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Full text of "Tableaux sacrez des figures mystiques du tres-auguste sacrifice et sacrement de l'Eucharistie : dediez a la tres chrestienne royne de France et de Nauarre Marie de Medicis"

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< 


ALAROYNE 


0  YNE  tref 
Qireflienne,  tref 
Noble  Princejje, 
£|/     tref-digne 
Roy  ne  par  voZ 
"vertus   y    auant 
quefire  Roy  ne  de 
France  y  oferay-ie  fortir  de  mon  pe- 
tit &  Religieux  cabinet,  lieu  de  pé- 
nitence y  Ueu  dejoujpirs  $f)  de  larmes > 
pour  méfier  ma  voix  parmy  les  trom- 
pettes £0  cleronSy  refonansvos  loiian* 
ges ,  &  parmy  les  cris  $£)  acclama- 
tions de  bonheur  ^  failles  à  njoflre  ar-* 
riuee\  (0  ioindre  ma  plume  parmy 
les  deuijes   (f)  cartels  Royaux  ejcris 
pour  bienuieigner   njoÇlre  çjlfajejlé 
entrant  en  la  France ,  laquelle  vous 

t 


A  LA  ROYNL 
ouurant  les  portes  dejes  villes  &  tem~ 
pies  yfond  en  ioye  maintenant  y  comme 
ces  mois  p'Jfez  IJïalie  gemiffoit, 
quand  a  njoflre  départ  elle  perdoit  de 
veue  la  perle  dejès  Princejfiesf  Ofe- 
ray-ie  après  tant  de  riches  panégyri- 
ques y  tant  de  chants  diuins  3  tant  de 
Poèmes  ^)  Théâtres  dapplaudijje- 
ment ,  donneT^  a  vofire  honneur  en 
tant  de  lieux  ym  ingérer  y  mojpauure 
religieux  y  de  dire  ou  faire  quelque 
choïe  pour  ïadioufier  a  ces  publiques 
magnificences  ?  ou  me  tairaj4e  du 
tout e fiant  François,  quand  toute  la 
France  parle?  Ne feray-ie  rien  quand 
chafcun  efi  ajferé  à  magnifier  vofire 
heureuje  arriuee f  Certes y  MADA- 
ME, iemejuistreuuéperplex  entre  de- 
fir  &  craintte  :  voulant  £vn  cofié 
m  employer  pour  marquer  dignement 
lajfeSlion  dvn  tref-humble  &  tref-fi- 
delefubiefl  en  cette  première  occa* 
fîoniffîriofant  efperer  de  [autre  ,  de 


A  LA  HOYNE. 
pouuoir  faire  chofe  digne ,  eftant  mes 
forces  petites  ,  @/  ma  condition  ejloi- 
gn  ee  de  ces  grandes  fylendeur x,  Néant- 
moins  après  anoir  ajfe%  balancé  en 
cejle  doubte  p  tay  ofé  me  refoudre  a 
fupplier  par  ceft  efcript  vojire  Aid- 
jeflé,  me  permettre  non  feulement  de 
ioindremesvœw^  &  prières  religieu- 
fes  offertes  a  Dieu  au  feçret  de  mon 
cœur  en  ma  petite  demeure  pour  la, 
profperitè  de  mon  Grince  (0  la  i/o- 
fireymais  en  cor  es  de  vous  offrir  ce  pe^ 
tit  prefent  extérieur  en  tefnoignage 
de  ma  deuotion  intérieure >  (0  vous  re^  PrcmierB 


reeo- 


coznoiflre  en  cette  façon  .  qui  eftla 

Q       }  1  r  1       cl  gnoiflan* 

première  que  les  bons  jubiects  &  en-  ^^ 
fans  de  Dieu  entre  les  Hebrieux  gar-  Alg.io, 
derent  iadis  pour  recognoiftre    leur l6t 
premier  Roy.  ïefpere  quevoflre  Ma- 
iesléapprouuerama  refolution  &re- 
ceura  le  prefent  dvn  gracieux  accueil, 
tant  a  l exemple  du  Roy  voflreefpoux 
qui  m  a  yen  cy~deuant  de  fembUbU 


A     LA    ROY  NE. 
efloffe  Jïnjn  vifage  bénin  ,  que  pour 
eftre  iceluy  conuenable  a  njofire  Ma- 
icfié,  $  propre  de  ce  premier  an  denjos 
Royales  Nopces  y  de  la  rejtouïjfance 
prefente,<&  de  tout  le  temps  qui  fuiura 
par  après.  Car  cefi  unprefent  de  qua- 
torze tableaux Jacre^  dont  le  dernier 
représente  le  feflin  nuptial  du  Sauueur 
auecfbn  Eglife,  &  feul  contient  enfoy 
ï excellence  de  tous  les  treize  ensem- 
ble y  e fiant  ce  feflin  dreflfé  de  F  appareil 
de  toutes  les  délices  fiirituelles  &  au 
mets  d  immortalité.  Etafinquenjoflre 
^Maiefié  les  njoye  au  frontijfice  de 
ïœuure,  voicy  [ordre  &  le  deffein  ab- 
bregé  de  tous.  - 
i  •         Le  premier  efi  du  Paradis  terre/Ire, 
dfs  terre-  auquel  efifiguré le  plus  ancien  maria- 
ftre-       ge  du  monde ,  contracté  entre  <zAdam 
^T  Eue  premiers  T  rinces  de  ÏVniuersy 
CÏT*  premiers  ancefires  de  la  race  des 
hommes.  Leur  Palais  Royal  @/  leur 
Louure  y  efi  magnifiquement  bafly 


A    LA    ROYNE. 

ayant  le  (jel  ®  les  A flr  es  pour  toi£l(0 
lambris  >  &pour  feneftres  les  quatre 
portes  du  monde >  /' Orient Je  Couchât y 
le  Nort  (0  le  <JMidy .Leur grand faley 
leur  anti-ch ambre >leur  chambre  y  &/ 
leur  cabinet  y  cefl  vn  mefme  lieu  ex- 
cellent en  beautêy  mais  petit  en  ejpace, 
aujji  ne  font-ils  que  deux.   Leur  table 
efttoufiours  couuertede  mets  tref-ex- 
quis  &furtou5  deceluy  qui  eÛ  appel- 
Vêle fruiêl  de  vie  ytous fournis  du  Ti-  de  vie 
nel  du  Créateur y  &  appareille^  de  la 
main  de  la  maiflreffe  Nature  au  feu, 
du  celefle flambeau.      Cefl  vn  felfin 
perpétuel,  encorquzAdam  $  Eue  ne 
mangent  pas  a  toute  heure  y  nyvfent 
de  toutes  les  viandes  qui  leur  font  fer- 
mes. Leuriardinde  plaifance  cefl  vntes  iar- 
grand  domaine ymerueilleux  entoutes^oy^c 
chofes  rares.  Les  Tuileries  de  ^dris^^f^ 
&  le   Pratolin  de  Florence  ,  encor?yifânc% 

»  /    r  r  r  grand 

quils foient  magnifiques  ne  font  riennuc. 
toutes-fois  3  au  prix  de  celuy  qui  efl  ca~ 

a  m 


i*AÏ>el. 


A  L,    ROY  NE, 

ché  a  [ombre  de  cefle  figure.  Les  par* 
terres^  les  compartimens,  les  allées ,  le$ 
font aines  Jes  collines,  les  bois,  les  plan- 
tes J,es  arbres  Jes  fleurs  >  les  fruits  & 
toutes  les  pièces  divn  diuin  verger  >y 
font  rares  &  admirables  >  $£)  auec  ce  il 
s[y  treuue  vne  infinie  variété  de  toute 
forte  ioj féaux  &  befles  terreflres  vi- 
uans  enfemble  en  [accord  d'vne  amia- 
ble paix.En  ce  premier  tableau  efl  ca- 
chée la  peinture fecrette  du  Paradis  qui 
nous  attend  au  CieL  Et  ce  premier  fe- 
flin  y  pour  le  regard  dufruifl;  de  vie> 
nous  donne  la  première  figure  denoflre 
Sacrement  en  cefle  courfe  mortelle ,  & 
de  la  table  des  bien-heureux  en  la  vie 
qui  ne  finit  iamais* 

Le  fécond  tableau  y  efl  lefacrifice 
d'zAbel  premier  iufle  des  enfans  d 'o/- 
dam  y  &  premier  membre  de  [Eglife 
de  Dieu  y  portant  en  fa  vie  &  en  fa 
mort J.  a  figure  deln  sv  s-  Christ, 
<£*  defes  ejleus  viuans  en  ce  monde  & 


A     LA     ROYNE. 

fort  ans  de  ce  monde  auec  maintes  char- 
ges & perfecutions  caufees  par  la  per- 
uerfité  des  mefchans.  C'eftvn  tableau 
£  innocence  &  de  religion,  dont  le  pre- 
mier <&fouuerain  deuoir,  efi  d'adorer 
Dieuparfacrifice  offert  en  pureté  :  çjt4 
cefacrifice  ce  fi  le  fefiin propre  de  lafu- 
preme  tJMaiefié. 
Le  troifïefme  tableau  monftre  le  fou-    ,*• 

.     JL    J n  i  i  >r  t  -r       Mckhiic- 

ueratn  Trejtre  zynelchijedec  ,quijortdcchs 
de  fa  "ville  capitale  de  Salem  au  rencon- 
tre du  vaillant  Abraham  venant  vers 
luy  auecfes  troupes ^glorieux  £vne  in- 
fime victoire  &  chargé  de  butin  :  luy 
donne  la Jacree  refeélion  de  fonfacri- 
fi  ce  de  pain  &  de  vin,  ancienne  pein- 
ture de  noflre  Fucharifiie  :  reçoit  de 
luy  la  difme  de  toute  la  deftoiiille ,  & 
,  le  bénit  de  fa  grande  bénédiction.  Ta- 
bleau &  fefiin  de  religion  &  d* hos- 
pitalité. 

Le  quatriefme  fait  voir  Abraham      4. 

;+■      I  .  --  r  •  :  Abraham 

ur  ta  cime  dvne  montatgne  tenant 

a  iiij 


A  LA    ROYNËi 

fon  bien-aymé  Ifaac  garroté fur  tn 
Autel,  pour  le  viclimer  a.  Dieu  fé- 
lon fort  mandement  :  mats  Dieu  tout 
bénin  fe  contentant  de  la  bonne  vo- 
lonté du  père,  arrejle  le  coup  $f)  prend 
en  la  place  du  fils  ,  le  facrifice  iïnjn 
bélier.  Tableau  dvne  rare  foy }  (ç&J 
charité Jînguliere  enuersDieu,&  dvn 
banquet  Rojal  en  hommage  fidèle  à 
fa  <J%faiefié. 
$.  oAu  cinquiefme  >  on  voit  comment 

\^liles  Hebrieuxlefoir  deuant  que  for  tir 
de  la  captiuite  d  Egypte  >  mangèrent 
l'Agneau  PafchaL  Tableau  myfiique 
&feflin  myfiique  3  figurant  lefacri- 
fice  (0  la  viand.e  du  njray  oAgneau 
Ie  s  V  s-Chri  st,  comme  la  forfie 
figure  la  vraye  deliurance  du  peuple  de 
Dieu  ,  donnée  par  le  fang  dticeliiy 
oAgneau  fin  Fils. 

taManc.  Le  fixiefme  donne  la  çJManne, 
figne  de  la  tJManne  celé  fie,  quife  voit 
plouuoir  tous  les  ioursfur  les  oAutels 


es  Pains 


opo- 


A     LA     ROYNE. 
Chre&iens ,  feflin  de  merueittes  pour 
le  pèlerinage  des  enfans  de  Dieu. 

Le feptiefme faicl  la  peinture  d'nj- 
ne  table  incorruptible  y  &  met  en  auat  ^?ti 
les  Pains  depropofition  que  le  RoyDa-Çllion  ■ 
nid  mange  y  en  figure  de  ceux  que  les 
Chrefliens  mangent  en  vérité. 

Le  huicliefme  contient  le  feflin  &     g 
ïoblation  des  Prémices  &  la  figure  de  vobhù6 
noftre  nouuelle  offrande  <&  ^enteco-miccs. 
fie  cachée  foubs  ï  ombrage  de  F  ancien- 
ne Pentecofiedes  luifs. 

os4u  neufiefme  fe  voit  lebonElie  ^ 
dormant  a  l ombre  Jvn  geneure  y  re- 
creu  de  trauail  &  de  trifieffe  >  lors  de 
la  grande  perfecution  de  laRoynefe- 
Xûbel  idolâtre  qui  le  cer choit  a  mort: 
ï  Ange  le  rafrefchit  d'vn  repas  de  petit 
appareil  y  mais  de  grand  myfiere  :  ce  fi 
<vn  pain  miraculeux  &  vn  pot  d'eau 
qui  luj  donne  force  &courage  de  mar- 
cher quarante  iours ,  iufques  a  ce  quil 
paruienne  au  lieu  defauueté,  a  la  m  on- 


ce 
tiato 


A    LA    ROYNE. 

tagne  d'Oreb.    Tableau  de  peine  $f) 

patience>&feflin  de  lapreuoyance  de 

Dieu.- 
Lefaaifi-      ^e  dixiefme  cekbre  le  fdcrifice  de 
propi- propitiat ion ,  figure  delaremifjion  des 

pecheT^j  $  banquet  de  reconciliation 

en  la  loy  de  grâce* 
«•        L'onziefme  raconte  Finlîzne  mira- 

lescinq       »'      V  >  X  j  S 

Pains&   cle  du    ùauueur  ,  quand  auec  cinq 
fon7°lfl  Pains  &  deux  Coiffons ,  ilraffafia  au 
defert  plus  de  cinq  mille  personnes  af 
famées ,  faifant  la  prochaine  peinture 
par  <vn  fefiin  de  fa  preuojante  libé- 
ralité. 
u.   ^      Au  dou^iejme ,  le  Sauueur  faiSi  le 
deVfain0-  haut  (0  mjflerieuxfermon  de  la  man- 
^*chz'  ducat  ion  de  fa  chair.  Tableau  d'oreil- 
le £7*  viande  de  lame  9  preparatiue 
de  linflitution  de  [Euchariflie. 
oAu  trezjefne,  il  laue  les  pieds  à /es 
Lciau^-  oy4poftres  pour  cérémonie  preallable 

mène  aes    t  n  n  r        >r 

pieds-      du  tref-augufie Sacrement  <&facri}i~ 
ce   de  fon  corps.    Tableau  dhumi- 


A     LA    ROYNE. 
lité y  nourricière  de  toutes  les  vertus 
Chrefliennes ,  &  fïngulierement  ne- 
ceffaire  a  la  perception  de  ce  diuin  re- 

F*  t        n. 

Le  quatorze fme  &  dernier  exhi-ucnaac 

be  la  vérité,  lafubftance,  &  lèfialU^^ 
de  tous  lesprecedens,  Car  il  contient 
ïinflitution  de  ce  Sacrement  &  fa- 
crifice ^prédit ;pr 'omis,  &  enfeigné  aux 
ombres  &  figures  de  tous  les  Sacre- 
mens  anciens.  Tableau  de  la  félicité, 
Royal  *çpj  fouuerain  feflin  du  Sau- 
ueur préparé  pour  les  fuis  enfans  de 
Jon  règne.  Ce  fi  le  fommaire  de  lœu- 


ure  entier. 


Or  Madame,  linuention  & 
l  efiofe  de  ces  tableaux  riefi  pas  mien- 
ne, ie  ny  ay  quvn  peu  de  langage:  elle  L     d& 
efh  du  Fils  de  Dieu  qui  iadis  en  a  tir '^Sacrifices 

if.  ri     r      1  finis  en  la 

les  lineamens  çr)  pour  fils  jur  la  mem-  Croix ,  & 
brane,  ou  de  laloy  dénature,  (comme  I^Ij 
font  les  quatre  premiers  )  ou  de  fin charlftlc  • 
vieil  Tefiament ,  (comme  font  les  fept 


A    LA    ROYNE. 

d'après,)  &  s  eflant  faitt  homme,  il  a 
crayonné  les  deux  penultiefmes  ,  ^/ 
paracheué  tant  ceux-cy,  que  ceux-là, 
des  traifls  déjà  propre  main  ,  fur  ï in- 
firment de  fa  nouuelle  alliance  en 
[Euchariflie:  fâ)  ce  d'aine  diuine  fa- 
çon. Car  eflabliffant  ce  haut  &  diuin 
rnyflere  en  la  place  de  tous  ces  anciens 
facrifices  &  Sacremens,  il  a  mis  les 
viues  couleurs  fur  la  vieille  &  pré- 
cédente peinture  ,  embelly  toutes  les 
parties  du  deffein  iadis  faiéî  ,  donné 
corps  a  ï ombre  y  vie  au  corps,  &ame 
a  la  figure  muette,  &  tracé  en  vn  ab- 
bregé  admirable  de  fes  grandes  mer- 
ueilles,  les  plus  beaux  traifls  de  fon 
infinie fagejfe,puiffance  &  bonté. 

Or  combien  que  ces  vieux  Sacre- 
mens  &  facrifices  figuratifs  ayent 
perdu  leur  raifon  en  leur  pratique 
matérielle  par  ïeflabliffement  de  la  vé- 
rité du  nouueau  ,  ils  ont  neantmoins 
leur  r  an  g  &  ^f^ge  en  ÏEglife  Chre- 


'remier 


A    LA    ROYNE. 

fiennequevoftre  <J%faiefîé  leur  pour- 
ra donner  y  &   en  receuoir  fruiél  en 
deux  belles  façons. .  Premièrement  Jîsùot7ù 
elle  commande  quils  foyent  tire^  par11 
la  main  ouuriere  des  Peintres  de  fa 
ijiïfaieflé,  quifaifans  courir  le  pinceau 
fur  vnfond  de  peinture  auec  njne  gra- 
uegentilleffe  iinnention  y  njiuacité  de 
couleurs  &  perfection  d%  ombrages  & 
de  pour  fils  y fç  auront  artiftement  nai- 
fuer  l  entre-ient  dJvne  figure:  $£)  don- 
ner fentiment  *çîr)  paroles  auxchofes 
^muettes.    oAinfi pourtraiéîs  ils  vous 
feruiront  d'njne  deuote  &  riche  tapif 
fe rie  pour  tendre  voftre  cabinet  dO- 
raifon,  <ç£j  reprefèntans  avosyeuxla 
mémoire  de  ces  hifloires  facrees,  diront 
à  njoflre  ame  y  fans  fonner  mot ,  les 
merueilles  du  Créateur. 

Les  autres  t api fferies  dont  les  fales 
&  cabinets  desmaifons  Royales ,  njoT^ 
^Louures ,  njo^Tuileries  >&  Font  ai- 
ne-bleaux  font  tendues  ,  vous  pour- 


A    LA    ROY  NE. 

rontreprefenterpour  honnefle  récréa- 
tion y  les  haults  faicls  ^J  prouejjes 
des  "vieux  Cefars  &  Roysytant  Chre- 
ftiens  que  Payens  >  des  Confiant ins  y 
des  Theodofesydes  Iules,  des  zAugufies, 
des  zs4lexandres,des  C!ouis,des  Char- 
lemagnes  y  des  Sainéîs  Louys  y  comme 
aujp  les  combats ,  bavards  5  njiftoires 
^>JrJ  lauriers  du  Roy  <vofire  mary  no- 
fire  Ce  far  François  y  @/  la  merueille 
des  Rois  en  nos  iours  y  quand  en  F<vne 
'vous  verre^  comment  conduit  de  la 
main  de  Dieu  (  qui  Je  njouloit  Jeruir 
de  luy  quelque  iour  )  <&  ajjtfié  de  fa 
Noblejfe  Catholique  >  il  marche  a  la 
conquefie  dejon  Royaume  perdu  :  en 
l  autre  comment  en  <vne  iournee  heu- 
rcujement  perilleufe ,  il  court  rifque  de 
fon  Royaume  (0  de  fa  njie  >  &  que 
neantmoins  prenant  courage  du  defef 
poir  sfoldat  &  Capitaine  fans  peur  y 
il  arrefle  ïofi  victorieux  auec  njne 
poignée  de  gens y  &  rompt  les  barrières 


A    LA    ROYNE. 

de  la  fortune.  Quand  vousnotteréZ 
en  celle-là,  les  villes  &  batailles  gai- 
gneesyen  cefie-cyfon  entrée  doucement 
martiale  dans  fa  bonne  ville  de  9*  a- 
ris  y plus  ioyeufe  alors  de  fe  voir  prin- 
fe  quauparauant  ajfegee.    En  ïvne 
ou  il  efi  afferé  a  la  Fere,&laprend, 
en  ï autre  ou  il  preffe  ïennemy  affie- 
gé  dans  Amiens  fa   conque  fe  ,  ville 
au  il  reprend  y  imprenable  à  tout  autre 
qu'à  luy ,  gr  après  il  marie  lOliue  de 
paix  auec  fon  laurier  de  victoire. 
ZJoflre  'zsk'aiejlé  fera  aujji  refouie  y 
.  voyant  en  ïvne  des  dernières  de  ces 
tapifferies  y  les  cAmbaffadeurs  venus 
de  deU  les  sJMonts  pour  traicler  paix 
auec  luy  y  lors  de  voflre  heureufe  en- 
trée en  la  France  :  mais  fur  toutes 
vous  fera  agréable  celle  qui  tient  touf 
jours  le  haut  bout  des  plus  belles  J aies 
Royales  ,  reprefentant    ce  vaillant 
Prince  profierné  à  genoux  à  £  Autel 
facré  en  ÏEglife   de   Sainél  Denis, 


A    LA    ROYNE. 

ures y&  toute  forte  de  cbaffes  fîennei, 
&des  autres  Seigneurs, entre  lefquel- 
les  elle  notera  celle  du  vaillant  "PI a- 

cheEufb~ C/^  l°rs  $He  cour^nt  /vn  cerf,  il 
luy  voit  vn  crucifix  refplendififiant 
en  la  te  fie ,  refonant  en  lair  vne  voix 
qui  luy  annonce  I E  s  V  s-C  H  R I  sry 
dont  il  e  fi  fiait  dvn  Placidas  cheua- 
lier  Payen,  vnfainàl  Eufiache  mar- 
tyr* O  chajje  heureufe  !  Telles  &fem- 
blables  pièces  Je  haute  lififiè  &  de  mar- 
che>;  tijfiuës  dor  (0  deJoyey  donneront 
du  contentement  a  vos  yeux  :  mais 
les  tableaux  fufidits  luy  apporteront 
outre  le  plaijïrdelaveuëja  cognoif 
fiance  de  la  loy  de  Dieu  pour  infiru- 
âiîon  Chrefiienne  de  lame&cefi  leur 
vjagepremier. 

Le  fécond  efl  de  contempler  la 

vfage  des  beauté \  ï  excellence  (fi)  la  Maie  fie  de 

tableaux.  nojlre  Sacrement  reprefentee  en  iceuxy 

comme  en  plufieurs  miroirs  ,&   au 

noflre  la  vérité  de  ceux  la   diuine- 


A  LA  ROYNE, 
-ment  ramaffee,  au  moyen  de  laquelle 
contemplation  y  lame  en  fera  njne  ta- 
pifferiefpirituelle  de  plufeurs  obiecîs, 
four  les  auoir  toufwurs  deuant  fis 
yeux  ^rapportant  la  figure  ancienne 
au  Sacrement  nouueau^  &  par  ïaifle 
•  de  ce  rapport  sejleuera  en  [ admira- 
tion &  en  ï  amour  de  fon  Dieu.  Par- 
quoy  M  A  D  A  M  E  3  félon  ce  fécond 
<vfageyquiefi  le  plus  noble  y  tout  es  fois 
$£)  quant  es  que  <vo£lre  ^îaieïïé fe 
^voudra  prefenier  à  la  table  Royale 
du  Fils  de  Dieu ,  ce  quelle  fait  en  Roi- 
ne  trefchreflienne  fort  fouuent  >elle 
pourra  ietter  les  yeux  de  fon  entende-  Med; 
ment y fur  <vn  ou plufeurs  de  ces  An-"°^v-- 
ciens  tableaux,  tantofl  fur  IzArbre  de  la 
njie ,  méditant  fa  nature  ,fes  qualité^ 
$0  vertus  y félon  les  points  qui  font  la 
note%  :  tantofl  fur  lefacrifice  a  A  bel, 
ores  fur  ï  Agneau  Pafchal,ores  furla 
*3danney  ores  furies  autres,  lefquels  a- 
uec  leurs   expçfitions  fourniront  am* 

e   tj 


?llables  à 

com- 
munion» 


A     LA    ROY  NE. 

pie  matière  de  <JMeditation  fiirituelle 
^/propre  a  la  communion  y  tons  les 
iours  de  Dimanche  'çffrj  de'sfefles  de 
Pan:  ^/  après  qu  elle  aura  attentiue- 
ment parcouru  enfonefprit  les  traits 
delà  figure  antique  y  elle Je  tournera  à 
la  considération  de  la  "vérité  en  no- 
flre  Sacrement ,  $f)  ioiiira  auec  telle 
préparation  de  Jes  délices  de  tant  plus 
utilement  y  que  cefle  contemplation 
luy  aura  rendu  ï œil  de  l ame plus  at- 
tentif <&  pénétrant  ^  &  le  cœur  plus 
defireux  de  la  viande  celefle.  Et  en  ce- 
fie  manière  ces  tableaux Jeruir ont  de 
tapifferie  &  de  pafiure  celefle  en  leur 
façon  :  feruiront  di  ornement  &  de 
preallable  préparation  a  njoflre  amey 
pour  dignement  receuoir  ce  diuin  mets, 
&  auec  luy  la  réfection  de  toutes  les 
plus  belles  &  dignes  vertus  d'une 
Rjoyne  TrefGhreflienne.  Car  ce  Sa- 
crement ne  contient  pas  feulement  la 
grâce  de  Dieu  comme  les  autres,  mais 


A     LA     ROYNE. 
lauéleur  de  la  mefme grâce  ,  le  Sau- 
ueur  I  E  s  v  s-Chri  s Tyfuiuy  de  la 
magnificence  de  tousjes  threfors.    En  iaf0y, 
iceluy  voflre  Maiefléreceura  lumière  &  ^j^! 
pour  la foy,  force  pour  fejperance,  $  rité- 
vne  continuelle  amorce  pour  la  chari- 
téy  d'autant  que  cefl  vn  efclatant  my- 
flere  des  merueilles  de  Dieu  y  vne  viue 
image  de  la  future  félicité y  &vnfe- 
flih  nuptial  ivne  celefle  amour.  Elle  L'htumli- 
y  apprendra  ï humilité  (-vertu  tref-ne- 
ceffaire  aux  grands  )y   voyant  des 
yeux  delafoyle  Roy  des  Rois prefent 
&  neantmoins  reueflu  extérieurement 
delà  robbe des  accidens  vulgaires > de 
deux  elemensfenfiblesdupain  &   du 
vin  y  condefcendant  mijericordieufè- 
ment  y  &  fè  communiquant  familiè- 
rement a  [infirmité  &  nécessité  de  fa 
créature.    Elle  y pratiquera  iapiete  &  ReU- 
&la  Religion  enuers  DieUyCarelley^10' 
adoreraja  JZfaiefléfupreme  en  lapre- 
fence  defafaincîe  humanité vnie  dvn 

e  iij 


A    LA    ROY-NE. 
lien  éternel  avec  elle.    Enfommeelle 
y  prendra  le  viatique  neceffaire  an 
pèlerinage  de  ce  fie  mortalité,  les  biens 
fpirituels  &  éternels  ,  ï  accroiffement 
defquels  il  luy  faut  déformais  recer- 
cher  pour  s  agrandir  de  plus  en  plus 
deuant  Dieu  $f)  deuant  les  hommes. 
Car  quant  efl  des  honneurs  (yprefens 
de  la  vie  mortelle  ,  njoftre  jMaieft'e 
en  a  autant  quvne  perfanne  raifon- 
àT\zKotnable  enpeut  fouhaitter.   Elle  a  pour 
ne-       fes  ayeuls  (0  bis-ayeuls  maternels,  ies 
Empereurs     &  Rois  de  Boëme  & 
d  Hongrie ,  pour  fes  progeniteurs ,  Us 
grands  Ducs  de  Tofcane , pour  fe s  on- 
clesJes  Papes,  pour  mari  3  le  trefchre- 
flien  Roy  de  France,  Henry  1 1 1 1. 
Roy  demerueille  au  commencement, 
au  progrès  &  enlapoffejjion  de  fon 
fceptre  ,  Capitaine  tref -vaillant  aux 
combats ,  &  en  fes  vifloires  Prince 
tref  clément.  Elle  efi  en  fomme  Roy- 
nedïvn  Royaume  tref  riche  ^trefno^ 


A    LA  ROYNE. 

ble,  trefpuifant.  Ennoblie  de fes  fil- 
tres &  p°fee  à  là  ctme  defes  gradeurs, 
elleefi  vne  des  plus  grandes  $0  plus 
hautes  Dames  du  monde  y   &  ri  a  a, 
defirer  ï  accroiffement  d'autres  fortu- 
nes (£)  biens  yf non  de  ceux  quipeuuent 
$f)  doiuent  toufiours  croiflre  en  cefle 
vie>$£)  vous fournir  en  l'autre  l'efiojfe 
delà  couronne  de  gloire.    Ces  biens , 
Madame,  font  les  fainéles  ver- 
tus yornemens  &  atours  des  âmes  f& Vrais' <*- 
leuees  ,  comme  les  draps  de  foye ,  d'or,1^™^^ 
(0  d'argent  y  <&  les  pierres  precienfes*^- 
font  les  efoff es  qui  parent  les  corps  des 
grands  Dames.    Ce  font  ces  ornemens 
qui  ont  iadis  ennobly  les  fimples  Da- 
mes fur  les  RoyneS)  &  rendu  admira- 
bles les  Roines  fur  les  î{oynesmefrftes. 
La  vaillante  Judith  ejloit  (impie  Da-iu&ù, 
moifelle  de  Bethulie ,  elle  fut  par  fes 
vertus  efiimee  plus  noble  qu  aucune 
Roynedefon  temps.  He (1er  fut  /Jo^-Hcft«.  ' 
nedelPerfe  belle  par  excellence ,  mak 

e  iiij 


A     LA     ROYNE, 
fur  tout  ,f on  humilité,famodefiie,fa 
charité  y  fa  f âge jfe  &  autres  diurnes 
qualité^  de  lame,  la  firent  admirer  en 
fa  vie  plus  que  la  beauté  defon  corps  , 
plus  que  la  couronne  de  fa  te  fie ,  &  ont 
après  fa  mort  grauéfon  nomaiamais 
m  la  mémoire  des  fieclesfuyuans.  Ces 
ornemens,  Madame, auec les dops 
corporels ,  que  la  main  de  Dieu  libé- 
rale a  mis  en  vous,  font  les  attraits 
qui  vous  ont  defobé les  cœurs  des  peu- 
ples a  qui  vous  efles  cogneuë de^  vos 
ieunes  ans ,  &  les  t  titres  par  lefqueh 
ils  vous  ont  iugé  Princejfe  digne  d'vn 
Royaume.    Ce  font  les  poinéles  qui 
leur  ont  caufé  les  foufpirs  &  regrets 
quand  il  a  fallu  quils  ayent  eflé  pri+ 
ueX  de vofiretref  honorable prefence, 
&*  qui  font  maintenant  que  la  Fran- 
ce ef?anduë  en  allègre fe ,  recueille  vo- 
fire  ^M aie  fié  auec  les  fqnes  dvn  in- 
croyable contentement.    Pour  conclu- 
fton  ?  ce  font  les  threfors  quelle  portera 


A  LA    ROY  NE. 
quant  &foy partant  de  cefle  vie  mor- 
telleypour  a  iamais  régner  en  l autre, 
heureufe  auec  les  bien-heureux.   Les 
autres  biens  y  la  beauté  du  corps  J  es  ri- 
chejfes  y    les    Palais  y  les  habits  ,  les 
ioyauxy  les  carquansjesle  Royale  cou- 
ronne ><&  tous  les  autres  depofis  de U  sapient.j. 
terre ,  &  dépouilles  du  temps  ,  paie- 
ront de  leur  esire  au  tombeau,  comme 
l ombre y  qui  s  enfuit  y  comme  le  po fil- 
Ion  y  qui  galoppe ,  comme  vn  nauire 
porté  des  flots ,  qui  ne  laiffe  après  foyy 
nyfentier  ny  trace  ,  comme  ïojfeau 
qui  fend  f  air  donnant  poinéle  d'vne 
aile  forte  &  dvne  force  bruyante^ 
fans  marquer  les  tires  de  fonvol  !  sef 
uanouyront  comme  la  poudre  empor- 
tée du  yent,  comme  l'efcume  efpanchee 
par  la  tempefte,  comme  la  fumée  efpar* 
fe  en  [air  ,  comme  la  mémoire  divn 
voyager  qui  narrejle  quvn  iour.  O 
Royne  tref-Chreftienne ,  quefî-ce  que 


A     LA   ROYNE. 

tout  ce  monde  ,  vain  ,  que font  Ces  pre- 
fens  ,fes  pompes  £g/  fa  durée,  au  prix 
de  la  gloire  qui  nous  attend  en  l  éter- 
nité! Gloire  digne  des  Rois, ^J  des  a- 
mes  Roy  aies, qui  lafçauent  prifer  d\j- 
neiufle  balance  &  la  rechercher  £vn 
cœur  haut  (0  confiant.  Gloire  vraye- 
ment  digne  devons  ,  o  Roy  trefchre- 
§lien,$  âevom  Madame.,^  de  vos 
<J%fdiefie?\    Gloire  que  ie  vous  fou- 
haitte  de  tout  mon  cœur,  après  que  le 
Roy  qui  vous  a  ioints  enfemble,par  ce 
noble  &facré  nœud  marital, aura  fait 
ïvnpere  ^trj  [autre  mère  Xvn  Louys 
ou  dvn  Henry  Dauphin  de  France, de 
■plu fieur  s  fils  de  France,  (0  divne  Ma- 
rie de  France  ,  qui  tous  foyent  viues 
images  de  leurs progeniteurs  ,  de  leurs 
Ancefires,  <JZfonarques ,  Rois,  Empe- 
reurs,  ^y  de  leur  vertu, qui  foient 
tous  dignes  de  porter  couronne,  aujji 
noble  que  celle  de  France,  Et  d'efire 


A    LA    ROYNE. 

auec  leur  père  &  leur  mère  couronné? 
au  ciel y  ayant  après  eux  longuement 
&  dignement  régné  fur  la  terre. 


DevoftreMajefté. 

Tref-humble,tref-obeyfEmt  êc 
tref-fidek  fubieft  &  feruiteur, 

LOVYS     RiCHEOMÊ. 


approbation  des  Dofleurs. 

NO  vs  foubfignez  Do  fleurs  en  la 
faculté  de  Théologie  à  Paris5cer- 
tifionsauoirleu  entièrement  le  prêtent 
liure  intitulé  Tableaux  facre^  &:c.  co.m- 
pofépar  lçReuerendPercLovys  Ri- 
cheome  de  la  compagnie  du  nom  de 
Iesvs,  &:  n'y  auoir  rien  trouué  contrai- 
re à  la  Foy  Catholique  Apoftolique&: 
Romaine,  nyaux  bonnes  meurs,  ains 
plufieurs belles  chofes  tref-bien  dédui- 
ses &:tref-do  dément  expliquées  auec 
vne  finguliere  clarté  touchant  le  haut 
myftere  de  la  fain&e  Euchariftie.  Partat 
l'auons  iugé  tref-digne  d'eftre  mis  au 
iour5tantpourla  réduction  des  errants3 
que  pour  l'édification  &:  confolation  de 
tous  vrais  Catholiques.  Faid  à  Sorbo- 
ne  ce  feptiefme  Mars,  Tan  mil  fix  cens 
vn. 

Ph.    de     Gamaches. 

I.  MVLOT. 


INDICE 

DES  TABLEAVX,  ET 

DES     EXPOSITIONS 

d'iceux. 

douant-propos. 


de. 


V  e  c  eft  que  figure,  &  de  com- 
bien de  fortes  il  y  en  a.  r 
Les  caufes  ,  vfages  &  effe&s 
des  figures  de  l'Efcriturefain- 

10 


le  Paradis  terrejlre  &  l'arbre  de  Ytet 


21 


i  lEglife  de  Dieu  dépeinte  au  Paradis 
terreftre.  29 

2  Des  biens  &:  qualitez  del'Eglife  au 
parangon  du  Paradis  terreftre.        31 

3  Le  S.  Sacrement  de  l'Autel  figuré 
par  l'Arbre  de  vie.  33 

4  Rapport  de  l'Arbre  de  vie  au  faincî: 
Sacrement  de T Autel,  34 


INDICE. 

y  De  l'excellence  du  Sacrement  de 
l'Autel  par  deffus  l'Arbre  de  vie.    38 

6  Le  corps  du  Sauueurnourriture  de 
lame, & caufe de laglorieufe  refurre- 
<Sion  des  corps.  40 

7  Le  Sacrement  du  corps  du  Fils  de 
Dieu  arboré  par  toute  la  terre.      .42, 

8  Souhaitsfpirituelsde  la  claire  vifion 
du  corps  du  Sauueur  5  &  adion  de 
grâce  de  ks  biens .  4  3 

I  I. 

lAhel.      49. 

1  Le facrifîced'Abel figure  delà  croix 
&del'Euchariftie.  55 

2  Çonuenance  de  la  figure  du  facrifice 
d'Abel auec  celuy  de  la  Melîe.       56 

3  De  deux  fortes  de  facrifians.  59 

4  Dieu  permetle  mal  pour  en  tirer  du 
bien  à  fa  gloire  5c  profit  de  fes  eileus. 

.    61  • 

5  Abel  image  de  l'eftat  des  iuftes,   & 
Caïn  des  mefehans.  66 

III. 

Mdchifedec.   71. 

I  Mclchifedec  figure  du  Sauueur.     81 
1  La  Preftrife  du  Fils  de  Dieu  figurée 


INDICE. 

en  celle  de  Melchifedec.  83 

3  Pourquoy  le  Sauueur  a inftitué  le fa- 
crifîce  &  Sacrement  de  fon  corps 
foubsles  efpecesdupain  &rduvin.S> 

4  Le  pain  &  le  vin  marque  delà  paf- 
fion  du  Sauueur  en  fon  Sacrement. 
S6. 

5  Le  pain  &  le  vin  en  TEuchariftie  mar- 
ques du  corps  myftique  du  Sauueur, 

87 

6  Le  corps  du  Sauueur  appelle  pain  & 

fon  fans  vin.  83 

7  Qu'eft-ce  que  Sacrement.  89 

8  Qu'eft-ce  que  facrifice,  3c  comment 
e(tfaiâ,celuy  delà  MefTe.  ço 

9  Différences  entre  le  Sacrement  &;  le 
facrifice.  95 

10  Nulle  religion  fans  facrifice.  9j 

11  Tefmoignages  des  Dofleurs  He- 
brieux  fur  le  Sacrifice  de  Melchife- 
dech.  27 

12  Tefmoignages  des  anciens  Pères 
Grecs  fur  la  figure  de  Melchifedech. 
5)8 

13  Tefmoignages  des  anciens  PeresLa- 
tins  fur  le melme  facrifice.  100 

14  Différences  dû-Sacrifice  de  la  Croix 
&del'Euchariftie.  101 


INDICE, 

15  La  différence  du  facrifîce  de  Melchi- 
fcdech  &  celuy  de  la  MefTe.  1 03 

\6  Les  bons  cheualiers  fpirituels  dignes 
de  la  refeétion  &  benedi&ion  du 
corps  du  Sauueur.  10  j 

•    IIIL 

lAhrahdm    109. 

1  Ifaac&  le  mouton  facrifîez5  figure  de 
la  mort  du  Sauueur  &  du  Sacrement 
&  facrifîce  de  ion  corps.  118 

1  La  hauteur  dumyfterede  PEuchari- 
ftiefignifiépar  la  montagne,  &:  par 
Abraham  3  &  comme  il  s'y  faut  ap- 
procher. 121 
V. 
JJ*Agnc&n  Pafchat.  127. 

1  Du  tcps  de  l'immolation  del'agneaiï 
Pafchal,  de  de  l'an  facré  &  ciuil  des 
Hebrieux3&:deleur  Neomenie.  133 

2  Pourqûoy  l'an  des  Hebrieux  fut  Lu- 
naire.,^ comment  la  Synagogue  eft 
comparée  à  la  Lune.  138 

3  L'agneau  Pafchal  figure  du  facrifîce 
de  la  croix  &  dePEuchariftie.        141 

4  Comment  hsv  s-C  h  r  ist  eft  im- 
molé en  l'Euchariftie.  144 

5  L'im- 


î  &  D  I  C  E. 

5  L'immolation  du  corps  duSauueur 
au  facrifîce  de  la  Meffè^  confirmée  par 
le  tefmoignage  de  l'efcricure  &  des 
fainds  Pères.  148 

6  Comment  l'agneau  monftroit  i'vfa- 
ge&lafinderEuchariftie.  151 

7  Des  cérémonies  de  la  manducation 
de  l'Agneau  Pafchal,  154 

VI. 

La  Manne.  161  • 

ï  La  Manne  figure  du  Sacrement  de 
l'Autel.  167 

2  Correfpondance  delaManne  ^lu  S. 
Sacrement  de  l'Autel.  168 

3  Que  fignifioit  la  fernblance  du  coriâ-r 
dre  en  la  Manne.  175 

4  Le  S.  Sacrement  gardé  au  taberna- 
cle comme  la  Manne  en  l'Arche.  17  j 

5  Le  pain  des  Iuifs  porte  nom  de  mer- 
ueille  en  figure  du  mcrueilleux  Sacre- 
ment de  l'Autel.  175 

6  Merueilledela  puifïàncc  de  Dieu  au 
S.  Sacrement  de  l'Autel.  179 

7  De  la  toute-puiflTancedeDieu  en  la 
tranfïubftantiation.  181 

8  Ce  changement  eftvn  miracle  potu: 
les  fidèles  Catholiques.  184 


INDICE. 

9  De  la  mefme  puiflance  es  accidens 
du  pain  &  du  vin.  186 

10  La  mefme  puiflance  vérifiée  aux  ac- 
cidens du  corps  du  Sauueur  en  la 
quantité.  187 

11  Merueilles  es  qualitcz  du  corps  du 
Sauueurence  Sacrement.  189 

12  Admirables  rapports  du  corps  du 
Sauueur  au  mefme  Sacrement.     19  o 

13  Admirables  a&iôs  du  corps  du  Sau- 
ueur. 192 

14  Le  corps  du  Sauueur  impaflible.  193 

15  II  eft  en  plufieurs  lieux  en  mefme 
temps.  19  5 

lé  Le  corps  du  Sauueur  defliis  lesloix 
du  temps.  198 

17  Del'aflîete  admirable  du  corps  du 
Sauueur  au  Sacrement.  199 

18  Des  habits  du  corps  du  Sauueur.  201 
ip  Cornent  l'Euchariftie  eft  vn recueil 

des  merueilles  de  Dieu.  202 

20  Comment  kfoy  prend  force  de  ce 
Sacrement.  20J 

21  De  la  bonté  du  Sauueur  en  ce  Sacre- 
ment. 207 

22  La  charité  enuers  Dieu ,  &  enuers  le 
prochain  aidée  par  ce  Sacrement. 
212 


IN  DICT. 

23  De  la  fagefTe  de  Dieu  en  ce  mefme 
myftere.  214 

24  La  fagefîe  diuine  en  enfeignant  en 
ce  myftere.  217 

2j  Colloque  de  louange,  àrd'aftion  de 
grâce  à  Dieu.  220 

VII. 

Les  Pains  de  Prjpofition.    2 15. 

1  Le  corps  du  Sauueur  conceu  de  la 
Vierge  par  l'opération  du  S. E  (prit  li- 
gnifié par  les  Pains  de  proportion 
paiftris  de  farine  tref-pure  lans  leuain, 
229 

2  Comment- le  corps  du  Sauueur  eft 
offert  tous  les  iours  &:  renouuellé 
toutes  les  fepmaines.  232, 

3  Le  commencement  &:  la  fin  de  la 
communion  eft  la  chanté  5  &:  forai- 
ion  &  contemplation.  233 

4  Lecorps  du  Sauueur  fignifié  par  la 
table  des  Pains  de  propoiïtion.     234 

5  S  ignification'du  chandelier.        235 

6  Le  cœur  du  iufte  l'Autel  des  par- 
fums. 236 

7  Dequoy  &:  comment  nous  deuons 
remercier  Dieu.  238 

8  Les  vertus  neceflaires  pour  digne- 

ï  ii 


INDIvCE. 

ment  remercier  Dieu3  &  le  iufte  exa- 
men de  nos  adions.  239 

9  Souueraine  recognoifiànce  deuë  à 
Dieu  feul,  donnée  en  l'Euchariftie. 
240 

10  Le  corps  du  Sauucur  viande  des 
fanftifiez.  241 

ir  Que  fignifioit  la  table  des  pains  de 
propofition5  &les  chandeliers  mul- 
tipliez par  Salomon.  243 

12  La  pureté  du  corps  neceflaire  à  la 
fain<Se  communion.  245 

13  Ceux  qui  communient  fain&emenc 
prennent  forces  &:  armes  de  la  com- 
munion. 

14  Briefiie  exhortation  à  la  puretépour 
feprefenterau  S. Sacrement.        247 

V  oblation  des  prémices  de  la  Pentecojle*  251. 
1  Trois  feftes  des  prémices  Iudaïques. 

262 
z  La  Mefiè  oblation  nouvelle  en  la 

Pentecofte  des  Chreftiens.  264 

3  De  plusieurs  traiéts  de  l'ancienne 
oblation  refpondant  à  la  vérité  du 
Sacrement  &:  facrifîce  de  la  Méfie. 
266 

4  Du  nom  de  Méfie.  268 
j   Latranflubftantiation  qui  fe  fait  en 


ÏNDI  CE. 

ce  Sacrement  figurée  par  le  Icuain. 
271 

6  Le  Sacrement  Se  facrifîcc  du  corps 
du  Sauueur  fous  les  efpeces  du  pain 
prédit  en  l'efcriture5  &  enfeigné  par 
les  Dodeurs  Hebrieux.  274 

7  Tefmoignages  des  Hebrieux  fur  la 
tranfïubftantiation  &r  manière  en  la- 
quelle le  corps  du  Sauueur  eft  pre- 
fent  en  TEuchariftie*  277 

8  Tefmoignages  des  D  o  (fleurs  Chre- 
ftiens  de  la  tranfïubftantiation  5  &: 
manière  de  la  prefence  du  corps  du 
Sauueur  en  TEuchariftie.  281 

9  Pourquoy  le  Sauueur  a  voulu  que 
ion  corps  fuft  caché  &  non  vifible  en 
ceSacJCcinent.  286 

10  Comme  la  vieille  oblation  des  pré- 
mices commença  en  la  Pentecofte, 
ainfilanoftre  nouuelle.  291 

11  La  Mefle  commence  d'eftre  célé- 
brée par  les  Apoftres  en  la  Pente- 
cofte.  2^4 

IX. 

1  Le  Pain  d'Elie  figuré  du  Sacrement 
de  l'Autel.  30J 

x  11; 


INDICE. 

2  Que fignificTEfcriture parla  cuifïbn 
du  Pain  d'Elie  ibubs  les  cendres. 

307 

3  Quenous  fignifîc le  fommeil  d'Elie 

foubs  1  ombre  du  geneure.  310 

4  Le  chemin  d'Elie  depuis  l'ombre  du 
geneure,  iufques  à  la  montagne  d'Q- 
reb3  &  de  l'eau  à  luy  donnée  auec  le 
pain.  313 

5  Signification  du  pot  d'eau.  315 


Le  facrifice  propitiatoire.  31p. 

1  Trois  efpeces  de  facrifice.  311 

2  Le  facrifice  propitiatoire  qui  propre- 
ment fignifîoit  celuy  de  la  croix. 
322 

3  Le  fécond  genre  de  facrifice  propi- 
tiatoire figure  de l'Euchariftie.       32 j 

4  Auec  quelle  différence  les  facrifices 
&  Sacremensludaïques&les  Chre- 
ftiens  font  propitiatoires.  326 

y  Tefmoignages  des  anciens  Pères  La- 
tins &:  Grecs  monftrans  que  le  (acri- 
fice  delà  Méfie  eft  propitiatoire. 

6  En  quelle  façon  le  facrifice  de  la 
Mefïe3&les  Sacremens  remettent  le 


INDICE. 

péché  puis  que  la  croix  eft  noftre  en- 
tière rédemption.  334 
7  Le  facrifïce  de  laMefle  auecles  Sa- 
cremens  eft  honorable  à  la  croix. 

337 
S  Le  Sacrifice  de  laMefle  vtile  pour  im- 

petrer  de  Dieu  toute  forte  de  bien ,  & 
qu'il  s'eftend  à  toutes  perfonnes  5  fauf 
aux  damnez.  341 

9  Le  facrifïce  delà  Meffe  vtile  aux  fidè- 
les trefpafTez  en  Purgatoire,  &:  ho- 
norable à  ceux  qui  régnent  au  Ciel. 

343 

X  I. 

Les  cinq  Pains  &  deux  Poijfons.        349 

1  Le  miracle  des  cinq  pains  tableau  de 
l'Euchariftie.  354 

2  En  quoy  le  miracle  des  cinq  pains  fî- 
guroit  l'Euchariftie.  356 

3  Les  deux  Poifïbns  figure  du  mefme 
Sacrement.  358 

4  Pourquoy  il  n'eftfaift  mention  d'au- 
cune boiflbn  en  ce  miracle  ,  Se  des 

1  autres  circonftancesd'iceluy.       360 

j  Pourquoy  le  peuple   voulut    créer 

Roy  le  Sauueur,  &rpourquoy  le  Sau- 

ueur  s'enfuir.  362, 

ï  iiij 


INDICE. 

6  Dieu  nourrifficr  de  toute  créature^ 
vraye  nourriture  de  (es  enfans.    365 

XI  L 

Le  Sapeur  prefchantdu  Sacrement 
defoncorp.^ju 

1  Pourquoy  le  Sauueur  fit  le  fermon 
de  l'Euchariftie  deuant  que  l'infti- 
tuer.  375 

2.  Première  caufe  pourquoy  le  Sauueur 
a  voulu  donner  fa  chair  à  manger  8c 
fbnfangàboire.  378 

3  Remèdes  de  la  chair  du  Sauueur 
pour  noftre  mifere.  379 

4  Deux  mauuaifes  vnions  de  la  chair 
d'Adam  auec  noftre  ame  reparcespar 
la  chair  du  Sauueur.  381 

5  L'orgueil  &  la  fenfualité  contraires  k 
la  foy  5  &  les  premiers  ennemis  du 
fain&  Sacrement.  388 

6  Expofition  des  paroles  du  Sauueur 

C'E  ST  L*  ESPRIT  QJT  I  V  I  V  I  F  I  E5 
LA  CHAIR  NE  PROFITE  RIEN. 
LES  PAROLES  QVE  IEVOVS 
DISSONT    ESPRIT    ETVIE.   $0} 

7  L'herefie  toujours  charnelle  &:  a- 
moureufe  des  extremitez.  397 

8  Contradiction  des  erras  en  leur  fau- 


INDICE. 

fe  &  imaginaire  foy.  400 

9  L  e  fens  literal  fondement  des  autres, 
contre  les  mefmes  errans.  403 

10  Deux  fortes  de  communion  la  feule 
fpirituelle  &  facramentelle.         407 

11  De  la  diuine  fagelTe  &  bonté ,  &  de  la 
folie  de  mefeognoiflance  des  hom- 
mes en  ce  Sacrement.  409 

12  Aux  deuoyez  de  noftre  fiecle.      41$ 

XIII. 

Zelduement  des  pieds»    qig. 

1  LeSauueurcelebrala  Pafque  Iuifue 
deuant  qu'inftkuer  le  Sacrement  de 
fon  corps.  429 

2  Signification  du lauement  des  pieds. 

435 

XII II. 

L'Euchariftie  injlituee.    441. 

1  Auant-propos  de  S.  Iean  déclarant 
la  grandeur  du  myftere  de  l'Eucha- 
riftie  que  le  Sauuenr  inftituoit.     450 

2  Expofition  des  paroles  du  Sauueur, 
-   Cecy  est  mon  co  r  ps.       454 

3  Delà  clarté  &:  dufens  deces  paroles, 
Cecy  estmoncorp  SjparTe- 
feriture  &:  par  la  raifon.  457 


INDICE, 

4  Tefmoignage  des  Pères  fur  l'expofi- 
tiondesmefmes  paroles.  460 

5  Myfterieux  rapports  des  paroles  du 
Sauueur,  Cec  y  est  mon  corps, 
aux  anciennes  figures,  &:  à  tous  au- 
tres corps.  465 

6  Comment  le  Sauueur  s'offrit  à  Dieu 
en facrifice difant Cecy  est  mon 
corps..  471 

7  Le  facrifice  &:  Sacrement  du  corps 
du  Sauueur  ,  inftitué  au  myftique 
fouppermonftré  par  le  tefmoignage 
des  Pères.  476 

8  Le  teftamcnt  du  Sauueur  faiâ  en 
rinftitutiondu  Sacrifice  &  Sacremét 
de  fon  corps.  478 

9  En  quelle  façon  le  Sauueur  ayant  fait 
fon  teftament,laiiïàfon  corps  à  Ces 
héritiers.  485 

10  Deux  grandes  merueilles  aduenuës 
en  l'inftitution  de  ce  Sacrement.  487 

ïi  S.  Iean  premier  en  la  cômunion  des 
Apoftres. LEuchariftie  le vray repas 
&ieprefent  du  repas.  490 

12  Dés  paroles  du  Sauueur,  Fai&es  ce- 
even  ma  mémoire.  492 

13  LaMeffememorialItref-propre  delà 
Pailion  du  Sauueur.  496 

14  La  Meffe  ie  fefein  de  dîcu  ,  où  il  eft 


I  N  D  I  C  E. 

fïngulierementinuoquéen  la  loy  de 
grace,&: les  Chreftiens exaucez,  499 

15  La  rédemption  du  genre  humain  &: 
la  fin  de  lafynagogue  fignifiees  par 
l'inftitution  de  TEuchariitie  fai&e  en. 
en  la  pleine  Lune.  504 

16  La  fin  de  la  fynagogue  &  le  com- 
mencement de  la  Loy  de  grâce  figni- 
fiee  par  l'Eclipfc  de  la  Lune  &  du 
Soleil  aduenuë  au  lendemain  de  la 
Pafque  de  de  rEuchariftie  inftituee. 

5°7 
i7L'EgIifefignifieepar  la  Lune,  &de 
la  Pafque  &:  renouation  Chreftiénne. 

18  Le  Sauueur ayant  inftituéle  facrifîce 
&:  Sacrement  de  fon  corps  fortit  du 
logis  pour  aller  au  iardin  des  Oliues. 

5*5- 


IND  ICE  ALPH  ABETI- 

QVE     DES      AVTHEVRS 

employez  encefte 
œuure. 


A 

Abdias 

S.  Alexandre. 

S.  Ambroife. 

S.  zAnfelme. 

tArifiote. 

Athenagoras. 

S.  zAuguïïin. 

B 
Baronius. 
S.  Baftle. 
la  S.  Bible ^vieil  & 

nouueax    Tefta- 

w.ent. 


S.  Chryfofiome. 

Ciceron. 

S.  Clément. 

rd'Agde. 

2e  de  Çar- 
thage. 

de    Cbaa- 
Con-  v     Ions, 
ciles.  jElibertin. 

de  Njce. 

pz  Romain. 

de    Tren  - 

te, 


INDICE» 

S.  Cyprien.  I 

S.Cyrille.  S.Jean  Ddmafce- 

D  ne. 

S.  Denis  Àreopa-  Innocent  ^ape. 

gîte.  lofepbe. 

E  S.Jrenee. 

S.  Epiphane.  S.Iuftin  <J%fartyr. 
Euarifle.  L 

Eufebe.  Lampiidius. 

G  S.  Léon, 

(jalatinus.  Liturgie  de  $.Ja~ 
Glofe  ordinaire.         ques. 

S.  (jr  ego  ire.  Lyranus. 
S.  Grégoire  de  Na-  <JM 

XidftXe.  Martial. 
SainélGregoirede  Adinutim  Félix. 
NjJJe.  O 

H  Oecumenius. 

Hérodote.  Optât  Adilemtain. 

Hejychipis.  0  rigen  e. 
S.Hierojrne.  *P 

S.  H  il  aire.  Vajchafint. 

Homère.  Perfe.  *v 


DES    ÀVTHEVRS. 
Philonjuif.  S.Remy. 

Platon.  ,     Rupert. 

Pline.  S 

Plutarque.  Seneque. 

Profyer  d "  Aquitai-  Suétone, 
ne.    y  S  uidas. 

I{  les  Sybilies. 

rBarachias.  ^ 

lonatbas.    _  ,  r  , 

7    i  1  ele  phore. 

judas.  ^   Jr]h 

y.    t.  1  ertullien. 

Kimht.  ^j     j 

isf  r  ls  *  heodoret. 

Uns.  1    darjan.  f  ^ 

rhinee. 

Salomon.  *U 

i  Samuel,  IJalere  le  Grand, 


TABLEAVX    SACREZ 

DIS     F  I  G  V  R  E   S    M  Y   S    T  I- 

ques  du  tref-augufte  Sacre- 
ment &:  facrificc  de 
TEuchariftie. 


À  VANT-PROPO  S, 


§)ue  cefl  que  figure  y  &  de  combien  de 
fortes  ily  en  a. 

E  Sacrement  &:  fa- 
erifice  de  TEuchariftie  eft 
vn  ouurage  deDieu  fi  haut 
&fi  grand,  que  nulle  lan- 
gue d'homme  ny  mefme 
d'Ange,  n'en  peut  aflez  dire,  ny  en  dif- 
courirdignemét:  Nous  enauons  di<ft 
quelque  chofe  aux  quatre  liures  de  la 
iaincteMeffe,  réfutant  l'erreur  &  con- 
firmant la  foy  Catholique  ,  nous  en 
dreilbns  encor  ce  traifté,  fans  meflee 
de  controuerie  à  l'honneur  du  myfte- 
re,  en  confirmation  de  ceftefoy,  de  eu 

a 


2  Avant-propos 

faueur  de  ceux  qui  n'auront  eu  le  loi  - 
iir  de  lire  ceft  œuurc-là.  Nous  pre- 
nons pour  thème  de  nos  difeours,  les 
plus  notables  figures  d'iceluy  myfte- 
re,  tracées  au  liure  de  Dieu  ,  que  pour 
cefte  occafion  nous  auons  intitulé, 

Vinfcrtyion  JaBLEAVX       SACREZ,    Ceft 
<icïce»Hre.       >     ,.  ,  ,  .  ,  , 

a  dire,  tables  qui  mettent  deuant  les 
yeux  5  les  images  facrees  &  figures 
prophétiques  du  myftere  que  nousa- 
dorons.  Ceux  qui  auront  veu  la  vé- 
rité voltigeant  armée  en  lice  de  difpu- 
te5  prendront  encor  plai/îr  de  la  voir 
ïcy  régnant  en  habit  de  paix  :  ceux  qui 
ne  l'auront  pasveuë,  auront  occafion 
de  fe  confirmer  fans  bruit  de  guerre ,  è£ 
fans  caftille  en  la  créance  de  l'Egiife  de 
Dieu. 
zefuhun&  Povr  auât-propos  de  toute  f  œuure 
ufin  d<  ceji  ji nous  faut  briefuement  déclarer  .que 

étnat-propos.  £  .  ^ „ 

cclt  que  ngure5comme  nous  iaprenos 
icy  3  de  de  combien  de  fortes  il  y  en  a  : 
Itempourquoy  Dieu  a  voulu  qu'en  la 
loy  de  nature  &:  de  Moyfe>fufTent  cou- 
chées les  figures  des  myfteres  de  la  loy 
de  grâce:  Parla  première  déclaration, 
nous  aurons  vne  générale  cognoiilan- 
ce  des  figures,  quecy-apres  nous  de- 
chifrerons  en  particulier,  Parla  fecon- 


SVR    LES    FI  G.    MYSTIQJES,    J 

de  nous  cognoiirroiiS)  que  Dieu  a  trei- 
fa^ement  vie  de  cefte  façon  d'enfer- 
^nerfaloy  pour  la  manifeitation  delà 
gloire  ,  6c  profit  de  Tes  enfans  ,  qui  (ont 
les  deux  plans  qui  font  l'aiïîette  de  nos 
tableaux. 

Donc  pourle  premier,  nous  norerôs  Defnitton  & 
que  figure  pnnleala  naturelle  îclo  Ion  tme%t 
nom  ,  fignifie  la  façon  &  le  traiâ:  exté- 
rieur de  quelque  corps  :  ainfi  la  forme 
exterieure,les  lineamés,&:  la  proportio 
des  parties  d'vne  plante ?  d'vne  beftc, 
d'vn  homme,  c  eft  fa  figure,mais  figure 
naturelle  de  laquelle  nous*  ne  parlons 
pas  icy ,  eftant  ce  fubiect  du  tenement  o^«»  ** 
des  Naturalises.  Parquoy  figure  felon^f""*"' 
noftre  fens  &vfage  prefent^  ceft  vne- 
chofe  fai&eou  dreffee  pour  en  repre- 
f  enter  ou  fignifier  vne  autre,  &  cefte-cy 
eft  artificielle  &  s'aopelle  autrement    .  t 
peinture  ,  &  fe  trouue  de  trois  fortes. La  mtenfaru. 
première  eft  celle  qui  donne  aux  yeux  Ptinty*. 

t    .  r     l  ..  J  rr.uete. 

du  corps,  reprelentant  par  lineamcns  vânwei* 
&  couleurs ,  quelque  chofe  fans  fonner  *<#. 
mot.qui  pour  ce  eft  appeliée  par  les  an-  jïJ^T . 
ciens  peinture  muete.   Telles  font  les  Num.zi. 
images  tant  de  boffe  que  de  tableau, tel  ,L"  Ch£r"" 
rut  ;e  berp  et  d'airain  icttc  en  ronte  par  3,RC<r.$,i^. 
Moyfe^les  Chérubins,  les  Palmiers*  & 

a  ij 


TUte 
peinture. 
Vifion, 


Peinture 

parlante  fi:- 
condeforte. 


Teinture 
parlante  fur 
ynejeiiifte. 


troifiefmt 
farte  de  ! e'.n 
Une, 


4  A  VANT-PROPO  S 

autres  images  pourtraj&es  au  teple  4c 
SaIorno,Itcm  les  peintures  des  faifons, 
des  vices ,  des  vertus ,  &  autres  pièces 
imaginaires  reprefentées  ou  par  le  ci- 
feau  en  relief,  ou  parle  pinceau  en  pla- 
te peinture.  A  celle  forte  fc  rapportent 
lesviiîons  qui  fe  font  en  l'imagination: 
car  encor  qu'elles  (oient  aucunement 
fpirituellcs,  elles  fe  font  neantmoins  à 
guife  de  corps  obie&ez  à.  laveuë  des 
fens  intérieurs. 

La  féconde  forte  cft  celle  qui  dône  à 
ioreille,que  par  contraire  qualité  nous 
pouuons dire  parlante-  Telles  fontles 
deferiprions  ou  fictions  verbales  quife 
font  parles  Poëtes,ou  Hiftoriens,d'vn 
arbre, d'vne  riuiere,  dVn  animal,  d'vne 
tempefte,  d'vne  vertu  ,  d'vn  vice,  ou 
d'autre  chofe  vray e  ou  imaginaire. Ce- 
tte forte  comprend  les  narrations  qui 
fe  font  pour  expliquer  quelque  figure 
artificielle,  foit  elle  prefente  oufeincte 
comme  prefente.Tcls  font  les  tableaux 
de  Philoftratc-car  en  iceuxil  n'yany 
couleur  ny  peinture  ,  mais  la  feule  pa- 
role qui  fein<5t  les  images  &  figures ,  & 
dechifre  les  fantafies  de  fautheur  com- 
me ayant  la  peinture  deuant  fes  yeux, 

L  a  troifiefmc  forte  de  fiçures  cft  vnc 


SVR    LES    FI  G.    MYSTIQVES.    J 

chofeouvne  action  inftitueepour  re- 
prefentervnmyftere,  &  fie  eft  vn  my- 
ïtereciuil  ou  profane,  c'eft  vue  figure  ,  ,.„ 
cuule  ou  profane,  comme  citoient  les 
hieroglifes  des  vieux  Egyptiens,confi- 
ftans  en  certaines  figures  de  beftes  ou 
d'inftrumens,mifes  pour  fignifier  quel- 
que chofe  cachée  :  ainfi  vn  Crocodile 
eftoit  la  figure  d'vn  trahiftre  5  l'aigle ,  la  CrQCodil<- 
figure  de  lame.  Si  c'eft  myftere  de  reli- 
gion ,  c'eft  vne  figure  facree.  Ainfi  la 
manne  eftoit  vne  facree  peinture,  non 
de  couleurs  ou  de  paroles,  mais  de  li- 
gnification. Ainfi  la  Circoncifiô  eftoit 
vne  action  lignifiât  &  figurant  le  Bap- 
tefrne.  Cefte  figure  eft  autremët  nom- 
mée Allégorie ,  peinture  &  expofition  *%fri* 
myftique,contenât  en  foy  vn  fens  fpi- 
rituel5cogneu  aux  gens  fpirituels3&  ca- 
ché aux  grofsiers. 

Cefte  dernière  forte  faict  le  fubiecT: 
fondamétal  de  nos  facrezTableaux  de 
TEuchariftie,  car  noftre  principal  but 
eft  d'expliquer  les  chofes,  &  les  actions 
remarquables  inftitueesen  la  loy  de  na- 
ture &  de  Moyfe ,  pour  fignifier  le  fa- 
crifîce  &:  Sacrement  du  corps  du  S  au-  — 
ueur  :  Neantmoins  en  defployant  le 
volume  de  ces  figures,  nous  auons  vfé 

a    iij 


6  Avant-propos" 

de  Fcntremife  de  toutes  les  autres  pein- 
tures ,  de  la  première  ,  aux  tableaux 
grauez,efquelseft  couchée  la  peinture 
lapcinture    nlllCtc,dela  féconde,  en  l'explication 
y«»»««jw.Iiterale  defdi&s  tableaux,  donnée  de 
Unte.         parole.     Nous  auons  aufli  faift  main- 
tes faillies  en  recommandation  de  \x 
vertu  ,  &  en  deteftation  du  vice,  pour 
l'inflruclion  des  mœurs,  &:  fouuent  ex- 
cité les  perfonnes  à  la  contemplation 
&amourdelapatriecelefte,  touchant 

Quatre  fens  .  „  ,  r  , . 

vfiuxen  M-  Par ce  m°ie  les  quatre  fens  cardinaux, 
ernure.  qui  communément  fe  trouuet  es  thre- 
s.  Tho.i.   {orscieIafainâe  Efcriture,  leliteralou 

par.q.i.arc.  u  .        \ 

io.ex  s.  hiltoue  qui  vale  premier,!  allégorique 
Grcg.Lto.  oufiffuratif/quieftrefpritduliteral,  le 

mor.c.  t.  t       •      '  i  •  r  i 

Lehterai.  tropologique ou  moral ,  quirormeles 
^ffrt«e.mœurs    &  l'analogique  qui  monftre 

te  Moral.      i.c     f>  !    •  r  T      r  1      n.  1     t_ 

^^  l'hghletnomrante.  Leliteral  eitlaba- 
2<".  fe  des  trois,  l'allégorique  eft la  lignifi- 

cation myftique  du  literal ,  le  tropolo- 
gique eft  le  fruicl:  de  lVn  &:  de  l'autre, 
l'anagogique  eft  la  fin  de  tous. Et  en  ce- 
fte  façon  auons  nous  comprins  quatre 
fortes  d'expofttions,  &:  trois  fortes  de 
peintures  pour  enfeigner  auec  fruicl  &: 
plnifir ,  le  plus  grand  my ftere  de  noftre 
w  ,  ,     .  religion:  car  s'il  nV  a  autres  meilleures 

Méthode  vu-     .  '*2  ..  ,  J     . 

UpUifante.  M  plus  vtnes  méthodes  que  ces  quatre; 


SVR    LES   FI  G.    MYSTIQVES.     J 

&  s'il  n'y  a  rien  qui  plus  délecte,  ne  qui 
face  plus  fuauement  glifler  vnecbofe 
dâsl'ame,  que  la  peinture:  ne  qui  plus 
profondement  la  graue  en  la  mémoire, 
ne  qui  plus  efficacement  pouffe  la  vo- 
lonté pourluy  donner  branle,  &  l'ef- 
mouuoirauec  énergie  à  aymer  ou  haïr 
l'obiect  bon  ou  mauuais  qui  luy  aura 
efté  propofé,ie  ne  vois  pas  en  quelle 
manière  on  puiffe  plus  profitablement, 
viuement ,  de  delicieufement  enfeigner 
les  vertus,  les  frui&s  &  les  délices  de  ce 
diuin  &  facré  mets  du  corps  du  Fils  de 
Dieu,qu'auec  les  fufditesexpofitions^ 
&auecTair  decefte  peinture  triple  ,  de 
pinceau, de  parole,&  de  lignification. 

Simon  effort  encefte  matière  vraye-   ^^/f*** 

111     "*tns  <- «re- 
nient Chrcftienne  Se  digne  de  l'oreille^»*. 

de  tout  homme  d'honneur  ,  apporte 
quelque  profit  ôdufrre  à  noitrefoy,  &: 
quelque  profit  fpirituel  au  public ,  co- 
rne ie  le  defire  de  tout  mon  cœur:  la 
louange  enfoittouteà  Dieu,  qui  m'a 
fourny  l'efprit  &  le  corps ,  l'ancre  &  le 
papier,  pour  efcrire.Et  iï  à  l'exemple  de 
ces  tableaux  Chreftiens,  les  bos  efprits 
prennent  occafion  d'vfer  de  femblable 
méthode  f  efgayans  fur  quelque  digne 
£ubiec\pour  enfeigner  auec  honnefte 

a    iiij 


8  Avant-propos 

rccreation  &  profit,le  moyen  de  fuiure 
la  vertu  &:  fuir  le  vice,i'en  auray  vn  fin- 
gulier  contentement  &  foulas  pour  ma 
part,  &  eux  en  receurontrecompenfe 
d  honneur  &:  de  gloire  de  la  main  de 
celuy  qui  nelaiife  aucune  bonne  œu- 
ure  faicte  pour  fon  nom  ,  fans  loyer ,  ny 
aucun  mal  commis  contre  fes  loix/ans 
peine. 

Certes  pour  dire  cecy  en  paflant,  c  efl: 
vne  mifcre  autant  digne  de  compaflion 
que  de  honte,  que  plufieurs  Poètes  de 
O  rateurs  parmy  les  Chreftiés,&  nom- 
mément en  noftre France,  employent 
la  bonté  &  fertilité  de  leurs  efprits,  "a 
eferire  des  comptes,  des  fables  ,  des 
amours,  &  autres  chofes,   ou  inutiles, 
ou  pernicieufes.&s'cfuantrent  comme 
****gm*.  Araignes  a  tiftre  des  filets  aux  mou- 
ches &  œuures  de  vanité, quittât  mille 
beaux  fubieéts  fur  lefquels  ils  pour- 
roient  auec  louange   éternelle   faire 
courir  la  poindte  de  leur  flyle:  C'eft 
grande  honte  au  nom  Chreftien  de 
voirvn  Pindare  Payen  ,vn  Euripide, 
vn  Virgile5vn  Appelles,vn  Philoftrate 
&séb!ables  Aucteurs  prophanes^tra^ 
uailler  fi  foigneufement  à  defcrire,cha- 
ter,  peindre  &reprcfcntcr leurs  Capi- 


SVR  LES    FI  G.   MYSTIQUES,  p 

taines ,  leurs  geftes ,  leurs  Dieux,  leurs 
vices  8c  leurs  vanitez,  pourla  gloire 
de  leur  fuperftition,&:  plufieurs  Chre- 
ftiens  ne  fçauoir  choifir  ny  vne  matière 
ny  vne  façon  propre  du  nom  Chre- 
ftien,  pour  efcrire Chrétiennement  à 
la  louange  du  vray  Dieu,  à  l'honneur 
Se  luftre  de  leur  religion.  Chofe  déplo- 
rable encor  d'en  voir  d'autres  tremper 
le  pinceau  &:  la  plume  dans  les  bour- 
biers &  cloaques  des  chofes  profanes,  r^,  * 
&  en  drefler  des  tableaux  d'abomina-/c4^. 
tion&r  defcandale,  &  eferire  &  pein- 
dre de  tels  fatras  &  vilenies  plus  profa* 
nement  que  les  profanes  mefmes^fans 
fe  foucier  de  perdre  leur  ame5moyen- 
nant  qu'ils  gaignent  quelque  bruit  de 
réputation  parmy  les  âmes  légères.  Et 
quelle  folie  funefte,  d'acheter  à  fi  hau- 
te enchère  les  fumées  de  vanité  ?  d'en- 
courir l'ignominie  &  peine  éternelle, 
pour  mettre  fon  nom  au  vent,  de  eftre 
eftimé  des  fols ,  gentil  artizan  de  folie? 
Mais  venons  au  fécond  poinct  deno- 
ftre  Auant-propos,&:  déclarons  pour- 
quoy  Dieu  avféiadis  des  figures  preal- 
lables  à  la  lov  de  srrace. 


io  Avant-propos 

Les  caufesjvfages  ffl effeéîs  des  figu- 
res de  l  eJcritureSamcte. 

Este  encorss  à  déclarer  fc- 
iô  noftrepouuoir,  pourquoy 
laprouidencediuine  a  voulu 
vfer  des  figures  preallables  en 
laloy  dénature  &:  de  Moyfe,deuant 
quenuoyer  fon  Fils,  pour  eftablir  la 
fienne  en  propre  perfonne. 

Svr  quoy  nous  difons  en  gênerai 
queceft  pour  déclarer  qu'il  eft  Dieu, 
&c  pour  enfeigner  profitablement  fa 
créature, & prouuonsainfi noftre  dire. 
La  manière  d'ouurer  Familière  à  Dieu, 
ceft  de  parfaire  fesœuures  admirables 

Dieu  corn-     r       j  •  i  o 

mmce bardes™*  des  petits  principes  &  commence- 

ftëtisçriméi-  mens,&;  faire  paroiftre  qu'il  eft  Dieu 

**•  aux  chofes  petites,  aufsi  bien  qu'aux 

grandes  ,  &:  aux  commencemens  & 

progrés,  aufsi  bien  qu'à  la  fin. 

E*fe  cmatïo  ^  N  creant  Ie  monde 5  il  commença 
prie  ri™,  par  le  rien,  &  enlegouuernantil  con- 
nue la  production  des  créatures,  parla 
femece  d'icelles,  qui  n'eft  prefque  rien, 
&:  qui  eft  digne  d'admiration,  cefte  fe- 
mence  contient  enfapetitefTe,  tout  ce 
qui  en  doit  naiftre  par  après.    Cefte 


SVR    LES    FIG.  MYS  TIQJE  S.   H 

méthode   eft   conuenable  à  manife- 
fter  clairement  fa  fagefTe^puiiTance  Se 
bonté ,  &:  fort  propre  pour  fuauement 
apprendre  l'homme  félon  fa  capacité. 
Qui  voit  vn  bel  &  grand  palmier  bien 
branchu,toufFu,&  chargé  de  datte$,ily  *«•!&■ 
adequoy  admirerle  Créateur  en  celle      t^  ^ 
creature5mais  celuyqui  contemple  lcig$chofism 
petit  noyau  dont  Bout  cela  cHCotty  ^lzleu.rifourcts 
racine5le  tronches  brâches,  les  fueilles, 
&:le  fruictde  l'arbre,  il  magnifie  dvn 
coftécefte  fagefle  diuine,  qui  par  Tin- 
ternalledu  commencement  à  la  fin,  &: 
de  fesbauchement  à  la  perfection  de 
ceft  arbre  ,  enfeigne  fi  proprement  la 
grandeur.par  l'oppofition  de  la  petitef- 
fe,  de  l'autre  il  admire  fon  infinie  vertu,, 
qui  d'vn  fi  petit  germe  a  peu  produire 
de  fi  grads  efrefts  :  &:  loue  fa  bonté,  qui  iàfi^ffeât 
enafaitprefentàrvfagederhommc.    v jeu  admira - 
Ceste  façon  eftauflî  claire  que  merW  «*/*/«»  g/v 
ueilleufe  en  tous  les  membres  decerc^"»'™^»* 
Vniuers:mais  tres-illuftre  &  tref-admi-  */*  *'«*; 
rable  en  la  Monarchie  que  ce  mefme 
Dieuaeftablie  au  règne  defonEglife, 
dont  lesfondemens  ont  efcé  rnerueil- 
leux  en  la  loy  de  naturelles  progrés  en-  î*rtné&  £ 
cor  plus  en  la  loy  des  Iuifs,  mais  lac-  h 
compliflement  fiait  en  la  loy  de  grâce, 


12  Avant-propos 

furpaffe  toute  admiration.  Les  fonde- 
mens  en  la  loy  de  nature,  &  les  progrés 
en  celle  de  Moyfe,font  merueîllcux, 
parce  qu'en  leur  petiteffe  ,  ils  conte- 
noiét  le  modelle  &:  la  figure  de  la  gran- 
inUUy  iedcuv  de  la  loy  du  Sauueur  ,  &  en  cefte 
**?■        loy  du  Sauueur,  lacheuement  eftinfî- 
nicmct  plus  admirable  en  ce  qu'il  con- 
tient laperfedion  detoutcequiauoit 
eftéiadis  fonde  &:  figuré  en  l'vne  &:  en 
l'autre loy  :  Et  c'eft  ce  que  fouuent  l'ef- 
criturc  nous  met  deuant,  comme  vn 
clair  argument  de  laMaiefté  du  Créa- 
Toute»  ^-teur.  S.  Paul  eferit  que  toutes  chofes 
z»re  aux    aduenoient  en  figure  aux  Inifs ,  c'eft  à 
i.  côr.  10.  dire  ,  que  la  vieille  loy  eftoit  vne  pein- 
ture delà  nouuellc;   Et  le  Sauueur  pro- 
rniotu.     tefte  fouuent  qu'il  veut  accomplir  la 
Mact.5 .18.  i0y5  iufques  a  vn  petit  iotta,  c'eft  à  di- 
re, que  la  loy  de  grâce  eftoit  l'accom- 
pliffement  des  anciennes  loix. 
JX**t'ffl       On  Dieu  s'eftdiuinement  fait  paroi- 
an  report  itre  Dieu ,  en  celte  œconomie ,  &:  rap- 
ëî  cf»[ti    port  dcs  chofes  paffees  auxfutures,&:  R 

fiafleei    aux l  n     .  .  l        ■.  r  . 

pentes,    elloignees  les  vnes  des  autres,  n  ïamais 

Tfutfçtuat.  en  aucun  autre  efFeét.  En  premier  lieu, 

predifant  ce  qui  eftoit  à  venir,il  a  mon- 

lire  auoir  deuant  (es  yeux  prefentes 

toutes  chofes,  fiiflcnt  elles  paffees,  ou  à 


'  SVRLES  FIG.MYSTIQVES.    IJ 

venir  (marque  de  fupremediuinité:)  car    ^. 
fans  cefte  fciéce  il  n'euft  peu  ordonner  pçrXeUs 
&  prédire  tant  &  fi  beaux  dcfTeings  des  àHftsfit* 
my  ftercs  qui  ne  deuoiet  eftre  effectuez  ZZT 
qu'après  la  fuite  de  pluficurs  miliers  Eu, 41.15. 
d'ans ,  ny  faire  &  moftrer  des  lineamés  ^a^rr^h' 
Idelaloy  deMoyfe  enlaloy  dénature,  tionc. 
&  faire  en  la  loy  de  Moyfevn  corps  de 
figures  qui    reprefentafient  la  loy  du 
JMeffie3comme  nous  voyons  auoir  efté 
faicV.  Caria  circôcifion  donee à  Abra-  udrcomU 
ham5la  mer  Rouge5le  defert,la  mâneja-^** 
motagne  deSina5les  facrifices^les  ccre- 
monieSjCnfomme  tous  les  myftereslu- 
daïques  5  nettoient  que  tableaux  & 
peintures  de  ce  corps  5  cotenans  en  fi- 
gnification  noflre  vérité.  Qui  doc  euft 
içeu  tirer  ces  trai&s  fi  diuins  5  de  temps 
en  temps,  de  Caifon  en  faifon  >  finon  ce- 
luy  qui  tient  en  fon  bureau  la  feience 
&  la  face  des  temps  &:  faisôs^&r  de  tou- 
tes choies  paflecs  ,  prefentes  de  à  ve- 
nir ?  Et  qui  euft  peu  accorder  lepaffé^^*'r" 
auec  le  prefent  ,  Se  le  prefent  auec  le 
pafle:  qui  euft  peu  ioindre  la  figure  au 
corps ,  &  le  corps  à  la  figure  :  l'ombre  à  c.»fr*  Us  N 
la  vérité ,  &  la  vérité  à  l'ombre,  Û  auec  ** 
fi  belle  fymmetrie,  parfaire  louurage 
de  point  en  point/elon  te  vieil  deiîein, 


14  Avant-propos 

fînon  celuy  quipeut  tout  ce  qu'il  veut? 

Comme  cefte  façon  d'ouurer  par  pc--| 
tis  commencemens  &  figures  ,  abou- 
thTant  à  la  perfection  &:  à  la  vérité  ,  par 
des  moyens  proportionnez  au  com- 
mencement &:  a  la  fin ,  a  efté  conue- 
nable  pour  tefmoigner  la  maiefté  de 
Dieu  ,  auffi  a  elle  efté  neceflaire  pour 
Ma»*™    jnftruîre  jcs  Iuifs  en  la  loy  d'enfance. 

dent  entier  ,  J  * 

ferfivtra     &: merueilleulement  propre  pour  ren- 
mettre     dreparfaiûs les  Chrétiens enla  loy  de 
*&vtUeïù*  perfection.  Les  Iuifs  eftoient  rudes  de 
c%i^«s.    cnfans:Etleur  loy  eftoit  vn  pedago- 
f^7tW4"gue:  Dieu  les  apprenoit  par  figure,  les 
Cuiac.  3. 14.  menaçoit  du  fouet ,  leur  promettoit  le 
laid  àc  le  miel  ^c'eftoit  les  enieigner  fé- 
lon leur  capacité,  les  brider  par  leur 
frain,  &les  attirer  par  leurs  cordeleces., 
VUto».       Platon  di(ft  que  les  ieunes  gens  doiuét 
commencer  leur  efchole  par  la  Mathé- 
matique ,  parce  que  ceft  vne  feience 
qui  s  apprend  par  des  chofes  qui  leur 
agréent,  par  des  lineamés,  par  des  triâ- 
g!es,quarrez,  Cylindres,  &:  parimages 
qui  gliffènt  doucement  dedans  l'efprit. 
Ilfalloit  doncappredre  la  religion  aux 
Iuifs  enfans  ,  par  figures  de  religion 
l>fet<b    come  alphabets  familiers  à  l'enfance, 
UslnlîV  &  tel  eftoit  Ivfage  d'icelles  entfeux, 


SVR    LES    FI  G.    MYSTIQVES.  !J 

mais  entre  les  Chreftiens,  il  eft  autre, 
les  Iuifs  mangeoient  les  figures  par 
lefquel'es  ils  eftoient  enfeignez ,  leur 
agneau  Païchal , leur  manne ,  leurs  fa  - 
crifices  ,  leurs  offrandes  &  les  autres 
plus  remarquables  ,  &  en  icelles  s'ils 
eftoient  ipiritueis  ,  contemploienr  la 
future  venté  delà  loy  de  grâce.  Les 
Chreftiens  tiennent  la  vérité  prefentecjT^^ 
6c en  icelle  contemplent  les  figures  paf- 
fees  fans  en  plus  vfer  à  la  façô  des  Iuifs, 
delaquelle  contemplation  ils  retirent  Trusts  fou 
plufieurs  fonds.  Le  premier  eft qu'il* cf»'f*** 
admirent  cette (uprcmeiagciic^voyans  Mm^mn 
qu'elle  a  dés  le  commencement  fi  bien^  uJ"dn9% 
fondé  le  règne  de  fon  Fils5&  conduit  àJ^pvlu„t% 
la  perfeâion  de  la  loy  de  grâce,  par  des 
principes  il  petits  en  apparence,  &  fi 
grands  en  fignification:voyans  qu'elle 
a  fi  diuinement  couchélesviues  &  der- 
nières couleurs  de  la  loy  de  grâce,  fur 
les  ombres  de  lineamens  qu'il  auoit  tra- 
cez en  l'ancienne  loy.  s"Qffïult; 

Le  fécond  eft  qu'ils  admirent  la- m ef-  dèuluint 
me  fageflè  contemplains  le  beau  rap-/«sf/e  a* 
port  du  nouueau  &  vieux  teftament,  (e  ^f«^Lr«- 
regardans  fvn  l'autre,  corne  deux  Che-fe  fe  reXar- 
rubins  accarrez  deuât  l'àrché,  l'vn  cô-  fns,  ****** 
tenant  îe  pourtraict  ventabïc3l  autre  îa  eXo,  15. 


jG       *   Avant-propos 
viue  vérité  ,  l'vn  difant,le  Mefllas  vien- 
dra , Tautrcle  Meflîas  eft  venu, l'vn  , le 
Mefsias  endurera  la  mort  de  la  Croix, 
l'autre,le  Mefsiasa  enduré  la  mort  de  la 
Croix^l'vn^eMefliasinftituexavnSa- 
cremét  &facrifice  éternel  de  fon  corps, 
l'autre,  il  a  inftitué  leSacrement  &  fa- 
crifice  éternel  de  fon  corps?  &  ainfi  des 
autres  myftcres. 
Ces  deux  admirations  nous  appor- 
T»»? /««#' tent  trois  autres  fruids.  Premièrement 
^ufoyconfir-  e^cs  iHuftrent  noftre  foy;  Car  quâd  les 
mue.  myfteres  que  nous  croyons,  nous  font 

déclarez  par  les  figures  &  prophéties 
dônées  plufieurs  ficelés  auparauât5no- 
ftrefoyprédfôds  Sa-acinelurlauClori- 
té  &  certitude  des  chofes  pafTees.  C'eft 
pourquoy  l'eferiture  voulant  plâter  ce-  > 
ftefoy  renuoyefouuent  l'auditeur  aux 
tableaux  &:  tefmoignages  de  l'ancien- 
xtiaJeme m- ne  loy.  Ainfi  le  Saoueurfaifant  fidèle 
Fs" '^f-CQ  fien  difciple  fecret ,  Nicodcmc,  illu- 
I0.3.         ftre  le  my ftere  da  faPafsion  par  Ihiftoi- 
Serptnt.      rc  ju  ferpcnt  d'airain  iadis  érigé  au  de- 
fert  en  figure  d'icelle  pafsion:  Ainfi  in-  , 
finuaillavi&oiredefarefurrcâionjpar 
le  naufrage  &:  faillie  de  Ionasdu  ven- 
\anM'         tre  de  la  Baleine:  Ainfi  les  Euangeliftcs 

loin.  a.  „  .       ° r 

i.M»t.u.u&  Apoftres  vfentiouuent  du  teimoi- 

çnage 


| 


SVRLES    FÎG.  MYSTÏQJES.  Vf 

gnage  du  vieil  teftament,pour  donner 
pied  &  crédit  à  la  foy  qu'ils  enfeignent. 

S  e  c  o  n  d  e  m  e  n  T.ces  figures  affer-  *¥"#?■ 
minent  noitre  efperace^car  voyans  que  miCt 
ce  que  Dieu  auoit  iadis  figuré  &:  prédit 
cil  fidelemét  accomply,  nous  fommes 
induicls  à  efperer  que  ce  qui  nous  eft 
prédit,  le iugement  3  la  recompenfe ,  la 
gloire,  la  peine  &  le  refte,  s'accomplira 
auecmefme  fidélité.  Finalement  elles  WfP™  d" 
enfiament  noitre  amour  enuers  Dieu,^^ 
parce  que  cefte  contemplation  des  fi- 
gures lointaines  5  rapportées  à  la  vérité 
prefente,  nous  fait  voir  l'Eternelle  cha- 
rité de  laquelle  Dieu  nous  a  aymez, 
nous  préparant  parvne  fi  longue  pre- 
uoyâce,le  bien  qu'en  fin  il  nous  a  don- 
ne, nous  en  promettant  toufiours  da- 
nantage,  &  parce  que  l'amour  &  les 
bien-faidts  engendrent  l'amour,  c'eft 
pourquoy.fi  nous  ne  fommes  defnatu-  *•***»«*  •** 

*■  x        J  .  ,y>  vendre  l  a* 

rez,  nous'croiiions  en  amour  enuers  „ourm 
Dieu  par  celle  méditation.  Ce  font  les 
caufes,erTeds  &vfage  des  figures.  Refte 
d'entrer  au  temple  de  Dieu  pour  y  voir 
les  facrez  tableaux  du  Sacremët  &  S  a- 
crifîcc  du  corps  de  fon  filsDextraicls  des 
cayers  de  fon  facré  teftamér,  expliquez 
par  fa  parole^  £c  félon  la  doctrine  de  fes 

b 


18  Avant-propos 

diuins  peintres  &  efcriuains  3  truche- 
mens  de  cefte  fienne  parole.La  peintu- 
re muette  fera  pour  vos  yeux  :1e  narré 
pour  vos  oreilleSj&Texpofition  de  l'vn 
&  de  l'autre ,  feruira  à  vos  efprits.  Le 
premier  eft  du  Paradis  terreftre  6c  de 
l'arbre  de  vie  plâté  en  iceluy3tous  deux 
pein&s  en  ces  crayons. 


19 


bij 


21 


LE    PARADIS     TER- 

reftre,  ^J  ï Arbre  de 

"vie. 


Hrestiens  lpe£b-Gcn.i.s. 
teurs,  vous  fçauez  que 
ceft  admirable  Chroni- 
queur &  diuin  Cofmo- 
grafeMoyfe,  dit  en  l'hiftoire  de 
la  création,  que  Dieu  auoic  planté 
au  commencement  vn  iardin  de 
volupté  vers  l'Orient ,  auquel  il 
mit  l'homme  qu'il  auoit  formé. 
Ceft  cefte  belle  &  fpatieufe  ré- 
gion que  le  Peintre  vous  repre- 
fente  en  ce  tableau.  Elle  eft  haute 
d'afliete,  riche  de  biens,  rare  en 
beauté  ,  gracieufe  en  feiour,  & 
abondante  en  toute  iorte  de  déli- 
ces. La  terre  y  eft  en  quelques  en- laterrej- 

b  iij 


12  L  ARBRE      DE     VIE. 

droi6ts  applanie  en  platte  campa- 
gne 3  en  d'autres  releuée  en  petits 
tertres  &  collines  5  chargées  de 

£'^.  plantes  ôc  d'arbres  (\e  rare  bonté. 
Au  lieu  où  elle  eft  la  plus  haute, 
vous  y  remarquez  vne  fontaine 
qui  furgiflant  à  gros  bouillons,  & 
fe  formant  en  riuiere^ferpéte  &ar- 
roufe  toutleiardin^verslafin  du- 
quel elle  fe  diuife  en  quatre  chefs, 
&  fait  quatre  grands  fleuuescou- 
lâsendiuers  endroi6ls  de  la  terre. 

'w  Le  premier  defquels  appelle  Phi- 
fonietteau  bord  le  fable  d'or,  ôc 
plufîcurs  belles  pierres  precieufes, 
mais  perfonne  ne  les  ramafle,  par- 
ce qu'il  n'y  a  encor  qu'Adam  & 
vair.  Eue  au  monde  :  leurs  enfans  les 
cueillirot  après. L  air  y  eft  tre£pur 
&treffubtil:  c'eftpourquoy  vous 
n'y  voyez  aucune  marque  de  nua- 
ges ou  broùillars,  le  Soleil luifant 
toufîours  clair  &  brillant.  Quant 
eft  du  feu,  qui  eft  l'élément  le  plus 


l'arbre     de     vie.  1$ 

liautahvlfetiétcoy  en  Ton  règne  u*tH% 
furrair,ilcotribue  neantmoins  la 
lueur  &  chaleur  d'vne  douce  tem- 
pérature^ guife  de  flambeaux  du 
ciel.  Cefte  gaye  verdure  dont  la 
:  terre  eft  tapiflee  par  tout,  &r  ces 
\  fleurs  odoriférantes,  qui  vont  dia- 
;  prant  de  mille  couleurs  cette  ver- 
dure, &ceiles  qui  font  efpanies  aux 
arbres,  monftrétle  Printéps ,  auec 
lequel  les  autres  laifons  font  lair™J*?n 
quartier  enfemble,  &  partant  l'E-    Le  '«»- 
fté  a  ja  fait  iaunir  la  moiflon  en  ve$l 
celle  rafe  capagne,  &  meurir  plu- 
lieurs  fruicts  de  la  cueillette  en  ces 
prairies  &  vergers  voifins.  Com- 
me aufli  l'Autône  monftre  les  bel- 
les grappes  de  raiiîns  meurs  en  ces  Vjtltomne- 
collines-là, combien  que  la  vigne 
ne  foit  encor  plantée  &  cultiuee 
parNoé.i/Hyuer  donefon  repos  VH3mu 
lans  aucune  rudeiTe  de  froid ,  car  il 
eic  radouci,  partie  par  la  lueur  du 

h     1    -1  •     x  1        •  C      Vov.S.Ba- 

poieu,  qui  tous  les  loursiette  les &./, parad. 

b    iiij 


24  L'ARBRE    DE     VIE.' 

clairs  rayons  fur  riiorifon  de  cefte 
diuine  région  ,  fans   s'efloigner 
beaucoup  vers  le  Sud  :  partie  par 
riialeine  moitement  chaude  des 
vents  Méridionaux,  qui  foufflent 
doucement  à  trauers  pour  rabbà- 
trela  pointe  de  l'air  refroidy.  De 
manière  que  c  eftvn  perpétuel  ac- 
cord des  quatre  faifons,  le  Prin- 
temps tenacle  deffus.  Ces  bois  de 
-     haute  fuftaye  &:  ces  taillis  efpais, 
faoyfttux.  lont  pleins  de  petits  oyiillons^qui 
font  retétir  l'air  de  mille  fortes  de 
ramages,  &  fur  tous  lesroffignols, 
quia  l'enuy  &i  àplufîeurs  chœurs 
mufiquét  tout  le  long  de  l'année: 
mais  le  Peintre  n  a  fçeu  reprefen- 
ter  à  l'oreille  cefte  douce  narmo- 
niè,comme  il  reprefente  à  l'œil  les 
oi{eaux:,&fur  tous  celuy  qu'on  ap- 
pelle l'oyfeau  de  Paradis^ulpendu 
en  l'arbre  de  vie,&  l'autre  qui  vole 
s'elgayàt  enrair,petitde  corps  aux 
grades  &logues  pennes  par  tout^ 


l'arbre  de  vie.  1% 

&c  diuinement  coulorees  :  fa  tefte 
cft  jaune,  Ton  col  émaillé  d'vn  vert 
gay,fes  aides  teintes  detanépour- 
prin  j  &  le  refte  du  corps  d'or  pail- 
lé, citadin  du  ciel,beau  par  excellé- 
ce,&admirable  en  ce  qu'il  eft  tou- 
jours en  l'air ,  {ans  iamais  toucher 
la  terre ,  aufïi  n'a- il  point  de  pieds, 
&  quand  il  fe  veut  repofer,il  s'ac- 
croche aux  arbres,  auec  deux  plu- 
mes lon<*ucs,faicfces  en  faço  de  fi- 
lets d'archal  :  ainiî  qu'il  eft  repre- 
fenté  là.  Ces  Lions  ;  Elefrns,  Ty~ 
grès,  ôc  autres  animaux  que  vous 
voyez  en  diuers  endroits,  ne  font 
point  cruels,ny  félons,  mais  doux  Tnmfmn 
&  obeylians:  auiii  huen  en  a  au^,^(-fj 
cune  peur,  non  plus  qu'Adam  fon  j£jg  ^ 
mary,  qui  fe  pourmeine  fcupres»M 
d'eux  coftoyant  ces  bois,  dé  par.  s.' 

Ce  qui  eft  déplus  exquis  &pîus^scL^tc 
admirable  en  ce  iardin,  c'eft  l' Ai-  Varbre  de 
bre  de  vie,  ou  de  vies,fe!on  le  mot 
Hebrieu,planté  au  milieu  des  au- 


26  L'ARBRE      D£    VIL 

très,  ainfî  appelle,  parce  que  fon 
frui£teilde  telle  vertp,  qu'il  peut 
non  feulemét  nourrir  pourvn  ceps 
le  corps,  comme  les  autres  fruidts, 
mais  encor  reparer  toutes  Tes  defe- 
d:uofîtez,&  luy  donner  la  vigueur 
dVne  vie  &  force  immortellemét 
erdurable^  corne  Dieu  a  fait  en 


F; 


homevnabregé  de  tout  l'vniuers, 

demefmea-ilramafTé  la  vertu  de 

sie^  u     toutes  les  plâtes&  arbres  en  ceitui- 

^nLt^cy-Etcrois-ieque  c'cft  l'ambro- 

u  mon  g/  SIE  ^  je  NECTAR   ou  les  plantes 

«'•  appellees  Nepenthes  &  Moly, 

Suidas.  rr,  .  -, 

nepen-  que  les  anciens  Poètes  ont  dit  par 
yinfteffcf'  ambages  fabuleufement  vrais,  a- 
uo  ly  ^uoir la  force  défaire  raieunir,  pre- 

tnejrne  vertu.  J  1 

piin.i.i5.c.  femer  de  la  mort,  &c  chalfer  toute 
: .  Véxhn  de  forte  d'ennuy  &  dançmifle. 

faence  de  oie      s~*  A.  N  f\_ 

crd*m*i.  C  E  premier  qui  eit  a  coite  gau- 
chevers  ÏO ccident,c  eft  l'arbre  de 
feience  de  bien  <k  de  mal,  chargé 
de  pommes,  belles  à  voir  &  deli- 
cieufesau  go'uil.Eue,quie{tla  de- 


L'ARBRE    DE     VIE.  2J 

boutées  conté  pie  d'vnœil  &:  d'vn 

fentiment ambitieux, &  en  man- 

geroit  volontiers,  n'eftoitqu  elle 

elt  aduertie  par  (on  mari, que  Dieu 

la  défendu.  L'ennemy  du  genre 

I  humain  picqué  d'enuie,&:  vaillant 

\  en  guette,  s'eftant  apperceu  de  ce 

i regard  mol&  curieux,  predi oc- 

i  canon  de  la  feduire ,  &c  reueftu  du 

«  corps  d' vn  ferpent ,  animal  caut  &        * 

:  fin,  qualitez  agréables  à  ce  trom- 

:  peur,a  jalié  le  tronc  de  l'arbre,gy- 

ratpar  plufîeurs  cotours  &  replis, 

pour  monter  &parleméterd'en- 

Iiaut auec  elle,  &  iuy  perfuader  d'e 

prendreda  pauurette  en  va  mâger, 

ne  fe  doubtantny  de  la  fraude,  ny 

de  la  mort  cachée  en  embufche,& 

qui  pis  eft,elle  perfuadera  fon  ma- 

ry  Adam ,  de  faire  le  mefme.  Las! 

cobien  cher  couitera  ce  morceaul 

Combien  funeftefera  ce  coup  de 

dent  !  &  combien  de  playes  &  de 

morts  formuleront  de  celle  mor- 


2$  l'arbre  de  vie. 

j™»lrefaift  fiirelHalbone mcre  ne  preftez  pas7 1 
j^M^Toreille  ace  malin  abufeur ,  qui  a  ;; 
mis  la  reuoke  au  ciel  dont  il  vient  V 
d'eftre  precipité5&plein  de  fureur  i 
&de  rage^ne  cherche  en  terre  que  I 
voftrecofufiomgardez  vous  pour  1 
Dieu,  de  toucher  à  ces  pommes,  f 
feules  defendues,puis  qu'il  y  a  tant  I 
d'autres  mets  en  la  table  de  ce  iar-  1 
din  de  delices^n  oflfenlez  pas  pour  I 
vne petite friâdife , la maiefté dvn  I 
Seigneur  qui  vous  a  fai6t  tant  de  I 
f$  biens  &  faueurs!  Qu  e  fi  vous  auez  * 


contrains  en 


quainé de  vie  enuie  de  maçer  quelque  fruit  ex- 

&  de  mort.  ,  ,.  Y         if       1  ^         1± 

quis&  diuin^hauiiez  la  main  a  celt 
arbre  de  vie  ,  &  non  à  cettuy-cy 
de  mort ,  Se  ne  vous  tuez  point 
vousmeime,  &  toute  voftre  race 
en  vous, par vn  crime  d'énorme 
mefcognoiflance,  commis  auecfî 
peu  de  fubie£t  !  exeufez  moy  fpe- 
d:ateurs5la  peinture  me  tranfporte 
&  me  faidt  parler  à  cefte  image 
comme  fi  c  eiïoit  Eue  mefme. 


L'E  G  LIS  E    DE    DIEV 

DEPEINTE    AV     PàRA- 

dis  terreftre.- 


I  E  V  nous  enfeigne  les'cho- 
(es  ccleflespar  les  terreftres, 
BC  les  fpirituellcs ,  par  les  cor- 
porelles. Cebeauiardin  quia 
efte  cy  deuat  reprefentô,felon  Fhiftoire 
de  Moyfe,  par  deux  crayons  diuers,Fvn 
de  la  peinture,  l'autre  de  la  parolle, 
eftoit  la  figure  de  FEglife  de  Dieu  ,  que  Lwf/s 
Fefcriture  appelle  tantoft  iarçlin  ,  tâtofr f -lr  iin- 
vigne  plantée  par  la  main  du  toutpuif-  \ç^z'l4'6u 
fanr.Et  certes  fi  ce  beau  lieu  tcrreflre  fi-  Apoc.  ù 
guroit  quelque  demeure, il  n'en  pou- 
uoit  figurer  aucune  plus  raifonnable- 
ment ,  que  celle  où  Dieu  règne,  c\r  eu-  ^G"S-^ 
ure  hnguheremcnt  ,  &  ou  les  enrans  s.  Au.i.g 
Font  diuinement  nourris  ,  qui  eft  fontlf  Gcnd* 
Eglife,demcure  diurne  des  hommes.  & 
payement  efleuce  fur  la  terre,  d'autant 
quelesdefirs  des  SainCts  qui  la  corn- 


JO  LARB  RE    DE      VIE, 

pofent,  habitent  au  ciel ,  demeure  plei- 
ne de  délices  fpirituelles,  vray  palais  &: 
S.Aognft.   feiouv  des  enfans  de  Dieu.  S.  Augu-'i 
u.c.""       ^in  ayant  confirmé  que  ce  iardin  auoit 
efté  vn  lieu  corporel  5  &  tel  félon  Ici 
fcns  literal  que  Moyfe  le  defcrit  3  il 
déclare  dequoy  il  a  efté  la  figure4  ,di- 
Larie  des     fan  t.  Le  pdrddis  ejl  la  yie  des  gens  de  bien\ 
j  s,  ?*{*-   £cs  yftaîre  j{emçs  ^  [es  quatre  Vertus  cardina- 1 
les^afcauoiria  prudence^  U  force 3  latempsÀ 
rance  5  la  îujiice }  les  arbres  ^font  tous  les  arts  A 
7  a  quatre     £?»  lesfruiùls  des  arbres  >font  les  œuures  desï 
j<  cuites.  $  ^  yien.  l'drlre  de 'vie  Jafapience  mer  A 

L'arbre  de      cS  1    r  1     l  ■  J 

■vte,  de  tous  biens  :  [arbre  defeience  ae  bien  &  dé 

L'arbre  de  mal  ^  l'expérience  d'y n  commandement  transA 

grejsé.  Et  adioufte  pour  remarquable  &z\ 

leçon  de  lignification.  Toutes  ces  ebofesf 

Le  Pendit    pcuuent  efire  entendues  de  l'Eglife  pour  ejlrd 

tenejh-e  i'z-  mieux  receues  comme  fignes  prophétiques  de  A 

&  **  udneiers  de  ce  qui  ejloit  a  venir.  VEglife  donc 

Canr  4.      eft  *m  P*radïs  mentioné  aufi  du  Hures  desï 

Cantiques.  Les  qudtre  jleuues font  les  qudtri 

Euangilesiles  drbres  fruicti  ers  soties  Sdinc~ls\\ 

les  fruits  font  les  bonnes  œuures  :  t  arbre  de 

y  h  ,  cefi  le  SdinEï  des   Sdinfrs  I  E  s  V  d 

s.Ai^.Iij.  Ckri  st:  t  arbre  defeience  de  bien  &  dû 

<fc  «aitcL  mcli^  [e  £rdnc  arioitre  ({e  [d  yoi0?né ,  A  tan  t  S  J 

Auguftin  alcgorilant  furcefte  hiftoiirej 
du  Paradis  terreftre. 


l'arbre    de     vie.  31 

Des  biens  ç£r*  qualité^  de  ÏEglife  au 
-parangon  du  Taradis  terreflre. 

N  l'Eglife  donc  on  voit  fpiri-   .    .    -, 

fl    »  r  j,  Orientât 

tucllemcnt  tout  ce  qui  corpo-jE^. 

Tellement  eftoit  en  ce  iardin 
de  délices  •*  elle  a  fon  regard  vers  l'O- 
rient :  car  c'eft  elle  qui  eft  toufiours 
tournée  à  I  e  s  v  s-C  hrist  vray  O-  IefUi  C*H/*- 
rient,  &:  ainfi  appelle  :  Orient  qu'elle 2^a!j. u. 
regarde,  ou  adore  contemple ,  aime,&: 
admire  toufiours ,  en  ligne  dequoy  les 
temples  matériels  des  Chreftiensfont 
tournez  à  l'Orient, au  lieu  que  celuy  lesq**tre. 
des  Iuifs  regardoit  le  Ponant.  En  icelle^"""'' 
on  voit  l'accord  des  quatre  Euangilcs, 
&:  Euangelift.es,  fondemens  &  fources 
de  no  (Ire  fov,  comme  quatre  elemens, 
&  quatre  fleuues  vniuerfcls.Le  Soleil  ^  $oUilm 
deiuftice,cuieft  Dieu, y  luit  toufiours: 
les  Sacremens,  le  Baptefme,  la  Confir- 
mation, la  Pénitence,  &  les  antres  :!es 
Vertus,laFoy,rirperace,laCharité:LC  tesarlres  &* 
femblablescelcftesqualitez,y  tiennent  ïlantes- 
le  lieu  des  arbres  &:  plantes  :  les  fainftes 
adiôs  des  iuftes,font  comme  fa  verdu- 
re ;  fes  fleurs ,  Tes  fruifts ,  &  les  fouëfues 
odeurs. La  parole  deDieu,ies  eferits  des 


ta  verdure. 


32  L ARBRE     D  £     VÏÊ, 

Vor  &  hs    Saincts,  leur  éloquence  3  font  l'or  &  les 
fer  perles    produites  des  quatres  diuins 

LesoyfUons-  fleuucs  de  l'Euangile  ;  les  oy filions  qui 
châtent  en  ce  Paradis ,  ce  font  les  âmes 
dcuotes5quien  tout  temps  refonnent 
de  cœur  &:  de  bouche  &  par  bonnes 
Lesoyfeaux   œUures,  les  louanges  de  Dieu  5  les  oy- 
fcaux  de  Paradis,  font  les  Chreftiens 
parfaicts,  dont  la  conuerfation  eft  tou- 
jours au  cicl^dont  les  penfées.defirs  de 
œuures  font  toutes  dorées, de  flâboyâ- 
LesUont*    tcs  de  charité,commc  plumage  d'or  8â 
depourpre.LesLyons^lesOurs,  &les 
Tygres  Vautres  nobles  animaux«mar- 
quentlesRoys  &  potentats  Gbréftiés) 
quinonobftant  leurs  grâdeurs  &pui& 
fances,  obeïlTent,  corne  les  plus  petits, 
à  la  voix  du  Sauueur  parlât  &:  côman- 
L>i'fe f.gu- àânt  parles  gardiens  &:paftcurs  de  fon 
r<d*ctc       Eçlife.CeftcÉslifedonceftvn  Paradis 
en  terre^ngurée  par  ce  premier-là;&  el- 
le m cf in c  eft  la  figure  du  futur  Paradis, 
qui  n  ous  attend  au  Ciel ,  figure  de  tant 
plus  diuine,que  les  délices  de  lame  quil 
{c  treuuct  en  elle ,  fout  plus  précieux  &I 
plus  approchans  de  la  femblance  de  laj 
vraye  félicité, que  les  prefens  corporels! 
contenus  en  ce  jardin  terrePcre.dreilcl 
pour  le  premier  Adam.  Venons  à  L'arJ 

brJ 


L'A  R  B  R  E      DE      VIE*  35 

•  bre  de  vie  5  ornement  de  ce  Paradis,  ôc 
propre  de  noftre  fubiecl. 

Le  S.  Sacrement  de  ï  Autel  ^  figure 
par  ïoArbre  de  vie. 

3 
\A  r  b  r  e  &  le  fruift  de  vie  Vayhrrede  , 
plante  au  milieu  du  Paradis  s.  sacremet. 
terreftre  :  eftoit  la  figure  dePa^cafmsI- 
Iefus-Chrift  &:  du  Sacremet  D0m.Cc!P7\ 
de  Ton  corps.  Lliôme  eft  vn  arbre,  dit    L'h'ome  «•*- 
PhilonluiÇapres  Platon^mais  vn  arbre  ^ffi^% 
celefte  &:  renuerfé  $  car  les  arbres  terre- 1.  de  planta 
fïres  ont  la  tefte  fichée  en  terre ,  àfca-  ^oë^CI  . 
uoiriaracineanommeau  cotraire^ala  L'aueugU. 
fienne  efleuée  au  ciel.  Il  eft  doncvnMatth.  7* 
arbre  celefte  &  diuin.  Le  Sauueur  aufîi  jj^  ^' 
côparefouuent  l'home  de  bien  au  bon 
arbre,  &  le  malin  au  mauuais.Et  l'aueu- 
gle  qui  fut  par  luy  guery5eftant  interro- 
gé s'il  voyoit  quelque  chofe,  refpondir 
qu'il  voyoit  des  hômes^comme  des  ar- 
bres marchas  fur.  terre.  Or  fi  ceft  arbre 
merucilleux  eftoit  la  figure  de  quelque 
hommc,&de  quelque  viâde3que  pou-* 
uoitil  plus  dignemét  figurer  en  l'Eglife 
de  Dieu,  que  Iefus-Chrift  ?  homme  & 
Dieu  5  ôcfon  corps  la  plus  diuinevian^ 

€ 


frémi  et 
tr-sicl  dt  la 
Ç*mblance  de 
V arbre  de  vie 
au  SainCi 
Sacrement. 


col.l.  9. 
VB.Hchari- 
ftieaecom- 
flijfement  de 
iota  lesan> 
ciens  facrifi* 
ces. 
S.Aug  1,1. 

cont.aduer. 

Icctjs  c.  i3. 


54  l'arbre  de  r-til 
de  de  toutes  ?  Mais  pour  bien  cognoî- 
ftrela  corrcfpondâce  de  cefte  peinture 
à  la  vérité,  il  nous  faut  noter  les  traits 
du  vieil  my frère, &  les  rapporter  aux 
qualité^  du  nouueau. 

Rapports  de  l'arbre  de  vie  au  Saintâ 

Sacrement  de  ï Autel. 

4 

E  s  pourfils  &  les  traids 
delà  peinture  &  femblan- 
ce  entre  noftre  Sacrement 
&:  Farbre  de  vie ,  font  ceux 
cy.  L'arbre  de  vie  eftoit 
Farbre  des  arbres ,  c'eft  a  dire ,  le  recueil 
de  la  vertu  de  tous  les  arbres  &  plantes, 
comme  l'homme  déroutes  les  créatu- 
res^ le  Soleil  de  toutes  les  lumières: 
le  corps  de  Iefus-Chrift  aufïi,  c'eft  le 
plus  noble  de  tous  les  corps ,  riche  ma- 
gafîn  de  toutes  vertus ,  &:  le  threfor  de 
ladiuinité  mefme  produit  par  Fœuure 
duSainfl:  Efprit ,  d'vne  terre  vierge, 
corps  en  qui  habite  véritablement  la 
plénitude  de  tous  biens  5  &:  le  Sacre- 
ment de  ce  corps, c'eft  le  recueil  de  tous 
les  anciens  Sacremens  &  Sacrifices,  &: 
pour  ce  Sacrement  des  Sacremens ,  &: 
Sacrifice  des  Sacrifîces,comme Farbre 


i'a'rbke    de  vrE."  i$ 

de  vie,I'arbre  des  arbres,  &:  le  fruicl:  des 
fruiéts  $  Sacrement  vrayement  pofé  au 
milieu  del'Eglife,  ceftà  dire  efleué  auAfim>fc" 
plus  noble  rang  entre  les  myfteres  cele-^  Parad,€t 
ftes  ,  à  la  femblance  de  l'arbre  de  vie 
planté  au  milieu  du  iardin,parmy  les 
arbres  terreftres. 

L'a  RBREde  vie  eftoit  deftiné  non^-^™ 
pour  entretenir  le  corps  petit  à  petit  3fembu»<t. 
comme  faifoient  les  autres  fruits,  mais 
pour  reparer  toutes  Tes  defecluofitez,le 
rendre  vigoureux,  &rluy  donervnevie 
parfaicte fans  fin,  qui  eft  dôner  le  com- 
ble dévie  à  la  fois.&nourrir  envn  coup 
au  plus  haut  tiltre  qu'vn  corps  puifîe 
eftre  nourry.  De  mefmesle  corps  du 
Sauueur  eft  laifle  en  réfection  à  fou 
Eglife,  non  pour  fubftanter  les  corps  a 
la  façon  des  viandes  corruptibles,  qui 
fe  conuertiiTent  en  leur  fubftance,  mais 
pour  les  conuertir  en  la  fiennejeur  im- 
primât les  diuines  quali.tcz,&leur  don- 
nantie  germe  d'immortalité.  C'eftce 
que  difoit  le  Sauueur.  Celuy  qui  mange  ce ïoan.  6. ji. 
pain   1/iura  éternellement.     Oui  mange  ma 44- 
chair  &  boit  monfang ,/"/ a  vie  éternelle }& 
ie  le  refufeiteray  au  dernier  tour. 
L'arbre  de  vie  n'eftoit  que  dans l'cn-^'jj^' 
clos  du  Paradis  terreftre ,  n'y  en  auoit/caikm 


j£  l'arbre    de    vie, 

qu'vn>  Lefacrifîce  aufli  &  Sacrement 
du  corps  du  Sauueur  ne  fefaict  qu'en 
fon  Egliie  par  officiers  légitimement 
ordonnez, &  s'il  fetreuue  parmi  les  he- 
retiqueSjil  y  viét  deTEglife,  &:  par  tout 
c'eft  vn  meiïne  corps  3  de  non  plufïeurs. 
Aumoyendequoy5iln'y  aaucûSâcre- 
ment  vtilcde  ceïteviâdeprecieufe5ny 
aucun  arbre  de  vie  es  aflembiees  des 
hérétiques  ,  non  plus  qu'en  celle  des 
Payés ,  Ô£  s'ils  le  portét  de  l'Eglife  chés 
eux3&:  le  prennent  eftant  infidèles, c'eft 
à  leur  danation  9  parce  qu'ils  font  hors 
Exilas.  ^c ^a &ki^c Egiife,  vray  & feul  Paradis 
Aug.fer.de  tcrreflre  5  auquel  eft  plate  l'arbre  de  vie 
^y^^^pourlesenfâsdeDieu.ZW^^ditS. 
A  u  g  u  il  in ,  eft  im  mole  en  y  ne  feule  marso^par 
ce  que  la  ajrdye  Hoflie  du  Rédempteur  eft  im- 
molé en  y  ne  E*life  Catholique  Ja  chair  duquel 
la  loy  défend  ejtre  portée  dehors >d' autant  qu'il 
QuAtriefme  ne  faut  point  letter  aux  chieseequi  eft  fain6l. 
traindc^m-  l»a  R  B  r  e  de  vie  eftoit  préparé  pour 
viande  a  Adam  demeurât  en  eitat  d  in- 
nocéce5  S:  partant  il  n'en  mâgea  point 
après  auoir  péché,  laquelle  priuatiori 
futiufticc  de  Dieu,  &  mifericorde  en- 
iemblc.  lu  (lice  ,  parce  que  l'homme 
pécheur  meritoit  par  fa  defobeilTance 
d'eftre  priué  de  l'vfage  du  fruicl;  referué 


LABRE      DE      VIE.  37 

corne  prix  d'obeifsace^difentS.Chry-  ^ *&**&* 
foftome  &Thcodoret  ,  mifcricorde^^f  " 
parce  qu'ayât  efté  condâné  à  pluficurs  s.  ChryH 
mifcres,s'il  en  euft  mâgé,il  euft  efté  ré-  ^om,!l?' in 
du  immortel &  immortellemenr  mife-  Theoiq. 
rable  fur  terre ,  au  lieu  qu'en  viuant  z6An- 
peu  de  temps ,  fa  mifere  en  eftdautant^"^ 
racourcie.  Parquoy  5  dit  S.  Grcgoit&nifw&t&. 
de  Nazianze,  après  S.IrenecJapeineluy  s*Iren  1-3  c* 
a  tourné  à  mifericorde^  car  s'il  eujl gonflé  de  ce  s.  Greg. 
fruic~i ,fd,yie euft eflé rendue  immortelle  i  &*^2Z  °£*« 
Ces  maux perdurables  fans  borne  de  temps. 

