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Full text of "Tableau historique et littéraire de la langue parlée dans le midi de la France et connue sous le nom de langue romano-provençale;"

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s. ût. 



7 




TABLEAU 



DE 



LA LANGUE ROMANO-PROVENÇALE< 



-fi- 

PARIS. IMPRIMÉ PAR BÉTHÏINE ET PLON. 



TABLEAU 

HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE 
E LA LANGUE 



PARLÉE DANS LE illll DE LA FRANCE 



ET CONNUE 8008 LE NOM DE 

LANGUE ROM ANO-PROVENÇALE ; 

PAR 

M. MARY-LAFON, 

I 

Membre de ta Société royale des Antiquaires de France, 

déjà Société de linguistique de Paris, 

ti-rédsctéur en chef dn Journal de la langue française et des langues en général. 



Ouvrage couronné par l'Institut dans sa séance du 5 mai 1841. 



a 



PARIS, 

CHEZ MAFFRE-CÀPIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR > 
u, quai des Grands- Augugtins. 

1842. 



A L'INSTITUT, 



(y/zcntl dan dtt/fiave c/atï 



t^on^ehaet à <ée tnéutit 



delà tnan un/oHte da 



tctt 



\/iictYude. 



INTRODUCTION. 



La langue d'un peuple est sa vie et comme 
son âme. Tout ce que les générations laissent 
en se succédant sur la terre périt ou s'efface : 
seule la langue survit ; et quand la tombe a 
consumé jusqu'à la cendre même de ces gé- 
nérations , quand il ne reste de leur passage 
ici-bas que des ruines ou des traces incer- 
taines, la langue qu'elles parlèrent, toujours 
intacte, toujours aussi jeune est là comme le 
souffle immortel de leur esprit. Rarement les 
philologues m'ont paru comprendre tout ce 
que la tâche qu'ils entrepr^ • e pi a de p\ûto- 



sophique et de véritablement élevé. A mes 
yeux, il n'en est pas de plus belle et qui con- 
tente mieux l'ambition de l'intelligence. Re- 
monter à l'origine d'une de ces langues, qui 
exprima autrefois toute l'existence d'une par- 
tie de la grande famille humaine, la suivre 
dans ses différents âges, dans son développe- 
ment successif, dans son apogée, sa décadence, 
et souvent sa chute ou sa transformation, voilà 
de toutes les études historiques celle qui me 
semble présenter l'intérêt le plus réel et le 
plus continu. 

Supposez ensuite que le peuple dont cette 
langue fut l'organe ait disparu, que son hé- 
ritage morcelé soit échu à plusieurs peuples 
aujourd'hui vivants, et que l'ancien langage , 
modifié selon les mœurs, les passions, les cli- 
mats , existe encore comme verbe national 
dans une partie de l'Europe, n'est-il pas vrai 
que l'analyse et la recherche historique de ce 
langage deviendront une chose attrayante et 
utile? 



Eh bien ! tels sont les avantages avec les- 
quels se présente d'abord la langue romano- 
provençale. 

En remontant à ses premiers rudiments, 
on retrouve les premières pages de notre his- 
toire ; en observant sa marche et ses progrès, 
on assiste pas à pas à ce curieux et long travail 
qui précède l'enfantement des empires ; et 
puis, quand elle est formée, et que ces em- 
pires dont elle était la voix s'écroulent, c'est 
avec une ardeur plus vive encore et une at- 
tention plus solennelle qu'on étudie sa renais- 
sance dans les temps modernes et sa nouvelle 
fixation dans les temps contemporains. 

La grande puissance de Rome, en effet, ne 
périt pas tout entière. Ce qui était matériel , 
si l'on peut s'exprimer ainsi, fut écrasé sous 
les pieds des barbares; tout ce qui était moral 
résista victorieusement. Le trône des empe- 
reurs, les murailles de latuï/è, les armes in- 
vincibles des légions tombèrent à la fois et 
pour toujours ; la langue des Romains , les 



œuvres de leurs législateurs et de leurs poè- 
tes, leur civilisation si avancée ne reçut au- 
cune atteinte. La maîtresse du monde mourut, 
mais ses idées restèrent; et les formes dans 
lesquelles, il y a vingt siècles, elle les jetait , , 
les mots qui lui servaient à les exprimer, de- 
venus les nôtres, sont maintenant comme une 
chaîne intellectuelle, liant notre présent à ce 
passé lointain. Il aurait donc suffi de cette 
filiation antique pour m'attacher fortement 
au sujet; mais j'ai été porté à le traiter et à 
le creuser avec toute la réflexion et le soin 
dont j'étais capable , par d'autres motifs que 
je dois dire. Depuis douze ans je travaille 
sans relâche à l'histoire du midi de la France. 
Ma première nécessité fut d'en apprendre la 
langue dans ses innombrables dialectes; car 
la plupart des matériaux que j'avais à mettre 
en œuvre étaient écrits dans cette langue ou- 
bliée en deçà de la Loire. A mesure que je 
l'étudiais, des points de vue neufs et inespé- 
rés se découvraient à mes yeux. Lorsque je 



crus la savoir, je conçus l'idée de rendre mes 
recherches fructueuses. La science, effecti- 
vement, se compose de deux parties : la partie 
purement théorique et' spéculative , qu'on 
pourrait résumer ainsi , la science cultivée 
pour elle-même, et la partie pratique ou d'ap- 
plication. Jusqu'ici la philologie a été laissée 
en arrière sous ce dernier rapport. On aurait 
peut-être le droit de l'accuser de stérilité 
daus ses résultats. Et pour moi , je l'avoue, 
préoccupé de cette crainte, je me suis pro- 
posé de donner à mon travail historique ua 
but immédiatement utile. 

Pour peu qu'on la regarde de près, la mé- 
thode adoptée dans l'Université, en ce qui 
touche l'étude des langues anciennes, est in- 

* 

suffisante et, osons le dire, peu en harmonie 
avec les progrès de la science philologique. 
Le point de départ place dans le faux et celui 
qui enseigne et celui qui apprend. D'ordinai- 
re, on fait marcher de front l'étude du fran- 
çais et 4m lalipj eh bien ! pas ^ grammairien 



6 

encore n'a paru soupçonner que la plus jeune 
de ces langues est la fille de l'autre, et que 
par conséquent , au lieu de les étudier sépa- 
rement, on devrait les apprendre à la fois, et 
procéder tnot à mot, ligne à ligne, par com- 
paraison. 

Trente-sept départements parlent une lan- 
gue inconnue à première audition , barbare 
même, et que les masses, qui s'arrêtent tou- 
jours aux impressions superficielles, ont flétrie 
depuis des siècles du nom de patois. Quelques 
érudils fouilleront bien son origine, en éclair- 
ciront, si vous voulez, une partie; mais, if ne 
leur viendra pas en pensée de dire à ces 
masses, qui ignorent parce qu'elles n'ont pas 
eu l'occasion ou le temps de s'instruire, de 
leur dire très haut, avec toute l'autorité de 
la science : 

« Ce que vous appelez patois est un mé- 
» lange des divers idiomes qui ont passé de- 
» puis le commencement des temps sur les 
» lèvres de nos pçres. C'est la continuation 



» un peu déteinte, dans le courant de notre 
» civilisation nouvelle , de celte magnifique 
» langue romaine qui servît d'interprète au 
» monde '. Dans ce que vous nommez patois 
» se reflète presque trait pour trait la phy- 

1. A propos d'un travail publié en 1837 sur le même sujet, et 
à la suite d'un discours qu'il lui avait inspiré, l'honorable M. Sal- 
verte m'écrivait : 

« C'est avec une grande satisfaction que j'ai lu votre opuscule» 
» et je me suis vivement applaudi de me trouver d'accord avec 
» vous sur les points essentiels. Ainsi l'on ne peut douter que la 
» lingua romana rustica on vulgaris ne fût le latin altéré par 
» une prononciation vicieuse et par le mélange d'une langue plus 
» anciennement parlée dans chaque pays, le celtique dans les 
y» Gaules, Y ibère et le celtibère dans quelques localités; le celti- 
» bère est encore parlé par de nombreuses populations au delà et 
» en deçà des Pyrénées. 

» Plus tard, l'espagnol et le portugais ont subi le mélange de la 
* langue des conquérants arabes (et non pas des conquérants 
» ibères", comme me le fait, à tort, dire le Moniteur). 

» Quaot au celtique, parlé dans laBasse Bretagne et le pays de 
» Galles, et base de la langue des highlanders écossais et même 
» de l'irlandais, on le retrouve dans beaucoup de noms d'hom- 
» mes et de lieux, dans les provinces iném& où ^ a ^ an 6 ue ro " 
» mane et non pas romance l'a expulsé dep^o , ^\i de siècles.» 



8 

» sionomie de ta noble , de la belle, de l'élé- 
» gante langue française d'aujourd'hui, Le 
» berceau des deux langues était commun, et 
» leurs premiers accents furent les mêmçs. » 
Ensuite , trop strictement renfermés dans le 
cercle de l'investigation théorique, ces savants 
ne songeront pas à se tourner vers l'Univer- 
sité , el à l'avertir qu'il existe quatorze mil- 
lions d'individus connaissant à priori ces 
patois romans, el que, dés lors, au lieu de 
chercLer à les eflacer de leur esprit , au lieu 
de les proscrire l , il foui en faire la base de 
renseignement linguistique ; car, en les pre- 
nant pour échelle, et les comparant simulta- 
nément au français el au latin, on démontre- 
rait, clair comme le jour, que les trois bngues 
sont identiques, et dès lors l'enseignement, 
triplant sa portée, se simplifierait et abrége- 
rait sa durée de& deux tiers au moins. 

1 . On se rappelle l'inqualifiable arrêté du Recteur de Cahors, 
si spirituellement apprécié par M. Nodier. 



9 

Telles sont les vues qui m'ont engagé à 
faire et à publier ces recherches. 

J'insiste sur ce qui est relatif ù l'Univer- 
sité et j'y reviendrai, parce que je crois qu'une 
marche semblable serait un bienfait pour les 
études , et que, dans ma conviction la plus 
sincère, ceux qui la feront adopter rendront 
un éminent service à la science et à leur 
pays. 

L'esquisse de ce travail fut soumise l'année 
dernière au jugement de l'Institut, dans le 
concours de linguistique. Tout en la mention- 
nant honorablement, et en donnant une com- 
plète approbation à la deuxième partie , la 
commission regretta que, dans la première, 
les faits recueillis ne fussent ni assez nom- 
breux, ni suffisamment vérifiés. 

J'ai fait droit à ces observations en refon- 
dant entièrement la portion étymologique. Tou- 
tefois je ne puis m'empôcher de remarquer 
en passant, et sans intention rècritninatrice, 
que les critiques de la commis^, n tt e A&wtent 



10 

m'atteindre qu'indirectement, puisque j'avais 
cité mes garants pour les mots anciens, et que 
les mots appartenant au cello-breton , et sur 
lesquels son attention s'était surtout portée, 
se trouvent textuellement dans les lexiques 
kymris, et en particulier dans celui de mon 
ancien et respectable ami Legonidec. Quant 
au reproche de n'avoir pas apporté d'abord 
des preuves assez nombreuses, je pourrais 
répondre que celles qui étaient fournies me 
semblaient assez concluantes pour me dis- 
penser d'insister, devant l'Institut principa- 
lement. J'ajouterai que le tableau des origines 
grecques ne fut peut-être pas pris en consi- 
dération autant que semblaient le mériter le 
labeur long et aride qu'il a exigé et l'impor- 
tance du fait qu'il consacre. Bien loin, du 
reste, de protester contre le jugement de la 
commission , je l'ai regardé comme m'impo- 
sant l'obligation de revoir plus sévèrement 
encore mon ouvrage. J'ai donc remanié la 
première partie ; une troisième a été jointe 



11 

aux deux autres, et quelques pièces très-pré- 
cieuses ' , que j'ai eu le bonheur de trouver 
cette année, ont pris place à côlé des docu- 
ments déjà recueillis. Enfin, je me suis efforcé, 
autant qu'il a été en moi, de tenir ce travail 
à la hauteur du sujet, et de lui imprimer 
partout le caractère sérieux et utile du but 
où j'aspire, en éclaircissant l'histoire de nos 
langues primitives; car on l'a dit, et je le 
répète : « Tant qu'on en ignore la connais- 
» sanee, on ressemble à ces chevaux aveugles 
» dont le sort est de ne parcourir qu'un cercle 
» fort étroit, en tournant sans cesse la roue 
» du même moulin \ » 

Depuis que cette courte introduction, écrite 
au mois de février dernier, a paru, l'Institut 
a bien voulu encourager mes travaux en m'ac- 



1. -Entre autres une ordonnance du Viguier, en 1270 , sur les 
Robes des dames de Montauban, l'épitaphe du comte Bernard , 
la Chanson de Biron. 

2. De Jaucourt, Encyclopédie d'Alembert t ^ oïn e iv. 



12 

cordant une de ses honorables récompenses; 
au bout de douze années d'études quotidiennes 
et silencieuses, voilà le premier fruit que je 
vois mûrir. De tristes recherches ont emporté 
les plus beaux jours de ma jeunesse : les 
rêves d'ambition, de fortune, de gloire, en- 
nuyés de me voir toujours dans les salles 
muettes des bibliothèques, ont disparu. Sur 
mon front que les veilles dénudent , les che- 
veux blancs m'avertissent déjà que la vieil- 
lesse arrive avant l'heure. Quand je regagnerai 
la vieille maison de ma mère , je retrouverai 
que beaucoup de ces champs où je me sou- 
viens d'avoir vu jaunir dans mon enfance de 
si belles moissons, que beaucoup de ces prai- 
ries, autrefois si vertes, ont changé de maître 
pendant que je fouillais les vastes nécropoles 
du passé. Eh bien ! quoique l'élude m'ait 
pris la jeunesse, détruit la santé, et rétréci 
l'horizon du patrimoine paternel, -quoique 
je n'aie rencontré en creusant le sol histori- 
que rudement et avec conscience qu'une mo- 



4S 

destc médaille, je suis plus heureux el plus 
fier de mes peines et de mon labeur, qu'un 
autre de ses millions el de ses honneurs ; el 
si j'étais à recommencer cette existence in- 
grate el laborieuse; je l'embrasserais, comme 
il y a douze ans, le cœur tranquille et les yeux 
fermés. 



PREMIERE PARTIE. 

ORIGINES. 

Lingua dl nazione antlca, che si è conterai* 
régnante : floche pervenoe al «uo conplmento 
dev' esser un gran testlmone del costumi del 
prfml tempi» 

Vico, Principj di scietna nuova, lib. i, p. 92? 



»^ 



« On ne sçauroit être parfaitement instruit 
» de l'origine d'une langue, si on ne connoit 
» celle des peuples qui la parlent '. » 

Convaincu de la vérité de cet axiome, nous 
allons commencer l'histoire des mots par l'his- 
toire des hommes. 

Aussi loin que peuvent remonter les témoi- 
gnages écrits, on trouve sur le sol de la Gaule 
une grande famille, connue sous le nom de 
Celtique. Les uns assurent qu'elle fut abori- 
gène ' ; les autres, lui faisant suivre le mou- 



1. Doclos, Mémoires de F Académie des Inscriptions, t. xt, 
p. 565. 

2. Timagène, dans Ammien Marcellin, lir. xv. 



*6 

vement du soleil l , ramènent de l'Orient; 
mais tous s'accordent a la présenter comme 
la famille-mère *. Dans des temps qui n'ont 
jamais été appréciables, et sans doute à me- 
sure que la population croissait, cette race 
primitive se divisa en une infinité d'essaims 
qu'on voit, s'éloignent de la ruche maternelle, 
s'établir à part sur le continent actuel, et 
prendre pour nom particulier le mot de la 
langue commune qui exprime la cause déter- 
minante ou la position de leur établissement. 
Ainsi la jeunesse qui, sortant des forêts, bâ- 
tit ses huttes sur les rudes plateaux du Quercy, 
s'appela tribu des Craîgôuci (habitants des 
pierres); celle des monts voisins, la tribu des 
Libres, Ruddènes; celle qui s'empara du Vi- 
varais, la tribu des Hauts-Lieux, Uheles; celle 
. qui descendit dans le bassin de la Garonne, 

■ J ' ■ ■ Il I ■ - ■ I ■ 1.1, . .,..»« I ■ I . I | i t ■ 

1. Leibnltz, De origine gentium* 

2. Aristote Hérodote, lib. h, cap. 33 ; Épliore, Strabon, lib. iv, 
p. 199; Diodore de Sicile, lib v, p. 214; César, lib. i , cap. 1. 

Trôtvy i\\r t vt*v r«).âT«$ xaXovjJtivov;, rapaoïîç 9i >J79p§» 

vous Taftapo; sxrtfft . « 

(Josè|>he, Antiq. Jud., iib. i, cap. G.) 

râpio o; ti yaaacftç tqv; vvv r aidera; ffi»viffT>jfffv. 

(Kiistathed'Antiochp, Comment, in bexamer., p. 51.) 

râjz>ïp e^ ou yùtxht. 

(CbfOf»M|ife Papale) 



17 

la tribu de» Remuants, Bol k es; celle qui, lon- 
geant la mer, poussa jusqu'au fond du conti- 
nent) la tribu d'au delà Kelt-uber *, liber; 
celle qui franchit les Alpes et renonça , dans 
la Suède et en Italie, à la vie nomade de ses 
pères, la tribu des Ligures, de Ligein % de* 
meurer. Mais, indépendamment de ces quali- 
fications propres à chacune d'elles et servant 
à les distinguer et à les caractériser, toutes 
gardèrent le nom générique de Celles 3 . Les 
historiens n'ont eu qu'une voix sur ce point* 
Il résulta également de celte communauté de 
familles et de moeurs qu'elles parlèrent toutes 
la même bague, variée selon les climats par 
la seule prononciation d'abord 4 , et puis par 

1. Adrîanus, Periekius. 

2. Fiiriircrue, 9t ttbon» 

3. On oae permet ti a de ne pas adopter la théorie du savant 
auteur de l'histoire des Gaulois sur la triplicité des races, et d'es- 
sayer de prouver dans le cours de ce livre, contrairement à ses 
assertions: 

1° Que la race dite Ibère avait de nombreux rapports, par la 
langue, avec les prétendues races gallique et kymrique; 

2° Qu'A n'existait pas de différence entre les Galls et les 
Kymris; 

3° Que ces trois races étaient trois ramifications de la même 
souche, et que rien n'autorise à dire que Pune d'elles a précédé 
les autres sur la sol gaulois, 

4. Sttabon, liv. jv t 

2, ' 



18 

les éléments nouveaux qu'y mêlèrent les étran- 
gers. Les premiers dont on aperçoive confu- 
sément l'arrivée furent des Phéniciens, qui, 
4,600 ans avant notre ère ', prirent posses- 
sion des côtes. Gomme ils n'avaient pour but 
que le négoce, ils lièrent des relations avec 
la généralité des tribus, jetèrent partout des 
comptoirs, ouvrirent des routes, commencè- 
rent l'exploitation des mines, et, se familia- 
risant peu à peu avec les indigènes, émous- 
sérent leur rudesse native; puis, en échange 
de leur résine , de leur poudre d'or et de leurs 
pelleteries, ils leur laissèrent le culte de Tyr 
et l'ébauche des arts utiles. Celte mission 
préparatoire accomplie, les Phéniciens firent 
place aux Grecs. Dès-lors le littoral se couvre 
de colonies qui brillent au bord de la barba- 
rie celtique comme des phares civilisateurs. 
Les nouveaux venus, naturalisés sur la terre 
que les Phéniciens avaient baptisée Ar-Mor- 
Raike 3 , la défrichent, y transplantent la vi- 
gne et l'ombragent de tous les arbres pré- 
cieux de la patrie, tels que le figuier, le ci- 



1. Ou Arworek. (Samuel Bochart, Phaleg et Canaan.) 

2. Contrée maritime. (Pline, Hist., lib iv, cap. 17.) 



19 

fronnier, Paloès. Bientôt le monopole com- 
mercial tombe exclusivement dans leurs mains. 
Ils s'enrichissent , s'étendent , et déploient 
énergiquement leur influence sur tout le midi 
de la Gaule. Cette domination morale com- 
mence aux temps les plus reculés, et ne finit 
que 450 avant Jésus-Christ. 

A celte date les Romains arrivent à leur 
tour : une lutte désespérée s'engage entre eux 
et la vieille nationalité celtique : celle-ci, di- 
visée, comme nous l'avons vu, en membres 
épars , et depuis trop de siècles accoutumée 
à la vie individuelle , pour se réunir sous le 
même drapeau , bien qu'il s'agisse du salut 
commun, est écrasée en détail au bout de 80 
ans de résistance, Rome légitime aussitôt sa 
'conquête. Le jour où ses légions quittent Cé- 
pée, elles prennent la pioche. Les liens phy- 
siques et moraux qui enchaînaient nos pères 
au sol natal sont rompus : des voies monu- 
mentales détruisent l'isolement et relient entre 
elles les tribus dispersées; des communications 
continuelles adoucissent leur sauvagerie ; les 
temples, les amphithéâtres , les grands édifi- 
ces publics , surgissant comme par miracle 
au milieu des burgs antiques ou des cités ra- 



20 

jcunies, détachent leurs idées de la holte deft 
ancêtres. Forcées en même lemps dans leur» 
rapports quotidiens d'apprendre la langue des 
conquérants % d'obéir à leur3 lois, de se plier 
à leurs moeurs, elles sont 'si prdmptement 
transportées sur le terrain de la civilisation 
romaine, que le midi de la Gaule devient une 
seconde Italie. Puis, quand la fusion est com- 
plète, l'Empire battu de tous cotés par des 
flots de barbares, chandelle et tombe. Le» 
peuplades gothiques franchissent le Rhin, et 
viennent au midi recueillir son héritage : 
c'est un élément nouveau qui, presque s» A & 
fouler personne, tant les places étaient non**, 
fereuses encore , s'établit au sein de cette po- 
pulation celtique, mêlée de Grecs et de Ro- 
mains, et tes domine 300 ans, 

Mais, ce temps écoulé, une réaction vio- 
lente s'opère dans le sens oriental. Comme si 
les hommes du Levant avaient mission de 
\enger leurs frères, les émigrants de l'Asie 
supérieure, les Sarrasins accourent , passent 
comme un tourbillon exterminateur sur l'Es- 
pagne, brisent sous les fers de leurs chevaux 

I » Opéra data est ut iroper»06a civitaa pou solum jugum verutty. 



2i 

la puissance gothique des deux côtés des Py- 
rénées, et plantent l'étendard du prophète 
« depuis le golfe de Saint Tropez jusqu'au 
» lac de Constance, depuis le Rhône et le 
» Jura jusqu'aux plaines de la Lombardie , 
» depuis la Garonne jusqu'à la Loire'. » Leur 
occupation ou leur invasion dure deux siè- 
cles, et ne disparaît que devant une dernière 
réaction germanique, laquelle, portée plus 
tard par le flot sanglant de la croisade des 
Albigeois , parvient ù prendre pied sur cette 
terre romaine et à s'y affermir enfin après 
avoir culbuté l'élément normand '. 

Il résulte ainsi de ce court résumé, que de 
l'époque conservée par Timagène à 1200 , 
c'est-à-dire pendant vingt-huit siècles , six 
peuples divers ont habité le pays nommé suc- 
cessivement Armorique, Aquitaine et Pro- 
vence, savoir : 

Les Celte* ou Gaulois, au moins quatorze 
eents ans. 
. Les Phéniciens et les Grecs, six cents ans. 



etiam l'mguam suam, domitis gentibus per pacem societatis 
impom-ret. (Saint Augustin, Cité de Dieu,) 

1. Reinaud, Invasions des Sarrasins. 

%. .Représenté par les Anglais. 



22 

Les Romains et les Goths, six cents ans. 
Les Sarrasins, deux cenls ans. 

D'où il faut nécessairement conclure que la 
langue formée dès le douzième siècle, et par- 
lée encore aujourd'hui, ne saurait être qu'un 
mélange des langues de ces peuples. 

C'est ce que nous allons examiner, en la 
comparant à ces dernières dans l'ordre chro- 
nologique. 



CELTE PROPREMENT DIT. 

Grâce aux admirables travaux de Wîlkins , 
Wilson , Humboldt, Bopp , et surtout à ceux 
de notre illustre compatriote, M. Eugène Bur- 
nouf, nous pouvons marcher aujourd'hui 
avec assurance sur ce terrain, encombré avant 
eux d'hypothèses ridicules et d'erreurs *. Le 
sanskrit va nous guider dans la nuit des 
temps écoulés; il va être notre colonne lumi- 
neuse. Entre l'idiome indien et le celte, il 



1. Le Brigant, Bullet, Rostrenen, le père Pezron et Latour- 
d'Auvergne, antiquaires malheureusement plus zélés qu'instruits. 



25 

existe en effet une parenté si étroite, que le 
premier doit su (lire, même dans les plus ri- 
goureuses exigences, pour contrôler et attes- 
ter au besoin l'authenticité du second. Fort 
de ce critérium irrécusable , j'aurais le droit 
sans doute d'abréger la partie la plus aride 
de ma tâche; mais comme en pareille matière 
un excès de réserve ne saurait nuire, je de- 
mande la permission de me tenir dans des 
limites inflexibles, et de ne rien admettre qui 
n'ait été préalablement prouvé par l'histoire. 

PARTIE ARCHÉOLOGIQUE. 

Je comprends sous ce litre les débris par- 
venus jusqu'à nous, et les noms de lieux, 
fleuves et montagnes, que le temps n'a pas 
effacés. 

Voici d'abord les mois transmis par les 
anciens et placés en regard du terme corres- 
pondant dans la langue méridionale du XII e 
siècle. 



Celte. 


longue méridionale . 




alauda » 


alauzeUa 


alouette 


benna 2 


benna 


sorte de vehiculum 



1. Marcel lus Empiricus, cap. 29, De medic. 

2. Festus, Yita sancti Remigii, lib. v. 



■u 



OelU. 


I*»gwe méridionale. 




brak 1 


bragos 


broyés 


brance 9 


bren 


son 


barren i 


barroul 


verrou 


becco 4 


cabecco 


sotte 


bresq 5 


bresco 


cellules du miel 


candosocos i 


[ soccos 


souche 


casnar 7 


casnar 


paresseux , flatteur 


cornb» 


coumbo 


vallée 


colac 9 


coula 


alose 


culcitra *o 


culcero 


lit de plumes 


essed" 


aissiel 


essieu 


garre " 


garro 


jambe 


gaunak » 3 


ganacho 


sorte d'habit 


guin-meled 


«* gimbeled 


vrille 


garric |5 


garric 


chêne 


mefos *• 


maiofos 


fraises 



Je me tiendrai dans la même réserve pour les 
noms de lieux, et ne citerai que les suivants : 

Bardeix *?, Bardenach ", Bardicals ", Bars ««, Las 
Barthos *«, La Barthe '*, Bardis *, de Bardi , Druides , 



1. Tacite, Mêla, saint Jérôme, Alcuin. — 2. Pline , liv. xviu. 

— 3. Festus.— 4. Suétone.— 5. Pline.— 6. Idem.— 7. Colu- 
melle, liv. v. —8. Quintilfon. — . 9. Suétone. — 10. Pline, — . 
11. Idem, liv îvm.— 12. Perse, sat. vi.— 13. Pline.— 14 Idem, 

— 15. Mot gallois.— 16. Hauteserre, Rerum aquitanicarum , 
lib. t. — 17. Voir pour toutes ces citations, Astruc, Mém. pour 
servir à VHist. nat. du Languedoc, depuis la page 458 jusqu'à 
la page 500.— 18, 19, 20, 21. Dordogne.— 22. Tarn-et-Garonne. 

— 23. Hantes-Pyrénées. 



25 

Brives, Brioude, Brignollcs, Brivczac «, de Brig, Briva,* 
pont. 

Dun ie-Palleteau \ Dunes 4 , Verdun *, Issoudun, de 
Dun % montagne. 

Marquesac 7 , Marquais s, Marqués 9 , Marquesol ", 
Marsac " : de mark «, cheval. 

Penassous »s 5 Penautier u , 'Penne « : de pen «^ émi- 
nence. 

Gantai , Ganigou , de can (blanc) , et tal (élevé) , les 
Alpes : d'alp , hautes montagnes «. 

Garonne : de garu. 



»•••« 



CELTE ANALOGUE AU SANSKRIT, 



Sanskrit. 


Celto-provençal . 




ava-tara *», 


au ta 


le vent du midi 


aghan *», 


aghanit 


exténué 


kumbâ 


kumbo 


vallée 


kûtas 


kuto 


cabane 


kuntas 


kun 


coin 


çikkâ 

• 


çukka 


sommet 



1. Creuse.— 2. Strabon, liv. iv. — 3. Creuse. — 4. Grégoire 
de Tours, liv. vu. — i>. Tarn-et Garonne. — 6. PluUrque, irtp* 
7ioT«po)v, p. 23.— 7, 8, 9. Dordogne. — 10. Puy«de Dôme.— 
1 1 . Dans cinq départements voisins. — 12. Leibnitz , De origine 
gentium — 13. Dordogne.— 14. Aude.— 15. Aveyron, Lot, Lot- 
et-Garonne, Tarn.— 16. Plutarque. — 17. Virgile, Enéide, liv. i; 
Procope, DebelloGothico.— 18. Eugène Burnouf, Commentaire 
wr le Yaçna*— 19. Bopp, Ghss. sanskr., Wilkins, W il son. 

3 



26 



Sanskrit. 


Celto-provençal . 




dra 


draya 


fouler en marchant 


dal 
gôyâti 


dalla 
goyat 


couper le gazon 
garçon de ferme 


yavas 
marrakas 


bayar 
marrâ < 


orge 

maladie intestinale 


maltà 


matla 


folle 


naukâ 


nauko 


barque 


prus 
raj 


prus (me) 
raja 


il me démange 
se dit au figuré de la 
lumière du soleil * 


raisat 
ruksas 


raïsa 
rusko 


couper en tranchant 
écorce 


tan 


tan 


mot par lequel on 
exprime le bruit 
de la cloche. 


tar 
trut 


traça 

truc et truka 


percer 

blesser en heurtant 


tap 


tap 


on nomme ainsi les 




tal 


coteaux exposés au 
soleil 


tala 


surface 


tranchée ouverte 



Bien que le sens paraisse différer légèrement 
au premier abord, je n'hésite pas à regarder 
le mot sanskrit comme la seule et vieille ra- 



1 . Brieude, Topographie médicale de la haute Auvergne. 

2. Un belsourel de mars raiabo. (Jasmin, Tabugio.) 



27 

cine du mot celtique, lequel en se romanisant 
n'a pas changé. Mais je n'oserais en dire au- 
tant de boz, qu'un linguisie moderne ' tire 
de Vas, désir. Il est présumable qu'on n'est 
allé que jusqu'à l'analogue latin, voluntas. 
Je ferai seulement observer comme une par- 
ticularité du hasard cette métalepse du v en 
6, qui semble ramener le verbe volo à son ra- 
dical primitif. 



Sanskrit. 

Mis' 

mada 

laz 

masta 

dwanta 

blos 

ham (zend) 

slamba 

spalla 



Celte-provençal . 

klussi 
matto 
illaûs 
masta 

,dun et trun 
blous 
harabe 
starapa 
spalla 



se plaindre 

folle 

éclair 

dresser la tête 

obscurité 

clair 

avec 

volet 

rompre 



Voilà ce qu'on peut regarder avec certitude 
comme le celte primitif 3 . Passons maintenant 
à celui de ses dialectes qui, de l'aveu de tous 



1. Adolphe Pictet, Affinités du celte et du sanskrit. Mémoire 
couronné par l'Académie des inscriptions. 

2. Voir, pour les noms de lieux basques communs à l'Espagne 
et à la France méridionale, l'ouvrage de M. Fauriel sur la Gaule 
méridionale, t. u, p. 513. 



28 

les philologues ayant autorité, lui survécut 
en dépit des siècles ', et continuons le pa- 
rallèle. 



Celto breton 9 . 


Langue méridional*. 




aball 5 


abali 


disparaître 


a (a 


agafa 


baiser 


ask 


osko 


entaille 


aliza 


atuza 


exciter 


badalcin 

« 


badailla 


bâiller 


baled 


baled 


auvent 


banel 


banclo 


fossé, ravia 


bar 


bar 


sommet, rempart 


barat 


barat 


tromperie 


braga (Davies) 


bragaïrc 


se divertir, qui s'a- 
muse 


brcn * 


brcn 


son 


kafuner 


kafouer 


■ 

chenet 


kandi 


kande 


brillant 



Je laisse ce mot malgré la ressemblance 
avec l'expression latine, parce que le radical 

1. Hotte man, Daniel Picart, Cambden, S. Boûhart. 

« Les anciennes langues celtiques ne peuvent avoir différé du 
bas-breton et d» gallois actuel » (W. de Humboldt J 

2. Tous ces mots se retrouvent identiquement dans le diction- 
naire celto-breton de Legonidec. 

3. Thomas Richard. (Being o british or welsh english dictio- 
nary.) 

4. « Galliaa quoque ftuum gonus fairis dedôre qnod illi bmnee 
YQcantf» (Pline,) 



29 



can a toujours été regardé comme celtique : 
Cantal y Canigou, 



Celto- breton, 

kebr 

kizel 

kanel 

klisked 

kouska 

koz 

kroucr 

krouera 

kustum 

dansa 



Longue méridionale. 

kabiro 

kizel 

kanelo 

klisked 

souska 

koz 

krabel, 

krubela 

kostum 

dansa 



chevron 

ciseau 

bobine 

loquet 

réfléchir 

vieux 

crible 

cribler 

coutume 

danser 



L'usage invariable de ce verbe chez les trois 
peuples prouve mieux que toutes les disserta- 
Lronsdti monde et leur communauté d'origine, 
et leur primitive communauté de langage. 



dïbuner 

diroska 

disk et kest 

distaga 

fank 

founil 

grad 

hesk 

landrea 



dabanel 

diruska 

desk 

destaga 

fango 

founil 

grad 

ceska 

landra 

FilH qui tondre, 
Tabla qui brandç, 



dévidoir 

enlever Técôrce 

corbeille 

déiacber 

fange 

entonnoir 

gré 

glaïeul 

muser 



3. 



lezen 


lézo 


loumber 


loubet 


picber 


picher 



30 

£ fenna qui parla lati 
Faran toujoua n'a mala fi. 
(Proverbe dauphinois.) 

Celto-breton. Langue méridionale. 

lisière 

lucarne du toit 

pot contenant une 

pinte. 
Cos es lo cofporal Baldeù 
Brabe souldat à \apicherro 
Lo cos es aro dins la terro 
£ l'armo dins le ccl beleii. 

(Goudouli, Ramelet mundi * .) 

riot riotto querelle 

solier solier galetas 

Ce mot contraste si fort par sa signification 
avec le solurri des Latins , qui parait avoir 
donné son radical sol, prisdans le sens d'aire, 
rez-de-chaussée, au celto-breton, que nous 
n'hésitons pas à le considérer comme d'origine 
celtique, 
tach taché clou 

Il y a ici une remarque intéressante à fai- 
re : Attacher so dit en celto-breton et en ro- 

1. Ci-gît le caporal Baldeii, 

Brave soldat à la pinte ; 
Le corps est à présent dans la terre 
Et Tâmc dans le ciel peut-être. 



31 

tnan slaga; la corde qui attache stag, et le 
. clou lag. Dans ce procédé si simple , qui 
se contente pour exprimer ces trois idées du 
même mot, contracté seulement à mesure 
que l'action se restreint, ne reconnaît-on pas 
évidemment le mécanisme d'une langue na- 
tive ? 

toupina toupi faire le parasite;mot 

à mot courir le pot 
bara barat terre labourée 

En comprenant ce mot dans les dérivés 
celtiques, je dois faire observer (ju'il serap- 
• proche extrêmement d'àproç; mais, sans me 
prononcer sur son origine, qui peut être 
aussi bien galate que gaélique, je le note, 
parce que le composé roman barat est re- 
marquable. 

gar garro jambe 

lagad lagad, agacba regarder 

ronkel ronka ronfler 

scolp sclap copeau 

Un trait saillant de la similitude qui existe 
entre le celto-breton et le roman-provençal , 
c'est que dans les deux idiomes une grande 
partie des pluriels unissent en ou : 

Exemple : scolp, sclapous. 
sclap, sclapous. 



SA 

tro tro circuit, jusque 

Cercat ai de Monspelier 
Tro lai en la ninr safada... 
(ftertrariddcBorri.) 

reï roï donner 

Ce verbe se rencontre encore (fans une 
coutume venue probablement par tradition 
des Celles jusqu'à nous. Le soir du mardi- 
gras, dans h plupart des villages du Midi , 
les pauvres se présentent à la porte des ri- 
ches, et murmurent ces parofes étranges : 

Roêt, roëf, 

Uno qaeïsso de potittt ! 

La supplique est toujours suivie d'one au- 
mône abondante, car une sorte dp respect 
superstitieux s'y attache encore aujourd'hui, 

stafta siaou écouter 

tro trou dévidoir 

uhel obel haut 

Les CelloBretons et fes Ramano Provençaux 
forment d'ordinaire leurs superlatifs en re- 
doublant le positif: 

CéKo breton, ulicl uhel IrèS-élCVC 

RotiMno-provençafy g fan gnm très-grand 

Cette forme, qui remonte sans doute à 
l'enfance de fa langue, se trouve également 
dans l'hébreu. 



33 

Tels sont les termes qui mont semblé por- 
ter rigoureusement le cachet de la nationalité, 
eelto-brelonne É . Justement sévère dans uni 
vérification, j'ai exclu tous les mots suivants 
qui figurent dans les lexiques indigènes, et 
qu'en dépit de* Rostremn, Dom LepelleHer, 
Legonidec , on doit rendre nu latin d'où ils 
sortent : 

Abostol (àpostolus), arar (aratrum), arch' (arca), azen 
(&sifta9), badefca (batizare), kab (captit), kadoer (cathe- 
dra), kaatiiz (cdstÈgare), klcm (clama re), kkm (éludes), 
kônikl (ctroieulus) , kountel (cultellus) , kredi (credo), 
displega (displicare), scudel (scutella), sol (solum), stù 
(aestus), stultcn (stultitia), termen (terminus), tort (tor- 
tilis). tripa (tripudiare), tinel (tina), eost (augustus), 
fais (faix), falch'(falco), fars (fartum) , fllHoI (filiolus), 
flonr (flos), fun (fimis), flacc (flaccidus), luch (lux), Mil 

i. Peii satisfait de ce qui à été écrit sur cette matière, j'en- 
trepris, il y a cinq ans, un voyage en Bretagne, dan* le bot de 
m'assurer des rapports que je pressentais instinctivement. Je par- 
courus le Léonais, ta haute et basse Cornouaiiles, Tréguier, Saint- 
Briene, et y recueillis les mots qu'on vient de lire. A mon retour 
à Paris, je m'empressai d'aller faire part de ma découverte au vé- 
nérable Le^ow idée, qui m'honorait de son amitié. Ce bon vieillard, 
on ped trop pénétré, côrhine tous ses compatriotes, de l'idée que 
lebas-hretOD est nne langue-mère et non un dialecte secondaire, 
nia d'abord obstinément jusqu'à la possibilité d'un tel rapport. 
Qu'on se figure donc sa surprise lorsque je lut montrai tous ces 
mots, les uns après les autres, dans son propre dictionnaire J 



54 

(litiaiu), mali (malleus), plek (plicare), rastel (rastelum), 
gwin (vinum), felc'b (fel), forch (furca), halek (salix), 
kar (carrus) , daûl (tabula), laër (latro) , leac'h (locus), 
nos (nox), deiz (dies), neiz (nidus), gwasta (vastare), 
gwerch (virgo), korf (corpus), ran (rana), caner (canere), 
unam (unus), daou (duo), tri (très), seiz (septem, cor- 
ruption de sex), dex (decem), me (me), te (te), hi (illi), 
me (mea), ta (tua), etc. 

Laissons maintenant établi ce fait, nié par 
quelques-uns, de la présence du latin dans le 
dialecte ky torique, et revenons au celto-bre- 
ton, qu'on peut regarder comme non altéré. 
Ainsi qu'on Ta vu, entre cet idiome et la 
langue du Midi de la France, comme entre ce 
qui nous reste du celtique pur et cette der- 
nière, il existe urte ressemblance réelle qui 
nous amène à conclure : 

1° Que dans l'origine la base des deux lan- 
gues dut être la même, 

2° Que les peuples qui nous l'ont trans- 
mise sortaient d'une tige commune ' ; donc, 
pour le langage du moins, les Kymris * et les 



1. « Les Bas-Bretons sont issus des anciens Keltes.» (Volney, 
Alphabet européen appliqué aux langues asiatiques.) 

2. Éphore.— « Les Kymris étaient des Celtes.» (Vrice, An e&say 
on the physwgnomy.) 



Galls ne différaient pas cl ne constituaient 
qu'une race. 

J'omets les preuves physiologiques l qui 
ne sont point de mon sujet, et me bâte d'y 
rentrer en revenant au Midi. 

Après le celte proprement dit , et sur la 
même ligne que le celto-breton, vient le cel- 
libère ou basque, autre rameau de l'arbre 
indien. 



Basque. 


laangue méridionale 
du XII e siècle. 




ardita 


ardit 


liard 


arnegùa 


rcnegua 


jurer 


arrasatcea 


arrasa 


raser 


akhabatcea 


acaba 


achever 


arroca 


j-oca 


roc 



1. Oq ne peut s'empêcher de mentionner cependant la curieuse 
lettre du docteur W. Edwards à M. Amédée Thierry. On sait que 
ce dernier donne à ses Galls une stature et des membres gigantes- 
ques. Or, voici ce que lui écrit naïvement le docte correspon- 
dant : 

« Lorsque dans votre histoire les Romains font mention de la 
» taille élevée des Gaulois, ils désignent, les Ky m ris. J'ignorais 
» entièrement ces faits; et cependant de mon côté j'avais reconnu 
» que cette famille gauloise contrastait singulièrement par la 
» taille avec les Galls, qui sont de stature moyenne. » 

Maintenant il n'y a à ajouter qu'un mot, c'est que les Bas-Bre- 
tons sont généralement petits et trapus. 



56 



Basque. 


Langue méridionale 








du XII e siècle. 




arroda * 




roda 


roue 


arropa 




roupa 


casaque 


azotatcea 




azota 


exciter à coups de 
fouet 


badera 




bachela 


vaisselle 


balza 




balma 


boue 


bandera 




bandera 


bannière 


barratcea * 




barra 


barrer 


barga 




bargos 


machine à briser le 
chanvre 


berdanza 




berdaùtgé 


verdier 


borda 




borda 


métairie 


bufadac (vapeurs) 


bufa 


souffler 


canibeta 




canibet 


couteau 


cardinala 




cardi 


chardonneret 


cekhalea 




segala 


seigle 


ceihabea 




sedas 


tamis 


charpa (guenille) 


icharpa 


déchirer 


cihoua 




céou 


suif 


colpea 




colp et cop 


coup 


cobidatcea 




cobida 


convier 


clisqueta 




clisqued 


loquet 


dastatcea 




tasta 


tâtcr 


eguna 




djouu, jorn 


jour 



1 . Je marque d'un astérisque tous les mots qui se retrouvent 
identiquement dans le celto-breton. 

2. Celte pur. 



37 



Je soupçonne fort eguna de sortir de dies , 
diurnus, a, au moyen d'un changement de 
prononciation. 



Basque. 


langue méridionale 
du XII e •ièole. 




enganatcea 


engana 


tromper 


erroa 


roïsse 


racine 


erronca 


ronca 


ronfler 


errota * 


roda 


roue 


escalapoina 


esclop 


sabot 


escasa (défaut) 


escai 


surnom moqueur 


estacatcea * 


estaca 


attacher 


esquerra 


esquerra 


gauche 


esquila 


esquila 


clochette 


Qascoa 


flaco 


flacon 


frescoa 


fresc 

* 


frais 


gatua 


gat 


chat 


herra 


hergna 


action d'être har- 
gneux 


barra 


harna 


Ter qui ronge les 
meubles 


khuya 


khuiza 


courge 


khrestatcea 


kresla 


châtrer 


largatcea 


larga 


lâcher 


leias (hâte) 


leôu 


bientôt 


litchuba 


latcbuga 


laitue 


maînada 


maînada 


famille 


niarroa 


marrol 


bélier 



1. Celte pur. Petoritum. (Horace.) 



58 





du XII e siècle. 




mërcatua* 


mercat 


marché 


miraila 


mirai 


miroir 


mispira * 


mispola 


nèfle 


ostalera 


ostalier 


aubergiste 


ostatua 


ostal 


hôtellerie 


osca * 


osca 


entaille 


paldoa* 


pal 


pal 


péça 


péco 


sot 


pitcbera * 


picbera 


grosse bouteille 


putita 


pulit 


joli 


salboina * 


sabo 


savon 


sesca * 


sesca 


glaïeul 


sobra 


•sobre 


trop 


taûlada 


teoulada 


toit • 


tornatcea 


torna 


retourner 


trebatcea 


treba 


fréquenter 


trafe {(raillerie) 


se trufa 


se moquer 


urrea (porc) 


orre 


sale 


zaya» 


zaïle 


saye 


zola (pied) 


solo 


plante du pied 



De même que nous l'avons fait pour le 
celto-breton, nous relèverons, avant de passer 
outre, une erreur accréditée par Leibnitz 8 , 
et qui représente la langue basque comme 

»■ ■ - -tu i . 

1. Celte pur. Pline, et Martial, Uv. xiv, ep. 26. 

2. Idem. 

3. Tout en copiant Leibnitz, l'auteur du Parallèle des langues 
de l'Europe avec les langues de l'Inde, M. Eichhoff, a oublié de 
e citer» 



3* 

s'étant conservée derrière ses remparts pyré- 
néens , pure de tout contact étranger. Voici 
les marques de l'invasion latine : 
Ab&tcea (abire), abpstqa (augustus). 

On a w eenom de mois adopté égaleront 
par les Celto- Bretons. 

Aditcea (au dire), admiragarria (admira ri), adoragarria 
(adorabiljs), agradagarria, (gratus), airea (aer), alaguerra 
(alacer) , a,ldarrea (aUar) , ajimatcea (auiraa) , ampola. 
(ampulla), anzara (anser), apirila (aprilis), arbola (ar- 
bos), arimç (anima), arribera (ri vus), artea (artis), au* 
sarcia (audacia) , balie (valor) , balsamo (balsamum), 
bekbatorea (peccalum), bertuthea (virtus) , bervinateea 
(?iaa ferre), besta (festa). 

Ces changements de lettres sont communs 
dans les contrées méridionales : loi c'est le b 
comme plus doux qui a pris la place du p 9 
lequel n'est lui-môme qu'un 6 renversé. Vf 
est proscrite dans tout le département du 
Gers et remplacée par Vh\ 

La horca (pour furca); la henna (pour femina). 

Bi (bis), bicioa (vilium), bikhea (picea) , bîperra (pi- 
per) , bisla (videre) , borontadea (voluntas) , birgina 
(virgo), ho tua (votum) , boza (vox) , campoa (campos), 
cantorea (cantus), carastia (car us), carnacera (carnicer) , 



1 . Cet anomalie est très-familière aux Grecs modernes. 



40 

coinata (cogna tus), creatcea (creare), dafarna (taberna), 
dembora (tempora), dolua (doleo), dorrea (tu r ris), erra- 
bia (rabies), erreguina (regina), errencura (cura) erre- 
queritcea (requirere), inbidia (invidia),ilea (pileus), kaba 
(cava),laboranza (laborare),etlama,largoa, laudagarria, 
légua, loria, luma, manua, mayestatea, miragarria, mola, 
mudanza, murrua, nimia, obra, oraï, pareta, sakella, sa- 
liga, seculan, sei, taûla, yokoa, zaporea, zortea... 

Cette foule d'expressions d'origine romaine 
fait ressortir plus fortement le caractère vrai- 
ment indigène, vraiment escualdunac des mots 
cités auparavant, et le rapport qu'ils établis- 
sent suffit, ce me semble, pour montrer que 
le celtibère ou basque fut dès le principe à 
peu près analogue au celte \. 

Nul ne pourrait donc affirmer maintenant 
avec M. Amédée Thierry que « la race ibère 
» n'avait rien de commun par la langue avec 
» les nations parlant le gallique etlekymrique. » 
11 n'est pas moins évident que le celtibère a 
contribué à la formation de la langue du 
xii° siècle \ 



1 . Les auteurs de YJJistoireuniverselle d* Angleterre^, vctxix, 
avaient <fêjà assuré que le basque se rapproche beaucoup du celte. 

2. Celte conclusion a été donnée d'avance par M. W. de Hum- 
boldt (Prùfung der untersucliungcn ùber die urbewolîner Hispa- 
niens verinittelst derWaskrscben Sprache).« 11 n'y a aucun sujet 



41 

Sur cette première couche, s'il est permis 
de parler ainsi , se superposa d'abord le phé- 
nicien ou punique. On en retrouve dans les 
noms de lieux et dans les mythes sacrés d'as- 
sez nombreuses traces que nous devons si- 
gnaler, en renvoyant d'ailleurs la responsa- 
bilité à nos illustres devanciers. 

De magar *, habitation nouvelle, paraissent 
dériver : 

Magalo Maguelone 

Magistoer la Magistère 

Les anciennes cités : 

Carantomag Yillefranche 

Condatomag Gondat 

Ebromag Bram 

Noviomag Royan 

Yiudomag, etc. Ville-de-Sauve 

Et tous les endroits qualifiés maz, si nom- 
breux au midi de la Loire.. . 
Ebro , selon de graves autorités % signiûe 

» de nier toute parenté entre les deux nations : il y aurait même 
» plutôt lieu de croire que les Ibères sont une partie de la famille 
» celtique séparée antérieurement de la souche primitive.» 

1. « Casas Pœnorum pastorales magalia.» (Sallust., Cato, Cas- 
sius.) — « Magar pnmcènovam villam significat.» (Isid ,Origin.) 

2. S.Bochart, Phaleg et Canaan, 1. 1, p. 660. — Cassiodore, 
Gassendi. 

4. 



42 

ferfilç, fynnon fontaine, isloer t\mw> gwu 
rapide, d'où Garonne} gabab montagne t d'où 
Gabali; çeu% du Gévaiidan , uM élgvé, d'où 
i*h<?Ies # et plus tard ovà#Qy<» £$«4? d§* Mai; 
laith jnarécagaux, d'où aY*Q 1« préposition gr 9 
fi«r, Arl^s, Nou* «'en finirions pm si non* 

citions ■ surtQut^éty*»Qlogte«4e§ YÎHenq^ 
semblent en aflfat ^pp^rOnir en m^je»re par- 
tie au punique, et celles des divinités dont 
nous mentionnerons seulement iç§ deux prin- 
cipales : Bel 3 9t Belisama,, }e foleil et la 
lune. 

Lorsque le phénicien se fut m$lé aux ra- 
dicaux celtique, çt en eut çoy writ l es aspéri- 
tés d'une sortô d'alluvion do vielles, la 
douce et harmonieuse langqtë d'ionie arrive, 
inonde le* côtes et la plaine, et ne larde pas 
è envahir toute l'Armorique : mu vestiges 
qu'elle a laissés on suit parfoitôjuent fia 
marche. 



1. Les dialectes ou patois usités dans les différentes provinces 
qui n'ont pas subi autant de variations que les langues polies, ou 
qui du moins n'ont pas subi les mêmes, contiennent aussi grand 
nombre de mots étymologiques ; c'est là qu'il faut chercher.» 
(Turgot, Encyclopédie de (FAlembert, art. Grammaire.) 

2. Gesenius, Monumenta phœnicia. — Fabricy. 



43 



DIALECTE MARSEILLAIS. 



« 



faytov 
aypioç 
Xaêpoç 
Xeiràç 



âv5pcx>v 

âvu<j/ocx> 

apatot) 

epyaata 

aproç 

ftéXoç 

povydyoç 

PpoxU 
pptoaiç 

^aXaoj 

^aXtvà 

xaXiv&ct) 

xaXov 

xavaarpov 

xavva 

xavôoç 

xàpaêoç 

xoXttoç 

xooivoç 

de xopeta 

elsayco 



agi 


petit grain de raisin 


agreno 


sauvage 


alabré 


vorace 


alapedo 


coquille adhérente 




aux rochers 


androun 


endroit écarté 


aqui 


là 


anissar 


élever 


aragnaou 


filetsà maillestyFgqs 


argui 


chagrin 


artoun 


pain 


belugo 


étincelle 


boufaire 


qui mange un bœuf 


bregin 


filets 


brousso 


nourriture 


calar 


jeter 


calen 


filet 


calignar 


être assidu 


caiignaou 


bûche 


canastro 


corbeille 


canisso 


claie 


cantoun 


angle de l'œil 


carambot 


crevette 


corpou 


fond du filet 


coufo 


corbeille 


courous 


beau 


eissaougo 


sorte de filet 





44 




cxaXpoç 


escaoume 


chevilles pour les 
rames 


axapaêoç 


escaravas 


escarbot 


taxa 


esco 


amadou 


(ntapaaaa) 


esparrar 


glisser fort 


axaf?) 


squifou 


barque 


^avoç 


fanaou 


lanterne 


cpavepoç 


fanous 


brillant 


cp^vaÇ 


fenat 


menteur 


Cppuyw 


frégir 


frire 


Y<xêiç (mot hébreu) gabi 


hune 


7«[a^oç 


ganchou 


' croc 


Y«YY«P1 


gamgui 


sorte de filet 


XapaSpa 


gaudré 


torrent 


yvaôoç 


gaoutos 


joues 


Xa(va> 


gaugnos 


ouïes de poisson 


yàÇa 


gazaa 


trésor 


Ô6iç 


gibous 


bossu 


xwêiàç 


gobi 


goujon 


yutoç 


goi 


boiteux 


Yopyupa 


gouargo 


égoût, gargouille 


Xfêuç 


labech 


vent de Libye 


Xa[A<|>iç 


laa 


éclair 


Xapèç 


lar 


doux zéphyr 


iXe&ç 


léou 


poumon 


(xav^pa-ayu) 


madrago 


madrague 


p.axTpa 


mastro 


pétrin 


(AueX(oSv)ç 


mouledo 


semblable à la 
moelle 


uuaraE-axoc 


moustacho 


moustache 



45 



vavoç 


nanet 


petit 


vwyaXa 


nougat 


friandises 


0/£TOÇ 


ouïde 


conduit pierreux 


iratàixoç 


pedas 


maillot 


ICOTqplOV 


pouaire 


seau 


fayàç 


ragagé 


abîme 


r*5 


. raquo 


marc de raisin 


^aCco 


rajar 


aboyer 


foïïç 


rusco 


tan 


aapSa 


sardo 


sardine 


aaY(xaptov 


saoumo 


ânesse 


aay^vnj 


sengounaïre 


filet 


ioXejjloç 


soulomi 


chant lamentable 


xapaÇiaç 


théso 


allée d'arbrisseaux 


jjpovx^ 


troua 


tonnerre * 



De Marseille et de la Provence elle se ré- 
pandit dans le Languedoc/ la Navarre, la 
Guienne, et , gagnant les plateaux du Quercy, 



1. Dans son excellente statistique des Bouches-du-Rhône , 
M. de Villeneuve (3 vol. in-4°, 1824), adonné quelques-unes de 
ces origines : mais, soit qu'il comprit imparfaitement le grec, on 
que M. Martin lui eût fourni des documents erronés, il les a es- 
tropiées étrangement. Ainsi, il met xaXufj.fj.oi pour xaMva; 
àvSeov pour àvSpwv ; ^aXivoç, qui signifie coin de la bouche, pour 
xoXov, bûche; xavtç pour xàvva, xucpoç pour xocptvoç, a<rxaXa6pç 
pour <rxapaêoç, yavyafj.t, barbarisme inintelligent, pour ya^a- 
Wi > X. auv0< » P our X.°" vw î tXXatvoi , qui veut dire tourner les yeux, 
pour Xa{z.t|/iç, éclair. Je ne parle ni des lettres transposées ni des 
esprits. 



