!).  ^6': 


12 


S  V  R  I  A 


mosquée  musulmane  i".  11  est  hors  de  doute  que  les  Assyriens  néchappèrent 
pas  à  cette  influence,  car  dans  plusieurs  textes  de  leurs  annales  il  est  question 
du  bâtiment  hittite  appelé  «  hilani  ».  Téglat-pileser  111  (745-727  av.  J.-C.) 
construit  à  Ximroud  «  un  hilani  en  forme  de  palais  du  pays  des  Hittites  pour 
son  séjour  de  repos  ».  Sargon  11  (727-705)  rappelle  sur  les  taureaux  ailés 
qui  sont  au  Louvre  {CaUil.  Antiq.  Assyr.  p.  64)  qu'il  a  construit  «  un  bâtiment 
que  l'on  nomme  hilani  dans  la  langue  du  pays  de  TOuest  '-'  ».  On  conçoit  que 
de  tels  témoignages  fortifient  singulièrement  la  thèse  soutenue  aujourd'hui  sur 
l'antérionté  de  la  civilisation  hittite.  Certains  monuments  assyriens  eux- 
mêmes  ont  reproduit  les  particularités  essentielles  de  Vhilani  hittite  (Perrot,  II, 

fig.  80).  Les  Assyriens  parlaient 
donc  de  Vhilani  comme  nous 
parlons  d'une  vérandali  de  l'In- 
de, dune  window  anglaise  ou 
d'un  hall,  d'un  patio  espagnol  : 
c'était  pour  eux  l'introduction 
d'un  élément  exotique  dans  leur 
architecture. 

Notons  aussi  une  différence 
importante  dans  la  structure  des  portes  chez  les  Assyriens  et  chez  les  Hit- 
tites. On  sait  rimportance  non  seulement  militaire,  mais  aussi  religieuse 
et  symboli(pie  de  l'entrée  dans  les  villes  et  dans  les  palais  de  rftrient.  On 
dit  encore  aujourd'hui  «  la  Sublime  Porte  »  pour  désigner  le  gouvci  rieuient 
ottoman.  C'est  que  la  Porte  est  l'endroit  où  se  conci'nlienl  tous  les  iiioxciis 
de  défense  matériellt!  et  surnaturelle  :  forlifications.  gardiens,  soldais, 
images  de  divinités,  génies  et  animaux  faiilasliiiues.  Ceini  (jui  est  maître  de 
la  jtorle  devient  maître  du  palais  ou  delà  cilc  :  il  a  Iriomplié  di's  honuues  et 
des  dieux.  C'est  la  clef  du  pouvoir.  En  Ass\rii>.  la  porte  est  un  haut  passage 
voûté,  une  sorte  de  porche  monumental  entre  deux  tours,  connue  le  pylône 
égjplien  (Perrot,  II,  fig.  1<)5.  |(»7.  "210).  Au  pays  hittite,  c'est  un  donjon  mas- 
.sif  et  carré,  composé  de  deux  constiiutioiis  épaisses  qui  contiennent  des 
(•liaudu-cs  et  îles  logcltes  et  ipii  laissciil  entre  elles  res|iac(>  d'un  large  vesli- 


("  Aungriili.,  p.  19"2. 

O  Voir  If»  toxii.'»  citi^s  iliins  les  .\iis(irahHn- 


]>.    ISil,  et   dans   rnrliclc  ilo    lMiu;i)uirii, 


LAiii'  iiiriiii-; 


i;? 


l)iil('  ouvcrl  t'ii  croix,  dont  It's  |ia  mis  .sont  niiinii;s  ;i  leur  \ni->f  diini-  iilinllu'  «le 
reliefs  sculi)lés  '".  Nous  verrons  plus   lard   la  forme    spéciale   des   [lortcs  à 


Hojflia/.-Keni  et  à  Knviik  '-'    A  Zendjirli.  il  y  a  trois  imternes  à  franeliir  :  cflli' 
de  la    ville  et   les  deux  portes  de   la  eitad.die  (\,  l>.  K  de  la  ii^'.  i!.  jd.  III  . 


toutes  trois  ronstruites  sur  di>  plans  similaires.  Icuiles  Iroisdéeorées  danimaiix 
proleclenrs.  surtout  tle  lions  faisant  saillie  sur  la  maçonnerie  et  montrant  leurs 

("  Voir  le  plan    <U>   la   potoriie  de    la  riln-  Hiltiles,   p.  i'ii.    ol   plus  loin  noire  fig.  53. 

dello,  donné   par  Gmistaxc,  Tlie  l<iml    ../  thr  (*i  Cf.  Eu.  Mk\kr,  ChfUtrr,  fig.  5.  0.  7,  9. 


14  SYRIA 

crocs  menaçants,  ou  (Vautres  figurations  en  relief,  sphinx,  taureaux,  cavaliers, 
génies  ailés,  qui  complètent  l'aspect  redoutable  de  cette  garnison  prête  à  re- 
pousser l'assaut  des  mauvais  Esprits  et  des  divinités  malfaisantes,  pendant  que 
les  soldats  livreront  bataille  aux  assaillants  ennemis.  Le  palais  lui-même, 
comme  Ta  montré  M.  Koldewey  "^  ne  sera  qu'une  répétition  ot  un  dévelop- 
pement de  la  porte  d'entrée.  Par  exemple  IhiUmi  III  comprend  un  perron, 
soutenu  par  deux  colonnes  à  bases  de  lions,  qui  donne  accès  dans  une  salle 
spacieuse  rectangulaire;  au  fond,  un  couloir  étroit  al)oulit  à  une  autre  salle 
plus  grande  encore:  enfin,  en  arrière,  se  trouvent  d'autres  petites  chambres, 
appartements  privés  où  l'on  remarque  une  canalisation  d'eau  pour  le  bain  *-'. 

Notons  encore  un  principe  de  construction  qui  s'applique  en  général  aux 
édifices  orientaux  et  qui  est  opposé  à  celui  des  Grecs  :  développement  du  plan 
en  largeur  et  non  pas  en  profondeur.  Les  palais  crétois  sont  encore  soumis  à 
ce  principe  '^>,  tandis  que  les  Achéens  et  les  Doriens  ont  l'épandu  en  pays  grec 
le  système  du  bâtiment  en  profondeur,  avec  façade  plus  étroite. 

L'.-Vssvrie  n'a  guère  employé  la  colonne  que  pour  les  constructions  légères 
et  elle  la  faisait  on  bois  recouvert  de  métal  (Perrot.  H,  p.  208).  On  ne  connaît 
qu'un  seul  fragment  de  colonne  en  pierre  {ihid.,  p.  217).  Les  chapiteaux  sont 
généralement  pourvus  de  volutes  et  l'on  a  des  raisons  de  penser  que  la  colonne 
et  le  chapiteau  ioniques  sont  venus  aux  Grecs  par  l'entremise  des  populations 
asiatiques  <".  L'architecture  hittite  a  eu  sa  part  dans  l'élaboration  de  ce  type  : 
elle  a  créé  un  modèle  de  colonne  en  bois,  portée  par  une  base  de  pierre.  Ce 
fui  le  système  employé  en  Grèce,  à  Mycènes  et  à  Tirynthe  '^'.  C'est  encore 
l'usagf.  rians  certaines  maisons  modernes  de  la  région  de  l'Euphrate,  de  faire 
soutenir  la  toiture  de  poutres  par  des  colonnes  en  bois  montées  sur  des  cubes 
de  pierre  (l'errot.  11.  fig.  o8).  Dans  les  palais  de  ZcMdjirli  on  a  retrouvé  en 
plusieurs  endroits,  dans  les  porli(pies.  les  bases  tle  colonnes  encore  en  place 

l'i  Ausgrnhiingen,  p.  183  cl  les  fig.  82,  83.  Winckelmanns  feste  (1891),  avec  le  résumé  de 

Cl  Cf.  F.  Bknoit,  VArrhilecture  (.Knliiiuilé),  ('..  Pfiirot,  llisl.  de  l'Art,  VII,  p.  603  et  suiv. 

p.  153,  fig.  9."i.  Corlaincs  inscriptions    hiéroglyphiques  dans 

(■"•  Voir  R.  I)i..H9AL't>,   leg  CivilUalions  prc-  les    reliefs    hittites    représentent   la   colonne 

hrHif/ui/dM,  i' étiil.,  pi.  X.  cannelée    avec     son     chapiteau    à    volutes; 

Cl  Voir  le  mémoire  île  l'i  chstkix,  Dns  ioni-  Ko.  Mi:YKn,  Cheliler,  fig.  16  à  U. 

trhf  Capilrlt  (1887).  et  lélutle  de  M.  R.  Kolde-  (^"I  Pehhot,  VI.  pp.  Îil6-318,  688. 
wKT,  Meandrirt,  dans  1»  51°  ['roijramm  zum 


L'A  UT    HITTITE 


15 


(lig.  42,  43)  <".  Elles  ont  la  forme  de  coussinets  ronds,  épais,  comme  la  base  de 
la  colonne  ionique  '-'.  C'est  bien  une  jireuve  que  le  type  grec  est  emprunté,  car 
liircbiti'cte  ionien  n'avait  aucun  besoin  dappuyer  sa  colonne  de  pierre  sur 
une  base  séparée  ;  il  aurait  pu  la  |)0ser  directement  sur  le  dallage,  comme  un 
l'a  fait  dans  l'ordre  dori(jue.  Mais  il  a  copié  un  modèle  où  la  base  de  pierre 
était  iiidispensable'pour  porter  et  consolider  une  colonne  de  bois.  .Nous  n'avons 
malli(!urcusement  aucun  exenq)le  de  cliapileau  ni  de  fût  billite,  puisipiils 
étaient  en  matière  périssable.  Néanmoins  la  filiation  avec  l'art  grec  .se  poursuit 
dans  d'autres  détails  :  par  exem[ile,  les  colonnes  sculpléi's  du  vieux  temple 
d'KpIièse,  patiemment  reconstituées  au  .Musée  Britannique  '^',  préseiileid  une 
base  liante,  d'un  caractère  oriental,  avec  un  pourtour  décoré  de 
ligures  marchant  à  la  lile.  comme  sur  les  plinthes  sculptées  des 
[lalais  hittites  et  assyriens.  C'est  une  synthèse  des  éléments  ilé- 
i-nralifs  placés  près  du  sol  par  les  architectes  asiatiijues  ;  c'est  une 
adaptation  adroite  et  un  arrangement  original  du  décor  monu- 
mental  de  1  .\sie. 

Quand  le  su|p|i(prl  de  la  (.(ildiinc  est  un  gimipe  de  s|iliin\  on  di- 
iaiirtiiiix.  le  fui  ne  repose  |>as  ilirectemeiil  sur  le  dos  des  animaux. 
L'arcbitecle  a  inleriiosé  un  coussinet  de  [lierre.à  lore  haut,  qui  est 
[)lacé  coiimie  une  selle  sur  la  croupe  des  sphinx  et  (|ui  sendile 
l'aire  corps  avec  eux  (lig.  4i  et  lig.  'in.  'il.  pi.  IV'*');  c'est  sur  ce 
coussinet  ipie  la  colonne  de  bois  éiail  lixée.  I)'après  le  nondu-e  des 
cannelures  de  ce  sujiport  on  peut  calculer  le  nondue  des  caimcbires  <lu  fui  bii- 
mème;  on  retrouve  aiii>i  le  nombre  de  ii  cannelures  <jui  fui  précisémerd 
celui  lie  la  colonne  ioniipie  des  Cnus  à  l'èptMpie  classi(|ue.  J.es  mêmes  formes 
arcbilei'turales.  les  mèuu's  ornenienls  pouvaieid  èlre  <'m|do\és  pour  d'autres 
supports,  coiunu'  (le>  pieds  de  nieul)!es  (lig,    l-'i  i  '  '.  Les  diineiision>  d  le  galbe 


l''  Nos  figures  d'après  .iuitjrabttmien,  II, 
p.  \\i,  (ig.  i'i,  48;  cf.  p.  150,  p.  IGI  à  105, 
pi.  XXIV  h  XXVll;  p.  '237,  fig.  l'.C;  p.  'iOT, 
fi^'.  171,  p.  '291,  fig.  1U8;  p.  558,  pi.  .\LIX 
it  LUI. 

('•'I     F.     Bknoit,     l'Architecture    (Antùiuitê), 

p.  .r,n. 

('  rfiiHOr.VIl,  pi.  X.ii<"  I;  Iliii;\iiTii.  /■.".ridi'd- 
ions  (1/  /v'p/ie'sus.  ['.m.  pi.  IV. V.  pi.  XVI.  ii"  1. 


(«1  D'nprrB  Aiisiiral,..  M,  pi.  XXXII!;  .( 
p.  ItiO,  fig.  77,  et  p.  197,  fig.  H8.  Voir  nu».«i 
Mtsi'Kiio.  Ilist.  une.  fteiifil.  Orient  ctats.,  III. 
p.  -207. 

(^'  Dnpri's  Kustjrnb.,  p.  198,  fig.  89: 
cf.  K.  Ui-.NOiT,  l' Arcliilecture  (Aniiquile), 
p.  35i  ;  VON  I.isciiAN,  Entstehung  und  ller- 
Ixiinfl  lier  ion.  Siiule,  daos  der  aile  Orient, 
XIll.  Il»  4. 


16  SYRIA 

de  ces  supports  de  colonnes  sont  d-ailleurs  très  variés  (fig.  46)  <•'  :  ils  révèlent 
une  grande  souplesse  dans  l'évolution  des  formes  architecturales. 

Il  en  est  de  même  pour  le  décor.  A  Zendjirli,  le  système  de  décoration  des 
base*  se  ramène  à  deux  types  :  1°  base  en  coussinet  simple  ou  coussinet  double. 

avec  décor  en  faible  relief  de  feuil- 
les, de  palmetles.  de  rosaces  ou  de 
torsades  dont  l'aspect  décoratif  est 
très  original  (fig.  47.  48,  49)'^',  et 
où  Ton  notera  la  fréquence  des  or- 


nements en  vidutes,  des  torsades  et  des  tresses,  éléments  essentiellement  asia- 
tiipirs:  le  décor  en  torsade,  imiliuil  \iiic  corde  cnroiiléo,  se  retrouve  sur  une 
base  grecque  ionicpie.  d'épiMpic  ancienne,  trouvée  à  Cliio  *^' ;  2"  base  en  forme 
d'animal  ou  de  dcu\  animaux  |ilacés  cote  à  côte,  sphinx  ou  taureaux  :  la  co- 
lotnic  s'insé-rait  dans  nii  Inm  pratique  sur  le  ilus  de  1  animal  isolé,  ou  bien  sur 
If  coussinet  que  |»ortaii'nt  les  deux  bètes  conjuguées  (lig.  44,  oO,  ôC  pi.  IV,  et 
."12)  '*'.  I.à  encore  l'art  hittite  a  montré  sa  force  d'invention  et  sa  puissance 
d'expansion.  L'art  assyrien  a  reprodiiill;!  base  en  coussinet  et  lacolouTic  à  base 
animale,  quand  il  a  vc»nlu  caracli'riser  ra>pect  de  Vhilmii  hittite  ^'^K 


C'   Uisijrnli.,  |i.  1!»«.  fig.  !I0. 

l»t  D'npns  Aiisijrnhiimj,',,.  pi.  XXXIll  <t  LUI. 
l'I  fip.  p.  301  ;  cf.  1rs  fiir.  «I.'S  pi.  I  11  I  '.H  l'.lT. 
«r.,  '293. 


i'    Juhrh.     Insl.,     \'.>U\.    ,l;i:fi;;,-r.     p.    -202, 
fig.  9. 
('I  .Xiisiinih..  pi.  XXXIll,  LVI,  et  fig.  p.  339. 
(S)  l»Em.or,  11,  fig.  8-2,  8G. 


Ki<;.  m. 


Kl.;.  SI. 
Sphinx  ili-  Zi'iuljirli. 


L'AiM"  firrriTE  17 

M.    Kolilcwcy    fait  loiiiaïqiirr  "    «iin'   dans  la  suitr  des  k-mps  on  retrouve 


cette  loriiir  dans  larcliileiliire  aialie  et   maure   (vasque  de  I" Alliandita  sn|>_ 


IKiili'c  par  des  ((doniicttes  posées  sur  le  dos  de  liotis)  et  dan>   les   niunuiiienls 


(';  I'khhot,  p.  l'.l'J. 
S1H1A.   —   M. 


18 


S  Y  R  I  A 


chrétiens  du  .Moyen  Age  ijuiplislère  de  Pise  par  -\icolas  Pisano).  Dans  la  sta- 
tuaire religieuse,  une  formule  hillite  analogue,  celle  du  dieu  debout  sur  le  dus 
d'un  animal,  n"aura  pas  une  fortune  moins  prospère,  et  nous  venons  sa 
longue  lignée  s'étendre  jusqu'à  nous,  avec  les  prophètes  dressés  sur  des  bêtes 

monstrueuses  au  portail  de  Saint-Gilles 
du  Gard  et  à  la  cathédrale  de  Chartres. 

SciLPTinES  DES  POTERNES  ET  DES  PALAIS. 

—  On  peut  distinguer  ici  quatre  groupes 
do  sculptures  :  1"  des  reliefs  engagés 
dans  la  muraille  et  faisant  des  sail- 
lies on  ronde  bosse  :  2"  des  reliefs  ap- 
pliqués en  frise  le  long  des  parois,  au 
niveau  du  sol;  3"  des  animaux  en  ronde 
bosse,  servant  de  bases  aux  colonnes  ; 
4"  des  statues  du  culte,  en  ronde  bosse, 
f""--  ''-■  posées  sur  des  piédestaux  sculptés. 

Disons  tout  de   suite  que  dans  au- 
cune de  ces  catégories  on  ne  saisit  une  paronlé  intime  avec  le  ilécor  ass\rien, 
sauf  dans  les  reliefs  en  frise  de  lu  dernière  époque.  En  général,  les  sujets  sont 
autres,  et  partout  le  style  est 
différent.   Cependant   ce    ré- 
pertoire n'est  pas  inventé  de 
toutes  [lièces:   il  est  lié   aux 
souvenirs  et  au\  traditions  do 
l'ancienne  Chaldée  et  de  1  an- 
cien Klam. 

Il  est  remanpiable  ipio  le 

décor  sculpté  e>t  i)lus  alton- 
,  11.;.  ..a. 

(tant  encore  dans  les  poternes 

que  dans  les  palais,  et  ce  fait  semble  justilier  limportance  (pie   nous  avons 

allrii)uée  plus  haut  à  la  signification  religieuse  et  symboliiiuc  do  la  Porti'. 

I.rs  jioiics  ihi.r  lion.t.  —  \j>  motif  classique  par  excellence  dans  la  (lécoiatiuii 
«les  portes  est  le  lion  ;  dans  le  décor  assyrien  il  est  inoinsfréqueni  ipu»  le  taureau 
à  tète  humaine.  Chez,  les  Hittites  c'est  une  tradition  venue  de  l'art  sumérien 


r 


19-21. 


Lions  ilf  /iMiHjirli 


I.'AIiT    IlITTlIi: 


10 


où  les  animaux  symliolifun-s  sont  principalcnirnl  h'  lion  d  l'aiplo  '".  Lo  lion 
(lovant  la  porto  est  iinc  s(trlo  de  surveillant  i-t  i  nu  m-  |i(miI  scnijn-cluT  ilt-vo- 
(|uor  ici  le  souvenir  de  la  célèlire  Porte  des  l.ions  de  Myrènes  (Perrol.  \  III, 
pi.  1  i)  comme  un  ('•iliu  miiu  de  1  Asie.  ].!■  lion  liillitc  n'a  pas  la  rohuste 
sveltesse  des  lions  de  .Mscrnes  ni  la  Icjîèndi-  ,i^ilc  cl  nmsdée  du  lion  assvrien 
dans  les  chasses  dWssourlianipal  (l'errot.  II.  p.  .itiO  et  suiv.):  il  est  massif, 
ifiurt  el  trapu:  on  dirait  un  gros  cliien.  Iii-n  (|u"il  ouvre  largement,  sous  ses 
Itahines  fortemi-nl  retroussées,  une  gueule  liéri.ssée  de  crocs  qui  veut  être  fnr- 
midable.  Les  architectes  r»id  prodigué  ces  effigies  naïves  el  menaçantes  aux 
abords  des  poterin>s  de  la  ville  ou  dr>  poilcsdo  palais  (fig.  .'iM)'*';  on  conipic  une 
vingtaine  de  ces  lions,  entiers  ou 
en  fragments,  tantôt  en  forme  de 
protomes  (pii    foui    saillie    sur  un 


blocdi'  la  construction  (fig.  .')ià:i(i).  tantôt façonnésavec  pliisde  n^alisme  >\irnrn' 
dallcqui  contienttoul  lecorpsexécuh'en  relief,  tamlisipie  la  lèle  en  ronde  bosse 
dépasse  le  iionl  de  la  phupic  dig.  .i"  à  <>(i  cl  pi.  V)  '^',  ce  qui  est  une  tech- 
nique emprunti'c   h    \,\  Chal.jce     '.   I.anhiicclc  assvrien   a    rciciui   celle   idée 


l'i  Voir  les  liécoiirerles  en  Chnlilëe  do  Sarzkc 
et  HKU7.KY  el  lo  inliilogiio  dos  \«/i./.  (/••  la 
Siisiaiif,  pur  Pk/.aui»  el  l'oTrn:ii. 

(♦•  Rooonslilulion  do  rnspoct  que  pouv.iit 
avoir  la  polonic  du  mur  Iransyi-rsiil.  d'après 
Atisjnilmnijeint.  V.W.  fij;  :{7.  A  In  polcnio  ilo 
la  villo  les  doux  iiiussifs  di'  piorri',  riiiti<iiiiiiil  lo 
ocmloir  d'onlnV,  portoiit  cliiictin  on  snillio  une 
prodiino  do  lion.  Iiiiulo  do  "2  molivs,  Inrpo  do 
;{  inr-tres,  foniiôo  do  doux  Idnrs  do  ilolorilo 
sorot  do  griiiiili;  iil  .  p.  in.l  ot  suiv. 


l'i  Ln  s»'rio  ilo  nos  figures  osl  faile  d'apK-s 
la  puldioation  dos  Xiiajrabuiuji'n  :  fig.  ."il  =  III, 
fig.  inî .  5.-;  =zz  UO  :  ÎMÎ  =  14l-U:i  :  57  ^.  «:«  ; 
.•i.S  =  pi.  XLVI  :  r.9  =  pi  I.XV  .  6rt  ^  IV.  26f> : 
lil  —  m.  139;  fii  =  iV.  iï»,  63  =  III, 
pi  .XI. VIII;  (U  =  IV.  pi.  LVII;  t«.  pi.  V 
=  III.  pi.  XI.Ml;  fii'i^IV.  i". 

f'i  VoirHKi/ET.Oi/fi/o;;.  nnd'i/.  rhnld..  n"*3!». 
10;  héi-mivrrU$  en  Chniilée.  pi.  il.  fig.  3. 
p.  2.11  ol  iVÎ. 


22 


SYRIA 


toute  faron.  on  doit  la  placer  à  la  même  date  que  les  autres  et,  si  elle  a 
décoré  un  bâtiment  de  eonslructioa  plus  ancienne,  c'est  sans  doute  le  résultat 
d'une  réfection  décorative  opérée  plus  tard. 

Les  pitntbes  à  reliefs  sculptés.  —  L'examen  des  plaques  sculptées,  qui  déco- 
raient le  parement  inférieur  des  murailles  (orthostate).  nous  offre  les  mêmes 


divergences  entre  un  style  archaïque,  issu  des  œuvres  mésopotainiennes  du 
troisit'iiie  i-l  second  millénaire,  et  un  style  [dus  récent,  aboutissant  à  l'iwécu- 
liuti  ralliiiée  et  détaillée  des  œuvres  assyrieimes. 

A  Zendjirli.  ces  plaques  garnissent  l'iiiti-rieur  même  des  poternes  ou  se 
dermdenl  sur  les  murs  des  palais,  à  la  base  de  la  construction.  C'est  un  sys- 
tème très  dillérenl  de  celui  des  (Jrecs  cpii  placèrent  leur  frise  sculptée  en  haut, 
comme  une  enrniche  fnisaiil  cnnntninMuent  :  l'arcliilecle  dn  Parlhénon  n'a  pas 
hésité  il  obéir  ii  ce  [irincipe,  malgré  riiivniisi'mblance  (juil  y  avait  à  faire  galo- 
per des  chevaux  el  des  chars  à  quiii/e  mètres  au-dessus  du  sol.  Il  est  bon  de 
remarquer  ipieri  Crète  Tail  pridielliMMijuc  se  cord'ormait  encore  an\  haiiiludes 


L'A  HT   lin  TiTi': 


23 


;isi;iti(jin'S  :  les  frrs([iio.s  et  les  rolicfs  pL'iiits  du  [i:il;iis  de  (liiossds  sont  [tlaoï-s  en 
pliiitlii'. 

Ij'S  rdiiilliiiis  ;illciii;iihU  di'  /l'iidiiiii  mil  iilliiliiK-  le  d(''in|-  de  la  [lulfiin-  df 
la  ville  (A)  au  milieu  du  dixième  sièije.  eidui  de  I  i  |hii'I  ■  de  la  ciladelU'  iDi  au 
uiHi\  ièiiii',  celui  de  VliihinilW  i  II',  lijr.  il .  pi.  III)  au  seplièMie  '"  :  .M.  (Jarslau^  ;i 
[ilacé  euln;  1.(100  et  !KIO  l'euseinhle  des  .sculplute.s '-'.  Ce  .sont  là  tics  iridi- 
ealiiMis  a|)|)i'(i\iuialivi>s 
que  la  suite  des  décou- 
\  elles  uiodilieia  sans 
diiule:  i'imauiue  ipidn 
sei'a  Miiieni'  il  reumiiliT 
ces  (laies  |i(iur  les  m  iil|i- 
llires  le>  [dus  aiicieii- 
lies.  Telles(|ll'(dles  mhiI, 
ell(>s  ('nlci'ineiil  dans  un 
del.ii  liien  (dUl'l  ].■  d,-\e- 
!i'|i|ieliii'lil  du  .s|\  le  liil- 
(ile.    i|ui    a|i|iai'ail    Inil 

dill'erenl    ilaus    des    irii- 

Ki<;.  tV.i. 
\  l'es  (■(Mnille  le--  |ilai|Ues 

d('C()liili!    la    iHilellie   de   la    \il|e   e|     |e>     l.a>-ieliel's    .le    re|,iH|lle     de     l!arnd,cMlli. 

Laissant  de  tùlé   jmhii-  le  muineut  la  iiuesliiiu  îles  dates,    nous  déerirons   les 

sujets  priiui[>an\,  alin  den  sij;naler  les  |>articularilés  les  plus  intéressantes. 

l'iilcnic  ilr  1(1  nllc  (A).  —  Les  lions  de  la  [interne  A  ne  subsistent  plus  iju'eu 
l'ia^Miienls  et  les  bas-reliefs  en  sont  dispersés  ;  mais  il  est  possible  de  se  repré- 
senter cet  ensemble  d'après  raspeel  luieiiv  eonservéde  l;i  |i(iterne  1)  (lijj.  H!t). 
Toutes  les  plaques  sont  taillées  dans  la  même  ma'tière  (jue  le>  limis.  une  roche 
granitique  aiipelée  dolérite  :  la  hauteur  est  en  mo\enne  de  l'Mo. 

L"e\é(  iilimi  en  apparaît  rude  et  grossière,  mais  on  [leut  penser  «pi  une 
peinlure  en  cnuleurs  vives  reemnrait  la  pierre  el  lui  donnail  une  tout  autre 
plnsioniimie. 

Dans  la  ligure  (iS  i''.  les  deux  génies  ailes  à  tète  d'oi>eau.  levant  le>  bras. 


("  .\nsiirnhniigfn,  ji.  173. 
t^i  Tlie  liiiid  <>/  //(//..  |i.  3'."l, 


(^)  Ausynibunijen,  pi.  XXXIV. 


s  Y  R  I  A 


les  représentations  d'animaux,  sphinx,  lion,  cerf,  nous  sont  déjà  connus  par  les 
plaques  de  Karkémich(fig.  20,  24.  2o,  29);  le  style  archaïque  en  est  identique  et 


la  date  (•«•rlaini'iiicnt  iii  nirnic.  Noloiis  (|u'ii\ic  le  sphinx  se  trouve  uu  autre  qua- 
dru|.rdc   aiii'  aii\  paltcs  de  fauve,  à  (jurui'    retroussée   en   corps  de   serpent, 


L'Ain    lin  iiii:  25 

(iiji'.  (tS.  M"  -1\  iliiiil  l;i  li'li-  s';i|i|iiii'i"iilr  a  cclii'  des  ^'(•fiio  |iri'Ti'(lciils.  (l'i'sl 
uni'.  (-i)iiil)iiiaisuii  li\  hriili*  i|iii  [iiuatn;  (>ii(;ui°(>  ili>  i|uclli's  idiiiii'S  vurircs  csl  issu 
l(î  (\|i('  (le  la  (lliiiiirrc  ^'t'(^<'i|ni'.  —  Ia-s  scr-iics  de  {jucrrr  ri  de  rliassi*  s(»ut 
n'Cdiinais^ahics  an  iimlil  des  (  a\  alicr-  aruir'S.  coi  liés  du  l.dMiirl  liillili>.  awc 
une  lurrlu'  de  cln-vrux  cindidci'  ^ur  la  nui|nr.  duiil  l'un  lii'id  ru  nuiin  la  liMi- 
cuu[h''i'  duu  l'unnni  <".  ri  au  uiolil'  di'  I  aiilii'i'  iaiiraul   une    IITm  lii'   ii    un    ci  ri' 


diiiit,  Ir  ciMiis  i'>l  di'jà  Iimmtx'  d'un  h  ail  l'I  >|iii  rsl  assailli  par  uii  rliirii  ;:riui|M' 
suc  S(iudi;s:  le  licM'c  sus|iriidu  daii>  jr  cliauip.  diTi  iôrr  li'  clias-iMir.  iudii|UL' 
un  aulii'  i:il)icr.  I!a|i|i(dnu>  i|ui'  dau^  I  ai  I  iii\  ri'iui-ri('liii>.  nu  trnu\ i- lr>  un'-nu's 
dclaiU  du  ii'il  cliasM''  ri  icIcMiiuaiil  la  lidr.  id  di'srliiiMis  à  i|in'U('  n'Iniussi'-i'  hon- 
dis>aiit  Mir  11'  dus  d  un  saui;liiT'-'.  Les  rcssi'uildaui'i's  soûl  l'unut'  plus  ('troilt-s 
avi'r  ii'rlaiui's  priiiliiirs  Ac  xasi's  do  shic  ni\ri''nii>n  liMUvr-i's  à  (ilnpir  >•'".  (les 
paiiiculaiil(''S  n'oxistoul  pas  dans  l'ail  assNiicn.  —  Lrs  ilciix  liuiuiurs  foriMT- 
saul  faci'  à  lai  r  oIIVimiI  tous  les  idruionls  spi''<iliipn'Siln  nistuuu-  liitlilo.  iuTtIh'  de 
rlu'vrux  iMiiiiidi'i'.  ri-iidun-  à  Imii;  jinul  iVauj^i- ipii  irtiuulii' >ur  la  i  iiisM'.  rliaiis- 
siH'i's  il  pdiiilr  n  riuiil:fc.  du  tir  \iiil  d  aiili  urs  daus  l 'ordonna  net'  de  (  os  loliofs 
aucuiii'  dispnsilion  loi;iipio  :  1rs  sujrls  iu\  lliiipu'S  ot  rôols  \  apparaissonl  inolos. 

l'>  Cf.  lîii.  .\U:\Eii,  Clu-liler.  fig.  iS.  i^'  lUllIelin  CoriYslx.iul.  heltrniiiur.  1.  X.WI. 

(«)lloDKNWAi.i>T.  TirynsJ.  II.  fig.C.Ofl  pi   \U1  I>I07.  p.  -ÎU. 

SvniA.  —  II.  * 


26 


S  Y  R  I  A 


I.'AKT     IIITTITK  T, 

iii;iis  coiniiic  Irs    |tlii(|iii's  (''taiciit   ilispersi'OS   sur    I  l'iiiidacciiiciil.  mi    ne    [iciit 
f^iKTc  espi'-rcr  en  rclroin  cr-  rarrariiii'iiii-iil  [niiiiilir. 


iiiMi  l'sl  |ias  lie  iiiiMiif  lie  la  pctiTiic  lif  la  .  ita.I.'ll.'    1»  '.  oi\  .laii-  tiii  espace 


J!< 


S  ^'  R I A 


LART    IIITTLTn 


29 


d^nripon  lif-ux  i  onts  métros  carn-s  on  a  recueilli  une  quarantaine  de  moreeau.t 
lie  la  plinthe,  dont  plusieurs  étaient  encore  in  aiiu  <  tig.  liû;  "  .  Mais  cfmKdi:  il 


y  a  en  des  réfections  successÎTes,  était-ce  l'ordre  primitif?  On  peut  en  douter. 
Les  traces  de  ces  réfections  sont  très  visildes.  Les  bIo<  s  ne  sont  pas  toujours  de 
la  nn^me  haatettr  et  certains  sujets  sont  plus  p<-tits  que  les  autres  (fig.  72.  l'.i)  r 
i'>Q  a  l'impression  d'une  reconstruction  hàtivp.  II  y  a  aussi  *les  hiocs  lisses. 


i"-'  .lasrfrahanqen.  p.  21)9.  La  vne  est  pria»»  d« 
l'iatérienr  de  la  citartene.  M.  G»nsTi-sii  Land 
')/  Hilt.,  p.  i7l^''  a  (toané  le  plaa  de  i-Rlti;  tnème 
puteme  ea  aiimérotant  les  plarpies  ironservi^es 
et  en  indiquant  qiielle  plai:e  elles  ncenpent  ac- 


rneilement.  Antre  vue  de  blaes  va.  plaee  dans 
Fttfùti^n  in  klein-XjtUn,  lie  Hcn.iS'i-PccBaTRis, 
p(.  i-i.  a"   1.  Cf.  MASPEao,   HUl.  une.  Orient, 

iir.  p.  :r»et  p.  ilW. 


28 


S  V  R  I  A 


LAnt  iiiTTirr. 


211 


(l'pnviron  dfiiv  r  onls  inclrcs  carri's  un  a  rocuoilli  uiin  ijuarantainc  de  nmrceaux 
(le  la  [tlinllic,  dont  [)lusir'ui"s  ('taieiit  encore  in  silu  (  lig.  Oit;  '".  .Mais  cnuinir  il 


y  a  eu  des  réfections  successives,  était-ce  rnrdre  primitif?  On  peut  en  duutiT. 
Les  traces  de  ces  réfections  sont  très  visildes.  Les  IiKks  in^  sont  pas  toujours  de 
la  nicine  hauteur  et  certains  sujets  sont  |ilus  petits  tpie  les  autres  (lij:.  72.  7:t)  : 
(Ml    a  linipression   dune  n'cnnsliiiclion    liàtiM".  Il    v  a  aussi  des  Mors  li-.<es. 


l"  .XusiirahiiiKjen.  p.  •201(.  Lu  vue  esl  prise  île 
l'iiilt^riciir  de  la  oiliidelle.  M.  Gmistvm;  iLand 
II/  mil.,  p.  -278'  a  donné  le  plim  de  eeUe  même 
poterne  en  nnmérolani  les  phuines  eonservées 
et  rn  hidiqniinl  (inellf  plarr  elles  oerupenl  lir- 


hii'llenienl.  Autre  vue  île  hloes  en  place  dans 
Hfisfii  iit  hlfin-  \sifn.  de  Hi  «  tN>-Pi'i:ii»T»:i>. 
pi.  U.  n"   I.   Cf.   IIasi'KHo,    Uist.  anc.  Orient. 

III.  p.  :nrt  p.  im. 


30  S  Y  R I  A 

sans  décor,  qui  s'interposent  entre  dos  blocs  sculptés,  comme  un  remplissage 


Clip.  7:1)  ;  ailli'iirs  iiii'iiif  iliiliiiii  III)  des 'personnages 'ont  élé   j'raltés   et  efl'a- 


L'ART    IUTTITK 


31 


ces  '".  C'est  sous  brniHice  de  ces  obsorvalions  que  nous  cxuininerons  les  sujets 
lie  la  porte  de  la  citadelle. 

l'olcriic  de  lu  riiinlrlle  (l)i.  —  Les  lions  <|iii  foiiiiciit  la  dcfense  de  Icntrée  ne 


sont  pas  disposés  contine  dans  la  poterne  A.  Ils  suiil  Muli»lés  sur  de  jïrandes 
plaques  placées  dans  le  couloir  d'entrée,  le  corps  cl  la  It'^lc  étant  lij;urés  en 
relief  sur  la  dalle  et  ils  ne  ilillèrent  pas  connue  Icclmique   des  autres  sujets 

l't  .Kusgi-ab.,  |ip.  -211  HA.  Hl'.  U9.  l.iO. 

t»)  Mtsijrah.,  fig.  do  la  \>.  iOW:  cf.  p.   li',,  fig    liS;  p.  ->H>.  I-2T  ot  pi.  XI.IV.  XI.V 


32 


SYRIA 


(lîg.  1)9,  78,  79)  1-*;  nous  y  reviendrons  plus  loiq,  Voici  rénumération 
des  autres  molils.  dans  l'ordre  où  ils  ont  été  publiés  par  les  fouilleurs  alle- 
mands. 

Char  de  iiuerreà  deux  elievaux  (fig.  70)0.  La  caisse  du  char  avec  les  fontes 
pour  les  armes,  la  tête  de  lion  saillante  à  l'arrière,  la  lance  plantée  derrière 


le  guerrier  qui  tire  de  l'arc,  le  panache  de  tète  du  cheval,  le  vaincu  étendu 
mortel  nu  sur  le  sol.  sont  des  détails  (]u"()n  retrouve  dans  les  scènes  assy- 
riiMUii'S  :  h'  ri-liel'  est  sans  doiilc  iriini-  piTindi'  plus  n'ci'iite.  Sur  li-s  chars  di"  la 


Cl  Aiisyrnbiinyen,  (ig  102  el  pi.  XXXIX. 
M.  VON  hiscnAN  le  d'cril  (p.  213;  comme  un 
l'Iiar  iillcli:  il'iin  stciil  rlifviil.  mais  pulsipinroii 
voilrn  orrière  le  timon  onir  diino  lèto  d'ani- 
miiU  il  est  clair  qu'il  x'iif^il  d'un  lii^f  ot  que  la 


Bilhouctte  (lu  choval  unique  est  due  à  une 
simplification  couventionnelle  dont  on  a  de 
nombreu.v  exemples  dans  l'aii  oiicntid  cl  dans 
l'art  groc  archaïquo. 


i/AiîT   1111  riri-: 


33 


région  syrienne  M.  V.  Sluihiic/ka  a  ('cril  une  importante  élude  on  il  a  putilié 
ce  relief  avec  d'autres  sujets  de  même  nature  '". 

(iuerrier  barbu,  tenant  une  lance  la  pointe  en  bas  et  un  petit  bouclier  à 
ilouljle  échancrure  latérale  (  lip.  71)  '-'.  C'est  la  représentation  uutlienlique  et 
cumpléte  de  l'Iioplite  bitlitc. 
.Nniis  n'avons  pas  à  revenir  sur 
les  di'tails  du  costume  national  : 
bonnet  ou  cas(jue  (^^{(pji',  mè- 
che «le  clieM'ux  enroulée,  large 
ceinture  et  courte  tunique,  épée 
à  poif^née  arrondie  du  liant, 
(  li;ui>sures  recourbées.  .N(iu> 
avons  sifinalé  déjà  (lig.  !l  à  I 'n 
la  fa«;on  de  porter  la  lance.  Huant 
iiu  bciiiclier  écliaiH  it'.  il  est  à 
rap|MOclier  de  celui  de.M\(ènes. 
qui  sera  ensuite  adcqdé  par  les 
Grecs  de  l'cqniiine  ibi  l>i|p\l(PM 
et  (jui  restera  classique  (lie/,  les 
Béotiens  '^'. 

Homme  barbu  marcliiint  et 
portant  sur  ses  épaules  une  chèvre  ou  un  bouquetin  (fig.  "-i)'",  sujet  familier, 
se  rapportant  à  une  scène  de  sacrilice  ou  à  un  di'iilé  de  tributaires  avec  leurs 
présents:  il  e>t  à  ((PiniKncr  avec  un   motif  similaire  de  KarkiMiiicli  i  liu'.  331. 

Scène  de  riqias;  un  huinuu»  barbu  et  une  femme,  assis  face  à  face  et  man- 
geant; dans  le  chanq).  uin»  table  à  trois  pieds  servie  et  chargée  de  mets 
(fig.  72)'-'''.  Sont-ce  des  moilels  ou  des  divinités'  La  coitFure  de  la  femme.  le 


l'I  Jnhrhiiiti  lies  Insl.,   I!I07.   p.    l,';-.>.  fi^'.  T. 
Il  y  rcconuail   aussi  un  char  à  iliiix  rliovau.x 

l«t   Atisgrnh..  fig.    103  .•!  pi.    .\L.   cf.  Caiis- 
TAx;,  pi.  L.X.W,  11"  2. 

t"  rKiiHOT,   llisl.  de  VArl,  VI,  fig.  4,33,  iiO; 
Vil,  fig.  10,  07:  l.\,  fig.  81  ;  S.u;lio,  Dicl.  .\ii- 
tiq.,  fig.  1033,  1636. 
Syria.  —  II. 


l't  \u$ijrah..V\f..  101,  pi.  XXWIl;  rf  (;»ms- 
ta.m;,  pi.  LX.W,  n"  i. 

r-i  .Uisgrah..  fig.  lor.,  pi.  XXXVll;  Cam- 
TANG,  pi.  LXXV,  n"  1  ;  Hi.>n>>-ri<  ii'>tki>. 
Rrisen.  pi.  i'\  n»  1  :  Ki>  Mb>eb,  Chelitrr. 
fig.  .3-i  (il  voit  sur  la  laMo  un  iwlisson  i»ar- 
(lossus  (lo.s  pains  et  un  fusoau  dans  la  laain 
gaucho  (lo  la  fommo  . 


34  SYRIA 

haut  polos,  le  long  voile  à  franges  semblent  indiquer  [une  déesse,  un  couple 
di\-in.  M.  von  Luschan  (p.  215)  compare  la  composition  à  celle  des  st.Mos  funé- 
raires. M.  Garstang  (p.  285)  y  voit  une  cérémonie  de  fête  et  un  couple  royal. 

Les  sujets  qui  font 
suite  (fig.  72)  I*',  les 
trois  personnages  mar- 
chant vers  la  gauche, 
le  cerf,  le  jeune  veau  ne 
nous  retiendront  pas  : 
nous  avons  vu  dos  mo- 
tifs similaires  à  Karké- 
raich  (fig.  18,  20,  23, 
33).  L'animal  ailé,  à 
queue  en  serpent,  dressé 
sur  ses  pattes,  appar- 
tient au  répertoire  des 
bêtes  fantastiques  dont 
nous  avons  signalé  la 
variété. 

Fic.  76.  Parmi  les  sujets  des 

plaques  suivantes 
(fig.  73)  notons  le  dieu  barbu,  ceint  d'une  épée  et  tenant  à  deux  mains 
le  manche  d'une  hache  de  guerre  quil  soulève  comme  im  lourd  mar- 
teau (fig.  79)  '')  ;  c'est  une  figure  plus  importante  où  l'on  a  voulu  recon- 
naître le  dieu  hittite  de  la  guerre  <*'  ;  ce  dieu  à  la  doiiblo  liaciie  nous  ramène 
au  fameux  emblème  dont  la  religion  Cretoise  a  prodigué  les  représentations 
el  qui  expliquerait,  suivant  certains  interprètes,  le  nom  du  labyrinthe  de 
Cnossos  ^'-K  D'autres  motifs  nous  sont  déjà  connus,  comme  le  génie  ailé  à 
lèlo  d'aigle  (fig.  7  i)  («i,  le  chasseur  tenant  son  gibier  par  les  pattes,  le  guerrier 
au    bouclier,  le    Sphinx   ou   Chimère   ù    double  tête  de  femme  et  de    lion 


Cl   Ausijrab.,   fig.  106  »    ll'i,   pi.   X.V.Wll; 

(j4H!ITAi>U,   pi.   LX.WI. 

(»)    Ausgrab.,    pi.    XXWIU,    .\LI,    XLII,  ut 
rig.  113  à  133. 
l'i  W.,rig.,  121,  pi.  XLII. 


l<)  Garstang,  p.  -288,  pi.  LXXVI  et  LXXVII. 

i^'  Voir  U.  DussAUD,  tes  Civilisalions  pré- 
hellèniques,  -1'  édit.,  pp.  12,  338,  31-2. 

('•I  Id.,  fig.  113,  pi.  XXXVm  olXLU;  Eu. 
Mi'VKn,  Chetiter,  fig.  iT. 


LAH|-    HITTITE 


35 


(fig.  7."))  '"  quo  nous   avuius   élmlit';    ;i  Karkômicli  (lig.  27),    le    spliinx   ailé 
avec  queue  en  serpent  et  longue  tresse  de  cheveux  ramenée  par  devant,  le 


laiirt'iui  aile  avec  incnii'  ii|i|ti'iiili((»  enroulé  (fig.  7(>)  '•'.  Signalons  encore  la 
l'oninie  assise  sur  un  siège  ;i  ilossier  ( divinité  ;'i.  la  feinnïc  deliout,  coiffée  d  un 
long   voile  à    franges  et  lenanl  un  miroir  qn "elle  élève  de   la    main  gauelie 


l't  R.  I)issui..i>1.Xl.ni.  Ki>.  Ml  un,  fi^.  7«: 
riiulciir,  p.  100,  y  voit  uu  symlmli' (lu  ilii'ii  ilo 
|n  guerre  et  tic  la  chasse. 


!«'  lil..  (ip.  I-J2.  li;<.  pi.  Xl.lil. 


36 


SYRIA 


(déesse  de  la  toilette  et  de  la  beauté,  sorte  d"Aphrodite  ?)  (fig.  77)  (".  On 
remarquera  ici  (fig.  73)  les  blocs  plus  hauts  les  uns  que  les  autres,  les  dalles 
ravalées  ou  sans  décor  qui  sont  intercalées  entre  les  plaques  sculptées, 
preuves  de  réfections  et  de  remaniements  successifs.  Mettons  à  part  trois 
motifs  nouveaux  :  le  dieu  du  tonnerre,  que  l'on  nomme  Tessoub  d'après 
les  inscriptions  '-',  tenant  le  foudre  et  brandissant  sa  hachette  de  guerre 
(fig.  77)  ''•  ;  les  deux  bouquetins  dressés  de  chaque  côté  de  la  plante  sacrée 
(fig.  73).  formule  chaldéenne  très  ancienne   qui  a  passé  aussi  en  Crète  '*'; 


enfin  l'épisode  familier  du  jeune  homme  debout  devant  un  homme  barbu  assis. 
qui  joue  sur  une  cithare  à  Jong  mandie  (fig.  73),  instrument  de  musique  qui 
accompagne  déjà  les  fêtes  religieuses  dans  l'antiquité  élamite  (^'. 

Nous  avons  fait  mention  frécpicmmcnt  de  la  mèche  enroulée,  qui  non  seule- 
ment fait  partie  de  la  coilfure  nationale  des  Hittites  *''',  mais  qui  est  même 
donnée  à  des  animaux  divins  comme  le  sphinx  et  le  taureau  ailé  (fig.  73  el  7(5); 
c'est  une  sorte  de  symbole  religieux  en  même  temps  qu'une  mode  de  toilette, 
et  nous  voyons  que  cet  enroulement  a  passé  aussi  dans  les  ceuvros  mvcé- 


(')  U.  DussAUD,  fig.  Hi,  |,|.  X.WVIII  il  XM. 

(»•  Cf.  OAttsTAM;,  p.  2!)l,  pi.  LX.WII  ,  Kl). 
MKKEti,  Chetiler,  pp.  .">7,  06,  fig.  37. 

(')  Aiisijrnh.,  fig.  Il,'),  p|.  XX.WIII  et  .\LI. 

(♦)  HK1J/.KY,  CaM/og.  Antiq.  rhnlil.,  il"' 222, 
2-27;  lliill.  (U,rr.  hrll..  1!I07,  p.  118 


'■•I  Aiisijrah.,  fig.  118  el  119,  p.  X.VXVUI; 
l'Kzvnoetl'oTTiER,  Cntni.  anlUj.  Susiane,p.  51, 
11»  2i;  p.  1.32,  II"  281  ;  cf.  Méin.  Délég.  en 
Perse,  1,  pi.  VIH,  n»'  7,  !). 

(»)  CowLKV,  Hitlltes,  pp.  28,  29. 


I/AHT    IIITTITI': 


37 


niennes  et  ioniennes  '".  L'origine  en  est  clialdi-cnne  :  (•"••si  une  marque  de 
caractère  divin,  donné  nièini-  ;i  des  p'-nies  de  finine  aniinale  '-'.  On  [leut 
rappeler  encore  à  ce  sujet  la  nicclie  pi)>liclie  ipi  en  Kg\pte  les  l'nfants  myaux 


portaient  sur  lureille  cl  la  joue  drniles  '  ,  de  uieini'  en  (irèce.  à  l'épotjue  elus- 
sique.  les  enlauls  cunser\ aient  sur  le  siuuniet  de  la  tète  une  nn-clie  tressée, 
(pie  l'on  coupait  pour  la  consacrer  aux  dieux  (|uand  ils  arrivaient  à  l'adoles- 
concei".  Kutin  on  se  souNiendra  tpie.  elie/.  .•ertiiine>  tiilMis  aralies.  les  lionirues 
ont  la  tèle  rasée,  à  lexceplion  duru'  uièclii>  par  laquelle  l'Aiip'  «le  la  mort. 
A/iaél.  doit  les  saisir  et  les  emporter  au  Paradis.  I>i>  tous  ces  faits  il  résulte 
(pi'nne  supei>tilioii  fort  ainienne.  venue  dn  monde  orieiilal.  adonné  une  sorte 


l'i  l'nim>r,  VI.  fi).'.  'iltV   SIS.  Vil,  fig.  %  et  > ''  Pkiihot.  I.  fig.  174. 

p. -246  ;  l.\,  ng.  -JiG,  -238.  i"   I'ottikr   oI    RriN^rii.  Sfcniftole  de  U/- 

('I  Cf.  Shize'c-IIbizkï.  Découvertfs  fit  t'.hnl-  rina,  p.  'Hi.  pi.  XVIll. 
./.=.■,  p.  -"JM.  -293  :  Oitnloij.  nul.  CItald..  n°  125. 


38 


S  Y  R  I  A 


do  vertu  svmbolique  à  cet  enroulement.  C'est  peut-être  aussi  le  sens  de 
r  «  accroche-cœur  »  sur  le  front,  qui  est  comme  une  mode  typique  des  dames 
Cretoises  de  Cnossos  '". 

Près  des  lions  qui  gardent  le  couloir  d'entrée  de  la  poterne'-'  (fig.  78,  79), 
le  décorateur  a  placé  un  dieu  à  tète  de  lion,  qui  semble  un  patron  de  la 
chasse  :  il  tient  par  les  pattes  un  lièvre  et  élève  de  la  main  droite  un  bâton 
recourbé  (sorte  de  lagobolon)  l^)  ;  sur  ses  bras  deux  oiseaux  sont  perchés 
(faucons?).  En  pendant  sont  disposées  deux  compositions  analogues  :  un  tau- 
reau puissant  et  massif  marche  suivi  d"un  cavalier  qui  porte  un  bouclier 
rond  (fig.  80)  :  de  l'autre  côté  se  voit  un  taureau  semblal)le  et.  derrière  lui,  mais 


en  sens  inverse,  un  guerrier  (ui  serviteur  armé  d'une  masse  d'armes  et  d'une 
lance  (fig.  79)  '*'. 

La  plupart  de  ces  sujets  se  pn'sentent,  comme  on  le  voit,  sans  ordre  appa- 
rent, et  il  est  diflicile  de  les  relier  entre  eux  par  un  lien  logique.  Tout  ce  que 
Ion  peut  dire,  c'est  que  les  scènes  mythiques,  les  divinités  et  les  animaux 
fantastiques  se  mêlent  à  des  formes  et  à  des  épisodes  |)ns  dans  la  vie  familière. 
Ce  mélange  élroilemenl  uni  de  fiction  et  de  réalité  parait  être  un  des  traits  par- 
ticuliers de  l'art  hittite,  autant  qu'on  en  peut  juger  d'après  l'état  actuel  du  décor 
architertural  :  à  cet  égard  il  diffère  de  l'art  assyrien  qui  sépare  davantage  ces 
deux  mondes.  Kniin  une  certaine  uniformité  de  style  archaïque  règne  dans  tout  cet 
enseiid)le  et  les  inlluent'es  iieltemrMit  assyriennes  en  sont  absentes.  Nous  verrons 


t'>  DusSAUD,  Cwilisat.  firéhelli- nique,  fig.  SG. 
(•)  Aatgrab.,    fig.    1-25  h    1-28,  pi.   .XLIV  et 
XI.V. 


C'  Voir  le  Dicl.  des  Aniiq.  de  Saglio,  article 
Peditm. 
(*>  Ansgrab.,  fig.  1-29  à  132,  pi.  XLIV,  XLV. 


L'ART    HITTITE  39 

plus  loin,  avec  les  bah-iTliels  trouvés  dans  les  [lalais  (l«i  la  ciladi-lli-,  la  pro- 
l'oridi!  diiïércnnr'  de  sujets  et  d'exécution  qui  les  sépare.  Ce  qui  domino  encore 
à  cette  r'|)(ii|iii'.  (■  l'^l  lit  tradition  clialdéenne  (élainite  ou  suuiérienne)  avec 
(pielqucs  (Mii[)ruiil.s  ii  i"K;iypte.  C'est  pounjuoi  nous  serions  d'avis  de  ranger 
la  piiqtart  des  précédentes  plaques,  de  nièrne  que  celles  de  Karkéniicli.  dans 
une  période  bien  antériiMiic  an  nenviènie  siècle,  aux  environs  du  Ireiziènie  ou 
qualoriièuie  siècle.  ,Nous  n  avon.-.  ()as  encore  de  preuves  suflisanles  pour  ces 
dates,  mais  ce  qui  n'est  aujourd'hui  qu'une  atlaire  d'impression  gagnera  .sans 
doute  en  certitude  avec  le;  temps  '". 

Secuiule  l'olmie  di'  lu  cilculellv  (Ki.  —  Un  n  a  pa^  ri-niontré  de  plaques  .sculp- 
tées à  c(d  einlroit.  Les  fouilleurs  allemands  avaiml  pensé  d'abord,  d'apn'fs  les 
piiMuiers  résultats  des  travaux  '-',  (pi"on  |iouvait  attribuer  à  cette  poterne  une 
nnportaiile  [)artie  des  [tmlomes  de  lions,  de  st\le  archaïque  (lig.  M  à  .'îW).  dont 
nous  avons  parie  plus  haut.  .Mais  plus  tant  des  doutes  sont  verms.  quand  ou 
eut  constaté  que  ces  blocs  se  trouvaient  à  peu  près  à  égale  dislance  entre  la 
poterne  D  et  la  poteine.  K '".  On  ne  sait  dune  pas  lixaitemenl  à  quelle  p<Mle 
ils  a[)parl('niiiriil  :  mais,  dim  cùb'  ou  de  l'antre,  leur  place  est  marquée  par 
leur  structure  même  et  1  aspecl  d'ensenddi-  dans  la  construction  primiti\e 
devait  être  celui  de  notre  fiirure  oii. 


(.1  xiiirre.) 


E.  Pottilh. 


('I  La  chronDlogie  proposôc  par  M.  Ki>.  Mhkh  pensons  aussi  qne   ri>n   s(>rB  amem' à  vit-illir 

{Clirtilcr,   pi>.  11,  3',),   69)  est   bcniioonp  phis  sensil)lenit>n(  les  soiilpliirps  du  pnr  slyl<- hillilf. 

hardie  que  celle  des  fouillcurs  de  Zoudjirli  et  i->  Ausijrab.,  p.  liS  ci  p.  i'M.  lig.  '.t'  —  nolro 

recule  jusque  vers  lo  milieu  du  second  milli'-  fig.  ;>H. 

nuire   des  (euvres    comme    le    coiii)le    assis  l'i  /(/.,  p.  230  :  cf.  sur  la  planche  .X.WIII  et 

dans  un  repas  de   fôte  (notre   fig.  'li).  Nons  dans  la  fiç.  137,  la  place  «le  ces  blocs. 


LE  JUPITER  HELIOPOLITAIN 
ET  LES  DIVINITÉS  DES  PLANÈTES 


FRANZ    CU.MONT 

Le  beau  bronze  de  la  cullecliun  Ch.  Sursock,  commenté  avec  une  sagacité  éiu- 
dite  par  M.  Dussaud,  ouvre  dignement  la  série  des  publications  archéologiques 
de  Syria.  Mais  cette  statuette,  chargée  de  multiples  symboles,  fournit  des  don- 
nées si  précieuses  pour  la  connaissance  d'un  des  principaux  cultes  syriens. 
qu'on  nous  excusera  d'y  revenir  encore.  M.  Dussaud  lui-même  nous  a  engage 
à  proposer  ici  l'interprétation  nouvelle,  que  nous  lui  avions  soumise,  de  cer- 
taines figures,  et  M.  Charles  Sursock,  avec  une  obligeance  parfaite,  nous  a 
permis  d'examiner  le  bronze  à  loisir  et  de  dissiper  ainsi  les  doutes  que  nous 
conservions  sur  quelques  détails. 

Les  ligures  dont  nous  parlons  sont  celles  ijui  décorent  la  partie  antérieure 
du  vêtement.  L'identification  des  sept  bustes  qui  l'occupent,  est  rendue  malai- 
sée par  leur  petitesse  et  leur  mutilation  partielle,  d'autant  plus  que  leurs  attri- 
buts ne  sont  gravés  que  légèrement  dans  le  champ  de  chaque  tableau.  Aucun 
doute  n'existe  pourtant  pour  la  rangée  supérieure,  où  l'on  voit  côte  àcôteHélios 
et  Séléné;  peut-être  le. Soleiltient-il  le  fouet  de  la  main  droite.  Mais,  au-dessous 
de  ce  dieu,  ce  n'est  pas,  croyons-nous,  .Vtliéna  casquée  qui  porte  le  bouclier  et 
la  lance.  .V  la  vérité,  la  cuirasse  à  lamelles  imbriquées,  qui  est  décorée  en  son 
milieu  d'un  ornement  circulaire  en  relief,  pourrait  être  prise  pour  une  égide,  cou- 
verte d'écaillés,  avec  la  tête  de  .Méduse,  mais  sa  forme  est  rectangulaire,  et  elle 
est  entourée  d"un  bord  épais.  De  plus  lépaule  droite  et  le  haut  du  bras  droit  de 
celte  divinité  sont  pntli'-gés  parla  même  épanliére.  empruntée  à  l'iiiiiforMU'  des 
légions,  (pip  porte  le  .lu[)iter  héliopolilain  liii-mènie.  Il  me  parait  donc  cer- 
tain que  ce  buste  de  guerrier  est  celui  d'Ares.  L'interprétation  de  son  voisin, 
Hermès  avec  le  caducée,  reste  acquise.  De  même  à  la  rangée  suivanle.  il  n'v  a 
pas  d'incertitude  pour  le  Zens  liarliu.  le  lorsi^  nu,  le  manteau  rejeté  sui'  l'eiiaule 
gauche,  au-dessus  de  laquelle  est  dessiné  le  sceptre.  La  déesse  qui  lui  est  unie 


LF.  jri'ITKIi  HKIJOPDLITAIN  ET  LES  DIVINITES  DES  l'LANETES  'il 

semble  hien  r-lre  llt-ra  :  elle  a  la  Irlc  cmivorlf!  iliiri  vi.ilf,  qui  lui  re;t(jiiil>o  sur 
les  épaules,  et  ce  voile  paiail  rivr  soutenu  |iar  tni  iliaili-iuc  |ios('-  dans  la  clirvi'- 
lure;  enliii.  la  si-rie  se  ti'iiuiin'.  M.  lJu>.sauil  la  n'cniiiiu.  |>ai-  un  Kronos  liarhii. 
la  ti^te  voilée;  |»('ut-èlre  la  iKtrpr  ('tail-elle  liaciM.'  dans  li-  r|iani|i  à  gauclu'. 

Or.  il  suflit  di'  traduire  les  noms  de  tes  divinités  en  lalin.  pour  reeonnaUre 
leur  laraetère:  le  Sideil.  la  Lnin'.  Mars.  Meniire.  .\\\\t'i[ri\  Jtiiinii.  Saturne,  ce 
sont  les  sept  jdanèles,  —  saul  «pie  .iuiiun.  associée  ii  son  éjHMix.  a  pris  la  place 
de  \'énus.  Celte  suhslilution  est  lurt  inlén-ssante.  De  muidireux  ti'-moi^.'n.i'ies 
grecs  etlalins  ikhis  appi  ennent  «pie  l'ctuile  j^enérileineiil  a|ijielée  Aplimdile.  nu 
Vénus,  était  pour  eerlaiiis  relie  de  lleia  ou  .lunun  *".  Kn  n-alilé  tdie  a[iparleiiait 
dans  les  pa\s  sémititpies  à  Islitar.  dont  le  ikmii  pnuvail  être  traduit  par  relui 
de  la  déesse  de  la  féenndité  ou  celui  de  la  reine  des  rieii\.  I.c-.  Iliéoio^^iens 
païens  s'étaient  livrés  à  des  spi-culaiioiis  sidililes  sur  son  doultle  raractére  '-'. 
Notre  bronze  s\  rien. si  notre  interpréiation  est  exacte,  fournirait,  <ro\ons-nous. 
le  premier  exemple,  connu  jus(prici.  d'un  monument  lii.'uré  où  la  planète  fémi- 
nine apparaîtrait  sous  les  Irails  de  l'(''pnu>e  de  Zens,  ipii  v  l'orme  un  i-oupli- 
avec  elle. 

Un  détail  curieux  de  cette  image  ne  laisse  d'ailleurs  subsister  aucun  doute 
sur  son  caractère.  A  coté  de  Mars,  de  Mercure,  de  ."^alurne,  on  distingue  encore 
une  "  rosace  à  quatre  pétales  »  ou  plutôt  une  étoile  à  (piaire  ra\ons  qui  doit 
rappeler  que  ces  divinités  sont  celles  des  planètes  '^'.  C'est  une  notation  dont 
iarl  gri'co-romain  a  usé  fréqueimnent.  par  exenqile  pour  les  Dioscures.  liirulu 
^iilrnt.  dont  les  bonnets  sont  ainsi  surmontés  d'une  étoile.  Mais  sur  notre  bron/.e 
on  constate  la  [irésence  d'une  l'toile  '/c  rliiiifiic  rùlr  du  bu>te  de  Ili-r.i  ou 
Vénus,  l'ounpioi  sont-elles  au  nombre  de  deux:' .Manifestemeul  pour  indiquer 
que  \('iius  est  à  la  fois  l'astre  du  malin  et  l'astre   du  soir.  quHn  adorait  sous 


CI  PsKCno-.ViusrOTK,  Dr  mumlo,  2;  .Vi-li... 
He  miindo,  i;  l's.  Timkh  de  Lociiks.  p.  \H>  E; 
Plinf,  h.  N.,  II,  S  37;  llv.iiN,  11,  42  :  .  Slollii 
Vencris  Ltioifcri  iiomiiio.  qiiain  iioimiilli  In- 
nonis  esse  dixerunt  »;  Ava.,  Cir.  liei.  VII, 
15. 

i"  l'i.oTiN    III.  5,  8),  npn'S  avoir  i'X|>os«''  la 

(looiriiif  (|ue  los  dieux  rpproseiilenl  lu  raison 

ivoj;)  cl  les  iléesses  l'Ame  ('Ij/v  cl  (juc  l'uue 

est  uuie  n   l'autre,  ajoute   :    Imh  «v  xii  Tijtr, 

S^niA    -  H. 


TOJT'u  Tû  Àoviki  ti^iuv  xi't  tioXuY<HV,  oT  tt{  Taùto 
"Hpiv  x«"t  '.\çfo5:Tr,v  â;0u3t,  xi'i  to»  T»';  "Af.**" 
i:tr.;  àvTipa  îv  0'j,:iviri  "11,^1;  Xiyovait.  Cf.  aUSsi 
Lir:iK>,  r>r  deii  Svri.  'M. 

i'"  Ia's  Ultimes  rosjices  ou  étoiles  se  ly*- 
trouveul  nvtv  le  même  camelère  siiiéral  sur 
la  faee  postérieure  <lu  bronte;  et.  Di  >n*i  u, 
p.  S.  -  Sur  ranlii|uilé  «le  ees  symboles  as- 
traux, cf.  im'S  Kliiilfs  srriftinrs.  p   l!K)  s. 


42  S  Y  11 1  A 

l.'s  noms  de  Phosphoros  ot  ilIlespiTOS  et  duiit  ritlentilé  ne  fnt  aperçue  qu'assez 
turd  par  les  astronomes  i'*. 

La  plupart  des  imajïes  connues  du  Jupiter  iléliopolitain  sont  trop  impar- 
faites ou  trop  nuitil.-es  pour  qu'on  puisse  déterminer  la  nature  de  la  série  de 
bustes  qui  y  sont  ou  y  étaient  ligures  '-'.  Cependant  sur  la  statue  de  Beyrouth, 
dont  il  ne  reste  que  la  partie  inférieure,  on  reconnaît  Saturne  entre  Jupiter  et 
Vénus  ou  Junon  voilée;  le  groupe  complet  était  donc  probablement  le  même 
(jue  sur  notre  bronze.  Le  bas-relief  d"Avignon  ne  permet  d"identilier  avec  cer- 
titude que  les  deux  premiers  bustes,  ceux  d'IIélios  et  de  Séléné  '^'  et,  avec  une 
grande  probabilité,  le  quatrième,  Hermès  portant  des  ailerons  sur  la  tète:  il  est 
donc  très  vraisemblable  que  les  autres  sont  ceux  d'Ares  casqué,  de  Zeus  et 
d"IIéra;  Kronos  y  fait  défaut  mais  il  s"\  ajoute  par  contre  un  kermès  portant 
un  buste  surmonté  du  calathos.  Ailleurs,  comme  sur  le  bronze  de  Graz  '''',  trois 
planètes,  celles  de  trois  jours  consécutifs,  Saturne,  le  Soleil,  la  Lune,  ont 
seules  été  représentées. 

Beaucoup  mieux  conservé  et  plus  intéressant  que  les  précédents  est  un  des 
deux  bronzes  de  la  collection  de  Clercq  '^'.  On  y  distingue  nettement  sur  la 
face  antérieure  les  bustes  d'Hélios  et  de  Sélénc'.  [luis  ceux  de  Kronos,  Zeus, 
Ares,  Aphrodite,  Hermès  ;  cinq  autres  occupent  la  face  postérieure  de  la  sta- 
tuette, ce  sont  Poséidon,  Démétcr  ou  Vesta,  Athéna.  Artémis,  lléraklès.  L'au- 
teur de  celte  figurine  a  certainement  voulu  re]>résenter  en  même  temps  que 
les  sept  divinités  ipii  coniinaiident  aux  planètes  cl  aux  jours,  les  douze  que 
l'astrologie  mettait  m  raïqniit  avec  les  signes  du  zodiaiiue  et  avec  les  mois  *"'. 

('I  PuNE,  II.  i\.,  II,  s  aO,  ctc;  ;  (■(.  Uosciikh,  suivunto  :  Apollon.  .luuon.  Neptune,  Vulcain 

Lcxikon,  s.  V.  «  Planelen  »,  col.  2'>I!)  s.  .Mercure,  Cérès,   Vesta,   Diane,   .Mars,   Vénus, 

et  DiissALii,  Idoles  de  mythnloijif  syrienne.  Jupiter,  Minerve.  Sur  le  bronze  de  la  collec- 

pp.  29  ss.,  67  ss  ,  in  ss.  tion  de  Clercq.  Vulcain,   Vesta  et  Junon  se- 

(')  C(.  Syri'i,  I9-20,  ji.  0,  lit;.  I,  et   Em-ihan-  raient  reniplneés  par  Saturne,  la  lune  (qui  pa- 

DiF.L,  lins-reliefs  de  la  Gaule,  I,  n*  .'>().  rail  faire  double  emploi  avec  Diane)  et  Hercule. 

(<>  DussAUD,  Soles,  p.  'M.  Mais  pas  plus  ([ue  les  noms  des  dieux   plané- 

('•>  A.  iiF.  RiiiOKii,  C<W/<v/io/i  (/<•  r.7c/-.(/,  t.  III,  taires,   ceux   des  dieux   zodiacaux  n'ont  une 

Les  bron:es,  pi.  XX.XV,  el  p.  1  11.  fixitéconiplète  (cf.  l'extrait  attribuéà  Zoroastre 

C'i  Doi.i.,  S/)/miTO,  p.  47(iss.;  cf.  SA(a.i(>-l'OT-  puldié  (.Vi/.  rodd.  asir.,  Vtll,  3.  p.  I2'2,  1, 
r\zn,  hirt.,  s.  v.  <i  Zoiliacus  i),p.  105t. —  La  série  (|ui  dans  ce  imssagc  est  malheureusement  cor- 
de CCS  dnu/.e  dieux  du  /.odia([ue  babiluelle-  rom|iuj  et  le  motif  de  cette  variabilité  est  le 
meiil  ailopléc  eu  (IccidenI  et  (|ui  est  repro-  même  de  part  et  d'autre  :  les  noms  -irecs  tra- 
duite mit  rniilcl  de  Cialiics  (an   Luuvreiest  la  duiseni  approxiniativeincnt    des   noms   sémi- 


\a:  .11  i'm:ii  iiiiijoi'ou  iain  i;r  i.i:.s  dimmiiis  di:.s  i'lanktks  4:5 

Lii  mùmc  irilliii'iKT  ;istr()lo;j;i(|iii'  >(■  n'-vrlc  ilaii>  1  ui-dcc  mi  muiI  |iliiirc.s  ici 
li'S  plarit'liîs  :  Snicil.  I.iiiii',  Saliuiir,  .lii|>iliT,  Mars.  \ciiii>.  MiTciiir.  (^cllc 
suite  est  on  cHV'l  Iri'rpir'iiimciit  ail(i|it('T  par-  li'>  a-linln^Mn-s  '".  t|iii  iiirth'iil  fii 
trie  f'[  hors  lie  la  si-rii'  les  ilniv  maiids  liiiiiiiiair.'>.  diint  l'aflimi  sur  la  iialiirf 
t'sl  la  |ilus  |Miissaiilc.  cl  laiiuriil  l'ii^iiilc  les  riiii|  aiiln's  itlaiièlfs  d  a|iri''>  li-iir 
distance  à  la  terre  mi.  n-  i|iii  ie\ieiit  ;iii  imiiii'.  la  durée  de  leur  ri'Xcdu- 
liori. 

•  iitnsidi'-ntns  niainleiiant  1  nrdre  (lù  ces  nieiue^  plaiieles  >e  [u-i'-serili'iil  sur  le 
iiroii/.e  Sursnck.  Klles  \  sont  dis|i(i>c''i's  coMiiue  suit  ; 

■^ideil  Lune 

Mar^  Mercnro 

.lM|iili'i-       \  énus 
Saturne. 

Si  imns  commençons  par  la  droite,  comme  pour  lire  un  texte  si''milii|iie.  et 
(|ue  Mous  suivions  la  premièri'  colotnn'.  |Uiis  ipn*  nous  passions  à  la  seconde, 
[lour  linir  jiar  la  case  [dac.'e  au-tlessous  à  ciievai  >ur  le-  deux,  nous  cilitieii- 
drous  la  série  :  Lune.  .Mercure,  Vénus.  .Soleil.  Mars.  Jupiter,  Salurui-.  Le- 
sept  astres  v  sont  ranimés  d'après  leur  distance  à  la  terre.  t(dle  ipie  l'admirent, 
à  la  siiiti'  des  Clialdéims.  les  asirouomes  alexandrin-  au  moiu-  ilepui-  le 
deuxième  siècle  avafil  noli'e  ère    '  . 

Si.  au  contraiii'.  nous  lisons  la  séiie  de  i:aiulu'  à  droite,  lijine  par  lii:ne.  I.i 
succession  des  plaiièli-s  se  présentera  aiu-i  :  Soleil.  Lune.  Mars.  Mercuie.  .lupi- 
ler.  N'iMius,  Saliiriie.  ('.'es!  celle  des  diviiiil"-  'pii  |p|i'-idenl  aux  jour-  de  I,i 
seiiiaine. 

Or.  dans  uii  passap- souveul  cili'.  Iljnn  Oassius'-"  \oulant  eclaircir  l'orijrine 
de  la  semaine  plain-taire  eu  propose  deux  explications,  dont  l'une  est  tirée  de 
riiarmoiiie  des  splièn's.  La  (|uarle  est.  selmi  celle  théorie,  l'haiinonie  la  plus 
parfaite  eu  iuusi(|ue.  el  elle  c-|  olili'uue  daii-  le    ciel  pai-  l'accoid  de  di'ux  pla- 

li([iios,  car  dt^jà  les  Idibylouieus  roiuiiiissniiMit  em-ycl..  s.  v.    •■  IIcIhIdiiiiis  •■,  roi.  iTit't'.*.  i!>  »s. 
les  (lou/.c  (lieux  dos  mois  iBoli.,  /.  i\).  i*'  Cf.  Boi.i..  /.  c,  col,  -2^67. 

l'i   l'Toi.KMiB.    Tflnili.,   1.    i;    Vk.ttu  s   Va-  i'i   Dion  Cissits,  X.X.WII.  i.S  ;    r(    Uoiciii- 

LKNS.I.  l;  Hkimimstion,  I,  i;  l'sEcoo-ZonoAS-  Lkclfrcq,   Aslrolugie  greciiii<-    n    ;s|  ■   Hki  i 

THF,    /.    r.,   p.   lil,  1  :    'HX-.o;,    i::Xiivr.  xi\   oi  /.  o.,  eol.  :i5r)«». 
]t«vt£    j;Xivr,T!;,   etc.   Cf.    Holl,  (I«ii<     In  Hf<il- 


44  S  Y  RI  A 

nètes  séparées  par  .Jeux  autres,  en  sorte  que  si  Ton  considère  l'une  comme  la 
première,  celle  à  laquelle  elle  sunit  est  la  quatrième.  Si  donc,  prenant 
pour  base  la  succession  astronomique  de  ces  sept  astres,  on  passe  de 
Saturne  au  Soleil,  du  Soleil  à  la  Lune,  et  ainsi  de  suite,  la  série  ainsi  obtenue 
est  celle  qui  répond  aux  jours  de  la  semaine. 

Or.  c'est  précisément  ce  que  l'auteur  de  notre  bronze  a  réalisé  en  disposant 
les  planètes  dans  leur  ordre  astronomique  sur  deux  rangées  verticales  de  trois  : 
il  joint  ainsi  trois  couples  formant  l'accord  de  la  quarte,  et  la  suite  de  ces 
couples  constitue  celle  des  dieux  de  la  semaine. 

il  ne  paraît  donc  pas  douteux  que  les  prêtres  d'Héliopolis  connaissaient  et 
avaient  adopté  la  doctrine,  plus  ingénieuse  que  véridique,  rapportée  par  Dion, 
et  ceci  est  très  remarquable.  Cette  doctrine  fondée  sur  les  lois  de  l'harmonie 
musicale,  qui  sont  transportées  aux  sphères  célestes,  est  manifestement  d'ori- 
gine pythagoricienne.  Nous  trouvons  ici  un  indice  —  on  en  pourrait  citer 
d'autres  —  de  l'action  que  les  spéculations  néo-pythagoriciennes  ont  exercée  sur 
la  théologie  des  cultes  orientaux.  D'ailleurs,  il  semble  bien  que  cette  même 
explication  musicale  de  la  semaine  astrologique  ait  été  acceptée  par  les  mys- 
tères deMithra*'',  et  ceux-ci  étaient  unis  par  d'étroites  affinités  avec  les  reli- 
gions sémitiques. 

L'image  de  Tychè,  tenant  la  corne  d'abundanco  et  le  gouvernail,  qui  ligure 
sur  le  socle  de  la  statuette  de  Baalbeck  '-'.  est  sans  aucun  doute  mise  en  rap- 
port avec  les  planètes,  dont  les  révolutions  déterminent  les  phénomènes  de  la 
nature  cl  la  destinée  des  hommes.  Tychè,  désignée  par  son  nom.  est  jointe  de 
même  aux  sept  dieux  planétaires  sur  un  bracelet  d'or,  découvert  en  Syrie,  et 

('1  Cei.sk  (OniG.,  Contra  Cels.>  VI,  22)  par-  la  lyre  à  sept  cordes  à  l'imitation  des  cercles 

Innl  de  réchelle  symbolique  de  ces  mystères,  planétaires  (Cat.  codd.  aslrol.,  VIII,  3,  p.  121, 

où  les  divinités  des  jours  do  la  semaine  ôtaii'nl  u.  3).  C'est  à  l'ylhagore  que  d'autres  textes 

représentées    par  divers    métaux,   expliquait  attribuent  cette  invention,  et  il  n'est  pas  dou- 

l'ordrc  dans  lequel  elles  étaient  placées  par  des  teux  que  ce  rapprochement  do  la  «reine  dcsins- 

raisons  musicales  ([jioaîtxoJ;  Àoyou;  npoai-TEi  fi  Irumeuts  »,  avec  les  sphères  sonores  du  ciel, 

UvM-.m  J)  Ihpowv   ItioXt)-(iai).   Lydus  cite  aussi  ne    soit  dû  aux   Pythagoriciens.    iCif.    fievue 

A  ce  propos  les  Chaldéens,  Zoroastre  et  Hys-  ArchéoL,  1918,  VllI,  p.  69.) 
tnspe   (f)f  Mcnsih.,  Il,  4).  Celle  introducliiin  (-)  De  même,    la  statue  mutilée  du  Vatican 

des  théories  pythagoriciennes  sur  rharnioni(>  (Dussaud,  supra,  p.    10)  devait  porter  les  fi- 

(Ic's  sphères  dans  les  mystères  de  Mithra  ex-  gurcs    des    planètes,   au-dessus    de    colle    de 

pliiiue  la  singulière  assertion  que  les  disciples  Tyché. 
d<'  Zoroastre  et  d'iloslnnès  auraient  construit 


LE  .IITITER  IIKLIOPOLITAIN  ET  LES  DIVINITÉS  DES  PLANETES  45 

los  so[)t  hustos  (\o  divinités  de  la  semaine  surmontent  aussi  des  figurines  de  la 
Fortune  trouvées  en  (iaule"*.  (Test  en  Gaule  aussi  qu'a  été  mise  au  jour  eetle 
dédicace  iiilinj:uf' où  Hcl  iioili-  le  titre  deFortunae  reclor,  titre  qui  prend  un  sens 
plus  précis,  si  on  le  rapproche  de  nos  images  du  Zeus  héliopolitain  '-'. 

Il  est  probable  que  la  tête  de  lion  et  le  disque  ailé,  qui  complètent  la  déco- 
ration de  la  face  antérieure  de  notre  bronze,  s'étaient  vu  attribuer  aussi  quelque 
signification  astrologique  ou  cosmologique,  mais  nous  ne  pouvons  la  di-ler- 
miner  avec  certitude  '*'. 

Malgré  les  obscurités  qui  subsistent,  l'interprétation  dé-sormais  acquise  des 
dieux  planétaires  nous  permet  déjJi  de  tirer  cpn-lques  conclusions  générales. 
Klles  s'ajoutent  aux  autres  preuves  (pie  nous  possédions  de  l'influence  exercée 
par  l'astrologie  sur  les  cultes  syriens  '".  Le  pronaos  du  temple  du  Soleil  à 
Palmyre  est  décoré  de  l'image  de  Saturne  entourée  de  celle  des  six  autres  pla- 
nètes, as.sociées  chacune  à  un  signe  du  Zodiaque  —  probablement  le  thème  de 
géniture  du  sanctuaire'"'.  De  même  l'horoscope  du  roi  AntiochusdeCumma- 
gène  gravé  sur  son  tombeau  monumental,  nous  montre  trois  planètes.  Mars, 
Mercure,  Jupiter,  réunies  dans  la  constellation  du  Lion".  Mais  le  broiu.e  de 


(')  Bracelrt  publii-  par  m:  Witte,  Gazelle 
archéologique,  1877,  pi.  IX  ;  Roschkr,  Lesikon. 
s.'v.  «  Plnnelen  »,  col.  2588.  —  Staluoltes 
gallo-romainos  :  de  Witte,  Gaz.  ArchéoL, 
187'J.  pi.  II  ;  Reinacii,  [tép.  stal.,  II,  p.  '203, 
n»  4. 

('I  CI.  L.  XII,  1-277  :  KOOjvtf.:.  T<l/,r,;  HriX'.,... 
Belus  l'ortunae  reclor. 

('I  La  lètc  (le  lion  esl  placée  iiniiUMlialoinonl 
sous  le  liusie  de  Saturne  et  seiiible  presiiue 
lui  servir  de  support.  Sur  le  mnrhre  d'Avi- 
gnon, celte  même  tète  parall  être  snbslitiice  h 
Saturne.  Or,  nous  savons  que  dans  le  célèbre 
diagramme  des Opliites. le  premier  «  .Vrctionle», 
celui  qui  esl  en  relation  avi-c  Saturne  (tiû 
XjovTot'.ojt  ip/ov-t  0jui:i9t''«  âoTsov  tov  'l'iivovia» 
était  représenté  sous  l'apparence  d'un  lion 
[■■iii  Xi'ovTo;  atuossMuivovI. comme  le  quatrième, 
c'cst-ù-ilire  le  Soleil,  l'était  sous  la  forme  de 
l'aigle,  etc.  ,Ohig.,  Conirn  Ce/s..  VI.  HO'.  Kn 
Afrique  aussi.  Baal-Salurne  est  figurt*  sous  la 
forme  (lu  lion  (Toutain,  De  Salami  in  Africn 


ruilii.  1891,  p.  il  s.).  C'est  pour  ce  motif  que  le 
Kronos  milhriaque  est  un  monstre  bVintoc^- 
pliale  I  .Won.  myal.  de  Milhra,  I,  p.  7i  sq.  >.  Mait 
sur  le  bronze  de  la  collection  de  Clercq  (siipmi, 
deux  lions  sont  placés,  non  pri-s  du  buste  de 
Snlurne.  mais  pn'-s  de  celui  do  Mercure,  ce  qui 
rend  douleu.ic  que  sur  les  deux  autres  munu- 
mi'nls  le  rapproehenieiil  avtv  Krunos  soil  in- 
leulionnel.  —  Je  me  ileuinnde  si.  déloiirnanl 
le  disque  ailé  île  sa  signification  originelle, 
ou  n'y  voyait  pas  le  globe  lern'slre  enlourv 
par  l'atmosplière,  les  ailes  étant  b'S  emblèmes 
des  Vcnis.  Il  est  ii  remarquer  que  ce  disqne 
sur  notre  bronze  esl  devenu  une  sphère  coup»'* 
par  deux  cercles  perpendiculain>s  céqualeurel 
méridien  ?). 

(''  Cf.  S\c.i.io-l'oTTiER.  niil..  s.  v.  •  Z<Mlia- 
cus  ".  p.  1017  ss. 

i^'  \Vooi>,  Ritim  of  Palmrra.  1753.  pi.  Xl.\, 
A  ;  cf.  BoLr.UK-LEci.rBCQ,  AstrotiMfie  grecque, 
p.  iî8. 

(*'  S.*r.LIO-PoTTIER,  /.  c,  fig.  1047. 


46  SYRIA 

la  collection  Sursock  nous  apporte,  pour  la  première  fois,  la  preuve  que  la 
semaine  planétaire  occupait  une  place  importante  dans  les  spéculations  théolo- 
giquos  du  clergé  d'Héliopolis  et  probablement  dans  le  culte  du  grand  temple. 
.Nous  avons  conservé  les  prières  que  les  gens  de  Harràn  (Carrhae),  restés 
païens  à  l'époque  musulmane,  adressaient  aux  planètes  le  jour  qui  était 
consacré  à  chacune  d'elles'".  Ce  rituel  quotidien  était  probablement  suivi  sous 
l'empire  romain  à  Héliopolis  et  dans  les  autres  villes  de  la  Syrie.  11  en  était 
de  même  dans  les  mystères  de  .Mithra  *-',  et  la  diffusion  des  cultes  sémitiques 
doit  avoir  contribué,  avec  celle  de  la  religion  iranienne,  à  généraliser  dans 
le  monde  latin  l'usage  de  la  semaine  astrologique,  qui  a  fourni  à  nos  langues 
modernes  leurs  noms  des  jours. 

Fra.nz  Cumont. 

(*)   Dozï  et  DE  GoEJE,  Souveaiix  documents  conservées  dans  les  mss.  Cf.  Cat.  codd.  astr. 

sur  la  religion  des  Harraniens,  dans  Mém.  du  VIII,  2,  p.  154  ss. 

Congrès  des  Orientalistes  de  Leyde,  1883. —  Des  l*)  jWon.  mystères  de  Mithra,  I,  p.  112  ss. 

prières   grecques  aux  planètes  nous   ont  été 


LKS  mi':tii()I)i<:s  de  réalisation  ahtistioie 

l)i:S  PEUPLES  DE  L  ISL\M 

l'AR 

LOUIS   MASSIGNON 

l'rciiiicr  nrlirle.) 

il  [)ciit  rire  iiiliTc^isaril  iri-linlirr  les  inuilcs  de  irulisutiim  inlhliiiw  dans  l»>S 
ilill'iMt'iilos  variiHi'S  de  l'art,  tels  (juo  les  miisiiliiiaiis  les  riniruivciil  aiilnur 
d'eux,  dans  ralnutsplière  même  tle  leur  vie. 

Il  r\\-,U'  une  |ireMiii"'re  niijcclion  |iréalalile.  On  ijit  (juil  n'v  a  pas  d  art 
musulman,  et  nu  le  dit  |M)ur  une  raison  très  >im[de.  c'est  i|u  mi  ié|irti'  que  It» 
Coran  nie  la  n'iirorutation  des  formes. 

I)"al)iird.  il  \  a  une  premirre  réponse  à  fairi'  :  il  y  a  des  arts  en  pays  d'Islam. 
La  musique  en  est  \m:  et  il  y  a  uni>  conception  très  [)articulière  de  la  nnisirpn- 
qui  s'est  répandue  avec  la  récitation  du  Coran  lians  les  diirérents  pays  musul- 
mans maijiri'  la  diversilc  des  races. 

Indépcndamnient  de  cet  art  ipii  ne  se  lai.sse  pour  ainsi  dire  pa>  saisir  sous 
une  l'orme  uialerirllc.  qui  est  presque  un  art  purement  intellectuel.  (|ui  pour- 
rait échapper  en  rel;i  a  la  couilaumation  des  formes,  il  faut  Miii-.  d  iliord.  >i  le 
Coran  condamne  la  re[irésentation  ties  fornu^s.  En  pratique,  puisipn-  dè>  main- 
tenant nous  pouvons  citer  des  musées  et  des  manuels  d  art  nmsulman  comme 
le  mainiel  de  Mii^eon.  il  Faut  donc  liien.  tout  île  même,  qu'il  \  ait  «pielque  chose 
de  connnun  a  ce  point  de  vue  entie  les  tlivers  pa\s  d'Islam. 

On  a  dit  que  le  Coran  condamnait  ahsulument  la  représentation  des  fornn's. 
J'ai  relevé  ceci  qui  est  exact  :  il  n'\  a  [tas  dans  le  Coran  même  de  comlamna- 
lion  formelle  de  l'arl.  mais  il  \  a.  dans  la  tradition  musulmane,  dans  les /i'i</i//i 
un  certain  nombre  de  condamnations.  Les  voici  : 

La  première  de  ces  condamnations  est  une  malédiction  pour  les  adorateurs 
lies  tomhes  et   des   imaj;es  des  jtrophèles  et  des  saints.  .Mais   ce  n'est  pas  la 

(')r.clli-  rtiulr   tiiit  la   inili.Tc  .1  iiiir  U-.;i.n  piof.-sst-e  nu   Colli'ge  il.-  Franco  le  'iô  fëvrior  iWO. 


48  SYRIA 

question,  puisqu'il  s'agit  là  d'une  idolâtrie  et  qu'en  somme  la  forme  n'est  là 
qu'un  moyen  d'essayer  de  matérialiser  un  culte  qui  n'appartient  qu'à  Dieu  seul. 
La  qibla,  dans  la  mosquée,  est  une  niche  vide. 

La  seconde  chose  qui  est  condamnée  dans  la  tradition  musulmane  est 
assez  étrange.  Voici  ce  que  dit  la  tradition  : 

«  Les  artistes,  les  faiseurs  d'images,  seront  punis  au  jugement  dernier  par 
un  jugement  de  Dieu  qui  leur  infligera  l'impossible  tâche  de  ressusciter  leurs 
œuvres.  » 

Ils  auront  fait  des  figurines  sans  vie,  et  Dieu  leur  commandera  de  leur  don- 
ner la  vie,  ce  qui  est  impossible.  L'homme  sera  donc  jugé  sur  cette  orgueil- 
leuse tentative  d'imiter  le  Créateur  et  condamné  pour  cela  même,  puisque  vous 
savez  que  le  seul  exemple  d'animation  de  figures  d'argile  qui  soit  donné  dans 
le  Coran,  est  celui  de  Jésus  (c'est  une  scène  d'un  Évangile  apocryphe)  soufflant 
sur  des  oiseaux  en  argile  **'. 

Mais  on  ne  peut  pas  dire  que  cette  condamnation  s'applique  à  eux  en  tant 
qu'artistes,  mais  c'est  en  tant  qu'hommes,  intelhgences  orgueilleuses,  ayant 
voulu  donner,  par  cette  ruse  concertée  qu'est  l'art,  une  caricature  de  vie,  un 
semblant  de  vie  à  la  création  do  leurs  mains,  alors  que  Dieu  seul  a  sculpté 
l'homme  et  sculpté  les  êtres  vivants. 

Lu  troisième  condamnation  que  nous  trouvons  dans  la  tradition,  c'est  que 
nous  ne  devons  pas  nous  servir  d'étoffes  ni  de  coussins  avec  images.  Mais  cette 
tradition  est  beaucoup  plus  discutable,  puisqu'une  série  de  témoignages  fort 
anciens  prouve  que,  piirmi  les  compagnons  du  Prophète,  et  même  dans  la 
cliaMd)re  et  dans  la  tente  du  rropliète.  il  y  avait  des  coussins  et  des  étoffes  avec 
des  images. 

La  quatrième  et  dernière  condamiuilion  d'images  rapportée  p:ir  la  tradi- 
tion est  que  l'on  doit  détruire  les  croix.  .Mais  vous  savez  encore  que  la  ques- 
tion de  la  croix  n'est  pas  une  question  d'image  pure,  et  que  c'est  à  caus(>  du 
culte  rendu  par  la  chrétienté  à  la  croix  qu(>  l'Islam  la  veut  détruire. 

Vous  voyc/..  en  sunime.  (pn'  l'opinion  basée  sur  ces  quatre  témoignages  qui 
ne  sont  pas  dans  le  Coran,  mais  (|ui  sont  dans  les  hadith.  et  d'après  laquelle 
l'art  n'ixislo  pas  en  Islam,  puisipie  le  fondateur  même  de  l'Islam  l'aurait  inter- 
dit, n'est  pas  une  opinion  reccvalilc. 

Cl  En  symliolKiiK-  mtisulinaiie,  l'oiseau  i  vert)  représente  l'homme  ressuscilé. 


LES    Mi:T[IODES    AlîTIS'IlQl.ES    DES    PEUPLES    DE    LISLAM    VJ 

Ni'îaninoiiis.  il  l'uut  bum  dire  qu'il  y  a  uni'  [irp.soiU[ition  assi*/.  fnrlo  i-n  faveur 
(le  celte  tiièse  puisr|u  uu  certain  nouihrc  «le  tlicnld.L'ieiis  musulmans  (inl  for- 
mellement condamné  toute  image,  .le  signalerai  le  miiii  du  |ilus  connu.  i|ui  e^t 
d'ailleurs  du  treizième  siècle,  Xawawi,  (|ui,  se  servant  i\f>  (|uatre  liadilli  que 
nous  venons  dindiquer,  interdit  (l'a\nir  cliez  soi  toute  image  ixoldiil  ijiiilnr. 
Et  vous  voyez  la  vieille  idée  très  primitive  et  très  naïve  que  le  signe  de  l'èlre 
vivant  est  précisément  de  constituer  un  écran  (|ui  porte  une  image  mnliile. 
Vous  connaissez  ù  ce  point  de  vue  toutes  les  légendes  po|)ulaires  sur  ronilire 
(|ue  porlciitles  êtres  \i\ardsel.  par exiunpie,  dans  Homère,  les  dieux  m*  portent 
pas  d  oinlue,  etc...  Et  .N'uwawi  est  t(dlemenl  ferme  ipi'il  iléfend  les  poupi-es 
pour  les  enfants  et  les  petits  gâteaux  moult-s  pour  les  féli's. 

Je  dois  dire,  dailleurs,  (\\u\  ces  deux  défenses  n'ont  jamais  été  a|)pli(piées. 
Le  rite  le  plus  strict,  It;  rite  lianbalite  reconnaît  le  droit  d'avoir  chez  soi  des 
coussins  et  des  étoiles  avec  images. 

I  )ii  a  clienlié.  et  les  musiduians  en  premier  lieu  ont  tant  cherché  les  motifs 
de  ces  iiilerdiilioiiH,  (prij  i'aliail  d  aliurd  (|iie  nous  les  ai)ordions  avant  d'entrer 
dans  le  \if  du  sujet.  Uni  Daqi(i  al  Id  a  dit  (pie  c'était  une  interdiction  [lortée 
au  début  de  l'Islam  pour  déshabituer  les  idolâtres  du  culte  des  iihdes.  mais 
que  cette  condamnation  ne  valait  plus  maintenant  puisijue  l'Islam  était  répandu 
et  avait  habitué  les  hommes  à  ne  |»as  lier  l'idée  de  Dieu  à  des  formes  faites 
par  leurs  mains.  On  a  dit  aussi  (pu-  c'est  parce  (pi  il  ne  convenait  pas  iVInihiller 
ni  la  pierre  ni  la  boue  dont  on  fail  les  murs,  raison  assez  naïve. 

II  v  a  aussi  une  i(lé(^  btri  curieuse  :  c'est  aliii  de  ne  pas  empciiii'i-  les  anges 
de  pénétrer  dans  les  maisons  où  il  y  aurait  des  images.  Les  iiuage>  les  détour- 
neraient jjuisipi'ils  V  recoiuiailraicMl  une  espèce  de  contrefaçon  de  I  teuvre 
divine,  et  s'écarb-i'aieul  de  la  iiiai-oii. 

En  l'calile,  il  nous  iuqiorte  surloiil  de  retenir  de  celle  liltéralure  >ur  la 
coiidamnalioii  de  certaines  formes,  (pie  c'e>l  une  irslnflinn,  non  une  iic':;.iti«>ii. 
(|iie  cela  vise  I  idobtlrie  cl  non  pis  1  art  liii-iiieiiie. 

Ce  ipi'il  y  ado  très  frap|>aiit  chez  le  niiisuluian  dans  la  conceplion  ipi  il  a 
di>  l'art,  c  (ist  (pie  si  nous  le  menons,  par  exiiiiple.  dans  une  église  ou  un  mu- 
sée, il  regarde,  il  se  nielie  d'abord,  il  Iroiive  (pic  l 'est  une  ruse  magiipie.  (pi'oii 
a  essayé  d'imiter  Dieu.  Kl  puis,  comme  il  a  la  foi.  il  se  dit  (|u'après  louL  ces 
choses-là  sont  iuqiuissautes  et  sans  danger,  car  nous  devons  com|ireiidri>  ipie 
Stkh.— n,  7 


50  SYRIA 

tout  ce  qui  a  été  fait  on  eo  moiulo  par  Dieu  est  un  peu  coninie  pour  nous  les 
objets  que  nous  construisons,  ce  sont  des  mécaniques. 

Le  musulman  ne  veut  pas  être  dupe  de  l'art,  parce  que,  pour  lui.  le  monde 
lui-même,  (pii  est  infiniment  plus  beau  que  toutes  les  œuvres  d'art,  n'est  qu'une 
mécanique  dont  iJieu  tire  les  ficelles. 

Il  V  a  à  ce  sujet  dans  la  littérature  musulmane  un  très  grand  numi)re  de 
vers  célèbres,  de  Klicyam  en  persan,  de  Nàbolosi  en  arabe,  qui  caractérisent 
cette  conception  de  la  nature.  Et  c'est  le  fond  de  la  mystique  musulmane  : 
Dieu  tire  les  ficelles  comme  dans  le  spectacle  du  Guignol.  C'est  pour  cela  que. 
par  exemple,  il  n'y  a  pas  de  drami's  chez  eu\.  Le  drame,  pour  nous,  est 
dans  le  cœur  môme  des  persomuiges,  dans  leur  liberté,  mais  cette  liberté,  pour 
les  musulmans,  est  conditionnée  par  la  \  uluiit('  divine  et  ils  ne  sont  que  des 
instruments.  Il  y  a  bicii  du  drame  chez  eux,  mais  c'est  au  théâtre  de  marion- 
nettes, ce  qui  est.  à  la  l'ois,  très  simple  et  très  profond. 

Si,  d  aulrr  part,  nous  essayons  de  voir  c(jmmenl  l'art  nmsulnian.  jiuis- 
qu'il  existe,  comme  nous  allons  le  voir  —  s'est  constitué,  nous  verrons  que  ce 
n'est  pas  du  loul  par  une  influence  étrangère,  mais  que  les  conceptions  musul- 
manes de  1  art  dérivent  des  postulats  fondamentaux  de  la  métaphysique  musul- 
mane. Le  Coran  est  un  premier  exemple  de  cette  métaphysique  musulmane,  il 
es!  farci  de  définitions  métaphysiques;  d'ailleurs  métaphysique  est  un  mot  pré- 
tentieux, tiiut  le  niiinde  fait  de  la  métaphysiqm^  dès  que  l'on  raisonne. 

Larl  nuisuhuau  dérive  dune  théorie  de  l'univers;  c'est  la  théorie  de 
la  représentation  du  monde  (pie  tous  les  philosophes  musulmans  ortho- 
doxes non  influencés  par  la  Grèce  ont  soutenue  mordicus,  la  théorie  dogma- 
ti(|ue  de  la  lhé(dogi(>  uuisulmaiie.  Ci'tte  théorie  est  (pie,  dans  le  monde,  il  n'\ 
a  [)as  de  farines  en  sni,  il  n'x  a  pas  tli;  figures  en  soi.  Dieu  seul  est  perma- 
neiil.  "^ 

.Vu  lien  de  la  conci'ptidn  griM(pi('  (pi'il  v  a  en  elles-mêmes  des  choses 
iiiiliiicllvs  ipii  (bireiil  parce  ipie  Dieu  a  trouvé  beau  ili'  les  faire  se  perpétuer, 
s  eiigiMidrer,  se  repindnire  suivant  des  lypes  de  crislallisation  et  d'équilibre, 
en  Islam   l'idée  profonde,  l'idée  dominatrice  du  Dieu  (pii  manie  tout  interdit 

"■•'••'■  e eplion.  Toute  créalure,  même  celte  labh^  que  nous  voyons,  ne  dure 

pas  piiiii'  le  tbénidgieii  uiusidnian.  inotazilile  ou  acharite. 

il  II  \  a  pa>  de  diii'ée  dans  la  théologie  musulmane,  il  n'y  a  {[uo  des  instants 


Li:S    MKTIIODKS    AIITIS'IK  M 'KS    DES    l'Ell'I.KS    DK    L'ISLAM     TA 

t't  ces  irisl.itils  n'oiil  iiir-im-  p.is  un  ncdic  ili-  succession  ni-ccssairc.  [^i-s  lln-idd- 
jpeiis  inusnlrniiiiN  xml  ;irri\i's  Iro  \ilc  ;i  la  llicntic  i|iii'  le  |cni|i>  pcnl  clic  rc- 
vcrsildc.  l'mir  cii\.  il  ii'\  a  (|iic  des  sniles  d'inslaid>.  el  ces  siiilcs  d  in-|anN 
sont  discordinues  cl  rc\ciNildc>  s  il  |dail  à  F>icn. 

Il  n'\  a  pas  de  loinies  d  il  n'y  a  pas  i\r  li;:uics.  Là  (m'i  les  (Jrers  s'e\la- 
siiiienl,  comme  dans  lidée  par  exemple  de  lo^doade  on.  au  lieu  du  nomlire  >!. 
eélail  pour  eux  une  ciiinpn>ilitin  ipii  ('-lail  Itelle  en  elle-mèmi',  el  non  pas  la 
sini|dc  rcpi-lilioii  N  Inis  de  liinilc.  de  incmc  (piils  nui  c|c  des  p'-ornêtres  avaiil 
tout,  admirateurs  des  pcdxédres  et  des  sphères,  au  lieu  décela,  le  musulman 
considère  (piil  ny  a  pas  de  cidiection  de  nomlires,  ipi'il  n'\  a  que  des  unités 
ipie  Mii'M  giiiMpc  a  ■").  (i.  7  ou  S  |ionr  un  moiin-id.  ipi'il  n  \  a  |ias  de  ligures, 
mais  (piil  \  a.  à  un  iiHMuent  domn-,  un  asseudda^c  d  atomes  :  d  la  li^'in-.  pour 
eux.   nCsl  iprim    point  (pii  se  di'place. 

(!ela  esl.  d'ailleurs,  une  delinilion  très  moderne:  il  es|  possihle  de  d)'-m(jn- 
Irer  combien  celte  llieo|o;j;ie  très  particulière,  ipii  allirun'  rouuiipoleiice  dixiue 
sur  tout  le  mali'iicl  doid  sont  faites  les  créatures,  a  ciuidiliiuim'  le  de\elop- 
pement  des  matlii'Uiatiipics  en  Islam,  dans  le  sens  de  l'aLvIire.  de  j'analNse. 
alors  (pn-  l'esprit  ^'ree  était  unes[iritde  p'-omètre  et  irarillum-licien.  et  d'arilli- 
mélicien  aimaid  les    noud)res    entiers   el   les  propriétés  des  nombres  entiers. 

Au  lien  de  cela,   l'exolution   de  l'esprit  aral si  liés  ori::inale  cl  très  ndle  : 

rarilhméti(pM'  s'(uieide  immédiatement  vers  l'aluèlire.  el  la  L'éomi'-lrie  vers  la 
trigonométrie. 

C'est,  en  somme,  la  cmiceplion  1res  mnderne  de  l.t  nature  cormiii'  on  doit 
l'éludier  au  point  de  \  ue  scienlili(|ue. 

De  même  ipi  au  point  de  xui>  scientitique.  la  [lalnre.  |iour  eux.  n'existe  pas. 
mais  est  simplement  ime  si'-rie  aiiiilraire  d'accidi'ids  el  d'atunn's  ipii  n'oid  pas 
de  durée,  de  même,  en  art.  ntuis  \errons  ipu'  cette  négation  île  la  permanence 
de  la  ligure  et  île  la  l'orme  es|  précisément  le  principe  de  celle  caraclerisliipie 
(pie  tant  d'entre  nous,  ipii  ont  \isili'  les  pa\s  musulmans,  ont  sentie  confusé- 
ment, sans  pouvoir  la  didinir  en  ternies  raisoum'-s  et  coordonnes,  .li-  ne  jué- 
tends  pas,  d  ailleurs,  ipie  ma  deliniliiui  soit  1res  poussée,  mais  je  voudrais 
(pi'elle  lu!  matièic  à  rellexion  et  à  lessoux  eiiir  |iour  certains  d'eiiire  vous. 

Les  (irecs  ont  insiste  lieaucoup.  lorsqu  ils  se  sont  mis  à  l'airi>  delà  mela- 
pliysi(|ue,  sur  ce  ipie  l'on   appelle  la  preuve  esllirliiiiii'  île  l'exislence  de  Hieti. 


52  SYRIA 

l'harmonie  des  choses,  le  cosmos.  Ce  mot  même,  qui  est  un  mot  assez  sai- 
sissant, dispense  d'expliquer  davantage. 

11  n"v  a  pas  de  preuve  de  ce  genre  en  théologie  musulmane.  .Mais  seulement 
celle-ci  :  Dieu  est  le  seul  permanent.  Les  choses  passent.  Toute  chose  est 
périssalde,  sauf  Son  visage,  comme  ils  disent,  et  la  preuve  de  Dieu,  c'est  le 
changement  de  ce  qui  n'est  pas  Lui. 

Elle  existe  tout  au  long  du  Coran  où  Abraham  voit  le  soleil  qui  passe  avec 
le  soir,  la  lune  qui  est  voilée  avec  les  éclipses,  les  étoiles  qui  disparaissent 
devant  le  soleil,  et  conclut  :  «  11  y  a  donc  un  Dieu  qui  est  ailleurs,  et  qui  est 
permanent  ».  Pour  eux,  donc,  la  preuve  de  Dieu  est  par  le  changement;  et  l'art 
va  être,  ne  peut  être,  qu'un  moyen  d'essayer  de  démontrer  que  les  créatures 
ne  sont  pas  par  elles-mêmes.  C'est  un  art  qui  nous  soulignera  le  changement. 

De  cette  restriction  précisément,  de  ne  pas  s'attacher  à  des  figures,  de  ne 
pas  idolâtrer  les  images,  l'art  musulman  est  né,  très  simple  et  très  immatériel, 
comme  l'art  d'un  musicien  qui  serait  algébriste,  et  qui  ne  croirait  pas  à  la 
beauté  de  l'accord  en  elle-même,  mais  simplement  au  passage  d'un  certain 
nombre  de  notes  pour  aboutir  à  des  silences. 

Il  y  a  un  très  vieux  hadith  de  Ibn'Abbâs  qui  est  tout  à  fait  curieux.  11  disait 
à  un  peintre  persan  qui  lui  demandait  :  «  Mais,  enfin,  est-ce  que  je  ne  pourrai 
plus  faire  d'animaux  ?  Je  ne  pourrai  plus  exercer  mon  métier"?  »  —  «  Si,  mais  tu 
peux  décapiter  les  animaux  pour  qu'ils  n'aient  pas  l'air  vivants,  et  tâcher  qu'ils 
ressemblent  à  des  fleurs.  » 

Vous  voyez  cette  inanimation  des  fnrinos  périssables,  pour  tàclior  de  les 
faire  «  passer  »  et  périr  sous  nos  yeux  pHur  nous  montrer  que  nous  ne  devons 
pas  nous  imaginer  que  nous  puissions  leur  communiquer  une  permanence 
vitale  qu'cMes  tiennent  de  la  volonté  et  (hi  souffle  de  Dieu  seul.  A  ce  point  de 
vue,  .lérôme  et  Jean  Tharaud  ont  bien  vu  et  rendu,  dans  leur  admirable  des- 
rri[ilion  ihi  jardin  de  l'Aguedal  à  .Mariikoch.  ce  c(Mé  de  fantaisie  volontaire- 
ment irn-elle  qu'a  l'art  musulman. 

Au  vrai  (ne  le  [lensons-nous  pas  nous-mêmes),  l'arliste  ne  doit  pas  s'eni- 
vrer des  formes,  ne  doit  pas  être  le  Pygmalion  de  ses  œuvres,  puisqu'il  est 
condamné  à  se  remémorer  l'esquisse  prise,  bien  après  que  la  joie  en  est  passée, 
l'I  i|ii  il  lui  l'uni  réalisiT  son  iiuidèle.  Il  ne  doit  donc  pas  idolâtrer  l'image  qu'il 
a  Mil'.  iMii'-qn'il  t';iul  (pi'il  en  liic  qnclqm- chose  d'autre. 


LES    MKTIIODES    ARTISTIOfES    DES    PEITLES    DE    Î/ISLAM    53 

«  i\('  [tas  croire  l'i  ses  rAvcs.  car  les  iiiiafics  pivr  aiifs  tic  ce  iiKimlc  sotil  des 
rôvcs  et  [tassiTont.  »  \  Oici  lo  fond  ilr  l'idi-c  niusuliriane.  N  oiis  vovoz  quelle 

Il  il'  la  \  icillci'iiiii  r|iliii[i  |iaïi'niii'.  i|n  ill'  iiii'  la  r(iiii'i'|iliiiii  gr(>i-i|iir>.  iiiai>  i|ii'idli' 
ne  nie  [las  loiili'  rii()iliili-.alii)ii  ti^iircr'  de  la  peiisi'iv 

Nous  allons  [lasser  darl  en  ail,  sans  essayer  d'approfofidir  la  le(Iiriii|ue. 
mais  essayer  de  saisir  ce  ([lie  le  iniisiilnian  y  a  iiian|iii''  de  [larlicnlier  il  qui 
noussédiiil,  <|iie  nous  refiardions  le  di-cor  de  la  iiios(|uéc  avec  la  niche  \ii|r  nu 
on  siiririili'  [iiMir  la  [iiiric  que  nous  re^ardimis  le  dessin  d'un  lajiis  qui  est  si 
dillereiil  di'  la  la[tiss('iie  nccidenlale,  que  nous  l'coutions  la  uiiisi(|ue  dune 
chanson  ou  que  nous  considérions  la  dis[iositi(ju  dun  poème. 

Loi  is  Massignon. 
[A  xuivrc.) 


BANDEAUX  ORNEMENTÉS  A  INSCRIPTIONS  ARABES 

AMIDA-DIARBEKR.  XI«  SIÈCLE 

PAR 

S.  FLURY 
[Troisième  article.) 


J'ai  déjà  signalé  le  coufique  tressé  comme  un  produit  de  lart  arabe  oriental 
(cf.  Islam,  VIII,  p.  224,  n.  2).  En  esquissant  sa  ligne  de  marche  à  travers  les 
provinces  musulmanes  orientales,  j'ai  indiqué,  comme  les  deux  points  ex- 
trêmes de  son  parcours,  dune  part  la  tour  située  près  de  Tirmidh.  sur  l'Amou 
Daria,  et  de  l'autre,  les  monuments  d'Amida. 

Depuis  lors,  E.  Diez  a  publié  ses  Churasanisclw  Baitdenkwàler,  avec  la  re- 
marquable inscription  de  la  tour  de  Ràdkàn*''.  Le  coufique  tressé  existait  donc 
dès  l'année  407  II.  1016-17,  au  sud-est  de  la  mer  Caspienne,  et  il  y  atteint  une 
pureté  de  style  qu'on  retrouve  à  peine  à  Amida  l.'iO  ans  plus  tard.  C'est  un 
fait  remarquable  que  l'architecte  Hibat-allàh.  nommé  dans  deux  inscriptions 
d'Amida  en  coufique  tressé,  est  appelé  «  Gourgàni  »  :  dès  lors,  on  peut  ad- 
mettre qu'il  est  originaire  de  la  province  ou  de  la  ville  de  Gourgàn.  au  bord 
de  la  mer  Caspienne'-'. 

Essayons  d'abord  danalvscr  r('ciiluii'  de  Hàdlvàii  :  l'Ilc  iiuus  lacilitera 
l'élude  des  origines  et  de  l'éviibition  di's  liaiidiMux  dAinida.  l'anni  les  monu- 
ments l'pigrapbifjues  pul)li(''S  à  ce  jour.  c(dui  de  Uàdkàn  est  un  des  produits  les 
jdus  originaux  de  l'art  arabe  au  onzième  siècle.  Si  l'on  endjrassc  d'un  coup 
d'œil  les  séries  de  caractères  arbitrairement  et  bizariement  tressés,  enlacés  et 
enlorlillés,  on  reconnaîtra  de  suite  le  principe  cpii  gnide  celle  écriture.  L'ar- 
tiste   a  pris  pour  point  de  départ,  non  la  lettre   individuelle    avec  sa  forme 

(')  C(.  o/i,  cit.,  plniiclies  i,  3,  cl  Ips  rcmar-  van    Ukuciikm,  Im-.   cil.,  p.  (i'i  ;   la  oiilic,  les 

qiips  (lo  vnn   IJ<Tclicm   sur  li>  style  ric   cette  noies    <lii    docteur   l)\siiu>    (\ieniie).    iOi'i-, 

inscription,  p.  88.  p.  .10!). 

(';  Cf.  le  sens  de  n  GourgAni  »  discuté  par 


H.\M)i:.\i  x  ()Hm:.menti;s  a   iNscr.U'i  ions  ahaijes    55 

liiiililidiiiiclli'  et  ili'lliiic,  mais  rciisciiil)!!'  du  liinaj;!.',  };ra|iliitnic.  A  cet  pn- 
Minlilr  il  sac  liiir  lindividualiti'  dos  raracli-ros.  C'est  le  priiicipi'  du  roniplago 
iiiiiroiiiii'  dr  la  siiifaïc  par  des  t-lrincnts  f.'raplii(pirs  et  In-ssrs  qui  a  produit 
cclli'  cMiltiTaiicc  (Mniiiiantr  dr  l"(''trituic  dr  Itadlvàn.  I.i-  caractÏTe  isoli-  est 
liiiiti'  |iiii-  le  callif,'!'apli<'  avec  un  souvriain  ilcdain.  car  il  veut  créer  avant  tout 
un  l)and('au  ailisliipic  d'une  tunaliti'  uniliMnic.  et  min  pa-  une  t'criture  flaire 
cl  li>ildr. 

|]n\  isajicons  inainti-nani  les  catacliTes  isoli'-s.  Di'-jà  le  LTionpi-  de-,  nlif  (cf. 
|d.  \i.  !)"•  rcnfniue  à  peu  [in-- Imit  (  r  (pii  r;ii;icU'Tise  It-criturc  dr  Kadkàn. 
I.a  hampe  simple,  non  lu'is('e.  ne  >e  tnmve  ipiiine  fuis*'-'.  I  n.  h.  r  :  de-,  motifs 
en  arcs  placésà  des  liauteur>  dillereiites  ;  (/;  le  simple  no'ud  en  cirnr.  ipii  n'iip- 
païaîl  i|ue  2."i  ans  plus  tard  à  Amida  :  c  /.  7  ;  de>molir^  lio^i-- ipu- nous  n'axons 
lrou\t''S  qu'au  douzième  siècle  à  Amida:  h.  i:  des  (ilif-him  enliel;ici''S  :  /,  m,  h: 
des  l'oiMies  livbrides,  ilont  les  |iailii'>  >upeii('ures  m-  sont  pa>  lit'-es  orf^aiiique- 
ment  aux  inférieures  ;  ce  type  n'apparait  |ias  encore  dans  les  liandeaux  d  .\mida 
du  oir/.ième  siè(  le  :  n.  ji :  des  iilif  (pii  si-rxent  à  former  des  j;roupemen(>  de 
lellres.  Dans  le  yroupe  des  lui  (cf.  2)  simialiin>  le  //W-m"//  Iressi',  dont  j'ai  parle 
dans /.s7//(//,  \  ill  i  p.  ll'i,  n.  2);  nous  retrouvons  la  niènu'  l'cuiiie  dans  l'inscrip- 
tion placée  au-di's-MS  de  la  ptule  de  la  tour'".  Les  variantes  du  j,'roupe  tljim 
moiiheiil  claireuieiit  ipie  larlisli-  n'était  lii'  ii  aucun  alplialiel  canoniiiue.  mais 
qu  il  doimait  lilire  coursa  S4in  caprice  et  inventait  tie  nouxelles  formes,  selon 
les  besoins  du  renqilaj;e  de  la  surface.  Seuls  les  ili'iiii  et  les  (ii'i  de  l)ja  far  et  de 
iMuliammad  ^cf.  :{,  it.  In  rappellent  Ie>  formes  lradilioimeIle>  plus  ancieiuies. 
;{,  <•, /,  a\ec  les  douilles  iKcuds  en  co-ur.  sont  très  caractéristiques:  qu'on  re- 
marque ici.  de  nouveau,  la  coudiiuaison  Inliride  de  :<,  </.  Tiuis  les  </(//  (cf.  il 
ont  le  molii'en  arc  à  la  hase  de  la  lellre.  un  seul  ilU  (  l.  m  all'ecle  une  Uninr 
siuqile,  jilus  ancienne.  4.  (/././/se  font  remarquer  par  trois  traits  liori/oiitauv 
dans  la  partie  infi-rieure  de  la  lettre.  Dans  les  s'in  simples,  les  hi>eau\  entaillent 
les  hanqies  voisines  (cf.  (i).  Les  sàil  et  les  '(////  se  di-<liui,'iienl  par  de>  erdrela- 
cemeuts  (nul  à  lait  exiraordiuaiies  (^cf.  7  et  !•.  r,  c.  / 1.  Le>  m'iiii   pri'senletil  à  la 

(,'    Lo  (loclcnr  E.  Die/,  a  bioii  viiiilii  mclln-  11  ('1  C'csl  \\ar  oubli  iiu'i-lle  iiinuque  iUiik  la 

ma  ilispositioii  st\s  i>liotogra|iliit's  dr   llAdkAii  pluiit-ho  VI,  1;   voir  E.  Dut.   Ux-.cit.,  pi,  III. 

pour  l'uiiulYS(>alpliulK-lit|iii-  ;  je  lui  oiicxpriiiu-  2,  à  gauche, 
toute  ma  rocoiinaissauce.  (,';  Cf.  E.  Dikz,  /w.  cil.,  pi.  1,  i. 


56 


SYRIA 


base  le  type  arrondi  et  le  type  en  ligne  droite  (cf.  13).  Les  deux  hâ  non  liés 
(cf.  15; rappellent  d'une  manière  frappante  \mhâ  d'Amida(cf.  pi.  XIII  A,  15  dé- 
but). Les  queues  remontantes  des  wdtc{l6,aàg.)  donnent  la  même  image  d'en- 
semble que  le  groupe  aUf;  ici,  également,  une  forme  hybride  (16,  /"),  17  montre 
l'ancien  yâ  retourné  qu'on  a  déjà  vu  à  Amida.  Le  lâm-aUf,  enfin,  présente  un 
exemple  typique  dune  formation  hybride  (cf.  pi.  ^'I,  en  bas  à  gauche,  et  fig.  6 
à  gauche).- 

Ce  tableau  alphabétique  montre  clairement  que  le  rinceau  végétal  ne  sau- 
rait prospérer  dans  un  pareil  labyrinthe  de  lettres.  Les  éléments  végétaux  se 
réduisent  pour  la  plupart  à  de  simples  demi-feuilles,  qui  s'attachent  à  la  partie 
supérieure  des  lettres  (cf.  3,  4,  7,  13,  15,  16);  la  forme  la  plus  développée 
est  la  feuille  tribolée  fendue  de  la  figure  8  à  gauche  (cf.  pi.  VI,  4).  Les  motifs 
de  remplagc  indépendants  s'harmonisent  bien  mieux  que  les  rinceaux  avec  le 


RRDKRN  W1  Btt  COîO-îl)  c  t^  L 


Fig.  8. 

caractère  général  de  cette  écriture;  en  effet,  ces  motifs  ont  la  mémo  «valeur 
tonique  »  que  les  h-llres.  Ils  sont  de  formes  très  variées.  Relevons,  en  pre- 
mier lieu,  un  calice  de  palmettes  à  foliole  centrale  (cf.  fig.  8,  à  droite:  3,  h  et/, 
17  a).  Ce  motif  funue  aussi  la  décoration  principale  de  la  coiniclii'  au-dessus 
de  rinsrriptioM  de  la  tour'",  ce  qui  prouve  l'unité  de  tout(>  la  di-coralion  de 
surfaci'.  Le  calice  simple  se  voit  aux  n"  2  et  10.  planche  ^'l. 

Kn  dehors  de  ces  motifs  végétaux  nous  trouvons  di'jàdans  cette  inscription, 
relativement  ancienne,  des  hampes  accouplées  purenuMit  décoratives,  qui  gar- 
nissent les  vides  entre  les  lettres  (cf.  fig.  8.  milieu).  Et  il  me  semble  (|u'à 
Kàdkau  ces  ornements  graphiquesont  une  valeur  loule  partiiulièie.  eu  ce  (ju  ils 
révéleiil  I"urii:ine  des  formes  analogues  [dus  récentes  (juc  imu--  avons  relevées 


(';  Cf.  DiFZ,  lor.cil..  pi.  m. 


\,  ly-ii 


PI    VI. 


m^tii^rvr^ftf^ 


irâiiiiâÉîi^'âd" 

Mm 

li.Mlkàii    AlphalM  I  ,!,■  liiiMi-iiilicn  sur  \:\  loiir  fiiu.Tniro.  ill  II.  i  l(i.'i>..'| . 


IJANDEAUX    ORNEMENTES    A    INSCRIPTIONS    ARARES     57 

à  Amida.  Il  est  ôvidciil  ([iio  les  liainpos  iiccouiiir-fs  di-  la  |ilainln'  \l.  ti  i-t  I  i, 
(;orrcs|Kiiiil('iit  l'vacli'iiiciit  à  celles  de  la  |daiulie  .Wlll.  lit  lin:  la  seule  dilTé- 
i-ence  est  i|n  à  Amida  ces  {'léiueiils  •:ra[dii(|in's.  au  lieu  d  ejiw  iilires.  se  racciir- 
denl  à  la  lellre  par  des  liges  uiinces  ou  de  pelils  triangles.  Kii  exaininaiil  les 
variantes  de  Hàdkàn,  on  reconnaîtra  facilement  ipie  toutes  sont  des  inodilica- 
liipiis  d'im  W;/(-r///7  purement  décoiatir:  le  deiriirr  iimt  filh'ih  de  la  piam  lir  \| 
en  donne  deux  e\em[)lest". 

Les  anlres  motifs  indépendants  consi>tenf  en  étoiles  a  six  ou  Imil  puinlcs 
et  en  di\rr>  motifs  tressi'-s.  Parmi  ces  dernier>.  notons  >urlout  les  doiddes 
n(ends  en  co'ur  if.  pi.  \  I.  (i  et  2),  (pn'  nous  avons  [)récr'deinment  mis  unis 
aux  cor|)s  des  lettre-,  .le  >ui>  convaincu  ipi  à  une  épo(|ne  plus  recidi'c  le  calli- 
graplie  emploMiil  uniipii'meiil  ili'-  motifs  iiidi'-peiidaids  pour  gariiii-  les  inter- 
valles cidre  les  lettres,  et  (pi  il  ne  s  est  mis  ipu'  plus  tard  à  les  marier  aux  ca- 
ractères. Sous  (•(>  rappoit  l'inscription  eti  caractères  pcddvis.  sur  celte  inéine 
tour  de  Itadkari.  e>l  tre>  iu>trucli\ e  :  elle  illu>lte  l'emploi  exclusif  de  motifs 
Iressi'S  independanls  du  même  genre.  .Ne  se  pourrait-il  |ias  qu'iiru'  écriture 
étrangère  eût  inllueiice  le  coidi<|in'  tressé  de  Kàdkàn  '.'  .Malheureusement  nous 
ne  po^si'-dons  pa>  de  manuxiils  eidumiui'-  de  celte  (''poiiue  de  Iransiliori  :  ils 
(diilril)ueraii'ut  peul-ètie  à  trancher  celte  ([uestion.  D'après  M.  Iluart.  un  cal- 
ligiaphe  du  troisième  (^neuvièini!)  siècU».  0>lad  .Vliwal  Segii.  a  écrit  di-s  traités 
sur  les  dilîérenles  espèces  d  écritures  :  or,  il  se  servait  d'une  écriture  dont  la 
déllnition  pourrait  convenir  à  l'écriture  monunienlale  de  Kàdkàii  :  «  ctdie  <lont 
toutes  les  lettres  sont  liées  les  unes  aux  autres,  jointe,  encliainée'-'  ». 

Voyons  maintenant  quels  sont  les  rapiioris  directs  ou  imlirecLs.  entre  les 
bandeaux  d  .\mida  et  ccdui  de  Ràdkàn.  A  ce  sujet,  il  ne  faut  pas  oublier  tpi'au 
sud-est  de  la* mer  Caspienne  on  Iniuve  non  >eiilement  le  cournpie  tressé,  mais 
aussi  (I  ;nilre>  l\pes  d'écriture  ;  \aii  Reichem  a  déjà  insisté  sur  ce  poird '■■'.  I.e 
couliipie  de  I  inscription  delà  tour  deliouigàn  (  Djourdjàn).  par  exempli',  est 
t'Ionnammeiil  -inipii.  ,1  archaupie.  11  gardera  ce  caractère,  même  si  nous  nous 
représenlons  le  fond  de  ce  handeau  garni  de  rinceaux  en  stuc  qui  pourraient 
a\oir  disparu  au  cours  du  tenqts.  I  ii  autre  type  d'écriture.  i|ui  est  une  combi- 

I  '  I  et.  l.vo\  KAiwiiACEii,  Pro/i/fm  i>i/cr /'/iiin-  iiinliirisles  ilf  l'Orirrit  miisiilnion,  pf>.  "3,  Ti. 
tom.  pp.  lilcl  suiv.  C)  Cf.  (.'/mnis.ini,<i-/i<-  Itiwdrnkini'iUr.  pi.  IV, 

(*)  Cf.  Cl.  IliART.  les  Calliijrnphfs  el  Us  mi-  S  ol  V.  i-i.  t<t  pp    lOI-î 

S\niA.  —  U.  8 


58  SYRIA 

naison  de  coufique  tressé  et  de  coufique  fleuri,  se  trouve  au-dessus  de  la  porte 
de  la  tour  do  Rùdkàn  '*'.  Si  oh  le  compare  à  lïnscription  merwanide  d'Aniida, 
de  quinze  ans  plus  récente,  on  reconnaît,  au  premier  coup  d'oeil,  l'avance  con- 
sidérable de  la  Perse  sur  la  Haute-Mésopotamie  dans  le  développement  de 
l'écriture. 

Nous  avons  suivi,  à  Amida,  l'évolution  lente  et  graduelle  du  style  graphique 
pendant  un  siècle  ;  elle  nous  paraissait  alors  tout  à  fait  autochtone.  Il  nous 
faut  renoncer  à  cette  idée  après  avoir  étudié  Ràdkàn  ;  là  nous  trouvons  réunis 
dans  une  seule  inscription  la  plupart  des  ornements  graphiques  qui  apparais- 
sent successivement  au  courant  du  onzième  siècle  à  Amida.  Or,  il  est  incon- 
cevable qu'à  différentes  époques,  deux  provinces  musulmanes  aient  produit 
exactement  les  mêmes  formes  ornementales  et  les  aient  appliquées  à  l'alphabet 
arabe  d'une  façon  tout  à  fait  identique,  sans  qu'il  y  ait  ou  dos  rapports  directs 
ou  indirects  entre  ces  provinces.  La  migration,  de  l'est  vers  l'ouest,  des  élé- 
ments décoratifs  du  coufique  tressé  mo  parait  évidente.  Ce  no  fut  pas  une 
invasion  sul)ite  et  violente  dès  l'abord:  les  nouveaux  éléments  ne  pénétraient 
que  lentement,  les  uns  après  les  autres,  dans  le  coulique  ileuri  d'Amida.  de 
sorte  que  les  bandeaux  de  la  seconde  moitié  du  onzième  siècle  présentent  en- 
core une  image  d'ensemlib-  d'un  i\  Ibme  parfait.  On  pourrait  donc  caracté- 
riser la  plus  grande  partie  de  ce  siècle  comme  une  période  de  pénétration  pa- 
cifique. Ce  ne  fut  qu'après  la  conquête  seldjoukide  que  les  motifs  tressés  et  les 
entrelacements  des  lettres  se  multiplièrent  rapidement  dans  les  bandeaux  en 
couli(|ue  fleuri  :  et  vers  le  milieu  du  douzième  siècle  ils  dominèrent  complè- 
tement récrituri\  Toutefois,  la  tradition  indigène  (-tait  si  forte  qu'elle  persistait 
encore  sous  la  (InMiiiiation  <los  Seldjoukides.  Les  conqut'raiits  seldjoukides  qui 
s'avancèrent  de  l'est  à  l'ouest  furent  donc,  à  vrai  dire,  les  propagateurs  du 
coufii[ue  tressé,  et  parleur  conquête,  ce  style  a  pris  racine  à  Amida. 

l'ni!  (piestion  se  pose  maintenant  :  cette  écriture  est-olle  une  création  des 
tribus  nomades  converties  récemment  à  l'Islam,  ou  bien  a-t-elle  ses  racines 
d;ins  \me  tradition  arabe  plus  ancienne  ?  ."^ans  aucun  doute,  le  coulique  tressé  de 
Hàdkàn  était  déjà  formé,  lursciue,  après  bi  UKU-t  du  sultan  Maluiunid,  l(>s  Sold- 
joukidrs  s'avanceront  \ors  l'ouest,  .'^oul  u\i  spécialiste  do  larl  tlo  l'Asie  Cen- 

I.';  Cf.  0/1.  cil.,  pi.  1,  t!,  L'I  p.  !»7  t<n  bas. 


BANDEAUX    ORNEMENTÉS    A    INSCIII  l'T  lUNS    ARABES      59 

traie  pourra  rôpondro  à  eotl(î  quostioti  ;  je  ino  liornc  à  montrer  la  «lifficulti;  du 
proldèiiii'.  Le  CDiilifiuo  tressé  de  Itàdkiiii,  au  [loiiil  de  vue  |iiireiiienl  arlislirjue, 
donne  l'impression  d Une  [)arfaile  sùrcli;  de  st\ir.  cl  postule  ainsi  uncj  longue 
pérjfKle  d'évolution.  Mais  les  matériaux  antérieurs  à  l'an  |0(Kl  faisant  défaut, 
il  c-l  iinpossiMe  d'établir  la  elironoloj^'ie  de  cf  shli-.  .l'ai  dé-jà  suggéré  (jue 
l'inscription  pehlvi  de  la  tour  de  Uàdkàn  pourrait  rc[)réscnler  une  [diase  pri- 
iiiili\e  (lu  eoulirjuc  tressi'-.  Il  serait  [)ossil)k'.  (pn«,  tout  d'ahord.  le  fond  du  l»an- 
driiii  eut  l'te  garni  simplement  de  motifs  en  tresse  indépendants,  ainsi  qu'on 
en  voit  dans  les  inscri|)tions  des  monuments  pprsans  en  lirique  du  douzième 
siècle  ("  ;  mais  alors  il  fallait  ndier  toute  cette  ornementation  à  entrelacs 
aux  traits  rigides  de  l'écriture  eoulique,  et  l;i  transformer  à  fond.  11  ne  me 
semhie  guère  prolnilde  qu'un  artiste  nourri  île  vieille  tradition  musulmane  ait 
eu  le  courage  de  défigurer  le  sobre  couliipie  des  vieux  corans,  pour  le  trans- 
former en  une  écriture  aussi  étrange.  Plus  vraisemblable  est  l'autre  hvpothèso. 
à  savoir  (|u"une  tribu,  libre  de  trailitions  musulmanes,  a  produit  les  artistes  (|ui 
ont  créé  le  eoulique  tiessé.  peut-être  dans  le  cours  de  qucKpies  années.  Un 
comprend  alors  (jue  les  types  coutiques  traditionnels  aient  persisté  ù  coté  du 
nouveau  fv|)e  tandis  que  l'origine  autoebtone  aurait  |iour  postulat  une  certaiiu* 
uniformité  dans  les  monuments  d'une  même  époipie.  11  est  vrai  qu'un  argu- 
ment psychologique  [khiI  être  imoqni'  contre  celte  hypothèse.  Le  fait  que  le 
concpiérant  impose  ses  goùls  artistiques  à  la  race  vaincue  est  facilement  cum- 
j)ri''liensilile.  l'Iiisloire  de  l'art  en  dotme  bien  des  exemples.  Mais  il  »i'rail  plu-> 
sui|ireri;iiil  qii  un  arlisie  (''lianger.  couvei'li  reecnimeiil  à  I  islam,  ait  nx'  satla- 
(pier  à  Tecrilure  du  Coiaii.  Mans  ce  cas.  il  faut  iph-  des  inlluences  étrangères 
à  I  art  pur  aient  eoutribue  à  la  genèse  du  eoulique  tressé-.  Le  nouveau  t>pe 
ne  piiunail-il  pas  avoir  ('■ti-  cri'c  sous  I  iti-pir.ilinn  d'uiir  ci  lilurr  nu  d  images 
s\  iMbnIiqucs  non  arabes,  dans  le  but  plus  ou  moins  conscient  de  transmettre  à 
l'i-criture  arabe  les  forces  magiipies  d'uni'  autre  religion'-  .'  Dan>  son  mciiioire 

(')  C(.  F.  S*nnK,  Deitkmiiler  pirsinrliff  Bnii-  \a  pciin-  do  chcrclu-r  ilnii«  l'cUo  dirivlion.  Kt-- 

kunst.  p.  l'i,  fig.  3.  cemniiMit.  nu  musre  (iuimol,  M.  V.  GoIouIh-w 

(«)  CoUe  idée  m'n  l'ii-  su,«>:cn'o  par  l'i-ximon  a  liii-ii  voulu  attin<r  mon  nU<'iilioii  sur  quol- 

du  rouleau   d'iVriturc  d'un  moulin  h  prières  que»   insi-riplioiis   en    pierre   du    Tliibet    qui 

thiliétiiiu.  dout  les  lettres  offrent  une  eertaine  nionlrenl   des    aualogii-s   frappante:»   avec    le 

analogie   avec    le    eoufique    tressé.    Analogie  cunfii|ue  lresi<<5. 
fortuite,  dira-t-on  :  mais  il  vaudrait  peut-être 


60  SYRIA 

sur  les  inscriptions  des  tours  funéraires,,  van  Berchenia  cité  plusieurs  exemples, 
illustrant  le  naïf  syncrétisme  religieux  de  cette  époque  i". 

Qu'on  explique  lorigine  du  coutique  tressé  d'une  manière  ou  dune  autre, 
il  reste  ce  fait  d"un  intérêt  primordial  pour  l'histoire  de  l'art,  c'est  qu'une  an- 
cienne écriture  claire  et  lisible  a  été  dépouillée  de  son  caractère  original,  pour 
devenir  l'instrument  docile  dun  art  qui  lui  est  étranger.  Dans  l'histoire  de  l'art 
arabe  aux  onzième  et  douzième  siècles,  je  ne  vois  guère  de  preuves  plus  fortes, 
ni  mieux  appuyées  sur  des  dates  précises,  de  rinfluence  exercée  sur  la  civili- 
sation par  les  tribus  turques  venues  de  la  Perse  orientale. 

Pour  terminer,  jetons  encore  un  regard  sur  l'évolution  ultérieure  dans 
rOuest.  Voilà  des  années  qu'on  a  constaté  la  migration  des  nœuds  en  cœur  gra- 
phiques dans  le  territoire  seldjoukide  ;  mais  les  monuments  d'Amida  du  on- 
zième siècle  n'ont  jamais  été  allégués  à  ce  propos  *-'.  Dans  son  mémoire  sur  la 
stèle  de  Taschkend.  cité  plus  haut,  Karabacek  a  insisté  sur  l'origine  turque  des 
nœuds  en  cœur.  Suivant  lui.  «  le  simple  nœud  en  cœur,  avec  ses  excroissances 
latérales  en  motif  végétal,  se  trouve  servilement  répété  dans  les  régions  ha- 
bitées par  les  tribus  turques  de  la  tin  du  sixième  jusfpi'au  début  du  huitième 
siècle  de  l'Hégire  t-^'  ».  Ce  motif,  précisément  avec  la  même  ornementation,  ap- 
paraît deux  fois  dans  rinscrij)tion  pehlvie  de  la  tour  de  Ràdkân  ;  il  ne  diffère 
des  variantes  seldjoukides  (]ue  par  la  position  renversée  du  cœur  '*'.  .Malgré  ce 
renversenuMit,  le  noMid  de  Hàdkàn  peut  être  considéré  comme  le  précurseur  di- 
rect des  nœuds  seldjoukides  plus  récents  d'environ  deux  siècles. 

Dans  la  suite,  la  migration  du  nœud  (mi  cœur  a  été  étudiée  plus  à  fond  par 
H.  Sti)ecklein.  Il  le  dérive  du  noMid  Tsiuuig  sans  fin,  un  ties  huit  signes  bouddhi- 
ques de  bon  augure,  et  il  y  voit  une  iiupdrtatidii  inongoic  au  tri'i/.ième siècle'^'. 

On  ne  saurait  accepter  cette  ()[iiiiion  a[uès  avoir  étudié  les  inscriptions  mer- 
wanidcs  d.Vmida.  L'arbre  généalogique  dressé  par  Stoecklein  aurait  (M1  un  tout 
autre  aspect,  s'il  avait  temi  com[ilc  des  munuinents  d'Aïuida  cl  du  (laire.  Ce 

(')  Cf.  DiRz,  op.  cit.,  p.  87  el  suiv.  ('j  Cf.  /w-.  «■//.,   p    '24.  Los  illuslrations  de 

(';  Von  BcTchcm,  scul.n  rais  en  rappori  avec  Karahacek  ont  ôlr  reproduites  par  S  rnzïuowsii 

Araldn  le  coiifi(|iie  Ircssédes  cuivres  incrustés  dans  Allai.  Iran  iiiid\'i>llifri(uttulening,yp.  175 

du   Irci/.iémc  sicclo  ;  cf.   Die  Aussleiluinj   von  et  18ti. 

Mritterwerken    Muliaminedanisrlter    Kunsl   in  (*)  DiEz,  op.  cit.,  pi.  Il,  ri. 

Mi'inchen.    1UI0,     Arnhisrhe    Insihriflen.    von  C')  Cf.    Miinrhenfr  .hilirhiuli  tlrr  hildcnden 

.M.  v\>  lU.nciiKM.  KiULfl.  vol.  I.\,  lytJ-l.j,  i)p.  ll'.l  et  suiv. 


13ANI)I:AIX    OliNH.MEXTHS    A     I XSC  rU  l'TlUNS    AKAUES      Cl 

n'est  pas  la  \af{m'  iiioiigoir  du  trolzii-riio,  c'i'sl  di'-jà  la  va;;iic  sfldjoiikidi-  du 
onzièiuf  (jui  a  i-ntraitu'  le  ikimuI  en  C(i?ur.  Ces  niiilits  ((rnciiifiilaux  nUiil  (  l'itai- 
iicinctil  [las  ('lô  iiii|»iiiir-s  <mi  Kf;\  |iir  par  les  (''lullcsdi-  >uic  cliiiiiiist-s  de  l'i^iKjipic 
moiifridc,  mais  par  ri-criluir  pcrsani'  du  (inzii'-iiK*  siccli-.  A  ce  sujet,  y  ne  dmi- 
ncrai  i\hc  <|url(|urs  iudicalions.  imc  léscrvaMl  d'aiial\s(T  les  Miimuiiients  épi;,'ra- 
pliiipii's  du  (1  lire  daii>  un  uii'iimiiT  spi'riiil. 

!.('  Ivpc  di'vcjiippr  du  iduliipn-  Irosi-  est  éliaufrt'r  aux  inscriptions  duOaire, 
car  après  la  ((iinpièli'  de  Sidadin,  «pii  aurait  |tu  pri''>ider  à  M)ti  itdniduetiun  '", 
le  iv^'iie  de  l'értilure  eouliipic  ees^ii  liieiiliit.  Cependant,  fail  à  imler-.  un  eim- 
stale,  dans  laltelle  épiii|ue  du  rnuliipie  au  (iaire.  au  mnins  des  s\niptiiiues  dune 
péinHration  pacillipu'  de  ICciilure  [),ir  des  uintifs  Iressi'-s  en  ni-ur.  ils  ajipa- 
l'aisx'id  à  l'étal  spiiradi(|iii'  di'-<  la  lin  du  mi/iruie  siéi  le.  mais  surtout  dans  la 
pteuiière  Miiiilii'  du  don/ienie.  l'aruii  les  m  dii^  lie-^e»,  je  ne  citerai  (pie  les 
uieuds  eu  ii\'[n-  des  miiuuuierds  ^uixaiil^.:  niilie  |)lati'  d'KI-AfiJal  dans  la 
ino.squée  dlbn  Tonlnuu  :  simple  meud  eu  cieiu-  dans  le  lui  inédial  '-  :  el-A(jniur 
(inscription  en  stuc  de  la  eoun:  //*/  médial  en  co'ur  et  douhie  uo-ud  en  ca>ur 
ihuisiilldh  :  mausolée  de  Silta  UiMupiyNa  :  lia  nii-dial  <.'n  co'ui-  ;  ej-  V/liar  (coupole 
d'eniree)  :  h  inidial  en  iniir.  OnuMia  lliwal  \  ousouf  :  meud  en  coMir  dans  le 
col  du  kdf  et  la  ipieue  du  iimui.  dciulile  uo-ud  dans  It'im-iilif  et  tillàli  '•'';  (Jouhlia 
el-l.la.sà\VJili  :  lia  medial  eu  co'ur  el  linuMi-  noMiii  dans  Idm-alif:  es-S;"ilili  :  h 
uiéilial  eiicieui'.  Nidons  encore  ipie  le  douhie  no-nd  en  co-nr  est  souvent  em- 
ployé dans  là  el  iillàh  :  ou  a  cependant  rim[»ression  i|u"il  s'aj;il  ici  d'un  mo- 
tif [luicnienl  (um'uicnlai  et  ipii'  Miii  intei'pn-lalion  ma^^iipu'  ou  s\  mliidiipie,  ii 
sui)posei-  (pi"(dle  soit  admissilde.  ne  vaut  jamais  pour  le  (iaire. 

.\[irès  celle  élude,  il  parai!  inutile  de  soulijiner  rimporlance  de  l'anaUse 
])al(H)j,'rapliii|ue  pinn  lliisldire  de  lait  aialie.  .^ous  ce  rapport,  la  paléoj;rapliie 
l'pi^'iapliicpn- est  une  terre  \  ierj^'c  qui  promet  une  riclie  moisson.  Aussi  bien, 
dans  les  relevés  (pi  on   fera  désormais,  les  inscrl|>ti(Uis  devront  prendre  une 

(')   Yiiii  liiTclicm   n   sigimli^  «ne   In's  boUe  C^  CA.Vi.ih\,  Die  Ornamfntedfrllakim.und 

inscripliod  ih'  i^nladio  fi\  i-<>iifi(|iii'  Ircssô.  ipic  Aslxtr-Mosrhee.  pi.  XVI  i  on  hmil  h    gaucho. 

Miss  G.  IJoll  II  ilôcouvcrto  à  MnyyArArii|i(i  icf.  (')  Cf.  /i(cri7..|il.  .Wlll:  piV-cisômont  Aoauso 

DiKZ,  op.  cil.,  p.  108,  H    H»;  jo  vioiis  de  la  pu-  de  ces    oruodloiils    praphiiiuos.    jo  crois   qiio 

bllor,  on  yuirlk\  dan»  hldinisihi-  Schrifthunilfr,  l'Infliionco  ixTsnno  so  nmnifcslo  dans  co  nio- 

Amida,  Anitniuj  :  Kainian,  Mdyrdfàriiiin,  Tir-  iKiiiii'dl. 
midli,  pi.  XIX. 


62  SYRIA 

place  plus  large,  et  il  faudra  les  reproduire  à  une  échelle  beaucoup  plus  grande. 
Ainsi  les  monuments  persans  en  brique,  malgré  leur  mauvaise  conservation, 
fourniront  encore  un  grand  nombre  de  matériaux  paléographiques.  Souvent, 
quelques  lettres  renferment  des  critères  précieux  pour  juger  d'un  monument  '". 
lia  atlas  paléographiqae  qui,  pour  commencer,  se  bornerait  aux  inscriptions  de 
grandes  dimensions,  serait  pour  l'historien  de  l'art  le  guide  le  plus  sur  dans 
ses  voyages  ;  le  microcosme  de  l'écriture  décorative  rotlète  fidèlement  les 
grands  courants  de  l'histoire  arabe. 

S.  Flury. 

f)  Cf.  F.  Sarre,  loc.  rit.,  Damgan,  mausolée  Pir-I-Alamdar  :  motif  tressé  en  cœur  et  nœud  en 
8  dans  co  bandeau  très  fruste. 


LE  PEIMRE  MONTFOHÏ  EN  SYRIE  (1837-1838) 

l'Ait 

iu:M';  dussald 

(Troisième  article.) 

III.    I,K  LlllAN  Kl    l,\    TkMIIK  SaI.NTK. 

Les  chaleurs  (lu  mois  dam'il  ihassciil  de  Bcynuilli.  .Mdiilfnrl  •■(  l.i'lmiix.  IU 
vont  retrouver  dans  le  Liban,  à  Brouininana,  les  Moore  et  la  dmlics^f  de  Plai- 
sance ([ui  sélail  allaclié  le  médecin  français  Lnferie. 

Le  Louvre  possède  quelques  aciuarelies  inli'-ressanles  de  et-lle  jH-riode. 
L'une  nous  iiioiilie  l'iiilérieur  de  la  niaixni  de  li-iiiir  Ali  à  Brouiiiiiiana  '". 
Dans  son  (hdalininent.  le  d(''((ir  a  lielle  allure  (^l'I.  NI!  ).  (i'esl  |irol)al)lenienl  un 
enfant  du  iiièiiic  émir,  avec  (|Mi  il  était  i)arliculièrement  lié,  que  nous  voyons 
aux  bras  d'une  femme  dont  la  haute  Umloura  indi(]ue  le  rang  (lig.  IILi  La 
princesse  a  revêtu  une  jupe  éclatante  rayée  rouge,  violet,  jaune  et  blanc  ainsi 
qu'une  veste  blanche  croisillée  de  bleu.  L'enfant  porte  un  fez  rouge  et  un  voile 
blanc'-',  .Montforl  donne  cette  définition  de  la  lanjoura  :  a  .^orte  de  trompette 
ou  porte-voix  en  argent,  la  plupart  du  tenijjs  richement  ciselé,  dont  les  fi>iiiiues 
de  la  montagne  du  Liban  ornent  leur  tête  et  qui  est  élevé  en  proportion  de  la 
dignité  ou  de  la  richesse  de  celle  qui  le  porti-,  »  11  ajoiile  (|ue  les  femmes 
chargées  du  soin  des  enfants  possèdent  également  cet  ornement,  mai>  cpi  il  est 
moins  élevé  et  que  leur  voile  est  noir  au  lieu  dèlre  blanc  '^', 

Solima  est  un  village*''  voisin  de  Hroiimmaiia.  mais   les  ilifriculté>  de   la 

(')  I.ouvrp,  Inv.  4in.  Mine  de  plomb  cl  lavé  l^i  Montiout,  /.  c,   f-  19,   v»,  I).i/.»,   (Hct., 

de  st'-pia.   Monogrumine  do  l'auteur  el  imlica-  s.  v,,  ilorive  tnn\ourn  de  (imrUmr. 

lion  :  Uromiimt,  'SI  autil  IS37 .  t*'  l'ne  vue  d'oDsciuble  de  Bourdj  .Solima  est 

(')  Louvre,  Inv.  MOI,  Aquarelle  cl  miao  do  donnée  par   von    Oi-pk>ueui,   l  ■•"!   Miiii-ùh^.t 

plomb.   iMuuogrumme  de   l'aulcur    et   iiidica-  -i"»  l'ersischen  Golf,  1,  p.  131'. 
tion:  à  lirmimmdna  :'ôaoùt  IS37,  tur  le  Liban. 


64  SYRIA 

route  nécessitent  deux  heures  et  demie  de  marche  pour  y  parvenir.  Le  pahiis 


Fie.  12.  —  Palmiers  à    Beyroulh. 

de  I  (''Hiir  iniiis  est  cunservé  (hiii.s  deux  dessins'"  dont  nous  rcjiroduisons  cidiii 
('>  Chrz  Mme   (1.  Moiilforl,  ilaUKs  tous  ilciix  du  -1  soptcnilirc  18.37. 


LH     PEINTRE     MONTFOMT     EN     SYRIE     il8;:37-18:J8  65 

qui  montre  la  faoado  avec  l'escalier  rxlrriciir.  vieilli-  liailitiori  <les  arcliilecles 
syriens  (fig.  \i). 


.-^^' 


Fiu.  13.   —  La  r.iiiiilli'  Je  IViiiir    Ali  à  Itr.>uiiiiii.iii4 


Le  l  septembre.  .Montforl,  I.eliouv  i-t  .1.  de  Uerlou  partent  piMir  visili-r  le 
Jlian.    Tripoli  et  Damas.  Ils  clicminenl  li'  lonj;  de  la  rnle  (piiU  ipiiltent  iipn'S 

Sïiuv.  —  II.  '.» 


