This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at |http : //books . google . corn/
600027326Q
x'^v^'^
■ 'j
y
K.BIBL. RADCL.
''Z-
a.': /a
}.. I
r"
y^-
\
I I I
VOYAGE
PITTORESQUE
DE LA SUISSE.
TOME DIXIEME.
:
VO Y A G E
PITTORESQUE
DE LA SUISSE
TOME DIXIEME.
,
VOYAGE
PITTORESQUE
DE LA SUISSE
TOME DIXIEME.
TABLEAUX
DE LA SUISSE,
o u
VOYAGE
PITTO R ESaUE
FAIT DANS LES XIII CANTONS
& États alliés du Corps Helvétique ,
Représentant les divers Phénomènes que la Nature y
raflemble y & les beautés dont l'Art les a enrichis.
SECONDE ÉDITION,
Ornée de 428 Planches , deflinées ôc gravées par les meilleurs
Ârtiftes de la Capitale. -
TOME DIXIEME.
A PARIS,
Chez L A M Y> Libraire, Quai des Auguftins,
M. D C C. L X X X V.
Arsc Jffrosation , st Privjlegs du Roi.
^>U1^^
TABLEAUX
DE LA SUISSE,
u
VOYAGE PITTORESQUE
FJIT DANS LES TREIZE CANTONS
DU CORPS HELVÉTIQUE.
ARTICLE VI.
Canton d'Und e rjta ld e n^ Catholique SC
Démocratique.
U^DERivALDES (i), €11 latin ^ SUvûnia ^ Subfdva^
ma^ pays prefqu'au centre de la Suifle , & qui efl à Toc*
cident & au midi du lac des quatre Cantons jorejliers^
(i) Leu, Dîa.hift, de laSuifTe, tome XVm, p, doS-ôj/,
l'Etat fie Ifs Délices de la Suifle, tome 11^ p, 4*1-4x9.
Tomt X A
7. TABLEAUX .
Il touche au levant le Cantori d'Uri & la Seigneurie d'En-
gelberg ; au couchant y les Bailliages de TEntlibuch & de
Krîens, qui font du Canton de Lucerne; au midi , le pays
de Hafli> qui eft du Canton de Berne ^ ôc au nord^ le
Canton de Lucerne ^ & une partie du lac ; il eil un des
quatre Cantons forefliers. Tout le Canton peut avoir en
longueur neuf lieues depuis le lac des quatre Cantons,
jufqu'au pays de HalQi , & prefque autant en largeur de-
puis le Bailliage de FEntlibuch jufqu'à la Seigneurie d'En-
gelberg. Ce pays montueux eft entrecoupé par des val-
lées tantôt larges > tantôt étroites. Il abonde en pâturages
excellens > en fruits, en gibier, &c. On y trouve plufieurs
lacs & petites rivières, ï^iaou VAha^ & la Melcha y
tous très-poiffonneux. Il eft partagé en deux grandes val-
lées qui font féparées Tune de Tautre par une chaîne de
montagnes , chargées de forêts , nommées Kernwald. Ce
partage , fait par la nature , a donné lieu au partage du
Gouvernement ; & quoique pour les affaires du dehors ,
les habitans ne forment qu'un feul Canton , ils font néan*
moins divifés en deux Communautés , qui ont chacune
à part leur Landamme o\x Préfident, leurs affemblées pu-
bliques , leur Confeil , leurs Officiers , & même leurs
terres. On diftingue ces deux Communautés félon leur
fituation; Tune s'apelle au-dejfus du bois yob dern Waldy
& l'autre au-dejjous du hois y Underwald y ou Ait-dem^
Wald. Nous pouvons auflî les appeller Communautés Ju-
FacC > ..Topog. delaSuifle, p« 297-555.
Tfcbarner, Diâ. géog. de la SuifTe > p. ij^o» ipi,
Fue&ilin» Topog« de la SuUTe » tome I» p. 344-370 , &c«
TABLEAUX
DE LA SUISSE.
VOYAGE PITTORESvîUE
FAST DASS LES TRIZZI C^^XTCXS
DU CORPS HELVETIQUE.
A Â T I C L E V L
siz œs ^sacs Cccas a»-^csjr«.
L'haï âc Jei "j^v-^ âe a
Tsaxtf X
A
T A B L EAUX
l.
Département fupérieur du Canton d'Undenppalden.
C^E local ^ en allemand (3) oB den Kernwaldy & quelquefois
ob TP^alden ^ a au levant la partie SUnderwalden d*en bas ,
6c la Seigneurie d^Engelberg ; au couchant^ l'Entlibuch
& le Bailliage de Kriens y qui font du Canton de Lucerne ;
au midi> le pays de Hafli^ qui dépend du Canton de
Berne > & au nord , le lac des quatre Cantons. On compte
près de neuf lieues depuis TEntlibuch jufqu au mont de
Kerns , & prefque autant depuis le mont Rengg jufqu'au
mont Brûnîg ; ce département fupérieur comprend deux
grandes paroiffes^ Sarnen Se Kerns y & quatre autres pe-
tites ipzroiffeSySaxien^ Alpnacht ^ GyJJivell 8c Lungeren.
On y trouve les lacs de Samcn (4) j de GiflVeil (y) 6c de
(3) Leu, ibidem , tome XVIII » p. 6if^6n*
(4) Ce lac , ainii appelle du bourg de Sarnen^ a ane lieue 8c demie de long
fur une demi-lieue de large* II eft auffi dit lac de Sox/e/i» dans la proxi-
mité du village de ce nom» gui eft litué versja partie orientale. Ce lac
a au midi la paroifle Gyflweil»au couchant, le mont Schwendi, fie le»
diftriôs Wylen 8c Oberwylcn. (LeUfiUdenii tomt Xf^I^ p. 100).
(j) Le petit lac de GyfTweil , ainfi appelle du village "de ce nom , reçoit
la rivière de VAa , à fa fortie du lac de Lungeren. Ce lac eft proprement
on marais , rempli de joncs , 8c; fur lequel il n*y a point de navigation»
UAaj en forçant de ce marais 9 va fe jetter dans le lac de Sarnen. Ces
trois lacs de Luagtren, de Gjjfweil & de «Sunifii , font prefque fur la même
ligne j 8c feulement féparés Tun de Tautre par de petites diftances. VAa
y entre fucceffivement, & en fort de même. (Leuy ibidem , tome XI »
p. }74> 8cc.)« Au-deffous de Sarnen» i'Aa reçoit la Mdcbaf 8c elle eft
navigable auprès 8c ao-defibus de Samea*
DE LA S U I S S E. $
Lungeren (5), & les rivières TAa & la Melcha, avec
les montagnes Brunîg, Stock, Kerns & de Saxlen, On y
trouve aufli des eaux minérales.
Sarnen y bourg & paroiffe , la capitale du haut Under-
valden, prefqu'au milieu du pays, dans une belle & fer-
tile plaine , fur l'agréable lac de Sarnen , & dans la proxi^
mité de la rivière de TAa. Le bourg eil généralement bien
bâti , & orné de plufîeurs édifices qui font en pierre. La
Maifon-de- ville , près de FAa , & fituée fur la place , eft
un bâtiment remarquable. On y obferve auflî le collège.
L'églife paroifliale , qui eil à un quart de lieue du bourg ^
a été rebâtie avec magnificence en 175p. U y a aufïï à
Sarnen une Abbaye de Bénédidines , qui y a été trans-
férée en i5i j du val d'Engelberg , où elle exifloit primi*
tivement. L'Abbé d'Engelberg a encore Tinfpeûion de ce
couvent. Celui des Capucins > qui eft fur le chemin de
Saxlen^ a été bâti en \6^6.
Sur une colline dite le Landenbergy tout près du bourg
de Sarnen, font le magafîn public , Tarfenal , la maifon du
Tirage; c*eft ici auffî la place où s'affemble tous les
ans le peuple pour Féleâion des charges. On y jouit d'une
(5) Ce Uc» voifin du mont Brunig, a une lieue de long, fur un quart
de lieue de large, 2c il eil d'une grande profondeur. U a la renommée d*être
très-poiflbnneux, fur-tout en truites 8c en tfcreviilèi. Son circuit eft entre
de hautes montagnes 6c des rochers. Le village de Lungeren eft fitué â la
tête de ce lac. (Lfu, ibidem, tome XII, p. 176 ). On trouve parmi les
planches de ces Tableaux , la vue du lac de Lungeren^ & celle du bourg de Sœr^
nen. Les titres de ces planches font défeâueux ; celui de Lungeren doit fttre
placé au bas de la planche de Sarnen > 6c celui de Sarnen , au lieu de la
vue de LungiBTen. Voyez auffi dans la même coUeâioo, n*. 1S8 9 ta vue
d*on rocher dans les montagner de Lungeren. *
6 TABLEAUX
vue délicîeufe fur le lac de Sarnen, & fes environs, qui
offrent des montagnes & des vallées fertiles. Le nom de
Landenberg y donné à cette colline , vient du tyrannique
Baillif Beringer (7) de Landenberg ^ qui réfidoic dans un
château. Le détail de fes cruautés eft configné dans l'Hif-
toire Helvétique. Les habitans opprimés s'emparèrent de
ce château par un heureux ftratagême , le premier jour de
Tan 1 308 ; ils fe contentèrent , pour toute vengeance, de
démolir le château , & de conduire fur la frontière le Bail-
lif leur prifonnier , avec tout fon domeftique & fes eflFets,
mais fous la condition du ferment qu^il leur fit , de ne
jamais remettre le pied dans un pays qui avoit été le
théâtre de fes violences : efpece de vengeance bien noble,
& d'autant plus digne (8) d'éloges , qu'elle eft moins dans
le caradere des fenfations populaires , toujours promptes
& véhémentes, & quelquefois effrénées.
Les villages Kaegifveil & Roemerfperg ou Ramenf-
perg, font aufli dans la paroîfTe de Sarnetr.
Kerns (p) , autre paroiffe confîdérable , à une petite
lieue de Sarnen , contre Scanz , fur la rivière de Melch ,
& qui donne fon nom à la grande forêt dite Kerriwald^
(7) Parmi les témoins d*uii diplôme d* Albert , Roi des Romains » en £a-
veur de la Prévôté de Berchterfgaden , de Tordre de S. Auguftin , au Dio-
cefe de Salzbourg > &. daté de Vienne le 13 Septembre i jo}, font nom-t
tùé% Albert y Comte de Hohenberg> Hermann de Landenberg» Maréchal
(de TAutricbe), 8c Beringer de Landemberg. Le diplôme de 1303 fe
trouve dans Hundius^ MetropolU Salilburgcnjis ^ tom. II, p. u^» 117. Ra*
tifpon«> ^7^9 i in-folio*
(g) Hilloire des Révolutions de la haute Allemagne» par M, Philbert,
tome I, p. loi. Zurich Se Paris» 1766^ ia-is«
(p; Leu, ibid< tome XI » p. 81 » ft:c«
DE LA s U I s s E, f
qui fôpare le Canton en deux départemens. Une partie
de cette forêt eft dans la paroifle de Kerns, une autre
dans celle d'Altnacht ou Alpnacht, qui eft dans le haut-
Undervalden^ & une grande partie dans le quartier Ennen-
moos , au bas-Undervalden.
Dans la paroifle de Kerns font le val de la Melcka^
dont je vais parler^ les deux hameaux^ le haut & le bas
Halten , W^eiffohrlen ou Weiferlon , où fe tenoit autre-
ibis Taflemblée générale de tout le Canton avant la par*
tition en deux départemens en Tannée iiyo; les deux
hameaux , le haut & le bas Dietenrledy & le village ¥o-
rlbac^ ainfî nommé d*un ruifleau très-abondant en truites
d'un goût très-délicat^ poiflbn que Ton appelle en alle-
mand fordlen.
Le val de Melcha (lo), doit fon nom à la rivière
Melch ou Melcha y en latin Mela^ très - renommée par
(es truites ^ & qui prend fa fource au plus haut du Canton ^
pafle derrière le val du même nom , fous terre , pendant
Fefpace de près d^une lieue , traverfe le val de la Melcha >
& arrofe le diftrîd montueux de la paroifle de Saxlen,
où elle fe partage en deux branches > dont Fune paffe
en face du bourg de Sarnen , & fe jette au-deflbus dans
la rivière d'Aa ; l'autre branche divife les paroifles de
Saiden & de Kerns , & fe jette dans le lac des quatre
Cantons. La Melcha fort d'un petit lac dit Melch-Sée ,
fur une haute alpe , dans la paroifle de Kerns ^ à près de
deux lieues du village de Kerns ^ contre la frontière du
(io)Lcu» ibtd. tome XlII, p, 30-)»,
l
w
Lj 8 TABLEAUX
l \ Canton de Berne. Il y a dans la vallée de la Melcha une
f , églife filiale diftante de deux lieues de la paroiffe de Kerns*
^ r*^ Ceft dans cette vallée qu habîtoît en 1307 Henri , dit du
Melch-Thaly & que la tradition dit avoir été de la famille
^ ' In-der-Halden (11), illuftre dans les faites du haut-Under-
* walden, & qui exiftoit encore en 1784. Un jour que
; Henri (12) labouroit fes champs, il vînt un des gardes
: du Baillif Beringer de Landemberg y lui enlever Tes bœufs
- par fon ordre y fans lyi donner d*autre raifon , fînon <^un
1 vilain tel que lui n^ était pas trop bon pour traîner lui-même
r ! fa charrue. Le vieillard n oppofa à cette injuftîce que des
remontrances; mais fon fils Arnou, qui étoit prefent &
plus vif que lui, y oppofa fi bien la force, qu il renvoya
T; le garde affez maltraité. La chronique porte que dans la
chaleur du conflit il lui cafTa un doigt. Il n'y avoit que
\ la fuite qui pût fauver un homme coupable d'un tel crime*
Le jeune Melchtal la prit, & perdit en fe fauvant fon
père innocent. Le Baillif le condamna à repréfenter fon
\ fils , ou à avoir les yeux crevés , & dans le choix des
I deux (13) viâimes défignées , cet infortuné vieillard n'eut
< que la trifle confolation de £b dévouer lui-même au (a-
crifice. Son fils s'étoit allé cacher dans les montagnes du
j pays d'Uri, chez un nommé Gautier Furfl^ ancien ami
^ de fa famille. Là il apprit le cruel traitement fait à fon pe/e :
il en fut accablé de douleur; fon, hôte ne put en être
témoin, fans la partager avec luL La confiance qui naif-
/
(
if
I
\
(11) Le même, ibid. tome IX, p. 41 2.
(12) Tfchudii Chrop. helvetic. tom. I, p* 1}4 , ijj , 8cc«
(13) Philbert, ibid. tome I, p. 88, 8p*
foît
4i
•
âlfa
e
2
m
91
M. 3^
r
1
^ — _^ — msuiLà^JJb^ —
^^-:J'^;S?/:■:5-■^^^e
1
^^^^^I^^^^^^^^^^^IK
\=^M
IMF^^^Hk^^
- ^^^^^H
AiiH
— >
Vi:V
El
Wkf^H
Hr"~ :■
-^HHIarM'^^^^
■y • ,^
:^ ^■^SHril^V^'' .
JF"- — ^
I^^^^^Ki^Ntf^SV i^
mÊs9SSBKd^^^=^=^^
kr -■-■-" ^Ê
95?3^^ift^
mu
p^.^
-1" • :'~3feaa
1
1
J_J^^
j
1
MU
ir^vj«r
.^^.
t
L
I ^
DE LA SUISSE. p
foît d'une eftime mutuelle & d'un reffentîment commun ,
les portoit à déplorer fouvent les malheurs de leur patrie
& à parler des moyens d'y remédier. Ces entretiens de-
vinrent plus intérefTans par l'arrivé© d'un nouveau pros-
crit; c'ét oit Garnier de Stauffachj du Canon de Schveitz,
que Gefsler , autre Baillif Autrichien dans le pays d'Uri
& de Schweitz , avoit menacé ^ & à qui la prudence
diâa de s'éloigner. C'eft dlr foiil].4e cette retraite que ces
trois braves hommes, Fujjl ^ Siauffack & Melchikal ^
oferent élever leurs penfées jufqu^au deffeîn généreux de
brifer le joug qui airervîfToit leur patrie, ou de périr/.
vi£limes de leur noble courage ; & ce foible Ôcfecret con-
ventîtulede trois patriot§s , fut le commencemertt d'une .
îlluftre & puiflante ligue. ; -
Saxlen (14) ou SaxelenyX^fiSac/i/len , en latin Saxul y
village & paroiffe à une petite lîeue au-defTus de Sarnen, ;
fur le lac qui prend ici le hoÀÇ de lac de Saxlen i on lap^-
pelle aufli chez les éttzxigéti'^ Brader -Ciaufen ^ au Frere^'
Nicolas. Ce lieu étoît dit prinûtivement Steiuen ^ noixt
que la partie fupérieure du village retient enfcore. L'églîi^
paroifTiale efl ornée de belles 6t grôireànatùièil^^
noir y fort bien faites, £c de aa colomies aim oe^m
hoir à veines blanches ^ dûrtt huit ibibt <fùnè pièce j
hautes de treize pieds de France^ & ayant fept pieds de
circonférence;, elles font placées (ilr des bàfes qui ont
quatre pieds & demi. Cette églife a &é^ rebâtie à neuf en
1741. On y montre le tombeau du célèbre (*) Hermite
Cm) Lcu, ibid.tome XVI, p« 13^* 137.
L'Etat 8c les Délices de la Suifle» tome II > p. 4^7-42^9 Sec.
(*) Planche y n**. 107.
Tome X. B
ïo TABLEAUX
Suîffe le \>ïtr\hQ\XTt\a Nicolas de Flue {\^)o}xdeta Roche ^
en latin de Rupe y qui vécut, dit-on , dix-neuf ans & demi.
dans te défert , fans manger ni boire : on y voit fa figure
tailla en bofle de toute fa grandeur > avec une infcrip-
tion allemande qui fignifie que Frère Nicolas de Flue a
quitté femme SC enfans pour aller dans un défert / quil a
Jervi Dieu dix^neuf ans & demi fans prendre aucune
viande corporelle y &• qiiil ejl mort le jour de S. Benoit y
( c'eft-à-dîre > le 21 Mars) tan 1487. Il étoit alors âgé
de foixante-dix ans. Il mourut dans fon hermitâge de
Ranfft y à une petite lieue de la paroiffe de Saxlen , dans^
4in vallon étroit du h^^-Melchthal ; il fut enterré à Saxlen.
dans réglife paroiflîale de SairwTkéodule ; en \66^ il fut
béatifié paç le Pape Clément IX ; fes reliques furent tranf-
portées en i^yp dans la nouvelle églife de Saxlen, ôc
Ci 5) Le Capucin Bermon-LuJly ^ d'Underwaldcn , a publié la Vie de ce
bienheureux Hermite, a Lucerne^ 173» > w-40 , en allemand, avec fg^
Voyez auffi Tarticle de cet Hermite dans le Diaioni, hift- de la Suiffe pas
M.L<ii,tomeVII, p» i^i-itf7>&toMeXV, p. 37, Jean JMoiVift , Chanoine
de Valencicnnes , dont on a des poéfîes & une Chronique (anecdote) depuis
i474|ufqu'en 1504, mort àValenciennesen 1507» dit parmi les merveille*
qu'il a vues de fon tems : (Les foui &• iiâi de feu de bonne mémoiïe
Maiflre Jehan Molinet , contenant plufiAirs beaula Traiâez , Oraifons fie
Champs Royaulx. —• Paris , 1557, i/i*ia> en caiafteres gothiques»
fil. CCVIII%
yzy veu frerc Nicole
Ung $uyKè<lem)t
D*ahû;inence. lefcolle
Fore bien tenant fon vor
Vingt ans vdure en ce monde
Sans manger peu ne poinc
Dieu en fa gloire munJe
Luy doint yiande â point»
DE LA SUISSE. ii
Tan ï 731, ëleTées ôt ex^oftées fur Ttutel^ qui eft entouré
de fix colonnes de marbre noîn A côcé du tombeau , on
voit contre la muraille uneelpece dé chaffe , dont la porte
eft d'une efpece de ctyftal , où eft la figure du Bienheu-
reux Nicolas en bufte y faîte de bois. On y a aUffi fuf-
pendu fa robbe* Il eft confiant que cet Heirmite fut Tad^
mitation de fon Tiecle : les Cantons avoient pour lui une
profonde vénération , & recevoîent même fès remon-
trances âc {t% exhortations comme des oracles. Il con*
noiiïbit bien les véritables intérêts de la Suifle ; ôc
plût à Dieu qu'on eût toujours fuivi fes fentimens ! LaSuifTe
feroit tout autrement âoriilante qu'elle ne Teft aujôur-
ti'hui% Il tvt)it fervi avec diûintkion dans plufiéurs guerres
pour la défenfe de fa patrie 5 & avoit été Concilier de
fon Gantons c'ell à lui {\6) que la Suiffe doit le célèbre
Traité de Stah\^^ f^gné le famedi immédiat après la fête
de S. Thomas TÂpôtre^ en 1481 ^ jour auquel ^ fur les
exhortations du même Hermite 5 qui parut dans la Diète
de Stan2 ^ les huit Cantons reçurent dans leur alliance
perpétuelle y les villes de Frtbourg âc de Soleure« Le pè-
lerinage au tombeau du BienAeurtuk Frère Nicolas de
Flue fe continue avec une grande afHuence des Cantons
Catholiques. Sa mémoire eft encore refpeûée dans tous
les£cats (17) Réformés de la SuiiTe. La poflérité de cet
(16) M. de Balthafar, Sénateur & Tréfôrièr de là République de Lu-
cerne» a donné en 1781 à Lucernc, în-ii, i'Hifloire pragmatique du
Traité de Starn^.
(17) M. Léonard Meifler » céleBtfe profeffeur à Zurich , a écrit la Vie
de Nicolas de Flue ^ p. 1-24 , dans le fécond volume des Hommes iiluftres de
la Smjfe. Zutkh ôc Winterthour, 1784 1 w-8*, en allemand. Enu'au-j
B 2
\
14 TABLEAUX
Hermîte a rempli avec gloire les premières charges âe
la République d*Underwalden. Le village Eweil ou Eyveil
efl audî dans la paroifle de Saxlen.
Le bourg Alpnachty fitué dans la proximité d'un port
très-fiéquenté ^ à la tête du lac de ce nom, qui eft une
branche de cdui des quatre Cantons , à deux petites lieues
de Sarnen, furla frçntiere du Canton de Lucerne , 6c dans
le voîfinage du mont Pilate. Le village paroiffial de GyJ^
weil y entre Sarnen & Lungeren, eft près du petit lac
de même nom.
Le village & la paroîffe de Lungeren > ( en latin Lun-
gulà)^ à la tête du lac de ce nom, au pied du mont Brur
nîg , dans le voifinage du Canton de Berne* Ses environs
font agréables & fertiles. De cette paroiffe dépend auflî
le hameau Kayferfthuhl, (ttué au bas du lac de Lungeren.
La petite rivière Aa (i8), qui arrofe le département
fupérieur du. Canton d'Undervalden , a fa fource au mônc
Brunîg , traverfe les lacs de Lungeren & de Sarnen , paffe
à Sarnen , reçoit la Melcha au-deffous de Sarnen > & fe
fette dans le lac des quatre Cantons , près d'Alpnacht. Il
ne faut pas la confondre avec une autre rivière de XAuy
qui arrofe le département inférieur d'Under\^alden..
très traits édifians de cette biftoire , il a donné une nouvelle édition de
fes Méditations fur le renoncement de foi-mime.
(i8) Leu, ibidem » tome If p. Zy 3.
#
'*fi
DE LA S U I S SE, >i3
IL
Département inférieur du Canton d'Underwalden^
v^ETTE divifion C^p) a au levant le Canton d'Un; au
couchant le département fupérieur d'Undervalden ; au
midi^ le pays de Haflî, qui efl du Canton de Berne > &
la Seigneurie d'Engelberg , & au nord fë hc des quatre
Cantons. Sa largeur contient plus de cinq lieues depuis
le Burger-Najfy jufqu^à f endroit dit ( 20 ) Joch y contre
le pays de Hafli. En longueur elle peut avoîr fix lieues
depuis le lac de Lucerne Jufqu'à la frontière du Canton
d'Uri. Ce département inférieur eft partagé en onze quar-
tiers; 1^ Sian^i 2^. Buochs y 3^. Wolffenfcfùejfen ;
4^. Beggenried ; 5^. Burgen ; 6^. Ënnenmoos ; 7^. Her-
gijweily 8^. Stan':^Stad i p^. Dalienweil j lo^ Oberdorff j
& 110. Beuren. Les fix parôiflTes de ce département font
Stan\y Buochs y Beggenried y Emmetten y Hergifweil y &
W^olffenfchieffen. On y trouve les montagnes WiJJîbergy
Alpenhergy Burgen y Ro\hergy & une partie du monc
Trackmont ou Pilate ; fa fertilité eft la même que celle
du àé^zntmtnt fupérieur. La petite (21) rivière Aa arrofè
le bas-Unâer^alden. Elle prend fa fource fur les alpes
Ci^)Lcu, ibid. tome XVIII, p. 6y 1-^68, &c.
(zo) Autrement le Jochberg , haute montagne, fur taquelle eft la limite
du Canton de Berne pour entrer dans le pays de Hasiî. Elle touche à la
fois les Cantons d*Uri & du bas-Underwatden # 6cla Seigneurie d*£ngeU
betg. Voyez leu , tome X » p. f ^8.
(11) Leu> ibidem^ tome 1 , p. 1 * 3.
14 TABLEAUX
Surea^a^ qui appardeoiient à TAbbaye d'Engelb^rg { «lie
paffe en face de ce Monaftere , & coule par la vallée de
ce nom à Graffen-Ort ; de-là elle traverfe le département
'* ' inférieur d*Undçrvalden,, paffe dans la paroiffe de Wolf-
'ifbifchieiffefi , ftc^dansles deux quanîerg de Dglîen^eîl &
de Beurenj à Weil, où fe tient i'affemblée générale au,
Canton > & elle fe jette dans le lac des quatre Cantons,
* près de Buochs.
i'/^/z^{*) , enlatin (.2 2) Staniium Statio , & dans les char-
^ tes du moyen âge , S tannes^ o\i S tantes , ou St<intium , eft
\ un gros bourg ^ bien bâti , à une lieue au-defTus du lac des
quatre Cantons. Autrefois c'étoit la placé capitale de tout
I le Canton. Mais depuis la divifion dans le douzième fiecle ^
^ vT/^/z^n^eft la capitale que du département inférieur. Il y
' a là divers édifices & maifons religieufcs , entr'autres
' réglife neuve , ou la^paroiffe qui eft ornée de belles flatues
de marbre * dont la matière a été tirée fur les lieux mêmes.
* «A»
; Au cimetière de cette églife ^ on voit le tombeau d'un
des plus grands hommes de la Suiffe , du Colonel Mel-
chior (23) Lu^y , mort le 14 Mars \6o6 ^ à Tâge de plus
de 77 ans ; (on épitaphe en latin rappelle les fervices im-
portans qu il rendit à fa patrie , à la tête du Gouverne-
(*) Flanchet n*. ip?.
(il) Leu , ibidem , tome XVII , p. Joj-jrio , 8cc.
(15) Voyez fur ce Colonel & la famille de Lujfy^ Tune des plus îlluf-
tres de la Suiiïe, le Diâionnaire hiftorique de M. L#tf, lùme Xll,
P' i^ ï^)^9> ^ f HiAcâre abrégée des Officiers fuifles qpii fe font difiingués
ti«x Services évraftgers d«ms des grades fiipérieui^ ; pat M» TAbbé Fr^fûis
Givérd , M Ptiboucg, Ex^Jéfuitc» ^ fr^enfem«nt pT^felRfàf au Co4l«ge
de S. Michel, dans la même ville , l^me II | p. lit^-i)f. Ftibûutg tn
Suifle> 1781 , w-ii.
■ \
DE LA S U I S S E. if
ment , & particulièrement à la Suîflc cath^îque , dont il fut
rAmbaiTadeur au Concile de Trente en i y 52 , où il obtint
ion nmg dîreâement après TAmbaffadeur de Venife^ 6c
ob il loutint (es prérogatives contre rAmbaffadeur de Ba-
vière avec tant de dignité & de force , que chacun Tadmira,
Il y eut auffi une conteftation ayec celui de Tofcane; fie
conmie il remarqua qu'on étoic affez ditpofé à l*éconduire ;
il protefta qu'il fe retirèrent ^ fî on ne lui afluroit pas le
rang quTl demandoiu Le Bavarois n'ayant pu obtenir un
décret en fa faveur, repartit pour Munich, aînfi que le
raconte Abraham de JF^icquefony dans fon WvictAmèaJ^
fadeur SCJts fonSions , dont la meilleure édition eft celle
de la Haie , en 1724 , en deux volumes in-zi^. L*Ambaf-
(àdeur de Tofei le reçut ordre du Grand-Duc de ne point
fe trouver aux fondions folemnelles avec rAmbaffadeur
des Suiiïes. Du refte , Luffy fut fort applaudi par le Con-
cile , fie il remplît avec Pexaftitude la plus fcrupuleufe ,
l'objet de fa miffion (24). Il féjourna huit mois à Trente,.
Ses autres ambaffades à la Cour de Rome , fes fervices dans
(14) Oo conferve dans les arcfaiv3B| FAbbayc d^Einfidlen les lettres
originales de ce Colonçl, avec le dcnli de fes ne'gocJations au Concile
de Trente > 011 il repréfenta laSuifTe catholique » en nnème tems que Joa«
cbim Eichhorn » Abbé d*£infidlcn» y parut au nom des Pr^ats 8c du Cierge
de la Suifle. Ce recueil , injbliay contient des titres très^précieux. On peur
aufli voir fur ces négociations un livre afTez rarC) qui fut imprimé a Paris,
en is^i , in-iz , & qui a pour titre : N^mma , ccgnomina , fatrid iîgnitatts , tr
prumotîonês IlluflriJlîmorum G» ReverendiJUiniomm Patrum , qui conweneruat ai
Cbficz7/iMi Tridentinumt ufque in diem ordina»juxta promwiofMn cujufque aipàât
dignhates. Hif ar:cej[irunt clarijfimorum virorum , qui légat ionismunera apud am-
ptifpmos Patres Conciln Triéemifà funguntuff OraxhneSy Snfjis temporibus A#-
iir^ Il faut lire les pages jB-Bx de cette coHeâiottr
f
•< ■
ir
v; ï^ TABLEAUX
les guerres dlcalie | font confignés dans les relations du
tems.
L'Hôtel'de-Ville , au bourg de Stan^j mérite d'être vu
des étrangers; c'ed un beau bâtiment^ & dans lequel la
falle du Confeil eft ornée des portraits des Chefs les plus
illuftres du Canton. Ce fut dans cette falie que le Traité de
Stan^y qui pacifioit la Suifle, fiit conclu en 148 1 ^ & que
lacceflion des villes de Fribourg & de Soleure au rang de
Cantons, fut unanimement acceptée, fur les remontrances
deTHermite Nicolas de Flucy qui fe préfenta à la Diete^
helvétique : il en fut TOracle , & , pour ainfi dire , l'Ar-
bitre. On montre à Stanz , dans Tanti-chambre du Confeil,
le tableau de cette fameufe aflemblée de 1481. L'appari- .
tion refpeSablede THermite y eft dépeinte avec une noble
expreffion.
L'arfenal de vf/ii/z:^^, très-bien pourvu , oflFre , entr'autres
objets de curioflté , la chemife de mailles que portoit à la
bataille de Sempach le Chevalier Arnou de Wincktlr'ud ^
natif de Starv^^^ lorfqu'il fe dévoua , comme un autre D^-
cius , à une mort certaine Mffit ouvrir aux Suifles le che-
min de la victoire. Ce ggHEhomme , ilTu d'une maifon
noble qui a produit plufiiJS^âutres Héros, célèbres dans
les faftes helvétiques, avoit fa maifon hors du bourg de
Stanx^y dans la proximité de la place où eft bâti le Couvent
des Capucins. Cette maifon fut achetée des héritiers du
dernier mâle du nom àtTP^inkelned ^ parle même Colonel
Melehior (25) LuJJy dont j'ai fait Téloge. On y voyoit
CZ5) Les defcendans de ce Colonjel poiTédoicnt encore cette maifon il
y «t 30 ans. Elle a été achetée depuis & rebâtie à neuf par M. }orïë*Remi
TrachSier, aujourd'hui l'un des Chefs du Canton d^Unietwcdden-le'bas»
peine
nil«
D E LA s U I S S E. 17
peînt à frefque le Concile de Trente où Lujjy repréfenta
avec tant de dignité le caradere d'Ambafladeur de laSuifle
catholique. UHiftoire de la maifon (25) de WlnkelrUd
(a6) Voyez Farticle de IVinkelried^ dans^le Didionnaîre hiflorique de
la Suifle, par M. Leu , tome XIX , p. 49I-493* M exifle dans les archives
4e TAbbaye d'Engelberg plufieurs cliartes qui font mention des Chevaliers
de Winkfirlct « furnommés Schrùtan. Dom Staniflas Widber\ , Capitulaire
de TAbbaye de Saint-Blaife en la Forêt-Noire > en a inféré les extraits
dans fa collection diplomatique » qui a pour titre : Amle&a genealogica ai
anno M. ufque M. DC. (T. I, Parte I, p. J7! » 574)» tnfc. in-folio.
Parmi ces titres, il y en a un daté de Zurich {Thuregi) , le 23 Jan-
vier 1500 , par lequel Rudolf, Comte de Hapf bourg (de la branche de
LauiFenbourg ) , permettoit à fon cher féal le vaillant Chevalier Henri
de Winkelriet, furnommé Schrùtan ^ de léguer & donner à TAbbé & au
Monafiere d'Engelberg, fes poflefllons dans les paroiflès de Stani^ de Buchs
Se SAlfnach. Dom Herrgott a aulH rapporté cet aâe parmi les preuves
généalogiques de la maifon de Hapfbourg, tome II j p. fHu
Autre aâe en latin , daté du 27 Juillet 1 303 , par lequel le Chevalier
Henri Schrùtan -a été témoin d*une donation d*un terrein à Langenegg ,
faite au Monaftere d*EngeIberg par le Baron Jean de H^olhiâfin , en pré*
fence de Jacques de Warte , Oncle maternel de ce Baron.
Aâe en allemand , daté de Stanes ( 5ra/i^) , le jour de TAfcenfion 13 )f >
par lequel Werner, Baron d'Attinghâufen , Chevalier, donnoit à TAb-
baye de Zurich plulieurs ferfs demeurans à Stcttenrieden ; témoins le Sei*>
gneur Henri Maire de Stans , & le Seigneur Hartmann fon fi'S , Che«
valiers ; les deux frères Thomas & Jean de Walcenberg. — Les deux frères
Rudolf & Walther de Winkelriet ; Pierre de Spiringen ; Walther der Furjle.
Ces deux derniers étoient du Canton d Uri , ainfi que le B:ïron d*Atting-
haufen. Walther Furjte a été l'un des trois premiers Auteurs de la Confé-
dération helvétique. Cet aâe a été tranfcrit d'après Toriginal par M. Erard
Durfteler , dans fon Hi&oiré Diplomatique de PAbbaye de Zurich , p. 174 t
175.
Autre aâe en latin daté du jo Avril 132 1 , par lequel Conrad de Winkelt
fieif dit Schrùtan y CbevalL^, donnoit à fa fille Adélaïde pour fa dot*
des rentes placées iSuchfe. On lit dans l'ancien Néaologe du Couvent de
Faht^ au Comté de Baden, au quinze des Calendes de Janvier, l'amii'»
Tome X. C.
i8 TA B l EAUX
Qiériteroic d^écre tracée par une plume élégante. Elle com-
mence par un Héros dont je parlerai bientôt, & finie
par un autre Héros > aufli nommé Arnou de Winkdricd^
Capitaine-Général des Suifles y dans les guerres de Souabe
<& d'Italie , 6c qui fiit tué en i ; 22 au combat de Bicocca.
Outre le Couvent des Capucins ^ il y en a encore lui
autre des Religteufès du Tiers-Ordre de S. François ^ au
bourg de Stanz^
Voici les noms dès autres principaux diftriâs qui font
dans la paroiiTe de Stan^
Nider'-Dorff habitations éparfes qui forment avec le
bourg de Starv^^ le premier des onze quartiers du Gou-
vernement.
Ober^Dorf^ village au-deffus de Starv(.
Stan\^Siad y dont le nom latin efl le même que celui
de i*/fl/7^,en cette langue, Stantium-Statioy eft un vil-
lage avec une ég\\£t filiale ^ fur le lac des quatre Cantons j
à une lieue de Stanz. Le port eft défendu par une vieille
tour^ dont Tes annales de l'ancienne SuifTe font beaucoup
mention. C'étoit une tour de fignai qui correfpondoit avec
d'autres tours y bâties fur les côtes du lac j pour donner
rallorme dans le pays ^ en cas d'une invafîon.
▼erraire de Sophitit I^/ii^/rierf^RcIigieufe de cette maifon, dite in Vahre^
Lci armes de Winhèlriei tftoient d*a{ur au triangle A^argent^ ayant aa
militfa un croiflîiDtdV tourné â droite; cimier de Ckevaiicr, charge' d*un
oreiller ou couffin de guru/ex orné de quelques houpettes dV » & fur lequel
t*élcve un crotiuir d'or tourné à dmte ; lanbrequins d Jjia* & dV.
Le Nécrologe de Birorfcr , dam le Bai-Unde rwaidcn , fait mention de»
Nobifs*dc WinkfhM. H y avoit autrefois un château de ce nom prL-s d'Eii-
mtmtoi, dans la.paroiflb dt Sroac* On en voit encore quelques velligef.
DE LA s U I s s E. 19
Dallenweily village fur la rive droite de la rivière de
VAa.
Le Burgenèerg , montagne fertile en pâturages & en
firuits^ entre Buochs & Stanz^ & dont une partie appar*
tient à la ville de Lucerne.
Ennenmoos y village au pied de la partie méridionale du
mont Miuterfchwanden.
Ro^erg{2j) y hauteur ou petite montagne fertile 5 entre
Stanz & Oetireil ^ fur la gauche du lac des quatre Can-
tons ; -il y avoit autrefois dans ce diftriâ le château de
Rojhergy fameux dans THiftoire de la SuifTe. U fut dé«
moli (28) en 1 507 ^ & voici quelle en fut la caufe. Un jeune
homme de Stanz ^ du nombre des conjurés ^ entretenoit une
intrigue amoureufe dans ce château ^ foit qu'il eût formé
cette intelligence à deflein^ ou qu'elle fut TeâFet du hafard.
La belle > qui ne tenoit point de la barbarie des lieux
qu'elle habitoit^ attachoittous les foirs une corde à fa fenê-
tre , à l'aide de laquelle fon amant s'introduifoit auprès d'elle.
Il vint la voir à fon ordinaire la nuit du nouvel an \ plufieurs
de fes camarades auxquels il avoit donné le mot, le fuivi-
rent par un chemin auffi périlleux, & y arrivèrent en fi
grand nombre ^ que fe trouvant aflez forts pour exécuter
wi coup de main , ils fe firent ouvrir les portes , fe fai(i*
rent des armes , & firent la garnifon prifonniere dans fa pro-
pre fortereffe avec le Seigneur Châtelain.
Ro^ochy chapelle, papeterie & autres moulins, fur la
droite de Stanz^Stad , ûir le lac des quatre Cantons ^ 6c
(»7) Lcu , ibid. tome XV, p. 49 j.
(18) Tfchudii Chron. Helvet. tom.I» p. i}p» 8cc«
C £
20 TABLEAUX
OÙ il y a une fource fulphureufe , propre pour des gué-
rifons. Ceft ici qu'eft la fameufe cafcade (*) de Roz-Loch,
qui tombe dans le lac de Lucerne. On en voit une defcrip-
tîon dans un Journal allemand (2p) qui a pour titre P^-
monej & que compofe à Spire Madame Sophie de la Ro-
che (50). Ce Journal eft écrit pour TinUruÊlion du beau
fexe de TAUemagne. Elle y dépeint avec le plus tendre
intérêt , fa promenade dans le Canton ^Underwalden-Seri'
bas y à la cafcade voifine du bourg de Stanz , & où elle
arrive par un chemin pénible. Le vallon j dit-elle > où tenu
fe précipiu tantôt d'un côté y tantôt de t autre , par-dejjus
les rochers , doit être plutôt appelle une cavité gui ejl for^
mie entre les fentes des rochers. Veau frémit C?* écume ^n
tombant tantôt à gauche ^ tantôt à droite ^ & ce bruit fe
perd dans les Jînuqfités de la cavité. Au bas de la chute
(Peaux eJl une papeterie. Madame de la Roche fait une
peinture charmante du caradere bienfaifant des Under«
valdois.
Au-deffus de Staniç^y au bas du RozenBerg, dans le
(*) Planche , n<>, rp4.
(ip) Neuvième Sedion , Septembre» p. 8^31-8^8. Spire, 1784, in-iu
(30) Cette Dame s*efl acquife en Allemagne une aufE grande réputa-
tion par fes romans , que celle que Magdelaine de Scaderi s'acquit autre-
fois en France , oii elle étoit furnommée la Sapko de fon fîecle. Elle a peint
les aventures de fa vie dans fon roman de Sophie de Srernheim. Quelqu'un
a dit qu'elle e'toit auffi unique dans fon fexe » que Jean-Tacques Roujfeiu
i'^voit été dans le fîen. Cette Dame a fait en Juillet 1784 un voyage dans
plusieurs Cantons de la Suiffe , & elle en a donné la relation dans fon
Journal. Ce font des tableaux généralement bien nuancés. Sd relation com-
prend Lucerne, fes promenades fur le lac de ce nom , à Stanz ^ à Sourze'e »
dans le Murgentnal, à Berne, Morat , Avenchc & Payerne. Tout s'em-
bellit fous fa plume , 8c elle vivifie les rochers même««
(ji) Leu, fW(f.,tome VI, p, ijg, ijp, & tome^XlX, p. 541.
(}i) Tfchudn Ciron. Hilveu tome I , p. 14** yoy^z aufties Chro«î<iu5$
d*£tteflin 1 de Stoumpf) de; Graflèr, Sec.
I
. 1
quartier Ennenmoos y eft un lieu nommé {s i) Oedivei/ , i
c eft-à-dire , village défcn , ainfi appelle parce qu'au-deffu? \
en-deçà d'un grand pacage, dans une caverne au mont de \
Mutterfchwanden , il y avoit dans le treizième fiecle un . |
fcrpent monftrueux> qui faifoit tant de ravages^ que les habi- I
tans furent obligés d'abandonner le hameau de fpyi. Ce fer-
pent, que le vulgaire appelloit dragon , fut tué (5 2) en 12 jo
par un Chevalier que l'ancien nécrologe de Stanz & les
vieillfts chroniques nomment Struch de Tf^inkelried ^ fana
doute par altération du furnom àtSchrutariy que les char-
tes donnent à plufîeurs nobles de la maifon de Winkel-
riet. Quoi qu il en foît, le Gentilhomme dont il eft id
queftion , avoit été obligé de quitter le pays pour un meur-
tre. Il paffa au fervice de TEmpereur Frédéric II j & fe
diftingua tellement par fa valeur en 1241 au fiege de
Faen^a en Italie , que ce Prince lui donna i*accolade de
la chevalerie* Winkelried ayant appris dans fon exil \ts
ravages qu*un ferpent d'une grandeur énorme faîfoit dans
fa patrie , fur le chemin de Stanz à Sarnen , au^deffus du
'hameau de Wyl , s'offrit , en cas qu'on lui permît de ren*
trer au pays, d'aile t tuer ce monftre. La chronique porte
qu'il tomba fur le ferpent avec une longue pique , hériffée
d'épines pointues} il la lui plongea dans la gueule^ &
en même temps il lui donna tant de coups avec fon fabre>
qu'il rétendit mort. Mais dans ce moment plein de joîe , -
comme il le voit en l'air fon fabre enfanglanté^ des gouttes
ft
ai TABLEAUX
t
^î du fang venimeux tombèrent fur fon corps nud, & il en
j mourut peu de jours après , au grand regret de tout le pays.
1 Telle fut la fin de ce preux Chevalier, le premier des
Héro5 que i'Hiftoire célèbre du nom de Winkelriet.
Hergifweil y village de paroiffe au pied du mont Pilate y
près du lac des quatre Cantons.
Buochs > en latin Bucca , autre paroîfle , eft un bourg
limitrophe du Canton d*Uri & fur le lac, à une petite
lieue de Stanz, près de Tembciuchure de la rivière de
i V^a.
Beggenried ou Bekenried y paroiffe 6c village , avec un
port très-commode fur le lac des quatre Cantons , dans
la proximité de celui d'Uri.
Emmeten , paroiffe &- Communauté éjparfe , vers la fron-
tière du canton d'Uri.
WolfenfchieJJen (33), deux villages , le haut SC le bas y
avec Téglife paroiffîale, qui eft fituée dans le village d en-
bas, à une lieue de Stanz , vers la vallée d'Engelberg. Les
nobles de TP^olfenfchieJJen font illuftres dans les faftes du
Canton y plufieurs de ce nom en furent les Chefs ou Lan-
damnes dans le quatorzième fiecle. "Wîldrich de Wolfenf-
I chieïFen répandit en i'i%6 fon fang pour la liberté à la
] bataille de Sempach. Mais comme dans les maifons les
I plus anciennes il y a eu quelquefois des fujecs qui en ont
1 terni le nom , celle de ^^'olfenfchieffen a produit un Châ •
telain qui eut pour fes excès une fin (34) tragique en 1 505.
f
/
()3) Leu, ib'iitm , tome XIX » p. $61 , ^Cx , &€•
()4) Tfchudi» ibidem I tome I i pt xjji ficc^
\
DE LA SUISSE, a^
Le Baillif Autrichien , Beringer ait Landtnberg ^ lui avoit
commis la garde du Château de Ro\berg. Un jour que ce
Châtelain y revenant de TAbbaye d'Engelberg ^ apperçut
fjr le chemin d'Alczelen à Stanz, dans une prairie, la
femme d'un payfan ^ nommé Conrad de Boumgarten ,
derrière le village ds "Wolfenfchieflen y fur une colline où
elle travailloit; épris de fes charmes, il lui demanda oîi
étoit fon rhari; elle lui répondit ingénuemenc qu il n étoic
pas à la maifon. Il lui demanda enfuice en quel tems il
feroit de retour. Mais cette femme qui n'ofoit penfer qu'il
eue des deifeins fur elle, foupçonnoit au contraire que
fon mari pouvoit avoir quelque tort pour lequel le Sei-
gneur Châtelain voUloit le punir ; elle connoifToit fon
caradere cruel ; c'eft pourquoi , dans les vueg de fàuver ^
fon mari , elle répondit au Châtelain, en affeâant un air :[
de franchife , qu'elle ne favoit pas quand il pourroit rêvé- !
nir , & qu'elle croyoit qu'il refteroit quelques, joutt de- \
hors pour fes affaires. Elle favoit cependant qu'il travail* ' * ^
loit dans un bois voifin , & qu'il s'en retoumeroit fur le l.
midi dans fa maifon. A ces mots le Châtelain lui dit qu'il f
vouloit entrer chez elle, ayant à lui parler. La payfanne f
n'ofa pas le contredire, 6c elle le conduifît chez elle* '
Aufli-tôt après il lui commanda de lui préparer un bain s
pour fe refaire de la fatigue du voyage. Cette demande ;
mU martel en tête à la femme , ce font les termes, de la ^
Chronique ; elle dellroit dans fon cœur le retour de fon
mari; mais cependant, intimidée par les ordres du Châ*
telain , elle prépara le bain \ 6c quand tout fut difpofé ,
le Châtelain démafquant (à convôitife , voulut forcer li
^
2^ ^ TABLEAUX
femme à fe baigner avec luî. Elle frémît de la propofitîon ;
mais craignant la violence^ elle diilimula en faifant bonne
m//2^au.Châtelaîn; elle lui dit d'écarter auparavant de la mai-
fon les deux dômeftiquesde fafuice : le Châtelain les ayant
congédié > la payfanne lui dit d'entrer au bain^ & qu^eile
alloit pendant ce tems fe déshabiller dans'la chambre voi-
fine; mais durant cet intervalle > elle s'échappa par la porte
de derrière & elle prit la fuite. En chemin elle rencontre
fon mari qui revenoit du bois ; elle lui dit en pleurant & à
l'oreille de quoi ilétoit queftion, & la circonftance critique
dans laquelle elle fe trouvoit. Le payfan louant le cield^a-
voir infpiré une pareille reffource à fa femme ^ lui répondit
qu'il alloit de* ce pas ft bien bénir le bain du Châtelain ,
qu'il ne s'aviferoit jamais défaire la même infulte à au-
cune autre femme. 11 n'eut pas plutôt dit ces mots, qu'il
entre brufquement dans la chambre du bain , & fend d'un
coup de hache la tête du ravifleur. Enfuite'il s*enftiit au
pays d'Urî , où il fe tint caché. Le Baillif Ir^/z^^/Tz^^r^ ne
fit qu'une foible recherche pour venger la mort de fon
Châtelain. Il n'ignoroit pas combien fa mémoire étoit en
exécration dans le pays; les propres frères du lubrique
tyran montroîent ouvertement leur indignation. Bientôt
après le Baillif plaça un autre Châtelain à Rofberg, au
nom du Roi des Romains. Tous fes efforts pour porter
les nobles de Wolfenfchieffen à venger leur frère, furent
inutiles , leur unique oracle étoit la voix de l'honneur.
Quels hommes ! *
^/:ç(?/^/z eft une petite montagne, fertile & agréable,'
Air laquelle il y a plufieurs habitations éparfes. C'eft là où
fe
\
•^s
DE LA S U I S S E. i^
fe palTa la fcene que je viens de décrire d'après les anciens
monumens de la liberté primitive des SuiiTes.
Rikenbach (le haut &• le bas), deux villages avec
une cliapelle filiale de la paroifle de^^olfenfchiefren.
Tome X^
]>
H6 TABLEAUX
ARTICLE VIL
Canton de ZoUG 9 Catholique SC Démocratique ;
Armes ^'argent à la face d'azur.
C^E Canton (1) a pour limites^ au levant & au midi,
celui de Sch^eitz; au couchant ^ le Canton de Lucerne Ôc
le Bailliage fupérieur des Offices libres de TArgeu , fie
au nord , l^Canton de Zurich. On eftïrtie fa longueur à
près de fix lieues depuis le pont de la Ruffe à Sinz, juf-
qu'à celui de la Biber, au-bas du mont Saint- Jq/l ^ dans^
la Communauté d'jE'^eri ^ 4Nk0ie depuis le Canton de Zu-*
rich , jufqu'à celui de ScWeitz , depuis Notikèn jufques
vers Art , il y a près de cinq lieues de long , & depuis
la montagne Hohenraau jufqu^à Zoug , plus de trois
lieues de largeur; les Bailliages qui appartiennent à la
ville de Zoug , ont environ une lieue de long fur une autre
de large. Le pays eft partagé en montagnes fie en plaines»
Les montagnes donnent d'excellens pâturages ; on y voit
beaucoup de villages. La plaine eft fertile en vins, en blés
fie en fruits , entr^autres en chataigners , particulièrement
autour du lac du côté de fP^aich'weU : auffi eft-elJe fort
peuplée , fie généralement c*eft un beau 6c riche pays , Ôc
(i) Leu, Di6t. Iiifi. de la Suiflè, tome XX , p. 451-5 18«
L'Etat & les Délices de laSuiffe» tome II, p. 4J1-438»
Faefi, Topog. delà Suifle, tome II , p. î5'6-58p.
Tfcharncr, Di6t. géog. de la Suifle , tome II , p» iir,
Fue&flin « Topog.de la SuifTe » tome II > p. x-xy , £cc.
DE LA SUISSE. 27
Ton peut dire qu'il eft dédommagé de fa petitefTe par la
bonté de Ton territoireé
-Z'//^( prononcez Zoug)y en italien ^«^^ , & enefpa-
gnol Zoco y eft le nom fous lequel efl connu le feptieme
Canton de la Suifle. La (*) ville de Zoug (2) eft fituée dans
une belle campagne ^ fur le bord oriental du lac de Ton
nom y au pied d'une colline. Nous avons fait la defcription
de ce lac & celle du Gouvernement divifé de ce Canton.
Cepays^ avec quelques contrées voiûnes^pafTe pour avoir
été le Canton des anciens Tugeni (3) dont parle Strabom
(*) Planche f n®. 177.
(i) Suivant une Chronique de Zoug, écrite dans le trei:cieme liede
par le Chevalier Conrad Gesjler , cette ville doit fon nom â fa pofitioQ
très-propre pour la pêche. On appelloit anciennement en allemand Zuch ,
les diftriâs les plus poifTonneux d'un lac ou d*une rivière. Un diplôme d'Al-
bert, Roi des Romains, daté de Strafbourg^ le 11 Novembre 1300, 8c
rapporté par M. Schoepjlmy tom. //, Alfati^ Diphmaticœ ^ p. 7^9 porte .'/n-
tuentes obligationem quarumdam pifcationum feu tra&uum > quœ vulgariter Zuck
ikuntwr. Un village en Brifgau » fur la rivière Eltz , près de la ville de Wa!d«
. kirch , porte auffi le nom de Zuck. L'anonyme Moine de Muri9 qui écri-
voit vers Tan ii;o, appelle Zug, Zuge^ & nomme plulieurs difiriâs du
pays de Zug , 6c limitrophes de fon lac ( Eët. Koppirdan. p. 74 > 75 ). On
peut lire dans le Mufeum Helveticum^ Janvier 17849 p* 60^-614. Zurich »
1784) in-ii, en alkmand, les obfervations de M. le Baron de Zur-Lauben
fut une charte de iifs qu*il a découverte dans les archives de l'Abbaye
princiere de Saint-BIaife Se la Forét-Noire , 3c dans laquelle Zurich » Lu*
cerne t Zuge • f lingnau Se Meyenberg font nommés Cafira , places fortifiées»
(0 Tt^enL Strabon (/i*. IV O VII ^ p. i8j (> 191. Amfielod. 1707 ^
in-foL )y fait mention des Toygeni ou Tugeni en deux endroits ; il les joint
aux Ambrons qui furent défaits près d*Aix par Marias; Se aux Tigurini ^
qui accompagnèrent les Cimbres au palTage des Alpes pour entrer en Italie*
On efiime qu'ils formoient un des quatre Cantons entre lefquels la Citi
helvétique étoit partagée. Se que Zug t pu conmie on prononce Tioisg^
en conferve le nom. (D'if /xviUe, notice derancienoe Gaule $ pt 661 )•
2S TABLEAUX
Si la préfonTptîon (^) fur laquelle on a conclu que Zurich
eft la ville de Tigurini , doit déterminer à le croire , une
préfomptîon toute femblable doit perfuader auffi que Zug
eft le principal lieu des Tugeni , dont les anciens ont fût
rtiehtiôn. On feconnoît bien plus évidemment encore dans
le nom moderne de cette ville > celui de ces Tugeni ^ que
dans le nom de Zurich (^ celui des Tigurini. Aulli aucun
des Hiftoriens de laSuiffe n'a refufé à Zug une place entre
les douze premières villes des Helvétiens. Mais aucun
indice particulier ne met fur les voies pour découvrir de
quel peuple des Gaules les fondateurs étoient fortis. Les
noms de Tugeni , Tugium ou Toggium , ne fe trouvent
plus dans aucune de ces provinces. Mais ils fe retrou*
vent dans celles de TEfpagne , où pafferent des colonies de
Gaulois. Pline (5) appelle la forêt où eft la fource du Gua-
dalquivir Tugienjîs Saltus ; & la ville qui n*en étoit pas
éloignée ,a dans Tltinéraîre (7) d'Antonin, le nom de Tugiué
(4) Bochat 9 Mém. crit. fur l'Hifi. anc. de la Suiâ*e , tome I , p. 1 17 »
118, i^i , i^iï & 17Ï > X7*-
(y) On lit fur une infcription trouvée à Zurich,. Srar/o Tvrïcenjis ; Icf
Celtes nommoient Dur ifc les lieux où pafToit une rivière , & qui étoient
placés procKe d*une grande étendue d'eau. Comment auroit-on pu mieux
rendre en latîn le celtique Dur ifc , que par Thuricum ou Turicum ? Et
comment enfin Taaroit-on mieux exprimé en allemand que par Zuricht
Les Allemands avoient la coutume de changer le T & le «D des Gaulois
en Z, dont la prononciation , comme r/, ne faifoit qu'ajouter un peu de
force à celle d*un feul ( ou i, qu'ils emplofoient alfez indifféremment «quant
tu fon. De Taricum ils firent donc naturellement Zurich ; tout comme Za-
hem de Tabernœ ; de Tabiniumi Zojmgen^ £c Zug^ de TagiunL (Note de
M. de Bochat )•
^ (6) Nat. Hift. lib. III , cap. I.
(7) Edit. WeSeling.p. 404*
DE LA SUIS SE. 0.9
M. Bochac foutîent que le nom it cette ^^vîlie étmt cdci-^
que, compofé de dov y qui vouloir dire prafoxJ , &
de gui ^ ou lii , ou iu y qui défignoic de Feau ; le nom
entier dovgiu ou dovili ou doviu , dont on a feit en latin
Tugium , défîgnoit un endroit auprès d'une ( 8 ) aau prorr
fonde. Le nom du peuple eij celtique , étoit dov iiL tni ,
ceft-à-dire, né près d^ une êou profonde. Strabon rend bien
ce nom en grec par t*^^9m , & on Pa donné en latin
par Tiigeni. En6a fa fîgniiîcation convenoit à ceux des
bords du Guadalquivir > & à ceux des hords du lac de
Zoug ; une rue entier^ qui fut ai)îmée dans ce lac.au quia*
zieme fiecle , & plufiQurs maifons qui eurent le même fort
dans k fiecle fuivant , ne font que de trop honnes preuves
de la profondeur de fes eaux en cet endroit.
De la domination des Romains y le pays de Zug palTa
fuccelTivement fous celle des Alamanni , des Francs 6c
des Empereurs d'Allemagne. Il faifoit partie du Duché
d'Âllemanie ou de Souabe^ étoit compris dans le Canton
de Tùrgauy & appartenoit à des Comtes qui r^levoient
des Ducs de Souabe. A lextinélion des Comtes de Z^/zçr
bourg y qui étoienc les plus anciens Seigneurs y \^ Comtes
de Kibourg^si) y leurs héritiers > en 1 172 , le pofTéderent,
& après eux il échut par héritage à T.Empereur Ro4olf X
^8) Baxter. Gloflar. voc. D^llCL^ &c.
(9) Dom Hengott a tapporté ( Geneai Habsburglc.vol. 11^ p. xf^^ ^S^)
une charte du y Avril 11409 par laquelle Werner , Abbé de Cappel, fai«
foit, avec l'Abbcffe de Schennis , Te'cbange d'un terrein fltud à Barre; cet
échange fut ratifié par Arnold, qualifié M'mfterJe Zuge; c'eft-à-diie ,
Ammann ou Préfident de Z»g.y au nom des deux Comies de KibQU^t
Toncle 8c le neveu » tous deux appelles Hartmcmn.
30 TABLEAUX
& aux Ducs d'Autriche, fes defcendans. Ce pays fe dîftîn-
gua par fon attachement pour fes Maîtres; mais il ne pa-
roît pas qu'ils y fuflent bien fenfîbles, puifqu'en 13J2 >
lorfque Zurich (10), Lucerne , Un , Schweitz & Under*
▼alden , après avoir obligé par les armes les trois Com-
^ munautés extérieures Egeri j Men^èngen & Bar , à leur
prêter le ferment de fidélité conféderatîve , affiégerent la
\ ville de Zoug > qui fe défendit avec la plus grande réfif-
1 , tance depuis le 8 Juin de cette année , jufqu'au 2j.de ce
I mois; Albert >.Duc d'Autriche, à qui les Bourgeois avoient
i '' envoyé pendant une trêve de trois jours , une députation
pour implorer fon prompt fecours > leur fit une réponfe
très-feche. Ce Pjrince , qui étoit alors à Koenigsfelden ,
à neuf lieues de Zoug , s'entretenoit avec fon Fauconnier
au moment de l'arrivée des Députés. Au lieu de prêter
l'oreille à leur fupplique inftante, il demandoit au Fau-
connier fi les oifeaux avoient à manger. Cette indifférence
afieâa tellement Hermann , qui étoit à la tête de la dé*
putation , qu il ne put s'empêcher de dire au Duc : Ah !
Monfeigneur ^ Ji nous y vos infortunés Jii jets ^ nous riin^
térejjons pas plus Votre Altejje que vos oifeaux , que Dieu
veuille avoir pitié de nous ! Le Duc répondit à ces mots :
Alle^^y retourne:^vous , nous voulons bientôt regagner le
tout enfemble. Là-deflus les Députés revinrent à Zoug, &
au terme expiré de la trêve , le 27 Juin , la ville ouvrit
fes portes aux afiiégeans, & ils eurent la générofité de
(10) Tfchadii Chron. Helvet. tom. I, p« 4ii-4i4«
Simierns , de Republica Helvetiorom > iib. I > p. xo > in Thelauro Hifi»
HelvetpScc
DE L A SU I S S E. 31
rafTocier au nombre des Cantons avec les trois Comipu-
nautés extérieures. Le traité de cette alliance perpétuelle
fut figné à Lucerne le mercredi après la Nativité de
Saint Jean 9 13^2. Il y eft feulement fait mention des
droits de l'Empereur & de TEmpire y comme fi la
ville de Zoug avoit été jufqu'alors un Etat libre y qui
en eût relevé immédiatement. C'eft exaâement uae repré*
faille d'oubli & d'indifférence à l'égard de la Seigneurie
d'Autriche. Nulle réferve de fes droits > comme on l'avoic
vu dans les aggrégations précédentes des Cantons de Lu«^
cerne & de Glaris.
Je partagerai la defcrîption du Canton de Zoug en deux
ferions } la première contiendra la Ville & les Commu-
nautés extérieures qui partagent avec elle la fouveraineté;
& la féconde^ les Bailliages dont le militaire ôc la baffe-
jurifdidion dépendent uniquement de la ville.
I
t
i
/,.
î
32 TABLEAUX
PREMIERE SECTION,
1 L y a dans ce Canton deux ]acs > celui de Zoug , donc
j'ai tracé le tableau, & celui d'Egeri y duquel fort la petite
rivière de Lorez, qui arrofe une partie du pays^ôc (e jette
l fur la frontière dans la Ruflfe. D^un autre côté efl la Sile
^ qui fépare en partie le Canton de Zoug de celui de
/ Zurich.
;* Zoug eft une jolie ville > dont les rues font grandes >
f larges & les maifons bien bâties ^ du moins dans la partie
qu'on appelle la Fille -Neuve. On y voit plufieurs édifices
religieux , entre lefquels eft Téglife de S. Ofualdy qui eft
une filiale de la paroiffe de S. Michel; celle-ci eft hors de
la ville, près d'un Couvent de Clarijfesy fur le chemin
qui conduit à la montagne de Zoug. Cette églife paroif-
fiale n'a rien de remarquable que fon antiquité i elle a été
rebâtie en difFérens tems après plufieurs incendies. La tra-
dition dit que les Comtes de Len^^ourg en ont été les pre-
miers Fondateurs , & que le même efprit de dévotion qui
les avoit portés à dédier à Saint Michel le Chapitre de
Munfier en Argeu , leur infpira la penfée de confacrer ,
fous l'invocation du même Archange , l'églife paroiffiale
/ de Zoug.
/ On eft étonné que M. Coxe (1 1) , en parlant de Téglife
j de S. Ofuald à Zoug , s'égaie fur Thiftoire de ce pieux
\- (11) Lettres fur la SuilTe, avec le Commentaire de M. Ramond , T. I»
p. 13p. Paris, 17S1 , w-8*.
Roi
*>
"" D E LA SUISSE. 33
Roi du Northumberland : J'ai cherchéy dit-il , long-tems à
concevoir quel rapport un Roi de t Eptarchie pouvoit avoir
avec un petit Canton de la Suijje , Jans fonger quil ejl
impojjible de trouver des raijbns à certaines coutumes. Sui.
vant fujage de FEglife Romaine y les Saints peuvent
pajfer facilement d'un lieu dans un autre y^ le caprice ,
aujjl'bien que la dévotion y ont fans doute offert aux ref
pecls de Zugy un Saint dont le nom ejl à peine connu dans
fon propre pays. Mais ^ n*en déplaife au Voyageur Angloîs
qui a parcouru rapidement la SuifTe, il ne fe fut jamais prêté
à cette ironie y s'il eût mieux étudié les annales de «Ta pa-
trie ; il eût pu y trouver des monumens authentiques fur
S. Ofualdy Roi des deux Royaumes du Northumberland,
qui rétablir le Chriftianifme dans fes Etats.^ & fut tué en
542 dans un combat contre Penda , Roi de Mercie. St%
doutes fe fuflentéclîpfés, pour peu qu'il eût confulté i'Hif-
toire Eccléfiaftique de l'Angleterre y écrite par le vénérable
& favant Bede y qui mourut en 73 y , & le Monaflicon ( 1 2)
Anglican^ du célèbre^ Antiquaire Guillaume Dugdale.
Il eût découvert dans les Hiftoriens (15) d'Angleterre , de
Flandre^ & d'Allemagne, comment le culte de S. Ofuald
fut fucceffivement apporté de l'Angleterre dans les Pays-
Bas , en Souabe & en Bavière par la Ptincefle Judith ,
fille de Baudouin V, dit de Lille y Comte de Flandre , &
(il) "En trois volumes infoUoy léjs , 16^*1 & i^73« Le tome premier a.
été réimprimé en 1682.. Stevens* en a donné un fupplément en anglois,
Londrts, 172^ & 1713 > trois tomes en deux volumes in-Jolio. Dugdale
mourut en i685.
(13) L*hifioire de ce 6ilte eft amplement rapporté^ dans le recueil des
BoUandiftes , au ; d'ioùt, jour de la fête de S. Ofuald.
Tome X. E
34 TABLEAUX
d'Alix de Fraoce^ mîuriéc en premières noces à Toftonj
. Comte de Northumberland^ qui fut tué en 1066 dans lue
bataille donnée au pont de Stampfbrt , près d'Yorck ^
contre fon frère puîné Harald ^ qui a voit ufurpé la cou-
ronne d'Angleterre^ au préjudice d'Edgar à qui elleappar-
tcnoit. Cette Princefle époufa en fécondes noces Welphe
1 9 Dmc de Bavière ^ & de ce mariage defcend la maiCbn de
Bruofvïck avec la branche régnante en Angleterre. Judith
mourut le 4 Mars 1094, ^ ^^^ inhumée dans l'Abbaye
de Weiagarten (14) en Souabe, qu'elle avoit dotée ma-
gnifiquement , & où , entr'autres reliques^ elle avoit ap-
porté celles de S. Ofuald. Il y a dans ce même monaftere
.^ impérial la chapelle dédiée au-même faint , & fous laquelle
eft le caveau fépuJchral des anciens Ducs de Bavière, de la
maifon des Welphes. Indépendamment de TEglife de Zoug^
M. Coxe eût trouvé à Ratifbonne, & en Suiffe, à Udlin-
genfchweil , à Romoos, dans le Canton de Lucerne, fie
à Sargans , dans le Comté de ce nom , des paroifTes fous
Finvocation du même Saint Roi de Northumbaland.
L'églife de S. Ofuald eft un bel édifice en pierres 9 com-
mencé ( ly ) en 1478 , & fini en 1487. Un Curé de
(14} V^.Qoxt feroit bien de confulter aufE \t%Monumtnxa Guéljica^ ptoh-
bliés en deux volumes i/z 4''* àKempfen, en 1783 âc 1784, par le fàvaot
Gérard Hejf^ Prieur de l'Abbaye Impenale de Weingarten.
(15) On conférée dans la Chancellerie de la ville de Zoug « le regiflre
in-folio , contenant tous les frai« de la bâtiiïe de Teglife de S. Ofuald , avec
les nonis de fes bienfaiteurs. Ce regiflre efi de la main du Fondateur. On
y trouve les motifs qui avoient porte' le Curé Eberhard à choiiir S. Ofuald
pour patron de cette églife, Cafpar Laag s'eft beaucoup e'tendu fyr cette fbn* .
dation dans VUifioire Eccléjia[lique de la SwJlè^* tome I# p. 904, poft
9il> Pi3-
■ i.^ —
DE L A S U I S S E, 35
!Zoug , Jean Eberhard , en fut le fondateur . On lui a
élevé depuis peu d'années une épitaphe dans le Chœur,
À la tête des Bienfaiteurs de cette églife y ont été Charles
Vf II, Roi de France, Sigifmond, Duc d'Autriche, &
René , Duc de Lorraine. Le tableau du maître-autel, qui
offre S. Ofuald profterné devant la croix , à la tête de
fon armée , eft très-eftimé des connoîffeurs ; il a été peint
en Italie. On voit auflî dans cette églife les tombeaux &
les épitaphes ( 1 5) des Barons de laTour-Châtlllon-Zur^
Lauben^ avec leurs portraits depuis lyp^. Cette maîfon
a fait beaucoup de donations à cett« églife. On y voyoit
autrefois , en y entrant fur la gauche , une grande ftatue
équeflre en bois , dorée & attachée à la muraille ; c'étoit
la figure de 5. Ofuald y ornée d'un manteau royal , & ayant
un diadème fur la tête. Sous cette âatue étoit Técu des
armes d'Angleterre > avec ces mots autour: San cru s
OsivALDUSy Rex Anglîje , Patronus hujus Ecclesîje.
Cette ftatue ôc les écus qui l'accompagnoient , ont difparu
depuis vingt-ans environ. Ils ont été enlevés de l'églife
lorfqu'on la rebâtîfToit. L'înattentfon du Curé d'alors ,
qui même dans cette réparation a facrifié plufieurs autres
monumens (17) refpeûables ," le tout pour donner à fon
(i5) Ccsépitsiphcs.ontété rapportées par le célèbre ScAfucAçer , Itinera
Alpkiat tom. IIT, p. 471-474. Lugduni Baravorum, 1713 1 in-/^^. cum fig.
& ddns la généalogie de Zur-Lauben , au tome fécond du nouveau A^pplé-
usent an DifHonnaire hifioriqae de Moreii, p. 8io-8x). Paris , 174^ « in-fol.
Voyez atiilt plufieurs portraits de cette maifon , gravés dans ces Tableaux ;
Planches^ rf*. loi , 114, ii5, 176 8c x77«
(17) On a d^cé entr'autres le tombeau de Tun des Héros de la Saifle»
V^emerSteiner, Landamne de Zug, mort en 15 17 > qtti fixa en 14^9 »>en
grande partie » la victoire à la bataille de Dormieb , 8c qui s'acquit tant de
£ «
3(5 TABLEAUX
églife de ftruâure gothique^ un air plus moderne^ afa*
cilité ces diftraâions.
Sur le portail de oette églife on voit les ftatues en pierre
de quatre Empereurs, le grand Conftantin, Charlemagne,
Louis le Débonnaire ôc Henri 11. Ils font tou$ qualifiés
Saints dans les infcriptions latines qui accompagnent ces
ftatues. On apperçoit à leur droite Tinfcriptlon fuivante ^
de à leur gauche, une autre que nous rapporterons éga-
lement à caufe de leur fingularité, & parce qu'elles ont
été mal décrites dans pluficurs relations :
lujlus erat Karolus. Konjlantinasque Dcvotas,
Clemens Ludovicus. Henricus corpore Cafius.
Tcmpla Deo fundant. Ea dotant. IdoUt calcant.
Auclores fidei. PugiUs pro nomine Crijli.
Hcc quiafeccrunt ihtrarc Polos mcrutrunt^
Voici rinfcriptîon (i8) de la gauche:
Melchior ex Gcnte. Cum Balthafar ab Oriente^
Et Cafpar Cornac vcncrunt Jidere Duce.
Quem folime querunt effrata monjlrat eunu
Dona Jibi dantes. Aurum cum thure libantes
mis mirram fociant. Pro ni fua corpora curvant.
Il y a audi un Couvent de Capucins dans un quartier
de la faille-Neuve. Les étrangers y admirent le tableau
I *
gloire à Novare & à Marîgnan > & de qui defcend rilluftre maifon de SttU
net à Zurich; ce tombeau efl près de l'autel du Mtm des Oliviers ^ qui a été
fondé par le fils du même Landamne> Profonotaire Apoftolique, Chevar
lier du Saint Sépulcre , 6c Chanoine de Munfter en Argeu : on voit encore
fes armes au haut de la voûte. Il fe nommoit auffi Werner Steiner.