46 

du Rouergue, de l'Auvergne, du Limousin 
et du Périgord, imprima une forte couleur 
ionique sur tous les dialectes parlés , des Py- 
rénées aux Alpes, de la Méditerranée à l'O- 
céan, du golfe de Gascogne ? l'embouchure 
de la Loire. 

11 est curieux de la suivre aujourd'hui de 
pays en pays : car, bien que la plupart des 
mots que je vais citer soient communs à tous 
les enfants de la vieille Aquitaine, il en est 

cependant qui appartiennent exclusivement à 

telle ou telle contrée, et qui peuvent par con- 
séquent nous servir de jalons. 

ANCIEN LANGUEDOC 



dyétÇofjiai 


agatza 


admirer 


<2|AOp|xeua) 


amouda 


accompagner les 
bestiaux 


àçmdfo 


arrapa 


se saisir 


àypfaç 


flgras 


verjus 


ppufr) 


brountzi 


bruire sourdement 


(ÎOTpUÇ 


bourrou 


bourgeon 


jtàpav i 


coufiQ 


angle intérieur de 


• 




Ja cheminée 


Yapyapewv 


gargaillol 


luette 


Xu^vaïoç 


lugras 


étoile du matjn 


1. Et non de 


xocptvoç, ainsi que le veut Ménage par méprise. 



ANCIENNE GUIENNE ET GASCOGNE. 



aîyiaXoç 


aigouleja 


flotter 


xapyjêapEw 


j 




ou 


/caribarv 


charivari 


xapTjêocMo 




iv êdtôoç 


en bath 


en bas 


xaupa 


accaûma 


être accablé cte 
chaleur 


xatxaS 


camatras 


la longue pièce de 
bois des vannes 


fojxêÉoj 


roumba 


tourner sur soi- 
même 


GtÇto 


siscla 


jeter tin cri aigu 


é^a&ttflÇft) 


ami 


donner des arrhes 


dbcaXoç 


«calotte 


tiens-toi tranquille 


afTaw 


éoarta 


attacher en haut 


aTu^£« 


atuka 


accabler 


ppwatç 


broust 


nourriture de 
bestiaux 


PpifAW 


brama 


bramer 


ppaÇco 


brazo 


braise 


pXatcoç 


bless 


bègue 


Mx M 


1 




parf. 2 


Jbrqja 


frotter le linge 


N ê p°x a 


1 


mouillé 


xdftXtf/.oç 


) 




on 


ftaHmas 


te moment le pta 


xaufxa 


) 


«hMddujeur 



48 



xaXoç 


calât 


(X£(TOV 


à inetços 


Ivtoç 


enta 


£(/.6àXXco 


embala 


f^ayU 


mach 


^acpavoç 


raphé 


fftvSto/V 


cindo 


TOpSUCO 


trou 


o3Xov 


ouillal 



beau , bien mis 
à moitié 
chez 
emballer 
huche à pétrir 
raifort 
ceinture 
dévidoir 
grosse dent 

Joseph Scaliger, en parlant du patois gas- 
con de Lectoure , dit qu'il a compté plus de 
mille mots grecs dans cet idiome. Cette cu- 
rieuse remarque ne put échapper, il y a quel- 
ques années, au savant helléniste, feu M. Gail, 
qui, passant à Lectoure, fut si étonné de trou- 
ver au centre de la Gascogne une vilie où 
l 'on parlait grec , que de retour à Paris il 
écrivit la lettre suivante à un archéologue du 
pays. 

« J'ai voyagé, disait-il, dans le département 
du Gers , ou plutôt je n'ai fait qu'y passer ; 
mais la langue des habitants de Lectoure m'a 
paru si curieuse que je me propose de faire 
dans cette ville, alin de l'étudier, un second 
séjour plus long que le premier. J'y ai causé 
avec des paysans qui parlaient grec. Pour 
l'amour du grec et du français, recueillez le 



49 

plus que vous pourrez de ces mois ; ils figu- 
reront utilement dans F histoire de la langue 
française et peut-être aussi dans l'histoire de 
la nation. Caumas, chaleur étouffante, de 

• 

xavpc; palaXy coup 1 de iraroacra* frapper, etc. 
Si je retrouve dans la montagne de mes pape- 
rasses les notes que je pris dans le temps , 
je vous les adresserai. N'oubliez pas parmi 
les antiquités de Lectoure, de'décrire la pe- 
tite chapelle ou manteion, /xavreTov, oracle de 
Diane , nommée haut Elie ou font Elie ( de 
fons Deliœ), sur le boulevard et le ruisseau 
qui en découle, appelé Hydrone, de tâptov 
petit ruisseau \ 

ANCIEN ROUERGUE. 



duorov 


aoûs 


toison 


pyjcwoç 


bésal 


vallon 


po^aç (Borée) 


boral 


grand bruit 


ffôXoç 


bolto 


façon qu'on donne 
à la terre 


Pp&poç (tout petit 


brés 


berceau 


enfant) 




• 


xctytç 


caîs 


mâchoire 


1. Mémoires de 1 


a Société 


royale des antiquaires de France, 


t. xi, p. 95, 96,97, 


i 





50 



£ôpevc*> 


chourra 


se délasser 


xXaco 


clapa 


briser 


xXwCto 


cloua 


glousser 


xoX^ixbv (herbe de 


colcido 


chardon 


Colchide) 


• 




XÔJJL7TOÇ 


compis 


plein de jactance 


XopSbç 


. lourd 


laid 


£acp.«t£pu< 


diamaedris 


chamédrys 


xXîjSoç 


cledos et clida 


claie 



ANCIEN QUERCY* 



PoXavoç 


balanè 


noisette 


popdc 


bora 


nourriture pour leô 
animaux 


jfôXoç 


biolo 


borne des champs 


cteXXw 


estéla 


terme de chirurgie, 
resserrer 


<7TQX6>(J.a 


souquet 


contrepoids 


Pp(0(JLOÇ 


mos 


bouchée 


TU(xêoç 


toumbo 


tombeau 


fw^w 


roukouna 


être en colère 


Yp0K&C 


tripou 


sorte de bourrelet 
où s'attachent les 
jupes 


J^IQV 


arrénat 


fort , plein èè 
vigueur 



51 



ANCIENNE AUVERGNE. 



xaXoç 

xapa* 

xa*r& 

â7caYw 

iyxXivto 

(xovàç 

iriXsxuç 

dfpoupa 

xuSovÉa 

iravoupYfo(xai 

xàêoç 



calhir 

cara 

cata 

amaga's 

accluntza 

mitza 

monas 

pighassa 

laoura 

coudougna 

pana 

koup 



lampe 
visage 
couvrir 
se cacher 
se pencher 
pain 

vieillesvachesqu'oo 
fait paître seule* 
hache 
labourer 
cognassier 
voler 
boisseau 



PÉMGORD ET LIMOUSIN. 



XUTOÇ 


kuto 


cachette 


xuxXoç 


céouclé 


cercle 


xaXapoç 


calamel 


tuyau de chaume 


ftaXoxoK (*X* W ) 


malaou 


malade 


paXa*(« 


malautia 




^aarxco 


casca 


ômotter 



1. Glorios Deus, per ta merce 

Drossa ta cara datai) me! 

(Folquet de Marseille.) 
Ce mot appartient au dialecte du Puy-de-Dôme : dans le Canta 
on dit tsdra'. 



à2 



•/oproç 


corlil 


jardin 


ol{xwÇo3 


seimodza 


se lamenter 


7upoêaivw 


proubaïna 


provigner 


<7xaibç 


sker, skerro 


gauche 


TUTTTto 


tusta 


frapper 


ÔYjXaÇw 


alatza 


allaiter 


xaXTraÇco 


galoupa 


galoper 


7cet<ro(i.ai 


peçomen 


souffrance 


iff^àva) 


s'escana 


s'étrangler 


loyoikioç 


escaléto 


décharné 


xaxoç 


kouki 


coquin 


« 


PAYS BASQUE. 


#proç 


arthoa* 


pain 


lar(a 


etchea 


maison 


i 


[ idorra 


aride 


iSoç 


| idortea 


sécheresse 




( uda 


été 


U(a 


ihia 


jonc 


axaibç 


esker 


gauche 


TctpêaXIoç 


izterbeguia 


ennemi 


« Harbilcenda, arrhokac ezker eta 


escuin istoendituielaric . » 


Il approche en frôlant à droite et à gauche les rochers. 


(Chant d'Altabicar. — Voir notre Histoire du midi de la 




France, 1. 1, p. 395.) 




awpsuo) 


izorratcea 


devenir grosse 



1 . Pain de maïs. 



53 



ôicapxTtoç 
wpaîoç 



ieAoç 



iparra 


vent du nord 


yoraïla « 


avril 


DAUPHINÉ. 




bêla 


nom d'un petit bâ- 




ton aigu aux deux 




bouts 


bachelard 


grand niais 


cotouilli 


vase à huile 


cara 


visage 


empara 


faire du feu 


paîssel 


pieu 


piot 


vin 


rabatta 


se trémousser 



xoruXi) 
xdtpa 

7cia<i<ikoç * 

Telles sont les principales preuves de l'an- 
cien usage du grec en Àrmorique. Il y était , 
à ce qu'il paraît , général , car dans le pays 
même qui a repoussé le plus énergiquement 
et le plus long-temps toute influence étran- 



1. Tout en m'adressant, à propos de ces recherches, des félici- 
tations dont je serais heureux de mériter une partie, M. Alexan- 
dre de Humboldt, que je rencontrai dernièrement à l'Observatoire 
chez notre illustre Arago, parut vivement surpris de la présence 
du grec dans le basque; et je ne pus convaincre mes deux savants 
auditeurs qu'en leur citant quelques-uns des mots précédents, qui 
ne sont pas les seuls. 

2. M. Cbampollion-Figeac, dans son Essai sur les patois du 
Dauphiné, a par erreur attribué ce mot au celte. 

5. 



54 

gère, dans le cœur de la Bretagne, nous re- 
trouvons la trace incontestable de son passage. 



D'&>ç, 




itéfrire , 


• 


X«p&>fMCl, 




Ppdcaxw , 




xsXco, 




Dérivant à coup sûr : 




héol 


soleil 


pemp 


cinq 


karet 


aimer 


broust 


hallier 


kelen 


instruire 



Ce ftit, du reste, nous est suffisamment at- 
tçsté par Lçs historiens. Ephorç appelle les 
Gaulois çtXîWwH, et Justin % abrégea ut un au- 
teur indigène, assure qu'ils parlaient presque 
tous la langue de Mareeilte, Leur témoignage, 
corroboré par les recherches du savant M. Da- 
cier*, et devant puiser une confirmation nou- 
tdle dam les débris helléniques 3 qui viennent 

1 . Lit. ii. Voir en outre César, «tint Jéréane, Gibbon, 

S. Supplément m traité de Henri Estieaae, de U Conformité 

du langage français avec le grec. (Mém. de l'Acad. de* ioacript, 

4. xxxvhi.) 

3. Je n'ai suivi aucun des auteurs qui se sont occupés de cette 

pnK4e, leur inexactitude étant flagrante à chaque root. Pour n'en 

citer que deux , Mérindol dans ses termes provençaux tirés du 



d'être signalés , nous semble mettre la quac» 
tioa hors de doute. Mous passons donc à l'in- 
vasion la plps importante et la plus décisive^ 
celle du latin. 

On peut comparer l'envahissement du Iftiiû 
à ces larges inondations du Nil , qui sub»W- 
gent le pays et ne laissent apparaître çà at 
là que les okelles et les minarets de quelques 
villes : de même, & part les ruines de ta lan-* 
gue des Celtes et celles de la langue des Phé- 
niciens et des émigrants de Phacée, le Uûn 
couvre QQmuw une mer toute la Gaule nou* 
velle. Voyez seulement dans les trois ppe* 
mières lettres. 



LANGUE JMÉRIDIOXALE. 

alba (wfee) d'alba aurora 

grec note, comme ayant cette origine, habitar (habUar*), afaw 
douar, abrils (aprilis), acçommodar (accommodare) f pdprmtf 
(dormire), adjudar (adjuvare); et Perionius, De linguœ gallicœ 
cum grœcd cognatione, attribue, par exemple, au verbe &tv£o>, 
avoir horreur, le verbe attiser j au mot f*p£ ov > dérivé d'osier ou 
de natte, et qui ne se prend pour bouclier que métaphorique- 
ment, le mot guerre, et notre mot jardin à l'expression ipàeia , 
plus ingénieuse que juste, car personne n'ignore que Jardin en 
grec se dH yoproç. 





56 


alba (saule) 


alba arbor 


aliéna 


alienare 


al 


allium 


aoutan 


altanus (vent) 


auta 


altar 


amabilitat 


amabilitas 


amaretjo 


amaresco 


amaretat 


amaritas 


amar 


amarus 


'. «ambition 


ambitio 


amiga 


arnica 


amie 


amicus 


ama 


amare 


ample 


ampiè (amplement) 


amputa 


amputa re 


abbat 


abbas, atis 


d'éforo 


d'aforis (dehors) 


bai (allez) 


d'abi (allez) 


abouli 


aboleo 


abouminable 


abominabilis , et autrefois 




abominabelis 


abstinensa 


abstinentia 


abundentia 


abundantia 


abundent 


abundans 


abunda 


abundare 


abyssi 


abyssi, abyssus 


academia 


academia 


accepta 


acceptare 


acceptât 


acceptatum 


acclamatiou 


acclamatio (prononcez o ou) 



57 



acclina 


acclinare 


accusation 


accusatio (pron. o ou) 


accusa 


accnsare 


accasatus 


accusatum 


agre 


acer 


accommoda 


accommodare 


agrou 


acror (pron. our) 


action 


actio (pron. ou) 


aduja 


adjuvare 


administra 


administrais 


admiratiou 


admiratio 


admira 


admirari 


adoptât 


adoptatus 


adopta 


adoptare 


adoration 


adoratio 


adora 


adorare 


adorât 


adoratus 


adultéra 


adulterari 


adversari 


adversarius 


aedifici 


aedificinm , ii 


aequitat 


aequitas 


aestion (été) 


aestivus (pron. ous, été) 


aestiva (passer l'été) 


aestiva (lieux où l'on passe 




l'été) 


aestima 


sestimare 


aeternitat 


aeternitas 


affectatiou 


affectatio 


affecta 


affectare 


affectât 


affectatus 


affectuous 


affectuosus (pron. les 2 o ou) 





58 


affirmatiou 


affirmatio 


affirma 


affirmare 


affirmât 


affirmatus 


aggrava 


aggravare 


agitatiou 


agitatio 


agita 


agitare 


agitât 


agitatus 


agnel 


agnellas 


agi (agir) 


(infinitif passif agi) 


agonia 


agonia 


ala 


ala (aile) 


alirou 


alarius (d'aile) 


alat 


alatus 


and 


anellus 


angel 


angélus 


animât 


animatus 


anima 


animare 


anniversari 


anniversarium 


ansa (anse) 


ansa 


antipalhia 


antipathia 


antiquitat 


antiquitas 


antic 


antiquus 


api 


apium 


apostema 


apostema 


apostoul 


apostolus 


aponthicary 


apothecarius 


appela 


appellare 


applica 


applicare 


applicat 


applicatus 


approuba 


approbare 







£9 


aptitudo 




aptitudo 


araïre 




ararium 


arada 




arata tellus 


arca ' 




arca (coffre) 


arcano (arc- 


-en-ciel) 


ircanum (mystérieux) 


ardoa 




fcrdor (pron. or our) 


argenta , désargentai 


argentatus 


argoutat 




argutus 


armari 




armarium 


armât 




armatus 


arma 




armare 


arguen (dau 


phiMÔ) 


anguis 


bacchanal 




bacchanal (rendez -vous des 
baccbarttea) 


Bacchus, ivrogne 


a 

Bacchus 


caiiot (roux, 


(acheté) 


fealiolus 


barbari 




barbaricus 


barca 




barca 


baisar 




basium 


bastina (selle 


! de mulet) 


bisternarius (mulet à litière) 


bel 




foellus 


beUa 




belia 


benezit 




benedictus 


benefici 


• 


beneficium , ii 


bestia 




bestia 


bestial 




bestialis 


bestMa 




testiola 


beoure 




bibere 


begut 




bibitus 


bilkms 




biliosus 



60 



bina 

birouna 

biassa 

blasphéma 

booû 

breviari 

bruc (champignon) 

bruma 

bulli 

bouis 

cabal , caballo 

seba 

caramel (tuyau de blé) 

galgat 

calcat (il foule) 

caouda 

calfat 

calfa 

clama 

calo te (tais-toi) 

calou 

cambia 

cambi (troc) 

camel (chameau) 

cramba 

chamineio 

camisa 
campana (cloche) 



binare 

bis rotunda 

bisaccium 

blasphemare 

bos, bovis 

breviarium 

brucus (lourd) 

bruma 

bullire 

buxus (pron. les deux u 

ou), 
caballus (cheval) 
cepa (oignon) 
calamus 

calcatus, a, um 
calco (fouler^avee les pieds) 
calda (chaude) 
calefactus 

calefacio du calfacio 
clamare 

calo, as, are (appeler) 
calor (pron. calour) 
cambio, are (changer) 
cambium , S 
camelus 

caméra (chambre) 
camino (bâtir en formé de 

cheminée) 
camisia 
campana, ae 



61 



cam 


campus 


candela 


candela , ae 


cande 


candens (blanc) 


çandou 


candor (pron. candour) 


can 


canis (chien) 


cannabou 


cannabis (chanvre) 


cantat 


cantatus (chanté) 


cansou 


cantio (pron. cantiou) 


capela (chapelle) 


capella, ae 


capela (prêtre) 


capellanus 


cabrit (chevreau) 


caper, ri 


capel (chapeau) 


capillus 


capitatiou 


capitatio (pron. capitatiou) 


craba 


capra 


capulet 


capulatus (dont le bonnet a 




une houppe 


cap 


caput 


carbou 


carbo (pron. ou) 


cardou 


carduus (pron. ous, chardon) 


carilat 


caritas (charité) 


car 

• 


caro (chair) 


caries 


carolus 


carrada 


carrum 


carrera 


rheda (chariot) 


car (cher) 


carus 


casai (jardin) 


casalia (limites champêtres) 


cadena 


catena, ae 


cadenat 


catenatus 


cadiera 


cathedra 


cardi (oiseau) 


cardinal 



ô 



02 



caûles 


caules (choux) 


causa (chose) 


causa 


cauliou 


cautio (caution, pron. oy) 


cela 


celare (cacher) 


célébra 


celebrare 


centena (certaine quantité 


centenae pondus (poids de 


de ûl pendue au plancher) 


cent livres) 


complica 


eomplicare 


cerbel (cerveau) 


cerebellum 


cira 


cerare (enduire de cire) 


cerous 


cerosus (proo. eus, mêlé de 




cire) 


cessai 


cessatus 


coûa 


cauda 


caractary 


character 


carta 


charta (estampe) 


corda 


chorda 


crestia 


christianus 


rîndj 


cingo (se ceindre) 


cingla 


cingula (sangle) 


civililat 


icivilitas 


clartat 


claritas 


cla 


clarus 


claus 


clausura (lieu fermé) 


claû 


clavis (le v se prononce u) 


coyt 


coctus (cuit) 


cœl 


cœlutn 


cœmenteri 


cœmeterium, ii 


coullectou 


collector ( pron. les deux * 




ou) 



coullino (colline) 

col 

coolon 

coula 

recommendatiou 

commoditat 

comodé 

communicatiou 

communica 

communiou 

comedia 

compendis (délais, parait* 

tiphrase) 
compensât 
compensa 
complicat 
composition 
conception 
conceput 
conciliation 
conciliât 
concilia 
concepre 
condamnation 
condamna 
condamnât 
conditiou 
conducton 
counfessiou 

* 

couffessou 



65 

collinus 

collum 

color (pron. ou les deux o) 

colare (clarifier) 

commendatio 

commoditas 

comodus 

communicatio (pron. on) 

communicare 

communio (pron. ou) 

comœdia 

compendium , ii (sommaire, 

abrégé) 
compensatus 
compensare 
complicatns 

compositio (pron. «oo) 
conceptio 
conceptus 
conciliatio 
conciliâtes 
conciliare 
concipcre 
condemnatio 
condemnare 
condemnatus 
condilio 

conducior (pron. our) 
confessio (pron. confessiou) 
confessor (çron. our) 



64 



capou 


capo 


confirmatiou 


confirmatio (pron. ou) 


confirmât 


confirmatus 


confirma 


confirmare 


confiscation 


confiscatio 


confiscat 


confiscatus 


confisca 


confiscare 


damna 


damnare 


damnât 


damnatas 


diouré 


debere 


dibes 


debes 


debitou 


debitor 


déclina 


declinare . 


declamatiou 


declamatio 


déclama 


declamare 


déclara 


declarare 


declaratiou 


declaratio 


déforma 


deformare 


décora 


decorare 


defensou 


defensor 


degoutina 


deglutinare 


deli 


deleri 


delici 


delicium 


delicious 


deliciosus 


deliri 


delirium 


deperi 


deperire 


depravatiou 


depravatio 


dereissa 


deradere 


désira 


desiderare 


désirât 


desideratus 



Bl 



desolatiou 


desolatio 


désola 


desolare 


désolât 


desolatus 


despera 


desperare 


desperat 


desperatus 


despouilla 


despoliare 


despoliat 


despoliatus 


destiDatiou 


destinatio 


.destina 


destinare 


destinât 


destinatus 


destitution 


destitutio 


détermina 


determinare 


détesta 


delestari 


destarba 


deturbare 

• 


dévora 


devorare 


devotiou 


devotio 


dicta 


dictare 


dia 


dies 


diffama * 


diffamare 


diffamât 


diffamatus 


difficultat 


difficultas 


digestiou 


digestio 


dit,det 


digitus 


discerta 


discertare 


dispandere 


spandi (étendre) 


dissentiou (sentiment op- 


dissentio 


posé) 




disputa 


disputare 


disputât 


disputatus 


disseca 


dissecare 



f. 



66 



disserta 

dissertatiou 

dissolut 

distraire 

diberti (se) 

doli 

douelo (douve) 

doulou 

domicili 

dompna et ensuite dama 

donation 

dona 

donat 

doun 



dissertare 

dissertatio 

dissolutus 

distrahere 

diverti 

dolere 

dolium 

dolor (pron. les detlt ou) 

domicilium, ii 

domina 

donatio 

donare t 

donatus 



donum (pron. ou) 

Je m'arrête , car en continuant ce rappro- 
chement, ou plutôt cette collation, l'on épui- 
serait les dictionnaires , et il nous reste uaç 
autre tâche. OubJionçpour un moment («ou* 
allons y revenir) la longue domination rou- 
maine , et achevons de constater d'abord l'em- 
preinte des sandales gothiques, et enfin Celle 
que laissèrent dans leur brillant passage les 
cavaliers arabes. 





GOTHIQUE. 




Gothique. 


Langue méridionale 
du XII e siècle. 




azar 


azar 


hasard 


barri 


barri 


faubourg 



67 



L'on doît remarquer toutefois, à propos de 
cette expression, qu'elle appartenait sous 
forme homologue aux Gelto-Bretons et aux 
Grecs, bar et j&piç. 



bandum* 


bandera 


bannière 


bank 


bank 


juridiction 


baltha* 


bauz 


hardi 


boschen l 


boscbes 


bois 


barkos' 


branko 


branche 


bûrger 


boisés 


bourgeois 


baster 


batfar 


bâtard 


bank 


faaak 


banc 


balte» 


balkoan 


balcon 


kater 


kat 


chat 


kratzen 


krabissa 


battre jusqu'49 
sang 


gloczen 


cloccio 


cloche 


kantz 


chaûc 


chouette 


verbannen 


forobandi 


bannir 


forst 


fourest 


forêt 


fârlen 


fali 


«'éteindre 


frau 


tr&m 


femme 


gaw 


gviro 


route pierreuse 


gans 


gans 


oie 



1. Ab Hugone Grotio. 

2. Jornandès, De rébus gcticis, p. tOO. 

3. Àdrianus Scriekius. 

4. Àstruc, Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du 
languedoe , paghm citatfs. 



68 

Il est à observer que ce mot se retrouve 
identiquement dans le celtibère et dans le 
sanscrit. Gans, hamza. 

garbe garbo gerbe 

gnif 1 gniaffra plaie 

Nafrar, en roman. 

Superbia l'anafrada... 

Mas pero sitôt lo menassa 

Non yoI son mal plus que de se. 

« L'orgueil au cœur Ta blessée... 

« Mais elle le menace en vain, 

a Jusqnes au mal ne va pas sa pensée.» 

(Roman de Jaufre.) 

graben graba graver, creuser 

vratzen gratta gratter 

garten jardi jardin 

bamisch arnès harnais 



helm 



elm 



heaume 



Can seretzen torney, 
Si creire voletz mey, 
Totz vostre garnimens 
Aiats oominalmens 
L'ausberc et Velm doblier... 

(Arnaud de Marsan.) 
« Quant irez au tournoi, 
« Si vous voulez m'en croire, 
« Emportez comme moi 
« Le harnais des batailles, 
« Heaume , cotte de mailles. . .» 



1. Leibnitz, t. vi, p. 100, CoUectaneaetymologica. 








60 




haring 


haren 


• 
» hareng 


haus 


ost 


maison 


herberghe 


albergaria 


auberge 


hosan 


hosan 


boite 


mat 


mato 


fou 


mantel 


mantel 


manteau 


mangeln 


manqua 


manquer 


laesen 


laissen 


laisser 


milz 


melço 


foie 


melken 


meskla 


mêler 


muschel 


musclé 


moule 


maska 


maska 


sorcière 


nacht 


necht 


nuit 


nebel 


niboul 


nuage 


nachteule 


nitchoulo 


hibou 


rauben 


raubar 


voler 


reinhard 


reinard 
Un reinard 
Sn lou tar, 
Se contouno 
Soû n'o touno 
De Muscat... 


renard 


(Le père 


Foucaud, traduction des Fables de La^Fontaine en 


limousin .) 




ratte 


rat 1 


rat 


raozig 


ranzi 


rance 


saaj 


sala 


salle 


schelle 


schilla 


clochette 


sporn 


spérou 


éperou 



1. Avant, néanmoins, mus avait fait murqdto, souris. 



70 



spuren 


spia 


épier 


scherpe 


icharpo 


écharpe 


spaten 


spaza 


épée 


tasche 


tasco 


proche 


tasten 


tasten 


tâter 


thor ou door 


cadaoûro fl 


loquet 


Les vestiges 


des Sarraztns 


marquent moins 


profondément 


sur la langue 


• 
• 



ARABE ET ARABE VULGAIRE D'ALGER 

ET DU CAIRE. 



amâluc 


amaluc 


croupion 


algibiz 


aujubis 


raisin mielleux 


algârab 


garach 


bouton des pau- 
pières 


bôthor 


boutou 


tumeur 


bârât 


albaran 


quittance 


cuchem * 


cucua 


capulet 


gips* 


gyps 


plâtre 


forn 


forn 


four 


gâmei* 


camel 


chameau 


yâsmyn 


iasmin 


jasmin 



1. « Del temple d'Apollo lébaras la cadaouro.» (Rouergue, 
Poésies du prieur de Pradinas.) 

2. Christ. Adelung. Mithrid. 

3. Tous les mots en italique font partie de l'arabe vulgaire; ils 
ont été recueillis en Egypte par le docteur Labat (chirurgien de 
Méhémet-Ali) et à Alger par moi. 

4. A Alger, djemel. 





n 




iigan 


ligan 


licol 


ieymoun 


limoun 


citron 


tous 


poutou 


baiser 


éardââh 


bardo 


selle d'âne 


herdounn 


berdoun 


chardonneret 


khrtten 


kresta 


châtrer 


kerrâtah 


karreta 


charrette 


endié 


eadibo 


chicorée 


gorbàn 


gorp 


corbeau 


lerendj 


liraodj 


l'orange 


meskyn 


meskyn 


malheureux 


nam, fiais 


uanal 


lit 


gachar 


qacbar (se) 


s'écorcber 


raqë 


r*q© 


amusement fou 


sekhanmk 


$ekhado 


sécheresse 


safuau 


sâqar 


donner un coup vio- 
lent 


sabatt 


sabâtto 


chaussure 


mirary 


mirai 


miroir 


sùtatha 


ftafata 


salade 


serfouit 


serCoaU 


cerfeuil 


quwmim 


caraise 


chemise 


quitraa 


qukran 


goudron 


sobetb* 


sabetb 


apoplexie 


salam-alayk* 


salamalec 


grandes salutations 


trescsdan 


trescalan 


millepertuis 



1 . Astruc, Mémoires pour servir à V histoire naturelle du 
Languedoc. 

2. fteinaad, Invasions des Sarrazins, p. 298. 



72 

tahafrcm safran safran 

tabol < tabol tambour 

Yoilà donc huit couches principales, super- 
posées dans la langue du Midi, et parfaite- 
ment évidentes. La présomption qui résultait 
naturellement de l'ancienne nationalité ou du 
long séjour des huit peuples dans le pays 
aquitain , est devenue une certitude; et posant 
désormais comme prouvée la conclusion que 
nous présentions plus haut comme probable, 
nous pouvons dire : que la langue méridionale 
du xu e siècle ne fut qu'une fusion progressive 
opérée entre le celte, celto-breton , celtibère 
ou basque, et le phénicien, le grec, le latin, 
le gothique et l'arabe. 

Maintenant il s'agit de savoir comment cette 
fusion s'opéra , ou , en d'autres termes , com- 
ment fut constituée la langue. 

Tel sera l'objet de notre seconde partie. 

1 . « Dicesi che la moderna lingoa araba ecceda notabilmente la 
litteraria Dell' abondanza di parole, a tal segno che in due dzionari 
arabi si rftrovano scritti mille termini per significare la spada , 
ottocento per significare il miele , cinqnecento per significare il 
leone, ecc.» (D. Lorenzo Hervas, Catalogo délie lingue co- 
nosciute.) 



DEUXIEME PARTIE- 



formation. 

i te section. — Noms. 

Les trois premiers éléments, le celte, le 
punique et le grec, s'étaient fondus l'un dans 
l'autre, et assimilés depuis long-temps lors 
de l'introduction de la langue latine. Cepen- 
dant, le celte dominait vraisemblablement 
cet idiome mixte. A travers les inflexions har- 
monieuses du langage massaliote et la douce 
euphonie de Tyr, perçaient la rudesse du gi- 
sement primitif et l'âpreté inflexible des radi- 
caux indigènes'. Ce fut cette influence uni- 

1. Julien dit que de son temps les Gaulois croassaient comme 
des corbeaux. 

« Post deindè nescio quïd luscè aut Gallicè dixisset riserunt 
omnes.» (Àulu Gelle.) 

Sidonius À. appelle ce fond : « Celticl sermonis squammas 
(ad Ecdicium) non est fastidiosus hic et incultus transalpini ser- 
monis horror.» (Latini Pacati Brepanii panegyricus Theodosio 
dictus, in panegyricis veteribus illustratis interpretatione et notis 
Jacobi de La Beaune, et Y Histoire du midi de la France , 1. 1, 
p. 195. 



74 

verselle, car elle était nationale; impossible 
à tuer, car elle était incarnée dans le peuple, 
qui devint la base de la langue nouvelle. 

D'abord ce que le latin avait de particulier, 
de véritablement caractéristique disparut sur 
les lèvres des hommes celtes. A l'exception 
des noms de la première déclinaison et de 
quelques-uns de la troisième', auxquels 
Même peut-être on ne les a restituées que 
plus tard, toutes les terminaisons furent re- 
tranchées. 

DEUXIÈME DÉCLINAISON. 

boit. * ... as sacramenu . • um 

popul. . * . . us jurament» « . um 

lup us viti. ..... um 

corv us sludi . . . . . um 

capill. .... us breviari. . . . um 

fil lus deliri um 

coll um 

TROISIÈME DÉCUNAJSOH. 

sor or dol. or 

hom o corp us 

temp. ... « us mon « 



1. Les noms de la première déclinaison ne changèrent pas : 
rose, porte, table, muse, Tache, se dirent comme en latin : rosa, 
porta, tabula, musa, vacca. Seulement, dans quelques contrées 
l'a final se prononça o. 



76 

cap ut fan s 

lum en 

Puis tous les noms composés en as ou en 
us, se formèrent en retranchant la terminai- 
son is du génitif: 

autoritat. . . . is difficultat . . . is 

veritat is amabilitat. . . is 

cari ta t is amaritat. . . . is 

civilitat. . . . is virtut is 

claritat . . . . is 

Les noms en o ne subirent aucun change- 
ment. 

aeclamatio compositio 

condemaatio . . conciliatéo . . . # 

adoratio condilio . . . . . 

admiratio 

QUATRIÈME DÉCLINAISON. 

man . .... us corn ..... u 

fruct. . . . /us ton. \ '. . . itru* 



* 4 



CINQUIÈME DÉCLIN t^ÇN. 

4i. . • . e$ 
11 est bien remarquable que la syncope, 
en retranchant les terminaisons latines, ait 
ramené les mots originaires du sanskrit pré- 
cisément à leurs radicaux. 

1 . Le r de la terraiaaison entra dans le radical à la faveur d'une 
onomatopée. 



Iat. 


r.-p. 


fatum 


fa 


gela 


gel 


gallus 


gai 


picus 


pik 


nasus 


nas 


mutus 


mat 



76 

MB*. 

fai 

jal 

kal 

picc 

nas 

mû , etc. , etc. 

11 e section. — Adjectifs et pronoms. 

Au moyen d'une syncope exactement sem- 
blable, et tout aussi naturelle, on forma les 
adjectifs et les pronoms. 

Adjectifs. 

bo nos prudent . . is (au génitif.) 

fort. . . . . is brev is 

util is 

Pronoms personnels. 

eo go 1 ti. bi 

mi hi il. ...... le 

me. me eL lum 

ta ta 

Forme employée pour illum. 

« Nescio qui senex modo venit : ellum confidens, Catas. » 

(Terentius, Andr.) 

lo il 

Par une opération fort simple, les secon- 

1 . D'ego les Romano-Provençaux prirent les deux voyelles eo, 
ou fondirent le j dur en y : yo. 



7* 

des syllables contractées devinrent les articles 
Uhy fo, illi y li. Ce résultat tout naturel ne 
méritait véritablement pas l'importance qu'a 
bien voulu lui accorder M. Raynouard; et si 
l'abbé Girard eût décomposé les pronoms, il 
se serait gardé d'écrire que « les langues mo- 
» dernes n'ont pu prendre leurs articles de la 
» langue latine, par la raison qu'elle n'en 
» avait pas 1 . » 

Pronoms possessifs. 

Les pronoms possessifs restèrent les mê- 
mes. 

meus • . . meus nostra. . . nostra 

meon. . . . menm tieus. . . . tuus 

mei . • . . mei tna tua 

mos. . . . meos nostre. . . noster 

mia . . • • mea nostros . . nostros 

mas . . . . meas vostras. . . vestras 

nostre. . . noster 

« Et uti bonis vos vostrosque omneis nuntius. (Plaut., Am* 
phitruo.) 
« Pro vostris dictis maledictis.» (Asinaria.) 
« Voster hem ! » (Idem.) 

seus. . « . snus sna . . . . sua 

sei sui suas, sas. . suas 



1. Principes du discours, 1. 1. 



78 

Pronoms démonstratifs*. 

L'adoption des pronoms démonstratifs pa- 
raît avoir été déterminée par une sorte d'im- 
pulsion capricieuse. 

Ut » . • ♦ . e epsa. , . . . ipsa 

esta ista smetteissa. . semetipsa 

icist, akeste. hic, iste baquo. . . . hoc-quod 

hac-ista 

Pronoms relatifs. 
qui qui quai, «...-. is 

Pronoms indéfinie 

La contraction signalée au commenceront 
coïKlilua les proqoms indéfmjs. 

m. m taaL . . 

qsaat.. us 'mute 

C'est emcore elle qui compose les verbes. 

En observant de près cette transformation du 
latin, on reste frappé de la simplicité (fesprocé- 
désquil'opérèreqt, et l'on eft conçut s^Qspçine 
qu'elle dut être assez facile et assez rapide 

iu e section. — Verbes. Adverbes 'Prépmiious. 
La formation $e$ verbes péolatins s'effec- 

1. Voir, dans ïc Journal grammatical (livraison de décem- 
bre 1837) un excellent travail de M. Léon Dessales, sur les pro- 
uoms, qui fait partie de sa grammaire romane mamwctitet 



T0 

tua dans les mêmes conditions et à peu près 
sous les mêmes influences. Comme pour les 
noms et les pronoms, la contraction jouo 
d'abord le principal rôle. 

PREMIÈRE CONJUGAISON. 

amar e laudar . , . t e 

placar. , . • . e declioar. , t , e 

condemnar . , e laborar • . . . e, etc. 

donar e 

PEUXIÈJIE CONJUGAISON. 

baber . . . , , e valer. , , . . . e 

teoer e 

TROISIÈME CONJUGAISON. 

La troisième conjugaison fut caractérisée 
par des idiotismes particuliers. Ainsi la plu- 
part de ses inHnifs se formèrent en a; dans 
certains varbea le parfait déviai l'infinitif; dans 
tous ceux qui offrirent une liquide, b % par 
exemple, mile liquide sonna ou; dans (quç 
ceux enfin oà il se rencontra une h, ottâe 
lettre fit place à la diphthongue ai. 

discernai*. % 4i^ceraerq etpdir • • • expeller$ 

disposar . , éisponcre vinpi «... vincer* 

distribuai . distribuere serioore. . . scribere 

differar. , . differre bioure . . . bibcre 

exerça . , , ejœrcere diQure . . » debcre (2 e ) 



80 



iegi légère distraire . • distrahere 

spandi . • . expandere 

La quatrième conjugaison se fit générale- 
ment en i et en ir. 

senti sepelir 

anzi bestir 

J'aurais pu me contenter de citer l'infinitif, 
car les différences dans les autres modes ne 
sont pas assez sensibles pour mériter un dé- 
tail particulier. Toutefois, dans le but de com- 
pléter autant que possible ce tableau de la 
transformation du latin au roman, je vais don- 
ner la conjugaison des deux verbes principaux. 

Verbe àmo. 



. o. 



INDICATIF. 
Présent 

am , ami 
amas, am 
ama 
amam 
amatz 
amam , amon 

Imparfait. 

amava 

amavas 

amava 

amavam 

amavatz 

araavan , amavon 



Parfait simple. Plus-que-parfait. 



amei (j'aimai) 

amieis 

amet 

amem 

ametz 

ameren, ameron 



avia-amat 

avias-amat 

avia-amat 

aviam-amat 

aviatzamat 

avian amat 



Parfait compose*. Futur simple* 

ai-amat (j'ai aimé) amarai 

as amat amaras 

a amat amara 

avem amat amarem 

avetz amat amaretz 

an amat amaran 



81 



Fulur composé. 


ama 


aiam-amat 


aurai-amat 


araem 


aiatz-amat 


auras-amat 


amatz 


aian-amat 


aura-amat 


amen, amon 


Plus-que-parfait. 


aurem-amat 




agues \ 
aguesses j 


aureu-amat 
auran-amat 


SUBJONCTIF. 
PrésenU 


CONDITIONNEL. 


ame 


aguessem [ 


Présent. 


âmes 


aguesselz 1 


amaria 


ame 


aguesson / 


amarias 


amem 




amaria 


ametz 


INFINITIF. 


amariam 


amen, amon 


amar 


amariatz 

• 


Imparfait. 


Participe présent. 


amanan, on 


ames 


amant 


Parfait. 

auria-amal 


amesses 
ames 


Gérondif, 


aurias-amat 


amessem 


aman 


auria-amat 


amessetz 


Participe passé. 


aurian-amat 


amessen , on 


amat 


aarias-amat 


Parfait. 


Prétérit. 


aunaa-amat 


• . 




v p 4 *% 


aia-amat 


aver amat 


Impératif, 


aias-amat 




am 


aia-amat 





En comparant maintenant ce verbe néo-latin 
tel que nous le présentons et tel que Fa conju- 
gué M. Ràynouard ' avec celui d'où il sort tout 
entier, chacun peut apprécier le peu de dis- 
semblance qui existe entre les deux langues. 
Nous ajouterons que la conjugaison n'a pas 
\arié jusqu'à ce jour. 



1. Voir sa grammaire romane, p. 280. 



82 

Il y a encore deux faits saillants à consta- 
ter. 

Le premier, c'est qu'à l'instar des Latins , 
les Provençaux du douzième siècle suppri- 
maient tous les pronoms personnels devant 
les verbes, et que ce retranchement s'opère 
avec la même rigueur aujourd'hui. 

Le second consiste dans li final de la pre- 
mière personne de l'indicatif. 

t La première personne de l'indicatif pré- 
» sent de la première conjugaison est double, 
» en sorte qu'on peut dire ami ou am, chanli 
» ou chan t plori ou pfor, soni ou son, brami 
» ou bram, badalhi ou badalh\ » 

Celte terminaison offre une singularité trop 
frappante pour n'en pas rechercher la cause. 
A quoi faut-il l'attribuer, à une imitation de 
la seconde personne du parfait latin amavisti, 
fuistiy audivisH? J'avoue que je ne le crois 
pas. Une autre hypothèse me semblerait plus 
probable. Personne n'ignore que les présents 
sanskrits se terminent également en t. D'un 



1 . « Lo présens temps del indicatio de la prima conjugazo se 
dobla en la prima persona, que pose dir ami , o pose dir am 
chanti o chan, plori o plor, etc.» (Donatus prorinciatis.) 

(Édit. par M. Gaeasard.) 



83 

autre côté l'analogie de cette langue avec le 
texte est une chose qu'on regarde générale- 
ment comme hors de doute 1 . Ne serait-il pas 
possible que dans le principe, lorsque le la- 
tin se trouva en contact immédiat avec le 
celle, cette finale eût prévalu par l'habitude 
et la prononciation des tribus celtiques? Li- 
vrons Cette induction à l'examen des philo- 
logues, et reprenons: 







Verbe Sentirk, 


i 






Sentir. . . t. 




INDICATIF. 


Parfait simple. 


Plus-que-parfait. 


Présent. 


senti - 


avid \ 


senti 

sentis 

senti 

sentem 

sentetz 




sentis 
senti 
sentim 
senti tz 
sentirenouon 


avias j 

av î a [ sentit 
aviain [ 

aviatz j 

avian y 


senten 

Imparfait. 


Parfait compost. 
ai \ 


• Futur simple, 
sentirai 


sentia 




aa J 


sentiras 


seutiâs 




a \ sentit 
avem / 


sentira 


sentia 




sentirem 


sentiam 




aretz I 


sentiretz 


sentîatz 




an y 


sentiron 


sentian 









1 « Le fond de* racines celtique* eut en grande partie identique 
aa sanskrit par l'affinité du sanskrit avec les langues celtiques.» 
(A. Pictet, mémoire couronné par l'Académie des inscriptions.) 



Futur compose. 



aurai 

auras 

aura 

aurem 

auretz 

auran 



sentit 



Conditionnel. 

sentiria 

sentirias 

sentiria 

sentiriam 

sentiriatz 

sentirian 

Parfait. 

auria 

aurias 

auria 

auriam 

auriatz 

aurian 



sentit 



84 

Impératif 

sent 
senti 
sentam 
sentetz 
sentan, on 

SUBJONCTIF. 

Présent. 

senta 

sentas 

senta 

sentam 

sentatz 

sentan 

Imparfait. 

sentis 

sentisses 

senti 

sentissem 

sentissetz 

sentissen, on 



sentit 



Parfait du subj. 

aia 

aias 

aia 

aiam 

aiatz 

aian 

Plus~que-parfait. 
agues \ 
aguesses 

agUe88C m \ sen«t 
aguessem 

aguessetz 

aguesson 

INFINITIF. 

sentir 

Participe présent. 

sentent 

Gérondif. 

senten 

Participe passé. 

sentit 

Prétérit; 
aver sentit 

Nous remarquerons la dualité de la troi- 
sième personne du pluriel, et la désinence 
de Tune d'elles en on d'après la règle posée 
par le grammairien du treizième siècle tou- 
jours en vigueur. 

c Aiso es générales régla que la terza per- 
* sona del plural per totz verbes e per totz 
» tems post Tenir en on 1 . » 



1 . Donatus provincial!». 



85 

C'est une règle générale que la troisième 
personne du pluriel dans tous les verbes et 
tous les temps peut finir en on. 

Adverbes. 

La syncope fut encore Tunique creuset 

d'où sortirent les adverbes. 

si c 

segon secondom 

« Servus esse an liber?... (Plaut.) 
« CUvom, reliquom, quojus.» (Idem,) 
« In perpetuom, » etc. (Tables votives de Narbonne.) 
« Auront captom ascentom 1 .» (Inscription de la colonne ros- 
trale de Duilius, an 494 de Rome.) 

sen sine 

quant ùm 

mult ùm 

pos t 

à présent. ad praesens lempus 

La préposition de et ad, la conjonction et, 
les deux auxiliaires aigan \ avoir, pris au go- 
thique, sum° emprunté au latin ayant com- 

1. J'insiste sur cette forme orthographique, parce que plus 
tard elle nous donnera la clef de plusieurs variétés de prononcia* 
tion. 

2. 11 est à croire, cependant, qu'il se combina dans sa fonction 
auxiliaire, avec le verbe haber, qui existât déjà. 

3. Le verbe substantif sum a remplacé, dans la dégénérescence 

8 



86 

plèté la série des principaux agents de forma- 
tion, les éléments divers que nous avons 
analysés s'amalgamèrent et produisirent un 
corps. 

Mais chacun d'eux laissa sur le mélange 
commun son empreinte individuelle. 

Sans parler en effet du celte et du latin 
dont l'action puissante est déjà connue, les 
autres idiomes influencèrent* selon leur gé- 
nie particulier, le caractère de la langue nou- 
velle. 

Le basque, par exemple, fournit son t an- 
téposé. Du c rément qu'il place devant toutes 
les r, fut imité celui que la langue méridio- 
nale joignit à tous ses s. 

escrîoure pour scribere 

espatulo ...... pour spatulo 

escarpin pour scarpin 

estât pour status 

astable pour stabulum 

Le b Usurpa également le rôle du v. 



la voix passive, le verbe possessif habeo a suppléé à la plus 
grande partie de la voix active. Comme l'ignorance où l'on tom- 
bait des déclinaisons les a fait remplacer par le» prépositions à 
Roma pour Romœ, di Roma pour Romœ.» (Adam Smith, profes- 
seur de Glaseow.) 



87 

éiouré pour vivere , comme remarqua 

plaisamment le poète. 

éasco. . pour vasco 

6anilat pour vanitas 

éalou pour valor 

6acca pour vacare 

Du basque vint encore le mécanisme d£ 
quelques substantifs qui, dans la suite très* 
probablement, ont Franchi la Loire. 

Aipsi , Ton avait accepté liberatio, forma- 
tio, mutaliOy tels qu'ils sortaient du latin : 
mais bientôt, par une exception inhérente à 
certains verbes de la première conjugaison , 
la première personne de l'impératif s'aug- 
menta de la finale anza, et il en résulta des 
mots nouveaux du genre de: 

liberanza. ....... délivrance 

laboranza, ....... travail 

mudanza. ....... mutation 

Le grec, de son côté, apporta les terminai- 
sons en os, comme: 

gaphos, de ya^o;, recourbé 
gaùtos, de yvaôoçy joue 
kùtos, de xutoç, cachette 
kledos. de xXrjâo;, claie 

Il introduisit une partie des diminutifs avec 

le génitif singulier des noms en eov. 
xtbttW, ci>voç, caponuot, petit chapon 



88 

C'est de lui que semblent provenir les // 
mouillés si nombreux en deçà et au delà des 
Pyrénées : 

Man , de IXXaç , lien 

% Il faut lui attribuer, aussi plusieurs verbes, 
et entre autres (Wv&>, aller. Bai, va; ainan^ 
nous allons; ba-i, il va. 

Quant à l'influence gothique, elle porta 
principalement sur la prononciation : la diph- 
thongue au sonna comme dans frau : Milhau, 
milhaou ; caillau , caillaou (caillou) ; Brugau 
Brugauou (village. L'o final devint dans une 
foule de cas Ye muet germanique : establl , 
mascté (mâle), rascté (crapaud), hasll (bro- 
che). On doit reconnaître de plus, que tous 
les termes significatifs du droit féodal éma- 
nèrent du gothique : franke, franc, et afran- 
kir 3 alodes alleu, et la majeure partie des 
termes légaux des coutumes. 

L'arabe contribua pour son article al, si 
fréquent et si utile, et pour des singularités 
de prononciation vraiment notables. 
. Grâce à son passage le £, dans quelques 
provinces, sonna comme le Is. 

Kara, visage, était, et même aujourd'hui 



89 

est prononcé Isard dans la haute Auvergne. 
Pareil divergence existe entre les Égyptiens 
et les Berbers, les uns disant kerim, les au- 
tres tsherim. 

Ce fait, du reste, acquiert un degré de 
probabilité fort important , lorsqu'on songe 
que la masse des envahisseurs se composait 
de Berbers. 

Sans pousser plus loin cette recherche 
grammaticale, qui prendrait trop de place, 
remarquons en finissant que la prononciation 
en coupant le pays par grandes zones, indi- 
que de nos jours les traces des peuples. De 
l'ouest au nord, dans le bassin de la Garonne, 
on prononce néou, nouveau, de véoç. Sur les 
plateaux du Quercy et du Rouergue, noii de 
noviiSy et dans les contrées telles que les Cé- 
venues, l'Albigeois, le bas Quercy, l'Agenois, 
le Périgord, le Limousin, l'Auvergne, où le 
celte s'est le mieux conservé, nèbé, du celte 
nèbé, qui se rapprochait entièrement du sans- 
krit nawa. 

Le digne secrétaire de l'Académie des scien- 
ces, M. Flourens, a bien voulu nous commu- 
niquer à ce sujet une observation très-impor- 
tante , et qui trouve ici sa place tout naturei- 

8. 



90 

lement. Dans les campagnes de l'Hérault, 
M. Flourens a remarqué de nombreuses tra-* 
ces de la langue grecque, mais qui ne sorr 
taient point du cercle de certaines circon- 
scriptions communales. Le savant académi- 
cien définit ce fait qui se reproduit plusieurs 
fois un rayonnement , et il l'explique par la 
persistance du peuple à éviter le coqlact de 
U civilisation. Celte remarque semblerait 
prouver catégoriquement ce qui a été avancé 
plus haut, savoir qu'une foule de comptoirs 
fqrent fondés par les Ioniens sur la terre »pé- 
ridioqale. 

section iv. — Noms propres. 

Oulre les noms de lieux connus en grande 
partie, et trop nombreux pour être énumérés, 
©*est à l'action constitutive du celte, du grec 
et du latin, du gothique et de l'arabe, que 
forent dus tous les noms propres. 

NOMS CELTES. 

Gquët, decoët <, bois 

Douât, de doët 2 , conduit 5oqterraiOy 



1. Dom J. Martin, Histoire des Gaules, 

2, Bas-Breton, 



91 

Game , de g^rric , chêne vert 
Isarn , de isarn % fer 
Linarés, de linna », saye fine 
Serros, deser, colline 

Begui (le) , de begui a , œil 
Bécardy, de pécardina, bécassine 
Berriat , de berria , neuf 
Biscarrat, de biscarra, colljne 
Gorro , de gorria , rouge 
Labal,de labaldia, fournée, fournier 
Laparra , de laparra , ronce 
M an sou 4 de mangoa, doux 
Odoul, de odola, sang 

NOMS GRECS. 

Carenou , de xapYjvov , m ^offtBWt 
Coinè, de xoivbç, commua 
Escatou*, ^ fc****? , le dernjw 
Grippis , de Ypiiœuç , p&beug 
Escur, de layyfe, fort 
Goy, de y^oç» boiteux 
Penou , de 7tsve>jjw», être pauvre 
Macary, de pmptn|c v (îQingœ b e WW 



1. Yita sancti Cugendi apud Surium. 

2. Isidore, Orig. lib. xix. 

3. Minerve était appelée apvaXia ? 



92 

NOMS latins: 

Blasi, de Blasius, ii, surnom des Cornélius et des Helvius 

Calvi , de Calvus, i , surnom des Licinius 

Cornelian , des Cornélius, puissante famille romaine 

Fabatus, de Fabatus, ancien surnom romain 

Fabre , de faber 

Magrè (le) , de Macer , surnom des Licinius 

Jouïne , de juvenis 

Maro , de Maro ** 

Rous (le) , de Rufus , premier surnom des Cornélius 

Redoun , de rotundus 

Senil, de senilis 

Rourdunclè , de burdunculus (langue de bœuf, plante) 

Bouïsset, de buxetum 5 lieu planté de buis 

Casabond , de casabundus , chancelant 

Coronat, de coronatus 

Gallignier, de gallinarius , marchand de volaille 

Gastaldi, de gastaldius, officier de la cour (bas-empire) 

Mundou , de mundus , propre 

Natalis , de natalis , Noël 

Àmadiou, de amadius, surnom de Bacchus 

Rosari , de rosarius , de rose 

Segound % de secundus. 