66  SYRIA 

Bntroun.  pour  s'pngager  dans  le  tléfilé  du  Has  Shaqqa.  <.<  .Xous  avions  marché 
onviron  une  demi-heure  dans  la  vallée,  lorsque  nous  arrivâmes  à  un  petit 
pont  jeté  sur  le  torrent  desséché  formant  le  fond  du  vallon  :  en  face  de  nous 
sur  un  roc  isolé,  très  escarpé  et  placé  au  contre  du  vallon.  s"élevait  un  château 


V  I 


3 


.'•;.  5 


[8    r-ij 


^ 


n  »5 


Kk;.   14.  —  La  m.iisun  des  ûmirs  à  Solima  iLibiiil. 

que  ItiircMuirdl  dil  rtic  un(Hi\raiie  di'>  Alotuàlis.  Les  Araltes  nommeni  ce  chà- 
liMii  .Mseïla '".  »  Si  l'on  rcctiiic  en  .Mseilha,  comme  nous  l'avons  encore 
ciitiiiilii  en  IHit.")!-'.  on  rciiiarrjiii-ra  que  .Montfort  est  le  premier  voyageur  qui 
diiiiric  le  iiniii  l'xacldc  Ce  furliii.  Ouand  Herggren  notcQal'at  Me/.aiheha'^',  il  suit 
IJunkhardt  qui  imprime  Kalaal  .Mes/.aheha  par  suite  prohahlciuiiil  il'iiui'  ciiiiii- 
dr  li'clurc  de  snii  rarnci  de  nmli-'".  Quant  à  Seetzen,  ses  éditeuis  mil  mal  hi 
Min  mamiM  rit  (jui.  au  lieu  de  Kalal  hiszelha,  devait  porter  .\!s/.idlia.  la  loinhinai- 

('I  Mo.Nr>..nT,  /.  .-.,  f"  s:;.  Il,c  lluly  L.i;u/.  p.  178.  Le  ïomseidn  iU>  M.u  .n- 

(»l  Hft'iif  nrchèoloijiqne,  18!l6,  I,  p.  303.  iuiki  i,,  1  o.va;/e  rf'.Wcp  à  Jérusalem,  l'Oo.p.  ou, 

CI  \\v.\u.(iM:\,tiuiiie  friinrith-arnlie,co\.  U".  est  ù   rcrlificr   iMi   Msoilii  i-oimnp  ôcril   Monl- 

(*_)J.-I,.   lltiii:Kii\iii>r,   Triivcls  in  Syriii  ttiiil  forl. 


LE     PEINTru:     :\[()NTK()I;T     en     SVIUE      1837-1838)  G7 

son  sz  notant  lo  stiU  ;iral)c"'.  Le  (Icssin  i|ni'  Mmillort  a  tracrdé  ro  <:iirit'ii\  clià- 
tcau  le  nioiilrc  dans  lo  nn^-nie  rtal  m'i  Idiil  \n  MM.  Max  \  an  |{cr<lifn  cl  Eatin. 
i|iii  lui  ii[j|  ((iiisarri'  une  ("ludr  anlii'(il(iiii(|iii'  ciiMiiilr-li'-'. 

De  ce  puinl.  (jiiillaid  la  roidi'  de  1  ripoli.  nos  viivagrnrs  cscaladi-id  la  inon- 
lagiii'  [larnn  scnlicr  i|iii  ilnminc  la  livc  dinilc  dn  .\alii-(d-l>ii)/.  ol  ai  ri  \  ci  il  ;i  |{/i/;i 
on  ils  dressent  leur  Icnlc  «   |iii>  d'un  [iclil   lriii|i|i'  aiili(|iic.  |ii  iiiri|i;il  niijcl  de 


l'ic^.    i:..  —  l.t'  tciiipl.'  .1.'   M/i/.i  iLilnnl. 


noire  course,  dit  Montl'ort.  cl    doiil    l'ciVcl   coiiiiiii'    |irciiiicr  plan  an  milieu  de 
radiiiiialile  [lavsage  (|ni  l'ein  iroiine  nous  seinlile  de  loiile  Iieanlé.  " 

.\  ra|i[iiii  dn  dessin '"  (|ne  nous  re|iiddnisoiis  (liu.  \''<k  \oici  la  ile-<cri|itii«n 


(''  SrKT/.KN,   I,   p.   l'>.'i. 

l-i  V\N  iir.iiciiKM  cl  Fmiii,  Idv/ii/c  cm  Syrie, 
1,  p.  MA  i-l  suiv. 

('>  Dessin  clii'/.  Xliiic  Ci.  .Munlforl;  niono- 
gi'imime  de  l'iiiitoun-l  dali-  de  scplcmlnv  |S37. 


lln  ciiiniianTil  le  di'ssiii  de  l.eliinix  reproduil 
dans  L.  hk  I.aiioiihk,  Voriu/f  ilf  /d  S.vriV.  p.  33, 
|d.  XXII.  43.  Voir  encon-  Ui:>*>.  Mitti»n  <lf 
/Vii'iiiViV.p.  i;U,  el  Pu  iisTniN.  JalirUnih  .\rrlt. 
Iiiitiliili.  I.KI-J.  p.  107. 


68  SYRIA 

que  l'artiste  donne  du  temple  :  «  Trois  colonnes  d'ordre  ionique  précédant  un 
pronaos,  ornent  encore  la  façade  du  petit  temple ,  il  y  en  avait  quatre  autre- 
fois... La  porte,  qui  est  toute  sculptée,  offre  des  dessins  d'un  bon  goût.  L'on 
avait  fait  anciennement  une  église  de  ce  temple  et  pour  cela  sa  forme  avait  été 
changée  en  ajoutant  deux  enfoncements  demi-circulaires  sur  l'un  des  côtés... 
Les  habitants  célèbrent  également  l'office  en  cet  endroit...  Dans  l'enceinte 
même  du  temple  s'élève  un  grand  chêne  dont  le  feuillage,  qui  se  voit  de  l'ex- 
térieur, contribue  à  rendre  la  ruine  plus  pittoresque'".  »  Ils  visitent  également 
les  ruines  voisines  de  Naous,  puis  ils  rejoignent  le  Nahr  Qadisha  à  Kesba  et 
atteignent  Tripoli  à  la  nuit. 

Montfort  rencontra  de  nombreux  motifs  à  dessiner  dans  cette  ville,  malheu- 
reusement il  n'y  resta  pas  longtemps.  Ce  n'est  qu'au  cours  d'un  nouveau  séjour 
en  juai  1838,  qu'il  peindra  l'aquarelle  que  nous  reproduisons  (Pl.VllI),  donnant 
une  vue  du  vallon  de  Tripoli  que  domine  à  gauche  la  forteresse  de  l'époque  des 
Croisades  >"-'.  «  Tripoli,  remarque-t-il,  est  une  des  villes  les  plus  orientales  que 
j'ai  visitées...  Elle  passe  au  reste  pour  une  des  pllis  belles  de  la  Syrie  :  les 
bazars  sont  très  vastes  et  on  y  trouve  des  fontaines  à  chaque  pas.  Elle  est  ornée 
d'un  grand  nombre  de  mosquées  anciennes  et  construites  dans  le  véritable 
style  arabe  '^'...  » 

Nos  voyageurs  quittent  Tripoli  le  9  septendire  1837  et  gagnent  les  Cèdres 
jtar  Zegharla  et  Ehden.  La  description  de  Montfort  témoigne  de  l'exactitude 
di'  son  observation  :  «  Les  cèdres  s'élèvent  sur  cinq  ou  six  mamelons  formant 
un  bassin  au  milieu  d'eux...  11  en  est  plusieurs  que  l'on  remarque  de  suite  et 
que  l'on  reconnaît  conmie  fort  anciens  à  lénormité  de  leur  tronc  et  au  dé- 
pouillement de  leurs  Iirain  lies  caduques.  A  la  base  de  deux  ou  trois  de  ces 
dernii-rs  sont  des  autels  de  pierres  que  l'on  a  ramassées  et  placées  simplement 
les  unes  sur  les  autres,  et  il  est  un  jour  où  l'on  vient  chaque  aimée  dire  l'office 
sur  CCS  aulcls.  Les  Inmcs  di'  plusieurs  crdrcs,  iiicu  qui'  d'un  seul  jcl  à  la  base, 
se  divisent  à  pi-u  de  distance  de  terre,  et  s  élèvent  alt)rs  de  coté  et  d'autre  en 
all'ectanl  les  l'oi'nies  les  pbis  piitorescpies  <"...  »  A  cdulemider  ces  arbres  véné- 
riilili'S.  MuiiUiirl   ressent  une  émiiliou  qu  il  ne  dissimule  pas  :   o  .l'ni  ('■prouvé. 

CI  MoNTKOiiT,  l.  c,  f"  89  ul  suiv.  ( 'i  Comp.iri'7.  rcque  ilil  Van  Iîkik  htm,  Vnynije 

('I  /.ouvre,  Inv.  44-21.  Aqiiurt'Ui'.  liulicalioii:  en  Syrie,  1.  p.  110  cl  suiv. 

Trypuli  jemli  31  mai  IN.W.  (i)  Montfout,  l.  <:,  l"  101. 


LE     PEINTME     MONTFORT     EN     SYRIE     (1837-1838)         69 

(lit-il,  un  scntimonl  (radiiiiiatioii  que  Ition  \\o\\  (rautros  cliosos  nionl  oncore 
inspire.  »  Le  dessin  qne  nons  irproduisons  (li{,^  Uij  est  d'une  exécution  supé- 
rieure à  colle  des  études  similaires  de  I-elioiix  et  môme  île  Marillial  (piiin 
trouvera  dans  l'ouvragi'  de  L.  de  Laliordr. 

(lesrétrions  reculées  du  Liban  conservaient  di'  xieilles  euulutnes.  A  Bcsliarii'' 


-■:.\ 


^ 


Fir..   IC.  —  Cr.lrc-  .lu  l,ili,.ii. 

«  les  l'einuies.  au  lieu  de  I  l'unnne  taiitoni'a  di'  la  mniitauiie  îles  Drir/os  ou 
de  celles  du  Ke^rauiiaii.  ont  sini|ileiiienl  sur  la  lèlc  iiu  ]ii'lit  cercle  en  ariieni 
élevé  (le  quatre  ou  cinq  pouces:  par-dessous  est  le  voile  de  rij^ueiir  '"  ».  A 
l'occasion  d'une  visite  au  slieiKli  de  l'endroit,  un  lui  offre  le  parfum  :  a  (»n 
apporte  une  cassolette  à  parfiiui  que  l'nu  place  devant  nous  sur  une  petite  laide 
de  .li-rusalem  et  l'on  en  snutlle  la  l'iuui'e  \eis  notre  visa^re'-'.   » 


l"  MnNTFonT.  /.  .-..  f'  107. 


I"  MoNTKOUT.    l.  .-..   f'    l(U. 


70 


SYRIA 


La  visite  de  Ba'all)eck  et  de  Damas  n'est  marquée  par  aucun  incident  re- 
manjuable.  Le  retour  à  Beyrouth  s'effectue  le  2  octobre.  Déjà,  J.  de  Bertou 
avait  quitté  ses   compagn.ms  :  bientôt  Lelioux  est  rappelé  en  France  par  la 


I  ....    17.          \.,ljii.     :>   N;i/:iivlli. 

iiMiri  (II'  >a  iiicic.  Mniill'orl  rdiiliiiui'ia  ses  ciiinscs  à  lra\crs  le  [laxs:  il  r("ilii;era 
son  ilirifiaiir  a\iM-  la  Mifiiic  niiiiiilii-  cl  il  dr-^iiuMa  i;('ii>.  monuiuciils  cl  siii'- 
lout  [lavsaffes  avct:  la  mcmr  conscience.  .Nous  avons  suriisamment  maniut-  sa 
nianicrc  et  nous  ne  le  suivrons  pas  ilans  S(»n  long  séjour  à  .lérusalcm  de 
déceniliti-  \HM  à  mai  IHIt.S.  x'jouf  cunpi-  [tar  des  excursions  à  .Mar  Salia  et  à 
la  mer  .Murte  '".  à  llébron  et  à  (iaza.  eiilin  avec  .1.  île  Bertou  '-'.  à  Pélra  et  à  la 

('■((nlirninii'parlic  ilfCi.'VoyHgc'sousle  tiliv  cf   voyiiRi'  dans  le   liullelin  île  ta  Société  de 

l'romriinite  il  InmerMorle/J'iefJO  février  is:is,  (jroijrnpliie  ite   Paris,   1838,  pp.    18-3'i;    1839, 

dans  lleriie  de  l'Orienl,  1843,   I,  pp.  416-431.  p|i.  'J'4-"28(),  plus  une  lirochure,  le  Mont   llor, 

C'I  J.  i>K  Ukhtih   a  iIiiiuk''  ilivcrsr-i  iioti'S  sur  /-•  loinfiean  d'  \<iron,  Cades:  Paris,  Dupral.  I8til). 


i.i:    i'i:iN.TUi-;    moniiout    i:n    svuii-:     18;{7-18:58        ti 

Mifr  l{()ii}ir.  Sun  srjoiir  li-  |iliis  riiirluciix  sciuhlc  avoir  (•It'  le  mois  [lassi'  an 
roiiM'iil  lit'   Mar  Saha.    Il   a   suiiiionlr  ioiiii'S   les  (lilTiculti-s   pour  dr-ssiiiiM-  cl 

|,(.irii![v  ci'llr  n'-iiMi.   |iciil-rliv  lu   iilii-  ~;iii\;i,-f  au  iiininlc.  rt  cnimur  I  ojix-rvç 


KiG.  IS.  —  Q.malcr  Zi-heiJc,  |)rè>  HcvruiiUi. 

I.riin  (II-  Laiioriii'.  il  rs|  jr  |.n'iiiii'r  ;i  axnif  ra|i|nirli'-  "  un  ialiii'aii  à  I  linilc  vo- 
pn-siMilanl  la  ini-r  .Minlr  prÏM-  ihi  milieu  lic  la -oliluili-...  peint  tl  ai>rès  nainre 
el  etilièremenl  lei-miné  >ur  jilare  en  dix  ou  linu/e  lonuims  jourm-es"  ».  \  élu  en 
l)i'.l(iuin.  il  -('  lie  a\i'c  les  |iau\i'e>  aralie>  de  la  emilree  i|ui  ii'niil  pa-  I  allure 
des  aralies  de  grande  tente:  il  snltil  leur  salidi-  re|toussaule  pour  [MMH-trer  dans 
leur  intimiti'.  Il  nesl  pas  un  ustensile  ipi'il  dédaitjne  de  dessiner:  il  a   laisse 


Voir  li's  (  rili(|iii's  ilc  Kn.  IIoui.nson.  l'didrsiinit, 
lllp.    7(>7,  il  suiv. 


l"  I.KON  nKLAiionDK.l'ii  arlisIcilaiisloJésorl. 
(Unis  Kfiiic/niiK.'iisi-, I.  XI.  imir.s  l«;W,  p.  l'-'O. 


72  SYRIA 

nolaïuiiiciit  dos  étutlos  délaillées  de  la  tente  arabe  à  ravir  un  ethnographe. 

Le  20  mai  1838,  Montfort  sort  de  Beyrouth  pour  elfectuer,  en  compagnie 
de  M.  de  Caraman  i'>,  sa  dernière  randonnée  par  Tripoli.  Lataquié,  Dana. 
AIe().  Antioche  et  Séleucie,  avec  retour  en  juillet  à  Beyrouth  qu'il  quitte  défi- 
nitivement en  août  pour  rentrer  en  France. 

Pour  terminer  nous  signalerons  encore  deux  œuvres  de  l'artiste  où  s'af- 
firme la  souplesse  de  son  talent.  La  première  est  une  charmante  aipiarelle,  le 
portrait  de  Nedjmé,  lille  d'Ihrahhn  Qoubroussy,  agent  consulaire  lran(^-ais  à 
Nazareth.  Elle  se  tient  accroupie  sur  un  tapis  devant  des  coussins  blancs. 
Coiflee  d'un  fichu  jaune  ;i  raies  rouges,  elle  porte  une  robe  blanche  légèrement 
rayée  de  rouge  et  bordée  de  bleu  (fig.  17)*-'. 

Nous  avons  déjà  insisté  sur  le  goût  pour  l'archéologie  dont  Montfort  a 
témoigné  à  une  époque  où  le  pittoresque  seul  conq)tait.  On  lui  doit,  en 
collaboration  avec  Lehoux  et  J.  de  Bertou,  le  premier  relevé  précis  des  fa- 
meuses stèles  rupeslres  du  Nahr  el-Kelb.  On  lui  doit  encore  la  première  repro- 
duction fidèle  du  Qanaler  Zebeidé,  attribué  sans  raison  à  Zénobie,  en  réalité 
aqueduc  d'épocjue  romaine,  qui  amenait  l'eau  à  Beyrouth  (iig.  18).  La  Revue 
arcluvlogique  a  déjà  reproduit,  en  ISiO,  ce  dessin  de  Montfort  et  voici  à  quelle 
occasion.  Letronue  avait  (hnluil  d'un  texte  grec,  d'ailleurs  grâce  à  une  erreur 
de  lecture  '^*,  ([u'une  fontaine  de  la  ville  devait  être  alimentée  par  un  aqueduc. 
Inlerrcigé  par  le  savant  épigraidiisle,  le  colonel  Callier  lui  apprit  l'existence  du 
Oaiialcr  Zebeidi' à  près  de  trois  licures  deBeu'outh.  De  [dus.  Leironne  reçut 
«  non  pas  un  >iinple  cro(|uis.  niais  un  superl)e  dessin,  evéculé  sur  les  lieux 
mêmes,  par  un  artistes  des  [dus  distingués.  M.  .Muntrort  '"  •>.  On  comparera 
notre  repinduitinn  diieele  ii  la  planche  (h-  la  lirnic  (iirlu'olnniijitc  (|ui.  (pioi(iue 
assez  fidèle,  inleiquvie  certains  d(dails.  Comparable  au  Pont  du  (iard,  le  Qa- 
naler Zebeidé,  construit  en  grands  matériaux,  franchissait  le  Nahr  Beyrouth 
sur  trois  rangées  d'arcades.  Il  est  presipie  eiilièrenuMit  dc'iruil  aujouid  bni. 

Ui:nè  Dussaud. 

Cl  Le  comlc  A.  dk  Cahaman  a  publié  lUnx  l^'  Voir  U^:^A^,  Mission  de  Phénicie,  pp.  334- 

arliclcs  sur  ses  voyngps  eu  Syrie  dans  li-  Uni-  3."'>u,  i!l  eu  deruier  lieu  Pkrduizet,  Revue  Bi- 

letin  de  taSoiiété  de (jioijini>lde  de  Paris,  1810,  bliiiiie,  1900,  p.  430  et  suiv. 

pp.  M 1-34.'),  et  1841,  pp.  1-20.  (')  liecue  anhàoL,   3"  nnuée  (1846-47),  11, 

(')  Louvre,  luv.  4408.  Aquarelle  el  uiiiic  de  p.  490;  le  dessiu  est  reproduit,  pi.  LVU.  Voir 

plomb.  Daté:  Nazareth  24  novembre  1837.  Ibid.,  3°  aunée,  1  (1840),  p.  83. 


KiitiJ()(;ir\Piii 


(iviu  .1.  s.  M  AU- lu  vMii.H.  —  Caractère 
indo-européen  de  la  langue  hittite. 
1  11  vol.  in-X'  (le  172  pngcs.  — (^liris- 
lianiii,  J.  Dybu^ul.  l'.tl'.l. 

Ce  li\rc  est  le  n'-siilLil  (I'i'IikIps  pour- 
suivies p;ir  M.  Marslraudor  sur  les  pre- 
miers documents  mis  ù  hi  dispositinn  des 
chercheurs,  avant  qu'il  ait  pu  prendre 
connaissance  des  di-rniers  travaux  de 
MM.  Ilro/ny  et  Wcidner.  11  conclut  au 
caiaclèrc  indo-cumpéen  de  la  langue  hit- 
lilc,  sans  cependant  accepter  toutes  les 
interprétations  de  MM.  llrozny  et  Hugg. 
Bien  entendu,  ces  résultats  sont  en  grande 
partie  théoriques,  par  suite  de  rigrK)rance 
où  nous  sommes  encore  du  vocabulaire 
hillitc.  M.  Marslrandcr  passe  ainsi  en 
revue  et  reconstitue  les  diirérenles  parties 
du  discours,  pronom,  nom,  verbe,  etc., 
qu'il  compare  aux  diverses  langues  indo- 
européennes. De  l'examen  morphologique 
de  la  langue,  il  résulte  que  le  hittite,  bien 
que  précédant  le  grec,  par  exemple,  de 
plusieurs  siècles,  se  présente  à  nous  à 
im  slade  de  développement  boau<'oup  plus 
évolué  ;  1rs  simplifications  (|ui  se  produi- 
sent toujours  dans  les  langues  indo-euro- 
péennes, la  langue  hittite  les  connaît  iléjà 
dans  les  documents  ijuc  nous  pouvons 
étudier  et  qui  datent  environ  du  treizième 
siècle  avant  notre  ère.  Il  convient   de  ran- 

SlIUA.  —  II. 


gerle  hittite  dans  le  groupe  européen  oc- 
cidental, avec  le  germanique,  Tilalo-celti- 
que  et  le  grec,  comme  nous  y  invitent  les 
formes  pronominales  l\a-a-<ish,  ayant  la 
valeur  du  latin  hic,  et  /.•«-is/i,  interroga- 
lif.  En  outre,  le  hittite,  dans  ce  groupe, 
doit  être  placé  à  côté  de  l'italo-cellicjue  cl 
du  tokharien  par  suite  de  la  présence  d'un 
médiopassif  en  r,  dont  les  formes  sont  à 
rapprocher  des  mêmes  formes  italo-celti- 
(|ues  à  désinences  simples  cl  composées. 
Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  le  hillile  puisse 
être  assimilé  à  une  de  ces  langues.  Il  reste 
bien  aulonome  tout  en  admettant  des 
concordances  avec  les  idiomes  voisins  ; 
ce  sont,  avec  rilali(|ue  et  le  tokharien,  une 
extension  considérable  de  la  formation 
verbale  en  sic,  qui  semble  possible  dans 
tout  verbe  hittite  en  plus  de  sa  forme  de 
présent  normal,  et  doit  donner  un  sens 
difTcrenl  ;  avec  rilalo-celliquc,  le  passage 
de  ru  antcvocalique  en  ou  ;  avec  le  celtique 
et  le  grec,  le  passage  de  m  à  n:  avec  le 
tokharien,  le  suffixe  de  l'intinilif  en  wa- 
ar  :  avec  le  germanique,  le  passage  de  o  à 
<i  et  les  formes  pronominales  :i-gii,  tu-go, 
formes  de  la  1'  personne  du  singulier,  n/i- 
:u-a-iish.  forme  de  la  T'  personne  du  plu- 
riel. Ce  serait  donc,  dit  M.  Marslrandcr,  un 
>«  dialecte  limitrophe  oriental  de  ce  do- 
in.iine  linguistique  de  l'indo-européen  oc- 
cidi'iit.il  qui,  à   date  préhistorique,   était 

10 


SYRIA 


commun  aux  Hittites,  aux  Italiques,  aux 
Celtes  et  aux  Tokhaiiens.  »  L'intention  fie 
M.  Marstrander  était  de  joindre  à  ce  tra- 
vail une  étude  sur  les  rapports  qui  exis- 
tent entre  le  hittite  et  certains  idiomes 
d'Asie  Mineure;  le  temps,  dit-il,  lui  a 
manqiic  pour  cela.  Lorsque  le  vocabulaire 
hittite  sera  mieux  connu  et  aussi  celui  des 
langues  voisines,  il  y  aura  grand  intérêt  à 
elTcctuer  cette  comparaison,  car  le  peu  que 
nous  connaissons  du  hittite  nous  mon- 
tre une  langue  très  inOuencée  par  les  élé- 
ments étrangers,  au  point  que  Weidner  a 
pu  soutenir  qu'il  s'agissait  d'une  langue 
caucasique  contaminée  d'éléments  indo- 
européens. 

G.   Co>TENAl . 

The  Annual  of  the  American  School  of 
Oriental  Research  in  Jérusalem.  ^  ol.  1, 
for  l'J19-l')2Û.  —  Edilcd  for  the  mana- 
ging committeeby  Charles  C.  TORREY. 
Yale  University  Press,  New-IIaven, 
Conn. 

Les  modifications  politiques  survenues 
en  Syrie  et  Palestine,  à  la  suite  des  événe- 
ments de  ces  dernières  années,  ont  pour 
conséquence  un  renouveau  des  éludes  ar- 
chéologiques. La  création  de  la  revue  où 
paraissent  ces  lignes  est  un  témoignage 
de  cette  activité;  la  publication  d'un  vo- 
lume annuel  consacré  aux  travaux  de 
l'École  .Vméricaine  d'Orientalisme  de  Jé- 
rusalem en  est  un  aulre,  et  nous  sommes 
heureux  de  souhaiter  la  bienvenue  à  ce 
nouveau  périodique.  La  bibIiollK'(|ue  ar- 
chéologique qu'amorce  l'.'Vnnual  décolle 
année  est  destinée  à  la  publication  des 
travaux  de  cette  École.  Le  premier  volume, 
solidement  cartonné,  imprimé  sur  beati 
papier,  abondamment  illustré,  fait,  par  sa 
composition,  bien  augurer  de  l'avinir. 


Ch.\.rles  C.  Torret.  —  A  Phœnician 
Xecropolis  al  Sidon  (p.  1-27).  —  Cet  arti- 
cle donne  le  résultat  succinct  des  fouilles 
exécutées  à  Sidon  en  1901,  par  M.  Torrey, 
dans  un  terrain  situé  au  Sud-Est  de  la 
ville,  au  pied  des  premières  pentes  du 
Liban.  Un  peu  à  l'Ouest,  en  droite  ligne 
de  cette  place,  se  trouve  la  grande  nécro- 
pole où  fut  découvert  le  sarcophage  d'Esh- 
munazar,  et  qui  fut  explorée  ensuite  par 
Renan. On  accède  aux  tombes  de  ce  terrain 
par  des  puits  creusés  dans  la  roche;  au 
fond  de  ces  puits  s'ouvrent 'des  chambres 
funéraires  voûtées;  ce  sont  donc  des  sépul- 
tures d'ancien  type.  On  y  trouva  14  sar- 
cophages anthropoïdes  et  5  sarcophages 
déforme  theca,  en  marbre,  qui  appartien- 
nent aux  cinquième  et  quatrième  siècles. 
Deux  sarcophages  grossiers  en  calcaire  du 
pays  prouvent  la  réutilisation  de  la  tombe 
à  basse  épocjue;  l'un  contenait  quatre, 
l'autre  cinq  squelettes.  Des  monnaies  de 
bronze  recueillies  parmi  les  ossements  et 
datant  du  règne  d'Elagabale  donnent  l'é- 
poque du  réemploi  de  la  sépulture.  Une 
des  lombes  avait  aussi  contenu,  postérieu- 
rement aux  premiers  ensevelissements, 
des  cercueils  en  bois  dont  les  ferrures  ont 
été  retrouvées.  Un  des  sarcophages,  une 
theca,  dont  l'intérieur  était  taillé  comme 
cilui  des  sarcophages  anthropoïdes,  por- 
tait une  marque  d'ouvrier,  un  aleph  phéni- 
cien, ([ui  nous  prouve  que  les  ateliers  qui 
fabri(iuaient  ces  'sarcophages  employaient 
une  main-d'œuvre  pliéniciennc.  Le  tout 
avait  {]uelque  pou  souffert  des  pluies  pé. 
rioiliques  qui  imbii)ent  le  sol  et.  grâce 
aux  puits,  s'infiltrent  dans  les  tombes 
pendant  une  grande  partie  de  l'année. 
M.  'l'orrey  fait  suivre  la  relation  succincte 
de  la  découverte,  d'une  description  som- 
iiiaiii'  des  sarcophages.  Ainsi  ([u'il  nous 


BIBLIOGRAPHIE 


en  avertit,  au  début  de  son  élude,  ce  n'est 
l;'i  (ju'un  rapport  préliminaire;  il  est  i'i 
souh.iitcr  ([ue  la  publication  détaillée  en 
soit  leprise  à  bref  délai,  notamment  pour 
les  illustrations,  un  peu  petites  pour  une 
étude  approfondie  des  monuments.  On  a 
recueilli  dans  ces  tombes  des  figurines  de 
divinités  on  terre  cuite  peinte,  des  alabas- 
tres,  des  lampes  appartenant  à  la  basse 
époque,  de  petits  objets  égyptiens  en  terre 
vernissée,  tels  qu'amulettes  et  scarabées. 
Tout  cet  ensemble,  important,  provient 
de  fouilles  exécutées  il  y  a  vingt  ans,  et 
se  trouve  encore  à  Sidon;  il  n'était  connu 
jusqu'ici  que  de  quelques  personnes. 

lliM;Kf.r;v  G.  MiTriii;i,i,.  —  The  moilcrn 
irrill  of  .Irriisnlem  ([>.  2H-'>()).  —  Ktude 
du  umr  d'enceinte  de  Jérusalem, documen- 
tée de  nombreuses  illustralions(7l  fig.).  I.."i 
aussi,  certaines  pliiilogra[)liies  sont  un  peu 
petites  pour  le  but  qu'on  se  propose  d'at- 
teindre. I/auteur,  après  une  brève  descrip- 
tion de  la  muraille  et  des  portes, étudie  les 
matériau.v  eni[)loyés  dans  la  construction; 
ce  sont  des  pierres  extraites  des  alentours 
imméilials  de  Jérusalem,  notamment  du 
Monl  des  Oliviers;  puis  il  expose  les  cau- 
ses qui  ont  endommagé  l'enceinte:  action 
des  éléments,  et  surtout  remaniements 
successifs.  Il  insiste  surl'cxtrème  diversité 
de  la  maçonnerie  dans  ses  dilTérentcs  par- 
ties, notamment  sur  la  présence  de  pierres 
à  refends  et  à  bossages  mal  dégrossis  en 
de  nombriux  endioils  <le  la  iiiuiailli'. 

I,.  Bayi.ks  r.vTo.N.  —  Suri'ivaU  of  pri- 
niilivfrcli(jinn  in  nindern  Palfsline  (j).  '>\- 
[\T>).  —  Quand  les  Israélites  coiuiuirent 
Canaan,  ils  se  trouvèrent  eu  présence 
d'une  religion  qui  rendait  un  culte  à  une 
multitude    de   puissances   présidant    aux 


pbénomènes  naturels.  Les  endroits  du 
culte  étaient  les  sources,  les  arbres,  les 
montagnes,  les  cavernes,  les  tombes,  les 
pierres  sacrées,  et  M.  Paton,  après  Curtiss 
et  d'autres  voyageurs,  en  rapporte  de  nom- 
breux exemples.  .\u  cours  d'un  voyage 
accompli  (H  \\)0.\,  à  travers  la  Syrie  et  la 
l'alestiiic,  il  a  reconnu  les  survivances 
de  cette  vénération  parmi  les  populations 
actuelles;  ainsi  à  .\fka  dans  le  Liban,  où 
le  Nalir  Ibrahim,  l'ancien  .\donis.  prend 
sa  source,  et  où  les  habitants  ont  conservé 
ime  légende  déformée  du  mythe  d'.\do- 
nis;  ainsi  à  Qatana.au  sud  de  Damas.  Les 
cèdres  du  Liban,  uncliéne  prèsde  Baniyas 
sont  encore  des  arbres  sacres.  M.  Falon 
signale  la  persistance  de  ces  traditions 
cananéennes  malgré  la  présence  successive 
du  judaïsme,  du  christianisme  cl  de  l'ie- 
lamismc  dans  ces  régions. 

^VAUllE^  J.Moui.ToN.  —  Gleanings  in 
archu-ology  and  epigniphv  (p.  Iiti-'.l2i.  — 
Description  d'une  pierre  dont  la  face  supé- 
rieure est  creusée  d'une  grande  cupule 
auprès  de  laquelle  s'en  trouvent  de  plus 
petites;  celle  pierre  est  à  Bcit  Ta'amir,  à 
(piciques  kilomètres  au  sud  de  Jérusalem. 
L'auteur  pense  que  ces  mapjues  datent  de 
l'époque  néolithique  dont  beaucoup  d'ins- 
truments se  retrouvent  près  de  là;  la 
pierre  pourrait  être  un   autel  à  sacrifices. 

Description  d'une  série  de  figurines  ou 
disques  en  terre  cuite,  provenant  de  Pa- 
lestine et  creusés  en  leur  milieu  d'une 
dépression  recouverte  d'un  verre  légère- 
ment bombé.  En  rapprochant  ces  disques 
d'une  re|)résentalion  d'oiseau  en  argile  of- 
frant les  mêmes  caractérisliipies,  M.  Moul- 
ton  conclut,  avec  M.  Macalister  et  le  P.  Cré, 
que  ces  objets  sont  des  réserves  eucharis- 
tiques qu'on  plaçait  dans  les  lomltes.  Je 


76 


S  Y  R I A 


sais  que  cette  question  doit  être  discutée 
prochainement  d'un  tout  autre  point  de 
Yue,  et  je  n'insiste  pas  sur  cette  conclu- 
sion. 

L'auteur  décrit  en  terminant  quelques 
figurines  de  terre  cuite  du  Hauran,  et  deux 
inscriptions,  l'une  en  grec,  de  Césarée  de 
Palestine,  l'autre  en  nabatéen,  provenant 
dePétra;  la  première,  qui  rappelle  «  l'a- 
chèvement de  la  basilique,  du  pavement, 
de  la  mosaïque,  ainsi  que  des  degrés  du 
temple  d'Hadrien  »,  serait  de  la  fin  du 
sixième  ou  du  début  du  septième  siècle; 
elle  prouverait  qu'en  certains  points  de 
Palestine,  le  christianisme  fut  long  à 
triompher. 

G.    CONTENAU. 

Ed.  Navii.le.  —  L'Évolution  de  la  langue 
égyptienne  et  les  langues  sémitiques. 
\ol.  in-8'  de  xiii  et  IT'.J  pages.  Paris, 
Paul  Geuthncr,  1920. 

M.  Naville  essaye  de  démontrer,  dans  la 
première  partie  de  son  livre,  que  l'écriture 
égyptienne  n'est  pas  une  écriture  sémiti- 
que qui  n'indique  que  les  consonnes,  et  il 
se  met  en  opposition  avec  l'École  d'Erman 
et  de  Setlie  en  disant  fiue  la  langue  égyi'- 
tienne  —  elle  non  plus,  —  n'est  pas  d'ori- 
gine sémitique.  11  ne  fonde  pas  le  verbe 
égyptien  sur  le  verbe  à  trois  radicales  et 
les  lettres  interprétées  par  l'École  de  Ber- 
lincommo consonnes  ('aïn,  'alef,  j,  w)  se- 
raient en  réalité  des  voyelles  :  il  croit  en 
trouver  la  preuve  en  copte.  —  En  parlant 
de  l'évolution  de  la  langue  égyptienne,  il 
constate  deux  grands  changements  dans 
récriture  et  dans  la  langue.  C'est  d'abord 
l'apparition  «  presque  subite  »  du  démo- 
tique,  de  cette  écriture  modifiée  qui  ne 
perd  pas  complètement  son  caractère  figu- 
ratif et  "  d'une /«n(7Hc  simplifiée  se  rap- 


prochant de  la  langue  populaire,  sans  ce- 
pendant en  rendre  la  forme  exacte  ni  la 
variété  ».  Le  second  changement  survient 
à  l'époque  de  l'ère  chrétienne;  il  fait  appa- 
raître la  véritable  langue  populaire,  le 
copte, dans  ses  différents  dialectes  qui  ont 
besoin  d'une  nouvelle  écriture,  l'alphabet 
grec.  —  M.  Naville  se  demande  alors  si 
l'on  ne  pourrait  pas  retrouver  un  dévelop- 
pement analogue  à  celui  de  la  langue  et 
de  l'écriture  égyptiennes,  d'abord  dans  le 
babylonien  cunéiforme  supplanté  parl'ara- 
méen  et,  ensuite,  dans  l'hébreu  carré,  qui 
serait  pour  la  Palestine  ce  qu'est  le  copte 
pour  l'Egypte. 

Ce  livre,  riche  d'idées  neuves  et  de 
suggestions  très  intéressantes,  appelle 
cependant  nombre  de  réserves  ;  ou  hési- 
tera à  accepter  toutes  ses  données,  si  at- 
trayantes qu'elles  soient  à  première  vue. 
Georges  Out. 

Peter  Tiiomsen.  —  Die  rdmischen  Mei- 
lensteine  der  Provinzen  Syria,  Arabia 
und  Palaestina.  Un  vol.  in-8°  de  IV  et 
102  pages  avec  carte  (tirage  à  part  de 
la  Zcilschrift  des  deutschen  Paldstina- 
i'crcins,  t.  XL).  Leipzig,  Hinrichs, 
l'.in. 

La  disposition  typographique  de  ce  re- 
cueil, qui  groupe  '.W6  milliaires  répartis 
sur  une  cin(iuanlaine  de  roules,  n'est  pas 
des  plus  coniiuodes,  mais  l'information 
est  précise  et  puisée  à  bonne  source. 

On  ne  saurait  trop  appeler  l'attention 
de  ceux  qui  voyagent  en  Syrie,  sur  l'im- 
|)ortance  qu'il  y  a  à  relever  avec  soin  les 
inscriptions  des  milliaires  romains  qu'ils 
rencontrent,  ainsi  que  leur  position  exacte. 
Trop  souvent,  cette  dernière  n'est  l'objet 
que    d'une    indicatitin    assez     vague   et. 


luiiLioc,  i?.\piin-: 


77 


presfjue  toujours,  on  néglige  de  dégager 
la  pierre  à  moitié  enfouie  pour  lire  com- 
plèlemcnl  le  texte.  Or,  les  niilliaires  non 
seulement  fournissent  d'utiles  renseigne- 
ments sur  Je  réseau  routier  d'époque  ro- 
mtiine,  mais  ils  permettent  souvent  d'iden- 
tifier les  sites  antiques. 

Le  travail  de  M.  'l'iionisen  nndra  de 
bons  services  :  il  y  aura  lieu  de  le  com- 
pléter, notamment  par  une  exploration 
attentive  de  la  Syrie  du  nord. 

H.  1). 

Le  livre  de  la  création  et  de  Ihistoire, 
de  MoiAiiiiAH  iiKv  Tùim  li.-M  vi,«i>i>i, 
attribué  à  .\bou-Zéïd  .Mimed  beii  Saiil  ol- 
Balklii,  publié  et  traduit  d'après  le  hm- 
iiusi-rit  de  Constanlinople,  par  M.  (A. 
lliMii,  t.  VI.  Paris,  éditions  Krne.sl  I.e- 
rou-x,  l'.tIO,  gr.  in-8",  22S  +  127  pages. 
[Publications  de  i Ecole  des  langues  orien- 
tales vivantes,  H'"  série,  vol.  Wlll. 

M.  Clément  Iluart  a  eu  la  bonne  fortune 
de  mener  à  bien,  malgré  les  diflicullé^ 
toujours  grandissantes  de  l'impressicm, 
la  publication  du  Livre  de  la  création  cl 
de  ihistoire.  Ce  tome  VI  et  dernier  de 
l'œuvre  intéresse  directement  la  Syrie.  1! 
comprend  le  texte  original,  un  index  gé- 
néral des  six  volumes,  el  une  tiMduetion 
en  fran(;ais  du  document  arabe.  Ce  texte 
est  divisé  en  deux  grands  cbapilres,  éga- 
lement importants  l'un  et  l'autre,  puis- 
qu'ils exposent,  pour  une  bonne  part,  des 
événements  contemporains  de  l'auteur 
lui-même. 

Le  chapitre  \\1  donne  un  récit  abrégé 
de  la  domination  des  Oméyyades,  jus(|u'ii 
la  fin  de  leur  règne,  ainsi  que  des  trou- 
bles causés  par  Ibn  ez-Zobéïr  et  Kl-Mokh- 
làr  beii  .Vbi-Obéïd.  Le  chapitre  Wll  traite 
des    llàchéniites,    fournit    un   dénombre- 


ment des  khalifes  abbassides  depuis  l'an 
i;{2  jusqu'à  l'an  ."ioO  de  l'hégire,  et  expose 
avec  des  détails  circonstanciés  le  début 
du  pouvoir  des  Abbassides.  Le  récit  prend 
fin  à  l'abdication  d'el-.Molî  en  30."?  (H.); 
comme  la  composition  du  Livre  de  la  cré-. 
ation  fut  achevée  en  3")u  (H.),  on  en  con- 
clura, avec  M.  Iluart  (p.  I2"i,  n.  3  .  que 
les  dernières  lignes  ne  sont  pas  de  l'auteur 
et  ont  été  ajoutées  après  coup  par  un  co- 
piste. 

L'index,  très  détaillé,  permet  mainte- 
nant de  se  faire  une  idée  d'ensemble  de 
cette  (iMivre  si  importante,  due  à  un  écri- 
vain du  dixième  siècle  de  notre  ère,  pos- 
li'iieur  de  (pielques  années  seulement  à 
M.isnudi. 

riiKDKnii:  M.ici.Kn. 

Gt.ouce-Samm';.  —  La  Syrie.  L  n  vol.  in-8" 
de  733  pages,  avec  .'10  photographies  et 
Il  cartes  hors  texte.  Paris,  éditions  Bos- 
sard,  r.l2l. 

Dans  la  préface  qu'il  a  écrite  pnur  cet 
iiu\rage,  M.  Chekri  Ganem  le  définit  jus- 
tenietil  :  «  le  livre  d'un  Syrien  sur  la 
.S\ric  11.  Il  faut  féliciter  M.  George-Samné 
d'avoir  surmonte  les  difficultés  d'un  sujet 
complexe  entre  tous  et  le  remercier  de 
nous  avoir  donne  de  la  géographie,  de 
l'histoire,  des  religions,  de  la  vie  écono- 
mique et  politique  du  pays,  un  exposé 
exact  et  documenté.  Tout  en  ne  cachant 
pas  ses  préférences  pour  tel  ou  tel  arran- 
gement, tout  en  montrant  le  vice  et  la 
fragilité  de  telle  ou  telle  combinaison, 
l'auteur  ne  se  départ  pas  du  ton  de  l'his- 
torien. Il  a  foi  dans  l'avenir  et  le  progrès 
de  son  pays  :  les  derniers  événements  lui 
donnent  pleinement  raison. 

Un  grand  nontbre  de  documents  offi- 
ciels sont  publiés  en  annexe  aux  divers 


78 


SYRIA 


chapitres.  L'ensemble  permettra  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  à  la  Syrie  d'acqué- 
rir rapidement  des  notions  utiles  et  sûres. 
Les  reproductions  photographiques  sont 
bienvenues  et  judicieusement  choisies. 

La  partie  géographique,  qui  touche  di- 
rectement nos  études,  a  été  traitée  avec 
soin  :  les  cartes  très  instructives,  vrai- 
ment démonstratives,  qui  y  sont  jointes 
le  disent  assez.  Nous  eussions  aimé,  tout 
au  moins  en  annexe,  posséder  la  liste  com- 
plète et  précise  des  divisions  administra- 
tives et  non  pas  limitée  aux  vilayets  et 
aux  sandjaks.  Nous  entendons  par  «  pré- 
cise »  que  la  transcription  des  noms  de 
lieux  doit  être  faite  d'après  un  système 
fixe.  Un  livre  comme  celui-ci,  écrit  par  un 
homme  qui  connaît  le  pays  et  possède  sa 
langue,  doit  servir  à  propager  une  graphie 
raisonnéedcsnomsgéograpiiiiiues  syriens, 
sinon  ce  sera  bientôt  la  cacophonie  la 
plus  invraisemblable.  Nous  ne  cherchons 
pas  la  diflicullc,  loin  de  là  !  Nous  accep- 
tons parfaitement  les  graphies  reçues 
comme  Beyrouth  et  Lalaquié  —  qui  ne 
sont  d'ailleurs  pas  mauvaises  :  nous  de- 
mandons seulement  qu'on  n'introduise 
pas  dans  le  langage  et  surtout  dans  l'écri- 
ture des  «  monstres  »  inconnus  jusi|u'ici, 
tels  que  Souiiyailiyieh  pour  Souweidiyé, 
Kalaat  el-Mamlit  pour  Qalat  el-Moudi(i, 
Maarcl  en-Ainm  pourMa'arrat  en-No'man. 
Nous  relevons  ces  transcriptions  fautives 
sur  la  carte  générale  placée  en  fin  de  l'ou- 
vrage, non  pas  sur  celle  (|u'a  dressée 
M.  Augustin  Hcrnard  et  qui,  dans  le  jeu 
de.s  couleurs,  donne  la  distribution  si  cu- 
rieuse, et  h  certains  égards  si  suggestive, 
des  diverses  poi)ulalions  (pu  peuplent  la 
Syrie  et  la  Palestine.  Nous  souiiailons 
(|u'unc  nouvelle  édition  soit  prochaine- 
ment mise  sur  pied  (|ui  enregistrera  l'or- 


ganisation nouvelle  que  la  Syrie  s'est 
donnée  et  où  la  toponymie  sera  l'objet 
d'une  révision. 


R.  D. 


PÉRIODIQUES 


Ci-ERMo>T-G.v>'>E.Yu.  —  Odslnat  et 'Vabal- 
lat,  rois  de  Palmyre  et  leur  litre  romain 
de    correclor,     dans    Revue    Biljlique, 
juillet  1020,  pp.  382-il9. 
Commentant  une  inscription  triliugue, 
relevée  par  les  PP.  Jaussen  et  Savignac 
dans  la  région  de  Palmyre,  M.  Clermont- 
Ganneau  élucide  les   titres  et  l'ordre  de 
filiation    de    la   famille   royale    palmyré- 
nienne.   Le  père  de  Zénobie,  Bat-Zabbai, 
avait  nom  Antiochus.  Quant  au  titre  de 
corrector  totius provincine,[aUTihuani  à  son 
bénéficiaire  des  pouvoirs  extraordinaires, 
.\1.  Cl. -G.  l'avait  inféré  d'un  vocable  pal- 
myrénien   ;     mais    le   nouveau    texte   ne 
laisse  plus  aucun  doute,  livrant  en  pal- 
myrénien  le  titre  d'épanorthotès  équiva- 
lent officiel  de  correclor. 

Cleumon  i-GvNNEAL.  —  La  lamps  et  l'oli- 
vier dans  le  Coran,  dans  llevue  de  l'Hisl. 
des  Helitjions,  11)20,  I,  pp.  213-259. 

Partant  de  la  belle  lampe  arabe  en 
cuivre  ajouré  appartenant  au  Musée  du 
Louvre  et  que  iM.  Gaston  Migeon  a  re- 
publiée ici-mcme  (Syria,  1920,  p.  56, 
pi.  VII),  le  savant  professeur  au  Collège 
de  France  fait  une  étnde  archéologique, 
liislori(iue  et  théologique  de  la  lampe  et 
l'olivicrdans  l'organisalion  religieuse  des 
premiers  temps  de  l'Islam.  Le  rôle  de 
Tamtm  ed-Dâri,  arabe  chrétien  qui  ab- 
jura en  (131  entre  les  mains  de  Mahomet, 
est  particulièrement  mis  en  évidence, 
t^'est  lui  qui  recommanda  l'emploi  du 
minliiir,    à   l'imitation    de    l'ambon    des 


lilliLIOGHAf'lll  i; 


églises  syriennes  ;  mais,  surtout,  il  in- 
troduisit l'usage  des  lampes  à  huile,  soit 
suspendues,  soit  fixées  aux  piliers  comme 
on  en  voyait  dans  les  églises  chrétiennes. 
Tamîm  ed-DAri  était  d'ailleurs  marchand 
d'huile  et  de  lampes.  Le  succès  de  ce  lu- 
minaire dans  l'Islam  s'affirme  notamment 
sous  le  Khalife  '.\l)d  el-Melik  qui  avait 
achevé  en  l'an  "2  de  l'Ih'jjire  (O'.IOap.  J.-C, 
la  construction  de  la  Qoubhel  es-Sakhra. 
A  cette  mos(|uéc  comme  à  la  mosiiuée  el- 
Aqsa  était  attachée  «  une  é<|uipe  de  Juifs, 
chargés  de  pcr«>  en  fils,  moyennant  l'octroi 
de  certains  |)rivilcgcs,  de  fabriquer  et  aussi 
d'entretenir  les  verreries,  lampes,  cu- 
pules, lustres  et  autres  ».  Chemin  fai- 
sant, M.  Glerniont-Ganneau  précise  la  si- 
gnification et  l'origine  de  nombre  de 
termes  techniques  arabes  concernant  les 

lampes  et  l'éclairage. 

R.  D. 

A.  S.  —  Les  tapis  arméniens,  dans 
lieviie  des  Klmlci  armi'niciincs,  I  (1920), 
p.  121  et  sniv. 

On  doit  à  M.  Mailin  les  premières  indi- 
cations précises  sur  la  série  peu  nom- 
breuse et  peu  connue  des  tapis  anciens  de 
fabrication  arménienne;  il  en  faisait  déri- 
verle  décor  animal  cl  floral  de  modèles  chi- 
nois. La  stylisation  y  alteinl  un  tel  degré 
que  M.  A.  S.  juge  aventureux  de  fixer  une 
origine  à  ces  motifs,  en  l'absence  de  tout 
intermédiaire  jusi^i'ici  connu,  qu'on  doit 
vraisemblabloment  chercher  du  côté  de  la 
Perse.  Une  particularité  de  ces  tapis  est  la 
couleur  rouge-violet  Kirmiz  —  générale- 
ment passée  au  violet  presque  pur,  —  qui 
était  préparée  au  moyen  d'un  insecte  vi- 
vant sur  le  chêne  en  .Vrménie. 

X. 


\<»LVELLK.S  AHCIIÉOLOGIQLES 

La  Revue  Biblique  1 1"  janvier  192!)  pu- 
blie la  note  suivante  qui  annonce  la  fon- 
dation à  Jérusalem  d'une  h'cole  archéolo- 
gif/ue  française:  u  L'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres,  dans  sa  séance 
du  15  octobre  1020,  a  pris  une  délibéra- 
lion  décidant  que  v  l'ficule  biblique  de 
Saint-fitienne.  par  son  organisation,  sa 
situation  scientifique  et  son  autorité,  est 
toute  désignée  pour  constilurr  l'École 
française  archéologifjue  de  Jérusalem  ", 
et  confiant  à  son  corre.spondant,  le  P.  La- 
grange,  Il  le  soin  d'assurer  à  la  France, 
dans  l'étude  des  antiquités  palestinien- 
nos,  la  part  qui  lui  revient,  en  accord 
scientifique  avec  les  écoles  anglaise  et 
américaine  ».  L'École  archéologique  fran- 
çaise de  Jérusalem  envisage  des  fouilles  à 
'.Vin  Douq,  où  nous  avons  signalé  la  dé- 
couverte d'une  curieuse  mosaïque  juive 
{Syria.  1020.  p.  M). 

—  Le  Palestine  Exploration  Fund  a  con- 
fié au  Prof.  Garstang.  direclcur  de  l'École 
britannique  d'archéologie  à  Jérusalem,  les 
fouilles  d',\  SI.  A  i.o.N.  La  première  campagne 
a  fourni  des  résultats  très  encouraf^eanls. 
Déjà  la  stratification  a  pu  f^tre  fixée  : 
d'abord  la  couche  cananéerme  qui  se  ter- 
mine par  un  monument  égyptien  de  la 
(lix-nemième  dynastie,  puis  ime  couche 
nettement  influencée  par  la  civilisation 
égéenne  qui  révèle  la  période  philistine, 
d'ailleurs  assez  courte.  Puis  reprend  une 
céramique  grossière  qui  aboutit  rapide- 
ment à  l'époque  grecque.  D'autre  part,  on 
a  dégagé  (me  installation  complexe  assez 
mal  définie  où  d'énormes  colonnes  de 
marbre  suivaient  une  grande  voie.  Nom- 
bre de  statues  en   marbre   ont   été   mises 


80 


SYRIA 


au  jour   et    l'on   a   probablement    trouvé 
le  puteus  pacis  célèbre  parmi  les  pèlerins. 

—  Des  fouilles  ont  été  entreprises  à  Ti- 
HÉRiADE  sous  la  tlirection  de  M.  Naoum 
Slousch,  qui  en  a  fait  connaître  les  pre- 
miers résultats  dans  une  conférence  de  la 
(I  Société  orientale  palestinienne  »  à  Jéru- 
salem. Le  terrain  exploré  est  situé  à  cent 
mètres  de  la  tombe  de  Rabbi  Méir  Baal 
Hanès  et  aurait  révélé  l'emplacement  de 
la  henashla  dehamaia  ou  synagogue  de 
ilabbi  Mai  t.  Plus  au  nord,  des  tombes  jui- 
vesontété  trouvées,  notamment  celle  d'un 
Isidore, dont  le  titre  est  interprété  comme 
celui  de  membre  du  Sanhédrin;  détail 
intéressant,  l'épitaphe  est  en  grec.  Los 
menus  objets  découverts  portent  le  décor 
juif  usuel. 

—  En  Syrie,  les  fouilles  anglaises  de 
Karkémisii,  dont  M.  Edmond  Pottier  a 
donné  une  ample  analyse  iSyria,  1920, 
p.  2(it  et  suiv.),  ont  été  suspendues  par 
suite  des  événements.  Le  docteur  Con- 
tcnau  a  repris,  à  Saïda,  l'automne  der- 
nier, les  recherches  que  la  guerre  avait 
interrompues.  Il  en  rendra  compte  ici- 
même. 

Cette  année,  le  llaut-Commissaire  de  la 
Hépubliiiue  Française  en  Syrie  cl  au  Liban, 
M.  le  général  Gouraud,  après  avis  de 
r.\cadémie  des  Inscriptions.,  et  Belles- 
Lettres,  a  confié  : 

I"  Les  fouilles  de  Tkll  Neiu  Mindai, 
où  l'on  place  la  Qadesh  des  Hittites,  à 
M.  Maurice  Pézard,  qui,  après  avoir  tra- 
vaillé à  Susc  avec  la  mission  de  Morgan, 
a  fouillé  Bcnder-Boushir  ;  M.  Brossé,  ins- 


pecteur du  Service  des  Antiquités,  lui  est 
adjoint  ; 

2"  Le  relevé  et  l'élude  des  monuments 
médiévaux  de  Tortose  à  M.  Camille  En- 
lart,  directeur  du  Musée  de  sculpture 
comparée  du  Trocadéro,  dont  on  connaît 
notamment  les  recherches  à  Chypre: 

3"  La  continuation  des  fouilles  de  SiDO>i 
au  docteur  G.  Conteuau  ; 

4"  Enfin,  les  fouilles  de  Tïr  et  environs 
à  M.  de  Lorey,  dont  les  publications  ont, 
jusqu'ici,  porté  sur  la  Perse  ;  Mme  Denyse 
Le  Lasseur,  élève  diplômée  de  l'École  du 
Louvre,  lui  sera  adjointe. 

—  Le  Service  des  Antiquités  et  Beauv- 
.\ils  de  Syrie,  que  dirige  M.  Ch.  ViroUeaud 
depuis  le  départ  de  M.  Chamonard,  s'oc- 
cupe d'organiser  le  Musée  de  Beyrouth 
dans  un  local  provisoire.  Trois  salles  se- 
ront ouvertes  à  l'occasion  de  la  Foire  de 
Beyrouth,  le  l'"'  avril. 

—  Nos  lecteurs  apprendront  avec  le  plus 
vif  regret  la  mort  de  l'homme  excellent 
et  du  parfait  savant  qu'était  Max  van 
Beiicuem.  11  était  né  le  16  mars  1803 
d'une  famille  d'origine  flamande  devenue 
genevoise,  puis  vaudoise.  Depuis  1891,  il 
poursuivait,  avec  une  conscience  admi- 
rable et  une  autorité  accrue  d'année  en 
année,  le  relevé  et  l'étude  des  inscriptions 
arabes  d'Egypte  et  de  Syrie  pour  aboutir 
à  la  publication  du  Corpus  iiiscriptio/mni 
arabicarum,  qucpalronnaitl'.Vcadémie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres  dont  il  était 
un  des  associés  étrangers.  Son  Voyage  en 
Syrie  (voir  Syria,  I'.I20,  p.  li)  est  un  mo- 
dèle de  recherches  sur  le  terrain,  éclairées 
par  les  textes. 


Le  Gérant  :  Pm  l  Geltuner. 


49IIJ-3-21.  —  Tours,  Imprimerie  li.  Aobault  et  C". 


L'ÉCOLi:  ARTISTIOL'I^:  D'AynOClIE 
lOT  LKS  TlîKSOr.S  HAIlCK.NTKIUi:  SVIUKNM] 


PAR 
CIIAIU.ES    DIKIIL 


«  l'ar  sa  richosso,  sa  graiidoui',  le  iiomldo  dr,  ses  lialiitaiils,  |iar  sa  l)r'aiilô 
«'I  s;i  |iros|i('Tit('',  Aniioclic,  l'-nil  r'rdcojM',  ot  la  |)ii'iriii"'i('  de  Imilcs  les  villes 
(|ii('  les  l!niiiaiii>  [lossiaii'iil  cil  OriiMil  '"."  (In  r;i|i|pi'I;iil  iiii  -.ixiriiii- .-irilc  Aii- 
liuciii'  lu  <iiaii(lc  cl  aus>i  Aiitiochc  la  iJcIlc.  et  [lar  la  s|iloiiil('nr  de  ses  edili<-es 
elle  iiK'iilail  ce  11(1111.  Ses  I()iij,Mies  iMies  dniiles,  Ixii'di'cs  d  uni'  dmiMe  rangée 
de  |Kiiii(|iics.  (ill'raicnl  un  a>|ic('l  ini|iiis;uil  cl  niauMiifii|iic  ;  >iin  i'ii'i|iic  cl  smi 
lliéàtre  ('laienl  cciclircs  aiilanl  (|uc  le  lii\c  de  ses  i»ains.  Le  |ialai>  i|iie  l'em- 
porcur  Gallien  y  avait  cdilii'  an  Imrd  de  lilinnle,  et  dniil  l.ilianiiis  nous  a 
laissi'  la  descri(ilinii.  clail  uni'  nici\clllc.  La  grande  l'-glisc  iiçldguiialc.  »  l'église 
dorée,  ».  comme  on  lappidaii,  (iiie  Cniislanlin  \  avait  fait  bâtir,  idait.  au 
témoignage  (rKusèlic,  «  un  monuinenl  uni(|ue  en  son  genre  ».  parla  ilispioi- 
li(in  de  son  [ilaii.  1  aiii|dciir  i\y  >cs  |i!(i|uiiliiiiis  cl  le  l'aslc  t\i'  sa  dccdialinii  |ni- 
lychrome.  Plus  lard.  l(U'S([uc.  en  .'iio.  (iliosroès  le  (irandcut  pris  .\nliuelic  et 
loul  détruite  de  fond  l'n  comlile.  .lustinien  la  rebâtit  magiiiliipicment.  Kl  telle 
était  la  reiiominco  de  sa  splendeur  cl  de  sa  iielies>c.  (pn' s,i  n'^piitalinn  clail 
parvenue.  ius(|u'aux  (^\tn'■ulil('■s  de  lOrieiit.  Itans  la  (iliine  Idintaine  on  eiin>i- 
dérait  Anlioche  comme  la  véritable  ca|titale  de  rem[iiie.  et  on  la  tenait  pour 
«  la  troisième  ville  du  monde  ». 

Pans  cette  granile  cité  cosmopolite,  où  le  goût  des  fêtes,  l'amour  des  spec- 
tacles et  du  plaisir,  le  >(iuci  de  l'argent  et  du  bieii-èire  a|iparaissaient  au\ 
étrangers  ctHunie  lc>  IraiU  caiac[cri>li(pic>dc  la  \  ic  piibli(|uc.  la  pruspcrili'  (•co- 
nomique  s'édait  iiiagniliciuenient  de\(do[>pée.  A  Aniioclic  abnulissait  une  des 
routes  principales  du  commerce  iiitoriuilional.  cellt>  qui.  à  travers  l'Asie   cen- 

IM  l'uocoi'K,  De  hrlh,  /xvi..  pp.  I.S'.l-lilO  ;  cf.  (irclmolug.  Insliliih,  I8!t7,  p.   I(W)  rt  .Imis  iiioii 

l''ousrKU,    .l;i(ii)f/ii(i   <im    i  ironies    {Jnhrh.  lics  ./(is/imVn.  les  pp.  oti7-,VM . 

Sïiii.i.  —  II.  Il 


82  SYRIA 

traie  et  la  Perse,  apportait  les  marchandises  de  llnde  et  de  la  Chine.  Les  né- 
gociants syriens,  comme  les  Phéniciens  leurs  ancêtres,  répandaient  d'autre  part 
à  travers  toute  la  .Méditerranée  les  produits  de  ces  industries  de  luxe  dont  An- 
tioche  se  glorifiait.  On  les  rencontrait  en  Afrique  et  en  Italie,  en  Sicile  et  en 
Espagne,  au  fond  de  l'Adriatique  comme  en  Gaule,  et  on  raconte  que  le  grand 
saint  syrien,  Syméon  Stylite,  à  qui  était  parvenu  par  eux  l'écho  de  la  gloire 
de  sainte  Geneviève,  ne  manquait  jamais  de  charger  ses  compatriotes  de 
saluer  de  sa  part  la  sainte  franque  >''. 

Antioche  était  encore  une  grande  ville  intoUoLtuelle.  Ses  écoles  de  philo- 
sophie étaient  célèbres,  on  vantait  l'éloquence  de  ses  rhéteurs,  les  goûts 
d'art,  l'élégance  raffinée  de  ses  habitants.  C'était  une  des  capitales  de  l'hellé- 
nisme. C'était  aussi  une  des  capitales  du  cluislianisme.  On  la  surnommait, 
depuis  le  commencement  du  sixième  siècle,  «  la  ville  de  Dieu  »,  Théoupolis  ; 
elle  s'enorgueillissait  de  rapporter  aux  apôtres  eux-mêmes  la  fondation  de  son 
église,  et  l'importance  de  son  patriarcat,  le  renom  des  grands  évèqucs  qui 
l'avaient  gouvernée,  la  pompe  de  ses  fêtes  religieuses,  le  nombre  de  ses  cou- 
vents et  de  ses  établissements  de  bienfaisance  faisaient  d'elle  en  effet  une 
grande  cité  chrétienne.  Enfin,  le  réveil  des  vieilles  haditions  nationales  et 
sémitiques  qui  se  manifestait  dans  tout  l'Orient  à  partir  de  la  fin  du  troisième 
siècle  marquait  Antioche  dune  cnipreirde  parliculière.  On  conçoit  donc  sans 
peine  que,  dans  ce  milieu  intelligent  et  riche,  actif  et  passionné,  ouvert  à 
toutes  les  iniluences,  curieux  de  toutes  les  nouveautés,  l'art  chrétien  ait  natu- 
ri'llemcnt  trouvé  un  terrain  merveilleux  d'épanouissement.  (|ue  les  monuments 
(rAnlidciie  soient  devenus  vite  d(>s  nuxlèles  universellement  admirés  et  imités, 
que  les  ouvrages  sortis  de  ses  ateliers  aient  eu  sur  tous  les  marchés  de 
l'Orient  et  ju.squ'en  Occident  une  vogue  incomparable,  et  que  l'activité  de  ses 
exégètes  ait  inllué  puissamment  sur  la  l'ornuition  de  l'iconographie. 

Tous  ceux  (jui  s'occupent  de  l'histoire  de  l'art  chrétien  d'Orient  adind- 
lent  donc  aujourd'hui  sans  discussion  l'importance  qu'a  eue  .Vntioche  dans  la 
i'orriiation  de  cet  art.  Slr/.ygo\vslvi  a  parli'  bien  des  l'ois  du  grand  mouvement 
d'art  qui.  aux  tinis  jtremiers  siècles  de  l'ère  chrétieiuu',  se  développa  «  dans 
les  grandes  \iilcs  urirntali's  du  moiidi'  lirlli'nislii[U('.  iMi  particulier  à  Alexan- 

l')  Vilii  s.  Genovefu-  (SS.  rur.  luci-ov.  111,  -.i-iO). 


L'ÉCOLE  AiniSTKjlL  DAX'IIOCIIK  ET  L'ARGENTERIK  SMSIKNNE  83 

(Irif,  h  Aiitioclif  cl  h  KpliRSc'*'»,  et  <iiii  dcviiil  rire,  un  |pi'ii  |pIii>  lard,  si  Ircdiid 
('Il  ri'îsiiltals.  (rosi  un  axionif  iiidisculf''  i\u(i  I  ail  clin-licii  s  csl  Inriiié  et  a 
^^raridi  dans  los  grands  conlros  hclli'nisliipics,  «  à  Antioclio  on  particiilior  '-'  », 
cl  (|iic,  «  sous  la  lii|di'C(iiislrllali(m  " .  coniiiir  dil  encore  Slr/.ygo\vski.  d'Alexan- 
drie, d'Antioclio  cl  d  Ivplièse,  (  ionslanlimi|ilc  naijuil  cl  so  (lévolo|nia.  A  l'origine 
des  llicniesqira  illnslrés  i'iconograpliie  liy/.aiitino,  on  a  cru  iioiivoirlrouvcr  doux 
Iradilions  ri\  aies  cl  disliiicics.  cr  rnne  idcalislc.  l'aulre  irMli>|c.  l'une  liclli-nis- 
tiqiie,  l'aulre  orionlalc '"'  »,  d(»nl  la  [ircniiére  osl  née  à  Alexandrie,  donl  la  se- 
londe  s'est  créée  à  Antioclip.  Kl  ce  serait  folie  assurément  de  vcuiloir  nier  le 
grarnl  rolc  ijn  a  jnin''  cclli'  cili'  (|u'nn  a  juslcinenl  nnimni''c  ..  la  reine  de 
rOrienI  ».  On  ieniari|uera  Inulel'nis  (|ue,  de  celle  Aniioclie  fanieiise,  il  ne 
nous  reste  rien,  liorniis  le  souvenir  (|nc  les  textes  liislori(|ues  ont  gardé  de  sa 
gloire.  A  rc\cc[i|iiin  de  ses  |iillori'Si|ues  cl  iin|Misanlcs  niniaillcs,  aucun  de  ses 
nionnmenls  ne  nous  a  éti'-  coiiscr\('':  cl.  en  allendanl  (|ucdi'S  i'ouillcs  s\>li''iiia- 
li(|iics  —  donl  rim|i(ulance  n'é-cliapiie  à  persKiinc  —  nous  rendent  enlin  les 
rcsics  de  SCS  (''ililiccs  (lis|iaius.  c'csl  ailleurs  ([u'il  l'anl  cIu'IcIm  r  i'iniatzc  de  la 
vill(!  uiorle  cl  les  caracicrcs  de  rt'cuic  ailislirpic  dont  elle  lui  le  centre.  Les 
églises  de  la  Syrie  du  Nord  nous  pcnncllcnl  (rcntrinoir  (|ucl  l'ut,  probaldc- 
uieiil  sous  rinilucncc  d'Anlioclie,  le  di'vcloppcincnt  de  rarcliilcclurc  clm''- 
lienne  eu  Syrie,  cl  (picllc  l'oinn^  nou\elle  y  revclil.  par  le  niédange  des  niulil's 
orientaux  se  coiulûnaiil  avec  les  Iradilions  liellciiistiipies,  l'orneinenlation 
sciilpléc*".  Mais  si,  parla,  la  pari  d' AnIiocIie  est  cerlaine  dans  les  origines 
de  l'arl  hy/iiulin,  il  deinciire  dit'licile  cc[)cudanl  d'en  mesurer  exactement 
IV'Iciidnc.  Il  \  a  donc  un  inicrct  extrême  à  recueillir  et  à  classer  tous  les  mo- 
nuuuMils  (pii  semblent  pouvoir  être  rallacliés  à  celle  école  d'.Vnlioclic  cl  (pii 
pciiucllcnl  d'en  (h'dinir  plus  exactement  les  leiidaiM'cs  cai'actcri-ti(iui's,  de 
mieux  dclciuiiiicr  rinilucncc  (|u  elle  exerça. 

('I  OnV/i/  oiliT  lium,  p.  8.  l-'i   Mn.i.et,    lierherchcs    sur  Viconographif 

('•  Stuzyuowski,  llellns  in  des  Orii'iit!;  Umar-  de  l'Érnn(]ile,  pp.  688,  H'iH,  581. 

miimi.  p.  16.  l'i  V.  mon  Mnniirl  d'nrl  hyranlin,  pp.SV-.IO. 


84  SYRIA 


Panui  tes  iiioiuiments,  une  des  séries  les  plus  remarquables  est  constituée 
par  les  trésors  d'argenterie  et  d'orfèvrerie  découverts  en  ces  vingt-cinq  der- 
nières années  en  Syrie  et  dans  les  régions  voisines,  en  Cilicie  et  en  Chypre. 
M.  Bréhier.  dans  un  fort  intéressant  article  de  la  Gazelle  des  Beaux-Aits  <'',  en  a 
entrepris  une  .■tude  d'ensemble  et  il  a  cherché  à  définir  ce  que  ces  ouvrages 
nous  apprennent  sur  la  technique  et  le  style  des  ateliers  antiochitains.  Peut- 
être  quelques-uns  trouveront  —  et  je  suis  de  ceux-là  —  que  sur  ces  bases 
solides  -Al.  Bréliier  a  construit  quelques  hypothèses  parfois  hasardeuses,  en 
revendiquant  pour  l'école  d"Antioche  nomltrc  d"ol)jets  d'orfèvrerie  découverts 
fort  loin  de  la  Svrie.  «  Certains  d'entre  eux,  écrit  l'auteur,  portent  incontesta- 
blement la  marque  syrienne  ;  pour  d'autres  le  doute  est  permis.  »  Je  crois  le 
doute  légitime  pour  un  plus  grand  nombre  de  pièces  que  ne  le  pense 
M.  Bréhier,  et  j'essaierai  de  l'expliquer  plus  loin.  11  importe  d'analyser 
d'abord  ce  qu'il  v  a  dans  ce  travail,  de  certain  et  d'incontestable. 

Cntre  les  pièces  d'argenterie  d'origine  évidemnuMit  syrienne,  la  plus 
ancieiuie  en  date  et  la  pins  iuipoiiante  [lar  sa  valeur  ;ntistii|ue  est  assurément 
h-  beau  calice  trouvé  en  1910  a  Anlioclie.  avec  ciiKi  autres  objets,  une  croix 
processionnelle,  trois  reliunîs  de  livre  et  un  second  calice.  Le  tout  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  coINMlidu  KdurhaLji.  à  .^■(■\\-^■ork  (-'.  Le  calice  qui 
forme  le  morceau  le  plus  [irécieux  de  ee  trésdr  est  aussi  remarquable  par 
sa  teidmiiiue  (lue  par  les  sujets  i|ui  y  sont  représentés  ([d.  IX).  Au 
uiibi'U  iriiiie  fiDinlaixiii  de  vigne  cbargi''e  de  luurdcs  gra|)[ies  et  (]ui  se 
déroule  en  élégaids  replis,  dou/.e  ligures  assises,  ihsposées  en  deux  séries 
superposées,  se  dislril)\ient  en  (b'ux  groupes  symétriques,  dont  chacun  montre 
riii(|  ii[ii)hvs  \u>  (le  piolil  aiiloui'  (bi  Cbrist  de  face  assis  sur  un  Irone.  Des 

(')  F.OL1S   lliiKiin.ii,    lis   Trésors  d'nnjenlerii-  lii'lj^o,  Ui  Jeunesse  ('^  A  IG  ik'C.  l'.l"20i,  par  H.  L. 

syrienne  et  l'école  «r/i'sdVy/if  dWnlioche  (Ga:.  locs    initiales    sonl   ci'lk's   d'an   professeur  à 

des  Ilenax-Arh,  l!l-2(),  l.  I,  pp.  I7:»-I'.)R).  rUniversilé  de  Gnnd).    l'our  les  autres  objets 

(')  Sur  le  rnVm-  Koucliakji,  voir  Eisen,  Pre-  cités,  ou  trouvera   les   indications   bil)liogra- 

liminary  reimrl  on  llie  GrentCnlire  of  Aniiocli  plii(iucs  nécessaires  dans  Tarticle  de  rtmoiiiKii, 

lAnieriiitn  Joiini<il  of  iirrli.roloijy,  I.X\,l-i(i,  el    dans   Dvlton,   Ily:anliiie   iirt   and  itrchxo- 

ct  .\.\l,  109).  et  l'arlido  publié  dans  une  revue  loijy,  p.  503  et  suiv. 


lA.  1921 


^ift 


Calice  d'argent  d'Antiochc,  ni'  ou  iv«  siècle 
(Collection  Kouchakji) 


L'KCOLE  AUTIST1(H;E  D'ANTIOCIIK  ET  E'AnGEN'lEHli:  SYllIENNE  85 

oiseaux  ot  des  aiiiiiiaiix  so  joufiit  |)iiniii  le  rouillaf,'»'  :  les  orneiiU'iils  et  1rs 
lijiiircs  étaient  autrefois  dorés.  Tout  ee  décor,  nii-rveillinisenienl  ajouii-  et 
ciselé,  est  traité  avec  une  liahileté  et  hn  style  ineoni|iaraldes.  La  liirure  juvénile 
(lu  (!liri>l.  les  lètr'S  expressives  des  apnlres  ont.  iiialu'ii' leurs  pelito  |ini|)nr- 
linii^  I  I  cenlinièlre  à  [M-iiie).  une  pliysionoiuie  indi\  i(lu(dli'  (|ui  en  l'ail  de  véri- 
liilijc-  |iuiliails.  Est-ee  à  dire  (|ue,  connue  le  [lense  .\I.  Eisen.  ce  bel  ouvrajic 
(ialc  (lu  |iri'inier  sircli'  de  l'ère  elin'iielillr,  et  (]iie  l'arlisle  aurait  \i''eu.'i  Ulie 
époijne  ou  tous  les  coinpaffnons  du  (ilirisl,  eiuore  \i\anls,  aujaienl  pu  lui 
servir  de  modèle  :' M.  IJréliier  éearle  avec  raison  celle  liypollièse  i|uel(pie  [leu 
lanlaisisle  et  il  date  de  la  fin  du  den\ieMie  on  du  cduinieneeinent  du  lri>i>iéuie 
siècle  le  calice  Kduchakji.  (pii  lui  sendtle.  en  tout  las.  antérieur  à  la  |ii''riode 
conslanlinienne.  On  se  demandera,  si  on  en  compare  la  di'coration  aux  deux 
largos  bandes  oiiiemetdales.  traiti'es  avec  tant  de  riehesse  et  île  j;oùt.  i|U()ri 
rencontre  à  Mavenne  sur  le  Irune  île  .Maximieu,  si  le  calice  Kniicluikji  ne 
devrait  |ininl  rire  allriltui-  à  une  date  plus  basse  encore.  Assun-nu-nt  lest\lo 
des  lijiui-es.  I  liabilelc  dr>  diaperies  alloleiit  une  Immic  l'poipie  :  mais  je  crains 
ipie.  pour  le  j)lai>ir  de  reliaiis>er  rimpnrtaine  de  la  tiiiu\aille  (ne  s"est-on  pas 
demandé  —  follemenl  —  si    ce  calice  ne  serait    pas  le  vaso  ipii  a  servi  à  la 

première  Eèin' .').  un   ne  lui  allril une  li()|p   liante  antiipiit/'.  A  en  juirer  par 

les  pliutoj;rapliies  dont  je  di>pnsr.  il  pimriail  daler  Inrt  bien  de  la  |ireiuière 
moitié  du  (|uatriènie  siècle. 

Av(>c  les  deux  trésors  de  Kerynia.  ipu'  se  partai^ent  le  musi'c  de  Nicosie,  le 
Musée  Britannique  et  la  collection  Pierpont-Mor^Mu  "'.  nnns  descendons,  à  ce 
qu'il  semble,  à  la  tin  du  cinquième  et  ii  la  première  moitié  du  sixième  siècle.  11 
n  est  point  bex.iii  de  ilécrire  longuement  cette  série  de  |iièces  merxeilleuses. 
grande  plats  d  ai  i:eiil  décorés  de  reliefs  ou  ornés  de  nielles,  dont  les  plus  beaux 
—  neiiraii  total  —  représentent  des  épisodes  de  fliistoire  de  David,  encensoir 
hexagonal  orné  de  ligures  saiiile>.  cuiller-  .tout  le  manclie  porte,  linement 
gi-avi'-es.  des  tigures  iraniiuaiix.  bijoux  il'or  eiilin.  colliers,  bouides  d'oreille-., 
bracelets  ou  pectoraux  diiiie  riilie-M.  >•[  d'une  l'di'gance  admirables.  Parmi  ce> 
objet>.   les  plats  qui  rarontent  l'Iii^toiie  de   l»a\id,  >oil  l'ii  M-ènes  de  genre   de 

l'i  Oïl  lr.mv.Ta  .lii.lmiriild.'s  reproiliiclmns  possesseur:  Cki.il  H.  Smith,  lironirs,  aniiqtif 

d."s  olij.ls  iippiiil.'iuiiil  il  la  cillclioii  Morgan  ;;'veA-,   roman,    etc.,    incliiding  sume    nnliqtif 

iliiiis  1.-  li.îiii  .•!ilal.)j:ii.'  iMil.lio  par  l.>s  s.>iiis  .lu  oItjecU  in  gold  and  iilver,  pi.  L.\  .>!  suiv. 


86  .st:kia- : 

style  hellénistique^  g'oit  ea  coiûpositionsplûs^rayeset-pltissofennèlles  (pi.  X,  i 
et  2,  et  pi.  Xli-I)  sont,  paV.la  sfciencé- de' liarrahgement  .ci.utânt;que  par  la 
beauté  harmonienise  des  figures,  dés  chefs-d'œuvre.  L-origine  syrienne  de  ces 
précieuses  trouvailles  semble. incontestable. 

Certains  d'entre  ces  objets  -r^rencensoir  hexagonal  du  British  Muséum  en 
particulier. -(pi.  XI,  2) -7-  sont  étroitement  apparentés  au  vase  d'argent  que  pos- 
sède le  Louvre  et  que  le  donateur,  M,  J.  Durighellp,  a  ti-ouvé  aux  environs  de 
Homs  (Entès.e);(pl:  XII  et  XIll).  Les  deux  pièces,  qui  se  ressemblent  fort  par  le 
style  de  r^rnementatiôn  (les  figures  du  Christ,  de  la  \ïerge.et;des  saints  sont 
traitées  deifaçpn  toute  semblable),  appartiennent  au  miliên  du  sixième  siècle,  et 
semblent  d'jioe  ep.oqueassure1nent.po3terie.uro.  aux  plats  figurant  l'histoire  de 
David.  .        :;  ;.:  ;  :  .  ^..     . 

C'est  de  Svrie  également  que. proviennent  le  calice  de  la  collection  Tyler, 
bel  objet  d'une  élégante  çob^iété,  dont  une  inscription  constitue  le  seul  décor, 
et  la  patène  appartenant  à  M.  Kçtlebdjiàn,  tous  deux  trouvés  à  Riha,  près  lOronte, 
à  60  kilomètres  au  sud-est  d'Antiôche.  Sur  là  patène  est  représentée,  avec  des 
rehauts  d'or  qui  soulignent  les  détails,  la  Communion  des  Apôtres  (pi.  XIV). 
M.Bréhier,  qui  a  le  premier  étudié  cette  pièce  intéressante,  a  été  très  frappé  de 
l'expression  des  figures.  «  L'artiste,, écrit-il,  qui  à  composé  cette  scène  a  su 
rendre  avec  une  puissance  singuUère  les  divers  sentiments  des  personnages.  Pour 
trouver  dans  l'art  chrétien  une  pareille  intensité  d'expression,  il  faut  des- 
cendre jusqu'à  nos.imâgiers.  gothiques  et  même  jiwqu'à  nos  primitifs  de  l'école 
franco-fiamande.  »  C'est. aller  là,  sans  doute,  un  peii  loin  (hms  l'admiration.  On 
ne  contestera  point  assurénieiU  le  vigoureux  réalisme  de  ces. figures  :  mais 
l'exécution  en  est  singulièrement  grossière  çtr'ude.  La  recherchiî  dé  l'expres- 
sion aboutit  trop  souvent  à  la  grimace:  les  draperies  sont:  extraordiriairoment 
sèches  et  médi.ocrés.  Je  ne  saurais  vraiment'  trouver  dans  la  ligure  du  Christ 
ni  celte. draperie  njujeslueuse,  ni  cette  gravité  sact-rdoiale  t[ii  y  rcmaniue 
.M.  Brébier.ni  ce  bi-l uvale  dy  Visag-i%  ni  ïjHrtout  «  cet  accent  de  résignation  et 
de  misértcurde  inlinie  qui  règfie  dans  ses. yeiix»:  Que  ce  suit  ici  «  le  tlhrist 
de  la  tradilioji  .orientale  »,.  .à;la  barbe  loOgué,  .aux.  cheveux  plats,  au  visage 
manpié  par  l'âge.  'y>  m-  li'  ciHitiiste  point  :  mais  pnis<|n'(in  rappelle  à  ce  propos 

les  niosa'Kiiii's  de  San  .VpollinareXuovo  elles  miniatures  de  Hossano,  il  suftîtde 

'  ...         ■_  '   ■,'  '  ' ■        •   ' 

s'y  reporter  [tonr  constater  co|nbiefl"rimagc'du  Christ  y;  est  supérieure  à  celle 


s  vin  A.  v.iï\. 


l'I    XI. 


I 

l'Iiil  (riii';.'c'ii(  (le  Kcryiiiii  ifia  \'  cm  dclnil  m    -i.rli' 

iiliillertimi  l'irrimiit  Miirijun.' 

Diiviil    lullaii(    coiilie   Golialli. 


Kiirciisoir  il  iiri:ent    il'.-    KiTyiiiii 
Miisef  Uritaniiiiiiif.' 


RIA,  1921 


Vase  d'argent  trouvé  à  Homs  (Emise)  vi«  siide 
Mush  du  Louvre.  (Don  de  Joseph  Durighello) 

CtKhi  Giiiudnt, 


Vase  d'Emèse  (Détails  de  la  décoration^ 


VRIA,  1921 


l'I.  > 


Patène  d'argent  de  Riha  (VI«  siicle) 

(Collection  Kalcbdjian') 

La  Communion  des  apiStres 


L'ÉCOLE  AiniSIKHI-:  D'.WTK  )CIIK  KT  L'AII(;F:N'I  lilUi:  SYlllKNNi:  87 

'11'  la  |);ilriir  Kii IclKljiaii .  Kl  ili'  imMin-,  il  \  a  i|iii'lqiit>  i>xag(M-ution  à  ti-oiivcr 
cluiis  l(^s  li^in('S(|i'sii|M)lics  «  iiih- M-rilalili-  galiTU'  île  |i(tr(niitH  »  :  la  iiKiiioliuiif 
m  en  iipjiarail  l)('aucmi|)  plus  f{riiti(l(V(|ir(îllf  nn  sciiilili'  à  M.  Ui-t'hiiT.  •  (ii-  (lui 
(iénolc  vraiiiii'nl  li-  ^q-and  art.  (■rrit-ll.  (•■(•si  liinih''  (ri-\|)rr'S<«ii)ii  (jnt-  l'ai-tisU* 
H  su  couscn-vci  à  cis  li;,'iiri's  >i  ililiV-icnlcs  par  leurs  Irails,  riiaiit  comiiic  iiiiiini- 
lu'îcs  ilii  iii()iii(!  sciiliiiiciil  ili'  loi  cl  (laiiKMir.  ■•  .1  ai  i|iii'l<iiii'  |M'iii('.  iiiiami  je 
nïf^ardc  le  iiioiiiiincnl.  à  Innivcr  irl  ciiIlKiiisiasm»'  plcinciiioiit  juslirh'-.  Jcrdii- 
(•(■'(Ic  voluiilicrs  à  .M.  iJri'liicr  (pic.  dans  sa  sNiiirlrlipic  simplicilc,  la  ciiiiipo^i- 
lidii  de  la  s('(>ii(!  osl  assi'/.  Iicurfusc  :  mais  ipn»  la  pal("'ii('  Kalclt(ljiaii  ropn'SPiito 
I'  I  ap(if^(M'  de  r('i(dc  i.  je  n'y  saurais  sdiiscrirc  :  et  il  siiflil  vraiment,  pdur  so 
(•(UivaiiK  ic  du  cuiiliiiirc.  de  (•(»Msid('Ter  les  plais  de  Kcrviiia.  (pii  >(iiit  d  iin«> 
liicn  aiilrc  Milciir,  ou  le  ciilice  Kipucjiakji.  (ti'i  il  -erail  pins  inilnrel  de  lt»ner 
la  [uiissaucc!  (rcxprcssi(.in  des  ligures. 

La  |)al("'iUMl(''((tiiverl(si  Stùma,  dans  le  di-trii  l  d  Ali-p,  et  (pn^  possède  acluel- 
leiuciil  le  nius(''c  de  (iou^laiiliiioplc.  date  de  la  premi('re  uioilié  du  scplièuH'  sii'- 
c-lc.  (Jn  y  voit  re[ii(''senlee.  cdUMue  sur  la  palérn'  Kalelidjian.  la  (iiMumunion  des 
Ap(»li'es.  avec  (phdipu-s  ^ariantes  dr  détail  d du  M.  IJreliier  cduelul  (pie  les 
ateliers  syriens  ne  s'en  teuaienl  pas  à  de-  pdiieils,  avec  une  maladresse  au-*i 
(|iii  alleste  la  dcH'adenci^  v\  montre  la  lin  d'iun*  grande  Iradilidii  darl. 

Telles  sont.  elirondlogi(piemeiit  (■lass(''es,  les  pii'cesdargeiilerie  an\ipielle- 
ou  [M'ut  allriliuer  avec  (juehpie  cerlilude  une  origine  s>  rienne.  en  raison  des 
endroits  où  elles  ont  (''l('' (l(''CdU\erles.  IMusieurs  d  Cuire  (die-  olVrenl  un  détail 
assez,  |)arli(ulier  et  ([uil  l'aul  retenir,  [larce  (|u  il  seudde  pidpre  au\  alelier> 
dAnlioclie.  Sui'  los  grands  plal^  de  Kerxnia  ((umne  >ur  la  patène  K.delidjiau. 
au-dessous  de  la  ligne  droite  <|iii  liguic  li'  sol,  des  oitjets  di\er?.  sont  placo 
(•(unnu'  en  exergue  daii>  le  segment  de  cercle  ain^i  r(''serv(''.  Il  ne  serait 
point,  je  crois.  im[io>silde  de  deteiiuiner  le  rapport  s\ndi(di(pie  de  ft's 
dlijcls,  vases  liturgi(pn'S,  armes,  sacs  de  lUdimaies,  agneau  du  «acrilice, 
avec  la  scimu"  represeidee.  Mais,  (pmi  (piil  en  sdil  de  ce  pdinl  spécial,  ccl 
usage,  (|uo  ndus  relrouviMous  sur  daulres  nuMunnenls,  peut  louriiir  mit  leur 
oiigin(^  des  indicalions  précieuses.  IH  autre  détail  inl('re^sant  x-rtii  démontrer 
la  pariMdi'"  des  (un  rages  (|ue  nous  veiuuis  (t°(<\amini>r.  Au  revers  de  Iieaucdiip 
d'entre  eux  apparai-seni  des  estam|iilles,  généraleilU'iit  au  inuulire  de  i-iiu|. 
portant  des  elliuie>  de  ^aiids,  des  munogramun^s  etdes  nom>.  I  n  texte  lingio^rn- 


88  S  Y  RI  A 

phiquo  du  sci.liènie  siixle,  sigiialô  d"abordpar  Siiiirnof,  prouve  que  ces  estam- 
pilles ne  sont  autre  chose  que  des  poinçons  de  contrôle,  l'argent  au  premier 
titre  étant  dit  à  cinq  pointons,  TOVTaa'fpâyicTTOv.  On  trouve  ces  estampilles  sur 
plusieurs  des  plats  de  Ker\  nia.  sur  la  patène  et  le  calice  de  Rilia.  et  sur  la 
tige  de  l'éventail  liturgique  de  Stùma. 

Je  n'insisterai  point  ici  sur  les  bijoux  découverts  dans  plusieurs  de  ces 
trésors,  à  Kerynia  en  particulier  et  à  Mersina,  et  dont  beaucoup  sont 
formés  de  médaillons  impériaux,  généralement  de  la  seconde  moitié  du 
sixième  siècle,  et  de  monnaies  d'or  byzantines  serties  dans  une  riche  monture 
d'or.  Si  tel  de  ces  objets,  comme  le  bracelet  d'or  du  Brilish  Muséum  dont  le 
médaillon  représente  la  Vierge  orante,  est  vraisemblablement  de  provenance 
syrienne,  l'origine  des  autres  bijoux  demeure  plus  incertaine.  Ils  sont  en  effet 
étroitement  apparentés  à  ceux  du  trésor  découvert  en  1909  en  Egypte,  et  que 
se  partagent  les  collections  Freer  à  Détroit,  von  Gans  à  Francfort  et  .Morgan'". 
Et  encore  ipie,  quand  il  s'agit  d'objets  précieux  aussi  aisément  transportables, 
le  lieu  où  ils  mil  été  retrouvés  n'indique  point  nécessairement  l'atelier  d'où  ils 
sont  sortis,  il  serait  impi'udent,  dans  l'état  présent  de  nos  connaissances,  de 
rien  conclure  sur  l'origine  de  ces  bijoux  tous  semblables  de  composition  et  de 
slvle.  On  y  constate  assurément  des  influences  orientales.  Mais  viennent-ils 
de  Svrie.  ou  [dutùt.  comme  (in  incline  à  le  croire,  d'Egypte*^',  c'est  ce  qu'il 
semble  impitssil)le  dt-  dire  a\('c  certitude. 


.M.  liiV'hiiT  a  fnrl  bien  aiiahsé  la  b'clini(iue  et  le  style  qui  donnent  à  tous 
CCS  ouvrages  dargenlerie  un  caractère  commun  et  qui  permettent  en  consé- 
quence d'eidrevoir  les  traditions  artistiques  des  ateliers  d'Antioche. 

Sur  toutes  ces  pièces,  les  figures  et  les  ornements  sont  exécutés  au  re- 
poussé, les  ligures  étant  ensuite  re[U'ises  au  burin  avec  un  soin  parfois  très 
attentif,  l'our  soubgner  les  détails  et  iaiiv  ressoilir  les  personnages,  il  n'est 
|iiiiiil  i;in' qin-  l'nr  suit  apldlipié  en  reliauls  sur  r;iigeiil.  ou  ipu'  le  (b'-cor  soit 
iclr\r  (r«irm'mrnts  de  niidle  ou  iriMuail.  El  M.  i{r('liier.  ii  ce  propt)s.  remanpu" 

|i'  \V.  I)h;n.mso.\,  .\  ijdIiI  Ircusure  of  Ihe  Inlc  1-' 1)ai.io.\,   \  svcoitd  silrrr  In-asitrc  front  Cy- 

rumnit  /<m(«/,  1918.  itriis(Arcli:rolo(ji'i,  vol.  I.X,  pail.  1,  pp.  IM.'li. 


L'ÉCOLK  Altl  ISTIQli:  DANI  loCIIF-:  ET  LAHGENTKIME  SYIUENNE  «D 

justement  (pio,  «  les  argonliers  ilAnliucho  ne  sp  iirrocciipaioiil  pas  soulomciil 
(le  rr-ilct  |ilasli(|iii'.  niiiis  l'Iirrcliaii'nt  |iar  r<'iiiiil<ii  discicl  «If  la  roiilcnr  à 
mettre  on  viilnir  les  motifs  essonliels  «le  leurs  eumpositinns  ». 

Pour  ce  (pii  ((nicernc  lo  style,  le  trait  cnractérisliquo  de  «et  art  syrien  psI 
le  soin  constant  et  la  reclierehe  minutieuse  de  la  vérité.  Kt  aussi  hieri  ce  ni/^nie 
accent  réaliste  se  renconlre  dans  lonles  les  uianifeslalions  d'art  ipii  spmidpnt 
d'origine  syrienne,  dans  rillu>lrati(in  de  manu.scrils  tels  qup  l'Évangéliaire  de 
Habilla  ou  celui  de  Fiossano,  dans  les  ivoires  tels  ipie  la  chaire  de  Mnximipu 
ou  le  diptyque  de   Ravenne.  dans   le  caractère  des  types  du   (Jlnisl  et  de   la 
Vierge  commedans  ridahoration  des  thèmes  évangéliipies  tels  que  les  a  conçus 
la  rédaction  d'AntiocJu».  «  Vérilé  matérielle,  vérité  mnnile.  écrit  M.   Hndiier. 
telle  semlde  être  la  formule  de  cet  art.  o  (l'est  de  celte  letidanci-  liisturique  pt 
réaliste  (|ui'  [nncèdent  les  fomls  d'anliitrcture  qui.  snr  1<'>  plat- di' Ker\nia. 
sur  les  i)atènes  de  Itilia  et  de  Slùma,  sont  disposés  derrière  les  persunnagps, 
c  est  de  là  que  vient  1  lialiilude  de  cdstumer  en  hasileis  les  personnages  nivaux 
connue  Saiil  et  David,    et  de  méln  aux    dtaperies  classiques  les  hahillemenis 
ot  les  piMiipes  de  la  cour  ini|iéiiale.   Il  faut  remanpier  au  reste  (pi'au  sixièmi- 
siècle  ce    goût    réaliste   a  pas>é   de   la   Syrie  à   toutes   les  provinces  de  larl 
liv/.anliii.  e|   |i('iil-èlre   y  a-t-il  quilqncî   excès  à    \onloir  retnaner.    dans  les 
gestes  iiliirgiques  de  la  patène  Kalelidjian,  «  la  liturgie  réelle,  telle  iju'elle  s"ai'- 
couiplissait  à  Antioclie  au  sixiènn- siècle  •>.  O  qui.  de   façon  plus  certaine, 
semlde  caractériser  cette  école  s\rieime,  c'est  legoiU  du  portrait,  la  recherche 
de  l'expression  vraie  dans  les  ligures.   Le  (Ihrist  ilu  vase  d'Kmùse  et  de  l'en- 
censoir de  Kervnia,  la  Vierge  et  les  saints  (pii  sont  représentés  sur  ce>  deux 
mêmes  pièces.  M>nl  \  rai>eMil)laldc'mi'nt  des  ré[di(pn's  des  types  cn'-e-.  par  I  .irl 
syrien,  l\pes  graves,  sévères  juscpi'à  la  tristesse  et  la   diu'ete.   et  ipii  l'ontras- 
te[it  avec  les  images  souriantes  et  jeunes  ipu^  créa  1  art  alexandrin.   iMi  calice 
UoiK  liakji.  on  .elle  reclienlie  de  lexpression  iiulividuelle  se  manifeste   axec 
une  remanpiaide  maîtrise,  jusqu  aux   |iatètu's  de  Uiha  et  de  Stûmann  la  inénie 
tendaine  se  realise  avec  moins  de  honlienr.  un  grand  courant  de  naturalisme 
traverse  tontes  les  cenvres  de  ce!  art.  Ce-l  de  la  Syrie   et  de  l.i  Palestine  que 
le  goût  des  représerdations  liistoriqnes  a  pénétré  dans  l'art  chrétien,  et  il  e^t 
prohable  tpie.   tians  cette  évolution,   les  ateliers  d".\ntioche  ont  eu  un   rôle 
décisif. 

SïRiA.  —  n.  I* 


yO  s  Y  RI  A 

On  ronianjuera  toutofuis  —  si  l'on  admet  comme  s)riennos  toutes  les 
pièces  d'arjronteric  énumérécs  précédemment.  —  que  cet  art  syrien  semble 
avoir  suivi  lu  même  évolution  que  tout  l'art  chrétien  d'Orient.  Dans  la  série 
des  plats  qui  racontent  l'histoire  de  David,  les  plus  petits,  où  sont  représentés 
la  lutte  de  David  contre  l'ours  ou  contre  le  lion,  ou  l)ien  David  au  milieu  de 
son  troupeau  recevant  le  message  de  Samuel,  montrent  ces  épisodes  traités 
comme  de  véritables  scènes  de  genre,  avec  un  goût  remarquable  du  pitto- 
resque qui  procède  de  la  tradition  hellénistique.  Et  la  même  liberté  d'allure 
apparaît  dans  le  gracieux  décor  de  rameaux  de  vigne  qui  s'épanouit  sur  le 
calice  Kouchakji.  Puis,  de  plus  en  plus,  les  compositions  s'inspirent  du  style 
monumental.  Les  personnages  se  groupent  symétriquement  dans  des  attitudes 
graves  et  solennelles;  un  arrangement  plus  savant,  moins  vivant  et  moins 
libre,  les  range  autour  du  motif  central  en  masses  soigneusement  équilibrées; 
les  costumes,  empruntés  pour  une  part  à  la  mode  de  l'époque,  achèvent  de 
solenniser  la  scène,  et  pareillement  la  richesse  de  l'ornementation,  parfois  un 
peu  lourde  et  chargée,  ajoute  à  la  uuijesté  de  l'effet  décoratif. 

Ainsi  la  Syrie  suit  l'évolution  giMii'ralo  de  l'art  chrétien,  dont  elle  a  sans 
doute,  [dus  que  toute  autre  région,  contribué  à  déterminer  les  tendances  nou- 
velles. .Mais  il  n'est  point  sans  intérêt  de  trouver,  dans  le  même  trésor  de 
Kerynia  —  comme  il  est  naturel  iju'il  en  ad\  lut  dans  cette  .Xulioche  mi-grecque, 
mi-orientale  —  le  souvenir  des  traditions  hellénistiques  s  associant  aux  in- 
lluetues  de  l'Orient.  Et  de  même,  dans  tout  l'art  chrétien  de  ce  temps,  se  ren- 
contrent en  un  original  im'langi'  ce  qui  vieid  de  l'idéalisme  narratif  et 
pittores(|ne  d'Alexandiie  et  ce  qui  \ientdu  grave  réalisme  d'Antioche. 


■M.  Uii'diier  coruiait  lid|i  bien  la  merveilleuse  expansion  du  coinmiM'ce 
syrien  durant  le  haut  moyen  âge'"  pour  u'avcur  [)as  eu  la  lenlalinu  de  reciuM'- 
cher  hors  de  ."^viie  les  objets,  sacn-s  on  profanes,  ipie  les  aleli(>rs  d  Autioclie 
ont  pu  exportera  travers  le  monde  médilerrani'en  ou  oriental.  De  cette  voi^ue 
de  l'urfèvreiii'  syrienne  au  ciu(|uiètue  et  au  sixièmi-  siècle  il  existe  des  preuves 

Cl  Cf.  HiiKiiiKii,  /es  l.iiliiiiU-s  (iUrientniix  en  Occident  nn  dchiil  ilii  moyen  iiije{Lly:.  Zciischr.. 
l.  XII,  l'J03|. 


L'HCoiJ':  AinisTKjrE  D'ANTiociii:  i:r  i/.\ii(;i:xTi:i;ii:  smiiknm:  mi 

i(i(niilc>t;ililcs.  (i'csl  il  l'iul  >\  iii'iMiir;i|i|i;Mliciil  le  (('Irlirr  |il;il  d'ar^Tiit  ilc  la 
(•(illi'clioii  Strogaiiol',  ilrcdiivcil  en  Silx'ric  en  IStjT,  otoi'i  sont  rc|ii r-sciilrs  di'iix 
arijics  (Irldiiil  aii\  ciilrs  irurii'  j^iamlc  cioix  ^viiiiikm'.  ("/est  uni'  (i'UVit  syrit-niie 
i|iii  a  luMiiii  le  iiiodrlc  ilii  |)lal  ilai-gcnl  (II-  l'riiM  l't  |("^  lliriiics  ic(jnognii»lii- 
i|iirs.  acc(mi|iaj;ii(''s  d'iiisc  ri|itiitiis  s\i'ia(|m's.  (|iii  y  smil  ix'pn'Si'iilt's,  eiuroro 
(|in'.  |iai'  la  li'ilmii|ii('  i-l  Ii-  sl\  li".  il  rrli-vc  pliitùl  ili-  l'ail  sassaiiidc.  I>c  nit'ini',  le 
n'li(|uain'  d'ari;i'iil  Iidiim'  à  Si''i)ast()|i(d  cl  loiiM'i-vr  au  iiiiimt  di-  rKiiiiitagc,  U\ 
(•(lil'ii'i  d  atucid .  avec  traces  de  duriircs,  du  In'snrdu  Saiii'la  Saiii-lniiiiii  à  Uiiiiie, 
la  |»\\idcdilc  de  (ïr'adu  iiintdrciil  une  tiécoralinii  si  seiulilahle  ii  celle  du  vaso 
d'KlIlèse  iIllOll  les  ddil  ;ill  liluier  ;i  la  même  ilale.  le  >i\ième  siècle.  e(  ail  HM'iiic 
pays  d'iii-igiiic,  la  Svric.  \'A  M.  litidiief  a  ia|i|)id(''  luit  à  iirii|Mis  un  [lassagc  de- 
là vie  (le  saint  Didiei-,  i'\  e(jiie  d  Auxciie.  (|iii  \  i\  ail  au  seplième  siècle,  el  où  il 
est  i|iieslitMi  "  d  1111  iiiis^iuuiiii  dun''  cduteiiaiil  sept  ligures  liiim  liiies  avec  un 
lanicaii  el  dos  lettres  ■iiecipies  "*  ».  Sur  les  plalséuunieii'sdaiis  1  in\eiilaii'edes 
ilcius  laits  par  le  saint  à  son  église,  on  retrouve  «  Ions  les  procédi-s  lecliniipies 
des  ateliers  s\  riens,  ligures  e\i''Ciilées  au  repoussé,  traco  de  dcuiire.  (uiie- 
nieiils  en  liligraiie.  emploi  de  liMiiail»,  déciM-zooinorpliiipie.  i'.c  texte  |M-é'cieu\ 
laisse  enlrexoir  riuiportaiice  des  iiiiporlalioiis  syriennes  en  (iaiile.  et  il  esl 
l'oil  l(''gilillie  cil  consi'ipii'lice  d'essaxerde  retrollN  e|-.  daii^  les  UlU^é-es  d'Ku- 
rupe,  les  [lièces  ipii.  par  leur  leclmiipie  el  leur  slvje.  peii\eiil  |iid\eiiir  îles 
ateliers  dWiilioclie. 

Il  i'aut  se  garder  cepeiidaiil  d'atlriliiier  indi>liiiclemi'iil  à  ces  ateliers  toutes 
les  pièces  d "argenlerie  aiijonrd  Imi  dis[tersi''es  dans  les  collections  de  Knssii' 
el  d'Occident.  Ce  nesl  pas  à  Antioclie  seiileineiil  (pi'on  taliriipiail  desonvrages 
de  celte  sorte.  I.a  même  iiidiislrie  de  luxe  existait  pioliaMemeiit  à  Alexandrie. 
Mlle  l'xisiait  sniemenl  à  ('.onstanliiiople '-'.  .\ii  coiuiiieiK'enieiit  ilu  dixième  siècle 
encore,  le  Liric  ilii  jiv'jvt  menliiume  la  corporation  des  oi'fèvres  (àpyyporrpàTat) 
dont  les  liiiiitiipies  se  Iromaieiil  dans  l,i  -lainle  rue  comnierçanle  de  la  .Mésè, 
et  cidle  des  t'oiideiirs  d'or  c/pUCTO/oo'. i  ' "'.  el  il  est  certain  ipie  le  coiiniierce 
(les  objets  précieux  était  l'orl  aclil'  dans  la  capitale  *".   ('oriiums.  daiiire  pari. 

l"  lï/(i  s, /)csi(/cri(  (.Vcla  Sî>.,  (VI.,  XII.  3(c2l.  liofs  d'argent  (ivivXasx  àpp,;»)  »'l  «les  grands 

l't  Cotl.  Tlieod..  XIII,  l,  2.  missuria  d'argonl   ili'con'-s  di-  ba.s-n-liffs  luiv- 

('>  Livri'dii  Prt''ft'l,cll.'.Î.Cf. /V(.'c'riHi.,ii..'(7-i.  aoùpii  x»t  (inoîxoJTsÀXa  i.cfu,^»  fiiv»"».!  «viviasii 

(*'  Le  livro  des  Cérémonies  parle  des  lias-ro-  que  conservail  le  liv.sor  Impérial  (  pp.  "ûi,  T>SÎ, 


92  SYRIA 

nous  fait  roiinaiti-c,  pour  le  sixième  siècle,  un  des  produits  de  ces  ateliers  de 
Byzance.  C'est  le  service  de  table  que  Justinien  avait  fait  exécuter  avec  l'or 
recueilli  dans  le  tiésor  des  rois  vandales  et  dontles plats  montraient,  aumilieu 
de  bas-reliefs  racontant  les  victoires  impériales,  Timage,  peut-être  rehaussée 
d'émail,  du  souverain'''.  Assurément  nous  ignorons  quels  étaient  la  technique 
et  le  style  de  ces  ateliers.  Mais  leur  existence  est  indiscutable,  et  elle  suf- 
fit pour  inviter  à  beaucoup  de  prudence  dans  l'attribution  à  l'école  d'Antioche 
des  pièces  d'argenterie  en  discussion. 

Parmi  ces  pièces,  une  série  fort  intéressante  est  constituée  par  les  grands 
disques  d'argent  qu'on  appelait  des  missoria  et  qu'on  nomme  communément 
des  «  boucliers'-'  ».  Je  doute  que  M.  Bréhier  ait  raison  en  les  attribuant 
tous  à  l'école  d'Antioche.  Assurément  le  «  bouclier  de  Théodose  »,  con- 
servé à  l'Académie  royale  de  Madrid,  ressemble  de  façon  caractéristique  aux 
plats  syriens  de  Kerynia.  On  y  observe  le  même  décor  d'architecture,  où 
l'architrave  se  courbe  en  archivolte,  et,  au  ])as  de  la  scène,  des  ligures  allé- 
goriques placées  en  exergue.  De  même,  dans  le  «  boucher  de  Valontinien  ». 
que  possède  le  Musée  d'art  et  d'histoire  de  Genève,  des  armes  sont  repré- 
sentées en  exergue  au-dessous  de  la  figure  de  remi>ereur.  et  le  même  détail 
caractéristique  s'observe  dans  le  bouclier  (hi  Cabiiid  des  iiK-dailles,  montrant 
Hercule  tuant  le  lion  de  Némée  ;  l'ouvrage  au  reste  n'est  point  sans  analogie  avec 
les  petits  plats  de  Kerynia  où  l'on  voit  David  luttant  contre  l'ours  ou  le  lion. 
Et  peut  être  aussi,  h  considérer  les  images  du  Christ  qui  y  apparaissent, 
pourrait-on  également  attribuer  à  la  S\  lic  la  célèbre  croix  d'argent  doré  du 
trésor  de  Saint-Pierre,  cadeau  olTerl  à  un  [lapc  par  l'empereur  Justin  II.  Mais 
lo  «  bouclier  de  Scipion  »  du  CabincI  des  iiK'dailles  semble,  malgré  ses  fonds 
d'arcliiteclure.  beaucoup  moins  cerlaiiieiucnt  d'origine  syrienne  :  le  sujet  qui 
y  eslrcprésenlé. -VuliliKpie  ramenanl  lirix'is  à  Achille,  est  trailé  selon  lespro- 
cédés  dos  bus-reliefs  pitl()r<'sques  li('ll(ni-.lii|ii('s.  et  rien,  dans  le  style  ni  dans 

f')86)  ot  qui  si'i'Viiiciil,  niix  jours  (le- fric,  à  orner  .lustiniiiuus    criit  »,  où    il   y  a  iiiMil-ôIre  une 

le  Pillais  Sarré.   l'Iusieurs  de  ces  missoria  du-  indiriilion  sur  l'emploi  île  In  couleur,  c'est-à- 

luietil  (lu  temps  d'.Vrciidiiis  (De  Them.,  p.  15).  Il  dire  de  l'ciniiil. 

est  peu   vriiisenilil.dilc    (|iu'   lous    ces    (d)jels  l'-i  On  trouvera  dans  Vkntuiu,  Storia   dell' 

vinssent  de  Syi'ie.  arli-  italianrt,   I,  p.   .■)4(>,  In  bibliographie  des 

(')  Coiiii'i'us,  1)1-  l(tii<l..liislini,  III,  1 1 1  et  suiv.  niénioircs  relatifs  à  ces  boucliers  et   la  repro- 

II faut  romnrquiT  l'expression  :  u  picitis  uliiquu  duction  des  plus  fameu.x  (lig.  -il-io-iil). 


L'ÉCOLE  AliTISTKHH  D'AXTIOCHE  ET  L'AndKNTK  Hli:  SVIUENNE    93 

la  li'(liiii(|iii'.  ne  x'iiililr  ra|i|ii'lcr-  la  iiiaiiii'ic  do  ali-licrs  de  Syrie  Le  buiii-lii'i- 
<rAs])ar,  ctmx'iXL' il  Kliiiciicc.  lait  [iciisci- aux  diplyqiios  cniisulain-s,  dont  un 
atlriliiic  dOrdiiiuin;  luiij;iiu'  aux  atcliurs  di;  lAiiislaiitiiiople.  Kl  le  bouclier  de 
KitIcIi.  ou  un  ruiipuicur  à  clioxal,  priM-tnli;  d'uue  \  icluircel  escurté  iJ  un  garde 
du  coi'iis.  ol  lif^uii'  non  plus  eu  leliel",  luais  siui|ili'iut'ul  giavé  au  Irait, 
u'uiric,  Mialfiié  l'cuiplui  de  lur  cl  des  uitdles.  aucuu  liait  \raiuHMit  taracléris- 
li(|urd('  l'ail  s\  lien.  Il  ia|ipr||i'  pi  il  loi  le  >()UV('iiird('splal5.ilnnt  [taili-  (;iiri[)pu>: 
(;t  la  diilV'ii'iK.X' de  tccliiiitpu' est  trop  simiilicaliM'  [lour  ipioii  le  piiisx'  laltai-lu.T 
au  groupe  d'Aiilioclic.  .riiiclincrais  plulol  à  eu  l'aire  iionueur,  ainsi  cjued  autres 
iiioiiuiiieiils  d'un  aii  loiit  nllicii'l.  icU  (|ui'  les  iliptyques  consulaires  ou  le  beau 
médaillon  d  ur  à  I  el'ligie  de  .lu>liiiieii  (pie  possi'Miail  li-  (labinet  des  médailles, 
à  ipielipie  atelier  de  la  caiiilale. 

Le  même  doute  semble  permis  pour  la  |ilupart  des  ubji-ts  du  tré>or  ibî 
Lani[isaque,  auj(Jiiril  bui  au  IJrilisb  .Muséum.  Si  les  deux  plats  dargenl 
décorés  de  imuiogramines  iiiellé's.  et  dont  l'uii  porte  au  revers  des  marques  île 
coiilnde,  ressemiileiit  à  eerlaiiis  plats  de  Ker\iiia.  le>  in>criplioiis  latines  el 
grec(|ues  des  cuillers,  empruntées  aux  églogues  de  \  irgile  ou  aux  maxinu-s  de 
Solon,  de  Hiasou  de  l'illacus,  ne  semblent  guère  nous  conduire  dans  I  Antioclie 
du  sixiriiii'  >ié(|e.  cl  I  li\  pnllié>e  ipii.  de  la  [iri'seiice  de  ces  inscriptions 
latines,  conclut  à  un  ouvrage  l'ait  pour  l'exportation,  demeure  assez  liasar- 
deuse.  Le  trésor  découvert  en  ITII.}  à  Rome  sur  l'Ksquilin,  et  tjue  possède  le 
.MiiS('e  liiitaimi(pie,  appelle  les  mémo  remaiipies.  Si  le  vase  décoréilanimaux 
rajipidle  les  molil's  syriens,  d'autres  objets,  tels  que  la  cassette  de  mariage,  à 
inscriptions  lalines.  de  Secundus  et  Projecta.  sont  de  style  bellénistique  et  ins- 
pirés de  molirs  alexandrin^.  Il  l'aiil  bii-n  se  rendre  compte  (jue  des  trésors  do 
celte  sorte  se  composent  très  naturellemeiit  d'(d)jels  de  provenance  fort  di\  erse, 
entre  lesquels  il  (>st  nécessaire  de  l'aire  dcss  distinctions. 

<lii  aiiiiluieia  plu~  \idoiitiei-.  .1  l'art  svrien  certains  (dijets  liturgiques, 
de  la  même  série  que  les  calices,  patènes  ou  encensoirs  que  fabriquaient  les 
ali'liers  d  .Vntioclie.  La  célèbre  r<ii)srll(i  d'argent  trouvé  à  Ileucbir-Zirara. 
eu  Algérie,  el  olVerle  ;i  Léon  \111  parle  cardinal  l.avigerii'.  la  cdiisflld  île  Hri- 
\  io.au  Louvre,  son!,  parcerlaiiisdélails  de  I  ornemenlaliou.  parle  caractère  des 
ligures,  par  la  leclniiipie  et  |iarlest\le.  de  la  famille  du  vase  d'Kmèse  et  des 
ndiquaires  qui  lui  sont  appareiller.  .Mai>  je  ne  puis  sui\re  M.  Krebier  ijuand 


94  SYRIA 

il  revendique  pour  iart  =;ynen  et  tient  «  pour  le  chef-d'œuvre  de  Técole  dAn- 
tioche  »  le  magnifique  coffret  d'argent  du  quatrième  siècle  que  conserve  Saint- 
Nazaire  de  Milan  *".  La  valeur  d'art  de  cette  belle  pièce  est  hors  de  discussion, 
et  M.  Bréhier  note  avec  raison  la  beauté  tout  antique  des  personnages,  le 
modelé  vi<^oureux  des  cliairs,  l'harmonie  des  draperies,  et  Tordonnance  savante 
delà  composition.  Mais  cette  composition,  d'un  accent  si  libre,  ne  rappelle 
nullement  celle  de  la  patène  Kalebdjian  :  et  si  je  ne  conteste  aucunement  la 
vi-rité  des  attitudes,  ni  même  le  caractère  individuel  des  figures  qui  appa- 
raissent dans  le  codret  de  Milan,  ce  ne  sont  point  là,  ce  sendjle,  des  caractères 
appartenant  exclusivement  à  l'art  antiochitain.  Tout  au  plus,  dans  l'épisode  de 
l'Adoration  des  Mages,  la  Vierge  trônant,  qui  tient  l'Enfant  sur  ses  genoux, 
pourrait-elle  se  rattacher  <à  des  modèles  syriens.  Mais  il  y  a.  par  ailleurs,  dans 
cette  œuvre  remarquable  de  l'art  hellénistique,  tant  de  grâce  pittoresque,  tant 
d'inspiration  auli(pie.  qu'il  semble  difficile  de  se  prononcer  avec  certitude. 


Mais,  quel  que  soit  le  nombre  exact  des  pièces  d'argenterie  que  l'on  doive 
revendicjuer  pour  la  Syrie  et  pour  Antioche,  une  chose  denieure  et  une  conclu- 
sion s'impose.  11  a  existé,  pendant  les  premiers  ï^iè(•les  de  1  é[)o(iue  cbn'licnne. 
dans  la  grande  cité  Indlénisliipie,  des  ateliers  dont  la  réputation  a  été  grande 
dans  le  nu)nde  du  cin(piième  et  du  sixième  siècle,  et  dont  nous  [)OUvons.  par 
des  O'uvres  indiscutables,  di'lerminci-  la  te(  liniiinc  cl  rcccinnailie  le  style.  Ces 
ateliers  assurément  n'ont  point  été  l(>s  seuls  (pii.  dans  l'Orient  chrétien,  aient 
fabriqué  des  argi-nteries  précieuses,  et  par  ailleurs  révolution  (pii.  progressi- 
M-mi'iil,  les  a  ameni'-s  de  la  Iradilinn  du  bas-relief  pittoresipie  à  la  recherche 
d'uiu!  vérité  plus  réaliste  n'est  point  un  [diénomèue  qui,  au  cimpiième  et  au 
sixièuu!  siècle,  soit  exclusivement  le  propre  de  larl  syiien.  Mais  il  est  pro- 
liable.  —  et  si  l'on  r(inipai'e  an\  pièces  d'argeMb-iic  (rAiiliociie  lesaulres  objets 
d'ai'l.  miniatures,  ivoires,  etc..  <jui  semblent  d'origine  syrienne,  la  chose  parait 
prescpie  éxideide  —  il  est  probable  ipie.  jdus  (|ue  tous  autres,  les  artistes  de 
S\  rie  ont  ((intriliMc  ;i  linnner  à  l'art  icligicux  cette  direction  non\cllc.  Kn  tout 

C'  Cf.   Dr.  Mu»,  le  Coffirl  de  Sninl-Snziiire  rie  MilniHMon.  l'iul.,  t.  VU,  |il.  VU-IX). 


I.IOCOI.K  AliTISTK^lE  DANTIOCHE  ET  LAUGEXTKIUI';  SVlilICNNE   05 

cas,  (-0  n'csl  |M(int  un  ri'vsiillat  satis  iiii[Hirlaiici'.  — en  allnnlaiil  (ju' Anlinclii- 
sciciili(ii|iiciMiMil  cxploi-i'i'  nous  disu  cMlin  a\('c  cci-liluili'  les  sccn-ls  di-  son  arl  — 
lie  [MMUdir,  |iai-  un  ccrliin  iioniltrc  do  moininn-nls  lu-r-cicux  sr)rlis  vraisnnhla- 
hlcnicnl  de  srs  aiclirrs.  culicNoir  ce  (|ui'  lui  uni'  dr  (•(•>  indu>lrii'-.  de  lu\c 
ddid  la  Sviic  l'iail  le  ccntri',  cl  dclinir  cxaclcnicnt  les  cai-aclcrcs  de  relie  érole 
Il  Irlui-  diint  le  rùlo  fui  si  cuiisidiîrable  dans  la  foruialioM  el  le  di''veli»iii)eiiiefit 
de  !  ail  (•Jili'lien. 

(lllAllIKS    I)lKMI.. 


L'ART    HITTJTE 

PAR 

EDMOND  l'OTTIER 
{Quatrième  article) 

V.  —  Zendjirli  ijin). 

Relief  fuii'jrahe.  —  On  a  vu  plus  haut  que  l'ôdilico  lo  plus  ancien 
élevé  au  nord-est  de  la  citadelle  (fig.  41),  l'hilani  I,  avait  disparu  et  avait  été 
remplacé  par  le  palais  le  plus  récent  (le  palais  d'en  haut),  construit  sans  doute 
au  temps  d'Assar-haddon  (septième  siècle).  En  fouillant  le  pourtour  de  ce 
palais,  on  découvrit  une  grande  fosse  construite  en  grosses  pierres  et  recou- 
verte de  blocs  posés  de  champ,  probablement  empruntés  à  l'hilani  1  '".  Le 
tombeau  avait  été  pillé,  mais  tout  près  de  là  était  renversée  une  stèle  sculptée, 
munie  dun  tenon  infi-rieur  pour  sencastrer  dans  un  bloc:  on  a  pensé  quelle 
devait  faire  partie  de  la  sépulture  (fig.  cSl)  i-'.  C'est  un  l)eau  morceau  de 
sculpture,  bien  conservé,  représentant  une  femme  de  haut  rang,  sans  doute 
une  reine,  assise  sur  un  siège  à  dossier,  les  pieds  posés  sur  un  escabeau, 
coiffée  du  bonnet coni(iiii'  liittite,  vêtue  d'une  tunique  agrafée  par  une  iiltule 
à  arc.  un  large  collier  serré  autour  du  cou.  des  bracelets  aux  poignets;  delà 
main  gauche  elle  lieid  uni"  (leur  l't  de  la  main  droite  elle  élève  un  vase  à 
bditi-  i-n  i'(»rMii'  de  put  deini--[iiii'ri(|ue,  sans  anse  :  devant  elle,  la  petite  table 
à  Irtiis  pieds  que  nous  avons  déjà  vue  ailleurs  (lig..$4).  chargée  de  plats  ou  de 
corbrillesinnh-naid  di'S  fruits,  et  de  petits  récii>ients  donH'im  porte  un  poisson. 
|)r  l'aulrc  coli' dr  la  table  se  tient  tlebout  un  servih'ur  ind)erbe  ou  une  ser- 
vante, ('levant  un  chasse-mouches  et  tenant  de  la  main  gauche  un  couteau 
rccniirbé  pour  di-iouper  les  mets.  Dans  le  champ  plane  le  symbole  solaire  ailé, 
eiii|irniili' ;i  IKgxplr,  avec  l'addition  de  volutes  et  de  rosace  cenirale  (|ui  lui 
donne  un  caractère  pii)|ircMii'nl   liillilc  i". 

(')  A((,s(/r«/<..  p.  I'.(l,  fig. -i.-i.  \->>    Cf.    Kl..    Mk»i:u,    Clu-lilcr.    fi.i;.    13     et 

l«»  M.,  fig. -230.1  pi.  5i.  siiiv. 


i/Aiii    iiirTirL: 


97 


Ce  Mliinilllli'lil  .  Il  |iril  |ilrS  ihlti'  |illl-  li'S  circorislilIlCi'S  de  lu  ilrrinivi'lli'  cl  liPll 
in'i'cii'iiN  |MMir  iMPiis.  iniiiilri'  ce  (|uV'hiil  (lc\ciiii  li'  -\\\i'  Inciil  mmis  l'iiilliii'iii  r 
iis>viiciiiir  :  riMMiilinii   I  irii  11  Ci  iii  |i  [iliis  iniMisr  cl  fciiiic,  le   l_\|ic  lies   li;;iircs. 

les    ilcl;ul>    lie     I  nl'lli'iliclihiliiill. 

lc>    rr;iiii;cs  ilii  >ii\i;c    iiiilii|iiciil 
rnriciiliilliiii  niiiivcllc.  liicii  i|iic 

lc>  cl(Mllciil>  cs.cllIicN  lie  la 
scelle  cl  illl  cnNliiiuc  siiielil  res- 
li'S  iiiili^eiies.  l.'eili|i|Mi  île  la 
jiiiiile,  i|iie  iuni>  lelriiin  eriiiis 
ail>>i  Mil-  le  leliel'  ril|pe>lie 
il'lv  ri/.  "'.  ailoie  i|Me  celle  liln- 
ile,  iiiliniluile  en  (iiccc  Vers  la 
lin  lie  ri'|iiii{ne  lli\i  l'iliclilic. 
s  l'Iail  ri'|iaiiilne  en  \>ic  inènie'-'  . 
Les  l'iMiille-^  lie  /endjirli  nul 
l'iiiirni  irailleiirs  un  s|ir'ciiiii'ii 
nri^inal  ilc  liliiile  ilc  iirnii/e  >■'". 
Srnljiliin'sihi jHiUiis\liil(iiti  III  i. 
—  A  la  iiièine  i'|MH|iie  [  \ers  le 
liuilièiiii;  siècle)  a|i|iarlieiil  le 
(léciir  siiil|ilé  ilii  [lalais  le  mieux 
(,'OiiS('r\e   cl    le   plus    réceiil    île  ,,.|^.    gj 

i'('S|>laiiaile.  celui  i|ii"ipn  a|i|pel|e 

riiiiani  III  i  lii;.  4  11.  .Nniis  aMni^  leinnilnil  |iln>  liaiil  i  liu.  ii.  ."id,  ."il.  .'iJi  lo 
lieanx  ^roiiiies  île  s[)liiii\  i|iii  sniilciiaicnl  les  cniniinc^  en  liois  ilii  \e-.lilinle 
il  eiilii'e  cl  le-  liiiii>  I  li^.  (Il)  ipii  vcillaieni  an\  aiiule-  ilii  |teriiin.  A  ilrnilc 
cl  à  uaililie  lie  ce  |)eirnn.  Illle  M'iie  île  |ilai|ne-  inrniaicill  une  |i||lillic  i|ecti|-('c  : 
il  \    av.iil   laiiii  liclie  ili\  e|n|i|)eiiienl  de -iiil|iliiie-.   |icnl-i'lrc  iiiic   i|iiaranlainc 

l'i  l'iaiiuirCiiiiiK/.,  IV,  lig.  231.  (Mviii.   Ih-U-ijalion    /Vcs.,  VIII,    pi.    i.'i    ri   Kl, 

I"  Voir  l'iirl.  l'iluiln  tic  S.  Kkinai  n   ijaiis  li>  p.  2i.">i;  ce  sysloino  «l'allnflii'i'-tiiil  iloiir  «•.miiii 

Diil.  lira   :\nliij.  de   Sac.i.io,    p.    IlOi.    Il  faut  ili's    Oriciilaiiv    iir^s    K"S    pn-iiùprs     toiiips    do 

noter  que  lu  .sliilue  do  lu  reine  Napir-Asoii,  de  l'époque  niyivnieune. 

Suse,  remontant  ù   1100  ou   I50II  avant  J. -(',.,  t^i  .\ii.iijriih.,  l'ij;.  de  la  |)    S7. 

offre  déjà  l'exemple  d'une  agrafe  de  vêlemenl 

S\i«iA.  —  11.  la 


98  SYRIA 

de  bas-reliefs,  dont  une  dizaine  encore  en  place    représentent  le   prince  et 


sa  maison   royale  '".  Là  en(;ore.   la  coniparaison  (\sl  insiruclive  avec   les   re 
Cl  Sept  on  huit  (le  ces  reliffs  sont  uu  Musée  de  Constantinoplo  et  trois  au  Musée  ili'  ll«Tliii. 


L'ART    liriTIIE 


99 


liiT's  (le  r('>[)u<iiic  iuiliTiciiri'-.  la  si'-panilioii  ilu  style  hittite  pur  et  du  style 
liittilf  coiiti-iiipuraiii  des  (i'U\  ics  îissyriciiiics  se  uiarqiif,  en  traits  irrécusables. 
Ce  sont  les  iiiciiKîs  iiersoiiiiaf^es,  les  iiièiiies  scènes  (jue  jadis,  mais  l'aspect 
dciiseiMldc,  li's  détails  des  cheveux  cl  de  la  l»arl)c.  les  ornements  du  cos- 
tume sont  traites  dillV'remmeiit.  Nous  avons  déjà  vu  à  Karkéniich  cette  dis- 
tinction séluhlir  nellemenl  di^'.  12  et  suiv.).  Nous  n'aurons  donc  pas  besoin 
d'insister  sur  ces  délili'-s  de  pi-rsonnages.  rois 
ou  chefs,  suivis  de  leurs  ministres  ou  servi- 
teursflijî.  S2  à  H"},  pi.  .Wiji'',  (pii  répètent  des 
com[)ositiMns  conimi's  ri  (|ui  ligurent  si  l'n'-- 
quemmcnl  sur  les  bas-ndiefs  ass\  riens  du  mèmi- 
lem[»s.  Nous  noterons  seulement  (pn-  le  lempi'- 
ranu'iil  [tropic  de  liirl  liillib-  s'\  maintieni  en- 
core dans  la  slalnie  conrle  et  massive  des 
C(U'[is,  d;ms  les  traits  clialdéens  ilu  visa},'e.  dans 
les  modes  de  ((lilliire  et  de  vêlement.  Nnlniis 
aussi  dans  I  bilani  III  une  preuve  pal|ialde  des 
n'feclions  (pia  sid)ies  le  monument  :  utu'  des 
plaipies.  |)(irlunt  un  di'iile  de  personnages  dra- 
[ti's.  a  ele  a|il;iiiie  à  ((iniis  de  ciseau;  deux  des 
ligures  mit  a  pi'u  près  disparu  (lig.  H())  '-'. 

Ia'  nii  liiirn'liiiiili  cl  ses  nttrclirs.  —  |,e  sl\le 
pseudo-ass\  rien  est  très  sensiiile  dan>  la  bidie 
repri'seidalion  du  roi  assis  <pii  oinail   le    bâti-  y,^.  ^, 

ment  à   poi-li(|ue  consirnil  ponr    iidier   l'Iiilaiii 

Il  à  1  iiilani  III  (lig.  il).  Une  inscri[ilion  en  caraclères  arameen>  aridiaïi|UOS, 
placée  près  du  personnage  (lig.  87.  [d.  \\')'^',  nousfait  connaître  le  mun  de  ce 
prince,  ilarrektiub.  tils  de  l'anammou.  (pii  fut  le  \assal  du  mi  Teglalpileser 
et(piijiMia  nn  rnle  impot'tant  dans  l'Iii^tuire  de  laxille  pendant  la  domination 
assyrieniM'. 


1"  Misiirnh.,  pi.  58,  5!<,  fig.  251,  -loi. 
M.  voii  Liisrlmn  ip.  H4S)  qualifio  do  •  pré- 
suuiôs  (>iiiiii(]ut>s  ■>  Ips  suivants  iinliorbcs  ; 
j'ai    d'il    |)niiii|niii    rclli'    iippi'llulioii    me    pa- 


riiit    erroiiôf  (Oital.  .in/ii/.   Assyr.,    p.    7S). 
i«i  Xiisgrab..  p.  iW.  fi};.  150. 
l'i  /./..  pi.  00. 


100  s  Y  RI  A 

Il  ost  assis  sur  un  trùue  magnitlquoment  orné,  tout  à  fait  semblable  aux 
sièges  (les  inmianiues  d'Assyne,  avec  pieds  terminés  en  pommes  de  cèdre  et 
accoudoirs  en  tètes  de  taureaux  ;  même  richesse  do  décor  pour  le  tabouret.  11 
porte  le  costunuî  hittite,  mais  ses  cheveux  et  sa  barbe  sont  calamistrés  à  la 
manière  assyrienne.  Dans  le  champ  un  symbole  céleste,  le  globe  solaire  dans 
un  croissant  de  lune,  supporté  par  une  courte  hampe  accostée  de  deux  glands, 
est  accompagné  d'une  inscription  nonnnant  le  patron  divin  du  roi  :  mon  sei- 
gneur Baal  llarran.  Devant  lui  se  tient  un  serviteur,  faisant  office  de  secrétaire 
ro\al.  en  cosliune  [ihis  simple,  la  tète  serr(''e  par  une  i)andelette.   tenant  sons 


ACi 


J 


son  bras  gambe  une  sorte  de  livi'c  à  Irancbe  [ilalc  tpii  représenle  sansdoule  les 
tablettes  d(!  ixiis  ou  d"ivoir(>  sur  lesquelles  on  l'crivait.  et  ili'  la  main  gauclie 
une  écriloire  analogue  à  celledes  Eg\plieiis,  avec  un  Iroii  iiour  le  goilcl  d'encre 
et  un  ('■lui  long  nii  >oiil  raiigé's  les  l'alanics  i  lig.  ST.  pi.W'i.  ( '.'est  donc,  à  n'en 
[tas  doiilrr.  Ir  siiiiic  ro\al  cl  Ions  Irs  dclails  de  la  représeniation  sont  aussi 
nouveaux  ipir  ciiricnv.  Aussi  M.  \on  Luscliaii  parle-t-il  avec  entbousiasme  *" 
lie  ccllr  sriil|i|iitr  (|uil  considère  coninic  le  poiiil  cidniinaul  de  l'art  s\  rien 
seplenhional  cl  on  il  \oil  uni'  |iaMMil(''  a\ei'  la  plasiiipn'  des  (irecs  ioniens,  (le 
n'est  pa>  la  première  lois,  (raillenr.-,.  ipie  l'on  noie  la  lilialion  des  slalues 
assises  do  liramiiiilo,  de>  phi^  anciennes  colonnes  sculpb'cs  dl'lidièse  cl  des 


Cl  Aiisijrih.,  |.i.:r,r.. 


L'ART    HITTITE  101 

rclii-C-.  d"  AssdS  avec  la  sciiI|iIimc  oricnlalc  '".  .Mais  paniii  ces  (  hiciilaiiv.  rnix 
i|iii  avaii'iit  le  plus  l'iroil  ((nilact  avcr  Irs  Ioniens    n'élait-co  pas  les  llillilcs  ;' 

l,r  iinin  (IcUarn-kiiiili lions  est,  par  lionlictir,  conscrvi'  sur  uni"  aiilri-  insnip- 

(i le  Zriiiljirli  ipii   a   la    valeur  il'iiii   M^rilaiili'  ilipriiinciil    lii^liiriipie    i-t  ipii 

aclirvc  (le  ji'lcr' ipn-lipio  hiinièic  sur  la\ii'(lc  a;  jirinci'  rt  de  sa  rainillc,  au 
linitii'-nii-  sièrjc  (l'est  un  liloe  (pii  fut  tnuivé  non  loimln  [lorlralt  (le|{arr<''kunli. 
mais  (li'iilaei'  e(  sans  linule  liétarhé  ilii  lialiuieul  K  >ilui'  plus  an  unr<i  dij:.  8.S. 
pi.  \\  1;  '-'.  1-e  roi  Ini-niénu'  y  est  ligure,  ilebout,  dans  un  Loslunii,"  >endilal)le 
an  précédeul.  tenant  ru  main  le  même  attriluit  en  forme  de  llenr  on  de  pal- 
Mielle  sIvIIm'i'.  >ui\i  de  Min  rliamiiellan.  ilmil  on  ne  voit  plus  ijue  le^  mains 
et  qui  porte  a\ce  le  cliasse-nioui  lies  un  iiauileaii  dé  toile  n-plie.  l'iés  d*.'  la  tèle 
de  liarn-koiil)  des  sMiilioles  divins  (tiare,  astre  en  rosace,  globe  solaire,  crois- 
saul  liiiiair  e.  etc.  I  rappellent  le>  di\  iiiitésilunt  il  reçoit  la  protectiiui.  I  ne  longue 
inscri[>tioii  en  caractères  arann-eiis.  occupant  la  partie  droite  du  Idoc,  dit  en 
siihstance  que  iJarrékouli.  lils  de  l'anamiiion.  roi  de  Sliamal.  est  le  féal  servi- 
Iciir  di'  Tei;lal|iilesri- ipii  l'a  l'ait  asseoir  sur  le  Innie  de  sim  père;  il  a  n-ndii 
plus  licite  qu  auparavant  la  di-meure  royale,  avec  lassistance  des  rois,  ses 
frèros,  (pii  l'ont  aidé  à  leniliellir;  ils  y  ont  aussi  leur  demenro,  maison  dliiver 
e|  maison  d'éti'.  Dans  la  dernière  partie  du  texte,  il  seuildi'  que  liarrékunli 
lasse  allusion  à  la  demeure  plus  ancienm»  d'un  roi  Kalamou.  sur  lequel  nous 
aurons  occasion  de  revenir,  et  (jui  serait  le  hàtinn'nt  .1  du  plan  ilig.  H  i.  tandis 
([Ile  lui  a  hàti   le  palais  récent,  lliilaiii  111 '". 

he  ce  texte  on  peut  déduire  (pielques  conclusions  intéressantes.  Il  y  a  trois 
Souverains  d'.Vssyrie  qui  portent  le  nom  de  Téglatpili>ser  (I  lOo-ît.'ïd-Ti.")  avant 
.l.-C),  mais  d'après  les  caractères  de  rinscri[)tion.  un  peu  plus  n'-cente  ipie 
celle  de  .Mesa  cpii  est  au  Louvre  (neuvième  siècle  >''i.  on  est  ameni'  à  clioi>ir 
le  dernier  Téglatpileser  III  (7  i.')-7"27).  Marrékoul)  a  pu  régner  vers  l'MK  après 
la  mort  de  sou  [lère  l'anammou,  sur  le  pavs  pmtant  le  nom  de  Sliamal:  c'est 
lui  (|ui  a  construit  l'iiilani  III  et  Ta  relié  à  riiilani  11  par  île  larges  porli<|ues.  for- 

i"   C(.    Coi.i.uiNON  ,    Siiiliitiire    y/Yci/ijc,    1,  (■•' Sur  ci-ltt' inscription,  voir  Saciiai,    Iijs- 

|i  .   nO;  l'oTTiKH,   le  Prohlhne  darien  <  Itiblio-  i/raJ).,    p.    168,    avec    le   oonipU'-nicnl   île  vo> 

thr-quo  Ciuiini-t,  l.  .X.VIX».  p.  171  et  -suiv.  Iasciian,  p.  380.    Pour  de»  viiriantcs  de  Uv- 

('Miisi/ni/).,  (ig.  '273,  iH\,  pi.  ()7.  Cf.  Cleii-  luro,  voir  CookK,  Tejl-liuok.  p.  181. 

mont-Ganneau,  .AI6(1»i  d'aiitiiiuilès  orienlaUs,  ('i  Dl'ss\ui>,    Monuments  pnUstinifns  ft  Ju- 

pl.  -16.  diiiques,  n"  i,  p.  4. 


102 


SYRIA 


maiil  ainsi  un  ensemble  où  les  princes  de  sa  famille  trouvaient  un  logement. 

La  maison  d'hiver  et  la  maison  d'été  peuvent  faire  allusion  aux  orientations 

ditlérentes  données  à  ces  deux  habitations  princières,  l'une  tournée  vers  le  sud, 

l'autre  vers  l'est. 

Une  autre  inscription,  trouvée  dans  le  voisinage  de  Zendjirli,  à   Taktali- 

bounar,  a  complété  fort  heureusement  ces  renseignements.  Elle  est  gravée  sur 

le  bas  dune  statue  drapée,  aujourd'hui  au  musée  de  Berlin  (fig.  89),  qui  repré- 
sentait le  roi  Panammou  et  avait  été  consacrée  par 
son  fils  Barrékoub*''.  Il  y  est  fait  allusion  à  une  tra- 
gédie de  palais  qui  ensanglanta  la  résidence  princière 
sous  le  règne  de  Bar-Sour,  roi  de  Ja'idi,  père  de  Pa- 
nammou et  grand-père  de  Barrékoub,  tué  avec 
soixante-dix  de  ses  serviteurs,  soit  par  son  propre  fils 
Panammou,  soit  par  un  autre  de  ses  enfants  '-*  ;  le 
reste  de  la  famille  fut  jeté  dans  des  cachots  où  la 
plupart  moururent.  Mais  la  protection  du  puissant 
roi  d'Assyrie  délivre  les  captifs  et  rétablit  l'ordre  ; 
hi  maison  de  Panammou  devient  prospère,  riche  en 
froment  et  en  orge,  riche  d'argent  et  d'or  et,  quand 
il  meurt,  tout  le  territoire  du  seigneur  roi  d'Assyrie 
le  pleure,  et  Bai-rékoub,  son  iils,  est  placé  sur  le 
trône  à  cause  de  sa  droiture  et  il  consacre  la  statue 
en  mémoire  de  son  père  l'anammou. 

Nous  faisons  un  pas  de  [)his  dans  cette  généalogie 
K,u.  83.  avec  la  découverte  de  la  statue  du  dieu  lladad,  faite 

à    Gerdjin,   autre  localité    voisine   de  Zendjirli,  et 

apportée  aussi  à  Berlin  en  I8!tl'-".  Elle  est  de  dinu'nsions  colossales  (hauteur 
i  m.  8.'1)  et  montre  le  dieu  sous  une  forme  archa'ique,  le  corps  en  gaine,  les 
veux  éviilés  pour  l'insertion  de  prunelles  en  pierre  de  couleur,  la  tète  barbue 
cl  coillV'e  d'un  turban  à  cornes;  tous  ces  détails  teciiniqucs  remontent  à  la  tra- 


ct Aunijrah.,  pp.  lit,  5S,  fi?.  Hi,  17,  pi.  8. 
(«)  /(i.,  p.  71  (S\ciiAU). 

W  /(!.,  pp.  i^-ai,  fw,  84,  fig.  Il»,  pi.  6  «'t  7  (Eu- 
tiiigct  Sai'lmii)  ;  Masit.iio,  llhl.  des  peuples  de 


VOrienl,  111,  p.  38.  Sur  le  dieu  Iladad,  voir 
P.  DuoiiMR,  la  Religion  assyro-babylonieiine 
p.  ;>();  J.  Ci.AY,  Tlie  Empire  of  Ihe  Amoriles 
p.  IG.'i. 


L'Aiir  iirriiTE 


103 


ililiiiii  (Ir  l;i  liinili'  iuilii|iii II'  i'lial(lr(Muii'  ilii  III'  iiiilh'iiaircdi^'.  <.)(!).  l/iiiM-riplinn 
^ravi;(i  sur  lo  di-Viuil  di'  lii  Iminiiii'  en  caraclrros  araiiM'Ciis  arcliaï(|iics,  ana- 
logues à  ceux  (le  la  slclc  de  .Mésa,  doiiiie  une  di'dieaee  au  dieu  lladad  faite  par 


/,  wv 


H»i»\\\y """"> 


>«\'»i 


un  autre  l'anaiiiiiKiii.  [dus  ancien  (|uc  le  |icrc  de  iiaiiidvunlp  :  celui-là  est  lit.»  de 
Karal,  roi  de  .laïdi.  (>t  probalilenu'nt  j^raud'iière  de  Pananunoii.  le  \assal  de 
Té}ïlali)ileser  III.  l'ar  consécjnenl.  lions  [miumuis  rélalilir  cinti  j^i'-néiatioiis  suc- 
cessi\cs  allant  de  la  [leiimle   ilii  roi  d'\<-\rie  Sainsi-lianian    II  (S-2o-SI:îi  au 


104 


S  Y  ru  A 


rèsno  ilc  Tôdatniloscr  III  (  74o-727)  avecles  noms  de  Karal  (vers  815).  Pa- 
nammou  P'  (vers  790).  Bar-Sour  (vers  765),  Panamniou  II  (vers  740)  et  Bar- 
rékoub  (vers  730)  '". 

Après  avoir  ainsi  groupé  autour  du  rui  Barrékoub  les  documents  qui  éclai- 
rent son  histoire  et  celle  de 
ses  ancêtres,  nous  reve- 
nons à  la  plinthe  sculptée 
où  nous  l'avons  vu  trôner 
sur  son  siège  d'honneur 
(fig.  87,  pi.  XV)  et  nous 
trouvons  auprès  de  lui  un 
défilé  de  personnages  qui 
représentent,  avec  toute 
vraisemblance,  son  escorte 
royale.  Ce  sont  d'abord 
deux  hommes  imberbes,  à 
chevelure  abondante,  qui 
marchent  vers  la  gauche 
(fig.  91)'-':  le  premier  pré- 
sente de  la  main  droite 
avancée  une  oMiochoé  dé- 
corée de  chevrons  et  de 
(leurs  de  lotus;  le  second. 
l>urtanl  sur  si  m  dos  uncar- 
(juois  ilOi'i  pend  nn  long 
gland  cl  un  air  aux  e\li-(''- 
mib'sen  liccd discan.  lient 
dr  la  ni. lin  dniilc  ideM'c  di'-  llrclies  cl  de  la  niiiiii  gauclie  lM>sr  une  smle  de 
ganl  di'  niir  ii  Iniis  dnigis.  diinl  un  m-  >eil  eiicine  aiiitiurd  liiii  m  Aiigli'leire 
dans  les   concours  de   tii'  à    l'arc    des  \  iilau('ni>   ". 


Ki.i.  91. 


('I  Sur  Pnnainmoii  y  ri  l'aiinininoii  II.  cf. 
Dusstui),  le  HitYiiiime  dr  llnmnl,  tluiis  Ki-v. 
Arch.  I!)()S,  I.  pp.  231,  -2M;  (;\iist\nc;,  UikI 
ofUUl.,v.  "271  ;  .Masi-kho,  111,  p.  I.ÏO. 


1-'  Ansijnth.,   p.  MoO,  pi.  (il. 

l'i  /</.,  fig,  2';8  E;  il  ny  a  ipic  tr.iis  doigts 
qui  lireiil  sur  la  corde.  L'aiiire  plaquette  de 
cuir,  qui  [u'iul  à  cùlé,  est    desliiiéc  à  la  uiuiu 


L'AliT    HITTITi: 


105 


iraiih'i's  (liillcs.  acliicllcnicnt  «Irjilaci'cs,  [laruisspnlsc  ra|i|ior(er  au  défur  do 
la  mriiic  |iar(ii.  i  af  la  liautciir  dc^  l)loi-.s  est  la  iiirtiic  i-l  le  >t\l('  seinblablc.  Ln 
soivilcur  iml)cri)('.  tonaiil  un  luutcau  ou  um-  i'IM'c  iiiarclu'  vi'is  la  dniilc:  il  ol 
suivi  d  un  huiiuuo  barbu,  porlant  un  court  [loiynard  (lig.  92,  jiK-W  j.  IMus  loin 

r 


on  v..il  ,I(.)i\  MiMsi.iciis.  (|ui  >oiil  .-n  ui.-mi.'  tcnips  iU'>  acn.bat.-s  chliml  l'un  est 
f^rinipr  sur  les  .'panlcs  de  laulr.'.  lo  lu-eniiiM-  ind)orbe,  le  second  barbu,  tout 
deux  iiallanl  ilu  tauduniriu  avrc  la  uiain  droib-:  on  romarqueni  les  détails  de 
leur  lar-e  ceiulure  liillilc.  orn.'-e  de  -lands  <|ui  pendent  (lig.  !•:{.  pi.  \\  )i".  Deux 
aulies  plarpu's  sont  consacn-es  à  un  sujet  analoi;in>  :  procession  de  deux  hommes 
barliu-^  ballant  du   tambourin  et  de  deux  autres  jouant  de  la  harpe  porlalivc 

guuilu'    i.oiir    t.Miir  le    bois    .le    lare.     Voir  et  !.•  comm.iilairc  .ks  v.rs  de  17/i(iJ.-.  IV,  105 

aussi  pp.  aril,  3ii»,   lexplicatiou  de   M.    vo.\  (arc  de  Paiularos) . 

LusciiAN  sur  la  composilion  du    bois  de  Tare  ('i  M.,  p.  351,  fig.  2:.'.t,  .i  el  b. 

s\HiA.  —  n.  , , 


106 


S  Y  RI  A 


(fig.  94)1".  Lï'pisoilc  des  musiciens  nous   est  connu  par  un  relief  assyrien 
du  Louvre,  datant  d'Assourhanipal  (septième  siècle)<-'.  Un  joueur  de  doulde 

lliïte  (iiiiire  sur  un  frag- 
ment liittite  de  JMa- 
racli''^'.  Enfin,  la  même 
série  comprend  un  su- 
jet déjà  vu  plus  haut 
(fig.  33),  l'homme  bar- 
bu, dans  l'attitude  du 
Bon  Pasteur,  portant  sur 
ses  épaules  une  chèvre 
ou  bouquetin,  animal  de 
sacrifice  ou  de  repas  de 
fête  (lîg.  95)  (^'.  Notons 
un  détail  important:  sur 
les  deux  dalles  formant 
le  relief  des  musiciens 
(fig.  93)onaconstatédes 
traces  de  couleurs  bleue 
et  rouge  ;  les  person- 
nages étaient  peints  '^'. 
Nous  avons  dit  plus 
liant  ([uo,  sans  doute 
sous  le  règne  de  Barré- 
koub.  la  cour  (U)  sépa- 
rant riiilani  11  de  Ihi- 
lani  III  avait  été  fermée 
par  deux  bâtiments  à 
colonnes  ((ig.  41)  :  c(>lui 

Fig.  'jr,. 

du  sud  (P)  contenait  un 
des  lions  (pii  ont  été  lepnMlnils  (lig.  <i't,  en  liauDel.non  loin  de  là,  fut  décou- 


{^)Ausgrah.,i>\.  i>± 

('(  PoTTiKH,  Cnlnl.  nnliq.  Assyr.,  w"  68. 

(^1  pEKiiiir-Ciiii-iKz,  IV,  fig.  '290. 


(»»  .UiSiirnb.,  1)1.03. 
(^)  .iuxijral).,  p.  3i>(). 


L'ART    HITTITE 


107 


vorlo  une  |»clit(' strie  sciiliiir-c  (liaul.  (l,.",7  i  litisrc  en  ilciix  morri-aiix.  qu'on 
sii|t|>(isr  a\  dii'  ('lé  ili'- 
placi'c  cl  (|iii  faisait 
|iciit-rlii'  partii-  (II' 
riiilaniil.  i.csl\l.>('ii 
rsl  |)liis  aiicii'ii  (|ui' 
celui  (les  [Mutraits  de 
Itari'i'kduli  ci  elle  or- 
Ire  |ilus  (le  lo^eni- 
liiaiuc  a\ec  la  ic- 
|H'i'-seiilali(iu  du  roi 
KalauMiu  (  neuvii'>iue 
si(''(  le  I,  dont  il  sei'îi 
(|uesti()u  |il(is  loin: 
(die  renionleiail  ddiic 
plutdl  à  r(''|iii(|ue  (lu 
l'di  d'Ass\  lie  Saluia- 
uasaf  II  (.S(i(l  a\aid 
.l.-C).  Celle  sh'de  est 
ai'i'oudie  en  liant,  à 
la  l'acdii  ;it(  liaï(|ue  : 
iiri  \  \(ul  uii  loi  coillV' 
(In  l)<iuu(d  liillite, 
mais  \("'tn  à  I  ass\- 
lieniu'.  a\ec  nue  al- 
lure IdUiiie  et  mas- 
sive, teuaid  une  IleUI- 
de  Idins  i>\udHile 
l'dXal  ou  dlliaude  à 
un  dieni  de  la  main  L;an(  lie  el  le\aul  la  main  dioile.  l'index  en  axant,  j^oste 
de  salutatidU  à  la  divinité,  «[ne  nmis  retnuivdus  sur  iranlres  ndiefs;  il  i'>l 
suivi  d  un  jeune  seixiteur  |»lns  pelil.  |idPiant  de  la  main  itanehe  un  vaso  nnid 
et  elevaul  de  laidre  une  urande  Heur  .le  I  du>   >t\liM'e  (iiir.  !t(i)l". 