L  e  fruict  de  noftre  Sacremét  eft  auf- 
fi  préparé  pour  ceux  quiontl'ame  net- 
[te3quefi  quelqu'vn  le  prend  aueccon- 
fcience  de  péché  mortel  5  c'eft  à  dire,  fe 
fcntant  l'ame  chargée  de  tel  péché,  il 
prend  la  mort ,  &  fe  met  en  danger  d'e- 
ftre  éternellement  miferable.  C'eft  ce 
que  dit  S.PauLQujconquemagera  &  heu-  l-cot.xu 
raie  calice  du  Seigneur  indignement 3  il  fera  '' 
coulpable  du  corps  &  du  fang  du  Seigneur. Et 
partant  que  ï homme  s' efbrouue  foy-mefme:>& 
iju"en  cefte  façon  Jl  mange  ce  pain  &  botue  de 
ce  caliceicar  quiconque  en  mano-e  fç*  boitindi- 
gnement^  il  mange  &  boit  fa  codemnation^ne 
difeemat  point  le  corps  du  S  eigneurW  exag- 
gere  la  grandeur  du  crime ,  &  menace 
les  criminels  par  grofles  8c  piquantes 

c  iij 


I 

38  l'arbre    de    vie. 

paroles,  pour  rendre  le  Chreftien  attë-  I 
tif&referuéàcequ'il  face  deuoirdefe  1 
préparer  dignement  à  la  manducation  1 
decepain:&:  auecceilmôftreen  quoy  I 
confiftele  moyen  de  faire  cefte  prepa-  1 
5'^n>»"tfr-  ration, qui eft  nettoyer  lame  par  vne  à 

J  Cor.n  18  „  .      «       ^       r  /v  1  1  1 

ceft faire    lamCte  conrellion  de  tous  les  pe£nez  i 
penitece&    defquels  on  eft  fouuenant  ;  en  faire  pe-  1 
s.  ch/yf.    nitence  &  fatisraaion  :  car  cet  examen  I 
ho.  14.ini  &:  cefte  preuuc,  dont  il  parle,  &  qu'il  | 
ep?É  hh°' h  c°nimande ,  neft  autre  chofe  que  cela,  | 
s.Amb.Lé. commcS.Chryfoftome,  S.Ambroife,  I 
sncUCr57'S*  cyPrien  >  s-  Auguftin,&:  tous  les  | 
cpJl's.Au.  &in£ts  Pères  l'ont  expliqué.    Et  fur  ce  :| 
traa.z^.in  propos  dit  S  Jean.  Bien  heureux  font  ceux  I 
x%    '  ^°C'  qui  Uuent  leur  robbe^àfin  cjue  leur  puijptnce  1 
fiait  du  bois  de  "We^ccftà  dire,  bien  heu-  1 
reux  fo nt  ceux,qui  font  pénitence, bc  le  1 
nettoy  et  de  tout  peché,afin  qu'ils  puif- 
fent  dignement  participer  lefruictde 
cediuin  Sacrement  arboré  en  l'Eglife 
de  Dieu  pour  la  vie  e  ternelle. 

De  l  excellence  du  S.  Sacrement  d? 

ï  Autel  par  de jjusî  arbre  de  njie. 

m  s 
A  femblance  de  l'arbre  de  vie 

noftre  Sacrement  nous  fait 
admirer  la  fa gefTe  &;  vertu  diur- 
ne qui  a  feeu  &  peu  faire  vn  fi  diuin 


L'ARBRE     DE     VIE.  39 

pourtraidfc  defon  plus  augufte'Sacre- 
métrmais  fi  nous  côréplôs  la  difteréce 
&:l'excellécedel'vn  par  dcfïus  l'autre:   ,         . 
nous  admireros  dauantage  la  demeiu-  sauueur  »o« 
reeliberalitéenuersnous.LadifFercGe^/wrt0»* 
eft  premièrement  en  ce  que  l'arbre  de^J^j^ 
vien'eftoitqu'vn  corps  tcrrefcre&r  cor-/V™«. 
ruptibleD  produite  nourri  de  la  terre, 
infenfibleàla  façon  des  autres  chofes 
créées,  viuifîé  d'vne  ame  de  plante  n'a- 
yant ny  fens  ny  difeours  :  noitre  arbre 
de  vie  eft  vn  corps  immortel,  celeftc  Se 
diuin,  engendré  au  vetre  d'vne  vierge, 
par  Toeaure  du  faincl  Efprit3animé  d'v- 
ne ame  intellectuelle  5  portât  l'image  & 
lemblance  de  Dieu  grauée  auec  les 
plus  vifs  &:  naïfs  t  raids  de  perfection 
<k  beauté 3  que  ïamais  ame  humaine d„corps  ^ 
porta.  Que  fi  la  main  ouuriere  du  Crea™*"»^*- 
reur  s'eft  môtrée  admirable  en  la  ftru-T4  \Ui 
éture  commune  du  corps  de  l'homme, 
quelle  langue  pourra  dire,  ains  que!  ef- 
prit  fçaura  comprendre  la  beauté  du 
corps  de fonFilsfny  encorde  la  terre: 
de  la  quelle  il  a  produit  &:  nourri  ce 
corps  qui  eft  le  facré  corps  de  la  vierge 
Marie?ô  corps  deifique  duFilslô  corps 
diuin  de  la  mere.'o  vierge  fertile  fur  tou- 
tes les  mères!  ô  mère  chatte  fur  toutes 

c  iiij 


40  l'a  rbre    de  V  IE^ 

les  vierges5ayant  engendrévn  tel  fîlsio 
terre  celefte.-vraye  terre  viuante5&vray 
pourprisdefEglife:iardindeDieuinfi* 
niementplus  noble  que  ce  premier  pa- 
radis terreftre  /  vierge  diuineraent3  de 
vrayement  féconde,  pour  auoir  porté 
l'arbre  d'vn  fi  précieux  fruid,  furpaf-* 
fant  en  toute  valeur  &:  beauté  tous  les 
fruicts  de  la  terre!  ô  libéral  donateur 
à  Vn  tel  fruicti 


fu 


Seconde  dif- 
férence. 
Le  corps  du 
Sauueurnour  ^ 
vit  lame  &    \ 
le  corps  à  la 
gloire.     . 


Le  corps  du  Sauueur  nourriture  de  Fa- 
mé, ^trj  caufe  de  laglorieufe  T^e- 
urreflion  des  corps. 

6 
A  féconde  différence  de 
noftre  Sacrement  d'auec 
larbre de  vie, c  eft,que ccft 
arbre  n'efroit  que  pour  le 
corps  qu'il  deuoit  rendre 
immortelle  preferuant  delà  mort.No- 
ftre  arbre  dévie  eftauffi  pour  lame,  la- 
quelle il  embellit  3  nourrit  &cngraifïe 
deeeleftes  &diuines  vertus:  &fi  ope- 
re-il  beaucoup  plus  au  corps  que  ne 
faifoit  ce  premier  fruict.xar  il  ledifpofe 
non  feulement  à  rimmortalitc^comme 
celuy-là:mais  àlarefurre&ion  glorieu* 


L  ARBRE   DE    VIE.  4I 

fe:  &:  partant  eft-il  fans  comparaifon 
plus  digne  d'eftre  appelle  arbre  de  vies, 
que  n'eftoit  celuy  du  Paradis  terreftre: 
car  il  donne  trois  vies,  la  vie  de  grâce  à  ^'o!s  «*» 

11         •      j  o     x  données  bar 

'ame,Iavieducorpsaucorps,&:atous/<;  s  sjcr(,_ 

les  deux ,  la  vie  de  gloire,  prerogatiue^^  va»~ 
tref-diuine  &  feule  propre  du  corps  du  uL 
fils  de  Dieurcar  encor  que  les  cieuxjes 
aftres  &  autres  corps  naturels  fournif- 
fent  quelque  nourriture  fpirituelle  à  l'a- 
me,  luyferuans  d'obiecl:  pour  contem- 
pler leur  ftru  dure  &;  beauté,  &  s'alimé- 
ter  &  refaire  de  la  feience  de  leur  natu- 
re, c'eft  toutesfois  de  bien  loin  &  par 
imagination,  au  lieu  que  ce  corps  déi- 
fié ,  fe  marie  auec  elle  par  vn  eftroit 
nœud  d'amour  celefte  &  diuin,  3c  agif- 
fanten  elle  par  fon  attouchement,  luy 
imprime  Ces  qualitez  de  grâce  &:  de 
gloire,  ce  qu'aucun  autre  corps  de  la 
nature  ne  peut  faire,  eftanteela  audef- 
fus  de  leur  force  &  vertu  3  6c  referué  au 
feul  corps  du  maiftre  de  la  nature. 


4*  LARB  RE    DE    VIE. 


Le  Sacrement  du  corps  du  fils  de  Dieu  I 
arboré  par  toute  la  terre. 

_    _  7 

j^^flNA  leme  nt  le  premier  ar-  I 
Troifitfme    W^m^brc  dévie  auoit  pour  feule  &c  I 
m'"     filial  dernière  demeure  la  terre  3  &  I 
ce  pour  vn  peu  de  temps  5  &:  en  vu  feul  I 
endroiârpolïîbleeufl>ilefté  multiplié  I 
en  plufîeurs  endroidts,  fi  l'homme  euft  I 
Le  cor^^perfeueré  confiât  en  foninnocécepre-  I 
Sauueur  eji  miere: Le  fécond  eft  en  plufieurs  lieux  I 
TelxfcrZ  <*e  la  terre  ,  demeurant  toufiours  vn  g 
menteiUmtt.  &:  fera  au  ciel  eternellement.-car  en  ter-  | 
re  préparé  en  ce  Sacrement,il  refedio- 
ne  les  enfans  de  Dieu  durant  leur  pere- 
grination5en  quelque  plage  du  monde 
qu'ils  foient  efpars,  &  leur  eft  &  fera  là 
haut  vn  obiecl:  &:  vn  mets  éternel  de  fé- 
licité en  la  propre  forme  &  claire  vi~ 
fïon  de  fa  gloire  ,  lorsque  famé  abyf- 
meecnla  profonde  contemplation  &c 
amour  de  fonDieu,iouïra  à  fouhait  des 
richeffes  de  fa  diuinité,&:  le  corps  reue- 
ftu  d'immortalité  &:  d'honneur 3  verra 
des  fes  yeux  de  admirera  la  merueille  &c 
îa  gloire  du  corps  quil'aura  rachepté. 


L  À  RBR  E     DE     VIE.  43 

Souhaits  Jpirituels  de  la  claire  'vi/ion 

du  corps  du  Sauueury^J  aéîion  de 

grâce  de  je  s  biens. 

8 
Bon  Iesvs  quand  luira  ce 
iour  que  nous  verrons  à  def* 
couuert,  ce  corps  lumineux  de 
voftre  fain&e  humanité,  lequel  nous 
voyons  par  foy  maintenant  caché  dâs 
la  profondeur  de  ce  profond  myftere! 
Quand  viendra  cefte  faifon  en  laquelle 
nous  iouïrons  en  pleine  liberté,  de  ceft 
arbre  de  noftre  falu t,verdoyant3fleurii- 
fantj&fru&ifiantdeuant  nos  yeux  en 
tout  temps,  dedâs  le  pourpris  du  Para- 
dis celefte  planté  en  la  terre  des  viuans/  Le  Paradis, 
terre d:vn  perpétuel  Orient,  dVn  per- 
pétuel Printemps,  abodante  de  fruiéts 
d'immortalité,  arroufee  detorrensde 
délices  ,  ennoblie  de  toute  forte  de 
beauté ,  habitée  de  diuins  efprits  v  de- 
meure &  feiour  d'hôneur,de  bon-heur, 
&c  de  repos  interminable  /  Quand  ô 
doux  Icfus  ferons  nous  en  poffeffiô  de 
ces  biens?  vouslefçauez  ,  Seigneur,  à 
qui  rie  ne  peut  eftre  caché,  &  vous  feul 
en  auez  la  claire  cognohTance:  nous 


44  L'ARBRE    DE    VI E^ 

n'en  auons  que  la  fidèle  efperance ,  & 
n'en  fçauons  rien  que  ce  que  la  bou- 
che de  voftre  chère  efpoufe  nous  en  a 
diél.Cefera  quand  ilvousplaira.Ce  fe- 
ra quand  le  décret  de  voftre  fagemife- 
La  mort  cefi  rjcorc[e  aura  marqUè  la  fin  de  nos 

fera  aux  iu-  maux,&:le  terme  de  noitre  viemortel- 
/**•'  le3  pour  donner  commencement  à  cel- 

le qui  ne  fçaitny  la  mort  ny  la  fin.  Ce 
fera  alors ,  que  loing  de  tous  regrets  5 
nous  iouïrons  ducomble  de  tous  biens 
envousj&rparvous  éternellement bië 
heureux.  Mais  tandis3ô  Créateur  fou- 
uerain3nous  auons  vne  éternelle  obli- 
gation àvoftre  infinie  bôté^de  ce  qu'el- 
-,  >  j    .  le  auoit  préparé  à  noftre  premier  père 

X  arbre  de  vie  r       i     j-    •     v  c       j  n 

6c  a  nous  3  le  diuin  bénéfice  de  celt  ar- 
bre preferuatif  de  la  mort,&  fouuerain 
ele&uaire  de  l'immortalité  5  auec  mille 
autres  biens  5  pour  le  fouftien  &;  plaifir 
de  la  vie  du  corps. Que  s'il  n'a  receu  l' v- 
fufruid  d'iceluy  arbre  ,  ç'aeftéfafaute 
&;  mefcognoifTanee,  de  tant  plus  énor- 
me que  voftre  libéralité  eftoit  grande 
enuers  Iuy,&  vous  de  tant  plus  louable 
en  voftre  libéralité ,  dequoy  vous  luy 
auiez  préparé  le  bien,  encor  que  vous 
euiliez  preueu  qu'il  vous  offenferoit  de 
le  priueroit  de  la  iouyfTance  d'iceluy 


l'arbre  de  y  lu  45 

par  Ton  crime. 

BEAVCOVP  plus  VOUS    deUOnS  nOUS  Le  S. Sacre- 

remercier  de  ce  que  vous  nous  auezww,'• 
donné  en  la  loy  de  grâce  vnSacrement 
de  vie  ,  infiniement  meilleur  que  l'ar- 
bre de  vie,  car  quelle  diftance  y  a- il  en- 
tre voitre  corps  celefte,  &  le  bois  du 
Paradis  terreftre?  Entre  le  prix  du  corps 
qui  a  rachepté  tout  le  monde,  3c  vn  ar- 
bre qui  n'eft  pas  la  milliefme  partie  du 
monde  ?  Entre  l'excellence  du  corps 
en  qui  habite  la  fontaine  de  vie,  &  le 
fruicten  qui  ne  relidoit  qu'vne  partie 
de  vie?Entre  la  vertu  d'vn  corps  déifié, 
portant  Dieu,&  porté  de  Dieu ,  Se  vne 
plante  viuifiee  de  Dieu ,  n'ayant  en  foy 
que  la  vertu  d'vne  créature  mortelle?  ,  . 

Quelle  eft doneques  voftrc  boté,ô  be-  Create 
nin  Scigneur?Etquieuftiamaiscuidé5 
qu'après  auoir  efté  fi  griefuemêt  orTen- 
ce  des  hommes,  &  les  ayant  iuftement 
priuez  de  l'vfage  de  ce  premier  friùc-t, 
vous  deuffiez  fi  beni^nement  leur  en 
fubftituer  vn  qui  le  furpafïaft  infinie- 
ment en  toutes  belles  qualitez?Et  qui 
pourroit  eftre  fi  bon,  &  iî  libéral,  finon 
vous,  qui  eues  fans  mefure  &  fans  bor- 
ne la  mefme  bonté  &  libéralité:  Soyez 
béni,  ô  Seigneur  5  de  vos  dons!  &  puis 


teur. 


46  L'ARBRE      DE    VH,1 

que  fans  fin  vous  eftes  doux&:gracicux5 
donnez  nous  encor  la  grâce  &  moyen 
de  vous  louer,  remercier  5  &  feruir  de 
toutes  les  forces  de  noftrc  ame,iufques 
au  dernier  foufpir  de  noftre  vie,  &defi 
fain&ement  paracheuer  la  pérégrina- 
tion de  cefte  noftre  mortelle  eourfe  a- 
uecle  précieux  Sàcrcmcnt,&:  viatique 
de  voftre  corps,  qu'vn  iour  nouspuif- 
fionsiouyr  éternellement  du  fruid  de 
vie  que  vous  gardez  en  voftre  Paradis 
celefte  pour  viande  de  félicité  prépa- 
rée à  vos  bien-aymez. 


47 


A  B  E  L 





V':'":K'W^ 


\ 


40 


ABE  L 

I L  E  N  C  E  iTLet  Gcncr-  ti* 

fieurs&  atten- 
tion ,  pour  bié 
pénétrer  les 
traits  &  lefens 
de  ccikc  fàcree 
Peinture,  &  ap- 
prendre comment  il  faut  faire 
ïacrifice  a  Dieu,  &  luy  prefter. 
■hommage  fidèle.  Abel  premier 
pafteur  &premier  iufte  des  enfuis 
d'Adam  >  &c  Preftre  de  la  loy  de 
riature,facrifie  à  la  diuine  Majefté: 
F  Autel  eft  drelTé  à  la  naturelle  fans  ÙMt9t 
art:  carie  monde  ne  faiét  que  liai- 
ftre,  &ny  aencores  aucun  archi- 
tecte ny  mafToii  entre  les  mortels: 
le  Preftre  eft  âuffi  habillé  fifflple- 

â      * 


50  A  B  E  t. 

ment  à  la  façon  d  Adam  fon  pere5 
couuer  à  demi  &  chamarré  d'vne 
peaudebrebisimais  la  vi&imeeft 
d'élite,  &Ia  meilleure  qu'il  a  peu 
téviMm  choifîr  au  troupeau,  &c  le  cœur  de 
de  Coffrant.  1  ofrrat  oncor  meilleur  ;  vous  liiez 
fa  profonde  deuotion  &  humilité 
en  la  pafture  du  corps  ,priantles 
deux  genous  en  terre  ,  &  fes  yeux 
larmoyans  tournez  vers  le  ciel  :  fà 
bouche  modeftemet  ouuerte^pro 
nonçant  les  louanges  de  Dieu:fes 
bras  &  mains  moyennement  efle- 
u  ees  imploras  fà  diuine  mifericor* 
de ,  &  tous  les  trai&s  de  fon  doux 
&  gracieux  vifàge  ,  tefinoignent 
la  pietié  ,  la  foy  5l'efperance  >  la 
charité  &  autres  diuines  vertus  de 
lame 3  aueclefquelles  il  facrifie  la 
viilimej&foy-mefmes  au  Créa- 
teur. Si  bié  que  le  cœur  de  l'offrât, 
&  l'odeur  de  l'offrande  >  donne 
iufques  au  ciel,  doû  comme  vous 


voyez,  Dieu  fait  defcendre  cefeuffi$££ 
ondoyant  en  l'air,  &  fondant  fur  J^- 
l'Autel,  pour  deuorer  l'holocau-  $ô»a 
fte ,  en  tefinoing  qu'il  efb  tres-ac- 
ceptableaux  yeux  de  la  diuinité. 
Ce  n'eft  pas  le  mefme  de  Cain  fre-  Caîn  .., 
reaifnéd'Abel ,  qui  par  manière^*»'- 
d'aquit&rp  enfant  tromper  Dieu, 
fait  ion  oblation,  en  ceft  autre  en- 
droit ,  de  certaines  mefchantes 
gerbes  de  paille,referuant  le  meil- 
leur grain  pour  foy  :  auifi  n'a  il  du 
ciel  aucun,  figne  d'approbation, 
comme  l'offrande  d'Abel  :  de- 
quoy  il  fe  dépite  fort,&  en  donne 
des  fignes  euidens.  Voyez  vous 
qu'il  eftmorne:comment  il  roule 
les  yeux  en  la  teftç  ,  &c  refroigne 
fon  front  en  homme  efperdu  &c 
torcené  ?  Dieu  l'a  bien  apperceuc,/lf  UnU 
d'enhault,  &  le  tenfc  &  corrige  en  Gcnc^-  . 
père  :  iuy  remonftrant  que  l'œil*"»*. 
de  &  icience  pénètre  le  profond  c 

dij 


5>2  A   B    E    U 

des  fecrettes  penfèes^  que  l'hom- 
me hypocrite  le  trompe  s'ilpenfe 
tromper  Dieu  par  aucun  beau 
femb  iant  j  qu'il  elt  en  la  liberté  de 
bien  faire ,  &  qu'en  bien  faifant  il 
l'aura  pour  amy,&trouuera  le  bie. 
Mais  Caïn  demeure  Caïn,  endur- 
cy  &  obftiné  à  celle  correction  , 
&  tourne  la  pointe  defondelpit 
contre  l'innocence  de  fon  frère 
Abel,qu  il  délibère  dés  maintenât 
mettre  à  mort,  s'en  va  exécuter 
fon  deffein,  &  abbreuuanten  ce 
commenccmét  du  monde  la  ter- 
re du  fang  humaimdu  £in£  de  Yin- 
nocent&de  fon  propre  frère,  fe 
£ep«i»/«- marquera  le  premier  meurtrier, 

meurtrier  .  •*■  .  .     . 

pamnde  &  premier  tyran,  &  premier  parnci- 
tyran'  de  entre  les  mortels,  &  la  pierre 
fondamentale  du  règne  de  Satan. 
Et  toy  ô  enfant  debonaire ,  qui  es 
artentif  à  ton  facrifice,  fans  rien 
doubter  de  l'enuie  de  to  frère  de£ 


A  b  el  53 

îturé ,  tu  feras  le  premier  mem-^^r", 

f,         ,  *  -  w,cr  membre 

bre  de  lEgiife  de  Dieu ,  repreien-  &*>$/*«  <&• 
tant  generalemet  en  ton  nom,  &  s.Aug.  m 
en  ta  perfonne  les  Iarmes,trauaux,  uj.de  cid 
angoifTes,  &  perfecutions ,  &  tout c  17* 
l'eltat  laborieux  des  iuftes  en  cefte 
vie,&  par  fpecial porteras  en  to  fa- 
crifice&en  v^morda figure  d\iiU'F^urede  u 

y  O  Croix. 

fteMeiîias  occis  pour  eftacer  nos 
pechez&nous  donerlavie.ADieu 
AbeI,àDieu  l'heur  de  la  famille  de 
ton  père ,  à  Dieu  l'honneur  de  la 
terre,  tu  vas  eftre  emporté  de  la 
terre  lur  la  fleur  de  tes  ans,  &c  les 
aftres  te  gémiront,  &  dételleront 
le  crime  de  ton  frère.  O  tendres 
âmes  qui  voyez  &efcoutez  cecy, 
vous  fanglotez  en  vos  cœurs,  &  3a 
larme  vousvient  à  l'œil^de  trifteile 
&  de  compalïïon ,  mais  confolez 
vous  :  cecyn'eft  que  peinture  &c 
reprefentatio:  Abel  eft  maintenât 
en  l'alfeurance  de  la  main  deDieu, 

d  iij 


54  Abi  l. 

&  ne  mourra  plus  ,  &  viura  à  ia~ 
mais>  &nous  viuronsauec  luy  au 
ciel5ii  nous  l'imitons  fur  la  terre,  & 
tous  les  mefchans  obftinez  péri- 
ront auec  Caïn  obftiné. 


5T5T 


LE  SACRIFICE  D'JBSL 

FIGVRE    DE    LA    CROIX 

&deîEucharijtie.. 


E  Sacrifice  d'Abel  eftoit 
vne  manifefte  figure  tant 
de  la  mort  du  Sauueur, 
que  du  Sacrement  &:  Sa- 
crifice de  fon  corps  :  mé- 
morial de  celle  mort.  Qu'il  fut  figure 
de  la  mort ,  l'efcriture  l'enfreigne  quand 
elle  dit  ,  que  l'Agneau  a  efté  occis 
dés  le  commencement  du  monde. 
C'eft  à  dire  ,  que  Iesvs  Christ, 

ar  .         <     *  ,  ,       .  AarnUS     OC- 

aeite  mis  a  mort  des  le  commence-  ciiusaborl- 
ment,  en  figure  3  laquelle  figure  ne?iA?OI;-s 

rn.  r     î  i  J' a    Tertullian. 

coniitte  pas  feulement  en  la  mort  d  A  dccar> 
bel  5  mais  aufïienfon  premier  facrifî-  chrifti.  s. 
ce,  auquel  il  offrit  vn  agneau  vi&imé.  Au%'  }\l\' 

ET  il-  o       A  n-  t^.        cap.  I8.&1. 

Tcrtuihen  3  S.  Auguihn  &  autres  Do- 18.  cont. 
âeurs  déclarer  ceiîe  figure  par  cefem-Fauft-£  *• 
blances  ;  Abeliufte  ,  frère  de    Caïns  L4.Gen.4T" 
iniufte,  iESvs-CKRiSTtretiuftejfrcrc 


$6  Abeu 

des  Iuifs  trçÊ-îniuftes  :  Abcl  pafteur, 

ïgo  fum    I E  s  v  s-C  h  r  i  s  t  le  bon  paftèunle  fa 

bonus*       crifice  d'Abel  fut  agréable  à  Dieu, 

loai.       Ie  s  v  s-C  h  ri  STparsôfacrificeaap- 

paifé  lirede  Dieu;  Abel  offrit  (es  agne- 

auXjlEsvs-CHRiST  5  foy-mefme,  vray 
I    agneau  :  Abel  fut  occis  par  enuie, 

IesvsChri  s  t  fut  crucifie  par  enuie: 
f/sVJLT."  Abel  fut  occis  aux  champs  ,  Iesvs- 
Marc,i5. io  CHRiSThors  la  porte  de  Hierufalem. 

fus**,   S^e  cc  fut  aufïî  la  figure  du  lacrifiee 

'  de  rEuchariftie5il  eft  euident  par  la  foy 

del'Eglife  qui  la  toufiours  ainfi  creu, 

corne  elle  tefmoigne  par  l'âcië ne  orai- 

fon  dont  elle' vfe  offrant  le  facri fice ,  la 

quelle  eftinferée  au  canon  de  la  Meffe 

S'  a1  <b ll  &  aux  efcr*ts  deS.  Àmbroife  en  ces  ter- 

é'.Szïo.  Ca.  mes. S  ur  lefcjnels  prefens^ddigne  regarder  S  ci^ 

MïŒ.         gneur  d^n  œil  gracieux. corne  tureg.rLu  aux 

frefens  de  tonferuitcurle  iujle  ~ébeL  Voy  ô  S 

les  marques  ôdineamés  de  ceftefigure. 

Conuenance  delà  figure  du  facrifice 
dAbel  auec  celuy  de  la  Meffe. 

2 

ttfftmkt  f^$$È  O  i  c  i  quelques  traifts  delà  fi- 
/«y//?ce.»,«/?|^^^  gurerefpondans  àlaverité, 
^ff1? -©^^Lc&crificcd'Abcl,  fut  le  pre-* 
mierfacrificedcla  loy  de  nature  ;  ca- 


Abel^  57 

•cncor  qu'il  ne  faille  doubter  qu'Adam 
n'euft  faerifié^neantmoins  Fefcriture  ne 
faitmentio  quedeceluy  d'Abel  com- 
me premier,  &:fansdoubtecefutaufiî 
■le premier  en  dignité.  De  mefmesle 
premier  facrifice  offert  par  Iesvs-  LePrernie* 
Christ  vray  Abel,  c'a  eite  celuy  de  çr#«  de  u 
r£uchariftie5car  celuy  delacroixaefté1^^*"- 
le  fecond.Item  commeAbel  facrifia  fes 
agneaux  premiers  nais,  ainfi  Iesvs- 
Christ  s'offrit  en  l'Euchariftie  pre- 
mier né  de  fon  père ,  &r  de  fa  mère ,  &: 
premier  né  entre  plufîeurs  frères.  Item 
côme  Abel  vn  peu  après  ayant  facrifié 
fut  mené  parfon  frère  hors  la  maifon&; 
par  luy  mis  à  mort,  ainfi  le  Sauueur 
trois  heures  après  qu'il  eut  offert  fon 
premier facrifice,fut  fait  prisônier  &Ie 
lendemain  fut  mené  hors  de  la  ville  de 
Hierufalemaumôt  Caluere,&:illecmis 
en  croix.  Le  facrifice  d'Abel  fut  agréa- 
ble à  raifon  de  l'innocence  &  pieté  de 
l'offrant,  le  facrifice  de  l'Euchariftie  eft 
-tonfiours  agréable  à  Dieuà  raiso  deso 
*fils,qui  eft  toufiours  le  premier  &  prin- 
cipal offrît  en  la  Meffe,côme  auiîi  il  eft  u  s<tuue«* 
le  principal  asët  en  tous  les  autres  Sa-Ç"8"c**'  of~ 

~      L  D^  ,    n    .  .  r  .     r       frant  en  tous 

crèmes,  car  corne  ceit  luy  qui  fait  ion /cS  $acrm»t 
corps  ç  eft  luy  aufli  qui  baptife ,  qui  cô- 


5$  A  B  E  u 

qui  efface  les  péchez ,  &:  qui  fait  le  re- 
fterle  Preftre  n'eft  que  fon  vicaire  & 
fon  inftrumét.  Il  y  a  de  plus  au  facrificc 
del'Euchariftie,  c'efl  que  l'offrande  eft 
encor  agréable  de  foy  à  Dieu  :  car  c'efb 
l£svs-CHRiSTmefme:ceftluy  qui  eft 
l'offrande  &  l'offrant  enfemble. 

Trois  efteas     Finalement  le  Sacrifice  d'Abel  con- 

^i^A J/!  tenoit  feul les  trois  efpecesde  facrificc 
qui  après  furent  inftitu  ées  de  Dieu  en  la 
loy  de  Moyfe,  comme  il  fera  dit  au  ta- 
bleaudespremiecs  du  facrifice  propitia 

Vboiouufle.  toire,qui font l'holocaufteje  pacifique 
&  le  propitiatoire.  Au  premier  toute  la 
lavi&imebruloit  &:  fe  faifoit  directe- 

*  ^f'^'métàl1i6neurdeDieu,&:enrecognoi[- 
fance&hômagc  de  fa  majefté.Le  fecôd 
eftoit  offert  en  a&io  de  grâces  auec  al- 

t:  propitia-  ^ce  &  ioye  delà  créature  auCreateur. 

t*iu.  au  troifiefme  on  bruloit  laviftime  pour 
impetrer  remifliô  des  péchez. Ces  trois 
fortes  eftoient  au  facrifice  d'Abel  5  &:  fe 
trouuét  clairernet  au  facrifice  de  laMef- 

*2T enU  fe:Car  tout  eft  à  Dieu,&  toute  lavi&ime 
offerte  à  fon  honneur:  il  y  aaétion  de 
graçes3&:  a£tiô  très- grande,  c'eft  pour- 
quoyelieeftappelléeEuchariftie:ilya 
propitiation,  car  les  péchez  y  font  par- 
donnez. Le  facrificc  de  la  croix  encor 


A  b  £  l,  59 

que  ce  fut  vrayement  holocaufte,&: 
a&ion  de  grâce  en  vertu ,  neantmoins 
il  fut  proprement  propitiatoire  ,  c'eft 
pourquoy  l'efcriture  affignant  la  caufe 
pourquoy  I  e  s  v  s-Christ  eft  mort, 
elle  met  toufiours  le  p eché. il  a  efîéliurê,  Rom.  4.'.  15 
î  dit  S.  P2Lu\,pournos  peche^,  &  fouuenc1,001,1**  * 
\  ailleurs  ,  il  eft  donc  propitiatoire,  par- 
quoyle  facrifice d'Abel  contenantes 
trois  fufdites  fortes  de  facrifice5figurok 
encefte  qualité  l'Euchariftie.  Et  voila 
l'ancienne  figure  accôplie  par  latérite. 

De  deux  fortes  dejacrifians. 

V  t  r.  e  les  propres  facrifices 
r  quifefontparpreftres&Offi- 
^  ciers  deftinez ,  auec  des  victi- 
mes &  des  prcfens  tels  qu' A- 
bel  &  Caïn  offrirent  fur  l'Autel  depier- 
rejlycn  a  d'autres  generaux,qui  sot  les  $***&*&* 
œuures  de  vertu ,  de  foy5d  amour^d'cf.  ""*"*" 
perâce3de  charité,  l'oraifon^laumofne, 
le  ieufne ,  la  mifericorde ,  les  pleurs,  les 
bons  defirs ,  &  autres  adtions  de  pieté, 
que  non  feulement  les  Preftre,  mais 
chacun  doit  offrir  en  l'autel  de  fona- 
me  à  la  faço  n  d'Abel ,  en  innocence  de 
fincerité  5  &  s'offrir  foy-mefmecom- 


€0  A   B  E   L? 

meluy  s'offrit,  prenant  enluy  le  mo- 
s.Cypri.l.   délie  des  vrays  iacrificateurs.    S.  Cy- 
domL*       prien  parlant  des  facrifices  Chreftiens. 
^bel^ditAljnnocent&iuftefdcrifidntdDieit 
duec  pureté  jlenfeigne  les  autres  qu'il faut "> c-* 
nir  a  Ï^Autelduec  Idcrdint  deDieu&fimpli- 
S.Ambr.l.   citê  de  cœur  .EtS.Ambroife.  *Abel offrit fd- 
Dorairic    crifice  des  premiers  ndis  defon  troupeau ,  nous  I 
incar.c-i.     dpprendntpdrceld  que  les  prefens  de  ld  terre  ne 
fldir oient  point  d  T>i°.ui  mai 's  feulement  ceux- 
ld  efquels  reluiroit  Idgrdce  du  diuin  myftere. 
Cim'  C  a  i  n  au  contraire  a  efté  fait  l'exem- 

ple de  tous  les  mechans.  II  offrit  negli- 
imitateurs  gemrnent  Par  manière  d'aquit,  fraudu- 
de  Cain.  leufement,  donnant  du  pire,  Se  penfant 
tromper  Dieu,  ainfi  font  à  ion  imita- 
tion les  hommes  peruers  mettans  tou- 
fiours  le  pire  fur  l'Autel  de  D  i  e  v  ,  les 
pires  grains  ,  les  pires  raifins  à  la  dif- 
me,  les  pires  pains  àlaumofne ,  les  pi- 
res enfans  à  l'Eglife  ^  Se  ce  non  pour 
l'hsnneur  &:  gloire  de  Dieu  ,  mais  pour- 
la  vanité  du  monde  ,  pourintereft  par- 
ticulier ,  pour  leur  commodité  tempo-  ; 
rclle.Tels  iacrificateurs  font  imitateurs' 
de  Caïn  Se  participans  de  fon  crime,  Se 
feront  mefprifcz  de  Dieu,&  compa- 
gnons de  fa  peine. 


AB£   L  €ï 

Dieu  permet  le  mal  pour  en  tirer  du 

bien  à fa  gloire  <&  profit 

dejes  eflus. 

4 
Aïs  Abel  a  efté  tué  par  (on 

frcre  Caïn  3  quel  eft  ô  Seigneur 
le  fecret  de  voftre  prouidence 
en  cefte  permifïîon  ?  Comment  auez? 
vpus  enduré ,  que  voftre  premier  iufte, 
premier  facrifîcateur,  premier  feruiteur 
fidèle  en  voftre  maifon^ait  efté  inique- 
ment oppreffé ,  &  que  l'enuie  ait  eu  le 
deffus  cotre  l'innocence?Telledeman- 
I  de  peut  faire  le  cœur  humain  sefmer- 
1  ueillant  de  prime-face  des  iugemés  de 
Diciuqu'il  ignore  :  mais  il  fautfcauoir 
qu'il  ne  faitny  permet  rien  quinefoitl4^OT:.. 
fainft^  &:  honorable  à  fa  Maiefte^ lia rer*ïf*». 
doc  permis  que  l'iniufteopprimaft  lin- ^J^f.f  a 
nocentpour  deux  principales  raifons,  vimuiffè 
dont  la  première  eft  prinfe  de  fa  fasefie  *&*  *?  c**' 
qui  requeroit  que  Cain  rut  laine  eniaf0„. 
libertéjOuurant  félon  le  naturel  de  Thô - 
me, comme  les  autres  créatures  agiftent 
félon  le  leur.  Ilveutque  le  feu  chauffe 
nécessairement,  que  l'eau  humecte  ne- 
ceflàirem  ent;&  ainfi  du  refte  des  autres 


'6i  AbeL 

fcmblables  créatures.  Il  veut  au  con- 
LTomeiibre*tTâite  qUe  l'homme  opère  auec  frâchi- 
fe  félon  l'image  &:  femblance  de  fa  Ma- 
T,      ,  »    jefté.Illuv  a  donné  vn  franc-  arbitre, Se 
/<?«.  luy  a  mis  1  eau  &  le  reu  deuant,  iuy  per- 

Lcd  15.  i7.  mettât  de  tendre  la  main  auquel  il  vou- 
dra à  la  charge  que  s'il  choifit  ce  qui  eft 
delà  vertu  il  en  aura  loyer,  s  il  trâfgref- 
fesfesloixil  en  portera  la  peine.  C'eft 
ce  que  Dieu  difoit  vn  peu  auparauant  à 
.7,  Q^n^j  xufais  biene  receuras-tupas  du  bien? 
&  fi  tu  fais  mal ,  to  péché  ne  fera-il  pas  aujïi 
tofl  deuant  la  porte}  nuis  ton  appétit  fera  en 
tapuiffance  &  tu  le  régenteras  :  Sans  celle 
VhommcÇe-  jjbcrté  l'homme neYeroit  pas  homme, 
n'attritv»  mais  belle  3  aginant  non  auec  eledtion 
franc  arbitre.  &-  chois ,  mais  par  impetuofité  de  na- 
ture, corne  vn  cheual.  Etfi  Dieulioit 
toufiours  les  bras  aux  mefehans  on  ne 
fçauroit  cognoiftre  ny  le  mefehans  ny 
Thômede  bien.  Il  permit  donc  à  Caïn 
de  tuer  fon  frère  pour  demonftration 
de  fa  fagefle  ,  permettant  d'ouurer  li- 
brement à  la  créature  libre,comme  par 
mefme  fagefle  vn  peu  deuant  il  auoit 
permis  a  Adam  detranfgrefTer  fonco- 
mandement,  &fe  donner  vn  coup  de 
mort,  6c  à  toute  fa  race,  parce  qu'il  l'a- 
uoît  créé  auec  telle  franchife, 


A  B  E  L.  £j 

L  a  féconde  raifon  pourquoy  il  per-  uf«0ii& 
mit  ce  meurtre  comme  plufieurs  auttes     m 
maux5eft  tirée  de  fa  puiflance  &  bonté? 
fa  puifTance  peut  tourner  à  bien,  tout  lo 
mal  qui  fe  fait  par  fa  permifïïon  >  &  fa  vumme  m 
bonté  le  veut^parquoyillepermct.Les  ^u^« 
hommes  ne  doiuent  iamais  permettre ^ITayt 
le  mal  s'ils  le  peuuent  empefcher:  car  tédccaw, 
ils  ne  font  pas  tous  puifTans  pour  le  re- 
parer eftant  fai<S  ;  mais  Dieu  le  permet 
d'autant  qu'il  en  peut  tirer  du  proufit. 
Surquoy  S  Auguftin  dittref-bien.  lia  s:A0§-I-fe 
ejte  conuenablea  la  toute  puijjance  de  Dieu  de 
permettre  les  maux  prouenans  dela^olonté  du 
franc  arbitre,  car  fa  tout  puiffante  bonté  eftfi 
grande ,  quelle  peut  faire  bien  du  malmefme^ 
fou  en  lepardonantjfoit  en  leguariffant3foit  en 
le  tournant  à  Ivtilitédes  iujhsfoit  en  lef\>en- 
geat  par  puni tio très-  iujle*  Et  Vn  peu  après.  V«hîa'iCe  «&'- 
I  la  il  rien  de  meilleur  ou  de  plus  put  fat  que  ce-  u     .    yua 
;  luy  qui  nefaifantaucil  maïjourne  les  maux  en 
:  biens, &  en  tire  duprouft:  En  vn  autre  lieu 
rendant  la  raifon  pourquoy  Dieu  au  oit 
>  permis  que  les  Anges  tresbuchafïènt. 
Cefï,  dit-il ,  parce  que  Dieu  tugea  eflre  'Vne 
t  chofeplus  dio-ne  de  fa  puiffance  &  bonté  .de  S-AtfgJ 

r   •       7  J  I  ■  J         '  dcCÛitUCI. 

faire  bien  au  mal  commis ,  que  de  ne  permettre 
\  qu'aucun ffl mal ^don c alors  par  cefre  rai- 
fon ençor  ,  il  laifla  faire  à  Gain,  comme 


64  A  B  E  il 

du  depuis  à  pluficurs  autres  mefehans, 
iufques  à  leur  permettre  de  tuer  sô  pro- 
*«^"5w»**pre fils,  qui  eftle  plus  grand  excès  de 
*>«*.  mahce5qui  oneques  rut  cornis,  ne  qu  o 

puiffe  commetre ,  nymefme  imaginer: 
car  DieufutmisàmortJeCreateurpar 
la  creaturejle  père  par  fes  enfansje  R oy 
par  Tes  vafïàux ,  crime  auquel  tous  les 
plus  énormes  crimes  font  impliquez,^: 
quifurpaffe  l'enormitéde  tout  crime:&' 
neâtmoins  de  ceftemort^decefte  igno- 
minie &:  enormité^Ia  puillance  &:  bôté 
diuine  en  a  tiré  fa  grade  gloire  &  de  sô 
S.Aug.  in  fi{s  &la  vie  &  le  falut  des  humains. c'efl 


Pfal 


}7> 


ce 


qu'admire  S.Auguftin  difant.  Quel] 

grand  bienou  $  a  doné'Duu^  du  mal  du  trahi-* 

tre  Iudas  ?  &  quel  ^rand  bien  à  vous  lesgeyi* 

tds  de  la  fente  ce  des  iutfs  condemnans  le  San* 

ueur  à  la  mort}  Demefme  conuertit-il  le 

mal  qu'endurent  (es  feruitcurs  ,  à  leur 

bien  &honncur5la  mort  d' Abel  à  l'vti- 

litc  &:  honneur  d'Abcl,&  la confufion 

Martyrs*      deCaïndVn  a  efté  fait  honorable  mar- 

tonri.c./'   tyr.hiutrc  infâme  meurtrier:  Abel  eft 

Sxuianc  .   honoré  de  la  gloire  de  premier  martyr: 

ftcs"&  c°~  Caln  ^rqué  de  l'ignominie  de  premu 

s.  Àiicr.iae  er  parricide:&  ainfi  des  autres  Saincls 

*ow£c4>  pcrfccutezôcdes  mefchâs  perfecutcurs.. 

Ceiïx-cy  exercent  leur  furie  >  Bien  en  fait  du- 

martyrs^ 


A  B  E  tl  6$ 

martyrs y  dit  S .  Auguftin.Les  bons  fem-  ^-»5- 
bknt  eftre  négligez  ?  mais  leur  mort  eft  ap'  3* 
precieufe  deuantDieu. ils  ont  efté eftime^ 
morts  deuant  les  yeux  des  fols:  mais  ils  font  en 
pdixi&c les  mefchans  qui femblent  trio- 
pher^auront  en  fin  leur  change,  trainâs 
cependant  leur  peine  voire  en  ceftevie. 
Carfi  le pechéy  dit  S.Auguftin ,  qui  femble  s.Aug.  lib. 
impuny  porte  en  crouppefi  peine  3  fi  bien  quil de  coim* 
ri  y  a  perfonne  qui  nefefafche  de  tauoircomis:     Pcecâwîa 
oh  au  il  rienfoitaueugle ,sytl rien Jent aucune  habct  pe- 
douleur  :  comme  donc  tu  demandes^  pourquoy  p1œ^^nij 
Dieu  permet  les  pêchers* ils  luy  defylaifent} 
De  mefmes  ie  demande  comment  luy  peuuent- 
ils  eftre  plat fans ,puis  quil  lespunit>S .  Chri-  s.Chryfo. 
foftome  monftrc  en  cefte mefmchiftoi-  £  e?f  ' aci 

•  o  Rom. nom. 

re  1  expérience  de  la  doctrine  de  S .  Au-jg.  ad finem, 
guftin.  Penfe^  dït-Ujà  cecyiCa'inafaicT:  ">» 
meurtre:^Abela  eftéle  meurtry  '.lequel  desdeux 
eftoit  mort  ?  Celuy  qui  crioit  mort^  qui  eftcit 
*Abel^lefangduquelcrioit\ou  celuy  qui  crdi* 
gnoit  &trebloit  plus  miferdble  quaucu  mort} 
Et  fur  la  fin  de  cefte  homilie,il  fait  par- 
ler ainfi  Dieu  contre  Caïn.  Turi  as  point 
craint  ^beluittant  ^crains-le  donc  mainte- 
nant trejpajfé.  Tu  ri  as  point  eu  de  peur  cU  le 
tuer  fois  maintenant  bayant  tue\en  continuelle 
frayeur:  viuantil  teferuoit  5  <&  ne  tas  voulu 
endurer  :  endure  le  maintenant  mort  ycomwc 

e 


66  A  b  e  %1 

il eft metteur vnfeigneur terrible  : Ainfi  monftre-il  que 
iure^u  "lacôditio  d'Abel  fut  meilleure  que  ccl- 
faire.  le  de  Caïn  ,  &  qu'il  eft  beaucoup  plus 
Platô ,  Scn.  dcfirable  d'endurer  iniure  q ue  de  la  fai- 

&  autres.  ,  -  -  j    n    i  i  , 

re,&  beaucoup  plus  grad  mal-heur  de 
commettre  le  mal  que  de  le  fouffrir. 

<iAhel  image  de l'eflat  des  iufles  ^/ 
Caïn  des  mefehans. 


Omme  Abel  fut  l'image  du 

chef  Iesvs  Christ,  ainfi  a-il 

porté  limage  de  lacondition 
€nn<*c*fc  jes  cnfans  je  Dieu  membres 

de  ce  chef,  &  Caïn  au  contraire  celle 
des  mefehans.  Abel  fimpIe,debonaire, 
feruat  Dieu  en  fyncerité  de  cœur,fouf- 
pirantfurla  terre,fans  maifon,fans  pof- 
ieflion ,  &  du  tout  mefprifant  la  vanité 
Afecï  hali-  de  ceftevaine  vie:au(fi  fut-il  en  prefage, 
^&Vâni' appelle  Abel,  qui  eft  àdircfouffleou 
cain  citoyen  vanité.Caïn  au  contraire  amoureuxdc 
la  terre,  &  de fes prefens: faifant baftir 
vnecité,lappellant  Enoch  du  nom  de 
fon  fils,&;  ne  fe  fouciant  que  de  la  terre. 
Abel  doncimage  des  iuftes  qui  habitée 
la  terre  comme  voyageurs,meditans  &: 
cherchans  la  future  patrie.    Selon  ce 


de  la  terre. 


Abe  l  6j 

patron  Abraham  marcha  pèlerin  fur  la  ^âUm 
terre,n'y  ayat  rien  acheté  d  îcclle  qu  v- 
necauernepourfontôbeau  &des  fiés? 
&  le  Fils  de  Dieu  alla  encor  plus  auant:  u  sam.Hr 
car  il  n  eut  en  fa  vie  aucun  lieu  pourre-/*»*  W4,/or** 
pofer  fon  che£&  en  fa  mort  il  emprun- 1^9.^.° 
tafonfepulchre.  C'eft  ô  âmes  Chre- 
{tiennes  rachetées  de-la  terre  pour  héri- 
ter le  Ciel5pour  vous  faire  recognoiftre 
voftre  condition  &  de  vos  deuanciers 
auec  celle  de  voftre  Sauueur:  gemiflèz 
donc  iainftement  vos  peines  en  cefte 
vallée  de  larmes,  prenans  patience  en 
vos  afflictions  ,  voftre  premier  frère  a 
ainfî  vefeu  icy  bas,  &  ainfi  y  eft  il  mort, 
&  voftre  chef&  Rédempteur  y  a  ainfi 
voyagé,  &  ainfi  a-il  laide  la  vie.  Leuez 
les  yeux  auCielvoftre  propre  cité:cefts 
terre  n'eft  pas  pour  vo%ny  fes  hôneurs, 
nyfes  délices  pour  vous:  elle  eft  auec 
(es  délices  &:  honneurs,  pour  les  en- 
fans  de  la  terre,  habitans  de  la  terre  & 
bourgeois  de  lacitédeCaïn  -ne  por- 
tez pas  enuie  à  leur  profperité  qui  n'eft 
I  qu'vne  fumée  dvn  moment;  &  qui 
;  comme  fumée  s'efuanouira  en  ric:mais 
rendez  grâces  immortelles  à  Dieu,  qui 
vous  appelle  à  la  fruition  de  fes  biens 
immortels:  &  pendant que  vous  eftes 

e    ij 


68  A  b  e  tl 

en  la  région  de  mort,  penfez  à  la  vie 
perdurable  5  &  viuans  en  enfans  de 
Dieu,  fichez  vos  cœurs  en  Dieu  &c 
vosefperancesaux  biens  &  honneurs 
de  fon  éternité. 


*9 


c    U) 


M  E  L  C  H  I  S  E  D  E  C, 


zfkfELCHISEDEC. 


E  L  C  &  ISEDEC  Gcncfe.14 

Roy  de  Salem 
&grâdPreftre 
du  tref-haut 
Dieu,adueriy 
qu'Abraham 


auoit 


craigne 


vnemcrueilleufe  victoire  fur  qua- 
tre Rois  victorieux, &  qu'il  s'ache- 
minoitvers  luyauecfes  troupes.il 
fort  de  la  ville  accompagné  de  fou 
Clergé  &  de  fa  Noblefle,&  tout  le 
menu  peuple,  &luy  vaaudeuant . 
pour  le  recueillir  auecfacrifice  d'a- 
ction de  grâces ,  &  le  bénir  de  (a 
grande  benedi&ion.  Le  voila  arri- 
ué  au  lieu  où  il  le  rencontre  paré 
de  fes  habits  de  grand  Roy,  &  de 

e    iiij 


vt  MelchisedecT 

fouuerain  Preftre,  plein  de  Maiefte 
en  fa  perfonne&  enfonmainrié. 
Regardez  Ton  port  vénérable ,  la 
ferenité  de  fon  front  a  &  la  grauité 
.    de  fon  vifage!  Quelques  vus  ont 

Erreurs  des  p/  O  y—'      i  :■ 

samaritain  penie  que  c  eltoi.t  Se  nlsdeNoe: 
MdZfeZ  mais  TÊfcriture  ne  faidt  aucune 
f!ltiTi.  mention  de  fon  origine ,  non  plus 
hxtct  h.   que  Je  fa  natiuité  &  de  fa  mort  > 
combien  qu'elle  ait  de  couftume 
de  cotter  fort  curieufement  les  ge- 
nealogies5maifons&.  tiges  despef- 
fonnes  illuftres  :  qui  faidt  conie- 
6turer  quelle  a   caché  quelque 
haut  fecret  dans  l'ombre  de  ce 
myfterieux  fîlence  fur  la  race  de 
çeltuicy. 
voient-     L'ornement  qu'il  porte  en 
des  anciens  \a  tefte  3  c'eft  vne  Mittre  de  crefpe 
retors^tiffu  de  diuerfes  couleurs: 
haute  &r  ronde  en  coiffure  ^  dou- 
blée de  drap  d'or>  aboutie  d'vn  fa- 
fir  en  forme  de  gland ,  où  eft  atta- 


Melchisedec^  75 
chévnrubendecrefpe  azuré  vo- 
lant par  derrière.  Sur  le  front  il  a 
vne  lame  de  fin  or  liée  d'vne  ban- 
de de  hyacinthe  comme  dVn  dia- 
dème Royal:  &  fur  la  lame  eft  en- 
grauè  le  grand  nom  de  Diev.  SaienSdeDieu 
première  robbe  plus  proche  du  m^"nfanu 
corps  battant  iufques  aux  talons,, 
eft  vne  aube  de  fin  lin  :  la  tuni- 
que qui  eft  delfus  cette-cy  plus 
courte  d'vn  pied?eft  toute  de  hya- 
cinthe crefpe,  brodée  à  l'entour 
dVn  orletd'ouurage  tiffu,&  cein- 
te ioignant  les  reins  d'vn  baudrier 
d'or  façonné  en  broderie  :  delà- 
quelle  eftoife  &faço  eft  auiîi  fait 
rhabitquiluy  couureles  efpaules 
àguifede  camail attaché  deuat  la 
poictrine  par  trois  efquarboucles 
taillez  en  rond  en  façon  de  bou- 
ton i  enchaifez  en  l'or.  L'autel  eft  ^«'^  1 
érigé  ;  &  le  pain  &vin  aportez, 
&lefacrifice  commencé,   Abra- 


74  Melchisedec. 

ham  a  mis  pied  à  terre5  corne  auflî 
Mmm  d!  la  plus  part  de  fes  gens.  Il  eft  cou- 
uert  dvn  habillemét  de  cuir  boiiil- 
ly,  doré  &c  enrichy  de  diuerfes  fi- 
gures, duquel  genre  d'habillem et 
eftvenu  le  nom  de  nos  cuirafles  de 
fer,  qu'il  faudrait  pluftoft  appeller 
ferrafles  :  fes  braflfars  y  cuiflots ,  & 
iambieres,  que  vous  voyez  fort 
bien  afforties  furies  ioin&es  ,  de 
leurs  gueulars  figurez^font  de  mef 
me  matière.  Ilporteenlatefte  vn 
heaume  admirablement  bien  gra- 
ué,  enrichi  d'or  &c  empennaché  de 
plufîeurs  rares  plumes.Le  coutelas 
luy  pend  au  cofté  gauche y  attaché 
à  fon  baudrier  mis  en  efcharpe  :  il 
baife  la  main  droidte  en  figne 
d'honneur:  delà  gauche  il  tient 
vne  pertuifinne:  vn  de  fes  efcuyers 
luy  porte  fon  efcu,  vn  autre  tient 
fon  cheual  par  la  bride  ralaifle  de 
ce  premier  efquadro^c'eft  ce  cour- 


M  E  L  C  H  I S  E  D  E  cl  75     ■ 

iîer  depoilbay-doré  ,  balzan  des  L^eJeiiê 
deux  pieds, qui  monftre  par  la  bsl- 
le  façon  de  tout  fon  codage ,  qu'il 
eft  bien  maniant  &  adroit,  &  di- 
gne d'eftre  monté  d'vn  grand  Ca- 
pitaine. Contemplez  vn  peu  fà 
tefte  petite,  fes  oreilles  deratac- 
creftées,  le  front  defcharné  &  lar- 
ge, marqué  d'vne  eftoille  droi£fc 
au  remouIin:le  col  de  moyenne 
longueur  :  grefleioignantla  tefte, 
gros  vers  la  poi&rine  ,  &  douce- 
ment voûté  par  le  milieu ,  k  poi- 
trine ronde  &  large  ,&  la  croupe 
à  proportion  ,  la  queue  &  lecraia 
long  :  voyez  cornent  en  mâchant 
fuperbement  fon  frain  ilietteTef- 
cume  blanche  ,  ouurant  fes  na- 
feaux  enflez  >  &c  monftrant  le  ver- 
meil du  dedans  :  voyez  comment  Lef 
il  frappe  la  terre  de  la  main  de  WV*iU$J!^ 
lace  qui!  tient  enl  air,  comme  s  il 
faiioitla  iambette,&prenez  garde 


ntAtni 


76  Melchisedec^ 

aux  trai&s  délicats  du  Peintre  à  re- 
prefenter  naïfuement  la  corne  des 
ongles  Mes  y  bien  arrondie  &  lar- 
ge ,  auec  les  coronnes  déliées  & 
peliïes,  &  les  paturons  courts,  & 
moyennement  releuez,&les  ioin- 
Vvfige  hi  étureseroflesauecIeurtoupetlSur 
g/  â'ejtriers,  le  dos  il  n'y  a  qu'vn  couflinet  atta- 
«prîiuie's  chéaueede  petites  (angles  &vne 
Ce/"'  croupière  fans  eftriers ,  car  ils  n'e- 
ftoyent  encor  en  vfage  non  plus 
que  les  Telles  d'armes.  Les  gens  qui 
compofent  ce  premier  efquadro 
sot  les  trois  cens  &  dixhuiâ:  hom- 
mes d'armes  feruiteurs  nais  en  la 
maifônd'Abraham.llsfont  diuer- 
fement  habillez:  les  vns  portent  la 
cuiraffe  comme  leur  Capitaine, 
quoy  que  moins  richement  eftof- 
fée.  Les  autres  la  cotte  de  maille  à 
mâches  &  gorgerin: quelques  vns 
la  cotte  d'armes  de  fer  à  lambeaux 
en  la  fauldiere ,  les  greues  &  foliers 


M  E  L  C  H  I  S  E  D  E  c;  ff 

de  lame  d'acier  y  &  tous  omTefcu 
pendât  du  col  en  efcharpe  &  gan- 
telets aux  mains.  Auec  ceux-cy  il  a  c»?  k.,v 
par  miracle  mis  en  route  1  armée  quat„. 
de  quatreRoys  Aflyriés  quivn  peu  Gcn* I4'  *' 
deuant  auoy ent  gaigné  labataille 
contre  cinq  autres  Roys^àfçauoir 
contre  le  Roy  de  Sodome^de  Go- 
morre,  d'Adama,  de  Soboim  >  &c 
de  Baie  aliez  d'Abraham ,  &s  en 
retournoyétenleurpaïsauecleurs 
foldats  enrichis  du  butin  des  vain- 
cus^principalement  de  deux  villes  $9hmt 
tres-opulétes  Sodome  &  Gomor-  comorupu 

,f|  r  lees. 

re,qu  ils  auoy  ent  laccagees  emme- 
laansvnemilliafTe  de  prifonniers^ 
entre lefquels  eftoit  Loth  nepueu 
d'Abraham,  &  toute  fa  famille  ;  & 
infolens  dufuccés  s'en  alloyent  à 
la  desbandade/ans  ordre  de  guer- 
re ,  ne penfans  qu  a  yurongner  & 
dormir.  Abraham  outré  de  l'infor- 
tune defonnepueu&  de  fcs -alliez, 


78  MeLCH1S£T>'z  cl 

&  fe  délibérât  d'en  auoir  la  raifbn, 
partit  en  diligenceifibien  quayât 
ioinits  les  ennemis  lacinquiefme 
nuiét  les  chargea  fî  rudement  à 
Timpourueu,  quilles  defconfit?& 
reprint  les  prifonniers;>&:  en  rame- 
ukftQmto.'m d'autres  auecvne  glorieufe  vi- 
ctoire 5&  aufïî  riche  defpoùille 
de  beftes  &  d'habits  ,  &  de  toute 
forte  de  biens  3  que  le  Peintre  a  di- 
uerfement  exprimé  à  la  queue  du 
fufdit  efquadro  :  car  vous  y  voyez 
des  chameaux  \  &  des  chenaux,  les 
vns  monftransle  bout  de  la  teftc 
feulement  jles  autres  toute  la  tefte, 
quelques  vns  vne  partie  du  corps; 
vous  y  voyez  auffi  des  cottes  dar- 
mes,des  bahus  &  chofes  fembla- 
bles ,  &  ne  fe  faut  esbahir  fî  les  fol- 
dats   ont  leur   habillement  &  ar- 
i»**j'k  mcs  jonglantes  :  car  ils  viennent 
cornent,    frefehement  du  combat.Ces  pre- 
miers Seigneurs  proches  d'Abra- 


Me  lc'hi  s  ede  c.  79 

hampçrtâs  les  grands  pennaches 
en  leurs  falades  dorées  ,&  ceintes 
dvn  diadème  y  font  le  Roy  de  So- 
dome  &Gomorre;>quiayansral-Gcn'M.i7» 
lié  quelques  troupes  luy  font  ve- 
nus au  rencontre  pour  luy  con-. 
gratuler3Abrahamvfant  de  toute 
courtoifîe  en  leur  endroid:  3  leur 
rend  non  feullement  leurs  gens 
prifonniers.mais  encore  leurs  biés 
rauis  vn  peu  deuant,  qui  fetrou- 
uent  en  nature.  Ils  s  en.  retour- 
nent content.  Mefchifedec  eft  at- 
tentif au  facrifice^  &faict  fes  of- 
frandes de  pain  &  de  vin  à  Dieu  Je 
priant  afte&ueufement.  Efcoutez 
ce  qu'il  di£t. 
Bénit  foi t  Abraham  par  le  très-haut  ?rîere,dc™1- 

ta  c  1      r-     1  11  chifedec. 

UteUySeïgneur  du  (Jet  &  delà  terre:  Gcnc.14* 
&  louéfoit  le  Dieufouuerain  par  la 
defenfe  dnquel  les  ennemis  font  entre 
tes  mains.    Ce  diâ^  il  bénit  Abra- 
ham:luy  fai&part  du  fàçrifice,  &  à 


80  Melchis'edec. 

Jfesgens,  &lesinuite  tretçus  a  fa 
maifon  pour  eux  rafraifchir  :  cha- 
cun remercie  Dieu  auec  le  fouue- 
rain  Preftre,&:  Abraham  luy  dône 
pour  fon  droi£t  la  dixiefme  partie 
detouteladefpoùille:  ô  combien 
de  myfteres  font  cachez  à  Ivm- 
braee  de  cefte  peinture! 


MELCHL 


MELCHISEDEC      F  I- 

guredu  Sauueur. 

E  s  hommes  ne 
peuuent  pour- 
traire  au  tableau 
ce  qui  eft  à  ve- 
nir n'en  pouuâs 
auoir  limage 
corporelle:  mais 
Dieu  qui  voit 
toutprefent,  a- 
uoit  faid  le  pourtraiét  de  la  Preftrife 
future  de  fon  Fils  ,  en  la  perfonne  de 
Melchifedec,&  de  l'Euchariftie  en  l'of- 
frande d'iceluy.  S.  Paul  refait  ainfi. 
Melchifedec ,  dit-il,  Roy  de  Salem  Preflre  de 
Dieu  fouuerain  5  alla  an  rencontrer  *Abra- 
ham  retenant  de  la  defconfture  des  Roys  3  & 
lebenit  3  à  c^ui  Abraham  départit  la  dtfmede 
tout.  Et  premièrement  eft  interprété  Roy  de  I«- 
flice  3  &*  puis  aufîi  Roy  de  Salem ,  cefl  à  dire 
de  paix:  fans  père  }fans  mère y fans  généalogie: 
n  ayant  commencement  de  iours3  nyfn  de  y  te: 
mais  efiant  faiâifemblable  au  Fils  de  Dieu  de* 
meure  Preftre  éternellement '.Il  dit  dont  ap- 

f 


Si  Melchisedec^ 

R4pporties  perternent  qucMelchifedcc  eftoitlarT- 
IImm^  1  gure  du  Sauueur,&en  couche  les  traits 
cetiesde  Mei-  &  figures.  Melchifedec  eftoit  en  figure 
tfef;  a-  Roydeluflice.lESvs-CHRisTeftle 
«.  vray  Koy  deIuitice,coItitue  luge  des 

viuâs  &  des  mortsrMelehifedec  portât 
le  nom,  &I  e  s  v  s-CHRiST,Ia  chofe: 
MelchifedecRoy  de  paix  :1e  Sauueur 
Koyieph.  efl-  \c  vray  Salomon  Prince  de  paix:car 
c'eft  luy  feul  qui  a  moy  éné  la  paix  entre 
Dieu  &  les  hômes.'Melchifedec  Roy  &: 
PreftredesCananeans  &  d'Abraham: 
x*ydcsGen>  Iesvs-Christ  Roy  des  Gentils  figni- 
*u&  Ufi.  gcz  par  jcs  Cananeâs,  &  des  Hebrieux 
fortis  d'Abraham  j  ayant  fait  des  deux 
peupleSjle  baftiment  de  fon  Eglife  :  luy 
o'mSide    cftantlapîerrc  de  l'angle.  Melchifedec 
z>ieU.         oinâ  de  Dieu  d'vne  onction  ,  non  cor- 
porelle corne  Aaron  &  les  autres  Pre- 
(1res  Iuifs,mais  fpirituelle  :  I  es  vs- 
^^^  Christ  oinâ:  de  fon  Père,  &  le  Saincl: 
nlnlmT'  des  Saincis.    Melchifedec  fans  père  de 
fans  mere  &  fans  généalogie, c'eft  a  dire 
mis  en  l'efcriture  sas  aucune  mentio  de 
père  &  de  mere ,  ny  de  lignée,non  qu'il 
n'euft  père  &  mere,mais  par  myftere. 

La  çeneratio  auflî  du  Fils  de  Dieu  cft 
inénarrable,  non  feulement  l'éternelle, 
mais  encor  la  temporelle.-carquel  efpric 


MeLCHÎSEDEC.  g  * 

pourra  comprendre  comment  il  a  efté 
engendré  3  &  de  toute  éternité  de  fon 
Perc,&  auec  le  temps  fans  cohabitatio 
d'homme  né  d  vnc  vierge  deuant  l'en- 
fantement ,  en  l'enfantement  &  après? 
DôcMelchifedeclefouuerain  Prcftre 
eftoit  la  figure  de  Ie  s  v  s-Chri  st. 

La  ^Preftrife  du  Fils  de  Dieu  figurée 
en  celle  de  Melchifedec. 

2 

A  i  s  letraid  plus  naïf  de  cefte 
figure  &  de noftre my ftere5 c'eft 
celuyquel'Apoftre  met  le  der- 
nier comme  le  plus  parfàift  dilant  que 
la  Prejlnfe  du  fils  de  Dicufelo  C  ordre  de  Mel- 
chifedec demeure  éternellement  a  qui  eftoit 
aufîî  la  prophétie  de  Dauid.  Le  Seigneur  V^-*0** 
d  iuré  &  ne  s'en  repentira,  point.  Tu  es  Pre/îre 
éternellement  félon  tordre  de  Melchifedec  .C 'e 
traict  contient  le  myftere  du  Sacremét 
&facrificede  TEuchanftieinftitué  par 
Ie  s  v  s-Ch  ri  s  t  en  fon  Eglife  fous 
les  efpeces  du  pain  &du  vin  pour  durer 
iufques  à  la  fin  du  monde.il  va  eu  entre  ^fJZT 
les  nommes  deux  fortes  dePreftrife  de-  &&  tn- 
uat  la  venue  duSauueur  rfvneaueçw-^r- 
crificenonfanelant.'c>ui  offroit  à  Dieu 

f  ij 


84  M  E*L  C  H  I  S  E  D  e  <:• 

sacrifice  des  dons  fans  effufion  de  fang5  telle  c- 
n?n{ZgLU  Roitccllc  de  Mdchïcdcc  offrant  pain 
Bejics  du  &  vin^lautre  auec  facrifice  fanglât,  qui 
*nc!ens$  c^olt  ^Q  trols  fortes  de  beftes  à  quatre 
pieds,  à  fçauoirde  bouine,  mouton- 
nai!le3&  capraille^ôc  d'autant-de  fortes 
d'oyfeaux5de  coulombes,  tourterelles, 
&moyneaux.  Telle  eftoit  la  facrifîca- 
ture.d  Aaron  ,dont  laveritéaeftéac- 
côplie  &  a  prins  fin  en  la  Croix^  où  I  e- 
svs-Chri  st  s'eft  offert  vne  fois  en 
facrifice  fanglantdela  mort5àlafem- 
blance  de  la  facrificature  &  facrifice 
d* Aaron  ,  &  tel  facrifice  ne  pouuoit 
cftrereïteré,nepouuâtlESVs-CHRiST 
mourir  qu'vne  fois.  La  vérité  de  la  Pre- 
ftrife  &. facrifice  de  Melchifedec  com- 
mença au  foir'de  Tinfliturion  del'Eu- 
chariftie,  quand  leSauueur  inftituale 
Sacrement  de  facrifice  non  fanglant  de* 
fon  corps,fous  les  efpeces  du  pain  &:  dtr 
vin,ce  qu'il  a  continué  du  depuis  par  le 
miniftere  &:  feruice  des  Preftres  fes  vi- 
caires ,  &:  continuera  tant  queTEglife 
voyagera  en  terre  eftant  luy  Preftre* 
éternellement  félon  l'ordre  de  Melchi- 
fedec, c'eft  à  dire  offrant  fans  ceffe  le 
vray  pain  &  le  vray  brcuuage  de  Ton 
corps  &:de  (on  fang  comme  Melchi- 
.fedec  en  oi&oic  la  figure*  Mais  pour- 


Melchisedec\  8? 

quoy  eft- ce  que  celte  fouuraine  fapien- 
ce  a  inftitué  le  facrifîce  &:  Sacrement- 
^e  (on corps  fous  les  efpeces  du  pain 
de  du  vin  ?  fi  nous  en  pouuons  fçauoir 
quelque  raifon,ce  fera  autant  de  lumie-  . 
re  pourvoira  admirer  fa  grandeur. 

SPourquoy  le  Sauueur  a  inflituéleja- 

crijice  &  Sacrement  de fon  corps 

foubsles  ejj?eces  du  pain 

*çij  du  vin. 

5 
A  fupreme  fagefTea  inftitué  Vrmkrer«- 
le  Sacrement  &  facrifîce  de  fin  pour  ju- 
bn  corps  fous  les  efpeces  ducfarcr ,le*cel' 
pain  &  du    vin,  pour  plu- „„,„-,„„. 
fleurs  raifons,  dont  les  principales  me 
\  femblent  celles-cy.La  première  ,  parce  Lefa:n' 
j  que  I  e  pain  &  le  vin  marquent  fenfible- 
i  ment  &  fort  proprement,la  n  attire,  IV- 
tilité  &  l'excellence  de  ce  facrifîce  & 
Sacrement.  Il  n'y  a  rien  fi  commun,ny 
fi  expofé  anoure  cognoiflancequele 
pain  &  le  vin.  Or  comme  ils  font  les 
deux  plus  nobles  &  propres  fouftiens 
de  la  vie  humaine,  de  mefmelefacrifî- 
ce  &  Sacrement  du  corps  du  S  auueus 
eftleplusdiuin  alimet&appuyderos 

f  nj 


36  MelchisedecJ 

âmes  &r  corps.    Le  pain  &le  vin  font 

tres-vtiles  &  neceflfaires  au  commen- 

cement,au  milieu,  &  à  la  fin  du  repas, 

&les  Hebrieux  foubs  le  mot  du  pain 

*u»u  C  comprennent  toute  viande  ,  comme 

vu»™.      eftât  auffi  la  principale  &:  la  compagne 

ioa.^.  as.  je  toutes .  &  jes  faaes  anciens  ont  iàdis 

Ixcle.ic.  .  ^ 

Ezech.4.  appelle  le  vin  5  le  Roy  &:  les  délices  du 
Le  vin  banquet.  Le  Sauueurdonc  a  inftitué 
ulquets.  TEuchariftie  auec  ces  deux  fymboles, 
pour  nous  apprendre  par  iceux  qu'en  la 
loy  de  fa  grâce,  le  facrifice  &  Sacremét 
de  fon  corps  5  tiennent  le  premier  rang 
entre  tous  les  prefens  &  viandes  qu'on 
peut  mettre  fur  la  table  de  fon  Autel 
pour  honorer  faMajefté  8c  alimenter 
nos  âmes. 

Le  pain  &<vin  marques  de  UpaJJion 
du  Sauueur  enjonjacrement. 

Seconde  rtti-  4 

jonpoureo-  Snf^Sgàfig  A  fecode  caufe  pourquoy  le 

filmer  la       v    fô^M  WQ&  c  •     n  •         '  i  /l    .  - 

tif»*  *S  J^j  Sauueur  a  mftituc  le  myfteic 
Stuueur.    $j  l|i||g|g  de  fon  corps  en  ces  elemens, 

Uftomn*.  c>eft  pQUr  nQUS  mcm.c  dcuâc 

les  yeux  ce  qu'il  a  enduré  pour  nous^fe 
faifant  pain  &breuuage  pour  nous.  Le 
grain  efl:  iettéen  terre  pour  deueniref- 
py ,  6c  fe  multiplie^il  meurt  pour  fortir. 


Melchisedec\  87 

ïl  endure  aux  champs5les  véts,Ia  grefle, 
la  gelée  ,  le  chaud  &  le  froid}  il  eft  batu 
en  Taire,  brisé  au  moulin,  macéré  au 
paiftrin ,  de  cuit  au  four.  L  e  raifin  porte  u  uifm. 
les  marques  des  mefmestourmés:  car 
après  auoir  efchappé  les  iniures  de  l'air, 
comme  le  grain,  il  eft  foulé  &  pétillé 
aux  pieds,il  eft  ferré  au  prefïoir,il  endu- 
re la  cuue  &  la  caue  pour  deuenir  bon 
vin.  Ces  aftions  &:  parlions  font  les 
traifts  qui  nous  font  la  peinture  des 
trauauxque  le  Sauueura  enduré  pour 
nous  eftrelepain&le  vin  celefte  qu'il 
nous  donne  au  facrifïce&:  Sacrement 
de  fon  corps. 

Le  pain  ^$-J  le  njin  en  ÏEuchariflie 

oJMarques  du  corps  myfliquedu 

Sauueur. 

5 
A  troifïefme  caufe  de  cefte  infti-  Cejieraïfo* 
tution  faifte  en  tels  elemés.c  eft  f  g^r 
pourmarquerlecorpsmyftiquehom.14.ia 
de  l'Eglife  de  Le  s  v  s  C  h  r  i  s  t  ,  car  x,cfl,ï0,v 
comme  le  pain  de  le  vin  fontfaiers  def^â.  t«  £ 
plufieurs  grains  ammôcelez  en  vn,l'E-  Io*n-  &î** 
glife  auiïï  eft  compofee  de    plufieurs  #/jr^  fl* 
mébres  vnis  en  vn  chef,c  eft  pourquoy 
les  Grecs  appellet  le  repas  de  ce  facrifi- 

f  iiij 


88  M  £  X  C  H  I  S  £  D  £  cJ 

Symxe.  ceSYNAxE,eeftàdirecolle<&ion,&les 
Latins  Commvnion,  quafi  commune 
vnio.Pour  ces  raifons^  femblablesle 
Sauueura  inftitué  ce  myftere  auec  le 
pain  &  le  vin  :  de  manière  que  les  feuls 
clemens  nous  parlent  fans  mot  dire  en 
ce  Sacrement,  &:  nous  enfeignent  trois 
belles  leçons,  la  charité  du  Sauueur  à 
nous  nourrir  de  foy-melme,  la  patiéce 
à  endurer  pour  nous-mefmes:  &:  l'vnio 
de  nous-mefmes  en  luy,  tat  cft  fage  ce- 
tte diuime  fagefTe  à  bien  ordonner ,  ôc  à 
bien  apprendre  ce  qu'elle  ordonne/ 

Le  corps  du  Sauueur  appelle pain >^/ 
fonfangy  njin. 

6 
Ovr  les  mefmes  caufes  que 
defïïas  ,  TEfcriture  appelle  le 
corps  du  Sauueur  pain,  &rfon 
fang  vin.  Hieremie  dit  en  la  perfonne 
des  Imk^Mettons  le  bols  en  fon  pdin^  c  eft  à 
Tcrtui.  lia.  ^irc  mettons  fon  corps  en  la  croix,  co- 
4. contra  me  les  Pères  anciens  l'ont  interprété. 
ç^CX9\°o  ^cmyllUuerdfon  eftole  du  Ym^fon  vejle- 
i.Cor.  10.  mentdufdnjrderdifw:  c  eft  à  dire  il  cfpan- 
16 '  dra  fon  fang  en  abondance,  figurant  le 

fangparle  vin.  S.  Paulauflî  appelle  le 
Sacrement  pain  &  vin ,  &  l'explique  lé 


Ierem.  11, 


MeLCHISEDEC^  Sp 

corps  &fang  du  Sauueur.  Qui  mangera 
dit-Ù)Cepain  &  boira  ce  calice  indignement ,  I-cot-n*i%7* 
il  fera  coulpable  du  corps  &*dufangduSei- 
vncur.Lc  Sauueur  mcfrae  s'appelle  pain  T 
&  ion  lang  breuuage,  parce  qu  il  s  oirre 
en  facrifiee  à  fon  Père,  &  Te  donne  en  _ 
Sacrement  aux  hommes,  fous  les  efpe- 
ces  du  pain  &:  du  vin. 

QïSefî-ce  que  Sacrement. 

7 
J^V'E  vch  aristie  efl:  facrifiee  , 

ffKf^  &  Sacrement  enfemble,  corn-  c 
îA-*1  me  l'oblation  d' Abel,  l'agneau 
Pafchal  &plufieurs  autres  myfteres  an- 
ciens. Car  le  corps  du  Sauueur  entant 
qu'il  efl:  offert  à  Dieu  en  la  Méfie,  il  eft 
facrifice,&:lemefme  corps  entant  qu'il 
efl:  donné  en  viande  aux  C  hreftiens ,  il  Sacrement: 
efl:  Sacrement.  C'efl:  pourquoy  quel- 
ques figures  le  reprefentoientfeulemét 
entant  que  Sacrement, comme  l'arbre 
de  vie,  les  autres  entant  que  facrifiee 
feulement  commun  eftoient  quelques 
facrifices  pour  le  péché  ,  defquels  nous 
parlerons  au  tableau  du  facrifiee  propi- 
tiatoire, les  autres  entant  que  facrifiee 
êcSacrement  enfemble,comme  l'obla- v;e# 
tion  de  Melchifedec  &  femblables.  Or 


Définition 
iufacrifce 


go  Melchised'ec." 

le  Sacrement  eft  vn  figne  &  vn  infini- 
ment d'vnechofe  facree.  Ainfi  le  Ba- 
ptefme  fignifie  l'intérieur  &  facré laue- 
ment  de  lame  &  le  fai£t5comme  inftru- 
mcnt  de  Dieu5ficeluy  qui  reçoit  le  Ba- 
ptefme  n'y  met  empefchement.de  mef- 
me  l'E uchariftie  cô tiét  le  corps  &  fàng 
duSauueur  inuifibles^  &  la  nourriture 
de  I'ame3&:  en  eft  le  figne  par  les  efpe- 
ccs  vifîblesdupain&  du  vin  matériel, 
&:  en  telle  qualité  il  eft  S  acrcmen t. 

Que  cefl  quefacrifice,  &  comment  ejl 
faiél  celuy  de  la  <JMejfe. 

8 
E  facrificeprins  en  fa  pro- 
pre fignification,  c'eft  vne 
action  extérieure  de  religiô 
&  de  culte  fouuerain  fai&e 
en  recognoifTance  de  la  fu- 
preme  Maiefté  pour  propre  officier,  a- 
uec  quelque  prefent  &:  changemëtxtt- 
ccluy  prêtent.  Encefte  façon  les  victi- 
mes des  béftes  &autres  corps  en  laLoy 
de  nature  &deMoyfe3eftoiëtfacrifices: 
rEuchariftiefacrificeauffienlaLoyde 
grâce,  &  ce  de  tant  plus  excellët  que  le 
corps  du  fils  de  Dieu  offert  en  iceluy, 
furpaflè  en  dignité  tous  les  autrescorps 


Me  LCHISED  Ecl  91 

dont  on  peut  faire  prefent  à  la  diurne*»  w 
Majefté.Ce  facrifice  fe  faid,  comme  cy  gS^f- 
apesnoas  dirons  plus  au  long ,  par  les  de  VEàcb^n- 
paroles  de  la  confecration,  Cecy  est^'% 

MON  CORP  S,CECY  EST  MON  SANGj^A 

par  lefquclles  Ie  s  vs-C  hrist  tranf  ?&****»- 
fubftantielepain  &  le  vin  en  fon  corps 
&c  en  fon  fan  g-  &:  par  les  mefmes,  il  l'of- 
fre à  fon  Père  pour  fonEglife,  encor 
qu'il  n'vfe  d'autres  parolles  formelles 
d'oblation,  difant,  ievous  offre  mon  Le  corps  J* 
corps.-car  c'eft  affez  qu  il  le  face  prêtent  $*»»*»*$ 
fur  l'Autel  à  cefteintentionriln'envfa^^^. 
non  plusse  donnant  en  facrifice  en  h  fat. 
Croix  ,  ny  les  anciens  facrificateurs  en 
leurs  facrifices.    Dieu  entendoit  affez 
le  langage  du  cœur.  L'Eglife  ayant  ce 
corps  par  la  libéralité  de  Dieu ,  le  Iuy 
offre  aufli  auec  Iesvs-Christ,&:  par^X""£* 
iceluy  Ihonore  &  l'hommage,  en  tiltre/esfov»*. 
de  latrie  &:  culte  fouuerain,&le  prie  par 
les  mérites  acquis  en  ce  corps,  &c  en 
prend  après  fa  réfection  :  &:  comme  ia- 
dis  Dieu  donnoit  aux  Iuifs  des  beftes, 
&les  Iuifs  les  luy  offroient:  &  Tenho- 
noroient,&:  en  mangeoient  la  chair: 
ainfinousa-il  donnée  nous  donne  le 
corps  de  fon  Fiis5&:  nous  l'en  honorôs, 
&le  prions  auec  luy  comme  auec  vn  ri- 
che prefent  pour  l'appaifer  &  rendre  fa- 


$2  M  E  L  C  H  I  S  E  D  E  C9 

uorabIe5&r  en  prenons  après  noflxe  ré- 
fection fans  queiamaisilfoit  confo ra- 
mé comme eftoientles  corpsdes  beftes 
qui  ne  pouuoient  feruir  qu'vne  fois ,  ôc 
en  falioit  prendre  de  nouueau  x  à  chaf- 
quefacrifîce.  Le  corps  du  Sauueur  efl 
îmniortel  &feulfuffifant  pour  honorer 
Dieu,&eftre  la  pafture  d'immortalité  à 
tous  les  membres  de  fon  Eglife  en  tout 
2£"£  l™*_etemps.Nous  auons  di&cy  deuant  que 
crifiee.        les  bonnes  oeuures  faides  pour  Dieu 
s.Aug  hb.  font  quelquesfois  appellees  facrifices, 
c  6,  comme  1  oraiion,  le  îeuine  5  raumoine, 

&  autres  a&ions  de  pieté:  mais  ce  font 
facrifices  généraux  &  parfemblance>& 
chacun  les  peut  &  doit  offrir,  au  lieu 
que  le  propre  8c  vray  facrifice  ne  peut 
eftre  offert  que  par  vn  propre  &:  vray 
Preftre  d'office,  tel  qu'eftoit  Melchife- 
dec  8c  les  Preftres  Iuifs  iadis ,  8c  main- 
tenantles  Preftres  Chreftiens. 


.Melchis  ede  c^  93 

Différence  entre  le  Sacrement 
g^/  le  Sacrifice. 

9 

«SËjSïN  premier  lieu  le  Sacrement  elle* />««««. 
iH5finftituédeDieu  pour  lafanfti-yr^ 
xrrTr^  fîcation  de  fa  creature^ôde  facri-  Dicu,&u 
fîce  pour  en  honorer  le  Créateur:  Yvn  Sacr'me!!' 
regarde!  homme,!  autre  regarde  uicu:^hmmem 
car  combien  que  la  fan&ification  don- 
née par  le  Sacrement  redondeà  lhon- 
neur  de  Dieu  5  &  la&ion  du  facrifice  à 
la  fan&ification  de  la  créature;  la  pro- 
pre fin  neantmoins  où  vife  le  Sacre- 
ment, ceft  fanftifier  l'homme:  celle  du 
facrifice  ,  ceft  hommaçer  Dieu  :  ne 
plus  ne  moins  qu  en  laMonarchie  ciui-  w<    * 
îe3rhommagelige,eftpourleRoy :  & 
l'adminiftrationde  laiuftice,  eft  pour 
le  peuple:  encor  que  la  iuftice  honore 
le  Prince,  &;  l'hommage  proufite  au  fu- 
jet,    De mefmes  doncen  l'Eglife,  Mo- 
narchie fpirituelle,  le  Sacrement  eft  or* 
donné  pour  ay der  l'homme,  &  le  facri- 
cepour  honorer  Dieu.  Ce  quife  faid 
au  de-là  de  ces  fins  en  l'vn  &"  en  l'autre, 
ceft  en  confequence  &:  par fuite,&non 
en  première  intention  Scvifee.  Ht  par- 


$4  Melchisedec^ 

LeSaererhe't  tant  comnie  je  Sacrement  eft  propre- 
té desrace.  r  -.     _  .         r       r 

ufacnjice  ment  ligne  &  înitrument  delà  grâce  de 

fened'bon-  Dieu^ainfi  le'facrifice  marque  fpeciale- 

"sZïdebf-  ment  'a  grandeur  &  Maje#é  d'iceluy. 

fer*nce.  En  fécond  lieu  le  S  acremet  ne  prou- 

ïljppF fitc  finon  à  cduy  qui  le  Prend  en  b5ne 

qu'a* rue*    difpofîti63comme  le  Baptefme  nefan- 
uam  fafc  qUe  je  baptifé  :  le  facriiïce  peut 

àuL.  prounter  a  tout  le  monde  j  abiens,  pre- 
iens,  iuftes,  iniuftes,  difpofez ,  indifpo- 
fez3  viuans  &:  trefpaffez,  s'ils  ne  font 
morts  en  péché  mortel  :  car  encor  qu'il 
ne  foit  inftitué  dire&ement  pour  ian- 
âifier  l'hommCjCommc  il  a  efté  didt,  il 
ouure  neantmoins  la  porte  à  la  fanctifï- 
cation  de  tout  l'homme  entât  qu'il  ap- 
paife  Dieu  enl'honnorant  &  priant,^ 
parceft  office  de  pieté  il  obtient  de  fa 
mifericorde  grâce  de  nouuelle  bénédi- 
ction, de  pénitence  &:  deremiiïion  à 
tous  ceuxpour  lefquels  il  eft  offert.-ainfi 
le  facrifîce  de  la  Méfie  eft  vtileà  tous 
ceux  qui  l'oyent&  pour  lefquels  on  la 
difti 


M  E  L  C  H  I  S  £  D  E  C."  9  J 

Nulle  religionjansfacrifice. 

10 
OMMETEglifcatoufiourseu  , 
des  Sacremenspourmoyen-^j;^ 
nerla  fanctificatiô  des  enfens*««s<«r*- 
de  Dieu:  auflî  n'a-elle iamais  efté  ny  f&"g^ 
ra  fur  la  terre  fans  facrifîce,  6c  ce  à  bon- 
ne raifon.  Car  puifque  toute  vray e  reli- 
gion eft  inftituee  pour  fouuerainement 
recognoiftrc  de  feruir  Dieu-ilfaut  ne-TtfMf,  rtf1Êm 
çefTairemët  qu'il  y  ait  en  fon  Eglife5qui^«^»^- 
eftfonre^ne&:  fa  Monarchie,  vn  culte  '""  auec . 

O  J  marques    ai 

public  &  commun  de  fupreme  hon-yi*»»"**»^. 
neurDpar  lequel  les  hommes, afTemblez 
en  corps  de  republique,  profefTent  leur 
foy  &  deuoir  enuersluy.Ce  culte  eft  le 
facrifîce,  par  lequel  Dieu  cftrecogneu 
&  adoré  publiquement,commefouue-fef'rcr^c* 
rainieigneur:  mailrre  de  la  mort  &  de 
lavie,&aucteur  denoftrebien&falut, 
honneur  le  plus  haut  qui  fepuilïè  don- 
ner P  propre  à  Dieu  &  incommunicable 
à  la  créature,  &:  du  droict  de  la  feule  di- 
urne Majefté.  Parquoy  vne  Religion  r<%'«»/*»$ 
fans  facrifîce,  eft  vn  corps  fans  ame.W"''^ 
ce  vne  Monarchie  lans  hommage  ,  &/,„,  <w? 
fans  rccognoiilance  publique  de  fou- d'hommage, 
ueraineté,  c'eft  à  dire  fans  marque  de 


ç6  ME  LCHISEDE  c. 

Monarchic.EnrEglifedonc/eule  gar- 
dienne de  la  vraye  religiô,  il  y  a  eu  tou- 
jours des  facrifices  propres  &  des  Pre- 
ftres  pour  les  adminiftrer.  Le  plus  célè- 
bre de  la  loy  de  nature3ç'a  efté  celuy  du 
pain  &  du  vin  adminiftré  par  Melchi- 
fedec  fouuerain  Preftre  :  en  la  loy  de 
Moyfe5ilyenaeuplufieurs3  enlaLoy 
de  grâce  5  le  Sauueur  aeftabliceluy  de 
lbn  corps:  vnfeul,en  la  place  de  tous  les 
ancienSjIa  vérité  de  tous,  &  feul  le  plus 
SuffféHce  J»  rufïtfant  de  tous:  tât  à  raifon  de  la  cho- 

Jacnfice  dt  ta  r       ^  -ni  •      •     c  i 

lydepace.  ie  orrerte  qui  elt  de  prix  înnny  :  que  de 
la  qualité  de  l'offrant  quieft  Je  Fils  de 
Dieu:car  lePreftre  n'en  eft  que  le  vicai- 
re 5  parquoy  ce  feul  facrifice  eft  au  prix 
de  tous  les  anciens^comme  leSoleil  au- 
près de  toutes  les  eftoiles  enfemble  :  fa- 
crifice tres-parfaicl:  D  &:  tref-digne  du 
Sauueur  qui  l'a  inftitué  en  la  loy  de  gra 
ce  la  plus  parfaite  Monarchie  qui  fut 
onc,ne  quiiamais  fera:  &  inftitué  dvne 
façô  auffi  noble  que  my  fterieufe,  a  fça- 
uoir  à  la  femblance  du  facrifice  du  Roy 
&:  fouuerain  PreftreMelchifedec  foubs 
les  efpeces  du  pain  &:  du  vin,  qu  il  offri- 
ra iufques  à  la  confommation  du  mon- 
de parles  Preftresfesvicaires;cftantluy 

fouue- 


MelchisedecI  97 

fouuerain  Preftre  éternellement  fclon 
l'ordre  de  Mclchifedcc. 

Tefmoignage  des  Do  fleurs  Hebrieux 

fur  lemefme  Jubieêl  dufacrifice 

de  Melchifedec. 

ii 
A  b  b  i  Samuel  renommé  entre  Kabbi  s<t- 
Ëhes  Hebrieux  pariant  de  ce  qu  of-  niuelf»r  l* 
frit  Mclchifedcc.  llftnjn  acie  de  "T-; 
Wrejlrife  3  car  il  ficnfîoit  pà  in  &  y  in  à  Diett 
fainùlg?  bcni.Rabbi  Phinee  grand  Do- 
ifteur  Hcbrieu  aufli.  Du  temps  du  Mefte       fe. 
tous  les  facrifees  cefferont^  mais  lejacrifce  du  P  h  in  ce. 
pxin&du'yin  demeurera  ton fours jLinfi  qud 'v>j  G*Ut, 
çfteferit  en  la  Gentfe  :  E  t   Melchisi-  gsu.m. 

D  E  C  M  1  T  DEVANT  î>  A  I  N  E  T 
V  I  N.Me  l  c  H  I  s  E  D  LC^eftàdireleRoy 
Méfias  excepterade  cefie  ctffation  dufacrifice, 
lejacrifce  du  pain  &du  iùh  comme  il  eji  dit  p^mc AQt 
au Vfeaume. T  v  es  Prestre  éter- 
nellement SELON  L'ORDRE 
de  Melchisede  cil  veut  dire  que 
Melchifedec  eftoit  la  figure  del  e  s  v  s 
Chris  TquieftlevrayMefïîas,&:que 
Iesvs-Christ  Preftre  éternel  félon 
la  forme  de  Melchifedec  ginfiituerok 
en  fon  Eglife  vn  facrifîce  éternel  de  fou 


$8  Melchisedec\ 

corps  &:  de  fon  fang  foubs  les  efpeces 
du  pain  &  du  vin3  faifant  cefièr  tous  les 
autres  facrifices,n'eftans  iceux  que  fi- 
gures de  prédictions  de  ceftuy-cy  :  Se 
ainfi  le  voyons-nous  eïïre  accomply 
depuis  la  mort  du  Sauueur ,  en  laquelle 
tous  les  facrifices  fanglans  figures  di- 
celle  mortjOnt  fîny>  comme  au  côtraire 
cnTinflitution  de  rEuchariftie5quieft 
noftre  MeiTe5le  facrifice  figuré  parcer 
luy  de  Melchifedec  a  commencé. 

Tejmoignages  des  anciens  Ver  es  Grecs 
fur  la  figure  de  Melchifedec. 

!" sLT"'1  3m  A  I N  c  t  Clément.     Melchifedec 

reSK&#07  de  Salem  Prejtre  du   très- haut 

«sS*  Dieu  5  donna  le  pain  &  le  Ywfantti- 

S.Chryfo.  fcenfizuredel'Euchariftie.  Saine!  Chry- 

i^jaiGcn.  foftome  parlant  du  mefme  iacrihce  de 

M  dchKcàcc.Voyant  la  figure  ie  te  prie  penfe 

à  la  vérité  Oeft  à  dire  ,  fi  tu  fais  cas  de 
l'offrande  de  Melchifedec  3  combien 
plus  le  Sacrement  &:  facrifice  du  corps 
du  S  auueur  qui  eft  la  vérité  fignifiée  ia- 
dis  par  celle  ancienne  figure? 
Item,  ^presque  Melchifedec  Roy  de  Salem 
eufi  offert  pain  &  y  in  (  car  il  efloit  Prejire  i 
du  très-haut  )  .Abraham  print  de  fa  main  des  i 


Me  lch  i  s  e  DEC,'  99 

chofes  qui  auoyent  efté  ojfeftes ,  c'eft  à  dire, 
il  mangea  &:  beut  du  pain  ôc  du  vin  ian- 
difiez. 

Theodoret  ayant dcclaré corn- Thcod.in 
ment  le  Sauueur  auoit  commencé  cn^"'^05 
rinftitutiondu  Sacremêtdefon  corps,  g«i.4.^.  * 
fa  Preftrifefelo  l'ordre  de  Melchifedec, 
il  adioufte.   Nous  auons  trouué  Melchife- 
.  dec  Prefire  &  Roy  offrant  à  Dieu  non  des  fa- 
irifices  des  bejles  priuecs  de  raifonymais  du  pi  in 
0*du  "WV/.I1  veut  dire  que  la  Preftrife  de 
lo  flfîan  de  du  Sa  iriicur  neft  pas  auec  e£- 
fi: iî on  du  fang  des  b'eftes  5  comme  celle 
>  dAaron  ,  mais  fans  tuerie  :  &  que  fon 
corps  eft  donné  en  fecrifice  ibubs  les  ef- 
pecesdupain  ôrduvin  félon  l'ordre  de 
de  Melchifedec. 
S.  Iean  Damafcene.Zrf  table  de Melchi- 
j  fedec figurait  la  nofire  myflique ,  tout dinfi  que  rj/mafe  l 
|  Melchifedec  fortuit  la  figure  &  Nmao-e  du  4.dcfîd.c» 
:  yray  Pontife  I  E  s  V  s  -C  H  R  I  s  T.  î±       , ., 

1HEOPHYLACTE  iur  1  Epiflre  aUX  in  ca.  5.  ad 

JHebrieux  expliquant  les  paroles  duH5br- 

tir  !      -a        -r r>  Piano*. 

IJiaimiite  ,TvfsPrestre  éter- 
nellement SELON  L'O  R  D  R  E 
DE  Melchisedec. il  eft  très -certain 
dit -il  3  eue  cejle  Prof et  te  s' entend  de  Ie  svs- 
Christ,  car  cefl  luy  q uifeul  a  facrifié pfin 
&  y  in  félon  l'ordre  de  Melchifedec .   Etvrt 


ÎOO  Melchisedèc* 

peu  après  ;//<//>e  terne  llemîn^ 
tant  parce  quel  esvs-Christ  intercède 
tournons  inceffamment  à  fan  père ,  que  parce 
quileji  offert  tous  les  tours  :  ccfle  oblatton  fe 
faiSifans  cejje  par  les  officiers  fermteurs  de 
Dieu  ayans  pour  Pontife  &  pour  facnfice 
C  H  R  i  s  T  le  Sauueur  3  c'ejl  luy-mefme  quife 
rompt  &fedijiribue. 

Tefmoignages  des  anciens  'Pères 
Latins. 

S.Cyp.U.   ffpjftl  A  1  N  c  T  Cyprien.  Quiaplus  eflé 

cPJltoî ■}•     £iè>\f|)  Preftre  dufouuerain.que  notlre  Sei- 
adCccil.      fâ^y^  t  é~*   J  •      r 

A^^V8#  gneur  Iesvs-Chris  T^qm  a  of~ 

fert  facnfice  à  Dieu  le père 3  &  offert  lemefme  \ 

que  Melchifedec  pain  &  ~\in^  à  fçauoir  fon  j 

Ioan  s.       corPs  )  &,fonfil'2g  ?  Car  ce  corps  efi  le  ~\'ray  j 

pain  ;  &  ce  fang  efi  le  <vray  >/»  &  le  1/ray  ! 
breuuage. 

s.Hiero.        5  a  i  n  c  t  Hierofme  rendant  raifon  à  , 

Xuagr.'*     Euagrius  pourquoy  Melchifedec  eftoit  ! 

comparé  au  Sauueur. C'efl,  dit-il, parce  j 
qu'Une  facn fia  point  des  y  iElirnes  de  chair  & 

S.  Hteio.»  jefcn~  f  jes  belles  )  mais  dédia  le  Sacrement 

ep.ad  Mar-      /      «S  ^  i  >  i  r       t 

cel  nomi-    «cChrist  auec  dupain  &  du  yinfimple, 
"c?*u}x&c  &  pour  facnfice.  Et  ailleurs.  VoylaGenefe 

Eultoch.  /  1    „    1  j       11      •   ' 

fcnpta.       tH  trounerat  le  Roy  de  Salem  prince  de  celle  cite, 


Melchisedec\  loi 

qui  alors  offrit  en  figure  de  Christ  ^pa'm 
&  Yin ,  &  dédia  le  myflere  des  Chrifiiens  au* 
fang  &  corps  du  Sauueur.  Item.  Nofire  my- 
flere  (  la  Méfie  )  efi  fgnifîé  par  le  mot  o  R.- 
DRE  non  en  immolant  félon  t  ordre  d'^éaron 
des  yiâlimes  de  beftes:mais  en  offrant  pain  &* 
min  ceji  à  dire  le  corps  &  le  fang  du  Sauueur. 

S.  AmbroifefurleproposderEucha-S.Ambr. 
riftie.  Nous  auons  cogneu  que  U  figure  de  ces  "*'  c  acra* 
Sacremens  a  précédé  es  temps  £  Abraham  lors 
que  S.  Melchifedec  offrit  le  fterifice. 

S.  Auguftin  parlant  de  ce facrifîce  de  s-  Ar?  b 
;  Melchiiedec.  *A  lors  premièrement  je  mojtra  c.  llt 
en  figure  lefacrifice  qui  maintenant  esl  offert 
des  Cbrefiiens partout  tyniucrs.  Et  ailleurs . 
Cea.v    ç#z"  lifent  fçducnt  ce  que  mit  en  auant 
Melchifedec  lors  qu'il  bénit  ^dbraham^c^  en.  s  Anrr  j  I# 
|ô^f  ia  faiEls  participais^  ils  payent  que  parcom.ad- 
tout  le  monde  on  offre  vn  telfacnfice.  C'cfl  le  uu:*  c£"c' 
facrifice  delà  Méfie  qui  eft  offert  par 
toutl'vruucrs. 

Différence  dufacrifice  de  la  croix  & 
de  £  Eucharistie. 

§^E  facrince  de  la  croix  a  eflé  fan-  p^ 

^*glant ,  fait  vne  feule  fois  en  Hie-0^'0"/"*'- 
^^rufalem  feulement  :   celuy  tiAâuxùehr. 
l'Euchanûie  non  fanglant ,  s'eft  faictHcb.7,i7; 

g   "J 


Le  facrifice 


10  2  Meichisedec!' 

&fe  fera  par  tout  Tvniucrs  où  l'Eglifc  cfi:  i 
efparfc  iufqucs  àla  fin  du  monde. Celuy 
de  la  croix  eft  la  caufe  fupreme  de  noftre 
bien,  le  threfor  &:  la  finance  générale  de 
noftre  raeka.pt  j&:  la  fontaine  dcnoftrc 
hUMefle  fa  notification:  car  par  cefte  mort  le  Sau- 
ypiique ce-  ueur  nous  a  acquis  tous  les  biens,  s'il  ne 
JZJ  *      tient  à  nous:le  facrifice  de  la  Mefïè,c  eft 

1)01  Xt  ■> 

l'inftrumentpour  nous  appliquer  l'vfu- 
frui&de  tous  ces  biens  acquis  ;c'eft  la 
clef  qui  ouure  ce  threfor  5  c'eft  le  moyen 
d'auoir  part  à  cefte  finance,  &:  le  feau 
pour  puifer  à  la  fource  de  cefte  fontaine 
&nous  modifier.  Et  comme  quand 
quelquvn  eftlaucparle  Baptefme,ou 
abfout  parla  Pénitence :1e mérite  delà 
croix  influe  à  celuy  qui  eft  faict  Chre- 
ftien-&:  qui  reçoit  l'abf  olution  de  fes  pé- 
chez enlapraCtique  de  tels  Sacremens; 
de  mefme  eft  departy  le  fruid  delà 
croix  par  le  facrifice  de  TEuchariftie, 
à  tous  ceux  qui  l'offrent,  &:  pour  qui  il 
eft  offert,  &:  ce  mefme  corps  quia  efté 
mis  fur  TA  utel  de  la  croix ,  &  qui  eft  of- 
fert fur  l'Autel  deTEglife ,  eft  donné  en, 
viande  d'immortalité  à  tous  ceux  qui 
le  veulent  receuoir.  La  Meife  donc  cé- 
lébrant ce  myftere  fai 8l le  Sacrement  & 
le  facrifice  du  corps  duSauucur,  &:  en 


Melchisedec.  IOJ 

rous  les  deux  elle  eft  comme  iadis  les 
anciens  Sacremens  &c  facrifîces ,  vn  in- 
ftrument  pour  faire  participer  le  mérite 
de  lapaffion  duSauueur^mais  de  tant 
plus  efficace  &:  précieux  que  Iesvs 
Christ  ,  qui  eft  en  icelle  le  Preftre  &: 
l'offrande  (  car  l'homme  n'en  eft  que  vi- 
caire) furpaflè  la  dignité  des  Preftrcs  an- 
ciens &  des  victimes  terreftres.  C'eft  la 
différence  du  facrifîce  de  la  croix  &  de 
la  MeiTe^&r  la  gloire  de  Dieu  diuerfemec 
manifeftee.,endeuxdiuers  myfteres. 

La  différence  du  facrifîce  de  tJkfelchi- 
fedec  *çîj  de  celuy  de  la  çjiïfejfe. 

15 
E  facrifîce  deMelchifedec 
n'eftoit  que  l'ombre  &  la 
fîgure.xeluy  delaMeife  eft: 
le  corps  &  la  vérité.  En  ce- 
luy-Li  il  n'y  auoit  que  du  pain  &:  du 
vin  terreftre  3  matériel  6c  infenfible, 
ne  nourriflant  que  le  corps  pour  vn 
peu  de  temps  :  en  ceftuy-cy  eft  offert 
le  corps  &:  lefangdu  Sauueur,  le  vray 
pain  &  le  vray  breuuage,  pain  du  ciel, 
vif,  immortel ,  glorieux  ,  pain  diuin5  &: 
chair  diuiae  eniemblc5  fans  fubftance 


104  MelchisedecJ 

Tour  lume  ol'aUcun  pain  matériel  :  viande  &:  breiP 
(orps°."T  'uage  enfemble,  donnant  l'aliment  de 
grâce  àlame^  le  germe  d'immortalité 
au  corps ,  &  à  tous  les  deux  le  fruicl:  de 
toutes  bénédictions.  En  celuy-là,  Dieu 
auoit  monftré  fa  diuine  fagefTe  figurant 
par  des  traicts  fi  diuins  la  future  Preftri- 
ïe  de  l'on  Fils  en  la  perfonne  de  Melchi- 
fedec,  &:du  facrifice  du  corps  d'iceluy 
Fils  au  facrifice  de  Melchifedec.  En  ce- 
ftuy-cy  il  a  laiffé  les  marques  infinie- 
ment  plus  claires  de  fa  toute  puiilànce, 
fagefTe  &:  bontc5changeant  la  fubftance 
cachée  du  pain  en  celle  de  fon  corps, 
fans  changer  la  forme  extérieure  des  ac- 
cidensrs'ofFrât  foy-mefme  par  foy-mef- 
me,efl:antenfemblelefacnficateur  &la 
chofefacrifiee:  pouuoit-ilfe  monftrer 
plus  grand?plus  fçauant,  &:  plus  libéral? 
pouuouMl  eftablir  vn  facrifice  plus  ho- 
norable pour  recognoiftre  la  Majefté 
diuine,que  celuy  auquel  il luy  offre5non 
le  fang  des  beftes,mais  le  fien  propre, 
mais  fon  propre  corps?Sacrement  plus 
proufitable  à  la  créature  que  celuy  au- 
quel il  luy  donne  ce  mefme  corps.*?  Ce 
myfteredoncficonuenable  à  liiôneur 
de  Dieu,&  fi  propre  au  falut  de  (es  amis, 
nemeritoit-ilpas  d'eftre  éternellement 


Melchisedec^  105 

continué  en  TEglife  felo  que  Dauid  Ta- 
uoit  diuinemét  prophetifé.  Tu  es  Preflre  p^lm- 1°9' 
éternellement  félon  l'ordre  de  Melchifedec  ?  no 
félon  Tordre  d'Aaron,  qui  eftoit  la  fa- 
crifîcature  des  corps  des  beftes,  moins 
honorable  &moins  profitable,  &:  digne 
d'eftre  changée:  mais  fclon  Tordre  de 
Melchifedec  3  non  fanglant,  qui  dcuoit 
eflre  du  corps  du  fils  de  Dieu  foubs  les 
figures  du  pain  &du  vinDfacrifîce  de  pre- 
ftrife  tref-honorable  &c  tref-digne  de 
durer  iufques  à  la  fin  du  fiecle5n'en  pou- 
uant  eftre  fourny  vne  meilleure  pour 
l'honneur  de  Dieu  ôc  bien  de  [es  enfans. 

Les  bons  cheualiersfyirituels  dignes  de 
la  refeftion  ^$j  benediftion  du 
corps  du  Sauueur. 

16 
çAis  qui  font  les  enfans  dignes  1** $-'*«• 
j;du  repas  de  ce  facrifice&de  la  ™4.  "*  *** 
^'benedidiondenoftrevray  Mel- 
chi(edec?Certes  ce  font  Abraham  &  les 
foldats,  enfans  &:  foldats  fpirituels  d'A- 
braham vraysChreftiensDqui  ontTame 
genereufe  &  armée  de  toutes  pièces  de 
vertu  :  qui  pourfuiuent  ardemment  ies 
ennemis  de  leur  falut  à  la  pifte3  combat- 


to6  MelchisedecT 

tent  vaillamment  les  forces  des  Afïy- 
rien s, l'orgueil,  l'auarice, le  ventre^  i'en- 
uie^lagloutonnie,  la  haine,  la  pareflè, 
riniquité,rimpieté  &  les  autres  vices  fi- 

j*lfmes  ^'gnifiezparles  Aflyriens.  Ge  (ont  ceux 
qui  donnent  la  difme  de  leurs  vi&oires, 
&:deleursdefpoùillesà  Dieu:  qui  luy 
rendent  grâces  defes  biens-fai£ts,&  re- 
cognohTentfon  affiftance,  comme  fu- 
preme  caufe  de  leurs  belles  aétiôs:  pour 
îefquelles  ils  ne  fe  glorifient  qu'en  luy, 
confeiïàns  que  tout  leur  bien  vient  de 
luy:  ce  font  ceux  qui  comme  vrais  en- 
fans  d'Abraham  &:  vaillans  cheualiers, 
fçauent  dextrement  manier  leur  corps 
en  toute  forte  de  combats  &  exercices 
de  guerre  fpirituelle. 

le  cheuai  çc  brallG  cheual  d'Abraham  fi  bien  fait 
&  fi  bien  dreffe  à  la  bride  &;  àl'efperon, 
au  trot,  au  galop,au  courir,  au  parer ,  au 
palot,^  aux  paifades  ;  ce  font  les  corps 
bien  domptez  &bien  apprins  àfuyure 
les  commandemens  de  faillies  de  hune 
guerrière.  Tel  eftoit  celuy  qui  difoit, 
0  le  chdjtiè  mon  corps  &  le  fais  ftruneur  :  tels 
ontefté  mille  champions  du  Sauueur, 
„  nuiontvidorieufementcombatncon- 
t're  les  bandes  6c  armées  ennemies  du 
monde3de  la  chair  &  de  Satan. Tels  fol* 
dats  font  dignes  du  pain  de  Dieu,  di- 


Me  l  chisedecT  107 

é$  à  qui  le  grand  &:  vray  Melchifedec 
renne  au  rencontre  à  la  fin  de  leurs  vi- 
ctoires pour  les  honorer ,  pour  les  con- 
gratuler &inuiter  à  receuoir  le  facré  re- 
pas de  fon  corps,  &  les  fanftifier  de  fa 
grande  bénédiction  5  auec  laquelle  ils 
s'en  retournent  en  leurs  pays ,  qui  eft  le 
ciel,  riches  de  butin  &:  ennoblis  de  gloi- 
re immortelle. 


io8       ABRAH  A  M. 


IOp 


<lA  B  K  *A f  H  A  M, 


SI  Es  deux  îeunes  -  m 
hommes  ierui-«^r*w. 
teurs  d'Abraha 
attédentaupied 
de  la  motaigne 
auec  ceft  aine 
bafté  :  luy  auec 
fon  fils  Ifaac  a  prias  le  hautj&  leur  a 
commandé  de  demeurer  iufques  à 
ce  qu'il  aura  illec  adoré  &  offert  fa- 
crifice.c  eft  le  troifiefme  iour  qu'ils 
font  partis  du  logis  auec  luy  J'ayanr 
toufiours  accompagné  :  leur  face 
monftre  qu'ils  font  triftes  &  efton- 
nezx'eft,  corne  il  eft  vray-fembla- 
ble,  pour  ne  içauoirlacaufe  de  ce- 
lle feparation3&:  pour  auoir  veu  & 
oiïydes  choies  mal  plaignîtes.  Ils 


ÏIO  A  B    R   A   H  A    M. 

ont  veu  quand  leur  maiflre  tout 
ifaac /mm^penfifja  misle bois  quel'afnepor- 
€n  laVge  de  lolt$ul  ^es  elpaules  dlfaac.prenant 
iof.Li.  an-luy  du  feu  en  fa  main&  vnglaiue, 

tiqui.  c.  u.  a  '  i  rr      i  t     ° 


p^Uw  &certes  les  grofles  larmes  leur  cou- 

tiennent  i 


if.'ffr. 

of.l. 

iqui.  C  13. 
ttetyues  vus 

ennentqae  |0jent  des  yeux,  voyans  leur  ieune 

ce  fttt  a  13.  y  ■       ■_■  .J 

Gcn.in  xnaiftre  s  endofle  de  ce  pefant  far- 
deau.,  marcher  auec  peine  non  pe- 
titercar  il  eft  tédrelet  &delicat,aagé 
de  vingt  &c  cinq  ans  feulement.lls 
ne  peuuent  anfli  imaginer  quel  eft 
le  facrifice  qu'Abraham  veut  faire, 
veu  qu'il  auoit  de  couftume  de  fà- 
crifier  deuât  les  domeftiques^fans 
iamais  auoir  vfé  de  femblable  cé- 
rémonie :  mais  ce  qui  les  met  en- 
cor  en  plus  grâd  efmoy,  c  eft  qu'ils 
n'ont  aperceu  aucune  belle  à  (àcri- 
fier  9  dequoy  eftant  en  foucy  Ifiac 
melme.,  a  demandé  à  fbn  père  en 
chemin  où  eftoit  l'agneau  de  l'ho- 
locaufte3  à  quoy  Abraham  a  rejp 
pondu  que  dieu  y  pouruoiroit. 


Abraham.  ni 

Le  bon  enfant  ne  fçauoit  pas  que 
c'eitoit  Iuy-mefme  l'agneau defti- 
né  au  facrifice  :  moins  fçauoit-il 
ce  que  ce  fàin£t  vieillard  ruminoit 
à  part  foy :car  il  fentoit  vn  merueil-  CmUtitU 
Jeux  combat  en  Ton  ame,  preffé*"»"^  * 
d'vne  part  des  alfaults  de  la  nature 
qui  lamolilloit  à  compalïion  pa- 
ternelle: de  l'autre^delaparolede 
Dieu, qui  le  faiioit  roidir  àTexecu- 
tion  de  fon  mandement.La  nature 
îuy  difoit,  ô  père  que  fais-tu?  as-tu  ^ 
engendré  vn  fils  pour  en  eftre  le 
meurtrier  ?  las  tu  mis  au  monde 
pour  le  mettre  à  mort?  as-tu  don- 
ne  la  vie  a  ta  créature  pour  la  luy 
rauir  au  Printemps  de  fon  eftre? 
veux-tu  enleuelir  en  vn  moment 
le  foulas  de  ta  vieillefle  &  toutes 
les  elperances  de  ta  race  future,  dâs 
le  tombeau  de  ton  fils  vnique?  do- 
né  de  Dieu  après  tant  &  fi  belles 
promeffes  de  ta  pofterité  ?  fî  Cen-: 


uz  Abraham. 