NOMS GOTHIQUES : 

Alryck, d'alrick, puissant en toutes choses 

Meryck , de meryck 

Barryck 

et l de barri 
Barrez 



93 

Grimait , de grimm-walt , puissance de la force 
Gnionet,de winmonet, octobre 

NOMS ARABES. 

Ader, de hader, babillard 

Asan, dehasan, bon 

Benech , de benezech, fils de la fortitude 

Benays, de bennây, architecte 

Catel, de qâtel, assassin 

Marsol , de marsoul , envoyé 

Ramon, de Amon-ra ', le Seigneur d'en-haut 

Les noms des jours réfléchissent , dans 
leurs terminaisons latines , les mœurs reli- 
gieuses du celte, du grec et du romain. 

di-solis , le jour du Soleil , dieu des Ioniens 

di-lunae, le jour de la Lune, déesse du Celte et du Geltibère 

di-martis, le jour du Mars capitolin 

di-mercher, le jour du Mercure des Celtes 

.... \ les jours consacrés aux deux divinités ado- 

,. . ! rées les premières à Rome et dans l'At- 

oi-veneris \ r 

) tique 
di-sadorn , le jour du Saturne celtique * 

1. Champollion, l'Egypte sous les Pharaons. 

2. Aujourd'hui di-menge (dies Dominica du christianisme). 

di-lun. 
di-mars. 
di-mécres. 
di-joux. 
di-vendrès. 

di-sât (sorti probablement du sanskrit sut, celui 
qui est). 



94 

Dès l'instant où tous ces débris d'idiomes 
se trouvèrent réunis et mêlés, la langue mé-* 
ridionale exista. 

Or la présence du verbe aigan, indispen- 
sable à son mécanisme, témoigne encore au- 
jourd'hui qu'elle dut commencer à se former 
vers le milieu du cinquième siècle , après l'ar- 
rivée et rétablissement des Goibs. 

À celte époque, semblable à la statue allé- 
gorique de Daniel, dont les jambes étaient de 
fer et les pieds partie de fer et partie d'argile, 
la langue latine dont la tête d'or' avait été 
élevée au-dessus des rois et des nations , et 
qui se soutenait encore dans la Gaule méri- 
dionale appuyée au bouclier de Rome, tomba 
sous le choc des barbares et couvrit le sol de 
ses ruines. Sa chute dut favoriser immense 
ment les progrès de sa rivale , la langue du 
peuple. Le pouvoir romain abattu , la langue 
qui lui servait d'organe perdit tout crédit. Les 
Goths, d'un côté, ne cherchèrent probable- 
ment qu'à effacer en elle les souvenirs odieux 
ou rivaux de Rome, et l'Église, qui seule 
aurait pu la conserver intacte, croyait ferme- 

1. Encyclopédie du dix-huitième siècle, art. Grammaire. 



95 

ment faire œuvre chrétienne en la renouve- 
lant et achevant d'accabler sous ses restes le 
paganisme qu'elle rappelait 1 . Abandonnées 
dès lors à elles-mêmes*, et libres de jeter leurs 
idées dans les formules ou plus énergiques ou 
plus rapprochées de la concision brusque et 
heurtée de l'idiome paternel, les hautes clas- 
ses finirent par adopter cette langue com- 
mune 3 dont nous venons d'analyser le fond, 
et à laquelle il est temps de donner son nom 
en l'appelant romano-provençale. 



1. Tertullien. 

2. Yers 580, selon Grégoire de Tours, on ne tenait plus compte 
de la grammaire. 

3. « Atqne indè sensim invalait vulgaris illa romana ïingua, 
qoae etsi aliquid latinitatis redoleret, latina taraen non esset, nt 
quœ et barbara non agnosceret vocabula , et longé aliis gramma- 
ticse legibus regeretur. Eapropter jam non latina Ïingua cœpit ap- 
pellari, sed romana quod Romani, qui in Galliis et Hispaniis post 
septentrionalium nationum irruptioneremanserant, eâ uterentur.» 
(Isidore.) 

« Ua nempè rusticam appellabant qùla latinitatis legibus absona 
esset prorsus et barbaris potissimùm aspersa vocabulis.» (Du- 
cange, Glossarium mediœ et Infimœ latinitatis , t. i.) 

L'ancienne langue française reçut le nom de romane parée 
qu'elle conservait beaucoup d'expressions de la langue des Ro- 
mains, à laquelle elle avait succédé dans l'usage vulgaire : elle 
prit des caractères différents selon les conquérants qui vinrent 
y mêler la leur; ce furent les Francs au nord , ovu midi les 
Ostrogot fis, les Visigoths, les Sarrazins , »» se fofflW ain$i deux 



9(5 

Le premier mot la caractérise par sa cou- 
leur néo-romaine ; il exprime en même temps 
la prédominance de l'élément latin , et pos- 
sède de plus l'avantage de la représenter en- 
core comme mot en usage. Le second était 
indispensable pour rappeler la formation mul- 
tiple, sinon avec une exactitude rigoureuse, 
du moins approximativement. 

J'insiste sur cette dénomination, et per- 
sonne n'en sera surpris en songeant qu'une 
qualification différente a égaré l'homme dont 
les travaux ont eu en ce genre un si grand 
retentissement. 

Voici les erreurs, erreurs graves et capi- 
tales, dans lesquelles est tombé M. Raynouard* 
et que, malgré mon respect profond pour ses 
travaux et sa mémoire, je me vois forcé de 
combattre. 



langues nouvelles qui se partagèrent la France. Toute la partie 
en deçà de la Loire se servant du mot oit, pour dire oui , et toute 
la partie qui était au delà, du mot oc, on appela l'une à'oil et 
l'autre d'oc. Comme Raimond Béranger possédait en outre une 
grande partie de la Gothie et de l'Aquitaine , on désigna tous ses 
états par le nom de Provence, et l'on appela provençale la langue 
commune qu'on y parlait.» (Millin, Voyage dans le midi de la 
France. 

1 . Choix des poésies originales des Troubadours. 



97 

D'abord , en disant seulement langue ro- 
mane, M. Raynouard oublia tous les éléments 
primordiaux, et il embrassa un système qui 
le conduisit à les nier et à soutenir que dans 
toute cette langue née chez les Celtes, et mo- 
difiée pendant neuf siècles par sept ou huit 
peuples divers, on ne trouve que cent cin- 
quante-deux mots étrangers au latin 1 . 

Oc le contraire a été prouvé plus haut, 
trop clairement pour insister. 

Mais ce n'est pas tout; en disant seulement 
langue romane, M. Raynouard confondait les 
deux idiomes romans : celui du midi et celui 
du nord. Les Romains n'avaient pas habité 
que le sud de la Gaule; ils avaient couvert la 
Gaule entière aussi bien depuis le bord sep- 
tentrional de la Loire au Rhin , que du pre- 
mier de ces fleuves à la Méditerranée. Le ro- 
main dégénéré devait donc y être parlé après 
le renversement du pouvoir de Rome, en 
même temps et de la même manière à peu 
près qu'au midi et simultanément avec le tu- 
desque. Et en effet, cela était ainsi. Les con- 
ciles tenus au nord , ceux de Mayence , de " 

1. Dans la seule banlieue d? Marseille, M. Toiozan a noté mille 
dérivés du grec. . 

a 



98 

Tours, de tleims, le Capitulaire de Charle- 
magnc, l'aveu d'Éginhard et une foulé d'aii- 
leurs particuliers', nous attestent l'existence 

1. Eginhard, Orderic Vital, Helganct, l'auteur de la Vie de 
saint Suger, Rheginon, âairit Éloy, l'auteur de la Translation 
de saint Germain , Pascase Radbert , Gérard de Corbie , Béren- 
ger {Opéra Âbœlardi), Mabillon, Ducaoge, Fleury (Histoire 
ecclésiastique). 

« Dans la suite On distingua de la poésie française la poésie 
provençale. Celle-ci différait de l'autre en ce que le génie de la 
langue demeura presque pur roman , au lieu que la française, 
quoique pur roman dans son origine, comme Vautre, fut adou- 
cie peu à peu , tant par de nouvelles inflexions et terminaisons 
que par les autres endroits qui la rapprochèrent successivement 
du génie français. C'était la langue qu'employaient ordinairement 
les poètes d'en deçà de la Loire; ceux d'au delà versifiaient au con- 
traire en langue provençale. » 

( Histoire littéraire de la France, t. ix.) 

» Je me contente d'avancer , comme une chose très-vraisem- 
blable, que dans la plupart des provinces des Gaules on par- 
fait vulgairement une langue peu différente de celle des Pro- 
vençaux, des Périgourdms,des Limousins. » 

(L'abbé Lebeuf , Mém. de l'Acad. des Inscr. et B.-L. , t. xvii.) 

« On croit pouvoir conclure de là que les traductions étoient 
alors (1 137^ bien nécessaires en Fiance, et Çtt'il eh falloit autant 
qu'il y avoit de provinces différentes , où la langue latine étoit 
devenue , quoique différemment , langue romaine, » 

( idem in ibid. ) 

« De cette latinité viciée sortirent en France deux autres idiomes 
auxquels on donna aussi le nom de langue romane, savoir celle 
du nord, qui devint langue française; celle du midi, partagée par 
la Loire... a (L'abbé de La Rue, Essais historiques sur les Bar- 
des, les Jongleurs et les Trouvères.) 



99 

il 

de cet idiome du nord dans les septième , 
huitième et neuvième siècles. Il y a mieux : 
comme tous ses devanciers, M. Raynouard va 
puiser la première preuve de l'existence de sa 
langue romane (du midi) dans Je$ serments 
de Nithard, prononcés en 842 à Strasbourg 
par deux princes du nord, et, au lieu d'en 
tirer simplement la conséquence que, lacon- 
texture de ces serments éUpt déjà néo-latine, 
les deux langues se touchaient presque vers 
cette époque, il en conclut que la langue du 
midi y dont l'existence ne lui est révélée que 
par celle du nord , a précédé et créé cette der- 
nière. 

Non, les deux langues étaient sœurs et 
parfaitement homologues. Il suffit pour le 
prouver de les comparer l'une à l'autre. 

Rom^p du nord. Roman du midi. 

algnel (Marie de France) agnel 

Vi guaya, bergiera, * 

BeU' e ptftiçeQUera, 

Sos anhels gardait. , 

(G. Riquier.) 

Je vis gaie bergère, j 

Belle et agréable, 
Ses agneaux gardant. 



100 

aost (Traduct. du Castoiement) % agost 

£1 seten Calendar à' agost. 
(Matthieu de Quercy ) 
Le sept des calendes d'août. 

aigrest (Ordonn. des rois de France) agraz 

Viandas conditas am agras. 

(Traduction d'Albncasis.) 
Viandes assaisonnées avec du verjus. 

aguar (Rabelais), hagard aguer 

Uelhs 

Âguers o calmes o malvatz. 
(Breviari d'amor.) 

Des yeux 

Hagards, ou calmes ou malins. 

acut (Rab. ) agut 

De sabors caudas et agudas. 

(V. et Vert.) 
De saveur chaude et aigre. 

aguilhe (nouveau Recueil de Fables anciennes) . agullia 

Agullia que poyn. 

(Deudes de Prades.) 
Aiguille qui pique. 

aiguë (Titre de 1266, Pérard) aigua 

Am que passa Yaiga del var als pelegris. 

(Vie de saint Honorât.) 
11 passe l'eau du Var aux pèlerins. 

albe (anc. Traduction du Psautier de Gorbie). . alba 

(B. d'Alamanon.) 

ariès (Prophéties de Merlin)' arieth 

Non venda carn de feda o à'areth. 
(Statuts de Montpellier, 1204.) 

Qu'il ne vende chair de brebis ni de bélier. 



101 




Vidas e baguas salvas. 

(Chronique des Albigeois.) 


• bagua 


Vies et bagues sauves. 






• baile 


Bailes e maestre. 
(Doat.) 




Bailli et maître. 




baubes (Recollection des Histoires de France). 


• babt 


Am Lois lo balbt. 
(C. dels Apost. de Roma.) 




Avec Louis lé bègue» 




Lp cluzels e las balmas. 
(Izarn l'inquisiteur.) 


• balma 


Les trous et les grottes. 




Tost an conquist lo barri. 
(Roman de FierȈ-Bras.) 


• barri 


Us ont tout conquis le faubourg » 




(Idem.) 


. barnatgé 


balail (Rab) 


• batalh 


Guillem de Gordo forth batalh 

Avetz m'es dins vostre sonalb. 

(B. de Born.) 


Guillem de Gourdon fort battant 
Vous avez mis dans votre beffroi. 




Cel prophetizet ben e mau , 


. becilh 

• 

9. 



102 

Que ditz c'on iri' en becilh; 
Seignor ser, et ser senhoran. 

(Marcabrus.) 
Celui-là prophétise bien et mal 
Qui dit qu'on iroit en renversement, 
Le seigneur serf et le serf seigneuran*. 

fonde benda 

Aissi corn il es la gensor que port benda. 
(Blacas.) 
Aipsi comme, elle est la, plus belle qui porte bandeau^ 

becquer (Rémi Belleau) béchar 

Cant Yostr'auçel çoroensara sus h béchar. 

(Deudes de Prades.) 
Quand votre oiseau commencera à becquer dessus. 

caleoiar (Buhartas) , écritoire '. . calamar 

£ el près un sieu calamar 
(Breviarii d'amor.) 
Il prit son écritoitx. 

cambrai (traduction du Psautier de Gurirâ). . e^mhs* 

Cambra de Joy. 

(A. deMarueU.) 
Chambre de joie. 

<$#{$) ({lecoll. des Hist. dfi Fr^cç) , , , , . ç^ 

Trop mais una jo.Yçn.ç$|a 
Que d'aur mil cargat camel, 

(P.Vidal.) 

J'aime mieux une jouvencelle 
Que d'or mille chameaux chargés. 

caiosil (Roman de la Violette) cansil 

(Roman de Jaufre.) 

caraise (Carpenticr) camisa 

(Teuson d'un anonyme et de Guillem.) 



105 
chevestre (S. de sainte Marthe) cabestré 

Ab cabestré, ab manta. 

(Miraval.) 
Avec licol et manteau. 

capH^jn (Ord. de Philippe VI) papHwî 

Cum selhs que fetz capitanis l'autr' ier. 

(Paves.) 
Comme ceux que ût le capitaine avant-hier. 

cive (Rom, de la Rose) ceba 

Ni d'ail ni de ceba cruza. 

(B. d'amor.) 
Ni ail ni ognon cru. 

astéle (deuxième chanson d'Audefroy-nk-Bastard) estélo 
(Glossaire roman.) (Éclat de bois.) 

s'avaller (Mémoires de J. Duclerq) dabala 

(Idem.) (Descendre.) 

brans (Gérard de Viane) brans 

Sabra de mon bran cum talha, 
Que sus el cap li farai bart. 

(B. de Born.) 
Il saura de mp* sabm comment U trwwhe 
Vu que sut la t#e je M feçaj bpu,ittie. 

cans (Roman de la Violette) canso 

Mas per confort deu hom faire canso. 

(Richard Cœur-de-Lion.) 
Mais pour confort doit homme faire chanson. 

colp (Roman de Rou) colp 

Ë vost' espaz al latz 
Que, & gratis whpii fessa.*/. 
(4flftu4 <Je Moraau.) 
Et votre épée au côté 

Ifaur f?ajw de grand* ç<wp&. 



104 
cors (Sermons de saint Bernard) cors 

Ni cors pus tristz! 

(Estève.) 
Ni coeur plus triste. 

cort (Roman de la Violette) coït 

(Gloss rom.) (court.) 

estor (Gérard de Viane) estor 

(Parnasse ocitanien.) (combat.) 

fust; (Roman de Charlemagne) fust 

Amors es corn la béluga 
Que coa lo fuec en la suga 
Art lo fust e la festuga. 

(Marcabrus.) 
Amour est comme l'étincelle 
Que couve le feu sous la suie, 
Et qui brûle le bois et la ramée. 

gengléour (Roman de la Violette) , . joglador 

E vol mais paubre joglador. . . . 

(B. de Born.) 
Elle aime mieux pauvre jongleur. 

jor (Sermons de saint Bernard) . jorn 

Via sus qu'ieuvei lo jorn 

Venir aprep l'alba. 
(Bert. d'Alamanon.) 
Levez-vous, je vois le jour 

Venir après l'aurore. 

lairon (Gérard de Viane) f . • • . lairo 

(Livre de Sidrac. (larron.) 

loc (Histoire littéraire de France, t. xill) . • • luoc 
Eu mieg luoc non sia oscada* 

(B. de Born.) 
Au milieu qu'elle ne soit pas entaillée. 



105 
maiour (Histoire de Metz , par dom Tabooillot). maior 

Car plors, peiorsj 
No foron vistz : 

Dolors 

Majors. 
(Estève.) 

Car pleurs plus grands 
Ne furent vus 
Ni douleurs 
Plus vives. 

molt (Roman de la Rose) . . . . , molt 

Non era hom que s'entremesse molt de valor ni 
d'onor. 
(Biographie originale des Troubadours.) 

Ce n'était pas un homme qui se mêlât beaucoup 
de valeur ni d'honneur. 

mont (Villehardouin) . . . . . mon 

Per la gensor qu'el mon sia. 
(B. de Boni.) 

Par la plus grande beauté qui soit en ce monde. 
mes (Lettre de de Cancy à Edouard I er , roi d' Angl. mes 

(Glossaire quercinois.) (mois.) 

aveir • •-••••••••• aver 

Sic us dig qu'el mielbor tezaurs 
Corn puesc aver argens ni aurs. 
Es uu cor fizel. . . 

(Amanien des Escas.) 

Je vous dis que le meilleur trésor 

Qu'un homme puisse avoir ce n'est ni argent ni or, 

Mais un cœur fidèle. . . 



106 



borgoia (dialecte bourguignon) j ^ 

burgeis (dialecte normand).. ...... 



• • 



Borges fo vaiens et larcs e cartes. 

(Biographie originale des Troubadours.) 

Bourgeois il fut brave, généreux et courtois. 

clerciet (Hist. de Metz par Tabouillot) clercia 

Ben volon obediensa 
. Celhs de la clercia. 
(P. Cardinal.) 

Bien veulent obéissance 
. Ceux 4u clergé. 

cheir . . . cazer 

I<a fa? caw ses tornas )a preg. 

(De Cols.) 

11 la fait choix ef sans tour* {1 |a prend. 

cler n , . , , , t çla? 

Los els a bels ctars et luzena. 
(Deudes de Brades.) 

Les yeux il a beaux, clairs et luisants. 

mel. • . . « mej 

Amors m'a mes tal caden* 
Plus doussa que mel de bresca. 
• (Raimbaud d'Orange.) 

Amour m'a mis telle chaîne, 
Plus douce que miel en rayon. 

negun (Benoît de Saint-More) negun 

(Ray noua rd, Grammaire romane.) (personne*) 

nous (Roman de la Rose) . . . nouzel 

(Rochegude, Glossaire roman.) (nœud.) 



107 

om (Sermons de saint Bernard) 4 4 ont 

Dousa res que qu'om vos dia 

(B. d'Alamanon.) 
Douce mie quoiqu y homme vous dise. 

orgoil (Gérard de Viane) orgoil 

Li manderon dizens qti'éra vengasl trbp fcrMs 
et trop orgoillos. 

(Biographie origin. des Troubadours.) 

Ils lui mandèrent qu'il était revenu trop fier et 
trop orgueilleux. 

ost (Benoît de Saint-More) osé 

D'ost que Deu non tend 
Pren Deu s tost Tenjansà. 
(îotmers.J 

• 

D'armée qui Dieu ne craint 
Dieu prend bientôt vengeance • 

pareit (poème sur le voyage de S. Brandan). . . paret 

(Histoire de la croisade albigeoise.) (mur,) 

pel (Benott de Saint-More) pel 

Mas pel cas que temia 
Pel de moton vestit. 
(P. Cardinal-.) 

Mais pour le cas qu'il méditait 
Peau de mouton il revêtit. 

piel (Histoire de Cambrai par Le Carpentier). . piel, pel 
Pel saur ab color robina. 

(B. deBorn.) 
Poi/ blond, couleur purpurine. 

poer (Es. hist. sur lesTrotiv. par Fab. deLd Rue), poder 
Que lai on au mais forza ni poder. 

(G. Figutïiras.) 
Que là où ils ont pins de fo^ce et <to V mi>oïr ' 



108 

plusors (Cartulaire d'Auchy) , . • plusor. 

Conoisseran li plusor. 

(G. Figueiras.) 

La multitude saura. 



• • 



paour (dialecte picard) paor 

No me laissarai per paor. 
(G Figueiras.) 

Je ne laisserai par peur. 

segon (J. Beleth). segoa 

Segon que s'pot sempre faire. 
(P. d'Auvergne.) 

Selon qu'il se peut toujours faire, 
sarer saber 

Als honorables e as pros 
Asquals es donat lo saber: 

(Lettre circulaire aux sept Troubadours.) 

Aux honorables et aux preux 
Auxquels est donné le savoir. 

seit . • . . sïa 

No siats esperduda. 

(Bern. de Yentadour.) 
Ne soyez point éperdue. 

secle. , , segle 

Pois fan autre desonor 
Al sègle et à Dieus major 

(G. Figueiras.) 

Puis ils font autre déshonneur 
Au siècle et à Dieu meilleur.- 



109 
afaitement. ... « .. , afajtament 

Une dame qui molt valoit Am sos bortz et am sos 

De beauté et d'enseignement, qfaitamens de s&jolivetat. 

Et de tut bon affaitement. (Livre de Sydrac.) 

(Marie de France.) Avec ses grâces et les char- 

ries de sa beauté. 

dail (Rabelais) dalh 

Segan prat com lo dalh en ma. 
(B. d'Amor.) 

Nous fauchons le pré avec la faux en main. 

donnement (Montfaacon, trad.de S. Bernard), donament 

- Lo donamen de la ceintura 
(Doctrine vaudoise.) 

Le don de la ceinture. 

doneor (J. deMeung). f . • donador 

Son lare donador. 
(Cardinal.) 

, Les donneur* sont prodigues. . , 

taillon (Rabelais) taillonet 

De sain blanc un taillonet. 
(D. de Prades.) 

De lard blanc un petit morceau . 

gaienz ...... gazanh 

Ainsi fu départi le gaienz A tart ve \o-gaanh e per soven. 

De Constantinople. (R. de G. de Rossillon.) 

(Villehardonin ;) Sur le tard voit le yain et perd 

Souvent* 



110 
ufiêi» • • • • •••••• •••<••••••••••• ysiici 

Servir de cueur gent et isneh En tota la ciotat non era plus 
(Villon.) ysnella. 

(Vie de saint Honorât.) 

En toute la cité il n'y avait 
pas de plus gentille. 

jangleur (moqueur) janglador 

Si jangleur u si lozengier Amors janglador 

Le me volent à mal turner. Solon mirar joy en plor. 

(M. de France.) (B. Zorgi.) 

Les amours, railleurs, 
Ont coutume de mirer leur joie 
dans les pleurs. 

issernit (G. de V.) issernitz 

Lo myeu nom non es issernitz, 
(Vie de saint Alexis.) 

Mon nom n'est pas inconnu. 
despicable. ... 4 ........ . despechables 

En simple estât des mondains despicable. (méprisable.) 

(Fourqué, Vie de J.-C.) (V. et Vert.) 

escars. ...♦..♦. escars 

Li asnes ki n'estoit avers Escars de fag e larcô de ven. 

Ne escars de paistre cardons. ' (Alegret.) 

(R. du Renart.) Avare de fait et large de pa- 

roles. 

escondir ••••*• escondir 

Prest est k'il s'escondie ke il Ieu m'escondic domna, 

dus n'ocist. (B. de Born.) 

m 

(R. de Rou.) Je m'excuse, ma dame. 

espériU . espérit 

Venez k moi maubis espéritz De totz scellis qu'en terra 



ni 

damnez. An boa espérifo. 

(Mystère de la Concept,, 1 507 .) (Germonde de M .\ 

De tous ceux qui sur terre 
Ont de bons esprits. 

malfazedor (les 7 œuvres de Miséricorde). , malfazedor 

(Liv. de Sydrac.) 

fat (fatum) fat 

H n'appartient qu'aux fatz Ai avut aytal/af tota ora 

D'establir le fat ou destinée, C'amoros soi et amoros sarai. 
(Camus de Belléy.) (Perdigou.) 

J'ai eu ce destin toujours 

Que je suis amoureux et 

amoureux serai. 

relinquir. relinquir 

Ne pour jnescbief que on feist ' Devem quascus relinquir 
Du cors ne le relinquiries. e laissar. 

(Join ville.) (Pons de Capdaeil.) 

Nous devons chacun laisser 
et abandonner. 

Quant au mécanisme grammatical 1 , il of- 
frait partout les similitudes les plus con- 
cluantes. Nous nous bornons à en ciler les 
exemples les plus saillants. 

L'article usité dans le Poitou dau, est en 
usage dans le languedocien cis marin : 

1 . Voir, pour de plus amples détails , le Donatus provincia* 
lis, l'ouvrage de Raimond Vidal , la grammaire de M. Raynouard; 
et pour les temps modernes , la grammaire provençale imprimée 
à Marseille en 182ft, et celle de Mathi^ nont****- * roktische 
deutsch-Romantische grammatik. (Ztitf^ «g^O.) 



1 



112 

Simoun en brave paroissien 
D'au plésir que prenié bavava. 
(S. de M. Sistre.) 

L'article lo était commun aux deux lan- 
gues. Un titre normand de 1259 le prouve 
encore 1 . 

f * Q * < l C f * ■» ta 

L'article était mis à la place du pronom. 

Por la terre la (qui est celle) du roi, et là (celle de 
messire Eward) garder. (Act. Rym.) 

On employait l'article avec le pronom pos- 
sessif suivi de son substantif, et Ton disait : 
Les soes Chartres, lo soe gent (Villehardouin.) 

On dit encore dans le Midi : 
La sio fenno, lou seou oustal. 

Les singuliers étaient primitivement en ans, 
comme, 

Li mareschaus (Villehardouin) , 
Li cristaus (R. de la Rose) , 
Li maus (Parton) , 

et finirent par faire al : 
maréchal 
cristal 
mal 

l. Fallot, Recherches grammaticales sur la langue fran- 
çaise^ 



113 

En Provence cette forme se conserve en- 
core ; on dit : 

mistraou 

maou 

vaou 

Pour: 

mistral 

mal 

val 

On se sert beaucoup , comme au treizième 
siècle dans le nord , des diminutifs : 

A genoillons (R. de Mahomet) , 
A genouillous. 

Les mots en atus venus du latin firent dans 
le Nord et: 

Juratus, juriet 

Dans le Midi , la terminaison seule fut re- 
tranchée. 
Les Nordmans avaient des noms en al. 

Et les bestes mortals e fieres. . . , 
(B. de Saint-More.) 

Les Méridionaux les conservent encore par- 
tout. 

Comme on le voit, et ainsi que nous l'a- 
vions annoncé, il -y avait parité complète 

10. 



114 

pour ainsi dire entre les deux langues « Les 
deux ne sont qu'un dégagement du latin mêlé 
de débris plus ou moins nombreux des idio- 
mes antérieurs, et ce fut une graode erreur 
que de croire, comme Cazeneuve, par exem- 
ple i qu'elles avaient pu sortir l'une de l'au- 
tre'. Il n'était donc pas indifférent de com- 
battre la dénomination adoptée par M. Ray- 
nonard; dénomination , du reste , dont il avait 
fini par sentir lui-même la défectuosité. Car 



_*-^»«**_ 



1 . Voici comment les caractérisaient les contemporains : 
« La parladura francesca val mais et es pins avinenz a far 
romantz e pasturelas mas celha de Lemozih val mais per far 
vers ecansos e sirveates; e per totas las terras de nostre len- 
gatge fo de maior autoritat li cantar de la lengua lemozioa que 
de neguna autra.» (Raim. Vidal, La dreita maniera de trobar.) 
La langue française vaut mieux et se plie bien plus facilement 
à la composition des romans et des pastourelles, mais celle du 
Lirons» l'emporte pour la composition de» tirs, chantons et 
sirventes. Et dans tous les pays où se parle notre langue, ce dia- 
lecte limousin est sans contredit le plus usité. 

Ducange, à qui rien n'échappait, les Pères de Trévoux Galça, 
Escolan et A. Bqsçq. notèrent ce nom avec sain. L'expression de 
romant appliquée à l'idiome du Nord parait n'avoir été remplacée 
que vtrs la fin du treizième siècle. 

Hircntx Tyou, hvrau* romant, 
Tuit sémeut de lur estament, 
Et écrient Blammont, Blammont ! 
Et Fàlquembert ! ainsi s'en vont. 
(Joute* de Chauvency.) 



11* 

après avoir traité d'abord nos modestes obser- 
vations de chicane grammaticale, il comprit 
qu'elles pénétraient au cœur de son système, 
et modifia sa définition en disant romane ru*» 
tique. Toutefois l'adjectif, bien qu'indispen- 
sable, n'est point encore suffisant; car ceux 
qui l'employaient , soit au midi , soit au nord, 
savaient surabondamment la signification 
qu'ils lui donnaient par leur position même , 
tandis que placés à neuf cents ans de di- 
stance nous avons besoin, nous, d'une terrai* 
nologie exacte , claire , qui distingue l'idiome 
ancien d'en deçà de la Loire du vieil idiome * 
tudesco-Iatin d'au delà, et c'est pourquoi j'ai 
adopté celle qui m'a paru la plus simple et la 
plus explicite. langue romano-provençale. 



—é 



1 . Nous citerons à ce propos, pour mémoire, l'ouvrage récem- 
ment publié d'un Anglais nommé Bruce Whyte. L'auteur an- 
nonce avec la modestie qui caractérise ses compatriotes , qu'il 
Tient donner une leçon aux Français. Nous aurions été assez dis- 
posé, en reconnaissance de ce aom, à lui en faire une qui lui fût 
profitable; mais la lecture de son livre nous a convaincu bien 
vite qu'il était incapable de la comprendre. Nous nous bornerons 
donc à conseiller à l'honorable gentleman d'étudier, une autre 
fois, les rudiments de la matière sur laquelle il voudra porter ses 
loisirs, car s'il eût connu les premiers éléments du sujet difficile 
qu'il aborde si cavalièrement, il n'aurait «aft &\fl^ é * a **" W 



\ 



116 

Mais pourquoi l'avoir toujours appelée lan- 
gue du douzième siècle? 

Parce que c'est au douzième siècle seule-» 
ment qu'elle fut fixée et qu'elle revêtit ce ca- 
ractère énergique et presque indélébile qui a 
fait qu'en servant d'interprète à quatorze mil- 
lions d'hommes elle a traversé sept cents 
années sans altération trop sensible , ainsi 
que nous allons le voir en l'examinant siècle 
par siècle depuis 842 jusqu'à nos jours. 

Héo-Iatine le romance* Qu'il nous permette de lui apprendre que 
le président Fauchet, qui est un des propagateurs de cette détes- 
table définition, la mettait toujours au féminin, comme tous ceux 
qui l'ont suivi. Aucun écrivain doué de sens n'a, que l'on sache, 
nommé la langue romaine-provençale ou romaine-française , le 
romance. Mais M. Bruce Wbyte écrit sans doute le français 
comme l'entendent ses oreilles anglaises : c'est une question de 
prononciation analogue à celle du grand Frédéric , qui n'hésitait 
pas à faire rimer sauces avec roses : 

Vous possédez l'exacte connaissance 
Des végétaux, et votre expérience 
Assimilant discrètement leurs sucs, 
Sait les lier au genre de ses sauces, 
Au doux parfum des jasmins et des roses 
Qui font le charme et des rois et des ducs. 
(Épitre au sieur Noël, son cuisinier.) 



TROISIEME PARTIE. 



TBAMBITIOR, PEBFECTIOirirnEIfT, BISTOIBE DE 
IiA bAMBE DEPUIS 842 JUSWEM 1842. 



NEUVIÈME ET DIXIÈME SIÈCLES, 



Afin de rendre pour ainsi dire palpable 
la transition du latin au roman -provençal, 
nous commençons par mettre le plus ancien 
monument de cette langue en regard d'un 
texte composé des mots correspondants dans 
la langue de Rome. 

Qu'on veuille bien se rappeler les diverses 
modifications subies par les noms , les adjec- 
tifs, les verbes, les adverbes (modifications 
que nous avons fait connaître dans la deuxiè- 
me partie) , les anomalies grammaticales déjà 
indiquées, et Ton en verra successivement 
F application» 



118 

SERMENT DE LOMS-LE-GERMANIQUE 
PRONONCÉ EN 842'. 



Pro deo amur et pro Kris- 
tian poblo et nostro comun 
salvament d'istdi in avant in 
quant deus savir et podir me 
dunat, sisalvarai lo cist meon 
fradre Karlo et in ajudha et 
in cadhuna cosa, si cum omper 
dreit sonfradresalvar dist. In o 
quid il mi attresi fazet et ab Lu- 
dhernulplaidnunquam prin- 
dai, qui, meon, vol c'ist meon 
fradre Karlo in damno sit. 



Pro déi amore et pro Chris- 
tiano populo et" nostrâ com- 
muni saivatione de istâ die 
in antea quantum deus sapere 
et posse mihi donat sic sal- 
varo' ego istum meom 4 fra- 
trem Karlum et in adjumento 
et in quâcumque causa , 
quasi homo per directum 
(Jus) suom fratrem salvare 
débet. In eo quod ille mî sic 
faciet et ab Lutherio nullum 
placitum nunquam prendi- 
dero, qui, meâ voluntate 
isti meo Fratri Carlo in damno 
sit. 



Voilà bien la confusion et le chaos d'où 
devait jaillir la langue nouvelle. 

Le nominatif pour l'ablatif, l'accouplement 
monstrueux des genres divers , la réunion de 
deux prépositions d'un sens différent et leur 
hymen forcé avec un adverbe, la création de 
nouveaux pronoms par la syncope, de nou- 



1. Duchesne, t. il. 

2. J'ai tenu principalement à rétablir les mots latins en soi* 
Tant l'ordre grammatical des actes publics de l'époque. 

3. On voyait souvent cette forme dans les bons auteurs. 

4. Hoc tomolo requiescet bone memoria Severus, 



119 

veaux substantifs par le barbarisme ou le 
verbe fait nom, comme dans ajudha, aide, 
qui n'est au fond qu'adjuvare; tels sont, 
ainsi que nous l'avons établi précédemment , 
les agents les plus actifs de la formation. 
Déjà on retrouve à l'état de synthèse toutes 
les flexions, tous les paradigmes signalés pi us 
haut un à un. Le retranchement de la termi- 
naison a constitué les nouveaux verbes salvar 
(de salvare), et les nouveaux pronoms ist-e 
cist (hic-iste). D'une contraction énergique 
sont sortis vol (de vol un tas), null (de nullus), 
om (d'homo); tout delà relié par le verbe sum, 
et les premiers adverbes qui s'offrent à l'es- 
prit, se groupe au hasard, et, se classant tant 
bien que mal dans les règles brisées et con- 
fondues de l'ancienne langue, compose ce fœ- 
tus informe d'abord qu'on appela néo-latin ou 
idiome rustique 1 . Suivons son développement. 

1. Observons, en passant, que la décadence datait de loin* 
Déjà, dans la bonne latinité, des formes que nous considérons 
comme modernes s'étaient naturalisées sur le sol romain. 
On écrirait : 

Deportatum habeas frumentum. (Cicero in Verr*) 
Totus mundus post eum abiit. (Joann., c. 111.) 
Omnes très de bonis contendunt. (Quintilien«) 
Frater emancipatus in totum excluait nwrefl^ (^°^* ^ n00 **) 



120 



DIXIÈME SIÈCLE. 

« De ista hora in antea , ego Raimundus filins Garsin- 
*> dis non decetrai Raimundum vicecomitem , filium 
» Rengardis , de sua vita nec de sua membra quae ad 
» corpus tenet , no Vaudrai ni no€ prendrai et tuas 
» civitates non las tolrai ni tfen tairai. » ( Mss. 
Colb. , 165.) 

À partir de ce jour , moi Raimond , fils de Garsinde , 
je ne priverai Raimond vicomte, fils de Rengard, ni de 
sa vie ni de ses membres qui tiennent au corps; je ne 
chercherai ni à te tuer ni à prendre tes villes. 

Ce titre, formulé vers 960, indique une 
amélioration sensible. Les futurs qui un siè- 
cle auparavant conservaient encore le type 



Neque homines propter nimium ardorem dur are possunt. (Hy- 
ginus S. Trajan.) 

Se carricabat. (S. Jérôme.) 

Qnid hic vos tfuœagitis. (Plaut. Mostell. ) 

Ego me sumpunitus. (Cicéron.) 

Joignez à ces causes primitives l'oubli de la syntaxe, la pro- 
nonciation gaélique (Scaliger, Erasme), le pêle-mêle épouvantable 
causé par les Barbares, et vous vous ferez une idée du désordre 
qui devait produire la nouvelle langue , désordre si largement 
peint par Çrégoire de Tours. 



121 

des] futurs réguliers à^l'aide d'un i affixe, 
sont définitivement constitués. Il en est de 
même des articles to, las, et du pronom ti 
(bi); on entrevoit en même temps une forme 
destinée à jouer un grand rôle dans la suite, 
et consistant à remplacer par un que indécli- 
nable le qui relatif et le quem accusatif. Les 
néologismes deviennent encore plus nom- 
breux dans les vers suivants, et dessinent en 
quelque sorte l'ébauche de la langue. 



« Nos JoYe omne, quan dias que dos estant, 
» De gran follia per foledat parlam, 
» Quar dos do membrarper cui viure esperam, 
» Qui dos soste, tan quan per terra anam , 
» E qui dos païs que dos murem de fam 
» Per qui salves m'esper par tan qu'ell clamàm. 
» Enfants, en Dies foren orne fello ; 
» Mal orne foren : a èra suntjpeior. 
» Yolg i-Boécis mètre quastiazo, 
» Auuent la gent, fazia en son sermo 
» Creessen Deu qui sostenc passio. 
» Coms fos de Roma e 'ac ta gràn yalor 
» Aprob Mallio lo rei emperador; 
» £1 era V meller de tota la onor : 
» De tôt l'emperi l'tenien per Senor, 
» Mas d'una Causa u nom avia gensor. 
» De sapiencia l'appellaven doctor.» 
(Poème de Boèce trouvé par l'abbé Lebœuf.) 

4 

Cous tous, jeunes gens, si long-temps que nous sommes 

il 



in 

A parier follement de grandes folies ! 

Et il ne nous souvient de celai par qui vivre Espérons, 

Et qui nons soutient tant que par terre allons, 

Et qui nous paît afin que nous ne mourions de faim t 

Par qui j'espère me sauver pourvu que je l'implore. 

Enfants, autrefois nous fûmes des hommes félons : 
De mauvais hommes nous fûmes : à présent ils sont pires, 
Boèce voulut les réformer. 

faisoit que la gent qui oyoit son sermon 
Crut en Dieu qui a souffert passion. 
Comte il fut de Rome et il eut si grande valeur 
Auprès de Mallius le roi-empereur, 
Qu'il étoit le plus brave de toute l'honneur ', 
De tout l'empire on le tenoit pour seigneur. 
Mais cependant un nom il préférait» 
C'étoit celui de docteur de sagesse. 



« Aissi jai lo coms En Bernât, 
v Fiel credeire al sang sacrât, 
» Que semper.proshom es estât, 
» Preguem la divina bontat 
» Qu'aqueia fis que lo tuât, 
» Posqua son arm'aver salvat *.» 

Ici gît le oomte Bernard , 
Fidèle croyant au sang sacré, 
Qui toujours vaillant a été , 
Prions la divine bonté , 
Que cette fin qui l'a tué , 
Puisse son âme avoir sauvé» 



1. Terre titrée, fief. 

1. Cette épiUphe de la victime de Chartes-le-Cbajive pourrait 



123 

Cent ans s'écoulent, et l'indécision, rem- 
barras, l'obscurité qui pesaient sur la langue 
se dissipent aux rayons du onzième siècle. 
La voici maintenant à peu près sûre d'elle- 
même : sa marche sera droite et ferme. 

ONZIÈME SIÈCLE. 

« Ma encar s'en troba aïcun al temp présent , 
» Lical son manifest à mot poc de la gent : 
v La via de Yeshu Xrist mot fort vorrian mostrar 
» Ma tan son persegu que a pena o poyon far ; 
» Tan son li fais Xristian enseca per error. 
» Ë majormen aquilh que dev'esser pastor : 
» Que ilh persegon e aucion aquilh que son melhor. 
» E laysan en pata li fais e li enganador. 
» Ma en czo se pot conoyser qu'Un bon pastor no son, 
» Car non aman las feas sinon per la toison, 
» Ma nos o poen ver e l'escriptura dtst , 
» Que si ni a alcun bon qu'am'e tem Yeahu Xrist 
» Que non volhe maudire, ni jurar, ni mentir, 
' » Ni avoutrar, ni penre de l'autrui, ni aucir 

» Ilh dion qu'es Vaudes e degne de punir.» 
(La nobla Leyczon.) 

remonter au dixième siècle. Baluze l'a déclarée fausse par la rai* 
ton, dit-il, qu'elle aurait dû ressembler de tout point au serment 
de Louis-le-Germanique, ce qui était impossible ; car le roman du 
midi s'est toujours beaucoup plus rapproché du latin que celui dn 
nord. M. Raynouard la croit seulement du douûeme siècle ; mais 
s'il ne l'eût transcrite ainsi que l'avait donnée M. de Masnau , 
c'est-à-dire en langue du quinzième siècle, il se serait peut-être 
ravisé. 



124 

Mais encore, il en est certains au temps présent 
Lesquels ne sont connus qu'à très-peu de la gent 
Le chemin de Jésus ils voudraient bien montrer, 
Mais on les poursuit tant qu'ils ont peine à l'oser ; 
Tant sont les faux chrétiens aveuglés par erreur. 
Surtout ceux qui devraient devenir nos pasteurs, 
Et qu'on voit poursuivant les hommes les meilleurs, 
Laissant vivre en repos les faux et les trompeurs; 
Ce qui prouve combien ces pasteurs sont félons, 
N'aimant point leurs brebis sinon pour les toisons. 
Mais il est évident, et l'Écriture dit, 
Que si quelque homme juste aime et craint Yeshu Xrist 
Et ne veut ni jurer, ni maudire et mentir, 
Ni pécher, ni voler, ni sang faire jaillir, 
On dit qu'il est Yaudois et qu'il faut le punir. 



Les progrès qu'elle fit dans les siècles sui- 
vants furent plus grands encore. Entre les 
mains des Troubadours elle acquit une élé- 
gance, une richesse, une grâce admirables. 

L'espace nous manquerait pour analyser, 
même d'une manière succincte, les œuvres de 
cette phalange immortelle qui ne compte pas 
moins de deux cents poètes. Afin de ne point 
rompre la chaîne historique et de marcher 
directement à notre but, nous nous conten- 
terons de citer en passant les plus illustres de 
chaque siècle. Mais un éclaircissement préli- 
minaire est indispensable. 



125 

Quelle fut l'origine de la poésie proven- 
çale? 

Les opinions se partagent sur cette ques- 
tion. 

Les uns croient reconnaître dans les for- 
mes dont elle s'empara, l'origine celtique 1 ; 
les autres trouvant la rime et la mesure lati- 
nes usitées en 393, 590, 790, 900 et 1200 , 
en concluent qu'elles servirent de types à la 
rime et à la mesure néo-romaines ' ; les der- 
niers, enfin, donnent pour mère à la poésie 
provençale la poésie arabe 3 . 

Je crois que la vérité se compose de ces 
trois sentiments, qu'il est aisé de réunir. En 
effet, la langue touchant par ses racines à 
l'Asie orientale, et portant en ses rameaux le 
dschiva des Védas, rien d'étonnant qu'elle 
en ait offert dans l'origine la structure poéti- 
que; il n'est pas plus extraordinaire que celle- 
ci se soit transmise traditionnellement des 
Celtes aux Romano-Provençaux , et que les 
Arabes, la rencontrant sur le terrain féodal, 
l'aient modifiée quant au fond en polissant sa 



1. Àrchaïology of Wales. 

2. Dictionnaire de Trévoux. 

3. Gingnené. 

11 



126 

rusticité et en dirigeant ses inspirations vers 
l'amour et les armes, et quant à la forme en 
lui livrant les secrets de leur rhythmc si nom- 
breux et si riche. Cette combinaison me sem- 
ble d'autant plus probable, que la poésie 
arabe a une très-grande conformité dans ses 
jeux rhythmiques avec la poésie dite léonine, 
bien qu'elle soit fort antérieure à Léonius. 

POÉSIE INDIGÈNE. 

En Lanfrid domnus primis natalibus or tus, 
Débita solvet humo quœ sibi débet homo, 
Miàtlt flore sponsi correns in odore 
VtoribmesempilUM prabuit ipse bonum *. 

POÉSIE ARABE. 



Et lorsque nous engageâmes à'aimables conversations, 
Et que nous nous égayâmes par oV agréables improvisations , 
En jouissant des attraits d'une gracieuse éloquence, 
Et en bannissant les traits de la hideuse méfiance * . 



C'est le même parallélisme et la même af- 
fectation de comonnances que nous allons 



1 . D. Mabillon, Analectes. 

2. Séances de Hariri, traduct, de M. Sylvestre de Sacy. 



427 

retrouver dans un autre genre, en comparant 
un fragment latin et un fragment arabe à la 
poésie provençale. 



latin. 

Quïsquis novit Evangelium recognoscat eu m timoré, 
Viéet Reticuèum , eccfosiam videt boc seculum mare, 
Genus autem mixtum pisci&justus est cum peccatore n 
Seculi finis est littus : tune est tempus separare (1). 



ARABE. 

Qu'il est beau, ee rond jaune, et d'un éclat riant! 

Il parcourt l'univers de Test à l'occident, 

Et son métal sonore, et son lustre brillant 

Rend le riche joyeux par son air souriant. 

Toute affaire prospère à lui se mariant. 

Que le mortel chérit son regard sémillant ! 

On le dirait des coeurs souffle vivifiant : 

Si ma bourse l'enferme alors je suis régnant, 

Fut même ma tribu dans un sort défaillant. 

Quelle belle lueur! oh ! quel feu pétillant f 

Que sa splendeur ravit le pauvre mendiant ! 

Tel maître vous prescrit plus d'un ordre effrayant, 

Qui sans foi resterait docile et suppliant. 

Devant lui le chagrin se dissipe en fuyant : 

Telle lune s'étemt pour lui s'hnroittant, 

Et l'on a vu maint homme, en son courroux bouillant, 

1. Saint Augustin. 



128 

Adouci devant lui, prendre nn ton bienveillant; 

On a vu des captifs qui, sur lui s'appuyant, 

Furent sauvés, au jour un chemin se frayant. 

Je voudrais l'adorer en le glorifiant , 

Mais je crains, grand Allah, ton pouvoir foudroyant '. 

On a déjà remarqué que les vers du poème 
de Boèce et de l'épitaph'e du comte Bernard 
sont monorimes. Voici un extrait qui se rap- 
proche plus encore de la makama. 

Ar pauzem o aissi com tu dizes que fo 
Que taia fag diables, del cap tro al talo, 
Car et os e membres d'entorn e de viro : 
« Falsamen as mentit et ieu dirai te co. 
» Nos no troban escrig el fag de Salomo, 
» Propheta ni apostol en loc no o despo, 
» Que obra de diable done salvatio. 
» Ni anc Sant Espérit tant vernassals non fo 
» Qu'en vaissel de diable establis sa maizo : 
» £ tu fas ne vieutat maior que de baco, 
» C'aissi ab ma paùsada salves ton companho. 
» Tu no vols demostrar ta predicatio 
» En gleiza ni en plassa ni vols dir ton sermo 
» Si non o fas en barta en bosc o en boisso, 
» Lai on es Ûomergua, Rainaud o en Bernado, 
» Garsens o Peyronela que filon lur Cano. 
» Lus teis e l'autre fila, l'autre fai don sermo, 
» Cossi à fag diables tota creatio. 
» Aras veias heretge si fas ben trassio 
» Que l'home filh de Dieu apelas avoutro... 



l . Première makama de Hariri, traduite, 4'après le système, de 
Ruckert, par M. S. Munck. 



129 

» "Falsamen as mentit a guiza de laifo » 

(Sermon dlzarn l'inquisiteur.) 

Mais posons un moment que ton dire est raison : 

Que le diable t'a fait de la tête au talon, 

Les membres et la chair, le sang et le poumon ; * 

Faussement c'est mentir, et je le prouve au fond, 

Cela n'est pas écrit au fait de Salomon, 

0e prophète ou d'apôtre; aucun ne nous répond 

Que salut soit donné par œuvre du démon. 

Ni que le Saint-Esprit eût si peu de raison 

Que d'aller chez le diable établir sa maison. 

Mais tout ceci pour toi comme du lard est bon. 

D'un seul revers de main sauvant ton compagnon. 

Tu ne montres pourtant ta prédication 

En l'église ou la place : et quand tu fais sermon 

C'est toujours dans les bois la haie ou le buisson. 

Là tu vois Domergna, dame Berthe et Rainon, 

Garsens, Peyronella qui travaillent en rond... 

L'une file, en tissant l'autre dit son sermon, 

Comment le diable a fait toute création. 

Hérétique tu fais abomination 

A l'homme, enfant de Dieu, de donner mauvais nom 

Faussement. C'est mentir en guise de larron. 

Telles sont les conjectures qu'on peut pré- 
senter comme probables. Il importe peu , du 
reste, que les formes poétiques dont se sont 
servis les Troubadours viennent par tradition 
du celte ou des scholies latines ou leur soient 
arrivées comme un écho mélodieux de Gre- 
nade. La seule chose essentielle à constater. 



130 

c'est qu'ils en tirèrent un parti prodigieux ; 
ainsi que je vais tâcher de le montrer par 
quelques fragments de leurs œuvres au dou- 
zième siècle. 

« 

douzième siècle;. 

« En alvernhe part Lemozi, 
» M'en aniey totz sols a tapi , 
» Trobey h moler d'en Gari 

» E de Bernart, 
n Me saludéron francamea 

» Per san Launartt 

» Una mi dis en son latin : 
» Deus te salve dom pelegrin, 
» Molt me pares de bon ensin 

» Meu estent 
» Mas trop en vai per est' camin 

» De fola gent. 

» Aniatz eu que lor respozi : 

» Ane fer ni fust no y mentaugui, 

» Mas que lur dis aital lati , 

» Tarra bàbart 
» Marta babelio riben 

» Sara ma Iiart.» 

(Guilhem, comte de Poitiers.) 

En Auvergne du Limousin 
J'allais doucement en voisin 
Je trouve la femme à Garin, 

Celle à Bernart, •• 



131 

Qui me saluerait soudain 
Par saint Launard. 

Une me dit en son latin : 
Dieu te sauve, dom pèlerin ; 
D'innocence ta parais plein , 

Mais, pauvre enfant, 
Que ta Tas trouver en chemin 

Mauvaise gentl 

Alors agitant de la main 

La clochette au son argentin, 

Je leur chantai ce sarrazin : 

Tarra babart 
Marta babelio riben 

Saramahartl 

Ici je m'arrête , cap cette pièce a fourni à 
Boccace le sujet du Muet, versifié depuis par 
La Fontaine '. 

« S'ieu trobava mon compatr En Blacas; 
» Un bon cosselh leial li donaria , 
» Mas per un grat ses cosselh o fana.» 

(Cadenet.) 

Si je trouvais mon compère Blacas, 
Un bon conseil lui donnerais, ma foi, 
Mais sans conseil il le fera pour moi . 

1. Voici ce que dit de ces vers la gravité de d'Hauteserre 
Berum Âquitanic. lib. x, p. 50 ï) : « Alterum carmen est ama- 
torium ac perineptum de fêle à quo laceratos est cum se mutato 
habitu mutum finixisset apud clariores fœminas in experimentum 
Tenant mendacii.» 



152 

« Tant m'abellis l'amoros pessamen 

it Que s'es vengut en mon fis cor assire, 

» Per que no i pot nuls autres pens'aber 

» Mi mais negus no mes dous ni plazens ; 

» E fin amors m'aie m mon martire 

» Que m* promet joy mas trop lo m' dona len 

» Qu'ab bel semblan m'a tengut longamen. 

» Bona dompna, si us plate, siatz sufitrens 
» Del bes qu'ie ut vuel, qu'ieu sui del mal suffrire; 
» R pueis li mal no' m'poirian dan tener , 
» Ans m'er semblan qu'els partam egalmens : 
» Pero si us platz qu'en autt a part me vire 
» Partetz de vos la beùtat e l' dous rire, 
» £ l',gai sol as que m'afolis mos sen, 
v Pueis partir mais de vos mon escieo.» 
(Folquet de Marseille.) 

Tant me poursuit le tendre sentiment 
Qui maintenant en mon cœur se retire. 
Que je ne peux autre pensée avoir *, 
Et nul ami ne m'est doux ni plaisant; 
J'attends déjà que de chagrin j'expire, 
Ou que l'amour allège mon martyre : . 
N II me promet mais un ajournement 
Que le trompeur m'a tenu longuement ! 

Dame, ayez donc un cœur compatissant 
Pour mon amour, ou le mal va m 'occire; 
De le souffrir je n'ai plus le pouvoir : 
Partageons-le tous deux également ; 

1- J'ai conservé l'ordre des rimes; et, comme on le voit, par 
une étrange singularité le troisième vers de la première strophe 
rime avec le troisième vers de la seconde. 



153 

Ou si voulez qu'autre part je soupire 
Renvoyez donc la beauté , le doux rire , 
Le gai plaisir qui m'ont fait votre amant, 
Car je ne puis vous quitter autrement 



« Truan, mala guerra, 
» Sai volon comensar , 
» Donas d'esta terra 
» E vilas contrafar. 
» En plan o en serra 
» Yolon ciutat levar 
» Al) tors, 

» Quar tan pueia onors 

» De lieys que sotz terra, 

» Lor pretz, e l' sieu ten car 
» Qu'es flors : 

» De totas las melhors 

» Na Biatritz; car tan lor es Sobreyra 

» Qu'encontra lieys volon levar senhieyra, 

» Guerra e foc e fum e polverieyra.» 
(Rambaud Vacqueiras.) 