('I  .Viisi/cii/».,  p.  Mi.   |)l.  ti!i.  M.  vciN  l,isi;ii\N  vrrcail   (ui    s.ic  ou   nui'  Imiirsc    .'    dnns  l'objot  li'nil 


108 


SYRIA 


Nous  ne  connaissons  pas  le  nom  du  personnage,  mais  on  pourrait  peut- 
ètro  l'induire  de  la  comparaison  avec  une  autre  sculpture  trouvée  dans  une 
partie  des  ])àtimonts  située  au  nord  de  l'ensemble  que  forment  Ihilani  II  et 
rhilani  III.  Là,  on  distingue  une  cour  (.M  du  planlig.4i)el  deux  éditices juxta- 
posés (K  et  J)  que  Ton  considère  comme  plus  anciens  que  les  palais  de  la 
cour  R.  C'est  à  Tcntrce  du  Mtiment  J  qu'on  a  rencontré  deux  blocs  encore  en 
place,  tous  deux  ruinés  et  éclatés  sous  la  force  de  l'incendie  qui  dévora  la  rési- 
dence de  Barrélxoub:  de  ces  deux  pierres  l'une  était  lisse  et  sans  décor;  l'autre, 

couverte  d'une  inscription 
\'7M/////  très  dégradée,  qu'on  eut 
beaucoup  de  peine  à  recon- 
stituer, et  accompagnée 
d'un  petit  relief,  placé  à 
gauche  du  texte  :  on  y 
voit  un  roi.  tout  semblable 
au  précédent,  dans  le  même 


costume,  la  même  attitude 
et  tenant  la  Heur  de  lotus: 

près   de   lui    quatre  svm- 

::W/y^^y^<^^''^    boles  divins  (tiare  à  cor- 
p,g  97  nés,  signes  stellaires,  etc. 

(fig.  97)  ''*.  L'inscription 
donne  le  nom  de  Kalamoii,  fils  de  llai[à],  roi.  Ce  dernier  nom  ne  nous  est  pas 
inconnu;  il  se  retrouve  dans  une  inscription  de  Salmanasar  11(8(30-8^.")  avant 
J.-C.)  où  le  (•(iiHpii'Tanl  assyrien  mi'iiliomie  sa  viiloire  sui'  les  [ii'irices  du  nord 
dela.Syi'ie,  parmi  lesipuds  ligure  un  ccrlaiti  liajàii.  (ils  de  Gai)l)ar,  roi  de  Sba- 
nial.  L'iib'idilicalion  avec  le  llajà  du  texte  liillile  ne  paraît  guère  douteuse. 

^'oilà  donc  Ak^  iiiiu\rllcs  gi' m'' rat  ion  s  royales  à  inti^cxhiirc  dans  riiisluire  de 
ratili(|ue  pays  il<'  Sliamal.  pendant  la  pi'cmière  mditié  du  neuvième  siècle  : 
(iui)bar-llajàii-Kalam(iu.  .Nous  iu<  savons  pas  (luelle  libation  de  famille  les  unissait 
au  groupe  sni\aiil  dnnt  nous  avcins  |iarlé  :  Karal-l'anamniou  l-UarSnur-1'anam- 


pnr  \c.  srrvileiir  ;  n'est-ce  pas  pluUM  un  vase 
en  forme  de  gros  arvlmlle  avec  poijjnéo  do 
suspension,   leniiut   la    pliici'    di'  la    s'il  nie    i\ 


eau   si  fréqui'iiio  dans   les  reliefs  assyriens? 
l'i  .liisf/rn^.,    fig.  '273,  p.  37ïï. 


I/ART    HITTITE 


109 


mouH-Barrôkouh;  mais  il  est  évident  que.  clironulofriquomont.  ils  se  suivent 
et  représeulenl  lu  série  des  rois  qui  ont  vécu  dans  le  château  de  Zendjirli  pen- 
dant le  neuvième  et  le  huiliènic  siècles. 

(l'est  aussi  poumons  un  [lointde  repère  précieux  dans  l'histoire  de  1  art. 
iXous  voyons  parla  facliur  de  tous  ces  reliefs  à  quelle  é|iuque  s'introduisit  dans 
la  sculplun^  hittitcî  l'inlliience  prédominante  du  costume  et  du  style  assyriens. 
Les  monuments,  où  ce  stvli"  m-  se  miiiiifeslr  pas  riicorr,  ddiveiit  èlrc  antérieurs 
au  neuvième  siècle. 

La  chapelle  du  aille.  —  Le  liàtinienl  .1  (lij:.  i\)  est  eoiili^'u  à  une  antre  con- 
struction K,  (|ui  parait  être  ancienne  aussi  (4  antérieure  aux  emliellissements 
laits  sous  le  règne  de  Harrékouh.  d'est  à  l'entrée  de  cette  construction  K  que  se 
trouvaient  les  trois  helles  hases  de  colonnes  à  décor  végétal  reproduites  ci- 
dessus  (lif;.  i7.  IS.  i!i)  Il  .  Kn  arrière  du  perron  s'ouvre  une  large  salle  qui 
devait  être  coinrrti'  -  et  on  l'on  constate  la  pré- 
sence d'nne  sotie  d'iinti'l  de  sacrilice.  en  foiine  de 
liant  l'o\ef  ciriulaire  *^i.  Un  pcMit  donc  supposer 
(pn'  nous  sommes  ici  dans  le  temple  ou  la  cha- 
pelle (In  cnlie.  Kn  ell'el.  la  nature  et  les  dimen- 
sions (le  ce  foyer  excluenllidée  d'un  simple  appa- 
reil de  chauHage.  C'est  un  centre  religieux,  com- 
parahle  à  Viayxpà  des  Grecs,  on  au  feu  éternel 
<lu  temple  de  N'esta  (diex  les  Homains.  L'archi- 
tecte, .\1.  .lacohv.  a  relevé  avec  i^rand  soin  foutes 
les  particularités  curieuses  de  cette  construction, 

placée  non  pas  au  centre,  mais  dans  le  fond  de  la  pièce,  du  coté  ouest,  sans 
doute  devaid  la  statue  du  culte  posée  sur  un  piédestal.  Ce  tertre  circidaire  de 
terre  à  hri(pie.  haut  de  li,-20  à  0,-21  ceidimètres.  sui-  nn  diamètre  d'environ 
i  mètres,  a  été  siir('dev(''  par  un  lit  de  hriipies  crues,  plates  et  épaisses,  for- 
mant c(nnme  um^  hase  eutourt'-e  d'un  large  cercle  de  hron/.e  posé  luu-izonla- 
leuuiil  cl  muni  sur  son  pourtour  de  ti  saillies  destinées  à  des  poignées  do 
métal  (^tig.  '.t.S|i":  une  de  ces  poignées  était  encore  en  place.  Tel  était  le  foyer- 


"^    ('■••••••  ^'-yr 


t'>  .\nsijrab.,p.  -ioS,  fig.  lO:!,  pi.  33;  cf.  fig. 
174,  197,  1!I8.  HW. 
!•'/(/.,  pi.  50,  uK  1. 


(^1  Id..  p.  296  pl  suiv.,  fig.  -205  k  S08;  cf.  fi?- 
104  à  166. 
l«'/</.,p.  i97,fig.  -207. 


110 


SYRIA 


autel  dans  la  période  la  plus  ancienne.  Plus  tard,  cette  base  tut  entièrement 
recouverte  par  un  entassement  de  terre  qui  ne  laissait  plus  rien  voir  du  dispo- 
sitif primitif  et  par-dessus  s'éleva  Tamas  de  cendres  et  de  détritus  des  sacrifices 
qui  donnait  à  l'ensemble  une  structure  de  plus  en  plus  conique  et  pointue*".  La 
couleur  rouge  des  terres  et  les  traces  de  combustion  ne  laissent  aucim  doute 
sur.  l'emploi  de  cet  autel  comme  foyer.  Entre  l'autel  et  le  mur  de  la  salle  on 
recueillit  deux  vases  de  pierre,  probablement  destinés  aux  cérémonies.  La 
statue  du  culte  qui  devait  prendre  place  dans  la  même  pièce  ne  nous  a  pas  été 
conservée;  mais  on  peut  l'imaginer  d'après  la  grande  statue  trouvée  à  Kar- 
kémich  (fig.  37,  pi.  XXXIV)  ou.  mieux  encore,  d'après  une  œuvre  plastique  du 
même  genre  qui  a  été  découverte  dans  iine  autre  partie  du  château  de 
Zendjirli  et  dont  nous  allons  nous  occuper. 

La  statue  de  dieu.  —  Une  poterne  plus  petite  que  les  autres  (Q  sur  le  plan 


lig.    il)  ddtiiic  ;iccés  diuis  la   cour  M   (|ui  s'étend  i!('\atil  les  iiàlimenls  K  et  .1. 
A   (Ifdile  i\f  celle  |)iilerne,  loiil  CDiilre  le  iiiiii'  dii    bàliiueul   .1    '  ,  (iii   reinan|ua 


('•    Pour  lu  roiiiparaisoii   à    faire    avec   les  obscrviitùms    de    M.    von    Li  si.iun,     p.    257, 

foyer»  qui  existent  encore  auJDurd'Iuii  ilniis  les  238. 

maisons    kurdes     ou    arinénieniies,    voir   les  (-•  Ansijrtil).,  t\ji.  U'rl.  Uii. 


I/AI!T    IlITTITH  111 

la  présente  d"un  grand  soubassr'iiiiiil  (jiii  sciiiblail  (Icsliiit-  à  iioilcr  ((iicl(|iic 
monuiiKMil  d'impdifaricc  et.  à  [inixiiiiili'.  It's  foiiillcurs  ri'riconln'n'iil  uni' 
buse  sculpti-e,  raii|>rliinl  li-  sujet  ({im  nous  avons  dijà  décrit  (rapiès  un  niuiiii- 


in.'iil  (le  Katlvcini.il  i(i-.  :t7.  pi.  .\\\IV:cf.  li^'.  Hh,  h-  dicn  d.inipt.'nr  dani- 
Miaii\:  c'csl  un  ^l'iiic  liarbn.  aj;i'iniuilli''.  la  Irti-  di"  face,  nnr  i-piT  passi'-e  dans 
sa  crinturc  cl  tenant  de  cliacpn-  main,  par  la  ciinicrc.  nn  j,'ni>  lion  plus  urand 
ipic  hii  (fig.  !>9).  Le  dessus  du  piédestal  ollVc  une  laijii-  cavili"  <lan>  la.pielle 
devait  s'insérer  lu  buse  d"une  statue  (lij;.  |(1())^".  La  statue  elle-iuèuie  ii  élé 
i-elrouvé'c  à  cpudipie  distance  et  a  repris  iilace  sur  son  piede>lal  au  innsi-e  de 
Conslanliii(i[ile  I  lii;.  to|.  pi.  .\\|i  i- .  Mlle  l'cpr.'sente  un  dieu  barbu,  l'épee 
à  pdi^^iU'c  arroiiilie  passée  dans  urn>  lar^'c  ceiidure  d'où  peinl  un  Inni;  u'Iaiul  :  .>»a 
pliNsinnnniie  est  analouue  à  celle  d'IIadad  i  tii:.  Uil).  sans  que  iinus  puissions 
allii  luci-  si  c  est  ce  iidin  iph'  iiiMi".  di-vons  lui  donner.  Le  ^t\  le  de  la  lii:nre  est 
tiès  arcliaïipie,  ainsi  que  celui  du  pii-destal.  et  si  lun  et  l'autre  ont  i-le  l'dilics 
au  temps  de  la  domination  ass\  riemie'^',  comme  la  sfatui'  consacrée  par  l*a- 

('>  Ausijrab.,  pi.  G4.  Cf.  EtI.  Miyor,  p.    110,  ileslal  du  milioii  du  neuvième  si.Vlo.  Laulcur 

fig.  83.  pnraîl  «roire  (p.    Il 2'  que  In  It^tc  df  fuce  (fi 

(*'  ;</.,  p.  3t)5.  fip.  IT.'i,  -JiWi.  uon  eu  [ace  ciimuii>   I  ecrivoiil   presque  tous 

(^' M.  Eu.  Mk.akii,   /.  c,   p.  113,   date  le  pii'-  les   auleurs  allemiuidsi  esl   uu   iini.iim   dauR 


112 


S  Y  R I  A 


nammou  I",  on  peut  affirmer  que  la  tradition  religieuse  avait  alors  conservé, 
comme  il  arrive  souvent,  un  type  consacré  par  de  longs  siècles  antérieurs. 
Les  détails  de  technique  dans  la  facture  des  yeux,  de  la  barbe  et  des  cheveux 


(fig.  102,  l(y.\,  1 04)"»  montrent  conibii'n  rc\i'"cntion  est  ici  différente  de  ce  qu'elle 


Pnrl  hillile  cl  dans  l'art  oriental  ancien.  An 
contraire,  M.  llen/.ey  a  eu  soin  de  noter  que 
dons  l'nrt  cliuldiVn  l.i  lète  de  face  est  un 
trait  raractérisliquc  de  ce  style  ;  Découver- 
les  rn  Clinldèe.  pp.  16.3.  210,  IH,  etc. 

('»  Ausgrnh.,  p.  .30»)  à  308,  fig.  200,  207,  '208. 
Le  même  travail  de  cheveux  incises  en  si)iralcs 


sur  le  sommet  du  crâne  se  voit  sur  une  tète 
trouvée  en  Syrie  ù  El-muehrifé  ;  cf.  Clermoxt- 
Gannkal,  lieciieil  tinliq.  orientales,  U,  p.  "26; 
VAN  Ukrchem  et  F.  Fatio,  Voyage  en  Syrie, 
dnus  Mémoires  Insl.  du  Caire,  1914,  p.  107, 
fig.  9-2. 


\:\\\T    IIITIII-K 


113 


iipparaîl  tlaiis  la   |)lasli(|iii'  ass\  liciiiic.  par  cAcini)!!'  dans  l(\s  liclli'S  slaliics  du 
ilicii   i\V'l)n  cl  (lu   l'd!  A>sniiiiia/ir|)al  ( XS.">-8()0j  (|iio  roiiscrM-  le  Miix'-i- Hritaii- 

iii(|iH'  "'.  On  [iniii'iail  cidin' (|iir  |ilusiciir.s  sirclcs 
S(''liaii'iil  CCS  (iMiN  iTs  (le  i;raii(lc  allure  cl  h'Iiau- 
clic  |iuiss,iii|c  cl  |iil  t()rcs(|iic.  mais  liarliaic.  de 
l'arlisle  hillilc. 

I  lie  auli'c  (ciiNi'c  (larl,  d'iiri  cai-aclcrc  orif;i- 
iial  cl  (l('>((»iatir,  (•tail  ■.ihK'c  ailleurs,  prcs  de  l'iii- 
laiii  II,  uiais  il  n'eu  lole  (|ue  des  d('l)iis.  (l'iUail 
aussi  uru'  slaliie  de  (lieu  luoidi'c  sur  \iii  [licdcslal 
sciill)l('' :  de  la  slaliic  à  pciuc  (|U(d(iues  fi-airiiicii|s 
suhsisleul  :  la  hase  esl  en  |ilusicurs  ui(iiccau\  id 
i('|u-(''seulail  une  [laiic  de  clicNaux  ddul  le  c(U|)> 
l'acouiii'   cil  rclicl-ur  le   hloc  ^c  leniiiiiail  |>ar  une 

lele  en  idiide  li(»-e    '   :  i -  avoii-  déjà  \u  ce  pro-  ^ 

(•cd('  a|)|ili(iuc  a  (les  Ikmi^  I  11,1;.  |l>;i.    HmI.HiT.   lus.  I-....  i.,4. 

|l)!l).  Il   c>l    iiileres-aill    i\f   voir   le  (dicval   |ireli(lre 

place  [la  il  ni  les  aiil  iiiaii  \  s\  ni  lu  ilniiic-  cl  il  e-l  permis  de  -iippo^   r  (piune  -.orli 


de  l'()>eid(in  niiculal.  iiKilecIcur  cl  iiiliodin'lcur  de  la  race  1  Innaline  en  Asie   '  . 


Cl  Pi  luiivr-CMiiMK/..  II,  fi;.;.  15,  J.IO.  ciiii'iit.ilc  l'I  l'ii  Kfiyiitp,  voir   \lrmoirrf  liflrij. 

C'i  .Aiis!/m/i.,  p.  :i;«,  fij;.  iU,  nt;   |.p.  :W,';,  en  IVrso.  t.    XIII.   p.  :i8.  uni.'   I:    K(.    Mm»h. 

:i3C,  fig.  -217  A  -il!».  Chflilfr.  p.  .%.<  à  ",:>. 

i'i  Sur  rinlrodiu-tiiiii  iln  rlu-val  en    .Vsio  oc- 

Syiviv.  -   II.  i; 


11- 


S  ^'  R  I A 


li-urait  «lans  lo  Panthi'on  liitlito.  Lo  grand  rolief  rupostro  de  .Maltaï,  de 
stvle  assyrien,  montre  un  dieu  debout  sur  un  clicval  i'>.  On  peut  y  voir  aussi 
une  réminiscence  de  rpielrpie  belle  œuvre  ancienne,  comme  celle  qui  a  été  trou- 
vée à  Suse  par  la  mission  de  Morgan,  un  très  joli  vase  en  bronze  à  deux  zones 
d'animaux  superposés,  en  haut  de  jeunes  taureaux 
et  en  bas  des  chevaux  ;  les  corps  des  animaux 
sont  traités  en  relief  sur  la  panse  circulaire,  tandis 


que  les  tètes  font  saillie  en  ronde  bosse  '^'.  Sujet  et  technique  se  retrouvent  ici 
dans  la  sculpture  hittite.  Les  tètes  de  chevaux  sont  exécutées  avec  un  grand  souci 
de  la  vérité;  toutes  les  pièces  du  hariiachenient  ord  ét(''  didaillées  avec  soin: 
têtières,  bridons,  mors,  et  certains  reliefs  adroitement  ciselés  sur  des  pla- 
quesde  métal  fixées  aux  harnais  (croix  et  rosaces,  sphinx  marchant,  déesse 
nue  <le  la  IV'roiidih''  nourricière  pressant  ses  seins  de  ses  deux  niiiiiis  *'M.  nous 
font  savoir  que  les  Hittites  comme  les  Assyrien.s  ont  aimé  ;ï  jiarer  leurs  che- 
vaux duri  riche  appareil '''.  .M.  von  Luschan  place  à  la  (in  du  huitième  siècle 
ce  curieux  moimmenl '^>. 

La  xtèle  d'Assnr-liaJiInn.  —  Ce  grand  monumenl.  auiiMirdbui   à   Herlin.   se 


(')PEnnoT-Ciiii'iKZ,  11,  fig.  .313. 

(»)  Pf:zABD  plPoTTiEii,  Cotal.  Anliq.  Susiane, 
p.  1"20,  n"  îi">;  On:,  des  lieati.c-Arls.  janv. 
190C,  p.  18  (ngurc). 


P'    Sur  ce    type,    voir    ('■.     Contenal',     la 
Déesse  nue  babylonienne,  \\)\i. 

(*>  Ausgrnb.,  pp.  .S34  et  suiv.,  fig.  246  à  219. 
(^)  Id.,  p.  .338. 


L'AlîT    III'ITITH 


115 


dressait  dans  la  pctilo  (•uiirili-  la  [Htlrnic  |)  ;  on  n  lolroiivi-  la  slrli-  iciiviTst'c  et 

hnsco,  mais    le  socli-  iHait   en  placu>". 

Lu  date  de  i'rrcction  do  ce  Iruphée  se 

pluec  vers  070,  apivs  la  campagne  du 

roi  assyrien  en  Kgypli':  il  [loile  cncdre 

les  traces  de  rincendii'  ([ui  ((iiisuina  le 

[)alais  reconstruit  au  temps  d'Assarliad- 

don  (<J8l-()(i.S).  (Test   un   monolillie  im» 

pierre  de  doli'iiti'   iliiic,    scmMalilc   à 

celle  des  scul[)lures  du  palais  (hauteur 

totale:  it  m.  i(>  ;   largeur    I   m.  it.ii.  Il 

rentre  dans  la  série  assez   nondueuse 

des  stèles  de  victoire  que  l'art  assyrien 

nous   a  laissi'-es  :    sièles   d'Assourna/.ir- 

|p;d,  (le  Sidmanasar  H,  de  Sain^i-ltiiniiiii, 

de  Sargon  II,  (pii  ne  sont  toutes  que  des 

suci'édanés  et  des  dérivés,  ,'i  loiiginler- 

valle.   de   la  >léle  <les   \aul(iui>   du   roi 

sumérien  Lannadou '-' et  de  la  stèle  du 

roi  accadien  .\ai-ain-Sin  *".   ('.est   donc 

une  scul|ilnre   |Mireuirnl  a>^\  licniii'   cl. 

à  cet  égard,  elle  ne    rentre  [las   dans  le 

cadre  de  notre  étude,  dépendant,  si  nous 

la   ^i^naloii>    et   >i    nou>    l'introdiiixins 

dans  noire   ré[ierloire  (  lig.  lin,  llli". 

c'csl    non  scnlcnu'nt  parce   (|ii Vile    oc-         * 

(•niM'Uni'  place  iin|iurlanlc  dans  le  dt'cor 

,..,.,.  .    ,,  Vk..  110. 

de  /.eniijuli,    mais  aussi  [>arce   ipi  etie 

oll're  l'exemple  d'une  oMi\  ri' lie  style  assviicn  laiti'  |>ar  des  ouvriers  du  pavs, 
|ini-ipM'  la  matière  enqdovce  e>t  la  mcmc  que  ponr  les  autres  seulplure».  On  v 
voit  donc  comment  Ic^  tormide-  [da-tiqne^  de  l'Ar— vrie  élaienl  devenues  coii- 


l'i  Ausijmb.,  p.  11,  fig.  3. 

(«)  Hkuzky,  Catal.  nnl.  citalil..  n"  10. 

(••t  l*(:ZAiii>  et  l'oTTiru.    Wi/ii/    fiiminne,  ii"  l. 


l'i  .\iiiijnib..  pp.  l\--ÎO  iV.  LtscuAN),  pp.  .1l>- 
43  ^ScnnAui^iii,  pi.  I  ù3;  Mt<irino,  III,  p.  3T5. 


116  SYRIA 

rantes  dans  les  ateliers  syriens,  mais  en  gardant  l'aspect  rude  et  massif  qui 
était  un  trait  caractéristique  de  la  technique  indigène. 

Le  roi  est  représenté  debout,  élevant  de  la  main  droite  un  vase  à  libation 
en  forme  de  gobelet,  tenant  de  la  main  gauche  sa  masse  d'armes  et  les  bouts 
de  deux  cordes  qui  se  rehent  en  bas  à  deux  captifs,  do  dimensions  beaucoup 
plus  petites,  l'un  debout  coitTé  d'un  bonnet  conique  et  levant  ses  bras  en- 
chaînés, l'autre  agenouillé,  coiffé  de  l'urœus,  faisant  le  même  geste  de  sup- 
plication, les  mains  et  les  pieds  chargés  d'entraves  ;  ces  vaincus  sont  le  roi  de 
Tyr  et  le  roi  d'Egypte.  Près  du  monarque  victorieux  sont  figurés  les  sym- 
boles de  protection  divine  '*'  :  sept  étoiles,  dieu  debout  sur  deux  dragons, 
la  déesse  Istar  assise  sur  un  lion,  croissant  lunaire  et  globe  solaire  ailé,  dieu 
debout  sur  le  dragon  de  Babel  '-',  dieu  Raman  tenant  le  foudre  et  monté  sur 
un  taureau,  enfin,  sous  une  grande  étoile  rayonnante,  groupe  de  symboles  en 
masses  et  armes  recourbées  qu'on  voitsurleskoudourousde  l'époque  kassite'^>. 

Sur  les  petits  côtés  de  la  stèle  sont  debout  deux  hommes  barbus,  les  mains 
croisées  en  signe  de  respect  (fig.  111)  '*'.  On  pense  que  ce  sont  des  rois  alliés 
du  conquérant  assyrien,  des  vassaux  fidèles  qui  ont  contribué  à  la  victoire 
sur  les  ennemis.  Une  inscription  de  trente-cinq  lignes  passe  à  travers  le  bas 
des  personnages,  suivant  l'usage  assyrien  ancien'^'.  La  suite  du  texte,  on  cin- 
quante-huit lignes,  couvre  le  revers.  Assar-haddon  y  est  nommé  grand  roi, 
grand  prùlre  de  Babylone,  roi  de  Sumer  et  d'Akkad,  roi  do  Kurdounias.  roi 
des  rois  d'Kgypte,  de  Patros  et  de  Kouch,  etc.,  le  héros  parfait,  lo  puissant 
qui  tient  les  rois  avec  une  corde  ;  avec  l'aide  dos  dieux  ([uilassistonl  ilarélal)Ii 
la  justice  et  il  a  coupé  conimo  un  faible  roseau  la  coalition  dos  rois  qui  ne  lui 
étaient  pas  soumis,  qui  no  voulaioiit  jias  lui  obéir,  ol  il  l'a  foulée  aux  pieds... 
—  Puis  ce  sont  dos  détails  sur  la  cauipagno  uiilitairo  (pii  vient  do  s'accomplir. 
Los  gens  du  pays  d'Lgypte  ont  péché  corilro  Assour:  ils  ont  dévasb'  ot  pillé  dos 
territoires  appartenant  au  roi  d'Assyrie.  Alors  les  dieux  ont  iikuiIiô  lo  ciioiniu 
au  l'oi  à  travoi's  des  uiontagnos  sans  nmb'  cl  à  truM'rs  lo  di'sorl.  sr'jdur  do  la 

C  Comparer  ce  défilé  avec  celui   f)u  relief  t^i  Cf.  Pkzauu-Pottieh,  p.  48. 

rupestrede  Mallaï(PKnB0T-Ciiii'iK/.,ll,fip.31Hi  l'' .lifsi/rah.,  pi.  3. 

etdes  scu1|iliiri's  de  Nimroud  (i(/.,  fig.  l.S,  11).  ("-i  Voir  Pottikh,  Cnlal.  nul.  assyr.  du   Lou- 

('I  Ce    détail  n'a  pas  été  corapri.s  par  von  vre,  pp.  47,  52,  58. 
LuschaQ  ;    cf.     Mku/.eï,     Uriijittfs   uricntnles 
lie  Vnrl,  p.  330. 


L'A  HT    HITTITE 


117 


soif.  TiirKoii.  roi  (l'H^rypic  et  dr  Kniicli.  ii  l'I.'  ImIIii  :  su  ciiitilali-  .Mfiii|i|ii.s  a  ('té 
l»i'is(;  (.'l  dévastée;  sarciiuiii'.  sc>  lil.>  cl  >c>  lilir>.  leur  avoir  el  k-iirs  hieiis  ont 


été  cniiiKMiés  en  Assyiii'  *".  Suivent  des  malédictions  conlrc  iiniconijnc  endoni- 
niajîcia  ou  détruira  la  stcl(>  ;  au  conlrain'.  un  piincc  ami  \cillcia  sur  clic  ^il 


l')  Voir  Ihistoiro  détailléi'  du  pharuuii  Tabarquii  tiaus   MaïI'kho,  Iliit.  une.  det  peuples  de  l'Orient 
c/<i»»i./.,  111,  p.  3lil. 


118  SYRIA 

s'agit  sans  doiile  du  priiice  liittite  résidant  à  Zt'iuljirlii,  en  conloniplcra  l'écri- 
ture, la  fera  lire  à  voix  haute,  la  parfumera  d'huile  et  apportera  son  olVrande 
de  saeritice  pour  honorer  le  nom  du  dieu  Assour,  patron  du  roi.  —  Ce  langage 
lyrique  et  triomphant  commente  éloqnemment  la  tragique  image  du  conquérant 
qui  est  sculptée  sur  la  stèle.  Nous  entrons  ici  dans  le  domaine  propre  à  l'art  as- 
syrien :  il  diffère  notablement  de  celui  de  lart  hittite.  La  personnalité  du  roi  s'y 
affirme,  despotique  et  farouche.  Le  plaisir  de  guerroyer,  d'abattre  les  rois 
ennemis,  de  les  humilier,  de  les  martyriser,  s'afiirme  en  traits  énergiques  ;  la 
littérature  et  la  plastique  s'associent  pour  exprimer  l'orgueil  et  la  joie  brutale 
du  vainqueur.  Tout  converge  vers  l'apothéose  de  la  guerre  et  de  la  puissance 
royale.  Ici  encore  tous  les  détails  du  costume,  les  frisures  ciselées  des  cheveux 
et  de  la  barbe,  les  lourdes  boucles  d'oreilles,  les  bracelets,  les  bandelettes,  les 
franges  en  effilés  ou  en  glands,  toute  cette  armature  rigide  et  ce  vêtement 
somptueux  qui  cachent  le  corps  et  n'en  laissent  voir  que  les  bras  musclés,  les 
grosses  mains,  les  pieds  épais,  sont  des  moyens  de  mettre  en  lumière  la  richesse 
et  la  vigueur  de  la  race  con([uérante.  La  théorie  du  «  surhomme  »  y  est  déjà 
en  germe,  pour  éhlouir  et  époiivanlcr  le  monde  olfert  en  proie  aux  convoitises 
du  peuple  élu  d'Assour.  L'art  hittite,  plus  voisin  de  l'art  familier  et  simple 
des  Ciialdéens,  plus  préoccupé  encore  des  dieux  que  des  hommes,  soll're  à 
nous  avec  des  allures  plus  trancpiilles.  plus  ndigieuses  :  il  est  moins  habile, 
moins  dramatique,  il  est  plus  naïf  et  plus  sain. 

Tel  est  l'enseignement  qui  nous  send)le  résulter  des  fouilles  de  Zeiidjirli. 
Aucune  découverte  ne  nous  fournit  meilleures  occasion  de  connaiire  la  civili- 
sation hittite  dans  ses  éléments  essenliels  et  complets:  plan  des  villes,  fortifi- 
cations militaires,  constructions  de  palais,  sculptures  décoratives,  reliefs  et 
statues  de  ronde  bosse,  images  des  dieux  et  des  honunes.  tout  s'y  trouve  réuni. 
De  plus,  les  monuments  historiques  datés  nous  ont  permis  de  voir  à  quelle 
iqHi(|ue  le  style  assyrien  commence  à  devenir  prédominant  ;  c'est  vers  le 
neuvième  siècle  (jue  se  place  cette  évcdution  finale  i".  l'ar  conséquent,  les 
ti(ind)reuses  (puvres  qui  ollVent  les  caractères  tlu  st\le  hiltite.  sans   mélange, 

('>  C'est  aussi  à  la  date  du  iiuuviCnie  sièc-lo  constate  ([u'il  choisit  encore   plus  ses  modèles 

que  .M.  Ed.  Mk.ykh  (Clieliter,  p.   12.1»   place  le  dans  la   civilisation  hittite    que    dans    le  ré- 

momiuU  décisif  de  l'évolulioa  de  l'art  aisyriiin,  pertoirc   lialiylonien. 
en    arrhilectnro   comme   ou  sculpture,  et    il 


i;.\i;r  hittite  iio 

iloivi'iil  ('lie  r;i  PI  m  !■(('•  es  ;i  une  |ilii^  li.iiili'  ;iiil  i(|iiil(''.  KsI-cc  soiili-iucnl  an  (lixirnii» 
on  onzième  sirclc?  Ksl-cc  jjIiis  loin,  cnlir  lo  donzirnip  et  lo  quator/.irnifsirclf 
qno  nous  devons  rcnionlcr  ;'  (Ida  si-inhlc  \rais(Mni)lal»lo,  mais  avant  de  rien 
affirmer,  nous  demanderons  encoïc  de  nouveaux  ('claircisscmenls  aii\  sculp- 
lures  (|ui  nous  resleul  à  l'dudier. 

K.   roTïuai. 
(A  stiirtr.) 


PHÉNICIENS,  ÉGÉENS  ET  HELLÈNES 
DANS   LA   MÉDITERRANÉE   PRIMITIVE 

PAR 

RAYMOND   WEILL 

I 

On  a  observé  depuis  longtemps  que  dans  la  tradition  grecque,  la  fondation 
des  villes,  en  un  grand  nombre  de  cas,  est  rattachée  à  l'arrivée  d'étrangers 
venus  des  rivages  opposés  de  la  mer,  que  les  dieux,  comme  les  héros  fonda- 
teurs, viennent  souvent  d"outre-mer.  et  que.  d'une  nianièie  générnle.  les  Grecs 
gardaient  un  souvenir  positif  de  ce  monde  des  Pélasges,  plus  vaste  que  la  pé- 
ninsule, et  qui  avait  précédé  les  sociétés  helléniques  dans  la  Grèce  continentale. 
La  II  IMn'-nicie  »,  toutefois,  comme  patrie  des  fondateurs  débarqués  de  leurs 
navires,  n'apparaît  point  nommément  aussi  souvent,  ni  de  manière  aussi 
prépondérante  et  significative  qu'on  serait  porté  à  le  croire,  à  la  lecture  des 
premières  pages  d'un  récent  ouvrage  donné  par  M.  G.  Autrani",  et  dont  la 
considération  sera  un  [)itint  de  départ  pour  la  présente  étude.  Cécrnps.  fondiileur 
d'Athènes,  est  venu  d'Kgypte.  Iiuikhos  a.vr\\o  à  Argos  avec  une  colonie  égyp- 
tieruie  ou  lil)vriine.  et  ses  successeurs  sont  détrônés,  plusieurs  siècles  après, 
par  Itanwm.  venu  également  d"Kgy|»le,  ancêtre  d'un  certain  Pcln.'i;ius  et  île 
Persée,  fondateur  de  .Mycènes.  Les  descendants  de  Danaos,  à  leur  tour,  sont 
dépossédés  par  l'rlops.  lils  de  Tantale,  mi  de  Phrygie.  et  père  d'.\trée.  A  cùté 
de  tous  ceux-là  voici  un  IMn-nicien.  lùidinos,  fondateur  deThèbes.  le  Phénicien 
parexcellenre,  puisque  l'hnini.r  lui-même  est  son  frère:  mnis  combien  caracté- 
risliquemenl  appaienlés,   l'im  et  riiulrc  a\er  le  monde  de  l'Egée  et  de  l'Asie 

CI  C.  AuTHAN,  «  l'Iirniciens  ».  Essai  de  con-  T/iis/.  i/cs  ;r/i;/io(i.s-,  jiiillrt-oclobrp  19-20,  pp.  100- 

trihution  à  Vlàsloire  nnluine  de   In  Mrdilpr-  lOîi  ilu   vol.,  cl  I!.  Wi;ii.i,  i\mis  Kevne  dfs  lU. 

rnnée,  l'uris,  (leulliiiiT.iy-JO.  Voir  lt;s  f oiin)ti'.'<  juivrs.  iirliilui'-ilrrenibre  1!)20,  pp.  219-221  du 

rendus  de  E.  Pottikh  dans  Syrin,  I  (1!)2()),  vol. 
pp.     ,329-:«2  ;     11.    DussAi  1.    ilmis     llrrii,-    dr 


IMIKNir.IF.NS,  KGKENS  ET  III:LIJ:NES  DANS  LA  MKDITEHIîANKE  121 

.Mineure  :  Kadiiios  i-l  F'hoiiiix  sniil  fn  res  «le  TIki.sos  el  de  hili.i-  —  la  Cilieie.  — 
on  Itirn  Kili\  est  nn  des  nonilirenx  fils  de  Plioinix  :  l'Iioinix  est  (h/nt/ins.  et 
Kadnins  aussi  est  deseendant  A'Oyugios,  à  moins  qu'Ogugios  suit  nn  fils  de 
Kadniiis,  élaid  noté  par  ailleurs  (]n'Oijiiijia  est  un  ancien  nom  de  la  l.,yeie; 
Kadmiis  se  r.ittaehe  aussi  à  la  desceinlance  du  (jarien  l'Iioiuiirus  —  n"esl-cc 
point  le  successeur  ihi  très  ancien  Inakiios,  à  Argos '.' —  il  est  ancêtre  et  du 
Lycien  Sariicduit,  ot  des  Cretois  Mmns,  Kaqne  l'I  Hliadamanthc. 

'viu  est-ce  (pie  ce  Kadmos  "  l'Iiétiicien  ».  mais  si  nellemeiil  créto-égéo- 
asianique  ?  Il  s<Ta  facile  de  répondre.  .\ vaut  d'y  arriver.  .M.  .\ulran  s'attache 
à  bien  assurer  que  la  l'Iiénicie  de  la  période  historiqmî,  c  est-à-dire  le  Canaan 
sémitique  de  la  cote  s\rienne,  et  le  monde  sémiti(ju<'  en  général,  n'ont  pas  con- 
Iriluif  poui-  h'  Miiiindre  élément  à  la  formation  de  l'IIellade  primitive.  Enquête 
toull'ue,  grandement  intéressante.  Rien  de  sémitique,  eti  Grèce,  ni  dans  le 
cercle  îles  dieux,  ni  dans  le  vocabulaire  marin,  ni  dans  la  to[tonymie;  dans  la 
langue,  par  contre,  un  élément  allogène  t'/m/K/er  au  srmitiqne,  qu'on  retrouve  ii 
la  fois  du  cote  si-miti(pie  et  du  coté  grec  —  plus  abondamment  en  grec  —  et 
dont  les  ti'nanis  liistoriipn-s  sont  bien  évidiMits  depuis  ijuc  larcln-ologie  nous 
a  restitué  la  grande  civilisation  créto-égécnne,  dite  aussi  njycéniennc,  qui  a 
régné  dans  le  bassin  île  la  .Mi'diterranée  orientale.  De  ce  vieux  monde  égi-en 
ont  été  reçus  les  grands  dieux  grecs,  .Vjtollon,  Poséidon  parmi  les  plus  nota- 
bles, et  tout  ce  quiHa  (irèce  barbare  a  recueilli  et  conservé  d'une  richesse 
sociale  antérieure  à  elle-nn"'me. 

Tout  cela  ne  fait  aucun  doute,  llevenanl.  alors,  au  fait  de  l'apport  *  pln-- 
nicien  »  que  l'arrivée  de  Kadmos  représente,  .M.  Autran  rappelle,  cela  est  bien 
connu  parles  témoignages  mêmes  de  la  tradition  grecque,  qu'aux  temps  an- 
ciens, l'Iii'uiric  était  une  di-signation  de  la  (Iniic.  VA  n'a-t-on  pas  trace  de  l'autre 
équaliiiii.  1res  parallèle.  l'Initirir  ^^  CnUliule  .^  (iela  suftirait  à  éclairer  et  nu'tlre 
d'accord  toutes  les  données,  notées  ci-avant,  sur  le  «  l'bénicien  •  Kadmos. 
Kgéon  par  toutes  ses  attaches,  s'il  ne  se  trouvait,  en  outre,  que  la  légende 
grecipie  met  Kadimis  et  l'hoinix.  chacun  de  son  côté,  en  relation  explicite 
avec  Sidon,  soit  la  l'bénicie  ordinaire  du  stade  historique,  et  s'il  ne  fallait, 
d'ailleurs,  explicpier  par  quel  phi'nomène  le  nom  de  l'Innirie,  primitivement 
em|)loyé  pour  designer  l'Asie  Mineure.  a\ail  reculé,  ensuite,  jusqu'aux  rivages 
du  tond  du  grand  golfe  méditerranéen.   Mais  ici  encore,  on   bi'-nélicie  de  l'ac- 

Sthi».  —  11.  Ib 


122  SVRIA 

qiiisiliuii  de  grands  faits  archéologiques  qui  restituent  certaines  conditions  de 
Ihistoire. 

On  sait,  en  elTet,  que  dans  toute  la  région  de  la  cote  syrienne  une  période 
primitive  très  ancienne,  que  l'on  pourrait  apiieler  indigène  ou  auloclitnne.  a 
été  suivie  d"une  période  égéo-mycénienne  qui  est  celle  d"une  civilisation  bril- 
lante et  développée,  la  même  qui  régnait  dans  tout  le  i)assin  delà  .Méditerranée 
orientale;  après  quoi  seulement,  lorsque  le  monde  crélo-égéen  régresse  et 
s'obscurcit,  commence  sur  cette  côte  de  Syrie  la  période  beaucoup  plus  mo- 
deste du  Canaan  sémitique  de  la  Bible,  qui  est  la  Phénicie  ordinairi'  de  l'his- 
toire. D'après  11.  A'incent.  dont  l'important  Canaan  est  largement  utilisé,  ici, 
par  .M.  Autran,  la  période  créto-égéenne  dans  cette  zone  s'étend  de  2500  à 
12(10  avant  .l.-C.  Ajoutons  que  l'intervalle  de  temps  ainsi  défini,  peut-être  un 
peu  ample,  correspond  bien,  au  centre,  à  la  période  de  l'apogée  de  la  civilisa- 
tion égéenne  et  de  la  grande  domination  Cretoise,  qui  se  place  entre  2000  et 
1500  avant  .J.-C,  d'après  la  manière  dont  la  chronologie  «  minoenne  »  parait 
s'établir  en  tin  de  compte  *".  Notons  aussi  que,  dès  à  présent,  nous  pourrions 
retrouver  ou  pressentir  la  main  dos  Égéo-tlrétois  dans  une  foule  de  travaux 
maritimes  très  anciens  de  la  iMéditerranée  orientale;  tardivement  informé  du 
mémoire  de  Jondet  sur  les  grands  ports  submergés  qu'on  retrouve  au  flanc 
extérieur  du  Pharos  ilAlexandrie  en  Egypte'-',  .M.  Autran  les  considère 
comme  égéens  pour  ainsi  dire  évidemment  et  dès  rai)ord,  et  moi-même, 
quelque  temps  auparavant,  j'étais  arrivé  à  des  conclusitins  historiques  concnr- 
dantes'^L  J'espère  arriver  à  nionlrer,  procliaiiuMiient,  que  des  ouvrages  du 
même  ordre  peuvent   être   retrouvés  du  haut  en  bas  de  la  côte  syrieiuie  *". 

Coiisidi'rant  sinqib'mi'iil.  toiilcbiis.  la  l'li('iiicie  cn-to-égéiMiiie  de  Canaan 
trllc  (pi'clle  nous  a[qiarait  aulh'  milli'iiaii'i'.  il  scndtb'  ipi'oii  y  [innii'ait  trouver 


Cl    So    reporter,    par  exemple,    au    lalileau  ('1   Wkii.l,    1rs  Puris   antéhellciiiques   de    la 

historique  résumé  île  A.  J.    Eva>3,  Essai  de  cote  d' Alexandrie    el    reinpire   crétois,   dans 

classijicatioii   des   éf>(>que:>    de   la   civilisation  Bull,  de    rinstiliU  fram^ais  d'arch.  orientale, 

minoenne,  Londres  litUG,  et   cf.   le  grand   ta-  XVI  (1919). 

lileaii   synoplicpie   de   DussAun,  Cil',    prèhrll.  ('•   Voir  déjà  .loMiirr,    à   proi)OS   du    préeé- 

{•>'  édition  1914),  pi.  .Mil.  dent   mémoire    de    Wiii.r.,   dans    Itiillclin   de 

(')  G.   JoNKKT,  les  Ports  gnhmeryés  de  l'an-  la  Société  archéolorjiqne  d'Alexundrii'.   n'   17 

cienne  He  de  Pharos,  dons  Mënxoires  de  l'Inx-  (1919). 
tilut  éyyptien,  t.  IX,  1916. 


imiiînicii:ns,  i::c.i':i:\s  et  iii:M.i:Nr.s  dans  i.a  Mi;r)Hi:i!iiAM:i-:  12.3 

(lo  hinri  silll|il('>  r\|ilii;itinl|s  cl  ilr  Kiidliios  rV/f^t'/l  t'(  .WwMCH.  cl  (le  1  llisluirc  (lll 
ridrii  (le  Plirilicir  aiiiicniiciiicnl  alhirlu-  ;"i  la  i-itb'  carii-mii'.  Nr  siiriirail-il  point 
(le  cDiircxoii'  (|ir,'i  l'origine  i\>'>  tciii[i-  ln'll('Miii|iirs.  à  l'i''[iii(nii'  "  cailiiK-enne  ». 
l'Iiniicif  riail.  en  ( irrcc  c<intiri(.'iilalr .  une  dcsifiiialioii  };i''()gra[»lii(|ii('  tn-s  ampli". 
(HondiK!  sur  Irnsciiildo  des  iiiim-s  ri  du  niuiidc  crrlo-r'^rcu.  \  cuiiiltris  les  cùtt's 
asiatiiiiuos  l'I  celles  du  ;:ollc  di;  .Syrie?  .\(tus  y  rcvicudruiis.  Mais  .M.  Autraii 
s'engage,  ici,  dans  des  voies  d'explication  très  ditir-renles.  cl  Idlis  i|u  il  fiiul 
nous  armer  de  lieancon[)  de  ciic<tns|iecti()ii  pour  le  suivie. 

i\l.  Aulraii  paiail  ((iiisidcrer.  au  di'parl.  (|ue  rinunigfalinii  eu  (irccc  des 
.•sidoriiens  de  Kadnios  est  un  fait  lii>tiiiii|uc.  Ov.  ces  .'^idonieiis  sonl  ties  Egéo- 
asiaiiiipii's  ('parentés  d(;  Kadmos,  corrolKuvcs  jiai-  les  faits  andiéidogiipies  gé- 
ni-rauv)  :  ccdonisaleurs  de  la  côte  syrieiuie.  n'claicnl-ils  puiiil  \ciui>ilu  giMud 
nnimle  égéon  du  nord-ouest  :' Kl  cm  ell'et.  M.  .\utran  procède  à  uiu' empiète  de 
rappro(  lieiueid  loponviniipii'  et  llIlnIna■^li(ple  entre  la  l'Iièuicie  de  la  cùle 
syrienne,  le  Canaan  de  la  relalidii  liihliiiiie.  et  l'Asie  Mineure,  pi. ur  arriver  à 
coin-lure  (pu'  ce  (ianaaii  du  catalogue  elliuogra[ilii(pie  de  la  (lenè^e  n  ol  [)as  sé- 
iniliipie,  et  ipie  les  mmis  de  ses  iliveis  peuples  se  retriiuvenl  eu  Asie  Mineure, 
leur-  pa\s  d'iirigiiie.  La  Uilile  elle-iiièiiie  ne  sail-elli'  [t.iiiit  cida.  plu-  mi  inniiis 
confusiMuent.  puis(|ue  laclassilication  delà  (ienèse  range  (lanaan.  Ikus  des  rangs 
des  .'^éniites.  piirnii  les  (HitimiU-a^^^  !  —  D'où  il  resscu't  cpie  les  (  l.ins  cadméeiis 
en  (irèce.  sils  venaieni  liien  des  réginns  sidduiemn'S,  y  a\aienl  M'uleuient  lait 
étape,  sortis  en  premier  lieu  des  centres  de  la  Médilerrain-e  égéenne. 

Kn  ce  (pii  concerne  particnlièrenu-nl  "  Kailums  ».  nous  lron\ons 
a[ipliipi('e  ici  uni'  nnMIiiMle  lii>li.iiipie  l'àclieuse  et  lrM|i  hien  ci ne.  ipii  con- 
siste à  transposer  le  [ail  Inuliliniiiicl  en  ftdl  liislitiiiiiti'  inum'-diatemenl.  sans 
avoir  pii-alaldement  [iris  le  soin  {Wiinili/scr  la  inidiliiui  piuu'  la  ramem-r  à  des 
ItUMues  priinili\es  ou  ceilaines.  ou  hien  prolialdo.  on  >euleuient  pos-ildo. 
dans  lesipudles  le  l'ail  tradiliminel  est  souvent  moins  enconduant  et  plus  inlel- 
ligihle.  \  (lici  Kadmos  siilmiini.  Dans  la  forun'  légemlaire  des  premiers  temp>. 


l"  lIAloiis-iious   lie  iKiti-r  i|iu>  sons  1»  main  qiio  Cniiiinn,  spiVinlonn-nt  sn!:raiiili- rninitio  tie 

lin  l'iMliiclonr  jnclrcn,  r<-xrlnsiiin  lU-  (îaniiiui  ilr  IIi-lli.   romporli'  pcnl-i'Irr   un   iinjMirlanl  rlô- 

la  faniillo  s(''inili(|nf  in"  |>i-ouvo  l'ioa,   ponvaut  nu-nl  cxIrn-sOniitiiiuf:    inms    y    rovirndroiis 

l'Ire  li'iiilaiii'irnsi-;  i-t.  ItcNkN.   Ilisl.  dti  /iciiyi/c  pins  loin, 
(/'/sriic/,    I,  p.  '."'.   Il   n'i'ii  snhsisU'  pas  Miiiins 


12^ 


SYRIA 


ce  «  Phénicien  »  de  l'Egée  n'arrivait-il  point  simplement  des  côtes  carionnes, 
et  n'a-t-il  point  été  entraîné  en  Canaan  avec  la  Plirnicie  elle-même,  en  même 
temps  que  l'appellation  de  Phénicie,  à  l'époque  historique,  se  fixait  aux 
rivages  du  fond  oriental  (*)?  Admettons  cela,  et  du  coup,  nous  échapperons 
à  la  combinaison  compliquée  d'un  mouvement  de  peuples  venus  de  Carie  en 
Phénicie  (^orientale),  pour  se  transporter  de  là  en  Grèce.  11  conviendra  seule- 
ment ici,  pour  n'y  point  revenir,  de  chercher  à  comiirendre  conmu'nt  le  sens 
du  nom  de  Phénicie  s'est  déplacé  ou  restreint  dans  le  champ  de  la  géographie 
grecque. 

La  première  itlée  qui  se  présente  est  celle  d'un  ijlissement  par  recul,  méca- 
nisme dont  on  connaît  de  nombreux  exemples  dans  la  géographie  des  temps 
modernes,  également  observé  dans  l'antiquité,  et  qui  consiste  en  ce  qu'une 
désignation  de  pays  étranger,  d'abord  attachée  aux  contins  de  l'horizon  très 
proche,  file  en  ligne  droite,  ensuite,  en  s'éloignant  au  fur  et  à  mesure  (juc 
s'étendent  les  connaissances  géographiques  i^-').  Pour  Plnnicie,  toutefois,  —  la 
Carie  au  premier  stade,  le  rivage  extrème-orienlal  ili'  l.i  mor  après  le  recul  — 
M.  Autran  n'a  pas  le  sentiment  que  nous  touchions,  ainsi,  à  la  réalité  des 
choses,  et  de  fait,  on  croit  bien  voir  qu'à  l'origine,  pour  les  Grecs.  Phmkie 
était  quelque  chose  de  plus  vaste  que  la  «  cote  d'en  face  »  de  la  mer  Egée. 
Comme  nous  l'indiquions  fout  à  l'heure,  on  peut  imaginer  que  chez  les 
Hellènes  de  la  première  époque,  le  nom  a  désigné  le  vaste  ensemble  maritime 


C'  11  est  également  possiblo  qm-  la  iialio[ia- 
litc  sidonienne  de  Kadinos  soit,  dans  la  tradi- 
tion grecque,  un  simplt;  malentendu  de  stade 
tardif.  Voir  en  général,  pour  Kadmos  et 
Phoinix  ayant  désigné  la  mer  Egée  avant  de 
passer  en  Syrie,  Isidoke  Lkvy,  l'Origine  du 
nom  de  la  Phcnide,  dans  nevue  de  pliiloloyie, 
1!)05,  pp.  30!)-3li  ;  cf.  DussAUn,  Civ.  iiréhrll. 
(2«éd.,  19l4j,  p.  390-391. 

l'i  Un  frappant  exem|)Ie  de  ce  phénomène 
s'observe  .lans  lliisloire  de  la  géographie 
rtjyitlii-nne  de  l'.Vsie.  Les  Kgyptiens  du  .Moyen 
Empire  ^antérieurement  à  IKOOi  ne  connais- 
sent encore,  au  delà  de  l'isthme,  que  les  zone.s 
les  plus  pro.'hes  du  sleppe  égypto-syrien  et 
de  la  l'alestine  méridionale,  et,  dans  ce  pays, 
point  d'autres  noms  (pie  eeu.v  i|u'()n  retrouve, 


par  un  bonheur  extraordinaire,  dans  celte  no- 
tice que  la  Bible  a  conservée  des  liorites  ou 
Seirites  qui  occupaient  la  région  avant  l'arrivée 
des  ICdomiles,  soit  à  l'époque  antéhébra'i'que. 
Un  des  plus  remarquables  de  ces  noms  horites 
enregistrés  dès  lors  par  les  Egyptiens,  est  celui 
de  Lolan.  Or,  quelques  siècles  après,  sous  le 
Nouvel  Empire,  que  voit-on  ?  Ilor  et  Lolan, 
filant  vers  le  nord,  en  mouvement  parallèle, 
sont  devenus  deux  grandes  dénominations  de 
la  géographie  de  la  Syrie,  Lolan  désignant  la 
Syrie  inlérieure  ou  proprement  dite,  et  Hor 
lu  zone  ciMière.  V^oir  Is.  LiivY,  Lotanu-Lotan, 
dans  S/diinx,  IX  (l'.tOa),  pp.  70-8G,  et  les 
lioriles,  ICdom  et  Jacob  dans  les  monuments 
égyptiens,  dans  Revue  des  ICtudes  juives,  LI 
(I90G,,  pp.  3-i  31, 


i'iii-:Ni(:n':Ns,  i:(;éi:ns  kt  nF.LL^^'p:s  dans  r.\  .\ii':[)i  ri:iiiiANi:i:  125 

où  n''g[iiiil.  tout  iuildiii-  lieux,  la  civilisatiDn  ôgéonno.  c'est-ù-diro  loul  If  bassin 
oriiMilul  delà  .Mi''iiilcii;m(''i',  coMiiircriiuit  la  Crùle,  l'Egôo,  les  eûtes  asiaiiiqiies, 
Chypre,  le  (laiiiiaii  ilis  Iimmips  uldiiciirs  et  sans  nul  doute  aussi  TKgyple  et  la 
Lilivi-,  l'aila  >iiilc.  cl  il  l'aul  liicn  (|u'intefviennent.  iei.  [le  progn-s  de  la  eon- 
nai»aii(i'  dr  I  iiiiivfi- il  la  siiécialisalion  des  noms  géi)gra[diiques.  li"  iinni  de 
IMiénirif  s'rsl  icslrcitd  h  lu  région  ([u'il  désigne  à  ré|ioi|iit!  Iiistiiri(|ue,  sans 
qu'il  iKMis  soit  [inssildr  de  \(iif  iirllcinent  la  raison  du  elioix  ainsi  di'tenniné. 
Car  ee  n'est  pas  rmceineiil  iiii  pa\s  Ir  iilus  hiiiiluin  ([n'allait  se  li\ei-.  en  der- 
nier stade,  une  piiiuiliv  !■  a|i[ie|lali()U  gi'Ui'-ralo.  Nuici.eu  ellet.  umi  plu^  du  côté 
giec,  mais  «liez  les  Kg\[iliens.  un  nom  gi'iigiapliiqin-  dunl  riii>tiiire  i-^l  idran- 
gement  analogue  à  e(dle  (pie  niuis  venons  de  Noii',  ee  nom  de  Ac//'<  (pii  dans  les 
moiuMueuts  du  .N()U\  (d  l'',ni[iiii',  \crs  I.'JIHI,  dt-signc?  la  Ci-ide.  la  xunptuense 
Cièle  ('■geo-m\(éiiieniU!  "',  et  (pià  I  épu(|ue  [itulenuiupu',  dans  le  décret  di; 
Cainipe.  ou  trouve  eniploM- par  riiieroglv  plii(pie  [)Our  rendre  l'Imiirir  du  grec 
et  //()(r  du  ili'iuipli(|ue.  eu  iippd-iliou  d  ailleurs  aseiles  noms  de  la  S\  rie  inlé- 
lieiire,  en  accord  dans  les  trois  textes.  Comme  Unir.  —  hlidnni  de  1  hiero- 
gl)[dii(pie  habituel  —  est  le  term(^  égN|itien  inunenuu'ial  pour  di'sigin'r  la  /.oiie 
C(»ti("'re '■',  exactement  la  l'Inniciv  dr,  cette  l'-poipu'.  ou  voit  ipu'  hefln,  a  ccdte 
place,  a  l'orcéuu'nt  le  nuMue  sens,  l'ounpmi  sulislitue-t-il,  dans  l'hiérogls  phi- 
(pu',  le  ruu'mal  KIkiioii  i\[i\  douhlerail  sim|denieut  le  démotiipn- '.' Ou  a  heau- 
(■(iu[i  épilogue  à  ce  sujet,  allant  iusipiii  irurimiuer  le  rédacteur  d  ineptie  et 
d'ignorance,  ou  lui  attrihuaut  un  souci  d  élégance  rechen  lu'e  par  la  \ariéle 
des  termes.  Quoi  <pi  il  eu  soit,  k'rflo  rùle  siirifiinc  est  un  fait,  ilans  ce  docu- 
ment d  e|io(pu'  grccipie,  et  alors  je  suis  teutt'  de  laixiuuer.  par  h\[iothéM'.  >ur 
1  ég\|dieu  h'cflo.  coinnu-  je  faisais  sur  le  grec  l'Iiriiicic  tout  à  1  heure.  l*uis(pie 
Krfli),  (pii  th'sigiuiil  la  Crète  i''g(''i>nin'.  a  été  jug(''  hou.  [ilus  lard,  pour  être 
appliipu' à  la  c('ite  de  .*^\rie,  ne  cou(;oit-ou  |ia>  (pic  le  nom.  à  l'origine,  je 
veux  ilire  au  tem[is  du  .\ou\id  Kmpire,  à  la  grande  e|io(pn' créloise.  puisse 
avoireu  une  acce|ition  beaucoup  plus  vaste,   s'élendant  à  la  fois  sur  la  Crète  et 

('>  Voir  fil  (K'rniiT  lii-ii   le  l)re(  ivsiimô   de  4IT-S,    cl    d'Ki».    Mkvkr.   Cesili.  J.  .1//..  I,    ii, 

Wkhi,    /oo.    cit.,  dans  lliillelin  d,-    l'iiutilul  îi- éd.  (l'JOUi.  S  515;  notiT  aussi  G.  A.  Wais- 

frftni;aU  (l'urrh.  orienliitf,  IHl'.l,  p.    i'J  du  li-  \miiuiit,    TIw    kffliii   Peuple   o/  tlie  Hijyitlian 

rage  il  purl.  Cf.,  onlre  aiilrcs  oxposôs  coucor-  Monnmeiils,  dans  .\nniiU  of  Arch.  and  .\nlhr. 

diiiils,  ceux  d«,>  hussAi  I),  tes  Civilisatioits  pré-  de  l'Univ.  de  l.ivcrpool,  I9l:i,  VI.  (asc.  i-i. 
lielU-niqiifs  (i"  i-d  .  l'.iU  ,  ii|i.  'Si,    liC.l,  283-7,  ('i  Voir  noie  i  de  la  page  préocdontc. 


126  SYRIA 

sur  le  Khurou.  cCst-.'i-diro  étant  compris,  en  somme,  comme  représentant  ce 
monde  méditerranéen  où  la  Crète  brillait  dun  particulier  éclat  ? 

Dans  cotte  manière  du  xoiv.  Phcniric  el  Kcftu  correspondraient  exactement 
ensemble,  vers  Tan  1000  av.  J.-C,  chez  les  Grecs  et  chez  les  Egyptiens,  dans 
le  sens  de  «  monde  de  la  .Méditerranée  orientale  ».  Plusieurs  siècles  après,  Pliii- 
nicie  est  réduit  à  la  côte  syrienne,  et  Kefto  se  présente  avec  la  même  acception, 
dans  des  circonstances  ([ui,  malheureusement,  ne  [termettent  point  de  savoir  si 
c'est  par  hasard,  par  fantaisie  littéraire  ou  [lar  rellel  d'une  utilisation  normale. 


II 


Ayant  ainsi  lini,  comme  on  peut  le  faire  en  de  très  brefs  aper(;us,  avec 
Kadmos  «  phénicien  »  et  la  «  Phénicie  »  créto-égéennc  en  général,  il  nous  faut 
revenir  à  ce  gros  élément  des  tableaux  historiques  tels  que  M.  Autran  les 
construit  et  nous  les  présente,  l'origine  et  l'appartenance  égéo-asianicpies  du 
Canaan  delà  documentation  l)iblique  et  de  rhistoire.  11  semble,  disons-le  tout 
de  suite,  que  M.  Autran  ail  tendance  à  confondre  des  faits  de  deux  catégories 
assez  distinctes,  ceux  île  l<i  nice  et  de  la  liiiKjHe  de  la  masse  des  populations 
anciennes  de  la  Syrie,  et  ceux  de  la  colonimlion  côlièrc  du  II"  milléiuiire  qui, 
malgré  son  éclat  et  sa  durée,  n'a  point  poussé  dans  le  pays  de  racines  pro- 
fondes. Essayons  de  séparer  les  deux  choses. 

Concernant  en  général  la  «  race  »  de  Canaan,  il  est  un  grand  fait  à  ren- 
contre duquel  toutes  considérations  restent  impuissantes,  celui  de  la  langue, 
qtuï  nous  appelons  lo,  phriiicirn,  et  (pii  est  extrêmement  voisine  do  Tliébrou.  Elle 
implique  que  les  {tupulations  (pii  la  parlaient  étaient,  avec  le  groupe  des 
nati(jns  liébraï(ju(!S,  dans  nwo.  situation  di-  jiarenté  correspondante.  Pour  qu'il 
en  [uit  être  aulroiuont.  pdur  que  les  peuples  de  Caïuuin  missent  été  des  Carions 
ou  des  Eg(''ens,  à  l'origine,  comme  .M.  Autran  arrive  à  l'induire,  il  faudrait  cpie 
ce  mond('  carieii  eût  été.  par  la  suilc!,  longiuMUont  et  totalement  sui)niergé  par 
l'apiMiil  do  lldis  sémiti([ues  très  importants,  tout  à  fait  ilo  la  même  manière 
que  cott(^  n H- m o  société  «  mycénienne  »  a  été  obliti'réo  ot  anéantie  par  l'instal- 
lation dos  lloilènes,  on  (irèce  et  dans  le  cercle  marilime  <lo  l'Kgée.  Enccu'O.  de 
00  cob',  b'  \iou\   moiiilo  a-l-il   i-('sisli'  très  longb'nqis,   obs(in(''nioiit  dans  cor- 


iMiiixiciKNS,  r;(;i';R\s  i:t  fif.mj';nes  dans  i,a  mi-.ditkiuian'ki:  127 

laiiis  cantons  couirnc  ceux  de  IKtolio  sauvage,  plu»  nulnireuu'iil  endrùle.  où 
les  lùi'ocii'tDis  non  liellénisés  tinrent  durant  di-s  siècles,  très  facilenienl  on  Asie 
.Miiicmc  il  MièiMi'  à  ('.li\|irt'.  où  Ion  sait  ipiun  s\llal)aire  indigène,  dérivé  do 
l'ancien  svllaliaire  crétois,  et  servant  à  écrire  une  langue  ([in;  nous  ne  coiuiue- 
nons  pas,  aila|iti''  à  lécriture  du  grec,  dautre  part,  à  une  date  sans  doute  anti'-- 
rirure  au  M-plièine  siècle,  (''lait  encore  ulilist'  de  cdti'  niaiiièrr  au  troi>ièmi'. 
Kii  (iaiiaan,  nul  vestige  du  même  ordre.  .Mais  bien  mieux.  ludle  trace  de  1  irré- 
sislilile  vague  sèniilitpie  cpii  aurait  noyi-  le  (!anaan  (''géeri  de  rii\|iollièse.  La 
seule  «  arrivée  ..  sémiliipic  iMi|»iirlaiilr  (jui  m'  [u-nduit.  au  cnnrs  du  II'  milli'- 
naire.  (•>!  celle  des  [K-iiples  lièjireux,  Kdcun.  .\nion,  .Moali.  et  ces  n-larda- 
laiies,  les  Israi'diles;  ils  ne  di'-passent  point,  vers  le  nord,  les  approches  de  la 
laliluile  di'  T\r:  Israël,  ii  lépuipie  de  sa  [du>  grande  (•\lrti>ion.  ne  tniiclic  mdle 
part  il  la  cote,  n'arrive  ;i  dnmiiirr  nu  ii  peni-ln-r  ni  les  (iananeetis  di*  1}  r,  au 
n(ud  de  son  domaine,  ni,  \erslesud.  les  l'liili>tins,  ces  Kgéens  aullicntiipn's  ; 
et  d'ailliMir.-  les  lM;ic!i(r>  i\r  l,i  période  iii\;de.  loin  d'a\nir  délruil  nn  a>-imili- 
les  anciens  occupanis  canain-ens,  les  tolèrent  à  colé  deux  partmil.  iiuiime  la 
relation  lii>toriipio  li'  consigne  on  nondue  de  places,  (li-lte  complète  et  celle 
inslallalion  m-  sont  point  celles  tpiil  eùl  fallu  pnnr  «  sr-miii-er  »  un  (iaiiaan 
non  déjà  entièrement  sémitique. 

Ce  n'est  |>oinl  à  dire  (pie  les  juipulalinns  anlèIi(''luMÏijues  «le  la  .<\rie  lueri- 
diniMlc  rii>-,riil  (le  laïc  >ini|ili'  l't  Innle  |iure.  Au  conlacl  des  «  Canaut-ons  •  so 
rencontiaieni  des  iiols.  des  lits  entiers  d'uiu'  provenance  si'-mitiipie  diiri'-rente. 
etluiograpliiipM'meni  plus  éloignés  clés  lltdu'eux.  connue  ces  llniilrs  que  les 
Kdomiles  remplacèrent  sur  les  piateiiux  au  sud-ouest  de  la  mer  Mnrje  el  dont 
un  hasard  heureux  a  incorpoi-e  la  milice  détaillée  dans  la  Hilije.  Omdque  peu 
mvstérieux  au  prime  ahord.  inconnus  des  généalogies  de  la  (ienèse.ces  llorites 
antéliéhraïques  du  Seir  smil  asse/.  hien  éclairés,  parle  lémoignagc  des  Kgy|>- 
tiensdu  mo\en  Kmpire.  pourcpi'on  puisse  admettre  que  celaient  des  .\ralies'". 
Kn  Canaan  même,  dautre  pari,  dans  la  niasse  de  la  populalion  de  la  zone 
piilesliniemie  et  des  régions  plus  au  iicucl.  des  composants  non  st''miliipies  sont 
vraisemhlahles  dès  lahord.  par  suite  de  la  continuité  conlineiilale  avec  l'.Vsie 
.Mineure.  Ce  serait  le  lieu  de  reprendre  el  d'examiner  les  concordances unonias- 

C'  Voir  la  ucilt-  cl.-  la  |>jij{f  IJl.  où  paraissi-nt  Hl..  dans  Keriif  drs  Ktudf*  juives,  L!  il906i, 

llor  cl  l.iilnn,  cl   ne   rcporlcr  il   h.   i.v.vi,  /...■.  p.  3li. 


128  S  Y  RI  A 

tiques  qu'aperçoit  M.  Aulran  ontre  le  nioiule  asiunique  ot  la  famille  du  Canaan 
de  la  Genèse,  et  dont  certaines  sont  bien  remarquables.  ■Nous  ne  nous  enga- 
gerons pas  sur  ce  terrain  difficile.  Rappelons  seulement,  dans  le  même  sens,  le 
rapprochement,  indiqué  depuis  longtemps  et  toujours  probable,  de  Hetli  ou  des 
Hittites,  cette  importante  famille  de  Canaan  que  la  tradition  biblique  signalait 
en  Palestine  à  l'époque  la  plus  ancienne  et  dont  le  nom,  par  ailleurs,  substitue 
souvent  celui  de  Canaan  lui-même,  avec  ces  Kheta  de  la  Syrie  du  nord  et  des 
vastes  régions  contiguës,  connus  par  les  annales  égyptiennes  du  Nouvel  Empire 
et  dont  la  domination  imposa  une  limite  à  l'avance  égyptienne  en  Syrie 
sous  la  AIX'  (hiiastic  "'.  Joint  à  tous  les  autres,  l'indice  de  cette  identité 
nominale  permet  sans  duule  li'admettre  que,  dès  Torigine  des  temps  «  cana- 
néens »,  il  y  a\ait  un  élément  asiani(iue  en  Canaan:  mais  le  milieu  sémiti- 
que lavait  absorbé. 

Ce  Canaan  sémitique  était  constitué  et  iixé  depuis  longtemps,  sans  doute, 
lorsque  s  ouvrit  la  période  des  installations  égéennes  sur  la  côte.  Comme  nous 
le  notions  plus  haut,  elles  sont  attestées  par  les  faits  archéologiques,  qui  piM- 
mettent  d'assigner  à  la  période  égéo-mycénienne,  dans  ce  pays,  la  date  cen- 
trale de  2000à  l.iou  av.  .I.-C,  en  concordance  avec  la  chronologie  «  minoenne  » 
établie  [»ar  ailleurs.  Il  y  a.  en  outre,  (pielques  indices  documentaires  de  l'ins- 
tallation de  clans  égéens  sur  cette  cùte.  durant  la  même  période:  on  cmmait 
les  Loiiliki.  «  Lyciens  ».  de  la  région  d'.Viailos,  mentionnés  dans  la  correspon- 
danci'  du  l'Iiaraon  Aménothès  IV  (^vers  I  iOU),  et,  dans  le  môme  dossier  diplo- 
nuitique,  les  Ikinonud  de  la  côte  lyrienne*-'  ;  Loukoit  cl  Dainion,  Dainiouna  se 
retrouveront  dans  les  rangs  des  agresseurs  de  l'Kgypte,  sous  Ramsès  11  et  sous 
Uamsès  III,  et  nous  avons  déjà  noté  (|in'  Daiiaos.  pour  les  Grecs,  est  un  Egéen 
des  temps  piiniilifs.  inunign'-  dans  le  Péloponnèse,  l'ius  complètement,  enlin, 
l'histoire  coniuiil  certains  de  ces  peuples  maritimes  qui,  mieux  enracinés,  plus 
vé-rilalilenuMit  insialb's  que  leurs  congénères  ont  tenu  ju.s([u"en  [)leinc  épocjue 
judéemn;;  tard  veuus  d'ailleurs,  corrélativement  sans  doute  avec  de  grands 
mouvements  d  invasion  sur  lesipiels  les  documents  égyptiens  nous  renseignent, 

(')  E.\posc;  (l'eiiscinlili'  i:l  liililidgi-npliic  rhe/,  Tell-ct-.\nnnna,  n"   '28,  i.t  Kmidtzon,   Die  K/- 

Maspkik),  ///s^otr^,  II,  p.  3?)1  et  suiv.  Amarna-Tiifeln,    n"   38;    pour   les   Dauoiimi, 

(*l  Corrcspondniicc  de  Tell  El-Amariin;  pour  \Vi>ckler,  n"  151,  ot  Knudtzon,  n°  151. 
les  LouUlxi,    WiM  ki.iii,    Hic    Thonlnffln    von 


PHKMCIKXS,  KC.KKNS  KT  IIKIJ-KNES  DANS  LA  MKDITKliltANKE  129 

roiin)iilr(''S  sur  la  (•Ole  iJ  Asie  a[tir.s  la  Icrilalivo  Juno  sorte  de  eoalilioii  des 
l'riijtirx  (le  la  mer  (,(»titre  l'Kgyple  di'  Hainsès  III.  Il  s  agit  des  Punhjiisdli  et  des 
Ziilil.inoii  (|ii  1)11  Iruiive,  à  partir  de  ee  iiioiiierit.  sur  toute  la  ente  eorresjiondarit 
à  la  l'alesliiie  propre,  les  premiers  au  voisiuage  de  rKgypIe,  li-s  Zakkarou  à 
leur  suite  au  nord.  L's  l'uiiloiisnii  furent  les  l'hilistinx,  ees  rudes  adversaires  des 
Israélites,  et  la  A</('.s;iw  est  nouiiiii-e  d  après  eu\.  Leurs  pays  d'origine  primi- 
tive était  très  pnjbaldi'uieut  la  Crète'". 

Tout  dillV-remmeut  de  eeux-là,  les  anciens  états  égéens  de  la  i-ote  svrienne 
ont  disjiaru  sans  laisser  le  moindre  Mtuvenir  doeumentaire.  —  mises  à  part  les 
rares  mentions  pn-citécs  de  «  Lyciens  »  et  de  «  Danaens  »  dans  des  etimmuni- 
cations  au  roi  d"Kg\ple  —  et  cela  aecuse  do  façon  remanpialile  <pie  leurs 
installations  nètaienl  point  i\r^  immigrations,  des  iniidantations  de  peuples, 
mais  seuliMuent  des  colonisations  véritables,  à  densité-  d'ot'eupation  très  faillie, 
et  dont  on  [leiit  se  ri'pié-senter  les  organes  essentiels  roiunn*  aeeroeliés  à  la 
cote,  militaires  cl  lounnereianv.  ne  |(ré|ciiilant  |ioinl  à  gouxerner  larrièri'- 
pays,  ne  ICxjdoitanl  menu'  [las  à  propicment  parler,  fouctioimant  prinii|iale- 
iiient  comme  des  liai.sons,  des  entrepôts,  des  porles  gardées,  >ui\ant  le  t\pe 
môme  d'organisation  ipie  nous  n'-vèle  l'anaKse  ilu  l'Iiaros  créto-égéon  de  la 
côte  égyptienne.  .Nous  en  avons  dit  un  mol  [iliis  liant,  et  indiqué'  «pie  d'autres 
«  Pharos»,  sultmergi-s  ou  ncm.  pourraient  èlie  retrouvés,  à  l'exploration,  en 
nond)re  de  points  du  littoral  svrien.  Mais  on  coneoit  i|u  un  pareil  système  de 
comptoirs  \\v  jette  point  de  ra<ines.  Oue  les  fcjrces  extérieures  (|ui  la  motivent 
et  la  soutiennent  vientuMit  à  man(pier,  la  colonisation,  aussitôt,  se  replie,  se 
rembarque,  s'évanouit  au  large  comme  un  fantôme,  sans  rien  lai.sser  derrière 
elle  (juc  l'outillage  de  [lieire  de  ses  bases.  Tel  le  IMiaros  égyptien,  giganles(|ue 
squel(îtl(>  submergé",  anonyme,  reconnaissable  seulement  en  consé(pience  d'une 
soile  de  ni'eessili'  matérielle.  Kn  Syrie,  la  mesure  extrêmement  faible  dans 
laquelle  les  colonies  égéenncs  ont  «  mordu  »  sur  la  ciTilisalion  locale,  e>l 
indi(piée  par  la  quotité  de  vocabulaire  é-lranger  passé  dans  le  sémitique,  plus 
pan\ie.  nous  l'avons  déjà  noté,  «pie  relement  eorrespondaut  absoibé"  par  l.i 
langue  gri'cque. 

i''  (Juostiiiii  «II-  srnml  inlrri't,  où  inlorvicnl  ôlal  n.  Voir  !<"s  pxpos«''s  <'l  liililio>:ra|iliii--  ilo 

la  ilooiimoiilnlion   Itibliqiif,    longucmi'iil   l'-lu-  M«»i'EHn,  llisloirr.  II.  p.  O'iT  «>l  suiv..  ri  l.\- 

ilire  cl  (lu'on   pciil    cniisiiIrriT   comnu'    m  t-n  (;n*>r.K,  M  (.><'•(<•  d/n-irrinf.  pp.  <  l'.ti;i.1. 
SiniA.  —  II.  i; 


130  SYRIA 

A  l'éclipsé  dos  installations  créto-égéennes  en  Canaan.  .M.  Autran  clierche 
des  causes  historiques  locales,  et  il  vient  à  incriminer  la  dernière  «  vague  sé- 
mitique »  représentée  par  Tarrivée  des  Hébreux.  Comme  nous  l'avons  vu.  les 
nations  hébraïques,  particulièrement  les  Israélites  installés  en  Palestine,  ont 
été  bien  incapables  d"exercer  quelque  elTet  destructeur  sur  la  côte,  à  hauteur 
même  de  leur  domaine,  à  plus  forte  raison  dans  le  nord,  aux  latitudes  de  la 
Syrie  propre.  11  faut  bien  admettre  que  la  colonisation  égéenne  s"en  est  retirée 
d'elle-même,  comme  elle  y  était  venue.  Plus  exactement,  très  évidemment 
d'ailleurs,  on  aperçoit  que  cette  retraite  est  en  corrélation  avec  de  grands  évé- 
nements extérieurs  à  la  Syrie-Palestine  et  dont  nous  connaissons  les  circon- 
stances principales,  ceux  de  la  disparition  de  lempire  créloiset  delà  régression 
du  «  mycénisme  »  dans  le  cercle  de  la  mer  Egée. 


III 


Vers  loOO  avant  .l.-C,  en  etfet,  paraît  s'être  etîondrée  l'organisation  d'une 
grande  domination  maritime  dont  les  principaux  monuments  sont  à  Knossos  en 
Crète.  La  culture  créto-égéenne,  ensuite,  [loursuit  son  large  mouvement  de 
diffusion,  mais  les  ressorts  politiques  de  cette  société  sont  brisés,  et  des  mou- 
vements incohérents  s'y  produisent,  dont  les  entreprises  oiTensives  des  Peuples 
de  la  mer  sont  la  manifestation  visible.  Les  Égyptiens  aux  prises  avec  eux  sous 
itamsès  il,  sous  Mineptah,  puis  .sous  Ramsès  III,  au  cours  de  diverses  guerres 
contre  les  Kheta  de  la  Syrie  du  nord,  contre  les  Libyens  et  contre  les  .Mari- 
times eux-mêmes,  nous  noniincnl  ces  [icupies,  avec  lesquels  siilrnliliciil.  dans 
des  conditiaris  de  parfaite  certitude,  des  noms  de  \illes  et  de  fieuples  d  Asie 
Mineure'".  Rappelons,  d'un  mot  {lour  chacun  : 

Pidasa 

Masa  (les  Mysiens) 

iJardanoui  (Dardaniens)  '   sous  Ramsès  II  ; 

/;joiin«  (Ilion?) 

Kirhislia 

('•    liliidié   pur  nous  ù    plusieurs  reprises;  I,  pp.  61-61).  l'our /vii/nV/ia,  voir  imlo  adilitiou- 

voirpriiicipiilemcul/fcuiicarf/iéo/oyiqiie,  1904,  iielle  ci-après,  p.  I  H. 


PHÉNICIENS,  ÉGÉENS  I:T  IIELLÈNKS  DANS  F.A  MI-DI'I  l.KIt  \Ni;i:  IM 

I.<ihI,ii()ii,    Ldiikon   (les   L\iiciis    (ni    Lyniiiiiciis)   s()ii>    |{.iiii>r>   il    i-l   .Mim-- 
[ilali; 

Slianlina  (Sardes),  sous  Ranisrs  11.  .Miru'|plali  et  IJairiS(''&  III  ; 
( hKi.shfi.slia  (Oasassius  en  Asir  .Mineure),  suus  Hainsi-s  111; 
Sltdliiilasliu  (Sagalassos  en  l'IiiAgin.  smis  .Miiieplali  et  Harnsrs  III  ; 
7(y«r.v//'*  (Tarse),  sous  .Miuciilali  cl  i{aMiM'>  III: 
M,iiii)ii<isli(t  (nous  y  allons  revenir),  sous  .Mincplali  : 
Dniiiiouiui  (nous  y  allons  revenir),  sous  Hanisès  III  : 

/'((«/()/(.«/// (  (les  (Iréldis  sans  ildule.  \nii|iln-  liant  ee  i|iii  les  concerne),  sous 
Mainsùslll; 

/aliLtiniit  (les  Tein:iiens  sans  iluule.  \(»ii'  |ihi>   haut  ee   qui  concerne  leur 
(''tal)lis>eiiienl  nlleiieni').  sous  liain>è->  III. 

On  les  suit  plus  tard.  Nous  avons  parli'.  ei-ilessus.  îles  Zakkiirou  et  Pou- 
lousali  inslalir-s  dans  la  zone  lillorale  di-  la  Palestine,  où  les  Pottloitsati  sont 
le> /'//(7/.sV/;(v  de  l'Iiisloire.  les  Zalihiinut  itouvaiil  a\oir  doiMn-  lieu  au  nom  des 
Diil.l.iirniiii  naitaleo-arahes'".  Kl  île  lanuMue  manière  (|ue  ce^  l'oulousati  arrivent 
à  donner  leur  nom  ù  la  Palestine,  il  semlde  liitui  (|u  on  relrou\e  des  Slutrdiiui 
sous  les  espèces  des  Sardiniens  en  Sardaigne,  des  'Dtiiislni  clie/.  les  Tyrrhènes, 
TyrsèiH's.  Tusci.  etc.  dltalio'-".  (juc  ce  soient  des  Sliiihildslid  ou  des  Zalikarou 
que  les  Sicules.  peut-èlri' des  Om/.s/ffw//*/  les(»s(jues.  Par  une  étrange  compen- 
sation du  destin,  ce  monde  condamiH'  essaimait,  imposait  ses  nomsù  de  grands 
pa\sile  la  .Medilerrain'c  occidentale,  et  les  rameaux  vivaces  des  Klrusipies  re- 
produisaient evactement.à  l'autre  bout  <le  la  mer.  le  pht'noinène  de  l'implanta- 
tion pliilisline  de  la  cote  i''g\  plo-s\  rienne. 

Dans  Tordre  de  ces  transmissions  nominales  plus  ou  moins  lointaines,  il 
sera  utile  ipu!  nous  nous  arrêtions,  ici.  au  cas  très  remaniualile  de  Aliaioiuisha, 
dont  1  analyse  conduit,  peut-être,  à  des  consét|uences  iùstoriques  plus  étendues 
ipiil  n'est  aiipaiii  au  cours  de  nos  anti''rieures  l'-tudes. 


(';  CtKiiMosr-Ci  vnnf.al,  Kriiieil  J'nrclu'ol. 
orient.,  IV,  pp.  'iSO-iSl. 

l»)  Los  Grecs  snvoiit  on  tous  dôliiils  quo  los 
Tyrsènes  ou  Tyrrlirnrs  d'Ilalio  soiil  uiio  on- 
louie  (lu  pouplo  (I  lydion  n  du  luiiaio  nom 
(tiérudolo,  source  do  tou»  ses  «uoouasours, 
suivi   do  prôs   nnlainmoiit    piir   Slrnl)oni:    ils 


Miiloiil  qui'li|iiofoi$  qu'il  y  avait  aussi  dos 
Tyrrliriics  on  S.inlai^no  (l'histoire  d'Iolaos 
ot  do  SCS  lléracliiloti  immigrant  eu  S«r- 
d.iigno,  olioï  Strabon  i  :  ils  rangent  los 
Ktrusquos.  oo  tot«liliS  ou  on  partie.  iMirmi 
Ira  Pflmtje*    le  plus  ncttvuiont  Hollaniku*;. 


132  SYRIA 

On  sait  que  les  deux  identifications  de  Akaiouasha  avec  Achirtis,  et  do  Dai- 
niouna,  ou  Dainiou,  avec  Danaens,  proposées  par  légyptologie  depuis  bien  long- 
temps, ont  été  souvent  examinées  et  trouvées  acceptables  en  général.  Toute- 
fois, ces  deux  peuples  ont  toutes  chances  d'être  des  Cariens  comme  tous  leurs 
voisins  des  listes  établies  sousMineptah  et  Ramsès  111:  Aliaiouasha,  notamment, 
a  cette  désinence  quon  retrouve  en  Oiiasliasha,  Sltal,alasha  et  Totaslia  et  qui  est 
l"ethni(jue  -ATOZ  de  certains  alphabets  indigènes  de  l'Asie  IMineure, 
-aaaoç  de  la  transcription  grecque  ordinaire,  et  si  remarqual)lement  caracté- 
ristique des  noms  de  cette  région.  Or,  s'il  est  bien  naturel,  Danaos  étant  un 
Egéen,  de  trouver  des  Danaem  parmi  les  Maritimes  repoussés  par  Uamsès  111, 
ainsi  d'ailleurs  que  parmi  les  peuples  asiatiques  évoqués  dans  la  correspon- 
dance di[domati([ue  d'Aménotliès  IV,  deux  siècles  auparavant,  il  n'en  va  point 
si  simplement  avec  les  Akaioiutslui  -  Xc\\éQn^  de  .Alineptah,  s'il  est  vrai  que  les 
Acliéens  soient  des  Hellènes  de  la  Grèce  continentale  comme  le  veut  la  tradition 
grecque.  11  faut  alTronter  cette  espèce  de  contradiction  et  chercher  à  la  ré- 
soudre. 

Assurons-nous,  d'abord,  que  les  raisons  d'identifier  les  noms  n'ont  rien 
perdu  de  leur  force.  A  vrai  dire,  il  semble  qu'on  ait  toujours  cherché  à  justi- 
fier une  transcrijition  carienne  ou  égéenne,  attestée  par  l'hiéroglyphique,  au 
moyen  d'un  original  grec  qu'on  trouvait  "',  soit  dans  l'accusatif  pluriel 
'Ayaiov;,  —  'AyatFo^  dans  l'orthographe  grecque  archaïque,  soit,  de  nui- 
nièrc  plus  satisfaisante,  dans  la  icslilulion  en  grec  de  rancicnne  fornu^  plu- 
rielle indo-européenne  en  -coç,  W/^'Xi.Vco^  '■'K  Mm^  si  A haionasha,  tout  au  con- 
traire, et  (-omine  il  est  extrêmement  [irobable,  on  viiuit  de  le  dire,  est  un 
or/gima/ asiani(|ue,  les  é(|uali()ns  pri)[>()si'M's  n'ont  plus  la  inênie  a[)parence.  La 
transcri[»tion  par  un  accusatif  pluriel,  en  grec,  tombe  comme  invraiseml)lable. 
La  tratiscriplion  par  le  viiMix  [)luriel  nominal  invoipié  en  dernier  lieu  reste 
piissililc:  luii'i-^  son  niiTanisnir  n'est  jminl  néeessiiire,  et  nous  pouvons  é-viter  d'en 
al)orilcr  la  (piestion  au  fond,  étant  donné  ([ue  Ahaiouasha  comporte  une  désinence 
séimialile  (ju'on  |>cut  conserver  ou  supprinuM-,  suivant  ro|)p((rtiniil('",  pour  les 
rapproclicnicnts  (Il asli(|ncs.  Il  esl  m'-cessairv  de  jnslilier  celle  fiicilit/',  dont 

(')  Étant  bien  constaté,  avec  Hess  en   \H'.H\,  l-i  Streitbcrg,  1896;  géiiérahMnciit  suivi  de- 

qiie    le   A-  du    vocal)lc   hicToglypliique    |ieiit  puis  lors  en  ce  mode  d'oxplicaliou. 

Irunscriir  piirfnis  lo  /  jîrw. 


PUKNICIRNS,  lÔGKENS  ET  HELLÈNES  DANS  LA  MÉDITERRANÉE  133 

roMMcicc  poiiiTiiil  si'iiil)I('i-  cnlatlirr  (rarltiliairc  les  o[i(''riili()iis  (lariahsc.  Kii 
ruisan  (lu  |)(:lit  ii()iiilir(^  (1rs  iKtiiis  i''|^i''0-cai'iiMis  dont  nous  [(ossi'mIoiis  des  lians- 
cri|ili((ris  liii-io^dv  iiIm(|ii('s.  fii-cn|in'S  ou  laliiio.  imiis  a|i|)i'll('r(iiis  en  ti'iimi- 
giKif^c,  ciisciiihlc,  cl  ci!UX  di;  la  (h'-siiicnct;  -  asliu,  d(jnt  la  riatiin;  a  l'-tt'!  ra|»- 
pcli-c  loiilà  riiciirc,  ut  (;(Miv  de  laiitrc  désiiiciicc-c//*/ —  Slninliiui.  DiiiiiinitiKi,  — 
(|tii  coiicsiMiiid,  lin  jr  sait  d  aiilcms.  ii  la  tian>(ii|ili()n  u'i'('(-"(|iii' -r,vo;.  aiiln,> 
cllini(|n(;  lr(''s  lr(''(|m'nl  en  Asie  .Mincnic. 

SliKiil-iiiH  ii\i\)\)i)Si'  le  l'adical  Sli((nlii.  iinnK'diali'ini'nl  atlcsli'-  [lai-  lr  lail  i|iic 
la  Sai(laij;rit'  s'aiiiicllc  llac^ôcov  cl  Siniliinu,  m, lis  anssi  Xapôco.  'J"'"d  au  noiii 
de  Sardes.  i^âf/'Jc^,  il  (misc  la  •jncslioii  de  savoir  si,  h  côti-  de  Slniiil-ruit.  il  n  y 
avait  point  un  l'tliniijui'  de  lautrc  forme,  SlKiiil-iislitt,  non  [MTii'[itilil('  [lar 
aillcufs. 

Les  Lyicns  n(>  nous  a|)|>araiss(Mit,  dans  riiii'>r(if;l\|diii|uc  de  Itanisi'-s  II  <'t 
do  .Minfjttali,  et  aussi  dans  le  cuniMloinic  des  Icltn-s  de  Ifll  Kl-Aniariia.  (|ue 
sous  la  l'oiMuc  radicale  Lniiliitnn.  I.inil.dii.  l.miU.i  :  mais  le  j;i-ec  a  r(inser\é, 
à  fùti'  de  /.///.'w,  une  sorte  de  douillet  Li/Liii'iii  i|ui  allcste  un  Lnnli-tmi  ori- 
ginal. 

L'lii(''roj;l\  |ihi(|ue  nous  a  conscr\(''  huinidii  et  Diiiiiinii-ii'i  :  c'ol  la  l'oiiue 
siMi|)le  (jui  a  [tassi'  dans  Aavaoc. 

XtxsXoi  est  [tcut-('trc  Zuhhtirou.  Si  louleroi>.  cniniiic  il  r-l  non  iiioin>  pos- 
silde,  ces  Sicnles  (''l;iient  des  Shiihdl-n^lin.  leur  iiomi  iiiipli(|iicrail  I  c\i>tence 
d'uiu'  lornie  orii^inale  simple  Sluihahi. 

\  oici  eidin  '/'o/n-sV/^M forme  radicale  '/'(»«/  prolialile.  liicn  ipn- non  alleslée», 
passé  dans  le  laliii  lùiiisci,  Titsci,  en  i;i-ec  d(''jà  daris  'VolçjGo:  cl  dans  l'aiilre  nom 
Tup<JT,voî  -^  l'uppïjvoî  (ces  deux  formes  ('([uivalentes,  /;  (''laut  la  forme  atllipie 
de  /-.s),  la  forme  TufJp-  reproduite,  à  ce  cpiil  sendde,  dans  Klntiia.  Le  nom  des 
'l'ilisriivs-Tiinliincs  c()mpor(e  rclliiii(|iu'  -r^^iQZ.  afllM'  en  d('>inence  à  imii-liii  pri- 
mitif ou  composi-  auli-rieurement. 

Il  l'essori  de  ces  con>lalations  (pie  poui-  iclroiiser  un  \un\\  asianiipie  en 
grec  ou  en  lalin.  il  laiiL  tanlol  prendre  r.oianiipic  td  ipic  noU'>  ra\on>.  tantôt 
rampiiler  de  la  désinence  etliui(|uc -av//»/ .  :;  -laaoz  ou -«w/ ;= -r)vc;^.  tanli'il 
su[)posei-.  au  i  (uilrain»,  sa  forme  simple  curie  liie  de  lim  ou  de  l'antre 
ethni(pie.  Et  ceci  bien  ac(piis.  lou(e>  le-- ,|iriii  iille>  po-.ec>  p.ir  la  considérution 
^.V  Mmion-iislia  londient  dun  >eul  coup,  car  le  nom  d(diarra>-<e  de  la  (lé>inence 


134  SYRIA 

ethnique  ressort  en  une  forme  originale  .J/.-rt/oHquiest  'Axatoîpur  et  simple'*'. 
Spécilîons  bien,  pour  prévenir  tout  malentendu,  qu'il  n'y  a  point  là  une 
preuve  que  la  forme  primitive  du  nom  soitl'asianique.  Une  fois  rethnique  asia- 
nique  supprimé,  et  les  vocables  Akaioii  et 'A/aioi  envisagés  dans  leur  simili- 
tude, ie  fait  de  leur  identité  fondamentale  est  seulement  devenu  beaucoup 
plus  clair,  mais  la  dérivation  se  présente  comme  également  possible  dans  un 
sens  et  dans  l'autre,  le  grec  transcrivant  la  forme  asianiquo  simple,  ou  bien  le 
complexe  asiani([ue  en-aslia  provenant  d'une  transcription  du  grec  enrichie 
ensuite  de  l'ethnique  et  reçue  sous  cette  forme  en  Egypte.  De  telle  manière 
qu'à  ne  considérer  que  les  formes,  l'incertitude  touchant  le  mécanisme  de  la 
dérivation  serait  au  moins  aussi  grande  qu'avant  l'analyse  simplificative  (ju'on 
vient  de  suivre.  11  reste  toutefois,  comme  nous  le  disions  en  commençant,  que 
Akaiouaslia,  comme  Daiiiiotuia,  d'ajirès  les  circonstances  historiques  dans  les- 
quelles on  les  rencontre,  représentent  très  probablement  des  Cariens, 
qu'ainsi  l'un  et  l'autre  noms  sont  très  proba])lement  des  oiiiiimti.i:  asianiques, 
et  Fou  enregistre  alors  qu'en  ce  qui  touche  le  premier,  sa  réduction  à 
la  forme  radicale  Ahalnn  fait  apparaître  la  transcription  grecijue  comme  une 
opération  très  immédiate  et  très  simple. 

Si  les  choses  sont  l)ien  ainsi,  il  faut  envisager  leur  signilii  atioii  liislorique. 
Voici  les  Achéens  qui  primitivement  sont  des  (^ariens.  .Mais  les  Aclircim  de  Grèce 
mml  des  Ilellèms.  Cette  dernière  proposition  est-elle  bien  exacte,  et  ne  compor- 
terait-elle pas,  du  coté  grec,  une  sorte  de  nuili'iitcii(hi.  de  di'foiiiiiitiun  pbis  on 
moins  consciente  et  certainement  très  ancienne,  de  notre  enté  à  nous  une  faute 
par  généralisation  abusive,  nous  faisant,  par  l'elfet  d'une  longue  habitude  et  de 
manière  trop  sinqjle,  mettre  tous  les  .\chéens  ensemble  et  voir  sur  le  même 
plan,  avec  les  Achéens  incontestablement  hellènes  des  temps  historiques, 
d'autres  Acliéem  bien  antérieurs,  des  Kgéo-mycéniens  ayant  occupé  le  Pélo- 
|)()iiiièsi'  à  IV'[)()i|iii'  uiili'-bclli'iiique  .'  Mais  il  est  à  peine  niu-essaire,  ici.  d'induii'e 
et  d(!  restituer,  car  la  [)réseiice  et  la  domiruition  de  ces  l']géens  dans  la  Grèce 
primitive  est  connue  des  Grecs  eux-mêmes,  dont  le  souvenir  en  conserve  des 
faits  et  des  images  de  la  plus  précieuse  netteté. 

Gonsidi'rons.  en  ellet.  le  groupe  de  ces  villes  de  l'Aigolide.  au  noid-esl  du 

l'i  Voir  la  iiolc  I,  p.  IM. 


I'm:XICIENS,  HGKHNS  ET  HELLENES  DANS  LA  Mi:i)ITEI!llANEE  L'35 

Pi'lopoiiiièsc,  si  cara(li''n«itii]in'mciit  et  |)(i-.iliviMiii'iit  iuilrlinllL'iii(|iics,  Argus. 
Tiryiitlio,  Mycùnos.  Oin-  nous  i;iji|inrlr'-l-iiii  sur  leur  fondation'.'  .V  .\r{îo.s  fst 
attaché  le  soiivciiii-  In-s  ancien  de  l'Egécn  IikiI.Iius.  cl  cidni  ili'  l'aiilrc  égécn 
Danaos,  i\\u'  nous  connaissons,  dantre  part,  dans  la  série  des  (^arii-ns  adver- 
saires de  Kanisès  III  (l)ainiou,  Dainiouna)  et  déjà  connus  d".\inénolliè-.  I\  Inng- 
tomps  au[)aravant;  do  la  famille  de  Danaos  est  l'elasijos,  et  leurs  descendants 
fondent  Mycènes.  i*ar  la  siiile  de  (pioi  survient  le  Phrygien  l'clups.  éponvnie  à 
très  Ji:s|e  lilre  di-  la  |(n'si|n'ili'.  |ini><|iie  les  tils  de  smi  lil>  AIrée.  .Vganiernnon 
et  .MiMiidas.  rt'îiuiisscMl  iiiir  sorte  diMUpii'e  pi-niiisuiairi'  eoniprenanl.  avec 
I  .Vchaïe  pr(i|)renient  dite  de  la  cùle  nord,  et  lArgolide  du  nord-est,  la  Laconiu 
de  re\lréinit(''  sud.  Nuilà  h;s  occupants  primitifs  du  Péloponnèse,  et  ce  sont 
justeniiiiit  les  Arlirciis  de  la  narration  hoiin''ri(iue.  Tout  ceci  peut  être  resserré 
en  peu  de  mots,  en  un  mot  uni(|ue.  savoir,  ([ue  l'Aclwen  par  excellence,  le  l'élo- 
pide  Agamemnon.  est  arrière-[ietit-lils  du  l'Itiju/ien  Tantale.  Il  est  impossihio 
de  fnrmider  en  termes  plus  clairs  une  position  ethnique. 

Tout  parait  donc  cuncorder.  «  Achi'ens  »  =  Akainii,  Aluiiinunihii  des 
(^ariens  Cdmuis  du  l'Iiai-anu  Miiicptali.  et  d  autre  part  Arlurii.  qui  est  I'i'Id- 
ponnrsieii.  ou  l'rloiiiilr.  ;=  Asiniiiniii;:  au  cd-ur  même  de  la  tradition  légendaire 
le  cercle  se  fernu'.  Kl  tout  de  suite  l'idée  se  f(Mine  que  ces  Aili-rns  de  la  famille 
égéeriiie.  daiis  le  Pélopoimèse.  sont  ceux  meun-s  (pie  devait  recouvrir  ou 
déplacer  riiivasioii  des  horiens.  les  premiers  Hellènes  iuduliitahles. 

La  simpliciti-  de  ce  talilrau  renconire  mallieureusemeiil  de>  diriicultés 
gi-aves.  Diiliculli's  (laii>  la  Irailllion  même,  ipii  e>|  ilnulilr  l'U  ipiidiiue  siu-le, 
coidradictoirr  :  diliicultès  sur  le  plan  de  l'histoire,  où  les  .Vchéens  lidlùiws  ne  .se 
laissent  [mini  supprimer  avec  laisaïu'e  ipu»  ferait  entrevoir  la  juM'-eédeute 
es(  plisse. 

Le  phéiu)iuène  Iraditionmd  est.  au  premier  ahord,  étrange.  Uédiiil  à  ses 
tonnes  essentiels,  mis  de  cote  d  ailleurs  les  immigrés  des  premiers  âges,  les 
Inaklios  et  les  Danaos  venus  iroutre-mer,  ee  |diéiiomèno  ctuisisie  en  ce  ipie 
I  .Vchéen  «  .\gamemnon  »  est  de  souche  plirvgienne.  et  qu fu  même  loui[is 
rien  n'est  plus  spécitiipiement.  plus  re|)résenlativi'menl  lielléniipn'  qu'  «  .\ga- 
nieiimon  ..  cl  la  chose  achéenne  tout  entière.  Tout  >e  présente  comme  si 
deux  transmissions  Iratlitioimcdles  interféraient  »<nseml)le  et  se  superposaient 
dans  la  littérature,  une  premièn»  forme,  qu'on  serait  lenle  d'appeler /loV-'/K/iif 


136  SYRIA 

ou  authentique,  dans  laquelle  les  Pélopides  et  les  nations  qu'ils  représentent 
sont  égéo-asianiques,  une  deuxième  forme,  Vliomérique.  dans  laquelle  les 
«  Achécns  »  sont  englobés  dans  Thellénisme,  les  Pélopides  transposés  en  héros 
et  en  rois  d'un  monde  hellénique.  Cette  dernière  forme  est  évidemment  de 
deuxième  stade  ;  les  annexions  à  Thellénisme  dont  elle  est  le  résultat  procèdent 
d'une  tendance  extrêmement  naturelle  et  très  générale.  De  même  exactement, 
lorsque  les  Israélites  eurent  conquis  la  Palestine,  ils  s'approprièrent,  avec  les 
religions  locales  déclarées  israélites  d'origine,  les  éponymes  et  les  fondateurs 
de  cultes,  transposés  en  patriarches  israélites  de  l'ancienne  époque.  L'  «  hellé- 
nisation  »  des  Pélopides  va  donc  sans  difficulté,  quant  à  l'explication  du  déve- 
loppement de  la  tradition.  Mais  1"  «  hellénisation  »  des  Achéens  fut-elle 
accomplie  parla  même?  En  d'autres  termes,  Achéen  élait-il  identique,  primi- 
tivement, à  «  Agamemnon  ».  Égéo-Asianique ?  En  d'autres  termes  encore,  les 
Arlii'-en.'i  antérieurs  h  l'invasion  dorienne  élaient-ils  bien  des  Egéens  comme,  un 
peu  pbis  liMiit.  iKMis  pouvions  inclinera  le  croire:' 

Ici  se  présente  l'objection  historique,  fondée  sur  l'ensemble  d'une  situa- 
tion linguistique  que  A.  Maillet  veut  bien  me  signaler  et  qu'il  résume  dans  les 
termes  brefs  et  clairs  qu'on  va  voir.  Qu'est-ce.  d'abord,  que  le  mot  )ichmi 
désigne  chez  les  Grecs?  «  Les  parlers  grecs  arcadien.  pamphylien  et  cypriote 
forment  un  tout  qui  parait  bien  n'-pondre  à  ce  que  les  (irecs  nomment  nrlurn.  » 
Et  ceci  noté,  «  idiisicurs  faits  linguistiipii's  nioutretil  que.  iiolaniuKMit.  les 
parlers  doriens  de  r(''po(|ue  bistori(jU(^  recouvrent  un  substrat  liuguisticiue  du 
ty[i('  anado-eypriofe.  donc  adiéen  ».  D'où  il  ressort  (ju'au-dessous  des  Doriens. 
il  l'iiiil  biiMi  qu'il  )  ait  eu  des  Achéens  hellénirjues.  .Mais  il  n'eu  subsiste  pas 
moins  Akaion  de  la  documeulation  égy[ttienne.  égéo-asianique  très  prol)al)le- 
ment.  et  "  Agami-iimon  »  |)lirygieu:  la  contrailiction  va-t-elle  rire  irrédactil)le  :' 

il  srinlilc  qui'.  |(our  satisfaire  aux  ni'-cessilés  de  tous  les  témoignages,  on 
ne  puisse  évitei'  de  ilislingut-r.  diiiis  riiisloire  des  AcIk'tiis  et  du  nom  iViiclircn, 
deux  |iériodes.  La  ju-euiière  est  riinl(''li(di(''iii(iue.  Elle  comiu'eiid  les  longs 
sièclr>,  coiifusrMii'nl  ctilrevus.  où  airivcul  dans  le  l'idoponnèse  les  marilinu's 
des  premiers  bans  l(''gendaires.  InaKIios,  Danaos.  [tuis  les  Pélopides  del'i'iniiire 
péninsulain^  d'.VgaïueuiiHtu  et  Aléuélas.  Arhrcim  véiilables  sans  doute.  Li'Ui- 
règne  —  occu|iatioM  cl  douiiiialion  ('■géemies  dans  le  INMopounèse—  ju'eiid  lin 
a\rc    l'anivi'-c  de-    prcmirrs    Hellènes,  ceuv  ipiou  appelle  les  Aclu'nis  d'ordi- 


PHÉNICIENS,  KC.ÉENS  ET  IIEELENES  DANS  LA  MEDITEnnANÉE   137 

nnirc;  il  l'aiit  coiiipifinlro  sans  doiitr'  (|ii('  le  nom  ('gi-cn  cA  rc^lt-  fiM-  au  [lays 
t'I  )|ii'ii  a  (II' si  fini'  sns  iiouvcaux  OLCUjiaiils.  Diiriiciil  inslalli-s.  ces  Atliéfris 
liclli-iics  (iiil  l'ir.  par  la  suite,  ih'possfîdés,  (l«''|ilacrs  ou  rcciiuvcrls  par  le* 
Ditricns.  (((iimic  la  lta<liliiiii  le  ra|ipiiili'  cl  cnimiii'  les  (ails  liiiiinisliqucs  on 
t('!ni()ignriil. 

Cette  rostilntiori  dos  circoiislancos  liisloiicpns  c-l  nii  prn  plus  cdinplcvo 
quo  oollo  (jui  nous  était  ap[iaruc  d  alionl.  mais  la  Vfiili'-  liist(»iiipii'  est  larc- 
mcid  simple:  et  par  ciintrc,  à  la  lumière  des  faits  ainsi  admis,  l'rlalioralion 
de  la  rtiiiiir  traililinnriclli'  que  nous  avons  appidi'-c  \'liiiiii'rii/iii'  si-  pri'scnle 
cuiunn-  Inrii  plus  facile  et  plus  simiile  qu'il  n'a\ait  lieu  au|iaravanl.  Car  les 
Arhrens  immédiatement  anlcricurs  aux  Dmicns  étant  hellènes,  très  uuthenli- 
ipiciuciil.  aucune  adaptation  n'est  plus  nécessaire  du  côté  de  cette  position 
etlmi(jue,  i-l  pour  la  littérature  nationale  des  Heilèm's  il  ne  reste  plus  ù 
annexer,  dans  le  Pélopoimèse  du  stade  jiélopide,  (ju'  «  Agamenmon  »  vX  les 
autii's  ligures  de  sa  faïuille. 

Arrivés  au  terme  de  cette  analyse,  nous  ne  sonj^erons  point  à  nous  étonner 
que  les  témiiifj;iuiges  envisagi's  par  nous  et  les  diflicultés  ([u'ils  font  ressortir, 
soient  longtcuqis  resiés  sans  cire  pris  en  c(in-.idération  comme  il  eût  été  m'-- 
cessaire  pour  éclairer  les  fait-;:  car.  nuire  qu Cn  ce  ipii  coni'crne  le  nom  des 
Aeliéens.  nu  clicrcli.iil  l(iMiiMii>  ii  déri\cr  la  forme  asianique  des  !iiéroghplie>. 
dnii  original  grec  supposé,  on  considérait,  d'autre  pail.  1'  u  jicilénisiue  » 
[)rim(irdial  dti  ces  .Aeliéens  comme  une  .sorte  d  axiome,  accepté  à  la  manière 
de  (pu'lque  vérité  naturelle,  horpfeld  pen.sc  l"  que  la  guerre  ipii  ahoutit  à  la 
grande  catastrnplic  liu  [iilais  de  Knossos.  vers  l.'iOO.  consista  en  uni'  invasion 
de  la  Crète  ()ar  de>  gen>  \emis  de  la  Crèce  continentale,  et  dans  les  envahis- 
seurs, il  reconnaît  les  .Iclin-ns,  un  ancien  élément  de  population  indo-eun»- 
péennc.  D'où  il  ressort,  précisera  un  peu  plus  tard  Dussaud '-*',  que  «  pour 
M.  [)or|)feld.  les  .Minnens  >ont  des  .Uhéens.  c'est-à-dire  mie  |)opiilation  assez 
proche  parente  des  (irecs  ».  C'est  hien  cela,  et  Ed.  .Meyer,  en  son  histoire  gé- 
nérale, suit  très  lidèlement  Dôrpfeld  hu-sque  ayant  évoqué  la  descente  des 
llollènes  do  la  péninsule  balkanique,  dont  «  une  première  vague...  est  cons- 
tituée par  ces  peuples  qui  ont    adopté    la   civilisation  mycénienne    et  ilont 

Cl    Mit.     Milleilitiujen,    X.V.\1    (IWti).    pp.  \^^  Uvsswd,  Us  CivilUaliuns préhellcniijuft, 

i(«--2l8.  1910.  p.  iSO. 

SlHIA.  —    II.  18 


138  S  Y  m  A 

l'épopée  a  connaissance  (les  Achéens).  une  tleuxiéme  vague  conipremuit  les 
Doriens  et  les  peuples  apparentés  du  Nord-Ouest'''  »,  il  indique,  plus  loin, 
que  la  civilisation  de  la  Grèce  continentale,  jusque  dans  la  dernière  partie  du 
II"  millénaire,  est  entièrement  dépendante  de  celle  du  monde  maritime,  des 
Cyclades  et  de  la  Crète,  mais  qu  «  à  cette  époque,  indul)italjlement,  vivent 
depuis  longtemps,  dans  ce  domaine  continental,  des  peuples  grecs  de  la  plus 
ancienne  couche  (rachéenne);car  c"est  vers  le  quinzième  siècle,  au  plus  tard, 
que  l'on  constate  la  première  avancée  des  Grecs  par  la  mer,  de  telle  manière 
qu'il  faut  bien  que  sur  le  continent  et  dans  le  Péloponnèse,  à  cette  date,  ils 
aient  été  les  maîtres  depuis  longtemps  '-'.  »  L'avancée  maritime  que  Meycr  a  en 
vue  est  l'invasion  acliéenne  en  Crète  vers  1500.  (pie  Dèu-pfclda  cru  apercevoir, 
et  l'on  relève  que  Meyer,  toujours  à  la  suite  de  Dorpfeld,  est  très  influencé  ici 
par  ce  passage  de  VOdyssée  (XIX,  17(3-179)  d'après  lequel  la  population  Cretoise 
comprendrait,  à  côté  dlùi'ocrétois,  de  Prhisf/cs  et  de  Kijdimiens,  des  Âchécns  et  des 
Doriens;  Meyer  pense  '^>  que  Kydoniens  et  Kléocrétois  de  ce  tableau  sont  la 
population  primitive  de  l'île,  où  les  Pélasges  ne  sont  que  des  immigrés  :  «  Ils 
seront  arrivés  là  tout  aussi  facilement  (pie  devaient  le  faire  les  Doriens  de 
Tliessalie  »,  antérieurs  sans  doute  à  la  venue  des  Hellènes,  Achéens  et  Doriens, 
du  dernier  stade. 

On  est  extrêmement  surpris  de  la  facilité  avec  laquelle  Ed.  Meyer  se  range 
à  traiter  cette  notice  de  VOili/sair  comme  valable  hisluriquement  et  à  en  faire 
la  base,  ou  y  Irouvecla  conlicnialidii.  d'induclidiis  iiisl(jriques  comme  celle  de 
l'arrivée  d"«  Achéens  »  en  Crète  vers  le  (piin/.ième  siècle.  iS'est-il  pdiid  clair 
que  le  passage  visé  n'a  de  signification  positive  (pie  pour  les  b:'mps  de  la  pleine 
ex[)aiisi(iii  lielb'uiipie  dans  l;i  Ab'dilcriaiK'e.  — iiii  onzième  siècle  et  plus  lard, 
nous  rencontrerons  cette  précision  tout  à  l'heure  —  et  plus  sim[)lemenl  encore, 
peut-être,  dépeint  une  situation  ilc  fi'']ui(iHc  iiiniie  de  lu  réddelion  du  poème.  si)it  du 
huitième  siècle  ou  du  se[iti('me  siècle:'  On  ii  :i  le  droit  d'en  rien  conclure 
(piant  aux  choses   et  aux  événements  de   ciiu]  ou  sept  siècles  antérieurs"'. 

Des  Hellènes  en  Crèt(\  d'ailleurs,  dès  la  date  de  l.'iOO,  cela  parait  invrai- 
scnilil.d)lc  II  plM.sicMr>  lii>lorii'ns.  cl   Ton   note  ipic  [)cu  de  temps  aMint  le  nu'- 

(li  Ri..  Mkucii,  Ce^rh.des   Mlcrliimn.    I,  ii,  l^i  Ei..  MKVErv,  tbiri.,  §§  503,  507,  SI  i. 

2"  éd.  (1000),  jj  .'iOO.  ('•  (;f.    les   conclusions   de   Dussaud,    f,iii. 

('I  E».  Mku;ii,  ibiil.,  g  ,V2G.  préliell.  (2»  éd.,  I9U),  p.  «0-400. 


PFIHNICIENS,  KGKF.NS  ET  IIELI.HNES  DANS  LA  MÉDITERMANÉE   139 

inoiro  <Ic  |)oi|>fcl(l.  .MacKcnzic  '"  avait  cxpriiiK'  l'avis  t\uf  les  crivaliissours  de 
lilo  avaient  (''II-  di-s  l'rlasgrs.  Par  ailleurs.  i{()iialil  M.  IJiiriuws.  on  son  exposé 
d'ensemble'-',  ne  trouve  rii'U  de  |iarlirulii"'irui(Mit  si,miilitatif  à  la  légende  du 
l'liivj,'i('ii  l'r'lii|is;  il  range  l'i-loiis  dans  la  eatégmie  de  ees  autres  Kgéens  indu- 
bitables. Miiiiis,  Daaaos.  les  i'erséides.  l'I,  ((insidi-raiit  (jue  b-s  Achéens  sont 
des  Hellrnes.  il  spéeifie  avec  stiiu  ijue  «  .Vgaiiienîiion  il  lis  l'i'Iopides  ne  sont 
pas  Acbrens  du  tout  »,  ce  (|ui  est  aduiirableiueiit  simple  lu  scrupule  le  tient, 
tiiutelois  :  voudrait-on  absidumcut  idrntiliir  Aiin'riis  cl  /'('///.v'/o  .^  11  serait  néces- 
saire alors  de  lie  point  ignorer  non  plus  Li'lrijes  A  .l/(/;(/V//.s\d"expli(iuer  des  cas  tels 
ipn'  ceux  des  Tcunirns  et  des  Dtnuints.  .Mais  iiien  certainement  ;  ces  explications 
étaient  déjà  très  avancées,  du  temps  du  livre  de  Hurrows,  et  l'on  comprend 
mal  sa  réserve. 

l'resipir  conti'iiiporain  du  livre  précité'  d'Kd.  .Me\er,  voici  l'nfln  le  manuel 
connu  di>  Itrni-  hiissaiid.  où.  dans  un  tableau  de  la  siqierposition  des  po[)nla- 
tioiis  en  (iiéir.  tilli'  (inrlji'  ri'ssort  de  bonnes  étuili's  d'analyse  toponymi(|ue, 
on  voit  paraiire  '",  au-dessus  des  PiHdsijcs  et  l.rliys  primitifs,  tout  de  suite 
accompagnés  {\' IClviinrUiis,  de  Lijciois  et  de  O/mV/i.s-,  un  étagi'  illiiin-llinire.  et  en 
dernier  lien  VvUi'j^i'  ;/rer,  en  deux  courants,  Arlii'eiis^  à  Iduesl.  hjnlii-ns  à  l'est. 
«  Successivement,  les  .Vchéens,  les  Ivdiens.  puis  le  groupe  guerrier  des  l»o- 
riens  gagnent  la  Grèce  et  les  lies.  » 

Chez  tous  ces  historiens,  comme  on  \oil,  poini  de  lumr  ipie  \os  Arln'eus 
puissent  jamais  avoir  été  autre  cbose  (pn^  des  Hellènes,  et  lorscpie  la  (piestion 
es!  el'lleurée  par  basai'd,  comme  il  arrive  à  Burrows  de  le  faire,  on  lui  op[iose 
nin-  soile  de  icrns  d  inliiinier  si'paranl  "  .\cliéen  »  d"  «  .Vgamemnon  ».  au  mé- 
pris de  toute  la  tradition  épi(pie.  In  seul  »  berclieur.  à  nidre  connaissance,  a 
jusqu'à  ce  jour  tenté'  de  sortir  du  cercle  de  ces  vues  consacrées  par  un  long 
usage.  S.  Tbomson.  ipii.  en  l'.M2  et  en  l'.ti:!.  a  envisagé  île  manière  remanpia- 
blemenl  originale  le  "  mvcénisme  «des  l'élopides.  [uiis  la  possibilité  d  une  pro- 
venance a>iani(pie   des  .Vcliéens  '".    F^a    ('iiiif''d('nilii)n  tiiidinnnniiiiinnu'.  d'après 

('>  .1/1(1.  iif  Ihf   /(/-.    .sV/it)o(    .)/  Mlieiii,    \\  iiii-iiiio  ft  li-  oatalo^uo  îles  peuples  d'Homôre, 

(lilOMiKl'»',  p.  ■i'îi.  dans  .\niials  «/  .Krclifuloyy  nnd  Anihropulogy 

l'I    IloNAi.u  M.  BuHiiows.  Tlw  DUcoverici  in  ilo  IT'niversilé  île  LivcrpuoI,  IV.   n°  4  (lOtii, 

Crète,  l!H)7,  pp.   20l-'20;j.  p.  1-28  cl   suiv.  ;   Soine  nuirs  on    llomeric    Ar- 

l^j  Dlssaih,  lin:  cil.   -J»  ni..    l'.M  II,  p.  li()-l.  moiir,  niôuies    \nnals.  Y  1 191.3),    voir  notam- 

(•I   S.  TiioMsio,  sur    la   civilisHliuii    luyrô  menl  p.  '.'0. 


140  SYRIA 

Thomson,  sciait,  dans  le  principe,  une  liste  des  puissances  de  la  famille  mycé- 
nienne, d'une  sorte  d'imperium  mycénien  à  l'ouest  de  la  mer  Egée,  et  seulement 
accessoirement  serait  devenue  un  tableau  des  peuples  alliés  contre  Troie; 
quant  aux  Ack-ens,  c'est  très  naturellement  le  rôle  qu'ils  jouent  dans  le  docu- 
ment égyptien,  parmi  les  autres  agresseurs  de  l'Egypte,  qui  suggère  à 
Thomson  qu'ils  seraient  venus  d'Asie  Mineure,  et  cette  provenance,  dit-il,  expli- 
querait du  même  coup  l'arrivée  d'Ach'Jens  en  Grèce. 

Au  cours  des  pages  qui  précèdent,  nous  navons  point  dit  autre  chose  en 
somme,  sauf  que  nous  avons  été  conduit  à  admettre  que  si  les  Achéens  pri- 
mitifs du  Péloponnèse  étaient  bien  de  souche  et  de  nom  asianiques,  des  Hel- 
lène de  stade  ancien  les  avaient  recouverts,  assez  complètement  et  d'assez 
bonne  heure  pour  que  1"  «  Achaïe  »  envahie  par  les  Doriens  fût  un  pays  hellé- 
nique. En  corrélation  avec  le  fait  très  probable  des  Achmis  primitifs  venus 
d'Asie  Mineure,  nous  noterons  seulement  encore  que,  tout  à  fait  indépendam- 
ment do  la  (luestion  aducnnc  et  de  manière  plus  générale,  une  couche  lycu-asia- 
mi{ue  est  nettement  connue  parmi  celles  dont  la  superposition  a  constitué  la 
population  de  la  Grèce  antéhellénique  ;  comme  on  l'a  dit  tout  à  l'heure,  d'après 
Dussaud  résumant  le  résultat  des  études  de  Kretschmer  et  de  Fick  O,  des 
Ljick-m,  des  dirlcns  cl  des  Etrocrrtais  sont  (m  Grèce  avant  même  l'arrivée  du  ilôt 
illyro-tlirace,  (pii  lui-même  a  précédé  les  Hellènes.  Les  Achcens  primitifs 
arrivés  d'outre-nier  sont  bien  pi'ol)ai)lemont  du  groupe  très  ancien  de  ces 
Lycienu  et  Cariots,  eu  Grèci-.  dont  i'anahse  lopoMvniicpie  décèle  la  i^é- 
sence. 

La  cbronologii!  des  événements  ne  peut,  l)ien  enlentln.  être  précisée  avec 
certitude.  D'apiès  1(!S  tlonnées  de  la  rlironologie  alexandrine,  c'est  au  qua- 
torzième siècle  (|Ue  les  Hellènes  descendant  <lu  .Nord  (ih-  «  Thessalie  «)  arrivent 
en  Grèce;  rien  n'empêche  de  croire  (pi'à  cette  époque  les  Asiani(|ues antérieurs 
aii\  111)  ro-llirares.  et  les  Aclh'ens  |iiirMii  eux,  étaient  en  (irèce  depuis  long- 
temps ;  ces  iVchéens  seraient  donc  de  i)eaucoup  les  aines  de  leurs  congénères 
guerriers  (pii.  des  rivages  cariens.  se  portent  à  l'attaciuc  del'Kgyiile  \ers  M'M). 
Ra[>p(dons,  d'un  mol,  les  grandes  (•laiies  de  i'insl;illali((n  et  de  la  progression 
lie!léni(|nes.  an\  dales  (|ii'enregisli'e  la   niènie  cliidiiologie  liadilioiiuelle.  \'ers 

('I  KnKi.ti:iiMi;ii, /;/»/W////i|;  i;i  ilii-  Cr.-irliii'litu  \(>r;irifcliisclieOrlKrmmfii,   l!M),'i;  cl'.  Diissiiud, 

dcr  ijrU-cUisilu-n  Sj,r<irl,f,   Is:»;,  d    A.  Imck,  lue.  cil.  (Wli),  p.  UO-i. 


PHÉNICIENS,  ÉGÉENS  ET  HELLÈNES  DANS  LA  MÉDITErUlAN'KE   l'.l 

1200,  —  le  l'i'loponni'se  est  occupé,  depuis  un  sic-cle  <tu  dmix,  par  les 
«  Aclif'cns  I)  licllrrics.  successeurs  des  Égéens  —  les  étais  helléni(jues  des 
ahoiils  (II'  rislliiiii'  lixiiit  Inir  organisation  et  achèvent  de  secouer  le  joug  des 
sn/.orainclés  iiiariliiiios  (Thésée).  ^  ers  1100,  les  Doriens  font  iiivasioti  dans  le 
Péloponnèse.  Xcrs  jO.iO,  les  «  Ioniens  »  passent  la  nier  et  priMiiieiil  pied  en 
Asie  MirKMire.  Siinnltanéinenl.  on  ne  peut  l'-viler  de  l'admellre.  la  Crète  est 
ahordée  [lar  les  Hellènes,  Achéens  et  Doriens  sans  doute,  et  il  est  exirènienient 
remarquable  de  lrou\er-  le  tenue  de  lO.JO,  comme  date  de  lapparition  des 
Hellènes  en  Crète,  conlirnu'  |»ar  Tarchéologie  '". 


IV 


Toutes  réserves  faites  (piaiil  à  i'exactilude  des  rhilfics.  il  seiuldi-  (|u"en  ce 
raccourci  on  récupère  une  iiiia^c  de  raviincée  helir'iii(pie.  eu  large  nappe,  sur 
le  monde  gréco-égéen.  pendant  les  premiers  siècles  de  la  durée  du  vaste  phé- 
nouu''ne.  Cela  est  intéressant  lorscpron  cherche  h  voir  la  succession  des  événe- 
ments par  Ies(|U(ds  cet  ancien  nujude  de  la  Méditerranée  orientale  est  allé  à 
l'ahime  '-'. 

Il  y  eut,  à  ce  (pi  il  semble,  couuuotions  inti'ricurcs  et  rupture,  puis  sub- 
mersion. Knossos  garde  les  vestiges  de  grands  incendies  qui  ne  peuvent  être 
(pie  lies  ('vénemiMits  de   n'volution  ou  do   guerre,  et  dont  1'  «  emplacement  » 


C'  l,a  diroiiologic  urcliéologiquc  dos  pé- 
riodes «  niinoonnes  »,  élnblie  par  Evans, 
siluo  l'apparition  des  Indo-Kiiropéens  en  Crôli- 
([uelque  temps  après  la  X.XI"  dynastie  égyp- 
tienne (le  mi/rocH  Itinlif  /// déj&  franrlii).  On 
voit,  d'après  cela,  que  le  passage  cité  plus 
haut  A'Odyaèi',  XIX,  170-17!),  enre};islraut  en 
Crète  des  AchiFus  et  des  Doriens  A  côté  de 
Kydoniens,  iVÉtêocrèlois  et  de  Pélnsijes,  pour- 
rait à  la  rigueur  so  référer  i\  une  situation 
historique  authentique  de  l'an  KHKI,  encore 
qu'il  soit  bien  possildc,  nous  l'avons  remar- 
qué, que  Kl  notice  passée  dans  le  poème  soit 
de  plus  on  moins  longtemps  post<''rieure. 

l"  Revenons  nue  dernière  fois,  à  ce  propos, 
au  livre  préciléde  M.  Autran.  pour  noter  qu'il 


ne  servirait  de  rien  de  supposer,  ovec  lui. 
que  11  sa  richesse  même  a  détruit  ce  monde  », 
et  qu'il  serait  liien  dangereux  de  le  suivre 
lorsqu'il  indiiiue  la  <•  souveraineté  tie  Minos  ■> 
parmi  les  causes  hostiles  i»  une  société  Bsia- 
nique  d'ivaxTt;  auxquels  les  empires  étaient 
préjudicialiles,  on  que,  plus  étrangement  en- 
core, il  retrouve  un  mécanisme  de  l'affran- 
chissement des  populations  en  Grèce  et  en 
Italie,  où  le  «  natif  »  arriva  h  se  révolter 
contre  le  colon  protecteur  asiauique.  Quel 
1'  natif  •> '.'  I/Indo-Kuropéen  nouveau  venu, 
rilaliole  latin,  l'Hellène  surpi  des  ténèbres  de 
la  Thrace'.'  On  a  peine  h  suivre  ces  considéra- 
tions trop  éloignées  de  la  nature  des  choses. 


142  SYRIA 

archéologique  [leriuot  de  situer  vers  loUO  la  disjiariliun  de  la  grande  organisa- 
tion impériale.  Les  Cariens  avaient-ils  pris  leur  revanche  contre  «  Minos  '"  »  ? 
On  le  croirait,  car  si  en  Asie  Mineure  et  en  Syrie  du  Nord  grandit  TEinpire  des 
Kheta,  on  voit,  presque  en  même  temps  et  dans  des  conditions  qui  décèlent 
un  grand  tumulte,  les  Peuples  de  la  Mer  se  jeter  en  guerre  avec  les  Khela,  avec 
les  Lihyens,  contre  l'Kgypte  ou  dans  les  rangs  de  lEgyiite.  On  croit  deviner 
comme  un  tourbillonnement  dans  le  bassin  clos  de  la  mer  orientale,  de  ces 
clans  armés  en  quête  d'un  territoire,  dont  certains  occupent  déjà  la  Grèce, 
dont  d'autres  arrivent  à  sinstaller  en  Palestine  ou,  hardiment,  se  transportent 
aux  pays  lointains  de  l'ouest  maritime.  11  ressort  clairement,  de  toute  manière, 
que  ces  aventuriers  se  sont  heurtés  au  mur  de  l'Egypte  impénétrable,  peut-être 
aussi  à  la  digue  épaisse  de  la  Syrie  sémitique;  tout  à  fait  de  même,  malgré  la 
différence  d'aspect  des  événements,  l'avance  des  Kheta  avait  été  bornée  par 
l'Empire  égypfo-syrien  de  Ramsès  II,  et,  ailleurs  encore,  sur  la  cote  syrienne, 
la  colonisation  paisilde  des  Egéens  de  la  gramle  épo(pie  était  loujours  restée 
comme  un  ourlet,  une  frange  d'écume  marine  bonlaid  ie  pa\s  soHdc  et  réfrac- 
taire.  Le  fond  sud-est  de  la  .Méditerranée  jouait  le  rolc  pour  le  monde  égéo- 
asianique.  d'un  horizon  iufrancliissal)le,  d'une  clôture  elfeclive  et.  si  l'on  [leut 
dire,  iiatiiicllc  Or.  au  temps  inèin(>  où  les  émigrations  sorlies  d'.Vsie  .Mineure 
venaient  se  briser  à  cette  ligue,  le  monde  égéen  reculait,  à  l'auli-e  bout,  sous 
la  pression  <les  Hellènes  qui  débouchaient  du  nord  en  masses  inépiiisaiiles. 

.\u  cours  de  plusieurs  siècles,  ces  envahisseurs  occiq)eiit  la  (irèee  conti- 
nental(\  par  étapes,  puis  les  lies,  puis  la  Crète,  vers  le  onzième  sièch^'-',  en 
même  temps  sans  doute,  nous  l'avons  dit.  tpi'ils  bordent  les  côtes  de  l.Vsie  Mi- 
neure. Le  monde  aniMeii  ne  pouvait  (jue  succoiid)er  et  s'i'teindi'e  :  pour  elVacer 
une  société  et  une;  civilisation,  une  «  invasion  des  Haibaies  ».  une  lente,  lourde 
et  large  vague  humaine  sans  recul  exerce  des  t>lfets  autrement  icdoutaliles  (pie 
les  ébranlemenls  des  concpiètes  impi'riales.   Aiiloiiiatic|ueiiieiil.    loulel'ois.    et 

C  Comme  nous    avons  eu  plus    haut  ù   le  De  maiiièiv  génénile.  l'idée  <le  jiuerres  inter- 

noler,  eerinins  croient  ù  une  invasion  «  péliis-  éfjéfnnes,    à  eelte    t'iuxine    lointaine,    est    (le 

gique  1)  en  Crète  (Macken/.ie.  lilCil,  taudis  que  beaucoup  la  pins  vraisenildable,  et   tel  parait 

Dcirpffild,  par  exemple,  en  l'J06,  croit  deviner  être,   en  diiiiiei-    lien,    le  sciilinient   d'Kvans 

rurrivée  <les  .Ir/iir/is  de  la  Grèce  conlirii'Utale,  liiiiiiènie. 

ces  Aehéeiis  considérés  déjà   comme  des  llel-  \'-'  Vnir  p.  111.  iiolc  1. 
lènes.  Nous  avons  critiqué  cette  dernière  vue. 


IMIKNICIKNS,  KC.KRNS  ET  HELLENES  DANS  LA  MliDITErUîANÉE  \V.l 

|)iircr  (jii'il  y  a  une  ^'ranili-  force  di-  n'-sislaiice  dans  les  or^'aiiismcs  \ivanls,  lo 
lUDiulc  (Mivalii  se  (li'l'i'iid  en  di-s  ri'lrailcs,  un  hicii  il  riiicrj;!'  liljnMiicid.  par 
[)lac(!S,  siil)>i>li'  cl  survit  diiiaril  de  lnnj;iii's  [M-riddis.  ?Sniis  a\oii>dr-jà  rappidé 
(|u  au  Iruisirnif  siùclc  avant  .L-(l..  à  Lli\  prr.  un  svllaliairo  diTivi'  de  la  vieille 
écriture  crcMoist^  et  adapté  au  ;;r'ec  depuis  Intij^tenips  servait  tnujours  ii  eel  usafîe 
et  (•(lutiiiiiail.  d'autre  part,  à  écrire  la  lan:,qic  priniilivc  de  l'ilc  rpie  iiiius  ne 
c(Hnpri'U(iu>  [)as.  A  la  inèuie  date  de  .Klii.  rLliiirie  à  la  lan^'in-  incoriMue, 
itatlue  eu  liréclie  par  les  Honiains.   i-i'-sistail  ciicoi-c. 

(le  ni'st  poiid.  toutcrois.  eu  ces  pi\s  de  ^'raiid  pa>saj,'e  i|ue  ri'jri'd-niycé- 
nisrne  eut  ses  deruiéres  ciladidles.  mais  sans  di/ule  dans  l'Asie  Mineure  pro- 
fonde, pleine  des  perrples  cl  des  lairjiues  de  la  vieille  sorrc  Ire,  coiir  redontalile 
subsislarri  crrtrc  le  vieux  rrrurnlc  s(''rrrilii|uc  cl  la  jeune  >oci(''l(''  irrdn-eirr'opi'cnrre 
du  Nord.  A  son  tour-,  d  ailleurs.  l'Asie  Mirrerwe  devait  errti'i-r  dairs  l'or'he  du 
iTionde  f^r-ee.  cl  dés  loo  rr(Mi>  la  conrrrrissorrs.  Mais  piurr'  la  jn-r-iode  arrlidudle- 
irirpre,  i\i-  ci'  hioc  Irnriraiii  illiruili''.  irr>ondalili'.  colré-ri'rrt  jrrxpr'.'i  ri-!rr|drr'ale  et 
an  Tigr'c,  jus{|u'arr  (iancase,  Itien  plirs  loin  pcut-ètr-e.  norrs  ne  s;i\orrs  rii-n,  orr 
airssi  hii^n  ipie  rierr,  et  poirrt  davanlauc  rrorr-  ne  sorrrnres  iirsti'irils  des  seclirnrs 
rni'dilcrr'arrccrrrrcs  (lir  rrrérrrc  ciiscrrriilc.  eu  (iréce  continerrtale.  darrs  rEgi''e,  en 
(Irèlc  cl  darrs  la  irrvslériense  Liliyi".  ou  noirsavoirs  le  liém'dice  orr  rillrrsicur  d'rrrri' 
vuo  d'errserrrhie  des  (dioses,  sans  rpie  la  prr'-oisiorr  de  riri>toir-i'  rrorrs  soil  acee>- 
sil)lc  porrr  la  plus  pcliic  partie.  (Icllc  lri>loir-e  n'est  [loirrt  pcrdrre.  ceperrdairt  : 
(die  i;rl.  Icllic  rrror'te  porri'  iioir>.  dans  la  rrrasse  des  irrscripliorrs  irrcorn|>r'idn'ir- 
sililcs  drr  liassiir  rriiMlilcrraiii'cii.  dans  lc>  textes  cir  alplralicts  corrrrus  mais 
irr(«xpli(pii-s  de  Crète  (éleoer-étois  i.  d'Italie  id  d'  \>ic  Mirri'rrri'.  darr>  le  >\  lia  liai  r-e 
di'cirill'ré  de  l'ilc  de  Clrvpr'c.  darrs  la  collceliorr  des  lalilcito  crétoi>es  non 
rriciric  dccliillrccs  |ilroii(''ti(prerr\ciil,  (larr>  l'inmrerrse  M'ric  di'S  irrscriplioiis 
iiiéroglv  [iliiiprcs  d'A>ic  Mirrcirrc.  dorri  le  s\>lénrecst  pridialilcrrrcrrt  à  l'oiii^ini' 
de  loirs  les  airtrcs.  Mais  la  rrrrit  rr'cst  point  étei'rridie.  .Vrr  jorrroir.  piinli-s  movens 
ipie  1  orr  rre  pcirl  didirrir-  errcor-c,  on  aui-a  l'oi'cé  la  muraille  de  l'orrlili  sans  issin* 
orr  diurrrerrt  ce-  tr-CMUs  d(K'rrrrrcrilaire>.  rrorr>  accéderdirs  à  rirr  irrorrdc  rrorr\caii, 
d'rrrrc  l'Ierrdrie  cxtrcrrrcrrrcnt  vaste. 

l'.rr  altcrrdarrt  ipic  la  pos-.iliilil('  rrons  en  soit  dorrrri'i-.  rroir>  contirirriM-oiis  à 
faire  I  lri>toire  de  la  Mfditerrarrr'c  primitive  avec  les  fait^  arcliénlnj,'i»|nes, 
petits  cl  grairds,  avec  li-s  tcmoigrraucs  taiilil's.  les  rrrcrrns  ve>ti^v>  pliilidoj:i(pies 


144  SYRIA 

et  les  faits  extrêmement  rares  de  documentation  de  première  main.  Un  acquis 
scienlitique  à  la  fois  si  pauvre  et  si  complexe,  si  ondoyant,  pourrait-on  dire, 
avec  le  progrès  des  recherches  archéologiques,  a  besoin  d'être  révisé  périodi- 
quement, repris,  inventorié,  vérilîé,  de  manière  qu'à  chaque  fois  on  enre- 
gistre la  confirmation  d'un  fait  déjà  noté,  l'indication  d'un  fait  nouveau, 
rébranlement  on  l'élimination  de  quelque  erreur  pins  ou  moins  ancienne.  11  est 
bon  (pu'l'on  nous  rappelle  ce  (pi'a  été  la  grande  Plu'nicie  des  origines,  embras- 
sant, de  longs  siècles  durant,  tout  le  bassin  oriental  de  la  Méditerranée  ;  et 
peut-être  aurons-nous  fait  œuvre  utile  en  montrant  que  les  Àcliéens  antéhellé- 
niques  venus  d'Asie  .Mineure,  rarement  aperçus  jusqu'à  ce  jour,  sont  extrê- 
mement probables  d'après  la  tradition  grecque  et  d'après  les  circonstances  de 
l'histoire  méditerranéenne,  et,  par  ailleurs,  s'accommodent  sans  difficulté  des 
faits  de  la  linguistique  et  de  ceux  de  la  toponymie. 


Note  additionnelle  au  §  lit  :  la  Cilicie  dans  la  relation  de  guerre  de  Ramsès  II. 

Au  début  du  §  III  ci-avant,  dressant  un  tableau  des  noms  des  peuples  égéo-asianiques 
rencontrés  par  les  soldats  de  Ramsès  11,  de  Mineptah  et  de  Ramsès  111,  nous  y  avons 
inscrit  un  certain  Kirkishn,  souvent  discuté  antérieurement  et  d'identité  fort  incer- 
taine i''.  Ce  nom  s'éclaire,  sans  nul  doute,  du  fait  que  nous  avons  acquis  le  droit,  pour 
retrouver  un  asianique  dans  une  transcription  de  langue  quelconque,  de  le  débuirasser 
de  la  désinence  ethnique,  -nslin  ou  -ena,  avec  laquelle  souvent  il  se  présente.  Car 
Kirbisha  de  la  relation  de  Ramsès  II,  ainsi  allégé,  se  réduit  à  Kirke,  lurki,  et  alors  on 
observe  que  sous  cette  dernière  forme,  h'crke,  le  nom  de  peuple  est  connu  par  ailleurs 
dans  les  documents  hiéroglyphiques  du  Nouvel  Knipire.  Ce  /wr/.c,  visiblement,  est 
KtXixtat*';  il  semble  qu'on  puisse,  sans  imprudence,  reconnaître  dans  Kirldsim  le  même 
nom  avec  le  suffixe  ethnique. 

l'v.V\M()MI    \\  KU.L. 

(')  VoirpKTiiiK,  nui.  of  Eijypt.  111,  p.  49-50,  lions  préhelléiiiqiies  i-l'  éd.,  101  i),  p.  453-454. 

et  surtout  .Mxsi'Kno, //is/oire,  II,  p.  38!)  et  n.  4;  (•'  Voir   notamment   .M.    Mii.lkii,    IsiVh  iiiid 

cf.  encore,  en  dernier  lieu,  Dussaud,  Civilisa-  Europn.  p.  3o2. 


CATACOMBES  JUIVES  DE  IW)ME 


FRANZ  CL MONT 


A  un  quart  d'heure  de  la  Porta  l'ortese,  prî'S  de  la  route  qui  reliait  Rome 
au  port  d'Ostie,  se  trouvait,  cn'usé  dans  le  tuf  de  la  colline  de  Monteverde,  le 
plus  ancien  cimetière  juif  d'Occident.  Ses  plus  vieilles  toud)es  remontaient  au 
premier  siècle  de  notre  ère;  mais  il  subsista  longtemps  et  les  épitaplies  les 
jiiiis  récentes  datent  du  (jiialrièmeou  même  du  cinriuième  siècle,  ."^on  exi^tence 
.ivuit  été  sif^nalée  déjà  par  Hosio,  ipii  y  a\;nl  péiM'lre  en  I(i02.  mai-  il  lui  re- 
.  -couvert  et  exploré  de  lUOi  à  l!t(l7  [»ar  Nictdas  .Millier.  Les  jialeries  en 
partie  ell'oiidn'es  iraiiraieiit  |>u  être  consolidées  qu'a\i  prix  de  sacrifices  d"ar- 
j^'ent  considéi'aldcs.  .W'iuiiiiniiis.  il  est  regretlahle  que,  parmi  le-  l>raidile>  qui 
ont  le  culte  de  leur  [tassé,  il  ne  se  soit  trouvé  personne  pour  entreprendre 
de  sauver  les  sé[)ultures  l(;s  plus  vénéraldes  de  lantitpie  colonie  juive  de 
Home.  I.,a  calacondje  de  Monleverdeesl  aujourd  liiii  imMuiMliaidement  détruite. 

La  guerre  a  rompu  les  liens  qui  unissaient  les  savants  des  diverses  nations 
d'Europi'.  et  elle  na  giu-re  favorisé-  de  la  sorte  Lorganisation  du  travail  sci(-n- 
lilique.  (i  est  ainsi  que  nous  avons  siii-  les  fouille>d(-  .Nicolas  Millier  à  la  l'ois  un 
livre  allemand  "'  et  un  un-moire  itali(-ii  i-'.  (-1  (pie  les  inscriplicMis  trouvées  dan> 
la  catacombe  ont  él(-  puldii'-t-s  de  même  par  un  arciiéologne  italien '"  avant  di- 
IcHre  avec  un  counnentairi-  allemand  |iai'  M.  .\iKn>  A.  lii'-es*''.  (le  dernier  a  con- 
sacré à  ces    documents  (-pigraplii([ues  un  luxueux  \(ilume,   où    les    moindres 


("  NiKOLAUs  iMjLhv.n, Die  Jiidisclie  Katakombe 
am  Monievercie  :u  Rom,  Lp'iiizig,  i'.H-i. 

{•)  Nie.  M(  i.i.Kii,  //  cimilero  tleijti  aniirhi 
Ebrfi  posto  sulla  via  l'urlnensc,  iliiiis  .\tti 
Accatl.  l'ont,  liomann,  Xll,  1!>1'>,  pp.   i();>-31S. 

('I  SciiM- M>Kii-(tHA/.iosi,  l.n  niiova  sala  jiti- 
itiiica  dfl  iniiseo  l.nteranensc  ilaiis  iVijoi-o  Uolt. 
,li  nnlit'ul.iiisl.,  .\.\l,  l'.tlS,  pp.  l8-3(). 

1*1  .NiMH.  M  s  .Ml  ii.KH,  nie  Inschrifleii  ((ce  Jii- 
S\iii\.  —  U. 


ilisclicn  Kalaliombe  am  Monteverde  :u  Itom, 
hrrausg.  v.  Niko.s  A.  Boos,  Leip/.ig,  llarrns- 
sowil/..  liUtf.  ISl  pp.  pr.  iii  t".  —  M.  Diissaïul 
nu-  signale-  un  article  de  .M.  Tlii'-oiloii- Ueiiiacli, 
/(■  (Amelière  juif  de  Munleverae  à  /«•<>/«»«  d'un 
/iiivr<vfM/(ilaiis  Uevuedi-s  ICtudes  Juives.  1920, 
1, XXI,  pp.  Il3-12(ii.  .Ml-  li-oiivant  en  voyapi-, 
ji-  n'ai  pu  ou  proiuln-  i-oiiiiaissanii-  avaiil  de 
corrif!»-!-  U-s  l'-pn-uvos  di-  rrl  arlicl>'. 


146  SYRIA 

fragments  sont  reproduits  en  fac-similés,  où  cha([iie  texte  est  accompagné 
d'explications  copieuses,  auxquelles  la  collaboration  de  M.  Deissmann  a  permis 
d'ajouter  encore  des  notes  précieuses,  où,  entin,  des  index  détaillés  servent  de 
guides  au  lecteur  dans  le  dédale  d"une  érudition  un  peu  toulFue.  .Mais  un  sort 
malin  semble  avoir  voulu  que  ce  recueil  monumental  lût  incomplet  dès  le  mo- 
ment de  sa  publication.  Les  travaux  poursuivis  dans  une  carrière  de  tuf  ont 
fait  crouler  une  galerie  restée  inaccessible  de  la  catacombe  et  fait  tomber  avec 
elle  une  vingtaine  d'épitaphes,  dont  plusieurs  sont  dun  véritable  intérêt;  elles 
ont  été  publiées  et  élucidées  par  M.  Paribeni  <". 

Des  cent  quatre-vingt-quatre  inscriptions  ou  fragments  d'inscriptions  com- 
mentés par  M.  Bées,  la  grande  majorité  est  grecque,  les  textes  latins  sont 
moins  nombreux,  mais  l'un  d'eux  est  d'une  valeur  exceptionnelle  :  c'est  l'épi- 
taphe  métrique  d'une  femme  nommée  Régina  (n°  123).  Elle  exprime  avec  une 
netteté  remarquable  la  croyance  à  la  résurrection  et  l'espoir  de  la  vie  éter- 
nelle dans  le  paradis  (ve)ieramhtin  rus).  Bormann  avait  cru  devoir  y  recon- 
naître les  traces  de  l'inlluencc  exercée  par  l'apostolat  de  saint  Paul  sur  les 
Juifs  de  Rome  >-',  hypothèse  aventureuse,  qui  a  été  écartée  avec  raison  par 
M.  Deissmann'^'.  A  côté  de  cette  abondante  série  d'inscriptions  dans  les  deux 
langues  de  l'Occident,  c'est  à  peine  si  l'on  en  trouve  quelques-unes  et  de  peu 
d'importance  rédigées  en  hébreu  ou  en  araméen'''. 

Ce  qui  fait  peut-être  rintérèt  principal  du  iccueil  publié  par  .M.  Bées,  ce 
sont  les  renseignements  qu'on  en  peut  tirer  sur  l'organisation  des  commu- 
nautés juives  de  Rome,  dont  plusieurs  remontent  au  piiMniiM- siècle,  comme 
l'indiquent  leurs  noms  dérivés  de  ceux  d'Auguste  et  d'.Vgrippa  ou  de  celui  delà 
(jvns  Volumnia.  A  côté,  on  trouve  la  synagogue  des  Hébreux,  celle  des  Vernacnli, 
probablement  formée  d'esclaves  de  la  maison  impériale,  celle  des  Calcaivsii,  dont 
l'élymologie  reste  obscure,  lue  des  inscriptions  publiées  par  M.  Paribeni  y  a 

(')  Pahibkm,  Iscrizioiti  del  cimilero  giudaico  schriftenjùdischer  Katakomben  zu  Monteverdf, 

di  Monteverdf  dans  \oU:ie  degli  Scavi,   4919  dans  Wiener  Sludien,  XXXIV,  lOl^. 

p.  (iO  ss.  Sur  l'cxprossiou  d'oixo;  aitôv.o;  em-  t-'i  Jo  l'avais  moi-même   repoussée,    Revue 

ployéc  pour  leloml)cau(p.6-2),cf.  mes  lieligioiis  arclièoloyique,  IV,  l'JlC,  p.  i  ss. 

orienlnles,  '1"  éd.,  p.  '230.  —  Diverses  obscr-  (*'  Cf.    Cassuto,   Un    iscrizione  giudeo-nra- 

vatioiis  oui  été  faites  par  M    Clf.hmo>t-Gan-  mnica,  dans  Nuov.  lioll.    Arch.  Crisl.,  XXll, 

yuAii,  lievue areliéolutjiiiue,  XI,  49"20,p.  365  sq.  1916,  p.  193  et   Vaccahi,   Osservazioni  sopra 

l')   RoiiMXNN,   Xu  den   nenenldecUleit   Orali-  alcune  iscrizioni  giudaiclie,  ibid.,  i9n,];i.  M. 


CATAr,0.\riîES     JUIVES     DE     ROME  147 

lijoiité  collo  (l(is  Tripolitains  sansilouto  originaires  do,  la  Tri[H)lis  d  AlVifuif"'. 
I^es  ('pilaplii's  iiicnliorinciit  en  grand  iioinhrc  [o>  titres  de  dignitain-s  ipii 
avaient  olili'iin  (|iii'l(|iir  iharge  dans  ces  associations  religieuses. 

f^a  dr-eorulion  des  pla(|iies  ollre  une  abondante  série  de  synitioles.  dont  les 
plus  eonnus  >e  r('|ir(jdiii>eiil  rriMiiieninienl,  chandelier  à  sejil  lirauclics. 
armoire  avec  les  rdiiieaiiv  de  la  Tliora.  palme.  l'iMiil  du  cédic.  finie  a  liuile, 
etc.  Le  commentaire  a  n'iiiii  d'utiles  iloruiées  sur  tous  ces  eudilèuu's. 

.lo  l'craisà  I  érudition  de. M.  Hées  uu  reproche  :  c'est  de' u  avoir  [kin  sepan- 
|)lus  nettenu'Ut  1(!S  iuscriptiniis  juives  des  ('pitaphes  pauMmes  ^  .\"  i.  I(t(l-10.'ij 
(pii  ont  r-lé  mises  au  jour  dans  la  catacomhc  de  .Moideverde.  I]lles  édaient 
prohahleuuMit  gravé-es  sur  des  pla(|ues  (|ui  (uil  é-lé'  réeruployées  et  retournées 
pour  fermer  les  lunili.  1,'anleur.  ipu  ne  s dceupe  (pii>  di's  in-ciipti(ins.  n  a 
point  ahorde  uon  plus  la  i|uestion  inléressaide  de  savoir  si  les  sciil|>tures  di'- 
couvertes  dans  la  uuMue  catacMUidie  son!  juives  nu  païennes'-'. 

Les  rc'Sullals  des  fouilles  de  .M(iide\erde  (''laii'nl  a  peiin-  evpn.ses  au  pulilic. 
que  l'on  di'couvrait  dans  le  sol  inépuisahie  de  Itome,  une  iunncdle  nécropole 
juive.  Klle  fut  trouvée  par  hasard  en  renforçant  les  lomlalicuis  d'une  écurie 
dans  la  \illii  Tmlnnia  >ur  la  via  Nomeutana  près  de  la  l'orla  l'ia.  On  a  explore 
environ  un  kilomèlre  tie  ses  longs  couloirs,  où  se  su|ier[iosent  trois  ou  (piatre 
rangées  de  A/r/^//,  au  total  environ  i.."i()()  tombes,  et  M.  F'aribeni  a  fait  cunnailre 
sans  tai-der  le  ri'sultal  de  ces  recherches'-".  Ce  cimetière  parait  a\(iir  eli'  celui 
de  pauvres  gen>.  La  si'ule  synagogue  merdioniii'e  est  celle  du  (piartier  popu- 
laire de  la  Suburra.  l  ne  autre  couMUunaiité  ('-tait  etalilie  pie>  du  non- de  .^er- 
^  ius  (/(co.s(7((7((/ i/c  r/«/(/c/c).  et  elle  a  |iroliableinenl  au-->i  l'ail  inhumer  >es  moi-|s 
dans  celle  cataciMube  plus  proche  ilu  lieu  où  idie  loidait  ipie  celles  di-  la  'in 
l*oiluciisis.  de  la  lia  Ajipin  on  de  la  rin  Liihinni'i.  L'aspect  d(>s  sépultures 
révèle  la  condition  modeste  de  eenx  qui  \  étaient  en>e\(di-.  ;  pre-i|iii'  p,i>  de 
marbre,  le  /(«/(//(vêtait  dus  par  des  morceaux  de  tuf  ou  de  brique,  recouverls 
d'un  crépi,  on  I  epitaphe  était  |)einle  ou  tracée  à  la  pointe,  (piaïul  idle  ne  faisait 
pas  entièreuuMit  défaul.  ce  <pii  esl  le  cas  le  pUi^  friMpieid.  Les  cinquante 
inscriptions  publiées  sont  toutes,  sauf  di-u\,  ri'digé-es  en  grc.-  el  generalenuMil 

('1  Gi.KHMONMiANNKAL,  i.  r.  |Ji    l'uiiBKMi,     S'oliùe    dei)U    Senti,     l'tîO, 

("1  Cf.  Suroc  sujet,  Rev.  arclièol.,  IV,  l!Mt>,  p.    I^a-la."!;  cf.  Mené  e  Roma.  octobre  tUiO, 

!'•  •»  ss-  p.  181  ss. 