(i8) Voici des vers aflez analogues à cette infcription, 6c qui font de
C^edus, Arehevèque de Bordeaux t fur la tranllation des trois Mages à
DE LA SUISSE. 37
du maître-autel, qui eft de Tiiécole de Bologne y & qui a
été peint par un des trois Caraches. Ce tableau eft un
don fait à ce couvent vers la fin du feîzieme fiecle par la
maifon de Zur-Lauben. Il repréfente la fépulture du Sei^
gneur. On remarque à Zoug , dans hi baffe-ville , une églife .
dédiée à ^o/r^--D^/w^, ornée de tableaux de Jean de Brartr
denbergy Peintre eftimé & natif de Zoug, qui eft mort
dans et fiecle. Cette églife où font lesjbnts baptifmaux ^
eft d'une haute antiquité.
Parmi les édifices publics de Zoug , on diftingue la
Maifon-de-Ville , qui ^efl; . dans la vieille ou bafje ville ;
c'eft un bâtiment antique en pierre ; on y voit dans la lalle
du Confeil un beau (ip) tableau de l'école de Bologne,
que le Général Louiis-Ferdinand , Comte Mar/igli^ en-
voya à la ville de Zoug à fon retour en Italie, pour lui
témoigner fa reconnoiflance de la retraite qu'elle lui avoit
donnée après la reddition de Brifach; ce fut à Zgug qu'it
fit imprimer à&%/ Mémoires pour fa juftifiçation. On l'a-
voit accufé auprès de l'Empereur 3e n'avoir pas défendu
la place comme il le devoit , & il fut condamné en 1704
à être dépouillé de tous honneurs âC charges y avec Ic^rup^
ture de tépée. Le Comte d^Arco , Gouvertpur de la place.
Cologne; on les Ut dans la Chronique de Gaufiede^ Religieux de l'Abbaye
de S. Martial de Limoges » qui s'étend depuis le Roi Robert jufqa*en 11 84.
{Cap. LXII, p. 314 Novœ Bibliotheca manufcriptorum Ubranm tom. II,
opéra Philippi Labbe , Soc. Jefii. Parifiis t i^;7 » i'hfii* )•
Ttrf€j{^ ^rtKtàit , Arabsfubits w4e Sabaau , •
N9mnaJwtt,Gafpar, Baîthafar .MtlcJuor U£*.'
(ip) Ce Ubieau offre les qoaue vertus cardiiudiu
38 TABLEAUX
eut la t^tt tranchée i on penfa alors que Ton avoît facrifié
deux innocent, pour ne pas inculper le Prince de Bade,
qui a voit mis dans une tœuvaife place avec une garnifon
très-foible , une artillerie nombreufe. Le Comte Marjigli
vint en France , après la publication de Tes Mémoires juf^
tificatifsi & ayant paru à la Cour fans épée , le Roi lui
donna celle qu'il portoit en Taffurant de fes bonnes
grâces.
A Zoug, dans la F i lie-Neuve ^{QtizV kxkn^ y le Col-
kge^ où eft la Bibliothèque publique, la maifon de la
Douane, avec une infcription gothique, en allemand,
qui porte qu'en 143 y j la ville de Zoug s abîma dans
le lac ; ce malheur arriva (20) à une rue entière, le 3
Mars de cette année. On a confervé les noms de toutes
les perfonnes qui périrent par cet accident , avec le Pré-
fidcnt du Canton , Jean Kolin & le Secrétaire de la ville,
Jean W^ickart. Ce malheur obligea les habitans à bâtir
dans la partie fupérieure , 6e qui étoit alors hors de l'en*
ce>nte de la ville. Ils la fermèrent de murailles & de tours ,
dont plufieurs font égales en beauté 6c en folidité à celles
des villes les plus confîdérables de la Suifie. Sur le ter*
rein où Ton a bÉû la ville-neuve , vers la fin du quinzième
fiecle ôc au commencement du fuivant, exifte, depuis un
tems immémorial , un ckâteau qui dans Ton origine étoic
proprement une tour. On l'appelle le Bourg. C'étoît la
réfidence primitive des nobles Wildcnhourgy ôc après eux ^
celle des Seigneurs de Hallweil. Aujourd'hui ce Château
avec fon enceinte appartient à M. de Koiin^ Banneret de
(zo) Tfchudif CËron. hdv. tome H, p. 113 , 8cc/
DE LA SUISSE. 35?
la ville & du Canton de Zoug ^ ôc ancien Baillif de la
Turgovie , du Rheinthal & de Locarno.
Au refte il n*y a à Zoug aucun veftige d'antiquités ro-
maines. On y a trouvé feulement en 1736^, dans le quar-^
tier dit GeiJJweid dans la ville-neuve ^ une médaille (21)
de l'Empereur Gordien en bronze. En fortant de la ville
pour monter à la paroMTe de Saint^Michel y Air la droite^
on trouve le Hof^ autrement le château ("*" ) de M. le Baron
de ^'z^-Z^i^Tz, Commandeur de rOrdre Royal 6c Mili-
taire de S. Louis f ^ Lieutenant-Général es Armées du
Roi; ce château> accompagné dune chapelle > de divers
bâtimens 6c de jardins ^ a une vue délicleufe fur le lac 6c
les environs de Zoug. Il a été bâti en 1 5^7 par Tun dgs
ancêtres du^poiTefleur aâuel. On y voit plufieurs tableaux
deTécoledeMantouei le portrait original (22) en grand
de Charles IX^ par François Clouet^ autrement Jancu
Ce Roi donna à Béat de Zur- Lauben^ Capitaine d'une
Compagnie dans le Régiment de Tes Gardes-Suifles ( anté-*
rieur à celui d'aujourd'hui )| la permiifionde porter une
fleur de lys d*or au champ d'^ar , dans unécuflbn placé
au milieu de fes armes > grâce que le Roi Louis XIII con<-
firma (23) en 16^9 à la maifon de Zur-Lauben^^ en récom*
(xi) M. le Baron de Zur-Lai;d>en a reo^reiiste de cette médaille dans
le fécond volume de la coUeâion manuscrite qui a pour titce : Manumeata
Helvetico-Tupenjîa , p. i , in-folio*
(*) Planches , n*** 1 1 1 doublcm
(zz) On confenre à Vienne , dans la gatterie des tableaox de rEm^neiir,
le portrait de Charles IX par le même Janet, On fait que ce Prince avoit
époufé une Archiduchefle d'Autriche* Dom Montfmcon a fait graver le même
tableau dans les monuweni de la MMorchie Françoifèm
(i}) Les preuves de ces diverfes concei&ons tout rajpf onées dans leptut
40 TABLEAUX
penfe de fes anciens fervîces dont la date remonte au règne
de François premier fans aucune interruption. Uun de ce
nom, Capitaine au Régiment de PfyfFer, eut part à la
glorieuj^ journée de la retraite de Meaux, où lesSuifles
fauverent le Roi Charles IX. Il y a dans le même châ-
teau ou hôf de M. le Baron de Zur^Lauben , une grande
falle peinte & dorée, où Ton voit à la fois les portraits
raffemblés de tous les Rois de France jufqu^à Louis XIII ;
ceux des Fondateurs & Héros de la liberté helvétique,
les traits \t% plus remarquables du berceau de cette liberté,
& les ^moiries des Cantons, de leurs alliés & des villes
municipales de la Suide , avec leurs bannières ou drapeaux;
Ic^lafond eft orné d'emblèmes de moralité, très -élégam-
ment peints, en 1523 , avec Técu des armes de Conrad de
Zur-Laiiben , Chevalier de TOrdre Royal de S. Michel ,
& Capitaine au Régiment dés Gardes-SuifTes , qui mourut
Éti 1 629 , après avoir été Landamne du Canton de Zoug ,
âc après avoir rendu des fervices importans à la SuifTe fa
patrie 6c à la France. Il avoit bâti la maifon dont nous par-
lons. C'eft une fatisfadion bien agréable pour M. le Baron
de Zur-Lauben , fon defcendant , que le fpeâacle qu'il
offre à des étrangers , fur - tout à des François , en leur
montrant une falle où l'un de fes ancêtres a raffemblé
tous les objets qui peuvent à la fois nourrir dans les cœurs
des Suiffes & de leurs plus chers & leurs plus anciens alliés,
les fentimens mutuels d'attachement qui doivent durer
au(fi long-téms qu'exiftéront les deux nations.
mier yolume de YHiffloire militaire des Suijfes auferyice de la France ^ par M. le
Baron de Zur^Laubén^ p. 383-} 8^.
Aegeri
DE LA SUISSE. 41
Aegeri ou Egeri eft la première des trois Communau-
tés qui compofent les Offices extérieurs ^ co-fouverains du
Gancon de Zoug avec la ville de ce nom, L'Anonyme de
Mûri y qui écrivoit en 1 1 yo, appelle (24) Egeri, Agregia.
Les donations i^$) de l'Abbaye d'Einfidlen portent que Con-
i;ad , frère de Bero ou Bernard^ Comte de Lenzbo'urg , qui
fonda le Chapitre de Muniler en Argeu , donna à ce Mo-*
«aftere une partie de Ton fonds de terre fitué à Egeri ^ 6c la
pêche du lac , dédit partent pradii fui in aqua regia &•
, pijeationem ibidem. Ces donations difent qu'il fut tué de-
puis> & que la ComtefTe Luitgardefz femme donna au même
Monaftere un terrein qu'elle poffédoit à Egeri , prctdiunt
fuum in aqua regia. Le îeune Ama:^ , iflu de la maifon
des mêmes Comtes de Lenzbourg , qui fut tué à la guerre
en Lombardie, donna de même aux Moines d'Einddlenj
le droit de pêche & tout ce qu'il pofTédoit dans la Marche
d'Egeri, in Marcha prafatœ villa Aquce Regia. Ces do-
nations furent faites dans le dixième fiecle : elles font le&
titres primitifs des droits que TAbbaye d'Einfidlen a con-
fervés jufqu'à nos jours dans la Communauté & fur le lac
d'Egeri ; droits qui ont été modifiés en plufieurs manières
par le laps du tems. M. Bochat (2 5) prétend que la manière
dont le nom Aegeri ou Aegere a été rendu anciennement
en latin , a confervé la fignification qu on croyoît qu'il
(^4) P^g* ^) > edit. Koppianc.
(if) Excerpta exvetufio Codice donationum 6c traditionum Ein£dlen-
iium. Apud Herrgottf Genealog. Habiburgiace > vol. III, p. 832.
{%6) Mémoires aitiques far l'Hifloire ancienne de ia Suifle, tome III 1
p. 1^, 17.
Tome X. E
42 TABLEAUX
avoic dans la langue du pays. Il eft (ur que Aeg en cel-
tique veut dire eau. Le peuple du pays de Vaud la con-
fervé; il dit egue. Il n*eft pas moins vrai- que Ri^ Rig
(ignifiott Roi & Royal. Mais le même Savant ne fait s'il
n'éft point plus fimple de dire que Aegerê^^toït Aeg-Erc ^
terre de Peau , près de Teau , ou Aegt^Ri , eau de rivière-
Ce dernier auroit bien défigné la fîtuation du Bas-Aegeri^
qui eft au bord du lac 9 dans l'endroit où en fort la rivière
horetx. Quoi qu*il en foit , le nom , comme on voit, eft
celtique y de quelque manière qu'on ^explique.
Le lac diEgcri , en latin ^^rûi^ ou Egerius iacusyfut
la frontière du canton de Schv^eitz, a une lieue de long ,
fur une demie de largeur; il eft très -profond & très-
poiflbnneux > & la rivière de Loretz en fort. J'ai fous les
yeux la Carte de ce lac j géométriquement levée en 1774 f
par M. de Landving , Lieutenant • Colonel en France.
Elle mérite d'autant plus l'attention du Voyageur y qu'elle
le conduit à la tête de ce lac j où s'eft donnée en 151; la
fameufe bataille de Morganen y qui y en affurant la libené
des trois Cantons primitifs, a, pour aînfi dire, préparé la
Confédération générale de la Ligue helvétique. Je vais
fuivre cette Carte dans tout fon contour.
Le B^s • Egeri , en allemand l/mer ou Jf^eil- ^g^'^^y
eft un village de paroifle à une demi- lieue du Haut*
Egeri , ù rexticmitc du lac , près de la fortie de la rivière
de Loretz. Entre ce village & celui du Haut - Egeri ^
en allemand Ofxr^Egeriy on trouve le long du lac plu-
lîours habitations ; Lutièack , avec un ruiffeau du même
nom I 6c la tannerie dite Gcnrek : le Haut- Egeri eft une
paroi (fe coniidérable par fon étendue. Le village eft coupé
DE LA S U î S S E. 43
par un torrent fur lequel il y a un pont près de la maifon
du Conferl. En remontant le lac , on trouve fur fa rive
les habitations dîtes ff^agners y Lendlé y Sul:^au , Tra-^
cher , Teufset:^ , Im-WincKtl^ Eyershals , In-der-W^eid ^
Scrankeriy Hafelman y Schoenenfort y Alkaus ; & entre
cette ferme & celle de Jagmatt , le ruiïïeau Kufsback.
Ici le lac, qui depuis le Bas-Egeri eft toujours dominé
par des montagnes fertiles en pâturages, offre uneontour
qui efi forme la tête , & au milieu duquel eft fur une
colline la ferme dite Bnlmlyy près de laquelle entre dans
le lac le ruiffeau Trumbàch y qui a fa fource dans la mon-
tagne > à la droite du hameau de Schornen (*)^ dans le can-
ton de Sch\reitz. De la ferme Jagmau dont j'ai parlé ^ il y a
un chemin qui conduit au pied de la montagne de J/ar-
garten , & au bas des fermes Heinifv^ald y Tijierea , Jf^arth y
& du rocher FtgUr-Tluoh jufqu'à Schornen y entre la
montagne de Morgarten & celle de Keiferftorck y mon-
tagnes très - efcarpées , il y a un vallon large d'un petit
quart de lieue y coupé par des collines ou hauteurs y fur
lefquelles font placées les fermes Tschuplen & Archen.
La borne du canton de Zoug> fur la frontière de celui
de Schveitz, fe trouve au -deflbus ^Archen , & au bas
du roc dit Flgler-^Fluohy que j'ai déjà nommé. Ce fut
près de ce roc > dans cette partie du Morgarten y voifîne
de la ferme de Wành y 6c fur le terrein du canton de
Zoug y que fe donna la bataille de Morgarten^ Toute
cette partie y jufqu à Altstau ^ au - deifus de Schornen ,
de la chapelle de Saint- Jacques ôc du Schalg y eft très-
( ♦ ) Planche , n®. 19p.
:44 ' TABLEAUX
nefcarpée^ & proprement une chaîne de rochers. Ilefl bon
d^obferyer que le vallon au bas du Morgarten^ & qui eft
-arrofé par le fuifleau ànTrumbach^ offre tous les indices
. d'un ancien marais ^ qui a été faigné avec le temps ^ &
dont une partie étoit fous les eaux du lac à l'époque de
. la bataille de Morgarten\ ce terrein a été gagné fur le
Jac^ lorfqu auprès du Bas-Egeri on creufa un lit plus
profond à la rivière de Loret-^ à fa décharge du lac. Mais
en I j I ; 9 date de la bataille > la Cavalerie autrichienne ^
fur laquelle les SuifTes faifoient rouler de leurs hauteurs
degrofles pierres^ 6c ne pouvant plus régir Tes chevaux^
fe jetta eh grande partie dans le lac voifin y fans reprendre
le dtitmvciàMHaut-Egeriy le long du lac par les endroits
que j'ai défignés. Le nom même de Morgarten ou Moer--
garten y c'eft-à-dire , le jardin ou t enclos marécageux ,
dénote évidemment le local fangeux du vallon que cette
montagne domine ; & encore aujourd'hui , pour peu
qu'on y enfonce un bâton y panicuiierement dans les ea«
virons du Trimback y on le retire chargé d'un limoxi
noirâtre. Mor ) 27 ) & Moer en celtique , défîgnoient un
lieu marécageux. Les Belges ou Flamands dîfoient au-
trefois Moerigy zinCi qu'ils parlent encore aujourd'hui
Ce mot diffère peu de Moril , gros village du Vallais,
appelle en françois Mores ^ & en allemand Moril ^ fur la
liviere la Marges. Je pourrois encore citer d'autres en-
droits de laSuiffe, J^r^/ > anciennement Moerten > ôcdans
l'allemand moderne Murteny Meri/chwand ou Merenf-
(17) Bochar, ibii.,Xom.li ixip.-ijrz.
DE MA S,U.L,S S E. 4J
chwand ^ &c. qui ne doivent leur. nom primitif qu à leur
proximité d'un local marécageux. L'on a plufieurs def*
criptions de la bataille de Morgarten ; ceHe qu en a don*
né (28) le favant Jean Conrad TuefsUn^ de Zurich , eft
encore la plus exade. Mais faute d'avoir vîfité \^ Morgarten
& le vallon adjacent, il n'en s^pas décrit le plan avec Toeil
d'un Militaire. S'il fe fut tranfporté fur le local , il eût
vu le hameau Schornen , placé à la gorge entre la con-
tinuité du Morgarten & le Keiferflock , & par la-
quelle, en paflant vis-à-vis la chapelle de S. Jacques
& de Scherannen y On entre dans un' défilé hériffé dé
rochers , autour duquel eft le chemin au village de Stat-
tel : fi les Suifles euflent attendu au - deflus de ce défilé
la Cavalerie ennemie , il ne s'en fût pas échappé un foi:!
homme ; mais leur confiance dans le retranchement qu'ils
avoient prolongé depuis Roten - Kurt ^zx, \t Morgarten y
jufqu'à la montagne de Keiferflock , & qu'ils avoient
fortifié d'une tour à Centrée de Schornen y tour qui eiifte
encore y & encore plus la précipitation avec laquelle leâ
cinquante bannis du Canton , pofiés fur les hauteurs du
Morgarten , & féparés de l'armée des Confédérés , fe
découvrirent les prCjmîers , en roulant à^t:^ pierres & des
grofies pièces de bois fur les Autrichiens , qui , fans cette
attaque imprévue , euffent continué leur chemin , furent
les caufes qui empêchèrent la deftrudion générale de
l'armée du Duc Leopold. Ce Prince ne fe dôutoit aucu«
nement de la marche que les Confédérés avoient faite
( 18 ) Nouveau Magalin Littéraire de Hambourg , trente - quatriems
Seâion , p. 310- 360. Leipzig 176^1 211-8^9 en Allemand.
46 T A B LE AUX
pendant la nuit^ veille de la bataille ^ pour gagner le
Morgarten ; il les croyoit occupés de la garde du retran*
chement ^Art ^ à la tête du lac de Zoug. Il eft vrai que
fans Tavis que leur donna Henri de Hunenherg^ ainfi que
je Tai marqué à Tarticle èiArt \ dans la defcrîptîon du
canton de Sch^eitz > Leopbld paflbit tranquillement 'y Si
s'emparoît ^ fans coup férir ^ de tout le pais jufqu'à Einfid-
len. Ce feroît ici le lieu de décrire la bataille, où treize
cens Suifles battirent une Armée de vingt mille Autri-
chiens > mais les bornes de cet Ouvrage arrêtent ma plume.
Je me contenterai de dire qu'elle fe donna le i6 Novem-
bre 151 J- Je vais continuer la Carte du lacd'-E'^^ri dans
Fautre contour , depuis la ferme Balmly j qui eft à la
tête du lac, jufqu'au village du Bas-Egeri. Je trouve
d'abord fur les bords la colline de Lon^riy puis la petite
îfle Farbach , la ferme Ne^len , le promontoire Ne^e-
reggy la ferme Kellermatt ^ la pointe Nos ou le Nés ,
qui s'avance dans le lac & le hameau de ce nom , puis le
roc Grosflein , la ferme dite Berg , le torrent Rohrbach ^
le diftrîd de Weilbrunnen ^ la colline de Kilchbuol oxx
il y a des maifons , & qui eft à la tête d'un bras du lac ;
ce bras, en fe repliant fur fa gauche & par diverfes finuo-
ficés, reçoit le torrent de Huribachy & enfuite le long
de la côte , on pafTe devant le haut & le bas Langorts ,
la langue de terre dite Hund, ôc on arrive à l'extrémité
du lac , qui forme une force de baie , à la fortie de la Xo-
r^/^ 6c dans la proximité du Bas-Egeri. Il ne faut pas
oublier que le lac , depuis la colline de Lori\en jufqu'à
Weilbrunncn , eft bordé des montagnes efcarpées de
Ktijerjlock ÔC du Brandy toutes dans le canton de Zoug.
DE LA s U ï s SE. 47
Ces montagnes communiquencipar le revers avec les mon-
tagnes de Rojsejg & de Walchweil ^ qui font aufli du
même canton.
PafTons à la Communauté de Men^ngen y la féconde
de celles qui partagent la fouveraineté du Canton avec
la ville de Zoug. On y trouve deux Paroîfles , Men'^m^
gen & Nuheim avec plufieurs hameaux , le petit lac dit
Fin/ler-Sée & le Mont-Gubel ^ fur lequel il y a une
Chapelle & un Hermitage^
Ce mont efl fameux dans les fafles helvétiques ^ par la
vidoire çomplette que les cinq prerpiers Cantons catho-
liques remportèrent le 24. Novembre ijji fur les Zu-
richois 6c leurs auxiliaires. Cette viâoire décida dû fort
de la Catholicité en Suiffe ^ & fixa les limites des deux
croyances. Le mont Gubelt^ dans la paroilTe de Menzin-
*gen , près de Heiterftalden, du côté d'Egeri. On jouit fur
cette montagne d*une vue très • lointaine.
Gubel on Gihel Çxgmfit en Allemand une hauteur , une
montagne. Le mot# arabe ( 2p ) Gebal a la même figni-
fication. Le mot Liban eft défigné par ce nom dans les
Hiftoriens qui font mention des AJJaJJins.
La communauté de iJ^r comprend la paroifle&Ie bourg
Ce ce nom où il y a une belle Eglife. Les Nobles dt Bar ^
en latin de Barro ou de Barils , connus par àts Chartes
des XIII & XIV fiecles y avoient leur Château à l'en-
droit où eft bâtie la Tour , autrement le magafm à pou-
(19) Mémoires de l'Académie Royale des Infcriptions ôc Belleis- Lettres
dé Paris, tome XVII, p. i34-*i3f*
M. de# Vilbifon , Aflbcié de la même Académie, obferve fur le mot opo^^
qui iignifie borne ou mcntagne , fuivant refpjit dont eA afle^e la première
4S TABLEAUX
dre, bon Ai bourg de Ba^i on appelle cet eniroîc Bmrg-
Le nom de Bar ( ;o ) oo Baar eft iâns douce cddqw^
& de tous les idionoes. Bar défigncnc une barra il le pour-
toit que le lien fo bâti pour empêdier le paflâge & rete-
nir TennemL Cette fignificadoo de Barr^ (ut cauie qu'on
nomma ainii l'entra d'un port de mer y empêché par les
bancs & les rodiers. Les Bas- Brctms l'appdknt encore
BoTTy & les François £<zrr<r«.On a rendu en brin par harra
ou barmm , les noms des villes on bourgs des provinces
des Gaules qui s'appellent Bar. H y a dans la proximité
du bourg de Bar y dont il eft queftion y une montagne
peu élevée y qu'on appelle BaHmrgy c'eft-à-dîre , le homrg
de Bar. Cette montagne femble fiuiner l'entrée de la
plaine de Bar y & elle la commande.
Les Bains ( 5 1 ) de Walurfchwtily en latin Guaheri^
villa y autrefois fi fréquentés par tous les Cantons voi-
fins^ étoient placés an pied du mont Bvbcrgy entre Bar
êc le pont de la Silc , dans b paroifle de Bar y à une lieue
fyUabc, qat lHébim Giiff^ , qui fignifie aenif « a b ipcacc figoificatîon cfaa
les Arabes , paice ^^originaîreoiect les montagnes forem les picnûeies
bonet qu'on cacmu^Afeiludi Sepki^LexkomGrjtam^ £ia&& O^m^
«MBe I, p*5^« Lmrena PsnfiênjZ 1773* n-4*-]
( se) B^hx , îhd. tom. III , p. 79- 8o. Enti^anfies polègom que FAb^
baye de Scfcends tecoit de la libéralité da Comte Udalric de Letubonrg
8c de Ces pares» , étoient des fonds fitoés i Bim , comme on le Toh par
on Diplôme de Heni Ui, Roi des Romains » daté de Zurich le )o Janvier
I045. t Kdfrgon GéoéiL Haisbaxgic. voL II » p. 1 17- 1 it. ]
(31) Ltâ^ HL tom. XIX, p. iji. Scàdtcè^fri Hiftoire natoreBe de la
S^iie , loca. Il » p. 1 97 , en Allemand ; Defcription des Bainsde Wahtrfth*
wesly par ffcq , de Bar , 8cc«
&
DE LA SUISSE, 49
& demie de la ville de Zoug. Ces Bains d'eaux minérales
ont été abandonnes, depuis qu'en 174.8 la cupidité pré-
dominante de quelques particuliers de Bar en retira la
propriété à TAbbaye de Wettinguen, qui, pendant près
d'un fiecle ôcdemi les avoit poffédés , & avoit embelli cet
endroit par pluAeurs bâtimens & jardins agréables. En
un mot, cette vallée de Tempe eft préfentement déferte,
au grand regret des patriotes ôc des étrangers.
La Communauté de Bar eft remarquable par la beauté
& la bonté de fon terroir } elle comprend plufieurs villa-
ges & hameaux, entr'autres, Jweil ^ Buely Delnicken
ou Teinicken ; ce dernier endroit avec un pont fur la
rivière de Loreii^^ eft fameux par le Traité de Paix qui
*y fut conclu dans une prairie voifine, entre Zurich &
les cinq Cantons catholiques > en 1^51.
Blikenflorf ^ village fur la frontière du canton de Zu-
rich , dans la proximité du Bailliage de Knonau , eft
célèbre par la naiflance du Bourgmaître de Zurich Jean
W^aldmann^'^iL) , à qui la Suifle doit en grande partie U
victoire de Morat fur le Duc de Bourgogne , & qui ^
malgré tant de fervices rendus à la patrie , &t la viâime
d'un nombre de Patriciens y jaloux defon élévation & de
fa gloire. Ce grand homme porta généreufement fa tête
fur TéchafFaud à Zurich le 6 Avril 148p. M. le Profef^
feur Henri Fuefslin a donné, en 1780 , la vie de ce
Héros. La vérité fait la bafe de cet Ouvrage, dont le ftyle
eft plein de grace« Il exifte encore à Bliskeruorf y une
(51) Leu, ibià. tome XIX» p. 71-7^» &c.
Tome X. G
;o TABLEAUX
famille de Waldmanriy & de laquelle Erntji éC Jeannin
furent tués en 1444. ^ ^ 1^ bataille de S. Jacques fur la
Birfe ^ devant Baie ^ pour la liberté de la SuifTe.
On voit (55) entre Egeri & Bar , fur une hauteur qui
domine le vallon dit Lore:^' Tobel^ où il y a un pont fur
la rivière de Lore^iy les ruines du Château de W^ilden-'
bourg ; c*étoit la réfidence des Nobles de ce nom , qui
paroiffent avoir été une branche de la maifon de Hunen*
herg. Ces Nobles firent la guerre à la ville de Zug dans
lesXIII & XlVfiecles. Maïs en ijjy, l'un d'eux ayant
enlevé dans fon Château de Wildenbourg la fille d*un
paifan de Menzingen \ qui s'en alloit à Zoug , le perc de
cette Lucrèce montagnarde , à qui elle en fit fa plainte à
fon retour , prit fes habits , & fe préfenta ainfi déguifé à *
Pendroît où fa fille avoit feint de donner un rendez-vous
à fon ravifleur pour fe libérer de fes mains. Celui-ci ne man-
qua pas de s'y trouver ^ mais pour fon malheur il fut la
H vîâime de fon îllufion. Le père , déguifé fous Thabille-
\ ment de fa fille 9 & qui le guettoit ^ laffomma avec une
hache d'armes qu'il avoit cachée fous fa robe. Auffi-tôt il
accourut à Zoug fur le Marché ^ & montra au peuple
Tinftrument doitt il venoit de punir la lubricité du Tyran.
Au même infiant le peuple s'attroupa ^ & plein d'indigna"»
tion , alla inveftir le Château de Wildenbourg^ le prît
& le ruina.
( 33 ) Leir s ibid. p. 4^5 - 456. Chronique manuCcrite de Zug , du XlV
fiéde j confervée dans la Bibliothèque de M, le Baron de Zur-Lauben.
#
'•••^ -i^--
DE LA SUISSE, 51
SECONDE SECTION,
Voici les noms dès Bailliages dépendant de la ville
de Zoug^ ôc donc les Baillifs élus dans la bourgeoitie^
& domiciliés dans la Ville , font changés tous les deux
ans. Les appels font portés au Confeil municipal de la
Ville.
I. Cham ou Kahm ( 34)5 Paroiffe d*une grande éten-
due , avec un Village bâti à Textrémité du lac de Zoug ,
a une lieue de la Ville > à Tendroit où la rivière de Lorei:^
fort du Lac. L'Eglife paroiflîale, qui étoit d'une très-an-
cienne flruâure y a été rebâtie à neuf en 1784. Il exifte un
Diplôme ( 3? )> ^^^^ ^^ Francfort le 16 Avril , la vingt-
fixieme année du règne de Louis Roi de la France orien-
tale, autrement le Germanique , 6c dans Pindiûion fixîe-
me , qui tomboît en 8j8 , par lequel ce Prince, à la
prière de fa fille Hildegarde , & pour fon falut , celui
de fa femme & de fes enfans , ôc pour le falut de fon père
Louis, & de l'Empereur Charles fon ayeul, donna à fon
Monaftere , (îtué au village de Zurich ^ in vico Thuregum^
fa métairie de Cham , fituée dans le Duché d'AUemannie ,
au canton du Turgau , avec toutes fes dépendances , cur^
tim nqftram qua vocatur Chôma con/îJUns in Ducatu
Alkmannico in pago Turgaugenji.
(34) Leu 9 WiL tom. V > p. ip3-ioo> &ۥ
();) Couri/igzuf , Cenfura Diplomatis Lindavienfis > p« 367. Helmftadii,
1672 t m* 4^. Heumann^ Commet! tarii de Re Diplomatica Iroperatorum*
Norimbergas, 175; , in-^'^.jig. tom. II» p. 8z 8c iio»
G s
il
;2 r ^ B L EA U X
Suivant une autre Charte ( 3 <J ) , datée de Cham , aSum
\ \ in villa Chama y le 18 Mars 877 , la première année du
i i règne de Charles ( le Gros •) , qui avoit commencé de régner
i j comme Roi d*Allemannie le 28 Août 87^ , Berte^ Ab-
beffe de Zurich, (& foeur de Hildegarde) , donna en
propriété à fon Abbaye de Zurich , toutes les terres que
(on coufin défunt Lothaire, I\oi d'Auftrafie, mort le 8
Août 858 5 lui avoit donné à Schleuflatt & autres lieux en
Alface. Cette Princefie mourut le 2 y Septembre ( 37 } de la
même année 877. La paroifTe de Cham comprend plufieurs
hameaux , Nider - Cham , où l'on a trouvé dans ce fiecle
une médaille d'argent de Néron & de l'impératrice Poppée ;
Mei/lrfckweil , Niderweily Rumeltiken y &c. Le Château
de S. André {^) y avec TEglife annexe, fondée dans le
quatorzième fiecle par Goàtîtoi de Hunenberg j & dont la
colleftion appartient à la ville de Zoug. Ce Château ,
autrefois la demeure des Nobles de Cham &• de Hunenberg^
appartenoit, dans le dix -huitième fiecle, à diverfes famil-
les patriciennes de Zoug , Branderherg , Kobin 6* Land-
wittg. Le dernier poffefleur , M. Françoîs-Fidele de Land^
witgy Chevalier de l'Ordre royal de Saint-Louis , & Lieu-
tenant-Général d'Infanterie en France, mort en Mars
1782 , avoit obtenu du Canton la faculté d'en faire une
{\6) HottingiT , Hift. Ecclefiaflîc» , tom. VIlI , p. i no - 1 1 ii, Tiguri>
1667, /n-8«, M. l'Abbé de GrcUididier ^ Hiûoire de TEglife & des Evêques-
Princcs de Strasbourg , tom. II, Preuves, p. ccLyii- cclxiv.
(}7) Chronicon brève Sandi Galli , pag. 46p, tom. III, Scriptor. Hîft.
Francic. apud Duchefne^ Lutetix Parifîenf. 1641, in- fol. Voyez auffi le vieux
Calendrier d'Einfidlen , cité par Jean -Georg. Eckhart > tom. II, Comnaen-
car. de rebas Francise Orientalis, p. ^i6,
(*) Planche^ n^ ici.
DE LA SUISSE. 53
fubftîtution pour toutes les branches nombreufes dé la
famille de fon nom. Mais ce Château quil avoit réparé >
conferve toujours pour le poffefTeur l'obligation ancienne
& imprefcriptible de le tenir ouvert , en temps de guerre,
a la difpofition de la ville de Zoug.
Au hameau de Saint-ff^olfgang , il y a une Eglife dont
la collation appartient à la ville de. Zoug, qui nomme
un Adminiftrateur de fes revenus, emploi quieft en mê-
me-temps annexé à la charge de Baillif de Ruti^ dans
le Haut- Argeu Libre. La Préfefture de Ruti dépend aufli
de la ville de Zoug.
L'Abbaye des Religieufes àtFrauenthal , en latin Vallis
Beat a Maria , ou f^allis Dominarum y de Tordre de Ci-
teaux, fur la rivière de Lorez & la frontietedu canton de Zu«
rich , fut fondée en 1 23 i par Ulric , Baron de Schnabelburg
& fa femme Agnès , Baronne ^ EJchenbach. Cette Abbaye
eft fous la vifite fpîrituelle de TAbbé de Wettingen. La
ville de Zoug en a X Advocatie. Elle eft Tune des plus
riches Maifons de fon Ordre en Suifle.
•
IL Autre Bail liage', Ryfch , ou Gangolfdchweil ^ en latîa
Gangolfi viiia. Le village & la paroifle de Ryfch font
fur la côte méridionale du lac. L9 Collation de la Paroiffe
appartient , depuis plufîeurs fiecles , à la maifon de Her-
tenjlein , qui eft^ fans contredit, la plus ancienne & la plus
noble Maifon de Lucerne.
Gangoldfchweil y Hoe:(hdufern y &c. font des Hameaux
du Bailliage de Ryfch. ^
Le Château & la Seigneurie de i^^(7//a^ ouBuohnas^
avec le hameau de ce nom^ fur le lac de Zoug ^ apparce^
;4 TABLEAUX
noient prîmîtîvement aux Nobles de ce nom ; & à leu*
extinâion , dans le douzième fiecle ^ à la Maifon de J^^r*
tenjlein > qui en hérita par mariage , & qui jouit de cette
Seigneurie jufqu'après le milieu du dix-feptieme (iecle,
qu'elle tomba auffi par mariage dans la famille Patricienne
de Sch\veit':^r^^ Lucerne, dans laquelle elle fefta jufqu'en
1782 , que M, le Sénateur de Schivêiixer la vendit avec
fa baffe Jurifdiêlion à deux Bourgeois de Zoug, des
familles Landiving êC Bojfart , qui la poffedent par indi-
vis. Le Château (* ) de Buonaff 2mo\x, été embelli (bus
les derniers poffeffeurs. On y jouit d'une vue très-agréa-
ble ; il y a un grand vignoble dans fa proximité. La haute
JurijRliclion & le Militaire de cette Seigneurie , appartien*-
nent à la ville de Zoug. Les Nobles de Buochennas font
nommés dans les aâes de TAbbaye de Muri^ recueil*
lis (38) en 1 1 yo , par un Moine anonyme de ce Monas-
tère. Cet Ecrivain ait mention d'Immon de Buochen-
nas qui donna un terrein (itué à Waltra ^ ( aujourd'hui
J1^altraden{'i^)y hameau dans la paroifle àéMeyers-Cappel ^
& dans le Bailliage de Ryfch )^ pour la dot de fa fille
Hœ^cha , Religieufe à Mûri* Le même Immon Se Wald-
frid (on fils y font nommés avec plufieurs autres nobles ^
témoins de la fondation (40) du Couvent des Religieu**
( ♦) flanche, n^. loi.
()8) Ada Fundationis Murenfis, Edit. Koppian , p. 74-76.
(3P) Lcu , Aid. tofxi. XIX » p« i^6*
(40) Tfchttdii Chron. Helvetic. tom. I • p« i).
Harthroaniii , Annales Hereroi , Dei Paras Matris Monafterii , pag. iSS-
t^p.
Hcfrgottf Géûéalog. Habiborgtc. voL II, p. ij)- tj^.
DE LA SUISSE. ^y
fes à F are , (aujourd'hui FaAr) , dans le Comté de Ba-
de n , par le Baron Liutolf de Regenfperg ^ Judinta fa
femme y & Liutolf leur fils,
Meyers-Cappel^ village deParoiflTe, dont une partie
cft fituée dans le bailliage de Ryjch^ ficTautre dans celui
de Habsbourg , qui appartient à la ville de Luccrne. Mais
la collation de la Cure eil à la nomination de la ville de
Zoug.
III. Jf^atch'wtiL Ce petit Bailliage eft fitué fur la rive
orientale du Lac de Zoug y fur la frontière du canton
de Schveitz. Le village de Walchveil a une Eglife pa-
roifliale y dont la collation appartient à la ville de Zoug ^
& qui y avant Tan 1 48 3 ^ faifoit partie de la paroifTe de Zoug.
I V. Stelnkaufen. Autre petit Bailliage , qui prend fon
nom d'un village fitué entre Bar & Knonau > à une lieue
de Zoug. La Judicature criminelle jufqu auprès de TEglife
ParoiflTiale , appartient au canton de Zurich , ôc celle du
diflriâ inférieur^ à la ville de Zoug^ qui jouit en outre
de la baffe Jurifdidion & du port d'armes dans l'étendue
de tout le reffort de Stelnhaujen.
Outre ces quatre Bailliages y la ville de Zoug a y dans
la paroiffe de Cham y celui de Hu/ienbârg(^^o)i c'ell une
Communauté y dont le local cA entre le lac de Zoug &
la Ruffe > & où fe trouve l'Eglife de S. Wolfgang , défignée
à l'article de CAam , & un grand nombre de Fermes. Ses
habitans y qui peuvent monter à cent hommes j jouiffent
( 41 ) Leu , ibid. tom« X , p. }T0 - 5^% Sec.
5<î TABLEAUX
de privilèges confidérables , quiis fe font réfervés en
reconnoiffant la ville de Zoug pour leur Souverain. Ce
Traité fut fait en 14.15. Ils jouiffent encore du droit de
fiourgeoifie à Zoug fous certaines conditions y & ils ont
le droit d'élire tous les deux ans celui qu'ils veulent y dans
la bourgeoifie de Zoug , excepté le Landamne , pour
leur Baillif ^ & auquel ils prêtent le ferment de fidélité à
Fendroit dit Wart y près de Saint -Wolfgang. Ils avoient
acheté^ en 1414., tous les droits de leurs primitifs Sei-
gneurs y de la Maifon de Hunenberg, dontie Château ^
préfentement ruiné y étoit près de la RufTe.
ARTICLE Vni.
DE LA SUISSE.
ARTICLE VI 11/
Canton de Gl4R!s; de Religion mixte ^
Se Gouvernement Démocratique ; Ârtnes de
gueules I avec tim^ge de Samt^Fridolin ^ Pa-
tron du Canton 9 qui ejl un Pèlerin d'argent ^
ayant le bourdon d'or ^ ou ^ félon d'anciens
fceauXf de gueules, a un Bénédicîin de fable ^
tourné h droite^ ayant une iQngue barhe^ la tête
couverte d'une auréole d'ot^ tenant de la main
droite un bourdon d'or^ âO de la gauche un livre
i/'argent. . *
Xj e Canton de Claris (1) , en Italien Ciaro/m p Ôc eu
Allemand Glarai ou-G/aris j eft borné à l'orient en partie
par la Haute Ligue - Grife ^ & en partie par le Comté de
Sargana; au midi , partie par la même Ligue , & partie
par le Canton d'Uri : à Poccident , par le même Canton ^
XO Chrltlophe Trumpi^ Chronique du Cantoa deGUrisi Winterfihouf
1774 , m» I i*j!g» en Allemand.
Leu, Dia. HiS de ta Suiiïè, loin. VIU t P' ||f • T9r.
L'Etat Se les Délioes de là Sfiilfc , tom* II » p. 4ip-45z.
Faefi, Topog* de la Suiffe» fom. il , ^
Ticharner , DiéHoti, Geog* de h Sui*lv , ^m» i , p. ^44 -if^*
Fuefilin > Topog de la Suiifc 1 tom* II , p* 2,6 - 57, &a
Tome Jl« H^
6o TABLEAUX
terent d'autres cens & fervices qu'ils dévoient au même
Chapitre} & enfin en i $^47 ^ ils furent entièrement décla*
rés libres de toute redevance vis-à-vis de cette Abbaye.
On voit encore à Biiten les ruines d'une Chapelle dédiée
autrefois z Sainte -Catherine. Jufqu'en i d 1 1 ^ les habitans
exercèrent les devoirs de leur Religion , foit dans cette
Chapelle , foît à Nider-Umen ^ ( au Bas - Urnen )• Mais
cette année ils bâtirent une Eglife paroifTiale. Les exha-
laifons qui s'élèvent des marais voifms. > font très-nui*
iibles à la fanté : ces vapeurs ne le font pas moins aux
produQions de la terre. On appelle le Mont de Biiten ^
la montagne qui domine fur ce village. Le premier
Août 1725 Biiten fouffrit beaucoup dans fes prairies ^
d'un éboulement de terre ^ & de pièces de rochers qui tom^
berent de la montagne. M. Scheuch^er ^ de Zurich ^ a pu*
blié la defcrîption de cet événement. L'humidité de Tété
avoit infenfiblement détaché une partie de l'alpe voifine
en la perçant.
Entre le Bas - Biiten & la borne qui fait la limite du
Canton ^ près du grand chemin ^ eft le hameau Nufshiel
ou UfsbuhL Ses habitans jouiflent de quelques droits de
pacage dans le pays de la Marche , en la JurilHiftioii
de Reichenbourg au Canton de Schveitz.
Du Haut - Biiten i je paffe au Bas -Urnen ^ {Nider--
Urnen ) y village éloigné d une demi * lieue du Haut--
Urnen ; tous deux font fitués fur le grand chemin de Gla«
ris. Le Bas -Urnen y qui a fa ParoiiTe, eft prefque tout
Réformé. Mais \t Haut ^ Urnen eft entièrement Catholi-
que I & a pour Paroifle l'EgUfe de Neftls. Ces deux viUa^
DELA S U 1 S S E, 59
«n 1774, fiiîvant M. Tritmpi^ fou exaô Hiftorîén 5:4044
concitoyens Proteftans, & 488 Catholiques^ total 4532.
Je commencerai la Topographie en allant fur la Carte du
nord au midi.
Le quartier de Bilten , limitrophe de la Marche & du
Bailliage de Gafter ^ fe trouve dans les anciens titres Bot^
liten j & Am ^ MulUbach y c*eft-à-dire,' le diftriâ: dfc
MuUibach.
Ce quartier ^ qui eft tout entier de la Religion Réformée ^
contient deux villages , le Haut-Bilten où eft la Paroiife >
^ le Bas - Bilten. Cette Communauté y compofée de plus
de ^quatre cent compatriotes , forme une demi - Journée
avec deux Confeillers. Ce diftiiâ eft fertile en arbres
firuitiers & en pâturages > maison ne le regarde pas com^
me fain. Le nombre des habitant à beaucoup diminué dané
le cours de ce fiecle. On trouve (ians ce diftriâ un torrent
très- impétueux j nommé le MuUibach y c*eft - à - dire /^
^ruijjeau du moulin y qui a fait de cruels ravages en 1730
&! 1744. Bilten relevoit anciennement pour le civil du
Bailliage de Gafter > qui appartient aujourd'hui par indi-^
vis aux deux Cantons de Sch^eitz 6t de Glaris > & pour
le fpirituel > au Chapitre de Schennis y qui jouiflbit en
même -temps de quelques droits dans les deux village?;
Mais en 1588 ils fe féparerent de ceux de Gafter^ ôc
s'immatriculèrent <ian9 la Bourgéoifiè de Claris* En 1413
TAbbelTe de Schennis, Adélaïde éit Schwandegg y leur
vendit les cens fonciers, que fon Chapitre poiTédoit à
Bilten & à.Mullibach ,.danr trois fermes : peu de temps
avant; le changemeilt de Religiûri ,^ lbs> Kabitan; ferache^
H 2
6^ TABLEAUX
en 1744. Tout près^ fous ce pont, fe joint 4 la Lint la
rivière de Mag ou See^^^ qui fort du lac de Wallcnftatt,
Depuis ce pont , on voit une grande plaine qui s*étend
du Bas - Urnen à Bilttn. Les inondations fréquentes de la
Lira en ont détruit tous les pâturages , ôc leur ont fubf*
citué un terrein où il ne croît que des joncs & de la litière
pour les chevaux.
Entre le Haut & le Bas Urnen^ il y a une peinte de
montagne qui s'avance dans le pays ; on y voit les ruines
du Château Umen y anciennement dit Horn ou la Corne.
Ce Château, qui avoit une enceinte, dépendoit de TAb-
befle de Seckingen , Dame primitive du Canton de Glarîs,
L'Abbeffe y entietenoit un Baillif. En partant du Haut^
Umen , on pafTe par la plaine de la Rend ; on trouve*
là les lignes qui fervoient de retranchement aux anciens
Glaronois contre les oppreffeurs de leur liberté. Ceft - là
où, en 13^2, ils battirent le Gouverneur Autrichien
le Baron de Stradion & toute fa troupe, compofée de No-
bles. Il y a du UaiLt - Umen à Nefels , une deminJieue de
chemin,
Nefels ( * ) , Nevels , en Latin Navalia^ doit fon nom
primitif au mot Navis^ bateau. Ceft un Bourg bien bâti,
arrofé ôc entouré de ruifleaux poilTonneux. On y voie
beaucoup de canaux , de belles fontaines & des rues , qui
ne feroient pas déshonneur à une ville. On y trouve beau-
coup de maifons remarquables au dedans & auprès duBourg«
4.
.^
PL h»
DE LA SUISSE. 63
Nefels eft fitué dans la proximité d'une montagne efcar-
pée, derrière laquelle on trouve le petit lac dît Nider-Sée^
c'eft -à-dire, le lac inférieur ; la petite rivière qui en fort
fe nomme la Reuti. Elle coule tout auprès de Nefels, &
a fouvent caufé de grands dommages à ce Bourg par des
inondations. Derrière ce Bourg , fur les alpes , il y a un
autre petit lac qu'on nomme le lac fupérieur j ( der ober-^
fée y ) mais auquel on ne connoît pas d'iffue.
Nefels , fitué dans un fond , eft expofé aux inondations
de la Lint : ce bourg en fouflFrit de cruelles en 1725,
i7(Ja & 1754.
Tout Nefels eft Catholique , il contient près dé treize cens
âmes. En 1675 ^^s habitans y bâtirent, fur une petite colline
voifinc » un Couvent de Capucins. Ce Couvent (3) a,
dans la coupe de fon affiette , Tair d'une citadelle. On le
nomme le bourg de Marie , Marien-burg. Hors de Nefels
eft un bâtiment qu'on appelle Palla/ly le Palais, & qui
appartient à la noble famille de Freuler. Il fut bâti avant
le milieu du dernier fiecle par Cafpar Freuler {^^) , Colo-
nel du Régiment des Gardes Suiffes en France , héritier
de fon grand- père Cafpard Gallatin (y), qui avoît été le
premier Colonel de ce Régiment. Ces deux Chefs ont fait
grand honneur à la Nation Suiffé. On peut voir le détail
de leurs fervices fîgnalés dans THiftoire Militaire des Suif»
< ) .). 11 / a dans ce Couvent une meçvriBeiife machine hydfilultque poor
cicver feau , 8c la conduire dans les fontaines ; elle mérite d'être vue.
(4) Mort à Paris en 17 ji. V^yt\ fon portait , Phncke , n**. 166.
(;} Mort à Paris en Juillet 16x9. V^i/ei fon portrait» Planche ^n^. ié6.
54 TABLEAUX
fes au fervîce de France > écrite par M. le Baron de Zur^
Laiiben. Il y a dans ce bâtiment dit le Palais des Freuler ,
une falle où Ton voit les portraits des Capitaines du Régb-
menc des Gardes SuifTes avec leur Colonel Cafpar Freu'-
1er : ce digne Chef > qui fe regardoît comme leur père ,
vouloit avoir la fatisfaâion d'être peint à la tête de Çts
enfans. Sentiment gjénéreux ^ qui retrace l'ancien efprit des
Militaires Suifles.
En 158P ) les habitans bâtirent dans le Bourg une Cha*
pelle en mémoire de la bataille ( * ) de Nefels , où les
Glaronois remportèrent ,^le jeudi p Avril 1388, une vic-
toire complette fur les Autrichiens. Cette bataille eft Tun
des plus mémorables évenemens dans les annales Helvé^
tiques , & dont je regrette que les bornes de cet Ouvra^
ge ne me permettent pas de donner ici la defcription,
DèsTan 13P5 les Glaronois inflituerent une fête annuelle
que Ton appelle encore aujourd'hui la procejffion de Nefels^
Tous les ans le fécond jeudi d'Avril y cette proceflion y à
laquelle aififtoient les habitans les plus notables du Qto»
ton y alloit rendre à Dieu fes aâions de grâce fur la place
même où s'étoît donnée la bataille. Cette proceflion votive
& folemnelle ^ continue encore ; mais depuis i^25 ^ elle
a été transférée au premier jeudi 4' Avril. Les Réformés
ontceflé de la fréquenter depuis 16$ s. liscroiçnt mieux
fêter ce grand jour ^ en le paflant en jeûnes dans leurs
maifons , fie en prières dans leurs temples : les uns fie les
autres le fan£^ifient par la piété envers TEtre Suprême
l^) Planche ^i^.iyi.
DE LA SUISSE. 6^
& envers la Patrie. Jufqu au changement de Religion ,
JVefeis étoit de la paroiffe de Mollis. Mais à cette épo-
que, le Baîllif Fridolin {6) Tolder y zélé Catholique,
n'épargna ni peines ni dépenfes pour faire ériger la Cha-
pelle ^e Nefels en Paroiffe. Il étoit encore refté quelques
Réformés dans ce Bourg. Ils alloient entendre la prédica--
tion à Mollis y qui étoit devenu tout Proteftant. Mais
quand ils virent TérefUon de la nouvelle Paroiffe , ils
quittèrent infenfiblement Nefels.
L'Hiftoire rapporte qu'après la bataille de Nefels , en
1388 , les parens des Barons & Chevaliers qui y avoient
été tués, offrirent de bâtir dans ce Bourg un Couvent
pour le falut de leurs âmes , mais que les Glaronois ne vou-
lurent pas fe prêter à leurs offres. Entr'autres motifs de leur
refus, ils prévirent que s'ils acquiefçoient à la demande,
les biens les plus folides du pays tomberoient, avec le
temps , dans des mains mortes.
A Nefels il y a deux chemins par Claris. Tous deux
conduifent à Nettjlal ^ Vun à droite & l'autre à gauche*
Celui-ci va à Mollis j qui eft au-delà de la Xi/z/, rivière
qu'on paffe fur un pont près de Nefels. Il y a à Mollis
un chemin qui mené à Briefchen & à W^efen. La Paroiffe
de Mollis efl très -peuplée* On y voit beaucoup de mai*
fons bien bâties > mais la plupart difperfées* Il n'y a pas dé
rues régulières. Le village de Beglingen efl voifin de Mol*
lis.' On y obferve encore des reftes conGdérables du re-
(6) Tôlier avoit été , en i u i » Baillif des Offices libres de TArgeu. Il aida »
en 1531» ^ conclure la paix entre Berne & les cinq prenûers Cantons Qh
tholîques. Vo/ei Leu , tom. XVIII , ?• » 57/
Tome X. I
66 TABLEAUX .
tranchement que les Glaronois avoient élevé pour fermer
rentrée de leur pays aux ennemis. Ceft un mur très-ex-
hauffé & fort épais. Begligen eft fitué fur une hauteur
agréable y & fur le chemin qui va à Kiren^n. Ses habitans
font de la paroifTe de Mollis. L'Eglife de Mollis a été
fondée en 1283. Les -Glaronois , tués à la bataille de
Nefels , furent enterrés dans le cimetière de cette Pa-
roifTe. L'ancienne Eglife a été rebâtie à neuf en 1725:
c'eft un beau Temple. Les familles de Zwicki & Schind-
1er ont fait de beaux legs pour le fervice de cette Eglife.
Tout près du bourg de Mollis , fur une hauteur qui ré-
pond précîfément à celle de Nefels > fur laquelle eft bâti
le Couvent des Capucins , on trouve une belle maifon qui
a Tair d*un Château : plus bas > à l'endroit dit An-der-Hal-^
deriy il y a* un petit vignoble. On jouir dans ces deux en-
droits d'une vue agréable fur toute la baffe vallée du can-
ton. Au pied àfi la hauteur efl une fource fulfureufe, qui
a été prefque entièrement détruite par la chute d'un tor-
rent, Ceft le bain de Mollis. La Communauté de ce nom
peut contenir près de i y 00 perfonnes. Tout près de Nefels ,
en i75j ^ on déterra environ deux cens Médailles Romai-
nes y la plupart de cuivre. Elles écoient des Empereurs
Tibère , Dece , GalUeriy &c. Mollis eft le lieu de la naif-
fance du célèbre Poëte & Hiftorien Henri Lorit dit Gla--
reanus y qui mourut (7) le 28 Mai ijtîj , âgé de 75 ans,
(7) On lit fon Epîtaphe dans le Recueil de Chyvatut , qui -a pour titre :
Variorum in tûropa itiaerum déllcia ^ fêu ^ ex vuriis mar.ufcrïptis feleâorum tan*
tuminjcriptinum maxime recentïum Monumenta. Herborna Najfmorium iS9i'j
DE LA SUISSE, 6j
à Frîbourg en Brîfgau , où il étoit Profefleur. Glarean ,
malgré toutes fes liaifons avec les favans Réformés de la
Suifle & de TAUemagne y eft mort Catholique. Son tom-
beau eft à Fribourg dans la grande Eglife. L'Univerfité
lui fit élever une Epîtaphe en reconnoiffance de tous les
fervices qu'il lui avoir rendus.
Je continue ma route par Claris. J'arrive de Mollis à
NettJlaL Ce village eft confidérable. La plus grande par-
tie de fes habitans font Réformés. On y trouve deux Egli-
ït^y Tune pour les Catholiques, & l'autre pour les Ré-
formés; une maifon du Confeil pour les Catholiques &
une Papeterie. Autrefois PEglife réformée de Nettjlal
dépendoit de laparoifTe de Claris. Mais depuis i5p8 ella
en eft fépafée.
L'Eglife des Catholiques a été dédiée en 1708; elle
eft du reffort de TEglife Catholique de Claris.
Au-deffus de Nettjlal ^ derrière le village, coule la
Loentfche , rivière rapide qui eft fouvent dangereufe : elle
fort du lac de Kloenthal^ qui eft<ians la vallée de ce nom,
& s'allonge entre les montagnes de TP^iggis & de Clar-^
nifch y vers la vallée de Muttenthal , qui eft du Canton
de Schweitz. La Loentsche , par fes débordemens , caufa
les plus grands dégâts au village de Nettjlal en 17^2 6c
1754. On a fouvent penfé à bâtir au-delà de la Lint : la
fituation àf Nettjlal eft hideufe.Un étranger ne peut voir
qu'en frémiffant les rocs voillns du mont f^iggis , chenui
& efcarpés , qui font entaffés les uns fur les autres.
En quittant Nettjlal pour aller à Claris , on paffe fur
un pont la Loentsche^ qui fe jette dans la Lint tout au-
I 2
68 TABLEAUX
près de cet endroit. Plus loin on voit fur la Lint £c ea*
de^à y le hameau de Lu':^gen.
Me voici à Claris , bourg (*) principal & la Capitale
du Canton. Il eil éloigné de I^ enflai d'une demi-lieue^
& près de la Lint. M. de Bochat ( 8 )^ ingénieux en éty «
mologie , fait dériver ce nom , qui eft Glarus en Allemand y
& Clams dans Tancien idiome des Francs y de deux mots
Celtiques , Glaer^ qui vouloit dire bleu-pers , & ona , eau^
Glaer défignoît la couleur des montagnes de ce pays où
Tardoife abonde, & ona y une eau , pour marquer qu'il
paflbit entre ces montagnes une eau , la rivière de Lint.
M. de Bochat ajoute , que fi on aime mieux trouver la
première fyllabe de ce nom dans le mot Celtique claer^
qui fignifioit clair ^ brillant y les neiges dont ces monta-
gnes font couvertes la plus grande partie de Tannée y ex-
pliquent cette dénomination. La montagne voifine de Cla-
ris , Glarnitfch ou Glaernitjch , peut auffi avoir donné
le nom au bourg»
. J*ai parlé à l'article du Gouvernement du Canton de
Claris , d'un a£te daté du 6 Mai loy ? , où l'on trouve la
détermination des limites entre les habîtans à'Uriy nom-
més Cives Uraniœ , & leurs concitoyens de Glaris , concla-
ves Clarona. Le pays de Glaris dépendoit alors du Mo-
nafîère de Seckingen , qui eft nommé dans la Charte y te
Monaflere de Sainte Hilaire , parce qull avoit été fondé
dans le fixieme fiecle y par S. Fridolin , à Fhonneur de
(•) Planche y n^ii^.
(8) Mémoires fur rHiiloire ancienne de fa Sniflê , tom. III t p. i iS ttfimi^
DE LA SUISSE. 6^
S. Hilaire , Evêqucdc Poitiers. Dom Herrgou (p) a publié
un aâe du i; Septembre 1x96 ^ 6ix\t% habitans du pays
font nommés Glaranenfes , & ce titre eft daté de Claris ^
datum apiid Claronam.
En approchant de Glaris , foit par le midi foit par le nord ^
les étrangers ne peuvent gueres le découvrir : le bourg eft
prefque caché dans une fituation profonde. Au refte ce
bourg ^ que Pon a comparé à une Ville , & que M. Trumpi ,
Glaronois 9 appelle Urbium amulus vicus ^ le Village
qui tâche cCiégaler les Villes ^ eft affez bien bâti, La grande
rue eft belle & ornée de fontaines. Au centre du Bourg
eft l'Hôtel duConCeil: c'eft un bâtiment aflez remarqua*
ble^ & qui a en face une place plantée de tilleuls. L'Hô-
pital du Bourg a des revenus aflez confidérables. La plu-
part des maifons font couvertes de grofles tuiles de bois
ou de lattes. M. Trumpi dit que cet afpeâ paroit ûngu-*
lier à tous les étrangers. Près du Bourg on voit de bonnes
fabriques de toiles. Il y a dans Glaris un grand nombre
de boutiques de Marchands. Ce bourg eft depuis 14 19
le local fixe où s'aflemble le Confeil général du Canton.
C'eft le quartier le plus peuplé du Canton ; il comprend
auffi le village àtRiederen, limitrophe du V/al de Kloen-:
thaï. Les Catholiques font à peu -près la feptieme partie
des habitans. Les uns ôc les autres vivent paiftblement en*
femble^ 6c exercent leur culte tour à tour dans une même
Eglife y je veux dire oans l'ancienne Eglife paroiffialej
qui eft fpacieufe. On y voit deux orgues ^ Tune pour les
{9) GeneaU UalsburgiciB^ vol. II » p. xo$.
'fè T A B L ^E j4 è^ J^" ^^
Catholiques, & Fautre pour les RéFotmés. Le bâtiment
eft en lul-ihênie ttiftè , à caufe du trop grand nombre de
vôûteà &rde cclonhes. Le cîriietîerè eft eti commun "pour
les deux Religions. -v\,/-.v,
Les R^fôfrilés ont une Bibliothiéque dans leur JGoflëge
particulier* C*èfl-Ià oîi eft auflî le dépôt de Iteurs archivés.
L'aflemblee générale du peuple fe tient tout près du Bbiirg.
Au-delà de la Lint , vis-à-viis de Claris \ Véleve leîitont
S^liUt^ Ses revers de rochers tout nus, ne font pas MA
àfpefl bien agtéable. Tout près du Bourg eft une*fôùrcé?
d*eau afTez abondante pour fournir les fontaines publiques,'
& un grand nombre d'autres dans les maifons parnéuliererf
& pour la tannerie. » ' -"' ^ ' '*
Jufqu'en \7.6\^ i^lËglitë'àéGiaris étoît la feule Psiroîflfe'
du pays. Les' CatBàlftjues q[uî fe trouvent àf^y^///?^/, à En^.
neda^ & à Mitloedi , dépendent encore de cette Pafôîffe.*
Il exifte fur une hauteur que l'on appelle le Bourg ou lé
Château y au bas du Bourg de (J/^W^/ unis Chapelle dé-^
di^eâS. Michel^ qui a été' fplendidement tehouveilée èit
1752. La Tradition porte que les ancieris Seigneurs du
pays réfidoient dans ce Château du temps de S.Fridolin^
qui prêcha l'Evangile aux Glaronois, vers la' fin' du-
cinquième fieclé% ou dans lefuîvant, « qui eft encore
révéré comme le Patron du Canton. Autrefois on înbntroît
fur cette hauteur, fous une roche creufe , dans uhe pierre
détachée, des marques de doigts, en difant que c*étoîent
ceux qu'y avoient empreints S. Télix & fa fœur Sainte
Régule , lorfqu'ils s'étoient cachés dans cette caverne ,
après qu'ils eurent échappés au maffacre de la Légion Thé-
héennt , au commenceïnent du quatrième ficelé, pendattc
L_ \
D E L A S U 1 & SE. 21 \
la perfécutîon* de Maximien \ leur.légende porte qu'ils. fq \
fauverent du Vallais par le mont de la l^qwryte^^.au pays "i
de Claris , Glarona^ avant que de pafler à;^«^/VA>. 9V^ l
ils furent marcyrifés* Mais aujourd'hui des,, ISfatiwaUjlç8
ne reconnoiffent , dans ces marques de doigts, qjLip d^ç ^
gouttes de rochers, à^% fialaàites ^ tels qu^4>P.en |i?ouve
dans beaucoup • de cavernes & cw'fouteçraîns. En \i6%
cette caverne a été comblée par la chute du rocher. Mais i
Ton en a retiré depuis det açicien monument :^on Ta:în-T
crufté dans le -mur de là holjvielle Chapelle.
Au-delà de la Zi/w , vis^à-vis du bourg de .Glaris |
eft celui d'£/2/ztfc/^ , au pied du mont Schiit^ia quifQrme
un quartier du canton avec le village Ennei^ue/.Vi^Cqim
tout Enneda>e&: RéFoxmé. On pafle de Glaris;la.Lint fm
deux' pont^> Tun conduit à £/i/x^^a, ^ TauOf^^ Ennet^ \
bueL Entre Giajfrs ôc'Enneda> ilr y a une allée plantée de
beaux arbres fruitiers , qui fert de promenade publique. \
Ceft à :i?/Me^a.t][u^on a commencé la fabrique des tables
d'ardoife. IL demeure ici bien des Comràerçaqs.^ qui cranf*
portent . leurs: mardiandifes à Vienne, à.Pçterabourg ^ en
Hollande & en Allemagne.
Je vais continuer ma route de Claris à MitloedU Cette
Paroiûe, distante de la Capitale, du. Cant0Q> ^'une^f^oû-
iieue, compofeun des quardef&durGouveraement.àvec '
Sool Ôc s5'c/iii^^Wi.:Prefqùe.taus fes'habitans^ibxit Héfop»
més. Mitloedi eft un ag|[éib le village; les.Réfonnés.y
ont conftruit une Eglife particulière en. 1725 ,fic ils Tout
réparée de la dépendance de la Faroifle de Glaris. Le
-village, de Sool eft fur une hauteur efcarpée , mais pleioe
74 TABLEAUX
attachement caufa fon malheur. Albert , qui était Yavoué
du pays de Glaris j au nom de l'ÂbbeATe de Seckingen ,
chaflTa en lap^Burcard^ ruhia Tes Châteaux deSch^an^
den & de Sola ^ 6c confîrqua tous Tes biens» L'infortuné
Baron étoît cher aux Glaronoîs ; il avoit gagné leur affec-
tion par fa douceur & par les revers qu'il fouffroit. Privé
de fon patrimoine , il entra dans Tordre des Chevaliers de
Saint -Jean de Jérufalem, devint fucceffivement Com-
mandeur de Ciingnaa èc de Buchfée ^ & fe diftingua par
fa valeur en 1 5 lo à la prife de Rhodes ; il mourut en cette
ville 9 étant le dernier de fon nom. Les Hifloriens (15)
de la SuifTe en font un grand éloge. Il avoit été élevé à
la dignité de Grand * Maître de fon Ordre en Allemagne.
La Communauté de Schwanden efl la plus peuplée du
Canton après celle de Glaris. La Chapelle de Schwanden
fut un temps une filiale de la paroiffe de Glaris. Mais en
1340 elle devint Paroiffe. Elle comprenoit dans fon cir-
cuit les villages de Thon ou Im-Tham y Haslen ^ Loekel--
bac h y Boemingen y Obfurty Nitfurt y Uffen-Schevvtndi^
Luchfingen y & Zufingen. En 1725: Luchfingeriy avec une
partie de Leugelbach fut érigé en une Paroiffe diftin£le.
Schwanden embraffa la nouvelle Réforme prefque dès fon
(<3) AegidiiTA^Iiudii, Chron* Helvetic* tom. I> p. ixo. Hartmannust
ihiL p. 304 , &c« On trouve auf& dans la lifte des Grands-Maîtres de l'Ordre
Teutonique , depuis 1283 jufqu'en iipo , Burcard de Schwanden ou de
Schwenden , qui mourut dans Ille de Rhodes % & qui 9 quelques années au-
paravant > avoit abdiqué le MagifUre » pour fe faire Chevalier de i*Ordre
de S. Jean. Voyei VArt de vérifier les dates , p. po8 y dernière Edition , fit '*ctrî'
dtDuihurgy Chronicon Prufli«, p. 2^7-298. Jenœ i^7P9 MM?*^* Cum
Notis Chriftophori Hartknoch. ' '
D K L A S U I S S E, jy
ton de Glarîs (lo) , conjeÛure que Schwanden^ ancienne-
ment Suanden y en latin Suanda^ doit Ton nom primitif à
un peuple voifîn des Alpes Rhétiques , Suanetes ^ dont
parle F Une (ii). Peut-être tout le pays a-t-il porté le
même nom pendant de longs fiecles, jufqu*à ce que
Schwanden , leur chef -lieu ^ ayant perdu fon luftre , &
Claris étant devenu plus confîdérable , ce dernier local
donna (în nom à toute la contréç.
Au bas du bourg de Schwanden on voit encpre des
veftigés du Château de Bren:^ngeny qui relevoit de TAb-
baye de Seckingen. Cétoit la réfîdence des anciens Barons
de Schwanden , célèbres dans THiftoire helvétique. Trois
de ce nom furent Abbés ^Einjidlen ( 12) , Anfelme en
1253 , Pierre en 1277 , & Jean en I2p8. Burcardy frère
de ce dernier y àc Ris du Chevalier Henri y Baron de
Schwanden y avoit été très - attaché à Adol de Naflau ,
Roi des Romains , contre Albert y Duc d'Autriche. Son
(10} Pag. I. Vqye\ auffi. 'Bochat , Mém. fur THiftoire ancienne de la
Suiflè^ t. m , pag. 335-337* ^u> Di^* Hiûor. de la Suiflet t* XVII»
p. J^6^ &c*
(il) Hifi. Nat. L. /7f, c. 10. Le Trophée des Alpet place les Suaneter
entre les Rugitfci &c les Ctdlucones^ c'efi- à-dire» entre les habitans du Rhein-
thaï 8c ceux de la Souabe. Ptolemée (Cofmog^ lih. IL) les nomme les Suanitœ^
& leur donne à peu - près les mêines voilins , les Rigujcœ Se les CaUucones.
Tfchoudi f dans (a GalliaCcmv/iata^ p. r68, les fixoit en Souabe $ dans rAr«-
geu ou dans la proximité du lac de Confiance ; c*étoit âuiE l'opinion de
SMiT ( àe Alpibus )• D'autres les nommoient Sarunetes , habitans du Comté
de Sargans. Quelques-uns même les tiansféroient dans la Valteline. Mais
GmUhnann , (^diRtbus Helvet. lib. III t cap» VI.) les pla$oit dans le Canton
de Giaris dans ks environs du village de Schwanden:
ivx) Heitmaxmi » Annales Heremi Dei par» Matris Monafterii , p. 240?
%S6 , 1^1 - 264 » 8c 1x4» }<^4*
Tome X K
7^ TABLEAUX
eh partie dans la paroifTe de Luchfîngen ^ ôc en partie dans
celle de Bettfchwand.
Partant de Hefigen pour aller à Bettfchwand , le long
de laLint, fur la gauche en remontant, je trouve Dies;-
bach. Entre ce village qui eft affez joli , & celui de Dorn-^
haus , defcend de la montagne Timpétueux torrent de^
X>Le/lkal j qui fe jette dans la Lint. Ce torrent fort de
trois petite lacs , & forme en defcendanç , dans fa grandç
chute par- defTus des rcjchers , un arc - en - cieL
Me voici au village de Bettfchwand y qui eft tout Ré--
formé. La Paroiife de ce nom comprend auflî les villages
de Hajlen , He/lge/i , Diesbach , & le gros village de
JRutL II y a de Schwanden à Bettfch^c'jipd , une grande
lieue de chemin.
 Rntl ou Rmti ^ qui eft à un quart de lieue derrière
Bettfchwaad ^ il y a un pont fur la Lint, Au-delà de cetti^
rivière, depuis Adlerùmch juCquk £/2/iei-Li/it ^ il n'y a
point dé village. La Carte de M. Trumpi y marque le
hameau Marchlen.
En allant dei?^r//ipour arriver au village de Matt y qui
eft fur la gauche de la Lint, on pafTe le Torrent de Dur^
nagelbach , qui change fouvent de lit , & fait un bruit
horrible dans fa courfe.
Matt eft avec le village Im-Dorffi de Religion mixte :
il peut y avoir dix familles Catholiques ; elles y ont une
Eglife paroiffiale dont le clocher s'appcrçoit de fort loin ►
on m'a parlé d'un étranger , Curé catholique de Matt ou
à\x Li/iiAa/ y qui pendant fîx mois qu'il deflervoit cette
Eglife, n'avoit nibaptifé ni enterré perfonne. On ne put
me dire fi durant ce temps il bénit quelque Mariage. Màîs^
DELA SUISSE, 77
îl eft certain que le manque de j:afuel, pour fubfiftance,
Tobligea de réfigner la Cure , & de s*en retourner dans
le Canton dont il étoît natif.
Le diflrid, à\t Ennet ^ Linthy au-delà delaLîntj a
des maifons éparfes, & il a fouiTert beaucoup avec.le
village dô Linthal y des débordemens de Ta Lint en
1725, en 1752 & 17^4. Ennet-Lintk n'a pas été encore
entièrement rétabli de fon défaftte. On y voit une Fglife
paroiffiale. C*eft la paroiffe Réformée de la communauté
du Linthal ou Val de la Lint y qui eft compofée de neuf
cens perfonnes ; elle fut fondée en 1283.
Le village de Linthal t^ bâti vis-à-vis du diftrîât En-'
net'Linth : un pont fur la Lint les fépare. En 1531, aprè?
la bataille de Cappely où les cinq Cantons catholiques bat;
tirent les Zurichois, il avoît été ftîpulé que la Meffe feroit
rétablie dans le Linthal. Cette condition de la paix fuç
obfervée y & les Réformés du Li/ithal allèrent au Prêcha
à Bettfchwand. Mais en 1J34., la pefte ayant enlevé le
Curé de Linthal y Fridolin Brunnery Miniftre de Bettf
chwand y fut apgpUé au Linthal, par les habitans eux-
mêmes; & ïtz fermons leur plurent tant, qu^ils rétabli-
rent Texercice de la nouvelle Réforme.