Truands, mauvaise guerre, 
Je sais vont commencer, 
Dames de cette terre 
Et villes ravager. 
D'une cité guerrière 
Ils veulent couronner 

Hauteurs, 
Pour rendre des honneurs 
A celle qui sur terre 

U 



154 

Dispose deleurs cœurs : 

Car fleurs 
Ont moins belles couleurs 
Que Béatrix qui pour eux est si fiere 
Qu'ils vont lever contre elle la bannière , 
Et guerre et sang et fumée et poussière. 



« Ja nuls nom près non dira sa razon 
» Àdrechamen, si corn hom dolens non ; 
» Mas per conort deu hom faire canson : 
» Pro n'ai d'amies mas paure son lur don , 
» Ancta lur es si per ma rezenson 
» Soi sai dos y vers près. 

» Or sapehon ben miey hom e mley baron , 
» Angles, Normand» Peytavin e Gascon : 
» Qu'ieu non ai ja si paure compagnon 
» Qu'ieu laissasse per aver en preison, • 
» Non ho die mia per nulla retraison 
» Mat anqoar soi-Je près.» 

«• (Richard-Coeur-de-Lion.) 



Jamais homme captif ne dira sa raison 
Adroitement, ainsi que l'homme affligé , non. 
Mais pour se consoler il faut faire chanson. 
Assez d'amis j'en ai , mais bien pauvre est leur don: 
Honte , honte sur eux , si par leur abandon 
Je suis deux hivers prisonnier! 

Or, qu'il le sache bien mien homme et mien baron , 
L'Anglais , le Poitevin, le Nordman , le Gascon , 
Je n'ai jamais connu si pauvre compagnon , 



135 

\. 

Que j'eus*) délaissé pour finance en prison. 
Je ne dis pas ceci par forme de raison , 
Mais encor suis-je prisonnier! '. 



TREIZIÈME SIÈCLE. 
PROSE. 

« Goneguda chausa sia à totz cels qui son e qui son a 
» venir que li bailes e li confrair de la cofraria sla Maria 
» deuPoicomprevendurablamendeA. Dapeyratfiih,»etc 
(Archives de l'hôpital de Limoges , 1254.) 

Qu'il soit connu de tous ceux qui sont à venir, que le 
bailli et les confrères de la confrérie de sainte Marie du 
Puy achetèrent durablement de A. Dupeyrat fils, etc. 



«Nôturn rit quod anno ab mcamatione Do- 
» mini 1278, régnante PhiUppo,regeFrancorum, 
» sede Caturcenci vacante, que ju Gaillard de Mom- 
» pézat de mo bo grat e de mo cert Saber et cert que so 
» de mo fagh e de mo dreg, aguda planiera deliberatio 
» aobre totas las causas dejos escritas.. .» Afranguissi pu* 
» ramen e simplamen vos Guiral Bru receben per vos et 

1 . Voir la suite de cette intéressante complainte historique dans 
notre Bertrand de Born , t. h, ou dans la 6 e partie de l'IrïJ- 
tokre eu midi de la France. 



136 

» per na aquesla vostro molfaer et totz aqoels homes e 
» aquelas fennas que de vos Guiral Bru e de vostro molhcr 
» san ichit e procréât e que de vos o delà naicheran o 
» dichendran per a enant e lot lo lignatgé masclé e feraé 
» que de vos Guiral, et de la dicha vostra molher es 
» ichitz et ichira de vos o de vostres éfans.» (acte d'affran- 
chissement fait par ub seigneur de Montpézat en Quercy, 
pour la somme de 250 sols caorsins. Voyez Preuves de 
l'histoire du Quercy , par Cat. Coture.) 

Qu'il soit notoire que l'an de l'incarnation du Sei- 
gneur 1278, sous le règne de Philippe, le roi des 
Franks, le siège de Cahors étant vacant, moi Gaillard 
de Montpézat, de mon bon gré et de ma pleine autorité, 
certain que je suis de mon fait et de mon droit, après 
mûre délibération sur les choses ci-dessus écrites... J'af- 
franchis purement et simplement, vous, Guiral Bru, et 
vous donne la liberté pour vous et votre femme, et tous 
ces hommes et ces femmes qui de vous, Guiral Bru , et 
de votre femme sont issus et procréés , et qui de vous ou 
d'elle peuvent naître ou descendre encore..* 



Ordenansa d'els vestirs de las douas de Montalha* 

« Item que neguna dona ni autra femna de la vila ni 
» de la honor de Montalba , no corteje ni auze çortejar 
» neguna jazent , si no era cozina segonda delà o de so 
» mark, o cozina germana e d'aqui en amont o comaires 



157 

» e aquclas que o puosco for tant solament lo diraenge , 
» e no en un autre dia de la setmana. Exceptadas jotgla- 
» ressas o putas. Qui fara encontra , cosiara lbi y sols de 
» Caors per cada persona , et per cada vegada. 

» Item que neguna dona ni autra femna , no côvido ni 
» auze covidar ni anar covidar per nossas ni per autres 
» manjars, mas qnant taut solament de lin donas, e no 
» plus. Exceptadas jotglaressas o putas. 

» Item , que negus hom , ni neguna femna de esta vila 
» nofasso, ni auze fer covit ni manjars; per razo de fer- 
» malha de nobia , ni quant anara o gleia. 

» Item , que negus hom , ni neguna femna no ane ni 

* auze anar ab neguna nobia per assolassar per carriera. 

* Item, que negus joglars ni joglaressas privatz ni es- 
» tranhs, no intre ni auze intrar en ostal d'esta vila, a 
» nossas, ni a covitz, ni a jazens, ni a Nadal , ni en la testas 

* de Nadal, si apelatz non ero per aquela persona que 
» mais de poder i auria. Que aquel o aquela que o faria 

* séria fora gitatz d'esta vila ede la honor per totz temps. 

» Item , que negus sartre de sta vila ni de la honor, no 
» talhe ni auze talhar neguna rauba a neguna dona d'esta 
» vila ni de la honor, mas quant tan solament que aia 
» I palm de drap outra terra , e no plus. E que la rauba 
» sia tota redonda, so es assaber que sia tan longua denant 
» coma darreire a bona fe. Et pena de xx sols* de Caors , 
» e que no talharia may rauba en esla vila ni en la ho- 
»nor,» etc., etc. (Extrait des Archives de Phôtel-de- 
ville de Montauban, Livre rouge, fol. 60, an 1291.) 



12. 



138 



Otdonnance touchant les parures des dames de 

Montauian. 

Item , que nulle dame ni autre femme de la ville ou de 
l'honneur (territoire) de Montauban ne fréquente ni ne 
s'avise de fréquenter sa voisine , à moins qu'elle ne soit sa 
parente au second degré, sa cousine-germaine , celle de 
son mari ou plus proche encore, ou bien sa commère, 
et que ces fréquentations ne puissent avoir lieu que le di- 
manche, et non un autre jour de la semaine. Sont excep- 
tées toutefois les baladines et femmes de mauvaise vie. 
Une amende de cinq sols caorsins frappera celles qui 
iraient à rencontre. 

Item , que nulle dame ou autre femme n'invite ni ne 
s'avise d'inviter, ni d'aller inviter à des noces ou k quelque 
sorte de festin que ce soit, plus de quatre personnes» 
Sont exceptées les baladines et femmes de mauvaise vie. 

Item, que nul homme ni aucune femme de cette ville 
ne fasse ni ne présume faire invitation et repas, sous 
prétexte de fiançailles et de noces, ou avant d'aller à 
l'élise. 

Item , que nul homme ni aucune femme n'aille et n'ose 
aller courir les rues avec une fiancée. 

Item , qu'aucun jongleur ni aucune baladine du pays 
ou étrangers n'aient l'audace d'entrer dans les maisons 
de cette ville pour fait de noces, de festins, ni pendant 
Payent, ni à la Noël, ni aux fêtes de Noël, s'il n'y sont 
appelés par la personne qui exerce l'autorité au logis. 
Celui ou celle qui coitfreviendrait au présent règlement 



139 

serait jeté hors de la Tille et de son honneur pour 
toujours. 

Item , qu'aucun tailleur de cette cité ou de son hon- 
neur, ne taille ni ne s'avise de tailler aucune robe à au- 
cune dame de cette ville ou de l'honneur d'icelle 5 t[ui ait 
plus d'une palme de drap traînant à terre. La robe doit 
être toute ronde , c'est-à-dire aussi longue devant que 
derrière à bonne foi. En violant l'ordonnance ci-dessus, 
il encourrait une amende de xx sols caorsins , et ne tail- 
lerait plus désormais de robe dans cette ville ni dans son 
• honneur. 



POÉSIE, 



« Tan quan la vey me te l' vezers jauzen 
» E qoan m'en part ftiu eo ta! peasamo» 
» Qu'en chantait plor e m' vol k> cor partir 
» En aissi m' fai s'A mort viur' a mûrir.» 
(Pons de Capdueil.) 

Quand je la vois mon œil est tout riant, 
Quand elle part c'est un tel serrement, 
Qu'en chantant pleure et veut mon cœur partir: 
Ainsi l'amour me fait vivre et mourir. 



« Daus orient entro 1' solelh colguan, 
» Fas à la gent un covinent novelb : 
» Al liai hom donarai un bezan 



140 

» Si T deshals mi dona un clavelh , 
» Et un marc d'aur donarai al cortes 
» Si r deschauzitz mi dona un tomes ; 
» Al vertadier darai d'aur un gran mon 
» Si m'don un huou quex messongier que y son.» 

(Pierre Cardinal.) 



De l'orient jusqu'au soleil couchant 
J'offre aux humains un troc neuf et peu cher: 
A l'homme franc je fais don d'un bezant 
Si l'homme faux me donne un clou de fer , 
Puis je fais don d'un marc d'or au courtois 
Si le brutal veut me rendre un tournois; 
Et d'un mont d'or aux gens de bonne foi. 
Si tout menteur me donne un œuf à moi. 



« Guerravol c'om espanda 
» E c'om fuec n'abras, 
» E que ja non sia las 
» De donar ni mettre à ganda. » 

(Bertrand de Born.) 

Guerre veut sang et carnage 

Et feù sur ses pas , 
Et qu'on ne soit jamais las 
De donner ou mettre en gage. 



« Ries socors aurem, 
» En Dieu n'ai Hanza, 



141 

» Don gazagnarem 
» Sobre sels de Franza. 
» D'ost que Deu non tem 
» Pren Deus tôt verjanza. 
» Segurs estem , seignors , 
» E ferm de ries socors ! » 
(Tomiers») 

Grands secours aurons , 
Prenez confiance t 
Mous triompherons 
De ces gens de France. 
Dieu des Pharaons 
Sait tirer vengeance. 
Fermes soyons, seigneurs, 
Et sûrs de tous bonheurs ! 



« Amors es com la béluga 
» Que coa l'faec en la suga , 

» Escoutatz ! 
» Pueis no sab en quai part fuga 
» Selh que del fuec es guastatz. » 

(Marcabrus.) 

L'amour étincelle rose 
Long-temps dans la suie enclose , 
Dévorera toute chose. 

Écoutez! 
Puis elle s'enfuit sans cause 
Où? demandez aux brûlés ! 



142 



AUBADE. 



« Doussa res, s'ieu no us vezia 
» Breumens crezatz que morria, 
» Qu'el gran dezirs m'auciriaj 
» Per qu'ieu tost retornarai 
» Que ses vos vida non ai, 

» Ay! 
» Qu'ieu aug que la gaita cria, 
» Via sus qu'ieu vei lo jorn 
» Venir aprep l'alba. 

» Doussa res, que qu'om vos dia, 
» Non cre que tal dolors sia, 
« Cum qui part amie d'amia : 
» Qu'iou per me mezeis o sai. 
» Aïlas ! quam pauca nueyt faï, 

» Ay! 
» Qu'ieu aug que la gaita cria, 
» Via sus qu'ieu vei lo jorn 
» Venir aprep l'allia. 

» Doussa res, ieu tenc ma via; 
» Vostres suy on que ieu sia, 
» Per Deus no m'oblidatz mia: 
» Quel cor del cors reman sai 
» Ni de vos mais no m' partrai , 

» Ay! 
» Qu'ieu aug que la gaita cria, 
. » Via sus qu'ieu vei lo jorn 
» Venir aprep l'alba.» 
(Bertrand d'Alamanon.) 

Doux cœur, s'il ne vous voyait , 
Votre ami bientôt mourrait. 



143 

Le grand regret l'occirait. 
Mais vite il tous reviendra; 
Sans vous il ne vit pins ja , 

Ah! 
J'entends la guette sonore 
Crier ans ! je vois le jour 
Luire après l'aurore. 

Doux cœur, si l'on y songeait , 
Nul tourment n'égalerait 
La peine qu'un départ fait : 
Las ! par moi je sais cela. 
La courte nuit que voilà , 

Ah! 
J'entends la guette sonore 
Crier sus ! je vois le jour 

Luire après l'aurore . 

Doux cœur» suis votre en effet ; 
Partout où le sort me met 
Un souvenir, un regret : 
Mon âme qui reste là 
Jamais ne vous quittera* 

Ah! 
J'entends la guette sonore 
Crier sus ! je vois le jour 

Luire après l'aurore. 



« Sapchon 11 fizel aimador, 
» Que dos maneiras son d'amor, 
» L'una non ac comensafnen 
» Ni ja non aura fenimen, » etc. 
(Malfre, Breviari d'amor.) 

Saeho bien tout fidèle amant 



144 

Que nous connaissons deux amours : 
L'un qui n'eut pas commencement , 
L'autre qui durera toujours. 



J'ai traduit tous ces fragments en vers , 
parce qu'il est impossible de sentir la grâce 
et l'originalité de la poésie des Troubadours 
si Ton ne conserve la mesure et le caprice des 
rimes. Un critique beaucoup trop vanté , 
M. Schlegel, croyait qu'on n'arriverait ja- 
mais à un résultat semblable; mais il jugeait 
avec une connaissance imparfaite du méca- 
nisme de la langue. Une traduction poétique, 
bien qu'elle exige du travail et de certaines 
aptitudes, n'offre pas plus de difficultés 
qu'une traduction en prose. 

Je fermerai la liste des exemples de ce siè- 
cle par le début de la chronique des Albi- 
geois. 

» Senhors oimais s' sforsan li vers de la chanso 
» Que fon de comenseia l'an de la encarnatio 
» Del senhor Jhesu Crist ses mot de mentizo 
» Cayia M. G. C. e X que venc en est* mon : 
» E si fo Tan e mai quan floricho l'boicho 
» Maestre W. la fist à Montalba on fo 
» Certas si el agues aventura o do 
» Co ant mot fol joglar e mot a vol garso 
» Ja non l'h degra folhir negus cortes pros om f 



145 

» Que no '1 clones cavals o palafres breto. 
» Que m' portes suavet ambiant per 1' sablo. » 
(Chronique de Guilhem de Tudèle, publiée 
par M. Fauriel.) 

Seigneurs, tous allez voir les vers de la chanson 

Qui furent faits en Tan de l'Incarnation 

Du Seigneur Jésus Christ, et ceci tout de bon , 

M. CC. X ans qu'il souffrit passion. 

Et c'était dans le mois où fleurit le buisson. 

A Montauban W. fit sa composition. 

Certe il devait avoir quelque largesse ou don, 

Comme maint fol jongleur et maint mauvais garçon 

Il aurait dû tenir d'un généreux baron 

Un rapide coursier ou palefroi breton 

Qui foulât doucement le sable et le gazon. 



QUATORZIÈME SIÈCLE. 
PROSE. 

a Comte fayt entre moss : Folco de Agoul , segnor 
» d'Assaut et de Ralhana , seuescal de Proenza en nom c 
» per lo rey Lois e ma dona la regina d'una part ; e moss : 
«Jehan, comte d'Armagnac, d'aulra part, per la ma-' 
» niera que sensiet. 

» Premieramen : deu lodt moss : lo Senescal en nom 
» que dessus al dit moss : d'Armanhac, per las premioras 
» convenensas faytas entre lor, so et assaber per lo servici 
» que lo dit moss : d'Armanhac a fayt en la guerra de 
» Proensa , » etc. 

(Extrait des registres de la Cour des comptes 
de Marseille , 1358.) 

13 



146 

Compte fait entre monseigneur Foulques d'Agout, sei- 
gneur d'Assaut et de Ralhane, sénéchal de Provence, 
au nom du roi et pour le roi Louis et madame la reine 
d'une part; et de l'autre, monseigneur Jehan, comte 
d'Armagnac, ainsi qu'il suit. 

Premièrement : doit ledit monseigneur le sénéehal 
audit monseigneur d'Armagnac pour les premières con- 
ventions entre eux faites, savoir pour le service que ledit 
M, d'Armagnac a fait en la guerre de Provence , etc. 



« L'an 1389, lo jorn de jonoyer, lo rei de Fransa son 
» cos propri fes cremezar , mestre Jo deBetizac à Tolosa, 
» quar dis que era eretge. Item sapchaz que lo rei voliè 
» que Jo de Bétizac perdes la testa, et Jo de Bétizac 
» ausi que la testa dévia perdre , respondet al rei quel 
» avié agut d'una juziéva dos éfans et que eretge era e la 
» justicia parleniè à i'enqueredor e non al rei. Item lo 
» rei ausi aquestas paraulas de sobre dig. Jo de Béti- 
» zae, e commandet, vistas las presens que fos ars, 
» cremat : et aysins fou fag lo rei presens. » 

(B. Bovisset du Languedoc.) 

L'an 1389 , et le dixième jour de janvier , le roi de 
France fit brûler son propre cousin à Toulouse , maître 
J. de Bétizac , qui était , disait-il , hérétique. Item sa- 
chez que le roi voulait que J. de Bétizac perdît la tête ; 
et J. de Bétizac, entendant cela , répondit au roi qu'il 
avait eu deux enfants d'une juive et qu'il était hérétique 
et justiciable de l'inquisiteur. Le roi, à ces paroles, or- 



147 

donna que J. de Bétizac fût brûlé à l'instant ; ce qui fut 
fait , le roi présent. 



«Causa novella. Item 1 dimars que era XI de mars, 
» fes gran tempérai d'aura e glucia tota la nueg d'avant 
» et puoys 1 pau aprep alba fès un grand thro. Et adounc 
» fou vist per lo ministre de la Trinitat el per son com- 
» panho en la cambra on jazien , 1 demoni en forma 
» d'orne , vestit ab 1 mantel vermhel cort et una baréta 
» negra sus la testa, montât a càl sus 1 cayssa, lo* 
«quai pueis del sol una gran peyra que pezéva en- 
» tena 1/2 quintal laquai mettet so lo bras et yssyt per 
» la porta. Et truquet molz albres en los ortz , d'en- 
» torn , descobric la glieysa , el la claustra e lhostal del 
» dich ordre , et l'hostal de la reclusa ; e daqui s'en anet 
» per lo laer de Lavaleta et daqui levet moltas testas, e las 
» portet otra lo Lez et las escampet per los albres et per 
» las vinhas entro près lo luec de Glapicis. » 

(Extrait du Petit Thalamus de Montpellier.) 

Chose nouvelle. La même année, un mardi 11 mai, à 
la suite d'un gros temps de vent et de pluie qui avait duré 
toute la nuit précédente , après l'aube il fit un grand 
tonnerre. Et alors il fut vu par le ministre de la Trinité 
et par son compagnon , dans la chambre où ils étaient 
couchés, un démon de forme humaine, couvert d'un man- 
teau court et vermeil, et portant une barrette noire sur 
la tête, monté à cheval sur une bière; lequel ayant ar- 
raché du sol une énorme pierre qui pesait environ un 



1/18 

demi-quintal , la mit sous le bras et sortit parla porte. Et 
il arracha une grande quantité d'arbres dans les jardins 
et découvrit l'église, le cloître et la maison dudit ordre, 
et celle de la recluse. Et de là il s'en alla au lavoir de La- 
valette où il prit plusieurs briques qu'il emporta au delà 
du Lez, et qu'il répandit dans les arbres et les vignes au- 
près du lieu de Clapicis. 

POÉSIE. 
A DON A CLEMENÇA, 

Canso ditta la Bertat , 

Fat ta su la guerra d'Espagna fatta pel generoso Guesclin 
assistât des nobles moundis de Tholosa. 

« Dona Clemença. se bous plats, 
» Iou bous dire pla la bertats 
» De la guerra que s'es passada 
» Entre Pey, lou rey de Leoun , 
» Henri soun fray, rey d'Aragoun, 
» E d'ab Guesclin soun camarada, 

» E lous moundis qu'éren anats, 
» E les que nou tournon jamas, 
» S'es qu'yeu demande recompença , 
» Perço que nou meriti pas 
» D'abe de flous de bostos mas : 
» Suffis d'abe bost'araistança. 

» L'an mil très cens soixanto-cinq , 
» D'eu boule d'el rey Carlo-Quint, 
» Passée en aquesta patria 
» Noble seignou, Bertram Guesclin , 
» Barou de la Roquo-Clarin ; 
» Menan ami) el gentdarmaria. 



149 

» L'honor, la fê, l'amour de Déus 
» Eran touts lous soulis motéus 
» Qu'els portaron d'an a fa guerra 
» Contra lous cruels Sarrazis, 
» Aquo fôc que nostres moundis 
» Seboutiguen jouts la banéra. 

» D'eu, qu'ero aquo en aquel tems ! 
» Las fennas qu'éron labets prens 
» Bouleban estar ajagudas , 
» E que lours enfans fouron grans, 
» Per poude pourta lous carcans , 
» D'ambe bellas lanças agudas ! 

» Los fils ne quittéguen lous pays , 
» Forsa ne quittégon l'arays , 
» E d'autres quitéroun las letras ; 
» Belcop quitégon lour mouilhé, 
» Qu'alqu'un n'escapéc lou couilhé , 
» Per prene l'arc é las pharetras. 

» Et tout se fasio per la fe , 
» Nou cal doun s'estonna de que 
» Le mounde abio # tant de courage; 
» Pusqu'on à bist en autre temps 
» Per ela péri tant de gens , 
» E mas encèro de maynatge ! 

» Tout le mounde partie countents ; 
» Pensan prene lour passotens, 
» E gagna l'Espagna d'ausida 
» Sensé cop ni perta de gens : 
» May bé n'y aura de mal countens 
» Aprep que bous m'aiirets ausida, » etc. 



13 



150 

k DAME CLÉMENCE, 

Chanson dite la Vérité , 

A l'occasion de la guerre d'Espagne faite par le généreux 
Duguesclin assisté des nobles enfants de Toulouse. 

Dame Clémence, s'il vous plaît, 
Je tous dirai la vérité 
De la guerre qui s'est passée 
Entre Pierre le roi de Léon, 
Henri son frère, le roi d'Aragon, 
Et Guesclin son camarade, 

Et les Toulousains qui y étaient allés, 
Et ceux qui ne revinrent jamais , 
Sans que je vous demande récompense, 
Parce que je ne mérite pas 
De recevoir des fleurs de vos mains ; 
Il suffit d'avoir votre faveur. 

L'an mil trois cent soixante-cinq, 
Du vouloir du roi Charles-Quint 
Passa dans cette patrie 
Noble seigneur Bertrand Guesclin , 
Baron de La Roche-Clarin , 
Menant avec lui gendarmerie. 

L'honneur, la foi, l'amour de Dieu 
Étaient les seuls motifs 
Qui les portaient à faire la guerre 
Aux cruels Sarrasins. 
Ce qui fit que nos Toulousains 
Se rangèrent sous sa bannière. 

Dieu, le beau temps que c'était alors ! 
Jusqu'aux femmes enceintes 
» Qui auraient voulu être mères , 
Et que leurs enfants fussent grands 



161 

Pour pouvoir porter les colliers d'or, 
Et les belles lances aiguës ! 

Ils partirent, les enfants du pays; 
Beaucoup quittèrent la charrue, 
Beaucoup les lettres, 
Beaucoup leurs femmes : 
Quelques-uns échappèrent au collier 
Pour prendre Tare et les flèches. 

Et tout se faisait pour la foi, 
Il ne faut donc pas s'étonner de ce que 
Le peuple avait tant de courage; 
Car on a vu en d'autres temps 
Pour cela périr tant de gens, • 

Et plus encore d'enfants! 

Tout le monde partit contenu 
Ils pensaient prendre leur passe-temps 
Et gagner aussitôt l'Espagne 
Sans coups ni perte de gens. 
Mais bah ! il y aura bien des mécontents 
Après que vous m'aurez ouie ! 



Lettre circulaire envoyée en divers lieux du pays de Langue- 
d'oc pour inviter les poètes à se rendre à Toulouse au jour 
marqué. 

« Als honorables et as pros 

» Senhors amies et companhos 

» Asquals es donat lo sabers, 

» Don creish als bos gaug et plazers, 

t » Sens et valors e cortesia , 

v ka sobregaïa companhja. 



152 

» Dels VII Trobadors de Tholosa: 
» Salut et mais vida joiosa ! 

» Tug nostre major cossirier, 
•» El pessamen, el desirier, 
» Son de chantar et d'esbaudir 
» Per quey may voleh far auzir 
» Nostre saber et luen et près : 
» Quar si no fos qui mots trobes 
» Sempre fara chants remazuts, 
» Et tôt plasents solats perdutz 
» Et plus de prêts entre las gens 4 . 

(Lettre circulaire des VII Troubadours.) 

Aux honorables et aux preux 
Seigneurs amis et compagnons 
Auxquels est donné le savoir , 
D'où naît aux bons joie et plaisir , 
Sens et valeur et courtoisie, 
La gaie compagnie 
Des sept Troubadours de Toulonsc : 
Salut et très- joyeuse vie ! 

Tout notre plus grand souci, 
Tous nos désirs, toute notre ambition 
Se borne à chanter et à rire. 
C'est pourquoi nous voulons faire ouïr 
Notre science et près et loin : 
Car si personne ne trouvait beaucoup. 
On ferait sans cesse des chants usés , 
Et tous les agréables délassements seraient perdus, 
Et il n'y aurait plus ni prix ni honneur 



1 . Je n'ai point traduit en vers ni cette pièce ni la précédente, 
parce que, n'ayant rien de poétique, elles ne peuvent que gagner 
à être rendues mot à mot. 



155 



QUINZIÈME SIÈCLE. 

PROSE. * 

« Lo nom de nostre Senhor Dieus J.-C. et de la sia 
» gloriosa maire e de tota la santa cort célestial envocant 
» loqual en tota bona e perfecla obra si deu envocar, car 
» del processit , tôt bon e pacifie ensenhamen del très 
» que haut et très que excellent prince et senhor nos- 
» trelorey Reynier per la gracia de Dieus, rey de Jéru- 
» lem, de Àrago, de ambas las Sicilias, de Valen- 
» cia, » etc. 

(États de Provence sous le roi René, 
9 octobre 1473. Regist Potentiae. 

Le nom de notre Seigneur Dieu J.-G. , et de sa glo- 
rieuse mère, et de toute la cour céleste, nous invoquons, 
lequel en toute œuvre bonne et parfaite se doit invoquer, 
car de lui procède tout bon et pacifique enseignement r 
et pareillement celui de notre très-haut et très-excellent 
prince et seigneur le roi René , par la grâce de Dieu roi 
de Jérusalem, d'Aragon, des Deux-Siciles , de Va- 
lence, etc. 

POÉSIE. 

« Lou boun Diou bous baille tant de béous 
» Coumo las poulos eren d'eous, 
» Gentiou seignou ! 
» Ah ! dounatz-y la Guillonéou 
» As compagnons ! 



154 

» Lou boun Diou bous baille tant de poulets 
» Coumo las ségos han de brouquets, 
» Gentiou seigoou! 
» Ah ! . . . . 

» Lou boun Dion bous baille tant de pitchous 
» Coumo de plets as coutillous, 
» Gentiou s. . . 

» Si m'assében bubo un cop, 
» Pourtari millou mous esclop, 
» Gentiou s 

» Si m'assében bubo pintoun , 
» Pourtari millou moun bastoun, 
» G. . . s. . . •» 

(Chanson du Gui de l'Agenais, vers 1450.) 

« * . 

Que Dieu tous donne autant de bœufs 
Que vos poules vous feront d'œufs / 

Gentil seigneur ! 
Àh ! donnez donc la Guionnée 

Aux compagnons! 

Dieu vous donne autant de poulets 
Que les moissons ont de bouquets, 

Gentil seigneur! 
Ah !. . . . 

Dieu vous donne autant de garçons 
Qu'il est de plis à ces jupons, 

Gentil seigneur! 
Ah! . . . 

Si je buvais un coup, bientôt 
J'en porterais mieux mon sabot) 

Gentil seigneur ! 
Ah! . . . 

Si je buvais un coup bien bon, 



155 

J'en porterais mieux mon bâton. 

Gentil seigneur ! 
Ah ! donnez donc la Guionnée 

Aux compagnons ! 



On peut, je crois, rapporter à la même 
époque ce chant pastoral du pays de Yaud : 



» Le z'armailli dei colombette 
» De bon matin se san lélia, 
v Ha! ah! ha! ah! 
» L'iauba! l'iauba! por aria. 
» Venide toté, 
» Blantz et naire, 
» Rodz et motaile, 
» Dzjovan et étro; 
» Dezo on tzebano, 
» Jo vo z'ario, 
» Dezo on triemblo, 
» Jo vos triudzo. 
» L'iauba! l'iauba! por aria.» 

Les jolies troupes de colombes 
De bon matin se sont levées , 

Ha! ah! ha! ah ! 
L'aube! voici l'aube! il faut traire. 

Venez toutes. 

Les blanches et les noires, 

Les rouges et les bigarrées, 

Les jeunes et les vieilles; 

Venez sous le chêne , 

Je vais tous traire. 



156 

Venez sous le tremble, 
Je vais vous presser les mamelles. 
L'aube 1 voici l'aube ! il faut traire * . 



SEIZIÈME SIÈCLE. 



PROSE. 

« Lo dijeou xij jor d'october, l'an milo cinq cens c viii 
» foguet faich lo forlcal d'eu vi lo en la formo e maniero 
» accoustumado e publiât à sounde troumpo. 

» La cargo d'eu vi a xxvij sols iij deniers. 

1. Si l'on veut voir combien il est facile à un romancier do 
génie de devenir un ridicule linguiste, qu'on lise la traduction 
que Fenimore Cooper a faite de ce chant helvétique (Bourrai h de 
Berne) : 

Les vaches des Alpes se lèvent de bonne heure ; 
Ha! ah! ha! ah! 
Liauba , liauba pour traire ! 
Venez, vaches 
Blanches et noires, 
Rouges et bigarrées, 
Jeunes et vieilles; 
Dessous un chêne 
. Je vais vous traire, 
Dessous un tremble 
Je vais vous traire. 
Liauba, liauba pour traire ! 
Les dissertations approfondies auxquelles le célèbre auteur ri m 
Dernier des Mohicans s'est livré sur ce mot liauba, qui n'est ihic 
Yalba des latins, sont vraiment amusantes. 



157 

» Valio sextier froment, xijj s. iv d. 

» Sextier ségel , ix s. 

» £1 minaû aveno , ij s. 

» Marc d'aur, xxxvï liv. iij s. iiij d. 

» Marc d'argent , xj liv. » 

( Forléaux de Limoges. ) 

Le jeudi xii d'octobre de l'an mil cinq cent huit fîil faiL 
le forléal de la villeen la façon accoutuméeet publié à sou 
de trompe. 

La charge de vin vaudra 27 sols 3 deniers. 

Le setier de froment , 13 s. 4 d. 

Le setier de seigle ,9 s. 

Le minot (quart de setier) d'avoine , 2 s. 

Le marc d'or, 36 liv. , 3 s. , 4 d. 

Le marc d'argent, 10 liv. 

POÉSIE. 

SONNET. 

» Despucy que quatre pés son devenguts à dons, 
» E que resoun a prés plasso din ma cerbelo, 
» E lou m a scie ay saput destriar dé la femello 
» E conoisse lou vin agre d'intre lo dou» ; 

» Despuey n'ay jamaï vis un cas tant rigourous 
» Oe veire un froumajou sorten de la feicello, 
« Se vendre mai cent fes qu'un quintaou de canello , 
» E si per lou tenir faur maï de trente jous. 

» A la vilo das Baus per uno flourinado , 

» Avetz de froumajou s uno pleno faoudado, 
» Que coumo sucre fin foundoun au gargassoun : 

14 



158 

» Mais ses déclins Paris ellous les fan de ciero, 
» E davan qu'au sourtir un de la froumagiero 
» Poudes ben escoular la bourso e lou boursoun.» 
(Louis Belaud de Grasse.) 

Depuis que quatre pieds se sont réduits à deux. 
Et que raison a pris place dans ma cervelle, 
Que j'ai su distinguer le mâle et la femelle, 
Connaître le vin sûr et le vin généreux ; 

Depuis je n'ai pas vu de cas plus rigoureux 
Que de voir un fromage en botte et qui ruisselle 
Se vendre beaucoup plus qu'un quintal de cannelle. 
Bien qu'il lui faille encor vingt-huit jours et puis deux. 

Dans la ville de Baux pour un florin à peine 
De fromage on vous donne une corbeille pleine. 
Et comme sucre fin ce fromage se fond : 

Mais avec sa cherté ce Paris tant vous gêne , 
Que pour en ôter un de sa planche de chêne 
D'une bourse remplie on épuise le fond. 



« Lou maréchal à la Bastillo 
» S'er'endourmit pendant lo net; 
» Mé feroun dé brut o lo grillo , 
v E tout d'un cop se rebeillet. 
» — Quai es bengut en okest houro, 
» Cridet tout naou lou gran guerrier, 
» Per troubla lo tristo demouro 
» E lou soumel del prisounier? 

» — Soun toun Segnou, lou rey de Franco, 

» Li respoundet lé gran Henri. 

» — Es tus qu'o deffendut mo Iwço, 



N 



159 

» Tas rey per cal boulioi raouri ! 
» Benes insulta mo misera, 
» Rire d'an paaré coundamnat; 
» Ah ! can marcbaben à la guerro, 
» Me proumetios milo bienfat ! 

» Ai commandât sur mar, sur terro, 
» É tous cabaliés en Piémoun 
» Dision que n'abion pas en guerro 
»Un coumandan coumoBiroun. 
» As oublidat touto la péno 
» Que per tus yeu me soui dounat, 
» Car din moun cor nio pas n'o beno 
» Que per moun rey natché sonnât...» 

Le maréchal à la Bastille 
S'était endormi dans la nuit; 
Mais on fit du bruit à la grillé, 
Et de son sommeil il sortit. 

— Qui donc vient, qui vient à cette heure 
Cria tout haut le grand guerrier, 

Pour troubler la triste demeure 
Et le sommeil du prisonnier? 

— C'est ton seigneur le roi de France, 
Lui répendit le grand Henri. 

— C'est toi qu'a défendu ma lance, 
Toi pour qui mourir j'ai failli ! 

Tu viens insulter ma misère, 
Rire des maux que tu m'as faits ; 
Ah ! quand nous marchions à la guerre 
Tu promettais tant de bienfaits! 

J'ai commandé sur mer, sur terre, 
Et tes cavaliers en Piémont 
Disaient qu'ils n'avaient pas en guerre 
Un commandant comme Biron, 



L 



160 

Plus ne te souvient de la peine 
Que pour toi je me suis donné , 
Car dans mon corps je n'ai point veine 
Qui pour mon prince n'ait saigné *. 



A cette époque, la langue romano-proven- 
çale, ainsi que l'avait remarqué M. Jay dans 
son élégant Éloge du philosophe périgourdin, 
exerça une influence immense sur le style de 
Montaigne. Nous en citerons quelques exem- 
ples pris dans l'édition de Rouen. 

P. A. Cerchans cercan. 

P. 9. Usance usanço. 

P. 14. Saulveté salvetat. 

P. 16. Pelade pélado. 

P. 21. Planière planiero. 

P. 27. Une mensonge . uno mesoungeo 

P. 30. Pourpensée, . . perpensat. 

P. 40. Prou prou, (assez). 

P. 46. Tirasser. .... tirassa. 

P. 76. Appastoient. . . appasta. 

P. 79. Fantasie .... fantasio. 

P. 99. Coniller conil. 

P. 284. Pennades . . . penna (ruer). 

1. Voir la suite de cette curieuse complainte historique (con- 
servée en Périgord par la tradition populaire ) dans le tome in 
de V Histoire politique, religieuse et littéraire du midi de la 
France. 



161 

P. 120. Empennez. . . empenados. 

P. 121. Floret flou ret (cocons cardés). 

P. 132. Abestit abeslit (hébété). 

P. 148. Guarie guarido. 

P. 164. Dévaler .... dabala. 

P. 191. Scarabillat. . . idem, dispos. 

P. 194. Partir parti , partager. 

P. 199. Bren du fût . . idem. 

P. 202. Ensacher. . . . ensacha. 

P. 217. Vieux debte. . biel deoubte. 

P. 248. Fendiller. . . . fendilla. 

P. 253. Merlus merlusso. 

P. 261. Gast. ..... gasta. 

P. 284. Arpez arpatz. 

* P. 297. Ords orde , sale. 

P. 304. Revancher. . . revencha. 

P. 306. Courre courre. 

P. 309 Moust ♦ • . . . moust. 
P. 310. Leurs principaux affaires. 

P. 314. Fadèze fadezo. 

P. 340. Rommeler. . . raumela. 

P. 374. Esclarcies . . . esclarci. 

P. 377. Apparient . . . apparia (accoupler). 

P. 436. Entourner. . . entourneja. 

P. 450. Bestioles. . . . bestiolos. 

P. 471. S'inïrasquer . . frasquos. 

P. 497. Mué muda. 

P. 501. Espic espic (lavande). 

P. 508. Utis. .."... utis (outil). 

P. 535. Tournevirent . tournobiroun. 



14. 



162 

P. 534. Torte torto, de travers. 

P. 5&6. Estiré estirado. 

P. 550. Tournebus. . . turnébus. 

Je ne parle pas des tours de phrase indi- 
gènes qui sentent le terroir à chaque mot. 

A cachettes, au cul d'une charréte, on veit 
chez moi, on ne doit attendre fiance, par 
essai, en premier, on chevauche les bœufs 
avec bastines, etc., etc. 

DIX-SEPTIÈME SIÈCLE. 
PROSE. 

« Monedo de la républico de Montalba. » 

( Légende des médailles frappées pendant le 
siège de Montauban.) 

Monnaie de la république de Montauban. 

« Capéla te fas penjat te bézi. » 

(Proverb. popul. du Quercy, né dans les 
luttes de la réforme.) 

Prêtre tu te fais, pendu je te vois. 

«Monseignou, 

» Clytio l'autre cop nympho, aro flouretto now bol' pas 
* desplega le bel ajançomen de sas feillos d'auraclos, que 



163 

» lé soulel nou l'y traméto qualque poûtet de sas caloure* 
» tos e coulouretos aymados. Un petit assemblatge dfc 
» gentillèzos non gaiizo pas se dire floureto noubélo se de 
» bostros fabous , monseignou , élo nou rétiro qualquo 
» doussoii dél que tout soulet li sera ço que lo gran lumi- 
» nari, dél cel es à toutos las esielos flouridos d'un par- 
» terro. Bertadieromen elo se ten fizo dé se manteni jouts 
» bostre noum , per que le souci, l'englanlino , e la biu- 
» leto s'y soun retirados, per despita l'injuro de cent 
» siècles , e nou se biazi que dan l'éternitat. Yen creyrio 
» boulountié que las Charitos en très flouretos se soun 
» cambiados afin qu'en bous elos pousquesson saluda lours 
• parentos ô beromen toutos gracio d'un esprit rabissen.» 

(Goudouli , Ramelet moundi 3 e floureto à 
messiro de Caminado.) 

Monseigneur, 

Clytie, autrefois nymphe, aujourd'hui fleurette, ne veut 
pas déplier le bel agencement de ses feuilles dorées avant 
"que le soleil ne lui ait envoyé quelques baisers de ses rayons 
tièdes, vermeils et chéris. Un petil assemblage de genii lies- 
ses n'ose pas se dire fleur nouvelle si de vos faveurs, mon- 
seigneur ! il ne retire quelques doux regards qui lui seront 
seuls ce qu'est le £rand luminaire des deux à toutes les 
étoiles fleuries d'un parterre. A parler vrai , ce bouquet 
se flatte de vivre avec l'appui de votre nom, car le souci, 
l'églantine et la violette s'y trouvent réfugiés pour braver 
l'injure de cent siècles, et ne se flétrir que dans l'éter- 
nité, Je croirais volpntiers (jue léà Grâces se déguisent en 



464 



fleurs, afin qu'en vous elles puissent saluer leurs sœurs, 
les véritables grâces de votre ravissant esprit 

Dans ce morceau, plein d'une exquise et 
délicate mignardise , se reflète, comme la lu- 
mière du soleil couchant, l'afféterie des muses 
italiennes, importée en France par les Médi- 
cis; et cependant, malgré la recherche et le 
goût détestable qui entourent la plupart de 
ces idées, les mois se prêtent si facilement à 
la mélodie, qu'il est peu de passages aussi 
harmonieux dans aucune langue européenne. 



POESIE. 

Voici, comme contraste,. une pièce du même 
auteur, où l'élévation des pensées le dispute 
à la vigueur et à la magnificence du style. 

« Can del coumu malhur uno niboul es euro 
» Entrunric la clartat de moun astre plus bel , 
» Yeu disi can la mort dan lou tail d'un coutel 
» Crouzec lou grand Henric sul libre de naturo ; 

» De roumecs de doulou mon amo randurado , 
» Fugic del gran sourel la pamparrugo d'or, 
» Per ana dins un roc ploura d'él et de cor 
» Del parterro francès labélo flou toumbado. 

» Ouéy tourni prene bent per ufla ma museto , 
» Que del rey ta plangut entoune uno cansoun : 
» Sur le bra^e Louis regitara le soun : 



165 

» Car al rasin reben l'aunou de la sâuqneto. 

» Que nou nous bengon plus brounzi per las aureillos , . 
» Ni César, ni le Grec que raouric pel talou. 
» Per dessus le boulum des princes de balou ' 

» Un Henric a clauût le mounde de merbeillos. 

» Les fourtunables reys doun le mounde fa festo, 
» Soun coumo de roubis pausats en roso d'or, 
» Oun le baient Henric , tout brasses é tout cor, v 

» Ero le diaman qu'oundrao tout le resto. 

» La terro en tremoulan al brut de sas armados 
» Li dounao la bouts per soun prumié seignou : 
» Tabe per le plassa dins le temple d'aunou , 
» Le cél l'abio fourmat à bertuts rapourtados. 

» O flourisso la pats , 6 touquesso l'alarmo ; 
» La justicio , la fe , la forço , la bountat , 
» E tout ço que le cél dono per raretat , 
» Coumo l'aygo à la mar se randion à soun armo. 

» Taleu que sur sou froun se pauséc la courouno , 
» L'englazi se neguéc al riu del debrembié , 
» La pals y ba béni , que de soun oulibié , 
» Y fée un bel emptëu sul laurié de Bellouno. 

» De sas milo bertuts la preciuso ritchesso 
» Croumpao d'un cadun le cor é l'affecciu ; 
» Soun cos se fasio beze un cél de perfecciu , 
» Àl lum de soun esprit , esclaire de sagesso , 

» Acos el que sul fi remetio la balanço 
» Taléu que la Rasou se plaigno d'un afroun : 
» Acos el que prenio la Fourtuno pel froun , 
» Que clabelao pey sul sceptre de la Franco. 

» A la fiéro des trucs el caillo qu'on le bisso , 
» Dan le foulse del bras esclafa le fer blanc , 
» Foulze que fasio courre un labassi de sang , 
» E regita de caps uno grosso granisso! 

» D'enemics animats un mounde se bandao 
» Per fa rebés del dret , que de dret li benio : 



166 

» Mes el éro l'Atlas que tout au sustennio, 
» E pçyssoun l'Herculet que tout au englaodao. 

» Coumo s'enbalauzis la bicho pel botiscatge , 
» Quan le sou del cournet dins l'aureillo li bat , 
» Àl noum del Grand Henric l'enemic eyssourbat ; 
» Fugio marrit de poou é beouze de couratge. 

» L'un sentio d'un estoc desclaba las coustélôs, 
» Per oun s'estourrissio le sang à (>el rajol ; 
» L'autre , que milo pics aloungaon pel sol , 
» Bésio soun paure cos. despartit en estélos. 

» A tal dedins un parc le lioun se boulégo 
» Al mitan des raoustis, del pastre , é deys aignels ; 
» Atal à cops de dens, de coûo, d'arpos e d'els , 
» Les espauris , esquisso, endoulomo , mousségo , 

» Hurous le que labets éro à la picouréo , 
» O que sero mudat dan las armos à bas , 
» Per biure non caillo que cambos sens e mas, 
» £ se rooustra puléu cerbi que Briaréo. 

« Jamay , cap d'autre rey nou fée talo soulado 
» De cosses de souldats esquitats an la mort . 
» E Carôun jamay plus non troubec à son port 
» D'esperitz desoussats ta rabento menado. 

» Do une, 6 tygre cruel , piri que l'ours salbatge , 
» Pla t'abion poussedit las feramios d'ifer, 
» Quand ta scarioto ma s'anec arma de fer, 
» Seignour Dieu , contr'un rey que daurao nostr'atge. 

» Qui te piégée le bras de tant d'asseguranço , 
» Que nou fiblesso pas jouts l'ourrou d'un tal cop , 
» Sampa l'esprit de néyt , que li trigao trop 
» Que bisso r'eboundut le soulel de la Franco. 

» De l'auratge emmalit d'uno guerro coumuno 
» Tu bouillos treboula le calme de la pats , 
» Mes tous cops en nourre foureguen dissipats , 
» Taléu que d'un d al phi Diu fazee un Neptuno. 

» Abalisco le gus, de qui la maprouphano 



16T 

» Ben de rounça pel sol l'aiita de la bertut : 
9 Soun cop passo lou cop d'aquel autre perdu t 
» Que fec un fougayrou del temple de Diano. 

» Escantit es le lura , usât es le bel moble 
» De qui la terro fec l'aunou de soun ostal , 
» La descarrado mort d'un cop tout à bel tal 
» Endrom dedins le clôt , lé pages et le noble. 

» Le mou Dde es uno mar oun coumo joust de belos , 
» L'hôme sent quado jour quaouque ben d'affliction ; 
» Mes nostre rey, cou mail de touto perfection , 
» Hurous hoste del cel trapejo las estelos. » 

Quand du commun malheur une nuée obscure 
Étouffa la clarté de mon astre si beau , 
Moi je dis quand la mort du tranchant d'un couteau 
Raya le grand Henri du livre de nature : 

Des ronces de douleur mon âme hérissée 
Fuit du brillant soleil la chevelure d'or, 
Pleurant d'oeil et de cœur, hélas ! pleurant encor 
Du parterre français la noble fleur brisée. 

Aujourd'hui tristement ma musette s'éveille. 
Du roi si regretté je vais faire chanson ; 
Et sur le bon Louis retentira le son , 
Car au raisin revient tout l'honneur de la treille. 

Qu'on ne nous vienne plus bourdonner aux oreilles 
Ni César ni le Grec frappé par le talon ; 
Les princes de valeur mettent bas pavillon, 
Un Henri a comblé le monde de merveilles. 

Les fortunables rois dont le monde Mt /este 
Sont comme des rubis gravés en roses d'or, 
Où le Taillant Henri tout bras , tout cœur d'abord 
Était le diamant qui parait tout le reste. 

La terre , tressaillant au bruit de ses armées , 
En lui donnant sa voix le nommait son seigneur; 
Aussi , pour le placer dans le temple d'honneur, 



168 

Le ciel nous l'avait fait de vertus rapportées. 

Soit qu'il fleurit la paix , soit qu'il mît tout en flamme; 
La justice , la foi , la force , la bouté , 
Et tout ce que le ciel donne avec rareté, 
Comme Tonde à la mer affluaient à son âme. 

Sitôt que sur son front reposa la couronne 
On vit l'onde d'oubli toute peur charrier, 
Et revenir la paix qui de son olivier 
Greffa splendidement le laurier de Bellone. 

De ses mille vertus l'opulente richesse 
Achetait de chacun l'àme , l'affection ; 
Son esprit éclatant, ciel de perfection , 
Brillait de vérité, rayonnait de sagesse. 

C'est lui qui sur son point remettait la balance 
Aussitôt que le droit se plaignait d'un affront ! 
C'est lui qui saisissant gloire et fortune au front 
Les clouait de sa main au sceptre de la France. 

Il faisait beau le voir à la foire cruelle , 
Au grand marché des coups écraser le fer-blanc , 
Faire éclater soudain un orage de sang 
Et de têtes tomber une effroyable grêle! 

Vainement d'ennemis un monde se propose 
De faire rebrousser l'heur qui droit lui venait; 
11 était cet Atlas qui les cieux soutenait 
Et l'homme herculéen qui brisait toute chose. 

Comme va palpitant la biche en le bocage 
Lorsque le son du cor dans l'oreille lui bat, 
Au nom du grand Henri l'ennemi du combat 
Fuyait chargé d'effroi, vide de tout courage. 

L'un sentait d'un estoc les horribles morsures 
Par lesquelles son sang à gros bouillons coulait: 
L'autre que de cent coups le soldat immolait 
Voyait son pauvre corps s'en aller en blessures. 

Tel au milieu d'un parc un fier lion se plonge 
A travers les brebis et les agneaux tremblants; 



169 

Tel des dents , de la queue et de ses yeux, sanglants 
Il les glace d'effroi, les déchire, les ronge. 

Heureux ceux qui vaguaient lors à la picorée 
Ou qui jetaient pour fuir l'arme dans les chemins ! 
Pour vivre il ne fallait que des jambes sans mains, 
Et plutôt imiter le cerf que Briarée. 

Jamais un autre roi ne fit telle litière 
De corps et de soldats abattus par la mort , 
Et plus jamais Caron ne trouva sur son port 
De cadavres en sang une foule plus fi ère. 

Donc, ô tigre cruel, pire que Tours sauvage, 
Bien t'avaient possédé les filles de l'enfer, 
Pour que ton bras perfide allât s'armer de fer 
Seigneur Dieu ! contre un roi la gloire de notre âge. 

Qui t'étaya le bras d'une telle assurance , 
Qu'il soutint sans faiblir la noirceur de ce coup? 
L'esprit du mal sans doute : il voulait tout à coup 
Voir coucher dans le deuil le soleil de la France. 

De l'orage fougueux d'une guerre commune 
Tu voulais obscurcir le calme de la paix : 
Mais les vœux criminels ne succèdent jamais 
Lorsque Dieu d'un dauphin veut bien faire un Neptune. 

Meure le scélérat de qui la main profane 
Vient de jeter à bas l'autel de la vertu , 
Son coup passe le coup de cet autre perdu 
Qui ne fit qu'un seul feu du temple de Diane. 

Éteint est le flambeau , le riche meuble tombe , 
De qui la terre avait son honneur principal. 
L'impitoyable mort, d'un coup toujours égal 
Le noble et le bourgeois met dans la même tombe. 

Le monde est une mer où comme sous des voiles 
L'homme sent chaque jour un vent d'affliction , 
Mais notre roi , pavois de la perfection , 
Heureux hôte des cieux foule aux pieds les étoiles. 

Comparez cette poésie toute nue (car en la 

15 



170 

traduisant on lui dérobe la meilleure partie 
de son charme) avec l'ode sur le même sujet 
de Malherbe, son contemporain, et l'avan- 
tage ne sera pas, je crois, du côté du poète 
normand. Par un rapprochement étrange, il 
y a dans cette pièce des strophes dont l'origi- 
nalité sauvage égale les plus beaux morceaux 
d'Ossian, et des pensées aussi grandes que 
celles de Corneille. L'ode suivante, emprun- 
tée au dialecte de l'Auvergne, est loin d'at- 
teindre cette hauteur d'idées et cette perfec- 
tion de style. 



l'home eirou. 



« Quaquèti z-ei heirou , que de ré ne se melo ; 
» Quei counten de teni la quoùa de sa padelo , 
» Et sén sendardina ma de ce quei cha-se 
» Ne mor pa soun pose; 

» Qu'aten par se leba la gengouillante aubado , 
» Que foûe tou lau mati sa petito meinado, 
» Qu'augi chanta soun jau, et ve de soun chabe 
» Soun douëire que bu be; 

» Que ne cren ni sarjan , ni parcurur , ni juge, 
* Que ne sémaïo pa quoque cuio que le juge, 
» Que na gi de pape per jagoussa chacun, 
» £ ne ten re d'aucun 1 . . 

» Quo plazei deou avei un home de la sorto 
» Que se chin un beau be alentou de sa porto, 



171 

» Sen re deaure & seignour tou ben quitte es tou cheau 
» Laboura de sau beau ! 

» Quo plazei deicauta marmouta din la prado , 
» Entre de peti rô la cliaretto naiado, 
» Se plonge d'au caliou que li fazon l'affroun 
» De li rima le froun ! 

» Ente Tau auzelou disputon embei l'auro 
» Que foué millo fredou por lagina la floro 
» Qu'en revencho d'aqou touto pleno d'amour 
» Li fouë un lei de flour. 

» Cependen le soulei deiplegeo sa tealetto 
» Per s'ana repauza din sa matto couchetto, 
» La manobro n'a beu et tou quitton la mo 
» En apeitan démo. 

v L'an Gran ne tatou pa lau plazè de la vido 
» Entre tàn de traça la joio-z-ei bannido, 
» L'anvegeo, le souchi, l'embichiau è l'amour, 
» La cbasson de la cour. 

» Qu'où nei ma par semblan quan lo le se foûe veire 
» Coumo on trompo un efan dedin un rouge veire, 
» Vougnya ma la mouëizou de moun borne counten 
» Onte gl'y ei en tou ten. 

» Ati le trô gran bru neissorbo, la auriglia, 
» Ati l'on ne cren re de l'honnour de la figlia : 
» Ati l'on cren be moue le ravage d'au lou 
» Que la ma d'au filou. 

» Anfin, aquou ei le glio, ou le repd habito : 
» Onte le vré plazei sen farda se deibito , 
» Onte l'on dor sen pan d'avei de fau vegi 
» Ni moue tro de cugi.» 

(Joseph Pasturel, chantre de l'église de Montferrand, 1676.) 



172 



l'homme heureux. 