„  drement  nourry  ?fî  foigneufemenc 
„  efleué?fî  beau^ii  gracieux,  fî  obeïf- 
„{ant,fïaceompJy  en  toute  forte  de 
^  grâces?  Et  qui iamais  vit  vn  tel  pe- 
5,re  que  toy  ?  Et  que  diront  tes  do- 
„  meltiques,  tes  voiiîns  &  alliez  ?  Et 
„  que  dira  celle  pauure  mère  qui  ne 
^penfe  rien  moins  au  logis,  quand  I 
^  elle  te  verra  reuenir  tout  feul,  &: 
„ quelle  ouïra  la  piteufe  nouuelle 
yy  de  Ton  cher  &  vnique  fils,  tué  non 
„  de  l'effort  d'vne  maladie,  non  de  la 
.,/maiîiderennemy  3  non  de  la  dent 
„  de  quelque  belle  furieufe  ,  mais 
„  par  le  glaiue  de  fon  propre  père 
„  enfantante  du  (ans  de  [on  fils  ?  ô 
„  père  que  rais  tu?  Et  en  quel  poindt 
„  de  rigueur  eft  ta  vieillefle  redui£te 
^  &  la  fin  de  tes  iours?ô  que  tu  eitois 
„  heureux,  fïtun'eufies  onc  eftépe- 
yy  re!  heureux  fî  en  tes  ieunes  &  fteri- 
,,les  ans ,  tu  eufles  efté  rauiautom- 
^beaui  Cecyluy  difoit  la  nature.  La 

foy 


[ 

Abraham.  7/3 

foy  &«la  charité  enuersDiêu,  luy 
tenoiét  bien  autre  langage  &  bien 
plus  efleué.  Abrahâ  il  te  faut  obeïr  £ 
à  la  voix  de  Dieu:  ton  fils  n'eft  ny  à  y) 
toy  ny  à  fa  mère  que  par  emprunt:  ^4nd  D'tet* 

»    /Il  •         1»  il'    T  J  l' commande 

celtluy  quiteia  preite  ians  don-^«i«i«, 

'      .  j  .11  Jlement  le 

ner  certain  terme  de  vie  :  il  le  veut^,. 
iauoir maintenant,  ceftfondroiâ:  ^^s11,1* 

3  ^  de  cime. en 

il  eft  maiftre  de  la  vie  &  de  la  mort: 
il  ne  peut  eflre  iniufte  en  rien  de  ce  » 
i  qu'il  commande^quoy  qu'il  com-„ 
mande  au  père  de  tuer  fon  fils. Il  efl^ 
tout-puiffant  pour  multiplier  ta  ra  ^, 
ce  fans  ton  Ifaac ,  ayât  mille  moyés 
dans  le  threfor  de  fes  diuins  fecrets 
pour  accomplir  ce  qu'il  ta  promis:  „ 
fi  ton  fils  eftbeau^age  &  vertueux,  „ 
tant  plus  eft-il  digne  d'eftre  prefen-  „ 
té  deuant  les  yeux  de  fa  Majefté:,, 
perfonne  ne  te  blafmera  d'auoir» 
obeyà  Dieu,  Se  fi  on  t'en  blafine«. 
qu'as  tu  affaire  des  paroles  &  iuge-  » 
ment  du  monde  vain^où  lavoix  de  » 

h 


» 
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ii4  Abraham. 

Dieu  fouuerain  reforme:  &  ta  fem- 
^meiî  elleeft:  fage  elle  prendra  pa- 
oriente  cédant  à  la  necefïlté,  &  au 
3,  vouloir  diuin  :  fî  elle  n'eft  pas  fage, 
v  il  ne  la  faut  pas  croire.  O  b eys  feule- 
^mentj&netefoucie  d'autre  chofe: . 
„ le  Seigneur  tout-puiffant  faainfi 
„  commandé,  &  fon  comandement 
3J  ne  te  peut  apporter  que  bon-heur, 
„ny  l'exécution  d'iceluy  que  repos 
3  &  louange.    Ainfî  combattoient 
la  nature  &  la  foy ,  la  paffion  &  la  I 
grace,mais  en  fin  la  victoire  eft  de- 
meurée à  la  foy  &  à  la  grâce.  Pau- 
quoy  e.ftans  paruenus  fur  la  mon- 
tagne, &  ayans  rangé  le  bûcher  fur 
l'Autel,  &dreffé  tout  l'appareil  de 
l'holocaufte  ,  Abraham  a  déclare 
fon  deflein  à  fon  fils.&Tembrafsât 
tendrement  luy  a  di£t,ô  mon  cher 
nuls,  tu  m'as  tantoft  demandé  ou 
»  eftoit  l'agneau  delliolocaufte,ceft 
a>  toy  mon  doux  amy,  qui  dois  eftre 


Abraham.  ii/ 

l'agneau:  ceft  toy  que  le  grâd  Dieu  „ 
a  choify  ;  tu  n'es  plus  à  moy ,  ie  ne  ,y 
fuis  plus  ton  pere5  tu  es  holocaufte  9y 
facré  àDieu;àDieumonfils!  &en.3> 
ces  paroles  perdant  la  voix,I'a  baifé 
{àngIottant&  pleurant.  Et  Ifaac  à„ 
luy3ô  mon  rref-honoré pereja  vo- ., 
lonté  de  Dieu  &  la  voîlrefoitac-^ 
complieimavieeftàluy  &  à  vous,,, 
\&c  ma  mort  ne  peut  auoir  vn  plus  „ 
I honorable  tombeau, que  l'Autel,, 
;  de  fa  Maj eftéi  A  Dieu  mon  tref-ho-  ,> 
noré  père,  accompliffezfon  bon,, 
plaifînàDieu  ma  tref  honorée  me-  5> 
re^ians  a  Dieurie  regrettevoftre  re-  #, 
gret5ne  regrettez  pas  ma  mort  puis  ,> 
qu'elle  eft  iî  diuinemçnt  ordonee'r  „ 
vous  me  verrez  en  la  terre  des  yjfc** 
lians.  Abraham  l'a  lié,  l'a  mis  fur  le  35 
bois,i'a  baigné  de  larmes,  l'a  baifé 
de  rechef  >  &  de  tant  plus  qu'il  l'a 
y  eu  courageux  &  obeïflant^detât 
plus  grands  ont  eflé  les  eflancemes 


uG  Abraham. 

de  l'amour  paternel.  Donc  com- 
me vn  agnelet  il  a  cofenty  à  tout^ 
s'eft  donné  à  manier  du  cœur  qu'il 
auoitdidtj&s'eftant  mis  àgenoux 
comme  ilapeu,enla  pofture  que 
maintenant  vous  le  voyez,  fe  re- 
commande à  Dieu  ,  &  fe  facrifie  à 
là  fainite  volonté  foy-mefme,  vif 
holocaulle.preftantle  colpaifîble 
à  fon  père  pour  eftre  vi&imé. 
Abraham  a  le  bras  hauffé  &  le  va 
frapper.  O  Dieu  !  mifericorde  à  ce 
pauure  père ,  &à  ceft  enfançon: 
contentez-vous silvous  plaift  de  la 
bonne  volonté  &viuefoy  de  tous 
deux:  ils  fefontja  fàcrifiezà  vous 
en  leur  cœur!  N'ayez  peur,ô  âmes 
débonnaires  &  tendres!  voila  l'An- 

fe  qui  empefche  le  coup,  8c  crie  à 
aute  voix  :Abraham,  A- 
brah  AM.neftends  point  la  main 
iur  l'enfant.  Abraham  s'arrefte.,  8c 
fe  va  mettre  à  genoux  rauy  d'aife  8c 


Abraham.  117 

d'admiration.  L'Ange  luy  monftre 
vn  mouton  retenu  en  vn  buiflbn 
par  Ces  cornes  pour  le  brufler  en 
holocaufteau  lieu  d'Ifaac.  Abra- 
ham le  va  mettre  fur  F  Autel  en  a- 
6tio  de  grâces:  &  ainfi  font-ils  tous 
deux  deliurez,  &  tous  deux  remer- 
1  cient  la  diuine  faueur.  O  grand 
Dieu  voftre  nom  foit  beny  en  vo- 
ftre commandement,  &  en  voftre 
defenfe  i  ô  que  vous  eftes  fige  en 
tous  les  deux,  &  bon  en  tous  les 
deux!  ô  que  vous  fçauez  dextre- 
ment  faire  preuue  de  la  foy  &  a- 
mour  de  ceux  que  vous  aymez,  & 
puiffamment  les  retirer  de  peine, 
&  les  mettre  en  repos! 


V 


tlgttrède  la 
mort  dtèSau- 

"S5^^^n 

tteur. 

S.Aug.fer. 
?r.de  tcm- 

^^JJ^^m 

pore, 

1 

liH 

-     ! 

1  S  ^[  ^  C     ET     LE    MOUTON 

Jacrifie^  figure  de  la  mort  du  Sauueur  & 

du  Sacrement  &  facrifice  de 

fon  corps, 

I 
Ersonne     ne 
doute  que  le  facri- 
fice faicî  en  la  per- 
fonne  d'ifaac  &: 
du   mouton  ,  ne 
contiennela  figu- 
re de  la  mort  du 
Sauueur.Letraiéfc 
33  eonfifte  en  ces  points  que  fainâ:  Augu- 
3)ftin  déduit  pieufement  de  difertement 
0envn  fien  fermon,     Abraham  donne 
D)fonfîIsenfacacrifîcc:)&:  fon  fils  Ifaacfe 
i5  donne  aufïi:  Dieu  le  Père  a  donné  fort 
b;)  Fils  pour   noftrc  rachapt  :  I  e  s  v  s- 
MùiU  ta    Christ  s'eft  donné  au  Père  pour  la 
mZjutim-  menlie  £n«  rlfaac  porte  fon  bois  à  la 
moié  g/  /«montagne  :Σ  svs-Ch  ri  s  t  porte  fa 
Samw  cr»-  croix  au  mont  Caluere,qui  eft  là  mcfme 
S.Âttg,  fer.  où  Ifaac  fut  immole,  dit  le  mefme  Do- 
fi.deçcmp.  aÇur l'ayant  apprins  de Sainâ:  Hicroi- 
me y  qu'il  cite?  &  n'importe  ce  que  Io- 


Abraham.'  119 

feph  efcrit  qu'Ifaac fut  offert  en  la  mon-  ^^m^uu- 


Le mouton 
L  humanité 


ragneMoRi  a  ou  par  après  Salomon,;^/?^/* 
edifiale  temple  :  car  le  lieu  du  temple"»™^** 
&:  le  montCaluere  eftoyent  en  vne  mei-  Io^ï  j  u 
mè  montaigne5quoy  quecefuffent  di-annq.c.13.  ; 
uers  endroits  d'icelle:  &  le  melme  mont 
Caluere  eftoit  la  fepulture  du  vieil  Adâ. 
Aureftele  mouton  occis  ,  &brufléfur 
l'Autel  au  lieu  d'Ifaac,  contient  le  my-d«swwr. 
ftere  accomply  en  la  croix  j  comme  de-  ^  AaSuft- 

1  r   '       n      A  n-  7         7  lCrm.7i.dC 

clareencoriainct  Auguitin.    ^i^raham^^^ 
j  dit-il ,  reprefente  Dieu  le  Père  donnant  fon 
Fils  y  nique:  îfaac  repre fente  Iesvs-  Christ 
obeyffant  àfonPere^  &  s' offrant  fur  ï^4utel 
de  la  croix-.mais  la  diuinité représentée  par  lfaac>  l(a4c^li  fo- 
rt endure  aucune  le fion^ains  feulement  ï huma- 
nité fignifée  par  ce  moutoW  eft  attaché  par 
fes  cornes  en  vn  buifïon,  commelEsvs- 
Christ  fut  attaché  en  fi  puifïànce 
qui  font  fes  cornes5par  fa  puiflance  mef- 
me:car  autre  force  ne  le  pouuoit  forcer, 
le  faire  infirme  5  ny  le  garroter  ]  attaché 
au  buiiîon  de  entre  les  pointes  des  tour- 
mens&bfcafphemes  qu'il  endura ,  atta- 
ché}  dit  le  mefme  Docteur  ;  lors  qu'il  pétri  Lénifiante 
doit  entre  les  cornes  de  la  croix .  cloué  pieds  &  ?  ****** 
mains  ,  &  couronné d'efbines.     Ce  font  les  ù corne. 

traicts  de  la  croix  &  du  facrifice  d'A-s-AuSuft- 
,      ,  ^  i  ^t  ierm.71.ac 

brauam.Persone  ne  doute  no  plus  que  temp. 

h  iiij 


no  Abraham. 

TlgureâeU  ce mefme  facrifiee  n'ait  efté  vn tableau 
dta^*,  du  facrifiee  &  facrement  de  la  MefTe, 
S.Amb.1.4.  vcuqueç'a  toufiourseftéla  foyde  TE-  ' 
sCTho'in*'  gh^  Catholique,  commeil  appert  tant 
?rofa,  par  le  Canon  d'icelle  MefTe  où  il'eft 
La  v  da  fà{ft  mention  de  ce  facrifiee  ,  deceluy 
s.Amb.1.4.  d'Abel  &:  d'Abraham  en  mefmerarig; 
dcfac.c.9.  que  par  le  tefmoignagedeSainct  Am- 
Profa.°  broiic,qui  couche  la  mefme  oraifon  de- 
iwftfefr  dans  Tes  eferits,  &:  S.  Thomas  d'Aquirï 
fimbunce  de  en  fa  p     f  ,  L  a  v  d  a  S 1  on: &  fera  aifé 

la  figure  a  la  -n 

verhé.         de  le  recognoiftre  au  rapport  des  traiâs 
de  la  figure  à  la  vérité. 

En  ce  facrifiee  Abraham  offroit  l'of- 
frande qu'il  auoitproduite,àfçauoirfon 
fils  qu'il  anoit  engendré 5  en  l'Euchari- 
ftieleFilsde  Dieu  offre  fon  corps  qu'il 
s'eft  formé  au  ventre  de  la  Vierge,  6c 
qu'il  fait  prefent  en  l'Autel,  par  fa  toute- 
puifTànte  parole. Abraham facrificateur 
offroitla  victime,  &:  Ifaac  viuc  &rraifon* 
iiableviâime,s'offroitauffi$enrEucha- 
riftie  I  e  s  v  s-C  hrist,  s'offre  enfeni- 
blemcnt  Preftre  &:  offrande  Sacrifica- 
teur &:  vidime  viuante  Se  raifonnable. 

I  s  a  a  c  immolé  n'endura  rien  au  fa* 
crifice:mais  feulement  le  mouton  fub- 
ftitué  :  le  corps  du  Fils  de  Dieu  n'endu- 
re aucune  lcfîon  en  l'Euchariftie ,  pêne- 


Abraham.'  121 

uerant  toufionrs  entier,  mais  feulement 
la  fubftance  du  pain  &:  du  vin  qui  laiiTe 
deftre  après  les  paroles  delà  confccra- 
don,  &:  les  efpcces  vifibles  &  accidens 
qui  font  fubiedtes  àlefion. 

I  s  a  a  c  fut  immolé  non  en  tout  lieu 
indifféremment  félon  le  chois  des  hom- 
mes,maisenvn  lieu  choify&  monftré 
de  Dieu  ,  qui  parla  ainfi  à  Abraham.  Ta  Gcn-la-1- 
m'offriras  ton  fils  en  holocdufle  en  lune  des 
rnontuignes  que  ie  te  ferai  "Va/'r.  Iesvs- 
C h  rist  auffi  offert  feulemenr  en  la  mo- 
taghede  rEelife.montaigne  de  Sion,  „. 

^    -i  «         m  1    a  1  «      »•  5/o»  re*ni  de 

ou  il  règne*.  &:  offert  en  l'Autel  &  heu,  1  E  s  v  s 
que ceite  Eglife  inftruite  du  Sain&Ef-  Christ. 
prit,  enfeigne.  Voila  quelques  trai&s  de P  a  *'6m 
la  figure  qui  fignifioit  noftre  vérité  : 
voyons  les  autres. 

La  hauteur  du  rnyflere  de  ÏEuchari- 

{liejîgnefiéepar  lamotagne  &par 

Abraham y<&  comme  il 

s j faut  approcher. 

L  y  a  encor  quelques    circon- 
ftances  en  la  figure  ,  qui  nous 
enfeignent  les  autres  qualitez 
denoftrcSacremêt&facrifîcalamon- 


riz  Abraham. 

la  mota^ne.  tagne  nous  apprent  fa  hauteur  :  car  c'eft 
vnc  marque  familière  en  la  fainfte  efcri- 
turepour  monftrervnechofediuine  &: 

Exodio  renaunfëe  fur  la  bafTefTe  du  iugement 
commun.  Ainfi  MoyfereceutlaMaje- 
fté  de  la  loy ,  &:  les  fecrets  de  Dieu  en  la 
môtagne:  &aînfile  Prophète  exhortât 
le  Prédicateur  de  mener  vne  vie  fainéte 

Efa.40.7.  &:  contëmplatiue  ,  luy  di<S: Toy  cjui  eudn- 
gelifes  Sion^monte  en  haut.  C'en;  à  dire  efle- 
ueton  ameaudeffus  leschofes  terrien- 
nes, &  monte  la  montaigne  de  contem- 
plation ,  pour  bien  annoncer  la  monta- 

Matth.17.  pnede  la  grandeur  de  Dieu     Ainfi  le 

Le  Sauuetit     ^  &  r  „  . 

afttMtmm.  oauueur le transnguraen la motagne de 
tagne.         Thabor. -ainfi  luy-mefmev6c  fon  Eglife, 
'55'    eftappellée  motagne, &  les  chofes  hau- 
tes en  efprit ,  fignifîées  par  la  circôftan- 
ce  des  lieux  efleuez  de  la  terre.  Comme 
donc  le  facrifice  d'Abraham  fut  célèbre 
'&:  haut  en  affiete  corporelle  ,  ainfi  la 
grandeur  de  noftre  myftere  eft  efleuée 
en  hauteur  fpirituelle,  &:  tres-retiréede 
la  bafïcffedu  iugement  terreftre  de  des 
fens ,  &:  vrayement  pofée  en  la  cime  de 
la  montagne  de  Sion,eftant  le  plus  haut 
&:  le  plus  admirable  de  tous  les  autres 
Sacremens  enl'Eçlifedc  Dieu. 
Povr  la  mcfme  lignification  les  deux 


Abraham*  125 

feruiteurs  d'Abraham  ,  qui  nous  mar-^//?rfWl 

-  ^     «    1      T         1  •    d'Abraham. 

quentrententemet  &Ia  raiion  numai- 
ne,demeurent  au  pied  de  la  montaigne, 
trifkes  &  peîififs  comme  incapables  àcvay. 
ce  myftere.ltemj'afne  qui  nous  fignifîe 
les  fens  corporels ,  moins  encor  aptes  à 
s'efleuer  vers  cefte  diuine  hauteur.  C'eft  Laf°y  ^A" 
[ eulemert  Abraham  &  Ifaac ,  à  fçauoir  '[^twT^w 
les  efprits  illuftres  £c  efleuez  dVne  fer-p"***™  u 
me  &  viue  foy,qui  ont  faille  fotte  P^^s^Zmf' 
feguinder  là  fus  &:  contempler  la  hau- 
teurDlagrandeur,&laMajeftédu  Sacre- 
ment &:  facrifîce  du  corps  du  Fils  de 
Dieu  enlacimedefafain&eSion. 

Mais  en  montant  il  faut  perfeuerer  à 
marcher  trois  iours,  &  porter  le  feu  &  le 
glaiue ,  &  le  bois  à  brufîer ,  àfimitation  £«*»* 
d'Abraham  &  d'Ifaac.    Ces  trois  iours'0""' 
font  l'appareil  des  bonnes  œuuresque 
nous  deuons  faire  marchans  &:  ouurans 
en  la  foy  de  laTrinité5quand  nous  nous       , 
voulons  preferiter  à  l'A  utel,&  à  la  table 
de  ce  diuin  facrifîce-  Le  bois  encor  nous 
fignifie  la  matieredes  bônesœuures  que 
nous  deuôs  apporter  pour  les  brufler  en 
hoIocauftefurFAutel  facré  de  l'amour -ugldu^ 
diuin.  Le  glaiue  c'efl la  parole  de  Dieu 
de  laquelle  nous  deuos  eftre  armez  :  car 
çeft-elIequiditjCtcY  est  mon  corps 


124  A  B  R  A  H  A  Af  #" 

&  peut  faire  tout  ce  qu  elle  dit.  Si  la  na- 
ture eftriue  à  croire  :  fi  elle  oppofe  les 
fens,ou  encor  le  iugement  humain, il 
luyfautoppoferceftediuine  parole,  &c 
combatreà  limitation  d'Abraham,  qui 
creut  ce  quela  nature  luy  difluadoit  fort 
&  ferme, Se  eut  bonne  volonté  d'execu- 
tcft»  ter  ce  qU'cue  aUoit en  horreur.  L  e  feu 
d'Abraham  ceftla  charité  dontnoftre 
cœur  doit  brufler  icy ,  fi  en  aucun  autre 
afte de  religion: car  c'eft  vn  feftin  nu- 
ptial, &  vn  banquet  d'amour  préparé 
pour  les  enfans  d'Abrahâ,  reueftus  de  la 
nupuaU  6  r°bbe  nuptiale,preparé  pour  vous,  ô  a- 
Matt.zz.iz.  mes  fidèles,  qui  gemiffezfainâ:emét:&: 
combattez  vaillamment  les  aflauts  de 
la  mefereance,  &les  confeils  delà  chair. 
Perfeuerez  courageufement  iufquesau 
troifiefme  iour,  auquel  Dieu  vous  efle- 
ucra  de  cefte  terre  bafle  pour  vous  faire 
voirfa'gloire  en  la  cime  de  la  haute  &: 
celefte  Sion  noftre  vray  e  &:  afleurée  de- 
meure. 


L'AGNEAV    PASCHAL 


7Z7 


LzAGNEAF    PAS- 

C  H  A  L. 

I^^IOvt  eft  en  re-Dam  quic. 

nebres    mainte-  wfitçntm. 

Sap.18.14. 
nant  en  Egypte, 

&  toutes  chofes 
chommentacoi- 
|-.ees  au  filence 
d Vn  paiïibie  repos  :  le  Soleil  gy- 
rant  foubs  la  terre,  eli  prefque 
paruenu  au  méridien  Antipode, 
&  la  nuict  au  milieu  de  fa  courfe  en 
riiorifon  Egyptien.  Les  Hcbrieux 
ont  prins,il  y  a  enuiron  quatre  heu- 
res,  larefedlion  myftique  de  l'A- 
gneau Pafchal  en  chafque  famille, 
ielon  qu'ils  en  eftoientaduertis,  6c 
la  continueront  déformais  tous  les 
ans  en  mefme  iour  &  en  meûne 


128      L'acneav  Paschai. 
heure.,  ceft  à  dire  au  vefpre  du  qua- 
torzième iour  du  premier  mois 

L'4*ficréè'  ^e  ^eur  an  Sain^  commençant  en 
ciuiiètsiuifs.  Marsrcar  1  an  ciuil  commencera  en 

Ioleph.  l.i.  . 

antiq.  c  4  Septembre.  La  cérémonie  a  elte 

3,xt'11,  rare:  car  aians  tain&dufangde  la 

belle, les  furfueils  &  pofteaux  de 

tous  leurs  Iogis^ils  ont  mangé  auec 

.  ■.  "    dupainfànsïeuain  s  &  deslai&ues 

Tarn  fans  le-  \>  n  1  n 

nain.  ameres,!  agneau  rofty.,  deueltans 
ïJÊhk  les  os  de  leur  chair,  fans  en  brifer 
agèfles.      aucun:  &  fe  haftoientmerueilleu- 

txod.  il.  8. 

K«ios  romp»  Çcmcnt  çn  mangeant  :  tenant  cha- 

fcxo.u.49.  1/11  1 

cunvn  baltoneiilamain,  ayant  la 
robbe  cein£le  fur  les  reins y  6c  les 
fouliers  aux  pieds  3  comme  gés  qui 
doiuent  incontinent  fe  mettre  en 
chemin.  Apres  auoir  finy  le  ban- 
quet (acre  félon  celle  cérémonie, 
tes  reUefs'  [\s  ont  jett£  \€S  reliefs  dans  le  feu  : 
rxod.u.  perionne  n  oie  du  depuis  îortir  a 
ta  rue  leur  ayant  efté  faict  exprès 
commandement  de  fe  tenir  coy 

dedans 


L'agneav   Paschal.  IZ? 
dedans,&non  fans  caufe:  car  il  y 
aurabié-toft  vn  terrible  maflacre^ 
ains  il  commence  défia:  oyez  vous  ranis  viiu 
les  lamentations  &  vrlemens  desw//^, 
Egyptiens  en  cefte  ville  prochaine  *£*$: 
appellee  Tanis.ou  les  Pharaos  font/^J- 
leur  commune  relidence?  c  eit  bie  Efai9. 
Iafunefte  nuidt  ou  cefte  fupreme^X^7/ 
puiffance  fait  exécuter  là  rigoureu-  ^fT^t 

i  O  vi  "e  Roy  ails 

feiuftice  contre  toy  Pharaon  &caitP- 
contre  tes  fubie&s  miniftres  de  tarr«f«. 
malice.Ta  dureté  a  efté  batuë&  lax*°  *'Xi" 
•leur,  par  neuf  grandes  playesrbatue  ittenebrcs- 
de  la  furie  des  quatre  elemens,  du    ***» 

fi      1»     •        1      1»  o      1     1  1  eaux  tour- 

eu^del  air5del  eau^&delaterre:ba-,;ev5en/k^. 

tue  par  des  petits  animaux  armez  p^'J/7' 

des  armes  du  tout-puiflant,  à  fiftf^f?' 

que  tu  fuffes  cotraint  de  laiffer  for-  a  ~«*** 

tirenliberté  les  Hebricux  que  tuÊxod.8.i7, 

retiens  oppreffez  dVne  iniufte  ôcH' 

cruelle  tyrannie.  Tues  néanmoins 

toufîours  demeuré  endurcy  :  mais 

à  cefte  fois  tu  es  vaincu,  &  te  faut 

i 


130  Lagneav  Paschal. 
quitter  le  donjon  de  to  acérée  opi- 
niaftrif  e3  &  faire  ioug  à  la  necelïîté, 
ne  l'ayant  voulu  faire  à  la  voix  du 
Dieu  des  armées,  duquel  tu  fens 
maintenant  le  bras  plus  pefant  que 
iamais.OCiel,  quel  èftonnement 
&quelhorrible  carnage  exercecefl 
Ange  exterminateur!  Il  a  ja  mis  fur 
le  carreau  vne  milliaffe  de  premiers 
naissant  des  hommes  que  des  be- 
ïhlr'o'mê.  ûcsy&c Iesy mettra tous3 fans efpar- 
exp.  H.**  gner  ya[Çn£  mefme  du  Roy  ,  qui 

feoit  glorieux  au  throfne  de  Maje- 
fié.  Ceft  horrible  exécuteur  de  iu- 
fticevapartout,  &  donne  contre 
tous3fauf  contre  les  Hebrieux .  Il  a 
voirement  circuit  leurs  maifons  te- 
nant le  glaiue  en  main,  voyant  les 
furfeuils  &  pofteaux  des  portes 
uj£î  ^  rcugis  du  fang  de  l'Agneau^l  a  pat 
gatieies  h^  fé  outre  >  &  n'ofànt  les  endomma- 
Exod.n.   ger  en  rien  3  a  fai6t  fondre  toute  fa 
fureur  fur  l'Egypte,  &  nommé- 


L'AGNEAV    PasCHAL      IJI 

ment  fur  cefte  miferable  cité.  Tout 
y  eft  plein  de  corps  gifanspar  les 
maifons,parîeseftables,  &  parles 
rues:  la  terre  eft  effroyable  du  fpe- 
dacle  de  tant  de  morts,  &  l'air  y  eft 
efpouuentable  des  ténèbres, &plus 

!  encordes  cris  des  citoyens  gemif- 
fans&craignansauoirpis:car  ils  fe 
perfuadent&a  bon  droit, que  cefte 
nuidlferavn  tombeau  gênerai  de 

■■l'Egypte.  Pharaon  a  enuoyé  quel- 
ques gentils-hommes  de  chambre  £7il 
pour  appeller  Moyfe  &  Aaron,qui Exod  l% 
iont  ja  venus. Il  les  prie  de  luy  don- 
ner leur  bénédiction,  &  fortir  en 
paix  &  en  hafte,  eux  &  tout  ce  qui 
leur  appartienne  peuple  Egyptien 
effrayé,ies  prefie  tant  qui!  peut;  les 
Hebrieux  fortirot  fur  la  diane,  non 
fans  emporter  vn  riche  butin,  d'or,  *w«  fo 
d  argent,  d'habillemés,  pierres pre-îfxo"*.*'* 
cieufes^&séblables  threfors,  qu'ils 
emprunteront  desEgyptiens  à  bon 


dcné 
arao. 


LcsHe 


13Z  L'agneav  Paschal. 

terme  deiamais  rédrexela  leurfer- 

uira  de  paie  deleurs  iournéesrcar  ils 

ont  enduré  &  trauaillé  en  Egypte 

plufïeurs  centaines  d'ans,  fans  tou- 

hnl TLtus  cher  aucun  falaire  de  leurs  trauaux 

pH^St  &peines,c  eft  vn  emprunt  de  nom, 

Exod.5.  m- mais  en  effed,  c  eft  vne  reftitution 

de  iuftice ,  iuftemeiït  ordonnée  de 

Dieu.  .Si  vous  voulez  attandre  vn 

peu,vous  aurez  le  plaifir  deregar- 

.,  der  cefte  fortie  ;  vous  verrez  vne 

Six  cens  mil-  ' 

fc-  belle  troupe  de  monde:car  ils  forti- 

[1'37'rotfîx  cens  mille  hommes  de  pied 
Hebrieux^fans  compter  les  petits 
enfans,  &les  femmes  &  plufïeurs 
Egyptiens  qui  les  fuiuent,  poure- 
ftre  mis  au  roolle  des  enfans  de 
Dieu  auec  eux.  Ils  commencent 
délia  de  fortir. 


DV  TEM9  S  DEL'l  M- 

MOLATION   DE  LAGNEÀ  V  ■• 

*Pafchal,&  de  fanjacré 
ciuil  des  Hebrieux,  & 
deleurNeomenie. 


O  v  r  bien  voir  la  vérité  de 
noftre    Sacrement  en  l'om- 
bre de  cefte  figure,  il  faut  no- 
ter en  premier  lieu,  la  céré- 
monie du  temps, ôda  fin  d'icelle. Dieu 
commandoit  de  prendre  l'Agneau  le 
dixiefme  iour  delà  première  Lune  du-    .   ,.  .r 
Printemps  ,  ou  commençons  1  an  iacre,  \om. 
&  l'immoler ,  c'eft  à  dire  le  tuer,  &  of-  Ex°dj  **; 
frir  à  Dieu  ,  au  vefpre  du  quatorziefme,  ^^miur. 
le  roftir  incontinent  après  &  le  manger, 
auec  la  cérémonie    reprefentèe  au  ta- 
bleau. La  Lune  première  de  l'anfacré,  lunepremie- 
eftoitla  Lune  nouuelle,  la  plus  voifine^^£ 
de  l'equinoxe  du  rcnouueau  ,  lequel»^*, 
equinoxe  tomboit  alors  au  quatorzief- 1"™"^"' 
me  de  Mars  ,  &: depuis  la  correction mùàeUn, 

i  iij 


134        L'agneav  Paschal 
du  Calendrier  du  Pape  Grégoire  xiij.  il 
tombeau  vint-vniefme,  &:  toute cefte 
Lune  prenant  partie  de  Mars  ,  partie 
d'Auril,  faifoitle  premier  mois  de  l'an, 
lafeconde  Lune  faifoitlefecondmois^ 
ô£ainfi  des  autres,  &  autant  de  Lunes 
ta  première  nouuclles ,  autant  de  commencemens 
Lunec'eji    de  mois  $  Se  le  premier  iour  de  Ja  Lune, 
a»(?tiepre~  eft0jt  le  premier  iour  dumois.&lequa- 
Vandes  torzieime  de  la  Lune  3  eitoit  le  quator- 
ze c'rt«a  ziefme  du  mois; de  manière  que  l'an  des 
tkmf.  "  '"IuifejCeftoicnt  douze lunatiôs^ou  dou- 
ze mois  lunaires,  ayant  chacun  vingt- 
neuf  iours  &demy  quieft  l'entier  efpa- 
ceducours  delà  Lune  :  il  eft  vray,  que 
pour  garderie  nombre  des  iours  entier, 
ils  faifoient  qu'vn  mois  auoit  tréte  iours 
&  l'autre  vingt  &  neuf:  Se  iceluy  an  lu- 
naire5ne  comprenoit  que  trois  cens  cin- 
quante quatre  iours,  moindre  douze 
iours  que  le  noftrc  folaire  ,  qui  eft  de 
.     trois  cents  foixante  Se  cinq  iours.  Oeft 
vllfoïaTrl  pourquoy  les  Iuifs  de  deux  en  deux,  ou 
«M/."*"  de  trois  en  trois  ans  ,  intercaloient  vn 
mois:afin  de  faire  par  telle  additionneur 
anlunaire,égalau  folaire,  dot  les  autres 
peuples  vfoient  5  comme  nous  faifons 
\Anie  fm- maintenant,  Se  alors  leur  an  eftoit  de 
v  mois,    treize  mois. Or  l'an  qui  commençoit  en 


L'a  G  NE  A  v  Paschal.       rj  $ 
cemoisdeMars^c'eftoitl'an  comtrudé  , 
de  Dieu,&:  appelle  fainct  ou  facré,parcc 
qu'en  iceluy,  ilmitfon  peuple  en  fran- 
chifed'ordonnanceeft  couchée  en  ces 
mots.  Ce  mois  ^om  fera  le  commencement  des  ^an  -^ 
mois^  &*  le  premier  es  mois  en  l'année.   Ils  des  Imfs. 
auoienr  vn  autre  an  commun  &  vulgai-  Exod-11-1" 
re  égal  à  ceftuy-cy,  vfité  es  commerces 
^trafiques  feculieres, commençant  à  la  L.     .^^ 
Luneplus  voifinede  l'equinoxe  <X Au- iuifs  comen- 
tomne,qui  venoit  communément  en^lMS'i" 
Septembre.commeceluy  duPrintemps  l>anfacYt 
en  Mars,  de  le  cours  de  cefte  première en m*"- 
Luneeftoitlepremiermoisdecetan  ci- 
uil y  comprenant  partie  de  Septembre, 
partie  d'Octobre  ,  comme  le  premier 
mois  de  Fanlacré,  auoît  vne  partie  de 
Mars,&  vne  partie  d'Auril.-ainfi  qu'il  à 
efté  didt.  Iofephe  a  noté  cefte  différence  \\*n  %**• 
dans  entre  plulieurs  autneurs  ,  S^les^//. 
Chreftiésvfentdelamefmediftin&ion:  ïofeph.1.1. 

•     r>       j  r     r  r  *i    antiq  ca.4. 

mais  rondeeiur  vne  autre  cauie:  car  ils      ^ 

ontvnan  facré  ,  &  vn  ciuil:  celuy-là Vdn  f4cr> 

commance  ou  à  Noël,  ou  en  la  circon-  des  Chre- 

cifion,ou  en  Mars.Deuantle  Roy  Char-^'*5, 

les  neufiefme,  en  Frâce,on  le  commen* 

çok  àPafques,&:dudepuis,à  laCircon-  Ds^ta 

cifion  :  &"  félon  cet  an  nous  comptons  a  natmitéd» 

prefent  mil  fix  cens  3  depuis  la  natiuité  S*MW' 
*  ?      *       1600. 

1 111; 


136        L'a gneav  Paschal 
du  Sauueur,  venu  au  monde  pour  repa- 
,  .  rer  nos  fîecles,  &  nous  donner  l'eterni- 
iiu<n>Cttl  té  pour  le  temps.  Noftre  an  ciuileft  va- 
riable félon  la  diuerfité  des  pay  s >  ou  en- 
cor  de  la  vocation  des  perfonnes  ,  les 
mefnagers  &  gens  de  lettres  ,1e  com- 
mencent à  la  S.  Remy  jplufieursà  la  S. 
Martin  :  quelques  vns  à  la  S  ainft  Iean > 
3c  autres  en  autres  faifons  :  mais  l'an  fa- 
cré  a  les  bornes  vniformes  peu  s'en  faut 
par  toute  TEglife  Catholique. 
Vourqmy     q  R  Dieu  auoit  commandé  aux  He- 
^XnfL^rieuxle  facrificede  l'Agneau  Pafchal 
va/cbaifrt  anniuerfaire  en  ce  premier  mois  3  &:  au 
°tuT  e*quatorziefme  iour  d'iceluy5parce  que 
ce  fut  le  téps  tout  voifin  de  leur  fortie  &: 
deliurance:car  ilsfortirét  le  lendemain 
ayans  efte  occis  les  aifnez  d'Egypte  à  la 
minuit  :&  comme  la  cérémonie  auoit 
eftéinftituée  en  tel  articlede  téps  pour 
marquer  le  bénéfice.  &  quant  &  quant 
le  iour  &  l'heure  d'iceluy  :  aufïi  a-elle 
efté  religieufementgardée  toufiours  du 
depuis5à  cefte  mefme  fin  :  &  a  efté  acco- 
plieparle  Sauueur  faifant  noftre  vraye 
deliurance,  &  fubftituât  le  vray  A  gneau 
en  mémoire  d'icelle^comme  après  nous 
verrons.  Les  mefme  Hebrieuxauoient 
commandement  d'offrir  vn  facrifice  à 


L'agneav  Paschal.        137 
toutes  les  Lunes  nouuelles ,  ceft  à  dire  Li  Neomeftit 
a  toutes  les  Calendes  &:  premiers  îours^^^^ 
des  mois:  laquelle  folemnité  les  He-cotr.meme- 
brieux  appelloient  Hodefch,  qui  veut  ™e°s/€\ 
dire5cummencement.lesSeptanre  l'ont  Num .10.  & 
tourné  Neomenie  Neouw/'a  3  mot  Grec  *-8-r  ,  , 
qui  lignine  nouueau  mois  ,  ou  Luneant.c.I0. 
nouuelle.    Or  cefte  fefte  n'eftoit  pas  in-  Hodesch. 
ftituée  pour  en  feruir  d'vn  facrifice  d'en-^J*^  '" 
trée  5  à  la  Lune  ,  comme   faifoient  les  îSWn*. 
Payens  5  mais  pour  remercier  Dieu  du 
bénéfice  defa  bonté  &:  fagefie  au  gou~ 
uernement  du  monde  5  &  pour  eftre  in- 
flruicts  qu'il  faut  entrer  en  toutes  les 
faiions  5  &:  commencer  toutes  fes  adiôs 
I  par  la  louange  d'iceluy5  &  par  l'inuo- 
cationdefbnnom.     Et  parce  eftoient-  £«  Solai& 
ilsinuitezpar  cet  exercice  d'honorerle^1""^^ 
Créateur  delà  Lune3&  de  tout  1  vm-Gen.1.14. 
uers  3  prenant  le  cours  de  fon  aftre  en  fi- 
gne  des  tcmps5pour  laquelle  fin  il  a  efté 
créé. 


138      L'àcneav  Paschal. 

9)ourquoy  ïan  des  Hebrieux  fut  lu- 
naire,&  comment  la  Synagogue 
efl  comparée  a  la  Lune, 

1 
E  s  caufes  pourquoy  Dieu 
voulut  que  les  Hebrieux 
prifTentleurs  ans  du  cours 
de  la  L  une,  pluftoft  que  du 

5  oïeif  corne  il  fe  fait  maintenant  en  l'E- 
glife,  font  dignes  d'eftre  tçeuës,fi  elles 
eftoientauffi  faciles  àtrouuertcar  Une 
faut  pas  douter  que  cefte  ordonnance 

ta  première  nc  fait  très  -bien  fondée  5  venant  d'vn  fi 
Lafâciiite  fage  Legiflatéur.  Entre  plufieurs  autres 
qui  peuuent  eftre  ,  i'en  trouue  trois.  La 
première  eft  prinfe  fur  la  rudeffe  de  ce 
peuplera  laquelle  Dieu  ayant  efgard, 
.  luy  commâda  de  compter  les  ans  &:  les 
mois  par  la  Lune  3  façon  plus  à  la  main, 

6  plus  facile  ,  que  celle  qui  compte  par 
les  douze  fignes  celeftes,côtrouucz  par 

Ltsdouzefi-  les  Chaldeens  &:  autres  peuples  Gétils: 

g**$duZo-  car  chafcû  voit  la  Lune  nouuelle& tous 

**"'       tes  quartiers,&  les  plus  fimples  peuuent 

noter,  qu'elle  faiétfon  tour  entier  dans 

vn  mois,  au  lieu  qne  perfonne  ne  co~ 

gnoift  les  fignes  du  Zodiaque ,  finon  les 


L'a  gneavPaschal.  139 
Aftrologues.  La  féconde  eft  plus  im- 
portante touchée  par  S .  Grégoire  dcs/conie  ""* 

t  T       •  ,    n     '  '  ^fe  Pour  retenir 

Naziance:  c  étroit  pourtenir  en  arreft^i  „,•£<,,, 
par  cefte  cérémonie,  le  Iui£à  ce  quïl  ne  **it*&*i»* 
feiettaft  à  la  fuperftition  des  Payens  ex.  N^^ *z# 
trememet  adonnez,  en  tout  &  par  tout  dePafch. 
au  culte  de  la  Lune  :  car  ilshidoroient ,  L!,,P4^!*S 

fort  (ttperjii. 

au  ciel  comme  Roy  ne,  en  la  terre  &  aux  %Uux*h  cuite 
enfers,comme  deefTe,  foubs  le  nom  de  &**£«»#. 
Lune.de  Diane  ,  de  Proferpine:  exem- 
ple qui  pouuoit  donner  occafion  à  ce 
peuple  amoureux  de  vanité,  &:  de  foy 
enclin  à  imiter  les  folies  Payénes,  de  fe        '„  y  . 
lailier  emporter  au  courant  d  vne  idoia-  infatué  pur 
trie.fi  célèbre  ,  s'iln'auoit  quelque  vray^0^0/^ 

o    ^        •    •  r  Ji<  n        le  bénéfice  de 

&  légitime  vlage  de  la  i.  un  e ,  pour  eirre  la  crc(UlQn  u 
retenu  d'en  abufer  contre  la  loy  dc'Xjomer.ie, 
Dieu  :  parquoy  il  luy  fut  commandé  de  *"*r  celu>'  * 

il.//  gouuernemer.t 

régler  fes  mois  &  fes  ans ,  fes  feues  &:  fes  du  monde. 
cérémonies,  félon  le  cours  dicelle Lu- 
ne,adorantlevrayDieuenfaloy,  &fe 
feruant  fainétement  de  la  créature  à 
l'honneur  du  Créateur:  de  mefmefagef- 
fe  ordonna-il.de  faire  l'Arche  d'aliance,  £**rf"' 
afin  qu'ils  euffent  quelque  chofe  vifible,  TmfuÇwt 
pour  s'y  attacher  ,  &  y  honorer  Dieu,caufi  Pourf'~ 
fans  courir  aux  idoles.    La  troifiefmef"/^'*  r 
caufe  eft  myfterieufe  :c'eftoit  pour  don- 
ner vne  fecrette  &:myftique  fignifîca- 


140      L'agneav  Paschal,' 
tion  de  la  condition  de  la  Synagogue, 
par  les  qualitez  de  la  Lune  fort  fignifi- 
catiues  dïcelle.  La  Luneeftvn  aftrcle 
plus  bas  de  tous3terreftre  &  groffier  ,  & 
neâtmoins  celefte^laloy  lu  daïqu  eau  fiî 
terreitre  &:  charnelle,  fes  cérémonies, 
fesfacrifices,  fes  promefTes,&:lerefte$8£ 
neantmoins  donnée  de  Dieu,&  celefte 
en  cefte  qualité.  La  Lune  eftvnaftre 
froid  ôc  muable  5  la  S  ynagogue  vne  loy 
de  crainte, pafïion  de  froid,  loy  tempo- 
relle &:  de  change  ,  deuant  finir  en  la 
loy  de  grâce.  La  Lune  par  falumiere  ne 
Ra&isLu-  faîct  meurir  aucun  fruicl:  :  en  cor  qu'elle 
nxi]?™*-  donne  par  ion  influence  accroifTement 
crus  Prou,  aux  plantes,arbres  &  animauxrla  Syna- 
gogue ne  donnoit  aucune  perfection 
Heb^.19.  par  fes  cérémonies  .  Laloy,  di&S.  Paul, 
nameine  rienàperfeâlion.  Et  neantmoins 
foubs  fa  direction  &  lumiere5les  enfans 
de  Dieu  reçoiuent  de  fa  Majefté ,  grâ- 
ce &  accroifTement  de  vertu  :  nonpar  la 
force  des  Sacremens  Iudaïques,  com- 
me maintenant  par  les  Chreftiens,  mais 
par  la  foy  &  obeïflance  qu'ils  appor- 
toiét  en  la  pratique  diceux  Sacremës. 
Pour  ces  raifons  entr'autresj'an  lunaire 
fut  l'an  &  le  tëps  de  la  S  ynagogue.  Des 
plus  fpirituels  en  tireront  de  meilleures 


L'AGNEAV    PaSCHAL.         14! 

des  threfors  du  liure  de  Dieu, dont  là  ia- 
gefîe  eft  infinie  par  tout. Les  Chreftiens 
fe  règlent  par  l'an  folaire  ,  parce  que 
les  caufes  fufdiétes  ne  les  toucher  point 
ny  leur  Religion.  Déchiffrons  mainte- 
nant le  fens  du  tableau,  &  voyons  co m. 
ment  l'Agneau  Pafchal  figuroitle  Sa- 
crement &  facrifice  du  corps  du  Sau- 
ueur. 

Ll  Agneau  Pafchal  figure  du  facrifice 
de  UcrotXy&de  TEuchariftie. 

3 
'A  g  n  e  a  v  Pafchal  figu- 
roit  IesvsChrist  vray 
agneau  fans  tare,  defeendu 
du  Ciel  pour  eftre  occis ,  8£ 
par  fon  fang  nous  deliurer  de  la  feruitu- 
de  &:  mort  des  Egyptiens  3  à  fçauoir  de 
l'ignominie  &  peine  éternelle.  Orcefte 
cérémonie  en  certaines  circonftances^^Jek 
portoitlefigne  du  facrifice  de  la  croix,  ""*£*„£<, 
&:  en  d'autres  de  celuy  delaMefletc'eft 
pourquoy  l'efcriture,  corne  aufiî  les  Pè- 
res anciens  l'allèguent  tâtoftflirle  pro-  Delacroix. 
pos  de  lamort  du  Sauueur5tantoft  fur  le 
propos  de  l'Euchariftie.  Elle  marquoit 
la  croix  en  l'occifion  réelle,  enl'effufion 


142      L'agneav    PASCHALj 

fanglante5enla  roftifleure  de  l'Agneau, 

&r  iemblables.  S.  Ieanauffi  rapporte  au 

IcJoimmfacrificede  la  croix  ,  la  defenfe  de  ne 

rioIn!i9.  $6.  rompre  point  les  os  à  l'Agneau, &  la  ci- 

Exq.ix.4&  teaufaiâdes  Iuifs^quandilsnebriferet 

fô.coiitra3  Poln£  ^es  os  au  Sauueur  crucifié.  S.  Iu- 

Trypho.     ftin  remarque  de  fingulier  3  que  l'À- 

VfsLEhcha~ gneau  eftoit  tellement  ajancé  quand 

on  le  roftiflbic,  qu'il  faifoit  la  figure  de 

la  croix. 

LEmefme  Agneau  en  d'autres  céré- 
monies,eftoit  vne  des  plus  rares  figures 
de  l'Euchariftie^ce  que  le  Sauueur  dé- 
clara en  general,quâd après  la  mâduca- 
„r   ,   .:.    tiond'iceluy  agneau, il  inftituainconti- 
injittuee  avec  net  le  iacrihce  de  (on  corpsrcaril  ne  101- 
la^eau.      gnit "a  autre  intention  ces  deuxeeremo. 
fcx.Icçœa.  nies,iînon  pour monftrer qu'il parache- 
dommi.      uoit  la  vérité  presête  au  rapport  de  la  fi- 
ffîJïlt  gurepaflee5&que  que  furie  tableau  d'v- 
ïÉmhatiftie.  ne  tres-noble  &  tres-illuftre antiquité,il 
faifoit  la  couche  du  facrifice  de  la  loyde 
g  race.  Ce  que  nous  verrons  parlareco- 
gnoiflance  des  lineamens  de  l'ombre 
Iudaïque  3  rapportez  à  la  lumière  de 

Lereftredu  noftre  foy. 

yatowf-        pREMIEREMENT    ialoV  COIÏH 
medtULu-  .  .  * 

nepremUre.  mandoit  d  immoler  1  Agneau  au  veipre 
du  quatorziefme  iour  de  la  première 


L'AGNEAV    P'ASCHAL.        Lfj 

Lune  ,c'eftà  dire  du  premier  mois  de 
l'an3  comme  il  a  efté  dit,&:  de  le  manger 
après  3  &  nepouuoit  eftre  mangé  (an? 
eftre  preallablement  immolé  ,  comme 
note  Sain <5tGregoire  de  Nyfle.  s.Grcgo. 

E  n  fécond  lieu  ;  la  mefme  loy  diioit,  1>viî- orr- 
quil  le  ralloit  manger  pnuemenc  cha- 
cun en  fa  famille.    Ces  circonftan  ces, 

,  j.  En  chafcue 

comme  les  autres  que  nous  dirons  tw^famiuelrh 

toft^onteftéinfailliblemct  accomplies  ■«»***. 

en  quelque  facrifice  :  car  autrement 

Ie  s  vs-C  h  ri  s  t  n'auroitpasaccom 

ply  laloy  5  de  point  en  point  félon  quïlr^Zîl  \u 

promet,  &  auroit  mis  la  figure  fans  en  toy&Mqr 

donner  la  vérité.     Orcetaccompiifle-''' 

ment  n'a  point  efté  faicfc  au  facrifice  de 

la  croix:  car  ce  facrifice  n'eft  pas  aduenu 

au  quatorziefme  5  mais  au  quinziefme 

iour  de  laLune5qui  fut  le  Vendredy  fui- 

/  j  •    .  j  •      Le  jour  & 

uantDnyau  vefpreduiour3mais  depuis  /vw  " 
le  midy ,  quand  le  Sauueur  monta  en  la 
croiXjiufques  à  trois  heures  apres,quâd 
il  y  mourut.l!  n'y  eut  non  plus ,  aucune 
refeftion  myftique  :  car  perfohne  n'y    La  Jl 
mangea,  &:  ce  facrifice  futfaiâ  non  entf/«». 
priué  eh  chafque  famille  \  mais  publi- 
quement^ à  la  veuë  du  monderccs  ce-  u U 
remonies  donc  ne  touchent  point  la 
croix ,  où  au  contraire  elles  conuien- 


Ue», 


144  L'agneav  Paschal. 
nent  tres-bié  à  lEuchariftie  -  car  le  S  au- 
Matf.i^.  ueur  s'immola  foy-mefme  vray  agneau, 
ludJ  au  Soleil  couchant  du  Ieudy  quator- 
ziefmeiourdek  Lune  ,  &  fe  donna  à 
manger  incontinent  après  5  &  ce  en  pri- 
uê&:  feulement  en  la  prefen  ce  de  fa  fa- 
mille, qui  eftoient  [es  douze  Apoltres 
reprefentans  alors  fa  chère  efpoufe  l'E- 
glife,  à  laquelle  il  falloit  pour  dernier  à 
Dieu  de  ceftevie  mortelle, le  gage  de 
ion  corps  en  figne  de  fon  amour  infiny, 
àc  en  mémoire  immortelle  du  bien  qu'il 
luyauroit  faiét.Doncla  figure  ancien- 
ne de  l'Agneau  Pafchal  félon  ces  cir- 
confiances  5  a  efté  accomplie  cnl'Eu- 
chariftie  &  non  ailleurs. 

Comment I E  s v s-C hrisT  eji 

immole  en  lEuchariftie. 

.\  ■  4 

[5\T^rgj  A  i  s  fi  l'Agneau  eftoit  immo- 
'à  Avfé  §  lé,  &  fi  l'immolation  prinfe  en 
li^Sv^j  fon  pied  ,  emporte  occifion, 
comment  eftee  que  le  Sauueur  a  ac- 
comply  la  vérité  de  l'immolation  en 
Hnftitution  de  l'Euchariftie,  veu  qu'il 
n'y  fut  point  occis?Comment  fe  peut-il 
faire  qu'il  y  foit  immolé  maintenant:, 
veu  qu'il  eft  immortel  ?  Les  D odeurs 

Catholiques 


Lagneav  Va  s  en  au      Î4J 
Catholiques  refpodentacefte  queftiô,  f'9WcU;a# 
on  prend  le  mot  d  immolation  f/t 0CÇlfl<)n, 
cru  émet  &  en  la  rigeur,fignifiant  réelle 
occifion,  elle  n'a  efté  proprement  faicle 
qu'é  la  croixj&n'y  en  a  point  icy  de  tel- 
le nature,  d'autant  que  le  corps  du  S  au- 
ueur  eft  maniement  efloigné  desprin- 
fes  de  la  mort,  &:  de  toute  iefion,nô  feu- 
lement à  l'Autel  ,  mais  par  tout  où  il  efi: 
I  e  s  v  s-C  h  &  i  s  x,  dit  TEfcriture,  efiant 
refufcité ,  ne  meurt  plus  ^  la  mort  riaplus  de  R0m.£. 
putjjance  fur  luy.  Les  mefmes  D  odeurs 
ncantmoins  après  rEfcriture,enfeignét 
tous  d  vn  accord  ,  qu'il  eft  immolé  en  tumUté  c$i- 
i'Euchariiîie.combienquilsfoient  dif-"""'- 
ferents  en  l'explication  de  cefre  immo- 
lation. Quelques  vus  ont  dict  qu'elle 
n'eftoit  autre  choie  que  la  feule  repre- 
Tentation  de  la  mort  du  Sauueur  ,  ce  qui    °r'£ef" 
n'eft  pas  allez,  parce  que  ce  ne  feroit 
qu'vne  peinâure  d'immolation  }  non 
vraye  immolation,  ny  telle  que  la  do- 
ctrine Catholique  nous  dit  :  parquoy 
Texpoiitiondes  autres  eft  meilleure,  &: 
plus  conuenable  à  L'B (triture,  &:  au  tef- 
moi°nagede  l'antiquité,  qui  tiennent 
que  celte  immolation  ccuKecn  ce  que  r^CuL  ^ 
le  Sauueur  (e  donna  comme  il  le  donne  '<"«  deïE»- 
encor,  en  viande  ôcbreuuagefoubs  laf/;4r^* 

K 


I46         L'A  GNEAV  PASCHAL 

figure  de  choies  mortes,  qui  font  les  ac- 

cidens  du  pain  &:du  vin  :  prenant  en 

comment  iceux  vn  eftre  mort  ,  à  fçauoir l'eftre  des 

Mû  mortel    C^0l^es  quon  mange,  qui  eft  vn  eftre  qui 

n'anevienefehtiment:  de  manière  que 

comme  il  fe  rendit  mortel  en  prenant 

noftre  nature  mortelle  ,  en  laquelle  il 

s'eft  immolé    foy-mefme  en   l'Autel 

de  la  croix  ,  encor  que  fa  diuinité  tint 

toufioursbonen  fon  immortalité  :  de 

mefme  prenant  icy  vn  eftre   extérieur 

mortel, &  s'y  donnant  foubz  teleftrc,il 

s'exhibe  comme  mort:  &encefte  qua- 

Comment  lité  3  e^  véritablement  immolé  à  rai- 

Dieuejt       fon  des  efpeces  ,  encor  qu'il  demeure 

fcor  1 8.    ferme  fur  'a  Da^e  de  fon  impaffibilité. 

Et  comme  nous  difons  que  combien 
que  la  feule  humanité  du  Fils  de  Dieu 
ait  porté  les  efforts  de  la  mort ,  néant- 
moins  Dieu  eft  vrayement  mort ,  parce 
que  l'humanité  Se  la  diuinité  ne  fai- 
foyent  quVn,  à  fçauoir  vne  perfonne 
I  e  s  v  s-C  hrist  Dieu  &  homme, 
de  mefme  nous  difons  ,que  le  corps  du 
Sauueureft  vrayement  immolé,  encor 
vn  Sacre-  qu'il  n'y  ait  que  les  efpeces  qui  portent 
ceft  eftre  de  mort:  par  ce  que  les  efpeces 
font,non  vne  perfonne,  mais  vn  Sacre- 
ment auec  le  corps  du  Sauucur  :  &;  ce 


L'agneav  Paschal  14^ 
corps  eft  véritablement  immolé  ,  &  vé- 
ritablement rompu,  à  raifon  des  efpeces 
du  pain,  qui  endurent  ce  briiement:  3c 
fon  fang  vrayement  efpandu,non  com- 
me le  fang  qui  eft  tiré  des  veines ,  mais  à 
guife  devin,efpandu  à  la  façon  que  la 
fubftance  de  vin  pouuoit  eftre  vn  peu 
deuanr  efpanduë  en  fon  efpece5à  la- 
quelle fubftance  afuccedéla  fubftance 
de  ce  fang.  Immolé  fans  occifion, com- 
me l'explique  le  premier  Concile  deNi-  5;onc* lt 

r        ^  1       r  rT    r  r  1  „     NlCCn. 

ce3&:  elpandu  fans  erruiion  fanglante^  Canc.5. 
vrayement  immolé  félon  Tordre  de 
Melchiiedec  foubs  les  efpeces  mortes 
de  pain  &  de  vin,  comme  parle  le  Con-  brident 
cile  de  Trente.  Immolé  non  en  figure  fdT.  n.c.j, 
comme  iadis  aux  facrifices  Hebrieux, 
où  fon  corps  n'eftoit  prefent  :  mais  en 
vérité  ,  3c  immolé  non  en  foy ,  &  en  fon 
propre  corps,  comme  il  fut  en  la  croix, 
mais  comme  il  eft  dift,  foubs  les  efpeces 
du  pain  Se  du  vin,  foubs  lefquelles  fon 
corps  eft  prefent.  Et  c  eft  en  cefens  que 
la  fainde  Efcriture ,  3c  les  D odeurs  en- 
feignent  que  le  Sauueur  eft  immolé  ça 
TEuchariftie,commeil  efteuident  par 
lestefmoignages  fuyuans, 

k  \) 


148  L'AGNEAV  PASCHAt.' 

V immolât io  du  corps  du  Sauueur  au 

facrifice  de  la  Me$e confirmée 

par  le  tefmoignage  de  lEfcri- 

ture  £?*  desfainÛs  "Pères. 

S 

g^|1^ A  inct  Paul  àïà. ,  Christ 
tânojlre  Pafjue  a  ejlé immolé >  parquoy 
banquetons  auec  des  pains  fans  leuain, 
pains  definceriîL  II  eft  certain  que  l'Apo- 
ftre  fignifie  l'immolation  du  Sauueur 
faicte  en  l'Euchariftie  auec  réfection ,  &: 
non  celle  delà  croixDquifut  vne  Pafque 
accompagnée  de  tournions  3  d'ignomi- 
nies ,  de  triftefTes,  &:  difette  ,  &  d'autres 
s.Amb.in  circonftances  contraires  à  vne  facrée 
r£c  refeétion.  Sainct  Ambroife.  Quand  nous- 

Orig.&  s,  facrifi&ns,  Christ  eft prefent ^  Chkist  eft 

Hicron.in    immoli\car  Christ , nojhe  pafque, a  cité 
2*. Mate.        .  -  r\    -  A 

Con.i.        immole.b  Hieroime  après  Ongcne  don- 

Njc.can.5.    rvè^amefme  expofition  que  S.Ambroi. 

Jjfoïi?       Te  aux  paroles  de  S.  Paul  5  &  le  premier 

s.CjriIl.      Concile  de  Nice  dit  que  le  Sauueur  eft 

cltcc '       immolé j  fans  effufion  fanglâte,  comme 

Myft.j.       tantoft  nous  dirions. S  Cyrille  deHie- 

fiffelern parlant  de  l'Euchariftie.  Iesvs- 

C  h  r  1  s  t  y  eft  immolé  à  Dieu  le  Père 

pourlcs  péchez.  S  Gregoircde  Kyrie 


L'A  G  N  E  A  V    PASCHAL.        T49 

le  prouue  par  la  figure  del'agneaa  Paf- 

chal,  difant.  Chacun  fçait  que  i homme  ne 

pouuoit  nuno-er  Ido-nedu  quaupreallable  il  ne  f -G*CP  . 
V     •  r/*5,         ^t  >-  j       NWT.or.i. 

fut immole:parquoy  II  S  V  s-  CHR.IST  a<?«-  de  refur. 

nantfon  corps  ci  manger,  ilmonflra  manifefc- 
mentquil  duoit^nevraye  &  entière  immo- 
lation. S.  Auguftin.  Iesvs-C  hrïsts.a"W 
dydnt  ej\é~\ne  fovs  immolé en  foi-mefme.n'eji-  J&  , 
*/]&.#  toutefois  immolé  tous  les  tours  pour  les 
peuples}  De  mcfme  langage  parlent  les 
autres  Docteurs  de  l'Eglife  de  Dieu, 
qu'il  n'eft  befoing  de  citer:  il  faut  plu- 
ftoft  admirer  icy  encor  l'infinie  puifîàn- 
ce3fageiTe  &:  bonté  de  noftre  Rédem- 
pteur,en  ce  qu'il  s'eft  daigné  donner  en 
telle  façon  pour  Tvtilité  de  fes  mem- 
bres:&de  tant  plus  l'admirer  que  le  don 
furpaiTe  non  feclemétnos  merites^mais 
'  encor  nos  peniees:car  qui  l'euft  iamais 
oie  efperer  :  qui  euft  iamais  penfé  qu'il 
(c  fuft  voulu  tant  abahTer  après  fa  triom- 
phante Afcenfion  /que  de  nous  vouloir 
eftre  vian  de3auec  vn  appareil  de  moda- 
lité pour  nous  rédre  immortels?  de  pré- 
j  drevnerobbe  mortelle, pour  nous  don- 
;  ner  fon  immortalité  ?  n'eft  il  pas  vraye- 
,  ment  tout-puiflànt  en  ceft  effecl:  ,  tout 
fageencefte  ordonnance,  &:  tout  bon 
:  en  cefte  charité  ?  Et  qui  euft  oneques 

k  iij 


ijo      L'a gneav  PaschalJ 
l^tf^attëdu  plufieurs  autres  ehofes  que  nous 
vie»  fur-  voyons  eftre  aduenuès,  fi  elles  ne  fuf- 
Imendmït  ^ent  aduenuës?qui  euft  péfé  que  ce  mef- 
'  me  Fils  de  Dieu  égal  en  tout  à  Ton  Père, 
immortel,  impaflible,tres-riche,  Créa- 
teur &:  nourriflier  de  toute  creature,euft 
eu  la  puifiance  &la  volonté  de  fe  faire 
Vinctrna-  homme  ?  hommemortel, indigent,  pc- 
ïêiww.   5titcnfant3liant  la  mamelle  d'vne  vierge 
pour  fe  donner  en  la  croix,  demeurant 
toufiours  ce  qu'il  eftoit  ?  A  qui  pouuoit 
venir  cela  en  l'efprit  ,  fans  particulière 
l'E^cfori-reuelatiô  defon  Sain&Efprit?  Or  nous 
pu  aucune- îçauons  qu'il  le  pôuuoit  faire,  &  qu'il  la 
jff^fiiâ ,  &  l'admirons  en  noftre  attentif  fi- 
nation.     lence  ;  admirons  donc  le  mefme  Dieu, 
dequoyil  donna  &  continue  de  donner 
fon  corps  glorieux  caché  foubs  des 
petis  elemens,  impaflible  fous  des  ha- 
bits corruptibles  :  immortel  fous  vne 
tobbe  de  mortalité.  Se  grand  Greateur 
fousletenement  d'vne  pépite  créature, 
grand  Dieu  fous  la  forme  d'vn  petit 
agnelet: 


L'AGNEAV     Pas'cHAI,  151 

Comment  ï  jÉgneauPafchalmonÇroit 
l%rvfage  &  la  fin  -de  lEuchariftie. 

6 

L  y  a  encor  vn  noble  crayon 
en  l,AgneauPafchal:)quimon- 
ftre  l'vfage   &  la  fin  pour  la- 
quelle le  facrifîce  du  noftre,  dcuoit  eftre 
ordonné.  Le  ficrifice  de  l'Agneau  Paf- 
chal  fut  inftitué  en  figne  de  la  deliuran-    L'^nw» 
ce  prochaine  des  Iuifs,  Se  en  mémoire ZnfltdlÂ- 
d'icelle:  car  on  l'immola  furie  vefpreau  ftd»  s«- 
Soleil  couchant.  &:  le  man^ea-on  vnZ"eur- 
peu  après  fur  la  nuicl:  :  &  en  la  minuit  ^„ç0/f',7 
enfuyuant  fut  la  Pafque  ,  ou  la  Phafej juchant. 
Ccft  à  dire  le  partage  du  Seigneur  lors  yZçtLt 
qu'en  pafïant  par  l'Egypte,  il  tua  par  la  Hebrieu. 
main  de  fon Ançe  vençeur.tous  les  pre-  ^fa>  . 
miers  nais, qui  rut  le  grand  coup  donne  me(me. 
delà  deliurance  qui  deuoit  s'en  enfui-  L'ug"e** 

1      ï        J  •  a     \  «        r  V  Pa/chal  me- 

UVC  le  lendemain  :  &  Moyfe  par  l  or-  moriai je u 

donnancede  Dieu,  aduertit  les  Iuifs5^'«^wc« 

d  aifeigner  leur  po{tcritc,que  ce  (acrifi-  ^#*. 

ce  de  l'Agneau  auoit  efté  commandé  en  Exon.  14 

mémoire  de  celle  deliurance  :  parquoy z6* 

cefroit  le  figne  du  bénéfice  à  receuoir, 

&:  le  mémorial  d'iceluy  benefice,quand 

il  feroit  receu.  Ce  traict  de  la  figure  a 

k    iiij 


152      L'agneav  Paschal^ 
Vïà&dti-  c(té  parfaitement  accomply  en  la  veri- 
ww*Vs4»-te:  carleSauueura  ordonne  le  Sacre- 

«f«r,^m«-ment  &facrifïcedefoncorpsau  vefpre 

tnormlticelle.  dc ]a  nui(ft  ^-J fut  prins  ^  pQUr   eftfe   je 

lendemain  crucifîé^&pafTer  de  ce  mon- 
de en  l'autre,  &:  eftouffer  par  fa  mort  les 
vrais  aifnez  d'Egypte ,  à  fçauoir  les  pé- 
chez du  gère  humain, Si  enfeuelir  après, 
en  foçifang  précieux,  comme  dans  les* 
abyfmesd'vnemer  rouge  de  Tes  mérites 
infinis  5  les  puifTances  d'Enfer,  pour  la 
vraye  deliuranccdefes  cfleus. 

Ce  facrifice  donc  fut  vnfigne  de  la 
prochaine  victoire  à  gaigner5&  vn  mé- 
morial d'icelle  eftant  jagaignee.-ceque 
le  Sauneur lignifia,  lors  que  l'inftituant 
il  prédit  fa  mort  à  Tes  Apoftres,&  quand 
il  leur  commanda  de  faire  en  fa  m  émoi 
%t      .  ,  7  rc,cçquy'ûmoitïah:Fdiéhscecyenmdme- 

lAtmonal  de      \        \         %.    T.  - 

u  ç*foo*i   rnorre^c eit a  dire, eclebrez  ce la  cri  h  ce en 
lucit.iî?.   fouuenancedcce  que  i'auray  fait  pour 

I. Cor.  il. '.4         n  ,  -  r\  1  •  r 

voitre  rédemption.  Or  comme  la  nuict 
quifuiuitTinftitiition  de  l'Agneau  Paf- 
chal,futla  grande  veille  &  la  crife  de  la 
deliurance  des  Hebricux5aufTi  la  minuit 
du  Sauueur  fut  le  grand  choc  de  noflrc 
rédemption. 
Uminultm  L' article  de  cette  minuicl^fut  cli 
fUin  it<*r.    plein  mi-jour, quand  il  mota  en  la  croix 


L'agneav  Paschal.  155 
pour  attaquer  l'ennemy,  &terraflcr  nos 
péchez  à  bras  cftendusrc  eftoit  vne  pro- 
fonde minuidl  de  ténèbres  fpiri  tu  elles, 
efquelles  eftciét  enleuelis  ceux  qui  pro- 
curoient  fa  mort:  minuit  aufîi  de  ténè- 
bres matérielles  :  carie  Soleil  &  la  Lune 
indignez  du  forfait  cômis  en  la  perfon- 
ne  de  leur  createur,eclipferent  aufli  toft, 
&cauferëtles  ténèbres  d'vne  profonde, 
extraordinaire, &: efpouuantable  nui&, 
au  milieu  du  iour.  Oeftoitlanuidt  pre- 
dicle  par  les  Prophètes  Amos  &  1ère-  £™os^£ 
mie.  En  ce  tour  là  diât  le  Seigneur ,  le  Soleil  fe  heu.  1. 4.  c 

couchera  au  midy  ..  &*  /V  comiriray  la  terre  de  if'     „    , 
7  111  t  ;         tii      Tcrtull.ad- 

ténèbres  du  iour  de  la  lueur. i  tem,  le  Soleil  luy  uerf.ludeo. 

-etlcouckéquanâ il ctloit  encormidy.  S.Cypr.  1.  2, 

J  T  l  J   ,  ■       t      ,,A     aduerf.    Iu- 

1  t  e  m,  comme  la  ceremonie-ae  1  A-daro.c.i-. 
gneau  Pafchal  continua  en  mémoire  du  i  Leja^e 
bien  receu  en  Egy  prêtant  que  la  Syna-  %£%'£ 
gogue  dura:  de  mefmes  a  efté  inftitué  le  tufi***  à  u 
facrifice  delà  MeiTepourcontinuer  &if »*»*»*&• 
mémoire  de  la  viclorieufe  paffion  du 
Sauueur,  tant  que  l'Eglifc  voyagera  fur 
la  terre  &:  c'eft  ce  que  dift  S.  Paul  eferi-    ^ 

^\        r\-  1     ^       •       1  r.  Cor.     II. 

uant  aux  C  nrethens  de  Connthe.  Tou-  z6. 
tes  foi  s  &*  quant  es  que  ijom  manvere^  ce  pain 
&  boirez  ce  calice ,  <vous  annoncercyj.a  mort 
du  Sauueur  tufques  a  ce  qu'il  tienne  :  c'eft  à 
direiufquesau  grand  iour. 


ij4    L'a  g  ne  a  v    Paschal? 

Des  cérémonies  delà manducation  de 
lo^égneauPafchaL 

7 
L  y  auoit  vn  autre  grand  nom- 
bre de  cérémonies  myftiqùes 
enlamanducationde  l'Agneau 
Pafchal  des  Iuifs  3  qui  en  leur  ombre 
nous  figuroient  la  vérité  du  noftre,  &r 
enfemble  nous  inftruifoient  comme  il  le 
faut  manger  pour  en  tirer  fubftance  de 
vie.L'agneau  desluifs  eftoit  immolé  au 
g  vefpre5  hsv  s-Christ  s'eft  donné  en 
i-w/lr-'  l'Euch-ariftie^  en  la  croix,  fur  le  velpre 
tuerey  Uteps  du  môde3&:  à  la  dernière  heure  du  iour, 
i.foTi.18.  commeparlel'ApoftreS.Iean.Cet  A- 
lÏjtgtMù    gneau  deuoiteflrerofty.-celamonftroit 
VCj"y'  •        l'ardente  chanté  duSauueur3nous  don- 
nant en  ce  Sacremét  fon  corps  alTaifon- 
né  &:coulouré  à  la  flamme  de  cefte  fien- 
ne  charité  :  de  par  mefme  moyen  nous 
enfeignoit  qu'il  le  faut  réciproquement 
tamour  à-  ïtccuo\y  &  manger  auec  vn  amour  di- 

ttm   L  appétit  1  ni 

it  i\vm.      uin  :  car  c  eit  l'appareil  &:  lappetit  auec 

lequel  les  viandes  fpirituelles  doyuent 

Méngèjat  cftre  prinfes   p0ur  bien  nourrir  nos  ef- 

Ui  lutfi  [eu-        .       V^  t..  .  j 

hment.       pntsXcux  quilemangeoient.>aeuoient 
Expd.it.     eftre Iuifs  de  iangj  ou  de  reiigioir.pcr- 


L'agneav  PaschalI  lyj 
fonne  ne  peut  manger  noftre  Agneau, 
qui  ne  foit  Chreftien,  enfant  des  Chre- 
ftiens}ou  fait  Chreftié  par  le  Baptefme, 
On  lemangeoitenla  nuict,  ceft  pourM<*wse'«»k 
monftrer  que  noftre  Euchariftieeft  vn""'  " 
myfterc  caché ,  &  inuifibleaux  fens  de 
iugement  humain,&:  cogneu  feulement 
àlafoy.  Chafque  père  de  famille  lemâ- 
geoit-*  chafque  Pafteur  enfaParroifle, 
comme  en  fa  famille  ,  &  chafque  Eglife 
comme  famille  foubs  vn  Pafteur  man-^»^. 
ge  l1  Agneau  de  Dieu  :  mais  auec  cefte 
difference^que les  Iuifs  mangeoient  di- 
uers  Agneaux  en  diuerfes  maifons  &c  en 
diuerstemps5eftant  leur  Agneau  corru- 
ptible, les  Chreftiens  mangent  tous  vn 
mefme  Agneau  en  tout  temps  hsvs- 
C  h  rist  Agneau  incorruptible  5c im- 
mortel, &  vnfeulfuffifant  pout  tous  &: 
toufiours.On  ne  luy  brifoit  point  les  os: 
cela  marquoit  alors  l'impaffibilité  de  la 
diuinitédenoftreagneauÏEsvsCHKiST 
cachée  foubs  l'humanité  9  comme  les  os  „•*"  e 
font  cachez  foubs  la  chair:  &  marque 
maintenant  rimpafîibilité  de  foncorps, 
caché  foubs  les  efpeces  vifibles  du  pain 
&:  du  vin:  &  partant  la  figure  s'accoplit 
parfaitement  en  noftre  banquet:  car 
nous  mangeons  noftre  Agneau,no  feu- 


1<$6      L'A  G  NE  A  V     P ASC H  AU 

lement  fans  luy  rompre  les  os,  mais  (ans 
lefion  quelconque  de  fa  chair ,  tout  en- 
tier, tout  vny3  tout  immortel,  fans  Ja- 
mais le  confommer.  La  figure  ne  don- 
noitqu'vn  petit  traid  par  les  os  ,1a  vé- 
rité va  plus  auant,  &  s'accôplit  en  tout 
Ma^ê  vi-  le corps.Onlemangeoit viftement,  c?e- 
jitment.      ft0jc  p0ur  monftrer,  qu'il  faut  deuorer 
ce  myftere  dVneviue  &  béante  foy,fans 
rcfplucheraueccuriofité  de  laraifon  & 
du  fenshumain.   De  niefme  fignifica- 
tion  eftoit  la  cérémonie ,  qui  comman- 
doit  de  bruilerlesrelicfs,s'ily  enauoit: 
Erujieria     car  cela  vouloit  dire  que  ce  que  nous 
reiufs.        ne  pOUllonsc0mprendre,illefautbruf- 
Uuaï».        1er  au  reu  déchante.  Le  pain  fans  leuain 
fignifioit  lafincerité  de  côfcience  qu'on 
doit  apporter  en  cefte  table ,  corne  l'in- 
i.  Cor.  58.  terprete  Sain  cl:  Paul.  Les  lai&uës  ame- 
***/»« 00    rcs  niarquoient  la penitencerceft pour- 
tudimij.       quoylesenfansdel'Eglife  de  Dieu  de- 
uantquefe  prefenter  à  la  communion, 
mettent  en  bon  eftat  leur  ame,  pleurent 
leurs  péchez  3  s'en  confeflènt  &  en  font 
pénitence.  Les  Iuifs  eftoient  ceints  mâ- 
geans  leur  Agneau,  en  ligne  qu'il  faut 
cftre  fur  tout  chafte  en  la  manducation 
de  cefte  chair  virginale  de  l'Agneau  fans 
tache,  car  les  reins  font  marques  de  lu- 


ceinture: 


L'a  g  ne  a  v  Paschal  15*7 
Xure  ;  de  ceindre  Ces  reins,  c'eft  ofter  les 
premières  caufes  du  péché  de  la  chair, 
&:  Elire  fecher  la  paillardife  en  fa  fource. 
&:  partant  S  .Grégoire  dit  que  Nom  met-  hom/if/ 
tons  la  ceinclure  aux  rems  ,  lors  que  nous  re- 
frimons la  lafciueté  de  U  chair  par  la  bride  de 
continence.  Le  bafton  en  la  mai?}  ,  &:  les  ce  haflontn 
foliers  de  peau  morte  aux  pieds  5  à  guife  u  m*i,K 
de  gens  qui  doiuent  fe  mettre  en  che- 
min 3  enfeignoient  que  nous  viuons  de 
cefte  chair immortelle,comme  pèlerins 
mortels  de  ce  monde ,  ayans  pour  fou- 
uerain  appuy  de  noftrepelcrinageje  ba-  e^J/«<?" 
ftô  de  la  croix5&:  pour  chaufïure  de  nos 
pieds,  la  méditation  delà  mort:  &:  ce  à 
chafque  pas  &  moment  denoftrevie: 
comme auflî  a  chafque  pas  nous  appro- 
chons le  tombeau.  Y  a-il  en  tous  ces 
beaux  lineamens  &myfterçs  figurez  &: 
accomplis ,  afTez  dequoy  recognoiftre 
la  vérité  &  le  Sacrement  de  noftre 
Agneau  Redempteur,6:  fa  bonté  &:  fa- 
gefTe  fupreme,  qui  l'auoit  figuré  par  fon 
feruiteurMoyfe^ôcqûiFa  accomply  de 
fa  propre  main? 

Mais  qui  nous  donnera  les   yeuxCo%««* 
pour  bien  pénétrer  ces  œuures,la  parole  * E  s  v  S"ST 
pour  les  hautement  louer,  l' affection 
pour  les  faindtement  aymer,  finon  vous 


158      L,:A  GNEAV    PASCHAL 

ôfouuerain  maiftre,  qai  en  eftes  l'ou- 
urier  ?  Qui  nous  fera  toucher  les  frui&s 
de  voftre  chair  &  de  voftre  fang3finon 
vous  qui  les  dônez  en  vfage  ?  Qui  nous 
deliurera  de  Pharaon  &:  d'Egypte D  fi- 
non  vous/quinousen  auez  voirement 
deliurez  :  mais  nous  ingrats  &:  mefco- 
gnoifïanSjauonsreprins  derechef  la  ca- 
dene  de  feruitude  par  nos  péchez? 
Trières  à       q  cJollx  Açneau  venu  au  monde,pour 

I  F  S  V  S-  /V 

Christ,  effacer  les  péchez  du  monde  en  la  pour- 
pre de  ce  noble  sâg,employé  pour  rou- 
gir les  pofteaux  de  la  croix,  &  deftour- 
ner  de  nous  la  violence  de  l'Ange  exter^ 
minateur  5  defcndez-nous  contre  nos 
ennemis  en  çefang5lauez-nQiis  de  nos 
péchez  en  ce  fang  :  abbreuuez-nous  de 
cefang3&:  en  ce  fang  efpandu  en  nos  I 
poiârincs^eftouffez  les  aifnezde  TE- 
•  gypte  fpirituelle,  en  laquelle  nous  fom- 
.  mes  trop  fouuent 5  &:  que  nous-mefmes 
portos  quant  &:  nousrl'amour  du  mon- 
de, les  plaifirs  charnels  ,  les  folies  &:  les 
fumées  du  monde:  eftouffez  les  defirs 
hautains  de  noftre  amc  endurcie  ,  qui 
'j'tfnt^Ho-  comme aifnezd'homme,nous  pouffent 
mJ'r     t     à  la  vanité  des  chofes  môdaines5eftouf- 
bijie.         fez  les  conçu pifeen ces  Sz  feux  de  noitre 
chair  9  aimez  fans  raifon  &  engeance 


L'A  G  NE  A  V      P  A  S  CU  AL.      I$Ç 

brutale 3  ne  cherchansquelefoin  delà 
terre,  &  les  amorces  des  fens.  Allumez 
ennoz  cœurs  ce  feu  celefte,auec  lequel 
vous  vous  edes  aflaifonné  pour  eftre 
noftre  Agneau  Pafchal  &  délicieux 
morceau  de  no ftre  fertin^afin  que  nous 
le  puiffions  receuoir  auec  le  gain  de  l'in- 
corruption,  nous  afTaifonnans  nous- 
mefmes  par  celte  réception  en  holocau- 
ftedefoiïefue  odeur  &rdebon  gouft  à 
voftrc  xMajefté. Rendez-nous  fages  pour 
bien  recognoiftrevos  dons^faicltes  nous 
bons  pour  en  eftre  bien  dignes  ,  &  for- 
tifiez-nous en  la  vertu  qui  Fai&perfeue- 
reren  lavoyedevosfain&esloix,pour 
eftre  en  fin  receus  es  nopees  où  vous  (è- 
re  z  Tefpoux,  &:  l'Agneau,  le  donneur  & 
la  viande  de  l'éternelle  félicité. 


L  A     M  A  N  K  E. 


»7' 


LzA    tMzANNE. 


O  v  s  vovez  icy  Exod  1<r- 

/  J    Us  ejt oient 

le  deiert  d  Ava-fix cents  mil 

b- r  l>r~     hommes  d< 

le  voiiin  a\L-rj  ûr.nts 

gypte,&Moy-{—  -'« 

le  conduilantia^^*- 

,  ■  lzod.U|7 

multitude  des38. 
Hebneux  en  nombre  de  plus  de 
Çix  cents  mille  ,  frelchement  deli- 
urez  du  lerua^e  des  Egyptiens  de 
des  mains  de  Pharaon5qui  viét  dé- 
lire englouty  &:  toute  Ion  armée 
das  les  abyfmes  des  ondes  mannes. 
Aulli  toil  que  la  farine  &  le  pain, 
qu'ils  auoient  porte  quant-&  eux 
d'Egypte,  leur  a  failly,  ils  fe  font 
misa  crier  à  la  faim  :  car  le  ventre 
n'a  ny  patience  ny  oreille,  mefmes 


i6l  La    Manne. 

en  vn  peuple  rude  &  enclin  à  gro- 
der  corne  eft  ceftuy-cy.  Dieu  bé- 
nin &  lib  eral  leur  fit  hier  furie  tard 

Ltscaiiiei.    voler  les    cailles  à  grofles  hardes 
Exod.u.    ^r  je  carr)p  ^  jont  j[s  furent  re. 

peus  ?  &  vous  en  voyez  encor 
quelques  vnes  ;  &:  à  ce  matin  pre- 
mier iour  delafepmaine  i  il  leur  a 
faid:  plouuoir  la  Manne  qui  leur 
fert  &  feruira  d'aliment  iufquesà 
ce  qu'ils  (oyent  arriuez  en  la  terre 
promife.  Ce  font  ces  granis  ronde- 
lets &  blancs  de  la  grofleur  &  figu- 
1.4  Manne  re  de  Coriandres^qui  tombans  dru 
coZtre.  &  menu  du  ciel ,  ont  faict  blanchir 
Uoa.it.  Ja  lancJe  pariemée  :  &  ont  ceffé  de 
tomber  :  parquoy  toutlemonde 
enramaffeàrenuy  &  à  bonne  me- 
fure:qui  en  porte  la  corbeille  plei- 
ne fur  Ton  dos  :  qui  le  panier  en  la 
main  :  qui  dedans  fa  befacerles  pè- 
res de  famille  enuoyent  leurs  fer- 
uiteursqui  enfontlaprouifîon  en 


La    M  ANNE.  tëf 

bonne  diligence  :  mais  fur  tous  il  y 
a  du  plaifir  a  veoir  ces  petits  enfans 
demy  nuds  >  qui  ayans  goutté  ces 
douceurs  blanches  y  accourent 
comme  àvne  grelle  de  pois  fil- 
erez :  &  s'entre-poufTans  les  vns  les 
autf  es3font  qui  en  ferrera  plus  dans 
Tes  pochettes,  &  en  mangent  aui- 
dément ,  nefefouuenansplusdes 
cailles  du  foir  pafTé.Les  plus  grands  i 
'contemplent  ce  menu  pain ,  & 
I  l'admirent  y  &  chafeun  dit  en  le  re- 
gardant M  AN-HV  ,  ceft  à  dire,^À^HV* 
Qv;  e  s  t-c  E  c  Y  ?  &  non  fans  rai- 
fonrcar  c'eftvne  viande  non  veuë 
&:  pleine  de  merueille  y  &  le  Ciel 
nenauoit  onques  donné  de  tel- 
le y  mefmesçncedefert  fterile  de 
tout  bon  fruid  :  ils  l'o nt  veuë  tom- 
ber du  ciel  bel  &  ferain/ans  en  fça- 
uoir  aucune  fource  oucaufe  natu- 
relle :  ils  la  voyent  pofée  entre 
deux  neges  ou  rofées,  comme  en* 


i<>4  La  Manne. 

tre  deux  linges  blancs  :  car  vn  peu 
LéMdnn*    deuant quelle  defcendit,  vne  pe- 

\%'J'UX  m  roiée  s'eftoi<  cfpanduë  fur  la 
£xoi6.i4.  terre  pourla  receuoir.  &  eftant  ja 

Rabb.  Sa-  r     I  »  ' 

iomon.&  deicendue,  vne  autre  la  couuer- 
^fa'1 '  te  ;  cesmerueilles  eftonnétles  He- 

brieux,&  leur  font  direM  an  hy? 

mais  ils  feront  encor  plus  efton- 

nez  quand  ils  verront  qu'elle  ne 

Httomboh  tombera  point  leiour   duSabat, 

-u"taitS*'  comme  chômant  la  fefte.  Que  ce- 

Zxo.i6.i6.  lny  qui  en  cueillira  tous  les  matins, 

plus  que  delà  mefured'vn  gomor 
n&hm-t  pour  fa  prouifîon,n'en  aura  pasda^ 

ixo^is  uantage  que  l'autre  qui  en  aura 
cueilly  moins,  &  que  ce  gomor  fe- 
ra la  refe&io  mefurée  d'vn  chacun 
grand  ou  petit  mangeur.  Qu'elle 
Fo»<i*«so-fondra&  le  refoudra  en  eau  aux 
Uq.i6.li.  rayons  du  Soleil  y  &  s'endurcira 
prefentéeau  feu  dans  le  four,  pour 
eftre  appreftée  &  cuitte  en  pain. 
Quelle  le   conuertira  en  ce  que 


La    Manne.  ièj 

chafcun  voudra  :  &  qui  voudra  ^tf* 
auoirlegouft  de  chair  de  poulet,  *X°;J'"J£ 
de  veau  ,  de  perdrix  ,  ou    d'autres0^- 
chofe  à  mander,  il  l'aura  félon  fon 
delir  :  qu  elle  pourrira  il  on  la  gar- 
de iufques  au  lendemain,/!  cen'eft 
leiour  du  Sabat.  Pour  ces  merueiL 
les  ils  diront  toufîours  M  A  n-h  v  ? 
comme  ne   pouuans   compren- 
dre que  ceft,&Ie  nom  demeu- 
rera toufîours  à  la  chofe  en  teimoi-  M°yf<' 
gnage    de   l'admiration.    Moyfe 
contemple  le  Sacrement  prefent, 
&iettelesyeuxde  fon  elprit  cler- 
uoyant,à  la  grandeur  du  futur  my- 
ftere  :  &  hault-Ioiiant  les  dons  de 
la  diurne  bonté,inftruit  ce  peuple  Manne^ 
groffier^commeil  fedoitcompor-^4»r*- 
terenla  cueillette  &  vfufrui£t  deEX0.  ii 
ce  pain,  il  commande  aufli  à  fon  £  \^rcy. 
frère  Aaron,  d'en  retenir  vn  vafeHeb-9,4* 
pour  mettre  en  referue  au  Taber- 
nacle quand  il  fera  dreffé ,  en  me- 

1  iij 


\66  La  Manne." 

moire  éternelle  des  dons  receus  de 
la  main  diuinexhacun  ajaferréfa 
prouifion>&:  la  Manne  tombée 
commence  à  fondre  ,furgifTant  le 
«Soleil  aflez  haut  deflus  l'horizon, 
&  Rapprochant  du  Midy. 


i67 


LA     MANME     FIGVRE 

dv    Sacrement 

de  l'Autel. 


E  Sauueuradifertementde- 
fcclaré  que  la  Manne  eftoit 
vne  illuftre  figura  du  facre-  £"£X4: 
ment  de  fon  corps ,  lors  Num.n.7. 
qu'inftruifant  les  Iuifs  qui  fe  vantoyent  pfal-77-M- 
en  leurs  ancefires  qu'ils  difoyent  duoir 
mdngê  U  Manne  du  defert  comme  il  efi  efcrit. 
T  Y      L  E  V  R   AS    DONNE'    LE    PAIN 

dv  ciel  :    Et  prenant  occafion  de 
leur  parler  de  la  manducation  de  fa 
chair  vraye  Manne  du  Ciel  5  il  leur  ref- 
pond.     En  "Mérité  ,  entérite  ie^om    <fol0an.tf.3r. 
que  ce  n'efi  fds  Moyfë  qui  yous  d  donné  le  3M4« 
yray  pain  du  Ciel  :   mais    c'efi  mon  Père 
qui  vous  donne  le  yrdy  fdin  du-  Ciel.   Et 
vn  peu  après.    Vos  pères  ont  mdngedu  de- 
fert ld  Mctnne  &  font  morts  5  qui  mdnge 
ce  pain  vivra  éternellement.    Enfeignant 
par    ceftc    allufïon    &:   comparaifon 

1  iiij 


i68  La    Manne. 

que  la  Manne neftoit  que lombre  &la 

marque  de  fa  chair  :  &  que  Moyfe  na- 

uoit  donné  qu  vn  pain  figuratif  du  pain 

qu'il  deuoit  laifler  a  fon  Lglife  ,  vray 

pain  venu  du  Ciel,  fçauoireft  fon  corps 

précieux  apprefté  foubs  les  efpeces  de 

pain,  S.Paulfclori  l'efprit  de  fon  mâi- 

ftre  compare  la  Manne  à  rEuchariftie, 

&  la  mer  rouge  au  Baptcfme  ,  comme 

les  ombres  aux  corps.  Les  faincts  Pères 

tauanne  de  pareille foy  &  doctrine  ,  prefehent  la 

*n(cr''e  "ï*  Manne,  comme  vne  belle  peinture  fai- 

TufhZiftie  âeen  l'efchole  de  Moyfe,  &:  extollent 

p*rs-cw.  le  S. Sacrement  de  l'Autel  comme  veri- 

Alex"        té  exhibée  en  la  loy  de  grâce.  Or  pour 

Theoph.    le  mieux  conceuoir  ,  contemplons  le 

c'ioan;in^raPPort  de  lVn  à  l'autre,  de  la  Manne 
s.Amb.l.dc  Iuifue  &  de  lanoftre  Chreftienne. 

initiât. c. 8. 

Scfafc/'   Co)refpondance  de  la  <J%fanne  au  S. 
Sacrement  de  ï Autel. 


i. 


£^§  A  Manne  fur  nommée  pain  du 
ïgk  Ciel  parce  quelle  venoitdefair 
***4*cUL  «#i* appelle  Ciel  en  la  fainétcEfcri- 
oyfeanxd»  ture,  (umommant  les  oyfeaux  du  Ciel, 
C'\L  ,         c'eft  à  dire  de  l'air,  qui  eft  leur  élément: 

Matth.Ii.4.  ne-  n 

noftre  Sacrement  eit  vrayement  pain 
du  Ciel,car  il  contient  celuy  qui  vray e- 


La    Manne.  169 

ment  eft  defcendu  non  de  Fair  mais  du 
Ciel.  C'eftcequedifoitle  Sauueur  aux 
Iuifs  comme  cy-deflus  auons  ouy;  Ce  Ioan-^3I# 
riejl  pas  M  oyfe  qui  y  orna  donné  le  <vray  pain        ^ 
du  Ciei.mais  ctflmon  Père  qui  <vouâ  donne  le  La  Manne 
njray  pain  du  Ciel.  Secondement  la  Manne  {«tt'ptritr 
eftoit  vne  viande  extraiéte  d'vne  caufe    **'  * 
extraordinaire  ,  &  faite  par  le  minifte- 
re  des  Anges  ,  &  non  de  la  nature  com- 
mune jceft  pourquoy  elle  eft  appelle© 
pain  des  Anges  •  car  de  dire  que  c'eftoit  Glofa  in 
parce  qu'ils  en  mangeoiët,  ce  feroit  vne  i^.lxod. 
expofîtionimpertinéte5veuquela  vian- 
de de  tels   efprits  eft  fpiritu elle  &  pro- 
portionnée à  leur  nature  ,  félon  que  di- 
foit  Raphaël  à  Tobie.  ïl/èmbloitlroiremet „  t 
que  te  mangeois  &  beuuots  auec  1)011*  -.mats  1  nj- 
fe  d'y  ne  y'iande  &*  d*yn  breuvage  inuifible,&* 
que  perfonne  ne  peut  >o/r.  Pour  la  mefme 

raifon  elie  eft  appellee par  S.Paul,  vian-ï.Cor.io. 
de  fpirituelle,  non  qu'elle  ne  fut  vifible  m^wm». 
&  palpable  :  mais  parce  qu'elle  eftoit  ^iTn!ï  u.c. 
préparée  d'vne  main  &:  façon  diuine.  14&  l.n. 
Les  Naturaliftes  ont  bien  recognu  vnc'4* 
genre  de  Manne  donnée  à  la  naturelle,   y   -, 
quieitvne  certaine  rofee  de  miel,  que  commune 
les  laboureurs  de  Syrie  ramaflent  de$c"e(n'eat4t 

1  t  -i  „      t  1        a  mont  Ltban. 

arbres  au  mont  Liban,  &  dont  les  Apo-  Gai.i.5.<fe 
thicaires  vfent  :  mais  celle- cy  fut  toute  aliment. 


170  La    Manne^ 

autre  en  ces  caufes  &  effeéts  comme  il  a 
efté  di<ft,  elle  fut  produitte  par  merueille 
denouucauaudefertD  &:  tomboit  tous 

Tomtoiten  *cs  *ours  ^aur 'e  Samedy5en  Hyuer  &  en 
Hyuer&>en  tout  temps  :  &  par  merueille  cefïbit  au 
tout  cemps.  Samedy,  &  continua  en  cefte façon  lef- 
pace  de  quarante  ans  &  non  plus ,  &  ce 
fut  vn  des  dix  miracles  que  ce  peuple-la 
voyoit  continuellement  au  defert.  C'e- 
i       ftoit  donc  vn  aliment  celefte/urnaturel 
Trodurtio»    &diuin.  Cefte  qualité  conuient  fort 
Mann!      ^ien  *  no^re  Sacrement:car  en  premier 
lieu  le  corps  du  Sauueur  n'eft  pas  en- 
gendré par  voye  humaine  :  mais  par  la 
vertu  du  fainétEfprit&:  par  vne  vierge, 
qui  font  deux  caufes  extraordinaires. 
En  fécond  lieu  ce  corps  eftfaift  prefent 
en  l'autel,  fous  les  efpeces  de  pain  &c  de 
vin  par  le  miniftere  des  Preftres  qui  font 
tes  vnjires  ^cs  Anges  de  Dieu  en  l'Eglife .  Ce  font 
Anges.       eux  qui  corne  inftrumens  font  ce  corps 
Mal.i.j,    au  Sacrement,vfans  de  l'entremife  de  la 
toute-puifïànte  parolle  de    I  e  s  v  s- 
Christ,Cecy  est  mon  corps, 
&: pource, il  eftfaid  parles  Anges 5  &r 
c  eft  vn  vray  pain  des  Anges  en  cefte 
^       qualité.  Troifiefmcment  la  Manne  fut 
Vou/viaù-  donnée  pour  viatique  au  defert  d'Ara- 
î*ff-  bieiufques  à  l'entrée  de  la  terre  dç  pro? 


La    Manne.  171 

miiïïon:leSacrementnouseftdonnêaii 
defert  de  ce  monde  iufques  à  ce  qucTE- 
glife  voyagere  ,  entrera  vidtorieufe  &: 
triomphante  en  la  terre  des  viuans ,  qui 
eft  la  patrie  celefte.  Quatriefmement  la 
Manne  reuenoit  autant  ramafTée  en  pe- 
tite qu'en  grande  quantité  :  car  perfon-  t4(£ntltê 
nen'enauoiten  fin  que  la  mefure  d'vn^/e. 
gomor^foit  qu'il  en  euftplus  ou  moins 
ramaiTé5&:  cefte  mefure  eftoit  égaleract 
fuflîfante  à  chafcun, nourrifïant  fans  di- 
fettel'homme  fai£t,&:ne  furchargeant 
point  Teftomac  du  ieune  garçon  :chofe 
admirable  à  la  vérité,  qu'en  vne  multi- 
tude de  plus  de  fix  cents  mille  perfon- 
nes5  Se  en  vne  inégalité  fi  grande  de 
complexions  &  d'eftomacs,  la  mefme 
quantité  fut  égale  dz  proportionnée  à 
la  portée  d'vn  chafeun.  Cecy  fe  voit  V^'f'?. 
admirablement  en  TEuchariftie:  carel-^/* 
le  n'eft  non  plus  grande  en  vne  petite 
Hoftie,qu  en  vne  grande:  en  vne  pièce 
qu'en  vn tout,  de  le  corps  du  Sauueur 
eft  tout  en  toute  l'Hoftie  ,  &  tout  en^fa™ 
chafque  partie  d'icelle  ,  &  fe  donne  éga- d  e®rtt'    " 
lement  à  tous,  foubs  inégales  pièces: 
combien  que  pour  le  regard  de  l'effet, 
ilproufiteplus  à  ceux  qui  font  mieux 
préparez,  Cinquiefrnement  la  Manne 


172  La   ManneJ 

5       donnoit  à  manger  &  à  boire  enfemble; 

UMtnne   ear  c\\c  fournifloit  le  pain  deuant  le  feu, 

ml"pr&    &  ruiffeloit  les  eaux  deuant  le  Soleil: 

hoire.         c'eftpourquoylcsDo&eurs  difentque 

îomoîffn  lcs^u^s  dcmâdans  de  l'eau, murrnureret 

£xod,itf.    irçalicieufement,  &  de  gayeté  de  cœur: 

d'autant  qu'ayans  la  Manne  ils  auoieht 

dequoy mangera  boire  5  ne  plus  ne 

moins  que  lôg  temps  après  eux  Jes  cinq 

mil  hommes  qui  man gerët  au  defert  les 

LeiàncL    pains  &: poiffons  multipliez  ,  eftoyent 

?!nsl  t     rafïàfiez&abbreuuez  par  la  viande  mi- 

ioan.x.      raculeufe&figure  de  nôftre  Euchanftie? 

cefte  mefme  Euchariftie  donne  le  corps 

&  le  fang  de  Sauueur  ,  vray  pain  &  vray 

breuuage  enfemble,encor  que  ce  ne  foit 

6      quenvne  efpece.Sixiefmemét  laMan- 

Deux  ««-ne  eftoit  couuerte  &:  cachée  entre  deux 

uertesdeU  ,  „  r 

Manne.      rotees5  le  corps  Se  fang  du  bauueuriont 

Giofaex     couuerts  &c  cachez  à  noz  fens  &  iuge- 

îomon  in    ment,  foubs  les  accidents  extérieurs  du 

Exod.15.    pain  &du  vin.  N'y  a-il  pasaflfez  là  de 

traids  de  femblan  ce  pour  nous  faire  re- 

cognoiftre  le  vifage  de  noftre  Sacre- 

ment?Et  fi  Dieu  a  efté  iadis  admirable  a 

figurer  le  patron  de  la  vérité  3  ne  Teft-il 

pas  encor  plus  à  parfaire  de  poinâ:  en 

poindt  la  vérité  félon  le  patron  5  &  cou* 

cherd'vnfi  beau  &:  fi  mefurc  rapport 


L  a  Manne.  173 

les  viues  couleurs  d'vn  myftere  nou- 
ueau,furleslineamens  de  l'ancienne  fi- 
gure? mais  voyons-en  encor  quelques 
autres  trai&s. 

Que fo-nifioit UJembUnce  de  Corian- 
dre en  U  <J%fanne. 


Hilon  grand  Dodeur entre  cr.\é*?rt' 
S  lesIuifsDeicnt  que  lespiecesde  aikg.poft 
graindecoriâdrebrifé,iettées mcd- 
en  terre  germer  aufli  bien  quc„ainde  Co. 
le  grain  entier,  tout  ainiî  que  les  greffes  nantie. 
dVn  arbre  antez  ou  plantez,  portét  vie: 
propriété  de  ce  grain  certes  admirable, 
&qui  ne  fe  treuue  en  aucune  autre  femë- 
cequei'ayeleu^nonpas  mefme  au  fro- 
mét  qui  eft  vn  des  grains  qui  ont  le  ger- 
me plus  vif.  L'ifcriture  qui  ne  met  pas 
vn  jota  au  papier  fans  raifon^compare  la 
Manne  au  grain  de  Coriandre^c'eft  fans 
doute  pour  marquer  vne  merueille  ca- 
chéeaux  ombres  ludaiques ,  que  nous 
defcouuros  en  la  lumière  de  noftre  foy, 
laquelle  merueille  confîfte  en  ce  qu'vne 
feule  partie  de  noftre  Sacrementa  vie 
comme  le  tout ,  &  que  chafque  pièce 
d'vne  Hoftie  rompue  contient  autant 


174  La  Manne* 

Hmp***  que  l'Hoftie  toute  entière.  Cefte  mer- 
ueilieaelteesbaucneeparvn  autre  trait 
qu'auons  dit  cy-defTus  de  la  quantité  de 
la  Manne ,  qui  eftoit  égale  en  la  proui- 
fion,cncor  qu'elle  fut  cueillie  en  mefurc 
inégale.  Difant donc  lEfcriture  que  la 
MannejVieille figure,  eftoit  femblable 
au  grain  de  Coriandre  3  elle  donnoit  la 
peinture  extérieure  aux  Iuifs^  nous  fi- 
gnifie  à  nous5 l'intérieure  vie  de  noftre 
Manne  en  toutes  (es  parties  à  la  fem* 
blance  du  Coriandre  5  combien  que  ce 
foit  dVne  façon  infiniement  plusparfai- 
dte:car  nulle  des  parties  du  Coriandre, 
n'eft  tout  le  grain  du  Coriandre:  mais 
_      ,    toutes  les  parties  du  S  acremé  t  font  tout 

Toateiles  ^  l  . 

fartksd*    oacrement,  8c  toutes  contiennent  le 

no/îresacrt-  corps  duSauueur,  ônoutes  font,  le  tout, 

^"         'encorquepour  raifon  des  efpeces,  les 

parties  de  l'Hoftie  ne  foyent  pas  toute 

l'Hoftie 5  mais  partie  dïcelle. 


La    Manne.'  175 

Le  S.  Sacrement  garde au  Tabernacle 
comme  la  Manne  enï  Arche. 

4 
O  vs  auons  ouy  que  Moyfe  cô- 

^jlmâdaàfonfrere  Aarô,demet- 
SIJ^FtredelaMâneen  referuededâs 
le  Tabernacle,  poureftre  mémorial  des 
biens  receus  de  Dieu>  ce  qui  fut  exécuté 
auffitoftque  l'Arche  fut  dreffée,  dans 
laquelle  Aarô  miftvne  cruche  d'or  plei- 
ne d'icelle  Manne,  &:  l'Arche  auec  la  **«**»»« 
cruche3futcolloquceaulieu  tres-faied.^^. 
comme  Saincl  Paul  tefmoigne  efcriuât  3? 
aux  Hebrieux,de manière  que  laMan-  Uco  9*4' 
ne  non  feulement  feruoit  de  viande  3c 
de  viatique,mais  encorde  mémorial.  ia 
vérité  de  ces  traidls  continue  de  fiecle 
en  fiecle  en  l'Eglife  de  Dieu,  en  laquelle 
le  corps  du  Sauueur  comm e  Manne  ce- 
lefre^eft  donné  en  viande&en  viatique, 
&"  auec  ce  eft  laiïïe  en  referue ,  pour  mé- 
morial des  biens  receus  de  Dieu:carpar 
tout  où  fe  trouue  le  S  acrement,par  tout 
eft  le  mémorial  de  la  bonté  du  Sauueur 
enuers  nous.il  s'eftaufïî  gardé&  fe  gâr-L*c"H1' 
era  îuiques  a  la  nn  du  monde  auxEgli-  îe^x  A& 
(c$>  pour  eftre  porté  aux  malades,  &{***■ 


vj6  La  Manne. 

s.  iufl :.ap.  autres  qui  en  ont  befoine,&:  qui  ne  peu- 
cputadvi-  uent  aller  au  temple&  affilier  en  la  Méfie 
aor.Pap.  pourlereceuoir.  Telle  a  efté  la  pra&i- 
ap^dkufc.  ^  ^U  temPs  des  Apoftrcs&  de  tous  les 
l.5.hiit.cip.  fiecles  fuiuans  iufqucs  auiourd'huy5 
*ucmaux  commcil  appert  par  les  cfcritsdeS.Iu- 
maUdes.      ftin5  S.Irenee  5c  autres  Docteurs  de 

Çufcb.U.   l'antiquité  fainéte. 
c.j<.  ? 

Le  pain  des  luifs  porte  nom  de  mer* 

ueille,  en  figure  du  merueilleux 

Sacrement  de  [Autel. 

S 

O  mm  e  la  Manne  eftoit  metv 
ueilleufe  en  Ces  caufes,  en  la 
nature^  5c  en  fes  effefts  $  auflî 
Man-hv.  portoit-elle  vn  nom  ne  fignifiant  que 
merueille  &:  admiration  :  car  Manne 
vient  du  mot  M  a  n-h  v  5  qui  eft  à  dire, 
ainfi  qu'auons  cy-defTus  ouy,Qv'£  s  t- 
c  E  CY5  mot  qui  marque  admiration  5c 
ignorance  defir  de  fçauoir  en  celuy  qui  le  profère: 

aeUca»(t  »...  \      l  l       ,       . 

^ewive^- car  parce  qu  il  ignore  la  nature  de  la 
mration.  chofe  3  il  l'admire  5c  demande  que  c  eft. 
NoftreManne&>noftre  Sacrement  cft 
fi  admirable ,  qu'aucun  nom  ne  le  peut 
déclarer,  &apresqu'on  la  bien  cofideré, 
on  trouue  beaucoup  plus  facile  de  l'ad- 
mirer 


La     Manne.  177 

mirer  que  de  l'exprimer  parvn  nom  cor- 
r-efpondant  à  ion  excellence,  au  moyen  J///,^ 
dequoy  de  tous  les  noms  qu'il  porte,  'ùtdnépcm 
n'en  a  aucun  qui  luy  cogiuienne  mieux  eJlre  **fn** 

1  \j-         •  rv.     P*rvn  nom. 

qncManne3nom  dadrniration,que  Dâ- 
uid  a  donné  par  vne  perifrafe,  appellant 
lEuchariftie. le  mémorial  des  merueilles  de   Me     iai 
Dieu^ui  n'eltpas  tant  nom, que  marque  famtneiï- 
.  demerueille,  &  à  cecy  femblc  le  Sa»-  lcrsf<  D':ett' 
ueurauoir  vile  lors  quinitituant  le  Sa- 
crement de  fon  corps,  il  dit  à  Ces  Apo- 
ûïcs^Fdiëlescecy  en  ma  mémoire ,  corne  s'ilLuc.rz.if?. 
euft  dift  vlez  de  cecy  ^  comme  d'vn  mé- 
morial de  mes  merueilles  :  or  en  ce  mef- 
me  nom  de  M  a  n  ,  nous  remarquerons 
vne  autre  rencontre  d'admiration  de  la  *f  f  ?" H  T 
vieille  Manne  aucc  l'inflitution  de  Ize^o.îc/ 
noftre  nouuelle.xar  corne  les  Hebrieux 
eurent  pris  la  leur  en  la  main  ^  ils  dirent 
s'efmerueillans ,Man-hv5  Qu'efl-ce- 
cy?a  laquelle  demâdeMoyfe  ne  refpon- 
dit  rien  finon  en  gênerai  ,  Cejt  lepam  (jue  cecyejl  n 
•le  Seigneur  ~)'ous  a  donné  à  mander.    Mais  le  corP:- 
•  Sauueurprenâtle  pain&rinlîituantfon  Mar^ 
Sacrement,  refpond  en  fpecial  difant}Luc, 
Cecy  estmon    coïcps,  &   pre- 
nant la  coupe,  Cecyest  ai  on  sang,. 
comme  s'il  euft  diét,  vos  pères  iadis  ont 
dlâ3yw'ç/if-«c7,tenant  en  la  main  iavian- 


mon 


178  La    Manne. 

dequeieleur  faifois  plouuoir,  &rvous 
cncor  prononças  le  mot  de  Manne5de- 
mandez  Qv'e  s  t  c  e  c  y  ?  le  vous  ré- 
pons, &  à  vos  pères,  Cecy  est  mon 

CORP  S,CeCY   EST    MON     SANG: 

voftre Manne  &  voftre  merueille,  cer 
ftoit mon  corps  en  figure,  &la  Manne 
queie  fais  &  le  mémorial  que  i'inftitue, 
c'eft  mon  corps ,  non  en  figure,  mais  en 
vérité  .-Voila  donc  la  merueille  de  no- 
Us  tffeâs  de  fl.re  sacrem5t  marquée  au  nom  de  l'an- 

Dtetédetant     .  «    1.     1       •      1  1  11 

piwqtSds  cien  ,  &1  admirable  rapport  delanou- 
fo»t admira- uc[\c  Manne  ,  &  merueille  ,  en  laloy  de 
pimfont^iU  Moyfe,  auec  celle  de  la  nouuelle  ,  en  la 
honorables    loy  de  grâce,  &  puis  que  tout  eft  icy 

rlt3iaadmirable  > &  <IUC  l'admiration  eft  vtile 
"à  nous,ôdionorable  àDieu  en  ce  grand 
myftcre5contemplons-y  encor  lesfour- 
ces  d  adrjtiration  en  fa  toute-puifïànce, 
fagefîe  &t  bonté ,  &  voyons  pourquoy 
les  fain&s  Pères  l'ont  fi  tresfort  admiré* 


• 


La    Manne.  179 

t^ferueille  de  la  puijjance  de  Dieu  du 
S.  Sacrement  de  î Autel. 


6 

Iev  fc  mouftre  admirable  enD/'?4(/T 

.    C      "  r         -rr  rableçarfa 

troisraços5pariapuîiiance5parf«,^4»cf,/"^ 
fa  fagefîe,  &  par  fa  bonté ,  c'eft^#  & bon 


te. 


pourquoyilagrauéles  marques  de  ces  5^^ 
ftois  vertus  en  chafque  fienne  œuure 
tant  petite  foit-elle.  Les  forces  naturel- 
les des  pierres  3  &  plantes,  &  les  armes 
des  animaux,marquent  la  puifTance  du 
Createur5l'ordre  des  parties  de  chafque 
créature  J'induftrie  des  grandes,  &pe-^%^ 
titesbeftes  &:  l'addrefle  d'icelles,  font 
veoirfa  fagefTe,  l'eflcnce  &  proprietez5^0"^ 
de  toutes  chofes^tefmoigrient  fa  bonté. 
Tout  ce  qu'il  a  faid  iadis  en  la  Ioyde  na- 
ture, de  Moyfe,  de  de  grâce  cft  marqué 
de  ces  trois  crayons,  &n.'y  a  rien  où  il  ne 
foit  rendu  admirable  en  trois  façons, 
à  ceux  qui  ont  les  yeux  de  Tefprit  ap- 
prins  à  bien  contempler  la  grandeur  de 
fesœuures.  Mais  fur  tout  il  s'eft  mon- 
tré merueilleux  en  ce  diuin  Sacrement 
comme  dernier  chef  d'œuure  de  (es 
doigts&radmirable  codicile  de  so  nou- 
ueau  Teftament.  Il  a  faift  paroiftre  ç  ' 

m  ij 


180  La      Manne. 

iceluyfapuiffance  en  autant  de  maniè- 
res qu'il  y  a  de  rangs  en  toute  la  nature: 
nous  l'expliquerons  en  bégayant  :  car 
comment  pouuons-nous  faire   autre- 
mennparlansd'vnfi  haut  efTeft,  d'vne 
puiflance  infinie  l  Nous  trouuons  en 
Touus  ch0-  toute  nature  vifible  3  la  fubftance,*  la 
/rsjiraportet  quantité,  la  qualité,le rapportera ftion5 
IJcCfilî    kpaffion,  le  lieu  ,  le  temps  ,  l'afliet- 
Unatttre.     te,l'auoir,  ôc  rien  plus.  L'homme  pJr 
exemple  a  l'ame  raifonnableD&:  le  corps, 
qui  font  fa  fubftance,  il  a  fa  quantité,  I 
YW*M':  qui  font  fa  longueur,  fa  largeur,  &  fohl 

la  quantité.  M  o  %•     '  ?  r 

La  qualité,   efpefleur  :  il  a  (es  quahtez,  qui  font  fa 

le  ^ort.  cauleur,  fa  beauté,  fa  bonté  &:  fembla- 

blesatours.il a  fon  rapport,  car  eftant 

comparé  &:  rapporté!  vn  autre  qui  fera 

pluspetit5moins  bon,ou  aufïi  grand  que 

luy,  il  eftfurnommé  plus  grand,  meil- 

VaSîion.     leuroupareil.il  aaufli  fon  a&ion  ,  car 

il  parle,  il  eferit,  ou  faid  autre  choie.  Il 

a  fa  pafïion  :  car  il  reçoit  en  fon  corps  ou 

en  fon  ame ,  quelque  imprefiïô  de  froid, 

de  chaud,  de  ioye,  de  feience,  de  tri- 

Ulku.       itefTe  &  femblables  .  Il  fe  trouue  en 

quelque  lieu,  en  la  ville  ,  aux  champs: 

Le  temps.    &  en  que[que  temps ,  au  matin ,  au  foir, 

v      e      en  Efté,en  Hyuer.  Il  a  fon  affiette  Se  po- 

1  fture  :  car  il  cil  aflis,ou  debout*  Il  a  fina* 


Dixcatei-o- 


La    Manne.  i8r 

lementfavefture,fon  manteau,  fes  fou-L'4«£>/r 
lierSj&rtout  ce  qui  fe  trouue  en  l'hornme 
ou  en  autre  créature  corporelle  3  (s  rap- 
porte à  lVn  de  ces  chefs5qui  font  les  dix 
ordres  de  la  nature  affignez  par  les  Phi-  Arift.in 
lofophes3comprtnans  toutes  les  pièces  ^fc#& 
de  chafque  créature,  félon  tous  lefquels 
le  Sauueur  s'eft  monftré  tout-puiffant. 
Voyons  le  premièrement  en  la  fubftan- 

Delà  toute-pmjjance  de  Dieu  en  la 
tranjfubflantiation. 