148  SYRIA 

très  concises.  Des  A'oleurs  avaient  d'ailleurs,  longtemps  avant  la  visite  des  ar- 
chéologues, brisé  consciencieusement  toutes  les  cloisons  qui  fermaient  les 
tombes  et  vidé  celles-ci  de  ce  qu'elles  pouvaient  contenir  de  précieux.  Cepen- 
dant quelques  caveaux  sont  d'une  construction  plus  soignée  et  la  décoration  y 
subsiste,  peinte  à  la  fresque.  L"on  voit  qu'outre  les  symboles  ordinaires  de 
leur  religion,  les  fidèles  y  avaient  admis  des  représentations  de  dauphins,  de 
paons,  de  colombes.  C'est  là  une  preuve  nouvelle  qu'au  contact  de  la  civilisa- 
tion gréco-romaine  les  enfants  d'Israël,  malgré  leur  hostilité  altière  contre 
les  usages  des  gentils,  avaient  tempéré  la  rigueur  de  la  prohibition  qui  leur 
interdisait  de  figurer  des  êtres  animés. 

Ces  nouvelles  découvertes  qui  nous  apportent  une  foule  de  documents  in- 
téressants pour  l'histoire  des  synagogues  romaines,  rendent  plus  pressant  ' 
besoin  que  nous  avons  d'un  recueil  général  des  inscriptions  juives  de  l'an'ii- 
quité.  Souhaitons  que  ce  travail,  depuis  longtemps  amorcé,  puisse  être  promp- 
tement  achevé. 

F'n.\NZ   CUMONT. 


I.ES  MÉTIIOUES  DE  HÉALISATION  AKTISTIOLE 
DES  PEU[»LES  DE  L  ISL\M  " 

PAR 

LOUIS   MASSIGNON 
(Deuxième  article). 

Lanliiti'iliiic  iliihonl.  Hciiianiiions  que  lail  musulman  affectionne  cer- 
taines matières  et,  ijnels  (jue  soient  les  pays  (car  ils  n'ont  pas  été  que  dans  des 
pays  de  sable,  ils  ont  iHé  aussi  dans  des  pa\s  de  [lierres,  par  exemple,  Mossoul. 
Diarhékir)  I  aii  iiiii>idiiiaM  |in''fùrc  se  servir  (Tiine  matière  malléahle.  Iiuiiilile, 
sans  é[iaisseiir,  conmie  un  vêlement  flottant,  comme  im  iiu-lal  fusible. 

.le  iiinsisle  pas,  d'ailleurs,  sur  la  question  vêlement  <pii  esl  presque  le 
|)r(iiii<r  art.  lA  \nus  savez  combien  li-  vêlement  floUant  musulman  est  diffé- 
rent comme  coupe  et  comme  idéal  artistii|iie  du  vêtement  llotlaiil  antique  ou 
du  vêtement  lluttant  d'Extrême-Orient. 

Restons-en  à  ce  vêtement  tloltant  des  maisons,  à  l'architecture.  La  lualière 
i  -'  généralement  du  plâtre,  du  stuc,  et  rornemenlalion.  des  incrustations  au 
I  de  ndief.  Ils  n'essaient  pas  de  faire  îles  reliefs:  ils  n'essaient  pas  de  sin- 
i:er  1 1  nattu-e  en  essayant  de  faire  que  leurs  ligures  se  liemierit  par  elle.s-mèmes. 
'-.nest  qu'un  fond,  un  fond  pour  la  pensée,  el  l'art  pour  eux,  passe  dessus 
comme  une  espèce  de  reilet.  .le  n'en  veux  pour  exenqde  que  la  céramitjue  his- 
pano-moresque qui  esl  une  chose  purement  musulmane,  celle  idée  merveil- 
leuse de  faire  ;;lisser  au-dessus  des  «lessins,  par  un  procédé  fort  itilérossant  .lu 
[loiiit  de  vue  céramique,  des  reflets  d'or  ou  de  cuivre. 

Le  sujet  en  arcliilcciiuc.  ce  sont  des  formes  géomélri(|ues,  mais  des  formes 
fiéomélriques  ouvertes.  Il  v  a  là  exactement,  la  figuration  sensible  de  la  théo- 
rie de  théologie  dogmatique  (|iie  tous  les  théologiens  musulmans  ont  soutt^ 
nue  dès  le  début,  à  savoir  que  les  ligures  et  les  formes  n'exislenl  [)as,  el  sont 
incessannnenl  recréées  par  Dieu. 

(l)  Lev»»  professée  an  Collcfie  de  France  le  S."»  février  1!»iO. 

Sthia.  —  U.  ly. 


150  SYRIA 

De  fait,  dans  l'architocturo  musulmane  ou  modorne,  vous  avez  des  formes 
géométriques,  mais  elles  sont  ouvertes  :  dos  polygones  entre-croisés,  des  arcs 
de  cercle,  mais  à  rayons  variables.  Uarabescjue  montre  exactement  ce  que  cela 
est.  Tandis  que  dans  lart  des  karmates.  hérésie  musulmane,  se  multiplient 
les  polygones  fermés  qui  sont,  d'ailleurs,  des  pantaclos.  des  signes  magiques 
qui  correspondent  à  certaines  planètes. 

Quelle  est,  au  fond,  Tidée  de  larabosque?  On  a  dit  que  c'était  la  recherche 
indéfinie  de  l'unité.  Essayons  de  nous  en  tenir  au  principe  même  de  la  pensée 
musulmane,  tel  qu'il  découle  de  leur  théorie  de  la  nature.  Le  mot  «  nature  »  est 
déjà  impropre  puisque,  ainsi  que  je  vous  l'ai  dit,  pour  eux,  il  n'y  a  pas  de 
nature,  il  y  a  simplement  des  «  habitudes  ».  Dieu  a  fait  un  certain  nombre 
d'assemblages  d'atomes  que  nous  appelons  la  nature  humaine,  toute  la  nature 
des  êtres  leur  est  imposée  du  dehors  par  la  volonté  de  Dieu. 

Si  nous  partons  de  ces  principes  fondamentaux  de  la  théologie  musulmane 
pour  la  représentation  de  l'univers,  nous  voyons  qu'au  fond,  en  architecture, 
l'arabesque  est  une  espèce  de  négation  indéfinie  des  formes  géométriques 
fermées,  pour  nous  empêcher  de  contempler,  comme  le  faisait  le  géomètre 
grec,  la  beauté  du  cercle  en  lui-même,  la  beauté  du  polygone  en  lui-même. 

Ceux  qui  ont  été  au  Caire  peuvent  se  souvenir  de  la  porte  de  la  Victoire. 
\  Bagdad,  il  y  a  une  porte  encore  plus  suggestive  puisqu'elle  s'appelle  la 
Porte  du  Talisman.  C'est  tout  à  fait  caractéristique,  car  il  y  a  une  série  de 
panlacles,  de  polygones  esquissés.  Or,  il  ne  faut  pas  que  notre  imagination 
s'arrête  à  ces  formes  fermées,  il  faut  qu'elle  brise  les  figures  et  qu'elle  ailh^ 
au  delà,  comme  fait  l'écriture  cursive  elle-même,  après  les  avoir  décrites  '•'. 

Rappelons  aussi  l'admirable  mosaïque  do  la  mosquée  d'Omar  à  Jérusalem 
où  se  trouvent  entrelacés,  de  façon  à  la  fois  solennelle  el  irréelle,  les  épis  de 
blé  et  les  grappes  de  raisin. 

On  a  dit,  etc'est  très  vrai,  quec'était  un  artiste  chrétien,  un  B\  /.;inlin  qui  avait 
utilisé  là  ses  cartons,  les  modèles  de  l'oblation  eucharistique  qui  lui  servaient 
pour  les  églises.  Il  me  suffit  de  reconnaître,  et  c'est  cela  qui  importe  au  point 
de  vue  sociologique,  (pi'il  a  brisé  toutlc  concert  habituel  d(>  ces  formes,  avant  de 
les  semer  sur  cette  cou[»()le  en  mosaïque,  (pi'il  a  fait  de  l'art  unis\ilman  et  qn  il 

('I  Par  l'alphabet  (et  déjà  le  syllabaire^,  les  Sémites  ont  libéré   la  pensée  rnplivo  dans  la  cl(^- 
tiire  des  biéruglyphes. 


LES    MÉTHODES    ARTISTI(,)UES    DES     l'ELl'LES     DE     LISLAM    l.'.l 

n'a  plus  fait  d'art  clirétien.  M.  de  Vugiié,  essayant  de  définir  en  ces  lieux 
Mièinos  l'art  musulman,  disait  :  «  Il  est  à  l'art  byzantin  ce  que  le  Coran  est  à 
l'Évangile.  «  Ci'  n'est  pas  assez. 

Passons  maintenant  aux  jardins.  L  art  des  jardins  a  été  beaucoup  étudié, 
et  je  veux  seulement  rappeler,  pour  ceux  qui  ont  vu  le  jardin  du  Généralife  à 
Séville,  ou  certains  de  ces  admirables  jardins  qu'il  y  a  à  Bagdad  et  en  Perse, 
la  conception  musulmane  du  jardin.  C'est  essentiellement  une  rêverie  hors  du 
monde. 

Dans  le  jardin  classique  (et  la  doctrine  est  très  ferme,  commence  avec  les 
Romains,  continue  avec  les  Médicis  et  se  poursuit  avec  le  siècle  de  Louis  .\IV) 
dans  l'idéal  classique,  on  désire  dominer  le  monde  d'un  point  de  vue  central, 
avec  do  grandes  perspectives  (|ui  arrivent  à  l'horizon,  avec  de  grands  bassins 
d'eau  qui  reflètent  les  lointains,  avec  des  arbres  dominés  par  la  volonté  cen- 
Iralc.  mais  pour  aller,  petit  à  petit,  conquérir  tout  le  pays  environnant.  \\i 
lieu  di'  cela,  dans  le  jardin  oriental,  la  première  chose  qui  importe,  c'est  une 
fermeture,  et  au  lieu  que  l'intérêt  soit  à  la  périphérie,  il  est  au  contre. 

Le  jardin  oriental  se  fait  en  prenant  un  morceau  de»  terrain.  «  en  vivifiant 
un  carré  de  désert  e.  (m  amenant  de  l'eau,  en  faisant  un  mur  d'enceinte  très 
haut  au-dessus  duquel  la  curiosité  ne  peut  plus  passer.  .V  l'intérieur,  il  v  a 
des  quinconces  d"ari)res  et  de  Heurs  qui  se  pressent  de  plus  en  plus  à  niesiue 
([u'on  va  de  la  [)i'Ti[ihérie  jus(pi'au  centre,  et.  au  c<'ntre,  est  le  kioscpie. 

Ce.  (pii  est  frappant  ici.  c'est  la  négation  de  la  nature  et  du  monde  tels  qui- 
nous  les  trouvons  autour  de  nous.  C'est  l'inverse  du  j;irdin  pavsager,  une  es- 
pèce de  nature  féerique  (|ui  nous  ramène  à  une  pensée  centrale,  à  un  délasse- 
iMcnt  di'  la  pensé(>  en  elle-mènu'.  et  non  pas  du  tout  à  cette  maîtrise  graduelle, 
à  cette  c()n(pièle  de  la  nature  (ju'est  le  jardin  classique. 

Si  nous  passons  mairilcnaid  aux  arts  de  la  couleur,  car  le  jardin,  d'ailleurs, 
nous  y  ciinduit.  il  ny  a  pas  île  peinture  proprement  dite  en  Islam  pour  la 
même  rai.Mui  qu'il  n'y  a  pas  de  sculpture  propremi'iil  dite.  .Mais  cela  ne  veut 
pas  dir(>  du  tout  (|u'il  n'\  ail  pas  d'arls  de  la  cduleur.  Nous  le  savons  assez 
par  les  lapis,  par  les  blasons,  et  même,  dans  une  certaine  mesure,  par  le  co- 
loris de  miniatures. 


152  SYRIA 

.rinsiste  pou  sur  les  miniatures,  tout  en  signalant  la  ditïérence  fondamen- 
tale de  révolution  de  la  miniature  de  Byzanco  qui  partit,  comme  le  disait  Léon 
Bloy.  de  la  lettre  ornée  pour  passer  à  la  lettrine  et,  de  là,  à  la  peinture  elle- 
même  par  un  développement  hors  du  livre.  Au  lieu  de  cela,  elle  est  restée  en 
Islam  une  rêverie  en  marge  du  texte,  quelque  chose  de  suspendu  qui  n'est  pas 
arrivé  à  sortir  du  livre.  Mais  la  miniature  n"est  pas  un  art  proprement  musul- 
man, et  ce  qu'il  y  a  de  plus  important  c'est  le  tapis. 

Examinons  la  question  de  la  matière  au  point  de  vue  tapis.  Ils  prennent 
une  matière  de  couleur  mate,  sans  transparence  ni  perspective.  C'est  toujours 
une  espèce  de  négation  de  vouloir  même  imiter  la  nature,  non  pas  qu'ils 
ignorent  la  perspective,  car  c'est  une  idée  naïve  que  l'on  a  trop  souvent  qu'il 
y  a  des  arts  qui  ignorent  la  perspective.  .Mais,  de  même,  dans  l'art  égyptien, 
un  œil  est  mis  de  face  alors  que  la  figure  est  de  profil  ;  ils  savent  très  bien  que 
ce  n'est  pas  ainsi  que  cela  se  présente  dans  la  réalité,  mais  ils  présentent  la 
figure  humaine  sous  cette  forme  parce  qu'ils  ne  tiennent  pas  à  singer  la  nature, 
et  pour  d'autres  raisons. 

11  y  a  des  juxtapositions  de  lumière  et  de  ténèbres,  de  clair  et  d'obscur, 
revêtues  de  colorations  secondaires.  Ce  qui  nous  frappe,  dans  un  tapis  orien- 
tal, c'est  à  la  fois  l'intensité,  et,  souvent,  le  peu  de  variété  des  nuances.  Aux 
Gobelins  on  nous  dit  que  l'on  a  trois  cent  cinquante  teintes  dégradées,  .mis  on 
arrive  ainsi  à  singer  la  peinture,  ce  qui  n'a  plus  aucun  rapport  avec  l'is- 

serie. 

Chez  les  Orientaux  on  compte  cinq  couleurs  au  plus,  et  encore  ces  couleurs 
ne  sont  pas  intéressantes.  On  peut  presque  dire  que  la  photographie  nous 
rendrait  quelquefois  toute  la  beauté  du  tapis,  pourvu  quelle  conserve  toute 
l'intensité  des  teintes.  Ce  sont  des  clairs  et  des  obscurs. 

Vous  A'oyez  combien  cet  idéal  de  la  peinture  est  distant  de  l'idéal  de  la 
peinture,  tel  qu'en  Occident  Fra  .\ngelico  et  Velasquez  l'ont  cherché  eu  imi- 
tant les  teintes  de  (leurs,  et  où  c'est  la  coiili'ur  pure,  cl  non  plus  le  clair  et 
l'ob-sciir,  (jui  frappe. 

Kl  il  ce  point  de  vue.  G.  K.  Clieslnlon  qui,  je  crois,  n'est  pas  encore  allé 
en  OriiMil.  iii;iisi|ni,  paiail-il.  vase  rcndic  à  .Icriisalciu.  disait  :  «  Ce  qu'il  va 
de  frap[iant  l(ir>quc  ion  regarde  un  tapis  oriental  —  il  chercliait  à  définir  l'art 
persan  —  c  est  (pie  ces  llcurs  et  ces  animaux  sont  lortitrcs.  » 


LES     MÉTHODES    ARTISTIQIES     DES    PEUPLES     DE    LISF-AM    15.3 

Ce  n'est  pas  tout  à  fait  exact.  Il  devait  dire  c  pt^rijuis  ».  Ce  qu'il  y  a  de  très 
frappant  dans  le  décor  d'un  tapis  oriental  niusuhnan,  non  pas  seulement  per- 
san, puisqu'au  Maroc  ce  procédé  est  également  employé,  ce  sont  des  semis 
(le  fleurs  stvlisées  et  des  animaux  liiératisi'-s.  Ces  fleurs  ne  sont  pas  très  nom- 
breuses. Un  en  a  fait  la  liste  pour  la  l'erse  du  quinzième  siècle,  et  on  a  trouvé  : 
la  jacinthe,  la  tulipe,  l'églantine,  l'œillet  cl  la  fleur  du  pèclH  r.  11  y  a  donc  cinq 
fleurs  cl  CCS  ciri(|  fleurs-là  sont  tout  à  fait  stylisées. 

(juaut  aux  animaux,  il  y  eu  a  trois  ou  quatre,  (x'ux  (jui  rc\ieunent  le  plus 
souvent,  sont  le  grillon  qui  est  un  lion  et  un  lion  ailé  tout  à  fait  fantastique,  et 
le  phénix  qui  est  un  oiseauàlèti'  humaine.  Nous  retrouvons  encore  là  les  con- 
séquences fondamentales  des  principes  métaphysiques  cjue  tous  les  musulmans 
ont  adoptés,  que  leurs  théologiens  ont  formulés  et  que  tous  les  musulmans 
ap|di(iueiil  d'eux-mêmes  contre  l'idolâtrie  des  animaux.  Leur  identité  est,  si  jo 
puis  (lire,  mas(|U('■(^  On  leur  a  coupé  la  tète  (ou  la  patte)  et  on  l'a  remplacée 
pai-  une  autre,  lis  n'ont  dofic  jias  de  vie  réelle.  D'autre  part,  au  point  de  vue 
réalisation  Miènic,  (ju Cst-ce  que  cela  (hjiuie  .'  Nous  touchons  alors  à  l'art  du 
blason. 

11  est  très  certain  que  l'évolution  de  l'art  <lu  blason  en  Occident  a  pris  uno 
originalité,  une  [tcrsonnalité  que  nous  ne  ferons  pas  dépendre  de  l'Orient.  Il 
serait,  en  ell'et,  excessif  de  dire  que  le  blason  occidental  sous  la  forme  très 
complète  et  très  intéressante  où  nous  le  trouvons  dans  des  chartes  du  qua- 
lor/.ième  cl  du  (|uin/.ième  siècles,  est  une  siin[de  copie  «le  lOrienl.  Il  est  non 
moins  certain  que  les  premiers  blasons  commencent  chez  les  Occidentaux  seu- 
lement au  retour  des  Croisades,  et  que  le  prin<ipe  du  blasonncmonl  est  une 
idée  musulmane. 

Kn  somme,  les  tapis  sont  blasonm'-s.  Le  blason,  c'est  exaclement  une  oppo- 
sition brutale  lie  teintes,  une  juxla|iositioii  de  contrastes.  Il  ne  s'agit  pas  de 
fain;  îles  svuiboles  intelligibles  et  nuancés  l't  des  groupes  onloum'-s  qui  seraient 
concertés  et  iiicrarchisés.  d  imiter  la  nature  pour  la  faire  parler.  Ce  sont  des 
juxla[)osilious  Iranclu-cs  [)uieinenl  intellectuelles.  Ce  sont,  encore  une  fois, 
lies  groupements  arbitrairesd'ccussons  colorés,  d'atomes  décoratifs.  11  n'y  a  rien 
qui  illustre  mieux  leur  Ihcorie.  ipii  nie  la  permanence  de  la  nature,  que  les 
iilaxins  (ui  il  y  a  des  animaux  fanlasliques,  dos  oppositions  de  couleurs  hni- 
lules,  toute  espèce  de  choses  que  la  nature  ne  donne  pas. 

SlKlA.  —  II.  20 


154  SYUIA 

Passons  maintenant  à  la  musique.  Pour  la  musique,  on  a  pu  dire,  et  la 
chose  est  très  certaine,  que  les  théoriciens  uîusulnians  se  sont  servis  d"ouvrages 
de  philosophie  grecque  qu'ils  ont  plus  ou  moins  compris.  Il  est  non  moins  as- 
suré qu'il  V  a  certaine  influence,  à  travers  la  Perse,  peut-être,  de  l'Inde. 

Mais,  prenons  la  matière  musicale  telle  qu'elle  est.  Nous  trouvons  d'abord, 
une  gamme  à  intervalles  très  étroits,  tiers  et  quarts  de  ton  irrégulièrement 
répartis.  La  voix  joue  dans  un  intervalle  très  restreint,  ce  qui  implique  un  art 
assez  développé  puisqu'il  faut  une  éducation  de  l'oreille  toute  particulière,  et 
la  plupart  des  Occidentaux,  lorsqu'ils  écoutent  un  concert  ou  des  chanteurs 
orientaux,  sont  profondément  ennuyés,  car  il  leur  parait  que  c'est  toujours  la 
même  note. 

D'ailleurs,  nous  allons  voir  que  l'essentiel  de  la  musique,  pour  le  musul- 
man, n'est  pas  la  note,  ni  même  le  système  de  notes. 

Au  point  de  vue  de  la  construction  logique  de  la  phrase  musicale,  il  y  a 
bien,  en  pays  musulman,  les  vieux  modes  de  musique,  ce  qu'ils  appellent  les 
modes  de  musique  «  andalous  »,  et  jusqu'en  Perse,  dans  l'Inde,  et  même  en 
Malaisie,  au  point  de  vue  de  la  conception  logique,  idéologique  de  la  musique, 
règne  cette  idée  des  modes.  Je  n'insiste  pas  là-dessus  :  ceux  qui  ont  étudié  la 
musique  grecque  classique  savent  qu'il  y  a  des  antécédents. 

Les  modes  ne  sont  pas  la  chose  la  plus  originale  de  la  musique  musulmane. 
Mais  je  vous  signalerai  en  passant  que  les  airs  populaires  musulmans,  aussi 
bien  en  Perse  qu'au  .Maroc,  chantés  en  persan  ou  chantés  en  arabe,  relèvent 
de  certains  modes  expressifs.  11  y  a,  par  exemple,  un  mode  particulièrement 
mélancolique,  le  mode  de  Xéhavend  (c'est  le  nom  d'une  ville  de  Perse)  qui 
est  très  populaire  pour  les  chansons,  à  .\lep  et  à  Bagdad.  11  y  a  ainsi  une  ving- 
taine de  modes  principaux,  transposables.  exactement  comme  dans  la  Grèce 
ancienne. 

Ce  qui  importe,  en  musique,  c'est  la  réalisation,  le  contour  même  de  la 
mélodie.  En  Islam,  elle  est  toujours  successive.  Ils  n'ont  pas  du  tout  l'idée  de 
l'harmonie,  la  conception  de  l'accord  simultané  qui  est.  en  somme,  la  grande 
di'couverte  de  l'occident  chrétien,  et  qui  est  l'originalité  la  plus  profonde 
lie  la  civilisation  occidentale.  Cela  n'existe  pas  en  dehors  de  l'occident  chré- 
tien,   jias  plus  en    extrême-orient  qu'en   pays   musulman. 

Dune.  (!■  qu'il  \  a  d'essentiel,  pour  tous  ceux  qui  écoutent  un  orchestre 


Li:S     MHTHODES    ARTISTK  M'ES     DKF,    VFATLK9,     DE     LISLA.M   155 

iiiiisulmari,  c'est  le.  ri/tliine.  ['(''coiiliMnciit  des  tf!iii[)s  propre  à  chaque  iiK-lodie; 
et,  clie/,  ICxénilarit.  la  [)récisioti  a  vit  lacjuelle  linslanl  est  cueilli. 

Je  no  voudrais  pas  avoir  l'air  de  iaire  iléperuJre  tout  d'une  conceplinu  im-ta- 
physicpie,  mais,  lors(ju'il  s'agit  dutuj  civilisation  ijui  se  did'end  si  puissamment 
contre  I  in^i'-retice  étranj,'ère,  il  faut  bii-n  compremlre  tout  de  même  que. 
s'il  y  a  eu  des  tliéol(»f;i<;ns,  ces  théologiens  définissaient  en  tern)Os  logiques 
ce  que  clwKiiii  |icii<;iil  et  |iratiquait.  C'est  pour  cela  (]u"ils  ont  été  ortho- 
doxes. 

I.'iiislant  est  cui'illi,  car  rien  d'autre  n'existe,  la  dun'-e  ncxisfe  pas.  [)uis- 
que,  encore  une  fois,  le  temps  est  un  com[Mjsé  factice  <rinslatils,  et  (|iic  les 
instaids.  Dieu  [leut  en  créer  comme  il  veut. 

Il  faut  voir  comhien  tous  les  meiidires  de  ronhestre,  aus>i  liii-n  ei-ini  qui 
tape  du  Kanoùn  avec  ses  doigis  sur  des  cordes  métalli<pies,  (jue  celui  (pii  joue 
de  loiid'  avec  son  piectre.  comhien  chaque  artiste  cueille  l'instant,  comme  une 
danseuse. 

C'est  qu'en  elfet.  l'inshiiment  qui  donne  le  rythme  est  une  espèce  de  tam- 
bourin (ju'on  appelle  le  «  dalF  »,  attaqué  latdnl  sur  le  bord  ilikl)  tantôt  au 
centre  {IdiuD.  Toute  la  tln-orie  de  la  musiipie  musidmane  et  de  la  métrique 
mt^-me,  dérive  de  ce  fand)Ourin.  On  jiourrait  eu  donner  la  démon.sfration  par 
des  battements  de  mains,  ,1e  prends,  par  exemple,  un  air  marocain  qui  com- 
mence comme  ceci  : 

qù  I  la   I    na   ||  San  ]  fia  |  dji  |  min  ||   'a   |  ma  |  lat  |  fâs  || 
/(■/.■  I  lil;  I  /-mi  II  tiûn  |  //7;  |  /i7.-  |  Fom  \\  lik  \  tÛ;  \  tik  |  1^  || 

(2  fois). 

Au  lieu  de  la  Uiiii;ue  et  de  la  brève  de  la  melri(]ue  aneierwie,  il  \  a,  en 
dehors  des  silences.  diMix  valeurs,  linslanl  où  le  coup  est  frappé  sec  et  mat 
(til"'.')  et  l'instant  où  le  cou[>  est  long  et  sonore  {loin.'). 

Tik.'(Ta),  le  coup  frappé  sur  le  bord  du  laud)ourin  est  souvent  asséné 
sur  une  cymbale;  on  peiil  le  fiappcr  sur  le  dos  df  la  main  gauihe  fcrinre, 
si  l'on  bat  des  mains:  avec  U'  jucil  (iiiiirhr.  si  l'on  danse  i  .\le\\  lévis'). 

Tom!  {Dili).  le  coup  frappé  au  centre  du  landiourin.  est  toujours  frappé  sur 
une  peau  li'ndiu'  :  ou  le  frappe  sur  la /((/«me  gauche  ((«nr/c,  >i  l'un  bal  des 
mains  ;  avec  le  jiicd  droit,  si  Ton  dan>e. 


156  SYRIA 

L'important  c"est  de  cueillir  les  instants  et  de  les  cueillir  battement  par 
battement.  L'essentiel  de  cette  musique,  le  fondement  même  de  l'accompa- 
gnement des  chansons  et  de  la  mélodie,  ce  sont  les  séries  de  coups.  Les  musul- 
mans ont  ainsi  inventé  des  séries  de  rythmes;  un  des  plus  connus  est  ce  qu'on 
appelle  le  masmoàdi.  Il  se  compose  d'une  série  de  coups  mats  se  trouvant  s'en- 
trelacer avec  des  coups  sonores,  certains  coups  étant  suivis  de  silences  de 
scansion  '*'  ainsi:  ïik,  Tom  |  tik  ||  Tom,  Tora  |  . 

Pour  la  mi'triijiie,  qui  est  l'art  le  plus  proprement  musulman,  sans  entrer 
dans  de  longs  détails,  je  me  borne  à  indiquer  ici  que  la  matière  est  composée, 
chez  eux,  de  consonnes  (c'est  toujours  le  bruit,  comme  dans  la  musique)  colo- 
rées par  une  voyelle  qui  passe,  mais  trùs  incertaine.  Les  trois  voyelles  arabes 
sont  très  incertaines.  La  théorie  des  voyelles  est  aussi  peu  poussée  que  la 
théorie  des  couleurs,  et  pour  la  même  raison. 

Au  point  de  vue  des  sujets,  il  y  a  une  série  de  types,  tous  les  types  bien 
connus  de  la  métrique  arabe.  Et  au  point  de  vue  réalisation,  ce  qu'il  y  a  de 
fort  intéressant,  parce  qu'il  y  a  eu  là  une  influence  puissante  sur  l'occident, 
c'est  la  rime,  avec  la  consonne  d'appui  réfîlementaire. 

Certes,  la  rime  a  existé,  chez  nous  à  l'état  sporadique.  antérieure  à  l'essor 
de  l'islam,  mais  sous  une  forme  dillerente.  c'était  un  peu  une  assonnance  per- 
fectionnée. La  rime  n'a  atteint  toute  sa  force  et  toute  sa  plénitude  en  Occident 
que  sous  l'influence  que  l'on  a  appelée  l'art  du  «  dolce  slil  novo  ».  Tel  est  le 
nom  que  lui  ont  donné  les  romanisants.  Or,  c'est  un  art  qui  commence  soudain 
au  douzième  siècle  sur  tout  le  littoral  de  la  Méditerranée  placé  en  contact  avec 
les  musulmans,  aussi  bien  en  Catalogne,  qu'en  (ialice.  en  Italie  et  en  Provence. 
Et,  ce  qui  est  tout  à  fait  rcmanpiable  et  ce  (jui  est  absolument  démontré,  cet 
art  se  trouve  prendre  tout  le  malériel  métrique  au  point  de  vue  du  rythme,  des 
auteurs  arabes  de  poésies  populaires  dites  «  mowashshaliàt  «deCordoue  et  do 
Grenad(>  cin(pianle  ans  avant.  Kl  la  mi'tiique  arabe  s'est  formée  sur  dt>s  prin- 
cipes qui  sont,  encore  une  fois,  coditiés  et  influencés,  au  point  de  vuii  compo- 
sition, ce  qui  est  l'essentiel,  par  des  théories  à  base  musulmane. 

Passons  mainliMiant  à  la  littérature  qui  es!  l'art  sur  li'(|uel  il  sérail  agréable 
(')  Je  marque  lo  I  2  soupir  par  une  barre,  et  le  soupir  par  une  double  barre. 


LES    MÉTHODES    ARTISTKM'ES     DES    PEUPLES     DE    L•ISL.\^r    L57 

(le  s'arrùtor  en  dernier  puisque  c'est  celui  qui  nnus  permet  pi'ut-r-tre  le  mieux 
de  les  comprendre,  puisijue  cet  art  n'emploie  pas  dt's  moyens  indirects  pour 
atteindre  la  pensée  elle-même  dans  son  mécanisme  et  dans  son  expres- 
sion. 

Il  faut  bien  avouer  que  toute  pensée  couiporte  un  symbole  en  ce  sens  que 
toute  pensée  correspond  à  certains  schèmes  logiques:  de  même,  en  stéréo- 
cliimic,  on  ligure  les  combinaisons  chimiipics  comme  des  ('diliccs :  il  n'y  a 
pas  d'idée  absolument  simple,  et  c'est  pour  cela  que  nous  cIiimcIioiis  à 
les  symboliser,  à  les  construire.  Nous  les  symbolisons  dans  la  litli-ralure 
au  moyen  des  tropos.  F, a  classiticalion  des  tropos,  la  rhét(u-i(iu('.  telle  que 
l'envisagent  les  Arabi's,  est  tout  ii  l'ail  dillV-reiiti;  dr-  la  rlii'lurique  classi(jue  '". 

Je  ne  prendrai  comme  e\em|ili' (]u  une  trope  :  la  mélapbore.  Ce  ijui  frappe 
tout  d'aluu'd  en  poésie  islamique,  c  est  une  espèce  i!  inaiiiuiatiun  de  \n  méla- 
phon^  Ou  veut  la  rendre  iiréelle.  Il  \  a  une  descente  de  la  mi'-lapbure.  L'IidUime 
est  ciimpare  à  des  animaiiv  :  ranimai  est  comparé,  gé'rn'ralemeiil.  à  une  Heur, 
et  la  Heur  à  une  [lierre  :  une  tulij)e  est  un  rubis. 

Dans  un  récit  d'lmrol((aïs  nous  trouvons  «  celt(!  (leur  taclietée  »  et  il  veut 
palier  de  la  plaie  saignante  d'une  gazelle  (|U  il  vient  de  tirer  à  l'arc  à  la  cbasse. 
il  ne  s'agit  donc  pas  de  vivilier  l'idée  [>ar  les  images,  de  faire  dresser  devant 
nous  des  caricatures,  de  singer  le  créateur,  de  faire  revivre  ce  qui  n'est  plus: 
il  s'agit,  au  contraire,  de  prendre  les  choses,  celles  (pie  nous  avions  senties, 
telles  qu'elles  subsistent  actuellement,  c'est-à-dire  pélrilié'es,  inanimées.  La 
nu'tapliore  n'essaie  pas  du  tout  de  faire  ressusciter  r(''moti(Ui  :  c'est  exactement 
chez  eux.  la  prise  du  souvenir  tel  (|uel,  sous  une  fcu'me  descriptive,  par  là 
nu"'Uie  qu'ils  lu»  croient  pas  cpie  parler  d'une  chose  puisse  la  faire  revivre:  ils 
n'ont  pas  celte  illusion  idolàlrique  des  poêles  d'Occident  qui  l'ont  revivre  les 
instants  passés  av(>e  la  bien-aimée  en  faisant  des  poèmes. 

Prenons,  par  exemple,  ce  début  de  la  1'^'^^  uuiallaqah  :  «  .Vrrètez-vous  (Im- 
rolqaïs  parle  aux  deux  conducteurs  de  son  chameau)  arrêtez-vous  et  pleurons, 
en  souvenir  des  amis,  devant  les  traces  des  campemenls.  »  Et  les  traces  des 
campements,  il  peut  les  décrire  :  ce  sont  les  trois  pierres  noircii-s  du  foyer:  ce 
s(Uil  les  uuirques  du  campement,  des  chameaux.  11  ne  s'agit  jias  de  vivilier  le 

(')  Garcin  Je  Tagsy  a  fait  un  voimne  sur  la  rhétorique  musulmane  qui  est  tout  à  fait  iDtêressaot . 


158  SYRIA 

souvenir,  de  faire  danser  des  spectres  dans  ce  lieu  qui  est  maintenant  vide:  il 
s'agit  simplement  de  recueillir  sur  place  le  souvenir  tel  quel. 

Je  crois  maintenant  en  avoir  assez  dit  pour  que,  par  ces  exemples  divers, 
A'ous  saisissiez  l'essence  de  la  poésie,  l'amour  arabe  tel  que  ces  artistes  la  com- 
prennent eux-mêmes.  Ils  rappellent  d'un  mot  tout  à  fait  intraduisible  :  ils 
l'appellent  le  «  hanîn  '^'  ».  le  «  gharàm  »  :  c'est  le  regret,  mais  un  regret  qui 
n'est  pas  du  désespoir,  qui  n'est  pas  non  plus  une  espèce  de  sadisme,  c'est 
l'union  du  souvenir  à  une  certaine  fidélité  amoureuse,  plutôt  de  la  fidélité  que 
de  l'amour.  On  n'essaie  pas  de  rien  faire  revivre,  ce  serait  un  sacrilège  envers 
Dieu.  C'est  un  regret  de  la  pureté  primordiale  d'un  sentiment  qui  n'est  plus  et 
même  quelque  chose  de  plus,  un  regret  du  paradis  vert  et  frais  qu'ils  se  remé- 
morent au  désert  de  sable  et  de  feu.  Rion  de  suggestif  à  ce  point  de  vue  comme 
la  figuration  sensible  du  paradis  tel  qu'il  est  décrit,  dans  le  Coran. 

Les  Arabes  aiment  beaucoup  citer  une  anecdote  que  je  trouve,  d'ailleurs, 
exquise  en  son  excès.  L'histoire  des  deux  amoureux  :  Majnoùn  et  Laïla.  .Maj- 
noûn  était  fou  d'amour  pour  Laïla  qui.  d'ailleurs  était  basanée  et  presque 
noire,  mais  enfin,  elle  était  aimée  de  Majnoùn  ;  ce  sont  deux  types  d'amants 
parfaits.  Or  Majnoùn,  dans  la  théorie  artistique  de  l'auiour  arabe,  doit  linir 
par  s'écarter  de  Laïla. 

i'ourquoi  cela?  Un  jour,  raconte  la  légende,  Majaoùn  rencontre  Laïla  et  sa 
bien-aimée  l'appelle  afin  de  causer  ensemble  un  moment.  Alors,  il  lui  dit  : 
«  Tais-toi,  car  tu  me  détournerais  de  l'amour  de  Laïla.  » 

Cet  amour  de  l'ombre  de  Laïla,  cette  fidélité  au  souvenir,  au  premier  ser- 
ment, et  aux  premières  entrevues  est  tel  que  Majnoùn  ne  veut  plus  rien  du 
réel.  Il  préfère  garder  simplcuiiMit  le  culte  du  souvenir  tel  quel,  l'idée  pure  du 
souvenir.  Vous  voyez  que  cet  amour  exclusif  est  tellement  immatériel  qu  il 
finit  par  se  perdre  dans  l'idée  pure,   et  se  suffire  de  la  trace  intellectuelle 

laissée. 

Un  dernier  exemple.  On  parle  souvent  des  sultans  ottomans  comme  de 
gens  extrêmement  «  féroces  »  et  je  ne  conteste  pas  qu'ils  aient  employé  des 
procédés  de  gouvernement  simplistes,  à  tout  le  moins  ;  l'un  des  plus  «  féroces  », 
certainement,  a  été  Sélim   I.  reniienii  juré  de  la  l'erse.  Or.   tous  ces  sultans 

CI  Jahiz,  RisnInI  dl  hanin  ilnlawliin,  Cuire,  1H3;1  lu'-g. 


LES     MHTHODI-S    ARTISTIQUES    DES    PEITLES     DE     I/ISEAM    159 

ont  fiiit  dos  vers.  Il  y  en  a  qui  ont  élt'  plus  ou  moins  iKnircuscini-nl  insiiircs. 
mais  Si'-lim  I  a  un  «  diwân  ».  c'(,'sl-à-<lire  un  recueil  de  iiuènus  l\ri(|ucs  où 
l'on  voit  dé[H'inls  des  sentiments  adé(iuals  aux  scntiiiiml-  dr  Majinnin  jiniir 
l.aïla.  Tid  ce  vers  persan,  de  lui  : 

Ni  vivant  ne  suis,  puisque  tu  t'écartes,  figure  eiquise,  ni  mort  ne  suis; 
O  dôiresse!  ([ue  ce  genre  d'existence  fait  pour  conduire  au  néant. 

Ci'i  amour  \  liant  \  ei>  la  |)cii>('e  [piiri'  :  cet  amour  Inurm''  m  rcun-t  e>t  tout 
à  l'ait  si(éi-ili(|uement  i>lamii|ue.  (l'est  une  acceptation,  en  (]ueli|ue  sorte, 
sereine  du  tiilemme  (juil  y  a  etitre  les  choses  telles  qu'elles  nous  sont  impo- 
sées du  dehors  et  le  di'sir  (|ui  est  en  nous.  «  Dieu  a  décrété  ceci  <>  et  alors,  là. 
nous  touchons  à  la  poé'-ie  ni\ -tique.  ■■  Dieu  m'a  commiindé  cela  que  je  ne  puis 
l'aire,  mais  que  ji'  désire.  »  Mois  le  poète  s  évade  de  1  acceptation  (hi  destin 
pour  rêver  d'une  certaine  liberté  (|ui  serait  pi-es(jm'  divine,  mais  il  n'essaie 
pas  de  se  l'arroger  ipiand  il  e>t  révrilii'.  >i  je  |)nis  ainsi  dire. 

En  mystiipn!  musulmane  la  règle  existe  qu  il  n'est  pas  permis  d  avoir  <les 
visions  à  l'état  de  veille.  On  ne  p(>ut  les  avoir  tiu'eii  sonuneil  :  or.  l'art  musul- 
man est  également  cela.  daii>  uni'  espèci'  de  demi-jour,  entre  le  sommeil  et  li- 
re \  cil. 

.le  voudrais  vous  citer,  jiour  terminer,  des  vers  admirables  de  .Motenebhi. 
On  la  l)eaucou[)  critiqué,  mais  il  est  avéré  (ju'au  jugement  des  musulmans, 
et  c'est  le  seul  ([ui  nous  im[)orte  ici.  c'est  le  plus  grand  poète  arabe. 

Voici  le  thème  (lu'il  traite.  Il  phuire  sur  les  pierres  (jui  ne  «  comprennent  » 
pas  leur  destin  et  il  dit  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  pleurer  sur  les  cœurs,  car 
les  cœurs,  eux,  comprennent,  se  souviennent  et  ont  goûté  l'instant.  En  somme, 
c'est  une  paisible  lidélité  de  la  pensée,  c'est  un  certain  regret,  très  serein,  de 
cela  (jui  n'est  plus,  tempéré  par  la  gratitude  (envers  Dieu)  7»»'  cela  ail  vl('. 

V»)ici  les  vers:  «  Laki.  yâ  manâ/.ilo...  » 

l'our  vous,  demeures  aimées,  il  est  en  nos  cœurs  des  demeures  ; 
Vous  êtes  vides,  vous,  —  mais  eux  ne  vous  ont  pas  quittées. 
Eux,  le  savent,  tandis  (jiie  vous  ne  le  savez  pas...  ati  !  certes  1 
Entre  les  deux,  c'est  sur  vous  d'abord  que  l'on  pleure,  quand  on  comprend. 

Voici  un  autre  mot,  assez  singulier  pour  nous,  d'un  théologien  musulman. 


Ballàdj  passait  av.ecjses  disci^ics  ;  dans  uiie  rue  de  Bagdad  ôùàls^urprcjnnent 
ksondùnè  fiitte  exquise.  IcD  de  ses  disciples' lui'demajîde: 
'....  (fQ.u';est-ce  qiie  c'est 'ji.:  --    .' 

II  répond  :  «  C'est  la  voix  de  Satan  qui  pleuré  sur  le  mondt^.  » 

Coipment  faut-il  commenter;'  «Pourquoi  pleurc-t-il  sur  le  monde?  Satan 

pleuré  s^  le  inondé  parce  quïl  veut  le  faire  survivre  à  la  élesfruGtiqjiî,  il  pleure 

s«r  les'^^oses  qui  passent,  il  veut  les  ranimer,  tandis  que  Dieu  seul  reste. 

Satan  alité  condamné  à  s'attacher  lauxclioses  qui  ijassent,  et  c'est  pour  cela 

jq^u'ilpleïlré.  »•    .  i   .'' 

-  -  Vous; ie  voyez,  là  (încore,  l'orthodoxie,  l'idée  directrice  de  cet  art  musul- 
man est  déhaùsser  au  delà;des  formes,  donc' pas  laisser  idolâtrer  lès'  images,: 
mais  daller  au  delii  vers  Celui  :  qui  les  fait  bouger  comme  dans  une  lanterne 
nfagique,  commie  dans 'un  théâtre' d'ombres,  qui  est  le  seul  permanent:  te  bowa 
elBàqî  »,  nous  disent  les  innombrables  pierres  tombales  de  l'Islam. 

Louis  Massignon. 


L'UNiTK  i>Ks  i:(:()Li<:s  ni:  .mi.m\ti:uistks  mn  i»ei;si; 


A.UMi:N.\(;    SAKISIVN 

I/arl  [UTsan  en  fri'-iHTal.  et  les  urls  du  livre  —  caHij^Tapliii'.  rnliiiiiimiir, 
minialiirr.  reliure  —  en  |»articiilier.  pn-serilerit  une  évoluliim  cuiitinue  et  har- 
umnioiise  (le  nature  l'i  faire  supposer  un  pa\>  unilié  et  eeniialiM'.  A  priori  un 
s('xpli([ue  mal  ce  pln-noinène,  lorsqu  on  considère  les  dominations  élraufièrcs 
(pii  se  sont  succéd(''  en  l'erse,  et  son  morcellement  politique. 

En  (^ll'el.  la  i'on(juèle  montrole  au  milieu  du  ii'ei/.iènu'  siècle,  rt'alisc  ù 
peine  [«jur  cent  ans  l'unilé  p(dilique  de  la  l'erse.  (|ui.  pendant  les  dr-ux  der- 
niers tiers  du  (piator/ièun'  siècle,  se  retrouve  morcelée  entre  di-  nondtreux 
dynasles.  La  coii(|ur|i'  de  Tiumur  nirine.  à  la  lin  du  i|uator/.ième  siècle,  qui 
refait  sous  un  même  sceptre  l'uuile  de  la  l'ers<>,  sera  ('-plu-mère,  (-t  ses  succes- 
seurs ne  j;arderont  jus(|u'à  la  lin  (lu  (piiu/.ième  siècle  (|ue  la  l'erse  orionlale, 
principalement  le  Klnu-assan.  les  'riircomaio  du  Moulon  .\oii-  avant  l(d  fait  de 
rétablir  leur  autoril(''  dans  lOuest.  La  dynastie  des  SélV-vis,  cpii  s'affirme  au 
seizième  siècle,  succédant  aux  Turcomans  du  .Mouton  IManc  à  l'Ouest  et  aux 
j'iuinurides  à  l'LsL  r(''ussira  mieux  ([u'eux  à  ('lalilii'  sa  domination  sur  la  l*i-r>e 
imiliée  iiour  joui  le  sei/.ième,  le  dix-septièuu'  et  uiu-  partie  du  dix-lmilièuie 
siècle. 

L  ('tat  social  des  co'n(pn'-rauts  est  une  première  cause  do  celte  appa- 
renic  idultadiclion.  (^(-s  con(|uérauts  .M(Uigols.  Tui-ks  ou  Turcomans.  ap|>ar- 
leiiaul  ,1  des  races  en  iiéiu'-ial  nomades  et  toujours  ^ïuerrières,  n'a|qiorlaieut 
avei;  eux  (pi'iun-  ci\  ili>alioii  primitive  '".  et  adojttai(-nl  fonM-nu-nt  la  cul- 
ture (-1  les  ar'ts  de  1  Iran.  Ils  orrt  été  souviMrt  des  [)rolecteurs  i;érr(-i-eux  de> 
arl>,  corirme  les  Tinrouride^  Baysourdvorrr  Mir/a  et  Sultan  Hussein  Uarcara. 
à  lierai,  orr  le    Tirrcomaii  dir  Mouloii  .\oii'  Pir   |{(urdal»  ii  C.lrirM/ '  |>l.  W  II.    I   . 

(')  Di-jiuux  yi-u.x  do  Yc/.ilcguiitl,  di-niici-  roi  snssaiiirl.-  d.-  riiaii,  lis  loïKiiu'iiiiils  ariilit-s  ne  soiil 
que  des  «  mangeurs  de  lézards  ». 

SVHIA.  —   11.  jl 


162  SYRIA 

mais  les  artistes  à  leur  service  étaient  des  Persans  et  cette  communauté  de 
race  chez  les  artistes  créateurs  assurait  déjà  une  première  unité  dans  les  mani- 
festations artistiques.  Pour  prendre  des  exemples,  le  monument  funéraire  d'OI- 
djaitou  à  Sultanié,  et  la  Mosquée  Bleue  de  Chah  Djihan  à  Tauris,  ne  sont  pas 
plus  des  œuvres  mongole  et  turcomane  que  Saadi  n'est  un  poète  seldjouk  pour 
avoir  vécu  à  la  cour  des  Atabeks  de  Chiraz.  ou  Djami  un  Turk  pour  avoir  tra- 
vaillé au  Khorassan  sous  les  successeurs  de  Tamerlan. 

Le  rôle  prépondérant  des  cours,  et  ce  que  j'appellerai  les  tniij  rat  ions  arlisii- 
ques,  achèvent  d'expliquer  le  développement  harmonieux  de  la  miniature  per- 
sane du  treizième  au  dix-septième  siècle. 

Un  historien  turc  Aali,  auteur  d'un  petit  ouvrage  éminemment  précieux 
sur  les  artistes  persans  et  turcs  du  livre,  souligne  ce  rôle  des  cours  dans  la  vie 
artistique  de  l'Orient.  Amateur  de  calligraphie  et  de  miniature  de  la  fin  du 
seizième  siècle,  époque  où  sous  l'influence  persane  le  goût,  la  passion  même 
de  ces  arts,  étaient  très  répandus  dans  la  capitale  turque,  son  travail  est  fondé 
sur  une  connaissance  intime  et  directe  du  sujet,  et  non  sur  des  données  pure- 
ment livresques,  ce  qui  en  augmente  singulièrement  la  valeur.  Aali  insiste 
sur  cette  idée  *",  appuyée  d'exemples  relatifs  aux  calligraphes  comme  aux 
miniaturistes,  que  «  les  savants  et  les  artistes  ne  se  manifestent  que  grâce 
à  la  faveur  de  souverains  généreux  ou  d'illustres  vézirs  ». 

En  etl'et.  dans  les  monarchies  despotiques  de  l'Orient,  plus  qu'on  Occi- 
dent, l'art  a  été  l'apanage  d'une  élite  représentée  par  le  souverain  et  sa  cour,^ 
qui  seuls  encourageaient  et  faisaient  vivre  les  artistes  ;  la  vie  artistique  se  con- 
centrait ainsi  nécessairement  dans  les  capitales. 

Or,  du  treizième  au  dix-septième  siècle,  la  capitale  i-t  le  rentre  de  gravité 
du  monde  persan  ont  été  successivement  Bagdad  et  la  région  de  Teluiz  avec  ^ 
les  .Mongols  :  —  llérat,  avec  les  Timourides:  -^  de  nouveau  Tebriz  et  plus  tard 
Ispahan,  avec  les  Séfévis.  Tout  tninsfert  de  capitale  devait  forcément  entraîner 
la  migration  vers  la  nouvelle  cour  des  artistes  qui  vivaient  de  l'ancienne. 
Ainsi  la  métropole  décime  passait  le  flaml)eau  de  l'art  à  la  capitale  qui  lui  suc- 
cédait, ce  ijiii  assurait  l'unité  dont  on  est  frapp(''  dans  le  développement  de 
l'art  persan,  (iràce  à  Aali,  on  peut  se  rendre  compte  de  ces  faits,   dans  1  évo- 

(''  Voir  mon  nrliclc  sur  li:ii  Mininlurislcs  lifhznd    cl    Knsxim    Ali.   GnzcHe   des    fienux-\ris.  oc- 
lohre  ll)2(t. 


L'IJNITK    DES    KflOLES    l)K    >f  I>M  ATU  R I STRS    RN    PKRSR    10;', 

lution  de  r.iit  persan,  corroliorùs  [)ar  (le  mtmliioux  exemples.  Le  plu.s  célèltrc 
est  celui  de  liehzad  (|iii.  aiirès  une  lirillante  carrière  à  lierai  sous  Hussein 
IJaïcara  passe,  à  la  clin  le  des  Timouridcs,  à  la  cour  de  Cliah  Ismaïl  le  Séfévi, 
où  il  est  devenu  Directeur  de  sa  hildiothrqne.  Nous  savons  que  le  calligraplie 
préféré  de  ce  souverain  était  étralcincnt  un  Kliorassanien.  Cliali  .Mahmoud 
Nichapouri.  Le  |)oilrail  de  lidi/ad  ipif  j  ai  publié'"  le  re|)réseiiti'  avec  le 
turban  à  bàlon  rouj^e  des  Sél'évis. 

Dans  I  histoire  de  l'art  musulman,  à  coté  des  mij^rations  d  artistes  attirés 
par  une  nouvelle  cour,  les  exodes  douvrii-rs  et  darlistes  transplantés  de 
force,  à  la  suite  de  la  prise  d'une  ville,  constituent  aussi  un  fadeur  impor- 
tant, qui,  s'exerçantdans  le  même  sens  qncli's  mi^rralinns  volontaires  rerd'orce 
leur  effet.  J'en  citerai  un  (Xi'mpir  slunilicalif  |i()nr-  larl  df  Samarkand.  \  la 
prise  de  Da^dad  en  i;H):i-i;t'.»;t,  Tumerian  emmena  ilaiis  sa(a|iitale  li'S  >avants, 
les  artistes  et  les  mailres-ouvriers  de  cetle  \  ille  >-',  déleiiniiiaid  ainsi  un  exode 
de  louest  à  l'est. 

Tiiutefois,  l(jrs(|u"un  centi'e  artistique  déihu  est  soustrait  i\  I  iniluence  do 
la  nouvelle  ca|iilale.  soit  (]u"il  reste  s(»us  l'ancienne  dmninatioii.  soit  qu'il 
passe  à  une  unuNelle.  1  aiieiemu'  école  se  maintient  presi|ue  sans  évolution.  La 
Perse  occidentale  au  (piiuiième  siècle,  restée  aux  mains  dos  Tiircomans,  en 
est  un  exemple  frap|iant.  Il  existe  toute  une  série  d'ceuvres  contemporaines 
des  Tinuiurides  el  fausseuienl  ailiibuées  à  cette  école,  qui  représentent  la 
survivance  de  l'école  monj;ole  au  ([uinzième  siècle. 

La  période  mouiiole  proprement  dite  s'étend,  eu  elVel.  jusipi'à  la  fin  du 
qualiiivièun- sièile.  La  famill(!  mongole  des  Djebnirs.  ipii  détenait  en  n'-alilé 
le  [louvoir  sous  les  derniers  llkhans,  en  leur  siucédaiit  dans  la  première 
nu)itii''  du  ipiatorzième  siècle,  lit  sa  ca|)itali'  di'  la  ville  de  Hagdad,  cpii  est 
ainsi  l'estée  mongole  pendant  tout  le  siècle,  maign''  la  conquête  passagère  de 
Tiinour  en  I ;}!•:(. 

Les  miniatures  de  livres  de  la  lin  du  quatorzième  siècle,  datés  de  Magdad, 
tel  (pie  le  Khadjé  Kirmaiii  de  \'VM  du  liiitisli  Muséum  i^>  représentent  donc  la 
dernière  étape  de  révoluli(Ui  de  lecole  mougule.  Leur  parenté  avec  les  pre- 
mières peintures  iimourides  sexpli(pie  par  ce  fait  (pie  ces  miniatures  mongoles 

i"  /(>i(/.,  fig.  \.  l'i  l'.-R.  MiiiTiN,  The  Miniiilure  Piùnlinijithd 

l'i  MuNVKJiM  livciii,  I.  m.  |(.  1:1.  nninlrn.  I.  U.  l'I.  *.%  n  'W. 


164  SYRIA 

constituent  le  point  de  départ  de  la  nouvelle  école,  mais  c'est  une  erreur  mani- 
feste de  les  attribuer  à  cette  dernière,  comme  l'a  fait  AI.  Martin  pour  le  manu- 
scrit de  1397  du  British  Muséum.  Il  est  intéressant  à  ce  point  de  vue  de  noter 
les  tvpes  mongols  des  figures  '". 

Le  musée  de  rEvkaf  possède  un  Nizami  de  1399  illustré  de  paysages  du  plus 
haut  intérêt.  Le  scribe  est  de  Behbéhan  de  Kuh  Guilouy,  localité  du  Sud-Ouest 
de  la  Perse,  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  volume  est  aussi  originaire  de 
cette  ville,  ce  qui  le  rattacherait  au  manuscrit  du  British  Muséum.  Ces 
paysages  sont  tous  du  même  type,  mais  leurs  couleurs  varient.  Dans  celui  que 
nous  reproduisons  (pi.  XVII,  2),  une  colline  centrale  jaune,  flanquée  au  second 
plan  de  deux  autres  hauteurs,  ocre  et  violet  foncé,  se  détachent  sur  un  fond 
bleu.  Une  rivière  dont  l'argent  est  très  oxydé,  serpente  au  flanc  de  la  colline  du 
milieu,  et  des  canards  y  prennent  leurs  ébats  au  premier  plan.  On  y  remarque 
des  palmiers.  Des  lianes  en  or  très  contournées  sont  d'un  très  grand  effet  déco- 
ratif: enfin,  des  oiseaux,  disposés  avec  une  symétrie  naïve,  sont  perchés  sur 
les  arbres.  Ces  miniatures,  toutes  de  la  même  main,  représentent  Toeuvre  aussi 
charmante  que  rare  d"un  paysagiste  qui  ne  nous  a  malheureusement  pas 
transrais  son  nom'-'. 

Le  Nizami  de  M.  Goloubew  de  1463  '^'  et  surtout  leChahnamé  des  Derviches 
Mevlévis  de  Péra  <*'  sont  des  exemples  typiques  d'œuvres  de  l'école  mongole  du 
quinzième  siècle.  Ce  dernier  ouvrage'^'  n'a  pas  été  exécuté,  comme  M.  F.  R. 
Martin  l'a  cru,  à  tort,  pour  Mirza  Ali  de  Ghilan,  mais  pour  Ali  Mirza,  l'aîné  des 
frères  de  Chah  Ismaïl,  lequel,  à  la  différence  du  gouverneur  do  la  province 
de  Ghilan,  portait  le  titre  de  Sultan  et  même  celui  de  Calife.  Les  Séfévis,  fixés 
à  Ardébil,  jouaient,  sous  le  couvert  de  lu  religion,  un  rôle  politique  bien  avant 
de  monter  sur  le  trône  de  Perse.   Sultan  Ali  Mirza  avant    été  tué    dans    un 

(M   F.-U.   Mautin,    (j/).  cil.,  uolammeiil    l.i  niVi<HrHin/«;vi.  Leipzig,  191i,  t.  II,  pi.  36  et  37. 

planche  47.  C)  F.-R.  Maiitin,  op.  cit.,  t.  II,  pi.  63  et  66. 

l't  Voir  MAtiTKAU  et  Vbvkii,  Miniatures  per-  (^1  Ce   volume  se    trouve   actuellement   au 

«fines,  lu   PI.   LVI  de   1417,  apparentée  ares  Musée  de  l'Evkaf  de  Stamboul.    Volé  à  la  Bi- 

paysages,    mais  de  la  Perse  Occidenlalc.  La  bliothèque  dos  Derviches  .Mevlévis  de  Péra,  et 

coiffure  des  personnages  do  la  PI.  VII  qui  se  vendu  à  un  diplomule  espagnol,  il  n'a  été  res- 

rnpporle  an  même  manuscrit,  rapprochée  des  titné  qu'allégé  d'un  grand  nombre  de  minia- 

Inrhans  de  la  PI.  I,V  ne  laisse  pas  de  doute  à  lures  parmi  lesquelles  toutes  celles  qui  avaient 

cet  égard.  été  publiées. 

(')  W.  SciiLi.TZ,  Hie  pcrsische-islainische  Mi- 


L'UN  m':    DR  s    KG  OLE  s    DE    MINI  ATU  lUSTES    EN    l'EILSE    105 

ctiiiilial  en  i  i'.CJ,  son  Klialinium!'  est  antrricur  à  cette  date,  et  oertaiiieiiieiit  de 
la  n'-j^iuii  de  Tebri/,. 

Telle  l'tarit  l'iitiité  dr  la  iiiiiiialiiie  |ieisane.  les  gi'andes  subdivisions 
al)l)asside.  iiinniiole.  liiiiouride  et  sétëvie  ont  le  earaetère  de  [lériitdes  de  dé- 
V(d()|t|ieiiient  inlliieneé(;s  |iar  ties  euiidilitiiis  politiiiiies  et  p''(ijj:ra(diii|iies  spé- 
eiales.  et  elles  lie  coiisli  tuent  des  éc(des.  dans  le  véi-ita[)le  sens  du  mol.  ([ne  lors- 
(|n'elles  di-passent  la  domination  polilicjne  ({ui  sert  à  les  caraetériser.  comme 
l'école  morii^^de  dans  la  l'erse  occidentale  an  qnin/.ième.  et  l'i-oole  de  lli-rat.  à 
lionkliiiia.  an  sci/.ièine  siècle.  I.ii  dilItTein'e  e>l  i:randi'.  dans  ce  cas,  l'ntii'  le- 
(euvi'es  conleui|toi'aines  de  l'école  (|ni  si'  snrvit  et  celles  de  la  iion\  elle  i-cnlc 
qui,  ayant  eu  l'ain;ieuiie  comme  [loint  de  dictait,  |ionrsuit  son  év(dntioii. 


.\llMK.NA<;    S.\kl>lA\. 


BIBLIOGRAPHIE 


Raymoxd  Weill.  —  La  Cité  de  David. 
Compte  rendu  des  fouilles  exécutées,  à 
Jérusalem,  sur  le  site  de  la  ville  primi- 
tive. Campagnede  1913-191^.  —Un  vol. 
in-S"  de  viii  et  209  pages  avec  album 
in-i"  de  26  planches.  Paris,  Paul  Geuth- 
nei-,  1920. 

On  sait  avec  quelle  persévérance  et 
quels  arguments  pressants  M.  Clermont- 
Ganneau  a  demandé  que  des  fouilles  soient 
faites,  à  Jérusalem,  surla croupe  méridio- 
nale d'Ophel,  dans  l'intention  de  retrouver 
les  tombes  des  rois  de  Juda  à  liiilérieur 
de  la  boucle  dessinée  par  l'aqueduc  sou- 
terrain qui  relie  la  fontaine  de  la  Vierge  à 
la  piscine  de  Siloé.  Grâce  à  la  libéralité  du 
baron  Kdmond  de  Rothschild,  ce  projet 
a  reçu,  eu  1913-1914,  un  conimeiicemeiit 
d'exécution  sous  la  direction  de  M.  Ray- 
mond VVeill,  égyptologue  qu'attirent  les 
[)roblèmcs  bibliques,  archéologue  doublé 
d'un  oflicier  du  génie. 

La  complexité  des  problèmes  archéolo- 
giques que  pose  le  site  est  telle,  qu'il  a 
paru  utile  au  nouvel  explorateur  d'expo- 
ser l'état  de  la  (piestioa  avant  dedécrire  ses 
propres  recherches.  Les  fouillcsentreprises 
par  VV'arrcn  —  (|ui  a  dégagé  une  partie  du 
mur  d'Ophel  —  et  par  Parker  —  qui  a 
sondé  l'intérieur  de  la  colline  et  exploré 
le  réseau   de  tunnels  sons-jaccnts,  —  ont 


été  conduites  parle  moyen  de  puits  ou  de 
galeries  pénétrantes  dont  le  rendement 
est  forcément  limité. 

Toutefois,  dès  1879,  Warren  situait  exac- 
tement la  cité  jébuséenne  et  reconnaissait 
(jue  la  source  d'Ophel  n'avait  pas  peu  con- 
tribué à  fixer  le  choix  des  Cananéens;  mais 
il  ne  déterminait  que  des  éléments  de  la 
muraille  orientale  ;  les  fouilles  de  1913- 
1914  restituent  tout  le  système  fortifié  de 
la  cité  cananéenne  devenue  cité  de  David. 

Mieux  que  de  longues  explications,  le 
croquis  ci-contre  que  nous  empruntons  à 
l'ouvrage  de  M.  R.  W.,  montrera  l'organi- 
sation primitive  sur  le  promontoire  d'cd- 
Dahoura,  qui  prolonge  au  sud  la  colline 
d'Ophel.  M.  R.  Weill  y  a  dégagé  un  sys- 
tème complexe  de  défenses  analogue  à 
ceux  de  Jéricho,  de  Gezer,  de  Megiddo  et 
de  ïaannak.  Il  est  vraisemblable  qu'à 
l'époque  des  rois  de  Juda,  il  y  a  eu  des 
réfections  ou  même  des  additions  puisque 
les  Chroniques  font  allusion  à  des  travaux 
d'Ezéchias  et  de  Manassé  ;  mais  ces  dé- 
fenses ont  dû  recevoir  leur  aspect  à  peu 
près  définitif  dès  le  milieu  du  deuxième 
millénaire  avant  notre  ère.  «  Le  dispositif, 
note  M.  R.  Weill,  en  gradins,  avec  mas- 
sifs en  terre  durcie  fonrnissant  des  em- 
marchements  en  glacis  incliné,  a  été  ren- 
contré sur  les  lianes  de  plusieurs  acropoles 
palestiniennes,  notamment  à  Jéricho,  où 


Râbsk 


£ir£yci.J- 


168 


SYRIA 


sous  le  gros  mur  cananéen   de  la   crêle, 
devant  lui  et  plus  bas,  à  l'époque  israé- 
lile  ancienne,  on  établit  l'avancée  d'une 
lorle  muraille  en  briques,  assise  au  som- 
met d'un  glacis  raide  en  terre  battue,  re- 
vêtu de  moellons,   fondé    lui-même    sur 
une  couche  de  béton  d'aigile.  Très  carac- 
téristique aussi  est  le  dispositif  des  murs 
et  glacis  étages  qu'on  trouve  à  Megiddo. 
Les   montagnards   qui    aménageaient   de 
pareilles  organisations  n'étaient  point  des 
novices    en    l'art   de  la   fortification,    et 
celaient  des  places  redoutables  que  ces 
petites  acropoles  de  Gezer,  Megiddo,  Jé- 
richo,  auxquelles  nous  pouvons  compa- 
rer, aujourd'hui,  celle  que  David  prit  d'as- 
saut par  surprise.  »  Déjà,  M.  Maspero.  sans 
posséder  l'abondante  documentation  mise 
au  jour  par  les  fouilles  de  ces  vingt   der- 
nières années,  avait  jugé  très  remarquable 
la  forlilication  cananéenne  au  temps  de  la 
dix-huitième   dynastie  égyptienne   et  re- 
connu   qu'elle    était    sans    analogue   en 
Egypte.  Cet  art  militaire  si  développé  est 
certainement  fonction  d'une  organisation 
puissante.  Et  cette  remarque  prend  toute 
son  importance  quand  on  rattache  cette 
puissance    cananéenne  à    l'invasion   dite 
des  llyksos  en  Kgypte.  La  dernière  élude 
étendue   qui  a   été   consacrée  à   ces   en- 
vahisseurs —  précisément  par  M.  H.  WeiU 
dans  le  Jo(//v)a/«sia<i'r/(ic,  depuis  19 10,  —  a 
confirmé  qu'ils  se  composaient  en  grande 
partie   tle  Cananéens.   Après  leurs   forte- 
resses en  Canaan,  nous  découvrirons  peut- 
être  d'autres  éléments  de  leur  civilisation. 
La   céramiijue  de   Kofr  edj-Djarra,  mise 
au  jour  par  le  docteur  Contenau  {Syrin. 
t.  I  (l!t-20).   |).    127-128,   pi.   XI)   poiirr.iil 
liur  être  attribuée  i  '  i  s'il  se  confirme  (pic 

(M  Cwi  serait  iiiipoiliiiil   piiur  lu  (•.'•raiiiiiiuo 


la  couche  profonde  du  château  de  Sa'i'da 
{Ibid.,  p.  121  et  suiv.)  contient  des 
fragments  céramiques  d'une  technique 
très  analogue  :  couverte  jaune  lustrée 
et  cercles  horizontaux  peints  en  brun 
fiincé. 

Les  fouilles  du  docteur  Contenau  au 
château  de  Saïda  montrent  que  cette  civi- 
lisation <|ui  avait  déjà  subi  une  atteinte 
lors  de  la  conquête  par  la  dix-huitième 
dynastie  égyptienne,  a  sombré  sous  l'ef- 
fort des  peuples  de  la  mer,  au  temps 
de  Ramsès  III,  vers  1190.  Cela  résulte 
du  hiatus  (un  mètre  de  terre  stérile) 
qui,  sur  ce  site,  sépare  la  couche  pro- 
fonde de  la  couche  supérieure  où  appa- 
raît uniquement  le  géométrique  de  l'âge 
du  fer  ('  I. 

La  restitution  de  l'acropole  cananéenne 
nous  paraît  le  fait  capital  des  découvertes 
de  M.  K.  Weill  à  Jérusalem.  On  trouvera 
encore  dans  son  rapport  une  étude  des 
organisations  hydrauliques  superficielles 
et  souterraines,  des  tombeaux  plus  ou 
moins  dévastés  qui  paraissent  apparteiiii 
à  la  nécropole  des  rois  de  Juda  :  la  des- 
cription du  dispositif  des  tombes  est 
précise  ;  mais  les  déterminations  archéo- 
iiigiques  sont  rares. 

De  beaucoup  plus  basse  époque  est 
l'installation  d'une  synagogue  avec  dé- 
ixridaiices,  antérieure  à  la  destruction  de 

iioiic  à  incisions  remplies  do  matière  liluiRhe 
i|iii  apparaît  en  Egypte  à  l'époque  des  Hyksos 
i(',(.  nos  Civili-^nlions  prélielU'idques,  2'  éd., 
p.  2;i9  ,  mais  qui  a  pu  se  prolonger  plus  lanl 
eu  l'iiéuicie. 

,  '  I  Le  docteur  Contenau  a  pensé  toutd'aijord 
(pi'il  s'agissait  du  sac  de  Asarliaddou  ;  mais  il 
iincpli'  maintenant  de  faire  remonter  plus 
haut  la  destruction  de  la  ville  ou  de  ce  quar- 
tier de  ville. 


luin.KxiiiAi'iiii-: 


169 


Jérusalem   par  'l'iliis,  cl  cIdiiI  la  dédicace 
par  Théodotos  est  déjà  célèbre  ('). 

On  voit  que  les  fouilles  iiahilemeiil  con- 
duites par  M.  K.  Wcill,  sur  un  terrain 
inallieurcusenient  trop  resserré,  apportent 
des  renseignements  importants  et  très  di- 
vers. Ces  heureux  résultats  doivent  en- 
courager à  poursniv  rc  l'i'iilreprise. 

Hkm',  Dl'ssali). 

I,.  I)i:i.  M'OHTK.  —  Catalogue  des  Cylindres 
orientaux  (Musée  du  Lnuvn'  —  I. 
h'tiiiilles  et  Missions.  —  Paris,  llaclntlc, 
I'.t2(l  (vm  +  !IG  p.  et  ti(î  |d.j 

M.  L.  Ui-lapiirle,à  qui  nous  devions  iléjà 
le  catalogue  des  Cylindres  orientaux  du 
musée  Guiniet  et  celui  de  la  Itibliollièque 
nationale,  nous  donne  aujouiilhui  la  pre- 
mière partie  du  catalogue  des  Cylindres 
du  musée  du  Louvre.  L'auteur  a  dû,  tant 
est  grande  Timportance  de  la  collection  à 
décrire,  scinder  son  œuvre  en  deux  par- 
lies;  pour  la  même  raison  il  lui  a  fallu  se 
borner  à  la  simple  description  des  monu- 
ments sans  y  joindre  de  commentaire;  il 
fait  ainsi  connaître  une  multitude  de  docu- 
ments, jus(iu'ici  |)eu  accessibles  à  (jui  vou- 
lait les  étudier. 

A  mesure  que  les  publications  do  cy- 
lindres deviennent  plus  nombreuses,  nous 
sommes  obligés  de  constater  que  noire 
ignorance  est  encore  grande  sur  le  sujet  ; 
j)our  (jnelipies  scènes  expliiiuées  d'une  fa- 
(.on  satisfaisante  et  délinitive,  combien  y 

l'i  Nos  lei'lfnrsen  oui  élê  saisis  pur  rarlielt' 
de  M.  (Ilkhmont-Gannkac,  S.vn'rt,  t.  1  (l'JiO), 
pp.  190-197.  M.  TiiÉoDonE  Kkinacii  l'a  étudiée 
duns  Iteviie  des  éludes  Juives,  19-20,  pp.  •S6-50. 
Plus  récemment,  lo  1'.  N'imcknt  eu  a  traité 
dans  Hevue  biblique,  1921,  pp.  ■217--277. 

SlHIA.  —  II. 


en  a-t-ildonllasignilicalioQ  nouséchappe! 
C'est  le  cas  de  la  presque  totalité  des  em- 
blèmes qui   parsèment  le  champ  des  cy- 
lindres et  qui  paraissent  avoir  pour  but  de 
qualifier  les  ligures  divines,  assez  souvent 
impersonnelles,   qui    composent  le  sujet 
principal.  L'étude  complète  de  la  glyptique 
mésoi)otaniicnne  ne  peut  être  entreprise 
(pie  sur  des  monuments  dont  on  connaîtra 
exactement  la  date  et  la  provenance.  C'est 
rarement  le  cas  des  cylindres;  nous  savons 
quels  types correspondentàchaqueépoque, 
mais  ceci  dans  de  larges  limites,  quelque- 
fois de  plusieurs  siècles,  et  nous  n'avons 
(|ue  rarement  l'indication  précise  du  lieu 
où  ils  ont  été  trouvés;  nous  devons  souvent 
nous  contenter  de  la  mention  de  l'endroit 
où  ils  ont  été  achetés,  ce  qui  est  tout  diffé- 
rent, CCS  petits  objets  ayant  .souvent  beau- 
coup voyagé  avant  d'atteindre  les  grands 
centres  où  s'en  tient  le  c<}mmerce.  D'ail- 
leurs, il  en  était  de  mèrne  dès  l'antiquité, et 
de  ce  (|u'un  cylindre  a  été  découvert  dans 
une  fouille  régulière,  il  ne  s'ensuit  pas  (|u'il 
ail  été  fabri([ué  dans  la   région.  Aussi  un 
cylindre  isolé  ne  doit-il  pas,  sauf  exception, 
ilonner  lieu  à  des  conclusions  fermes;  la 
présence  dans  une  même  fouille  d'une  sé- 
rie  homogène  pourra  seule  créer  la  pré- 
sonjption.  C'est  à  cette  condition  de  ne  faire 
état,    pour    une   étude    d'ensemble,   que 
d'exemplaires  bien  identiliés,  qu'on  obtien- 
dra des  résultats  durables  tant  dans   la 
chronologie  des  cylindres  que  dans  leur 
répartition  en  écoles  et  en  ateliers,  l'our  le 
classement  et  l'interprétation,  l'empreinte 
sur  tablette  vaut  plus  que  l'objet  lui-même  ; 
on  a  souvent  ainsi  la  date  et  le  lieu  de  pro- 
venance du  document. 

Le  plan  suivi  par  M.  Dclaporle  réponde 
ces  desiderata  ;  lo  volume  (pi'il  nous  olTrc 
aujourd'hui  renferme  les  cylindres  prove- 
33 


170 


SYRIA 


nant  de  fouilles  et  de  missions,  tandis  que 
le  second  volume  présentera  les  acquisi- 
tions. Ce  premier  volume  doit  donc  nous 
donner  toute  satisfaction  par  la  rigueur  de 
détermination  des  monuments.  En  réalité, 
il  s'est  bien  glissé,  dans  la  quantité,  un 
certain  nombre  de  cylindres  dont  la  pro- 
venance est  moins  assurée;  différentes  ru- 
briques :  collection  Dieulafoy,  fouilles  de 
Khorsabad,  par  exemple,  n'eu  sont  pas 
exemples,  les  directeurs  de  fouilles  ayant 
parfois  joint  au  lot,  des  cylindres  achetés 
sur  place  et  qu'ils  ont  considérés  comme 
de  même  origine  que  ceux  qui  provenaient 
de  leurs  explorations.  Mais  recueil  est  en 
somme  de  peu  d'importance,  la  grande 
majorité  des  pièces  est  bien  définie;  on 
voit  ainsi  se  créer  des  séries  sur  lesquelles 
la  critique  pourra  s'exercer. 

M.  Delaporte  a,  en  outre,  joint  aux  cy- 
lindres toute  une  suite  d'empreintes  dont 
la  connaissance  viendra  corroborer  les  ré- 
sultats de  l'étude  qu'on  pourra  consacrer 
aux  monuments  eux-mêmes. 

Les  sections  les  plus  importantes  du  vo- 
lume sont  celle  de  la  délégation  en  Perse 
avecoTI  numérosdont  339  cylindres, 82 ca- 
chets et  1")0  empreintes;  celle  de  la  collec- 
tion Dieulafoy  avec  107  cylindres,  195  ca- 
chets; celle  des  fouilles  de  Tello,  avec 
63  cylindres,  33  cachets  et  IGO  empreintes. 
Les  fouilles  de  Tello  et  la  délégation  en 
Perse  ont  fourni  un  riche  contingent  de 
cylindres  à  dessins  géométriques  archaï- 
ques, dont  jusqu'ici  nous  n'avions  pas  l'é- 
(piivalent.  Lors(iue  l'œuvre  sera  complète, 
ccqtii,  nous  l'espérons,  ne  tardera  pas  trop, 
le  catalogue  des  Cylindres  orientaux  du 
musée  du  Louvre,  constituera  un  répcr- 
loiie  des  plus  précieux  à  consulter. 

G.   Co.MICNAli. 


Gustave  SciiLLMr.ERGEu.  —  Récits  de 
Byzance  et  des  Croisades.  Un  vol.  in-i2 
de  341  pages.  Paris,  Librairie  Pion,  1917 
(nouvelle  éditionj. 

Nous  sommes  en  retard  pour  signaler 
ce  recueild'articlesdu  maître  byzanliniste, 
un  des  promoteurs  du  grand  mouvement 
d'études  suscité  par  l'ancienne  Société  de 
l'Orient  latin,  mais  ces  pages  précises  et 
vivantes  ont  gardé  toute  leur  actualité. 
Quelques-unes  évoquent  les  luttes  pour  la 
conquête  de  Constantinople  au  septième 
siècle,  au  dixième,  au  quinzième;  mais 
nous  devons  signaler  tout  particulièrement 
le  récit  de  la  Prise  de  Jérusalem  par  les 
(jiierriers  de  la  première  Croisade,  le  15  juil- 
let 1099  ," — L'Histoire  d'après  les  monnaies, 
les  premiers  princes  francs  en  Syrie  ;  —  Les 
Arméniens  au  moyen  âç/e:  —  Les  Croisés  au 
désert  du  Sinaï  :  —  .la  soir  de  la  bataille  de 
Tibériade,  la  mort  de  Penaud  de  Cliâtil- 
lon,  etc..  M.  G.  Schlum berger  a  déjà  con- 
sacré une  importante  étude  à  Renaud  de 
Chiïtillon  ('),  célèbre  jusque  dans  les  chro- 
niques arabes  par  son  audace  légendaire  et 
par  la  vengeance  qu'en  tira,  non  sans  or- 
gueil,Saladin  en  le  tuant  de  sa  propre  main, 
liien  qu'épris  de  cette  curieuse  figure  de 
guerrier,  à  laquelle  il  a  su  rendre  tout  son 
relief,  son  historiographe  observe  qu'il 
fut  sans  peur,  mais  non  sans  reproche  :  le 
plus  grave  est  celui  de  porter,  pour  une 
grande  part,  la  responsabilité  de  la  mésin- 
telligence qui  se  déclara  violemment  entre 
l'rancs  et  Sarasins  et  qui  aboutit  à  la  dou- 
loureuse défaite  de  Uattiii. 

R.  D. 

i''  IteiHiiitl  de  Cliiilitluii,  prince  it'Aiilioclic, 
iciijnctir  de  ta  terre  d'Outre-.loitrdain,  uii  vol. 
lie  407  pages.  Paris,  Pion,  1898. 


BiniJOr.HAIMMK 


171 


PfiRIODIQl  F. 
La  Revue  de  l'Académie  arabe,  DiniM-i. 

Il"  (Ir  jaiiN  ii'i-  l'.ll'l. 

On  ne  saurait  assez  insister, en  Occidinl , 
et  spécialement  en  France,  sur  ce  fuit  :  ipii' 
toute  la  rénovation  moderne  de  ce  très  bel 
instrument  d'analyse  littéraire  et  de  syn- 
thèse philosophique,  qui  s'appelle  l'idiome 
arahe,  a  été  l'œuvre  des  Syriens,  v  Par  le 
seul  ascendant  d'une  inslruclion  sii[)é- 
rieure  (')  »,  depuis  sf>ixante-dix  ans,  des 
écrivains  syriens,  chrétiens  pour  la  plu- 
part, ont  travaillé,  plus  que  personne,  à  la 
réconciliation  enire  Fumpéens  et  Musul- 
mans, en  tr.insl'ormant,  non  seulement  le 
drof;mana  tel  la  <'omplai)ililé  commerciale, 
mais  l'imprimerie  et  la  pri'sse,  les  discipli- 
nes artisti(iues,  industrielles  et  méilicales 
del'Urient  islami(|ue;  et  c'estce  travail  phi- 
lolo(,Mque  patient,  fondé  sur  l'édition  des 
^iratids  classiques  arabes,  (pii  leur  a  permis 
d'adapter  graduellement  le  Dictionnaire 
arabe,  le  vieux  Qdinoâs,  aux  exigences  les 
plus  subtiles  des  sciences  nouvelles  et  des 
problèmes  sociaux  contemporains. 

(;e  n'est  pourtant  pas  en  Syrie  que  la 
première  formuled'uneo  Académie  arabe  » 
fut  envisagée,  mais  au  Caire,  terre  hospi- 
talière aux  émigraiits  syriens,  eu  un  lemiis 
où  la  pleine  liberté  d'un  pareil  groupement 
inlelleiluel  leur  eût  été  refusée  en  Syrie. 
("e  temps  est  passé,  —  et  nous  pouvons  lire 
aujourd'hui  le  premier  fascicule  d'une  /l'c- 
vttr  (/(■  r.U-otlt'iiiic  orahc,  paru  à  Damas. 
Puissent    ses    membres    (•)     travailler 

('1  Uelire,  A  ce  siij.-t,  la  lu-Ile  i)rrfn.i'  i\c 
GocevKii  à  su  IriuliictiDii  ih"  r\//V/«/i  il  lus 
Mli.iK.  Beyrouth,  tSSS. 

I*'  Mrinlires  foiiclateiirs.  rrsiilaiil  à  liniims  : 
MM.  .Muliaiiiiiiril  Kiird  .Mi,  présiilciil  :  .Viniri 
Soim'i'il  ;  .Viiis  Scllouin  ;  Saiil  cl  Kaniii  ;  .MhIi'I- 


longtemps  de  concert,  comme  les  jardi- 
niers qui  viennent  féconder  les  Heurs  des 
dattiers  dans  la  palmeraie,  —  à  celte  coni- 
|)énétralion  intellectuelle  des  deux  cultu- 
res, orientale  et  occidentale,  en  Syrie  : 
tel  est  le  vœu  que,  de  grand  cœur,  le  si- 
gnataire de  ces  lignes  vint  leur  offrir  à 
Damas,  à  la  fin  de  l'année  dernière. 

Ce  premier  fascicule  contient,  après  le 
programme  inaugural,  une  étude  de  Saïd 
ni  Knrmi  sur  la  bibliothèque  moderne 
qui  se  constitue  à  Damas,  au  musée:  en 
f.u-e  de  la  célèbre  collection  de  manuscrits 
anciens  conservés  à  la  Zahirié  ;  puis  la 
description,  par  il'i/ri  Cnntlulafl,  de  quel- 
ques ac(piisitions  récentes  du  Musée  d'an- 
li(|uités.  \ient  ensuite  une  fine  esquisse 
biographi(pie,  jtar  Maliniiiincd  Kiird  Ali, 
sur  le  cheikh  Talier  Djazaïri,  cet  esprit 
s.ivant  et  original,  cpii  a  tant  fait,  parmi 
les  milieux  musulmans,  pour  la  rénova- 
tion de  la  philologie  arabe,  au  sens  le 
plus  large  de  ce  terme  (').  Le  texte  de  la 

k.idcr  .Mo^ral.i  ;  Mitri  naii.lalafl|:  U/.  l't  Dhi 
'.Main  et  Diii.  —  ù  Zahlé:  Isn  Iskcniler  .Ma- 
loïK.  —  a  Heyroulh:  L.  Chcikh.i  ;  Dj.  llou- 
nn'lli;  I'.  Klioùly;  Ph.  Tnra/i.  — •  à  Bmjdad  : 
M.  CliDiiIvri  .Vloùssi  ;  Annstas-Karmnli.  —  A 
Mrji  :  Hcdr  Nasilni.  —  au  Cnire  :  Ahine<l 
l'imitiir  ;  J.  Sarroilf  ;  II.Zi''ki. —  l'i  Jèriisalcin  : 
Nalila  Zi'rrik,  —  ù  Tunis  :  MU.  Alulelwahhali. 
—  à  Mii<T  :  .M.  Benehenel).  —  an  Djehrl  Winil  : 
.Vhiiieil  UlilA.  —  ù  ConsUmIinoide  :  Zi-ki  .Me- 
Lîliame/..  —  L'Académie  aélu  eorame  mcmltre.'», 
parmi  les  orientalistes  neeideiilaiix  :  Diissaud, 
Ciuy,  Massigiion  ;  t'iuidi,  Ciriffini.  Noilino, 
('.aetaiii  :  lliirtmanii  f,  Itroekelmaiin;  .Margo- 
lioiith,  Urowiie:  llniitsina  ;  Xloiitrl  :  Gottheil  : 
Mi^iiiel  Asiii. 

l'i  Su  <■  vil"  •<.  si  intéressante,  a  été  pulilit* 
sous  le  titre  tamniir  al  bitsiilr,  |>ar  uu  de  ses 
disciples,  Moiia\imki>Sa1dB\>I,  eu  13.39(l'JiO\ 
à  Dnmns,  l.-i'.t  pages. 


172 


SY  R  I A 


conférence  signalée  plus  haut  clôt  le  pré- 
sent fascicule,  avec  un  résumé  des  tra- 
vaux de  l'Académie. 

Louis  Massigson. 

NOUVELLES  ARCHÉOLOGIQUES 

La  mosaïque  de  la  Synagogue  de 
Ain  Doùq. 
Cette  curieuse  mosaïque,  découverte 
accidentellement  en  1918  dans  les  ruines 
d'une  antique  synagogue  non  loin  de  Jé- 
richo, a  fait  l'objet  de  deux  mémoires  : 
l'un  de  moi,  l'autre  du  P.  Vincent,  parus 
à  quelques  mois  d'intervalle  (".  Les 
Pères  dominicains  de  Jérusalem  viennent 
de  procéder  au  déhlayement  total  de  la 
mosaïque  et  des  arasements  de  l'édifice 
qui  n'avaient  été  que  partiellement  dé- 
gagés. Le  P.  Vincent,  qui  avait  fait  les 
premiers  relevés  provisoires  et  qui  a  di- 
rigé les  nouveaux  travaux,  a  bien  voulu 
m'adresser  à  ce  sujet  la  lettre  suivante  : 

ÉCOLE  AnCUÉOLOGIOUE  FRANÇAISE 

Jérusalem,  le  ?  mai  l'J'2î. 

Monsieur  le  Professeuk, 

Ainsi  que  vous  l'aviez  auguré,  votre  très 
bieiiveillanto  lettre  (lu  i'i  mars  est  venue  me 
rejoindre  au  chantier  d'A'in  Doùq.  En  trois  se- 
maines nous  avons  vigoureusement  relourné 
l'énigmatique  petit  tertre.  Il  nous  a  procuré 
d'abord  quelques  moments  d'assez  cruelle  dé- 
ception. 

Limités  ainsi  que  nous  l'étions  par  nos 
moyens  pécuniaires,  nous  devions  aller  droit 
au  fragment  de  mosaïque  connu  et  tenter 
d'aboril  le  sauvetage  de  l'inscription.  Celle  ci. 
nous   l'avions    assez    soigneusement    recou- 

(')  CLF.nMONT-rFANfSRAU,  Complcs  rendus  de 
l'Académie  des  insrr.,  101!),  pp.  87-1-21,  et  2!)8- 
.300.  I'.  ViNCKNT.  Revue  biblique,  1919,  pp.  tVH 
et  suiv. 


verte  en  juin  1919.  Mais  dans  les  deux  der- 
niers hivers  très  pluvieux,  une  herbe  dense 
avait  poussé  sur  cette  terre  remuée  et  faisait 
appréhender  bieu  du  dégât.  Quant  aux  quel- 
ques mètres  carrés  déjà  connus  du  pavement 
historié,  mal  dissimulés  sous  un  demi-pioil 
de  terre  et  ravaudés  par  des  indiscrets, 
à  peine  avions-nous  tenté  de  les  remettre  au 
jour  qu'Us  paraissaient  devoir  être  irrémé- 
diablement perdus  :  la  mosa'ique  désagrégée 
ne  supportait  même  pas  la  brosse!  Nous 
n'étions  pourtant  pas  venus  à  Aïn  Douq  pour 
enregistrer  un  aussi  parfait  mécompte! 

Le  parti  fut  rondement  pris  d'élargir  le 
projet  par  une  reconnaissance  plus  ample  du 
tertre,  qui  nous  remettrait  peut-être  sur 
quelque  piste  de  l'édifice,  et  permettrait  de  res- 
saisir la  mosaïque  en  un  point  moins  délabré, 
de  prendre  nos  ouvriers  bien  en  main  et  de 
les  façonner  à  cette  délicate  besogne.  On  cer- 
nerait ensuite  avec  une  prudence  plus  expéri- 
mentée la  partie  intéressante  et  désespérée. 

Le  raisonnement  s'est  trouvé  juste.  Nos 
équipes,  écartées  résolument  de  la  mosaïque 
intangible  et  installées  par  déduction  sur  deux 
points  assez  distants,  exhumaient,  en  deux 
jours  pénibles,  de  bonnes  traces  d'un  grand 
mur  d'enceinte  générale,  et  surtout  un  excel- 
lent alignement  de  pilastres  dans  la  situation 
calculée  pour  répondre  à  l'alignement  des 
trois  pilastres  connus.  L'image  surgissait  dès 
lors  en  grande  partie  et  le  reste  s'est  déroulé 
pendant  quinze  jours  par  la  plus  simple  ana- 
lyse, nous  rendant  tous  les  éléments  d'une  sy- 
nagogue à  trois  nefs,  avec  narthex  et  annexes  : 
le  tout,  naturellement,  d'une  irrégularité 
amusante  et  dune  pauvreté  structurale  à  dé- 
sespérer, mais  intéressant  quand  même. 

Le  plus  décevant  est  que  la  nef  du  bus-côté 
niiest  et  la  partie  conservée  du  collatéral  cor- 
respondant à  l'est,  nous  rendaient  des  pave- 
nii'nts  h*  mosaïques  géométriques,  où  il  ne 
manquait  pas  un  cube,  alors  que  dans  tous 
les  points  par  où  nous  tentions  d'abonler  la 
nef  ccnirale  nous  y  constations  des  lacunes 
désagréables.  L'anomalie  devait  s'expliquer  par 


nini.ioGRAi'iiiE 


173 


la  suite.  Il  fallut  hioii  prendre  enfin  Iclaureiui 
pur  les  cornus  et  déblayer  eetle  nef.  Une  pe- 
tite ('■(juii»'.  M(*lcctionii6c  avcf  soin,  décapait  le 
remblai  jusqu'à  un  niveau  donné;  après  (|uoi 
nous  réalisions  nous-mêmes,  par  courtes  sec- 
tions, la  fouille  finale.  Ou  travaillait  à  la 
main,  au  couteau,  à  la  brosse,  avec  des  pré- 
cautiousd'apactics.  Dès  qu'un  motifscdessinait, 
on  relevait  ua  premier  croquis,  au  besoin  une 
[ihoto  provisoire.  Le  nettoyage  s'acbevait  en- 
suite et  l'on  travaillait  des  beuresàplat  ventre 
sur  un  eailouelie  ou  un  médaillon,  pour  eir- 
eouscrire  une  cassure,  calqiu-i  ou  dessiner  des 
débris  (le  lettres  dont  les  cubes  mouvants  ne 
devaient  résister  à  aucun  essai  de  nettoyaf:e 
complet. 

A  ce  jeu,  les  longues  journées  filaient  vile 
et  on  ne  songeait  même  pas  au  siroco  ipii 
faisait  raj;(^  (mi  celte  mi-avril  sous  l'écran  du 
(Juarautal.  Lambeau  par  bimlieau,  nous  avons 
fini  par  mettre  au  soleil  toute  cette  faliilique 
nef  y  compris  l'inscription  initiale  et  quatre 
autres  du  même  Ibèmc  :  commémoraisons  de 
donateurs,  sans  doute  pour  le  curieux  |)ave- 
ment.  Deux  sont  lacuneuses,  mais  les  deux 
aiilrcs  intactes  à  peu  près.  Pas  une  date  di- 
recte, à  travers  ces  noms,  et  —  comme  de  juste 
dans  cet  hébreu  —  |ihs  une  uoliee  d'ordre  un 
lieu  général.  .Mais  la  mosa'iqire  est  amusante 
en  elle-iMènii'.  il  vous  intéressera  cerlaine- 
lueiil.  .\tiiii^ie\ii'  le  Professeur,  d'apprendre 
que  voire  ciinjeclure  si  fine  au  sujet  de  la 
pauvre  é|i,i\e  connue  naguère,  un  avant-bras 
tendu  v<TS  uu  grand  lion  bon  enfant,  est 
brillaunnenl  confirmée  :  nous  avons  les  dé 
bris  exactement  symétricpu-s  du  C(Mé  opposé, 
et  entre  les  deux,  en  toutes  lettres,  ou  à  peu 
près,  Danift  rlfilain.  .Vu-dessus  de  cette  scène, 
un  grand  panneau  groupe  des  emblèmes  juifs  : 
le  uieiilile  ili'  la  ïliorah  encadré  de  ehande- 
tiiis  el  (le  lampes,  avec  deux  inscriptions  lacu- 
neuses. Au-. lessous  de  Daniel,  la  perle  du  cycle 
entier:  un  panneau  carré  île  i  m.  0"i  dec(Méoù 
s'étale  un  Zodiaque  avec  représentation  icono- 
grapbiquo  et  désignation  épigraphique  hé- 
bra'ùpre  des  signes,  et  quadrige  solaire  dans  le 


I  médaillon  contrai;  saisons  figurées  anx  4  an- 
gles. .Malgré  le  vandalisme  des  iconoclastes 
zélés  qui  massacra  jadis  celte  composition,  je 
pense  que  nous  la  tenons  dans  son  ensemble. 
Les  moindres  lambeaux  ont  élé  photographiés, 
(h'ssinés,  mesurés,  et  je  suis  en  train  de  jouer 
une  patience  pour  remonter  ce  panneau. 

Le  resle  de  la  nef  est  occupé  par  le  réseau 
géométrique  somptueux  encadrant  les  médail- 
bms  d(!  (I  genre  »  dont  j'ai  indiqué  le  schéma 
en  I9l!t.  C'est  fort  joli,  mais  de  moindre  in- 
térêt, d'autant  que  tous  les  sujets  vivants  ont 
été  brisés  avec  soin  et  "  restaurés  d  parfois 
avec  une  pieuse  orthodoxie  en  cubes  blancs 
lin  en  ciment  battu  I 

Fouilles  el  relevés  terminés,  l'inspcclcirr 
.Mackay  a  enlevé  les  inscriptions  —  nous  en 
avons  pris  nous-mêmes  une  pour  l'Kcole —  el 
une  (|uiu/.aine  de  sujets  décoratifs.  Nous  avons 
fait  le  possible  pour  retarder  la  désagrégation 
définitive  irrémédiable  de-  ce  qui  resle  i-n  place 
et  recouverl  le  tout. 

L'aire  complète  de  la  synagogue  a  été  dé- 
blayée, minutieusement  ins|iectée,  ainsi  que 
les  annexes.  Tout  l'espace  inclus  dans  le  mur 
d'enceinte  a  été  exi)loré  par  des  tranchées  de 
recoupement  dont  le  réseau  serré  ne  laisse 
qu'un  extrême  minimum  de  chance  à  la  pré- 
sence de  quelque  ;/hc;i(:<i/i,  puits,  ou  quoi 
•un-  ce  soit  de  ce  genre.  An  total,  le  ivsnilat 
est  bien  palestinien,  c'esl-à-<lin;  chétif.  .Mais 
du  moins  nous  eu  avons  le  cceur  net  et  noU'* 
ne  rentrions  pas  tout  i\  fait  bredouilles  comme 
j'en  avais  en  un  moment  la  terreur  nu  début 
do  l'aventure. 

J'ai  maintenant  de  quoi  ni'amuser.  pour  df 
beaux  jours,  à  meltre  celte  imagerie  au  net,  à 
travers  mainte  autre  obligation.  Le  I'.  La- 
grange,  qui  doit  partir  pour  la  France  en  juin, 
pourra,  je  l'espère,  eu  emporter  une  bonne 
partie. 

Jecrois  provisoirement  l'édifice  île  même  fa- 
milleque  les  synagogues  de  (îalilée.  mais  un  \»-\i 
postérieur,  probablement  de  In  seconde  moitié 
du  troisième  siècle.  Pour  le  resle.  il  me  paniit 
clair  que   vous   en   ave/.  A   peu   près  esquis«é 


174 


S  Y  R I  A 


l'histoire  par  avance,  dans  votre  mémoire  de 
1919,  à  rinstitut,  à  commencer  par  l'identi- 
fication de  la  ruine  avec  \'oéros.  Sa'aratha.elc. 

Je  n'ajouterai  que  quelques  mots  à 
cette  très  intéressante  lettre,  en  attendant 
la  publication  des  docunoents  nouveaux 
dont  elle  nous  donne  un  aperçu  som- 
maire et  bien  alléchant.  Sans  parler  de 
la  vérification  inespérée  de  mon  hypo- 
thèse tant  soit  peu  hasardeuse,  au  sujet 
du  Daniel  danx  la  fosse  aux  lions,  je  cons- 
tate d'abord,  avec  satisfaction,  que  devant 
les  nouveaux  éléments,  quelques-uns  tout 
à  fait  inatlendus,  mis  au  jour  par  ses 
heureuses  fouilles,  le  P.  Vincent  incline 
maintenant  à  se  rallier  au  diagnostic  chro- 
nologique que  j'avais  posé  sur  l'âge  de  la 
mosaïque,  à  savoir:  une  date  relativement 
basse  et  non  pas  l'époque  hérodienne. 

Un  autre  fait  bien  curieux,  révélé  par 
ces  fouilles,  c'est  celui  que  les  sujets  re- 
présentant des  élres  vivants  ont  été,  à  un 
moment  donné,  systématiquement  brisés 
et  mutilés:  puis,  plus  tard,  réparés  gros- 
sièrement à  l'aide  de  moyens  de  fortune. 
^oici,  à  première  vue,  comment  j'expli- 
querais la  chose. 

Ainsi  que  je  l'ai  montré  dans  mon  mé- 
moire, la  synagogue  s'élevait  sur  l'em- 
placement de  la  ville  antique  de  Neara» 
Noeros,  etc.,  la  No'ran  du  Talmud.  Cette 
ville  était  voisine  de  Jéricho,  laquelle 
était  le  siège  d'une  importante  .Vcadéniic, 
ou  juridiction  ecclésiastique  juive.  Or, 
les  deux  villes  étaient  ennemies  l'une  de 
l'autre,  nous  disent  les  sources  rabbini- 
ques.  J'avais  supposé  que  cette  inimitié 
avait  pu  avoir  une  cause  religieuse,  le 
centre  juif  orthodoxe  de  Jéricho  ayant 
peut-être  vu  d'un  mauvais  œil  la  syna- 
gogue des  juifs  de  No'ran,  moins  rigo- 
ristes, décorée  dans  le  goût   profane  en 


violation  des  interdictions  formelles  de 
la  Loi.  Il  ne  serait  pas  impossible,  en  con- 
séquence, que  cette  hostilité  se  fût  tra- 
duite un  certain  jour  par  un  coup  de 
main  de  quelques  fanatiques  iconoclastes, 
venus  de  Jéricho  pour  traiter  ces  images 
sacrilèges  comme  devaient  le  faire  plus 
tard  les  musulmans  partageant  les  mêmes 
préjugés  antiartistiques.  Après  cette  in- 
cursion dévastatrice,  le  dégât  aurait  élé 
réparé  tant  bien  que  mal,  le  corps  même 
de  l'édifice  continuant  à  servir  à  l'exercice 
du  culte;  d'où  cet  étal  de  replâtrage  sous 
lequel  les  parties  caractéristiques  de  la 
mosaïque  s'offrent  à  nous  aujourd'hui. 

Je  signale  brièvement, en  attendant  que 
je  puisse  y  revenir,  quelques  autres  points. 
L'd  image»  de  Daniel  rappelle  le  mot  n"7Z-c 
de  la  mosaïquejuivcdeRefr  Kenna,  trans- 
cription probable  de  ■:iôl3.  =  labula  (tessel- 
lala).  Y  aurait-il  eu,  là  aussi,  quelque 
Il  tableau  »  de  même  genre'? Autre  exemple 
du  zodia(|ue  chez  des  sémites  congénères  à 
Palmyre,  dans  le  temple  du  Bel  solaire  et 
sur  maintes  tessères.  La  genizah  doit 
exister;  il  faut  fouiller  plus  à  fond  et  pé- 
nétrer sous  la  mosaï(|ue.  A  rapprocher  la 
mosaïciuede  l'antique  synagogue  de  Narou 
(Tunisie':  inscriptions  latines,  décoration 
similaire,  personnages /)HHi(ii/i.<.  Y  aurait-il 
quelque  rapport  entre  ce  nom  de  .\aron  et 
celui  de  notre  ville  palestinienne  Yo'ra/i, 
\a'ron'\  et,  par  suite,  quchpie  lien  histo- 
rique rallachant  à  distance  ces  deux 
centres  juifs  quasi  homonymes'? 

Ci,i:nM()XT-("i  v>\EAr. 

L'Avenir  archéologique  de  la  Syrie. 

Tel  est  le  titre  d'un  substantiel  article 
du  docteur  G.  Contenau  dans  le  Mercure 
de  France  du    l"i  mars  1021.  .Vprès  avoir 


BIBLIUGRAI'lIIi: 


175 


montre  qu'il  n'est  pas  un  «  aiilro  pays  ;iii 
monde  qui  ait  si  prestigieux  passé  »  que. 
la  Syrie,  le  savant  orientaliste  expose  l'in- 
lérôt  que,  dès  son  arrivée,  le  général  Goii- 
raud,  Iiuut-commissaire,  porta  à  l'archéi'- 
logie  et  aux  beaux-arts  de  Syrie.  Nos  lec- 
teurs connaissent  par  l'article  de  M.  Clia- 
monard  {Syria,  t.  I  (1020),  p.  81)  quelle 
organisation  a  été  donnée  au  service  des 
anti(|uités  el  qurl  l.irgc  prograninie 
s'ouvre  devant  lui.  Il  isl  do  bon  augure 
(|ue  les  desiderata  exprimés  par  le  dncleur 
(iiintenau  rentrent  dans  le  même  cadre  : 
répcitoire  arcliéologi(iuc  de  la  Syrie,  pro- 
tection dos  monuuionis  evistants,  fouilles 
à  entreprendre,  créatinn  d<;  musées  à  l!ey- 
routh  et  à  Damas. 

(^e  programme  a  reçu  un  lummenic- 
ment  d'exécution.  Les  rouilles  amorcéis. 
il  est  urgent  d'installer  le  musé(>  de  llcy- 
routh,  appelé  à  en  recueillir  le  li iiit. 

L'avenir  arclié{)logique  de  la  Syrie  ne 
préoccupe  pas  seulement  Icsarcbéologues. 
Dans  son  discours  au  Sénat,  ">  a\ril 
l!)2l,  M.  Joniiart  a  insisté  sur  l'impor- 
tance ([u'oii  doit  altaclier  aux  rechercbes 
métliodi(jues  dans  le  sol  de  celte  terre  pri- 
vilégiée. Il  est  cerlain  ((u'en  dehors  même 
de  l'inlérèt  scientilique,  il  y  a  là  une 
source  de  richesse  qui  mérite  de  ne  pas 
être  négligée  ;  l'aïuénagement  des  sites 
anliiiues,  la  [loursuite  de  grandes  fouilles, 
l'installation  de  musées,  sont  le  plus  sûr 
moyen  de  créer  en  Syrie  un  grand  niome- 
ment  touristique. 

D'autre  part,  nous  apprenons  (pie  la 
société  Erncst-Kenan  \ieiit  d'émettre  le 
vœu  suivant  : 

«  .\près  avoir  entendu,  dans  sa  séaiu-e 
du  ^C)  avril  I'.t2l,  présidée  par  M.  Henri 
Cordier,  membre  de  l'inslilut,  l'exposé 
des   recherches  faites  à  Sidoii   par  M    li- 


docteur  (lontenau,  chargé  de  mission,  la 
société  Ernest-Renan,  préoccupée  du  main- 
tien en  Orient  de  l'action  scientilique  fran- 
çaise, adresse  au  Haut-Commissaire  de  la 
Képublirpic  française  en  Syrie  et  au  Liban, 
M.  le  général  Gouraud,  ses  respectueuses 
félicitations  pour  l'organisation  du  Ser- 
vice archéologiipie  dont  il  a  doté  la  Syrie 
et  le  dévelop|>ement  ipi'il  a  déjà  donné  aux 
fouilles  ar(héologi(|ues. 

(1  La  société  Ernest-ltenan  émet  li-  mi'u 
(juc  ces  entreprises  soient  activement 
poussées,  (pie  l'Kcole  française  archéolo- 
gique de  Jérusalem  puisse  également  poiir- 
sui\re  des  recherches  en  Palestine  et  que 
lis  fouilles  soient  reprises  en  Mésopotamie, 
dès  (pie  la  tranquillilé  sera  réiablie  dans 
ce  pays  illustré  par  les  travaux  de  nom- 
lucux  savants  français.  .. 

lli'.MU  1'o(;no.>.  —  L'orientalisme  fran- 
çais \ienl  d'être  éprou\é  par  la  perle 
d'Henri  l'ogiion,  décédé  le  l(i  mars  der- 
nier à  Ohambéry,  au  nmment  où  il  s'ap- 
prêtait à  se  rendre  en  Syrie  pour  y  pour- 
suivre les  recherches  (jui  lui  ont  fait  un 
nom  si  estimé  parmi  les  assyriologues 
comme  parmi  les  spécialistes  des  langues 
araméennes,  notamment  le  syriaepie  et  le 
mandéen.  .\mené  par  sa  carrière  consu- 
laire à  occuper  des  |)ostesen  Mésojiotamie 
et  en  Syrie,  il  n'avait  cessé  d'y  poursuivre, 
jusepi'à  sa  retraite,  les  décomertes  sur  le 
terrain  et  de  les  faire  coniiaitre  par  des 
publications  auxquelles  il  donnait  tous 
ses  soins  et  (|ui  faisaient  autorité. 

Nous  ne  rappellerons  ici  (pie  les  décou- 
vertes intéressant  la  Syrie.  (!e  fut  d'abord, 
en  I.S8;{,  deux  inscriptions  rupesires  de 
Nabuchodonosor  dans  le  \\'adi  Hrissa  qui 
débouche  dans  la  vallée  de  l'Oronto  à 
lieux  heures  di-  marche  au  noiddii  village 


176 


SYRIA 


d'Hermel.  Le  texte  fut  publié  par  Pognon, 
en  1S87,  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
liaiilcs-éludes,  fasc.  LXXl. 

Après  la  publication  d'écrits  mandaïtes 
et  syriaques,  le  savant  orientaliste  livra 
une  abondante  moisson  de  textes  décou- 
verts par  lui,  dans  ses  Inscriptions  sémi- 
tiques de  la  Syrie,  de  la  Mésopotamie  et 
de  la  région  de  Mossoul  (Paris,  Gabalda, 
1907-1 908 j.  On  y  trouve  notamment  un 
texte  araméen  du  huitième  siècle  avant 
J.-C.  faisant  connaître  un  puissant  roi  de 
Ilama,  Zakir,  qui,  à  la  suite  de  la  prise  de 
Hazrak,  avait  vu  se  former  une  coalition 
à  la  tète  de  laquelle  se  tenait  le  roi  d'Aram 
(Damas),  Ben-Hadad,  fils  de  Hazaël. 

André  de  Hidder.  —  Nos  lecteurs  n'ont 
pas  oublié  l'étude  sur  une  Parure  de  Jéru- 
salem au  musée  du  Louvre  (Syria,  t.  I, 
1920,  pp.  99-107)  oîi  ce  savant  expliquait 
les  curieux  fétiches  attachés  à  un  collier 
d'or  et  déterminait  la  date  de  l'ensemble 
de  la  parure.  André  de  Ridder  s'est  éteint 
subitement  le  12  mai  dernier  dans  sa 
53°  année. 

Ancien  normalien  et  élève  de  l'école 
d'Athènes,  il  avait  d'abord  enseigné  à 
l'Université  d'Aix-Marseille,  puis  il  était 
venu  à  Paris  pour  publier  le  catalogue  des 
Vases  grecs  de  la  Bibliothèque  nationale. 
Bientôt,  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  le  chargeait  d'étudier  les 
antiquités  réunies  par  Louis  de  Clercq  et 
(jui  proviennent  en  majeure  partie  de 
Syrie.  Les  cinq  volumes,  in-i",  publiés  par 
A.  de  Ridder,  groupent  des  bronzes,  des 


marbres,  vases  peints,  ivoires,  antiquités 
chypriotes,  terres  cuites,  verres,  bijoux 
et  pierres  gravées  d'une  qualité  rare.  Un 
index  général  (Leroux,  1912)  facilite  les 
recherches  dans  ce  répertoire  auquel  il 
faut  joindre  deux  autres  volumes  précé- 
demment publiés  par  Menant  et  Louis  de 
Clercq.  Nulle  part,  peut-être,  A.  de  Rid- 
der n'a  mieux  témoigné  de  l'étendue  de 
ses  connaissances  et  de  la  sûreté  de  son 
goût  qui  lui  permettait  d'écarter  les  piè- 
ces douteuses.  Les  objets  sont  décrits  et 
classés  avec  une  élégante  précision,  tandis 
que  chaque  groupe  de  monuments  est 
précédé  d'une  pénétrante  introduction  soit 
historique,  comme  pour  les  monuments 
cliypriotes,  soit  technique,  comme  pour  la 
verrerie,  qui  ajoute  à  la  valeur  de  son  tra- 
vail et  en  étend  la  portée. 

Entré  au  Louvre  en   1908,  comme  con- 
servateur adjoint  des  Antiquités  grecques 
et  romaines, il  publiait  bientôt  le  catalogue 
des  Bronzes  antiques,  suivi  d'un  guide  de 
la  Salle  des  bronzes.  Entre  temps,  il  colla- 
borait à  divers  périodiques  notamment  à 
lalievue  critique  et  à  la.  Revue  des  éludes 
grecques.  Après  la  guerre,  lors  de  la  réius- 
tallation   et  du  nouvel  aménagement  de 
la  Salle  des  bijoux  antiques  au  Louvre, 
il  entreprit  et  allait  terminer  le  catalogue 
de  cette  précieuse  collection.   A.  de  Rid- 
der disparaît  donc  en  pleine  activité  ;  son 
œuvre  inachevée  est  cependant  importante 
non  seulement  par  le  nombre  des  publi- 
cations, mais  aussi  par  une  profonde  con- 
naissance de  l'antiquité  et  un  sens  critique 
très  éveillé. 


Le  Gérant  :  Pvi  l  (îEuriiNER. 


4'J!i'.l  IV2I.  —  Tiiurs,  Iinpriiiicriu  {■'„  Aiuiilli'  il  C" 


ni 


I.A    IMIÉMCIE   ET   LES   PEUPLES   ÉGÉENS 


C.  LEONARD  WUOLLEY 


Avec  I  l'Iabli-M'iiifiit  en  Sviir  (l'un  «.'niivcrripiiii'nl  liltt'-iiil  ri  civilisalnir.  on 
pL'ul  espricr  l;i  soliitinn  ilr  iiiaiiils  [iinlilrim.'S  arfhéuloj(i(lucs,  ([Ui-  la  .sriciirt-  a 
(lii  laisser  l(iii},'|i'nn»s  i-ii  suspens,  lanlc  di'  inalt-riaux  suffisants  pour  fonder  ses 
jujienit'nls.  l'aiiiii  tes  [inihlèraes,  le  moins  intéressant  n  est  pas  celui,  sou- 
vent discuté,  de  lorigine  et  île  i'iiistdire  de  la  civilisation  phénicienne,  .le 
ne  prétends  [las  en  avoir  trouvé  dès  maintenant  la  solution  :  dans  cet  article, 
je  me  pr(i[tiise  seuli'Uient  de  mettre  en  évidence  quelques  faits,  de  publier 
(pn-hpies  (ilijets  reslé>  im-dits  jusqu'à  ce  jour,  et  d Cn  tirer  des  théories  provi- 
soires ipii.  peut-èlre,  onvriroid  la  voie  à  des  recherchi'S  délinilives. 

Il  est  peu  de  cpiolious  (pii  aient  soulevé  des  cqùiiions  aussi  contradictoires  (pu- 
celle  lii'  I  ail  plKMiicii'u.  île  sas(Mirce.  de  Mtn  caractère,  de  son  originalité  ou  de  sa 
dépendance  à  légard  des  civilisations  vuisiin's.  l'errol  et  Chi|iiez  ont  pu  consi- 
dérer l'art,  au  moins  lart  avancé  de  Chypre,  connue  purement  [ihénicien,  à  tel 
point  (pi'à  d('raul  de  documents  ligures  [irovenant  de  la  côte  même  de  Syrie, 
ils  se  sont  servis  de  Chypre  comme  dune  autre  l'hénicie.  Mais  Hall  (Ancicnl 
llisloru  of  tlie  .\r<(r  Hust,  p.  idiî)  remanpie  qu'en  (il.)  av.  J.-C,  des  dix  rois  de 
Chypre,  un  xul  itail  phénicien  et  les  neuf  autres  grecs,  d'où  il  conclut  «pie 
«  les  Phéniciens  n'ont  jamais  eu  beaucoup  d'autorité  dans  l'ile.  laquelle  restait 
toujours  en  gramle  partie  grecque,  comnu'  elle  lest  aujourd'hui  ».  Hogarth 
{hmiii  iiiiil  thr  lùisi .  pp.  !)(>  et  suiv.)  va  plus  loin  encore  :  il  insiste  sur  ce  «pie  «  la 
civilisation  chypriote  était  essentiellement  égéenne  d'origine  et  d'un  dévelop- 
pement indigène:...  si  l'on  peut  parler  d'une  dette  artistiipic  de  l'un  à  l'autre, 
ce  >oid  les  Chypriiili's  ipii  ont  inspiié  les  l'iiéniciens.  et  non  pas  les  Phéniciens 
les  Chypriotes  ».  Dussaud  [l.cs  cirilisailniis  pnlivlli'iiiijin's  dans  le  bassin  ilr  la  uur 
Ëyvc)  .se  trouve  d'accord  avec  llogarth  :  il  ilit  (|ue,  «  loin  d'avoir  suscité  la 
civilisation  mycénienne,  les  Phéniciens   ont  été  inlluenci'-s  par  (die   ».  et  il 

SUHIA.    —    n.  Ï3 


178  SYRIA 

ajoute  :  «  Ces  rapports  intimes  entre  Chypre  et  la  Phénicie  déterminèrent... 
une  intluence  industrielle  beaucoup  plus  marquée  de  Chypre  sur  la  Phénicie  ». 

.Mais  toutes  ces  observations  n'étaient  fondées  que  sur  des  documents  peu 
mnabreux:  elles  n'étaient  donc  que  théoriques  et  provisoires.  Myres  pouvait 
maintenir  l'opinion  qu'il  a\  ait  exprimée  dans  le  Catalogue  of  t.'ie  Cyprus  Muséum  : 
«  La  civilisation  primitive  delà  Phénicie,  dit-il,  reste  si  comphMement  incon- 
nue que  toute  comparaison  entre  elle  et  la  civilisation  de  Chypre  a  peu  de 
valeur.  La  petite  collection  des  Pères  Jésuites  à  Beyrouth  et  celle  du  Collège 
américain  contiennent  des  vases  qui  ressemblent  aux  produits  récents  de  l'âge 
du  bronze  à  Chypre,  surtout  à  quelques  formes  qui  ont  persisté  jusqu'à  l'époque 
gréco-phénicienne.  Mais  les  types  le  plus  nettement  caractéristiques  de  la 
poterie  chypriote  ne  paraissent  jamais  en  Phénicie.  Ce  n'est  donc  pas  de  là 
qu'ils  sont  venus  :  l'évidence  s'oppose  fortement  à  toute  dépendance  originale 
de  la  civilisation  chy[»rioti'  ii  l'égard  de  la  Phénicie.  telle  que  nous  la  connais- 
sons, et  à  toute  communication  appréciable  entre  Chypre  et  la  Phénicie  avant 
la  fin  de  la  période  »,  c'est-à-dire  de  l'âge  du  bronze.  Myres  ajoute,  en  note,  que 
^L  Ohnefalscli-Richter  aurait  acheté  à  Beyrouth  un  vase  à  lîltre  peint,  à  décor 
sub-mycénien  de  triangles  lia<-hurés.  mais  d'argile  locale.  Ce  vase  est  sans 
doute  du  genre  de  celui  de  notre  gniupr  C.  (ig.  2i. 

Pendaid  laulomne  de  192U,  j'ai  eu  la  bonne  furtuni'  d'examiner  de  près  la 
collection  (jui  se  trouve  dans  le  Musée  du  Collège  américain  d(>  Beyrouth,  et 
mon  attention  a  été  attirée  immédiatement  par  les  vases  qiu'  cite  Myres  ci  par 
d'autres  qu'il  n'a  pas  rcmar([ués  alors  ou  (|ui  <iut  été  acquis  tlepuis.  .le  dois 
remercier  chaleureusement  les  autorités  du  Collège  punr  avoir  bien  voulu  m'ac- 
corder  la  permission  de  [)ul)lier  les  pièces  dont  il  sera  question  et  qui  sont  les 
premiers  ddcnnienls  uulhenli([iies  de  l'iiisldire  de  la  céramitpu'  [)héiiiciennc 
ancieime. 

On  peut  diviser  en  deux  cati'goi'ies  les  vases  de  [>io\enance  [)liéni(ienne  : 
1"  ceux  d'un  styh^  syrien  pur  ipii  n'est  [i;is  limiti'  forcénient  à  la  Phénicie 
propre,  mais  (|ui  n'est  [las  à  rappurter  aux  civilisations  des  iles  de  l'Ouest  et 
2"  ceux  qui  témoignent  d'une  inlluence  égéenne.  La  |iieniière  catégorie,  en 
Phi''nicie  connue  en  Palestine,  l'oiine  deux  groupements  principaux  :  le  pré- 
sémilique.  qui  conserve  luiijdursla  liadilion  inMililliiqiu' (  voxez  mon  gr()n[te  .\), 
et  le  si'-mitiipn;.  Les  [lièces  cpii  d(''iii)nceiil  I  inlluence  ('-géenne  se  divisent,  elles 


LA     PFIÉNICIR     F.T     LES     PEll'LES     KCÉENS  179 

aussi,  on  deux  [)iiils  :  groupe  H,  (|iii  ciniiprciKl  soil  dfs  vasos  do  faluiciilion 
iiivr-i'-nionrio  on  clivpriolc  inipoili'»;  en  l'Iii'iiiric,  soil  des  copies  localo-;  do  trd 
(III  Irl  iiiodric  ('■liiiiijrii'  :  il  diilr  tir  l;i  liMii^ilioii  l'iilic  l'ji^'i-  du  hronzo  ot  celui 
i|,i  (•(.,•  ;  —  ^i()ii[ie  ('..  |iiireiiieiil  f,n-oiiiélriipii'.  diil.inl  du  pli'iii  i\p'  du  fi'i-.  de  ce 
ipiOii  ;i|iprllc  IV'poiiiie  {,'r6co-pliénicienne. 


(ilIOl  F'K    A. 

FiG.  I,  |il.  XN'III.  l!ol  ili.Mil.  itJlT.'i.  (li.nin.  fl. 12"!)  presque  dpnii-sfdii'riqup  avec  une 
légère  cavilé  au  fond  (diam.  0,Oi;i  et,  allaclii^c  au  bord,  uue  loute  pclile  oreille  percée 
liori/ontaleiiient.  Terre  roupe  bien  épurre.  à  surface  recouverte  d'un  engobe  rouge  foncé, 
presque  rouge  marron,  sur  la(|ui'llc  apparaissent  (|iieli|ues  taches  irrégulières  de  noir  et 
(le  gris  fumeux.  Les  rebords  sont  également  rouges,  ainsi  (|ue  la  surface  intérieure, 
celle-ci  légèrement  noircie  [lar  innilié,  iiiMis  probaljlenienl  ajirès  la  cuisson. 

I,e  seul  rxciiiplaiir  >\  lieu  île  ce  t\pc  ipii  ail  cli-  puiilii-  jiisipi'à  piv^ciil, 
seinlde-l-il.  c^l  c(dui  (|iii  provieiil  des  fouilles  dOpliel  (l'ère  Nincetd,  Ji'nisitlnn 
siiiis  1(1  Icric.  pi.  \l.  !  i.  Il  est  presipie  hémispliriique,  mais  à  jielil  fond  |dat; 
riiilriieiir  (•>!  iKiii-.  l'cxliMieui'  roui;!'  à  liord  noir,  liicii  liistié.  iiiiini  de  diMi\ 
iiieimes  saillies  percées  hori/.oiilaleiiieiil.  Le  pèic  \iiicenl  le  lieid  pour  iino 
imporlatioii  de  faltriipie  éj;\  plieiiiie  (r[.  .Nejxadeli,  ,1.  de  .\liuj;aii.  lirrheirlirs) 
{nul  en  aliiiliuai:!  à  nue  (Miuine  canain-eniie  les  aulres  vases  Irouvi-s  dans  le 
même  loiiiliean.  et  il  le  compare  avec  les  poteries  piimitives  de  Suse,  do  Troie 
el  de  la  C.rèle.  Pour  ma  ]iarl.  me  l'ondanl  sur  ra(|uarelle  ]inliliée  par  Vinconl  — 

je  n'ai  pas  \ll  l'oli^ilial  —  je  me  peiniel>  de  (lolller  de  la  p|(i\  eliance  éj.'\|i- 
tienne  du  vase  il Oplitd,  car  il  lui  maiitpie  ce  Ion  de  j;ris  riimeuv.  eiilic  le  nuijro 
ol  le  noii',  (jui  caractérise  les  liols  éj^'vptiens.  D'ailleurs,  rexemplaire  de  .li-ru- 
salein  ne  ri'^le  pln^  isole  el  uniipie;  t;i-àce  à  l'idiliiieaiice  de  .M.  van  lleidcii- 
slamm  de  Uevrontli.  je  pnlilie  ici  (lij;.  Il,  pi.  .Wllli  un  j(di  Itol  ipii  se  trouve 
dans  sa  cidlei-tion  el  ipii  provient  dos  eiiv  irons  de  l?alrouii.  Ce  liol  i  haut.  0.  !  2."i, 
diain.  (t.dSi  a  la  roiiiie  un  peu  allon::i''e  iin'ini  apiielle  ipielipiefois  •  vaso  ù 
|»(iilrine  ■  a\ee  uni'  lonte  petite  di'|(ression  liemisplu'iitpie  au  tond;  une  saillie 
iiionlre  II  place  de  l'oreille  cassée.  Il  est  soitriiensemenl  tourné  à  la  main, 
d'une  aii^ile  line  et  iont;e  à  ^.urface  iiuige  lirnii  liien  1  istrée.  sur  la(juello  se 
distinmient  des  taches  noires  caractéristiques.    Les  reluuds  et  la  surface  inli'- 


180 


SYRIA 


POlGrNARDS 

?HEfilClEn3    : 

Ecnelle  :  1/1 


rioure  sont  également  rouges,  mais  cela  n'empêche  pas  que  la  pièce  soit  d'une 
fabrication  analogue  îi  celle  du  bol  de  Jérusalem. 

A  cette  même  fabrique  appartient  aussi  le  pot  fig.  2.  pi.  XVlll  (Musée  du  Col- 
lège américain),  provenant  de  la  Beqà'a.  Il  est  tourné  à  la  main,  d'une  argile  un 
peu  plus  fine,  à  surface  rouge  légèrement  lustrée  sur  laquelle  apparaissent  les 
taches  noires  et  grises  caractéristiques;  les  bords  de  l'embouchure  et  du  goulot 
sont  noirs,  l'intérieur  rouge.  A  Gezer,  dans  un  souterrain  de  la  période  présé- 
niiliqup  (cave  2,1),  on  a  trouvé  un  vase  rouge  lustré  muni  d'un  bec  tout  à  fait 
semblable  au  nôtre:  il  avait  comme  anse  une  oreillette  ondulée;  mais  le  décor 
de  petites  rondelles  plates  qu'on  voit  sur  le  vase  de  la  Beqà'a  se  trouve  à  Gezer 

dans  la  même  période  présémitique. 
Cette  forme,  que  je  ne  connais  pas  à 
Chypre,  doit  être  indigène  en  Syrie, 
et  le  fait  qu'on  la  trouve  associée  aux 
bols,  par  sa  matière  et  par  sa  technique, 
appuie  fortement  l'attribution  de  ces 
derniers  à  une  fabrique  syrienne.  Ces 
(jualre  pièces  se  présentent  comme  le 
noyau  d'une  série  que  pourraient  bien 
développer  les  fouilles  ultérieures. 

11  n'est  pas  douteux  que  cette  série 
se  rattache  au  cycle  Troie-Cliypre- 
l-lgéc,  mais  il  serait  trop  hasardeux  de 
formuler  des  théories  sur  la  parenté  de 
nos  quelques  exenq^laires  :  il  faut  al- 
londre  le  développement  des  recherches 
scientifiques  sur  1(>  soi  syrien.  Un  com- 
niiTce  enire  Chypre  et  la  Syrie  cen- 
tiale.  même  à  une  époque  aussi  recu- 
3011  300^  •»!"«  '°'^  lée,    est  en  s(ii-Mu"'mi'  assez  probable, 

puisque  (;'esl  à  Cb\  pre  (pie  la  .""^yrie  a 
dû  se  fournir  de  cuivre,  et  les  armes  |)riiuili\i'S  en  métal  de  la  Syrie  auraient 
élé  (le  forme  chy|iriole.  si  l'on  |)eul  en  juger  |iar  les  éehanlillous  (|ui  se  Irou- 
\c'nt  au  Musi-e  aincriraiii  (lig.   i):  mais  cnnuiKï  ceux-ci  snnl  mallieuiTUsiMuenl 


(jnidi'K    A. 


« 


^.^...1 


fi^Mg 


11...    1.1.  Kl.;.   II.  11,;.   \1. 


(illdtl'K      (' 


LA     PIIKNICIE     ET     LES     PEUPLES     ÉGÉENS  181 

(If  provonancc  incorlainc  (dans  la  listo  dos  acquisitions  on  lit  soulcmont  "  do 
Plirnicio  »),  jo  n'oso  pas  donner  trop  diinpoilanco  à  or  raiipruilicinont. 

Pour  la  pt-riodc  ipii  suit,  nous  soninns  niioiix  dnniiiHiit('. 

Dans  la  séiio  ontiôio  do  vases  de  piovi-nanco  phénicinini'.  ipio  j'ai  pu  ras- 
sond)lor.  los  doux  groupes  B  et  C  se  rencontrent  en  proportion  si  él(!vée  que  je 
nliésite  pas  à  les  adopter  comme  base  de  discussion. 

GnoLPE  B. 

Avant  «n'unie  de  commencer  mes  études  dans  le  .Musée  américain,  mon 
alliMilidu  avait  été  attirée  |iar  (pielques  petits  vases  ipfen  raison  de  la  terro 
|icu  lialiiliiillc  i|ui  les  rniivrait  Ions.  i";ii  cni  dcvnii-  alliiliuer  à  un  seul  tum- 
heau.  En  oll'ot.  on  los  avait  aoipiis  ciisiMuldo.  et  lo  vendeur  li-s  aurait  déterrés 
[ous  dans  un  endroit  situé  près  du  villaj,'e  de  (iliaril'eii.  à  H)  kilomètres  au  sud 
de  l>e\  rniilli  ;  mon  idée  é-liiit  doue  iHohiilileiiiiiit  jii-ti'  et  oïl  peut  cttusidéror 
ces  six  [lièces  (^lig.  .'1  à  itj  coiunu'  un  seul  j:ioM|ie  iuneraire.  il  est  rofirotlalde 
que  l'action  de  la  terre,  eu  corrodant  la  smt'aco  des  \asos.  ail  détruit  presque 
toute  ti'jice  (In  décor  |niiMitil  :  iiiiiis  le  vase  à  étrier  est  indubitablement 
nue  iniporlaliou  ég(''onne.  et  liieu  ([uo  los  formes  des  u"'  (>.  7.  H  aient  été  fré- 
queimiieiil  imil(''os  eu  Syrie,  largile  des  o\om|daires  do  Ghariftdi  [larait  être 
étrangère  :  voici  donc  un  l(Muliean  >itné  en  plein  Lilnui  et  (|ui  ne  ciudiont  pas 
moins  de  tpiairo  vases  mycéniens,  l-ài  plus,  nous  possédons  daulres  vases 
isolés  (tig.  I(»!i  ti.  pi.  Wlll)  (pii  dériveid  de  la  mémo  civilisation  (''géonue  et 
(pii  oïd  été  trouvés  soit  sur  la  (-(Me.  soit  à  rint('Tlenr  de  la  PlnTiicie. 

La  date  (lu  gioupe  B  n Cst  pas.  à  mou  avis,  dit'licilo  à  etal)lir.  Lo  l)pe 
iig.  I  i  se  serait  dévebqtpé  en  Lliypro  à  une  époque  assez  tardive  dans  l'àgo  du 
bronze:  eu  Egypte,  on  Ton  en  a  trouve  lieanconp.  cette  périod(>  s'elend  >\<' 
I 'lOO  ;i  l(M)(1  av.  .!.-(',.  Uu;int  aux  vases  mvc('Miiens.  ils  appartionneul  tous  à  la 
décadence  (lu  st\le  et  il  >eiail  peul-ètr(>  plus  corroet  de  les  app(dor  «  sous- 
mycéni(Mis  "  :  le  plu-  ancien  ne  renionl(>rait  pas  au  (l(d;i  de  itHDav.  .1,-C.  ol 
l(^  reste  se  [ilace  entre  lioo  ,.|  KM  Kl  av.  .I.-C.^M  (voir  plus  loin.  p.  ISS). 

('■  Il  est  vrni  qiio  lu   forme  fl.c.  7  se  trouve  luinljiiiie  et   les  excin|ilnin>s  syriens  dérivent 

pnrmi  lu  polcrie  peinte  primitive  de  Snse  {or.  iiuliibiljildement  des  mod<-les  ôgvcus  i  onleni- 

MoHi-.AN,  pi.  XIX'.  m.iis  lii  CDimexion   est  liieii  poniins. 


182 


S  Y  RI  A 


FiG.  5.  —  Vase  à  étrier  de  fabrique  mycénienne  ;  argile  tendre  blanchâtre  ;  orné  de 
bandes  horizontales  de  couleur  brun  pourpre,  avec  un  disque  de  même  couleur  sur 
l'anse.  Trouvé  à  Gharifeh  (Liban). 

FiG.  6.  —  Petite  œnoclioé  en  forme  de  poire  aplatie,  à  goulot  court  (le  bec  est  cassé) 
et  à  base  discoïde  ;  l'argile  est  blancliâtre  aux  nuances 
grises,  tendre  et  friable  ;  la  surface  couverte  d'un  engobe 
blanc  qui  a  presque  disparu,  ne  laissant  subsister  que 
quelques  traces  de  zones  noires  autour  du  goulot  et  de  la 
panse. 

FiG.  7.  —  Terrine  à  fond  convexe  presque  plat  ;  re- 
bords évasés;  deux  petites  anses  verticales  ;  argile  gris- 
brun  dont  la  surface  est  entièrement  endommagée. 

FiG.  8.  —  Panse  (le  goulot  et  l'anse  manquent)  d'un 
petit  aryballe  à  pied  en  bouton.  L'argile  blanche  et  im- 


Ç«,0U?6     î). 


(1^.7) 


Tombeau ''de^  ^J^ 
Gharifeh 

Echelle   1/4 . 


f-gS 


Fig.15. 


Section 


300^ 


'H- 9 


pure  était  revAtue  d'un  engobe  jaune  dont  il  reste  peu  de  tracos;  comme  décor,  six  bandes 
rouges  étroites  cnrerricnt  le  lias  du  vase  ;  au-dessus  court  une  frise  de  cercles  concen- 
triques tracés  en  rouge. 


LA     PHKNICIE     ET     LES     l'EUPLES     HOÉENS  183 

F'ic.  0.  —  «  Gourde  de  pèlerin  »  (dcu\  exciiiplairos  semblables)  à  panse  en  double 
disque  aplatie  avec  arèle  vive  à  la  soudure  el  avec  deux  petites  anses  collées  au  goulot. 
Ar"ilc  rouge  el  ;,'rossière,  revêtue  à  l'origine  d'un  engobe  blanc  maintenant  disparu. 

l'"iG.  10,  |)l.  XVIII.  —  N"  1(2:  .Vrybulle  à  pied  en  bouton  et  à  anse  bilobée  (haut. 
0  m.  105),  argile  grise  et  engobe  d'un  ton  crème  ;  décor  en  brun  formé  de  bandes  horizon- 
tales et  d'enroulements  sur  la  panse,  de  zigzags  autour  de  l'épaule,  d'une  bande  striée  à 
la  base  du  col.  —  Mycénien,  provenant  de  la  Phéiiicie. 

Kk;.  11.  —  N"  40:  Œnochoé  (haut.  0  ni.ll.l);  argile  grise  à  engobe  d'un  ton  crème, 
bandes  brun-rouge  ;  importation  crélo-mycénienne,  provenant  de  la  Beiiâ'a.  — .\"  165  : 
semblable  à  tous  égards,  sauf  la  hauteur  (0,1^»);  provenant  également  de  la  Bcqà'a. 

KiG.  12.  —  N"  218  :  ÛKnochoé  (haut.  0  m.  115).  Argile  grise  fine,  sans  engobe  ;  décor 
brun-pourpre.  Chypriote,  piovenant  de  la  lieqà'a. 

Fici.  i;{.  —  Petite  soucoupe  à  une  anse  (haut.  0,035,  diam.  0  m.  105).  Argile  cl 
engobe  gris,  décor  en  brun  :  une  bande  au  rebord,  deu\  bandes  à  l'intérieur  cl  une  autre 
à  l'entase.  Chypriote  (?),  provenant  de  la  BcqA'a. 

Vie.  li.  —  Grand  lécythe  à  long  col  el  à  une  anse  (haut.  0  m.  29).  .Vrgile  gris-rou- 
geAlre,  engobe  gris  foncé  à  décor  géométrique  blanc  mat.  —  Chypriote,  provenant  de  la 
Ikiià'a. 

.V  CCS  vases  s'assncii-  |iar  son  caiactrri'  inircinciii  niyct'nii'ti  Icjnli  |i(ii<j:n;ir(l 
(liii.    I.'i)  II"  iilini.  (lu  Mii-<('i>  arii(''riraiii.   La    l.mir.  (irili'c  (rrindiilciiiciils  ir'j;rri'- 

ni  ura\cs.  i|i'|m'Ih1  du  i;iiMi|)r  iTi'l(ii>  ilc  ZafiT  l'apiMira  (.Mimicii   rrcoiit   III) 

l'tdllrr  un  licl  l'xcniplairi'  de  l'ail  nsilisr  par  les  arninrirrs  ('•p'-ciis. 

Gnoii'i:  C 

Lr  firnnpc  c.  cnnipicnil  |)n'si|nc  nni<[n(iui'nt  les  vases  In  m  vos  dans  la  I{c(|à'a, 
r"('sl-ii-(iii-i'  dans  iéliditc  cl  liclic  vallée  dr  la  C.n'lésN  rie,  que  suit.  jnsi|M'aii 
lac  de  ll(nns.  l'Oidide  sn|iérieur.  Ils  oui  été  achetés  en  même  lemps  et  le  \eii- 
diMir  a  assuii'  ([u'ils  auraient  été  trouvés  enscmhle.  ce  ([ui  est  d'ailleurs  très 
liroliahle  :  laid  de  [lièccs  d  un  seul  sl\le  et  d'une  seule  période  [)ro\iennrnt 
sans  doute  du  |(illa;;('  d'un  seul  et  même  cimetière.  Seules  les  lig.  l".  il,  42. 
\'i  et  i.)  proviennent  daiitres  endroits,  niais,  si  peu  nonihreuses  (|u'ellos  soient, 
elles  viennent  iiien  à  l'apimi  de  la  ((dleclinn  de  la  Hetpra  pournou>  permettre 
di>  voir  dans  ces  pièces  un  style  très  en  vogue  en  IMiénicie. 

Les  vases  géométri(iucs  du  groupe  (!  se  rallaclieiit  visiliienu'ut  à  une  origine 
iHruagère  :  les  formes  et  le  décor  sont  cli\  pi  iotes.  et  n'ont  rien  île  comimm 
avec  les  traditions  indiiiènes. 


484  SYRIA 

Je  ne  connais  que  peu  d'exemplaires  de  la  céramique  phénicienne  anté- 
rieure à  1200  av.  J-C,  mais  ceux-ci,  tels  qu'ils  sont,  paraissent  visiblement 
apparentés  à  la  poterie  contemporaine  de  la  Palestine  :  quelques-uns  révèlent 
en  même  temps  une  influence,  dont  on  ne  peut  pas  encore  estimer  l'étendue, 
venant  des  Hétéens  du  Nord  :  il  n'y  a  rien  là  qui  aurait  pu  donner  naissance  aux 
vases  peints  de  la  Beqà'a.  Apparentés  sans  doute  à  la  poterie  «  gréco-phé[ii- 
cienne  »  de  Chypre,  ces  vases  du  groupe  C  appartiennent  au  plein  âge  du  fer,  et 
on  doit  les  placer  du  dixième  au  sixième  siècle  avant  notre  ère. 

FiG.  16,  pi.  XVIII.  —  N"  509  (haut.  0  m.  .32).  Argile  rouge-grise,- engobe  jaunâtre, 
décor  de  cercles  coaceatriques  rouges  et  noirs  en  couleurs  mates  et  pâles  ;  quelques  stries 
noires  entre-croisées.  Fabrique  syrienne.  Beqà'a. 

FiG.  17.  —  N°  505  (haut.  0  m.  .37).  Argile  rouge-grise,  engobe  crème  à  nuance  rose. 
Décor  rouge  et  noir:  les  couleurs  sont  mates,  friables  et  mal  fixées.  Fabrique  syrienne. 
Beqà'a. 

FiG.  18.  —  N"  580  (liaut.  0  m.  29).  Argile  rouge,  engobe  blanc  sur  la  partie  supérieure 
de  la  panse  ;  au-dessous,  c'est  la  terre  naturelle  qui  reçoit  le  dessin.  Décor  de  cercles  en 
rouge  et  noir  ;  au  front,  une  croix  diagonale.  Fabrique  syrienne.  Beqà'a. 

FiG.  19,  pi.  XIX.  —  N"  504  (haut.  0  m.  27).  Argile  d'une  teinte  saumon,  sans  engobe  ; 
dessin  rouge  et  noir,  couleurs  comme  dans  la  fig.  17  (n"  505),  mais  ici,  sur  la  terre  cuite, 
mieux  conservées  que  sur  l'engobe.  Fabrique  syrienne.  Beqà'a. 

FiG.  20.  —  N"  507  (haut.  0  m.  35).  Argile  rouge  paie,  engobe  blanc  crème,  dessin 
rouge  et  noir.  Fabrique  syrienne.  Beqà'a. 

FiG.  21.  —  N"  UiS  (haut.  0  m.  2i!.  —  l'tcm. 

Fig.  22.  —  X"  1448  (haut.  0  m.  275).  .Vrgile  rouge  pâle,  engobe  blanc  crème  légère- 
ment lustré;  dessin  noir  et  orange.  Fabrique  syrienne  (!).  Beqà'a. 

Fig.  23.  —  N"  506  (haut.  0  m.  255).  Argile  grise,  engobe  blanc  gris,  dessin  en  noir  et 
rouge  brun  très  foncé.  Fabrique  syrienne  (?).  Beqà'a. 

Fig.  24.  —  N"  143.  Vase  à  bec  en  biseau  (haut.  0  m.  27).  Argile  grise,  engobe  blanc, 
dessin  en  sépia  et  rouge  brique  :  couleurs  friables  et  mal  fixées.  Fabrique  syrienne. 
Bcqâ'a. 

FiG.  25.  —  N"  503.  Vase  à  bec  en  Ijiseau  ( liant,  l)  m.  26).  Argik'  rouge,  engubo  jau- 
dàlre,  dessin  en  rouge  et  noir,  couleurs  mal  lixées.  Fabri(jue  syrieuue.  Heqà'a. 

•  FiG.  20.  —  X°  581  (haut.  0  m.  19;.  Terre  ipugo,  engobe  rouge  orange  ;  décor  en  cercles 
concentriques;  étoile  au  Iront;  les  couleurs  rouges  et  noires  se  distinguent  à  peine. 
Fabrique  syrienne.  Beqà'a. 

Fig.  27.  —  N"  22.  Va.sc  à  bec  en  biseau  (iiaut.  0  m.  26).  Semblable  au  u°503.  Beqà'a. 

Fig.  28.  —  N"  578.  Vase  à  bec  en  biseau  (liaut.  0  m.  265).  Décor  d'arbres  et  de  bandes 
ou  triangles  hachés,  au  front  une  croix  de  Malte.  Pour  le  reste,  semblable  aux  n"-  ."ioa 
et  22.  Be()à'a. 

Fig.  29.   —   X"  579  (haiil.  (I  m.   IT,")).  \rgile  rouge,  engobe  blauc  cnlièreuieiU  revêtu 


ri...  2:1. 


Kl..   M 


LA    i>iii:m(:ii:    kt    les    i'Hiples    i':(;i':ens  185 

dinii'  cuuleur  rouge  foncé,  friable  cl  mal  fixée,  sur  laquelle  se  dislingiicnt  quelques  restes 
(le  ceiclcs  concculririues  et  de  bandes  hori/.on  laies  peiiiles  en  noir,  avec  des  lignes  minces, 
comme  i)our  imiter  l'effet  des  vases  rouges  cl  noirs  i  cercles  concentriques  de  Chypre. 
Fabrique  syrienne.  I3e(]A'a. 

I"ic,.  'M).  —  N"  \i').  «  Gourde  de  jn'leriri  •■  IimuI.  I)  m.  13">  .  Cercles  concentriques 
noirs  sur  argile  rouge  souiin.iiremeiil  lustrée.  De  la  même  forme,  avec  le  décor  jteint 
quel(|Mclnis  (lirectcnicnl  sur  l'argile  connue  ici,  (|uelqucfois  sur  un  engobe  lilancliàlre, 
huit  autres  evcmplaires  dont  le  plus  petit  n'a  (pie  dix  centimèlres  de  liaulcur.  Fabrique 
syrienne  (?i  (De  Chypre  on  a  des  pièces  i(lenli(iues,  mais  l'argile  jieii  caractéristique  pour- 
lait  se  trouver  aussi  bien  sur  la  côte  que  dans  l'île  ;  cf.  le  n"  suivant).  Iteqà'a. 

FiG.  .■$!.   —   N"   i'M)  'haut.  0  m.   22).   Terre  rouge  ;  cercles  noirs  peints  dircclcmenl 

sur  argile  ;  au  froril,  le  dessin     /^^     ■  I  m  autre  vase,  n"  17(1,  est  tout  à   lait  semi)lable. 


Même  fabrique  (|ue  le  n"   \\','>:  iiiai>   la  loriue  el  le  décor  juslilicnt  l'attriliutidn  aux  ate- 
liers syriens.  BeqA'a. 

FiG.  32.  —  \°  lOG  (haut.  0  m.  iil;.  .\rgile  rouge;  l'engobe  blanc  n'a  pris  (pi'au  front 
el  le  reste  de  la  surface  en  est  dép(^iurvu.  Décor  noir.  Fabri(pie  syricime.  Hc({iVa. 

Fk;.  ."i.l,  pi.  \\.  —  N"  I  i2  (haut.  0  m.  2!.")  .  .Vrgile  rougcûlrc,  engobe  blanc  crème  ; 
zones  de  couleur  rouge  et  noire.  Fabrique  syrienne  (?).  Hcqd'a. 

Fiii.    M.   —   N"  107  (haut.  0  m.  0!l">  .    Argile  gris  jaune  sans  engobe,  zones  noires. 
Fal)ri(|n('  syrienne  (?  .  lîe(|;Va. 

h'Ki.  'X.'i.  —  \'  I 'l 'i  (limit.  0  III.  D'.l).  \ivliMllr  en  funiie  do  tonnelet;  argile  rougeàlre, 
engobe  blanc  fin,  zone  rouge  autnur  de  rciiihouihure.  cercles  concentriques  noirs.  Be(|.Va. 
FiG.  ;t(i.  —  N"  ")2  n.  .\ulre  aryballe  semlil.ible.  Le  n"  .■)2  l>  cl  deux  autres  sont  iden- 
tiques, sauf  (lu'à  rembouchure  manque  la  zone  rouge  remplacée  par  des  bandes  noires. 
Le  n"  il»37  ressemble  au  u"  141,  mais  le  fond  du  décor  est  rouge  orange.  Tous  ces  ary- 
l)alles  sont  i(l('nti(iues  à  ceux  qu'on  trouve  h  Chypre;  ils  conliastent  vivement  avec  les 
«  gourdes  de  pèlerins  »,  lourdes  el  gauches  ;  leur  terre  el  leurs  couleurs  vives  ne  ressem- 
blent i)as  aux  argiles  grossières,  aux  Icinles  pâles  el  indécises  des  vases  à  bec  en  biseau, 
.le  les  tiens  pour  des  importations  de  fabri(pie  chypriote.  Be(|i\'a. 

l''i(;.  37.  —  N"  tG  Jiaiit.  0  m.  0!)o).  .Vrgile  grise  rougeàlre;   traces  pres(|ue  invisibles 
de  minces  lignes  noires  en  zones  hori/.onlales.  Fabri(|ue  chypriote  {!).  Heqà'a. 

Fk;.  .38.  —  N"  227    haut.  0  m.  201.  .Vrgile  grise,  engobe  jaune  crème,  dessin   rouge 
el  noir.  Fabri(pie  syrienne.  Heqà'a. 

FiG.  30.  —  N"  lil  (haut.  (I  m.  -i'.t.'l).   Vrgile  rouge,  pas  d'cugobe  ;   dessin  en  couleur 
noire  el  rouge,  mate  et  fiiable.  Fabrii(ue  syrienne.  lJe(|àa. 

Vu,.    10.  —  \'  lii"».  Panse  de  pelilc  (l'uochoc  chypriote,  décorée  de  cercles  concen- 

lri(pies  noirs  sur  fond  rouge  foncé.  Fabrique  chypriote  ?)   Provenant  de  Qana,  pn'sde  Tyr. 

Fui.  tt.  —  N"  HL'i.  «•   Gourde  de  pèlerin   »  dont  maïKpient  les  anses  et  le  goulot  : 

sur  un  fond  orange   lustré,  des  cercles  concenlri(|ues  noirs   el  rouge  indien.    Fabri(pie 

chypriote    ?).  Provenant  de  Qana,  près  de  Tyr. 

Fk;.  12.  —  N"  idduiut   0  m.    07  .  Petite  uMiochoé,  .irgile   rougeàlre.  engobe  blanc 

.SiRH.  —  II.  2J 


186  S  Y  R  I  A 

crème,  zone  rouge  autour  de  remboucluire.  Fabrique  chypriote  (?j.  Provenant  des  envi- 
rons de  Beyrouth. 

FiG.  43.  —  >'  737  (haut.  0  m.  235).  Argile  rougeàlre,  engobe  blanc  crème,  nuances 
jaunes  ;  sous  l'embouchure  zone  rouge  et  noire.  Fabriijue  syrienne.  Beqa'a. 

FiG.  44.  —  >'"  4939  (haut.  0  m.  415).  Argile  rouge,  engobe  rouge  indien  légèrement 
lustré,  dessin  de  cercles  concentriques  noirs.  Fabrique  syrienne.  Provenant  de  Sheizar, 
près  de  Mouhardeh  sur  l'Oronte. 

Nous  avons  ici  deux  pliénomèncs  à  expliquer.  D"aborcl.  vers  1200  av. 
J.-C,  une  intrusion  en  Phénicie  île  poteries  mycéniennes  et  chypriotes  (si  l'on 
aJmet  que  les  deux  matériels  pénètrent  ensemble)  et  puis,  quelques  siècles 
plus  tard,  une  céramique  phénicienne  profondément  influencée  par  des 
modèles  chypriules.  11  reste  à  savoir  si  les  deux  faits  sont  connexes  ou 
non. 