Brunner eue pour fucceffeur , dans les paroiiTes de
Bettfchwand & d^ Linthal ua Bodmery de Zurich ; celui •
ci eut Timprudence de prêcher vivement contre la Reli-
gion catholique î ce q%aigrit fi fort ceux du Linthal qui
étoient reftés Catholiques , qu'ils redemandèrent un Prè*
tj:e aux cinq Cantons catholiques^ & fur les menaces de
ces Etats , il fut arrêté en 1 jy5, dans une aflemblée géné-
rale du Canton de Glarts , que la Meflfe (eroit rétablie
jZ TABLEAUX
dans TEglife de LinthaL Alors les Réformés de cet en-
droit 9 furent de nouveau obligés d'aller au Prêche à
Bett/chwand. Depuis Linthal s*étend , pendant une forte
lieue y une chaîne exhauITée de pâturages , que Ton appelle
Au'guter y & où Ton trouve plufieurs maifons. De-là on
arrive par une belle forêt au fameux pont de PxintefL{i^)^
(po/zs Fendens ) , qui eft à une lieue & demie de Linthal.
Ce pont eft voûté en pierre de roc, & attaché aux
deux côtés du rocher* En voici la defcription d'après
Schench^er (i y); (on en voit la gravure dar^la Topogra-
phie de la Suifle par Herrlibergen ). Un Ârchiteâe pourra
apprendre , en voyant la ftruâurc de ce pont merveilleux ,
comment il doit attacher des ponts dans des fituations auffi
élevées & auflî fauvages , & comment il doit les étendre
d'un endroit à l'autre. Un Peintre de payfages, qui ira vifî*
ter ce local , ne regrettera point fon temps ni fes peines;
il verra ici une perfpedive qu'il ne trouvera peut-être pas
dans tout le refte de la Suifle > excepté aux eaux minéra-
les de Pfifers ^ entre la fource flc le bâtiment des bains»
Sur le pont de F amen ^ on découvre une profondeur
perpendiculaire de quelques cent pieds y & également au*
deflus, vers le midi^ qu'au -deflbus du côté du nord | un
ifTreux abyme de rochers , qui peu à peu s'obfcurcit par 1^
défaut de jour. On y apperçoit Tousses rochers le torrent
die Sand-bach ^ ou le Kuijftau de pojjicrc , qui mugit fie
(14) Kn ilUiMad » Avfffu^cè , oo Pmiiteninick. Voyez Lea » tome H »
r« lo.
(If) HiA. N«tur. df U Suid«> tome II» Scâ. 76.
DE LA SUISSE. 79
écume dans une profondeur effroyable ^ & qui eft cepen-
dant la fource principale de la Lint. Tout cet afpedl , depuis
une (î grande élévation , dans un pareil abyme, fait frémir
Tccil de Phomme le plus intrépide. Il ne faut pas aufli
oublier ici les deux chûtes d'eau admirables qu'on- voie
encore derrière Linthal ^ Tune du Fttjchbach ^ & Tautre
\du Schraen ou du Tlfsmaitbach , autrement le ruifleau de
Tijfmatt.
Après avoir fatisfait ma curiofité fur la grande vallée de
la Lint , je vais retourner fur mes pas à Schwanden , pour
aller vifiter 4'autre vallée moins confidérable^ qui eft fépa-
rée de celle de la Lint par la chaîne du Treiberg ou de la
Montagne franche. La vallée de Sernft eft étroite ; le
chemin qui y conduit fur la gauche de la Sernft , après
avoir paffé cette rivière fur un pont en fortant de Sch van-
den , pour aller du côté de Sool , n'eft pas merveilleux.
M. Trumpi difire ^ dans fa Relation y que fes compatriotes
ouvrent y entre le val de Sernft & la grande vallée du Caa*
ton^ une plus grande comÉianication. Ce travail feroit
d'autant plus néceflaîre ^ que plus du tiers des alpes des
Glaronois eft ||||cé dans le voifinage 6c les montagnes
de la petite vallée.
Le Miniftre /iTo^r marque ^ fur fa Carte da canton de
Glaris^ que tout le val de la Sernft ne voit pas le foleal
pendant fix (emaines de Thiver. Mais M. Trumpi ^ Glaro-
nois j lui reproche ici fon inexaâitude. Les deux premiers
villages à*Engi & de Matty qu'on trouve en y montant >
voient le foleîl toute Tannée. Et à l'égard à^Eim, qui eft
plus haut y le foleil ne s'y montre dans Thiver (îir Thori**
8ô TA B L E A U X
fon, que quatre, cinq, ou fix femaines. Cela dépend du
local des maifons. Les montagnes voifines au midi cachent
le foleil.
Le chemin par le val de Sernft eft pénible ; on peut
néanmoins le faire à cheval. La longueur de la vallée , qui
eft entièrement habitée par les Reformés , a trois lieues.
En général elle eft fertile & pour Thomme & pour les
beftiaux. On entre dans la vallée par une forêt obfcure 6c,
longue de près d'une lieue, & capable d'écarter le voya*
geur« Cette forêt eft aflife fur une montagne étroite , au bas
de laquelle on entend le mugiflement de la Sernft.
On s'avance enfuite au village à'Engi. En 17^2 ce vil-
lage a beaucoup foufFert des débordemens de la Sernft y du
torrent qui defcend de l'alpe de Mulli , & de Téboule-
ment de terre & de pierres qui tombèrent de Talpe Fit^
tern.
Il y a deux grandes lieues pour aller du boui^ de Schwanr
den au village de Matt , le fecond du val de la Sernft y &
le premier après celui à^Ert^, dont il eft éloigné d'une
(femi - lieue. L'Eglife paroiflîale de Matt pafle pour la plus
ancienne du Canton après celle de Glar^ Elle fut bâtie
en 1261. On Ta beaucoup renouvellée en ij6i. Cette
paroifle comprend MattScEngiy & elle contient environ
jhille âmes. Le village de Matt s'étend, depuis rEglile
jufqu'au torrent impétueux dit la Kraiichtal^baçh ou le
Krauchbach y qui fît tant de dégâts en 1752.. Il y aplu-
fleurs maifons épaxfes à une lieue fur la hauteur dans ce
qu'on appelle les Montagnes - blanches y ( in den Jf^eijfen
3irr^^M).i Elles font habitées toute Tannée.
Entre
DE LA SUISSE,
^t
Entre Matt fie Engl ^ on voit les ma fûtes de l'ancien
Couvent des Religieufes dîtes in-denrAuwen j ( en latin
in Augiîs). On ne fait ni le temps de fa fondation , ni
celui de fa deftruclion. On fait feulement par tradition que
la prairie dite du Cloure ^ ( in den Klqfterea) ^ lui doit fon
nom j & que PAlpe dite ReiJJeie/i ^ eft exempte de toute cor-
vée de chemin SC de haie. On raporte encore que TEglife
de Man tient de ce Couvent fes principaux revenus.
Entre £*^/ fie Man ^ dans les montagnes qui forment au
midi le Freiéergy fur la droite de la Sernft en remontant ,
eft le mont des Ardoifes , dit Biatienèerg. On y exploite
depuis cent foixante ans une carrière d'ardoife: il s'en fait
un grand tranfport hors du pays. Le bâtiment de la Chan-
cellerie à Merspourg^ près Confiance^ en eft couvert. C'eft
un travail très-pénibJe que celui de cette carrière. La mine
eft à une demi -lieue de TEglife de Matt. La couche des
ardoifes penche vers le midi; on les fend avec le mordant
du fer ^ & elles fe féparent aifément en minces feuilles. De
deux feuilles couchées Tune fur Tautre ^ la plus haute eft
la plus ferme 6c la plus dure; celle d*en-bas eft plus
groiïïere 6c plus caftante. On trouve les pétrifications dans
la partie fupérieure | 6c leur empreinte dans la partie infe'-
rieure.
M, Trumpi cite ici Fopînion d'un des plus fameux Na-
turaliftes de nos jours ^ M. le Chanoine Gejfner^ de Zurich,
Cet illuftre Savant croit que les pétrifications qu'on trouve
dans les montagnes du canton de Glatis , font en général
des productions des mers des Indes ^ à rexceptîon feule-
ment des pétrifications du Biatteni^erg^ qui paroiffent tirer
leur origine de la mer Méditerranéet La carrière de Biat*
Tome X, L
82 TABLEAUX
$enèerg eft inépuifabk. On croit que celle qui eft piès da
torrent de DieJftAal j £o\xs les monts dits Ekbergen, àaxi»
la grande Vallée y quartier àtBettfchwandy a vuie comoiu*^
nication avec la carrière de BUuenberg y & celle -cî aureo
les couxîhes d'aidoîfcs quôn trouve jufqu'auprès de P/iH
firs dans le Comté de Sargans. On a àuflî trouvé une cou-
che d^ardoifes au bas de la hauteur du village de SocUy mait
on ne les exploite point ^ parce qu'elles font d'une qualité
peu propre à être coupée aufli légèrement ôc auflTi uniment
que les ardoifes du Elatttnberg. La carrière de ce dernier
nom offre des pétrifications (ingulieres ; on y en trouve
de feuilles , de poilfons , &c. M. Pierre de Tfchoadi en a
fait une très^ belle colleâion. M. le Médecin Diethelnv
Lavaterj de Zurich ^ en a auffi de très*rares dans fon cabi^
net d'Hiftoire naturelle. On peut voir les defcrîptions àon^
nées par le célèbre Jacques Scheuch^r. Quelqu'un a écrit
que quand même on ne voudroit pas admettre Fexpreflioa^
le déluge^ Wi fera toujours obligé d'avouer qu'il y a. eu
un temps un fubmergement général de la terre y & qi^it
falloit que les rochers ne fuflent pas dans leur origine des
pierres y mais une matière molle & aquatique.
Au-deffus de Matty furl'alpe de Kraucfuhal yià^j a ce
qu'on appelle le Bain froid. C'eft un amas des eaux qm.
découlent du glacier d'en- hautl Autrefois ce bain étoit
renommé. Mais aujourd'hui onen fait un foibleufage»
Près du chemin pour zlLltïzviKrauchihaly à un quart de
lieue au - defTus de Matty eft la Caverne des Idolâtres ^ en
allemand das HeidenLock. On y defcend doucement par une
ouverture entre des rochers. Mais jufqu'à préfent on n^
apas pénétré bien avant. Il y aune caverne du même nom.
près de Solèure en Suifle.
DE LA SUISSE, 83
Il y a de Man au village à'EIm > une lieue de chemin.
La Communauté à^Eim eft éparfe autour de TEglife pa-
roiffîale ^ dans les environs dits Sckawaitde ^ Unterthal ,
( h baffe - vallée )• Elle a près defept cens âmes. Le terroir
y abonde en pâturages*
Il y a à'Eim en allant par Stemeèacà une lieue jufques
contre le Wichlen : c eft la partie la plus haute de la vallée
de Sernfi, Le bain à^Wichkn ^ dont j'ai parlé ailleurs,
eft dans les alpes, à une forte lieue, derrière l'Eglife
à'Eîm^ J'ai auffi décrit la fource de la Sernfi à larticlc
de la Limai ^ autrement la Linu
Au-deffus ^Emlj eft le mont Fal^èen ^ qui aune
grande cavité, nommée Manis^Lock^ le Trou de Afar*
lin (*). Cette cavité eft droite, ronde & aflez fpacieufe
pour contenir une maifon. Elle eft au milieu-de la crâte de
la montagne j qui eft toute chenue | & dans un roc efcarpé,
Lefoleil darde deux fois Tan, par ce trou , fes rayons fur
Eim ; favoir , au printemps le j M^r%{ a/tcie/i^/e) ^ & en
Septembre^ vers la fête de Saint -Michel, ou après celle
de Saint' Matthieu, qui tombe le 2 1 de ce mois ; on lapi-
pelle auffi le Trou de Sairu - Matthieu. Cette pointe de
rochers eft immédiatement contre le village à^Eim , vers le
levant, Ôc ellefépare le canton de Glatis de laLigue-Grife*
Les Giaronois appellent cette pointe, Spi^ Schindien ^
ia Pointe des Loties ou tuile d^bois , & les Grifons , Segnes»
Après avoir parcouru le val de Sernfi , je fuis revenu à
('*)PlancAe, b*. ï^è, Voyci ce qu*a écrit de ce Méridien naturel M* Beffo^
dans fon Difeotirs préliminatrê , a la tète de cet Tableau^ tépograpMqtt^s
de la im&m
L 2
«4 TABLEAUX^
Glarîs , & de -là à Mollis près de Nefels, Je dirai ici ua
mot du contour de la montagne depuis Beglingen jufqu au*
delà de Mullihorn. }'ai déjà parlé du chemin de Mollis
au bourg de W.efen'ç^x Briefch^n. En quittant Mollis on
va au hameau de Beglingen ^ fitué fur une agréable hau-
teur ^ près du chemin qui mené à Kiren^en ou Kirrenx^
Le ihameau et Beglingen fait partie de la paroifTe de Mol"
lis^ qui eu Pîoteftante.
T3t Mollis \KiTem{en il y a deux lieues , par un che-
min montuèux^ui aeft pas propre pour te charriage. Ceft
là l'extrémité du Canton (ur la frontière du Comté de S(u>
gans ^ o^\ appartient aux huit anciens -Cantons, ôc donc
Giàris, qui eil dans ce nombre , a la co - Souverainetés
Kiren':^n eft tout Réformé. Cette Communauté habite ie
mont du.tnême nom j^dàns un diftriâ fertile ea prairies â(
en arbres fruitiers* Elle ^ compofée de quelques hameaux >
& partagée en deux ParoifTes ; l'ancienne > qui eft Kiren^
^en 5 2^1 ^ àtSusr^OhJiludden , ôc la nouvelle à MulUhorUm
JLc nom ^\vILerrtà::f^rberg'^ îtimt au midi le lac qui va dâ
We:^n à ff^allenflan. U ancienne Eglife paroiffiaJe à iCi-
ren^en eft* bârie fur une hauteur agréable , d où Ton a la
Vue fur le lac de F'allcnfiatt y & fur la montagne ^Am-
trioni elle; eft: entourée par \c h^mtdiU d'Oljthalden. Dé
cette pàroiflfe dépendent auffi le gros village de f^iHenf-
packr 6u Fil^ack^' qui eft à une demi- lieue de Mollis ^ &
les hameaux Nitftcdden & F'oglingen^ avec le MuUitkaly
qui eft un diftriO: fitué entre des rochers, à la tête du lac.
Mullihorn y Q^ tSi la nouvelle ou féconde paroiffe de
la communauté fîe ^^/r^/2:5i^/i , qui a été bâtie en ^i 7(^1 j
paroît à la tête du lac ; on y trouve quelques vignobles.
DE LA SUISSE, S^
Les environs dits Jm-Tlefen -TP^inkel ^ & \or-Tobel^ y
appartiennent. MuUihorn & Muliuhal font , pendant
beaucoup de femaines de Thiver, fans voir le foleil. On
trouve ici un obfervatoîre ou méridien naturel , pareil à
celui du Trou de Martin qu'on voit au-defTus ^Elm^ dans
le val de Sernft. Ce trou eft une ouverture dans le milieu
d'une pointe de rocher au mont de Murtfch , & par laquelle
le foleil darde fes rayons fur quelques environs comme
par un tuyau ^ un peu après fon lever, le jour de S. Rilairc
15 de Janvier. J'ai oublié de marquer au fujet du méridien
naturel ^Elm , ce qu^en a. obfervé M. Tuefsiin dans fa
Topographie ( i5) delaSuiffe. En hiver, avant ^ après
le folftice , le foleil va pendant fix femaines derrière les
montagnes , & n'éclaire pas le village à'Elm. On le voit
depuis le commencement de Décembre , fous les pointes
des montagnes ; & il fait cette marche jufqu'au milieu de
Janvier. Alors il remonte par - deflus les montagnes , &
fes rayons plongent dans la vallée. La pointe nommée
yiuf'Fal^^, eft placée vis -à- vis du village Elm. Près du
trou àt Martin il y a un chemin qui conduit en Grifons.
Voilà ce que dit TA.FiiefsIin ; ce favant rappelle en même-
temps ce qu'il avoit obfervé à EngelbergàL à Stan^ dans le
canton d'Underwalden.
Jufqu'à préfent j'ai parlé du canton de Glarîs propre-
ment dit, dont les.habitâns ont part au Gouvernement
fouverain. Je crois devoir y ajouter la partie qui en eft direc-
tement fujette, je veux àxitlecomtéde ff^erJenberg , quoique
ce pays foie fitué hors de l'enceinte du Canton , ôc qu'il en
■
(16; T. II, p. 5î, 54-
85 TABLEAUX
foie fépard par Je comté de Sargans. Ce petit pays n^a en
longueur & en largeur que deux lieues; il a pour frontière au
Jevant le Rhîn, & ce qu'on appelle les feigneuries de TAu-
triche antérieure au mont -^r/^rè^r^; au couchant il touche
le comté de Toggenbourg y au midi celui de Sargans , &
au nord la baronnie de Sax , qui appartient à la ville de
Zurich, & la Seigneurie de Gambs , qui eft fous la fouve-
raineté des cantons de Schweitz & de Glaris. M. Tnimpi
écrit que la milice de ce pays monte à mille hommes, 6c
toute la population à près de quatre mille âmes. Ce Bail-
liage eft entièrement Réformé. Sur les montagnes, vers le
Toggenbourg, eft la fcigneurie de Wartau, qui eft du
comté de Sargans ; on y trouve d excellentes alpes. Le bétail
qu'on élevé , les haras de chevaux qu'on entretient ^ & la
culture des terres labourables font les reffources du pays.
Le comté de Werdenberg abonde aulfi en arbres fruitiers.
Les environs du Rhin fervent à des pacages. Le vin qu'oit
fait dans ce pays eft aflez eftimé. Le Rhin eft un dangereux
voifin. Les habitans limitrophes font obligés de conftruire
des digues pour en arrêter les débordemèns.
Les jetmes gens fervent volontiers pour quelques années
dans les troupes hors du pays , principalement en HoUan^
de I où ils ont le libre exercice de la Religion. Ceux des
habitans qui font les plus pauvres y s'occupent à filer du
coton. La culture du chanvre eft ici aflez bien fbigi^e. J^ai
dit que les habitans étoient tous de la religion Réfomr^.
Par les caofes matrimoniales , ils dépendent du Confiftolre
séformé de Glaris , le Confeil de ce Canton nomme par le
fort aux Cures vacants. ^ .
Ce fut en i; 17 que le canton de Glaris acheta ce pays
DE LA SUISSE, 87
des Barons de Hewen ; & depuis cette époque il le fait
gouverner par un Baillif ^ que l'on change tous les trois
ans. Mais par un concordat drelTé en \6^% ^ le Bailli de
Werdenberg doit toujours être choifi dans la partie Réfor-
mée du Canton y & d'un autre côté les Baillifs à'Uinach £f
de GafliT^ doivent être pris dans la partie Catholique du mê-
me Canton, lorfque fon tour vient pour la nomination
de ct% Bailliages qu'il poiTede pat indivis avec Schireitz.
Les appels de ces trois Bailliages font portés également au
Confeil fouverain du Canton; Ôc lorfqu'à Uznach 6c Gaf-
ter on inftalle les nouveaux Baillifs, il doit toujours fe
trouver à cette cérémonie un Repréfentant Réforme du
canton de Glaris , ôc pareillement un autre Catholique à
rinftallation du Baillif de Werdenberg. Cette dernière inf-
rallation fe fait au mois de Mai. Le Baillif de Werdenberg
jouit de fonds de terre ^ de vignobles , & de la majeure
partie des grandes & petites dixmes- La chafle ôc la pêche
lui appartiennent ; il amodie la pêche au% Communautés*
Dans les procès où il faut infliger des amendes , le Bail-
lif qui préfideà la jufticc^ a pour adjoints, comme Confeil*
1ers f VAmmann ôc le Secrétaire du pays» Mais le Baillif
doit un compte exa£l des amendes au Canton; il n'en a
pour fa part que le dijtieme denier y les neuf autres font
dévolus au canton. M. Trumpi obferve à ce fujet que Tappât
du dixième denier n'excitera pas affez ravaricedu Baillif
pour vexer les habitans par de fortes amendes : c^efl-ià cer^
tainement ^ ajoute - 1 - il , /^^ excellent régkmeni. Le juge-
ment des caufes criminelles dépend du Confeil de Glaris.
Je ne m'appefan tirai pas davantage fur le refte de la légitla-
tion de ce Bailliage, Je ferai feulement encore quelques ob-;
88 TABLEAUX
iervatîons qui me parolfient îndifpenfables. Dans les cau-
ks civiles , comme aulli pour dieïïer des ceftamens ^ &c.
le comté de Werdenberg a fon Tribunal fpLclal, com-
pofé d'un Ammann ou Prétidenc, & de fepc Juges. U/im-
mann eft nommé par le Confeii fcuverain de Gîaris ; & il
faut qu^il foit habitant du Comté. Le Baillif nomme les
Juges , trois de Grabs , deux de Buchs & deux de Sevelen.
Ce Tribunal s'aflemble au château de Tf^erdenberg. On peut
appeller de fes déciiions au Baillif, & de celui- ci au Con-
(èil de Glaris. C'eil aullî ce Confeii qui nomme le Secré-
taire du Bailliage, le Capitaine & le Porte - Drapeau du
pays ; ces deux dernières Charges font toujours conférées
à des habitans.
Le chef- lieu de ce Comté eft la ville ( * ) de W^erden-^
bergy dans la paroiffe de Grabs : elle eft dominée par un
Château où réfidoient les anciens Comtes de ce nom i ccà
«n grand bâtiment j qui a d'épaifFes murailles , & où il y a
un petit dépôt d'artillerie. La ville ne fait pas grande figure;
elle eft petite : (es Bourgeois jouiflfent cependant de quel-
ques privilèges. Près de la ville eft un petit lac ^ très-poif*
fonneux. On a du Château y qui eft fîtué fur une agréable
hauteur^ fur une vue charmante les deux rives du Rhin«
La plupart des maifons font en bois , & alFjfes fur les murs
de la ville.
Le village paroidial de Grabs eft à un quart de lieue
de Werdenberg y fur la hauteur de la montagne du même
nom : on y trouve un bain de foufre du côté de Wddkaus
qui eft du Comté de Toggenbourg. On appelloit ancien-
nement
r::"-:
DELA S VISSE. 89
nement Gràbs , en latin Quadravedes ^ Quadrabuis j Qtta*
dratis ÔC Quadrabs.
Bach y autre paroiffe , eft un village Cimé à un quart
de lieue de Werdenberg. Le hameau Ste^ en partie, &
celui de Maetendorf^ font de cetteParoiffe. U y a un péage
\ Stefis\ la recette en appartient par indivis au Baillif 6c
au Pays. On appelloit anciennement Bmgo & Bugo^ 1*
Faroifle de Buohs. >
La troiiieme. paroijGTe dû Comté de "^erdenberg y eft
Sevelefiy village épars fur la montagne, à une grande:
lieue de Buchs. Tout près dt ce village on voit le château
xmné dt Merrenberg.
La feigneurie de fp^ânau , qat le canton de Claris jpolP:
féde dins le comté de Sargans , & qiii eii^adminiftrée par
le Bâillif de Werdenberg, 'dépend, pour lâchante Jurifdicr^
tion , des huit anciens Cantons , c6-Souverains dé ce Com^
té, & parmi lefquels Glaris tient le huitième rang«
Les Comtés de Werdent^rg. defcendoient des anciens
Comtes Palatins de la haute Rhèxie ,;dits. au Gonfaloih
rougè , parce qu'ils en portoient un dans leurs armes. Dans
le quinzième fiecle les Comtes de Monfax en Grifons ,
pofTédoient le Comté de Werdenberg. Pierre,. Comte de
Monfax y eut des démêlés avec fes fujets. Ils furent concis
Ués en 1483 par l'arbitrage de Pieire de Hewen , Baron de
Hahen-Triens en Grifons,. fit dc Jean Vitler de Sax. Mais
en 148;, le même Pierre de Molifax vendit à la ville de
Lucerne le Comté de \7erdenberg & la Seigneurie de
Wartau , pour vingt -un mille florins du Rhin. Lucerne
vendit en 1493 Werdenberg fie Wartau, à George fie
Matthias, Barons de Caflelwan^ qui ne jouirent pas long*
Tome X. M
po TAELE^AUX
tei»p& de kttc acquificio»» Le Baron de Matthias vendit
en i4p8 les deux Seigneuries aux deux firexes y Wol%ans
Bsnroos de Hewen y ^AX^Si^'WSLdliéxit à leur tour le 31
Mais ip7 au cantoa de Giarîs , poitr 21500 floiinsdu
RhsmLes fujjecs do comtd de Werdeitbéig fupporterent.
avec chagc» leur changement de Souverains. L'hiftoire
dtë lei^r ibukvement eft omfigniée dans les faftes Helvétir
ques, fous les années 1525, \'Ji9 y 17^0 & 1721. La
fermeté d» Canton ^.âpphiyé de ics Atliés> éteignit larébel-
Htàni & des exemples de févérité'rétablirent lé c^lme dans
un pays ou la habkans parotifent être de leur nature aifez
inquiets* Quelqu'un a oblervé qu'il eft heiureux par là con(^
tkution générale du Corps Helvétique >compoféé d'Etats
Ariftocratique& & Démocratiques y q«e les voi^ Sx, les au--
très aient des fujëts médiats fie immédiats. Cette confidé-
lation qui exige un ceiLvigilant fîir leur conduite ^ reflene
davantage ks liens de la confédération générale t dans les
momens critiques ^ où une (ÏSutie.de ces fujets leveroic
Fétendacd delà révolte. ~i.
DE l A\SU I s s E. ^i
A RT IC L E IX.
Cakton de Basle, Réfàitàé êC Ariflo-Déna-
cratique ; armes ttAigetit cl un étui uie crojji
d'Evêquede Sable.
•
XiE Canton de -ffi/p ( i),<!eiit on trouve une^ Carte très*
décaillée' dans ces^ TahleauxTopûgraphiques (f ) eft propre*
ment hors de Tencekite de FancienM Smfk. y & il occupe
le pays des Rauraques. Mais comhie déjà du temps des
Romains ^ les Rauraques étoient alHés des HeWétiens^
'aind qu^on le Voit dans les Comn^erttakes de Céfar ^ de-
même aufS aujoutd'hui le pày6> étant eâ alliance perplf^
ttteile avec lés Cantons^ fait une partie honorable du
louable Corps Hehétique. Ce Cantofi eft borné à V orient
par le Comté de Rheinfelderl , Tune éts quatre villes ùst6î-
(i> Daniel Bntchner â donné» dans les années 1748-17^4» fes Mémoi-
tes Topograpbiques , Phyfiques & HUloriques du canton de Baie t en vingt
trois Seâions» i/i-8''. avec figures» Se les Cartes particulières des Bail-i
fiages^
Lcu , Diâion. Hift. de la Suiflè , tome II, p. i4irft^;*
Fâtfi , Topog. de la Suiflb , tome II » p. 48^1^0*
Defcription du canton de Bfile dans le nouveau Joianal Helvétique «
Juin 1771 9 ^ Ncodiâtel ^ p. 149 - tfp
Tfcharner , Diaion. Geog. de la Suiflê » tome I » p. 78 - 8p«|
L*Etat Se les Délices de la.Suiflè> tome m > p. x-38 » Edit. de Bâle 17^4»
F\»efslin , Topographie dt la Siaîflë » lome U j p. |8 -p4 ; Sfc.. . .
C) Planche y nSSy. K
Ma'
5^1 TJ BLE AU X
tieres.^ & par le Frickthalow le Frickgau , qui appartien-
nent à la Maifon d'Autriche. Il confine à Toccident avec
le Sundgau & la Principauté de TEvêque de Bâle ; au midi,
avec le Canton de Soleure ; ôc au nord il s'avance au-delà
nde la rive droite du Rhin fur Jes terres d'Allemagne , ^
a , pour jyimite^ y la Seigneurie de Roeteln , ( en François
RotAe/in)^ qui dépend du Marqviifait de Baden-Dourlach»
Ce Canton a huit lieues & demie de long fur^inq ou fîx
-4ê large.. La ville de Bâlc; e^ la capitale du Canton. Elle
pofféde un pays agréable^ riche Se fertile en toutes les
chofes nécêâaires à la vie. Ônry recueille d'excellent grain
&vin « fur -tout aux environs de la ville. Ces environs
'•font de belles, campagnes unies, qui aboutiffent à rextré-
*mité du Mont Jura. Tout ce pzys^ lufquz-LiecA/tal 6ç
-S{ffach, efl boa & fertile ^ mais les dtftri^ ûipérieurs font
niontueux, fauVages, froids & âpres; par- tout il y a des
ruifleaux qui abondent en truites délicates ; ces ruifleaux
forment, par leur réunion près de Luchftaly k rivière
Srget^ii qui fe jette dans le Rhin , à peu de distance d'^tf^t^
Ce fleuve reçoit auflî hSir/è près de Bâle, & le Birfek^
dans la vi)Ie même. J^ai parlé ailleurs dès eaux minérales
. de ce Canton.
On appelle Bâle , en allemand BafeL M. Robert iàt^ dans
{zGéographièi^i) naturelle y hiftorique y politique y critique
< se taifonnée , que Bâle ■(* ).eft une des plus grandes , des.
plus riches, des plus belles & des plus confidérables villes
(x) Tcm. II , p. 15 & Jtfw. Paris , 1777 , w - ix#
DE LA SUISSE. pj
de TEurope» Le Rhin la partage en deux parties , mais
fort inégales , dont la moindre eft en Allemagne. La ville
de Baie eft fituée près de Tendroit où le Rhin ayant long-
temps coulé d'orient en occident , comme pour faîre une
barrière à la Suifle, & étant parvenu à Textrémité de ce
pays^ forme une courbure ^ & tourne fon cours au nord ^
pour aller porter fes eaux dans TOcéan ; tellement que îa
bande feptentrionale de la SuifTe fait comme une ligne
qui a le Rhin ppur fofTé ^ ôc au& deux bouts deux villes
importantes, qui en font comme les clefs, Baie à Toccî*
dent, & Schaffhaufen à Torient* BâU eft compofée de
deux villes , qui occupent les deux bords du Rhin , Ôc
font jointes par un beau pont. La grande ville eft du côté
de la Suifle, âp la petite du côté de TAUemagne. Cette
Ville paife (ans contredit pour la plus grande de toute
la Suifle. On y compte 220 rues, mais la plupart étroites;
iix places de marché , 6c 4^ belles fontaines publiques ,
5 1 moulins ou bâtimens à rouages , dont 2 1 fervent à
moudre le bled , & fix à faire du papier/
La grande Ville a fept mille cinq cens pas de circuit ,
neuf ou dix Eglifes , & fept ou huit Couvèns féculiers.
La petite ville, fi elle étoit ailleurs, pourroitpfierpour
une grande ville; mais on l'appelle /^/î/^ , par rapport à
l'autre, qui la furpafle en grandeur. Elle a pr^ de trois
mille pas de circuit , & trois Couvens fécularifés , outre
TEglife paroifliale de S. Théodore. La ville de Bâle eft fort
marchande, fur- tout en quincaillerie. Ceft un entrepôt
pour les envois 6c retours des marchandifes qui s'échan--
gent entre la France, TAlIemagne & Tltalie. Les mai-
fons y font, pour la plupart) peintes au dehors, & font*
>4 TABLEAUX
toutes d'une grande propreté. Les Princes de Bade-Dottr^
lach fe réfugient à Baie y lorfque leur pays cft expolë
aux défolations de la guerre. Us y ont un beau Palais avec
un grand & agréable jardin. Avant que de.coqtinuer la
defcrîption de cette ville > je ferai quelques obfeivations
fur fon origine.
La Tradition fait (uccéder la ville de Ba/ilea ou Ba^
Jllia au Rauracum ^ la capitale des Rauraques ^ qui pri-
rent part à Texpéditioif imprudente des Helvétiens dans
les Gaulés. Les Romains , vainqueurs de ces Nations
confédérées , établirent une Colonie fur le Rhin , qu'ils
nommèrent Augufta Rauracorum^; on en voit encore
quelques traces dans des mafures & dans le nom du village
^Augfly fur le RKîn, près de deux lieues au-deflîis de
Bâle. Cet endroic a fourni plus d'antiquités & de médail-
les qu'aucun autre*de la Suifle. On attribue ladeftruâiôn
de cette Colonie aux incurfions des Barbares > & princi-
palement au fameux Attila y Roi des Huns ^ lorfque ce
redoutable brigand^ furieux de fa défaite dans les champs
Catalauniquesy fit fa retraite. Une partie des Hàbitans
échappés à ces hommes féroces > fe joignit à ceux àtBa^
Jilée pour relever cette dernière Ville , ruinée par les mê-
mes Barbares. Ammien Marcelliiiy Auteur digne de foi^
qui écrivoit vers la fin du quatrième fiécle ^ la nomme
Ba/îlia. C'eft au trentième Livre de fon Hiftoire^ où^
rapportant ce qui fe pafToit fur les bords du Rhin y vers
Tannée ^74, il s'exprime en ces termes : Falerui-
niano poft vaftatox aliquos Alamantuœ pagosy muni^
ment a adificanti ptope BafiUam^ quod appellant ac^
coia RoBUR.
DELA SUISSE. ^$
Valentînîen I ( 3 ) ,- occupé à garantir les frontières de
PEmpire contre les incurfibns des Allemands , avoit conf-
truit quelques fotts aux environs de Baie. On prétend
reconnoîcre encore aujourd'hui les veftiges ( 4) de ces ou-
vrages. Mais il n'eft guère poflîble de juger , d'après le
texte d'Ammien Marcellin , quel éroit alors Tétât de Ba-
Jîlia. On ignore également Tétymologie de fon nom. Les
Savans ( y ) , qui préfèrent de chercher les noms dans l'ori-
gine des peuples , ont trouvé le nom de Ba/ilàzm la langue
Celtique. Les Rauraques étoîent certainement Gaulois y
& Tétymologie du nom Raurach (tf ) eft Celtique. Celui
de Bajîl défigne une i/le haffe ; la fituatîon de Baie, entre
le Rhin & la Birfe ^ favorife cette conjeâure.
( 3 ) Voyage hiflorîque 8c littéraire dans la Saifle occidentale ^ tome I^
p. 3 » &»/«».
(4) M. Bruckner place la fbrtereflb dcRoiur au mont Wurtemberg, au-deflus du
village de Muttentz » qui efl à une lieue de Bâle. II a décrit les ruines dc3
Châteaux qu'on y trouve, & dont la flru6ture paroit défigrfer le temps ôtt
TEmpereur Valentinten I régnoit. Wurfieifen fisoi^A^ikrdaits Bâle même» à
Tendroit où eft bâtie TEglife Cathédrale. M. Schoegflin avoit adopté la même
opinion 9 alléguant que le nom de Burg ou AtCh/Uem% eft refié à cet em-
placement. La fituation du lieu domine fur le Rhin » qui paiTe au pied.
( j* ) Bochat » Mémoires critiques fiir FHiftoire ancienne de la SuiÂs I. Iff ',
p. 88-91.
(6) Rauraci. Quoique ce nom foit écrit ainfi dans Céfar^ cependant quel-
ques infCTiptions font d*accord avec Pline Se avec Ptolémée pour qu*on dût
écrit* RauricL Voyez robfervatkm de M. d'Anrille fur ce« Peuples , dans la
thdâe de la Gaule j p. j'40- jr4i* Le pays des Rauraques étoit féparé de l*Hel-
vétie par TAre « à Tendrott àk cette rivière fe jette dans le Kbin » & par le
Jura ^qu*â la fource de la Birfe. La fituation des Rauraqutf entre des mon-
tagnes âpres, 8c dont l'entrée étoit, pour ainfi dire , fermée par des gorge»
prefqne impraticables, a prêté le nom au local.
Eûnape de Sardes , qui florifibit fous lé régne de Valentinien » de Valens
5>5 T A*B L E AU X
En arrivant à Baie (7), il fa^t compter midi , une heure
avant que le foleil foit. au méridien ; Torigme de cet uiage
n^eft pas bien connue, quelques • uns Tattribuent à Tépoque
du Concile de Baie , où Ton avança les horloges pour enga*
ger les Pères à fe lever plus matin ; ce qui a Tair d'une
Epigramme , plutôt que d'une vérité. D'autres prétendent
qu'une confpiration tramée contre la ville de Bâie , fut
prévenue par le ftratagême d'avancer les horloges d'une
heure entière. Ce qu il y a de plus plaifant , c'eil que le
Gouvernement de Baie ayant eflayé , il y a quelques an-
nées , de mettre les horloges fur le même pied quç dans
le refte de l'Europe , la bourgeoifie témoigna tant d'aver-
fion pour cette réforme , qu'on a été obligé de revenir à
l'ancien ufage. Quand une chofe eft établie fur une tradi-
tion ancienne & refpeâée par le peuple, il efl bien diJSicike
de l'y faire renoncer. On fait quelle peine il fallut pour
faire adopter en Europe le Calendrier Grégorien > & avan-
cer le compte des jours d'après une vérité aftrQnomiquet
Quoi qu'il en foit de#cette manière de compter les heures
à Baie, elle femble avoir prqduit l'effet d'engager les h«r
bitans à commencée les affaires *de meilleure hpure. Le?
Confeils & le$ Tribupaux s'^iTemblent avanp jour pendoi^c
l'hiver.
. ' I .
8c de Gratien, nous apprend (*) qm Julien leur prédéccflèur, iaifimC
la guerre aui Allemands » i*étoit pofié au château des Rawrjques , mfie tie
T^vf^u Voyage GiiWer, Germania àntifutif iib. II, cap. V, p. 35}.
( 7 ) Simler. Voyez dans la Suiffe occidentale , tome I , p. d « 7*
( * ) On a de lut \ts Vies dtt Philofophci de ibn lemps , où U affieâe de relever ridolâcric
pour cabai(&r le ChriiHa0irmc. Adrien Junlus en a donne une Traduâion Utine avec ie
Texte grec, iS9C» /ji-8**
Les
^^-
DE LA s U I S^ScE. ^
Les Eglifes paroîfliale|5 de la grande Ville font \z Cathé-
drale y qu'on appelle ordinairement le Munfter > S. Alban ,
S. Léonard y S. Pierre^ S. Martin & Sainte- Ellfabethi
outre cela> il y a divers Couvens fécularifés, dont les
Eglifes fubfiftent en leur entier, comme ceux des Domini-
cains y des Cor délier s y eue. Ijà Cathédrale eft grande &
ornée. de deux beaux clochers parallèles , & de même
forme, qui s'élèvent à côté de fon grand portail, & qui
font d une architeûure gothique, inais afTez gracieufei au--
lieu que la fculpture de l^Eglife eft très- mauvaife. Dans
le Temple , on remarque entr'autres Un autel de marbre
6c un beau baptiftaire.
La falle où les ProfbflTeurs en Théologie font leurs
leçons y 6c où Pop gradue les Doâeurs , eft un appendice
de ce bâtiment. Il y a aufli dans ce Temple de très - belles
orgues , qui font ornées de peintures de la main du fameux
Holbein. On s*en ferc pour le chant des Pfeaumes dans le
Service divin , à la manière des Eglifes de Hollande.
Il n'eft point de pays fur la terre ( 8 ) qui ne foit remar-
quable par le tombeau de quelqu homme célèbre. Mais je
ne puis iie pas foufcrire à Tobfervation de M. de Sin^
ner ( p ). Voici les paroles du favant Baillif de Cerlier. Les
Bâlois ont de tout temps aimé les Epitaphes. llriy a guère
de citoyen aifé qui riait la Jienne. Ce Jentim^nt ^fondéfur
V amour - propre y mérite (Titre loué y il tend à tranfmettre
( 8 ) Magîme , Efempi , é Trattati fuhlîci in ^huaàiie , excellent Recueil de
Notes manufcrites. Voyez auffi le Journd; Ar^tn^^ , Février 1757» pag. ii7«
Paris 17J7» ii-ix.
( P ) Voyage dans la SuiiTe occidentale /tome I» p. 43 - 4r*
Tome X. N
p8 T A BLE A V X '
à la pojlérité' le fouvenir des afféHions les plus honnêtes ,
famine conjugale tst filiale. Mais aùffi les noms les plus
objcurs se les plus indifférens au public SC à la pqflérite y
font conjîgnés^ pêle-mêle avec tes noms les plus illujbrés
dans des Temples quifembleht être uniquement voués à ta
Religion éC aux grandes venus. Les portiques qui environ^
nent la Cathédrale ^ de même que la nefy font fur chargés
de ces monumens particuliers. Et b'eft cepeftdant dans la
"même Cathédrale qu'on voit le tombeau de la Reine des
Romains , 'Anne i fetnme- de Rodolphe I, & des deux
Princes fes* fiJs ; celui du grand Efafme. Un nommé Jean
Toniola , Mîniftre de la Paroîfle des Italiens réfugiés à
Bâlc, publia en \66i le Recueil ( lo) de toutes les Inf-
criptîons fépulcrales de cette Ville fous le nom de Bafilia
Sepulta; il joignît à cet Ouvrage un Supplément qui vaut
mieux : on y trouve d'après les Auteurs anciens, les Epi-
taphes d'Homère, deGyrus, d'Euripide, déScipion, de
Cicéron , de Virgile, & un grand nombre d'Epitaphes
modernes d'hommes célèbres. Cétoitfans doute pour faire'
fentîr combien il y a de différence entre ces précieux refies
de Tefprit des anciens, octant d'infcriptions îndîflFérentes
à la poftérité , qui ne contiennent que des noms obfcurs»
Si l'Auteur avoir retranché de fon Livre ce qui ne méri*-
toit pas d'être communiqué au public, il auroît fans doute
mérité des éloges. On fe plaît à lire les Epitaiphes de»
Amerbach^ des Munfler y des Froben^ des Bauhin ^ des
Flatter , des Zwinger , qui ont illuflré les Lettres , les
Sciences & la ville oii^^ji|& ont leur fépultUre. Il n*èn eft
I ' " — ^
D E LA S U rS S^. C99
pas de même des Epîtaphes d'Avocats , de Maîtres. d'E^
cole , &c. queTonio/a nous a tranfmifes. Ileft vrai qu au«
trefois les Romains éle voient aufli desinfcxiptions fépwl-.
craies à leurs pères & amîs , fans avoir égard à la naiffançe:
& à la qualité. Les recueils de Gruter & de Muratori , en
font remplis. Mais ces monumens n'étoient pas dans des
Temples, où Ton n enterroit perfonne , fans doute par ref
pefl: pour la Divinité , & auffi peut-être pour ne pas in-
commoder les vivans pat les miafmes contagieux qui
s'exhalent des tombeaux. La coutume des Romains étoit
de brûler le cadavre ; on renfermoit les os & les cendres
dans une urne, où Ton mêloît des fleurs & des liqueurs
odoriférantes , & on enfermoit Turne dans un tombeau ,
fur lequel on gravoit une infcription avec une prière , pour
que les os du mort repofaffent "mâllement. Cestombeaiix
étoient placés hors des villes ficdes bourgs , le long du
grand chemin.
Parmi les .Epitaplies de la ville de Baie:, rapportées par
Paul Cherler (i i) /eft celle d'une, femme (12) , morte de
(11) Paul ChtrUr a fait TEloge de la ville de Baie eix vers latins, ( uthit
Bdfileœ Encomîum)j imprime' en cette Ville en 1 J77 , in- 49. Voyez fur cette
Edition & les autres Pocfies latines de Chàrler^ ce qtfen a écrit M. Frqytay,
tome III , Adparâtus Litterar.p. 401 , &feq.
{il) Ecdefias & Academiss BafiL luctut ob calamitateni recens accep^
tam. Hoc efi Épitaphia feu Elegias funèbres 31.- virorum illuilrium & juve-
imm (ludioforum virtute, pietaiè doârïilà que, praàfiàfitiuin > item alii VIII»
tumuli fœminei fexus. Qui fere ômnès tu urbe Bafiléa 8c agro traâuque
Bafîlienfi pelle interifrunt. -^ AnncÇhrifti MDLXIV-— • Edita à
Pau!o Cherlerot Elllerburgenli. BaliiesB» apu4 Joannem Oporinum , ijôS^
îrt. 4*> Livre très-rare. Fïyq là Bibliothèque Helyet. de M. de Hoifer;^
tttme - VI , ■ pt- i.8ir - *$^.* ■ -
N t
loo TABLEAUX
la pefte en i$6^y & qui fe nommoît Dorothée Werke^
rin. Cette Epitaphe contient autant de vers latins que la
défunte avoit eu de maris; elle en avoiteu onze^ & elle
lesfurvécut tous.
QuflB jacet hoc mulier parvi fiib £ragmine montis »
Non certe £aufio fidere nata fuit.
Que lit caufa rogas ! Nam très atqiie oQlo maritoi
Legitimi (bdos cœfHi habece thori*
Quos ea • qui culpâ ndatur» perdidit omoes.
Et fiiit in quoyis nubere menfe malum. .
Dii raeliora mihi com quondam tempore jafto
In thalaroos ibit QHinla petiu meos- ' *".-
Huic totidem verilu^ fiieiat qaot nupta maritis
Fecimus. Undecimos fed bene talis erit.
Apu viio nulli fismina » digna mon*
On Ignore Tépoque de la fondation de FEglife cathé-
drale de Baie. L'Empereur Henri II, fumommé le Saint ^
la fit rebâtir en loio. On donne le nom de ffal\^ Pala^
tium ou Palais , à la belle place qui environne cettc^Eglile :
elle eft garnie d'arbres, & fert de promenade publique»
Cette terrafTe a une vue aufli riche qu'étendue. On prétend
que les Empereurs d'Allemagne & les Evêques de fiâle ^
réfidoient autrefois dans un palais dont elle a reçu le nom.
L'Eglife de S. Pierre eft à Tune des extrémités de la
ville. Ce qui la rend plus remarquable , eft une place ma-
gnifique qu'il y a fur le derrière , & qui s'étend jufque vers
les murailles de la ville ; on l'appelle la place de S. Pierrei
elle eft quarrée; longue de 289 pieds , & large de ^$$ y
ornée de deux belles fontaines , flc de i^ arbres , canr
ormeaux que tilleuls & marcnniers , fous lefquêls on fé
promené, & Ton jouit d'un frais délicieux au milieu de bi
DE LA SUISSE. lor
plus grande chaleur. L'un des côtés de cette place en bordé
par \Arfenol , qui eft grand , bien conflriiit ^ & fourni
de munitions de guerre & d^artilierie. On y montre , eg*
tr'autres objets de curiofité , la cuirafle de Charles Duc de
Bourgogne , fes trompettes , fes tymbales , & fon équi«
page de chevaL Dans la même rue eft le ]ardin des Méde*
cinsj & plus bas vers le Rhin , le Couvent & le Temple
des Dominicains , qui fert aux affemblées de TEglife
Françoife. C*eft -là que Ton voit fur une muraille du cime-
tière , cette fameufe peinture qui repréfente ^ dans une
fiiite de tableaux^ la danfe des Morts. On croit communé-
ment que cet ouvrage eft du célèbre Holbein ; j'étois moi-
même dans cette erreur. Mais il eft prouvé que cette
peinture n eft pas de luij ôc qu'elle a été faite long- temps
après lui. On voit (13) dans un de ces tableaux le nom du \
peintre j qui s'eft repréfente lui-même au moment où la
mort le prend pour danfer ^ avec un vers allemand > qui
fignifie en François %
JeaaClièertf qidtte ton pinceaUê
C'étoit Tufage autrefois de jomdre la poéfie à la pein^
ture : on trouve^ fur- tout dans les Couvens ^ beaucoup
de monumens de ce caraâere. Celui dont nous parlons'
eft vraifemblablement du quinzième fiecle. On croit même
qu'il fut peint dans le temps du Concile de Baie. Mais il
a été retouché à plufieurs reprifes. Ce Jean Cluben^ Pein-
tre, vivoît en i$6By & peut très -bien avoir été élevé
de Holbein. On retoucha ces tableaux en 1616 8ci6$9.
(i j) Sinncr ^ ibidt tome 1 1 p. Ji. *
t.
loa TABLEAUX
Ce qui peut avoir donné lieu de les attribuer à Holbein ^
ceft non - feulement parce qu'ils font bien deiEnés (14) ^
mais parce que ce Peintre avoir peint & gravé en bois
une autre daafe des morts ^ différente par l'ordonnance &
les figures. On en voit une fen>blable dans la ville de Lu-
cerne 9 accompagnée de vers.
L Hôtel de Fille neft pas bien loin de la Cathédrale:
Il eft orné de diverfes belles peintures. On y Êdt voir un
grand tableau de Holbein^ qui repréfènte en huit compar-
timens la paffion du Sauveur^ & que plulieurs Princes ont
fouhaité ardemment pour fa beauté. Maximilien y Eleâeur
de Bavière 5 en offrit à la ville 5 à ce qu'on dit ^ la valeur
de trente mille florins en fel. On y voit auffî la ftatue de
Munatius Plancus 5 Général Romain 5 qui fonda ^ fous
l'empire àiAugufte y la colonie des Raurnques. Cette fla-
tue fut faite l'an i p8 ^ & accompagnée d'une infcription
latine 5 compofée par Beatus Renanus. Nous l'avons rap-
portée (ly)*
Après Y Hôtel de Ville , ce qu'il y a de plus remarqua*
ble eft VUniver/ité. Elle fut fondée par le Pape Pie II l'an
( 14) M. deSinner les apprécioit ainfi. Maisb Vy^ageur françcisy qiû a
publié en 1783 à Genève^ à Paris ^ des Lettres for la Suifle , tome I^ p. 71»
74 % in-V^.fig. foutient qu'il n*/ a dans cette bifarre compofition ni génie >
ni deflein , ni coloris ; G* cefl Jurement le fruit du dilin de quelque barbouilleur
du q\ttn\ieme Jiede: Vidif ^ qui ejl affe\ marak^ répétée tam de fois 9 dmenefi^
dki^9 tf bientit infoutenahk. Chaque tableau efi compofé d^ une figure de la iwrr»
qid vpeitfaifewr taotât un Roi , un Prince ^ un Pjpe^ un mtoine , ungouruuni , un
iâauçhéf enfin un homme ou une femme de tour les états^ qu^il efi temps de partir,
^'leùt donne la main pour les emmener. Ces Tableiuxfint en général* mal coÈtpoJtt^
^dépourvus de ferfya8i¥t^ Telle efl la.décifion du Voyageur François*
(t j) Titre XLI % Article des Arjèmux.
DE LA SUISSE. 103
14^9. Nous en avons faît Véloge ailleurs. Cette. Uni ver-
fité a toujours été floriflante y & remplie de favans Pro-
fefleurs ^ en toutes fortes de fciences & de facultés. Les
Collèges publics ne font pas ce qu'il y a de plus beau
à voir. Il y en a un qui a été auparavant un couvent â^Au^
guflins y auquel on donne le nom d'Eraf/ncy où un certain
nombre de pauvres Etudians font entretenus. Ce Collège
eft dans la proxitpité de la Cathédrale. Mais il y. a beau-
coup à voir dans la Bibliothèque publique y qui eft rem-
plie particulièrement de manufcrits rares y & d'une haute
antiquité. Il s^y trouve plufieurs tableaux excellens de la
main de Rolbein. On dit que la falle de la Bibliothèque
fut le lieu où s'affembla le fameux Concile de Baie. Ce
qui paroît cenain^ c'eft que Téledionde Tanti-Pape Fé-
lix V^ auparavant Duc de Savoie ^ fe fit en 143P5 le ;
Novembre, dans Tendroit où fe trouve à préfent la Biblio-
thèque publique. On y confwve les aâes ( 1 6 ) du Concile
en 1 2 volumes.
UEglife Gallicane les a toujours regardé , avec ceux
du Concile de Confiance y comme un puifTant. rempart de
fes Libertés contre les prétentions ultramontaines ; il y en
a une copie y munie du fceau de la République de Baie 9
qui a été faite fous le règne de Lùuis JT/^,, ôcquî éft 4^
pçfée à Paris à la Bibliothèque du Roi. M. le. Chancelier
(i^) Ôrtuinus 6mrw, autrement Graes « mort en ij4x 9 très - zélé Çztho-'
lique , a donné, entr*autres produâiqns « Fafekulus rerum ^xpedendarum &
fugiendarum. Cologne 153 J, in-folio. Réimprimé par les foins d*£doaar<l
JBrowA, Londres , 1690 , i voUHri-^foL Ceft un Recueil de pièces concei-
nant le Concile de Bâle*
Ï04 TABLEAUX
D*AguejJeau y Toracle des Loix de la France j avoit pro*
curé cette copie.
La ville de Bâle ( 17) eft entrecoupée de hauteurs. Se^
rues font étroites. UArcbiteâure des bâtimens particuliers
efl en général aflez mauvaife. La mode autrefois régnante
d'orner les façades de peintures accompagnées d'infcrip*
tions , conferve à cette ville un air aflez antique. On croie
voir une fuite d'auberges : le Cheval Blanc , TOurs , le
Cochon^ le Soleil^ la Balance j tout cela fe fuccéde de la
manière la plus bifarre. L'intérieur des maifbns offre le
même air de propreté qu'en Hollande. On ne voit jamais
de feu dans les cuifines ^ au moyen des arrangemens éco-
nomiques des foyers ^ où tout ie fait à feu couvert ^ avec
une épargne de bois finguiiere. Ordinairement le même
feu fert encore à chauffer une chambre voillne. On voit
très -peu de cheminées dans les appartemens y qui ont en
général de$ poêles de fer en fonte , uiàge commun d9n$
une grande partie de l'Allemagne. On a conflruit depuis
quelques années à Bâle ^ plufîeurs belles maifons ^ dont
quelques * unes méritent le nom d'Hôtel. Celle de Mef-
fieurs Sarrafin , où Ton dit qu ils ont mis une fomme de
600 mille francs ^ eft la plus remarquable avec l'Hôtel
que M. Burckhard a bâti > ^ qui eft encore d'un ftyle
plus grand.
Le goût des tableaux eft la dépenfe favorite des Bâlois.
On trouve dans cecte ville piufieurs cabinets dignes d'être
vus i entr'autres celui de AL de Mcchtl^ que l'Empereur
Jofeph alla voir en pafTant par Bâle en 1777. M. de Mechel
— , _, , - . -- -
(17) Sm/tfTi ibid. tore. I,p. i\ Gr/tfir.
contribue
DE LA^ U I S SE, lof
contribue au progrès des Arts par fes talens dans la Gra-
vure. L'Empereur ep a été fi content, qu'il Ta appelle à
Vienne , où il a été chargé de ranger fa galerie*
Nous ne parlons pas des Cabinets ( 1 8) d*Hiftoire natu*
relie de quelques Bâlois ; nous en avons fait mention ail-
leurs , ainfî que du Cabinet de FaescA , remarquable par
un grand nombre de médailles ôc de bronzes.
On traverfe de la grande ville dans la petite fur un grand
& beau pont de bois ( ip ) , long de 270 pas, qui fert de
promenade aux habitans, & où Ton a une très -agréable
vue fur le Rhin. On apperçoit au - delTus de la porte du
pont , en fortant de la grande faille y une grofle tête, qui'
tire la langue à chaque minute de l'horloge publique
qui eft au-deffus. On prétend que cette machine à reflbrtSj
qui femble'/zûr^//^r la petite Bâle , a été conftruite dans un
temps où les deux villes étoient armées Tûne contre Pau-
tr«. C'eft un bruit populaire , & dont je n ai pu approfon-
dir Torigine véritable.
luZ petite B%fe n'écoit autrefoîfe qu'un village, qui fut
fermé de murailles par un Evêque de Bâle , vers la fin du
treizième fiécle. Le Magiftrat Tacheta de PEvêque de Bâle
en 1392, & Tunit à la grande ville, pour ne faire qu'un
même corps avec elle. On y voit , à Tune des extrémités ,
TEglife paroiffiale de S, Théodore y 8c près de -là, vers le
( 18 ) MM. Bernoullif Fref Scà^jlnncne^ ont des Cabinets d^Hlftoire na*»
turelle.
(19) Kejsleff cnévaluoit la longeur i ijo pas> (Foyflgw, tome I& II,
Lettre 18, Hanovre 1 75 1* ) Mais M. Andréas la jugeoît de 170 pas. Vqyct k$
Lettres fur la Suifle t p* ^«
Tome X. O
7
io6 T A B L ^ U X
bord du Rhln^ la Chartreufe, quiétoic bâtie de telle ma*
nîére que chaque Religieux avoît fa cellule & fon jardin.-
Il j a dans TEgiife de ce Couvent fécularifé j plufieurs
tombeaux de Prélats qui moururent durant la tenue du
Concile. Cette Chartreufe efl aujourd'hui une maifonpour
les Orphelins. Il y 'avoit auffi dans la petite Bâle^ un cou-
vent de Clarijfesy<\\xi avoient été extraites vers Pan 127;
du Couvent de Gnadenthel. Ce dernier Couvent, qui
cxiftoit dans je fauxbourg dit Spaleii-f^orflaxh y attenant
à la grande ville ^ eft aujourd'hui un magafîn de bled; &
le Couvent des Clarifies , dans \z petite Baie y a été con-
verti en une Eglife particulière. Le Klingedthel , autr^
Couvent de Religieufes , mais de l'Ordre de S. Domini'^
que yétoit aufii dans \z petite Bâle^ il avoit pour Fondateur
un Baron de Clingen ou Klingen , en Turgovîe. La lon-
gueur du chœifr de cette Eglife^ étonne tous ceux qui y
entrent. J'oubliois d'obferver que la petite BâU eft arrofée
par un bras de la rivière àt Tf^iejen , dont je parlerai
bientôt. ^
Le canton de Baie eft partagé en fept Bailliages 5 donc
3eux font^incérieurs, Iq petit Huningue & Riehen^ & cinq
autres, dit extérieurs , Liejlal ^ i^^^^Jp^^g y Hombourg ^
Moenchenftein & Jf^aldenbourg , ou W^allenbourg. On ap*
pelle auffi ces c nq dernières Préfectures j les Bailliages
d' en-haut , relativement à leur local vis à- vis de la Ville,
elles font fur la gauche du Rhin ; les deux autres Préfec-
tures , Riehenfx. la petite Huningue y font nommés les Bail^
liages den:- bas ; les uns & les autres font tirés par le fort.
La Préfeâure des Baillifs dure ordinairement huit ans ;
ceux de la petite Huningue & de Riehen, au-delà du
DE LJl suisse. 107
Rhin y Sont pris dans le petit Confeii 5 & ils peuvent fé*
journer en Ville. Ceux de Farnfbourg & de Waldenbourg
font tirés du même Corps , & réfident dans des châteaux,
de même que ceux de Hombourg & de Moenchçnftein ,
qui peuvent être choifîs dans le Grand Confeii , ou le Corps
de la Bourgeoifie. Deux Âvoyers préfîdent à Lieilal , Tun
choifi dans cette petite ville y Fautre tiré de la ville de £âie ;
ils alternent dans leurs fondions d'année en année. Ué^
kâion des Baillifs fe fait en Grand Confeii y fuivant la for-
me ordinaire d^un choix préliminaire , qui eft fixé enfuite
par le fort. Par la conflitution de TEtat, les Baillifs font,
pendant la durée des charges, exclus des Confeils; ils
peuvent y rentrer par une nouvelle éleâion.
O X
io8 TABLEAUX
BAILLIAGES,
I. XZ u N I NGUE y nommé K/ein - Huningen , ou la
petite Huningue , pour la dîftinguer de la fortereffe dite
la grande Huningue y autrement Huningue^ qui appartient
à la France , & qui n*elï éloignée des murs de Bâle que
d'une demi-lieue. Le village & la paroîfle de la petite Hu*
ningue font vis-à-vis de cette Fortereffe à l'autre bord du
Rhin y en fortant de la petite Bâle, & fur la frontière de
l'Allemagne. La rivière de ff^iejen , qui vient de la Forêt-
Noire, fe jette dans le Rhin près àt \^ petite Huningue ;
elle n eft pas confidérable, mais elle eft très- poiffonneufe*
Le Canton acquit ce Bailliage partie en i jpy , & partie en
1540. Le terrein de ce Bailliage eft fertile, & on y cultive
du tabac.
La pêche des Saumons eft abondante ôc lucrative pour
les habitans. Ce poiffon eft très -délicat, fur -tout lorf-
qu^il eft jeune. Le Bailliage de la petite Huningue a tout*
'au-plus une lieue de longueur.
IL RîEHEN. Ce Bailliage, qui eft au-delà du Rhin^
fur la frontière de l'Allemagne, & particulièrement fur
celle du Marquifat de Baden-Dourlach, eft une des plus
belles contrées du Canton, tant par fa fituation & fa ferti-
lité , que par l'art. C'eft ici que les Bâlois aiment à déployer
leurs richefles i & on y voit des campagpes charmantes ôc
d'élégans >ardins , égayés par de beaux jets - d'eau. On y
trouve aufti quelques antiquités Romaines. Riehen eft un
DE LAS U l S S E, lop
Bourg bien bâti à rentrée du val de Wiefen , fyi la gau-
che de cette rivière ^ à une lieue de Baie. Cette Seigneurie
fut hypothéquée par les Evêques de Baie aux Ducs d* Au-
triche , qui la vendirent aux nobles de Ramjleln. L'Evê-
que de Baie Tacquic une féconde fois^ & la céda en 1528
au Canton de B^le. Cette Ville acheta en 1 y^o , de TAb*
baye Wetteingen ^ la collation & les dixmes de la paroiffe
de Riehen. De cette paroiffe dépend le village Betiken ^
que Baie acquit en 1513 des nobles TruchfaeJJer de Wol^
haufen. \^t petit ^Rieken eflwne belle maifon de campagne
qui appartient à Al. Merlan y de la même ville.
1 1 L Moenchenjlein ou Munchenfiein. Le Canton acheta
ce Bailliage par parties de la Maifon d'Autriche, des nobles
Muach de Manchen/lein ^ &c. La Maifon d'Autriche
renonça formellement à tous fes droits en 1 ; 17. Munchenf
tein (*) eft un joli village, au bord de \z Birfe & au
pied d'un rocher élevé , au-deffus duquel eÛ un fort châ-
teau où demeure le Baillif , à une lieue de Baie, 6c à une de-
mi-lieue d'Arlesheina , oùréfidele haut-Chapitre de TEvê-
ché de Baie. Les environs font fort rians, & garnis de
plufieurs maifons de campagne très-agréables. La chauffée
nouvelle conftruite depuis la ville jufqu'au pont de Mun«
cheinftein y fait Téloge de celui qui a eu le foin de fa direc-
tion. Le Château de Munchenfiein efi important, à caule
du paffage en Suifle & à travers le Jura. Il étoit beaucoup
plus étendu qu il ne Teft aujourd'hui ; le village de^ce nom
(*) Flanche ^n''. f4«
iio TABLEAUX
a pareillement été entouré de murailles, mais il ne Teft
plus.
Le Bailliage de Moenchenflein eu fîtué fur la gauche du
Rhin , & s'avance jufqu'à la ville de Baie, Il a au couchant
k Sundgau ; au midi i'Evêché de Bâk ; au levant le Bail-
liage de Lieftal , & au nord le Rhin. Il y a dans ce Bailliage
beaucoup de vignes & de chamfps. On y élevé auffi une
grande quantité de bétaîL On y trouve plufîeurs fabriques,
& généralement beaucoup d'induftrie. Voici les autres en-
droits remarquables de ce BaîWîage.
Muiteni y gros village de Paroiffe , bien bâti, au pied
du mont Wortenherg y à une lieue de Baie. Ce lieu paroît
avoir été habité du temps des Romains ; au moinsy trouve-
t-on des antiquités. On voit encore fur la^or/^/z^r^ les
ruines confidérables des Châteaux dont la bâtifle annonce
celle des Romains. Plufieurs Savans y ont placé la forte-
refle Robur^ conftruite par TEmpereur .Valentinien I, ôc
de laquelle nous avons fait mention.
Derrière Mutten^tû le vUEngenthal , en latin Arâa^
vallis ^ c'eft-à-dire la Vallée étroite , où autrefois il y
avoit un Couvent de Religieufès de Tordre de Cîteaux ,
qui a été fécularifé en i y 54.
JL Hôpital de S. Jacques ^r la Birji , eft fameux par
Iç combat que les Suiffes y livrèrent le 26 Kovit i444.>
aux François commandés par Louis XI , alors Dauphin,
quatorze cens Suiffes fe battfrent aveu fureur contre toute
une armée; & ils périrent toUs jufqu'au nombre de Ltf,
après avoir vengé leur mort par celle de huit mille enne-
mis. Ce combat eft une des caufes de Talliance ()ue Louis XI
voulut conclure avec les Suiffes, 6c qui fubfifte encore
- --**. — W-- ■ '^-•.^jV/. »
DE LA S U I S S E. ttt
aujourd'hui au grand avantage des deux Nations.
Oti peut voir dans ces Tableaux Topographiques le
plan (*) de ce combat. Le détail qu en ont donné Tfchou%
di ff^urfleifèfiySpràng^ &^n dernier lieu yi^Bruckner ^ êft
très - intéreflant y mais nous pofTédons des Mémoires qui
y appqrteroient un nouveau relief.
Le val Laitnenthal ou Leimenthal\ ainfi appelle à caufe*
de Ton fol limoneux , & qui ef^ arrofé par la petite rivière
Birjig y s'étend depuis un bras du Blauenberg^ihs Land*
feron^ jufqu'au Rhin.
Biel- Bencken , village de Paroiffe , divifé en deux par-
ties , lune dite Biely où eft TEglife paroiffiale , & Benkeriy
qui eft éloigné de Biel d*un*<juart de lieue. L'une & Tau-
tre font à deux lieues de Bâle , & n'ont aucune commun!-*
cation direâe avec le Canton. Bieltft au couchant du Bir-
Rgy èc Bencken , au midi de cette petite rivière.
L'anden Château de Bottmingen , au val de Leîmen-
thal, appartient à M. Nicolas X)^tt^Atfr, de Bâle. On trou*
ve dans la même vallée le Château & le village de Bin^
rdngeny qui , avec Bottmingen ^ font dans 4a paroiffe dé
Sainte^ Marguerite y qui eft bâtie fur une colline voîfine
de Binnengen.
Tout près de ce village & à un quart de lien de Bâle,
eft le hameau Holée y qui paffe pour avoir été VO/i/to des
Romains. Il eft certain qu^on y trouve beauùotip d'amr-
quités^
Pratte/en > gros village de Paroiffe entre Bâle 8c Lîef-
tal. Cette Seigneurie avec fon Château, appartenoient
(♦) Planche, n\ i8;.
112 TABLEAUX
anciennement à la Maifon d'Eptingen^ qui jouifToit du
droit de Bourgeoifie à Bâle ^ & qui fubfifte avec éclat en
Alface.
 Bruglingen^ il y avoit des eaux minérales. Les Bains
de Schauenburg- U - Neuf^ (ont renommés. Il y a des eaux
acidulés à Gundeldingen ; & à Holée une fource qui dif-
fout les pierres de la veffie. M. Benoît Staehelin , ProfeA
feur d'Hiftoîre Naturelle^ dans PUniverfité de Bâle ^
découvrit en 1742 cette fource, & en donna une defçrip-
tion.
IV* Xi£5T4t (*), en François Z/>y&//, eft une jolie
ville médiocrement grande y mais très - bien peuplée j
compofée de trois rues parallèles y avec un temple au mi«
lieu. Elle eft à trois lieues de Bâle > près du bord de la
rivière Ergef^^; on y trouve quelques antiquités romaines,
de vieilles murailles , 6c des voûtes fouterraines & murées
qui répondent à celles ^Augst. Comme Lieftal eft fur U
grande route qui pafle de la France & de TÂllemagne en
SuiiTe ôc en Italie, elle eft très -fréquentée. Celui qui
commande au nom à\\ Magiftrat de Bâle , eft appelle,
Avqycr'^ il a encore difFérens villages fous fes ordres , fie
n eft pas relevé tous les huit ans comme les autres BaiUi&
\a ville de Lieftal apparteaoit , dans le treizième ûede y
fucçeflivement aux Comtes de Fxobourg fie de Hombourg»
Ide , fœur fie héritière de.Hermann Comte de Hombourg ,
^ qui avoit pour mari Frédéric Comtp de Toggenbourg,
vendit en 1 30 j à Pierre, Evêque de Bâle , la ville de Licf*
' ! ' ■ ■ I ■ ■ Il ■ i ^ . I p— — — I . ■ Il ■ *
(♦) P/oircfe , n*. 119.
tal.
*A.**v .-^--^^ -^. _ .1-^ i ^ — -^ _ 4» - • r' --^Ti*^
DE LA, SUISSE. 113
tal , le château de Hombourg- le-Neuf, & la ferme d'El-
knwiler qui eft en Alface. Maïs en 1323 TEvêché, qui
étoit obéré de dettes, vendît Lieftal au noble Ulric de
Ramftein , fous la réferve du retrait. Les Evêques uferent
de ce droit; mais en 1373 , ils hypothéquèrent à Léopold
Duc d'Autriche , les Bailliages de Lieftal, de Walden-
bourg & de Hombourg. Enfin Tan 14.00 TEvêque Hum-
bert de Neuchatel , vendit la feigneurie de Lieftal à la vilU
de Bâle , qui la poflede.
Liejlal failoit primitivement partie du Landgraviat de
^^Ug^^ • cette ville avoit des privilèges conf iérables ;
mais fa rébellion réitérée en i jay , ijpi & i5y3 , les lui a
feit perdre peu à peu. Des deux Avoyers qu'elle a, Tun efl:
tiré du nombre des Bourgeois de Bâle. Ce Bailliage a pour
limites au levant, celui de Farnsbourg, qui eft du^anton
de Bâle, & les villes Foreftieres. Il eft borné au couchant
par le Bailliage de Moenchenftein , du canton de Baie,- 6ç
par celui de Dornach , qui dépend de Soleurei au midi il
confine avec le Bailliage Bâlois de Waldenbourg , & au
nord avec les villes Foreftieres & le Rhin. Il comprend
avec Lieftal , les vallées de KnoefFenthal , d'Oriftal , de
Roeferen , & de Schoenthal , la paroifle de Frenkendorf,
les villages de Laufen, Fulinfdorf, Gibenach , ôcc. Le paf-
fage confidérable par Lieftal , la fertilité du terroir en
vignes & en champs , de même que les métiers , fournie-
fent richement à l'entretien des habitans.
V. TP^A LLE BOURG OU Waldenbourg (* ) , eft une petite
(*) PitfflcAw , -n^ 168.
Tome X. P
114 TABLEAUX
ville au pied du Mont -Jura ^ qui s'appelle en cet endroit
OberhxiwcnfUin , ou le Hauenflein (fenhaut ; elle eft dé-
fendue par un fort Ciiâteau y (itué fur un rocher très-élevé^
& qui la commande entièrement. On croît que cette place
a été une fortereiTe des anciens Rauraqucs ^ pour garder
leur pays contre les Romains. Elle eft en effet à la gorge
des montagnes > dans un vallon étroit ^ & par conféquenc
un paflage important. C'eft la grande route de Genève ,
de Berne & de Soleure à Baie. Le Baillif ^ do-^t la Préfec-
ture dure huit ans ^ réfide au château de Waldenbourg. Des
modernes ont appelle ce Château en latin , f^andalorum
Burgus y le Bourg des f^andaUs. Quelques - uns dérivent
fbn nom des Vtlckes , en allemand Jf^alUn , qui défignoient
les peuples d'Italie ou de la France. Le nom de fp^aldcn--
bourg a fa racine dans ff^ald y bois. Ce pays , où eft (itué
le château de Waldenbourg y offre beaucoup de montagnes
& de forêts. Néanmoins il eft généralement affez fertile
en grains , en fîruits , en vins , & fur - tout en pâturages»
Les limites de ce Bailliage font au levant du Bailliage
Bâlois de Farnsbourg ; au midi & au couchant les Baillia--
ges de Bechbourg , de Dornach ôc de Gilgenberg, qui
font du canton de Soleure, & au nord le Bailliage de
Lieftal. Tout ce pays étoit autrefois compris dans le Land-
graviat du Siffgau. Il eft divifé en deux vallées principa-
les , celle de ^Taldenbourg , & Tautre de Regolzweil.
Les Evêques de Bâle , Seigneurs Suzerains du Siffgau^
donnèrent la Seigneurie ce Valdenbourg (20) en fief aux
(ic) WalitnbouTg a encore pour armes celles des anciens Comtes de Tt^
DE LA SUISSE, 115
Comtes de Frobourg, A leur extindion, en 1370, TE-
vêque rentra en poffeifion , & l'hypothéqua aux Ducs d'Au-
triche. Elle fut libérée en 155)2, & vendue en 1400 à la
ville de Bâle par Humbert de Neuchatel, Evêque de Bâle,
Le Bailliage eft affez étendu^ & renferme plufieurs endroits
remarquables & des reftes d'antiquités. J'ai parlé ailleurs
des Bains d*Oberdorf & de Bubendorf, qui font dans ce
Bailliage. La ville de Waldenbourg eft, avec le Château
de ce nom , dans la paroîfle de S. Pierre , fituée entre Ober-
Dorfy & Nider-Dorf. Il y avoit autrefois dans le vallon
Schoenthal , fur le Rauenfidn y une Abbaye de Bénédic-
tins fondée en ii4J'x^ par les Comtes de FroAourg y &
qui fut depuis convertie j vers Tan 133^, en un Couvent
fle Béguines. Ce Couvent a été ruiné en 1^2; par les
payfans. On trouve dans le même Bailliage le bourg de
Bubendorf , la paroifle de Benveil y celle de Zyffen y le
Château de Wildenftein , celui de Ramftein , la paroifle
de Brezweil y les villages Regolzveil , Arbocschveil ,
Lupûngen , Lauweil, &c. Le village paroiflial de Lan-
genbruck eft fur le haut du Hauenftein ; c*eft ici la grande
route, & on y trouve d'excellentes Auberges.