I  7 
O  v  r  le  regard  de  la  fubftâce 
qui  eft  la  bafe  de  tout  &:  tient        l 
le  premier  rang  en  la  lifte  des  Catego. 
chofesDleSauueu^monftrefaSvBSTAN- 
fupremepuiflance  en  fon  Sacremét,  en 
ce  qu'il  châge  par  fa  parole  3  la  fubftance 
du  pain  en  celle  de  fon  corps  3  &;  du  vin 
en  celle  de  fon  fang:  genre  de  miracle 
voifin  de  la  création,  &:  plus  noble  en  ce 
myftere  que  la  creatioD&:  tout  propre  àè 
fbypour  faire  recognoiftre  vn  ouurier    . 
tout-puifrant:enlacreation3D/>«4^/>,d7* 
a  efié  fdi£l\  il  a  commandé&d  tfti  creé0co  m  e  ^£antm 
Dauidchante5icyildict5  Cecy  e  stpûLji.* 

m  iij 


i8*2  La    Manne. 

mo  nc  orps,&  fon  corps  s'y  treuue, 

C  e'£y  ESTM0NSANG5&  fon  fang 

ft&  .  y  eft  prefent.  Alors  fa  toute-puhTante 
parole  fîteftrece  qui  n'eftoit  point  du 
tout,  maintenant  elle  faidt  prefent  fon 
corps  en  vn  endroit  où  il  n'eftoit  pas 
vnpeudeuant:  là  elle  changea  le  rien 
en  la  créature ,  icy  elle  change  vne  créa- 
ture en  vne  autre, &  au  Créateur  en  cer- 
taine &çon.  Si  bié  que  les  Preftres  agif- 

LesVreftm  fans  enia  confecration  par  vertu  de  ce- 

inftrumes  de  ^  '  «rr  1         -1     r  • 

citation,      ite  toute-puillante  parole  y  ils  font  en 
cefte  qualité  créateurs  de  leurCreateur. 
Car  changeans  le  pain  au  corps  duSau- 
ueur,  &rendans  ce  corps  prefent ,  ils 
font  auflï  par  fuite  neceflaire,  que  fon 
ame&fadiuinité,  qui  n'abandonnent 
iamais  le  corps,foient  prefens,&par  tel- 
le opération,  ils  produifent  aucunemét 
.    ,  .  r  laperfonne  diuine  &  le  Créateur:  ne 
vxîrgtmen  plus  ne  momsque la  vierge  gloneule  a 
de  Bien,     engendré  I  e  s  v  s-C  h  r  i  s  t  Dieu  &: 
homme: &vrayemét  eftappellee  créa- 
trice &  mère  de  fon  Créateur,  encor 
*  qu'elle  n'ait  engendré  ny  lame  ny  la  I 
diuinité  d'iceluy  ,  mais  feulement  le 
corps5qui  a  efté  côioinâ:  à  vne  amc  rai- 
sonnable^ hypoftatiquement  vny  à  la 
diuine  perfonne  5  qui  l'accompagnent 


La    Manne.  183 

infeparablement.Et  partant  le  myftcrc 
de  rincamanôDcomnie  auffi  de  la  tranf- 
fubftâtiation,  eft  plus  grand  &  plus  no- 
blejquçceluydela  creatio'n:  car  l'effeét 
de  la  création  fut  vne  créature  ,  fçauoir 
le  monde:  &  l'effeâ  de  l'incarnation, 
comme  auffi  de  la  tranffubftantiation, 
eft  le  Créateur ,  àrailbn  de  cefte  fuite 
de  concomitance:  &:  quand  bien  on  n,'y 
confidereroitquelécorpsdu  Sauueur, 
l'efteéten  eft  toufiours  plus  précieux, 
veu  que  ce  corps  furpaffe  le  prix  de  mil- 
le mondes.  Dieu  donc  fe  monftre  plus  *' rj^l" 
grand  en  ce  changemeut,  qu'il  ne  fit  en  puljfance  en 
I  la  création:  &:  après  la  création.  &  dc-ehan&e*ntU 

»  n  j      1  rr  1   n.         •        creiturc  en 

uant  le  myltere  de  la  tranilubitantia-  vne autre. 
tion,  quand  il  a  voulu  donner  preuue 
de  fa  vertu ,  c'a  efté  premièrement  par 
la  mutation  dvne  créature  en  vne  au- 
tre,  comme  eftaht  telle  opération  ,  vne 
propre  marque  pour  tefmoigner  le  fou- 
ucrain  Maiftre  de  la  nature  ,&  pour  fa- 
ciliter larfoy  de  la  tranfTubftantiation 
quifedeuoit  faire  en  la  Loy  de  grâce, 
dupafti&:  du#vin  au  corps  &  fang  de 
'fonfils.   Ainfi  pour  première  preuue  L<ho«chan' 
de  la  pui(Iance,u  changea  deuantMoy-  EX0.5.&4. 
fe  la  verge  en  ferpent,  &:  deuant  Pharaô 
&les  Egyptiens  ,  il  conuertit  les  eaux 

m  iiij 


184  JLa    Manne. 

d'Egypte  en  fang,  &  le  premier  miracle 
parlequellE  s  vs-Chr  i  STfaiâ; hom- 
me, ic  monftra  Dieu,  ce  fut  en  chan- 

£«*»«»  w-  géant  l'eau  en  vin  :  &  le  dernier  remar- 
quable qu'il  fit  en  fa  vie  mortelle  5  ce  fut 
en  changeant  le  pain  en  fon  corps ,  &:  le 
vin  en  Ton  iang,qu'il  continue  tous  les 
iours  &r  continuera  en  tefmoignage  de 
fapuitfance,  tant  que  fon  Eglife  mar- 
chera au  defert  de  ce  monde  mortel, 
comme  il  continua  la  Manne  figure  &: 
parangon  de  celhiy-cy  au  delert  d'Ara- 
bie durant  le  pèlerinage  des  Hebrieux: 
1  en  laquelle  auffi ,  cefte  admirable  muta- 

Sap.ié.n.  tion  eftoit  figurée.  Car  corne  il  eft  did 
au  Hure  delà  Sapience,  elle  (e  conuer- 
tiflfoit  en  tout  ce  qu'on  vouloit. 

Ce  changement  efi  njn  miracle  four 
les  fidèles, 

8 

Tf/^ÇT  R  cechangemét  defubftance 

(x^/    :nfubfi:ance  neparoiftpaSaux 

Vhfidelene    ®^  fcns  du  coips ,  «nais  aifc  yeux 

crott  fmon  ce  de  la  ioy  ieulemcnt ,  auffi  eft-il  fait  pouf 

^udvott      les  fidèles  qui  crovent  fans  voir  j  &  non 

S.Aucr.  fer.  t    .„!.■.»      {  ,  \ .      , 

dctcpi47.  pour  les  infidèles  &  gens  charnels,  dont 
U  règle  eft  de  rtentedre  nenfinon  ce  qu'ils  tou~ 


La    Manne.  ig5 

chent 3dit  Saincl:  Auguftin.  Les  muta- 
tions que  faifoit  M oyfe  pour  combatrc 
l'infidélité  de  Pharaon  &  des  Egyptiés> 
&: donner  preuue  manifefte  delà  puif- 
fance  diuine  frappoient  les  fens  :  com- 
me aufïi  les  miracles  du  Sauueur  &: 
ceux  qui  après  ont  efté  faiéts  par  l'es 
Saincts  >  qui  eftoierit  pour  planter  la 
foy:le  miracle  qui  le  fait  en  ce  change- 
ment comme  aux  accidens  n'eft  pas 
pour  planter  lafoy,mais  pour  l'exercer 
&:  l'accroiftre,  de  celuy  qui  demande  dé 
le  voir  auec  lefens,ilmonftre  qu'il  n'a 
non  plus defoy  quVn  infidèle:  &  qu'il  , 
croit  plus  a  ion  fens  qu'a  la  parole  de natureu  m- 
Dieu  3quiluy  annonce  ce  changement"'./^- 
difant.  Cecy  est  mon  corps, 
Cecy  est  mon  sang:  il  mon- 
ftre  encor  qu'il  n'entend  pas  raifon  ,  car 
il  y  a  plufieurs  changemens  naturels, 
qui  fe  font  en  fecret  5  fans  que  les  fens 
s'en  apperçoyuent  quand  ils  fe  font  5 
comme  quand  l'eau  fe  change  en  fuc  de 
vin  en  la  vigne3en  fuc  de  cerife  en  vn  ce- 
rifier,  quand  le  grain  fe  tranfmuë  en  la  r»po»fi» 
fubftance  d'vne  poulie  ,  &  quand  Vnto4f^ 
œuffe  forme  en  poufïîn,  demeurant  la 
coquille  entière  &  fans  mutation  au  de- 
hors. .  # 


i86  La  Manne.' 

*  De  U  mejme  puijfknce  es  accidem  du 
pain  0}  du  njin. 

9 
O  MMEleSauucurfemonftre 
en  ce  Sacrement  Seigneui  & 
maiftre  de  la  nature  châgeanc 
la  lubftance ,  comme  il  a  efté  di<5t  :  ainfi 
fait-il  paroiftre  qu'il  eft  tout-puifsât  aux 
accidés  &:  atours  de  la  fubftance*,  diftri- 
buez  aux neufordres  qu'auôs  affiliiez. 
ïaccdeîs.    ^n  gênerai  parce  qu  il  leur  aonne  a  tous 
vne  façon  d'eftre  furnaturelle  qui  eft  fe 
AaidcmÇans  tenir  debout  fans  fubie&,effeâ:  autant 
jubtett.       fuula  puilTance  de  la  commune  nature, 
comme  il  eft  à  l'homme  de  fe  tenir  en 
lait  fans  appuy. En  fpecialil  donne  for- 
ce à  la  quantité  du  pain ,  non  feulement 
La  qualité  d'eftre  fans  lubiect ,  mais  encor  de  fai- 
rfj>4«*f»«»ife-re l'office  delà  fubftance  ,  &c  feruir  de 
gedefnbfian-  ^fe  à  ja  qUalité,a  ia  faueur  &  aux.  au-  j 

Sara.  très  accidens  5  &:  produire  auec  eux  vne 
Gen.  tu  fubftance^comme  en  commandant  à 
x.v^q-.  ^a  fterilité  de  Sara,  d'Anne,  &:  d'Eliza-* 
ïu&beth.  bech ,  &  à  la  virginité  de  fa  mère  5  d'en- 
^Ltvir  e  gendrer  il  fit  preuue  de  fa  toute-puif- 
Luc.r.  fancc  5  de  mefme  fe  monftre-il  icy  tout- 
puilTant  3  quand  il  commande  à  des 


La  Manne.  187 

accidens  fterilcs  d'eux-mefmes  D  &:  fans  v*«&»t 
germe  de  fub (lance ,  produire, &  pro- e^^nk' 
duire  vneffecl:  au  deiîus  dp  leur  rang> 
à  fçauoir  vnc  fubftance  ,  nature  fans 
comparaifon  plus  noble  que  l'acci- 
dent ,  &  de  laquelle  les  accidens  dépen- 
dent du  tout 3  comme  (impies  officiers 
&:  vafîaux  3  n'ayems  rien  qui  ne  releue 
defon  domaine.  Ce  font  donc  autant 
de  marques  d'vn  Seigneur  tout-puit- 
fantence  myftere. 

La  mefme puijfance  vérifiée  aux  acci- 
dens du  corps  du  Sauueur. 
En  la  quantité 

10 
A    puiflance  diuine  eft  encoi>    'v 
pluseuidenteau  maniement  des  q_y  a  n- 
accidens  du  corps  du  Sauueur  :  T I T  A  s* 

...  r  .  *,  .  Sans  occuper 

car  il  y  tient  la  quantité  toute  entière /;c„. 
auec  fes  dimenfions  5  fans  occuper  lieu: 
toute  en  toute  l'Hoftie ,  &:  toute  à  chaf- 
que  partie,  tant  petite  foit-elle,qui  eft*  ty6*1* 
donner  àfon  corps  Teftre  femblable  à  "2. 
celuy  de  l'efprit  ,  &:  fe  faire  paroiftre 
Dieu  tout-puiiTant.  Ainfi  Dieu  eft  tour, 
partout ,  &tout  en  chafque  partie  du 
monde3&noftreamepar  tout  le  corps, 


i88  La    Manne. 

&  toute  en  chafque  partie  :  le  corps  du 
Sauueur  n'eft  pas  par  tout,eftât  cela  vne 
prerogatiue  refeniée  àlafeulediuinité, 
mais  il  eft  en  plufieurs  lieux  en  mefme 
temps  &:en  toutes  les  parties  de  l'Ho- 
ftie  •  c'eftla  façon  d'eftre  naturellcaux 
**' Jn^  efprits  &  vn  priuileee  donné  à  ce  co  rps 

frenansyn  ^       v  .*  m    f         O  r 

tpre  corpuL  vny  a  la  diuinite,&  puis  que  Dieu  don- 
ne le  pouuoir  aux  Anges  qui  font  efprits 
de  prendre  vn  eftre  corporel,  fe  reueftif- 
fans  d'vrie  figure  humaine,  ou  autre  for- 
me vifible  5  &occupans  place  à  la  ma- 
nière des  corps:  il  ne  faut  pas  doubter 
que  par  contraire  efïày  ,il  ne  puifTe  don- 
nera vn  corps,  mefme  au  fien  déifié,  la 
prerogatiue  d'eftre  enceSacremët  fans 
occuper  place  en  façon  cl'efprit  :  &  ne 
répugne  non  plus  à  la  nature  dvn  corps 
îîejipiusdif-  de  n'occuper de  place,  qu'au  feu  de  ne 
feune  chauffe,  bruiler  poinfparquoy  comme  le  reu  ne 
t^a*  corp de  laïfïli  pas  d'eftre  feu  dedans  lafournaife; 
li^e.  encor  qu  il  ne  bruflaft  les  enfans  He- 

Dan.;.        brieux,aufïi  le  corps  du  Sauueur  nelai£ 
Lx-vir'imti  çc  paS(je  demeurer  toufiours  corps  en  et 

&U  gênera-        r  ;  V 

ttont-,es<on-  Sacrement ,  encor  qu  il  ioit  lans  occu- 
»«"«  *//«»- per place:  &iï  Dieuafaiét  quclavirgi- 
yktn.        nire  demeurait  entière  auec  la  généra- 
tion &  l'enfantement ,  effed  du  tout  ré- 
pugnât à  la  virginité;pourquoy  luy  fera 


La  Manne.  189 

il  difficile  de  faire  qu'vn  corps  demeure 
corps  fans  occuper  lieu  5  veu  que  la  vir- 
ginité Se  la  génération  font  plus  incom- 
patibles d'accord,qu'e(tre  corps  &  n'oc- 
cuper point  lieu  ?  L'Efcriture  no  us  faci- 
lite lafoy  de  ce  miracle,  enleignant  que  _   . 
le  Sauueur  fortit  du  fepulchre  fermé,^^1*' 
&*qu'il  entra  en  la  chambre  des  Apo- 
ftresles  portés  clofes.  Son  corps  donc Lw/;""c*«. 
n'occupa  point  de  lieu  alors,  ou  deux  °an* 
corps  furent  en  vnmefmelieu  aueepe- 
netration  de  dimenfions  ,  qui  eft  vn 
effedaufli  difficile  3  &:  ardu  à  la  nature, 
&:  feulement  dépendant  de  la  toute- 
puifTance  de  Dieu. 

zJJferueilles  es  qualité^  du  corps  du  ' 
Sauueur  en  ce  Sacrement. 

M 

A  lueur.,  la  couleur  &  femblables      5  • 
qualitez  du  corps  du  Sauueur  <^cf%\: 
font  encor  icy  en  prerogatiue  de  *  a  s. 
toute-puifTance  inuifibles à  l'oeil,  ècm-,Le$^tC7i 
cogneues  a  tous  les  autres  fens.  L'œil sau^nm- 
void  bien  la  blancheur  ,1a  langue  gou-?'^'5*"* 
fie  la  fauour  ,  la  main  touche  la  quan-'™" 
tité  5  mais  ce  font  les  qualitez  du  pain 
&:duvin5&:nondu  corosdu  Sauueur: 


igo  La    Manne. 

que  noftre  bouche  prend  fans  aucun 

fcntiment  des  propres  qualitez  dicc- 

luylors  qu'il  conuerfoitauec  leshom- 

Ladiùmté mes  la  diuinité  neparohToit  finonque 

eacbeeen      par  \c  COrps  de  sô  humanité^icy  le  corps 

,  ^or^_  eft  cache  ne  paroillant que  parles  acci- 

chéaux«ca-  dens  du  pain  &  du  vin  :il  tient  fon  coups 

inuifible  fous  ces  accidens  vifibles  ,  fai- 

fant  de  fon  corps  corne  il  vient.  Ainfi  fe 

rendit- il  inuifible  par  miracle  deuant  fa 

refurre&ion,  ainfi  marcha- il  fans  pefan- 

,  teurfurles  ondes-:  ainfi  après  fa  refurire- 

$*umuï*    clion  cacha-il  la  fpendeur  de  fon  corps., 

rn.trch.mt     &difparut  des  yeux  de  Tes  difciples-.ainfi 

f«rïe*«.      mota-il  au  Ciel  fans  pefanteur  de  corps* 

^Admirables  rapports  du  corps  duSau- 
ueur  au  mefme  Sacrement. 

V  a  n  d  vn  corps  eft  en  vn  lieu 
naturellement  5  chafque  mem- 
bre a  (on  rapport  diuers  à  di- 
uerfes  parties  dulieu5Iatefterefpond  à 
vn5les  pieds  à  l'autrejesmains-à l'autre, 
Lesparùes  &  ainfi  du  refte  :  car  il  eft  eftendu:  icy  les 
du  corps  du    parties  du  corps  du  Sauueur  ont  leur 
^ZlTJ  rapport  chafeune  à  leurs  accidens ,  &  la 
sacrement,    teften'eft  pas  qu  font  les  autres  mem- 
bres, de  tout  y  eft  deftincl;  &  à  part,  & 


La    Manne.  191 

neâtmoinsc'eft  toutenvnc  petite  Ho- 
ftie,&:  quelquesfois  en  vne  fi  petite  qua- 
lité duSacrement,qu  il  femble  eftre  im- 
poifible,que  tout  n'y  (oit  #onfufément$ 
auffi  eft-il  impofïible  à  la  nature  de  faire 
vn  tel  efïày  ,  ny  mefme  de  le  compren- 
dre ;  moins  encores  de  l'e^pliquenc'eft 
voftre  v  ertu ,  ô  I  e  s  v  s  tout  puifTant  &c 
fouuerain  maiftre  de  la  nature  ,  voftre 
fçauoir  &  voftre  parole  qui  le  peut. 

Il  y  a  encor  vn  autre  diuin  rapport  de  s^wl^a- 
ce  Sacremët,fîguré  en  la  Manne^carco-  Umentdot 
mela  Manne  cueillie  en  quantité  inega-we*ta"5* 
lefetrouuoittoufioursenegalemefure: 
de  mefme  icy  vne  petite  Hoftie  rappor- 
tée bc  comparée  à  vnegrande, fe  trouue 
égale  ,  parce  qu'en  toutes  deux,  eft  le 
corps  du  Sauueur  ,  auffi  grand  en  l'vne 
qu'en  l'autre  ,  &:  qui  plus  eft  admirable, 
c'eft  le  mefme  corps  :  de  manière  que 
l'égalité  n  eft  pas  feulement  à  raifonde 
laprinfe  égale:  mais  d'vne  mefme  chofe 
ennôbre,àfçauoirducorpsduSauueui;    **»««. 
receu  tout  entier  de  chafeun.  Nous  ad-  zo,lyz: 
mirons  auffi  corne  vn  rapport  merueil- 
leux  envn  autre  genre,  que  la  nuée,  la  ucobmhe. 
colombe, les  langues  de  feu  reprefen-ioan.^.n. 
tans  le  Sainft  Efprit,faïfoyent  vne  cho-%^" 
fe  :  admirons  que  les  efpeces  vifibleSAft .1  ?. 


igi  La    Manne. 

rapportées  au. corps  du  Sauueur,font 
affinée*  vn  Sacrement  /  Admirons  que  félon 

femme d  A-      «.  t»  ..    n    ■•/«-'  « 

Mm.  diuers  rapports  ,  hueeltoitvn  furgeon 

d'Adam  ,  &  prefque comme  fille, eftant 

extrai&cde  fon  corps,  &  neantmoins 

femme,pour  autre  regard, item  que  le 

li  s  v  s-     Sauueur  eitoit  Fils  delà  Vierge  à  raifon 

uu&  ^«  ^e  *°n  humilité  ,  &  Père  de  la  mefme 

délavée.  Vierge  rapportée  à  la  diuinité  :  fi  nous 

admirons  la  comparaifon  de  ces  cho- 

{es:  certes  entendans  les  rapports  qui 

font  en  ce  Sacrement  d'vn  grand  corps 

àvnfipetitefpace  des  membres  entre- 

eux,&:  d'iceux  aux  accidens  vifibles, 

nousauons  dequoynous  efmerueillcr, 

ôc  en  noftre  menîeille  magnifier  la  puif- 

fance  de  noftre  Dieu! 

Admirables  délions  du  corps  du 
Sauueur. 

*3 

5.      -vlvS^'A  ctio  n  du  corps  du  S  au- 

Catcgor.     JK/^  ueur  eft  icy  diuinement  admi- 

«œ*  rable  :  car  il  nourrit  (ans  eltre 

digéré,  il  nourrit ,  non  comme  les  vian- 

.  s  des  corruptibles  pour  vn  petit  efpace 

//  nourrit  a  *       .     .   . r         .     v     . *  Y    ' 

l'immortalité,  de  temps,mais  a  ïamais  aummortahte: 
car  il  met  au  corps  vn  germe  pour  le  ref- 

fufcitdi 


La    Ma-nne*  ig j 

fufciter  vn  iour  glorieux  :  &Iaprefenc« 
de  ce  corps  donne  encor  vertu  de  nour- 
rir aux  accidcs3ce  qu'ils  ne  pourroyent 
taire  naturellement  fans  fubftance.   CeL«  *aid<?t 
corps  déifié  monte  encor  plus  haut:  c^xnomiiïenî- 
il  nourrit  Tefpritj  &:  agit  en  l'efprit ,  pre- 
rogatiue  niée  à  tout  autre  corps  :  f\  bien  ,  ^own* 
que  comme  il  eft  icy prefent  à  guiie  d'ef-    *nU 
prit,  auffi  agit-il  en  façon  d'efprit, 5c  pé- 
nètre l'ame  par  ion  aétionj'embellitj'il- 
lumine,  la  rend  chafte3&:Iuy  graueles 
autres  ornemens  fpirituels.  Si  l'arbre  de 
vie  refaifant  le  corps, &  la  Manne  chan- 
geant le  goufl 5  eftoyent  admirables  en 
leuradion  :  combien  plus  le  corps  du 
Sauueuren  lafienneen  ce  Sacrement? 
car  ceux-là  if  agifïbyent  qu'aux  corps, 
&:  ce  corps  agit  au  corps  &  à  lame, 
pour  l'immortalité  &  pour  la  félicité 
enfemble  3  comme  venons  de  dire. 

Le  corps  du  Sauueur  impafîible. 

t4 
E  corps  du  Sauueur  en  ceSacre-  #* 
ment  n'endure  aucune  lefion,  p"*^0"* 
bienquilpuiffecftre  iniurié  par 
les  âmes  lafches  qui  le  prennent  indi- 
gnement ,  ou  par  la  mefcreancc  des  in- 
fidèles qui  font  iniUre  aux  lignes  exce- 

n 


194  ^ A    Manne? 

Sap.1^.17.  rieurs  5defquels  il  eft  vcftu  ,  comme  le 
Roy  de  fa  robbe^Royale.L'impaiïibi- 
litéde  la  Manne  refïftant  au  feu:  &  fe 
conferuant  le  Samedy  fans  corruption, 
qui pourrifïoit  aux  autres  ioursd'impaf- 

Exod lu.  fibilité  du  buifïbn  ne  fe  confommant 
point,  quoy  qu'il  fuft  enueloppé  ^lela 

LesUbiti.    flamme  :  Wmpafïibilité  des  habits  des 

Dcuc.  1.^.5.  Hebrieuxqui  durèrent  entiers  l'efpace 
de  quarante  ans  au  defert  fans  eftre  vfez 
ny  accouftrez  :  toutes  ces  impaflibilitcz 
furent  admirables, mais  celle  du  corps 
du  Sauueur  paffè  la  merueille  de  toutes: 
car  en  toutes  ces  chofes ,  il  y  eut  en  fin 
delà  corruption  >icy  il  n'y  en  a  aucune 
&  n'y  en  peut  auoir  quelque  chofe  qu'il 
aduienneaufignevifible-  L'Hoftiefera 
diuifée  en  plufieurs  parties,le  corps  n'en 
fera  pas  pour  cela  diuifé3mais  demeure- 
ra entier  en  toutes,  comme  le  vifagefe 
voit  entier  en  toutes  les  pièces  du  mi- 
roir rompu.  L'eftomac  digère  lesefpe- 
ces56c  ne  digère  point  le  corps  :  les  efpe- 
ces  s'efuanouïffent  en  vnlieu5le  corps 
laifTe  d'y  eftre  :  mais  il  fe  trouue  ailleurs 
où  le  Sacrement  fera.  Les  efpeces  peu- 
uent  eftre  bruflces  du  feu  5  rongées  de  la 
befte  5  foulées  aux  pieds  :  mais  le  corps 
efttoufiours  impaffible^hors  déportée 


Là    Manne.  ïpy 

de  lefion  6c.de  corruption  5  retenant 
toufîours  fa  gloire  &  (on  immortalité* 

Il  éfl  enptufîeurs  lieux  en 
rnejrne  temps* 

E  lieu  du  Paradis  terreftre  eftoit  7. 
cres-beau  ,  commeiiaefté  di&,  careSoriâs 
<5c  comme  il  ne  fepeut  dire,  & 
la  demeure  d^damen  iceluy  delicieu- 
fe5  &  l'vn  &:  l'autre  plein  demerueille,' 
mefmeà  raifort  de  l'arbre  de  vie.  Icy 
le  fécond  Adam  eftenfon  Sacrement, 
comme  caché  en  l'ombrage  de  fon  Pa- 
radis ,  eftant  luy  feul  l'arbre  de  vie ,  &  le 
Paradis  des  âmes  dont  il  eft  fefpoux  :  Se 
tout  efticy  admirable.LeSauueuryefï, 
ic  il  eft  au  Ciel  enfemble.  Il  eft  au  Ciel 
en  (on  règne  tenant  place  comme  les 
autres  corps  ontla  leur  naturellement» 
Il  eft  icy  d'vne  façon  furnaturelle  logé 
petitement  àlamefure  des  efpeces  des- 
quelles il  eft  affublé  pour  conformer  fa 
grandeur  à  noftre  pctitciïe ,  &  fa  puif- 
fance  à  noitre  infirmité,  combien  que 
fon  corps  nefoiten  rknamoindry  par 
la  petiteife  du  lieu5ains  demeure  aufïi 
grand  qu'il  eftoit  en  la  crois. Q^i  pour- 
ri ij 


iç6  La     M  ANNE, 

cmmtntu  ra  vojr  cecy  fans  les  yeux  de  lafoy  ?  èc 
•Jr*/*  m    qui  pourra  encor  comprendre  cornent 
$vfitun      envnmefmeinftant,  ilfetrouueendi- 
""*'         uers  Autels,  en  diuers  païs,  &  en  la  terre 
&  au  Ciel  ?  certes  perfonne  :  mais  celuy 
qui  eft  fidèle  le  croit  5  encor  qu'il  ne  le 
comprenne  point^par  ce  que  lEfcriture 
leluyenfeigne:  c'eft  elle  quidiétquele 
Ma«.i^.     Sauueur  dôna  fon  corps  à  Tes  Apoftres, 
Marc.H,    Jifant Cecy  estmon  corp  sDdu- 
quel  antécédent  s'enfuit  qu'il  eftoiten 
diuers  lieux  en  mefmc  inftant  :  il  eftoh 
au  fien  naturel.naturellement  3  &facra- 
mcntallement  en  autant  d'autres3qu'il  y 
auoit  d'Apoftres  quile  prenoyent.  Il  le 
faut  donc  croire  quoy  que  le  iugement 
humain  ne  le  puifTe  entendre.     S.  Paul 
afleure  comme  le  (cachant  qu'il  a  efté 
s  Vaiti       rauy  au  troifiefme  Ciel  :  &  toutefois  il 
ra»y.         confeffe  ne  pouuoir  comprendre  com- 
i.  or.  11.2.  ment  .  àiçauoirficefut  en  corps  &en 
ame  >  ou  en  ame  feulement:  &    nous 
croyons  ce  qu'il  diâ:  3  quoy  quil  nous 
femble  difficile.  Le  Sauueur  did  à  plu- 
sieurs prenez^  ,Cecy     est    mon 
corp  s.,& par  côfequcnt5il dit,qu'il eft 
en  plufieurs  lieux  5  le  meferoions-nous 
donc  5  parce  que  noftre  capacité  ne  le 
peut  comprendre  ?mefurons-nous  les 


La  M  an  ne^  197 

œuures  de  Dieu  par  la  hauteur  de  noftre 
tefte  ,  rauiflànt  le  fceptre  va  fa  tout e- 
puiffante  main,  pour  mettre  en  crédit 
l'infirmité  de  noftre  iugement?S.  Paul 
ne  pouuoit  entendre  comment  il  auoit 
efté  rauy?laifïbit-il  d'auoir  efté  rauy  ?  &: 
nous  fçachans  encor  moins  que  luy 
comment  il  a  efté  rauy,laiflons-nous  deu  w.^ 
le  croire?  &  fi  nous  fçauons  qu'vne  mef- 
mevoixcnvn  mefme  moment  donne 
toute  entière  à  dix  mille  oreilles,  que 
noftre  ame  eft  toute  entière  en  diuers 
lieux  du  corps  3  qu' Abacuc  s'eft  trouué 
en  mefme  heure  en  Babylone  &  enlu-Abacne. 
dee  lieux  diftans  de  plus  de  cent  lieuës3DanI4-3*» 
pourquoy  ferons-nous  des  difficiles  de 
croire  icy  l'aiTernô  de  la  parole  de  Dieu  ? 
Nous  voyons  encor  tous  les  ioursque 
les  cftoilles  qui  font  au  milieu  du  Ciel 
font  en  vingt-quatre  heures  en  tous  les 
endroicts  du  Ciel ,  qui  eft  pi  us  que  fi  vn 
oyfeau  voltigeant  au-tourdela  terrefe 
trouuoit  vingt  &*  trente  fois  en  vn  de- 
my  quart  d'heure  auLeuât  &  au  Ponât, 
&  en  tous  les  endroicts  qui  font  entre 
ces  deux  efpaces  :  eftimerons-nous  que 
la  puiiïànce  de  Dieu  foit  courte  pour 
faire  que  fon  corps  foit  en  diuers  en- 
droits ?  croy  ez-donc  âmes  Chreftien- 

n  iij 


198  La    Manne. 

nés  à  la  parole  de  voftre  Dieu  tout-pùîf- 
fant,&:  fidèles  admirez  en  ce  fai&foa 
admirable  puiflance. 

Le  corps  du  Sanueur  dejjus  les 
loix  du  temps, 

16 

E  temps  coule  par  fucce(Tion 

&:  regete  tout  en  ce  bas  mon- 

de  :  mais  quand  Dieu  créa  le 

**• .  monde  3  le  temps  commença 

o'va'n-  uns  prefeancede  temps,  &:ne  fucceda 

x>  q.         point  au  temps ,  ains  il  commença  fim-^ 

plemenû  alors  :  ce  mefme  Dieu  a  mi? 

quand  il  luy  a  pieu  la  bride  au  temps,  &ç 

l'aempefché  de  confommerles  chofes 

£W^4j;t5fubieétesàfadent,   Les  habits  des  He- 

*>nftruez.     brieux  furent  conferue?  tous  entiers, 

eut.^,5.  coiTjmeilaeftç  di&,refpacedequaran-r 

te  ans,&:  fe  mocquerent  du  domaine  de 

ce  ronge-tout;  le  petit  coufîndefirinç 

Çz  la  fiole  d'huyle  de  la  vefue  nourrifiie-r 

xç.  d'Heliejdura  plufieurs  mois, qui  ne 

pouuoitfuffirequ'vn  iour  :1a  Manne  fe 

vhmUl       çorrompoit  en  vingt-quatre  heures  ,  &: 

\  cgA7°    tenait  bon  quarante  huift  heures,  ve- 

L*\Ume nantie  Sabbat  ;  voire  ençordura  piu- 

durapi».      fieursfieclesconferuée  dedans  l'Arche 

heurs  Jtedes.  '  t, 

Hcb.9.4.    envne  cruche  d  pr.  Ces  œuures  eltoy et 


La    M  an  ne,  199 

admirables  :  mais  leSauueur  fe  mon- 
ftre  en  fon  Sacrement  beaucoup  plus 
admirable  qu'en  ces  ceunres-là  :  fon 
corps  fe  treuue  prefent  en  l'Hoftie  auffi 
toft  que  les  paroles  de  la  confecration 
font  acheuées3&:fe  trouueen  vn  mo- 
ment fans  attache  d'aucun  temps  pré- 
cèdent ,' à  la  façon  que  le  mode  fe  trou- 
ua  faidt  &  le  temps5fans  qu'aucun  temps 
eut  prcallablement  précédé.  La  prefen- 
ce  de  ce  corps  dure  en  vertu  de  cefte  pa- 
role, comme  en  vertu  delà  mefme,  la 
production  des  créatures  continue  & 
continuera  iufques  à  la  fin  du  temps,  ne 
fe  monftre-il  pas  donc  en  ceft  endroicT: 
tout-puifTant  maifhedela  nature  5no- 
ftre  Rédempteur? 

De  l'afiiete  admirable  du  corps  du 
Sauueur  au  Sacrement. 

7      9. 
Ovs  auons  cy-deflus  touché,  categona 

l'admirable  afïiete  du  corps  dus  l  TvM 

Sauueur  en  ce  Sacrement,  &:  deE 

tant  plus  que  nous  y  penfons  de  tant  D//?/w^0„ 

plus  auons  nous  de  quoy  admirer  la  di- deimenbm 

ui  ne  vertu,  &côfefrernoftreinfuffifan-^^HT1' 
ceencepoincx  corne  aux  autres.  TouSript. 
les  membres  font  icy  diftin&s  Tvn  de 

o  iiij 


7C6  La    M  a  n  n  e^ 

l'autre  ;  ayans  leur  propre  rapport  entre 
eux ,  quoy  qu'il  en  foit  des  accidens  du 
pain&  du  vin:  qui  n'admirera  la  gran- 
deur de  Dieufaifant  vne  telle  diftindio 
de  membres  j  retenans  leur  quantité  en 
vn  fi  petit  efpace  ?  les  referrans  en  vn 
petit  poin<S5  &:  leur  laiffantle  large  de 
leur  dimenfion  Se  capacité?  &  qui  ne 
s'efmerueillera  encores  de  voir  qu'on 
tourne  l'Hoftie,  qu'on  la  haufle,  qu'on 
Tabaifle ,  &  que  ce  corps  diuin  fe  tienne 
toufiours  ferme  en  ion  entre-jent?  & 
ziSqUI.  que  combien  qu'au  mouuement  du  Sa* 
crementil  change  de  place  ,  qu'il  ne 
châge  pourtant  !a  fituation  d  e  (es  parts? 
Nous  voyons  quelque  chofe  fembla- 
ble  au  Ciel  :  car  tout  ainfi  que  le  Soleil 
eft  toufiours  fur  la  terre  ,  encor  qu'il 
nous  fcmblegyrant  fous  la  terre  Anti- 
pode 5  eftre  fous  nos  pieds,  de  mefme 
par  femb!ance3encor  que  les  parties 
delà  quantité  de  l'Hoftie  changent, 
neâtmoinsles  parties  du  corps  duSau- 
ueur  demeurent  en  leur  arroy  de  Ma- 
jefté.La  raifon  humaine  admire  Dieu 
en  l'aiïîete  &  mouuement  naturel  de  ce 
grand  corps  celefte,  icy  lafoy  extolle 
la  grandeur  de  Dieu  en  la  pofture  ad^ 
mirable  du  corps  déifié  de  fon  Fils, 


La    Manne.1  201 

Les  habits  du  corfs  du  Sauueur. 

iS 

D  AMcnfon  innocence  eftoit      10. 
richement  veftu,  &toutesfois^gona. 

..  ,y-  •  r,   Habere. 

nud5&:  après  quileutorrenie, 
fut  affublé  d'vne  pelifTe morte  &neant- 
moins  rendu  nud5toutcecy  eftoit  ad- 
mirable: car  comment  eftoit-il  habillé 
&  nud.nud  &  empeliffé  enfemble?C'eft  L'ameitt(ie 
qu'en  ce  premier  eftat5ilauoitramere-nckeme»* 
ueftuë  de  toute  forte  de  beaux  habits,  ye^ue' 
de  iuftice,de  chafteté,de  charité,de  for- 
ce ,  de  tempérance  3  &  d'autres  fembla- 
bles  accouftremens  5  &  n'en  auoit  au- 
cuns fur  le  corps  ,  auffi  n'en  auoit-il 
pas  befoin.  Quand  famé  fut  defpoùillee  J^*^* 
de  fes  habits  ,  elle  fut  honteufe  de  fa  nu- 
dité &  de  celle  de  fon  pauure  corps, 
qu'il  fallut  couurir  5  pour  couurir  au 
moins  vne  partie  de  la  honte  de  l'ame: 
donc  Adam  eftoit  veftu&:nud3nud&: 
veftu  par  diuerfes  confiderations.  I/an- 
tithefe  efticy  plus  diuine  &"  plus  mer- 
iieilleufefans  comparaifon  :  carie  corps 
du  Saiïueurn'aaucuns  habits,  &titèàni-Leeo ^fc 
moingstoufiours  très  -  richement  veAu^s^e»?. 
mais  c'eft  de  fes  diuins  habits  de  gloire 
immortelle  :  il  cft  luifant  par  fa  lueur 


202  La    Manne. 

en  vne  cruche  d'or.  Ces  œuures  eftoyét 
plus  que  le  Soleihplaifant  par  fa  beauté, 
plus  que  tous  les  aftres  :  admirable  en 
cela,&  admirable  encor  dequoy  il  cou- 
ure  cefte  fiéne  robbe  de  gloire3&  prend 
celle  du  pain  &  du  vin  5  cachant  laMa- 
jefté  defaprefence  foubs  ces  efpecesvi- 
fîbles  pour  fe  familiarifer  à  noftre  ca- 
Comparai-  pacité  :  toutainfi  quilcachoit  fa  diui- 

foodel'incar-     •    /  r      ï       i  i  n 

natio»auec  niteioubs  le  manteau  denoftrt  nature 
VEuchartjiie,  humaine, ne  paroifTant  qu'homme, & 
£m£w!"*neantmoins  cftant  Dieu  &  homme  en- 

jatnets  tercs.  - 

iemblement  pour  nous  faire  iouïrdefa 
douce  conuerfation  :  ainfi  la  Manne  fi- 
gure de  ce  myftere  mefmeence  poin<ft 
eftoit  couuerte  de  deux  rofées^dont  IV- 
uMannenc  tomboit  deuantla  Marçne5luyser- 

entre  deux  1  •      .  i         j, 

rofées  cy^f  uantcle  première  couche,  l'autre  après, 
jmat*'t*-     comeilaeftédiét.Voyla  cornent  Dieu 
lUau.        s'eftmonftré  en  ce  Sacrement  Seigneur 
fouuerain  delà  nature  vniuerfelle. 

Comment  FEuchariflie  efi  <vn  recueil 
des  merueilles  de  Dieu. 

i? 

Est-ce  pas  donc  vn  abrégé 

des  merueilles  de  Dieu  que  ce 

■diuin  myftere  ?  &:  Dieu  ne  s'eft- 

[1  pas  fait  voir  admirablemët  admirable 


La    Mannl  203 

en  ceft  abrégé  merueilleux  fîiamaisen 
aucune  autre  fienne  œuure?Il  a  faict  pa- 
roiftrefagrâdeuren  deux  générales  fa- 
çons, Fvne  en  faifant  desmerueilles  à 
parc ,  l'autre,  qui  eft  la  plus  diuinc,  en  les 
affemblanncomme  vn  Muficien  quino  *****$** 
feulement  fçait  debeaux  airs  tous  feuls, 
mais  auffial'art  &la  grâce  d'en  mettre 
plufieurs  enfembîe  ,  &  feruir  l'oreille 
d'vne  riche  &:  nombreufe  harmonie 
compofee  de  diuers  accords  appointez. 
Apres  qu'ilfe  fut  monftré  merueilleux L%cmmepe„ 
en  la  production  de  mille  créatures,  iltitm^de. 
fit  l'homme  recueil  de  toutes -.ilafaift 
depuis  le  mode  créé ,  mille  &  mille  œu~ 
ures  admirables  fur  le  commun  cours  r  ,  •  ,, 

Le  [>o !S  inAX}- 

de  la  nature: tantoft  en  la  fubftance  des^c'. 
chofes^tâtoftaux  accidens:il  a  changé,  E*od.3.& 
comme  nous  aupns  dict,  le  bois  .en  fer-  iofû.io.i*. 
peut,  changeant  la  fubftance  &  les  ac-  Lefi»- 
•cidés,&:par  mefme  forte  de  merueille,^  e3,1" 
les  eaux  en  fang  :  il  a  arrefté  le  cours  du  Le  fer. 
Soleil  contre  l'impetuofité  de  fon  ex-4Regf^ 

rr     -i         r  •  n      1     -  1        1       r       Les  ténèbres, 

rremeviteile:il  a  raicT:  defeendre  le  feu  Exô.io.«. 
du  Ciel  contre  fa  légèreté:  nager  le  fer  L^™*«- 
furfeau,  contre  fa  pefanteur. ,  obfcurcy  Nmâ.|«fj 
le  vague  de  l'air  par  ténèbres  extraordi-  5^ 
naires^rendugayablela  mer  dedans  fes 
abyfmes3ouuerr  le  fein  de  la  terre ,  con-? 


204  La    Manne^ 

tre  fa  folidité:fai6t  en  vne  nuid  germer, 
rieurs.       fleurir2&:  porter  fruiét  à  vn  boisfec  con- 
Num.  i7. 8.  tre  la  fterilitétfaift  parler  les  beftes  con- 
^anejjcpar-  ^  ^cur  capacité.  En  fomme  il  a  mon- 
Num.2i.3o-ftré  qu'il  eftoit  Seigneur  delà  nature, 
faifant   des    œuures    furnaturelles  fur 
toutes  les  pièces  d'icelle.-mais  eftant  Ve- 
nu en  propre  perfonneen  fon  monde, 
&  voulant  fe  partir  du  monde  il  a  laifTc 
vn  miracle  feul  en  grandeur  au  monde, 
&:  chef-d'œuure  digne  de  fa  main ,  &  de 
fa  mémoire,  contenant  feul  le  recueil  de 
toutes  les  merueilles  qu'il  fit  iamais5foit 
en  créant  le  monde  par  fa  toute-puifïàn- 
te  parole,  foit  en  le  gouuernant  par  fa 
diurne  fagefTe  5  foit  enleconferuantpar 
fa  bonté  infinie:  recueil  contenant  fon 
corps  précieux ,  Se  furpaffant  le  prix  de 
mille  mondes:  recueil  oùilfefaift  ad- 
mirer ,  comme  fouucrain  maiftre  de 
toute  créature  ,  commandant  àlafub- 
ftance  des  chofes   &:  à  leurs  accidens  : 
commandant  aux  dix  rangs  Catégori- 
ques,aux  dix  Ordres,c  eft  à  dire ,  à  tous 
les  Ordres  del'vniucrs.  Dauid  confide-  - 
Pfal.g.i.     rantladiuerfité&  beauté  des  créatures 
s'eferia  difant ,  0  Seigneur  que  ton  nom  efi 
admirable  par  toute  la  terre  :  mais  confide- 
rant  ce  futur  myftere ,  il  chanta  d  vn  au* 


La  Manne.  205 

tre  ton  difant ,  Le  Seigneur  a  faiSl  "V#  mé- 
morial de  fes  merueilles^  &:  adioufte  pour  pralm-110- 
déclarer  quel  ilefr,//  a  donné  a  manger  l 
ceux  qui  le  craignent.  C'eft  fon  corps  qu'il 
donne  à  (es  enfans  :  car  les  viandes  du 
monde  commun  3  il  les  donne  aux  be- 
fies  5  &  aux  hommes ,  bons  &  mauuais: 
ce  corps  il  l'a  donné  à  facherc  mereEf* 
poufej  appreftéen  ce  Sacrement  auec 
l'appareil  de  toutes  Ces  merueilles5vray  e 
marque defa  grandeur,  vraye  Manne, 
porte-nom  demerueille,  vray  pain  des- 
cendu du  Ciel:  vray  <don  tiré  des  plus 
grands  threfors  de  fa  toute-puiflante  fa* 
gelTe ,  &:  de  fa  toute-fage  bonté. 

Comme  Ufoy  prend  force  de  ce 
Sacrement. 


20 


ÏÉ&??  E  premier  pilotis  &  article  de  LePrm'er 

^l<^l         n.         r  >    n      j  •  article  deno- 

j?I|K^noitrc  roy5  ceit  de  croire  en  jiï8crc<wce. 
^^-^  Dieu  tout-puiflant  :  car  par  la 
commence  noftre  Credo^  fur  cefte 
bafe  s'appuye  le  fondement  de  tous  les 
autres  poinôts  de  noftre  religion.  Or  la 
foy  de  ceft  article  eft  admirablement 
exercée  D  aydée  &  augmentée  en  la  pra- 
tique de  csdiuin  myftere  :  car  autaot 


ïo6  La  M  Anne* 

de  fois  que  nous  communiôs,  que  iidtfS 
oyons  la  MeiTe,  que  nous  participons 
ou  encor méditons 5  ce  facré  banquet: 
autant  de  fois  croyons-nous  que  Dieu 
efttout-puifïant,  ayant  faiét,  &:renou- 
uellant  tous  les  iours,  par  fa  tôute-puii* 
faute  parolle  3  la  merueille  de  (on  pré- 
cieux corps  5  auec  leftonnement  des 
Anges  &des  hommes ,  &:  de  l'vniuer- 
f  elle  nature:  autant  de  fois  plions-nous 
àl'ohehTance  de  la  foy  i  l'humilité  de 
nos  fens  &:  iugement,  qui  ne  voyent  icy 
s.tdftm  goutte:  autant  de  fois  acquerons-nous 
sîhcnce.i.  nouuelle  force  5  &:  nouuelle  grâce ,  à 
4-C34-       croire  la  toute  puifsâce  de  noftre  Dieu. 

liomlô  C'cft  Pourclu°y  lcs  feinéts  Pères ,  fain& 
ad  pop.  '  Iuftin3fain<ft  Irenée,fairiél  Chryfofto- 
Ancio.  &  me5fain<3:  Ambroifc,  faind  Cyprien, 
MaTth?:"1  faind  Auguftïn  &  autres  Dofteurs, 
s.Amb  I.  prefehent  toufiours  la  toute-puhTance 
demmat.    dc  Dku  fur  j       Q        dc  l'Euchariftic, 

mylt.c.9.  r         t 

s  Cyp.l.de  Se  rappofent  aux  hérétiques  comme 
cœn  ^om-  marque  certaine  d'iceile  puilTance,  ÔC 
pfal.jf.111  comme  les  Patriarches  &  Prophètes 
voulans  môftrer  que  Dieu  cft  tout  pui(- 
fantj'appellét  Créateur  du  Ciel  &  de  la 
terre3de  mefmes  voulans  les  fainds  Do- 
cteurs extoller  la  toute-puifTance  du 
Sauueurjmecrentensiuant  ce  lien  chef- 


La    Manne^  207 

d'œuure.  Et  comme  le  diable iadis  per- 
fuada  &  fit  efcrireà  quelques  infcnfez^/^ 
Philofophes ,  qu e  le  monde  n'auoit  pas  éffiibifr  u 
efté  créé, mais  qu'il  eftoit  éternel  &fans^i'/-  , 
commencement,  pour  aitoiblir  dau-i?,». 
tant  la  fcy   de  la   toute-puhîance  du 
Créateur  :  de  mefmes  a-il  fufcité  en  nos 
fiecles  des  errans ,  qui  nient  la  prefence 
du  corps  du  Sauueur  en  ce  Sacrement  : 
afin  d'effacer  par  leur  herefie  la  plus  no- 
ble marque  de  fa  toute-puifïànce,&  ren- 
uerferle  plus  fort  pilotis  de  noftrefoy, 
&  le  plus  bel  ornement  de  la  Religion 
Chreftienne. 

De  la  bonté  du  Sauueur  en  ce 
Sacrement. 


21 
pft^A  contemplation  de  la  puif> 
Ëgjfà^.fance  de  Dieu  nous  faid  ad- 
^mirer  &  aymer  :  nous  auons 
donné  quelques  enfeignemcns  de  (à 
puiflànce  en  (on  Sacrement,  difonsvn 
mot  pour  y  marquer  la  bonté.  Vn  pro-  mtHre\ji 
pre  argument  d'amour  eft  de  donner  de  donner. 
fes  biens  pour  le  profit  de  celuy  qui  les 
reçoit  :  ainfi  Dieu  a  monftré  à  l'homme 


2o8  La    Mannè. 

de  l'aimer Dluydonnant  Tertre,  &de  mon- 
de créé.    Vn  argument  de  plus  grand 
amour,  c'eft  de  donner  de  fa  fubftance* 
celuy  qui  donne  de  fon  fan  g  propreté 
monftre  plus  amy  que  celuy  qui  faicl: 
Amom de  ^  vn  prefent  de  fa  bourfe.    Dieu  a  donné 
An  fis.  '     f°n  Filsvniquc/ubftancedefafubftan- 
sic  Dcus     ce,  &  ce  Fils  s'eft  donné  à  nous ,  alliant 
loan!?'.uT  fa  diuinité  auec  la  famille  de  noftre  pcrc  | 
Adam3&  fe  faifant  noftre  frère  pour  no- 
ftre  falut,  pouuoit-il  plus  eftroi&ement 
&:  plus  amoureufement  fe  donner  que 
fe  donnant  tout  à  nous,  &:fe  faifant  vn 
au ec  nous  ,  pour  nous  déifier  auec  luy 
&:  faire  héritiers  de  fa  gloire?  Or  com- 
me en  Fincarnation  il  a  fai&  don  de 
toute  fa  diuinité  à  l'homme  3  ainfi  de 
toute  fon  humanité  en  ce  Sacrement.il 
l'a  donné  à  la  mort  vne  fois  en  facrii 
fice  fanglant  pour  noftre  rédemption* 
Il  la  donne  icy  tous  les  iours  en  facri- 
fice  non  fanglant,  &en  viande  pour 
nous  appliquer  le  fruiâ:  de  cefte  rédem- 
ption*    lia  marié  fa  diuinité  à  noftre 
humanité  5  quand  il  s'eft  faiâ  homme; 
Màtth.ui  ^  marie  fon  humanité  à  la  noftre^quand 
3-4»  il  fe  donne  icy.     C'eft  pourquoy  ce 

Sacrement   eft  appelle  feftin  de  nop- 
ces:  Car  la  chair  du  Sauueury  eftfain- 

âement 


La    Manne*  309 

Ûemcnt  vnie  auec  la  noftrc  pour  la  ren- 
dre chafle  &  fertile  enfembleà  produi- 
re de  belles  a&ions^&la  mefme  chair 
eft  le  plat  du  feftin  pour  engrefler  nos 
âmes  des  celeftes  vertus, &  donner  ffm* 
mortalité  à  nos  corps.  OdouxÏEsvs 
quelle  eft  voftre  bonté:  &  quelles  font 
vos  amours  icy  ?  dédaigner  vousioin- 
dre  par  deux  fi  eftroi&s  nœuds  ,  de  ma- 
riage &  de  viande,  auec  fi  baffes  &fi 
chetiues  perfonnes  que  nous?  le  Sei- 
gneur auec  le  feruiteur  ,1e  Roy  auec  les 
vafîàux  ,  Dieu  auec  les  créatures ,  Dieu 
auec  les  pauures  pécheurs/  Et  quel  eft 
voftre  amour  en  ce  diuin  mariage  &  en 
cefte  nourriture  ?  Quel  R oy  voulut  on- 
ques  efpouferfaplus  pauure  vaflale,  ÔC 
quel  père  aliméterde  (on  corps  (es  en- 
fans  ?  les  mères  nourrirent  voirement 
leurs  enfansdeleurlaiét,quieftvn  fang 
blanchy,  mais  quelle  mère  nourrit  on- 
ques  Ton  enfant  de  fa  propre  chair  t  ô  £«/*'# 
diuin  mariage  :o  dium  banquet  !  o  ma-;^* 
lingabufiur  ôc  immortel  ennemy  des 
hommes,  qui  as  troublé  ces  nopees  &£,^^^ 
ce  banquet  5  fnppofant  au  lieu  du  vrayjp*«;«i 
Efpoux  &  du  vray  Dauid ,  &  au  lieu  de  WK" 

CL  \        ■        J     'CL  TJ      1         J  '       ,Pa>MickcL 

celte  chair  deinee,  vne  Idole  de  pain!  1  pv-g.,i?. 
mais  c  eft  en  l'Eglifequc  fauflement  tuw- 

o 


21  o  La    Manne.* 

1  as  fai&  appeller  reformée, que  tu  as  fup« 


cnans. 


poic  cefte  Idole,  &  non  en  VI  glile  de 

Dieu,  Eglifede  ceux  qui  ont  mieux  ay- 

mé  prelter  l'oreille  à   la  vanité  de  tes 

.  m eteries, que  croire  auxparolesde  veri- 

omnective-   tc> non  a  CC1^C  vraye  colomne  de  vente, 

'té.  efpoufe  qui  ne  peut  errer  afliftée  de  fEf- 

i.Tim.3.1;.  prjc  ver;tai)je  >  qUi  cognoifttrop  bien 

lonefpoux,favoix,fon  meintien,&4bn 

entre-jentj&fçaitle  bon  mets  de  fa  ta- 

Emanvel.  ble,-&  n'a  garde  de  le  quitter.    Quico- 

EÙ7.14.     gnoiftle  Fils  tout-puifTant  ,fai£t  pour 

lo^inut-  nous  Emanvel,  c'eft  à  dire  Dieu  auec 

nation.  .  ^  .  .    _ 

noiti^loïs,  qu  il  s'en  faict  homme ,  viuant 

aucc  nous ,  parlant  auec  nous  en  propre 

perfonne  ,  mais  fpecialemcntfe  donnât 

Enficonmr-  àaous  en  ce  nuptial  banquet  ,  c'eft  icy 

fatton.         Q,^  jj  £^  pjus  que  jamajs  Emanvel: 

carenconuerfantauec  nous  mortel  de 
vifible,ilnele  fut  qu'vn  peu  de  temps,  ; 
auec  moindre  vnion  5  auec  peu  de  gens 
vc  ,      &  en  la  feule  Iudée.  Mais  par  ce  Sacre- 
r//?^.  ment,u  elt  touhours  trcs-eitroictemcnt 

vjiy  auec  nous,  comme  cfpoux  &:  com- 
me viande  auec  tous  ceux  qui  fe  veulét 
marier  auec  luy,  &:  en  prendre  leur  réfe- 
ction :  &cenon  en  vn  pais  feulement, 
mais  en  autant  de  lieux  que  celte  Eglife 
Catholique  &  vniuerlcllc  adore  ce  fien 


La    Manne.^  in 

Efpoux5  depuis  le  Leuant  iufques  au 
Ponantjdu  Midy  au  Nort,  &  par  toute 
la  terre.  Vn  marié  quandil  fe  part  d'auec 
fafemme5vnpere  d'aueefes  enfans3vn 
amy  d'aueefes  amis fignifie plus  queia- 
maisfon  amour faidfc  vnfeftïnjainevne5'^"^ 
bague  pretieufe3&  monftre  qu'il  fe  vou-™"^^ 
droit  laifTerfby-mcfme  prêtent  s'en  £j£r»fr*ft»i. 
lant3s'il  pouuoit  eftre  en  pi u fleurs  lie UxLa^ence% 
à  la  fois.I  e  s  y  s-C  h  r  i  s  t  a  accomply 
tout  cecy  dvne  façon  diuine:  car  à  la 
veille  de  la  paillon  6c  de  fon  départ  de 
ce  monde,il  monftra  fon  ardent  amour Ioan*  li- u 
à  fes  en  fans,    seyant  ayme^  les  fiens  qui 
.eftoientdu  monde  jl  les  dymd  à  la. fin  '  :  c'eft  à 
dire,  leur  monftra  fon  amour  plus  que 
iamais.  Le  mefmeSauueur  fit  fon  ban-  Lifeftin< 
quet  auec  fînguliere  lignification  d'à-  ■ 
m  o  u  r ,  di fa n  t  :  / 'dy  grmdem et  defire  de  ma  't  - 
gerceJlePdfcjue  dueeveus ^ non  la  Mofaï- 
que5  mais  la  vérité  delà  Mofaïque^eftâc 
luy-mefme  l'Agneau.  Finalement  il  a  Laya(tHfm 
laîfTé  pour  bague  &  mémorial  fon  prq- 
pre  corps,  & foy-mefme pour  eftre  tou- 
fîours  prêtent  auec  fes  amis  en  la  ma- 
nière fufdi&e  j  6c  leur  eftre  toufiours 
Emanuel. 

oij 


i\ï  La    Manne^ 

La  charité  enuers  Dieu  ^J  entiers 
le  prochain  yaydéepar  ce 
Sacrement. 

22, 

lia  libéralité  attire  les  cœurs5fi  la 
table  faid  les  amis  :&  fi  l'amour 
engendre  ramour,qnelleperion- 
ne  le  trouuera  fi  agrefte  &:  fi  glacée  qui 
ne  foit  alléchée  par  cefte  bonté  infinie  $ 
gaignée  par  ce  feftin,  faifie  d'vne  diuine 
flamme  en  lafrequentatiô  de  ce  Sacre- 
ment? &  quelle  amenedeuiendrafain- 
dement  enflambèe  de  l'amour  de  fon  | 
Redempteur/e  Tentant  fi  delicieufemét 
feftoyce;  &  fi  tendrement  careffée  de 
luy^&fi  eftroiâement  vnie  auec  luy  ? 
qui  aymera-elle  fi  elle n  aime  ccfte  bon- 
téfauec  qui  fera-elle  amitié ,  fi  elle  ne  la 
faict  auec  vn  fi  libéral  efpoux?  Et  de  qui 
fera-elle  auoureufe  3  fi  elle  ne  l'eit  d'vn  fi 
ardent  amy? 
Vamtur  d*     Qy  E  fi  c\\c  ayme  fidèlement  ce  fien 
fro  ïam,    efpOUX  ^  g^  «confidere  attentiuement  la 
nature  de  ce  mariage  &  feftin  ,  il  nefe 
pourra  faire  qu'elle. n'ayme  quant  ô£ 
quant  fon  prochain  3  &  fes  frères  Chre- 
ftiens  pour  l'amour  de  fon  efpoux5quâd 
elle  verra  qu'ils  font  ay  mez  de  luy  5  ap- 


La    Manne.  2ij 

peliez  en  mefme feftin  5  &fai&s  mem- 
bres d'vn  mefme  corps:  &:  que  pour  fai- 
re &  fignifier  cefte  mutuelle  amitié  ,  il 
s'eft  donné  en  viande  &:  en  breuuage 
foubs  les  fymboles  du  pain  &:  du  vin, 
qui  font  fai&s  deplufieurs  grains  &de 
plufieurs  grappes:  corne  ailleurs  auons   .  .   ,. 
di&.Etcertes  1  Apoitre  pour  exhorter deUdchife- 
les  mariez  àfainCtement  aymer  leurs  dec- 
femmes,  tire  fes  plus  forts  argumens  de  p  c'5'%s' 
ce  myftere  :  comme  eftant  l'exemple 
d'vn  mariage  parfaid  5  &  d'vn  amour 
parfaict  :  mariage  dehsvs-CHRisT 
aucc  fon  Eglife ,  à  laquelle  il  s'eft  libéra- 
lement donné  5  auec  laquelle  il  s'eft  vny 
de  ces  deux  liens  tres-eftroi&s  d'efpoux 
&  de  viande  :  pour  laquelle  raifon  aufîî  vtmbvipi 
l'Euchariftie  a  toufiours  efté  le  figne  dV/5'w^^'v- 
mon  3  de  paix  5  &:  de  chante, &  pour  la^ 
mefme  on  donnoit  anciennement  le' 
baiferenlaMefîe5dequoy  nous  auons 
la  cérémonie  de  paix  que  l'on  donne  à 
baifer.  Et  voila  cornent  cefte fouuerai- 
ne  fageffe  nous  attire  par  fonS  acrement 
à  fon  amour  3  6c  àceluy  denoftre  pro- 
chain; 

o  iij 


214  La    Manne^ 


De  lœfegtjfc  de  Dieu  en  ce  mefme 
mjjîere. 

H 

fWtjfà  Oyons  quelques  trai&s  de  la 

fe^^^  diuine  fageffe ,  qui  eft  le  troifîèf- 

fcJw4Vme  craion  de  fa  grandeur  en  ce 

fien  Sacrement.Carileft  fi  bien  dreffé 

qu'il  eftaiféàvoir  que  ceft  elle  qui  en 

rtou,*,10'eftla  maiftreffe  ouuriere  :  commeauflî 

l'Efcriture  le  dit.  Lafapienceabaflyfa  mai- 

fon^  &  taillé  fept  colomnes ,  elle  a  aujù  immolé 

Jes  Hojli&s  5  à  méfié f on  >/'«,  <&  appreftéfa  ta- 

ble.    Cefte  maifon  ceftl'Egli(e5ces  co- 

s  Cyp  cp.  lomnes  font  les  feptSacremens  d'icelle: 

f*f*  c*'  le  vin  méfié,  c  eft  fon  fang  précieux:  &  le 

sacr.        mets  de  cefte  fienne  table,  c'eftla  Man- 

Çàliâ* ,  &  ne  de  fa  precieufe  chainainfi  l'ont  expli- 

luàxos.    quel^s  Pères  anciens  &nommeement 

c  2.         S.Cyprien.     Or  comme  la  fagefïè  hu- 

jT'fî     maine  fe  monftre  en  bien  ordonnât, 

fapffe,       en  bien  auemolant ,  &  en  bien  enfei- 

ordonner.  gnmt  :  car  ce  font  les  vryseflfc&s  d'vn 

4ffembUr.  9  •     j  .     -/  0       .  ,. 

Enfenner    iage  entendement  :  ainlila  bapiencc  di- 

Ordonner.  uinefe  fai<â  paroiftreen  ce  Sacrement 

orluur     Par  niefmes  efïais.    Vn  fage  Orateur  fe 

monftre  en  la  belle  méthode  de  fes  dif- 

cours:  vnfage  Capitaine  à  bien  ranger 


La    Manne.'  2rj 

vne  armée,  vn  fage  archite&e  à  bien 
cimmetrier  les  membres  d'vn  édifice, 
ëc  ainfï  des  autres  fages  ouuriers.Vn  fa~ 
geMuficienà  bien  afïèmbler  pluiîeurs  '*lPeMjr 
parties  de  Mulique  &:  les  lier  entre-elles  Mytmtàdéi. 
d'vn  bel  accord.  Myrmecidés  fe  fit  ad-  Char  admt- 
mirer  par  Ton  induftrieufc  fageflfe  3  quâd  pj-J'  j     c 
il  fit  ce  Ghar  tant  renommé  à  quatre  n.i.  39-  en- 
roues,  que  l'aide  dvne  mouche  cou-Ka""rea<im" 
uroit:  ce  meruemeux  Nauire  equippeidem. 
de  mats.de  voil es,  de  de  cordages,  d'an-  Ln.rei&ner 
cres,  de  gouuernail5&  de  toutes  les  pie-  ^.m^- 
ces  que  Taille  d'vne  abeille  couuroit£#- 
aufsi  :  mais  fur  tout  la  fagcfTe  fe  monftre 
'abien&eificacemét  enfeigner  lafcië- 
ce  &  la  vertu  ,  &  c'eft  fon  plus  haut  til- 
tre.  En  toutes  façons  la  diuine  Sapicn- 
ce  reluit  en  ce  Sacrement;  fon  ordon- 
nance y  eft  admirable:  car  quelle  plusLWr*  5^ 
belle  ordonnance  peut-on  deiirer  que'-cert  ce  Sa- 
d'auoir  tire  rat  de  belles  figures  de  reps"™*1"" 
en  temps  ?  Que  dauoir  donné  la  vé- 
rité après  les  figures  ,  couche  les  trai&s 
vifs  furies  anciens  linéaments  ?  Que  de 
donner  après  auoir  promis.-  de  donner 
en  la  loy  la  plus  parfiicle,  vn  Sacre- 
ment de  toute  perfection  :  vn   Sacre- 
ment de  chanté  en  la  loy  d'amour  ?  d'a- 
uoir dreflfé  aux  Nopccs  de  l'humaine 

o  iiîj 


2i6  La  Mànne. 

nature  aucc  le  fils  de  Dieu  ,  vn  feflin 
nuptial  de  la  chair  de  ce  mefme  Fils? 
VaffemhUge     Ceste  fagefTe  eft  encor  icy  plus  ad- 
£/  w'^mirablc  en  affemblant:  car  laffcmblagc 
mu,  furpafTe  toute  merueille.  Dieu  &la  na- 

ture y  font  aflemblez,  s'y  trouuant  le 
corps  du  Fils  de  Dieu,  en  vertu  de  fa 
toute  puiflante  parole,fon  ame  par  fuite 
du  corps  auec  fa  diuinité,  &  par  confe- 
quentlePere  &  leS.Efprit,  &  l'entier 
&  facré  fenat  de  cefte  diuine  Triade, 
toutes  les  merueillcs  fur  la  nature  y  font 
aflemblees,come nous  auons  di£t:tou- 
Vbîfiicrit  tes  les  âmes  &  les  corps  des  fidèles  y 
corpus       font  alTemblez  en  vn,  comme  plufieurs 
gregabun-  grains  en  vn  pain,&plufieurs  raifins  au 
tur  vin,  afTemblez  comme  aigles  diuines 

Match  14.  autour  du  corps  de  leur  Roy,  did  faind 
as  Chryfoftome,Mais  quelle  fapience  d'a- 

s.chryf.      uojr  apprefl;é  ce  diuin  morceau  ft  con- 

in.^.cor.xoifonnémentàrinfirmité  &  capacité  de 
noftre  nature,  foubs  le  gouft  &fenti- 
.    ment  du  pain  &  du  vin  3  viande  à  nous 
tres-familiere? 


La    Manne/  217 

Lajagejfe  diurne  en  enfeignant 
en  ce  myflere. 

*4 
E  dernier  &  plus  naïf  trai&der^/g»*-/. 

fagefTe  3  c'eft  efficacement  en- 
feigner.  Quelle  plus  grande  fa- 
pience,  d'auoir  icy  donné  le  moyen 
d'apprendre  3  d'acroiftre  &  fortifier  la 
foy  &  la  charité.-fondement  &:  couron-  n/ôy. 
ne  des  vertus  Chreftiennes5  comme  il  LcfîerattC9* 
a  efté  dicTt?  d'y  apprendre  l'efperance  & 
les  autres  vertus  ?  Car  mangeant  ce 
morceau  nous  receurons  vne  arre  do 
l'immortalité  5  &  comme  chante  l'E- 
glife,  vn  ?d?e  de  la  gloire  future.  Et  ne  feF1utura: 
peut  raire  que  par  la  preience  d'vn  ùpignus 
braue  chef  que  nous  y.  croyons  ferme-  (*atur- 
ment,  combien  qu'il  foit  inuifible  à  nos  d'cllf 
yeux  ,  le  courage  &:  le  cœur  ne  nous  *»"""*£*• 
croifTe  iî  nous  fommes  fidèles  foldats. 
Et  comme  les  malins  efprits  fi  nous  les 
croyons  prefcns  5  nous  efpouuentent 
encor  que  nous  ne  les  voyons  pas  des 
yeux  corporels:  par  contraire  cfïecT:  & 
à  meilleure  raifon ,  fommes-nous  en- 
hardis voire  éleuez  au  ciel  par  la  prefen- 
ce  que  nous  tenons  certaine  ?  denoflre 


ii8  La  ManneT 

Sauueur:  nous  apprenons  encor  icyla 
Urtiîiion.  rdigion,  la  plus  noble  perfe  de  la  iuftice 
Chreftienne  ,  par  laquelle  nous  hono- 
rons Dieu  ^  luy  preftant  l'hommage  de  j 
fouuerain  culte  deu  à  fa  feule  Maiefté; 
ce  qui  fe  faict  icyauec  fouuerain  appa- 
reil :  car  en  premier  lieu  il  luy  eft  of- 
fert facrifice ,  qui  eft  vn  culte  de  fupre- 
me  recognohTance  ,    incommunica- 
ble à  tout  autre  qu'à  Dieu,  Et  facrifi- 
ce non  des  corps  des  beftes,  comme 
en  la  vieille  loy  .mais  du  corps  de  Dieu$ 
auquel  il  a  efté  fouuerainement  ho-  \ 
noré,  duquel  il  a  efté  appaifé  5  par  le- 
quel ilacombatu  les  puiftances  de  fes 
ennemis  capitaux  5  &  en  qui  il.iugera 
les  viuans  &  les  morts.  De  manière  que 
le  culte  eft  fouuerain,  &  l'offrande  ne 
peut  eftre  plus  grande:  &:  comme  cet 
a<5te  de  religion  eft  tres-honorable  au 
Créateur,  aufsi  eft-il  tres-falutaire  a  fa 
créature  ,  qui  receuant  ce  bien  5  &  ce 
corps  de  la  libéralité  d»  Dieu,  le  luy  of- 
fre en  holocaufte,  en  action  de  g  race,  en 
remifsion  des  péchez  &  leremerciede 
fes  dons,  par  ces  propres  dons,  comme 
par  figure  en  la  lpy  de  nature  &  de 
Moyfe,  les  Sain cts  l'honoroient  luy  rai- 
fans  offrande  des  biens  qu'ils  auoyent 


L  a  Mann  e,  219. 

receusdeluy.  C'.eftlabellc  confsiou 
decegrand&deuotRoyDauid.  Tou~ 
teschofesfontdtoy  9  &nous  fanons  donné  ce1 -Vzï^-19- 
que  nous  duons  receu  de  ta  main.  tenutre*  ver 

Av  mefme  Sacrement  nous  auons  la  tmemftfgmf*. 
leçon  d'humilitéjVoiâs  noftre  S  cigneur  Lbtimil,te' 
paroiftre  entre  nous  en  habit  pauure  de 
familier;  &  en  petit  équipage  3  &  moin- 
dre beaucoup  que  Dauid  quand  il  vint  Dauia.i. 
au  Preftre  Achimelec  ;  paroiftre  reueftu  Reg.i. 
d'vn  habit  non  fientes  efpeces  du  pain 
de  du  vin,  cachant  farobbe  de  gloire, 
pournous  eftre  plus  accoftablery  auons  r 

*  •      -■  ,         r  .  J         n       La  potence. 

vne leçon  de  patience,  voyans  n.oltrc 
Rédempteur  endurer  fi  conftammét  & 
fi  longtemps,  lesiniures  quefouuétles 
mefehans  luy  font  par  leur  mefereance, 
par  leurs  péchez ,  par  leurs  blafphemes, 
lefbulansaux  pieds>le  jettans  aux  flam- 
mes, iniurans  Ton  nom,  encor  que  ce 
foit  Tant  lefion  de  Ton  corps  :  y  auons  le- 
çon d'obeyflànce ,  en  ce  qu'il  fe  trouue  vAtiffm** 
prefent  fans  faillir  à  la  voix  de  fon  vicai- 
re quel  qu'il  foit,  proférant  les  paroles 
de  fa  toute-puiffance  fur  le -pain&  le  vin. 
En  fomme  nous  y  auons  la  leçon  de 
toutes  les  plus  hautes  vertus,  donnée L'e*'m?f<f*' 
par  l'exemple  de  noftre  Rédempteur,^,  efflcaa; 
façon  d'enfeigner  claire  Se  pregnante, 


220  La    Manne. 

de  laquelle  ilvouloitquenous  fiffions 
eftat  difant,  le  <voui  ay  donné  exemple  afin 
que  'vous  fàùe^  tout  ainfi  que  y  ont  myaue^ 
yeu faire.  Il  nous  auoit  donné  exemple 
de  bien  faire  en  viuant  &  en  conueriant 
auec  nous  par  quelque  efpace  de  temps: 
icy  il  nous  donne  à  tous  le  patron  &: 
l'exemple  de  fcs  diuines  vertus  pour 
les  imiter.  Voila  les  merueilles  de  no- 
ftre  S  acrement  fans  eomparaifon  plus 
grandes  que  celles  de  la  Manne,  Se  plus  I 
dignes  pour  lefquelles  nous    difions 
Mamy-Ma  n-h  Vj  Qi£efl-cccy  ?  car  ny  les  hom-  j 
mes  ny  les  Anges  nelespeuuent  affez 
admirer. 


Colloque  de  louange  &/  dUflion 
deç-racesà  Dieu. 

Ve  refte-il  donc  5  ô  Seigneur 
tref-puiffant ,  tref-bon  &tref- 
fçauantjfinô  éleuernos  coeurs 
à  la  contéplation  de  ce  voftre  diuin  S  â- 
crement,  &:  y  admirant  les  merueilles 
de  voftre  grandeur  5  vous  rendre  grâces 
immortelles  devos  biens-faiéts  immor- 
tels ?  mais  qui  pourra  dignement  con- 
templer le  prix  ^l'excellence  dece  bc- 


La    Manne.  ïti 

nefiee3fîvous  ne  donnez  yeux  &  lumiè- 
re pour  le  voir?&  quelle  lâgue  fera  fuffi- 
fante  pour  vous  en  dire  grand-mercy? 
Moyfe  confidcrant  vos  biens-faicts  ôr 
entonant  vos  louanges  difoit ,  Que  /dDeut.32.; 
terre  oye  les  paroles  de  ma  bouche.  Ma  dothine 
dégoûtera  comme  pluye ,  ma  par o lie  difti  liera 
comme  rofee:  comme  lapluye  déliée  fur  l 'herbe y 
&  comme  la  forte  pluye  fur  la  "Verdure.  Car 
iinmqueray  le  nom  du  Seigneur  Dieuidonne^ 
magnificence  à  noflre  Dieudes  œuures  de  Dieu 
puijjanc font  parfaites  :  car  toutes  fes  <voyes 
fontiugement.Ccft.  icy  où  il  feroit  befoin 
d'vn  tel  Orateur, &  d'vntellangage:car 
ceft  pour  haut-loûervn  don  qui  furpaf- 
fe  tous  ceux  que  les  Hebrieux  receu- 
rent  iamais  :  &:  magnifier  vne  œuure 
qui  porte  toutes  les  marques  de  perfe- 
ction diuinement  grauees  de  la  main 
ouuriere  d'vn  Dieu  tout-puiflant ,  tout 
bon5&  tout-fage:mais  quâd  bien  Moy« 
le  feroit  prefent5&:  que  fon  langage  fuft 
lamefme  éloquence  5  fife  trouueroit-il 
court  ,  pour  dignement  parler  icy  de 
voftre  Majefté 5  ô  Seigneur.  La  langue 
des  Anges  bégaye  en  ce  my  ftere  icy5  6c 
nous  y  demeurons  muets  à  mefure  que 
nous  en  voulons  plus  dire.  Noftxepius 
forte  louange^  c'efl  l'humble  confeflîon 


222  La  MannïJ 

de  noftre  infuffifance  ,  de  noftre  plus 
grand  effort  eft  d'y  coternpler  eniîlen- 
ce  voftre  grande  vertu3d'y  admirer  auec 
refpect  5  voftre  admirable  fageffe5d'y  re- 
mercier auec  amour  ^voftre  infinie  bon- 
té .'  Cequenous  defirons  faire  ô  doux 
I  £  s  v  s5tout  le  temps  de  noftre  mortel- 
le vie5afin  qu'ayans  bien  recogneu  le 
bénéfice  de  cefte  Manne  &l  mcrueilieu- 
Mannec*  çQ  pafture  de  noftre  pèlerinage 5  nous 

due  la  vie  r  .        .  *  ° 

eteyneiu.    puifiions  îouir  de  celle  que  vous  tenez 

Apoc,  1.7.  cachée  pour  la  vie  future  &  patrie  celé- 

itérés  threfors  de  voftre  félicité. 


LES    PAINS    DE 

PROPOSITION. 

ara 


W 


LES    <?  tAlNS    DE 


Pr.o  p  o  s  i  t  i  on, 

E  s  douze  Pains   °* . 
mis  fur  table,  fix 
à  chafquebpur, 
apylez  Tvn  fur 
l'autre  y  &..vns 
fiole-  d'or  au  def 
fus  pleine  d'en- 
cens tres-pur3font  ceux  que  l'Efcri- 
ture  appelle  les  Pains  de  Propor- 
tion ouPains  des  faces.comme  qui  ?a;m% 
diroit  Pains  expofez&misenlieu/dC,?îo 
public   &c  fâcré  deuant  la  face  de 
Dieutilyafoubs  cenomvndou- 
ble  ipyiîere  caché  que  le  pinceau 
n'a  fçeu  exprimerais  font  faites  par 
les  fçyls  Preftres^  dç  ues-pure  fan- 

P 


%i6  Les   pains 

ne^pefans  enuiro  hui£t  liures  cha£ 
cun  3  tous  Pains  de  riue  &  bien  ap- 
preftez  3  mais  ny  moufflez  ny  gue- 
à  .  .  res  gros  eu  efgard  à  leur  poids,  à 
cauie  qu'ils  iont  lans  leuain.  On  en 
offre  toute  la  fepmaine  3  &Ies  faut 
renouuellerpourchafqueSamedy 
&  en  foubftituer  de  tous  chauds: 
ceux  qu  on  enleue  cèdent  à  la  nor- 
riture  des  Preftres.  Ils  font  douze 
parce  que  c'eft  ioffrâde  de  tous  les 
enfans  d'Ifraël  départis  en  douze 
lignées ,  par  laquelle  ils  font  vne 
commune  adfcion  de  grâces  .reco- 
gnoiffans  leur  vie  &  conferuation, 
UubUde  venirdefaMajefté.  La  table  où  ils 
Sam.      fontpofez^eft  fai&e  de  Setio,  bois 

{>recieux  &  incorruptible:  elle  eft 
ongue  de  deux  coudées  3&  large 
d'vne,  toute  dorée  de  fin  or,&en- 
^'o»gw»rrichie  dvne  corniche  d'or^aufïï, 
qui  règne  tout  a  1  entour.orlee  d  v- 
ne  double   couronne  de  quatre 


DE  PROPOSITION.        tlj 

doigts  de  large,l'vne  deflus  y  l'autre 

deflbubs.    Elle  eft  pofée  fur  deux 

tréteaux  faidts  de  mefme  bois,  logs 

d'vne  coudée  &c  demie,quarrez  6c 

appointiez  fiir  des  pieds  taillez  à  la 

dorienne.  Sonlieueftau  Septcm-Mt/«2I  '** 

trion  du  cofté  droi6tduSan6luai-P4",ï" 

re,  ayant  à  gauche  vers  le  Midy  >  le 

chandelier  d'oràfept   lampes  y  & 

entre-deux   l'Autel  des  parfums 

Mais  qui  eft  ce  braue  Cheualier  ac-  D_auid 

compagne  de  certains  argolets  qui 

i  parlemente    auec   Achimelec  le 

grandPreftre,gardien  de  cesTains, 

&  comme  il  femble  tout  eftonéde 

le  voir  ?C'eft  {ans  doubte  le  vaillant 

Dauid,  qui  fuyant  la  fureur  de  Saiïl 

I  eft  venu  en  la  ville  de  Nobe  à  la 

f  liafte  &  à  la  defrobée ,  &  demande 

[  quelque  chofe  à  manger,  car  il  eft 

prefle  de  la  faim,  Achimelec  igno- 

:  rantducas  &  tout  esbahy  de  voir 

1  fi  à  l'imporueu  auec  fi  petit  train? 


zzS    Les  pains  de  pb  o  po  $1 

vn  des  plus  grands  Capitaines  & 
Princes  de  la  Cour  du  Roy  5  luy 
parle  auec  eftonnement  &  luy  dé- 
clare qu  il  n'a  rien  que  des  Pains  de 
propofition  dédiez  au  feul  vfage 
des  Preftres ,  neantmoins  qu'il  en 
pourra  manger  en  telle  necefïité 
auec  fes  gens  moyennant  qu'ils  ne  « 
foyent  immondes  d'aucune  faleté  -, 
nommément  de  femmes.  Dauid  : 
repart  ques'iine  tient  qu'à  cela  ils 
n'ont  aucun  empefchement  pour 
n'auoir  touché  leurs  femmes  de 
plufieursiours.Au  moyen  dequoy 
il  en  va  prendre  fa  réfection  ,  &lî 
emportera  encor  le  coutelas  de 
de  QoZl a$  Goliat  cy  deuant  par  luy  dédié  & 
laifle  en  la  maifondeDieu  ,  oiîil 
pend  enueloppé  d'Vn  linge  facré. 
C'eft  pour  en  vfer  aux  guerres  de 
Dieu,  &  en  railler  en  pièces  les  en- 
nemis de  fon  nom. 


22^ 


ze  corps  d r  Sc^tr- 

V  E  V  R    CONCEV    DE    LA 

Vierge  par  [opération  du  S.Efprit, 
fîgnifiépar  les  Pains  de  propoftion 
paifiris  de  farine  tres-pure fans  le- 
uain. 

ï 

E  s  Pains  &ces  offrandes  fi-  £«p"W« 
guroienr  îadis   noitre  Eu-^;„^    - 
chariftie que  nous  auons de»''E««W- 
£  claré  eftrelevraypain.  Mais^'c  riIÎ 
ilny  auoit  alors  que  les  efprits  relcuez  Hicrofol/ 
entreles  Iuifsqui  penetraffentle  fecret cat" h- 
du  myftere  caché:  maintenant  il  eft  aifé  "h^Ô. 
a  tout  Chreftien  delevoir^efrant  Pef- inI-*  «c 
corce  déployée  &  le  rideau  de  la  figure  \££* 
tiré.  Il  ne  faut  que  ietter  les  yeux  aux  li- 
neamens  anciens  pour  recognoiftre  la 
Vérité  prefente. 

L  a  farine  tres-fîne  &:  fans  leuain  dont  Sanskita;^ 
ces  Pains  eftoyent  paiftris ,  fignifioit  le 
corps  de    I  e  s  y  s-C  hrist  conceu 

P  «j 


330  Lzs    Pains 

par  hruure  du  faine*  Efprit,  de  la  tref- 
pure  fubftancede  la  Vierge.-fans  leuain, 
ceftàdire  fans  péché  originel  nycor-. 
Letton        ruption  aucune  :  car  le  leuain  en  TEfcri- 
rure  lignine  quelquesrois  malice  &in- 
fettiô .  Ainfi  parle  le  Sauueur  à  fes  Àpo- 
DuPtari-  ftrcs  diùnt. Garderons  du  leuain  desHa- 
Match.x*.    rifâ&ànUwtin  d'Herodes  c/ttieft  hypocri* 
tu.  fieice  dit-il  ailleurs.  De  mefme  façon  de 

l!acî£iS'    Parler  S.Paul  di£t. Mangeons  non  en  leuain 
D-Herodes.    yîeil,  ny  en  leuain  de  mauuaijlié,  &de  malice y 
Marc.81.5.    md'ls  m  pain  fans  leuain  de  pureté  &  de  Mérité, 
ijftaLie-  Le  pied  de  la  fimilitude  eft  en  ce  que' 
"*»»•  comme  le  leuain  altère  &enaigrit  lapa- 

fte  :  ainfi  le  péché  change,  enfle ,  &  cor- 
rompt la  beauté  &:  repos  de  l'ame.  Les 
Pains  donc  fans  leuain  font  marques 
du  corps  du  Sauueur  conceu  fans  alté- 
ration de  malice.  Ils  eftoyent  appeliez  | 
Pains  des  faces  ou  à  deux  faces,  &:mar 
quoyent  deux  myfteres  en  ce  nom ,  co- 
rne prophétiquement  ont  efeript  les  an- 

ïwhas10"'  c*ens  Hcbrieux,nomméement  le  Rab- 
in c.ij.  bin  Ionathas  qui  viuoit  long  temps 
pod.Gai.  deuant  la  venue  du  Sauueur.  Les  my- 
fteres font  qu'au  fa  crifice  futur  du  corps 
duMeffiasilyauroit  changement  d'v- 
nefabftanceenvne  autre,  comme  d'V- 
nç  face  en  vue  autrejtern^quc  deux  na- 


de  Proposition^  231 
tures  Se  deux  faces,  la  diuine  &  l'humai- 
ne 5  feroient  afTemblées  en  la  perfonne 
d'iceluy  Meffias  offert  Se  facrifié  fous  la 
figure ,  efpece  3  Se  face  du  Pain  3  Se  en  la 
fubûancedela  chair:  Se  partâtles  Pains 
facrezdela  table  du  Sauueur  font  véri- 
tablement Pains  de  deux  faces  Se  de 
deux  natures  5contenans  lefdidls  my- 
ileres  en  vérité,  corne  ceux-là  les  conte- 
noyent  de  nom  Se  en  figure.  'Ils  cft°yétj  ^#,*4f 
offerts  tous  les  iours  5  pour  les  enfans  ' 
d'Ifraëlpar les  Sacrificateurs  Iuifs ,  co- 
rne le  corps  du  Sauueur  par  les  Preftres 
Chreftiens  pour]  tous  les  Chreftiens  en 
laMeffe.  Lesfeuls  Preftres  Iuifs  les  fai-  ^ffî 
foyentjes  feuls  PreftresChreftiensauflï 
font  le  Sacrement  Se  facrifice  de  ce 
corps  :  car  à  eux  feuls  eft  donné  cefte  x 

puiflance  priuatiuement  à  tous  autres 
îeruiteursdela  maifon  de  Dieu,foient- 
ils  hommes  ou  Anges. 


P  ™) 


i$i  Les    Pains 

Comment  le  corp  du  Sauueurefl  ofr 

ferttous  les  tours ><&  renouvelle 

toutes  lesfèpmaïn  es. 

2, 

E  corps  eft  offert  tous  les  ioiirs* 

^^  en laMefTe,  &:  referué  à  linftar 

des  Pains  de  proposition  pour' 

les-enfans  de  Dieu  en  memoi^ 

Matt.^.9.  redelamortdu  Sauueur,  &a£tion  de 

Luc  n.?.   grâces  des  biens  quilnous  faiéfcpourle 

^^""fouftientâtdel'amequedu  corps,  Ceft 

'S.Cyp.l.de  hoftre  vray  Pain  fepmanier  &  quoti- 

or/0™|a(3ien,ditS.  Cyprien  &  les  autres  Do- 

5. de  facia  âeurs  derEglife,queluy-mefme  nous  a 

cap.4  &  s  enfeiçmé  luy  demandér.Il  eft  renouuel- 

ferSom    levnerois  la  iepmaine  :  carencor  qnil 

monce.ç.   {bit  offert  tous  lesionrs3ceft  principale-? 

\tm  ment  au  Dimanche  3iour  de  repos  des 

Chreftiens/ubftitué  au  Sabat  des  Iuifs, 

auquel  on  s'afTemble  en  TEglife  pour  re- 

nouueller  Toffrâde  d'iceluy  corps 3  aucc 

Vne  chaude  &  récente  deuotion  enl'af- 

(emblée  de  toutes  les  âmes  fidèles. Oeil 

toufiours  vn  mefme  corps  immortel  Se 

glorieux3maisileftrenouuellé  de  rnulti- 

plié3parce  qu'il  fe  trouue  en  plufieurs  èç 

nouuejles  efpeces  du  pain  &  du  yin. 


DE    PROPOSITION.  2JJ 

Le  commencemet  &  la  fin  de  la  com- 
munion efi  la  charrié,  loraifon 
&  ççntemplation, 

Es  Pains  de  propofition  repo-^^f^ 
foy  en  t  fu.r  la  table  dorée,  &fur  le  L'encens. 
dernier  d'iceux  ,  corne  fur  le '  tout^T"^' 
eltoitpotce  vne  noie  dor  pleine  den-^Apoc.5.8. 
cens  tres-pur  :  laquelle  cérémonie  nous 
enfeigne  que  le  corpsde  noftreSeigneur 
veut  repofer  en  vne  ame  reueftuë  de 
charité  qui  eft  l'or  du  temple  de  Dieu:  & 
que  la  fin  &  la  cime  de  la  cômunion  de 
ce  corps5doit  eftre  l'oraifon  &:  contem- 
plation intérieure,  fignifiée  aufli  parla 
fioled'or,  &:  par  l'encens  pofé  furies 
Pains.  Car  la  fiole&rl'encens  3  en  lafain- 
fte  Efcriture  ,  marquent  la  prière  des 
Sam&sr&.Porle  plus  précieux  métal  de 
tous, nous  dénote  l'amour  &  charité  ce- 
Iefte,Ia  plus  noble  affection  de  l'ame,  S£ 
de  laquelle  la  celefre  Hierufalem  eften^ 
richie,  &:    d'icelle  toutes   les   œuures 
Chreftiennes  doyuent  eftre  compofées, 
ou  pour  le  moins  eftofreesmômécmcnt 
la  communion  de  ce  Sacrement,  Sz-s/cremrti* 
crementdafreaion  &:  d'amour. 


234 


Les  Pains 


Le  corps  duSauueur fîgnifié  par  la  ta- 
ble des  pains  de  proposition. 


La  t  ah  le  ex 
cellente  en 
mature  ey 
«nfacon. 


a  table  despainsfai&e  de  bois 
de  Setin,  matière  incorrupti- 
ble, dorée  par  tout  de  fin  or, 
courônéed'vnc  double  cou- 
rône,  &  façônéc  d'vn  merueilleuxarti- 
ficeiufques  auxpiedsdes  treteaux,figni- 
fie  lemefme  corps  du  Sauueurconceu5 
corne  venons  de  dire,de la fubftance  de 
la  Vierge,  nette  de  toute  corruption  ,  &: 
douée  de  toute  forte  de  perfections  qui 
peuuenteftreenvn  corps  humain  râla 
séblance  de  cefte  table  excelléte  en  ma- 
tière, &:  admirable  en  façon.  Iesvs- 
Christ  donc  cclefte  Pain ,  repofe  en 
Iesv  s-C  hrist,  comme  le  Pain  de 
proposition  repofoit  fur  ceife  table:  Se 
lefus-chrijt  eft  offert  par  luy-mefme  ,  comme  ces 
tjiiAutei,  pajns  anciens  par  le  Preftre  Achimelec: 
uuMctT  ^e  maniere  qu'il  eft  enfemblément  l'of- 
frande offerte,  la  table  portant  l'offran- 
de, &le  Preftre  la  diftribuant,  en  ce 
facrifice  non  fanglant:  tout  ainfi  qu'il 
eftoit  au  facrifice  fanglant  de  la  croix,la 
vi&ime,ie  Sacrificateur,  &  fAuteWÀ- 


settr  enjem 
kit. 


DE   PROPOSITION.  235 

gncau  offerrje  Preftre  offrant, &la  pier- 
re portant  l'holocaufte  bruflé  au  facré 
feu  de  fa  charité  infinie. 

Signification  du  Chandelier. 

5 

Este  table  eft  au  Sâ&uaire  du 
codé  duNort>ayant  le  châde- 
lier  d'or  à  fept  lampes,du  cofté 
gauche  vers  le  Midy5&:  l'Autel  des  par- 
fums tout  auprès  tenant  le  milieu  entre 
le  chandelier  &  icelle  table.  Ces  chofes  £  *"*" 
&  leur  pofture  portét  my ftere.Le  chan-  ^ijfaZedc 
délier  fignifie  la  clarté  3c  la  coenoiffan-  *>/>«*. 
ce  que  l'on  peut  auoir  de  Dieu  en  ce  '  ^  *  " 
monde^ou  bienl  esv  s-C  hrist  mef-  an.i. 
me  illuminant  fon  Eglife  par  les  (cptf^band4m 
dons  de  fon  Sain 61  Efprit ,  comme  par  1 ÏS  v  s- 
fept  lampes  &  fept  eftoilles,  &  fur  tout  Christ. 
luy faifant voirie myftere du  Sacremét  ai^ 
de  fon  corps  5  l'excellence  duquel  ne  Scro.1.?. 
peut  eftrebien  entendue  fansgrande  lu-  £z^'/f  ~ 
miere  d'enhaut  &  fans  grande  foy  &  fa-  hom .6. 
gefTe   diuine.  Cefte  coçnoifTance   de  Hefych.5. 

•  LCUIC    2.4- 

Dieu  &  ce  myftere ,  a  efté  premièrement  Afcendam. 
communiquée  aux  Iuifs  ,  efclairez  au  Era.14.14. 
Midydelaloy,  ôc  donnée  aux  Chre- 
ftiens  iadis  idolâtres    fïgnifiez  par  le 
Septentrion  3  ou  le  chef  des  rebelles. 


236  Les  Pains 

auoit  faiâ:  Taffiette  ,  &:  le  throfnc  de  fou 
orgueil.Et  partât  la  table  desvrais  pains 
depropofitioneftauSeptétrion  au  co- 
ftédelEglifecompoléedes  Payens  en 
la  loy  de  grace.xar  c'eft  elle  en  qui  a  efté 
drefféeen  effeft  la  table  du  corps  du 
Sauueur,  vray  Pain  du  ciel,  &  aux  Iuifs 
feulement  en  figure. 

Le  cœur  du  iùfle,  IzAutel 
des  parfums. 

6 

'Autel  des  parfums,  qui  efloit 
entre  le  chandelier  &la  table 
Soir  &  ma-  M^gS^  des  Pains ,  &  fur  lequel  on 
*'»<  brufloit  a  Dieu,foir  &:  matin, 

7X&.8!°  'es  tres-foûefues  odeurs ,  fîgnifioit,  di& 
Giofaibid.  Philon  Iuif >  la  mémoire  que  l'on  doit 
Vanteides    zuo[r  jes  biens  receus  de  la  diuine  bon- 

parfumstme-     t  %  , 

moiredes  te,  &  1  action  de  grâce  qu  on  luy  en  doit 
Hensreçeits  faj^e#  Qet  Autel  eftoit  dedans  le  Tem- 
L  PiiTlb  lu-  ple  3  ayant  deuant  foy  T  Arche  d'AHian^ 
dzus,Quis  ce^cachceDlusauantauS  a  inc  t  des 
ScS  S  a  1  n  c  t  s  :  &  après  foy  il  auoit  l'Autel 
l3.de vka  des holocauftcs5où l'on fàcrifioit  les bc- 
Moiis.  ftesà  la  porte  du  Temple  ,  de  manière 
quetoutes  ces  chofes  faifoyent  en  leur 
pofture^vne  croixDou  vn  homme  eftédu 


DE    PROPOSITION.  I^J 

en  croix. L'Arche  eftoit  au  licude  la  tefte: 
vers  l'Occident  Tau  tel  des  holocauftes,     V*rckjè 
des  Ïambes  &  pieds  vers  l'Orient  le  châ-  i'Jûtelie 
delier,du  bras  &  cofté  gauche  tirant  au  ro»***^ 
Mîdy:la  table  aux  Pains  de  propofitiô,^^"^ 
du*bras&  cofté  droiét,  regardât  le  Nort:  Uer&u 
S/  l'Autel  des  parfums^  dekpoi(5trine&  j*J]j*tt 
du  cœur.  Ceft  Autelinterieur  cû  no ftr c  Le/œUrd» 
cœur.  U*Autelde  £)/e»,diâ:Saind:Gre-  "#*>  Jv«- 
goire.e/î  lecœurduiufie ,  auquel  le  feu  diuin  s#  cj'u' 
doit  toufiours  brujîer3parce  que  d'tceluj  5  il f dut  l.*j.  moral. 
fans  ceffe  attifer  la  flamme  de  charité  entiers  czl^}:V 
JDieu.El  Sain  (S  Auguftin  diâ^tien  chaf-  i.Rcgi.*." 
I  que  vray  Çbreflien.y  doit  auoir  deux :  *Autels^  s  Au5-  fa. 
ïyn  en  ïame/es~ftondat  a  l'autel  intérieur  du  xc^m^" 
Temple  d'autre  au  corps^  redondant  à  tufutel 
extérieur  des  holocaufies ,  ceft  à  dire  que 
quiconque  veut  porter  dignement  le 
nomdeChreftien,  il  doit  eftre  pur  en 
lame  &chafte au  corps.  Ceft  donc  en 
ceft  Autel  regardant  l'Arche  d'alliance 
figure  de  Iesvs-Christ  >  voifin  de  la 
table  des  Pains  propofez,  que  nous  de- 
uons  rendre  grâces  àDieu:ïnais  dequoy 
&  comment? 


238  Les    Pains 

Dequoy  (0  comment  nous  deuons 
remercier  Dieu. 

7  1 

S^SjîEOvs  entendons  dequoy  *& 

jiti.onât  H^^|l  commet  il  nous  faut  remercier 

féep*?rji*.  fcJwîa  Dieu,par  la  copoimon  du  par- 

tkdétpar*   fum  qu'on  brufloit  deiTus  ceft  Aurel  ma<* 

fims*         teriel.Les  ingrediens  du  parfum  eftoiéc 

quatre,  méfiez  à  poids  efgal  à  fçauoir  la 


goûte  &r  parangon  de  M  y  r  r  h  e,  c'eft 

leur  degou- 


rh£.        à  dire  la  plus  precieufe  liqueur 

l'on  y-     tant  de  la  Myrrhe  :rOnyche,  genre  de 

Le  G  A  t.- 

BAN. 

x*£m  cïns 


petite coquille:le  Galban  odoriférant, 
chaiTefcrpcns:&  TEncens  mafle  &  trer- 
pur.  Ces  quatre  ingrediens  faifoient  les 
marques  des  quatre  parties  de  ce  mode 
hjI  vifible  ,  ce  di<ft  le  dofte  Philon.  La 

Qaisb*-  Myrrhe,  qui  diftille  fignifiant  l'eau: 
re.rct.diui.  l'O  n  y  c  h  e  ,  terreftre  &  feche ,  la  ter- 
re:le  Galbanon  odoriférant,  Pairs 
l'encens  tranfparent  &  montant,  le 
F  e  v.  Le  parfum  donc  de  cefte  compo- 
sition c'eft  vne  leçon ,  nous  mettant  do- 
uant les  yeux  tout  le  mode  es  hierogly- 
fes  de  (es  parties  ,  &  nous  enfeignant 
vne  générale  recognoifTance  des  biens 
quereceuons  de  Dieu;  premièrement 


DE    PROPOSITION.  239 

des  corps  &"  delà  nourriture  du  monde  . 
creé.-mais  fouueraincmentdu  corps  de 
fonFiîs^limeininfiniement  plusdigne 
que  mille  mondes  3  corps  donné  vne 
fois  en  l'Autel  de  la  croix  par  facrifice 
fanglant,  &  en  l'Autel  de  Ton  Eglife,ïuf- 
ques  à  la  fin  du  monde,  par  facrifice  no 
fanglant,foubslesefpeces  du  pain. 

Les  vertus  necejjaires  four  dignement 
remercier  Dieu:  jf)  le  iujîe  exa- 
men de  nos  exactions. 

8 
|3)#£  E  mefme  parfum  nous  apprend  ^°f'°0r,in 
||*flW  auec quelappareil  nous  deuons  ' 
wft  faire  cède  action  de  grâces  :  car 
ces  quatre  ingrediens  aromatiques  mêl- 
iez enfemblepour  faire  de  la  poudre  à 
parfum, nous  enfeignent  qu'il  faut  re- 
cognoiftre&:  remercier  la  diuine  libéra-  Mejiaugtitt 
lité  auec  l'accord  &  mifture  des  pliis^fj*»  "~ 

bn  1      r  1      r  jî>        COfi*  des  ver- 

dits  vertus,  de  roy,d'e(perance,  ci  o-  tw. 

raifon,dechafteté,  de  charité  6r  autres  p«r/*w  pi- 
plus  belles  vertus  Chreftiennes.  Nom*'^:^    >* 
faifons  dit  S  .Grcgokc  Je  parfum  de  ta  corn- 
pofitio  aromatique Jor s  qu'en  t >Autel  des  œu~ 
ures  fainâies  nom  donnons  bonne  odeur  de  pu- 
reté,par  la  mixture (p  multiplicité  de  plu  fleurs 


aâiotts 


S.  Grego 


240  Les    Pains 

.  "Vertus  :  car  ï encens  de  bonne  odeur  3  ejl  donné 
plus  finceremet  a  mefure  cpunjne  njertu  eji  ioin- 
cle  auec  l 'autre. Or  les  ingrediens  pour 
eftrebien  mixtionnez  deuoyent  eftre 
pilez  &  réduits  en  poudre:  laquelle  pul- 
Pulutri/er  uerifation  enfeigne  l'examen  diligent 
qu'il  nous  faut  faire  de  nos  actions  te 
comportemens:)afîn  de  ne  nous  trom- 
per en  gros  en  la  mcfcognoiiîànce  de 
nous-mefmes.  Puluerijer  les  drogues  aro- 
matiques,  dict  le  mefme  Doiteur  ,  c'efi 
conftderer&toncher  par  le  menu  nosyeYtu$& 
œunre^&  les  réduire  a  la  fubtïlité  d'yn  exa- 
men occulte  &fecret:car  cejl  ainÇi  quelles  doi- 
ucnt.ejlre  nnfes  amant  le  Tabernacle  de  Dieu 
pour  luy  eftre  déplaçante  odeur» 

Souveraine  recognoijfancedeue  a 

Dieujeuly  donnée  en 

[Euchariftie. 


L  eftoit  défendu  d'emploier 
ce  parfum  pour  autre  que"-, 
pour  Diev.  Cela  fignifîoit  I 
Jque  l'action  de  grâces  que 
nous  deuons  à  Dieu,  eft  fupreme  &:  in-jl 
communicable  à  la  créature,  &:  qu'au- 
tremétnous  remercions  Dieu  &autre- 

mcnCjl 


DE    PROPOSITION.  241 

ment  les  Sain cts3&:  autres  bienfaiteurs. 
Dieu  par  adoration  &  latrie,  corne  fou- 
uerain  :  les  autres  par  vn  culte  moyen 
comme  inftrumens  decefte  fouuerainc 
bonté.  Or  cefte  fignification  d'action 
de  grâce  fupreme ,  eft  trefconuenable  à 
noftre  Sacrement  &r  facrifice,  fignifié  %'«« 
parles  Pains  de  propofition  :  car  en  cc-^°c^aiei 
luy  eft  faiéte  fouueraine  mémoire  du»^»^- 
fouuerain  bénéfice  de  noftre  rcdem-r/^"* 
ption  3  &  grâces  rendues  à  Dieu  auec 
fouueraine    magnificence  5  à  fçauoir 
auecl'oiFrâdedu  mefme  corps  qui  nous 
aracheptez:  offrande infiniemét  agréa- 
ble à  la  diuine  Majefté.  C'eft  pourquoy 
cefte  aftion  eft  appellée  Evchari- Ucf>ar;jiu< 
s  t  1  abonne  grâce,  ou  action  de  grace> 
prenant  fon  tiltre  &;  fon  nom  plus  com- 
mun &:  plus  illuftre  ?  de  fon  plus  digne 
&:  plus  remarquable  effecl:. 

Le  corps  du  Sauueur  viande  des 
fanftifieX^ 

10 
R  ces  Pains  n'eftoyent  mangez 
que  par  les  Preftres  de  Leuites 
gens  fanétifîez  du  feruice  &trein 
du  Sanctuaire  :  par  laquelle  cérémonie* 


3' 


242  Les     Pains 

le  S.  Efprît  nous  fîguroit  que  les  Chre- 
ftiens  doyuent  manger  le  Pain  de  la  ta- 
ble Chreftienneauec  finguliere pureté, 
s'ils  le  veulent  manger  vtilement3&  que 
chafeun  doitauoir  en  cefteaâion^ame 
ornée  d'vne  fainc1:ctéfacerdotale5parce 
[u  il  fait  en  icelle  en  certaine  façon  Pof- 
îcede  Preftre  :  car  il  offre  le  corps  de 
Iesvs-Christ  9  auec  Iesvs-Christ, 
&  auec  fon  Vicaire  officiant,iI  mange  le 
Pain  pofé  &  offert  fur  la  table  facrée ,  &c 
en  cetiltre  Sainct  Pierre  appelle  tous 
Us  Chu-  les  chreftiens  Preftres  &  Roysirentftin- 
i.Pec.x.?.  w  &*  Roydufdcripcature.  Car  encor  que„ 
les  lais  n'ayent  point  le  caractère  de 
Preftre ,  parlant  proprement  D  non  plus 
que  deRoyjils  font  neantmoins  appel- 
iez en  gênerai  Preftres  de  Roys  à  la  fuf- 
diâe  façon  y  &:  entant  que  tels  il  font 
fan&ifiez  ayans  droict  de  manger  le 
Pain  fan difié. 


DE      PROPOSITION.  243 

Que  fignifioit  la  table  des  Pains  de 

propojîtion ,   &  les  chandeliers 

multij)lie7j>ar  Salomon. 

il 

R  il  ne  faut  paflcr  fous  filcceque  D''*/«w« 

^     f  I     .  l        &  dix  cba- 

Salomon  ht  long  temps  après  dtli€tSt 
dreffer  au  Temple  qu'il  édifia,  Rcg«7-45>. 
dix  tables  des  Pains  de  proposition,  de  %'***    * 
dix  chandeliers  d'or,decuplant  le  nom- 
bre, cinq  tables  &  cinq  chandeliers  au 
cofté  gauche  de  l'Autel  des  parfums 
vers  Midy ,  6c  cinq  au  cofté  droict  vers 
le  Septentrion  ,  au  lieu  queMoyfen'a- 
uoit  mis  qu'vne  table  au  Septentrion, 
Scvn  chandelier  au  Midy  5  eftant  l'Au- 
tel des  parfums  au  milieu,  ainfi  qu'il  a 
efté  déclaré.  Ce  furcroy  &:  magnificen- 
ce myfterieufe  fignifioit  que  la  lumière 
delafoy  &rla  nourriture  Spirituelle  des 
âmes  fideles.feroit  fans  çomparaifofî  en  uiaww 
plus  grande  abondance  du  temps  duc?-*»  vw», 
vray  Salomon  I  esvs-Christ  <zndU(:U  ■"?' 
l'Eglife  baftie  par  luy  ,  qu'elle  n'auoit 
cfté  en  la  loy  de  Moyfe  :  éc  c  eftoit  bien 
la  raifon  auffi,  puifque  luy  ,  le  Soleil 
cfclairant  &le  vray  Paincelefte,  eftoit 
■dcfçendn  en  terre  pour  y  faire  l'Efté  >  & 


C.4.O. 

Ezech. 
Apoc.ïx.i. 


244  Les   Pains 

apporterla'c'artédu  Midy  auxmyfte- 
res  diuins,  donnant  la  grande  moiffon 
partout  le  monde  &les  Pains  de  pro- 
pofition  furgeonnans  en  abondance  de 
s.Hiero.  in  1  unique  Pain  de  fon  corps^comme  par- 
le Sainét  Hierofme  ,  Sainft  Iean  en  fon 
Apocalypfedefciare  par  vne  autre  allé- 
gorie, la  ipiendeur  que  Salomon  auoit 
figurée  par  ces  chandeliers,  quand  il  dit 
qu'il  a  yen  une  femme  dffuhlée  du  Soleiljous 
ce  nom  de  femme  entendant  FEglife&r 
par  le  S  oleil  lignifiant  la  grandeur  de  la 
lumière  fpirituelle  dont  elle  eft  afliftée 
en  la  loy  de  grâce.  Malachieaufïi  auoit 
prediâque  par  toute  la  terre  on  offri- 
roit  Toblation  monde  3ceit  à  dire  que 
le  corps  du  fils  de  Dieu  3  &:  le  pain  cele- 
fte  feroit  offert  &diftribué  en  abondan- 
ce en  la  maifon  de  Dieu,  qui  eft  ce  que 
Salomon  auoit  encor  fignifié  dreflant 
dix  tables  ,  nombre  de  généralité  ,  &c  ce 
au  temple  de  Dieu3figuredei'Eglife. 


Malac.i. 


DE      PROPOSITION.  24? 

La  pur  été  du  corps  necejjaire  à  Ujam> 
cle  Communion. 

IL 

[Aïs  quefignifioit  ceft  aduertif-1,  ***" 
femét  d'Achimelec  offrant  à  Da. 
uid,&àfesgenslefacré  Pain  à  la 
charge  qu'ils  n'euffent  touché  femmes? 
Il  fignifioit  ce  que  nos  fainérs  Docteurs 
enfeignét^àfçauoir,  que  pourfeprefen- 
teràlatabledenoftre  Pain  de  propofi-iw  g/  le 
tion.il faut  auoir  non  feulement  l'amc^5^ 

1  1    /  c        1  pourdigne- 

pure  de  peche3&  ornée  de  vertus,  corn-  méprendre 
me  il  a  efté  dicl  :  mais  D  encores  le  corps  lecorPi<it* 
netdefoùillure.  >Acbimelec  ,  di et  Sain  ci 
Hierofme  3  ne  voulut  point  donner  les  Pains 
de  propoÇitiondux  gens  de  Dautd^  que  premiè- 
rement il  n'eufi  ouy  qu'ils  nauoyent  approché 
leurs  femmes  de  trois  iours.  Quelle  donc 
doit  eftre  la  chafteté  des  Chrefties  vou- 
lansvferdela  table  du  Sauueur  quieft 
fon  propre  corps  ?  corps  vierge  &:  con- 
ceu  d'vne  Vierge  5fource  &  threfor  de  Différence 
toute  pureté,  &  infiniement  plus  pre- <^ p*'»* <k 
cieux  queles  pains  depropofition?//^rf^^r^ 
dieile  mefme  Doâcur  .autant  de  dijfercn-  rifite. 

ce  entre  les  Pains  depropofition^  <&  le  corps  de  ^Hieto-\n 
,-/    -n  1        1  t  r>  1.  i.cp.ad 

t  brijt, comme  entre  r  ombre  &le  corps  J  image  Tir. 

qiij 


t^6  Les    Pains 

otdonnance  ^  [a  >en>é  \es  fio-ares  des  chofes  X  venir  &*le$ 

des^ùojlres.      7    r  r       '  1      r  o>      X    n 

In  Condl.  *>hojes  reprej entées  par  les pgur es  pdjs? es .C  eft 
Elibet.  pourquoy  les.Apofires  &  leurs  fuc'cef- 
d^omms.  ^curs  ont  fain&ement  ordonné  que  les 
dcconfccr.  laiz  qui  veulent  communier  s'abftien- 
&Conai.    nent  j    jeurs  femmes  pOU1:  le  moings 

46.  trois  îours  deuat&  autant  après  la  eom- 

munion:&  que  lesPreftres  qui  commu- 
nient tous  les  iours  &  manient  cefte 
chafte  &  diuine  chair ,  viuent  fans  fem- 
me 3&  foyentà  guife d'Anges,  chaftes 
toute  leur  vie. 

Ceux  qui  communient  jainttement 

prennent  forces  &  armes  de  la 

Communion. 

*3 

i*Evxdonc  qui  mangent  ce 

>5sâ  vray  Pain  de  propofition  au  ♦ 

Parangon  de  Dauid  ayans  l'a- 

me  nette  de  le  corps  •>  font  non 

feulement  rendus  plus  forts  pour  faire 

tefte  aux  tentations  de  Satan,  &  refiler 

r        ,      à  la  concupifcence  :  mais  encor  pren- 

Le  coutelas  r  ,  1 

ieGoiiat.  nent  le  coutelas  de  Gohat,  prennent 
mcfmes  fur  leurs  ennemis  addrefTes  &r 
armes  propres  pour  vaillament  affaillir 
&  mener  les  mains  es  combats  du  Sei- 


DE    PROPOSITION.         247 

çneur5&  tailler  en  pièces  les  troupes  de 
Satan  du  monde  Se  de  la  chair  ,&:  gai- 
<*ner  la  victoire  d'vn  vi&orieux  cobat. 

Brefue  exhortation  à  U  pureté  pour  Je 
prefenter  auS.  Sacrement. 

*4 

A 1  s  helas  !  combien  eft  petit 
le  nombre  de  tels  combatans? 
Combien  peu  y  a-il  qui  fepre- 
fentent  à  cefte  diuine  table  auec  le  ref- 
pecl:  &  la  netteté  que  le  Pontife  Achi- 
melec  requeroit  de  Dauid  ,  &:  de  (es 
gens,pour  fes  Pains  de  propofition  om- 
bres &  figures  du  noftre?  Combien  peu 
qui  imitent  la  faindteté  de  Dauid  &:  de 
fes  foldats  en  ce  celefte  banquet?  Com- 
bien peu  qui  imitent  celle  de  nos  pères 
anciens  &  de  noftre  mère  TEglife  naif- 
fante  ?  Que  fommes-nous  deuenus? 
Que  faifons-nous?  A  quoy  penfons- 
nous?  Oùauons-nouslaiffë  efchapper 
cefte  antique  ardeur  à  nous  commu- 
nier: &  cefte  antique  fain&etédes  pre- 
miers Chreftiens  pour  nous  bien  com- 
muniera Qu'eftdeuenuëla  chafteté  de 
cefte  Chreftienté  premiere?Où  voit-on 
comme^iadis  la  preife  des  belles  ames3 

q    iiij 


148  Les  pains  de  prop, 
fainctement  amoureufes  de  cet  efpoux," 
èc  fobrement  gourmandes  de  ce  fien  fe- 
ftinî  S'il  y  en  a  encor 5  comme  il  ne  faut 
pas  doubter  qu'il  n'y  en  ait  plufieurs 
milliers  cachez  dedans  l'oratoire  du 
Sanftuaire  de  la  maifon  de  Dieu  ,  le 
nombre  pourtant  en  eft  toufiours  petit 
au  prix  de  celuy  qui  a  efté ,  &  qui  de- 
uroit  &  pourroit  eftre  :  fi  nous  auions  le 
courage  ôc  le  gouftdenosdeuanciers. 
Venez  y  donc  &rprcparez-vous  y ,  ô  a- 
mes  fideles3prenez  vos  habits  nuptiaux 
Prouerb.?.  pour  vous  prefenter  àl'Efpoux  fouue- 
raine  fagefle  :  aiguifez  l'appétit  de  vos 
cceurs:approchez-vous  de  la  table  qu'il 
vous  a  préparée  :  mangez  le  Pain  vif 
qu'il  vous  a  afTaifbnné  ,  le  vin  celefte 
qu'il  vous  a  méfié:  Pain  qui  donne  la 
vie  éternelle,  vin  qui  vous  abbreuue  de 
la  félicité:  rempliriez  le  feftimilya  en- 
cor  des  places  vuides,  &:  accroifTez  vo- 
ftre  gloire  faifans  croiftre  le  nombre  des 
inuitez. 


249 


l'OBLATION    DES 

Prémices. 


L'OBLcstTION      DES 

Prémices  de  h  'Pen- 
tecôte. 