Qu'il est heureux, celui qui de rien ne se mêle ; 
Qui , content de guider sa petite nacelle , 
Sans se mettre en souci de ce qu'on fait au loin 
Ne sent pas le besoin ; 

Qui , pour se réveiller, attend la sérénade 
Que lui donne au matin son enfantine escouade 
Qui , dès le chant du coq , voit du haut de son lit 
Le pot noir qui bruit; 

Qui ne craint ni sergent , ni procureur, ni juge , 
Qui s'embarrasse peu de celui qui le juge , 
Qui n'a pas de papier pour harceler chacun , 
Et ne tient rien d'aucun! 

Oh ! quel plaisir de voir un homme de la sorte 
Qui se sent un beau bien à l'entour de sa porte 
Sans devoir au seigneur, quitte à l'égard d'autrui 
Guidant ses bœufs à lui! 

Quel plaisir d'écouter murmurer dans la plaine 
Entre de petits rocs la Naïade sereine , 
Se plaignant des cailloux qui lui font cet affront , 
De lui rider le front ! 

Il entend les oiseaux disputant avec l'Aure * , 
Qui fait mille fredons pour lutiner sa Flore; 
Elle, pleine d'amour, pour payer ses ardeurs 
Lui dresse un lit de fleurs. 

Cependant le soleil a plié sa toilette 
Pour s'aller reposer dans sa pâle couchette , 
On suspend le travail , on retire la main , 
En attendant demain. 

Les grands ne goûtent point le plaisir de la vie , 
1 . Aura, Zéphirc. 



173 

Ils ont trop de chagrins, et la joie est ravie, 
L'envie et le tracas , l'ambition , l'amour 
La chassent de la cour. 

Pour moi , j'en ai ma part! J'y fus, pauvre trouvère, 
Gomme un enfant qu'on trompe avec un rouge verre; 
11 vaut mieux la maison de mes hommes contents , 
Gomme ils sont en tout temps. 

Ici, pas de grand bruit qui bourdonne et babille; 
Ici , l'on ne craint rien pour l'honneur de sa fille ; 
Ici, l'on craint bien plus le ravage des loups 
Que la main des filous. 

Enfin ce sont les lieux où le repos habite , 
Lieux où le vrai plaisir sans drogue se débite, 
Lieux où l'on dort sans peur d'avoir de faux voisins , 
D'avoir trop de cousins. 

Cette traduction d'une pièce de vers si sou- 
vent traduite ne manque pas de grâce, mais 
elle reste pour la facilité au-dessous des vers de 
Claude Bruys et de Tépître du poète nimois 
sur les embarras de la foire de Beaucaire. 



A lo viscontesso de Pourrièros. 

« Fau qu'you vou digui, ma cousino , 
» Que voûstro rimo es délia fino , 
» Yuostreis vers son tanben rimas 
» Chè de cadun son estimas, 
» É non crési pas ché s'en fasso 

15 



174 

» Gès de millous mena' en Parnasso. 
«Vous dises que vers lou pourtau 
» Vous feriats un pichon de mau, 
» Yon v'asseguri sus ma vido 
» Que n'en siou très que ben marrido. 

» Perço que dias que mon despart 
» De prou de regrets tous fa part, 
» Deveraï m'avés devançado ; 
» Siou toujoun agudo fachado 
» Despueys lou tens de nostr' adiou. 
» Mas per segur un' autre estiou 
» Se viven pourren nous reveïre, 
» Tant y a que tous pregui de creire 
» Qu'en touto part de noch de jour 
>» Nou sauprion que v'amar toujour.» 

(Claude Bruys, écuyer d'Aix, 1636.) 

A Ut vicomtesse de PoUrrières *. 

Il faut vous dire, ma cousine, 
Combien votre muse si fine, 
Combien vos vers si bien rimes 
De tous ici sont estimés ; 
Je ne pense pas qu'on en fasse 
De plus jolis, même au Parnasse. 
Vous avez, dites-vous, souffert 
En heurtant au portail de fer; 
Moi je vous jure sur ma vie 
Que mon âme en est très-marrie. 

En m'écrivant que mon départ 



l, Pes champs de Marius, campi Putrifli^ 



175 ' 

D'un peu de regret tous fait part, 
Vous avez devancé ma plainte; 
Car ma joie est vraiment éteinte 
Depuis le jour de notre adieu. 
Mais Tan prochain, s'il plaît à Dieu, 
Nous nous verrons, je vous l'assure : 
Croyez bien, je vous en conjure, 
Qu'en tous lieux les nuits et les jours 
Je suis à vous aimer toujours. 



l/EMBARRAS DE LA FiÉRO DE REACCAÏRÉ 

« Environ lou miech de juillet 

» Me rencountran tout beau soulet 

» Dessus lou rouquas de Beaucaïre; 

» Et sachant qu'on n'y avié pas gaïre 

» Jusqu'à la fieiro que s'y ten 

» Là ont'a de tan bel argen : 

» La curiositat de ben veire 

» Ce qu'à peno yeou poudié creire 

» A fach que sus aquel roucas 

» Ay bastit coumo un pichot mas * 

» Ou ben capitêlo carrado , 

» Per ben remarqua l'assemblado 

» Que s'y fai din tant pan de tens , 

» De diverso sorto de gens. 

» Premieiromen yeou ai vist faire, 
» Per lou s charpentiers de Beaucaïre, 
» Las cabanos lou loung d'au prat, 
» De l'un et de l'autre coustat , 
» Forman cou m' uno grand carrieiro, 
» C'est-ft-dire vêla la fieiro 



. 176 

» Que se tendra din paûc de tens. 
» Penden qu'ai de liïien vist de gens 
» Que venien devers la Provenço, 
» Et dizien qu'avien fach défenso 
» A toutos gens , pichots et grans , 
» Jusqu'os as mendrei artisans , 
» D'ana teni la M adaleno 
» Su l'hazar de paga la péno , 
» Ordounado dau parlamen, 
» Quon saquito pas an d'argen 
» Mai de punitiou corporello. 
» Vêla lous consouls en cervélo 
» Sonjon d'assembla prontamens 
» Lou consel et forc'autros gens , 
» Per députa dins la Provenço 
» Et saupre don ven la defenzo 
» Qu'an fach émbé tant de rigou. 
» Gependen lou travailladou 
» Marchan, artizan , labouraire 
» Et tout lou poblé de Beaucaire 
» Son tristes jusqu'os à la mort. 
» Se van permena vers lou port 
)> Et dison Maudito nouvelè , 
» Que nous as-tu mes en cervélo! 
» S'assemblon per lous cabarès : 
» L'un dis Aco nou sara res 
» Qu'un inventiou das fou ren aires. 
» L'autre dis Toutes lous affaires 
» Non podon qu'ana de travez. 
» Un autre dis , Et ben savez 
» Qu'au an députât en Provenço? 
» Et l'autre dis, mal'escourrenço 
» Prenguo consouls et conseillez 
•a Sestrantalon, dedin loursliez 
» Penden qu'en grando diligenço 



177 

» DevienanaperlaProvenço 

» Publia la fieiro' autamen 

» Et faire que lou parlamen 

» Nous fougues un pauc favorable. - 

» L'autre dis Yeou me donne au diable 

» Se sonjon qu'a gagna d'argenî 

» Chacun ne dis soun sentimen. 

« Cependen la maison de villo 

v A députât qûacun que filo 

» Din la Provenço prontamen 

» Per fa requesto au parlamen 

» De retracta soun ordounanço 

» Que tous l'intéres de la Franco 

» Es que san gès d'empachamen 

» ^a fieiro se tengu' autamen 

» Et que las provinços vezinos 

» Non dévon pas faire las finos, 

» Car s'y fai de braves proufits 

» Que fau pourta de béaus habits. 

» Mai coumo chacun se travaillo, 

» Qu'un parlo mau , que l'autre raillo , 

» Vez abourda un cavalié 

» Que venié devers Monpelié 

» Et tout equan tout en fatiguo. 

» Un chacun quitto sa boutiguo, 

» Cirurgiens, noutaris , marchans 

» Pouticaris et artizans ; 

» Bref tout lo poblé de la villo 

» Que marchavo coum' à la filo 

» Per sauprè del ce que se dis 

m De leur fieiro diu soun païs : 

» Coussi (diguet el) yeou en sai vene 

» Tout espressomen per aprène 

» Que déven nautres dévéni 

» Carcassouno ma fach veni 



178 

» Per saùpré' al vrai se votro fieiro 
» Se tenra miej'ou ven entieiro, 
» Se la Franchiso valdra res ; 
» Car ce que vautres me dérès , 
» Me cal manda perde messages 
» En villos mazes è vilages , 
» Autmens de tout nostre quartié. 
» Qu'avés après de Montpélié 
» (Li dis qu'aucun de lo compagno)? 
» Ah ! sou dis el quinto magagoo 
>> Lous marchans sai voulriou veni, 
» Lou poblé crido que nani. 
» La cour des aidos s'y appauso. 
» Jamai non ai vist talo causo. 
» Lou présidiat ou voudro bé , 
» Et lou gouvernur atabé : 
» Enfin la villo es mai troublado 
» Qu'uno fenno ambé sa bugado. 
» Vêla perqué , se me créses, 
» Lai députarês tout exprés 
» Per faire que lou moandé venguo. 
» A perpaùs prenen un paûc lenguo. 
» De Nismcs, Soumeire et Uzez 
» (Sou dis qu'aucun) que ne disez?. . . 
» Aqui (dis el) n'y a rê de pire 
» A Nimes lai crebon de rire, 
» Et se crezou que lous marchans 
» Vendrou coumo fai quanqués ans 
» Dins lours oustals fa lurs emplétos. 
» A Uzez que soun daiguos quetos 
» Demorou sus soun trento-un. 
» A Soumeire per lou cou m un 
» Non se metton pas en gran peno 
» Non soui pas passât en Séveno, 
» Mai n'y a forço qu'on vendran pas 



179 

» Se vitomen non députas 

» Vers Monpelié et sous passages. 

» Se me cresés et se ses sages. » 

Environ vers la mi-juillet 
Je me rencontrai tout seulet 
Au haut du grand roc de Beaucaire ; 
Et sachant que nous n'avions guère 
De jours à voir couler avant 
La foire où passe tant d'argent , 
Je voulus voir dans cette foire 
Ce qu'à peine je pouvais croire 
Et sur le sommet du rocher 
Une tente je vins percher 
Ou bien une hutte cariée 
Pour bien observer l'assemblée 
Qui s'y tient en si peu de temps 
De diverses sortes de gens. 
Là premièrement je vis faire , 
Par les charpentiers de Beaucaire , 
Des cabanes le long d'un pré , 
De l'un et de l'autre côté. 
Formant comme une grande rue. 
La foire ici sera tenue, 
Et ma foi dans très peu de temps. 
Après de loin j'ai vu des gens 
Venir du côté de Provence , 
Disant qu'on avait fait défense 
A tous hommes , petits et grands , 
Jusques aux moindres artisans , 
D'aller tenir la Madeleine 
A moins d'encourir une peine 
Que décrétait le parlement 
Et qui n'était pas de l'argent 
Mais punition corporelle- 



180 

Voilà les consuls en cervelle. 
Ils assemblent très-diligens 
Le conseil et bien d'autres gens 
Pour députer dans la Provence 
Et savoir d'où natt la défense 
Objet de ces dures rigueurs. 
Et cependant les travailleurs , 
Marchands, artisans, le vulgaire, 
Et tous les bourgeois de Beaucaire , 
Sont tristes jusques à la mort. 
On les voit errer sur le port 
En disant : Maudite nouvelle, 
Que tu nous troubles la cervelle ! 
Puis ils vont chez les taverniers : 
L'un dit : Ce n'est rien, je l'espère , 
Qu'une invention des fourniers . 
L'autre lui réplique : L'affaire 
Ne peut que marcher de travers. 
Cet autre, les yeux grands ouverts: 
Qui députe-t-on en Provence ? . 
Et celui-ci, mâle influence, 
Serre ces conseillers maudits : 
Ils se prélassent dans leurs lits, 
Tandis qu'en grande diligence 
H faudrait aller en Provence 
Crier la foire hautement, 
Et tâcher que le parlement 
Nous fût un peu plus favorable. 
L'autre dit : Je me donne au diable 
S'ils songent à rien qu'à l'argent. 
Chacun émet son sentiment; 
Et pourtant la Maison-de- Ville 
A député quelqu'un qui file 
Dans la Provence lestement 
Pour supplier le parlement 



181 

Car les intérêts de la France 

Voulaient que sans empêchement 

La foire se ttnt hautement. 

D'ailleurs les provinces voisines 

Ne devaient pas faire les fines, 

Car on en tire des profits 

Qui font porter de beaux habits. 

Tandis que chacun se travaille, 

Que l'un dit mal, que l'autre raille, 

Voici donc que de Montpellier 

II nous arrive un cavalier 

Suant, soufflant. Chacun déserte 

Son logis, sa boutique ouverte; 

Chirurgiens, notaires, marchands, 

Apothicaires, artisans, 

Bref, tout le peuple de la ville 

Qui cheminait comme à la file, 

Criant à la fois : Que dit-on 

De la foire en votre canton? 

— Mon Dieu ! dit-il , on m'a fait rendre 

Ici tout exprès pour apprendre 

Ce que nous devons devenir : 

Carcassonne m'a fait venir 

Pour connaître ce qu'il faut croire, 

Si l'on tiendra toute la foire 

Et si la franchise vaudra, 

Car tout ce que l'on me dira 

Je dois le mander par messages 

Dans les villes, bourgs et villages; 

Autrement de notre quartier 

Que pense-t-on de Montpellier? 

Dit quelqu'un de la compagnie. 

— ■ Ah! répond-il, quelle avanie! 

Les marchands voudraient bien venir, 

Le peuple veut les retenir, 

te 



182 

Et la cour des Aides s'oppose. 

Jamais on ne vit telle chose. 

Le présidial le voudrait bien, 

Le gouverneur ne dirait rien. 

Enfin, la ville est plus troublée 

Qu'une femme avec sa buée. 

Voilà pourquoi, si m'en croyez, 

Députez-leur deux envoyés 

Pour leur faire votre harangue. 

À propos, prenons un peu langue : 

Nîmes, Sommière, Usez, là-bas, 

Que dit-on de notre tracas? 

Repart un autre: « Ah !' c'est bien pire, 

A Nîmes l'on crève de rire, 

Car on pense que les marchands 

Viendront, comme en ces derniers ans, 

Faire les achats dans la ville. 

Ceux d'Usez, qui sont eau tranquille , 

Demeurent tous sur le trente-un. 

Quant à Sommière, le commun 

Ne s'y met pas beaucoup en peine. 

Je ne passai point en Cévenne, 

Mais il manquera bien des gens 

Si vous ne vous montrez plus sages 

Et n'êtes pas plus diligents 

A députer vers les passages. 

J'ai cité une partie de cette pièce faible- 
ment écrite, mais qui nous retrace au naturel 
la physionomie de la vieille Provence avec 
son parlement, sa cour des aides, ses con- 
suls, ses présidiaux, son gouverneur et sa 
bourgeoisie musarde, curieuse, bavarde et 



avide de gain. Pouf le style du reste, entre 
ces vers et ceux qu'on' va lire, il f a une no- 
table différence. 

OOMSOO DEL L. BOUSSCT, 

Sur s* mestresso* 

« Filift se n'oves lou cor 
» De calquo tigro; 
» Escoutuch oquel que mor 
» Per boas de migro. 

» Sourtis, bel astre d'amour» 

» E lo nech sombro 

» Pus plosento que lou jour 

» Sero sans ombro. 

» 

» Tuch oquel petit flombels 

» Que son o l'aïre 

» Sedoron o vostres els 

» Tout lour esclaïre.» - 

(Rousset de Sarlat, 1694.) 

m 

CHANSON DU SIEUR ROUSSET, 

Sur sa maîtresse* 

. Phttls, si tu n'as le cœur 
, . D'une tigresse, 

Écoute celui qui meurt, 
Meurt de tristesse. ; 

Sors, brillant astre d'amour, - .. 

Et la nuit sombre, 
Plus plaisante que le jour, 

Sera sans ombre. 

r 

Gar tous ces petits flambeaux 
Qui dans l'air brillent 



184 

Bien moins que les yeux si beaux 
An ciel scintillent. 



Le reste est dans le style insupportable de 
l'époque. Le poète s'y plaint des rigueurs de 
Philis en métaphores ,de plus en plus ridi- 
cules : ainsi, le ciel pleure de pitié en voyant 
sa peine, et ces pleurs forment la rosée \ 



DIX-HUITIÈME SIÈCLE. 
PROSE, 

« L'an milo sept cens quatre bin woueit 2 et lo bingt del 
»més de décembre, din Toustal communal de la bilode la 
• Francézo , daban nos Estiennes Rioùtort cosséillé del 
» Rey , méro de la dito bilo. 

»Fouguéroun assemblats en cos dé coumunautat m" 
»Guillaumés Labal liuténen de méro, Bertrand Dom- 
opeyre prumié cossoul , G. Ferrie segound css. Guillau- 
» mes Lacroix percuraire del rey, syndic de la coumuno, 
»J. Teouliéros, Bourganel, Ramon Martel , J. Béni, 
«Meric, aquesfis darmés cosséillés poulitics, J. B. Laf- 
»foun aynat ancien cossoul, F. Izernos ancien coss. 
»Guillaûmés Laffoun cattet, surgen de mariao, F. 

1. Nous devons au zèle éclairé de M. J.-B. Lascoux (de Sarlat) 
une excellente édition des poésies de Kousset. Sarlat, 1839. Chez 
Dauriac, libraire. 

2. Les habitants du comté de Galles prononcent exactement ce 
mot de la même manière. 



1S5 
• Fanrat ancien liciitenen de méro... Tchaquès, Àntoiiè'no 
■Maoury de St. Bitor ancien oufficié de caballayo, Tcha- 
»quès retcharman aboutcat en parlomen, ancien méro '. 
»— (Délibération de la commune de La Française (Tarn 
■et Garonne) sur la manière de députer aux Élats- Gé- 
nnéraux.) » 

L'an mil sept cent quatre-vingt-huit , et le vingt dn 
mois de décembre, dans l'hôtel communal de la ville de 
La Française, devant nous, Etienne Rieutort, conseiller 
du roi , maire de ladite ville. 

Furent assemblés en corps de communauté MM. Guil- 
laume Laval, lieutenant de maire; Bertrand Dompeyre , 
premier consul ; G, Ferrie , second consul ; Guillaume 
Lacroix , procureur du roi, syndic de la commune; J. 
Teulières, Bourganel, Baimond Marte 
rie , ces derniers conseillers politiques ; 
ancien consnl; J. Izernes, ancien ce 
Lafon cadet, chirurgien de marine; G 
ancien lieutenant de maire; Antoine 
Victor, ancien officier de cavalerie ; Jac 
avocat en parlement, ancien maire, etc., etc. 

I . L'original existe en français dans tes archives de la com- 
mune, mais cet extrait est piis «le la traduction que l'ancien 
maire en avait faite pour lire aui paysans, et qu'il m'a donnée 
en 1839. 



*86 



POÉSIE, 

LA WH8SOD. 

« Oltrto, oici Sent-Jau qu'onnonçe lo récoHo, 

« Pin ptftc de btet ooabel pourren ôura una motto. 

» Segaïres, oculats ozugats loubouloun, 

» Quo lo pouncho del joun déma tout prengo boun. 

» Tout escas de brilla cesso lo poulsinieyro : 

» E coumenço o fuzi l'estelo motyniero , 

» Qu'on bey Ion Poges courre ou se colo ol trobal, 

# B tout premieyromen toumba sa rordkaL 

» L'ordi n'es pas ol sol, qu'ol ferré obondeunado, 

» Dé lo fiéro ségniol lo tijo es ronbersado. 

» 01 liech obont lou jour trouborias pas un cat; 

» Semblo qu'en oquel tems dé dourroi sio pécat. 

» Exceptât lou maïnatgé encaro o lo bressolo, 

» Que font Ion Jour soulet se plouro, se désolo, 

» Ton! lou moonéé es oe eomps; tous boustats son déserts. 

» OUI quoni del tambour lou soua frappo 1ms airs , 

» É que d'uno botatylo onnounço los otermos» 

» Cadnn quitto sq caso é bo préné Los armos . 

» Laos grands é Ions pichous courrou sus l'énémic; 

» Lou pus poultroun s'opresto o l'y soca soun pic. 

» Dé mêmes ol trobal lou mens bolent s'escrimo, 

» Del bras é dé lo boix lou Pegés loos onîmo ; 

» L'ansissés quand quaouqu'un s'aouso un bricou pausa , 

» Crida coumo un obuglé : You bésé cal y fa. 

» Soun uel dé cap o fbunds persec toujour lo colo , 

» É dé tontes dé soins l'espoir soûl lou counsolo: 

» Sap qu'auro léou per biouré , é dé micho , é d'orgen. 

» Del dina cependant orribo lou moiimen ; 

» O l'oumbro d'un gorric lo troupo es ossemblado; 

» Cadun dé soupo o l'ail mongeo uno cscudélado > 

» An miéjo houréto oprès per faire lo dourmido; 



, 187 

• 

» Mais o péno an cutat que l'ocoulat lour crido : 
» Olerto, olerto, éfons, lou Soulel fo comi (1); 
» Lo nuech noun pas lou jour es fachoper dourmi. 
» Sul ser , tont que se pot , lo gobélo liado , 
» Es , dé peou dé mal tems, en pilos orrengado ; 

» Mais qu'es oïço? grond Diou ! crésé que ploou dé flamo; 

» Loubrondou del Soulel nous coy jusquos o l'amo; 

» Sous fougousés chobals dé fotigo oltérats , 

» Bubou Thumou dés comps, poumpou lou suc dés pratz , 

» Los flours penjou lou col sus lour combo sécado, 

» Del riou lou pus bordit lo courso es orrestado; 

» É dé l'astre brûlent l'insuppourtable ordou , 

» Dins soud humide obric bo grilla lou peyssou. 

» Ount se téné ? soun fioc oluco lo noturo , 

» Oben bel dé lo nuech imploura lo frescuro , 

» Se mostro pas puléou qu'o despochat soun tour j 

» Soun crespé entré porétré es perçât per lou jour. 

» Sus soun corriol d'orgen é trempé dé rousado, 

v Lo mouilho dé Titoun , quond fosio so tournado , 

» Dé larmos, ol printems, orrousabolos flours; 

» Huey passo coumo un Iious sons ré pend ré de plours. 

» Del lun dé l'unibers l'orribado trop proumpto , 

» Lo surprend talomen que , sio despiech, sio hounfo, 

» Entré oburé onnouncat lo bengudo del jour , 

» S'estrémo, é lou soulel es d'obord dé rétour. 

» O péno sous royouns dés puecbs daourou lo cimo , 

» Que lou fioc dé lo beillo o l'instent se ronimo. 

» Olaro on noun bey pus un aussélou boula ; 

» Gadun joust un fuillatgé es topit sons pioula. 

» Huroux que dins un bosc, sus un topis dé mousso , 

» Pot aro del zéphir huma l'holéno douço ! 

1. On ne persuadera jamais aux paysans que la terre tourne 
autour du soleil. 



188 

» Ou que per omourti lou brosié dé l'estiou , 

» Se ploangeo jusqu'ol col dins lou cristal d'un riou. 

» Sus un sol mosticat d'orgilo pla bottudo , 

» Os regards del Soulel lo garbo es estendudo. 

» Lo colcado coumenço , é déjà lous flogels 

» Del fabré, sus l'enclume, imitou loos mortels. » ' 

(C. Peyrot, prieur dePradinas, las Quatre 
Sosous, géorgiques patoises, chant u.) 

LA MOISSON. 

Voici par la Saint-Jean la récolte annoncée. 

Bientôt du blé nouveau nous ferons la jonchée. 

Aiguisez , moissonneurs , ces fers tranchants et longs, 

Qui vont au point du jour luire sur les sillons. 

De la couvée , enfin , meurt la lumière pâle, 

Et l'on yoit resplendir l'étoile matinale. 

Aussitôt le fermier court, au soleil levant, 

Au champ où l'orge ondule et se balance au vent. 

Après cette moisson au fer abandonnée, 

De ee seigle si fier la tige est renversée. 

Au lit, avant le jour, pas un chat n'est couche ; 

On dirait qu'en ce temps dormir est un péché. 

Sauf l'enfant qu'au berceau nulle voix ne console , 

Et qui seul tout le jour gémit et se désole , 

Tout le monde est aux champs et les toits sont déserts 

Ainsi quand du tambour le son frappe les airs , 

Et vient d'une bataille annoncer les alarmes , 

Chacun fuit son logis et veut prendre les armes. 

Les petits et les grands courent à l'ennemi , 

Du poltron même alors le cœur est raffermi. 

Tel le plus paresseux à la tâche s'escrime : 

Du bras et de la voix le fennier les anime; 

On l'entend, lorsqu'un d'eux semble fléchir tout bas, 

Crier comme un aveugle : Allons! je ne dors pas! 



189 

Sor les riches moissons partout son regard Yole, 
Et des soins du passé l'espoir seul le console : 
Bientôt il doit avoir des gerbes, de l'argent. 
Cependant du dtner arrive le moment : 
Au pied d'un chêne vert la troupe rassemblée 
Mange la soupe à l'ail à pleine cuillerée. 
Quelques instants après ils dorment : Mais la voix 
De leur chef retentit une seconde fois : 

Alertes, mes enfants, le soleil marche et fuit; 

Alertes, levez-vous, nous dormirons la nuit. 

Il fant que vers le soir, chaque gerbe dorée 

Soit, de peur de l'orage, en tas amoncelée.... 

Mais qu'est ceci , grand Dieu ! pleuvrait-il de la flamme ? 

Le brandon du soleil nous brûle jusqu'à l'âme, 

Et ses coursiers fougueux , de fatigue altérés , 

Boivent l'onde des champs, l'humidité des prés. 

La fleur touche en tombant la terre calcinée , 

Des ruisseaux les plus vifs la course est enchaînée, 

Et de l'astre brûlant la cruelle cuisson 

En son humide abri va griller le poisson. 

Où se cacher? Ses feux embrasent la nature; 

On implore à grands cris la nuit et la verdure; 

Mais à peine la nuit reparaît à son tour, 

Que son voile aussitôt est percé par le jour. 

Avec son char d'argent humide de rosée , 

La femme de Tithon , en faisant sa tournée , 

De larmes au printemps rafraîchissait les fleurs; 

Elle fuit aujourd'hui sans répandre des pleurs. 

Du Dieu de l'univers la descente trop prompte 

La surprend tellement que, soit dépit, soit honte, 

Après avoir rouvert les barrières du jour, 

Elle part : le soleil est déjà de retour. 

A peine ses rayons des rocs dorent la cime, 

Que le feu de la veille à l'instant se ranime ; 



490 

Alorgmn* vattptafttt MdotoM voter, 
Alors, sont les rameaux, ils refilent «ans chanter. 
Heureux qui, dans les bote, sur on tapis de mouise, 
Peut alors du zéphyr humer l'haleine douce! 
Ou qui, peur amortir cette ardeur dans les eau, 
Se plonge tout entier dans l'onde des ruisseaux. 
Cependant, sur l'argile avec forée battue, 
Aux regards du soleil la gerbe est étendue. 
Le bataillon s'avance , et bientôt les fléaux, • . - 
Retombant en eedence, Imitent les marteaux. 



CHANSON QUERCINOI8E. 



« O <tuos es estai touxour dit 

» Pes xen de-boun sens et d'esprit , 

» D'é la bido g lo mor, 

» lio fenno es un trésor; 

» Gonten lou moridaxe, 
» Bibo l'omour, bibo l'omour, 
» Conten lou moridaxe, 
* Bibo l'omour net et xour. 

» Uno dono es dins un oustal 
» So q'es un bioloun dins un bal ; 
» Sons ello tout péris 
» Et sons el tout longuis ; 
v Conten , etc. 

» Lou nobi ris de tou soun cur, 
» Sen gasto plo lou bel moussu r! 

» To plo coumo el ririon 

» S'o so plaso serion. 

» Conten, etc. 

» Lo nobto ris égalomen , 
n Mè» o quoi interioromen , 



» Lon eérémountal bol 
» Q'aao un ayré de dol. 
«Conten, etc. » 

Dans tons les temps cela fat dit * 
Par gens de bon sens et d'esprit , 

De la vie à la mort 

La femme est un trésor. 

Chantons le mariage , 
Vive l'amour, vive l'amour ; 

Chantons le mariage , 
Vive l'amour nuit et jour. 

Une femme est dans la maison 
Ce qu'est au bal un violon ; 

Sans elle tout périt , 

Et sans loi tout languit ; 

Chantons le mariage , 

Vive l'amour , etc. 

Le mari rit de tout son cœur, 
Quel mérite sur mon honneur ! 
A sa place aujourd'hui , 
Nous ririons comme lui. 
Chantons , etc. 

La mariée également 
RU , mais toiérieuremeat ; 
. Le cérémonial 
..Veut on air glacial. 
Chantons , etc. 



Voyez, à côté de cette rudesse celtique du 

I. Les paroles et les idées qu'elles expriment offrant ici un 
étrange contraste avec l'air révolutionnaire. 



192 

Rouergue et du Quercy, les vers gracieux de 
Despourrens, le Béranger des Pyrénées : 

» Aquélos montagnos, que tan haoutos soun , 
» M'enpacbôn de bézé mas amoos oùn soun : 
» Haoutos , bi soun haoutos , qui s'abacharan , 
» Et mas amouretos bé s'approutcharan. 
» Tra la la. » 

Ces montagnes , qui tant hautes sont , 
M'empêchent de voir où mes amours sont : 
Hautes elles peuvent être, elles s'abaisseront, 
Et mes amourettes se rapprocheront. 
Tra la la. 



PREMIÈRE SCÈNE DU MISANTHROPE. 

Rigaaud (Philinte). 

Digas me se bous plaï , qu'es doun aco qu'abes? 

Semblo que sen brouillatz : m'àgachas de trabès. 

Bkunet (Alceste). 

Boun prégui : laissas-mé, randés-m'aquel serbici. 
R.— Que pot doun estr'aco? doun ben aquel caprici*? 
B. — Ba bous ei ditz un cop , laissas-mé de repaiis. 
R. — Ses f achat countro you beleù mal à prepaus; 

Et quant on a quicon, on ba dis, on s'expliquo. 
B. — Mais yeou non boli pas bous parla cap de briquo. 
R. — Ses un pauc trop liergnous et cant on es amitz... 
B. — Rayas bo , se bous plaï dàloùn baurès escritz. 

Abouï qu'autres cops certo bous estimabi 

Mais yé pla rénouoçat despey quicon que sabi. 

t . M. G. Brunet a donné cette scène sans paraître la com- 
prendre. Il n'a pas même su la transcrire : pour ben, il vient, il 
met bel, beau, etc. 



193 

R. — Crésî pas dabé but cap de maubais' actiu . 

D. — Si fait e ne dieuriés mouri de confusiu, 

Car -yeou bous aï bist fair 'an trait dé pendardizo 
Que m'annoonço pla prou qu'abés pas de franquizo 
Beei, sans anaqui len, ses anat embrassa 
Qnal'cun d'incounégut que benio de passa , 
Yalispabés las mas , las y téniés sarrados ; 
Aqui bous y abes fach d'amistat à carrados 
L'abés. assegurat que fariés tout per el 
Et cant ei boulgut saûpré ammé bous quis aquel , 
N'abés pas , mais sabut l'endrech oùn démourabo , 
Que dount éro sourtit e coussi sapelabo , 
Autromen dicb enfin nou l'abias pas bus bist, 
E lou couneissiés pas maï que yeou l'antéchrist. 
Acos , bésés, l'actiu fa pus negro que yatcbo 
Yeou per dex milo francs boudrio pas l'abé Fatcho : 
Car se mér* arribat de faire un trait parel , 
Crézi que sul m'oumen m'arranquario lou fel. 

(Act. l,s. 1 , par le citoyen Daubrian, 
de Castres.) 

Je crois inutile de mettre ici la scène de 
Molière, et de reproduire également le texte 
du début de la première bucolique, traduite 
de la manière suivante par un poète agenais • 

MELÎBEL. 

Tytir lou plus hurous qu'aoulhe fusquet jamai 
Doùn ben que repausan à l'ombra D'aquel hay, 
Tu fasquos rebounbi d'anbé ta charomino, 
Lou noun d'Amarillis per touto la coulino? 
Entretan que nousaus forbanditz de chez nous 
Quittan nostre pais e ço qua de plus doux. 

17 



494 

TTOIt. 

Un Dieus, ô Mélîbel, m'a feit aquelo graeto , 
Jou prégaré toujotm aquel Dieu» qùefy plassio ' 
Iftgrada nom présens, et soebea soon atita 
Fumara de* agneis que f y bendr'eseam. 
Aco8 el qu'a donnât la lifeertat de paisse 
Per tout à mena tronpel jasqoo qaes'yacalsse 
Amaï tu béses be qne sen tant de faSasous 
£1 me laïsso canta, qoaa me play de cassons.. 

(GtriHaame Detprat, 1696.) 

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE. 
PROSE. 

Un borné avié dous élans , lou pu jouiné diguet a soun 
péro : Moud péro doona me la part que dêtro ne reveni : 
lou péro fagnet k>o partatgé de sooo be entré se» élans. 

(Dialecte d'Arles.) 

(Commencement de la parabole de l'Enfant prodigue.) 

fOÉSIE. 

« Are l'aben attrabet 
» I*'aot»el dé kw grasses atoa 
» Aro l'aben attrapât 
» E l'aben dézaîatat. » 

(Chanson de 1815.) 

•m 

A présent nous l'avons sa***, * 

L'oiseau des grosses ailes, 
A présent nous t'avons saisi 
Et neue les hi* avons coupées ! 



495 

M UCHIPBÔ t L'OP fSCHlé M UCfl. 

A la puncho del joun parte» de sa bastido , • 
* Em, un pechié de lach sur sa testo quillat 
D'un pas menut mai dégageât , 
Vers Aix triniaYO Margarido : 
E per estre un patyc plus hardido, 

Aqueou joun avig mes un eoutilloun coortet 

De souliers prias e Waa courset. 

Arrengeado <Jésto maniero 

Nostro courousq meinagîévo • 

Fasié soun eoumpte en caminan , 
£ coumo emplegarié de soun lach lou mountan. 

Ai quauqnos galinos que clussoun ; 
Crompi d'huous , bouti coua, disiet en arriban 
Leis tendrai tan damen segur qu'espeliran. 
Yk>u daja meis poulets qu'estrapien, que s'amusonn 
Davan l'oustaou , din la cour, oou jardin 

E lou regnard sera ben fin 

(Dei galiniers aquelo pesto.) 
Se cres leis tout brifai e s'aoumen nou m'en resto 

Per n*en croumpar un nourigoun. 

Per l'engrelssar ai de cougourdo lesto , 

Dé gaspo , de racé , de gruiHios de melonu 

Aban que siguen à la festo 
De sant Martin mémo de sant Miqueou 

Moun pouar sara ben gras e beou. 
Lou Tendrai, nén faraï d'escutz uno pougnado. 
Et que mémpacjbara dins la mémo joumado 
De croumpar uno yaquo e soun poolit vqdépu 
E que veirai sautar al mitan doou troupaou. 
Mas se pousseden plus de pléeir Margarido. 

Faguet un saut coumo un cabri ; 
Lou pechié patafloou... toumbet lou lach awsi 



196 

En mémo temps adin potière couadopoulido! 

Vaquo yudéou tout séscampet, 

E cataclam tout se foundet. 
A soùu oustaou Margarido pecaïre 

La testo souto retouraet , 
A soun home en plouran bi raconto l'afaïre, 

En s'escusant coumo pousquet. 

E dien que sen fouguet de gaïre 

Que n'en aguesso sur leis detz. 

Mais leis vézins saven la caTO 

Nén risoun mais que dùno fés; 

Cadun la vcsen H cridavo : 

Margarido d'oou boun lach frés. 

(Diouloufetd'Aix.) 

Avec la laitière de La Fontaine une traduc- 
tion devient inutile. Nous remarquerons seu- 
lement que, même aujourd'hui, les infinitifs 
romans se sont conservés en Provence sans 
altération : crompar, acheter; brifar y dévorer; 
engrdissar, engraisser; saular. Dans la plupart 
des autres pays d'Aquitaine on retranche la 
consonne finale. 

L'ABUGLO DE CASTEL-CUILLé. 

» Del pè d'aquelo baouto mountagno 

» Oun se pinquo Castel*Cuillé ; 
» Al ten que lou poumè, lou prune, l'amellé, 

» Blanquejabon dins la compagno, 

» Baci lou cban qu'on entendet 
» Un Dimècres mati , beillo de sent Jouzèt : 



197 

» Las carreros, diouyou flouri 

» Tan bèlo nobio bay sourtl; 

» Diouyon flouri , diouyon grana 

» Tan bèlo nobio ba passa ! 
v Et km biel Te Deoun des pichous maridatges 

» Semblâbo parti des nuatges, 

» Quand, tout d'un cot, un grand troupèl 
» De fillos al tin frès, proupretos coumo Te), 

» Caduno dambé soun fringayré, 
» flènon su! bord del roc entouna lou même ayre ; 
» Et ressemblan achi, tan bezinos del ciel 
» D'anges catifoulès, qu'un Diou rîzen emboyo 
» Per fa lous pellerets et nous pourta la joyo.» 

(Jasmin,) 

Au pied de la baute montagne 

Où se dresse Castelcuillier, 
Au temps où le prunier, le pommier, l'amandier 

Devenaient blancs dans la campagne, 
Voici le chant qu'on entendit soudain 
Avant la saint Joseph, un mercredi matin : 

Tous les chemins devraient fleurir 

Si belle fille va sortir, 

Devraient fleurir, devraient grainer 

Si belle fille va passer. 
Et le vieux Te Deum des petits mariages 

Semblait descendre des nuages, 

Quand voici qu'un essaim bruyant 

De filles comme l'œil proprettes , 

Chacune au bras de son amant, 
Vient sur le bord du roc jeter ce chant des fêles, 
Et ressemble là-haut si près du firmament 
A ces anges follets qu'un Dieu riant envoie 
Pour danser sur nos monts et nous porter h joie. 

17, 



\198 

LOU WPS QF «AT. 

» En flourejan un tap que berdejabo 
» Lou loun d'un bos couber de rouroani ; 
» Lou proumè may, la Baïzo obserbabo 
» Lon grand! Castel de soun U lustre Hanry, 
» Aquelo tou que las berbos capèlon; 
» Aques biels murs fendaillats, li rapelon 

» Un ten burous ; 
» Pousso un soupir, et fixante gareno 
» En murmuran, atat coimto sa peno, 

» Lous els en ploos : 
» O soubeni de moun noble maynatge, 
» Daycho-m'esta per graço ! per pietat ! 
» Nerac, gémis ! pastouros del bouscatge , 
» Plagnès moun sort ! moun trioumphe es paaaat. 
» Et quand d'Hanry lou noum se perpétua» 
» Et quand la Seino admiro sa statuo 

» Tan que li play, 
» You, coumo un rioù, sul sable que carreji 
» Entre dus taps, sans lou beyre, aygouleji 

» Et souy sa may ! ! 
» Oui, souy sa may, Bearnes ! e lou g&bo 
» Tan bantariol n'es res que soun payri- 
» Pourtan sa glorio et m'insulto et me brabo, 
» Surtout d'uapèy qu'a lou buste d'Hanry. 
» Ah ! joo l'abioy sa statuo, et sunerbo l 
» Mais lou destin, que toujours me rewrbo 

» D'affroqqs sanglans, 
» Malgré Dijoun que me l'abio dounado, 
v Al foun d'un chay la ten encadenatlo 

» D'unpèy dets ans.» 

(Jasmin.) 



I 



19e 

14) WH6 PE «V. 

£f> caressant des bords tani&sés de verdure, 
Le premier jour de mai, le long d'un bois fleuri } 
La Béïse observait la royale masure, 

Séjour de son illustre Henri. 

Cette tour que les herbes, couvrent, 

Ces murs délabrés qui s'entr'ouvreot, 

Lui rappellent des temps meilleurs t 
Elle jette un regard sur 1* sombre garenne; 
fit* passant un soupir, murmure ainsi sa peine, 

Le front voilé, les yeux en pleurs : 

« Sors pour jamais de ma pensée, 
O de mon noble enfant triste et doux souvenir ! 

Gémis, Néracl ma gloire est éclipsée; 
Nymphes des bois, pleurez sur mon sort à venir : 
Quand du bon roi le nom se perpétue, 
Lorsque la Seine admire sa statue 
Autant qu'il platt à son amour, 
Moi, telle qu'un ruisseau sur la mobile arène , 
Dans un étroit canal, sans le voir, je «a* traîne,.. 
Et c'est de moi qu'il tient le jour 1 

Oui , oui, je suis sa mère, ô Béarn , et ton Gave 
Qui n'est que le parrain de cet enfant chéri , 
M'insulte cependant ; son foi orgueil me brave 
Depuis qu'un buste heureux lui rend les traits d'Henri. 
Ah ! sa statue aussi m'eût rendu son image f 
Mais le destin qui , sans cesse m'outrage 

$t m'abreuve d'affronts sanglants , 
Malgré Dijon qui me l'avait donnée, 
Au fond d'un noir réduit la tenait enchaînée, 
Me la cache depuis dix ans. 

(W. Duvignau.) 

J'ai cité ce poème couronne par la Société 



200 

des sciences d'Agen, à cause du nom de son 
auteur et de la réputation qu'il s'est faite au 
fond de sa boutique. Quant à son talent d'é- 
crivain romano-provençal , il est assez médio- 
cre \ On trouve dans ses pièces de jolis mor- 
ceaux épars , mais il n'y a pas la moindre 
connaissance de la langue. Le Trois Mai, du 
reste, n'a de remarquable que le rhylhme, 
dont le traducteur, M. Duvignau , ne sentait 
pas la grâce. 

Je le rétablis pour la première strophe 3 à 
titre d'exemple seulement : 

En effleurant un bord qui verdoyait , 
Le long d'un bois de romarin fleuri, 
Le premier mai la Bayse observait 
Le grand castel de son illustre Henri. 
Ces bauts gazons qui voilent la tourelle , 
Ces vieux remparts fendus, tout lui rappelle 

Un temps heureux ! 
Elle soupire et, cherchant la garenne, 
En murmurant exhale ainsi sa peine 

Les pleurs aux yeux. 

1 . Je sais que tel n'est point l'avis .de MM. Nodier et Sainte- 
Beuve, qui ont consacré deux longs articles à Jasmin en 1837, 
dans le Temps et dans la Revue des Deux-Mondes. Mais son 
amour pour les patois a, nous n'en doutons pas, entraîné le spi- 
rituel académicien hors du cercle de l'indulgence, et quant à 
M. Sainte-Beuve, qui parlait sur parole, il a fait un peu comme 
le sénateur aveugle du temps de Domitien , qui, tournant le dos 
au turbot , déclama deux heures sur sa beauté. 



201 

Comparez ces vers, où affluent les expres- 
sions purement françaises, les tours de phrase 
français, la construction poétique de la langue 
du Nord dans ce qu'elle a de plus moderne , 
avec ces deux morceaux d'un compatriote de 
Jasmin , qui écrivait à Àgen il y a cent cin- 
quante-sept ans. 

LAS LERMOS DEL CRABé\ 

« Grabd, que ta perto m'es aisso, 

v Que jou planji toun bel tapis ! 

» Al médis loc que se trepis, 

» On bey la terro que s'abaisso. 

» Tout s'esperrequo al mendie aigat: 

» Lou pescare ten lou bergat 
» Oun lasdamos d'Agen fasion lours permenados, 

» E l'aignel escano de set 
» Ounlous peiebs lousplusgrans dins mens de quatre anDados, 
» Faran lou capuebet. 

» Despey l'attaquo las prumèro , 

» Que lou tap fu demarmaillat , 

» Cinquanto ouïmes au capillat , 

» Et fait lou saut dins la ribèro ; 

» Enqueros l'aigat arriban 

» Founillo toutjoun plus aban. 
» E met al tremolis las rasics las plus fermos, 

» Doùn cauque cop tout es negat. 
» Per l'amo que se fay d'uno pléjo de larmos , 
» La mitât de laigat 

» Mountagnos que fouignas la punto* 
» Jusquos dins lous crums lous plus nautz, 
» Las! quia tort bous fasen nousaus 
» Que bous nous pourtes cauquo punto , 



20Q 

» $ trop ftputea per 4«stnrrt, 

» E mettre tout à tintèrra. 
» Nous embiats à trjabès la neu touto foundudo : 

» Tandis que plourqn jour et neft t 
* K* rifro g ve GarowiQ a touto couafourfii^* , 
» Per y muda soun lieit. 

» À fo/ÇO que lia terro es trisp 

» Lou tap-y grello incessomen , 

» Tan que perden un ornomen , - 

» Que bal lou trésor de Beniso. 

» Quan l'aigp l'y beu à trabès 

» La coffo birado al rebès, 
» N'es pas el que nou gloupè à beire lou dVwwage, 

», Mes sel orribo un gran aigat 
» Alabeth lous soupirs y formon un auratgiè , 
» Que fay tout lou baj&uaf. 

» Bousaus qu'abès la ma ta fermo, 

» Quan y jougas al pallamal 

» Tant de doumage e tant de mal , 

» Nou bous tiro pas eauquo lermo? 

» L'alleyo se perd à boucis, 

» Touts lous ans elo s'accourois, 
» Un cadun la regretto e degun nou l'assisto 

» De faissou que d'houro ou de tard, 
» Al loc d'un pallamal loung a perto de bieto 
» Ou n'aoura qu'un billard. 

» N'ausen pas nousaus se me semblo 
» Lous ouïmes que fan de souspis 
» De beirè tout de mal en pis, 
» E quai pe d'els la terro tremblo. 
» L'exemple de lours eompagnous 
» Ou l'on besio lous maquignons, 
» Aprep quauquo piafado estaca lours mounturos, 
« Lour fai cregnè lou ben del sud , 



303 

» E que la ncu foanâeft el no couno à Coateffltf 
« Où tout es deseooset. 

» Jamai plus non «ara eo qoéro : 

» Oun Ton s'anabo pertaena, 

» Wtf ifttattqtfes an» al pîre ana 

» On dira . ttoguo la galèro! 

» Car se ftwntsts sur tm roussi 

» On y pot courre JBsqn'aîssj, 
» La baguo on ttuts lous jettvs lai noblesse; s'ajusto 

» Alabets la baguo fara 
» Que bint saran mountats sur un chabài de fusto 
» Que capfofttara. 

> 

» Entretari ses taps ni ses bossos 

» Sô que reste n'es qu'un pelous, 

» Que semblo un tapis de belous, 

» A beire rulïa lous carossos. 

» Un goutous à gran sabattou 

» Matcho coumo sur de coutou 
» Su l'herbo e sur las flous que se f repissoun toutos, 

» Wes apfep se bey Ion degeï 
» Del regret qu'el ne sent on bey toutos tas goutos 
» Que li saillon pel fel. 

» Las ! que faran las pauros goujos 

» Que ban querre faigo à la foun , 

» Lo nostro à son el que se foun, 

» E las prunèlos toutos roujos. 

» Ah ! sa diran quin desaguis, 

» Gfàbè la que te perseguis, 
» Posque perdre sa douts e péri de sequèro ! 

» Fîflos quanr bousaiis y benès , 
» Non bous semblo pas el al respet de ço qu'éro , 
» Un prat de sept dlnés ? 

» Pauré prat rasât coumo un mounge, 
* Grabé lou loc des passotemps, 



204 

» Souben te que din pauc de temps, 

» Tu saras passât coumo un sounge, 

» Lons p ru mes aigats que bendran, 

» Aco8 8égu t'acabaran , 
• Se costo lou courren tu n'as quauquo ressourso, 

» L'on te plan be tout mey e mey, 
» Mas que pensarios tu la trouba dins la bourso, 

» Ha bado aqui tout ottcy. 

(Courtetde Prades, 1684.) 

LE8 LARMES DU GRAVIER. 

Gravier, que ta perte m'oppresse, 

Que je plains ton beau tapis vert!.* 

Dans le carré le mieux couvert , 

On voit la terre qui s'abaisse. 

Tout s'éboule au reflux du flot : 

Le pécheur a son gabarot 
Ou les dames d'Agen se sont tant promenées, 

Et l'agneau de soif est mourant 
Où les plus gros poissons, dans moins Je quatre années, 
Plongeront en courant. 

Depuis l'attaque la première , 

Où le bord fut tout dérangé , 

Des ormes cinquante ont plongé 

Et fait le saut dans la rivière; 

Encore le flot arrivant, 

Va fouillant toujours plus avant ; 
Les arbres les plus forts il les met en alarmes, 

Et chaque fois tout noie ici : 
Ce qui fait qu'on dirait que par des flots de larmes 

Le fleuve est à moitié grossi. 

Montagnes qui fichez la pointe 
Jusqu'en l'azur des cieux là bas, 
Que vous avons-nous fait , bêlas! 



205 

Que vous nous portiez quelque pointe? 
Et pour nous frapper de nouveau , 

c 

Et nous mettre tout à vau-l'eau , 
Que vous nous envoyiez tant de neige fondue. 

Quand on te pleure jour et nuit, 
Rive, que la Garonne avec rage a mordue 
Pour y changer son lit. 

A force que le bord s'y brise , 

Le bord nous fuit incessamment , 

Et nous perdons un ornement , 

Qui vaut le trésor de Venise. 

Quand le flot s'y jette au travers 

Mettant le bonnet à l'envers , 
Pas un œil qui ne pleure à voir ce grand ravage ; 

Mais s'il vient un débordement , 

Tous les soupirs alors y forment un orage, 

Qui fait le mal plus grand* 

O vous qui trouvez tant de charmes , 

En y jouant au palamal , 

Tant de dégâts et tant de mal 

Ne vous coûtent donc pas des larmes ? 

L'allée à morceaux se détruit, 

Chaque an nouveau la rétrécit , 
De tous elle est pleurée et de nul secourue, 

En sorte que d'heure ou de tard , 
Au lieu d'un palamal long à perte de vue, 
On n'aura qu'un billard. 

Nous n'oyons pas , nous , ce me semble, 
Les tristes soupirs des ormeaux, 
Qui sentent s'augmenter leurs maux 
Et la terre à leurs pieds qui tremble. 
L'exemple de leurs compagnons,- 
Où l'on voyait les maquignons , 
Après quelque ruade attacher leurs montures, 

18 



206 

Du sud leur fait craindre te vent , 
Et qu'en fondant, la neige ici comme à Coutures, 
Ronge le sol mouvant. 

Hélas f if va cesser de plaire : 

Où nous venions nous promener, 

Dans peu de temps au pire-aller, 

On dira, : Vogue la galère! 

Car, éperonnant le courtant , 

L'on y voit courir comme il faut 
La bague dont le jeu notre noblesse entraîne , 

Mais alors la bague fera 
Que vingt seront montés sur un cheval de chêne, 
Qui cabriolera. 

Cependant sans buttes ni bosses , 

C'est comme un tapie de velours, 

Où sur ce (fui reste à pas lourds 

On peut voir rouler tes carrosses. 

Un goutteux à double bâton 

Marche comme sur du coton 
Sur l'herbe et sur les fleurs qui se flétrissent toutes, 

Mais le dégel levant son deuil 
Nous montre ses regrets, et Ton compte tes gouttes 
Qui lui brillent dans l'œil. 

Que feront les pauvres ancelks 

Qui vont chercher l'eau dans les puits? 

Du nôtre l'œil se ferme ,- et pute 

Toutes rouges sont ses prunelles. 

Ah ! diront-elles, quel malheur, 

Que celle qui fait ta douleur , 
Gravier, perde sa source et meure de misère ! 

O filles qui tant y veniez , 
Semble-t-il pas au prix de ce qu'il fut naguère 
Un pré de sept deniers? 

Pauvre pré rasé comme un monge, 



207 

Gravier , le \m 4es passe-temps ,- 
Souviens-to} que dans peu de temps. 
Ta seras passé comme un songe : 
Les premières eaux qui viendront 
Assurément t'emporteront; 

Si contre le courant tu n'as point de ressource, 
L'on te plaint beaucoup, mais celui 

Qui croit que tu pourras la trouyer dans ta bourse f 
Peut bâijjer Jà tout aujourd'hui. 



» Despey très mes en ça que l'biber contuguabo, 

» Que tout ero blasit, que re nous berdejabo , 

» Qu'un joun ero crumous, un autre abio gelât? 

» Que tout ero de gibre ou de neu capelat : 

» Que la biso estiflabo al tour de las aureillos, 

» Que Ion temps broungissio coumo un issan d'abeillos, 

» Que plebio de countun e nou se besio loc, 

» Que lou pé s'y pausan n'embourlhesso un chaîne, 

» Auillez que fasian naùs quan lou cel, quan la terro f 

» Quan tout se debandabo e nous fasio la guerro ? 

» Que fasian naiis aouillez Dius e lou mounde ou çap, 

» Car loua esclops as pès, lou capelet al cap , 

» Lou mandil tout bestit e cintats de la fopdo 

» Nou laichaben pasten ses y fa quauquo rondo. 

» Talomen que tout braudo e la plejo dessus 

» Courrian de prat ea prat aro en bat aro en sus : 

» Quan de cops mieis plegatz coumo un arc que se sarro , 

» Al mitan d'uno tango estiraben la garro. , 

» £ quan tout agrupitz al pé d'un, tapurjet, 

» La gouto al cap del nas lou cap din lou coulet 

» Transits e treœoulans coumo uno quo de baquo 



208 

• Las dens s'entrebatton efasion cliqno claquo; 
» Abian Ions pot touts Mans éren touts roorfondits 
» E del grau fret qu' abian nous buffab en lous dits. 