V !• Fa rnsbourg y ou Tarnsberg , ou Farnjjperg^
qui donne fon nom au Bailliage le plus confidérable du
Canton y eft un Château fîtué fur une haute montagne, à
cinq lieues de la Capitale, du côté de Rhinfelden. L^an
1444 les SuiiFes l'afliégerent, & ce fiége fiit bientôt fuivî
du célèbre combat de Saint- Jacques fur la Birfe, entre le
Dauphin & lesSuifles, dont j*ai parlé ci-deffus. Le Bail-
liage confine au levant avec le Frickthal s au midi avec
P a •
Xi6 TABLEAUX
le canton de Soleure & le Bailliage Bâloîs de Hombourg:;
au couchant avec les Bailliages de Waldenbourg & de
jLieiial^ & au nord avec le FrikthaL II eft fertile en pâtu-
tdgeSytn bled & en vin. Il faifoit la partie la plus confidé-
tabfe -du Sifsgau \ les Comtes de Thierftein en étoient les
ihaîtres. A Pextîn£tîon de la branche de cette maifon , qui
ie poiffédoîten 1418, le gendre du Comte Otton , le fia-
ion Frédéric de FaLkenfteîn, hérita de tout le Landgra-
viat duSiflgau, Mais en 1451 , Thomas^ Baron de Falc-
kenfteîn , vendit la feîgneurie de Fransburg à la ville de
Bâle, qui en fit un Bailliage, On y tiouve onze Paroifles
& un grand nombre de Hameaux. Les Paroifles font Gel-
terkinden , Ormelingen , KilchbcTg , le bourg de Siffach-^
BuUs , Winterfingen , Tenniqu.?n , Diekten , Ariftorf ,
Rothenflue & Oltcngen ; la belle cafcade de Gieflen efl près
de Kilchbcrgi dans fa proximité eft le Wiefcnthal , vallée
de la plus grande beauté ^ fameufe par le:^ exi rcices que les
jeunes gens y faifoient: les garçons s'y exerçoioit à la joute
& à la coùrféf les filles à la danfe. Le village de ïf^iefen^
limitrophe du canton de Soleure y écoit compris dans la
paroifTe de Leuflfelfingen avant Tépoque de la Réforma^-
tion. Mais fes habitans n'ayant pas voulu abandonner la
Religion de leurs pères, font, depuis in7 > dépendans
de la paroifTe de Trimbach^ près d'Olten, dans le canton
de Soleure & dans le Diocèfè de Eâle. Il y a des antiquités
remarquables à Zeglîngen , à 'Winterfingen , à Ariftorf,.à
- Dieasberg 3 à Witvald, & fiir-tcut à Augft. Il y a encore
des eaux minérales à Oltîngen.
" Auj^^ ou -/£///?, nom d un villap[e (*) à d ux lieues
.II ]. ' . ' ..
*"N
DE LA SUISSE. 117
au- deflus de B*i!e fur le chemin de Rheînfeldei>, à Ten-
droît où VETget:^^ petite rivière, fe jette dans le Rhin. Il
y avoit un pont lur VErgef:^^ Les habitans font de la pa-
roiflede Prattelen, je veux dire ceux de la partie du vil-
lage d'Augft à l'occident , .& qui eft fur le territoire de
Pâle. La partie du village à l'orient que Ton appelle Kel-
fers-Augst ou VAugst de t Empereur , pour le diftii:!guer
de X Augst de Baie ^ eft Catholique fous la domination
Autrichienne. Ces deux villages retiennent le nom à'Au^
gufia Rauracorum (21) , la Capitale des Rauraci ou Rau-
raques j qui devint Colonie Romaine fous Augufte. Mu;-
natius Plancusen fut le fondateur comme de celle de Lyon,
On lit fur fon monument, à Gaïete, dans le Royaume de
Naples:
In GaWas colonhsjeduxit Lugdunum & Raw-îcam,
■ Pline & Ptolémée ont écrit le nom des Rauraci confor-
ïnément à cette infcrîption; Colonia Raurica^ & oppidum
Rauriciinzy dans Pline. Ptolémée eft le premier chez le-
.quel on trouve le nom ^ Augujla , que Titinéraire d'An-
tonin & la Table Théodofienne donnent également à la
même Ville. Dans Ammien (22) Marceiiin , c'eft par le
nom du peuple qu'elle eft défignée : apud Sequanos ^ Vi^
fontios vidimuSy 6C Rauracos. Cette ville ayant beaucoup
fouiFert de la part des Alemanni , dans le quatrième fiécle •
elle ne parolt, dans la notice des provinces de la Gaule ^
que fous le titre de Cajlrum Rauracenfe. Le lieu dans
(11 ) Notice de îa Gaule, par M, d'Anville, p. iiZt 1 a.
Cxi) Lib. XV, cap. IL
ii8 TABLEAUX
lequel elle eft enfévelie fous fes ruines près du Rhîn , a
néanmoins confervé le nom d'ytugii/laddins celui d'^i/gsi;
& on ne peut favoir trop de gré à MM. Schoepflin (25) &
Bruckner ( 24) , d'en avoir décrit les vcftiges y & de les
avoir mis fous les yeux par la repréfentation du local qu ils
ont publié. On y voit quantité de mafures , de ruines
& de monumens de fon ancienne grandeur , particuliè-
rement plufîeurs tours faites en demi -cercle , que Ton
croit avoir fait partie d'un amphithéâtre , beaucoup de mé-
dailles romaines & quelques infcriptions. Ce qui furprend
le plus les curieux qui vont à Augst , ce font de grandes
voûtes fouterraines ji qui conduifent depuis ce lieu jufqu'à
Lieftal. Elles font revêtues de murailles de pierre de taille,
& fi hautes & fi larges , que deux hommes y peuvent mar-
cher de firont. Le vulgaire ignorant les appelle Hiden^
Loch , le Trou des Pqyens. On croit qu'elles fervoient de
conduit à VErget:^^ qui pafle là , pour laver & emporter
les immondices de la ville. Les premiers Evêques de Baie
réfidoient à Augst , & ils portoient alors le titre â^ Evêques
des Rauraques. Mais cette ville ayant été détruite en 4y i ,
le Siège d'Augft fut transféré à Baie, Juftinien, Evêque
des Rauraques, avoit aflîfté en 34^ au Concile de Colo-
gne (2;), & en 34.7 à celui de Sardîque.
(23) Alfatis illufiratc , tome I.
(14) M. Daniel Bruckner a confacré un volume entier à la defcription <Ies
Amiquitéi d'Augâ, (Sedion XXIII de fet Mémoires Topographiques du
Canton de Baie, — Ouvrage en Allemand. Bâle 1761 » in - 8®. avecj^.)
(15; Voyez la Differtarion de M. TAbbe Grandidiert fur rauthenticité da
Concile de Cologne , dans le premier volume de THifloire de TEglife & des
Evëques - Princes de Suasbourg. p. ^;-78» & 1 30 13;.
DE LA SUISSE, tip
VII. HoMBOURGj & anciennement /fo^^^r^. Ce
Bailliage confine au levant , au couchant & au nord avec
celui de Farnsbourg , & au midi aveale Bailliage de Goes-
gen , qui eft du canton de Soleure ; le territoire eft fertile
en pâturages.
Il n*y a rien de remarquable dans ce Bailliage que le
château de Hambourg^ dont je vais parler, & où réfide le
Baillif , & la grande route par le bas Hauenftein. Cette
route eft très - commode & bien entretenue , auffi eft-elle
extrêment fréquentée : elle mené par Lucerne en Italie. La
feigneurie de Hombourg avoit anciennement des Comtes
de fon nom. En 1 304 elle pafladans la maifon des Comtes'
de Toggenbourg. Frédéric, Comte de Toggenbourg, ôc
Ide de Hombourg fa femme , fœur & héritière de Her-
mann Comte de Hombourg, la vendirent en ijoy ^ avec
la ville de Lieftal^ à l'Evoque de Bâle. Enfin en 1402 ,
Humbert de Neuchatel , Evêque de Bâle , la vendit à la
ville de Bâle , qui en fit un Bailliage.
Les Comtes de Hombourg font illuftres dans les h^ti
Helvétiques; leur primitive réfidence étoît au Château de
même nom , fur une montagne au - deflus du village de
Wegenftelten dans le Frickthal. Ils font nommés dans des
titres Comtes de Frick ou du Frickthal ; ils poflTédoienc
une partie du Siffgau & du Frickthal, & PAdvocatie de
TEvôché de Bâle. Ils bâtirent avec le temps le château de
HoîTibourgàXt le Neuf y pour le diftinguer de celui du Frick-
thaï, & qui eft au-deffus du village Laufelfingen^ dans
la proximité de la route du bas - Haueftein. La branche
qui continua de polféder Hombourg y dans le Frickthal,
s'éteignit en 132P ou 1330 avec le jeune Werner^ fils
I20 TABLEAUX
du Comte Werner , qui avoit été Tun des plus grands
Capitaines de fon tems, & qui , par fa mère Elifabeth Com-"
teffe de Rapperfchveil , avoit hérité le Comté de Tancien
Rapperfchveil , ou le pays de la Marche , le Weggithel,
& divers droits dans le canton dTJri. L'hiftoîre de cet
homme illuftre n'a pas été encore étééclaircie : Tes exploits
en Prufle , en Allemagne , en Suiffe & en Italie, Tout fait
placer au nombre des Héros de fon fiécle ; il cultivoit
auflî la Poéfie , & on a de lui une chanfon en vers dans la
Recueil des Troubadours de la Souabe. J'indiquerai ici
dans une note ( 26) les principales fources qui pourroienc
former fa Biographie.
On trouve dans le Bailliage de Hombourg, les paroif-
fes de Leufelfingen & de Rumlingen y & les villages de
DuKien y Thurnen y &c.
(16) Albertini Mujfati y Hiftoiia de geflîs Henrici VII; Csferis» Libri
Xn,cuin Notis Pignoriî ♦ &. Lugdunî Batavpr. 17. «-^ //z-/oi. jJf.
/Iberîi Argentinenfis Chronicon.
Pctri de Dusburg , Chronicon PruDSac. \
Les Vies des Papes d'Avignon , par Baluie.
JEnea Sylvii in Decad. Blondi Epitome , Lib. IX i p« 1 y9. çuQi iEne^-
SyWii Operibus ; Bafile» , 1571, in -fol. fig.
3ernardhi Corio » Hiftoire de Milan , 15039 in-folio , en Ical!en«
Chroni(}ue de la SuifTe « par ^gidius Tfckoudi.
Wurftifen, Chronique de Bâle , in-foL en Allemand.
Sehœpfiiniy Hiftoria Zaringo • Badens , tora. VII, p. ^81 &'feq.ÇatQ^
l^s Ruh« » 1766. in- ^^.cumfig.
Bruckner , Mémoires ou Curiofités du canton de Baie , fedion XII,
Joannes - Chrifiianus Lunig , Codex Italiae DipIoipaticMs , tom. I, p« 33 »
Francofurti ôcLipfi», 1715. in- fol cumfig.
Saint 'Marc , Abrégé Chronologique de THiftoire d'Italie, tom. IV.
Un grand nombure d*A6tes dans les diverfes Collerions manufcrite$ de b
Piblioxhéque de M. le B^ron de ZwLaubin.
ARTICLE X-
DE LA SUIS SE. xar
ARTICLE X.
Canton de F ri bou rg. Catholique y 6Z
Arijlo - Démocratique. Armes de Sable , cowp/
^Argent.
Xi'oRDRE des lieux (i) ne règle pas celui des rangs
encre les Cantons; il faut &ire un grand faut pour pafTer
de celui de Bâle à celui de Fribourg y qui eft le dixième
entre les treize. Il n'efl pas fort difficile d'en marquer les
frontières ; il eft de toutes parts environné du canton de
Berne , fi Ton en excepte le feul paflage SEJlavayer j _
qui eft au bord du lac de Neuchatel.
En eflPet, de quelque côté que les Fribourgeois veuil-
lent aller ^ ils ne peuvent fortir de chez eux que par ce
feul endroit y fans paflfer par les terres de Berne. Il y a
même des endroits dans le pays de Vaud , comme depuis
Moudon jufqu'à Avenche y où le canton de Fribourg eft
comme enchaifé dans celui de Berne par de petites lan-
gues de terre ^ qui fervent de communication ^ de la partie
orientale du canton de Fribourg ^ à la partie qui eft à Toc*
cidenc. Voici ce qui occafionna cette partition locale* Fri-
(0 L'Etat 8c les Délices de la Suiflji) toou III» p. 38 - tfo » dernière édi«
tion.
Leu , Diaion. Hid. de la SuiiTe, tom. VII , p. ;4i - 391. ' ^
Faarfî > Topogr. de la Suifle , tom. II» p. 5 n -^|8.
Tfchamer , Di6t. Topogr. de la Suifle, tom, I > p. 190- loj.
' Fuefslin > Topogr, de la Suifle, tenu II, p.'^f - 1x9 » &c;
Tome X. Q
N
^
V
XH2 TABLEAUX
bourg avoît renoncé en in^ à la combourgeoîfîe de
Genève, parce que cette ville venoit d'adopter les prin-
cipes des Réformateurs. Mais quand les Bernois, deux ans
après , fur le refus que le Duc de Savoie faifoit de rendre
juflice aux griefs des Genevois , fe faifirent du pays de
Vaud , les Fribourgeois fe hâtèrent de leur côté de s'ap-
proprier une partie de cette Province, Ils y furent invités
(bus main par ceux qui , dans ces temps y craignoient pour
le culte public de l'ancienne Religion. Les Communautés
monaftiques fur -tout, qui prévoyoient le changement
que de nouveaux maîtres imbus de la nouvelle doc-
trine , ne tarderoient pas d'établir , avoient infpiré la
même frayeur à diverfes Communes. Ces difpofttions favo-
rifoient l'intérêt de l'Etat de Fribourg , que la politique
avoit négligé. Ses domaines s'accrurent des terres de Rue,
Romont , Châtel -Saint -Denis, Eftavayer, Surpierre, &
d'autres diflriâs , qui étoient à fa bienféance. Quelques
différends que le partage de ces conquêtes fît naître entre
les deux Républiques, furent terminés par Tintervention
des Cantons alliés.
Nous avons dit que le Canton de Fribourg étoît pres-
que enclavé dans celui de fierne ; au levant & au couchant
il touche les Bailliages de Morat ôc de Sch^arzenbourg
qu'il pofTede en commun avec Berne , & le lac de Neu-
chatel. Sa longueur, du midi au nord, a plus d'onze
lieues , ôc du levant au couchant , huit lieues ; ôc en d'au-
tres parties il eft plus reflferré. La partie contre le cou-
chant ôc le nord , eft un fol plus uni que l'autre , ôc qui
eft fertile en grains ôc en fruits: on y trouve quelques
vignobles. L'autre partie eft montueufe ^ mais riche en
DE LA SUISSE. 125
cxcellens pâturages ; c'eft-là où fe fait Je fameux fromage
de Gruyère. Les principales rivières de ce Canton font la
Sarine , en allemand Sanen^ la Singine ^ en allemand J^^/ï-
fen y la Brqye , &c,
Freybourgy Frybourgy en françois Fribourg^ & en latin
Friburgum eft le nom de la ville capitale d'un des treize
Cantons. Ellç fut bâtie par Berthold IV, Duc deZerin-
gen, père de Berthold V> qui fonda Berne en i ipi. La
date delà fondation de Fribourg précède Tannée 1178,
ainfî que je Pai obfervé à l'article de fon Gouvernement.
Cette ville refta , après Textinûion des Ducs de Zeringen ^
fous là maifon des Comtes de Kibourg , qui avoit hérité
de leurs Domaines en SuifTe, & pafla enfuite fous la mai-
fon de Habsbourg. On peut voir les détails de fon hiftoire
dans les Annales Helvétiques.
La fituation (a) de Fribourg eft trifte & fauvage ; des
coteaux ( * ) fort élevés & des rochers l'environnent à
Torient & au nord. La ville même eft affife fur un rocher
de pierre de grès, dont le fommet oriental eft très-efcarpé.
La Sarine ou Sanen Tentoure de deux côtés. Tout carac-
térife la barbarie du fiecle de fa fondation. Dans les beaux
jours de l'Empire Romain , les hommes s'établiffoient dans
des lieux agréables ; on vivoit tranquille , on cuitivoit les
arts^ on connoiftbit le commerce & les douceurs de la
vie. Quand l'Europe le vit aflervie fous le joug féodal ,
chaque petit Seigneur^ obligé de pourvoir à fa fureté^ (è
logea fur un rocher. Les fondateurs de Berne & de Fri*
(i) Sinner^ Voyage dans la Suiflfe occidentale, toni. n> p. jti > ù'fuh.
("^ ) Planches , n^ 43 > double > 51 > 65 > i J9 6c 160.
124 TABLEAUX
bourg cherchèrent des ficuations > où ^ félon la manière
de faire des fiéges dans ce tems- la> les villes qu'ils bâcif-
foîenc fuflent fortes par leur emplacement. La ville de Fri-
bourg y étant placée fur la ligne de féparation des deux
"^ langues , on y trouve un quartier ( la Bajfe - Fiile ) , où cha-
cun parle allemand , tandis que le relie des habitans parte
firançois ou patois. Ainfi les Fribourgeois font moitié Alle-
mands y moitié François. Les affaires fe traitent en alle-
mand dans les confeils. Mais les peuples du Canton ne
favent gueres que le patois : ce dialeÛe eft généralement
en ufage même dans la bonne compagnie ^ c'efl celui de
tout le pays de Vaud parmi le peuple; il mérite l'attea»
tion de ceux qui aiment ce genre de recherches. On y
reconnoit fenfiblement la dérivation des mots de la langue
latine ^ qui font devenus moins reconnoiiTables à mefure
que la langue françoife s'eft perfeâionnée. En patois du
pays de Vaud , le pain s'appele pan ; un enfant , infant ^
les enfans appellent leur ^tt^fennor , & leur mère donna^
Tous ces mots font évidemment latins : les deux derniers
viennent à&fenior & domina. La Chancellerie de Fribourg
eft allemande, quoique généralement tout le monde y
fâche mieux le françois que Pallemand.
On appelle Fribourg en Uechtland ou Nuchtland ^ ou
Nuitlandy pour la dillinguer de Fribourg en Brifgau;
on ne connoît pas ( 3 ) bien Torigine dt* nom de ce diftriél
dans lequel la ville de Berne a été auffi comprife. Ochte
( î ) Lcu , xViL tom. XIV , p. 241 & 24P ; & tom, XVIII, p. 4^^ > 467.
Watte ville ^ Hiâ. de la Confédération Helvétique , toau 1 1 pag« 70 ^ 71*
Yverdoo, i7^« in- 8^j^. 6cc»
/."•;'••-•
\'
>t%^-
HUju
DELA SUISSE, tif
figrtîfioît dans Tmcien Tudefque /e le\'ant ; ainiî Ochttànd
défigneroît le pays vers rorienr. J'ai fous les yeux (4) W
a£le iatin^ daté du Château de Saint -Martin le 6 Juta
13^2, par lequel Amédée ^ Comte de Savoie & de Maii*
Tienne , réfervoit dans fon alliance, offenfivre & défenfivc
de dix ans avec Albert Duc d'Autriche, les villes de
Berne , Soleure , Fribourg , in Oàhlandia , & Bienne ^
avec lefquelles il avoit eu des alliances précédentes.
Fribourg t^ unegrande ville, & généralement bien bâtie,
à (ix lieues de Berne ; fa fîtuation paroît tout -à- fait ex-
traordinaire : il n y a qu'une petite partie à Toccident qui
foit dans la plaine & un peu unie. Le refte eft bâti parmi *
des rochers Ôc des coteaux , tellement que de quelque côté
qu'on y marche , il faut monter ou defcendre. Du refle
les rues y font propres & larges , bordées de belles mai-
fons & de divers édifices publics, la plupart religieux^
ornés autant qu'il fe puiffe. La ville efl: partagée en qua*
tre quartiers , que Ton nomme Bannières ; ce -font le
Bourg y V Auge y la N euve- Ville ^ & les Places. On re-
marque , dans le premier de ces quartiers, TEglife Cathé-
drale, dédiée à S. Nicolas , qui eft au milieu de la VilW
Elle eft grande : fa bâtifle en pierre retrace le goûtgothi»
que , aufli fa fondation remonte -t- elle à ian 1 178. Les
fculptures bifarres qu'on voit au ? deifus du portail , & qui
repréfentent ( ; ) le jugement dernier, prouvent plutôt le
(4) Ste/erer , Additiones adCommenfar. HiAoris Alberttll , Aufiris Dn-
ôsf p. \6S'\ù%.
(5) M. Anirtas , de Hanovre» a fait graver cet figures dans (es Lettres fiif
la SuifTe, p. iiy Se m» Zurich 8c Wi&tertbour, 1776. fA-4^ en Allc«
mand.
ii6 TABLEAUX
goût des Artîftes du temps paffé , & Pufage où Ton étoît
de mêler le burlefque avec les fujets les plus férieux,
qu'une intention de tourner la Religion ôc les traditions
de TEglife en ridicule. Un homme de Lettres (5),Suiire ^
paroît avoir cherché mal-à-propos le fens de ce monument
Fribourgeois dans l'opinion de quelque Sculpteur qui fe
mocquoit de Téternité des peines. Des diables portant des
damnés dans des hottes ^ ne font pas plus ridicules que quel-
ques figures du fameux tableau du jugement dernier par
Michel - Ange.
L'Eglife Cathédrale de Fribourg eft un Chapitre de Cha-
noines , à la tête defquels eft un Prévôt mitre. On voit dans
cette Eglife , entr*autres monumens, celui de Jacques Fege-
Un , Colonel au fervice des Rois Henri IV & Louis XIII ,
.mort en i (Î24. On peut lire le détail des fervices de ce
Chef, d'une rare diftinftion , dans THiftoire Militaire des
SuifTes au fervice de la France , par M. le Baron de Zur-
(é) M. Jean Conrad Fuefslin , de Zurich.
Si ce Savant eût vu dans TEglife Abbatiale de S. Denis en France le tom-
beau du Rot lOagobert « Se les figures que Ton voit au - defTus du portail de
Notre - Dame de Paris & au frontifpice d'autres Eglîfes Cathe'drales , il eût
été plus modéré dans fon jugement. M. TAbbé Grandidier y après avoir ex-
pliqué un monument fingulier, fculpté en pierre , qui exifloit autrefois dans
la Cathédrale de Strasbourg > 8c qui fut détruit en 1 685 , Se après avoir cité
plufieurs monumens de ce genre 9 rapporte le palTage fuivant de S. Bernard»
Abbé de Clairvaux» d'après fa Lettre écrite vers Tan iii^ à Guillaume
Abbé de S. Thierri. A quoi bon , difoit - il , tous ces monjlres grotejques enpeîn"
tures îS en bojfes qtCon trouve dans les cloîtres , à la vue de gens qui pleurent leurs
péchés ! A quoifert cette belle difformité ^ ou cette beauté difforme ! Quefignifient ces
finges immondes , ces lions furieux , ces centaures monjlrueux ?
Apud Mabileonem» intcr Opéra S. Bernardi , cap. ii , num. 19 y p. J3p.
Eflais Hiftoriques 8c Topographiques fur TEglife Cathédrale de Stras-
bourg, par M« TAbbé Grandidier , p. 164 - z6p, Strasbourg 1782. 2/2- n.
'Ibm^X^J^c*mf
PLM'S
J>rvy^ S.'ulf
DE LA SUISSE. ny
Lauben. La Maifon ( 7 ) de Fegelln eft Tune des plus illuf-
tres (*) de Fribourg.
\J)L^\£tàt Notre- Daniet^ tout près de celle de Saint'^
Nicolas y maïs elle eft petite. On prétend ^ue c'eft la plus
ancienne de la ville.
La Paroîffe de J. Jean- le ^ Grand ^ dans la Neuve^
faille , avec la Commanderie de l'Ordre de Malte , fut fpn '
dée en 1224 parle Chevalier Rodolf de Hackenherg.
\jit petit Saint' Jean y dans VAuge^ eft aufli Tune des
plus anciennes Eglifes de la ville. £Ue eft defteivie par des
Auguftins.
Le Couvent des Auguflins f auflî dans VAuge ytonàé
en 1224. Ces Pères, aunombrede 30 , font de la province
de Souabe. J
Le Couvent des Cordeliers , fur les Places^ a été fondé
vers Tan 1224 par un Comte de Kibourg.
Le Collège de S. MicAtl ^ ci-âev^nt celui des Jéfuites^
eft magnifiquement bâti fur une hauteur, dans le quartier
le plus élevé de la viile : Ton en pourroit faire, en cas d%
befoin , une citadelle. Cette maifon eft Eôutti en pierres,
de taille. Elle fut fondée. Tàta 150^ VèS&'àft^^j^^
grand & profond étang jquUl&utpajSeriÛQr?^^^
y entrer. On y monte de la ville jpar un efcalier couv6rt
de quelques centaines de marches. L'Eglife eft fuperbe par
ies ornemens : on y voit le tombeau du Jéfuite Pierre Ca^
(7) Lea » \h\à. tom. Vil , p. 61 - 68. Girard, Hifloire abrégée des Officierf
Suiflès dans des grades Tupérieurs » tom. I» p. i46-ftji« Fnïoufj en Suiflfc»
i78i.m- II.
(*) Planche, n\ %i6.
128 TABLEAUX
nifiiisy célèbre par la faîntetéde fa vie & par fes Ecrits:
il avoît été le premier Redeur de ce Collège. On continue
d*y ehfeigner à peu-près fur le même plan des ci*devant
Jéfuites , & ce Collège eft très -fréquenté.
Le Couvent des Capucins j dans le quartier du Bourg ,'
près de la porte de Morat.
Magereau y en latin Macra Augia j 6c en patois du
pays , Maigroge ou Meigrogey Abbaye de Religieufes de
rOrdre de Citeaux^ fur la droite de la Sarine , entre des
rochers fort élevés ^ tout près devant la Ville de Fribourg>
& qui eft fous la vifite de PAbbé d'Hauterive : elle fut
fondée en 12.^9. Sos principaux bienfaiteurs ont été les
Comtes de Kibourg & de Neuchatel > les Barons de
Grandfon , les nobles Reich , d'Englifperg , de Rhein»
felden , &c.
Le Couvent des Capucines \ ou Religieufes du tiers-»
Ordre de S, François , fur le ByfenBerg y dans le quartier
de la Neuve - Fille y fut fondé en 1626 ^ par Jacques (8)
de TP^allier } la Maifon de ce nom eft Tune des plus
illuftres de la ville de Soleure.
Le Couvent des Religieufes de la Fi/itation dans] la
bannière du Bourgs & celui des Urfulines dans celle des
Places.
Les édifices publics font , ï Hôtel de Ville y dans la
bannière du Bourg y 6c qui domine fur la Sarine. Cette
n)aifon exifte depuis lyo; fur remplacement du Châtejiu
qui avoit donné le nom à la ville y & qu on appelloît Freye^
(fi) Vo;ex la Généalogie de IVdlier dans I^u, Dia. Hiftor. dtf la Suiffe »
foni*XIX, p.^^«io7.
burgy
DELA S Û IS S E. 129
Burgy c*eft-à-dîre le Bourg •libre. En face de cet hôtel
eft une place plantée de tilleuls. La Chancellerie , autre
bâtiment dans la bannière du Bourg y VArfenal^ VHôtel
des Monnoyes y la Douane y deux magafîns de bled, les
Hôteïs des Tribus y &c.
Ce feroit ici le lieu de parler des changemens arrivés en
4782 dans la conftîtution de la ville de Fribourg ; entr'au-
très , derannobliffement de toutes lés familles Patriciennes j
ou habiles au Gouvernement y par la République & de fou
autorité fouveraine. Auparavant le titre de Noble (en alle-
mand •/^//zryt^r) y n'étoitafFcâéqu*àfeize (p) familles qui le
dévoient à leur origine ou aux diplômies des Empereurs fie
des Rois. Mais les 17 fie 18 Juillet 1782 parut le Réglée
ment {16) du Confeil fouverain de la ville ou République
de Fribourg y relativement à fintroduSion de f égalité des
familles Patriciennes 6* de leurs titulatures. UAvoyer y
Petit fie Grand Confeil , dit y les Deux Cens de la Ville fie
République de Fribourg y déclarent , c^ ayant Joigneu--
Jement con/ideré quune union parfaite 6* une confiance
mutuelle entre les citoyens d'un état y enfirmoient la vraie
hajey &• que le feul moyen de la procurer , étoit tétablijfe^
ment d^une parfaite égalité entre tous les Bour^ois de leur
Vaille capitale y habiles au Gouvernement ^ ils oni y pout
(p) Voyei-en les noms au Titre XXX VIII de cet Ouvrage, où il faut
ajouter au nombre des quinze Familles nobles , qui 7 font défignées par
ordre alphabétique celle de Lensbourg^ qui a été omife , & qui par conféquent
complète le nombre des feize Familles de la dafle des Nobles.
. (10) Imprimé en Allemand 6c en François , i Fribourg en Suifle» 178^*
i/1.4''
Tome X. R
I30 TABLEAUX
tu teindre un but aujfi falutaire y trouvé bon deftaiuerâC
d* ordonner :
i^. Qu'à Tavenir toutes les familles de la Bourgeoilie
fêcrette de la ville Capitale y pourront indiftinâement (i i)
parvenir à toutes les charges & emplois de la Repu**
biique.
2^. Que dès la date des préfentes ^ toute noblefle étrai>-
gere> & tous diplômes qui auroient été produits (12)^
ou d'autres qui ne feroient pas aâuellement connus ^ ne
doivent maintenant, ni dans la fuite des temps j avoir au-
cune force ni valeur dans la ville & dans les terres du Qzàr
ton ; & qu à Tavenir aucun Bourgeois fecret dé Fribourg
ne doit j ni dans le pays, ni au dehors^ s'élever au*deflu8
de fon combourgeois^ & faire aucun ufage de tels diplo*
mes , titres , foie lettres de Noblefîe dans le pays aucune*
ment, ni dans les aâes publics, ni dans les aâes privés.
Hors du pays , toutefois , fi l'un ôc Tautre des Bourgeois
de Fribourg avoit obtenu ou obtenoit dans la fuite quel-
ques titres , il pourra s'en fervir pour l'avancement de fa
fortune , moyennant que ce ne foit point vis-à-vis de fon
combourgeôis , ni en cherchant de l'avancement dans les
fervices avoués.
30. Qu'en conféquence , mettant de coté tous titres 8c
titulatures étrangères , aucun autre titre ne doit être don-
Ci Avant cette époque, les FamiUes reconnues Nobles , étoîent exclues
de toutes les charges confîdérables Se lucratives de Banxrtts & de Stems.
^ (II) Avant la date de ce R^lement, TEtat donnoît dans fes Lettres Se
AAes publics aux Familles Nobles « tous les titres qu'elles portoient , 00
91'eiles avoient obtenus des Poiflances étrangères; ufiige qui eft fiiividans
h plus grande partie des antres Euu du Lauàlc Canton Hdvàifm.
DE LA SUISSE. 131
né à coûtes les (âniilles d'écat que celui de Noble arec la
particule ( 1 3 ) D£.
4^. Nous ordonnons 5 à ces caufes > à notre Chancellerie ^
à tous les Greffes^ Notaires Jurés , & à tous ceux qui tien-
nent les regiftres des Baptêmes ^ des Mariages & les regiftres
Mortuaires y de ne fe fervir dorénavant dans tous les aâes
publics & privés y de même que dans l'expédition des ex«
traits de Baptême ^ de Mariage & Mortuaires y d'aucune
autre titulature que de celle ci -devant mentionnée > fous
l'amende de Cent ecus BL^NC5encasdc contraven-
tion. Pour le paiïé toutefois y fî d'autres titulatures fe
trouvoient aduellement infcrites dans les prédits regiftres j
nous permettons qu'icelles puiflent être ajoutées dans l'ex-
pédition littérale des extraits : mais il fera en même-temps
dit dans la légalifatîon d'iceux^ conformément au formu-
laire (14) ci -joint , que nous ne reconnoiffbns ces titres
pour aucun de nos Bourgeois y &c. &ci
On peut voir à l'article àw gouvernement de Fribourgy
Ibus quelle condition la Noblefle pouvoit obtenir les char-
^m) ^ 178^ la République de Berne a permis , par une déciiion paflHe â
h majorité d'une feule voix 1 à toutes les familles de TEtat de prendre ,
dans les adtes publics , la particule de ou von à la tête de leurs noms, leur
iaiâant là-deflus pleine option.
(14) Voici le Formulaire de légalifation, annexé à ce Règlement :
Nous , L*ÂVOYERBT CoKSEIL DB M ViLLB ET REPUBLIQUE UB FrIBOOEG ^^
Savoir faifons , & certifions par les Préfentes , que N. N. ( Curé ou Notaire ) »
qui a expédié ou figné le préfent Aâe , eii effedi vement tel qu'il fe dk être ,
& qu'en conféquence il peut & doit être ajouté pleine foi> tant en juge*
ment que deliors, au contenu eflentiel d'icehii ; mais que nous ne reconnoif-
ions pour aucun de nos Bourgeois les titres y contenus de ( Comte y Marquis^
Barons , &c. ) En témoignage de quoi nous avons £iit munir les PreTentes
de notre Sceau fecret ^ & les avons £ût figner par notre Secrétaire d'Er
tat , &c. &c. '
132 TABLEAUX
ges de Banneret & de Secret , avant la date de ce Règle-
ment. Aujourd'hui ces entraves , données par Tégoifine y
ne fubfiftent plus. En 1785 la République a admis au nom-
bre des familles Patriciennes ^ feize nouvelles familles ^
dont plu(ieurs n avoient auparavant que le titre de Bour--
geois - Forains ; & quelques-unes étoient d'extraâion pu*
rement ruftique ou roturière. Mais il faut excepter de ce
nombre la noble famille de f^evai ^ établie depuis plufieurs
fiécles à EJlavayer^ & dont une branche fubfifte dans le
gouvernement de Soleure ; il faut auffi en excepter M. à' En-
drion y de la même ville d'Eftavayer ^ dont la famille a
pofTédé les principales charges de fa patrie ^ pour la dé-
fenfe de laquelle Tun de ce nom avoit été tué en 147 y.
Au refte on doit efpérer que ce fupplément de nouvel-
les familles dans le Gouvernement ^ écartera l'oligarchie
f ui naîtroit avec le temps ^ (1 le nombre des Êunilles étein-
tes n'étoit pas fuccefCvement remplacé par de nouveaux
Bourgeois. LefavantProfeffeurde Goettingue^ ^.Meip-
aers y a fait dans fès Leares ( i y )/iir la SuiJJe des obfer-
varions énergiques fur les dangers de Tollgarchie , qui
poura abforber infenfiblement le pouvoir fouverain & lé-^
giflatif de Berne; parce que l'Etat ne rempbce pcMnt pé-
riodiquement le vuide des familles éteintes. Ses remar-
ques mériteroient d^être traduites ^ mais notre Ouvrage
a fes bornes.
On appelle à Fribourg ^ Fancien domaine ou territoire
de cette Ville ^ un diflriâ conrîgu qui a dix -huit lieues
(ij) Pfcmieie pame,p« i^8c2;o»&>£r.Balin,i7S4»m*8^enAIr:
DE LA SUISSE, 133
dans fon contour, & qui comprend vingt- fept Paroiffes.
Les habitans y ont des privilèges confidérables : ils éta-
biiflTent , de concert avec les bourgeois de Fribourg ^ les
deux Âvoyers du Canton, d'après le choix dç quelques
perfonnes que les Confcils ont le droit de propofer. Le
Duc de Zeringen , en fondant la ville , lui annexa ce do-
maine , dont la police eft régie par le Bourguemaître. Ce
Magiftrat, que la Bourgeoifie élit tous les trois ans par-
mi les Membres du petit Gonfeil , a aufli Tinfpe.dion civile
de la ville. Cet ancien domaine à répété, ces années der«
nieres , conjointement avec la bourgeoifie domiciliée en
ville , plufieurs droits 6c franchifes dont il prétendoit avoir
été privé. Je n'entrerai pas dans le détail de ces griefs ;
on en peut voir le tableau dans les mémoires imprimés à
ce fujet. La République a févi contre plufieurs des auteurs
de cette émotion. On peut lire les déclarations qu'elle a
données le 1 1 Mai 178 1 , 6c le 2; Juillet de 1782 , con-
jointement avec celles des trois Cantons fes alliés, Berne,
Lucerne ôc Soleure > dont elle avoit fpécialement requis
la prompte aflîftance , à l'époque de Texplofion des trou-
bles qui agitoient le Comté de Gruyère 6c quelques autres
diftrifts du Canton. Je tire le rideau fur Tprigine 6c jfhif-
toire de ces troubles ; il eft à defirer que la fermeté avec
laquelle Fribourg , ôc les trois Canton? ariftocratiques
fes confédérés , les ont appaifés, en ait entièrement éteint
le foyer.
J'ai nommé à l'article du gouvernement de Fribourg^
les vingt -fept paroiffes privilégiées qui compofent ïan--
cien territoire de cette ville y j'ajouterai feulement quelques
obfervations locales 6c hifloriques»
1^4 T AJB L E AU X
La^poifle de Praroman y en latin de Praio Romano^
a domié Ton nom à une ancienne & iilufire ( i5) Maifon^
qui a Ênt plusieurs donations à TAbbaye de Hauterive dans
les dôuvs 9 treize & quatorzième fiécles > & a rendu des
fervkes iiftiportans à la ville de Fribourg dont elle a rem-
pli les pr incipcdes Charges ; elle a aufli produit des Colo«
liels de plufîeurs Régimens SuifTes en France.
Hetenritd y gros village de Paroifle , & dont la bafle
JurifdiclicTn appartient depuis ij7p à une branche (17)
de k maifon de Diesbach y qui^ à Tépoquede la réforma-
tîon à Berne 9 s'eft établie à FribcHirg^ & qui a eu au
(ervice de TEmpîre 6c de la France^ des Officiers géné-
raux ( * ) , d'une rare diftindiom
LRtrmiiage de Friiourg , à une lieue de Fribourg y
tirant du côté ée Bprne. La Sane ou^ Sarine ( ** ) coule
dans un lit profond y au pied d'une haute montagne ^ où eft
le célèbre Hermitage dont je vais parler. Sur la rive droite
de la Sane y s'élève une chaîne de rochers^ hauts de trois,
à quatre cens pieds y fort efcarpés^ âc prefque tout droits
6omme (î on tes avoit coupés ^ au - delTus defquels il y a
un bois* Environ à deux cens pas au-deifus de Teau^ le
»
(16) Leu) i5fi. tome 14, p. 539-^44*
Hift. Militjdes SuifTes au fervice de la France> par M. le Bar. de Zw-Laubetu
Htftoke atbregéè <ies Officiers Saiflès dam des grades Aipérieurs > par
M. TAbbé Girari , tome II> p. 190- 301. Fribourg en Suifle 1781. îa-ii.
(17) Gijrard , i(i(f . tome i» p« i5o- i8p*
LeUf ibid. tom* VI , p. 7x-^x«
Zur-Lauben, iHd»
.Hiûotre Miiitftice des S\uû^% > par M, de May de Eomainmotiec
(*) Prjncfce, n*. 174.,
(♦'') Planche jn: II.
DE LA S U I S S
Ï3Î
rocher fait une petite avance fur la rivière : c eft-là qu*un
H ermite fe fit chemin jufqu'à une fente d'un rocher fur
\z fin du dernier fiécle. Il y creufa ou tailla un petit efpace
autant qu'il en falloit pour s*y étendre tout de fon long,
& s'y mettre à couvert des injures de lair. Un autre Her-
mittj qui le remplaça, & qui fe nommoît Jean du Pré y
de Gruyère j entreprit de fe tailler un logement plus com*
mode dans ce roc; & à force d*y travailler durant vingr-
cinq ans avec un vaiet, il a fait un joli Couvent ^ où Ton
voit une Eglife ^ un clocher , une facriilie , un réfedoire ,
une cuifine > une grande falle , deux chambres annexes ,
deux efcaliers> ôc au -delTous une cave, le tout taillé dans
le roc. On voit d'abord une cave affez grande , & un
caveau, où il s'eft trouvé heureufement pour THermite ,
une four ce abondante de bonne eau. On monte par un
efcalier de quelques marches, 6c Ton trouve une Eglife
qui a 6i pieds de long, ^6 de large , & 2a de haut. La
facriftie qui eft à côté , a 22 pieds de long, autant de lar-
ge & 14 de haut. Mais ce qui eft le plus digne d'admira*
tion^ cVft le clocher, qui sMlevejufqu au-delTus c!u rocher^
à la hauteur de 70 pieds , fur 6 de large* Encre l'Eglife &
le réfeéloire il y a un falton ou antichambre , qui a 44
pieds de long fur 54. de large- Le Relettoire eft petit,
comme il le faut pour un Hermîce, Il a 2 1 pieds de long ,
& il eft occupé en partie par un lie & un fourneau. A côté
eft la cuifine avec une cheminée , dont le canal eft plus
admirable encore que le clocher de TEglife ; car il a 90
pieds de haut* De-làon pafle dans une grande falle longue
de i?3 pieds, fur 22 de large , avec de grandes fenêtres ,
pareilles à celles du refte de la maifon j qui donne la vue
1^6 "^ T dB JL E AUX
fur la rivière. On né :peut s'ettipêcher de fe fentîr faifi de
quelque effroi quand on regarde en bas > & qu^on voit
cette rivière w deflbus. Au-delà font deux autres cham-
bres ,' qui font enfcmble la longueur de f*4 pieds ; & au côté
de la grande falle, dahs robfcurité, efl un efcalier dérobée
Il eft prefque inconcevable comment cet homme a pu faire 9
avec un feul valet , un fi grand & fî difficile ouvrage ^ &
iur - tout couper les canaux du clocher ôc de la cheminée^
Devant THermitage , ôc dans lai petite avance dont j'ai
parlé ^ il a pratiqué un petit jardin potager ^ qiti fournie
des herbages & des fleurs.
Cet Hermite avoit deffein de pouffer fon ouvrage plut
loin 3 mais ia mort ne le lui a pas permis. Le pauvre homme
fe noya Pan 1708 , le jour de S* Antoine ^ patron de cett«i
Eglife. Quelq4ies "écoliers .y étoient allés pour célébrer fa.
fête avec luK ce jour - là > qui eft le 1 7 de Janvier ; il vou*
lut les reconduire au-delà de Teau ^ dans un hateleÇ)
qu'il tenoit pour cet ufage^ malheureufement le batelet^
verfa, & il périt avec les écoliers quil conduifoit. Soa
hermitage refta vacant quelques jours ; à la fia il s eft-
trouvé un bon Prêtre qui eft allé remplir fa place. Il tire là
fubfiftance des aumônes confidérables qu'on lui fait \ 6c
aucun étranger curieux qui y va^ ne s'en retourne fans lui
f^ire quelque préfent ; comme audi lui ^ de fon coté ^ offre
honnêtement du paw ^ du vin ^ & dans la faifon un pçtiç
bouquet d'œillet à ceux qui vont le voir.
V ancien territoire de la ville de Fribourg s'étend depuîa
la liviere de la Singine% jufqu'au ruiffeau de Macconens^
6ç A^^\x\%Mo9m:hweHer ^ o\x f^illars^U-Moine ^ près J/o-
r^/ > jufquau ruiffeau de Piafçyon. Un voyageur qui aime
les
DE LA: S U I S^S E. 137
les fîtiùitions extraordinaires , ne doit pas oublier la vue {*)
fur le Goneron près de Fribourg.
Bonn y en latin Aquajbonay dans laparoifTe de Du^
dingen , à deux lieues de Fribourg fur la Sarine ^ efl fa-
meux par des bains dont les eaux (18) charient du foufre
& de Taiun y & qui font extrêmement fréquentés. Il y a
trois fources. On y trouve toutes les commodités podl-
bles pour y faire une cure avec agrément. Près de Bonn^
fur un rocher y on voit une tour bâtie par les Sarrazins ^
Ôcqui reffemble à tin phare.
L'Abbaye de Haute -Rive en latin Aha-Ripay & en
2\\tvci2Lïià Alten- Reyff y de l'Ordre de Citeaux^ efl fituée
à deux lieues de Fribourg y fur la rivière de la Sarine.
Guillaume, Seigneur de Glane y en fut le fondateur en
1 137 9 comme on le voit par la Charte de Gui^ Evêque
de Laufanne. On trouve encore les mafures du château de
Glane à l'endroit où la Glane fe jptte dans la Sarine > au<»-
deffous de T Abbaye de Hauterive. La Maifon de Glane
ou Glana étoic très- ancienne, & confidérable par fes pof-
feffions. La^us ( ip ) qui en parle ^ dit que les Comtes de
Glane defcendoient de Gevelin y Gouverneur de Bourgo-
gne , qui fut tué par. ordre de Charlemagne y pour avoir
livré l'armée Françoife aux Sarrazins y près de Roncevaux.
(*) Plinchesj n^s. 21 , i6o & 17p.
( 18 ) On en a une Dcfcription par Dugos , imprimée à Fribourg en tô^U
Les Obfervations de M. le Médecin Schueler^ inférées dans le Journal Helré-
liqucy Avril 1761, & Juin 176} ^ valent beaucoup mieux.
M. Muller^ Confeiller d'Etat & anden Tréforier de la R^ublique de Fri-
bourg, poiTe/Tcur de ces Bains , les a embellis par des bâtimens élégans.
(ip De Migrât. Gent, Lib. XI , p. 783. Bafileas , 1 5J7 ^in-folio, cumjig^] .
Tome X. S
138 TABLEAUX
Mais cette origine fabuleufe a fa fource dans les G^s de
TArchevêque Turpuiy 6c dans les anciens Romanciers.
Les Seigneurs de Glane ëtoient de la Bourgogne transr
jurane ; plufieurs modernes leur donnent le titre de Com-
/^j*: ils étoient attachés aux Comtes de Bourgogne y leurs
Seigneurs fiizerains 5 & vraifemblablement ils leur appar-
tenoient par les liens du fang. On voit dans l'Ëglife Abba-
tiale de HauteriVë le tombeau du fondateur : il mourut en
1142. Hàuterive rècônhoît, entre Tes bien&iteurs ^ Jean
Comte de Bourgogne & Sire de Salins y les Comtes de
Savoye, de Neuchatel & de Gruyère, les Nobles d'Efta-
vayé , de Blonài , de Montagni , d'Avry ou d* Afti , de
Praromann , &c. \JAdvoceuie de cette Abbaye appartient
aujourd'hui à TEtat de Fribourg , par le libre choix que
le Monaftere en a fait en 14^2, après avoir acquis ce droit
d'Agnès Comtefle de Gruyère, veuve de Nicolas d'Englis-
berg. Le Monaftere a obtenu des privilèges confîdérables
de Berthold Duc de Zeringen , fondateur de la ville de Fri-
bourg , des Papes , dés Empereurs , des Evêques de Lau-
fanne, des Comtes de Kibourg , des Barons de Vaud, qui
étoient de la Maifon de Savoie , &c.
Cette Abbaye a immédiatement fous fa direftion fpiri-
tuellé la Maigrange éC la Fille ^ Dieu ^ deux Abbayes
de Religieufes du même Ordre , dans le canton de Fri-
bourg. Elle exerçoit autrefois le même droit fur l'Abbaye
<!e Cappel , dans le canton de Zurich. Il y a encore cinq
Eglifes (20) paroiffiales, dépendantes de T Abbaye. Les
(10) Ecttvillens » Onnens» Cogi» Lentigni 8c Nuvilly» dans leCastoii
de Fk&ourg,
mA.S2^
t ; >'
DE KlLJj^Si CTvI S S E. 339 J
agréable. UÀSbé d'aujourd'hui eft depuis lytfi un Reiî- l
gieux capitutaîre^de ce IVlônafterè , ^Uî a mérité d^être i
nommé en 1782 Evêque de Laufanne par le Saint-Siège j j^
eh coififëi?vàht (bft 'Abbaye; Les vÉî^ 4ie ce j
fa naîllance eft égaldnent illuft^: nous en avon^parlél
rartîclé'de Len:(h>urg ^ dzns le canton de Beine. • -
Indépentfammerit de Tàncien' territoire , là • ville- de FA^
hdiirg. pofledë dix^neufBaUliâi^ès^ qui Ibntcloâiiés.'psir
Xtfort-àvèiigU : là cômmiflioti dëè Bàîl}ifi'dtiift^;c$K4'aÂ9.
Ceux Slllens , de Plafayon dt de Btllegardé^ habitent
dans la Ville ^ mais les autres^ au notnbre de feise^ féfî-^
dent dahs^des ChâcéatDc- "-'•■' -^ ^'''^ ^^->^' -''-' ''.jnr.'.J
Sii
I40 TABLEAUX
A\
B A IL LIA CES.
3 J. . i ^LfiN.s, :^j awr^Qk irUlns , Ac /eQiai^add Z^^w^r
^uatorzie^ne fiecie aux Barons de la Tour en Vailaisj
enfuîte aux Comteç d'Ârbërg^ puis fuccefCyement. d^
n9f^y^y\$%h)^^\^^ çn^^M^ Nobles d)En-
ft^lQ>fefgh.J^e:fig>tft^^ de^lj^ guprr^
/tefî^pJBgOftilPil.fe.W ^jup MM^gô, On voit encore le?
iQDafureiii ^u «châi^eati d^J/Zenspxhs dp la Sarine^i en £icc
à^Arca^cieL PrefQuc^ ^ tous ^ le^ ijefs ^ jbdens ^fonc^rç de oe
Bailliage font fîtués dans V ancien^ -^^rifpirç 4^ Fiibpurg[^
dans les paroifTes Trey vates > Ârcanciel > Efcuvillens >
Matran & Autîgnie. Le village Arcanciel ou Ergen--
:^ach^ fur la Sarine^ appartenoit audî avec fon Château^
préfentenient ruiné y aux mêmes Barons de la Tour*
II. P/afqyon^p m allemand P/i2/ç>r^. Ce Bailliage a
pour limites r ancien territoire^ ïz villç de Fribourg ^ &
le Bailliage de Sch'war'^nhourg: Cette Seigneurie appar-
tenoit anciennement aux Comtes d'Arberg ^ puis aux 6a«
rons de la Tour en Vallais y enfuite aux Barons de la
Roche ou Von-Tluo. Le Canton s'en empara dans le temps
de la guerre de Bourgogne en 1475. Plafayon eft un bourg
fur la Singine.
III. Bellegarde {^^) y autrement laun y Bailliage acquit
C*) P/iwcAf/, n*. 4* ia^lty & JPb
DE LA SUISSE. 141
à titre d'achat , partie en i J 2 j" , de Jacques de Corbaria
ou Corbière , & partie en i y n ^^ Michel , dernier Comte
de Gruyère. Ce Bailliage comprend la paroifTe de Jaun j
le Château ruiné de Bdlegarde qui eft fur la frontière du
Simmenflel & de Geffenai, du canton de Berne.
I V. Montagny , en allemand Montenach. Ce Bailliage
a pour limites V ancien territoire de la ville de Fribourg
& les Bailliages de-Rompnt Ôc de Favargniè ou Pont ^ cjui
appartiennent au mêmpÇ^pton. Les Barons de Morua-^
gny (21) font célèbres dans THiftoire de la Bourgogne
trans-jurane. La Maifon de Savoie vendit fes droits fur
la Seigneurie de Montagny à la ville de Çribourg en 1478 ,
ce qui a été confirmé en i;o8 & i; 17. Le Baillif réûcLeau
château à^ Montagny y fur une hauteur parmi des rochers ,
dans le petit bourg de ce nom , à deux lieues de Payerne.
Ce bourg eft dans la paroifTe de Montagny - les- Monts :
il y a dans le même Bailliage les Paroiffes Dompierre fur
la Broyé ^ Domdidier y où le Château appartient aux No»
blés Fegelin de Fribourg , Echelles, PontauXy LentignUy
& Tornypitet ou Torni - le -petit.
V. Saint- Aubin deVulUéy entre le lac deNeuchatél
6c celui de Morat y eft un village de ParoifTe avec un Châ*
(il) La Maifon de Montenach ou de Montagny^ illafire dans les faftet de
la République de Fribourg , & de laquelle il 7 a eu deux Evêques de Laa«
(ànne , rapporte fon origine aux anciens 'Barons du même nom. Voyez e«
la généalogie dans le Diâionnaire Hiûorique de la SuiiTe^pac M« Lm^
tome XIII y p. 24 j« 25 s,
i
I
"^
^
Ï41 TABLEAUX
teau où réfide le Bâiliif. Cecte Seigneurie fut achetée en
i5pi par l'Etat ^ Frlbourg; elle appartenoit auparavant
à une brandie de la noble Maifon de W allier (2a ) y de
Soleure.
V I. EJlavayer & primitivement EJlavayel , en latin
Staviacian , & en allemand Staeffis , petite ville agréa-
blement fituée , & élégamment bâtie , fur une colline , au
bord du ^ac de Neuchatel , vers le milieu de fon rivage
orîètital , & à peù-ptés vis-à-vis' dé Saint^^ Aubin ^ dans le
Comté de Neuchatel. Ily à 'là tm beau Châteàà^ fort
élevé ^ au bord du lac y où réfide le Baiilif ^ & qu'on ap-
pefldFifc autrefois Chenaux pour le diftinguer tîe Tancien
Château où âfeméuroient les Stx^^nxt'^EJlavaj^er^ fit
de celui qu*oft nôrtmoit la Tour tté Savoie: Gettè ^4ille
appartenoit originairement à la Maifon d'-^^v^j^% Tunè
des plus nobles fie des plus anciennes de la Suifle^ dont
deux branches exiftent à Soleure^ fie une autre en Francei
où elle a été tranfplantée dans le feizieme fîecle ^ fie où elle
a pofTédé diverfes Seigneuries en Picardie^ en Champagne
fie dans la proximité de Bordeaux. Cette Maifon (a } ) ^ ^^^
féconde en hommes illuflres dans les faftes de la France ^
de la &voie fie de la SuifTe. La terre de Mollondin ^ au
pas de Vaud, qu elle poITédoit déjà en p8o^ lui appartient
encore. Elle avoit aulfi depuis un temps immémorial la
(11) La Généalogie de W<dUer fe tfiouve dans le XIX* vohune du Dic^.
lion. Hiff. de la Suifle , par M. Ltu , p. pp- t07«
(!}) Voyez -en la Généalogie dans Lfu» ibid. tome XVII » pages, «étf»
47; » &c
: \
(14) Voyez -en la Généalogie dans Leu} îbid tome Vf p«ij'4*i|7«
r:
DE LA SUISSE. 143
Baronnîe de Gorgier , au comté de NeuchateK Uénumé-
ration des Seigneuries qu elle poffédoit au pays de Vaud ,
eft très- confidérable. Ses alliances ont été de la première
diftindion.
La ville d'Eftavayer eft parvenme à TEtat de Fribourg
par droit de conquête & par achat en diverfcs périodes ; le
Baillif qu'elle y envoyé, porte le titre d'Avqyery parce
qu'il préfîde au petit & au grand Confeil de la ville d'Ef-
tavayer. Ce Bailliage confine avec ceux de Font & de
Saint -Aubin, qui appartiennent au canton de Fribourg,
avec celui de Payerne qui dépend de Berne , & avec le
lac de Neuchatel, dont les bords font ici prefque par-tout
fort élevés & de difficile abord, étant hériflés en plufieurs
endroits de rochers hauts ôc efcarpés. Il y a dans la ville
d'Eftavayer un couvent de Reltgieufes de l'Ordre de Saint- f^
Dominique , fondé en 1 3 15 par la Maifon d'Eftavayé ; on i''
y trouve auffi un Couvent ^UrfuUnes , & un Collège de
Xlnftitiuion des Ecoles Chrétiennes , ( Patres Piarum Sch(y-
larum.)
Outre la Ville , le Bailliage comprend les paroifles de / -
Morens , de Monbreloz , de Nuvilly , Cugy ou Cugié , ' ^
Rueire, Vallon, & plufieurs hameaux. La feigneuriede ; :
BuJly appartient à une branche de la noble Maifon de Suri, !
à Soleure , & celle de Cugy , aux nobles JReif, à Fribourg. !
On trouve encore dans le Bailliage SEJlavayer la fei- ">
gneurie de Delley , laquelle appartient depuis 16^0 à une
branche de la Maifon de Caflella (24), qui eft à la fois
\
144 TABLEAUX
illuftre & dans le Gouvernement de Fribourg , & au fer-
vice de France ^ où elle a produit plufieurs Officiers-Gé-
néraux , d*une rare ( * ) diftindion.
VIL Font y Bailliage compofé de plufieurs Villages ,
achetés Aicceflivement par le Canton. Le Baillif réfide au
Ch^^^ét;^mJ}€ns. On voic:datis ce Bailliage une tour
ancîèrtné flt'ttès -élevée > la i^^ de laquelle
il y a une vue fort étendue | -auffiTâf^Ubit - on autrefois
VœW^e ItMely^ûi^ Htly^^^ Les paroifles de ce
Baillkge -fçftit^^f ô/z/'^ fiir le^ac^t Neuehatel , W^idjfens ^
fur tine. batteur qui: s'avisiift^ dans le mÂme lac ^ Mourez
ou Morèi[yit'Prevàndav^ LaSiigneuirie de cette der-
nière -PsUë^^ avec fonGHâc^u^reft^ tombée par héritage
de la Mâîf6tt'd^;^aârté^^ le Comte d'^/^
fry y Chevalier 'des otdres du*: lUÂ i Lieutenant Général
es armées de Sa Majefté Très -Chrétienne > & Colonel du
Régiment d6 fes GàidesSuiiTe&i. en eft le Seigneur aâueh
Le jBailliagë de Font eftiitué entre oi&iA de Moudon &
d-Ysvordoil .qui'fônt^da cantonIdê;Sârhç]^ & ceux d'Efta-
vayeir'^'de Surpiéixc âE:de:Clidli:e> ijuEi dépendent de la ville
de Fribourg. " 1 ^ : ': v ^ ,
VÏ J !• Ckékéy Bàijlwge for k lac de Neuchatel , entre
Yvonàn àc Fàne-dèvers-^Bis^ lï £\xt acheté en 1704 d'un
citoyen d'Y verdon , de la famille Anfeline. On y trouve
-^ Hiftoire Militaire des Suifles au fervice de la France , par M. le Baron
de Zut - Laiihtn , tom. I , II , III , VU & VIII , &c.
(^*) Planche^ n^ 171.
la
c
^ -L i:
DE L'A S 'UT 'S S E. 145
la paroiffe ôc le château de Cheirt fur le lac de Neuchatel,
la feigneurie de Cheiri 6c le village Bollioru
Le i6Maî 1778 oa découvrit, entre Yvonan& Cheirei
route de Payerne à Yverdôn , une fuperbe mofatque (*)
des Romains. On eft redevable de cetre dëcouverce au*
foins de M. de Caflelia de Villardin ^ Baillifde Cheire,
& Membre du Souverain Gonfeil de la ville & république
de Fribourg.
1^, Surpitrre ^ tn allemand C/âerfki/Zy Bailliage qui
confine au levant avec celui de Romom^ & au couchant
avec celui de Font ^ tous deux du canton de Fribourg j &
avec le Bailliage de Moudon^c[\xi dépend de Berne* Ses
limites au midi font le Bailliage de iiO//ia//f^, & au nord
celui d'£fiavûj.en Cette Seigneurie fut conquife en 1 $j§
fur la Maifon de Savoie. Le Baillif rétlde au château de
Surpierre, qui eft fur un haut rocher ^ entre Payerne ÔCi
MoudoHj fur la grande route. On prétend que ce Châ---
teau a été bâti dans le fixieme fiecle , fous les Rois de.
Bourgogne. On trouve dans ce Bailliage les paroilTes de
sMigniere 6c Noire - Darne • des - Champs ^ avec plulieurs
villages,
X, Romani , autrefois Comié ^ dont le Roi de Sardaî-
gûe a confervé le titre ^ & aujourd'hui Bailliage qui a été
conquis fur la Maifon de Savoie en 15?^* Ceft le plus
conlidérable de tous les Bailliages de Fribourg par fon
éiendué. Il a pour limites le Bailliage de Moudon , qui
Tome X^
i4<S TABLEAUX
appartient à la de Ville Berne , & les B^IUages de Vau-
ruz, Chatel - Saint - Denis j Montagny & Farvagmé , qui
font du canton de Fribourg.
Romom ou Rcmnonif en allemand Remondon Remum ^
ic en latin Romunduj mans ^ efl la plus belle de toutes let
villes du Canixm de Fribourg : elle eft pounanc médio-
crement grande, mais bien fi tuée, fur un terrein fort
élevé. La campagne qui Fenvironne a une étendue coa*
coïifidérable j 6c Ton y jouît d'une vue très ' agréable»
Dans le fiécle dernier les Fri bourgeois y a voient corn*
mencé quelques fortifications : ils les ont recommencées
en 1712, Romont a des foires qui font célèbres & fort
fréquentées. Dans le quinzième ftecle^ ce Comté étoit un
appanage du Prince cadet de la Maifon de Savoie , qui en
ftc chafie lots de la guerre de Bourgogne , pour s'être
joint au I>uc de ce nom y contre les Suifles. Romont étoit
dans le nombre des quatorze Villes qui compofoieDt les
Etats du pays de Vaud fous la domination de la Maifon de
Savoie. En 1^16 elle fe rendit aujt Ftibourgeois fous la
réferve (2 y) de fes privilèges & loix , & de ne pas être
tenue à fervir contre fes anciens Maîtres. L*Eglife Collé-
(if) Qiîiuntfr 4u pm & Vma^ revu « corrigé Se augraenté par leon Es*
ceQencei de U viUe & caotoit de Friboorg , maiiiifcrjt m-fcË» de Sf 7 paget
le £kniie« Ce Coie a éié approuvé par TEiat de Fnboyrg le xt 8c le i^ Jin*
vki î^49 i 8c I j Juin ïê$g. Ce n'a été qu'un rerotivellemeot 8c une amc-
Bofation de rincîen Coummitft z II regarde Romont, Rue , QiMri-Saiiit-
Denis « M^otafiif 1 Vuippeos » Farra|nier « Surpkire , AmAcm , Viciivz #
Vmfleni, oc Vuicenî» Samt- AIhln« Vtiaders , Prevondaviiix, Delley ,
VaOon 6c Port - Aftan* On 7 troare attSiki Obferirstioni h tflarii p » fut la
lotnie àe$ Eizis - Génémm Jupap ée Vmd^ tdle qullt raroitnt depvs ixtf^
DE LA sa f S'S E. 147
giale de Notre-Dame eft un bâtiment remarquable par £1
ftruâure« Il y a à Rpmont un Couvent de Capucins; & en
-bas de la ville ^ vers le levant ^ fur la rive de la Glane , on
trouve FAbbaye dite Az Fi/Jè-Dieuy ( en l«în FUia Dei),
de rOrdre de Cîteaux y qui eft fous la direâion fpirituelle
de TAbbé de Hauterive. Elle fut fondée en 1260 par la
Dame Agnès de f^illar , & <lotée richement par la Nobleffc
limitrophe. Le Baillif réfide au château de Romonc^
l'ancienne demeure des Comtes de ce nom.
Ce Bailliage comprend Sivirie:^^ paroifle & gros vil-
lage 9 & plufîeurs autres paroIflTes & villages 5 dont la baffe
Jurifdiâion appartient à plufteurs familles de Fribourg^
entr'autres la feigneurîe de Mexieres , qui appartient en
partie à Madame la Marquife de Gramont ^ 6c en partie à
M. le Marquis de Lugeac en France ; Gr&ngetus & Faytns
qui font à la Maifon de Boccard à Fribourg ; Chauonayc
de Eflevenens > qui ont pour Seigneur M. de Maillard de
Fribourg; Forni^ le -Grand ^ qui appartient à une branche
de la Maifon de Dlesbach ; Billens , Hermens & VlUa-^
riady à la Maifon de Gottrau à Fribourg ; Arrufens , qui
depuis longues années efl à Meflieurs de Metral au pays
de Vaud ; Berlens , qui a pour Seigneur M. F^on-der'»
Jf^eid de Fribourg^ &c.
XI. Pont ou Favarernack y en firançois Farvagnié;
Ce Bailliage a pour limites ceux de Romont , de Wippens
& de Montagny. Le Baillif réfîde au château de Fàrvagniè
dans laparoiiftÈ de ce nom. On trouve dans le même Bail-
lis^ ie village de Font avec un château juiné, qui étoic
la réfîdence des Seigneurs de Font ^ bienfaiteurs de FAb-
n
.»
^' t
148 , TAB LE A U X
baye de Hauterîve. Les Paroifles EJlavqye:^' le- Giblouxy
Majjonens y Orfonnensy où, la Seigneurie appartient à
famille Patricienne Odet de Fribourg ; &. Avry-d^antr
PoMyOh la Maifon à'Affry ^ fi distinguée (♦) dans les
Annales de Fribourg & de la Suiffe^^jauiffoit de droits
lêigneuriaux dans les douze\, treize & quatorzième fiecles ,
fuivanc les aÛes de Hauterive. Cette .Maifon a cônflam-
ment fervi la France depuis le règne de Françpis I^ & a
produit plufieufs Généraux > Ambaffadeurs & Colonels
qui ont fait un grand honneur {26) à la nation Suiffe. J'ai
\ - parlé de fon origine au Titre XXXVIII de cet Ouvrage;
' ^ Sébaftien J^erro , Cupé de Fribourg ^ .fit imprimer à Fri-
^ bourg en Suiffe en 158 y, i/z-^^ fa Traduction en aller
j mand, tl'un Traité de Controverfe, que le Jéfuite Jean
' Hayum , Ecoffois , avoit donné en françois^ Il la dédia
à Louis à'Affry , Avoyer de la ville de Fribourg. Les
; armes SAffry font gravées à la têce de ce Livre , avec des
; vers latins fur Tatitiquicé de la no.bleffe de cette Maifon:
le Curé ff^erro fait Téloge des vertus des ancêtres de PA-
voyer à^Affry , & il cice entr^autrçs monumens Tancienne
Epitaphe d'un Abbé de Hauterive , qui étoit de cette
Maifon.
( * ) Planches , n*». 107 & xi tf.
(x5) Vojix rHifioire Militaire des Suiâes au fenrice de la France , par IL le
Baron de Zur-Lauhen; Hifioire Militaire des Suifles » par M. de Mg^ de
llbmainmôtier.
' Mifloire abrégée des 0£Bciers SuifTes » (pii fe fomt diftingués ai^k.feryioev
étrangers dans de& giades fupéricuxs» par M. TAbbé François Girard ,
tome 1 , 8cc.
1,
DE L A S U I S S E. 145)
XII. Wippens ^ en allemand TP^ippingen y Bailliage en-
tre ceux de Vauruz , Farvagnié y Bulle & Corbière. La
Maifon de Wippens eft célèbre dans les Faftes de la Ré-
publique de Fribourg. Le Baillifréfide au Château de ce
nom, dans le Bourg de Wippens. Les autres paroifTes font
EverJeSy EcharUns & Moclou. L'Abbaye de Marcens ,
en latin Humilis Mons, de l'Ordre des Prémontrés , fon-
dée en 1135, fut, en ij8o, incorporée au Collège des
Jéfuites de Fribourg, qui la rebâtirent fplendidement. De-
puis la fuppreffion de l'Ordre , les revenus de Marcens
font gérés par TEtat , qui les a afFe£tés au Collège de Sai^-*
Michel y ci- devant celui des Jéfuites à Fribourg.
XIII. Vaurw^y & en allemand Thalbach^ Bailliage
borné par ceux de Bulle, de Corbière, de Romont,Cha-
tcl-Saint-Denis , Wippens & Farvagnié. LTtat Tacheta en
I J38 des nobles de Champion. Il n'y a rien de remarqua-
ble , & fon étendue eft peu confidérable. On y trouve le
bourg de f^aurii:^^ où le Baillifréfide dans un Château , le
village de paroifle de Sales , & quelques villages & ha-
meaux.
XIV. Rue ,z pour limites , au levant ôc au midi, les
Bailliages de Vauruz , Romont & Chatel- Saint -Denis ;
au couchant celui d'Oron , qui dépend de Berne , & au.-
nord celui de Moudon , qui appartient au même Canton.
La ville de Fribourg conquit en i y 35 le Bailliage de Rue
fur la Maifon de Savoie. Les nobles de MaillarJox^poife-'
dent depuis le treizième fiecle plufieurs terres féodales
i
t^ô TA B L EAUX
dans ce Bailliage, particulièrement à Ariens (27), Ils font
co- Seigneurs de ce village avec M. Tavely du pays de
Yaud. Ce village eft dans la paroifle de Promagens.
Rue , en latin Rota , petite ville près de la rivière de
Brqyej à une lieue de Moudon. Le Château du Baillifn*eft
pas dans la ville ^ mais un peu à côté fur une hauteur^ à
Toccident. Cette ville eft célèbre dans fon voidnage à
caufe de fes marchés & de fes foires. Les autres paroiffes
de ce Bailliage font Fromagens y ou Promafens , S. Mar-
tin y Porel y Morclens y & le Cret ou au Creu L'Abbaye de
Saint-Maurice y poffede la feîgneurîe SAuherange.
XV. Bulle ou Bolly Bailliage limitrophe de ceux de
Rue, Romont, Corbière & de Gruyère.
Bulle ou BuUoxjt^ une petite ville avec un Château pour
le Baillif. Elle apparténoit autrefois aux Evêques de Lau-
fanne , qui la cédèrent en 1^35 à la ville de Fribourg ,
fous la réferve d'une rente annuelle. Cet achat fut confir-
mé par k Cour de Rome en 1 5i;. Il y a à Bulle un Cou-
vent de Capucins.
Les autres paroiffes de ce Bailliage font Ri<i'^y Serville y
Albeuve y en latin Alba aqua.
XVI. Corbière y en allemand Corbers , eft une petite
ville fur la Sarine , avec un Château où demeure le Bailli£
Les Habitans de Corbière joui flent de privilèges confidé-
râbles , & teïs qu'aucune partie de tout le Canton ne peut
fe flatter d'en avoir de pareils. Amédée , Comte de Savoie,
(17) Leu, ii^f. tom. I9 p. 340.
- — ■" ,1- * _ _j>*^*-Jî- \ •*'^***«^fc.-^«-'*v^*»
DE LA SUISSE. r
les leur accorda en ijpo j & ils furent confirmés depuis parlj
le Canton ^ lorfqu'en i y 3 y , il fit I acquifition de ce Bail*^
liage, par divers traités avec la Mai Ton de Savoie 6c Jear
Comte de Gruyère. Les Barons de Corbière étoient les*''
primitifs Seigneurs de ce Bailliage ^ qui eft très * étendu ,
& a pour limites V ancien territoire de la ville de Fiibourg
& le Comté de Gruyère- On y trouve les paroi iïes de
Hauieville ^ f^uadens y Charmey en allemand Gaimlt^^
CrifujCernier^ ÔC plufieurs villages & liameaux. La Char-
treufe (*) de la Val-SamtCf fondée en lapj par les Sei-
gneurs ( 28 ) de Corbière j & qui a été rebâtie élégamment
dans le fiecle afluel , a été fuppriméa en 1778 par la Cour
de Rome fur la requête du Magiftrat fouverain de Fri*
bourg» Cette Chartreufe , compofée de Religieux Sa-
voyards , nHntéreffbît pas eftectivement le Canton, Les
revenus de cette Chartreufe font préfentement afFedés au
Collège que les Jéfuites avoient ci -devant à Fribourg: on
en a détaché cependant une penlîon de huit cens écus pour
TEvêque de Laufanne. Les revenus de ce Prélat font affu-
rénient trop médiocres relativement à la dignité Epif-
copale.