Passons  d'abord  aux  pays  voisins  où  le  premier  phénomène  se  remarque  à 
peu  près  ta  la  même  époque, 

A  Karkliémish,  la  civilisation  se  développe  dans  une  suite  logique  et  sans 
interruption  dejtuis  le  début  jusqu'à  latin  de  l'âge  du  l)ronze  ;  ensuite,  après 
la  destruction  de  la  ville  par  les  envahisseurs  de  1 10(5  av.  .).-C.  et  sa  reconstruc- 
tion qui  suivit  proraptement,  on  remarque  un  changement  brusque.  L'ancienne 
langue,  c'est-à-dire  l'ancien  caractère  d'écriture,  persiste  encore,  la  sculpture 
se  perfectionne  plutôt  qu'elle  ne  se  transforme  radicalement,  et  les  grands 
traits  au  moins  de  l'ancienne  tradition  religieuse  s'iuqtosent  toujours;  mais 
le  bronze  ii'i]<',  la  place  au  fer,  rinhumation  à  la  crémalion.  et  la  poterie 
sinqde,  mais  d'une  teclmiquo  remarqualde,  qu'on  fai)riquait  à  Karkhémish 
pendant  la  période  Hittite  moyenne,  se  trouve  submergée  sous  un  flot  de 
poteries  peintes  dont  la  forme  <>t  le  décor  géomélri(iue  sont  égéens.  Les 
vases  trouvés  dans  les  tomi)eaux  et  dans  les  ruines  de  la  troisième  pé- 
riode hétéenne  rappellent  au  premier  coup  d'(eil  des  modèles  chypriotes, 
mais  la  très  grande  majorité  en  est  de  fabrication  locale  et  la  ressemblance 
n'est  que  partielle.  Les  formes  et  les  motifs  décoratifs  les  plus  caracté- 
ristiques de  Chypre  manquent.  On  y  trouve  quelques  vases  vraiment 
chypriotes  de  l'âge  du  fer  ;  ce  sont,  pour  la  phqiarl.  i\r  [lelits  aryballes 
(jui  auraient  contenu  des  essences  précieuses  destinées  à  l'exportation,  mais 
ces  vases   ne  sont   pas   nombreux,    pas    plus  (pic  ceux   d'imporlation  sous- 


LA     PIIÉNICIE     ET     LES     PEUPLES     ÉGÉENS  187 

myc(''nioiiric,  dont  qiu'lqucs-uns  provionnoiit  iiKliiliitablciiieiil  des  ilfs  grecques 
plus  loinUiitii's.  Les  iiuuveiiux  vomis  n'étiiierit  dune  pas  des  Cliy[)rioles  ;  ils 
iip[iiirteiiai('ril  plus  vraisemblabliiment  à  une  liranclif  dr  la  f;niiide  famille  à 
liMpiclic  av;u(iil  pr/'-^idé  les  vrais  Klialli  de  Hofilia/.krMii  ;  ils  Neuaicnl,  je  nen 
ihdite  pas,  de  la  région  Sud-Oiicsl  do  l'Asie  iMineure  ;  dans  leur  ancienne 
demeure,  ils  avaient  dû  entretenir  des  relations  assez  étroites  avec  Chypre  et 
snltir  rinlliicnce  de  la  civilisation  égécuine.  Lois  de;  la  grande  migration  de 
I  200  av.  J.-C  ils  se  seraii'Ut  associés  avec  les  IMiilistins  cré-tois  de  la  cote 
asiatique,  avec  les  Slierdana  eties  Damuia  du.N'nrd.  et.  cmumi'  cuv.  ilsauraient 
inlniduit  l'art  égéen  en  Syrie. 

An  Sud  se  |>rodnit  un  plié-noiuènr  semidaldc,  pins  neltcmcnt  même  ({ue 
dans  le  Nord.  Il  s  agit  dr  1  invasion  des  l'iiilislins  qui  apporta  à  la  Palestine  la 
civilisation  égéenin', 

.le  ne  suis  pas  (oui  à  l'ail  d  ac('(U-d  avec  \lacali-lri'  ipii  place  cidre  I  iOO  et 
100(1  a\.  .!-(;..  sa  c  tiiMsicnic  pi'rindc  M'inilicjne  ><  de  (ic/i-r,  caractérisée  par 
des  impculaliniis  nivccnifiincs  d  ili\  piiolcs,  non  plus  qu'avec  Dussaiid  qui 
veut  idenliliiT  (  rlle  périudr  de  (Ir/.er  avci'  La(  Iiisli  III  cl  la  placer  à  une  date 
cnliT  IliOll  cl  i:{."jO  av.  .I.-C.  Ces  dales  me  semldcnl  Iteancuiip  Ircqi  reculées. 
Sclciii  lUiss  (Mouiiil  (if  luditji  rilics).  Lacliisii  111  serait  caïai'té-risé  par  um-  céra- 
iiiii|ui'  u  aiiKirile  »  s'iuspirant  de  la  Iradiliuii  d(>  Ladiisii  11  et  ne  montrerait 
(|iH'  par  ipii'lques  rares  fragmenis  la  Iraiisilion  au  slylc  "  plu-iiicien  •  ; 
Lacldsli  III  est  ilalé  par  des  scarabées  de  la  .\\  III"  dvnaslie  et  par  la 
talilette  cunéiforme,  laiiuellc  serai!  du  (pialm/iènie  siè(  le,  si  le  «  Zimrida  » 
(pii  s'y  Irouve  inentii)nné  esl  hieii  b;  même  ipie  celui  qui  gouvernail  la  ville  de 
AKIionnalen.  Lacbisb  IV  (  i:tOO-1000  a\ .  .1.-1...  selon  P>li>si  e>t  la  coiicbe  dans 
hnpndle  pi  ('vant  la  poterie  «  plii'nicienne  "  :  on  \  a  trouve  des  scarabt'cs  de  la 
W  III  ri  (le  II  \l  \'  (l\  nasiie.  el  nue  insciiplion  pliéiiicieiine  (pii  ne  ri-monte 
|ias  au  delà  du  on/ième  siècle.  .Vinsi  la  poterie  mvceuieiiiie  de  La(bi>b  IV  el 
de  la  troisième  pi-riode  sémitii|Ue  de  Ce/.er.  c(mimecidle  de  la  même  époque  à 
Taanarll.  >eiail  pies(pie  eiilièiemeiil  recenli'.  A  (ie/e|-.  lin  -iMll  fr.IglIliMll 
"  Minoen  récent  I  ■>  a  ete  mis  au  jour  :  cpielipies  pièci-s  poiirraieiil  être  du 
commencement  du  Miiioen  n'-cent  III;  mais  le>  formes  qui  sont  caraclcri;«liques 
de  la  céramique  nivcenieiine  à  son  apogée  manqueiil  en  P.ilotine.  el  lions 
Il  avons  ipie  les   vases   à  etrier  cl    d  autres  l\  pes    icf.    (ie/t-r.    Tombeau  7  i   qui 


188  S  Y  R I A  : 

,appai'ai«;>LMit  généralement  puur  la  première  fois  dans  la  décadence  du  style, 
ou  persistent  pendant  cette  décadence. 

:  Les  plus  anciens  exemplaires  de  vases  mycéniens  donton  puisse  iiréciser  la 
date  sont  ceux  de  Tell-el-Amarna  (environ  1350  av.  J.-C).  Le  style  en  est  si 
développé  que  nous  sommes  obligés  d'attribuer  à  ce  développement  une  période 
assez  étendue  et  de  supposer  que  cet  art  a  fleuri  dans  ses  centres  d'origine  bien 
avant  14U0  av.  J.-C.  quand,  après  la  destruction  du  palais  .Minoen  récent  II  de 
Knossos.  il  remplaça  en  Crète  l'art  minoen  pnipr.'nii'nt  dit.  Mais  tout  cela  ne 
peut  faire  reculer  au  quinzième  siècle  les  vases  mycéniens  de  la  Palestine. 
Ceux-ci  ne  doivent  i)as  être  comparés  aux  exemplaires  de  Tell-el-Amarna,  mais 
bien  à  ceux  du  tombeau  de  Market  (environ  1100  av.  J.-C).  Je  peux  citer  ici 
.Mvres  qui,  en  discutant  la  date  d'un  tombeau  chypriote  de  Tàge  du  fer  dans 
lequel  se  trouvaient  des  coupes  à  pied  haut  avec  une  anse,  telles  qu'on  n'en 
voit  jamais  m  Palestine,  l'atlribuait  auv  environs  (b,'  iniiO  av.  J.-C.  et  note  que 
«  la  civilisation  mycénienne,  bien  que  décadente  déjà  vers  1200  av.  J.-C, 
prévaut  encore  dans  le  Levant  (')  ». 

Ce  qui  me  semble  certain  dans  le  cas  des  vases  mycéniens,  peut  èlrc  vrai 
également  pour  les  importations  chypriotes.  La  forme  la  plus  commune,  celle 
de  la  lig.  14.  était  rn  vogue  en  l'Egypte  entre  1400  et  1000  av.  J.-C,  et,  parmi 
les  autres,  aiirunc  n'est  nécessain-miiil  antérieure  à  12(in.  I»ans  les  tombeaux 
et  les  couches  de  ruines  en  Palestine,  les  restes  chypriob-s  et  mycéniens  sont, 
en  elTet,  si  étroitement  associés  que  ce  ipii  est  vrai  jtour  les  uns  doit  l'être 
également  pour  les  autres. 

Cette  conclusion  archéologicpie.  qui  me  parait  la  [dus  probable,  est  forte- 
ment appuyée  par  des  considérations  historiques.  Je  m»  peux  pas  m'expliquer 
une  prédominance  de  types  égéens  en  Palestine  pendant  les  (piinzième  et  qua- 
torzième siècles.  Dussaud  l'attribuerait  an  commerce  :  "  Ainsi,  dit-il,  l'inlluence 
égéenne  et  chypriote  se  fait  fortement  >enlir  en  Suie  avec  la  conquête  égyp- 
tienne (i.")30)  dord  la  conséipjence  fut  d'ouvrir  largement  la  Syrie  au  conmierce 
méditerranéen  et  de  tournei-  la  Plnmicie  vers  la  .Méditerranée.  »  .Mais  en 
Kgypte  la  cér.imi(jue  égi'enii  •  n'e-t  |»as  assez  fréquente  pour  appuyer  cette 
théorie  (|iie  la  cnnipiète  ég\[)lienne   ain-ait  inqjosi'  la   mode    égi-enne  au  pa\s 

Cl  Liverpoul  .{nnnls,  111,  3. 


(JUOLI'E     C. 


Kl...  lu.  II,..  ;i.  l'i. 


l-i...  w. 


Ik..  u 


Fi.i.  i;. 


I.A     l'IIÉMCIF.     ET     LES     PEl'PLES     ÉGÉENS  189 

ctiiiquis,  siiiloul  quand  on  voit  (|uc,  maigre  cette  conquête,  IKgypte  n'a  pas  pu 
imposer  aux  ateliers  palestiniens  ses  propres  modèles.  11  faudrait  doiu-  admettre, 
en  mèmetem[is,  (pn- la  dumiiiation  et  le  commerce  égyptiens  auraii-nl  donné  à 
la  (;érami<juc  égéenne  une  telle  vogue  en  l'alestine.  (jue  la  coiHjuète  nn-nie  de 
ce  pays  par  les  IMiilistins  égéens  naurait  pas  produit  un  ellet  plus  considérable 
et  (|ue  leur  (euvre  eût  été  en  <[uel(|ue  sorte  accomplie  à  Tavance  "•.  C'est  cepen- 
iliiiil  la  conclusion  à  laquelle  conduit  inévitalilement  la  clironologii' de  Dussaud, 
coiulusion  ({u'il  mest  impossible  d'acceitter.  Ktant  donné  ces  deux  faits  :  la 
forte  ingérence  du  style  égéen  en  Palestine  et  la  colonisation  de  ce  pays  par 
des  Égéens,  je  m-  [niix  (jue  les  associer.  Tout  en  admettant  «pu-  le  comnn-rce  a 
pu  introduire  à  cba(pn>  moment  i-n  Palestine,  a|irès  l.lOd  av.  .I.-C,  des  exem- 
plaires isolés  de  la  ei-ramique  myii'-nienne  et  iliy[»riole.  je  suis  néanmoins 
convaincu  pour  des  raisons  tant  liistorirpn-s  (pi'arcliéologifpii'S  que  la  très 
grande  majorité  des  vases  trou\és  dans  le  sol  palestinii-n  sont  postérieurs  à 
1200  av.  .I.-C.  et  (loixiMil  être  attribués  à  l'époque  de  l'invasion  [diilisline.  La 
troisième  périodi'  si-mitlipir  di'  Macalisti-r  i  tlO()-i(»(Rt).  comme  celle  de 
Lacliisli  l\'  de  Hliss  (  I  :t()(l-|i)iM)i  [ii-uM-nt  ctn-  également  vraies  pour  leur 
Icnuiniix  mite  (iiiein  :  mais  la  [lolcrie  l'traiigérc  qui,  pour  ces  auteurs,  s'étend 
sur  la  péiiode  entière,  pour  moi  n'appartient  (pi  à  sa  lin. 

hoiK  .  dans  le  sud  comme  ilaiis  le  mwd.  nous  a\oiis.  vit^  IJImi  ;i\..|.-(;.. 
UMi'  alihii'iice  de  léramiqur  fliiingérc  qui  est  le  >\m|ilome  et  IVH'rt  d  imc  in\a- 
sion  de  peujdes  étrangers.  Dans  la  Pliénicie.  à  la  même  dali',  se  fait  remar- 
quer mie  céranii(pie  étiangérc  (pii  |>ro\  ient  également  de  source  égéenne:  y 
a-l-il  une  iai> V\  mùv  !  iiidirc  dune  invasion  égéenne  de  la  Phénioie  ? 

11  parai!  |icii  proliablr  (pie  des  eiivaliisseiirs  alliés,  repoussés  des  frontières 
de  l'Kgyiite,  se  soient  installés  au  sud  et  au  nord  de  la  Pliénicie  en  négligeant 
ses  riches  ports  et  ses  vallées  f(>rtiles. 

Au  cours  de  leur  avamc.  ils  avaient  pris  Arvad,  comme  ils  avaient  pris 
Kaikliémisli  ;  leur  llotti'  .iMiit  longi"  la  C(*>te  cl.  s'ils  ii"a\aicnl  pas  occupé,  ils 
a\:iii'iit  pu  \iiir  de  prés  Hvlilos,  Sidon  et  Tn  r.  Ihmu  lnitiii  [ninr  des  marins 
giirrriiTs.  Une  li'>>  aniialo  île   l'KgNple  ne  p.iilenl    [•a>  df  complètes  au  sud 

i''  Lfs  fiii(|  li>inli>'iiii\   isoU's    iitiriliiir-s   imr  nrlii-lc,  .\    Sorlli  Syrian   cemetery  of  Ihe  Prr- 

Mnciilislrr  uiix  l'hilisliits  stuil  Buln-  rliosc  et  sinn  p«Ti<x/;  LiveriHtul  AnnaU,  ISJU. 

(latoiil  ilii  sijtii'inc -cinquième  si«Vl«'.  Voy.  mon 


190  S  Y  R  I  A 

J".\rvacl,  cela  n"est  pas  siirpriMiant  :  elles  ne  nuus  apprennent  rien  non  plus  de 
l'occupation  philistine  de  Gaza,  d'Askalon  et  d'Ashdod  :  pour  les  scribes 
égyptiens  du  douzième  siècle,  la  Syrie  ne  présentait  pas  grand  intérêt.  Peut- 
être  peut-on  penser  trouver  un  écho  de  cette  conquête  dans  Justin  (XVIII, 
35)  qui  parle  d'une  prise  de  Sidon  a  reye  Ascalaniorum,  un  an  avant  la  guerre 
de  Troie  :  la  date,  il 95,  s"aecorde  à  merveille  avec  la  défaite  infligée  par  Ram- 
sès  aux  envahisseurs  en  1196  et,  si  la  ville  fut  capturée  avec  l'aide  des  alliés 
qui  avaient  déjà  maîtrisé  le  pays  du  sud.  on  aurait  bien  pu  attribuer  la  vic- 
toire à  l'un  d'eux.  De  même,  quand  Scylax.  dans  son  péri[de,  décrit  Askalon 
comme  «  ville  des  Tyriens  »,  ce  renseignement  ne  pourrait-il  remonter  au  temps 
où  Askalon  et  Tyr  obéissaient  toutes  deux  à  des  maîtres  alliés  et  de  sang 
égéen  ? 

A  partir  de  1200  av.  .l.-C,  les  Phéniciens,  qui  s'étaient  contentés  jusque- 
là  d'un  commerce  limité,  se  lancent  dans  une  politique  plus  aventureuse.  En 
1 100,  Tyr  avait  déjà  fondé  le  comptoir  de  Kition,  et,  peu  de  temps  après,  des 
cargos  phéniciens  se  risquaient  loin  dans  l'ouest.  Des  colonies  ou  des  comptoirs 
commerciaux  jalonnaient  toutes  les  côtes  méditerranéennes  et  ouvraient  an 
trafic  phénicien  l'Afrique  du  .Nord,  la  Sicile.  l'Kspagne.  Chypre,  visible  des 
hauteurs  du  Liban,  était  un  point  de  dépari  tout  naturel  pour  une  telle  expan- 
sion. Cette  île  était  sans  doute  connue  depuis  longtemps  des  comnn}rçants 
syriens;  mais  il  faut  renuuMpuM'  que  les  Phéniciens,  qui  n  y  formèrent  jamais 
qu'une  minorité,  limitée  presque  à  une  seule  ville,  n'auraient  pu  obtenir  et 
sûrement  n'oiil  pas  maintenu  leur  position  par  la  force.  Les  Chypriotes,  (pii 
possédaient  enx-nn''mes  une  (lotte  marchande,  se  seraient  naturellement  oppo- 
sés à  l'intrusion  d'une  colonie  étrangère  et  l'ivale;  leur  consentement  est  plus 
facile  à  expliquer  si  ces  colons  n'étaient  pas  des  sémites  conqilèlenient  auto- 
nomes, mais  des  sémites  sous  uih-  direction  égéenne,  peut-être  même  chy- 
priote. Si  les  Phéniciens  ont  hérité  la  thalassocratie  commerciale  de  .Minos, 
le  legs  n'est  pas  passé  hors  de  la  ramille.  el  ipunnl  leurs  yaOÀot  rré(|uenlaient 
les  entrepots  d'outre-nu'r  (piTlomère  et  les  légendes  grecques  tenaient  pour 
phéniciens,  mais  où  nos  fouilles  ne  trouvent  que  des  traces  mycéniennes, 
c'étaient  toujours  des  l^géens  qui.  sous  un  autre  nom.  prolilaieiil  de  leur  patri- 
moine davenlure. 

On  m'objectera  que  les  l'IuMiiriens.  séiuili(jues  dUrigine,  sont  restée  sémi- 


LA     r'Ill'lNICIE     ET     LES     PEL'PLES     EGEENS  191 

fi(lii('s  jiis(|M  à  l:i  iiii,  cl  (|iM'  |>i'ii(l;iiil  UiuUi  leur  histoire  aucune  trace 
(runi'  iiiniii\li(iM  cli'anjiiTi',  (rllc  ijuc  je  la  sugfîère.  ne  se  laisse  enlre- 
vdii'.  l,;i  n''|pinisc  csl  fournie  pai-  li-  _i.M(Mi|ie  C,  qui  est  formé  (riniiinrlations 
cliypriolcs  et,  (i(!  [trotlnils  locaux,  di-nij^^iii-s  eomiiie  tels  par  la  l'orme,  par 
l'argile  et  par  1rs  cDiileiirs  friables  qui  les  disliiigiient  rietlenient  de  la 
vraie  |ii)|rric  chvprinle;  mais  ces  diM-niers  eonservenl  une  tradition  égc'enne 
(ju'on  rn',  [teut  i)as  mi-eoimailre.  Le  j^roupe  appartient  auv  dixième-sixiè- 
me siècles,  et  il  li-moii^rie  d "une  iiilluence  ét^éenne  très  manpiée  qu'on  ne 
constate,  il  ce  [Miinl,  à  la  miciuc  dale.  ni  à  Karlvlicnii>li  ni  en  l'alr^line  où  les 
l'Iiilislius  ont  éti'  si  lou;;lemps  les  maîtres  du  pays.  iJes  lijiurines  de  terre 
cuite  et  des  vases  /Dumorpliiques  de  I  ;if;e  du  fer.  provenant  surtout  de  la 
ri'^ion  d'Ainallins.  snni  innnus  di-piiis  longlem[>s.  et  leur  st\le  juslilie  l'ex- 
pression ass(!/.  forte  de  Dussainl  i[ue  «  de  plus  en  plus  la  l'In-nicie  du  Nord  se 
classi^  comme  dépentlanc(<  artistique  de  (lliypre  »  :  lieaui'oup  d'exeuq)laires 
dans  li's  vitrines  liu  Mnsi'i'  anii'ricain  donneraient  raison  au  savant  arclii'O- 
loguc  fi'aneais.  Les  vases  trouvés  dans  les  caveaux  de  Itasliidieli,  près  de 
Tyr  *"  sont  connus  aussi  de  longiu'  date  ;  mais,  prc-eisémenl  à  eause  de  leur 
caractère  cliy|irin|c.  on  ne  lcui-  a  pas  atttiliui-  l'inqMMlancc  ipi  ils  méritent. 
Plusieurs  tbrmes  de  notre  groupe  C  se  répètent  ii-i  (e.  g.  des  lig.  tli,  23. 
24)  et  le  décor  de  cercles  coincntriques  y  domine.  «  Toute  la  poterie. 
al'lirnic  Maci'idy.  est  cli\  priolc.. .  elle  a[qiarlicnt  à  nue  nicnii'  l'qioqne  et 
n'est  mélangée  d'aucun  oljjet  [trovenant  de  la  côti'  s\  riemn-  «  et  il  en  conclut 
ipidn  est  en  présence  de  tombeaux  d'édrangers  ennemis  qui  auraient  [larticipé- 
au  siège  de  T\  r.  Mai-^  noire  grou[te  G  provient  de  l'iidérieur  de  la  Svrie.  de  la 
neqà'a,  même  de  la  vallée  de  l'Oronte  :  les  (iiivpriotes  du  huitième  ou  du 
se|dième  siècle  auraient-ils  donc  envahi  toute  la  Svrie  centrale,  et  leurs  fantas- 
sins auraieid-ils  [xirté'  à  travers  les  montagnes  tant  île  \ases  fragiles  et  peu 
prali(pies  pour  les  eiderrer  avec  leurs  camaratles  morts  .*  Voilà  une  raliirtio  atl 
nlisKiilidn.  Que  b's  vases  de  Uashiditdi  soient  du  genre  chvpriote.  ce  n'psl  pas 
discutaille  :  ils  n'en  >ont  pa^^  moins  phéniciens. 

Les  caveaux  de  Uasiiidieh   nous  fournissent  un  autre  renseignenienl  pré- 
cieux,  (hi  y  a  trouvé  «  un  grand  noudu-e  d'urnes  funéraires  qui  renfermaient 

('I  Macuiiiv.  lii-rii,   llihliiiiif.  1901,  p.  SG5. 


192  syr;ia 

à  la  fois  (les  ossements  décharnés  par  une  putrélaclion  lente  et  des  restes 
humains  visiblement  incinérés  à  la  liàtc...  ces  circonstances  nous  permettent 
de  constater  que  les  caveaux  en  question  n'appartenaient  pas  à  des  Phéniciens, 
pour  qui  l'incinération  du  cadavre  eût  été  un  crime  ahominaljle  ».  Les  Ejiéens 
pratiquaient  l'incinération  des  morts  et  ont  introduit  ce  rite  à  Karkliémisli 
après  1200  av.  J.-C.  :  est-ce  qu'ils  n'auraient  pas  l'ait  de  même  enPhénicie? 
Dans  ces  tombeaux  de  quelques  siècles  plus  tard,  je  vois  le  signe  de  Tan- 
cienae  tradition  égéenne  qui  s'all'aiblit  et  se  plie  aux  coutumes  de  la  majorité 
sémitique  de  la  population:  1  heure  sonne  pour  la  disparition  des  Phéniciens 
égéens  comme  pour  celle  des  Philistins. 

l*our  compléter  la  série  des  vases  égéo-phéniciens,  je  présente  ici  (fig.  45, 
pi.  X.\)  une  jarre,  actuellement  dans  la  collection  de  M.  van  Heidenstamm, 
la([uelle,  avec  quelques  autres  du  même  genre,  fut  trouvée  il  y  a  huit  ans  à 
Djebeil,  associée  à  un  sarcophage  de  marbre  anthropoïde.  Cette  jarre,  appar- 
tenant au  dernier  style  chypriote,  doit  dater  du  quatrième  siècle,  et  prolonge 
presque  jusqu'à  la  comiuète  macédonienne  la  vogue  de  Fart  égéen  sur  la 
cùle  d(>  Syrie. 

Une  influence  si  profonde  et  si  étendue  ne  peut  guère  résulter  du  commerce 
se\il  :  une  sympathie  intime  a  dû  rendre  toute  naturelle  la  copie  du  style  chy- 
priote pendant  cin([  siècles  de  vie  séparée.  En  Palestine,  pays  divisé  on  petits 
étals,  dont  l'esprit  national  avait  été  affaibli  par  des  rivalités  intestin(\s  conune 
par  les  siècles  passés  sous  le  joug  étranger,  les  Philistins  avaient  su  devenir 
tout  puissants  e|  sceller  eiihc  eux  une  union  [lolitiipie  cotilre  lii(|uelle  les  Ca- 
nanéens asservis  ne  pouvaient  rien.  Malgré  cela,  les  Philistins  se  sont  sémilisés 
et  ont  perdu  de  honne  heure  leur  langue  et  leur  identité.  Kn  Phénicie,  où  une 
conscience  plus  ni-lte  de  la  race  avait  maiMjih'  la  populaliou  d'un  caractère  {ilus 
iiulividuel  et  plus  fei-me,  il  est  possible  (pTimi*  minorité  de  compiérants  étran- 
gers ait  iidi'oduit  certains  [irogrès  et  (pielipies  modes  qui,  par  la  suite,  se  sont 
niaitilernis.  .Mais,  eu  meuie  temps,  celle  minorité  se  serait  hieutol  assimilée  à  la 
masse  sémiti(jiM' ;  certains  as[iccls  de  son  influence  cultmclle  auraient  pu 
cependant  sui'vivre  longtemps  après  (pie  son  identité  etimiipu:'  avait  disparu 
à  tout  jamais. 

.le  ne  pré-teuds  pas  que  ma  thèse  d'une  conquête  tempoiaire  de  la  Phénicie 
et  d'une  colonisation  partielle  du  pays  par  une  race  égéenne  soit  établie  déli- 


LA    1'Iii;ni(:ii;    i:t    m:s    im:upli:s    i:(ii:i:NS         1'j:5 

nilivi'iiiiMil  |iar-  les  liMiioins  ciicon- i-ii  [iclil  nuiiiljrr  (|iic  lanliéologie  Iieiil  iilili- 
siT  iiiijdiiiiriiiii  ;  mais  (•niiiiiic  vr  iiial(Tirl  arrli(''ol(ij;if|uo  lions  ouvre  um-  pisle 
iioiivclli'.  j'ai  (111  i|iiil  fallail    le  [iiililicr.   loiit  en  iii>islaiit  sur  les  iiossibililés 

(|iril  [MT I    il'riihrvnii-.  \.r  dcriiiiT  Minl  a|)|iartii-iil  ii  la  [liuchr.  Id's  IViiiilIrs 

scii-iililiciucs  CM  IMiiMiicic  r-rarlcioiil  |iriil-rirc  ma  llii'diic  trop  ti-iiuMairr  :  je 
crois  iiliilùl  r|u  elles  la  cunlirmerunl. 


Après  ;iV(iir  Iniiiim''  ci'l  aiiicii'.  j'iii  lu  li'  li\ii'  Inul  n'-ceiil  île  M.  Aiiliaii: 
l'li'')iiiini^.  Je  lie  peux  pas  m  engager  ilaiis  I  examen  des  langues  ri  dt-s 
li'gendes  (pii  (leeiipeiit  le  savant  fraiieais  ;  mais  ((Uiinie  mes  eoneliisions,  tuiil  m 
s'aeeiiidaiil  à  eeitains  ('gards  avec  les  siemies.  seliiuncnl  à  la  fin  coiiiplcle- 
meiit  (i|i|M>si''es.  je  dois  mieux  pn'-eiser  les  miennes. 

■le  suis  doue  ('(UiNaincii  (pin  la  civilisatioM  |ii'i'li(dli'iiiipie  de  riigcc  t'-lail 
elidilemeiil  lii'e  il  cflle  de  I  A>ii'  .Miiiciiic  iciitrale  :  dan»  le  dciixii'ine  fa>cieiile 
de  ddichniiish  actuellement  sous  [ucsse.  je  cite  ipichpics  paialhdes  arcln'o- 
logiipics  cuire  les  llctccns  et  les  .Minoens  (|iii  auraient  doiiiK'  une  nouv(dlc 
force  aux  arguments  de  .\l.  Aiilian  :  si.  comme  je  crois  le  di-iuonlrcr.  les 
IMii''iiicieiis.  à  leur  apogi-e,  possi'daienl  du  sang  égi-eii.  ils  auraieiil  l'ti'  eux 
aus>i  des  a>iaiii(pies.  Mais  j(>  voudrais  me  si'parer  (•oiu|di''teiueiit  de  M.  Aii- 
Iraii  Idiicliaiil  le»  condilioii>  et  llii-loire  i\>-  la  S\rie.  Toiil  eu  admellaiil  la  pro- 
Itahiliie  d  iiiie  comiexioii  livs  ancienne  entre  la  cote  syrienne  el  rKgee.  je  ne 
V(U>  piiiiil  en  >\rie  un  grand  centre  de  puissance  asiani(pie  minoeime  eiilre  le 
viiigt-ciiKjuii'iiie  et  le  (lt)U/,i('me  si("'cle  :  loiil  au  coiilr  lire,  je  lrou\c(pie  peiidanl 
ces  sii'cles  rinlluence  (•gi-enne  (dait  assez,  faillie  dans  la  S\rie  semilisée  et 
assujetli(>  à  la  M(''SO[iolaiiiie  ou  à  IKgvple.  (Test  seulement  après  lidO  av. 
.l.-<...  (pie  la  l'InMiicio  a  sulii  une  aflliieiice  asiaiu(|ue  venue  soit  des  iles.  soil 
de  I  .\.^ie  Mineure,  el  c  est  seulement  après  cet  cvciuMiient  (pie  s'est  ilève- 
loppée  la  Phénicio  aveiilurouse  célélirée  par  Homère.  .\près  12(t(>.  la  civili- 
sation miiioeime  s'eilondre  :  le>  villes  llorissiiiilos  avaient  été  dévastées  et  leurs 
lialiilaiils  dispersés  par  l'exil  :  l'empire  asianii|ue  des  Kliatli  avait  été  détruit 
et  ses  lu-riliers  (le  Karkliémisli  elaieiit  occujtés  en  Orient,  l'ourla  nouvelle 
Grèce,  seuls  les  liardi>  marin»  de   Sidoii  et  de    T)  r  représcntaicnl  ranciemie 


194  .s  Y  R  I  A 

race  dominatrice,  conservaient  en  quelque  sorte  ses  arts  et  rivalisaient  avec 
elle  parleurs  exploits  commerciaux.  Peut-on  s'étonner  si  la  légende  grecque, 
déformée  par  les  cataclysmes  qui  venaient  de  bouleverser  les  souvenirs,  a 
attribué  aux  Phéniciens,  grâce  à  ce  fonds  égéen  qui  en  eux  allait  se  sémiti- 
sant  de  jour  en  jour,  le  beau  rôle  joué  par  les  peuples  de  race  pure  ? 

C.   Leonaiid  Woolley. 


LA  CUÉATION  DU  iML'SÉE  l)  AUANA 


LE  COLONEL  R.  VOUMAND 


Kii  Krancc.  où  la  i,'(''(if,Miiitlii('  ost  mnins  connue  quo  l'Iiisloirc.  lu  Cilicie 
lie  jouissait  pas,  iik-iiu'  dans  le  jiiiljlii'  lilln'-.  iriiiic  |ni|iiihiiitr  cuiiiiiaialilc  à 
celle  (If  la  Syrie.  Hélas,  «  lerte  |>rniiii>.-  ..  ;iii  |miiil  ilr  vue  ;i::riiulr.  I.i  (iilicie 
lie  iiiéiite  celles  pus  la  iiièiiie  repulaliiiii  en  ee  (|iii  coiiceiiie  rarcliéol(i;;ie  !  On 
ii"\  trouve  ni  Uaailieek.  ni  l'alinyie,  ni  les  jrraiides  cili-s  pliiMiiciennes. 

'roiitelnis.  les  (•i\  ili-alioiis  snceessives  ipii  sont  venues  s'étaler  p:ir  ee  pas- 
sade piei>(|ue  o[ilij;é  d'Deeideiil  en  Orient,  \  ont  laissé  chacune  sa  trace,  et  si 

le  (I  cille si  deiiieuré  dans  riiisloii-e  synonyme  d'un  vêtement  de  jiauvre,  la 

piinire  doiil  s"esl  (niié  le  |i:i\>  ,i  Iravcis  les  siècles  ollVe  de  nondnenx  et  très 
inléress;uils  spi'iiincns  des  ails  liillilc.  i;rec,  gréco-romain,  li\/.antin.  franc  et 
arabe. 

Dès  que  nos  ofliciers  pi'iK-lièrenl  dans  ce  «  leiriloire  ennemi  occupé,  /one 
Nord  »,  il  était  logi(|ue,  il  était  IVançais  d'orienter  une  partie  de  leurs  pre- 
mières pensées  vers  le  culle  de  l'Art,  .'^oiis  rimpiilsiou  large  et  éclairée  du 
coloiii'l  hicinond,  l'iiiiliitlivi'  fut  lai>s(''e  au  gouverneur  d'Adana  icoliund 
iVdrinand)  |ionr  organiser  dans  celle  ville  nu  musi'c  n'-niiissanl  pour  I  l'Iiide, 
dans  un  centre  l'acilemeut  accessilile.  des  spé'cimens  île  louti's  les  |)ériodes  de 
riiisloire  cilicieiiiie.  sauvaiil  du  iiK'iiie  coup  de  la  niiiie  lolale  tani  d  tdijels 
exposés  aux  ilégradatioiis  du  lein|»s  el  surtout  des  Inuiimes.  Car.  de  toute  éter- 
nité, en  ces  pays,  les  monniiieiits  anticpies  oui  (-té  exploiti-s  comme  carrières, 
el.  dès  le  delianpieinenl  iKilaiiiiiieiil.  on  conslale  (|iie  \|ei>iue  est  lu'e  de  l'om- 
péiojKdis  (IM.  Wl,  -1).  .\e  liaine-t-il  pas  d'ailleui>  îles  colonuo  antiques  même 
sur  la  |dage  d(>  Beyrouth? 

Le  local  manquait  —  et  encoie  plus  l'argeiil.  pour  liàtir  un  musée.  On 
se  contenta  donc  d  ahord  du   inique  hureau  du    gouverneur,    précédenuiionl 


106 


SYRIA 


Direction  de  la  police,  bâtiment  neuf  et  spacieux,  où  les  antiquités  purent,  en 
augmentant  de  nomi)re,  envahir  les  pièces  successives  :  la  cour  fut  affectée 
aux  pierres  trop  encombrantes. 

En  vue  de  donner  le  branle,  le  musée  rassembla  au  début  (février  1919, 
date  de  la  création  de  notre  administration),  des  objets  de  valeur  très 
movenne,  principalement  des  chapiteaux,  dont  il  traînait  partout  des  échan- 
tillons variés.  Parla  suite,  leur  réunion  se  trouva  présenter  un  véritable  intérêt, 
car  elle  permettait  de  suivre  l'emploi  de  cet  élément  architectoniquc  et  son 
évolution  à  travers  les  âges  :  depuis  le  dorique,  l'ionique  grossier  à  volute  à 
peine  tracée,  jusqu'au  byzantin  et  à  l'arabe,  en  passant  par  les  finiilles  dacan 
the  corinthienne  à  une,  deux  ou  trois  rangées. 

La  première  pièce  de  valeur  lut  un  tombeau  en  marbre  gréco-romain  du 
deuxième  au  quatrième  siècle,  décoré  d'enfants  portant  des  guirlandes,  très 
analogues  aux  motifs  florentins  de  la  Renaissance  (fig.  1.  à  droite").  11  servait, 


FiG.  I.  —  Quelques  sarcli'iprigos  du  Musée  d'Adaii.i. 


(•(iimiic  tant  d  auli'cs,  do  réservoir  pour  une  iiuria  mue  pai'  nu  chameau  :  c  est 
aujourd'hui  un  su]M'rbi'  vase  à  fleurs  couronné  par  d'élégants  aloès  ;  mais  la 
nécessité  d'y  faire  (h's  trous  pour  l'écoulement  des  eaux  avait  entraîné  d'irré- 
parables dégâts.  Ce  l'ut  un  iliin  de  Habib  Etfendi  et  de  Berber  Zadele.  deux 
notables  turcs  d'Adami  (avril  1919). 

l'n  autre  tombeau,  inliniment  plus  simple  et  en  calcaire  du  pa\s.  vint 
pro.sqiic  aii>-<il<it  lui  dunncf  l:i  répli(]ue  I  lig.  I.  à  gauche),  l'iovcuant  de  l'iM-ule 
des  ,\rls  et  .Métiers  d'.Vdana,  où  il  servait  également  de  réserxnif,  il  repré- 
sentait, en  (|uelque  sorte  stylisé,  le  motif  précédent  :  la  guirlande   remplacée 


LA     ClîKATION     DT     Ml'Si;i:     D'ADAXA 


197 


|);ii-  lin  croissaiil  lu!  (Iiiiiii;iil  un  laiix  iiir  nllniiiiiii.  lui  léalili'-.  la  plus  j;ranilt' 
pallie  liii  (liMor  niîsl  (prr-panm-h'r  ;  relie  pièce  daii^  son  l'-ld  iJ'inuflii"!\t'iiieiit 
iKiiis  iiMMiIre  les  piT)C(''(l(''S  iisili'S  par  |e^  sinl|ileiir>  anli(pies. 

I»en\  aiilies  heaii\  luiiilieaii\  en  |iieiie.  11111  (liTOH'  ilc  U'U'H  de  lions  et 
(rime  cliaisi!  à  [lorlciirs'''.  laiilre  ilniie  in-eiiplinii  j:iei-(pi(',  fiircnl  oricori',  1  un 
oir('rl[tai-Zii(li  Kiaiiiil  KlVeiidi.  laiiliv  oMiiin  par  >iiiiple  Mil)-.liliiti(iii  «riiii  réscr- 
\(iir  (riicciisiiiii. 

ile^  >areciplia;ii!S  en  lierre  niile.  cnnscivés  iiilact>  a  liavei>  li'>  >iéc-|es. 
vimeiil  (le-.  l'iniiDiis  (le  Karalai'ln  Deiirt  Direkii».  <iiin(  mi  Miil  eiicme  rainieii 
pnil.  iKin  liiin  ilu  IIiMixe  aniiipie  r\iannis  (jui,  eliaiiueanl  le  rnui>  i|e  ^es  eaux. 
Cleo  aiijiiiiid  lini  île  inpinelles  iaj;iiii('>  ;  ils  étaieiil  ullcrl.>.  ainsi  ipie  liusjiUTL's 
g(^ant(!S.  par  iriiniiiMo  pa\sans  lurrs. 

Iles  >leles  eL  eippes  riiiK'iai ii's  a\ee  iii^eriptinns  jirenpics  fM  riKiiinciir 
(.les  iliMiinls  >ainiilei-eiil  à  ces  xiiiveiiirs  aiiliipie-.  Les  Il'vU's  jiri'i-s  cl  laliiis 
ainsi  n-niiis  rmiiienl  une   culieelinn  inlere>>aiile  ipiavoc  heaiicdiip  il  l'-i  inlitinii 

le    I!.    I'.   Minililile.    île    |}('\  rolllll.    pn'^ellle   e|    riillllliclllc  ci-aïUTS. 

.\l,ii>  le  iniisi'e  il  Ailana  ne  puiixail  m'  (■aiilniiner  dans  une  spécialité  d  nitjets 
Iniielires  :  des  aniels.  des  sniili,i>-.eiiienl>  de  >la!iies  a\er  iiiscri[itiiilis  j:rei-(pies. 
des  liM>les  en  niarlire  un  en  pierre,  grecs  ou  nnnaiiis.  a[»porlérent  une  nnli"  plus 
j;aie  el  pins  \i\aiile  aii\  eidleeliniis.  [.es  uns  l'iaieiil  des  dons  iill'eil>  (lar 
lin  [)iil)lie.  lie  plus  en  [du--  nnnilurus.  s"iiilé'i'e>sanl  à  l'ieiiMe  enlre|iii".e.  ain>i 
ipii'ii  léiii(iii;iiaieiil  les  JKiiinaiix  linaiix,  liircs  ou  aniii'iiieus  ;  d'aulres  élaienl 
recueillis  par  les  olliriers  de  nos  dilIV-renls  posles,  ipii  lie  ponvaieiil  diMiieurer 
insensildes  ;i  cel  elVorl  el   lenaieni  à  \   ciiopi-rer. 

Missis,  l  aniiipie  .Mo[>sii('sle.  l'ournil  ainsi  au  lieiileiiaiil  LapiiMie,  de  la 
Kéj;iou  armiMiienne.  roccasion  d'envois  anliiieciiiianx  du  plus  haut  inli-rèt  : 
l'riscs  en  niarlues.  anleU.  enlaiileineiils.  iiiélopi-s  eu  calcaire  |uiiroiiili'iiieiil 
l'onillé.  (liapileanx.  elc.  de  travail  1res  >oi},Mié.  .Mis>is.  à  HH  Kiloiiièlrcs 
d  Adaiia,  inonlre  encore  une  colonnade  (>n  granit  dl'!g\pte.  dont  il  eut  été 
facile  de  di''i;aj^er  le  sonliasseiiienl.  et  un  >iiperlie  |ioiit  en  pierro  >iir  le  tleu\e 
Djilian.  le  seul  tpidii  \  puisse  lrou\  er,  aiialoj;ue  à  celui  d'Adana.  sur  h-  Seiliouu. 
et  (pii  tlate  de  ré|iOfque  roiiiaiiie  ;  comme  celui  dAdaiia.  altiiliiie  à  .lu>tiui)'n. 

(')  Co  san-dplidiïf  iiu'dii  iipi'i'voil  sur  nuire  figiiix-  1  est  ilouiu^  à  plus  ({iMllili- ô'Iu-IU'  "Inns  l'i-luile 
ci-iiprès  lin  K.  I'    MouIimiIi'. 


198  S  Y  RI  A 

il  présente  aujourd'hui  certaines  arches  réparées  en  ogive  par  les  Arabes,   à 
côté  des  anciennes  en  plein  cintre. 

Le  capitaine  Desrivés,  le  lieutenant.  Vigne,  de  la  Légion  arménienne, 
envoyèrent;  aussi  .de  Djihan  ot  dIA.yas,  diverses  stèles  grecques,  une  inscrip- 
tion cotifique  et  une  jolie  tête  en  marbre. 

Le.  commandant  Anfré.  gouverneur  de  Mersine,  fit  don  au  musée  de  débris 
divers  de  Pompéiopolis  ;  mais  les  restes  les  plus  intéressants  avaient  été  recueillis 
et  conseryés  à  Mersine  même  par  M.  Mavroitiaki,  consul  d'Espagne  et  collec- 
tionneur émérite. 

C'était  le  gouverneur  de  Tarse,  commandant  Co.ustiljières,  qui  se  trouvait 
le  mieux  placé  pour  recueillir  des  souvenirs  intéressants  dans  l'antique  cité 
de  Saint-Paul.  Une  très  faible  subvention  permit,  non  d'engager  des  fouilles, 
interdites .  d'aiHeurs  par  les;  règlements  anglais  au  début,  français  ensuite, 
mais.dç.transfér.erà  Adanales  objets  dissérninés  dans  les  rues  et  les  maisons. 
Car  Tarse,  comme  Ayas,  .Missis.  mais  plus  que  toute  autre  ville  cependant,  est 
construite  en  débris  antiques,  et  partout  l'on  retrouve  des  colonnes  en  marbre, 
souvent  même  des  sculptures,  encastrées  dans  les  murs  ou  perdues  dans  les 
découdires.  On  put  recueillir  ainsi  des  frises  sculptées  en  guirlandes,  de  char- 
mantes stèles  décorées  de  danseuses,  des  bustes,  un  torse  d'homme,  doux 
statues  délicieusement  drapées,  le  tout  en  marbre  blanc  (dont  une  carrière 
eixiste  près  de  Tarse),  et  même  des  motifs  décoratifs  arabes  et  de  très  beUes 
et  profondes  inscriptions  coufiques.  On  prit  également  quelques  échantillons 
du  béton  extraordinairemeiit  solide  qui  constitue  les  murs,  épais  de  ."l  mètres, 
de  ce  curieux  monument  primitif  appelé  Tombeau  de  Sardanapale  (Dcunulv 
Tach)  et  sans  doute  revêtu  de  marbre  dans  l'antiquité. 

:  .Le  Père  Mekitar,  directeur  de  l'École  arménienne  d'Aintab,  olVril  un  inté- 
ressant buste  d'homme  de  l'époque  romaine,  provenant  de  Tialkis  (aux  bords 
de  l'Euphrale),  et  le  mil  ainsi  tid'abii  du  bombardement  turc  qui,  depuis,  a 
(l('-lruil  l'école. 

Les  fonctionnaires  turcs  ajoutèrent  aussi  leur  part  à  l'oeuvre  de  nos  ofll- 
ciers  .:. c'est  ainsi  qu'Ibrahim  Bey,  kaimakan  de  Djihan,  Keuial  Bey,  k;\imakan 
d'.\yas,  Melimed  Ali  Ellendi.  niudir  de  Missis,  le  mudir  de  Karalach.  le  ilireg- 
leur  des  wakoufs  d'Adana  et  beaucoup  d'autres,  nous  tirent  d  iiiqiorl-.inis  en- 
vois. 


SYlilA.    I!I21. 


PI.  iXl. 


I.   —  Tniiiijiiix   liilli|i'>.   :i   K'arKIii'iiiisli     ~ur  I'lùi|ilirali'). 


i.  —  CiiliMiiiiiili'  lie  l'nmpi'iopolis,  h  M  kil.  ilt-  Morsine  ^Cilicie),  au  boni  d.-  lu  mor. 
(Clii'liés  >li-  l'Illustration.] 


LA     CRÉATION     DC     .\irSi:E     D'ADANA  19'J 

La  n'-piitiition  du  musée  se  rriiaiiilaiil  cliarjuo  jour  (la\  anlagi>  cl  iiilrn-ssant 
(le  plus  en  plus  le  palilii;,  loutres  1rs  iialionalili'-s  et  toutes  les  classes  tinrent  à 
coopérer  à  sou  eniicliisseuimt.  De  simples  gendainics  ap[ioilrieut  des  pièces 
parfois  fort  iuliTcssautes,  dons  d'Iiommes  simples,  mais  toujours  aimables  et 
ficiiiM-eiix.  L'<i'uvn'.  initialement  entreprise  dans  un  Itut  [lurmicnl  anliéido- 
^i(|ii(',  |ircnail  dr  jour  en  joui'  un  caraclrrc  p(dili(|Ui'.  uiii,->aMt  les  races  di- 
vers(;s  et  ennemies  dans  une  pensée  communi',  intéressant  à  une  idé<'  fran- 
çaise les  gens  des  conditions  les  |dus  variées. 

Le  musée,  prenant  forme,  obtint  alors  (niai  l'.M'.h,  sur  laclive  inlervention 
du  colon(d  Hi(Wnond.  un  secours,  royal  pcuir  lépoque.  de  .')(>()  livres  é'j;\p- 
lienntïs,  du  liant  Conunissuire  M.  (ieorf,'es-l*icot.  Ce  crédit  fut  à  peu  [)rès  iidé- 
{iraliMuenl  aljsorhé  par  les  frais  de  transport,  très  élevés  par  ces  temps  de  vie 
chère  qui  u  épargnaient  |ioiid  le  Le\anL 

On  put  alors  ('tendre  les  i-eclien  lies.  Larl  liitlile.  luul  d  actualité,  fut  1  tthjet 
d  une  alleiilion  parliculière.  On  ri''Us>it  à  en  ImiiM'r  des  resles.  abandonnés 
à  Zendjirli  par  les  .Uleuuinds.  ipii  avaieid  mis  à  jour  en  ce  poiid  une  auiicpn^ 
cité.  On  recueillit  ainsi,  avec  le  concours  du  gouverneur  du  jljeliid  IJendicI, 
capilaiiie  André,  une  >upei'lie  Irle  de  lion  eu  Itasalle  (donl  |e>  |iii'ds  sont  eiu'orc 
à  Zendjirli).  deux  sphinx  à  lèle  de  femme,  un  peu  dt-gradés,  mais  curieux, 
des  landionrs  de  cidonue,  uiw  sièle  avec  un  hermaphrodite  couché,  etc. 

De  la  principale  cile  liillile,  KarKlit'nii>li.  >nr  I  Kuphraieià  I  ..Util  mèlres  de 
notre  posie  de  Djerahlous.  el  à  coté  de  1  immense  poni  en  fer  du  ISagdail.  long 
de  800  nielles,  qui  constitue  ainsi  un  ('trange  anachronisme),  il  nflait  pas 
quesliiMi  de  rien  rauieiier.  car  ces  foiiille>  anglaises,  dirigées  par  M.  Wunllev, 
iui  nom  du  liritish  .Muséum,  n'elaienl  [las  encore  termiui'es  el  ces  anliquiles 
devaieni  jusfpi'à  nouvel  ordit'  rester  en  place.  Nous  donnons  siMilement  ici  la 
repiiidiiclion  i  IM.  Wl.  I  )  de  deux  Iniieaux  qui  jniit  |i.ulie  île  ce  liel  eii>eiulile 
archileclnral.  Les  sculpinres  liillili'>  de  M,ii.i-li  furenl  nquoenlees  par  des 
photographies. 

I  II  ai(h(''(dngue  alleiiiaiid ,  M.  Sicile,  (•iraiiger  à  ioiile  politique  et  tout 
entier  il  ses  études,  fut  le  seul  Allemand  mainti'iiii  en  (lilicie  en  raison  de  son 
âge  et  des  services  qu'il  était  siisceplilde  de  rendre  au  miiséi».  Kil'ectivemenf. 
lions  ne  conminies  pas  d  agent  pln^  di'Vone  :  il  fut  eiivovi-  en  divers  poiiit>  île 
r.\>ie  .Mineuic  pour  prendre  des  i>>tampages  el  lit  au  retour  d"iiiléressaules  cou- 


2Q0  ......     .  syria:.    . 

féio,ncos.:Il  put  nous  piociirer  plusiciirs'exoiiii)lairo.s  de  la  plus  grande  inscrip- 

lii)iiliillite  connue,'  sur. un  rocher  isole  à  Topoda.  près  Ncwcheir,  longue  den- 

virdn  o  mètres,  liante  de  3  mètres:  un    des  moulages  en   ciment  aniK'  fui 

.réservé  pour ;le  Louvre,  envue.de  contribuer  au  décliitTrement  de  ces  liiéro- 

-  glvidies  delectiu'c  encore  inconnue.  Le  même  archéologue  prit  aussi  Uempreinte 

-des.reUcfs  hittites 'de- Fraktin,  à  la  limite  Nord  delà  Cilicie,  et  de  nombreuses 

-photographies,  notamment  des  dessins  rupestres  sur  une  grotte  funéraire  .à 

Tachdji,  dans  le  Nord  de  la  Cilicie. 

!    L'ait  du  moyen  âge  .fut  également  représenté  par  de  remarquables  inscrip- 
tions arméniennes  en  arabestjues,  provenant  de  la  chapelle  d'Anavarza.  située 
-au  centre  d'un  de  ces  puissajits  châteaux  forts  qui  dominent  tant  de  collines 
isolées  dans  hi:  plaine  de  Cilicie  :  Ylan  Kalé  (PL  XXII  et  XXIll)  château  du 
Serpent'".  Toprak-Kalé,  Guvel-Oglou.  Hamatiye  —  ou  même  certains  hauts 
.sofniiiets  ,|ir.r>quo    inaccessibles    du.  Taurus,  Fekké,  Meydan,   Sis,    Boudjak 
Kale^si,  comme  les,  !  rivages,  de  la  nier.  Payas,.  Korikos  et  la  côte  syrienne, 
ou. enfin  la  plupart  des  grandes  villes  Alcp.  Marasii.   Aintab.  Biredjik,  Ourfa, 
.Mardin,  Seleflve,'Anavarza. 

Ces  citadelles,  véritables  nids  d  aigle,  dt''(iassent  souvent  |avec  leurs  hauts 
.remparts  l'éti-ndui'  des  plus  grands  châteaux  (jue  nous  connaissions  en  Europe 
et  constituiMil  la  plu>  ini[iressionnante  apparition  dupasse.  Anavarza  demeura 
plusieurs  siècles  la. capitalr  d'un  loyaunie  arnii''iii(Mi.  sur  remplacement  d'une 
ville,  roiiiaine  enclose  dans  iinr  iiilloicsquc  cnccinle  rectangulaire  l'rénelée; 
les  Aralxis  en  améliorèicnl  !(•>  rcinparls.  cl  placèrcnl  leur  signalui'e  aux  portes 
.dentrée,  sous  forme  de  iiiolifs  décoratifs,  rt)saces,  vases,  arbres  de  style,  ins- 
criptions pour  s'en  altril)uer  le  mérite  tout  comme  la  reiiu^  llala-Soii  à  Karnak. 
(tr  Anavarza.  dnnt  la  (lur(''c  cl  riin[Mirlancc  aiili(iucs  soni  attestées  par  deux 
aqueducs  aux  ruino  grandioses  —  dont  l'un,  ap[iorlanl  l'eau  delà  montagn(\ 
se  prolonge  sui-  en\ii(in  i'i  Kilomètres  de  longueur  —  par  un  arc  de  triomphe 
splendide,  îles  llieiiiies.  un  ani|ibillii'àlre  aux  gradins  lailb-s  dans  le  roc, 
(les  toud)es  également  en  plein  roc,  .\iinvarza  aujourd  liui  reste  inaccessiiile 
à  peu  |)i'ès  six  mois  de  raiiiK'e.  enlourcM»  de  marais  où  Ion  s"enlise.  Il  ne  pou- 
vait en  èlre  ainsi  jadis,  et  I  on  reconnaît  bien  là  l'incurie  des  derniers  siècles; 

Cl  A  no1nr  ce  mol  de  o  Scrin'iit  ",   niidaiil  la    rmiin'  «ralio  (lui  a   romiii    k   M(uili)iiïa    i, 

■  uno  idéo  d'niitliilutions,  cl  sim  analogie  avec  la  rivirio    cjui    lourue. 


LA     CIlEATKiX     DC     MISHE     DADANA  201 

rrcoiiliMiH'iit  lies  faux  a  i'\i''  iiilfriiiiiiiin  [i.ir  <]ur|f|iii'  ;i|)|inr(  il'alliivions.  ou 
par  un  do  ces  nouihroux  Ircniltlcjuriils  de  Iimtc  qui  oui  plusieurs  fois  ruim''  la 
ville.  Mais  celte  riche  plaine  de  Tilioukour  Owa,  récemment  encore  domaine 
impérial  du  Sultan,  acquis  en  1914,  pour  99  ans.  par  une  Société  française  (de 
Veiideuvre,  de  Lesseps),  sera  sans  dout»;  hieiitùl  assainie  par  notre  travail, 
par  le  développement  de  la  culture  à  l'aide  de  procédés  scii.>ntiliqucs,  et  l'accès 
d'Anavarza  deviendra  dès  lors  plus  aisé. 

\(»us  pûmes,  à  f^rand  renfort  de  huflles,  amener  d'Anavarza  au  Musée 
d'Adana,  un  magiiilique  sarcophage  en  brèche  calcaire  (l'I.  .\.\V,  i),  décoré  de 
guirlandes  portées  par  des  enfants,  et  aux  angles,  de  belles  victoires  (III"  siècles 
ap.  .I.C.  '").  Anavar/.a  a(»parait  comme  la  plus  intéressante  révélation  de  l'an- 
li(|uilé  en  (^ilicie,  —  avec  Char,  à  la  pointe  extrême  .Nord  du  triangle,  encore 
moins  acci'ssihie. 

De  Char  (Comana).  ville  romaine,  presque  enlièrement  construite  <|e  dé- 
hris  antitpies  (PI.  .\.\IV),  où  même  les  piles  du  pont  >oiil  de  vieilles  colonnes 
transportées  là  pour  supporter  des  poiihes  en  lioi>.  il  eut  éti-  fort  intéressant 
(le  rapporter  (piehiues-ims  de  ces  restes,  qui  sont  disséminés  partout,  d  d'anlant 
plus  exposés  aux  destructions  qui'  la  ville  arménienne,  anéantie  par  les  Turcs 
au  (•oiM>  lie  la  uuerrr.  était  en  cours  di-  icstauralion  :  gra\e  danger  pour  les 
anliipiités.  ha  >ituatiori  ptditicpie  et  les  dillicultes  de  trans[torl  —  caries  voi- 
tures ne  circulent  ipie  sur  les  hauts  plateaux  turcs  tlu  Nord,  et  non  dans  les 
gorges  aiiru|)tes  du  Taurus  —  ne  je  |iermiieiit  pas. 

On  ne  put  (pie  mettre,  sur  des  animaux  de  hàt,  de  menus  débris  (pii  témoi- 
gneront de  la  s[deii(leur  du  lieu,  où  l'on  aper(.-oit  encore  une  magnifique 
poite  lie  lenqiie  (l'I.  X.W.  I  ).  en  marlire  sculpté  de  guirlande>.  une  nécropole 
avec  un  [>elil  lemiile,  un  liiéàlre.  des  tiieruies.  In  beau  lenqde  anli(pH*  trans- 
fonné  en  église  arménienne  ne  résista,  pas  plus  (|ue  tant  danires  souvenirs 
locaux,  aux  massacres  et  destructions  de  celte  guerre. 

Enlin.  nous  avions  obtenu  de  la  direction  des  anli(pjites  de  Constanlinople 
rall'eclation  au  .Musée  d'.UIatui  des  anti(iuilés  de  Selefké.  partie  de  la  Cilicie 
([ue  nous  n'avons  jamais  occupée.  Le  mutessarif  (sous-préfet)  de  Selefké  s'oc- 
cupa avec  complaisance  de  faire  jiorler  (piatorze  pièces  importantes  au  port 

et  M.  Kl.  Michon,  consorvalcur  da  di'pnrlo-  .Miis^c    du   Louvre,   lui    ronsacrrra  dans  un 

ment  dos  aiitiqiiiU's  prociiucs  et  romaines  au  pn>chain  favcirulo.  une  noliro  pariinilicr»- 

Sini*.— U.  2C 


202  S  Y  R  I  A 

de  Tach-Oujou  ;  des  statues  et  des  tombeaux,  dépassant  le  poids  d'une  tonne 
et  ne  pouvant  être  chargés  sur  des  voitures,  durent  y  être  amenés  sur  des 
traîneaux  construits  spécialement  pour  cet  objet;  mais  ces  antiquités  réputées 
n'ont  jamais  été  embarquées  et  doivent  encore  traîner  aujourd'hui  sur  le  port 
de  Tach  Oujou,  exposées  plus  que  jamais  aux  dégradations. 

Heureusement  une  statue  assyro-hittite  en  basalte  —  pièce  rare  dans  cet 
art  où  la  sculpture  ne  représente  guÎTc  en  ronde  bosse  que  des  animaux  et 
s'applique  surtout  aux  bas-reliefs  —  put  être  rapportée  en  France  pour  le  Lou- 
vre où  elle  occupe  une  place  d"honneur  (PI.  XX\  1).  Elle  représente  un  prêtre 
portant  un  bassin  rectangulaire:  la  tète,  en  partie  disparue,  montre  encore  la 
barbe  et  les  cheveux  bouclés  :  elle  fut  découverte  à  Métellé,  dans  la  maison  du 
chef  kurde  Chahin  Bey,  et  provient  probal)lement  des  ruines  hittites  voisines 
d'Arslan  Tach,  à  40  kilomètres  environ  Est  de  Djerablous,  12  kilomètres  Sud- 
Est  de  la  station  d'Arab-Pounar  '*'. 

Le  -Musée  d"Adana  recueillit  aussi  de  petites  terres  cuites,  des  débris  de 
céramiques  seldjoucides  provenant  des  mosquées  de  Konia,  des  monnaies  de 
bronze,  d'argent,  et  même  d'or,  et  aussi  une  intéressante  collection  do  piioto- 
graphies  documentaires  ;  tout  cela  était  généreusement  donné  par  des  gens 
fiers  de  voir  leur  nom  affiché  au-dessous  de  leurs  libéralités,  parfois  pul)lié 
dans  les  journaux  locaux,  cl  toujours  sûrs  de  recevoir  une  lettre  officielle  de 
remerciements.  On  se  proposait  mémo  d'instituer  un  diplôme  de  donateur, 
dont  le  dessin  était  en  {iréparalion  à  Conslantinoplo.  Le  nmséo,  né  d'une  pensée 
artistique  et  civilisatrice,  avait,  par  miracle,  uni  dans  lo  mémo  culte  du 
«  Beau,  du  Vrai,  de  l'Utile  »,  Turcs.  Grecs,  Arméniens,  Arabes  et  Européens, 
riches  et  pauvres,  simples  et  intellectuels,  et  avait  ainsi  rendu  de  réels  services 
au  point  de  vuepolititiiie,  l)ion(|uo,  initialement,  celte  idée  n'ait  pas  été  en  cause. 
Il  l'ut  consacré  et  courormi-  par  une  visite  qu  y  fit  le  Général  Gouraud,  Haut- 
Commissaire,  le  2i  noveml)ro  19ll>,  pour  féliciter,  sous  les  lleurs  de  Cilicie  et 
sur  les  beaux  tapis  de  rOrienl.  les  |>rineipau\  donateurs. 

Le  Colonel    ilu  génie  Ijrcvclé.  commandant  le  12'  régiment  du  génie, 
H.    Noll.M.VND. 

l'i   Voir  ci-aprùs  l'iiiliTi'Ssanle  note  qno  lui  lU'^     Aiili(|iiilcs     orioutalcs     un     Musée    du 

consacre    M.   Edinoiul    l'ollicr,    conscrvaleur  Luuvre. 


NOTE  SUR  LA  STATUE  DE  METELLE 

PAR 

KUMOND  l'OTTIER 

[.a  l)olle  statue,  quft  le  l.ouvro  doit  à  riioviroiisp  initiative  et  à  la  génôrositi' 
(If  M.  le  (loliiricl  N'niiiiaiiil.  a  iiilroilnil  dans  nos  (((Ilcctidns  orientales  un  monu- 
nicnl  iHMiMMu  lie  liiiiilc  ini|inrlan(i'  (l'\.  XW'I).  Les  statues  de  ronde-bosse 
sont,  dans  l'art  a>s\rii'n.  extrènirnicnt  rares  :  on  en  (•om[tte  à  peine  trois  ou 
quatre'"  et  notre  musée  en  était  conijdètement  dép(jurvu. 

Cette  statue  (Inv.  AU.  7.')38)  mesure  dans  son  état  acliii'l  I  m.  i.')."i  de  hau- 
teur; la  eircoid'i'rence  aux  lianciies  est  de  I  ni.  09  et,  en  itas  de  la  tunique,  de 
1  m.  2i.  Kile  esl  l'aile  d  une  pierre  j^rise  et  rufxueuse.  non  polie,  (pii  dilTère  de 
Talhàtre  gris,  plus  (  lair.  tendre  et  uni.  dmi^  lequel  sont  laille>  les  l'eliefs  assy- 
riens. La  nialièrc  se  rapproche  île  celle  qui  est  employée  dans  le  pays  hittite 
de  la  Syrie  du  Xord  ;  je  crois  qu(!  la  statue  n'est  pas  une  o'uvre  importée 
d'Assyrie,  mais  (|u  elle  a  eh'  lalniquee  -ui-  place  on  dans  une  rt'u'i"'"  voisine. 
C'est  ce  (pii  a  lail  penser  à  .M.  le  Colonel  .Normand  que  c  était  une  œuvre 
hittite.  Il  esl  possible,  en  elTet,  (pie  le  sculpteur  soit  un  homme  de  celle  race; 
mais  ce  (pii  est  sur.  c'est  (pu-  la  statue  est  de  st\le  purement  assyrien  et  n'ap- 
partient pas  à  la  période  ancienne,  antérieure  au  neuvième  siècle,  oii  l'art 
hittite  conservait  encore  son  caractère  indigène  et  original.  Elle  se  placerait, 
au  plus  t(il.  à  l'éitocpie  du  conipu-rant  .\ssour-iia/.irpal  (885-801))  ou  de  Salma- 
na/ar  111  (78:5-773). 

Bien  (pie  l'on  ait  à  dephucr  laltsence  de  la  lèle.  l'attache  du  cou  et  ce  qu» 
reste  de  la  liailie  peiinetlent  de  se  re[)résenter  l'aspect  général  du  personnage 
masculin  (jui,  debout  et  droit,  le  bout  des  pieds  nus  dépassant  le  bas  de  la  lu- 
ni(pie,  porte  avec  soin,  comme  une  olTrande  précieuse,  une  sorte  de  grand 
coiVrel  (Ui\ert,  dont  ou  voit  l'intérieur  largem(>nt   entaillé  en  forme  de  cavité 

('I  Voir  Pf.hrot-Chipikz,  llisl.  de  fort.  11,  fig.  lo,  ioO  :  F.  von  Bissing,   BeUnuje  :ur  Gfsch.  der 
assyr.  Slmlplur,  pi.  IL 


204  SYRIA 

peu  profonde  et  rectangulaire.    Le   costume  se   compose  de  deux   parties  : 
1°  une  tunique   longue,   munie  de   franges  dans  le  bas,  avec  des  manches 
courtes  dont  les  bords  apparaissent  sur  le  haut  de  chaque  bras;  elle  plaque  sur 
le  corps  et  l'enferme  comme  dans  un  fourreau  qui  donne  aux  jambes  l'apparence 
d'un  pilier  rigide'*'  :  2°  un  manteau  ressemblant  à  un  chàle  à  franges  qu'on  a  plié 
en  deux  et  qu'on  a  posé  sur  le  buste  en  recouvrant  d'abord  l'épaule  gauche  ;  on 
voit  par  derrière  le  bord  de  l'étoffe  qui  descend  de  l'épaule  et  passe  sous  le 
bras  droit;  par  devant,  sous  le  coffret,  est  marqué  le  pli  que  fait  la  draperie  su- 
perposée en  cet  endroit.  Cette  façon  de  draper  le  manteau  plié  et  de  le  porter 
court  a  été  souvent  reproduite  par  M.  L.  Heuzey  sur  le  modèle  vivant,  dans  ses 
leçons  de  costume  à  l'École  des  Heaux-Arts:  elle  est  caractéristique  sur  les  l)as- 
reliefs  assyriens  pour  désigner  les  subalternes  qui  entourent  le  monarque,  mi- 
nistres, dignitaires,  ou  même  serviteurs  de  la  maison  royale  >-'.  L'absence  de 
toute  inscription  ne  nous  permet  pas  malheureusement  de  préciser  le  rang  du 
personnage  représenté.  On  peut  seulement  conclure  que  ce  n'est  pas  un  dieu. 
Serons-nous  aidé  dans  notre  recherche  par  la  nature  de  l'accessoire  que 
nous  avons  <lécrit  comme  un  coffret  ouvert?  Sur  les  plinthes  sculptées  qui  dé- 
corent l'intérieur  des  palais  assyriens,  nombre  de  tributaires  sont  ainsi  figurés, 
dans  une  attitude  analogue,  offrant  leur  cadeau  au  suzerain.   .Mais  comment 
imaginer  un  tributaire  représenté  dans  une  statue  de  cette  importance?  On 
penserait  plutôt  à  un  liant  dignitaire  ou  à  un  roi  se  présentant  devant  son  dieu 
dans  celte  allituilc  buiiilile  et  respectueuse,  pour  lui  apporter  une  offrande  de 
prix.  Reste  ù  savoir  en  quoi  consisterait  cette  offrande,  et  c'est  ici  que  le  pro- 
blème se  complique.  Je  n'ai  pas  retrouvé,  dans  les  nombreux  reliefs  assyriens 
qui  reproduisent  des  scènes  d'offrandes,  un  objet  semblable  à  cette  boite  sans 
pieds,    haute  et  massive,  qii:'   riioiniue    tient  .solidement  à  deux  mains,   en 
l'appuyant  contre  son  ventre,  comme  un  fardeau  qui  pèse  lourd;  il  n"a  pas 
l'attitude  libre  et  aisée  des  tributaires  présentant  leur  cadeau  avec  les  deux 
mains  avancées.  Remarquons  aussi  que  la  .structure  de  ce  coffret  est  peu  régu- 
lière. On  en  jugera  par  les  trois  dessins  ci-contre  (lig.  1)  que  .Mlle  J.  Evrard  a 
exécutés  d'après  l'original,  hc  piolil,  les  contours  de  l'objet  forment,  non  lias 
un  rectangle,  mais  un  trapé/c  :  la  ligne  supérieure  descend  très  sensibleiiieni. 

Cl  Cf.  la  sUlue  iliidicu  Nûbo  ;  Pf.huot-Cui-  I»>  Ibid.,  fig.  22,  2;!,  U,  303,  308,  etc. 

>'iF.z,  l.  c,  fig.  15. 


La  S1.UUC  Je  Miiicllc 
(Don  du  Colonel  Normand  au  Musée  du  Louvre) 


NOTE  SUR  LA  STATUE  DE  MKTELLE 


205 


celle  du  fond  de  la  boîte  remonte  légèrement**'.  Le  haut  de  la  boite  est  taillr  en 
biseau  et  ne  forme  pas  une  surface  horizontale,  parallèle  au  fond.  Dans  l'inté- 
rieur, la  cavité  est  de  faible  profondeur  et  ne  pourrait  pas  contenir  un  objet  ou 
des  objets  volumineux  '-'. 

Une  hypothèse  m'est  venue  à  lesiirit.  ijuc  j'indique  sans  y  attacher  la  vab'ur 
d'uiic  cdiK  liisidu  fciiiM'  :  peut-être  a-t-mi  \nulu  icpriV-eiitiT  une  cassette  rem- 


Fio.   1.  —  !.■•  >MlTrrl  vu  Ji-  lr.)is   côtes. 

|die  de  linpols  de  mêlai  précieux,  c'est-à-dire  d'objets  peu  volumineux,  mais 
nombreux  et  lourds,  (pii  juslilieraient  l'emploi  d'un  coirn-l  ;iux  parois  solides 
et  ê[)aisses  cl  (|ui  cxpllipirrail  l;i  [lose  des  mains.  La  l'orme  en  biseau  pour- 
rait, par  une  convention  dont  ou  a  d'autres  exemples  dans  la  scidpture 
assvrienne '^*.  reprê'senter  la  boite  ouverte  avec  son  couvercle  relevé;  ou  birn 
le  sculpIiMir  auiail  simplcmml  abaissé  les  lignes  de  devant,  pour  (]u'oii  jint 
voir  plus  facilenuMit  dans  l'inlêrieur  de  la  boite.  On  sait  qu'il  est  souvent 
question,  dans  les  inscriptions  assyriennes  qui  célèbrent  les  exploits  du  roi 
vainqueur,  de  lingots  de   métal  pn-cieux.   or  ou  argent  livrés  par  les  popu- 


(')  Toutefois,  il  y  n  iiiio  partie  ([ui  nmiiqiio  i» 
cet  ciidroil,  sur  le  cntô  «Iroit  du  coffret  e(,  du 
cAtfi  gnudio,  la  lijjne  inférieure  paraît  plus 
hori/.oulnlp,  h  peu  près  porpcndieulaire  à  l'axe 
de  la  statue.  I.a  différence  des  deux  ligues 
pourrait  donc  être  due  à  une  simple  népliKcnee 
dans  la  taille  de  la  pierre.  Mais  l'ohservaliou 
subsiste  pour  la  partie  suiM'rieure  du  coflret, 
où  la  pente  est  uellemeut  indiquée. 

(•)  Voici  les  mesures  de  ce  coffret.  Partie 
supérieure  :  long.  0,â-28  ;  en  avaat  0,-2-2G.  Par- 
tie inférieure  (fondi:  loua.  O.-Jiî:!  :  eu  avant, 


0,-250.  CAté  droit  de  la  Imile  ;  haut.  0,185  et 
eu  avant  0,l;iO  (partie  endommagée).  Côté 
pauche  de  la  boite  :  haut.  0,170  et  en  avant 
0,100.  Pour  rcntaille  intérieure;  dans  le  fond, 
surface  de  0,1-2,'i  sur  0,100  :  hauteur  au  milieu 
et  eu  avant  :  0,080  et  0,075. 

(^'  Voir  Botta  et  Flandis,  Mon.  de  Vinir»-, 
II,  pi.  104  ideux  tributaires  apportant  des  es- 
pèces d'écrins  ouverts  et  vus  de  profil,  de  fa- 
1,-on  à  montrer  le  contenu,  bracelets  et  bijoux 
en  ro!<aces). 


206 


SYRIA 


lations  subjuguées.  Ce  serait  comme  une  dîme,  prélevée  sur  le  butin  de  guerre, 
dont  le  roi  ferait  hommage  à  son  dieu.  Je  ne  donne  pas  cette  explication 
comme  la  meilleure,  mais  je  n'en  ai  pas  trouvé  d"autre  '". 

E.  POTTIER. 


("  .Mon  élève,  M"'  Massoul,  attachée  libre  au 
Déparlement  des  antiquités  orientales,  m'avait 
Uabord  suggéré  une  idée  qui  me  parut 
ingénieuse  :  c'était  d'interpréter  l'accessoire 
comme  un  moule  à  brique,  symbole  de  la  cons- 
truction d'un  temple  dont  le  roi  viendrait  faire 
hommage  à  son  dieu.  On  se  rappelle  qu'Our- 
Nina,  sur  le  relief  généalogique  de  TeUo,  porte 


sur  sa  tête  une  couffe  contenant  la  terre  ou  la 
brique  de  fondation  destinée  au  temple  de  Nin- 
gliirsou(SARZEcetHELZEY,DecouueWes<'H  Chal- 
dée,  pi.  II  bis,  n"  i).  Mais  ici  laformedu  moule 
serait  bizarre  et  la  cavité  intérieure  est  trop 
petite  pour  répondre  aux  dimensions  d'une 
brique  assyrienne. 


INSCRIPTIONS  GRECQUES  ET  LATINES 
DU  MUSÉE  D'A  DANA 

PAR 

LE  R.  P.  R.  MOUTERDE,  S.  J. 


Des  monuments  épigraphiques  recueillis  à  Adana  <"  description  l't  copie 
m'diil  ('"ti"  adiess/'es  par  l(>  R.  P.  (ïransault,  S.  J.,  missionnaire  à  Sivas,  actuel- 
ItTiicnt  aumônier  à  la  T"  division  de  Cilicic.  M.  .1.  Cliamonard.  ronseiilfr  à 
larchéologie  du  Haut-Commissariat  franrais  en  lît|i>-|!»20,  a  bien  voulu, 
d'après  les  notes  prises  au  cours  dune  brève  inspection,  réviser  les  copies  et 
ajouter  quelques  textes  à  ceux  du  P.  Gransault.  On  voit  assez  à  qui  revient  le 
principal  mérite  du  présent  travail. 

Dans  le  relové  qui  va  suivre,  jindiiiuerai  par  les  initiales  Ci.  et  Cb.  les 
auteurs  des  copies  ou  des  correclidiis  au  décbilïrement.  Là  où  la  provenance 
n"a  pas  été  notée,  j  ai  leiilé  de  la  ((HijiMturer,  en  niaidant  des  indications 
succinctes  du  registre  des  entrées  au  .Musée  d'Adana,  dont  je  dois  communica- 
tion à  M.  ViroUeaud,  nouvellement  appelé  à  diriger  le  Service  des  antiquités. 
—  Le  régime  anormal  dAdana  et  niém(>  de  Heyroulb  excuseront.  ji>  1  espère. 
le  caractère  provisoire  et  les  déticits  de  cette  publication'-'. 

I.  —  Tarse.  —  Inscriptions  chrétiennes. 

I.  Miisi'o.  Il"  222.  —  Fragment  de  colonnetle  polygonale  en  marbre.  Hauteur  totale 
0  m.  ">i  ;  largeur  0  m.  Il)  ;  lellrcs  hautes  de  0  m.  015  à  0  m.  02,  larges  de  0  m.  013.  Des 
25  1.  de  l'inscription  17  sont  complètes  ;  les  8  suivantes,  tronquées  à  gauche  ;  les  4  der- 
nières également  à  droite.  (G  .  —  Ch. 

IM  J.   GiiAMONARD,   S.vrm,   1,   PII.   94-'.)S  :   le  u.  A.  Wilhelm,  7rthrfsft<-f(<r,  XVIII,  1915,  B<ri- 

Muséc  Normand.  blalt,  p.    I  s.   Un  ami   scst  chargi-,   à  Paris, 

l'i  Je  n'ai  [iii  consnIliT  à  Ili-yroiilh  les  lieisen  irune  rapide  exploration  de  la  pn'miiTedc  ws 

in  Kilikien  de  IIsiikude^  et   Wii.iiki.u  (OcnAs-  dou.v  puldicatious. 
chrifteit  do  Vieuiio,  t.  XLIV,  1891) >,  ui  i.   Kkil 


208 


SYRIA 


['O  ôcïva  Trpe^5û(T£poç)]  |  uiô^  toû  iTrj]ç  |  [xa/.apiaç  [i.v/]'[jLV]ç  la/wê  xal  | 
aÔToO  ■7rp£^ê|u(T£pou)*  ÙTrèp  (jlv/]|(jlï]ç  xal  àva|uaù(7£oç  twv  ôjaîcov  yovécov  |  |j.ou 
(xal)  ù-Èp  èXa\'fpiaç  tcôv  (Ji.a|/.apiOTâTcov  |  (ji.ou  àÔEX'f wv 
I  Ttov  TTpoXaêcô  I  Tov  (y.al)  ùirèp  c7co|r/]pcaç  éfjLOÛ  |  t£ 
aÙTOÛ  (zal)  TOÛ  |  iiioû  à8zk'fo[ù]  |  Tt[j.tOTâTOU  |  IlaX- 
Xaâi[ou]  I  7rp£^êu(T£pou)  (/.al)  u|tïcP  acoT[rjpt  |  aç]  toû 

[(7]£jJ.[v0T(iT0u)  I 


YrocroriYic 

•^AKa  PTACMiv 
MHCiAKûJBKAi 

Arrornf  £  z. 
Brsi-n  epmhh 

MriC  KAr  ANA 
nATCÊOt  TW/NC 
ClWiijro/y  EOJM 

HoTsrnEPEAA 
WotaaeA4^jN 
Ti-irrACÊMor 

TÊATTorSTOT 

£'MorAàEA4)o 

riMlOTAT  (./ 
n  A  AAAA  T/ 
iTP£Z8T5/ 

ETOTcNJ 

HlKT 

PAT 

CST 


Aux  lignes  21  et  s.,  d'après  la  copie  Ch..  Ion 
pourrait  restituer,  exempli  causa:  ÙTièp  c7coT[rjpî|  aç] 
TOÛ  CT£[[xvoT(âTOu)  |  ô-]'p[7]]/.i[aXîou  ]!ï;|JL]apây(5ou. . . 

[X,  prêtre],  /ih  de  Jacoh,  Je  hienheureusc  mémoire, 
qui  fut  prêtre  lui  aussi;  en  souvenir  et  pour  le  repos  de 
mes  dignes  parents  et  pour  le  soulagement  de  mes  bienheu- 
reux frères  qui  nous  ont  priviklés  ;  pour  mon  propre  salut  et 
j  pour  celui  de  mon  frère,  le  très  honorable  Palladios,  prêtre, 
et  pour  le  salut  de... 

Une  invocation  gravée  sur  une  colonne  n'est  pas 
chose  rare,  même  parmi  les  monuments  chrétiens^'". 
Le  texte,  émanant  d'un  prêtre,  fils  et  frère  de  prêtre, 
et  commémorant  une  otïrande  propitiatoire  aux  vi- 
vants  et  aux  défunts,    nous   reporte   à  Rome    par    plus    d'une   analogie. 

Le  pavement  de  la  i)asilique  de  Sainte-Potronilla  nous  a  conservé  la  stèle 
d'une  tombe  chrétienne  du  sixième  siècle,  où  les  défunts  sont  déclarés  «  fils 
de  prêtre  »,  «  petils-fils  d'évôquc  »,  «  arriêre-petite-fille  de  prêtre  »  et 
«  belle-mère  d"évê(pie  '-'  ».  Maison  trouverait  ailleurs,  en  Orient  et  en  Occi- 
dent, des  familles  où  le  sacerdoce  était  héréditaire'^'.  Ce  sont  les  expressions: 
ÙTvàp  èXoL'fpi'xç  Tiov  (jLay.aptoTâTCûv  (j.ou  ââcX'ftôv  twv  irpoXa6(ôv)T(co)v,  «  pour  le 
soulagement  de  mes  frères  défunts  (jui  nous  ont  précédés  »  —  qui  ont  une 
saveur  romaine.  La  formule  est  rarissime,  peut-être  unique,  dans  l'épigraplùe 


Cl  Voir  V.  g.  F.  CuMONT,  Sludin  Pontica, 
II,  p.  343  (Tokal);  VVaddington,  Inscriplions 
de  Syrie,  2469,  UIO. 

CI  Marucciii,  ,\uuvo  lioUclUno  di   Arc.  cr., 


1899,  pp.  a-i-'iô.  Cf.  Kaufmann,  llandbuch  der 
altcliristlichen  Epigraphik,  Fribourg-cn-Br., 
l!in,  p.  259. 

(3|  Kaufmann,  op.  /.,  pp.  liii),  <2U-i:>6. 


INSCHIPTKJNS  GRECQUES  ET  LATINES  DU  MISÉE  DADANA  209 

grecque.  Ne  faut-il  pas  y  reconnaître  linlluence  de  la  liturgie  qui  tJeiuande  le 
refritierinm,i>rn  'm  qui  nos  praecesseritiil  f —  Les  mol?, refrirjeiinm,  lefiiyeraïc,  signi- 
fient dans  la  langue  classi(|ue  «  soulagement  »,  «  consolation  »,  et  c'est  sans 
doute  trop  en  restreindre  Ir  sens  (|ue  de  les  traduire  seulement  par  «  rafrai- 
cliissement  éternel  dans  le  IVsliii  (■.'•leste'"  ».  .Vvec  l'usage,  le  vo-u  si  fréquent 
aux  catacombes  :  Deus  refrif/enU  siiiriiitm  iinnn.  revenait  à  .souhaiter  soulagement 
cl  consolation  à  ràinc  des  <léfunts.  Dans  noire  texte,  la  même  idée  est  évidcni- 
iiiiMil  e\prim(''c  par  le  mol  éXa'fpta,  «  allégement  ».  Sans  doute,  Térpiivalent 
nr.linairc  de  ir(ri(iii'niiii.  dans  les  liturgies  iiuMciiiies.  est  àvâ'|o^t;  '-' :  mais  le 
génie  grec  a  toujours  gardé  sa  liberté  d'expression  et  de  formules:  en  outre,  le 
vocai)lc  sXa'fpJa  pouvait  être  suggéré  par  l'emploi  de  l'adjectif  éXa'ppôc  dans  la 
traduction  du  souhait  païen  Irrrnsit  lihi  Init  :  un  graflilnchrétien,  tracé  au  dé-but 
duqualrième  siècle,  à  ce  qu'il  semble,  dans  le  vestibule  de  rby[)ogi''e  deTrebius 
.lusliis,  reproduisait  le  même  \(i'U  :  èXa'fpà  yf,  eî^  r/jv  t. . .  •}uya;  /tfAtov  (".  — 
Les  mois  Tcov  -poXaê(ôv)T(  co)v  sont  peul-èlre  jtlus  significatifs  qiu'  l'iXa'fpia.  Qui 
mis  imirri'ssn nul .  c'esl  la  di''siuiiiili(iii  liiMpieide  des  di-fuiils  dans  l'épigraphic 
cliri'liiMuii'  il"Afri(|iie.  (niniiie  la  imli'  Le  Blanl'".  et  le  lien  bien  connu  des 
usa^is  il  liliiii;ii'>  il  .Vlri(iiie  a\ec  ceux  de  Home  (>xplique  (pie  nous  la  relrou- 
vidiis  au  (laniiii  de  la  .Messe  latine.  Dès  le  septième  siècle,  le  .Mémento  des 
morts  y  ligure  ii  la  messe  quotidienne  (voir  Batiffoi.,  Leçons  sur  lu  Mcssr'\ 
pp.  •2'î-2-'22i).  Or.  au  milieu  du  siècle  précédent.  Narsès  avait  fomb'.  au  lieu 
(lu  uiaiUreile  saint  l'aul.  le  preuiier  uionaslère  grec   de    Itouic  :    en  (iii).  les 


(''  M.  U.  A(u(iAiN  spmlde  l'avoir  monlK', 
Manuel  li'épigrnpliie  chrétienne,  Inscripl.  lat., 
pp.  3'f-3o,  où  il  eilo  lo  mot  do  suinte  Pcrpéluc, 
iippri-iianl  l'ubsciiro  de  sou  piTc  païi-n  :  ICI  re- 
frigernvi  ahsenlia  itUus.  (LcS('(|(iivnlciits  groi-s 
«v»ij.j;;;,  iva|.g/'o,  sont  C'gnlomput  sigdifica- 
lifs).  —  De  mi'inc  Mahucciii,  Epiijrafia  cris, 
tiiimi,  Ilœpli,  l'JIO,  p.  I.'H  :  Ucfrigerium,  du- 
esprimii  il  sollevio  da  una  pcna  rho  si  ssoffi'r 
un  l'onforto  in  mrzzo  ad  una  ponn. 

1-)  i:  I  G,  IV,  1>UC,!)I21  =  Lkkeiivbe.  Ilecueil 
des  incriplions  grecques  chrétiennes  d'Egypte, 
(ijd,  (-..•^tî  :  r.  IG,  IV.  9K33  (Païenne,  poul-ôlre 
imporli'o  d'Kpyple).  —  Skymoi  h  ok  Iticci.  Com- 
ptes   rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions.... 

StBIA.    —    U. 


I!t0!l,  pp.  l.'i;H()l.  assigne  tous  les  textes  ana- 
logues, qu'on  faisait  remonter  au  septième  et 
même  au  cinquième  siècle,  à  la  ptTio<lc  s'é- 
tcndant  de  99^  à  lliS. 

(^'   PlO   FlIANCIII    DE'ClVAI.IKtll,    VuOl'O    liollcl- 

tino  di  Ir.  cr.,  1912.  pp.  ;"i:i  s.  Cf.  K\t>M\>>, 
op.  /.,  p.  298.  P.  Fr.  de'  Cavalicri  renvoie  à 
Ka'ibvX,  Epigr.gr..  19S':  y^Uv  :/o(;  £'/.jî.;i/.  Cf. 
encore  Rf:.^A^.  Mission  de  Pliénieie.  pp.  .ICkS- 
369:    EXxzzi  oot  f,  if,  (Saïdn,  2  ex.'. 

I*'  V.  g.  Manuel  d'èpigrnphie  chrétienne,  pp. 
80,  93.  —  Pour  le  sens  de  r;oÀ»nîiyi..,  cf.  Ma- 
i.Ai.AS,  Chronographin,  XVIII.  168  =r  P.  G.,  9" 
BIS  i'  I.  :  Justinien   'avoionc  toj;  vô^aov;   toà{ 


210  SYRIA 

actes  (lu  Concile  de  Rome  le  nomment  monastère  desCiliciens,  (^ovt)  twv  Kiki- 
xcov:  et  le  P.  Grisar  conjecture  que  la  garde  en  était  conliée  à  des  religieux 
originaires  de  Tarse,  patrie  de  saint  Paul  (ffts/.  ilr  Home  et  des  papes  au  M.  A.. 
tr.  Ledos.  t.  II,  p.  174  s.)-  Ces  relations  expliquent  dans  une  certaine  mesure 
lintluence  de  la  liturgie  romaine  jusque  dans  la  métropole  de  la  Cilicie. 

Ces  rapprochements  montrent,  en  tout  cas,  l'unité  de  la  pensée  chrétienne 
en  ce  qui  concernait  les  morts.  L'idée  d'accomplir  une  bonne  onivre  pour  le\ir 
soulagement  apparaît  ailleurs.  Nous  la  retrouvons,  par  ('\iMn[)]i'.  jointe  comme 
dans  notre  texte  à  l'intention  du  salut  des  vivants,  dans  les  inscriptions  gra- 
vées au  début  du  septième  siècle,  autour  des  deux  patènes  de  Stûmâ  (dans 
la  région  dAlcp).  Le  donaleur.  Sergios,  qui  était  changeur,  banquier  ou  orl'è- 
vre,  àpyupo-pâTrjÇ,  les  offre  en  vœu,  pour  son  salut  et  pour  le  repos  (àvà-auc7i;) 
de  Marie,  son  épouse,  et  de  ses  enfants*". 

2.  Uallc  funéraire,  marbre.  —  Dimensions:  0  m.  .3-2 -}- 0  m.  49  (longueur,  brisée) 
X  0  m.  67  X  0  m.  03.  Lettres  soignées,  hautes  de  0  m.  04,  larges  de  0  m.  02  (G.).  —  Pro- 
venance :  Tarse  Ch.).  —  ?  Registre  n"  220  :  Plaque  de  marbre  portant  inscription  grecque. 
Knvoi  du  commandant  Couslillicre,  gouverneur  de  Tarse. 

TO  n  OC  A  I  ^^6  P  60  NtKKl  Kl 

ACTHCKOCHlCJTÂTHCÊrrO 

t^  H  C  À  NATO  A  I  o  Y  en  1  CKonoT  .t<- 

To~o;   O'.a'fipcov  'i->.^'.zia;  xr^r  /.0(7[j.ia)TàT-/)ç   dyyovyjç  'Ava-.oXiou   iûicj/.o-ju 

—  Ttiiiihe  apiiirlnKiiit  à  Elulikia,  la  1res  illi(slrc  ilesreiidaiite  de  fi'rriiiie  Analolios. 

L'('vè([ue  d'Adana  .Vnalolios,  ami  de  saint  .lean  Chrysostome.  entraîné  par 
les  ilisgr.ici's  de  ce  dcniiiT.  dut  i|iiitter  son  siège  et  se  réfugier  en  (iaule'-'.  Sa 
mémoire  se  conserva  sans  doute  parmi  les  chrétiens  de  la  région,  et  c'est 
peut-èlre  de  lui,  ou  de  (piehpie  évèipie  do  Tarse  nommé  d'après  lui,  que  des- 
cendait Kkdikia. 

.le  n'ai  pu  renconlrrr  le  nom  Kkdikia.  KUdikios  est  connu  à  l'époque  chré- 
tienne'^'. Serait-ce  un  "  nom  d  Immilité  ».  à  traduire  par  «  mis  hors  la  loi  » 
et  ciim|i.ualdi'  à  liiiiiriosus^^^  ! 

l'I  Je».n  Edkhsof.t,  Le  trésor  de  SlùmCi,  llev.  fère  à  tort  à  Suidas);  'ExSixiç  [C  /  L,  V,  8989, 

arrhêol.,  1911,  I,  pp.    4n-;i9.  p.l098  =IG,  XIV,  SSSIlConcordia));  tVi/ictHs, 

(''  Lk  Quik.n,  Oriens  clirislianus.  II,   p.  881.  Dcssau,  Î5789. 

('I  Cf.  I'ape-Bknsklkh  (qui  pourtant   se  ri--  t"  Sur  Iniuriosus,  cf.  v.  g.  LkBlant,   l.'èpi- 


INSCRIPTIONS  GRECQUES  ET  I.ATiNRS  DU  MUSKE  D'ADANA  211 
II.  —  Karatach?  —  Inscriptions  honorifiques. 

.3.  4  et  :;.  |?Regislrp  d'enirôcs,  ii"  119,  \'.u  ou  lo8.  ITiO]. 

3.  Marbre  noir.  -  Dimensions  :  0  m.  'M  i  hauteur;  X  0  m.  (V.i  x  0  m.  72.  —  Lillifs 
régulières,  hautes  de  0  ni.  05,  larjïes  de  0  m.  025  (G.).  —  Cassé  à  droite  (Ch.). 

Hehcrdey  et  Wilhclni,  lleiscn  in  hilil.ien.  n"  2'i.  Le  texte  y  figure  sans  la  cassure  qui  a 
emporté  quelques  caractères  à  droite. 

EPM0v;PATHZ:TOMnA-r/ 

ahm  lanekataioy/ 

i.  Bloc  carré,  inaihre.  Sur  l.i  face  horizontale,  ernpri'intrs  <'n  creux  de  ih/ux  pieds,  le 
pied  droit  en  a\ant.  —  Diuieiisious  :  (t  m.  .Tj  i  hauteur.  X  0  m.  71  X  0  m.  80.  —  Hellis 
lettres,  hautes  de  0  m.  ().'{,  larges  de  0  m.  O.'J.')   G.)  —  Ch. 

OAWM.OZ  OM  AAAnrAN 
AHM  EANCPMOKPATO^ 
KOI  NON  EYE  rTETHNrErENHMENolN. 
En  II  nr  H  Pi  Al  rOYAHMOY 

Le  lc\lc  (le  (•(•>  (l('u\  iiisi  riiilioiis  est  cliiii- :  ir\"l  :  'KouLOXpàr/;; -:ô[x  -aT[6pa] 
Arjjj.Éav  'Iv/.oiTOiiou  —  llvniiokinth  à  suii  iihr  Ih'tiiriis.  fis  iC llrhulttuts  :  —  N"  i  : 
U  ^"iWi-o-  à  .MaXXcoTwv  A'/;[jL£av  'l']p[i.cxpàTOu  xotvôv  £U2pY£Tr,v  ysyavr, txévov  iz.''. 
(TCjTTjpia'.  TOÛ  lîfjULOU  —  /,(■  iiriiiilc  lie  Malins  à  Ih'iitnts.  fds  d' lleiiwihnili's,  ilrrriiu 
l)iefif((ilciir  public  poid  le  salitl  du  pcHiilc. 

il  faut  on  r!i[)|in)tli('r  I  rloiii'  (\''\']rju.oy.oizr,;  A'/;u.ioii.  (|iialilii''  ilr  y.ovjô; 
"eÛEpY^TT;;  par  les  lialiilaiils  (IWiilioclic  du  i'NiaïUds,  i\uv  l.au^liiis  cnpia  jailis 
à  Karalacli  sur  une  Ikisi'  en  uiarliic  tuiir"*.  Les  trois  tc.xlos.  à  t'ii  jugt'r  par  la 
n'-currcucc  des  lucnics  ikhus.  ('■maucul  de  pcrsidinaiii's  apparlcnaut  à  iiiu'  seiili' 
l'auiillr.  où  le  dcv  oucuicul  à  la  cliosi'  |iu|p|iipi(' t'iait  lici'i'ditairf. 

L(>ur  iialric  était  .Vnliorlio  du  l'\iauios.  ipii  1(UU'  TlpfJLOxpâTTjV  At,u.£Ou... 
ireTTpECTêeuzÔTa  ^k  xai  ÙTrèp  rr^^  r.7.Tpi'h:;.  Ou  rccouiiail  doue  iri-m'-ralciufiit  i|ui' 

;/rii/i/nV  chrétienne  en  Gaule  el  tlans   V Afrinue  ra:pi5o;  tv  xaipot;  »viyx»:oi;  sÀiiuTi;  xi:  (is-,-ati; 

romaine,  p.  95.  npioSsfa;  xa;  Ta;  xïÀXt'jTs;  xa'i  ïniçsvti;  àno3i:;i'.{ 

(''  Lk  Bas-\Vaddingto>,   III,    lt86:  '0  îf.tjo;  ::iroir,ixivov  tt,  roXii,  :f,;  (xutoû  aotTf,;  iji  xaXoxi- 

4    'Aviio/t'iov   'KpaoxpoiTT,v  Ar,ijicou,  xoivov  (ù(SY(-  vaOîij  xai  ti-ç  it;  îi  ssif!*»"»  iùvo:'a;. 
Tr,v    vi^Evriiicvov,    ::Er:p£aCeuxdta    t\    xai    jRCp    if,; 


212  SYRIA 

cette  cité  occupait  le  site  de  Karatach.  Il  est  naturel  d'attribuer  à  la  même 
localité  les  nouveaux  éloges  de  la  même  famille. 

Au  critère  interne  s'ajoute  le  témoignage  du  registre  d'entrées: 

«  ]\-o  149  —  Piédestal  de  statue  en  calcaire  noir  provenant  de  Karatach  ; 

«  V'  l.")7-|."i8  —  Piédestaux  de  statues,  dont  l'un  avec  inscription  grecque, 
provenant  de  Karatach  ; 

((  j\°  139  — Piédestal  carré  avec  inscri[ition  grecque;  calcaire  noir.  Don 
de  Hifir  (?)  Agha,  à  Feizié  près  Karatach.  » 

Comme  aucun  autre  socle  de  statue  n'est  signalé  au  registre  sinon  Icn°  156, 
qui  s'identille  sans  doute  avec  notre  inscription  n°  25,  l'attribution  à  Karatach 
de  nos  inscriptions  3  et  4  est  assurée. 

A  en  juger  par  la  forme  des  caractères,  ces  textes  nouveaux  sont  d'époque 
plus  récente  que  celui  qu'a  publié  Langlois.  Waddington  date  ce  dernier  du 
second  ou  du  premier  siècle  av.  J.-C.  ;il  prouve  aussi,  d'après  les  monnaies, 
que  Mallos  reprit  la  frappe  sous  ce  nom  ancien  [^eu  avant  la  fondation  de 
l'empire"';  nous  avons  là  un  leniiiniis  a  ijiio  pour  tixer  l'âge  de  notre  inscrip- 
tion 4.  —  liiqKissiide.  par  ailleurs,  de  fixer  le  degré  de  parenté  des  personnages 
nommés;  rilcrmokratès  et  le  Dèméas,  iils  d'Hékataios,  de  notre  n°  3  peuvent 
appartenir  à  une  branche  collatérale,  tandis  que  l'Hermokratès  Iils  de  Dèméas 
du  second  ou  du  premier  siècle  av.  J.-C,  et  le  Dèméas  fils  d'Hermokratès  des 
premiers  temps  de  l'Empire,  tous  deux  qualifiés  de  bienfaiteur  public,  sont 
vraisembhiblcment  le  père  el  le  Iils,  ou  l'aiVul  et  le  pi'lil-tils. 

Cet  éloge  semblable  de  l'ancêtre  et  du  descendant  émane,  dans  le  premier 
texte.  d(>  la  cité  d  Aulioche,  dans  le  second,  de  la  cité  de  Mallos  :  d'où  la  con- 
clusion (prAiilidibe  el  .Alallds  soiil  les  diMi\  noms  d'une  luèiiie  \ille,  le  nom  de 
llallei'ie  à  l'égard  des  Séleucidi>s  ayant  été  abandonné  à  ré[ioque  romaine  ; 
nous  aurions  l'idfmtilication  :  Antiochc  du  Pyramos  =  Mallos  =;  Karatach.  Avant 
les  textes  nouveaux,  cette  double  égalité  était  admise  par  Waddington'-',  par 
MM.  W.  M.  Hamsay»'"  et  Besnieri^'. 

Par  contre,  le  .SVa(//«./(///.s- J/^/;//(('  .l/r//(.s''''  sup[)ose  que  Mallos  ('lait  dislanl 
d' Anlioilie  (le  l.'idslades.  Aussi,  après  liuboof-Mbinier,  [luislleiiei'dey  i"l  W  ilbelni, 

l'i  Lk  H\»-VVAi>i)iN(.r(>N,  III,  i;80.  p.  3S:i;  riie  ciliés  of  SI.   l'aat,  liJI)7,    p.  101. 

C'i  Lk  I1as-\V.vi)i>ington,  III,  148G.  {*)Li:ciiiiiedeij(}oyrapliieanciennc,s.\'.^\aUas. 

1^1    llistoricat  Geu(jriipliy    oj     Asia    Minor,  1^1  |G3  —  MCllkh,  Geogr.  Min.,  i).  i'21. 


INSCRIPTIONS  GRECQUES  ET  LATINES  DU  MUSÉE   DADANA  213 

.MM.  G.  F.llili'"  r-tlIirsclilV'lil-  iilarrril-ils.\iili<M,li»'àK;ir;ila<li.  mais  ni  lidi-n- 
tiliaiil  à  .Magars<is.  tandis  ([iii' .\Ialli)>ain  ail  ()C(ii|»('' i;ii  amuiil  It-  iMiiiiloù  lel'yia- 
iiios  se  [laifapîc  fii  deux  bras.  —  Il  r-t  |MMit-iMrr  dangereux  de  tropse  lier  axiSiu- 
(linsiiiiis,  qui  a  pu,  rn  ce  point,  mal  coiiiiuiiiT  divors  ilinrraircs'^'.  D'autre  part, 
nus  textes  {n" '.\  et  4)  nexclueiit  pascette  pussiliiliti',  ijui'Dèméas  ayant  rendu 
service  à  liMile  la  région,  les  gens  de  .Mallos  lui  aient  élevé  une  statue  dans  sa 
pruiin;  patrie  .Magarsos'".  Cependant  lexpliiation  obvie  est  ridentité  de  .Mallos 
avec  Antioclie  du  l'yrainos  et  Karataili. 

.").  Bloc  carn'',  inuibre  noir.  Ktnpreinlc  de  tlcu\  i)ip(Js  en  creux,  le  \>u-à  gauclie  en 
avant.—  Dimensions  :  0  m.  '.\G  (hauteur)  x  0  m.  73  x  '•  m.  GS. —  l^ettres  très  irrégulières 
hautes  de  0  m.  (13,  larges  de  0  m.  Oi   G.).  —  Ch. 

C'est  probablement  le  u"  15!)  du  registre  des  entrées:  »  piédestal  carré  n  (cf.  supra). 
Là  où  les  étiquettes  reproduisant  la  description  du  registre  n'ont  pas  disparu,  le  R.  F. 
Gransault  s'en  est  visiblement  inspiré. 

AnTi  oXEaNoA  HMo£ 
A'j'Po/lISriONMAI  NOY 

EÏNOlA£TH2.  EIE  TON  A  H  MON 

'AvTtoyàov  0  (î/jULo;  |  "Afpoâiaiov  Mà[Y  voo  "?  |  ipsr?,;  Hvé/cv  y.a'i  |  êùvo'.a; 
TTjÇ  EÏ^  Tov  (5r,[j.ov.  I  'I  l'iatdTO^Cupo;  Oéfovo^Sâoie'.. —  Le in'Hph'  d' AniiiKhe it  .\i>lin>- 
tlisins,  /(7s  dr  Ma;iiiiis.  à  raisuii  il  ■  son  iiurite  et  de  sit  hieiireillinire  à  i'iijiird  du  pi'niile. 
Olîiinnlr  llriihaislodônis.  fih  de  TIh'oii. 

Le  nom  de  Màyvo;.  Mmiiiiis,  est  sans  doute  un  témoin  de  la  célébrité  en 
Cilieie  tlu  vainqueur  des  pirates.  Pompée  le  Crand,  Maijnns  nosler,  disait  Ci- 
céron. 


("  ISrilisli  My\svi\\n,  C.filalogueof...  Lycnonin, 
li'inriii  a.  Ciliria,  l'JOO,  p.  107. 

l*'  P.^ui.v-Wissowv,  I,  col.  iH'i,  s.  V.  An- 
lioiiieia. 

('•  Voir  le  commentaire  de  Millkr, /. /..  Noter 
que  le  Slndiasinus  iudiquu  outre  Aiitioche  et 
Mallos  1,'iO  stades,  et  iiuii  70  comme  marque 
Ilirschfold. 


(♦•  On  ne  saurait  appuyer  cette  supposition 
sur  le  qualificatif  de  xoivo;  ij«fY«''.4.  <l"'  signi- 
fie 11  bienfaiteur  public  »  par  opposition  n 
îîio;  £J£ff itr,{.  Cf.  les  textes  très  clairs  de  Dit- 
TKKUERGKit,  Orietitis  grdcii,  Mi.  et  O.  Ki.io, 
Insfitriflen  ans  Mmjncsia  (1.  M-,  p.  7j,  n"  Ul. 
c,  C. 


214  SYRIA 

III.  —  Tarse,  Karatach  ou  Adana.  —  Inscription  honorifique. 

6.  Bloc  de  marbre  (G.).  Pierre  d'exèdre,  légèrement  incurvée  (Ch.i.  Dimensions: 
0  m.  42  (hauteur)  x  0  m.  57  (largeur  du  côté  de  l'inscription)  x  0  m.  82  (largeur  à  l'op- 
posé) X  0  m.  89  (profondeur!.  —  Lettres  difficiles  à  lire,  hautes  de  0  m.  02,  larges  de 
0  m.  03  (G.). 

EPoYA  APK6 

tAKIONC  ûNPAtE-PA 


KIAAPON  AIONYSIoYAAOAI  KEA 
THXElZAYToN 


nCO  K  A    o£ A  P  K  ON 

TA  ©ON    -     -    -     -     -     ToNUATEPA 

Les  dcu\  prpinir'res  lignes,  mal  gravées  ou  frustes,  ne  donnent  rien  de  cer- 
tain. On  pourrait  penser  à  lire,  selon  la  copie  Ch.  :  IIpôxXoç  '.■*  [MlâpxovTa[c7i]ov 
Tov  TTaTÉpa  ;  mais  la  lecture  ne  tient  pas  compte  des  lacunes  ;  en  outre,  Tâtrtoç 
est  imn  om  rarissime'*'. 

Plus  vraisemblable  est  Findication,  ici,  d'un  cénotaplie,  élevé  à  la  suite 
d'un  songe:  ripôy.Xo;?  \y.7.x'  ôvjap  /ev[o]Tâ[(p]iov  [éffTTjcJc]  tôv  uaTépa.  Rien 
détonnant,  à  .Mallos  surtout,  si  la  pierre  en  vient,  que  l'ombre  d'un  défunt  mort 
sans  sépulture  ait  réclamé  les  honneurs  du  touihciiu  : 

Ipm  sed  in  sdiiinls  inliiiiiutli  irnil  hnarjo 
(^oningis^'K 

On  attendrait  le  nom  du  bénéficiaire  au  datif:  mais  les  foiinulesàvÉcTTrjas  tôv 

Cl  Tad'.o;,  chef  des  Rhoxolans  contre  Mithri-  pp.  8,  1  ;  217  ;  II,  pp.  ii:^,   '."2'n.  L'incubation 

date,  SmABON,  VU,  306  fPAPE-BKNSELEii).  et  la  guérison  par  songe  élnient  pratiquées  à 

Cl   ViRciLK,    /En.    I,    3.'i3-3.")4.   Les  anciens  Mallos,  près  des  héros-guiTisscurs  Amphilo- 

croyaicnt  que  les  morts  sans  sépulture  et   les  chos   et    Mopsos    (Ghuim-k.     (h-iecli.   MylhoL, 

iiufoi   venaient    troubler  le   sommeil   des   vi-  p.  933,  n.  5  et  19  ;  TCuk,  dans  Hoscheh,  Lexi- 

vants  ;  c'était  h  eux  aussi  que  les  sorciers  s'a-  kun,  s.  v.  Oneiros,  col.  907-908). 
dressaient  de  préférence  (Ruouk,  Psyché '^,1, 


INSCRIPTIONS  GRECQUES  ET  LATINES  DU  MUSÉE  DADANA  215 

TraTÉpa  ,jOj(JL'iv,  àv£Or,x.£  èauTÔv  XÉovTa,  £(JTr,<7av  Tc'.(jLi-,v  hTsa'"  n'-poiidenf  exacte- 
iiiciil  lï  lii  iiùlro. 

I„i  ilrdiciicc  qui  siiil  .--l  (luire  :  'AvTio/écov  6  OTjpLo;  |  ["kiiowpov  A-.ovuaiou 
Aaoôi/.aa  |  àp£T-?j;  £Vc/.£v /.ai  covoia;  |  r?,;  £i;  aùxov.  —  Le  jK'iiple  d' .{iHiwlie  à 
Isiiloros  fils  ik  Dionijsios,  Laodia'en,  à  raison  de  son  mérite  et  de  sti  bien rvilUinri'  pour 
la  cili'. 

Ni  MIS  III'  savons  il  liu|m'll('  des  trois  cités  voisines  (jui  portèrent  le  nom 
il  AiiliiM  In- (Mallos.  Adiiiia.  Tarse)  -  aiiriltuer  ce  nioniiinenl.  De  (|uello  Lao- 
dicée  élail  oripitiaiie  Uiduios  .'  On  [leiil  pensera  Landilon  h'rhiiiinn'nr.  au  N.-O. 
iVIroniitin  :  mais  il  esl  pins  vraiseinidalile  qnil  safjit  île  l.aodicée  de  S\  rie 
et  de  pielipie  aiinalenr  ipii  tialiipiail  sur  les  cotes  de  Cilicie.  I.e  culte  d'Isis  à 
Laiiiliiée  de  S\  rie.  diiiil  je  iiiiin  Uiiliir.i-<  e>l  nn  siuiie,  n'e>l  indiipii'  par  aucun 
texte  :  mais  celui  de  Séra[)is  en  celle  ville  est  connu  par  les  monnaies  et  nue 
inscription'^'.  L'n  Laoïliii-enesl  ranlenrirnnedédicaco  à  Isis.  an  .Nirapieion  l'. 
de  hilns,  après  S.S-,S7  .1. -('..*". 

IV.  —  Adana.  — Épitaphes. 

7.  Miis(''R  11'  IK7.  Sur  un  sarcopli;tgo  I^anglois  prnveiMiil  diiii  jardin  d'.Vil.ina.  — 
Dimensions  :  0  m.  7(1  (haiilcun  x  H  m.  7il  x  I  m .  S5.  —  l.cllrcs  liaiiles  de  0  m.  (iH  (1 .  j 
—  Cil. 

A  NTi  OXOY  KoAA  BCrC  MNi  AC  XAPIN   ^ 
ANAETi  CKIN  HC  lAN  YClTuJ^'l'^KoJ 
AWNApl^XiMAKA  iTU'AHnGJ  AU  NA  PI 
XlAlAf/\OCiC      uJ0éKlN  :V  1 1  N  H  Tt    «^' 

N  L*;  +  ro 

La  copie  de  Lanj^lois  i"'  [lorle  à  la  première  lii;ne  :  KOAAHM  ilC.  W  ad- 
iliiifïton  transcrit  KoXa6  £|o|u];.  C'est  lo  f^'i'-nitif  de  KoXiêrj-,  cf.  KoXoêo.;  (:')  en 
Carie'''',  et  pins  lias,  ii'  21,  KouXa-'^a,  dalil'  m. 

.\n\  lieux  ilernières  lignes,  en  comparant  les  co[Mes  île  G.  et  de  Langlois. 

("  IIam.sai,    Sludies   in    thc    Easli-rn    Homnn  ('' 1'.  Uolsskl,  f,cs   ciilles  l'tjyptiens  à  [tèlus ^ 

Provincfs,  pp.  ^TT-iTS,  et  les  rôfércncos.  p.  i'H,  n°  18H. 

(«>  Lk  IUs-Waddington,  III,  U8(>.  C-i  Lu  IUs-Wallingtos,  III.  l.'.IO. 

l'i  W.  Dkexi.kii,  (Imis  Uosciikh,  l.f.rikon.  11,  l*>  J.   Sindwai.l,  l>if  finheimischen  \iimen 

378.  der  Lykier..  .  Klio,  W"  Bcihoft.  1913,  p.  !<l. 


âl6  SYRIA 

on  serait  toiilo  de  lire:  â[vj  8é  Ti[ç  sj^^es  Kiv[-;ia](-/i),  [xt]  t£/.vcôç  ?  [ÔXoi]to. 
Lii  conjonclion  éçcoOcv  sort  à  iiilroduiro.  dans  les  imprécations  funé- 
raires, une  nouvelle  menace'"  ;  elle  signitie  «  en  outre,  au  surplus  », 
«  besides  ».  selon  M.  W.  Arkwright'-'.  La  malédiction  spéciale:  qu"il  meure 
sans  itostérilé  !  n'est  pas  rare  '^>  et  s'exprime  spécialement  par  la  foraude 
wXtj;  -CLvôiKq;  àîrôXotTO  <*'. 

A  la  forme  tskvcoç,  qui  peut  être  maintenue  comme  participe  présent  do 
T£/.v6co  plutôt  que  complétée  en  T£xvcôc7(aç),  comparer  C&i  pour  C^v'-''. 

Ce  texte  barbare  pourrait  donc  se  traduire  ainsi:  EnDivnioire  irAutiocItos,  fils 
de  Kolahès.  Si  rjiœlqii'un  viole  sa  tombe,  il  paiera  an  fisc  1.000  deniers  et  à  la  ville 
1000  deniers.  En  mitre.  (iiiicoïK/iie  la  riolera.  pnisse-t-il pi'rir  sans  postérité! 

8.  Musée  a"  268.  —  Tète  de  lenime  avec  inscription  grecque,  trouvée  en  terre  à  l'école 
de  gendarmerie  d'Adana.  —  Dimensions  :  0  m.  Go  X  0  m.  23  X  0  m.  10  ^épaisseur).  (G.). 
Registre  n"  268.  —  Description  identique. 

Au-dessus  de  la  tète,  très  peu  lisible  : 

riAKAIA 

Au-dessous,  lettres  irrégulières: 

M  M  H  S 
XAPIIN 

T/Asie  Mineure  nous  a  (bmné,  à  l"épo([ue  romaine,  (luchpies  bustes  funé- 
raires en  ronde  bosse  ou  en  terre  cuite  <"'.  11  s'agit  i>lut(Jl  ici  d'un  médaillon  en 
haut  relief  arraché  à  quelque  sarcophage  *''. 

[n]axâ[T]a?  [p.v/iJjJL-/]ç  /iptv. 

AjoiitiT  Ko)o6a...  à    Césarée  de  Cappailoco  (II.  arcliéoloijiijne,  11)13,  I,  p.  Olî  et  les  notes. 
OiiÉGoiitE,  n  a  II,  1909,  p.  68,  n"  48;.  [^  G.  Ukj^w.i.,  Catalogue  du  Musée  de  Brousse, 

(')  Cf.  V.  g.  G/  G,  .3.')09  (Lydie)  :  •^ito\i.i',ni  p.  ii,  n"  iC,  qui  renvoie  à  Le  Bas-Wadd.,  n"' 

tneJOuvo;  ï^w^ii  i.r,  tri;  Tj;jLÎow/_;a.;  v/'ur,,.  817,  Mi  ;  il  lUill.  corr.  Iiell..  t.  XXVIII,  lOtll, 

(«»  Journal  of  IMlenic  Studies,  1911,  p.  209,  p.  104,  a"  8,  1.  (i. 
n.  \  (réU.)  Penallies  in  hycian   Kpilaptis.  ("i  Coi.i.ujno.n,    Les  statues  Junéraires  dans 

l^)  Cf.   C  I  G,  916,  989  et  s.,  2004  ;  l)lT■rl:^-  l'art  grec,  pp.  ;J07-31i. 
uKiiGKit,  Sylloye*,  891  "=  Syltoge^,  1240  *''.  ('>  Cf.  an  Musée  de  Brousse,  dans  le  G«((i/o;/(i(; 

'*!  C/G,  index,  s.  v.  ::avaiX»|{  ;  G.  Skuhk,  lier.  de  C.  Menuki.,  p.  07,  les  u"' 69  et  70  ;  ou  mémo 


INSCIIII'TIONS  CIŒCQIES  T/l"  LATINHS  I)[-  MISKI-:  DADANA  217 

\,('  nom  lie  W'r/.y-y.  ;i[)|iiirail  en  fiicc  il  Hoiiif  "',  cl  ii  SalUial  (.Xaliali'iic)  un 
0'.y.o^6-j.o:  se  ni)iiiiiiail  llà/.aTo;  t^'.  On  peut  aussi  sonj^or  à  'It' êépia  i  A[x]aii. 
F.c  110:11  |if(i]p|i'  ' X/'v.iz  l'sl  (■(innii  '■". 

0.  (Irund  sarcophage  hrisi'-  à  dniilt'  ;  sur  la  face  anlérieurc  de  la  cuve,  à  droilc  cl  à 
gaiiclio,  lèlos  de  lion  tenant  1111  aîiiio:iii  ;  an  centre,  deux  serviteurs  portent  un  personnage 


tiu.  1.  —   à.ircuplijgo  incc  ^u|>^o^cIlUtiuu  do  cIuim;  i  [lurlLUr. 

plus  petit,  assis  dans  une  sorte  de  litière  :  au-dessus  d'eux,  trois  lignes  gravées.   (î.i.  l'ho- 
tiigraphie. 

Orl.iintMni'til  idcntuiuf  au  n"  ST  du  llcgislre  :  Tombeau  liuu\é  près  dAdana  dans  un 


ù   Coiislantino|ili',   pruvenaul   <le    Cy/ique,  le  (''  C  /  G.  %!(G. 

curieux  Imslc  eiifcnuO  ilaiis  un  naos  ù  couver-  i*i  \Vai>dim;ton,  InscrijiU  ius  U  Syrif.  l'.i'Jl». 

clc  iCi.    .Mi:M)KL,    Miui-es   iiniiérinux  olluinnns.  i^'       Dittknukui;kr,      OrieiitU      ijraei-i.      19 

Calaloijue  des  iculplares.  1,  p    l'T.  n"  35;.  (Egypte;;  S.vZ/o^e ',6.%o.  711  (î.  :{owVlbènesj 

Stiua.  XS 


218 


SYRIA 


jardin;  puisque  le  seul  sarcophage  portant  inscription,  n'  187,  a  été  indiqué  par  G.    .su- 
pra, a°  1). 

Bloc       reAOé' 
rroNoc 

Sur  la  photographie  (fig.  1  )  je  no  puis  distinguer  trace  de  caractère  dans  la 
lacune  de  la  seconde  ligne.  L'épigraphe  laconique  peut  se  lire  : 

OûxÉTi  où{5[àv]  •  3Î0Ç.  TÉXor,  izovoç.  —  Plus  rien.  Vie.  c'est  mort  et  misère. 
Les  sentences  fatalistes,  pessimistes  ou  tristement  désabusées  ne  sont  pas 
rares  sur  les  tombes  <".  On  y  retrouve  les  mêmes  termes  que  dans  notre  ins- 
cription. Le  néant  de  la  vie  qui  passe  est  exprimé  dans  la  célèbre  épitaphe  de 
Gains  à  Tmirjik  '-•  : 

TaÛTa,  'Ç'Caoi-  [xsTà  taOta  tî  yàp  ttXéov  ;  oû/.é-ri  xaÛTa" 
CTrjÀXT]  TaÛTa  XàXsi  /.ai  XiOoç,  où  yàp  éyœ. 
Piiidare    même    avait    écrit:  Tô    pv  [yévoç  àvSpcôVj  oiiôévi^'.    Le    mot  de 
TéXo^  dans  le  sens  de  «  fin  de  la  vie  »,  de  «  mort»,  apparaît,  par  exemple,  sur 
une  épitaphe  épicurienne  de  Cos:    «  Bois,  car  telle  est  la  fin  (tô  tsXoç)  »  <*). 
La  formule  matérialiste  et  épicurienne:   Oûx  7i[j.7]v,  £y£vô(i.7]v  oùx  iaoy-oLi,  où 
[liXi  \j.o'.  •  6  3ioç  TaÛTa '='    se   retrouve  en  Occident''"'    comme    en    Oiienl'''. 
Luniuii  de  l'aflliction  et  de  la  vie  est  déjà  Tobjet  d"unbeau  vers  de  .Ménandre  '*'  : 
'Ap'  £(7Ti  (juyyevÉ;  Tt  Xû-v)  /.ai  ^io:  ; 
Enfin  la  pensée  des  souffrances  de  la  vie  et  de  sa  fin  hâtive  est  exprimée 
av  ec  vivacité  par  l'épitaphe  de  reimuque  d'Anazarbe  : 

Tôv  -âvTa  Toû  ^f,v  jxô/9ov  si;  tôÔî  /.a-cOîjJLcV  t JXoç].  .  .  <'^' 


('i  Cf.  ni  flques  exemples  réunis,  pour  lu 
Syrie,  par  Jalabeut,  Mélanges...  de  lieyronlh, 
,pp.  149-150,  n°  18.  A  l'époque  chrétienne,  de 
curieuses  inscriptions  citent  le  «  vanité  des 
vanités  »  de  l'Ecclésiaste  (W.  K.  Phi:ntick, 
Amer.  Arch.  Exped...  Syr.,  Creeli  a.  Ldliii 
Inscriptions,  p.  199,  n°  2'27,  Dèr  Sambil). 

m  P.  l'Aiiis,  li  C  II,  1884,  p.  240  ;  Ramsaï, 
Ciliés  a.  liishopries  of  Phryi/ia,  II,  p.386,n''-J3'2. 

(31  \em.  6,  3. 

CiDtiissMAriN,  Lichl  voni  Osten,  p.  '213.  Cf.  ce- 
pendant, ù  liustra  :  "Otiv  xi^iTu,  Toito  i6  xi'/.o; 
(Kaiiux,  Epiijr.,  n"  438). 


(■'' A  Karasandykli,  eu  l'hygic  ^  Ramsaï,  Ci- 
liés..., p.  700,  n"  633). 

C'i  Cf.  V.  g.  Cliffoud  II.  MooiiE,  Pagan  ideas 
of  immorlalily  during  Ihe  early  Christian  cen- 
turies, pp.  '26-"27  et  les  notes. 

1=1  F.  CUMONT,  Stndia  Po;i/icrt,  III,  n^  110, 
pp.  131-13C;  cf.  n"  1-43,  p.  152  s. 

(*>  Cilharislr.,  1  ;  cf.  Fhiedlanokk,  Darslei- 
liingen  a.  d.  Sillengeschichte  lioms^,  IV, 
p.  397,  n.  8. 

("t  A.  Wii.uti.M,  Jnlircsltefle,  XVlll.  l'.U.'i, 
lieililalt,  p.  ai  s.  d'après  P.  Holssei.  et  G.  Ni- 
cole, Uev.  desétudesgrecqaes,  19 17,  p.  .424. 


INSCRIPTIONS  flRRGQUES  ET  LATINES  l)V  MUSÉE  DADANA  219 

I/;iiiiit(iiiii('  iIi'  rrpiyiiiinmi' s'o\|ili(|iii'-l-fll(',  sur  notre  inimuniont,  par  Ii' 
mutif  s(iil[)ti'!  i[iii  i'cuscrro  :'  La  [n'i-sorinai^'f;  [niitô  à  liras  par  iji-nx  esclaves,  dans 
un  siè;,^e  h  dossier,  sans  toit  ni  rideaux,  d'un  modèle  rare'",  est-il  le  défunt 
dont  la  vie  maladive  serait  ainsi  signifiée?  Il  peut  (igurer  le  cours  fuyant  de  la 
vie,  «  dont  nous  sommes  tous  les  passards  '-'  ».  (le  peut  être,  enlin,  l'image  du 
convoi  funèbre,  puisqu'aujourd'hui  encore  i-n  Syrie  les  hauts  personnages 
eccl('sinsti(pios  sont  portés  assis,  et  non  cduclir'-s,  à  leur  dernière  demeure. 

10.  Musée  11"  'l'.i2.  Milliaiie.  —  Calcaire;  liaiitciir  do  la  honie  environ  2  m.  ."iO.  — 
rrouvc  à  2..")00  m.  au  \.-E.  d"Ailana,  près  île  la  pisle  tl'liuljirlik,  dans  lélé  de  lOl'J,  par  le 
coinrnuiulanl  Morbieu.  —  Lettres  hautes  de  (I  ni.  ((7,  larges  de  0  m.  06   G.,).  —  Ch. 

Registre  ii"  2'.V2  :  mâine  description,  sauf  les  diniensions. 

lMP'CA£i-M. 

?IVS. FELIX  -INVI 
CTVi'AVC^-   PoNTi- 

MAx.jraiBv'Ni 

P^^T-X-  IMP'X- 
Cû  s  -7iT.p.p.pp.o 
<^ûs  .  VIA  M -PU 
!ÎL  1  C\t\<  ETpûN 
TES    KtSrr  TUIT" 

A- 

lmi)(('r(ilor)  QicsQir)  .M(iircits)  |  Aiti{t'liiis)   Slerenis  |  [Mcrandcr]  \  pins,  frlir. 
iiiri  I  rliis.  .\i((/(iisli(i;),  i)oiili{f<:i)  |  iiuu\hiiii>:),  lnhi(iii{ctti)  \  pol{cslalf}  X,  iw/*(er(/- 
Itii)  .V,  I    r<>(ii)s(itl)  ///,  p(ali'r)  pÇalnœ),  pro  \  co{ii)s{i(l),  riam  pu  \  lilicam  cl  pon  \ 
tes  la-iliniit.  I  M[illia)  p{ii.ssuiiiii,  \\X.  \  A. 

Le  niiiii  iiiariclé  à  la  .1"'  ligne  est  Ale.iaïKltr.  puisque  la  titulalure  ne  cmi- 
\  uMil  pas  il  (iaracalla.  Le  nondirede.s.  puissances  trihmiiees  nous  imlique  l'année 
oi'i  fut  érigé'  le  iniili.iirc  :  en  :*:ill.  date  corrcspundant  à   la    lu-  puissance    Iri- 

l'i  1'.  fiinAui),  ap.  DAnKMiiRnc-SAGLio,  Dict.des  l'i  lUpoSiii  t'aiicv  nîm;  toû  ^;oa  x*i  ou  xxOiJujOa 

/\/i/.,  s.  V.  Lcclit-n.  pp.   1(105  et    lOOG,  surtout  xi'i...     ,Wadui.m;to>,     Inscriptions    de    Syrie, 

p.  llMKi,  11.  '2.  1,11  fig.  w;,s'  luoutrc.  conmio  uotre  iHi  u). 
relief,  que  les  porteurs  s'aidaient  tle bretelles. 


220  SYRIA 

l)iiiiirc  (le  Sévère  Alexandre  '",  les  Perses  d"Ardacliir  avaient  franchi  l'Eu- 
phrale,  assiriré  Nisibe,  tandis  que  leur  cavalerie  pénétrait  en  Syrie  et  en  Cap- 
padoce.  Les  roules  réparées  en  vue  d'une  action  en  représailles*-'  virent 
bientôt  passer  l'empereur,  accompagné  de  sa  mère  lulia  iMamaca,  à  latète  des 
légions  de  l'annonie,  qui,  dès  rhiver23l-232.  prenaient  quartier  à  Antioche'^'. 
—  On  retrouve  ailleurs  le  titre  de  Cos  III  donné  à  Sévère  Alexandre  plus  d'un 
an  après  son  dernier  consulat*^'.  Le  chiffre  des  acclamations  impériales  est  le 
même  que  celui  des  puissances  tribuniccs  ;  ce  sera  Tusage  à  partir  de  Dioclé- 
tien  '•"'',  mais  ici  c'est  une  anomalie. 

Faut-il  reconnaître  dans  ce  niilliairi'  ia  première  attestation  d'uiir  voie 
romaine  unissant  directement  Adana  à  Sis.'  C'est  à  ce  point  qu  a'iiiulil.  sur 
certaines  caites,  la  piste  d'indjirlik.  (|ui  laisse  l)ieu  à  lest  lu  roule  Adana- 
Missis.  Mais,  d'après  les  relev(}s  de  l'arnu'c  auglaisc  cctlc  route  dirertc  Adaua- 
Missis  semble  r(''cenle.  et  la  piste  ancienne  ('lait  celle  (i'Adaïui-ludjirlilv-.Missis. 
Suivant  ce  dernier  [larcours,  la  seule  \()ie  autiipie  indiquée  par  les  caries  du 
C  I  L,  de  VHistiirical  Gcnijrapliii  af  Asia  MiiDr  de  Ramsay,  de  VAsia  Miiiar  d'Au- 
derson.  entre  Adana  et  Sision.  jtasse  par  Mopsueste  et  Anazarbe.  Elle  faisait 
un  coude  vers  li'  nord,  an  sortir  d'Adaua  :  c'est  le  tracé  de  certains  itinéraires 
contemporains  ^"'  ;  c'était  aussi,  notre  milliaire  ne  prouve  pas  auti'e  cliose.  le 
tracé  de  la  voie  Adana-.Mdjisuesle. 

I.e  |i(iiid  de  d('qiarl  de  la  voie  l'tail  sans  doute  Tarse.  \.'lliii('i(ii  iinii  llicnisn- 
liliiiilinutni  (•(luqite  de  Tarse  à  la  iiiiilidlo  l'uri/dis  il!  milles,  de  là  jus(|u"à  .Vdaiia 
\i  milles  ''-.en  ajoulaid  les  ^..lOiMnèlres  (pii  s('qiareut  notre  milliaire  de  la 
\ille  moderne,  le  total  est  bien  près  des  itO.dOO  pas  (pii  sont  iiuli(iués  sur  la 
pierre  eu  u'rec  et  eu  latin. 


II.  .Moi  iK.iiDK,  S.  J. 


(A  siiicre.) 


O  R.  Cagnat,  Cours  d'cpigr.  latine \  p.  ••2I'*.  l'i  V.  g.  C  /  L,  111,  14'2I1  '. 

C)  Peul-êtrc  faut-il  attribuer  à  ces  circons-  (■')  H.  Cacnat,  Cours  d'épujr.  latine*,  p.  2.S-2. 

lances  1  éreclioii  de  la  borne  millinircde Tarse,  l'''  G.  Cousin,  Kyros  IcJeuneen  Asie  Mineure, 

où  lu    ville   se  nomme    'AX£=av8;;t.!ivr^    'Avtw-  p.  277  :  après  i  h.  10  en  marchant  d'.Vrtana 

vciviïvr,  i;-our,piav»)    'ASp'.avij  (Lh  Bas-Wadi)IN(;-  dans  la  diri'clion  E.-N.-E.,  Indjirli  ;  2")  minutes 

TON,  111,1 479  = /;isrr.  tjr.  adr.rom...,  111,882).  a|irès,  direction  sud;  2  h.  10,  Missis. 

('•  (](.  P.  Ghokhi-:,  ap.  Paui.\-Wisso»a,  s.  v.  l'i  Hd.  l'Auruia.  580,  p.  27.i. 
Xuretius,  11.  2,  col.  2535-2536. 


Cl^lNOTAPriKS  DK  DEUX  DAMES  MISILMANES  A  DAMAS" 


EUSTACHK  DE  LORKV  et  GASTON  WIET 

Dans  le  cimclièrt'  de  iJàb  t'l-Saf{liir,  adossé  à  uni'  politt-  mosquée  funéraire 
aux  armes  du  sultan  .MamlouK  Malik-el-Zàliir  Hcibars,  se  trouve  un  tombeau  à 
double  coupole;  la  légende,  répandue  dans  le  pays,  veut  que  ce  soit  celui 
d'L'mm  Kultiuim  et  de  sa  nièce  Sukeïnah,  tille  de  l.luseïn.  Tout  près  de  là,  sous 
une  coupole  un  peu  moins  imiiortante.  repose  une  certaine  Fàtimali  qui  passe 
pour  être  Fàlimali  el-Sagliirah,  sonir  de  Sukeïnah.  Ces  tombeaux  ont  été  rebùtis 
dernièrement  à  la  place  dos  anciens  quun  tremblement  de  terre  avait  détruits. 
L'n  architecte  chiite,  d'origine  [tersane,  le  Seyyed  Sélim  .Morléza  fut  chargé 
de  la  reconstruction  :  maintenant,  il  les  garde  religieusement  comme  la  plii> 
précieuse  relique  possédée  dans  la  contrée  par  ses  coreligionnaires.  Kt 
c'est  au  cours  des  travaux  tpi'il  découvrit,  ensevelis  sous  les  décondjres,  les 
remarquables  cénota[»hes  de  Sukeïnah  et  de  l'àtiinah- .  Cilui  d'Iniiii  Kiillhiïm 
est  moderne  et  sans  intérêt. 

Ces  sarcophages  d'apparat  sont  déposés  dans  des  cryptes  souterraines  où 
ne  pénètrent  cpie  de  rares  priviléiiii's.    Les   pèlerins    chiites   —   il   en  vient. 


l'i  Apros  une  campagne  de  fuuilles  dans  la 
région  de  Tyr.  je  suis  allé  ù  Damas  pour  ré- 
pondre au  désir  exprimé  par  M.  .Migeon.  La 
richesse  archéologique  do  la  ville  el  la  beauté 
de  sou  décor  arabe  auraient  exigé  une  étude 
prolongée  et  j'ai  regretté  de  ne  pouvoir  lui 
consacrer  qu'une  dizaine  de  jours.  Un  laps  de 
temps  aussi  court  ne  permettait  que  d'amor- 
cer certaines  recherches;  c'est  pourquoi  je  me 
réserve,  au  cours  d'un  nouveau  séjour  dans 
la  cilé  des  Omeyyades,  de  reprendre  et  de 
compléter  des  travaux  trop  rapidement 
menés. 

Les  autorités  locales  m'ont  aidé  avec  lapins 
grande  bonne   grAce.    Je  leur  en  exprime   mn 


vive  gratitude.  Je  liens  aussi  à  remercier 
Tewfik  Tarik  Bey,  architecte  de  la  .Munii-ipa- 
lité  —  dont  l'inlassabli-  complaisance  el  la 
connaissance  p.irfaite  du  pays  ont  largement 
contribué  à  la  réussite  de  ma  mission  —  et  le 
Seyyed  Sélim  Mortéwi,  architecte  des  monu- 
ments religieux,  qui  m'a  permis  de  pénétrer 
dans  les  cryptes  des  tuml>eaux  vénérés  dont 
il  u  la  garde,  l'onr  les  photographies, 
M.  Luigi  Stiroai  a  été  nu  collaborateur  fort 
habile.  (.    L 

^''  La  description  de  ct's  monuments    sera 
complétée   ultérieun-meiit    lorsque   nous  au- 
rons réuni  tous  les  ilocumenis  luVessair»-». 
ii' 


222  STRIA 

même  de  Perse  —  n'ont  accùs  qn'aiiprès  des  cénotaphes  modernes  du  rez-de- 
chaussée.  Quant  aux  corps  des  augustes  dames,  ils  reposent,  nous  dit  le  Seyyed 
Sélim  Afortr-za,  dans  des  caveaux  murés  creusés  au-dessous  des  cryptes. 

Le  cénotaphe  de  Sukeïnah  (pi.  XXVII,  <ig.  2)  est  en  hoisde  noyer.  II  mesure 
2  ni.  6o  de  long,  i  m.  30  de  large  et  0  m.  7i  de  hauteur.  Ses  panneaux  sont 
divisés  en  trois  zones.  Dans  la  zone  supérieure  court  une  inscription  coranique 
en  petits  caractères  :  le  début  du  verset  du  Trône  (Coran,  II,  256),  suivi  de  la 
signature  du  sculpteur  ;       . 

(I    CcL'i  est  l'œuvre  de   Muhammad.  fils  d'Ahmad,  fils  de  'Abd-Allah.  » 

Un  mince  listel  uni  la  sépare  de  la  zone  médiane  où  s'inscrivent  avec  auto- 
rité des  caractères  couliques  du  plus  beau  style.  Ils  cheminent  sur  un  double 
listel. au-dessous  duquel  les  restes  d'une  zone  de  rinceaux,  en  grande  partie 
détruite,  sont  à  peine  visibles. 

.\u  centre  des  panneaux,  une  troisième  inscription,  sobre  et  discrète,  parait 
destinée  à  équilibrer  la  composition  <*'. 

Les  ornements  sont  sculptés  à  deux  plans.  Le  sculpteur,  en  pleine  posses- 
sion de  son  art,  a  donné  à  son  inscription  dominante  un  relief  qui  met,  comme 
il  convient,  au  second  plan,  la  virtuosité  du  champ  sur  lequel  il  l'appuie. 

Le  remplage  des,  surfaces,- traité  d'une  main  souple  et  forme,  est  formé 
du  rinceaux  com{)Ii(iués,  mais  toujours  harmonieux.  Ce  décor  floral  est  creusé 
profondément;  il  se  détache  avec  netteté  en  dépit  de  son  exubérance  très  ëvo- 
catrice  de  l'art  hindou,  et  forme  un  fond  délicat,  gracieux  et  tout  féminin,  à  la 
majestueuse  inscription  coufique  (pii  semble  vouloir  symboliser  la  noble  ascen- 
dance delà  petite  nièce  du  Prophète. 

Cette  inscription  donne  le  liismilluh  sur  le  panneau  sud  qui  fait  face  à 
la  porte  d'entrée,  —  le  s(!ul  possible  à  photographier  à  cause  de  l'exiguïté  de 
la  crypte,  .'^ur  le  panneau,  (|ui  fut  placé  à  l'est  par  erreur  lors  de  la  restaura- 
tion (il  devrait  être  à  louest)  se  lit  un  texte  ipii  débute  ainsi  : 

. . .  ,y;~^\  c^  ôx-  _^s  lÀA 

«Ceci  est  h;  tombeau  de  Sukeïuali,  lillc  d'el-l.hiseïn...  » 

(')  Elle  a  rCsisIé  jusqu'ici  à  tout  effort  de  dticliiïf riment. 


YiiiA.  mil. 


l'I.  XXVII. 


1  ....    1.         Ccii.itaiilR-  .11-  lal.iw^ih 


l.<Miiilii|ili<'  ili-  l.iiki-iiinli. 


CKNOTAPIIES    DE   DEUX   DAMES   MISI  l.MANES   A    DAMAS       223 

Lii  tradition  a  gardi-  le  souvenir  du  toinljcau  do  Sulvoïnali,  mais  les  témui- 
gnagcïs  à  son  sujet  ne  sont  f^uèi-e  concoi-dants.  Il)n  .luhoïr  ([>.  '2H\)  Ii-  place 
dans  un  ciuietii  re,  situé  ;i  IDucsl  de  la  \illc.  Ii.ut  en  se  gardaid  liien  iraflir- 
iner  qu'il  ne  reid'enne  pas  les  restes  d'uin-  autn-  Snkeïnali.  ^'à(|ùt(ll.  |i.  ."il».")- 
.■)!)())  sif,Miiiic  sa  tombe  au  sud  de  Bàli  el-Saj^iiir,  mais  n'omet  pas  d'ajouter  que 
SuKeïnah  lut  certainement  enterrée  à  .Mi'diue  '".  Par  ailleurs,  on  a  raeonté  à 
Uni  l'allùiali  (1,  p.  22.")-226)  que  la  tomlte  de  Sukeïnali  se  trouvait  dans  un 
villa;,'!',  situé  à  une  parasango  au  sud  de  la  ville.  Ihn  Oliàkir  el-Kutul»l,  mort 
en  Tfii  (  liUi.'i),  nous  ramène  au  cimelièro  de  liai)  el-Sagliir.  au  centre  duquel 
se  trouve,  dit-il,  la  mos(pi(''e  de  Sukeïnali,  qui  renferme  son  Ittndteau  •-'. 

Nous  venons  de  voir  (pie  la  tradition  syrienne  concernant  Sukeïnali  n'a\ait 
pas  troii\(''  grâce  devant  la  i  rili(pie  de  Vàqùl.  De  lait,  d'aiitresauleurs  nous  di- 
sent (pie  celte  petite  lille  d'Ali  mourut  à  Medine".  en  117(7;$.")),  et  le  nio- 
numentde  Damas  ne  serait  donc  (junn  cénotapiie.  La  biographie  de  la  i  sé- 
millante et  l'ii\ole  '"  »  SnKeïnah.  la  femme  aux  nombreux  maris,  mériterait 
une  étude  ilelailli'c,  dont  lieaiicoiip  d'i'lémenls  seraient  empruntés  au  Kîtdh 
cl-Allhàii'i. 

La  toiiiie  des  caractères,  d'une  exécution  remarquable,  nous  ramène  à 
la  lin  (lu  (iiKiuième  siècle  de  l'hégire.  La  grande  inscri(dion  nous  fournit  un 
bel  ((lianlilloii  de  couliipie  lress(''.  dont  M.  Klury  vient  de  donner  une  cxcel- 
lenteétude  dans  cette  revue*-'',  et  [loiir  une  Idlre,  le  ^  de  iiiliiin'in  et  nihîin,  qui, 
a  [iriuri,  no  semblait  guère  se  luèter  à  une  telle  oriuMueiitalion.  Signalons 
aussi  que  les  mhii  sont  tout  entiers  au-dessus  de  la  ligne,  alors  qu'habituelle- 
ilieiil  la  ligne  (r('ciiliire  les  coupe  par  le  milieu.  Les  hampes  de  certaines 
lettres  xmt  caractérisées  par  une  cnuilic  l'icgante.  (riiiie  l'oiiiie  (pie  iion-a|qiel- 
lerons  en  ■■  ( ol  de  cygne  ». 

Le  bon  elat  de   coiiser\ation  de   ce    iiionuiiient   est    extraordinaire,   étant 

('I  Ailli'urï!  (III. p.  ;>IJ',  il  note  le   tomli.au  (^i  Ihn  Kii»i.i.ik\>,  Icxl.iir.,  I.  p.  i*'i6:  I.*«- 

«l'imc  Suk.Mnah  pivs  «li-  TiliiTiadt-.  Il  siigil  de  ukns,  Cnlifal  de    ).i;i<i  l".  p.  H,  n.  i  ;  S*l- 

1«  iiu'mp  fotnnie.et  M.  Cleniiont-Ganiioau  n  r-tu-  vaire,  J.  A.,  1896.  I,  p.  4U. 

dii' colle  lûgdide  (Hecon/i.  or.,  1,  p.  32i-3-2H).  ("  Lammf.ns,  Ca/i/<i/    île    Mo\iwiit.  pp.  167. 

(«)    SALVAinE.    Descr.  de  Damas,  Jour,  as.,  187,  37-2.  .37i;  /Vidma,  p.  1". 

189G,  I,  p. 387-3!»l .  —  Do  mômo  :  'llmawl  (Ihid  ,  (="  Syrin,  II.  pp.  57-01 . 
18<)5,    II.    p.    446),     Abùl-Baqil    el-Diinachqi 
(189C,  I,  p.  150). 


224  SYRIA 

domié  qu'il  a  été  trouvé  daus  la  terre  saus  la  protoctiiju  d"aucuue  maçonnerie. 
Il  y  est  demeuré  depuis  l'écroulement  du  tombeau  dont  la  date  n'a  pas  encore 
pu  être  déterminée.  Malheureiisemeut,  le  couvercle  man(|ue. 

Le  second  cénotaphe,  celui  de  FiUimah  est  en  pierre  :  il  a  tout  à  fait  l'ap- 
parence d'un  sarcophage  antique.  Un  artiste  de  grand  talent  a  sculpté  les  belles 
i/iscriptions  qui  l'ornent  et  il  est  à  regretter  que.  tout  récemment,  on  ait 
voulu  en  accentuer  l'eiïet  en  les  recouvrant  d'une  couche  de  peinture  noire 
qui,  tracée  par  une  main  peu  habile,  en  amoUit  les  contours. 

Grand  côté  du  tombeau  :  deux  lignes  en  coulique  fleuri,  grands  caractères. 
en  relief.  Ce  texte  comprend  la  lin  du  rcrset  du  Trône  {Coran,  11,  T-tO),  dont  le 
début  se  trouve  sur  la  face  opposée. 

Petit  coté  :  (puilre  lignes  en  coulique  lleuri.  caractères  moyens,  en  relief 
(Voir  pi.  XWIl,  lig.  1), 

i^  A.U1  ^j  (ij)  ^y  j^~})  j^  ck-^"^  y.  (-1  -*-^'  ^.^  ^^^  -^  ^-^  (•") 

«  Ceci  est  le  tombeau  de  Fà|imah,  hlle  d'Ahmad,  iils  d'el-l.luseïn,  iils  d'el- 
Siblî.  que  Dieu  soit  satisfait  d'elle!  Elle  mourut  en  radjab  de  Tannée  430 
(janvier  1048)1".  » 

Nous  n'avons  pu  trouver  trace  dans  les  clirunicpu's  de  celle  P'àlimali  ni  de 
SCS  ascendants '■-'.  \a\  ii'nihuli  de  son  arrière-grand-[)ère,  N(V//;.  [murrait  laisser 
croire  qu'il  élait  descendant  par  les  femmes  [slbl.  Iils  de  la  lille)  d  une  famille 
plu-  innniie  (pie  la  siemu;.  [)eut-èlr(!  de  celle  du  calife  Ali,  dont  les  deux  fils 
pnilaieni  d'ailleurs  le  surnom  de  ^ihl.  En  tout  état  de  cause,  l'identilication 
p(qiulaii(î  de  celle  Ealimab  avec  une  s(eur  de  Sukeïuab,  siguab-e  ci-dessus, 
(luit  être  écartée,  vu  le  texte  précis  de  riuscri|)lion.  De  pareilles  légendes 
sont  a>se/.  fn'-fpu'ides  :  M.  (llermont-tianrieau.  nous  l'axons  vu.  en  mdail  une  à 

(')  Inscription  déchiffrée  ù  l'aide  d'iiii  cro-  (Iiin    i:l-Qal\nisi,   p.  9;    Abù'l-MAiiASiN,    éd. 

quis  lie  E.  do  Loroy  et  d'une  pliolojîrnpliic.  l'opper,  11,   p.  41  ;   Sauvaiuk,  op.  cit.,  J.  A., 

1*)  Étant  donnée  In  l)cuulé  du  t(inil»'au.i)ii  ne  IHilfi,   I,  p.  .377),  et  qui   pourrait,  à  la  grande 

peut  [lasser  sous  silence  que  riiistdiri"  ciiMii.iil  li^jiiciir,  avoir  été  le  père  de  notre  Falinuih. 

un    iiotalile  de    D.iinas,    nuiniiié   Aliinad   ilm  Mais,  c'est  assez  douleux.  puis(|iif  (il  ans  sé- 

Abi   IlicliAin   cl-Musciii,  qui    rmiui-ul    eu    :17.S  [mrent  les  deux  décès. 


CENOTAPHES  DE   DELX  DAMES  MISLLMANES  A   DAMAS      225 

Tibériade,  et  on  on  trouve  dt-  riombrciix  (•xciiiplt's  dans  tuut  rUrient  niiisiilman. 

Le  ti;xto  même  de  l'inscription  funéraire,  très  simple,  n'a  besoin  d'aucun 
commentaire.  Mais  il  faut  s'arrêter  un  instant  sur  la  beauté  des  caractères  et 
sur  leur  originalité. 

L'n  très  petit  nombre  d'inscriptions  coufiquesde  Damas  a  ('-té  repruibiit  par 
la  |iliologra[iliie  :  nous  connaissons  seulement,  semble-t-il.  une;  inscription  de 
Tutuch  "•  (vers  iSO  11),  deux  des  .Vtabeks  Tuglakin  (vers  ."iOd;  et  .Mabmiid  '-i 
(.■)29),  et  un  décret  de  Xùr-el-Din '"  f.'iol).  Mais  ces  inscri(itions  ne  peuvent 
pas  être  (MUMparées,  pour  la  furiiir  des  caractères,  à  l'èpilaplic  de  Kaliniab, 
qui  relève  de  l'art  épigraphique  des  Kalimiles,  alors  (pie  le  coulique  des  .\ta- 
belis  de  Damas  est  plus  S(d)re  et  moins  (leuri.  N'ati  Hercbem  a  montré  com- 
iiKMil  le  iiasKIii  a  remplacé  le  coulicpie  dans  les  inscriptions  sous  des  in- 
tluences  politiipies  '''  :  ici  aussi,  il  est  fort  possible  que  l'éviilution  du  coufii]iic 
ait  un  peu  déi)eiidu  des  événements  bisloriques  qui  eiile\aieid  Damas  aux 
l'iitimites,  en  468. 

La  pliotograpbie,  prise  deiiiais.  ne  ^lermet  pas  devoir  ledt'but  de  linscrip- 
tion  coranique.  Di'jà.  dans  bipartie  que  nous  apercevons  nettement,  nous  pou- 
vons jugei-  (le  son  iin[)(irlance  arlisti([ue.  Les  deux  lijj;n<'s  (»nt  été  traitées 
d  une  façon  ditlérente  par  l'arlisle  :  influencé  peut-être  par  les  sîn  («-J  »Li) 
de  la  lin  de  la  première  ligne,  il  a  dirigé  toutes  droites  les  bampes  des  liiin  et 
des  alif,  alors  que  les  hampes  de  la  seconde  ligne  se  recourbent  barmonieu- 
sement,  sauf  tout  à  fait  à  la  tin  (ts^M  parce  (pie  le  dessinateur  a  du  graver  de 
liiais  pres(pie  tout  ce  mot  et  réserver  une  place  au  dernier  mot. /«JâJI.  ('.(-rit  en 
pelils  caractères,  au-d(îssus  de  j-*j.  La  fantaisie  de  l'artiste  a  i-galemenl  iq»- 
I>osé  au  rigide  làiii-diif  de  la  première  ligne  un  lâm-tilif  t'panoui,  aux  têtes 
arrondies  vers  l'extérieur. 