Ovr  bien  en- 
tendre com- 
ment cefte  af- 
fembleecelebre 
le  facnfice  des 
Prémices  ,  il 
vous  faut  con- 
ceuoirla  forme  du  Temple.où  el- 
le le  faid.  Le  Temple  des  Iuifs  vul-  EzcchT4o. 
gairement,  ceft  ce  grand  enclos  &*r- 
de  murailles  ayant  cinq  cents  cou- 
dées en  quarré  dans  œuures:mais 
parlant  proprement  c  eft  la  mai- 
ion  baftie  dans  iceluy  clos  vers  le 
boutdei'Occident,  magnifique- 
ment couuerte  :  large  ,  &  haute 
de  vingt  coudées,  ëc  longue  de 


2J2-  L  OBLATION 

fbixâte:diuifeeen  deux  membres: 

le  premier  defquels  eft  de  vingt 

coudées  de  longueur,  le  plus  facré: 

LEDS*  TSNCT  car  ceft  le  Sainct  des  sàincts, 

SAINGTSIieu  de  l'Arche  d'alliance,  ou  per- 

ieSainct.  ,  i     r  •         - 

lonne  n  entre  que  le  louuerain  pon- 
tife vne  fois  Tan.  Le  fécond  a  de 
longueur  les  quarante|  coudées  re- 
liantes, &eniceluy  eftpofé  l'Au- 
vjutcUei  tel  des  parfums  vis  à  visdelaporte 
parfums,     du  premier  Sanctuaire ,  ayant  de 
chafque  cofté  cinqchâdeliers  d'or, 
&  cina  tables  aux  Pains  de  propo- 
rtion, comme  ailleurs  auons  di£t. 
j»t*hh*u  j^  ce^  Autel  chafque  Prince  des 

des    Pjdis  de  T.  • 

vrtpofmo».  Preftres  offroit  encés  a  Dieu  a  tour 

d'office ^foir  &  matin,  à  la  façon 

fcachar.     quefit  Zacharie  père  de  S.Iean.Le 

Luc  lm      refte  du  clos.eft  fans  toiâ:,diuifé  en 

UsfAruu.    deux  grades  courts  ou  paruis,  eftat 

chafcun  long  &  large  de  cent  cou- 

dees^borné  du  collé  duMidy  &c  du 

Septentrion  de  certaines  maifons, 


des   Prémices.      153 
appellees  Gazophylaces  ,  comme  Ga^hyU_ 
qui  diroit  Thefaureries.   Ce  font""- 

if  1-»       n  t  Thtf4(ire« 

habitations  des  Prèitres  &  Leuites,  ri«. 
&  lieux  à  garder  les  threfors  facrez, 
ayans  après  des  allées  &petites  mu- 
railles employées  au  refte  de  f  efpa- 
ce.  Le  premier  paruis  feparé  par1'^""'* 
vne  petite  muraille  du  fecond,ayât 
vn  portai  au  milieu,  ceft  le  lieu  ou 
les  Preftres  font  les  facrifices  fur  ce 
grand  Autel  ,  qui  cft  vis  à  vis  du 
Temple, ou  vous  voyez  cinq  eu-c«»/w. 
uiers  à  dextre,  &  cinq  à  feneftre, 
pleins  d'eau  à  lauer  les  entrailles  5c 
pieds  des  viclim  es. Et  du  cofté  gau  -     ' 
che  ioignant  la  muraille  de  fepara- 
tion  prés  le  portai  vne  cuue  de  fon- 
te apellee mer,à  caufe  de fon  enor- h*. 
me  capacité:carelleadix  coudées 
de  diamètre,  &  cinq  de  profodeur. 
Et  c'ert  la  fontaine  ou  les  Sacrifica- 
teurs Iauenc  pieds  &mains,vouIans 
faire  leur  Gicrifice. Le  fécond  paruis îf  ^C9rJ 

I  parais. 


Z/4  L'OBLATION 

eft  le  lieu  des  laiz  ,  &  ce  petit  fiege 

éleué  au  milieu  d'iceluy  en  forme 

Le  baudet  ou    \>    r   1      C  >    n  1*  1  i*    • 

•fibafMt  du  d  eleharaut,  c  eit  vn  haudet  d  ai- 

*°/ar  9     rain,  quarré  de  cinq  coudées,  &c 

haut  de  trois,  où  5alomon&  les 

Roys  des  Iuifs  après  luy  fe  tiennent 

durant  le  feruice. 

O  R  cefte  grande  multitude 
d'hommes  ,  qui  font  au  premier 
paruis  3  ce  font  les  Preftres  &  Leui- 
tes. Et  cette  autre  qui  eft  au  fécond, 
c  eft  le  peuple,  illec  tous  alfemblez 
pour  la  folemnité  de  la  nouuelle 
ôblation  des  Prémices  de  la  moif- 
fon,  &  fefte  de  la  Pentecofteren  la- 
Sscrifces  cîueUe°t)lation  après  plufieurs  fa- 
freàUàbUi    crifices finçlans  5  à  feaupir  de  fept 

des  Premicer.  p      1  \  ,       -,  * 

agneaux, de  deux  moutons,  d  vn 
bouueau ,  offerts  en  holocaufte:& 
d'vn  bouc  offert  pour  le  péché,  on 
offre  àDieu  deux  pains  de  froment 
au  ec  deux  agneaux  en  hofties  paci- 
fiques, C  eft  à  dire  d'adion  de  gra~ 


des  Prémices.  3^5 
ces  3  ayant  chafcun  contribué  Pof- 
frande  de  (es  Prémices  aux  Pre- 
ftres  félon  la  loy.  Au  premier  par- 
uis  il  n'y  a  que  lesPreftres  :  au  fé- 
cond les  femmes  font  feparees  des 
hommes  en  vn  oratoire  à  part.  Et 
tous  tant  hommes  que  femmes  > 
voyét  ou  tout  ou  en  partie  le  facri- 
fice., quifefaidtau  paruis  des  Pré- 
fères: parce  que  l'Autel  eftéleué  àwor*»/?^ 
dix  coudées  de  hauteur,  &  les  mu-  IZdeL  J 
railles  de  feparation  des  paruis,  àtff'4^ 

I  I  5        Et ds  qmnxe 

trois  feulement.  Ils  oyent  encoH"  *»/««*» 
plus  ailement  lavoixdesPreitres,iofePh.i.y. 
des  inftrumcns  de  Mufique  .,  {kil^c^, 
des  trompettes ,  qui  ioiient  pen- 
dant que  le  facrifice  brufle.Les  fept 
agneaux  ,  le  veau  gras ,  les  deux 
moutons  font  ja  confommez  par 
le  feu  fins  aucune  referue  ,  fauf 
leurs  peaux:  car  c'eftvn  holocau- 
fte,  c  eft  à  dire  facrifice  tout  bruflé, 
genre  de  facrifice.  auifefaid  tout 


%j6  L'OBLATION 

à  Dieu  fans  en  referuer  rien,  ny  , 

aux  Preftresny  aux  laies.   Le  bouc 

eft  auffi  tout  reduiâ:  en  cendres, 

parce  qu'il  eft  fai£t  en  commun 

pour  le  péché  du  peuple  :  car  s'il 

eftoit  pour  vn  particulier  ,  vne 

-  partie  de  la  victime  feroit  gardée 

aux  Preftres  par  la  loy  du  facrifice 

propitiatoire  ,  qui  leur  donne  ce 

lesïrtjkn  droi6t.    C'eft  pourquoy   l'Efcri- 

pe*2™tles  turediéfc,  qu'ils  mangent  les    pe- 

ofc.48.    c}lez  du  peuple,  c'eft  à  dire  les fa- 

crifices  offerts  pour  les  péchez  du 

peuple. 

Vohiaticn       Les  deux  pains  qui  font  le  corps 

&  le  cœur  de  ce  facrifice  j  font  pai- 

ftris  de  fine  fleur  de  froment,com- 

meles  Pains  de  proposition, mais 

depafteleuee,au  lieu  que  ceux-là 

eftoient{ànsleuain,qui  eft  vn  om- 

n<,»ds&     bragemyfterieux.  Ils  font  formez 

en  eafteaux  ronds,  le  Pontife  les 

offre 


des  Prémices.      2/7 
offre  maintenant  à  Dieu,  les  elle- 
uant  au  Ciel  par  remarquable  céré- 
monie auecles  agneaux  pofez  def 
foubs^  les  tournant  du  Midy  au 
Septentrion,  &  du  Leuant au  Po- 
nant, &  prie  Dieu  auec  ces  paro- 
les. Regarde  ton  Sancïuaire  Seigneur, 
&de  tafaincle  habitation  du  Gel,^^ 
&  beny  ton  peuple  IJraè'l ,  $  la  terre  Dcu:-  M-l5- 
que  tu  luy  as  donée,  amjïque  tu  l'as  iu- 
réànos  P  ères  ,t  erre  ayant  affluence  de 
laicl  <&  de  miel.  Apres  celle  éleua- 
tion  ,  il  retiendra  les  pains  &  les 
agneaux  pour  ion  droift.  Tout  le 
monde  elt  en  prières  &  deuotion, 
adorant  la  Maj  efté  diuine  >  implo- 
rant fa  mifericorde,&rendant  grâ- 
ces à  fa  bonté,non  fans  môftrer  les 
élancemens  intérieurs  dehime  par 
les  mouuemens  extérieurs  &ge(les 
du  corps.  Celuy-là  leue  les  yeux 
au  Ciel.ceftui-cy  frappe  fapoictri- 
ne,  Pautre  ioindfc  les  mains ,  plu- 

r 


Z$$  L'OBLATION 

fieurs  inclinent  la  tefte  &  flechif- 
fentlegcnoùil:lesvnsontles  yeux 
fichez  à  l'Autel,  fumant  encor  du 
facrifice  des  vi£times  bruflées:  les 
autres  aux  geftes  du  Preftreefleuât 
fi  ceremonieufement  les  pains  po- 
fezdefïusles  agneaux:quelques-vns 
font  attentifs  aux  pains  &  agneaux 
mefmes.-maisonne  peut  pas  bien 
voir  la  contenance  du  vifàge  ny  les 
niouuemens  des  mains&des  yeux, 
d'autant  que  tout  le  monde  regar- 
de à  l'Autel,  &  prefque  tous  font 
peindsà  dos&  peu  à  pourfil,  & 
moins  encor  à  front.  Mais  par  ce 
peu  qu'on  en  voit,  on  conie£ture 
bien  que  les  plus  fpirituels  iettent 
i»ifsfe*re.  leur penfée  au  myftere  caché  foubs 
iCor.xo.  J'efcorce  de  la  cérémonie.  Car  ils 
fontaprins  queleurloyeftvnelo- 
gue  tifTure  deplufîeurs  peintures, 
enfeignant  laverité  de  ce  qui  fe  fera 
du  temps  du  Meffîe.  au  moyen  de- 


des  Prémices.       i^ 
quoy  ils  ne  regardent  pas  tant  l'ap- 
pareil des  lacnfices  des  beftes&des 
pains  nouueaux,  que  ce  quieft  fi~ 
gnifié  par iceux. Et  nefauc  pas  dou- 
ter que  Dieu  ne  face  voir  à  plu- 
fîeursja  future  lumière  de  la  loyde 
grâce. Certes  àcontemplerlevilage 
de  cePreftre  vieillard  peina;  à  fret, 
aucoftedroi&del'Autel.Jeuantles 
yeux  au.Ciel  &  ioignant  les  mains, 
toutrauy  &  tourextafié,  on  colli- 
ge  qu'il  a  eu  quelque  (eçrette  reue- 
lation  du  grand  blé  que  Dieu  pro- 
met aux  fiecles  avenir,  par  lafelte 
de  ce  facrifice  de  pains  nouueaux, 
&qu'il  en  glorifie  en  (on  a  me  la  di~ 
uineMajefté,defîreux  fi  tel  eut  efté 
le  bon  plaifir  de  Dieu^d'eftre  viuat 
fur  la  terre  parmyfes  enfans,en  icel- 
le  faifon:  &  enfemble  qu'il  dict  en 
fon  cœur  tout  cecy.O  Dieu  d'Kraël,, 
que  vous  eftes  grand  >  magnifique,, 
éc  admirable  es  œuures  de  vos^ 

r  ii 


zGo  LOBLATION 

35  mains  i  "grand  à  faire  des  chofès 
^grandes^magnifiqueà  obliger  les 
»  hommes  parles  grands  biens  >  & 
»  admirable  à  choifîr  les  temps  & 
„  fàifons  à  bien  faire  !  vous  auez  à  la 
»  feule  iuffion  de  voftre  viue  parole, 
yy  créé  de  rien  le  Ciel  &  la  terre  ,  &c 
„  tout  ce  qui  eft  entre-deux  >  pour 
„  en  faire  prefent  à  l'homme  voftre 
„  créature,  ôoieceffez  de  l'obligera 
„  tous  momens ,  de  nouueaux  bien- 
3>fai6ts:  vous  auez  en  particulier  af- 
„  fifté  de  mille  benedi&ions  ce  vo- 
»  ftre  peuple  Hebrieu  ,  luy  rompant 
»  de  main  forte  les  cadenes  dVn  cru- 
3,  el  feruage ,  le  retirant  d'Egypte,  &c 
»  de  la  tyrannie  de  Pharaon  :  luy 
«  donnant  Tappennage  d Vn  pays 
,y  delai6l&  de  miel,  vrayes  délices 
y y  delà  terre,  &:  le  faifant  depofitai- 
yy  re  de  vos  fain&es  loix  &  fecrets: 
3>  ce  font  à  la  vérité  de  grands  cffcâs 
3,  de  voftre  bonté:  mais  ie  voy  qu'el 


des  Prémices^  \gi 
lefeva  eftendre  fans  mefure  plus» 
que  iamais  aux  fîecles  &  peuples» 
futurs,non  feulement  de  la  Palefti-  » 
ne,  mais  de  toutl'vniuers,  lors  que  » 
le  Rédempteur  Meflias ,  que  vous  » 
auez  promis,  que  nous  attendons,  >j 
&:  que  ces  facrifices  nous  figurent» 
&  predifent  dVn  langage  fecret/e-  » 
ra  venu  fe  facrifiant  foy-mefme  en  » 
offrande  de  pain  nouueau,&vian-^ 
de  d'immortalité  !  ô  temps  heu-» 
reux  qui  verras  naiftre  ce  Seigneur!  » 
ô  peuple  heureux ,  qui  feras  fon» 
peuple,  conduit  parfesloix&  vi-» 
uantdefi  table!  ô  que  ne  fuis-ie» 
enfant  de  ce fïecle-là,  &  membres 
de  ce  peuple  !  Sa  pein&ure  nous» 
donne  conie&ure  qu'il  parle  ainfi.  » 

r  iij 


TR OIS  FE  STES 
des   Prémices 

ludaïques. 


Ë  s  Iuifs   reccurent  com- 
mandement au  defeit  d'of- 
frir à    Dieu  les  Prémices 
des   nouueaux  frui  6ts   de 
la  terre  de  promiiïion,  lors 
qu'ils  en  feroiét  paifîbles  pofTefTeurs,  en 
trois  feftes  de  l'an.  La  première  eftoit  le 
£*/c.M" lendemain  de  Pafques,  en  laquelle  ils 
leuit.iî.     donnoyentvne  gerbe  des  premiers  ef- 
lofcyh.1.5:  pi  es, fur  le  comencement  desmoiiTons, 
cicanuq.  je{qUej[cs  Cn  ja  iudée  fe  faifoyent  com- 
munément enMarSjOu  en  l'entrée  d'A- 
uril }  parce  que  le  païs  y  eft  fort  chaud. 
La  féconde  fecelébroit  au  cinquantief- 
LdVênteco-  lr»e  i°ur  après, qui  pour  ce  eftoit  appel- 
fitj.cwquan-  lée  la  Pentecofte ,  en  laquelle  on  offroit 
ùefnkiomr.   non  ju  grain  corne  en  la  première  fefte; 
mais  deux  pains  de  bled  nouueau ,  auec 
plusieurs  facrifices  fangians  preallables. 
Latroifiefme  eftoit  après  k  quinziefme 


des  Prémices^  265 

de  S  eptembre,  en  laquelle  on  donnoit 
les  Prémices  des  fruicts  recueillis  5  quiLesVrmke* 
eftoyent,  froment, orge,  raifins,  oliues,  JnlSe°/clT 
grenades,  figues  Se  dattes.  La  plus  cele-.M«<fc 
bre  des  trois  eftoit  la  Pentecofte,&:  par-^^>  ÎL 
tant  la  loy  l'appelle  amplement  &  iknsgejevigne, 
queuëlafefte  des  Prémices,  &fon  io\itd'oliut'T>  „ 

*         ri  1     «  r  -     ri.     n  grenadier  .H- 

tres-folennel,  &tres-iainct ;  &:accom-|Mier(£. 
pagne  Toblation  d'icelle,  &:  de  toutes  *&*. 
lesefpeces  de  facrifices  Iuifs,  qui  font  ^g1**^ 

trois  ,  L'H  OLOCAVSTE,lePRÔPI*-  Lyra.in  c. 

TiATOiRE.&lePACiFiovî:  odes  llUuk; 

1  11         r  j^tt     a*         Trou  fortes 

faicidela  plus  noble  efpece  a  Homes  de  facrifices. 
permifes,à  fçauoir,  de  fept  agneaux,  Ho 


LO- 


d'vnveau  gras,  de  deux  moutons  enp^pj.  ' 
holocaufte  à  l'honneur  de  Dieu  ,  d'vn  hatoi- 
bouc  en  facrifice  propitiatoire  5  pour  j*'^/*" 
auoir  remiffion  du  péché,  &deux  agne-  Manne  des 
aux  auec  les  pains  en  facrifice  pacifique  f4eriPMm 
pour  a&ion  de  grâces.  Oeft  la  fefte  & 
foblation  des  Prémices,  qui  faiét  le 
fubie&du  prefent  tableau. 


r  mj 


264  L'oBLATION 

La  çJMejfe  oblation  nouuelle  en  la 
Pentecofle  des  Chrejliens. 

1 

jj^Este    oblation  &:  ces  Prémices 

g3&  de  pain  nouueau  en  la  Penteco- 

jfte  font  vnc  des  plus  illuftres  figures 

du  Sacrement  &:  facrifice  de  la  Mefïe 

vrayement  nouuelle  oblation5&:vrayes 

Prémices  du  fromet  de  la  nouuelle  loy. 

Ainfi  l'ont  remarqué  les  anciens  Pères, 

s.ircn.i.4.  ^  entre  tous  S.Irenée  fort  difertement. 

ZeSauueur,  dift-il,  enfeignant  fis  difciples 

£ offrir  les  Prémices  defes  créatures  à  Dieu^no 

comme  luy  eflant  necefiiteuxjndisà  fin  queux 

ne fuffent  inutiles  &  mefcognoijjdnsjlprintle 

pdin  qui  efi  ld  credture3&*renddnt grdees  dic~iy 

Cecy  EST  MON  CORPS.  SemhLtble- 

ment  il  confeffaque  le  Calice  y  qui  yientde  la 

credture  jftoit fonfangy  enfeignant ld  nouuelle 

oblation  du  nouuedu  Tejldment  que  CEglife 

m  ff      tîînt  ^e  ^  mdLm  des  ^foflres  5  &  [offre  par 

lehrée  par  les  Ivniuers  aDieu  nofire  nourricier  en  Prémices 

spofircs.     fa  dons -au  il  nous  d  faiêl  en  la  loy  de  çraceje- 

Malach.i.    ,  Il   t     f       /      -  j  ci    xf 

Ion  que  Malacbias  l  auott  predict.  Ma  vo- 
lonté' N'EST  POINT  EN  VOVS 
DIT  LeSeIGNEVP.  TOVT-PV1S- 
SANTllENE   PREND RAY  POINT 


des    Prémices.'  165 

LE    SACRIFICE    DE    VOS    MAINS,      Lefacri§a 

par    ce     qvedv  Levant    av^ÎI" 

PONANTMON   NOM  ESTGRAND facrtfices 

E  N  T  R  E    L  E  S      G  E  N  T  I  L  S  ,  D  I  T    L  E  lu'J5  5*  mt 

SEIGNEVR   TOVT   PVISSAN  T.Pdr 

lepjuelles paroles ,  adioufte  ce  Docteur  5/<r 
Prophète  fignifie  mctnifejlement  ce  oui  efl  ad- 
uenu  l  car  ce  premier  peuple  a  cefié  d'offrir  à, 
Dieu  ,&à  Dieu  eft  offert  facrifice  monde  par 
toutlynit>,?rs>&  le  nom  de  Dieu  glorifié  entre 
les  Gentils.Y  âiùnt  doc  allufion  à  la  vieil- 
le figure ,  il  dift  3  que  le  Sauueur  difant, 

C  E  C  Y  EST  MON  CORPS,  Ôc^CeGY 

estmonsang,&  traniTubftantiant 
le  pain  en  fon  corps  ,  &  le  vin  en  Ton 
fang ■i  enfeigna  ks  Apoftres  &  difciples prop£ttfa»l 
de  donner  à  Diea  les  Prémices  de  fe$ #****#• 
créatures  ,  &  luy  offrir  vne  nouuelle^^"'1" 
oblation  du  nouueau  Teftament,quis.chryf.îri 
eft  la  vérité  du  Sacrement  &:  facrifice  l9^9Vt 
delà  Méfie,  figurée  par  Toblation  des cont. Marc. 
Prémices, que  venons  d'expliquer,  &  la  cap.ii. 
Prophétie  du  Prophète  Malachias^que  lS  aeauir. 
S.lrenée  cite  pour  la  mefme  vérité ,  &c.  $<. 
auec  luy  S.  Iuftin  j  S.  Chryfoft.  S.Hie-  ^Hiero-in 
rofme,  S. Auguftin,Tertullien,^r autres  1  Mal.  &: 
gran as  Docteursde  IfHglife  Mais  voy-  alli- 
onsles  traifts  delà  vieille  oblation re- 
fpôdâs  vis  à  vis  au  corps  dèlanouuelle. 


2  66 


L'O  BLATION 


Deplujîeurs  traifls  de  [ancienne  obla* 
tion  rejpodans  a  la  "vérité au  Sa- 
crement $  facrifice  de  la 
çJKeJfe. 

ffitë  E  s  Pains  des  Prémices  eftoyët 
'«y  fai&s  de  fleur  de  farine  de  fro- 
&  ment  &  ronds  en  faconde  ga- 
la  matière  fteau ,  c'eft  la  matière  &  la  forme  de  nos 
ÎÏUTÏ    Hofties.Le  Preftreles  éleuoit  deuantle 
peuple  en  figure  de  croix  ;  lePreftre  éle- 
ucl'Hoftieconfacrée  pour  la  faire  ado- 
rer &  en  faid  plufieurs  fignes  de  croix. 
Lenom.        Lefacrifice  des  pains  eftoitMiN-HA, 
M  iN-H  a  ,  c>efl.  ^  fore  non  fanglant  :  la  Mcfle  eft  vn 
facrifice  demefme  genre 3  fans  effufion 
defangj&r  vrayemétl'oblationMiN-HA 
predi&e  par  Malachias.  La  figure  eftoit 
appellée  par  laloy,  facrifice  nouueau: 
que  Moyfe  nomme  encor  eîi  langage 
Hébraïque- &:  Syriaque,M  i  s  s  a5c  eft  à 
dire  oblation  riche  &  fuffifante,mot  qui 
ne  fe  trouue  en  toute  la  Bible,  Tïnô  pour 


Malach.i. 


Sacrifice 
npuueat». 
MifTa. 
Peut.  16. 


fîgnifier  cefte  oblatio  nouuelle^comme 
enfeignétlcs  Do&eursHebrieux.Tout 
cecy  conuient  aufïi  naïfuement  à  la 
Meffe  :  car  pour  le  regard  du  premier 


des  Premicê^  î6j 

nonvl  luy  conuient  de  tout  poin <5t,veu  La  M*//*/*- 
qu'elle  eft  fingulierenient  vn  facrifîce^/f"w0<'" 
nouueau  en  toutes  fes  parties: en  fon  of-  ïojfrantà 
frandc ,  en  fon  Preftre5&  en  fa  façon. 

L'offrande  eft  du  tout  nouuelle  :  c  eft 
vnfruidt  nouueau  produit  d'vne  terre 
nouuclle:le  corps  duSauueur  engendré 
delà  Vierge:  vn  pain  nouueau5vn  pain 
vif  5  immortel  &:  glorieux  :  le  Preftre^pr^. 
nouueau  auili,leFiIsde  Dieu^l'Oind 
de  Dieu ,  Roy  des  hommes  &:  des  An- 
ges 5  &  n'y  en  eutiamais  vn  fembiable, 
ny  fera  cy  apres.La  façon  toute  nouuel-  l4f"f< 
le ,  car  l'offrande  &  le  Preftre  eft  la  mef- 
me  chofe,  &  Pvn  &  l'autre  font  cachez 
foubs  les  efpeces  du  pain  &  du  vin,  tout 
en  l'vne  &  tout  en  l'autre  efpeces,&  tout 
en  chafeune  partie  d'icelle ,  en  fa  propre 
quantité  ?  en  fon  immortalité  &:  en  fa 
gloire 5 quoy  que  nosfens&  iugemens 
n'y  voyent  que  les  fîgnes  extérieurs,  fa- 
çon de  Sacrement  &  de  facrifîce  du 
tout  nouuelle  &  incogneuëàlaloy  de 
naturel  de  Moyfe. 


:o». 


268  I/OBLÀTION 

Du  nom  de^fejp. 

4 

^SVant  eftdumotde  Missa, 

îî  îrs  s  A  j    lliSre?  Mcflè,nom  propre  de  la  vieille 

s.ciem.ep.3  ^ftEs*  oblation  >  il  eft  demeure  tout 

Ahrdl2sln7;  entier  5  à  la  noftre ,  &  luy  eft  fi  bien  affe- 

3 <c>  l?>       cte  &  approprie  ?  qu'il  ne  lignine  plus, 

S:  Alex,      ny  nomme  autre  chofe  que  le  facrificc 

Tclcfph.     de  ^°y  de  grace.-commeiadis  il  neno- 

cpift.i.       moitque  celuy  de  Moyfe.  Si  bien  que 

s.Arnb.i.ç.  piuficurs  grands  Doclenrs  ne  doub- 

s.Aug.fcr.   tent  point ,  que  cène  loitvn  mot  He- 

51.de  temp.  brieu5  &  le  mefme  qui  nomma  l'ancien- 

^.Lcon.      ne  oblation  des  Prémices  ,  &  vn  des 

ep.8i.& 88.  premiers  que  les  Apoftres  donnèrent 

Ronfde.    au  facrific^  de  TEuchariftie.  Ce  qui  eft 

confecr.i   rendu  vrayfemblable  ,  parce  que  plu- 

rnaihas.    fîcurs  anciens  Pères  Grecs. &  Latins  en 

Canh.can.  ont  vfé.-comme  font  S. Clément  fuccef- 

3-  feur  de  faind  Pierre ,  Abdias  qui  a  eferit 

Aaath.c.47Ja  Vlc  des  Apoftres  ou  en  Grec  ou  en 

dc.c6£d.i.   Hebrieu.Item.S.  Euariftie  Pape  feant 

MlfFas-      lan  io 6.  Telefphore  feant  lan  117.  S. 

Ambroife,S.Auguftin,  S.Leon5itemle 

premier  Concile  Romain  ,  le  fécond  de 

CartageJeConcile  d' A  gde,&:  plufieurs 

autres  anciens  autheurs  des  quatre  pre- 


des    Prémices.  269 

miers  ficelés,  &  tous  l'ont  vfurpé  com- 
me vn  nom  vfité  entre  les  Chreftiens, 
qui  eft  vn  argument  qu'ileftoit  laiftè  par 
tradition  des  Apoftres ,  encor  que  l'E- 
glife  vfaft  en  ces  commencemés  de  plu- 
sieurs autres  principalemét  en  la  Grèce. 
Quelques  Docteurs  l'ont  eftimé  Latin 
àcaufe  de  la  femblancedes  fyllabes  &: 
du fommais l'argument  ne  conclud  pas 
qu'il  foit  pluftoft  Latin  que  Hebrieu, 
veu  qu'il  a  les  fyllabes  &  le  fon  pareil  en 
Tvne  &:  en  l'autre  langue, &  fi  le  Latin  le 
veut  prendre  pour  iby  par  ce  tiltre,rHe- 
brieu  aura  le  mefme  droift:  &:  par  mef- 
me tiltre  chacun  tirera  à  fa  langue  mille 
mots  eftrangers  a  la  moindre  femblan- 
ce ,  &  fe  mettra  en  dâger  d'eftre furprins 
en  crime  d'iniufte  vfurpateur  ou  mau- 
uais  interprète,  comme  il.  eft  aduenu  à 
OptatusaumotCEjp  ha  s,quilapenfé 
eftreGrecàraifon  delà  femblance  desICr,K^ 
fyllabes  du  mot  Cephale,  tefte  :  par 
mefme  mefeonte  les  Latins  diront  aufïi 
que  les  mots  Hebrieux  A  lm  a,M  a  s-    a  l  m  a> 
sa,  CERA,&femblables  font  feulement  ç*^  A> 
Latins,parce  qu'ils  en  ont  le  fon:&:  cha-  s*cm  toutes 
que  lâgue  dira  que  le  mot  Sac  eft  feule-  H?*?  de 
menf  de  ion  creu ,  parce  qu  il  îe  trouucj;^tru.îilofK 
eu  toutes  de  meûne  fon  &:fïguifîcation, 


%JO  L'OBLATION 

Il  eft  doncpo.ur  le  moins  auffi  vray-fem- 
blablc^que  le  mot  M  i  s  s  a  eft  Hebrieu, 
que  Latin.  Que  fi  quelqu'vn  veut  tenir 
fermement  qu'il  eft  venu  du  Latki  plu- 
Hencontre&oR que <Lc ïHcbricu  5  ie  m'y  aecorde- 
mcrutiUtufe.  ray  plus  volontiers.>pour  vn  feul  regard, 
qui  eft  que  cefte  rencontre  cafuelle  du 
Latin  auccTHebrieu.,  eft  plus  merueil- 
leufeque  l'Erymologie  prinfe  à  deflein 
de  l'Hebrieu  :  carilne  peut  eftre  adue- 
nu  fans  prouidence  diuine5qu'vn  mot 
Latin  fe  foit  fi  heureufement  fondu  Se 
allié  àl'Hebricu  >  qu'il  femble  du  tout 
Hebrieu^  vnmotHebrieufoitfi  ad- 
uehantau  Latin  5  qu'il  femble  du  tout 
Latin, Se  qu'ils  ay et  efté  employez  pour 
faire  femblable  office  en  diuerfes  lan- 
gués  &:  iojx  :  l'vn  pour  nommer  en  He- 
brieu  en  la  loy  de  Moyfeja  figure  du  fa- 
crifice  du  corps  du  Sautieur:  l'autre 
pour  nômer  en  Latin ,  la  vérité  du  mef- 
me  facrifice  en  la  loy  du  Sauueur  :  &: 
que  le  plus  excellent  facrifice  de  tous 
ait  efté  baptifé  d'vn  femblable  nom  en 
fyllabes&en  lignification  parles  deux 
plus  nobles  langues  du  monde:en  figu- 
re par  l'Hébraïque,  &  en  veriré  par  la 
Latine.  La  vieille  figure  donc  rapertoit 
noftre  facrifice  en  (a  matière  y  enfofor- 


DES      PREMICES.^  27I 

me ,  en  (a  cérémonie  5  &  naïfuement  en 
fonnom. 

L <x  tranjfubftatiation  quiJefaiÛ  en  ce 
Sûrement  figurée  far  le  leuain. 

S 

Lyaencor  plufieurs  traits  my- 
fterieux  en  la  figure  ancienne, 
qui  nous  fonteognoiftre  la  ve- 
rite  de  no  lire  Euchariftie  :  mais  trois 
principalement  :  l'vn  eft  du  leuain ,  Vau- 
tre du  temps,  &  le  troifiefme  des  facrifi- 
ces  preallables  à  l'oblation.Il  a  efté  diâ: 
que  ces  pains  eftoyent  fai&s  de  pafte  le-  Lei  a^m«»x 
uée,  lefquels  eftoyent  éleuezen  obla-*/k*'\ 
tion  parle  Pontife  auecles  agneaux. xlmz'lit 
Lors,  didt  l'Efcriture,  le  Sacrificateurejleue- 
rales  agmdux  auec  les  pains  des  Vnmices  en 
les  tournant  datant  le  SeWnenr.  De  manière 

o 

que  les  Pains  eftoyent  mis  fur  les 
agneaux3&  tous  enfemble  eileuez.C'eft 
vn  diuin  coup  de  pinceau  tiré  de  la 
main  de  Dieu  en  la  planche  de  la  figu- 
re 5  tious  enfeignant  non  feulement  La 
prefence  du  corps  de  fon  Fils  vrayA- 
gneau  fans  tache ,  au  facrifice  delà  Mef- 
fc:  mais  encor  la  façon  en  laquelle  il  y 
ejft  faift  prcfent>qui  eft  par  tranflubftan- 


2J1  L' OBLATÏON 

tia.tion  3  ceft  à  dire  par  le  changement 
delà  fubftance  du  Pain  en  la  fubftan- 
j*^"4'"^"  ce  du  corps  du  Sauueur  ,  caché  foubs 
bUaudes  les  efpeces  diceluy  pain.  Le  leuain 
?*™à*ï*°-  cy-deflus  nous  a  efté  marque  du  mal, 
lJ  &ilelticy  du  bien  par  contraire  qua- 

lité ,  comme  fouuent  en    l'Efcriture 
vne  mefme  choie  a  diuers  ôf  contraires 
Dieaiyon     vfages^à  raifon  des  contraires  rapports. 
Gcn.4?.9.   Ainfile  Lyon  entant  que  c'eft  vn  ani- 
Apoc5  ;.    mai  R0ya[  &  folt  5  j}  marque  Dieu  :  en- 
tant qu'il  eft  cruel  de  félon  5  il  marque  le 
lyon™  Cmy  Diable.Parquoy  le  mefme  Sauueur  ex- 
i.Pct.5.8.    prime  le  vice  parle  leuain  en  vn  en- 
droift,  &r  en  l'autreil  compare fon  Egli- 
u**2?QUr  fealapafteleuce.  Le  leuain  donc  nous 
Matî.i<ï.<r.  fïguroitauxPains  des  Prémices  la  traf- 
fubftantiation,  comme  ja  fouuent  il  a 
vontUbien.  efté  di<ft ,  &  faudra  cncorledire.  Voicy 
Inci3.11.    lapcînture.     Le  leuain  change  lapafte 
uîJffïb-     naturellement,  ^chauffe^l'enfle.,  &  luy 
jiantiation.   donne  ame  &  vie  en  certaine  façon  5  éc 
*£feuJoUd6  autant  qu'elle  en  eft  capable.  La  parole 
Liuain.       de  Dieu  leuain  furnaturel  3  change  ^uffi  : 
le  pain:  &: parce  qu  elle  eft  plus  puifïante 
que  la  nature,  elle  pafle  plus  outre  aufïi 
car  elle  change  non  les  qualitez,  com- 
me le  ieuain  naturel  en  lapafte,  mais  la 

fubftance 


DES      PREMICES.  273 

fubftance:elle  laiflè  les  qualitez  vifibles, 
&  change  le  dedans:  elle  anime  vérita- 
blement ce  pain  ,  &:  en  faift  vn  pain  vif, 
changeant  la  fubftance  d'iceluy  en  la 
fubirance  de  la  chair  de  l'Agneau  de 
Dieu,  I  e  s  ysX  11  ri  5-t ,  fignifié  ^Lespain,  „ 
les  deux  agneaux  offerts  auec  les  pains  ul  agneaux. 
en  ce  facrifice.  Les  pains  &  les  agneaux 
efleuez  parle  Pontife  ,  eftoyent  choies 
diuerfes  &  faifoyent  vne  feule  oblation: 
zcy  où  la  vérité  eft  vniquemcnt  accom- 
plie, diuers  élemens  font  auffi  vne  mef- 
111  e  oblation:  car  l'Agneau  eft  foubs  les 
cfpeces  du  pain  &:  du  vin ,  &  quand  ces 
élemens  font  multipliez  Se  offerts  en  di- 
uers endroic~ts,ceft  toufiours  vn  mefmc 
Agneau 3  ëc  vu  mefme  facrifice.     Au 
moyen  dequoy5cetrai&  couché  en  la 
vieille  figure, difoit  que  le  facrifice  fîgu- 
ré  par  le  pain  des  prémices  5  feroit  vn  fa- 
crifice vnique  de  chair,  foubs  les  efpe- 
cesdupain  6^  du  vin  ,  auquel  traict  le 
Sauueur donna fes  viues  couleurs  infti- 
tuant  le  Sacrement  defon  corps  foubs      p^rçwj 
ces  élemens.    Or  la  dualité  des  pains  &  ****** 
des  agneaux  employez  en  vn  lacnnce, 
n'eftoit  pas  oyfîue  ny  fans  my fterc  :  car 
elle  fignifioit  deux  natures  en  vn  I  esvs-  Dw*i*f«r«. 
Christ  2  la  diuine  ;  &  l'humaine  :  deux 

f 


^74  L'oblàtio'n 

Deux  ^r-chofes  en  vn  Sacrement:la  terreftre;,  qui 

tm*         font  les  accidens  vifibles ,  &  la  celefte, 

qui  eft  le  corps  du  Fils  de  Dieu  &  fa  gra- 

Deuxpu-  ce:  finalement  fignifioit  deux  peuples, 

*es%         les  Gentils  &;  Iuifs ,  vnis  en  yn  chef, te- 

dui&s  en  vn  ,  &:  faicïs  vn  pain  en  ce  S a- 

crement  &  facrifice.   Etainfi  cefte  diui- 

ne  Sagefïe  non  feulement  nous  enfei- 

gnoit  par  ce  linéament  figuratif,  la  pre- 

iencedefa  chair  en  rEucharifticmais' 

encorda  qualité  de  fa  perfonne3&  la 

manière  auec  laquelle  elle  nous  faicl:  fa 

chair,&:nousvnitàfa  chair. Voyons  ce 

quel'Efcriture  en  a  diâ  auec  les  anciens 

Docteurs  Hebrieux  &:  Chreftiens  enri- 

chiflans  la  figure  parles  brodures  de 

leurs  do&esexpofitions. 

L  e  Sacrement  &Jacrifice  du  corps  du 
Sauueurjouls  les  ejpeces  dupainpre- 
di£l  en  ï Ecriture  ,  £g/  enjeignépar 
les  Do  fleurs  Hebrieux. 

6 

rû!.7i.     ^m^S  Av  ï  d  auoit'predi&noftre  Sa- 

17  '  h  W*n  crem^t  &  f^crifîce  par  ces  pains 

g4Psvv  éleuez.  il  fera  ,  dit-il  >  fermeté  en 

terre  au  plus  haut  des  montagnes  :  &fonfrui£i 

fera  élezéttu  defjus  au  Liban:  ou  félon  la  fra- 


DES    PÛMICE  S^  27J 

fe  Hébraïque yllyaura  ~»ne parcelle de fro- 
ment en  terre  au  Commet  des  motagnes,  &fon> 
fruicl  fera  éleué  par  de  (Jus  le  Liban.  Ces  pa- 
roles nepeuuent  fignifïer  autre  froment 
ny  autre  chofe ,  plus  naïfuemét  que  nos 
Hoftics  confacrées  eontenans  le  corps 
du  Sauueur,vray  froment  en  terre3vray 
pain  &:  lolide  fermeté  de  nos  âmes  éc 
corps.-fruicl:  vrayementêleué,  non  feu- 
lement furlacimeduLiban3maisencor 
fur  les  hauteurs  &  puhTances  celefics. 
Parquoyles  doctes  Hebrieuxont  dift     Rabbi 

fot  f  t\       •  1  Salomon 

rmement  a  ce  lens  i  que  DauiajnpfaI 

châtoit  icy  vne  forte  de  petits  gafîeaux  1^ 
ou  galettes  delicicufcs.  quiferoyent  of-  vcl^1- 
fërtes  en  facrifice  du  temps  du  Meffie. 
Nos  maijlres,  dit  Rabbi  Salomon,^  bon- 
ne mémoire ,  ont  entendu  par  ce  mot ,  vn genre 
de  gafle  aux  ^qui  fe  feront  du  teps  du  Mefie^  du- 
que  i  aufi  tout  le  Vfeaume  efl  tfcrir.     E 1 1 o u  s 
le  urs  commentaires  Hebrieux  extollct 
iufquesau  ciel  la  manducation  &my- 
ftere  de  ce  pain  &  ces  gafteaux^qu'ils  di-  Barachias* 
lent  encore  deuoireftrede  la  grandeur  «piicans 
de  la  paume  de  la  main. Et  Rabbi  Bara-  ^dcf. 
chias  expliquant  ces  mots  de  i'Eclefia-  Quidcft 

fte:Qj' EST-CE  OVI   A   ESTî'jC'lST^f 
C  E      Q^V  I      SERA    APRES   ,    adlOUlte,  cric. 

•f  uc  tout  ainf  que  leur  premier  Rédempteur  à  ^'^£9. 

ni 


Îj6  L'OBLATÏON 

la  MAnmfçAHOîr  Moyfe  leur  auoit  donné  lin  pain  de 

merueilles  .,  qui  fut  la  Manne  :  ainfi  le  fécond 

Rédempteur  (le  MctCiâS)teur  en  donner  oit^n 

plus  merueilleux^  qui  fer  oyent  ces  gafl eaux.  Et 

àcecy  le  mefme  Rédempteur  faitallu- 

Ioan.6.     fîondilantj  Cenefl  pas  Moyfe  quiyousa 

donné  le  pain  du  ciel  :  ceft  mon  Père  qui  voqs 

donne  le  pain  du  cid^  entendant  fon  corps, 

ainfi  qu'il  a  eflé  déclaré  au  tableau  de  la 

Rabb.      Manne.  Et  les  Rabbins  parafrafent  en 

infuo.      mefme  fens  les  paroles  du  Pfcaumecy- 

Targum,  defïus  alléguées  :  il  y  aura,  dicl:  vn  d'en- 

Gal.l.io.  ^  11     \  r 

c  4  tr'eux,  y  ne  parcelle  de  pain  en  terre  au  jommet 

in  Pfal.71.  des  montaignes.Ceft  à  dire  ,  dit-il ,  ily  aura 
">#  facrifee  de  pain  au  chef  des  montagnes  de 
l'Eglife  5  ou  au  chef  des  Prefires  que  feront  en 
Mo*f*o^  ÏEglife.    Caries  montagnes  del'Eglife 
les  Âfltm  font  les  Prélats  &c  Preftres  dicclle  5  s'ils 
&gensç*r-  portent  leur  nom  dignement  :  d'autant 
iAnts'       qu'ils  font  efleuéz  fur  le  vulgaire  5  com- 
me montagnes  fpirituellesfur  la  terre, 
par  fainâeté  de  mœurs,&  prééminence 
dedo&rine.  Cefte  figure  doc  saccenv 
plit  literalement  tous  les  iours  en  l'Egli- 
(e3quand.les  Preftres  difans  la  M e(Te  é-> 
lcuentlafainfte  Hoftiefurleurtefte,&: 
quand  les  fidèles  Chreftiens  mangent 
ces  diuins&  délicieux  gafteaux  en  la  ta- 
ble myftique  de  noftre  Sauueur.  Les 


DES    P  REMICES.  277 

anciens  Iuifs  ne  pouuoyent  pas  efcrire 
plus  clairement  de  la  figure  de  noftre 
vérité  parmy  les  ombres  de  leur  loy  :  & 
celuy  qui  ne  voit  cefte  vérité  efclatantc 
au  facrifîce  de  la  loy  de  grace5il  eft  aueu- 
gle  en  plein  iour  &  pire  que  Iuif. 

Tefmoignages  des  Hebrieux  Jur  la 

tr  anjjub fiant  iaticn  (0  manière 

en  laquelle  le  corps  du  S  au  - 

ueur  efl  prefent  en 

l  Eucharifiie. 

7 
^^^  A  façon  en  laquelle  le  corps  du 

§!&<#  Sauueur  eft  réellement  prefent 
^"^  enrEuchariftie^aeflé  non  moins 
difertement  couché  es  efcrits  des  He- 
brieux5que  l'aiTertiondefa  realité.  Ce- 
fte façon  comprend  deux  poin&s  5  l'vn 
regardele  commencemét  de  cefte  pre- 
fencc^ôr  enfeigne  comment  le  corps 
d^i  Sauueur  eft  rendu  prefent  au  Sacre- 
ment de  l'Autel,  le  fécond  regarde  l'e- 
ftat  d'icelle  prefence,  &:  déclare  cornent 
il  y  demeure  prefent.  De  tous  les  deux 
nous  auons  parlé  au  tableau  delà  Mao- 
ne  difcourans  en  ieeux  de  la  toute-puif- 
fance  du  Sauueur^  icy  nous  en  parleras 

fi» 


Î78  V  OBLATÎON 

auecletefmoignagedes  Docteurs  He- 
brieux  &  Chreftiens,  pour  déclarer  en 
Comment^  manière  d\icellepreiençe,la  (blidité 
iluJclTeji  delafoy  Catholique  fur  la  tranflubftan- 
fatft prient  nation.  Surle  premier  poinctlafoy  &: 
riftte  '*'  doctrine  Catholique  tient  que  le  corps 
Conc.Tri-  du  Sauueur fe  trouue  prefentau  Sacrc- 
dem.ief.     menr  par  tranfiubftâtiatiomc  cil  à  dire. 

13  c,4.can.  1    r  j        •   \ 

x.  nonpardeicentedu  cieien  terre,ny  par 

nouuelie  production,  mais  par  change- 
ment de  la  fubftâce  du  pain  en  la  fubitâ- 
ce  du  corps  du  Sauueui\,né  de laVierge. 
La  mefme  foy  &:  doctrine  dict  3  qu'il  y 
demeure  dVne  prefence  diuine  5  fpiri- 
tuelle  gr  fupernaturelle.,  auec  la  quanti- 
té tans  occuper  lieu  ,  auec  fa  Majeflé 
fans  fe  monftrer^item  qu'il  y  eft  immor- 
tel &rglorieux3mais  inuifible  aux  (ens  &: 
incomprehenfible  à  la  raifort  &:  iuge- 
AutMeau   roent  humain  ^  comme  il  a  efté  dicl:  ail- 
&u Manne,  leurs.  Et  c'efi  çn  fomine  ce  qu'en  eferi- 
uentles  Docteurs  tant  Hebrieux>que 
Chrefiiens.  LesHebrieux  comme  cy- 
deuaat  nous  diiions,  au  tableau    des 
•Pains  des  fa- pa'ms  $c  propofition  3  en  feignent  que 
hieaudcs      ces  Pains  eitoyent  appeliez  Rains  des 
v*tmçra~     faces:parce  qu'ils  figuroy  et  vn  facrifîcc, 
^"*         auquel  il  y  auroitdu  pain  au  commen- 
cement 3  de  de  la  chair  à  la  fin: ç^r  la  (ub-t- 


des  Prémices.  279 

ftance  du  pain  y  feroit  châgée  en  la  fub- 
fiance  du  corps  du  Meffie^demeurans 
entiers  les  accidens  extérieurs:  &:  feroit 
vn  facrifîce  à  deux  faces,  vne  extérieure 
des  pains  ,  que  lesfens  verroient  ,  &:  vnc 
interieure5delafubftâce  delachair^que 
la  feule  foy  apperceuroit.    Ceft  pour-j^^ 
quoy  auffi  le  mot  Hebrieu,LEHEN,  mis  &  chair. 
encelieu^adoublefi^nificatiôxartan-^11^' 
tort  il  lignifie  pain3tantoft  chair  :  fi  bien  seraflîm. 
queoùnoftre  verfion  dit  :  illuy  offre  les  Q^'lç>'Q «7« 
Vains  depropojitio  ,  on  tourne  auiii,  II  offre  t?, 
la  chair  de  to  Dieu.  Et  S.Paul log  temps  a- 
près  vsât  de  mefme  façô  de  dire,ce  qu'il 
appelle  Pain,  il  le  nomme  aulïi^IeCorps 
du  Sauueur.  LesmefmesHebrieuxex- 
pliquans  les  paroles  d'Ofée.     Ils   se-0£     g; 

RONT       CONVERTIS      EN      SON 
OMBRENT      VIVRONT    DE    FRO- 
MENT, Nos  mai  (1res  ,  difent-ils  j  efcriuent     Rab. 
fur  ces  mots,  qu'en  la  yenue  du  Rédempteur  il  y  Ha°darfan 
dura  tranfmutation  de  nature  en  froment*,  KtinPfal.15^. 
le  RabinMoyfe  furies  paroles  du  Pfeau-  Gal.l.i*. 

me,  Q^V  I  DONNE   DVPAIN  A   TOV-  Rabb.Iu- 

T  E   chair.  Car  y  dit-il,  le  pain  au  il  don-  ^as  !*J 
nera  c  ejt  ja  chair  3  &  cecy  fera  y  ne  grande  Gal.l.i  o. 
mer  mille  %  cap.  6. 

L'oblation  donceft  pain  au  com- 
mencement ;  mais  après  les  paroles  de 

f  iiij 


2.8o  L'OBLATION 

la  confecratioft.elle  eft  chair,  fe  tournât 
la  fubftance  du  Pain  à  la  fubftance  du 
corps  du  Sauueur,par  la  vertu  de  fa  tou- 
te-piaffante parole  laquelle  ayant  peu 
Tranfmu-    faire  tout  le  monde  de  rien  5  peut  tranf- 
ttuonatu-  muer  vne"  fubftance  en  vne  autre.  Ce 
s.nnui.       changement    s'appelle  tranifubftantia- 
Jeba         tion  en  lEçlife  Catholique,  mis  en  vfa- 
Ktmhi.       ge  depuis  cinq  cens  ans  pour  fermer  la 
Gahl.ru,     bouche  à  lheretique,  qui  deflors  s'eft 
efleué  contre  la  vérité  delà  foy>eftant 
au  refte  la  chofe  auflî  ancienne  que l'Eu- 
chariftie.  Car  au  mefme  inftant  que  le 
Sacrement  fut  inftitué  par  leSauueur5la 
tranffubftantiation  y  fut  en  vfage5  quoy 
commenta  que  le  nom  ne  deuft  naiftre  que  long 
Sàuuêutà*-  temps  apres.  Quant  eft  de  la  manière  fe- 

YHSHY6  Cti  *-  "■  ^*">—' 

ïEucbarfte.  Ion  laquelle  le  corps  du  Mefïie  demeu- 
voyGihtï.  reroit  au  Sacrement  après  y  auoir  efté 
6IC  c'4'  rendu  prefent  parla  tranflubftâtiation, 
les  mefme  Hebrieux  ont  dit  qu'il  y  de- 
uoiteftre  inuifible&:  impalpable,  &ccn 
plufieurs  places  enfemblemét,  ce  qu'ils 
croyent  aufïi  du  corps  du  Prophète  He- 
lie  fe  trouuant  en  plufieurs  lieux  en  mef- 
me temps  s  as  eftrc  veu  ny  touche.  Ainfî 
le  tefmoignent  les  Rabbins  es  mcfmes 
endroiéts  de  leurs  expofitioris. 


DES    PK  EMICE  S.  2.8l 

Tefmoignages  des  Docteurs  Chrejlies 
delà  tranjjiibflantidtion  &  ma- 
nière du  corps  du  Sauueur 
en  FEuchariftie. 

8 

^S  Es  Chreftiensontefté  d'autant 
|^  plus  fermes  &  clairs  en  la  foy  & 

^  doctrine  de  la  tr an (Tu bftan na- 
tion &  manière  delà  prefence  du  corps 
du  Sauueur  en  fon  Sacrement,  qu'ils 
ont  eu  de  meilleurs  maiftres  que  les  an- 
ciens Hebrieux. Leurs  maiftres  ont  efté 
le  mefme  Sauueur,  Soleil  de  vérité  &  ^d^w 
illuminateur  desfecrets  celeftes  3  &:  fes^W*^- 
Apoftres  remplis  delanouuelle  lumiè- 
re du  S.  Efprit.-aulieu.que  les  Hebrieux 
n'auoy  ent  que  Moyfe  &  les  Prophètes, 
qui  n'enfeign oient  que  par  ombres  &r 
énigmes. Voicy ce  qu'ils  ont  diét  de  ceft 
admirable  changement  5  que  nous  ap- 
pelions traniTubil:antiation:)&:  de  la  ma- 
nière que  le  corps  du  Sauueur  demeure 
au  Sacrement. 

S .  I  u  (lin  .  Nomfommes  apprin s  que  la  1/ia-  S.  Iaftin 
de  (  le  pain  &:  le  vin  )  dont  nojlre  chair  &  ApoU. 
fan  g  par  le  chagemet  dlcelle  font  nourris^  ejlat 
conjacree  par  la  prière  &  parole  de  Dieu^  ejl  la 
chair &le fan ?de  I E  s  v  s-Ch  R  I  st  incar- 


S.Iren 
c.31. 


282  I/o  BLATION 

ne\  ccft  à  dire  la  Cubftance  du  pain  &  du 
vin  çit  changée  en  lafubfîance  du  corps 
de  fan»  du  Sauueur. 

Sainct  Irenée  difputant  contre  les 
hérétiques  qui  nioyent  que  Iesvs- 
Christ  fuft  tout-puiffant  3  Comment, 
dit-il,  croiront-ils  que  le  pain  confier i  foii  le 
corps delmsv s-C  n  r  1  s t  ?  c'eft  à  dire, 
s'ils  ne  croy  et  qu'il  eft  tout-puifTan  t ,  ils 
ne  pourront  pas  croire  qu'en  l'Euchari- 
ftie5le  pain  foit  changé  en  (on  corps3par 
fa  parole,ne  pouuant  eftre  faitvn  (î  haut 
changemct5par  autre  parole  que  de  ce- 
luy  qui  peut  faire  tout  en  parlant,  com- 

s.Cyrili.     nie  il  a  faid  le  monde  en  difanr. 

Hicrofo,       Sainct  Cyrille  de  Hierufalem.  // 

myftao-. . .  tourna  Udis  en  la  ville  de  Cana  l'eau  en  yin-Je- 
qnel  a  quelque  femblance  auec  le  fin*,  leftime- 
rons-nous  donc  moins  digne  d'ejtre  creu^difint 

S.  C  h  ryfo.    ^j[  a  changé  le  y  in  en  [on  Jang? 

pop. Antio.  S.Chïyioiiomc.Varcequele Verbe dicl, 
Cecy  est  mon  corps,  obeyjjons 
&*  croyons  le  regardans  des  yeux  de  lafoy: 
comme  s'il  difoit,  ces  paroles  ,Cecy 
est  mon  corps,  font  paroles  du  tout- 

f,     ;       puiffantSc font  ce  qu'elles  fignifîcnt,il 

83.  in  Matt.feut  donc  obéir  &:  croire  ce  qu  elles  cti- 
fent.  Le  mcfme  Dofteur  fur  le  mefmc 
fubiect  de  la  tranffiibftantiation.Zc*  c/;a- 


des  Prémices]  28$ 

fis  queno-ws  vous  proposons  ne  font  pas  œuvres 
d'humaine  yertu.  ceft  Dieu  qui  lesjancîife& 
les  chao-e^nous  nenfommes  que  les  wftrumens. 

S.  Grégoire  de  Nyfïè.  Nom  croyons  que^p^g- 
le  pain  deuement  fanclifiée  pir  la  parole  du  0/â^z<r. 
Verbe  de  Dieu,ej}  changé  au  corps  du  Verbe  de  catech.c.j7. 

Dieu.  Item. Le  pain  de  Ï^Autel  au  commen-  cl^m    r 

a  .        arc*      s-BaFcl1» 

cernent  ejt commun ^rnavs  après  ejtre  jacrihe  en 

la  Mefje  il  eft appelle  le  corps  de  Christ, 

<<?•  left  véritablement. 

S.Iean  Damafcene*  Le  pain  <&  le  vin  s.ican 

méfié  eflfupernaturellement  changé  an  corps  de  D*ma£  1.4. 
à-        J  J  r      h-  -  :  %  ,    '      £   .    defidec. 

Christ  par  l  inuocatw&venue  dub  .zjfirit.  t 

Et  ce  ne  font pas  deux ,  mais  "vne  mefme  chofe. 

ThzophyhSic.C e pain  eft  trans- formé  en  Theophyl. 

la  chair  du  Seigneur  par  la  benediciio  myftique  m  6  '  oan* 

des  paroles  fecrettes,  &  par  la  venue  du  S.  Ef 

prit.  Voyla  quelques  Pères  Grecs  3  les 

Latins  de  mefme  efprit  &r  pareil  ftyle. 

Tertullien.  Le  Sauueur  printle  pain  &*  en  Tertul.1,4. 

fit  (on  corps  difant .  Cecy    est    mon  ™nt: 
J     J  i        j        j  Maroc.  40. 

CORPS. 

S.  Cyprien.  Ce  pain  quenoftre  Seigneur  s .Cyp.de 
prefentoitàfes  JDifaples  fut  faifl  chair  par  la  cœn.dom. 
toute-puijfance  du  Verbe,  fe  changeant  non  en 
apparence  mais  en  fubftance,  Il  veut  dire  que 
lesefpeces  extérieures  des  élemens,  la 
quantité3la  couleur,  &:  faueur ,  demeu- 
rent en  pied^mais  que  la  fubftance  ime- 


284  L'OBI  ATI  ON 

rieufe  fe  change  à  la  fubftance  du  corps 
&fangduSauueur. 
s.Amb.1.4.  s.  Ambroife.Ce  pain  deudnt  les  paroles  des 
Sdcremens  ejt paimmais  après  la  confecratio  le 
pain  eflfatcl;  chair.  Et  ayant  monftré  que 
cefte  confecration&changement  fe  fait 
par  la  parole  de  Dieu,  il  ferme  fa  côclu- 
fion  àî^nt^Si  la  parole  de  Qn  RiSTd  efié 
fi  puiffante  que  de  donner  eflre  à  ce  qui  rieftoit 
point ^obi  en  plws  ejl-d  croyableqiï  elle  peut  fai- 
re que  les  chofe  s  qui  ejloient  cy-deuant  \foyent 
changées  en  y  ne  autre}  Mais  efcout'e  Dauiddi- 
fantj.  l  a  parle'et  les  choses 

ONTESTE/FAICTES.  IlA  COM- 
MANDE'   ET      ELLES     ONT      ESTE' 

cree'e  s.  le  te  reffonds  donc  que  deuant  la 
confecration  le  pain  neftoit  point  le  corps  de 
C  H  R  ï  s  Tj  mais  après  icelle ,  cefi  le  corps  de 
Chris  T.Ceftluy  qui  ta  di£h&  a  efié fait y 

S  Atig.fcr    M*  commandé  <&*  il  a  eflé  créé. 

i8.de ver-  S.  Auguftin prefque  enmefmes  ter- 
mes, le  njorn  ay  dici  que  deuant  les  paroles  de 
Christ,  le  pain  efl  appelle 'pain 5  mais  après 

S.Remiç.    quelles  font  pronocéesjl  nejlplm  appelle  pain^ 

in  c.  io.ep.  mais  le  corps  de  C  H  R  I  S  T . 

2,Cor%  S.RemyEuefquede  Reims.  La  chair 

que  le  Verbe  de  Dieu  le  Pereaprinfe  au  y  entre 
qjirginal&vnie  en  fa  perfonne ,  &  le  pain  qui 
ejl  confacré  fur  t  .Autel  0  cejl  *V#  corps  de 


des  Prémices.'  285 

ï  E  S  v  S-C  H  R  1  s  t} car  toatainfi  que  celle 
chair  efi  le  corps  de  C  H  R I  S  T  :  de  mefme  ce 
pain  Ce  change  au  corps  de  C  H  R  I S  T3  &  ne 
font  pas  deux  maison  corps.  Il  veut  dire  que 
la  tranfïubftantiation  ne  produit  pasvn 
nouueau  corps  de  I  e  s  v  s-C  h  r  i  s  t, 
mais  qu'elle  faict  que  le  mefme  corps 
qu'ilprintauvétredelaVierge/e  trou- 
ue  en  ce  Sacrement  après  la  confecra- 
tion ,  n'y  reftant  d'iceux  élemens  que 
lesaccidens. 

Paschasivs.  Encor  que  la  figure  du  PafchafiiTs 
pain&duyin  je  trouueen  ce  Sacrement:  il  iifjecorpj 
faut  ncantmoim  croire,  qu'après  la  confecra-  &fang. 
tioniln'yaautre  chofe  3  que  la  chair  &*  fang     mx'1' 

deCHKIST.  ■  Commet 

D  e  tous  ces  tefmoignages  nous  çol-coi^d» 
ligeons  l'explication  de  deux  poincts,  $*»»'»"$ 
quiconcernoyent  la  racon  en  laquelle^  Sacremet. 
.  le  corpsdu  Sauueur  efl  auSacrement  de 
l' Autel.Car  premièrement  nous  enten- 
dons, que  le  corps  du  Sauueur  eftfaict 
prefentau  Sacrement  par  tranfïubftan- 
tiatio5c  eft  à  dire  par  châgemét  de  fub- 
ftance5cedantla  fubftance  du  pain  a  la 
fubftance  de  fon  corps,  qui  fuccede  en 
vertu  de  (a  toute-puiffànte  parole;  &: 
parce  que  l'ame  &  la  diuinité  ne  laiiTent 
iamais  ce  corps;tout  Iesv  s-  Christ 


286  L'OBLATION 

eft  au  Sacrement, fon  corps  en  vertu  de 
Ctmmmtii  faparole^fon  arae&  fa  diuinité  par  fuite 
y  demeure,  necefTaire.  Secondement  nous  appre- 
nons que  tant  que  leurs  efpecesfonteii 
leur  entier  ,  le  mefme  corps  demeure 
foubsicelles  auec  fa  quantité5fa  beauté, 
fon  immortalités:  fa  gloire5mais  fuper- 
naturellement  &:  d'vne  manière  fpiri- 
tuelle&diuine,  fans  eftre  apperceu  fi- 
non  des  y  eux  delafoyDainfi  quel'auons 
cy-deffus  déclaré  de  non  déclaré,  eftanc 
la chofe  ineffable.  Au  moyen  dequoy 
les  Pères  aduertiflent  fouuent  de  ne 
confulter  point  icy  les  loix  de  la  nature, 
ny  le  rapport  des  fens  &:  iugement  hu- 
main5mais  de  croire  fimplemét  à  la  pa- 
role de  celuy5  qui  peut  tout  àc  ne  peut 
mentir. 

Pourquoy  le  Sauueur  a  voulu  que  fon 

corps  fufi caché &  non  vifible  , 

en  ce  Sacrement. 

9 

L  fera  bo  de  notter  maintenât 

pourquoy  le  Sauueur  a  donné 

fon  corps  voilé  des  efpeccs  du 

pain  &  du  vin ,  &:  non  defcouuert&:  vi- 

libje:  car  cela  nous  enleignera  qu'il  a 


des  Prémices.  ï$j 

efté  bon&  fage,  non  feulement  en  nous 
faifant  vn  don  ineftimable  :  mais  enco- 
res  en  la  manière  de  le  donner.  Les  rai- 
fons  principales  notées  par  les  laincls 
Pères  font  celles-cy.  La  première  eft 

.     r     i     !  |       c*  Vr  entière 

priniedela  nature  du  Sacrement:  car raifon ^rinçe 
puisque  tout  Sacrement  eft  vn  figne  v[-deianature 
fible  d'vne  chofeinuifiblejl  falloir  qu'il4*8"™*- 
donnaft  fon  corps  en  ce  Sacrement 
voilé  foubs  quelques  fignes  vifibles, 
comme  font  les  accidens  ,  la  couleur,  la 
blancheur,  &:  lafaueur ,  6c  femblables 
choies  qui  peuuent  frapper  les  fens,  &: 
donner  aduis  àl'ame  de  quelque  chofe 
fecrette.  Ques'il  Feuft  donné  ouuerte-^rt,*k"»- 
ment  ce  n  euicpomt  eue  myiterieuxba-^^^^ 
crement,mais  vn  fimple  don  de  ionnoftre^fi'- 
corps.La  féconde  raifon  confifte  félon  ™q'\\[    - 
S.Ambroifej&S.Auguftin.auecS.Cy-ep.^dCo" 
rille.enceque  cefte  façon  eft  rres-con-14o{Jm.mV 
uenablepour  fecounrnoitre  innrmite,de  Sacr.c*. 
à  la  naturelle,&auec  facilité.  Car  nous1*"- 
preuons  ce  diuin  morceau  foubs  lappa-apujUg'ra. 
reil  &  température  de  chofes  commu-tu.  deconf. 
nés,  &  familières  à  noftre  court, à  Ççà-*'*'-y¥Jm* 
uoirfoubs  les  accides  du  pain&  du  vin:  s.ican.r>a- 
aulieu  qu'eftant  mangé  auec  le  fenti-mal/4/c> 
ment  de  les  quahtez  naturelles,  c eiiits.Tho.  p.t, 
cfté  vne  prinfe  du  tout  infupportablcq-7'^ j.c. 


288  L'OBLATION 

en  deux  façons:  car  premièrement  il  ne 
fe  pouuoit  faire  que  les  fens  ne  con- 
ceuffent  naturellement  horreur  d'aua- 
ler  la  chair  humaine  en  fa  propre  figure, 
mefme  eftant  creuë.  Secondement  ils 
n  euifent  oneques  efté  baftâs  à  fuppor- 
ter  l'efclat  d'vn  corps  fi  lumineux,  ny  la 
prefence  d'vne  fi  glorieufc  Majefté3n  en 

S■P^L'Tic£]lcilfefuftmonftré,  Sainft  Paulfut 
%iclàJrt  rendu aueugle  pour  auoir  veu  ce  corps 
Sauueur.     en  fa  fplendeur:&:  s'il  failloit  que  Moyfe 
eIo^h  -;    parlant  aux  Hebrieux  voiîaft  fa  face 
z.Cor.j.ij.  rayonnante5qu'iisnepouuoyent  regar- 
der autrementreombien  plus  a  efté  con- 
uenableque  Iesvs-Christ  voilaft 
fon  corps,  fans  comparaifon  plus  ref- 
fplendiflTant  que  la  face  de  Moyfe,  pour 
s'approcher  de  nous  fceftre  mangé  de 

Vcxeuue         Povr  troifiefme raifon,  cefte inuifi- 

tUufoy.     bilité  nous  donne  vn  fingulier  moyen 

d'exercer  noftre  foy ,  £c  mériter  la  feli- 

Bie  hettretix  Clt^  en  croyant  &  nc  voyant  point ,  fe- 

eeuxqui      lonlamaximedu  Sauueur,  qui  appel- 

crcyentfam  je  bien-heureux  ceux  qui  croyent  fans 

Ioa.io.i9.  voir  5  c'eft  à  dire -qui  adiouftent  foy  à  la 

parole  de  Dieu  5  quoy  que  le  fens  &:  la 

raifon  humaine  ne  pénètre  la    chofe^ 

creuë:  voire  encor la  trouue  repugnâte 


des  Prémices.1  289 

àfes  Loix.cômeiladuienticy^oùnous 
croyons  eftre  le  corps  du  S auueur,  en- 
cor  que  lcsfensne  s'apperçoyuent  que 
des  accidens  extérieurs  du  pain  &  du 
vin  3  foubs  lefquels  il  efl  prefent ,  &  que 
le  iugcment  humain  ne  puifTe  compren- 
dre la  poffibilité  de  cefteprefence.  Que 
fi  le  corps  du  Sauueur  par  cefte  conuer- 
fîoneftoit  rendu  vifible&les  accidens 
changez  D  comme  il  fuft  faiét  au  miracle 
des  Nopces  de  Cana,  auquel  l'eau  auec  ioan.  1/ 
ks  qualitez  fut  changée  en  la  fub  fiance 
&  qualitez  du  vin  ,  il  n'y  auroit  aucune 
foyàle  croire:  n'eftant  cela  vn  obieft 
de  la  Foy,  ny  fecret  caché5ains  vn  c&Gt^^  :J 
euidentDnon  feulement  à  la  raifon3  mais  wcfep 
encores  aux  fens.  Il  n'y  auroit  non  plus  iu'n 
de  mente  ;  Car  en  ce  que  le  Jem  ou  la  ratjonuzbt.ii, 
peut  tirer preuue  5  la  Foy  na  aucun  loyer  5  did: 
vn  de  nos  Docteurs.  Au  miracle  de  Ca-  ^Greg- 
na  &  en  autres  femblables  il  n'y  au  oit 
aucun  befoing  de  foy,  mais  de  bon  fens 
pour  en  faire  l'effay  5  comme  fît  alors  lejoan  lXii 
maiftre  du  banquet ,  qui  tefmoigna  que 
levineftoit  tres-bon  n'en  ayant  eu  que 
le  fentiment  :  car iln'en  pouuoit auoir la 
foy5nefçachant  alors  rien  de  ce  qu'a- 
uoitfaid  le  Sauueur;  encor  qu'il  nen 
viftl'efFeéb&cequeles  Apoftres  creu- 

t 


ne  voit 


290  I/OBLATION 

Zdfyfa    rentencela^nefutpasla  conuerfionde 
miracle  Je     *> eau  en  vm  (veu  qu'ils  le  virent  de  leurs 
V*au tournée  propres  yeux  &c  la  vifion  n'eft  pas  foy) 
m  ***•       mais  la  diuinité  du  Fils  de  Dieu  fecrette 
ouuriere  de  telle  œuure  patëte;  &  le  mé- 
rite de  leur  foy  ne  fut  pas  auffi  de  voir  la 
côuerfion  de  l'eau  en  vin ,  mais  de  croi- 
re &: pénétrer  des  yeux  delà  foy 5 celle 
diuinité  de  iEsvs-CHRisT'lâquelle  ils 
^^^.^^nevoyoient  pas  des  yeux  corporels.La 
ratjonpour    quatriefme  raifon  pourquoy  Dieu  nous 
^"«yk»donefon corps cachéfoubs des  fignes, 

dt  calomnier.  r  *  i 

Les.cbrejiies  c'cit  afin  de  defrober  le  myltere  de  ce 
appcii^^n- diuin  mets,  delà  veuë  &  prinfe  des  infî- 
\**r%!stoîs.  deles,&;leurofrer  l'occafionde  calom- 
Tenui.in  nier  les  Chreftiens  •.  cars'ils  les  appel - 
t?olc-7'    lovent  Anthropoïdes.  &  mangeurs  de 

Minutius         i-i  r  &  r        .   &      ~, 

Fdix  m  chairs  humaines5cômetcfmoigneTer- 
Ociaiiio  tullicri  5  Minutius  ,  Eufebe ,  &:  autres 
hifl  ci.  anciens  Pères  pour  auoir  ouy  dire  qu  ils 
Oriç.cont.  prenoyent  le  corps  del  e  s  v  s-Christ 
Athcna^  cn  vn  ccrra^n  banquet ,  où  toute sfois 
orat-pm  l'on  ne  voyoitque  du  pain  &  du  vin: 
Chnftian.  qu'euflènt-ils  dit,  &  de  quels  ciimes  les 
euffent-ils  chargez 5 s'ils  euffent  enten- 
du ou  veu,  qu'ils  mangeoyent  ce  corps 


wfonp.urfc  en  fa  figure  naturelle.' 


garantir  deS      F  i  n  a  lement    par  cefte  façon  le 
Sauueur  a  garanty  la  Majefté  de  fon 


des     Prémices,  291 

corps  de  plufieurs  inconueniens  3  des 
beftes ,  de  des  hommes ,  aufquels  il  eut 
efté  expofé  en  danger  d'eftre  fouuent 
iniuriéen  fa  propre  figure:  au  lieu  que 
le  cachant  il  ne  peut  receuoir  affrôt  ny 
lefion  qu'en  vnerobbe  non  fienne,ceffc 
à  dire  aux  efpeces  du  pain  &:  du  vin  3en- 
corque  les  criminels  ne  laifTent  de  por- 
ter la  condemnation  de  leur  crime^  fai- 
fansiniure  àfon  Sacrement. 

Comme  U  vieille  oblation  des  'Pré- 
mices commença  en  U  ïPentecofte,  - 

ainfla  noftre  nouuelle. 

10 
E  s  deux  derniers  traicts  figurans 
!a  'Meffe  5confifte  partie  en  la 
circonftance  du  temps  auquel  la 
vieille  oblation  fuft  inftituée  &  mife  en 
pratique:  partie  auxfacrifices  qu'il  fail- 
ioit  offrir  preallablement.  Ces  deux  li- 
neamens  ont  efté  diuinement  accom-r. 
plis.  Le  temps  de  ce  facrince  fut  le  cm- <:'*/?*»»<»»- 
quantiefme  iour ,  nombre  qui  porte  J^™"^ 
marque  de  remiflîon  des  péchez  5  &deï,Cuit.tj. 
liberté  &  franchife  :  enfigne  dequoy  i°n. 

1  •  u  Nuro.4, 

ce  cinquante  en  cinquante  ans  chacun 
rentroit  en  la  pofïè'ffion  des  biens  qu'il 

t  5j 


2ÇZ  I/O  BL  ATI  ON. 

auroit  anparauant  aliénez, fans  aucun 
rembouriemét  de  deniers  au  mefmean 
la  terre  n'eftoit  point  labourée  ny  fe- 
mee:  de  les  Leuites  eftoient  affrâchis  du 
feruice  du  Temple  eftans  paruenus  au 
cinquâtiefme  an  de  leur  aage.Tout  ain- 
fi  donc  que  l'ancienne  offrande  fut  or- 
donnée au  defert  ,àe  practiquée  feule- 
ment en  la  terre  de  promillion  au  temps 
prefix  de  la  Pétecofte,à  fçauoir  la  moif- 
fon  recueillie  cinquâte  iours  -après  Paf- 
ques,nombre  deremiiTîon:de  mefmele 
"*  f  acrifîce  de  i'Euchariftie  fut  inftitué  par 
le  Sauueur  citant  encor  voyageur  au 
defert  de  cemonder&mis  en  pratique 
parles   Apoftres  après  la  defeente  du' 
Tentée  Sainfl  Efprit^ur  de  Pentecofte ,  iour 
de  cinquante  iours  de  pardon  &  de  re- 
miflîon  ,  mettant  en  porTefïïon  du  Roy- 
aume promis  ,  les  enfans  de  Dieu  qui 
Tauoyent  perduriour  de  générale  moif- 
fon  recueillie  de  toute  forte  de  biens. Et 
comme  les  facrifices  fanglans  de  trois 
fortes,holocauftes,propiriatoires,&  pa- 
cifiques, precedoientla  vieille  oblation 
des  Prémices  :  de  mefme le  facrifice  fin-» 
glant  de  la  croix  figuré  par  ceux-là, pré- 
céda la  practique  de  nôftre  nouuelle 
oblation.  En  ce  temps  donc  &  a  poind 


des    Prémices.  193 

figuré,  les  Apoftres  commencèrent  àcaMejfe 
célébrer  la  MefTe:&:  offrira  Dieu  les tTms^!\ 
Prémices  de  l'admirable  &  immortel  ^«J?^- 
froment  du  corps  du  Fils  de  Dieu  ••  ietté  "«>/'«.. 
enla croix,  pourmourir  :  ayant  germé 
au  Sepulchre  pour  reuiur£,&:  eftant 
monté  à  la  dextre  de  fon  Pere5  &:  re- 
cueilly  aux  greniers  celeftes  pour  y  ré- 
gner à  iamais. Les  oblaticns  des  Prémi- 
ces ,  qui  iufques  alors  auoient  efié  fai- 
lles en  figure,  enla  loy  de  nature  ou  de 
Moyfe, nettoient  qu'orge  &r  moiffon, 
commencée  :  cette  cy  fut  fur  la  grande 
moiffon,  les  folemnelles  Prémices: &  la 
grande  oblation  de  froment  celefte  ,  &: 
pain  vif,&:  la  vray e  Pétecofte,&: le  vray 
Iubiiédu  S.Efprit  operateur  de  ce  Sa- 
crement, &  Sacrifice,  duquel  parlant  le 
Sauueur  auoitdid.  Les  paroles  cjueie  vous  Ioan'6« 
dis  ce  font  ejprit  &  w:  Comme  difant,  les 
propos  que ie  tiens  delà  manducation 
de  ma  chair,ce  ne  font  pas  propos  qu'il 
faille  entendre  charnellement ,  comme 
font  les  Capharnaïtes ,  qui  longent  vne 
chair  morte,  &:  dépecée  en  morceaux: 
mais  fpirituellemé5d'vne  chair  viue,que  J^jJ^ 
mon  ciprit  fera  prefente,poureftre  don-  txfife**  ta 
née  d'vne  façon  fpirituelie,  fins  mort  &  bJ€audm 
tans  aucune  letton,  tout ainii  qu'il nt la pnfcb*»*. 

t  iij 


194  L'OBLATION 

conception  de  ce  mefmc  corps,par  œu- 
ure  fpirituelle  au  ventre  de  la  Vierge 
fans  cohabitation  charnelle  D-  de  fans  le- 
fion  de  la  virginité. 

LaMejfe  commencée  iïeftre  célébrée 

par  les  dpojîres  en  U 

^entecofle. 

ii 
E  fu  t  donc  en  la  Pentecofte, 
que  les  Apoftres  3  nouueaux 
Sacrificateurs  3  donnèrent 
commencement  à  la  prati- 
que du  nouueau  facrifîce  offrans  l'o- 
blation  fuffifante,  &:  celebranslaMef- 
fe  &  &  l'Hoftie  pacifique  du  Pain  du 

Ciel  Se  de  l'agnau  immortel  en  la  nou- 
S.  uptjkt  uel]e  lo        Sainft  j      ues  fut  le  premier 

des  premiers  _         '  T.  t>     r  •        .    , 

qui  ctubraia  en  lerulalem ,  comme  toute  1  antiquité 
Mtiïe>  tefmoigne ,  &  les  autres  Apoilresàpres, 
tant  en  Ierufalem  qu'ailleurs.  Alors 
vrayement  cefte  diuine  &  première 
troupe,  Prémices  de  la  loy  de  grâce, 
commença  à  manger  les  gafteaux 
délicieux  promis  à  la  venue  du  Meflias, 
Se  à  communier  non  d  an  en  an  3  de 
mois  en  mois  3  de  Dimanche  en  Di- 
manche,mais  tous  les  iours:  caria  vian- 
de eftoit  inufitée ,  &  fauoureufe  à  mer- 


DES      PuEMÏCES^  29J 

ueille,&: les  âmes  en  perpétuel appetir. 
ils  ejloientperfeuerans ,  dit  fEfcrtture,  en  U  A#>s- 
doctrine  des'  ^pojlns-  en  U  communie n  de  U 
fraction  dupaw  &és  oraifons.llsy  alloier tout 
lesiours.  C'eftoit  après  quele  S.  Efprit 
fut  defeendu  :  car  auparauantil  effc  dicl 
feulement ,  quils  perfeuer  oient  en  Voraifoni 
ils  perfeueroyent  donc  tous  les  iours 
après  la  defeende  du  S  .Efprit  grand  ou- 
urierde  ce  myftere  :  Efprit  qui  a'uoit 
porté  le  feu  celefte  aux  eftomacs  ,  la 
poinéte  à  la  langue  ,  &les  amours  es 
cœurs  des  humains,  &  cfpâché  les  eaux  E%dam 
mondes.predicxes  parle  Prophète,  ngu-  dam. 
rées  parles  anciens  cuuiers  du  temple  Ezcch-3*- 
dé  Salomon ,  fontaine  de  Dauid,  eaux £J] cuuiers 
de  grâce, des  Sacremens,du  Baptefme,*^^»^ 
de  Pénitence,  &  autres:toutes  propres  à  ^  •  g 
nettoyer  les  entrailles  &r  pieds  des  Ho-  Zach.ij.î. 
fties  offertes,  &:  des  hommes  orfrâs,c  eft 
à  dire  à  mondifier  les  cœursjcs  adions, 
intentions  &  affections  de  ceux  qui  of- 
friroient  lcFils  de  Dieu,  leurs  bonnes 
oeuures,&  eux-mefmes  comme  holo- 
cauftes  mis  fur  l'Autel  de  fa  Majefté.  O 
{\  Moyfe  fefuft  trouué  en  cefte  Pente- 
code  &  en  cefte  nouuelle  oblation  &: 
Sacrement  de  vérité,  qui  enauoitiadis 
tracé  la  peinture  3  de  quelle  reuerence 

t  iiij 


Pfal.115. 


2ç6      L'oB.    DES    PREMICES. 

l'euft-il  adoré  !  Et  fi  Dauid  euft  peu  a- 
uoir  quelque  place  en  la  table  de  ce  pain 
pacifique,&:  de  ce  vin  immortel ,  com- 
me il  auoit  es  faGrifices  anciens,  de  quel 
appétit  euft-il  gourmande  cefte  celefte 
chair,  &  de  quel  fouhait  euft-il  dit  de  ce 
diuin  breuuage,  Ieprendrdy  la  coupe  dept- 
lut^fr  inuoqueray  le  nom  du  Seigneur]  Si  Sa- 
lomon  après  auoir  paracheué  Ton  ma- 
gnifique Temple,  euft  eu  ce  corps  pour 
l'offrir  à  Dieu  à  la  manière  de  M  elchife- 
dec,  (ans  effufion  de  fang  &  fans  mort, 
combien  euft-ileftimé  plus  riche  &  plus 
honorable  l'appareil  de  la  dédicace  de 
ce  feul  facrifîce ,  que  des  milliers  de 
bœufs,  moutons,  &  taureaux,  qu'il  fit 
brulerfurl'Autel?ô  âmes  Chreftiennes, 
âmes  efleuees  &  contemplatiues,reco- 
gnoiiTez  les  dons  de  voftre  Seigneur, 
célébrez  fouuent  cefte  Pentecofte  :  of- 
frez cefte  oblation  :  prenez  les  Prémi- 
ces de  ce  froment  déifié,  &:  offrez  luy  les 
voftres,  afin  qu'vn  iour  vous  ayez  place 
en  la  table  de  félicité,  où  ce  mefme  S  ei- 
gneurfera  la  viande  &  le  Roy  du  ban- 
quet. 


'-97 


LE    PAIN    DELIE. 


299 


LE    TAIN    ry  E  LIE. 


'Ave  z-vous 

as  compaffio^î 
du  bo  Elie  qui 
dort  à  l'ombre 
de  ce  geneure, 
plus  femblable 
àvn  mort  qu'à 
vn  homme  dormant?  voyez-vous 
fbn  vifàgeblefme  &  desfaidt ,  &c 
baigné  de  fueur  froide?  (ateftene- 
gligément  panchée  vers  la  terre  fur 
le  collé ,  fes  yeux  entr'ouuerts ,  les 
bras  iettez  cà  &  la,  nul  fi^ne  de 
refpiratio  en  la  bouche \  &  toute  la 
pofture  du  corps  eftendu^come  s'il 
venoit  de  rendre  I'elprirr  Certes  vn 
peu  deuant  outré  de  frayeur  &ac- 
cablé  de  iailitude^demâdoit  àDieu 


30o  Le  Pain  d'Elie^ 
que  ce  futfonbo  plaifîrdel'ofter 
de  ce  mode^afin  d'eftre  deliuré  vne 
fois  pour  toufîours,  des  angoiffes 
qu'il  fentoit  en  fbname,cnlaper- 
•  fecution  de  cefte  cruelle  tygreffe 
lefabel,  qui  auoitiuré  par  fes  dieux 
qu  elle  le  feroit  mourir  dedans 
vingt-quatre  heures  :  &  s'eft  en- 
dormy  à  l'ardeur  de  fa  prière, 
fbubs  ceft  arbriffeau  y  qui  n'eft 
guiere  propre ,  ny  pour  faire  om- 
breny  pour  aider  au  repos  :  car  il 
Hfim&te&çft  nain  3  &  fes  fueilles  ce  font  au- 
tant d'efpines  qui  ne  parent  point 
le  Soleil,  &  piquent  la  chair,  &  la 
terre  en  eft  parfemee  tout  autour: 
qui  fai£t  conic&urer  quelefàindfc 
homme  fans  eflite  &  fans  chois, 
s'eft  ietté  au  premier  lieu  où  il  s'eft 
trouuéhorsd'aleine,  &  où  la  foi- 
bleffe  de  fon  corps  Ta  plante:  mais 
Dieu  qui  a  toufîours  les  yeux  ou- 
uerts  aux  peines  de  à  la  fauue- 


Le  Pain  d'E lie.       301 
garde  de  fes  feruiteurs,  luy  a  en-£  es'XH' 
uoyépour  confolation&fecours, . 
ce  diuin  iouuenceau,  quieft  prés 
de  luy  auec  vn  Pain  cuit  foubs  la 
cendre  &  vn  pot  d'eau.  C'eftvnL      , 
Ange  reueftu  de  figure  humaine: 
car  ainfî  fe  monftrent  communé- 
ment ces  efprits'aux  hommes.  Le 
Peintre  luy  a  fai£t  le  vifage  Iumi-  ' 
neux  en  forme  d'efclair ,  reprefen- 
tant  par  cet  efclat  fa  nature  fpiri- 
ruelle  &c  fubtile  ,  fa  perruque  vo- 
lante en  arriere^eft  de  couleur  d'or: 
il  luy  a  mis  aufïi  des  aides  au  dos  fe-  SeiafcL 
Ion  que  Tefcriture  mefmes  le  de- 
peind^pour  fignifierla  vicefle  de 
îeurmouuement.  Vous  les  voyez 
eilen dues  en  Pair  inegalem  entj'v- 
ne  mouftrantle  dedans  &  l'autre 
le  dehors,merueilIeufement  belles 
&  arriftement  tirées.  Les  guidons 
d'icelles  8c  les  deux  groiles  pen- 


30i  Le  pain  d  Elje. 
nés  premières  font  de  couleur  de 
verd  Iuyfant,  comme  celuy  d'vn 
Paon,  les  autres  de  mefme  rang, 
font  entremeflees  de  iauln  étran- 
ge, rouge,  &  bleu  à  guife  d'arc  en 
çicl:  les  cerceaux  &  petites  plumes 
qui  reuetiffent  les  tuyaux  de  cel- 
les-cy,  &c  les  autres  qui  fuyuent  en 
diuers  ordres,  font  riopiolees  à, 
proportion  des  premières:  le  du- 
uetquicouure  le  dos  de  Taille  eft 
corne  vue  entaflurede  menues  & 
petites  efcailles  de  diuerfes  cou- 
leurs mifes  fur  du  cotton.  Sa  robbe 
Sa  ràbe.    c'efl-  vne  effcolle  de  fin  lin  brodée 

dVnouuragefubtiltout  autour. 
Çucite  fa  n-  La  refe&io  qu  il  porte  pour  cebo 
fi*»*  Prophète,  ne  femble  pas  grande 
de  prime- face,  ne  confîftant  qu  en 
Pain  &  en  eau:  qui  font  les  deux 
plus  communes  &  vulgaires  pic- 
ces  duviure  de  riiomme:mais  l'ex- 


Le    pain   d'Elie.    303 
perience  montrera  bien  que  cefï 
vne  viande  &  breuuage  diuin  :  car 
Elie  en  fera  fubftanté  &  fortifié 
cheminant  l'efpace  de  quarante 
iours  &  quarante  nuidts  ,  iufques  à 
ce  qui!  fera  paruenuà  la  merueil- 
leufe  montagne,  où  Dieu  donna 
iadisles  tables  de  {es  loix.  Cepen- 
dant que  ie  ^arle  le  bon  vieillard 
dort  toufïours,  &  ne  penfe  ny  à 
boire  ny  à  manger,  ny  au  chemin 
qui  Iuy  refte  a  faire  pourfe  detra- 
perdu  danger:  parquoy l'Ange  IeI  Rc   , 
pouffe  pour  la  féconde  fois,   & 
Pefueille  l'aduertilfant  de  prendre 
quelque  nourriture  ,  &  marcher. 
S'il  vous  plaid  attendre  qu'il  foit 
debout,  vous  le  verrez  ceint  de  fi 
grande  ceinture  de  cuir  fur  vne 
/butane  cendrée  y  longue  iufques 
à  my-jambe  ,  couuert  d'vn  petit 
manteau  volant*  &  qui  ne  faudra 


304  Le  Pain  d  Elie. 
d'obeïr  auffi-toft  aux  paroles  de 
l'Ange  ,  &  s'efloigner  tant  qu'il 
pourra  de  la  fureur  &  prinfes  delà 
Royne.  Le  voila  debout  qui  tire 
ja  pais  à  grand  erre  pour  gaigner  la 
montagne  d'Oreb. 


L   E 


LE   &JIN  UELIE  FI 

GVRE  DV   SACREMENT 

de  ïtsiuteL 


I  E  Pain  d'EIie  fut 
pour  certain,  v ne 
figure  de  noftre 
Sacrement  &  de 
plufîeurs  myfte- 
rcs  cachez  en  ice- 
luy. 
Nous  auons  dit 
ailleurs  qu'en  l'Efcriturc  tât  du  vieil  que 
du  nouueau  Teftament ,  le  pain  fignifïe 
généralement  le  corps  du  Sauueur;  en- 
tant qu'il  eft  donné  en  viande  pour  le 
lbuftien  des  âmes  de  l'immortalité  des  . 

corps,ainii  leremie  parlant  du  corps  du  s,Mtt«,r^« 
Sauueur  dit  en  la  perfonne  des  Iuifs  ar-  f?¥  Vutn* 
reftans  en  leur  confeil  de  le  crucifier,  el 
Mettons  le  bois  enjon  P<tin,cçft.  à  dire  don-  Xcrtulli 
nons  les  tourmens  de  la  croix  à  fon  4  cont. 
corps,  corne  les  anciens  Pères  l'ont  ex-  it"y^ 
pliqué.  Et  le  Fils  de  Dieu  mefmcs  did  Christ, 
de  ioy  Jifuis  UPdin  du  Ci*/, En  ce  gênerai  pfîf: 


306         Le    Pain    d'Elie^ 

tilrre  donc  le  Pain  cLElie  figuroit  ce 

corps ,  &  cefte"  viande  5  mais  beaucoup 

plus  fingulicrement  en  ce  qu'il  eftoit 

merueilleux  en  toutes  fes  caufes^ffe^ 

&  circonftances  ,  qui  font  autant  de 

traiûs  tirez  fur  la  vieille  figure  en  repre- 

Lac<t»fetffi~  fentation  naïfue  delà  vérité  qui  deuoit 

àente.Dteu,  fL1iure  après.     Premièrement  donc  ce 

&Ja»    ^e'painfutenuoyé  de  Dieu  parle  feruice 

Leprrjire     de  l'Ange,  ce  traidt  eft  accomply  en 

Ange  de       noftre  Sacrement  .-car  il  nous  eft  donné 

Kahch.i     de  Dieufpecialemctparleminifteredu 

*.7.  (        Preftre3quieft  appelle  Ange  de  Dieu 

s.Diom.l.    enpefcrjturc  parce  qu'à  la  façô  des  An- 

en.  .       gesilenfeignelesautres^diaS.  Denys 
Areopagite:  car  comme  les  Anges  fu- 
perieurs  illumin  et  les  inférieurs  par  leur 
îcience3ainii  les  Preftres  communiquét 
leur  doftrine  aux  membres  inférieurs 
s.Hiero.    del'Eglife  de  Dieu.    Ange  auffi  félon 
Sainâ:  Hierofme,  parce  quil eft  média- 
teur entre  Dieu  &  les  hommes  ,&:  an- 
nonce au  peuple  la  diuine  volonté: fi- 
5.Chryfo.    nalement  Ange  de  Dieu5  ditft  S,  Chry- 
hom.i.in  i.  Toftome^parce  qu'il  ne  parle  pas  de  foy- 
mefme,maisenuoyédcDieu.C'eftdôc 
ïtindefro-  ceft  Ange  qui  confacrenoftre  Pain  par 
ment.         Ja  parole  de  Dieu  ,  qui  le  faidt  chair  par 
lavertud'iceluyDquile  diftribue  par  fa 


Le    Pain    d'E'lie.  307 

comifïïon. Secondement  ce  Païnd'E  lie 
fut  vn  Pain  de.froment,car  fi  c  euft  efté 
d'autre  matière,  I'Efcriture l'euft  fpeci-  ^mrl cn  g*- 

£>      «     r-  r  r  Vi  fi  eau. 

e-&rut  vn  pain  laçonne  en  galteau 

félon  la  forme  des  pains  cuits  aux  cen- 
dres j  ce  traie!  eft  encore  accomply  en 
noftre  Sacrement:  car  cefte matière  Se 
cefte  fîgure3c'eft  celle  de  nos  Hofties  qui 
fontlc froment  ^  le  Sacrement,^  les  ga-  r«M/«^ 
fteaux  admirables  du  Meffie,  defqucls;™^'^ 
cy-  deuant  a  efté  parlé  :  que  veut  figni- 
l'Efcriturejdiiant  que  ce  pain  eftoit  cuit 
foubs  les  cendres? 

Que  fignifie  £  Ecriture  par  l*  cuijfon 
du  'Pain  d'Slie foubs  les  cendres. 

2. 

'î^f^f  ^COR-  °ïuc  nous  nc  fçachïons 
fipsgfo  comment  ce  Pain  fut  cuit  ibubs 
**  •  '    les   cendres  par  l'Ange  ,,nous 
croyons  neantmoins    qu'il  fut   a  (foi- 
fonné  de  cefte  façon  ;  car  l'Ecriture  le 
dicl:  :  &  parce  qu'elle  ne  dit  rien   fans 
cauie^il  ne  faut  pasdoubter  que  foubs  le 
creux  de  ces  cendres  5  elle  n'ait  couuert 
quelques  myfteres  propres  de  noftre 
Sacremét.Ces  myfteres  font  trois  entre 
plufieurs  autres,  que  les  plus  fpirituels^^J^ 
pourront  voir.L'vn  eft  la  mémoire  de  la  «i»s***<«r, 

u    ij 


Luc.n.i?. 


Vhumilitê 

eu  lils  de 

Lue  a. 


Gcncf.i8. 


ludit. 


7.4. 


Ioan.:.tf. 


308  Le  Pain  r>'E  lie» 

charité  du  Sauueur.  Les  cendres  font 
les  reliefs  du  feu  &:  de  la  chaleur  parlée: 
ce  Pain  donc  cuit  foubs  la  cendre  chau- 
de méfiée  auec  des  charbons  vifs,  nous 
figuroit  noftre  Sacrement  vray  mémo- 
rial inftitué  pari  e  s  v  s-Ch  ri,st5& 
comrmîdé  d'eilre  célébré  en  fa  mémoi- 
re 3  &  en  recordatiô  de  fon  amour  &:  de 
fa  mort:  &  partant  c'eft  le  vray  Pain  cuit 
foubs  la  cendre  ,  c'eft  a  dire^apprefté 
auec  les  marques  &charbôs  ardensde 
fa  charité  3  de  de  ce  qu'il  a  enduré  pour 
nous.  Le  fécond  rnyftere  enfeigné  en 
cefte  cuiffon,  c'eft  la  grade  humilité  du 
Fils  de  Dieu  en  ce  Sacrement:la  cendre 
c'eft  vne  chofe  menue  &  de  vil  prix ,  &: 
partant  hieroglife  d'abaiffemét  &  d'hu- 
miliation 1  comme  nous  enfeigné  la  cé- 
rémonie naturelle  de  toutes  les  nations 
qui  en  ont  vfé  en  cefte  fignifîcatiô.Ainft 
Abraham  par  humilité  s'appelle  poudre 
îk  cendre,  &  s'abaiffe  au  nom  de  cefte 
chofe.  Ainfiles  Hebrieux  deBethulie 
fupplians  la  diuine  Maiefté  de  les  fecou- 
rir^iettoyent  delà  cendre  fur  leurs  teftes 
par  humilité.  Ainfile  Roy  de  Niniue 
Payen  s'humilia  feleuant  de  fon  Thrô- 
ne5&feant  fur  la  cendre.  Le  Pain  donc 
cuit  foubs  la  cèdre  c'eft  Iesvs-Christ: 


Le   Pain  d'Elie.  309 

vray  pain  du  ciel  humilié. Or  s'eft  il  hu-  W*« >*«*•* 
inilié  non  feulement  en  fe  faifant  hom  "pjfi^&en 
me,  &:  mariant  fa  Majefté  auec  1  infirmi-  jon  $acr*mà 
té  de  noftre  nature  ;  pour  y  endurer  les 
tourmens  &  opprobres  de  la  Croix: 
mais  encore  fe  donnante  viande  a  fa 
créature  foubs  la  figure  &:  l'habit  d'vn 
élément  frefle  &  commun  a  du  pain  &: 
duvin:fe  donnant  à  manier  corne  vne 
chofe  morte  &rinfen(iblc  :  fe  donnant  à 
mâger  &  aualer  à  des  panures  pécheurs: 
tous  ces  degrez  d'humilité  nous  font 
reprefentez  és.cendres,  &  praétiqu-ez  en 
ce  Sacrement.  Abonne  raifo.n  doncii 
fut  figuré  par  vne  marque  de  grande 
hu  milité,  à  fçauoir  par  la  cendre ,  en  la- 
quelle le  Pain  d'Elie  cuit. 
Le  troifiefme  myftcre  ce  fondes  my-  ¥ilf™i' 

J  .  ,        J     L  Eucbartfta 

itères  de  ce  Sacrement  cachez  ioubs  les  fl^,~  >,,:î-. 
efpeces  du  Pain  &  du  vin5eomme  foubs  fap**i* 
des  cendres  3  myfteres  de  l'amour  &a 
grandeur  de  Dieu  &:  des  effedts  admi- 
rables de  celle  viande  j  que  les  âmes  de- 
uotes  fentent  plus  facilement  ,  que  la 
plume  ne  peut  dire.  Et  comme  la  gran- 
de Majefté  du  Sauueur  marchant  viii- 
ble  en  terre  cfroir  muffée  foubs  le  man- 
teau de  noftre  humanité,  efîeclÉant  fa 
toute  puiflfance  ,  fagefle  fé  bonté  5  en 

u  îij 


3io         Le    Pain    d'Eliï." 

l'œuure  de  noftre  Rédemption  foubs  la 
foibleiTe,folie,&  ignominie  de  la  croix: 
de  mefme  couure-il  en  ce  Sacrement  la 
gloire  de  fon  corps  foubs  le  voile  de  ces 
fymboles^cendres  d'infirmité,  &fai  et 
ioûer  inuifiblement  de  la  main  fa  fupre- 
me  vertu, pour  le  fouftien  &  falut  de 
nos  âmes  &  corps. 

Que  nous fîgnifie  lejommeil  d'Elie 
fonbs  l  ombre  du  Geneure. 

y!fct8g£  Este  diuine  main  nous  a 
*  peint  par  d'autres  traicts  èc 
couleurs  non    moins  admi- 
•  râbles,  les  trois  myfteres  fufdids  &plu- 

Eliebrmant,  r  •  j 

h  Sapeur    heurs  autres  encor  en  vn  autre  coing  de 

tputrt'enU     ce  tableau. C'eft  en  Elie  dormât  à  l'om- 
c 


ll/JX, 


bre  du  Geneure  :  car  nous  y  voyons  le 
Sauueur  fommeillant  en  la  Croix  :  la 
mémoire  de  fa  paffion  ,  &:  les  plus  gran- 
des marques  de  fon  amour,  &:  humilité: 

ïnUt.c  ^cs  P'L1S  nauts  f^crets  du  Sacrement 
*+.'&*;.  de  fon  précieux  corps. Le  geneure  corn- 
muhémét  cefr  vn  petit  arbriiTeau,  naif- 
fant  en  lieux  fablonneux  &:  fteriles,  fans 
beauté  extérieure:  n'ayant  pour  fleurs 
Se  pour  fueilles  que  àcs  pointes  piquan- 


Le    Pain    d'Elie^         311 
tes.Eliedortlas&rrecreu  à  l'ombre  de 
cetarbrifTeau.N'eft-cepaslanaïfue  re- 
prcfentation  du  Sauucur,  angoifféde 
tourmens,  couronné  d'efpineSjdoimat 
en  la  Croix?  arbre  d'humilité .  ombra-  La  Croix, 
géant  fa  grandeur:  fupplice  des  malfai- *j^    Jt* 
deurs,  couurant  (on  innocence  :  arbre 
d'efpines,  de  peine,  de  pauureté?  Ne 
font-ce  pas  les  marques  de  la  teneur  de  *  ' 
la  vie  pénible  de  nofîre  bon  Roy3&:  de 
fonfommeil  douloureux?  Les  meimes 
circon  fiances  nous  marquent  encores 
les  qualitez  de  noflre  Sacrement  mé- 
morial de  fa  vie  &:  morticar  eftât  iceluy 
coniideréexterieuremcnt,ilnernonftre 
rien  qui  ne  foit  petit3difficile3Tans  fruift, 
fans  fleurs  &  fans  beauté  pour  lesfens, 
&  tout  efpineux  pour  le  iugement  hu- 
main reuefche  à  croire  les  chofes  qu'il  y 
trouue  répugnantes  à  fafuffifance,  &: 
s'en  pique  &  s'en  ofFenfe  5  comme  iadis 
les  Capharnaïtes  de  les  autres  enfans  de 
ténèbres  qui  font  venus  après.  D'autre  Ioan  ^ 
codé  le  mefme  arbre  eft  toujours  verd,  Ugtnw* 
&  (es  e'fpines  font  fes  fueiiles,  &  beauté:  H«»r^ 
fon bois brufléchafTe les  ferpens,  &ksy"  v*1 
charbons  portent  vn  feu  fi  ardent  &  vi-  chiffe  les 
f  uace,  qu'ils  durent  vn  an  entier  foubs  la  &?""• 
cendre  .-pour laquelle raifon  Daqid  les  ^.' "14" 

u    iiij 


312  Le  Pain  d*ElieJ 
carbones  appelle  charbons  de  defolatwn^vcc  qu'ils 
rfa°  ii°ni.  bruflent  viuement  &  consomment  effi- 
cacement. Ces  qualitez  nous  font  vné 
fecrette  peinture  de  l'intérieure  vertu  &r 
beauté  de  la  croix  du  Sauueur,  &c  de 
fon  Sacrement.xar  tout  ce  qui  y  paroift 
répugnât  *a la fenfualité,c'eft verdure  & 
beauté  à  lame  fidèle  :  c'eft  preuue  de  la 
puiflance&r  amour  de  I  e  svs-Christ 
Le  uu  de  la  enuers  nous:  le  bois  de  cefte  croix  &  de 
ce  Sacrement,  c'eft  à  dire,  ce  qui  paroift 
plus  dur  en  l'vn  &:  en  l'autre,  eftât  bruf- 
îé  en  la  méditation  du  feudiuin:  dont 
pfal.  38.  «>  Dauid  difoit,  Le  feu  brujleraen  ma  médita- 
tion-  eftant  attifé  de  cefte  meditation,il 
chaffe  loing  les  ferpens,  c'eft  à  dire  les 
mauuaifes  penfees  que  le  vieil  ferpent 
faictgliffer  en  noftreame  pour  nous  pi- 
quera faire  mourir  :  cela  mefmcs  en- 
gendre en  nous  des  charbons  de  chari- 
té qui  eftans  couuerts  foubs  la  cendre 
d'humilitéjne  meurent  iamais.  Voyla  le 
sômir  fous  geneure  dechifre*  Mais  foubs  l'ombre 
gêneur*.  "C  ce  geneure  Elle  dort  :  c'eft  lame 
Chreftienne  qui  prend  fon  repos  en  la 
méditation  du  Sacrement  de  l'Autel, 
qui  eft  l'ombre,  c'eft  à  dire  mémorial 
de  la  mort  du  Sauueur,  comme  il  a  éfté 
diftrcar  comme  l'ombre  reprefente  le 


Le  Pain  d'Elue  313 
corps  3  ainfileSacrementreprefente  la 
pafsion:  &:  comme  le  corps  eftpreient 
aucc l'ombre,  ainfi  le  corps  du  Sauueur 
au  faind  Sacrement. 

Le  chemin  d'Elie  depuis  F  ombre  du 
geneure  iujques  a  la  montagne 
dOrel?,&  de  l'eau  aluy  don- 
née auec  le  Pain. 

'4 
O  v  b  s  cefte  ombre  il  nous 

faut  véritablement  repofer 
en  la  lafsitudedenospcrfe- 
cutionSjCommeEIiey  dor- 
moit  en  figure,  fuyat  la  rage  de  Ieiabel: 
car  il  n'y  a  aucun  plus  fouple  &folidc 
repos ,  parmy  les  trauerfes  de  cefte  vieS^'f"- 
pénible,  que  la  méditation  de  la  mort 
du  Sauueur  ioinâe  auec  la  perception 
de  fon  corps  :  ce  que  Dauid  parefprit 
Prophétique  auoitiadis  enfeigncdifant 
à  Dieu  en  laperfonne  de  tout  Chreftié 
affligé  :  Tu  as  apprefté  deuant  moy  y  ne  tablev^lll,l- 
contre  ceux  oui  me  troublent  :  &  partant 
l'Ange  reprefenfànt  la  figure,  refueiile 
Elie ,  &  l'exhorte  à  mander  du  Pain  fi- 
gurant cefte  table.xe  qu'il  execute,&  en 
cft  fi  bien  refaicl  qu'il  en  prend  force  .& 


314  Le  Pain  d'ElieT 
courage  pour  marcher  quarante  iours 
&:  quarante  nuicl:s5iufques  à  la  monta- 
gne de  Dieu,fe detrapant  delà  perfecu- 
tion  delà  Royne:quifontencores  deux 
Mm?*™"*'  royftetcs  tracez  en  la  figure  pour  noftre 
vérité  :  car  ceft  cfpace  de  iours  fignifie 
laduree  de  iioftic  pèlerinage  mortel,di- 
uifé  en  quatre  aages  comme  en  quatre 
dizainesren  l'enfance,  en  Padolefcence, 
en  la  ieune(Te3&  en  la  vieillefTe.'&mipar- 
tyde  iours  &denui6h5debiens  &:  de 
maux,  de  confolations  &:  perfecutions. 
Ce  chemin  continuel  d'Elieiufques  en 
Oreb  :  c  eu:  le  progrez  qu'il  nous  con- 
uientfaireà  monter  par  fainctsdefirs  bc 
foufpirs,&:  par  bonnes  œuures  iufques 
au  Commet  de  la  perfection  Chreftien- 
nc D  félon  la  mefuredelagracede  Dieu 
communiquée  à  chafcun:&  de  ce  fom- 
met  fc  guinder  d'vn  vol  victorieux  de 
la  mort, &:  du  monde,à  la  haute  monta- 
gne de  Dieu5noftre  félicité.  Or  en  ce 
pèlerinage  noftre  vray  Pain  &  fouftien, 
c'eft  le  corps  du  Sauueur  donné  par  fon 
An  ge5  à  fçauoir  par  fon  Prcftre3comme 
il  a  elle  dit. 


Le    Pain    d'Elie.        jij 

Signification  du  pot  d'eau. 

5 

A  t  s  que  fignifîe  le  pot  d'eau 
donné  auec  ce  Pain  ?  c'eft  la 
grâce  diuine  donnée  auec  le 
Sacrement:  ainfi  eft-elle  figurée  parle 
Créateur  qui  la  donne  &  la  promet ,  en 
telle  figure  5  difant  par  Ton  Prophète  E- 
Zechiel.  fefpctndrdy  fur  vom  vne  eetu  pure^ 
à  fçaaoir  cefte  grâce,  &:  le  SauueurEzcch.3^. 
crioitau  Temple. Si quelquVh  afoifquihî- 
y itnne à moy  &  boiue  3  parlant  de  la  mef-  oan,7*37« 
me  grâce  "ceft  cefte  eau  qui  nous  effc 
donnée  pour  rafrefchirnoftre  laflîtude: 
qui  nous  donne  force  ,  &  nous  faid 
monter  aifément  à  la  montagne  de 
Dieu,  pour  nous  mettre  en  pofleflîon 
du  Ciel.  Qui  euft  penféde  prime-face 
qu'à  l'ombre  de  cefte  figure  fufTent  ces 
beaux  myfteres  cachez?  Et  combien  en 
ya-ilencor  que  l'amecontemplatiuey 
remarquera?  mais  n'en  y  a-il  pas  afTez 
icypour  admirer  cefte  infinie  fagefïe  en 
la  peinture  de  Ces  fecrets  ?  cefte  fouue- 
raine  puifTance  en  la  grandeur  de  Ces 
ceuures?ccfteiupreme  bonté  en  la  lar- 
ge (Te  de  Ces  biens  ?  Certes  ce  fut  vn  _ 

1    *  r        ■  1       r  r  r  Prineytnct 

clair  teiinoignagc  de  fa  tref-fage  pre- ,&©«». 


3i6  Le  Pain  d'Eli^ 

uoyance  de  tirer  fi  long  temps  deuant 
lestrai&s  du  Sacrement  de  fon  corps: 
Vmu.     vncaufli  belle  marque  de  fa  vertu ,  d'a- 
uoirdonnéàElie  vn  Pain  de  telle  for- 
ce qu'il  peut  entretenir  la  vie,  &:  fournir 
la  vigueur  de  quarante  iours  entiers  à 
vn  corps  debile,trauaillé  &:  trauaillant: 
vn  figne  euident  de  fa  grande  miferi- 
Mifmcorh.  corde*,  d'efpoufer  fi  paternellement  le 
foingdVne  fiennecreaturemortelle,  &: 
luy  enuoyer  vn  efprit  immortel  :  Se  vn 
defes  enfans  d'honneur  pour  luyferuir 
en  fa  neceflité  ,  de  pannetier  Se  d'ef- 
chanfon  :  mais  qu'eft-ce  au  prix  de  ce 
qu'il  a  faiâ  laiflant  les  armes  &:  le  gage 
defon  Sacrement àfon  Eglife  militan- 
te? donnât  fon  humanité  Se  diuinité?  fe 
donnant  tout  &dVne  manière  fi  diuine 
Se  fi  conucnable  à  noftre infirmité  ?  Ce 
qu'il  fit  alors  pour  Elie,  neft-ce  pas  vne 
peinture,  vneprefentation  &vne  om- 
bre parangonnee  à  la  viue  image ,  à  la 
vérité  Se  au  corps?  Qui  pourra  donc ,  ô 
Seigneur,  dire, ou  encores  comprëdre 
les  trai&s  de  voftre  fagefTeen  ce  Pain? 
de  voftre  grâdeur  en  ce  my  ftere?  de  vo- 
ftre mifericorde  en  ce  feftin  ?  Et  que 
peut  autre  chofe  icy  la  mortelle  foiblef- 
fe,finon  bégayer  en  parlant^  Se  admirer 


1e  Pain  d'Eljje.*  '317 
en  filence  la  hauteur  de  vos  confeils  de 
la  douceur  de  vos  grâces^  vous  en  re- 
mercier du  profond  de  fon  cœur  en 
l'humble  eonfeflïon  de  fon  incapacité. 


LE    SACRIFICE 

PROPITIATOIRE- 


LE      SACRIFICE 

^Propitiatoire. 

tH  EPreftreluif vient  d'of-s*^*     . 

is&â    r  .      i         r        -r  1  vropttiatotre. 

rnr  le  iacnhce  annuel  Leuit.  4.  & 
de  Propitiation  ,  afin*,&7' 
d'appaifer  Dieu  &  ob- 
tenir de  luy3  pardon  &  grâce  pour 
foy  &  pour  le  peuple,  dés  péchez 
comis,  On  a  porté  le  fang  de  la  vi- 
ctime fur  l'Autel  des  parfums  affis 
deuant  la  porte  du  Sandhiaire  ap- 
pelle Sainct  desSaincts, ***j* 
ou  eft  l'Arche  de  Dieu ,  &4a chair ~""J" 
d'icelle  victime  aeftéconfommee  ' 
au  feu  auec  la  tefte  &  la  peau  y  hors 
de  Hierufalem,  fins  que  perfonne 
en  ait  mangé  :  ceux  qui  l'ont  faicfc 
bruflerfelauenthors  les  portes  de 
la  ville,  d'autant  que  félon  laloy  ils 


310  Le  SACRIFICE  PROP." 
jmmdts.  iont  reputez  immondes  par  ce  fer- 
uice,  &  ne  peuuent  feutrer  ny  Te 
trouuer  en  la  compagnie  de  leurs 
frères,  qu'ils  ne  foient  purifiez  par 
l'eau  d'expiation. 
s#rifc«  «-  qn  ceIebre maintenant  vn  autre 

utc  réfection. 

lacrincepour  le  péché  aufli,  mais 
cotraire  en  cérémonies  à  celuy  qui 
vient  d'eftrefaiét.    Car  il  fe  réitère 
tous  les  iours,  &  le  fang  de  la  viei- 
llie n'entre  point  auS  âduaire^mais 
eft  offert  fur  l'Autel  de  Tholocaufte 
dans  vn  baffin  d'or,  comme  vous 
voyez.  Les  homes  delà  lignée  Sa- 
cerdotale mangent  en  ce  paruis  ià- 
cré  la  chair  de  l'Hoftie  &  en  font 
fandifiez^au  lieu  qu'en  ce  premier 
*  làcrifice,  elle  eftoit  toute  confom- 
meeparlefeu,&  rédoit  immodes 
ceuxquilafaifoiétbrufler  corne  il 
a  efté  dit.  Il  n'y  a  aucune  femme  au 
banquet,ny  aucun  home  immon- 
deicar  la loy  n'y  reçoit  que  les  maf 
\cs,8t  iceux  lanclifiez.  Trois 


TROIS  ES  PECES  DE 

SACRIFICE. 


O  v  s  auons  diâ 


ailleurs 


qu'il  y  auoit  trois  genres*|^^; 
de  facrffiçes  obfcurémenn/^o/i^ 
pratiquez  en  la  Loy  deF/,eCT'"s- 
nature  ,   &  expreffément 
ordonnez  en  -celle  de  Moyfe  :  le  pre- 
mier eftoit  de  Tholocaufte,  tout  adref- 
fé  àlaloûangedeDieurlefecoiadPaci- 
fique^ordonné  pour  action  de  gracesrle 
troifiefme  Propitiatoire  ,  pour  appifer 
Dieu .  En  ce  troifiefme  gère  de  facrifice  Desh*"5 

#  D  quatre  pieas, 

on  offroit  vne  des  fix  eipeces  de  beftes  D*sotf***£, 
licites,  àfçauoir^ou  debouine,  ou  de 
moutonnaille5ou  de  capraille  5  ou  fi  c'e- 
•ftoiët'oyfeauxjon  prenoitoupigeoSjOu 
moyneaux,  ou  tourterelles. Tous  figu- 
roient  ou  le  facrifice  de  la  Croix,  ou  ce- 
ïuy  de  la  MeAbjOU  tous  les  deux  enfem- 
ble.  Le  premier  dont  eftfaid  mention: 
auprefent  tableau  fignifioit  apertement 
le  facrifice  de  la  croix  P  èclc  fecondy 


321  Le  sacrifice 

celuyde  l'Euchariftie  3  voyons-en  les 
marques. 

L  e  facrifice  Propitiatoire  qui 

proprement fîgnifioit  celuy 

de  la  Croix. 

z 
I  nous  confiderons  attentiue- 
mér  le  rapport  de  la  figure,  nous 
y  recogijoiftrons  aufïi  toft  la  ve- 
VMfwC*n.àxk.  Ce  premier  facrifice  Propitiatoire 
Lunette-  fe  faifoit  vne  fois  lan&  non  plufieurs. 
uTiié!  &  C'eft  la  marque  de  l'vnique  facrifice  de 
Leuit.15.    laCroix,qui  n'a  efté  faiét  qu'vne  fois  en 
Luc1  19    l'an  du  Sauueur5c'eft  à  dire  durât  fa  vie, 
anôc  temps  du  vraylubilé  du  S eigneur: 
&:  faiâ  fans  pouuoir  eftre  réitéré.  C'eft 
ce  que  déduit  Sainft  Paul  efcriuant  aux 
Hcbrieux.  Encefie  Volonté  nom  (tuons  eftê 
iuftifie^par  toblation  y  ne  foisfaiâle  du  corps 
delzsv  s-C  hris  t. Et  après  ay  ât  di& 
que  les  Preftres  Iuifs  ne  pouuoient  effa- 
cer le  péché  auec  leurs  facrifîces  fanglâs, 
Hebr.io.    il  adioufte,mais  I  e  s  v  s-C  hris  raydnt 
1 1.  offert  'vnfeul  facrifice  pour  les  peche^  efldfits 

éternellement a  Iddextre  de  Dieu.  Ce  facrifi- 
ce donc  ne  peut  eftre  réitéré  eftant  le 
Sauucur  triomphateur  de  la  mort&nc 


Propitiatoire.        325 
pouuant  plus  mourit^&rfeftant  cela  ne- 
ccffaire.  La  féconde  circonftance  eftoit       2 
qu'en  ce facrifice  annuel  5  le  fan^  de  la,Lff*ngp*r~ 
viéhme  de  Propitiation  eitoit  porte  fur  </„  ^rjr,OT,c 
TAutel  des  parfums  affis  deuantle  San- 
ctuaire figure  du  Ciel,  comme  Sainft 
Paul  l'allegorife. 