XV IL Gruyère, Ce Bailliage a pour limites ceux de
Bulle j Corbière^ Bellegarde ^ Vauruz & Chatel-Saint-
(^S)Amédée, Comte de Savoie t étant au Bourget le 10 Novembre
i|6p> confirma la fondation de la Chartreufe de îa Val- Sainte ^ {VaïUî*
Sanâœ) , faite par fea féaux (fieles mjlri) les Seigneurs de Corbière * iJ*-
mini Cûrberiarumt Cet afïe a été rapporte par Cmckenon , dans l*Hi(loirc Gc-
rtéalogique de ta royale Maifon de Savoie^ P*4'P» 8c parmi Ici Preuves m
p. %0Ç ,110.
ip T A B LE AU X ^
'Denis y qui font du canton de Fribourg ^ & le Bailliage de
Sanen ou Geflenai^ qui appartient à la ville de Berne. Ce'
Bailliage eft un démembrement de l'ancien Comté dé
Gruyère, qui s^étendoit depuis les frontières du Vallais à
la fource ^e la Sarine , jufqu'à deux lieues de Fribourg. Il
y avoit des Comtes de ce nom (29) célèbres dans Thif»
toire de laSuifle & de la Savoie , & qui pofledoient une
quantité d'autres terres indépendamment de leur Comté.
Le premier qu'on connoiffe avec certitude eft Guillaume,
qui fonda en 1080 le Pxieuré de Rougemont. Ces Comtes
furent toujours en guerre avec leurs voifins les Bernois ,
les Fribourgeois & les Vallaifans. Le (crvice ( 30 ) de la
France acheva de les ruiner, Michel , Comte de Gruyère ,
avoit yooo Gruyriens à ce fervicç: il ne fut pas payé; fes
dettes s'accumulèrent, & la difcuflîon de fes biens fut arrê-
tée par les Députés des Cantons en 1 y 75. Ce Comte, le
dernier mâle d'un nom illuftre , poffédoit, outre la Comté
de Gruyère , les vallées de Rougemont , Châteaux d*Oex
& Geffenai , les Baronniiçs d'Aubonne , de RoUe, de Cop-
pet & d'Oron , iSc les Seigneuries de Corbière, Mont,
Palefiêux , Montfalvens & de la Tour de Trême. Il étoic
accablé fous le poids de ks dettes; & fes terres (31 )
étoient également à la bienféance de Berne & de Fribourg»
.Ces Cantons lui avoient avancé des fommes cônfîdérables;
ils partagèrent enfin entr'eux & avec les autre$ créanciers :
(ip) Leu , ibid. tom. IX* p. %ix - 150, &c.
(|o) Tfcharncr , Dia, Gcog. de Id Suifle , tom. I , p, x$6 , ij7» &c-
(31} Hifloire de la Confédération Helvétique » par M. Alexaadre- Louis
de Wattevillc , tom. II, p. ipi. Yverdun , 1768. in - 8*.J^. ficc.
Berne
DE VA .S:mt^ S E. ^
Berne eue pour fa part ce qpi eft au^delTuS de MQntVÇYQÇ)
avec les terres qu il poffédoit au pays de V-aUd^Tj ^v. ^
:. Ce partagé fut ce§lden rf j:4 par lèaarbiotesâdtG&iftPOfb
malgré les réclamations du Comte ^ qui continua 41n!>p|i(b
rer rafljQarice (^2) de la France, Mais cectiQ^QDjKfofine
alors plongée dans lés guerres civiles, né pUtlç tirer defe
crife. Il mourut en 1570 le 29 Mai, au château de 27z^-
/flTzc;^, en Bourgogne. , .
: La ville de Gruyère ('•^) , en latin Gruirior^ ôcen allé^
mand Gryers^ quieft je chèf-lie#dta Comté, parpîtafleas
ancienne ; . mais elle n'ed pas grande : elle a un Château
fitué fur une hauteur, où- réfide le Baill if. C'étoit autre-
fois la réfidence-des Comtes de Gri^ere , & la capitale de
leur Comtés *ri eft foift^fingulier qû'êllç n»ait eu dfeau viiro
que depuis lyyy ; il n'y avoir auparavant que daspuitsJ
Elle donne aufli fon nom à un Doyenné de TEvêché de
Lattfanne. Les àutreis lieu* remacqriablès Hc ce BaHIiage
font, la petite ville de la tour de' Tn^/w^y la paWflfe à»
Broc ou Sroi. où Ji y avûfe auitefôïs un Ffié\ïréaèBéië-
diâins , qui fut fëéuiarifé en faveur des branches -cadettes
de la Mùîfon de Gruyère : les autres paroiffes ^ont Neîri^
• K» . . i ijj .. )î::
* {^x) Michel CoimeJeGrûyete; écoit.Cbevdier deVOrdce Jlu Jloioii de
Saint -Michel eo France. Il éxox\ en. ij6x f.\ftrxi Février» au Camp df
Saint* Hilaire presse Saint- Mefmin , l'un des Seigneur^ qui, en prëfçnce de
là Reine - Meré du Roi , furent co'mmisià f inftraâiôn 'du procès de Jean de*
Poltrot , Aflaffin du Duc de Guifc. , :au c 4». / .^ .*.
Voje^ Tade de cette procédure dans l'Hiftoire de TOrigine 8c des progrès
de Ta Monarchie Françoifei par 'GMÎïiIIaume Marcel rtoiiîrwrp* Pf*W» '
Paris, U8é. i/I-8^ ,x : -? IX.-f*: « . , .;)
(*) Planche^ n^ 4^. ;
Tome X. V j^ •#
V-
i]
}
\
(!
«.
r
y-
■i
15^ T.ABZE AtfX
ART I C L E XX
£tkv DE SiXiEUR^^ Cadioltqae & Ariôo-
ic. Armes- 1 coupé de ^nJus &
**--<ri^:r.
ti
0.-
eE ^a»o« de fCtte. -B^yJbjîq^ { i ) cfi bomé
K & 2tt mjdt par le Canton de Bertiê « an ow-
m famé par le mêaie Cancan Ôc ftâi les tcsics de
ITEré^iC dt Kfe y & au nord par celles du wkmt Eve-
<{ue k 6k pK k C3ficon de Berne. Il eil plus long qi^hi^,
Dt {!««t nw eti longueur I depuis GoeTgen jufqua b
ftomieiie %2c FEràc^ de Baie » dix lieues : £a largem^ A
ici%ile ^ nncôc <k quatre > de cinq ou de iU lieuss. Il
s^éteoJ le k>ag Je la rive gauche de l'Are, & un peu ïm
la rive ^^ottc> ^aut coupé ert cet endroit par les terres de
BwtKi qui &*aira«eiïr fur la rive droite de la même rivicit;
Il î*?^ en partie ^r^^ T^i rîin^e, & en partie ^:n5 î- -t"
tagne du y^^^^. En général c'eft un pays fertile en toan
los cbot^s néceilaires à la vie. Il y a beaucoup de TÎgnei
dans les Bailliages de Gœfgen & de DomaciL On pour-
( 1 > /i.'-rrr . Chronique <k Soleure.
Iru^ lyt Hiit de USuiffe, tom. XVn,p. 2;4-}7y-
V^i » J^ojH^gr. Je U SuilTc , tom. II, p. 659-741- ?^~-r
1/Ktac «c lo Ddicct de laSuiflè, t. II! , p. ^i * 77f ifrtwîi il Efitioa *
1764.
ÏJcAjr/irr , Did. Gcogr. de la Sniflè, tom. II» p. iSS-ijft
iWjfMiii » Topogc. de la Sntde» tom. Il, pt ise-i'i'ftfBo.
1^6 .TA B L E A V X
r-'; ii'i.'j L.-,v: :.:ù.r:-' .•:■■;, ■..■•;'>'■•■;. r •:■■■.;
;Itit;'» c.r) ..iAïJR 3C-4/Ç Irf S ■•.Xrlt...;.
j 1 ^'iTN- T'j ^ r- 1 M*- -jr.rj Y •"!./'•■■ ' ./-'"'. .-,•.■ ' ' ■'
(J'^^f ^^; j^iff- .iSjÎM & Arifto-
.VBémpçWpquc. .>ï/7n<j;/; ,ecm^ë dé gueules &
'^iitApgéht, ■./.■^■. 1.":. ii.'',:. .•;■.:'
JLjE î^ïçîkoirç l^ô:/?Ctte^i]^vW^^^ borné
au levant & au midi par le canton de Berhè > au cou-
chant en partie par le même Canton & par les terres de
TEvêque de Bâle ^ & au nord par celles du même Evo-
que ^ & par le canton de Berne. Il eft plus long que large,
& peut avoir en longueur^ depuis Goefgen jufqu'à la
frontière dé TEvilché de Bâle ^ dik/lieme : fa largeur eft
inégale y tantôt de quatre, de cinq pi|. de fix lieues. Il
s'étend le long de la: rivé gauche de TAte , & un peu fur
la rive droite , étant coupé erl cetsndr6|t par les terres de
Berne I qui s'avancent fur la five droite âe la même rivière.
Il eft en partie dans ïa plaîhe , & en "partie dans la mon-
tagne du Jura. En général c*eft un pays feiiile en toutes
les chofts néceflaires à la vie. Il y a beaucoup de vignes
dans les Bailliages de Goefgen & de Dornach. On pour-
(i) Hifner, Chronique de Soleure.
Leuy D^a. Hift. de laSuifle, tom. XVII, p. is^'i7S'
Faeji^ Topogr. de la SuilTe» tom. II, p. 659-741-
L*Etat fie les Délices de la SoifTe, t III, p. 61-77, dernière Edition de
TPfcharner , Did. Geogr. de la Saifle , tom. H 9 p. 1 3 $ - 1 36.
JRuJèlia » Topogc. de la Suift , tom. II, p. ijo - xdi > £cc«
TomcY.,Pii^e.iSS.
p/. 3m\
JKAN vrcTOR m: bksenval^
î I \/iii^r*ftmi!rir i/' Si . Mï/t^V- ■ layvfV Jn ft?iJf^ *i/a^ i "A^**./ Xfi Aiùt ùîri- pif ^v^ . "^ -
\tXLMt 'S . // &rt ir Prrc MJf k B^,m M M^'fnvJ. û^ (h^to- Je S^ L^uJ^
H^rtaux jf*/
A.p.n
* T.- —
-z .Ji- -«.. ^ r,.* I*-
-*Trr "g
'j-g ■*"''
^ 5. %■■-.
ziTii^^ ^ T^:
15^ TABLEAUX
On donne à cette ville, très -ancienne , une arîgînefabii**
leufe , parce que la date en eft inconnue. Une vieille tra-
dition porte qu elle a ëcé bâtie du temps d'Abraham après
la ville de Trêves en Allemagne; 6c c'eft pour canfirnMt
cette opinion •chimérique qu'on a infcrhj en caraâeres
(for , fur une cour de ftru£lure Romaine , qui cft au milieu
de la ville , ce diftique compofé au feîxieme fiécte par
Henri Lorit de Claris, plus connu fous le nom de ^/a-
reanus.
Inceftis nihil eft Sa'oduro antiquiuî , unît
Excfftîs Treviris^ ^urum ego diSaforor,
On a trouvé à Soleure, Ôc dans (ts environs , diverfcar
pièces (5) antiques , des médailles, des infcriptîons, &c^
M. de Bochat (4) a fait une Diflfertation très-faVanteifur
le monument dreffé à la Déeffe^£/o/ï^, fous Fempire d'^-
tagabale , par le curateur des SaUnciens du bourg de So-
leure , Curaior Salenjium vico faloduro. Ce monument
eft de Pan 2ip de Y Ere Chrétienne. Il exifte encore à So»-
leure dés murs de Tancien Cafirnm ou Château dzSoieure^
Cajij'um S aJoduren/è y. dont]! eâ^parld dans les plus anciens
Hiftoriens de France.
Nous avons rapporté à.Ji'ardcle du Gouvernement de
(3) Nous en avons indiqué une partie à rarticle des BBliotk^uef dànt h'
XLVI Titre de ces Tableaux Topograpkîquts,
On peut voir la DifTertation de M. SdnepJUn fur les monumens-rofDahtr
de Soleure , dans le Recueil des Mémoireî de TAcadémie Eleâtofale-Prfa-'
tine, publics en Latin àîManhcîn, î/r-4*. Mi de Bochat a» aufl donné dw
ObfervationscurieufesfurrantiqmtcdeSoleuïe* [ HànoiresfurfN'^oh^efHk
cienne de la Suijfe^ tom. I , p. 101 - 504 ]•
(4) /A/Vf. tom. II, pJpij^^s^Si *
DE LA SUISSE, i^^
Solâurâ les révolutions que cette ville efliiya îufqu à l'é-
poque de fon entrée dans la Ligue Helvétique. Elle a con-
(ervé la Religion Caiholicme > mais ce ne fut qu'après un
luomeiît de cri(è violente. Les deux viâoires rempojrtces
en I jjî à Cappel & fur le Gubel^ par les cinq Cantons
catholiques fur \t% Réformés ^ iixerent la Catholicité à
^oleurç^ où un parti conHdérabie de citoyens avoit déyà
embraflfé la nouvelle Do^rîne , & même avoit fourni des
fecours aux Bernois., Les Réformés plus foibles fe retiré-
4:ent de la ville : ils furent en partie remplacés par à^% étui-
^rans catholiques des vilks où la Réforme étoit adoptée^
Il n'y eut qu'un diflri^ du. Canton > le Buchenbergy où les
habitans continuèrent d'adhérer aux nouveaux principes
de Religion.
Voici l'idée qu'un Voyageur ( j ) François a don-
né de Soleure en 1781. « La ville eft affez. belle 1 £c
I» la. h)iéux bâtie de la SuifTe dprès Berqe* L'Ajiibafladeur
» de France y réfide ordinairement; & la vie qfu'on y
» mené eil à peu -près celle des François. On y parle
i> leur langue plus que celle du pays ; & Soleure eft peut«
x> être la feule ville de la Suifle où un François ne foit
» point étonné de fe trouver ; car il faut avouer qu'un
30 défaut de notre Nation eu de ne pouvoir s'accoutumer
7^ à entendre parler une autre langue que la tienne ^ 6c ii
» trouver chez les étrangers des ufages difFérens des fiens.
» Mais , comme ils ont Fefprit bien fait, ils fe contentent
2> de plaindre les étrangers de n'être pas nés François \ fie
(O Lettres CirJa Suiffc» toui. < ^p» x^» i68« Getere ficParit » ifSj.
ùf8^ avec fig.
\
i6o TABLE AUX
s> il y a à parier que les étrangers s'en confolent facile-
» ment».
L'Egiîfe du Chapitre Royal de Salni-Oursy à la tête
duquel' eft un Prévôt, a été fomptueufemènt rébâtie en
1752. Les étrangers la regardent comme la plus belle
Egiife de la SuifTe. Elle eft dans un endroit élevé en forme
de terrafle : on y monte de la rue par un large & fuperbe
efcaiier ^ dont les deux côtés font accompagnés chacun
d'une fontaine ^ ornée de ftatues* L'une de ces fontaines
offre la figure de Moïje y frappant avec fa baguette un
TOC > d'où jaillit une fource qui tombe dans un badin»
La façade efl agréable à la vue* Ceft dommage qu'il n'y
ait pas une grande place devant Tefcalier. lié 'Chapitre dé
S. Ours doit fon principal luftre aux libéralités de Bette
de Souabe y Reine de la Bourgogne Trans-&»cis- Jurane ,
veuve du Roi Rodolf II. Cette PiincefTe fonda aulfi l'Ab^^
baye de Payerne: mais déjà ^ dans le neuvième^ fiéitle^le
Monaflere de Saint^Ours , Monajierium SdnëiUrfi exif-
toit y comme on le voit par un aâe authentique. La Rehie
Berte le reflaura dans le fiécie fuivant ^ & y plaça des
Chanoines.
L'Eglife des Ex-Jéfuites eft auffi très belle. On y
remarque le magnifique frontîfpice , bâti aux dépens dii
Roî de France Louis XIV.
Il y a encore dans la ville le Couvent des Corddlers ,
açtenanc au vafte Ôc fomptueux hôtel où réOde l'Ambafla-
deur de France^ & dans la proximité de la Maifbh de
Ville. ■
' L'Eglife de Saint-'Etiennc étoit orîginatriÉTncht la Pa-
toiffc
DEr L4 SUIS SE. x6x^
roîffe de la Ville. L'Empereur (5) Conrad II, y fit couron-
ner en 1038 , Roi de Bourgogne , Ton fils Henri.
Hors de la ville font un Couvent de Capucins Oc trois
Couvens de Rcligieufes 3X1x11 de la Vifitacion, un autre ^
de ClarifTes j & le troifiême du Tiers -Ordre de Saint-
François.
Les édifices publics de la ville méritent l'attention du
Voyageur. L'Hôtel de Ville eft bien bâti & orné de peîa-»
tures qui repréfentent divetfes batailles des Suifles ; on y.
voit dans le veftibulelfes portraits des Avqyers du Can-
ton depuis la fin du feizieme fiecle. C'eft aufli dans ce
bâtiment qu eft la falle de la Bibliothèque publique.
Il y a dans cet Hôtel un efcalier en pierre y que les con-
noifleurs regardent comme une merveille de Fart. Au--
deffus du portail pour monter à cet efcalier , eft la ftatue
de Tkemis , ayant les yeux bandés ^ & tenant la balance
6c le glaive de Juftice.
Ce iimulaçre me rappelle Tinfcription (7) , en vieux
caractères allemands ou gothiques , qui fubfiftent fur VéC^'
çalier du Palais de la Juftice à Tolède en Efpagne*
Noiles iefcraot Varones
Que gclernêh d ToUdo , &r.
Cefl-à-dire tn français y honunes Nobles & difcretSf
qui gouvernez Xplede^ dépofez fur cet efcalier vos afFeo-)
tions & vos palfîons ^ Tamour & la crainte. Abandonnez
votre profit particulier pour le bien public. Fuifque Dieu
a fidc de vous des piliers j foyez fermes ôc droits.
(tf) Vippo in viu Conndi Salici.
( 7 ) Joutnal étranger^ Morenbie i7;8 , p. <o8. Paris y in- tu
Tome X, X»
■■..-■, J:
1(^2 • TA B l É AV X
LArfenaL On y montre entr^autres curîq/ît^s ^ la'euî-
lafTe d'un Chevalier Bourguignon^ qui^ pour (e (aiiver
de la bataille de Morat . le jetta avec ion cKeyal daiàle
; • ^ •■J'o-. ■••1
lac, & le travcrfa héux;eufemehtl
Soleure a, de Tautre côté de TAre , un pcdt râubo'ùirg ^
(jui eft Joint à la ville par deux ponts de Jbois à baluftrade ,
Tun pour les voitures , & l'autre pour Ips gens jfc pied. Ce.
faubourg eft compris dans Tcnceinte des fortiKcationf. Les
avenues de la ville , du côté de la n^ôntagne , font fort
agréables. La ville n'eft pas moins fort^ que belle. Elle a
produit un grand nombre de Magifirats, illuflres dans THif-*
toire Helvétique, & beaucoup d'Officiers -Généraux (*),
d'une rare dittindion, au fer vice de France & d*Efpagne»
Hors de Soleure eft i'hermitage (*♦) iitSte-Verene^) , bStî
dans un roc très -dur , par un Hermite nommé Arfenius ,
dans le dernier fiécle. L'Eglife n'eft pas achevée ; il paroît
par ce qui en exlfte , qu'elle auroit été très-belle. Quoique
cet Hermitage n'approche pas de celui de Fribobrg, il
eft cependant aflez curieux pour mériter d^être vu.
Tout le canton de Soleure , renferméêntre le canton de
Berne & TEvêché de Baie, eft dîftrîBué'eh onze Baillia-
ges , dont quatre font gouvernés par des membres du
Petit - Confetl, les fept autres par des Wfenr<fer«> du Grand-
Confeil, qui doivent réfidcr dansf le»' Châteaux fui? let
( * ) Plancht^ n®. i66,ioubk , lox, 203 ; ^^4^ n^ & r/t. VoywITiîf-
taire militaire âcs Suifles > par MdReurs I« Baroiî de Zur-k^anbcff ; de Mai*
d^RemaînmotiT âc Git»td» .
(*♦) P/tfHcAe, !!•• I4©, double. .. .. ) , ■/ ^ , ^ ;■//
(8) TfchêNiêt^ I>iâ.Géograph^ttedc.û$aîfli»^tça^
Topogr. de t^ SpiSt , tom. II ^ p. 69% , 68}.
DE^ ^4 $ IJ,{S SE, i^j
lieux. Ces fejpt Prefeûures , qu'on nomme extérieures ^
le donnent par le fort pour lix ans. La feule ville du Can-
ton^ après la Çajvlcaie^ eft 4a petite ville dlOlt^n fur TAre.
Les quatre Frefeâures i/z/tfWVz^r^j* n'exigent pas réïîdenceî
Ifis^SéoateunsiJu Pietif-Conièll qui les obtiennent, alteroar
Jsivemontj les gèrent ^ lavoir ^^z^^^^^r^ pendant trpi^
ans 9 K.riegftetiea ^ Lcbjevcn ai li/urneniÂa/ ^ i^nd^nt deu^
91» feulement.
9 ^
t6/^
T A B L £ À V X
L
É jiILLI A OES INTÉRIEURS.
J.JtjUAcHEGGSERd OU Buchénherg ^ autrefois le Comtôé de
Buchegg, a pour limites au levant la banlieue de la bour«
geoifîe de Soleure 6c le Bailliage de Kriegsnen ; au cou«
chant & au nord celui de fiuren j qui dépend du Comté
de Berne , & au midi ^ les Bailliages de Landshut & de
Fraubrunnen^ qui fait aufli partie du canton de Berne.
Les habitans font de la Religion réformée ^ & la ville
de Berne établit les P^fleurs des quatre Paroifles y Mttin^
gen j Schnottweil j Lussijjfgf/i Qc Jkleffèn.Cettt Seigneurie
appartenoit ancienneflienc aiw GoROfi^ de Buchegg (p)^'
Landgraves^ dans la; Boiîf^ogàe tirans^ jurane. Entr'au-
très hommes illuilres de cette Maifoo ^ trois frères font
célèbres dans les fiaftes de T Allemagne & de Tltalie ;
Matthias ^ ArcheVéquejdéJ^^jreqçe > qui mourut en 1528;
Bertrand , qui fut fucceffivèhient Evêque de Spire & de
Strasbourg & décéda en 13J3 , & Hugues (10) Comte'
(9 ) Nous avons parlé de Ces Comtes à Tarticle du Gouvernement de Soleure.
Voyez auffi le Diaion. Hiftor. de la Suiffe par M. Leu , tom. IV, p. 3^7-
40Z»
Alherti Argeminenp Chronicon & Commentarius de Bertholdi à Bu-
diccke, Episcopi Argeminenfis , rébus geftis, apud Urftifium , tom. Il,
Inter Grrmani» Hiftoricos illufttres. Francofurti ijSj. in-folio^ &c.
(10) Ce Seigneur eft nommé par altération , Hugo Cornes de Buete , ( au
lieu de Buchegge) parmi les témoins du Diplôme, daté du camp au delTus
, M^iteirTlTT?rii|iigi f-^t^îwpnHLE mpe reur Henn ^ confervoit le
^^mté d'Aften Piémont, à Amédée ComtcdTSavoie. cH5i{
tapporté par Guichenon^ Hiftoire généalogique de la Royale Maifon de Sa^
voie Tom. I, p. }<•» & Preuw» P* 13P- Ho.
> \
.1*;^:
DE LA S U I S S E. 16^
de Buchcgg, qui fit tant d'aftions héroïques en Italie
dans les expéditions de l'Empereur Henri VU , & de Ro-
bert Roi de Naples , & qui mourut, le dernier de fon
nom, en 1347. Jeanne, leur fœur, hérita du Comté de
Buchegg , ôc rapporta en mariage au Baron Burcard Senn
de Munfiogen î fon fils Jean devint Evêque de Bftle.
Le Comté de Buchegg paffa enfuice dans la Maîfon de
Bechbourg, & enfin au Canton de Soleure , qui Tacheta
en ijpi. Le Canton de Berne y poflTéde la Haute- Jurif-
diâion , le droit du Glaive & la collation desParoiffes. Ce
conflit de Jurifdiâion a excité plufieurs- difficultés , fur
lefquelles il y a eu des Traités conclus en iptf&inS>
furtout en 166$. Le Château de Buchegg, dont il ne relie
plus qu'une tour , étoit fitué dans la paroiife Mtdngen. Le
Buchefgau (11)1 en latin Buxgaudia , diftrid entre le
Mont Jurât & TAre, à la gauche de cette rivière, & qui
portoit autrefois le titre de Landgraviat , appanenoit
auffi aux Comtes de Buchegg , qui le tenoîent en fief de
TEvêque de Bâle. Ce diftriâ s'allongeoit depuis la rivière
de Siggeren , jufqu^au ruififeau ^Aerlifpach , à Tendroit
où il fe jette dans TAre au-de(fous de Goefgen , dans le
Canton de Soleure. On comme préfentement ce diftriâ
Je Gau ou Goeyi^ y contrée très -fertile, dans laquelle font
-aulfile Bailliage de Bipp, qui, avec Wieflifpack, appâta
tient au canton de Berne, 6c les Bailliages de Bechburg,
Olten & Goefgen , qui font dans le territoire de Soleure.
Jl y a dans le Bailliage de Bucheggberg , la belle mai*
(11) Ldi» ibid* tom» IV» p. 4>i«*
^166 T A B LE AV X
Ion de campagne de RiengBerg^ fur TAre^ dans la psolâe
de Lufsiingen. Le pofTelTeiir aâuel eft M. le Chevalier de
RoUy Capitaine sru Régiment des Gardes Suides en France^
à qui elle a été léguée par fon ayeul maternel^ M. de F'igier
de Seinbrougg^ Sénateur de Soleure> £cfirere du Lieute-
n^t- Général de ce nom. Cette xampagne^o&e une vue
délideûie. . ; •.•-
r J
I L Sjrie^tten. Ce B^Uiage ccmfiâc Jb^ X^a»t ^
au midi aviec xxAiii de Vaog^ ^ -qui >^. du canton de
GBerné^ au cbudiant Â^éc ^ Budhqi^beiig.^, ^ au nord
avec ïFÂre. iG&JSaUHage pamnc'à la viUed^Soleure à dif-
férentes, reprîfes : Berne y avoîc |g Hiaute^Juiiifdiûion;
mai&par un traité conclu en! lî^iS^f.i. «e'.Çaoficm y ««'xenonoé
fous de certnèes coindkion^ Leis lialMant s'^ko^nt jrachft*
tés de UibDfie«ik>c!é^i^l7;':Ce'BaiQii|^ contient les pA-
roiâes de Kci^fa&ttfin « Xiûtiiigen^ AftS!?hi » BiherUl,
ZucbeveHl & lAuterbeç^^ ^ 4e, vil.t9g4i.$ukiogen. On
^c»t idaiis la paroîffe -dejKtiehWett.» k be4k9iairon.de can-
'pagne 'fl*£ozètfAÂ>^> fifiiée ^ès du:ill^iâ^«nt de l'Emoi
-avec t'Aie:; 'à une iieaii- iieue «i»ri(ieCïmitfio.Sokiire: EUe
tippartleot; «irec sdtvérsdfoits feignôuriiiiK;, À M. le Baron
die RoHit BrigBiiiet iès Armées du IU|}y.^ d^it«ioe ^
{Ugtmeâtt des <^de9 SiiUreSvTQ«»«ia«iil^^ de.is
JMaifoh dé IBioU joi'gcùnt le'tine 4tS^nn^tnh^\ «eJmi
de leur nom : cette terre eft uoe fubftitudon attachée là
la Maifon depuis près de trots fiédes. Les Barons de^^o//
à Soleure font diftingués par Tanciquité (12) de leur no-
■— " ■ ■ ' ■ .L ■ ' Il ■ ■■ ■! ■ ■■■ ■ ■ !■
(u) Lmi y îbid, tom. XV, p. 367 , 8( ^<i^^9u ., T .
MfH
\
fc ■ ' • •• •
Ibm&X* J^^Bifû.
.■.:!!;;'^i'ii!'
JknerSeÊÊ^.
DE LA SUISSE. i6y
fclefle, & par les fervîces împortans (*) qu'ils ont rendus
\ leur patrie & à la France.
Le Jpyii • Hofj autre maifon de campagne élégante ,
dans la paroifle de Lauterbach , appartient à la Maifon de
Figier de Steinbrouggj originaire d'Auvergne , où elle
jouiiïoit des prérogatives d'une ancienne Noblefle^ &
établie à Soleure dans le feizieme fiécle. St% fervices(i4l
en France lui ont donné une grande illuftration.
III. Lcbereriy ainfi nommé d'une branche du Mont-^
Jura^ Bailliage peu étendu^ mais très -fertile^ qui confino
au levant avec le Bailliage de Flumental y dont nous par^
lerons dans l'article fuivant ; au midi avec l'Are ; au eon-»
chant avec le Bailliage de Buren^ qui eft du canton de
Berne ; & au nord avec l'Evêché de Baie ôc le Bailliage
de Falckenfiein ^ qui dépend du canton de Soleure. Ce
diftriâ appartenoit anciennement ai| Chapitre de Soleure ^
& on appelloit fes habitans Us S tifs y ou Gens de Saint'^
Oum. La ville de Soleure en acheu une grande partie en
138^9 ôc elle en acquit Tautre en 135^5 par le Traité
conclu à Buren avec Berne. Le Bailliage de Ltbcrtn
con^rend les paroifles de Grcnclun y en firao^^ois Gran^
cke ^ & de Seh^ f ( en 1^^ Salis aqua ou Salfis
aqtut.)
KSoifcMilitsredef Suifirt, ptr IL lêBacM^ Tm faJicn, tÊLim
Mai de Bomaîii - Moder, flc H. GtsafiiL
('*') Plancha , n*. 201 & %t6.
(i4)Lar, ibid. tome XlX, p*4)^-4)L
Hifloire IGHt. des Sinib , {« XdBen és ZflT- JLaÉbe» , dp lU
isxdrj
i6B TA B:L EAUX
Il eft probable qu il y a eu en cet endroit des fources
Q*eau faiée , à en juger par le nom , qui veut dire £au
Jalée. Les Romaîns connoiffoient déjà cet endroit^ & Ton
y trouve aflez de ruines & de médailles. Près de ce vil-
lage eft la HaJen-^MaUy ou Prairie des lièvres , qui eft
la cime du Jura , deffus laquelle on a une vue très -loin-
taine dans la Suiffe. Il y a encore dans le même bailliage
de Leberen la paroifle de Bettlach : on y voit les mafures
du château de Strasberg^ qui a été la réfidence des Comtes
de ce nom, puînés de la Maifon de Neuchatel. Le village
Altreu y autrefois château & ville ^ appartenoit aux Barons
de Balnij dont le dernier fut en ijop l'un des aifaflinsdQ
rSpopereur Albert.
IV. FlumenthaL Ce Bailliage eft borné au levant par
le Bailliage bernois de Bipp , au midi par FAre , & au
couchant par le bailliage de Leberen , 6c au nord par celui
de Falckeinftein. Le canton de Soleure acheta en 138;
la feîgneurie de Balm, £c y ajouta en 14.78 celle de Flu-
menthal , pour en compofer un Bailliage qui fe divife en
deux parties. On y remarque la paroifTe Oberdorf , qui eft
au pied de Weifleinftein, branche du Mont* Jurât ^ à une
lieue de Soleure. La coUafion de cette Paroifle appartient
au Prévôt de cette ville# Il y a dans la même Paroifle le
village Bellach ^ qu'on prétend avoir été connu des Ko*
mains fous le nom de Bella aqua. On y trouve aufli les
carrières de Waldeck ^ aux environs defquelles on a dé-
couvert des antiquités très-curieufes. Le magnifique Châ<^
teau de W^aldeck (*) ^ avec fes jardins & fes bois, fie dans
(*jP2aflfAe,n».67.
lequel
DE, LA SUIS SE. i($p
lequel' on jouit d'une vue fuperbè.dans le lointain delà
Sufflci appartient à M. le Baron de Befenval (ly) de
Brunftadt, Grand -Croix de l'Ordre Royal & Militaire de
Saint- Louis, Lieutenant -Général des Armées du Roi,
Lieutenant • Colonel du Régiment des Gardes Suifles ,
& ci - devant Infpedéur général des Suifles & Grifons.
La Nation Suifle lui doit deux titres , qui en rappel-
lant les grâces de Louis X V I & celles dé fdn augufte
Ayeul le Roi Louis XV , feront toujours glorieux aux
troupes du Corps Helvétique, En voici le précis : c'eft
un hommage que je rends en même- temps aux deux
Monarques Bienfaiteurs. Louis XV , en érigeant pour le
Baron de Befenval, le .Gouvernement d^Haguenau en
Gouvernement Militaire, par fes provifions datées du ii
Oûobre 1 755 : s'exprimoit ainfi ; Ayant jugé qiiil était
du bien de notre fervice y que le Gouvernement de notre ,
ville X Raguenau yjltué en Alface ^fut érigé en Couver^
nemént Militaire , defiram, bailleurs donner aujieur Ba^^
ron de BeJenvtU , une marque de tejlime particulière que ,
Nous faijons de fa perjonne y ainfi que de la fatisfaàion
que Nous avons de fes fervices , &• f^re connottre en
même - temps au Corps Helvétique Notre contentement de
la fidélité avec laquelle cette ISIation remplit les engage^
mens quelle a pris avec Nous. A ces caufes ^ éC autres
bonnes con/idérations y à ce Nous mouvans ; Nous avons ,
( i| ) Vqjfii rétat de fes (ervicfs avec ceux de fes ancêtres dan^l'Hiâoke
inilitaire des Suifles 9 par M. le Baron de Zur - Lauben ; par M. de Mai de Ro*
mainmotier i & par M. Girard ; dans fe Didionnaire Hiftorique de la
Suiife , par M. Leu » tom. III , p. joi - 306 ; 8c dans là Chronologie Hiftori»
que- Militaire de France , par M« Pinard , &€• ^
Tome JT. Y
i^ô TÂBLEAVX
ledit gouvernement de Notre vilk cfHaguenàu , Mgé êC
érigeons en Gouvernement Militaire , aux appointemèns
de /îx mille livres par any SC en avons pourvu y SC pàur^
voyons ledit Jîeur Baron de BefenvuL
L*autre tîtrè , également glorieux ^ eft daté du 2p Sep-
tembre 1781, Ceft le commandement des provincei de
Tîntérieur du Royaume qu'avoît M, le Marquis de Poyan-
ne le Lieutenant - Général , & dont à fa mort M. le
Banon de Befenval a été pourvu. Ce commandement
comprend les Généralités de Paris, d'Orléans ^ de Tou*
raine, duBerry, du Boûrbonnois, duNivernois, & du
Soiflbnnois.
Le Château de Waldeck a été bâci à une demi -lieue
dô Soleure en 1583 , parM, le Baron de Bejenval (*),
mort en 1713, Avoyer de la République de Soieure , qui
a eu pour fils deux Lieutenans - Généraux au fervrce de
France, dont l'un Jean-ViSor^ père de M. le Baron de
Befenval , aujourd'hui Lieutenant - Général , mourut à
Paris en 173^^ Colonel du Régiment des Gardes SuiiTes^
& Tautre, Charles- Jacques ^ décéda en la même ville en
1738 , étant Colonel d'un Régiment Suiffe de fon nom.
Les autres endroits remarquables du Bailliage de Flu-
riîenthal , font la ParoiiTe de ce nom fur l'Are , dans la-
quelle €ft la charmante forêt âl Attisholt:^^ , autrement le
Bois d'Âtys , célèbre par fes eaux minérales. Le village
de paroifle Gunfperg , fait auffi partie du bailliage de Flu-
mtenthah On voit les reftes d'un Temple payen dans le
village HuBerJlorf, qui eft dans.la paroifTede Flu: "cnthal.
(♦) Planche , portraits > n^t 17 r.
DE LA SUISSE. 171
SEPT BAILLIAGES EXTERIEURS.
J^jL ALCKEissTEiN y autrefoîs Baronnie, & préfentement
Bailliage / confine au levant avec le Bailliage de Wallen-
bourg du canton de Baie ; au midi av^c les Bailliages de
Bechbourg & de Flumenthal ^ qui font du canton de So-
leure^ ôc'avec le Bailliage bernois de Bipp; au couchant
avec le bailliage de Leberen & TEvêçhé de Bâle ^ ôc au
nord avec le bailliage de Thierftein , qui eft auffi du can-
ton de Soleure, Tout ce diftrîa eu très- fertile en pâ-
turages. On y prend des faucons ôc'des vautours, dont on
fait une branche de commerce, comme de diflférentes au*
très efpeces de gibier. Talckcinfiein fignifie proprement
en allemand le Rocher ou la F terre du Faucon y & les
anciens Barons de ce nom portoient un^^co/z dans leurs
armes. Ils furent bienfaiteurs de TAbbaye de Saint Urbain.
A leur extinction vers 1512, leur Terre pafla fucceffive-
ment dans les Maifons des Comtes de Thierftein & des
Barons de Bechbourg. Ces derniers prirent le furnom de
Falckeinftein. Le canton de Soleure acheta cette Baronnie
en 14 10 & 1420: elle avoir été partagée entre Jean de
Blauenftein & Jean de Bechbourg-Falckenftein. Le Bailliage
eft divifé en deux départemens : Tintérieur , qui comprend
les vallées de Balfthal & de Guldinthal; & l'extérieur^
qui contient la paroiffe Egerchingen fur la route d*01-
tcn , & la paroiffe Neuendorf.
Balftal ^ eft un gros bourg bien bâti^ fur la grande
route de Soleure à Bâle ^ au pied du Château de Falckeinf-
Y ±
172 TABLEAUX
tein ^ où réfîde le Baillif ^ & qui eft affis fur un rocher
très -élevé. On Tappellc ¥alckeinflein^le-Neufy pour le
diftinguer de Tancien Château de ce nom , où demeu-
roîent les Barons de Falkeinfteîn. Ce dernier Château (*) ,
dit auffi Blauenfleiriy eft fitué fur un rocher efcarpé, à
l'entrée de la Cliife ; & il couvre le paflage de ce détroit
par lequel va la grande route à Soleure & à Olten. Le Se-
crétaire Ballival réfide dans ce Château. La Clufe ou tE^
clufe^ en allemand Die Clus ^ au travers du Jura , & au
bord de la rivière Dunneren ^ eft un village fermé par un
mur du côté de Balftah
Les autres Paroiffes du Département intérieur ^ font
Lauperjlorfy Holderbanch y Ma:^ndorfy Welsehefi'Kohr y
Gaens-Brunnen , & Mimmlijweil.
I L Bechbourg. Ce Bailliage confine au levant avec
celui d'Olten ; au midi avec PAre ; au couchant avec le
bailliage de Bipp^ qui eft du canton de Berne , 6c au nord
avec le bailliage de Falkeinftein & celui de Wallenbourg j
qui dépend de Bâle^Tout ce diftrict eft fitué dans l'ancien
Landgraviat du Buchsgau , ainfi appelle de la quantité de
buis > en allemand bucAs ^ qui y croît. C'eft une contrée
très - fertile en bled & en pâturages. Les deux cantons de
Berne & Soleure poffédoient anciennement ce Bailliage par
indivis. Mais par le partage fait en 14^3 ^ il a été cédé au
canton de Soleure. Il y avoit des Nobles & des Barons de
Bechbourg. Leur réfidence primitive étoit le château dit
/e f^ieux - Bechbourg , dont on voit les ruines dans le bail-
(*) Ptoicfc , vR. 6j.
DE L A S U I S S E, 173
liage de Falckenfteîn , près de 4iolderbanck. On appaîle
BeclibourgrU ' N euf\t château où demeure le Baiîlif, &
qui eft (itué au -deffus de TEcliife , fur la côte méridionale
du Jura, entre Bipp & Olten , au-delTus du gros village
Oen/îngen. Uaflîete de ce château (*) , qu* domine fur
une vafte plaine , & dont la vue porte fur un grand loin-
tain dans la Suiife, frappe les yeux du Voyageur. Les Ba-
rons de Bechbourg le bâtirent après que leur ancien châ-
teau dit le Vieux- Bechbourg ^ fut ruiné en 15 j5 par un
tremblenient de terre.
Les paroîfles de ce BailKage font Oenfingen , Keften-
holz, Buchfiten, Wolfweil , Fulenbach, Hegendorf ,
Wangen /fie Cappel.
III. Goefgen , Bailliage très - fertile en grains , en vin
fie en fruits , a pour limites au levant le bailliage de Bi«
berftein, qui eft du canton de Berne; au midi l'Are, au
couchant le. bailUage d'OIten , fie au nord le canton de
Baie ôc le Fricktal^ qui eft à la Maifon d'Autriche. Tout
ce diftrid étoit partagé anciennement entre plufîeurs Mai-
fons , les Comtes de Frobourg , les Barons de Goefgen ,
de Kienberg, les Seigneurs de Wartenfels, d'Ifenthal,
ficc. A Textinclion des Barons de Goefgen en 1 540 , leur»
Terres paflerent par mariage dans la Maifon de Falckeinf-*
tem, autrement Bechbourg. En 14^8 Thomas de Falc*-
keînûeîn vendit la Baronnîe de Goefgen à la ville de So*
leufe , avec l'Advocatie du Chapitre de Schoenenvert , fie
plufîeurs autres Seigneuries.
(*) PJmcftf /n". 1(8,
174 TABLEAUX
Le château de Goefgen où réfide le Bailiif , eft fur une
crête de rocher près de TAre , à une lieue au - deffus
1 d*Arau, au pied fcptentrional du Mont -Jura. On y jouît
\ d'une vue lointaine & agréable. Ce Château a été rebâti
dans le dernier fiécle.
On trouve dans ce Bailliage les paroifles de Goefgen y
Aerllfpach ,Kienberg , Stufslingen , & Loftorf , où il y a
des bains célèbres , Trimbach & Ifenthal.
Le château de Wartenfels, fitué entre le Bas-Hauenf-
tein, & le mont Schaafmatt , fur un roc efcarpé , au-
deffus du village de Loftorf, eft très-remarquable par la
beauté de fes bâtimens & jardins. La ville de Soleure Ta
donné en fief en 174.9 à M. François - Charles Grimm ^
Tun de fes principaux Magiftrats ^ & à fes defcendans de
Fun & de Tautre fexe. Le fief étoic devenu réverfible à
TEtat, à l'extindion de la Maifon de Greder^ qui le pof-
fédoic depuis i5oo.
Dans le même bailliage de Goefgen , derrière la petite
ville d'Olten , près d'Ifenthal , fur une pointe du bas-
Hauenftein ^ très- élevée > font les mafures du château de
Frobourgj qui fut renverfé en 13;^ par un tremblement
de terre. C'étoit la réfidence des Corntes de Frobourg^
qui poflfédoient une grande partie du canton de Bâle ^ la
ville d'Oken, & diverfes terres confidérables dans les can-
tons de Berne & de Soleure.
L'Hiftoire de cette Maifon (i5) remonte aux dix &
(U) Eotr*aatres titres» relatifs à la Généalogie de ces Comtes # efile
Diplôme de l'Empereur Frédéric II, daté de Melfe , en Août 1217 , par le-
fluel cç prince accordoit des privilèges confidéraUes am Monafteces de
DE LA SUISSE. ij^
onzième (iécles i elle s'éteignit en 137a Le nom allemand
de Frobourg fignifie le Château ou Bourgs de-Jqye ; il le
dévoie à fa ficuation ^ qui , des deux côtés > a la vue agréa-
ble fur le Rhin y fur l'Are y 6c fur les Alpes.
I V. Olun y en latin Ultina y fuivant une infcription
Romaine que nous avons rapportée (17), & dans les titres
du moyen âge , Oltena^ Oltina y OUtay Olta , UltOy eft
une petite ville bien bâtie > réûdence d'un Bailiif ou Avoyer.
JSUe eft remarquable par les murs de fon enceinte ovale ^
qui font de ftruâure Romaine. M. TAbbé Hermaaa y Bi-
bliothécaire de la ville de Soleure y Savant dont nous
avons fjtit mention plus d'une fois , juge (\\xOlun a été
l'ancien Olino que la notice de l'Empire défigne avoir été
la réfîdence du Commandant de la frontière Séquanoife^
& que Rhénanus plaçoit à Holé y près de Baie* Le pays
des Rauraques , limitrophe d'Olten y faifoit partie de la
Province féquanoife.
Quoi qu'il en foit , Olten eft un endroit très r ancien ;
les Comtes de Frobourg y qui pofTédoient cette ville com-
me fief de l'Evêque de Bâle ^ portèrent aufli un temps le
titre de Comtes d'O/ien y Comités de Ulto y aiofi qu'on le
Sainte - Croix, de Lilienfcld» de Zwctel âcde Bauingartenbcrg > OtAréM
Citeaux, en Autriche. Parmi les témoins de ce Diplômé, ftnit nommotHec-
manki & Louis Comtes de Frobourg , Hertrannus ïS-Ludovicus Comités de Fr^
bure. Cet Adte eft ra|porté par le P. Chrirofiome Hanthtder , dans fes Fajli
CampililienfeSj tome I, Part. II, p. 7^8 - 77i«Inntz, TTfT^'^'M^ • ^"V*^
figures. - ^
(17) Tome I, titre IV. /
tjô TABLEAUX,
voit par un Diplômé ( i8) de rEmpereur Frédéric 11^
daté du mois de Mars 1223.
Olten eft une jolie ville ^ ftcuée fur une colline^ à la rive
gauche de TAre^ fepc lieues au-deflbus de Soleure. On
y peut remarquer particulièrement un beau pont de bois ^
qui eft fur la rivière , long de 372 pieds ^ & dont toutes
les pièces font liées par des crampons de fer. Il y a là un
paifage fort commode & aflez emportant. On y voit une
petite rivière nommée Dunnercn , qui fe jette dansPAfe.
Elle produit des écrevifles toutes touges^ que Poh fert
quelquefois (lir la table avec dautres écrevifles cuites ^
quand on veut fe divertit aux dépens des étrangers ^ qui
ne connoiflfent pas ce phénomène de la nature. Depuis
quelques années la Société helvétique de Schinzenacht^
tient annnueilement (es féances à Olten. Nous en avons
parlé ailleurs. Il y a audi hors de cette ville un couvent
de Capucins > avec une terrafle très -agréable fur l'Are.
La ville a perdu beaucoup de fes privilèges en 1^(5 y mais
elle a encore deux Confeiis & une Juftice inférieure. Ils
font tous nommés par le Baillif ^ qui porte ici le titre
SAvqyer. Ce Bailliage eft limitrophe de ceux de Goef-
gen & de Bechbourg ^ de la banlieue de la ville d'Arau ^
& du bailliage d'Arbourg/ qui dépend, du canton de Berne.
Les habitans d'Olten font induftrieux> le terroir eft très^
fîrtilç.
On trouve dans le bailliage d'Olten les Paroi/Tes de
Starkirchy & de Grenzenbach ou Grezenbach; le village
%
(18) Tfchudit Chron.Helvetic. tom. I» p. 118^1 ip.
Uerrgott, Genéal. Halsburgic«> tom. II, p. i;a
Dulliken
D E LA S U I S S M. 177^
Dulliken èft dkns la première de ces paroifles > & cehii de
Schoenenverd , <lani^ la fécondé,
M. PAbbë GnandècUer'^ 15^) à le ptemîer fait lâohnoîtré >'
par des titres authentiqués > Torigine^du Ghàpiere dé Schoen-
enwerd y CoUegiaia {ao) Jf^erdenfis. Cette Prévôté étoit
primitivement un Monaftere- fondé en l'honneur de Tapô-
tre Saint - Paul ^ & connu fous le nom de Wtrits ou
Verd. Il étoit fitué près dé Grezcnbach ^ fur la route qui
conduit d'Arau à Olten y dans cette partie de la haute Al-
lemagne y qui forme le canton de Soleure. La Collégiale
fubfifte dans le même endroit ^ à la différence qu'elle eft
fîtuée aujourd'hui fur une colline , à la droite de F Are y
au lieu que le Monaftere avoit été fondé dans une ifle
formée par cette rivière. L'Are , trop turbulente dans fon
cours , avoit entraîné l'ifle où le Monaftere de Verd avoit
été fondé y & obligea les Chanoines de s'établir à deux
cens pas de -là fur une hauteur^ où ils fe trouvent à l'abri
des inondations. Le Monaftere de Verd exiftoit dès le mi- ^
lieu du feptieme (iecle y comme on le voit par la (égende
de (21) Saint Germain , Abbé de Grandval y au Diocèfe
de Baie y & auparavant Moine de LuxeuiL Germain gou-
(f p) Hidoire de PEglife 8c des Evéques- Princes de Strasbourg » tom. I» '
p. 305 - 3 1 2. A Strasbourg « \ji6. in- 4^. avec fig. ^
(to) Ce n*eft que depuis la fin du treizième fiede que Verd fut appelle
Schoenenwerd ou Clara Werdtu •
(11) La vie de Saint- Germain , écrite quelque temps après fa mort pat
le Prêtre Bobolene^ e& inférée dans le Recueil des fiollandifies, tme II I>.
Februarii , p. 165 ; & dans les ades de l'Ordre de Saint- Benoit » par Dom
Mabillon , tom. II » p. 4pi. Les trois MoAadères dofit Saint<Germain avoit
la direâion, y font nommés 5, Urficini atque Verdunenfe^ necnon &» Gr<mdis î
vallenfe.
Tome X. Z
v^ook eii paix les tsaîc ^io&a&ufs i^H ^ itok Khhé^
Grandval ^ Verd & Saint ^Urfanfu*^ lorfgu^ c^moM 4».
yiçJeBCfW: gu'AtWç, Pu<p d'Alffc», «i«r<jQit iiir les peu-
ple» 4e la vîJté<3 de<5>rafltdv5Ji ft: dea^fiviFipas;, U oà ce
^^ df^s^ri^inQDçrfnQes à «e ^igaeur. §» lîbereié lui oqûoi
U viç« IhcXHk: k fit (41er avec Ranidoaide foo Prîoiur^ par
f^ foM^W ^ le % 1 4e Fé vriçic vei^ Taïi^tf*. JLe Mionaftere <ïe
yf€^4 1 dispMÎs la xnpit df Saim <5errmam , continua d'être
r^i par Içs; Abbfés de Graindval ^ <^ en confi^rverent la
jiinfdiâlon fpiriçu^lle^ m^me loi>g- oemps après Ton réta-*
biifiemçnt^ & peut-être jufqu'à (a Gécttlarifation ^ ou il
cppapiçn^ à dépendre du Diocèfe de Conftaiiçe« Cepeo*
d^nt le Monaftere de Verd dépéiifToit infenfiblement ^
feit par les inondations friéquentes de TAre^ foie par les
différentes guerres qui défoierent la France fous les der-
niers Rois de la première Race ^ Verd étoic prefque réduit
à rien. Ce n écoit plus qu'un (impie Hofpice > lorque Car-
loman, Roi d'Auftrafîe, confirma (22) vers Tan 770 , à
FAbbaye de Grandval des privilèges qup Pépin fon père j
& les Rois fçs prédécefieurs ^ lui avoient accordés j ainfi
qil'aux Eglifes de fa dépendance. Ratpert > qui exerçoit
dans le pays les fonctions Epifcopales ^ fans être attaché à
au/:un Siège , fut touclwé du trifte état où il voyoit le
monaftere de Verd. Il le rétablit quelques années après ^
& les bienfaits dont il le combla , lui méritèrent le titre
de Fondateur. Il changea le nom àt Saint-Paul qu'il por-
;(a»} Cette Chatte. nomme Veri^ CelU Venenfe in honorem Sanâi Pauli
conftruâa..
On la trouve dam YJlfatia Diplomadea de M. Schoepflin , tom. I > p^ ii%
\
\
^■7
'D Ë~ LA s vis^ Se, p^
fort, Si déBîa tettoiiVeâïi Mortaftete à S. Léger, Le culte
de cet Evêque d*Atitun étoit alors très répandu ; & on
prétend même qne ce Saint avoit éeéj zu feprieme fîéclcV
im des bfenfaîteurâ du Mbnallere de Veïé dam (à priniitive?
inftjtution, L'EvèqucRafperc 5 pour eonfolider en même-
tfetnps fon nouvel écabliffement^ crût devoir en faire do-
nation à une Eglife célèbre & puifTante ^ capable de fou-
tenir fa fondation dans fon origine ^ & de k fauver d'un
fécond anéanciffement. Il choifit TEglife de Strasbourg ^
& fit auffî- tôt préfent du Monaftere de Verd à FEvêque
Rémi , qui occupoît alors le Siège de cette ville, La do-
nation fe fit en régie ^ & Ratpert en mit en poffefljon TE-
vêquc de Strafbourg devant des témoins par le comeau :
c'étoît alors (29) un des fignes les plus ordinaires del'in-
veftîture, dont les anciens faifoîent même mention dans
leurs aÛes. Remî^ parreconnoiffanèe^ accorda le Monaf-
tere de Verd à Erlulpfe & à Gundbert les deux frères de
FEvêque Ratpert: il les en invertit auffi-tôtî mais ceux-
ci ne Je conferverent pas long - temps : ils le rendirent à
Remî , en faveur d*un préfent qu'il leur a voit fait j & ils
fobtinrent de cet Evêque feulement pour leur vie> ôc
moyennant une redevance annuelle, Rémi prit de nouveau
poirefTion du Monaftere de Verd f en préfence d'un grand
nombre de témoins ; & Erlulpfe & Gundbert > conformé-
ment à la loi des Allemands , mirent entre les mains de
TEvêque de Straitourg un fétu de paille j pour montrer
qu'ils renonijoient à toute propriété. Quelque temps ôprèsj
^So TABLEAUX
l*EvêquçRemîi΀ fonteftamentle i; Mars 778^ par le-
quel il nomme TEglife de Strasbourg (a Légataire univei^
Telle. Il lui donne & foumet le Monaftere de Verd ^ tel que
Tavoît CopdéRatpert^ 6c aux mên^.conditions fous Itt-
quelles il Tavoit reçu lui-même d'Erlulpfe & de Cund-
bert , c'eft-à-dire , qu après la mort des deux fireres^ la
propriété , ainfî que Tufufruit , appartiendroient à TEglUe
de Strafbourg. L'original de cçTe^ament eft cxjnfervé dans
les Archives épifcopalcs de Saveme. M. V khhé Grandi^^
dier (24) Ta publié avec de favantes Notes, En vertu du
Teftament ^e TEvêque Remi^ la propriété du Monafterc
de Verd refta à TEvêché de Strafbourg ; 6c cette dépdn*
dance , qui en fit un Membre particulier de cette Eglife , fe
foutint lorfque ce Monaflere fut f^cularifé. Le défaut de
monumens nous empêche de fixer le temps de cette fécu-
larifatidn ; elle eft du^nioins beaucoup antérieure au trei-
fieme fiecle. Burcardde Sengen, qui vivoiten 1207, efl:
le premier Préviet de Schoenenwerd qu'onxonnoifle* C3e
Chapitre fefta foumis à fon Egli(è-mere; il ne pouvoir
difpûfer de /ea biens fans la petmiflion de TEvéque de
Strafbourg , qui s'en reconnoît le Seigneur territorial. Le
droit de Patronage lui appartenoit ; ôc quoiqu'il eût laiffé
(24; IWi. tom. II, preupçs,p, cxxx — cxxxKi. Le Moiuâere de Vcid
eft nommé dans ce teAamént« MonafierioUm Werith ^ fuper fluvium ÂrariSf in
pagelle Aragougenfe , & ejl ipfa infula Grechchmbach , ^wd Ratpertus Epifa^
à novû opère edificavit. — - Dan^ un autre endroit dé ce Teflament on fit :
Monaftriolum , quod dicitur Werith ^ 0* ejl în honore SanSi Leoiegaru Martf^
fii^ in fine Grechchinhcçenfe y ire infula fiçer fluvium Ararium. — Et Ûk
Uonafierlolo in Aragaugia^ quod dicitur Werida. On voit pat ce pafTage que le
Monaftcit de Werd eft Gpiiàw^ k canton de l'Argen.
-Aà^ ■ ■ J^.^ »W'«*-:-;-'*r- - ' *— ^rv*'- .
DELA SUISSE. i8r
aux Chanoines Téleâion libre , le Prévôt élu étoit obligé,
de s'adrefler à TEvêque de Scrafbourg^ pour en obtenir
des Lettres de confirmation. Cette dépendance fubfiftoit
encore en 1351. Les armes de TEvêché de Strafbourg fe
voient fur un écufTon triangulaire ^ attaché à la voûte de
l'Eglife de Saint- Léger è Schoenen werd ; & on a décou-
vert , il y a quelques années aux environs , fur - tout à
Grezenbach^ qui n'en eft éloigné que d'un quart -de lieue ^
plufieurs monnoies braâeates d'argent y qui portoient les
mêmes armes. L'ancienne dépendance de cette Collégiale
paroît avoir ceiTé vers le milieu du quatorzième Siècle^
lors des troubles qu'y excitèrent les Barons de Goefgen,
qui en avdient obtenu TAdvocatie des Comtes de Habs-
bourg. La Maifon de Goefgen s'éteignit en la perfonne
d'Âmalie de Goergen^ quiavoit époufé en 1340 Ulricdc
Falckeinftein. A cette époque TAdvocatie de Schoenen-
ygreid pafla aux Barons de ce nom i le Canton de Berne
s'étant emparé , en 1 3 1 ; ^ de la plus grande partie de T Ar-
geu 5 acquit par droit de conquête la Jurifdiâion terri-
toriale de Schoenenwerd^ & la conferva jufquen 14^8^
que Thomas de Falckeinftein vendit le Château de Goef-
gen y avec toutes fes appartenances ^ au canton de Soleu-
re. Cet Etat devenu par-là pcoteâeur de la Collégiale de
Schoenenwerd ^ obtint une Bulle du Pape Jules II > en
vertu de laqueHe il nomme encore aujourd'hui à la Pré-
vôté & aux Canonieats. Cette Collégiale écoit compofée ,
en 1323 & 1331^ de douze Chanoines ^ tirés delà Nq-
blefTe du pays. Les Canonicats furent réduits à fix en i $769
& il n'y a plus aujourd'hui que fix Chanoines «^ en y com-
prenant le Prévôt. On leur joignit quatre Chapelains^ qui
rW • T AELE A V J^
ftmt à la collation du Chapitre (2j^). J*ai cru cette cfigrdT
fion néceflaire pour éclaircir Tantiquîté d'une céfébre
Collégiale , fur laquelle les Hiftorîens de la Suifle n'ont
donné y jufqu à préfént , que des notions halardées &'
confufes. On voit dans TEglife de Schoenenverd pluite«rs
tombeaux des Comtes de Frobourg, des Barons de Goef-
gen , de Bechburg & de Falckeinftein , des Nobles de '
Munenberg, &c. M. Gurs -Viâor- Georges /^^jw^Szr^^
liommé en L754 à la prévôté de Schoenenvetd par fat
République de Soleure y & morten-OSobre 178 1 , a écrîe^
l'Hiftoire diplomatique de fon Chapitre, recueH précieux
de titres du règne féodal.
Dans la proximité de la ville d'Oken, font', fur deux
pointes de rochers , féparés Pun derautre j par un profond
vallon y les deux châteaux du haut & du^bas W^arunbourg.
La démarcation des limites entre le canton- de Beme &
celui de Soleure , eft placée dans ce vallon. L'un de ces
châteaux > qui eft ruiné, appartient ao premier de cesCan-^
tons , Taucre a été confervé jufqu à nos jouns par l'Etat de
Soleure, qui y entretient une garde pour xiotmerle figna!
en cas d'incendie ou de quelqu'événement extraordinaire.
Cçs châteaux ont appanenu un temps à laMàifbn de RalL^.
weiL *
(»j) Le Chapitre a aufilla collâtioa detOim derGreteiibadii» Siarkbcky
OlMfi • Trimbech * StufdingfUi Le Prévôt noma^par le Magiftnt de So-
lemi I n*cft pai to«loun tiré du Corps » & il eft confirmé dam (a dignité par
TEvCque de Confiance. Il t& auflî à la tête de la Communaaté dôTilIage
de' Scfcoenenwtfd; il a le dfoît de- la convoquer 8t do i*A«)eQdet;daiftiei
délilide f<wàa^piid'â«tiei.cta^ncefna«rtaPolke.rUt>Clianoia»^^
WW deui^ annéfi de carcqçe ; la. p;cpiicie eft pour la fibrique^e rEglifc , b
ffctfnde appartient au MagiBmt de Soieore.
DE LA SUISSE. 183
V. J^ornegg^ Dorneck ou Dornach , Bailliage borné
au levant ôc au couchant par TEvêché & le canton de
Baie; au midi par le canton de Baie ^ & au nord par le mê-
me Evêché de Bile & le Comté de Ferrette , qui eft du
Sundgau^ & appartient à la France. Ce Bailliage, alTez
étendu & très -fertile, eft compofé de piufîeurs Scîgneu-
ries , fucceflivement acquifes par la ville de Soleure. Le
château de Dornach oà réfide le Baillif, eft afTis fur un
rocher aflez élevé, à deux petites lieues de Baie , fur la
droite de la Birfe, en face de Reynach. Il a été fortifié^ &
TEtac y a un dépôt de canons & d'armes j avec \ts muni-
tions néceftaires. On voit dans ce Château un puits très-
profond. Uexpofîtion du local paroît fort agréable. Au
pied du Château eft le village de paroifle Dornach^ avec
un couvent de Capucins. Il y a ici un beau (*) pont de
pierre , long de cinquante pas y fur la Birfe j qui fait en cet
endroit une chute d'eau très-pittorefque. Derrière TEglife
paroiflîale eft la Chapelle de Sainte - Marie- Madeleine.^
avec un ofluaire ou charnier , où Ton a dépofé les os des
Allemands qui furent tués le 22 Juillet i^pp y à la bataille
de Dornacft, gagnée par les Suifles fur l'armée Impériale^
commandée par le Comte Henri de Furftemberg. Les Suif-
fes , au nombre d'environ ciii(q à fis mille hoknmes y atta-
quèrent cette armée , qui étoit de quinze mille , & rem*
portèrent fur elle la viâoire la plus complette. Le Géné-
ral y périt lui-même avec trois mille hommes de fôn
armée. La viâoire fut quelque temps Indécife , mais Parri-
(♦)Pi«icie,û*. 14-
p
■)
\ I
I
' J84 T A B L E A U X
\ \ vée fubîte de huit cens Lucernois y & de quatre cens Zpu-
gois {26) y la décida par leurs efforts magnanimes. La
bataille de Dornach termina k guerre de Souabe ; l'Em*
pereur Maximilien fut contraint de faire la paix*
Le bailliage . de Dornegg comprend plufîeurs autres
paroifles , Séewen j Buren , Saint- Pantaleon , Roderftorf,
► j & Mezerlen, Dans cette dernière Paroiffe eft le château
ruiné de Rotkbergy la réfidence primitive des Barons de
ce nom y qui font préfentement établis en Brifgau & dans
la Souabe. Dans la proximité de ce Château^ eft fituée
fur un rocher très-élevé , la belle Abbaye de Notre-Dame^
de - la- Pierre y en latin Petra Beatre Marine t^irginis y de
rOrdre de S. Benoît. Elle eft célèbre par fon pèlerinage.
V I. Thierjlein. Ce Bailliage qui porte le titre de Comté y
a pour limites au levant le bailliage de Gilgénberg y du
canton de Soleure ; au couchant & au nord les bailliages
de Delemont & de Zwingen^qui font de TEvêché de Baie j
& au midi le bailliage de Falckeinftein y du canton de So*
leure. Tout ce pays abonde en riches pâturages. Il appar*'
tenoit primitivement aux Comtes de Thîerftein y Tune des
plus anciennes (27) & des plus puifFantes Maifons de la
Suiffe, originaire du Fricktal, où étoit le château de Thîcrp
teîn y près de Waitnau : leurs armes étoient d V , à unç
Xz6) Commandés par leur Ammann Wcjcncr Steiner. Lc$ l^icenipis étoîcnt
(bus le? ordres de leur Avoycr Pierre Fier,
(27) Voyei la généalogie de ces Comtes t mais imparfaite » dans le DiiL
tionnaire Hiftori(}ue de la SuifTe ,j>ar M. Leu » tom. XVIII , p. 83 -91; dan$
le quatrième volume des Généalogies Hiftoriques des Maifons Souveraines» .
par M. Çhaiot de Nantigru^ p* ii^-zi^ Pans» i?}^, in ^^^-fg* 8cc. Sec*
biche
DE LA SUISSE. i8;
bîche de gueules , fur un mont àtjînople. Elles étoîent
analogues au nom allemand Thiers-Stein^ en latin cerva
petra , c*eft-à-dire en François , le rocher ou la pierre de la
biche , ou de la bête fauve. Les poffeffions des Comtes de
Thîerftein furent démembrées avec le temps : le château
neuf de Thierftein y qu ils avoientbâti fur un haut rocher ^
au-defFus du village de Bujferachy & qui donnoit le nom à
leur nouveau Comté > appartient aujourd'hui à la ville de
Soleure i les Comtes le lui hypothéquèrent avec le Comté y à
diverfes époques, en 14^1 & 1499 , mais ce ne fut qu'après
leur extinâion en ipp, que ce Canton parvint à une
pofleflîon complette. UEvêque de Baie lui céda aufli en
1522 des droits de fuzeraineté.
Le Baillif réfide au château de Thîerftein j dans la pa-
.jroifle de Buflerach. Ce Bailliage comprend plufieurs villa-
ges ; on y trouve les paroifles de Beinweil , Buflerach ,
Erfchveil, Baerfchweil, Breitenbach, & le petit -Luzel,
où il y avoit autrefois une Collégiale de Chanoines régu-
liers > de rOrdre de S. Auguftin.
Le beau chemin par le PaJJawangy qui conduit à Bâle,
en Âlface, & à Delemont j & qui fait une partie du Jura j
mérite d'être vu , de même que les deux ponts artiftement
conftruits. Ce chemin a coûté des fommes confidérables à
TEtat de Soleure , pour vaincre toutes les difEcultés du
local. C'eft un des plus hardis ouvrages de ce fiecle.
L'Abbaye de Beinweil, en latin OJJavilla^ OJfavilere^
de rOrdre de S. Benoit , fondée en 1 1 24 par les Comtes
de Thierftein , eft fîtuée à une lieue deryere Thierfiein, fut
une colline y dans un vallon entouré de hautes montagnes;
Tome X. . A a
iS6 TABLEAUX
Les Moines (28 )^ après avoir efluyé différens revers^
tranfporcerenc leur réfidence z Notre •Dame (ap) de- la-
Pierre j dans le bailliage de Dornach en 16^6. Depuis
cette tranflation y l'ancien Monaftere de Beinweil eft der*
fervi par deux Religieux de Notre-Dame- de- la- f terre:
Tun d'eux a le titre de Stattehalter ^ ou Adminiftrateur ^
& Tautre eft le Curé de la paroifle de Beinveil. UAbbé de
Notre-Dame-de-la-Pierre continue de pofTéder les terres
& rentes ^ attachées à fon Monaftere primitif.
V I r. Gilgenberg , Bailliage d'une médiocre étendue ^
a pour limites les Bailliages de Thierftein & de Dornach ^
qui font du Canton de Soleure ; le Bailliage de Zxringen ,
qui appartient à l'Evêque de Baie > & celui de Walle-
bourg du Canton de Baie. La Ville de Soleure acheta cctte^
terre en 1 ^27 , dlmier , Baron de Ramftein & de Gilgen-
berg. Le Baillif réfide au Château de Gilgenberg ^ qui eft
remarquable par fon étonnante folidité & l'épaiflTeur ex-
traordinaire de fes murs ^ fur un rocher très- efcarpé^ &
au milieu des montagnes. Ce Bailliage comprend les Pa-
rolflTcs Obcrkireh & Meltingen , & quelques Villages,
Nuiîigcn ou Nonningen, &c. On trouve dans ce dernier
Village qui eft de la Paroifle Oberkirch, du gypfe d'une
très- bonne efpcce. A Meltingen, il y aune fource d'eau
minérale dont on fait ufage pour dîverfes maladies.
(a8) Leu, Wià. tom. HI» p. I9«»3 ; & tom. XVII» p, 5^0- s^i»
dp) Cette Abbaye ^ bâtie dans la paroiflTe de Sewen » eft difiante de Bein-
weil de trois lieues & demie.
rt .-îg.^
Z^^,-.-/..r.A//'
Dl LA SUISSE, 1S7
« »SUA~X \ 1 I I t I V It I t-Q J i J> I jT il Ji J> JI ii r I f »
ARTICLE XII.
CANTON DE SCHAFFHAUSEN, Réformé 8C
Arifio- Démocratique, Armes dot y au bélier
(aillant de fable; '° ■!„' V' . . . " ' • v^
Xje Canton de Sckaffhaufen , au nord de Ja Suifle , e^
en (*) partie en Souabe j 6c au-delà du Rhin , fur la rive
droite duquel eft SchafFhaufen ( 1 ), fa Capitulé , Ville
grande & Tune des plus onfidérables de la SuifTe. Ce
Canton (2) confine au levant avec le Landgraviat de Ncl-
lembourg ^ qui efl à la Maifôh d^Àutriçhe ; ktt.'béttoiianèy
avec les Landgraviatè de Bïsr & dé StbuhltngiMi ^ qulappèr^^
tiennent au Prince de Fùïftenbéifg ; ^û n»d( > âVe^* î^
Rhin , & au-delà de ce ifeuve, -avec le- Canton deZtirié(^y^
& la Turgovie , qui dépend dés.lnîk' àricîcfti^imtiftw
au nord , avec le lïegaià &"te<Çorn#^^
Canton quoique peu ét^~du-;eft cêpén^
portance pour le repos dé laStiiSTe^ qui petit few^dà'
comme Ton boulevard contre rAllèmagné« Sri ffFahd^dii^
levant au couchant^ a cb^ ligues ^ & du iniai ail' iiii»il |^
I m 1 1 1 1 i 4» ) I I ) I I I | i i
( * ) Vojt\ la Carte de ce Canton , Planche , n**. iiy.
(1) Prononcez C/^â/(K{/ê ; la première fyllabe adoucie*
(2) Leu , Diâ. Hift. de la Suifle, tom. XVI , p. i j8- 148.
L'Etat & les Délices de laSuiflè, tom. III, p. 77- 88»
Faefi, Topographie de la Suifle, tom. III, p. x-5$«
Tfcharner , Di6t. Geogr. de la Suifle, tom. II, p. ii;-ii8«
Fueislin , Topog, de U Suifle , tom» 11/ p. î6x - 200, Bec.
Aa 2
i88 TABLEAUX
feulement trois lieues. Les deux Bailliages Buch & Rued^^
lingen , font même féparés du Canton ^ Tun par le Land-
graviat de Nellenbourg ^ & l'autre par le Kleggau. Le
fol eft fertile en bleds , en vignobles , en fruits , abon-
dant en pâturages ; le pays eft très-beau , & le Rhin y
rend le commerce florifFant. Ce Canton a des collines
fort élevées & très- cultivées. Il n*a pas de hautes montar
gnes , fi Ton excepte celle de Randen , qui touche à la
forêt noire.
Schaffhaufen fe nommoit primitivement en Latin Scaf-
fufa ou Scaphujîa ou Navium domus , Scapharumdomus y
c'eft-à-dire, la maifon des bateaux ^ parce qu'on déchar-
geoit en cet endroit les marchandifes qui defcendoient le
Rhin , & que ce lieu étoit Tentrepôt des barques ( en
Allemand Schiff) par le paffage de ce fleuve. Le nom de
Shaffhaufen fîgnifie auffi la maifon du Mouton. J*ai parlé
de Torigine de cette Ville , à Tarticle de fon gouverne-
ment. Elle doit fon principal accroiflement à TAbbaye de
Bénédiâins qui y établit , en lop , Berhard , Comte de
Nellenbourg en Hegau. L'aflîette ( * ) de la Ville eft
dans une forte d'entonnoir , entouré de toutes parts de
montagnes y la plupart plantées de vignobles. Les rues y
font grandes , propres & larges. Les maifons y font bien
entretenues, & prefque toutes peintes > & marquées de
quelques enfcignes. On y voit deux Temples confidé-
lables ; le Munfter ou TEglife de l'ancienne Abbaye de
Tous les Saints y qui eft un bel édifice foutenu fur douze
(♦) Planches^ n*. loy , ipo> & lOjr,]
DE LA S U I S S E. i8p
groffes colonnes de pierre , toutes d'une pièce > à l'hon-
neur des douze Apôtres ; elles ont dix-huit pieds de haut ,
neuf de tour , & trois de diamètre. Celle qui doit repré-
fenter Judas , a d'un coté la figure d'une tête fendue. Le
Clocher a entr'autres une cloche qui pefe c)6 quintaux ,
& a 2p pieds de tour; elle fut fondue Tan 1485. On peut
voir encore l'Egiife Paroifliale de Saint- Jean , qui pafTe
pour le plus grand Temple de la Suifle. C'eft en effet un
vafte édifice, mais un peu obfcur , compofé de douze
voûtes , avec le chœur. Il y a ceci de particulier qu'au
lieu d'y monter en chaire , commt par-tout ailleurs , là
il faut defcendre quelques degrés pour y entrer. On a dans
cette Eglife une Bibliothèque qu'on appelle la Blblio^
theque des Minijlres , parce qu'elle cft deftinée à leur
ufage. La Ville en a aulfi une dans un autre endroit ^ qui
efl pour Tufage des bourgeois.