Comme  c'est  souvent  le  cas.  le  texte  de  l'iqiitapbe  est  Irailc  dans  un  autre 
style  ([ue  celui  de  l'inscription  coranique  :  il  est  ici  plus  sévère  et  plus  an- 
guleux. 

K.  L.  KT  G.  W  . 


('»  Van   Bkhcmkm,    .\r.   InschrifU-n,  lleitr.  :.  l'I  Van    IIkik  iuu.   Ins.  nr.   </••  àvriV,  Mem. 

.\ssyriol.,  VII,  pp.  150-151.  Inst.  rijyplien,  III,  pi.  IV.  fig.  S. 

(«I  Van  IJkrciikm.  i?/».  </.  Muibeks  de  Oainns,  i«i   Van   Bkrc  iikm,  Inur.  nr.  </<•  Syrie,    loc. 

Flor.  di-VoguC',  |p1.  I-II.  cit.,  p.    150;  C.I..V..  /'./v/./,-.  I.  p.  83. 


Siiiiv.        11. 


ïii 


UN  MOlNUiMEINT  DES  PREMIERS  SIECLES  DE  L  HEGIRE 

EN  PERSE 

I.  —  ANALYSE  ARCHITECTURALE  DE  LA  MOSQUÉE  DE  NAYIN 

PAU 

HENRY  MOLLET 


La  prt'sentc  étude  est  extraite  d'un  ensemble  de  documents  recueillis  au 
cours  de  la- Mission  qui  m'avait  été  confiée  par  le  Ministre  de  l'Instruction 
Publique  et  des  Beaux-Arts.  Cette  Mission  me  permit  pendant  les  années  1912 
et  1913  de  l'aire  le  relevé  d'un  certain  nombre  de  monuments  encore  inconnus 
et  présentant  un  réel  intérêt  pour  l'histoire  de  l'art  musulman. 

La  publication  des  documents  rapportes  par  la  Mission  ne  vit  jamais  le  jour 
du  fait  de  la  ji;u('rre.  Pendant  et  malgré  cette  période  troublée,  Ernest  Diez  fut 
a.ssez  favorisé  pour  entreprendre  à  son  tour  une  partie  de  l'itinéraire  que 
j'avais  suivi  deux  ans  auparavant  et  qu'il  a  dû  connaître.  Ses  études  portent, 
en  elTet,  sur  les  mêmes  vestiges  archéologiques  que  ceux  qui  avaient  retenu 
mon  attention.  Elles  ont  fait  l'objet  d'un  très  bel  ouvrage  paru  pendant  la 
guerre,  dépense  .somptuaire  ([xw  l'élut  ilo  nos  finances  en  France  ne  nous  per- 
rurflait  pas.  J'espère  pouvoir  donner  moi-même  petit  à  petit  les  morceaux  les 
plus  intéressants  rapportés  de  mon  voyage  et  contribuer  ainsi  par  ces  modestes 
apports  à  jeter  quelques  lumières  sur  l'art  des  premiers  siècles  de  l'ère  nuisul 
manc  ou  aider  à  en  relier  les  chaînons  encore  épars. 

Le  17  mars  l!»l:i  je  (piittais  Ispahan,  en  compagnie  de  M.  .1.  de  Moustier'". 


(M  Je   li(Mis  à  remercier  ici  lnul   pnrticiiliè-  (Inrl  qui  sut  par  son   lui   culniiu  uiiiinlcnii' 

remcut  l'aiiii  sur  et  dévoué  qiw.  fui  M.  J.  de  l()\ijour.s  ferme  notre  moral  même  pendant  les 

Moustier.  Uuc  bonne  part.des  succès  de  la  mis-  heures  les  jibis  pénibles  de  ces  longues  che- 

sion  revient  h  ce  bon  compaj,'non  de  roule  à  vaucbéos. 
l'esprit  culliv*;,   initié  à  toutes  les  questions 


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SeCTlOINj     Durs)    Ml_Jtf=) 


^    DE.T/o>iL 


,-v        Cj  ,C    Ji! 


J 


La  mosqiiJc  .le  N'àyi"  —  Pl.«ii  et  dciAils 


UN   .\[()NIT.\IENT    DES   PnRMIEP.S   SIKCr.F.S   DR   L'UKCIIU:        227 

pour  f^iifîncr  Vc/.d  h  Inncrs  une  n''f,'ion  ilésoli-c,  luic  des  plus  aiido  et  des  |>lu.s 
lUidsiiincs  de  lu  I'itsc. 

.\(Mis  clH'MiiKdiiinics  pi'nd.inl  drii\  jours,  jiviud.  d  iillrindti' .Nàyin,  à  travers 
d'iiuiui'uses  [tliiiiU'S  nuiréciigi'ust's  cl  salpidn-cs  (pii  s  ('•Irndciil  ii  pi-rlc  th^  vue: 
(dics  loulsuito  au  grantl  désorl  salé  lu  iJu.shl-i-Kuvir  au  Nurd  et  su  proluiigt-nt 
juscpi'au  d(5.sertdoKermàri.Cos  [daines  salées  et  sablonneuses  sont  Iransfonnéos 
en  uuin'îcaf^cs  pondant  l'iiivi.'r,  (dlcs  deviennent  brûlantes  et  prosi|ue  inliabi- 
tabli's  pendant  lété.  Les  marais  y  répandent  d  allriMises  odeurs.  .Notre  route 
élail  jalonnée  de  nijiubreux  cadavres,  et  nous  roncoritràuies  quelques  rares  pay- 
sans dévorés  par  la  lièvre,  imploraid  du  secours  et  des  remèdes.  L'horizon 
était  borné  par  les  moutagiuîs  du  Kouh-Koud  (|iie  nous  attcdgriiines  le  1!)  et 
(|ui  nous  masquait  Nàyin  où  nous  entrâmes  à  la  lin  de  la  journée. 

iNàyin  est  une  pidite,  ville  d'environ  2.(100  liabitaids  de  larrondissemeiit  de 
^'e/.(l  dans  la  provinee  d"  lr;\(|-'Adjam.  (lest  une  riante  et  [litbtresque  petite 
citée  n'-pulée  par  ses  l'aliiifpies  d'  «  .\ba  ■>  cl  babitt'c  par  un  jirand  iu)ndH'0  de 
(iiiébres.  Les  babitaiits  sont  all'ables  et  [leu  fanali(|ues.  Ils  ont  con.>»ervé  des  tra- 
ditions artisli(pu;s.  Los  portes  des  maisons  sont  richement  décorées  et  ornées 
de  l'aïences  émaillées  fabri(|uées  sur  place,  généralement  de  tonalité  bleue. 
(ielte  ornementation  si  simple  leur  donne  cependant  un  réel  cachet  ib'coratif. 

A  notre  grand  regret  nous  uc  pûmes  nous  attarder  dans  celte  ville  et  étudier 
il  loisir  ses  monuments,  pressés  que  nous  étions  par  le  temps,  et  dans  la  néces- 
sité où  nous  nous  trouvions  d'agir  vile  pour  éviter  les  brigands  qui  infestaient 
la  région  :  ils  venaient  d'attaquer  le  village  voisin,  et  menaçaient  île  nous  barrer 
la  roule. 

L'ue  énorme  ciladidle  sur  plan  carré  se  dresse  au  milieu  de  la  \ille  >ur  un 
monticule  artiliciel.  et  la  domine  de  son  imposante  masse.  L'n  minanU  isidé 
non  loin  de  là  poinle  dans  le  ciel.  Ces  i\(}\i\  monuments  sont  sans  intérêt. 

La  uin>(|ui'e  Djouma  «pii  a  plus  s|»écialement  reteim  notre  attention  occupe 
le  ceuire  de  la  ville.  Nous  ne  |iùuies  l'aire  (pi'im  rapide  croquis  «le  si»n  plan 
(cL  l'I.  .\.\\lll)  et  [irendre  (lutdques  |diotographies  îles  parties  les  plus  inté- 
res.santes.  lies  documents  nous  suliisent  cependant  pour  en  présenter  une 
analyse  : 

Klle  se  compose  de  plusieurs  parties  très  ditVérentes.  les  éli-ments  uuMuesde 


228  S  Y  RI  A 

la  construction  ont  été  souvent  remaniés.  i\ous  avons  négligé  une  adjonction, 
moderne  d'ailleurs  et  déjà  en  ruine,  qui  se  trouve  à  droite  de  notre  croquis. 
Fort  heureusement  cette  construction  n"a  été  qu'une  annexe  qui  n'est  pas  venue 
se  superposer  à  l'ancienne  mosquée  qu'elle  aurait  modifiée  sans  conserver  pro- 
bablement les  parties  qui  nous  intéressent  aujourd'hui. 

Seuls,  un  minaret  moderne,  quelques  divisions  nouvelles,  quelques  suré- 
lévations ont  légèrement  changé  les  dispositions  anciennes.  Telle  qu'elle  se  pré- 
sente la  mosquée  offre  encore  un  grand  intérêt.  Son  plan  indique  d'une  façon 
très  caractéristique  ses  origines  et  la  fait  remonter  aux  tout  premiers  siècles 
de  l'ère  musulmane. 

Elle  offre  l'aspect  traditionnel  d'une  salle  hypostyle  qu'ont  toutes  les  pre- 
mières mosquées  :  salle  plus  ou  moins  profonde,  à  travées  en  arcades  reliées 
entre  elles  soit  par  une  voûte,  soit  par  des  dallages  ou  des  plafonds  soutenant 
une  terrasse  :  telles  sont  les  mosquées  de  la  Mecque,  d"Amr,  de  Touloun. 
de  Samarra. 

Le  principe  syrien  est  le  plafond.  Ici  suivant  la  tradition  persane  nous  avons 
la  voûte,  une  suite  de  nefs  voûtées  parallèles  sans  nervures  reposant  sur  des 
piHers  reliés  entre  eux  par  des  arcades  en  ogive  dont  l'extrados  arrive  à  la 
naissance  des  voûtes  qui  couvrent  la  salle  (cf.  PI.  XXIX).  Cette  dernière  s'étale 
en  largeur  conformément  au  i)lan  primitif  des  mosquées  des  premiers  âges  qui 
avaient  généralement  leur  grand  axe  parallèle  au  mihràb,  sans  doute  pour  per- 
mettre à  la  grande  masse  des  iidèles  d'approcher  plus  près  de  la  niche  sainte. 
Ceci  nous  laisse  à  penser  que  malgré  les  modifications  successives  le  plan 
primitif  a  été  respecté.  En  efl'et,  contrairement  à  ce  qui  se  produit  dans  l'art 
chrétien  où  l'agrandissement  d'une  l)asili(|ne,  toujours  commencée  pur  la  partie 
sacrée  !••  chieur,  se  fait  en  [irofoiideur  en  allongeant  la  nef,  dans  la  mosquée 
les  agrandissements  s'étendent  en  largeur  parallèlement  au  mur  de  fond  où  se 
trouve  le  mihràl)  au  hesoin  répété  par  des  mihràbs  auxiliaires.  L'adjonction 
iModcriic  ildiil  nous  avons  p;nlé  [ilus  liant  a  été  ainsi  comprise. 

Les  piliers  de  l'ancienne  nius(|uéeonl  été  refaits  aux  époques  les  plus  diverses, 
et  se  font  remarquer  par  luie  amusante  variété  :  leur  section  est  rectangulaire, 
(■allée,  pohgonale,  circulaire  siiiv;uil  la  faniaisie  du  coiislrucfeur  (>t  l'épofpie 
de  leur  léfeclioii. 

Deux  de  ces  piliers  en  A  et  i-ii  H  (voir  le  plan),   outre  ceux  (|ui  encadrent 


^k  'h?ry^^.  ^--^**n^»&^'^'i^^*S.- 


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[^  mosquée  de  Nàviii  —  Le  inihràb 


UN    MOM'MHNT   1)1- S   l'IJEMIEUS   SIÈCLES   DE   VUKCAWV.       229 

lo  iiiiliiiil)  dont  nous  jifirlcrons  |iliis  loin,  scmblont dater  de  rorif^inc  dt'  la  cons- 
truction. Ils  sont  faits  d'un  massif  canV-  ou  n-claii^nlain-  canlonm''  di-  co- 
lonnes engagées  toi  (lunn  \c  idronvc  dans  li-s  inos(|urrs  d'Iliri  j  iiiilniin, 
de  l.làkorn  ou  d'Ahoudolaf.  Ils  datent  la  constniction  dont  on  piMit  ainsi  faire 
remonter  certaines  parties  sans  grande  (diance  d'erreur  vers  le  ilixième  siècle. 

Sui\anl  la  Iradilion  des  |inMMii'r>  Mimliiaircs  Mmsulmaii>  on  Ikmim',  dans 
la  partie  Est,  les  restes  diin  [niits  que.  la  légende  sacrée  met  en  cummunicalion 
avec  la  fontaine  de  la  Kaaliali.  Des  clianiitres  souterraines  dans  lesipicdles  je 
n'ai  lien  \i]  de  fcniiir(|n;iMc  se  liniivenl  ;i  dmiti-  et  à  gauche  du  «  sal.m  » . 
Deux  «  deUke  »  occupent  respectivement  trois  travées  à  gauche  et  (|ualre  à 
droite  du  niihràh.  la  travée  de  l'axe  (pii  [)récèdc  ce  dernier  est  surmontée  d  un 
arc,  sorte  de  juhé-.  ipie  nous  n"a\ons  rencontré  nulji'  part  aiileui's. 

Comm(>  Ions  les  moninnerds  musulmans  de  l'Iran,  celte  mosipn'-e  est  cons- 
truite en  l)ii(ph'S.  l/inlrados  des  voùti-s.  les  parois  inlérieun-s  et  les  |iiliers sont 
revêtus  d'un  enduit  de  plàtic  uni  e(  sans  ([l'cnratinn.  Ile  >imples  encadrements 
aux  arcades,  un  siin|)le  tailloir  carré  couronnant  les  [)iliers  sur  lecpiel  parlent 
les  doubleaux.  uiu^  astragali'  courant  à  la  naissanciî  des  voûtes  sont  les  seules 
ligiu's  arcliitectniales  (|ui  gardent  à  l'enscin!)le  smi  as[iecl  solire  el  sévère  qui 
fait  ressortir  la  richi'sse  ornenu-ntale  du  mihràh  (cf.  l'I.  .\.\.\). 

L'ordonnance  sim[)lc  delà  conslruclion.  le  long  aligiuMUent  des  nefs  dont 
les  rangées  d'arcades  sont  à  peine  /■(  laiii'es  d'un  demi-jnur  tamisé  parla  profon- 
deur des  porti(pies,nn'ttent  en  valeur  le  satntuaire  ([ni  apparaît  au  fond,  rit  he- 
ment  décoré  sous  son  dônw'  r(>[>osant  sur  des  piliers  ornementé-s. 

Cette  sorte  de  calotte  (|ui  |iart  directement  sur  plan  rectangulaire,  sans 
((  pendentifs  »  pour  arrondir  les  angles,  déroule  le  constructeur,  ."^es  j)arois 
d'angle  montent  verlicalenu'nt  comme  on  peut  s'en  rendre  compte  sur  la  planchi> 
W.M  et  \iennenl  la  sectionner  lirutalenient  par  des  pé-né-lrations  horizontales 
(pii  détient  toutes  les  règles  de  la  stéréotomie,  (le  proldènu'  délicat  du  passagi' 
du  plan  carré  au  plan  circulaire,  pour  la  solution  duipnd  l'architecte  oriental 
a  eu  recours  aux  combinaisons  les  plus  variées  et  les  plus  heureuses,  est  ici 
escamoté.  La  pauvreté  de  cette  voûte  est  un  peu  corrigée  par  l'inscription  d'arcs 
en  ogive  qui  s'y  dessinent  gauduMuent,  sans  toutefois  parvenir  à  l'harnnmiser 
avec  la  riche  ornementation  qu'elle  couronne. 

La  décoration  du  mihràh.  celle  des  douiileaux  el  des  piliers  qui  l'i'ncadrent 


230  SYRIA 

forment  au  contraire  un  ensemble  harmonieux  du  plus  délicat  effet.  Nous  retrou- 
vons là  toute  la  belle  tradition  décorative  des  premiers  siècles  de  lart  musulman. 

Une  frise  en  beaux  caractères  couiîques  accentue  les  lignes  architecturales 
et  se  marie  sans  heurt  avec  les  rinceaux  et  les  fleurons.  Pas  de  personnages, 
interdits  par  le  Coran  ;  rien  que  des  entrelacs  permettant  toutes  les  combinai- 
sons géométriques  et  laissant  lil)re  cours  à  Timagination  du  compositeur  qui  en 
s"inspirant  de  la  flore  et  de  la  faune  les  dénature  pour  ne  pas  otîenser  Dieu, 
seul  capable  de  sculpter  des  êtres  ou  des  choses  et  de  leur  donner  la  vie. 

C'est  de  cette  conception  simple  et  immatérielle  qu'est  née  la  beauté  de  cet 
art  décoratif  dont  on  saisit  mal  les  éléments  de  composition,  et  qui  nous  emporte 
dans  un  rêve  languissant  et  lointain  aux  images  tourmentées  sans  cesse,  renou- 
velées comme  les  chants  monotones  des  Arabes  dont  les  couplets  mourant 
donnent  la  vie  à  de  nouveaux  couplets  qui  toujours,  sur  le  même  rythme,  se  pro- 
longent sans  fin. 

Je  cède  la  place  à  M.  Flury  qui  a  bien  voulu  analyser  Tinscription  et  les 
éléments  décoratifs  qui  ornent  ce  coin  de  mosquée.  11  saura  le  faire  avec  toute 
raulorité  (jue  lui  confère  cette  longue  et  minutieuse  pratique  des  études  paléo^ 
graphiques  et  d'art  ornemental  musulman  auxquelles  il  consacre  tout  son 
talent.  „ 


II.  —  LE  DÉCOR  DE  LA  MOSQUÉE  DE  NAYIN 

PAR 
S.   FLURY. 

L'étude  de  l'ancien  décorde  la  mosquée  de  Nàyin  pii-seute  des  difficultés 
considéi'ables.  .Ins(|u'à  ])résent.  aucun  monument  conlemporain  n'a  été  trouvé 
dans  une  |ii(i\iiici'  iranienne,  ipii  pourrait  nous  donner  des  matéi'i;iux  de  compa- 
raison, .le  me  bornerai  donc,  en  premier  lieu,  à  une  simple  analyse  aussi  exacte 
que  possible  et  je  làciierai  ensuite  de  rapprocher,  du  décor  de  Nàyin,  (juelque.s 
muiiUMients  en  dehors  de  la  l'erse  daus  I  iiitiMiliuii  d'èlalilir  la  chronologie 
approximative  de  la  iiinsipK'-e. 

La  (lécoraliun  en  plaire  dans  la  mosipu'je  de  .Nà)in  nous  frappe  avant  luut 


l'N    MU.MMENT   DES   i'UEMIEHS   SIKCI.ES   Di:    Llli;(;ii;H        2M 

parla  riclnîsse  de  sa  composition.  L'ancien  monde  niusuliiiaii  orionlal  ne  nous 
olfri!  aucun  exemple  d'un  ensemble  d'ornements  aussi  complet,  réuni  dans  un 
seul  édilice.  A  bon  droit,  on  peut  parler  dune  véritable  symphonie  d'oriuMnetils, 
dans  laquelle  s'unissent  les  trois  thèmes  principaux  des  ornemanistes  musul- 
mans :  les  éléments  épij.Taphique,  géométrique  et  végétal. 

C(jiiMuem;ons  par  l'analyse  des  bandeaux  à  in.scriplions;  elle  nous  est  iiitlis- 
pensable  ptiur  démontrer  le  synchmnisme  des  comi>ositions  décoratives  dans 
les  dilléreules  parties  de  la  mosqui'-e.  11  \  a  deux  espèces  d'inscriptions  :  lune 
à  grande  échelle,  qui  contourne  le  liant  des  parois  du  plan  carré  ipii  supporte 
la  coupole  au-dessus  du  inil.iràb  el  une  autre,  plus  petite,  tpii  encadre  lare 
qui  donne  siu'IemihrAb  (cf.  l'I.  \\\1).  Bien  qucllessoiontenlièrement  corani- 
ques leur  impoi'tance  |»al(''Ogra[)lii(pie  n  échappera  à  personne. 

I,.i  |ilaii(  lie  .\.\.\ll  nous  oiïre  un  spécimen  de  la  première.  C  est  le  commen- 
ceiiieiil  d  Mil  \erset  de  Coran  {V..  I.\,  18)  bien  connu,  qui  se  prête  tout  tuilurelle- 
nierit  au  décor  ('pigraphique  dans  une  mosquée  "'.  Du  premier  coup  d d'il  nu 
reconnaît  dans  ce  type  monumental  d'écriture  un  coulique  lleuri  primitif.  .V  la 
place  des  rinceaux  de  l'époque  fatimidc,il  n'y  a  (jue  de  simples  clénuMiLs  végé- 
taux, tels  que  la  feuilii'  en  forme  de  c(eiu' qui  surmonte  le '«ih  et  les  demi-palmes 
qui  terminent  les  queues  montantes  des  nouii  et  uàw.  Les  intervalles  entre  les 
ictires  sont  garnis  de  rosaces  à  six  lobes  et  dune  palmette  fendue  eu  T.  qui  [lart 
du  bord  supérieur  du  i)andeau.rn  ruban  décoré  de  perles,  alternativement  rondes 
et  oblougues,  entre  deux  iilets  minces,  forme  la  bordure  de  celle  inscription. 

Les  mêmes  caractères  el  les  mêmes  motifs  de  remplissage  se  trouvent  sur 
rinscriptioM  delà  plancibe  \.\\l,  1  et  '2  '-'  :  tdle  est  plus  iielileque  la  préciMlente. 
pare.i<  qu'elle  ne  sert  (pi'à  aeeeuliier  le  |)rotil  de  1  arc. 

l'Aaiiiinoiis  iiiaiiiteiiaiit  les  faits  paléographiiiues  ipii  sont  réunis  (ian>  le 
(aiileau  alpiialietiiiiie  de  la  iilaiiciie  \\\lil>".  Les  hampes  verticales  de.s  lettres 

C)  U'mirfts  une  esquisse  que  M.  11.  Vii)llol  a  ('>  Los  oaraclères  dos  ileux  insoriplions  soûl 

l)icn  voulu    uio  coaimuuiquiT,  lu  suilo  do  ce  ivuuis  sur  le  uiiuie  lubloau,  ceux  do  lufiraiidi- 

versot  se  Irouvc  sur  lu  paroi  vis-îi-vis  du  mih-  iuscriplionaucomuii'uci'iuriit  do  oluiqiiouuiui^- 

nUi  cl  la  fiu  sur  oollo  do  droilo.  rt»;  ils  soûl  sépart's  dos  aulns  par  uucllpu.vor- 

1*1  M.  vau  Uorchiiu  n  ou  l'obligeauoo  do  do-  licalo.  Malbeureusomout  lul|iliul)ol  do  la  plaii- 

oliiffror  los   textes   corauiques  do  la  plancho  oho  XXXIl  uesl  pas  complot.  Los  loJtn»  on 

XXXI,  1  ot  '2  :  «;.  XXVll,  *0  ù  partir  do  luUihd  blanc  sont  oopié«>s  du  carnot  do  M.  H.  Violi.».t. 
minfmU,  etc.  et  C.  IX,  130. 


232  SYRIA 

sont  très  rigides  et  se  terminent  en  demi-feuille,  à  l'exception  des  hampes  de 
sln  (cf.  pi.  XXXI II,  6).  Les  ddl  et  kâf  sont  parfois  presque  identiques,  parce  que 
la  tète  du  kàf  ne  monte  pas  encore  au  bord  supérieur  du  bandeau  (cf.  pi. 
XXXIII,  4  et  11).  Notons  surtout  les  corps  horizontaux  des  hàf.  qui  diffèrent 
considérablement  en  longueur,  voilà  un  trait  qui  caractérise  les  inscriptions 
monumentales  préfatimides  ;  qu'on  compare  à  cet  égard  les  dâl  et  kâf  de  l'ins- 
cription du  nilomètre  au  Caire  '*'.  L'arc  lobé  qui  décore  le  dos  de  quelques 
kâf  de  rinscription  de  la  planche  XXXI,  I  et  2  correspond  exactement  à  celui 
du  premier  Allait  dans,  la  planche  XXXI I.  Les  nihn  présentent  des  types 
bien  différents  :  tandis  que  la  première  ligne  de  la  grande  inscription  ne  pos- 
sède que  la  forme  simple,  les  mîm  en  rosace  quatrilobée  prédominent  dans 
rinscription  plus  petite  (cf.  pi.  XXXIll,  13).  En  revanche,  le  premier /fl//(-f//</' 
est  plus  compliqué  que  les  suivants  (cf.  pi.  XXXIll,  18).  Le  yâ  final  se  replie 
toujours  .vers  la  droite.  Signalons  surtout  ravanl-dernier  //«  (cf.  pi.  XXXIll 
17),' dont  la  queue  allongée  souligne  tout  le  mot  (ijhratmij)  :  encore  un  trait 
caractéristique  des  inscriptions  anciennes.  Outre  les  noau  et  œâœ  de  la  plan- 
che XXXI 1,  que  nous  avons  déjà  mentionnés,  il  n'y  a  pas  d'autres  lettres  à 
queues  montantes.  Les  m  (cf.  pi.  XXXIll,  5)  n'accusent  que  le  commencement 
de  cette  évolution  décorative.  Ce  sont  surtout  ces  queues  allongées  ornées 
de  simples  motifs  floraux  qui  caractérisent  le  début  du  coufique  fleuri.  A 
cette  nouvelle  variété  de  coufique  appartiennent  aussi  les  lettres  fâ,  kâf  et  mm 
que  surmontent  des  palmettes  fendues  en  T,  pour  rehausser  l'effet  décoratif  du 
bandeau  (cf.  pi.  XXXIll,  10  et  13). 

A  quelle  éitoque  faut-il  attribuer  les  bandeaux  à  inscriptions  delà  mosquée 
de  Nàyin  /Les  quelques  faits  (pie  nous  venons  de  signaler  dans  notre  analyse 
militent,  sans  aucun  doute,  en  faveur  du  siècle  qui  embrasse  les  monuments 
abbasides  de  Samarra  et  du  Caire  d'un  côté,  et  de  l'autre  la  première  mosquée 
fatiniidc  l'ii  Kgv[itc.  .MiilbciireiiseMU'nt,  ceux-là.  en  dépit  de  leur  richesse  orne- 
iiierital(!,  ne  nous  fournissent  que  très  [)eu  d'éclaircissenu'uts  sur  l'art  épigra- 
plii(|ii('  de  r('p()qii(^  abbasiih^.  Sous  ce  rapi)orf,  les  fouilles  de  Samarra,  faites  par 
.M.  II.  \inlicl.  oui  laissé  une  lacune  très  sensible*-'.  Quant  à  la  mosquée  d'Ibn 

(')  Cf.  Syria,  VyiO,  pi.  .\.\ll.  A,  4  l't  H.  mais  il  n'est  guère  probable  qu'il  ait  trouve 

(*)  Le  professeur  Ilerzfeld,  de  Berlin,  n'a  pas  des  insciiptious  qui,  au   point   de   vue  de  la 

encore  publié   ses  matériaux  épigraphiqucs,  forme  et  du  matériel  tecbuiquc,  se  prêtent  à 


;viîl\    11121. 


i>i.  xxxni. 


6^.         I 


11 

lia  "i  I  i  n  1 


^^ 


^M     c;- 


4é^ 


PLL°.H 


Mail 

l.'al|ilinlii't  ili's  iiisfriplions  de  lu  iilo-i|Ui-i>  ili-  NAyiu. 


UN  MONUMENT   DES   PIlKMIKHS  SIIICLKS   DR   LlIllOIllK       233 

Toulouriau  Cairo,  on  connaît  la  longue  inscription  sur  liois,  qui  se  déroule  sous 
la  toiture  du  sanctuaire  et  des  portiques*".  Les  éléments  purement  décoratifs 
y  font  absolument  défaut.  Cependant,  on  serait  mal  avisé  d'en  conclure  que  le 
simple  coulifpie  thuiri  n'existait  jias  encore  dans  la  seconde  moitié  du  troisième 
siècle  de  1  hégire.  Une  petite  inscription  qui  contourne  une  des  fenêtres  en  stuc 
ajouré  de  la  mosquée  dlbn  Jouloun  nous  montre  déjà  quelques  caractères  à 
queues  montantes  qui  se  termiiKuit  en  demi-feuille '-'.  Ce  fait  et  les  petits  disques 
ou  rosaces  (jui  garnissent  le  fond  du  bandeau,  nous  pi-rmi'ItfMt  de  raiq)roclier 
l'ancien  décor  épigraphiquc  de  Nàyin  de  l'époque  loiiluunidr. 

Un  document  en  pierre.  île  \iiigt  ans  plus  amien  que  la  mostpn-e  d'Ilm 
Touloun,  fait  remonter  le  coulicjue  lleuri  jiisiju  à  la  première  nioitiédu  troisième 
siècle.  C'est  la  |iliis  belle  stèle  funi'Taire  que  possède  le  musée  arabe  du  Caire 
et  pcnit-èln?  une  drs  plus  importantes  pour  I  histoire  de  l'art  arabe,  qui  existe 
dans  le  monde  musulman  '".  Klle  e^t  dal(''e  de  l'an  'li'A  de  l'hégire. 

Le  fait  (|ii'e!I(>  ne  cadre  pas  avec  le  graml  iiomliie  des  stèles  égNplieimes 
est  souligné  par  la  signature  du  sculpteur  :  hiidiI  iiinliùnik  itl-Mdlikij  ((euvre 
bénie  ilu  .Me((|uois)"'.  Il  est  donc  très  vraisemblable  (pu*  celle  slèle  a  été  impor- 
tée d  une  autre  province  nuisulinane  ou  (pi  un  ailisle  étranger  a  tra\aillé  au 
Caire,  .liiisistc  sur  ce  détail  [larce  qu  il  me  semble  (pi'il  y  a  une  cerlaine  parenté 
de  st\le  eiilre  celte  stèle  et  le  décor  épigrapliique  de  .\à\in. 

Hicii  (|iii'  la  plaiulic  .\.\\l\  ne  donne  que  cpirlqnes  spi'-cimens  du  coiiliqiie 
tleiiri  du  Mecquois  ''',  on  est  i'iap[ic  par  I  exubi'rance  des  motifs  orneinent;iux 
ipje  la  stèle  renferme  et  le  laflinement  exipiis  dans  leur  em[iloi.  On  dirait  ipie 
les  artistes  postérieurs  n'aient  eu  (]u'à  puiser  dans  ce  riche  trésor  d'éléments 
décoratifs  pour  en  créer  de  nouveaux  ty[ies  d'écritures.  Si  l'on  regarde  de  près 
le  m\m  et  les  deux  allùh  de  la  première  ligne,  le  ijnl  et  le  »/«'  de  la  deuxième,  le 


une  comparnison  avec  celle  de  NAyin.  Les 
luiiiiloiiii.x  à  grande  échelle  se  troiiveiil  géué- 
ruleiiieiit  dims  les  purtics  supérieuri-s  des  ino- 
niiiiUMiU.  (|iii  ne  sont  [mis  eonservrcs. 

'»  Cf.  Va>  IIi  hciikm,  (',.  I.  A.,  I•;^>pt.•,  pi. 
XIV,  u    I. 

(*»  Cf.  la  nvue  /s/.im,  l<Ji;i,  p.  4Jo,  fig.  i. 

(^>  Je  dois  lu  photographie  ainsi  que  lu  lee- 
lure  du  lexle  historique  de  cette  slèle  Hl'obli- 
Sïni.i.  —  II. 


geancede  M.  Van  IUirchkm.  M.  .\li  [U-s  Bnhgat, 
(lin-eteur  du  Musée  aralie  du  tjiiri-,  a  l>ien 
voulu  me  iieraiettro  de  In  puldier  en  partie 
dans  la  revin-  .S.vrid. 

C'  .\u  Itord  supérieur  de  la  sIéU;  j'ai  trouvé, 
sculptée  en  crcu.\  la  même  signature  :  Knlaba 
nl-Makky. 

i^'  L'alphabet  complet  de  cette  stèle  unique 
cuutieat  plus  du  liO  variantes  de  carartèiv». 


234  S  Y  RI  A 

util  de  la  troisième  ù  ilioile  et  les  hîin-alif  de  la  quatrième  à  droite,  on  a  l'im- 
pression que  le  souci  ornemental  tient  le  premier  rang  chez  le  Mecquois.  Bien 
que  l'écriture  de  Nàyin  et  celle  de  la  stèle  diffèrent  en  forme  et  en  matériel 
technique  '*>,  il  y  a  entre  elles  bien  des  traits  communs.  Presque  tous  les  détails 
graphiques  et  ornementaux  que  nous  venons  de  relever  dans  le  décor  épigra- 
phique  de  la  mosquée  de  Nàyin,  sont  réunis  dans  la  stèle  du  Mecquois  :  les 
hampes  couronnées  de  demi-palmes,  l'arc  trilobé  du  mot  allai)  '-',  les  iiiim  au 
contour  lobé,  les  tioim  à  queues  montantes,  les  palmettes  fendues  en  T  qui  sur- 
montent différentes  lettres  et  les  rosaces  qui  garnissent  le  fond  des  bandeaux. 

Si  un  coufique  fleuri  aussi  développé  que  celui  de  cette  stèle  existait  déjà  en 
243  de  rhégire.  on  ne  sera  pas  étonné  de  trouver,  vers  la  fin  du  siècle,  des  ban- 
deaux à  inscriptions  de  la  variété  coufique  que  présente  la  mosquée  de  \àyin. 

En  effet,  cette  date  approximative  s'accorde  bien  avec  les  faits  paléogra- 
phiques de  quelques  inscriptions  typiques  du  dixième  siècle.  La  mosquée  del- 
Azhar,  au  Caire '^',  est  le  seul  monument  que  je  connaisse  dont  le  décor  épigra- 
phique  corresponde,  au  point  de  vue  de  la  forme  et  du  matériel  technique,  à 
celui  de  Nàyin.  La  comparaison  dos  deux  monuments  est  d'autant  plus  instruc- 
tive que  les  éléments  purement  décoratifs  de  leurs  inscriptions  sont  étroitement 
apparentés.  Mais  on  voit  du  premier  coup  d'oeil  que  les  caractères  fatimides 
représentent  une  évolution  bien  avancée.  Elle  se  manifeste  dans  l'allure  dégagée 
des  hampes,  dans  les  queues  montantes  de  rà,  inîni.  inmn  et  irnic  cl  dans  les  rin- 
ceaux qui  remplacent  parfois  les  simples  motifs  floraux  du  coufique  fleuri  pri- 
mitif". Même  dans  les  inscriptions  sur  pierre  (l(>  l'art  musulman  occidental  du 
dixième  siècle  i''',on  ne  trouvera  plus  les  caractères  rigoureusement  horizontaux 
et  verticaux  de  Nàyin.  c'    i- 

(.-f  suivre.) 

Cl  U  me  somhlo  qui-  rallurc  ornementale  et  arabes  de  Cordoba,  n""  19  et  :20,  S2  et  S3,  68  ; 

In  Icchiiiqiié  du  Mocquois  se  prêlcnl  mieux  h  O.Houdas  et  R.  Basset,  Bulletin  de  correspon- 

l'iirt  du  slucatcur  qu'à  relui  du  hipicidc.  (/<i/ice  africaine,  fase.  IV,  1883,  n°  111  de  3il  de 

(*i  Notons  l'arc  de  liaison  entre  le  làm  et  le  l'hégire  ;  Vf.lasquez,  Bosco,  Médina  A::ahra, 

lui,  qui  fait  défaut  ù  NAyin.  pi.   XX.WI.   Dans  toutes    ces   inscriptions  la 

(^)  Cf.  S.  Fn  HY,  Pie  Ornninenle  der  llaliiin  ligne  de  base   de   l'écriture   est   agrémentée 

und  Ashar-Mosrhee.   pi.    \III-X,  .\ll,   XIII   et  d'arcs    de    liaison    entre    différentes  lettres. 

XXlll,  "2.  L'absence  complète  de  ce  petit  motif  en  arc 

(»l  Cf.  loc.  cit.,  fig.  G  et  8.  est  bien  remarqual)le  dans  les  bandeaux  per- 

l'i  Cf.  Amadou  de  los  Rios,   Imcripciones  sans. 


LKS  ANCIENNES  DEKKNSES  DE  HEVIUH  Tll 

PAR 

LK  COMTE  Dl'   MKSMI.  1)1     lîl  ISSON 

INTHoKUrTION 

L(ii-S([ii"iiii  l'xamini'  les  \  lies  ilc  |{c\niulli  '  i|u Uni  liii»i''i'>  li'^  \t»\it;,'riiis 
(In  si('cl('  dci'iiici',  on  csl  IVji|>[t(''  ilr  la  (|iiaiiliir>  de  (■iiii>lnicti(Mis  iiiililairrs  (|iit^ 
|MissiMlait  cctlc  ville.  Kllc  cnnscrNail  cncoif  m  |i|riii  (lix-in-iivirinc  sirclc 
son   as|H'(l  irariciciuic  |ilarc   l'ur-d'. 

L(ii'S(|irà  ri'lli'  (''|iii(|iir  lin  ciinsiilrrail  lu  villr  des  haiitiMirs  i[ni  la  iltiuiinrnl 
an  snd-oui'sl.  un  dn  [iroinctnlitin'  de  cs-Sanliy''  an  nord-uncst.  on  (disi-rsail 
d'aJKn'd  nnc  (•l'inlnii' de  \ii'illrs  niniaillo  (|iii  roscriail  nnr  ville  |iillnies(|ne 
el  mal  hàlie  dans  nn  (|naili'ilalèi'e  ail(iiii:i''  du  nurd  an  >nd. 

(!(''(ait  la  «  Heyronlli  eai'ii'e  ".  enla»enienl  de  Mia--nres.  d'm'i  (''niei-^eaienl. 
alif;n(''S  ('(iniuie  des  [xiinles  d'un  j;i^antes(|ih'  liidenl.  trois  mands  ininai'els. 
Celle  cili'  nn-siirail  .i7(l  nielres  des  (jnais  de  son  ancien  port  à  IJali-lleikeli.  sa 
|)oile  nK'ridionale.  el  iîTfi  nndres  de  IJàh-Seràïà  à  Màli-Idris,  [jorles  de  I  Ksi  el 
de  i'dnesl^-'.  (iidail  a\anl  Ion!  nn  niai'clii' :  nne  eerlaiiu'  af^ilalion  réi^iiail 
[lendanl  le  jour  dans  les  Soni|s  el  anloin-  des  l'mles.  La  nuit  loni  renlrail 
dans  II'  calnii'.  les  |iin-|i'S  idaienl  l'ernM'e>.  e|  les  ele>  i-ennie-<  i  lie/,  le  (iou- 
\  eiMienr. 

Mois  des  mnrs,  iinid(]nes  jardin<.  des  einielières  an\  linnlies  désordoiiiiécs, 

("  Vue  Ki'-iirrali' il'iiiir-s  \V.  II.  Uiirlli'll  ihiiis  an  Liban   par  S|)i)ll,    ISii'.i,  tlaiis   le   Tour  i/u 

JiiiiN  Caiink,  la  Syrif  illnslrce,  t.  11.  |i.  !».  Miiiide,  I8(il.  |>.  5,  i>tf. 

«  Hcyriiul  <■(  le  Moiil   Liliaii  "  clans  Tam.oh,  Le-i  dc-ssinati-iirs  si<  sutil   visililcnn'iit  iiispi- 

lu  Syrif,  I.  I,  p.  '^I-J.  iv.s  les  uns  «les  aiitn's. 

»  Vni<  (le  liyi'onlli  (.Syrie),  (Icsslii  do  M.  Mti-  (»i  Kk.v,    /es  Colonies  fntiniiifs,  p.   Mil.    dit 

ivl    Katit)    1)    dans    le    Monde   illustré,   18liO,  que  l'cspaco  oin-ouscrit  dons    IVnceiulc   dos 

l.   Vil,  p.  ;>.l.  «Toisoos   "    niosnrait  onvinui    850  niôtros  do 

((  Vno  lit'   lli'\r.inlli.    Dessin    do    Crandsii-o  Knig.  sur  uuo  largi-urà  po\i  prOs  do  (MH)  >. 
d'npivs  M.  I"    .\.  S|iii||  i>.  Simviiiir  ilun  vnya.iio 


236 


SYRIA 


des  «  sables  »  surtout,  déserts,  coupés  de  cactus.  Un  dessin  de  Montfort 
(PI.  XXXV)  dont  la  publication  ici  est  due  à  l'obligeance  de  .Aime  G.  Montfort, 
nous  montre  sous  cet  aspect  la  vieille  cité  et  ses  alentours.  C'est  une  vue  prise 
hors  des  murs,  le  2  octobre  1837  '*>.  Au  delà  des  tombes,  on  voit  les  jardins 
qui  entouraient  la  ville  et  qui,  vers  l'ouest,  recouvraient  la  butte  où  s'élève 
aujourd'hui  le  nouveiau  Sérail.  On  distingue  encore  quelques  parties  de  l'an- 


FiG.  1.  —  Le  Panorama  de  Beyrouth  vers  1835.  (D'après  la  gra^'ure^(Je  Bartlett  ) 

cien. rempart,  el  au  delà,  à  droite,  les  tours  du  château  de  la  cote,  le  Qal'a; 
la  mer  forme  h'  fi>M(l  du  tableau. 

Léon  de  Laburde.  à  la  même  époque  (1837).  nous  apprend  que  «  la  moitié 
<le  la  population  de  Beyrouth  »  habitait  ces  jardins'-'.  Aux  époques  troublées, 
cependant,  ou  considérait  comme  dangereux  de  passer  la  nuit  hors  des  murs, 
et  les  habitants,  qui  y  avaient  leur  maison,  regagnaient  la  ville,  le  soir  venu. 
Une  famille  de  Beyniuth  «pii  demeurait  au  lieu  dit  l'ancien  Cirque,  près  de 
l'église  de  Saint-Klii-.  aurait  même  été  suiiiommée  Bassoul,  c'est-à-dire  coura- 
geux, pour  ne  s'être  pas  conrormée  à  celte  liai)itu<le'^', 

«  Deux  châteaux  mauresques  »  flanquaient  la  ville  du  côté  de  la  mer. 
«  Leur  aspect  fiMidal  et  aiili(iue   << .  dit  .iobii  Cai'ne  en  1836'",  rehaussait  «  la 


('>  Les  manuscrits  de  Moiilforl  no  conlicn- 
ntnt  oucun  renseignement  sur  ce  dessin.  — 
L'auU'ur  raconte  (Mss.  Fr.  Nouv.  atq.  lloîii, 
fo  17;  qu'il  a  perdu  au  cours  (fun  voyage  le 
jiiurnal  (ju'il  rédigeait  alors. 


(*'  L.  dkLauorde,  Voyage  de  la  Syrie, p.  38. 
(^)  Tradition  locale  —  sous  toutes  réserves. 
(')  La  Syrie  illustrée,  t.  Il,  p.  9. 


LES    ANCIENNES     DÉFENSES     DE     REYIlorTU 


2.^7 


pauvre  villft  qui  aulromont  rftsscmhlait  à  uno,  prison  ».  [.amartitic,  f-n  I8.'{2. 
parlait  de  ces  anciennes  constructions,  comme  de  «  fortilicalions  turques  de 
l'elfet  le  plus  pittoresque'''  ».  11  note  plusieurs  fois  dans  ses  descriptions  de 
Beyrouth,  les  forteresses  mauresques  qui  dominaient  la  ville  et  dont  les  murs 
lézardés  donnaient  racine  à  une  fon'^t  de  plantes  grimpantes,  île  liguitM-s 
sauva},f('s  et  dr  ginifléis.   puis  ii's  (r(''nrliir('s  ovales  des  murs  di'  défense'*'. 


Doudii  HiiKtiiK 


5  GxM 


C»t(    A 


Citt  .f  DourKi 


Fio.  2.  —  Beyrouth  on  IWl.  (I)'.ipr6<  la  carlo  in.iriiic  .ii>glai>c  Jo  1.S39.) 
Los  trois  petits  rrct.mgli's  iiiiliqui'iit  los  principaux  luinarcl*. 


\  ità  nui 


On  ii'mariinail  ensuite  on  di'lmi-;  de  li  villi>  nue  j;rosse  tour  carrée  d'aspect 
sévère,  (létait  la  «  Tour  ».  \o  «  Bonrdj  »  (pii  a  donné  son  nom  arabe  à  la 
place  des  Canons.  Klle  était  sitiu^e  h  {"io  mètres  à  Test  tic  lanf^h»  sud-est  des 

\"  Lamautink,    Voyaye  en  Orient,  Ilm-helti',  ro.>iqiu\   »  .Vussi  Ta\lob,  lit  Syrie,  l.  Il,  p.  ii. 
4881,  p.  130:  «  Quelques  bras  de  terre  ou  île  l'i  LAVAiiTiNf;,   Voraije  en  Orient,  p.  ^'^^  et 

roehors  savimcoiit  ilnns  les  flots  c-t  portent  ili  s  p.  1*0  :  t  ...  un  immense  (jolfe  clos  ilun  eô\é 

forliticatioiis  turques  de  leffet  le   plus  pilto-  par  le  ehàt.-au  moresque  de  Bayruth  ■•. 


238  SYRIA 

remparts.  Cette  situation  lui  faisait  parfois  donner  le  nom  de  «  Bourdj  el- 
Kachafé  »,  Tour  de  la  Vedette.  La  carte  marine  anglaise  (fig.  2)  de  183l<"  où 
elle  figure  sous  le  nom  de  «  Buurdj  Haslieish  »  nous  apprend  qu'elle  possédait 
jadis  cinq  canons.  On  la  croyait  généralement  construite  par  les  Croisés  et 
l'on  montrait  sur  sa  muraille  les  traces  des  boulets  anglais  (1840).  Lamartine 
attril)uail  Touvrage  à  Fakhr  ed-Din  :  «  La  maison,  dit-il,  est  à  dix  minutes  de 
la  ville,  on  y  arrive  par  des  sentiers  ombragés  d'immenses  aloès...  On  longe 
quelques  arclies  antiques  et  une  immense  tour  carrée,  bâtie  par  l'émir  des 
Druses,  Fakardin,  tour  qui  sert  aujourd'hui  d'observation  à  quelques  senti- 
nelles de  l'armée  d'Ibrahim-Pacha  qui  observent  de  là  toute  la  campagne'-'  ». 

L'emplacement  du  Bourdj  (fig.  3)  est  actuellement  recouvert  par  le  théâtre 
de  la  Place  des  Canons.  «  Fleur  de  Syrie <^*  ». 

Une  autre  tour  faisait  pour  ainsi  dire  pendant  à  celle-ci  à  louest.  ¥A\e 
possédait  le  même  armement  et  se  nommait  la  Tour  iVeuve,  «  Bourdj  Djedid  ». 
ce  que  confirme  la  carte  déjà  citée. 

Sur  la  côte,  à  l'est  et  à  l'ouest  de  la  ville,  on  remarquait  encore  deux 
tours,  mais  bien  plus  éloignées  de  l'enceinte  et  de  moindre  importance.  Les 
cartes  anglaises  de  1831  et  de  1840  nous  font  connaître  celle  de  l'ouest»  Bourdj 
Ijasan  »,  dont  rem[»lacenient  est  au  nord  (hi  quartier  actuel  de  .Alinet  Ha- 
san  et  un  peu  à  l'ouest  de  la  petite  baie  du  même  nom'*'.  Carne  signale  la 
seconde  i\  l'extrémité  du  petit  promontoire  situé  à  l'est  de  la  ville  :  «  vieille 
tour  ipi'on  dit  rire  près  du  champ  où  saint  (ieorges  tua  le  dragon'^'  ».  Cette 
tour  est  jtorléc  sur  les  aiu-iennes  cartes  de  l'amirauté  l)rilaniii'[ue  sous  le  nom 
de  «  Bourdj  Hodar  »  (pii  est  une  déformation  de  «  Bourdj  Khodr  ».  lour 
de  Saint-Georges'"'. 

Cl  Beiroul,  1831.  Loiidoii  pub.  Sept.  28lh  ri'lle  partie  de  la  côte,  dos  pierres  à  bossage 

1830.  On  comparera  ce  plan  aii.x  deux  suivants  d'un  appareil  soigné,  encore  ou  place  presque 

qui  paraissent  établis   sur  les   mômos  bases  :  dans  la  nior. 

Plan   ijf  the    Town   and   llarlmur  of  Ileïroitl,  ('•' J.  Cau.nk,  la  Syrie  ilhislrce,  t.  111,  p.  63. 

nncienl    Berylits,   published   by  James  Wyid.  I.'ondroil    que   l'on    montre    d'ordinaire   au- 

Oct.  5th  1840,  et  Syria  lieïronl  Hny,  18-42,  sur-  jourd'liui  comme  étant  le  lieu  de  ce  combat 

voyed   by  C.-H.   Dillon,  Mnslor  ot   II.  M.   S.  légon<lairc  est  situé  près  de  l'intersection  du 

Vermon,  Loiidon,  piiblisbed  Kcb.  !23  rd  1814.  clicmin   de   fer  do  Damas  et  de  la  route  du 

C'  Lamartink,  Voyiii/r  en  Orient,  p.  139.  Fleuve.  La  petite  mosquée  «  El-Khodr»,  qui 

('>  Note  du  comt<'  l'h.  de  Turru/.i,  érudit  sy-  est  une  ancienne  chapolle,  on  marquerait  la 

rien,  fondateur  île  la  bibliolliêque  de  Uoyroutli.  place. 

(*M(n   peut   observer,  dans  les   rochers  do  ('•'   l,e   Plan   do  Wyld  MSiO)   la  nioiitiniino 


LKS     ANCIENNES     DÉPENSES     DE     HEVRorTIl  239 

QuchjiKîS  ouviagi's  dcvaii-ril  cmori'  cDiilrilnicr  à  la  ih^ff-nsf  (l'iiiic  place 
que  sa  silualirm  rond  si  viilrii'-ralilc.  Ecrtairis  noms  Lniiiino  Hoiinlj  Ahou- 
l.laidai' '".  iJourilj  Ihimliui  ^iardriit  le  simvctiii-  de  ces  cimslnicliiiiis  dont  Ii-s 
niiru^s  mit  disparu  depuis  lniml('iiip>  rt  dont  mous  sa\iiiis  iiirri  prn  de 
choses'-'. 

A  !;i  siiil.-d<'  la  coiiipirtr  (II-  la  Sv  rie  (  I  «:t2-l  is:!!»  )  par  lliialiiin-l'ailia.  lils 
de  Midii'inrt- Ali,  viic-roi  d  K^y[il(',  nous  \o\ons  la  ville  sClendre  et  cliaufier 
d'aspect;  ce  [uince  cotiunniça  la  drnioiilion  de  Icnceinto.  l/aménafîemeid  du 
poil,  le  peiceiiiciil  drs  rues  iiouM'Iics.  ont  riiliiiini'  l.i  di-iiiiditioii  di-  la  plii- 
[larl  des  ouvrages  niililaires  dont  on  iic  ndroiivi'  plus  que  des  veslij^es. 
Aujoiinriiui  ras[iect  de  |{e\roulli  rst  (oMiplidcuifnt  Iransfonui' :  cest  une 
grande  \  illc  ;iu\  loils  roses,  [drinc  île  jardins  et  de  Verdun-. 


I.   —  Aper(;l'   IIisToiiiouE. 

I,e>  ouvrages  de  l'ievroiilii  peiiMiil  >e  repartir  en  quatre  classes  corres[ion- 
danl  à  des  (''poipies  ditlV-rentes  : 

I"  Di'dVnses  arahes  aiitt-rieures  anv  croisi's. 

2"  Kdilices  IVaiics. 

!J"  Ouvrages  des  émirs  Driises,  la  plupart  atiiihiii's  à  Kaklir  eiI-Kin. 

4°  Eonstruclioiis  lurqiies,  iidalivemenl  modernes,  presque  lonte>  de  |lje//ar- 
l'aclia  (tin  du  di\-linilièine  siècle). 

Des  [>reniiers.  nous  savons  l'iut  peu  de  choses.  Dès  le  dixième  siècle 
cependant.  Islakliri.  Uni  llaukal  et  .Mouqaddasi  s'accordent  iioiir  décrire  Hey- 
roiitli  eoiniue   une  \ille  t'ortiliée'^'. 

luissi  «    Iloiinlj   alm   llixldnc  S(iiian'    T.iwcr  raslcllmn  iiiiiiin  in  nicmlis  Hcrilli  cl  lorrn  l>o- 

anil  Liiiiiliii):  PI.  n  iionim  salis  fernci.   Ilunc  iiioiiU-m  lîlaviaiium 

('I  Niiiii  truii  <niarli.Mii  I   JOll  m.ln-sS.-S.-O.  vncant,  a  digladiainlci.  quin  il)i   n-i   dipladin- 

di-  IWb  Yn'qoiil).  Iiantiir,  qui  apud  Uoriltuiii  dniiiiioiuli  jiidira- 

(-1  Voii'i,  au  aiiji'l  des  di'-ri'iiscs  éloiftiircs  do  linntur.  AIk'sI  aiitcm  ab  iirb«>  ipsa  si-x  millia- 

He.vroiilli,  un  ciiriciix  passage  de  KoiniK»  dk  riis.  Kl  quia  rurifola-  Sarrnconis  trihula  loco- 

CiiARTUEs,  Hisl.   occid.    dfs  i'.roisndfs  (At-ad.  rum  roddcrt'  anlon   nulolKinl.  iKisti-a  vi  cohi- 

di's  Inscript.K  l.  III,  p.  -l'H,  I);  i<  Anno  i\-lïi.  biti  ivddibilos  oxislilorunl.  » 

Cap.  XI,V  —  Do  castollu  do  regen'dificalo.  —  i''  LkStraiiuk,  l'uUsIine  nnder  Ihc  Motif mt. 

Hoc  iu  uuuo,    luoiisc  oclobri,    anlifiravit    rox  p.  408. 


240 


SYRIA 


La  période  de  domination  franque,  comprise  pour  Beyrouth  entre  iliO  et 
1291,  est  mieux  connue;  elle  est  marquée  par  une  grande  activité  militaire. 

Le  13  mai  1 1 10,  après  un  siège  héroïque,  le  roi  Baudoin  s'empare  de  la  cité 
de  Baruth  que  les  chroniqueurs  nous  représentent  déjà  comme  une  place  forte- 
ment défendue*".  En  1151,  la  ville  est  saccagée  par  la  flotte  égyptienne  '-'.  De 
1177  à  1187,  les  combats  ne  cessent  guère  autour  de  Beyrouth,  la  «  Bannière 
jaune  »  gagne  chaque  jour  du  terrain  et  Saladin  finit  par  s'emparer  de  la  ville, 
en  11 87  '^>.  Mais  il  prévoit  un  retour  victorieux  des  Francs  et,  dans  la  crainte  de 
les  voir  s'y  installer  solidement,  il  fait  démanteler  les  fortifications  dès  H  90  <*'. 

Beyrouth  entre  les  mains  des  musulmans  menaçait  sans  cesse  le  commerce 
maritime  des  croisés  :  «  Il  y  a  une  pointe  de  montaigne  devant  Beyrouth  qui 
fieit  de  la  mer.  Au  pié  de  celé  montaigne  esloient  touz  jors  les  galies  armées. 
Desus  la  montaigne  avait  gaites  qui  toz  jors  gaitoient  en  la  mer  les  vessiaus  qui 
venoient  d'Ermenie...  et  aloient  a  Sur'=)  ». 

En  1197,  le  roi  de  Jérusalem  va  assiéger  Beyrouth,  mais  le  Gouverneur, 
Izz  ed-Din  Samah,  n'attend  pas  son  arrivée  pour  abandonner  la  ville.  >'oici 
dans  quelle  circonstance  :  «  Un  pan  dou  mur  dou  chastel  versa  en  hors  et 
cheit  dedeiis  le  fossé  ».  Les  Sarrasins  prirent  peur  et  déguerpirent.  Des  esclaves 
chrétiens  rentrent  alors  dans  le  château  et  quand  \iiil  le  roi  de  Jérusalem  «  cil, 
qui  sor  la  tor  esloit  desccndi  et  ouvri  la  porte  ipii  devers  la  mer  estoit'''*  ». 


l'i  FoucherdoChartros,  Ilist.  occ,  III,  p.  t'21 
et  note  du  comte  Riant,  ibid.,  V,  p.  73.  Guil- 
LAUMiù  DE  TïR,  cliap.  xiii,  Ilist.  occid.  des 
Croisades,  t.  I,  p.  47 1,  et  aussi  édition  Pau- 
lin Paris,  Paris,  1879,  t.  1,  p.  401.  Guil- 
laume (le  Tyr  parle  des  ii  alocrs  »  des  murs. 
Il  désigne  ainsi  des  galeries  aménagées  en 
haut  du  rempart  et  d'où  les  défenseurs  lan- 
çaient des  projectiles. 

(*)  Abou  Suama,  le  Livre  des  deur  Jardins, 
Hisl.  orient,  des  Croisades,  t.  IV,  p.  73. 

W  Micuvuu,  Histoire  des  Croisades,  p.  34, 
et  II.,  et  turloutGLiLLAU.ME:uETtit:  Anne  118:2. 
—  Ed.  Paulin  Paris,  t.  Il,  p.  440. 

Cl  Hist.  occid.  des  Croisades  (.\nonymi  Ithen. 
Ilist.  et  Gesia  [Mais  Gotfridi),  t.  V,  p.  MS  F. 
«...  enim  adventum  ejus  (Frederici  Impcra- 


loris)  raolnebal  Salailinns,  quod  muros...  Ba- 
ruti...  eo  quod  per  partes  alias  ipsum  impera- 
torein  transilorum  putabat,  disrumpi  prwcepit 
solis  muiitionibus  et  turris  rcservatis.  «  — 
Voir  aussi  L'Estoire  de  Eracles  Empereur  — 
Ilist.  occid.,  t.  II,  p.  140  :  «  Anu.  1190.  De  la 
grande  poor  que  Salahadin  et  de  la  venue 
lion  devant  dit  Emperor  fist  il  abatre  les  mu- 
railles de  la  cité...  de  Baruth  et  de  totes 
autres  citez  qui  esloient  eu  la  marine...  Por 
ceste  achaisoii  fist  Salahadin  abatre  les  citez 
et  les  chasteanz  de  la  marine.  » 

W)  Eracles,  Ilist.  occid.  des  Croisades,  t.  II, 
p.  228  (manuscrits  D  et  (î),  p.  22(5  (ras.  A) 
et  p.  227  (ins.  G;. 

1*1  Eracles,  Ilist.  occid.,  t.  11,  pp.  224-223. 


LES     ANCIENNES     DEFENSES     DE     HEVHOlTH 


241 


Comme  on  l'a  vu,  les  musuimaiis  avaient  ruiné  les  drfi'iises  avant  île 
rendre  la  place.  Ce  fut  Jehan  d'Ilx'lin  qui  releva  le  eiiàteau  et  les  remparts, 
diinnant  aux  défenses  de  la  ville  une  ampleur  et  une  magnificence  qu'elles 
n'a\  aient  [)njl)al)lement  jamais  eues. 

Wilbrand  (rOldcnhnurg  décrit  ainsi  les  défenses  du  château  des  Ihciin  vers 
1 12 1 2  :  «  Ivr  iimi  cniin  jimli'  iiinniiiir  iii'iri  rt  dite  rupis  prccipkio,  c.r  ulia  aulrui  partr 
(tiiihiliir  (iiinildiit  foss/t  munilu...  Ilnnc  fossdin  prosiiiciiiiU  duo  initri  fnrlcx,  in  r/itihiis 
coiiird  Duu-hiiutrum  insitlliis  cri(jui>lur  tiirrcs  nilidissime^^K..  »  Ces  fossés,  ces  murs 
et  ces  tours  représentent  des  travaux  considérahles,  d'aulanl  phi-  que  la  déco- 
ration intérieure  était  extrêmement  soignée'-'. 

Lorsque  le  sire  de  Beyrouth  est  ohligé  de  défendre  >es  droits  fi'udaux.  il 
s'exprime  ainsi  :  «  Ai  reeu  la  ville  quant  la  crestienté  lot  recovrée,  toute  aha- 
tue  et  tcle  que  le  Temple  et  l'Ospital  et  tous  les  harons  de  Syrie  la  refusèrent, 
et  l'ay  fcnnrc  et  iiidiiilcniic  des  ainones  de  la  crt'stienté  et  de  mon  travaill '""...  • 

Les  démêlés  de  Frédéric  II  avec  .leliaii  d'Ihelin  el  les  C.hvpriules  sont  une 
nouvelle  cause  de  sièges  pour  la  ville. 

L'empereur  récdame  |{e\ioulli  en  122S.  el  en  I2.'!i  il  ensoie  de>  troupes  en 
Syrie;  la  ville,  surprise  iniitiiiniiieiil.  est  occupée  sans  coup  férir.  Le  château 
seul  résiste,  .lehan  dlheliii  s  \  deleiid  éncrgiqtu'ment.  mais  les  Iniupes  impé- 
riales occupent  des  positions  avantageuses  et  disposent  d'engins  puissants,  le 
sire  de  Beyrouth  doit  im[)l(irer  le  secours  du  roi  de  Chypre.  En  12:52.  celui-ci 
part  au  secours  de  Beyrouth  ;  il  renforce  la  garnison  du  château  et  fait  lever  le 
siège  aux  troupes  impériales'". 


l"  \ViLiiii\M>  d'Oldf.miourc,  Pereijrinalio  — 
Pemirinalores  —  éd.  J.-C.-M.  Lnuroiit,  18G4  — 
l».  16()  —  V.  r.. 

(«I  W.,  |i,  Ii:t.  Williniiiil  (Ir.Til  loii- 
gllcmiMit  uni'  salle  ilOfoivr  pdi'  des  arti.stos 
orii'iilnux  dons  une  loiir  nouvi'IloiiuMil  cons- 
Iruilo  :  «Sou  pavage  en  inosaïiiiios  représente 
une  eanqu'aj^ile  uncfnible  brij^e,  de  telle  sorte 
qu'on  est  tout  étoiuié  en  marcliaiit  de  ne  pas 
voir  ses  pas  empreints  sur  le  sable  représenté 
au  fond.  Les  murs  de  celte  salle  sont  revêtus 
de  placages  de  marbre  formant  lambris  d'une 
grande  beauté.  I.a  voûte  est  peinte  à  l'image 
Stniv.  —  II. 


du  ciel...  Au  centre  de  celle  salle  se  Irouvc 
un  bassin  en  marbn>  île  couleurs  diverses  for- 
mant un  enseinlile  admirable  el  raerveilleuse- 
nieiit  pcdi...,  etc.  I/air  circulant  librenirnt  par 
de  larges  et  nombreuses  fenèln's.  rt'-pond  dans 
cette  salle  une  fraîcheur  délicieuse.  »  O  pas- 
sage a  été  cité  par  E.  Rky,  les  ColonUs  fran- 
ijiies,  p.  8. 

l"  llisl.  lia  Croisftdfs.  Iiocunifnlsnrménifns 
(les  gestes  des  Chiproisi,  t.  11.  pp.  »;7H-679. 

l"  Amaui,  la  Chronique  <le  Chypre,  pp.  8l-9i. 
Voir  aussi  Eraclfs.  Ilist.  occiii.  det  croisades, 
t.  II,  pp.  387-397. 

SI 


242  SYRIA 

Les  Gestes  des  Chiprois  nous  fournissent  de  curieux  détails  sur  ces  opé- 
rations. «  Le  siège  aprocha  moult  le  chasteau...  le  foce  dou  cliasteau  fu  pris. 
qui  est  .1.  des  beaus  dou  monde  et  au  fons  dou  fossé  tirent  une  rue  coverle  tout 
en  tour  de  gros  marain,  et  minèrent  le  chasteau,  en  plusors  lieus  et  par  dehors 
le  chasteau,  en  une  place  que  l'on  apeloit  le  Chaufor,  firent  les  Longuebars 
un  chasteau  de  pieres  et  de  fust  sur  luy,  qui  surmontoit  et  descouvroit  tout  le 
chasteau  et  faisoit  trop  grand  damage  à  céans  dedans'"...  » 

En  1291,  enfin,  Sidon  et  Beyrouth  tombent  définitivement  aux  mains  des 
infidèles.  C'est  la  fin  du  Royaume  de  Jérusalem  et  les  Latins  de  Syrie  s'en- 
fuient en  Chypre. 

Cette  conquête  de  Beyrouth  par  les  sultans  mamlouks  paraît  avoir  été  parti- 
culièrement funeste  aux  ouvrages  des  croisés.  «  Les  Sarazins...  prist  la  A'ille 
et  le  chastiau,  et  fist  abatre  les  murs  de  la  ville,  et  puis  abatre  tout  le  chas- 
tiau  à  terre'-'.  »  Guys  cite  même  un  passage  d'une  vieille  chronique  où  il  est 
question  d'un  véritable  bouleversement  de  la  vieille  cité'^'. 

Toute  exagération  mise  à  part,  la  prise  de  la  ville  semble  avoir  amené  la 
ruine  de  toutes  les  fortifications,  évidemment  dans  lintention  d'empêcher  les 
Francs  d'y  trouver  un  point  d'appui.  Bientôt,  cependant,  les  inconvénients  de 
celte  situation  se  firent  sentir  et  les  émirs  de  Beyrouth  ne  tardèrent  pas  à  rele- 
ver quelques  défenses  du  côté  de  la  mer>*'.  Nous  renvoyons  au  paragraphe  II 
pour  le  détail  de  ces  travaux. 

Ce  ne  fut  point  toutefois  un  relèvement  complot  et  durable  :  aux  siècles 
suivants  la  plupart  des  défenses  sont  encore  en  ruines  :  voici  l'impression  des 
voyageurs  :  «  Barut...  a  ung  chastel  fort  destruict'^'...  »  —  «  Barut  est  bonne 
ville...  non  fermée...  et  fut  jadis  du  temps  des  cristiens  grosse  ville  fermée 

(')    llist.   des    Croisades.    Documents  armé-  leurs  de  l'ancien  cimeticiT  qui  dominaionl  la 

/liens  (les  gesles  des  Chiprois;,   t.    II,   p.  701.  terrasse  du  château  au  S.-E.  et  en   étaient  à 

Voir  aussi  p.  70i  et  note  b  et  p.  703  :  les  Chi-  très  courte  distance. 

prois  viennent  au  secours  de  lieyroulh  et  dé-  l'^)  llisl.  des  Croisades,  Documents  arméniens 

livrent  «  la  ville  qui  esloit  liieu  fermée  de  hous  (les  gestes  des  Chiprois),  t.  II,  p.  817. 

murs».  —Au  sujet  du  Chaufor  ou  Mont  Cha-  O  Guys,  Relation,  p.  5. 

fort  :  E.  Ukï,  tes  Colonies  franques,  p.  523.  Cet  (*'  Renseignements  fournis  par  M.  Dussaud 

auteur   identifie  le  Chafort  avec  la  butte  du  d'après  Ihn  YAin.\,  Histoire  de  lieyroulh. 

Grand-Sérail  iS.-O.  de  la  ville)  :  opinion  fort  (^)  Bektiundox  de  la  Broqlièhe,  le  Voyage 

contestable.   11   serait   plus   vraisemblable,   à  d'Outremer,  ll'i'i,  pp.  '29  et  30. 
noire  avis,  d'identifier  ce  lieu  avec  les  hau- 


Lr:S     ANCIENNES     DEFENSES     DE     BEYROUTH 


2'i.T 


mais  iï  [inksoiit  csl  ainsy  dimiiiuô"'...  »  et  encore  :  a  n'est  la  diclr  ville  close 
(Ir  mur  (jue  du  cousté  de  la  mer  et  du  cousté  de  l'occident'-'  » . 

A  en  criiire  certaines  traditions,  accréditées  par  plusieur  auteurs'^',  Fakhr 
ed-iJiii,  qui  m-  cessa  de  guerroyer,  semble  avoir  été  le  premier  à  relever  les 
défenses  dr  l;i  \iliedans  leur  enseiidilc.  Villamontqui  visita  Ueyrouth  à  celle 
époque,  le  laisse  à  penser  quand  il  dit  que  «  cette  ville  et  son  château  sont 
assei  forts''*.  »  Il  est  certain,  daulre  part,  que  l'émir  des  Uruses  rapporta 
d'Occident  le  goût  de  construire.  Le  l*ère  Kngène  Hoger  raconte  que  le  graiul- 
(\nr  de  Toscane  lui  envoya  des  architectes  «  lesquels  travaillèrent  l'espace  de 
deux  ans  aux  forleresses  cl  à  les  munir  de  toutes  choses'^'  »  et,  en  IG3^j,  le 
grand  Seigneur  se  plaint  "  (lu'il  avoit  forlilié  les  forteresses  contre  le  comnian- 
dciiiiMil  qu'il  luy  avoil  eslt-  l'ail  de  sa  part''''  ». 

(»M  est  (il)lig(''  d'admcdrc  cc[ic[idaiit  (jue  les  travaux  de  Fakhr  cd-l)in  à 
l!c\i(Milli  fiirciil  in((Piii|ili|>  ou  peu  durahles;  il  est  certain  qu'il  ne  releva 
pas  les  reiii|iarls.  La  relation  du  htm  Oiiaresmius  ne  liiisse  aucun  doute  :  de 
son  l(Mii[ts.  r.exroutli  n'avait  de  rempart  que  du  C(Mé  de  l'ouest  et  le  long  de  la 
mer'''.  Ln  peu  [dus  lard,  deux  voyageurs  fournissent  le  même  renseignement. 
En  Ku  I ,  le  Père  .Iac([iR\s  Goujon  noie  que  «  les  murailles  sont  en  ruines. 
excepté  du  c(it(''  de  la  met'''*  ».  Kl  en  KiHT,  .Mauiidrell  se  borne  ;\  dire  :  «  On  vuid 
sur  le  liord  (le  la  mer  un  vieux  château  ruiné  et  quelques  débris  d'un  petit 
mole*'"  ».  Au  (iix-luiilième  siècle  l'enreinte  était  donc  en  ruine,  et  en  1770, 
lors  du  bombardement  de  la  ville  par  les  Russes,  Beyrouth  était  considérée 
comme  une  ville  ouverte""*. 

Vers  ITTiî,  Aiimed  el-|)ie/./,ar '"'.  c'esl-à-dire  le  Boucher,  commença  à  réta- 


l"  Cîiiii.LiMiEin'  i)K  Lannov,  Uùarrs,  p.  153, 
ni^me  ôporiiic. 

("  LuDovico  m  VAitTiiEM»,  ir)0-2  l.'iOS,  p.  S. 

(■*)  A.  JoANNE  cl  E.  IsAMUKHT,  lUitéraire  de 
lOrifiil,  I8til, p. OHO.  Isniuborl  nlliibiic à  Fukhr 
0(l-Diii  les  furlificutioiis  du  la  ville  dont  il  a 
vu  Ir.s  rosics. 

(*)  Le  Voyage  du  Seigneur  i>k  Vili.vmot, 
<GI3,  p.  5.36. 

(^'  P.  Rkiinaiiuin  Svmvs,  le  Pieux  Pèlerinage 
ou  Voyage  de  lerusalem  es  années  tC'i'i  I6'i', 
Bruxelles,  lOr.r.,  p.  iCS. 

(">  Ihid.,  p.  2(!;t. 


I"'  QuAiiESMiis,  Terr.T Sanctx elucidatio,  An- 
vers. [d.VJ.  I.  Il,  p.  !»0!»  :  Il  Nec  usquani  niuro 
nmbilur.  iiisi  ubi  pelaso  nihiilnr  Oeriib-nt.'in 
versus.  >• 

l"'  Jaqlks  Goujon,  Histoire  et  Voyage  de  ta 
Terre  sainte,  p.  3'2,").  H  ressort  du  texte  que 
les  remparts  étaient  eu  ruini-. 

C'  Maimdiikll,  Voyage  t/'.t/f/)  <i  Jérusalem, 
p.  70. 

('"'  W.  G.  ItiiowNi:,  \ouveau  \'oyage,  t.  II. 
p.  I!»7. 

('"  17-20-ISOl. 


244  SYRIA 

blir  les  défenses  de  Beyrouth.  Il  construisit  un  nouveau  château  sur  l'emplace- 
ment de  l'ancien  »":  il  compléta  Tenceinte  pour  protéger  la  ville  contre  le 
pillage  des  Druses  et  des  Metualis'-'  et  aussi  dans  le  projet  de  rendre  la  ville 
indépendante  et  de  s'en  emparer'^'. 

Tel  était  l'état  des  défenses  de  Beyrouth  au  moment  de  sa  conquête  par 
Ibrahim-Pacha  :  ensemble  disparate  de  constructions  dàges  différents**'.  A 
partir  de  cette  époque  nous  voyons  ces  constructions  tomber  en  ruines  et  dis- 
paraître les  xmes  après  les  autres  ;  en  1840,  l'enceinte  des  murs  est  déjà  discon- 
tinue et  la  ville  considérée  comme  sans  défenses  effectives'^';  entre  1870  et 
1900,  disparaissent  d'abord  le  château  de  la  mer,  puis  la  forteresse  turque- 
En  1916  enfin,  Djemal  pacha  fit  ouvrir  de  larges  percées  dans  les  vieux  quar- 
tiers sous  prétexte  d'assainissement.  Ces  travaux  entraînèrent  encore  la  dispa- 
rition de  bien  des  vestiges  anciens. 


II.  —  Les  défenses  du  côté  de  la  mer. 

Dès  l'époque  des  croisés,  la  défense  de  la  villo  du  cùté  de  la  mer  est  assurée 
avant  tout  par  le  château  dont  il  est  question  plus  loin,  et  par  les  ouvrages  du 
port.  Rey  nous  a  laissé  une  description  et  un  plan'"'  de  l'organisation  défen- 
sive de  l'ancien  port  qui  serait  dans  son  ensemble  l'œuvre  des  croisés. 
L'entrée  étroite,  orientée  vers  l'est,  est  llancpiée  de  deux  tours  carrées,  dites 
tours  des  Gmois.  Au  nord,  le  port  est  fermé  par  une  jetée.  L'auteur,  qui  a 
encore  vu  le  quai  principal  au  sui!  du  hassiii,  l'attribue  à  la  même  époque'''. 

(Juoi  qu'il  en  soit,  les  défenses  franques  du  port  durent  souffrir,  comme 
toutes  les  autres,  de  la  prise  de  la  ville  par  les  .Musulmans,  mais  il  est  très 


(M  W.  O.  Bbowne,  .VoHi'caH  Voyat/e  de  IlO'i  l*i  Léon  dk  Labokdk,   Voyage  de  ta  Syrie, 

à  nos,  t.  II,  p.  198.  18:i7,  p.  38. 

(')  Traditions  locales.  i^'  Fkiinanu  Perrikk,  la  Syrie  sons  le  gouver- 

1^1  Uemii  Guvs,  lielntion.  IS47,  p.  7.  Au  su-  nement  de  Méhémcl  Mi  jusqu'en  ISiO,  p.  391. 

jet    de    cette    muraille   :     Huow.n,    Nouveau  ["^^  1\e\,  Architecture  militaire,  p.  [TS  et  Ug. 

Voyage,  t.  II,  p.  197.  v  Jezzar  la  fit  bi\tir  lors-  4t. 

qu'il  prit  possession  de  la  ville,  afin  de  lui  (loii-  (~l  Voir   les  plans  de    Beyrouth  des    fiji.  'i 

ner  un  air  de  défense  plus  respcclal)le  ;   mais  et  3,  et  le    plan    du    Colonel  d'Osmont,  18G1 

ces  murs,  fortifiés  àla  vérité  de  quelques  tours,  (Mss.  Min.  de  la  (îuerre). 

sont  très  minées  et  peu  solides.  » 


LES     ANCIENNES     DÉFENSES     DE     HEYIiOlTH  245 

vraiseiiiljlaljlc  aussi  que  IfS  ('inirs  im  utilisi'ir'iit  les  ruines  lors(|ii  il  leur  fallut 
lurtlic  la  ville  en  (''lai  de  rôsisicr  au\  aUa(|ues  niariliiiics  des  Latins.  Voici, 
d'après  M.  1{.  Dnssaud.  lliistoirc  de  cette  réorganisation.  Ces  renseignements 
sont  tirés  de  Vllistaiie  de  Ikiiioiilh.  écrile  dans  la  [ireniière  moitié  du  f|niii- 
zième  siècle  par  ."^alil.i  ihti  Val.iya'"  . 

Les  (iénois  étaient  iiarliciilièicmcnl  eiilre|ii-erianls.  lu  jour  ils  |iénèlreiit 
dans  If  [)ort,  s'emparent  des  iiax  ires  catalans  i|ui  s"\  altrilaieiit  et  >e  saisi>sent 
même  du  drapeau  du  sullan  ipii  llottait  sur  le  château  en  ruine  et  ipion  appe- 
lait alors  le  liiiiinij  '"^i.  Ces  t''pis(nles  amenèrent  Taiikis  —  iinirt  en  liflll  —  à 
faire  reconstruire,  nous  verrons  par  ipiel  architecte,  la  petite  tour  a  ICnlri-e  du 
port.  Cela  fut  insulTi>ant;  on  dut  lermer  par  une  muraille  le  iront  de  mer.  au 
moins  en  partie,  et  un'ine  y  construire  une  tour. 

.^ous  Tannée  1382.  Ibn  Val.iya  rapporte  le  lait  suivant:  «  Alors  se  présen- 
tèrent (levant  Meyrouth  douze  jurande-,  galères.  Elles  entrèrent  dans  li'  port  qui 
aliritail  deux  longs  vaisseaux  appartenant  aux  Vénitiens.  Les  Francs  sen 
em[»arèrent,  les  garnirent  de  troupes  et  les  avancèrent  de  façon  à  pouxoir  se 
servir  des  arbalètes  et  jeter  des  pierres  de  deux  coté-s  contre  la  petite  tour  tie 
Beyrouth,  appelée  el-Ba'albakkiyé. 

«  En  ce  temps-là,  la  grande  tour  n'était  pas  en  état;  son  em[>laceuH'nt 
était  ruiné  depuis  longtemps.  Les  Francs  tirèrent  donc  sur  les  Musulmans  avec 
des  arbalètes  et  des  armes  de  jet.  Les  Musulmans  se  retirèrent  devant  les 
Francs  et  se  cacheront  derrière  les  nmrs.  Les  vaisseaux  de  rennemi  s'avan- 
cèrent vers  le  rivage,  entre  la  petite  tour  et  les  ruines  qui  repiéseidaient  l'em- 
placement de  la  grande  tour.  Les  Francs  lancèrent  à  terre  les  échelles  d<'s 
navires  et  une  troupe  nombreuse  en  descendit  a\ant  à  sa  tète  un  de  leurs 
principaux  chefs  (|ui  tenait  un  drapeau.  Ils  se  dirigèrent  vers  les  ruines  pour 
planter  le  ilrapeau  sur  une  éh-vation.  afin  de  signaler  (|uils  étaient  maîtres 
de  la  ville'^'.  »  il  t'allul  1  intervention  des  gens  de  la  montagne  pour  mettre 
lin  à  cette  entreprise  dont  notre  auteur  ne  parait  avouer  qu'à  moitié  le  succès. 

La  >(>ule   défense   était  donc  alors  la  petite   tour  à   renini'  dn  pnrt.    Elle 

C  Le  texte  arabe  a  été  Mité,  d'après  le  ran-  ("  \\\n  Yaiiva,  p.  138  :  sous  lo  gouvernomf  nt 

nuscrit   uutograplie   de    Paris,    par   lo    I».    l,.  tl"l/.7-   etl-diii   el-ltaisari,   avant  Taiikiz.  Ibid., 

CiiiiiKUO,    lleyroutb,    Imprimerie    callioliquo,  p.  14'.). 
1902.  (31  li,N  Ym.ii  »,  p.  r.l,  .■!  pp.  i-29 -yo. 


246  SYRIA 

tirait  éviderainent  son  nom.  el-Ba"albakkiyé.  de  son  architocte  qui  ne  peut  être 
qu'Abou  Bekr  ibn  al-Basis  el-Ba  albakki  bien  connu  par  ses  constructions  dans 
la  région.  On  lui  devait  notamment  la  rélection  du  pont  sur  le  Xahr  el-Kelb<". 

Ibn  Yal.iya  nous  dit  comment  la  défense  du  front  de  mer  fut  mise  à  l'abri 
des  surprises  :  «  Lorsque  l'émir  Beidaniour.  gouverneur  de  Syrie,  restaura  les 
murs  de  Beyrouth  du  côté  de  la  mer,  il  commença  par  le  quartier  qui  nous 
appartient  et  poussa  jusqu'auprès  de  la  vieille  petite  tour,  œuvre  de  Tankiz,  gou- 
verneur de  Syrie,  four  connue  sous  le  nom  de  Bourdj  el-Ba'albakkiyé.  Beida- 
mour  réserva  entre  ce  mur  et  la  tour  susdite  un  passage  qu'il  munit  dune 
chaîne  pour  empêcher  les  petits  navires  d'entrer  et  de  sortir.  Cette  ouverture 
fut  appelée  Bàb  el-Silselé  {la  porte  de  la  cha\nc)^''K  y> 

Le  quartier  qui  appartenait  à  la  famille  d'ibn  Yal.iya  est  désigné  par  lui 
dans  un  autre  passage  de  son  ouvrage,  à  l'occasion  d'un  débarquement  des 
Francs,  comme  étant  le  quartier  es-Sanbaliyé*^',.  c'est-à-dire,  ainsi  que  la 
reconnu  le  P.  Cheikho  dans  son  édition  d'Ibn  Yahya,  le  quartier  actuel  d'cs- 
Santiyé''''.  Le  mur  construit  par  le  gouverneur  Beidamour  était  donc  celui  qui 
regardait  la  mer.  11  s'arrêtait  à  l'entrée  du  port,  devant  la  petite  tour  dite  cl- 
Ba'albakki.  L'emploi  de  la  chaîne  pour  fermer  l'entrée  des  ports  était  alors 
d'usage  courant. 

Enfin,  Ibn  Val.iya  nous  apprend  que  «  sous  le  règne  du  sultan  el-Malik  eth- 
Thaliir  Barqouq*^'  fut  construite,  ii  Beyrouth,  la  grande  tour  sur  la  fondation 
d'une  des  tours  du  ciiàteau  {([(d'à)  en  ruines*'''  ». 

Ghillebert  de  Lannoy  décrit  ainsi  les  défenses  du  port  en  1422  : 

Et  est  asçavoir  tiuc  au  lieu  dit  de  Barulh.  y  a  deux  chasteauz  bons  assis  sur  la  mer. 
l'un  à  ung  des  lez  du  port  et  l'autre  à  l'autre  lez  du  porl. 

Et  est  cellui  dedens  le  plus  grant  comme  la  maison  où  l'admirai  demeure  et  n'est  pas 
fort  ne  gardé  de  personne,  ains  seroit  habandonné  se  riens  de  puissance  venoit. 

Et  l'autre  i"',  à  l'autre  lez  du  port,  vers  la  Turquie  et  vers  Tripoly,  est  ung  petit  chas- 
telet,  assis  sur  une  roche  fondée  en  la  mor  du  lez  de  la  marine,  et  du  lez  vers  les  champs 
et  assis  en   terre  firme  bonne  à  miner.  Et  là  entour  y  a  doubles  fossez,  sans  eane,  mais 

O  \ns  YAi.ivv.p.  rt(i,  et  la  tiadiiclion  (lu  pas-  l"  Ib'ul.,  p   '279. 

sage  par  M.  Van  Ukiiciiiim,  à  ppDpos  du  pdiit  l''*  Harqouq  a  rcgiié  de  138^2  ù  13S9,  puis  de 

en  question,  Voynge  en  Syrie,  I.  p.  101.  i;WO  à  l.'^OS. 

I')  Irn  Yai.iya,  p.  Gl.  («)  1»N  Yai.iva,  p.  ti3. 

(»)  Ibid..  p.  56.  (■)  El-Qnl'a. 


LES     ANCIENNES     DÉFENSES     DE     HEYIlOlTH 


iWé 


vnrs  la  mer  n'y  a  fors  le  rnur  et  la  roche  dessoubz,  qui  est  haulte  et  roiste  assez.  Et  est  à 
sçavoir,  en  conclusion  dudit  cliastcl,  que  ce  ne  sont  que  deux  tours  (luarrées  encloses  de 
murs,  l'une  sur  la  roche  dilte  et  l'autre  sur  les  champs  plus  arrière,  et  dont  en  l'une  ne 
l'autre  n'y  a  guaires  de  beauté  ne  de  Lonté,  fors  tant  qu'elles  sont  gardées  de  Sarrazins 
contre  les  Cristiens.  —Item,  est  ledit  chastel  assis  hault  et  vers  la  mer  et  vers  les  champs, 
et  y  a  une  entrée  assez  forte  vers  la  ville  de  Baruth,  mais  n'est  pas  bien  emparée  et 
samble  que  on  n'en  fait  guaires  de  compte. 

Item,  au  dessoulz  dudit  chastel,  plus  près  de  la  \illc  de  Baruth,  bas  sur  la  mer,  en 
lieu  plat,  y  a  une  aulrepclitc  tour  quarrée,  assez  bonne,  laquelle  est  emparée  et  gardée  l". 

Do  CCS  rehilions  un  pou  coufusoti,  on  peut  retenir  qu'au  quinzième  siècle 
les  défenses  de  lu  ville  du  côté  de  la  mer  se  composaient,  outre  le  rempart,  des 
constructions  suivantes  :  à  lest,  le  (Jid'a  proprement  dit'-' ;  à  Touest  un  autre 
château  plus  spécialement  destiné  à  surveiller  et  à  barrer  l'entrée  du  port  "  ; 
enlin,  |)rès  de  la  ville  et  commandant  la  plaine,  serait-ce  un  premier  état  du 
iiounlj  ? 

Mais  que  restait-il  des  défenses  du  front  de  mer  au  début  du  dix-neuvième 
siècle  ;' 

Kiiln-  il-  cluilcau  i;l  le  pint.  aiiniii  icmpail  ne  Ipnrdail  le  rivaj;e'";  au  con- 
tiairc.  ail  nord-ouest  de  la  ville,  le  mur  d'enceinte  se  prolongeait  jusqu'au  port 
en  l()iii;iaiil  lacôte.  Une  «  vue  du  port  de  Beyntulli  ».  dans  /"Oric/jt  d'Kuj^ène 
Flandin'^'.  montre  ce  coin  de  rempart  construit  sur  les  rochers  du  rivage  et 
snrpidinhant  la  mer.  C'est  une  vieille  muraille  en  ruine  couronnée  de  qutdques 
tourelles  carrées  d'époque  postérieure.  La  tour  d'angle  parait  seule  èln-  de  la 
môme  époque  que  le  mur'*'. 

Le  prolongement  de  ce  mur  à  l'est  ainsi  que  la  jetée  (|ui  protégeait  le 
bassin  intérieur  vers  le  nord  avaient  disparu,  de  sorte  ([ue  h*  [tort  était  com- 
plètement ouvert  de  ce  côté'''.  L'intervalle  compris  entre  celli'  muraille  à 
l'ouest  et  la  forteresse  ;\  l'est  n'était  donc  plus  défendu  que  par  un  petit  château 
(pti  avait  rein[>lacé  les  tours  du  moyen  âge*'*'.  Un  certain  nombre  de  gravures 


l''  t'iiiii.LKnnuT  iiE  LvNNOY,  OKhi'ivs,  éd.  Pol- 
viii,  pp.  I.").')-I(i7. 

(-1  .Vppclé  aussi  la  Foitcrosso  on  le  ChAtcau. 

(')  Suivant  les  opoqui-s  ou  les  auteurs  ;  les 
tours  (les  Génois,  la  tour  el-Ila'albakkiyé 
ou  la  petite  tour,  le  Ch&teau  de  la  mer  ou 
rtourdj  Fanar  fft  cause  do  son  (eu  servant  de 
phare.  I 


(*l  TvïLoii,  {il  Syrie,  t.  I.  p.  i\l.  dit  que  la 
ville  est  ouverte  du  ciMé  de  la  mer. 

i-» E.Fi.AM.1!».  rorifnl.  Paris  1S5;1-IS07,  PI.  I. 

("I  Mur  rétabli  par  l'émir  Beidamour.  .Mont- 
fort  a  laissé  un  rroquis  de  tour  d'angle  en 
1827.  Voir  paragraphe  V. 

^''  La  jelé<^  fut  reoonstnille  vers  186.S. 

<"'  Il  faudrait  y  ajouter  d'apn'^s  les  gravures 


248 


S  Y  RI  A 


permettent  de  se  faire  une  idée  de  cette  disposition  au  dix-neuvième  siècle'*'. 
Le  plan  du  port  déjà  cité  éclaire  ces  dessins'-'. 

Le  Château  de  la  Mer,  établi  sur  des  rochers  à  2o  ou  30  mètres  du  rivage, 
était  construit,  comme  on  a  vu,  sur  les  ruines  des  deux  tours  carrées  dites 
par  Rey  «  tours  des  Génois  ». 

D'après  les  gravures  que  nous  venons  de  citer,  il  semblerait  que  les  Turcs 
se  soient  contentés  de  réunir  les  deux  tours  par  des  constructions  postérieures. 
Celle  du  nord  disparaîtrait  presque  sous  les  constructions  adventives,  tandis 
que  celle  du  sud  aurait  été  relevée  et  couronnée  de  créneaux  neufs.  Rey  nous 
dit,  cependant,  que  les  Turcs  établirent  le  château  sur  la  plus  grosse  et  la  plus 
au  nord  des  deux  tours  qui  s'élevaient  encore  de  son  temps  (1872)  à  environ 
6  mètres  de  hauteur'^'. 

Un  vieux  pont  très  pittoresque,  servant  de  jetée,  reliait  le  château  à  la 
rive.  Les  anciens  dessinateurs  indiquent  généralement  deux  arches  de  plein 
cintre  et  de  dimensions  inégales.  Cette  petite  jetée  fut  presque  entièrement 
détruite  par  l'orage  de  1849  '*'.  Quant  au  château  de  la  .Mer  lui-même, 
(pioi(pi'en  ruine  depuis  le  bombardement  des  .Vnglais  en  1840,  il  ne  disparut 
complètement  qu'au  moment  de  la  construction  du  port  moderne. 

Beaucoup  plus  importante  était  la  construction  de  terre,  la  forteresse  qui 
s'élevait  à  l'angle  nord-est  de  la  ville  sur  une  falaise  de  8  à  10  mètres  de  hau- 
teur. -Vu  dix-neuvième  siècle,  ce  ciiâteau  (IM.  .WXVl)  se  composait  encore 
(iun  donjon  carré   entouré   de  constructions  plus  basses.  d"où  émergent  quel- 


anciennes  quelques  traces  de  fortifications 
près  (le  l'angle  S.-E.  du  port. 

(')  Ces  gravures  sont  :  l"  dans  John  Caune, 
la  Syrie,  1836,  III,  p.  65:  «  Port  of  Beirout  par 
W.  11.  Bartlett  )>  (vue  prise  au  N.-O.  et  non 
(I  un  peu  au  Sud  de  la  ville  »)  ; 

2"  Dans  Lkon  dk  LAiioitOE,  Voyage  de  lu 
Syrie,  IS'.il  :  «  Vue  de  l'un  des  forts  qui  dé- 
fendent le  port  .,  PI.  XXVI.  D.  6"2  (vue  du 
château  prise  de  l'E.)  et  «  Entrée  du  Port  », 
PI.  XXVI.  n.  61  (vue  prise  du  N.-O.)  ; 

30  Dans  E.-N.  Ki.vndin,  l'Orient,  183.^1867: 
»  Vue  du  Port  de  Beyrouth  n,  3,  PI.  I.  (Vue 
prise  du  N;-0.  ù  comparer  à  la  première),  et 


(I  Rivage  de  Beyrouth  »,  3,  PI.  III  (vue  du 
Château  prise  de  l'E.)  ; 

l"  Dans  l'Univers.  Syrie  ancienne  el  moderne, 
par  Jean  Yanoski  et  Jules  David,  Paris,  1848. 
Syrie  moderne,  '20  et  21  (ce  sont  les  vues  pu- 
bliées par  L.  de  Laborde  légèrement  modifiées 
par  Lemaître).  Le  même  sujet  a  enrore  été  traité 
par  Montfort  dans  plusieurs  peintures  à  l'huile 
ou  dessins  (collection  de  M""^  (1.  Montfort). 

(-)  E.  Rky,  Élude  sur  l'arcltilecturr  niililuire 
des  croisés,  p.  173,  fig.  U. 

m  E.  Uky,  ibid.,  pp.  173-171. 

(*i  LoiiTKT,  la  Syrie  d'iiujourd' liui, \8'(o-i880, 
pp.  66-70. 


'l  1 1 


I.KS     ANCIENNES     DEFENSES     DE     HEVHOI'III 


2'i9 


A  Nord 


BEYROUTH   EL-QADIME 

Plaii  des  Défenses 
DE   L-'ANCIENNE  VILLE 


J)  'aprèj^  cit.t  r-rirves  ^èM^ttedr  sur-  le  ta-fojji   rn    /."i'O 


Fio.  3.  —  Difonso  ilo  la  lloyroiith  tlii   inoyoïi  <l|;o. 
Plmi  iililbtiil  roliii  ilii  SiTvico  |{iioj;r;ipliic|Ua  do  r.ir:n)o  nu  AO.OOO*. 


250 


SYRIA 


ques  tours  également  carrées*".  Le  tout  était  assis  sur  une  terrasse  construite, 
semble-t-il,  en  très  grand  appareil  et  pouvant  remonter  à  une  époque  an- 
cienne'-'. Cette  terrasse  d"un  coté  atteignait  le  bord  de  la  falaise,  de  l'autre  le 
grand  cimetière  musulman;  au  nord-ouest,  elle  dominait  la  cité.  L'enceinte  de 
la  ville  venait  s'appuyer  au  sud-ouest  de  cette  terrasse. 

Cette  forteresse,  très  éprouvée  par  le  bombardement  de  1840,  disparut  à  la 
fin  du  siècle  dernier  au  moment  de  la  construction  des  quais  du  nouveau  port. 
Non  seulement  l'ouvrage  fut  rasé,  mais  le  rocher  lui-même  disparut.  On  ne  dis- 
tingue plus  aujourd'hui  au-dessus  de  la  falaise  qui  longe  la  rue  de  la  Marseil- 
laise, au  sud,  que  quelques  pans  de  mur,  quelques  blocages  de  maçonnerie 
qu'on  dit  être  des  restes  du  château  ou  de  ses  dépendances. 

Léon  de  Laborde,  en  1 837,  parle  de  ce  château  dont  il  donne  une  vue  lorsqu  il 
dit  :  «  Toutes  ces  constructions  manquent  de  fermeté  et  d'ampleur,  l'appareil  et 
l'ornementation  n'ont  rien  des  beaux  siècles  :  c'est  du  moyen  âge  de  petite 
condition'^'.  »  Rey  en  parle  coumie  «  d'un  fortin  construit  par  les  Turcs  ».  C'est 
qu'en  effet  l'important  château  des  croisés,  avec  sa  double  enceinte  du  côté  de 
la  terre,  avait  à  peu  près  disparu  à  cette  époque.  Démantelé  au  départ  des 
croisés,  il  avait  été  plusieurs  fois  ruiné  et  ses  fondations  recouvertes  de  cons- 
tructions postérieures  ;  c'est  ainsi,  on  l'a  vu,  que  le  sultan  Barqouq,  à  la  fin  du 
quatorzième  siècle,  avait  construit  une  haute  tour  sur  ces  ruines. 

C'est  probablement'^*  cette  tour  que  vit  Maundrell  en  1097  non  loin  du 
palais  de  Fakiir  cd-Din.  «  Il  y  avait,  dit-il,  dans  un  coin  du...  jardin  une  tour 
de  soixante  pieds  de  haut  cpie  l'on  avait  eu  dessein  d'élever  beaucoup  davan- 
tage pour  y  placer  des  gardes.  Les  murailles  en  ont  douze  piez  d'épaisseur. 
Nous  considérasmes  la  ville  de  dessus  cette  tour'^'.  » 

Bro\vrie  donne  les  détails  suivants  sur  la  construction  du  dernier  château 


CI  Vers  18(8,  Ipchàleau  possédait  pour  louto 
artillerie  G  pièces  <le  canons  (Taïi.ou,  la  Syrie, 
l.  1,  p.  ili}.  Eu  1840,  la  situation  ('-tait  pire 
encore  :  la  ville  lioinhardée  n'avait  que  deux 
petits  canons  eu  fer  qui  no  pouvaient  que  ser- 
vir au  salut  (K^•.ll^A^u  I'riiiiikii,  la  Syrii; 
sous  le  gouvernement  de  Meliemet  Ali  jusqu'en 
ISW,  Paris,  iSai,  p.  391). 

(''  MoNTKonT,  Mss.  l-'r.,  \ouv.  Acii.,  H.'iSO 
f"  73  :  «  je  consiilérais   l(>s  deux  forteresses 


élevées  sur  du  rocher,  et  dont  les  assises 
construites  avec  des  pierres  énormes  me  pa- 
raissent être  un  reste  de  la  grandeur  des 
Romains  ». 

(■^)  Lkdn  uk  Lauouuk,  le  Voyaijc  de  In  Syrie, 
1837,  p.  39,   et   PI.  .\.\.VI,    D.  6"2  (déjà  cité). 

(*'  La  situation  de  la  tour  que  vit  Mauudrell 
est  mal  définie  par  l'auteur.  Ce  pourrait  être 
uu  autre  ouvrage,  par  exemple  le  d  Itourdj  ». 

(^1  Henui  Maunuhkll,  ]'oya(je.  pp.  67-68. 


ij:s   anciennes    défenses   de    uEvriorrii        251 

(le  Beyrouth  :  «  La  liaute  tour  «[u'on  voit  au  nord-est  ili-  la  ville  n'est  pas  la 
iiiètue  (|ue  celle  dont  parle  Maundrell:  celle-ci  a  été  détruite  d'abord  par  Jezzar, 
i|iii  (  raijrnait,  en  cas  d'attaque,  quil  ne  fût  trop  facile  à  l'ennemi  de  s'y  loger 
et  par  là  dincomnioder  beaucoup  la  ville,  et  (|ui  ensuilt-  en  a  rebâti  une  autre 
(ta  uuhne  einlmit.  pour  servir  de  place  d'annes.  La  dernière  est  conjposée  de 
pierres  beaucoup  plus  petites;  elle  est  beaucoup  moins  solidement  construite 
que  l'autre'".  » 

Ce  château  était  donc  surtout  intéressant  pour  l'euiplucenient  qu'il  nianjuait. 
Rey  croit  pouvoir  préciser  qu'il  se  trouvait  sur  remplacement  d'une  tour  du 
château  Franc  dont  la  [)olerne  avait  servi  à  Jean  dlbeliii.  Inis(]ireii  \i:il  il  lit 
pénétrer  des  renforts  dans  la  place  assiégée'*'. 

111.  —  Les  défenses  du  côté  de  l'est. 

L'enceinte,  dont  il  est  (ine^tioii  dans  ce  chapitre  et  dans  le  suivant,  est 
celle  (|Me  |)je//.ar  a  ri'-tai)lie  à  la  lin  du  dix-huitième  siècle,  utilisant,  comme  on 
le  verra,  les  restes  de  murailles  d  épO(|ues  très  diverses.  Qiudques  débris  de 
ces  constructions,  quelques  traditions  locales'^'  permettent  aujourd'hui  d'en 
retroiner  le  tracé. 

La  muraille,  au  nord-est  de  la  ville.  s'a|ipuyait  à  la  haute  terra.sse  ilu  châ- 
teau. Les  vestiges  que  l'on  voit  encore  à  l'extrémité  d'une  impasse,  au  sud- 
oiie>t  de  la  rue  de  la  .Marseillaise,  jiaraissenl  mai(|iier-  le  di'|tart  du  mur.  De 
là,  le  rempart  se  dirigeait  en  droite  ligne  vers  la  porte  Debliaghà.  On  peut 
encore  voir  cette  première  partie  de  la  muraille  à  l'endroit  où  elle  atteint  cette 
[torte. 

Uàb  Debbàghà  est  percée  dans  la  courtine  même  ;  tdle  se  compose  acluelle- 
meid  d'une  haie  de  2  m.  (H)  environ  de  largeur,  que  surmontait  un  arc  bombé. 
aujoiM'd  lui!  éeiduli'.  .\  ente  de  cet  aie  en  pierre,  \ers  liidi'rieur.  se  trouve  une 
grosse  poutre  transversale.  Deux  trous  aménagés  aux  extiémites  de  celle-ci 
servaient  à  loger   les   pivots  supérieurs  des  battants,    (hi    retrouve  le  même 


('>  W.   Cl.    lliiott>,    \uui'fiiu  VoYnijf.    IT'.t-i-  l'i  N'ous  avons  pu  n'Ciifillir  eu  imrticulierlf 

4798,  t.  11,  p.  19".  li'raoipuagi>  de  M.   Birliarn,  iuju'uicur  ijui  <li- 

>"  K.  1U\.  /'•»"  '.'w/o/iiVs  /■;-ii(i(;iics.  p.  r>-2|.  rip-u  liiniili-mps  1rs  travaux  ilc  In  Villiv 


2.Ô2 


SVRIA 


dispositif  à  Bàb  es-Serâïû.  à  Bàb  Ya'qoub,  ol  à  Saïda  à  la  porte  du  Qal'at  el- 
Mouezzé,  etc. 

La  porte  était  défendue  par  un  mâchicoulis  à  trois  corbeaux  dont  il  reste 
des  traces  et  qui  devait  être  analogue  à  celui  de  Bàb  es-Soràïà.  L'appareil  de  la 
construction  n'est  pas  le  même  à  l'est  et  à  l'ouest  de  la  porte  :  à  l'est,  il  est 
plus  grand,  plus  soigné  et  indique  une  époque  plus  ancienne.  11  existe  une 
petite  mosquée  à  côté  de  la  porte,  ce  qui  lui  a  valu 
l'addition  d'un  minaret  carré  monté  en  porte-à-faux 
sur  le  pied  droit  ouest  de  la  porte"*. 

Bàb  Debbàghà, ou  Porte  delaTannerie  (Pl.XXXVlI), 
doit  son  nom  au  Souq  des  Tanneurs  de  cuirs  dans  le- 
quel elle  donnait  accès.  Ce  coin  delà  vieille  ville  avait 
un  aspect  tout  particulier  :  «  Sur  le  pavé,  disent  des 
voyageurs  en  1830,  sont  étendues  grand  nombre  de 
peaux  d'animaux  ;  les  hommes,  lés  chameaux,  les 
mulets  et  les  ânes  qui  passent  ne  peuvent  faire  autre- 
ment que  de  fouler  ces  peaux  dont  le  chemin  est 
couvert'-'.  » 

C'est  par  là  que  se  faisait  le  trafic  des  marchan- 
dises entre  le  port  et  l'intérieur.  Les  caravanes  rentrant  par  la  Porte  de  la  Tan- 
nerie n'avaient  que  (juehjues  pas  à  faire  pour  parvenir  au  port.  Elles  évitaient 
la  traversée  de  la  ville  dont  les  ruelles  étroites  et  tortueuses  ne  se  prêtaient 
pas  à  la  circulation.  .Vussi  le  poste  principal  de  l'octroi  se  trouvait-il  auprès  de 
Bàb  Pebbàghà. 

A  quelques  pas  à  rou(\st  de  la  porte,  le  mur  encore  conservé  fait  un  coude 
et  va  s'appuyer  à  une  grosse  construction  carrée  en  ruine  (A)  qui  oIVrait  un 
excellent  flancjuemcMit  à  la  porl(>.  Dans  cetti>  partie  du  mur  se  voient  encore 
six  meurtriêr(>s.  trois  ^'ouvrant  an  sud  et  trois  à  l'est. 

De  là  et  jusqu'à  la  Port(^  du  Sérail,  le  mur  longeait  le  cimetière  musulman 
et  foiinail  un  riMilraiil  iin|M)rlaiit''".  Ci>  cinirlirTe  enipêibail  la  \ille  de  se  déve- 


Fio.  4.  —   Cippe  antique. 


CI  Sigiiuloiis  cil  pussiiat  une  soi U'  de  cippe 
en  marbre  hlnnc  sans  inscription,  qui  se 
voyiiil  jusqu'à  ces  derniers  temps  près  de  celle 
porl(!  (fig.  4). 


l-  MicuAtu  cl  l'oLJOui-AT,  CoiTespoiidniue 
d'Orienl,  t.  VI,  p.  125. 

(S)  Tel  était  au  moins  le  tracé  de  l'enceinle 
a  répoq\ie  de  sa  démolition. 


BJb  ed-Debbâghà 
Vue  de  l'extérieur  ;  il  gauche,  un  coin  Je  la  construction  A. 
Derrière  le  mur,  la  coupole  de  la  mosquée 


LES     ANCIENNES     DEFENSES     DE     HEVHOCTII 


'i■^^ 


lop|»frdo  ce  côté  comme  celui  d"es-S,inliyé  de  Tautn'  coté,  l'resqiie  toutes  les 
villes  de  l'Islam  iivaieut  ainsi  leurs  cimetières  sous  les  murs.  Ces  vastes  champs 
de  stèles,  au  désordre  si  j»ittore.s(|ue,  sont  sacrés  aux  yeux  de  la  population, 
et  à  Beyroutii.  il  a  fallu,  pour  ([u'ils  dis|)araissent.  que  les  Turcs  eu\-mrmcs 
se  décidassent  à  les  exproprier  (|iii'l(pics  années  avant  la  guern-. 

La  partie  du  mur  dont  nous  parlons  est  rasée  ainsi  qui-  1rs  masures  qui 
s'entassaient  sous  sa  prolcilion  :  uni'  i.iip'  rue  a  rrmplaci-  li"  vieux  quartiei-. 

(les  travaux  de  deuioliliou  ont  amené  la 
découverte  d'un  autel  portant  la  dédicace  : 
iiviiio  impiili  ciilonid'  Sttciinii,  des  décris 
d'ime  Itidle  statue  éijuestre  arlui'llement 
au  musée  et  d'autres  antiquités. 


FiG.  5.  —  L.1  c.Tpoiinièrc  B. 


De  ces  défens(>s,  eidre  BAI»  Deliliàirlià  el  Hàl»  es-Seràïà.  un  seul  témoin  a 
échappé  :  c'est  le  reste  dune  ca|>oniiière  (  Bl  située  non  loin  de  la  rue  du 
Marérlial-Kocli.  Deux  meuilrièro  jumelées  sont  auienaflées  dans  une  muraille 
(pii  peut  avoir  8(t  ciMilimètre>  d"é|iaisseur  :  au-dessous  une  petite  niche  de 
style  arahe  (  lii;.  .">). 

l'ar  I  (inlre.  la  porle  ai>pelee  Uàli  es-Seràià.  ou  Porte  du  Sérail,  nou^  l'sl 
parvenue    [uesque    intaele    ainsi   que    louvraiie    qui    la    llaïupiail    au   >Uil-esl. 


254  '  S  Y  II  I A 

L'ensemble  forme  actuellement  un  petit  îlot  de  constructions  qui  peut  se  dé- 
composer ainsi  : 

1°  L'édifice  carré  de  la  porte; 

2°  Une  amorce  de  rempart  ; 

:}"  Une  tour  rectangulaire  adossée  au  rempart. 

Le  schéma  de  la  fig.  6  rendra  cette  disposition  plus  claire. 

La  façade  extérieure  de  la  porte  se  compose  d'un  mur  en  petit  appareil, 
couronné  de  minuscules  créneaux  et  défendu  par  quelques  meurtiùères  disposées 
au  hasard  du  joint  des  pierres.  Un  mâchicoulis  soutenu  par  trois  corbeaux 
interdisait  l'accès  de  la  porte  ;  une  fenêtre  moderne  enlaidit  cet  organe  de 
défense  et  compromet  sa  solidité. 

Une  baie  soutenue  par  un  arc  bombé  constitue  la  porte  proprement  dite 
qui  est  construite  suivant  le  modèle  déjà  observé  à  la  porte  Debbàghà.  Quatre 
marches,  incurvées  à  une  extrémité,  descendent  jusqu'au  seuil  constitué  par 
un  fût  de  colonne  antique. 

A  droite  de  la  porte,  on  distingue  encore  l'amorce  du  mur  d'enceinte,  qui 
foiniait  j)resque  un  angle  droit  avec  la  façade  de  Bàb  es-Scràïà,  lui  offrant  par 
conséquent  un  bon  flanquement  de  ce  côté.  L'ouvrage  constituant  la  porte 
devait  donc  tourner  toutes  ses  défenses  vers  son  angle  nord-est.  Cela  explique 
que  les  meurtiières  au  lieu  d'être  normales  aux  murs,  sont  presque  toutes 
tournées  vers  cet  angle  qui,  dans  la  partie  supérieure,  se  compose  lui-même 
d  un  pan  coupé  soutenu  par  un  petit  cintre  (fig.  7). 

Un  passage  sous  une  voûte  d'arête  menait  à  rinlêricur  des  anus.  L'aspect 
de  Bàb  es-Scràïà  est  très  pittoresque  de  ce  côté.  Le  grand  arc  de  la  porte 
formant  un  arceau  légèrement  brisé  est  surmonté  d'une  petite  terrasse  à  la 
hauteur  du  preuiier  étage.  On  y  accède  [tar  un  escalier  intérieur  constiiiit  sur 
un  léger  arc  rampant  qui  vient  s'appuyer  au  grand  arc.  Par  cette  petite  ler- 
ras.se  et  cet  escalier  on  atteignait  le  haut  des  remparts  ainsi  que  la  terrasse 
su|)érieiiii"  de  la  porte.  Un  intéressant  dessin  de  Bàb  es-Scràïà  vue  de  l'inté- 
rieur de  la  ville,  intitidé  a  Carrefour  à  Beyrouth  »  a  été  donné  par  Taylor  en 
1880,  dans  7rt  St/rie  d'tnijnnnl'hni  du  docteur  Lortet,  page  73.  Elle  complète 
ulileinetit  la  pliiiiciie  (|ui  e>t  teiiniduile  ici  (IM.  X.WI.X).  Ou  y  reuiiiniue  la 
(iispiisiliou  (|ui  \  ieiil  d'elre  deet'ile,  ainsi  que  le  rMceordeuieiil  du  n'Mqiarl  avec 
l'iiuvra^e  (le  la    niPile. 


tv 


-rt    .*» 


se      " 


A,     1921 


B.ib  cs-Ser.iJà 

l.c  iiébouch<î  ver»  l'intcricur  Je  l.i  ville  ;  le  rcmpari 

\'ue  (irise  de  l'ouest 


LES     ANCIENNES     DÉFENSES     DE     I5EVI{(HÏII  255 

Cotle    (■<iuiliii('    (le   n'iii|iiiit.  (|iii   s  appiiiiî  îi  I  aii^lc   >iiil-i'>l    de;  i  (nivragc. 


Cronoaiix  de  couronoeincnt 

;  *  /*  î  Môurtrioros  commaD'loos  do  la  terrasse  Hurmootant  l'ouvrage. 


>  /     / 


Itotix  iiiourtriorcs  pcrccos  dans  lo  mur  lati^ral  du  pa^tapc  v..iil<>  .!« 
In  porte  (rez-do-chausaèe;. 


Kir..  7.  —  Plan  ilcs  créiicain  cl  des  iiioiirlrioro»  de  Hâb  l's-SoriliJ.  La  dirrflion  di-s  mciirlrirrc»  inili>]iic  : 
1"  iiui'  les  riinslriii'tioiis  aili.jsiics  i  l'uiivragc  à  l'ol  «ml  posléritures  ;  2"  que  l'air  priMiim-  <\r  l'allai)!!.' 
do  1,1  |.(.rU>  itail  N.  K.  S.-O. 

est   aujoiinl  liiii    ciilDiirrc    de    ct)ii>lriitlions    moiliTiU's    an    iionl    fl   an    mkI. 
Do  là.  on  iii'  pnnvail  cominaii(li>r  rcntivc  (li>  la  \mvW  .silnôo  en  angle   nunl  ; 


256 


STRIA 


cela  explique  les  deux  meurtrières  qui  interdisaient  le  débouché  de  la  porte 
vers  l'intérieur'''.  Les  défenseurs  qui  les  utilisaient  étaient  au  premier  étage 
du  rempart,  actuellement  constitué  par  une  cour  (PI.  XL,  2). 

De  là,  on  accède  à  une  petite  pièce  rectangulaire  (fig.  8)  qui  forme  le  pre- 


1 

3 

1                           F 

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. 

Fig.  8.  —  Les  anciennes  défenses  du  S.-E.  de  Bàb  es-Seràïà. 
Cette  coupe  s'est  trouvée  réalisée  par  la  démolition  partielle  des  remparts  (PI.  XL,  1). 

1.  Mur  extérieur  du  rempart.  —  2.  Mur  du  rempart  du  côté  de  la  ville.  —  3.  La  petite  tour  adossée  au  rempart.  — 
•t.  Fenêtre  de  la  chambra  voûtée  du  1"  étage  do  la  tour.  —  5.  Pièce  voûtée,  rez-Je-chaussée  de  la  tour  et  du  rem- 
part. —  0.  Départ  duna  voûte  aujourd'hui  démolie.  —  7.  Terrasse  moderne  entourant  louvrage. 

niicr  éliige  de  lit  petite  tour  barlongue  adossée  au  rempart.  Celte  chambre, 
(IcMueure  de  toute  une  famille,  est  voûtée  en  berceau  et  éclairée  par  quatre 
fenêtres  irrégulières  ouvraul  iiu  sud,  ii  Test  et  à  l'ouest;  au-dessus  du  linteau 
de  la  porte  est  aménagé  un  arc  de  ilécliiirge. 

Au  rez-de-chaussée,  la  tour  et  \r  rempart  commimi(iiieiil  égalemeul.  Ils 
foriiieiil  des  pièces  à  voùles  bàlimles,  d'un  Iraviiil  assez  grossiiM-.  (In  tlistiiigue 
fiicilemeiit  (pie  ces  voùles  se  proioiigeaieiit  vers  lest  par  diiulres  analogues  qui 
ont  élé  détruites,  haprès  les  traditions  ri-eueillies  sur  les  lieux,  ces  siilles  ont 
servi  di"  bains  itii  di\-neiivième  siècle  :  c'est  peiit-èire  à  elles  (|ue  l'ail  allusion 
Giijs,  (piaud  il  dit  :  «  Heyrout  possède  deux  bains;  le  grand  pourrait  bien 
avoir  une  origine   iiiiciiuiiK;.    Les   Sarrazins   l'auront    épargné,   ainsi  que  la 


(')  Ces  mciirtriôrca  do  slyln  arnlip  sunl 
ibiiB  la  IM.  XL,  i. 


(le  l'cxlériciir  ilrtns  la  PI.  XXXlX  i-l   i\c  l'iiiirTienr 


^v^ 


"s  ^ 


ij:s   anciennes    dkfknsks   de   iJEvitocrii        257 

"rando  inosquôc  <»'.  »  A  col  otnlrnil,  le  mur  n-pronail  sa  diri-ctinn  gt';néral« 
vers  le  sud.  Il  ôlail  suriiioiilL'  de  petits  crôiioaux  carrés  scndilaldcs  à  ceux 
(|iii  cdiirniiniii'iil  la  |i()ite'*'. 

Hàl)  cs-Scràïa  est  ainsi  aitiiidôc  à  cause  de  sa  itroxiinifé  d'un  aucii-n  st-rail. 
situé  à  l'emplacement  aclu(d  du  Sou(]-Suisok  et  atliihui-  à  Kaklir  ed-l»in'*'. 
Ces  vieilles  iMinsIriielioiis  aralies.  démolies  en  lSH-2.  m-  dnivrnl  [»as  ètrf  con- 
fondues a\ec  le  \  ieux-Séiail,  situé"  au  nord  delà  [tlace  des  Canons  et  cons- 
Iruil  en  i.SH:i-Si  par  Uécliara  KlVeiidi,  inirénieur  en  chef  ilu  vilayel  de  Bey- 
roiilli.  Aiipivs  di'  liiiiriiriiii'  (  nii>lriielinii  de  KaKlir  cd-Kin.  à  l'unol,  se  liduvait 
une  mos(juée  (|ui  i-xiste  encoie  :  on  ru  dislinj,Mie  le  minaret  et  uni'  eoupole  dans 
la  planilie  W.WIII.  D'après  une  tradition  locale,  lédilice  ne  serait  autre  (|ue 

la  pelile  é'^lisi-  Sainl-Sauv ■  liiinsforméc  par  li-s  ('mirs  |liii>es;  <;e  sanctuaire 

(•onlijiu  an  couvent  des  l'"ran(iscains'"  était  cédèlire  |>ar  le  Miraele  du  San;;'''': 
on  racontait  en  outre  au  dix-septième  siècle  <.  (|ue  les  Turcs  y  tenaient  une 
image  de  la  Vierge,  pi-inlc  sur-  la  muraille,  en  singulière  vém-ration''^'  ». 


|)i    .Mksnu.  la    |{|  issiix. 


(A  suivre.) 


ei  Giis,  Krialion,  1817,  p.  '.W.  I,i-s  nulros 
Imiiis  l'tairnt  près  de  Ml)  Dorki'U. 

(''•  D'npros  In  «îiaviiriMli-Taylorilans  /<i  Syrie 
d'aiijntiririiiii  du  docli-iir  Lohtf.t.  p.  73;  un 
voil  aussi  qiio  le  mur  qui  nticiguait  la  porto 
au  nord  n'avait  pas  de  créneaux  en  1880. 

(^'  «  Les  restes  du  Sérail  de  l'émir  Kakhred- 
Uin  silué  du  cùlé  de  la  Porte  Orientale.  " 
(A.  Jo*>Ni;etE.  Isamdkrt,  Itinéraire  de  V  Orient, 
1801,  p.  .'ÎCI,  et  aussi  Tayi.oh,  la  Syrie,  t.  1. 
p.  214).  Voir  fig.  2  et  3.  H.  Malm>ukll  dé- 
crit longuemeiU  ce  «  Palais  «  de  Fakhred-Din 
à  lleyroulli,  .\  joiirney  from  Meppo  lo  Jertisn- 
tem,  p.  39,  ou  daus  la  traduction  française. 
Voyage  il'Ale/t  à  Jérusalem,  p.  05  :  u  The 
Palace  of  this  Prince,  whicli  stands  on  Ihc 
Norlh  Easl  part  of  the  City  «.  Im  traduc- 
tion porte  par  erreur:  u  silué  au  Nord-Est  de 
cette  ville  (Beyrouth)  ».  Voir  aussi  F.  Eigèm; 


Itor.Kii.   In    Terre  sainte,    Paris.    ItiOl,    p.   2t'>.S. 

Il  importi-  de  ue  pas  confondre  ce  palais  aver 
les  conslruclions  qui,  à  de»  é|>oquc-s diverses, 
ont  porté  à  Beyrouth  le  nom  de  Sérail. 

i"  Hkid,  Irad.  Rainai  n.  Histoire  du  Ciim- 
inerre,  troisième  période,  1.381-1(53,  p.  Wi. 

(■"  F.  E.  QtAHESuit's,  Eludatio  Terrar 
!ianrt:r,  p.  910,  cl  J«CQUKS  Gi)ijii>,  Hit- 
toire  et  Voyage,  pp.  33.S  et  3Î6.  Ils  parlent  de 
l'église  déjà  transformée  eu  mosquée  (1671\ 
puis  racontent  le  miracle  :  du  sang  aurait 
coulé  d'un  crucifix  lacéré  par  un  Juif.  Ils  ci- 
lent  l'un  et  l'autre  saint  .\thanase,  deuxième 
Concile  de  Nicéo,  action  4.  —  Voir  auMi  le 
P.  Bf.hnahuiii  SiRius,  f<  Pi>HJ  l'élerinage  ou 
\'oyage  de  lerusalem  et  années  fCii,  /»>ij, 
/rt'jtf,  »fi.'<7.  Bruxelles.  1606.  p  271,  etc. 

l*'  Qi'ARKSMiis  et  Jacquks  Goujon,  ibid. 


St»u.  —  II. 


BIBLIOGRAPHIt: 


D.  G.  HoGVRTii.  —  Hittite  Seals  with 
particular  référence  to  the  Ashmolean 
Collection.  —  Oxford  at  the  Clarendon 
Press.  HI20.  Un  vol.  gr.  4°  de  108  pages 
et  10  planches. 

M.  Hogarlh,  en  publiant  ce  volume, 
fournit  une  iniporlanle  contribution  à 
notre  connaissance  de  la  glyptique  hittite, 
car  outre  un  Catalogue  descriptif  de  la 
collection  de  IWshmoIean  Muséum,  il  e.v- 
plique  les  monuments  dans  un  abondant 
commentaire.  Dans  l'introduction  ol  le 
premier  chapitre  de  l'ouvrage,  il  rappelle 
l'aire  de  dispersion  de  la  glyptique  hit- 
tite et  ses  divisions  chronologiques. 
Comme  cette  classification  se  rapi)niclic 
de  celle  qui  est  gi'néralement  admise,  je  la 
résume  brièvement.  L'aire  de  cette  glyp- 
tique correspond  à  celle  des  grands  mo- 
numents, c'est-à-dire  à  l'Asie  Alinoure  à 
Tcxception  du  Nord-Ouest  et  du  Sud- 
Ouest, et  à  la  Syrie  du  Nord  juscju'à  lloms 
sur  l'Oronte  et  Meskinch  sur  l'Euplirate; 
néanmoins  la  glypli(]ue  de  l'hrygie,  celles 
de  Chypre,  de  la  Phénicic  se  ressentent  de 
l'influence  hittite.  Les  grandes  divisions 
chronologi(|ucs  de  la  glypli(iue  biltile  sont 
les  suivantes  :  {"Une  période  primitive 
antérieure  à  illOO  ;  2"  une  période  Cappi- 
docienne-Ilittite  ou  '  Ilatliqiie)  de  IIIOII  à 
1200  ;   V    une    période    Mos(piieniio-ILil- 


tique  de  1200-1000;  i"  une  période  Mos- 
(|nienno-Assyrienne  de  1000  à  600. 

Les  formes  des  sceaux  sont  :  le  cylindre 
(surtout  Nord-Syrien),  et  le  cachet  tan- 
tôt en  dos  d'âne,  tantôt  en  hémisphère 
ou  en  bouton  dont  la  tige  a  parfois  la 
forme  d'un  trépied,  parfois  celle  d'un 
marteau. 

L'auteur  décrit  ensuite  les  monuments 
de  lacoUection  de  l'Ashmolean  Muséum  et 
indique  leur  lieu  d'origine  ;  nous  remar- 
quons que  très  peu  de  pièces  proviennent 
de  fouilles  régulières;  la  plupart  ont  été 
achetées. 

M.  Hogarth  passe  ensuite  à  la  iliscus- 
sion  des  objets.  Dans  un  autre  chapitre 
qu'il  fait  suivre  d'un  sommaire, il  résume 
les  pages  précédentes  et  groupe  les  ré- 
sultats obtenus  au  cours  de  la  discussion 
([ui  forme  la  première  partie  de  l'ouvrage. 
Dix  planches  de  figures,  comprenant  3.35 
numéros,  complètent  le  volume. 

M.  Hogarlh  s'est  spécialisé  depuis  de 
nombreuses  années  dans  l'étude  des  ques- 
tions hittites  et  son  autorité  y  est  grande; 
cependant  je  voudrais  faire  (jnelqucs  ob- 
jections à  son  classement. 

Si  nous  considérons  la  collection  telle 
(|u'elle  so  présente  d'après  les  planches  qui 
la  reproduisent,  et  si  nous  la  jugeons  du 
point  (le  vue  (I  glyptique  hittite  »,  certains 
n\iniéros  pourraient  n'y  pas  figurer.  Nous 


iniiLioonAi'ii  iK 


259 


y  retrouvons  la  dualité  si  caracl(''rislii|uc 
de  la  glyptique  hittite  :  cylindres  cl  cii- 
chcts.  De  ceux-ci.  il  est  toute  une  si'-rio 
apparlenantù  la  dernière  période  (n"*  2")2- 
335),  où  se  retrouve  l'inllucnce  du  style  .'i 
décoration  aninialede l'époque  précédento, 
et  Texlension  de  l'emploi  des  symboles  ri 
des  si{,'n('s  hiéroglyphiques.  La  série  des 
cylindres  numérotés  ITiO  à  IS7  et  21!)  ;'i 
251  est  coinparahle  à  ceux  que  nous  ont 
fait  connaître  pour  la  période  allant  du 
seizième  siècle  au  onzième  siècle,  les  tra- 
vaux de  Ward,  les  Catalogues  de  la  Bi- 
bliotiièipie  Nationale,  de  la  (Collection  de 
Clercq,  etc.  On  y  retrouve  linfluence  de 
la  Mésopotamie,  celle  île  l'hCgyple,  celle  du 
monde  égéen,  le  tout  élaboré  d'une  façon 
très  personnelle.  La  série  (jui  va  des  nu- 
méros ".Il  à  149  et  IHH  à  21 1.  qui  se  com- 
pose de  cachets  rectangulaires  ou  rontls 
est  d'une  richesse  exceptionnelle  ;  nous  y 
reviendrons  tout  à  l'heure.  Kestenl  les 
cylindres  n""  1  à  49  qui  seraient,  avec  cer- 
tains cachets  de  la  précédente  série,  les 
plus  anciens  échantillons  de  la  ^lyplicpie 
hittite.  Or  ces  cylindres  nous  sont  con- 
nus, mais  jusqu'ici  ils  ont  été  attribués  h 
d'autres  peuples  qu'aux  Hittites.  Je  ren- 
voie pour  les  comparaisons  au  Cntntfxjiie 
(les  ryliiidrcs  nricnlmijc  du  Musée  du 
Louvre,  par  M.  L.  Delaporte  it.  I,  IllL'ii 
M.  Ilogarlh  n'a  pu  avoir  connaissance  de  ce 
volume  édile  en  môme  temps  (pie  le  sien, 
mais  je  le  cite  parce  qu'il  reproduit  les 
cylindres  bien  connus  publiés  dans  les 
Dérouvertes  en  Chaldée,  et  dans  les  .Vt'- 
moires  de  la  DéUgntion  en  l'erse  (l.  \ll 
et  \ll),  au\(|uels  je  Turai  allusion.  La  dé- 
signation des  séries  i|uc  j'emploio  (T  ^= 
ïello,  S  -=  Suse)  est  celle  du  t'.atalogue  île 
M.  Delaporle. 

'l'aiulis  que  l.i  plupart  des  c\lindies  de 


l'Ashmolean  Muséum  proviennent  d'a- 
chats, ceux  de  la  Mission  de  Chaldée  et  de 
la  Mission  de  .Suse  sont  lo  résultat  de 
ri'-herches  régulières  ;  leur  nombre  et  leur 
situation  dans  les  Touilles  créent  donc, 
pour  leur  origine,  une  sérieuse  présomp- 
tion. Or,  des  cylindres  analogues  aux 
n"  1,3,  i,  U,  27,  49  de  l'Ashmolean,  (|ui 
représentent  des  animaux,  ont  été  trouvés 
à  Tclloct  à.SiiserS.  2tlC...S.  2C7,pl.  WIV; 
S.  274.  S.  27N,  pi.  \\V);  ils  constituent 
la  glyptique  archaïque  d'Klam  et  de  Chal- 
dée; de  mèiue  pour  les  motifs  géomé- 
triques des  n°'  .'t.  39.  à  rapprocher  de 
T.  i.  T.  0,  T.  7.  pi.  I,  et  /kimihi.  pi.  Wlll. 
Le  motif  du  vase  m"  24.  31.  32.  etc.  .  se  re- 
Irouvc  à  Suse  (empreinte  S.  .'MH.  pi.  \LII  ; 
l.(  technique  à  la  bouterolle  <|ui  afTerlionne 
la  représentation  de  petits  personnages 
accroupis  h  l'orientale  (n"'  33,  34)  et 
d'animaux  placés  devant  une  construction 
(n"   30),  a  sa  réplique    h  Tello   et   h  Suse 

T.  2.-1.  pi.  m  ;  S.  448,  S.  45i.  pi.  \\\ll). 
Certains  de  ces  motifs  se  retrouvent  sur 
d'autres  monuments  de  même  épo<|ue. 
iiolammeut  sur  la  céramiiiue.  ce  qui 
prouve  qu'ils  sont  bien  de  l'FJam  et  du 
pays  de  Sumcr.  11  n'est  pas  jusqu'aux  ca- 
chets en  forme  de  petits  animaux  couchés 
(fig.  "(7),  qui  ne  se  voient  avec  sujet  gravé 
selon  la  même  Icciiniipie  di-  la  bouterolle 
dans'r.  I.")  &  T.  17.  pi.  Il;  S.  20«,  S.  210. 
S.  213,  pi.  Wll. 

Parmi  les  cachets  h  décoration  animale 
grossière  pi.  III  .'i  V).  nombreux  sont  les 
exemplaires  qui  ont  un  protoly|K;   susien 

S,  2r.O,  S.  2('.l,  pi.  WIV:  S.  2Hl  à  S.  iS3. 
pi.  \\V).  La  forme  même  du  sceau  en 
bouton  (n"  12('>  à  I30i  se  rrlnmvc  ainsi 
que  son  décor  géométrique  à  Suse  S.  2V 
à  S.  32,  pi.  \IV;  S.  71.  pi.  WI). 

Il  semble  donc  bien  diflicile  de  faire  d« 


260 


SYRIA 


celle  gl>plique  un  témoignage  parliculier 
de  l'art  hittite.  Qu'il  faille  tirer  certaines 
conclusions  de  la  présence  de  tant  d'exem- 
plaires du  même  style  en  territoire  hittite 
parait  hors  de  doute  et  c'est  un  côlé  de  la 
question  des  plus  intéressants;  mais  n'est- 
il  pas  plus  juste  de  restituer  à  l'art  de  la 
Mésopotamie  et  de  l'Elam  primitifs  la  ma- 
jorité des  cylindres  des  deux  premières 
planches  du  ('atalogue  de  l'Aslimolean, 
et  un  certain  nombre  de  ceux  qui  sont  re- 
produits dans  les  planches  II  à  V?  La  pre- 
mière période  de  la  glyptique  hittite  (des 
origines  à  l'an  lîîOO),  se  trouverait  ainsi 
annulée,  ou  serait  du  moins  peu  repré- 
sentée; mais  cette  conclusion  ne  serait-elle 
pas  plus  conforme  à  nos  connaissances 
actuelles  '? 

G.    Cu.N  FENAL. 

Alte  Denkmaler  aus  Syrien,  Palàstina 
und  Westarabien.  Cent  planches  iii-'i-" 
publiées  sur  l'ordre  d'Ahmed  Djomai 
Pacha, commandant  la  i"=  Armée  turque. 
ministre  de  la  Marine.  —  Berlin,  Georg 
Keimer,  1918. 

Wissenschaflliche  Veroffentlichungen 
des  deulschea  turkischen  Denkmal- 
schutz  Kommandos.  I.  Sinm,  par  Th. 
W  lEi.A.M).  In- 4  de  l 'i.'i  pages  et  8  plan- 
ches. Berlin  et  Leipzig,  Waller  de  Gruy- 
ler,  l'J20.  —  II.  Die  griechisclu-n  I/t- 
srhri/len  der  Palaesiina  Terlia  westlich 
dfr'Arabn,  par  \.  .\i.t.  In-l'deGipages, 
ibid.,  1921.—  III.  Pelra  par  W.  Bacii- 
MK^y,  C-  Watzi^ger  et  Tu.  Wiecand. 
ln-4°  de  91  pages  et  2  planches,  Und., 
1921. 

Les  travaux  dont  on  vient  de  lire  les 
titres  inaugurent  une  série  d'études  qui 
embr.issera  toute  la  .Syrie.  M.  J.  F.  Schel- 
teman  remarcpié  que  celle  missinn  arché- 


ologique allemande,  attachée  à  l'expédi- 
tion de  Djemal  Pacha,  avait  été  inspirée 
par  l'exemple  de  l'expédition  française 
de  ISfiO  1).  Nous  n'aurions  pas  cherché 
à  établir  de  comparaison;  mais  puisque 
l'idée  en  est  venue  à  un  savant  étranger, 
nous  devons  nous  y  arrêter  un  instant. 

D'abord  les  conditions  sont  fort  diffé- 
rentes :  l'expédition  de  18fi0  apportait  la 
paix  en  Syrie,  non  la  terreur  et  la  ruine. 
Si  bien  que  Renan  put  travailler  en  toute 
sécurité  et  que  la  collaboration  nouée  avec 
les  habitants  de  la  côte  a  pu  continuer 
après  son  départ.  Le  résultat  aussi  a  été 
tout  autre.  Renan. travaillant  uniquement 
dans  l'intérêt  de  la  science,  a  révélé  les 
antiquités  phéniciennes  et  son  œuvre 
occupe  encore  le  premier  rang  parmi  les 
éludes  sur  la  Phénicie. 

Que  nous  révèlent  les  trois  fascicules 
publiés  jusqu'ici  par  M.  Wiegand  et  ses 
nombreux  collaborateurs?  Rien,  ou  du 
moins  bien  peu  de  chose.  Le  fascicule  sur 
le  Sinaï  sera  une  déception,  du  moins 
pour  ceux  qui  ne  prendront  pas  un  intérêt 
parliculier  aux  détails  de  la  guerre  au  dé- 
sert et  aux  vues  des  plaines  sablonneuses 
prises  en  avion  :  l'article  du  général  Kress 
von  Kressenstein  n'est  pas  à  sa  place  dans 
une  publication  archéologique. 

Nous  apprécions  l'utilité  des  relevés 
qu'on  nous  offre  des  ruines  de  llafir  el- 
'.\udja;  mais  il  eut  été  plus  utile  encore 
d'en  empêcher  la   destruction  à  peu  près 

(  l  )  J.  F.  SciiKLTKMA,r/ie  Lebnnon  in  Tarinail. 
Syria  and  llie  Powers  in  1860,  New-Haven, 
Ynlc  Univ.  l'ress,  l'.l20,  p.  181  :  «  Emulatiug 
Ihe  Kreneh.  whose  Syrian  expédition  o(  1860 
has  resulled  in  Ernest  llrnan's  Mission  en  Phé 
nkie,  Ihe  (iermuns  beliiuil  .lamal  Paslias  mili- 
Inry  efforts  exereised  tlieir  iafliienee  aiso  in 
tbe  arcbaeologiral  field  n. 


BIBLIOGRAPHIE 


261 


complète  par  l'armée  turque  (pii  a  édifié, 
sur  cet  important  champ  de  ruines,  de 
grandes  constructions  militaires.  Pendant 
ces  travaux,  d'intéressantes  trouvailles 
ont  été  faites  qui  ont  été  dispersées  et 
sont  perdues  pour  la  science,  sauf  une 
cruche  copte  ifig.  lO'J)  et  les  fragments 
de  deux  papyrus  grecs  chrétiens  (p.  110  et 
suiv.)  Décidément,  le  deuischc-lurkisclie 
Denkmalschutz-Komniando  [)araît  avoir 
manqué  d'une  organisation  sérieuse  el 
surtout  d'autorité.  Le  titre  de  Sinni  (|ue 
porte  ce  fascicule,  grand  in"!",  est  un 
leurre,  tant  l'exploration  de  cette  région 
a  été  restreinte. 

Le  deuxième  fascicule  n'est  pas  à  ins- 
crire à  l'actif  de  la  mission  archéologique 
allemande.  C'est  dans  son  cabinet  de  tra- 
vail (pie  M.  A.  .\lt  a  soigneusement  col- 
ligé  les  I.'IO  inscriptions  grec<|ues  (Ij  de  la 
l'alestiiie  désertique  qu'il  republic.  Il  n'y 
a  pas  là  de  textes  nouveaux  ;  la  plupart 
ont  été  découverts  et  publiés  par  les  i'I'. 
français  .\bel,  Jaussen,  Savigiiac  et  Vin- 
cent diinl  les  noms  reviennent  presque  à 
chaque  page;  d'autres  ont  été  relevés  par 
des  Américains  ou  des  .\nglais;  l'apport 
de  la  mission  archéologiipie  allemande 
est  insignifiant.  Le  commentaire  lui-même 
n'olTre  rien  de  bien  nouveau  ;  il  enregistre 
souvent  les  lectures  et  explications  de 
M.  Clermont-Ganncau.  Ce  fascicule  rendra 
cependant  service,  car  ces  textes  étaient 
jusipi'ici  extrêmement  dispersés. 

L'étude  sur  Pétra  est  le  fruit  d'une 
visite  de  quinze  jours  à  ces  ruines  cé- 
lèbres,   poursuivie     par     MM.    Wiegand, 

(1)  Les  quelques  noms  arabes  fournis  par  les 
papyrus  do  l.lafir  el-'Audja  sont  enregistrés 
dans  l'Index  des  noms  de  personnes  avec  de 
meilliuiros  restitutions  que  dans  le  fnseioulo 
précédent.  Au  pap.  I ,  li{!--.  restiliier'AXaç[>Oo;). 


Watzinger  et  Hachmann,  accompagnés 
d'un  médecin  de  Fribourg-en-Brisgau, 
d'un  aspiraMt-officier  servant  d'interprète, 
Abraham  Eiïendi  de  Smyrne,  et  de  deux 
volontaires  allemands  MM.  .\lbcrt  Hempcl 
de  Kerkouk  et  Léopold  Wagner  de  t^aifTa. 
Si  les  relevés  concernant  les  édifices  civils 
lie  Pélra  ne  nian(iuent  pas  d'intérêt,  tou- 
tefois, là  encore,  l'exploration  est  restée 
superficielle  et  devra  être  reprise. 

[■'.a  somme,  résultats  très  modestes, 
nr)yés  dans  un  plan  trop  vaste  bien  que 
restreint,  jusqu'ici  tout  au  moins,  aux 
anticpiités  grecques,  qui,  malheureuse- 
ment, sont  le  plus  souvent  de  très  basse 

époque. 

Henk  1)i  ssai  II. 

Relation  d'un  voyage  du  sultan  Qàitbây 
en  Palestine  et  en  Syrie.  Ir.uluii  de 
l'arabe  par  Mme  H.  L.  Devosshiiie  (cxtr. 
du  Bulletin  de  rinslitiit  l'rant;ais  d'ai- 
chéol.  orient.,  t.  W).  IJroch.  \n-i°  de 
42  pages,  deux  planches  et  une  carte. 
Le  Caire,  i'JlM. 

Mme  II.  L.  l)e\onshire  a  été  heureu.se- 
mcnt  inspirée  eu  donnant  une  traduction 
française  de  l'intéressante  relation  du 
voyage  effectué  en  Syrie  par  le  sultan  (>ait- 
bey  en  l'an  «S2  de  1  hégire  (liTT  ap.  J.-C). 
L'auteur  de  cette  relation,  dont  le  nom  a 
échappé  à  Lanzone  dans  son  édition  du 
texte  arabe  ;1878).  est  indii|ué  par  le  Cata- 
logue des  manuscrits  arabes  de  la  Biblio 
thèiiue  Khédiviale  au  Caire:  c'est  .\bou  el- 
Ba(ia  (I  . 

Il  existait  déjà  une  traduction  allemande 

(I)  Le  ms.  arabe  n°  .-ilUH  de  la  Itibliothôque 
Nationale  est  une  copie  de  celui  du  Caire  ;  cf. 
11.  Doronbourg,  Lesmss.  nnihfs  de  la  collection 
Schefer.  à  la  Bibl.  V(i(.  lextr.  de  Jourmtl  ilrs 
savants,  i90l),  p.  23-34. 


262 


SYRIA 


due  à  Gildemeisfer  (1).  mais  il  était  natu- 
rel de  rendre  ce  récit  accessible  au  public 
de  langue  française  et  nous  devons  en  re- 
mercier la  savante  traductrice.  Il  est  regret- 
table, toutefois,  que  les  spécialistes  1res 
qualifiés  dont  elle  a  pris  conseil,  ne  lui 
aient  pas  signalé  le  mémoire  de  M.  Cler- 
mont-Ganneau  (2  dans  lequel  le  savant 
maître  a  résolu  la  plupart  des  problèmes 
topographiques  soulevés  par  ce  texte. 
Nous  indiquerons  ici  les  corrections  les 
plus  indispensables  pour  suivre  l'itiné- 
raire du  sultan,  en  notant  par  les  ini- 
tiales Cl. -G.  ce  que  nous  empruntons  au 
mémoire  en  question. 

P.  6  :  L'auteur  du  récit  rejoint  la  cara- 
vane du  sultan  à  Khan  Miuyé  ou  Mounyé 
voisin  de  Tibériade  i,Cl.-G.),  après  avoir 
visité  divers  tombeaux  (et  non  pas  :  En- 
suite nous  visitâmes...).  La  traduction,  à 
propos  du  tombeau  de  Abou  IJoreira  (l'a- 
rabe vocalise  bien  ;  la  traduction  donne 
à  tort  Harira),  saute  la  mention  «  à.Yeb- 
na  ».  —  P.  7  :  Il  eut  fallu  noter  que  Mou- 
leiha  n'était  autre  que  Mellal.ia  au  N.-O.  du 
lac  de  Houle  (Gildem.  et  Cl. -G.).  Mme  D. 
hésite  entre  Djisr  Zcitoun  et  DjisrZannoun 
qui  ne  correspondent  pas  à  des  vocables 
connus  dans  la  BeqAa.  M.  Cl. -G.  a  songé 
à  Zeinoun,  mais  Deir  Zeinoun  parait  en 
dehors  de  la  roule  suivie.  Le  nom  de  Djisr 
Zenoub  n'aurail-il  pas  été  donné  au  pont 
do  Djoubb  Djenin  sur  le  Litani.  à  cause 
de  la  proximité  de  Tell  Zenoub?  —  P.  9  : 
la  vocalisation  cl-Hadalh  du  texte  arabe 
est  bonne  (^non  el-lhulitli)    —  P.  Il  :   le 


(1)  Zeilsrhrifl  des  denUrlie.n  l'alnesliim-Vf- 
reim,  III,  p.  >2it>etBulv. 

(3)  La  relation  du  voyage  du  sultan  Qait-lmy 
en  Syrie,  dans  Itecueil  d'archM.  orient.  111, 
|).  -248-2.^8. 


texte  porte  correctement  esh-Shoghr  (non 
esh-Shoghry).  —  P.  12  :  le  texte  de  Lanzone 
est  évidemment  fautif,  il  faut  lire  Habib 
en-Nadjdjar  (Cl.-G.),  nom  du  saint  bien 
connu  d'Antioche.  —  P.  12  et  13:  il  ne  faut 
pas  hésiter  à  lire  Baghras  au  lieu  de 
Baghrad.  —  P.  13:  M.  Clermont-Ganneau 
a  montré  que  la  citadelle  visitée  après 
Baghras  était  Darbesak.  —  P.  H  :  la  voca- 
lisation '.Amiq  (non  'Amak)  du  texte  arabe 
est  à  conserver.  Par  contre,  il  faut  corriger 
Boughra  en  Yaghra  (Cl.-G.).  De  même,  il 
ne  fallait  pas  hésiter  à  corriger  les  mau- 
%  aises  graphies  pour  'Azaz  (le  texte  arabe, 
p.  !■),  porte 'Azzâz,  non  Ghazz/îz  comme 
note  la  traduction)  et  Mardj  Dabiq.  Même 
page,  ligne  4,  le  sultan  se  rend  à  Yaghra 
pour  examiner  le  pont  et  le  kliaii  (non  les 
ponts  et  les  khans). 

Le  sultan  pousse  par  ".Aintab  justiu'à 
Biredjik  où  il  contemple  l'Euphrate,  ce 
qui  a  toujours  été  le  rêve  du  maître  de 
l'Egypte.  Il  revient  par  Alep  (P.  1.5,  lire 
(I  Nahr  el-Qouweiq  »  au  lieu  de  «  Bahr  el 
Qouiq  »).  Hama,  Iloms.  De  là,  il  gagne 
llasya  (Cl.-G.  ;  non  Hama,  comme  noie  la 
traduction,  certainement  par  une  faute 
d'impression),  Qara.  Nebk  où  le  sultan 
passe  la  journée  du  mercredi  (il  est 
indiqué  à  tort  que  cette  journée  est  passée 
à  Qara),  Qouteifé,  Qouseir  et  Damas.  L'iti- 
néraire détaillé  de  Damas  en  Egypte  par  ■ 
la  grande  voie  de  Djisr  Benat  Ya'qoub  a 
été  élucidé  par  M.  CI-G. 

Mme  Devonshirea  fait  suivre  ce  curieux 
récit  d'une  notice,  extraite  de  Vllistoire 
d'Egypte  d'Ibn  lyàs,  où  sont  rapportés  les 
propos  que  le  voyage  avait  suscités  en 
F^gyptc  :  le  sultan  tombé  malade  à  Hama 
failli!  ne  pas  rentrer  au  (^aire. 

René  Dlssaud. 


BIBLIOGRAPHIE 


263 


NOUVKLLKS  ARCIlROLOGIQUKS 

Byblos  et  l'Égyple. 
Kciiiin  avait    ircohi:  r.n    ISOO,  sur  plu- 
sieurs points  de  la  cùle  de  Syrie,  dos  an- 
liquilés  (''«yplieniies  qui  paraissaient   im- 
portées   de    la    vallée    du    Nil,  mais    le 
fragment   hiéroglyphique  (ju'il  trouva  à 
Byblos    présentait     autrement    d'impor- 
tance.   Km.   de    Rougé    reconnut   que   ce 
fragment  provenait  d'un  temple  ou  d'un 
palais  exécuté  à   liyblos  même,  en  pierre 
du  pays,  par  une   main    purement  égyp- 
tienne. En  dépil  de  ce  diagnostic  si  précis 
que  confirma  plus  tard  la  découverte  de 
deux  nouveaux  fragments  hiéroglyphiques 
(jui  entrèrent  dans  la  Collection  Loeytved, 
personne  ne  semblait  encore  avoir  songé 
à  retrouver  les  ruines  de  ce  temple,  que 
mentionne  pourtant  un  passage  du  l'oydryc 
d'un   Hgypiicn  (Ij.   En  l'.tl'J,  désigné   par 
M.  lliivclin  pour  faire  partie  de  la  Mis.sion 
de   Syrie    organisée   par   l'Lniversité    de 
Lyon,  je   me  rendis   à   Byblos  et  j'y    sé- 
journai  deux    semaines   avec  respi)ir  d'y 
relever  de    nouvelles  traces   du  passage 
des  Egyptiens.  Les  indigènes  avaient  jus- 
lemeul  fait   sortir   du   sol  dans  ces  der- 
nières  années  cinq   fragments    hiérogly- 
phiciues  d'importance  diverse,  un  fragment 
d'une  stèle  de  basse  époque,  couverte  de 
textes  magiciues   analogues  à  ceux  de  la 
stèle  Metlernich,   dont    le   P.    Ronzcvalle 
avait  eu  connaissance  le  premier  et  donl 
il  me  remit  d'excellentes  photograiihies, 
puis  deux    fragments  d'une   stèle   érigée 
par   Kamsès  11  et  un  fragment  de   bas-re- 
lief portant  en  beaux  hiéroglyphes  le  nom 
de  Thoutmes  111.  11  faut  mentionner  à  part 
un  bloc  qui  forme  actuellement  la  pierre 

(i)  Ihipyriis  \ ;i(i,s/fi,s'i  1.  20,7  dans  Gvudinf.ii. 
r.(jYpli(in  lùeiiilic  lexls.  p.  11. 


angulaire  d'une  maison  indigène,  orné  sur 
une  de  ses  faces  de  deux  tableaux  symé- 
triques, gravés  au  Irait,  qui  représentent 
un  roi,  dont  les  noms  ne  sont  plus  lisibles, 
tendant  une  offrande  à  un  dieu  et  à  une 
déesse,  désignés  l'un  et  l'autre  par  l'épi- 
Ihète  nb  Kbn  ou  nhl  Kbn  <<  seigneur  >  ou 
<(  dame  de  Byblos  ■>.  Cette  épilhète  est 
donnée  à  la  déesse  llalhor  dans  des  textes 
éfryptiensdu  moyen  Empire.  Mais  surtout, 
i'orliiographe  du  nom  de  Byblos  surnotre 
bas-relief  doit  retenir  l'attention.  C'est 
I  orthographe  archaïque  à  la(juclle  succéda, 
il  partir  de  la  12'  dynastie  une  ortho- 
grapiie  nouvelle  A'/jn(li. 

Ces  trouvailles  portent  A  huit  le  nombre 
des  fragments  hiéroglyphitiucs  sortis 
jus(|u'à  présent  du  soi  de  Djebaïl.  Leur 
présence  serait  inexplicable  si  l'on  n'ad- 
mettait que  les  Pharaons  ont  bàli  sur  ce 
point  de  la  c^^le  de  Syrie,  où  leurs  négo- 
ciants allaient  constamment  chercher  les 
i)eaux  arbres  du  Liban,  un  ou  plusieurs 
sanctuaires.  Quelques-uns  de  ces  frag- 
ments ont  clé  relevés  à  la  place  même  où 
les  indigènes  les  ont  extraits  du  sol, dans  le 
(|uarlinr  compris  entre  la  citadelle  et  la  mer. 
C'est  dans  ce  quartier  qu'il  faudra  chercher 
ce  qui  reste  du  monument  égyptien. 