Le  fangdu  Sauueuraufïi?ceftà  dire 
le  prix  defonfanga  efté  porté  iufques 
au  Ciel3&:mis  deuant  les  yeux  de  Dieu, 
qui  en  confideration  d'iceluy  fang  ef- 
pandu  à  fon  honneur  pour  les  hommes 
leur  fai<5t  pardon  -de  leurs  péchez  s'il  ne 
tient  à  eux.    Troifiefmement  la  chair 
delà  viftime  eftoit  toute  confommée   ToJtu 
au  feu  aueclatcfte  &  la  peau  :  hors  d\ick<»r  brujiee, 
camp^quâd  on  eftoit  au  defert  5  ou  hors 
Hierufalem,  depuis  qu'elle  fut  choifie 
poureftrelelieuàfacrifîer.  Le  Sauueur 
a  efté  crucifié  au  mont  Caluere  hors  de  vhoiMfc 
Hierufalem,  fon  corps  bruflé  par  trois  Xx»aélZ 
feux   &  confommé  iufques  à  la  mort:  rro«/<«*, 
par  le  feu  de  fon  amour  infiny^qui  le  fai- 
foit  volontaire  viftime  à  fon  Père  pour 
nos  péchez:  car  par  le  feu  de  nos  pèches 
mefmes,  qui  luy  caufoyent  la  mort,  par 
le  feu  des  opprobres  3  blafphemes  de 
tourmens  qu'il  endura  en  fa  Pafïion,  en 
laquelle  remarquablement  fa  peau  fen- 

x  lj 


514  Le    s  acrifi  c  e 

tit  ce  feu,  quand  elle  fut  cruellement 
defchiréede  coups  de  verges,  comme 
auflîlatefte couronnée  d'efpines,  de  le 
facré  vifage  fouillé  de  crachats.  Finale- 
tetdeux    nient perfonne  des  facrifians  ne  man- 

dernteres  ctr-  .    L  r       .  r       _ 

confiances,  geoit  en  ce  facrifice  Propitiatoire  :  per- 
fonne ne  mangera  en  ceftuy-cy  :  &  ceux 
qui  faifoient  brufler  la  chair  de  celle  vi- 
ctime ancienne  eftoient  immondes  & 
fedeuoient  purifier  de  l'eau  expiatoire 
pourr'entrerenlacité:  ceux  qui  firent 
mourirleSauueuront  efté rendus  abo- 
minables deuantDieu,&s'ils  ont  voulu 
rentrer  en  la  cité  de  fa  Hierufalé,  qui  eft 
fon  Eglife,  il  a  fallu  qu'ils  fe  foyent  puri- 
fiez par  l'eau  du  Baptefme.  Voila  de 
poin<5tenpoinc1:,&:  crayon  par  crayon, 
la  figure  accomplie  du  facrifice  de  la 
croix,  quia  véritablement  efface  nos 
péchez  &  donné  abondante  grâce  de 
paix&  de  propitiation,mais  qu'on  l'ap- 
plique r3ar  les  moyés  ordônez  de  Dieu, 
qui  font  les  S  acremens,mais  finguliere- 
ment  le  facrifice  &  facrement  deTcu- 
chariftie. 


PROPITIATOIRE.  325 

Le  fécond  genre  defacrifice  Propitia- 
toire figure  de  ÏEuchariflie. 

t 

L  ne  faut  pas  douter  que  com- 
me ce  premier  genre  de  facrifî- 
ce  Propitiatoire  fut  accomply 
enfoblation  delà  croix ,  le  fécond  ne 
lait  efté  en  vne  autre:car  fi  rien  n  apaffé 
ea  figure  en  la  vieille  loy  a  tant  fut  il  pe- 
tit, queleSauueurnedeuft  parfaire  en 
la  loy  de  grâce ,  &  fi  luy-mefmc  a  fou- 
uétprotefté  qu'il  accompliroit  toute  la 
Ioyiufquesàvnpetit  iotta,  &queplu-Matth.f. 
ftoft  le  Ciel  &  la  terre  faudront  ,  qu'vn  l8uc tl6tl?t 
feulpoinft  fuft  laiffé  arrière  fans  eftre 
parfaid,  qui  oferapenfer  qu'vn  facrifice 
fi  remarquable  que  ccftuy-cy,  n'ait  efté 
paracheué  félon  toutes  (es  circonftan- 
ces?Or  l'accompliiTement  eft  tres-clair 
enl'Euchariftie.  Elle  fe  réitère  tous  les 
iours  comme  l'ancienne  figurercar  tous 
les  iours  on  diâ  la  McfTe,le  fang  eft  mis 
fur  l'Autel,  &  offert  a  Dieu  en  icellc 
MefTe ,  la  chair  du  corps  du  Sauueur  y 
eft  mangée  tant  par  les  Préfixes,  que  par 
les  lais ,  qui  en  qualité  de  Chreftiens  &: 
vrays  fidèles  font  cenfez  aucunement 

x  iij 


$ï6         Lésa  crifice 

iPct.i.9.  Preftrcs&Rois^côme les  appelle  faind 

sacerdoce  Pierre,&entant  qu'ils  fe  preparët  deue- 

Rval'      ment  à  la  communion  par  pénitence  & 

autres  œuures  de  pieté,  ils  font  enfans 

mafles  de  la  lignée  Sacerdotale,  ayans 

Tameforte&non  efféminée,  encor  que 

ce  foyent  femmes  &  ieunes  pucelles. 

?..  Cefte  chair  eft  mangée  envn  lieu  fainft, 

c'eft  à  dire  en  la  maifon  de  Dieu  qui  eft 

l'Eglife  Catholique  3  &  en  fon  Temple 

ordinairement,  de  fi  c'efl:  en  vne  maifon 

priuée  où  les  malades  la  mangent ,  c'eft 

toufiours  en  l'enceinte  delà  maifon  de 

Dieu;  &  cefte  chair  fan  ftifie  ceux  qui  la 

mangent  purement  ,  &  fans  foùillure 

d'aucun  péché  mortel. 

jiuec  quelle  différence  les  facrifîces  <& 
Sacremens  ludaïques  &  les 
Chrefiiens  font  Propitia- 
toires. 

4 
SjastàJ  Es  Sacrifices  Iuifs  faifts  pour  le 
$1>/^  péché  eftoyent  Propitiatoires, 
pîeb,I°'4'  iSÙk^  &  impetroyent  pardon,  non  de 
leur  vertu ,  car  comme  dit  Sain  A  Paul, 
il  efl  impofiible  que  les  f>eche%Joiet  effdce^jtdr 
Itfdng  des  tduredux  &  de  boucs  ;  mais  à  rai- 


Propitiatoire,        327 
fonde  la  religion  &  pieté  de  ceux  qui 
les  faifoient  ,  proteftans  par  iceux  la  foy 
&  fefperance    qu'ils  auoient  au  futur 
Meflîe,  Iesvs-Christ:  en  cefte  façon 
Dieu  leuc  promettoit  grâce,  difantde 
l'homme  deuot.  il  offrira  facri fie e  ,  eSWeLeuir.4. 
Prefrre  priera  pour  tuy^&le  péché  luy  fera  par- 
donné. Ilseftoyent  doncimpetratifs  deEXOPerc 
pardon  par  la  foy  &:  vertu  des  offrans, opcranns' 
laquelle  Dieu  acceptoit  :  mais  non  pas 
operatifs  de  pardon  ,  finon  en  figure;  le 
facrifîce  de  FEuchariftie  qui  eft  la  vérité 
de  tous  ,  porte  grâce  quant  &  foy  &  par 
foy,  comme  tous  les  Sacremens  de  la 
loy  de  grace.car  ayans  efté  inftituez  par  ?oUraUOyUt 
l'autheur  de  grâce  Iesvs-Christ.&  sûrement 
parle  Maiftreenperfonne,  &  non  par ^  yfon't 
Tentremife  de  Moyfe  feruiteur,  &  eftantVr*"/*  & 
payée  la  finance  denoftre  rédemption  A>- 
en  fon  fang  precieuxiceftoit  bien  la  rai- 
fon  qu'ils   euffent  en  eux  la   vertu  que 
ceux  la  figuroient  :  &  puifquc  le  threfor 
eftoit  compté,  qu'ils  donnaflent  argent 
comptant  la  remiffion  des  péchez. Par- 
quoy  les  Sacremens  Chrefticns  portent  Ex  opere 
grâce  d'eux-mefmes,&  ce  par  leur  actiô  °perato- 
en  vertu  de  la  prerogatiue  à  eux  donnée 
parle  Sauueur:ôr  celuy  qui  les  reçoit 
en  bonrçc  difpofition  3  il  proufite  par 

xiiij 


328  Les  acrifice 

^deuxvoyes,àfçauok  parle  Sacrement 
qu'il  reçoit,  &:  par  la  propre  deuotion 
_  r  '     au'ilyapporteraulieuquelesHebrieux 

le  feront  T.  ^      rr  ,^.     r      ?i    f  T 

^iw».     nelauoyetqu  e  lalecoderaçon.  Leurs 
Num  ii<  Sacremens  eftoientfalutaires  comme  le 
Serpentd'airainaudefert:carcen'cftoit 
pas  de  (a  propre  vertu  qu'il  guarilToitla 
morfuredes  ferpens,  ains  de  lafoy  de 
L  ceux  qui  le  regardoyent  félon  le  com- 

mandement de  Dieurluy  neftant  que 
la  butte  des  yeux&Tobieâ  de  cefte  foy: 
mais  les  noftres  font  falutaires  en  façon 
d'vneprecieufe  Teriaque ,  qui  porte 
quant&foy  l'efficace  de  fouueraine  me- 
decine,&fî  elle  entre  dans  vn  eftomach 
préparé,  elle  faiftvn  fouuerain  effed 
pourlefàlut  du  corps:  ainfi  les  Sacre- 
mens delà  loy  de  I  esvs-C  hrist, 
ont  en  foy  la  vertu  de  falut.  Ainfi  le 
Baptefmeja  Penitence,&  autres  Sacre- 
mens de  remifïion,  effacent  le  péché  en 
l'ame ,  &:  tous  portent  grâce  par  leur 
a&ion,  mais  principalement  l'Euchari- 
ftie  ,  contenant  icelle  le  Créateur  de 
grâce  Iesvs-Christ:  les  autres 
ayans  le  fruift  feulement,  elle  l'arbre  &: 
les  pommes  enfemble:  les  autres  don- 
nans  les  ruhTeaux ,  elle  donnant  la  fon- 
taine encor.La  mefmeEuchariftie  aufli> 


Propitiatoire.  329 
entant  que  facrifice,  donne  grâce  &re- £ntant  i»* 
miflîon  des  péchez  3  impétrant  delà  di-/"^"* 
uine  bonté  pardon  à  celuy  pour  qui  elle 
eft  offertexar  ce  corps  eft  fi  précieux  de- 
uant  Dieu ,  &?Dieu  en  a  tant  efté  glori- 
fié 5  qu'il  ne  luy  peut  eftre  prefenté  fur 
l'Autel  qu'auec  gain  de  fa  bonne  grâce  : 
mefmes  qu'il  eft  prefenté  en  chef  parfon 
propre  Fils  3  qu'il  ne  peut  n'auoirpour 
tres-agreable,  &:à  qui  il  ne  peut  rien  re- 
fufer  :  (  les  Preftres  ne  font  que  les  vicai- 
res vifibles  &: médiateurs  de  l'aâ:ion:)le 
don  &  le  donneur ,  l'offrande  &:  l'offrâr, 
eft  le  mefme.)&:  l'vn  &  l'autre  infiniemét 
agréable  aux  yeux  de  la  diuine  Majefté. 
L'Euchariftie  donc  eft  vn  facrifîce  pro- 
pitiatoire figuré  par  celuy  des  I  uifs  en4a 
manière  que  venons  dédire. 

Tefmoignages  desancies  Pères  Latins 
$0  Grecs  >monftr ans  que  le  facri- 
fîce de  la  Mejfe  efi  *Pro- 
ptiatoire. 

5 

A  1  n  c  T  Auçuftin.  Par  plufieurs  „  â      - 
anciens  Jacripces  que  Ion  offrait  four  cp  57# 
les  peche^eftoit  fignifié  ccftuy  facrifi- 
ce,<tuquel  ejlfaifte  la  y  raye  remijjio  despeche^ 


330  Le    sacrifice 

chacuneji  le  fan?  duquelnon  feulement  nefipas  prohibe 

uptnvàu      (  comme  en  ceux-là  )  mau  offert  a  tout  le 

iauutur.      monde ,  &  tout  font  inuite^J,  le  boire.   Et  en 

Ai;-1:  .  la  cité  de  Dieu  il  efcrit  qu'en  l'Eglifc  on 

c.i5.         offre  &  offrira  le  facrifice  pour  le  péché 

iufquesauiour  duiugement:mais  non 

au  delà  5  parce  qu'alors  il  n'y  aura  plus 

perfonne  à  qui  les  péchez  puiflent  eftre 

remis. 
Vji»uUu       Et  en  vn  fermon  qu>ii  a  fa&  jes  jn, 

utmr.         nocens  parlant  de  l'Autel  ou  1  on  dict  la 
idem  ferm.  Meffc,Làydh-i\fereJpddlefinjrdeCHKiST 
s.Ambr.l.  pour  les  pécheurs.  S,  Ambroife  parlant  de 
i.offic.48.   TEuchariftie  ,  I  e s v s-C  hrist  s'offre 
foj-mefme  comme  Preflre  pour  nous  remettre 
no^peche^Et  en  l'exhortation  aux  vier- 
ges ,  il  appelle  ce  qui  eft  offert  à  l'Autel 
vne  Hostie  salvtaire,  par la- 
quellele  péché  du  monde  eft  effacé, 
S.  Cyprien  en  vn  fermon  diâ  que 
^"/^"'rEuchariftie  eft  vn  holocaufte   pour 

taire.  ....  L 

idem  in  ex-  purger  les  îniquitez. 
hort.  ad  S .  Hierofme.  Si  on  commande  aux  gens 

s'cypr  fer.  ^dts  ^e  s'abfienir  delà  compagnie  de  leursfem- 
decœna  mes  pour  mieux  prier  :  que  doit-on  penfer  de 
dommi.     »  lEuefque  qui  offre  tout  les  iours  à  Dieu  les  >/'- 

SHiero.in    c1.lr1Ji  >  r  « 

c.  1.  cp.  ad.  crimes  fans  tache  four  fes  péchez,  &  ceux-là 

Vcu  n    ^uPeuP^^ 

v.dcSczt.      S  .ChvyCo&omc.  Le  Preflre  comme  dmbdf- 


Ur 


Propitiatoire.  231 

fadeur  &  orateur  intercède  enuers  Dieu  pour 
tout  t'vniuers,afin  de  le  rendre  propice, non  feu- 
lement aux peche'xj.es  njiuans  •  mais  encor  des  IcIcm  *"  £ 
trepajje^.  E  t  en  fa  liturgie  ou  formulaire  maôfaiuta- 
de  faMeffe^ilprie  Dieu  ainfi.  Faiâlesnousrishom^ 
idoines  à  "Vous  prefenter  des  dons  &  facrifces  %  ^'  ' 
poumos  peche^Ç?*  pour  les  ignorances  du  peu- 
ple •  &  fouuent  appelle  TEuchariftie 
Hostie     salvtaire. 

E  t  S.  Bafilc  en  fa  MefTe  auffi.  Faites  gg£ 
nous  dignes, àit-il^riant  Dieu, de  y  ou*  prç-  do.° 
fenterdeuat  yous  auecnjn  cœur  net^ty*  de  yous 
feruir  &  offrir  ce  yenerablefacrificepozr  effa- 
cer nos  peche-xjfr  la  malice  du  peuple. 

S. laques  en  la  fienne.iVo#$  vous  offrons  s.iacob.in 
cefacripce  non  fanglant  pour  noç^peche^  &  ltur°' 
les  ignorances  du  peuple.  '        s.Iuftdia. 

S.  Iuftin  Martyr  efcrit  que  le  facrifice  log.contra 
de  la  vache  que  Ton  oifroit  pour  les  me-  Tryp  0j 
féaux  en  la  loy  deMoyfe^ftoitla  figure 
del'Euchariftie  offerte  pour  l'expiation 
des  péchez.  _  s  CyriII 

S.Cyrille  de  Hierufalem.  Nous  offrons  Hierofo. 
I  E  s  v  S-C  H  R 1  s  T  occis  pour  nos  pechex>a-  Catncch- 

r     j  t  ,  •  1      myltag-;. 

pn  de  nous  rendre ,  &  aux  autres  propice  celuy 
qui  efl  trcs-beningm 

En  fomme  tous  les  Do&eurs  Catho- 
ques  Latins  &  Grecs  de  mefme  foy  & 
langage  que  ceux-cy>  ont  enfeigné  que 


33^  Le    saqrif.ice 

le  facrificc  de  la  MefTe  eft  ;le  vray  Se  vni- 
que  facrifîce  des  Chreftiens  ,  inftitué 
te  facrificc  par  I  e  s  v  s-Christ  ,  pour  impetrer  de 
n'ïn  *paiU    ^lcu  remifïion  des  péchez.  Le  facrifîce 
ficnfice       de  fa  Croix  n'eft  pas  le  facrifîce    des 
cbrefie».     Chreftiens  ,  encor  qu'il  foit  le  fonde- 
ment delà  religion  Crreftienne.Carles 
Chreftiens  ne  peuuent  ny  le  faire  eftant 
le  Sauucurimmortel5ny  le  defirer,d'au- 
tant  qu'ils  feroyentfemblables  aux  Iuifs 
qui  le  crucifièrent.    C'eft  l'Euchariftic 
„  ,   .„.  qui  eft  le    feul  &  propre  facrifîce  des 

VEttchdYtflte   *  .        n  .  j       l    ,   l 

eftiefawfict  Chreftiens,  ordonne  pour  ramenteuoir 
chrejiie*.  celuy  de  la  Croix  :  pour  en  appliquer  le 
mérite  ,  Se  comme  le  Baptefme ,  la  con- 
firmation ,  &  les  autres  S  acremens  ,  en- 
tant que  S  acremens.,  remettent  les  pé- 
chez en  vertu  du  facrifîce  de  la  Croix, 
ainfi  l'Euchariftic  en  tiltre  de  facrifîce 
applique  la  remiffion  des  péchez  gai- 
gnée  en  la  Croix  5  &  en  cefte  façon  eft 
facrifîce  Propitiatoire.  Cefte  doftrinc 
eft  félon  Dieu  Se  félon  raifon  ?  car  puif- 
Jefus-chrifi  que  !  E  s  v  s_c  h  r  i  s  t  eft  Prcftrc  eter- 

rrejtreeter-       i  m 

plument,    nellement   félon  l'ordre  de  Melchife- 

pfai.  10^.    jec  ^  ji  faut  qUe  je  facrifîce  inftituè  par 

luy  félon  cet  ordre,  qui  eft  celuy  de  la 

Meffe,&non  autre, foit  Propitiatoire, 

pouree  que  c  eft  l'office  eflfentiel  du  Pre- 


Propitiatoire,  333 

ftre  d'offrir  pour  le  peché,comme  faincl: 
Paulefcrit.  Tout  Pontife  chotfi  des  hommes  Hcbr.$. 
ejl  ordonné  pour  les  hommes  es  clwfes  qui  font 
de  Dieu  Jour  offrir  des  dons  &  fdcrifices  pour 
lepeché.l  e  s  v  s-C  hrist,  donc  corne 
Preftre  s'offre  foy-mefme  en  cefacrifice 
pour  nos  péchez  ,  &:  ce  parle  miniftere 
des  Preftres  fes  vicaires,  tout  ainfi  que 
par  eux  il  enfeigne,  baptife,confîrme,  &; 
exerce  les  autres  offices  &  S acremens 
de  Dodeur  &  de  Rédempteur.  r«  Unna 

L  a  raifon . veut  aufli  que  puifque l'o-  œmres  ^nt 
raifon/aumoinc^e  ieufne,la  pénitence,  „',.   ' 
&  les  autres  actions  de  pieté ,  pour  eftre 
honorables  de  plaifantes  à  Dieiijlap- 
paifent  &  obtiennent  deluy  la  remif- 
fion  des  fautes  commifes  :  cefacrifice 
qui  eft  le  plus  haut  honneur  que  l'E glife 
prefente  a  Dieu  5   &  la  plus  diuine  de 
toutes  lesadions  fain&es,ait  force  de  Moyfe. 
1  appaiier  &  gaigner  fa  grace.Moyfe  ob-  Danid.4. 
tint  pardon  pour  plufieurs  milliers  de  *4* 
pécheurs  ;  Daniel  confeilloit  au  Roy  de 
Babylonc  de  rachepter fes  péchez  par 
àumofmes  ,  ces  œuuresdonceftoyent 
propitiatoires ,  &:  comment  ne  le  feroit 
lefacrifice  du  corps  du  Fils  de  Dieu, 
offert  par  fon  Fils  mefme,  &:  par  Ces  mé- 
bres  en  fupreme  culte  de  fa  Majefté? 


334  Le    sacrifice 

l'enneny  des  hommes  n  a-il  pas  efté  ex- 
trêmement enuieux  de  maling  de  vou- 
loir ofter  cefte  créance  de  l'efprit  des  en- 
fans  de  Dieu  ?  &  ceux  qui  ont  creu  à  (es 
fraudes  contre  l'honneur  de  Dieu,  con- 
tre la  doctrine  de  fon  Eglife  ,  ne  font-ils 
pasmiferablemét  enforcelez&;  du  tout 
indignes  de  iamais  auoir  remiffion  de 
leurs  fautes  ? 

En  quelle  façon  le  facrifice  de  la  Mejfe 
&  les  Sacremes  remettent  le  péché 
puifque  la  croix  efl  noflre  en- 
tière rédemption. 

6 
A  i  s  fi  le  facrifice  de  la  Groix  eft 
noftre  entière  rédemption ,  &  le 
prix  infinyde  tous  nos  péchez, ôc 
de  mille  mondes ,  fi  tant  y  auoit  de  pe- 
cheurSjCommentdifons-nous  que  le  fa- 
crifice de  la  MefTe  eft  propitiatoire,  &: 
^^J2x^lesSacremens&:  les    bonnes  œuurcs? 
nJplfaïut.  A  celaierefponds  que  le  facrifice  de  la 
Les  sacre-  Croix  c'eft  la  maiftrefTe  fontaine  de  no- 
Pïtftre  falut.Le  facrifice  delà  MefTe&r  les 
J*i»t.         Sacremens  font  les  ruiffeaux  par  lef- 
quels    le  mérite  de  la  Croix  découle 
en  nos  âmes,  &  fans  lefquelsce  mérite 


PROPITIATOIRE.  J5JJ 

nous  feroit infructueux: le  Baptefmeeft 
vn  de  ces  ruifTeaux,  comme  la  Confir- 
mation ,  &r  les  autres  Sacremens  :  le  fa- 
crifice  de  la  Méfie  en  eft  vn  aufîi  :  &  par 
eux  la  Croix  eft  falutaire  ,  mais  aux 
Chreftiens  feulement  :  caries  Turcs  & 
les  Paycns  n'en  reçoyuent  aucun  rruid, 
parce  qu'ils  n'ont  aucun  Sacrement  ny 
facrifice  par  lequel  ils  puifTent  ouurirla 
porte  de  ce  mérite,  &:  faire  découler  en 
eux  les  eaux  de  rédemption  &falut.  La 
Croix  leur  eft  vne  fontaine  bouchée,vn 
verger  fermé, vn  threfor  caché, parce 
qu'ils  n'ont  nyles  tuyaux  ny  l'entrée3ny 
la  clef,quileur  dône  le  moyen  d'en  eftre 
prrticipans.  La  MefiTe  donc  non  plus^^™?' 
que  les  Sacremens  n'eft  pas  vne  nouuel- fan$  a^uc*- 
le  rédemption ,  ny  autre  que  celle  de  WlQn% 
Croix:  mais  elle  eft  vn  excellent  moyen 
d'appliquer  celle  qui  a  efté  fai&e  en  la 
Croix.  LesSacremés  en  font  les  moy- 
ens entiltre  de  Sacremens,  l'Euchari- 
ftieaucc  priuilege,  en  tikre  de  facrifice 
&de  Sacrement  enfemble. 

Les  bonnes  œuures  font  bonnes  &:     i«s<,„„„ 
propitiatoires  non  d'elles  mefmes:  mais  *«»>■«- 
parce  qu'elles  font  fondées  fur  laCroix, 
&  fans  cet  appuy  elles  font  inutiles  à  la 
vie  éternelle.    Parquoy  les  Sacremens, 


La  Croix  în~ 


336  Le    sacrifice 

le  facrifîce  delà  Mefle,les  vertus, les 
a&ions  de  pieté3.toute  la  religion  Chre- 
ftienne,  prend  vie,  force  &  vertu  de  la 
Croix: les  Sacremés  en  font  les  canaux: 
les  bonnes  œuures,les  frui&s.-rEuchari- 
ftie  eft  la  grande  clef  :  caries  Sacremens 
profitent  feulement  &:  font  propitiatoi- 
res à  ceux  qui  les  prennent  en  bonne 
difpofition,  le  Baptefme  remet  le  péché 
feulem ent  à  celuy  qui  eft  baptifé  :  la  pé- 
nitence à  celuy  quilafaift,  &c  ainfi  des 
autres:  l'Euchariftie  entant  que  Sacre- 
ment donne  grâce  feulemét  a  celuy  qui 
cômunie  :  mais  entant  que  facrifice,elle 
proufiteàtouspour  lefquels  elle  eft  cé- 
lébrée, d'autât  que  c'eft  vne  action  tref- 
noblc,faidte  auec  vne  prière  générale  &: 
tres-efficace ,  àraifon  du  prefent  qu'elle 
Me(çefsàâ  à  Dieu,&  partant  vn  moyen  gène- 
moyZ  \*n*  rai  auffi  de  l'appaifer  auec  le  corps  de 
rai  four  ap-  fon  Fils,qui  a  tout  pay  é  &:  qui  peut  tout 
mmiïdïu  obtenir.  Parquoy  fila  MefTe eft  di&c 
Croix.  pour  les  iuftes,  elle  leur  impetre  accroif- 
Touriesm-  jfcment  je  grace  &  la  vertu  de  perfeue- 

vo»rUspe-  rer:fi  pour  les  pécheurs  repentis  ,  elle 

<heitri-    ,  r  leur  obtient  pardon:  fi  pour  les  inipeni- 

ddes.  tens,elle  leur  obtiet  repentance:  il  pour 

les  infidèles, elle  faid  que  Dieu  les  con- 

uertitD&  ainfi  elle  proufiteà  tous  les  vi- 

uans: 


La 


PROPITIATOIRE.  337 

uans:fi  elle  eft  appliquée  pour  les  fainéts  Vour  **."* 

r      rr  11      1       u  r  motredes 

tref  pailez  5  elle  les  honore:  il  pour  ceux*,*».***, 
qui  font  en  Purgatoire,  elle  diminue rtux- 
leurs  peines.Quefiron  voit  fouuent  la^,^ 
Meflfe  eftrc  diète  pour  plufieurs  qui 
neantmoins  demeurent  obftinez  en 
leurs  vices  3  c  eft  leur  faute  quilespriue 
de  ce  fruict.-maisla  MerTe  n'eft  iamais 
pour  cela  fans  fruid:  car  elle  proufite  à 
quelqu'autre.  La  Croi«  donc  eft  tou- 
jours le  fond  de  noftre  entière  rédem- 
ption :  les  Sacremens  font  les  moyens 
pour  l'appliquer  en  particulier  à  chaf- 
que  Chreftien  viuant  &  difpofé:  le  fa- 
crifice  delà  MefTe ,  à  tous  3  ainfi  qu'il  a 
efté  diét  :  &  par  tout  le  fang  efpandu  en 
la  Croix  eft  le  prix  &  la  paye  de  noftre 
rachapt. 

Lefacrifice  de  la  Aiejje  auec  les  Sa- 
cremens eft  honorable  a  la  Croix. 

7 

O  aï  m  e  le  fa  crifice  de  la  Mef- 
fe  &  tous  les  Sacremens  de 
a  l'Eglife  prennét  leur  vertu  du 
mérite  infiny  de  la  croix  3  auf-  „ , 
fi  l'honorent-ils  en  la  contribution  dl- 
celle  vertu;car autant  defoisqulls  don- 

y 


338  Le    sacrifice 

î$^*'  nent  grace,autant  de  fois  donnent-ils 
occafion  de  louer  la  première  caufe  d'i- 
celle  grâce  :  ne  plus  ne  moins  que  natu- 
rellement vne  Aigle,  vn  Lion,vn  Dau- 
phin 3  vne  Efmeraude  ,  &  toute  autre 
•créature  noble,  portant  par  fa  bonté  ou 
beauté  quelque  vtilité  ou  plaifir  à  l'ho- 
me,l'excite*a  la  louage  du  Créateur  qui 
luy  a  eflargy  cefte  bonté  &:  beautérainfï 
lesSacremensportans  grâce  ,  portent 
en  leur  action  tefmoignage  du  mérite 
-de  la  pafliô  du  Fils  de  Dieu,  fource  mé- 
ritoire de  cefte  grâce  :  mais  fur  tous  les 
lefaerifice    myft§res  Chreftiens,le  facrifice  delà 
deUMejfe    M  elfe  excelle  en  cela  pour  deux  rai- 

honor  écran-   ri  •  »  1 

dcmentccUy{ons  :Ia  première ,  parce  qu  il  contient 
deUcroix.  en  foy ,prefent lemefme  corps  qui  nous 
a  racheptez  en  la  Croix,  &:  exhibe  en  ce 
corps,la  fontaine  de  noftre  rachapt  :  au 
lieu  que  les  autres  Sacremens,  comme 
il  a  elle  di<5t,  ne  donnent  que  les  ruif- 
LaMejfe     feaux#  La feconde:parce  qu'il  repreien- 

viuereprefen-  ...  u    cS  J  A 

utiondcU  te  nairuement  1  action  de  ce  noitre  ra- 
ttoix.  chapt,àfçauoirlapaffion  duSauueur, 
&  le  facrifice  de  la  Croix  :  carie  mefme 
corps  qui  fut  offert  en  la  croix  efticy  of- 
fert: en  la  Croix  par  facrifice  fanglant, 
icy  par  facrifice  non  fanglât.-enlaCroix 
il  fut  immolé  ,icy  il  left  encor ,  mais  là, 


propitiatoire.  339 

auec  occifion  &:  effufion  violente  de 
Ton  fang:icy  il  eft  immolé  à  la  façon 
qu'auons  dic\  àfçauoir  auxefpeces  du 
pain  6c  du  vin ,  &  par  icelles  reprefenté, 
comme  chofe  morte  &:  infenfibl'e  $  en 
viande,  en  breuuage ,  &  fon  fang  efpan- 
du  à  la  femblance  de  vin  ,  mais  demeu- 
rant toufiours  fon  corps  Se  fon  fang, 
fans  aucune  lefiô3immortel  &  glorieux. 
En  la  croix  aulïîfa  puiflance  paroifToit^ 
infirmité.-fa  bonté,  malice5  &c  fa  fagefTe,  & dlu 
folieicarlesmefcreansle  voyoientpau-M#- 
ure,lecroyoientimpotent,  le  blafphe- 
moient  comme  mal-faicteur,&: le  baf- 
foùoient  comme  fol,  encor  qu'il  fuft  en 
foy  tout-puiflant ,  tout-bon ,  &  toutfa^ 
ge:tout  cela  eft  represeté  au  facrifice  de 
laMefTe.  Car  en  l'extérieur  ne  paroift 
qu'infirmité  aux  infidèles, ne  voulans 
croire  que  le  Sauueur  puiffe  faire  que  sô 
corps  y  (bit  prefentreile  leur  femble  auffi 
impieté  ,  ceftpourquoy  ils  l'appellent 
idolâtrie:  elle  ne  paroift  qu'vne  chofe 
folle,d'où  viét  qu'ils  s'en  moquét  corne 
dVne  farce:  eftantneantmoins  l'action 
du  Fils  de  Dieu ,  &:  la  plus  belle  œuure 
de  pieté  &  de  religion  qui  (bit  en  l'Egli- 
fe  de  Dieu.  Pour  ces  raîibns  elle  honore 
la  vertu  delà  Croix:  elle  la  prefche  ,1a 

y  y 


hlance 
croix 


340  Le    sacrifice 

communique,  &  la  prefente  fur  tous  les 
Lefacrifceh  myfteres  Chreftiens.    Auffi a-elle  efté 
donné  pour    ordonnée  de  la  main  de  celuy  qui  auoit 
honorer  u     iadis  tracé  es  vieux  facrifices  toutes  les 
Z7r.edeU  %ures  dcIa  Croix,  &  quia  bienfceu 
x.Cor.K.i*.  dreflcr  vn  facrifîce  enla  loy  defa  grâce 
qui  reprefentat  icelle  pafliô  traiit  à  trait 
naïfuement  &  efficacement.  Et  comme 
il  la  fagement  ordonnéc,auffi  l'a-il  feule 
choifie  pour  la  mémoire  tres-honora- 
ble  de  fa  Croix.  Parquoy  laduerfaire 
quidift  quelaMeife  euacuë  l'honneur 
de  la  croix ,  eft  vn  infigne  menteur  ,  vn 
maling  trompeur,  &vn  impudent  ca- 
lomniateur, &  veutluy-mefme  euacuer 
l'honneur  de  la  Croix,  &priuer  les  hu- 
mains du  fruift  d'icelle  par  ces  menfon- 
ges,impoftures,&  calomnies,  obfcurcif- 
fantla  vérité,  deceuant  lesjames,  &  ter- 
niffanc  les  avions  de  pieté. 


Propitiatoire^        341 

JLefacriJice  de  U  MeJJe  vtilepour  irn- 

^    Jtetrer  de  Dieu  toute  forte  de  hieri; 

&  quil  seftend  a  toutes 

perfonnesjaufaux 

damnez^. 

8 

V 1  s  qj-  e  le  facrifice  de  la  Mef- 
fe  eft  propre  pour  impetrer  la 
remifïion  des  péchez  5  il  eft  aifé 
de  colliger  qu'il  nous  peut  ayder  à  ob- 
tenir toute  forte  de  biens  s'ils  nous  font 
vtiles:  car  il  eft  plus  difficile  d'appaifer 
Tire  de  Dieu  &:  le  flefehir  à  mifericordç, 
nous  eftant  enhemy  par  noftre  péché, 
que  d'obtenir  tout  autre  don  de  luy  lors 
qu'il  nous  eft  amy.  Nous  fçauons  aufli  viucharî- 
que  les  anciens  facrifices  eftoient  offerts V0»,7*7£»- 
non  feulement  pour  le  péché  3  mais  en- cUasfiurifc 
cor  pour  plufîeurs  autres  fins  tempo- f"* ,    r 
ielles5dont  s  enfuit  que  le  facnnee  dcfto.inrfal. 
FEuchariftie  5  quia  kiccedé  à  tous  les  *s- 
anciens  ,  comme  Saincft  Chryfoftome;  com.Jl 
Saind  Auguftin^Sainâ:  Leon5  &:  les  u«f  icg.1. 
autres  Doéteurs  del'Eglife  remarquent,  sjLcofcr. 
peut  eftre  offert  pour  les  mefmes  fins  ,8.^  pair, 
autrement  la  vérité  feroit  moindre  que  domin* 

y  i]j 


34*  Le    sacrifice 

ïafîgure5qui  eft  vne  chofe  àbfurde.Que 
les  facrifïccs  anciens  fufïent  employez 
pour  obtenir  d  autres  dons  que  de  ré- 
mifïîon  5  il  eft  euident  par  la  Sainde  Ef- 
criture  5  qui  nous  dicl  que  les  Hebrieux 
offroyent  des  victimes  pour  la  vie  du 
i.EfdV.      R°y  Darius  &  de  Ces  enfans.  Item ,  que 
Hciioa.i.    Onias  grand  Preftre  offrit  pour  la  fanté 
Mâchai.  d'Heliodore.  La  MefTe  donc  à  meilleur 
tiltre,peut  impetrerceque  les  oblatiÔs 
Iudaïques   impetroyent  :  car  elles  ne 
contenoyent  que  la  figure  du  corps  du 
Sauueur,  &l'Euchariftie  l'exhibe  prê- 
tent. Et  de  iaictca  eftéla  pra&ique  de 
i.Tim.i.    TEglife  désfon  berceau.  S.  Paul  com- 
Meffe         mande  de  raire  prières  publiques  en  1  E- 
s.chryGn  glifepour  les  Roys  de  perfonnes  publi- 
as \mbtoO <clues:>àfîn  dauoirpaix3lefquelles  prie- 
^.defacr.  '  res  les  faincls  Pères ,  Sain  cl:  Chryfofto- 
*-vAlc-         me.Saincl  Ambroife,SainclAu£uftku 
59.ad  Paul.  &  autres  ont  expoie  de  celles  qui  le  font 
Theoph.  &  aufacrifice  de  la  MefTe.  Tcrtullien  con- 
i.làTim!  Armant  ceftecouftume.    Nom  fitcr'ifions, 
z.Tcrcul.ad  di&-\\fourlefalut  de ï 'Empereur.  S.Augu- 
sTuain  ^n  sfcflt  °luc  ^e  ^on  temps  certains 
c.8.  °'      'Preftres  furent  direlaMeffe  &:  offrir  fa- 
crifice  en  vne  maifon  pour  en  chnffer  les 
Diables  qui  l'infeftoyent  &  la  rendoiët 
inhabitable.  Saine!  Profper  tefmoignc 


PROPITIATOIRE.  343 

auffi  que  lefacrifïce  de  la  Méfie  fut  of- 
fert pour  vne  femme  poffedee,  qu'icelle  \-  Pr°rPcr4 

n  j    i-  v    rr  :  ~  .„  Aquitan.  de 

eftant  deliuree  on  1  oirrit  encor  en  actio  prididio. 
de  traces.  Sainâ:  Chryfoftome  en  plu-  Dci.c.  6. 
fieurs  lieux  faid  mention  de  la  coullu-homr}j80'^ 
me  de  l'Eglife  à  dire  laMeiTe  pour  lesn.  in  Ad. 
fruiâs  de  la  terre  ;&  le  tefmoignage  de^^* 
S  aind  Cyrille  de  Hierufalem  eftilluftreHierofoi*. 
encecy,en  ce  qu'il  eferit  en  vne  de  fesCat"h-  S: 
leçons  fur  le  propos  de  la  Méfie,  difant, my  *s* 
lèpres  quiceluy  facrijkejpirituel,  &  culte  no 
fanglantesl  parfaicl  ^fur  lamefme  Hoflie  de 
propitiatton  nous  prions  Dieu  pour  la  paix 
commune  de  toutes  les  Eglifes ,  pour  la  tran- 
quillité du  monde  ,pour  les  Rois ,  pour  les  fol- 
dats ,  pour  les  malades  ?  pour  Us  afflige^:  E  n 
fomme  pour  tous  ceux  qui  ont  befoih 
defecours. 

L e  facrifice  de  la  çJWejfe  <vtile  aux  fi- 
dèles trejj>ajfè%  qui  font  en  Purga- 
toire, ^r)  honorable  à  ceux 
qui  régnent  au  Ciel. 

5^J^f  A  foy  &r  couftumede  l'Eglife  a 
^|:^V  toufiours  efte  auffi  d'offrir  àoieu 
■  «»«*«le   facrifice  de  la  Méfie   çourv"?}«  tref' 
les  âmes  des  fidèles   trcfpaffcz  3  non* 

y  m 


344  ^  E     SACRIFICE 

pour  leur  faire  remettre  leurs  péchez.' 
mais  pourimpetrer  de  Dieu  allégement 
des  peines  deuës  à  leurs  pechcz,s'ils  sot 
en  Purgatoirercar  ceux  qui  font  en  En- 
fer font  eternellemcnr  retranchez  du 
corps  de  I  e  s  v  s-C  hrist,  de  inca- 
pables du  fecours  de  fon  fang  précieux: 
De  laquelle  couftume  parlant  Sainét 
S, Chryfo. Chtyfoftomc.Nonfdns  edufe,  dit-il,d eftê 
ho.  69.  ad  or(loriné p^  les  tApoflm  de  faire  commemord- 

pop.  Anti.     ^  t      J,  t  ^    rr  n  r 

&  hom.  3.  tl°  des  p  de  les  trejpdj]e%jtux  my fier es  reformi- 

ep.ad  Phi-  ddbles(au  facrifïce  de  la  Meffe,)  cdr  ilsfçd- 

lp*  uoient  bien  qutl  leur  en  venait  ungrdndgdiny 

&*  ynegrdndelftilité'Sdon  laquelle  foy  S. 

conf.c )n  Auguftin  fut  prié  par  fa  mère  de  prier 

11,13.  '     Dieu  pour  elle  après  fon  trefpas  en  la 

MefTe.  Elle , dit-il, nerriduoitpds  chdrgé  de 

luy  drefferl'n  mdgnifque  tombedu  :  mais  auoit 

feulement  fignifé  quelle  defiroit  qu'on  eufi  me~ 

Lanière   e  mojre  J^fc  m  l^ut€[  auquel  elle  tfdUOlt  Lif- 
S.Auguftm  .  r    1  -         r      7  SI 

oyoittous  les  je  de  Jeruir  njnjeul  tour^Jçdchdnt  que  a  teeluy 

iours UMefejioit  dtfiribuee  ld  yittimequi  A    E  F  F  A  ce' 

Colo.1.14  V  OBLIGATION     QJV  I    N   O  V  S 

J5-  ESTOIT    CONTRAIRE,  ET    MENE' 

EtN     TRIOMPHE     l'eNNEMY.      Ce 

qu'il  accomplit  en  enfant  fidèle,  faifant 
dire  Toffîce  des  trefpaffez  &la  Meffe  en 
fon  enterrement,  &  l'aidant  par  cefte  fa- 
çon pluftoft  que  par  larmes:ce  que  luy- 


TROPÏTIATOIRï.  34  J 

meime tefmoignc5difantà  Dieu:  Nous 
ne  pleurafmet point,  Seigneur  ,  aux prières  que 
nowPvousfifmes  lors  quon  yous  offroit  lefdcri- 
fce  de  noJireprix.Et  recitant^cela  monftre 
que  c'eftoitlafoy&religiô  de  toute  l'E-f ril"  J,ere' 
glife.S  .Epiphane  aufn  met  cefte  couftu-.?»  r/  ne  fat 
me  entre  les  dogmes  de  fEglife  Catho-  #*£•*'« 
lique  3  &  teimoigne ,  comme  après  luy  Epiph.  h«- 
S.  Auguftir>,que  Aerius  fut  Anathema-  ref.57.&  in 
tile  comme  hérétique,  pour  auoir  tenu  leofl  ^  s^ 
qu'il  ne  falloit  point  offrir  le  facrifice  de  ^ug.dehç- 
la  MefTe  pour  les  trafpaffrz.  lf- c; 5U 

L  a  mefme  Egale  a  offert  auili  en  tout  moire  des 
temps3facrifîce  en  action  de  grâces  de  la  &**»#*. 
victoire  des  Saincts  bien-heureux  qui 
font  regnans  au  Ciehc'eft pourquoy  on 
dit  la  MefTe  en  leurs  feftes  ;  non  qu'on 
leur  facrifie5comme calomnioient  iadis 
les  heretiques3&  Paycs:mais  on remer- 
cieDieu  dequoy  il  les  a  faidt  victorieux, 
&ferefioùit  de  leur  gloire.  Ce  que  S. 
Auguftin  déclare,  rcfpondantà  la  ca- &z ciu^c. tj 
lomnie  des  hérétiques.  Qui  eji  celuy  d'en- 
tre les  fidèles  5  dit—Il-,  qui  vit  tamais  lePrejlre 
ejldnt  à  lu4utel  dire  en  fd prière ,  tenons  offre 
fdcrifice  0  Pierre,,  0  Paul,  0  Cyprien  ,  y  eu  que 
ccjld  Dieu  &*  non  à  eux  quonfdcrifie  dans  les 
Eglifes  dédiées  à  leur  mémoire:  Et  ailleurs  en 
meimes  termes  :  Nous  ne  drejjons  pas  des 


eu. 


346    Le  sacrif.  propitiat. 

autels  des  Martyrs ,  encor  que  cefoit  en  leurs 

mémoires.  Car  qui  ouyt  iamais aucun  Prélat 

Idem  cont.  0fficjant  £  [^^tel  aux  lieux  des  corps  Sainëls- 
Fauft.l.10.  JJ  #        r  r  l 

aire  >  Nom  njout  offrons  Jacripce  0  P terre y  0 

Paul}  0  Çyprien}mats  ce  quon  offre  >eft  offert  à 
Dieu  qui  a  couronné  les  Martyrs ,  encor  que  ce 
foit  aux  lixux  dédiera  leur  mémoire.  De  la- 
quelle do étrine  il  appert  comme  le  fa- 
crifîce  de  la  MefTe  non  feulement  eft 
Propitiatoire  pour  les  pechezanais  vti- 
le  pour  obtenir  de  Dieu  toute  forte  de 
biens  3  &:  qu'il  s'eftend  à  toute  forte  de 
perfonnes,  exceptez  les  damnez :&  co- 
rne le  facrifice  delà  Croix  eftvn  thre- 
for  gênerai  &:  foncier  ,  pour  tous  les 
membres  de  l'Eglife  de  Dieu ,  viuans  & 
trefpaiïèz,  prefens  Se  à  v  enir  5  ainfi  le  fa- 
crifice de  laMefle  eft  vn  inftrument  vni- 
uerfel&rmoyenneurpourouurir  Rap- 
pliquer le  mérite  de  ce  threfor  à  cha- 
cun. 


?47 


LESCINCLPAINS 

ET     DEVX   POISSONS, 


349 


LES    CINg^&dlNS  ET 

DEVX     POISSONS. 


Elv  y  qui  efi:  en 
la  copagnie  de 
Iesvs  nepeuta- 
uoir  faute  de  bié 
Voyez-vous,  ce 
grand  nobre  de 
^cns  afïis  à  cen- 
taines Se  cinquantaines  fur  ces  Iidts 
&  capifleries  d'herbes  &  de  fleurs 
durenouueau,  prenans  leur  réfe- 
ction au  milieu  du  defert  ?  Ils  font 
enuiron  cinq  mil  hommes,  fansc/B*m;/k- 

t        r  i  •  Mac.  141. 

copteries  femmes  &  les  petits  en- 
fans  :  qui  fuyuans  plufîeurs  iours 
le  Sauueur,  ont  ouyla  parole  de 
telle  ardeur,&  de  tel  gouft,queny 
prenans  garde  fe  font  trouuezfans 


350    Les    cinq^Pains 

viures  en  ces  lieux  montagneux  & 
ft'eriles  de  tout  bien/auf  de  foin  & 
de  fleurs.  Ils  bâquetent  neâtmoins 
à  fbuhait  auec  vne  merueilleufe 
abondance  de  viures  :  quoy  que 
leur  prouifîo  n'ait  elle  que  de  cinq 
Pains  d'orge  &  de  deux  Poiflbns, 
qu  vn  ieune  -garçon  delatrouppe 
auoit  par  accident  quant  &  jfoy. 
jwïïÏÏ.  O  quecegarç5fera  vniourfoubs 
5«/^^c/r/ffile  nom  de  Martial  ',  grand  Pafteur 
innoceTt!'  &  noarriflïer  des  âmes  Chreftien- 
^a  i/finc. nes  ^s  Pais  Aquitains!  Celle  proui- 
vide  Baro.  f]on  eftoit  cafuelle  &fort  iniuffi- 
fànte  pour  vn  il  grand  nombre  de 
gens  :  mais  la  prouidence  diuine 
n  a  pas  efté  fortuite  ny  petite^ayant 
bien  feeu  commander  à  la  difette, 
&  faire  naiftre'  l'abondance  dVne 
nouuelle  Manne  au  milieu  du  de- 
fert,  &  repaiftre  de  viande  maté- 
rielle, ceux  quelle  auoit  repeu  du 
pain  de  (à  fàincte  do&riae.Car  elle 


et  devx  Poissons.  3/7 
a  multiplié  les  Pains  &  les  Poiffons 
de  telle  benedi&ion,  qu'ils  fuffi- 
fent  pour  faouler  tous  ces  efca- 
dronsde  table,  armez  d'aufïi  bon 
appétit  que  depuiffant  eftomach. 
Tous  mangent  de  ces  Pains  &  de 
ces  Poiflbns  autant  qu'ils  en  veu- 
lent, &  les  Apoftres  font  les  efcha- 
fons&.efcuyers  trenchans,  autant 
ermerueillez  que  ioyeux  de  voir 
que  le  Pain  &  la  viande  croift  en 
leurs  mains ,  à  mefure  qu'ils  la  di- 
stribuent à  leurs  hoftes.  Mais  Phi- 
lippe &  André  font  eftonnez  fur 
tous:  caraufliauoient-ils  fur  tous 
appréhendé  la  grande  multitude 
de  mode  *  &  le  peu  de  viures  qui  fè 
trouuoiten  ce  lieu.  Le  bon  Philip- 
pe difoit  que  deux  cens  reaux  de 
miches  ne  fiitifoient  pas  pour  en 
douer  àchafcunvnpetit  morceau 
àguifede  pain  bénit,  &  ces  cinq 
pains  portez  par  ceft  enfant  ne 


3/2.  Les  cinq^Pains. 
ioan.^.  7.  montoyent  pas  trois  fouis.  Et  An- 
dré donnant  aduis  au  Sauueur  def- 
di&s  Pains  &c  PoifTons,  adioufte 
que  cela  n  eftoit  rien ,  comme  à  la 
vérité  il  n' eftoit  pour  vn  fî  grand 
nombre  de  perfonnes  y  meiurant 
les  viures  &  les  mangeans  auec  la 
règle  du  incrément  humain,  &non 
de  lamaindiuine.Cepenclatquils 
feruent  &  admirent  la  merueille, 
leurs  penfîonnaires  sacquitent  de 
leurdeuoir,  fans  efpargnernyleur 
peine  en  mangeant ,  ny  la  viande 
qu'on  leur  met  fur  table  :  ceux  qui 
ont  défia  remply  leur  eftomach 
rempliflent  encor  leur  poche,  & 
n  y  a  celuy  qui  ne  ferre  quelque 
pièce  de  ce  Pain  :  les  vus  par  ne- 
ceificépour  prouifion  :  les  autres 
par  deuotion  encores  :  comme 
pour  reliques  :  &  après  tout  cela, 
les  Apoftres  rempliflent  douze 
corbeilles  des  reliefs.Tout  le  mon- 
de eft 


etdevx  Poissons.  35^ 
deefttranfporté  d'aife  &:  d'eiion- 
nement ,  &:  préfèrent  le  Sauueur 
à  Moyfe  3  ayant  rrouué  la  façon 
de  couurir  de  la  main, la  table  au 
defert,  au  lieu  que  Moyfe  nauoic 
fçeu  que  faire  tomber  la  Manne 
du  Ciel  fai&e  de  la  main  des  An- 
ges^ non  produire  defabene- 
diction,  &  s'en  vont  prendre  re- 
folution  de  faire  leur  chef  le  .Sau- 
ueur, &c  crier  viue  le  Roy  i  mais  luy 
qui  eft  créé  Roy  par  '(on  père  ,  bc 
qui  porte  en  fa  cuifle&en  fon  ve- 
rtement le  cartel  efcnt  ,roy  des  Apoc  )jp 
Rois  et  Seignevr  des16- 
5EiGNEVRs5&quieft  defeendu 
en  terre  pour  eadurer  les  ignomi- 
nies &  non  pour  iouir  de  la  gloire 
du  monde5n'a  que  faire  de  tels  éle- 
cteurs ,  ny  de  tel  Royaume  :par~ 
quoy  il  s'en  ira  plus  auant  au  défera 
fe  defrobant  de  leur  ele&ion  &  de: 
leurveuë. 


% 


LE    tMlKzAC  LE    DES 
cincl  Pains,  tableav 

de  ÏEuchariflie. 


1  Emerueilleux  ba- 
quet dreffé  en  la 
folitudefutvn  ta- 
bleau de  noftre 
Sacrement,  corne 
es  figures  qui  iuf- 

Tableau*   /^^^^^^^^M     <iucS  ^CY  ont   CÛé 

antres,    r^ — 5 _âU  déclarées  :   mais 

différent  en  aage  Se  en  la  main  de  l'ou- 
urier  :  car  les  figures  fufdi&es  font  ta- 
bleaux antiques  ,  crayonnez  félon  le 
deffein  de  Dieu  voirement  ,  mais  par 
rentremife&  parle  pinceau  de  Moyfe? 
ceftui-cy  fut  de  l'inuention  du  Sauueur, 
&auecce  >  tiré  tout  frais  de  fa  propre 
main.  Parquoy  ceux-là fignifioient de 
loin  g,  la  table  de  l'Euchariftie5&:  l'au- 
theur d'icelle  en  diuers  fubiefts  $  ceftuy 
en  fut  Fentrée  5  &  la  monftroit  prochai- 
ne en  la  propre  pcrfône  de  foh  autheur  : 


et  devx  Poissons,  jj/ 
les  autres  marquoyent  noftre  diuiri  my- 
ftere5  comme  les  vieux  Prophètes  pre- 
difoyentle  Mtffie  à  venir  longues  an- 
nées apres:ceftuy-cy  le  monftroit  quafi 
prefent  :  comme  Sainct  Iean  Baptiite 
monftroitauecledoigtleSanueur,  Vour«Uo$ 

Et  partantjCÔmenos  docteurs  remar^"^^ 
quent,rEuangelifte  Sain  cl:  Iean,  grand  miradcdts 
fecretaire  des  intentions  de  fon  maiftre,  ctn<i  **ins 

...         r  •       i  a       r  aneclefer~ 

voulant  taire  le  rapport  du  lermon  que  m™,/* 
leSauueur  fit  de  la  manducation  de  farz»ùarià 
chair,  a  mis  en  tefte  la  narration  de  ce 
miracle  3  comme  vne  pièce  de  mefme 
fubiec\neceiTaire  à  l'intelligence  du  fer- 
mon,&  à  la  foy  du  feftin5que  leSauueur 
deuoit  drefTer  quelque  temps  après.  Et  '{"J** 
parceftemethode^ceftefupremefageffe 
nousafagement  enfeigné,  comment  il 
nous  traçoit  petit  à  petit  le  chemin  de 
fàid  &  de  parole.*  à  la  foy  du  myltere  de 
fon  corps  précieux  5  faifant  des  miracles 
fur  l'aliment  qui  deuoit  cftre  fymbole 
d'iccluy  myftere,  &  nous  déclarant  le 
deffein  du  futur  banquet  de  fa  chair, 
foubs  les  efpeces  d'içeluy  pain, 

Voicy  les  trâicts  du  tableau  de  les 
couleurs  de  la  peinture. 


356  Les    cinq_Pains 

En  quoy  le  miracle  des  cinq  Pains 
figuroit  lEuchartflie. 

1 
E  miracle  fîguroit  l'Euchari- 
ftie  généralement,  parce  que. 
ce  fut  vne  réfection  merueil- 
leufe  corne  eft  celle  de  l'Eu- 
chariftie.-merueillcufe  en  ce  qn'clle  fut 
fai&e  tout  au  contraire  des  repas  com- 
muns ,  au  commencement  def quels  les 
viandes  font  en  plus  grande  quantité  &: 
Mtmeàtux  vont  diminuant  au  progrez3iufques  à 
atcrotfjmèu  ce  qu'il  n'y  en  a  plus.     Icy  tout  au  re- 
bours ,  au  commencement  il  n'y  auoit 
que  bien  peu  de  viures5àfçauoir  cinq 
Pains  &  deux  Poiffons  ,  &:  ces  viures 
alloient  croiflant  au  progrez  à  inefure 
qu'on  lesdiftribuoit  &  mangeoit,  &:la 
fin  fut  pleine  d  abondance.  Cefte  mer- 
ueille  fe  voit  encor  plus  grande  en  l'Eu- 
chariftie  ,  en  laquelle  vn  feul  corps  du 
Sauueur  fufrit  à  toute  l'Eglife  ,  il  y  a  dé- 
lia feize  cens   ans  :  il  fe  multiplie  fans 
eftre  multiplié  ,  eft  mangé  fans  eftrc 
Multiple-  confommé:  car  fi  on  confacre  cent  mil- 
hu.  le  Hofties ,  il  eft.  en  toutes ,  &  s  il  n  eft 

quVn:  bc  s'il  eft  prins  de  cent  mille  bou- 


et  devx  Poisson  s.  357 
ches,  ileftprins  tout  entier  de  toutes, 
&:  n'eft  confommé  de  perfonne,  &  ne  le 
peut  eftre  :  c'efl:  le  premier  traic-t  de  fem« 
blance  du  miracle  des  cinq  Pains  terre- 
ftres  ,  &  de  noftre  Pain  vnique  du  Ciel:  *««■*** 
les  autres  menus  trai&s  confident  en  ce 
que  ce  miracle  fut  faict  au  Pain  parla 
bénédiction  du  Sauueur ,  fut  faict  au 
defert  /fans  peine  de  difficile  appareil, 
&:  la  viande  diftribuée  par  les  Apoftres, 
&la  réfection  dônée  à  l'ame  &  au  corps: 
car  il  ne  faut  pas  doubter  que  la  foy^ef- 
perance  3  la  charité  ,  lerelpeft,la  reli- 
gion &  les  autres  vertus  ne  fuffent  plan- 
tées es  cœursde  plufieurs  qui  virent  vne 
ceuure  fi  admirable  fai&e  par  leSauueur 
pour  leur  bië.C'eftpourquoy  ils  le  vou- 
lurent créer  Roy.  Cestrai&s  ont  efté 
naïfuez  &  couuerts  de  leurs  viues  cou- 
leurs en  l'Euchariftic  :  car  elle  fe  fait 
au  Pain  parla  benedi&iondu  Sauueur 
qui  opère  en  fecret  par  fa  toute-puifTan  - 
te  parole,  maiftrefîe  ouuriere  de  ce  Sa- 
crement ,  fe  faid  au  defert  de  cefte  vie  : 
car  en  l'autre  il  n'y  aura  plus  de  Sacre- 
ment, fe  faiéfc  auec  toute  fimplicité,auec 
du  pain  &  du  vin  feulement, &:  les  paro-  Magnifiât 


[es  de  confecration,aulieu  que  les  an-^'0":^ 

r        •  c  ' 'C    r     r  •  r-  facrifi  ce  de 


h 

ciens  facrifices   Iuift  fe  faifoient  auecK^J/?;?. 

2  iij 

i 


358  Les  ci n  qJP  a i n s 

peine  &r  trauail ,  auec  tueries  5  lauemens 
•&  bruflémens  des  victimes.  Que  fi  on 
Vie  de  cérémonies  en  laMefTe  5  cet  ap- 
pareil eft  facile,  &fi  ne  touche  pas  l'ef- 
fence  du  Sacrement  &  facrifice,  mais 
feulement  la  décence.  En  fomme  ce  fa- 
crifice &  feftin'fc  faicl:  par  le  miniftere 
des  Apoftres3&des  Préfixes  qui  leur 
pntfuccedéj  &fefai£t  pour  planter  &: 
4»  talUau&Kc  croiftre  en  lame  (comme  ailleurs 
deu  uiune.  auons  déclaré  )  la  foy ,  l'efperance ,  la 
charité  3  la  religion,  &:  les  autres  diuines 
vertus,  vraye  pafture  de  nos  efprits  :  &: 
pourgrauerau  corps  la  viguerde  refuf- 
citer  glorieux  au  iour  du  grand  refueil 
des  mortels. 

Les  deux  Poijfons  figure  du  mef- 
me  Sacrement. 

3 

E  s  PohTons  par  autre  fymbole, 
nous  lignifient  le  mefme  Sacre- 
s.Aug.I.    ^T5413  ment.  NoftrePoifJoncefi  hsvs- 

que  luyfcul  a  peu  ejirefans  péché  en  l'abyfme  de 
Tertull.de  cefie  mortalité \come  en  U  prof  'oniité  des  eaux. 
bipt.ci.  Le  mefme  ont  diâ:  Tertulien  ,Optatus 
Mii.i :j.     Mileuitain ,  cité  par  le  mefme  S .  Augu- 


et  devx  Poissons.  359 
ftin,&plufieurs  autres  pères  :&  deuant L'5hhtUfs:1 
eux  tous ,  les  Sybilles  lauoient  eient  &  i^c* 
appelle  le  Sauueur  Poiffon.Mais  le  mot 
Grec  îffii  dont  elles  vfent5contient  vn 
remarquable  anagrame,  qui  ne  fe  trou- 
ueneau  Latin ,  ne  en  aucune  autrelan- 
guercarles  cinq  lettres  dont  il  eft  com- 

pofé3font  I  E  S  V  S-C  HRISTFILSDE  l**}\  W?°* 

DievSavvevr.  C  eft  donc  noltrer 
PoifTon  :  parquoy  le  PoifTon  donné  en 
viande  à  l'Eglife,  c'eft  Iesvs-Christ, 
donné  en  la  table  de  l'Euchariftie.    Et 
n'importe  qu'en  ce  miracle,il  y  eut  deux 
Poiffons  :  car  tous  deux  fîgnifient  vu 
mefme  I  e  s  v  s-Christ  Dieu  &  hom- 
me 5  comme  auffi  les  cinq  Pains:  &  n'eft 
pas  necefïaire  qu'enla  figure  toutes  cho- 
ies foy  ent  femblables  a  ce  qu'elle  ligni- 
fie. Les  Chreftiens  encor  parfuitedu 
chef  font  appeliez  Poiffons  :  Nom  naif- 
fons  en  l'eau ,  didt  Tertullien ,  comme  petits 
Voirons  à  lafemblance  de  noflre  Poijfbnlisvs 
Christ.    Car  c'eft  l'eau  du  Baptefme,^/  Wa£ 
qui   nous    engendre  félon  I  e  s  v  s-f°™- 
Christ  ,  à  fon  cfpoufe  l'Eglife  :  &  J^p.ci. 
tfeuxqui  nefont  Poiffons  de  ces  eaux, 
perhîent  en  la  mer  de  ce  monde. 

2  iiij 


360         Les  cin  q_P  a  i  n  s 

Pourquoy  il  neflfaicl  mention  â\iu* 

cune  boijjon  en  ce  miracle ,&  des 

autres  circonflances 

à  iceluy. 

4 
E  s  Euageliftes  ne  font  men- 
tion d'aucune  boifïbn  en  ce 
miracle,  reftâtvray-séblable 
que cômela Manne  donnoit 
.enfemblément  à  boire  &:  à  manger  :.de 
mefmes  ces  Pains&Poifsôs  multipliez: 
&  cela  conuient  au  myftere:  car  puifque 
ceux  qui  fqiuentl  esvs-C  hrist  font 
Poiflbns,  dont  la  nature  eft  de  ne  boire 
point ,  ceux-cy  n'auoyêntque  faire  de 
breuuage  ,efta*ns  ja  faiéts  Poiflbns  du 
Sauueurencroyâsenluyicôbien  que  le 
myftere  eftpluftoft  en  ce  que  parcecy 
eft  marquée  vne  rare  fingularité  du  S. 
Sacrement:  car  tout  ainfi  que  la  feule 
Manne  ,  £<  les  feuls  Pains  &:  Poiflbns 
Bw-wd7,nourriflbient&  abreuuoient  enfemble: 
tnantffjk-  de  mcfme  le  Sacrement  en  vne  feule  ef- 
(*»>u.  pece nourrit  &abreuue  enfemble: &  qui 
le  mange  il  boit  &:  mange  enfemblé- 
ment, eftant  le  corps  du  Sauueur  vian- 
de Se  breuuage  enfemble>à  la  femblâce 

0 


ETDEYXPOISSONS.         361 

de  la  Manne  Se  de  ces  Pains  Se  PohTons 
figures  d'iceluy.Or  pour  les  autres  cir-  Les  autres 
confiances  de  ce  miracle .  nous  remar-  c'rcoliJlanccs 

n  r    r  -  r%    •  miracle. 

quons  qu'il  a  eue  faicl:  au  Printemps,  Aupmefs. 
fur  le  tard ,  audeferf,  deuant  ceux  qui. 
auoyent  ouy  &  fuiuy  le  Sauueur,  eftans 
lesinuitezaflis  furie  foin.  Ces  circon- 
fîances  veulent  dire  que  le  Sacrement 
de  TEuchariftie  eftoit  inftitué  au  renou- 
ueau  fpirituel  du  monde;  quand  Iesvs-  Pral.105.31. 
Christ  deuoit  bien  toft  enuoyer  ion 
fainét  Efpritpourrenouueller  la  face  de 
la  terre, &rfairefonnouueauTeftament. 
meliorant  le  vieil,efcriuât  vne  nouuelle 
loy,  vneloy  degrace,furle  tard,  c'eflà 
dire  à  la  dernière  heure  du  mefme  mon- 
de, &;  au  defert  du  monde,qui  efl:  la  du- 
rée de  cefte  vie  mortelle  :  &  le  deuoit 
faire  pour  ceux  qui  croiroyent  à  fa  pa- 
role^ qui  le  fuiuroyent  conftamment 
iufquesà  la  fraction  du  Pain,  Se  qui 
dompteroient  leur  chair  Se  mefprife- 
royentlesvanitez  mondaines ,  faifans 
fpirituellement  ce  que  ceux-là  faifoient 
corporellement.  mangeans  afiis  fur  le  _.       ,  . 

r   •  r  7  n    r  Toute  chatr 

foin  au  d  elert.  Car  toute  chair  efl  foin ,  &  f0!n. 
toute  fa  gloire  efl  comme  la  fleur  du  champs  EGmo.*. 
dit  Efaie,  Se  qui  matte  fa  chair  Se  ne 
faidt  conte  delà  verdure  Se  beauté  du 


362  Les  cinqJPai  ns 
monde,celuy-làfait  litière  du  foin,  &: 
eft  affis  fur  le  foin  digne  d'eftrc  repeu  de 
la  bénédiction  duSauueur  par  le  feruicc 
de  fcs  Apoftres,c  eft  à  dire  de  rcceuoir  la 
viande  immortelle  en  l'Eglifc  de  Dieu 
par  la  main  de  fes  vicaires,  qui  font  les 
Pafteurs  &  Preftres. 

Pourquoy  le  peuple  voulut  créer  Roy 
le  Sauueur  ,  (0 pourquoy  le 
,  Sauueur  s  enfuit* 

S 

e  s  peuples  ainfi  raflàfiez  s'é  al- 
loyent  créer  Roy  le  Sauueur, 
non  en  le  priant,mais  en  le  con- 
traignant d'accepter  le  Royaume  :  ce 
queluy  preuoyant  n'attend  pas  qu'ils 
viennent,  mais  de  bonne  heure  fe  def- 
robbe  d'eux  ,&:  s'enfuit  à  la  montagne* 
pour  prier.  D'où  venoit  ce  defir  aux 
hommes., &: pourquoy refufoit  I  esvs- 
Ch  r  1  sTcefthoneur,puisquileftoit 
Roy  du  Ciel  &  de  la  terre,  &  feul  Roy  à 
bon  tiltre  fans  releuer  d'aucun?  Si  pour 
le  miracle  ils  le  vouloient  faire  Roy, 
pourquoy  n  eurent-ils  la  mefme  volon- 
té, quand  ils  voyoiét  qu'il  chaffoit  les 
Diables  des  corps ,  &  faifoit  obeïr  à  fes 


et  deyx  Poissons,      363 
commandemens  ces  efprits  puifïans, 
malins,  &:  rebelles?  quand  il  comman- 
doir  aux  malades  ?  quand  il  faifoit  voir 
les  aueugles&:  marcher  les  boiteux?Ces 
merueillesnemeritoient-elles  pas  aufïi 
bien  le  diadème  que  cette  réfection  du 
defert?  A  la  vérité  fi  on  les  confidere  en 
leur  grandeur, elles  meritoient  vn  diuin 
refpe&&  recognoifïànce-.mais  ce  mira- 
cle auoit  quelque  chofe  de  particulier  Vtemmt 
quipouiToit  ces  hommes  à  ce  defir  &2?AfrfîlJ*4 
deiTein. Premièrement  c'eftoit  vn  mira-  Exod.16. 
cle  non  oùv.  Moyfe  auoit  faifl;  voire-1 'J4rim' 
ment  defeendre  la  Manne  du  Ciel ,  Elie  I'4.l6t,#' 
auoit  faiét  croiiîre  la  farine  &  l'huile  en 
faueurde  la  veufue:mais  Moyfenefît 
pas  la  Manne  de  fa  main  ,  comme  le 
Sauueur ce  miracle,  &:  ce  que  fit  Elie 
il  le  fit  par  vertu  empruntée  de  Dieu,  & 
non  fienneje  Sauueur  auoit  multiplié 
ces  Pains  en  fes  mains,  Se  de  fa  propre 
bencdi&io.Cecyleur  faifoit  croire  qu'il 
eftoit  le  Meffias,  &  le  Roy  promis  à  If- 
raël5&:  partant  ils  le  vouloient  déclarer 
Roy.Secondement  les  autres  miracles 
du  Sauueur  eftoient  particuliers,  affe- 
ctez principalement  au  bien  Se  falut  de  seade  caufe. 
ceux  qui  eftoiét  deliurez  &  guaris.  Ce- 
ftuy-eyfut  vn  miracle  vrayement  pu- 


364  L  e  s  cin  qJPain  s 
blic:faicl:àlaveuëdetoutlemonde!)& 
au  proufit  de  chafque  particulier^  qui 
donna  vndcfir  vniuerfel  de  recognoi- 
ftre  le  Sauueur  d'vn  honneur  public,  & 
le  faire  chef  de  ceux  qu'il  auoit  obligé. 
Troifiefmementilsrecognoifloict  que 
cefte  réfection  eftoit  vn  bien-faid  di- 
gne d'vn  Roy:  car  le  principal  office 
dVnRoy,  ceftde  conduire  &:  nourrir 
{es  fubieds  •  c'eft  pourquoy  ils  font 
comparez  aux  Pafteurs5&  appeliez  Pa- 
fteursdes  peuples  ,ils  le  voulurent  donc 
proclamer  Roy  à  la  façon  que  les  fol- 
dats  Romains  faifoyent  leurs  Cefars 
Empereurs  ,  &  les  autres  nations  du 
monde5  leurs  premiers  Rois  :  mais  le 

2.0UAT.  f>  y      n        ' 

u  Ro^^Sauueurn  eftoit  pas  venu  en  terre  pour 
<fcÏEsv$    emporter  le  Royaume  de  la  terre,  ains 
CHRIsr,pouryeftabîirle  Royaume  des  Cieux, 
qui  eft  le  domaine  de  fonEglife5  en  la- 
quelle il eft  Roy  des  Iuifs  ,  &  y  règne 
aux  cœurs  de  fes  fidèles  fubieftsda  terre 
eft  trop  baflfe&:  trop  petite  pour  vn  tel 
Roy,  c'eft  le  Ciel  qui  eft  le  vray  throfne 
de  telle  Majefté:la  terre  n'eft  que  le  fea- 
ufcahta»  beau  de  fes   pieds.  Sagement  donc  il 
itjeu.       mefprifa  cefte  Royauté\,&nous  laiflà  en 
FiaLiop.i.  l'eXemple  de  fonmcfpris ,  vne  belle  le- 
çon de  fuir  les  honneurs  du  monde3cô- 


frùfitfnt. 


Jieurs  dit 

peu^ile. 

Homer. 
Iliad.i. 
Fhilo  lu- 
cLsHs.l.de 
agrictil. 


et  devx  Poissons.  365 
mebiés  fuyars&rperiiTables&  de  ne  fai- 
re eftat  que  des  prefens  du  Ciel ,  fiables 
&:  permanés, &feuls  dignes  d'eftre  don- 
nez d'vn  Roy  t.out-puiilànt,  &  d'eftre 
feuls  recherchez  de  la  créature  raifon- 
nable  5  capable  de  fimmoi  talité. 

Dieu  nourricier  de  toute  créature, 
njraye  nourriture  de  je  s  enfans. 

6 
I  ces  bonnes  gensvoyans  que 
I  e  s  v  s-C  hr.ist  les  auoit  fi 
magnifiquement  &  fi  miracu- 
leulement  raflafiez ,  le  vouloient  faire 
Roy  &  l'honorer  d'vn  hôneur  qui  tient 
le  premier  rang  entre  les  grandeurs  de 
la  terre,  comme  nous  venons  d'ouyr, 
qu  euffent-ils  penfé  ,  &:  qu  euffent-ils 
voulu  faire,  s'ils  euffent  peu  entendre 
que  ce  Seigneur  eltoitceluy  qui  nour-^^;, 
ritiadis  leurs  pères  audefert  :  ains  qui  «''<£•■<« 
nourrit  au  Ciel  les  Anges  &:  les  efprits  ttrre' 
bié-heureux  des  mets  de  fa  félicité?  qui 
donne  à  manger  à  toute  créature?  qui 
tient  table  ouuerte  fur  le  vague  de  l'air, 
fur  la  face  delà  terre,  dedans  les  entrail- 
les delaterre^  dedans.les  abyfmes  des 
eaux,  fourniffant  aux  oyfeaux  du  Ciel, 


&ttrce 


S.Aik 


$66  Les  cinqJPains 
auxbeftes  de  la  terre,  aux  hoftes  des 
eaux,&  a  tous  animaux  leur  propre  ali- 
ment^ leurproprc  viande  en  leur  pro- 
pre région  ,  qu'eufTent-ils  diâ  s'ils  euf- 
fent  eu  les  yeux  de  leur  ame  ouuerts  à  la 
grandeur,  hauteur,  &  profondeur  de  ce 
miracle,fans  comparaifon  plus  admira- 
ble que  celuy  qu'ils  admirèrent  tant ,  &: 
l'eftimerent  digne  de  recompenfe  de 
R  o  y  au  t  ê  ?  C  efî  beaucoup  fias  grdnd  miracle, 
traa.14.in  dit  S  .Auguûin  Je gouuernemer  du  mode  que 
Ioan.  la  réfection  de  cinq  Pains&deux  Poijïons  dô- 
me à  cinq  mille  hommes :&"puifque  ce  mira- 
cle eftfi  grad,pourquoyces  homes  s'ap- 
perceurét-ils  pluftoft  du  petit?  N'eft-ce 
pas  d'autant  que  la  plus  part  ils  n'auoiët 
pas  l'entière  foy  du  Meflias,  qu'ils  efti- 
moient  voirement  grand  homme,mais 
non  pas  grand  Dieu?  Et  qu'eufTent-ils 
di6t  encores  s'ils  eufTent  fçeu  que  ce 
I  e  s  y  s-     mefmeSauueur  vouloit  donner  fa  chair 

t-.  H  R  I  S  T    N  ... 

munit  de  fa  a  manger  aux  hommes,  &  les  en  repai- 
poprechrtr.  ftre  à  rimmortalité,auecl'appareild'au- 
tant  de  miracles  que  lanature  peut  ad- 
mirer ?  Ne  l'eufTent-ils  pas  incontinent 
prononcé  non  feulementRoydes  hom- 
mes, mais  de  tout  l'vniuers?ains  n'euf- 
fent-ilspas  creu  en  bien  difcourant  qu'il 
cftoit  Dieu  du  Ciel  &  de  la  terre  ?  Car 


et  devx  Poissons.     367 
c  eft  le   propre  de  Dieu  de  Te  pouuoir 
donner  en  viande  foy-mefme  fans  di-  leProPr€  & 
minution  &:  {ansintereit:  luy  ieuldon-^y^^. 
ne  auCiel  fa  diuinité  en  viande  de  beati-  **. 
tude:  &  feul  en  terre  donne  pour  noftre 
falut,le  corps  de  fon  humanité  5  fans 
qu'il  en  foit  côfommé,  c'eft  le  faift  d'vn 
tout-bô&tout-puifTant  Seigneur.  Les 
Rois  mortels  peuuent  bien  dreiTer  de 
magnifiques feftins,  tels  que  fit  Affue-A- 
rusDque  Holofernés,que  Salomon,que  Hcft. 
Cleopatra  ,   que  plufieurs  Empereurs  ï*^. 
Romains:  mais  ce  n  eltoit  pas  de  leurp^^ 
fubftance3ny  de  leur  corps  qu'ils  eftoiét  Aown. 
libéraux:  c'eftoitdes  corps  des  belles, 
&:  d'autres  pièces  eftrangeres  prinfes  du 
feindelanaturerDieu  fculfe  peut  don- 
ner aman  ger,côme  feul  il  efttout-puif- 
fant,inexpuifable &  incapable  de  dimi- 
nution.Et  fi  ces  chofes  font  fi  grandes: 
&:  fi  nous  croyons  &  voyons  ce  que 
ceux-cy  ne  croyoient  &  ne  voyoient 
point:fi  nous  voyons  la  prouidence  du 
Sauueur  a  gouuerner&nourrir  tout  cet 
vniuers,  fa  chanté  à  nous  nourrir  de  fa 
chair  en  la  table  de  fon  E glife  D  fa  vérité 
à  nous  promettre  encor  le  mets  de  fa  fe- 
licité3&:que  n'admirons-nous  fes  bien- 
faits pour  l'en  haut-loiïer  &  luy  en  ren- 


La  r Arête 
cdufc a  ad- 
miration. 


S.  Aug. 
uzdi.  in 
Ioan.24. 


368  Les  cinq^Pains 
dre grâces  immortelles?  La  multitude 
defesmerueilles  nous  esblouit-elle  les 
yeux  commevn  efclat  lumineux  à  guife 
de  Soleil?  La  fréquence  de  fes  prefens, 
nous  1  éd-elle  moins  admirable  fa  gran- 
de libéralité?  Que  fi  à  la  façon  des  mor- 
tels nous  ne  prenons  garde  aux  œuures 
que  Dieu  fait  en  la  nature  tous  les  iours 
comme  eftans  accouftumées  &  com- 
munes, prenôs  au  moings  garde  à  la  ra- 
re excellence  de  cefte  table  ,  couuer- 
te  d'vne  viande  qui  vaut  plus  que  toute 
la  nature!  Les  Hebrieux  raffafiez  des 
cinq  Pains  &  deux  PoifTons,  ne  pen- 
foyent  point  au  grand  miracle  que  Dieu 
faidt,  nourrifTant  l'vniuers,  parce  que 
ceftvn  miracle  fréquent  &  commun^ 
neâtmoins  ils  admirera celuy des  cinqvainsy 
non  pour  efire pi }m  grand ,  di£t  Sain  cl:  Au- 
guttimmais pour  ejire  plut  rare  &  moins  ac- 
couftumé.  Que  n'admirons-nous  donc  la 
rareté  de  noftre  Sacrement  5  puifque 
c'eft  le  miracle  des  miracles  3  n'en  ayant 
point  de  pareil,  &  ne  pounant  eftre 
rendu  vulgaire  par  fa  continuation 
comme  les  miracles  de  la  nature?  Que 
ne  crions-nous  en  nos  cœurs,  viue  le 
Roy  des  Rois  ;  règne  le  Roy  des  Rois: 
gloire  immortelle  au  Roy  des  Rois, 

qui  a  : 


£T    DEVX   POISSONS.  36$ 

qui  a  donné  vne  réfection  de  fi  grande 
merueillé  ?  faoulant  d'vn  Pain  &d'vn 
Poifïbn,  qui  eft  ion  facré  coxps3nô  cinq 
mil  hommes  pour  vne  fois.,  mais  autant 
de  miliers  d'homes  3  &  de  femmes  qu'il 
y  a  eu  au  defert  de  ce  monde  depuis  fei- 
2e  cens  ans,  &  qui  en  iaoulera  encor  au- 
tant qu'il  y  a  de  miliers  d'ames  Chre- 
ftiennes  d'icy  à  la  retraite  du  monde? 
Quilesfaoulera  comme  illesafaoulez, 
non  au  corps  en  nourriture  matérielle; 
&  à  la  vie  caduque  &:  mortelle  5  mais  en 
Tefprit  à  l'éternelle  félicité.  Viuez  donc 
ô  Roy  des  Roys,vrayeviede  nos  âmes 
frcorps.RegnczôRoydesRoys^vraie- 
ment  digne  de  régner!  Gloire  immor- 
telle à  vous  ô  Roy  des  Roys  5  tres-fage  à 
bien  conduire  3  tres-puiflant  à  bien  dcf- 
fendre5tres-bening  à  tendrement  nour- 
rir les  brebis  qui  vous  fuiuent  par  les 
monts  bc  deferts  fterilcsde  cefte  vie 
mortelle  1  ô  quand fera-ce  que  nous 
ferons  en  la  haute  montaigne  de  voftre 
éternité  pourprendre  fansfinlapafture 
de  vous  mefmes ,  vraye  feUcité  de  ceux 
qui  vous  auront  fuiuy  par  les  fermiers  de 
vos  diuiries  Joix? 


LE    SAVVEVR    PRESCHANT 

dv  Sacrement  de  son  corps.     j 


37i 


i^^gk^^y 


Jti>    e^^ts 


LE     SAVVEVK     &KES- 
chant dv Sacrement 
dejon  corp. 


E  Sauueur  du  monde  E»u&naz* 
parle  ,  le  Verbe  diurne ^ 
prefche ,  &Ia  fuprême 
façefle  difcourc  du  Sa- 
cremenfdefoncorpsenla  iynago- 
gue  de  Capharnaum,  oiî  plufieurs 
grands  miracles  ont  efté  faidts  de 
fa  main.  La  prééminence  de  l'O- 
rateur &  la  dignité  du  fubieit,  mé- 
rite l'oreille  attendue. Iamais  hom- 
me ne  parla  de  telle  matière ,  ny  de 
telle  façon'.  Il  aveu  que  le  peuple 
le  fîiiuoit  affriandé  du  miracle  des 
cinq  Pains,  &  des  deux  Poiflbns  y  il 
prend  occafîon  de  leur  defîr  terre- 

Aij 


2oân.i,4$< 


372,  Le  sàvvevr  preschànt 
lire  de  les  inuiter  au  celefte  baquet 
de  (à  chair,  qu'il  fé  va  drefTer  pour 
ceux  qui  croiront  en  luy,  &  auront 
l'appétit  de  leur  ame  bienfaidt. 
Oyez  ce  qu'il  dit.  le  fuis  le  Pain  de 
vie  yvo^  pères  ont  mangé  la  isttan- 
ne  &font  morts:Cefiuy-cy  efl  lePain 
défendant  du  Ciel,  afin  que  celuy  qui 
en  mage  ne  meure point '.  le  fuis  le  Pain 
vif  défendu  du  Ciel,  celuy  qui  mange 
ce  'Pain  viura  éternellement  :  ^J  le 
Pain  que  ie  donneray  cefi  ma  chair, 
laquelle  ie  donneray  pour  la  "vie  du 
Um.6.  monde. Les  luifs  ,  di£fc  PEuangelifte, 
vflriuent  entr  eux  ,  dijant  y  comment 
nous  peut  cefluy-cy  donner  fa  chair  a 
mangerai  E  s  v  s  leur  dicl:  En  vérité, 
en  vérité  ie  vous  dis  ,fî vous  ne  man-^ 
ge^  la  chair  du  Fils  de  l'homme  &  ne 
beuue^fon  fang,  vous  naure^  point 
de  vie  en  vous.  Qui  mange  ma  chair 
&/  boit  monfangjl  a  la  vie  éternelle^ 
iele  refufiteray  au  dernier  ioun 


dv  Sacr.de  son  corps.  373 
car  ma  chair  efl  njrayement  'viande 
&  mènfang  eft  njrayement  breuuage* 
Qui  mange  ma  chair  &  boit  mojang% 
il  demeure  enmoy  y  *çij  moy  enluy. 
Comme  le  Père  njiuant  ma  enuoyê> 
aujïi  je  njy  à  cauje  de  mon  Pere,&  ce- 
luy  qui  me  mange  y  njiurd  au  fi  à  cauje 
de  moy.  Cejl  le  Pain  qui  ejl  descendu, 
du  Ciel,  non  comme  vos  pères  ont  man- 
gé la  tJManne  <& font morts,  quiman- 
?e  ce  'Pain  njiura  éternellement. 

Tels  font  les  propos  du  Sauueur. 
Les  Apoftres  &  ceux  qui  croyent 
en  luy /ont  rauis5  mais  il  y  en  a  d'au- 
tres qui  ont  l'oreille  dure  &lecœur^^" 
gros  ,iugeans  iniquemetdefespa-Ioan-*-60* 
rôles,  &fe  fcandalifans  téméraire- 
ment du  myftere  qu'ils  n'entendét 
point,&difentenbarbottât  ivoicy 
njne  dure  parole,  %$rj  qui  la  peut  ouir  ? 
mais  iesvs  pénétrant  leurpenfée, 
•&  leur  fecret  murmure ,  les  corrige 
&  leur  di£t ,  (jcy  njousfcandalife-il  ? 

A  iij 


374  Le  Savvevr  preschant 
Quefera-ce  donc  Ji  vous  voyelle  Fils 
de  l  homme  monter  où  ilefloitpremie- 
remet:  Ceft  le/prit  qui  vinifit,  la  chair 
ne  prouftte  rien.  Les  paroles  que  ie 
vous  dy  font  ejprit  &  vie. 

Ainfîles  rend-il  dociles  :  mais  ils 

demeurent  neantmoins  aueugles 

&  obftinez  en  leur  mefcreance  y  &« 

s'en  vont  de  (à  compagnie. Voyez- 

Caphvnai-vous  comment  ils  rident  le  front 

%*£*,&  s>en  allant  &  regardant  derriere?Ce 

premiers    font  gens  ckarnels  &  outrecuidez 

tares.  enfemble  ^  ne  voulafts  rien  croire 
quinereuienne  au  compte  de  leur 
fens.Ce  font  les  Patriarches  de  tous 
ceux  qui  feront  la  guerre  au  S  acre- 
ment  du  corps  du  Sauueur. 


POVRQVOY    LE    SAV- 

VEVR     FIT    LE    SERMON 

de  TEuchariftie  deuant 
que  rinftituer. 

i 

E  Peintre  qui 
fçait  parfaiâe- 
mentafTortir  fon 
ouurage3met  pei- 
ne entre  autres 
chofes  5  de  ioin- 
dre  fi  dextremét 
f.es  commence- 
mets  à  leurs  fins, 
&  fi  bien  addoucir  les  nœuds  des  par- 
ties difTemblables  3  que  rien  n'y  paroiffe 
de  cru  &  forcé  en  la  liaifon  :  mais  tout 
foit  conuenablement  conduit  &  abou- 
ty  auec  proportion  de  frâî&s  &:  de  cou- 
leurs. La  fupreme  Sapience  maiftreflTe 
des  fciêccs  &:  des  arts ,  a  gardé  cefteloy 
en  toutes  fes  œuures.  Et  c  eft  au  (fi  Ton  s  g  u  & 
faiefc  5  idttd'mdre  en  fd  force  d'un  bout  a  tau-  n.n, 
îre  ;& gouuermr  toutes  chofes  fu du ement:>& 

A  iiij 


Continua- 
fit»*  lices. 


Le  Prh 
temps 


y/6  Le  Savvev'r  p-REs'cHAtfr 

Us  dijpofer  à  U  mefure ,  du  riobrc  &  dnpords. 

S  elon  cefte  reigié5elle  côtinuë  le  bran* 
le  de  ce  monde  mobile  ,  accouplant  les 
extremitez  auecles  extremitez  5  par  des 
moyens  conuenables  :  ainfi  faid  elle 
fucceder  le iour  à  la  nuid  par  I'entremi- 
Vauhemf  fe  de  l'Aurore,  &lanui6t  au  iourparle 
iiatrke._  Vefpre,voifin  de  tous  les  deux  :  lEfté  à 
rHyuer3par  le  Printemps  mettoy-en  & 
l'Hyuerà  l'Efté,par  l'Automne  faifon 
médiatrice  :  &  ainfi  en  toutes  fes  autres 
oeuuresdecetvniuers.  Quand  donc  le 
Fils  de  Dieu  fouueraine  fagefTe5eutar^ 
refté  ou  confeil  de  fon  Père  5  &:  de  fon 
Sainct  Efprit3de  marier  vn  iour  la  gran- 
deur de  fa  diuinitéà  lapetitefle  de  no- 
fixe  nature,  &refohi  en  mefme  temps, 
de  nous  donner  auflî  bien  en  viande 
qu  en  rédemption  ?  le  corps  qu'il  aurok 
prins  de  lafamiile  d'Adam,  il  commen- 
ça deflors  de  drefTer  petit  à  petit  ,  les  fi- 
lesfigmes.  gures  que  nous  auons  cy-deffus  par- 
courues &c  autres  fcmblables  qui  font 
en  fon  liure ,  commepremiers  appareils 
du  feftin5&efHtjafai&  homme  &:  par- 
venu au  poinct  qu'il  falloit  accomplir  la 
-  vérité,  &couurirbiétoft  la  table  facree 
,  ,     des  mets  de  fa  pretieufe  chair  5  il  donna 

Miracle  iet  ^  .,.  r        i 

€\*i  p*ir>s.    vn  cflay  merueuleux  fur  du  pain  ,  çom- 


dv  Sac r*  de  son  corps.  377 
nie  nous  auons  veu ,  &  incontinent 
après  il  prononça  ce  beau  fermon  5  qui 
fut  comme  vne  générale  proclamation 
du  banquet^coulourant  par  lefclat  d'vn 
infigne  miracle  3  &:  par  la  viuacité  de  fa 
voix,  les  crayons  des  vieilles  figures ,  & 
ioignant  les  images  païTées  à  la  vérité 
prefente  auec  l'entremife  voifine  du  pa~ 
racheuement  de  ce  lien  ouurage.  Delà 
m  efme  méthode  vfa-il  pour  la  prépara- 
tion des  autres  myftcres,  de  fa  Mort,  de 
fa  Refurredion,  de  fon  Afcenfion,de  la 
venue  du  Saincl:Efprit,du  Baptefme3&: 
autres  Sacremens:  caroutreles  figures 
anciennes  qu'il  en  auoitiadisordônées, 
il  en  tintencorplufieurs  propos  vn  peu  L'Sw» 
deuantqueleschofesfufTentaduenuës,^^^ 
&:  les  S acremens  inftituez  :  parquoy  ce  *r*i  s*cre- 
fermon  fut  comme  vne  liaifon  dernière  meni(îeuant 

rrr  queUittiftl" 

de  tout  le  pâlie  auec  le  prefent  5  des  om-  tuer. 
bres  auec  le  corps  3  3c  comme  vne  Au- 
rore parlante  ,  annonçant  la  venue  du 
Sacrement  de  l'Autcl^Soleil  des  myfte- 
resdefon  Eglife. 


378    Le  S  AVVEVR  P  R  E  SCHANT 

^Première  cauje  pourquay  leSauueur 

anjoulu  donner  fa  chair  à  mander, 

&y  fonfang  a  boire. 

2 
ip^A  première caufe  potirquoyle 
^Sauueura  voulu  donner  (a  chair 
à  mâger5  &:  fon  fang  a  boire,  c'eft 
d'autant  qu'il  efttres-bon&rtres-iibcral 
enners  nous,commeilaefté  jafouuent 
declaré.Ilauoit  prins  le  corps  de  nous, 
&:  parce  quec'eftoit  pour  nous,  il  le 
vouloit  employer  &  redonner  en  Sei- 
'ie dZcr.  gneur  magnifique,  c'eft  à  dire  en  autant 
de  façons  qu'vn  corps  peut  eftre  vtile- 
ment  employé  &:  dôné,fçauoir  en  prix, 
en  viade,en  vnion,&:  en  figne  d'amitié. 
Celuy  qui  donne  vne  perle  de  grande 
r»pris.  valeur  pour  rachepter  fon  amy  de  cap- 
tiuité,illa  donne  en  prix:  qui  luy  met 
quelque  fruicx  exquis  fur  table,  c'eft  en 
ZnviaJe.  aijment:  &  ]e  mary  qui  fe  donne  en  ma- 
riage, il  donne  fon  corps  en  vnion  à  fa 

Envmon.  &     3 '  X  - 

Enfigm.  remme:&  la  bague  qu'il  luy  lailie  fe  par- 
tant d'auec  elle  ,  c'eft  en  figne  d'amitié. 
Le  Sauueura  donné  fon  corps  en  la 
Croix  pour  noftre  rédemption  ,  &  en 
iceluy"(  apayé  la  finance  deuë  à  la  diuine 


gurtrefa 


$on$ 


dvSacr.desoncorps.  379 
iuftice,  pour  la  rançon  du  gère  humain, 
il  a  donné  le  mefme  corps  en  la  table  de 
fon  Sacrement  enfeftin  nuptial  ,  pour 
nous  eftre  viande,  &pour  faire vnedi- 
uine  vnion  auec  nous  ,  &  par  mefme 
moyen  Ta  laiffé  pour arre  de  fon  amour. 
Donc  la  caufe  maiftrefTe  pourquoy  il 
nous  a  donné  fa  chair  a  manger,  &:  fon 
fang  à  boire,  c  eft  la  bonté,fa  libéralité, 
&fon  amour  infiny. 

Remèdes  de  la  chair  du  Sauueur 
çournofire  mifere. 

3 

SÉfSlS  A  féconde  caufe  pourquay  le 
Sauueur  nousadonéfon  corps 
à  manger ,  ceftla  mifere  de  no- 
ftre  condition,  laquelle  il  vouloit  pater- 
nellement fecourir  pour  l'amour  deme- 
furé  qu'il  no9  porte.  Ce  qu'il  a  fouuerai- 
nemét  accôpli  par  le  don  d'iceluy  corps 
car  par  l'vfage  de  cefte  diuine  chair  &: 
de  ce  fang  deifique  ,  il  a  faictledeuoir 
d'vn  vray  père,  &  d'vne  bonne  mère 
•enuers  (es  enfans: &:  auec  ce ,  il  adroite- 
ment ,  fagement  &  efficacement  reparé 
toutes  les  brefeaes  de  noftreeftatfpiri- 
tuel,  &:procuré  auec  remèdes  ,  oppolez, 


s-; 


.Amour  du 
ftre. 


£,4  viande 

défendue. 

Gcn.1.17. 

Matth. 

La  viande 

commandée, 

Matth. 

%6.  x6. 

îoan.^.54. 


380  Le  S avvevr  preschant 
front  à  front.»  la  reftauration  &  fa^ut  de 
nosames&:  corps.  Lepere  donne  tout 
ce  qu'il  peut  à  l'enfant  qu'il  a  engendré 
de  la  femence  d'Adam  :1a  mère  fali- 
mente  &  l'éleue  de  fon  laiéfc  3  qui  eftjvne 
partie  delafubftâcedefon  corps^nour- 
riflànt  &  abbreuuant  enfemble.Le  Sau- 
ueur,quinousacngendrez  enfonfang 
par  le  Baptefme,  s'eft  dôné  tout  à  nous, 
nous  donnant  fon  corps  :  car  enfuitte 
d'iceluy,  nous  auons  fon  ame  &  fa  diui- 
jiité,  auec  laquelle  il  eft  infeparablemét 
vny.  Et  pour  tres-delicate  nourriture5il 
nous  donne  non  vne  partie  defafub- 
fiance  5  mais  tout  fon  corps  &  tout  fon 
fang  5  defquels  chacun  eft  enfemble- 
métvraye  viande5&:vraybreuuage.La 
viande  nous  auoit  perdus,  par  la  viande 
il  nous  remet  :  la  première  viande  fut 
prohibée  auec  menace  de  mort.  Tune 
mangeras  point  de  l'arbre  de  feience  de  bien  & 
de  mal-^car  le  iour  que  tu  en  mangeras  tu  mour* 
ras.  La  féconde  eft  commandée  auec 
promefTe  ee  vie.Prene^mangez^cjuiman* 
ge  ma  chair  &  boit  mon  fang ,  il  a  la  yie  éter- 
nelle. La  première  fut  mangée  reellemët 
par  defobeiflance,  &  nous  tna^la  fécon- 
de eft  mangée  réellement  par  obeïflàn- 
ce,&nous viuifie;  lapoifonfut  verit-a- 


dv  Sac r.  de  son  corps.  381 
blement  auallée  5  l'antidote auffi eft  vé- 
ritablement prins ,  &  non  par  fîgure.La 
chair  du  premier  Adam  nous  engendre 
&  tire  à  mort  àc  à  confufîon$  la  chair  du 
Sauueur,  fécond  Adam  >  nous  vnitala 
vie  &:  nous  nourrit  à  l'immortalité  &à 
la  gloire  éternelle. 

Deux  mauuaijes  vnions  de  la  chair 

dzAdam  auec  nojîreame  yrepa+ 

rées  par  la  chair  du 

Sauueur.  " 

Aïs  voicylepoind  capital  de 
l'antithefede  la  chair  du  Sau- 
^J3  ueur  contre  celle  d'Adam.  La 
chair  d  Adam  eft  la  fourcedetous  noz 
maux,  à  raifon  de  deux  vnions3dont 
elle  fe  ioint  à  noftre  ame  :  l'vne  eft  natu-  rnia»  natu- 
relle, qui  Ce  faieft  au  ventre  de  la  mère  rfedeJ* 
parnecefiite.,  l'autre  morale  qui  le  raict^wan0i 
auec  liberté  d'amour ,  quand  ramefuitdmfS- 

,  •         1  n         1      •  ••    V»ton  mo- 

les appetits*de  celte  chair  corrompue.  r<tUt 

La  première  vnion3eftle  coup  de  no-^«»<frg«- 

ftre  première  mort  ;  car  par  icelle ,  Nou*™*^ ™^xm 

Jbmmts  mgendrç^jn  inicjnire^jfr  conems  en  in  iniquita- 

pechez, félon  que  diftle  Roy  Dauid,  &«buscon- 

redus  fouillez  au  premier  mitant  de  no-  rui.jp. 


k 


382  LeSavvevr  preschant 
^  ftre  eftre ,  Se  venons  au  monde  auec  la 
r.^e'w"- marque  de  la  malédiction  originelle, 
ennemis  de  noftre  Créateur ,  diuifez  dt 
luy  &en  nous-mefmes  5portans  quant 
L'amortie   &  nous  le  cartel  de  rébellion  3  &  la  ma- 
umpùcTç  ncreciVne   cruelle   guerre  >  que    cefte 
maffe  de  corruption  faidt  incefïàmmct 
à  noftre  ame,luy  iettant  les  ténèbres 
d'ignorance  a  l'entendement,  le  feu  de 
conc.upifcence  à  la  volonté,  l'oublian- 
ce  du  Ciel  &  des  chofes  futures  à  la  me- 
1L  T'yl'  moire.     La  mefme  vnion  cft  caufe  que 
multitude  c-  les  efprits  des  hommes  font  multipliez 
dtdwijion.    ^  diuifez  entr'eux  :  car  autant  de  corps 
quis'engeridrent  de  ia  chair  de  femence 
d'Adam,  autât  font  d'ames  créées  pour 
les  vnir  à  ces  corps,  &  les  animer;  com- 
me les  enfans  d'Adam  fe  multiplient 
de  corps  ,  de  mefmes  font-ils  rendus 
diuers  d'efprit  par  cefte  génération.  La 
rnUiât  vo-  féconde  vnion  de  la  chair  auec  l'ame, 
hntéauecu  accrojft;  &  empire  les  maux  qui  vien- 

eban  d'Ma.  .         n        r  n.  v 

nent  de  celte  première:  careitant  lame 
vnic  par  amour  àfachair5fwiuantfes  ef- 
frenez  appetits^'oubliant  du  Ciel  &  ne 
Sttmïbo-  viuantque  des  vanitez  &:  voluptez  de 
mede  Dieu,  la  terre  :  elle  eft  de  tant  plus  rendue  en- 
nemie de  Dieu  &  éloignée  de  Ion  ami- 
tiô>  qu'elle  ferend  peruerfe  :  &c  detant 


x>  v  Sacr.de  soncorps.  383 
plus  diuiféeen  cllc-mefme  3  endurant 
vne  continuelle  tyrannyc  de  fa  chair  3  à  j^^T1 
qui  eiles'eftfai&e  cfclaue  parcefte  vo- 
lontaire vhion  ,  &:  de  qui  elle  eft  fans 
pâme  fuperbement  harafTée  &  piquée  à 
commettre  nouueaux péchez, qui  luy 
font  autant  de  bourreaux  qui  la  gehen-  E/?  (aurt  de 
nent  à  chafque  moment.  Cette  raefme^W"'"' 
vniondiuife  les  hommes  entr'eux  :  car 
cherchant  chafeun  les  commoditezde 
fa  chair,  &:  s'addonnât  au  vice3il  n'ayme 
que  foy-mefme,  &:  fespropres  commo- 
ditez  3  Tes  honneurs ,  fes  richelTes  &  vo- 
luptez,  hait  tous  ceux  qui  l'empefchent 
&:  les  perfecute:  &  de  là  fourdent  les 
difTenfionSjles  diuifions,  les  guerres,  de 
tous  lesexcez  d'enuie  ,  de  paillardife, 
dauarice ,  &:femblables  forfaicts  quife 
commettent  au  monde.  Et  voyla  com- 
ment la  première  vnion  de  la  chair  d' A- 
dam  auecrame5eit  la fource,&  la  fécon- 
de eftlecôbledetous  noz  maux, nous 
diuifantdeDieUjde  nous-mefmes,  en 
nous-mefmes ,  &:  entre  nous. 

En  contrequarre  de  ceûe  chair,  &  de    u chiir ^ 
ces  pernicieux  effeâs  ,  le  fécond  A- Same»tre~ 
dam  I  e  s  v  s-C  h  r  1  s  t,  nous  fournit  la  med€dei 

r  ,         ,        %  *.  maux  de  ecl- 

iienne  douée  de  contraires  quahtcz&r^  <TMam. 
efFc&rice  de  contraires  çeuures.    Par- 


384  LeSaweH  pre  schà*? t 
quoy  la  chair  du  premier  Adam  eft  fale-, 
infecteD&  peftilétieufe  :  celle  du  fécond 
Adam,  pure,fain<fte5virginale ,  &  en  vn 
mot  chair  de  Dieu  :  la  chair  d  Adam 
produite  dVneorde  iemence,  eftioin- 
éteauec  noftre  ame  5  &  nous  met  en 
la  famille  d'Adam  :  la  chair  du  Sau- 
ueur  engendrée  d'vne  vierge  par  l'œu- 
Tffc&lcU    ure  du  Sainâ  Efprit ,  nous  eft  donnée 
ehéttrd»       pour  eftre  vnie  auec  nous^&r  nous 
vniràDieu,êc  nous  faire  Tes  enfans, 
Tourisme,  non  par  neceffité  de  génération  ,  mais 
par  oeuure  &  par  deuotion    :    &  par 
Teweecorp.  cefte  vnion  fomenter  nos  ames  \  les 
nourrir  &  embellir  :  pour  rhabiller  au/fi 
les  defeduofltez  de  noz  corps^addref- 
fer  leurs  mauuaifes  inclinations  5  eftein- 
dre  leurs  concupifcences ,  les  purger  &c 
r'affmer  à  la  fembiance  du  fien  3  leur 
imprimant  au  furplus  le  germe  dVne 
glorieufe  immortalité^ t  encor  que  ce- 
VnUnreêUe    fte  vniô  ne  foit  naturelle  à  la  façon  que 
tlZtZ icnoftrc  corps fcioinftànoftrcarac,  clic 
»°ué4  eft  neantmoins  reelle5veritabie  \  Se  tref- 

intime  à  guife  de  viande  &  de  bruuage^ 
de  d'vn  facré  &diuirï  mariage  ,  par  le- 
quel nous  fommes  faids  vn  efprit  auec 
Dieu, par  Ventremiie  deeefte  chair  de 
fon  Fils  vnie  à  la  noftre:ibmmes  vnis  en 

nous 


i>v  Sacr.de  son  corps.  385 
nous-mefmes  ,  obeyfïant  noftre  chair 
fandifiéeparicelle^à  la  loyde  fefprit, 
vnis  encor  entre  nous5&  fai&s  vn  efprit 
&  vn  corps  en  noftre  chef  fouuerain 
Iîsvs-Christ  3  parle  nœud  de  fa 
precieufe  chair ,  donnée  au  Sacrement: 
voyez-  vous  les  effe&s  oppofez  ?  Parla  â^V^ 
chair  d'Adam  nous  fommes  rendus  pe~  noûs/fpan 
cheurs,feparez  d'auecDieu,  d'efprit  &^*W 
de  corps  5  les  corps  multipliez  3  Se  les  ef- 
pritsàmefure  des  corps  5  les  hommes 
diuifez  entr'eux  par  inimitiez  engen- 
drées de  l'amour  de  la  chair  3  &  chafque 
homme  diuifé  en  foy-mefme5  rebellant 
fa  chair  àl'efprit,parla  chair  duSauueur 
tous  ces  inconueniens  font  reparez  vn 
parvnauec  vncaufïi  admirable  fageffe 
qu'abondante  grâce. 

D  1  cefte  viande  donc  donnée  en  an- 
tidote de  la  première  viande, 6c  de  cefte 
facrée  vnion  en  remède  de  celle  qui 
nous perdoit , prefehoit  icy  le  Sauueur. 
Oeft  le  fens  &  le  but  de  ce  fien  diuin 
fermon.-car  difant  qu'il  cttlePain  de  >/>, 
le  Pain  yif  descendu  du  Ciel.  Que  ce  vain  efl  ioân^.^$t 
fa  chair  ,  quil  donnerait  four  la  Trie  du  monde: 
il  déclare  qn'il  vouloit  donner  fon  corps 
en  viande  &  en  rédemption.  Etadiou* 
fiant  après.  Qui  mange  ma  chair  &  h  oit  mon 

B 


3$ 6  Le  Savvevr  preschant 
fano-,  il  a  U  >/>>  éternelle  ^&  te  le  refufciteray  an 
dernier  iourxar  ma  chair  efl  vrayement  ïian- 
de>  £7*  mon  jangejl vrayement  hreuuageW  fi- 
gnific  les  effeéts  de  cefte  viande, con- 
traires aux  effe&s  delà  viâde  d'Adam  $ 
la  viande  d'Adam  caufe  de  mort ,  bou- 
conde  mort 5 de  terre  &  dangoifleja 
viâde  du  Sauueurfourcede  vie.Pain  de 
vie^Pain  du  Ciel3chair  de  lieflc  &  de  re- 
furreâion.  Quand  il  à\(X^  Qui  mange  ma 
U  chair  du  c™ir  &  boit  monjangii  demeure  en  moy }  & 
satura  moy  en  luy  >  il  montre  qu'il  donne  fa  chair 
Mpretme.  cn  vnjon5  en  Iiaifon  d'amitié  ,  &  en  per- 
pétuelle arre  de  fon  fainâ amour  enuers 
nous.  Il  a  donc  donné  fon  corps  en  ce- 
tte vie  pour  noftre  bien  en  toutes  les 
manières  qu'il  pouuoiteftre  donné:  en 
rachapt,  en  viande,  en  remède  &  en  ga- 
ge, pour  noftre  deliurance ,  nourriture, 
guerifon  &;  foulas,  &:  le  donnera  au  Ciel 
en  gloire.  A-ilalTez  donné?  eft-ilaflèz 
libéral  defe  donner  fi  libéralement,  & 
par  tant  de  fois  &  façons,  &  fe  promet- 
j»ir4t/W*treencores  pour  le  Ciel  ?  Et  fommes- 
Telbommes  nous  a^eZ  ingrats  de  ne  recognoiftre  (es 
biens  }?ffcz  iniques  de  ne  nous  donner 
à  luy  qui  n'auons  rien  que  de  luy  ?  affez 
endormis  en  noftre  ingratitude  &  ini- 
quitéjden'vferliberalementdefesdons 


dvSacr.de  s'oncorps.  387 
pour  nous  vnir  fain&ement  auec  luy, 
&  entre  nous-mefmes  par  Tes  dons  pour 
la  vie  éternelle?  Que  n'a-il  faict5que  n'a- 
il  inuenté^que  ne  fait-il ,  que  nïnuente- 
il ce  diuin  Efpoux  pour  gagner  l'amour 
de  fon  ame  fidèle  ?  Et  que  faifons-nous., 
qu'employ  ôs-nous  pour  gagner  le  fien? 
Et  de  qui  eft-il  amoureux3ce  Prince  in- 
finiement  riche,  puifTant  &  beau ,  finon 
dVnepauure,chetiue,&  laide  créature^ 
qu'il  veut  enrichir?ennoblir,&  embellir 
pour  la  rendre  digne  de  fon  Royaume? 
Et  commet  la  pourchafTeroit-il  par  tant 
de moyenSjS'il n'eftoit la mefme  bonté> 
O  bonté  infinie/ageiTe  infinie ,  puifiàn- 
ce  infinie ,  rendez  noz  âmes  fainâemét 
amoureufes  de  voftre  beauté  !  Efclairez 
les  diuins  rayons  de  voftre  celeftefcien- 
ce ,  &  fai&es  les  dignes  de  voftre  fainft 
amour! 

Bij 


388  LeSavvevr    preschant 

L  orgueil  (0  la  fenjii  alité  contraires  a 

lafoy,  &  les  premiers  ennemis  du 

Sainfi  Sacrement. 

,:f        5 

[p|| Orgveil  &:  la fenfualité  font 

incapables  d'entendre  les  mer- 
ueilles  de  Dieu,  & indignes  de 
receuoir  Tes  biens-faiâs.  Nous  auons 
ouy  les  promefiTes  diuines  du  Sauueur 
parlant  delà  manducationde  fa  chair, 
&des  frui&s éternels  dïcelle^ilyauoit 
dequoy  admirer  la  hauteur  du  myftere 
&:  la  libéralité  du  donneur,  &  bonne 
ioati.*.a.  occafionde  dire  ce  que  fain et  Pierre  ef- 
merueillé  diâ  après.  Tu  m  le* paroles  de  la 
<vie  éternelle.  Il  y  en  eut  neantmoins  qui 
au  lieu  d'eftre  efleuez  en  admiration  fu- 
rent frappez  à  la  mort  5  des  paroles  de 
vie  3  parce  que  l'orgueil  &:  le  fens  les 
auoit  rendus  mauuais  auditeurs  delà 
verké3ennemis  de  la  lumière  5  &  infufh- 
fans  à  regarder  plus  haut  que  le  iugemét 
humain  ne  pouuoit  atteindre.  Aumoyë 
dequoy  la  vérité  parloit,&  eux  fe  tuoiët 
à  la  voix  de  la  vérité  eftimans  ou  quel- 
le ne  peut  faire  ce  quelle  promettoit, 
&  donner  fa  chair  à  manger,  ou  que  fi 


DvSACR.  DESONCORPS.     389 

elle  le  pouuoit  faire,  ce  feroit  vne  chofe 
inhumaine  &:  barbare,  ils  entendirent  la 
chair  ,  diâ:  Saind  Auguftin  ,  à  la  façon  s.  Au*, 
au  on  la  defmembre  en  >»  corps  mort  1  ou  corn-  "a<a-  XJ; 

i  .       J     ,  7  /  1      7     ■      »  Ioan.&m 

me  on  la  y  end  au  marche  ^&la  chair  nenten-  pfaim.9g. 
doit  point  ce  qui  efloit  appelle  chair.  Ils  penfe- 
rent  que  le  Sauueur  deuft  dépecer  Ton 
corps  à  petits  morceaux  ,  &  leur  feruir 
en  table  >  cuit  &  appareillé ,  comme  les 
corps  des  beftes  :  &  parquez  fur  la  ter- 
raffede  leur  charnelle  imagination,  & 
pouffez  de l'efprit  qui  aueuglelesefprits 
au  lieu  de  s'édifier ,  ils  fe  feandaliferent 
perfides  en  leur  cœur ,  groffiers  en  leur 
penfée,  &:blafphemateurs  en  leur  lan- 
gage, &  diCoycnt:  Cornent  nom peutcefiuy-loan.6. 51. 
cy  donner  fa  chair  à  manger  ?  iroicy  <vne  dure 
parole ,  ^  qui  la  peut  endurer  ?  Par  le  pre- 
mier interrogat,  ils  monftroient  leur  in- 
crédulité, ne  fepouuans  perfuaderque 
le  Sauueur  peut  accomplir  ce  qu'il  pro- 
mettait :  par  le  fécond  ils  faifoient  voir 
leur  orgueil  ,  condamnans  le  mefme 
Sauueur  ,  comme  voulant  commettre 
vn  cruel  forfait,  en  fe  tuant  foy-mefme 
&  en  donnant  à  manger  la  chair  humai- 
ne ,  fi  tant  eft  qu'il  peut  faire  ce  qu'il  di-  Vwg>»U& 
foif.gens  du  toutaueuglez  en  leurar-{^^ 
rogance  &  fenfualité  :  car  ils  aaoient  vngment. 

B  iij 


390    Le  S AVVEVR PRE  SCHANT 

peu  deuât  veu  mille  miracles  fai&s  de  la 
main  du  Sauueur  :  Se  les  auoient  creuz 
fans  demander,C  o  m  m  e  n  t?&  au  lieu 
dauoirapprins  à  croire  plus  facilement 
par  tant  de  belles  oeuures,  ils  demandât 
Comment.  j[Cy5  C  omme  n  t /plus  incrédules  que 
iamais.  Mais  pourquoy  font-ils  mainte- 
nant fi  reuelchesàlavoixdu  Sauueur? 
pourquoy  n'ôt-ilseftéauparauât  fi  feru- 
puleu  x  &  fi  referuez  ?  Pourquoy  n'ont- 
ils  aufli  bien  demandé  3  C  o  m  m  e  n  t  il 
faifoit  veoir  les  aueugles  ?  marcher  les 
boiteux  ?  fuïr  les  Diables  ?  &:  de  frefche 
merueille,  comment  ilauoitrafiafié  les 
cinq  mille  hommes,de  cinq  Pains  &:  de 
deux  Poiflbns  ?  leur  Comment  euft 
efté  plus  à  propos  &  plus  pertinent  :  car 
ils  euifent  eu  moyen  d'entendre, qu'il 
faifoit  ceschofes  enau&orité&en  loy 
demaiftretout-puhTant,&:tout-fageJ& 
cefte  cognoiffance  leur  euft  perfuadé 
qu'il  accompliroit  puifiamment  &  fage- 
ment^ce  qu'il  promettoit  difertement 
de  fa  chair ,  ençor  que  cela  femblaft  im- 
poffible  &:  abfurde  à  leur  fens  &:  iuge- 
iLTfXtr*ment:mais  qu°y?ils  eftoient  orgueil- 
n  l'ame.  leux ,  &  l'orgueil  leur  auoit  faiât  perdre 
la  mémoire  du  pafïè ,  &  leur  bandoit  les 
yeux  pour  ne  voir  ny  la  vérité  prefente? 


dv  Sacr.de  son  corps-  391 
ny  preuoir  la  future  :  &  en  vn  mot  les 
faifoiterrans  obftinez,  c  eft  à  dire  héré- 
tiques* Voila  les  premiers  côtrerolleurs,    P,emiers 
premiers  perfecuteurs  ,  &  premiers  hc-Sac^amtam 
retiques  fufcitez  contre  la  vérité  du  S.'4""' 
Sacrement  ;  voila  les  premiers  auteurs 

de  Qv  OMODO,  de  C  O  M  M  E  N  T  ,  au      juBeurs 

modèle  deiquels  le  Diable  a  façonné^  Qj  °- 
tous  les  autres ,  qui  depuis  fe  font  mo   q  °  ^_° 
nopolez  contre  Dieu  pour  attaquer  les  ment? 
myfteres  de  Ton  Eglife,  par  Qvomo- 
d  o ,  &  par  Commenta  nommeé- 
ment  pour  esbranler  ceftuy-  cy,  comme 
le  plus  hautain  &  plus  répugnât  à  la  fen- 
fualité.  C'eft  l'orgueil  &  la  chair,  qui  les 
a  rendus  mutins, &:  rebelles  cotre  la  do- 
ftrine  de  I  e  s  v  s-Christ  ,  &  prefom- 
tueuxà  condamner  ce  qu'ils  n'enten- 
doyent  point-     Ainfi  TArrien  fe  mo- 
quoit  de  la  foy  Catholique,  fur  la  gène-  Les  AmeK 
ration  du  Fils  de    Dieu ,  voulant  en- 
tendre ce  qu'il  ne  pouuoit,&ne  vou- 
lant croire  ce  qu'il  deuoit,  que  Dieu 
euft  engendré  vn  Fils  :  &  au  lieu  de  Gentrattm 
dire  en  Chreftien  ,  I  e   crois,  il  de- dt*Frh& 
mandoit  en  Philofophe,C  omment?  ^"- 
encor  que  l'EfcritureraiTeuraft  claire-  pfai , 09\ 
ment  de  la  vérité  de  cefte  eeneration,&  4-        . 