» Or doun per que saillit z d'uno sazou ta tristo, 
» Un autre plus bel temps nous gratouillo la bisto, 
» Que tout ço que Ton bey nés res qu'un paradis, 
» Que tout creis su la terro e tout y reberdis , 
» Qu'on bey de toutos parts la campagno flourido, 
» Qu'aci nais la binleto aci la margarido, 
» Qu'un boun temps es bengut e qu'en ponden joui , 
» Aùillez se m'en cresets el se cal réjoui. 
» Car ausez quin plasè per l'aureillo nous passo: 
» On entend milo auzels que gazouillon à masso, 
» Lou rossignol y canto al mitan d'un bouyssou, 
» Lou merle al cap d'un arbre est iflo uno cansou , 
» La cardino y gazouillo, un senil y bresilio, 
» La tourtourello y rounquo e l'hironde y babillo : 



» Mes quin autre plasè se présento à mous els , 
» Quant on bey dins un blat uno troupo d'agnels , 
« Courre touto uno pauso e coumo per nous plaire , 
» Sauta de pas en pas lous quatre pés à laire. 
» Sus doun coumpagnoulets que ses autro faissou , 
» Miramoundo coumence à dire uno cansou 
» E per fi qu'on la siegue e que Ion' y respoundo , 
» Dansen tout siés à masso uno danso redoundo. » 

(Pastouralo de Miramoundo, par le même, acte 
prumié , scèno prumèro. ) 



Depuis trois mois en ça que l'hiver nous broyait , 
Que tout était flétri , que rien ne verdoyait , 
Qu'un jour était brumeux , un autre plein de glace , 
Que le givre et la neige avaient couvert l'espace. 



209 

• ••••»••».•••••» 

Que la bise sifflait autour de nos oreilles , 

Que le ciel bourdonnait comme un essaim d'abeilles , 

Que sans cesse il pleuvait , et qu'on ne voyait lieux 

Où le pied ne nous fit jaillir la boue aux yeux : 

Bergers 9 que faisions-nous quand le ciel , quand la terre, 

Sur nous se déchaînant , nous déclaraient la guerre , 

Que faisions-nous, bergers? chacun, comme Dieu sait, 

Que les sabots aux pieds , sur le front le berret , 

La Teste boutonnée et serrant la ceinture, 

Nous foulions, en dansant, cette froide verdure, 

Si bien que tout trempés de pluie à chaque ras , 

On parcourait des prés et le haut et le bas. 

Que de fois mi-pliés comme un arc qui se courbe , 

Nous tirions le jarret du milieu de la bourbe , 

Que de fois , ô bergers , sous un tertre accroupis, 

Les yeux tout larmoyants , le nez dans nos habits , 

Transis et tremblotants comme une vache en crainte , 

On entendait nos dents claquer à chaque étreinte , 

Et d'une lèvre blanche, 6 bergers, que de fois, 

Pour les désengourdir, nous souillions sur nos doigts. 

Puisqu'elle meurt enfin la saison triste et nue, 

Que l'aimable printemps nous chatouille la vue , 

Que tout ce que Ton voit n'est plus qu'un paradis, 

De la terre où tout croit que les flancs sont verdis , 

Que la campagne en fleurs peut couronner nos têtes 

De marguerites d'or, de tendres violettes , 

Qu'un doux soleil éclate et qu'on en peut jouir, 

Bergers , si m'en croyez, il faut se réjouir. 

Écoutez quel plaisir amuse notre oreille , 

On entend mille oiseaux gazouiller à merveille , 

Le rossignol y chante au milieu d'un buisson , 

Le merle au haut d'un arbre y siffle sa chanson , 

Le chardonneret chante et le serin y brille, 

Tourterelle y gémit , hirondelle y babille. 

18 



aïo 

Nos yeux, sont égayés par des plaisirs nouveaux : 
J'aperçois dans les blés une troupe d'agneaux 
Qui courent un instant, et comme pour nous plaire , 
Les quatre pieds en l'air, sautent sur la fougère.. 
O compagnons , venez, que sans plus de façon 
Miramonde, pour nous, entonne une chanson» 
Et pour qu'on l'accompagne et que chacun réponde , 
Tous les six à la fois dansons la danse ronde. 

Nous finirons par une ode du potier de 
Montpellier, Péirotles, publiée Tannée der- 
nière : 

LA FILLA DE LA MOUNTÀCNA. 

« Qu'as d'empire sus yeou , filla de la mountagna ! 
» Couina poulit maynatgè encadènas moun cor ; 
» Se nourrisse l'éspouer que seras, ma coumpagna , 
» Faguè lou ciel qu'un jour partagessas moun sor. 

» Quinze ans , acos toun âgé é té trobas cou n tenta 

» D'anà per lou campestrè ambè tous agnèlous. 

» S'as lou bounhur per tus , lou chagrin mé tourmenta.... 

» Désémpioy que t'ay vist, que moun cor es jaloux ! 

* 

» Quan per tes podé aouzi tous cants mélodiousés; 
» Quan sans estré éntrévist podé fixa tous traits , 
» Mous sens presqu'attristats dévénou radiousés, 
» É l'amour é lou gâou dissipou mous regrets. 

• 

» É se sioy près dé tus , ta présjénça m'enflamma. 
» Rêvé la voluptat en véchén toun régar; 
» E se sioy lion dé tus , incara dins moun ama 
1 » Toun image luzis coumma un brillan lugar, 



311 

L 

» Lou sourél dé l'jstioû t'o brunit lou visage» 

» Mais lou sourél d'hiver H réndro soun ésclat. 

» Ah ! quicon mè souris.... Qu'announça aquél présagé? 

» Sans douté que moun cor al tioù séro mésclat. 

» É moun amour per tus es pur coumma l'aygagé; 
» Es doux coumma lou lach qu'o moulségut ta man ; 
» Es gran coumma un tillul qu'es fertil en oumbragè, 
« É sa bèoutat ternis l'ésclat del diaman . 

» Dins lou siècle que sén , tout flatta la richéssa, 
« É se truffa d'aquél qui poussèda un boun cor. 
» Filla, quan toutes dous sén riséns dé jouynéssa , 
» Aymén-nousténdramén.... L'amour val may que l'or. 

» T'ay ménsounnat l'amour... Lou mot bélèon t'outraja- 
» Mais anén à l'aoutel , é Dion nous uniro. 
v Quan sioy doucilè é doua, quan sios moudesta è saja , 
*» Céda 9 céda a mous vux , lou ciel nous béniro. 



LA FILLE DE Là MONTAGNE. 



Que tn règnes sur mot , fille de la montagne! 
O ravissante enfant, comme tu tiens mon cœur : 
J'ai l'espoir trop flatteur de te voir ma compagne . 
En partageant mon sort tu ferais mon honneur. 

Quinze ans , voilà ton âge.... et ton âme est contente , 
En guidant dans les champs tes agnelets si doux. 
Si le bonheur te suit, le chagrin me tourmente; 
Xtepûis que je" t'ai vue, on me trouva jajqux. 

Quand j'écoute parfois ta voix mélodieuse , 
|.orsqué. sans être vu je contemple tes traits , 



212 

Mon âme presque en deuil en devient radieuse , 
Et la joie et l'amour dissipent mes regrets. 

Si je suis près de toi, ta présence m'enflamme. 
Pour rêver le bonheur, il suffit de te voir; 
Si loin de toi je suis , encore dans mon âme 
Ton image reluit comme un astre du soir. 

Le chaud soleil d'août a bruni ton visage, 
Mais le soleil d'hiver lui rendra son éclat. 
Ne m'a-t-il point souri ?... Qu'annonce ce présage? 
Plût à Dieu que ton cœur à mon cœur se mêlât. 

Mon amour est pour toi plus pur que le laitage , 
Qui sous tes doigts rosés ruisselle en écumant ; 
Plus grand que le tilleul , si fécond en ombrage , 
Et sa beauté ternit les feux du diamant. . 

Dans ce siècle mauvais tout flatte la richesse. 
On rit de ceux qui n'ont que leur cœur pour trésor ; 
O fille , quand tous deux nous brillons de jeunesse , 
Aimons-nous tendrement, l'amour vaut mieux que l'or. 

Je t'ai parlé d'amour... Ah! si ce mot t'outrage, 
Viens , allons à l'autel , et Dieu nous unira. 
Moi , je suis simple et bon , je te vois douce et sage. 
Fille , cède à mes vœux , le ciel nous bénira. 

(1841.) 



Telle est l'histoire rapide mais fidèle de la 
langue romano-provençale prise à son berceau 
et conduite de siècle en siècle jusqu'à ce jour. 



215 

Il entrait dans mon premier plan de finir 
ces recherches par un tableau de la simili- 
tude de Y espagnol, du portugais et de l'ita- 
lien avec la langue romano-provençale ; mais 
en y réfléchissant bien , j'ai reconnu : 

D'abord, qu'il n'était personne qui igno- 
rât aujourd'hui que le français , le romano- 
provençal, l'espagnol, le portugais et Y ita- 
lien, sont des dérivés directs du latin, et 
composent un groupe de cinq langues appe- 
lées néo-latines ; 

Ensuite , que le fait matériel de la ressem- 
blance de ces langues dont la formation est 
due aux mêmes éléments a été prouvé trop de 
fois f , et se trouve trop immédiatement à la 

^ ^ » ——. ■■■■■■ ■ * i ■ i ■■ ■ ■ ■ m m 

1. Tout rapprochement donnera le même résultat que \c ta- 
bleau dressé par Bonamy, et ces phrases arrangées par M. Ray- 

nbuard : 

Langue italienne. 

Per me si va nella città dolente , 

Per me si va nell* eterno dolore, 

Per me si va tra la perduta gente. 

Langue romane. 
Per me si va en laciutat dolent, 
Per me si va en l'éternel dolor, 
Per me si va tras la perduta gente. 

Portugais, 
Da lindeza vossa , 
Dama^, qiïem a vè, 



314 

portée de loula intelligence pour recommen- 
cer ici une répétition peu attrayante et inu- 
tile. 

Je me bornerai donc à relever quelques 
assertions qui me paraissent mal fondées, 

M. Raynouard, reproduisant l'opinion de 
Cazeneuve, linguiste assez superficiel , * écrit 
quelque part que la romano-provençak était 
la source de la langue espagnole* 

Une telle erreur a droit de surprendra. 
Qu'on réfléchisse, en effet, à l'origine de la 
nation espagnole. Les Ibères, peuplade celti- 
que ', ou Celtes eux-mêmes ' , apparaissent 
premièrement et couvrent la Péninsule. A 

Impossivil he 

Que guardar se possa. 

Roman. 
De cuidanza vostra 
Domna, qui la Te, 
ïmpossibil es 
Que guardar se possa. 
Espagnol, 
Cuentan de un sabio que un dia 
Tan pobre y misero estaba. 

Roman. 
Contan de un sabi que un dia 
Tan paubres et meschis estava. 

1. W. Humboldt. 

2. « Nos Celtis genitos.» (Martial.) 



215 

cefc Ibères ou Celtibères viennent se mêler 
des colonies grecques. Les Romains rempla- 
cent les érfiigrants de l'Ionie ; et par les guer- 
res de SeMorius j pafr letfrs établissements , 
leûrfc écoles, leurs lois et leurs relations corti* 
ntërclâles, ils naturalisent si bien leur langue 
(Jùe les Goths, les Vandales et les iMaures ont 
beatt passer en vainqueurs et en maîtres , i** 
ne l'arrachent point du sol. Or, il est facile de 
se reporter par la pensée ati huitième siècle, 
rt dé se représenter ce roman espagnol em- 
preint déjà d'une cotileur celto-grecque, et 
qui se trouve cerné» au tnidi par les Arabes, 
ou ietant par les Catalans , au nord par le* 
tmciefts Ibères ou Cantabres; il emprunte de 
tous côtés, et les mêmes causes produisent 
les métaes effets : c'est-à-dire que l espagnol, 
né, comme le romano-proiènçal , d'une mix- 
tion progressive de l'élément celtique, grec, 
latin, arabe, ressemble parfaitement à son 
voisin. 

le sais bien que cenx qui ofct suivi Cazé- 
neove présentent la question sous une fade 
spécieuse , en attribuant aux guerres ultra- 
pyrénéennes de Charlemagne , c'est-à-dire à 
l'influence qu'elles exercèrent, l'introduction 



216 

de la langue limousine en Catalogne, et de là 
dans presque loute l'Espagne. 

Mais cette opinion , qui a été partagée par 
Galça, Escolan, André Bosch, Miguel Car- 
donel, ne saurait se justifier; car, pour l'ad- 
mettre, il faudrait supposer que l'Espagne 
n'avait point de langue à cette époque, ce qui 
est absurde; et, d'un autre côté, les invasions 
de Charlemagne et de ses enfants furent trop 
rapides pour avoir eu le temps de modifier 
le langage national. Ces sortes de transforma- 
tions n'arrivent qu'à la longue, et sous une 
domination énergique et complète* La seule 
chose qu'on doive reconnaître, c'est qu'aux 
lieux où la puissance franke s'établit comme 
dans la Catalogne, et se perpétua par les colo- 
nies , le dialecte limousin prévalut* Il y vit 
du reste encore aujourd'hui, ainsi qu'un re- 
jeton vigoureux de l'arbre méridional *. 

C'est, dans ce sens que l'a entendu Mariana' 
lorsqu'il a dit : « Que ceux de Valence et de 
» Catalogne parlaient un langage assez sem- 
» blable au languedocien, ce qui montrait leur 
» commune origine. » 

1. Ducange. 

2 Histoire d'Espagne. 



217 

Quanl à la langue qui était en usage dans 
le royaume de Léon, les Asluries, l'Estrama- 
dure, le royaume de Grenade, la Galice, l'An- 
dalousie, r Aragon, les lies Baléares, et que 
Ducange avec les pères de Trévoux appelle 
limousine; c'était cette langue congénère 
contemporaine qui se forma en même temps 
et sous les mêmes influences que la romano- 
provençale, et offrit à très-peu de différences 
près le même caractère. Et ce qui prouve 
qu'on ne la confondit point cependant avec 
le dialecte purement limousin de Catalogne, 
c'est que Jacques, roi d'Aragon, ayant eu un 
instant la pensée de faire transcrire ses dé* 
crets en catalan , Bernard Gomez nous ap- 
prend qu'il recula devant la fierté patriotique 
des Aragonais '. 

Tout ce que je viens de dire de l'espagnol 
s'applique avec la même force au portugais. 
Le Portugal, en effet, a subi les mêmes for- 
lunes. Il a été cel libère ; il a été romain ; il 
a obéi aux Barbares, obéi aux Arabes : l'affi- 

1. «Gravis ab 'Aragonensibus querela habita fuisse fertur 
proptereà quôd plébiscita catalano eademque lemovicensi ser- 
mone barbaro et obscuro miuùsque noto Hispanis quam aut la- 
Uno aut saltem aragonensi qui clarior est illo, rex conacribi jus* 
•vit, « (Beruardi Gomez, Yita /« Aragoni régit.) 

19 



318 

nité historique est parfaite jusqu'en (092. 

A cette époque, une révolution qui changea 
la situation politique vint exercer une action 
peut-être décisive sur ia langue. 

Enflammés par la brillante renommée du 
Cid, Henri de Bourgogne et son cousin Ray- 
mond traversent la France pour aller con- 
quérir en Espagne gloire et butin sur les 
Infidèles. Le mal des ardents ayant décimé 
«n chemin leur petite armée, elle se recruta 
dans le Béarn. Cinq cents chevaliers du pays 
suivirent le Bourguignon sous la bannière de 
Gaston-le-Noir. En Espagne, il firent des pro- 
diges. Alphonse de Castille les récompensa 
par la main de sa fille, et le gouvernement du 
Portugal fut érigé en comté. Guimaraëns fui 
la capitale d'Henri. 

Or, en prenant possession de cette ville, le 
nouveau comte y établit les cours d amour 
de la Provence, qui d'abord furent présidées 
par la belle Thérèse sa femme. Là commença 
probablement à se polir la langue portugaise 
actuelle, dont il n'est pas difficile d'expli- 
quer la ressemblance toute particulière avec 
le béarnais \ 



V 



1. Au Brésil on voit le* nègrea et les fl&rewsft du çort *'«a~' 



319 

Ainsi , perfectionnement et fixation présu» 
mable de l'idiome existant déjà en Portugal , 
voilà ce qu'on peut, je crois, attribuer raison- 
nablement à la langue romano -provençale 1 . 
. Les relations qui ont existé entre cette der« 
nière et l'italien sont d'une autre nature. Éta- 
blissons avant tout qu'aux mêmes époques où 
la vulgaire était signalée en deçà des monts , 
elle régnait également au delà. C'est un fait qui 
nous est attesté par Gonzon et Fontanini % et 
qui n'avait du reste pas besoin de preuve j 
car il tombe sous le sens que la vulgaire n'é- 
tant en grande partie qu'un produit du latin 
altéré dut apparaître d'abord dand le pays où 
le latin avait dominé principalement « Cette 
vulgaire 3 italienne ne différait pas de celles 
des autres contrées méridionales, puisque 
les Italiens et les Espagnols s'entendaient 
parfaitement comme on le voit dans la Vie de 
sainte Liobe 4 . Speron Speroni 5 s'est donc 

■ - - - v « - 

(retenir familièrement avec les matelots béarnais qui débarquent 
pour la première fois. 

1. Mariaoa. 

2. Istoria dell'eloquenza italiana. 

- 3. La volgare : Dante, Bembo, Bocace. 
4. Mabillon. 
&. a Ella mostra nella sua fronte d'aver boruto V origine e 



220 

trompé en assurant que ses compatriotes 
nous avaient emprunté les noms, les verbes et 
les adverbes. Mous les tenons nous-mêmes 
des Romains, dont les Italiens sont les fils 
aînés; et, pour peu que les auteurs moder- 
nes qui ont accepté Terreur de Speroni eus- . 
sent réfléchi, ils auraient vu que les peuples 
d'Italie connurent ces noms, ces verbes et 
ces adverbes, sinon avant, du moins en même 
temps que nous, car ils étaient plus près de 
la source. J'ajouterai que ce qui rend celte 
erreur plus choquante encore', c'est que les 
seules grammaires qui nous restent sont , de 
l'aveu de leurs auteurs ' , un calque, aussi 
fidèle que le permettait la dégénérescence de 
la langue, des grammaires latines. 

Après avoir défendu les Italiens contre 

leurs propres auteurs, j'en viens à la part 

d'influence qui peut réellement être attribuée 

au romano-provençal. 

Comme nous l'avons précédemment mon- 



l'accrescimento da barbari e d' aquelli principalmente più ctae 
odiarono li Romani, cioè, da' Francesi e da' Provenzali : i quali 
non pur i nomi, i verbi e gliadverbi, ma 1' arte ancora dcll' 
orare e del poetare si dériva.» (Dialogo délie lingue.) 
1. Donatus, Grammaire de Vidal. 



221 

tré, la langue du midi de la France avait at- 
teint avec rapidité celte période ascendante 
après laquelle il n'y a plus que déchéance 
ou néologisme. Le douzième siècle fut son 
apogée classique. Elle perdit les noms obs- 
curs et incertains qu'elle avait portés jusque- 
là pour prendre celui des troubadours ; et 
celle noble myriade d'hommes de génie qui 
brille encore de tant d'éclat dans le passé 
poétique du midi , l'enrichit de poésie et 
de splendeur. Elle alla se parer de mol- 
lesse et de grâce dans les cours d'amour. 
Douce et mélodieuse elle fut entre toutes les 
autres quand elle coula des lèvres d'Adalasis, 
de Berlrane , d'Aliénor et de la belle Slépha- 
nète de Gantelmes assises pour les arresls 
damors sous les lauriers de Romani! Empe- 
reurs et rois ouvrirent alors à la gaie science 
les salles de leurs palais. Les fêtes des châ- 
teaux , l'amour des dames , le dévouement 
des chevaliers, les applaudissements des peu- 
ples devinrent le prix du cantar proensal ; et 
placés au point de vue le plus haut de la ci- 
vilisation, les troubadours furent pendant 
deux siècles l'expression la plus magnifique 
les idées méridionales. 



Mais un terrible tocsin interrompît tout t\ 
coup les doux chants de leur poésie i il son*- 
naît la ci'oisade albigeoise; il sonnait Avec un 
glas lugubre l'arrivée des Anglais et des 
Francs. 

Aussitôt, pour l'indépendance du sol nat- 
tai, s'unirent les troubadours. Contre noire 
belle patrie s'avançaient à grands pas les 
clercs et les moines de Rome la croix et la 
torche à la main; contre eux marchaient, 
avec une fdule aveugle et féroce de barons, 
les deu* plus puissants princes du Nord. Les 
troubadours crièrent aux armes!... Noble 
bataillon, sacré par l'honneur et la gloire, 
ils soulevèrent les peuplades d'Ofc, en leur 
montrant à grands cris les vices qui souillaient 
la robe de l'Église; il les remplirent d'enthou- 
siasme, en conspuant la félonie des rois, en 
les couvrant d'amères dérisions , en exaltant 
jusqu'au ciel le nom des soldats de la patrie. 

Inutiles efforts! l'heure de la nationalité 
était venue ; il fallut la laisser mourir, et-en- 
trer comme frères dans la grande famille 
française. 

Dès-lors la romano-provençale fut frappée 
de mort poétique et de mort politique dans le 



sas 

Midi. Aucun de ses enfants ne l'oublia; mais 
déchue comme langue littéraire, interdite 
comme langue civile, pent-étre celte pureté 
qu'elle n'avait conquise qu'après huit siècles 
de travaux se serait perdue dans les manu- 
scrits des troubadours, si les troubadours 
n'eussent compté des disciples au delà des 
Alpes. Les Italiens, formés à l'école de nos 
poètes, voyant périr ce riche idiome poétique, 
le recueillirent avec empressement et en do- 

* 

lèrent leur pairie. Ils eurent toute facilité 
pour faire cet emprunt; car, pendant trois 
cents ans, Naples et la Sicile, Capoue , la 
Pouille et la Provence obéirent aux mômes 
maîtres : les deux maisons d'Anjou, en les 
réunissant sous leur couronne, créèrent les 
relations les plus intimes entre les Proven- 
çaux et les Italiens. 

Ces derniers ont eu par conséquent tout à 
fait raison d'avouer qu'ils avaient tiré du Midi 
l'art des vers, la rime et presque toutes leurs 
formes de composition. 



224 



CONCLUSION, 



Revenons maintenant à notre principal 
objet, et résumons-nous. 

En nous livrant à ce travail, nous nous som- 
mes proposé : 

• 1° De remonter aux origines de la langue 
afin de les éclaircir et de puiser dans leur 
antiquité et dans leur diversité même des 
preuves philologiques propres à jeter un nou- 
veau jour sur le système des races; 

2° De montrer la possibilité d'une réforme 
fondamentale dans l'instruction publique 1 ; 

3° De réunir en bloc aux matériaux déjà 
connus, aux idées déjà émises, des docu- 
ments ou neufs ou inédits, et de les rectifier 
ou de les corroborer les uns par les autres, 



1. Pour peu, en effet, qu'on ait suivi la filière à travers laquelle 
la langue latine est passée pour devenir langue romano-proven- 
çale, on voit maintenant combien il serait facile , en la prenant 
dans ce dernier idiome , de la ramener à son point de départ : 
noms, adjectifs , pronoms , verbes, adverbes, prépositions , tout a 
gardé le même type, 



225 

de manière à leur donner une suite et un 
sens logique appuyés sur l'histoire ; 

4° Enfin, de faire connaître la langue ro- 
mano-provençale , toujours parlée dans le 
midi de la. France, comme objet très-curieux 
et très-important d'étude historique , comme 
digne sœur des langues française, espagnole, 
italienne et portugaise, et de prouver par 
des documents authentiques que depuis 1200 
elle n'a pas sensiblement dégénéré. 

Ces trois propositions viennent d'être dé- 
veloppées successivement dans chacune des 
trois parties. 

Je n'ai épargné, pour leur donner le degré 
d'évidence convenable, ni temps, ni recher- 
ches, ni peines... L'Institut a bien voulu en- 
courager l'ouvrier, c'est maintenant au pu- 
blic de juger l'œuvre. 



FIN. 



APPENDICE 



BIBLIOGRAPHIQUE. 



-<*£!&• 



Àbanture comique de mes te Bernât ou Guil* 
laoumel de retour <Jens sous fougueys. In-8°, 
s. d., pp. 8. 

Abrégé du Réveil du Peuple, sans dale. 
In-8°, de vu, p. k à 7. La chanson du Bar* 
liou, sous le titre de Complainte républicaine, 
en patois de Grenoble, sur la révolution fran- 
çaise, chantée par un pauvre aveugle, fan n% 
de la république (orthographe différente, et 
16 couplets au lieu de 10). 

Achard, Vocabulaire provençal : Diction- 
naire de la Provence et du Comtat-Venais- 
sin, etc. In-4*, Marseille, 4785. 

Action facétieuse en vers provençaux , en- 
Ire cinq personnes. Mss. du xvn« siècle. 

Âder (Guill.), Lou Castounetgaseoun. In-8\ 
<Tlioïope, R-unond Colomiés, 4Q10. 



328 

Lou gentilhome gascoun e lous heits de 
gouerre deu gran e pouderous Henric gas- 
coun , rey de France e de Naouarre : bou- 
dât à mounseignou lou duc d'Espernoun , 
per , etc. In-8% Tholose , Ramon Colomiés, 
1610. 

Agar (Paul-Antoine), mort de la peste en 
1531. 

La belou Paysano-Mignard , et lou Ras se - 
lou lou capitani Fanferlu. 

Daigre feuille, Histoire de la ville de Mont- 
pellier (actes du xi e siècle, en patois). 

Albert, curé, Histoire du diocèse d'Embrun. 
3 vol. in-8°, Embrun, imp. de Moyse, 1783, 
tome i. 

Alegre, R. minime, lou P.-H. Joseph , In- 
structious moralos sur tous leis evangilos do- 
minicalos de Fan, compousados en lengage 
provençau , per la comoditat de messiurs leis 
curats et l'utilitat dei paures parossiens, que 
n'entendon ni comprenon pas lou françois, 
In-12, Marseille, 1688, pp. 577, 

Allard, Ballet en langage forésien de trois 
bergers et trois bergères se gaussant des amou- 
reux. In-12, s. d. ni 1. 

Allard (Guy), Bibliothèque du Dauphiné, 



229 

nouvelle édition publiée par P.-L. Ghalvet 
In-8°, Grenoble, veuve Giroud, 4797. 

Alléluia (Leis) daou 1 er mai, per l'aoulour 
deis Alléluia de 1814, sur l'imprimé de G. 
Mouret à Aix. A Marseille, de l'imprimerie 
deDubié. In-8% Marseille, 1821. 

Amilha, Tableu dé la bido del parfet chres- 
tia en bersses, que représenta l'exerci de la 
fé, per le Pero Amilha. In-12, Toulouso, 
1672. 

' Autre édition. Le tableu de la bido del par- 
fit crestia en bersses , etc. In-12, Toulouse, 
1759. . ' 

Avec un glossaire sous le titre de : Esclar- 
cissomen des mots particuilhés d'aqueste 
pays, en fabou des estrangés. De la page 346 
à la page 360 et quelques airs notés. 
. Angles de Veynes, Vers en l'hounour dou 
chef de l'empire. 

Annales de l'Auvergne. ln-8°, Clermont, 
1829, p. 149. 

Anibert, Mémoire sur l'ancienne républi- 
que d'Arles, t. m, 2 e partie, p. 400, etc. 

Dolce^ De la Antiguedad y Universidad del 
Bascuenze, etc. In-12. 
• L'antiquité du triomphe de Béziers au jour 

20 



de l'Ascension, contenant les plus rares his* 
toires qui ont été représentées au susdit jour» 
ces dernières années. Petit in-8% Béziers, 
Jean Martel, 4628. Ce vol. contient : 

4 g Histoire de Pépezuc, faite sur les mou- 
vements des guerres, représentée à Béliers 
le 46 mai 4646; 2* le Jugement de Paris, par 
Bonnet, avocat; 3° Histoire des' Chambrières 
de Béziers sur le nouveau rejaillissement d'eau 
des tuyaux de la fontaine. 

Aquestas Mandinas (Mâtines), sont de Ka- 
therine gentille molher de Matthieu deu Bogs, 
demorant en la rua de las Taulas, auprès de 
Sanl-Marsau ( Martial ), Mss. \n-A\ orné de 
belles enluminures, et daté de 4470. (Ce lir 
vre appartient à madame Texandier dcl'Aur 
mônerie, à Limoges,)— Un autre mss. aussi rir 
ebe, daté de 4496, porte : A mblafema Cathe- 
rine de la Jugie, mol lier del sieur Johaa 4e 
Julie) bourgeois de Limoges, 

Arribado de Guillaoumetdens lous enflas. 
In 8°, à Bordeaux, chez J, Lebreton, rue des 
Lois, n. 3, 

Arnaud (Joseph), cordopnier à l'Ute, dé- 
partement de Vauclusç, arrondissement d'Ar 
vigoon, mort le g février 1845. 



ftSf 

,' Nouveau recueil de Noëld provençaux, com- 
posés par, etc. Ih-48, Carpentras, cliezGau- 
tlibert-Penne, imprimeur-libraire; et in-12, 
(arpent ras, 1815. 

Âubanely Odes d'Anacréon. In-12, Nîmes, 
an x. 

Audibert, lé fortuné Marseillais, comédie 
en un acte. In-8% Marseille, 1775, p. 47. 

Aulbe ( comte d' ), La tasse , comédie ex- 
(raicte du cabinet de la Muse du, etc. Petit 
in-8° (vers 1650). 

■ 

Auzias Marché Las Obras, traducidas por 
don Balthasar de Romans. In- 4% gothique. Va- 
lencia, Juan Navarre, 1539, en espagnol et 
en catalan. 

Las Obres ara noVament, ab molt diligen- 
cia revistes y ordenades y de molts câtils 
atimoiuades. In-8% Bàroelona, 1560. 

De ûmoty poeina* 

**• Las Obras ara* novument revistes y es- 
jLompadas ad gran cura y diligencia. Posadés 
totes les déclarations dels vocables Seusmolt 
lafgamen en la taula. In-8% Barcêlofia, Gal- 
les Amoros, 1545. 

Avis à la? Fillettes sus las picadas d'una 



933 

ser qu'exista din las rocas d'aoa mol. ln-8% 
Montpellier, veuve Ricard, 18.., pp. 12. 

Avril ( J.-T. ), Dictionnaire provençal-fran- 
çais, suivi d'un vocabulaire français -proven- 
çal. In-8°, typographie d'Edouard Carlier, 
1840. 

Avanluro (F) d'un Lebrau. In-8% Mar- 
seillo, 1758. 

Axular (Pierre), curé de Sarre, Gueroco 
guero, 4642. 

Âycar (Marie), Ballades et chants populai- 
res de la Provence. In-18, Paris, 1826. 

Àysso sont las ordennanssas e franchesas 
de la vila et chastel de Lemotges approbadas, 
dounadaseconfermadas per Oudouart, prince 
de Galas et de Guyanna, fil h avant nat deu 
dich Oudouart, rey d'Àngleterra. Mss. de 
1370 (Limoges). 

B. G. F. La Granoulratomacheo, o la fu- 
rioso e descarado bataillo des rats et de las 
grenouillos coûts le rey ne, de Rodillard et 
Croacus, à l'imitacio del grec d'Homero, 
poerao burlesco. In-12 , Toloso , per Bernât 
Bosc, 1664, poème de 4330 vers, en quatre 
chants, pp. 155. 

B...J (Pierre), Mossu Canulo, comédie en 



.~ .'— ,*«Jaim ^ 



253 

trois actes et en vers provençaux et français» 
In-4°, Achard, 1831 (Prospectus). Voyez 
Bellot. 

B...J, Lous plésis daou Peyrou, méssés en 
vers libres, émbé de notas historiquas per 
M. B...édédiadasàM. S... soun amie. In-8°, 
àMounpéyé,acodéX. Jullien,impriniur, plaça 
de Louis XVI, n. 2. 1829. 

Barjon, Dictionnaire patois de Montpel- 
lier. Mss. 

Barny de Romanel(S.'k.-A. ), Histoire de 
Limoges et du Haut et Bas Limousin , etc. 
In-8°, Limoges, 1821, p. 30 et seqq. passim. 

Baro (du), Mors et vis (imitation d'un 
conte du xn e siècle). Grand in-12, Paris , 
1834. 

Barutet (Grégoire de), Le triomphe de l'É- 
glantino, par le sieur, etc. In-4°, Tolose, chez 
F. Boude, 1651. 

Baurein ( l'abbé Jean ), Variétés Bordelai- 
ses , ou essai historique et critique sur la to- 
pographie ancienne et moderne du diocèse 
de Bordeaux. 6 vol. in-12, Bordeaux, 1784- 
1786, parle d'un glossaire (manuscrit égaré 
ou perdu) de l'ancien gascon des chartes. Y. 

20. 



9St 

éti mnta, v. i$ p. \m, 150, Ui, te, i99, 
9m, &64, et v, io9, iî8, 

Bedout(G.), Lou Parterre gascoun, cotimptt- 
Sat de quodale correùs, péï*G. ïtedoul d'AUch. 
ln*4*, ËotirtïëUs, Pierre de Coq, 1642. 

Bekker (Emmanuel) : le Roman provençal 
de Fier-à-Iîras,etc. In-4 6 , feerlin, 1729. 

Bègue (François de) : Comédies et chan- 
sons. Ces dernières ont été imprirhées dans : 
Lou Jardin deis musos provençalos, ou recueil 
do plusitifs pcssos en vers pfovcnçâuk, re- 
cUdillidos deis plus doctes pouclôs d'aquest 
pays, In-42, Aii, 16Ô5. 

Ëettffêtvi ( névëli ) : Fables ûlloisteë de La 
"FôMtdiniî, ëri vers gascdhs. In ^12, Parte', 
1816. 

Bëtbtoddë tu Mlmàièn (Louis) : Obhte et 
Fillibs prbVenssalos , fevioiitlalos pei 1 Pierre 
Paul, escuyer de Marseillo, dedicadôs al vëh- 
litotix et generoùx signbtfrfc Lbliis d'Ali el 
GhrtHes de Gasatilx , premier! consouB-capi» 
tanis de doues galeros, gubernatours de l'an- 
iiquo villo de Marseillo. In-4°, Marseillo, 
4995. 
. • — Obras et rimos provenssatos et fôus.pa& 



satens de Loyfc de là Bellaùdicro , itacs on sa 
( lUEour, par P. Pau. Marseille, par Pierre Mas- 
car on j 1595. 

— Barbodillado et pbantazies journalières 
de P. Pau< Marseille, par Pierre Màscaron, 
1595; 3 tomes en 1 vol., petit in-4°. 

Ite/fo/ (Piètre) : Mdtissu Canulo, vo lou fiou 
ingrat, comédie en trois actes et en vers pro- 
vençaux et français, représentée sur les théâ- 
tres de Marseille. In*8°, Achard, Marseille, 
1832. 

— L'Ermito de Id Madeleno, ou l'Observa- 
teur Matsiés. ln-8% Marseille, 1824, p. 56, six 
livraisons. 

— Les loisirs d'un flâneur, ou le poète par 
occasion) recueil de poésies provençales et 
françaises. In-12° * Paris 1822 , Marseille , 
Àchard, p. 120. 

— LoiiGymnaso e lou grand théâtre, épître 
satirique, à Moussu G. Dairnvœll. In-8°, Mar- 
seille, chez Bouvet, libraire, 1838. 

. Benazet (Olympe) : Les malheurs des fem- 
mes mariées; In-8° , Toulouse, Lagarrigue, 
4839. 

, Barthélémy, directeur du Muséum d'his- 
tdire naturelle, Lei Levs doou Canoubier, 



256 

Conte véritable de 4838, dédia aou poueto 
prouvençaou Pierre Bel lot. In-8°, Marseille, 
typographie des Noirs Feissat aîné et Démon- 
chy, rue Canebière, n° 48, pp. 8. 

Beatlie (William) : Vallées Vaudoises pitto- 
resques, p. 105. 

Bernada (La) Bugandiri, tragi-comédia. In- 
42, Lyon, H. Perrin, 4658, pp. 48. 

Bergoing (R. de) : Le quatriesme libre de 
l'Eneido de Virgilio revestit de naou et ha- 
billai a la brullesco, par le sieur, etc. Petit 
in-4°, Narbouno, per Oomingue le Cuizot, 
4652. A la suite de l'exemplaire de M. Martin 
se trouve un poème de quatre pages, intitulé : 
Le Belour de Dieri. 

Benazet (P.) : Le Véridique franco-patois. 
In-4°, Toulouse, 4833, pp. 2. 

Benoni ( Matthieu) : Patroun praire, vo lou 
pescadou tourounnen, comédie en deux actes 
et en vers provençaux, mêlée de couplets. 
In-8°, Duplessis-Ollivault à Toulon, 1833. 

Beronie (Nicolas), prêtre, professeurémérite 
de l'Université. Dictionnaire du Bas-Limousin 
(Corrèze), et plus particulièrement des envi- 
rons de Tulle; ouvrage posthume de, etc., 
mis en ordre, augmenté et publié par Josephr 



287 

Anne Vialle, avocat. In-4°, à Tulle, de l'im- 
primerie de J.-M. Drappeau, imprimeur de la 
préfecture. Il contient en outre : 

Les Ursulines , dialogue en vers, avec tra- 
duction en regard, imprimé à la suite de ce 
dictionnaire , dont quelques exemplaires en 
sont privés, p. 355 à 361. 

La Moulinade, poème héroï-comique, avec 
traduction en regard, p. 372. 

Berses Toulousains. In-8°, Toulouse, 4828. 

Berlat (la) -.Petit in-4°, Villemeur, à Limoux, 
4838 (en vers). 

BerOiet (François) : Épigramme sur la prise 
de Maastricht. 

San Peyré, emé sa testo raso, 
Diguét, davant Mastrec, l'autre jour à san Pau : 
Per combattre aujourd'hui presto mi toun espaso ; 
Din doues jours, per inlrar, ti prestarai ma clau. 

Berthet (Jean) 

Bertoumiou à Bourdeou, ou Lou Peysan 
dupât. In-8°, à Bordeaux, chez J. Lebreton, 
rue des Lois, n° 3, pp. 16. 

Bertrand (Élie) : Recherches sur les langues 
anciennes et modernes de la Suisse, et prin- 
cipalement du pays de Vaud. 4758. 

Blanc (dit la Goutte) : Épître en vers , en 



2»«: 

la»gtfgo vulgfttfê de Orenoble^ sur \m ïéjouis^ 
sandes qu'an y a faites polir moiwèigfteur ie 
Dauphin. A *»ademoiseIle ***, Ift-4°, Pierre 
Fftttre* 4729, pp» 92» Citée en «mliar dans 
l'ouvrage de M» Chdmpelliôn-Figeac,, Reclr. 
$ur les pbtois, p. 43 A 145» 

— Coupi de la lçttra écrita per Blanc dit 
lo GouUo, à un de sos amis, u sujet de l'inon- 
dation arriva à Gûrnoblo, la veille do Saint-* 
Thomas, 30 décembre 4740. ltf-4°, Grenoble, 
imp. ûe Faure, Pierre, 4744, p. 7, 

— Grenoble malherou. A monsieur***- In* 
4°,Grenoble,imprHï>erfed , AndréFoure > 4735 7 
p. 26. — In-8, Grenoble, imp.' de J.-L*-A. Gi*- 
rou, vers 4400, p. 28. —Poésies en langage 
patois du Dauphiné. ln-8% Grenoble, Prud- 
homme, 1829, p, 4 à 48. 

BlanCj ftOtairé : RéflexîoliSilêé marchandes 
de melons de la place Saint-André, au moment 
de la nomination de l'abbé Grégoire. ln*8% 
Grenoble) 4830. (Citées dans las mémoires ds 
l'abbé Grégoire, 1. 1, p. 244.) 

Gttles-ftiarw « La Bienfaisance de Louis XVI, 
yo leis festos de la pat, drame Ijuique en deux 
actes et en vers, mêlé de français et de pro- 
vençal, composé à l'occasion de la paix glo- 



<4sd 

•rieuse de 4 $83, dédié à MM, les maires, éche* 
-vins et assesseurs de la ville de Marseille. Jl 
fut représenté en 4783. 

Bis torts : Poésies catalanes perdues. 

Boiceau de la Borderie (J.) : Le Monologue 
de Robin, lequeau a perdu son precez. In-Ô , 
Poitiers, 1555. Satire contre les plaideurs, 
très-souvent réimprimée. 

B onardi y docteur en Sorbonne : Bibliothè- 
que provençale. Mss. 

Bonnet, avocat : Le Jugement de Paris. 

Bonnet: Poésies toulousaines, vers 16410. 

Bonnet (Pierre), né à Beauoaire le 21 $oûl 
1786, tourneur et cafetier : Piehotou Révuou 
deis saisouns Bouqueirenquou, poëroou pa- 
tois en quatre cants, dédia ois faons enfants 
doue pçïs, par soun servi tour Bonnet, cafetier 
de Beoueaïre. In«8°, Arles, Enco de de D, Ga- 
roin, imprimur, piaçou Royalou, 1889. A èa 
page 01, on trouve : tmprecatioun cr&ntou loti 
mayestraon. 

— Caosoii deis nouveaux aristocratous* ln« 
8°, Ta rascon, imprimerie et librairie de J. Bas- 
tide et Gondard, 1835, pp. 4. ; 

-r Leis doux Rivaous de la Tartugou* ou 
l'A se, lou coulobre et la iaroque, poâwoii 



340 

opi-coumique en quatre cants. —Dialecte bou- 
quirén. In-8°, Nîmes, imprimarié de G. Du- 
rand-Belle, 1840. 

Dans le même volume on trouve, p. 115 : 
Leis Olympiyens Démasqua , poème. Dans la 
Gazette du Bas-Languedoc, n° du 10 septem- 
bre 1840, une fable du même, intitulée : L'A- 
louve le, sa fié et lou Mirayé. 

— Abrégea histouriquou, en vers patois, deis 

principaoux faits arriva du Beoucaïre despieï 

89 jusqu'en 1832. In-8°, Arles, Garcin, 1832. 

Recueï de cansons patoises. In-8°, Garcin, 
imprimeur à Arles, pp. 15. 

— Recueï de cansous patoisous pour le car- 
naval dé 1837, de la fabriquou dé, etc. In-8°, 
Garcin, imprimeur, 1837. 

Bonneville (Jean-Pierre) : Ge que esperavian 
pas, ou Jean-Pierre revengu de Brest, inter- 
mède provençal, terminé par le train de Saint- 
Giniès. In-8°, Marseille, 1781. Autre édit. s. d. 
imprimée aussi à Marseille. 

Bons mots et contes provençaux : Petit in- 
folio manuscrit de 658 pages. Bibliothèque 
royale. 

Bordeu , médecin illustre et non moins il- 
lustre poète béarnais. 



341 

Borna (Bertoumiou de), Elegio prouven- 
salo sur la paz. In-8°, Paris, 4609. 

Bosch (André) , Sinucazi , Index , o epito- 
medels admirables y nobilissims ti lois de ho- 
nor de Cathalunya, Rossello, y Cerdania. 
ln-fbl., Perpinya, 1628. 

Bouche (Charlé-Francés) , députa dé lo ci- 
davan sénéchaoussado d'Aix, membre de 
l'assemblado naciounalo counslituanto, è en- 
quey d'aou tribunaou de cassacién. La coun- 
stitucién francezo, traducho counfourmamen 
eis décrets de l'Assemblado naciounalo coun- 
stituante en lengua prouvensalo , é presentado 
à l'Assemblado naciounalo legislativo. In 48, 
Paris, de i'imprimarié naciounalo, 1792, fran- 
çais et provençal, p. 271. 

Boudety le Triomphe du Soucy. In -4°, 
Tholose, 1679. 

Bouger el (le P.), Parnasse provençal, ma* 
nus in-folio , 3 vol., dont M. de Saint-Vincent 
a communiqué une copie à Millin. 

( Il parle de quarante poètes provençaux ; 
il appartient aujourd'hui à M. Portier, à 
Àix.) 

Bouquet (lou) prouvençaou , vo leis trou- 
badours revioudas, in- 12, à Marsillo, impri- 
ai 



?*2 

jparié d'Achard, carriero Saiirt - Ferrsol , 
n°64, 1833. 

Bouquet de cauquos flpuretos cuillidos sul 
Parlasse Bitejrois. In-8% E, jBarbul, 1723, 

p. 18. 

Boutade de la Mode récitée par un perro- 
quet, dans Begiers, le jçur (le l'Ascension , 
4633, In-12, B<?»içrs, J. Pçch.,. 

Breviairq d'amour; copie de la première 
partie en vers provençaux, Afes. de l'Arsenal. 
Brwh (P. die) ; Poèmes, ln-4% Bordeaux, 
J57fi, folio «63. 

Brunet (de Bord^aw), Reçjueils d'opuscule 
et de fragments en vers patois, extraits d'ou- 
\rages devenu fort rares» ln*18 oblong, Par 
ris, Gayet et Lebrun , 4839 (tiré à 420 exeipr 
pteuvç*). 

Lettre à M. de sur les ouvrages écrits 

m patois. Jn*8 * Paris, 48#9, p % 68. Bro- 
çlmra plww d'erreurs de toyle nature. 

La Bugadioro. — < tais très feoios de P$y* 
nier, U lendemain , romance. In-8°, Digne, 
imprimerie de Repos , p, 4, 

Bugado ( la ) provençalo , enliassado 4e 
{WQverJù*, seniçocis e»t tufluts per rùtâ* Id " 
JS j poème* tr&Hranes, 



545 

Èutlê (Bâllfiasàr de lu), poète dt> *vi è siè- 
cle, valet de chambre du cardinal de Bour* 
bon. Voici ce qu'il dit dans un poème, fr 
propos de sainte M&gdetêinê i 

Et revengut loù jour tous angis la portavon 
Ben plus haut que Ioa ro«# 



Jamay, per mauvais temps que fessa, que frédura , 
Autre abit non avia quo la siou cabelloura, 
Que Gomo un mantel d'or, tan eran bete et blotmds. 
Le coubria de la testa fin al bas des talouas. 

C. (B. G.), Lou novl para, eoumcdio prou- 
yençalo en très actes. Cracoviou , 1743. 

Cabanes (Jean de, écuyer d'Aix), Poésies. 
Mss. in-folîo de la Bibliothèque royale, con« 
tenant : te Paysan ustrotoguù, lisetlo amùu- 
rùuSùj tei Bigots, lou Jugi avaro, satiro. 

L'ftistourien sincère sur lô gucrrô dôou 
due de Savoyo en Prôiivençô, eh 4707, etc. 
Id-8°; Aix, de l'imprimerie de Pôntier il!* 
aîné. 

Cabinet des plus belles chansons nouvelles. 
In-42, Lyon, 1502. 

Cùtdagués (l'abbé), recueil de Poésies au- 
vergnates (inédites) et des auteurs de Mont* 
Ferrand, 4733. 

tanco (Pierre), négociait et troubadour 



su 

en 1323 (l'un des sept poètes qui fondèrent 
le prix à Toulouse. Il ne reste de lui qu'une 
chanson). 

Gansous spirituelos en provençau à l'usage 
dei P. P. de l'Oratoire. In-12, à Marseille, 
chez la veuve d'Henri Martel , imprimeur du 
roy, de la ville et du collège, à l'enseigne du 
Nom de Jésus, 1700, 1711, avec permission, 
p. 243 et 1721. Aix, 1703 (par le R. P. Mi- 
gnot, de T Oratoire). 

Cansoun nouvelle sur la mort de Nicoula. 
In-12, p. A. 

Cansoun nouvelo su lou changemen dei 
gous, sur un air couneissus. In -8°. 

Cansoun (la) dey Magnans. In-8°, Avi- 
gnon, imprimerie de Et. Chaillot aîné, p. 4. 

Cansoun descriptivo de la festo patrounalo 
dé Manosquo que si cèlebro lou 12 may. 
In-8°, à Àpt, de l'imprimerie de J. Tremol- 
liète. 

Cansou al sutchet d'un courri d'azi. In-8°, 
Toulouse, 1828. 

Canzoni contadinesche in dialette corso ; 
con annotazioni. In-8°, p. 31. 

Cantiques provençaux, où les psaumes, les 
hymnes , elc. , sont exposés d'une manière 



245 

proportionnée à l'intelligence des plus sim- 
ples. In-8°, Aix , 1689. 

Cantiques et Noëls provençaux. In -12, 
Avignon , 1698 ; 1 feuillet et 160 pages , 
1735; 3 feuillet et 412 pages; 2 feuillets de 
table et 137 cantiques. Celle de 1731 est 
moins complète et n'a que 276 pages» 

Cantiques spirituels des Missions, impri- 
més par ordre de Mgr Jérôme-Marie Champion 
de Cicé, archevêque d'Aix et d'Arles : à l'u- 
sage de son diocèse (en langue provençale). 
In-18, Marseille, chez Mossy, 1804, p. 108. 

Cantiques spirituels à l'usage des missions 
des prêtres séculiers, In-12, Marseille, Fre- 
bion, 1783. 

Cantiques spirituels à l'usage des missions 
de Provence, en langue vulgaire. Nouvelle 
édition augmentée et rétablie sur l'original. 
In-12, Marseille, chez Jean Mossy, libraire 
à Cannebière, hdcclvi, avec approbation et 
permission , p. 426 ; à Avignon , chez Fortu- 
nat-Labye , imprimeur, proche le Noviciat des 
Révérends Pères Jésuites. In-12, avec ap- 
probation et permission, 1735. 

Cantiques provençaux. In-8°, Aix, 1703. 

21. 



*4s 

Cantiques ett lâriguedôcieh et en frahçate. 
ln-12, Castres. 

Cantiques spirituels» In-12 > Alby. 

Cantiques spirituels des missions impri- 
més J>ar ordre de Mgr Jérôme-Marie Cham- 
pioil de Cicé, archevêque d'Aix et d'Arles, & 
l'usage de son diocèse, en langue provençale, 
!n-8°, Marseille, chez Moissy, 1804. 

Cantiques provençaux, où les psaumes, 
les hymnes et les prières de l'Église sont ex- 
posés d'une manière proportionnée à l'intel- 
ligence des plus simples. In-12, à Aix, chez 
G. Lcgraîid, imprimeur et marchand libraire, 
pi*ofche et derrière l'hôtel de M. le président 
d'Agut, p. 160. 

Autre édition iri-l8< Aix, chez la veuve 
0. Legratul, imprimeur et libraire , p. 248. 

Catisohs spirituelos en provençàu à l'usagi 
dei missieus. ln-18, à Marseille, chés la veuve 
fiènri Martel, à l'enseigne du Nôm-de-Jéstià , 
HOO, p. 103.^1703, p. 460, 

Chansons nouvelles. ltt-Î2, p. 4, Mar- 
seille. 

Chreslien (de Montpellier), Poésies fugi- 
tives, 



I » T » 

24/ 

CiXhmml ( Ldu ) Ubti fèy Rëflê* ëdtnédie 
eh 5 actes et ert vers, in-4 6 , de 06 feuilleté. 
Mss. de la bibliothèque du Roi. 

Cartttetiliëre (rtiôihe dés îles d'HJèfes) : Bio- 
graphie des tfoubadôurs, d'après les brdfes 
d'Àlphohâë il, roi d'Àfâgoh et comte de Pro- 
vence, Mss. du xii e Siècle. 

Corbiac ( Pierre ), poète catalan. 
Capelle ( D. ), Poésies diverses en patois de 
Tbulouse. (Il vivait encore en 1675.) 

Carvin aîné, de Marseille, Misé Galinetp et 
lou revenant, vo lou mariagi de Rasefin, co- 
médie en un acte et en vers français et proven- 
çaux, faisant suite au Barbier Rasefin. In-8°, 
Avignon, Pierre Chaillot* imprimeur, 4830. 

— Au prix fixe, vo Scarpin, couttlounié 
dbis Damos, comédie en deux actes, mêlée de 
couplets ^ envers français et provençaux. In-8% 
Marseille, chez Mille et Senès, 4824> pag. 30 
( plagiat éhonté d'une pièce dé Bellot); 

-~ Le Marché dé Marseille Vo leis doues 
tiotimàifés, coitiédié en deux actes et ëb Ters. 
In-8° , Marseille , de l'imprimerie de Jëtth 
Mossy j IhdcclxxxVj avec approbation eb f>er- 

|ttis$teft, , , - 



1 



348 

— Le Marché de Marseille, vo leis doues cou- 
maires, comédie en deux actes et en vers, par 
un commissionnaire-chargeur de Marseille. 
In-8% Avignon, chez François Raymond, li- 
braire, près le Collège royal, 1821, 

— Lou Barbie Rasefin , vo tartellettos \ 
comédie en deux actes , en vers français et 
provençaux. In-8°, Marseille, Marius Olive, 
1827. 

— Counfessien d'un Jacob, dialogue tragi- 
comique en vers provençaoux entre mestre 
Noura et Patroun Siblet, ln-8°, Marsillo , 
1820. 

— MestéMauchuan ou le Jugement de l'Ane, 
comédie en un acte et en vers provençaux. 
în-8°, Marseille, 1825. 

— Mesté Barna, marchand dé vin eis grands 
carmes vo soou fas , fas pas maou , comédie 
en un acte et en vers provençaux. In-8°, Mar- 
seille, 1824. 

— Lou mariagi de Margarido, comédie en 
un acte et en vers. ln-8°, Marseille, 1781. 

— Moussu Jus , comédie en un acte et en 
vers. In-8°, Marseille, an xii. 

C > Jean dé Cassis oou Mar lègue, imi- 
tation burlesque de Jean de Paris, etc., co- 



349 

roédieen un acte et en vers provençaux, mê- 
lée de contes, saillies et bons mots attribués 
aux anciens habitants des Martigues; repré- 
sentée pour la première fois sur le Grand- 
Théâtre de Marseille, en mars 1817. In-8°. 
Marseille, chez Masvert, libraire, sur le port , 
1816. 

Deuxième édition. In-12, Marseille, chez 
Estelbon, libraire, 1829, 

Cassan (D.-C. ), La Saouçou d'espînar ou 
suitou funestou dé l'errour d'un cousiniéca- 
poucbin, amé quaouquis et nouta. In-8°, 
Bonnet fils, à Avignon, 1837. 

Cary, de Marseille, Dictionnaire étymolo- 
gique du provençal. Mss. inédit. 

Cassanea de Mondonville (Jean-Joseph), 
Daphnis et Alcimaduro. In -4°, Toulouse, 
1785. 

— Pastorale languedocienne, avec la tra- 
duction interlinéaire. In-4°, Paris, 1754. 

Catastrophe affruse arribade a ineste Bar- 
nat, ou sa séparatioun dam Mariote; pp. 8, à 
Bordeaux, chez J. Lebreton, rue des Lois, 
n. 3. 