L'Egiife de THôpital étoit autrefois celle de l'Abbaye
de Bénédiaines , fous le titre de Sainte- Agnès.
L'Hôtel-de- Ville mérite d'être vu. La Chambre du
Confeîl a pour tapifltrie une très-belle boiferie, qui eft
un chef d'oeuvre de menuiferie , aufli-bien que le plafond
de la galerie. Derrière l'Hôtel font les Archives. Au-def-
fous de la maifon ^ à côté de Tefcalier d'en haut > on peut
remarquer un portail admirable ^ de la largeur de qua^
torze pieds y de pierre de taille > & dont le linteau de deflus
eft une efpece de voûte platte > compofée d'onze pierres
taillées ^ pofées côte à côte en ligne droite ^ & celle qui
eft au milieu & qui fait la clef de la voûte , eft pointue
de bas en haut.
La Ville eft aflez bien fortifiée 6c fermée de murailles
i5)o TABLEAUX
de toutes parts , avec des tours , même du côté du Rhim
La tour dîte Fronwaag-Thurn ^ croula en 174^; elle
étoit remarquable par une très-belle horloge qui marquoit
non feulement les heures , maïs aufli le cours du Soleil &
de la Lulie , avec les éclîpfes. M. TAbbé Grandidier {-})
a célébré l'habileté des trois Suifles qui exécutèrent la
grande horloge de la Cathédrale de Strasbourg ; Conrad
das y podlus (4.), de Frauenfeli , 6c les deux frères f y)
Ifaac ti Jofias Jtiabrecht , de SchafFhaufen en 1^71 — -
1574. Cette horloge eft comptée , avec la tour de la Ca-
thédrale , entre les fept merveilles de TAllemagne.
A Tun des côtés de la ville de ShafFhaufen , il y a fur une
hauteur une efpece de Citadelle ou de Fortereffe à Tan-
tique , qu'on appelle vulgairement Unnoth^ ou plutôt
Munoch , du mot Latin Munimentum , boutevart , rem^
paru Cet ouvrage eft bâti en rond , & le deffiis fait en plate-
forme , pour y pointer du canon en cas de befoîn ; les mu-
railles font fort épaifles. On fit cet ouvrage en 1 J54, à la
place d'une vieille tour. L'arfénal eft fourni d'armes &
d^auttres inftrumens de guerre^ pour armer la Bourgeoîfie
& les fujets. La Ville contient d'afTez grandes places &
plufieurs belles fontaines , entr'autres une fur laquelle eft
(3) Eflais Hiiloriques & Topographiques fur FEglife Cathédrale de Stras-
l>ourg, p. iSS'tpo, 6c ipj, ip^. Strafbourg, 1782.1/2-11.
. (4) Ce Mathématicien , Chanoine de Saint- Thomas a Strafbourg» mou«
rut Doyen de ce Chapitre le %6 Avril i6ou On voit le Catalogue de (es
Ouvrages dans le Dictionnaire de Mortfi » toin. III, p. tS* .
(f) Ifaac Habrecht fut gravé de fon vivant en 1608.
Cet habile Horloger œounit à Straibourg en Novembre Uso t ITâge de
7^ ans.
DE LA SUISSE. ipr
la ftatue en pierre de Guillaume Tell ; ce Héros Uranien
à qui îa liberté Helvétique a tant d'obligation. Il ne faut
pas oublier le pont fameux fur le Rhin. M. Andrtae dans
fes Lettres ( 6^ fur la Suljfe ytn a donné deux deflins avec
.l'exade defcription de fa ftrudure , qui lui a été communi*
quée par M. Jet:{ler ^ de Schafihaufen. L'ancien pont, moi-
tié en pierre , moitié en bois , s'étoit écroulé le 6 Mai
17^4 : un fimple Charpentier (7), obfcur habitant de
Tuffeiiy village du Canton d'Appenzell-Réformé ^ propofa
au Magiftrat de SchaflFhaufen , de jetter un pont de Ijois,
qui enjaraberoit d'une feule arche les deux rives diftantes
de près de 340 pieds. Le Magiftrat exigea qu^il fût coupé
en deux arches , & voulut que Pen en^ployât une pile in-
termédiaire que le Rhin avoit refpeûée en entraînant le
vieux ponté L'Archicede obligé d'obéir > a cependant,
dit-on , éludé Tordre en conftruifant cet étonnant édifice ,
.de manière que la pile ne porte abfolument rien , & fon
ouvrage également folide fans elle , en auroît été beau-
coup plus beau. On ne peut imaginer comment un homme
• (^) Préface , pag. XI - XXI , & Lettres > p- ?p - 40. Voyt-^ aufR les Leçtret
de M. Coxt 9 fur la SuifTe , avec les Obfervations de M, Ramond^ tom. I ,
p. .10-14, & 8a, 8^. . . . • . «.
(7) Jean-Ulric Gruie/zm^/i/t; dans le mçme temps fon frêne Jean Gruiea^
man^ bâtifToit un pont fur le Rhin, à Reî^enau « chez les Grifons > qui n'«a
qu'une feule arche de deux cens - quarante pieds d'auvertute* - . r
L*Archite^e du pont de Scha£Fhaufen , bâm en 1764» un pont de bois de
quatre - vingt pas de long , d*un feul jet > fur la Linth , entre le bourg de Glar
cis & celui d*Enneda. Il a aufC conflruit k^pontde Wettin^n* à uff quart
de lieue de Bade , fur la Linimat. Celui -ci» qnta ^uaire- vingt pasde long
d'un feul jet , eft formé de dix repri&s aitiâement /u^'cadue^ iyusune véri*'
table voûte de bois» peu courbée ^ te dom rowettuie cft it toute la kp»
gueurdupont.
192 TABLEAUX
ignorant en Mathématiques y fans étude quelconque , fans la
moindre théorie de la méchanîque ; enfin comment un (impie
Charpentier a pu concevoir le plan d'un édifice aufli hardi
dans fa conftruâion. Doué par la nature des talensles plus
extraordinaires j & guidé par fon génie dans la pratique de
fon art , il s'éleva tout feul à la perfeâion , & Ton doit le
placer au rang des plus ingénieux Architedes de ce fiecle;
il a fini en (8 ) trois ans ce pont qui a coûté poooo florins,
c*eft-à-dire plus de 200000 livres tournois à la ville de
tSchafFhaufen.
Paflbns à la defcription du Canton de ce nom > qui eft
partagé en plufieurs petits Bailliages ^ dont neuf portent le
titre de Prefèclure , en Alhmznd 06ervogiey ^ & font dit-
cribués par le fort aux membres du Petit Confeil. JVâL^
kirch porte feul le titre de Grande PréfeSure^ en Allemand
Landvogtey y le BailUf eft choîfi dans le Grand-Confeîl ^
& même dans le corps de la Bourgepifie , & il eft obligé
(H) En 1758. On peut voir le modèle du pont de SchaiFbaufen il Paris aa
Bureau des Ponts Se Chauffées* L^Auteur anonyme , François , des Lenra
fur la Suijfe, en 1781 . fom. /, p. 90 Cffuiv. Genève &• PariSy 1^2$» in-8<^. m^c
fg. s'exprime ainfi : « On vante beaucoup le Pont de SchafiThaufen conf-
3» truit par un Charpentier d'Appenzel nommé Vlric Grubermann. Il efi vrai
^ qa*il eft fait avec hardieflè ; mais il a le dd&ut de tous les ponts couverts
•• de la Suifle , c*efi d'être lourd 8c fans grâce. Les SuilTes font couvrir leurt
9> ponts de bois , pour les garantir des injures de l'air 8c de la pluie ; mais
9 ils ne s'âpperçoivent pas que la quantité de poutres qui fervent a la cou*
•t verture , leur coûte dix fois davantage que ne coûteroient ks réparations
» qu'il faudroit y faire en cinquante ans. Ces ponts couverts n'ont jamais
«* d'élégance ; 8c un grand inconvénient , c'eft qu'à n^idi à peine y voit-
^ on aflcB pour n'y pas accrocher. Oès que le foir arrive on lic va plui
91^ qu'à t&tons t car les Suifla ne fe font pas feulement avtfés d'y mectce des
m lanternes »• '
de
DELA SUISSE, 193
de rédder dans la pecîre ville de Neukircfi , dans le haut
Kleggau. La durée de fa geftîon dure fix ans. Les autres
Préfeûures n'exigent point la réfidence locale > & ceux qui
les obtiennent en jouiflent pendant leur vie ou jufqu'à ce
qu'ils foient élevés à de plus hautes Charges. On peut
appeller de leurs Sentences au Petit Confeil.
L Buch ; ce petit Bailliage eft féparé du Canton par le
Landgravîat de Nellembourg ; il eft fitué dans le Hégau ,
entre Ramfen & Randeckj on y trouve les Paroiffes Buch^
Gaiiingen & Bue/ingen , & quelques Hameaux. La bafle
Jurifdiftion de Buch appartenoit anciennement à TAbbaye
de Sainte- Agnès , à SchafFhaufen; elle la vendit en i j'2p ,
à noble Jean Peyer^ Bourguemaître de SchafFhaufen , &
celui-ci la vendit la même année à cette Ville qui la pof-
fede aûuellement. En 1723 , ce Canton acheta de l'Em-
pereur Charles VI la haute Jurifdidion fur ce diflriâ qui
fut alors entièrement féparé du Landgraviat de Nellen-
bourg. A Buefingen^ les Nobles Im-T/iurn ont la bafle
Jurifdiâion ; mais la haute dépend du Landgraviat Autri-
chien de Nellenbourg. Ces Nobles Im-Thurn (*) font , fans
contredit > la plus ancienne^ ) & la plus iUuftre Maifon de
ShaflFhaufen ; les deux villages Wy dlen , le fupérieiir 6*
t inférieur^ font partie de la Paroifle de Bulfingen î mais
leur haute Jurifdiâion appartient y depuis 172 j ^ au Can-
ton qui l'acheta de la Maifon d'Autriche 9 c'eft auflî un
démembrement du Landgraviat de Nellenbourg.
C*)PIancAe;n^ 195.
(9) Un , ibid. tom. XVIII » p* 147 - 1^4 » 8cc.
Tome X. B b
IP4
TABLEAUX
1 1. Thaingen ou Thayngen , le plus écarté de tous les
Bailliages du Canton ^ vers le levant; il a pour limites le
territoire Autrichien de Nellenbourg & les Préfeûures
Bufch & Herblingen, qui font à la Ville de Schaffhaufen.
Le Bourg & la Seigneurie de ce nom ont appartenu fuc-
ceflîvementà plusieurs familles nobles. Le Canton en acquit
une partie tni^ôi y par les Armes, & Pautre avec Bar-
zheim , en i y 80 , par achat. La maifon Im-Turn poflede à
Thaingen, depuis 1400, une partie dé la baffe Jurifdic-
tion. Ce ne fut qu'en 1723 que le Canton acheta de l'Em-
pereur la haute Jurifdiâion de ce Bailliage , qui aupa-
ravant étoit dans le reffort du Landgravîat de Nellen-
bourg.
II L Herblingen 6* Rtyet , Bailliage limitrophe du
Landgraviat de Stuhlingen , des Préfedures de Thaingen ,
de Buch , & de Merishaufen , & de la Banlieue de la ville
de SchaâFhaufen. Il s'étend du nord au fud dans Tefpace de
trois lieues. Le terroir où il eft fitué fe nomme le Reyety
c'eft un pays montueux & qui fait partie du Mont Raii-
den. Le Canton y acquit peu à peu différens droits & rêve*
nus, à^vi fit un Bailliage d|p 1524; n^ais les droits de
régale ôc de fouveraineté ne lui furent cédés par la Maifon
d'Autriche qu'en 1723. Avant cette époque, la haute Ju*
rifdiûion reffortoitdu Landgraviat de Nellenbourg. Ar-
hlingeriy Paroifle & Château fur le Reyet. LoAn^ autre
Paroiffe ; & plufîeurs Villages âc Hameaux*
I V. Ntuhaufen , cette Préfeûure ou Châtellenîe , le
long du Rhin , en foçtantde la Ville j comprend la Paroiffe
DE LA SUISSE, ipj
de Neuhaufen, au*delà de la cataraSe du Rhin à LaufFen j
le Canton en acquit la Seigneurie ^ lorfqu'il fécularifa TAb-
baye Je Tous les Saints. Il y a aufli le petit Château de
JF^erdt^ fitué fur un rocher au bord du Rhin au-deflbus
de la catBraâe & tout près de Neuhaufen. Il appartenoît
a nciennement à la même Abbaye. Il y a ici un péage confî-
dérable , & une pêche très-riche en faumons , qui appar-
tient à ce Canton.
V. Beringen , Bailliage au nord du précédent , com-
prend les ParoifTes de Beringen 6c de Hemmenthal ^ à une
lieue de SchaâFhaufen.
V I. Lœhningen , Bailliage acquis par le Canton , en
lyap & en 1 ^40, tant du Couvent de Paradis^ que de la
lyiaifon de TruUerey , comprend les Paroifles Lœfningen
6c Guntmadingen. Il touche ^ au levant y le Bailliage de
Beringen ; au midi > celui de Neuhaufen ; au couchant y
ceux de Neukirch 6c de Schleitheim ^ 6c au nord y celui de
Merishaufen.
VII. Merishaufen y Bailliage acquis par la fécularîla-
tion de quelques fondations pieufes y a pour limites y au
levant y celui de Herblingen } au midi y les Préfeûures
Beringen & Lœhningen ; au couchant > Schleitheim y 6c
au nord, le Landgraviat de Stuhlîngen. On y trouve, au
pied du Mont Randen y le gjAs Bourg 6c la Paroiffe de
Merishaufen , 6c le village Bargeiu
VIII. Schleitheim , limitrophe des Bailliages de Me-
rishaufen ^ LoehnifigM 6i Neitkkeà 6c du Ldndgraviat de
Bb a
».
iSi6 TABLEAUX
Stuhlingen ; le Canton en acquit une partie par échange y
en I ^ jo ^ & une autre appartenoit déjà^ depuis 1438 ^ à
THôpital de cette Ville qui ia lui vendit en i jy^. On y
remarque le Randen^ qui eft une chaîne de montagnes fur
lefquelles on. trouve beaucoup de pierres figurées, & fur-
tout des échinites. Ce Bailliage comprend la Paroiffe con-
iidérable de Schleitheim , dans la proximité de la rivière
Wutach , fur la frontière du Landgraviat de Stuhlingen. On
trouve dans le même Bailliage , à une lieue de Schleithein ,
la Paroifle & le beau village de Beggingen. Le Château
de Randenbourg ^ dont il n*exifte plus que des mafures ,
étoit bâti à l'extrémité du nord deRanden, vers la'forêt
noire , dans la Paroifle Schleitheim.
I X. RuedUngeriy Bailliage feparé du canton , & limi-
trophe du Kleggau, du Rhin & du Canton de Zurich y
comprend le village de Ruedlingen fur la droite du Rhin ,
à une lieue au-deflus de la petite ville d'Eglifau , 8c la
paroifle de Buchberg , fur le Rhîn , entre Rheinau &
Eglifau. La haute -Jurifdiûion appartenante au Landgra*
viat de Sulz, ne fut achetée quen i6^6. L'Evêque de
Confiance & TAbbé de Rheinau y confervent encore des
droits féodaux.
X. Neukirch , Bailliage d'une étendue confidérable y
fitué entre les Landgravia^ de Stuthlingen & de Sulz^
& les Bailliages du canton de Schaffhaufen ^ Schleitheim ^
Loehningen , & Neuhaufen , & qui fut acheté fucceflive-
ment par le Canton , de différentes Maifons. Le chef- lieu
cft la petite ville > Neukirch ou Ncun Kircheas ce deir
DE LA SUISSE, ip7
nier nom lui fut donné , parce que cette paroiffe compre-
noit autrefois neuf villages dans fon circuit, JVeun KircA^
c*eft-à-dire , /es Ncuf-EgUfes. Le Baillif réfîde d^ns cette
ville. On trouva en i(5p8 au village de Gaechlîngen, qui
eft dans la paroiffe de Neukirch , beaucoup de Médailles
Romaines en or & en argent. Les autres paroiffes de ce
Bailliage font Slblingtn , le haut & le bas Hallau , le
bourg de Wilchingen & OJlerfingen , où il y a de bonnes
eaux minérales 5 dans lefquelles on diftingue l'alun & le
foufre. Les Pay fans de Wilchingen fe révoltèrent en 1 7 1 7 :
ils avoient ofé s'adreffer à l'Empereur, parce que leur
village avoit été en arriere-fief de TEmpire. Mais l'Empe-
reur y informé du fait ^ leur refufa fa proteûion. Cette
rébellion ne fut entièrement étouffée qu'en 172p. Le bas
Hallau eft un Bourg très - peuplé. Il y a des mines de fer
au mont Rosjhergy dans la paroiffe de Wilchingen.
ipS TA B L E A U X
f t M» t t * ti fc i »i H fc I I O i l J i J i j i II ii i i i < i j j j
ARTICLE XIIL
Cjf NT o N D'A P P E N z ELLy de Religion
Mixte y Se Gouvernement Démocratique. Armes
d'Argent, à l'Ours debout de Sable, armé de
griffes de gueules.
XiE canton (i) d^Appcnxell^ qui eft le treizième & le
dernier , confide en trois ou quatre Vallées entre de hau-
tes montagnes y au nord de la ville de Saint - Gall > 6c
prqfque à la tête du Lac de Confiance. Il touche au levant
le'RhQintal^ qui lui appartient en co-fouveraineté avec
les huit premiers Cantons ; le Rhin traverfe ce Bailliage
à un quart de lieue de la frontière du canton d'AppenzelL
Au midi cette contrée eft limitrophe de la Baronnîe de
Sax y qui dépend du canton de Zurich; au couchant elle
eft bornée par le comté de Toggenbourg , & au nord par
t ancien domaine de T Abbaye de Saint -Gall. Sa longueur
du levant au couchant peut être de dix lieues & demie ^ &
fa largeur , du midi au nord ^ de (ix à fept lieues. Ce pays
eft proprement une maflTe de collines & de montagnes , qui
(1) Walfcr • Chronique du canton d'Appenzel.
Lcu » Diâ!on. Hift. de la SuiiTe» tom. I , p. 147- 306.
L*EtAt de les Délices delà Suifle, tomelJ, pag. 8d-p7, Edition de
Sale, 17($4*
F^cfl % Topogr. de la Suiflc , tom. III , p. J^- 159.
Tfcharncf • Diék. Gcog. de la SuilTe, tom. I , p. 5o- dS.
FuciiUn # Topog. de la Suifle» tonn. II 9 p. 101 - 23^9 &e.
DE LA SUISSE. ipp
s'élèvent en amphithéâtres depuis Textrémîté feptentrio*
nale, jufqu à rextrémité oppofée. Tout le pays eft partagé,
depuis 1^91 > ^^ deux cantons dijllngués , mais non /épa-.
Tes dintérêt\ favoîr, le canton des Rhodts ou communau-
tés intérieures y & celui des Rhodes extérieurs : le premîei;
occupé par les Catholiques , & le deini^ par les Réformés.
On peut voir à Tarticle de fon Gouvernement, ainfi divije,
quelle en eft la conftitution. On y trouvera au(ïi le précis
hiftorîque de Torigine & des principales révolutions de ce
Canton jufqu à Tépoque de fa liberté. Dans tout V^ippen-
:ç^^//(2) il n*y a pas une ville fermée; feulement on y remar-
que quelques amas de maifons un peu confidérables que
Ton nomme Bourgs , & i» petit nombre de villages. Tout
le pais.au refte, fi Ton en excepte les roches entièrement
arides, eft tellement garni de cabanes de Bergers, qu'il
forme un village continu.
Ces cabanes préfentent le plus riant afped : chacune
d'elles a fon petit territoire, oompofé d'un ou deux arpens
d'excellentes prairies, qui fouvent font environnées d*ar*
^res. Le pays abonde en bois ^ les montagnes font couver-
tes de forêts ; & la terre eft fi largement abreuvée d'eau ,
qu'on ne peut pas faire deux cens pas fans rencontrer une
fource jailliflante à fes pieds , ou quelque torrent qui fe
précipite du haut des rochers. La furface habitable de ce
Canton n'oflPre gueres que des pâturages , & conféquem-
ment fes marchandifes d'exportation confiilent principale-
ment en bétail & en peaux , en beurre & en fromage. Il ne
(i) Lettres de M. Coxe > fur la Saiâe » avec let Obfervations de M« lUh
mond 9 tom. Iv« p. n, (tfuiy.
y
2o6 TABLE AUX
fort de (es manufaâures que du fil ôc des toiles y en très-
grande quantité ^ il eft vrai , & dont la matière première
eft fournie par le fol, qui produit beaucoup de lin.
Le Rhode extérieur efl beaucoup plus étendu , & en
même - temps , proportionnellement plus peuplé que le
Rhode intérieur. Mais il ne faut pas re jetter uniquement fur
la différence de Religion , la difproportion de la population
relative ; & , comme l'a obfervé M. Rcunond^ le Com-
mentateur de M. Coxe , le Rhx>de Catholique eft moins
étendu , plus montueux, & moins fertile. Toutj^ ejl Berger^
se iout riy eft pas pâturage. Les rochers ne produifent âC
ne nourrijjent rien.
CANTON
DE. L'A :SJJ 1 s s E. aar:
CANTON D'APPENZELL, Catholique, vu
des Rhodes intérieurs.
•
L E Canton Intérieur eft aujourd'hui compofé de neuf
Rhodes ou quartiers.
Apperv^elli en latîn Abbatis cella , qui donne fon nom
au Canton , eft un gros (* ) Bourg fitué au pied d'une
haute montagne nommée Alpjleiriy & au bord de la rivière
Sitter^ en latin , Sintria. Un Abbé de Saint-Gali ayant
bâti là un hofpice, dans le VIIK fiecle, ce lieu qui aupa-
ravant étoît inhabité, fe peupla peu à peu ôcdevînt enfin
un Bourg qu'on nomma Abts'^^le oyJt Abbert^èll ^ c*eft-à-
dire, la cellule de tAbbé^ à caufe de rhofpice auquel il
devoit fon origine. Vers le milieu du XF. fiecle, on y
fonda une Eglife Paroiffiale. Ap^en^sH eft la Capitale & la
Communauté la plus confidérablç du Canton ; c*eft ici que
réfide la Régence Catholique; on voit dans ce Bourg la
maifon où elle tient fes féances ; TArfenal des Rhodes in^
terieurs eft le dépôt général des titres de, tout le Canton.
Il y a dans lemême Bourg un qouvent de[ Capucins , & un
autre de Relîgîeufes Capucines* .Le Bourg d*Appenzell eft
dans le premier des fix Rhodes du canton Catholique 9 &
que Pon appelle le quartier de Schwende , d'un Cnâteau
préfentement ruiné qui étoit la réfidence des Barons de ce
nom. Dans le même Rhode font les villages BruUifau &
Tome X. * Ce
- V '"^'W^
aox TABLEAUX
Eggerftanden | & les mafures des châteaux Claux & Schœ-
nen-Buheh
Le fecond des Rhodes du canton d'Appenzell Catholi-
que j eft celui de Ruthi ou Ruti les fept autres Rhodes font
Ztf>4/z , Schlatt , Gonten , Rikenbach , Steckleneggy Hirf-
chbergy SC Oberegg. La Paroiffe de Gonten eft dans une
agréable mais étroite plaine , entre Appenzell , Urnefch &
Hundveil, au milieu de hautes montagnes. La Paroiffe
Rafslen , entre Appenzell & Hundveil , dans le Rhode
Schlatten , eft une vallée voifme de la Sitter. La Paroiffe
& la Communauté Oberegg , font confidérables , vers la
frontière du Rheinthal , & entièrement enclavées dans
TAppenzell Réformé , & où il y a quelques vignobles.
Cette Communauté iait partie des Rhodes Hirfchberg fir
Oberegg.
DE LA S VISSE. aoj
CANTON D'APPENZELL, RÉFORME,
ou des 'Rhodes extérieurs.
J^E Canton extérieur, plus étendu que le Canton inté*
rieur eft parragé en deux quartiers par la Siuer. Voici
Tordre des dix - neuf Paroifles, tel qu'il s'obferve à la
Landfgemeind ou aflemblée annihile & générale du peu-
ple; les fix premières font (ituées devant la Sitter^ & treize
derrière cette rivière. I. Urnefchen ,11. Herijau.^ III.
Schwellbnuir j IV. Hundweil ^ V. Schœnen-grund y W.
Waldjlatt , V 1 1. Theufen , V 1 1 1. Buchler , I X. Spei-
cher^\. Trogen, XI. Rehe-ToBel y XII. TTald , XIII.
Grub, XIV. Heiden, XV. fTolJlhalden , XVI. Z^/^^/z-
berg, XVII. Waltienhaujen , XVIII. ^z^/>4i, & XIX.
Coi//:
herifau eft un gros Bourg bien bâti , prefque à Tautre
bout du Canton > au bord du torrent Bruhlbach, qui fe
jette dans le Glatt; c*eft l'endroit le plus peuplé & le plus
confidérable du Canton Réformé. Mais c*eft à Trogen que
fe trouvent le dépôt des Archives du Pays , celui du Tréfor
général & TArfenal \ c'eft auHi dans la maifbn du ConfeiK
en ce Bourg , que.fqnt rendues les- Sentences criminelles,
elles font exécutées dans fon diftriâ.
Avant que de quitter le cai)ton d'Appenzell Réformé^
.j!pbferverai comnie une fingularité , que malgré le fchifm^
ide religion & depuis la diviûon des Rhodes intérieurs âÇ m
extérieurs , il exifle ^9AS la pactie réformée deux Couvens
' *^ ' Ce a
v.L •
^04 / 1 % A B 1 ^ A U X
de Religîeufes. Grimrnen/lein , djans la Communauté de
Waltzenhaufen , & celui de Wounenftein y dans le Rhode
de TulFen; tous deux idu Tiers ^ Ordrç de Saint- François^
Le dernier de ces Cpuvens eft fermé d.*un mur , mais celui
de Grimmen/ieih n a pas d*enceîntë : leWe outré des Ré-
formés la lui a toujours refufée , quoique Yadvocatie de
ce Couvent appartienne à TAppenzell Catholique.
. Autre ûhgulàrité : on fuît dans les Rhodes extérieurs du
canton d'Appenzell , t ancien Calendrier Grégorien / on
demandoit un jour à un Miniftre pourquoi iî gardoît conf-
tamment Tancien Calendrier , qui retarde toujours d'onze
jours ? Voici fa réponje: parce qu'un Pape a fait le Calen-
drier corrigé , nous aimons mieux ne pàç faivoir comment
nous fommes cîans Tannée^ fi ceft Printemps ou Été>
Automne ou Hivçr , que de nous fervir dii bon Calendriejf
que le Pape a introduit. On lui dit là-deffus qu'en ce cas ,
les Eccléfiaftiquês , en s'attachant au plus corred , pour-
roient infînuer au peuple qu'il vaudroit mieux cependant
auffi fe laifFer dire par un Pape quel jour on a , que de
Tignorër entièrement ; qu'au refte , le Calendrier exaâ
ne les rendoit pas affurément Catholiques , mais que s'ils
craîgnoient tant , à caufe de leur confcience , tout ce qui
Vient du monde Catholique , ils dèvroîeht auffi cefler de
manger du pain de la Souabe , puifque le froment dont
ils lifent croîfFoit la plus grande partie à l'autre côté du
Lac de Confiance, fur le (bl Catholique. Le Pafteur preflH
par Pargument , répliqua: Oh ! pour ceci nous lepajlbns }
nosjemmes SC nos enfans. nôdi touchent de plus près au
cœur que talmanach Grégàtieh. H iiy a pas encore bien
long-temps que nos prédécejfeurs urttertnt unejois deproz
DE LA SUISSE, aoj
po/èr dans un Synode C introduction de PAlmanaçh ré^
formé y mais Us Pqyfans y nos Souverains y à peir^ eu-*
rent-H vent du projet > qùils depojerent promptement de
leurs Bénéfices quarante de ces partijans du calendrier
Grégorien , en les congédiant hors de leurs frontières.. Ces
raifons du Pafteur perfuaderent pleinement Thomme aux
queflions^ qu'il vaqt mieux fe tromper de douze jours
dans le compte de l'année^ que d'endurer la faim avec fa
Emilie.
ao5 TABLEAUX
BAILLIAGES COMMUNS
A PLUSIEURS Canton S.
4N o u s avons .donné , fous le titre XXXIX de ces Ta-
bleaux , reCquilTe préliminaire âc générale des Bailliages
communs à pluHeurs cantons ou alliés du louable Corps
Helvétique , mais fans entrer dans aucun détail fpéciàl de ces
Préfeâures. Il y a dans laSuilTe dix-neuf Bailliages communs
à plufieurs Canton , dont fept Ultramontins , ou fîtués au-
delà du mont Saint-Gothard. Les trois Ligues Grifes pof<
ièdent auffi par indivis trois Bailliages. Nous les décrirons
à l'article de cette République y aihfi que ceux qui appar-
tiennent aux fept dizains à}x\s»aiX.V(ûlaLs.
Le LanDGRAFIAT pE la TuRCOFIE^de
Religion Mixte-
C»E Bailliage eft ( i ) le plus grand de toute la Suiffc ; il eft
extrêmement peuplé. Il eft borné au levant , par le lac
fupérieur de Confiance, au midi , par l'ancien territoire de
l'Abbé de Saint-Gall & par le Comté de Toggenbourg;
(i) Iw, Dia Hit delaSai{re,tom.XVlII,p. i»i-i4i.
L'Etat & les DeTicet de la Suiffe, tom. III . p. i } t . i jy.
F«/î , Topog. de la Suiflê , tom. III , p. 14} . 180.
J=W>'w . Topog. de la Suiffe , tom. IV, p. » .44 , &c.
DE LA SUISSE. 1107
vers le nord y par le lac infërieitr de Confiance & par le
Rhin , fur la frontière du Hegeu 6c du canton de Scha£p-
haufen \ & vers le couchant , par le canton de Zurich. Sa
longueur , depuis le lac de Cpnflance jufqu'à SchafFaufen ,
a plus de dix lieues ^ & fa largeur^ depuis le lac inférieur
de Co{^ilance jufqu'au mont Eœmdliy contient huit lieues;
on appelle la Haute -Turgovielt diÛriâqui s'étend depuis
Jp^einfelden jufquau lac de Confiance} & la Baffe -Tur^
govie , l|i partie qui fe prolonge fufqu'à Frauenfeld. Tout
ce pays efi montagneux dans la proximité de la fouverai-
neté de TAbbé de S. Gall^ mais en général aflez uni dans
les autres difirîûs, & très - fertile en bled, en vignoble,
& en arbres fruitiers , particulièrement dans la haute Tur-
govie y où l'on fait un excellent poiré. J^ y croît aufii beau-
coup de lin. Ses principales rivières font le Tkour , qui
donne fon nom au Landgraviat y le SUter^ & le Mourg.
Le Gouvernement civil de la Turgovie efi fous b fou-
veraineté des huit anciens Cantons , qui y envoient tour à
tour , pour deux ans , un Baillif , dont la réfidence efi au
Château de la ville de Frauenfeld. Avant la paix d'Arau
en 1712, le canton de Berne n'y avoit point de fort. A
regard du Gouvernement fpirituel , la Turgovie efi mêlée
des deux Religions , mais les Réformés en font les deux
tiers.
Les ( 2 ) quatre villes principales (e choififlent elles-mê-
mes leurs Pafieurs ; mais pour les autres bourgs 6t villa-
ges , les Seigneurs de Jurifdiâion en ont Ja collation , à
la réferve de quelques endroits qui ont le même droit que
(1) Frauenfeld » Dieflènbofeo 9 Aibon fc BifahofielL
•
ao8 . TABLEAUX
les quatre villes i comme par exemple Utweilen ; grand
village ^ qui appartient à TÂbbaye dé Munfterlingen au
bord du Lac ^' entre Romishorn & KeflVeîlen. On prend
Jes Miniftres dans TAcadémi^ de Zurich. Tous les Minlil
très de la Turgovie forment enfemble un Synode ^ qui eft
partagé en divers Doyennés y & s'afTeniblent t^tôt à
Frauenfeld ^ tantôt à Bifchoffzeli qu à Weinfelden; quant
aux Catholiques ^ ils dépendent de FEvêque de Confiance.
Le Land'Ammann de Turgovie, eft toujoqrs delà
Religion Réformée. Zurich , Berne Ôc Glaris, le fournil^
fent alternativement i & celui à qui cette place eft confé-
rée, Texerce pendant dix ans. Il doit veiller à l'exécution
du Traité de paix conclu en 1712 , ôc connu fouis le nom
de Lands-Friden., & s'oppofer à ce qu'on voudroit en-
treprendre de contraire. 11 doit auffi veiller à la conferva-
tion de la Religion Réformée , afin que l'exercice en Toit
libre , & qu'on n'oblige perfonne à changer de Religion^
Sec. Jll eft le feul Juge dans tout ce qui concerne les Egli*
fes Réformées, leur conftruâion, leurs réparations^ &c
Il eft 1(3 tuteur général de toutes les veuves & de tous
orphelins dans Içs hautes Jurifdiûions de la TuTgovie ^ 6c
cela fans égard à la Religion ; il eft aulH un dçs Çonfeillers .
du Baillif de Turgovie.
Lt Jurifdi£tion criminelle de la Turgovie dépend 5 non*
feulement des huit anciens Cantons , mais encore de ceux
de Fribourg & de 5oleure, fur le pied féglé par ladéci«
fion de Baden le 1 7 Septembre j y y y', & par celle de lyy !•
Cette Jurifdiâion & le Landgerlcfu , avoient été vendus
en 1 4 1 7 par l'Empereur Sigifmond à la ville de Conftance.
C'eft une des dépouilles de Frédéric j Duc d'Autriche 9
# excomnmnié
DE LA S U I\S S E, ao^
excommuniépar le Concile de Conftance ^ & mis au ban
de l'Empire par le même Sigifmond^ Conftance fut obligée
de céder ce droit aux dix .Cantons en i^^. I^epuis cettiç
époque 4es Suifles avoiçnç deux Officîers.^ans la Turgo-
vie. Les Droits royaux & la Juftice civile étoient admir
niftrés par le Eaillif que les fept Cantons > Zurich > Lu-
cerne , Uri , Sche weitz , Undervalden , Zoug & Claris
nommoient. Le Landammann , établi par les dix Cantons ,
préfidoit à la Juftice criminelle & aux appellations. Ce
fut en 14^1 qu'arriva la conquête ( 3 ) de la Turgovie
fur Sigifmond, Duc d'Autriche, par les fept Cantons. Ce
Prince fut obligé de la leur abandonner par le Traité de
Conftance , conclu Tannée fuivante.
Le détail de la Jurifdidion baillivale de la Turgovie > (c
trouve configné dans le Traité de la Paix d'Arau en 1712.
Les bornes prefcrîtes à ces Tableaux Topographiques
nous empêchent de donner l'explication des droits atta-
chés à la Judicature du Bailiif. Nous fommes obligés de
garder les mêmes limites fur THiftoire ancienne de la
Turgovie , qui étoit un démembrement du. Duché primi-
tif d'Allemanie ou de Souabc. La fuccedion des Comtes
du Turgau remonte jufqu'au feptieme fiécle. Ils paroiffent
avoir été les Auteurs de la première (4) maifon des Comtes
(3) Tfchudii » Chronicon Helveticum , tom. II, p. 600-^15» Sec
(4) Les Chartes & les Hiftoriens des Abbayes de Saint- Gall , deRheinau,
d'EinfidIen , &c. 8c Tancien Cartulaire de TEvêdié de Laufanne,fbncinen«>
tion de cette première Maifon des Comtes de Kibourg. La Chronique ma-
nufcrite de l'Abbaye de Petershaufen à Confiance , donc Jacques ManUus (^)
& Jean Conrad Fuefslin {^*) , nous ont donné des firagmens» nous apprend
( * ) In Cbrooico Epifcopatûs Conftamienfif •
( ••) Topog. de U Suiflè, ton. ,1V, p. itfS-i9}*
Tome X^ Dd
aïo TABLEAUX
de Kièourg, qui poITédoienc le Landgraviat du hzsTurgoiu
Lès Evêques de Conftancej Les Âbbés de S« Gall , de
Rîcfiénau , 6cc» & plufîeurs Barons & Seigneurs , avoienc
beaucoup de Terres féodales dans l'une & Tautre^vifion
dé la Turgovic. *
Avant que dé pafler à la defcrîption de la Turgovîe,
nous obferverons que le canton de Berne étant entré dan$
la co^r^geiice de ce Bailliage^ par la paix d'Ârau , en 1 7 1 2,
celui de Glaris qui avoit gardé la neutralité dans la guerre
civile de cette année , a confervé fes droits pleins & entiers
dans les Bailliages de la Turgovie ^ du Rbeinthal*, du
Comté de Sargans ôc du haut Argeu libre . dont la co-ré-
gence a été auITi accordée à la ville de Berne par le même
traité , & qu'en conféquence le canton de Glaris envoie tous
les quatorze ans un Baillif en Turgovie, au lieu que le tour
des fept autres Cantons ne revient que tous les feize ans.
Glaris a aufli la feptteme part dans la recette du Domaine
fouverain du Bailliage.
que Ic$ Comtes AtWlnterthowr ^ ox\g\r\d\xts d'Italie, curent pour héritier» »
-après le milieu du onzième iiecle , les Comtes At.DiUingen en Souabe , qui
portèrent le nom de Comtes de Kibcurg^Lt% Doaaiions d*Ein(idlen parlent de
CCS Comtes de WimerthouTy & celles de Wettin^en , des Comtes de Dillin^
gen. La maifon qu'ils formèrent fous îe nom de K'tbourg , 8c qui fat fudivifée
en deux autres branches , finit le 27 Novembre 1 264 ; & leur riche fuccef-
fion échut à la Miifon de Haèfpourg , dont une branche fut la tige des Com-
tes de Kihourg ^ ^teints au commencement du quinzième ficelé.
L*Hifloire de ces diverl^s branches n'a pas été encore édaircie. La Chro<-
nique de Petershaufen , écrite vers Pan 1200» & qui n'a pas été entière-
ment publiée f diffiperoit en grande partie les téaibtes qui couvrent cette
Généalogie*
\
DE LA S VISSE. 211
HAUTE-TURGOFIE.
yjLRBON (*) OU Arberiy peci:e Ville fur la rive citérîeure
du lac de Confiance , à quatre lieues de Saint-Gall , entre
Salmfach 6c RorCjhach , dans cette partie de la Turgo-
vie fur laquelle les Evêques de Confiance ont la Jurifdic-
tîon i & les huit anciens Cantons la fouveraineté. Le terri-
toire fertile où elle eft fituée lui a fait donner le nom latin
^Arborfelix. Ammien ( j) Marcellin en parle comme d'un
camp Romain, fous Tempire de Gratien. Voici fon texte:
Gratianus digrejfus per coffra , quibus felicis arboris nomert
ejl. Lltinéraîre d'Antonin & la Table Théodofienne pla-
cent Arbor (5) fdix entre Unes qui eft F fin en Turgo-
vîe ^^ Briganùay aujourd'hui Bregent^Jà vingt ou vingt
un milles de la première de ces diftances , & à vingt mille
également àt Brigantia. La notice de TEmpire^ dreffée
(* ) Planche^ n®. Î07. •
(j) Hiû. Lib. XXXI. Vojei d'Anville , Notice de la Gaule., p. 88, 8p,
&512.
(6) Tfchouii (*) kStoumpf (**) ont defigné les armes de la ville &Arbon ,
à^itrgent à un arbre de'raciné dcjinopley fur lequel eft perché un milan de
gueules. Les anciens Barons 8c Seigneurs à'Arbon portoient auffidans leurt
armes trois AJ/Li/ij , 1 6c i. Stoumpf (***) ob&rve que les Allemands habi»
tans des Alpes nomment Arben le Pin. Mais Tingénieux Bcchat (****) donne
une étymologie celtique au nom Arkon. Il prétend que ce nom ne veut
dire que fur ou prés de' Veau , & qu'une ville placée fur le bord du lac de
Confiance , étoit bien nommée Arhon,
(* ) Gâllii Comata , p. 121,
( * • ) Chron. Helveric. Lîv. V, cap. IX , p. 54. b. Prima editio,
( ••• > Ibil Lib. IX . cap. XIII , p. 285 b.
( ***' ) Mem. fur THift. anc de la Suiife, (om. 1 » p. m»
Dd z
f
aii TABLEAUX
vers 440 ^ indique un pofie établi au lieu nomme Arbor^
fous les ordres du Général qui commandoit dans la Rhétie^
Jub difpc^tione ducis Rhœtiœ prima (s^Jecundic. Le can-
ton ôiArbon , en latin pagus Arbonen/is cajhri , en Tur-
govie , infitu durgavien/i y eft défîgné dans les plus an-
ciennes Chartes de T Abbaye de Saint Gall, rapportées par
Vadianus & Goldajl ; Saint - Gall mourut vers ^40 , à Ar^
bon y que k Moine Ranipert (7) nomme dans THiftoiredu
Monaftere , Cajlrum ^ quod Arbona nuncupatur juxta la--
cum Potamicum. En 1282 & i28y, TEvêque & le haut
Chapitre de Confiance achetèrent des Nobles de Kemna-
ten & de Bodmann les droits Seigneuriaux qu'ils avoient
à Arbon. Un Confeil (8) de douze membres mî-parrî entre
les Catholiques & les Réformés , y adminîftre préfentc-
ment la police, La Ville a Fexercice de la Juftice civile &
criminelle ^ fous la Préfidence du Châtelain ou Lieutipanc
de l'Evêque , qui cependant n'a point de voix dans ces
délibérations. Les huit premiers Cantons ont dans cette
cette Seigneurie & dans celle de Birgoffzell la domination
territoriale^ le droit des armes , celui de mettre garnifon
dans les deux places , & ils font les arbitres fouverains
( dans les différends entre TEvêque & les fujets. Le Châte-
# lain de TEvêque réfide dans le château ^ Arbon ^ où il y a
\ une tour dont la ftruâure défigne la bâtiffe des fiecles mé-
' rovingiens. Les habitans des deux Communions fe fervent
r alternativement de la même Eglife. On voit à Arbon , fous
(7) Cap. I , \àtm , de Vira B. GalH , lib. I, cap. V , & XXX*
Ermenricus, de V^ta S. Magni, Cap. IV, &ۥ
^i (8) Leui Wvi. tom. i > p. }ii^ jij» £cc«
DE LA SUISSE, 213
Teau y lorfqu'elle eft bafTe y des relies de mura^illes an*
ciennes.
Bifchoff\ell y en latîn , Epifcopi cella , Ville fur une
petite hauteur , au pied de laquelle le Sitter fe jette dans
le Thour , à cinq lieues de Conftance & trois de Saint-Gall.
Le Châtelain ou Baillif de TEvêque de Conftance y réfide
dans un château ; cet Officier tire la moitié des amendes ^
mais fa jurifdidion dans la Ville eft circonfcrite. Les Juge-
mens du Confeil font fans appel. La plus grande partie des
habitans profefTent la religion Réformée. L'Eglife Collé-
giale, à la tête de laquelle eft un Prévôt avec neuf Cha-
noines , a été fondée au commencement du dixième ( p )
fiecle y par Salomon y Evêque de Confiance. Q'étoit dans
l'origine un Monaftere de Bénédiâins ; mais dans la fuite
les Moines mirent bas le froc; ils voulurent être Chanoines
féculiers , & convertirent leur Abbaye en Eglife Collé-
giale. On ignore l'époque véritable de ce changement qui
eft antérieure à l'an 116^. L'Eglife du Chapitre eft la
paroifle de la Ville, & les deux Communions y font l'exer-
cice de leur religion , fuivant le concordat prefcrit par la
paix d'Arau. La nomination du Prévôt dépend alternative-
ment des fix premiers Cantons Catholiques; celle des neuf
Canonicats alterne entre les mêmes Cantons , avec la
(9; Htpiiann^ Moine de S. Gall > dit expreiTément dans fa Chronique fout "'
Tannée 904. Salomon Epifcopus^ rejidet ceUamjùam m lurgov'ia Bucelin (♦) attri-
bue la fondation du Monaftere de Brifchofifzell à Saiomon , premier du
nom , Evêque de Conftance, fous Tannée 8f i » & qui mourut en 871.
(*) Chronol'pa Corfiamienfis , p. 151 & istf.
Brufchius , (\c omnibus Germanie Epifcopaubui Epicomei , Liber primus « p. 14. Nort-
betga» 1549. in- i»,
Lcu , Ibid« com. IV » p. 10| - ii|.
214 TABLEAUX
réferve du droit qu'a chaque Evêque de Confiance nou-
vellement élu j d*y nommer à titre de premières prières ,
lorfque Tune des places vacque dans le mois compétent
à la nomination du Chapitre. Un diftriÛ limitrophe de
BîfchofFzell appartient avec pluHeurs droits Seigneuriaux
à ce même Chapitre , mais avec plufieurs réferves dans les
cas d'appel. 11 en eft de même de la Jurîfdidion locale que
la ville de BîfchofFzell poflededans fon voifinage. Uexade
defcription de ces droits divers exigeroit un détail dans
lequel les limites de dtt Ouvrage ne me permettent pas
d'entrer. Il y a auflî quelques villages dans la Jurîfdiûion
& dans le voifinage d'Arbcm , dépendans de TEvêque de
Conftance* favoir Eggnach j Horn , &c. qui font fur le
même pied à Tégard de Pexercice de la Religion. Le Châ-
teau (* ) & le village de Horn , fur le lac de Confiance ,
dans la paroiffe d'Arbon , offrent une fituation très-agréable
à la vue. On peut voir fous le titre f^IIIàt ces Tableaux
topographîques > la defcription du lac de Confiance , tel
qu*îl eft dans la partie limirrophe de la Suiffe ; nous n'y
ajouterons qu'un trait propre à faire connoître la qualité
du vin de cet endroit. Le Prince Eugène de Savoie étant à
Confiance (**), on lui fît boire du-vin du pays, qu*on
appelle en allemand derfcé-vin , le vin du lac J piqué du
goût ^ffez défagréable , le Héroç dit , en rendant le verre
à l'hôte , /aimerais mieux prendre une féconde fois Bel-
grade y que d'achever le verre de votre vin du Lac* II a
(♦)P/a/icAff, n^. 13s.
(**; Planches , n« 133.
IXE LA S U I S S E. 2iy
paru en 1785., à Ulm àiz\AnàM',vintDefcription{\o)du
lac de Confiance j l'Auteur y a tracé les fcenes hiftoriques
paffées fur les bords de ce fameux lac, 6c a donné le tableau
de fon commerce , & cebi de la culture de fes environs ,
avec la fpécificatîon des droits refpeftifs que les Etats voi-
fins exercent & répètent fur ce lac. Les obfervations & les
recherches de TAuteur méritent toute l'attention du lec-
teur qui voudroit les juger avec impartialité.
La ciiâtellenie épifcopale de Guttengen , avec le châ*
teau & Je village de ce nonr, fur le lac de Confiance, à
trois lieues au deflus de Confiance , & la feigneurîe de
Gottliebeny à une demi -lieue au-deflbus de Confiance,
appartiennent à TEvêque, avec les villages de Degerveîi,
& de Siggerschhaufen. Le Châtelain de Gottlîeben réfide
dans le vieux château de ce Bourg , qui eft renommé dans
rHiftoire(i i) du Concile de Confiance, en 141 j; le Pape
Jean XXIII y fut enfermé près de quatre ans , ayant été
arrêté dans fa fuite , après avoir renoncé à la Papauté. Il
ne^ortît deprifon qu'en i^ip : il alla fe jetter aux pieds
de Martin V, qui avoit été élu Souverain Pontife dans le
Concile , & le reconnut pour vrai Pape. Martin V le reçut
très - bien, Taggrégea au nombre des Cardinaux, & le fît
Doyen du Sacré Collège.
(rc) En allemand, in-Z^. contenant tij pag. . indépendamment de TA*
vant propo$# que PAuteur date de Lindau en Août 1781.
(11) Jacquoff Lenfant a donné VHtJioireiu Concile de Confiance^ dont la
meilleure Edition eft celle de 1727 , 1 vol. in - 4**. On a aui& de lui VHiftoire
de la guerre des Hujfltes & du Omcili de BiU en 17 n , x vol. m - 4^ Emma-
nuel Scheelfirate , Garde de la Bibliothèque du Vatican , qui mourut à
JRome m 1^9% 9 avoit publié AÛa ConcHii Çn^iantienjîs , i/1-40. Mais le célé«
bre M. Arnaud , a té&té cet Ouvrage.
tii6 TABLEAU X^
Jean XXIII ne jouit p«s long- temps de ç^s avantages;
il mourut fix mois après, le 22 Novembre 141p. Le fa-
meux Jean Hus (12), qui s'étoit rendu au Concile.de
Confiance > fur la foi du fauf- conduit que lui avoit donné
l'Empereur Sigifmond , n'ayant point voulu abjurer (a
doûrine , fut auffi enfermé au Château de Gottlieben; &
il n'en fortit que pour être brûlé vif à Confiance avec fes
Livres, le 1 5 Juillet 141; , après avoir été dégradé par le
Concile , & livré au bras féculien Ses Difciples font con-
nus fous le nom de Hujfues yO^i ont défolé la Bohême pour
venger la mort de leur Patriarche.
Les Habitans de Gottlieben font tous de la Religion
Réformée. Des modernes ont rendu ce nom , qui (ignifie
en allemand P amour de Dieu , par celui en grec avec Tin-
flexion latine , Theophilia.
Le haut -Chapitre de Confiance pofféde les Jurifdiûions
de Langen-Rikenbach& de Liebburg,
Voici la notice des (èpt anciens domaines de TAbbaye
de Saint - Gall , dans la haute - Turgovie ; 1. Romishom ^
anciennement Romaneshorn , en latin Romanorum Cornu ,
de Religion mixte. Ce bourg & fon château , font bâtis
fur une longue pointe qui s'avance fprt loin dans le lac.
1 1. KeiJJyveilen , village Réformé , fur le lac de Conf-
iance, au-deflbus de Romishorn. III. Le Herren- Hof^
au milieu du lac dans l'intérieur des terres. I V. Summéri ,
paroifTe Réformée y au-deffus de KeflVeilen, à une lieue
(11) L*Hifloire & les Ouvrages de Jean Hus 8c de Jérôme de Prague,
ont ^é imprimés à Nuremberg» ijj8 , en 1 voL i/i-/oZ/xo, & réimprimé
en 171J.
du
DE LA SUISSE. 217
du lac. V. SuierJorfy Paroiflc de Religion mixte , voifine
de la ville de Bifchoflfzell. VI. Rikenbach ."ezxoitk Ca-
tholique , fur la rivière du Thoury près de la ville de Weil;
& V 1 1. la Jurifdiûion de la Montagne, en allemand Dos-
Berg-Gericht , dans la proximité de la ville de Weil, &
qu'on appelle par corruption, la Ligué- des -^Efc argots
ou Limaçons , en allemand Schnekeh^ bund.
L'Abbaye de Saint - Gall pofféde encore d^autres do-
maines en la haute -Turgovîe, mais avec une Jurifdidion
plus limitée que celle qu'elle exerce dans les fept anciens
domaines proprement dits ; ct% autres Seigneuries font
Hagenweil y Roggweil ^ Dot:^mveil y Zuben & Heffen-*
Aofen. L'Hôpital de la ville de Saint - Gall pofféde la Ju-
rifdidion d'un diftricl dans Tintérieur des terres > entre le
lac de Confiance & Bifchoffzell , & dans lequel eft le
village JRiai.
La Seigneurie, le Village & le Château Ober-Eich ^
dans la paroiffe de Summeri , appartiennent à une branche
de la Maîfon de Salis en Grifons , qui les tient en fief du
haut • Chapitre de Confiance.
La Seigneurie Ôc le QhitQZM Eppishaujen y dans la pa*
roiffe de Sulgen, appartiennent depuis i5o8 à l'Âbbaye
de Mûri, qui en fait gérer la jurifdiction & lès revenus
par l'un de fes Capitulaires. Le Château 6c la Seigneurie
de Blydeky fur le Sitter^ au^^deffus de Bifchoffzell, dans
la ComoHinauté de Zillfchlachc y un Baron de Souabe , de
laMaifondé Cri^Z/x^ Glaubourgy pofféde cette Jurifdic-
tion depuis 1734; ^^^ appartenoit précédemment à une
branche de la Maifon de Hallweil.
Le Château ôc la Seigneurie de Zillschlacht , qui relé-
Tome JT, • E e
iii8 TABLEAUX
vent féodaiement dy haut- Chapitre deConftance;le Châ-
teau & la Seigneurîe de Haubtweil y avec le bourg de ce
nom ^appartiennent^ à titre de fubflitution ^ à la famille
Gon:^mback de Saint-Gall ^ qui la reprend en fief du haut-
Chapitre de Conftance & de F Abbaye de Saint -Gâll. Le
bourg de Haubtireil eft dans la paroifTe de Bifcho£fzell.
Le Château 6c la Seigneurie ^Oettlishaujeriy fur la ri-
vière du Thour , un peu au-deflbus de Bifchofizell y &
dans la paroiffe de cette ville, appartiennent, depuis i72(J,
à la noble famille de Murait de Zurich, à titre de fubftitu-
tion, ôc fous la mouvance féodale du haut -Chapitre de
Confiance , avec le Château voîfîn 6c la Seigneurie de ife/-
delherg. On appelle aulfi cette dernière Seigneurîe , Hofen^
Tannen , du nom d'un village annexe , 6c qui eft dans la
paroiffe de Sitterdorf.
Le Château 6c la Seigneurie de Burglen , fur la droite
de la rivière du Thoury à une lieue au-deflbus de Sulgen,
appartiennent, depuis i J7P, à la ville de Saint -Gall , qui
en fait gérer l'a Jurifdiâion par un fiaillif ou Châtelain.
Burglen étoit autrefois une petite ville: tous les habitans
de cette paroifle font de la Religion Réformée. Cette Sei-.
gneurie eft la plus étendue de toutes celles de la Turgo-
vie; elle comprend onze Jurifdidions , entr'autres celle
du village de Sulgen.
Le Château & la Seigneurîe de Bergy entre le lac de
Conftance 6c Burglen , appartiennent à la Maifon des Ba-
rons ( 1 3) de /a Tour , 6c en allemand Von^-Thurn y cri-
{13) Vayt^ la Généalogie de cette Maîron dans le Diâionnaire Hiflorique
de U Suiffe % par M. Lej , tom 18, p« iy4 - i J7« 6cc.
DE LA S VISSE. 219
gînaîres (]>/ la Lombardie^ & établis en Suifle , dans le ter-
ritoire de r Abbé de Saint-Gall & dans la Turgovie , depuis
le commencement du dix - feptieme fiécle. Elle répète la
même origine que la Maifon de la Tour^ Taxis en allema-
gne ; Tun & l'autre ayant pour auteurs les Turriani de
Milan. Celle de Saint-Gall obtint en 1662 le droit de
Bourgeoîlîe dans la ville de Soleure> & en i557 la charge
héxéàxtdÀxcàt Maréchal de la Cour du Prince Abbé deSaint-
Gall. L'Empereur Léopold lui conféra le titre de Baron du
S. Empire-Romain. Cette Maifon a été reçue dans les Cha-
pitres de Confiance , d* Andlau , de Seckingen , de Wald ,
de Maffmunfter, &c. De cette Maifon (14) eft Jofeph-
Fidèle-Antoine Baron dfe Thurn , Colonel d'un Régiment
Suiffe au fervice d'Efpagne, au nom du Prince- Abbé de
Saint-Gall depuis 1775.
Les deux Jurifdi£lions Altnau & Buchj de Religion
mixte , appartiennent à la ville de Conftance. Elles font
dans la proximité du lac de ce nom, avec celle de Lands-
chlacht ^ qui dépend de l'Abbaye des Bénéditlines de
Munjhrimgen, L'AbbeiTe de ce nom a aurfi la baffe-Jurif-
diâion à Utweilen & à Hamisfeld. L'Abbaye ( i î ) da
Munfterlingen , en latin Monafleriolum , eft fituée entre
Conftance Ôc Guttingen , à une grande lieue au - deflus de
Conftance ^ fur le lac de ce nom. On en fait remonter Tori- ^
gine au dixième fiecle.
(14) Ghardf Hifioire abrégée dei OfiSders Suiflès» qui fe font diftin^és
aux Services étrangers dans des grades fupérieurs > tonu III> p« 170. Fri«
bourg en Suiflè» 1787. i/i- i%..
( 15} Voyez Leu , tom. XIII » p. 410 - 411 » dcc. .
Ea a
i2& TABLE AUX
Le Baîllîage Auf-den-Eggen ^ immédiatement au-def-
fus de Confiance , appartient à cette ville , & comprend
quatre paroifTes de la Religion Réformée. Ses habitans
jouîflent de privilèges confîdérables dans la ville de Gon(^
tance» '
La Jurifdîtlion de Reite , qui appartient à V Hôpital de
Confiance , comprend Neuveil , Stœcken , & plufieurs
autres hameaux. On y trouve la ferme Sckwaderloch , qui
eft dans la paroifle Alterjchweilen. Ce local cft célébré
dans THifloire helvétique, par le combat ( i5) qui s'y
livra le 18 Avril 14PP, entre huit mille hommes de la
garnifon de Confiance & le détachement de quinze cent
SuifTes. Les Impériaux ou Autrichiens perdirent fur le
champ de bataille près de quatorze cens hommes , fans
compter mille autres qui fe noyèrent dans le lac. Les rela-
tions du temps portent qu'il n'y eut du côté des Suiffcs
que vingt hommes tués. L'Hiftoîre nous apprend qu^en
1 joo, dans un voyage que l'Empereur Maximilien I, fît
à Confiance , en remontant le Rhin , ce Prince alla voir le
terrein de Sckwaderloch , où l'année précédente fes trou-
pes avoient efTuyé une fi grande perte.
L'Abbaye àtCrein^liagen^ Chapitre de Chanoines Ré-
guliers , Ordre de Saint - Augùflin , efl tout près de la ville
de Confiance , mais fur le territoire de la Turgovie. On ne
fait pas (17) avec certitude dans quel temps ce Chapitre a
(lO^-e même, WiL tom. XVI, p. ^10,511.
(17) Le même, îBM.tom. V,p. /Il- yio. ' ^
Martini Gerberti, iter Alemannicum» p. 265 & feq. Typis San Blafia-
nis> i773.W'*8*. jjinvol.JJ^. ^ '
DE LA SUISSE, an
été forfclé*5'ni queleneft le fondateur. Il y a apparence que
c'étoic originairement un hôpital deflervi par des Moines de
Tordre de S. Auguftin. On prétend que S, Conrad, Evêque
de Confiance, établit cet hôpital vers Tan p58, hors de la
ville de Confiance, fous Tinvocation de la Sainte^roix ; de-
là dérive le nom allemand de Creu\lingen, en latin adSanc-
tant Crucem. Cette fondation fut confidérablement aug-
mentée par Ulric, Fvêque de Confiance, de la Maifon des
Comtes de Kibourg , qui mourut en 1 1 27, Cette Abbaye
a été ruinée & faccagée à différentes reprifes. Elle polFéde
en Souabe la Prévôté (18) de Riedercn & la Seigneurie
de Hîrschlatt. Dans le canton de Zurich , au Comté de
Kibourg , la baffe • Jurifdîâiôn à Trullicken , Truttic-
ken , Wildifpuch^ le petit Andelfingen, &c,; & en Tur-
govie pluHeurs Fiefs , à Creuzlingen , à Sulgen , le châ-
teau de Geisberg , la collation des Paroiffes de Guttingen
& d'Aavangen. Autrefois elle avoit des droits de féance
à la Diète de TEmpire, & aux affemblées du Cercle de
Souabe. Mais T Abbaye étant fituée dans la Tiirgovîe,les
Cantons co- Régens de ce Landgraviat lui ont ordonné
de ne plus les fréquenter, parce que la Suiffe & toutes fes
dépendances , ont été exceptées de l'Empire par iç traité
de Weflphalie en 1648. L'Abbé, qui eft mitre, occupe
le fîxieme rang fur le banc des Prélats dan^ les afiemblées
de la NoblelTe en Turgovic. Cette Abbaye a été rebâtie
à neuf dans ce fiécle ; TËglife eft très -belle, & le bâtiment
du Chapitre offre une ftruâure élégante. L'Abbé joiiit
(i8j Cettçf révât^ çfi fituée dans le Landgraviat de FUrfiexnberg.
'^éJ^^.A.
^14 f UB DE A U X
BASSE-TURGOVIE,
LâPl Seigneurie & le Château de Weinfelden , Bailliage
du canton de Zurich dans la Turgovîe , confîdérable par
Ton étendue & par l'autorité du Baillîf , qui eft en même-
temps Capitaine du quartier de fP^einfelJen , ce qui veut
dire Commandant de la Milice du quartier , & parce que
c'eft chez lui que fe tient Taflemblée de tous les Comman-
dans des différens quartiers. Le Canton acheta cette Sei-
gneurie en 1 5 14 de la Maifon de Schellenberg , qui Ta-
voic acquife de celle de Muntfràit, Zurich garda cette
Seigneurie malgré Toppoûtion de plufieurs autres Can-
tons , particulièrement de Lucerne, qui vouloient divi-
fer la Turgovie en deux Bailliages , & fixer la réfidence
d'un de ces Baillifs à Weinfelden. Le bourg de ce nom
eft un des plus peuplés dé la Turgovîe. On y cultive du
vin , des grains , du lin , &c. Il y a du Commerce y fur-touc
un grand marché de bled chaque femaine. Les Artifans y
gagnent beaucoup. Le Baillif, qui eft toujours un Mem-
bre du grand Confeil de Zurich , réfide dans un Château
bâti au-deflus du Bourg, dans la montagne. Le Bourg
eft fitué dans le Val dit Thourthal y au milieu de la Tur-
govie. Les appels de ce Bailliage fe portent au Tribunal
Ballival de Frauenfeld. Cette Seigneurie eft compofée de
trois Juftices inférieures , ( Gerichtt ) , Weinfelden , Bir-
veinken & Buffnang. Les Barons ( i ) ^^ Bufnang font
(O Leu, Dia. Hifi. de la Suiflc, tom. IV , p. J54, T5;« &c«
très-
DE LA SUIS SE. t2f.
très - renommés dans THiftoire Helvétique. L'un d'eux ^
Conrad, fut Abbé de Saint- Gall dans le treizième fiécle^
& l'autre 9 aufliCo/zr^^^ Etêque de Strasbourg en 143p.
Le château de Bufnang , qui étoic au village de ce nom ,.
fut détruit en 140^ par les Appenzellois. Ce village eft fur
la gauche duThour, en face du. Bourg de Weinfelden.
La collation de cette Paroiffe , qui eft de Religion mixte,
appartient au Commandeur de Tobel, de TOrdrede Malte,
en Turgovie.
La Jurifdidion de Boltfchaufen , dont deux tiers font
dans la paroiffe & la baffe jurifdidion de Weinfelden , &
un tiers dans la paroiffe de Maerfletten, eft fous lahaute-
jurifdiftion du Baillifde la Turgovie. Les Barons Ebirt^
ger de Stufslingen en Souabe , poffedent la feigneurie de
Boltschaufen , autrement Back - Tobel. ^
Le Château (2) SCla Seigneurie cP Altenkllngen , audef^
fous de Weinfelden , dans la paroiffe de Wgoldingen ,
un peu en deçà du Lac de Confiance. Ce Château , qui a
été magnifiquement rebâti à neuf en i^8f , à été primiti-
vement la réfidence des Barons de Klingen ( 5 ) > & fe
Tiommoit le vieux (4) Klingen y pour le diftinguer du haut-^
Klingen y tïi ûltmznà hohen- Klingen , que ces Seigneurs
avoient bâti dans la fuite au-deffus de la ville de Stein fur
le Rhin. Cette Maifon étoit puiffante par des domaines de
(1) L« même , ïbid. tom. I> p. 14P , i;o. Henliberger , Topographie de la
Suifle , tom. I, p. 13 « 14. Zurich » 1754* i/i-4^* En allemand ; avec fig.
()) Leu, ibid. tom. XI 9 p. i il - 1 14.
(4) Une Charte de 1 304 , confervée dans les Archives du Chapitre de Zii«
lich porte : Ulricus diSiu jniles , IValther , Ulricus Waheff 6» U^alter ëâûs UU
rkuSy Domini antiquioris Klingen.
Tome X. F f
>^*v^... ---
^26 TABLEAUX
Turgovîo; dans le comté de Baden & dans la Forèc^
Noire. Flufieurs Abbayes & Commanderies lui doivent
leur fondation ou leurs principales donations Ces Barons
s'éteignirent vers l'an 14^0 > & leurs domaines pafTerenc
par mariage ^ par vente & autres révolutions^ en d'autres
MaifoDS. Ulric de Landenberg, qui avoit époufé Verene ^
Baronne à' Alten- Klingen , & qui réfidoît à GreifFenfée,
étoit, en 1370, Seigneur à' Altein- Klingen. En lySy ,
Léonard ZoUikofer^ Confeiller & Tréforîer de la ville de
Saint -Gall, acheta de la Maifon de Landenberg, lafei-
gneurie d'Alten-Klingen ; & n'ayant pas d'enfans, il la
laifla comme fubflitution aux fils & à tous les defcehdans (;)
mâles de Tes deux frères Laurent & Georges ^ & annexa à
cette fubftitution fa maifon de campagne à^Pfauen-Moos ^
dans le territoire de TAbbé de Saint -Gall, & plufieurs
poffeffions dans le Rheînthal. Cette fubftitution , dont il
régla la forme ^ fut confirmée par les cantons fouvera-ns
de la Turgovie & du Rheinthal , & par TAbbé de S. Gall :
elle continue d'appartenir à la famille de Zollikofer] fui-
vant le règlement primitif à\xfideicommis. On prétend que
c'eft la plus confidérable de toutes les fubftitutions qui
exiftent en SuîfTe. On voit au château d'Alten-Klingen,
un tableau qui rappelle Thiftoire fmguliere d'un chien : la
voici. Léonard Zollikofer ^ qui acheta Alten-Klingen ,
& rebâtit ce château en lySy , avoit été en 1^82 député
de la ville de Saint - Gall à Paris y au renouvellement de
(0 La famille de Zollikofer » illufire dans la République de Saint -Gall ,
efi originaire de Confiance. Voyez - en la Généalogie dans L^ii| ibid* t. XX »
p. 144-155.
DE LA SUISSE. 227
rallîance des Cantons avec le Roi Henri IIÏ* En fortant
de fa niâifon y il avoit ordonné à fes gens de garder enfer-
mé un chien I qui lui écoit fort attache* L'ordre avoit
été exécuté pendant quatorze jours ^ maïs au bouc de ce
temps le chien s'échappa & difparut. Son maître avoit
cependant continué fon voyage à Paris avec les autres
Députés du Corps Helvétique î mais quelle fut fa fur-
prife, lorfqu au moment de Taudience du Roi , il fe vit
affailli au col par fon chien ^ qu il avoit laiffé à Saint -Gall.
Cet animai j plein de careffes, ne cefToit de lui exprimer
fes tranfports. Ce fpe£tacle étonna le Roi Ôc les Ambaiïa-
deurs Suiffes* Zollikojer^ confus 6c prefque déconcerté,
raconta l'aventure de fon chien ; comment , malgré les or-
dres précis qu'il avoit donnés en partant pour le tenir fous
la clef j cet animal s'étoit échappé , & comment Je feul
inftind lui avoit fait faire une courfe de plus de cent-vingt
lieues jufquà ce quil retrouvât fon maître^ fans que per-
fonne Teût mis fur la voie. ZoUikofer , à fon retour en
Suifle, fit peindre Taventure de fon chien, dans un tableau
qui mériteroit d'être gravé. La feigneurîe âkAàein-Klin^
gea comprend trois Jurifdiclions inférieures , Wigoîdin^
gan , Maerûetun & îllaru
La Jurifdiftion Engkweikn j entre Alun ^ Klingen ^
6c le lac inférieur de Conâancci dans la paroilTe de Lip-
perfchweilen ^ eft poffédée comme fief du haut- Chapitre
de Confiance , par trois familles du village Enggveil , qui
font Meyer j Egglof & Enggweiien
La JurifdiÛion de Hattenhaufia & de Hefenhaiifen ^
avec les deux villages de ce nom j dans la paroifle de Lip-
perfcbireilen^ appartient par indivis à M. de Breiiea-Lai^
F f a
±iS TABLE AUX
dtnberg^ qui demeure au château de Saltnfléin ^ & à
M. ZoUikofer , Seigneur de Hard.
La Jurifdiâion de Lipperfchwellen , diftante d*une lîeue
du lac de Confiance, fur le grand chemin de cette ville,
appartient au Chapitre de Saint -Jean dans la même ville.
Les habitans de la paroifle de Lipperjèkweilen font de la
Religion Réformée. La collation dépend du même Chapi-
tre , conformément au Traité de Paix d*Arau en 1712.
Ces Jurifdi3ions font fous la diretlion du Baillif de
Reichendu j c'eft-à-dire, de TAbbaye de ce nom, dans
une ifle du lac inférieur de Confiance. Ce Monaflere j de
rOrdre de S. Benoît, fut fondé en 724, par S. Pirmin ,
Chorévêque ou Evêque régionaire , avec le fecours d*un
riche Seigneur Allemand , non\mé Syntla^^^ il fut pri-
mitivement appelle Syntla^au , en latin Monafierium
Sintleo^Jaria , enfuite Ow , en latin augia , qui fignifîe
prairie y & avec le temps felle fut nommée Reichenau ,
Augias dives y à caufe des grandes ricbeffes qu'elle pofTé-
doit. S. Pirmin mourut en 7J4. L'Abbaye de Reichenau
comptoit cinq cens Gentilshommes entre fes vaffaux.
L'Abbé avoit le titre de Prince d^ Empira. L'ifle de Rei-
chenau peut avoir une lieue de long & la moitié autant
de large; & elle efl très - fertile & fort agréable. On efti-
moit l'Abbaye de ce nom pour l'une des plus opulentes de
l'Europe. L^an 173 j TEvêque de Confiance fe plaignant
au Pape que fes revenus étoient extrêmement diminués par
le fchifme qui avoit détaché de fon Diocèfe plufîeurs dît
trîftsconfidérables, obtint la permiflion d'unir pour long-
temps à la Manfe Êpifcopale les deux Abbayes de Reiche-
nau & àiOeningeni ot qui Ait confirmé en I542 par TEhk
DE LA SUISSE. 2^29
pire. Les Cantons qui font Souverains de la Turgovîe > oîi
TAbbaie de Reichenau poffédoit plufieurs Seigneuries ,
furent aufli mécontens de ce changement^ que les Moines
pouvoient l'être eux-mêmes, & d'autant plus que i'Evê-
que & la ville de Conftance, ne font point du louable
Corps Helvétique. Mais Fan 1^40, TEvêque donna à ces
Cantons une déclaration par écrit , confirmée en lyyj par
fon Chapitre , portant que ni lui ni fes fucceffeurs , ne recon-
noîtroient jamais d'autre Seigneur fouverain , Protedeur
& Infpedleur fur fes revenus & terres en Turgovie y que les
Cantons co- régens de ceLandgraviat , fans que jamais
TEvêque pût prétendre d'autres droits que ceux dont jouif-
foient précédemment l'Abbé & le Monaft ère de Reichenau.
L'Evêque promit aulTi de ne bâtir jamais aucun fort ni
rempart dans Tifle de Reichenau.
Nous avons vu dans ce fiécle des difficultés nouvelles,
élevées au fujet de cette incorporation à la Diète de Ra-
tisbonne , par les Moines de Reichenau , qui ont tenté de
rétablir l'Abbaye dans fon écat primitif, ou au moins tel
qu'il étoit avant l'époque de lyjj. Mais le crédit de TE-
vêque d6 Confiance a rendu vaine leur réclamation : une
partie d'eux a éprouvé les plus grandes difgraces , & le
Monaftere avec fon Prieur eft fubordonné , plus que jamais ,
à la manfe épifcopale. Les poflelfions de cette Abbaye en
Turgovie font étendues; aufli y a-t-il deux BaîUifs delà,
part de TEvêque , l'un à Reichenau & Tautre à Frauen-
feld. Celui de Reichenau a fous fon adminiftration les baf.
fes Jurifdiâions fuivantes , que Ton appelle communément
les Nouvelles Judicaxures de rEvêché de Confiance , pour
les diflinguer des anciennes.