1  t.      ,,  ,    fl    ^        -  *  -         Ineffable. 

luy  dit  d  autre  part  qu  elle  ne  fe  pouuojȣ&(,,.  g.* 


0 


%çi    LeSaVVEVR    PRESCHANT 

comprendre ,  &:  qu'il  falloit  croire  & 
les  rayent  non  queftionner*  Ainfi  les  Payens  &  les 
nud!  "  '  heretiquesferioientdelafoydelamort 
olel  e  s  v  s-C  h  r  i  s  T:ne fe pouuans per- 
fuader.,qu'eftant  luy  Fils  de  Dieu  ,  &: 
Dieumefme^euft  voulu  oupeu,  endurer 
la  mort, &:  difoient:  Comment  fe  peut- 
il  faire  qu'il  ait  enduré? 
itsmoder-  A  v  i  o  v  r  d'h  v  y  les  mefereans  à  l'i- 
ws.  mitation  de  leurs  anceftres  donnentdes 

cornes  contre  le  mrime  roc  5  &  difent, 
Commet  peut  eftreprefent le  corps  du 
Sauueuren  l'Euchariftie  ?  Comment 
peut-il  eftre  enplufieurs  lieux  fans  oc- 
cuper lieu  ?  eftre  mangé  fans  eftre  veu? 
expofé  aux  iniures  des  mefehans^fans 
Jefion  ?  Et  parce  qu'ils  font  hautains  ils 
ne  veulent  rien  croire  qu'ils  n'entendétj 
&  perdent  la  foy  &  Tentendementjtous 
femblables  à  leurs  pères, &nôméement 
aux  Capharnaïtes  :  quoy  qu'en  autre 
extrémité  d'herefie 5  lefquels ,  d'iCt  Sain  et 
s  A  A  u  gu  ftin ,  n'entendoyent  point 3  parce  quils 

trad  ?7. in  ne  croyoknt point  3  &  le  vrophete  diât^fi  yous 
ioan.  ne croye^^ous  n'entendeç^point,     varlafoy 

IL  tttHl  CYQiyt  *+  «        y  ,  fît 

pourenttn-    nom  jommes  y  nu  a  Vieu  3  ^t*  par  l  entende- 
dre.  ment nous  fommes  ijiuifie^.     *A  dherons  pre- 

mièrement par  Ufoy  ;  afin  quil  ayt  dequoy  e- 
jlre  vivifié  par  l'entendement:  car  qui  ri  adhère 


dvSacr.de  son  corps.  393 
il  refifle ,  &  qui  refijle  il  ne  croit  point,  llejl 
contraire  au  rayon  de  la  lumière  qui  le  doit  pé- 
nétrerai ne  détourne  pas  la  Hjeuèjnah  il  ferme 
Nntendemet.  Demefme  ceux-cy  veulent 
fçauoir  en  Philofophes,  &c  non  croire 
en  Chreftiens,  &  deuiennent  mauuais 
Philofophes.,  &  perdét  le  nom  de  Chre- 
ftiens.L'Eglife  de  Dieu  &les  enfans  de 
Dieu  ne  font  pas  ainfi.  Us  croyentàla 
voix  de  la  vérité ,  quidiâ:  3  Le  vain  que  ie 
donnetay  ceflma  chair^  &  après  ils  l'enten- 
dent autât  que  les  myfteres  diuins  peu- 
uent  eftre  entendus  en  l'ombre  de  cefte 
mortalité,  &:  attendent  de  les  voir  au 
Ciel  face  à  face  3  de  à  defcouuert  5  quand 
ils  verront  toutes  chofes  en  Dieu. 

Expofition  des  -paroles  du  Sauueur, 
C'est  l'esprit  q^v i  v i- 
vifie,  Lachairne  pro- 
fite rien.  Les  paroles 
qje  ie  vovs  dis  sont 
esprit  et  vie. 

6 

'Estoit  la  couftume  du  Sauueur 
de  parler  couuertement  des  plus 
hauts  myfteres  5  a  fin  d'eftre  ouy  auec 
attention  :Car  lefecret  de  Dteu^iGl  S  ain  £t 


loaii.i.i?. 


394  LeSavvevr  pre  s  c  h  a  n  t 
S.Aug.       Auçuftin  ,  doit  rendre  les  dutiteurs  dttcn- 

traft.  17. in  t>  Vf-  •  1    1 

Ioan.  tifs  0*  non  les  aliéner  :  mais  quand  il  par- 
loitobfcurement,ils'expliquoitàlafin 
pour  ofter  occafion  derrer.Ainfi  voy- 

Ioan. 3. 4-  ons-nous  qu'ayant  did  à  Nicodcmus 
cjuilfdilloit  rendifire  pour  eflrefauué  ,  il  s'ex- 
pofa  difant  ,  qu'il  falloit  eftre  baptifé 
de  l'eau  &  de  Fefprit ,  &  qu'il  entendoit 
vue  génération  non  matérielle  ,  mais 
fpirituelle.  Demefmes  quand  il  eut  dit, 
JDemohJJe^ce  Temple  ,  ££♦  te  le  reédtfierdy  du 
rro/yîe/we/owr'l'Euâgelifteadioufte  pour 
l'explication  ,  Ordi(oit-il  cecy  du  Temple 
de  [on  corps. Voyant  donc  le  S  auueur  que 
lesCapharnaïtcs  s'offenfoient  de  fes  pa- 
roles, leur  donnant  vnfens  abfurde  Se 
tel  que  la  fantafie  leur  forgeoit ,  il  corri- 
ge leur  fens  charnel,  &  leur  explique  le 
fien  y  &  leur  diâ  :  Cecy  vous  fcandalife-tl  > 

Ioau.  4  Queferd-cc  donc  fi  ~Vom  yoye^le  Fils  de  l'ho- 
me monter  3  ok  il  efloit premièrement  >  Il  veut 
dire,  vous  eftes  des  gens fen'uels,  &ne 
voulez  croire  que  ie  puifTe  faire  ce  que 
vous  ne  pouuez  comprendre^vous  efti- 
mezquece  nVeft  vnechofe  impoflible 
de  vous  donner  ma  chair  à  manger  &: 
qu'elle  puifle  fufîire  pour  tous ,  ny  don- 
ner la  vie  éternelle  ,  &  que  penferez- 
Vous,quc  direz-vous ,  quand  vous  ver- 


dvSacr.  de  son  c or ps.  395 
rezqueie  porteray  cefle  chairau  Ciel, 
d'oùie  fuis  dcfcendu ,  pour  la  prendre 
en  terre?  quand  vous  entendrez  que  ie 
fuis  Dieu  &  homme  enfemble  ?  Certes 
voyant  vne  œuurefi  difficile  vous  au- 
rez occafion  de  croire  cefte-cy  moins 
ardue  :  car  il  eft  de  foy  plus  difficile  de 
porter  la  chair  au  Ciel ,  ce  qu'aucun  ne 
fit  iamais5que  de  la  donner  à  manger  en 
terre  ,  ce  que  plusieurs  ontfaict.encor 
que  ce  n'ait  efréàlafîiçon  que  ie  la  don- 
neray.  Parquoy  ou  vous  deuez  croire 
queie  puis  donner  ma  chair  à  manger 
veu  que  ie  puis  faire  vu  échoie  plus  dif- 
ficile: ou  fi  vous  ne  le  croyez  vous  eftes 
pour  entrer  en  vne  plus  grande  incrédu- 
lité &  condamnation  quand  on  vous 
dira  que  ie  fuis  monté  au  Ciel  5  auec  ma 
-chair.  Le  Sauueur  ne  nie  pas  qu'il  ne  LeSauucur 
doyue  donner  fa  chair  à  manger,  mais  il  d/«>  io*- 
leur  di&  qu'il  eft  Dieu  tout-puifiant3car^4"f* 
autrement  ilneferoit  pas  defeendu  du 
Ciel,&qu'eftant  Dieu  il  peut  faire  plus 
que  cela  5  &:  que  s'ils  ne  croyent  ,  leur 
orgueil  en  eft  caufe,  &:  leur  fenfuaiité, 
vrayes  barrières,  &  empefehemens  de 
la  foy.  Il  adioufte.  La  chair  ne  profite 
rien  :  cejilefprit  qui  yiuifie  ,  les  paroles  ijue 
ie  vous  dy  font  efyriî&  ajie%    Il  leur  ofte 


.oan.i. 


La  chair  au 
S  diseur 
taufïoun 

uiruté. 


If 


Manière 
rituelle. 


396  Le  S  AVVEVR    PR.ESCHANT 

doucement  la  caufe  qui  les  feandalize, 
&:  did3lachair  comme  vous  l'entendez, 
&:lamanducationquevous  vous  ima- 
ginez eft  charnelle  &ne  proufite  rien: 
mais  celle  que  ie  vous  annonce  eft  fpiri- 
tuelle&:  donne  la  vie  éternelle,  les  pa- 
roles queie  vous  dis  font  efprit  &  vie3 
&:  voftre  penfée  n'eftque  chair  &  arre 
de  corruption:  ma  chair  fera  voirement 
donnée  ,  &:  vrayement  vnie  auecles 
membres  de  mon  Eglife:  mais  non  pas 
feule  &:  fans  ame  3  comme  la  chair  des 
beftes ,  qui  n'eft  que  pour  le  corps ,  ains 
eftant  viuifiéedemon  efprit  3&  de  ma 
diuinité,  à  raifon  de  laquelle  ?  elle  don- 
nera la  via  ,  6c  vnira  à  la  vie  ceux  qui 
la  mangeront,  comme  elle  eft  vnie  à  là 
vie  de  mon  ame,&  de  ma  diuinité5&  fe- 
ra donnée  non  d'vne  manière  charnelle 
à  pièces  &  à  lopins  ,  comme  la  chair 
morte,  mais  fpirituelle  comme  chair  vi- 
ue,immorteIle  >  &  incapable  de  fedion, 
&:  corne  cefte  chair  a  efté  véritablement 
prinfe  delà  fubftancedela  Vierge,  ma 
Mère ,  mais  dVne  façon  fpirituelle ,  par 
la  vertu  du  Sainft  efprit  3  &non  par 
opération  d'homme  :ainfi  fera-elle  vé- 
ritablement donnée  ,  mais  d'vne  ma- 
nière diuine,&  non  charnelle  5  la  chair 


DV   SAC  R.  DE   SON   CORPS.    397 

&  le  iugcment  humain  n'y  apperceurôt 
rien  finô  quelques  accidens  extérieurs , 
de  la  couleur ,  figure  &  faueur  •  mais  les 
yeux  de  la  foyj pénétreront  le  myftere 
caché.  C'eftce  qu'a  voulu  fignifier  le 
Sauueur  5  pour  accoifer  le  murmure  des 
Capharnaïtes  3  &  les  releuer  de  la  ftupi- 
ditédeleur  chair  aux  fens  fpirituels  de 
fa  fainéte  parole. 

LÏherefîe  toujtours  charnelle ,  $0 
amoureuje  des  extrémité^ 

7 
ÛMMeTennemy  des  hommes 
pratiqua  des  fupofts  charnels 
pour  les  oppofer  à  la  parole  de 
vie3&  empefcher  le  Sacremet 
de  la  chair  du  Sauueur  au  prochain  ap- 
pareil du  feftin:aufiîena-il  fufeité  d'au- 
tres pour  interrompre  &  arrefter  le  pro- 
grez  du  feftin  ja  drelTé.Cc  font  ceux  qui  c<w*re /«  ti- 
en nos  derniers  fieclesfe  font  bâdez  co- ^7^  W(^r' 
trel  honneur  &  magnificence  de  ce  re-  ' 
ftinjuy  oftans  fafubftance  &:  fa  vérité, 
&  difans  que  la  chair  du  Sauueur  ny 
cft  point,  mais  feulement  fa  figure  D  & 
qu'il  n'eft  point  queftionicy  dVnemâ- 
ducation  réelle  de  la  chair  prefente  du 


398  Le  Savvevr  prêchant 

Sauueur  comme  eftant  cela   charnel, 

mais fpirituelle  pratiquéeparlemoyen 

de  la  foy  qui  fait  prefentle  corps  du 

Sauueur  ,  Se  le  mange  fpiritucllementé 

cfcWi*»"Ces  gens  font  charnels  auflî  bien  que 

u<*r  ftmtua-  les  Capharnaïtes  ,  &r  pouffez  de  mefme 

ZrT>  ,     r  vétd'orgueiLrenuerfentla  vérité  :  mais 

Ils/ont  touj-  °"   •       i  î         r->       i 

ours  auxex-  par  contraire  batene  ?  les  Capharnaïtes 
înmttt^  interprètent  les  paroles  du  Sauueur  du 
tout  charnellement,  &  ceux-cy  du  tout 
fpirituellement:  ceux-là  acculez-en  vne 
extremité,n'y  croyans  que  chair,  c^uxl 
cy  acculez  en  vne  autre  extrémité,  n'y 
mettans  quefprit:&  les  vns  &  les  autres 
ne  voulans  recognoiftre  finon  ce  que 
leur  dit  leur  fantafie,  Se  partât  charnels, 
infidèles  ,  &  orgueilleux,  par  diuerfes 
tmftnjuâ-  VOyes  jLa  fenfualité  de  ceux-cy  Ce  mon- 

ftre  en  ce  qu'ils  penfent  eftre  vne  chofe 

charnelle  5  que  la  chair  du  Sauueur  foit 

Leurmcrc-  prefente  au  Sacrement;leur  incrédulité 

étl,te'         eft  en  ce  qu'ils  ne  veulent  croire  à  la 

parole  de  Dieu,  qui  di&  qu'il  donnera 

vrayement  fa  chair  à  manger.  Leuror- 

L«ror£««7.gueilencc  qu'ils  préfèrent  le  iugement 

dé  leur  fensà  cefte  parole  ,&  condam> 

nent  l'ordonnance  du  Sauueur, encor 

qu'ils  facent  femblant  de  défendre  Ces 

loix,  Orils  errent  en  trois  façons,  pre- 


DvSacr.deson  CORPS.    $99 
mierementcn  ce  qu'ils  cftimentque  la 
prefence  de  la  chair  du  Sauueur  en  ce 
Sacrement  foit  charnelle  :  caria  Prc^n-r^"^w" 
ce  d'vne  chofe  ne  faicl:  pas  la  charnalité,  n\fl  \*% 
mais  la  manière  :  fa  chair  fut  veri table- à*™&- 
ment  de  de  prefence  réelle,  conceuëau 
vétre  de  la  Vierge  $  cefte  prefence  pour- 
tant ne  fut  pas  charnelle,  parce  que  la 
manière  de  la  conception  eftoit  du  S. 
Efprit. Quand  il  mota  au  ciel,  fon  corps 
fut  prefent  en  autant  d'endroiâs  qu'il 
pénétra  :  la  prefence  fut    réelle  ,  mais 
neantmoins   fpirituelle  ;  parce  qu'elle 
eftoit  appuyée  dVne  eau (e  fpirituelle  Se 
diuine  &  non  naturelle.    Quand  il  fe  fît 
voira  Sainft  Paul,il eftoit  prefent,  &fa 
prefence  fut  véritable  &  reellermaris  fpi- 
rituelle ,  ceft  à  dire  d'vne  faço  non  vul- 
gaire &  commune  à  la  nature.  Demef- 
iîic  donc  la  chair  du  Sauueur  eft  réel-    L*p*fa« 
lement  prefente  en  l'Euchariftie:  mais  slZ'fur^ 
non    charnellement ,  comme  la  chair  Sainû  s*~ 
commune  eft  prefente  fur  la  table:  elle  ercmentf 
y  eft  par  traniïubftantiation  •  par  voye  * 
furnaturelle  :  parla  tout-puiiïànte  pa- 
role du     Sauueur  :  elle  y  eft  inuifible, 
impalpable ,  immortelle ,  &  inconfom- 
ptible  ,  &:  fi  fpirituelement  &*  fi  diui- 
nement  3  qu'il  n'y  a  que  les  y  eux  de  la 


400   L  E  S  A  V  VEVR    PRESCHANT 

foy  qui  la  puhîent  apperceuoir5&  parce 
que  ceux-cy  n'ont  que  les  yeux  de  leur 
chair  &;  iugement  charnel,  c'eftpour- 
quoy  ils  nient  celle  prefence,  &enfai- 
gnent  vne  félon  laueuglçmentde  leur 
chair  contre  la  vérité, &JahTent  la  vraye 
foy  par  vn  imaginaire  p  a  r-F  o  y  5  de 
font  ftupides  &  infidèles  en  leur  fen- 
fuelle  foy. 

Contradiction  des  errans  en  leurfauU 
Je  (çij  imaginaire  foy. 

8 
E  s  mefmes  errans  s'enuelop- 
pent  en  contradiction, nians 
dVn    codé  que  la  chair  du 
Sauueur  foit  réellement  pre- 
fente  en i'Euchariftie,&:  disâs  de  l'autre, 
qu'elle  y  eft  par  efjprit  &  par  foy  :  car  fi  el- 
le n'y  eft  réellement 5  elle  n'y  peut  eftre 
preséte  par  efprit  &:  par  foyrd'autât  que 
nul  effort  ny  del'efpritny  de  la  foy  5  ne 
i*f°ynt  peut  faire  prefente  vne  chofe  qui  eft  ab- 
AofeTfr^  fcntcrla  foy  non  plus  quel'efpritne  fai& 
fi»t*s.        pas  que  les  Hebricuxpaffent  prefente- 
ment  la  mer  rougc,qu'iis  mâgent  laM  â- 
ne  au  defert  ,  que  Iofué  arrefte  le  Soleil, 
que  le  Sauueur  foit  coceu  auvêtredela 

^Vierge 


DV  SA  CR.  DE   SON  CORPS,    40I 

Vierge, qu'il  refufcite,  qu'il  monte  au 
Ciel,qu'il  iugeles  viuans  &  les  morts, 
encor  qu'elle croyc  toutcela;  fieeux-cy 
refpondent  que  la  foy  imagine  ces  cho- 
ies ,  comme  prefentes  ,  encor  qu'elles  Fcy  mtë' 
foyent  abfentes,ils  confeffent  donc  que  j*^. 
comme  la  prefence  de  ces  chofes  n'eft 
qu'imagination 3  demefmelafoy  qu'ils     • 
ont  de  la  prefence  delà  chair  du  Sau- 
ueur  au  Sacrement  eft  imaginaire,  &: 
qu'ils  ne  la  mangent  que  par  imagina- 
tion, comme  ceux  qui  en  dormant  fon-     » 
gent  qu'ils  font  bonne  chère,  ôc  ne  font 
bonne  chère  que  de  leur  fantafie  ,  telle  yunie  />«■ 
foy  n'eft  pas  la  foy  quifaid  l'homme  fi-/0i'£tf- 
dele:ny  telle  refe&ion  n'eftpas  vraye- 
ment  refeâion ,  ny  telle  viande  vraye- 
ment  viande  :  c'eft  vnefoy  ,  vne  réfe- 
ction &vne  viande  de  fantafie.    Orleioan.s. 
Sauueur  a  dit  quefa  chair  eft  vrayement 
viande  ,&  fon  fang  vrayement  brenage, 
donc  la  foy  &lepar  foydeccux-cy  eft 
vne  infidélité  charnelle  y  &  vne  réueufe 
imagination  contraire  à  la  foy  de  Dieu.  lt  "  "o£m 
Ce  font  les  enfans  de  rEglifeCatholi- *»»/«« 
que,  qui  vrayement  mangent  par  foy  le  *^  ™f  ' 
corps  du  Sauueur  :  c'eft  à  dire  d' vne  fa-"' 
çon  fpirituelle  ,  ainfi  qu'il  a  cfté  diéh 
&  auec  la  foy  requife  :  par  laquelle  ils 

C 


402  Le  Savvevr  preschant 

croycnt  à  la  parole  de    Dieu  :  croyent 

que  fon  corps  y  eft  prefent,  comme  didt 

fa  parole;  croyent    qu'ils  le  prennent 

réellement,  &le  mangent    réellement 

comme  il  la  promis  ;  croyent  qu'il  peut 

faire  ce  quil  a  di&,  &  qu'il  ne fèift  rien 

Ldfo  /?«if/«  clu*  contrarie  ai  fa  bonté  &  fageffe,  &: 

&  u  yraye  comme  leur  foy  eft  fidèle  5aufïi  eft  leur 

maducatton.  manducation  véritable,  &  au  contraire 

la  manducation  pratiquée  par  ces  er- 

rans  en  leur    Cène  eft  toute  charnelle  : 

carilsn'y  prennent  rien  plus  haut  que 

du  pain,  &:  n'y  mangent  auffi  que  du 

Foy  deVhe-   pain^  &  n'y  croyent  rien  que  la  foy  d'vn 

ZS&Ï; Turc  *  d'vn  Iuif  > &. d'vn  Payen  tout 

bubu.  charnel,  ne  puiftè  croire:  Car  quelle  dif- 
ficulté y  a-il  de  croire  laprefence  d'vn 
morceau  de  pain  ,  qu'on  voit  ;  qu'on 
goufte5  &  qu'on  apperçoit  des  fens.? 

Lefens  literal  fondement  des  autres y 
contre  les  mejmes  errans.t 

9 
E  s  bonnes  gens  fe  perdent 
encor  es  erres  de  leur  fpiritua- 
lité:  car  voulans  interpréter  la 
chair  du  Sauucur&  fon  fan  g, 
&  toute  cefte  manducation  fpirituellc- 


D  V  S  A  C  R.  DE  SON  CORPS'.    403 

ment ,  félon  leurs  fens,  difans,  qu'on  ne 
mange  cefte  chair  que  par  elprit  de  par 
foy5ilslaiiTent  la  propre  &fondamétale 
intelligéce  des  paroles  duSauueur3&en  inuuwtnci 
prennent  feulement  vnemctaphoriqne/WdWf»- 
contrelaloydetout  bon  Théologien,  r^e* 
qui  doit  premièrement  entendre  &  fer- 
mer le  fens  literal  &  propre  de  TEfcritu- 
re  y  &:  après  fur  iceluy  fonder  le  fpirituel. 
Par  exemple  jl'Efcriture  di&que  Dieu 
planta  vri  Paradis  terreftre ,  que  les  He-  £xc"j  *" 
brieux  pafferent  la  mer  rouge,que  Sam- 
fon  lia  des  renards  par  la  queue  ,  que,  ,. . 

t-\       •  A  1  °r>    i-  "  i_-         j      in    Iudith.  iç. 

Dauid  combatit  Goliath  en  duel  ,  &i.Reg.  i7, 
chofes  femblables:  fi  quelqu'vn  vouloit 
tellement fpirituaïifer ces  hiftoires^quii 
en  niaftla  vérité  literalc,&  dict  ,  que 
le  Paradis  terreftre  n'eft  autre chofe  que 
l'Eglife ,  la  mer  rouge  ,  le  Baptefme ,  les 
renards  de  Samfon,les  hérétiques:  Go-  Sens  aB  ^ 
liath ,  l'ennemy  du  genre  humain  :  Da~  v*i**. 
uid,I  e  s  v  s-C  hrist,  de  que  du  refte 
il  n'en  a  efté  tien  du  tout:ilferoit  Vn  fens 
fpirituel  voirement,  mais  il  renuerferoit 
le  fonds  de  rhiftoire5&  commettroit  vn 
facrilege  cotre  TEfcriture  ,qui  recite  les 
chofes  fufdites  5  comme  vrayementad- 
uenuës  riiferoit  cequeiadis  fatfoiétles 
PrifciUianiites  qui  allegorifoient  à  leur 


404  LeSavvevr   preschant 
Ln  J*  "/«Hanta  fie  tous  les  pafTagcs  &  fens  literaux 
SjïugXdc  de  1  Ecriture  qui  cftoiet  contre  leur  hc- 
hxrcf.yo.    rciic,commc  eicrit  SainctAuguftin.De 
mcfmcallcgorifcnt  ceux-cy  difans  qu'il 
n'y  a  que  la  manducation  ipirituellc  & 
myftiquede  la  chair  du  Sauueur  ;  car 
puis  que  le  Sauueur  a  didtquefa  chair 
cft  la  vraye  viande,  &:  fonfangle  vray 
breuage,  &  que  qui  mange  fa  chair,  au- 
ra la  vie  éternelle, il  faut  par  ncccffitc 
fuppofcr  vne  réelle  manducation  dVne 
chofe  réelle,  6V  après  adioufterla  fpiri- 
Lyon,  Sathu.  tucllc  &:  allégorique  :  ainfi  on  trouuc  en 
1  i>u .58.     MUbriturelc  mot  de  Lyon  ,  mis  pour  le 
yt*"*  Diable, &  le  mot  de  Loup  pour  vn  faux 
m atth.7.15.  Prophete:ccfont  des  lignifications  mé- 
taphoriques &c  fpirituellcsimaislcs  mef- 
mes  mots  font  mis  ailleurs  en  leur  pro- 
pre vfage  &  fignifient  des  beftes ,  &  fur 
la  femblancc  de  ces  mots  propres, ceux- 
là  ont  eftè  transferez,  pour  fignifier  le 
Diabic,  &  le  faux  Prophète.    Parquoy 
s'il  y  a  vne  manducation  de  la  chair;  du 
Sauueur  toute    fpirituclle,  ccft  à  dire 
qui  Ce  faic~t  feulement  par  cfprit  ,  fans 
réelle  prife  d'iccllc  chair,  il  faut  necef- 
fairement  qu'il  s'en    trouue  vne  pro- 
pre &:  réelle  fondement  de  cefte-cy:. 
laquelle    manducation  réelle  ne  peut 


dv  Sach.  de  son  cor  ps.  405 
cftrc  qu'en  TEuchariftic  côtenant  rccl- 
lcmcnt  la  chair  &  le  fang  du  Sauucur, 
vraye  &  propre  viande  :  vray  cv  propre 
breuage.  Mais  n'eft-cepas  vnc  intelli- 
gence charnelle  d'admettre  vnc  réelle 
nunducation  de  la  chair  du  Sauucur? 

..  .  c  La  manlu- 

ouy  11  nous  1  entendons  a  la  façon  ocs<a:ion  l0». 
Capharnaïtcs     humaine  &  (en{uctiei£"P* -/" 
mais  la  manducation  que  l'Eglifc  C'a-  9J£*£ i9m 
tholiqueenfeigne,  &:  quauons  déclare,  n.iu. 
e(t  réelle   voirement  •  mais    fpiritucllc, 
mais  diuinc  &  pleine  dcmcrucilles ,  6\: 
marques  &:  tcfmoignagcs  de  la  puiflan- 
ce, bonté    Se  fageife  du     Créateur:  &: 
quand  les  anciens  Pcrcs  refutet  la  man-  c««&»«* 
ducation  charnelle,  ils  n'entendent  ia-fjr/f;r"n- 
mais  ccftc-cy,ains  feulement  fcU&  que 
lcsCapharnaïtcs  Ce  forgeoicnt.cv  que  le 
Sauucur  corrigea  par  les  paroles  qu'a- 
uons  cxpofces-commcils  tcfmoignent 
aflez, quand  toutes  &:  quantesfois  qu'ils 
parlent  de  ccfîc  charncPc  manducation 
ils  mettent  en  auant  les  Capharnaïtcs, 
comme  autheurs  de  la  refucric5&  mon- 
trent aufli  clairement  que  la  manduca- 
tion de  laquelle  le  Sauucur   prefehoit 
cft  de  la  réelle  chair  d'iccluy ,  encor  que 
la  façon  de  laprendre  en  (bit  fpiritucllc» 
Citons  en  vn  ou  deux  pour  tous. 

C  iij 


406  LeSàvvevrpreschant 
S.Hilair.l.      s .  Hylaire  Ceft  le  Sauueur  qui  diàl ,  Ma 
chdir  eft  la  njraye  Viande,  &  mon  J  ange  jt  le 
.  qjray  breuuage.Qui  mangera  ma  chair  &  boi- 
ra mon  fanjr^  il  démettre  en  moy  &*  moy  en  luy. 
il  n'y  a  aucune  occasion  icy  de  doubter  de  la  Mé- 
rité de  la  chair  &  dufang  duSauueuriear félon 
fa  parole  &  félon  noftre  foy,  ceft  njrtyement 
chair  &  "Vrayement fang  :  &  ces  chofes  prin- 
fes  &  bues  par  nom font  que  nom  fommes  en 
Iesvs-C  h  ri  s  t^&I  e  svsChrist 
Ce  (ont  les  m  mm%  tfeft-ce  pas  la  Mérité  ?  ^4  ceux-là  ad- 

erras  de  nos      .  n  ■      t  r 

ûeQÏis,  vienne n'ejtrejd \  véritables ,qui  ne croyent point 
que  I  E  s  v  S-C  H  R I S  t  fait  "Vray  Dieu.  Il 
veut  dire  qu'il  faut  prendre  les  paroles 
du  Seigneur  en  leur  naïfue  &literale  fi- 
gnificatiô.DemefmeS.Auguftin.  i\7o#* 
auons  5  dit-il5  ouy  le  Maiftre  'véritable  5  le  di- 
uin  Rédempteur,  g?»  le  Sauueur  humain  3nom 
recommandant  Çon  fang  noftre  prix,  il  nom  a 
parlé  defon  corps  5  defon  fang,  il  a  diâî  quefon 
corps  eft  yidnde  grfonfang  breuuage.  Quand 
donc  nom  recomondant  telle-  viade,  tel  breuud- 
Çefî njom  ne mage^ma chair &*  beuxez^ mon 
ÇangÇtiom  ri  aurez  point  de  "Vie  en  njom.  Et  qui 
diroit  cecy  de  la  rviefi  ce  ri  eft  oit  la  yie>Or  ce  fe- 
ra la  mort  à  l'home ,  &  non  la  yie ,  a  celuy  qui 
aura  eftiméla  njiemefongere.  G'eft  à  dire 
qui  péfera  que  le  Sauueur  ne  peut  ou  ne 
veut  doner  fa  chair  &  fonfang  côme  Ces 


dv  Sac r.  de  son  corps.  407 
paroles  le  fignifient,  celuy  eft  incrédule 
&  frappé  à  la  mort. Les  autres  d odeurs 
parlétde  mefme  lagage  que  ces  deuxey. 

Deux  fortes  de  comunion  yla feule fp- 
rituelle,&  la  Sacramentelle. 

10 
SÉ3WB  E  s  anciens  Pères  ont  voiremêt 
tfP/^  recogneu  vne  maducation  tou- 
lËJkk  te  fpirituelle  de  la  chair  du  Sau- 
ueur,quifefai<3en  oyantlaMefTe  ,  âà^jj™0' 
méditant  la  grandeur  de  ce  banquet5en  tueiie. 
prenantUa  chair  du  Sauueur  feulement 
par  vœu  5  par  defir3  &:  par  deuotion: 
mais  ils  ont  donné  cefte  doctrine- fans 
preiudice  de  celle  que  venons  d'oûir: 
car  ils  ont  toufiours  creu  &  eftimé  cefte 
manducation  réelle,  que  par  nom  pro-  u  ma„du- 
pre  ils  ont  appelle  Sacramentelle  3  SccttionSacn- 
ontprereree  a  la  première  quand  elle 
eft  faiâe  fain ctement.    Comme  aufli 
ils  ont  préféré  la  feule  fpirituelle  à  la  Sa- 
cramentelle, fi  ellen'eft  faiéte  auec deuë 
préparation  s  iugeans  à  bon  droid  qu'il 
eft  meilleur  d'oûir  laMeflc  deuotement, 
ôrcôtemplerles  myfteres  de  cefte  vian- 
de, &  communier  en  cefte  façon  fpiri- 
tuellement  3  que  de  communier  auec 

C  iiij 


408  LeSavvevr.  preschant 
confcience  de  péché  mortel,  &profa- 
nerpar  ordure  la  table  du  Sauueur,  & 
Lamandu- cette  manducation   Sacramentelle  ne 
*£*"£**'* laifTe  pas  d'eftre  fpirituelle  ,   car  ellefe 
îeTue'crftl  faiâ-par  voye  furnaturelle  ,  &  diuine, 
rituelle.       comme  il  a  efté  did:  mais  elle  eft  appel- 
lée  S acramentelle  par  diftin&ion  à  eau- 
fe  qu'on  y  prend  le  Sacrement,  l'autre 
porte  Amplement  le  nom  de  fpirituelle, 
parce  qu'elle  fe  faicl:  par  efprit   feule- 
ment, fans  prendre  réellement  la  chair 
T    _.      „  du  Sauueur:&cefte Communion  fpiri- 
fau.  tuelle  n  eit  proprement  que  deuotion 

entiers  le  Sacrement  :  comme  la  facra- 
mentelle,eftla  fomption  réelle  du  Sa- 
crement, laquelle  doit  toufiours  auoir 
pour  compagne  infeparablela fpirituel- 
le: car  autrement  elle  ne  proufite  rien, 
&:  peut  beaucoup  nuire  t  la  fpirituelle 
peut  eftre  vtile  fans  la  facramételle.Les 
tes  caihoii-  enfans  deDieu  vfent  de  toutes  les  deux.4 
î!eZ°mrZ'-  car*'s  communient  &:  facramentelle- 
rituellement  ment  &  fpirituellement  :  lesmefercans 
crÇacranuu-  font  priuez  de  Tvne  &de  l'autre.    Car 
nianslapreiencedu  corps  du  bauueur, 
ils  oftent  le  cœur  du  Sacrement  ,  &fe 
priuent  de  la  communion  facrarnentel- 
îe:  &  n ayans  la  vraye foy  du  Sacremét 
ils  ne  peuuent  communier  fpirituelle 


dvSacr.de  son  corps.  409 
ment  :  car  fans  la  foy  nul  S.  Efprit,&: 
nul  Sacrement  n'eft  proufitable,&  font 
charnels  en  leur  fantafie,  comme  les 
Capharnaïtes  en  la  leur. 

De  la  diurne fagejfe  &  honte  ^  de  U 
folie  &  mefcognoijjance  des  hom- 
mes en  ce  Sacrement. 

11 
Aïs  deuant  que  partir  de  la 
furfacedece  tableau3arreftons 
vnpcu  les  yeux  de  noftre  en- 
tendement furla  contemplation  de  ce- 
tte diuinc  fagefTe  prefchant  delà  com- 
munion de  fa  chair,  &de  noftre  baiTef- 
fe  5  ne  fçachans  recognoiftre  la  douceur 
de  (es  diuins  bénéfices  :  confîderons 
d'vn  cofté  la  libéralité  du  Rédempteur, 
&de  l'autre  l'ingratitude  des  hommes, 
la  prudence  duMaiftre  ,  &:  la  folie  des 
difciples.  Le  Sauueur après auoirrepeu 
le  peuple  de  pain  terreftre,il  propofe  de 
donner  leceleûe  :  defubftituer  le  Pain 
vif  au  Pain  mort  :  le  Pain  de  famé  au 
Pain  du  corps: &  voicy  les  hommes  qui 
après  auoir  receu  &  mangé  le  premier 
Pain  5  &eftimé  le  donneur  digne  de  la 
recompenfe  d'vn  Sceptre  3  ne  veulent 


4io  LeÇavvevr  preschant 
entendre  le  Sauueur  prefchantde  l'ex- 
cellence du  fécond  :  encor  quefes  pa- 
roles foient  tres-claires  :  ils  murmurent 
en  leur  ignorance  contre  la  bonté  &  fa- 
gelïe  de  leur  Docteur,  dequoy  il  pro- 
met odeur  veutdônervn  Paindu  Ciel, 
vn  Pain  deïfiquerdonner  non  vn  corps 
eftranger3maisleiien  propre5nô  la  chair 
des  beftes, mais  la  chair  deDieu.  Ilsfe 
fefidalifent  dequoy  il  les  veut  vniràfoy 
par  fa  chair,  déifier  auec  foy  par  fa  chair, 
&les  nourrir  ,  non  pour  vingt-quatre 
heures 5 mais  pour  l'immortalité  ^  ilsfe 
deffient  defonpouuoirjS'offenfentdefa 
bonté,  6c  condânent  la  fagefTe  de  fes  pa- 

ïoan .éjt.  rolcs,autât  que  les  entendre, CoWtfftfow 
/>e#f,difent-ils  donercefluy-cy  Jacbair  à  man- 
ger>ô  infenfez  difciples,&:  par  trop  obli- 
uieux  !  &  comment  vous  a-il  peu  cy-de~ 
uant  repaiftre  plus  de  cinq  mille  que 
vouseliïez.)  de  cinq  Pains  de  de  deux 
Poifïons  5  &:  faire  venir  l'abondance  en 

Matth.i4.   la  difette  &  k  fertiiité  au  defert?  Si  vous 

ioan.^.  croyez  qu'il  ait  faiâ:  cet  œuureen  vertu 
de  tout-puiflant,pourquoy  demandez- 
vous  commentil  vous  peut  donner  fa 
chair?  Pourquoy  eftimez-vous  qu'il  ne 
puifTe  accomplir  ce  qu'il  dict  5  encor 
que  cela  vous  femble  impoffible  ?  Vous 


dv  Sac r.  de  son  corps-  411 
di&es^Voicy  Iwe  parole  dure^&*  qui  la  pour- 
r^/ô^r/rpEtquelleparoletrouuez-vous 
fi  dure?  Qu'auez-vous  oùy  fortirdela^^7^ 
bouche  dece  bon  Maiftre,ô  délicates mïlCïiial- 
oreilles  ?ô  difciples  douille ts^qui  a  fi  ta-'**««^^ 
dément feri  vos  poitrines  ?  Quels  pro-™"** 
posa-il  tenus  qui  vous  femblêtfi  dursaIoan  6   s 
au  aller?  Il  a  dift  qu'ile/r/e  vain  dtfcendu  du 
cid^quHl  ejl  le  Pain  yif^qutl  ejî  le  Pain  de  >/e,  , 
que  qui  mano-e  ce  Pain  yiura  éternellement ^que 
le  Pain  qu'il  donnera  c'eflfa  chair  pour  la  vie 
du  monde  :  que  fa  chair  ejl  la  yraye^iande^gr 
fonfangle^ray  breuuage.Ccs  paroles  iont- 
elles  de  fer  ou  de  pierre  3  comme  voflre 
poi&rine?  ne  font-  ce  pas  paroles  de  vie, 
&r  de  vie  eternclle?paroles  de  falut  &  de 
confolatiô?  la  vie  vous  deiplaift-elle  ?  le 
falut  vous  fcandalife-il?  &lacofolation 
vous  donne-elle  au  cœur  ?  n'eftes-  vous 
pas  difciples  malins  ,  d'eftriuer    contre 
vne  fi  amoureufe  leçon  ?  &  malades  de-  Mamuah  iif- 
fefperez  ,  d'entrer  en  frenefic  à  l'â\idi-ctPUs  & 
ion d* vne    telle    voix,&  d'vn  fi  bon™ 
médecin  ,  de   à  la  promeife  de  la  vie 
ternclle?Et  fi  ces  paroles  fi  amoureu- 
fement  proférées  par  ce  doux  Agneau, 
vous    femblent    intolérables  ,    corn 
mentendurerez-vous  celles  qu'il  pro- 
férera à  fon  grand-iour  contre  vous, 


m  mu  an  m^m 
ides. 


4I2LeSavvevr  preschant 
&  cotre  tous  ceux  qui  auront  efté  mef- 
creans  ,  comme  vous  5  quand  il  dira, 
quand  il  prononcera,  quand  il  tonnera 
m  ,    cet  arreft  dernier  &  irreuocablc .  Afe-- 

VAtrefi  der-  ,,  ,.  ri 

nier.  njous-en  d  auec  moy  maudits  ,  au  feu  étemel, 

Matth.i*.  préparé  au  Diable  &  a  Ces  ^Anges.  Sija  dou- 
41  *  ceurde  l'Agneau  èc  Sauueur  du  mon- 

de, vous  eft  intolérable  maintenant,quc 
fera  la  rigueur  du  iuge  des  Anges  ôedes 
hommes  ,  condamnant  alors  voftre  in- 
fidélité ?  Mais  fi  vous  trouuez  de  la  dif- 
ficulté à  l'intelligence  des  paroles  du 
Maiftre  3  pourquoy  ne  l'interrogez- 
vousen  bons  difciples ,  afin  d'en  eftre 
Le  <tyfy/«inftrui(3s?Si  vous  auez  conceu  quelque 

doitmerro-  opinion  de  ce  Maiftre  à  raifon  deS  mer- 
cerie M<*>-  *■.-,  .,        -    .  . 

fit*.  ueilles  quilaraiCt  deuant  vous  ,  pour- 

quoy eftimez-vous  qu'il  nepuifte  vous 
déclarer  ce  qui  vous  eft  difficile?  pour- 
quoy condamnez-vous  fadodrine  de- 
uant que  l'entendre fpourquoy  vous 
departez-vous  de  la  compagnie  de  la 
vérité  qui  vous  veut  enfeigner? 


dv  Sacr.  de  son  corps.    413 

<^Aux  deuoye^  de  ncjlrc 
fïecle. 

iz 

Aïs  vous ,  ô  âmes  efgarées  en 
ce  dernier  fiecle  3  qui  allans 
en  arrière  auez  abandonné  la 
compagnie  de  ce  Maiftre,  à  l'imitation 
de  ces  vieux  errans:qui  lortis  de  la  mai- 
fonde  Dieu, auez  quitté  la  table  &  le 
feftki  delachairde  fon  Fils,  pour  aller 
prédre  vn  morceau  de  pain  de  la  gueule 
des  loups  :  pourquoy  imitez-vous  les 
Capharnaïtes  que  vous  condamnez  ? 
pourquoymurmurez-vous  côme  cux5 
de  la  puiûance,  ou  de  la  fageiTe  de  celuy 
qui  dit,  Le  pain  cjue  ie  donneray  ceftma  chdirï  Ioan-*-5< 
Pourquoy  ne  croyez-vous  ce  qu'ildiét, 
puifque  c'eitla  bouche  de  la  vérité  qui 
parle  &  ne  peut  mentir?pourquoy  don- 
nez-vous loy  &  mefure  à  fon  bras^disâs 
qu'il  ne  peut  faire  qu'vn  corps;  Toit  fans 
occuper  lieu  ,  &:  qu'il  foit  en  metme 
temps  en  diuers  lieux  ,  au  Ciel  &  en  la 
terre  &:  en  plufieurs  Autels?ne  pourra-il 
rien  faire  qui  foit  deiîus  la  volée  de  vo- 
ftrecerueau?  Mais  quelle foyeil:  la  vo- 
ftre,dene  croire  rien  finonceque  vous 


4T4  LeSavvevrpresc&ànt 
fcns  vous  tefmoignent3ou  que  voftre  ef- 
Toyde  ?hi-   prjr  Comprend?N'eft-ce  pas  la  foy  d'vn 
hulnhÙ?  infidèle  Philofophe3  qui  luit  les  erres  de 
la  créature,  &  ignore  la  toute-puifïàn- 
cedu  Créateur?  Et  quel  iugementcftle 
voftre  de  reie&er  la  foy  Catholique  fur 
ce  grand  myfiere  5  pour  ne  le  pouuoir 
entendre,veu  qu'il  y  a  mille  choies  en  la 
nature quelesPhilofophes  n'entendent 
point?  Et  pour  ne  les  entendre  les  reiet- 
LW^r^-tent-ils  ?  Mais  pouuez-vous  entendre 
thn.  cômentleSauueuraprins  chair  humai- 

ne fans  femece  d'homme?  Cornent  nos 
#„,»''"  corps  redui&s  en  cendre  refufeiteront? 
Lefeud'in-  Commet  les  corps  des  damnez  brufle- 
^r'  ront  fans  eftre  confommezdes  flammes 

éternelles 5 Vautres  myfteresde  noftre 
foy?  Et  fi  vous  le  croyez  fans  le  pouuoir 
entendre  ,  pourquoy  ne  croyez-vous 
ceftuy-cy  ?  S'il  vous  fembleplus  diffici- 
le 5  tant  plus  auez  vous  dequoy  admirer 
la  puiffance  de  Dieu  ,  &  de  tant  plus 
poy  <ku  mériter  en  croyant.  Si  vous  croyez  que 
dL.         Dieu  eft  tout-puiliant ,  pourquoy  ne 
croyez-vous  qu'il  puiffe    faire  ce  qu'il 
De  fa  fagef.  jjft  s  qUi  a  fai&  tout  par  fa  feule  parole? 
ftm  Si  vous  le  croyez  tout-fage,  pourquoy 

ne  croyez-vous  que  ce  qu'il  ordonne 
eft  bien  ordonné  >  encor  que  voftre  iu~ 


dvSacr.de  soncorps.    415 
gemcntnepuifle  atteindre  le  fecret  de 
ion  ordônance?Si  vous  croyez  qu'il  eft  D«p**i«. 
tres-bon  ,  que  nvfez- vous  Amplement 
dudonde(aMajefté?Pourquoy  diâes. 
vous  que ceftvne  chofe  charnelle  d'à- 
uoir  fa  chair  à  manger  ?  n'eftes-vous  pas 
orgueilleux  en  voftre  bafieHe.,  croyans 
pluftoft  à  l'infirmité  devoftrciugement, 
qu'à  la  grandeur  de  fa  toute-puiftance? 
intolérables  en  voftre  folie,  côdamnans 
ce  que  fa  fagefle  ordonne  ?  ingrats  en 
voftre infidelité3refufans  la  viande  qu'il 
vous  offre  pour  voftre  falut?ô  bon  Ie- 
sv  s^ô  bon  Maiftre^ô  bon  Pafteur,  illu- 
minez5enfeignez,reduifez  ces  pauures 
errans5ces  mauuais  difciples,  &  ces  bre- 
bis efgarées.'&conferuez  nous  enlafo- 
liditéde  voftre  fain&efby  5  au  giron  de 
noftre  bonne  merevoftreloyalleEfpou- 
fe,pour  y  prédre  toufiours  la  refeétiô  de 
voftre  fainde  chair. Nous  croyons  que 
vous  nous  la  donnez  réellement  &  non 
en  figure:  car  vous  auez  difertemëtdift.- 
Le  pain  que  te  vous  doneray  cefima  chair  pour  Qr'^T' 
la  y ie  du  monde .Nous  recognoifïbns  que  Parolesde 
vous  auez  les  paroles  dévie  en  Padmini-  S,A"S-   . 
ftratiôde  voftre  corps&  de  voftre  fang:  \QJ*? 
nous  fçauos  que  vo9  eftes  la  vie  eternel- 
lc3  6c  que  vous  ncdonez  en  voftre  chair 


416  L  e  Savvevr  pkeschant,8«:c» 
&  en  voftre  fang  finonce  que  vous  e- 
ftes,  comme  parle  vn  de  vos  Sainâs. 
Nous  adorons  en  la  confefïîon  de  no- 
ftre  infirmité  3  incapactré  &  mifere ,  la 
hauteur  de  voftre  puiffance3fagefTe  &: 
bontéencediuin  &:myfterieuxfermon 
au  myfterc  qu'il  enfeigne  ,  &  y  reco- 
gnoiffons  aucc  les  paroles  de  vie,la  fon. 
taine  de  vie5dequoy  nousvous  rendons 
grâces  immortelles ,  &fupplions  voftre 
Majcftédenous  faire  fi  fainâementv- 
fer  du  Sacrement  de  voftre  précieux 
corps  ,quepariceluynousfoyons  vnis 
àiamais  auecvous3&faicl:s  dignes  d'e- 
ftreàiamaisaffisauCiel  en  la  table  des 
bien-heureux  à  la  vie  éternelle. 


LE 


4^7 


.D 


LE    LAVEMENT 

DES    PIEDS.    ' 


LE    LAVEMENT    DES 

PIEDS      PREALLABLE 
à  ïinfiitution  de  ÏEu- 
chariftie. 


l'E  s  T     auiour-Le5"w«f 

i  mtnge*  1%A 

d  huy  le  quatorze™  p*/: 
zielme     de    la 


4M  q*a- 
tor^iefme    de 
la    Lune  de 


première  Lune^ 
du  renouueau: 
e  Soleil  vifîble 
eft  couchédm- 
uifîble  fùrgit  &  reluit.  Le  Sauueur 
du  monde  a  célébré  la  Pafquelega- 
le,&  s'en  va  dreffer  le  grand  &  ad- 
mirable feftin  du  Sacrement  &  fa- 
crificc  de  fon  corps,  le  foubftituât 
à  l'Agneau  Pafchal  des  Hebrieux. 
Ils'eitleuéde  table  &  a  defpoiiil-^ 
léfarobbe  conuiuiale.afin  de  la- <*«/"'«*»• 

7  i      \    n  n  lozn  13. 4 

>f 

Dij 


cérémonie 
h  Sanucur 
4»  lattement 


uer  les  pieds  à  fes  Apoftre 


4io  Le  lavement 
remarquable  cérémonie.  Voyez- 
vous  comment  ce  doux  Agneau 
ceind  dVn  linge  blanc,  fai&  l'of- 
fice dVn  petit  ieruiteur  lauant  les 
pieds  à  fes  feruiteurs ,  &  les  efluyât 
dumefane  linge:  il  les  a  jalauez  à 
tous  ,  fauf  au  bon  Pierre  ,  lequel 
voyant  fon  Maiftreveniràfoy  & 
fe  mettre  à  [es  pieds  pour  luy  fai- 
re le  mefme  feruice  ,  qu'il  a  fai6t 
à  fes  onze  compagnons  ,  tient 
bon  &:  luy  protefte  ,  qu'il  n'endu- 
rera iamais  qu'il  luy  Iaueles  pieds: 
maisoyant  la  menace  à  luy  faidte, 
d'eftre  priué  de  fon  partage ,  s'il  le 
refuie ,  il  fe  dédit  promptement  & 
vaillamment,  &  fe  prefente  àlauer 
non  feullement  les  pieds,  mais  auf- 
fi  les  mains  &Iatefte  i  demeurant 
neantmoins  autant  eftonné  ,  que 
ij£?i!fe  confus  en  foy.  Et  certes  non  fans 
mboie».  raifon,car  i'efclat  de  cefte  voftre 
infigne  humilité  ,  ô  bon  I  e  s  v  s, 


DES     PIEDS.  411 

eftourdit  lesfens  esbloiiis  de  ce 
pauure  mortel,  &luy  rauit  par  ad- 
miration lame  hors  du  corps.  Cet 
efclat  eft  fi  grand,  qu'il  peut  efton- 
ner  tous  les  hommesxomme  la  lu- 
mière devoftre  diuinité  ,  rauit  en 
admiration  &  en  crainte, les  puif- 
fances  du  ciel.  Qui  ne  feroit  esbahy 
de  voir  le  Maiftre  profterné  deuât 
fon  difciple  :  vn  tel  Maiftre  de- 
uantvntel  difciple?devoirla  Ma- 
jefté  dvn  tel  Roy  fe  courber  à  la 
bafleffed'vntelferuice  ?  Et  com- 
ment pourroit  ce  bon  vieillard  ne 
craindre ,  ne  s'eftonner ,  &c  ne  s'ef- 
frayer de  cefte  profonde ,  &  extra- 
ordinaire humilité  de  fon  Roy? 
nerefufer  fes  pieds  ,  pour  eftrela- 
uezde  la  main  de  fon  Dieu,  n'e- 
ftre  honteux  de  fe  voir  fi  humble- 
ment feruy  ,  de  la  grandeur  qu'il 
adore  ?  Mais  que  peut  dire  ceft 
humble  Apoftre  voyant  fonRoy 

D  iij 


4-iz  Le  lavement 
&fonDi^u  agenouillé  deuâtfby, 
pour  luy  lauer  les  pieds?  voyant  ces 
bras  tous-puifïans  trouflez  >  &c 
ces  diuines  mains  ouurieres  des 
EftoillesduCielj  &  de  mille  mer- 
ueilles  en  terre ,  nettoyer  les  ordir- 
res  de  fes  pieds  ?  Ces  doigts  tous 
purs  &c  tous  mondes',  toucher  les 
fales  arteils  ,  &  les  plates  de  fà  frefle 
mortalité?  Ce  maintien,  ces  mains, 
ces  yeux,ces  geftes,  que  la  peinture 
luy  donne  ,  ne  vous  femblent-ils 
f„    pas  parler"    ô  âmes  Chreftiennes! 

Secrets  dif-     r        T  ■> 

coursdeiu-  &  vous  dire  en  iilence ,  que  ce  bon 
pope  <jf«-  ^Lp0^:re  j-^  en  çon  cœur  ^  £  mon 

yy  doux  Maiftre  ,  qu  eft-cecy  ?  vous 
„  me  Iauez  les  pieds  ?  vous  vous  age- 
„noiiillez  deuant  moy  ?vous  vous 
„abbaifïezàmes  pieds? Et quoy?ne 
„vous  eftes-vous  pas  aflfez  abbaiffé 
hiU.  dauoir  pris  ,  eftant  Dieu  infiny, 
*>la  forme  dvn  homme  ,  &  vous 
yy  élire  marié  à  la  plus  balle  famille 


DE*    PIEDS.  413 

de  vos  créatures  raifonnables  ?  de» 
vous  eftre  fai£t  petit  enfant  3  cita-  » 
dinde  Nazareth,  &  pèlerin  de  la,, 
terre  ?d'auoir  enueloppé  voftrein-phllip 
finie  grandeur ,  dans  les  drapeaux  y> 
de  noftre  petitefle  ?  pouuiez-vous  yy 
vous  plus  humilier ,  que  de  vous„ 
anéantir  prenant  la  condition  d'vn  u 
petit  feruiteur  ?  choififlantlestra-^ 
uaux  ,  la  pauureté  3  lemefpris  du 
monde  ,  fans  vous  ietter  encor  à 
mes  pieds?  vous  Seigneur  me  la- 
uez  les  pieds  ?  vous  Roy  à  voftre5, 
vaflal  ?  Dieuàvoftre  créature?  fti-3, 
preme  pureté  à  moy  indigne  pe-Le5^"« 
cheur?Etquepeuuent  dire  les  An- 
ges j  &  les  Aftres  de  vous  &  de*' 
moy^Seigneur  ,  regardans  le  fpe-" 
£tacle  d'vne  telle  antiftrofe  ?  voyâs ? 
le  valet  eftre  feruy  par  leur  Mai-3' 
lire,  &  leur  Roy  eftre  fai6t  ferai-" 
teur  du  valet  ?  &c  leur  Créateur 
eftre  à  genoiiils  deuant  fa  creatu 


5> 

3> 


°  D  iiij 


4*4  Le  lavement 
35  re  ?  vous  me  lauez  les  pieds  y  a 
35  Seigneur,  &c  ie  le  permets  ?  Et  les 
5>  Anges  &  les  Aftres  qui  me  voyét, 
53  ne  matidiffent-ils  point  mon  or- 
53  gueil  maintenât  y  dequoy  iele  per- 
^  mets?  Et  les  créatures  de  la  terre  ne 
33  courront-elles  pas  fur  moy  à  pre- 
5>  fent,  fi  voftre  puiflance  neles  em- 
33  pefche?  gardez-moy  s'il  vous  plaift 
35  ô  Seigneur  y  de  leur  indignation! 
5>  Si  ie  fuis  orgueilleux ,  voftre  humi- 
lité m'y  contrainâ:.  C'eft-  elle  qui 
53  m'a  commandé  :  ie  protefte  que 
53  fay  protefté ,  que  vous  ne  me  laue- 
2>  riez  onq  les  pieds  :  voftre  humilité 
^  a  voulu  eftre  la  maiftreffe  y  ie  luy  ay 
3:>obey,&  luis  deuenu  orgueilleux 
53  en  m'humiliant ,  &  en  obeïflant: 
55  contentez-vous  ô  Seigneur  de  ce 
53  qui  eftfaid',  &  permettez-moy  de 
»  prendre  voftre  place,  &  d'eftre  vn 
5>  peu  orgueilleux  en  vouslauant  les 
55  pieds^puifque  ie  lay défia  afTez  efté 


DES     PIEDS,  42,5 

en  endurant  que  vous  les  lauiez  à» 
moy  créature  pechereffe  !  Tel  dif-  >> 
cours,  ô  diuin  Apoftre   fai&es-  1»  s**** * 
vous  en  voftre  penlée  furl'humili-  f£j^ 
tédevoftre  Seigneur!  mais  atten- 
dez *n  peu  ,  vous  verrez.bien  d'au- 
tres eflais ,  &  d'autres  exercices  de 
ceftediuinevertu.attendez  quand 
il  fe  donnera  à  vous  à  manger  &à 
boire,  reueftu  d'vne  robbe  d'ex- 
trême humilité,  de  la  mince  blan- 
cheur, de  l'humide  rougeur,  de  la    ^»s*™- 
petiteile  de  rreiles  accidens:  quand 
il  entrera  dedans  vos  entrailles,  & 
s'abaiffera  non  feulement  deuant 
vous,  mais  encor  dedans  vous  :  at- 
tendez   cefte  nui£t   prochaine  , 
quand  il  fera  prins  comme  vncri- 

1  /  t  En  fa  baf* 

minel  :  garrotte  comme  vn  larron, ^  J  ï  r 
)  moqué  comme  vn  fol ,  battu  co- 
rne vn  faquin  3  craché  comme  vn 
blafphemateurrattendez  à  demain 
quand  il  fera  mal  mené ,  des  Roys, 


42*6  Le  lavement 
des  Préfixes,  des  peuples,  &  forhué 
%n  u(rotXt  de  la  meute  de  toutes  les  puiflances 
&  rages  mondaines  ;  quand  il  fera 
condamné,  couronné,  &  crucifié, 
comme vn  voleur, comme  vn ty- 
ran, comme  vn  infigne  mal-fai- 
«Sieur  conuaincu  :  attendez  que  ces 
chofes  fbyent  aduenuës ,  &c  lors 
vous  verrez  que  cefte  humilité, qui 
maintenant  vous  femble  infinie, 
n  eft  qu  vne  petite  parcelle  de  l'hu- 
milité de  noftre  Seigneur  :  vous 
verrez  que fon  humilité, c eft  vn 
UexeeUenee  akyftne  fans  fond  ,  &  fans  bor- 
^Z7;»w^c. nés  aucunes  :  ô  diuine  humilité 
que  vous  eftes  deuenuë  grande  en 
lapetitefleduFilsde  Dieu  !  que 
vous  eftes  rendue  belle  en  fes  ferui* 
ces  ôc  ignominies  !  riche  &c  opu- 
lente en  fapauureté  !  ô  I  E  s  v  s  que 
vous  eftes  vn  grand  Maiftre  pour' 
bien  apprendre  vne  belle  leçon  : 
apprendre  l'humilité  en  vous  hu-  • 


DES    PIED  S.  427 

•t«  1  l'f*  La  main 

miliant  :  apprendre  non  en  dilmty4uecuun- 


our  bien 


mais  en  faifànt:  apprendre  par  œu-f^rrrf 
ure  &  par  exemple ,  &c  non  feule- 
ment par  parole  &  par  confeill  Et 
qui  d'entre  les  hommes  s'ofera  ia- 
mais  efleuer  par  orgueil,  ayant  veu 
le  Fils  de  Dieu  s'incliner  aux  pieds 
des  petits  gabarriers&  pefcheurs, 
&  s'abaifTer  deuant  la  vilité  des 
viles  &  panures  pécheurs ,  par  telle 
humiliation  ?  Et  qui  ne  fera  cas  de 
l'humilité  déformais  y  puis  que  la 
fagefTemefmelaprife?  Quine  l'ap- 
prendra auec  amour  8c  refpedt , 
puis  quele  Fils  de  Dieu  l'enfeigne 
àdeuxgenoiiils?  Qui  ne  courtilera 
la  grandeur  de  cefte  petite  vertu, 
ôc  la  petitefle  de  cefte  grande  Da- 
me ,  puis  quele  fils  ailhé  d'vn  fi 
puiflant  Seigneur  defeendu  des 
cieux  &  faidt  hommej'aymejaca- 
refle,Ia  Ioiie,&  fè  faidt  petit  pour  la 
faire  grande ,  &  la  mettre  en  vogue 


418  Le  làvem.  des  pieds^ 
parmy  les  mortels  ?  ô  fain£fce  hu- 
milité fondemét  de  la  vertu  Chre- 
ftienne,  &  elchelleàla  gloire  des 
deux  !  ô  bien-aimez  Chreftiens, 
aymons-la  à  l'exemple  de  noftre 
Rédempteur ,  humilions-nous  fur 
latetreauec  Iuy^poureftre  exaltez 
furies  voûtes  celeftes  auecluy! 


LESAVVEVRCELE- 

BRA   LÀ   PASQJVE  IVIPVE 

deuant  quinftituerle  Sacre- 
ment de  fon  corps. 

i 

E  Sauueur  'célé- 
bra    la    Pafque 
Iuifue   lors   quil 
voulutinftituerle 
Sacrement  &fa-» 
crifîce     de     fon 
corps  5  félon  l'or- 
dre de  Melchife- 
dec  5    couchant 
d'vn  diuin  artificejes  viues  couleurs  de 
la  verité,lur  les  crayons  frais  de  l'ancié- 
ne  figure.La  façon  donc  il  vfa  célébrant 
cette  Pafque  ,  fut  celle  que  gardoyent 
pour  lors  les  Iuifs5  différente  de  la  Paf- 
que iadis  fai&c  en  Egypte ,  en  quelques  ixol'n. 
cérémonies  qu'ils  auoyent  adiouftées 
ou  changées  depuis  cetcmps-là, qui fu-^ 
rent  neantmoings  gardées  par  le  Sau- 
ueur ;  au  nombre  de  ces  cérémonies 
cftoit-d'eftre  veftu  en  mangeant  :  i'vnc 


4JO  Le     LAVEMENT 

^  robbe  conuiuiale5nomée  du  mot  Grec^ 
iuaoaa'"  SYNTHEStSj&en rEuangile,robbe 
Ncro.c.51.  nuptiale5&  des  mots  Latins,  Pallivm, 

Mau-d"       L^NA,V£STIS   COENATORIA  ,  AcCV- 

La;na.  bitoria  5  que  nous  tournons  en  noftre 
£e£         François.cappe.manteau,  ou  robbede 

Vcftiscœ-    r         *        >      rr    '  * 

natona}ac-  ioupper5de  table,  de  repas  ;  elle  eltoit 
cubitona.  honncfte  ôc  de  bonne  eftorre,&fouuenc 
è!!Jw  <fc  ^e  co"leur  de  pourpre,  ou  d'efcarlate, 
fonder vejii»  ou  cramoify  violet  :  la  couftume  des 
deccrta„>e     luifs  eftoit  auffi  de  manger  en  la  Paf- 

robbe  conut-  .    .  G 

uiaU.         que  3  non  debout ,  mais  comme  aux  au- 
tres repas  communs  5  à  la  Perfienne, 
eftans appuyé  dVn  codé,  fur  desli&s: 
&ayans  la  table  deuant:  &pour  cefte 
raifon  ils  n'auoient  point  de  fouliers 
aux  pieds.  De  laquelle  façon  de  man- 
ger J'Efcriture  tât  du  vieil  que  du  nou- 
ueau  Teftamcnt  faiét  mention  en  plu- 
iïeurs  endroi&s.     L'hiftoire  d'Hefter, 
nousdeferiuant  le  magnifique  banquet 
Heftcr.i.     du  Roy  Aiïucrus  diclt,  qu'ily  auoit  de 
D'ejireenta-  petits  licts  fur  lefquels  on  repofoit  en 
udh  prenant  le  repas.     Nous  apprenons  le 

Tob.i.î.     mefmeduliuredcThobie  :  enl'Euan- 
Iuc.7^8.    gile*nous  en  auons  plufîeurs  marques, 
nomméement  en  Sain 61  Luc  ,  quand' 
il  recite  comment  Magdaleine  venue 
au  banquet  demeuroitdeboutàdosdu 


DES      PIEDS.  4JI 

S auueur ,  luy  lauant  les  pieds  de  fes  lar- 
mes, &:  les  efluyantdefes  cheueux;qui 
faict  cognoiftre  qu'il  eftoit  fur  vn  lia:  ef- 
leué,  tenant  en  arrière  les  pieds  hauts 
.&  nuds,  autrement  elle  demeurant  der- 
rière &  debout,n,euft  pas  peu  les  luy  la- 
uer,  &  faire  ce  feruice.  Les  Romains 
gardoyent  la  mcfmc  couftume,tant  aux 
habits  qu'en  lafliette  de  table  5  &:  com- 
me ils  eftoyent  foigneux  à  la  garder, 
aufïi  eftimoient-ils  indécent  de  Te  mon- 
trer en  public  en  habit  d'vn  qui  prend 
le  repas.  Ce  que  Suétone  note  en  Ne-^cron; 
ron  allant,  qu  Ujortit ">#  wur  en  U  rue"\>ejtu  Ncr.ç.jt. 
de  fd  fynthefe  ou  mdntedude  table  fins  cein- 
ture3&fdnsfouliers  3  dydnt  le  col  entouré  d^n 
fudire.  De  cefte  vérité  nous  colligeons 
que  tant  les  Hebrieux  que  les  Romains, 
imitoyent  en  cefte  façon  les  peuples 
d'Orient.     Auiourd huy  elle  n'eft  plus  Var[ité  d< 

r  ./  J     ,     s'ijjeoire» 

en  viage5neantmoinsilyaencorde  la,„^ 

encor  deladiuerfitéàmançer.Partou- 

te  l'Europe  prefque,  on  mange  ams,co- 

me  nous  voyons  enFrance,en  Efpagnc, 

en  Italie^  ailleurs, qui  eftlaplus  hone- 

fte  &  commode  afliette.  Les  Iapponois    &*  tyf*1 

mangent  affis  à  terre  à  guife  de  tailleurs*0'*' 

coufans  fur  vne  table3&  les  Turcs^com-^  Turttt 

me  eux3enpluj[ieurs  endroits.  Les  Iuifs 


432  Le  lavement 

donc  prenoient  leur  repas  ,  Se  man- 
geoienr  leur  agneau  couchez  à  demy 
iurl'vn  des  codez  cndesli&s, 

N  o  v  s  apprenons  auffi  de  leur  Ri~ 

tuel3que  comme  l'Agneau  Pafchal  fe 

Lr^cmangeoit,  on  feruoit  vn  potage  faiâ  de 

commun,    laictuës  fauuages  ou  endiues,  félon  la 

Uuùa&a.    l°y>  auquel  le  père  de  famille  trempoit 

le  premier  fon  pain  azymc,ceftà  dire 

nonleué  5  Se  les  autres  après  luy.     Au 

moyen    dequoy  ce  que  recirent  les 

Marthe.  Euangeliftes  ,  que  leSauueur  dict  en 

Marc.i  4.  fouppant  5  Celuy  qui  met  fit  main  au  plat  pour 

20.  tremper  amc  moy  ^cefl  celuy  qui  me  trahira^ 

uai,I1'monftre  que  la  cérémonie  des  Iuifs  fut 

gardée  par  luy    3   Se  de  plus  enfeigne 

pourquoy  Iudas  ne  fut  defcouuert  par 

ces  paroles- là  ,  Se  pourquoy  ebafeun 

eftoit  en  peine  de  feauoir  ii  c'eftoit  luy: 

car  comme  tous  trempoient  enfemble 

auecle]  Sauueur ,  le  vray  traiftre  ne  peut 

eftrerecogneu,  parmy  la  mélange  :  Se 

ainfî  chafeun  auoit  peur  d'eftre  noté, 

parce  que  chafeun  mettoit  la  main  au 

platauecÏE  s  vs-C  hkis  T.Lemefme 

Ugéflta»  père  de  famille  prenoit  vn  grand  ga- 

iiutfé.       fteau  gardé  foubs  la  nappe  Se  le  diuifbit 

'     en  autant  de  pièces  qu'il  y  auoit  de  gens 

en  table  ,    &  en  donnok  à  chafeun  la 

uenne 


DES     PIEDS.  43$ 

fiennedifant  ces  mots.  C'ejl  le  pain  d'an-  Piolet  fa 

rr  '       1  J>»-.     père  de  f a~ 

goifje  que  no%j>eres  ont  mange  en  la  terre  a  E-  ^^^a^ 
Çypte.     Quiconque  afatn  qu'il  s  approche  &  huant  U 
faJpUPafiuc.  Ce  faidilprenoic  lacou-g^ 
pe  difant.  Tu  es  beny  Seigneur  5  qui  as  créé  le  u  rafaue. 
fruicldela  vigne.Et  en  ayant  beu3le  bail-    L*  (9Ut*> 
loit  au  plus  proche,  &vceluy  là  à  fon 
voifin5&:ainfidemàin  enmain^iufques 
au  dernier.  Cette  cérémonie  auoiten- 
coreseftéadiouftée  par  les  Iuifs  ,  &le 
Sauueur  ne  la  condamna  pas ,  mais  la 
melioras'en  feruant  comme  d'ombre, 
&:  couchât  fur  icellcvne  partie  de  l'ap- 
pareil de  fon  S acrement  :  parquoy  il  be* 
nit  le  pain  &:  le  vin  ,  de  les  tranfmuant 
en  fon  corps  &en  fonfang5les  offrit  à 
fon  Père  en  facrifice  non  fanglât,  foubs 
les  efpeces  de  ces  elemens  ,  félon  Tordre 
de  Melchifedec  ,  &  les  diftribua  à  Ces 
Difciples  en  pere  de  famille, non  plus 
comme  pain  d'angoifïe,  mais  de  lieiTe; 
'non  plus  comme  pain   terreftre  &  de 
mort  5  mais  Pain  celefte ,  &:devie  &:T 
vraye  viande.    Et  donna  le  vin  non 
commun  &  matériel ,  mais  vn  fingulier 
&:  deïrïque,  fon  propre  fan  g  verfé  au 
calice  ,  vray  breuuage  des  hommes. 
Mais  deuant  que  veniràceft  afte5co- 
ronnement defes  orecede-ntesaâjons.  &*»,* 

E 


434  ^  E      LAVEMENT 

&:  accomplhTement  de  laloy  Iuifue,il 
fe  leua  de  table  eftant  paruenu  à  cet  ar- 
ticle du  feruice  légal,  mit  iusfes  habil- 
lemens,&:  ayant  prins  vn  linge,  il  s'en 
ceignit  :  verîa  de  l'eau  dans  vn  baflîn, 
laua  les  pieds  defes  Difciples  ,  lesef- 
fuyant  du  linge  duquel  il  eftoit  ceint. 
LeSauueur       C  e  fut  aufîî  vne  cérémonie  adiou- 
neabrefîT"  ftêe  a  l'antique  Pafque,  de  chanter  vn 
foupermy-     Hymne  après  le  repas  myftique  :  car  il 
Jl\îue-         n'y  en  a  aucune  mention  au  vieil  Tefta- 
3o.  ment,  ligne  que  ceitoit  vne  tradition 

Marc.14.     ancienne,  laquelle  le  Sauueur  garda, 
comme  les  lui  ai  a  es,  arnaque  nottent 
lesEuangeliftcr.  difaas qu'il fortit  delà 
{aile  <!cfes  Apoftres  après  auoirdiét  vn 
r(*i,*fa    Hymne auec eux, rV™(*m$. 

Yeft  pas  allez,  parce  que  ce  ne  feroit 
qu'vne  pcinfture  d'immolation ,  non 
vraye immolation,  ny  telle  que  la  do- 
ctrine Catholique  nous  dit:  parquoy 
1'expofitiondes  autres eft meilleure,  ôc 
plus  conuenable  à  TEfcriture,-  Se  au  tef- 
moignagede  l'antiquité,  qui  tiennent 
quecefte  immolation  cofifteen  ce  que 
e  Sauueur  Te  donna  comme  il  le  donne 
encor,  en  viande  Srbreutmgeibubs  la 
fentation  de  la  mort  du  S  auueur ,  ce  qui 


DES      PIEDS.  435 

Signification  du  lauement 
des  pieds. 

2, 

A  i  s  que  veut  dire  eclauemet 
des  pieds  après  le  Couper  finy  à 
la  Iudaïque,  &:  deuant  la  réfe- 
ction myfterieufe  du  corps  du 
Sauueur?  Quand  on  fe  veut  mettre  en 
table3  &:  quand  on  s'en  leue  3  on  laue  les 
mains  &:  non  les  pieds.  Qu'ont-ils  aufïi 
les  pieds  de  commun  auec  la  boucherie 
lauement  des  plantes  auec  le  manger? 
Ques'ilfalloitlauérles  pieds  pournefa-CoMto,^ 
lir  les  licts  fur  lefquels  on  eftoit  prenant  Uun tetpej* 
le  repas  ,  commeilfefaifoit  quelques-^"*"'* 
fois^on  les  deuoit  lauer  dés  le  commen- 
cement,&  nettoyer  dcuantquefe met- 
tre en  table  pour  manger  l'Agneau  &: 
fouper  après  -.maintenant  les  licts  font 
jafalis,  &:  les  pieds  des  Apoftres  ne  font 
pas  deuenus  plus  falcs  qu'ils  eftoient, 
quand  ils  fc  font  mis  en  table.  Que  fi- 
gnifiedôccet  extraordinaire  lauemet? 
Il  lignifie  que  celuy  qui  veutauoir  part 
&  ftuicl:  en  la  refectiô  du  corps  du  Sau- 
ueur3doiteftre  net  non  feulement  en  la 
bouche^:  aux  mains?commc  aux  repas 


43^  Le     LAVEMENT 

Entière  net- ..    t  •  •     i         ■>    n 

me^dj^_  vulgaires,  mais  encoraux  pieds :c cita 

ûhm  m  u  dire  quil  doit  eftre  entièrement  net- 

*>™w™.  roy  e:il  doit  eftre  pur  &  monde  non  feu- 

Ariftote    ^ement  cn  ^cs  actions  &:  paroles  ,-mais 

La  main  au  fR  en  fes  affections.     La  main  eft  la 

^a^uedes  marque  desœuures  :  car  c  eft  elle  aulfi 

qui  eft  inftrument  des  inftruments,  6r  le 

fa&otum  de  l'efprit  &:  du  corps  :  la  bou- 

lf  cheeftlemouledelaparole^&lafieni- 

Le:  pieds  des  r  i  •     j  i  rC 

«ffikims.  "e  :  les  pieds  nous  marquent  les  arrê- 
tions de  lame  :  car  comme  les  pieds 
corporels  portent  le  corps  :  ainfi  les  af- 
fections portent  Pâme,  &  font  Tes  pieds. 
Donc  la  main  &:la_bouche  nette  5  &:  les 
pieds  lauez,nous  font  (ignés  d'vn  hom- 
me iufte  en  fes  actions  5  diferet  en  fes  pa- 
roles^ monde  en  fes  affections ,  fignes 
d'vn  homme  net  de  tout  poinci,  &  di- 
gne delà refeciio  du  corps  duSauueur. 
Mais  qui  pourra  attaindre  la  perfeâio 
de  cefte  netteté  parmy  les  ordures  de 
fL"wf'€recefte  vie  mortelle?  Celuvàquile  Sau- 

de  Duu.  ueur  lauera  les  pieds  :  a  l'homme  cela  elt 
impoffible  >  àla  grâce  de  Dieu  il  eft  tref- 
facile.    S'il  eft  queftion  de  nos  forces, 

fcre.i.1».*  D'lcu  nous  di^t  par  Icremie.  Quand  m  te 

lauerois  d'alun }  &  que  tu  prendrois  du  fauon 
en  abondance  3  encor  demeure  roi  t  t  ordure  de 
tm  iniquité  deuantmoy,  Mais  quand  il  eft 


DES      PIEDS.  437 

queftion  de  la  vertu  diuine,le  mefme  ' 
Dieu  parle  ainfi.     Quand  vo^peche^fe-^*-1-1*- 
royent  rouges  comme  efcarlate  ,  fi  fer  ont -ils 
blanchis  comme  neige  :  quand  ils  feroyent  rou- 
ges comme  Vermillon^fi  feront-ils  blancs  com- 
me la  leine.Dc  mefme  efpritDIob  parle  à 
Dieu.    Qui  efi  celuy  qui pourra  rendre  net^  °  ,r4'4' 
ce  qui  efl  conceu  d'\ne  orde  femence ,  finon  toy 
qui  ésfeul}  Dauid  confiderant  fon  péché  P£-alm 
&  fon  infirmité  difoit  :  Voicy  ïay  eflécon- 
ceu  en  iniquité^  &  ma  mère  ma  engendré  en 
péché  :  confiderant  la  puiffante  miferi- 
corde  du  Créateur  il  difoit.  TumelauerasTCa\.^o. . 
(J7*  ie  feray  rendu  plus  blanc  que  la  neige. 

Toutes  les  eaux  de  l'Océan  ne  feau- 
roient  blanchir  la  peau  d'vn  Ethiopien: 
vnegoutelette  decefte  eau  de  grâce  ef- 
panduë  fur  Pâme  pecherefle  rendue  par 
le  péché  plus  noire  qu'vn  Etiopien3la 
fera  plus  blanche  que  l'albâtre,  &rplus 
belle  que  le  iour.De  cefte  eau  Dieu  par- 
loir parfon  Prophète  ,  diCânt,fefpan-Fauicmûndf$ 
dray  fur  njous  y  ne  eau  monde  >  &yous fere%£zech.)6 . 
mondijie^de  toutes "V o^ or dures.  E aux  non35'1 
matérielles,  &  terreftres ,  mais  fpirituel- 
les  &:  celeftes^quele  mefme  Seigneur 
appelle  fon  efprit.  Vejpadray  mon  etyritfur 
toute  nation.    Quiconque  doncal'ame 
nettoyée  de  cefte  eauj'entendement  il- 

E    iij 


438  Le  lave  m.  des  piedsJ 
luminé  de  ceft  Efpritjes  defirs  lauez  de 
celle  liqueur  ,celuy-là  eft  entièrement 
netiufques  aux  pieds  3  &r  peut  côfidem- 
mentfe  prefenteràla table del'Agneau 
fans  tache.  C'eft  la  fignification  de  ce 
lauement. 


L'EVCHARISTIE 

INSTITVEE.! 


44' 


r  EUCHARISTIE 

INSTITVEE. 


Divine  vef- 
prée  3  ô  admi- 
rable feftin., 
Chreftienne 
trouppe  ,  que 
nous  reprefen- 
re  ce  myftique 
tableau  1  velpree  attendue  qua- 
tre mille  ans  ;  feftin  figuré  3  predid 
&  prophetifépar  mille  &  mille  ef- 
critSjpar  mille  facrifices  &  Sacre- 
mens  !  le  Fils  de  Dieu  en  eft  lau- 
iteur^en  eft le  Roy, l'appareil  Ja 
viande  y  &  le  breuuage  enfemble., 
C'eftluy  auife  prépare  le  vray  A*0**18*, 

•     J      1.  Il  J  jlgneauef- 

gneaudeDieu  pour  le  donner  cnfoantus 
dernier  mets^à  douze  de  fes  dôme-  wï.i*. 


E  S  V  S- 


44*  L'evcharistie 
friques^  continuera  déformais  fa 
libéralité  àfonEglife^tant  quelle 
voyagera  au  delert  de  cefte  vie. 
mortelle:  Agneau  qui  tantoft  fera 
garroté  par  les  loups  :  qui  fera  de- 
'  main  occis  par  les  loups:  qui  en  fon 
fàng  noyera  les  péchez  dumode,& 
auecles  armes  de  so  humilité  efto- 
nerales  puiffances  des  fuperbes  ty- 
râs.des  Pharaons,  &  des  Princes  de 
l'enfer  &:  du  mode:  qui  finalement 
ayât  eftouffépar  fa  mort  les  aifhez 
d'Egypte  abyfmeradedâs l'Océan 
defesmeritesjes  iniquitez  du  mo- 
de captifje  mettant  enfranchife. 

I L  vient  de  lauer  les  pieds  à  (es 
Apoftres  &à  repris ,  félon  la  cere- 
monieufe  couftume  des  Iuifs^Ia 
sufto  in''  fynthefe  &  robbe  de  feftin ,  &  s'eft 
° C,I;*  raffis  en  table  ,  &  eux  auec  luy ,  dif- 
pofez  à  manger  à  la  mode  des  Per- 
les, &  peuples  Orientaux,  que  les 
Hebrieux  enfuyuent  5  àfçauoir  (ur 


I  N  S  T  I  T  V  Ë  E.  443 

[  des  IicSts.au  lieu  de  chaires  &  bacs, 
ou  ils  font  accoudez  &  couchez  à 
demy  corps,  reiettans  les  pieds  en 
arrière,  &  prenansla  viande  de  la 
main  libre  comme  vous  voyez.  S. 
Iean  eft  en  la  place  de  l'enfant  che- 
ry:carileft  ioignâcla  poidtrine  du^PraPc" 
père  de  famille  Ies  vs-Christ,  qui  ioan.  13.x* 
tient  le  haut  bout  en  ce  moyen  & 
premier  lift,  félon  le  priuilege  du 
Pontife  &Roy  du  banquet.au  def-^^ 
fus  duquel  perfonne  nauoit place *oyjubau- 
au  premier  li£t  de  table,  c'eft  à  dire  Hcii.i.io. 
au  li6l  du  milieu  &  plus  digne.  S.cLHhmoyen 
Pierre eft  après  S.  Iean, les  autres  j^™'"* 

1  '  dignité. 

font  cinq  a  cinq  aux  deux  autres 
lids.Ils  font  vn  peu  eftonez  &rpen- 
fïfs  examinant  chafeun  fa  cofeien- 
ce3{urcequele  Sauueuradict  tan- 
tollen  mangeant  l'Agneau,  qu'il  y 
en  auoit  vn*d'entr  eux  q  ui  le  trahi-   u  trahîf»» 

-»-  T  .        fecrcxumv.it 

roit  :  quand  S.  Iean  comme  le  plusp«tefc«» 
proche  de  !uyy&  le  plus  hardy,luy  a  ^ 


444       L'evcharistie   ' 
demandé,  qui  feroit  celuy-là  :  mais 
ny  luy ,  ny  autre  de  fes  copagnons 
n'en  a  peu  rien  fçavoir  y  fauf  Iudas, 
qui  trame  en  fon  cœur  la  corde  de 
I3  trahifon  de  fon  Maiftre ,  &  d  e  fà 
damnation.     Parquoy  chafcun  a 
peur  de  tomber  àvn  fi  lâche  cri* 
me,(înon  le  criminel,  &  tous  horf- 
mis  luy,  attendent  TifTiiëde  quel- 
que grand  myftere,non  feulement 
àraifon  delà  cérémonie  du  laue- 
Inent ,  dont  le  Sauueur  n  auoit  on- 
ques  vfé  en  faifànt  la  Pafque  auec 
eux,  les  années  précédentes  :  mais 
aufïi  à  caufe  de  fa  contenance ,  ge- 
ftes ,  &  paroles  :  car  on  lit  en  fes 
yeux ,  en  {à  bouche ,  &  en  tout  fon 
viiage,les  grâces  dvn  diuin  amour, 
&  la  granité  d'vne  Majefté   plus 
qu'humaine  :  &:  fes  paroles  pleines 
d'affedtion  &  de  fagefle  ,  ont  tef- 
moigné  qu'il  meditoit  quelque  ef 
fay  digne  dvn  Tout-puiffant. 


INSTITVEE.  445 

Il  leuradidt  qu'il  auoit  grande- dcfidcSS. 
met  defîré  de  manger  cefte  Pafque  Luc  12"I5# 
auec  eux  deuant  qu'endurer  :  Paf- 
que non  des  Iuifs  qu'il  auoit  defîa 
mâçée  tirant  la  dernière  ligne  de  la 
figure,mais  la  Pafque  de  fon  corps. 
Ces  paroles  font  fignifîcatiues 
d'vnegrandeaffedion^&raffedio 
d\n  fî  puifTant  Seigneur  ne  peut 
faillir  d'effectuer  quelque  chofe  de 
grand.  Il  a  prins  le  pain  ■  la  beny 
&  rompu, comme  auparauant  il 

1  1  •  o      î         Matth.14. 

auoit  beny  les  cinq  pains,  &  les  i( 
deux  poiffons.  Ils  le  font  encor 
perfuadez  que  cefte  cérémonie  eft 
meffagere  de  quelque  miracle  non 
oiiy  :  eftans  donc  ainfî  attentifs, 
il  leur  a  donné  à  tous  ce  qu'il  auoit 
prins difant,  Cecy  est  mon 
CORP  syprene%  &  mange^.  Il  done 
maintenantla  coupe,  difant,  Cecy 
efl  le  calice  de  mon  fang  du  nouuèau 
Teftament,  heuue^-en  tous,  &f4iftes 


ioan.6, 


ludai  pre 


m  ter 


446  '  I/EVCHARISTIE 
cecy  en  ma  memoire.lls  le  boyuét,  & 
comme  ils  ont  efté  trâfportez  d'vn 
fecret  amour  .&:  rauiiïement  en 
prenant  le  Sacrement  du  corps  4 
ioubsrefpecedupain  ;  de  mefme 
lentent-ilsmaintenât  leur  ame  at- 
taindedVnediuine  flamme  parla 
boulon  de  la  myfterieufe  &cele- 
fte  liqueur  de  ce  fang  précieux  :1e 
Tm^hl  feulludas  enfaictmal  fon  proufic 

tnU  comtuu-  ^  fa  C^-g.  car  j}  n'a  pas  prjns  ÇQ&C 
mon.  X  il 

iacrée  chair  &  diuin  brimade  auec 
lajpreparation  requife.  Le  Diable 
luyaiioit  défia  faillie  cœur,  &  luy 
auoitperfuadé  de  trahir  fon  Mai- 
llre  :  il  auoit  les  pieds  nets^mais  IV 
me  chargée  d'ordures  :  parquoy 
prenant  indignement  vneli  digne 
viade  y  il  a  auallé  la  mort  &  la  dam- 
nation, au  lieu  que  les  autres  ont 
receu  la  vie  &  la  (an  dnrîcation. 
V  oyîa  le  chef-d'œuure  du  Sauueur 
acheué  en  peu  de  paroles  :  voyla  la 


INSTITVEE.  447 

lignification  &  promefle  de  mille 
Prophéties  &  figures  paiTées,  ac- 
complie en  vne  vérité.  Voyla  l'A- 
gneau immolé  en  facrifice  no  fàn- 
glant  annonciateur  de  celuy  de  la 
croix ,  qui  demain  fe  doit  accôplir. 

Voyla  la  MeflTe  &Poblation  ma-  ùa^ii 
fcgnifique  desChreftiés,  qui  durera 
i  iufques  a  la  fin  du  mode ,  pour  ho- 
norer le  Créateur  du  monde  :pour 
célébrer  la  mort  de  Ion  Fils,&pour 
nourrir  les  ennuis,  de  la  chair  d'ice- 
lui  àla  vie  éternelle. Le  Sauueur  f  en 
va leuer  de  table, &ayât  donné  plu- 
fieurs  enfeigiiemés  envray  Perefe 
partant  d'auec  fes  enfans^&r  dicl  vh 
Hymne  en  adtion  de  graces,fortira  Ay.wdin 
pour  aller  au  jardin  des  Oliues,ilMa^7. 
fort  défia  Ses  y  achemine.  O  doux*?' 
Agneau  ou  ailez-vous  parmy  les 
:  iniidieufes  ténèbres  de  cefte  péril- 
leufenui£t?fçauez-vous  bien  que 
c'eftlelieu  remarqué  par  le  traiflre 


448  L'evchàristie. 
qui  vous  a  védu  à  deniers  coptans: 
jfçauez-vousbié  que  les  loups  font 
jaattrouppez3&sy  vontietter,  ar- 
mez de  fer,de  dol,  &  de  rage^pour 
vous  prendre  &  mener  garroté  à  la 
boucherie?  vous  lefçauez^ô  fagefle 
diuine  :  car  rien  ne  peut  efchapper 
desyeux  de  voftrepreuoyâce:vous 
Vagomed»  fçauez  que  vous  y  deuez  agonifer 
LM"w!44.pour noftrefalut,  &fuerlefang  de 
voftre  corps  paffioné  des  traces  de 
voftre'ame  angoilîée  iufques  à  la 
mortrvous  fçauez  que  vous  y  ferez 
prins  &lié  corne  vn  agnelet,  &de  la 
mené  corne  vn  voleur  au  fupplice. 
Et  ce  nonobftant  vous  y  allez,ains 
vous  y  allez  parce  que  vous  Je  fça- 
uez. Et  qui  vous  poufle  a  ces  voie» 
tairestourmens^ô  Rédempteur  de 
mô  ame.fînon  voftre  vaillante  mi- 
fericorde  qui  va  de  gay  été  de  cœur 
fe  prefenter  au  cobat.pour  retirer 
les  enfans  d'Adam  delaprefTe  du 

péché, 


INSTITVEE,  445* 

péché ,  &c  du  péril  de  la  mort  éter- 
nelle ,  au  prix  de  voftre  fang  ?  ô 
grand  Dieu  par  quels  offices  y  fer- 
uices,&  (acrifices^recognoiftrons- 
nouscefte  voflre  demefurée  bon- 
té ?  O  mon  ame  que  feras-tu  pour 
vn  tel  Rédempteur  ?  auec  quel 
amour  le  pourras-tu  fuffifamment 
aymer  ?  par  quelles  paroles  deuë- 
ment  remercier  ?  &  de  quel  hon- 
neur dignement  adorer? 


4îo 


cAVJNT-PROPOS    DE 

SAINCT    lEAN,DEÇLA- 

rant  la  grandeur  du  myflere 

defEuchariftie,  que  le 

Sauueur  inflituoit. 


i 

nous 
luifti- 


E  tableau 
reprefente 
tution  du  Sacre- 
ment &  facrifîce 
du  corps  du  Sau- 
ueur 5  la  plus  no- 
ble action,  la  plus 
diuineinftitution, 
qu'il  eut  faiéte  après  auoir  efté  faidt  ho- 
me ,1e  plus  riche  prefent  qu'il  eut  don- 
né à  Dieu  3  &  aux  hommes  ,  viuant 

s2nmZnà  m°rtel  fur  la  terfe  i  &  Ie  P^US  haUt  mY' 

&}acrificc    ftere  qu'il  deuft  biffer  dedans  les  thre- 
dtCEgiîjf.    fors  de  fa  chère  efpoufel'Eglife, 

Nousenauonsdifcouru  en  plufieurs 
precedens  tableaux,  &r  nomméement 
enceluy  de  la  Manne;  ce  fera  afTez  icy 
de  noter  les  circonftances  de  l'hiftoire 


L'e  VCH  ARISTIE  I  N  St  I  T  V  E  E.45I 

prcfcnte  ,  qui  nous  marquent  cefte 
grandeur.  S.  IeanourdifTantlenarrèdu 
lauementdes  pieds.  *A  la  veille  ieU  Paf-Auant'Pr9- 

■  •      •■  t  ri  n    ■    poswyfî*- 

que  dit -11,1  e  s  v  sl>oyant  quejon  heure  ejtoit  ri€(éx<te  s, 

njenu'è  pourpaffer  de  ce  monde  à  fon  Père  3  com-  le4n- 

\  me  ainfi  foit qu 'il  eufl  Aymé  les  Çiens  qui  cftoiet      0,I5  *• 

\  au  monde  3  //  les  ayma  iufques  a  Ufin,  &*  com-  ^4m6m  j 

p  me  bonfoupçoit^  après  que  de  fia  le  Diable  auoit  Saumur  m- 

\  mis  au  coeur  de  Iudas  de  le  liurer ,  I  e  S  V  s  fç a-  ueriJes  Dff" 

1  r    «      1  \.J       '  i  1     "tr- 

ichant que  jon  Père  luy  ami t  donne  toutes  cho-  La puijfance 

\  fes  en  main^  qùil  efloit  iffu  de  Dieu,  &  s'en  ^  SauucuT; 

)  allait  à  Dieu ,  /'/  fe  leue  du  foupper  5  laiffe  fes 

habits.    Et  ce  qui  fuit  du  lauement  des 

»  pieds.  Sainâlean  enfeigne  par  ces  pa- 

^roles5queleSauueur  eftoità  laveillede 

\  fa  mort ,  qu'il  auoit  aymé  &:  aymoit  co- 

!  ftamment  les  fiens,  qu'il  eftoit  Fils  de 

Dieu,  ayant  toutes  chofes  en  fa  puifTan- 

ce,&par  ces  anteccdens5ilfignifie  qu'il 

deuoit  faire  en  cefte  vefpréevoifine  de 

fon départ,  laclofturedefa  courfe,par 

quelque  aâe  fort  notable ,  à  l'honneur 

de  fon  Père  ,  &:  bien  de  ceux  qu'il  auoit 

tant  aymez  :  aéte  digne  d'vn  tel  Père  & 

d'vn  tel  fils,  &:  d'vn  tel  amateur,  tout- 

pui(Tant,tout-fage  &:  tout-bon.  Le  Fils    Ken,n<u» 

n'efpargne  rien  pour  honorer  fon  Père,  vdienum  u 

combien  donc  fera  libéral  vn  tel  Fils ,  à  VÉV^mQtfr.i 

vntel  Père?  Le  Père  ne  fe  referue  rien, 

Fij 


omettra* 

ViTC. 


452  L'evchristie 

pour bicn-heurer  fes  enfans:  &  (c partâc 
d'auec  eux3il  leur  laifTe  tout  le  meilleur 
qu'il  a. Que  ne  deuoit  donc  donner  vn 
tel  père  pour  l'heur  de  fes  enfans?  Par- 
quoy  voulant  le  Sauueur  accomplir  ce 
chef-d'œuurc  en  peu  de  temps  &  auec 
magnificence  couenable  à  fa  grandeur, 
donna  auec  l'appareil  des  merucilles 
quauons  touchêes/on  corps  en  facrifi- 
'  ce  à  fon  Père  ,&  en  viande  à  fon  Eglife, 
luy  commandât  de  continuer  cet  hon- 
neur fouuerain  ,  &  cefte  table  de  vie  im- 
mortelle ,  tant  qu'elle  feroit  voyage- 
re  au  defert  de  cefte  mortalité.  Ht  par 
ce  moyen  il  accomplit  ce  que  S.  Iean; 
veut  lignifier  par  les  paroles  qu'il  a  mifes 
en  tefte  de  fa  narration: car  donnant  fon 
corps  à  fon  Père  en  facrifice ,  il  luy  fai- 
fôirvn  prefent  tref-dignedefaMajefté: 
&  le  donnant  en  viande  à  fon  Eglife5il 
luy  laifToit  vn  tres-precieux  gage  de  fon 
amour.Et  par  l'adtion  du  myftere,chan-. 
géant  le  pain  en  fon  corps  3  &  le  vin  en 
fon  fang,il  faifoitvn  afte  propre  dVn 
tout-puiffant,  &:  plus  noble  que  la  créa- 
tion du  monde.  Parquoy  comme  la  fa- 
çon d'opérer  cft  digne  de  Dieu  :  ainfi  le 
le  corps  du  prefent  tres-noblc ,  v  alant  plus  que  dix 
fnna.      mmc  m5desr  car  c'eft  le  corps  du  Prin- 


INSTITVEE.  435 

ceje  corps  du  Roy,le  corps  de  Dieu  :  6c 
le  facrifice  faid:  d'iceluy,vrayemét  facri- 
fice d'honneur  fouuerain,  mefme  eftant 
offert  par  vn  tel  Preftre  3  qui  eft  le  mef- 
me Fils  de  Dieu  •&  la  viande  diceluy 
corps  fouuerainement  falutaire  :  &  la 
manière  de  le  donner  &;  prendre  foubs 
lesefpecesdu  pain  &:  duvin,tres-con- 
minable  à  la  fagcffe  du  donneur3&:  à  l'v- 
;tilitédes  receuans.La  cérémonie  inufi-  LeUuemet 
tce du  lauemét  des  pieds ,  fignifioit  co-des^sis- 
;  me  les  paroles  ,  la  Majefté  du  myfterc 
futur.    Ce  que  les  autres  Euangeliftes 
notent  que  le  Sauueur  voulant  inftituer 
I  ce  facré  banquet ,  di<5t  fay  defirê  i^n  n  DePr  ^ 

i  J  r       i     *  n    «    r  Sauueur. 

grand  dejir^  de  manger  cejie  Va) que  auec  <vou$.  Luc.n.15. 
i  Item.  Qriil  print  le  pain,  &  le  bénit  d«ec  Matth.té. 
j  aclion  de  grâces ,  la  coupe  aufîi ,  &*U  beme^  Lacii.*" 
I  toutes  ces  paroles  tendent  à  la  mefme 
|  fin  ,  pour  déclarer  que  le  Sauueur  s'en 
;  alloit  faire  vn  œuure  admirable  fur  le 
;  pain  &  le  vin  ,  en  la  fin  de  fes  iours  de- 
;  uant  que  mourir.  Efpluchons  les  paro- 
les de  îmftitution. 


"J 


4)4  L'EVCH  ARISTI  E 

Expojîtion  des  paroles   du  Sauueur, 
Cecy  estmoncorps. 

2 

rik$  E  Sauueurs'eftant  remis  à  ta- 
ble auec  fes  Âpofttes  acço- 
ftez  fur  des  lids  ,  comme  il  a 
efté  dic~t  au  tableau  precedct, 
printle  pain,&  l'ayant  beny&  ropu,dir, 
Ma«.  16.    Cecy   es  mon  corps  3&  ce  di- 
lue! il.4'     &nt,Ia  créature  obeït,vne  fubftance  cé- 
da à  l'autre,  &  le  pain  fut  tranflubftâtié 
au  corps  du  Sauueur5ceft  à  dire,la  fub- 
ftance du  pain  s'en  alla,&  celle  du  corps 
du  Sauueur  print  fa  place:  demeurant 
neantmoins  la  couleur ,  la  faucur,  &  les 
autres  accidensdu  pain  pour  feruir  de 
Tout  Sacre  robbe  extérieure  au  corps  du  Sauueur 
J/trifilu  caché,  &  faire  le  Sacrement  entier,qui 
&â*Vmw7fir  eft  toufiours  compofé  de  deux  chofes, 
hu%  à  la  façon  que  l'homme  eft  faictd'efp rit 

&  de  corps ,  l'vneinuifiblepour  l'efprit, 
&  l'autre  vifible  pour  les  fens.  Oeftoit 
la  paro!e&:  la  façon  d'agir  d'vnSeigneur 
tout-puiftànt,  cômeil  a  efté  dict.La  pa- 
i  rôle  de  l'homme  eft  proférée  pour  figni- 
fierrcelle  de  Dieu  pour  fignifier&  faire: 
les  Rois  &  Potentats  du  monde  com- 


IN  S  TIT  V  ÉE.  455 

mandét  bien  à  leurs  fubiefts,  &  les  fub- 
ie&s  leur  obeifïent  :  mais  s'ils  comman- 
dét  à  leurs  arbreSjà  leurs  riuieres,  à  leurs 
montagnes  5  &  autres  créatures  infenfi- 
! blés, leurs  mandemens  font  vains  aux 
oreilles  de  tels  va(ïàux:car  ce  qui  n'a  ses 
ny  ame,ne  peut  entendre  que  la  voix  du 
Créateur.  Le  Roy  Xerxés  menaçoit  les  Xcrxcs. 
montagnes5&faifoit  battre  les  ondes  de  PIuc  dcira- 
la  mer  :  mais  les  môtagnes  eftoict  four- 
des  à  Ces  menacesDôda  mer  ne  fe  foucioit 
defonfoiiet.C'eftàDieu  feul  de  fe  faire 
eutendre  &:  fentir  à  tout  ce  qui  eh\  Tou- 
tes  créatures 5dit  S.  HievoCmc^ontfentimenry^  *^ 
du  Créateur.   Car  elles  l'entendent  quand  il  les  s.Matth. 
menace, ou  leur  commande ,non  cjue  toutes  ebo- 
fesayentfentiment ,  comme fongent  les  héréti- 
ques ,  mais  à  raifon  de  la  Ma]  ejlé  de  celuy  qui 
a  tout  fatal  de  rien.    Il  commande  donc  à 
tout,  &non  feulement  aux  chofes  pri- 
uées  de  fensDains  mcfmes  àce  qui  n'a  en- 
cores  ny  nature  ny  cftre  ,//*/>/*& ,  dit 
l'Apoftre  5  les  chofes  qui  ne  font  point  corne  fi  « 
elles  eftoient.  Ainfi  le  Fils  de  Dieu  par  fa  u$  vents'. 
parole,  mit  le  frain  aux  vents  &aux  Va-Matlh-8* 
gués  ,  Se  calma  le  courroux  de  la  mer:  uvc+jp. 
ainfi  comanda-il  aux  malades,Ma  mort  MaUdm 
&  au  fepulchre,^  fon  commandement  ^^r. 
fut  accomply:ainii  auoit-il  commandé  fo«4 

F  iiij 


45^  L'EVCHAMSTIE 

au  rien  en  créant  le  monde,  &:  le  rien  fut 
obeïffant,&  deuintmonde  3  au  com- 
mandement defavoix.    La  parole  des 
hommes  eft  fignificatiue.Celle  de  Dieu 
eft  auffi  operatiue  :  fi  l'homme  dift  en  la 
nuict ,  Que  le  iour  Vienne  5  il  fignifie  qu'il  a 
LaiiimUre.   defir  que  le  Soleil  furghTe  fur  l'orizon 
Gcnci.  i.    pour  faire  le  iour  :  mais  pour  fon  dire  le 
S  oleil  ne  haftera  pas  le  train  de  fon  char 
pour  auancerle  iour.-mais  Dieu  difant. 
Que  la  lumière Joitfdiëie 3  la  lumière  parut 
auffi  toft ,  &  fa  parole  non  feulement  fut 
fignificatiue,mais  encor  effeétrice  de  fa 
volonté.    Difant  donc.  Ce  c y   est 
mon  co  kv  s,cequieftoit  vnpeude- 
uant  pain,  fut  vrayement  fon  corps ,&: 
fa  parole  fignifioit  extérieurement  à  To-^ 
reiile,&:faifoit  intérieurement  ce  qu'el- 
le fignifioit.     Elle  difoit  que  c'eftojt  le 
corps  du  Sauueur,  &cedifantlefaifoit: 
ufm-chijî  car  autrement  ellenel'euftpasdit.-d'au- 
u  vente,     tant  qu  elle  ne  peut  annoncer  menfon- 
loan.  i4.    gC  ^  fortant  jy  coeur  &  de  la  bouche  de 

la  mefme  vérité  3  quinafTeure  rien  qui 
nefoit  véritable. 


INSTITVEE.  457 

De  la  clarté  (0  du  fens  de  ces  paroles, 
Cecy  est  mon  corps, 
par  ïefcriture  (E)par 
la  raifon. 

3 

Es  paroles,  Cecy  est  mon 

corps,  font  trefclaires  ,    iî 
point  il  y  en  a  en  toute  la  tiflfu- 
re  du  liure  de  Dieu:&:  non  sas 
bôneraifon,font-elles  claires.  Car  elles 
côtiennentlaloy&lïnftitution  du  plus 
grâd  Sacrement  &  myftere  de  la  foy :en  J™*^ 
l'ordonâce  duquel  il  failloit  parler  clai-  cUht. 
rement  Se  intelligiblement ,  afin  d'ofter 
toute  occafion  d'erreur  en  vne  chofe 
très-importante:  elles  contiennent  aufïi 
la  principale  claufe  du  Teftament  que  le  ^lt'i^ct 
Fils  de  Dieu  faifoit  alors  auec  Ton  E gli-  clair. 
fe:  en  laquelle  a&iori  le  lâgage  doit  eftre 
propre, claire  patent,  &  fans  amphibo- 
logie de  paroles    doubteufes  &  ambi- 
guës j  à  ce  que  la  volonté  du  Teflateur 
foit  entendue  fans  difficultés  fans  con-  M*>w*»- 
tefte.Ceft  pourquoy  trois  Euangeliftesf^J^ 
greffiersde  cefteinftitution,&Tabelli6s  Maulu*. 
de  ce  Teftament,  ont  vfé  de  mefmes  ^arc-T4- 
mots,  &  Sainft  Paul  après  eux  fans  va-  i.côr.u. 


45$  L'EVCHARISTÏE 

rier,  afin  de  tenir  côftant  leluftrede  ce- 
tte euidencc,  &:  puifTamment  aflfeurerle 
fondement  de  la  foy  qu'il  failloit  auoir 
du  myftere  qui  s'eftabliffoit ,  &  déclarer 
parvn  accord  ferme  &:  folide  de  qua- 
tre diuins  tefmoings,  que  le  fens.  des  pa- 
roles eft  celuy  quelles  fignifient  litera- 
lementr&qu'elles  font  ce  qu'elles  figni- 
fient eftans  paroles  d'vn  tout-puiffant 
ouurier,àquirienne  peut  eftre  impof- 
fible:  Se  paroles  d'vne  fupreme  vérité, 
qui  ne  peut  rien  dire  qui  ne  foitvray.  Au 
moyen  dequoy  fi  quelquVn  reie&ât  le 
fens  literal  de  l'Efcriture  vouloit  glofer 
defatefte,  difant  queCECY  est  mon 
corps,  c'eft  à  dire,  Cecy  eft  la  figure  de 
mon  corps,  Cecy  est  mon  sang, 
Cecy  eft  la  figure  de  mon  fang:celuy-la 
s'oppoferoit  à  la  facrée  depofition  de 
ces  quatre  tefmoings, qui  n'ont  ofé  ainfi 
parler,  ce  qu'ils  euflent  faift  fi  tel  euft 
efté  le  fens  des  paroles  ,  &:  altercroit  té- 
mérairement la  vérité  de  la  parole  de 
Dieu, donnant  vn  fens  tout  contraire  à 
la  fignification  d  es  mots ,  &  mettant  la 
figure  pour  le  corps,  contre  l'au&orité 
l4h  de     des  fufdiéts  tefmoings,  qui  n'ont  iamais 
Grammaire,  donné  telle  glofe  ,  voire  feroit  contre 
toute  loy  de  parler,  6c  de  bonne  Gram- 


INSTITVEE.  4Ï9 

maire,  qui  commande  de  prendre  les 
mots  d'vn  texte  félon  le  pied  de  leur 
propre  vertu  5  fans  recourir  à  la  fîgnifï- 
catio  métaphorique  &  impropre,  quâd 
ils  ne  donnent  aucun  fens  contradictoi- 
re ou  abfurde,  ce  qui  n'aduient  icy  :  car 
lefensy  efttres-conuenable,  &  accor-  l*  préface 
dant  alaveritéj&  les  mots  ne  fignifient^^^ 
autre  chofe,  finonla  prefence  du  corps  partout  o»a 
de  Ies vs-CHRisre'nce  Sacrement, wJ1™-. 
ce  que  non  feulemene  n'eft  nycontra- 
didoire,nyabfurde,ains  plein  demer- 
ueilles  tres-dignes  de  la  puiflance,fage£- 
fe,  &:   bonté  du  Sauueur.  Quand  l'Ef. 
criture  appelle  Ly  ô  vn  Roy,le  mot  doit  Lion' 
eftre  prins  par  fimilitude  3  comme  figni- 
fiant  qu'il  eft  femblable  au  L  y o,  à  raifon 
de  fa  Royale  magnanimité  :  car  pre- 
nant le  mot  au  pied  de  la  lettre  5  le  fens 
porteroit  qu'il  eft  belle,  qui  feroit  vne 
chofe  faufte&abfurde.  Mais  ces  mots 
prins  en  leur  fignification  ,  ne  contien- 
nent rien  qui  ne  foit  tres-conuenabîe  à 
la  Maiefté  du  Créateur,  &  tres-falutai- 
re  à  fa  créature. Parquoy  il  n'y  a  aucune  Perfonnene 
raifon  de  recourir  aux  figures,  &  c'cft^-T'i 

•      ,    ,      ,.  i&    r      V-  aujeni figure 

impiété  de  dire  que  ces  clauies,  Cec  y  famoccafion. 

EST     AI  ON      CORPS,     CECY       EST 

mon  s  an  Gjfoyent  vne  façon  de  par- 


460  L'EVCHAMSTIE 

1er  impropre^  valant  autant  que,  Cecy 
eft  la  figure  de  mon  corps3&  la  figure  de 
mon  fang5car  telle  deprauation  deftruit 
la  vérité  d'vntres-noble  Sacrement:  & 
monftreque  ceux-là  font  priuez  non 
feulement  defoy,mais  encores  d'enten- 
dement3s'ouurans  à  la  volée  la  porte,  &: 
à  tous  les  infenfez ,  de  reieder  tous  fcns 
del'Efcrituretantfoit-elle  euidente ,  fi 
elleluy  dcfplaift,  &:  d'en  fàntafier  à  fa 
mode  félon  le  branflé  de  fon  ceru  eau,  et 
au  modèle  delà  paffiqtn  de  fa  chair  de- 
bridée. 

Tefmoigndges  des  Pères  fur  fexpofi- 
tion  des  mefrnes  paroles. 

4 
J3^  O  u  m  e  l'Efcriture  eft  euidente 
s8$S  en  ces  diuines  paroles  ,  auffi   eft 
l'expofition  des  fain&s  Pères  confiante 
à  fouftenir le  fens  qu'elles  nous  donnent 
que  venons  d'expliquer. 
S.  Cyrille  de  Hierufalem  ,  Puis  que 
S.Cynll      Iesvs-Christ  ayant  prins  le  pain^dicl 
Hierof.      Cecy  est  moncorps,  quieftceluy 
myft.4.!'      Vil  déformait  en  ofera  douter  ?  Et  le  mefme  af- 
firmant &  dtfdnt ,  C  E  C  Y    E  S  T  M  o  N 
Veattenvitt.  s  A  N  G ,  qui  refuferd  de  le  croire  ?  //  changea 
ioan.i.       ïeatt  en  vin  créature  voifne  du  $ag>  par  fa  feu-' 


institvee.  461 

le  volonté,  &nom  ne  croirons  pas  quil  ait 
changé  le  y  in  en  [on  fang  ?  Croyons  donc  fer- 
mement que  nous  prenons  le  corps  &  lefa»g  d>c 
Christ:  carfoubs  ïeffece  de  pain  le  corps 
tefl  donné  &  lefangfoubs  ïeffece  de  y  in. 

S.  Bafilc  ayant  demandé  auec  quelle s.BafiLin 
crainte,  créance,  &  affection  de  Famé ^^1 
on  doit  prendre  le  corps  &  le  fang  durog.i7i. 
Sauueur  ,  refpond  luy-mefme  difant: 
Quant  efl de  la  crainte.S.  Paul  nous  inflrm£l:LaeraitUle' 
QuimanoecePain,  &  boit  ce  calice  indigne-  r 
mentjlboit  &  mage  fa  damnation. La  créance 
nom  efienfeignée  parles  paroles  de  Christ, 
qui  diEl ,  Cecy    est  mon  corps 
donne7  povr  vov  s.  Et  là  ce  Do- 
cteur monftreconfequémcnt,  qu'il  faut 
croire  à  ces  paroles,  Ce  c  y  est  mon 
corp  s,de  mefme  foyque  nous  croyôs 
à  celles  de  S.  Iean, quand  il  di£t,Le  Verbt Ioan.i. 
deftéfaiiïchair.Stà  celles  dcS.Paul,quâd  phiIi^' 
il  extolle  la  grande  humilité  d'iceluy 
Verbe  en  cefte  incarnation  :  fa  grande 
obeïffanceenfa  paffion  :  &  fon  infinie 
charitéjenl'vn&cenl'autre.'commedôc 
nous  croyons  que  réellement  &  vérita- 
blement Dieu  s'eft  faict  homme  3  &:  a 
fouffert la  mort  .-félon  que  nous  difent 
les  paroles  de  ces  Efcritures  :  de  mefme 
veut  Sain&Bafile  que  nous  croyons  h 


4^1  L'EVCH  ARÏSTIE 

prefence  réelle  du  corps  du  Sauueur, 
félon  que  ces  paroles,  Cecy  est  mon 
Vfffiéîion    corps  5  nous  enfeignent.  Et  conclud 
tmZmJn.  que  par  la  foy  &  confideration  de  ces 
choies 5  nous  fommes  enflammez  dvn 
grand  amour  enuers  I  e  s  v  s-C  h  r  i  s  t, 
quieftl'afFeâiiondel'amequenous  de- 
uons  rapporter  à  la  comunion  du  corps 
3c  fang  d'iceluy  auec  la  crainte  &  créan- 
ce fufdi&e. 
s.chryf.        S.  Chryfoftome  3  Croyons  à  Dieu  fans  ' 
homil.g^.    doulte:  cdrceflluy  qui  diâl*  Cecy  est  \ 
co. ad  pop.  mon    corps:  &C  ailleurs  :  Ce  tfejt pas 
Antioch.     l'home  qui  fait  le  corps  &  le  fang  de  Christ 
pîoditdS      des  c^°fes  offert** :  ctf  Ch  ri  s  t  mefme  cru- 
Iuda.         cifii pour  nous M  dit  C  E  c  Y    est    mon 
corps:  par  cejle parole  [offrande  eft  cofacrée. 
Et  tout  aïnfi  que  ces  paroles  y  ne  fois  proférées; 
Gca.i.it.     ÇROISSEZ      ET     SOYEZ      MVLTI- 
PLIEZ  ,  ET  REMPLISSEZ   LA  TERRE, 
font  toufiours  leur  effec~t  en  la  nature ,  pour  U 
gêner  ation\de  mefme  celle  yoix^Q  E  c  Y  est 
MON  CORPS:  proférée  donne  fermeté  au 
facrifice par  toutes  les  tables  de  l'Eglife  iufques 
autouriïhuy  3  &  donnera  iufques  à  la  yenué  du 
.     Fils  de  Dieu. 
DWÎ.li.      S.Iean  Damafcene,  Le  pain  &  le  y  in 
4-c.i4.       mejléauec  ïeau  3  fur  naturellement  font  chan- 
gczau  corps  &  fang dcCnRlST,par  l'inuo- 


ÏNSTITVEE.  463 

tdtion  du  S.  Efj?rit^&ne  font  pas  deuxjnaU  njn 
mefmeicepain  fanclifié  5  rieft  pas  la  figure  du 
corps-,  ny  leyinja  figure  du  fang:  mats  le  vray 
corps  déifié  du  Seigneur^  le^ray  fang9 

Theophyla&e,  graue  &  ancien  Do-  ^itti 
<Seur-I  es  vs-Christ  difant ,C ecy 
IEST  mon  corps,  monfire  que  le  pain 
fanclifié  à  VtAutel  Ceflfon  corps  y  &  non  U  fi- 
gure £iceluy^eu  qu'il  ne  dit  pets  3  Cecy  efi  la  fi- 
gure de  mon  corps  5  maïs  Cecy  est  mon 
j  c  o  R  P  S ,  car  il  efi  transformé  d'<vne  manière 
\ ineffable  y  encor  qu'extérieurement  il  Jemble 

¥**"'  nt  ,  S.  Ambroil 

S.  Ambroife.  Cefila  parolede  Christ  defacr.lL5. 
.  qui  faicl  ce  Sacrement^  parole  par  laquelle  tout  c-4-&5- 
\  a  efléfaicl.  Le  Seigneur  commanda  5  &  U  Ciel 
I  futfaicl.  il  commanda  3  &*  la  terre  fut  faille. 
\  Vois-tu  donc  comme  fa  parole  efl  opératrice  ?  Si 
I  donc  fa  parole  a  efiéfi  puiffante  ,  que  de  faire 

naijire  ce  qui  ri  eftoit  point, combien  plus  le  fera- 
\  elle  pour  changer  y  ne  chofeen  njne  autre}  Le 
I  pain  deuant  qu'eftre  confacré ,  efi  pain  :  mais 

après  les parolesproferées^  Cecy  EST  MON 
|  corps,  c'efi  le  corps  de  Christ.  Efeoute 
ileparlant,  Cecy  est  mon  corps,  pre- 
I  ne^&  mange^jn  tous.  C'ejl  I  e  s  v  S  nofire 
J  Seigneur  qui  nom  te fmoigne  que  nous  prenons 

fin  corps  &  fon  fang  5  doubur  ans-nom  de  fa 

foy  ou  de  fon  tefmoignage} 


MON 
CORPS 


464  L'evcharistie 

s.Cypr.de      S.  Cyprien.  Cecy  dit  le  Sauueur^  s  t 

cœna  ao-  yi  .  ,    ,         -  ' 

mmi.  MON  c  o  R  P  s.  Ils  auoient  mange  demef 
mepa\n&  beu  de  mefme  y  in  félon  la  forme  ">/- 
fiblejnats  devant  ces  paroles,  la  "Viande  riefioit 
propre  que  pour  alimenter  le  corps  ,  ç&*  donner 
appuy  à  la  njie  corporelle-mais  après  que  Iesvs- 
la  firme  de  C  H  RIS  reufi  dit,  Faiclcs  cecy  en  ma  mémoire^ 
«^y5* C'est    ma  chair,   C'est    mon 

ces  paroles,  f  .  •     J 

Cecy  est  s  a  n  g  ,  toutesfops  çJt*  quantes  quon  a  yfé  de 
mefme  s  paroles  auec  mefme  foy^ce  vain  fubfta- 
tiel&ce  Calice  confier e auec  benedi6iionfolen- 
neUe.aefiêproufitablepourlefalut  de  l'homme 
entier.  Ilenfeigne  donc  que  les  paroles 
du  Sauueur  s'entendent  félon  qu'elles 
fignifïent,  &  qu'elles  font  la  forme  de 

s  Aucr.i  ri  confacrer  le  pain  6c  le  vin  au  corps  & 

côtr.Fauft.  (ang  du  Sauueur. 

pùi  &Ia       S.  Auguftinrecitantlacouftume  an- 

coac./.'  cienne  des  Chreftiens,qui  refpôdoyent 
Amen,  après  que  le  Preftre  auoit  pro- 
féré les  paroles  de  confecration,  Cecy 

EST       MON       CORPS,      C  E   C   Y 

est  mon  sang,  parle  ainfi.  Le  fang 
^Christ  donne  en  terre  y  ne  claire  voix, 
lors  que  tous  les  Chrefiies  layansreceu  refpon- 
dent  Amen.  CeftUyoix  claire  du  fang,  que 
le  fang  mefme  profère  par  la  bouche  des  fidèles 
rachete^par  iceluy  fang.  Le  mefme  ail- 
leurs :  I  e  s  y  s,  dit-iljfeportoitenfcs  mains 

lors 


xnstitveeJ  465 

lors  que  nom  recommandant  fon  corps y  il  dict^ 
Cecy  est  mon  corps,  C'eftoit 
doncle  corps  du  Sauueur,  félon  le  fens 
lireral  des  paroles. 