Catéchisme dogmatique et moral, traduit 



360 

en ta làngtfe vulgaire de Toulouse, dans loquet 
on a inséré tout ce que contient le Catéchisme 
de Toulouse, avec quelques additions et ex* 
plications fort utiles en faveur des pauvres 
et particulièrement des gens de la campagne. 
In-8\ Mss. de la bibliothèque du poète patois 
Martin (voyez ce nom). Au verso du titré t 
Imboucaciu del sant Esprit et uno Prec/ario ; 
puis une préface dans laquelle on prouve 
la nécessité et l'utilité d'un catéchisme. Tra- 
duit en langue vulgaire jusqu'à la page 19* 
Un avertissement* A la page 369 commencent 
les Hymnos de la Gleisa éournados en gascou, 
ils finissent à la page 411 j et enfin une Ta- 
ble. 

Catéchima edo fedea Laburzkï. In-12, Glu- 
zeau, à Bayonne* 1832. 

Catel ou Caltel (Jean), Mémoires histori- 
ques manuscrits. ( Ce troubadour remporta 
l'églantine en 1474.) 

Cavalier fils, de Calvisson, Dialogue en 
vers français et patois entre t'ombre de 
Louis XVI et son jardinier de Saint-Cloud , 
originaire du Languedoc. In-8° 3 veuve Gàude, 
à Nîmes, 1*88. 



m 

Chaulnes (le marquis de), Recueil de NooU 
composés au langage de Grenoble. In-12. 

Chansons spirituelles qui doivent se chan- 
ter à la mission des Pères de l'Oratoire de I? 
présente année 1701. ln-18, à Marseille, che? 
la veuve d'Henri Martel, à l'enseigne du Nom- 
de-Jésus, 1701, p. 32, — 1703, p. 32. 

Plus, dam le même volume : 

Gansons spiriluelos en provençau , à l'u* 
sagi dei missions. In-8 Q , Marseille, etc., 1703, 
avec permission, p. 32. La première édition : 
Chansons spirituelles qui se chantent à la mis- 
sion des Pères de l'Oratoire de la présente 
année 1700. In-8% etc. p. 24. 

Chape Ion (Jaeques- Antoine et Jacques), 
prêtre, Œuvres françaises et patoises (de 
Saint-Étienne). Inr8*, Saint-Étienne, 1779. 
— Ibid. 1820, p. 296, dix Noëls en patois du 
Forez . 

Chapîtro brouillia, poésies en patois de 
Grenoble. In-8°, différent du recueil publié 
eji 1662. 

Char bol (Nicolas), avocat à Grenoble, où \\ 
e$t né au commencement du xvujf siècle, Dic- 
tionnaire étymologique de la langue yulgaira 



254 
qu'on parle dans le Dauphiné. Manuscrit iné- 
dit. Grand in-8° de 404 pages. 

Charte municipale dfes communautés de 
la Roche et d'Alanson (Drôme), 1513, iné- 
dite. 

Charte de fondation de la Ville de Saint- 
Nicolas, par le prieur et l'abbé de Moissac, 
de concert avec le vicomte de Saxet. 1135. 
(V. le Gallia Christiana). 

Charte de 1201 , en patois d'Auvergne , 
conservée aux archives de Bourgogne, à 
Dijon. 

Chartes ( trois ) en Gascon, à la bibliothè- 
que de l'Arsenal. % 

Chaubard de Roquebrune > Poésies langue- 
dociennes. Manuscrit égaré. 

Chasteuil (G ahup de), poète provençal. V. 
Galaup. 

Chronica(la) de Cavaliers cathalans (ma- 
nuscrit de la bibliothèque d'Aix en Pro- 
vence). 

Chronique Bitteroise en langue vulgaire 
(cartulaire de Raymond-le-Jeune, comte de 
Toulouse). 

Christié. Sur le patois de Nice (magasin 
Encyclopédique, juin 1811, p. 274 à 282). 



255 

Chazelle (Jean de), Pièces et chansons pro- 
vençales. 

SDR Lk PAURETAT. 

Troupo dequinotas, orguillouso paurillo, 

Que tan fouert d'aqueou mau moustras do tous piquar ? 

Pauretat es un mau que noun se pou liquar , 

Mar non offenso pas l'honuour d'uno famillo. 

Au contrari lois dens que muestro lo roupillo' 
D'un paure qus pertout se laisso publicar , 
Soun d'armos que lou fan tallamen respectar , 
Qu'es un gjand cop d'hazar si qu'aouqu'un lou goupil lo. 

Bande de Quinolas, orgueilleux, misérables, 

Qui vous piquez si fort quand on vous accuse de pauvreté 1 

Pauvreté est un mal qu'on ne peut quitter, 

Mais qui ne souille point l'honneur d'une famille. 

Au contraire les dents que montre l'habit 

D'un pauvre paitout , sans les cacher, 

Sont des armes qui le font respecter tellement , 

Que c'est grand hasard si quelqu'un le querelle, 

Cfômen/(Marius), La Comète de 1835. In-8°, 
Marseille, chez Mille et Sénés, imprimeur. S. 
d., pp. 4. 

Codolet (Louis-Tronc de), Leis Fourbariés 
dou siècle , comédie représentée à Salon en 
4684. In-8% Salon, 1757. 

Colomb de Satines (P. )> Bibliographie des 
patois du Dauphiné. ln-8°, Grenoble, Prud- 
homme, 1835. 

22 



264 

Collection de farces, raoralitéz, sermons 
ioyeux. Petit in-8° (15 livraisons"). 

Colomez ( Jean - Pierre ) : Le triomphe de 
l'œillet. In-4% Toulouse, Desclassan, 1687. 

Comédie de Seignè Peyre et Seignè Jean , 
petit in-4% Lyon, Benoist Rigaud, 1580 , de 
8 feuillets. Petit in-8°, réimpression figurée, 
1832, Paris, Pinard, figures en bois, 8 feuil- 
lets, 42 exemplaires. 

Compendi de la doctrina chrisliana com- 
post y posât en orde per lo illustrissim se- 
nyor Joan Hervieu Basan de Flamenville, 
bisbe de Elna , per ser sol ensenyat en son 
Bisban, etc. ln-18, Perpinya, en casa de J. 
Alzine, 1815. 

Commentaire sur la Bible, en gascon, ma- 
nuscrit de l'Arsenal. 

Compilation dalguns priviledges et régla- 
mens deu pays dé Bearn. ln-4°, Orthez 1676, 
et Pau 1716. 

Conférence de Janot et Pierrot, Doucet. In- 
4°, Paris. 

Comte ( François ) d'isle : Géographie deU 
conclats de Rosillo y Cerdania. 

Compte-rendu de l'administration commu- 
nale adressé aux conseillers municipaux de la 



255 

ville d'Aubenas au xiv« siècle. Ce manuscrit 
patois a été soustrait aux archives de la ville 
d'Aubenas depuis quelques années. 

Comtesse (la) de Fumeterre : manuscrit en 
patois de Montpellier. 

Confession générale de frère Olivier Mail- 
lard, en languatge de Tolose, in-8% gothique, 
sans date ni lieu d'impression, 12 feuillets. 

Çonstitucion francezo , en lenguo proven- 
salo. In-16, Paris, 1792, 

Gonto (lo) dau Graisu, coq-à-1'âne dans le 
patois du canton de Yaud. ln-4°, sans lieu ni 
date (1780). 

Corona (Raimond ) : Canso ab lo quai co- 
noys om lo astre de la luna prima 1833, ca- 
lendrier en vers, Stanzas à Loyse d'Izalguier; 
Canso de la Violetta , etc. 

Costumas de Perpigna, 1300. 

Coumbettes, dit Couquel, tourneur de Cas- 
telnaudary : Recuil de Cansous patoisos, corn- 
pousados per, etc., in-12, Groc à Castelnau- 
dary, 1835. 

Couplé d'un arlatén a un de seis compa* 
triotou à Paris, à l'occasioun de la festou dou 
courounamen. In-18, pp. 3. 



256 

Chansons de chasse en dialecte de Cahors , 
par M. Edouard Armand. 

Courtet (Capiotte) : Pastourale limousine, 
comédie. In-12, Agen, 1701, Bordeaux, vers 
1684, et Limoges. Elle a eu plusieurs édi- 
tions. 

Crebo-Cur (lou) d'un paysan su la mouert 
de son ay erae la sou (franco et la miseri del 
forças que son en galero. In-12 , à la Poêle , 
chez Pierre Fricasse , rue Rognon , à l'ensei- 
gne des Côtelettes, pp. 36. 

Cristoou et Fresquière, ou la queue de l'âne 
arrachée, comédie en un acte et en vers. In- 
8°, Marseille, 1825. 

C*** (J.-B.) : Lou Novy para, coumediou 
prouvençalou en 3 actes, per, etc. In-8° , à 
Cracouviou enco d'sowart Pzzpéndorousky, 
1543, Arles, pp. 62. 

Coye (Jean-Baptiste), mort en 1768 et né à 
Mouriés , à quatre lieues d'Arles , auteur de 
plusieurs ouvrages ; entre autres : Lou Novy 
Parât , le Prétendu rejeté , comédie en cinq 
actes, en vers, in-8°, Arles, 1743. Lou Dé- 
lire , ou la Descente aux Enfers. In-8% Arles, 
1749. Et beaucoup de poésies encore inédi- 



257 

tes, recueillies en partie enfin sous le thre 
suivant : 

Œuvres complètes de J.-B. Coze , en vers 
provençaux, ln-8% Arles, Adolphe Mesnieri 
imprimeur du roi , 1839. 

D'Alayrac ( Raimon ) : Gantadour d'Alby, 
couronné en 1325 par les sept trobadors de 
Tholose, pour sa Canso de mossen Ramon 
d'Alayrac, capela dAbegès el gazanhetne la 
vialeta del aur à Tolosa, la seconda vetz en 
l'an Meccce xxv (Mss. des Jeux Floraux). 

Daslros : Las quatre Sazous , pouëmo en 
patois de Saint-Cla de Loumagne. In-12°, Tbo- 
lose, 1680. 

Daslros (J.-G.) : Lou trimfe de la lengoue 
gascon no aus plaxdeiats de la quouante sa- 
sous et deous quouate eloraens daouant lou 
Pastou de Loumaigno. In-12°, Toulouse, 1700 
et 1762. 

Daslros, docteur en médecine : Fables pro- 
vençales (extraites du troisième volume des 
mémoires de la Société académique d'Aix). 
ln-8% Aix, 1827, p. 21. 

Daubasso (Arnaud) : Ses Œuvres. In 8°, 
Villeneuve, 1806. 

22. 



258 

Davaile : Annales du Bigorre, avec cks 
poésies patoises. In-8°, Tarbes, 1818. 

Daveau, cqiffur : Odos presentados al ©en- 
cours oubert per la souciétat archeologiquo 
de Béziers. ln-8°, Carcassoune, chez Potnimés 
Gardcl, 1839. 

— Lépassaché de la mar Roujo. Odo qu'a 
oubtengul lé prex al concours oubert par la 
souciétat archeologiquo de Béziers, le 28 mai 
1840. In-8° Carcassouno, imprimerie de C. La- 
ban, 1840. 

— Pouema en Phounou de l'inauguration 
de la statuo de P.-P. Riquet, à Béliers, cou- 
rounat per la souciétat archeologiquo d'a- 
questo bilo. ïn-8°, Carcassouno, imprimarié 
de L. Pommiés-Gardel, 1839. 

Degrand (Jacques) : Carnabal dens Mo de 
Stages, pouemo. In-8% Toulouse. 

— Las Matinados de Moussu, ln-12% Car- 
cassounno, 1808. 

Defenèo de Janot Carnabal (en vers). ln*8°, 
Toulouso, Bemchet aîné, 1831. 

Démons (Martin) : Amb'aquel sirventes A* 
gurats Marti Démons, marchant de Malcosinat 
de Tholosa, gânzanhet del Eglantina Mss. de 
l'académie des Jeux Floraux, 1449. 



959 

Delpegh (Jean) : Sirventes a Thonor del 
Rey nostre senhor, baillât, Tan 1450, per 
loqual gazanhet l'anglantina Johan. 

Deribier de Cheissac : Vocabulaire du pa- 
tois du Yelay. Dans la Statistique de la Haute - 
Loire. (Mémoires de l'Académie royale de 
Clermont', t. ix.) 

Desanat fils : Lou Canaou deis Alpinos, odo. 
In-8% Marseille, Mossy, 1839. 

— 'Vengenço natiounalo vo la destructioun 
d'Abd el-Kader, chant guerrier en vers prou- 
vençaous. In-8°, Marseille, 1840. 

— La Festou de Nostrou-Da mou-de-Casteou , 
en vers prouvençaou, dédia à la jouinesso de 
Tarascon. In-8% Tarascon, 1835. 

— Critiquou controu de paouri vers publia 
aou sujé de la festou de Nostrou-Damou-dé- 
Casteou, poémou satyriqué. ln-8% Tarascon, 
chez Bastide et Gondard, 1835, p. 16. 

— Résufatien dirigeado contro la Gazette 
d'oou miéjou : epitro dediado aou duc d'Or- 
léans. In 8% Marseille, 1839. 

— Épitre councernant la festo dei Courtié 
de Tarascoun. ln-8°, Marseille, 1837, et d'a- 
bord in-4°, Limoux , 1834. 



260 

— Épitro à Pierre Paul Riquet de Bon- 
Répaou, aoutour doou canaou doou Langadoc. 
Ad cale. L'Écho du Rhône du samedi 17 no- 
vembre 1838. 

— Mazagram , cantate dediado à l'armado 
d'Afriquo. In-8° , sans lieu ni date, im- 
primerie de Terrasson, rue du Pavillon, 20, 
pp. 4, 

— Napoleoun ou leis restes doou grand 
homme, poësio prouvençalo. In-8% Marseille, 
chez Terrasson, mai 1840. 

— La San Bartelemi deis courtiés marrouns. 
In-8°, Marseille, chez Sénés, 1840. 

■ — Lou troubadour natiounaou , vo lou 
chantre tarasconnen , Recueil de pouesiou 
poulitiquou, Bachiquou, pastouralou, etc., en 
vers provençaou. 2 vol. in-18, Marseille, ty- 
pographie de Feissat aine et Demonchy , rue 
Cannebière, n° 19, 1831. 

Desastres , leis , de Barbakan , chin errant 
dins Avignoun, in-12°, Aix, 1744. 

Dessales, employé aux archives du royaume: 
Les patois du midi de la France , considérés 
sous le double rapport de récriture et de la 
conlexture matérielle $es mots. (Journal de 



261 

la langue française et des langues en général, 
février 1838, p. 337 à 352.) 
• Lo dialogo de le quarto comare. ln-8°, Gre- 
noble In-16% Montbeillard, imprimerie de 

Deckherr, pp. 16. 

Réimprimé à la suite de : Grenoble mal- 
herou , éditions de Giroud et Guchet , vers 
1800 : dans les poésies en langage patois du 
Dauphiné. In-8% Prudhomme, 1829, pp. 19- 
26, etc. 

Dialogue facétieux d'un gentilhomme se 
plaignant de l'amour, ln-24% Metz, 1675, 
pp. 32, publié pour la première fois en 1671. 

Dialogo sur la cheuta de Brienne el Lamoi- 
gnon (entre Janeton et Deniza). 

Ad cale. Nouveau recueil ou choix de pièces 
et d'écrits divers sur la révolution qui a été 
tentée en France par les édits de mai 1788. 
In-8°, Grenoble, 1788, pp. 30 et seq. 

Dialogue entre Moussu Matheul'électou, etc, 
en vers. ln-8°, Pau 1830. 

Dictionnaire alphabétique des mots vul- 
gaires du Dauphiné. Mss. de la Bibliothèque 
royale. In-4° , côté supplément français, 
n° 109, 



Dictionnaire languedooien-franoats. ln-42°, 
Montpellier, 4820. 

Dictionnaire de la langue toulousaine. In-8°, • 
Toulouse, 1638. 

Dictionnaire provençal el copte. Mss du 
xui* siècle de la Bibliothèque royale. 

Dictionnaire gascon. Mss. de l'Arsenal. 

Diouloufet : Leis Magnan , pouemo didac- 
tique en quatre chants. In-8°, à-z-Ai, 1819. 

Épitro a moussu Raynouard, secrétari dé 
continu dé l'academio franceso. Ad cal. Re- 
cueil de mémoires de la Société d'Aix, t. i, 
p. 489. 

Épitre en vers provençaux , avec les notes 
explicatives en français sur l'existence de Dieu/ 
In-4% à-z-ai, 1825. 

Fablos, contes, épîtres et autres poésies 
prouvençalos. In-8% à-z-Ai, 1829. 

Coumplainté su l'oouragô de 1815, etc. In- 
8°, sans lieu ni date, 1816. 

Discour su lou paysan que viéou que de sa 
journadou. In-12°, pp. 4, Marseille (1793?). 

Discour su la dansou. In- 12, imprima ré 
d'Auffrey. 

Discours de deux Savoyards, lesquels ehan* 



963 

gèrent de femmes, avec leurs disputes et car- 
tels. In-12, Lyon, 1604 (en vers patois sa- 
voyards.) 

Discours funèbre feit par l'ambassadeur de 
Pepesuc sur la discontinuation des anciennes 
coustumes, à Messieurs les habitants de Béziers 
(en français), pp. 10, suivi de : 

1° La colère ou furieuse indignation de 
Pepesuc sur la discontinuation, pendant quel- 
ques années, du triomphe de Béziers au jour 
de l'Ascension, farce en vers patois, de la 
page 2 à 24. 

2° Las Caritats de Béziers, farce en vers pa- 
tois en quatre actes, jusqu'à la page 65. 

* 3° Chanson intitulée : Lindas. 

4° Histoire mémorable sur le duel d'Isa-? 
bels et Cloris pour la jouissance de Philé- 
mon, farce en vers patois en cinq actes, de 
la page 67 à la page 99, suivi d'un vaudeville 
final. 

5° Plainte d'un paysan sur un mauvais trai- 
tement qu'ils reçoivent des soldats , force en 
vers patois, de la page 101 à 112. 

On trouve à la fin de cet exemplaire sans 
frontispice : 



364 

1° Les aventures de Gazetto , farce en vers 
et en trois actes, pp. 1 à 46; 

2° Chanson sur l'air de Gazette, p. 47 à 48. 

3° Les amours de la Guimbarde , farce en 
patois, dialogue, p. 49 à 80. 

4° Historio de dono Peiroulouno. Dialogue 
en vers patois, p. 81 à 101. 

Histoire du valet Guillaume et de la cham- 
brière Antoigne, dialogue en vers patois, mole 
de chansons, comme les précédents, p. 102 
à 136. 

Doat (de), titres du Rouergue, 20 vol. 
in-fol. Mss.-Titres des maisons de Foix Ar- 
magnac, Rbodez, Albret et Navarre. 77 vol. 
in-fol. Mss. 

Douctrino (la) crestiano augmentado, meso 
en rimo secundo impressioun. In-12, Tou- 
louso, 1642, pp. 240, — p. 31 à 34. Observa- 
tions sur la prononciation languedocienne. Les 
huit derniers airs notés. 

Douctrino crestiano (la), meso en rimos, 
per poude estré cantado sur diberses àyres. 
Dediado à Monseignou l'illustre, et révérend 
Charles de Montchel, archobesque de Tou- 
louso, par un de sous missiounaris , douctou 
en Teoulougio. 



265 



Doctrinam magis quara aurum eligite. Prov. 8, 

Promet la douctrino 
Que Lai may que l'or, 
Aci es la roino 
Del berey trésor. 

11 promet une doctrine 
Qui vaut plus que l'or, 
Ceci est la mine 
Du vrai trésor. 

Tous ces ornements mondains avaient été 
ajoutés à son livre, dit le bon missionnaire, 
pour aider la mémoire du peuple de Tou- 
louse. 

Doujat ( Jean) : Dictionnaire de la langue 
toulousaine. ln-8°, Toulouse, 1648. — A la 
suite aussi de l'édition. ln-4°, Toulouse, 1645, 
des œuvres de Goudouli. 

Donat ( Artus ) : Vers per lo quai M ossen 
Artus Donat, licenciât en leys , gazanhet la 
viole Ua. (Mss. de l'Académie des Jeux Floraux, 
xv c siècle.) 

Dubois Sarray er , membre de la soucieta 
deis amis delà counstitutioun (discours prou- 
nounsa per M. ) à la seanço publiquo daou 

2Î 



366 

premier nouvembre, 1790. In-4°, Aix, veuve 
André Audibert, 1790. 

Dugay (Dominique) : le Triomphe de l'E- 
glantine , avec les pièces gasconnes qui ont 
été récitées dans l'Académie des Jeux-Floraux 
les années précédentes. In 8°, Toulouse. Ant 
Colomiez, 1683-1691-1693. (Ce recueil 
contient en outre des vers patois de Mlles 
de Guitard, de Moisen, d'Epiau, de Cor- 
tade, etc.) 

Duprount, Aboucat : Lou Chalibari saou- 
.bat de las flammos, dialogo. 

Dupuy, de Carpentras, maître de pension à 
Nyons (Drôme). 

La Besti doou boun Diou. (Courrier de 
F Isère, du ii novembre 1835.) 

Lou Parpayoun (V . Revue du Dauphiné, 1. 1, 
p. 280). M. Dupuy a en portefeuille un Re- 
cueil de poésies contadines. 

Durand , de Toulon , poète satirique in- 
édit. On a de lui la Marotte, poème en quinze 
chants; la Couderenade ; l'Astre de Gibroun ; 
Adieux à l'aubergiste Bigaud, etc. 

Dussaud , ancien directeur de la .poste aux 



267 

lettres de Tara9con : Ode sur la fêle de Notre* 
Dame-du-Chàteau. Mss. 

Eneido (F) de Virgilio, libres 1, %, 4 et 6, 
petit in-12, Bésiés, J. Martel, 1632, 

Enfants (les) de Jacob , pastorale béarnèze 
en un acte et en vers. ln-8°. Lescar, 1751. 

Enlébomen (F), d'un pastis, poueme en 
cinq chants, par Rey. In-8°. Mountalba, 1825. 

Epître en vers en langage vulgaire. In-4% 
Grenoble, 1729. 

Epervier (I'), registre conservé à l'Hôtel-de- 
Ville de Milhau , dans le genre du petit thala- 
mus de Montpellier. 

Epitro de patroun Coouvin à Moussu lou 
Parfet. In-8% Olive à Marseille, 1831. 

Escole (F) d'Amour, ou les Héros Docteurs, 
comédie en vers. In-12, Grenoble, 1666. V. 
Catalogue Falconnet, 11709. 

Escriva (Jean) : Ovide en catalan- In-4°, 
Bareeiono, 1494. 

Esope en prose catalane, ln-18, Barcelone, 
1501. 

Espagnac (Girault), cantadour toulousain 
du xm e siècle. On ne connaît de lui que trois 
chansons d'amour, qui feraient présumer qu'il 



268 

était attaché à Charles, comte d'Anjou et de 

Provence. 

Essai d'un glossaire occi ta me n. In-8°, Tou- 
louse, 1819. 

Estrées Béarneses. In-8°, Pau, 1820. 

Etat du lieu de la sénéchaussée de. Castel- 
naudary (dans un volume in-folio, daté de 
1553, conservé au greffe du tribunal de pre- 
mière instance). Le patois y est à chaque pas 
mêlé au français. 

Etchave (Baltasar) : Antiguedad de ia len- 
gua bascongada. 1 vol. in-4°, Mex, 1606. 

Elcheberri ( Joannes) : Eliçara erabillceco 
liburna, etc. In-18, Bordelen Guillen Milan- 
ges Erzegueren , imprimatcaillea baith an 
1636, p. 542. 

Exercirio izpirituala. Edicione berria. In- 
18, Bayonne, Cluzeau, 1839. 

Eucologia-Hripia edo eliçaco liburna Bayo- 
nacodiocesacolz, Ceineteau, etc., edic. berria. 
In-16 , Mme veuve Cluzçau, Bayonne. 1831. 

F. H. E. : Lei douci dournaoug, ou Mar- 
tin et Louis à la fiero de san Lazare, dialo- 
gue coumique. In-8°, Achard à Marseille, 
1837 (en vers). 



269 

Fabre (l'abbé), du séminaire de Cahors, et 
né à Themines en Quercy : Scalabronda. In- 
8°, Rotterdam (Cahors), 1687, p. 11, 42. 
Cette pièce a été réimprimée récemment. In- 
8°, pp. vin et 31. 

Fabre d'Olivet : Poésies occitaniques du 
xm c siècle, traduites et publiées (texte en re- 
gard). 2 vol. in-8°, Paris, chez Henrichs , 
1804. 

La Cour d'Amours et les Amours de Rose 
n'ont point de texte. 

Facéties provençales , ou Recueil de diver- 
ses pièces bouffonnes, originales et inédites , 
en idiome provençal , dont le manuscrit a 
été trouvé en 1796 sous les ruines de l'église 
des Acoules, contenant entre autres la comé- 
die du Barbier d'Auriol, et plusieurs autres 
dialogues curieux et amusants. ln-12, Mar- 
seille , Chardon, 1815. 

Faidit ( Hugues ) : Donatus Provincialis 
( Donat Provençal). Grammaire romane. 

Farce joyeuse d'un Curia, en rithme sa- 
voyarde. In-16, Lyon, pp. 16, réimprimé à 
quinze exemplaires , à Paris, en 1829. 

23, 



27 

Favre (l'abbé) , né à Pudre, près Som- 
mières selon les uns, selon d'autres à Nîmes 
en 1728 , dans la paroisse de Saint-Castor; 
il était prieur de Celleneuve près Montpel- 
lier , où il est mort le 6 mars 4783 : Lou 
Siège de Cadaroussa, pouèrne patois, en très 
cants. In-12 , in-8°, Mounpeyé, 4797, chez 
Izarn, Sermou de moussu Sistre, en vers. — 
Trésor de Substantion, comédie... 

Faydit : Nouvelles remarques sur Virgile, 
p. 89. 

Feraud (Raymond) : Vie de saint Honorât, 
Mss. du xiv c siècle , appartenant à la Biblio- 
thèque d'Aix , et suivi d'un autre sur la pas- 
sion de Saint -Porcaire et de cinq cents au- 
tres moines massacrés par les Sarrasins vers 
730. 

Féau (A,), prêtre de l'Oratoire : Lou Jar- 
din deys Musos provensales. In-12, Marseille, 
1665. " 

Festo ( la ) de Moussu Barna , vo lou vouel 
de la Cavalo. In-8°, Marseille, 1730. 

Testa (la) de Boutonnet, Mss. en patois de 
Montpellier. 



271 

Finlou (la) dei fédéra d'Avignoun. In-t2 , 
pp. 4, 

Lou Lendouma , romance languedocienne, 
imitée de Parny. 

Fondation d'un anniversaire dans l'église 
de Sainte-Eulalie de Bordeaux , en 1489, en 
patois de Bordeaux, Mss de M. A. Monteil , 
v. t. i, p. 184. * 

Fors (los) et Costumos de Bearn. In-4°, 
Paris, 1552.— Lescar, 1625, pp. 180. — Pau, 
1682. — Les mêmes, Paris, 1841 , traduits 
par MM. Mazure et Hatoulet. 

Fontaine (Etienne), poète burlesque maca- 
ronique (français provençal, et vice versa.) 

Formit: Poésies catalanes perdues, 

Foucaud (J.) : Quelques fables choisies de 
La Fontaine mises en vers patois limousins, 
dédiées à la Société d'agriculture, des scien- 
ces et des arts établie à Limoges. 2 vol. in- 
12, Limoges, chez J.-B. Bargeas, imprimeur- 
libraire, an 1809. Traduction des Odes d'Ho- 
race en vers patois, dont quelques-unes sont 
imprimées à la fin de l'ouvrage précédent. 
Gansou nouvelle facho per no péyzanto dé lo 



272 

bregero , lou beu jour d'au Mardi-Gras. V. 
Statistique de la Haute-Vienne, p. 108. 

Foundeville (de Lescar) : La Pastourale du 
paysan que cerque mestié à soun hilh chens 
ne trouba a soun grat, en quoate actes, in-12, 
Pau, 1767, pp. 47. In-8% sans date ni lieu 
d'impression, Pat), 1827. 

Fourjou ( Barthélémy ) , curé de Flassans , 
dans le diocèse de Fréjus. 

— Ses poésies, quoique non recueillies, 
l'ont fait surnommer l'Ovide provençal. Quel- 
ques-unes sont imprimées pourtant dans le 
recueil de M. le président de Valbelle-Sainte* 
Tulle. 

Foamier (Clémenl) , dit Boudin, garde- 
champêtre à Cuers. Privilège dé Cuers. Rap- 
pel par davant la cour rouyalo d'Aix d'un 
procès intenta par M. Perraché d'Ampus en- 
vers leis habitants de Cuers. Résuma dei 
vouyagé fa per leis Cuersans à z'Aix. In-8°, 
imprimerie de Bellue, à Toulon, 1839. 

G y Explication des cérémonies de la 

Fête-Dieu d'Aix, en Provence, etc. In-12, 
Aix, chez Esprit David, 1777, p. 170etseq. 
(Fête grecque conservée.) Passim. 



275 

G y Nouveau dictionnaire provençal- 
français. In-8°, Marseille, 1823. 

Gabrieli (D.), Manuel du Provençal ou Pro- 
vençalismes corrigés, etc. In 12, Aix et Mar- 
seille, 1836. 

Gaillard, Augié, Obros d'Augié Gaillard, 
roudié de Rabastens en Albigez. In- 12, Pa- 
ris, 1584; Agen, 1583, 1610, 1614; Paris, 
1612. 

Les Amours (en vers français et en patois 
d'Alby), 1592. 

Recommandations al Rey. In-8°, Lyon, s.d. 
(en caractères italiques), 1592. 

Gaillac (N. de), cantadour toulousain du 
x\ c siècle. (Il ne reste de lui qu'une Canso 
et plusieurs sirventes manuscrits.) On lui 
doit aussi un recueil en vers faits par diffé- 
rents auteurs. 

Garros (Pierre de), Psalmes de David, 
virats en rimes gascounes per Pey de Garros 
Leytorez. In-8°, Tholoso, Jacques Colomiez, 
1565. 

Garros Laytores (Pey de), poésies gascou- 
nas. In- 4°, Tholosa, 1567. 



274 

Gaoode rougarou. In-8% Marseille, 1824. 
(Chanson.) 

Gastinel (Jh.), Lou Cordié maou counlen , 
comédie en deux acles et en vers proven- 
çaux , mêlée de vaudevilles. In-8°, Toulon , 
1839. 

Gatien (Arnoull), Lois d'amors. Toulouse, 
1841. 

Gauthier (P.), de l'Oratoire. Cantiques 
pour les missions. In-12, Avignon, 1735. 

Gaussinel (J.-B.). Recul de cansous paloi- 
sas. In-12, Montpellier, 1824. 

Romances et chansons languedociennes de 
Montpellier. In-12... 

Gautier, Cantiques à l'usage des missions 
de Provence. In-12, Marseille, 1780. 

Gazette du Midi, numéro de mardi 20 jan- 
vier 1835. Patroun Coovin, à moussu Ber- 
cyer, députa de Marsio. Epître n° 4, Epitro 
de patroun Coouvin à moussu lou préfet. 
(Tirée à part.) 

Gemareng > poésies toulousaines du xvn e 
siècle. Il vivait encore en 1677. 

Gente Poitevinerie. Petit in-12, Poitiers, 
1660. 

O Lusignen forte mœson , 



275 

Tu ez en Pactou ben assise, 
Les Huguenos t'aviant grippy 
Mez lez Papau t'a van t reprise 
Lez Huguenoz t'aviant grippy 
Mez les Papaus t'aviant reprise ; 
O nertet point pre trahison 
Mez ben prc iour grond Yaillontise, etc. 

(P. 105.) 

Gérard (de Roussillon), près d'Autun. Ro- 
man historique en prose traduit maintes fois , 
et dont on trouve des copies en langue d'oil 
à Beau ne, en wallon et en provençal, à la Bi- 
bliothèque royale , etc. 

Germain. Las obros. In-4° , Toulouso , 
4680. 

Germain (de Marsillo). La Bourrido dei 
Dieoux, pouemo. In-8% sans lieu, 1760. 

Germain, Dictionnaire provençal. Manu- 
scrit égaré. 

Gerson (Jean), Instruction pour les rec- 
teurs, curés, vicaires, etc., traduite en pa- 
tois rouergat. In-8% Rhodez, 1556. 

Glossaire du patois savoyard. 

Godefroy de Fox , xu e siècle. Las leys d'a- 
mors. 

GontoW (G uillemide' l'un des sept trouba- 



276 

dours toulousains qui, en 1323, fondèrent le 
collège de la gaie science. 

Golar, poète basque du xvn e siècle, en basse 
Navarre. 

Grammaire française expliquée au moyen 
de la langue provençale. In-8°, Marseille, 
1826. 

Grand d'Haussy (Le), Fabliaux ou Contes 
du xu e et du xm e siècles. Trois vol. in-8°, 
Paris, 1781. 

Gravieros (Jean Patriço), prestre. Jean ou 
lou cousine del seminari d'Agen, poëme 
burlesque en dus chants et en bers patois. 
In-12, Agen, 1825, pel primé cop. (Com- 
posé en 1762.) 

Grenier poétique de Clermont - Lodève , 
publié par Durand. In-18, imp. Grillières , 
Lodève, 1839. 

Grimaud, Le drcl cami del cel dins le 
pays moundi, o la bido del gran patriarcko 
sant Benoist. Lé tout despartit en diberses 
cants, tant jouyouses que debouciouses ; e 
clausit de mouralos tirados del texio sacrât, 
é de la douctrina des Sanis Peyres. Genera- 
tio rectorum benedicetur. Psal. 111 , par B. 



■277 

Grimaud. T. R. D. ln-8% Tovlovso, per Fran- 
ces Boude, imprimur, daban le couletge dos 
Payrcs de la coumpagno de Jésus, 1659, 
dambé approubaciu et permissiu. 

Grivel 9 Vocabulaire toulousain. 

Grivet (Guillaume) , Vocabulaire limousin 
considérable, communiqué à Gourt deGébc- 
lin. (V. Dictionnaire étymologique delà lan- 
gue française. In-4°, Paris, 1778, p. lxxii.) 

Gros (Antoine), né à Trinquetaille le 2 no- 
vembre 1794, employé à l'octroi de Trinque- 
taille : Poésies patoises. In-8°, Garcin, à Ar- 
les, 1837. — Satyrou. Mss. 

Gros (M. F. T. de Marsillo), Recuil de 
pouesiés prouvençalos, courrigeados et aug- 
mentados per l'aoutour, amé uno explicacien 
dei mots lei plus difficiles. In -8% Marseille, 
chez Sibié, 1763, avec approbation et per- 
mission, p. 277. Nouvelle édition. 

Guasco (l'abbé de) , ami de Montesquieu, 
Dissertation sur le temps que les sciences et 
les arts commencèrent d'être en usage chez 
les Volsces, etc. In-4°, Toulouse, 1749. 

Guessard (F.), Grammaires romanes in* 
édites, du xm c siècle. In-8°, Paris, 1840. 

24 



278 

Guido lo Ros, page du comte de Toulouse 
vers 1130. Sept Cansos. 

Guitard (Jean-Louis), traduction languedo- 
cienne de l'Enéide, et poésies diverses. Ma- 
nuscrit égaré. 

Guillaume (Pierre), troubadour toulousain: 
Poésies manuscrites de la Bibliothèque royale 
avec portrait, n° 7225. 

Guimbaud (Jean), cantadour toulousain 
qui remporta l'églanline en 1466. La pièce 
couronnée est tout ce qui nous reste de lui. 
Elle est dans les archives de l'Académie des 
Jeux Floraux. 

Histoire pastorale représentée dans Béziers 
sur le théâtre des Marchands , le jour de l'As- 
cension , avec le carcel et devises de la partie 
de masques des cavaliers fidèles. In-12, Bé- 
ziers, Jean Martel, 1633. 

Histoire du mauvais traitement fait par 
ceux de Villeneufve à la ville de Béziers pen- 
dant la contagion , représentée sur le théâtre 
des Marchands le jour de l'Ascension 1632, 
imprimée à Béziers par Jean Martel , 1628 , 
p. 3 à 52. (Comédie en trois actes et en '?ers.) 
— P. 53 à 54, chanson en patois. On en a 



279 

ajouté une autre à l'exemplaire que possède 
la Bibliothèque de Bordeaux. 

Histori de la naissance dou fils de Diou. 
In-12, Avignon, 1670. 

Histoire de la Guerre des Albigeois. Voy. 
don Vaissette, Histoire du Languedoc, 5 vol. 
in-fol. 

Historio de las Caritats de Béziers , repré- 
sentée sur le théâtre des Praticiens le jour de 
l'Ascension de l'année 1635. Béziers , Jean 
Martel , in-12. 11 en existe à Paris un mss. aux 
archives de la Préfecture de police. 

Hôpital ( Béranger de l'), cantadour tou- 
lousain du xv e siècle. Vers figurât dels nobles 
capitols de Tolosa. 

Honorât, médecin à Digne, Dictionnaire 
étymologique du patois du Midi, en 6 vol. 
in-4 . Manuscrit que M. de Corbière voulait 
faire éditer par l'Imprimerie royale. 

Isnard (d') 9 chanoine de Salon, cantiques 
patois. In-8°, Aix, 698. 

Isnardoun (Louis), Pouésios prouvençalos. 
In-12, Marsillo, chez Chaix etChardoun, li- 
braires, 1836, p. 12. 

Leis amours de Yanus, vo lou Paysan oou 
théâtre. In-8% Marseille , Sénés, 1837, p. 13. 



280 

Pouesios prouvençalos. In-12, Mari us Olive, 
à Marseille, 1837. 

Isaure (Louis), Canso de Nostra-Dona que 
dictée mossen Luys Isaure de Tolosa. (Com- 
posée de cinq strophes et d'une Tornada ou 
envoi.) — Il vivait encore en 1409. 

Isaure (Clémence), fille du précédent, née 
vers 1450. Poésies imprimées en 1505 à Tou- 
louse , par Granjean , libraire, rue de la* Por- 
terie, petit in-4° gothique, sous le litre de 
Dictais de Dona Clamensa Isaura. (M. Pier- 
quin de Gembloux dit en avoir vu deux 
exemplaires , dont un sans frontispice.) 

J. E. ou Verdie Cadet , le Mariage secret 
ou l'Enfant du mystère, dialogue entre Ber- 
niche lou rébénant, sa femme bête et Pierril- 
lot lou sentinelle. In-8% Duviella, à Bor- 
deaux, 1833. 

J. E. L. Verdie Cadet (Berthoumeou) , lou 
playdur rouynal. In-8°, Lebreton, à Bor- 
deaux, 1831. 

Janillac (Pierre de), né à Paris. Il obtint le 
prix de poésie aux Jeux Floraux en 1471, 
quoique Français , parce qu'il composa des 
vers en langage toulousain , dit le Registre de 



281 

l'Académie des Jeux Floraux, dans lequel on 
trouve la pièce couronnée. 

Jaubert (le comte), Vocabulaire du Berry et 
des provinces voisines , recueilli par un ama- 
teur du vieux langage. Première édition , 
in-8°, Paris, de l'imprimerie de Crapelet , 
1838. 

Jaubert de Passa , Recherches historiques 
sur la langue catalane. (V. Mémoire de la So- 
ciété royale des Antiquaires, t. vi.) 

Jauflret, Notice sur la vie et les ouvrages, 
tant imprimés qu'inédits , de Pierre-Joseph 
de Haitze, dont la Bibliothèque de Mar- 
seille possède les manuscrits autographes 
formant neuf volumes in-4°. Ad cale. Le Con- 
servateur Marseillais, etc., v e livraison. Mar- 
seille, in-8°, 1828, p. 161 à 200. 

Jaunhac (Antoine de), curé de l'église 
Saint-Saturnin de Toulouse, obtint le prix de 
la violette le 3 mai 1455. Ses vers ont du mé- 
rite. 

Johannis (Jean), excellent cantadour tou- 
lousain. II remporta l'églantine pour son 
Sirventes per lo quai mossen Johan Johannis 
gazanhet Venglantina Van 1451. 

Joyat (N.), jongleur toulousain, dont il ne 

r*. 



28*2 

reste que quelques chansons peu remarqua- 
bles. 

Jourdan : 1° Le deuxième livre de l'Enéide, 
traduit en vers burlesques; 2° poème badin 
(sur Fizes et son domestique). 

Joyousa farsa de Jouannov dov Trov. Petit 
in-12, pp. 8, 1594, en patois savoyard (Bi- 
bliothèque royale). 

Jullien (Jean-Joseph) : Nouveau commen- 
taire sur les statuts de Provence. 2 vol. in-8°, 
Aix, 1778, t. i, p. 58, 60,63, 66, 82,84, 
90, 91, 95, 98, 180, 246, 255, 259, 261, 
350, 433 et seq., 525, 554 et scq., 538, 542, 
550, 572, et seq., 588, 596, 598, 600. — 
T. xi, p. 1 à 6, 282, 335 et seq., 377 et seq., 
430 à 432, 457, 460 à 462, 469, 472 et seq., 
481, 485, 490, 492 et seq. 

Ju£/ ; Manicle, vo lou Groulié bel esprit, 
par un machiniste de Marseille (M. Just). 
In-8°, Marseille. 

L. E. y avocat : Traductiou de l'Énéido (li- 
vres 1, 2, 4 et 6). ln-12, à Bésiés, 1689, 
pp. 279. 

Laborde : Poésies toulousaines, dont le Cant 
royal a probablement été couronné. 

Labouderie (J) ; Parabole de Félon prodi- 



283 

gue, en patois de Nahrte Auvergoa. In -8% 
Paris, 1823. 

Vocabulaire du patois usité sur la rive gau- 
che de l'Allagnon, depuis Murât jusqu'à Mo- 
lompise. (V. Mémoire de la Société royale 
des Antiquaires, t. xn, p. 339 à 389.) 

L. A. D. F. ; Recueil des proverbes météo- 
rologiques et agronomiques des Cévennols, 
suivi des pronostics des paysans languedo- 
ciens sur les changements de temps. In-8°, 
Paris, madame Huzard, 1822, pp. 56. 

Laborieux, chanoine de Montferrand : Li- 
manici idiomatis vindiciae. In- fol., mss. ap- 
partenant à M. Bouillet de Clermont. 

Ce précieux manuscrit contient entre au- 
tres choses des recherches sur la prononcia- 
tion des lettres dans le langage limagnien, 
p. 33; et enfin un recueil de quelques piè- 
ces de poésie limagnienne de divers auteurs, 
pp. 55. Dans le même volume : L'Home con- 
ten de Joseph Pasturel, p. 99. Ce manuscrit 
a 180 pp. et 2 de table. 

La Cume de Sainte -Palaye: Glossaire de la 
langue des troubadours, mss. de la Biblio- 
thèque du Roi. Travaux immenses sur la lan- 
gue provençale. 



284 

La Fontaine : Fables causidas en bers gas- 
couns, à Bayonne, de l'imprimerie de Paul 
Fauvet-Duhart. In-8°, 1776. 

A la fin se trouve un Diecioùnariot gas- 
coun et francès, p. 262 à 284. 

Larramendi : Diccionario trilingue, etc. 2 
vol. in-folio, San Sebastien, 1745. 

Larade : La Margaride gascoune. In- 12, 
Tholose, 1604. 

Las darnieros esperros des fanatiquos, amb' 
una cansou sur lou môme sujet. !n-8°,.... 
1703. 

Laugier> baron de Chartrouse, ancien dé- 
puté : Nomenclature patoise des plantes des 
environs d'Arles, etc. lu 8°, Arles, Garcin, 
imprimeur, 1838, pp. 59. 

Lavaudière de Grenoble, représentée en un 
ballet. ln-8°.... (xvi c siècle). (V. Recueil de 
déverses pièces faites, etc., p. 53 à 74.) 

Leys d'amor (las), manuscrit inédit, dont 
l'exemplaire le plus complet est celui qui ap- 
partient aux Jeux Floraux de Toulouse. Il en 
existe des copies dans les bibliothèques de 
Saragosse, de Barcelone, etc. 

Lesage (les folies du sieur), de Montpel- 



285 

lier. In-8°, Montpellier. (V. Recueil de poètes 
gascons. 2 vol. in -12, Amsterdam, 1700, 
t. xi.' 

Lettro de Rousoun deis grans carmes à 
Margarido daou panié. In -8°, Marseille, de 
Fimprimerie de Dubié, rue de la Loge, n. 15, 
pp. 4. 

Lettro de Margarido daou panié a un aca- 
baïre. In-12, Marseille, de l'imprimerie de 
Dubié, rue de la Loge, n. 15, pp. 4. 

Licqrague (Jean); Traduction de la Bible 
en patois basque, dédiée à Jeanne d'Àlbret, 
reine de Navarre, mère de Henri IV, 1571. 

Livre (le) de Sénèque. Recueil de mora- 
lités, dont il existe plusieurs copies en roman 
du midi et du nord. 

Libre de privilegis, usos, stils y ordina- 
tions de consulat de mar de la (idelissima vila 
de Perpinya. In-4°, gothique, 1527. 

Ligonne (Claude) : La Bragardo indigenio. 
Roundel. In- 8°, Toulouse, 1540. (Elle ré- 
clama pour son sexe le droit accordé par Clé- 
mence Isaure de concourir aux Jeux Floraux.) 

Limousin historique (le). In-4°, avec plan- 
ches, 1839. 



286 

£.•• (M...), médecin. Chansons en patois 
quercynois... Poésies... 



Uno poumo rougetto 
A men de vermillou , 
Qoe sa tifo bouquetto 
Qu'embaoumo de dooçou. 

Uue pomme fratche et rouge 
A moins de vermillon , 
Que sa petite bouche 
Qui embaume de douceur. 

Lloris? : Vocabulaire basque. (A la Biblio- 
thèque impériale de Vienne.) 

Linçoain (Simon de), poète basque de la 
Haute-Navarre au xvn 6 siècle. 

Los Fors et Costumas deu royaume de Na- 
varre deca-ports avec l'estil et aranzel deu dit 
royaume. ln-8 0f Pau, 1681. 

Lot set sa 1ms de la penitencia y coblas. 
In-12, Perpiuya, 1809. 

Loubet(J.), oubrié imprirpur : Poemo sur 
lous malhurs d'Embaquès. In-8% Roger à 
Auch , 1836. 

Loye ; Tsequion sot bèsougne, eu bin 
l'échat niezri pal Boisseau. In-8°, Roche- 
jean, 1824. 



387 

loys (Thomas) : Sirventes sobre aquels 
que no usan de cari ta t per lo quai foc jutjada 
l'englantina à Mossen Thomas Loys, bache- 
lier en leys , Tan mcccclxy. 

Luchesini (Gésar) : Essai d'un vocabulaire 
de la langue provençale. 

Des sources des langues anciennes et mo- 
dernes. 

Essai sur l'histoire du théâtre italien dans 
le moyen-âge. In-8% Paris, 1788. 

Maca rien nés (les), poème ien vers gascons. 
In-8°, à Nankin, chez Romain Macarony , im- 
primeur ordinaire du public, à l'enseigne de 
la Vérité, 1763. 

Maffré: Vie de Saint-Gerault, comte d'Au- 
rillac , mort en 918 , composée en langue vul- 
gaire de la Haute-Auvergne. 

Mq. V. /***, ancien élèvo de l'éçolo nour* 
malo : Lou Naufrage de la Meduso, arriba 
dins l'annado 1816 ; Pichout, poèmo en vers 
provençaux segui du no pastouralo et d'un 
dialogo de la eournpousitien de, etc. Jn-8-, 
Toulon, imprimarié d'Auguste Aurel, 1824, 
pp. 31. 

Majorel (Jean-Joseph ) ; Poésies paloUes. 



288 

In-18, Milhau, chez Carrère, imprimeur-li- 
braire. 

Mascaro (Jacques) : Aisso es lo libre de 
Memorias k) quai Jaime Mascaro escudierdels 
honorables senhors tossols de la villa de 
Bezes , a fach e hordeoat de motas et diversas 
causas que son endevengudas; aissi quan se 
seq. (Ad cale. Bulletin de la Société archéo- 
logique de Béziers. In-$% Béziers , madame 
veuve Bory, imprimeur-libraire, 1836, pre- 
mière livraison , p. 69 à 1441.) 

M. G. : Le nouveau Dictionnaire provençal- 
français, contenant généralement tous les 
termes des différentes régions de la Pro- 
vence, les plus difficiles à rendre en fran- 
çais, tels que ceux des plantes, des oiseaux, 
de marine, d'agriculture, des arts méca- 
niques: les locutions populaires, etc., etc., 
précédé d'un abrégé de grammaire proven- 
çale-française , et suivi de la collection la plus 
complète des proverbes provençaux. Inr8o, 
Marseille, imprimerie de madame veuve Ro- 
che, rue du Pavillon; no 20, octobre 1382. 

Magaou et Canazo, vo lou proucès daou 
pouar, comédie en deux actes et en vers. 
1h-8-, Toulon , 1386. — V. Pelabon. 



289 

Maja (N. de) : Ramassadis gascou, ou réu- 
nion des ouvrages imprimés ou manuscrits 
d'environ 200 auteurs qui ont écrit dans le 
dialecte de Toulouse ou des environs. 

Gay saber ou Collection de tous les ou- 
vrages en langue romane lus dans les séances 
publiques des mainteneurs du Gai Savoir, 
depuis 1324 jusqu'en 1694. 15 volumes 
in-4°. 

Maillard de Chambure : Charte (partita) 
de 1201 , en patois de la Haute - Auvergne , 
mss. 

Mamial de Cantichs, etc., en Perpinya , 
1766. 

Marché ( le ) de Marseille , vo lei doues 
coumaires; comédie en deux actes et en vers. 
In - 8°, Marseille , 1785. In - 8% Avignon , 
1821. 

Mardo (Bernard), poète basque de la Soûle 
au xvii e siècle. 

Mariagi (lou) de Margarido, comédie en un 
acte et en vers. In-8% Marsillio, 1781. 

Martial de Paris , dit d'Auvergne : Arresls 
d'Amors. 2 vol. in-12, Paris, 1731. 

Martin (F.-R.) : Loisirs d'un Languedocien. 
ln-8°, Montpellier, 1827. 

25 



890 

— Dictionnaire étymologique du patois de 
Montpellier, mss. 

— Fables, contes et poésies patoises. ln-8% 
Montpellier, 1803. 

Confession de Zulmé, en vers patois de 
Montpellier. In-8°. 

Retour d'Henri, granadié din la légioun 
d'oou Gard, ou lou mariageo de Margarido, 
vaudeville francès e patois, mêla de forço 
divertissomen : analoguo à la neissanço 
d'oou duque de Bourdeou. In-8», Nimé, 
1821. 

Martin ( Mesté ) : Leis passo-tems de , coun- 
tenen leis quatre Saisouns e aoutrei peços en 
vers patois. In-12, Nimé, Guibert, 1822, 
p. 24. 

Massip (J.-B.) : Censeur royal, né à Mon- 
tauban en 1070, mort en 1751 (Cansous). 

Mathieu ( Benoni ) : Patroun Praire vo loq 
pescadou tourounen, comédie en deux actes 
et en vers provençaux, môlée de couplets^ 
In-8°, Toulon , Duplessis, Olivault, 1833. 

Mayer : Lou Retour daou Marligaou, cou-» 
medio en trois actes , représentée le 5 avril 
1775. In-8°, Marseille, pp. 5i. 



291 

Meynier (Honorât), natif de la ville de 
Pertuis : Le bouquet bigarré, dédié à mon- 
seigneur le marquis d'Oraison, visconte de 
Cadenet. ln-18, à Aix, par Jean Tholosan, 
imprimeur du roi et de ladite ville, 1608, 
pp. 136. 

Ménil-Grand, né à Grenoble dans le xix e 
siècle : Poésies et morceaux de prose en pa- 
tois de Grenoble. In 8° (Grenoble, Allier, 1808. 
de 16 puis 40 pages). 

Merlin : Catéchisme extrait de. celui de Ge- 
nève, avec la translation en langue de Béarn. 
In-8°, Limoges, 1563. 

Michalho : Pastourale del berge Silvestre 
ambé la bergeyro Esquibo, representado din 
Bésiés Ion jour de l'Assencieou de Tan 1650. 
Petit in-8', Béziers, par Jean Martel. 1 feuil- 
let, p. 3 à 48. On trouve à la fin une chanson 
sur Pair de Joli Concombre. 

Millet (Jean) : Chanson contre les femmes. 
V. Champollion-Figeac, p. 150. 

La Bourgeoisie de Grenoble, comédie en 
cinq actes et en vers , dédiée à monseigneur 
le comte de Sault. ln-8% Grenoble, Philippe 
Charuys, 1665, p. 145, . 



292 

Pastorale et tragi-comédie de Janin , repré- 
sentée dans la ville de Grenoble, dédiée à 
M. le président de Pourroy. In-4% Grenoble, 
Richard Cocson, pp. 122. 

In-8°, Grenoble, Jean-Nicolas, 1642, pp. 
144. — In-8 , Grenoble, Claude Bureau, im- 
primeur pour Saint-Nicolas, 1618 , pp. 144. 
— In-8°, Lyon, Nicolas Gay, 1650, pp. 120. 

Marra, chantre de la cathédrale de Mon- 
tauban. Un poème sur l'inondation de 1826, 
dédié à monseigneur de Chevèrus. 11 y a de 
la vigueur , de la verve dans quelques mor- 
ceaux. Mon tau ban, Réthoré, 1826. 

La Pastorale de la Constance de Pliilin et 
Margoton, dédiée à monseigneur le comte 
de Sault (précédée d'un prologue récité par 
la Nymphe de Grenoble à Monseigneur le 
comte de Sault et à la comtesse). Petit in-4°, 
Grenoble, Edouard Raban, 1635, p. 132. 

Mirai (le) Moundi, pouemo en bint et un 
libre, ambé soun dicciounari. In-12, Tou~ 
louso, 1781. 

Mondonville (M. de) : Daphnis et A Ici ma- 
duro, pastouralo toulouzeno, accoumoudado 
u noste patois de Montpellié, etc., et dediado 



295 

à las damos et doumaisellos d'aquesto villo. 
ïn-8 , Mountpellié, chez Augustin-François 
Rochard, 1758. V. Cassanea. 

Molinier (Guillaume) : Las Iejs d'amors 
(ou l'art poétique), 1356. Voyez mestre Ber- 
nard, Oth. 