230 TABLEAUX
Voici les noms de ces Jurîfdîdions, fous la dépendance
du Baiilif de Reichenau^ & qui font toutes voifines de
cette ifle, le long ou dans la proximité du lac. L Triboldn^
geriy au-deflbus de Gottlieben. IL Le bourg coiifidéra-
ble à'Ermatingen. II L Mannembach. IV. Fruetweilen.
V. Bernang ou Berimgerij & VL la petite ville de Stek-
boren , qui eft prefqu'entierement de la Religion Réfor-
mée,&qui a fon confeil avec des immunités affez importan-
tes. La fituation de cette ville au bord du lac eft délicieufe ;
on y trouve quelques maifons élégamment bâties. Elle eft
à trois lieues de Conftance ^ & deux de Scein fur le Rhin.
La Jurifdiûîon de Stekboren comprend , outre la ville
de ce nom ^ plufieurs diftrîÛs , le village de Feidbach ,
TTeyery Oberdorf^ &c. L^ Abbaye de Feidbach y de Tor-
dre de Cîteaux y eft tout proche de Stekboren , fur une
hauteur qui avance dans le lac. L'Abbefle & les Relîgîeu-
fes font fous la diredion de TAbbé de Wettîngen depuis
I 5P3. Elles étoient auparavant fous celles de TAbbé de
Salmanfchveileren Souabe. Ce changement eut lieu , parce
que les Cantons co-régeiis de la Turgovie ne voy oient
pas d'un bon oeil qu'un Prélat étranger fît la vifite d'un
Couvent fitué fous leur fouveraineté. Le Chevalier Cumo
de Feidbach a été le Fondateur de cette Abbaye en 125* 2.
Ses principaux bienfaiteurs furent les Barons de Klingen^
les Nobles de Klingenberg^ de Burglen 6c de Guttingen.
On voit dans TEglife ^ fur une muraille dans la chapelle
de Sainte Aurélie ^ la figure d'un Chevalier avec l'écu de
la Malfon de Klingen 5 à un lion Saillant ^ accompagné
de Billettes. On ne peut pas en lire l'infcription fépulcrale^
parce que, par l'impéritie des Ouvriers , elle a été incruf-
DE LA SUISSE, i^t
tée dans le mur. Cette pierre couvroît auparavant la tombe
d'un Baron de KUngen. L'Abbefle de Feldbach poflede
en fief de TAbbaye de Reichenau la bafle-Jurifdidioa
à Umveîlen , Hafloo y Taegermoos, &c. ce qui lui donne
droit de feffion dans les affemblées de la Nobleffe en Tur-
govie.
Le château & la feigneurîe de KUngenberg ^ font fitués
entre la rivière du Thour & le lac de Confiance. Les No-
bles de Klingenberg y qui en étoient Seigneurs, jouent un
rôle diftingué dans les faftes Helvétiques. Leur Maifon
s'éteignît en i j8o. La feigneurîe de Klingenberg fut ven-
due en i5ji à TAbbaye de Mûri dans le haut- Argen
libre , par un noble de Heidenheim. Cette Abbaye la fait
adminiilrer par un de fes Capitulaires ^ qui réfide au châ-
teau. On trouve dans la même jurifdîdion le château de
Sandegg^ dont la vue domine fur le lac inférieur de Conf-
tance. L'antiquité de ce château remonte au huitième fié-
cle : il a été rebâti , ainfi que celui de Klingenberg , à
diverfes époques. L*un & l'autre appartiennent à T Abbaye
de Mûri,
Le château de Burg ou Denikhoffen , fur une hauteur
entre Pfin & Gundelhard , appartient à une branche de la
Aîaifon de Reding, fous la mouvance féodale des Cantons
co- régens de la Tcirgovie. Le château de Burg eft dans
la paroifTe de Pfin avec le village de DettîkhofFen.
Le château , le bourg SC la feigneurîe de F fin ou Fjyn y
fur la droite de la rivière du Thour y font dans une fitua-
tioti agréable , & dans une campagne fertile en bled , en
vin & en fruit. Le château où réfide le Ballif au nom de
la ville de Zurich & le bourg , font bien bâtis. Zurich y
i^-*:- '. * .>^:.r^.. . .^..
232 TABLEAUX
a la bafle- Jurifdi£iîon, comme Fief de la Prévôté du Cha-
pitre de Confiance. Cette république Tachera en 1^14 du
Baron Cafîmîr Wambold d*Unftatt, du Duché des Deux-
Ponts. On trouve fouvent des Médailles romaines aux
environs de Pfin , dans les vignes & dans les champs. On
prétend que Tongine du nom de Pfin , en latin Fines ou
ad Fines y vient de ce que Cecina y Lieutenant de f^itel*
lins y ayant battu les Helvétiens l'an 5p de J. C. près de
Baden^ avec le fecours des Rhétiens ou Grifons , ceux-ci
prirent de-là occafion de s'étendre dans THelvétie , & s'a-
vancèrent jufqu'à Pfin y où ils établirent leurs bornes ou
frontières. Quoi qu'il en foit, Fines (5) eft placé dans
Titinéraîre d'Antonîn & dans la Table Théodofienne ,
fur une route qui , de f^indonijja ou Jf^indiçh y dans ITIq!-
vétie , conduit dans la Rhétie, où Ton entre par Brigan-
tia ou Bregent^. Ce lieu eft connu fous le nom de Pfin; &
parce qu'il eft fitué fur la rivière duThour ôcdans la Tur-
govie, on l'appelle Pfin anderThur. La pofitîon de ce lieu
indique les limites que 1-6 Gouvernement Romain avoit
établies entre la Province des Gaules, appellée Maxima
Scquanorum y & la Rhétie. En effet y on voit dans la No-
tice de l'Empire , écrite vers 440 y qu'un pofte établi au
lieu nommé Arbore^ qui eft V Arbor felix de Pintérîeur
6ç de la table , entre Fines & Brigantia , étoit fous les
ordres du Général qui commandoit dans les deux Rhéties,
fub dijpojltione Ducis Rhcetiœ primce SC Jecundçe. Quoi-
que le cours du Rhin foit réputé d'une manière générale
faire la féparation de la Gaule d'avec les pays limitrophes,
(0 D'Anpille^ Notice de la Gaule > p. jn.
il
DE LA s U I s s E, 233
îl eft néanmoins confiant que les Rhad en occupoîent Tun
& Tautre bord au-deffus du lac de Confiance ; & les Sa-
runetes dont le canton nous efl indiqué par la pofition de
Sargans , qui efl en - deçà du Rhin , font du nombre des
Nations de la Rhétie dans Pline ; Rhœtorum , Sarunetes.
M. ^Attville y à qui nous devons ces favantes Obferva-
tions , nous prévient (7) qu'il y auroit un nombre infini de
lieux à citer fous la dénomination Fines , fi^ indépendam-
ment de ceux que l'on trouve dans les monumens de Page
romain, & auxquels on doit fe borner dans la Notice
de la Gaule , on faifoit la recherche de tout ce qui efl
aduellement exiflant fous la même dénomination , & dont
ces monumens ne parlent point. L*occafîon d'en montrer
plufieurs doit fe préfenter , en confidérant les limites des
anciennes Cités. On n'en citera ici qu'un exemple. La pofi-
tion (8) de Fîmes y aux confins du Diocèfe de Rheifis,
fur les limites de celui de SoifTons , efl nommée Fines
dans l'itinéraire d'Antonin, ^wiit, Augufla SueJJionum ^ ou
SoifTons y & Duroconorum ou Rheims. Dans les Aâes du
premier des deux Conciles , qui ont été tenus à Fimes , on
lit : Synhodus y quœjuit acla in loco qui dicitur FinibuSy
Remen/is Provinciœ , anno 1. D. dccq xxci , c'efl- à-dire
881. L'altération du nom de Fines en celui de Fîmes , fe
remarque dans la Chronique de Flodoard Çoms l'an ^22;
Villam Fimmasfupervidulam ,[ fur la rivière de Vêle.] Il
efl donc indubitable que fV/z^^ Sx. Fîmes font le même lieu:
on doit porter le même jugement fax fines & Pfin en SuifTe,
(7) Ibidem^ p. 301.
(8) Ibidem, p. |iq.
Tome X. G g
234 TABLEAUX
Le Baillif que Zurich euvoie dans la Seigneurie de
ce nom 9 & qui exerce cette charge pendant quinze ans ^
eft extrait du Grand ConfeiL Le bourg de Pfin eft de Reli-
gion Mixte; & la collation de la Cure catholique 1 eft à la
nomination du haut Chapitre de Confiance ^ qui choific
zuOi ItMint/ire ou Vz^tur Réformé y en cas de vacance ^
dans le nombre des candidats propofés^ conformément au
Traité de paix d'Arau en 1712. Les appels du Bailliage
de Pfin fe portent à Frauenfeld.
La Seigneurie & le Château de Gundelhardy dans la pro-
ximité méridionale du Thour , entre Mammeren & Stek-
boren y appartiennent à la branche des Barons de Bero/^
Ji/igefty originaire du canton ^Urly où elle a encore con-
fervé le droit de Citoyen. Cette branche eft établie en
Souabe & en Alface. Autrefois la ieigneurie de Gundel-
har^ faifoit partie de celle de Lithenfels. Le château du
Baron eft très -bien bâti; cette Seigneurie eft un Fief du
haut Chapitre de Conftance. La paroifle de Gundelhard eft
Catholique.
Les Jurifdiâions inférieures de Reichenau ^ dont Tad-
miniftration eft commife par TEvêque de Conftance à un
Baillif 5 réfidant à Frauenfeld y font les Judicatures de
MuUheim > de Hefchikofen y de Langdorf & de Maetten-
dorf. Cette dernière Jurifdiâion comprend le village de
ce nom & celui de Lufiorf. Ces Jurifdi£tions font voifines
de la rivière de Thour.
Le Château & la Seigneurie de Herderen j entre le Thouc
& le lac de Conftance , appartiennent depuis \6%^ à T Ab-
baye de Saint -Urbain , Ordre de Qteaux^ dans le canton
de Lucerne. Le château de Herderen^ où demeure le Ca-
DE LA SUISSE. 23;
p tulaîrede cette Abbaye, Admîniftrateur, efl élégamment
bâtî. Cette feigneurie a eu pour fcs Seigneurs primitifs les
Nobles Bettler de Herderen , Louis Egli de Herderen , la
Maifon de Hohén-Landenberg ^ les Barons Huntbijf de
Waltratn , les Mâifons de Liechten/hin & de Seinbock;
lun de ce dernier nom la vendit à TAbbaye de S. Urbin.
La Paroifle de Herderen eft Catholique.
La Seigneurie & le Château de Liebenfels , entre Her-
deren & Gundelhard , prefqu'en ligne direûe au-deffus du
village de Mammeren , vers le lac de Confiance , dans la
paroifle de Mammeren. Le château eft un vieux bâtiment
fur une hauteur. Cette Seigneurie appartient à TAbbaye de
Saint- Urbain, qui la fait adminiftrer par fon Capitulaire,
réfidant au château de Herderen. Cette Abbaye Tacheta
en \6^\. La Maifon de Liebenfels eft illuftrè dans les
annales de laTurgovie, & dans celles des Chapitres de
Conftance 6c de Bâle.
La Jurifdiâion de la ville de Jf^eil^ que Ton appelle
la Judicature de la Montagne , & qui comprend , entr'au-
tres diftrids , le village de Truengen.
L'Abbaye de Fifckingen , de TOrdre de Saint Benoît >
avec le village & la paroifle de ce nom , au pied du mont
Hoernli (9), fur la rivière de Mourg, 6c dans la proxi-
mité du canton de Zurich 6c du comté de Toggenbourg.
Cette Abbaye pafle, dans Topinion vulgaire, pour être le
plus ancien Monaftere de la Suifle : on croit (10) que ce
lieu a été habité dès le fécond fiécle de TEre chrétienne
(9) En latin Mons CornutuSm
(10) Bucelini , Chronologia Conftantienib 1 p« 70 » 141 , Sec.
Gg a
2^6 TABLEAUX
par des Hermîtes ^ & la forêt contiguë s'appelle encore
BruJer/wa/J. On fait qu'en SuiiTe ce nom de Bruder , pris
dans le fens religieux , veut dire un Hermite. Mais la pré-
tendue antiquité de Fijcfdngen ell fâbuleufe. L'Auteur de
la Chronique manufcrite de TÂbbaye de Petershaufen à
Confiance, qui vivoît en 1203 , nous apprend que la Celle
de (11) Fifchingcn , Wif china ou Tifchinum^ avoit été
nouvellement fondée , au temps qu'Ulric fécond du nom ,
étoît Evêque de Confiance, c'efi-à-dire, entre 1127 fie
in8.
La Chronique de Petershaufen , dont Toriginal eft con-
fervé dans les archives de cette Abbaye , n*a pas été encore
imprimée entièrement (12), fie elle mériteroit de Têtre^
( II ) Cbromic PrTERSBAUSEHVS, Lîbw I V. Commîja ejl etiamncva cdU,
quœ yocjtur Wîjchlna , (;uat fer iUum MoruJHcat vitœ iniditd ejl. Il s*agit id de
Gebino , Abbé de Wagenhaufsn fur le Rhin, en Turgovie > aa - deflbas de la
ville de Stcin. Gchino avoh été primitivement Religieux de Petershaufen ;
TEvèque Ulric Tavoit tiré de ce Monafiere vers l'an 11 )j, pour rétablir
Abbé de Wagenhaufen. Gdino ayant depuis réfigné fa dignité , eut pour
fuccefleur Wa'vam , qui bâtit l^Eglife de Vifchitu ou Fifckinum.L^ Chro-
nique que je cite nous apprend plufieurs particularités de ce nouveau Mo-
nafiere«
(il} M. FuefsluicTï a donné le commencement fiir l'Origine des Comtes
de Winterthour & de Kibourg > de la féconde âc de la troifieme Race. ( To»
pog. de la Suijfe , tom. IV, p. î68 • ip J )*
Dom Maurice Vanier Meer de Hokenbmm « Secrétaire général de la Congre»
gation Bénédidine en Suifle ,8c ancien Prieur de TAbbaye de Rheineau»
te Dom Trutpert de Neugart « Capitulaire de Saint -Blaife en la Foret Noire»
ont copié la Chronique de Peterhaufen d'après l'original, pour en fiûre
slàge , le premier , dans THiSoire Eccléfiaftique de la Turgovie à laqœOe
il travaille , & l'autre , dans celle du Diocèfe de Confiance» pour la coUcc-s
lion de la Germania Sacra.
DE LA SUISSE. 337
parce qu'elle contient beaucoup de titres & de traits hif-
toriques des Evêques de Confiance , fur la Souabe y la
Turgovie , & même fur l'Allemagne depuis la fin du
dixième fiécle. UAbbaye de Fifchingen a eu plufieurs
illuftres Prélats. Autrefois il y avoit un Couvent de Béné-
didines annexé à fon Eglife. C'eft dans ce Couvent ou
dans une Celle voîfîne , que mourut en odeur de fainteté y le
3 Novembre (13) vers Tan 1 184. comme reclufe , Ide née
Comtefle.de Kirchbefgy qui avoit été la victime de la ja-
loufîe de fon mari Henri Comte de Toggenbourg y en
1 1 7p. Sa Légende rapporte qu'ils demeuroient au château/
du vieux Toggenhourg , dont on voit encore les mafurcs
fur une montagne très - élevée , près de Fifchingen , fur
la frontière de la Turgovie.
Ide étoit nouvellement mariée ; le Comte Henri l'ai-
moit éperduement : mais un incident changea bientôt fa
paflîon en la plus étrange fureur. Un jour que la Comteffe
avoit expofé au foleil , fur la fenêtre du château , fes joyaux
de noces ^ & entr'autres la bague que lui avoit donné fon
mari, un corbeau enleva Tanneau, & le porta dans fon
nid. Quelques jours après un chafleur du Comte ayant
trouvé cette bague dans le nid y & ne foup çonnant pas à qui
elle pouvoit appartenir , la plaça à fon doigt , ôc ne craignît
pas de paroître avec ce bijou à la cour de fon maître. L'af-
peél de cet anneau nuptial infpira dans l'inflant de vifs
foupçons au Comte fur la fidélité de fa femme. Ces foup*
çons étoient malignement fortifiés par d& courtifans înté-
refl*és. Henri fe livra à tous les excès de fa jaloufie ; & dans
(13) Jour auquel en cdd)re (a fête.
238 TABLEAUX
un tranfport de fureur , fans écouter la juftification de la
Comcefle & celle du Chaffeur^il fit attacher cet infortuné
ferviteur à la queue d*un cheval eflfaré qu'il mit en liberté.
L'animal traîna de la niontagneen.bas> à travers les rochers
& les épines, l'innocent chafleur, qui fut bientôt mis en
pièces. Henri ne fe borna pas à ce premier ade d'horreur :
il faifit par le corpa la Comteffe , & la précipita du haut de
fon château dans le défert qui eft à fes pieds > dans une pro-
fondeur de près de quatre cens coudées. On n eût jamais,
efpéré que la Comteffe furvécût à fa chute. Mais la Pro-
vidence la fauva d'une manière miraculeufe. La légende
ajoute qu'Ide, ainfi préfervée, paffa plufieurs années dans
cette folitude affreufe, ne vivant que de racines , & ne bu-
vant que de Teau d'un ruiffeau. Elle s'étoit bâtie elle-même
une cabane avec des branchages : c'eft-là qu'elle prioitDieu
nuit & jour. Enfin elle fut découverte par un chaffeur qui
en inftruîfit le Comte. On peut juger de la furprife de Henri;
il accourut auflitôt à Pendroit défigné , & verfant un tor-
rent de larmes aux pieds de la Comteffe y lui demandant
pardon de fon forfait avec le plus vif repentir. Il lui fit
mille inilances pour la ramener au château , & la traiter
avec toute la tendreffe qu'il devoit à une époufe aulli ver-
tueufe. Mais Ide confiante dans fa réfolution de paffer le
refte de fa vie au défert 5 lui dit: Seigneur y toute la grâce
que je vous demande ejl de me lai(fer dans majolitude y êC
de niy bâtir une ^hetive maifon dans (14) ^CAu y en bas
du Hoernlein y près de la chapelle de Notre - Dame , pour
être plus à portée d^y ajjîjler à t Office Divin. Le Comte
(14) En latin ifif(M.
DE LA SUISSE. 239
la voyant inexorable > confentlc à fa demande^ & donna Tes
ordres pour bâtir au plutôt la maifon. Ce fut là où fe retira
Ide ; elle perfévéra jufqu'à fa mort dans fa retraite. On
montre fon tombeau dans TEglife abbatiale de Fifchîn-
gen. Sa vie a été écrite par divers Auteurs ( i j). Ce Mo-
naftere ( i(î) a le droit de collation fur cinq Cures Catho-
liques y Fifchingen y Dufnang , Bichelfée > Lommis ôc
Mofnang , & fur trois paroiflFes de la Religion Réformée,
Lîuftorf, Sîrnach & Dufnang. L'Abbaye a la baffe- Jurif-
didion dans le diftrid ^ Alt-Tijckingen y qui eft un Fief
de TEvêché de Confiance. Elle y Jouit de tous les droits
que TEvêque de Confiance exerce dans les anciennes jurif-
diâions de fon Chapitre , en vertu du Tra'té de i ^o^.
L'Abbé poflede auffiles feigneuries deTannegg, Spiegel-
berg , Lommis , Bichelfée , Balterfchweil , lifveil &
Wilderen.
L'Abbaye (17) de Te/2/2/^^/z, en hxmValiis Liliorum ,
de Tordre deCiteaux , entre la ville de Frauenfeld & TAb-
baye de Fifchingen y près du Bourg EUg , fur la petite
rivière (te Lufel-Murg, fut fondée en 12^7 par Eberhard,
Baron de Bichelfée. L'AbbelFe a la baffe- Jurifdidion dans
les villages & diflrids de TennilTen , AdorflF, Ettenhaufen ,
Iltishaufen, Merishaufen, Wittershaufen, ôcc. Le village
(15) Enti*autresen 148^9 par Albert de Boii^meix , Doyen d'EinfidIen ;
en i5po, par le Jéfuite Pierre CânifiuSf 8c en 1660 par Joacbin SeVer^
Abbé de Fifcbingen. Le Chartreux Murer Va aulfi inféré dans Ton Recueil
Helvetia SanSa. Voyez Leiit Diâ»Hift. delaSuifiè» tom.X, p«ji7-$iS.
(i6> Leu 9 ttûf. tonu VIL p* 13)- 141.
(17) Le même» ibii. tom. XVlII, p. fo, 51. Gallia Oiriftilna nova,
tom* V » p. io9p« Parifiii ^ i/si. im^foUg^ fig. 6çc«
^4o TABLEAUX
AdorflF ou AadorflF, de Religion mixte , eil (tir la rîvîere
de Ltp^l- Murg\ b collation de la paroîfle appartient a la
ville de Zarich j qui la tient de FAbbaye fécnlanfée de
Ruti. Il y avoit dans le dixième fiécle à Aaiz-^vsi Chapi-
tre de douze Chanoines , ayant à leur tête un Prévôt : TE-
glife étoit fous Tlnvocarion du martyr S. Alexandre , com-
me on le voit par une ( 1 8) Charte donnée dans cette Eglife
le 50 Juillet , la cinquième année de Tempire de Charles
(le Gros) , c'eft-à-dire en 88j , du temps d'Adalbcrt,
Comte de Turgsu. Cette Charte (19), dont Toriginal eft
confer^'é dans TAbbaye de Saint - Gall , porte dans fon
préambule les noms des Abbeffes ImiindruJt fcBcraniJe ^
toutes deux filles du Comte Udalric & de Perec/u^iJe. Je
foupçonne qu'elles étoient Abbeffes de Zurich , & çpî Udal-
ric écoit Comte de Winterthour. L'Hiftorien Ekkchard le
jeune , Moine de S, Gall , rapporte (20) que du temps de
Hartmuth, Abbé de ce Monaftere, qui gouverna depuis
872 jufqu'en 2S^y Landa/ous ^ Evêque de Trêiife (al )^
natif de la Souabe (22) , & Noble d'extraâion , qui avoit
été élevé à Saint-Gall, & qui, entr'autres héritages , avoit
(18) Aâam in loco qui didtiii Ahadoif > in ifCà Ecdefia Sacâi Alezan-
dn flfaitycis*
{19) Vadiaros de CoIIcgiis Monafieriifqae Gennanijc reteribos > p* ^4 8c
108. Apud Goldafiuni^ tom. III » inter Scriptorcs Alanuonicamm rcram*
Francofurtiy i66t»iM-fêlio.
(10) De Cafibus MoiuSerii Sanâi GalIL cap. 1 9 p* '^« Apud Goldafium»
Hid toxn. 1 9 pane prima.
(11) Ekkchard, le nomme ArchcTëque de Tttxts^Treperetfis ArclSe^^
çopms. Mais il 7 a altération dans le texte imprime'. Il Ëiiit lire Epfcûpu Tjt*
pîjicnfis,
{x%) Snevos hic & NoUlis eiat.
eu
D E L J s U I s s E. 2^t
eu Windifch , ( Jf^indinijfa ) , fit vœu de donner au Monaf-
tere de Saint -Gall le village de Lolingen , mais que,
comme fes coufins s'y oppofoient , il conclut un échange
avec le Comte Udalric (23) , lequel donna en retour Aha^
dorfz TAbbaye de Saint - GalL Cet Evêque , que Ton croît
avoir été de la Maifon des Comtes ^ Altenbourg en Ar^
geu (24) , Auteurs de celle de Habfpourg , mourut à
Rorfchach y en revenant d'un de fes voyages à Rome.
L'Abbé Hartmuot affifta^à fa mort. Burcardy autre Moine
de Saint -Gall, rapporte (2;) que du temps de Kerhard
ou Gérard, Abbé de ce Monaftere, qui régît depuis pp5
jufqu'en 1007, il y avoit au village -^i^t/o//" une Pré-
vôté compofée de douze Chanoines , fondée par les Rois,
& enrichie de leurs bienfaits. Ces Chanoines , dont la vie
étoit cependant très- exemplaire ?s'étoient attiré la haine
de Kerhafd , parce qu'ils ne pouvoient fupporter ït^ dé-
portemens. Cet Abbé, qui avoit un grand crédit à la Cour
de l'Empereur Otton III en ppp , fe jetta comme un Lyon
furieux (26) fur le Chapitre à! A/idorfy en chafla les Gha-
(23) Udalric étoit de la Maifon des Comtes de Kibourg, qui» entVautres
domaines » pofledoienc la ville de Wintenhour. Vadian , {ibid, p. 60 ^6\)^
a rapporté Tafte d*un aflFcanchifTement paiTé à \/interthour , devant le Comte
Udalric , féant en Juftice , in mallo publico , le mercredi 12 Février » la dtx-
feptieme année du régne de Louis, dans la France orientale, c*efi-à-dire »
de Louis le Germanique , père de TEmpereur Charles le Gros. Goldajle a
auf& donné la même Charte , mais avec quelques variantes. Ââum in VuU
tœrduro. (ilfidem* Tome 11^ Parte prima ^ fog. 18 )• Vadiam lifoit : ASlumin
Wmtariuro.
(24) L*Argeu , oU afi iitué Wmiifch , l'ancienne Vînionijfa.
(15) DeCafibus Monafterii S. Galli» cap. II ip, 5f , 66. Apudeumdem
Goldallum , ibid. 1. 1 , pan. i. n
(16) Quail Léo ruit«
Tome X. H h
a42 TABLEAUX
noines y & donna toutes leurs poiTefltons au Comte Mut^pn^
qui étoit le principal Miniftre de TEmpereur Otton. Il fit
fradion du tréfor de TEglife d'Adorf , en donna aufli une
partie au Comte Mut-^n , & empona l'autre dans fon Mo-
naftere. Le Moine Burcard ajoute que de fon temps on
confervoit encore ces ornemens précieux^ & que dans les
grands jours de folemnité, on s'en fervoît furies Autels
de S. Gall ôc de S, Othmar. Telle fut la fin du Chapitre
d'Adorf. Le Comte Mut:^n , cjui mourut fans héritiers ^
inféoda des poffeffions d'Adorf plufieurs Nobles , fcs
créatures , fous la condition de tenir ces fiefs de TAbbé
de Saint - GalL La tradition porte que le Chapitre d'Adorf
fut transféré dans la ville de Weil , qui eft de la dépendance
de Saint - Gall. Mais le texte de Burcard dit pofitivement
que ce Chapitre avoit été détruit (27) par TAbbé Kerhard.
J'efpere que le LeSeur me pardonnera cette digreffionfur
un village dont la baffe - Jurifdidion appartient à TAbbaye
de Tenniken , qui eft le principal objet de cet anlde.
L'Abbeffe de ce nom & fon Couvent, font aujourd'hui
fous la dire£lion fpirituelle dei'Abbé Wettingen, dans le
comté de Baden.
La feigneurie de Tf^engi^ avec la paroîffe de ce nom>
au- deffous de la ville de Weill , fur la droite de la rivière
de Mourg , appartient à TAbbayede Saint -Gall. Les Ba-
rons de Wengi font célèbres dans THiftoire de la Tur-
govie.
La Commanderie ( 28 ) de Tobelj de TOrdre de Malte ^
(17) Wtfc miferrlma & omni feculo fiebïiis defiruQîo,
Le mime Durcard, qui fait cette obfervation, vivoit en 1104.
(iS) Lcu I ibii. tom. XVIII • p. i^o» 191 » ^.
DE LA SUISSE, 243
eft fituée , avec la Paroiffe catholique de ce nom , dans la
proximité de la vilie de Weil. C'eft la plus riche Com-
iTianderie que cet Ordre pofféde en Suiffe. Le Comman-
deur a plufieurs privilèges que les autres Seigneuries n'ont
pas , comme celui de garder pour lui feul toutes les amen-
des qui ne furpaflent pas douze livres de deniers , au-lieu
que les autres Seigneuries font obligées de les partager tou-
tes avec le Bailiif de la Turgovie. Cette Commanderre
fut fondée en 1 228 par Diethelm le jeune y Comte de Tog-
genbourg , pour expier le crime d*avoir aflafïîné fon propre
frère Frédéric. Les Comtes de Toggenbourg , defcendans
du fondateur, Penrichirent beaucoup. Diethelm , dit V an-
cien ^ père du jeune Diethelm le fratricide , avoit aufli
fondé en 1207 la Commanderie de Bubiken , que TOrdre
de Malte pbfTéde encore dans le Bailliage de Gruningen ,
au canton de Zurich , malgré toutes les révolutions que le
fchifme de la Religion a fait naître dans ce canton. Le
Commandeur poffede deux Jurifiictions diftindes y Tune à
Tobel , & l'autre au haut- Herten : il a la collation des
Paroifles catholiques de Tobel, Duflhang, Affeltradgen,
Maerweil & Wuppenau , & celle des Parpiffes réformées
de Buffnang , AfFeltrangen , & Mazîogen , fuivant la teneur
de la paix d'Arau en 1712.
Le Château & la Seigneurie de Jf^ittenweily à une lieue
de Tobel , appartiennent à M. le Baron de Rueppliy qui
réfide à Frauenfeld,
La Jurifdidion à'j^awangen , anciennement Owangen ,
près d'AadorfF, fur la rivière de Lu^el-Murg ^ dans le
voifinage de Frauenfeld , appartient, avec le village du mê-
me nom , à r Abbaye ou Chapitre de Creu\lingen. L*Evê*
Hh 2
Wr--"rNrp.ar* — *ii^.^..
244 TABLEAUX
que de Confiance , Ukilc Comte de Kibourg & de Dillîn*
gen^ fondateur de cette Abbaye , lui fît donation d'^i-
wangen. La collation de la paroilTe qui eft Réformée, efl: à ^
la nomination du même Chapitre y conformément à la paix
d'Arau.
Le Château & la Seigneurie de Griefenberg^ ont été achc-
tés en 17^9 par la République de Lucerne , qui en com-
met Tadminiftration à un Membre de fon Grand- Confeil.
Le Château avec une Eglife eft bâti fur une hauteur , à la
gauche de la rivière du Thour , entre Bufslingen & Hutt-
lingen. Les Barons de Grizfenberg font renommés dans
l'ancienne Hiftoire de la Suiflc. Les derniers poffeffeurs de
la Seigneurie de Griefenberg , ont été depuis 1 508 de la
Maifon à^Ulm (2p) en Souabe, & dont une branche eft
établie à Zurich.
La Seigneurie & le Château de Huttlingen , entre Grie-
fenberg & Wellhaufen , à un quart de lieue de la rive gau-
che du Thour> appartiennent , depuis i5p4. , par achat de
la Maifon Efchar , à la République de Zurich^ qui en fait
exercer la baffe - Jurifdîâion par fon Baillif^ réfîdànt au
Château de Wellenberg. La Paroifle de Huttlingen eft de
la Religion Réformée.
La Seigneurie & le Château de Wellenberg ^ que la ville
de ^'urich acheta en 1701 de Frédéric -Louis ^Ulm^
( de la branche établie à Zurich. ) Le Baillif qui gère en
même - temps la Seigneurie de Huttlingen , réfide à Wel-
(ip) Voyez- en la Généalogie dans Bucélini Confiamia StemmatographictL^
p. lop- 106 6c 16^, 8c dans Ltu^ Diâ. Hift. de la Suifle » tom. XVIII , pag«
DE LA SUISSE,
HS
lenberg : la durée de fa préfeûure eft de neuf ans. Le châ-
teau de W ellenberg jouit d'une des plus belles vues du pays »
il eft fitué fur une hauteur^ à la gauche du Tkour^ & à une
lîeue de Frauenfeld. CMtoit la rcfidence des Nobles de
Tf^eilenBerg (30} , illuftres dans les faftes de la Suiffe* La
Seigneurie de Wellenberg comprend les quatre bafles-Ju-
rifdicUons de Wellhaufen , Dundorf ^ Maectendorf &
Luftorf, Tous les habitans font de la Religion Réformée.
Le Château fie la Seigneurie de Sonnenèefg ^ contient
les Jurifdidions de Stectfort & de Mazingen^ avec les pa-
roifles du même nom. L'Abbaye d^Etnfidlen acheta en
1678 cette Seîgneuriqig^u Colonel Charles -Conrad de
Beroldîngen : elle la fait adminiftrer par xm Conventuel ou
Capîtulaire. Le château eft d'une belle ftrutture j fur la
pointe du mont Ymmenberg ^ au-deffus du village de
Stettfort , fur la droite de la Mourg ^ entre Weil & Frauen*
feld. Les premiers poflefTeurs de ce château étoîcnt les No»
blés de Sonnenèérg : à leur excintlron il appartint fuccef-
livement aux Maifons de Landenberg , des Barons Graed-
1er y &c. Les KoUikofir de Saint-Gall ^ qui l'avoient acheté
en 1^77 j le vendirent en 161% à Jean Conrad de Berol-
dîngen , Gentilhomme du Canton d'Uri. Les habitans de
Stettfort font de Religion mixte ^ & ceux de Mazingen
entièrement Réformés. Les Barons de Ma^ngen (j 1) font
célèbres dans les annales de la Turgovie.
Le Château & la Seigneurie de Lommis ^ dans le voiO-
nage de la Commanderie de Toèel ^ vers la ville de Weil,
()!} Le même ^ih\i,tQm. XU,p.^to» ^11 »3cc«
a4<î TABLEAUX
appartiennent dq)uis lypp à T Abbaye de Fifchingen , quf-^'
les acheta de celle de Rheinau. Il y a à Lommis un Cur^
qui eft un Caphulaire de Fifchingen. Les habitans de là
Religion réformée ont pour Fadeur celui de Mazingen. *
Le Château & la Seigneurie de Spiegelberg dans la pro-
ximité de Lommis 9 entre Weil & Tobel ^ appartiennent
depuis i(f2p à TAbbaye de Fifchingen. Le château de
Spiegelberg , l'ancienne refidence des Barons de ce nom^
tombe en ruines ; il n'y demeure qu'un fermier. Autrefois
le village de Jf^â:;jkon croit fous la jurifdidion de Spie-^ ' . y
gelberg , mais aiijourd' huî il dépend de celle de Lommis. \i
La ville de Frauenfeld {*) y eft la capitale du Landgra* ' J^
vîat de la Turgovie, en latin Frouoveldia : on en ignore ■'•
Toriginfe J la tradition porte qu'elle appartenoit primitive^ -
m^nt aux Corn ces de Kibourg. L'abbaye de Reichenau y .\ .*
acquit, avec le temps , des droits confidérables ^ dont elle
a eonfervé quelques veftiges. Cefl le lieu où léfide^ dans
un cbiteau antique j le BaîUif que les huit premiers Can-^ ' -x\^
tons y envoient pour gouverner la Turgovie. Cette ville' . ''\o!
n'efl pas grande ^ mais elle efl dans une fituation avança^ lllK
gcufe , fur une hauteur , au pied de laquelle coule la Mourg^ . . JX\
Le château du fiaillif eft à Textrémité de la ville ^ fur ua. ' iï
rocher dont il occupe toute la capacité. Il y a deux Eglifès^^ : :^\
Tune à l'ufage des Catholiques^ l'autre à l'ufage des Ré* ' *v
formés y bâties Tan 1 544. Avant cette année y les uns & Jes r* - '^^
autres faifoientleur Service divin tour à tour dans un même ^;^^
temple. Mais les Réformés s'y trouvant trop à rétroity
réfolurent de laifler ce Temple aux Catholiques y & d'en
DE LA SUISSE. 147
bâtîr un autre pour eux. Les Cantons catholiques , Co-
Seigneurs de la Turgovie, zélés pour la Catholicité , leur
défendirent d'abord de bâtir ce Temple. Mais les Cantons
de Zurich & de Glaris , auffi Co-Seigneurs de la Turgo-
vie, prirent le parti des Réformés. Cette affaire fit beau-
coup de bruit. A la fin , elle fe termina heureufement , ôc
Ton preffa tellement les Cantons catholiques y par la mé*
diation des Cantons défintéreffés , qu'ils permirent qu'on
achevât de bâtir PEglife. Frauenfeld parvint des Comtes
de Kibourg à ceux de Habfpourg , & de là à la Maifon
d'Autriche , fur laquelle elle fut conquife par les Suiffes
en 14.50. Elle jouit die beaux privilèges ; le Baillif de la
Turgovie n*a point d'autorité fur elle; elle a fes propres
loix 9 un grand & un petit Confeil , & deux Avoyers ,
qu'elle établit elle-même, en les prenant dans les deux
Religions. Le grand & le petit Confeil font compofés les
deux tiers de Réformés & l'autre tiers de Catholiques. Le
petit Confeil a un pouvoir étendu ; les appels de fes Sen-
tences fe portent diredement à la Diète des huit anciens
Cantons. Le grand Confeil forme la Juftice criminelle (32),
non - feulement delà ville, mais de prefque tout le Land-
graviat. Il s'aflemble alors fous la préfidence du Landam^
man de la Turgovie. La ville a la haute & balfe Juftice fur
fes habitans 6c fur plufieurs villages. Il y a un couvent de
Capucins hors de l'enceinte de la ville ^ & qui a été bâti
en lypy. Une grande partie de la ville a été confumée en
1771 par un incendie ; elle s'en eft relevée, & a été rebâ-
(^1) Mais la précognidon des cas criminels » dans le Landgraviati appar-
tient au Baillif Ôc au département d'en haut de la Turgovie.
248 TABLEAUX
tie plus élégamment qu'auparavant. Frauenfeld ( 3 j ) eft le
fîége des diètes du Corps helvétique depuis 1 7 1 2. Les féan-
ces fe tiennent fur THôtel • de -Ville. Des modernes faifant
allufion au nom de Frauenfeld y qui défigne en allemand
la Campagne des Dames y Font grécifé par celui de
Gynopedium. D'autres Savans ont de même appelle Par--
tfienopolis la ville de Magdebourg y en Allemagne.
La feigneurie de Gachnang[ 3 4.) ou Gachlingeny à une lieue
de Frauenfeld , dans la proximité du comté de Kibourg ,
eft de Religion mixte. La Maifon de Beroldingeny qui Ta-
voit héritée en 1J87 de celledeHeidenheim, la vendît en
1610 y avec le château y à T Abbaye d'EinfidIen , qui la fait
gérer depuis cette époque par fon Capitulaire , Admi-
niftrateur de la Seigneurie de Sonnenberg, La Collation de
la Paroiffe ( j j ) de Gachnang , appartient à l'Evêque de
Confiance comme Seigneur de l'Abbaye de Reichenau.
Elle eft très-confidérable, & comprend dans fon circuit
vingt- quatre villages & fermes, la plupart de la Religion
Réformée.
Le Château & la Seigneurie de Keffikony dans la paroiffe
de Gachnang y fur la frontière du comté de Kibourg , ap-
partiennent depuis 174.2 à une branche (3 5) de la Maifon
EJcher à Zurich» Il y a la ligne de démarcation entre la Tur-
(33)Leu, iiftf. tom. VII , p. îo^-3I4,8cc.
(}4) Le même, ibidem^ tom. VIII « p. 3 » 4 « &c.
Us) Tant la nomination du Curé que celle du Miniflre: celle- ci a pouc
re'gle le Traité d'Arau en 171 1.
(3^) Diftinguée par le furnom de G/ax, de celle d'E/cAer, dite de Lucns.
Voyez fur ces deux branches le Diâionnaire Hiftorique de la Suifle par
Leu > tom. VI , p. 4zS - 44 1«
govîe
DIL XAS U I s s E, 4149
govîe & le Comté de Kibourg , dans la cour & la cuifine
du château de Keffikon. Ce château eft très - bien tatî.
Cette Seigneurie (37) contient les villages de Keffikon
& Ifliken.
La feigneurie ^Ellicken (38) fur le Thour , comprend
le village & la paroiffe de ce nom, de Religion Réformée,
à une lieue au - deffous de Frauenfeld , fur la frontière du
comté de Kibourg , où Ton trouve le hameau Elliken
fur le Rhin. Cette feigneurie appartient depuis i n^ à la
ville de Zurich , qui la fait adminiflrer par le Bailiif de Ki«
bourg. UEvêque de Conftance , ^ fa qualité de Seigneur
de TAbbaye de Reichenau , a la collation de la paroiife
^Ellicken.
La Chartreufe (3p) Shtengen eft fituée fur la droite du
Thour , dans là proximité du confluent de la Mourg avec
le Thour , & à une lieue de Frauenfeld , tirant au nord*
C'étoit originairement un château où réfidoient les Barons
ou Nobles Trukjefs ^Itdngen , en latin Dapiferi de Ittin-
gen y ainfi appelles y parce qu'ils rempliiToient à la Cour des
Ducs de Souabc la charge de Grand- Maître de leur mai-
fon. En 1128 , quatre Gentilshommes frères , Trukfefs
Shtingeny changèrent leur château en un couvent , pour y
placer douze Chanoines réguliers de S. Auguflin. Les
Ducs de Bavière , Henri & Welf fon fils, qui poffédoient
des terres confidérablcs en Souabe & en Turgovie , com-
me héritiers de la première Maifon des W^elfs , contribuc-
(^7) Leu, ïbii, tom. XI, p. f 8.
(}8) Le même , îkii. tom. VI , p« 308 , 30p.
(3P) Le même, iiûLtf X , p. 6%it 8cct
Tome X. - li
ajo TABLEAUX
rent beaucoup par leurs bienfidts à la fbndaden de la Fré«
Toté dlctingen. L'ao 14^1 oe Couvent ayant été fort ap-
pauvri j le Prévôt Guillaume Neydhard en vendit PEglife^
les bâcimens^ & tous les biens annexés ^ au Ch^itregé^
néral des Chartreux^ avec le con(èncement du Pape, de
TEvêque de Confiance ôc des cantons Co- Régens de la
Turgovie. Cette Chartreufe eft élégament bâtie , & fes
revenus font confidérables. Elle a la collation des deux
ParoifTes Hautweilen £c Kslengen, & la bafle-Jurifdiâion
dans plufieurs villages limitrophes.
L'Abbaye des Religieufes de Kalckren (40) ou Kal--
chrein y de TOrdre de Cîteaux^ fous la direâion fpirituelle
de l'Abbé de Wettingen y eft fituée fur une hauteur entre
Steinegg & Herderen : elle a été fondée en 1250 par les
Barons de Hohen ^ Klingen y & enrichie par les donations
de la noblefle voillne y & entr'autres des Seigneurs & Che-
valiers de KUngenberg. Elle exerce la bafle - JurifdiâioQ
dans quelques diftriâs. L'AbbefTe a la collation de la pa*
roifle catholique de Herderen.
La Seigneurie de Mammeren (4 1 ) > anciennement Mati'^
huren y avec le village ( * ) & la paroiffe de ce nom y de
Religion mixte, appartient depuis i68d à TAbbaye de
Rheinau : elle appartenoit précédemment à une branche des
Barons de Redirige au canton de Schireitz. L'Abbaye de
Rheinau y réunit en iffpo les droits du château de Neu^
(40) En latin , CeUa Bea$a Virginis ai cUvum cakarîuau Votcz Leu, ibid»
tom.XI, p. 18 f fp.
(41) Léo , ibii. tom. XII , p, 473 - 474; 8t tom. ZIV, p. )jr.
f^) Pknehe^n^ i}7.
DB l A su I s s E. %sx
hourgy qu'elle avoit acquis des mêmes Barons de Reding.
Ce Château eft en ruines ^ mais celui de Mammenn j oii
réfide ie Bénddiâin adminiftrateur ^ mérite l'attention du
Voyageur. Il eft (itué fur le lac inférieur de Confiance ^
entre Efchenz 6c Stekboren.
Le Château & la Seigneurie de Freudenfels y à la gauche
du Rhin, fur une hauteur au - deiTus de la ville de Stein ^
appartiennent depuis 1^23 à l'Abbaye d'Einiidlen , qui en
f;^it gérer les droits avec la baffe - Jurifdiâion des villages
voifins , les deux Efchem^ & cehii de Bornhaufifi , paï
un de fes Capituiaires y réfidant au château de Freudenftls.
La Jurifdiâion de Redirige ainfi appellée^ parce qu'elk)
appartient aux héritiers de M. le Baron de Rheding y mort
Chancelier & Capitaine général du Landgraviat de laTur*
govie y à qui les cantons Co-Régens l'avoient donnée foua
certaines réferves y comprend plufieurs difiriâs en ferme»>
dans le voiûnage de Klingenzell & de la Jurifdiâion d'It-*
tingen.
La balTe Jurii<Kâioii du faubouig y annexe au pont de
Sieinfurle Rhin, appartient à cette ville; mais la haute-»
Jurifdiâion a été cédée par la paix d'Arau en 171a ^ ati
canton de Zurich y par les cinq Cantons catholiques Co-
RégesiS de la Turgovie. Le même Traité réferve aux canh
tooa de Berne y Glaris y Fisbourg & Soteure y la Judicacuie
ciiminelle dMace fiMxbcurg ^ où tous ks haUtans foot ett
«ttéme- ten>p$^ BoûigieiM de kt viUe de Stein ^ à qui le can*
ton de Zurich a cédé ks nouveaux droits à titre de fief
héréditaire.
Le Château^ la Seignemie fc la Fié«^é f^^cularlfée de
Jf^agenhaufcii y appaxtiertoent dlâpu& i/jptf à !a ville de
â52 TABLEAUX
Stein fur le Rhin. Cette Jurifdiâon' comprend le village
& la paroifTe de Wagenhaufen y fur la gauche du Rhin ^
au-deffous de Stein ^ & plufieurs hameaux. La collation
de la paroifTe de Jf^agenhaufen efl à la nomination de la
ville de SchafFhaufen. Le Curé porte le titre de Prévôt en
mémoire de Tancîenne Prévôté de Bénédi£lins , qui exif-
toît à Wagenhaufen , & qui fut fécularifée en 1^28 au
changement de Religion. L'origine (42) de cette Prévôté
remonte à la fin du onzième fiécle. Elle dépendoit de TAb-
baye d^ tous les Saints à SchafFhaufen.
Le Château (43) & la Seigneurie de Steinegg^ font à
la ville de Zurich depuis i y 8 1 • Le Baillif qui la gère au nom
de cette République avec la Seigneurie de Stammheim ^
rende au château de Steinegg , bâti fur une hauteur entre
Huttveilen & Stammheim , dans la paroifTe de Hutt vei-
lein y fur la route de Stein à Frauenfeld. La Préfeâure du
Baillif dure douze ans. Il efl tiré du Grand -Confeil de
Zurich. On trouve au- deffous du château de Steinegg un
petit lac du même nom. Les Nobles de vf/ei/zé*^^ font illuf-
tres dans THifloire de la Turgovie. Us ont été auffi bien-
faiteurs de PAbbaye de Fifchingen.
Le Château & la Seigneurie de Neunforen (44) y appar-
tiennent depuis i58o & 1 5p8 à la ville de Zurich > qui en
fit Tacquifition : elle appartenoit à la Maifon de Stoker à
SchafFhaufen. Le Bs^illif ^ dont la Préfeâure dure neuf ans ^
& qui efl extrait du 'Grand -Confeil de Zurich, réfîde au
(4^) Lea » ïbiiem , toin. XIX > p. zp » 30 » &c;
(43) Le néme « ihii. tom. XVII , p. J78-580;
(44) Lemêmci ïbid%tom. XlVyp* 118, 119.
DÉ LA SUIS SE. 153
château , dans le village de Neuforen d*en haut , où eft
auflfî rÈglîfe paroirtîale. Les deux villages , le haut SC le
bas Neuforen , font féparés Tun de Tautre de la diftance
d'un quart de lieue : le château eft fur une hauteur , à la
droite de la rivière duThour. Tout ce Bailliage > qui pro-
feffe la Religion réformée , eft affujetti aux mêmes régies
que les autres Seigneuries de la Turgovie.
La, Jurifdidion du bourg de (4.;) Stammheim , com-
prend les deux villages de ce nom , le haut SC le bas , en-
tre Wincerthour> Frauenfeld^ Stein fur le Rhin> & Dîef*
feinhofen > dans une campagne fertile en bled , avec des
vignobles. L'Eglife de Paroifle eft dans le bas Stammheim;
PAbbaye de Saint -Gall en a la collation. L'Emperetft
Charles le Gros lui en fît la donation à la fin du neuvième
fîécle. La ville de Zurich acquit en 14^4 la fèigneurie de
Stammheim des Nobles de Klingenberg ; elle en forma
un Bailliage^ & le réunit dans la fuite ^ en 1^84 ^ à celui
de Steinegg dont j'ai parlé. Le Baillif y exerce prefque
tous les droits de fouveraineté ^ excepté la Judicature
criminelle^ qui eft du reflbrt des dix premiers Cantons,
Cette Seigneurie eft aufli très - confidérable par fa popu-
lation & fon produit. Tous fes habitans font de la Religion
réformée.
Diejfenhofen (4^) ou Diejfenhoffe/if eft une grande ÔC
belle ville fituée fur le Rhin ^ entre Stein & Schaffhaufen.
Elle a de belles & larges rues ^ des maifons bien bâties ^ & un
beau pont fur le Rhin. Quoiqu'elle appartienne^ comme
' ' * * i . ■ I ■ . j ———————
(45) Le même\ ibii. tom. XVII > p. 498 1 ^99» 6cc.
(46) Le même ïbii. tom« VI > p. ^ 3 - ^ » 8cc.
Jtler€ûC'àt%s^1Béguihe»%œrrdQ^^on ellds bâtirent' leur Goîr-
vent. Elles cmbrafferent en 124^ la Règle de S. Domini*
que. Les Comtes de dCibourg & de Habfpourg^ les Ducs
d'Autriche , & la ^J6ble(^e du Hegau ^ enrichirent de leurs
bienfaits cette maifon. Lçs neuf Cantons^ fouverains de
DiefTenhofFen^ confirmèrent en 147; les privilèges de ce
Couvent. Uhiftoîre rapporte qu'en 1750 les ReligieufeSj
voyant la Religion catholique abandonnée à Dieffenhof^
fen & dans tout le voifînage , & fe voyant elles-mêmes
abandonnées de leurs Prêtres , qui embraflferent la nouvelle
doârine ^ demeurèrent fermes dans la Catholicité ; comme
elles n'avoient perfonne pour leur dire la Meffe , elles la
chantèrent elles -mêmes 5 & établirent une d'entr'elles
pour leur prêcher. L*Eglife du Couvent eft. une des plus
belles delà SuifTe;; on y voit des tableaux d'un grand prix.
Les Religieufes fe font alTujeties, en lyip^ au vœu de
manger maigre pen^nt tout le temps de leur vie. Elles
font fous la' direâion du Provincial dçs Dominicains dans
la haute- Saxe ^ qui leur envole deux Religieux pour def-
fervir TEglife. Les revenus de ce Couvent font confidéra-
blés; audi le nombre des Religieufes montet-il à qusurante.
Elles ont à leur tête une Prieure qu'elles élifent ou confir-
ment à certains temps. Le Couvent pofTede la baîTe- jurif-
diâion ^ Rudolfingen y dizm le Comté de Kibourg^ £c
de la Corinthie. lis prononcèrent , le i6 Novembre , que TEmpereur Louit
de Bavière promettroit par écrit <îe conférer la Corinthie aux Princes d*Aa-
triche, en cas que Henri < podëfTeur a<^tuel de ce Duché , vint i mourir (ans
htfféïr un fib. Ces Aâes Tont rapportés par le Jéfuite Steyerer^ dans fes Cm-
mentaritprùHiJhria AUenifecutàdt, Ducis Aufiriœ , p. 7^» ^^^9 & inter Addith^
celle
DIE LA *S VI S^S E. 257
celle d'Obcr - Gahlingen , âans le LahiJgraviat dcNellîn-
bourg, conjointement avec là feigneurie de Gahlingen.
Paradis (49) > eft une Abbaye de filles , de TOrdre de
Sainte -Claire y bâtie au bord du Rhin, fur la gauche de
ce fleuve , à une forte lieue au - defTous de Confiance , &
à une autre de DieflenhofFen. On lui a donné ce nom à
caufe de fon agréable fituation. Hartmann f ancien ^ Comte
de Kibourg, a été le principal bienfaiteur de ce Couvent
dans le treizième fiécle. On rapporte le premier établifle-
ment à un Béguinage dit auflî Paradis y & qui avoit été
formé dans la ville de Confiance (jo). Quoi qu'il en foit,
le couvent aâuelde Paradis, reconnut en 1477 pour fes pro-
te£fceur8, la ville de SchafFhaufen , &y obtint le droit de
Bourgeoifie. Cette protedion cefTa au changement de Re-
ligion ; SchafFhaufen ayant embraffé la nouvelle réforma-
tîon, PAbbefTe elle-même & fes Religieufes, fuivirent
fon exemple. Mais en i n ^ > après la vitboire de Cappel ,
les cinq Cantons catholiques , Co - Regens de la Turgo-
vie , fongerent au rétabliffement du Couvent , dont les
revenus y avoient été fécularifés par les SchafFhufiens. Ce
(4^) Leu , ibid. tom. XIV, p. 38 j- 387, &c.
(jo) Dom Errgott a rapporté ( CoJfJC probationum GeneaL Halsburgicœ , pag.
309), une Charte du é Décembre 11J3, par laquelle Hartmann t ancien y
Comte de Kibourg, donne au Couvent de Confiance, dit de Paradifo , de
rOrdre de Saint Dawien , (autrement de S. François), la ferme de Swar^a
près de Scbaffbaufen. Une autre Charte de iifS, {Ibidem^ p. 341-343,)
porte que le même Cemte donnoit au Couvent de Paradis^ de l'Ordre de
S« François, tout ce qu*il poflfédoit â Swaria près de Scbaffbaufen , avec la
collation de cette Eglife. Ce village Schwar^a , nViifle plus : fes pofreffions
ont <tét avecle temps, incorporées aux diverfes fermes du Couvent de
Fctraàis. -
Tome X, Kk
aj8 TABLEAUX
xécabUiTement fouf&ic de grandes difficulté; & aafin M|^
confommiS.cn I578« Depuis cet^ê époque rAdyocat^ew
Couyeot êft àfieôée aux cinq C^tQnii (âtÉQ^qôes^Oiy dia
du Couycnt des C/ori^j à Villiiigen , trois ReligîeufesV
qui rétablirent l'ancienne Régie dans celui de Para J!r>. La
diteâion fpirituelie appartient à chaque ^rQvinciat de f Or-
^Lre des Cordeliers de la Province, d^AHajpe* Ce Couvent
eft le feul de là Turgovie qui n'a aucune JHrifdiâioQ exté-
rieure , hors de Tenceinte de k^ murs. Jt poflede plufîeurs
fonds fonciers dans la Turgovie. Mais Une grande partie
de fes revenus primitifs au-delà du Ehin 9 é.é retenue par
la ville de SchafiThaufen^ qui les fait adminiftrer àfon pro*.
fît par une DîrcÛion dite C Adminifirûtion de Varadis.
: ÛÀb1)ay e de Rheinau ( * ) , de TÔrdre de S, Benoit , en
latin^ Rhenaugia , Rhcni Augia , & Rkenùvium{ y i ) > e^.
célèbre par fon antiquité avec le bourg ou la petits ville
.du même nom y qui eil fituée au bord du Rhin^ à une lieue
& demie au-defibus de SchafFhaufen y dans un endroit Oi!i
le Rhin fait tant de tours ^ 6c va tellement ferpentant qu'il
lemble vouloir remonter vers fa fource. Cette ficuation ,
avantageufè pour la fortifier ^ fe préfente dans une prd^.
C*) P/tfçcifj, n^Sj ifotfiZf, 8cii4. " '\
(j 1 ) fieati MuQS Traâatus de Jure Advocatis mtelaris lAonafieffii Rheilo*
vienfis, LucemiB, 1748. M-4®. • .' ■.
Gatlia Chriiliana nova , tom. V, p. lootf- loio^PatiGis 9 t7^*vi'fil.£gm
Htfioria Àbbati» Rhenovienfis • Aaôore » R. P. Maurido Hohenbauai
Yan-der-Meer. -«- Donauefchingen, xyi^^in-fol. Germanicè* *
Iah^ Diâion. Hift. de la Sulfle , tom* XV t p« 204 - xx^
Gefbcrtif Utt Alemannicum » p. x^i * }oo. TypiSana-BlafioDJiSi tf^%mifh >
«••'cumfig.&c. ■• •..*•- ;[
■ ■ -.."■■• ^-r «* ■ r^\ l
: ' • . ■ ~ . ■ - ■ -^ '
7ÎHW» X. .qyo %é8.
fl. SjJ.
MIÏ
i*!^
!^. . .
^^ ^ Ç g
i^ ^ $ ^ \i
^•^^^^•
'^J 5
i-S
s.': J
1
•>^
I:
?^ S
9.
-fi.
j
DE LA SUISSE. 159
qu ifle étroke , qui eft exa£lement enfermée par le Rhin de
trois côtés 5 & les deux cours du Rhin ne iaiflanc ^ pour
lentréa de la prefqu'ille > qu un ifthme ou paifage aflez
étroit du côté de la Suifle , & qu'on peut garder facilement.
Aufll ce local étoit - îl du temps des Romains lune des
plus fortes places qu*ils euffent pour arrêter les courfes
des Allemans.On voit encore de vieilles murailles, qui font
les marques & les reftes de fa primitive grandeur. Dans cet
endroit , le Rhin fe partageant en deux bras, forme une
petite ifle, qui eft occupée par une belle Abbaye de Béné»
didins, fondée vers l'an 778 par le Comte If^idfekard qm
Jf^ûlf^ r Auteur de la première Race des Wtlf\ Ducs 6c
Comtes en Souabe & en Bavière , & perc de l'Impératrice
Judith , féconde femme de l'Empereur Louis le Débonnaire,
& mère de TEmpereur Charles le Chauve. On paflc de la
ville dans le Couvent fur un beau pont de pierre ; outre ce
pont| îl y en a un autre par lequel on paffe fur les terres
d'Allemagne, 6c qui eft le quatrième que Ton ait fur le
Rhîn, depuis qu'il eft forti du lac de Confiance- L'Eglife
Abbatiale, flanquée de deux clochers, eft magnifiquement
bâtie- On y voit le tombeau de S. Findan , EcoflTois , qui
étoit Religieux de cette Abbaye dans le neuvième fiécle.
Parmi les Epitaphes , il y en a une des ^<f//^ , fondateurs &
bienfaiteurs. On y lit auffi celles de trois Prélats de laMaifon
des Barons de Zur-Lauben , dont deux Abbés de Rheinau,
Gérold I , mort en 1 (Î07 , 6c Gérold II ^ décédé en 175 y ;
le premier , Réformateur célèbre de cette abbaye, 6c Tau-
tre Reftaurateur : entre ces deux Prélats repofe le corps
de Placide , Abbé de Mûri , frère aîné de Gérold II, qui
a mérité le titre de nouveau Fondateur de fon Abbaye, Il
Kk %
i6o TABLEAUX
a été le premier des Abbés de Mûri décoré de la dignité
de Prince J'Empire ^ & il mourut à Sandegg, Tun de fes
châteaux enTurgovîe, en 1723. Tout le bâtiment de
l'Abbaye eft en général fomptueux. Il y a une Bibliothè-
que riche en Mahufcrits 6c en rares Editions ; une falle
ornée de belles peintures. UEglife & prefque toute FAb-
baye ont été rebâties dans ce fiécle par l'Abbé Gerold II ^
dont nous avons fait Téioge.
On ne connoît nulle part en Suîfle /'d'autre Abbaye
où les Lettres foîent plus cultivées qu'à Rheinau. L'Abbé
a£tuel les protège fîngulierement, & on voit à la tête de
fes Religieux , Dom Maurice Hohenbaum Van-der-Meer ^
que j'appellerois volontiers le Mabillon de la Suijfe , (i
je ne craignois de blefler fa •modeftie. Indépendamment
de THiftoire Diplomatique de fon Abbaye qu'il a cora-
poféc, & dont il a publié un extrait en 1778 à Toccafion
de la fête de l'époque millénaire depuis ia fondation du
Monaftere > il travaille à THiftoire Eccléfiaftique de la
Turgovie , qui eft une partie confidérable du Diocèfe de
Confiance. Il a été très long-temps Prieur de fon Abbaye^
& eft préfentement Secrétaire général de ia Congrégation
Bénédidine en Suifle 9 promotion que lui ont mérités foo
zèle 6c ks rares qualités. Il eft natif de la ville de Nur
remberg.
L'Abbé de Rheinau a haute & baffe Jurifdiûion fur le
bourg pour ks affaires civiles & criminelles; mais comme
FEglife ne répand jhinais le fang j il remet les criminels
entre les mains du Baillif de la Turgovie pour en faire
l'exécution ^ £cles biens confifqués appartiennent aux huit
anciens Cantons qui6Qt/'^voctf//>duMonaftere« L'Abbé
DE LA S U l S SE. 261
a la collation des Paroifles Catlwliques de Rheîrau , Jef-
tetten, Rheinheîm, Erzîngein, Buel, Bakerfchveil &
Mammeren ; il a auffi celles de la paroîffe de Berg dans le
canton de Zurich , & celle de Mammeren , de la Religion
réformée. Il poflede la baffe - Jurifdiâion à Aazen dans le
canton de Schaffhaufen> à Jeftettcn & Altenbourg dans
le comté de Sultz^ qui appartient au Prince de Schwar-
zenberg; à OfFtringen , dans^ le comté de Stuhlingen , qui
dépend du Prince de Furftenberg , & à Mammeren fie
Neuenbourg, en Turgovie. Les habitans du bourg de
Rheinau font de Religion mixte depuis 152p. L'Eglife
paroiflîale fert au culte.des deux Religions.
Il y a encore dans la Turgovie plufieurs fiefs ou réfi^
dences nobles , qui jouiffent de droits feigneuriaux dans
leur circuit, 6c dont les propriétaires ont féance aux aflem-
blées des Jurîfdidions du Landgraviat à Weinfelden j
6c contribuent pour leur part aux taxes réglées par ces
affemblées. Parmi ces fiefs eft le château de Mammertsho^
J'en y qui relevé de TAbbé de Saint -Gall, 6c qui appar-
tient à la Maifon Meyer de Baldegg à Lucerne , depuis
17^0. Ce château eft fitué dans la paroifle de Roggveil,
fur les confins de Tancien territoire de TAbbaye de Saint-
Gall. ijt Baron Rueppli , Baillif de TEvêque de Confiance
à BifchofFzell , pofféde à Tegerveilen , fur j^ne hauteur , le
fief de PJlan^ergj où Ton a la vue très -étendue fur tout
le Lac de Conftance^ 6c bien avant dans la Souabe. Le
Baron de Landtjée poflede dans la même Jurifdidion de
Tegerveilen , le fief libre de Hoch/lraff. Celui du haut-
Gyrfpergy près de Gonftance , appartient à M. A"«/z:5[,de la
ville de Saint - Gall. L'Abbaye impériale de Zwyfaàen en
45i TABLEAUX
Souabe> a la propriété du fief de Gyrfperg dît Minier*
Gyrfperg. UAbbaye ou le Chapitre de Marchtalem en
Souabe y poflcde le bas Gyrfperg. Le fief de Hard^ qui eft
en partie dans le bourg Ermatingen , appartient à M. Da^
niel Zoliikofer de Saint - GalJ. Son frcre Tobie poffede y
dans le même bourg Ermatingen , le château Relling. Au*
deflus ^Ernetingen y Air une hauteur , cft la réfidence no-
ble de W^olfberg y qui dépend d'un Gentilhomme de la
Maifon de Breiten^Sandenberg. Le château Haerder^ en*
tre Tegerveilen & Gottlieben, dans une fituation déli*
cieufe ^ fur le grand chemin de Confiance y appartient à
M. le Colonel de Baer , au fervicc de TEmpereur.
Le château dt S aUnJlein ^ àx(\% la paroiffe Ermatingen,
a pour Seigneur le frère de M. de Breiten- Landenberg ^
qui poffede Wolfberg, Un autre Gentilhomme de la mê-
me Maifon, a la réfidence noble de Hubbergy au village
de Fruttveilcn dans la même paroiffe Ermatingen,
Un Confeiller de la ville de Confiance, M. Strengy po(^
fede près de Salenftein , le château dit Arcnenberg^ fur une
hauteur , au-deffus de Mannenbach.
Le château de Sandeggy fur une montagne , au^deffus
du vilhgt Ber/ingen y appartient depuis i5p5 à T Abbaye
de Mûri. La Prévôté de KUngen-^^ell , au - deffus des villa-
ges Efchenz Ôc Mammeren , qui a été fondée en ijjtf par
le Baron Jean - Walther de Hohen - Klingen , & qui appar-
tenoit à T Abbaye de Saint - George à Stein fur le Rhin , a
été réunie à l'époque de la fécularifation de ce Monaftêre
à celui de Petershai^en à Confiance.
Le château Thurbergy au mont Qttenberg , entre Weîn*
ftlden âc Màerftettcn , efl à M. Schaerer^ de Saint- Galt
DE LA SUISSE. 26^
M. fP^im de Rudtn^j Capitaine général de la Turgovie j
a en propriété Taegerfchen y entre Tobel ^ Lommis &
Sonnenberg.
L'Abbaye de Fifchingen poflede depuis i(J8o, le fief
de Wilderen , dans la paroiffe de Tobel. Il appartenoit au-
paravant aux Nobles Tritt de Confiance. Cette Maifofi ori-
ginaire de Como en Italie ^ où elle étoit connue fous le
nom de Triddi , eft préfentement éteinte. Bucelin (y 2)eri
a donné la généalogie.
Le Clarifeggy belle terre, voifine de TAbbaye de Feld-
bach y appartient à M, Hoegger de Biliaire y à Saint-Gall.
la baffe- Jurifdi£lion , attachée à la Tour de Stekboren , eft
exercée par le Confeil de cette ville comme fief de l'Ab-
baye de Reichenau.
Avant que de finir la defcription de la Turgovie, on
dira un mot du Corps des Stigntutsji^iciers^ tant ecclé-
fiaftiques que féculiers , qui tient fes affemblées annuelles
à Weîfelden pour veiller à fes droits & prérogatives , 6c
régler les taxes néceffaires. Ce corps élit le Capitaine
provincial de la Turgovie , fous la confirmation du fyndi-
cat des cantons Co • Régens à Frauenfeld. Cette charge
qui eft à vie , alterne entre les Catholiques & les Réfor-
més ; le Seigneur qui en eft revêtu , a la direûion de Faf-
femblée à Weînfelden , & en temps de guerre il commande
les milices du Landgraviat. La féconde charge après le
Capitaine provincial , eft celle de Lieutenant du pays ;
elle eft toujours conférée à un Catholique, lorfquela pre-
{%ï) Confiantia Stemmatographica # p« loi.
*-*^
264 TABLEAUX
miere eft dévolue à un Réformé. La place ^Enjoigne du
pays alterne de même entre les deux Religions. Mais les
feuls Seigneurs ayant jurifdidion , peuvent remplir ces
Charges. Leur rang dans Taffemblée eft réglé , & ceux des
deux Communions tiennent des féances préliminaires &
préparatoires^ les Catholiques ayant pour pré(ident un Bail-
lif épifcopal de Confiance ^ & les Réformés celui de Wein^-
felden.
ARTICI.E IL
p. _ -t-— . ,
DE LA su I s s E, 7.6s
A R T I C L E IL
LE Rhe I NT'HA L y de Religion mixte.
JL E Rheinthal {i) , c*eft-à-dire F al- du- Rhin , & en latin
Ringoifia ou Rkegu/coïiim f^allis , eft un Bailliagç qui
appaccient au3C huit anciens Cantons & à celui d'Appen-
zell. Il a au levant le Rhin ôcles Comtés de lEmpire,
Feldkirch , Montfort & Bregentz , qui dépendent de la
Maifon d'Autriche , &' celui de Hohen-Embs ; au cou-
chanc 9 le Canton d'Appenzell; au midi la Baronnie dç Sax^
qui eft* fous la Souveraineté de la ville de Zurich , & au
nord le lac de Confiance & le territoire de TAbbé de Saint*
Gall. Sa longueur porte. fvir huit lieues^ & fa plus grande
largeur fur trois ligues ; il y a même des endroits où elle
efl: plus rcflerréé. Sa capitale eft la petite ville de Rhei^
iugg{* ) avec le château où rélîde le Baillif j que les Can-
ton^ Co- Régen& y, en voient alternativement; favoir^les
fept premiers Cantons tous les deux ans , c'eil- à-dire cha-
cun feulement tous les dix- huit ans y au ^ lieu que les
Cantons de Glaris ôc d'Appenzell y nomment chacun à
: (i)L<ttt Diâ.Hift.deIaSuifle»tom. XV»p.i)o-i4U
L'Etat 8c les délices de la Suifle , toih. IJI , p. 157- 1 tfo; dernière éditton
Je 1754.
Faefi^ Topographie de la Saiflè» toro. III > p. \xZ , ixp ; 8c a8i-)i t.
FuiSsUn , Topographie de la Suifle y tom. IV , p. 44 * 4^«
TfcharniT , DiA. Geog« de U Suifle , tom. U» p* 104 - lOtf , &&
(•) Pi«iicAf,n*. 1)4*
Tome JC LA
266 TABLEAUX
leur cour tous les feize ans. Cette difparité a lieu depuis la
paix d'Ârau en 17 12 : le Canton de Berne fut admis par ce
Traité à la co - régence de ce Bailliage ^ fans préjudice ce-
pendant des droits précédens que Glaris & Appenzell y
avoient , & qui leur ont été confervés dans leur intégrité f
parce qu'ils avoient embrafTé la neutralité pendant la guerre
civile de 1712. C'eft auffi en vertu de ce Traité que le
Chancelier ou Secrétaire balUval y eft toujours de la Re-
ligion réformée, & nommé alternativement tous les dix
ans par les Cantons de Zurich y Berne ^ Glaris & Appen-
zell. Ce même Traité autorife les Cantons catholiques à
nommer \t Lamdamme Provincial ^ qui doit toujours être
de leur Religion, mais jufqu à préfent ils n'ont pas exercé
ce droit.
Les plus anciens habitans du Rheinthal étoient les Re^
gufci , Rhegufciy ou Rigujca , ou Rugufci , qui faifoient
partie de la Rhede , & dont parlent F Une f ancien (2) &
Ptolemée (3). Le trophée (4) des Alpes , érigé fous PEm-
pire d'Augufte, les nomme. Tfchoudi (y) les divifoit en
deux départemens , celui des Rhégufci d'en haut , âc celui
des Rhégufci d'en bas y & il opine que les premiers occu-
poient la partie haute du Rheingauy le long du Rhin , de-
puis le lac de Confiance jufqu à Reichenau en Grifons, où
les deux bras du Rhin , l'antérieur & celui du haut Rhin ^
fe réunifTent. Tfchoudi place les Rhégufci inférieurs à Top-
(2) Hift. Nat. lib. III, cap* lo.
{3) Cofcnogr. Lib. U.
(4) Pline , ihii.
(j)GalliaComata>Lib.II>p. 1879 3108c 3 xit
DE LA SUISSE. 26j
pofice des précédens , le long du Rhin jufqu'au mont
Scalberg ou Scallberg , en latin Schala mons.
Le Rheinihal appartenoit à ^Empire. Les Comtes de
Werdenberg le poffédoient à titre de fief, Léopold , Duc
d'Autriche, s'en, empara en ijp^. Les Appenzellois le
conquirent en 140 j , mais ils le rendirent en 1408 au Duc
d'Autriche. Ce pays changea enfuite fouvent de Maître
jufqu'en 14^0, que les Appenzellois l'acquirent de nou-
veau , en fe chargeant des fommes pour lefquelles il a voit
été hypothéqué. En 1490 ils furent forcés de céder ce pays
aux quatre Cantons (5) proie£leurs de T Abbaye de Saint-
Gall y en paiement des frais de la guerre qu ils avoient faite
à ce Monaftere. Ces quatre Cantons reçurent dans la co«
régence les Cantons d'Uri , d'Undervalden & de Zoug, &
en I yoo les Appenzellois (7). Par la paix d'Arau en 171a
la ville de Berne fut aufli admife à la co- régence.
Il feroît trop long de détailler tous les droits du Baillif,
du Secrétaire Baillival , du Landamman , de chaque. Jurif-
didion , des Ammans de Juftice , &c. tout cela eft réglé
par les loix> les ufages & les traicés. Dans les caufes civi-
les les Juftices jugertt en première inftancei il y a appel,
félon les différentes jurifdiûions , par -devers le Baîllif de
Saint - Gall ou la Cour Palatine , ou le Comte de Hohen-
Embs ; mais- il y a appel des Sentences du Baillif feul à la
Dlete , & dès - là aux neuf cantons Co - Régens mêmes.