M.  Clermonl-Cianiieiu  a  bien  voulu 
donner  lecture  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions, dans  une  séance  de  mars,  d'une 
noiice  que  je  lui  avais  envoyée  sur  le 
temple  pharaonique  de  Byblos  et  dont 
celle-ci  n'est  que  le  résumé.  Le  résultai 
de  cette  lecture  fui  que  l'Acndémic  décida 
de  faire  entreprendre  le  plus  lAl  possible 
des  fouilles  sur  le  sile  de  Byblos  qu'il 
avait  toujours  été  dans  son  intention  do 
faire  explorer  à  fond.  Il  est  probable  que 

H)  K.  Skthe.  dans  YAefiyplisihe  Zeitschri/I, 
t.  XLV,  pp.  0  ot  sqq. 


264 


SYRIA 


les  fouilles  de  B>blos  commenceront  dès 

cet  automne. 

Pierre  Montet. 

Strasbourg,  le  ?i  mai  19-21. 

Une  nouvelle  Bibliothèque  archéologique 
et  historique. 

Dans  linlention  défavoriser  les  études 
archéologiques  et  historiques  concernant 
la  Syrie,  le  général  Gouraud,  Haut-Com- 
missaire, sur  la  proposition  de  M.  de  Caix, 
secrétaire-général  du  Haut-Commissariat 
et  de  M.  V'irolleaud,  Conseiller  pour  l'Ar- 
chéologie et  les  Beaux-Arts,  a  décidé  de 
créer  une  Bibliothèque  archéologique  et 
historique.  Le  premier  volume,  qui  vient 
de  paraître  et  dont  nous  aurons  l'occasion 
de  rendre  compte,  a  pour  titre  :  .Abou 
YoL'soF  Ya'kolb,  Le  Livre  de  l'impôt  fon- 
cier (Kitâb  el-hharâdj],  traduit  et  annoté 
par  E.  Fagnan,  chez  P.  Geuthner  à  Paris. 
D'autres  ouvrages  sont  en  préparation. 

M.  Ch.  ViroUeaud  qui  dirige  le  service 
des  .antiquités  et  des  Beaux-Arts  de  Syrie 
avec  autant  d'activité  que  d'autorité  scien- 
tifique, a  présenté  au  public  cette  nouvelle 
Bibliothèque  dansun  Avant-propos  où  il  en 
explique  l'objet  et  l'utilité.  Nous  ne  pou- 
vons mieux  faire  que  de  le  reproduire  : 

(1  //  y  aura  bientôt  deux  ans  que  la 
<(  Revue  d'art  oriental  et  d'archéologie  i>, 
qui  porte  le  titre  de  Syri.\,  a  été  fondée  sur 
l'initiative  de  .M.M.  Pottier,  Migeon  et  Das- 
saud,  et  l'on  sait  que  cette  magnijîque  pu- 
blication a  été  accueillie .,  en  Orient  comme 
en  Europe,  avec  la  plus  grande  faveur. 

V  Du  moment,  en  effet,  que  la  France 
avait  pris   en  main   ta   direction  des  re- 


cherches archéologiques  en  territoire  sy- 
rien et  libanfti:i,  il  était  nécessaire  qu'une 
revue  spéciale  fût  consacrée  tant  à  l'ex- 
posé des  résultats  acquis  qu'à  la  discussion 
des  questions  nouvelles,  et  c'est  également 
dans  SïRi.v  qu'on  trouvera  le  compte  rendu 
des  fouilles  qui  ont  été  amorcées,  cette 
année  même,  sur  la  cote  de  Phénicie,  à 
Damas  et  dans  la  vallée  de  l'Oronte. 

u  Cependant,  comme  le  nombre  des  do- 
cuments croit  tous  les  jours  et  que  la  di- 
versité des  problèmes  est  très  grande,  il  a 
paru  qu'il  était  utile,  sinon  tout  à  fait  in- 
dispensable de  créer,  sans  attendre  davan- 
tage, une  Bibliothèque  archéologique  et 
historique  du  Service  des  Antiquités  de 
Syrie,  c'est-à-dire  une  collection  de  mono- 
graphies relatives  aux  institutions,  aux 
cultes  et  aux  arts  des  diff'érents  peuples  qui 
se  sont  succédé  en  Syrie,  depuis  les  origines 
jusqu'aux  temps  modernes. 

«  Ainsi,  la  Revue  SvRi.i  et  la  Biblio- 
thèque archéologi(iue  se  prêteront  un  mu- 
tuel appui,  et  l'on  peut  estimer  que  ces  deux 
recueils  réunis  apporteront  une  impor- 
tante contribution  à  la  connaissance  d'un 
pays  dont  le  sol,  qui  a  déjà  livré  bien  des 
textes  précieux,  recèle  encore,  sans  aucun 
doute,  le  mot  de  tant  d'énigmes. 

(c  //  convenait  que  l'ère  de  liberté  qui 
s'est  ouverte  pour  la  Syrie  en  1919  Jût 
marquée,  dans  le  domaine  des  sciences 
historiques,  par  une  sorte  de  renaissance. 
M.  te  général  Gouraud,  Haut-Commissaire 
(le  la  République  Française,  l'a  bien  com- 
pris dès  le  début,  et  la  fondation  de  la 
présente  Bibliothèque  n'est  que  le  plus  ré- 
cent témoignage  de  l'intérêt  qu'il  daigne 
porter  à  nos  travaux.  <> 


Le  Gérant  :  P.\ii.  GELniNtii. 


jU62-U>-21.  —  Tours,  Imprimerie  E.  AunitLi  cl  C". 


L^'- 


LES  nAN()L-'AN>  \Z 

l'Mt 

CLKMKM    IILAHT 


|„i  liilli'  riilii'  li'N  lliMiidcs  t'I  li's  Sr|iliiiu(|i(l('>.  ciilii'  l'i'lciiii'iit  iiatiii'ii  iinli- 
j,'('ni'  il  le»  ('(ivaliissi'urs  turcs.  i('m|ilil  luiid'  la  [irtMiiiiTO  moitié  du  oii/ii-iiu'  .siècle 
de  notre  crc.  L  enjeu  <li'  la  (lis|mti'  rlail  la  |Mi''|MMidi'Taii(e  dans  le  Klialilat  j>ar 
la  possession  efleclive  de  Haf^dad.  ia|iila!c  di>  KlialilVs  Ahhassides,  diiid  le 
pouvoir  temporel  avait  com|dètement  disparu.  mai>  dnnt  l'inlluence  spirituelle 
dominait  le  monde  mustdman.  An  milieu  des  timildes  ipii  aeenmpa^'nèrent 
les  alla(|lle>  de-  Tuiis  e|  de>  quereilo  itde-lilie-.  ipii  alVailililiMit  la  famille  de 
|{(iii\'.  (le  petits  Ktal>  >e  (-n'èn-nl,  cpii  ne  lurent  pa>  a»e/.  |iui>sants  p<iur 
mener  une  e\istene(>  indi-pendante.  mais  vi-enreid  en  >e  rattachant.  |)ar  des 
lieii>  d'une  \assalile  a->e/,  laelie,  à  lid  ou  lel  >ou\eraiii  ipn-  la  lortune  des 
arme>  la\ori>ail.  Telle  e-l  celle  dxnastie  des  Hainm-'.Vnnà/..  <pii  ;:ouverna  [len- 
danl  ceiil  ticnli'  au>  liuiaire-  la  ((mlri'-e  de  l.hdwànelde  Kirmàncliàli,  c'est-à- 
dire  la  roule  même  (pii  de  Ua^dad  dormait  accès  à  llamadan  et  aux  hauts  pla- 
teaux de  riràq-'ailjèmi.  Les  historiens  la  néifligi-id  ^ém''ralenieiit.  et  V  Hiiri/rlo- 
pihlir  tir  l'Isliiiii  la  passée  sous  silem!e.  Elle  a  pourtant  juni-  un  rôle  dans  les 
éveriemeni>  i|iii,  à  cette  ('-poipie.  chan^èreid  la  l'ace  des  (dio>es  dans  l'Orient 
musulman.  Les  pages  ipii  Miivenl  >onl  destim'es  à  faire  revivre  ces  lij;ures 
oubliées. 

Dynastie  I'E-.   IUmh  -Anna/  i''. 
.\bou'l-Fall.i  Mul.ianmied  bcu  '.Vnnà^. 

! 

i ]  i  I  . 

Abou'cii-Cliauk  IViris.  .\bou'I-Màdjid  Molialliil.  Surivhàb.       Soda. 


III'  III 

Abou'l  l'ail.!.      Soiià.     Mol.iamnicd.   Màlik.   Abou'l  riiianàUn.  Bodr.   Abou  l-'Askar. 

l'i   Lu  tuMi'    (lui   rifiuio  on  luargo  du   TiirtUli   Munatljdjim-biHlii,  t.  11.   p.  503,  i-sl    iiioompléU- 
et  erroiu'o. 

SvRn.  —  n.  ."M 


266  SYRIA 

I.  —  Abol'l-Fath  .Mohammed  ben  "Annàz. 

Sauf  un  seul,  tous  los  membres  de  cette  famille  portaient  des  noms  arabes, 
et  pourtant  ils  étaient  dorigine  kurde;  le  fondateur  de  la  dynastie,  Moham- 
med, était  le  chef  des  Kurdes  Chàdhendjàn»",  et  régna  vingt  ans  à  Hohvàni-', 
dont  il  fut  le  prince.  "Annàz,  nom  de  son  père,  signifie  a  celui  qui  porte  un 
javelot  Ç(ina:(i)  » . 

Quant  à  lui,  il  fut  d'abord  au  service  du  Bouïde  Abou-Naçr  Bèhà-ed-daula, 
iils  d  "Adod-ed-daula  Fennà-khosrau,  fils  lui-même  de  Rokn-ed-daula.  qui 
succéda  à  Bagdad  à  Chéref-ed-daula  ;  c'est  ce  prince  qui  déposa  le  khalife 
abbasside  et-Tà'i'  en  381  (991)  pour  payer  la  solde  des  troupes  en  saisissant  le 
trésor,  enleva  le  Fàrs  aux  enfants  d'izz-ed-daula  Bakhtivàr,  conquit  le  Kirman. 
et  miiurul  en  i03  (1012),  à  l'âge  de  42  ans,  après  avoir  exercé  le  pouvoir 
pendant  vingt-quatre  ans'^'.  C'est  sans  doute  pour  récompenser  les  services 
rendus  à  son  maître  qu'il  avait  obtenu,  à  titre  de  fief,  la  ville  de  l.Iolwân, 
mais  l'histoire  est  muette  sur  ce  point. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  à  propos  de  la  ville  de  Uaqoùqà*'' que  Moham- 
med ben  '.Vnnàz  prend  ligure  de  chef  d'armée.  Il  s'en  empara  en  387  (^997). 
Cette  ville  passa  d'ailleurs  en  plusieurs  mains  au  cours  de  cette  même  année. 
Elle  appartenait  alors  à  un  clief  de  la  tribu  arabe  des  'Oqaïl'^'.  I.Iosàm-ed- 
daula  el-.Mo([alliil  ben  el-Mosayyib,  (jui  s'était  emparé  de  Mossoul  en  386  (99lîj 
à  la  morl  de  son  frère  Ab(>u"dh-Dh;i\vwàd.  malgié  sa  propre  tribu,  qui  préférait 
son  frère  'Ali  en  sa  qualité  d'aine  ;  mais  el-.Moqallid  mit  t\o  son  côté  une  partie 
de   la  garnison  île   la  ville   et  s'engagea  à  verser  à  Béhà-ed-daul;i    un   triliut 

('>  1iin-Kiuij)oCn,  A'iW/)  et-'//)ar, éd.  ili' Bou-  dem    Geschlechie   Bitjeli,    p.    84;    IIamdollau 

laq,  t.  IV,  p.  ylfi.  MusTAUi-i,  Tàrikh-i  Gozidè,  éd.  cl  frad.  Gan- 

(')  Ville  sur  la  fronlière  de  T'Irùq-'anibi  rt  lin,  t.  I,  pp.  176-177;   éd.  Brownc,  p.  -430  (la 

du  T'IrAq-'adjéini,  au  pied  des  moutngiies,  à  date  de  404  donnée  par  col  auteur  est  erronée)  ; 

cinq  relois  de  Bagdad.  Mcrdrid,  I.  1,  p.  314  ;  1iin-kl-Atiiîii,  Chrunicon,  éd.  Tornberg,  t.  IX, 

YAqoCt,  Moschiarik,  p.  14"2;  Hibtiolheca  ijt'Oijr.  pp.  55,  16'J. 

arab.,  t.  IV,  ù  l'index;  Abou'l-Féda,  Oéoijra-  (*)  Ville  entre  -Vrlièles  cl  Bagdad.  Mèniçid, 

phie,  l.  I,  pp.  306-307;  DiMAcngl,  Cosmoiira-  t.  I,  p.  405;  Abou'l-Féua,  Géoyr.,  t.l.p.  286; 

p/iie,  Irad.  Meliren,  p.  '250.  YÀgoCT,  Moschiarik,  p.  181. 

l'i  MIrkuomi,  Itaiizat  eç-Çafd,  t.  IV,  p.  .'il;  t^'  Prononcé  aujourd'hui  'agél  en  Syrie. 
^  Fn.   Wii.KK.N,   Gfschichie  der  Sultane  ans 


LES     IJANOU-'ANNAZ  267 

annuel  de  deux  millions  de  diiliems,  sonuiie  léduile  [dus  tard  à  dix  mille 
diiiais  jiaAés  en  uni-  seule  fuis.  i\  la  suile  de  tombals  ipii  se  terminèrenl  par 
une  réeoneilialinii  :  le  nouveau  luaiti't;  di'  Mossoul  nCul  plus  à  paver  que 
le,  droit  de  protectorat  {resm  fl-liitiuhja).  Ce  clief  aral)r.  (|ui  ('-tait  iiorgne,  enleva 
l)a<|où(jà.  à  la  date  piveitée.  à  Djibràïl  heu  .Mol.iaïuuied.  l'autassin  persan  de 
la  gariiJMju  de  l>ai;iJad.  ijui  s'idaii  ('-levé  au  rang  de  coiulottiere  et  a\ ail  ras- 
senddi'.  eu  vue  de  ra/./.ias  ou  plutôt  de  chasse  à  l'esclave,  uiu'  troupe  (dusidi';- 
lahle.  (|u'il  avait  uuMiie  daruies  ;  sur  sa  rtuite.  il  passa  près  de  |la(|où(p"i  alors 
investie  par  el-.\l(i(pillid  :  les  liahilanK  de  la  ville  iMijdurèi-ent  le  ^eeuurs  du 
condottiere  (pii  les  protégea  et  les  iléreudit.  Or  il  y  avait  dans  celle  même 
ville  i\\'U\  chrétiens  qui  \  dominaient  et  en  avaient  réduit  les  haltitaids  [mu- 
sulinans|  à  l'esclavage:  un  gr(iu[ie  de  ces  dei'uiers  alla  Inuiver  Itjihr.id  pour 
lui  i-eprésenter  (piavant  tie  courii'  à  la  guerre  sainte,  il  devait  délivrer  la 
ville  (le  IVippression  ipii  |iesait  sur  elle;  suivant  ce  conseil,  il  réussit  à  s'em- 
parer de  ces  deux  chrétiens  el  à  devenir  le  niaitre  de  la  cili'.  (pi'il  ii-ajta  avec 
justice'".  Puis  ce  tut  le  tour  d'td-Moqallid  dv  dominer,  ius(|u'au  moment  où 
ell(^  jtassa  en  la  jiossessiou  de  iMohauiined  heu  Anna/.  :  plus  lard,  elle  fut  prise 
paiOirvvàch'-'  :  ensuite  elle  passa  an  ponvuii-  de  Fakhr-ed-daida  \ipnu-(ihàlib'^'. 
.VIors  ce  même  Djihràd  i-evinl  à  la  charge,  avec  h;  concours  d'un  émir  luirde 
nommé  Aloùçak  hen  Djakôvé;  tmis  deux  renvoyèrent  les  agents  de  Fakhr-ed- 
daula  et  s'em[iarérent  de  celle  Incalili'.  Alhupo's  eu>uile  pai-  lîedràn  heu  el- 
.\loiialli(l>"  ipii  les  vaintpiil.  ils  perdirent  celle  possession. 

Kn  '.Wl  (100(i-|0()7  ).  .MohamuR'd  hen    .\imà/.  s'était  ré-fugié  auprès  de  lîàli' 

C  IiiN-KL-Ariihi,  I.    l.X,  pp.  88,  !I5,  ilG.  V.\  ■  h  la  nVislimce  tli' sos  iiu.\iliairi's  (li''ïir'iiiiU's,  In 

Moqnllid  fut  assiissiné  on  391  pur  ses  o.sohivrs  victoire  sur  Alioii'l-AbbAs  brn  Wûril,  scijtnciir 

lurca,  ù  el-.\iibi\r,  pour  se  vcuger  dos  o-xi'cti-  île  lîarra,  violoiro  docisivc  qui  iiinri|ua  la  (in 

lions  uuxqui'lli'S  il  s'éluil  livré  sur  leurs  ca-  ilii  piuivoir  de   ce  personnagi".   Iiinki.  .Vruiii, 

maradcs  qui  avaient  pris  la  fuite  ;luN-i;i.-.\Tiiin,  I.  IX.  p.  \'M. 
(.  IX,  p.  IKii.  ('i  Aboul-FadI  IledrAn  élait  le  frère  de  Qir- 

1*1  .Vbou'l-Mèui'  .Molainaii-i(l-<laiila  (Jiiwàih  wAeh;    il    enleva    er-Ual.iba    [sur   l'Euplimlo. 

élait  le  fils  aine  d'el-Moqallid  et  lui  sueivila.  eiilre  Ilaqqa  el  'Anaj  à  'Isii  bon  Khilàj  on;i99; 

Il  joua  un  riMe  eonsidérable  dans  les  guerres  yirvvAeh  lui  restitua  Na^ibin  en  H7;  il  n'prit 

Intestines  qui    désolèrent    ees    régions.    Ibn-  eelte  villeà  Nnïr-eil-daulabeu  .MervvAn  eu  119; 

ChAkirel-Kotobi  lui  a  consacré  une  noiicc  bio-  il  l'obtint  de  nouveau  «le  Naer-ed-ilaula  apK-s 

t'rapliique,  l'awdi  el-\\afayiil,  t.  H,  p.  163.  avoir  leulé  en  vain  de  s'en  emparer  de  vive 

I''    Kakbr-cd-daula   ((i/i<i.'i   el-Molki  élait   le  forée  eu  ('21  ;  il  mourul  en  42.">.  Ihn-el-AtiiIii, 

miuisliv  de  H.bà-eil  ilaula:  il  remporla,  grà.v  l,  IX,  pp.  148,  -219,  i57,  -281»,  -«gS. 


2ns  S  Y  11 1  A 

lii'ii  .Mi)l.iairiiiiccl  bcu  -MiKin'"  lorsque  Bedr  ben  Ijasanôyô '-'  lui  avait  enlevé 
i.ldhvàn  el  Qiniiisin'^'.  Bedr  cuNoya  un  messager  à  Ràfi'  pour  lui  rappeler 
raniitié  qu'il  avait  pour  son  père,  les  droits  quil  avait  sur  lui  Ràli'.  le  blâmer 
de  l'asile  aceordé  à  sou  adversaire,  et  lui  demander  d'éloigner  celui-ci.  pour 
que  lui,  iJedr,  pût  eontimnn-  d'èlre  fidèle  à  ses  engagements  et  à  son  ancienne 
auiitié.  Kàli'  n'acquiesça  pas  à  cette  demande  :  alors  Bedr  envoya  un  corps 
e\j)édi(innnaire  vers  les  possessions  de  Uàli'  à  l'est  du  Tigre  et  les  pilla.  Ces 
tr()Ui)es  alta(iuèrenl  la  maisou  de  Ràfi"  à  el-Matira<'',  la  pillèrent  et  l'incen- 
dièrent ;  puis  elles  se  dirigèrent  vers  la  forteresse  de  Berdàn  qui  appartenait 
également  à  Ràfi',  s'en  emparèrent  de  vive  force,  brûlèrent  les  récoltes  qui  y 
étaient  renfermées  et  comblèreul  les  puits.  Ainsi  repoussé  des  Etats  de  Ràfi'. 
Mohammed  ben  "Annàz  se  rendit  à  Bagdad  auprès  d"Amid-el-Djoyoùcb.  qui 
lui  donna  un  vêtement  d'honneur,  lui  fit  des  présents  généreux  et  lui  promit 
son  aide'^'. 

'.\mid-el-r)joyoùch  («  soutien  des  troupes  »)  est  le  titre  qui  fut  donné  à 
.\bou-'Ali  el-ï.lasan  ben  Abi-Dja'far  Ostàdb-IIurmuz'''',  général  du  Bouïde 
Çamçàm-t'd-daula  '"'.  lors(pi  il  fut  chargé,  en  iiOO  (1000),  du  gouvernenu'iit  du 
Kboùzistan  ou  Susiane,  province  ruinée  par  les  exactions  de  sou  précédent 
gouverneur.  11  avait  rendu  de  grands  services  à  son  maitre.  Kn  383  (!H)3),  il 
s'était  emparé  de  la  forteresse  où  s'étaient  ré-fugiés  les  lils  de  |{akhli\àr^^^i  ; 
en  387  (!M)7),  il  avait  été  chargé  dune  mission  auprès  des  mercenaires  déïlé- 
uiites  en  vue  de  leur  distribuer  de  l'argent  :  il  s'empara  de  Djondéï-Sàboùr  (pii 
appartenait  à  B(''hà-('d-daula  et  chassa  les  uierc(^naii'es  turcs  du  Khoù/.istaii.  de 
sorte  ipi'il  resta  maitre  du  pays.  Çamçàm-ed-daula  ayant  été  mis  à  mort  en 
dhou'l-hidjdja  388  (iléc.  W)H)  a|u-ès  avoir  régné  dans  le  Kàrs  neuf  ans  et  huit 

\'>  Suriioimnc  Almu-Dii'  fl  Cliiliàlj-cd-dinila  ;  son  nom  ;  elle  est  fréquitnmeut  cilôe  daus  los 

fp  chef  nral)C  ('tnit  poMf  cl  mourut  en   401).  poésies  des  khalifes.  Cf.  ;U<"'r(ivtf',  t- HL  P-  "'• 

liiN-Ei.-.\riiin,  I.  IX,  i.p.  9'i,  183.  i-'i  liiN-Ki.-ATiiiu,  I.  IX,  p.  138. 

1^1  Fondateur  de  lu  dyii».-*lie  kurde  des  Nasa-  C'i  Ce  nom   persan    du    père    de  'Amid-el- 

niVides  à  Dinnwar.  Djoyoùch  si'jnifle  «  Celui  qui  a  Almra-Ma/.da 

('I  Nom  arahe  di!  KirniAneliAh.  Cf.  Bafiiukii  pour  maitre  ». 

i)K  Mkin.miii,  Dictioiinnire  <le  In  Perse,  p.  438.  (•>     Autre      fils     d'Adod-ed-daula      Kennà- 

I*»  riourgade  des  environs   de   SAmarr»   où  Kliosiviu,  qui  mourut  en  3S8  (998). 

l'on  se  rcndnil  en  villé-^iature  ;  elle  fut  eons-  i")     l/.z-ed-daula    Abou-Man(;oilr    Itakhtiyàr 

truite  il  la   fin  du  klialifai   d'el-Mamoùn  par  fut  exéeuté  en  307  (97"-978). 
Malar  lien  Ka/.àla  eeli-CliéiliAni  (|ui  lui  donna 


LES     H  A  N  O  L'  -  A  N  N  À  Z  269 

mois,  "Aiiiid-rl-hjoyoricli,  on  38!»  (!»!»!»),  se  sniiinil  à  B(''li;i-('il-ilaiil;i  axcc  sos 
lioiiiii's  (irMli'iiiitf'S  ;  cest  à  colle  occasion  que  lo>  liistorions  ra|i|Mirlr'nl  relie 
CDiiliiMM'  (li's  ni(inlii}inaiils  ilo,  la  Caspienne  quo.  iiiiainl  ils  avainil  n'Sdhi  (Je 
l'aire  la  paix,  ils  liviaionl  dabord  un  violcnl  conilial  ilcslini'  à  rlir  lo  tit-rnirr. 
alin  (ju'on  no  put  si)U|)i;onncr  la  (jualiti'  do  lonr  iiiaviuiio.  Kn  U92  (  10(12»,  il  fui 
envoyé  par  l{oliù-od-d;iula.  son  iinuMaii  niailic  n'-taldir  l'ordre  on  Ir;u(- 
Arahi;  on  :i!»;{  (  HKliJ).  il  lait  la  j^uorre  ii  Aliou-Dja  far  l'I-lladjdjàdj  el  le  chasse 
do  r  lrà(j  (jii"il  jïoiivornait  an  nom  ilo  hidià-od-danla.  i)o  nnnv  oau.  cotlo  môme 
anni'o,  il  fui  cliarj:!'  do  maiidonir  la  soonrilé  à  hajidad.  di-xasli'i-  par  los  Itri- 
j;ands  ;  il  inloidit  an\  Snnnilos  ol  an\  Clii'ilos  do  niarMfo>ti'r  pnldicpiomonl 
lonrs  crouinoos.  ol  exila  llin-ol-.Mo'allini.  jiirisoonsnllo  do  Imaniilrs.  I/annoe 
snivaido.  avant  à  coruhallrc  Alxin'l-'Alihà-  hcii  Wàcil  ipii  >V'lail  oiniian-  dr  la 
lîalil.ia.  il  osl  >iiipris  par  oolni-ci  cl  perd  st-s  haj,'agos  ol  sos  Irôsurs.  Avant  roru 
mission  do  {{idià-od-danla.  en  MH  (lnO(i-7),  do  lomhattro  iJi-dr  lion  l.lasanùyè 
(jni  avait  |irrlo  son  cimconrs  à  sos  adversaires,  tid-  ipi' Vlmu  1- Al)lià>  lion 
\Và(;il,  il  ciinclnl  la  paix  avec  co  hcdr  movcnnaid  lo  paiomont  des  dépenses 
faites  pour  éi[uiper  I  arince.  Il  montiit  à  liajidad  r\i  toi  à  ràj,'o  de  il>  ans.  Son 
pèi'o  avait  eli'  riin  ile>  iliainliellaii>  ilii  lîminle  Ailml-ed-daula.  et  c'est  celui-ci 
(pii  avait  jtlaci'  le  l'uliir  ViiiKl-ei-hjnvoiu  li  au  -erviee  de  son  fils.  Çamoàm- 
ed-daula*". 

Nous  venons  de  [parler  d'Almul-Aldiàs  lien  \\  àiil  ;  il  fui  arrêté  à  Ivlià- 
nit|îii'-'  par  .Mohammed  hon  '.Vnnàz  on  :i!)7  (  |00ti-7  n'tomnu'iié  par  lui  à  Baijdad  ; 
mais,  sur  un  ordre  do  |{('dià-od-daula,  le  rolielle  fut  oxé-euté  en  cours  de  roule. 

.Moha H'd  hen  ".\nnà/,  mourut  à   l.lnivvàneu   iol  i  !o|0-io|  I  i.  a|iros  avoir 

liouvorué  cette  province  pendant  vingt  ans.  Il  mil  pour  successeur  >on  fils 
Ahou  ch-C.hauk  Kàiis.  Des  tidupes  fuient  env(iv(''es  do  lia-idatl  pour  comballre 
c(dui-ci.  «pii  >e  poi'la  à  leui-  renconlre  ci  leur  livia  un  i-ude  comliat.  mai>  il 
l'ut  vaiiHU  ol  force  de  s'enfuir  à  l.lolwàn  où  il  séjourna  jusipi'au  nmment  où  il 
arrangea  ses  all'airos  avec  le  ministre  Ahou-(jliàlili  quand  celui-ci  se  dirigea 
vei's  r  li'àq-  aialii  ' ''. 

('I  liiN-Ki.  Atiiî»,  I.  I.\.  pp.  (iT.  '.I',,  KM.  Imi.  iimiquabk'  |)ur  un<' source abondnnli^ilpnaplite 

lltt,  l-2ii,  1-29,  I3!l,  157.  ,.|  par  un  giiiml  poiil  «le  viiigt-<nialre  arclies. 

1*1  Ville  sur  la  nmto  (!.■  Hii^thul  à  llimiadaii.  Mird,;id,  t.  I.  p.  HHG. 

A  six  pnrnsanfirs  ilo  (Jarr-Cliiriii.  Kilo  t-lail  le-  l^'i  lH>-Ki.-ATiiiR,  I.  I.\,  p.  158. 


270  SYRIA 


II.  —  Abou'ch-Chauk  FÀRIS. 

AI)ou"ch-Ch;iuk  avait  reçu  le  titre  honoritique  d(?  l.lusàm-ed-daula.  En 
iUl  (1013-1014),  le  chef  de  la  tiiliii  araijo  des  Banoii-Asad.  Ahou'l-I.lasan  'Ali 
lien  .Alazyad  el-Asadî.  marcha  cuutre  lui  avec  l'intention  de  le  conil)attre.  mais 
ils  lirerit  la  paix  avant  d'en  venir  aux  mains:  et  le  fils  de  ce  chef,  Abou'l- 
Agharr  Dohc'ïs  hen  'Ali.  épousa  hi  fille  d'Abou'ch-Chauk. 

Cet  'Ali  ben  .Mazyad  a  aussi  son  histoire.  11  portait  le  titre  de  Sanad-ed- 
daula.  En  387  ('■>'■>"),  il  se  ré\olta  contre  Béhà-ed-daula,  fut  poursuivi,  se  sauva 
dans  un  endroit  inaccessilile.  puis  se  soumit.  Les  Banou-Asad  s'étant  joints  aux 
"Oqaïl  chassés  de  Ctésiphon  [lar  L5éiià-ed-daula  en  392  (1002).  Abou-Dja'far 
el-Hadjdjàdj  marche  contre  eux  à  la  tète  de  renforts  tirés  des  Khafàdja  (juil 
avait  fait  venir  de  Syrie;  la  batailii-.  livrée  en  ramadan  aux  environs  de  Bà- 
Karm,  tourna  au  désavantage  des  Dédémites  et  des  Turcs.  Dans  une  seconde 
bataille  près  de  Koùfa,  les  'Oqaïl  et  'Ali  ben  JMazyad  furent  mis  en  déroute  et 
pillés.  Fâché  contre  Béhà-ed-daula.  il  quitta  le  Klioùzistan  en  397  (IOO()-7)  et 
alla  rejoindre  Bedr  ben  Hosanôyè  ([ui  avait  réuni  des  forces  considérables  et 
marchait  sur  Bagdad  ;  mais  cette  année  se  dispersa  quand  on  apprit  le  succès 
de  Béhà-ed-daula  sui-  Abou'l-'Abbàs  ben  Wàçil  :  "Ali  jjen  .Mazyad  rentra  dans 
son  pays.  En  398  (1007-8),  il  intercéda  en  faveur  d"lbn-el-.Mo'allim  expulsé  de 
Bagdad  et  obtint  son  rappel  ;  en  402  (1011-12),  il  intervint  pour  faire  relâcher 
Soltàn,  fils  de  Thanial  el-Khafàdji.  emprisonné  à  Bagdad,  et  dépensa l)eaucoup 
d'argent  pour  arriver  à  son  but.  La  même  année,  il  est  chargé  de  venger  la 
caravane  des  pèlerins  massacrée  et  pillée  par  les  Khafàdja  ;  il  surprend  ceux-ci 
près  de  Baçra  et  rentre  en  possession  d'une  pailie  dos  biens  enlevés.  Il  reçut 
un  vêtement  d'honneur  de  la  part  de  SoUân-ed-daula'"  en  403  (1012-13)  :  l'an- 
née suivante,  il  attaque  de  nouveau  les  Khafàdja  sur  l'ordre  du  ministre  Kakhr- 
el-.Molk.  En  mobarreni  40o  (juill.  1014).  il  fil  la  gueire  aux  fils  dr  Dobéïs  pour 
venger  la  mort  de  son  frère  Abou'l-dhanàïni  assassiné  par  eux:  il  avait  pour 
femnw  la  sfcur  de  ses  adversaires.  Il  remporta  la  victoire,  et  le  ministre  Fakhr- 
id-Mnlk.    d(inl   il  venait  de  trouvei-  dans  le  bnlin  des  Icllres  ccunpronu'Kaides, 

('I  Al)ou-(;iiniljà\  fils  (le  Itcliii-od  iluiilii,  qui  mourut  en  415  (d025)-,  cf.  \Vii.ki.n,  ufj.  ImtJ.,  ji. '.)(). 


LES     BANOr-'ANNAZ 


271 


se  vil  obligi^  ilf  lui  donner  ritivcstilurc  ilo  la  .Mésopolamif  r)r)béïsivva.  sauf  cer- 
taines lucalilés  telles  que  et-Tib"'.  Qun|<)iib'->,  etc.  Toutefois  .Modar.  IILs  de 
Dobéïs,  le  surprit  <le  nuit  et  jiilla  son  caiM|i  :  il  fut  contraint  de  s'enfuir  à  en- 
Nll'".  En  i()()  (lOlo-Ki).  coinnie  nous  le  verrons  ei-a|irès.  il  prêta  son  concours 
à  Abon'ch-Chauli  contre  Tàliir  ben  Ililàl.  L'année  suivante,  une  sédition  avant 
éclaté  à  VVi\sit  entre  Sunnites  et  Clii  ites,  ceux-ci.  expulsés,  se  réfugièrent  au- 
près de  lui.  Il  mourut  en  dbou'l-qa  (la  iiiS  (avril  Mit8),  laissant  pour  chef  de 
la  tribu  son  lils  .\oiir-ed-daula  .Vbou'l-.Vfriiarr  iJobéïs"'. 

Heprenons  lliisloire  d'Abouch-libaulv  Fàris.  Kn  Ktti  (  l(»Li-|(»|<i».  le 
Hoiiïile  Cbenis-ed-daula,  lils  de  Fakbr-ed-daula '",  mit  en  liberté  Tàbir,  tils  de 
Ililàl  ben  Medr  et  lui  lit  jurer  de  lui  obéir  ;  i)nis  des  troupes  se  rassemblèrent 
autour  (le  lui.  de  sorte  (juil  devint  tVirt.  lutta  contre  .Miou'cb-Cbauk  et  le  mit 
en  fuite;  Soda,  frère  d'.Vbou'cb-Cbauk.  fut  tue.  Lue  seconde  l'ois. Uhm'cli-i^hauk 
fut  mis  en  déroule  par  lui  et  ?> 'enfuit  jus(prù  l.loKvàn:  .Vli  ben  .Ma/.\ad  lui  pro- 
digua son  concours,  mais  il  ne  recommença  pas  la  lutte.  Tàbir  s'établit  à 
à  Nuliréuàn,  lit  la  paix  avec  .Vbou'cb-C.bauk  et  épousa  sa  steur.  Lors(|iie  Tàbir 
se  crut  assuré  de  son  adversaire,  celui-ci  laltaqua  à  Liniproviste  et  le  tua  pour 
venger  la  mort  de  son  frère  So  dà  ;  ses  compagnons  enlevèrent  son  corps  et 
l'enterrèrent  au  mausolée  de  la  Porte  de  la  l'aille  (  Uàb-et-tibnV ''.  Ku  41  i 
(|()2.{),  Alà-ed-daula  le  Kàkoide'"'  s'empara  de  llamailan.  de  Dinawur  qu'il 
enleva   à   .Vbou'cb-dbauk.   et    de    Sabuur-Kliwàst''*'.    Ensuite   ll(i>àm-ed-daula 


("  Ville  hiil)itiV  [lar  des  AranuViis,  ontn- 
WAsil  el  la  Susiniie.  Aiiou'l-Fki>a,  Gécujr.,  l.  1, 
pp.  3U-3I';. 

(•■  Kiilrc  Wriçit,  Hai.Ta  ol  «'l-.\li\và/.,  à  sept 
parasaiiges  d'cl-Til)  cl  ù  dix  de  Siise.  Aboi'l- 
hViiA,  o/).  cil.,  t.  I,  i7)ii/. 

i'>  Polilc  ville  de  Itabyloiiie,  pK>s  de  Milla, 
(|ii'on  appelle  aussi  Hilla  des  Kaiiou-Mazyad. 
(I.iro  ainsi  au  lieu  de  .\'éil,  que  porte  le  lexle 
imprimé  d"lii>-Ki.-.\TiiiH).  Cf.  Ahoi,'i.-Fkd>, 
r,cn;ir.,  p.  2'.t6. 

('I  liiN-Ei.-ATMiu,  t.  IX,  pp.  !)7.  1-21.  l.iCi, 
«53,  l«6,  l(i7,  171,  174,  IM-2,  20ît,  IV,. 

(■'"  Fakhr-ed-daula  ôlait  un  fils  de  Uoku- 
etl-daula  (Wii  KKN,  pp.  76-77>. 

C^'  Le  oimel  ièi-e  de  Bèb-cl-Tibn  est  eilé  par  el- 
Khalib    el-llagtidAdi,    Vhilroduclion    lopogni- 


IHiijrnjihique  à  VllUloirr  de  Uaijdiidh,  tnid. 
(!.  Sidmou,  pp.  Gi,  83,  160;  il  fut  inondé  en 
307.  (réi.iil  re.xtrémité  nord  de  la  villo  du 
temps  d'Al.iinetl  lien  l.lanlial  :  cette  |>artio  de  la 
ville  élail  en  ruines  du  temps  de  Ydqoùt  (t.  I, 
p  443  lel  Iransfurméc  eu  champs  eii.«emencés. 
-  Sur  ces  cvénemeuts,  voir  Iun-kl-AthIii, 
t.  l.\,p.  I8J:  lBvKu%LDOt-N.  t.  IV,  p.  ,S17. 

(''  Sur  la  dynastie  des  Kiikiiîdes,  voir 
VEncyclo/ièilie  de  ilslaui,  s.  h.  v. 

i"'  Villo  située  entre  la  Susiaue,  dunt  elle  est 
?i''pan<<'  par  les  raonlagues  des  Loun?s,  cl  Is- 
p.-ilian,  à  viuiît  parusanges  de  .Nél>;lwend.  Cf. 
.Urniciif,  I.  II.  p.  I;  KtiiBi»:*  i»:  Mktmhd,  op. 
Itiud..  p,  i'H.  Son  nom  e^t  oribogi-aphié  Châ- 
bor^KhAst  pnr  li.riKURl.  pp.  1!»7.  i(i|.  et  Ibh- 
y*iQ«i.,  p.  •26». 


272  SYRIA 

marcha  contre  Abou'ch-Chauk.  mais  celui-ci  lui  envoya  Mocharrif-ed-daula 
pour  intercétlcr  en  sa  faveur,  et  l.losàm  renonça  à  son  projet*''. 

En  420  (1029),  Abou-Kàlidjàr  ^(-'.  se  dirigeant  vers  Wàsit.  convoqua 
Qirwàch,  prince  de  Mossoul,  qui  ne  se  rendit  pas  ;i  son  incitation  ;  Djèlàl-ed- 
daula*^' rassembla  ses  troupes,  demanda  du  secours  à  Abou'ch-Chauk  et  à 
d'autres,  et  descendit  le  fleuve  jus(iu'à  Wàsit.  Abou'ch-Chauk  envoya  plus  tard 
un  espion  à  Abou-Kàlîdjàr  pour  l'informer  de  l'arrivée  des  troupes  de  .Mah- 
moud le  Ghaznéwide  à  Tokliar,  avec  l'intention  d'attaquer  l 'Iraq,  en  lui  pro- 
posant de  faire  la  paix  et  de  s'entendre  pour  repousser  les  Ghaznéwides  hors 
du  pavs'*'.  La  même  année,  el-Moqallid.  fils  d'Abou'l-Agharr  ben  iMazyad, 
passa  le  Tigre  pour  se  rendre  auprès  d'Abou'ch-Chauk  et  séjourna  auprès  de 
lui  jusqu'à  ce  qu'il  eut  amélioré  ses  affaires '='. 

Dans  la  même  année  encore,  les  Ghouzz  s'emparent  de  .Mossuul.  Qirwàch. 
prince  de  cette  ville,  descend  le  Tigre  jusqu'à  es-Sinn  f*^'  et  demande  du 
secours  à  tous  ses  voisins.  Djèlàl-ed-daula  ne  lui  en  envoya  point,  n'étant  plus 
obéi  par  ses  troupes,  composées  de  Turcs  ;  au  contraire.  Dobéïs  ben  Mazyad 
se  rond  auprès  de  lui,  ainsi  que  la  totalité  des  Oqaïl  ;  des  secours  lui  vinrent 
encore  d'Abou'ch-Chauk,  d'Ibn-Warràm'"'  et  d'autres,  mais  ceux-ci  n'arri- 
vèrent pas  à  temps  pour  empêcher  l'événement,  c'est-à-dire  la  di'-faite  des 
.Vrabes  par  les  Ghoùzz  le  20  ramadan  (2  octobre)  (*'. 


\''  InN-EL-Ariiîn,  t.  I.\,  p.  2.33. 

C  .\bou-Kàli(ijâr  Morzliàn  est  fils  de  Sul- 
làn-('(l-daiila;  il  mourut  en  44n(10i8i.  Fit.  \\il- 
KKN,  op.  cit.,  p.  94. 

t'I  -Vulrc  (ils  <li>  Sullàn-cd-d.iula,  né  eu  .183 
(99.3;,  mort  en  «."i  M044). 

(*)  IlIN-EL-ATilill,    I.  IX,  p.  264. 

l^t/d.,  op.,  t.  l.\,  p.  266.' 

C'  .Vppelée  aussi  Sinn-BùrimA,  pour  la  dis- 
tinj;u(!r  de  ses  homonymes;  villo  sur  le  Tigre, 
au-dessus  de  Tekril,  au  confluent  du  Zàl)  infé- 
rieur. Cf.  Miriirid,  t.  Il,  p.  60;  YàqoCt,  Musrlila- 
rik.  p.  2b7  ;  Anot't-FKo  v,  Geoj/r.,  p.  288-289. 

l"iAl)ou'l-Fath  ben  Warràm.  C'est  Inpremiéi-e 
fois  que  le  nom  de  ce  chef  arabe  apparaît  dans 
riiisloire,  mais  non  la  dernière.  En  448,  le 
khalife  falimitc  el-Mostançir  envoie  des  vêle- 
ments (l'bouneurà  différents  chefs  qui  avaient 


reconnu  sa  suzeraineté,  tels  qu'cl-Basàsiri, 
Dobéïs  bon  Mazyad  et  plusieurs  autres,  parmi 
lesquels  Abou'l-Fatl.i  ben  Warràm.  Les  vic- 
toires de  Toghrul-beg  le  Seldjouqide  allaient 
bien  vile  les  délacher  de  eette  alliance.  La 
même  année,  Dobéïs  el  (Joréïcb,  après  avoir 
reconnu  le  Seldjouqide,  lui  demandent  de 
leur  envoyer  Ibn-Warràm,  ce  qu'il  fit,  et  celui- 
ci  revint  d'auprès  d'eu.\  en  rapportant  la  re- 
connaissance de  la  souveraineté  de  Toghrul-beg. 
Kn  450,  il  est  fait  prisonnier  lorsqu'il  se  trou- 
vait en  compagnie  de  Dobé'is  qui  suivait  el- 
liasAsiri  fuyant  devant  les  Seldjouqides  ,dans 
l'affaire  où  celui-ci  fut  tue.  Il  accompagna 
Toghrul-beg  lors  de  son  retour  à  Bagdad  après 
sa  c:inipagne  dans  la  lîaliba.  Cf.  lnN-Ki.-Ariiiu, 
t.  t.\,  pp.  276,  4H0,  W3;  t.  X,  p.  5. 
(•I  IuN-EL-.\Tni«,  t.  I.\,  p.  ■_'■(). 


LKS     HANOlî-  ANNAZ  273 

F'-n  421  (I0:J0),  Abouch-Chaiik  mil  le  sièjîo  doviint  Daqoiiqi\,  possiMJéc 
alors  [tar  Màlik,  lils  ilc  IJiMliàn  lien  cl-.Muqalliil  cl'Oqaïli  ;  rinveslissciiient 
traîna  on  lonj^uenr.  AlidiiCli-dliaiiK  lui  avait  envoyé  un  mcssafîo  pour  lui  faire 
connaître  (jue  cette  ville  avait  a|iparti'iiii  à  son  père,  qu'il  en  rrciamait  avec 
iiisliinci!  la  [tossession.  et  (pie  la  seule  coiiduite  à  tenir,  pour  son  détenteur 
actuel,  était  de  la  quitter;  mais  jMAlik  se  refusa  à  la  livrei-.  et  Ahou'ch-dhauk 
vint  l'y  assiéger;  ensuite  il  fut  victorieux  et  cninpiit  le  pays.  Màlik  lui  de- 
manda une  sauvegarde  i>our  sa  personne,  ses  liiens  et  ses  ciunpagnons  :  le 
\ain(|iieui'  la  lui  accdnia  |p()iir  sa  [lersonrie  seulement.  Loi'sque  .Màlik  sortit  de 
la  ville  pour  la  rendie.  Alioucli-dliauk  lui  dit  :  «  .le  t'avais  précédeminent 
demandé  d(!  livrer  la  ville  \(dontairemenl  et  de  cesser  de  faire  couler  le  sang 
des  Musulmans;  tu  n'en  as  rien  fait.  —  Si  je  l'avais  fait,  répniidit  .Màlik. 
les  Arabes  m'auiaieiit  couvert  de  honte,  tandis  que  maiidenant  il  n'y  a  aucun 
déslioMMcur  pour  Midi.  —  l'oiir  compléter  mes  hieiilails,  reprit  .Vhoii  cli- 
(iliaiik.  je  te  remelliai  les  biens  et  les  compagnons.  <>  Il  lui  restitua  en  ell'et 
tout  ce  (pi'il  |(ossi''dait  .  .Màlik  reprit  son  bien  el  s'en  retourna  sain  et  sauf  '  . 

Kii  42(1  (lOiUI).  .\boii-Sa'd  lien  Abd-er-Habim.  minisire  de  Djrdal-ed- 
ilaiila.  (jiiilla  son  ministère  et  se  rendit  au[U'ès  d".\bou(li-('.bauk.  La  carrière 
de  cet  administrateur  lut  on  ne  peut  [)lus  mou\eiiieritéc.  Il  s'ap[ielait  .Mol.iani- 
med  lien  el-l.loséïii  bon  '.\bd-ei-Uabimet  avait  succédé  en  4l'.t(l02S)à  .\bou- 
Tàbir  el-Mohassiii  beii  'j'àbir.  destitué  a[très  quarante  jours  de  pouvoir;  ci'lui- 
ci  avait  lui-même  succédé  à  el-l.lasan  ben  Ali  beii-Dja'far  .\bou'.\ll  Ibn- 
iMàkoùlà  destitué.  Kn  4"21  (1030),  il  est  de  nouveau  nommé  ministre  après 
!bn-.Màkoùlà  reutn''  en  grâce  el  reçut  à  cette  occasion  le  titre  bonoriliipic 
d' .\mid-ed-daiila.  De  nouveau  desliliié  en  ii'2  (KKJI),  il  fut  remplacé  par 
.Vboii'l-Kalb  Mid.iammed  ben  (d-l-'adl  lien  .Vrdé'cliir  dtint  les  fonctions  ne  du- 
rèiTiil  (|iie  (piel(|nes  jours.  Vax  il'A  (|(i:j-2),  lorsipie  l)jèlàl-ed-daula  fut  rappelé 
à  Magdad  par  les  Turcs  révoltés,  il  [irit  comme  ministre  d'abord  .Miou  I- 
Oàsim  Ibri-.Màkoiilà.  et  ensuite  noire  .Miou-Sa'd  (|ui  le  resta  «pielques  jours, 
puisse  cacba  à  la  Miite  d  une  nouvelle  ri'Volle  des  Turcs  qui  le  dépouillèrenl. 
l'mir  la  cinquième  fois,  il  rede\int  ministre  du  même  prince  en  4'2">  (HKli), 
mais  pour  peu  de  tem|is.  Ku  ii(i  (ltt:tj  >.  ronmie  nous  MMionsde  le  voir,  il  quitta 

Cl  Iii.n-i;l-AiiiIh,  o/<.,  t.  IX,  p.  080. 

STni.i.  —  II.  3ô 


274  SYRIA 

son  posli-  et  alla  rejoindre  Abou'cli-Cliaiilv  :  il  fut  remplacé  par  Ali(m"l-Qàsim. 
mais  sous  ladministration  de  celui-ci  les  réclamations  des  troupes  se  multi- 
plièrent ;  il  s"enfuit,  mais  fut  repris  et  conduit  au  palais  du  gouvernement,  la 
tète  découverte  et  vêtu  d'une  tunique  légère  :  son  autorité  avait  duré  deux  mois 
et  Imit  jours  ;  on  rappela  alors  Abou-Sa'd  au  pouvoir.  Celui-ci  fut  arrêté  en  427 
(lUJ(j),  étant  ministre  pour  la  sixième  fois.  Al)OU-Kàlidjàr,  entrant  à  Bagdad  en 
436  (1044-4.")),  après  la  mort  de  Djélàl-ed-daula.  en  expulsa  le  ministre  et 
son  frère  Kémàl-el-Molk  ;  le  premier  se  rendit  à  Tekrit.  11  mourut  à  Djèziret- 
lltn-'Omar  en  dliou"l-qa'da  439  (avril  10i8);  il  était  poète'". 

Al)Ou"ch-Cliauk  est.  en  428  (1037J,  du  nombre  des  auxiliaires  qui  aident 
le  grand  cluimbidlan  Bars-Toghan  à  se  soumettre  à  Abou-Kàlidjàr  qui  tenait 
la  partie  orientale  de  Bagdad,  tandis  que  Djélàl-ed-daula  dominait  la  partie 
occidentale.  Ce  Bars-Toghan'-'  est  cité  pour  la  première  fois  à  l'occasion  d"un 
soulèvement,  en  422  (1031).  des  jeunes  esclaves  qui  allèrent  trouver  Djélàl- 
ed-daula  pour  lui  dire  qu'ils  mouraient  de  faim  et  de  misère,  à  raison  du  pouvoir 
que  s'étaient  arrogé  les  généraux  Bars-Toghan  et  Vildirek'^';  ceux-ci  les 
avaient  appauvris,  ainsi  que  le  sultan.  Quand  ces  deux  personnages  eurent 
vent  de  cette  démarche,  ils  refusèrent  de  monter  à  cheval  pour  se  rendre 
auprès  de  Djèlàl-ed-daula  et  de  se  montrer  conciliants.  Les  esclaves  leur 
envoyèrent  réclamer  ce  qui  leur  était  dû,  mais  ils  sexcusèrent  de  ne  pas  leur 
|»ayer  leur  pension,  vu  qu'ils  n  avaient  pas  d'argent,  et  ils  partirent  pour 
Clésiphon. 

Les  Turcs  se  repentirent  de  ce  (pi'ils  avaient  fait;  Djélàl-ed-daula  envoya 
il  ces  deux  personnages  Mo'ayyid  rl-Molker-Rokhkhadji,  el-Mortadà.  et  d'autres 
encore;  sur  leurs  insfaïu-es.  les  deux  n''fugiés  re\  irucnl.  Alors  les  libertés  que 
prenaii-nl  les  esclaves  à  l'égard  de  Djélàl-ed-daula  s'accrurent  au  point  qu'ils 
pillèrent,  dans  sa  nuiison,  des  tapis,  des  ustensiles,  des  bètes  de  somme  et 
autres  ()l>je(s.  Au  moment  de  la  plus  grande  clialrur  du  j<iur.  le  sultan  monta 
à  ciieval  pour  se  rendre  au  palais  du  Khalifr.  accninjjagm-  il'un   petit   nombre 


l'i  lii.N-KL-ATiiiii,  op.,  t.  IX,  pp.  "260,  280  bis,  l^i  Eu  lurr-oripiital  :  ((  panIlK  ro-faucon  ». 

2X7  Ws.  -288  his,   298,  HO-i,  :W,  Xi8,  .^39,  370.  ,3,  Qu  Vil,l„„k,  vari.uilr  .h.niuT  par  Us  ma- 

lljr/.iri'l-llin-'((tnar  es!  la  villi"  liii'ii  cunnui'  ilii  niiscrils. 

Kll^lli^^lall,  au  boni  tlii  Tigre,  à  (rois  jounicos 
(le  iliiilaiirc'  au  nuril  de  Mossoul. 


LES     BANOl-'ANNAZ  275 

de  rikàhiyya  (écuvfrs)  ot  ilCsclavcs,  mais  d'une  j^raiido  foiilo  de  iifiiplf  :  il 
était  ivre.  Le  Klialifi-  lut  dalidid  tmiilili''  |iar  sa  invsciicp.  mais  (|iiaiid  il  fut 
informé  do  la  situation,  il  lui  ruvoya  l'oiiln- de  i-clouiurr  ii  >a  dcMiruic  cl  île 
se  traïKjuilliscr.  Itjrlàl-cd-daula  Itaisa  le  [Kimmeau  di'  sa  selle,  fiidta  le  wmv  du 
paliiis  avec,  sa  maiu  ipiil  se  pa.ssa  ensuite  sur  le  visaj^e,  et  rentra  clic/,  lui, 
suivi  de  la  foule'''. 

Ce  fut  en  '^2^i  (lOMTj  quéclala  la  mi-sinlelligence  entre  |)jèlàl-ed-daula  et 
Bars-Toglian  ;  le  prcmii'i'  lui  im|)ulait  la  si'dition  des  Tuics.  cl  c(Mi\-ii  l'accu- 
saient de  s'emijaier  <lcs  roilunes.  Le  giand-c|iaud)idlaii  craignit  |inur  lui-mcme 
et  se  réfugia  au  palais  du  Khalife  au  mois  de  rédjeh  de  l'aimée  |ii-cc(''denle 
('i27  =  mai  !(>:Jti).  Des  messages  furcrd  échangés  à  son  sujet  entre  jljélàl  cl  le 
kluilife  el-Qàim  hi-amiillah.  i|ui  le  |iio|cgca.  De  son  coté  iJars-Toglian  ciilrc- 
tenait  une  correspondance  a\ec  .\l)ou-l\alidjiir  ipii  expédia  un  ((iip>  de 
troupes.  Ie(|uel.  arrive  à  W  àsit.  vil  se  joindre  ;i  lui  la  garniMiu  de  ceUe  \illc  : 
ils  en  expulsèrent  cl-.MeliL  id- .\/.i/..  Iil>  de  lijelàl.  (|ui  lemonta  le  coui>  du 
Tigre  pour  aller  retrouver  son  père.  .V  ce  moment  IJars-'ioghan  h'va  le 
voile,  se  lit  suivre  îles  jiMines  esclaves  (|ui  poussèrent  le  cri  de  guerre  d  Ahou- 
Kàlidjàr  ol  cliassèreiil  Djidal  Ar  hagdad  ;  cidui-ci  >e  rendit  à  .Vwànà'-',  aeeoin- 
pagné  d  el-Hasàsiri.  Hars-Toghan  rciivova  le  minislre  .Vhoul-KadI  td-  Whhàs 
hen  el-IJasan  Kèsàndjès  el  s'occupa  de  radminislratiiui  th's  all'aires  en  (jualilé 
de  lieiilenanl  d'Alioii-Kalidjàr  ;  il  en\ova  demander  au  Khalife  de  faire  dire  le 
prone  au  nom  de  celui-ci;  le  Khalife  allégua  pour  excu>e  les  traités  conclus 
avec  Djèlàl  ;  mais  [{ars-Toghaii  conlraignil  le  [nédicaleur  à  prononcer  le 
nom  de  son  mailre.  Il  \  cul  des  disputes  eidi'c  les  deux  paiti>.  Les  troupes  de 
W'àsil  vinreid  rejoindre  Ikirs-Toghaii  à  I5agdad  el  le  suivirent.  La  situation  |tiit 
diverses  formes  :  Djidàl  revint  à  lîagdad  et  s'installa  diins  la  partie  occidentale 
en  coni|iagiiie  de  Uirwach  lien  el-.Miii|.dlid.  de  la  trilui  d'Oipid.  el  de  IIoIm'Ïs 
hen  .Mi  heu  .Mazyad,  de  cidle  d'.Vsad  ;  on  lit  le  prone  en  son  nom  dans  celle 
partie,  tandis  (ju'on  coidimia  de  le  faire  en  cidui  d'.Vhou-Kàlidjàr  dans  la  partie 
orientale.  .\liou'ih-(  ;liaid>  ci  AI)ou'l-l",i\\ari>  Mançoi'ir  hen  (d-l.lo>ein  aidèrent 
iJars-Toghan  à  maiidenir  l'oheissance  due  à  .Vhou-Kàlidjàr. 

Puis   Djélàl   parti!    pour    el-.\id)àr   et   (Jirvvà(  h  pour    .Mossoul  :    le    grand- 

("  liiN-Ki.-ATiiiii.  t.  I.\.  |).  iSùhis.  élnit  sr|i!inv  parle  Ti.i;ri>,  à  dix  |iorusaiigi<»  ilc 

(«1  i'elile  vin.'  en  fniv  d'OkliiirA,  iloiit   .11.'  Itaplnd.  .Wir.i\i</,  I.  I,  p.  U»0. 


276  SYRIA 

chambellan  fit  arrêter  Ibn-Fésàndjès  ;  Mançoùr  ben  el-l.loséïn  rentra  dans  son 

pays. 

Bars-Toghan  apprit  qu'Abou-Kàlidjàr  était  retourné  dans  le  Fàrs  ;  alors 
les  Déïlémites  qui  l'avaient  rejoint  à  litre  de  renforts  Tabandonnèrent,  ne 
voulant  plus  sans  doute  servir  un  maître  d'origine  turque  et  entouré  de  ses 
congénères  ;  sa  situation  s'aiïaiblit  ;  il  mit  ses  biens  et  sa  famille  sous  la  pro- 
tection du  Khalife  et  descendit  le  Tigre  jusqu'à  Wàsit.  Djélàl,  rentré  à  Bagdad, 
envoya  el-Basàsiri,  el-Morchid  et  les  Khafàdja  à  sa  poursuite  :  Djélàl  lui-même 
les  suivit,  ainsi  que  Dobéïs,  et  ils  le  rerieontrèrent  à  el-Khaïzoràniyya'"  où  se 
livra  la  bataille;  Bars-Toghan  lomba  de  cheval,  fut  fait  prisonnier  et  conduit 
devant  Dji'dàl  (jui  le  condamna  à  mort  et  le  fit  exécuter;  il  était  âgé  d'environ 
70  ans.  Djélàl  marcha  sur  ^^'àsit  et  s'en  empara,  puis  il  remonta  le  cours  du 
fleuve  jns(iu'à  Bagdad.  Les  Turcs  devinrent  faibles,  les  Arabes  s'emparèrent 
de  leurs  fiefs,  qu'ils  ne  purent  défendre.  Depuis  le  moment  où  Bars-Toghan  se 
trouva  en  lulle  ouverte  avec  Djélàl  jusqu'au  moment  où  il  fut  tué,  il  s'était 
écoulé  si\  mois  l'I  dix  jours*-'. 

En  43U  (1U38-IU39),  Abou'ch-Chauk  s'empara  de  la  ville  de  Khoûlen- 
djàn*^!,  ainsi  (pu-  de  celle  de  Kirmànchàh,  dont  il  avait  fait  enqn'isunner  le 
chef,  (pii  était  des  Kurdes  Ooùhiyya.  Le  frère  de  celui-ci  se  rendit  à  la  furle- 
resse  d'Arnaba  et  s'y  défendit  conlr'e  Abou'ch-ChauU  ;  il  plaça  ses  troupes 
dans  la  ville  de  Khoùlendjàn  pour  les  proléger  contre  celui-ci.  Quand  arriva 
laiméfi  présente.  Abuu  cli-(ibanlv  envoya  contre  celle  dernière  ville  mur  armée 
qui  l'assiégea  sans  jwuvoir  ai'river  à  (juoi  que  ce  fût.  11  ordonna  à  l'armée  de 
revenir,  et  donna  l'assui-ance  aux  gens  de  la  ville  (pu'  son  départ  était  défi- 
tiilif;  |iiiis  il  ('(luipa  une  aiilre  arMH''e  en  un  cnips  ('\[i(''diliiuinaii-e  {iljn-idu) 
sans  {\\\v  pci'SDuruî  en  sût  ri(!n,  la  mil  en  roule  le  jour  même  et  lui  ordonna 
de  [)iller  le  faubourg  de  la  l'orleresse  d'.\rnaba,  de  tuer  ceux  dont  ils  pour- 
raient s"empai-er.  cl  de  cniii|ilc|('r  leur-  expédiliim  en  se  iciulaiil  iinmédiale- 
mi'id    il    KliiMili'iHJjàii.   de   niiiiiièii'   à   l'alleiiKlre  avant  (lu'dii    lui  |ir('\eiiu  de 


CI  Mcriiriil,  I.  I,  |i.  MTS,  rl-Kliiiï/orriiui,  caii-  KliAii  Lcmljini,  (■oiisidi'ri'c  ciiinmi'  fiiismil  par- 
ton  dépciiiliiiil  di;  Wi'isil  dniis  lu  lliilil.ia.  lie  du   l'Virs.   MiTiii;id,   I.    I,    p.   'A'M:  Vàiuh'i 

I''  IiiN  i:i,-ATFiiii,  l.  I.\,  pp.  :!(I8-:W.).  Moschliirili-,  p.   132;  H.    ni-:  MiaNAun,  "i>.   ril. 

(■'I  Ville  drpriidniil  rl'lïipnhan.  du  cùtû  de  la  p.  i\)T>;  l'.ihi.  iicmir.  ar.  à  riiidox. 
Susinne  (Mo(,i*i>ii<;»l,  |).  ^H'.)).  C'est  lu  iiiùiuf  (|uc 


LES     HANOC-ANNAZ  277 

leur  marche.  On  excîuuta  ces  ordres  et  l'on  arriva  devant  celle  ville  sans  que 
la  garnison  fût  préparée  à  les  recevoir;  celle-ci  combattit  quelque  peu.  puis 
elle  (l('iii;iii(l:i  à  capilnler,   de   sorte  que  les  assaillants  en  prirent  possession. 

Les  iiiiiires  (pii  s'\  troii\ aient  se  l'ortilièrent  dans  la  citadelle  située  au 
milieu  dr  la  \illc;  elles  y  lurent  assiégées  par  les  troupes  d'AIjou'eli-Chauk, 
(|ui  s'en  emparèrent  dans  le  mois  de  dli(jiVi-([a  da  (août  iOiJO)  "'. 

L'ariiiée  suivante  ('^'^[  =  I(j;{'.l-i0ifjj.  la  guerre  éclata  entre  Ahou'l-Fatl.i, 
lil>  d  \l)ou'cli-Cliauk,  et  son  oncle  Molialliil.  Le  premier  était  le  lieutenant  de 
son  pèri' dans  le  eaiilon  dr  iMnawar;  sa  position  était  devenue  considérable; 
il  avait  con(|nis  un  ti  rlaiii  immlire  de  forteresses  et  avait  réussi  à  protéger  ses 
possessions  ((mire  !(••>  alla(|iie>  de^^  (iImui//,,  ddtd  il  avait  tué  une  grandi>  ipian- 
til(''.  Il  devint  or ;,Mieiileii\  et  cosa  d  (d)éir  aux  ordres  de  s(m  père.  An  mois  de 
elia  liaa  (a\ril-Miai  iniOj,  il  se  rendit  devant  la  forteresse  de  IJolwàr  pour  s'en 
eMi[iarei-:  il  s"\  ti'ouvait  la  femme  du  seigm-ur  de  cette  \  ille.  (jui  était  un  Kurde: 
celle-ci  conq)rit  ipi'elle  navail  [las  la  force  de  la  défendre;  tdie  adressa  un 
messag<^  à  Abdialliil.  lils  de  .Mol.iamnuid  ben  Anna/.,  alors  au  milieu  de  ses 
tetdes  dans  les  environs  de  Çàmégliàn'-'.  et  (die  Ini  (jlFrit  de  lui  rendre  la  for- 
teresse. (;(dui-ci  demanda  à  renvoyé  si  c'était  .\bou  l-Fatb  en  persomie  (pii 
assiégeai!  la  ville,  on  seulement  son  arnn'-e.  I/envoy  é  linforma  (pi.Vbou'I-Katl.i 
avait  (|nilté  les  lignes  de  linvestissement.  et  (|ue  stm  armée  seule  y  était  restée. 
.Mors  .Mohalbil  se  mit  en  nian  lie  [)om-  cette  direction  :  mais,  arrivé  à  destina- 
tion, il  s'aiier(;ul  (pi'Abou'l-Fatl.i  était  revenu  devant  la  forteresse.  v\  il  gagna 
\in  endiiiil  (|ui  lit  croire  à  son  neveu  (|ue  celle  ville  n Clail  |i.is  le  but  (ju'il 
poursuivait,  puis  il  revint  sur  ses  [)as  :  Abon'l-Falb  le  suivit  et  l'atteignit:  les 
deux  arun-es  s'aperçurent  l'une  l'autre  ;  alors  .Mohalbil  revint  vers  .\boul-Fatl.i 
et  la  lialaille  s'engagea,  (le  dernier  constata  un  changement  d'attitude  dans  ses 
troupes:  il  eut  peur  d".  Ile-  el  prit  la  fuite,  ses  compagnons  le  suivirent  en 
(b'Tonle.  Laruh-e  de  Molialliil  massacra  les  fantassins  de  l'arnu'e  ennemie  et 
conliiiiia  la  |ioiii>uile  des  l'nvards  en  Inant  et  en  faisant  des  prisonniers.  Le 
cheval  (pn-  unudail  .Vbon'l-Fath  s'arrêta  dans  sa  course:  son  cavalier  fut  pris 
et  amené  à  son  oik  le  Molialliil,  (pii  le  lit  frapper  d'un  certain  nombre  de  coups 
de  loue!,  le  lit  eiicliainer  el  emprisomier.  puis  s'en  retourna. 

(•>  lBN-KL-ATliin,  t.  IX,  p.  31G.  li.Vos  .lu  TalKirislaii.    Mèni,;i,l.   (.    II.    p.    U(. 

("  Canton   de  l"lrâq-'a(lji'iui,  sur  les  froii- 


278  S  Y  RI  A 

Abou'ch-Chauk,  avant  réuni  ses  troupes,  marcha  contre  Chahrazoùr**'  qu'il 
assiégea,  puis  il  se  dirigea  vers  le  territoire  de  son  frère  pour  délivrer  son  lils 
Aboul-Fath  :  latlaire  traîna  en  longueur  sans  qu'il  y  réussît.  La  querelle  amena 
Mohalhil  à  demander  que  "Alà-ed-daula  le  Kàkôïde  envahît  le  territoire  d"Abou'l- 
Fath;  ce  nouvel  ennemi  entra  à  Dînawar  et  à  Kirniànchàh,  en  maltraita 
les  habitants,  les  régenta  tyranniquement.  et  joignit  ces  deux  villes  à  ses 
possessions.  Cela  se  passait  en  432  (^1040-I041)<-'. 

A  cette  époque,  Daqoûqà  appartenait  à  Mohalhil.  Abouch-Chauk  envoya 
contre  cette  ville  son  fils  So'dà,  qui  mit  le  siège  devant  elle,  et  les  habitants 
la  défendirent  contre  lui.  Ensuite  Abouch-Chauk  s'y  rendit  en  personne, 
pressa  le  siège,  pratiqua  une  brèche  dans  la  muraille  et  entra  dans  la  ville  de 
vive  force  ;  ses  troupes  en  pillèrent  une  partie  et  s'emparèrent  des  armes  et  des 
vêtements  des  Kurdes.  Abouch-Chauk  n'y  passa  qu'une  seule  nuit  et  s'en 
revint  incontinent  par  crainte  de  perdre  Bendènidjé'in  i^'  et  Holwàn,  parce  que 
son  autre  frère  Surkhàb  avait  fait  une  incursion  sur  un  certain  nombre  de 
localités  de  sa  province  et  s'était  allié  par  serment  avec  Abou'l-Fatl.i  ben 
Warrâm  et  les  Kurdes  Djàwàtiyya.  Il  craignit  les  conséquences  de  cette  situa- 
tion et  envoya  un  mes.sage  à  Djélàl-ed-daula  pour  lui  demander  du  secours  ; 
celui-ci  lui  envoya  une  armée  au  moyen  do  hupielle  il  put  se  défendre  ''*. 

Voici  comment  fut  conclue  la  paix  entre  Altou'ch-Chauket  Alà-ed-danlale 
Kàkoîde.  Nous  venons  de  voir  que  Mohalhil  s'était  rendu  auprès  de  celui-ci 
[)oiir  lui  demander  son  appui  contre  son  frère  .Vbou'ch-Cliauk  ;  Alà-ed-daula 
se  mit  en  campagne  avec  lui.  Quand  il  eut  atteint  Kirmànchàh,  Abouch-Chauk 
s'en  retourna  à  l.lolwàn  :  le  Kàknïde,  ayant  appris  son  retour  dans  cette  ville, 
se  lança  h  sa  poursuite  et  atteignit  el-Merdj'''',  localilé  où  il  se  trouva  rappro- 
ché de  sou  adviMsaire  ;  ce   dernier  se  résolut  à  gagner  la  forteresse  de  Sîr- 

(')  Ville  lii(-n  ronniio  du  Kiirdisl.nn  liirc,  au  (-^i  Ville  dans  la  région  do  Nahrôwàn,  com- 

sud-esl  de  SulûïmAuiyyé.  U.  i>k  .Mf.inahu,  op.  posée  de  quartiers  isolés.  Jl/mi^id,  t.  1,  p.  110; 

Cl/.,   p.   356.   Elle  élail  autrefois  le  chef-lieu  citée   par  Mgqaddésî,    p.  2.i8,    appelée   aussi 

d'un  éyalet  du  même  nom.  Cuahmov,  Chcref-  Bendénidjùn,  p.  H,');  YàijoCt,  l.rx.  ijeoijr.,  l.  1, 

iifimeh,  1. 1,  pp.  57,367.  Aujourd'hui  eu  ruines,  p.  74,');  .Wèrd'fid,  t.  IV,  p.  380. 

danslecaza  de  Gul-'anber,  sandjaq  de  SuléïniiV  l'I  lB^-EL-A^uin,  t.  l.\,  p.  336. 

niyyè,  vilayel  de  .Mossoul.  'Ai.i  Djkvàh,  l)j,i-  {'■<)  Ou  Merdj  el-Qal'a.àun  relais  de  dislaïue 

glirafin  loghnli.  p.  487.  de  l.folwiin.Cf .  U.'nîVK/.  1 .  11,  p  i '.()  ;  I.  lll,]..  Tîi. 

i«)  Iiin-ki.-AtuIh,  I.  l.\,  p.  320. 


LES     BANOL-ANNAZ  279 

Wiin'"  cl  tli'  s"y  l'ortifnT:  il  saniiii  alors  do  fenni'lé  et  envoya  dire  k  Al.i-cd- 
daiila  :  «  Si  j'ai  évité  de  le  rencontrer,  ce  n'est  tjiie  par  égard  pour  toi.  par 
respect  pour  ton  pouvoir,  et  pour  reclierclier  un  accommodement,  .^i  tu  me 
n'-diiis  au  di-sespoir,  je  serai  fxcusable  ;  si  jai  la  victoire  sur  toi.  tes  ennt'iiiis 
tiillaqucront  ;  si  cest  toi  qui  es  victorieux,  ji'  livrerai  mes  forteresses  et  mes 
teiriloires  au  roi  Dji'liil-ed  daula.  »  Placi'  i-n  face  de  cedileunue.  Alà-ed-daula 
accepta  de  faire  la  paix  à  la  condition  (pie  Diiiawar  lui  resterait,  et  il  sen 
retourna;  c'est  pendant  ce  retour  (]ue  la  maladie  I  atteignit  en  cours  de  route 
et  renipoitii  dans  la  loudie.  eu  uioliarrem  i'M  (septemlire  |nH  )i-». 

Cl.ÉME>T   lh\«T. 

(A  suicre.) 

I''  VIIIimIc  r'Iràq-'ndJRmi,  voisine  du  M&sa-  »'•  iBN-Kr.-ATiiÎH,  l.  IX.  p.  3.38. 

liiidluin  ou  située  sur  If  territoire  ilo  ce  canton. 
MiT,iri<l,  t.  II,  p.  78. 


INSCRIPTIONS  GRECQUES  ET  L4T1NES 
DU  MUSÉE  D  ADANA 


LE  R.  P.  R.  MOUTEHDE,  S.  J. 

(Deuxième  article.) 

V.  —  Missis.  —  Statue  de  Homonoia.  —  Epitaphes. 

11.  Musée  II"  278.  Missis  (Mopsuesle).  Autel.  —  Dimensions  :  0  ni.  4(i  (hauteur) 
X  0  m.  GO  X  0  m.  6(>.  —  Lettres  hautes  de  0  m.  Ui,  largos  de  0  ni.  025.  —  Très  belles 
lettres  sur  la  hauteur,  (fî.). 

Registre  n"  278  :  Au  tel, avec  inscription  grecque,  en  calcaire  blanc. 

TH  NoxtûNOI  AN 
M.ofcAÎUMKAlANA 


ZAr^eONKAAYAlANOC 
KYPOY0£C£lA£0AY-UACroy 

THN  £XY  rrocx€  ££c^  C 
CTH  A  N 

T'i-jV  'Ofj.ôvo'.Qcv  I  Mo'i|e]a[T]côv  xal  'Ava  |  ^apêÉcov.  KXaui^tavo^  |  Kùpou  (Jéaei  es 
WauaàcjTOu  |Tr,v  il  û~o(7/£[(7]£co;  |  (7t/]X['/]]v.  —  La  Cniicoiuk  des  hahitanls  de  Mop- 
suesle cl  d  Anazark'.  hlaiidiniios,  fils  de  Ci/nts.  finr  (idnjiiian  de  TlHiiiiiiaslus,  («  dressé) 
cette  stèle,  selon  sa  promesse. 

'l'cxlc  |)iilili('-  par  M.  Liiitoii  .'^lnilll  cl  .M.  .\.  Tod.  tlrerhliiscrijiliunsfrom  Asia 
Minor,  Aniuils  of  Archiietdoim  n.  .[ntliropidixjji.  I-i\('r|i(i(il,  \\.  l'.l  11 .  p.  ilj  ii":27  <^, 
on  triuiscri|ilimi,  la  .sixir-mc  lif;ii('  omise. 

Si  jr  ((Mniirciids  liicii  les  iiidica lions  du  I'.  (1..  la  iircmièrc  li^ïiic  sccaii 
jii'avrc  sur  le  iiandcaii  siniériciir.  les  ciiii)  aiilfcs  siii'  le  dé  do  la  hast"  on  l'ormo 
d'aiilrl  :  iniiis  aurions  d'abord  la  dôsij;nalion  d'nno  statue,  ]niis  lo  toxto  (la 
it  slôlo  »)  di'slim''  à  en  (dinuii'inoicr  lo   sons  ot  lo  donalonr.  Monio  n''daolion 


INSrjill'TIOXS  C-,nEr.(H-FS  ET  l,.\TINF.S  DI'  MrSKE  IVADANA  281 
dans  mio  iii.SLri|jlioii  de  (iy/.i(iue  :  <->£-//  O;jio/O'.7.v  tt,  -i-tv».  *"/..    Av.--:!--'!;?.;  j'.o,- 

.Mriiii'  il  r(''[i<M|iic  im|M''riiilr.  Ii-rfii^ic  de  la  Concorde  gardait  son  sens  plein 
cl  [ujiivail  fxpriiiu'r  aiitrt'  cliosr  qiir  le  iiiiii  accord  entre  citoyens  d'nne  même 
ville  ou  la  paix  ivgiraiil  dans  la  laruilli'  di-s  empereurs.  C'est  par  riionimagc 
diiiii'  slaliii'  (11-  la  Ciiiiididc.  7w  -y,;  '0;iô/o'.a;  àviAix»-:'..  que  Lystra  affirmait 
son  alliance  a\ec  «  la  \ille  s(eur  ».  également  colonie  d'Auguste,  Antioche  de 
l'isiilie'-'.  Au  temps  de  Septime-Sévère,  des  liron/.es  de  Césarée  de  Cappadoce 
portent  la  légende  CMVPNAIÛKAICAPKOMONOIA,  «  alliance  de  Smyrne  et  de 
Césarée'^'  ».  A  ces  monnaies,  on  peut  ajouter  celles  (|ni  ont  été  signalées  par 
Zwicker''»,  ainsi  que  le  texte  épigrapliiipie  I (i..  \  II.  \'Hi  :  '0;jio[vo'.a]  Si7T.'.iu)/ 
xal 'A6-r,vaiwv,  voisin  du  nôtre  par  la  f(uine  des  caractères. 

Jusqu'au  troisième  siècle  an  moins,  les  cités  continuaient  donc  à  exercer 
des  droits  souverains  et  à  contracter  alliance.  Daillenrs.  .Mopsueste  était  ville 
libre  '^'  ;  en  i 40  .l.-C..  Anionin  le  l'ieux  avait  confirmé  les  privilèges  de  la  cité 
-7,;  [îrii;  y.iX  i'/.fJii^yi  y.y.'  à-j/.oj  y.7.l  ajTOvv/oj  ixa'.  i 'ii"/Y,ixalTjjjiu.iyo'j  Piouaituv'*'*.  Par 
coniic.  le  titre  de  «  libn-  »  n'est  |ias  pti-  par  Anazarhe'"'.  11  ne  semble  pas  non 
[)lus  (pi  l'Ile  s  iiitilulàl  «  autonome''^'  ».  Klle  avait  pourtant,  dès  Caracalla.  le 
litre  de  nii''tro[iol(?  et  copiait  sur  ses  monnaies  les  autres  titres  de  Tarse;  elle 
gardait  encore  sous  Arcadins  as.se/,  trinipoilance  pour  de\enir  métropole  de  la 
CU'uid  siriinda  '''.  —  .Vu  sujet  des  dis.si'nsitnis  entre  .Vnazarhe  et  .Mopsueste, 
.\1.M.  l.inton  Smith  et  Tod  renvoient  à  Jnnntiil  of  l'Iiilnloi/ii.  W.  t.i7.  que  je  n'ai 
pu  ((iiiMiilei-.  w  addiiiglori  a  noté  la  rivaiiii'  des  litres  entre  .Vna/.arhe  et  Tarse, 
Tarse  et  .Mopsueste  >"". 

Ln  arrangement  étant  .-^urveini   entre  .Mopsueste  et  .Vna/.arhc.  Klandianos 


('I  J.  II.  MoiiDTMVNN,  Millli.  d.  (/.  «in/i.  Insl. 
in  Athen.,  VI,  p.  130,  n"  15;  cf.  Dhkxlkh  et 
Stoll,  diins  le  Leiikon  de  Rosciikii,  s.  v. 
Ihnwnoiit,  col.  2701. 

C  R.  Caunat,  Inscr.  ijraec.  ad  r.  roin....  111. 
.■J0"2  ;  DiTTKNBEUGKH,  OrieiiUs  gmeci...,  .'i.^l). 

(■'I  Waiiwick  Whoth,  llr.  Mus.,  Calai,  oj  the 
Greek  Coins  of  Gatatia,..,  p.  VJ,  a"«  3,'il-3o3. 

(*l  Pall^-Wissow  »,  II.  E.,  s.  V.  tlomonoin, 
col.  ■2"267--2-268. 

!■•)  Pline,  //.  Y.,  V,  22. 
Smim.  —  II. 


("I  Imc.  ijrai'f.  nd  r.  runi 1,  21  ;  cf.  Ll  IIas- 

Waduington,  111.  1194. 

("'  IIkaI),  llistoria  niimoriiin',  p.  716-717 
corrige  sur  ce  point  sa  l''-  éd.  Rectifier  dans 
le  même  sens  W.  IIknzk,  Pe  cirilnlihus  libtris 
in  provinciis  romanis,  Berlin,  189i,  p.  74. 

!"•  G.  F.  IIiLL,  IJr.  .Mus.,  Calai,  of  Ihe  Gretk 
Coins  of  Lycaonia...,  p.  CIV. 

C'  MARgL'AiiDT,  Onjanisation  Je  l'empire  rum. 
{Manuel,  t.  l.\»,  p.  3i3. 

('"'  Lk  Uas-\Vai>dinc.to>.  111,  118(1,  U''l. 


282  S  Y  R I A 

érigea  la  statue  de  la  Concorde  et  fit  graver  la  stèle  qu'il  avait  promise  pour 
le  succès  des  négociations.  De  même  un  Delphien  dédiait  à  Apollon  Pythien, 
en  70  environ  de  notre  ère,  une  statue  d'IIomonoia.  «  pour  la  Concorde  des 
habitants  de  Delphes  et  de  Cliéronée,  selon  la  promesse  qu'il  avait  faite  à  la 
ville'"  ».  L'origine  de  cette  promesse  pouvait  être,  avec  le  patriotisme,  le  souci 
de  counnémorer  un  vote  heureux  du  dédicant  ou  son  rôle  dans  les  négociations  ; 
il  était  de  bon  ton  de  promettre  avec  ostentation  de  participer  gratuitement 
aux  ambassades  que  la  cité  députait  à  l'empereur  ou  aux  villes  voisines,  et  les 
inscriptions  qui  conservent  les  noms  des  ambassadeurs  font  aussi  mention  de 
leurs  promesses*-'. 

12.  Cippe  en  marbre  avec  inscription  (G.  et  Ch.). 

Registre  n°  28  :  se  trouvait  à  l'entrée  du  pont  de  ^lissis.  Calcaire. 

r.  'lo'jÂ'.oî  AîwvioY,^  'ASy.vïWî,  TTpaTttoTï,;  Aî-.'jwvo^  '.Ç"  'P'/Jy.Sly.i)  <l>'lpui.r,ç,  0£ol!s  xaTa- 
yOov'lo'.;  xal  to^;  yovî'jT'.v. 

C  I  G,  44:J!)  ;  Le  Bas-Waddington,  III,  1492  ;  Lucas  u.  von  Oppenheim, 
Byzantinische  Zeitschrift,  1904,  p.  64,  n"  lO.'i  =  pl.  I,  u"  3  ;  Cagnat,  Inscr.  graec.  ad 
r.  rom.,  III,  917  ;  IM.  Linton  Smith  et  M.  N.  Tod,  Aimais  of  Archaeol.  a.  Antltr., 
Liverpool,  IV,  l'.MI,  p.  43,  n"  27c,  qui  renvoient  à  Journal  of  Hellenic  Studies. 
Wlll,  314-31.1. 

13.  Marbre  (G).  —  Dans  un  cadre  rectangulaire  en  relief  (Ch.). 

?  Registre  n"  277  :  Inscription  grecque  sur  calcaire  noir,  encadrée. 

M.  Kr/'.vio;  ^jOv-:(i)v  M.  Kav.v'lu  KÀajoiavw  -cw  ulôi  xal  toT^  '.oÎo'.î. 
Le  Has-Waddiiigtou,  111.   liiOO. 

14.  Sur  un  chapiteau,  dans  un  encadrement  circulaire  (G.). 

Cl  DiTTExiiEiioi:n,  .Sy(/o(/c',  810  ;  '  \'nàp 'Ou-  loije-,   364  =  SyUorje^,    797.   A  Adrianoi  ad 

ovo;o({  AcX^liôv  x«i|.\«if.u)V£(ov...  ([i:oiYÏ"r''«!J^''<';  O/.vmpia  (Hithynie),  le  personnage,  chargé  d'a- 

Tî)  ndXci...   M.  t'omlow   renvoie  ù  ses  lleilr-  ménager  aux  frais  du  trésor  l'approvisionne- 

Top.  Df/p/i.  94  n"5!J  ;  à /'/n7o(o;/iis,  L.X.Xl,  l'Jli,  ment  d'eau,  répare  de  ses  deniers  la  source, 

94  n.  ■49,  où  il  a  énuméré  des  statues  de  la  è;  ÛTioa/éoew;,  selon  la  promesse  qu'il  en  fit, 

Concorde   remontant  ù  304 -^OO  av.  J.-G.  et  sans  doute  au  jour  où  il  fut  i^lu  curateur(C'/G, 

d'autres  du  troisième  siècle  do  notre  ère.  3797°;. 

1*1  Cf.  In  décret  d'AsROH,  I)rrTi-:Nnhm;rii,  Syl- 


INSCUIPTIoNS  GRECOrES  ET  I-.\TINES  Dr  MISÉE  DADANA  283 

?  Registre  n»  51  :  Chapiteau  byzantin,  avec  inscription  grecque  'à  Adana'. 
AD.'.avo-j  jji£Ya).0T:i(î7tïr:à-:0'jj  v.;  alciva;  r,  '^•/■f,y.r,. 

Le  Bas-Waddington,  III,  MWi. 

15.  Cippe  en  pierre  (G.).  —  St('Ic  ronde  (Ch.;. 

?  Registre  n"  27  :  Stèle  ronde,  inscription  grecque,  calcaire.  Don  de  Arliii  Yapoudjian, 
Missis. 

"Kto'j;  |j).î  .   Mf,'/o^jO-:(ù    tù  zv.-.  'Astî'ji'.oiok;)     l/.aoo;   y.x:   HîOTtiua  tû    •j''.û>    •j.-fr,ar,i 
'■'. 

De  l'année  232  de  lère  de  .Mis.sis,  soit  do  Itii  J.-C. 

G.  de  Jerphanion  et  L.  .lalabert,  Mrlanycs...  de  lieiinuitli,  III.  1 .  [>.  i77  a"  72. 

10.  Musre  n"  42.  —  Petite  stèle  plate.  (Ch.). 

Hcgislre  n"  12  :  Petite  stèle,  calcaire,  trouvée  à  Missis  par  le  lieutenant  Lapierre. 


y_av.. 


^ 


(:To'ï  C  C   N  P 
M  H   r/    .  .  .  I  A  N 
1X0.      ■        T  \ 
X  A  C  i    .  .  A;  A/^A£\ 

A  c  Are.  <o'<  ^\ 

c  hTh  a  a  éA^-ri 
.MNHMHCXAPi 


"Ktoj;  îvj'  I  'J.r,-/[b;  l]]r/ 1  [y1];jlo['j.  .]  Tj\yi.T."'i;]  .MaaÉ  |  a^  A[p]£[ilxO'jo  |  tt,  ?  ou 
A[t]s[p]xou2  I  TT,  ?    TT,  àoîAsr,  I  txr/-|ur,;  yàv.'/. 

TuyaTio;,  nom  d'homme,  est  fi-é(jneiit  à  Tliéra*".  On  pourrait  aussi  songer 
à  T'jyàa'.ov,  diminutif  tu^ulre  dcviMiii  ikhh  de  reiiinie.  ((iinme  Tàf.ov,  TxTàp'.ov, 
TaTaTiov;  '.Vrrîp'.ov,  'Airsàpio/ ;  et,  l/l/;v^  .Mào-wov  (n"  23).  —  Ma;a.ia;  est  un  liNpo- 
oorislique  de  Ma;jta,  .Mxaa;'**,  piulol  <|m'  le  nom  de  Mdwuiit  porli'  à  lieyruiilh 
par  ime  femme  du  commun*". 

(')  c  /  G,  247-2  ;  /  G,  XII,  3  n' •  250  ",  3-27  '",  Die  finheimischen  Snmrn  der  l.ykirr...,  pp.  UO, 

8!U;  suppl.  1586.  487. 

(«1  KiiKTscHMKU,  hinlfitung  in  die  Ceschichle  ("C;/.,  III,  6694  ;  cf..Wnmca,  Cil..  111. 101 IJ. 
dergriech.  ^prache,  pp.  338-339  ;  J.  Sixiavali., 


284  S  Y  RI  A 

Le  nom  de  la  défunte  paraît  nouveau.  Arpj£['.VrjoTir,  peut  être  composé  des 
racines  aru,  d'une  part,  et  d'autre  part,  de  kata  (cf.  ApuxavSa'*)),  kiida  (d"où 
Ko'jÔ£'.;'2)j  ou  kuza  (cf.  Ko7£'.;,  Eoy^av.?  (3)).  A[-:]s[p]xo'jû77i  est  également  probable, 
rappelant  la  tribu  carienne  des  OTopxovSsi?'*'.  Les  listes  de  Sundwall  ne  com- 
prennent aucun  nom  commençant  par  Avs!.... 

La  date  doit  être  calculée  d'après  l'ère  de  Missis,  qui  commence  en  68  av. 
J.-C.  <^'.  A  Tannée  £vp'=  155  correspond  l'an  87  de  notre  ère.  —  Les  étoiles  à 
six  rais  qui  accostent  le  nœud  de  guirlandes  (?).  au  fronton  de  la  stèle,  rap- 
pellent les  deux  étoiles  qui  entourent  la  tète  d'Athéna  Magarsia,  si  souvent 
figurée  sur  les  monnaies  de  Cilicie'"',  et  les  deux  fleurons  qui  accostent 
maint  fronton  sculpté  sur  les  monuments  funéraires  de  Lycaonie'''. 

17.  Musée  n"  276.  Bloc  de  marbre  (G.).  Dalle  épaisse  (Ch.). 

Registre  n"  27G  :  Autel  avec  inscription  grecque  ;  calcaire  blanc.  Don  du  moukhtar  de 
Missis. 

NjIKOAlKH^oi-cpKAEù^X 

L"-  -'•■•-••■  Yxn  I  rr  o  P  o  Y  rfl.  A  n  a  PI 

K  A  ■  ,  ^  f^ 


Je  reproduis  la  copie  de  Ch.,  meilleure,  en  ajoutant  les  lettres  qui  com- 
mencent la  3'  et  la  5'  ligne,  d'après  G.  Lecture  de  M.  .1.  Chamonard. 

N'.xooîxT,  So'ioxAîOj;  EÙT'Jyto'.  n6p"-:]o'j  tû  i/o;'!... 

('•  J.   SuNDWAi.L,  op.  /.,  pp.  o3,  99.  Pour  le  (='  I'auly-AVissowa,   iî.   E.,  s.   v.  aéra,  col. 

rapport  des  noms  de  personne  avec  les  noms  645. 

dp  lieux,  en  Asie  Mineure,  cf.  \V.  M.  Ramsay,  (''■'  Batiklon,    Les  rois  de  Syrie,  p.  CXXXIl, 

Journal  of  lleltenic  Studies,  1918,  p.  149.  pi.  XIX,  t. 

I'>  J.  SuNDWAi.L,  op.  /.,  p.  lis.  ("i  Miss  a.  Margaiif.t  Rams^y,    Isanrian  a. 

(')  J.  SuM)WALL,  op.  /.,  p.  129.  Eastphrygian  art,  dans  Hliidies  in  the  Easiern 

{*)  J.   SuNDWALL,  op.   L,  p.  -il;).  Adde  liutl.  Roman  provinces,  p.  i2,  fig.  3  A,  pi.  111,  pi.  V 

rorr.  hellén..   XII,  1888,  p.  21  s.,  n»  K.  —  Cr  et  fig.  7  A,  fig.  8,  fig.  10,  fig.  dS  A,  etc..  Sur 

nom  est  formé  de  la  rncini-  Tavxov?»  et  d'un  ii  la  fréquence  de  ce  motif  sur  les  tombes  chré- 

initinl  :  or,  l'alternance  de  Vu  et  de  Va  c|ifn-  tiennes,  cf.  ibid.,  p.  27. 
tliétiques  est  reconnue  (cf.  Lv  H»s-\Yai)1).,  III, 
40M  ;  J.  SiM>WALt,,  p.  276). 


INSr.nil'T[()NS  f;iiEC(^)UES  et  latines  du  Ml'SEE  D'ADANA  285 

N'.xooi/./.  so  trouve  ilans  Arislupluiiic   {Liisisirniii,   321):  cf.  N'./.ov./.o;  (/.  .(., 
11^  777);  _  iiop-c-  dans  CKi.  III.  ti:ii»7. 

18.  Fragment  de  frise  de  marbre,  portant  ;i  gauche  un  triglyphe  (Ch.). 
?  Registre  n"  211  :  Inscription  grecque  avec  motif  décoratif,  marbre  blanc.  F^nvoi  du 
moudir  de  Missis. 


1}]]);  c  -r  p  A 


l'iililir  par  (!.  C.oiisiii.  A///m  le  Jciiiir  ni  Asir  M.,  p.  i'M  :  «  An  m<'.:l!ii  '-ii 
aiiiuiil  (le  la  petite  \il!i'  iiiodiTac  (^ile  .Missis ),  purtuiil  en  graiidfs  lullrea 
(U  m.  10  de  hauteur)  ni'A,  une  grande  pierre  darehilrave  ;  à  gauche  un 
triglyphe.  » 

1'.).  Mu.sée  n'  ili:;.  SlMc  ronde  (Cli.).  Sur  les  deux  ciMés  d'une  colonnctto  de  granit  (Lan- 
glois). 

Registre  n"  l(i."i-(i:  cippes  funéraires  en  marbre  blanc  avor  inscription  grecque,  pro- 
venant du  cimetière  musulman  de  Missis.  Knvoi  du  lieutenant  Anecy. 

-h  1^    N  I   N  h    A  H  5+        ^1  A    P/  -^  c    7-  €c 
AopEPCJN-TA  yn  AT/  /^C 

n  eA   ."J  ^  /MAK 

D'après  hi  copie  de  Langlois  <",  Waddiugton  lisait  ainsi  la  première  partie 

du  texte   :  Mv[f,Ju.a   o['.  à-.5jpov o'.ax[ovoj  'xn,'xt,^\  yàv.v.    La  iiou\elle   eo|iie 

donne  :  Mv[ï,]ixa  o(i)a»spovïa  n(a'.)av['l]o'j  oi.ax[6voj\  Le  solécisme  o-.asipovTï  (|uali- 
liaiit  lin  singulier  se  rencontre  à  Beyrouth'-',  à  Deïr-el-Ferdis '^'  et  dans  la 
région  du  LailloS  :  M'/riaa  O'.a-iipovTï  +   Kovdvo;  j'.ô;  ïavoavTàxa  •*'. 

\I.  —  Gaza  de  Djihan.  —   Dédicace,  épilaphe. 

20.  Musée  n"  'J8.  —  Cippc  provenant  du  cimetière  turc  de  Djibaii  Rattile  (caza  de 
Djihan)  (G.). 


I"  Fac-similé  ap.  Lk  Uas-Waddi>gto>,  III. 
liiOl.  Moins  bonne  copie  :  G.  Cocsin,  Kyros  If 
Jeune  en  :\$ie  Mineure,  p.  -137. 

(-1  Rknan,  Mission  de  l^hènicie,  p.  380. 

l't  Jalaiikiit,  Mèlunijes...  de  lieyrouth.  I, 
1906,  p.  166  11"  33. 


(•'  IlicRS,  d'après  les  copies  de  Bent,  Jour- 
nal of  llellenic  Studies,  XII.  1891,  p.  627  n°  67, 
ap.  L(iii-KLU,  Berichl  ù.  d.ijriech.  Epigrapliik, 
1897.  p.  365. 


286  SYRIA 

Re<nstre  n"  98  :  Inscription  grecque,  bordure  de  tombe  de  cimetière,  Djihan-Bekili. 

EISlAcoPOC 
T  oj  (")  E  to 
E? 
Ch.  n'indique  pas  de  S""  ligne. 

Le  nom  du  dédicant  est  une  preuve  nouvelle  de  la  diffusion  des  cultes 
alexandrins  en  Cilicie.  11  y  avait  un  Sérapéum  à  Sis  '". 

21.  Trouvé  à  4  km.  N.-O.  de  Djihan.  Pierre  rouge  mal  taillée  (G.).  Très  mauvaise  gra- 
vure, mais  très  lisible  (Ch.). 

?  Registre  n"  2.3  :  pierre  plate  avec  inscription  grecque  de  Djihan,  trouvée  par  le  capi- 
taine Desrive,  de  la  légion  arménienne. 

kAl  enn  I  s 

TE  TTA 

r-rLn/\Tpr 

«AI  KO^  A  A 
n  I  A-T-TL  A 

MàïTY,;  I  xal  'EvvU  |  Tt—y.  |  -w  -x-f'.  |  xal  Koj/,a|7rCa  -m  àloeA'iwt.  —  Ma^tès  et 
Kiini^  à  TcUiiA  leur  père  et  à  Koulapias  leur  frère. 

L'iuli'-rèt  de  ce  texte  est  dans  l'onomastique.  —  Mà3-:r,s  est  nouveau  et 
peut  être  rapproché  de  .Ma'Traupa,  ville  de  Lydie,  et  de  MaTTou^ia,  montagne 
près  de  Smyrne  ;  .1.  Sundwall  rattache  ces  noms  à  la  racine  mmlta  *^'.  Il  les 
compare,  aussi  à  MajjiaTTw,  attribue  au  thème  vuima  <  ".  Mà3-:-f,;  pourrait  n'être 
qu"uni!  forme  réduite  de  ce  nom  Mr^y.(j-'.<;  :  des  noms  d'hommes  et  de  lieux 
se  présentent  en  Asie  Mineure  sous  des  formes  alternantes,  telles  que  Pasa  et 
Paspaxa,  Sahnula  et  SnIsiilDudd.  toponymes  :  à  Ephèso.  la  tribu  des  Bcnneis  ou 
liembirwis^*^:  l'nza  et  Pepouzit.  centre  des  .Montauistos  en  Phrygie  '■^';  enlin  Màpr'.; 

('>  De  Jkiii-hanion  et  Jai.ahkiit,  MèlniKjes...  (')  Ibid.,  pp.  lil,  \i^. 

de  Beyroulli,   111,   1,   1908,    p.   472   n"  06.  Cf.  (<>  W.  M.  Uamsay,  Hislorical  Geoçiraphy  oJ 

injra  l'inscriptiiin  d'iglahié  (n"  '23  .  Asin  Minor,  pp.  317.  451 

(•)  J.   SuM>WALr,,   Die  einheimisclien  Xiimen  (^)  Id.,   Cities  a.   liislioprics  of  Phrytiia,  1, 

der  l.yl<ier..,  pp.  143,  233.  p.  244  ;  H,  p.  S7.n. 


INSCIÎIPTIONS  GRECQUES  ET  LATINES  DU  MUSEE  DADANA  287 

et  .Ma,i[jiàoc'.<,  noms  dlioinino  et  tie  peuple  "'.  Toutefois  à  SMrrrr,;  n'-pondrait 
d'après  ces  exemples  M«t;a7.7-:'.;,  plutôt  que  Ma;jiaT-:i.;.  —  Er/i;  est  prohalile- 
mcnt  masculin;  cf.  'Ev£t;,  génitif  masculin  c'i,  Eva  et  Eva;,  féminins  '•'.  Av/'ô, 
masculin,  de  la  même  racine  eue,  que  nous  retrouverions  dans  Ana/.arlie  '^'.  — 
Tî-rrâ;,  masculin,  est  un  dérivé  inédit  du  thème  tête,  Idla  '^'.  —  Dans  Koj/.ïria; 
apparaissent  la  racine  KuUi  qui  a  donné  Koj/.â;,  masculin,  en  Isaurie'"'  et  le 
suffixe  p(a)-ija^'''K  On  connaît  déjà  les  dr-iivés  de  Kitla  par  le  sulfixe  Im.  Voir 
supra,  n°  7,  Ko/àê/,;. 

Vil.  —  Anavarza.  —  Fragment  architectural. 

22.  Musée  d'Adana  n"  l.'?l  [corriger:  1!H  .  Marbre.  Dimensions  :  0  m.  0.3  x  0  m.  48 
X  0  m.  15  (hauteur;.  Lettres  du  texte  gravées  sur  la  face  en  hauteur,  hautes  de  0  m.  07. 
larges  do  0  m.  05  ((i.). 

Registre  n"  191.  Acrotére  d'angle  du  fronton  d'un  monument  d'Anavarza,  avec  frag- 
ment d'inscription,  rapporté  par  le  lieutenant  Vigne,  de  la  L.  .\. 


ICKAlTûM  Ht 


VIII.  —  Kars.  — Épitaphe.  Dédicace  à  Commode,  dieu,  auguste. 

23.  Musée  d'Adana  n'  !'.)">.  Stèle  ronde  provenant  de  l'école  tur(|ue  de  Kars  (Ch.V 
Registre:  n"'  l'.)i-l'J.j  :  cippes  funéraires  avec  inscr.  gr.,  se  trouvaient  devant  l'école 
turque  de  Kars. 

I   K"  A  A  A-  '^  1  o  c 

THTTNAihii    KAI 
noni/S-i   ANoC 
T  H  A    AeA<^H    KA  i 
Z  o  M.   feTT(   A    H/<HrHP 
>-^   N  H  >-^  H    <^  y.  A    P  I  N  ~£y 

IKAAAAIOI!  M'iail-il  un  nom  nouveau.'  Je  n'ai  pu  le   rencoiilriT.  ni  voir  de 

('I  Su^n^vAlL,  pp.  H'2,  132.  l'-i  Ramsay,  Liike  Ihe physiri.vi,  p.  .360  ;  Sumv 

('•  KuKTscuMEK,  KinleHuiuj  in  die  Ocscli.  il.  wall,  p.  i8C. 

grieclt.  Si^niclie,  p.  Hi  :  Sum>hai.l,  pp.  09-70.  i«i  cf.  v.  g.   "Apiiinfiç,  •Esuiniit.  "Eiuis^tuv, 

13|  SuNuwAi.1.,  p.  -284.  avec 'A?;jiS;,  'Eouâ;,  'Esjiwv  (Su.miwau.,  p.  73). 

l')  Khktsciimkr,  Einieilung....  pp.  3.1S-349  ; 
St.M.wii.1.,  pp.  203-205. 


288  SYRIA 

quel  thème  il  serait  dérivé  ;  les  noms  en  a'.oç  sont  très  rares  dans  lindex  de 
J.  Sundwall.  On  lira  donc  : 

[T]i(êîsio;)  KÀ(a-».o^)  'Aoaw;  |  Mapî-vw.  |  -r,  vjvaul  y.yX  \  Uo-:[T:tAj;  \  tt, 
âôîÀ'jf,  xai  I  ZojxîTT'la  7,  ;J.7;'rr,2  |  |jLr/;u.Y,;  yâo-.v. 

Mioî'.vov  semble  être  un  diminutif  de  Màiî'.;.  .Alàv.;  i",  analogue  à  beaucoup 
de  noms  de  femme  en  Anatolie.  —  Zo;jLîTTia  vient  de  Aoiji'.-r'la.  par  une  transfor- 
mation déjà  notée  :  AaTasvoot  (dans  Strabon)  devient  Ti^aaavSôç  à  l'époque 
byzantine'^';  les  deux  formes  TxosjM-n-'.:  et  Ta^ïAuvÎT'.;  existent,  et  en  général 
l'alternance  du  o  et  du  ^  dans  l'onomastique  anatolienne  est  certaine  *'^*.  — 
'Aoalo;  est  rattaché  par  Kretschmcr  au  thème  anatolien  Aôa  t^'. 

2i.  Provenance  :  Kars  Bazar.  —  Musée  n"  194  (G.).  —  Stèle  ronde  provenant  de  recelé 
turque  de  Kars.  Ligne  3  martelée  et  regravée.  Au  sommet  de  la  base,  ressaut  hexagonal, 
portant  sur  cinq  de  ses  faces:  pomme  de  pin.  litiius,  vase  (face  antérieure),  rosace 
litiitis  ;  la  a'  (face  postérieure)  est  vide.  Aux  angles,  ornement  à  redans  (Ch.). 

Inscription  publiée  par  Hicks,  Jounuil  of  Hellenic  stiuUes,  XI  (1890),  p.  -2.37, 
11"  3  =  Gagnai,  Iiisrr.  (jracc.  (ul  r.  mm...,  111.  804. 

'.A-'aOr,  TJyr,.  |  .\.jzrjy.zi.-:rjy.  KyJ.^y.z'.  |  Ko|ji.ijioo(;)  O^w  I  SîêaTTw  |  lojA'.xvô;  ATx),ï,r'.i- 
ooj  I  -'  -ijj  AY||r/,Tv]oj,  i  Upe'j;  1  toû  .\j-roxpà-:opoç. 

A  la  ()''  ligne  les  premiers  éditeurs  omettent  l'arlicii'  avant  '.tpfj;. 

IX.  —  Islahié  (Nicopolis).  —  Base  de  statue. 

25.  Lave  rouge.  Empreinte  des  pieds  (d"une  statue?).  —  Dimensions:  0  m.  iJO  X 
0  m.  42  X  0  m.  42  (hauteur)  (G.).  Ch.  —  Lecture  de  M.  Chanionard. 

?  Registre  n"  loG  :  Inscription  grecque  sur  lave,  socle  de  statue  dont  on  voit  les  deux 
pieds,  provenant  d'Islahié. 

OAH  rAOÎl 

IZlAliJPON  H  PATON  KAIAN 
TU  N  ION  TON  ijAOn  ATP  IN 
AiniAPETON   KAiEYETPrE 

HNK     : ':      THNAIHAE 
Z  TT  0  A  E  Lu  H  T E     M  E  C  :•■  ; ,-;  ••;•  cl 

0    oï,;xo,-  I    l-ioojpov    'II si   tov    zal     'AvJtiov.ov    tov    'j'.),o-a-:v.v  |  xal     -aviîîTOV    xxl 

C)  SoDWAi-L,  pp.  14-2-U3.  |:«i  H.  GiiKuoini;.  Sliulia  Ponlica.  III,  pp.  i:i6- 

Ci  IUmsay,   Êlhtor.  Geoijr.   of  Asia   Minor,  157  ;  cf.  Kuktschmkii,  op.  /.,  p.  19(5. 

pp.  ■28U-i!tO;rf.  KiiKTS(:ii\iKii,/;ni/.i/un;/,p.;i09.  C»  Einleihuuj...,  pp.  337-338. 


iNSr;iiii'ri()X.s  (;i;i;r.(Mi;s  i:r  i,.\riM:.s  di:  .misij;  dadana  289 

£Ù£pv£  I  [-:J-/,v  y.|-/|''.  [xTiJTr/.v  j/J-/i  [~y.-.iy/.^  \  \rf,\i  r.ô'/.it,}^  ■:£['.uy,  ;  [ëv:/.-y.J.  —  l^e 
peuple  à  Isidùnis  fils  ili;  Hi'ras,  siiniommé  Aiituiiins,  patriote,  vertueii.r,  l/iaifaiteitr,  fon- 
(Inlenr  et  père  ilc  lu  rillr,  en  i/ni/c  d  Itaiiiicitr. 

Lo  riDin  (llsidùros  utlcslu  le  rulti!  ili'S  ilivinilôs  ali'xaii(irii»'.s  à  Nicuiiulis; 
on  n'y  coiiiiaissail  i|ih' ci'liii  de  Nl'Ihj  idi-nlilir  [tcul-ùli'i;  à  A|tijll<)ii '".  —  Ilt-ras 
est  raie;  il  s'csl  ii'indiili-é  à  l'cssiiiorilc! '■'  cl  à  Aiei» '•".  Il  ii'rst  [tas  nicntiorini; 
sur  les  lislos  de  H.  >illig.  De  lininiintiu  Huniiiiilms  iheiiplinris.  Diss.  de  Ilallo 
ilUI. 

X.  —  Bâlkis,  près  Biredjik  (Syrie). 

2(J.  Musée  n"  2()i.  Dans  un  cadre  en  pierre  d'environ  0  m.  <iO  X  0  m.  U),  est  sculplû  un 
buste  de  femme  ou  d'adolescent  ;  un  voile  descend  de  la  tèle  ;  la  main  droite  lient  sur  la 
poitrine  un  objet  (cassé),  la  main  gauche  un  bouquet  (?).  Au-dessous  du  cadre,  3  li},'nes 

confuses  ((j.)  : 

1.  illisible 

2.  complète?  MAI'KOV 

^.  complète.  AAVlIKXAII'l': 

Registre  n"  201  ;  siuil|)lure  de  femme  grec(|uc,  stèle  funéraire  en  calcaire  tendre,  etc., 
don  du  V.  Mi'kliihu-,  (lircrlcur  do  l'école  des  capucins  à  Aïnlab. 

C  est  sans  ddulc  la  sièii'  vue  à  Aïiilah  par  (i.  ('.^u^ill  (cf.  Ki/ins  le  Jeune  en 
Asie  M.:,  p.  Ml  n.  I),  purlaiil  riiiseripliuii  :  Faix  (  Màî/oj  |  i\j-t  yxvo:. 

XI.  —  Inscriptions  de  provenance  inconnue. 

A.  —  Dàlicdee  à  ('.(inieidld  et  ii  hiliit  iJoiuiut. 

27.  Stèle  ronde,  coupée  eu  deux  dans  le  sens  vertical  et  dont  il  ne  reste  que  la  face 
inscrite  (Cli.  .  Mari)re  (G.). 

Inscription  [lujjliée  par  (I.  d(^  .li  l'idianion  et  L.  .lalaherl,  Mékimjes  de  lu 
Faculté  (irieiiliile  de  lieiimulli ,  III.  I.  {".MIS,  pp.  .i7.')-i7().  n'  71.  d'après  le 
I'.  tiirard,  (lui  iiuliiiiu'  la  [inivenaiire  hès  pruhalde  de  Verzoïial,  dans  le  caza 
du  hjel.id  Harakai. 

l'I  lluMANN  el  l'ucHSTKiN,  Heism  in  Ki/iAic/i  (*•  Orienlis  yraeri...,  .Md.SM  =:  Inscr.  grat- 

u.  Nordsyrifii,    p.  3118;  cf.  l'Eiiuiuzi^r,  Bull.  cae  ad  r«  rom...,  III,  2i5,  iHd. 

curr.  Iiell..  XXI,  1897,  p.  UM.  I'IWaddington, /nscn>/ions./<r  SynV,  1831a 

SïiuA.  -  M.  ;•,; 


290  SYUIA 

ajToxoàTOîo;  1  zal  ty,;  U:â;  -j'jv/.a/.toj  xal  |  ty,^  -aTciooç. 

Ni  G.  ni  Cli.  ne  mentionnent  le  texte  gravé  sur  le  côté  du  bloc,  d'après  les 
premiers  éditeurs,  et  qui  a  sans  doute  disparu  à  la  taille  de  la  stèle. 

B.  —  Inscriptions  lio)iii)ifiqties. 

28.  Musée  d'Adana  (G.). 

///////////  OC 

Ml  ouroMVo*/// 

EPEIAANTHC  MOAE^E 
H  M  H  n       K  A  P  I  N 

Quelques  corrections  paléographiques  obvies  (*  pour  0,  H  au  lieu  d  un  E 
carré,  A  au  lieu  de  A)  donnent  la  lecture  suivante  : 

'OoY,;i.jo;  A-  ■  fi'.v  [N'.VjAmv  I  [oY,a!.]o['jp]YÔv  j['i"  £;*|£T[Y,]p£i[o]av?T-/,.;  tz6a£[co;],   | 
[uw^l^Y,;  [yjâp'-v.  —  Le  imqde  à  N.,  fils  de  Nikolaos,  démiurge  an  temps  des  fêtes 
(jiic  lu  ville  (liiunv  tons  les  six  (ins(?).  en  sonrcnir. 

J^e  rôle  important  des  démiurges  dans  l'administration  municipale  de  l'Asie 
Mineure  est  certain,  bien  ipie  nud  défini.  C'était,  d'après  les  textes  épigra- 
phiques,  une  fonction  dispendieuse,  d'ordinaire  annuelle*",  qui  supposait  des 
distributions  d'huile  et  même  d'argent  ;  ces  frais  devaient  être  plus  considé- 
rables lors  des  fêtes  religieuses  et  des  jeux  que  la  cite  donnait  à  intervalles 
fixes*"*.  Le  di'-finit  l'iiuit  mort  eu  exercice,  durant  ces  fêtes,  fut  honoré  d'une 
stèle  par  la  cité. 

Quant  au  détail  des  restitutions  .  le  nom  de  Nikolaos  se  retrouve  à  lliero- 
polis  Caslabala'^'  (d'où  une  inscription  peut  facilement  être  apportée  à  Adana)  ; 

—  j-ô  avec  l'accusatif  est  classique  au  sens  de  «  à  Tépoque  de,  au  temps  de  »  ; 

—  l'accusatif  ÉçaETf.pîoav  est  incorrect;  mais  en  Asie  Mineure  la  désinence  de 

l''  Lii:iii:n\m,   Sldilleverwalliing...,  pp.  29"2,  nairo  annuelle  ;  il  pe"!  ilt'sipner  toute  réunion 

ÎJîjH.  Cf.  rcpciidant,  ibid.  un  alwv.o;  5ri;ji;o'jpYÔ;.  périodique,  religieuse  ou  agonistique  :  cf.   les 

llélagabalc  fut  démiurge  ù  Anazarbe,  Sévère  Tf.ttr.p.;;  et  KtvTatTr,?'';  lûv  "EXejoivdov  (Sy(io;/e ', 

Alexandre  à  Tarse.  S87  note  171). 

('I  Le  mot  éîiETr.pi't  ne  signifie  probablement  (^)  Hicks,  Journal  of  llellcnic    Sludies,    XI, 

pas  l'exercice  de  cinq  ans  pleins  qu'aurait  duré  1890,  p.  '249  n"  2"2  ;  apud  I.,aiifkm),    IJrrirld  ii. 

la  démiurgie,    pui?<|ur    celle-ci  était    d'onli-  (/.  gr.  Kpiijr.,  IS97,  p.  337. 


iNSCiîii'iioNS  Gi!i:(;(ui:.s  i:i  i.Ari\i:.s  uu  miski-:  dadana  2'ji 

riic(;usulir  singulier  ticla  Iroi.sii'iin!  tl/'cliiiaisoii  t-sl  fir(|iieiniiiL'iit  r/  '  .  et.  dans 
le  cas  qui  nous  occiipi',  il  y  eut  sans  iloulo  influonco  de  l'accusalif  -r/razT-lav 
sur  la  l'orme  É;a:T-/,vloa,  (|ui  (l(''sij,'iiaiciit  l'un  et  l'aulre  rintervallr  dr  'ians  si-pa- 
rant  deux  assctiihlées'-'.  On  peut  aussi  lire  :  [iTr:7.îrr,]yzv.-j:/ . 

2'.).  lUoc  de  inarbre  noir.  Dimensions:  0  ni.  7")  X '^  ni.  73x0  m.  M  liauteur). 
Leilres  hautes  do  (I  ni.  (I.<,  largos  do  il  m.  02")  |(j.,  —  Cli. 

A  E  Y  K I  o  l  A  I O  N  y  H I O  Y  T  H  N  r  Y  N  A/ 

ZTHZiroNH  Nrrvôr  ANOi*  / 

\z-Jy.Vj;  \:'i/j7Vjj  t/.v  ■■■jrj.\ly.-j.     \  ïrr.T'.-'Ovr.v  WJlit.i/'j;. 
Le  niHM  de   Iriniiii'  ït^t-.vow^  ne  se  Iiimim'  ni  dans   |';i|ic-I{criselcr,  ni  dans 
Kielil-Ueelilid,  l)ir  (/riecliisrlirn  l'ersoiwiiiiaiu  ii.  (if.  le  masculin  yi-x-v-i/i,;.  h  .Vst\- 
paUiea  {I  G,  .\11  .i,  n"  !()«-'). 

C.  —  Eiiittifihes. 

;!0.  Petile  sliMo  miidi'  (Cli.  i. 

.VHlINOAol'Oi; 

ÏTP.MONKIKH 

.\H1IN0A<.»I'<.) 

Ï(.)VI<..MMI 

MliCX  M'I.N 

31.  lilcic  (le  marbre  cassé.  Huit  lignes  visibles,  mais  incomplètes  et  confuses  (G.). 

<  uyi 

i  I  I  iCfM 

>  Ni  AN*  ///  AO  NH  Aie<         , 

f    )HH£PAN  MATV  VOMAIC 
;    A*POAélCI  OCtWOAfv 

I  KEITAI 

Lospaco  occupé  par  1  épilajdii'  ' \zyjov.7:oi  £/Jào[-]  xî'-oe..  aux  deux  der- 
nières lignes,  nous  fixe  sur  le  cliani[>  «pie  couvrait  rin.scrijiliim  gravée  au- 
dessus  :  il  n'y  a  pas  île  lacinie  à  droilr.  I.a  fin  lic    la  ipialrièine  ligne   et   la  cin- 

'   I.K  ll\s-\V\i>i>i\GTON,  III,  77!l.  817,   SI!);  i^^   Pour   le  rapport   il.-   Sht!»    et   t.=ut7ip\-, 

Uamsav,   StiKiirs    in   Ihe  Edslt-rn    Roman  l'ru-  TJTp»eT!i  et  sivraeTr,?;;,  cf.  v.  p.  Orirnlis  ijrae- 

vinces,  pp.  60.  i;i-2,  153,  170,  S31.  CT.  la  (orme  ri...,  513,  noleti  ;  J.  Toit\i>,  daiisDAHtMiiKHu- 

naTiiSïv  et  la  note  lie  J.  Fii  isEii,  ibid.,  p.  Ki3.  Sai;lio-1'ottikii,   s.  v.   I.iidi  inililici,  p.    1364. 


292 


SYRIA 


quièmo  donnent  à  peu  près  sûrement  xar^j'  i'xizvj  aa[p]TJ[p]oac/.i  ^[s]'*'.  Qui  donc 
est  pris  ainsi  à  témoin  sur  une  tombe,  sinon  «  le  dieu  qui  voit  tout  »  (T:avT£-6-Tc.ç) 
et  dont  nous  reconnaissons  le  vocatif  "H).-.:  à  la  troisième  ligne  ?  L'inA  ocation 
au  Soleil  vengeur  du  crime  n'est  pas  rare  sur  les  épitaphes  de  défunts  morts 
de  mort  violente*^':  on  invoque  également  Ilélios  joint  à  d'autres  divinités 
contre  les  violateurs  de  sépulcres'^'.  —  Le  nom  du  dieu  était  suivi  d'un  titre  : 
xFôs-aolv  ô/.ov  }a[î]o[£]'j(ov.  équivalent  des  épithètes  telles  que  •/.oTaozpàTios,  o£--0Ty.ç 
Y.ô--j.ryj,  maître  de  l'univers,  que  donnent  au  soleil  les  hymnes  orphiques  >"'  et 
une  inscription  des  thermes  de  Caracalla '5'.  L'appel  à  Hélios  xo7[Aoxpà-:wp  est 
fréquent  dans  les  papyrus  magiques *''',  et  les  termes  de  ces  invocations  con- 
tiennent les  éléments  de  la  formule  xotu-ov  67.ov  aîosjwv.  La  forme  [jisoe'Jwv  (au 


C'  Même  appel  à  la  divinité,  au  début  des 
stèles  juives  de  Rhénée  Délos),  contre  les 
meurtriers d'IIérakléa et Marthiné:  'E::'./.iàoO;j^i'. 
xï:  àjiàj  Tov  6i6v  Tov  ûitsTov  (Deissmann,  Licht 
vont  Oiten,  p.  306j.  Le  texte  d'Adana  doit  être 
versé  au  commentaire  de  l'attestation  de  saint 
Paul,  2  Cor.,  \^:  Èyo)  Se  ajctuoi  -ov  6£T/  ir.:- 
xa/.o3;jiai  It:\  triv  ÈafjVtjiuyjîv  (cC.Deissmaxx.o/).  !., 
p.  ■219,302).  MipTÛpEafla'.,  au  sens  de  prendre 
ù  témoin  (les  dieux),  appartient  d'ailleurs  à  la 
langue  classique. 

1-)  Cf.  V.  g.  Ramsay,  Cities  a.  Bishoprics  of 
Phrygia,  I,  p.  339,  n°  187  ;  Cumont,  Sludia 
Pontica,  111,  pp.  16-17,  n"  9  ;  228-229,  u"  2o8  ; 
Éludes  syriennes,  pp.  47-48. 

I''  Une  inscription  araméenne,  qui  aurait 
clé  gravée  sur  le  roc  à  15  milles  au  N.-E- 
de  Tarsous,  et  daterait  du  cinquième  siècle 
iiv.  J.-C.,e.st  ainsi  traduite  par  M.  C.  C.  ToiTey  : 
This image  N  N  S  T  erecled  before  A  D  R  S  W  N , 
because  he  proterled  ray  spirit,  wieh  is  bis- 
Wboever  evil  does  to  this  image,  Sahar  and 
.Samaswillrequire  it  ofbim  {Journal ofAmrric. 
Ur.Soc.,XXXV,l9l3-l!)l7,  pp. 370-374). R.Dl s- 
n.uu  (Journal  asialique,\9i9,  l,p.  532)  lit  Ur- 
masd  pour Ormii/.d lie  nom  divin  indérbiffré. 

Le  I'.  Ron/.evalle  mo  signale  encore  que  t>u- 
mii«,  avec  Sahar  et  d'autres  divinités,  est  invo- 
qué comme  protci-lenr  des  tombes  sur  la  stèle 
A  de  >'lrab,  près  d'.Mep  ("(^lkhmon t-Iïannkai  , 


Etudes  d'archéologie  orientale,  II,  p.  193  s.  = 
CjOok,  Hdbk  of  Northsemitic  Inscriptions, 
p.  180).  Sur  une  borne-limite  araméenne  de 
Ghazné.  près  Mersine,  en  compagnie  de  Beelsa- 
mîn  et  de  Sabar,  Samas  est  pris  à  témoin  (A.  J . 
Mo^TGOMERY,  Jounial  of  Americ.  Or.  Soc, 
XXVllI,1907,p.  164  s.;  C.C.ToRREY, Zei/sc/ir./. 
.\ssyriologie,  XXVI,  1912,  pp.  90-91).  Chez  les 
Assyro-Babyloniens  Samas  est  le  dieu  de  la  jus- 
ticeet  le  dieu  vengeur,  justement  parce  qu'il  voit 
tout.  —  Cf.  les  références  de  Cl  mont,  n''258,  et 
à  Elaioussa-Sébasté,  enCilicie,  une  inscriplion 
gravée  sur  un  sarcophage,  avec  exorcisme  à 
Zeus,  Hélios,  Séléné  iA.Wilhei.m,  Jahreshefle, 
XVIll,  1915,  I3eiblatl,p.  43,  d'après  P.  Roussel, 
G.  Nicole,  Rev.  Et.  grecq.,  1917,  p.  423). 

l*'  IJymn.  orph. ,Y\U,  11  s.  et  Hymn.  mag.  4, 
21-,  dans  Abel,  Orp/iicn,  p.  292;  d'après  Jessen, 
dans  RoscuEU,  Lccilion,  s.  v.  Ilelios,  col.  62. 

('')  CuMONT,  Comptes  rendus  de  l'Ac.  des 
Inscriptions...,  1919,  p.  313  s. 

(i!)  pri;;>re  à  Ilélios  dans  le  grand  papyrus 
magique  de  Paris,  1.  1598,  VVessely  :  'EnixaX- 
oûaa:  se  Tov  jjlÉy'O'ov  6eÔv  àivaov  xjpiov  xoa[i.oxpâ- 
Top»,  Tov  È::'t  xôauLOv  xi'i  ûr.ô  xdaaov,  etc...  ;  ibid. 
1.  2196:  'O  Twv  ôX(ov  Ziar.ozTii  b  a'.iiv  tcôv  aîûvuv 
oj  ii  b  xoajjioxpâtaip  —  cilée  par  Clmost,  U., 
p.  322  n.  1.  Comparer  le  àc'i  ::£pinoX£jovTa  tôv 
xditiov,  npud  Uai>i>,  dans  Pal'lv-VVissowa,  s.  V. 
Ilelios.  col.  2024. 


i>îS(;i!ii'Ti()X.s  (;iii-:(:(^)Li:s  i:r  l.\'iini:.s  ui;  .misi-:I':  dwdana  293 

lieu  de  uîoîwv)  otlc  régime  à  racciisiilif  sDiit  surpronanls.  M.iis  noire  texte  est 
un  ccnton  de  réniinisconcos  po(''ti<iues  ;  riiymne  à  Isis,  d  Andios.  qui  est  aussi 
de  i)assc  ('[toque,  contient  précisément  le  doui)le  exemple  dune  l'orme  nouvelle 
du  même  thème  et  diiii  léffime,  à  raccnsatif  :  E;ji;x'.  o'àooJ;?.;  |  ttjovotÔxw 
iji.:o£0'.T-y.<".  (le  soiil  |ir<)l».ililriiii'nl  les  fciriiic-.  m'o-iuiiiciines  s'.aî-j'/toî,  -i'-AsyTa, 
du  [tarlieipe  eonlracte.  qui  sont  Torij^ine  de  aîoîjojv.  —  L'invocation  à  llélios 
était  précîi'dée  de  lindicatiori  ilu  crime  (piil  devait  venger.  Il  faut  proitahle- 
meiit  su[qil(''ei'  aux  lif^iies  i  et  '.\  :  'J.[t\  \  |âo)po]v  «'/[s'.jXov.  Les  inscriptions  de 
Hhénée  en  appellent  de  même  au  Dieu  très  haut  è-l  toj;  oo/.w-.  -iovîj-am;  r, 
(papiX7.x£'JTa'/Taî  tv'  Tx).ai7:o:ov  à(i)iov  'H;-/x/.£'/v  '-'. 

Après  ces  restitutions,  h-  texlc  pouiiail  èlre  lu  à  parlir  de  la  2""  liu'ue  : 
...  y\}\  I  [âo)pCi]v  àv|£ijAov,  "HA'.î.  x|[oTao|v  ÔAov  [Ji[c  o^e^jiov  X2t|()'  /.aipav  u-/[;]t'j- 
[p]o|iaC  Tfî].  'A'fpooîiT'.o;  èvOàolc]  xi^Tla^'..  —  ...  (Ci)iitiv)  cetir  i/iii  iiniiil  fuit  jh'rir 
avant  le  temps,  à  llrlins,  mintir  ilr  ridiircrs.  cliaiinc  jour  jr  tr  innuh  à  li'iiunii. 
Aplirudisios  repose  ici. 

.34.  Pierre  ordinaire.  —  Dimensions:  0  m.  îiO  X  0  m.  10x0  m.  22  (liaulcur  .  Lcltrcs 
hautes  de  0  m.  O.'îi»,  larges  de  0  m.  04  (O.l 

(t)NA  HM^lPON 

VA  APA 

MerAAy 

yHAIopiC  é.r6N 

TMINNYI  AOfcr  TXCKAX 

Sérail  pcul-èire  uiu-  invocation  au  Soleil,  comme  le  n°  il!. 
3;j.  Cippe  en  niaibre  ((;.).  Slèlc  ronde  (CI).).  —  Cli.  oniel  la  dernière  ligne. 

6t0Te\  M  OC 

K  A  i\ï  A  1  CJ 
KNH>t.H  C     XA 

ILU  AN 
BffJTi '.;xo;  KXauôit.)  tiô  io:"A-ii;>.  ;ji-/Tiar,^  yàp'.v.  'hiiàvf'/r,;). 

Cl  KuiiEi.,   /C/Jii/r.   graec,  10-28  **-*s  =/  G.  86.1":  yOovô;  «àpux,opoj  ti  xii  «TîjftTrit  oiSfovt» 

XII,   S,  1,  739.  Comparer,    pour  le  sens  de  (Hailrien,  A  KlcusisV 

[ijîejwv  :  Kaiiikl,  10*3'  Aii'.oj;iiΣ<.iv (Apollon >  ;  (»•  1)eiss\hnn,  Uclil  vom  Oslrn,  pp.  300,  308. 


294  S  Y  m  A 

Le  nom  du  lapicide  ("?),  'Iwàwr,^,  est  spécifiquement  juif  ou  chrétien  ; 
esÔTï'-ao;  est  un  nom  païen  aussi  bien  que  chrétien.  La  rencontre  îles  deux 
noms  donne  à  penser  que  le  dédicant  était  chrétien  lui  aussi. 


Sur  33  textes  copiés  par  le  R.  P.  Gransault,  la  provenance  de  23  a  été 
reconnue;  7,  signalés  par  le  registre,  ont  échappé  au  recueil;  il  reste  ainsi 
à  Adana  17  inscriptions  de  provenances  non  identiiiées,  dont  10  sont  publiées. 
Nous  savons  d'ailleurs  qu'elles  proviennent  de  Tarse  '*',  d'Adana  '-'.  de  Mis- 
sis  *^',  d'Anavarza  '*'  et  d'Ayas  '^'.  C'est  donc  bien  un  musée  régional  que  nous 
venons  de  parcourir.  La  position  de  villes  anciennes,  telles  que  Mallos 
(n"'  3,  4,  o)  et  le  tracé  des  voies  (n»  10);  la  vie  municipale  (n"'  U,  28),  le 
culte  des  empereurs  (n°  24);  certains  détails  des  usages  funéraires  (n"'  6,  9), 
les  croyances  aux  dieux  protecteurs  des  tombeaux  et  vengeurs  du  crime 
(n»'  7,  31)  nous  y  sont  apparus.  Plus  notable  peut-être  est  la  conclusion 
suggérée  par  le  détail  du  commentaire  :  il  y  a  continuité  entre  la  langue  et 
même  l'onomastique  de  ces  textes,  et  celles  d'isaurie,  de  Phrygie,  de  Cappa- 
doce,  du  Pont;  ils  nous  introduisent  dans  le  milieu  anatolien,  central  et  orien- 
tal, que  les  Séleucides  ont  pénétré  de  culture  grecque.  —  11  eût  paru  naturel 
de  rencontrer,  outre  l'invocation  au  Soleil  vengeur  (n"  31)  et  par  exemple  à 
Tarse,  quelque  souvenir  de  l'empreinte  exercée  sur  la  région  par  le  sémi- 
tisme;  mais  les  deux  textes  (pii  proviennent  de  cette  ville  sont  dépoque 
chrétienne,  \oirc  byzantine.  Seul  l'ornement  à  redans  (n"  24),  si  répandu  en 
Phénicie  et  jusipi'à  Pétra  et  Ab'daïii  Saleli.  altcstc  piMil-ètre  le  rayonnement 
en  (liiicie  de  lart  svrien. 


MdriKiiiiK 


Bcyroulh,  20  f.'vrier  1021. 

Cf.  le  Icxlc  C //.,  VI,  14()!I9,  surmonté  de  deux  t^i  K°'    :2(i7  ;    70,    71    7ti  :    cippc    fum'iaiio, 

mains  levées:   Sol  libi   commendo  qui  manus  trois  inscriplions  sur  marbre  iKiir. 

iiituUt  ei  (Altmann,    Die  nim.  Grabniliire  iIit  (^)  !<•"  !)7,  iiTli  :  pii'rre   loniliiilc,   iiiscriiiliou 

Kaiserzeit,  pp.  •234-"23;>,  réfcreiiccs).  sur  dullc  en  mnrbre  noir. 

(1)  S"'  218,  "221  :  inscription  sur  eulcaire  noir,  d  N"  2.14  :  stèle  eu  ciiliaire  blanc. 

clia|>ileau  byzanlin  portant  croix  et  épigraphe.  wi  N"»  |;!(l,  liU:  deux  inscriiilioiis  grecques. 


SARCOPHAGE   D'ANAVAliZA 


Ktienne  michon 


].('  saic(i[(li;igi'  rcprodiiil  sur  iintrc  [)lnriclu'  \L1,  I  d  apri's  uno  |iliutogra|iliio 
lie  .M.  r.ilil)!'  IJrctucq  se  tiniiviiit  h  Aiiiivarza '".  11  conslilue  aujounlhiii  l'une 
(les  pii'cos  iiiailrossos  du  uiusi-c  foiidr  à  Adaiia  par  le  /.r\o  t'-i  iaiii-  di-  M.  le  co- 
lonel iXonnaiid  '-'. 

Les  vcduiiies  parus  des  .SV^7,(//^//(/</-/^7l<•/.s  |iiililii's  par  riii>tilut  arrli('(il(»j;i(|ue 
allemand  '  "  ont  de  pins  en  plus  l'-taldi  ipu'.  aux  premiers  siècles  de  notre  ère, 
existaient  entre  les  mains  des  falirieants  di'  sarcophages  des  cahiers  de  modèles 
ipiils  ne  faisairnt  (|ue  copier. 

Il  en  est  ainsi  non  seulement  en  Italie,  mais  jusipie  dans  les  régions  les  plus 
lointaines  de  rem|iii('.  Tel  sarcophage.  |iour  prendie  un  exemple  (|ui  ne  sorte 
pas  du  domaine  de  la  revue  Si/ria.  découvert  à  Tourmousav.i  en  Palestine 
et  re[irésentanl  les  Génies  des  Saisons,  l'Hiver  ayant  à  la  main  une  paire  il'ni- 
seanx,  le  l'rintem[)S  chargé  de  fleurs.  l'Klé  portant  une  corheille  d'épis.  l'.Vu- 
tomiie  ((uiromié  de  grappes  de  raisins  '•'.  reproduit  de  très  i)rès  un  sarcophage 
de  provenance  italienne  conservé  au  Louvre  '  ''. 

La  conslatatiiMi,  toutefois,  n'a  guère  été  faite  jusipTici  (pie  pour  ces  sarco- 
phages aux  faces  couvertes  de  scènes  à  personnages  inspirées  de  la  mythologie 
on  de  la  li'gende  (pie  l'on  est  en  droit  d'appeler,  dune  manière  générale  et  par 

l'i  l.  Ittnsiralion  on  u  doiuu'-  un  crK-hi'-,  pris  (lonics    dos    saisons,    lievue    bibliiinf.    I9!S, 

surplace,  ropruduil  dans  lo  dornior  fascicule  pp.  llt-118. 

décolle  revue,  Syria,  l.  Il,  19"21,  pi.  XXV.  2.  ^^l    Calaloijue    sommaire    dfs    mnrbrfi    nn- 

l"    Voy.    Li    erèalwn    du    musée    JWdana,  (ii;ii«,     n»    ,S18,    galerie    Mollien.    auln-fois 

Ibid..  pp.  lOo-iîOS  ol  pi.  XXI-X\V.  dans  la  salle  des  Saisons;  FiimiMii.  \oli>e  de 

(')  Diea/idArfi  S<irco/)/iii(/-Ke'/iV/s  iui  .Vufirage  lu  sfiilidiire  anliijne.  n"  341;  Chkai;.  Musée 

des  deulschena  rcliaoologischon  Instiliils  hor-  de  srulpture,  t.   II,  pi.  IH,  103  (S.  Rkikacii, 

ausgelien  und  iM-arlieilet  von  C.  ItinuiiT.  Répertoire  de  In  statuaire  grecque  et  romaine, 

(■•l   Sarcophage  i-eprésenliinl    Itacelius  el   les  I.  1,  p.  2'<.  n°  •i). 


296 


SYRIA 


opposition  aux  sarcophages  dont  nous  allons  parler,  les  sarcophages  romains. 
Le  fait  n'est  pas  moins  A'rai  pour  d'autres  sarcophages  formant  par  l'aire  à  la- 
quelle ils  sont  restreints  des  séries  à  part  et  qui  gardent  des  traits  bien 
distincts.  Le  sarcophage  d'Anavarza  va  nous  en  fournir  un  exemple. 

11  s'agit,  tout  d'abord,  remarquons-le,  de  sarcophages  originaires  des  pays 
helléniques  ou  hellénisés  et  la  cuve  elle-même  se  signale  par  sa  coupe  stricte- 
ment rectangulaire  et  par  ses  moulures  limitant  haut  et  bas  les  champs  réservés 
aux  représentations,  cuve  dont  le  caractère  architectural  s'affirme  plus  d'une 
fois,  ainsi  que  le  montre  entre  autres  un  sarcophage  du  musée  de  Beyrouth 
(pi.  XLI,  2),  par  un  toit  à  double  pente  avec  acrotères  aux  extrémités. 

Les  reliefs,  de  leur  côté,  qui  sur  d'autres  cuves  présentant  ce  caractère 
proprement  grec  se  déroulent  à  la  manière  d'une  frise  sur  un  monument, 
dans  les  sarcophages  que  nous  avons  en  vue  se  réduisent  à  des  éléments 
décoratifs. 

La  famille  à  laquelle  ils  appartiennent  est  celle  des  sarcophages  à  guir- 
landes ''',  mais  dans  la  famille  même  ils  constituent  un  groupe  nettement 
délimité  et  qu'on  peut  qualifier  de  syro-égyptien  <-^  quoique,  en  dehoi's  de  la 
Syrie  et  de  son  voisinage  immédiat  et  de  l'Egypte,  un  exemplaire  provienne 
de  Chypre,  un  du  sandjak  d'Adalia,  deux  d'Iasos,  un  d'Athènes,  un  de  Salo- 
nique  et  un  enfin  de  laiicieime  Mésic*^'. 

Us  ne  seraient  pas,  d'ailleurs,  sans  pouvoir  être  rattachés  à  ces  sarcophages 
de  Sidon,  d'un  art  il  est  vrai  différent,  dont  les  fouilles  de  M.  le  D'Contenau  ont 
récemment  mis  au  jour  un  nouvel  exemplaire  <*'  et  dont  trois  autres  rapportés 
par  Renan  de  sa  mission  de  l'hénicie  se  voient  au  Louvre  disposés  sur  l'escalier 
asiatique  '^',  sarcophages  dont  la  face  a  pour  tout  décor  des  guirlandes  suspen- 


(')  Voy.  Altmvxn,  Archilectur  und  Ornn- 
mentlk  der  antiken  Sarkopkaije,  II,  Die  Oriia- 
mcntik,  i,  Die  gricchischcu  Gtiirlniidcusarko- 
phagc,  pp.  89-65. 

(')  M.  ScHiii'MHKii,  Die  Nekroitole  von  Kom- 
esch-Schukdfa  [Expedilion  Krnst  Sie(jlin, 
Ausgrabungen  in  Alexandrin,  Biiiul  I;,  ïcxt- 
bnnd,  pp.  18.")-i86,  revendique  résolument 
l'origine  alexandrine  du  type. 

(')  ti"'  30  ù  30  de  la  liste  douuéc  plus  loin. 

(*)  Syrin,  1. 1, 1920,  pp.  3')-46:  sarcopliagcdit 


u  au  navire  »  à  cause  do  la  curieuse  représen- 
tation qui  se  voit  sur  un  des  bas-cùtés. 

(^)  Mission  de  Phénicie,  pi.  LXI.  II  eu  a  été 
découvert  de  nouveau.x  dans  les  fouilles  e.\é- 
cutées  par  Maeridy  Bey  ou  1901  {Le  templo 
d'Echmoun  à  Sidon,  p.  46  et  suiv.).  Voy.  aussi 
Mkndel,  Musées  impériaux  ottomans,  Cata- 
logne des  sculptures  grecques,  romaines  et  by- 
zantines, t.  I,  pp.  76-78,  u"  12,  et  li9, 
WU;  t.  111,  pp.  406-407,  u"  1167,  et  407-408, 
n»H68. 


^^^^ 


2.  Sarcoph.ifje  lie  Beyrouth 


I.  Musôc  d'Ail.ina  —  Sarcophage  J'Aïuvarza 


SAIi(:ol'llA(.i:     I)  ANAVAIIZA 


2'J7 


dues  à  dos  iiiullcs  di-  linns,  luni  ccitciidjuil  >iiiis  iidjoriclioM  parfois  d'une  lèle 
de  Môdusc  "'. 

Trois  ('•li'mients  jouent  dans  nos  sarcophaf^es  un  rôle  essentiel  :  d'abord  les 
guirlandes,  puis  les  figures  les  soutenanl  '-'.  enfin  les  sujets  qui  occupent  la 
concavité  des  guirlandes. 

Ici  c'i'sl.  au  milieu,  un  grouiie,  sans  caractère  bien  spécifitpir.  de  l'.Vniour 
cl  de  Psyclw'  seuihrassanl.  Ailleurs  apparaissent  une  scène  de  bampicl,  ou  le 
dieu  cavalier  tlirace,  ou  nicnii-  uiir  lète  de  lion,  un  cartouche,  un  plateau,  un 
vase  '^'.  La  place  nxiinl  jilns  iKirnialciiiciit.  aussi  bien  au  cetitre  ([ue  de  part 
et  d'autre'"',  à  des  lcti>^,  le  [dus  souvent  des  télés  de  .Méduse,  comme  pour- 
raient lélre  au  surplus,  à  droite  et  à  gauche,  sur  le  sarcophage  dWnavarza, 
les  deux  tètes  symélri(|ues  aux  chexeiix  imués  sur  le  >oMinii'i  et  aux  iioucles 
encadrant  le  visage. 

Les  personnages,  d'autre  pari,  ipii  poileril  le>  guirlande*  ol'l'reiil  i-égulière- 
inenl  ce  trait  (pi'ils  sont  ligures  connue  des  >ta[ues  posant  sur  des  bases'"'.  La 
seule  pai'tii'ulariti''  spi'-einle  à  notre  exemplaire,  mais  de  laipielle  on  peut  cepen- 
ilaiil  ra|ipnMlier  un  riM^iiieiil  du  ihum'c  de  (  !nii*laiilirinp|e  di'cril  rnmnie  mon- 
liaut  Mil  Viiiiiiii  (Ii'IkiiiI  -III-  un  dauphin  '■  .  est  radjoiielion  des  [taidlières  ma- 
rines aux  eiudiilciiii'uls  [lisciloiiues  placi'es  à  lilic  de  d<''Cor  devant  les  deux 
bases  uu!'dianes.  Les  Génies,  eu  revaiirhe.  ipii  surmontent  ces  bases  et  dont  les 
altitudes  inversées,  comme  le  sont  aussi  celles  des  panlhéres,  se  font  pendant. 
>out  d'un  t\|)e  couraid.  Il  est  exceptionnel  ipie.  ;i  |eui-  place,  .s(>  voient,  comme 
siii-  un  >ai((i|iliage  du  iiiUM'e  i\u  (iaiie.  des  di\iuiti''s  diverses'^'.  Il  arrive 
même  t'n'ipiemment  (|u"ils  >e   reliniiv  eut.  non    x'iili'Uieiil  au  ceiilie.  mais  aux 


('•  Mkmif.i.,  «/).,  l.  Lu"»  1-2  (>l  4-1.  L'un  îles  snr- 
rophnjjcs  dp  la  Missinn  de  Pliénicie  moiilrc  de 
iiiriiu',  sur  un  (lo  SOS  l.as-ctMôs,  nu-ili-ssus  do 
la  ^ulrliindo,  un  busio  de  porsouiinjto  au.\ 
loiijîs  chovi'ux  tdinhauls.  11. faut  onfiii  oilor, 
à  tili'i-  do  (-ompaniisim.  uu  dovaiil  do  saroo- 
pliago  du  Louvro,  ilo  provcuauoo  inoonnuo, 
avco  guirlaiidos  porlées  par  iiiio  sorlo  do 
Tiônio  ol  lûtes  do  Moduso  (Oitalogue  som- 
maire des  mnrhres  ii»f(f/iic.<,  n"  l.'iOi,  gnlorio 
Mollicu). 

(•>  Il  est  qucl(]uos  raros  exouiplairos  (voy. 
les  n"  13,  17,  '"2  ol  sans  doulo  -i."}  .  (.ù,  .ui 
Sthi*.  —  II. 


liou  cl  pljicc  dos  figures,  n'inlorvionneni  par- 
U)ul  i|uo  des  hueràiios  «u  des  tôles  de  Wliers. 

l't  N°«  1»,  m;,  ;u),  t,  17,  33,  3:;,  13,  -2. 

l'i  Les  guirlandes  lalérulos  .<oat  surinoalées 
au  u"  .30  de  lèles  de  lions,  au  u"  •!  de  rosaees, 
au  n"  G  do  fleurs. 

1^1  Masiiuos,  u"  10  et  31;  lôlos  de  .satyres, 
n"  8  el  .36;  tèlos  de  femmes,  n"  Itj  et  17. 

i"'  Voy.  cependant  le*  n"  U  el  30.  Il  arrive 
nième  que  ces  bases  sont  de  vôrilnbles  piédrs- 
tau.\.  n"  16.  17,  20,  21,  2'i,  3S  ot  .36. 

ei  N"3I. 

»»>  N"  16. 


298 


SYRIA 


extrémités.  Les  angles,  pourtant,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  ornés  de  simples 
bucrânes  ">,  reviennent  de  préférence'-'  à  des  Victoires'^),  vêtues  ici  de  la 
longue  tunique  à  double  partie  retombante,  serrée  par  une  ceinture  très  haut 
sous  les  seins  et  qui  semble  fouettée  par  le  vent,  et  disposées  de  trois  quarts, 
mi-partie  sur  la  face,  mi-partie  sur  les  petits  côtés'*'.  11  n"en  résultait  qu'un 
seul  défaut,  à  savoir  qu'ainsi  en  angle  les  Victoires  étaient  beaucoup  plus 
fragiles  et  il  n'est  pas  à  s'étonner  qu'elles  aient  perdu  leur  tète. 

Il  est  enfin,  dans  les  guirlandes  elles-mêmes,  un  détail  caractéristique  et 
qui  pourrait  au  besoin  servir  presque  de  critérium  à  la  détermination  des  sar- 
cophages du  groupe  '^'.  Les  guirlandes,  terminées  à  leurs  points  d'attache  par 
des  rubans,  dont  on  reconnaît  de  part  et  d'autre  des  tètes  des  Génies  les  extré- 
mités gaufrées  d'une  manière  assez  conventionnelle,  peuvent  être  soit  de 
fruits,  comme  le  sont  les  deux  latérales  du  sarcophage  d'Anavarza,  soit  de  simple 
vecdure,  comme  lest  la  couronne  médiane  au  feuillage  si  élégamment  dé- 
coupé. II  est,  de  toute  manière,  de  règle  à  peu  près  constante  qu'elles  sou- 
tiennent au  bas  de  leur  courljc.  en  guise  pour  ainsi  dire  de  pendentif,  une 
grosse  grappe  de  raisins  '®>. 

Indiquer,  ces  remarques  faites,  la  liste  de  ces  sarcophages  est  forcément  se 
vouer  à  être  incomplet.  L'énumération  ci-dessous,  malgré  tout,  pourra  être  de 
quebiuc  utilité,  divisée  en  trois  groupes  :  groupe  syrien,  groupe  égyptien, 
groupe  de  provenances  diverses. 

1.  —  I.  Anavar:a.  Musée  d'Adana  (PI.  XLI,  I). 

2.  Adana.  Musée  d'.\dana.  Sarcopliage  à  trois  guirlandes  analogues,  portées  au  centre 
par  deux  Génies  et  se  rattachant  aux  extrémités  à  des  bucrânes.  Au-dessus  des  guirlandes, 
deux  rosaces  et  au  milieu  un  vase  i''. 

3.  Adana.  Musée  d'Adana.  Sarcophage  à  trois  guirlandes  analogues,  mais  simplement 
épanneléesf"!,  de  même  que  les  figures  qui  devaient  les  porter,  tant  au  centre  qu'aux  extré- 

l'i  Voy.  les  n"*  -2,  i.  S,  6,  8,  20,  21.  2-2  et  :-iO.  èlrc  7,  80  el   .36,  sarcophage  aii-dossous  des 

Les  biicrâiii'S  y  font  pinrc  à  des  tètes  de  lu'-  guirlandes  duquel  se  voient  niic  lèle  de  lion 

liens  au  n"  7.  et  deux  lûtes  de  femmes. 

1^1  Le  n"  .36  offre  un  exemple  unique  iriiiic  C"'!  Le  peudeiilif  de  la  guirlande  médiaue  des 

figure  anguipî'dc  û  l'une  des  exlrémilés.  n"*  6  et  pcut-êlre  8  est  simplement  de  feuillage. 

Cl  N"  17,  19.  28,  29,  .36,  .37.  (•)  Syriu,   t.  Il,  1921,  p.  196,  fig.  I. 

Cl  II  en  est  de  mi^rae  sur  les  n°'  36  et  37.  (')  Il  a  été  découvert   de  même  des  exem- 

('•  Il  n'y  a  d'exceplions  (ju'anx  n"'  3,   peut-  plaines  simplement  épannelés  parmi  les  sanco- 


s  A  lU:  ()  l' Il  A  (;  E    I)  'A  \  A  VA  H  /.  A 


299 


mitt's,  d'où  l'observation  que  «  la  guirlande  remplacée  par  un  croissant   "  lui  donnerait 
«  un  faux  air  ottoman  '')  ». 

4.  Alep.  Musi'-e  de  Constantinopje.  Sarcupliaffe  d'enfant  à  trois  guirlandes  analogues, 
soutenues  par  des  crochets  invisibles  et  se  rattachant  aux  extrémités  à  des  bucrânes. 
Au-dessus  de  la  guirlande  centrale,  cartouche  h  (|ueues  d'aronde  avec  épitaphc  '''>. 

5.  Aniioche.  Sarcophage  h  deux  guirlandes,  portées  au  centre  par  un  flénie  et  se  ratta- 
chant aux  extrémités  à  des  bucrânes  disposés  en  angle.  Au-dessus  des  guirlandes,  qui 
n'ont  pas  la  grappe  de  raisins  habituelle  à  la  base,  et  sur  la  face  latérale  droite,  tôtes  de 
Méduse.  La  face  latérale  gauche  montre  un  personnage  debout,  nu,  tenant  une  palme; 
le  revers  deux  groupes  d'un  taureau  terrassé  par  un  lion  de  part  et  d'autre  d'un  candé- 
labre, (louverclc  en  forme  de  toit  imbriqué  à  double  pente  avec  acrotères  ('). 

().  Daphiiâ.  Sarcophage  h.  trois  guirlandes  avec  pendentifs  à  la  base,  portées  au  centre 
par  deux  Génies  et  se  rattachant  aux  extrémités  h  des  bucrânes  disposés  en  angles.  .\u- 
dessus  des  guirlandes,  tétc  de  Méduse  et,  de  part  et  d'autre,  deux  fleurs  épanouies.  Le 
pendentif  de  la  guirlande  médiane  est  par  exception  formé  de  feuillage.  Sur  les  faces 
latérales,  guirlandes  et  mulles  de  lions  C. 