Monard (Victor- d'Orpierre) : cantadour 
des Alpes, Recueil de chansons nouvelles. In- 
42, Apt, imprimerie d'Edouard Carter, sans 
date, 1834, pp. 12. 

Mange (le moine) des lies d'Or (Génois de 
la famille Cebo) : Biographie des troubadours 
de Carmentière, revue et corrigée au xiv e siè- 
cle, et dédiée au comte de Provence alors ré- 
gnant, Louis II, roi de Naples, de la seconde 
maison d'Anjou. 

Monter (S.) : Canso en lo honor de la Ar- 
mada francesa sobre la preso Constantino. 
ln-plano , chez Tastu , imprimeur , Paris , 
1839. 

Morlanes (François de) : Canso de nostra 
dona, vio etta nobilis Franciscum de Morlanis 
anno Domini, mcccclxviii, — Dansa de Nostra 
Dona ( la première de ces pièces est tout en- 
tière en vers fraternises.) 

25. 



994 

Monlasur (Pierre de) : Lauréat toulousain 
de Tannée 1373. 

Voici le titre de son manuscrit : Peraquest 
vers io noble mossen Peyre de Monlasur, 
cavalier, gazanhet la violetla à Tholosa, Tan 

MCCCLXXIll. 

Montlaur (Pons de) : cantadour toulou- 
sain. Canso dialoguée et fort curieuse. 

Morel (Jacinthou) : Lou Galoubé ou poue- 
sious prouvençalous d'aquel outour reculi- 
dous per seis, amis. In 12, en Avignoun, de 
l'imprimaé dé Bonnet fils, 1828, pp. 248. 

Montvallon (de) : Dictionnaire provençal 
étymologique. Mss. appartenant à M. le comte 
de Montvallon. 

Marias (François de) : Bachelier toulousain, 
sirventes faits en 1471. 

Morteirolle, ancien chef de division à la 
préfecture de l'Oise : Martoulet, poème héroï- 
comique en trois chants et poésies en patois 
de Périgueux (manuscrit). 

Moutet y cantadour : Recueil de chansons 
nouvelles chantées par.... In- 12, Avignon % 
Offray aine. 

Muses (les) Sans-Culottides ou le Parnassq 



995 

des Républicains. 2 vol. in-18°, Grenoble, an 
ii 9 t. h, p. 348. 

A r a/ts(J.-B.), ancien maire: Cantiques, noëls 
et autres ouvrages en vers, partie en français 
et partie en langue vulgaire de la ville de 
Beaucaire. In-12, Arles, 1769. — Beaucaire, 
1764 et 1766. 

Napian (P. Doctrin.) : Le Mirai Moundi, 
pouemo en bint et un libre, ambé soun Die- 
tiounari, ount soun enginats principalomen 
les mots les plus escariés, an resplicatiou fran- 
ceso. In-12, Toulouso, che D. Desclassan, 
mestres es arts , imprimur de l'académia 
rouyalo dé scienços, mdcclxxxi, ambé pribi- 
letgé del Rey, 1784. 

Nathac (Astorg de) : cantadour toulousain 
de la première moitié du xv e siècle. (Il obtint 
la violette.) 

Navarrot (X) : Dialogue entré moussu Ma- 
theu l'électou y Jean de Mingequannas lou 
Bouhemi. In-8°, Pau, de l'imprimerie de Vero- 
nese, 1838, pp. 32. 

Naufrage ( lou ) de la Meduso , pichoun 
pouemo en vers provençaux, segui d'une 



296 

pastouralo et d'un dialogo. In-8°, Toulon, 
1824. 

Nayade (la) de la fontaine de Bordeu aux 
Eaux-Bonnes, poème béarnais avec la traduc- 
tion en français. In-8°, Pau, 1811. 

Nerie : Recueil de divers chants d'église et 
vers patois. In-12, Carcassonne, 1827. 

Neps (li) del Pastur, imitation d'un conte 
du xu e siècle, publié par Ch. Richelet. Grand 
in-12, Paris, 1833. 

Noël en musico cantat dins la gleyso de sent 
Estienno. In-4°, Toulouse, 1702. 

Noëls Bressands pour Pont-de- Veaux, et les 
paroisses circonvoisines. In-12, Chambéry, 
1787. —Petit in-8°, Pont-de- Veaux , 1797. 
Autre édition in-16 publiée à Bourg, sans 
date, corrigée et augmentée. 

Noëls anciens et nouveaux, et cantiques sur 
les mystères de la religion, nouvelle édition, 
revue et corrigée sur les éditions anciennes, 
et mise par ordre de matière. In-12. Bourges, 
chez Ménagé, 1838. 

Noël inédit en patois des environs de Gre- 
noble. — Chanson sur les femmes de Jean 



297 

Millet. — Désespoir d'amour — Apostrophe à 
l'amour. 

Noëls et cantiques en langue vulgaire de 
Beaucaire. In-12, Arles, 4769, 

Noëls nouveaux où Ton voit les principaux 
points de l'histoire de ce qui a précédé , ac- 
compagné et suivi la naissance de Jésus- 
Christ. In-12, Clermont-Ferrand, chez P. Vial- 
lanes, imprimeur -libraire près les RR. PP. 
jésuites, avec permission, 26 novembre 1739, 
pp. 36. 

Noëls nouveaux en français et en auver- 
gnat. In-12, Clermont-Ferrand. S. D. 

Noëls très-nouveaux, composés par un pas- 
teur. In-12, Fontenay, 1738. — In-12, 1742, 
pp. 84 (ceux en patois sont aux pages 10, 23, 
27 et 30). L'édition de 1742 est enrichie de 
notes et d'une pastorale en cantique, 

Noëls nouveaux, en patois, pour l'année 
1826. In-12, Carcassonne, sans date.— Autre 
édition augmentée en 1827. 

Noëls vieux et nouveaux. In-18, Bordeaux, 
1720, pp. 65. 

Noëls nouveaux pour 1765; —pour 1766. 

Noëls provençaux et français, ou cantiques 



298 

sur la naissanoe du Sauveur. In*18, Carpen- 
tras, sans date. 

Noëls provençaux et français, ou cantiques. 
In-12, Carpentras. 

Noëls en français et en languedocien. In- 
folio, manuscrit de la bibliothèque d'Avi- 
gnon. 

Nogeroles (Pierre de) : Requête au langage, 
contenant plusieurs belles , merveilleuses et 
grandes receptes seulement appropriées à 
l'usage des femmes et conservation de leurs 
cas avec plusieurs ballades couronnées, en- 
chaînées et batelées, kirielles, couplets, ron- 
deaux, partie en rime françaises, partie en 
langage tholosain; plus une pronostication 
pour toujours et à jamais ; le tout fait et 
baillé aux maîtres et mainteneurs de la gaie 
science de rhétorique, au consistoire de la 
maison commune de Toulouse par maistre 
Pierre de Nogerolles, docteur en la gaie 
science. In-4°, Toulouse, 1545 (très- rare). 

Notice sur deux manuscrits (patois) des 
archives de la commune de Montpellier. In- 
18, Montpellier, juin 1835. 

Nompareilhas (las) receptas per fa las fem- 



r— 



à99 

mas tînidend as rizentas, pïasentas, polidas et 
bellas. Petit in-8% Tholose, 1555. 

Dialogo su la chunta de Brienne et Lamoi- 
gnon. Ad calcem. 

Nouveau recueil des plus beaux noëls, nou- 
velle édition augmentée. In- 12, Poitiers, 
1838. 

Nouveau Testament vaudois, manuscrit sur 
parchemin vélin. In-8°, sur deux colonnes, 
écrit dans le xiu 6 siècle, terminé par un Ri- 
tuel vaudois.— Bibliothèque du palais des Arts 
à Lyon, 

Nouvelle chanson patoise. In-12, pp. 4. 

Novena al Glorios Patriarcha san Joseph. 
ln-8°, Perpinya, S. D. 

Noslra-Damus (Jehan de) : Les Vies des plus 
célèbres et anciens poètes provençaux. Petit 
in-8°, Alexandre Marsilio, 1575 (insérées dans 
l'histoire de Provence de son neveu César 
Nostra-Damus. In-folio, 1614), traduit en ita- 
lien par Giudici, Tannée même de sa publi- 
cation, et beaucoup mieux plus tard par Cres- 
cimbini. In-4°, Rome, 1710; réimprimées 
ensuite à part avec de nouvelles augmenta- 
lions. In-4°, Rome, 1722. ' 



300 

Il avait composé beaucoup de poésies pro- 
vençales qui sont probablement perdues. 

Ode de Triors (Drôme) : Joyeuses recher- 
ches de la langue tholosaine. In-8°, Tholose, 
1579. (Cet opuscule a eu plusieurs éditions.) 

Oiheharl : Recueil de proverbes (en bas- 
que). In-8°, Paris, 1657, pp. 94 et 76. 

Olliv ier (Jules) et Paul Colomb de fiatines : 
Essai sur l'origine et la formation des dia- 
lectes vulgaires du Dauphiné , suivi d'une 
bibliographie raisonnée des patois de la même 
province. ïn-4°, imprimerie de Borel, 1839, 
pp. 104. 

Opéra (T) de Frountigan , Mss. inédit. 

Oumbro (T) de Moussu de Nant, ou An- 
toine mon ami, mon serviteur fidèle. Nombre 
d'éditions incalculable. 
• Ordenensas (las) et Goustumas del libre 
blanc. Petit in-8°, Tholose, 1555. 

Papon : Diss. sur l'origine et les progrès 
de la langue provençale. 

Pastorale gascoune sur la mort d'Anric- 
Quart. In-8°, Tolose, 1611. 

Pascal de la Fare, employé à Aix dans les 
droits réunis , vers à Mousu Sauzé , per un 



301 

amatour de sa pouesio et de seis artichaou , 
p. 1. 

Passe-Temps (leis) de Meste Martin. ïn-12, 
Nîmes, 1822. 

Paslorale du berger Celidor et de Flori- 
monde la bergère, représentée sur le théâtre 
des Marchands le jour de l'Ascension, 1629. 
In-12, Béziers, chez Jean Martel. 

Pastural (Th.) : Noëls auvergnats, recueillis 
par. In-18, Riom, 1733, 1739, etc. Avant 
ces additions» il en avait élé publié plusieurs 
autres éditions. 

Le Couchire, Riom, 1733 et 1798. 

Chanson patoise faite après un jubilé. 

Pâte (la) : Enlevada, pouemo coumiquo. 
In-12, Carpe ntr as, 1740. 

Pau (Pierre), escuyer de Marseille, Bar- 
bouillado el phantazies journalieros, de. In 4°, 
Marseille , par Pierre Mascaron , 1595. On 
trouve à la suite : 

Lous passa-tens de Louys de la Bellaudièro, 
gentilhomme prouvenssau : mes en sa luzour 
par Pierre-Paul, escuyer de Marseille. In-4°, 
Marseille, 1595. 

2a 



6oi 

Paul (Pierre) , ancien militaire et légataire 
de la Bellaudière de Grasse. 

Peços nouvelos et curiousos au sujet d'oou 
san parlemen de Prouvenço. Inr4% à Carda- 
nos, chez Toni-Midas, 1756, pp. 8. 

Pelabon : Lou grotilié bel esprit vo Suzeto 
et Tribord; comédie en deux actes et en vers 
provençaux, mêlée de chants. In-8% Avignon, 
4805, 1813 et 1821. 

Magaou et Canoro, vo lou proucès doou 
pouar , comédie en deux actes et en vers 
provençaux. In -8°, Beaume, à Toulon , 
1836. 

Victor et Madaloun, comédie-vaudeville en 
un acte et en vers provençaux. In-8°, Beaume., 
à Toulon, 1837. 

Pelabon ( Louis), petit-fils de l'auteur de 
Maniclo y Tranchet et Crestimo ou lou chari- 
varin, comédie en un acte et en vers proven- 
çaux, mêlée de chants. In-8°, Beaume, à 
Toulon, 1838. 

Pellissié-Romain : Traduction libre des trois 
premières églogues de Virgile en vers patois. 
In-12, Gahors, de l'imprimerie de J.-P. Corn- 
barrieu, S. D. pp. 20. 



SOS 

Pellas (le P* Sauveur André), religieux mi- 
nime. 

Dictionnaire provençal et François dans 
lequel on trouvera les mots provençaux et 
quelques phrases et proverbes expliqués en 
François, avec les termes des arts libéraux et 
mécaniques. Le tout pour l'instruction des 
Provençaux qui n'ont pas une entière intelli- 
gence ni l'usage parfait de la langue française* 
et pour la satisfaction des personnes des 
autres provinces de France qui désirent ap- 
prendre l'explication des mots et des phrases 
provençales. In-4°, à Avignon, chez Fran- 
çois-Sébastien Offray, imprimeur-libraire à 
la place Saint-Didier, 1723, avec privilège. 

Pernul(i.) : Noëls des bergers auvergnats. 
In-8°, Clerrnont, 1652. 

Perraud (Artiste) : Cadichonne et Mayan. 
In-8°, Bordeaux, s. cl. pp. 20. 

Peschaira (Andieta), poétesse toulousaine 
du xiv e siècle. Voyez le Recueil de Noge- 
rôles. 

Pezant, Cosson, Alacris y le curé Bourg : 
Noëls nouveaux et chant pastoral des bergers 
auvergnats, composés par, etc., et nouvelle* 



304 

ment augmentés par plusieurs autres, In-12, 
Clermont, J. Barbier, 1752, pp. 104. La pre- 
mière édition avait été publiée par G. Jac- 
quard, à Clermont, sans date. 

Pesant (François) : Noëls auvergnats, ln-12. 
Riom, 1580, et nouvelles éditions données par 
Thomas Pasturel en 1733 et 1739. ( L'auteur 
fut présenté à Charles IX, qui l'accueillit avec 
distinction). 

Pey rier (Ch.de). 

Peyrotj menuisier à Avignon : Recueil de 
noels provençaux , nouvelle édition , revue 
et exactement corrigée par le fils de Fauteur. 
In-12 , Avignon 1740, et Chaillot 1828 , pp. 
248. H en existe une édition sans date, con- 
tenant quarante-un noëls , trois chansons et 
trois rocantins, 1 feuillet , 135 pages et ta- 
bles. 

Pierquin de Gembloux : Essai sur les pa- 
tois. In-8°, p. 339. Cet opuscule contient une 
bibliographie dont nous nous sommes aidé 
pour notre travail. 

Pithou y avocat : Bucolicos de Virgile , tra- 
duites in vers heroïcos et dialecte Gruveren, 
per on poète Helveto-Niuthorien et dediages 



505 

à tïts les compatriotes amalours de la poé- 
sie, etc. In-8°, Fribourg, 1788. 

Placet à Messius lous Pouliciens de la villa 
de Béziers, satire inédite en 420 vers. 

P lança t (Beringuer de Saint-), cantadour 
du xiv c siècle. Ses poésies sont perdues. 

Planchs (leis) de Sant-Estève. In-8°, Mar- 
seille, de l'imprimerie de Jh.-Fr. Achard , 
1819. 

Planta : Histoire de la langue des Grisons. 
G esc hic h te, etc. 

Pierre Alfonse , ou Rabbi Moïse Sèfardy , 
c'est-à-dire l'Espagnol, disciplina clericani. 

Il existe trois traductions romanes de cet 
ouvrage, traduit aussi en hébreu, et dont le 
livre d'Henoch sur l'amitié, traduit pour la 
première fois en français par M. Pichard, d'a- 
près le texte hébreu , n'est que le commen- 
cement. L'une des versions, en vers romans, 
fut imprimée en 1760 par Barbazan ; la se- 
conde, en vers aussi, le fut en 1808 par Méon. 
Le Grand d'Aussy en a donné l'analyse. La 
dernière traduction, en vers, fut imprimée en 
1824 aux frais de la Société des Bibliophiles, 
qui, en 1834, publia aussi la traduction en 
prose. 

2fl. 



306 

Plauzolet (de), théologal de l'église cathé- 
drale de Viviers : É pitre anonyme , de 226 
vers, qui lui fut adressée dans le xvm e siècle, 
par le curé de Gros-Pierre. Mss. 

Poème en vers patois sur les saintes paro- 
les : Dieu soit béni ! In-12, Avignon, 4780. 

Poemo en l'hounou de l'inauguration de la 
statuo de Riquet. In-8°, Carcassonne, 1838. 

Poésies en langage patois du Dauphiné, 
In-8°, Grenoble, chez Prudhomme, 1829 et 
1840. 

Cette brochure contient : 

1° Grenoble, Malherou ; — 2° Dialogo de 
le quatro Gomare ; — le monologue de Janin. 

Poésies patoises fort curieuses, sans nom 
d'auteur. In-4°, sur vélin, manuscrit de Car- 
cassonne. 

Poésies en périgourdin (bibliothèque par- 
ticulière de sir Philips à Middlehill). 

Poey (Bernard du) : Odes du Gave, fleuve 
du Bearn , du fleuve de Garonne , avec les 
tristes chants à sa Caranite. In-8°, Tholose , 
1551. 

Poitevin (Théodore) : Réflexions sur quel- 
ques étymologies languedociennes qui déri« 



SOT 

vent directement du grec. Ad cal. , Recueil 
de la Société libre des sciences et belles let- 
tres de Montpellier, t. h, p. 37 à 54. 

Pons : Mémoire sur quelques mots de la 
langue phœnico-punique qui se sont conser- 
vés dans T idiome provençal. Ad cal. , Mé- 
moires de la Société des Antiquaires. 

Proverbes provençaux. Voyez Annales du 
département de l'Isère, du 9 octobre 4808. 

Provverbes provvenc. (sic). In-4°, sans 
date, pp. 99. (Manuscrit précieux et beau de 
la Bibliothèque d'Aix. 

Poudi (lé) de l'argen , cansou. In-4°, Tou- 
louse, 1826. ' 

Pouemo en vers patois concernan leis évé- 
naments que se soun passas dins nosté fatal 
interregno, desempieï 1789 jusqu'en 1815, 
en racourci. In-8°, Nîmes, 1816. 

Prinhac (Pons de) : Quelques cansos et sir- 
ventes, en toulousain, 1348. 

Proverbes provençaux (bibliothèque parti- 
culière de sir Phillips à Middlehill). 

Procès (lou) de Carmenlran, comedio nou- 
velloet galanto. In-12, Paris, 1701, pp. 24. 
Jn-12 , à Venasque, chez Cru feux , rue Mal- 



808 

propre, à l'enseigne du Dégoûtant. S. D. 
Cette pièce est reproduite dans le recueil de 
Brueys. V. ce nom. 

Privilèges de Cuers. In-8°, Toulon, 1838. 

Promesse (la) de mariage et autres chan- 
sons provençales, In-12, Mountpcyé, 1823. 

Puech : ses noëls ont été réunis à ceux de 
Saboly, et sont meilleurs. On peut en juger 
par celui des Bohémiens, que d'Argens et La- 
métrie chantaient, en petit comité, à la cour 
du grand Frédéric. Du reste Puech a traduit 
ce cantique des Bohémiens de l'espagnol de 
Lopez de Vega. 

Puiggari : Essai sur Télymologie de quel- 
ques noms de lieux dans le département des 
Pyrénées -Orientales, suivi de quelques re- 
cherches sur les Cérétani. Mss. 

Puivert (Bérenger de), canladour toulou- 
sain. Deux cansos. 

PujetÇP.) : Dictionnaire provençal, manu- 
scrit égaré. 

Puyot, poète béarnais. 

Quelques mots en patois auvergnat. Mss. 

Quelques mots tirés d'un glossaire (mélange 



309 

singulier du jargon du midi et de mots de bas- 
anglais). Mss. 

Raffine ( Laforgue). Poème burlesque sur 
le siège de Montauban. Courrier de Tarn et- 
Garonnc, 1840. 

J?..., défun Mossu, lou mariage de Marga- 
rido , comédie en un acte, nouvelle édition , 
in-8°» Si vende a Marsillio , aquo de Jean 
Mossy, imprimur doou rey, de la marino et 
libraire aou Parc, 1781, pp. 32, etin-8°, Avi- 
gnoun, an vi. 

Racina : Esther, tragedia sancta, traduhida 
en versos catalans, in-8°. Voyez Reybaud. 

Ramounet , ou lou paysan agenez tournât 
de la guerro, pastouralo en lengatge d'Agen, 
comédie en cinq actes et en vers, aumentado 
de quantitat de bers qu'eron estais oublidads 
a la prumero impression et courrijado de 
quantitat de fautos. In-12 , à Agen, chez F. 
Gayau, marchand , librayre et imprimur our- 
dinari del rey et de la bilo, 1684. In-8°, Agen, 
1701 , aumentado de quantitat de bers que 
eron estais oublidats à la primero impression. 
In-12, Bordeaux, 1740, trois feuillets, et 
90 pp. 

RavanaSy ancien curé de la Magdelaine : 



310 

L'Escoumesso, conte. In-8°, Aix, de l'impri- 
merie de Pontier, 4807. 

Ravel (C-À.) : La Paysade, ou les Mulets 
blancs, épopée tirée d'une histoire auver- 
gnate, en vers auvergnats, suivie d'une épître 
à Babet, et du combat des Rats et des Belettes 
et autres fables de La Fontaine travesties. 2 e 
édition, in-8°, Clermonl-Ferrand, 1839, chez 
l'auteur, boulevard du Grand-Séminaire. 

Raymond (Pierre) : Le Preux et le Vaillant, 
plusieurs chansons en toulousain. 

Raynier (de Briançon), né à Aix. 

L'ai de Paulet, ou lou Crebo-Couer d'un 
paysan à la mouer de son ai. In-8° et in-16 , 
Marseyou, 1836, S. D. 

Raynoaard : Nouveau choix des Poésies 
des troubadours, contenant la Grammaire ro- 
mane et les biographies originales des princi- 
paux troubadours. — Depuis la mort de 
M. Ray nouard on imprime le Lexique, roman, 
sous la direction de M. Léon Dessales, attaché 
aux Archives du royaume. Le grand travai' 
de Sainte-Palaye, dont M. Raynouard n'a ja- 
mais dit un mot, a servi de type et de fonds 
principal à cet ouvrage. 



su 

Iiecaul (Jean de), canladour toulousain du 
xv 6 siècle : Cansos. 

Recollecta de tots los privilegis, provisions 
pragmatiques e ordinacions d'ia fidelissima 
vila de Perpenya. 

Recueil contenant les proses et les hymnes 
des heures de Garcassonne , en vers patois ; 
des proses et des hymnes nouvelles , en vers 
et dans les deux langues. In-12, Garcassonne, 
s. d. 

Recueil de cantiques spirituels sur les prin- 
cipales fêtes de Tannée à l'usage des missions 
de France. In-12, Avignon, chez Oflray, 1712 
et 1734. 

Recueil de Cantiques spirituels à l'usage 
des missions de Provence en langue vulgaire, 
avec les airs notés à la fin. In-12, Avignon, 
chez François-Jean Domergue, imprimeur et 
marchand-libraire de l'université, proche le 
collège des RR. PP., jésuites, avec permission 
et approbation , 1734 , p. 276. — Musique , 
pp. 44. 

Recueil de cantiques spirituels imprimés 
par ordre de monseigneur Jérôme - Marie 
Champion de Cicé, etc. In-18, Marseille, 
106. 



312 

Recueil de cantiques et de noëls en langue- 
docien ou patois de Montpellier. In-12, Mont- 
pellier, 1825. 

Recueil de proverbes ou sentences populai- 
res en langue provençale, nouvelle édition 
corrigée et augmentée considérablement; im- 
primé au profit des pauvres. In-12 , Brignol- 
les , chez Dufort cadet, imprimeur-libraire, 
1821, pp. 32. 

Recueil de prières, de réveillés et de canti- 
ques , tant en français qu'en langue vulgaire, 
en l'honneur de Notre-Dame des Anges , pour 
l'usage de la ville de Pignans. Le tout re- 
cueilli par un homme de retraite 9 occupé à 
l'éducation de la jeunesse. In-12, Draguignan, 
Barthélémy Bus, 1778. 

Recueil de poésies provençales, mss, in-f*, 
de la Bibliothèque de l'Arsenal. 

Recueil de chansons en patois de Grenoble. 
In-8°, Grenoble, sans date, mais après la chute 
de Robespierre , si Ton en juge par la har- 
diesse politique de certains couplets, pp. 4. 

Recueil de chansons paloises. In-12, Agen, 
imprimerie de Guillot , 1836. 

Recueil de poésies béarnaises. In-8°, Pau, 



513 

chez Vignancourt, 1823; même ouvrage, mais 
augmenté. ln-8°, Pau, 4827. 

Recueil de noms propres dérivés de la lan- 
gue romane. Ad cale, Magasin pittoresque , 
1838, p. 70, 98, 154, 310 et 386. 

Recueils de poètes gascons. 2 voK in-42, 
Amsterdam , chez Daniel. Paris, 1700, t. 11 , 
p. 197, Œuvres de Michel (Jean). 

Recul de cansous patouésas daou rouyaou- 
mé de la Beouféra. In-8°, Jullien, Montpellier, 
1831. 

Recul de cansous patouésas daou rouyaou- 
raé de la Sounayé. In-8°, Jullien, Montpellier, 
1831. 

Réflexions des marchands de melons de la 
place Saint-André au moment de la nomina- 
tion de l'abbé Grégoire. In - 8° , Grenoble , 
1819. 

Celte pièce fort rare se termine ainsi : 

Gregorio sara députa 
Choisi, nomma pe nostra villa; 
Tou sou zefan zen son gloriou, 
Greuoblo n'é plu malerou. 

Grégoire sera député 
Nommé, choisi par notre ville ; 
Tous ses enfants en sont tiers , t 
Grenoble n'est plus malheureux < 

27 



SI 4 

Registre manuscrit des Annales de Tou- 
louse, au Capilole. 

Registre des rentes léguées à l'Hôtel-de- 
Ville de Périgueux et destinées aux pauvres. 
Mss. de 1827. 

Registre contenant des statuts municipaux 
de la ville de Périgueux au xv e et xvi e siècles, 
1477. Ces deux manuscrits sont aux archi- 
ves de la ville de Périgueux. 

Régla de Vida. In-8°. Perpinya, 1802. 

Rencontre villageoise. ln-8°, Grenoble vers 
1793, pp. 4. 

Repaich (le campestre), pouëmo cou mi - 
que. ln-8°, Carcassonne. S. d. 

Réponse aux poètes, auteurs du poème de 
la Pâte enlevée, ln-12, Carpenlras, 1741. 

Requeste (la) faite et baillée par les dames 
de la ville de Tolose, avec plusieurs sortes de 
rimes en divers langaiges. Petit in-8°, To- 
lose, 1515. 

Respounsou d'un home que s 9 es retira dou 
mounde. In-12, Carpenlras, 1741. 

Retour (lou). doou martegaou, paroudio. 
In-8°, Marseille, 1775. 



315 

Reybaud, Esther, tragédie traduite de Ra- 
cine, V. Racine. 

Reybaud, de Carpentras, La tentation de 
Saint-Antoine, poème héroï-comique, inédit. 

Reymonenq (Eusèbe), Fables, contes et his- 
toriettes en vers provençaux. In-8°, Toulon, 
imprimerie de M.-J. Beau me, place d'Ar- 
mes. 

Richard ( l'abbé ), Recueil de poésies patoi- 
ses et françaises , et choix de pièces patoises 
de divers auteurs limousins. 2 vol. in-12, 
Limoges, chez Chapoulaud. 

Rigaudy Las vendemias dé Pignan, pouëma 
coumpaousat en 1780. ln-16, à Mounpéïé, de 
Fimprimarié de J.-G. Tournel, an h dé la ré- 
publica, 1794. 

— Pouesias Palouesas. In-12, Mounpeyé, 
1806. 

Rituel manuscrit de Viviers (Ardèche). Ad 
cale. Mém. de l'Acad. des inscr. et belles- let- 
tres. In-12, t. iv, p. 397. 

QUATORZIÈME SIÈCLE. 

De la part Mossenhor l'évesque 

Que Dieus vos don gran mal al bescle, 



316 

Ares una plena banasta de perdos 
E dos des de graycha de sot lo mento. 

Mossenhorques ayssi presenz 

Vos dona xx banastas de mal dedens, etc. , etc. 

De la part de monseigneur l'évéque , 

Que Dieu vous donne mal à la tête ! 

Vous avez une pleine manne de pardons , 

Et deux doigts de graisse sous le menton. 

Monseigneur, qui est ici présent, 

Vous donne vingt mannes de maux de dents, etc., etc. 

Roix ( Bertrand de ) reçut l'églantine , en 
1461, pour un Complanh moral à forma de 
madonaou canso d'amors. Mss. 

/to&y (l'abbé), Traduction de Virgile en 
vers patois ( travesti ). Mss. appartenant à 
M. Bouriaud aîné. 

Roche (P.) y récollet, Cantiques pour les 
missions. In-12, Marseille, 1805 et 1828. 

— Noels français et provençaux. Nouvelle 
édition corrigée , in-12, Marseille, J. Mossy , 
1810. 

Rochegude, le Parnasse Occitanien ou choix 
de poésies originales des troubadours, tirées 
des manuscrits nationaux. In-8°, Toulouse, 
1819. 



517 

— Essai d'un glossaire Occitanien, pour 
servir à l'intelligence des poésies des trouba- 
dours- 2 \ol. in-8°, Toulouse, 1819. 

Roman (Balthazard). 

Roquille (Guillaume), Lo députo manquo, 
poemo ein patuais de vait vardeguy. In-8°, 
Lyon, 1839, à Rive-de-Gier, chez Pouit, ca- 
fetier, et chez l'auteur, rue de Lyon. 

Rousset (Jean de), Lo Cerbero, cant rouyal. 
V. Golometz. 

Roussi (le), de loutgage. In-.8°, Toulouse, 
vers 1650. 

Roustan, Boufounados en vers patois ounté 
i a dé que rire dé que ploura, 3 e édit,, revisto, 
corrigiado e ooumentado. In - 12 , Mimé , 
1826. 

La première édition est de 4824, et la qua- 
trième de 1829. 

— Lou troubadour languedocien, ouvrage 
nouvel. In-8°, Nimé, enco dé Durand-Belle, 
1832. 

— Leïs Passo-Temps dé mesté Marti n coun- 
ténem léïs quatre seisouns e aoutrei péços en 
vers patois. ln-8°, à Nimé, chez J.-B. Gui- 
bert, imprimurdaou rey, 1822. 

27. 



518 

C'est ce que l'auteur considérait comme la 
première édition de ses poésies. 

— Boufounados en vers patois ounté i a de 
que rire è de que ploura. In-18, àNimé, Du- 
rand-Belle, 1824, pp. 52. 

— Boufounados en vers patois ounté i a dé 
que rire è de que ploura. Troisième édition, 
revisto, courigiado et oumentado. In-18, à 
Nimé, enco Durand-Belle, imprimur, 1826, 
pp. 59. 

— Boufounados en vers patois ounté y a 
dé que rire et'dé que ploura. Quatriémo édi- 
tioun , revisto , corrigiado e ooumentado. 
In-18, enco dé Durand-Belle, 1832, pp. 16. 

Rufli (Robert de), Coumplainto historico 
su la pestode 1580. 

Rupé (Pierre de), bachelier en 1465. Il 
remporta la violette pour ses Vers figurais de 
ante-christ. Mss. des archives de la Société des 
Jeux Floraux. 

Roy ( J.), de Gelles, ancien juge de paix du 
canton de Rochefort , Le Tirage ou les Sor- 
ciers, poème en langue auvergnate. In-8°, 
Clermont, imprimerie de Thibaud-Landriot, 
rue Saint-Genès, n. 8, 1836 et 1837, in-18, 
pp. 34. . . 



» • 



319 

Ruche (la), provençale, 6 vol, in-8°, Mar- 
seille, 1819—22 

Saboly (Nicolas), né à Monteaux, maître de 
chapelle à Saint -Pierre d'Avignon, Recueil 
de noëls provençaux, ln-12, Avignon, 1670 
—1674—1699—1704-1820—1824, meil- 
leure et plus complète, contenant 2 feuillets, 
99 pages et 62 noëls. Nouvelle édition , aug- 
mentée du noël fait à la mémoire de M. Saboly 
et de celui des rois, faits par Domergue, 
doyen d'Arançon. In-18, Avignon, chez Chail- 
lot aîné, place du Change, 1829. — In-18, 
Aubanel, Avignon, 1839. 

Sacre ( le ) de Charles X, suivi de plusieurs 
autres pièces en patois et en français, par Ja 
Muse Campagnarde. Nouvelle édition , In-8°, 
Martial Ardant, à Limoges, 1830. 

Salette (Arnaud de), Psalmos de David me- 
tus en rima bernesa. In-8°, Ortez, 1583. 

Sage , de Mounpellié (las Poulies dau), re- 
vis t os, augmentados de diversos peços de Tau* 
tur, ambe sounTestomen, obro tant desirado. 

In-8° , 1650. —Las foulié dau Sage de 

Mounpelié, revistos è augmentados de diver- 
sos piessos de Tauthur embè son testamen : 
obro .tan desirado, ln-12, à Amsterdam, chez 



320 

Nicolas Déborde, au Palais, mdccxxv.— * Voyez 
Recueil des poètes gascons, etc. 

Saint-Simon, seigneur de Bomont en Con- 
domois : Coutumes manuscrites (Court de 
Gébelin, Dictionnaire étymologique de la lan- 
gue française, p. lxxii). 

Savaron (Jean), Origines de la ville de 
Clermont. Edition de Pierre Durand. In-folio, 
Paris, 1662, p. 102. 

Saiizé* propriétaire à Âix, Pouemo provcn- 
çaou, divisa en plusieurs cants, per un pro- 
priétaridaou Tarradou d'Aïs. In-8°, l'an 1803. 

— Pouemo su la desunien doou mariagi, 
qu'ooucasiéouno lou divorço et su lei vertu et 
genio de Bonaparte. ln-8°, p. 43. — Pouemo 
su lei ramboursamens en assignats, pp. 22. 

— Pouemo prouvençaou divisa en plusiurs 
cants. An 1803. pp. 54. — Detai en pouesié 
su leis atroucita que s' es fach à la villo d'Aïs 
dins lou coumensamen de la revolucien. pp. 
12. — Nouvé su la neicensso doou fieoù de 
Dieou. pp. 4. — Respouenso d'uno critiquo 
facho, per un gargaméou de la vilo d'Aïs, su 
lei ver prouvençau dei sept peca mortaou* 
pp. 13, 



321 

Sauvages (l'abbé de), Dictionnaire langue- 
docien-français , suivi d'une collection de 
proverbes languedociens et provençaux. Deux 
parties en 1 vol. in-18, Alais, 1756. — 2 vol. 
in-8°, Nîmes, 1785. — 1 vol. in-8°, Alais, 
1820. 

Scatabrounda, cou média (composée en pa- 
tois de Cahors, vers le commencement du 
xxvin e siècle ). 

Sceaux ( Charles ) , ses principales comé- 
dies sont Brusquellet BrusquetIL C'est une 
imitation du Sosie, de Plaute, tirée de la Vie 
de Strozzi, prieur de Capoue, par Brantôme. 
Elles ont été représentées dans des collèges; 
on ne le croirait pas. Il a fait aussi des chan- 
sons. 

Schlegel (A.-W.), Observations sur la lan- 
gue et la littérature provençales. In-8° , Pa- 
ris, 1818. 

Schnakenburg (J.-F.), Tableau synoptique 
et comparatif des idiomes populaires ou pa- 
tois delà France. In-8°, Berlin, 1840. 

Seguin (le capitaine), comédies. 

Voici de ses vers : 

Lou Printen douno la varduro , 
L'Estiou remplis leis magasins, 



52* 

L'aoutouno prouduit leis rasius, 
Et de l'Hiver naisse la glasso; 
De la tempesto la bonnasso' 
Et don maa se tiro loa ben. 

Le printemps donne la verdure , 
L'été remplit les magasins, 
L'automne produit les raisins, 
Et de l'hiver natt la glace: 
De la tempête la nonace , 
Et du mal s'engendre bien. 



Seigneux de Correvon, Vocabulaire du 
dialecte parlé aux environs du lac Léman. 

Sent (le), Ebangely dé nostré Seignou Je- 
sus-Christ, seloun Sént-Jan, traduit en léngo 
toulouzeno. In-8°, à Tqulouso. 

Sermet (Hyacinta), ex-provincial das Car- 
mes descaoussés, prédicatou ourdinari daoô 
rey, de Y Academia dé la scienças , inscrip- 
tiouns et belas-lettras de Toulousa, d'aquela 
de Mountaouban , et aumounié de la lagioun 
de Saint-Ginest , dins lou cantoun de Bruye- 
ros et lou district de Toulousa ; discours prou- 
nounçat dabant la légion de Saint-Ginest à 
l'oucasioundé la Fédératioun générala. In-8°, 
à Mounpélié, de l'imprimarié dé Tournel, 
1790, 



8S5 

5toflOMd(M.-A.), Courso de Biou, pouemo 
patois. In-12, Arles, 4827, pp. 42. 

Sicard (Jean de La Tour d'Aigués), Para- 
phraso prouvensalo sur leys sept Psaumes 
pénitentiaux. In-8°, à Aix, chez Estienne 
Roize et la vefve Jean-Baptiste-Roize, impri- 
meurs du roy et de l'Université, avec appro- 
bation, mdclxxiii, pp. 46. 

Spinette (Esclarmonde), musicienne et poète 
de Toulouse. V. Nogerolles. 

Statuts de Tordre de Malte (archives de 
la ville de Toulouse). 

Statuts et privilèges de la ville de Moissac 
( Archives de cette ville ). 

Statuts de la counfrério de Noustre-Daroo 
de San Sauvour (Saint-Martial de Limoges), 
establidoen 4242. 

Ils commencent ainsi : « En honor de Dieus 
e de mis domps Sla Maria an établi una co- 
frairia. Li Prosomo de Lymoges et prezen Los 
coffrars que à la vida la tenchan segon lor 
poder et chacun cofrai deu a jurar convenir 
à la honor de la mair de Dîeus, » etc. 

Tableu de la Bido del parfat christia a un 
diccionari. Ii*-8% Toulouse, 4673. 



324 

Tableou allégourique de la Neissenso doou 
duc de Bourdeou. In 8% Marseille, 1820. 

Tandon ( Aug. ) , Fables et Contes en vers 
patois. In-8°, Montpellier, an vin. 

— Traité sur les lettres, les diphthongues, 
les différents sens et l'orthographe du patois. 
Mss. 

Tastu (N. ), Los Gontrabanders , canso- 
netta nova. Grand in-4°, Paris, S. D., 4834. 
Atlas de la langue catalane, 1839. 

Taule dels Estils de la Cort del veguer de 
Rossello et de Yallespir. In-folio, Barcelona, 
1510. 

Terrin ( J.-C. ), de l'Origine , des progrès 
et de l'influence de la langue provençale (Re- 
vue de Provence. In-8°, Marseille, 1830, t. 
n, p. 150 à 156). 

Testament d'un Juif de la ville de Carpen- 
tras. In-16, S. d. 

Testament (nouveau), et quelques livres de 
l'ancien, traduits en provençal, vers les pre- 
mières années du xu e siècle, si, comme on le 
présume, ce travail a été fait par les ordres de 
Raymond-Bérenger , mort en 1130 (Biblio- 
thèque de Carpentras). 

Testamen de l'ai , en provençal. ( Y. Mer- 



335 

cure de France , octobre 1744 , p. 2206. ) 

Tour (Antoine , Geoffroy de La), né à Di- 
gne , diverses poésies latines , françaises et 
proveaçales , présentées au roi, au retour de 
ses armées de Flandres, par le sieur Th. Gi- 
rard. In-8°, Paris, 1677, pp. 2. 

Touchy* ancien avocat, etc., A Sa Majesté 
Napoléon-le-Grand,. empereur des Français et 
roi d'Italie, ode en idiome languedocien de 
Montpellier. In-8% Montpellier, 1808, pp. 20. 

Trastabol (Pierre), cantadour toulousain 
du xvi e siècle, maître es Jeux Floraux. 

Truchet (de), la Pastressou vo leis escoou- 
festrés, coumediou en un acte en vers prou- 
vençaous daou dialecte d'Arles. In-8°, Paris, 
chez Moreau, 1824, pp. 39. 

— Gansouns prouvençales escapadas doou 
supount, vo lésirs dé mestë Miqueou. ln-18, 
Paris, en co dé Moreau, 1827, pp. 250. 

— Lou Vermet, pouemè didactique en vers 
provençaoux d'oou dialecte d'Ârli, autogra- 
phié. In-8°, s. d. 

— Epitrè per anar de counserve era, uno 
odè sur l'amou de la patrio, adréïssado, lou 
5 janvier 1833, à moussu Sicaud, autographié. 
In-8% s. d., pp. 3. 

28 



*36 

— Nouticè poético~btograpbiqiié de quao- 
quei* trobadorsd'Anfan adréîssadoà M. Fran- 
ce Tottsten* ln-8% autographié, », d< pp. 28. 

— Epilre adrétssade à moussu D, ÀM, Si* 
caud. lou 10 febrier 1828, par, etc. In-8% 
autographié, a. d., p. I. 

— Epitre es tiquant a la biographie Aria- 
tenque, adréissado, lou 28 décembre 4832, â 
moussu Sicaud. in*% autographié, s. d*, 
pp. i. 

— La Rusou innoucentou, vaudevillou 
prouvençaou , représenta dins Ici* festous fe* 

§ 

che» en Arlé a Foucasioun doou courounamen 
de Charles X, Iu-8% de Y imprimerie de Goet- 
ehy, 1825* 

— Couplets proureoçaus eau la», loti 8 mai 
1825, ôou banquet deis Artatens réumts à 
Pari» perfesta moussu lou baroun de" Chas- 
trouse, mairo d'Arles. In-8% s; d., pp. 2. 

— Odè prouTençakm sus km choléra,* 
adréissadou, de Paris, à moussu Dégut d'Ar- 
les. In-4% lithographie, s. d* 

Trioumphé ( km ) dé Nonotou, ou meslé 
Pierre battu, vodevillo en dos actous, repré- 
senta à la suito d'un charivari, â Aïgous-Mor- 
tous, lou 22 mars 1832, per on ami de meslé 



Pierre* ln-8% Durand-Belle , à Nîmes, 1832. 
Triouftiphe(lou)deMarsillo,odo. ln-4°, Mar- 
seille, chez Mossy, libraire à la Canebière, 1756. 

Turenne (Raymond de), Discours das trou- 
blés que fouron en Prouvenso del temps de 
Loys segond dal nom, filz de Loys premier , 
reys de Sicilio et contés de Prouvenso, per 
aquet Raymond Rougier dict de Thouraino, 
surnoumat lou visconlié de Thouraino, et 
Aliénor de Comçningés, sa maire, en Tannado 
4389 (Mss. de la bibliothèque d'Aix, posté- 
rieur à cette date). 

Us et costumas de Castelnaudary (Mss. en- 
levé, depuis peu aux archives de la ville). 

Uscara libru Berria eta Khiristiarem egun 
orozco exercicio espiritualac. Lehen editiona. 
In-8°, Rayonne, 1839. 

V. B., Lou maou d'amour, cansonetto prou- 
vençalo. Ad. Cale. l'Argus, journal, t. u, liv. 
ii, samedi 25 niai, p. 18. 

V. JV. D. P. D., Impromptu provençal sur 
la prise de Maëstricht. In- 4°, sans indication 
de lieu ni d'imprimeur, 1749. 

ValbelleSainle-Tulle (le président), Mon 
Sottisier. S. d. 



328 

Valès (J.-D. de Montech), Virgilo dégui- 
sât, o TÉneido burlesco, del sieur Yalés de 
Mountech. In-4% Toulouso, de l'imprimario 
de F. Boudes, 1648. 

Valier et Brunot, le Tribut du cœur, ou les 
Fêtes citoyennes, comédie-ballet. In-8°, Avi- 
gnon, 1790. 

Venel( Gaspard), magistral à Aix. 

Veyre ( J.-B. ), vers patois en l'honneur de 
P.-P. Riquet, etc. In-8°, Aurillac, 1838, pp. 8. 

Vénérable ( la ) abbaye dé Bongouvert de 
Grenoble sur la réjouissance de la paix, etc. 
]n-4°, Grenoble, 1660. 

Vengut de Graft ( Jean-Pierre ) , vo qu'es- 
péra pas. Dialogue, sans indication de lieu ni 
d'imprimeur, 1783. 

Verdie, Lou sabat d'aou Médoc, ou Jacou- 
tin lou Debinaeyre dam Piarille lou boussut 
(en berses). ln-8°, pp. 15, à Bordeaux, de 
l'imprimario de J. Lebreton, rue des Lois, 
d. 3. 

— Anlony lou dansaney ou la rebue dos 
Champs-ÉlysyesdeBourdeou. In-8°, pp. 12, 
à Bordeaux, chez J. Lebreton, rue des Lois, 
n. 3. 

— Cadichouné 6 Mayan , ou les Doyennes 



329 

des fortés-en-gulé d'aou Marcat. Dialogue 
recardey en patois bourdelés. In-8°, s. d., 
pp. 8. 

— Le Procès du carnaval ou les Masques 
en insurrection , comédie-folie en un acte et 
en vers. In-8°, s. d. pp. 16 ; à Bordeaux, chez 
J. Lebreton, imprimeur, rue des Lois, n. 3. 

Viaïle (Joseph-Anne). V. Beronie. 

Viandasso, comédie en 6 actes et en vers. 
In-4° de 67 feuillets. Mss. de la bibliothèque 
royale. Représentée devant Louis XIV. 

Vialle-y avocat, lopeslo de Tulo, poème en 
28 vers. Mss. 

Vianès, notaire à Montpellier, poésies iné- 
dites. 

Vida y novena dels invincibles martyrs 
sants Abdon y Sennen. In 8°, Perpinya, 1817. 

Vida de santa Valeria. Mss. sur parchemin 
vélin, daté de 1641. Voici quelques quatrains 
de cet ouvrage, qui est à Limoges : 

Loti princs que eliigit fuc 
En avio noum Tévé lou duc , 
Cougi-germ' à l'emperadour 
Et de so noblesM la flour: 

Beu chivaillé fort et vallent 
E per coumbattré aquello gent, 
Pro avia et de grand scienço 
Per régi aquello provinço , 

28. 



530 

Le prince qui élu fut 
Avait nom Tève le duc , 
Cousin-germain de l'empereur 
Et de sa noblesse la fleur. 

Beau chevalier fort et Taillant 
Pour combattre cette nation , 
Assez il avait de science 
Pour régir cette province. 

Vidât (Arnaud) remporta la violetta d'or 
donnée par les sept trobadors de Tolosa, pour 
son sirvenlcs en patois de Castelnaudary, en 
Tan 4324. (Rec, de l'Acad. des Jeux Floraux, 
p. 200.) 

Vie de saint Amant, xi c siècle (de Gaujal, 
t. n, p. 160.) 

Vie de saint Trophime, en vers proven- 
çaux, Mss. de l'Arsenal. 

Vigne (l'abbé): Contes en vers prouven- 
çaux, imprimas per la premièro fés en avoust 
4806. In- 12, sans lieu ( Aix) ni date (1806), 
pp. 16. 

Vigneul de Carpentras, Pétrarque en vers 
patois. (Ce manuscrit se trouve, dit-on, à la 
bibliothèque publique d'Avignon. ) 

Viguier fils, avoucat : Lé Christ, odo qu'a 
oublengut lé pré das suchets bibliques ein- 
boyats al cou n cours que agul loc à Béziers 



331 

le 12 mai 1839. ln-8°, Carcassonne, Labau, 
1839. 

Villanova (la dona de), poétesse toulou- 
saine qui remporta le prix del gai saber en 
1643. Mss. de l'Académie des Jeux Floraux. 

Virgile , traduction libre des trois premiè- 
res églogues, en vers patois. ln-8°, Cahors, 
s. d., pp. 20. 

Vocabulaire tiré des Noëls provençaux- de 
1660. Mss. 

Zerbin (Gaspard), avocat à Aix, mort en 
1650. 

La Perlo deys Musos et Couroédios proven- 
salos. In-12, à Àys, 1655. 

N.. B. Nous n'avons parlé ni des ouvrages 
déjà cités, ni des troubadours, qui ont tous 
une place ou une mention spéciale dans le 
deuxième volume de notre Histoire du Midi. 



FIN. 



TABLE DES MATIERES. 



■«Ma*» 



Introduction : But de l'ouvrage, p. 5.— Application de la mé- 
thode comparative à renseignement des langues anciennes, 8 
et 9. 

Première partie. Origines. — Axiome de Duclos, 15. — Esquisse 
historique des premiers habitants. — Réfutation du système de 
M. Amédée Thierry sur la triplicité des races, 17. — Celte 
proprement dit, 22. Débris archéologiques, 23. Noms de lieux, 
24. Celte analogue au sanskrit, 25-27 /Celto-breton, 28. Ana- 
logies de la langue méridionale et du celto-breton ,31. Traces 
du latin dans ce dernier dialecte, 33, 34. Basque, 35. Erreur de 
Leibnitz, 38. traces du latin dans le basque, 39. Restes du 
phénicien ou punique, 41. Restes du grec dans le dialecte mar- 
seillais, 43; dans le languedocien, 46 ; dans le gascon propre- 
ment dit, 47; dans le patois du Rouergue, 49; dans celui du 
Quercy, 50; dans le dialecte auvergnat, 51 ; dans l'idiome li- 
mousin et le pésigourdin, 52; dans le dauphinois et le basque, 
53. Opinions de Joseph Scaliger et de M. Gai! à ce sujet, 54. 
Envahissement du latin, 55. Invasion du gothique, 67 ; de l'a 
rabe, 70. Huit couches principales superposées dans la langue 
du midi, qui ne fut qu'une fusion progressive opérée entre le 
celte, celto-breton, celtibère ou basque , et le phénicien, le 
grec, le latin, le gothique et l'arabe, 72. 

Deuxième partie. — Formation. Première section : Noms, 73. 
Déclinaisons, 75.— Deuxième section : Adjectifs et pronoms, 

76. Pronoms personnels et possessifs. Erreur de l'abbé Girard, 

77. Pronoms démonstratifs, relatifs, indéfinis, 78. — Troisième 
section : Verbes, 79. Conjugaisons, 80. Le verbe roman amar. 
81. Observations, 82. Verbe sentir, 83. Adverbes, 85. 4c- 



354 

tion particulière de chacun des agents divers de formation dans 
le mélange commun, 87. Curieuse observation de M. Flourens, 
90. — Quatrième section t Noms propres celtes, celtibères , 
grecs, latins, gothiques, arabes, 91, 92. Noms des jours, 93. 
La langue romano-provençale est formée, 95. Deux erreurs de 
M. Raynouard renouvelées de Cazeneuve, 97. Similitude du 
roman du nord et du roman du midi, 100. 
TaottiÈME partie. Transition, perfectionnement. Histoire de la 
langue depuis 842 jusqu'en 1842 , p. 117. Neuvième siècle : 
chaos; serment de Louis- le-Germanique rapproché d'un texte 
latin, Il 8.— Dixième siècle : Charte de Retmond, filsdeGar- 
sinde, ISO. Poème de Boèce, 121. Kpitaphe de Bernard , duc 
de Septimanie, 122. — Onzième siècle: La noble leçon, 123. 
Origine de la poésie provençale, 126* La rime, 127. Similitude 
des poésies monorimes précédemment citées et des makamas 
arabes, 129. — Douzième siècle : Sirvente du comte de Poi- 
tiers, 190. Morceaux de Cadenet et de Folquet de Marseille, 
132; de Rambaud de Vacqueiras, 133 ; de Richard Cœur-de. 
Lioo, 134.— Treizième siècle ; Extrait des archives de l'hôpi- 
tal de Limoges, 135, Acte d'affranchissement d'un seigneur de 
Moatpezat, 136. Ordonnance touchant les parures des dames 
de Montauban, 138. Morceaux choisis de Pons de Capdueil, 
139; de Pierre Cardinal. 140; de Bertrand 4e Born et de To- 
miers, 141 ; de Marcabrus, 1 42. Délicieuse aubade de Bertrand 
d'AJamanon, 143. Extrait du Bréviaire d'Amour , 144. Erreur 
deScblegel et début de la chronique des Albigeois, 145.— 
Quatorzième siècle: Extrait des registres de la Cour des 
comptes de Marseille, 146. Fragments de Bovisset et du Petit 
Thalamus de Montpellier, 147. Chanson de la vérité, 149. 
Lettre circulaire des sept troubadours , 151, — • Quinzième 
siècle : Procès-verbal des états de Provence sous le roi René, 
153. Chanson féodale de l'Agenais, 154. Le rantz des vacbes 
du pays de Vaud , 155. Plaisante méprise de Fénimore Cooper, 
156.— Seizième siècle -. Forléai de la ville de Limoges, 157. 
Sonnet de Louis Belaud. 158. Complainte de Biron, 159. In- 



355 

(luence de la langue romano-provençale sur le style de Mon- 
taigne , 161. — Dix-septième siècle : Légende des médailles 
frappées pendant le siège de Montauban. Proverbes protestants 
162. Prologue de Goudouli, 163. Ode du même sur la mort de 
Henri IV, 165. L'homme heureux , de Joseph Pasturel , de 
Montferrahd, 171. Épitre de Claude Bruys, écuyer d'Aix, 174. 
L'Embarras de la foire de Beaucaire, 176. Chanson de Rousset 
de Sarlat, 183. — Dix-huitième siècle : Délibération de la com- 
mune de Lafrançaise sur la manière de députer aux états-gé- 
néraux, 185. La Moisson, morceau des Géorgiques de Peyrot, 
prieur de Pradinas, 188. Chanson quercinoise, 190. Couplet de 
Despourrens, 192. Première scène du Misanthrope, 193. 
Début de la première bucolique de G. Delprat d'Agen, 194. — 
Dix«neuvième siècle : Parabole de l'Enfant prodigue dans le 
dialecte d'Arles* Chanson de 1815, p. 194. La laitière et le 
pot au lait, de Diouloufet, d'Aix, 196» L'aveugle de Castel 
Cuillier, de Jasmin, 197. Le Trois mai, du même, 199. Ap- 
préciation du talent de Jasmin et comparaison de ses vers avec 
ceux deCourtetde Prades son compatriote, 201. Les larmes 
du gratier, de C. de Prades. Description de Thiver et du 
printemps, 207. Ode de Peirottes, 2 il. Analogies naturel les de la 
langue romano-provençale avec le français, l'espagnol, l'italien 
et le portugais, 214. Conclusion. — Appendice bibliographe 
que, 227. 



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