Les habitans jouiflent de beaux privilèges , entr'autres du
droit de retrait pour toutes les terres qui fe vendent aux
(^) Zarich , Lucer oc 9 Schweitz 8c Glaris.
(7) Appenzell n*a eu le sang de Canton qa*en ip].
Ll
a58 TABLEAUX
étrangers dans ce pays^ & fans êcre tenus à aucun terme j
ni même au prix d^achat ; lorfqu'ils le fuppofent trop<:on-
udérable > ils ont le droit de faire apprécier la terre par des
Jurés , & de la prendre au prix déternriné. Quelques-unes .
de ces terres font exemptes de ce droit ^ prefque umque
dans fon genre > & qui ne iaiffe aucune fureté des poifef*
fions aux étrangers > c'eft - à - dire y à tous ceux qui ne font
pas Bourgeois dans le Reinthal.
La Religion du pays eft mixte. Les Réformés compo-
fent les deux tiers des habitans. Le Clergé catholique
dépend des Diocèfes de Conftance & de Coire ; & la par-
tie du premier de ces Diocèfes y & qui eft la plus conlidé*
rable ^ forme claffe dans le Chapitre rural de Saint - Galh
Le Clergé Réformé dépend du Synode de Zurich^ & for-
me la claffe du Rheintal. Le canton de Glaris peut occu*
per quatre Pa/lorats , & celui d'Appenzçll extérieur en
occupe un ; les autres (e dorment tous à des Miniftres de
Zurich»
Le pays efl très-fertile , fur-tout en vîn , qu'on y cultîr e
depuis Tan p i8 , en quantité , & d'une très-bonne qualité;
celui du haS'Rheinthal eft eftîmé le meilleur. Outre le vin >
ce pays abonde en pâturages^ en fruits & en lhi> mais les
grains & les légumes y font rares. On y cultive depuis
quelques années beaucoup de bled de Turquie 6t de pom-
mes de terre. La culture des terres a généralement aug-
menté dans ce pays y depuis que la plus grande partie des
terres communes a été partagée & paffée à dos ^ à record.
Ce Bailliage offre des curioficés naturelles. Il y a plufieufs
eaux minérales à Rebftein^ à Kobel-\C^ei(Ii> à Bàlgach
&à ThaL U y a de tiès*belles carrtteies^ d'oà Ton cke
DE LA S U I S S E, 2^9
des mafles de pierre aufli grandes qu^on les defîre.
Le pays eft afTez peuplé. On en évalue la population à
douze mille huit cens âmes. Les habitans s'occupent en
hiver à filer du lin ^ à broder de la moufleline^ &c. Il y a
aufli de très -belles ^briques de toileries^ cotons^ mouG»'
félines^ &c. & tout le monde 5 pour ainfi dire ^ y efl indus-
trieux. Leur commerce efl fort étendu* Il y a des commer-
çans qui tiennent des maifons en Italie & en Allemagne.
Les habitans du Rheintkal font vigoureux ^ braves ôc
'bons ouvriers.
Ce Bailliage fe partage eh deux ferions fort inégales.
Le haut Rheintkal t^ la plus étendue^ & le bas Rheintkal
la plus petite.
Le bas Rheintkal Çt prolonge depuis le territoire de P Ab-
baye de Saint -Gall ^ jufqu'au-delàde la ville de Rhei-
negg 9 entre la montagne de Rorfchach 6c les Alpes du
canton d'Appenzell - extérieur ; on y remarque la petite
ville de Reineggy (en latin Reinecciiim y ) bien bâtie, Ôc
très - agréablement fituée fur la gauche du Rhin , & à une
petite lieue au-defTus de l'endroit où il fe jette dans le lac
de Confiance. C'efl le fiégedu Baillif & du Secrétaire Bail-
lival. Ses habitans font tous Réformés. L'exercice de la
Religion catholique efl cependant permis dans TEglile
paroidîale : il y exifle encore un Autel ; 6c tous les ans ,
le jour de la Fête-Dieu ^ un Capucin prêche dans cette
Eglife. Le château où réfide le BaiUif eft antique. La ville
a fon Confeil civil , mais les appels refTortiffent au Tri**
bunâl du Baillif, ôq finalement à la Diète des neuf Cantons
Co - Régens.
Tkal, gros village , de Religion mixte , oâFre peut-être
170 TABLEAUX
la plus belle vue de la Suiffe. On y voie le lac de Conf-
tance ^ le Rhin j une grande partie de la Suifle & de la
Souabe.
On appelle en langue vulgaire les Communautés du
haut & du bas Reinthal , Roefy c*eft - à - dire Cours. On
trouve dans le bas -Rheinthal la communauté de Thaï ,
qui comprend le village de ce nom & ceux de Feldmaas ^
Bau - ried , Buchenftein, Buchen & Staden. Le haut Rein-
thal a fept lieues de longueur du midi au nord ; fa lar--
geur eil inégale ^ tantôt de d'eux lieues y & tantôt de trois.
Il comprend fept Communautés ; Sainte - Marguerite ^
de Religion mixte , Bernang om Berneggj font les deux
premières. Bernegg a un château où réfide > au nom de
TAbbé de Saint • Gall ÏObervogt ou Baillif ^ pour exercer
la bafle Jurifdiciion dans ce dillriâ & dans ceux de Sainte*
Marguerite > Marbach, Balgach ficEîchberg. Cette Com-
munauté y qui eft de Religion mixte ^ comprend aufli
plufîeurs villages , Au , Am - Mond- Stein , Raflach ,
Wydnauj Schmitter y où le Comte de Hohen-Embs
a la bafle Jurifdiâion y & qui font tous de Religion
mixte ; les autres villages ôc hameaux de la commu*
nauté de Bernegg , dépendent de T Abbaye de Saint-Gall j
pour la bafle Jurifdiâion.
Balgach eft la troifieme Communauté ou Cour du haut
Rheinthal: la paroifle de ce nom a une grande éten-
due ^ & fes habitans font de Religion mixte. On y voit
Gruneinftein.y château qui appartient à M» le Colonel
(9) Pag. i(-i^.
DE LA É^U I S S E. iyi
Diecegen de Salis , en Grifons ^ & la belle campagne Heer-
brugg y qui a pour propriétaire IVL le Lieutenant - Colo*
nel ReiJi , Grifon,
La Cour de Marbach ^ quatrième Communauté du
haut Rheinthal ^ de Religion mixte y comprend le
village de ce nom ^ qui eft confidérable ^ & celui de
Reb'ftein.
La petite ville Aljletteriy très -bien fituée, eft la cin*
quieme Communauté du haut Rheinthal. L'Abbé de Saint-
Gall y entretient un BaîUîf pour exercer la baffe Jurif-
didîon. La plus grande partie des habitans font Réfor-
més. Il y a ici un Couvent de Religieufes du tiers-Ordre
de Saint -François.
Eichberg^ la fixieme Communauté du haut Rhein^
thaï y de Religion mixte ^ eft un village derrière Âltr
ftetten,
La fepti^me Communauté^ Obtr^Ried^ eft la plus
étendue du haut Rheinthal y mais non la plus fertile.
Elle contient le village Ober-Ried tout Catholique» la
Paroiffe Montiglen ou Montligen y Catholique ^ & où
font les limites des Diocèfes de Conftance & de Coire ;
la Paroiffe catholique. Griejferen ou Krieferen y fur le
Rhin; le village Diepol\au y de Religion mixtej la pa-
roiffe Riui y Catholique y qui eft du Diocèfe de Coire ; le
château Blatten où réfîde le Baillif qui exerce > au nom
de FAbbé de Saint -Gall, la baffe Jurifdiaion à Ober-
Ried y Montligen , Griefferen 6c Diepolzau*
Le Saut -du- Cerf y en allemand Der Hirfchen Sprungy
dans la Communauté d'Ober - Ried , eft un diftriû agréa*
ble y entre deux chaînes de rochers qui le ferment peu à
272 TABLEAUX
peu , & qui , à leur extrémité , ne laiffent qu'un paflage
étroit , formé par la nature , long de cent pas , qui con-
duit au chemin du pays d'en- haut ^ àxtOberlandyOxx le
terrain s'élargit de plus en plus.
Derrière Altftetten, au pied du grand Camor ou Gain-
mor , font les eaux minérales de Kobelwéifs ^ & à un
quart de lieue au- deffus eft une fameufe mine de criftal,
dont Walfer a donné la defcription dans fa Chronique (8)
d'Appenzell. Avant que de finir ^article du Rheintkal ^
nous obferverons , au fujet de la Jurifdiâion & des autres
droits feîgneuriaux , que l'Abbé de Saint -Gall les par-
tage avec les neuf Cantons Co- Régens. Chacune des
Communautés ou Cours que nous avons nommées > a deux
chefe ou jdmmans; les Cantons en choififfent un : l'Abbé
choifît Tautre ; & quand il s'agit de partager les amen-
des , l'Abbé en tire la moitié , excepté à Altftetten , où
elles fe partagent en trois parties y dont la ville en tire
une, les Cantons Co- Régens & TAbbé de Saint- Gall
les deux autres. Outre cela, quoique le RAei/uAal Çoit^
pour la plus grande partie de la Religion reformée , l'Abbé
a la collation des Eglifcs réformées , qui font Altfietten^
Marbaçh y Balgach 6c Sainte- Marguerite. Ccs Eglifes
ont le droit de choifir leurs Payeurs , mais elles font
obligées ài'tn élire deux , qu'elles préfentent à l'Abbé ,
& il choifit celui qu^il lui plaît* Elles prennent ordinaire-
ment leurs Pafteurs dans TAcadémie de Zurich. L'Abbé
de Saint -Gall a de très -grands revenus^ & il aprefque
(Gus ceux du haut • Rheinthal^
ARTICLE IIL
^
DE LA s U I s s E, 273
ARTICLE III.
Le Comté de Sargans, de Religion
mixte.
V-i E Bailliage ( i ) confine au levant avec la Ligue Cal--
dée des Grifons, la Baronnie de Haldeinftein & le Rhin,
& au-delà de ce fleuve avec la Ligue des dix Jurif dictions ;
au midi, avec la Haute- Ligue ^Grife y & une partie du
Canton de Glaris ; au couchant , avec ce Canton & le
bailliage de Gafter , & au nord* avec les Comtés de Tog-
genbourg & de Werdenberg : la petite ville de Sargans en
eft la Capitale. Les huit anciens Cantons ^ Co- Souverains
de ce Comté, y envoient chacun à leur tour, tous les
deux ans un Baillif, qui réfide au château (*) de Sargans.
Toute cette contrée eft aflez montueufe ; la vallée , qui fe
prolonge de Wallenftadc jufqu à Ragatz , n'eft pas bien
large ; il y a aufli des vallées limitrophes, celles deCz/n
feijfen & de Weisjlannen. La qualité du terroir y eft la
même que dans les autres montagnes des Cantons voiiins.
Les vallées y font fertiles en bleds & en fruits. Il y croit
même du via en quelques endroits. La longueur & la
(i) I«i , Diâ. Hift. de la SuiiTe , tom. XVI , p. 85 "97» & 140.
L*Etat âc les Délices de la Suiflb , tom. III , p. i^} - 174* Dernière Edition.
Fâtji y Topographie de la Suiflè , tom. III, p. s 11 - 3(4.
Tfcharner, Di6^. géograph.de la Suifle» tom. II , p. 1 if.
Fuefslinj Topog, de la Suifle , tom. IV * p» 49 - 5J > 8tc.
( ♦ ) Planches n*^. 1 jp G» U9,
Tome X Mm
i276 TABLEAUX
en allemand Sanen , la rivière dite en François la Sarine.
Quoi qu'il en foit de toutes ces étymologies , le pays
de Sargans ou Sangans ^ avoit autrefois des Seigneurs
particuliers avec titre de Comtes y qui étoient i0us des
Comtes de "Werdenberg , de Tancienne Maifon de Mont^
fort. Les fix cantons , Zurich , Uri , Schveitz , tJnder-
valden, Zoug & Claris, firent Tacquifition du comté de
Sargans à diverfes époques y dont la dernière fut Tannée
14.83. Berne a été admis dans la Co-Régence de ce Comté
par la paix d'Arau. Claris , qui avoit gardé la neutralité
dans la guerre de 1712, nomme tous les quatorze ans un
Baillif de Sargans y tandis que les fept autres Cantons n*y
envoient alternativement le leur que tous les feize ans , à
caufe de radmiffipn de Berne. Les appels fe portent au
fyndicat annuel de ces Cantons à Frauenfeld ^ & en der^
niere.inftance aux Cantons «ux - mêmes.
Les habitans de ce Bailliage font en général un peuple
fpirituel , martial & très-bien conftîtué ; ils ont beaucoup
d'inclination pour les fervices étrangers ; on loue leur fidé-
lité j & rarement ils défertent des Régimens Suifles où ils
s'engagent, M. le Miniftre Fae/î , qui dans fa Topographie
Helvétique j affiche le plus grand zèle pour Tagriculture
& le commerce, & Taverfion la plus décidée pour tout
fervice militaire chez l'étranger, attribue (9) au goût na-
turel des SarganfoLs pour Tétat de foldat, leur foible
attachement aux travaux ruftiques ^ & leur penchant pour
les diverfes branches du luxe , le jeu y les plaifirs^ &c»
(9) Tome ni, p. 3 34,
\
\
.A ';VV V
[
DE LA S VISSE,
^77
LE HAUT SARGANS.
J-J A petite ville de Sargans y Capitale du Comté | eft
fituée prefqu'au milieu du Bailliage, & bâcie fur la croupe
d*un petit mont > qui eft une branche de la grande monta*-
gne, ou plutôt de la chaîne de montagnes qu'on nomme
Schaiherg^ {Mans Sca/a) ^ & qui couvre la ville du coté
du nord. Aw-deiïus de la ville, fur un rocher qqi la com-
mande j eft un château où réfide le Baillif, Le Gouver-
nement confifte en un Avoyer que le Baillif choifit entre
trois fujets que la Bourgeoifie lui préfente j & en un conJtil
de douze AfTefleurs que la Bourgeoifie nomme : cette
Régence juge les afFaîres civiles; le criminel eft réfèrvé
au Baillif. Le château étoic la réfidence des anciens Com-
tes de Sargans, Le Baillif a pour Officiers & Confeillers le
/e Landammann , le Secréiairé du pays & V Huilier ou
Grand Sauiien Les deux dernières charges font à la no-
mination des Cantons Co- Régens i mais celle de Landam-
mann ne dure que deux ans; chaque nouveau Baillif ta
remplit à fon choix parmi les trois candidats que lui pré^
( : les trois Communautés de Mels* de Wartau & de
Fi unis j dont deux font Catholiques , & un de la Rélî^
gioû réformée.
Près de la ville de Sargans > du côté de Ragatz , il y a
une fontaine d'eau foufrée & froide , avec un bain qui paffc
pour être propre à guérir divers maux.
Ragats^p en latin Regacium ( lo) , eft un gros bourg ,
(lo) Uoe Cfaaiitc de r Abbaye de Pfcffcr» en io|o^ citrfe par Ttchuii^
' « -r:»-
laxszja^
jrz — ::— icbc x
/
DE LA S U l S S
279
chenau , dans une ifle du lac inférieur de Conflance > &
mourttt en 75^4. On lui attribue aufli rétabliffement de
plufieurs autres Monafteres en Allemagne 6c en Alface j
encr'aucres celui de Mourbach dans les Voges en 727. Les
premiers Religieux de PfefFers furent tirés de FAbbaye de
Reichenau. Mais on ne fait pas la date précife de la fon-
dation du Monaftere de Pfeffers i on la place commune-
ment vers Fan 73 1. Ses Abbés portent le titre de Princes
de TEmpirej depuis que Pun de leurs prédécefleurs Ro-
dolf, né Comte de Montfort ^ reçut cet honneur de TEm-
pereur Henri VI par un Diplôme daté de Worms en No-
vembre iiptf. Cependant les Cantons fouverams du pays
ont droit d'infpe£tion & de prote£lion fur cette Abbaye
& fes terres.
L'Abbé eft Seigneur de tout le pays (12) d'alentour 6c
particulièrement des Bains dont je vais bientôt parler. Il a
la collation des Paroiffes catholiques de Pfeffers, Ragarz ^
Vettisi Vallens , Vilters, Melz , Wangs , Weiftannetz,
Wallenftadt , Quarten & Quinten ^ & au0î celle d^Ef-
chen (i j) dans le Comté de Vaduz , qui appartient au
Prince de Liechtenftein. L'Abbé a le droit de faire defler-
vir ces Paroiffes par fes Religieux. Il a encore la colla-
tion de la Paroiffe catholique de Buoskirch , dans le ter-
ritoire de la ville de Rapperfchveil ^ & celle de la Paroiffe
Réformée de Flefch, dans la Seigneurie de Meyenfeld en
(11) Dans un dîûri^ .qui a près de cinq îîeuet & demie en fongtieur, Se
oà fc trouvent les quatre Comn:mnautés Kag{it\x P/cfferSp Vettis ôc VJkm*
(] 3) UAbbé a en Ton nom un Religieux , Ficc Gèrent à Ëfcfaai , poui la
geflîon de fei droits 8( la pet ccption de £u r eirenui*
a8o TABLEAUX
Grifons.. L'Al>bé'ell immédiatement fournis au Saint-Siège ^
quoique fon Monaftere foitfitué dans le Diocèfe de Coiie.
Il a lé troifietne rang parmi les Prélacs de la Congrégation
JBéhcdifltine en Suîfie.
. La ftruûure de T Abbaye (*) eft fort belle. Elle fut
cônfuméè emierement par le feu en \66^ le ip 0£lobre.
Mais elle a été rebâtie avec plus de magnificence qu'au-*
paravant ; & elle eft toute incruftée de marbre noir , rayé
de blanc y depuis le rez- de -chauffée jùfqu au toît , qui eft
couvert d'ardoifes noires. On commença cet ouvrage Tan
1573 5 6c il fut achevé Tan 1^77.
: Les bains ( ** ) de Pfdffers font véritablement une mer-
veille de la nature. Ils furent découverts (14) dans le
douzième fiecle, du temps de FEmpereur Frédéric II, vers
Tan 1 242 , par deux Chaffeurs du Couvent , qui cherchoienc
des nids de corbeaux. Il y a là deux montagnes, entre le&
quelles la Tamlnne s'eft creufé un lit étroit , mais d'une
profondeur prpdigieufe, ou elle fe précipite plutôt qu!elle
ne coule , à travers des rochers affreux , avec ur) bruit
épouvantable. Là font au plus profond dç ce vallon , à une
lieue derrière T Abbaye, entre le midi& le couchant, ces
bains tant vantés , entre deux rochers efcarpés > qui par
leurs pointes avancées font une efpece d'arcade. Au com-»
mencement on a y pouvoit defcendre qu'avec des cordes ^
comme dans un puits. Dans la fuite , on y a conftruit UQ
chemin compofé de ponts de bois , attachés bout à bouc j
' C^)Mime Planche.
•(if) En latin » Thermist FabarUnfes « Favarienfe^^ & Piperîfue^ : -
DE LA S VISSE. aSt
8c fufpendus entre ces rochers. On y a auffi bâti des bains
& des hôteneTiesj avec une peine infinie, encore le tout:
n*écoit'jl guercs commode: en effet ^ à caufe des rochers
qui couvrolent les maifons, il y rdgnoit une telle obfcu-
lité, qii*en plein midi Ton avoic befoin de chandelle dans
les chambres. Mais tous ces édifices ayant été confumés
par le feu Tan i6%9 au mois de Décembre, l'année fui-
vante \6^o ^ TAbbé de Pfeffers fit bâtir d*autres bains
& d*autres hôtelleries , dans un endroit plus agréable 6c
plus éclairé, au-deiTous de la fource. Il fit tailler des
chemins dans le roc , il fit des ponts de bois dans les en-
droits où le terrain manquoiC| &îl conftruifit unaquedue
pour conduire Teau de la fource dans les bains, de forte
qu'on y a depuis ce temps tous les agrémens qu*on peut
fouhaiter: un grand jour , qui dure tn été depuis quatre
heures du matin jufqu^à neuf heures du foir î un logement
commode, un baîn falutairej & toujours bonne compa-
gnie* L'eau de ces bains eft extrêmement claire ^ fans goût
ni odeur. Elle fort toujours au commencement du mois
de Mai 3 flc tarit entièrement vers le milieu de Septembre;
Ton a obfervé que lorfque Thiver a été pluvieux^ Teau
fort de meilleure heure > cependant en petite quantité , &
elle eft à peine tiède. Mais quand elle fort tard ^ elle tarit
tard auflî. On fait à peu près quand elle doit paroître , &
c*en eft un figne ou pronoftîc;, lorfqu'on voit venir dant
le grand bafliix du Bain de petites ampoulles d eauj des
feuilles de hêtres j des fruits fauvagesi Ôc une petite écu«
me. Elle coule tout dun coup avec grand bruit, & en
telle quantité I qu*elle pourroit faire tourner un moulin.
Cette eau charrie les efprics les plus fubtiis de fouire^ de
Tûmê JC N n
ftSa TABLEAUX
nitre^ de vitriol & de divers métaux > entr'autres de Tor.
Elle efl chaude au fécond degré ^ & propre pour diverfës
maladies ^ foit en bain ^ foit en boifTon : elle eft bonne
contre les obftruâions du cerveau & des ner& y contre les
maux de tête ^ Pépilepfîe y Tapoplexie y la furdité y la foi-
bleffe de la vue > la paralyfie y le tremblement des nerfs ^
les obftruélions des vifceres , les fièvres invétérées , les fif-
tules y les ulcères^ &c. Ces Bains appartiennent à l'Abbaye
de PfefFers , qui en commet le foin à un Officiai ou pré-
pofé. Il y a une Chapelle pour l'exercice de la Religion
catholique ; les Réformés y ont auiïi dans le bâtin^ent
fupérieur un emplacement où ils peuvent vaquer à leur
culte. Ce bâtiment qui a quatre étages , peut contenir \uC-
qu'à deux cens perfonnes. On tranfporte Tcau de ces Bains
dans toute la Suifle y en Allemagne^ en Italie & en Fiance*
Le village & la paroifTe de f^alens ou Vallens {\^^ y
font fur la montagne ^ au-deffus des Bains de Pfeffers.
La paroiffe & le village Vettis ou Vititis y au Gungel*
ferberg y fur la frontière de la Ligue- Grife. On a trouvé
dans ce diftriél une mine de cuivre. Les glaciers de Sim-
melberg & Calveifen , defquels fort la Tammîne , font
dans la proximité de Vettis, La vallée de Calveifen eft
confidérable ^ & il y a plufieurs habitations.
La paroiffe & le village de Mels ( 1 5), où il y a un Cou-
vent de Capucins y font dans le voifinàge de la ville de
Sargans.
Au-deffus du village de Mels^ & plus bas que laSare^
(15) En latin Valentuti
{16) tn iMnAUUum.
ot^'Crottve la- paroiiTe yUurs ou FiUoris y en latin yUl^f
ténia ou VilifUrna,
La paroUTe 6c le hameau JF^iff-Tannen > font ficués
dans une vallée (àuvage , par laquelle coule la ]^çite
tiviere Soi^ à trois lieues deMels. (^es anciens Gomiici
de Sargans avoient autrefois ici une maifon de chafTe. L'&
glife de ^eiff-Tannen étoit une filiale 4e celle de Melf
jufqu'en i6ts , qu'elle fucirigéé en PacoilTe diftinâe,. ■■
mn
é>
a.U TABLEAUX
Qulnten. Ce diflri£l(23) eft défigné fous le nom de Quiiua
Jlatio.
UEglife paroîffiale de Wallenflatt , eft placée hors de
la ville. Mais il y a dans Tenceinte de fes murs la chapelle
dé S. OJiialdy où Ton fait TOffice journalier , ainfî que
dans la paroifle. On trouve la même /ingularité à Zoug ^
où il y a TEglife de S. Ofualdy & hors des murs la paroifle
dédiée à S. Michel.
TTallenfiatt eft la grande route de la Suîfle & de l'Alle-
magne pour aller au pays des Grifons. Souvent les étran*
gers font obligés de s*y arrêter y parce que la bifc rend la
navigation impraticable ; le chemin de terre étant très-
mauvais ^ à caufe des rochers qui bordent le lac ^ on Ta un
peu raccommodé : on y avoit déjà travaillé dans les années
1 doj & 1 tf 04 , en coupant des rochers en divers endroits.
J'ai décrit dans le premier volume de ces Tableaux le
lac (*) de JTallenflatu
Bertcfchis (24) ou Berchis , & anciennement Borjis , en
• (ij) M. mAnvilU , ( Notice de la Gaule, p. 536, T J7 t ) cite, cTaprès la
Notice de PEmpire , Quartenjis îocus , fous le commandement du Général de
la féconde Belgique , & dont le nom eft confervé dans celui de Quarté^ tut
le bord de la Sambre. Ce favant Académicien penfe que le nom de Qyan$
vient de la diftance à Tégard d*un lieu principal 8c dominant dans la c<m*
trée. Cétoit le droit des Capitales , de compter ainfi les diftances fur les
grandes voies qui en fortoienr , jufqu*aux confins de leurs dépendances*
Leê anciens Itinéraires ont beaucoup de pofitions fous des dénominationa
femblables, ad Tricefiimm^ ai Vigffimunu Voyez à'AmlUy ihii. p. 6$6^
^$7% 8c 707, 706. Mais les lieux » voifins du lac de^allenftattf qui fottt
nommés Ter\eren^ Quarten^ &c. paroiflent avoir été des ftations mttitairea
des Romains, & éloignées des grandes voies marqua dans les ttinériiircf.
( * ) Planche , n®«. 11, izx , ficizjr.*
(&4) Leu,i>îd» tomt lU, p. :;oo# 8c tom« XTIIIi pt 3X3«
DE LA SUISSE. 287
latin Per/inio y village au - deflbus de Sargans en allant à
Flumbs & dans la proximité de Grepplang , qui , avec
Scherlach ou TJcherlach , (en latin Cerne lacum)^ corn-
pofe uae paroiffe ^ dans la Seigneurie de Grepplang.
Le château de Grepplang avec une Chapelle > eft
fîcué fur une hauteur à la gauche de la chaîne domi-
nante des^ montagnes , près du village Flumbs , dont il eft
féparé par la rivière de Se:^. On en attribue la première
bâtifle aux Romains; fon nom primitif étoit Cra/?/?a (25)
ionga ; de-là on forma par altération celui de Grapplang ou
Grepplang. Ce château a été auffi connu un temps fous le
nom du Bourg de Flumbs : il appartenoit aux Nobles de
Flumbs dont je vais bientôt parler. Cétoit un Fief de
TEvêché de Coiré. L'Evêque (25) Conrad , qui mourut
en 1282^ Ta voit retiré des mains de Tfchoudi de Glaris y
f^idame de fon Evêché. Louis , de la même Maifon ,
Tacheta en 1^28 du haut Chapitre de Coire. Cette Sei-
gneurie a refté dans la Maifon àtTfchoudi jufqu^cn i7^P>
que le Baron Jofeph-Leger-Barthelemi , la vendit à M. de
Good ou Goodty fon coufin, & iffu d'une famille (27),
Noble ^ qui étoit établie à Mels dans le Comté de Sargans.
Son fils unique ^ M. de Goodi ^ Chevalier de FOrdre de
C»5) Ce nom » que M. Fatfi traduit par celui de Langtnsftein • fîgnifieroic
le Long Rocher f autrement Longe^îerre. Voyez Leu • ibid. tom. IX» p. 114»
xis , 8c la Defcription abrégée du pa/s de Sargans » par M. Joreph-Legec*
Barthélemi Baron de Tfchoudi» Seigneur dé Grepplang» e'crite en Alle-
mand , 6c imprimée à Feldkirch » 1734. in - 49. -
- (^Ô Tfchouii^ Chronicon Helveticum» tom. I, p. ipo.
(17) George de Gooi reçut en 14^7 » de l'Empereur Frédéric III , uq Di-
plôme de 'Confirmation de fes armes. ^^«^ la Généalogie de Gooi dans le
Dia. Hifi«dcUSttiflè»parM.Leii»toffl.IX»^.4i«
a88 TABLEAUX
S. Louis 9 Colonel d'Infanterie ^ & premier Lieutenant de
la Compagnie générale au Régiment des Gardes Suifles ^
& qui a obtenu le droit de Citoyen ou Patriote au Canton
d Uri , poffede aSuellement la Seigneurie de Grepplang
avec celles de Berfchis , de Tfcherlach ^ où il y a encore
des ferfs ou gens de main- morte , exemple prefque uni-
que dans toute la SuifTe ^ & qui eft un relie de l'ancienne
fervitude féodale.
Flumès (28) ou F/umsjtn latin Fluminis^ adFlumen y
village & paroifle fur la rivière de SéeTi, à une lieue de
Wallenflatt. Il y ici une riche fonderie d'acier. On la tire
d'une montagne voifine, fort haute , nommée (2p) Gunt-
Xen ou Gun^en y qui cache dans fon fein trois fortes de
minières , du mélange defquelles on tire de fort bon acier.
On les fond dans le village de Quinteriy & on fait l'acier
à Flums. Il y a ceci de remarquable, que fi l'on ne mêle
que deux de ces minières^ il n'en réfulte que du fer. Pour
avoir de l'acier , il faut les fondre toutes trois enfemble ;
encore faut-il le faire en cardant une certaine proportion ,
qui n'eft connue que des travailleurs. Pour tirer ces minières
des entrailles de la montagne ^ on y a déjà creufé à plus
de demi" lieue de profondeur. Cette fonderie appartient à
des particuliers ^ nommés Medîeurs Paaden. On tire aufll
de cette montagne du talc ^ qui eft femblable à celui de
Glaris.
Trois dxverfes Afaifons de Nobles avoient autrefois.
ix%) Iau^ ibid. toiD. VIj I p, 17^-178.
(ip) Le infime^ itid. tom. IX » ijo. Lç mont Qunien e& çntr« Sargtns Qs
Vaitaa*
leur
DE LA SUISSE. 289
leur domîcîle dans la paroîfle de Flumbs : les Barons &
Vidâmes de Flumbs , les Gentilshommes de ce nom , &
ceux de Greifenfée. les premiers poffédoîenc le château
de Flumbs, ( Caflrum deTlumine ) : ils étôient Vidâmes
héréditaires , ( f^ico-Domini ) , du haut Chapitre de Coire ,
& une branche de la Maifon de Glaris dite de TfchoudL
Il exifte dans les archives du château de Grepplang^ ( an-
ciennement Grapplongy )une Charte du 6 Juin 124P , par
laquelle F^olcardy Evêque de Coire, acquit par compofi-
tion le château de Flums , dit Grapplongy de Henri (30)
Schudi de Glaris, qui le tenoit de fes ancêtres, Vidâmes
héréditaires de TEvêché. Les Nobles de Flumbs poflTé*
derent auflî un temps le château de Grepplang , qu'on
nommoit alors le Bourg de Flums; Tun d^^ux , le Cheva-
lier Ulric le tenoit en 12^4 en hypothéqua de Berthold,
Evêque de Coire. Le château de Flums a été avec le temps
ruiné , & l'Eglife paroifliale a été bâtie avec fes décom-
bres. La Tour de Grelffenfée a eu le même fort ; & on a
conftruit fur fes murs la maifon Civile du village de Flums»
Je ne puis faire ici le détail de toutes les révolutions qu'a
éprouvé la Seigneurie de ce nom. Jean , Evêque de Coire ,
la donna en 141P , fous titre de retrait, à la ville de Zu-
tich , qui la céda comme Fief à divers particuliers , Pierre
Kilchmatter y citoyen de Zurich , & à Jean Thummy Gen*
tilhomme du pays des Grifons. La collation de la paroiiTe
de Flums appartient aujourd'hui au Seigneur de Grep-
plang.
(jo) On lit à Tentour du fceau , Sibilluju Hbinrici Dciy (c'efi-â^
dire diâi ) Schudu Voyex GallU Comata » de Tfcboudi , p. i lo.
Tomâ Xn Oo
apo TABLEAUX
M. Tiiefslin place dans le Comté de Sargans la paroîflc
de Mois y mais ce hameau (3 1) eft dans la paroifle à^Wal-
lenjlatt y dans la partie fupérieure du lac de ce nom.
La Seigneurie de Wartau (32), entièrement de la Reli-
gion réformée ^ donne le nom à une Communauté confidé-
rable dans la montagne ^ fur la gauche du Rhin ^ entre le
Scholberg & Werdenberg. Cette Communauté comprend
deux paroiffes , Jf^artau ou Graetjckins , & celle ^Af:^
maas. Le château de Wartau eft ruiné. L^Eglife paroif-
fiale de ce nom eft au hameau de Graetfchlns [^i).
Alt:^aas (34) , village au Scholberg , fur la gauche du
Rhin, dans la Seigneurie de Wartau, où , en 1734, ^^ ^
érîgé une paroiffe de la Religion réformée. Ce diftriâ:
étoît auparavant enclavé dans la paroifle de Wartau ou
Graetfchlns.
()i) Leui ïhiL tom. Xni , p. xzj**
()i) Le même , ML tom. XIX» p. 171 - i73.
(3 )) Le même » ihiL tom. IX* p. 8i.
(34) Le même» ih\à. tom. I » p. 404*
•:•■.■ ; x
DE LA SUISSE. apr
ARTICLE IV.
Le Bailliage de Gaster^ Catholique.
y^ E Bailliage ( i) appartient aux Cantons deSchveitz & de
Claris > qui y envoient alternativement un Baillif tous les
deux ans. Ce pays a au levant le Comté de Sargans> au midi
le lac de Wallenftatt & les Cantons de Schveitz & de
Claris ; au couchant le Bailliage d'Uznach ^ & au nord le
Comté de Toggenbourg. Le Chapitre des Dames de Schen'
nis eft de ce Bailliage, & les Jurifdidions de Wefen & de
Gambs ou Gams > quoiqu'elles en foient diftin^es , font
régies par le Baillif de Gafter. La première de ces JuriC-
didions eft enclavée dans le Bailliage de Gafter , & la fé-
conde eft fituée entre les Comtés de Werdenberg , de
Toggenbourg & la Baronnie de Sax , qui appartient à la
ville Zuricb. Tous les habitans de ce diftriâ font Catho-
liques , & en majeure partie du Diocèfe de Coire , le refte
eft du Diocèfe de Conftance.
{i)Lrt/, Dia.Hift. de laSuiflc, tom.VlII, p. 107 -xo^, &i3i-»4i;
tom. XVI, p. i|i - M5 ; 8c lom. XIX» p. 161 - }64.
L*Etat 8c les Délices delà SuiiTe, dernière Edimn^ tome III, pag. 17^-3
178.
Faefi , Topogr. de la Suîffe , tom. III , p. ? JJ - 377-
Tfcharner » Dia. Géog. de la Suifle^ tom. I » p. 211 - 114*
Fuefslin , Topog. de la Suifle» tcrm. IV > p. T5 - IPt & ^3 > ^4*
Chronique du Canton de Glarîs, par Chrifiopbe Trumpi^ en Allemand;
\(^intertbottr # 1774. ia- !§•)%• ficc.
Oo 2
apa TABLEAUX
Le pays de Gajler ou Gajialy autrement Gafirach dans
les anciens a£les, en latin Cqflra ^ & feloq quelques-uns,
Cajlra Rhœtica , formoit la Seigneurie de Windeck. Les
Seigneurs de ce pays réfidoîent au château de Windeck y
préfentement ruiné , & dont je dirai un mot. Tout ce dif-
tri£l eft long de troîs lieues , mais inégal pour la latitude
du midi au nord à caufe des montagnes. Ce pays eft entiè-
rement du Diocèfe de Coirt , à l'exception ^Oberklrck
ou Kaltbrunnea , paroifle de TEvêché de Conftance. Les
endroits les plus habités de ce Bailliage , font fitués en
partie fur les montagnes limitrophes du lac de Wallenf-
tatt , & en partie dans une plaine, aflez ouverte y & agréa-
ble , en defcendant jufqu'à Schennis. Ce Bailliage eft coupé
au centre par la Jurifdidion diftindle de Wefen. En géné-
ral les montagnes de cette contrée font dans un bon état
pour les pâturages ; & là où elles font moins fertiles , les
Alpes voifnies du Canton de Claris y fuppléent pendant
Tété pour le fourage. Il croît beaucoup de fruits dans ce
pays , & on en féche une grande partie ; on ^f récolte aufli
du bled & de Torge. Sans la pareffe des habîtans , le ter-
rain feroit plus cultivé , fur-tout dans la vallée. Il y a dans
la partie fupérieure quelques vignobles > mais d'une mé-
diocre qualité.'
Dans le voifinage du lac de Wallenftatt , le plus grand
commerce des habitans confifte à filer du coton. Ce lac eft
fitué dans ce Bailliage ; on t'appelle aufli quelquefois le
lac de Jf^ejen , du bourg de ce nom. La petite rivière de
Mag fe joint près du pont de la Tuillerie avec la Lint,
qui fort du lac d^ Wefen ou Wallenftatt. De-là le nom de
Lindimagus. Le lit de ces deux rivières réunies ^ & coomi
DE LA SUISSE. ap3
fous le nom général de Lint , coule le long de la côte mé-
ridionale du Gqfler y il eft navigable, & très-poiffonneux,
mais il déborde fouvcnt.
Si on en veut croire les Hiftorîens de la Suifle , tout ce
pays appartenoît primitivement à l'ancienne Rhèticy dont
les limites s'étendoient jufqu'au pays de hiMarck^ {Ter-
minus y OU Marcha Helvetlorum ) , au - deffus du lac de
Zurich. On prétend que Tibère dans ics expéditions contre
les Rhétiens , y avoit formé des camps ; de • là le nom gé-
néral (2) Cajlra ^ par corruption Ga/ler ; de-là ît%Jlations
à Ter^n , Qitarten y Quimen , aujourd'hui villages du pays.
D'autres conjecturent que dans la guerre de Cécinna contre
les Helvétiens> après la mort de Néron y durant Tinterre- X
gne de Galba y Othon & VitelUiis y les Rhétiens prolongè-
rent leurs frontières au - delà du lac de \7allenftatt , par le
pays de Gafler y jufqu'à celui de la Marchy (^terminus
Helvetiorum ; ) que leurs camps divers communiquèrent au
pays le nom Cajlra Rhedca y ôc que la réminifcence de
leurs ftations Ténia , Quaria y Quinta *, s'eft perpétuée
dans les villages Ter(en y Quanen âC Quinten.
La légende de S. Fridolin , qui vivoît dans le fixiemc
(i) L'ingénieux Bochat , ( Mémoires Critiques fur THifloire anciisnne de la
Suifle, tom, I, p. 4}6, 4)7; fr ta/w. III, p. j 10-3 11 ,) prétend qu'il n'y a
rien de latin dans le nom de Ga^er ou Gajit:ren\ que Gtvejlai^ dont le dialeâe
germanique a fait Gajl , défignoit , dans la langue des Gaulois 9 un hôtel
un convive, qii furvient fans avoir été invité, un étranger; 8c qu'il s'éta-
blit dans ce canton quelque Colonie , à qui les Helvétiens donnèrent ce
nom qu*il a' gardé. Guft er , fignifioit , en langue celtique i terres des hâtes ,
des étrangers. M. de Bochat donne aufli au nom de Weltfchen ou Wahlen » i
caufe de la ville 8c du lac de Wallenftatc , une étymologie donc l'examen
meneroit au-delà des limites que je donne à cette Topographie*
294 TABLEAUX
fiécle , fait préfumer que le pays de Glaris appartenoît
alors à la province de la Rhétie. Au refte j il parok certain
que le pays de Gajler écoit annexé à la Rhétie dans des
temps plus reculés, & que les anciens Comtes de la Rhé'-
ne de Caire ^ dont la race s'éteignit dans le neuvième
fîécfe , en avoient la propriété. Le mariage de Hemma ^
la dernière héritière de cette Maifon , avec un Comte de
Len^ourg en Argau , fit pafler ce pays , avec XAdvocatie
de r Abbaye de Schennis , dans la Maifon de Len:(IfQiirg :
mais à Pextindion de celle- ci en 1 172, la Maifon Impé-
riale de Souabe fe l'appropria comme fief caduc. Le ma-
riage de la fille unique d'Oton de Souabe , Comte de Bour-
gogne , fils puîné de l'Empereur Frédéric BarberouJJe ,
avec le Duc de Méranie en Tirol , tranfporta le pays de
Gafter , le Comté de Lenzbourg , \ Advocatie de Schen^
nis , & la Rhétie de Coire j dans la Maifon de Méranie;
& en 1273, un autre mariage d'Alix de Châlon -Bour-
gogne , héritière de la Maifon de Méranie , transféra ces
mêmes pays dans la Maifon de Kibourg , dont l'héritîerc
Anne apporta les mêmes domaines à fon mari Eberhard ,
Comte de Habfpourg^ qui a été l'auteur de la branche de
Habfpourg - Kibourg. Ce font des faits que les a£les & les
chroniques du temps rendent indubitables. Il exiile un
Diplôme (3) de Henri III , Roi des Romains en Pan 104 : ,
qui place le Monaftere de Schennis y ( Skennines ), dans
le Canton de Coire, inpago Churwalaha. Les Seigneurs
(OTfchudii Cbronicon Helveticum» tonitl, p. 17» x8. Hcrrgott^Gc-
Bf alogica Uakburgica ^ tom. Il» p. u/.
DE LA SUISSE, ip5
de Wîndeck, ou de Gafterach, ou de Wancelbourg , fe
nommoient quelquefois Comtes de Schennis. Je trouve
dans une Charte (4) du treizième fiécle , en 124.4, que
Hertmann X ancien , Comte de Kibourg , comprenoit
TP^indegk y Tf^andelberg éC Schennis , dans la donation
qu'il fît de fes domaines à la manfe épifcopale de Stras-
bourg , donation qui fut enfuite annuUée par fon neveu
Rodolf Comte de Habfpourg, qui, à la mort de cet
oncle > en 1 254 , fe mit en pofTeffion du Comté de Kibourg
& du pays de Gafter. Les petits -fils de Rodolf voulurent
enclaffer le Gafier dans la préfedure de Glaris. Tout ce
pays fouffrit cruellement au milieu des guerres entre la
Maifon d'Autriche & les Cantons : il fervoit de place
d'armes aux Ducs d'Autriche ; & c'étoit de fon foyer que
partoient les explofions dans les pays de Glaris & de Sch-
veitz. Dans la trêve de ijSp, les Cantons rendirent le
Gq/Ur à la Maifon d'Autriche. Mais au commencement
du quinzième fiécle les Appenzellois le ravagèrent. L'im-
puiflance où fe trouvoit le Duc Frédéric le porta, en
140; , à hypothéquer le pays de Gafter à Frédéric , Comte
de Toggenbourg. On connoît \z guerre qui s'alluma en
1435, pour la fucceffion de ce dernier, entre Zurich &
les Cantons de éheveitz Ôc de Glaris , guerre qui dura plu-
fieurs années , & qui manqua de renverfer la liberté Hel-
vétique. Le Duc d'Autriche prit le retrait de Gafter ^ des
héritiers du Comte de Toggenbourg. La donation qu'en
avoît faite la ComtefTe Douairière de Toggenbourg à la
ville de Zurich ^ fiit déclarée nulle ^ & le Duc permit aux
> ■ ■ I I ■ i I I n
(4}Herrgoct> ïbii. p. 174* ^77«
2^6 T A^ L E A U X
habitans de conclure une Com-bourgeoi/îe pour trente
ans avec Schweitz & Glaris , J^^f/es droits fouverains*
Bientôt après, ces mêmes habitans obtinrent du Duc ,
qui regardoît ce pays comme perdu pour fa Maifon, qu'il
leur abandonnât, pour un temps fixé , {t% droits de haute-
Jurifditlîon fur cette contrée. Schweitz & Glaris voyoient,
il eft vrai , leurs projets d'agrandfffement découverts par
cet abandon. Mais les refforcs qu'ils firent jouer , portè-
rent enfin les habitans à leur céder ces mêmes droits de
propriété que le Duc d'Autriche leur avoit abandonnés.
Enfin les deux Cantons négocièrent avec tant de pru-
dence , qu'en 1438 le Duc d'Autriche leur hypothéqua,
pour trois mille flc^rins , le château de Windeck , le pays
de Gafler , Wefen & Ambden, avec VAdvocatle de TAb-
baye de Schennis. Les droits & immunités des habitans
étoient réfervés dans la ceflion. Mais comme le réachat ne
s'eft pas fait, tout ce pays eft refté aux deux Cantons.
Dans la guerre civile en 1 7 1 2 , le Gajler fut envahi par
les Cantons de Zurich ^ de Berne, qui le' gardèrent juf-*.
qu'à la paix d'Arau,
Les habitans de Gafier avoient embraffé les dogmes de
la nouvelle réforme dans le feizieme fiécle. Le Curé d'Art,
au Canton de Schweitz , Balthafar Traekfel ^ natif du
même Canton, avoit paffé dans le Gafter pour y prêcbeif'
la do£lrine de Zuingle. Ses prédications eurent ^'abord
un plein fuccès. La Meffe fut abolie. Les -habitans eux-
mêmes , peu mémoratîfs du ferment de fidélité qu'ils
âvoîent prêté à leurs Souverains, marchèrent au fecôurs
des Zurichois dans la première guerre de Cappel : ijis*
étoient prêts à leur donner le même fecours dans là féconde
guerre
DE LA SUISSE, i^f?
guerre en i y 3 1 ; mais dans \e Traité de paix qui termina
cette guerre, ils eurent la douleur d'apprendre quils en
étoient exclus. Leurs Souverains de Schveitz les traitè-
rent comme des rébelles. Quelques-uns des habitans furent
obJigés de leur demander pardon à genoux; le pays fut con-
damné à des amendes pécuniaires : beaucoup furent exilés,
les autres défarm es, & leurs privilèges abolis. La perte de la
bataille de Cappel leur attira tous ces châtimens. Les deux
Cantons Co- Souverains de Schveitz &de Glaris leur ont
rendu , avec le temps , le port des armes & Jeurs privilè-
ges. Ces deux Etats leur envoient alternativement , tous
les deux ans, un Baillif , qui eft inftallé par des repréfen*
tans à Schennis & à Wefen. Le même jour le pays rend
hommage en même -temps que le Baillif jure de le mainte-
nir dans fes immunités. Comme le Canton de Glaris eft de
Religion mixte , Thommage que lui rend ce Bailliage , eft
adreffé à tout le Canton , fans diftindion de Religion ,
quoique le Baillif que ce Canton y envoyé à fon tour , foie
toujours choifi dans la partie Catholique de cette Repu--
blique. Au refte le Baillif ne réfide pas dans le pays deGaf-
ter ; il y fait feulement apparition lorfqu'il y eft appelle
pour affaires, ou pour des procès. Alors il loge dans T Ab-
baye de Schennis. Ses Officiers font un Lieutenant Bailli-
val qui eft à vie, & choifî par les Cantons Co- Souve-
rains, le Tréforier ou Bourjier^ le Secrétaire du Bailliage
& un Huillîer. Ces deux derniers Officiers font nommés
par les habitans dans leur afTemblée générale.
C*eft à Schennis , devant la maifon du Confeil, que le
pays de Gafter tient tous les deux ans fur une place pu-
blique^ fon affemblée générale. C'eft-là où il élit les Ju-
Tome X. Pp
apS TABLEAUX
ges , les Confeillers de la contrée & les Officiers attachés
au Baillif. Le Confeil Provincial , compofé de neuf Aflef-
feurs y & qui s'afTemble trois fois annuellement fous la
préfîdence du Baillif dans la Maifon de Ville à Schen-
nis, juge fans appel de toutes les affaires civiles^ & fixe
les amendes des délinquans, hors les cas criminels. Ces
amendes appartiennent , moitié au pays , & moitié aux
deux Cantons Co - Souverains.
Le Confeil du pays , compofé des Officiers du Baîllif ,
du Banneret, du Porte -enfeîgne - général , de neuf Juges
& de neuf Confeillers y veille, fous la préfîdence du Bail-
lif, aux affaires de la contrée , relativement aux privilè-
ges , aux contributions , réglemens & ordonnances terri-
toriales , &c. Mais dans les caufes criminelles , le Baillif
& fes Officiers font les informations néceflaires fur THô-
tel-de- Ville à Schennis , & ils en adreflent le contenu aux
deux Cantons Co- Souverains, qui décident enfuîte défini-
tivement ; & c'eft d'après leur décifion que la Sentence eft
prononcée à Schennis , dans une féance publique, par les
Officiers , Juges & Confeillers du pays*
J'ai dit que les deux Cantons Co - Souverains envoient
tous les deux ans alternativement ^ un Baillif dans \tGa/ler;
des Repréfentans , leurs Députés , un de chaque Canton ,
Tinftallent le 28 Mai à Schennis dans Taffemblée générale
des habitans. Ce Baillif qui régit en même - temps ^^/z
& Gamsy reçoit diftindtement de ces deux départemens le
ferment de fidélité. Le Député repréfentant de Glarîs, qui
înftalle les Baillifs de Gaftcr & d'Utznach, eft toujours
de la partie proteftante de ce Canton. Il y a auffi un Syri'^
dicat ou Diète au nom des deux Cantons ^ compofé des
D E LA s U 1 s s E, app
deux Repréfentans , des deux Baillifs de Gafter & d'Utz-
nach j fortanc de leurs charges ^ 6c des deux nouveaux
Baillifs^ qui examinent les affaires des deux Bailliages. Tant
que dure ce Syndicat , le pouvoir des Baillifs eft fufpendu
aînfi que celui du Confeil du pays. Ce Syndicat juge les
affaires dignes d'amendes ; il recherche Jes fautes oubliées ,
prononce contre les Baillifs, Leutcnahs - Baillivaux , les
Gonfeils , lorfque ceux - ci ont pdché contre la Juftice &
le Souverain; il s'approprie les amendes & les droits ca-
fu^ls qui tombent dans le temps de leurs vacations : mais
toutes ces opérations font cependant foumifes à Pappel par«-
devant les deux Cantons Co -Souverains j il a été réglé que
fi Tuh des Cantons feulement approuve la décifion du Syn-
dicat y elle a fon plein effet. Tous les ans, le jour de Saint
Antoine y chaque Canton envoie de nouveau dans le pays
un Député : ces Repréftntans , affiftés des deux Baillifs , fe
font rendre compte des Admînîftratsurs du Chapitre de
Schennis & de THôpital de Saisit -Antoine, àUtznach.
Les droits cafuels du Gafler tombent, les uns au Bail^
lify la plupaift au Chapitre de Schennis ; ceux de Kalt-
brunnen à TAbbaye d'Einfidlen ; ceux de Quarten & de
Murg à celle de Pfeffers. Le Gafter a fa bannière particu-*
liere , mais chacun des Etats Co-Souverains nomme, par-
mi les habîtans de fon Canton, un Capitaine- général du
pays de Gafter. Ces deux Officiers ordonnent de toutes les
affaires relatives au Militaire. C'eft à Schennis qu'on fait
tous les ans la revue générale de la Milice provinciale.
J'ai parlé du châtiment que le Canton de Sch^eitz infli-t
gea aux habîtans du Gafter, en punition de leur défertlon
de V ancienne Religion. Ce Canton* y rétablit par -tout la
30Ô TABLEAUX
Catholicité. Mais ce ne fut qu'en i $6^ quHl voulut bien
rendre aux habitans la Bannière du pays^ les drapeaux^
leurs privilèges. En commémoration du retour à la Reli-
gion catholique ^ les habitans font tous les ans une Pro-
ceflion folemnelle à la Chapelle de S. Sébaflien près de
Schennis , le jour de S. Sébajllen , Patron de cette Ab-
baye, c*eft- à-dire le 20 Janvier. Là on fait lefture publi-
que du décret donné en i ^6^ par le Canton dç Schveitz,
& que Ton appelle la Lettre ( j) de réminifcence. Les deux
Cantons Co - Souverains convinrent, en 1^54 & iyp2,
qu au fujet de la manutention du culte catholique , Cla-
ris , dont la majeure partie eft Réformée , & qui , en 1 jap
& I y3 1 , à caufe de fes différends de religion, avoit fermé
les yeux fur la condurte des habitans du Gafter > ne pour-
roit en connoître. Ainfi , par cette convention , le reflbrt
de tout châtiment , pour affaires de religion , violations
de fêtes, &c. eft à la décifîonde Schveitz. La partie catho-
lique de Claris a , avec le temps , été admife ZMco-examen.
Le pays eft du Diocèfe de Coire jufqu'au pont dit Die
Steine - Bruk , au - deffus de Kaltbrunen. La paroiffe Ober^
kirch , qui eft au bas , appartient au Diocèfe de Confiance.
lut^ collations des Eglifes de Murg & de Quarten dépen-
dent de PAbbaye de Pfeffers ; celle de Kaltbrunnen ^ de
l'Abbaye d'Einfidlen; les autres, du Chapitre de Schennis.
Voici^ les endroits principaux de la partie fupérieure de
Gafter.
L Le bas'Tèr^en , village épars fur la rive méridionale
du lac de \7allenftatt. Ce lieu appartenoit anciennement
^*^— Il ■ ■ 1— p— — —— ■ — ^i—— M— ^————i^—^^^^i— ——*—»■
^} Eft aUemand ^ Dbvck • fi&Xfii •
DE LA SUIS SE. 301
aux Nobles de Montfort , qui réfidoient à Wallenftatt.
I f. Quarten. Cette Paroifle eft également fituée au bord
méridional du lac. Le bas - Terzen en fait partie. Ce di(^
trift fe donna en 1437 aux Cantons de Scheweitz & de
Glaris. En 1444 & 1447 , on éleva à cet endroit un re-
tranchement contre les incurfions que les Autrichiens 5
maîtres du Comté de Sargans , pouvoient faire dans le
voifinage. Ils furent en effet repouffés cette dernière an-
née dans une tentative qu'ils avoient faite. En lyip le
Chevalier ètMulleneriy de Berne, choifi fur- arbitre dans
un différend entre Scheveitz & Glaris d'une part, &.les
cinq autres Cantons Co-Souverains du Comté de Sargans >
de l'autre , prononça que la Judicature criminelle à Quar-
ten , au bas- Terzen , à Quinten & à Murg, appartiendroic
au Bailliage de Sargans, la baffe -civile & le port des
armes au Bailliage de Gafler.
I I I. Murg^ paroiffe voifine du lac de Vallenfiatt j 6c
qui avec Quarten, poffede une montagne fertile, fur la-
quelle on trouve un petit lac, poiffonneux.
I V. Quinten , autre Paroiffe éparfe fur la côte fepten-
trionale du lac de \{^allenflatt , dans une pofition affez
pierreufe & de montagnes. On trouve des vignobles dans
les quatre diflrids ci • deffus défignés.
V. éâmbdcn ou Auf- Amman ^ en latin ad Montem ou
Amœnus Mans , eft une haute & agréable montagne fur
la côte (eptentrionale du lac de Wallenflatt. On voit fur
la cime la paroiffe Qonfxàéïdblt Ammon ^ qui eft bien éle^
301 T A B L E A U X
vée d*une demi - lieue au - deffus du lac On defcend au lac
par un chemin coupé dans les rochers.
V I. Bettlis > hameau au bord du lac.
VII. Vley y autre hameau au pied de la montagne ,
près de Wefen. Ce hameau avec Bettlis eft de la paroifle
Ammon.
Et V I II. Sira/ - £A , château ruînd au pied du mont
Ammon , & qui appartenoit à des Nobles du même nonv.
JLa partie inférieure du Bailliage de Gafter ^ comprend
les endroits fuivans :
L Le bas-JP^indecky cliâteau à la droite de la Lînt ,
fur une hauteur qui s'avance entre les bourgs de Wefen
& de Schennîs ; ici réfidoient les Comtes de Windeck ,
autrement les Comtes de Schennis , de Gafter ou de Wan-
delburg. Ce château fervit un temps de réfidence au
Bailtif du Gafter. Mais comme les deux Etats Co-Souve-
rains trouvèrent bon que ces Baillifs demeuraient chacun
dans Ton Canton y le château fut abandonné ^ & tomba en
ruine en 14^0.
I L //R- Winkcl , hameau dans la paroifle de Scbenais»
1 1 1« Schennis y en latirt (tf) Skennines y Skenms ou
Scandiuniy bourg & pïuroifle> fur unruifleau dit Lewirtn^
(0 Tfchudii>GalHa Comatft>p. J07, 30S»
Leu » ibià. tom. XVI, p« i|i > O/u^.&Ct
DE LA SUISSE. 303
& célèbre par un Chapitre de Chanoineflcs , dont PAb-
befle porte le titre de Prince[)e du Saint - Empire Romain.
Ce Chapitre eft compofé de fix Prébendaires & d'une Ejt^
pesante y qui font toutes obligées de prouver feize quar-
tiers de Nobleffe ; elles peuvent fe marier, TAbbefle feule
eft exceptée de ce privilège. Ces Chanoineffesobfervcnt la
Régie de S. Augujlin. Le Chapitre élit TAbbeîTe, & à fon
înftallation fe trouvent les Députés des deux Cantons de
Schweitz & de Glaris> Co - Souverains du Bailliage de
Gafter , dans lequel eft aujourd'hui enclavé Schennis. Ces
deux Etats font Proteûeurs & Avoués du Chapitre, ayant
fuccédé aux droits de la Maifon d'Autriche , qui les te-
noit héréditairement de celle de Kibourg. Lc^ Baillif de
Gaftei & le Syndicat des deux Cantons logent dans T Ab-
baye, lorfque les affaires judiciaires du pays exigent leur
préfence.
Schennis eft un bourg agréable , fur la gauche de la
Lînt, au-deffous de Wefen ; près de la paroiffe qui eft en
même -temps l'Eglife du Chapitre , font encore deux Cha-
pelles , dont Tune dédiée à S. Sébaflien , Patron de TAb-
baye , touche la Lint. Il y a dans le bourg une Maifon-de-
Ville , où s'affemble le Confe il du pays. La fondation du
Chapitre eft fixée au commencement du neuvième (iécle. ^
Hiimfroi , Comte dlftrie & de la Rhétie de Coire , en à
été le Fondateur en 8o5. Henri III, Roi des Romains,
prit en 104 y T Abbaye de Schennis fous laproteâion de
FEmpire. Les Comtes de Lenzbourg , héritiers <les Comtes
de Rhétie, firent des donations confîderables à cette Ab-
baye : ils en étoient les Avoués. On voit encore leurs tom-
A
304 TABLEAUX
beaux (?) & ceux des Comtes de Kibourg dans TE-
glife (8 ) du Chapitre.
Cette Advocatie ou Avouerie pafla , après Textindion
des Comtes de Lenzbourg en 1 172^ à la Maifon Impé-
riale de Souabe , aux Ducs de Méranie , aux Comtes de
Bourgogne de la Maifon de Châlon, à la Maifon de Ki-
bourg , & enfin à celle de Habspourg- Kibourg en Au-
triche. En 1438 elle fut hypothéquée aux Cantons de
Schveitz & de Glarls. Ce Chapitre poffede plufieurs Ter-
res dans la Suifle. Il y a à ^Turîch une maifon qui lui ap-
partient , fie où demeure le Receveur des rentes que ce
Chapitre a dans ce Canton. L'Abbeffe a le droit de Bout-
gcoi/îe à Zurich depuis 14.0^. Ede a dans le Canton de
Berne la bafle- Jurifdi£Hon, avec la collation à Reicnau ^
dans le Comté de Lenczbourg. Elle a de même la baffe»
Jurifdidlion à iV/Wifr^^i/ dans la partie inférieure des O/^-
ces libres ie fArgeu. Elle a la collation (p) des Eglifes de
Schennis j Admont ou Ammon^ Benken > Gomifvald dans
le pays de Gafter. Cette Abbaye a été brûlée en iy85 fie
(7) On en voit la gravure dans le Recueil des Monumens remarquables de la
Smjfe^ par M, Jean Muller\ Ingénieur de Zurich » Se^ion III , p. il i ix«
(9) Tjchcuâi a rapporté dans Ton Livre , Gallia Comata^ p. )o8 , Tinfcrip**
lion d'une Crois antique d'argent , qu on confervoit de fon tempt dans TE*
{life du Chapitre Jfe Sckennis , & qui étoit un don de fes fondateurs Ott
bienfaiteurs. Cette infcription , en lettres initiales & en chiffret • fouffirc
éé grandes difficultés dans fon explication.
(p) L'Abbeflè de Schemnis a encore la collation de la Paroide de la ville
dp Mellin|;en ^ 8ç celles de Benderen 8c de Nuolen ou Nulen > au <* delà du
Rhin , dans la Seigneurie de SchoUenberg , <k au Comté de Feldkirch. Elit
ayoit auffi ceLe de Knonau p qu'elle céda en 1^44 à lu villç de ;i&urich.
DE LA SUISSE. 305
1^10, Les troupes des Cantons de Zurich & de Berne s'en
emparèrent dans la guerre civile de 171a, Lçs Ecrivains
Proceftans n ont pas oublié les Lettres que l'AbbelTe de
Schennis écrivoît à Zuingie, La plus grande partie d^la
Suifie penchoit alors pour la nouvelle R .forme i & fans
la bataille de Cappel , la Catholiciié eût été entièrement
anéantie dans tout le Corps Helvétique* Les grands événe-
mens font fouvent produits par de petites caufes- Si la vic-
toire de Cappel n*eût pas relevé la Catholicité en SuifTe,
les Cantons Catholiques n'euffent pu depuis rendre les fer-
vices importons qu*ils rendirent aux Rois de France , prin-
cipalement à Charles IX , à la retraite de Meaux ^ où leurs
troupes empêchèrent que ce jeune Monarque & {^% frères,
ne tomba (Tent au pouvoir des Huguenots ; a in fi appel l oit*
on alors les Réformés. Si cela fut arrivé j on peut juger
des fuites par Tacha rnement que le Parti proteftant conti-
nua d*exercer malgré tous fes échecs multipliés*
IV* Dorff^ Ruj^f Mur^ trois hameaux dans la paroific
de Schennis.
V. Benkeity paroiflc & village difperfé , à une lieuc
au - deffous de Schennis , fur le mont Buchberg,
V L Mafehrangen , village dans la paroifle de Benken^
au-deflbus de Ruffî ^ fur le chemin qui va à Kaltbrunnen*
On a bâti j U y a quelques années ^ une Egl Te paroifliale à
Rieden^ pour les habitans dont les maifons font écartéef j
fur la montagne du côté du Comté de Toggenbourg ^ juf-
qu'à Gauen ou GomîfVald*
V II. Kaltbrunnen , beau village. Hermann , Duc d*Al-
lemannîe;, '& fa femme Regulînde en donnèrent , dans le
dixième fîécle, la propriété au Monaflere d'Einfîdlen , qui
y poffede ertcofe la baffe -Jtirifdiûion. Il y avoit autrefois
au-deffus de ce Village tm. château que Burcard, Abbé
d'Einfidlen , donnSèn 1409 , au Noble Ulric de Windec):.
Et Vril. Oberkirchy hameau. L'Empereur Oton I
donna cet endroit & Benkren ^u Monaftefe d'Eînfidlen. La
Paroifle d*Oberkirch comprend , dans fon circuit, les vil-
lages Bonnertôc Kaltbrunnen.
La JurifcKàidti de Wefeyi a été réunie au Bailliage de
Gafler.
W^efen { 1 o ) en htîn TVèfinium , Vefonium , T^efcha ,
GuefcKa\ eft uii^gftjs bcSUfg, au'bord occidental du lac de
Wallètîîïatt. Aùtreféis'c^tpitiitte ville affez confidérable ,
comme les* reliés dés mui^âilles^brûléés qu'on y voit encore,
en font foi fufBfamment.
Ce bourg eïl fitué à TlITue-^-du lac > c'eft-à-dire , dans
l'endroit où la petite rivière de Se\^ en fort. Cette rivière
fe joint à une demi -lieue de là avec la Lint y qui vient
du Canton de Glarîs. Wefcn éft placé entre Ammon &
Schennis. Il y a dans ce bourg trois Eglifés : Tune la pa-
roifle proprement dite , porte le nom de Quds , elle eft Un
-^- - ^ i.
(10) Leu , xVii. tôm. XIX » p.. 5^1 - 3^^4- ,
Dom KtTgoit a rapporté, ( Gctiéal.* Hàlsburgrc' tôm. fî, |).^t4o^) Faâc
de ^échange que'lèsdeux KzrfmAri/r , onde 8c 'néV^ » Comtes de KibcHirg»
8c Rodolf \'Av6^ deRapporChhwèil, firent le xS'Aout^»}»,* deplofieprs
fonds de terre, fitués dans les deux viUaeesdu haut & 6às wetéhj'à^ec
Louise At^tf de Pieffers. L'Aâe i}x\\^l^'^^'l^^bl^^
DE L 4 SUISSE, 307
pçu hors du bourg fur la droite du lac ; une autre de ces
Eglifes, dite /^ Sainte Croix y eft bâtie fur la colline Hu^
gd - Buel y ôc la çroifieme dans Tendrôit novav^éWyeden^
Ces trois Eglifes ont chacune un Curé. On voit un Cou-
vent de Religieufes de TOrdre de S» Dominique , près de
TEglife de Wieden : on ignore Tannée précife de fa fon-
dation. Le preniier Février (1 \)^ i^yp, Rodolf, Comte
de Rapperfchweil ^ donna aux Religieufes de Wefen , la
place fituée au même endroit, dans ie local à^tWydoriy
voifin du lac. Un autre aéle (12) du 30 Mai , eh la même
année , porte que le même Comte confirma la donation de
remplacement voifin du lac dit Walafe^ ( c'eft-à-dire de
Wallenflatt ^) à Tendroit Vioxximé Wjy don ^ qui ayoit ét^
faite aux Religieufes établies dans ce local. Rodolf '( 15)^
Comte de Habfpourg & de Kibourg , Landgrave d'Alface
( depuis Roi des Romains), étant à Brougg le ap Août
127 j, prit fous fa proteûion le Couvent des Religieufes
de Wefen , Diocèfe de Coire , & ordonna Texécution dé
fa volonté à fon prépofé ( 14) réfidant à Windegg. Albert,
Roi des Romains , accorda la même fauve-garde par Let-
tres ( I y ) datées de Zurich le 3 1 Mars 1 300. Ce Couvent
paff^e pour être bien rente.
Les habitans de Wefen , anciennement fujets de la mai-
fon d^Autriche , foufi^rirent beaucoup dans le quatorzième
fiécle. Wefen étoit alors entouré de murs & de tours. Après
(11) Hergott , ihid. p. 34J.
(11) Le inèmet ibidem ^ p. 349,
(ij) Le même , ibtd. p. 390.
(14) Minijbro nojlro in Windegge.
. (?J) fiP'gotty ibid.p. ^ixm
3ô8 TABLEAUX
la bataille de Sempach en 1385, cette ville fut conquîfepar
les Suifles. La Bourgeoifie leur prêta le ferment de fidélité.
Mais , malgré cette preftation , elle trama Tannée fuîvanté
une horrible conjuration contre la jgarhifon SuifTe qui étoit
dans fes murs y elle fit entrer fecretement dans la ville un
nombre d'Autrichiens , pendant que quelques mille autres fe
pofterent aux portes dans la nuit. Lagarnifdn tranquille fur
la foi de la capitulation^ fut impitoyablement maflacrée le
22. Février par les Bourgeois ; vingt-deux feulement fe
fauverent par la fuite. Les Bourgeois fe joignirent Tannée
fuivante 15813 à TArmée Autrichienne, & pénétrèrent
avec elle dans le pays de Glarià'^* mais ils perdirent leur
bannière & quarante - deux hommes à là bataille de Nef-
fels. Les Glarbnôis vîdorîeux, pourfuivîrent les Autri-
chiens à Wefen ; tous les habitans s*én étoient fauves :
la, vengeance étouflFoîc tout fentiment decompaffion dans
le cœur des Glarohoîs ; le màflacre de leurs compa-»
triotes les excitoit aux repréfailles : ils pillèrent, brû-
lèrent la ville s & en renverfërent les murailles. Depuis
ce jufte châtiment , Wefen n'a jamais recouvert fa pre*
mîere confidération. Ceft aujourd'hui un bourg ouvert:
fa lîtuation Texpofe de plus d'une manière aux déborde^
mens du lac , qui çft ici très- exhaufTé, mais fa décharge
cft étroitement reflerrée près de la Tuilleriep Cette poft-
tîon caufe beaucoup de maladies dans le bourg ; & on voit
d'année en année une dégradation très - fenfiblc dans les
bâtimens i6c la fortune des habitans, malgré le transit
des marchandifes qui paflent en cet erjdrpit pour TItalîe
par le pays des Grifons, Un tiers du péage fur ces mv*
chandifes appartient à la Bourgeoifie^ & deux parts.aux
D E LA S U 1 S S E. 309
deux Cantons Co - Souverains. On eft fou vent obligé de
conftruire dans le bourg , au printemps & dans Tété , det
chemins avec des planches. & des petits ponts. Le bourg
étoit, en 17^4, tellement abforbé par les eaux^ que
des bateaux montoient dans les logemens du fécond étage
des.maifons«
Les dogmes de Réforme , introduits par Zuingle ^
avoicnt trouvé, en 1^29 , un grand accès à Wefen , fie
d'autant plus grand , que la majeure partie du Canton
de Claris les avoit adoptés. Mais les Su£:(pis , qui
Croient reftés inébranlables dans la Religion de leurs
pères , envoyèrent une députation à Wefen , pour dé-
tourner les Bourgeois de toute nouveauté. Mais rien ne
les arrêta. Sous les yeux des Députés mêmes , ils brû*
lerent les images des Eglifes , mais ils payèrent bien la
peine de leur témérité, après la guerre de Cappel en i n * f
où les Cantons Catholiques ditterent la loi aux Proteftans.
Les habitans de \^efen s'entretiennent du produit dç
la pêche , & de celui du tranfport journalier des marchan-
difes fur le lac. Les montagnes voifines font riches en
vacheries > le plat -pays en arbres fruitiers. On voit autour
du bourg quelques vignobles élevés en berceaux ^ fous
lefquels on feme de la luzerne.
La Bourgeoifîe de Wefen a fa Jurifdidion municipale,
à la tête de laquelle préfide le Baillif des deux Cantons
Co-Souverains. Ce petit Tribunal juge les affaires civi-
les, & partage les amendes avec le Baillif. Mais pour
les caufes criminelles , la connoiflance en eft entièrement
foumife au Baillif. Ce qu'on appelle la JuriJdiBion de
\refen y & qui comprend le bourg & les maifons épar*
3ÎO TABLEAUX
Tes fur la montagne voifîne ^ prête hommage tous let
deux ans au nouveau BaiUif fur l'Hôtel - de r ville. Cette
Jurifdiâîon a fon Tréforier , fon Banneret , & fon Huiflier
particulier.
Gambs {\6) y en latin & dans la langue vulgaire des
Grifons^ Campfum^ Camfo^ Gambfum, eft un petit Bail-
liage y avec un bourg du même nom , enclavé entre la
Baronnie de Sax ^ qui appartient à la ville de Zurich y le
Comté de Werdenberg , qui dépend du Canton de Glaris ,
& le Comté de Toggcnbourg , qui eft. fous la foaverai-
neté de TAbbé de Saint- Gall, ayant le Rhin au levante
MaîsGambs & Wefen n'ont d'autre rapport avec le Bail-
liage de Gajler que d'être gouvernés par le même BailliC
Gambs fe racheta en 14^7 defes maîtres, Beat&Wolf^
gang de Bonftetten ; & fes habitans préférèrent de fe fou-
mettre volontairement aux Cantons de Schveitz & de
Glaris en confervant leurs privilèges. Cq pays eft fertile
en pâturages & en arbres fruitiers. Gambs eft un gros
village de paroiffe , Catholique, dans le Diocèfe.de Coire:
tous les deux ans les habitans prêtent Thommageau nou-
veau Baillif. La montagne de Gambs y ^\ eft très -habi-
tée , s'étend depuis la frontière du Toggenbourg jufqu'à
la Baronnie de Sax y dans la diftance d*une lieue & de-
i*[}ë.*Àu • deffus du bourg de Gambs , il y a un bain d'eau
froide foufrée , dans un lieu nommé GempeUn.
(1 6) ]>u y ibid. tom. Vlll , p. 107 - 109.
Fflç/Z , Topogwphie de la Saiffc, tom. IH , p. yjx - jyy»
FitfjZf/x , Topographie de la Sui& , tom. IV , p. tf 3 , ^4 , 8cc«
fin du Tome dixième.