7.  Dnpluiâ.  Sarcophage  à  deux  guirlandes,  portés  au  centre  |)ar  un  Génie  et  se  rattachant 
;iu\  extrémités  à  des  tètes  de  béliers  disposés  en  angle.  Sur  les  faces  latérales,  des  guir- 
laïKles  (■•'. 

S.  /,r(0(//(('c.  (;i\plolliè(|ue  Ny  ('arisberg  à  Copenhague  ('■'.  Sarcophage  à  trois  guir- 
landes avec  grappes  de  raisins  à  la  base  i"',  portées  par  deux  Génies  et  se  rattachant  aux 
extrémités  ;\  des  bucrânes  placés  en  angle,  .\u-dessus,  des  guirlandes,  au  milieu,  lèlc  de 
Méduse  et,  de  part  et  d'autre,  deux  tètes  de  Satyres,  l'un  barbu  à  gauche,  l'autre 
imberbe  à  droite.  Sur  les  faces  latérales,  guirlandes  et  tètes  de  Méduse  r'". 

'.).  Tripiili  lie  Syrie.  Musée  de  Constantinople.  Sarcophage  à  trois  guirlandes  ana- 
logues, portées  au  centre  jiar  deux  Génies  et  aux  extrémités  par  des  Victoires  de  face,  les 
uns  et   les  autres   debout  sur  des  piédestaux,   .\u-dessus  des  guirlandes,  deux  tètes  de 


phages  lie  Siiliiu  à  giiirlaniles  suspendues  à 
(les  mufles  de  lions  (Mknuki.,  Catalogne  du 
mii.tép  lie  Constantinople,  t.  111,  pp.  'tOT-iOS, 
n-  1108;  Syrin,  t.  1,  l!)-20,  p.  'ilO). 

CI  ll>iil.,  t.  Il,  iy-21,  pp.  1%-19Ï,  tig.  \. 

l*>  MivNDEL,  Cataloijne  du  nuisre  de  Constan- 
tinople, t.  ni,  p.  .40»,  n"  n(w. 

CI  Gazette  anhéoloijiqne,  1885.  pp.  iHS-iîS:; 
et  pi.  'iS-^O;  llitlletin  de  corrcspoiidanre  Itellé- 
nii/iic,  1897,  p.  79,  n.  1  ;  Jalirhucli  des  denlschen 
arcliaeoloijisfhen  Inslitiiles,  1898,  pp.  i,So-187. 

(*l  lbid.,p\t.  187-188. 

t»)  Ibid.,  p.  188. 

(•>  Il  y  est  renvoyé  d'une  aiuiiière  fugitive 


par  M.  .Vi.TMAN.v,  qui.  indiquant  en  note  l'exis- 
lenee  de  sareopliages  du  type  que  nous  étu- 
dions fi  .Mexandrie  cl  A  Constantinople.  ajoute 
u  et  à  Ny  Karislierg  »  [Arcliilectnr  und  Orna- 
menlik  der  antiken  Sarcophnije,  p.  61,  n.  1). 

(')  Il  n'est  pas  absolument  certain,  d'aprAs  la 
seule  reproduction,  que  le  pendentif  de  la 
guirlande  médiane  soit  une  grappe  de  raisins, 
plutôt  qu'un  simple  Itonquot  de  feuillage 
comme  dans  le  sarcophage  ii°  6. 

(»)  .Yv  Carlsbenj  Glyptotek,  liiltedtavler  Kata- 
Uujet  over  antike  Kunstwifrker.  pi.  LXVIII. 
u"  791. 


300  S  Y  R  I  A 

Méduse  el .  au  milieu .  une  scène  de  banquet  encadrée  de  deux  Amours.  Couvercle  en  forme 
de  loil  imbriqué  à  double  pente  avec  acrotères  i". 

10.  Tripoli  de  Syrie.  Musée  de  Constantinople.  Sarcophage  décoré  sur  la  face  principale 
et  sur  les  bas-côtés  de  scènes  empruntées  à  la  légende  de  Phèdre  et  Hippolvte,  avec 
couvercle  ea  forme  de  toit  imbriqué  à  double  pente,  muni  d'acrotères  constitués  par  des 
Amours  accroupis.  Le  revers  devait  montrer  trois  guirlandes  avec  grappes  à  la  base 
portées  par  des  figures  et.  sans  doute,  au-dessus  des  guirlandes,  des  tètes  de  Méduse  ou 
des  masques;  mais,  comme  sur  le  sarcophage  n°  3,  la  sculpture  n'a  été  que  grossièrement 
épannelée,  de  sorte  que  les  guirlandes  se  réduisent  à  des  bourrelets  d"où  pendent  des 
sortes  de  cœurs  ou  de  feuilles  de  lierre  et  que  surmontent  des  bossages  tronconiques, 
compris  entre  des  panneaux  à  côtés  verticaux  concaves  (-'. 

11.  Beyrouth.  Musée  de  Beyrouth  et,  antérieurement,  jardins  de  Rustem-Pacha 
ipl.  XXI.  2  .  Sarcophage  à  trois  guirlandes  avec  grappes  de  raisins  à  la  base,  portées  au 
centre  par  deux  Génies.  Tout  l'angle  supérieur  droit  de  la  face  manque.  La  présence 
d'une  grosse  tête  adossée  au  sarcophage  empêche  de  reconnaître  la  nature  de  la  figure  à 
laquelle  se  rattachait  à  gauche  la  guirlande.  Au-dessus  des  guirlandes,  deux  têtes  de 
Méduse  et,  au  milieu,  un  plateau  rectangulaire  à  anses  ornées.  Couvercle  en  forme  de  toit 
imbriqué  à  double  pente  avec  acrotères. 

12.  Beyrouth.  Il  ne  me  semble  pas  que  le  sarcophage  précédent  puisse  être  le  premier 
des  deux  que  le  peintre  Monlfort,  le  28  mars  18.37,  alla  voir  à  vingt  minutes  de  Beyrouth 
où  ils  venaient  d'être  découverts  :  <i  L'un  d'eux,  écrit-il,  a,  sur  les  côtés,  des  Génies  fu- 
nèbres tenant  des  cornes  d'abondance  renversées  d'où  s'épanchent  des  raisins  et  des  fruits; 
ils  sont  accompagnés  de  deux  têtes  de  Mercure,  le  tout  très  grossièrement  travaillé.  On 
voit  aussi  des  figures  de  femmes  à  chaque  angle...  Sur  le  milieu  sont  sculptées  deux 
autres  figures,  mais  elles  sont  à  peine  ébauchées  >''.  .> 

13.  Beyrouth,  u  Le  second  sarcophage,  continue  Montfort,  sur  lequel  sont  des  têtes  de 
taureaux  et  de  béliers,  ébauchées  seulement,  est  un  peu  plus  long  que  le  précédent.  Les 
cornes  d'abondance,  les  raisins  et  les  fruits  que  l'on  y  reconnaît  ne  sont  absolument  que 
préparés;  dessus  l'un  des  côtés  et  au  milieu  de  ce  sarcophage  se  lit  une  inscription  que 
j'ai  copiée  i*'.  »  11  n'est  pas  certain,  d'après  cette  description  trop  vague,  que  le  sarcophage 
fût  exactement  du  type  qui  nous  occupe.  Le  texte  de  l'inscription,  dont  la  copie  est 
aujourd'hui  entre  les  mains  de  M""  G.  Montfort,  a  permis  à  M.  Dussaud,  par  rapproche- 
ment avec  le  Corpus  i^',  d'indiquer  (|ue  le  sarcophage  a  été  transporté  aux  Ktats-Unis  par 
l'amiral  américain  Elliott  i*^'. 

li.  Sidon.  Musée  de  Constantinople.  Sarcophage  à  deux  guirlandes  avec  grappes  de 

i')MKm»:L,  Catalogue  du  musée  de  Conslan-  pars   1,   n»    15,  et    Suppleinoiitum,    n"  6694  ; 

linople,  t.  III,  pp.  31)7-399,  ii°  1159.  cf.  Bulletin  de  la  Société  des   .\ntiquaires  de 

('(  Ibid.,  l.  I,  pp.  109-1 14,  n"  26.  France,  1889,  pp.  66-69. 

l')  Syria,  t.  I,  1920,  p.  66.  (0|    r     Dussaud,    Le    peintre   Monlfort    en 

(«1  Ibid.,  I.  c.  Syrie  (1837-18.38),  extrait  de  Syria,  t.  1  et  II, 

^'■•*  Corpus   inscripliunuin   latinanim,   t.   111,  1920-1921.  pp.  9-iO. 


SA  liCol'IlAdl-:    1)  ANAVAU/A 


301 


raisins  à  la  Ijase,  poili';es  par  des  fJi'nies.  Aii-flcssiis  des  guirlandes,  tètes  de  Méduse.  Il  est 
à  noter  cjue  les  (icnics  reposent,  non  sur  des  bases,  mais  sur  un  bandeau  qui  court  sur 
toute  la  partie  inférieure  du  sarcophage.  Couvercle  en  forme  de  toit  à  double  pente  avec 
acrotères  ('). 

I">.  Sillon.  Sarcophage  simplement  ('-panneh',  en  basalte  noir,  à  deux  guirlandes,  se 
rattachant  au  centre  à  un  carlouciie  anépigrapho  à  (jueues  d'aronde  et  aux  extrémités  à 
deux  biiciànes  ou  Irlos  de  bélier,  avec  deux  ornements  circulaires  au-dessus  des  guir- 
landes. M.  le  D'Contenau,  ipii  l'a  mis  au  jour  dans  ses  fouilles  de  191  i.  le  décrit  comme 
portant  «  deux  gros  cordons  incurvés  (jni  vont  njointire  les  angles  dn  |>a[meau,  occupés 
par  des  sortes  d'as  de  cœur  ('•''  ». 

II.  —  IG.  Musée  dn  Caire.  Sarcophage  à  trois  guirlandes  avec  grappes  de  raisins  à  la 
base,  portées  par  des  figures  d'Hercule,  de  Bacchus,  de  Satyre  et  de  Mercure  debout  sur 
des  piédestaux  en  forme  d'autels.  Au-dessus  des  guirlandes,  deux  tètes  de  femmes  cou- 
ronnées de  lierre  et,  au  milieu,  une  tête  de  Méduse.  Sur  les  faces  latérales,  guirlandes  se 
rattachant  ù  des  bucrànes  et  tètes  juvéniles  ('). 

17.  Musée  du  Caire.  Sarcopiiagc  à  trois  guirlandes  analogues,  portées  au  centre  par 
deux  Génies  et  aux  extrémités  par  des  Victoires  tenant  \ine  palme  et  une  couronne,  les  uns 
et  les  autres  debout  sur  des  piédcsianx.  .Vu-dessus  des  guirlandes,  deux  tètes  de  femmes, 
la  ciicvelure  ceinte  d'une  bandoielte,  et,  au  milieu,  une  tète  de  .Méduse.  Sur  les  faces 
latérales,  guirlandes  se  rattachant  à  des  bucrànes  et  tètes  de  femmes  (''. 

IX.  Musée  du  Caire.  Sarcophagi;  à  trois  guirlandes  analogues,  soutenues  par  des 
bucrànes.  Au-dessus  des  guirlandes,  têtes  de  Méduse.  Sur  les  faces  latérales  et  au  revers, 
même  décor,  si  ce  n'est  que  sur  le  revers,  au  milieu,  la  lèle  de  Méduse  fait  place  à  un 
cartouche  à  (jueuos  d'aronde,  reste  anépigraphe  i". 

lit.  >4/e./;n/i(/n't' (Nécropole  de  Kôm-esch-Schukàfa  .  Musée  d'.Xlexandrie.  Sarcophage  à 
trois  guirlandes  analogues,  portées  an  centre  par  deux  Génies  et  aux  extrémités  par  des 
Victoires  ('''.  Il  semble,  du  moins,  ([u'ainsi  doivent  être  interprétées  les  deux  figures  de 


(M  Mkndki,,  ('.(ildloijite  du  mii.tfc  tle  Conslmi- 
litwpte,  I.  III,  |)p.  tOO-iOl,  II"  1161.  Il  fniil  en 
rapprocher,  d'une  pari,  un  sareoplia^e  de 
mémo  pi'oveiiaïu-e  an  même  musée,  ù  deux 
fîuirliiiides  aussi,  miiis  sans  îjrappes  de  rai- 
sins à  lu  l>ase,  porléi's  par  des  Ciénies  sem- 
blaliles  et  (pie  ne  surmontent  «luc  de  simples 
lmMdelelles(/W./.,  p.  10-2,  u"ll(i-2),  el,  d'autre 
part,  un  sareophu^'e  à  deux  guirlandes  égale- 
meiil,  sans  grappes  de  raisins  à  la  base  non 
plus,  portées  de  même  un  eenlre  [mr  un  Génie 
et  se  rutlachaul  aux  e.virémilés  AdeslèlesdeU'-- 
liers  placées  en  angle,  avec  des  têles  de  Méduse 
au-dessus  des  t,'uirlandcs,  sureopliage  venant 


de  la  collectidii  de  lord  Elgin  et  aujourd'hui  à 
Rroom-llall  en  Kcosse.  (.\ltma>>.  Archilt-cliir 
Il  ml  I  ïrmiineniili  dernniiken  Snrboi>hn(if,  fi  g.  îï, 
pp.  89,  ettiOi. 

(«iS.vnd,  t.  I.  l'JiO,  pp.  15I-1.V2,  fig.  52-53. 

("  Jiihrbnch  des  Inslitiiles.  l'JOl,  Archaeolo- 
ijisclter  .Afi.vij/cr,  pp.  207--208,  fig.  tl  ;  Schhui- 
iiEii,  Die  Seliropote  von  Kùin-fschScliukiifa, 
Texllmnd,  p.  -208,  u.  M). 

'■^^Jiiltrtincli  des  Instiintes.  litOl,  Krcharoto- 
gischer  .Xnzeiijer,  p.  208. 

l'-i  Ibid.,  pp.  208-'20y. 

l'''  Il  n'est  pas  douteux,  d'après  les  cin-on- 
stauces  de  la  découverte,  que  ce  sarcophage  ue 


302 


SYRIA 


femmes  drapées,  sans  attributs,  qui,  placées  de  face  et  non  pas  en  angle,  les  deux  mains 
levées  symétriquement,  tiennent  les  extrémités  des  guirlandes.  Au-dessus  des  guirlandes, 
deux  masques  (')  et,  au  milieu,  une  tète  de  Méduse.  Couvercle  en  forme  de  toit  à  double 
pente  avec  acrotères  ("J. 

20.  Alexandrie  (Nécropole  de  Kôm-esch-Schukàfa).  Musée  d'Alexandrie.  Sarcophage  à 
deux  guirlandes  analogues,  portées  au  centre  par  un  Génie  debout  sur  un  piédestal  en 
forme  d'autel  et  se  rattachant  aux  extrémités  à  deux  bucrânes  (^'.  Couvercle  en  forme  de 
toit  à  double  pente  H'. 

21.  Alexandrie  (Nécropole  de  Kôm-esch-Schukàfa).  Sarcophage  semblable  au  pré- 
cédent (^). 

22.  Alexandrie  (Nécropole  de  Kôm-es-Schukâfa).  Sarcophage  à  deux  guirlandes  ana- 
logues se  rattachant  à  des  bucrânes.  Au-dessus  des  guirlandes,  têtes  de  Méduse  (^'. 

23.  Alexandrie  (Nécropole  de  Rôm-esch-Schukàfa).  Fragment  d'un  sarcophage  à  guir- 
landes analogues,  eu  tuf,  avec  tète  de  Méduse  rapportée  en  stuc  i''. 


soit  celui  que  ili'crit  Botti  dans  son  Catalogue 
des  inonumenis  exposés  au  musée  gréco-romain 
d'Alexandrie  ("2"  édition,  1901),  p.  466,  salle  1 1, 
n°  1,  et  c'est  ce  qui  résulte  également  de  l'af- 
firmation de  ScnitEiBKR,  Die  .\'ekropole  von 
Kom-esch-Schukàfa,  Textband,  p.  39.  11  ne 
faut  donc  pas  prendre  à  la  lettre  la  descrip- 
llon  sommaire  du  Catalogue  :  «  quatre  Génies 
soulcnaut  des  festons  et  des  fruits  ». 

l'I  Le  masque  de  gauche  est  celui  d'un  jeune 
homme  imberbe;  le  masque  de  droite,  égale- 
ment imberbe,  avec  les  cheveux  relevés  el 
runieiiés  eu  ari'ièrc,  semble  un  masque  de 
théâtre.  Ici  encore  le  Catalogne  est  done  in- 
exact ;  «  uu  eenlre  de  chaque  guirlande  ou 
voit  une  tèb;  de  Méduse  ». 

(2i  BoTTi,  Catalogue  du  musée  d'Alexandrie, 
salle  H,  n"  I;  S<:hhi:iber,  Die  Nekropole  von 
Kiim-esch-SctmhiJa,  Textband,  pp.  44,  fig.  "l'i, 
48  et  186. 

(S|  La  reproduction  donnée  par  Scuisr.iBi:n, 
tliid.,  p.  SG.  fig.  31,  laisserait  quelques  doutes 
aur  les  rcprésenlations  occupant  les  extrémités, 
iiu-dessous  des(|nelles  se  retrouve  le  même  pié- 
deslul  on  forme  d'autel  que  sous  les  pieds  du 
Génie  central,  mais  la  noie  2,  p.  62,  in(li(iuu 
expri'ssémeal  deux  bucrânes. 

(M  BoTTi,  Catalogue  du  musée  d'Alexandrie, 
sullit  II,  n"  i:  SciniKiusii,  Die  .Seliro/inle  von 


K6m-esch-Schakcifn.  Textband,  pp.  S6,  fig.  31, 
b9  et  186. 

W'  Ibid.,  p.  39.  11  senibU'rait,  d'après  l'affir- 
mation de  Bauer  {Rivista  egiziana,  t.  V,  1893) 
rapportée  par  Schbeiber,  que  ce  sarcophage 
eût  aussi  été  transporté  au  musée  d'Alexan- 
drie, mais  il  ne  s'y  voit  pas  et  n'est  pas  men- 
tionné dans  le  catalogue  de  Botti. 

C^i  Ibid.,  pp.  64,  fig.  34,  103,  fig.  57, 
scmble-t-il,  où  il  y  aurait  une  erreur  dans  la 
légende,  et  104-103. 11  faut  en  rapprocher  deux 
sarcophages  de  la  même  nécropole  que  je  no 
fais  pas  figurer  dans  la  liste  :  l'un  semblable 
à  celui-ci,  mais  les  guirlandes  sans  grappes 
de  raisins  à  la  base  (Ibid.,  pp.  57,  fig.  32, 
et  104-105),  l'autre  avec  une  guirlande  cen- 
trale et  deux  denii-guirlandes  aux  extrémités, 
également  sans  grappes  de  raisins  à  la  base  et 
d'une  disposition  un  peu  différente  :  la  guir- 
lande est  soutenue,  do  part  el  d'autre  de  la 
courbe  centrale  qu'occupe  un  iiersonnage  cou- 
ché dormant,  par  deux  anneaux  dans  lesquels 
elle  passe  el  auxquels  sont  également  suspen- 
dus, à  gaudu"  un<>  (èle  de  femme,  sans  doute 
une  Ménade,  à  droite  nue  tôle  de  Silène 
(Ibid.,  pp.  77,  fig.  40,  104-105  el  186-187; 
Tafelband,  pi.  XX\  1). 

(')  Ibid.,  p.  117  et  Tafelband,  pi.  XLIV. 


SAllCOPHACiE    D'ANAVARZA 


303 


2i.  Alexandrie  Ibrahimieh).  Sarcophage  à  trois  guirlandes  analogues,  portées  par  des 
Génies  debout  sur  des  piédestaux  en  forme  d'autels.  Au-dessus  des  guirlandes,  létes  de 
Méduse.  Couvercle  en  forme  de  toit  à  double  pente  avec  acrolèrcs  >". 

2")-27.  Alexandrie  (Nécropole  du  quartier  de  Gabbari).  Trois  sarcopiiages,  taillés  dans 
le  tuf,  avec  guirlandes  portées  par  des  Génies  '*'. 

28.  Alexandrie.  Sarcophage  analogue  au  n"  13  l'>. 

29.  Abniikir.  Musée  d'Alexandrie.  Sarcophage  analogue  au  précédent  (". 

111.  —  WO.  Monastère  de  Cnzzafnni  (Ile  de  Chypre).  Sarcophage  à  deux  guirlandes, 
poriccs  au  centre  par  un  Génie  et  se  raltachant  aux  extrémités  à  dts  bucrânes  placés  en 
angle.  Au-dessus  des  guirlandes,  et  de  même  sur  les  faces  latérales,  télés  de  lions.  Il  est 
à  noter  que,  si  le  dessin  de  Cassas  est  ndèle,  le  Génie  nest  pas  debout  sur  une  base  et  que 
les  guirlandes  ne  sont  |)as  munies  de  la  grappe  de  raisins  caractéristique  de  la  presque 
totalité  de  nos  sarcophages  i ''. 

:il.  Alaicli,  sandjak  dWdalia,  vilayet  de  Koniah.  Musée  de  Conslanlinople.  Fragment 
d'un  sarcophage  à  guirlandes  avec  grappes  de  raisins  à  la  base.  Les  guirlandes  sont 
portées  par  un  Génie  debout  sur  un  dauphin.  Au-dessus,  tête  de  Méduse  et  masque 
tragique  f"'. 

.'{2.  lasos.  Musée  de  Conslatiliiiople.  Sarcoi)liage  à  trois  guirlandes  analogues,  portées 
au  centre  par  deux  Génies  et  se  raltachant  aux  extrémités  i  des  tôtcs  de  Satyres  barbus 
placées  en  angle.  Au-dessus  des  guirlandes,  cl  de  même  sur  les  faces  latérales,  têtes  de 
Méduse.  Couvercle  en  forme  de  li>it  à  double  pente  avec  acrolères  ("'. 

.'13.  lasos.  Sarcophage  à  trois  guirlandes  analogues,  simplement  épannelées.  .\u-dessus 
de  la  guirlande  centrale,  cartouche  rectangulaire  k  queues  d'aronde.  Couvercle  à  double 
pente  avec  acrolères  i"'. 


l')  BoTTi,i)p,  7G,  fig.;W,el  186.  Ilseniblequecc 
soilcc  sarcophiige  que  roproduil  Allmaiiii,  .\r- 
chilcctur  und  Ornamenlik  tler  aniilceii  Sarlio- 
pliage,  p.  61 ,  Tig.  23,  sans  rcfricncodiuis  le  loxlc 
elavL'i-  lu  légende  »  Sarkophag  iaAIexandrieu». 

(*>  Jnhrbuch  des  Inslitutes,  1906,  Archaeolo- 
gischer  .\n:eiijer,  p.  iS'i. 

(•'•  SciinKuiKn,  Die  Selcmpole  von  Ktim-escli- 
Sihtmkiifn,  pp.  207-208,  u.  30.  Il  faudrait  en- 
core incnliouuiT,  d'apri-s  une  affirmation  île 
Ncroulsos-Bi-y  ù  M.  SciinEiiu:ii  (Ihid,  p.  207, 
n.  '29),  nu  corliiin  nombre  de  sarcopiiages  du 
mèinc  type  qui  se  trouvaient  on  1890 à  Alexan- 
drie, provenant  de  Ramleh,  de  Sidi  daber  et 
du  quartier  du  Karmous  [très  du  Serapeioii. 

(*•  BoTTi.  Catalogue  du  musée  d'.\le.rnndrie, 
salle  H,  n"  3. 


l^)  Cassas,  \'oyage  pittorrs'iue  de  ta  Syrie, 
de  la  Pfiénicie,  de  ta  Palestine  et  de  ta  Hasse- 
ICgypIe,  pi.  101;  Jahrbuclt  des  Instifules, 
I89!S,  .\rcliacotoijisclier  .\n:eiger,  p.  188;  Alt- 
MANN,  Arctiilectur  und  Ornamentik  der  antiken 
Sarkopliage,  p.  60. 

("'  Mk>uel,  Catalogue  du  musée  de  Cu/is/ua- 
linopte,  t.  1,  pp.  118-119,  n' 31. 

l'i  Ibid.,  t.  111,  pp.  394-396,  n"  1138. 

l'*'  ÏEXIKB,  Description  de  IWsie  Mineure, 
t.  111,  pi.  U6,  5.  Il  semble,  sims  toutefois 
qu'on  puisse  absohimenl  l'affirmer,  que  ce 
soil  le  même  sareopbage  que  ivproduisenl. 
sans  donner  non  plus  de  descripliou  dans  le 
texte,  Uknndokf  et  Xiemann,  lieisen  in  Lykien 
und  Karien,  pi.  XLNlll.avei-  la  légende  «  Sar- 
kophag bel  Mylasa  ". 


304  S  Y  R  I  A 

3i.  Athènes.  Musée  national  d'Athènes.  Sarcophage  à  deux  guirlandes,  portées  au 
centre  par  un  Génie  et  se  rattachant  aux  extrémités  à  deux  bucrà nés  placés  en  angle.  Il  reste 
incertain,  sur  la  reproduction  qui  en  est  donnée  l",  si  les  guirlandes  portent  à  la  base  une 
grappe  de  raisins.  Au-dessus  des  guirlandes,  et  de  même  sur  les  faces  latérales,  tètes  de 
lions.  Couvercle  en  forme  de  toit  imbriqué  à  double  pente  avec  acrotères  (-'. 

.Î3.  Salonujiie.  Musée  de  Conslantinople.  Fragment  de  la  partie  gauche  d'un  devant  de 
sarcophage  à  guirlandes  i^',  avec  un  Génie  debout  sur  un  piédestal.  Au-dessus  de  la  guir- 
lande, cartouche  à  queues  d'aronde  avec  épitaphe  i". 

.36.  Arlchar,  ancienne  Ratiara.  Musée  de  Sofia.  Sarcophage  à  trois  guirlandes,  portées 
au  centre  par  deux  Génies  et  aux  extrémités,  à  gauche,  par  une  Victoire,  à  droite  par  un 
géant  barbu  anguipède,  placés  en  angle,  les  uns  et  les  autres  debout  sur  des  consoles.  Les 
grappes  de  la  base  des  guirlandes  sont  remplacées,  au  milieu  par  une  tète  de  lion,  de  part 
et  d'autre  par  deux  tètes  de  femmes  symétriquement  de  profil,  .\u-dessus  des  guirlandes, 
dans  un  cadre  rectangulaire,  le  dieu  cavalier  thrace  devant  un  arbre  autour  ducjuel  s'en- 
roule un  serjient  et,  sur  les  cotés,  deux  masques  de  Satyres,  l'un  imberbe,  l'autre  barbu. 
Couvercle  en  forme  de  toit  à  double  pente,  muni  de  couvre-joints,  avec  sphinx  formant 
acrotères  (". 

37.  Sarcophage  de  pi-ovcnance  inconnue.  Musée  de  Constantinople.  Sarcopliage  à  trois 
guirlandes  avec  grappes  de  raisins  à  la  base,  portées  au  centre  par  deux  Génies  et  aux 
extrémités  par  deux  Victoires  disposées  en  angle.  Au-dessus  des  guirlandes,  sauf  au  mi- 
lieu, fleurs  épanouies  ('''. 

IvriKN.NK    .AllCllUN. 

l'i  Sta'is,  Marbres  el  bronzes  du  Musée  iialio-  indiqué  ('■galemeiil  par  M.  von  Bissixg,  de  sar- 

nal,  p.  180.  cophagos  à   guirlandes    sans  doute,  mais  de 

(2)  Ibid.,  p.  156,  u°  1180.  11  n'est  pas  pos-  type  différent. 

siblc,  d'après  les  descriptions  très  succinctes  t-*!  Il  n'est  pas  spécifii'  dans  la  description  si 

dn  calalogne  (pp.  ICI  el  IGl-l),  de  décider  si  les  la  guirlande  porto  une  grappe  à  la  base. 

n°'  1188,  1189  l'I  1190,  an.xqnels  renvoie  égale-  l^'  Mkndki.,  Calalorjiie  du  musée  de  Conslan- 

ment    sans   aucun   délail   M.   F.   vo.n    Bissing  linople,  t.  111,  p.  403,  u"  1163. 

{Jnhrbuch    des    Insliiutes,   1901,     Archaeolo-  l-"' /Veiwie  arc/ieo/ogi^iic,  1913,  t.  I,  pp.  60-64. 

gischer   \nzeujer,    |>.    209)  à  propos    de    nos  ("'  Mkndel,  CataloQue  du  musée  de  Conslan- 

n"*  6  à  8,    rentrent    aussi    dans    notre    série,  /i/io/j/c,  I.  III,  pp.  399-400,  u»  1160. 
ou  s'il  s'agit,  comme  pour  le  n"  1181  (p.  155), 


UN  MONLMKM  DKS  IM'.I^MIKIIS  SII':(:LES  I)I-:  LIIKGHΠ

EiN  PEHSb: 


F.K  HKCOU  ItK  I,\  MDvurKK  DK  NAVIN 

s.  ri.i  \\\ 

{ Dcii.cicnic  nrliflc.) 


\a\  inosqu(So  (In  i\;lyin  ne  nous  fournil  [tas  sculoinonl  dosuiair-riaux  pn'-cioux 
pour  l'(''luilf'  (le  lii  pali'ngrapliii'  aialjc,  sa  plus  lirandc  iiiipiiilaricc  iT.^idf  dans 
rcnsen)l)li'  de  sou  drcur.  Il  Idriiic  le  picniiiM- jalon,  ipii  (lirij;rra  nus  rcidicndii's 
dans  le  (idiuaiiic  de  l'aii  persan  aux  ncuNièuic  i-l  dixième  siècles. 

De  loules  les  louiposilions  décoratives  de  la  inostpn'-e  de  .\ayin  celle  des 
deux  c(donnes  (pii  sup[>orleiit  l'arc  on  face  du  niiliràli  e>l  peul-elic  la  plu>  Irap- 
panle  (^cf.  pi.  \M1  et  XMIli.Lfiscul  fait  (|uc  nous  avons  alfaire  à  des  colonnes 
niaçoiuiéesdniil  l'enduil  en  plaire  décoré  esl  eiicure  iidact.  leui-doiuie  une  valeur 
ddcunieninire  loul  à  l'ail  exeepliomielli'.  .\u  puiiil  de  \  ne  arcliilechnal  elles  siinl 
l)ieii  priuiiti\es.  A  la  place  des  chapiteaux,  il  n'y  a  ([uiine  espèce  de  l)a|,'ue  on 
ruhan  (jui  terinini'  les  l'nls.  Sans  aucune  /.orn^  de  raccordement,  les  al)a(|ues 
reposent  sur  les  fùls.  Sil  s'ajjissail  de  cidonues  en  pierre,  on  croirait  «pie  I  ar- 
cliilecte  se  servait  de  dépouilles,  ([u  il  ne  savait  pas  Itieii  adapti'r  à  la  construc- 
tion d(>s  arcs  superposi'-s.  Les  lra<'(>s  des  cliaina;ies  en  htiis  au-dessous  de  la 
naissance  des  arcs  acceiiliieul  enciu'e  la  taildesse  <le  la  cunceplidii  andiitectu- 
rale.  Mais  du  moment  (pie  1  leil  se  lixe  sur  la  surface  des  fûts,  on  oid)lio  toutes 
ces  rt'llexious  critiques.  Abstraction  faite  de  nos  idi'esoccideidales  d  une  o'iivrc 
d'arcliileclure,  ces  colonnes  de  i\à\  in  sont  d'une  rare  pert'ectiou.  (  lu  dirait  que 
le  stucateur  a  voulu  leur  doniUM*  le  charnu»  dun  heau  lapis  «mi  d'uni-  délicate 
broderie.  Kn  elV«»l,  rensembb'  des  motifs géonuHriqnes  <'t  végétaux  répond  à  mcr- 

Sim*.  —  11.  3'J 


306 


SYRIA 


veille  aux  règles  de  la  décoration  tapissante.  Tout  on  créant  une  surface  déco- 
rative unie  et  bien  équilit)rée.  rartisle  évite  le  danger  de  la  monotonie.  11  évoque 
en  nous,  tour  à  tour,  la  sensation  du  mouveuient.  parles  rubans  tressés  qui  s'en- 
roulent de  droite  et  de  gauche  autour  du  fût  cylindrique,  et  celle  du  repos,  par 
les  motifs  végétaux,  étroitement  serrés  les  uns  contre  les  autres. 


La  figure  I  nons  donne  Ions  les  éiéini'uis  di'  rcnscndilc  de  la  surface  dé- 
corée. Ps'ous  y  voNuns  les  rni)ans  tressés  (jui  se  composent  dim  rang  de  perles 
entre  deux  lilets  :  leur  iiitrecroisement  ijétermini>  les  formes  géométriques 
trurvilignes  :  étoiles  à  huit  poiides,  carrés  cl  triangles.  C'est  surtout  le  remplage 
végétal  de  ces  compartiments  (pii  nous  intéresse,  parce  qu'il  joue  un  rôle  impor- 
tant dans  le  décor  de  la  mosqné-i'.  Dans  l'axe  vertical  de  léloile  à  huit  pointes 
s'élance  nnc  tii;c  miner  léuèi-eineiil  din I niée  don I  nais^eiil.  ,'i  ^aindie  et  à  (b'nite. 


«^fi» 


f\ 


il!» 


'^<My 


.Wosqucc  de  N.nin  -  L'ancien  décor  en  pl.urc 


c.N   .\pt.\r.\ii:.\'i-   i)i:s  i"iii:Mii:i;s  sii:r.LES   dk   liii:giiîe    307 

des  rinceaux  aiixi|iii'ls  s'adapti'iil  ilrs  rciiillo  IuIiits.  ornées,  [loiir  la  iiln|.art. 
(le  pelils  Irons  à  la  \iille.  I.es  séries  dr  tiiiillis  senihlables,  répétées  h  linlini, 
produisent  un  ton  de  (Mjulenr  très  éj:al.  <|ui  l'ail  ressoitir  le  inonvenieiil  r\lli- 
Mii(|ne  des  motifs  }iéoMiélri(|nes. 

l/arliste  se  sert  dn  niè |ir>icédé  déeuratir  |piiiir  I'.m  nenieiilaliun  du  niil.iràli 

et  des  surlaees  enviionnantes  {rX.  pi.  \LI\').  I.a  niclie  siipérieuie  du  iniliràl) 
list  meublée  de  div-sepl  raniré-es  de  ees  feuilles  :  (dies  i^arnissenl  de  même  les 
écoineons  au-dessus  de  la  niclie  MK'plale  e|  les  rli:iin|isi|ui  enradreiil  li'  miliràl). 
Avec  un  sens  avisé  du  danj;er  de  la  inonolonii-.  l'artiste  iniroiluil  de  nouveau 
des  éléments  géomélrifjues  dans  Ir-  déeor  V(''j;i''lal  :  des  élniles  leclili^nies  à  huit 
pointes  ol  dos  ceieles  découpés  en  fesluiis  et  eiilrtdaeés.  (ielle  correspondance 
ornementale  constitue  la  [ireuve  certaine  que  li'  diMor  des  colonnes  date  de  la 
même  époipie  (|ue  c(dui  du  mil.iiàl). 

Ij- fieme  vi-^i'lal  di'  .Nàvindniit  non-  \cnniis  i\c  parler  u'e^l  pas  incoimu. 
I>ans  nu  couveul  l'fiyptien.  le  lier  es-Siirjàui  du  Wadi  .Nalroun.  on  a  déjà  trouvé 
des  motifs  véfcélaux  presque  idenli(|ues"'.  (!e  sont  de>  feuilles  de  vij^ne  coud)i- 
né'OS  à  des  f;ra|ppes  de  lai^iii.  Sur  la  li^uie  1  mi  Irouvera  les  piiiicipaux  idi'- 
meiits  véi^i'tanx  de  ,\à\in  el  île  l>ér  es-Sùrjàui  (K.  K.  K)  ra[iprocln''S  des  formes 
correspondanles  de  Samaria  el  de  la  mosipiéi'  d'Iltn  Tonloun  '-'.  L  évolution 
iirneiucnlali'  >idiie  par  la  feuilli'  de  \  iyne  de  .\à\  in  s'accuse  siirloul  dans  le  Irai- 
temeul  des  (eillels.  Ile  |a  manière  la  jdu-.  arliilraire  ils  sont  ré'dnils  en  nombre 
el  placi'-s  sin  I  a\e  \  erlical  de  la  feuille  i  D,  K  i.  IJien  (pn^  le  contour  des  feuilles 
A  et  l>  lesle  it  peu  près  le  iiièine.  li'iir  caraclèi'c  esl  tout  à  fait  cbanj^é.  1)  ne 
ressemble  à  aucune  forme  nalurelle.  parce  (pn-  les  deux  Irons  à  la  vrille  sont 
devenus  de  [lurs  ornements,  taudis  ipie  les  leillels  de  A  accusent  encore  nel- 
lemenl  leur  oii!;iue  M'i^i'-tale'^'. 

è'   C(.    b'i.um,  Itif  liipsornnmenle    des    lia-  sidc  soûl   nuMitioniuvs  dans  mon  nrlicU"  'Sa- 

es-Sùrjiini,  duiis   la    revue    Isliim,    VI,   pi.   I;  m  irni  uiul    die  i Irniwtenlili  der  Moscliee  des 

fig.  I  el  2,  pp.  7V-7.">.  QunnI  aux  reprodne-  Ihn  Tùlihr.  Islam,  IV  (iOI3).  pp.  42.3-124.  4-29. 
tlons  du  genre   vOgétiil    en   que.slion.  il   fiiul  l''  Cf.  mes  romiirqiies  sur  le   si-ns  île  celle 

njonler  encore  :  J.  Srii/.^uowsKi,   Momilshefle  évoluliuii  duus /^/diii,  VI.  pp.  7,">-7t>. 
fur   Kunslwissenschnft,  l   H908i,  fig.  4;   Mil  lu    exemple  analogue  d  luu-   palme  ornée 

(4UI5i,    pi.  79-80  ;    Ai.tai,  Iran    itnd    1  i>//.vr-  d'un  Irou  qui  simule  un  u>illel  esl  décrit  |>ar 

waiidrrunij.  fig.  177;  Ballrlin  uf  llte  Meiruiio-  XV.  el   G.  Maiu.ais.    les   Monnmenis  arabes  de 

Ulaii  Miisenm.  New-York.  I9H,  vol.  \l.  fig.  3.  Ileiiuen,  fig.  11.  (i  .  el  p.  Ii>ï.  eu  bas. 

('l  Les' différentes  feuilles  de  répoipie  alilm- 


308 


S  ^'  R  I  A 


Si  nous  comparons  maintenant  les  éléments  ornementaux  Je  Xàyin  à  ceux 
de  Dèr  es-Sùrjànî  (D,  E),  on  remarquera  une  petite  différence  :  le  raccorde- 
ment entre  la  feuille  et  la  grappe  de  raisin  a  disparu  chez  E,  de  sorte  que  D 


■NHYIN- 


'DêR.-£S-SURlHNI- 


NRYIN- 


rossenililr'  davantage  à  A.  l'ouira-t-on  en  conelure  (jue  le  décur  deNà\in.  aussi 
au  point  de  vue  chronologique,  est  plus  près  de  Samarra  i\\\t'  celui  de  Dèr  es- 
Sûrjàni  ■?.Ip  n'oserais  pas  trancher  une  question  aussi  délicate,  einue  fondant  sur 
Cl"  seul  détail.  Il  est  vrai  qu'on  pourrait  aussi  renvoyer  à  la  figure  '2.  F;  ses 
feuilles  sont  évidemmeid  plus  iialureilcs  (|ue  celles  du  tvpe  E.  Mais  de  l'autre 


UN    MONl'MKNT    DKS    l'I'.KMIl-.KS    SIKCLF.S    Di:    Llli:(illiF.     309 

côt('  il  existe,  une  petite  frise  dans  le  couvent  syrien  dont  le.s  l'euiiles  de  vigne 
ont  tidèleinent  eonservé  le  caractère  toulounide'*'. 

D'autres  dilïicultés  encore  nous  eiupr-client  d'établir  une  chronologie  pré- 
cise entre  les  dcuv  monunieuls.  La  mosquée  de  Nàyin  et  le  couvent  chrétien 


aiipartiennont  à  des  provinces  très  éloigm-es  Tune  de  l'autre.  Nous  ne  savons 
pas  encore  si  le  nouveau  t\  pe  d(>  feuille  avec  les  trous  à  la  vrille  dans  Taxe 
\iMti(  al  lui  crée  en  l'erse  el  iinpoili'  de  là  en  Egypte,  ou  s'il  prit  naissance  en 


l'i  Cf.  himi,  VI.  p.  T.»,  fig.  4,  c. 


310  SYRIA 

Mésopotamie  d'où  il  fut  répandu  à  l'Est  et  à  l'Ouest.  Faute  de  uiat-riaux  de  com- 
paraison de  la  fin  du  neuvième  siècle  on  devra  peut-être  se  contenter  de  constater 
que  les  deux  monuments  datent  vraisemblablement  de  la  même  époque.  Par 
conséquent,  le  décor  à  la  feuille  de  vigne  de  Nàyin.  quei>ous  venons  d'analyser 
remonte  vers  l'an  900  A.  D'".  Cette  date  approximative  paraît  d'autant  plus 
justifiée  que  l'analyse  paléographique  parle  aussi  en  faveur  de  la  fin  du  neuvième 
ou  du  commencement  du  dizième  siècle.  Or,  plus  haut,  nous  avons  relevé  le  fait 
que  le  synchronisme  des  compositions  décoratives  dans  les  différentes  parties 
de  la  mosquée  est  établi  par  le  décor  épigraphique  ;  il  ne  sera  donc  pas  néces- 
saire de  revenir  à  la  question  de  date  dans  l'analyse  qui  suit. 

Une  des  créations  ornementales  les  plus  remarquables  de  Nàyin,  qui  forme 
un  contraste  heureux  avec  le  décordes  colonnes,  se  trouve  sur  les  intrados  delà 
planche  XLII.  C'est  une  composition  savante  de  motifs  géométriques  et  végé- 
taux. Au  premier  plan,  jjour  ainsi  dire,  on  voit  de  grands  cercles  découpés  en 
12  festons  et  entrelacés  d'hexagones  oblongs.  Le  petit  détail  ornemental  qui  se 
marie  à  ces  grands  motifs  ne  se  voit  pas  clairement  sur  les  photographies 
agrandies  de  la  planche  XLII.  Par  contre  la  iigiue  3  (h>nne  tout  ce  que  j'ai  pu 
déchiffrer  à  la  loupe  des  deux  premiers  compartiments  de  la  planche  XLIII.  Leur 
cadre  est  fonui'  de  rubans  perlés,  tels  (|u  on  les  trouve  à  Samarra  (cf.  fig.  2 
\  B).  Les  éléments  végétaux  sont  beaucoup  plus  variés  que  ceux  du  décordes 
colonnes.  On  notera  les  séries  de  feuilles  à  cinq  lobes,  ornées  d'arabesques, 
les  di'uii-fcuillcs  accou[di''es  qui  roniii'nl  nu  rul)an  circulaire,  les  tronçons  de 
feuilli' (acantbe),  au  milieu  et  dans  les  quatre  coins,  et  enfin  les  demi-palnu^s 
qui  servent  à  remplir  les  petits  écoinçons.  Cette  combinaison  harnionieuse  de 
sini(dcs  UKitifs  groini'IriipH's  cl  dV^lc-iiiciils  V(''gi4au\  plus  libres  ri  \;iriés  donne 
l'iitiprcssion  d'une  sûreté  de  style  l)ien  reuumpialde '-'. 

Tandis  que  la  base  du  décordes  intrados  est  géouiélii(pie.  roruenientatiou 
des  écoinçons  b)nMr's  pur  les  giMUils  arcs  es!  d'urigiiii'  xégi^lalc  (cf.  [il.  \\A) 
Des  liges  très  minces  et  soiqiles.  auxipu'lles  s'acbqitent  des  éiénu'nis  végi'-laux 
d'ime  nature  coiivenlintuielle.  se  déroulent  en  linceaux  à  gatu-be  et  à  droite 
d'un  nitttif  cenir.il  (pi.  .\L\' i.  Celui-ci  est  uuexariaiile  uu  peu  siinpliliée  de  la 
lijiure  :t.  Le  cercle  est  di'-ci)U|ii'  en  ili\  l'estiuis.  (Iniil  (•jiaciiii  icnreruie  un  liiinçon 

C'  Cf.  htmn,  VI,  |i.  H().  ilaialicsiiiics   cli'iiiiiiulriiiil    ilis  plioliifirapliios 

l'>  Unu  élude coinpHralivi'di'sfruilIt'soriicfs  niroii'  plus  iicUfs. 


UN    MUNlJ.MliNT    UKS    l'UK.MIHliS    SlI-r.I.ES    DK    l/Ili:* -.Hii:     .^.11 

(i'aciintho  au  liou  d'uw  loiiillo  à  cinq  lobt's.  Kl  !<•  inmilir.'  «los  (l.-mi-I.MiilIcs 
acc,oupI.'..'s  nst  rnluit.  La  .u.inposilion  voisinM.I.  pi.  \L\  ri  li-.  4)  prôscnlfidcs 
.'.I.Mnnils  v.'.-.Hiiux.r.iii  '^rnvr  nn.ivrini.  I»r  li,  lij;,.  ,uinr."  s.' .Irtadie  un.' .lomi- 
fcuillo  longue  et  niaif;n-  'i"i  s-..nr.mlr  ri  .icui.'  naissance  à  une  csj.rce  de 
(Icuron  011  forme  de  viisc 
(lam|iié  de  iiiolils  de  reni- 
|ilissage  SNinririiliies  '". 
La  deini-rriiilli'  lirndaiic 
fiiiiis  intéresse  Imil  paili- 
(  iiiièi-enietd  :  ses  j>ioii|ir> 
lie  dijiilations,  séparés  en- 
Ire  eux  par  îles  riilaillr-- 
indtanl  des  irillrls.  aeeii- 
MMll  eiieme  iirllrnirnl  la 
l'i'ilillr  d'aeaiillii'.  Or.  nii 
sail  ipie  1rs  liiali'iiaiix  puni- 
une  élude  riMiipaiali\e  ili' 
ee  -i-nre  M\-rl,il,  Irll.' 
ipi'idlr     a    l'Ii'     l'aili'     par 

MM.W.rMi.  Manai.piMir 

.  II...  I. 

I  arl     Muistdlliaii     nerideii- 

laL-'.siiid  eiieni-i'  Irés  raiespii  ee  ipii  eniircrne  rOiieni.  .le  ii'n-ri'ai  dune  |ias  rap- 

priii  lier  les  ipndipies  leuille.s  daeaiillie  puitliéespar  M.  II.  \  inllrl  i-i  M.  K.  lliT/,- 

l'eld  de   la    ligure  4  '".  Les  œillets  ei)ii\erli>  en  eiilailles  entre  les  groniies  de 

diiiiialions  font  défani  dans  les  iMali''riaii\  piddii'-s.  .\  cet  égard,  les  acantlii'S 

de  l'arl    ninsnlinaii  neiidi'iilal  du   di/iéinr  siéide.  ipii    sont  évidemment   plus 

ri'eenls.  l'essciiddeiil   ila\  aniaur  à  la  li:;iire   i'". 


(')  Cf.  les   fleurons  aunlogiies  de  l'iu-l  iihlm-  iriu-niillie  de  Siimnrrn  (ef.  Her/fki.o,  Ioc.  cil., 

sidcde  Samarra  et  de  la  mosiiiiée  d'ihu  rim-  pi.  VI,  eu  bas)  et   les  feuilles  empcunéos  du 

loun:  E.  Hkhzfkld,  Ioc.  cil.,  pi.  V,  eu   hiiiit,  Prr  es-Si'irJiini  {cf.  Ishtiii.  M.  p.  SOelfig.  4,c) 

et  A.   Cnt:swEi.i..    Tlic    linrlimjlon    Mntjii:iiic,  nie  semble  incoulestable. 
nov.  191!),  pi.  I.  n"  '.,  et  pi.  11.  noOien  bas,  à  («>  Cf.  Vklasqukz  Bosco,  lue.  cit..  pi.  .XXVIll 

droite).  len    bnul)   et    W.   et    G.    M\iii.\is.    Ioc   cil., 

(«»  Cf.  Tleineeu,  fig.  1-2  ol  p.  104  et  sniv.  fi-    12  ». 

\'i  Pur  eoiilre,  la  pareulé  entre  les  tronçons 


312 


SYRIA 


Les  formes  végétales  adaptées  à  la  tige  ondulée  de  la  figure  o  (cf.  pi.  XLV) 
manquent  un  peu  d'équilibre.  Une  composition  circulaire  analogue  à  celle  de' 
la  figure  4  ferait  certainement  mieux  dans  Tensemblc  de  Fécoinçon.  Le  large 
motif  végétal,  garni  de  digitations  entre  deux  œillets,  qui  encadre  en  partie  la 


louillo  àciu([  lobes,  fait  tort  au  rythme  ornemental  :  c'est  une  espèce  de  sur- 
vivance d'un  art  plus  primitif.  Les  demi-feuilles  qui  terminent  la  tige  princi- 
pale sont  des  demi-palmes,  si^mblables  à  celle  des  quatre  coins  de  la  figure  3. 
Je  n'ose  pas  insister  sur  le  petit  détail  du  relief,  parce  que  les  ])liotograpliies 
ne  sont  pas  assez  nettes. 

Les  deux  frises  de  la  planche  XLV  méritent  encore  d'être  mentionnées. 
L  uiu'  ]»lus  petite  fait  le  lourde  l'arc.  Elle  se  compose  d'une  simple  série  de 
tronçons  dacanthe  isolés,  inscrits  dans  des  cercles  entre  deux  filets  (cf.  fig.  5). 
On  notera  les  petits  motifs  do  remplissage  que  le  stucateur  emploie  pour, 
garnir  les  vi(h;s.  Le  décor  de  la  frise  au-dessus  de  Tinscription  (cf.  fig.  6) 
présente  des  formes  plus  variées.  Signalons  en  particulier  la  feuille  à  cinq 
lobes,  qui  a  subi  une  transforuuilion  arabesque  très  prononcée.  Son  loi)e  ver- 
tical allongé  est  fendu  eu  deux  parties  symétriques  qui  se  marient  aux  motifs 
Corres[»onil;ints  i\r>  fniilies  voisines.  Il  en  résulte  uii(>  suite  de  petits  arcs  ren- 


*  htM±^ 


Mostjuôc  de  N.ivin  -  L;..ncict.  dca-r  des  é^oinso.is 


i:n  monimi:nt  des  rr.EMiFJis  siècles  de  liiegihe    313 

fermant  ilfs  llourons  (culiccs)  à  trois  lolio^.  ([iii  n-posiMit  sur  iirii-  hn>c  liorizon- 

talo. 

Lii  li"-urc  7  («"f.  pi-  XXXI).  enfin,  dunm-  un  des  ccoinruns  de  l'arc  en  avant 
du  niil.irâb.  Kn  comitarant  son  décor  avoc  celui  de  la  planclii'  XLV,  on 
auiii  rimiirossion  (|uc  les  deux  compositions  dillï-rent  sensililement  an  point 
de  vue  du  -l\li'.  hiiii  (pie  leurs  élénienls  oinenienlaux  soient  en  partie  les 
mêmes,  l iru'  larj;;e  tige  cou^iosim-  d'uiu'  succession  de  lleurons  entre  deux 
li-n-s  très  minces  se  déroule  lourdement  dans  la  surface  à  décorer.  Ses  involu- 
lidus  Innneid  deux  cercles,  tlniit  I  un  i-sl  mi-uhli''  dune  composition  analo;.'Ui'  à 


celle  de  la  ligure  i.  taudis  que  l'autre  est  garni  d'une  sm-te  de  rosace  polvloltée. 
Du  remarciuera  que  le  grand  ileuron  du  milieu  est  très  étroitement  lié  aux 
niiilils  di>  remplissage  à  gauche  et  à  droiti'  et  rappidli-  "  le  dé-cor  à  déftnice- 
mcnt  linéaire  *"  »  «les  monuments  ahhasides  de  Samaira  et  île  la  mosquée 
d'iliu  Toidoun.  Celle  composilion  centrale  si  vidiimiueusr  ciuilraslc  étrange- 
ment avec  1(>  motirceniral  de  rccuincdU  de  la  [diiiiclie  .\L\  ,  qui  n-véle  une  re- 
cherclie  de  léiiuilihre  des  masses  et  de  riiarnK)nie  des  lignes  conslructives 
bien  dilVérenle.  Eaudrail-il  en  conclure  ipu'.  malgré  les  lails  paléogra[tlii«pies 
menlionui's  [)lu>  liant.  rciiM-inMc  du  liifi.r  dr  la  inos(|iicc  n'a|q)aitient  pas  à 
la  même  t'qMxpie  /  .le  ne  crois  [tas.  L'évidence  paléogiapliiqiie  est  corrolioréc  par 
rorm'ineMlalion  des  intrados  ipii  est  la  même  sur  les  plaiu  lie>  XLV  e(  XXXI, 
par  li's  Iriiiiles  ii  lr(ii>  Inlics*-'.  qui  eiilreiil  d  une  manière  idruliqiu'  ilaii>  le  di'cor 


('>  M.  G.  Mnrçais  a  bien  voulu  nio  proposer 
ce  lermc.  qui  aie  semble  plus  précis  que  c  style 
copte  »  ou  »  premier  stylo  do  Samarrn  ». 
(ju.iul  au  style  de  la  figure  i  uu  notera  que  ses 
ornements  sont  sépnn'-s  par  des  déeoiipures 
plus  largos,  de  sorte  que  les  défouceineuts 
Stria.  —  II. 


obscurs  forment  uu  contraste  plus  prononcé 
avec  la  surface  blanche  des  motifs  environ- 
nants. 

l»'  Cf.  les  motifs  Vt'-f:i'lau\  à  troi.-  lolics  de 
Samarra  :  H.  Viollkt,  C'/i  l'alnis  musulman 
lia  neuvième  siècle,  pi.  XXI.  I  cl  3. 

10 


314  SYRIA 

des  grands  écoinçons.  et  pu-  le  l'ait  même  que  les  monuments  abbasides  de  la 
seconde  moitié  du  neuvième'"  et  du  commencement  du  dixième  siècle  ulIVent 
un  mélange  de  dilTérents  éléments  stylistiques  analogue  à  celui  de  la  mosquée 
de  Nàvin.  La  figure  7  (en  bas  à  gauche)  avec  la  feuille  poh  lobée,  qui  est  ornée 
de  palmes  et  de  demi-palmes  autour  d"un  motif  géométrique,  nous  rappelle  ea- 
core  une  fois  le  couvent  s\iien  dans  le  Wadi  Natroun.  On  n'aura  qu'à  jeter  un 
coup  d'ieil  sur  l'ensemble  du  décor  de  ce  monument  contemporain  '-',  dont 
nous  avons  déjà  rapproché  les  ornements  à  feuilles  de  A-igne  «  dénaturées  <> 
des  parallèles  persans,  pour  se  convaincre  que  les  ornemanistes  de  celle 
époijue  puisaient  dans  un  trésor  d  ornements  très  complexes  et  qu  ils  se  plai- 
saient à  assembler  dans  un  même  édifice  une  richesse  d'éléments  hétérogènes 
(pion  chercherait  en  vain  dans  les  monuments  plus  récents  de  l'art  arabe. 

Après  cette  analyse,  forcément  très  sommaire,  du  décor  de  la  mosquée  de 
.Xâyin,  on  aimerait  à  étudier  la  relation  qui  existe  entre  le  décor  abbaside  plus 
ancien  et  les  faits  nouveaux  que  ce  monument  persan  nous  a  révélés.  Pour 
les  raisons  indiquées  plus  haut  il  faut  y  renoncer.  On  pourra  essayer  de  faire 
une  synthèse  seulement  quand  l'art  abbaside  sera  mieux  connu  et  quanii  ou 
sera  à  même  de  dresser  un  inventaire  complet  du  décor  de  Nàyin*^*. 

Quant  à  l'art  du  dixième  siècle  des  provinces  orientales,  il  est  impossible 
de  s'en  faire  une  idée.  Ce  siècle  qui  représente  une  des  périodes  de  transition 
les  plus  importantes  est  encore  enveloppé  d'une  obscurité  profonde.  Voilà 
pourquoi  il  est  si  difficile  de  tracer  l'origine  de  l'ait  i'alimide  du  Caire.  Est-ce 
que  le  décor  de  la  mosquée  d"el-A/.har  est  le  résultat  dune  évolution  auto- 
chtone, se  fondant  sur  l'art  abbaside  de  la  Mésopotamie,  qui  a  pris  racine  en 
Egypte  sous  Ahmad  ibn  Touloun  ?  Est-ce  que  les  provinces  orientales  ou  oc- 
cidi-ntales,  au  cours  du  dixième  siècl(\  ont  conhibur'  pour  leur  part  à  l'essor 
rapide  de  l'art  l'atimide  ?  A  ees  (piestions  on  ne  [tourra  réponcU'e  que  par  des 
hypiitlièses.  .Mais  on  peul  dès  maintenant  constater  ([ue  la  inos(piee  d"el-A/.liar 
ncht   pas   apparentée  a\ec    la  plus  aiu/ienue   uiosijui'c  persam-  qui    nous  st)it 

(''   CA.   Saiiiarrn    itnd   die   Ornninenlil;    drr  V\rli\rahc.:  Mdnatahrj'le/iir  Kuiistwissensilidfl, 

Mnsrhre    des    Ihn    Ttilùn,  Islam,    IV,   pp.  .',-22-  Ylll,  pi.  7!)  et  80. 

i'^1-  i'>  Le  inihràb,  dont  je  ii'ui  giiorcilit  un  mol. 

•'■   Cf.  Iflam.  VI,  |il.  I   il  11,  fig.  1-7,  cl   les  esl  une  lii-s  crculiinis  les  plus  curieuses  <le  ce 

p.'prod  net  ions    îles    belles    photo;.'iap!iies    du  genre  el  niéi-il  ■rail,  à  lui  seul,  nue  petile  mo- 

Cmili'    lie  cnn^ervalion   de.s    Miiuuuieiils  de  nogrnpliie. 


UN  M()NUMi:\'i'  i)f:s  i'i;i*:mii;us  sikcli-.s  di-:  liii:(.ii<i-:    ;u5 

conniK!'".   Diiiis  le  iirciiiicr   imiiiuiniMil  l'iilimiJe  un  tic  li-iuive  pas  l.-  (l('-cor  à 


fiMiilIrdc  \  imic,  loaiii  ni  lies  en  limiers.  Icsinli  ins  l't  les  rcrclcs  lol)i'sdi>  Nàvin'-'. 


i'>  Sur  li's  rnpiioi'ls  l'iiliv  l'ail  fuliinilf  l'I  li' 
<\(coT  (l!i  D'-r-cs  S\^rjriiii.  vnir  Islnin.  VI,  p.  TS- 
8(i,  eu  Ims,  ol  !<7 


i-  Cf.  Flluy,  (oc.  cit.,  pi.  Vlll-.\lll.  XXIll. 
1  :  si'iil  11'  (h'cor  êpipraphiqin'  offro  «Ips  Irnils 
commuas  avec  le  coufique  fleuri  ilo  .Nàyiii.Oii 


.-510  s  Y  11 1  A 

J'insiste  sur  ces  détails  parce  qu'on  a  trop  souvent  affirmé  dune  manière  gé- 
nérale rinfluence  de  la  Perse  sur  l'art  fatimide  du  Caire,  sans  donner  des  faits 
précis.  Le  décor  de  la  mosquée  de  ^'àyin,  on  tout  cas,  n'apporte  aucun  ren- 
fort à  cette  thèse. 

On  pourrait  plutôt  penser  à  des  relations  entre  l'art  persan  de  Nàyin  et 
celui  des  provinces  occidentales  proprement  dites,  quand  on  se  rappelle  que 
quelques  éléments  ornementaux  de  notre  mosquée  sont  aussi  répandus  à  l'Ouest. 
Le  cercle  lobé,  par  exemple,  se  rencontre  souvent  dans  le  décor  du  palais  de 
Scdrata'";  mais  l'ensemble  de  cet  ancien  art  maghrébin  n'a  rien  de  commun 
avec  nos  ornements  persans.  Les  rubans  lobés,  entrelacés  par  de  petits  cercles, 
forment  un  sujet  favori  des  ivoires  de  l'art  arabe  d'Espagne'-'.  Sur  le  coffret 
du  South  Kensington  .Muséum,  daté  de  l'an  339-970,  les  cercles  découpés  en 
festons  sont  agrémentés  de  la  même  succession  de  fleurons  à  trois  lobes  qui 
forment  les  grandes  tiges  de  la  ligure  7  i^'.  Les  acanthes  enroulées  apparais- 
sent fréquemment  dans  les  monuments  espagnols  du  dixième  siècle.  .Mais  il 
me  semble  qu'on  ne  doit  pas  faire  grand  cas  de  ces  traits  de  ressemblance, 
dès  que  renseml)le  du  d('Cor  ne  trahit  pas  une  parenté  de  style. 

Bien  que   nous  ne  puissions  pas  encore  préciser  la  portée  générale  des 

données  nouvelles  que  la  mosquée  de  Nàyin  nous  a  révélées,  on  conviendra 

q\ic  .M.  H.  Vi(dlet,  par  sa  belle  découverte,  a  rendu  un  service  signalé  à  tous 

ceux  qui  s'occuiK-nt  de  l'art  et  de  l'archéologie  musulmans.   Dorénavant  toute 

histoire  de  l'art  pi'rsan  devra  s'appuyer,  en  grande  partie,  sur  les  matériaux 

de  Nàyin. 

S.  Flurv. 

noiera  aussi  qucles colonnes  à  fût  cyliudriquo  (^l  Cf.  G.  Migeon,  Manuel  d'arl  musulman, 

enduit  (le  plaire  décoré,  fout  iibsolumpiit  dé-  fig.  lll)-ll"2. 

faut  dans  les  monuments  du  Caire.  1"  Ce  motif  oraomculiil  est  un  souvenir  de 

l'I  Cf.  0.  NlAiir.Ais,  Art  musulman  d'Mijérie,  l'art  chrétien  préislaraiiiue.  Cf.  i>k  Yoc;€k,  la 

fa.sc.  1,  pi.  1  et  11.  Syrie  centrale,  pi.  liS,  1 10  cl  1  iS. 


LES  ANCIEiNNES  DÉFE.NSES  DE  BEYUOLTII 

LE  COMTE  DU  .MESML  UL   BLTSSO.N 

(Deuxième  article.) 

A  [liulir  ili-  Mal)  l's-Soràïïi,  les  murs  suivaient  à  peu  \nrs  la  nie  qui  traverse 
les  souqs  allaiil  (Irt)il  vers  Saint-Georges.  Ils  laissaient  à  ICxl/'rieur  les  anciens 
hàliuienls  aujniird  iuii  transformés  en  Bourse  du  Coninierce  et  désignés  parfois 
sous  ce  nom.  «  les  i-Àuries  du  Sérail  ».  Une  vaste  salle  s'y  voit  encore:  elle 
se  compose  de  ."»  nerfs  et  ilc  8  travées,  ses  voûtes  d'an-le  sont  en  ogives 
et  souli-niies  par  de  gros  (liliers  carrés  de  dimension  inégale  comme  les 
travées. 

La  Caserne  de  la  Place  des  Canons  et  le  Souq  acliud  îles  bijoutiers  étaient 
également  en  dehors  des  umrs  :  étaient  au  contraire  à  l'intérieur,  la  petite  plare 
irrégulière  (D)  de  la  rue  du  Théâtre,  une  ruelle  et  un  j)assage  voûté  prolon- 
gi'ant  cette  place  au  Sud-Ouest  v.-is  la  Cathédrale  Saint-Ceorges  des  Maronites. 
Dans  celte  ruidic.  la  dernière  maison  (E)  à  gaui  he  avant  d'eidrcr  sous  la 
voûte  est  celle  qu'habita  Alid-el-Kailer  à  son  passage  à  Beyrouth;  elle  étaitalors 
une  lies  plus  belles  de  la  ville  ! 

Le  passage  voûté  qui  est  tout  à  coté  s'appelle  Bàb  Ahou  el-Nasser  parce 
qu'il  donne  accès  dans  le  sonq  Ahou  el-\asser.  Quoique  le  mur  extérieur  de  la 
consIruiliiMi  |>:uaisse  conserver  quelques  traces  de  fortifications,  il  est  difficile 
d  admettre  ipie  i-e  [lassage  ait  jamais  éfc-  une  porte  de  la  ville,  l  ne  telle  hypo- 
thèse (}ui  sup[>oserail  que  le  rempart  venant  de  Bàh  ès-Seràïà  se  serait  appuyé 
à  l'angle  nord-ouest  île  l'ouvrage,  serait  en  contradiction  avec  les  traditions 
locales  aciuelles. 

Un  heau  rest(>  de  mur  (  V)  a  seul  subsisté  dans  ce  (juarlier.  Il  se  trouve  entre 
la  jibice  des  Canons  el  l'ilglise  Saint-(jeorges.  et  se  dirige  du  Nord  au  Sud, 
séparant  une  cour  d'un  jardin.  C'est  une  courtine  de  :{i»  mètres  environ, 
demeurée  presijue  intacte.  Le  massif  de  maçonnerie  a   I  m.  .'iO  d'épaisseur 

Si  un.  —  11.  41 


S18 


S  Y  RI  A 


au  pii'd.    Mais   cette  base,   qui  parait  constiluée  par  deux   murs   accolés,  no 

s'élève  qu'à    i  m.  50  environ  et  forme  actuellement  un  chemin  de  ronde  ou 

une  banquette  de  tir  en  même  temps 
que  l'assise  dune  haute  muraille 
aral)e  de  30  centimètres  d'épaisseur, 
construite  sur  le  bord  extérieur. 
Cette  muraille  est  percée  de  onze 
meurtrières  et  couronnée  d'autant 
lie  créneaux  pointus.  Cette  mince 
construction  peut  être  attribuée  à 
Djerzar  (iig.  9  et  PI.  L.  I). 

Faisant  suite  à  ce  mur,  au  Sud, 
s'élève  une  grosse  maison  (G)  bâtie 
au  siècle  dernier  par  un  cheik  '*>  et 
servant  de  lieu  de  prière.  Cette  mai- 
son marque  l'angle  Sud-Est  de  l'en- 
ceinte ;  le  nuir  à  cet  endroit  formait 
un  angle  droit. 

Rappelons    entin   que    cet   angle 

était  défendu,   ù    l'.'A)   mètres  à  l'Est,  par  un  ouvrage  avancé  important,   la 

<i  Tour  '•  ou  0  Huurdj  >-  dont  nous  avons  déjà  parlé'-'. 

IV.  —  Dkfknses  Dr  côtr  nr  Srn. 

Le  mur  dans  son  ensembli'  longeait  de  ce  côté  la  rue  des  .Martyrs  et  la  rue 
du  Sérail  formant  comme  ces  rues  un  angle  très  ouvert  *^'. 


^  n-nip.irt  à  ran^-l.-  S.-E.  .le  h\ 
ûr   l'intérieur  (rtal  actiul  . 


t'i  Le  cheik  ([ui  s  élevi'  ceUc  maison  est  le 
grand  -  père  du  cheik  Aljdul-Kcrim-.Vboui'l 
Nasser,  artuellcment  Nakib-t'l-.\cher«f  de  Bey- 
routh. (Note  du  Ctc  Pu.  i>k  Tauhazi 

1"  Voir  pp.  -237  cl  i^H. 

l'i  (1  La  muraille  du  ciMé  du  Midi,  est  rncore 
rntirre,  mais  bùlie  des  ruines  de  l.i  vieille  ville. 
Cola  parait  par  les  morceaux  de  pierre  et  de 
miirbre  <|ue  l'on  y  trouve.  Nous  trouvâmes  sur 


une  lie  ces  pièces  de  maihi'e  ces   restes  d'uue 
inscriiiliciii  latine. 

...  VG  lîTlA 

...  XI  CUM 

...  VS  PHOKBUS...  >) 
I  Maindukli-,  1  o.vnycJ'.t/fpù  Jérusatem.  p.  70.) 
Malheureusement,  l'orientation  de  Maundrell 
dans   Beyroulli   est   incertaine.  U  s'agit  peut- 
être  ici  de  la  muraille  de  l'Occidi-nl 


c     o 


r  35 


Li:.s    A\^;ii:.\,\i:s    |)i;ii:n.si;.s    di:    hryuoitii         ;iiy 

Vue  jiraviin'  de  l'Iainliri '"  nous  «loniio  qiio|(|ii<' idi'-f  ilc  ci-  (|ii  riait  celle 
parlir  (iii  ii'iiipiul.  I.c  di-^in  |.arail  iiiallii'iiiciis<-iiii-iil  livs  irn'\a(l  (|iiaiit  aux 
tl('liiils  et  lail  de  iiHiiii)ire  d'apn-s  un  rapiilc  iniquis.  On  n-lii-ndra  M'iileuient 
lalluic  arabe  des  CDurlinos  garnii-s  di-  i  ri-nenux  jioinlus,  les  dmv  (lorles  ri  la 
forme  droite  ou  carrée  des  conslrueliuns.  Un  remarquera  encore  une  luur 
élevée  (\m,  vers  lexlrémité  Ksi,  domine  (jueiqnes  pelils  ouvniges  de  iléfcnsc 
et  enfin,  du  coté  Ouest  de  la  ville,  de  gros  bastions  carrés  qui  empiélrnl  légère- 
ment sur  la  bulle  du  Nouveau  Sérail. 

I'res(iue  aucune  ruine  de  ce  grainl  mur  n'est  |iar\enne  jusi|u'a  nous.  De 
langb'  Sud-Ksl  à  la  [jiemiere  porte,  I5ab  Uerkeli.  on  ne  saurait  même  suivre 
b-  lra(éi|ui  pass(;  sous  la  nef  de  TKglise  Sainl-(îeorges  des  Maronites. 

Ouant  à  Bàb  l>erkeli.  idli'  était  située  dans  la  rue  .\lleidiv  aclurllr.  à  lOursl 
lie  la  cliaussée  et  ii  (|uel(|ues  métri's  rn-dessmis  de  la  rue  des  .Marlvrs.  Il  ne 
reste  du  coté  Ouest  (|u Un  dt  luis  di'  xdùte  représentant  un  passage  d'une 
longueur  de  7  pas  (l'I.  .\L\lll.i 

Bàb  Derkel»  était  d  une  cnnstiuctinn  soignée  et  passait  pour  la  \<\u>  belle 
porte  de  la  ville  ;  elle  élait  surmontée  d'une  insi  ription  imlrique  bv/.antine 
(pie  le  Service  Irainais  d  arcliéobigie  de  Uevroutb  a  fait  transporter  dans  le 
jardin  de  la  IMace  des  (lanons  '-'. 

Trois  dessins  piis  ii  liiiler  ieur  <les  niuis  doiuient  une  idée  de  ce  qu'etaii-iit 
cclîe  porte  et  ses  abords.  Les  deux  premiers  sont  de  Monlforl.  .Nous  en  don- 
nons ici  une  reproduction,  d'après  les  originaux  inédits  aujourd  liui  entre  les 
mains  de  deux  nièces  de  l'artiste  il'l.  \l.\  I  cl  \l.\lli.  I.e  troisicnie  e>l  di- 
l.elioiix  :  il  a  cic  publie  par  Li'on  de  l.aborde  en  IS;{7  '^  . 

Montl'ort  nous  rac(ml(>  lui-même  dans  (pielles  circonstatu-es  ces  dessins 
ont  iMé  <>xécutes  :  "  Aujourd'liiii  (  l"   avril    iNitTi.je  suis   aile   dessiuer  avec 

Cl  L'Orient,  '.\,  l'I.  1.  "    '"ii- 1»,  "'•''l'ion,  p.  iij  —  lii>  V*in«.p.  iTT. 

I"  Le  texte  en  a  été   iiiuiiitcs  fois   publié  :  t..  s  référcnoos  nous   ont  i\è  ruurnipi  |>«r  1» 

ItoECku,  Covpm  Ins.  Grnc,  4ot0,  l'instriplion  II    P.  .Molikhu».  rlian.vlior  .lo  l'Krolc  fr»h- 

métri<iuo  Ti,?  toû  ttooiiovto;  «  supra  portem  nus.  i.aiso  di-  droit  <Ip  Bcymiilh. 
tralem  civilatis  ..—  l'ocociE,  cf.  Rknan,  Miss.,  i^'  Le  \oy<i,je  de  In  Syrie.  l'I    X.XVII.  D   55 

p.  :U3  ;  ((Oicr  Ihe  liab-el-Uirlcfh  ».  —  Tmom-ion,  •  Vue  inti'rit-uiv  de^*  Forlitlcalion!»  •    l.<in«llic 

liiblin  Sacra,  V,  l«4S,  p.  «88.  —  11.  Mai  m.rkll.  reproduit  c.>  il.-ssin  Bv.-cde  l.p.r.-»  nio.lirt.«- 

.4  .louriiey  from  .Meppo  lu  Jérusalem  ni  Ensl.r  lions.  .SrriV.    |Mir  J.  Y»>oïh  pI  J     I>»vio    I'«- 

A.  D.,  1097.  O.\ford,p.  ii,  ou    1  oy.iy*-  <<»/<•/.  ris,  1848.  Syrir  ui.mI  m  .  iî 
à  Jérusalem,  p.  70  :  «i  uver  an  other  ijale.n  -- 


320  STRIA 

Lehoux  près  du  mur  intérieur  de  la  ville,  la  maison  de  Soliman  Pacha,  habitée 
maintenant  par  M.  Arago,  officier  d"état-major  au  service  de  Mohamet-Ali... 
Vers  le  soir  je  suis  allé  me  promener  à  la  porte  Iakoub  (Jakob). —  2  avril.  Ce 
matin,  je  suis  allé  Unir  les  deux  vues  à  la  seppia  que  j'avais  commencées  d'après 
la  maison  de  Soliman  Pacha  '".  »  La  maison  dont  il  s'agit  se  trouvait  au 
Xord-Ouest  de  Bùb  Derkeh,  tout  prés  de  l'ancien  couvent  des  Capucins  '-'. 

Le  premier  dessin  de  Monlfort  {PI.  XLVll)  a  été  pris  du  Nord-Est  de  la 
porte  ;  le  second  (PI.  XLVl)  et  celui  de  Lehoux  l'ont  été  d'un  môme  endroit, 
un  peu  au  Xord-Ouest  de  Bfib  Derkeh.  L'ouvrage  est  à  peu  près  carré  et  divisé 
en  deux  parties  d'âge  dillétent.  La  partie  extérieure  est  couronnée  de  deux 
tours  carrées  '^',  probablement  réunies  en  façade  par  un  mur:  des  assises  et 
des  claveaux  de  couleurs  dilférentes  et  alternées  indiquent  des  constructions 
arabes.  La  partie  intérieure,  sans  ornement,  est  percée  en  façade  de  quatre 
baies  en  ogive  de  hauteur  très  inégale.  Quant  au  rempart,  il  atteint  l'ou- 
vrage d'un  côté  à  l'angh'  Nord-Est,  de  l'autre  vers  le  milieu  de  la  face  Ouest. 
Des  deux  côtés,  c'est  un  mur  droit  uuuii  tl'une  lianquette  do  tir  élevée.  Les 
dessins  paraissent  indiquer  deux  rangs  de  meurtrières  :  celles  du  haut  plus 
espacées  étaient  garnies  de  tirailleurs  postés  sur  la  i)anquette  :  celles  du  bas, 
percées  dans  l'épaisseur  de  celle-ci  se  commandaient  du  sol.  sauf  à  l'Ouest  de 
la  porte  où  nue  seconde  banquette  plus  basse  en  facilitait  l'accès  sur  une  cer- 
taine longueur.  Des  créneaux  pointus  en  gradins  couroMnaient  la  muraille. 

Ces  dessins  monlrciit  enlin  (|u'il  existait  le  long  de  la  muraille  des  terrains 
vagues  envahis  par  les  sables  et  les  cactus  ;  l'aspect  de  ces  abords  de  Bàb 
Derkeh  changea  conq)Iètemenl  vers  le  milieu  du  dix-neuvième  siècle.  Lors- 
qu'à cette  épu(|ue.  on  pcnéh-ait  par  là  dans  la  ville  on  rcmar(iiiait  d  abord,  à 
droite,  une  toute  petite  musquée  logée  entre  la  Porte  et  des  Bains.  (Jette  mosquée 
serait  en  plein  milieu  de  la  chaussée  actuelle.  .V  l'Est,  on  trouvait  les  trois 
colonnes  dites  (b's  (|uaraiite  martyrs  (.1)  signalées  [lar  plusieurs  voyageurs  '" 
et  tout  près  la  piiiiripide  fontaine  de  Beyrouth,  [leut-ètie  la  seule  au  début  du 

('<  Voyaye  Jitns  ta  Syrie  et  l'Arabie  en   IS37  talion  comme  liHaicut  dcjà  la  plupart  des  on- 

et  1S:I8.  Mss.   (le  la  Bibl.    .Nat.  —   t'r.   Nouv.  vrages  militaires  do  la  ville. 

Acq.  llo:;3,  f"  d3.  (>;  P.  e.x.  H.  Guys,  Kelation,  p.    240  :   »   Les 

(')    Renseignement    du    (;tc    l'ii.   dk   ïaii-  colonnes  qui  sont  sur  le  chemin  de  la  Porto 

iiAzi.  Uerké  à  la  tour  Kcchach.  I)  Cette  tour   est   le 

('1  Celli'  (le  riCst  piirnil  tianstiirnu'i;  en  liaM-  ilDurdj  de  la  Place  des  Canons. 


SYRIA,  1921. 


l'I    Xl.VIII. 


Les  (liMiii.i>  \r~li-(>  .lo  H.il'  li.rk.li 

,1  •.'-•"  . 


ij;s    .\N(.ii:.\Ni:s    i)i;ii;.\si:s    ni:    iiKviiorTii  $21 

(li\-ll(MI\ir|||,.  sinlc.  ..   |;i-Ai|l  ..  ilulil  Ir^  lillIV  \ii'mHMlt  (le  |{:i-  rl-.Nilli.ia.  Klli-  ali- 

iiirntail  ilis  l',.iiii>  |Miiiliis(  K)  ilunloii  |iitil('  i-iiciuv  ii  |{c\niulli  ii\<'<-  ailiniriilinii. 

l'n-s  (li's  iiiiiii'-,  il  •  cl  il  ililissi'inciil.  m.  voiriil  riicorc  aujniinriiiii  celles 
'>•'  l'ôgliso  ()llllii(|ii\c  il.i  rnii>!iiii|,.  il  \  ;,  (il  ;,I|N.  On  SI-  |-a|i|.i|lc  i|l|ii  icl(r« 
ô|)n(|ii(t  la  (lucslii.ii  il:i  .alcii.lii.T  (iiv-nrini  raii>a  un  >clii>Mn'  .lan>  IV-^li-r 
r;i-(M'f|ii('  calliiilitiiii'   '  . 

lin  hirr  lie  (■(•>  .■()ii>lriiill.iiis  m-  jn.ma'l  lani-iiMi  i-.>ii\(Mil  îles  t  ii|tiiiinM  M  i 
ahaiiilniiiK'  par  eux  CM  INTIt;  au  milieu  ijcs  liccmnltres.  <|nc|.|in->  .léliiis  lic 
iV('S(iii(".s  cl  (le  inniiliiio  \  iiiili<|(iciil  ciiiiicc  la  cliapcllc  on  (•laiciil  cntcrn^  \fs 
moines  <-'.  Ci'lail  le  -.  iiiclnaice  ile-<  laliii-  a  lle\  idiiUi  et  le  conMil  .le  Kraiire 
y  avail  son  raiileiiil.  Col  la,  |ii'olialileiiieiil  i|((c  riirciil  (lc|i(»s('".  Ie>  rôles  de 
la  fille  (le   l.amai'liiie  CM  allciiilani  le  lu  iek  ijtii  ticxail  le-  i  amener  en  l-'iancc  '    . 

Des  courliMe^  ipii  reliaient  liali  |lei  Ldi  e|  llali  ^  a;]t>nl(.  il  ne  resle  <|ne  <|m-i- 
(jMcs  piUis  (le  iimrailles  eMf;lo!»cs  daMS  des  (■(ni>lincli(nis  |diis  rceciiles.  Kne  du 

Sérail  oeiiemlanl.  en   face  ilc   la    |»e|ilc   fonlai les  Malles''',  nn  s(>giiirnt  du 

iiuir  (i\),  dimc  (|uiM/.aiMe  de  |ias.  c^l  liieii  ililli-icncie  des  inasnro  nixiron- 
Manlcs  'l'I.  \l,l\i. 

l  lie  l)aMi|uel|e  de  lir  ol  ciiiiire  \i>ili|e  à  '.\  mètres  an-doMi>  du  sid  des 
nielles  ail  Nord,  l'illc  commainlail  niie  r.muec  de  7  menrlrii'Tes.  I,e  sol  du  eiitc 
de  I  cxii'rieiir  (le  la  \  ille  s'(^sl  e\liaiiss('' ;  le  salde  >'est  accmmili'  an  pied  de  la 
muraille  et  arrive  à  la  lianlenr  de  ces  meiirlrières. 

Plus  ciisaldi'c  ciiciMc  csl    Ital)  ^  aipnili  '  '  i|ui  seil  acliiidleiiicnl  disMic  à  nn 


i'    .\ii  lUiMiiiii'iiiiiiiciil  il'.i  l'nlriiinal    ilr   .\1>;r  '1  Meiilfiirl  ii  liii>!>r  uiii-   |M-iiiliir<-  ii    I  liiiili< 

CliMiKMil  Halilioiilli  CM  IS,'')ii.  (Noir  ilu  Cli'   l'ii.  iiililuli-t- :  u  I  oiiluiiif  ilr  Jnkouli.  M  lU-yroulh.  « 

Dii 'r.MiiiA/.i.  I  (.'ii/ii/m/i/c    |i.ir  A.-.V.  .MiiMioiir.    IHS5.  p.  H, 

C^t  iM{?r  (Jiiardis  .Aiiliiinc  llinrliiiki-rly.  iiirlir-  ii"  l.'i.  rciil-i^tr»'.  cslo- uiu- niuvlrt- di-  U  (on- 
vèiiue  sjricii  (•iitluilii|i[(?  (le   llrycoiilli,   iléciMlo  liiiiii- iiioili-riii-. 

le  l(î  jaiivirc  ISII,  y  fui  onli'i-ri'.  l'Iiis  liinl  li-s  i"  l.i^i»    iik  l.kiuiiioi .   «laiii  suii   I  i.r.i.;*'    ■/<• 

resli>s  lie  Cl'  pcéhil  ont  vW-  (riKispiirlô.-i  au  cou-  .S_vn>  doiiiio  une  viii-  iuliliilis-  •  llciroiilh  vuo 

vent  (11'  C.liarfr'.  (NmIc  du  Clo  l'ii.  ilo  Taiiha/i.i  do   riiiu>   drs   |iorl«'s  di-   la  villr  ■•  d  «pn'-t  uu 

l'I  I.amvhiim:.   Voynije  en   Urii-nl,  llaclifUi-,  di-ssin  de  Lolioux.  id.  XXVI.  I>.  .Vi    (Vu«*  rr- 

1881.  I.  11.  |i.  1)8:  Il  lit  avril    ISM.   —   Arrive  (iroduite   pur  Lcmollis'  dans  Srrif.  |iar  Ji:»!i 

hier  ici   à  lii\vi'uiilli{.    passé  dt-iix   iKMircs  au  Vvnoski  et  Jii»   I)»vii>     rori».  I81S.   Sjri» 

couvoiil  fraiii-isfaiii    pivs    du    lombraii   où  j  ai  modiTiiP    lUi   lÀMlo    iwrlf    |Mr»H    birn    l'Ir- 

eusoveli  loul  mou  avouic.  "  "-d'  Yni|oal>. 

Syuia.  —  II.  ** 


■s. 

1 

2-75 -t->r       5 

ouv  /a  ypt4<-  a"/^  Serait, 

322  SYRIA 

passage  construit  sous  la  rue  du  Sérail  et  débouchant  sur  le  côté  Ouest  de  la 
chaussée  de  la  rue  Fakhr  ed-Din.Elle  est  actuellement  constituée  par  une  baie 
de  2  m.  70  de  haut  et  de  la  même  largeur;  la  forme,  Tappareil  du  mur,  la  sus- 
pension des  battants  sont  semblables  à  celles  observées  à  Bàb  es-Seràïà  et  à  Bàb 
Debbagha.  Le  mur  a  0  m.  7o  d'épaisseur,  mais  ici  les  battants  sont  encore   à 

leur  place.  Ils  se  composent 

,  ^      ,       ,,    ,  de  poutres  formant  caissons 

^'      (';  ^  "^._  du  côté  de  l'intérieur  et.  à 

l'extérieur,  bardées  de  fer  et 
garnies  de  clous  à  tètes  sail- 
lantes. Une  petite  porte  est 
aménagée  dans  l'un  des  bat- 
tants. Des  restes  de  voûtes 
...g,..^uR..,.se.aii.  indiquent  que   l'ouvrage  de 

i-.G.  10.  -  l'i.n  de  Bâb  Yaqoub  (Etat  actuel).  ^^^  Yaqoub  sélcndait  vcrs 

le  nord,  ou  donnait  accès 
dans  un  souq  couvert.  Tous  ces  vestiges  sont  au-dessous  du  niveau  de  la 
chaussée  actuelle  (Fig.  10  et  PL  L.  -ï). 

D'après  le  comte  Philippe  de  Tarrazi,  la  porte  dont  nous  venons  de  décrire 
les  restes  a  été  construite  par  Ahmed  el-Djezzar  et  a  remplacé  une  autre  porte 
de  ville  située  à  20  mètres  plus  au  Nord.  Ce  prince  lorsqu'il  restaura  les  murs, 
chercha  partout  à  élargir  l'enceinte,  n'hésitant  pas  à  laisser  des  terrains 
vagues  à  l'intérieur. 

Bàb  Yaqoub  doit  son  nom  à  un  certain  Yaqoub  Kesrouani  qui  avait  son 
habitation  au-dessus  de  cette  porte.  Dans  la  première  moitié  du  dix-neuvième 
siècle,  un  médecin  de  Saïda,  Yaqoub  Abela  qui  devait  se  distinguer  plus  tard 
comme  consul  d'Angleterre  dans  cette  ville,  vint  s'installer  près  de  Bàb 
Yaqoub;  il  y  professait,  dit-on,  souvent  en  plein  air  et  cela  a  fait  dire,  mais 
à  tort,  que  cette  porte  lui  devait  son  nom.  Ce  personnage  mort  en  1872  était  le 
fils  d'un  docteur  maltais  (jui  avait  servi  dans  les  rangs  de  l'armée  de  Bonaparte 
devant  Saint-Jean-d  Acre  '". 

('/  Voir  la  leviie  urahe  M-Mmhrik,  huiikto  du  13  mars  1903. 


SYRIA,  1921. 


r-i.  XLix. 


Itiiiiio  (lu  iTiii|>uil  enirc  Ittlh  IK-rki-li  ■■!  IUI>  l.npMii 


LES     ANCIENNES     DÉFENSES     I)K     MEVItOlTIl 


32.1 


V.  DÉKKNSKS  ou  COIK   IlK  l.'OlKST. 

Nous  sommes  parvenus  au  [toiul  le  |i|ii,  \iiln.TaliIr  <l.-  la  \ill.-.  I/assail- 
lirif.  (>n  ellet,  pouvait  laciliMiioiil  occulter  les  liauti-uis  du  (irand  Scrail '"  ;  de 
la,  il  douiinait  toute  la  ville  à  une  faible  dislam-p.  La  cote  i!»  ((irand  Sérail) 
esta  riîj  mètres  de  l'angle  Sud-Ouest  de  rriici'inti' «pii  n'i'tait  ipi'à  M  un^tres 
d'altitude.  Le  pied  de  la  murailli'  à  son  |Hiinl  le  plus  i-Icm-  ne  di'pa-.-.ait  pas  la 
cote  3.'). 

Aussi,  ce  coté  élail-il  le  plus  tortillé.  Di-s  bastions  carrés,  des  tours  impor- 
tantes l'Iampiaieiit  la  uuiraille.  I)"aprés  la  carte  marine  anglaise  de  Dillon  '•', 
ces  bastions  on  ces  tours  éiaiciii  un  lunubre  df  liuit  :  leur  grosseur  était  iné- 
gale connne  leur' ri  ailcnicnl  ;  des  liadiurc-.  atlircnt  l'iitliMdidU,  sur  les  «jualre 
plus  an  .'snil.  [n'olialileini'iit  pour  in(lii|ni'i'  li'ur  axpect  monumental.  La  carte 
anglaise  de  INItl  t^'  in'  ddnni;  ii  ce!  endniil  ipie  li'ois  ctinsirnclidn-  barlongues, 
l'aisiint  pallie  de  ICnceinle.  el  une  loiir  sé[)arée  de  même  l'urme,  l'onidj  .ledid. 
dette  dc'signalion  les  accompagne  :  anciens  palais. 

Uey  fait  allusion  à  celle  [»artie  de  l'enceinte  lors(ju'il  ilit  :  '<  ISariit  avait  été 
fortilié  par  les  Francs  et  (pielipu'S  restes  de  ses  nuirailles  se  voient  encore  sur- 
tout dans /« /«t/7Jr  Ocrld'iilKlc.  Llles  élaienl  riam|uées  de  tours,  les  unes  bar- 
longues,  les  autres  arrondies  et  enavanl  de  ces  murs  régnait  un  fossé  profond 
taillé  dans  le  roc  "  .  ■>  l)en\  aipiarelles  de  Moiitlort  '■''  ipie  nous  publions  ici 
(PL  Ll  et  LU)  el  un  dessin  de  Lelionx  '''  lepiodiiisenl  li.lèlemenl  celle  partie 
de  l'enceinte  eu  I8:{7. 

Ce  rempart  de  l'Oiiesl  était  ce  (pii  reslail  de  |>lus   ancien  des  défenses  de 


Cl  Cel:i  se  sorail  pioiiuit  on  l-2:l"2,  d'nprr's 
R.  Rey,  1rs  (Colonies  franqties,  p.  5-2i^.  Opiiiimi 
("onlesli'-o  en  lespèco,  car  si  relie  position  élail 
très  propice  au  siège  de  la  ville,  elle  l'étail  hieii 
moins  à  col  ni  dnchAtean.  Voir,  p.  '212,  n.  I. 

I*)  Syria.  lifïronl  liny,  I81'2,  surveyed  by 
C.  H.  Dii.LON,  Mnsler  of  H.  M.  S.  Vernon, 
l.oudon,  publislied  l-'eb.  "2H  rd.  1811. 

')  Curie  marine  de  1831  reprodnil<-  iei^Fi>;.'2). 

\'>  Iv  Km,  les  C.nli)nirsfriin(;ii<-s.   p.  S2I. 


(/*)  Caliitngiie  des  Inblraux,  aqunrfHft,  etc.. 
pnrA.-A  MoNTroRT,  I885.pp.2»i-Î7.  «60.  Elude 
de»  remparts  prise  A  llcyroulh  i  Syrie.  25  avril 
IS37.  »  Collection  de  M"-  l'nvi».  —  u  bT. 
Vue  des  lours  el  dos  n-mparl»  df  llrjTïiulh 
(Syrie.  Signé  à  giiuchc.  ■>  l^lleclion  de 
M"  G.  Moalforl. 

I'''  •■  Vue  des  fortifictlion*  pritc*  du  cou- 
chant hors  de  la  ville.  "  Ltox  i>r  I.aixikoi. 
\\jyage  de  /-i  Syrie.  1837.  pi    XXIII,  D.  57 


]>2\  SVlîIA 

lieyi-oulli '".  Miillioiireuseiiient  toute  la  partie  occitleiit;ile  de  la  vieille  ville  a 
été  entièrement  bouleversée  et  recouverte  de  rues  et  d'iiniueubles  neufs.  Les 
vestiges  anciens  sont  très  difficiles  à  distinguer. 

Deux  pans  de  muraille  fort  épaisse  ont  été  utilisés  dans  des  constructions 
modernes  et  sont  à  peine  reconnaissables. 

Le  premier  (0)  se  trouve  au  fond  d'une  écboppe  de  réniuuleur,  rue  de 
rilùpilal  :  il  est  percé  d'un  passage  étroit  qui  conduit  à  un  puits  situé  à  Tinté- 
rieur  de  la  ville. 

Le  second  {V)  fait  partie  du  couvent  des  Capucins  et  forme  un  segment  de 
rempart  plus  important.  Son  épaisseur  varie  entre  2  m.  95  et  i  m.  4.-i  :  il  a 
été  aminci  par  endroits  pour  sa  destination  nouvelle.  Une  poterne  est  ouverte 
dans  cette  muraille  (PI.  LUI,  1).  Percée  par  un  particulier  pour  faire  commu- 
niquer sa  maison  et  son  jardin,  elle  donna  lieu  à  une  intervention  administra- 
tive, qui  se  terminera  par  quelque  menu  cadeau  ! 

La  démolition  de  cette  muraille  à  l'endroit  où  s'élève  le  cbœur  de  l'église 
latine  Saint-Louis  et  la  pose  des  fondations  de  cet  édifice  a  fait  découvrir  un 
débris  de  mosaïque  dont  je  dois  une  photographie  à  la  bienveillance  de  U.F. 
Héini,  su[)érieur  des  Capucins  de  Beyrouth  (PL  LUI.  i). 

Le  carrefour  de  la  rue  des  Postes  et  de  la  rue  Georges-Picot  se  nomme 
Hiil)  Idris.  Ce  nom  rappelle  une  des  portes  de  la  ville  qui  s'ouvrait  dans  le  pro- 
longement du  mur  des  Capucins.  Bàb  Idris  se  trouvait  exactement  à  l'extré- 
mité Sud  du  Souq  el-Djeinil. 

Kllc  iloit  son  nom  à  une  famille  Idris  (|ui  logeait  au-dessus  de  la  porte.  En 
IHOO.  lors(pie  les  Kran(.ais  construisirent  la  route  de  Damas,  ils  voulurent  con- 
duire la  chaussée  jus([u'à  la  mer  et  pour  cela  démolir  la  porte  et  une  partie 
(II"  la  muraille.  Ahou-SaleU  Idris  ne  voulani  rien  céder  de  sa  |)ropriété,  le  vali 
du!  intervenir,  lui  faisant  cette  prophétie  (\m  s'est  réalisée  :  «  plus  tard,  lui 
dit-il,  vous  vous  scMiviendrez  de  moi  avec  bonheur  et  vous  direz  paix  à  mon 
àme.  ([uand  vousaure/,  \ii  les  avantages  (pii  ri'suili'roiit  pour  vousde  lélargisse- 
incnt  de  la  rue  ». 

i' I  Ci-ltc  muraille  tic  l'Ocrideiil  est  ooiistiim  du   rouslé  Ac  la  mer  et  du  coiislé  de  l'Occi- 

menl  sipiinl(''o  par  les  voyn/jciirs  aiieieiis.  Lu-  dent  ».  ^   Dans  le  même  sons  ;  Quauksmiis. 

dovieo  de  Varllienin  dit  que  de  son  leraps,  vers  Terme  .Siinrfdc  rlm-iilitlio.  .\nveis.  1039,  I.  11. 

iftOi,  ii'étoit  Cl  la  dite  ville  elose  de  mur  que  p.  !tO!l,  etc. 


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É^yv-^» 

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1.  llr>k-  ilil  11  luiiurl  .TJ'  niai  '\m\-  h-  . mn.  ni  •!•  -  ■  .iI'M.  m- 


2.  Mosiîqiic  au  rouvonl  ilo;'  «Nipuriii*. 


Liis    AX(:iENNi:s    i»i:ii:nsi:s    dk    ni:vi;»Miii 


:i2:> 


Do  Riil)  Idris,  le  mur  suivant  à  peu  pn-s  la  rue  du  Souq  el-I)jemil  allei- 
griiiil  une  (icrniiTe  [jorlr  :  Hàh  Sautivi'.  pou  t'IoigiH-i- de  laim-r.  Kii  avant  di'ii-llc 
porte  s'étendait  le  ciiiielièri'  de  Saiilisi'  i"  dont  les  derniers  vestiges  se  voi.-iil 
encore  au  Nord  de  la  inc  îles  Kraneais.  Les  cartes  anglaises  •'"'  nous  nionhi-nl 
que,  vers  l'intérieur  île  la  ville,  les  abords  de  la  porir  riaient  («cupés  dans  la 
première  nniitié  du  siècle 

A 


t  1  .■'1*1 


^         'm. 


dernier,  par  des  planta- 
tions de  niùriers(|ui  si-lcn- 
daient,  le  long  du  iiiiir.  ili'- 
puis  la  iiici'  iii-(|ir;in  iji'ià 
de  liai)  l.lriN. 

De  Bi\l)  Santiyé,  la  inu- 
raille  se  prolongeail  en 
lij;rie  droite  jusqu'au  m- 
i-her  de  la  cote.  I.à.  elle 
tournait  carréiuenl  ;i  l'K^I 
et  atteignait  la  jetée,  qui. 
au  moyen  âge  fermait  le  •<,■  -(tC^ip^^  — 
pi)rt  au  .Nord.  In  crocpiis    v'"  , -rv^. 

de  Miuillorl  du  !•  mai  IS27 

(lii,^    Ml.    parai!    I)ie[i    re-  _ '_■__ 

présenter  ce  inin  de  Teti-    ,  >*-— =«t^^«^-^'*V- 

ceinte  :    o   .le  relourriai  au  i-iu   u,  —  i..s  .iifrii-i»  .lu  \.-o.  on  1827.  .i"a|.ré«  iionifori. 

piiil  (le   Heïniutli,  (lil-il.  el 

je   lis   un  cro(juis  d'une  des  tnuis  ipii  iMi   dereudi-nl    l'enlrée  ""....  »  Li  porte 

ipie  nous  y  voyons  serait  donc  liai»  Sanliy. 

Ce  rapidi'  apergu  des  iléfenses  de  Beyroutli  permet  de  se  faire  mie  idée  de 
ce  qu'était  la  ville  jiis(|u'au  siècle  dernier. 

Trait  diiniiMi  entre  l'Orient  el  l'Occident,  elle  était  toujours  exposée,  du 
coté  de  rinlérieur.  aux  incursions   des   Vralies,  Dnisi's  on  Meliialis,  avides  de 


■r-^. 


(')J.  Cahn,  /«  Syrie,  III,   6ti     \i\  siij.t  du  lu  |>orl<- (igure  sou»  li- nom  ilff  «  Bâb  S«nl««  ■• 

nom  :  SH/);yi,  p.  iifi.  ('l    Bil>l.    Nul.    —     M.«».     Kr.    nouv     Acq 

(*)Kni)arliculitT.  le  [«laii  ik-  \Vm  i.  (ISW)  où  WWM,  f-  71. 


326  SYRIA 

pillage  ;  du  côté  de  la  mer.  aux  attaques  des  frégates  dEurupe  ou  des  embar- 
cations barbaresques  ;  les  unes  se  contentaient  généralement  de  représailles 
rapides,  les  autres  de  l'enlèvement  d'une  cargaison.  Aussi  ses  défenses  sont- 
elles  plutôt  dirigées,  du  moins  après  les  croisades,  contre  un  coup  de  main 
rapide,  qu'organisées  en  vue  d'un  siège,  et  par  suite  de  médiocre  importance. 
Leur  but  est  avant  tout  de  protéger  un  marché  économique  <".  de  donner  à  la 
ville  la  sécurité  nécessaire  à  son  commerce. 

Au  point  de  vue  archéologique,  le  mérite  principal  des  ruines  qui  font 
l'objet  de  cette  étude  est  de  fixer  avec  précision  les  limites  de  la  vieille  ville 
arabe.  A  ce  titre  surtout,  nous  souhaitons  qu'elles  soient  bien  conservées. 

Dl'  Mesml  du  BrissoN. 

BIBLIOGRAPHIE 
(Les  cotes  indiquées  ici  sont  celles  de  la  Bibliothèque  Nationale.) 

ftecueil  des  Historiens  des  Croisades,  publié  par  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres.  —  Imprimerie  Royale.  Paris.  1844.  [Cas.  1.49  à  63.] 

Les  Colonies  fra/Kiaes  en  Syrie  aux  XII'  et  XIII'  siècles,  par  E.  Rey.  —  Paris,  1883. 

[02  a.  318.] 

Étude  sur  les  monuments  de  l'Architecture  militaire  des  Croisés  en  Syrie  et  dans  l'ile  de 
Chypre,  }^2iT  Rey.  —  Paris,  1871  (Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France). [Cas.  N.  241.] 

Peregrinatores  Medii  Aevi  Quatuor.  Wilhrandi  de  Oldenbourg  Peregrinatio  iterum  édita, 
J.-C.-M.  Lal're.nt.  -  Leipsiae,  1864.  [Of.  2.  259.] 

La  Chronique  de   Chypre  d'Amadi,  publiée  par  René  de  Mas-Latrie.  —  Paris,  1891- 

[02  a.  216.] 

Le  Voyage  dOutre-mer  de  Bertrandon  de  la  Broquière,  Conseiller  de  Philippe  le  Bon 
(1422),  publié  par  Chaules  Sciieker,  de  l'Institut.  —  Paris,  1892.  [Cas.  G.  39.] 

Œuvres  de  Ghilleberl  de  Lannoy,p\ih.paT  Ch.  Potvin.  —  Louvain,  1878.  [8»Z  1102.] 

Les  Voyages  de  Ludovico  de  Varthenia,  ou  le  viateur  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Orient,  (ir)02-l."(()S),  traduit  par  J.  Bai.ariî*  i>e  Racoms,  publié  jiar  Chaules  Scuefer. 
—  Paris,  1888.  [Cas.  G.  36.] 

('•11  en  était  ainsi  ail  (lél)ut  du  dix-soplirmc  cliandises  qui   s'y   vendent,    estimant  ijuc  la 

siècle.  Il  Karutli  est  encore  n  présent  une  des  douannc  lui  vaul  hien  aulant  que  fait  celle  de 

villes  les  plus  riclie-s  et  marchandes  de  lou(  Tripoly  (jui  estoit  affermée  ii  quatre  cens  mille 

rOricnl. C'est  pourquoi  le  Turc  y  a  eslably  une  ducats  ».  Les  Voyages  ditSeignnir  de  Villaiiwnl. 

forte  garnison  et  lire  tui  grand  profil  des  mur-  p.  .')37. 


LES     ANCiHNNIoS     DH  Fi:.\S  HS     DK     UK  Y IK  )l  T  II  .127 

L'Histoire  de  Ueyroiilli  de  Sutih  Uni  \(ihya,  pul>liéc  par  \v  W.  V.  L.  CiiEikii  t,  S.  J.  — 
Beyroulli,  Iiiip.  Calholiiiue,  I!I02  (en  arabe).  [02  u.  '■V.)\. 

L'Histoire  du  Comniercc  du  Levant  nu  moyen  ihic  par  W.  IIkïu.  publiéi-  par  Ki  m.r- 
H\^N\iji>.  —  Leipzig,  1««:;.  [8-  V.  8712.) 

Les  l'oyaijes  du  Seiijnetir  de  Villaniont.  —  Koucn,  UW'.i.  [ti.  .10,1)15.1 

Hi'itorica,  theolofjica  et  niornlis  lernte  sniirtnc  Elni-idnliu  anelore  Fr.  Kiia>c.im.u 
QuAttiisMiu.  —  Viiluerpiae,  Iti.T.».  [A.  2VX.\-1.\ 

Histoire  cl  Voyiuje  de  in  Terre  S'/ii/Wf,  par  le  P.  I  vijve->  (j'tujuji  (obscrv.  dr  Sl-Kran- 
ïoisj.  —  Lyon,  l(>71.  [i-  02  f.  m.\ 

Voywje  d'Aleji  à  Jèrnsnlem  à  Pdi/ues  en  l'année  ll'i'Jl .  par  IIimu  M  m  muiei.i.,  traduit  de 
l'anglais.  —  L  Ircclit.  I70:;.  [<>2  f.  im.) 

Nouveau  Voyage  dans  la  haute  et  liasse  l^iiy/ite,  la  Syrie  et  Itar  Four  fait  depuis  les 
années  1 7 'J-2 jusqu'en  IIUS,  par  \V.  C"..  |{ii..w«,  (rndiiit  par  (U^rKHA.  —  ISIMI.  \r,.  2»iHi.\ 

(Correspondance  d'( trient  {  LS:tll-ls:il  ),  \rM-  M.  Mn hm  i>cl  M.  l'ni  jour.  \t.  —  l'aris.  {M'.'i. 

Voyaije  en  Orient  (\H'.i2},  i)ar  LAMvurnK.  Ilacliellc,  ISSI. 

La  Syrie,  par  Cvii>  Joii.n.  —  Londres.  S.  I).  (ls:»i;).     (Dep.  <k-.  Ksi.  L  b.  LU-IU  b.) 

Voyage  de  la  Syrie,  par  Liir)>  dk  LviioniiE.   —Paris,  iH'M.  (Die.  17. | 

La  Syrie,  l'EijypIe,  la  Palestine  et  ta  Judée,  p.ir  le  Haron  lAïi.uii  et  Lnii>  Kkiiialii.  — 
Paris,  l«:{«J.  |0.>c.  ITJ.) 

Relation  d'un  séjour  de  plusieurs  années  à  lieyrouHi  et  dans  le  LUmn.  p.ir  IIe^ht  Gi  »». 
—  Paria.  I8i7.  ;(»-' c.  181. 

L'Orient,  par  Kuiik^dj-NAi-oLÉu:»  Klam>i>.  —  l'aris.  18ri:M8ti7.     ((Jr.  Folio  U2  I8i.j 

Itinéraire  descriptif ,  hislnriiiuc  et  arrlicoloijiiiue  de  l'Orient,  par  \i>oi.\'»t:  J<iAi^r.  et 
EMILE  IsAMUKUT.  —  PaHs,  l8(il.  [02.  207] 

/'/.,  édition  de  1882.  [02.  2<J7.  A.) 

Li  Syrie  d'aujounl'ltui  (ISiri-ISSO),  par  le  Dr  Lmui  r.r.  —  Paris.  I88i,       |02  C.  .\ll .] 


l'LAN.S 

Beïroul,  /S'.;/,  Lmulcn  piililished  Sept.   28lh  IS.T.t.  (Carte  marine.  ) 

Fonds  du  Min.  delà  Marine] 

/'/((//  of  tlie  Toirn  and  llarbuur  of  lleintut,  •incient    Herytus,  publi^lied  by  Jvms  \Vti.i>, 
Ocl.  r.lli  ISiO.  [R.  C.  WlHH.] 

Syria.  Heinnit  Hny,  /s'/;',  surve\ed  by  ('..  il.  I)ii.i.u>.  Masler  of  II    M    S.  Ncrnon.  Ix)n- 
don  publisiied  Feb.  2iird  181V.  (Charte  marine.)  [Fonds  ihi  Min.  de  la  Marinr.J 

Plan   manuscrit:    Heyronlli.    avril    ISiil,    par   le   Colonel  dKl.il  ni.ijor    \.  d<»s\io>r 
(surcharges  au  crayon).  (Fonds  du  Mm.  de  la  (iuerrc.] 

Plande  Beyroullt,  [iiiv iti.ii.  >  \.'<\  i\r.it.  \ice-eonsul  de  Danemark,  IS7i'.         ,2118»). 

l'ian  de   licyroutli,  liéliogravé   et   iniprimù  au   .S.   G.  de  l'Arniée.   édition  pro^isoirr, 
août  lOI'J. 

Plan  de  lieyrontli  au  Ô0f)0',  par   le    Itiireau   Topographi«iue  de  l'V.  F.  L.,  bélii>g.  cl 
imp.  au  .S.  (;.  (I..  IVnuée,  juillet  !«.'  K  10020. 


BIBLIOGRAPHIE 


A.  T.  Clw.  —  The  Empire  of  the  Amo- 
rites.  Yale  oriental  Seriez.  Re^enrrhe:<. 
volume  VI.  —  New-IIaven,  Yale  Uni- 
vcrsilé  Press,  1919.  —  I  vol.  gr.  8"  de 
1 92  pages. 

.\  la  thèse  généralement  admise  qui  fait 
de  l'Arabie  le  berceau  de  la  race  sémitique, 
et  qui  veut  que  les  dilTérents  rameaux  des 
Scniiles  du  Nord  en  soient  sortis,  à  inter- 
valles quasi  réguliers,  chaque  fois  (jue 
IWrabie  souffrait  d'un  surcroît  de  popu- 
lation, M.  Clav  oppose  la  théorie  dun 
berceau  amorrite  de  la  race  des  Sémites 
i\\n  ont  peuplé  la  Mésopotamie.  Celte 
Ihèse,  l'aulcur  l'avait  déjà  exposée  dans 
Aninrni,  llic  land  of  the  Sémites  :  il  la 
complète  aujourd'hui  et  s'efforce  de  mieux 
préciser  l'importance  politique  et  écono- 
mique de  cet  empire  d'Amurru.  Qu'est-ce 
(pie  le  pays  d'Amurru  ?  En  somme,  la 
Svric  intégrale,  dans  la  plus  large  accep- 
tion du  lirmc.  La  première  vraisemblance 
de  celte  thèse  est  qu'.\uiurru  nous  appa- 
raît hislotiqucment  comme  un  réservoir 
de  populations  sémites,  et  les  invasions 
dont  nous  avons  connaissance  semblent 
venues  de  l'Ouest  ;  telle  celle  des  Sémites 
de  la  Dynastie  d'.Vgadé  et  celle  de  la  pre- 
mière Dynastie  de  Habylono  à  huiuelle 
appartient  llammurabi. 

Kn  outre,   M.   Clay  expose  (pie  l'iivpo- 


tlièse  d'un  berceau  arabe  des  Sémites  n'est 
prouvée  ni  hisloriquemenl,  ni  archéologi- 
quement.  La  plupart  des  noms  invoqués 
comme  d'origine  arabe  sont  plus  facile- 
ment comparables  aux  noms  propres 
amorriles,  maintenant  que  l'onomastique 
nous  fournit  de  nouvelles  données.  Celte 
langue  nous  apparaît  comme  un  stade 
de  très  ancien  sémitique  ayant  son  indi- 
%  iduulité. 

Il  va  sans  dire  que  M.  Clay  ne  prétenii 
point  qu'il  n'y  ait  pas  eu  de  constanics 
migrations  i  nlic  l'Arabie  et  l'Asie,  mais 
que  le  pays  d'.Vinurru  est,  dès  l'aurore  de 
l'histoire,  un  centre  sémitique  bien  consti- 
tue d'où  parlent  les  incursions  dont  nous 
retrouvons  les  traces.  On  ne  peut  rien  pré- 
juj,'er  pour  une  époque  antérieure. 

M.  Clay  passe  ensuite  en  tevue  ce  que 
nous  connaissons  des  Amorriles  en  Baby- 
lonie,  grâce  à  l'onomastique  ;  incidem- 
ment il  se  range  à  l'opinion  que  la  légende 
de  Gilgameshcït  amorrite  et  que  la  régifm 
(les  cèdres,  dont  il  s'agit  dans  son  histoire, 
doit  être  cherchée  du  côté  du  Liban.  L'ex- 
tension des  Amorriles  jusqu'en  Cappadocc 
nous  est  révélée  par  les  tablettes  dites  cap- 
padociennes  en  raison  de  la  qualité  de 
leur  onomastique  ;  de  même,  jusqu'en 
Assyrie  qui  parait  recevoir  sa  culture  sé- 
mitique de  l'Ouest  ;  de  même,  jusqu'en 
Svrie  du    Sud,  grâce    au\    lablelles  d'LI 


lUBLIOGRAI'HIE 


:V2'J 


Arnarna.  L'Ancien  Testament  nous  a  laissé 
le  souvenir  de  principautés  amorriles  éla- 
hlins  sur  la  rive  Ouest  du  Jourdain,  ra- 
meaux du  grand  empire  amorrile. 

l'n  inlércssanl  chapitre  est  celui  où 
l'autour,  qui  a  peut-être  poussé  sa  dé- 
monstration à  l'extrême,  dénombre  les 
divinités  sémitiques  dont  l'origine  doit 
être  recherchée  dans  l'Ouest  ;  sans  doute, 
si  la  civilisation  mésopotamienneest  venue 
ci'Vrnurru,  peut-on  y  retrouver  l'origine 
nominale  de  son  panthéon  ;  mais  il  est 
assez  malaisé  de  déterminer  la  part  qui 
levient  dans  la  nature  de  certaines  de 
CCS  divinités  îi  la  civilisation  sumérienne 
et  à  la  civilisation  séniiti(]ue.  Sur  certains 
points,  cependant,  nous  avons  l'assurance 
d'un  état  sémitique  très  ancien  de  la  reli- 
gion amorrite,  par  exemple  dans  un  nom 
comme  celui  de  Tulid-Sliamshi  (shi),  qui 
révèle  en  Shamash  une  divinité  fcmininc 
chez,  les  Amorritcs. 

Le  mérite  de  M.  CAay  est  d'avoir  su 
réunir  les  multiples  allusions  aux  Ainor- 
rites,  contenues  dans  l'histoire  et  la 
légende,  et  de  les  avoir  groupées  de  faron 
à  donner  un  corps  à  cette  civilisation 
amorrite  que  l'on  pressentait  confusément 
beaucoup  plus  forte  (|ue  les  documents  et 
les  monuments  ne  l'avaient  jusqu'ici  mon- 
tré J'ajoute  qu'il  ne  serait  peut-être  pas 
impossible,  h  coté  du  langage  amorrite, 
de  faire  la  part  des  intluences  amorriles 
dans  les  monuments  ligures  (pie  nous 
avons  déjà.  On  peut  attendre  beaucoup  de 
l'avenir,  lorsijue  des  fouilles  régulières 
seront  entreprises  dans  le  domaine  d'\- 
murru  qui  est  justement  sous  le  mandat 
fian<.Mis. 

(;.    CoNTENAt. 


Aiioi  \misok  Yt'k'ii  11.  —  Le  Livre  de 
l'Impôt  foncier  (A l'/'i''  el-hliarùdj).  lia- 
duil  et  annoté  par  E.  Facsas.  iBibln'- 
tliripie  archéoliigique  et  historique  du 
.Service  des  Antiquités  de  Syrie,  t.  1.» 
Un  vol.  in-H°de  \vi  et  .'Cii  pages.  Paris. 
Paul  Geuthner,   \'I2\ 

Nous  avons  annoncé,  dans  le  pn-cédcnl 
fascicule,  la  fondation  de  ce  nouvel  ins- 
Irument  scientillfiue  <|u'e»l  la  lUhlioth^qiir 
nrchi'ologiiiiir  cl  lii^lnriqnr  du  Service  ilrs 
Antiquités  île  Syrie.  VAie  est  appelée  à 
rendri'  li-s  plus  grands  ser\ices  aux  tra- 
vailleurs (pii  étudient  le  proche  Orient,  il 
dès  le  premier  volume,  elle  .iffirnie  la 
direction  dans  laquelle  M.  Virnlleaud  en- 
tend la  conduire  parla  savante  traduction 
que  M.  K.  Fagnan  donne  du  traite  d'AIxiu 
Yousof  Yo'koub  sur  rimp<\t  foncier. 

Né  k  Koufa  en  IM  de  notre  ère.  Abou 
Yousof  suivit  les  cours  d'Abou  iiantfa  ei 
fut  distingué  par  son  maître.  Nommé  kaili 
à  Haghd.id.  il  reçut,  le  premier,  le  litre dr 
Kadiel-kodat,  c'esl-à-din- de  juge  4  com- 
pétence générale.  Sa  science  du  dnùl 
repose  entièrement  sur  sa  conn.«iss«nceihi 
hadith  et  de  l'exégèse  coranique  ;  ccl.i 
explicpie  la  comixtsilion  de  l'ouvragi- 
auquel  l'auteur  ne  semble  pas  avoir  eu  le 
temps  lie  donner  une  rédaction  définitive. 

"  Le  contenu  de  notre  hil<ll>  el-hhanhlj 
observe  le  traducteur  dans  son  .1ivr/i*»r- 
iiwnl,  ne  répond  que  bien  imparf.iili'ment 
au  titre  alléchant  qui  lui  a  éléatlriliur  un 
peu  a  la  légère,  et  qui  d'ailleurs  lui  e»» 
commun  avec  d'autres  ouvrages.  Dans  la 
réalité,  cette ré|)onsi>  du  savant  à  desque?»- 
tions  qui  lui  lurent  iKisi'-e»  par  le  khalife 
IIAroitn  er-Rechid  —  litre  plus  exact  sou» 
lequel  elle  est  parfois  désignée  —  e»l 
»mc  sorte  de  ménioire  snr  des  sujets  d"«>r- 


330 


S  Y  RI  A 


dre  politico-administratif,  débutant  par 
l'exposé  des  devoirs  réciproques  du  sou- 
verain et  des  sujets.  Il  n'y  faut  pas  cher- 
cher l'ordre,  la  rigueur  et  la  précision  que 
réclament  noire  tournure  d'esprit  et  notre 
temps.  I)  Cependant  les  définitions  juri- 
diques de  notre  auteur  sont  utiles,  comme 
par  exemple  lorsqu'il  distingue  la  terre  de 
dîme  de  celle  de  kharadj.  Sa  compétence 
est  d'ailleurs  bien  établie  et  M.  Fagnan  a 
rendu  service  en  donnant  une  traduction 
de  ce  livre  où,  par  le  fait  même  de  sa 
composition  défectueuse,  abondent  les 
renseignements  do  loulc  sorle. 

R.  D. 

II.  L.\MME>s.  —  La  Syrie.  Précis  histo- 
rique. Premier  volume.  Un  vol.  in-S°  de 
IX  et  279  pages.  Beyrouth,  Imprimerie 
catholique.   I'.)21.  Paris.  Geuthner. 

Ce  livre  est  indispensable  à  c[uiconque. 
fonctionnaire  ou  voyageur,  met  le  pied  en 
S>rie  ;  il  rendra  également  service  à  tous 
ccu.\  que  ce  pays  interesse.  Nul  n'était 
plus  compétent  que  l'auteur  et  nul  ne 
possédait  une  plume  plus  alerte  pour 
écrire  ce  rapide  exposé  tles  civilisations 
syrieimes.  Une  liste  bibliographique  des 
principaux  ouvrages  à  consulter  permettra 
de  pénétrer  plus  avant  dans  les  questions 
syricnaesilj.  Les  listes  de  dynastes  (Sé- 
leucides,  empereurs  romains  et  byzantins 
califes, etc..  )  et  les  synchronisnies  seront 
aussi  fort  appréciés. 

Pour  des  raisons  pratiques,  l'antiquité 
est  h  peu  près  négligée  et  l'on  se  borne  i\ 

(t)La  réflexion  (p.  v;  toucliaiil  lu  Mission  de 
l'hénicie,  A<:  Renan  :  «  beaucoup  (l'apcri;us  hril- 
liinls,  innis  ù  contnMer  de  près  »,  c.'cprlmo  mal 
l'iinpiirtancf!  do  cet  ouvriiso  et  su  valeur  pour 
l'ftudc  di!  l'urclirolou'ir  plirniriciini'. 


étudier  la  Syrie  modelée  par  la  conquête 
arabe.  A  notre  avis,  cela  ne  va  pas  sans  de 
graves  inconvénients.  Le  merveilleux  essor 
de  la  Syrie  à  l'époque  chrétienne,  dont 
l'action  s'est  répercutée  dans  tout  l'empire 
romain,  méritait  de  retenir  davantage  le 
lecteur. 

L'agrément  dont  le  savant  Père  sait 
animer  ses  écrits  est  dû  en  grande  partie 
à  l'exposé  ingénieux  d'une  thèse  qui  lui 
tient  à  cœur.  Celle  qui  ordonne  le  présent 
volume  est  l'affirmation  du  patriotisme 
syrien  et  de  l'unité  syrienne.  Ce  patrio- 
tisme est  très  ardent  ;  mais  il  est  local 
quand  il  n'est  pas  réduit  au  clan.  La  cons- 
titution physique,  si  particulière,  du  pays 
comme  la  diversité  des  races  imposent  le 
fractionnement  de  la  populalion  en  états 
trop  souvent  rivaux.  C'eût  été  le  cas  d'in- 
sister sur  le  rôle  de  Pompée,  dont  le  nom 
méritait  d'être  prononcé.  Après  avoir 
débarrassé  le  pays  des  brigands  arabes  et 
ituréens  qui  l'infestaient,  le  général  ro- 
main institua  la  province  de  Syrie,  mais 
cela  ne  doit  pas  s'interpréter  comme  une 
«  nouvelle  proclamation  officielle  de 
l'unité  de  la  race  et  du  pays  »,  pas  plus 
que  le  nom  de  «  roi  de  Syrie  »  porté  par 
les  Séleucides,  qu'il  faut  plutôt  compren- 
dre «  roi  d'Assyrie  ».  Car  Pompée  frac- 
tionna la  Syrie  en  principautés  distinctes 
et  donna  une  certaine  autonomie  à  plu- 
sieurs grandes  villes. 

L'acte  décisif  de  Pompée  n'est  pas  sans 
analogie  avec  les  événements  récents,  car 
non  seulement  le  général  Gouraud  s'est 
trouvé  dans  la  nécessité  de  débusquer 
certains  chefs  arabes  —  sans  leur  faire 
siiijir  le  sort  auquel  Pompée  condamna 
ceux  de  son  temps,  —  mais  il  a  encore  été 
logiquement  conduit  à  une  organisation 
du  pays  eu  Klats  distincts.  L'analogie  se 


iJiiîLioriP.APiiii:: 


Xil 


continue  jusque  dans  l'autonomie  rclali\c 
concédée  à  certaines  villes  et  niènte  chins 
le  l'Ole  du  gouverneuiTnniain  <{ui  ne  faisait 
que  surveiller  de  trèsiiaul  l'adriiinistralion 
locale.  Cette  rencontre  est  trop  exacte 
pour  être  le  fait  du  hasard  ;  elle  résulte 
autant  de  la  diversité  ethnique  que  des 
lois  physiques,  économiques  ot  politiques 
qui  régissent  la  Syrie. 

(Juoi  (ju'il  en  soit  de  la  thèse,  voici  un 
excellent  tableau  d'histoire  générale  ix- 
piisé  du  point  de  vue  syrien.  La  inailrise 
de  l'auteur  s'affirme  dans  l'histoire  des 
dynasties  arabes,  le  résumé  des  dogmes 
de  l'Islam,  la  description  des  sectes  de 
Syrie,  la  peinture  de  la  Syrie  des  Croisades 
et  de  l'organisation  des  Étais  francs. 
rtEMÉ  Dr  s  s  m;  n. 

PlimoDIQl  K 

A.  Meui.in.  —  Statuette  de  terre  cuite 
peinte  trouvée  à  Carthage  Musée  du 
I5ardo),extr.  des  Moiinmeiils  ri  Mi'moires 
Piot,  1920  (t.  XXIV I.  —  Paris,  Leroux. 
1921. 

Un  tombeau  do  Carthage.  duminant  la 
plaine  de  Douimès,  a  fourni  à  la  Direction 
des  Antiquités  de  Tunisie  une  «  grande 
amphore  à  base  conique,  deux  petites 
(L'uochoés,  l'une  à  bouche  ronde,  l'autre  k 
bouche  trilobée  ;  (piel<|ues  objets  de 
bronze,  dont  un  petit  rasoir  ;\  lame  élmile 
et  allongée;  un  collier  d'amulettes  h  types 
égyptiens,  de  perles  cl  de  coquillages  >■. 
Mais,  avec  ce  mobilier  assez  banal,  a  élé 
trouvée  une  slaluelle,  haute  de  X]  centi- 
mètres, en  terre  cuite  curieusement  peinte, 
représentant  une  déesse  sous  les  traits 
d'une  tympanisle,  ou  une  lympanisie  sous 
les  atours  de  la  déesse.  La  ligurine  a  un 
caractère  tiettcment  oriental   tant  par  la 


parure  que  par  le  détail  du  coslunn-, 
notamment  la  large  baode  rougo  qui  des- 
cend au  milieu  du  corps  de  la  ceinture 
aux  pieds.  I.a  planche  en  couleurs  rend 
dans  Inute  son  originalité  cette  figurine 
que,  d'après  son  type  hiératique,  M.  Merlin 
dali  du  VI'  siècle  avant  notre  ère. 

\(>i  \f:llks  Aiu:iiKoLO(;iQiES 

Congrès  d'Histoire  de  l'Art  à  Paris.  1931. 

\.p  dernier  Congres  iiilernalional  d'His- 
loire  de  l'.Xrl  >'élait  réuni  à  Home  en 
1913.  La  guerre  .ivail,  depuis  lors,  rompu 
le  r)tlime  de  ces  assemblées  :  il  étjil  bon 
que  l'habiliide  en  fi'il  ri'prisc.  L'iinniensc 
succès  de  celui  <pii  vient  d'élrc  tenu  k 
Paris  en  est  un  éclatant  témoignage,  et 
l'honneur  en  revient  à  la  Société  de  l'his- 
toire de  l'art  français  qui  l'avait  organisé. 

I^s  arts  de  l'antiquité  restant  en  dehors 
du  programme,  une  section  .ivail  cepen- 
dant été  réservée  h  l'art  byzanlin,  aux  art» 
de  l'Orient  iranien  et  musulman,  cl  à  ceux 
de  l'Kxtréinc-Orient.  Celle  *tcli.>n  Ira- 
vailla  avec  une  extri'me  activité,  cl  le* 
communications  et  di>russion!<  qui  inler- 
vinrent  méritent  dèlre  menlioiiiucs  dans 
citti-  Uevue,  en  tant  cpi'illes  nlèMiil  de.s 
arls  «le  l'Orienl. 

M.  Cm.  DiKHr,  membre  de  rin>lilut. 
étudiaiil  le  dernierouvrage  dcStr/vgovvski 
sur  r.Vrménie  et  son  arv:hileclure.  munira 
ce  (ju'il  avait  de  conjectural  cl  de  li.is«r- 
deux,  et  «pie.  conlrairemenl  aux  théorie» 
n.iuvelles  de  son  auteur,  il  ne  fallait  pa^ 
chercher  dans  les  églis«<s  de  T Arménie  le 
princi(M!  cl  l'origine  «le  la  coupole,  donl 
Sainle-S«)pliie  devait  oiïrir  la  majeslurusc 
réussite. 

M.  LorfcojisfcT.conscrvaleur  du  Musé^ 
«le  Kicw.  étudia  d'après  de  magnifiques 


:î32 


SYRIA 


projections,  les  églisesbyzantines  et  ukrai- 
niennes de  Kiew. 

M.  PÉzAno,  altachéau  Musée  du  Louvre 
el  chargé  de  mission  en  Syrie,  nota  quelle 
importance  avaient  la  civilisation  et  lart 
des  Sassanides  dans  la  grande  évolution 
artistique  de  l'Iran  et  des  peuples  musul- 
mans —  et  M.  Gaston  Migeon,  conser- 
valeurau  Musée  du  Louvre,  montra  ensuite 
la  céramique  musulmane  toute  pénétrée 
à  ses  débuts  de  ces  influences  sassanides, 
dont  le  récent  ouvrage  de  M.  Pézard,  par 
S(pii  abondante  illustration,  a  démontré 
toute  la  force. 

M.  S.  FLriiY.communif|uanl  les  plioln- 
graphies  prises  par  M.  Vioi.let  au  cours 
de  sa  mission  en  Perse,  a  montré  et  com- 
menté les  détails  d'ornementation  de  la 
petite  mosquée  de  Nàyin,  à  une  centaine 
de  kilomètres  de  Téhéran,  monument  daté 
(lu  ix"  siècle, inestimable  document, le  plus 
ancien  monument  musulman  de  la  Perse. 
M.  E.  i)E  LoKEY,  chargé  de  mission  en 
Syrie,  fit  part  de  ses  dernières  décou- 
vertes à  Damas,  de  quelques  monuments 
inconnus  et  inédits,  et  particulièrement 
de  deux  cénotaphes  remarquables  de  prin- 
cesses arabes  découverts  dans  les  ruines 
d'une  petite  mos(|uée. 

M.  Am  itEY  I'AGn.\r,  conservateur  du 
Musée  du  Caire,  montra  les  merveilleux 
fragments  de  toutes  espèces,  mais  surtnut 
r-éranii(iues,  dont  ses  dernières  fouilles  à 
Fostat  ont  enrichi  son  musée. 

M.Ci.  M.vnçMs,  professeur  à  l'L  niversité 
d'Alger,  appela  l'attention  sur  les  plus 
anciens  monuments  agglabitcs  du  ix"  siè- 
cle i\  Kairouan  en  Tunisie,  et  la  nécessité 
de  les  révéler  par  des  fouilles  très  sé- 
rieuses. 

M.  L.  M.\ssi(;m)\  revint  sur  les  ingé- 
nieuses reruari|iirs  (|u'il  .ivait  déjà  consi- 


gnées dans  Syria  sur  l'unité  d'inspiration 
de  l'art  musulman. 

M.  Akme.nag  Sakisian  étudia  l'art  de  la 
reliure  persane.  Les  monuments  et  l'art 
marocain  furent  étudiés  par  M.  A.  Bel,  de 

I.A  NE/.li;RE-RlCARD. 

Kncequi  concerne  l'Espagne,  M.  Gomez 
Moiuoo  parla  de  l'entre-croisement  des 
arcades  dans  l'architecture  arabe.  — 
M.  FoLsn  Y  ToRRÈs,  directeur  du  Musée 
de  Barcelone,  révéla  toute  une  céramique 
inconnue  dont  des  fouilles  heureuses  à 
Palcrna,  près  Valence,  enrichirent  son 
Musée  —  et  dont  M.  Pi  yg  y  (Iadafali.u 
montra  les  rapprochements  avec  des  dé- 
tails de  sculpture  du  cloître  de  l'Estain, 
en  Cerdagne. 

Enfin  M.  \'ervievlen,  professeurà  l'Uni- 
versité de  Bruxelles,  et  M.  Roosdal,  pro- 
fesseur à  l'I  niversité  de  Stockholm,  mon- 
trèrent les  influences  de  l'art  oriental,  le 
premier  sur  des  miniatures  de  manus- 
crits du  moyen  âge  occidental,  le  second 
sur  des  monuments  de  la  Suède,  et  plus 
spécialement  de  l'île^de  Gottland. 

On  peut  voir  par  ce  court  résumé  avec 
([uel  profond  intérêt  durent  être  suivis  les 
travaux  de  ce  congrès,  qui  feront  l'objet 
d'un<'  publication  prochaine. 

Gaston  Migeon. 

Les  Missions  archéologiques 
de    l'automne    1921    en    Syrie. 

K(i  sei)teuibrc  dernier,  M.  Virolleauii, 
le  distingué  chef  du  Service  des  Anti- 
(|uités  et  des  Beaux-Arts  en  Syrie,  a 
exposé  devant  r.\cadémie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  le  brillant  résultat  des 
fouilles  du  printemi>s  :  MM.  Pé/.ard  et 
Brossé  à  Tell  Nebi  Mend  (Qadesh),  M.  do 
Lorcv    à   Oumm    el-'Viuad    el    à    Hamas, 


lUlSI.IOGRAI'IIIK 


333 


Mme  D.  le  Lasseur  à  Tjr.  M.  I'r/.ai<l  :i 
plus  spécialeinerilparlr,  égalciiierit  devant 
l'Académie,  de  ses  ^^llcl^lOll^es  recherches 
à  Tell  Nebi  Mcnd  qui  l'ont  amené,  vers  IV  ù 
H»  mètres  de  i)rorf>iuleur,  à  la  rivilisalion 
cananéenne  des  vi'-vii" siècles  avant  notre 
ère.  Dans  cette  couche, l'heureux  explora- 
lour  a  découvert,  comme  pierre  réem- 
ployée, la  partie  supérieure  d'une  stèle 
é^ryptienne  au  nom  de  Séti  I",  montrant  le 
roi  devant  cinc]  divinités,  dont  la  seconilc 
|>arait  être  une  divinité  locale.  Les  fouilles 
reprendront  au  printemps  prochain. 

Cet  automne,  le  .Service  des  Ariliipiilés 
a  mis  en  train  de  nouvelles  mission-^. 
D'abord  celle  de  M.  P.  Montet  à  Hyhlos.  à 
lacpK'lle  nous  consacrons  ci-après  une 
notice  particulière,  celle  de  M.  Knlart  à 
'l'ortose,  enfin  de  nouvelles  recherches  à 
Damas  par  M.  de  Lorey. 

Le  silc  médiéval  de  Torlose,  où  M.  Kn- 
lart a  travaillé  six  semaines,  a  fourni  au 
savant  directeur  du  Musée  de  si  ulpturc 
comparée,  des  éléments  d'un  réel  intérêt, 
même  i|uel(pies  découvertes  curieuses 
comme  celle  d'inscriptions  du  temps  des 
Croisades.  Il  a  tout  particulièrement  étudié 
Notre-Dame  de  Torlose,  d'un  art  si  simple 
etsi  pur.  Après  Tortose.  M.  Knlart  doit  s'ins- 
taller à  Tripoli  d'uù  il  visiteia  i'abbayi'  de 
Hclmcnl,  au-dessus  de  (Jalanioun  ;  puis  il 
passera  une  semaine  à  Djebeil  Byhlos  . 
i|ui  conserve  de  curieuses  églises  et  ler- 
luinera  par  Saint-Jenn  de  Beyrouth,  an- 
cienne é(j;lisc  des  Croisades  sur  la(|iielle  il 
a  déjà  publié  une  intéressante  nioiio^ia- 
phie  à  l'occasion  ilu  centenaire  de  la  So- 
ciété des  Antiquaires  de  France.  Ce  n'csl 
qu'après  avoirvisité  la  Palestine  que  M  Kn- 
lart compte  rentrer  en  France. 

Sif:nalons  encore  que  l'.Vcadémie  îles 
inscriptions  a  nommé  \l.  Koclier,  liceni'ié 


es  lettre»,   membre   de  PEcole   archéolu- 
gi(|U<-  française  de  Jénisalem. 

Mission  Pierre  Montet  à  Byblos. 

A  la  date  du  lii  mar>  l'.il^t.  M.  P.  Mon- 
tet, professeur  d'égyplolo|fie  à  l'Lniver- 
sité  de  Stra-hour^'.  adressait  ù  M.  Cler- 
mont-(ianncau  une  lettre  dans  la({uellc  il 
lui  cx|)osait  la  découverte  de  bas-reliefs 
égyptiens  faile  |>ar  lui  h  Hyhlos,  lors  de  sa 
mission  de  \'.)\'J{ljjmitles  rendus  de CArad. 
des  inscri/).,  I!l2l,pp.  158  et  suiv.  ;  voir 
i«'v/i'i.l!(2l,p.  il'^l).  M.CIermonl-<;anncaH 
saisit  aussitôt  de  la  question  l'.Vcadémie 
des  inscriptions  qui  dérida  de  prendre  n  sa 
charge  les  frais  d'une  exploration  métho- 
dique du  terrain  où  devaient  se  cacher  le» 
restes  d'un  tenqili  égyptien.  M.  I'.  Monlel 
futchoisi  pour  conduire  ces  recherches. 

.Vrrivé  le  17  oct<djrc  A  Beyrouth,  M  P. 
Montet  pratii|uail  aussitôt  à  Byblo>,  au 
sud  de  l.i  tour  élevée  par  les  Croisé»,  des 
sondages  (jui  l'amenèrent .  entre  3  el 
•V  mètres  de  pnifondeur,  au  contact  de 
dalles  en  désordre,  l  n  |>ou  plus  loin,  il 
mit  la  main  sur  tout  un  lot  de  menus 
objets,  en  particulier  d<  s  amulettes  en 
bron/e,  en  isoirc.  en  hron/e  plaqué  d'or, 
en  or,  des  perles  en  cristal  de  n>che  ou 
cornahneou  encore  en  faieocebUncbâtre 
L,i  plupart  de  ces  objets  ont  été  reconnus 
( ommc  égyptiens  p,ir  M  Monlet  et  pn>b4- 
hlement  de  basse  é|KM|ue  ■  1 1 

Bientôt  les  sondages  conduisirent  aux 
ruines  d'un  temple  ravagé  par  un  graml 
incendie.  Les  décombres  ni\elé»  avaient 
clé  recouverts  d'une  couche  île  ^able  sur 

(1^  Lettre  ilii  '.M  iK-lolire  •<Ire«««V  k  M.  Clrr- 
moiil Cnniienu  ItansVa  lelln'd"  l""l.^«wl>rr, 
■■Insxs'  à  .M  le  .Svn-tain-  |i<T|><lurl,  M.  Mon- 
lel allrlhue  tx's  ilalle»  >{  «Irtu  l>*»r»  «le 
t'iiloiuies  en  (ilare.  à  ré|M>«|u<'  n>inaiD<v 


;î34 


s  Y  RI  A 


laquelle  on  avait  posé  des  dalles.  Une 
trouvaille  remarquable  fut  celle  d'un  lot 
de  vases  d'albâtre,  indubitablement  égyp- 
tiens. L'un  d'eux,  évasé  par  le  bas,  portait 
sur  la  panse  une  inscription  hiérogly- 
phique lue  par  M.  Montet  :  «  Le  roi  de  la 
I faute  et  Basse  Egypte.  Ounas,  vivant  éter- 
nellement, aimé  de  Re  qui  est  sur  le  lac  de 
Pharaon  ».  L'heureux  explorateur  croit 
avoir  mis  au  jour  le  bassin  ou  lac  sacré  qua- 
lifié  dans  ce  texte  de  «  lac  de  Pharaon  ». 
Trouver  à  Byblos,  déposé  dans  un  tem- 
ple, un  vase  au  nom  d'Ounas,  pharaon  de 
la  V"  dynastie,  est  une  rare  fortune; 
mais  il  est  tout  à  fait  sensationnel  de 
découvrir  un  cylindre  d'époque  Ihinite, 
de  5  cenlimèlres  de  haut  et  de  8  centi- 
mètres de  développement,  mentionnant 
trois  divinités  :  d'abord  la  dame  de  Byblos, 
telle  qu'elle  apparaît  plus  tard  sur  le  bas- 
relief  du  Moyen  Empire  découvert  à  By- 
blos même  ;  puis  un  dieu  assis,  également 
coiffé  des  cornes  et  du  disque,  tenant  un 
sceptre,  qualifié  de  «  ftls  de  Re  des  pays 
étrangers  »  et  «  dieu  des  pays  étrangers  »; 
enfin  une  autre  divinité  féminine. 

Le  savant  égyptologue  signale  encore, 
dans  ses  lettres  adressées  à  l'Académie 
des  inscriptions  (i)lues  en  séance  et  com- 
mentées par  M.  Clermont-Ganneau.  une 
inscription  gravée  sur  un  fragment  de  vase 

(I I  Lettres  en  date  des  I7et"2i  novembre  et 
du  1'^'" décembre  19-ii,  auxquelles  il  faut  joindre 
un  lélngrammo  du  fténérnl  Gour.iud,  daté  du 
10  novembre, niinonçanl  la  découverte  du  vase 
<rOunai<.  L'n  télégramme  de  M.  R.  dc()aix,l{aut 
Commissaire  ]iar  intérim,  annonce,  ù  la  date 
du  \i  dcccmbro,  la  u  découverte  do  fragments 
inNcripI  ions  iWyreri;ii(s[i)barnon  délai  V'dynas- 
lii'l,  slalue  colossale  égypiisaiite  l'I  fni^'iucnls 
deux  outres  statues  ». 


en  marbre  noir,  au  nom  du  pharaon  Pépi 
de  la  VP  dynastie  avec  le  mot  het  shed 
«  jubilé  » .  Par  là  est  certifiée  la  destination 
du  vase  d'albâtre  au  nom  d'Ounas  qui, 
évidemment,  est  aussi  un  vase  de  jubilé. 
Remarquons  pour  conclure,  que  ces 
trouvailles  —  dont  on  doit  chaudement 
féliciter  M.  P.  Montet  et  l'Académie  des 
inscriptions  —  par  le  fait  même  de  leur 
découverte  en  un  même  lieu,  sinon  dans 
un  même  temple,  apportent,  comme  ce 
fut  également  le  cas  des  fouilles  de  Crète, 
un  nouvel  argument  en  faveur  de  la  chro- 
nologie égyptienne  dite  courte. 

R.  D. 

Gaston  Darier.  —  Le  nom  de  l'archéo- 
logue genevois,  trop  tôt  enlevé  à  la  science, 
a  déjà  été  cité  dans  cette  revue  {Syria,  I, 
p.  335)  à  propos  d'un  utile  inventaire  des 
articles  et  ouvrages  traitant  des  fouilles  du 
Janicule,  amorcées  d'abord  par  Gauckler 
puis  poursuivies  par  lui  avec  la  collabo- 
ration très  efficace  de  Gaston  Darier  et  de 
G.  ^'icole.  Gaston  Darier  avait  promis  de 
reprendre  d'ensemble,  ici  même,  la  ques- 
tion du  sanctuaire  syrien  mis  au  jour  sur 
le  Janicule  et  d'essayer  de  démêler  la  na- 
ture encore  énigmatique  du  culte  qui  y 
était  pratiqué.  Question  des  plus  ardues, 
car  le  terrain  romain,  sur  lequel  on  se 
meut,  est  propice  au  syncrétisme  le  plus 
inattendu;  mais  le  jeune  savant,  si  modeste 
et  si  consciencieux,  pensait  être  arrivé  à 
l'élucider.  Seule  sa  santé,  de  plus  en  plus 
précaire,  le  contraignait  à  renvoyer  de 
mois  en  mois  la  rédaction  de  ses  conclu- 
sions longuement  mûries.  Nous  nous  in- 
clinons avec  émotion  devant  la  fatalité  qui 
laisse  inachevée  l'œuvre  de  Gaston  Darier. 


ÏAlîLlL  DES  MATIEKES  UL  TOMi:  DLLXIK.MK 


I.    —   AllTICI.KS. 

l''ii  VN/ CuMON T,  Le  Jupilcr  liéliopulitaiii  et  les  (liviiiitûs  dc>  plan(-tc> •      lo 

—             Catacombes  juives  de  Konic 1  tr. 

Ciiari.es  Dieiil,  L'École  artistique  d'Antioche  et  les  trésors  d'argtniteric  syrienne.  Hl 

Comte  uu  Mesnil  DU  Buisso:^,  Les  aiicieimes  défenses  de  Beyrouth     .     .           2.3S,  ,'U7 

Henk  DussAiii>,  Le  Peintre  Montfort  on  Syrie,  I8.n-I».38 63 

S.  Fi.L'HV,  Bandeaux  ornementés  k  inscriptions  arabes  :  Amida-Diarbekr,  xi*  si^le.  •%i 
—         Un  monument  des  premiers  siècles  de  l'Ilégire  en  Perse.  II.  Le  décor  de 

la  mosipiéc  de  Nûyin 23<),  .ToS 

Clément  IIuaht,  Les  Banou-'Anitùz 205 

EtsTAciiE  iJE  LoiiF.Y  et  Gasto."»  Wiet,  Cénotaphes  de  deux  dames  musulmanes  i 

Damas 2ÎI 

L(ji  is  Massionon,  Les  Mélliodes  de  réalisation  arti8li(|ue  des  peuple^  de  riitUm.   47,  1VJ 

Etienne  Micuon,  Sarcoi)liage  d'.Vnavar/.a  295 

Gaston  Mioko.n,  llama  de  Syrie     ...  I 

R.  P.  H.  MouTKRDt,  Inscriptions  grecques  cl  latines  du  Mumjc  d'Adanu   .           JOT,  2WI 

Colonel  II.  Normam),  La  (Création  du  Musée  d'.\dana           lur> 

Kdmonii  PoTTiEK.   l.'.Vrt  bitlite ti,  W> 

—                 Note  sur  la  statue  de  Metellé    ....                                            .  2<t.'l 

.VuMÉNAf;  Sarisia>,  L'L'nilé  des  écoles  de  miniaturistes  en  Perse \>'<\ 

Henry  Vioi.i.et,  Un  monument  des  premiers  siècles  de  l'Hégire  en  Perse.  I.  .\Da- 

lyse  arcliilecturale  de  la  mosquée  de  iNûyin 22<> 

Kavmom)  \\'eill,  Phéniciens,  Égéens  et  Hellènes  dans  la  Méditerranée  primitive  I20 

Gaston  Wiet,  voir  K.  de  Lorev. 

C.  Léonard  >\'ooLLLY,  La  Pliénicie  et  les  peuples  é(,'éeii>  ITT 

II.  —  Comptes  rendu*. 

.Mie  Di'nkniaclei  aus  Syrien,  Palae>tina  und  Weslarabien  .  2fi<> 

.\niuial  of  Ihc  .\merican  Scbool  of  Oriental  Heseareh  in  Jérusalem,  I   '<   ContetuMi  .  74 

.V.  T.  Ci.AY,  Tiie  Empire  nf  Ihe.Vmoriles  ((i.  Co/iJfn<iu 328 

Ci.EHMONT-(iA>NEvi;,  Odciuat  et  N'aballat,  rois  de  Paimyre,  et  leur  litre  romain  de 

«  corrector  •■  i  /if.  /» 7h 

—                   La  Lampe  et  l'olivier  dans  le  (^oran  iH.  li.) 7H 

L.  DKi.AeoiuK.Cataloguedeseylindresorientaux  Musée  du  Louvre).  I  G.ConUnau  .  Ifi'J 
K.    L.  l)i:voNsiiiRK,   Relation  d'un  voyage  du  sultan  Qaitbay  en    Palestine  cl  en 

Syrie  {Rcnc  Dusumut) 2fil 


336  SYRIA 

Pages. 

E.  Fagxan,  Le  Livre  de  l'Impôt  foncier  de  Abol  Yolsof  Ya'koub  (R.  D.)     .     .     .  329 
D.  G.  HoGARTii,  Hittite  Seals  with  particular  référence  to  tiie  Ashmolean  collec- 
tion (G.  Conlenauj 2o8 

Clément  Hlart,  Le  Livre  de  la  création  et  de  l'histoire  de  Motahuak  ben  Taiiir 

el-Maqdisi  {Frédéric  Macler) 77 

H.  Lammess,  La  Syrie,  I  {René  Dussaud) 330 

CarlJ.  S.  MARsTRA>DER,Caractèrc indo-européen  delà  langue  hittite(G.Co/i/t'nau).  73 

A.  Merlis,  Statuette  de  terre  cuite  peinte  trouvée  à  Cartilage 331 

El).  Navillc,  L'évolution  delà  langue  égyptienne  et  les  langues  sémitiques  {Georges 

Ort) 76 

Revue  de  l'Académie  arabe  (Loiiis  3/assig/ioni 170 

A.  S(ahsias),  Les  Tapis  arméniens  (A) 79 

George  Samné,  La  Syrie  (/?.  D.) 77 

Gustave  Sciilumberger,  Récits  de  Byzance  et  des  Croisades  (/î.  D.) 170 

Peter  Tiiomses,   Die  rôniischen  Meilensteine  der  Provinzen  Syria,   Arabia  und 

Palaestina  {R.  D.) 76 

Raymond  Weii.l,  La  Cité  de  David  {René  Dussaud) 166 

Wissenschaftliche    VeroelVenllichungen    des    deutsch-liirkischen    Denkmalschutz- 

Kommandos,  I,  II  et  111  {René  Dussaud) 260 

111.   —  i\oi  VELLES    archéologiques. 

École  française  arcliéologique  de  Jérusalem,  pp.  79  et  333.  —  Fouilles  à  Ascalon,  p.  "((  ; 
à  Tibériadc,  p.  80;  en  Syrie,  p.  80.  —  Musée  de  Beyrouth,  p.  80.  —  Clermont- 
Ganneau.  La  mosaïque  de  la  Synagogue  de  Aïn-Douq,  p.  172.  —  L'Avenir  archéo- 
logique de  la  Syrie,  p.  174.  —  Pierre  Montet,  Byblos  et  l'Egypte,  p.  263;  voir 
p.  333.  —  Une  nouvelle  Bibliothèque  archéologique  el  historique,  p.  264.  — 
Gaston  Migeom,  Congres  d'histoire  de  l'Art  à  Paris,  1021,  p.  331.  —  Les  Missions 
archéologi(|ues  de  l'automne  1921  en  Syrie,  p.  332.  —  Mission  Pierre  Montet  à 
Byblos,  p.  333. 

Nécrologies  :  Max  vas  Bekciiem,  p.  80;  IIemu  l'oiivoN,  p.  I7'j;  André  iie  Ridder, 
p.  176;  Gaston  Dahier.  p.  334. 

Errata,  p.  336. 

I'mU.E   des   MATIÎJIES 33j 


ERRATA  AU    TOME  II 

I'.  222.  1.  9.  Iju»,  /(•;•(•  lÀA.   —  p.  222,  1.   2.")  :    petite-nièce,    lire   arrière-pctite-fillc. 
Planche  XWII,  lire  KAliinah  et  Sukeïnah.  —  P.  22"),  note  2  :  Ababeks,  lire  Atabeks. 

Le  (lénint  :  Pai  l  Geutiinkh. 
.">12!'-2-"-'2.  — T'Hirs,  Imprimcrii'  1'..  .\iihMi.i  il  C  •. 


DS  Syria 

S8 

t.  2 


t 


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