S .  Anfelme  expofant  les  mefmes  clau-  f  £  "f,^1" 
fes faiét ainfi  parler  Iesvs-Christ. 
Mangc^jce  que  ie  "ïous  donne  5  parce  queceji 
mon  corps.  llparoifi  "\oirement  pain  aux  fens 
extérieurs  3  mats  recognoiffe^  par  le  fens  de  la 
foy^que  cefl  mon  corps  3  le  mefme  en  fubftance 
qui  fera  donné  pourront  à  la  mot t.  C'cft  lex- 
pofition  des  Pères  anciens,  &  n'y  eut  iah 
mais  aucun  D odeur  de  l'Eglife  Catho- 
lique qui  donnait  à  ces  mots5CECY  EST 
mon  corps,  autre  fens  que  ceux-cy 
leur  donnent.  Et  c'eft  le  fens  de  I  e  s  v  s 
Christ5&  quiconque  en  fuit  vn  au- 
tre, il  forligne  de  Tefchole  de  Iesvs- 
Christ,  prenant  le  menfonge  pour 
la  vérité,  &  la  damnation  pour  la  vian- 
de de  vie  éternelle. 


456  L'evcharistis 

tiïfyfterieux  rapports  des  paroles  du 

Sauueur ,C&cy  Est  mon 

CORVs,aux  anciennes  figures, 

$0  a,  tous  autres  corps. 

gg^ Ecy  es  mon  corps,  dit  le 
2ffe  Sauueur.  Nous  auons  diét  quel- 
que chofe  fur  ces  paroles  5  mais  ce 
n'eft  rien  au  prix  de  ce  qu'on  y  peut  dire 
encor  celles  font  claires  5  mais  neant- 
Profondité  moins  pleines  de  fens  cachez  :  elles  feu- 
de$  paroles  jes  contiennent  le  vieil  Se  nouueau  Te- 
itamet3&:  vont  en  îignincatio  plus  haut 
que  la  hauteur  du  ciel$plus  profond5quc 
les  abyûnes  de  l'Oceâ  ,  Se  plus  en  cften- 
duë  que  n'eft  l'enceinte  de  l'vniuers. 
Elles  furmontent  en  douceur,  tout  le 
mie^&le  laid  de  la  terre  promife:  en 
vertujapuiflàncede  tous  les  hommes, 
Se  des  diuins  efprits^  Se  en  grandeur ,  la 
Majeftédetousles  Rois  qui  furent  ia- 
mais  fur  la  terre.  Les  paroles  qui  firent 
Fiatlnx,  fortir  lemonde  de  rien  5  furent  grandes 
eneffects.  Au  ciel  elles  firent  les  eftoil- 
les5enla  mer  les  poifTons,  en  l'air  les 
oyfeaux  ,  &  fur  la  terre  les  pierres,  les 
metaux3les  plantes,les  arbreSjlcs  Lyons, 


Gcnef.r, 


INSTITVEE.  467 

lesElephans  &:  autres  créatures  infinies 
en  nombre,  &  admirables  en  beauté: 
mais  ce  que  di&  le  Sauueur  par  ces  pa- 
roles, Cect    est    mon    corps, 
eftinfiniement  plus  que  tout  cela  :  ce 
corps  eft  plus  que  dix  mille  mondes  ,  d 
tant  il  y  enauoit  de  produi&s  :  Le  plus 
auguftenom  de  Dieu  *    c'eft  le  Terra- 
grâme  exprimé  foubs  lavoix,  Ad  on  ay,  icmmde 
nom  compofé  de  quatre  lettres ,  ineffa-  D^/à^" 
blés  aux  Iuifs.CefteclaafeC  e  c  y  e  stumvÏ  Ado- 
mon  corps  .,    c'eft  la  claufe  Tetra-  **?:   ,  _ 
gramme,  tiilue  de  quatre  mots,euiden-  trxgramme. 
te  aux  oreilles  de  la  foy,mais  inexplica- 
ble à  la  langue  humaine.  Que  dirons- 
nous  donc  pour  exprimer  la  vertu  d'i- 
celle?  Et  qui  la  pourra  -exprimer  finon 
celuy  quieftautheurdu  myftere,&des 
mots?  C'eft  à  luy  à  faire,  qui  eft  le  Ver- 
be tout-fçauant  de  tout-puilTant  pour 
pouuoir  &  fçâuoir  faire  &  dire  digne- 
ment ce  qu'il  veut.  Que  diét  donc  ce 
grand  Dieu  par  ces  mots ,  C  e  c  y  est 
mon  corps,  Il  dict  que  ceftfon  corps: 
èc  ce  difant ,  il  dit  tout  ce  qui  eft  de  pre-  Leeorpsd* 
cieux ,  d'admirable  &:  dediuîn  entre  les  S'»»**/**- 
corps  :  il  diftingue  tous  les  corps  quîlwr^e»**- 
auoit  iamais  créé  d'auec  le  fien  ,  &:  le 
préfère  à  tous.lldkj'ayfaift  leSoleil,&: 

Gij 


leur. 


468         L'evcharistïe 
laLune,les  Eftoilles,  &tous  ces  corps 
tescorf $    immortels ,  qui  là  haut  font  les  lambris 
ceu/ies.      du  Palais  de  mon  Père  :  mais  ce  ne  font 
pas  mon  corps,  ny  fubftances  alliées  à 
maperfonne,cefont  corps  eftrangers: 
Cecy  est  mon  co  rp  s,  queieme 
fuis  formé  par  voye  extraordinaire  au 
ventre  dVne  Vierge facrée ,  que iay  di- 
uinement  approprié  à  ma  grandeur,que 
iayfai&eftuy  de  ma   diuinité:  les  au- 
tres corps  font  pièces  de  mon  domaine, 
ceftuy-cy  eft  le  corps  de  ma  perfonne 
propre,  furpaffant  l'excellence  de  tous 
Varhreie  les  corps  dédiez  à  Dieu  iadis ,  &  figures 
prophétiques  de  ceftuy-cy.  L'arbre  de 
vie  planté  au  Paradis  terreftre:  l'agneau 
d'Abel  innocent,  offert  en  facrifice:  le 
Pain  de  Melchifedec  donné  en  bénédi- 
ction :  le  facrifice  d'Abraham ,  accom- 
ply  par  rare  foy  &:  obeyflànce  :  l'agneau 
Pafchal  des  Hebrieux  :  la  Manne  du 
cieUes  Pains  de  propofition,  I'oblation 
des  PremiceSjlePain  d'Elie,les  moutos, 
haïmes"  ^es  agneaux ,  les  brebis,  les  vaches ,  les 
bœufs3lesbouueaux3lescolobes,lesmoi 
neaux5les  torterelles,  &  tous  les  corps 
desbeftesque  la  Ioy  de  Moyfe  a  mis 
iufques  icy  fur  l'Autel  en  holocaufte,en 
action  de  grâces,  en  propitiation  :  tous 


IN  STI  T  VE  E.  469 

les  corps  qu'on  a  offert  à  la  Maiefté  de 
mon  Père,  ont  efté  corps  facrez  ,  figu- 
res de  ce  mien  corps,C  e  c  y  est,  non 
k  figure, mais  mon  corps,  quHeul 
plaift  à  mon  pere,qui  feul  le  peut  digne- 
ment remercier  ,  feul  efficacement  ap- 
paifer.les  autres  neluy  ont  agréé  finon 
Sentant  qu'ils  rapportoient    ceftuy-cy, 
\  entant  qu'ils  le  figuroient,&:  predifoient 
\ùl  venue  :    ceft  le  fuhjeâ;  de  tous  ces 
j  corps-là^  &  de  tous  ces  vieux  facrifices: 
■  c'eft   le   corps  auquel    feul  Dieu  fera 
vrayemét  honorérauquelilfera  ample-  y^f.5]'om 
métfatisfai£t,auquelilreceuraà  mefure  du». 
infinie,  la  finance  du  rachapt  des  hu- 
mainsr&rauquelil  iugerales  viuâs  &les 
morts.  Par  ces  mots  donc  le  Sauueur 
môftre  le  corps  qui  eftl'honeur  de  tou- 
te fon  Eglife  en  la  terre  &r  aux  cieux  :  car 
ce  qui  eft  de  plus  précieux  en  vnR  oy  au-  Le  cor^  ^ 
me,ce  ne  font  pas  les  threfors ,  les  arfe-  Roy  k^ 
naux,les  mines  d'or  Se  d'argent ,  les  nia-  P'ime  R° 
gafinsde  marchandife, les  villes  opulen- 
tes ,  les  maifons  &  Palais  fuperbes  ,  les 
vergers,  les iardins&lieux  deplaifance, 
:  ceftle  corps  du  Roy,  c'eft  pour  luy  èc  Envn  Kom 
par  luy  que  laNobleflfe  commande,  que  ^^ 7<T 
lefoldatcobat,quele  Magiftrat  exerce  corpsd* 
iuftice,  que  l'archer  veille  &  fai&garde  R<^ 

G  iij 


47°  L'e  vc  h  ri  s  tie 

quele  marchand  trafique:  qui  tient  le 
corps  du  Roy  il  a  tout  :  parquoy  ces 
mots  du  Sauueur,  Cecy  est  mon 
corps,  monftrent  ce  qui  eft  de  plus 
facré,  &:  plus  diuin  au  pourpris  du 
Royaume  des  deux,  qui  eft  la  Monar- 
chiedefonEglifetref-chere.  Que  pou- 
uiez-vousdonc,  ôbon  I  e  s  v  s  choifir 
de  plus  riche  &  plus  diuin  ,  pour  hono- 
rer voftre  Père:  pour  tefmoigner  voftre 
amour?  pour  bien-heurer  voftre  Efpou- 
fe,quelaiffercecorps.en  continuel  ho- 
locaufteàfaMajcfté:  en  Sacrement  &: 
viande  quotidiene,  à  vos  membres  ? 
que  pouuiez- vous  proférer  de  plus  haut 
que  dédire,  Cecy  est  mon  corps, 
Cxfarcm  Ce  grand  Cefar  defguifé  en  habit  d'ef- 

yehis.        claue  donna  vn  iour  eftonnement  &  ! 

CxCaxc.  courage  enfemble  au  pilote  effrayé  d< 
la  tourmente,  quand  fe  faifant  cognoi- 
ftre,illuy  dicl:,  Ayes  cœur  mon  amy, 
c  eft  Cefar  que  tu  portes  :  de  quel  cœur 
de  de  quelle  admiration  deuons-nous 
ouïr cefte voftre  parole,  Cecy  est 
mon  corps?  &:  de  quel  refpecl:  & 
amour  receuoir  ce  corps,  combien  qu'il 
foit  defguifé  en  habitde  frefles  elemens, 
puifque  c  eft  vous  qui  parlez  clairement 
&c  di&es, Cecy  est  mon  corps? 


INSTITVEE.  471 

Et  quel  courage  dois-tu  auoir  3  ô  mon 
ame,  ayant  auectoy,  &:  portant  auec 
toyce  corps  immortel  en  ton  corps 
mortel  $  ce  corps  viuific  d'vne  ame  très- 
noble  remplie  de  tous  biens  ?  ce  Sei- 
gneur  homme  &:  Dieu 3  Roy  des  Rois? 
Et  que  peux-tu  faire  autre  chofe  que 
contempler  en  filence  pluftoft  que  taf- 
cher  à  exprimer  la  grandeur  de  ton  Ré- 
dempteur en  cefte  fienne  parole  ,  que  tu 
ne  peux  comprendre,  &  auec  vne  pro- 
fonde humilité  &  tresardéte  aflfeétion, 
iouïr  du  prefent  qu'il  te  faiâ:  toutes-fois 
&quantes  qu'il  te  dic~t  pour  ton  bien  & 
falut,  ce  qu'il  didt  alors  au  corps  defon 
Egliie  ,Cecy   est  mon  corps, 

PRENEZ    £T   MANGEZ? 

Comment  le  Sauueur  s'offrit  a  Dieu  en 
-facrifice  diftint,  Cecy  EST 
MON   CO  RPS. 

6 
*g|j  Vand  le  Sauueur  fit  fon  corps 
*  prefent  en  proférât  ces  paroles, 
Cecy  est  mon  corps, 
l'offrit  en  mefme  inftât  à  sô  pè- 
re en  facrifice  no  sâglât  felo  la  forme  de 
Melchifedec,  &  auflî  toft  après  le  don- 

G  iiij 


ce  corps 
donné  Çp 
rompit. 
Matth.  16. 

2.6. 

i.Cor.n. 

24.  WI4*»- 

tenant  & 
aÇres. 


472  L'EVCHÀMSTIE 

na  à  Ces  Apoftrcs  en  Sacrement  foubs 
les  mefmes  efpeces.  C'eft  pourquoy 
ayant  di£t,C  ecyestmon  corps, 
il  adiottfta  ,  donné pour > 0 m ,  ceft  à  dire, 
offert  pour  vous  en  facrifice  :  rompu  pour 
Ifom  ,  c'eft  à  dire  immolé  pour  vous. 
Bonne  <&  rompu  maintenant  ,  &  qui  fera 
cy  après  donné  &:  rompu  à  la  mefmc 
façon  iulques  à  la  fin  du  monde,  en  mé- 
moire de  celuy  facrifice  fanglant  que 
demain  i'oflfriray  pour  vne  feule  fois  en 
la  croix.  De  manière  que  le  Sauueurne 
fit  pas  fon  corps  prefent  feulement5mais 
prefent  foubs  les  efpeces  du  pain  ,  luy 
donnantvn  eftre  de  viande,  vneftrede 
mort,encor  qu'en  foy  il  fuft  viuant,tout 
ainfiquefefaifant  homme,  fa  diuinité 
print  vn  corps  &:  vn  eftre  mortel ,  &  en- 
dura la  mort  en  iceluy  corps,  combien 
qu'icelle  diuinité  fuft  toufiours  immor- 
telle ,  &n'enduraft  rien  comme  nous 
auons  déclaré  cy-deuant.  Il  fe  fit  donc 
prefent  corne  mort  à  raifon  des  efpeces 
mortes ,  &  fe  reprefenta  comme  victi- 
me j  &  comme  Agneau  immolé,  pour 
eftre  après  la  refe&ion  du  père  de  famil- 
le &  de  fes  domeftiques  félon  la  figure 
Exod.11.  de  l'agneau  des  Iuife ,  lequel  ne  pouuoit 
eftre  mangé  qu'il  ne  fuft  préalablement 


\Au  tahledtt 
de  V  Jgneau 
Fajchal. 


INSTITUEE.  475 

mort  3  immolé,  offert  &:  faid  vi&ime 
;  commel'Efcriturenous  dift ,  &  S.Gre-  Grcg. 
goire  de  Nyflc  après  TEfcriture.  Etjj^jj^ 
n'importe ,  comme  ailleurs  nous  auons 
aduerty  ,  que  le  Sauueur  n'ait  proféré 
|  aucanes  paroles  expreffes  d'oblation, 
difant  3  Mon  Père  te  'vous  offre  ce  corps 5!  a  fa- 
çon en  laquelle  il  fe  faifoit  prefent,com- 
me  victime  ,  difoit  affez  qu'il  s'offroit. 
Oeftoit  aflez  auflï  qu'il  le  fît  prefent  à 
intention  de  l'offrir  à  Dieu,  lequel  voit 
le  cœur  fans  que  la  bouche  parle. 

Ioin&quelesPreftres  Iuifsoffroyent 
leurs  facrifîces,immolans  feulement  les 
bettes,  &rne  difans  autrechofe  pour  fi-  ' 
gnifîerquecefuft  (acrifïce.  Et  le  Sau- 
ueur mefmc  s'offrit  en  la  croix  fans  vfer 
d'aucuns  mots  fignifiansoblation.  La 
mefme  immolation  a  cfté  faicte  en  la 
confecration  du  Calice  5  quand  le  Sau- 
ueur di&3  Cecy  ejlmonfangdu  nouuedu  Te- 
flumet:  effandu pour plufieurs  en  remifîion  des 
peche^  Item^Cefle  coupe  e(l  le  nouueau  Teftd- 
ment  en  mon  fing  ,  Usuelle  efl  eïfmduè  pour 
njows.  Car  par  cefte  confecration  eft  re- 
prefenté  le  fangdu  Sauueur \  part,  &: 
par  ce  monftré  clairement  ,  que  fon 
corps  fut  faid  viâime  à  la  femblance 
de  celles  des  Iuife  ,  qui  voulans  im- 


Matt.16.2.8 
Luc.zi.io. 


474  L'E  VCH  ARISTIE 

molerla  befte  la  tuoyent,luy  tirant  le 
fang  du  corps  par  le  glaiue;ainfi  donc  le 
La  parole  &  Sauueur  par  fa  toute-puiflantc  parole, 

Dten  comme  l  .    .  l  r  •    r 

plaine.        comme  par  vn  glaïue  penetrant,rait  Ion 
Peb.4.u.    fang  prefent  en  la  coupe  ,  comme  fepa- 
réede  fon  corps  ,  ôcreprefente ^'immo- 
lation d'iceluy$&  combien  que  le  corps 
&:le(angne  fuiîent  feparez  ,&  qu'en  la 
coupe  fuft  le  corps  3  &  que  le  fang  fuft 
auec  le  corps  donné  foubs  l'efpecedu  I 
pain,toutesfoisàrai(bn  de  Tefpece  du 
vin  feparée,ils  paroifïbient  feparezpour 
reprefenter  cefte  immolation,  &  le  fang  I 
fut  vrayement  efpandu ,  non  à  la  façon  I 
des  victimes  fanglantes  d'Aaron  ,  def-  I 
quelles  on  tiroitlefang  des  veines  en  fa  ' 
propre  forme, mais  à  la  façon  du  vin. Le  i 
Sauueur auffi  vfedu  temps  prefent  di- 
sant 3  C  E  C  Y     ESTMONSANG      ES-" 
P  A  N  D  V     ,    c'e  S  T      LA      COVPE      De' 
MON    SANG,  ESPAN'DVE      EN      RE- 
MISSION des  p  e  c  h  e  z,pourfigni- . 
fier  que  ce  qui  eftoit  en  la  coupe ,  à  fça-  \ 
uoir  fon  fang:(  car  le  vin  ne  pouuoit  pas  ( 
eftre  efpandu  en  remiffion  des  péchez) 
eftoit  ja  efpâduenla  coupe  par  effufion 
non  fanglante,  comme  le  lendemain  il 
le  deuoit  eftre  par  effufion  fanglante  en 
la  croix  .Et  quand  les  fain&sPeres  tour- 


Matth,i6 
Luc.ii. 


INSTITVEE.  475 

nent quelquefois  les  mots  delà  confe- 
cration  au  temps  futur ,  dilans  Cecy  ifFundc 
EST  MON  SANGf/  fera  ejpandu  5  au  n0iideU 
lieu  qu'il  eft  diâ«  qui  eftefbandu  3  ils  ne#»*» 
contrarient  point  au  iens  que  venons dinM^ 
de  donner:  car  ils  affirment  tous  la  réci- 
te prefence  du  fang  du  Sauueurau  cali- 
ce:mai$  ils  rapportétles  paroles  duSau- 
ueurnon  feulement  à  Feffufion  prefen- 
te  qui  fe  faifoit  alors  5  ains  encore  à  celle 
qui  fe  deuoit  faire  tant  en  la  croixpar  fa- 
crifîce  fanglantvne fois,  qu'en  TE ucha- 
riftieparfaciïfïce  non  langlant  iufques 
àlaconfommation  du  monde.  Voyla 
cornent  le  Sauueur  a  facrifié3&  immolé 
fon  corps  à  fon  Père ,  difant  ces  paroles, 
Cecy  est  mon  corps  donne' 
povr  vovs:Cecy  est  mon 
sang  espandv  povr  vovs. 
Etc'eftle  facrifîce  &:  immolation  nou- 
uelle  de  laloyde  grâce,  que  les  faincis 
Pères  difent  auoir  efté  inftituée  en  ce 
myftique  fouper,  comme  nous  appre- 
nons par  les  tefmoignagesfuiuans. 


47^  L'evcharistie 

Le  facrifice  &  Sacrement  du  corps  du 

Sauveur  inflituéau  myfliquefou- 

f>er,monftrépar  letejmoi- 

gnage  des  Pères. 

__  7 

s.  Greg.     SfSpfê?  A  i  n  c  t    Grégoire  de  Nyfle 

Nyff-oM-  0|||||  parlant  de  Hnftitution  du  facrû 

k-<§Q9£ce   je  l'Euchariftie  fai&e  au 

fouper  de  l'Agneau  Pafchal.  Le  Sau- 

ueur  dit  il^y a  au  deuantparfon  ordonnance  a 

la  yiolente  impetuofité,  auec  <vne  manière  de 

facrifice  fecr  eue  5  ineffable  gr  inuifible  aux 

yeux   des  mortels.    1  li  offre  foy -me fme  pour 

nous ^oblation  &  yi£lime,Prcftre  enfmble  & 

agneau  de  Dieu.  Et  quand  fut -ce }  Ce  fut  lors 

au  il  donna  à  fes  familiers  fon  corps  à  manger, 

tyfonfang  à  boire. 

S.  Chryf.        5^  Chryfoftome ,  Soie  vierre  ,  foit  vauL 

hom.r.uu.-,  „     n       t    r     it  it  •  ■    r 

Timo.  "  J  oit  autre  Prejtre  de  jemblable  mente  ^  qui  of- 
fre lafacrée  oblation  :  ce  fi  toujours  la  mefme 
que  celle  que  I  E  s  v  S-Ch  R  I  s  t  donna  en 
perfonne  à  fis  Difciples  5  £7*  que  les  Prefires 
font  encor  auiourdhuy.Cefie-cy  nya  rien  moins 
que  cefte-là.vourquoy  ?  Parce  que  ce  ne  font  pas 
les  hommes  qui  la  fanStt fient, cefi  Christ 
,    .  qui auparauant t auoit facrée . 

S.  Ambr.  m*    -,    *A    .,        .- .   .  ji  ^         7   /• 

pfai  33.         S.  Ambroiie.  Nom  auons^eu  lefouue* 


INSTITVEE,  477 

rainvrejtre  tenant  à  nous  &  lauonsouy  of- 
frantfon fang pour  nous  ^fuyuons-le félon  no- 
flre  pouuoir.puifque  nousfommes  vrejires ,  afin- 
d'offrir  facrtfice  pour  le  peuple  :  nous  fommes 
yoirement  inégaux  en  mérite  5  mats  neatmoins 
honore*  par  le  facrifice.  Car  combien  que  -  *  $  T  * 
Christ  nefembie  maintenant  offrir,  il eft offerte» 
ejl  neantmoins  offert  en  terre  lors  que f on  corps  terre- 

y  efi  °ffert* 

S.AuguftiniES  vs-Ch  KiSTainfîi- 

\tué  de fon corps  &  de  fon  fang  ^  kfarifaft-vkxf?** 

i  Ion  l  ordre  de  Melchifedec.  conc.r. 

iÈfychiuSjConteniporaindeS.Augu-^'^^ 
ftin  .Le  Seigneur foupant  auecfesApoflres  of-  inLcuit.c.8. 

\frit  premièrement  Nuaîl/equifaifoitUfgurey 
&  après  fon  facrifice. 

Rupert.  Le  Sauueuragonifant  au  deflroit^u?^'1Aa 

|  de  fa  pafîion, s' immola  premièrement  de fes  pro- 
pres mains  à  fon  verc. 

Ces  paflages  &  les  autres  qu'auons  ci- 
té au  tableau  de  Melchifedec, &:  de  l'A- 
gneau Pafchal  5  enfeignent  comme  le 
Sauueur  inftitua  le  facrifîce  de  Sacre- 
ment de  fon  corps  après  la  cérémonie 
vieille  de  l'Agneau  Pafchal  accomplie, 
qui  eftlafoyquerEglifeatoufîours  te- 
nue &  tiendra  toufiours. 


4^  L'EVCHÀRISTIE 

Le  teflament  du  Sauueurfaiêl  en  Fin- 
fiitution  du  Sacrifice  &  Sacre- 
ment de  fon  cor  j>s. 

g 

m*tj»Fih  ^As^^P  E  fut  en  cefte admirable aftio  , 
de Die^       ff^^s  que  ie  Sauueur    fit  Ton  Te- 
Hcb  8.7.  &  y?^*â^  irament  nouueau ,  de  la  nou- 
vic  *T  uelle  alliance  auec  (on  Egli- 

iXod.i4.    fe    mciiorant  le  vieil  :  auflî   cftoit-il 

Mm.x6.  -rit 

*8.  voilin  de  la  mort ,  temps  propre  de 

Marc.i4*4COnuenable  ,  pour  tefter  &  laifler  vn 

-Luc.n.io.  r       .*  ,  , 

La  coupe  ef-  éternel  tefmoignage  de  la  dernière  vo- 
fandHe0  ceji  Jonté  &  affection  enuers  Tes  enfans.  Les 
J£*Tu  Paroles  du  Teftament  &  du  teftateur 
Mvfe/w^^fpnt  claires  &la  cérémonie  auffi:  félon 
fyured^in.  $  Mathieu  &  S. Marc5le  Sauueur dift, 

txod.z4.  /o  /-  /  >ï  r 

7.8.  Cecyejt  mon  jdng  du  nounedu  Tejtdment  ej- 

^^r-*>-l6'pdndufourf du fieurs  en  remiflion  des  peche^. 
JQl  Et  félon  S.  Luc,  Cefie  coupe  efl  lenouuedti 

Teflament  en  monfldng  ,  efl  an  due pour  yous. 
Lemefmefens  par  tout.  Il  diâ:,  nou- 
uectu  Teflament  de  fon  fangiÇaifant  allufion 
auvieiljqueiadisilauoit  eferit  par  l'en- 
tremifedefonferuitcurMoyfe,  &  figné 
parle  fang  des  beftcs5  pour  figurer  ce- 
ftuy-cy.  Ceftuy~là  fut  fait  au  defert.au 
pied  de  la  môtagne  de  Sinay^où  Moyfe 


ÎNSTÏTVEE.  479 

tome  notaire  Royal,  lift  la  loy ,  &  la  te- 
neur du  Teftament  eferit  &  dôna  les  ad. 
uertiflemens  du  père  de  famille  deuant 
feptâtedes  plus  anciens  nommeement 
conuoquez  ,  &  deuant  le  peuple  heri-Lei^* 
tier:les  biens  aufli  furent  léguez  5 à  fça- 
uoir  la  terre  de  Promiflîon  ,  figure  du    r         , 
Paradis,  en  figure  encorlamortdu  te-t,y^€„r. 
iftateur  înteruint  ;  car  il  y  eut  des  facrifi- 
jeespar  lefquels  la  mort  du  futur  tefta- 
teurlES  v  s-Ch  RiSTfait  hôme^eftoit 
reprefentée  &r  promile  pour  confirma- To»tTeJlf' 

s  J      t*    rt  *  1  n  ment  grai- 

llon du  l  eltarnent ,  a  laquelle  ceremo-//!jntPjy^ 

nie  fe rapporte  ce  que  dit  Dauid,*Ajfèm-*»" {*<*'['"• 

ble^jluy  fis fti nais  cjuifontfon  T 'cfament  &  ïofiiés-ïi 

illiance  auec  facnfice  .•  cérémonie  pradti-L«  /»*/«. 

quée  par  Iofué  ,' quand  il  renouuellaLeimtî* 

l'alliance  de   ce  Teftament  :  obferuécP  , 

rr  t     -r  Salom$0. 

auili  parles  Iuirs  tous  les  ansenlaFefte5.RCg.  9.i?. 
de  la  Pcntecofte  :  par  Salomô  trois  fois  <*II,€rJlon*e 
an.Or  ces  victimes  après  auoirefté  of-E^od.M. 
ertes  à  Dieu,cftoient  prinfes  par  le  Pre-  Hebr.*. 
ftre  5  &:  par  le  peuple,  en  refe&ion  com- 
Tiune,&  l'Autel  6c  le  liure  de  la  loy  auec 
*ux,cftoit  arroui e  du  fang  d'icelles. 

S  e  l  o  n  le  traict  de  toutes  ces  céré- 
monies le  Sauueur  fit  fon  Teftament 
mcefte  dernière  vefprée  ,  au  defert  de 
:e  monde.    En  la  montagne  de  Sina 


480  L'EVCH  A  RI  S  TIE 

z*wo&ts»-vojrcmcnt  comme  le  vieil,  mais  en  vn 
HurfS™.  aucre  endroiâ5à  fçauoir  en  Sion  &  Hie- 
rufalem,  portion  de  Sina  &  contiguë  à 
Gai. 4. 14.  icellcjcomme  dit  Saind  Paul.  En  Sion 
plus  noble  que  l'autre  endroict  de  Sina: 
&en  Hierufalem  figure  plus  naïfue  de 
fbn  Eglifequele  defert  :  dequoy  Efaie 
E&x-j.      auoit  eferit  ,  La  loyfortira  de  Sion  &  la  pa- 
role du  Sauueurde  Hierufalem.     En  icellc 
donc  le  Sauueur  publia  en  deux  mots 
fa  loy& donna  fes  aduertifTemens,di- 
Jmj  limeur,  fant  en  ce  mefme  fouper:Ie  Ifous  donne  ~\n 
j?an'15*34'  nouueau mandement  ^Cejique  'vous'vou*  en- 
x%.  traymte^iloy  d'amour  &:  non  de  crainte, 

Ma1c.14.14  comme  la  loy  du  vieil  Teftament.  Il  fit 
jg.     'z  '  la le&ure  de  fon  teftament  en  ces  mots: 
Marc  1 4 .    ç€Cy  eJl  monfang  du  nouueau  Teftament. 
£4/c  II  fit  fes  laigs  &  promeftes  àCcs  heri- 

:. Cor  n.     tiers,non  d'vnc  terre  de  Canaan ,  com- 
*4,  me  iadis  auxHebrieux^mais  de  laremif* 

(ion  des  péchez  ,  &:du  Royaume  des 
cïeux.Cefang  esfadupour  'Vous^ty*  pour  plu- 
fieurs  en  remijfion  des  péchez^.    Et  de  l'hoi- 
I  a  ?"t      r*c* Je ")/om dityofe monRoyaume^comme mon 
Père  me  la  dtjpofé ,  afin  cjue^ous  mangie%j*r 
beuuiczjn  ma  table,&  (oye^jtfîis  fur  le  throf* 
nés,  iugeans  les  dou^e  lignées  d'ifraè'L  Voila 
iw"""  d*vnc  claufemeruéilleufement  fauorable. 
3  Rcg'1.7.  Dauid  faifant  fon  teftament  enioignit 

au  Roy 


IN  S  TITV'E  5.  4SI 

au  Roy Salomon  fon  fils  de  fair  emâgcr 
àfatableles  enfans  de  Bcrzdlay,  en  li- 
gne de  grand  honneur  &:  amitié.mais  il 
nelesfitpas  héritiers  de  fon  Royaume, 
ny  participas  de  les  honneurs  Royaux: 
icy  le  Sauucur  cômuniqua  fa  table  5  fon 
Royaume&  Ton  throlne  à  fes  amis  :fa  ta- 
ble en  laquelle  eftferuie  pour  viande  5c 
pour  brcuuage ,  la  propre  chair  5  &:  fon 
propre  fan  g,  elle  ne  pouuoit  eftie  plus 
Royalle  ny  plus  exquife,  ny  1  héritage 
plus  grand  ,  plus  noble  5ny  plus  digne 
dVn  tel  teftateur.  Le  teltamët  auilî  auec  l*  ty&u 
laloy  futefcrit,  nonen  tables  de  pierre,  Ttfu™ent 
commele  vieil,mais  escorursdes  Apo-^,  au 
itres  5  3c  de  tous  ceux  qui  fero  vent  ap-  c**r  des 
peliez  à  cefte  hoirie, après  eux.  Et  c eft  chrcJhe°*' 
ce  qu'il  auoit  iadis  predict  par  Hierem. 
le  donneray  ma  loy  dedans  leurs  entrailles  >  &•  H]Crcm- 
lefcriray  en  leur  cœur.  Selon  laquelle  facô 
de  parler  S.  Paul  dtâ  aux  Corinthiens,  i.Cor.j.j. 
Vous  ejics  ÏEjpitre  dcC  H  R  I  s  r.adminifirce 
par  nous ,  &  eferite  non  point  d'arbre  5  mais  de 
ïejpritde  Dieu  1  tuant  :  non  point  en  tables  de 
pierre  jnats  en  tables  £y>i  cœur  de  chair.  I]  fur  Matt 
figné  par  la  main  &:  parle  fang  du  tefta 
tcur,quandluv  tenant  le  calice  &:  tranf-  N UrCi  l4' 
muant  le  vin  en  Ion  fang  ?  il  di£t ,  Ctcy  ej}  * 
mon/an^  le  nouveau  TejUments  l'Autel  en 

H 


482,  L'evch  a  ri  stie 

yjttf&fat  arroufé  quieftoit  le  Sauueuï  mefme 
roujéde  quand  il  en  printtle  peuple  héritier  &  le 
fanz-  liure  arroufé  auffi;  quâd  les  Apoftres  en 
beurent,  &  en  baignèrent  leurs  poiétri- 
nés,  qui  eftoiét  les  tables  où  eftoit  eferi- 
La  re/>^telaloy&leTeftament.Larefeâion  de 
ieUviM-  la  vi&ime  facrifiéefai&e  entre  le  Preftre 
f*  •  &  le  peuple^nand  le  Sauueur  ayant  of- 

fert fon  corps  à  fon  Père  5  le  print  luy- 
mefme  &:  le  donna  a  manger  à  fes  Apo- 
ftres ,  concluant  fon  éternelle  alliacé  en 
la  refeâion  de  fon  corps ,  &  boiflbn  de 
u$  ânes  fon  fang.     L  es  arres  d'amour ,  la  bague 
d'amour.    prccjcu(c    du  teftateur  5  &  la  mémoire 
lahTée3quand  il  laiflfa  ce  mefme  corps,& 
ce  mefme  fang ,  pour  éternelle  mémoire 
de  fa  charité  enuers  fes  héritiers ,  difant, 
En  ma  me-  Faifies  cecy  en  ma.  mémoire.  Ayant  ainfi  le 
£c/re-       Sauueur  eferit  &  accomply  fon  Tefta- 
I9>  '        met  félon  les  trai&s  de  la  vieille  figure, 
il  mourut  le  lendemain3&  fon  Teftamét 
demeura  éternellement  confirmé  par  fa 
mort.  Celle  libéralité  eft-elle  allez  gra- 
de pour  marquer  l'amour  infinyde  ce 
pere/&:cefl:eacT:io  afTezbellepour  digne 
ment  clorrela  vie  mortelle  de  ce  tefta- 
teurf O  diuin  &  puifïât  ouurier  !  ô  doux 
Iefusiô  grandDieu,qu'admirerôs-nous 
donc  icy  premier  parmy  tât  de  merueil- 


INSTITVEE.  48J 

les?voftre  punTance?  voftre  fagefle  ?  vo- 
ftre bonté?  voftre  grandeur?  voftre  pre- 
uoyance/voftre  douceur?  voftre  libéra- 
lité ?  tout  enfemble ,  ou  tout  à  part  ?  où 
tout  eft  grand,  &  admirable  enfemble: 
tout  grand  82  admirable  à  part?  Quel 
ouurier  eftes-vous  ô  Rédempteur  dii 
monde,  d'auoiriadis  fi  diuinement  ttfiii Lavieiûtfi- 
ce  la  figure  de  voftre  Teftament  ,  &  ac-5Myf- 
comply  la  vérité  fur  icelle  figure  auec  de 
il  diuins  traidtsde  melioration?  QuelwWi, 
M-aiftre  d'auoir  laifTé  de  fi  celeftes  enfei- 
gnemenSj  &  fi  belles  loix  d'amitié,  gra- 
uées  en  fi  bô  lieu, es  cœurs  de  nozDifci- 
ples?QueiRoy  d'auoir  faklvne  fi  amia-  £«&*»«. 
ble  &fi  honorable  alliacé  auec  vos  pau- 
uresfubje&s.?  Quel  père  de  famille,  d'a- 
uoir eferit  vnfi  beau  Teftament, &  dcmenl 
vos  ennemis  en  auoir  faid  vos  enfanS  & 
vos  héritiers  dvn  fi  grand  Royaume?  ô 
Redépteur  qu'eftions-nous  fans  ce  Te- 
ftament?nous  eftions  à  iamais  chetifs  6c 
beliftres,  indignes  d'eftre  fouftenusfur 
laterre,dignes  de  l'éternelle  confufion  : 
&pariceluy  ,1e  droi&du  ciel  nous  eft 
acquis,  auec  la  gloire  immortelle  &ne 
tiendra  qu'à  nous  d'en  prédrelapoiîèf- 
fion  &:  d'en  ioùir  d'icy  en  auant  en  paix 
auflîtoft  que  nous  aurôs  combatulebo 

Hij 


484  L'E  VCHÀRISTIE 

Cuifum  combat,  comme  parle  voftre  Apoftre, 
manui!m  gardé  la  foy,  &  confommé  la  courfe  de 
a.Tim.47-nos  ans  es  belles  œuures  de  voftre 
amour  &  charité,felon  voftre  comman- 
dement :  car  voftre  mort  vi&orieufe 
ayant  rendu  valide  &  irreuocable  ce 
Teftament,nous  afaift  ceftefaueur  def- 
fus  vos  anciens  amis  &  enfans  quimou- 
roient  deuât  code  mort ,  lefqucls  encor 
qu'ils  s'en  allaffent  de  ce  monde  auec 
l'efperance  du  ciel,ils  ne  iouyffoient  pas 
pour  cela  incontinent  du  ciel  en  recom- 
penfe  des  œuures  qu'ils  auoient  faites 
en  voftre  grâce  &feruice  comme  vrays 
enfans^  eftant  cela  referuéautempsde 
voftre  nouueau  Teftament3qui  deuoit 
eftrc  éternel  par  voftre  decez ,  &  mettre 
en  plein epofleffio  fans  delayles  enfans 
qui  comme  vrays  héritiers  auroyent 
exécuté  la  volonté  du  Père:  &  quelle 
aftion  de  grâce  fera  battante  pour  di- 
gnement recognoiftre  vne  parcelle  de 
tant  de  faueurs? 


INSTITVEE.  48J 

En  quelle  façon  le  S  auueur  ayant  fait 

fon  Teflamenty  laiffafon  corps 

afes  héritiers. 


Es   pères  ayans  difpofé  de  ^speresUif 

leurs  biens  &  fïenéle  tefta-/fW^ttyî  ,  . 

ment3  meurét  Clament  leurs  Uunenfans. 

corps  pour  eftremisen  terre 
&ry  pourrir  3  &  leur  ame  s'en  va  en  fon 
lieu^fi  bien  que  les  héritiers  n'ont  autre 
meilleur  gage  delà  prefence  &:  perfonne 
de  leur  père,  que  les  cèdres  &  ofTemcns. 
Le  Sauueur  a  gardé  la  fubftâce  de  cette 
cérémonie ,  mais  d'vne  bien  diuerfe  fa-  L^AUUeuY 
çomcar  il  dôna fon  corps  aux  A po (1res  aiatfifo» 
dVne  manière   impafïïble  quoy    quecor/'$1,'M4;,t 

1  .  1      1    -rr  •  1  r        a  fei héritiers. 

mortel  pour  lors  ,1e  lainant  après  a  fon  J 
Eglife  reueftu  voirement  de  la  premiè- 
re robbe  mortelle  fai&e  des  accidens 
du  pain  &  du  vin  :  mais  vny  auec  fon 
ame  de  fa  diuinité,corps  viuant.immor- 
tel&  glorieux 5  pour  tombeau  aufïiila    L"oml«» 

corps  &  lame  defes  héritiers 5 tom-„Sa(i(ireurt 
beauviuant  &rennobly  dVne  ame  rai- 
fonnable^lequelauffis'il  eftbien  prépa- 
ré des  qualitez  requifes  ,  reçoit  de  cet 
hébergement  vn  merueilleux   loyer 5 

H  iij 


486  L'evcharist  ie 

car  au  lieu  que  les  autres  tombeaux  ne 
rapportent  des  corps  enfeuclis  que  def- 
poùilles  de  mort  &  d'horreur, &:  en  font 
foùillezjes  corps  des  Chreftiens  reçoi- 
uent  la  vie ,  l'immortalité ,  la  fanctifi ca- 
tion de  la  ioye  celefte  du  corps  du  Sau- 
ueur.  Au  moyen  dequoy  3  nous  deuons 
faire  vne  extrême  diligence  de  nous 
bien  preparerpour  loger  en  nous  digne- 
ment ce  corps.  L'appareil  principal3c'eft 
l'amour  5  &ïachafteté,  &  après  toutes 
les  autresvertus  de  l'ame  compagnes  de 
yimour     celies-cy.  Nouslisos  qu'Artcmiic  Roy- 
Roy^de*  nc ^e Carie, après auoir erpuifé fes thre- 
carie,        fors  en  vn  magnifique  &  admirable  fe- 
enuersfon     puicnie  qu'elle  drefla  pour  y  mettre  le 
foius.  corps  du  l\oy  ion  mary  trelpaile,  fit  a  la 

Ç1C-  h        finpulueriier  Ces  os  &  les  print  en  breu- 
s>       "•■  ■  '  uage  5  pour  eftre  elle-mcfme  fepulchre 
viin.l56.   viuant  du  corps  mort  de  celuy  qu'elle 
?ii  1 4       auoit  efperduëment  aymé  en  fa  vie  ,  & 
fans  lequel  elle  ne  pouuoit  viure.    Ce- 
ftoit  vn  amour  humain  plus  digne  de 
compaffion  que  de  louange,  qui  neant- 
moins  nous  peut  feruir  d'exemple  pour 
faire  mieuxrcar  combienplus  conuena- 
blement  &  plus  iuftemét  employerons- 
nous  tous  nos  moyens  fpirituels,  noftre 
amour 5  noftre  dcuotion,nozieufnes3 


^NSTITVEE.  487 

nos  aumofmes,nos  oraifons  ,  pour  eftre 
vnGabinet  viuant  du  corps  de  ce  diuin 
Efpoux  de  nos  âmes,  que  nous  receuôs, 
non  infenfible,non  mort,  ny  reduiét  en 
poudre  ,  mais  vif,  immortel,entier,auec 
fon  ame,  fa  gloire,  6c  tout  le  train  de  la 
diuinité  ,  pour  eftre  vn  iour  éternelle- 
ment vnisauecluy? 

Deux  grandes  merueilles  aduenues 

en  ïinflitution  de  ce 

Sacrement. 

10 
Ainct  Auguftin    expliquant  s.  Aug.  in 
ce  que  didt  l'hiftoire  des  Roys,  1^kZ'[\\ 
que  Dauid  feignât  eftre  hors  du  i3.  ô' 
fens    deuant  le  Roy  Achis  ,fe  portent 
en  fes  mains,  prend  occafion  d'admirer 
vne  autre  merueille,  outre  les  fufdi&es, 
quiaduint  en  l'inftitutiond'ece  Sacre- 
ment. Ceftquele  Sauueurfe  porta  en    Comment 
(es  propres  mains ,  chofe  qu'il  eftime  du lsSaut4eur 

1       -ii  •  rr^   1        j  Ce  Porta  en 

tout  admirable  de  împoilible  de  pou-  fiimaliISt 
uoir  eftre  pratiquée  félon  le  pied  delà 
lettre,  par  Dauid,  mais  par  le  Sauueur 
feulement ,  lors  que  tenant  fon  corps  en 
fa  main  3  Se  difant  C  e  c  y  est  mon 
corps,  il  le  portoit  à  fa  bouche  &:  à  cel- 

H  iiij 


488  L'e  V  C  H  A  R  I  S  T  I  E 

le  de  fes  Apoftres.  Or  combien  qu'il  fc 
peut  faire  que  Dauid  faifant  ainfi  le  fol 
fe  portaft  en  (es  mains5  foit  en  marchant 
à  quatre  pieds  à  la  façon  des  petits  en- 
fans  :  foit  en  fe  fouftenant  fur  les  bras  & 
vfant  d'iceux  au  lieu  de  pieds  &;  de  iam- 
bes,a  guife  de  ceux  qui  par  foupleffe^iet- 
tent  leurs  corps  en  Pair  contremont^cô- 
me  faifant  vn  arbre  &  cheminant  auec 
les  mains.-Sainâ;  Auguftinneantmoins 
araifondedire  que  ce  port  defoy-mef- 
meenfes  mains,  appartient  feulement 
au  Sauueur:  car  c'eft  luy  qui  vrayement 
fe  porta  foymefme,  Dauid  ne  fe  porta 
pas  des  mains.mais  pluftoft  des  pieds  &: 
des  bras  enfernble5fi  c'eft  la  première  fa- 

f:on  des  fufdi&es:  ou  des  bras  feulemét, 
i  c'eft  la  féconde  :  mais  le  Sauueur  fe 
porta  proprement  en  fes  mains  5  ne  plus 
ne  moins  que  celuy  porte  de  fa  main  la 
viande  qu'il  met  à  fa  bouche  ou  à  celle 
d'autruy. 
*jtttrec*s     1  L  y  eut encorvn  autre  cas  admira- 

ZZ7jhi»jh  blc  en  cefteinftitution,  c'eft  que  le  Sau- 
t»tto».  ueur  fe  print  foy-mefme  en  viâde,chofe 
nonoûienyaduenuë  à  aucun  homme 
depuis  le  mode  creé.Les  hiftoires  nous 
difent  bien  que  quelques  mères  fe  font 
repeuës  deleurs  enfans,  comme  Marie 


? 


INSTITVEE.  489 

la  luifue  :  &:  quelques  perfonnes  qui 

ont  mangé  certaine  partie  de  leur  corps  *f  îmW"* 

rr     j    1      •    ?  j  1  1     IofePh  l?' 

pouliez  de  laviolence  de  quelque  mala-  dcbdl.iu- 

die  extraordinaire:mais  on  ne  litiamais  c,aic- 
quvn  homme  fe  ioit  ou  fepuiflc  man- 
ger foy  -  mefme  entier  :  mefme  demeu- 
rant fans  leiïon:  &  tel  a&c  ne  vint  ia- 
mais à  la  penfée  des  humains.  Lefeul 
Fils  de  Dieu  l'a  peu  faire  &  l'a  fait  icy3  &: 
donné  en  cela  vn  iliuftre  tefmoignage 
qu'il  eftoit  Dieu  faifant  vn  œuure  fai- 
sable de  Dieu  feul  par  vertu  incômuni- 
cable  à  tout  autre.  Carceft  Dieu  feul  w—ftd$ 
qui  vit  de  foy-mefme,  &fa  propre  viâde  ^A  v,e' 
c  eft  luy  ;  les  créatures  viuent  des  autres 
créatures, &  leur  viade  eft  au  dehors  de 
leur  corps,  &:  nulle  ne  vit  d'elle-  mefme: 
&:les  efprits bien-heureux  auciel5viuét 
delà  vifiô  deDieu:mais  Dieu  feuleftfa 
vie  &:  fa  viande  de  toute  éternité^  &:  n'a 
que  faire  d'autre  chofe  que  de  foy-mef- 
me  pour  fe  fubftanter  eternellemét.  De 
manière  que  le  Sauueur  fe  prenant  foi- 
mefme  en  viande ,  fe  marqua  de  la  mar- 
que de  fa  grandeur  3  Se  monftra  comme 
parvneflày  propre  àJDieu,  qu'il  eftoit 
vray  Dieu,  s'eftant  peu  faire  viande  de  • 
jfoy- mefme,  voire  félon  le  corps  à  la 
femblance  de  fa  diuinité,  en  laquelle 


49°  L?EVCH  A  RI  S  T  IE 

ileft  viande  &c  aliment  de  foy-mefme,. 

ce  qui  ne  conuicnt  à  autre  chofe  viuan- 

tc  qu'à  Dieu.    Etceftce  qu'ilafignifïé 

loan.5-i6.  par  ces  paroles  ,  Comme  mon  Père  a  U  Trie 

m-  en  foy-rnt fme.de  mefme  d  il  donné  au  Fils  puifc 

S.  Chryl.        r  r  ■     i         •  r  r  tV 

hom.49.in  imce  "UHOir  U  vie  en  (oy-mefme.  t  Donc 
loan.  pour  preuue  &:  déclaration  de  (on  dire, 
il  fc  print  foy- mefme  en  viande  corpo- 
rellement  D  comme fpirituellement  iuy- 
mefme  eft  fa  vie  &c  (a  viande ,  &  fa  féli- 
cité, &:  celle  de  fes  éleuz. 

Sainér  le  an  premier  en  la  communion 

des  zApojires.  [JEuchariflie  le 

vray  repas  ,(0  leprefent 

du  repas. 

11 
E  Sauucur  donc  offrit  fon  corps 
&:  fon  (ang  à  Dieu  fon  Père   en 
facrifice  5  &z    les  ayant  prins  le 
?vH,q»y  premier  les  donna  à  fes  Apoftres  en  re- 
s.uanfitÊ    fe<5tion  commençant  à  Sain 61  Ieamnon 
lïmZZan  feulement  parce  qu'il  iuy  efloit  le  plus 
tUonpsd*    proche  en  table  5  mais  parce  qu'il  eftoit 
S4*%€ur.      j0-^  cj'vne  ilnauljcre charité  de  chafte- 
.  té  5  vertus  toutes  propres  pour  digne- 
ment faire  affeoir  la  perfonne  en  la  table 
de  ce  fefna  d'amour  &r  de  pureté.  C'eft 


w&     r  *~ 


INSTITVEE.  491 

icy  où  commença  le  repas  qui  feul  eft 
le  vray  &  facré  repas  5  de  commença 
poureflre  concinué  tant  que  le  monde 
dureroit.  Tous  les  autres  qui  auoyent 
efté  iadis  inftituez  enlamaifon  de 
Dieu  5  n'eftoyent  que  figures  de  ceftuy- 
cy  :  les  viandes  quils  contenoient 
eitoient  viandes  de  corruption  &:  de 
mort ,  pour  la  vie  mortelle.les  viftimes5 
les  offrandes  &  tout  ce  qui  fe  mettoit 
fur  l'Autel  ou  fur  la  table  en  laloy  de  na- 
ture &  de  Moyfe ,  n'eftoient  que  corps 
morts  pour  viande  mortelle  des  corps 
mortels  :  le  corps  du  Sauueurc'eft  le 
corps  de  vie  &  viande  d'immortalité. 

En  ce  repas  fut  célébrée  la  ceremo-  UJJ" 
nie  de  l'alliance  fai&e  entre  Dieu  &  les 
hommes  ,  par  l'entremifedela  chair  Se 
du  fang  de  Dieu  fymboles  fignifîcatifs, 
&:  quant  &;  quant  effectifs  3  d'vne  très- 
e(lroi(5te  &:  tres-diuine  vnion,  du  chef 
auec  (es  membres ,  &:  des  membres  en- 
tr'eux  :  &les  fymboles  qui  furent  les 
mets  de  table,  &;  laliaifon  des  affiftans, 
les  mefmes  furent  lesprefens  du  feftin. 
C'eftoit  vne  couftume  célèbre  parmy 
les  nations  du  monde  ,  de  donner  des 
prefens  après vn  grand  feftin,  lcfquels^f6^' 
eftoiét  appelles  du  motGreccbrDf  opjrct,  Coujtum*. 


S.Ambr.in 
ta  h  or.  ad 


Dsï  argent, 

Ifid. 

Desvafes-, 

Sueto.m 

Caligul. 

Z>es  beftes. 

lamprid» 

in  Helio* 

gabalo. 


Hcft.i. 
Exod.il, 


492  L'EVCHARISTIE 

ApoforetAj  comme  qui  diroit  rap- 
ports .-dont  parlantS.  Ambroife  efcrit 
en  ces  termes  en  fon  exhortation  aux 
vierges.  Ceux  cjuî  font  inuit ezji  ~\>n  grand fe~ 
ftin  ont  de  coufiume  de  rapporrer  des  prefens 
comiuiaux.  Qui  d on n oit  des  vafes  d'or> 
qui  d'argent,  qui  de  l'or&  de  l'argent 
monnoyé:qui  des  bagues,  qui  des  be- 
ftes :  qui  des  hommes  :  le  Fils  de  Dieu 
donna  fon  corps  &  fonfang,  prefens  du 
feftin3mets  du  feftin,  &  feftin  enfemble, 
furpafiantleprix  de  tous  les  prefens  de 
la  terre,  comme  aufïî  la  grandeur  &  de- 
lices  de  tous  les  feftins. 

Des  paroles  du  Sauueur,  Failles  cecy 
enmamernoire. 

11 
R  ce  diuin  repas  ne  fut  pas  in- 
ftitué  pour  eftre  faid  vnc  feule 
fois, comme  celuy  d'Afïuerus, 
mais  pour  eftre  continué  iuf- 
quesàlafîndu  mode, corne  l'Agneau 
Pafchalcôtinuaiufquesàlafin  delaSy- 
nagogucainfiqu'ila  efté  déclaré.  Au 
moyé  dequoy  ayât  leSauueur  côtfiunié 
fes  Apoftres5&  eftably  Finditution  du 
banquet  en cefte  première  réfection:  il 
en  commande  la  continuation^  mon- 


INSTITVEÏ.  49J 

ftre  la  fin  pour  laquelle  il  veut  eftre  con- 
tinué, difant)  Faittescecy  en  met  mémoire*  L"c.i2.i9. 
C'eft  à  dire,  continuez  ce  fàcrifïce  &  lz^°l 
feftin  en  mémoire  de  moy.    le  feray 
toufiourslefacrifîce  &  le  Sacrificateur 
principal  D  mais  inuifiblc.  le  vous  or- 
donne Preftres  pour  eftre  mes  vicaires 
^Sacrificateurs  vifibles  en  mon  Eglife, 
tout  ainfi  que  ie  vous  ay  donné  Tauéto. 
rite  de  Do&eurs  &  Pafteurs  pour  tenir 
ma  place  en  la  chaire  de  vérité  &  paiftre 
&  régir  mon  troupeau;  faiâes  donc  ce- 
cy;  ïaiâes  cefte  action,  la  plus  noble 
qui  fe  fera  en  ma  famille,  &  continuez 
la  en  mémoire  du  facrificc  qui  demain 
fera  offert  par  moy  en  la  croix  i  pour 
vous  &:  tout  le  genre  humain  :  fai&es  la 
en  mémoire  de  la  paffion  que  i'auray 
foufferte  pour  vous,en  mémoire  du  prix 
infiny  de  mon  fang  que  i'auray  efpandu 
pour  vous:  en  mémoire  delà  viâoire^, 
que  i'auray  obtenue  pour  vous  fur  Icsenmam^ 
ennemis  de  voftre  faîut  :  fur  les  puiflan- 
ces  infernales:fur  les  tyrâsde  vos  efprits: 
fur  le  Prince  des  tencbres:fur  la  chair  & 
le  monde:  en  mémoire  du  bien  de  la 
gloire  immortelle,que  ie  vous  auray  ac- 
quis ,  &  à  tous  ceux  qui  voudront  eftre 
mes  membres,  me  donnant  en  holo- 


moiret 


494  L'E  VCHARISTIE 

caufte  en  l'Autel  de  la  croixrfaidtes  cecy 
feftoyez  &:  célébrez  ce  facrifice  en  mé- 
moire de  cet  exploit,  le  continuas  fans 
mefure  de  temps:  Se  quand  cefte  paffion 
fera  paiTéevne  fois5qu  elle foit  toufiours 
viue  &:  prefente  par  voftre  feruice  en  la 
mémoire  &  en  la  face  de  mon  Eglife: 
&  comme  le  bien-faiâ:  eft  démérite  in- 
'  finy3  que  la  cognohTance  en  (oitauflî 
Luc.  11.9.    éternelle.     C'eftle  fens   de  ces  mots> 
.      Fdièles  cecy  en  ma  mémoire.   Laiuftice  tant 

Les  grandi        ,.     .  ,.  .  .  .„ 

cxp'ioitts  font  diurne  qu  humaine  requiert  5  qu'on  do- 
dignes  i* me- nc  louange  aux  grands  exploits  de 
vertu,  &:  qu'on  foit  memoratifd'vn  bien 
Le  culte  dm  faiâ,&  que  la  mémoire  en  foit  de  tant 
Sabatb .  plus  viue  de  honorable5que  le  bien-faiâ: 
Exod.  10.8.  eft  grandi    Ceft  pourqu0y  Dieu  corn- 

Laneome .manda le  iour  du  Sabath  en  mémoire 

nie.  de  la  création  du  monde:laFefte  de  la 

i.Para.  1.4.  Neomenie  en  mémoire  de  la  conferua- 

tion  d'iceluy:  l'Agneau  Pafchal en  me- 

PafchJ.       moire  de  la  deliurance  des  Hebrieux 

Ezo4.ii.     captifs  en  Egypte.     Les  mefmesHe- 

2.  Mack!    t>rieux  celebroiét  la  victoire  de  Mardo- 

vkimo.       chée,gaignée  furies  cnnemis.-celle  delà 

iadiz.16.     vaiiiante  Iudith5 obtenue  fur  Holofer- 

ne.  N'eftoit-ce  pas  donc  raifon  &iufti- 

ce,qu'il  y,  euft  vn  mémorial  de  la  paffion 

du  Fils  de  Dieu:  eftant  iccllc  vne  oeuure  I 


INSTITVEE.  495 

la  plus  admirable  qui  fut  iamais3  vray  e- 
ment  œuure  d'vn  tout-mifericordieux 
SeigneurPeftant    icelle  fa  plus     haute    <*&*?» 

••rrri  11         »{cl     '         r  i        tout -put  fiant 

proueile,  fa  plus  noble  vicioire^ion  plus  &  t^ut.y0H 
grand  bien-faic~t  enuers  les  mortels,  &s«g»w. 
pour  lequel  feul5  il  eftoit  defeendu  des 
cieux5prcnant  la  robbe  de  cefte  morta- 
lité :  mefmes  que  cefte   rédemption  ne 
pouuoit  eftre  ialutaire  fans  cftre  ^Ç^~ Lapa^on 
quée  &renduë  propre  d'vn  chafeun  par  d»sauucur 
cefte  mémoire  itérée  auecfoy  ,  amour /""'^^ 

-  .  .  -       r         reco»neijJan- 

deuotion,  contemplation  ,  anec  îeume^ 

veilles  &:  autres  œuures  de  pieté,  qui 

font  les  portes  par  lesquelles  ce  mérite 

ïnfiny    entre  dedans  nos  âmes  ,&:  leur 

eft  faift  propre ,  &  toute  la  parfion,  tout 

ainfi  que  les  feneftres  d'vne  maifon  font 

les  moyens  par  lefquels  ceux  qui  font 

dedans  participent  les  rayons  du  Soleil 

&  en  ioùiffentjComme  s'il  ne  luifoit  que 

pour  eux. 


49  6 


L'EVCHARISTIE 


LaAdeJJe  mémorial  très-propre  de  la 
pajjîon  du  Sauueur. 


Veux  ckofes 

pour  rendre 
•vn  f aie}  me- 
morable7 
l'Autel  &  la 
table. 


Coujlume 
desgrands 
pourperpe- 
tner  Unie- 
moire  de 
leurs  attts. 


x3 

x  O  m  m  e    il    eftoit    raiibnnable 

&  important  que  la  mémoire 
de  noftre  rédemption  fuft  touf- 
iours  frefche  de  yiuante  en  noz  âmes, 
aufïi  cefte  diuine  fagefTe  a  choify  vn 
tres-conuenable  moyen  pour  la  repre- 
fentertres-honorablement&:  auec  fin- 
guliere  efficace,  inftituant  à  cefte  fin  vn 
facrificeenfa  maifon,^  vne  refe&ion 
folemnelle  entre  fesenfans:  car  ce  font 
les  deux  aâes  qui  peuuent  fouueraine- 
ment  honorer  Dieu  ,  &  efficacement 
perpétuer  entre  les  hommes  la  mémoi- 
re de  quelque  chofe.  Le  facrifice  reco- 
gnoift  Dieu ,  l'honore,  &  l'hommage 
luy  rendant  grâces  de  fes  bien-fai&s  :  & 
la  réfection  r,afTemble&  vnit  les  hom- 
mes, &:  rend  leur  affemblee  plus  cé- 
lèbre &  plus  capable  de  retenir  la  mé- 
moire des  chofes  paffées^&plus  puiflan- 
tekla  mieux  grauer  &  la  pouffer  plus 
auant  dans  les  fiecles  de  la  pofterité. 
Aufïi  voyons-nous  tant  en  Thiftoire  fa- 
crée  que  profane ,  que  les  plus  grandes 

actions 


INSTITVEE.  497 

a&ioos  des  mortels ,  des  Roys,  des  Ca- 
pitaines, &:  Princes  &  Republiques  du 
monde  ,  pour  la  paix  ,  pour  la  guerre, 
pour  les  victoires,  pour  les  triomphes, 
pour  les  funérailles,  &c  autres  œuures 
de  grande  importance ,  ontefté  entre- 
prinfes  &  paracheuées  par  I'entremife 
defacrifices  de  de  feftins.  Salomon  cc-Sahmon. 
lebrapar  facrifices  &  feftins  innornbra-*ReS  8* 
blés  la  dédicace  de  ce  magnifique  tem-  7,^, 
pie  qu'il  auoit  édifié  à  Dieu  ;  les  Perfes, 
les  égyptiens,  les  Grecs ,  les  Romains 
&:  toutes  les  nations  du  monde  vfoyent 
de  mefme  moyen  pour  honorer  leurs 
aéteSj&r  rendre  la  mémoire  d'iceux  im- 
mortelle. Ceire  façon  de  faire  çeft  vne 
loy  emprainte  à  la  nature,  &  pratiquée 
fainâement  eniamaifon  de  Dieu.  Ce 
n'eft  pas  donc  merueillequé"  I  e  s  v  s- 
Christ,  autheur de  toutes  bonnes 
loix,  ait  eftably  vn  Autel ,  &  vne  table, 
vnfacrifice  &  vn  feftin,pour  grauer,ho- 
norer ,  Se  faire  viure  à  iamais  la  mémoi- 
re de  fa  triomphante  mort ,  mais  qui  eft 
de  plus  grande  efficace  que  tout,à  viue- 
mentreprefenter  cette  mort, &pluscôfi. 
derable  que  tout  en  tout  ce  fié  appareil, 
c'eft  qu'il  a  voulu  que  ce  mdme  corps 
qui  a  enduré,  qui  eft  mort,  qui  a  triom- 

I 


498  L'e  V  C  H  A  R  I  S  T  I  E 

phé  endurant  &  mourant,fut  prefent  en 
ce  facrifice  &:rcfeétion,&  fut  le  mets  de 
l'vn  de  de  l'autre.    Il  n'a  pas  ordonné 
qu'on  le  celebraft  par  paroles ,  my  ftercs, 
Manière  de  &  corpS  des  beftes  ,  commeiadis  :  luy- 
7lperfonZ.  mefmc  a  voulu  eftre  prefent  à  l'action, 
ne  plus  ne  moins  qu  vn  Roy  qui  voulat 
célébrer  quelque  fienne  grande  victoi- 
re, non  feulement  la  feroit  raconter  & 
chanter  par  des  Orateurs  &  Poètes, ôda 
reprefenter  par  images, mais  luy-mefme 
y  feroit  en  perfonne  ,  faifant  le  principal 
perfonnage  de  toute  lareprefentation. 
Ainfi  leSauueur  a  reprefenté  fa  mort  vi- 
ctorieufe  ,  y  eftant  luy-mefme  le  princi- 
pal autheur  :luy-mefme  le  premier  of- 
frant &  Sacrificateur:  y  donnant    fon 
corps  immolé  ,   fonfangefpandu,fon 
thnpregnan-  corps  comme  mort ,  &  neantmoins  vi- 
"•  L  uant  -.fonfang  comme  tiré  du  corps ,  8ç 

neantmoins  vny  auec  le  corps  r  en  fom- 
me    s'exhibant  en  facrifice  &  en  réfe- 
ction, d'vne  manière  véritable,  efficace, 
3c  pregnante,  pour  clairement ,  viue- 
ment,&  profitablement,  effigier  la  fem- 
àen^nelr  blance  &  mémoire  de  cefte  fiéne  mort, 
Va[cbai       à  l'honneur  de  fon  Père ,  &:  falut  de  fes 
Tulmelr  kien'aymez  :  &  acomandé  de  célébrer 
£xod.u.     ce  facrifice  &c  feftin  non  d'an  en  an3  non 


INSTITVEE.  499 

en  vn  lieu  feulement 3  comme  celuyde  *»vniie* 
l'agneau  liiif  3  mais  toupies  iours  &  plu- ^j£j£ 
fieurs  foisleiour.-ôcce  en  autât  de  lieux 
que  lafoy  de  ion  nom,  &le  nom  de  fa 
Majefté^eftendroit.,  bc  en  autant  d'en- 
droits de  la  terre ,  que  la  lumière  de  fa 
glorieufe  croix  feroit  arborée. 


ftnguL 


La  Jïïfejjele  feftin  de  Dieu  ou  il  ejî 
\ierement  inuoquéen  la  loy 
âegraceffi  les  Chrétiens 

exauce^ 

H 

'Est le  fingulierfacririce&fe- 
ftin  Royal  par  lequel  Dieu  eu: 
fouuerainement  honoré ,  bc  fa 
créature  eft  extrêmement  aydée  :  car  en 
iceluy  fa  Majefté  ne  refufe  rien ,  tât  foit- 
il  grand,  de  ce  qu'on  luy  demande  po  ur 
le  propre  falutou  celuy  d'autruy  :  ôc  la 
créature  s'y  enrichit  par  fes  dons.     Les    Ty^a 
Rois  Perfeans  celebroient  en  leur  Cour^ 
vne  forte  defeftin  dédié  ou  au  iour  de^T™*. 
leur  nahTance  ou  de  leur  Sacre  &  co-J^T^ 

faut  des 

ronnement ,  lequel  ils  appelloyent  en.ReWfper- 
langage  Perfean  Tycta, comme q  ui^  r  . 
diroit,parfaiâ:  fouper.    Cefeftineft  oiti-u.^. 
priuilegié  d'vne  telle  prerogatiue,  que 


500  L'EVCH  ARI  STIE 

le  Roy  n'efconduifoit  aucun  es  deman- 
des qu'il  luy  faifoit.  Couftumequi  fut 
aufïi  fagement  ,  qu'heureufement  pra- 
tiquée par  la  Royne  Hefter,  car  fon 

Hefter.  biftoire  nous  dit }  qu'ayant  efpié  la  fai- 
fon  5  elle  feftoya  auec  Royal  appareil 
Afluerus  fon  niary ,  Roy  des  Perfes  & 
Medes5aux  fins  d'obtenir  de  luy  ven- 
geance de  fes  ennemis,&:deliurâce  pour 
fon  peuple.Si  bien  qu  après  la  refe&ion 
prinfeluy  ayant  le  Roy  di&,  Quelle  efl  ta 

Heft.7.1.  demande  g  Hefter ,  afin  quelle  te  foh  accordée* 
Et  que  veux-tu  ejïrefai£l>  Quand  bien  tu  de- 
manderais la  moitié  de  mon  Royaume,  tu  lob- 
tiendras:  elle  demanda  hardiment,  &:  ob- 
tint aufïi  facilement  ce  qu'elle  luy  auoit 
demandé.  Le  Fils  de  Dieu  eft  plus  ma- 
gnifique en  cefien  feftin  confacréaux 
ioursdefa  mémoire  qui  doit  eftre  conti- 
nuelle:car  il  y  donne  non  les  biens  de  la 
terre ,  mais  foy-mefme  en  facrifîcc  &:  en 
viande  pour  noftre  falut.  Et  nous  met 
en  main  vn  prefent  auec  lequel  nous 
pouuons  demander  à  la  Maieftédefon 
Père  5  tout  ce  qui  concerne  noftre  falut 
&  repos,  auec  afleurance  d'eftre  exau- 
cez^ nous  promet  non  la  moitié  d'vn 

vieudonne  R0yaume  terrien  5  comme  les  Rois  ter- 

Koyéumt.    riens  :mais  en  Roy  celefte,  le  Royaume 


INSTITVEE.  501 

des  deux  tout  entier.  De  manière  que 
la  promefle  que  iadis  faifoit  Dieu  aux 
Hebrieux  captifs  en  Babylone  5  Vous  Icrcm-4*- 
mtinuoquere\j&*  ie^ous exduceray  5  eft  diui- 
nement  accomplie  en  la  loy  de  grâce  par 
le  moyen  de  ce  noble  feftin,  &  vraye- 
ment  parfait:  car  encor  qu'en  la  Loy 
de  Nature  &  de  Moy fe ,  Dieu  eut  pour 
agréables  lesfacrificesdefes  feruiteurs, 
&  exauçaft  leurs  prières    :    c'eftoit  de 
loing5moings  liberallement  3  &  touf- 
ioursen  contemplation  du  futur  Mef- 
fias,quideuoit  vn  iour  fatisfaire  la  di- 
uine  Majefté  par  l'offrande  &  facrifî- 
ce  de  fon  corps  :  au  lieu  qu'en  la  Loy  de 
grâce  les  Chreftiens  facrifient  vn  facri-      Ul°3  de 

r  r  •  il-      n.Zrace  temt" 

nce  iouuerainement  agréable  ,  qui  M^ro?r^out 
le  corps    &   fang  dlceluy  Mefïïe  ,  &  *ftree**»té. 
prient  la  fatisfa&ion  en  main,tirée  de  ce 
corps  &lefang  ,  payement  le  plus  beau 
qui  puifte  eftre.  Ils  prient  le  Père  parle 
Fils  ,  qui  eft  la  plus   prefTante    prière 
qu'on  fçauroit  imaginer.    Les  hiftoircs 
nous  difent  que  les  Moloffiens  voulans 
impetrer  quelque  grâce  de  leur  Roy,  Moiospem. 
prenoient  vn  de fes  fils ,  ôc  le  tenans  en-  pl^arch- 
tre  les  bras  ,  le  mettoient  a  genoiuls  de-  nuft. 
uantluy  3  ioignant  l'Autel  domeftique 
&cefaifant  ilsn'eftoient  iamais  efeon- 

iiij 


502,  L'E  VCHARISTIE 

duits:  de  laquelle,  façon  de  fuppliervfa 
Thmifto-  Themiftoclés  lorsqu'eftâtbanny  d'A- 
cUi-  thenes,il  vint  en  ce  païs-là  :  &  fe  garan- 

tit par  cefte  cérémonie  du  courroux  du 
Roy  des  Moloffîens  Admerus,,  qui  luy 
eftoitpieça  grand  ennemy^&reuftfaiét 
mourir  fans  cefte  barrière  3  le  tenant  en 
fa  puiffance.   Celte  manière  de  receuoir 
la  prière  pour  l'amour  du  fils  eft  naturel- 
le^ ne  faut  pas  doubter  que  puifque 
Dieu  autheur  de  la  nature  a  donné  cefte 
inclination  aux  pères  5  ilnel'ayeluy- 
mefmes  en  foy5  &:  ce  de  tant  plus  parfai- 
tement qu'il  eftvn  Père  d'infinie  per- 
vieuviJe  '  fe&ion  &  amour  .,&:  que  ce  fien  Fils  eft 
im*gedefor>  l'image  naïfue  de  la  perfection  de  fon 
Pere  pere.  &:  parce  infiniement  aymédeluy. 

Demander  fct  partant  le  bauueur  exnortoit  iesDit- 
aunomde  cip\cs  à  demander  hardiment  à  fon  Pe- 
Chrut.  te  ce  qu'ils  voudroient  en  fon  nom  &c 
Matth.ti,  par  fon  mérite, comme  ayant  droic-t 
îoâartiA  ^'obtenir  par  luy  tout  ce  qu'ils  deman- 
M4»^ee/rderoient.  L'Eglife  auffifuiuantla  dire- 
i-Egiijeà      ûiondc  fon  Rédempteur  ,  fermé    Ces 

fermer  f es  .  jt  r? 

oratfons.  prières  en  ion  nom  3  allant  :  bxaucez 
nous  Dieu  tout-puiftànt  par  1  e  s  v  s- 
Christ  voftre  Fils  :  Se  encores  que 
tout  Chreftien  ait  en  tout  temps  5  &  en 
tout  lieu  accez  à  Dieu  parle  mérite  de 


ÏNSTITVEE.  505 

fon  Fils,cefl  toutesfois principalement 
celuy  qui  prie    célébrant  la  Méfie,  ou 
loyant, principalement  s'il  fe commu- 
nie: car  ileftau  banquet    parfaidt  au- 
quel le  Roy  ne  refufe  rien  :  &  prie  en  la  &fc* #/*»*. 
réelle  prefence  de  celuy  par  qui  la  pric-^f^lcl'. 
re  porte  créance  &  prerogatiue  d'eftre 
exaucée  delà  Majefté  diuine.  Voylalc 
banquet,lë  Sacrifice  &:  le  Sacrement  de 
laloy  de  grâce  ,  figuré  par  tous  les  an- 
ciens &:  Soubflituéen  leur  lieurTobla- 
tion  &r  faGrifices  des  Chreftiés  &  le  plus 
noble  infiniment  qu'ils  ayent  pourin- 
uoquer  Dieu,  &auoir  l'o&roy  de  tou- 
tes leurs  requeftes  :  voila  noftre  Eucha- 
riftie  &  noftre  Mefle.Les  oraifons,  les  {Cere™T£i 
efcritures  , les  habits  &  les  cérémonies" 
qui  ont  efté  du  depuis  ordonnées  par 
les  Apoftres,^  leurs  fuccefTeurs  ,  &  des- 
quelles on  vfe  en  la  célébrant,  ne  font 
pas  le  Sacrifice  de  la  Méfie ,  elles  en  font 
feulement    les  atours  :   l'efTence  de  la 
Mefie,&:detoutcefeftin  Royal,  ceftle 
corps  &  fangduFils  de  Dieu  offert  en 
Sacrifice  memoratif  de  Sa  mort. Ce ft  ce- 
tte offrande  &  ce  Sacrement  qui  fai&le 
gros  du  banquet,  le  refte  Sert  Seulement 
pour  honorer  cefte  honorable  &  diui- 
ne a&ion.    En  cefte  veSprée  donc  du 

I  iiij 


504  L'EVCHARItOIE 

quatorzième  iour  de  la  Lune  fût  im- 

Ltvray    moléle  vray  Agneau  :  la  figure  du  vieil 

fmmoUen    accôplie ,  le  droidt  des  facrifîccs  légaux 

Vinftituthn  finy,&  la  durée  de  la  Sinagogue  terrpi- 

ê*CEu<h*,i.    t     &lc  fondcmcnt  mis  de  la  loy  de 

Cordre  de  grace5  toutes  leiquelles  choies  le  bau- 
Meicbifedec.  ueur  fignifia  encor  diuinement  par  la 
circonftance  du  temps  auquel  il  auoit 
ordonné  la  Pafque  luifue,  &  auquel  il 
eftabliftlefacrifice&  Sacrement  de  fon 
corps,  qui  nous  refte  à  déclarer  pour 
finir. 

La  rédemption  du  genre  humain,& 

la  fin  de  la  Synagogue figni fiées 

par  ïinfiitution  de  ÏEucba- 

rifiiefaiéîe  en  pleine 

Lune. 

XpLiQVANTle  tableau  de  l'A- 
neau  Pafchal 5  nous  auons  di<5t, 

que  la  cérémonie  commença  au 
quatorzième  iour  du  premier  mois  de 
l'an  Saind  des  Hebrieux5furle  vèfpre, 
parce  qu'en  celle  nuict  les  aifnez  d'E- 
gypte furent  occis  5&  les  portes  ouuer- 
tes  à  la  franchife  des  enfansde  Dieu. 
LcSauueur  donc  pour  accomplir  la  fi- 


INSTITVEE.  yOJ 

gure  ancienne,  &  naifuer  fur  icelle  le 
traid  de  la  vérité  figurée  ,  ainftituéle^^^ 
Sacrement  de  fon  corps  en femblable ^H* 
temps,  temps  vrayement  proche  de  la 
vraye  deliurance  ,  comme  la  Pafque 
Iuifue  fut  le  fignal  voifin  de  la  liberté 
des  Iuifs  :  carie  lendemain  de  cefte in-  Exod.it, 
ftitution  le  Sauueur  deuoit  rompre  le 
ioug  de  péché  &:  retirer  le  gère  humain 
delà  tyrannie  de  Satan  figuréepar  cel- 
le de  P  haraon.  Mais  il  y  a  encor  vn  my- 
ftere  caché  foubs  le  nombre  des  iours& 
en  l'cftatdela  Lune,  que  le  Sauueur  a 
de  mefme fageffe conduiâ:  au poinét  de 
fa  perfection. Il  eft  diét  que  l'Agneau  de-  Le.io,h*r 
uoit  eftre  receu  à  la  maifon  le  dixiefme  ^o^^-'s- 

.  .  n   .  .  /  Immile  4ui  4. 

îourdu  premier  mois,&immole  au  qua-  Exo.iz  9. 
torziefme.    Le  Sauueur  accomplit  le  Centrée. 
premier  traid,  quandil  fit  fon  entrée  en  j0att 
Ierufalem  ,  monté  fur  vne  anefle  &:  fur  u. 
vn  afnon  indompté:  car  fainét  Ieâ  eferit 
que  fix  iours  deuant  laPafque.il  vint  en 
Bethanie,  &  le  lendemain  qui  fut  cinq 
iours  deuant  la  Pafque,  il  entra  en  Ieru- 
falem.ee  fut  donc  au  dixiefme  iour  qu'il 
fut  receu  en  Ierufalem  en  grandeioye, 
commefÀgneaudela  Pafque,  poury 
eftre  immolé  au  quatorziefme  en  fon 
Sacrement  3    fans  effufion  fanglante, 


.oan.i; 


506  L'E  VCH  A  RI  S  TIÊ 

6c  le  lendemain  en  la  croix ,  par  réelle 
occifion  :  car  comme  le  fixiefme  iour 
deuant  la  Pafque ,  c  eft  à  dire  deuantle 
quatorziefme  futleneufiefmedu  mois, 
ainfi  le  cinquiefme  deuant  icelle  fut  le 
dixiefme  d'iceluy  mois. 

Ww»«  L  e  fécond  traic~t  qui  eft  de  l'eftat  de 
la  Lune  a  efté  non  moins  fagem.ent  alli- 
gné.  La  Lune  auoit  quatorze  iours  au 
vefpre  del'Agneamcar  le  quatorziefme 
du  mois  eftoit  le  quatorziefme  de  laLu- 
ne>  d'autant  que  le  commencement  du 
mois  c'eftoitle    commencement  de  la 

AmulUau   Lune  5  comme  il  a  efté  déclare  ailleurs, 

T4%Tr*  cIlc  cftoit  donc  en  fon  plein.  Nous 
auons  dictque  la  Lunefignifioitla  Sy- 
nagogue 3 parquoy  la  pleine  Lune  doit 
fignifierlamefmeSynagogueparuenuë 
en  fa  perfection.  Quand  donc  le  Sau- 
ueurainftituéle  Sacrement  &  facrifice 
defon  corps,  à  tel  iour  &à  telle  heure, 
il  a  accomply  la  vérité  figurée,  &  quant 
&  quant  a  fignifié  par  la  cérémonie  du 
temps  ,  quela  Synagogue  eftoit  en  fa 
plénitude  ,&:  qu'elle  s'en  alloit  accom- 
plie en  l'inftitution  delà  Pafque  Chre- 
ftienne  ombragée  en  la  Iudaïque;  & 
s.  Ambrof.  c'eft  ce  qUe  Sainct  Ambroife  entr'au- 
Ma«h!c.     très  Doreurs  note  difant.    Le  Seigneur 


INSTITVEE.  507 

célébra  en  la  plénitude  de  U  loy^uileftoitye- 
nu  accomplir.  Une  reftoit  pour  entière 
confommation  que  le  trai6t  de  la- croix. 
Parquoy  deflors  les  facrifîces  Iudaï- 
ques  figures  du  noftre,furent  abolis  de- 
uantDieu5&  le  facrifice  du  corps  de  fon 
Fils  1 ubftitué  en  la  place  de  to9.la  loy  de 
grâce  à  celle  de  Moyfe5&  TEglife  Chré- 
tienne à  la  Synagogue  Iuifue3  comme 
la  vérité  en  pourtraift,&le  corps  à 
l'ombre  $  ce  qui  fut  aufïi  monftré  par 
Teclipfe  delà  Lune,  &: du  Soleil  adue- 
nuë  au  lendemain  delà  Pafque,  com- 
me nous  faiions  voir  en  la  fuiuante  ex- 
pofition. 

La  fin  de  la  Synagogue  (0  le  commen- 
cement de  la  loy  de  grâce  fignifié par 
ïeclipje  de  la  Lune  ^ty  du  Soleil  ad- 
uenue  au  lendemain  de  la  Pafque,  & 
de  t Euchariftie inflituée. 

16 

P^>  A  Lune  eclipfa&  fit  eclipfer  lcedtp™*4li. 

&r§  Soleil  le  lendemain  delà  Pafque  mir*bUs. 
&:  del'Euchariftieinftituée.  Ce 
fut  vne  double  eclipfe  autant  admira - 
blequincogneuëàlanature?quinauoit 


508  L'evcharistie 

iamais  veu  que  la  Lune  fe  ioignift  au 
Soleil,  lors  qu'elle  eftoit  diamétrale- 
ment reculée,  ny  que  le  Soleil  eclipfaft 
eftant  efloignédc  la  Lune  de  tout  fon 
demy  cercle  ,  qui  eft  toute  la  diftancc 
dont  peut  eftre  efcarté  vne  eftoille  de 
l'autre.     Or  la  Lune  s'eftant  trouuéelc 
vefpre  du  Icudy ,  heure  de  la  Pafque,  en 
l'Orient,  &:  le  Soleil  au  Ponant,  le  len- 
demain à  Midy  elle  fut  ioin6te  face  à  fa- 
ce au  Soleil  en  mefme  eflïeu&  endroid 
du  Zodiaque  :  &  comme  elle  laiffa  de 
luire  fur  la  terre,  auflî  fit-elle  perdre  par 
fon  entrejed  ,  fa  lumière  au  Soleil,  de 
manière  que  ce  furent  deux  admirables 
eclipfes  de  deux    grandes  lumières  du 
Ciel ,  &  par  icelles  fut  fignifié  le  départ 
de  Dieu    d'auec  les    Iuifs ,  &:  la  fin  de 
£«(tf/«<MeurSynagosue:  car  comme  le  Soleil 
par  fon  eclypfe  laifia  d'illuminer  la  ter- 
re, &  comme  la  Lune  parle  fien  perdit 
la  lumière  fenfible  quelle   prenoit  du 
Soleil,  &la  communiquoità  ce  mon- 
de bas, de  mefme  ce  diuin  Soleil  père 
de  ceftuy  vifible,  retira deflors  les rayôs 
de  fes  faueurs  de  ce  peuple  ingrat  ,  &  la 
Synagogue  eclypfa  en  fon  quatorzief- 
meiour,&enfa  plénitude  fut  priuée  de 
la  lumière  fpiritu elle,  qu'elle  prenoit  de 


INSTITVEE.  509 

Iuy,lacommuniquant  aux  mortels  en  la 
praétiquede  les  cérémonies.  Alors  fut 
elle  accomplie  au  paracheuement  de 
toutes  fes  figures3&:  deflors  eclypfa  d'v- 
necclipfe  éternelle  &  finit  à  iamais5&: 
vneLune  nouuelle  commença  ^  c'eftà 
dire  l'Eglife  de  I  e  s  v  s-C  hrist,  qu'il 
s  acquift  le  lendemain  du  tempsde  cefte 
cclypfe^parfonfang  précieux  au  refor- 
midable duel  de  la  croix  5  lors  que   les 
furies  de  l'Enfer  &  du  monde  monopo- 
lez3le  chargeoient  fur  la  terre,  &  que  ces 
deux  flambeaux  courroucez  de  l'iniure 
faietcà  leur  Créateur  3  ioûoient  le  per- 
sonnage de  leur  indignation  au  théâtre 
celefte^parlans  du  langage  de  leurs  ef- 
fe&s,  langage  cogneu  à  tous,meflans  là 
hautd'vne  eftrange  façon  leurs  lumie- 
ires  a  &  les  defrobansicy  bas,  aux  yeux 
[des  mortels  ,  auec  le  gemifTemcnt  de 
toutlVniuers  eftonné. 


51  o  L'evcharistie 

LÏEglifefîgnifiéepar  la  Lune,$£)de  la 
^Pafque  &  rénovation 
Chrétienne. 

17 
$¥§5^  S  t  a  n  t    donc    inftituée  la 

jllftlil  Pafque  du  Sauueur,  contenant 

""'      l'Autel  &  la  table  du  facrifîce 

&  Sacrement  de  fon  corps  5  &  parache- 

ué  le  combat  de  la  croix,  la  Synagogue 

print  coup  &  tous  Ces  facrifïces  &  Sa- 

cremens}&laLunefut  rendue  nouuel- 

le  pour  fignifier  rEglife3non  ja  plus  con- 

fiftât  en  la  Synagogue,mais  enlaloy  de 

.  .       grâce. La  Lune  en  gênerai  porte  la  fem- 

LaLune     p  »  r  ^ 

/^ni^e»  blancedelEglne  de  Dieu:  car  corne  la 
centrer e-  Lunepréd  toute  fa  lumière  du  Soleil^ 
*  quelquefois  va  deuantluy.,  quelquefois 

vient  après,  &:  quelquefois  le  ioint:  ainfi 
l'Eglife    luit  par  les  rayons  du  Fils  de  ' 
Dieu;  lequel  elle  a  précédé  félon  la  pre- 
fence  humain  e,iufqucs  à  fa  Natiuité. 

Etdeflors  elle  l'eut  prefent  tant  qu'il 
demeura  fur  la  terre 5  &  du  depuis  elle 
lcfuit  &feioinôt  auecluy  par  le  Sacre- 
ment &  prefence  réelle  de  fon  corps* 
Item,  comme  la  Lune  efclaire  la  nuict 
pon  Un'uifi.  &  donne  addreffe  parmy  les  ténèbres:  J 
ainfi  l'Eglife  a  toufiours  efclaire  la  nuiét  J 


INSTITVEE.  511 

de  ce  monde  vain5&  monftré  la  voye 
ducieltâdisqueles  ténèbres  de  la  gen- 
tilité  regnoient.  L  a  mefme  L  une  en  fpe- 
cial  marque  les  diuers  eftats  de  l'Eglife.      La  mefme 

r      r       l  -rr  U  n.       Lune  mar- 

bn  (es  premiers  croilians  elle  monitre  queies  jll4ers 
l'Eglife  en  la  loy  de  nature.En  Ton  châ-  *$***  <&  Ju- 
gement, en  la  foiblefle  de  Ces  rayons,  &%^/4  s ndm 
en  fon  quatorziefme  iour  elle  porte  la  £<>£*«. 
femblance  de  l'Eglife  en  la  Synagogue, 
ainfi  qu'auons  dift.  Mais  en  ce  qu'elle  a 
efté  faifte  nouuclle  dVnenouuelle  fa- 
çon &  en  fon    quinziefmeiour  elle  fi-  CommenU 
gnifie  TE glife  en  la  loy  de  grâce.    Cefte  cTgujfenU 
nouueauté  &  façon  nouuelle  confifte  loy  de  grâce. 
en  ce  qu'elle    approcha  le  Soleil  par 
voye  extraordinaire: car eftant  auvef- 
pre  du  Ieudy  efloignée  de  luy  de  l'O- 
rient a  l'Occident ,  le  lendemain  elle  fut 
toute  contre  luy.lequel  approchement 
elle  ne  pouuoit  faire  par  courfe  natu- 
relle ,  qu'en  l'efpace  de  quatorze  iours: 
par  voye  extraordinaire  auffi  &:  auec 
mefme  merueille  ,  elle  fe  tourna  le  foir 
du  Vendrcdy  en  l'Orient  5  au  coucher 
du  Soleil  s  comme  elle  y  auoit  efté  au 
foirduleudy.  Etenfix  heuresprintla 
robbe  de  tous  Ces  eftats,car  elle  fut  nou-  ^    ,    „ 

11        c  r  •  r  Temlesefiati 

uelle!)ruten  ion  premier  quartier.rut  en  délai**. 
fa  plénitude ,  &au  commencement  de 


5n  I/evch  a  ri  s  t  ie 

ion  troifiefme  feptenaire,  à  fçauoir  en 

(on quinziefme iour. En  ces circonftan- 

ces5&ences  merueilles^amais  deuant 

nydu  depuis  aduenùes5elle  marquoit 

l'Eglife  en  Tcftat  de  gracc3cftat  de  fingu- 

liererenouation3eftatdu  troifiefme  fep- 

tenaire,  du  troifiefme  temps  :  en  la  neu- 

uelle  Pafque5au  nouuel  &  grand  faeri- 

fice  &feftininftitué  par  le  Fils  de  Dieu 

en  fon  corps:  furquoy  fort  à  propos  S. 

s.Augcp.  Auguftin  eferit  ces  mots.  Parce  que  nous 

uar.  c.3.    Jommes  au  troijiejme  te 'p s  de  toute  la  durée  du 

Trots  temps  monc{t  c  eQ  pourquoi  la  refurreclwn  au  Sau- 

itLE?hÇet  r      r   d  r   r 

marqte^  ueurfutfaicte  du  trotjiejme  tour,  Le  premier 
éiux  trati  temps  d  efté  deuant  la  loyale  fécond  en  la  loy  :  le 
ULm**  '  tr°ifîefme  f0ltbs  la  grâce ,  en  laquelle  esl  mani- 
festé la  S  acremet  qui  eftoit  caché  du  replis  des 
Hures  prophétiques.  Cesl  ce  qui  d  eflé  ftgntfié 
pdr  le  nombre  des  tours  lunaires: &  parce  qu'en 
l'EfcritureJe  nombre  àefept porte  figntficdtion 
mysltque  deperfectioja  Pafque  fut  célébrée  en 
la  trotfiefmt  fepmaine  de  la  Lune^  qui  eft  depuis 
le  quatorze fme  iufquct au^ingt &  "ïniefmc 
iourd'icette.Voyla.  comment  Dieu  nous 
faictla  leçon  parles  Aftres ,  nous  enfei- 
gnantle  Paradis  parle  Cicl3&:  nous  co- 
muniquant  les  rayons  de  fa  lumière  in- 
tellectuelle ,  par  Tentremife  &  manie- 
ment de  la  corporelle. 

Le 


I  N  S  T  I  T  V  E  E.  jij 

Le  Sauueur  ayant  injlituê  le  Sacrifice 
$f)  Sacrement  de  fon  corps fortit 
du  logis  pour  aller  au  iardin 
des  Oliues. 

18 
E  doux  Agneau  s'eftant  im- 
molé en  cefte  vefprée  5  ôc  do- 
nc e-n  réfection  à  fes  Apoftres, 
&  ayant  aboly  la  vieille  Paf- 
que ,  &  inftitué  la  nouuelle  :  comme  il  a 
eftédeduiftjchâtavn  Hymne  auec  fes 
Apoftres  felô  la  traditio  desluifs,&  for-  fymnechan. 
tit  pour  aller  au  iardin  des  Oliues ,  où  il  'l^w 
deuoit    eftreliuré  par  Iudas  aux  mef- 
creans,  qui  auoiét  défia  le  mot  5  pour  le 
venir  prédreaucorps,Cecyreftoit  pour 
côbler  toutes  les  prcuues  de  fon  amour 
infiny  enuers  le  genre  humain. Il  s'eft  oit 
immolé  à  fon  Père  par  vn  fàcrifice  non. 
fanglât,fans  mort  &  fans  paflïon,  il  for- 
tit après  pour  eftre  prins  corne  vn  agne- 
let ,&eftre  faiét  victime  delà  Croix,  y 
efpandat  fon  fang  &  fa  vie,  il  auoit  don- 
né fon  corps  à  Ces  amis ,  il  l'alloit  offrir 
à  (es  ennemis 3  il  auoit  refeâionnéles 
âmes  des  humbles,  il  fe  portoitlà  pour 
bien  toft  eftre  repeu  de  fîel5abreuuéde 

K 


5I4  L'E  VCH  ARISTIE 

vinaigre,faoulé  dctourmés  &  d'oppro- 
DeuxUr- bres ,  par  les  orgueilleux.  Ilauoit  iadis 
j  tferes.   pjant^  vn  xardin  de  délices  5  de  repos3&: 
d'honneur,  il  s'en  va  au  iardin  de  dou- 
leur .,  de  combat  3  d'ignominie :il  auoic 
planté  l'arbre  de  vie  en  ce  iardin  déli- 
cieux: il  vient  d'en  arborer  vn  au  verger 
de  fon  Eglife  ,  fans  comparaifon  plus 
exquis,  &  plus  excellent:  &  s'achemine 
rM  M     .à  ce  iardin  folitaire  pour  ourdir  la  repa- 
noflrcruine,  ration  de  la  faute  commifeau  premier 
^■ftcojfy iardin.    Enceluy-là  futfai&ela  debte 
pion. €r      parla  defobeïflànce:en  ceftuy-cy  corn- 
mençad'eftre  payée  par  rhumilité:pour 
planter  le  premier  iardin  5&  le  premier 
arbre  de  vie,il  n'y  employa  que  fa  feule 
parole  5  qui  commanda  &  tout  fut  faift: 
mais  en  ceftuy  il  n'en  eft  pas  ainfi.  L'v- 
faged'vne  feule  heure  vous  couftera  le 
fang,ômon  doux  Rédempteur  5  &  des 
gouttes  de  cefte  precieufe  pourpre  fe- 
ront arroufez  les  parterres  d'iceluy  iar- 
dinr&d'arbre  de  vie  que  vous  auez  plâté 
au  Paradis  de  voftre  Eglife  :  ce  n'eft  pas 
vn  effeâ  tel  quel,de  voftre  fainfte  paro- 
le.    Oeft  voftre  corps  &:  fang  précieux 
accompagné  de l'arroyde  voftre  fain&e 
diuinité.    O  mon  Seigneur  que  puif- 
ie direpour  haut-loiier  voftre  magnifî- 


4 

ÏNSTÏTVEeI  515 

ccncc?Ie  dis  que  vous  eftes  magnifique  vi'»M>e**2 

r  1  en  toute  fa.-* 

en  toute  raçon:en  prenant  3  en  donnant  f0(ft  J 
en  refe&ionnant  &en  endurant  :touf- 
iours  tout-bon  &:  tout-liberal  de  voz 
biens  3  &  de  vous-mefme  :  &:  toufiours 
riche  en  mifericorde  ,  &  abondant  en 
propolîtion.  C'eft  pourquoy  aufli  pour 
dernière  retraidte  vous  allez  au  iardin 
des  Oliues ,  pour  nous  y  faire  &  donner 
Thuile  de  vos  miferations  :  Oliues  pour  ^rdmtkt 

1,  -rr  Oliues, 

nous, mais  pommes  dangoiiie  pour 
vous.O  mon  ame,ton  Rédempteur  fore 
en  la  nuidt  &va  s'engager  aux  peines  en 
ce  iardin  pour  toy,  fay  quelque  chofe 
pour  iuy  :  accompagne  le  parmy  ces  té- 
nèbres !  aye  compafïion  de  luy  >  admire 
fon  amour  enuers  toy.,  dételle  tes  pé- 
chez qui  l'ont  ietté  en  ces  angoiffes, 
pleure  &rprie  auec  luy  ,     offre  luy  ton  _ 

cœur  &:  ton  feruice  en  cefte  angoiflTeufe 
carrière  de  fon  agonie  :  &  puis  que  tu  as 
efté  efetite  en  fon  Teftament,  appellée 
a  fon  héritage.  Se  affife  en  la  table  de  fon 
Royaume  pour  manger  de  fon  fruiét  de 
vie,  donne  quelque  ligne  d'vne  ame  re^ 
cognoiflante  &r  memoratiue  de  tant  de 
biens  :  fay  luy  quelque  prefent  des  pre- 
fens  qu'il  ta  faift,  &:  donne  luy  quelque 
chofe  de  ce  qu'il  a  faiit  tien  :  donne  luy 

Kii 


516  L'evcharstiï 

toy-mefme  encor  que  tu  ne  fois  rien:  en 
te  donnant  tu  deuiendras  quelque  cho- 
feidonne  toy  à  luy ,  puis  qu'il  s'eft  donc 
à  toy,foy-mefme,  abyfme  infiny  de  bié, 
&  dôné  en  tât  de  manières  :en  naifTant, 
enconuerfant,  en  mangeât,  en mourâr, 
&:en  toutes  les  façôs  qu'vnechefepeut 
eftre  donnée.Et  après  que  tu  l'auras  co- 
templé,  remercié  jfuiuy  &feruyau  iar- 
din  des  Oliues  :  au  parquet  de  Pilate  en 
iugement  :  au  mont  de  Caluaire  ,  en  la 
Croixauec larmes  &  foufpirs  d'amours, 
de  côpun&ion  &:  de  compaffion,  fay-le 
fouuent  ton  hofte  parle  moyen  de  ccfte 
diuine  table  qu'il  ta  couuerte  de  fon 
corps  immortel  &:  glorieux  pourfedo- 
neràtoy,&logerauectoy,auflî  fouuët 
que  tu  voudras:  &  prenant  la  réfection 
falutairedefonplat ,  contemple  encor 
encefte  table  les  délices  du  Paradis  de 
delà  vie  éternelle  quifuiura  par  après* 
tt  i.  Car  comme  les  Autels  des  Hebrieux 
pi* image i*  eftoient  la  figure  de  ce  feitin,  ainfi  ce  rc- 
Ufâciii.  ftineft  l'image  de  la  table  celefte.  Icytu 
manges  le  pain  des  Anges,  au  Ciel  tu 
viuras  du  pain  des  Anges  au/ïî  :  icy  ta 
viande cft  Dieu mefme  :  Dieumefme 
fera  ta  viande  en  ceftetable-làja  viande 
cft  icy  immortelle:la  viâde  fera  immor- 


INSTITVEE.  517 

telle  là  haut.Celuyqui  a  dreffé  à  Ces  frais 
&:  defpens  ce  feftin  en  terre  pour  viati- 
que de  Tes  pelerins3le  mefme  dreffera  fé- 
lon fa  mefme  magnificence  5  le  feftin  de 
félicité  au  Ciel  pour  triomphe  glorieux 
de  ceux,qui  auront  couru  vaillamment 
les  fentiers  de  fes  diuinesloix.  Il  y  aura 
neantmoins  difference:car  en  ce  feftin  il 
n'y  a  que  la  foy  qui  pénètre  fobrement 
lafaueur  de  la  viande  3  &:  la  douceur  du  Difiwee  lt 
breuuage:lefens  &:  le iuçement  humain la*<blede 
n'yvoyent  que  plats  couuerts  3  iznsygneurenter_ 
pouuoir  toucher.  Enceluy-làlaviander<f<»^^ 
fera  expoiee  aux  appétits  de  1  ame  a  lou- 
hait,  en  magnificence  &  table  ouucrtc, 
&:  les  fens  y  auront  leur  bonne  part  :  en 
ceftuy-cy  nous  fommes  mortels  gemif- 
fans  en  la  terre  de  mort.    En  celuy-là 
nous  ferons  immortels  fans  crainte  de 
mort  ny  d'encombre  mis  en  poffeflion 
delaterredesviuans,  &:  du  Royaume 
éternel.  Mais  qui  pourra  dire  par  paro-i 
le5ou  encor  defleigner  par  efpritla  ma-cu2ti 
gnificence  de  ce  Royal  feftin?Ce  grandi  .Cor-1.9, 
Apoftreefleué  iufqu'au  troifiefme  CielEra'*-4'4' 
pour  y  apprendre  la  leçon  des  myfteres 
diuins^nel'apasfçeu  faire,  &  s'eftmon- 
ftréfçauantenlacôfeffion  de  fon  igno- 
rance^ de  la  grandeur  des  myfteres  de 

Kiij 


Jl8        L'EVCHARISTIE  INSTITVEE^ 

Dieu,  Ceft  vn  feftin  que  perfonne  ne 
fçait;,  qui  ne  foit  affis  en  table  mangeant 
&  beuuant.  Sus  donc  âmes  fidèles  ,  &: 
voyageres  encedefert,  racheptées  par 
ce  Seigneu^ayméesdecetEfpoux^n- 
uitéesà  ces  nopces3vfez  purement  de 
la  viande  qu'il  vous  a  préparée,  &  qu'il 
vous  offre  en  gage  de  fon  amour  en  ce 
monde  mortel  rviuez  faindfcement?at- 
Matth.i$/  tencjez  patiemment,tenansvos  lampes 
garnies  de  Thuyle  de  vos  bonnes  œu- 
ures3  &:  allumées  de  la  lumière  de  vos 
fainâesconuerfations  :  afin  que  quand 
le  temps  des  celeftes  nopees  fera  venu, 
la  porte  vousfoit  ouuerteau  feftin.  Et 
vous  ô  doux  Agneau  qui  ferez  le  grand 
Roy  &r  le  grand  metsdecefte  table  im- 
mortelle, faiâes  s'il  vous  plaift  par  Tin- 
finy  mérite  de  voftre  croix ,  que  nous  y 
foyons  aflis  félon  la  promefle  de  voftre 
Teftamét  5  &  que  nous  y  puiffions  éter- 
nellement viure5pour  vous  y  louer  éter- 
nellement. Amen. 


INDICE   GENERALDES 

MATIERES,    NAIFVEMENT 

reprefcntées  &:  depeinâes  en  ces 
Tableaux  facrezduSainct 
Sacrement  de  l'Autel. 


B^CVCen 
mefme  heure 
en  Babylone 
ç&en  Iudée.        197 
*Abel  &  fa  njiSlime.^g 
50.  premier  mebre  de 
fEglife  ,  figure  de  la 
croix  &*  del'Euchari- 
flie.  ;t       53 

56.  rapports  Xiceluy  à 
lefws  çhrifi.  55.56.57 
ytilitédefdmort.  64 
etymologie  de  sono,  6  6 
^ébraha  pèlerin,  6  6  quel 
le  ejioit  so armure.  74 
fa  viEtoirefurfes  enne- 
mi*.78  /es  gesd' armes. 


10  5.  [es  difmeS.io6.co- 
bat  de  la  nature  &  de  la 
grâce  en  iceluy  .111  .fes  pa 
rôles  âfonfils.  1 14. figure 
de  l'Eue  bar  ijlie.  120.  fa 
foy  neccjfaire  four  péné- 
trer la  hauteur  du  S.  Sa- 
crement. 123.  fon  humi- 
lité. 308 
^4 cet des  sasfubiecl.  1 8  6 
le  corps  du  Sauueur  eji 
caché  en  iceux.  iço.ils 
ontVertude  nourririj  8 
accompli ffement  de  la 
loydeMoyfe.          143 
u4ccroiffemet  merueil- 
Uux  aux  cinq  pains  O* 


INDICE 
ùuxpoiffons.        356.  lAffettion  deVameald 
Achimelcc.  227.234.     communion.         462 
245-.  t  Age t principal  en  tous 

Allions  mirdculeufes  du    lesSacremens  cefl  le  fus 
corps  du  Sauueur  en  l\u-     chrifl.  5 7 

chariflie.        192.19$   Agneauvafchal^&pour 
At~lio  de  grdce  fignifiee     quoy  s  ofacrifcefut  or- 
par l'autel desparfums     donné en  Mars. 17,  6fi- 
238.  lafupremefefaifi    gure  de  ld  C roïx  &  de 
enlEucbdriftie.     241      ÏEuchar'i fie. i^l%2^% 
Actiosdesiufles^erdu-     fes  rapports.     142.^ 
re  du  vdradis  terre fre^i    fuyu.figne  dupafjagedu 
Adam  enfon  innocence    Seigneurial. mémorial 
ejloit  ricl?emetycftu&     de  ld  deliurdnce  desHe» 
toutesfois  nud&com-     brieux.ibid.quefignifie 
me  t. 2  01. fa  chair  four-     chafque  circoftace  de  U 
ce  de  tous  nos  maux,  &    maducat'to  de  l Agneau 
pourquoy.  j8r     Pafchal.    154. £7*157 

la  rareté  caufe  admira-  les  Agneaux  éleuezjn  l'o 
tion .  368     hlation  despremices  que 

que fignïfoit  bAduertif   figniftet.2jl.pourquoy 
femetd Achimelecof-     deux.  273.274 

franta  Dduid  &àfes  Allégorie troi fie fme forte 
ges  le  facré painàla  char  depeinfture.  4.5* 
ge  qu'ils  ri euff et  touché  toute  Alliance  fe  fai£t 
femmes.  245     auec  facrifce.       479 

Aerius  hérétique  niant  ÏAme  efttoute  entière  en 
qu'il  ne  faut  offrir  pour  diuerslieux  ducorps.içj 
le*  trefyajfex.       345     lame  iufte efl  richemet 


DES    MATIERE  S. 
yeftuh\&  Unique nuè.  auat&  après  Uptinfte 
20 1.  communia .  zqé.tls  ont 
noflre   Amour    enuers  les  premiers  célébré  la 
Vieueflenflabé  parles  Mejfic.264..  292.193, 
figures .17 .il efttdppe-  294.  quelle  a  efté  leur 
titdetame.i^.fiignes  fioy  au  miracle  de  l'eau 
dlceluy    quels.  207,  tournée  en  vin.     290 
ill.celuy  du  prochain  Araignes  de  ce  temps .  8 
dydé  par  le  Sacrement.  l'Arbre  dey  ie  oudesuiesy 
212.  pourquoyainfi  appeliez  6 
fAn  fiacre  &*  ciuil  des  celuy  deficiecede  bien& 
Juifs.  12 8. 134.135.^  de  mal.ibid.zy  .que  cefî 
Chrefties .135.13 6. pour  quilsfignifiet 3 o figure 
quoy  il fut  lunaire.  138  duS.  Sacrement. 33.  & 
139.  enlapriuatio  d'iceluy  i 
V Knge  enuoyeà  Elie,&  Adam  y  eut  iuftice  de 
fa  defeription,^  01.302  Dieu&mi(ericorde  en- 
fignifie  le  Preflre.  306  femble%  $6  prix  d  obéi  fi- 
les Anges  prennent  ">#  fiance.                     37. 
eftre  corporel.         188  deux  Arbres  cotraives  en 
toutes fior tes  d'Animaux  qualité  de  vie&demort 
parfaiEls  efitoient  au  Va  28 . quefign'ifiet  ceux  du 
radis  terrejlre.  25.  que  Parada teyreflre. 30.31 
cefîqu'ils fignifient. 3  2  ï  Arche  £aUiacepourquoy 
Antithefie  de  lachdivdW  ordonnée  de  Dieu.  139 
dam  contre  celle  du  Sau  les  Arr  es  d'amour  de  le  fus 
ueur.^o.fâ.&fuyu.  Chrifi.                  482 
A'TtoipofHT&que  çeftqyi  ï  Arrefl  dernier.       412 
ordonnée  dzsApofires,  Us  Arriensjeurerreur& 


INDICE 

her  e fie  Jurla  gêner  atio  S.Auguslin  prié  par  fit 
du  Fils  de  Dieu.     391     mère  de  prier  Dieu  pour 

Artemifia  Royne  de carie  elle  après  fon  trejftas  en 
&fon  amour  enuers fon     laMeffe.  144 

mary  Maufolus.     486  l'Autel  des  parfums  ,fa  de 

T Article  premier  de  no-    fcriptioy&ce<juilfigni 

jirefoyefl exerce^  ayde  fie.  136. 138-  deux  en 
&  augmente  au  S.  Sa*  chafque  yray  C  hreslie 
crement.      2of.  106.     iff.  hauteur  de  celuy  des 

T  Ajne  que  fignifie^aufa-  holocaustes .25?  que  fi- 
er ifice  dA  braham.  122.     gnife  lefang  de  layi6li 

ÏA^eblage  de  la  diuinitê  me  de  propitiatio  porte 
^humanité au  S ,  Sa-  furiceluy.yii,.&iceluy 
crement.  1 1 6     &la  table  sot  deux  cho 

Afôete    admirable   du    fesprejîates  pourredre 
corps  du  Sauueurau  S.     wn  fait  mémorable. 
Sacrement.  199      496  B 

l'Ajïiete  de  table  anciene^  "  J3  Eftes  des  facrifices 
érfalParieté.        431  JL_)<tnciens.  84 

Auat-propos  de  tout  tœu  Bots  chage  enferpet,  pre- 

urcjon  fubie£t&fd  fin     mierepreuue  de  lapuif- 

z.celuyde  S.leaen  l'iv-    fance  de  Dieu,  183.203 

fiitution  de  l'Euchari-     "Vertus  de  celuy  de  la 

ûie.  451     croix.  312. 

^uthturs  de  Quomo-  ^aBonte  deDieu.tf.iy9 
do?  Comment?  391     207.  415. 

ï Aueuglemet  des  caphar  leBuiffon  impafîible  fi- 
nal tes  caufé  d orgueil  gure  du  S.  Sacrement 
&defenfuaiitc.     389  de  l  Autel.  194 


*>ES     MATIERES. 

C  ment  &  courage  du 

CA  injacrifat  tenfe.  pilote.                  470 
jl.  premier  meur-   cérémonie 's duSauueur an 

trier ^  parricide&tyra.  lauemet  despieds  419e/* 

5 1 . il  a  efté  fuit  ï' 'exe pie  lavafque.  4 30 .  de  la  ma 

de  tous  les  mefchas.60.  ducatio  de  l'agneau  vaf 

Citoyen  de  la  terre.    66.  chai \r -apportées  àcellede 

Caphamàins gens  char-  lEucharijlie.  154.  ijy 

nels ^premiers  Sacra  156 a$j de laMejfe,  &* 

metaires.^n  ^.^ileur  que  figni^ent^^.^o^ 
incrédulité  <&  orgueil.   Cinquante^  ejl vn  nom* 

3  8  9  .leur  Comment?  brederemifïion.    29 1 
390.  mauuaïs  difciples  la  chair  de  la  yiéîime  de 

&mauuaismalades 411  propitiation  toute  brûlée 

Cecy  eftmon  corps,  que  fignifie.32}.  pour- 

claufe  tetragrame.^6j  quoy celle  delefmchrifi 

cornent  le  S  auueur  s'of-  nous  ejl  donnée  à  man- 

frit  à  D ieu  en  facrifce  ger.  378.  379.  / "anti- 

par  ces  paroles.  47 1 .  &  thefe  dicelle  contre  celle 

fuyu.  pourquoy  il  y  yfe  £  Ada  fii.&fuyu.fes 

du  temps  prefent.  474  effet  sp  our  V  ame&pour 

que  Çignifent  les  Cendres  le  corps.  384,  efltouf- 

foubsle  creux  defquelles  tours  1/ny  à  la  diuiniti 

fut  cuit  le  pain  d'Elie.  396. 

308.  le  Chandelier  d'or  a  fept 

:  la  Cène  des  erram  idole,  lampes  queftgnifie.  235 

2,10.  137. 
Cefar  dejguije  en   habit  fignif  cation  des  dixta^ 

d'efclam  donna  ejlonnç*  bles&dix  chandeliers  de 


IN  DICE 
Salomon.  243   leur facrifice  d  fuccedé  a 

Changemes  naturels  in-  ceux  des  Imfs  qui  ont 
utfibles.  185   ceffé.  z6$.  quels  ont  eflé 

Char  admirable,       215  leurs  maijhes.  281.  ap- 

[aCharitc enuersT>ieu&  pelletant  hropof âge  s par 
enuers  le  prochain  aidée  les  paysns  .290.  quel  eji 
parles.  Sacrement  de  leur  repos  folide.  313.  ap- 

r^uteLni.nj.  appel-  f 'el/e^poijfons. 3 )  9.  com 
lee  l'or  du  te  pie  de  Dieu,  munient^rayement  auec 
233  selle  duSauueurfî-  lafoy.qo r , &Jpiritue!lc 

o-mfee  par  les  cendres .       ment  &  facramentel- 

308.  lernent.  408 

le  chemin  d'Elie  en  Oreb  Chrift  noftre  Pnfqu e 
quefignife.  314     a  eflé  immolé,  &so 

deux  Chérubins  Je  reçar-     expofition.  148 

dans  deuat  l'Arche^  Circoncifon  figure  du 
leur  rapport.        15. 1 6     Baptefme.  5.13 

le  Chenal  d'Abraham,  leCœurduiufleefibAu- 
&fa  defcriptio. 75.  que     tel  de  Dieu.  237 

cejlquilfignifie.  1  o  6 .   C  olloqne  &  prière  a  It~ 

c  beualiers  dignes  de  la  re     fmC  hrifi.  ?  5  7 .  158. 

fettion&benediêhodu  220.  la  Colombe.   191. 

corps  duSauneur^qucls.  Cobat  de  la  naturc&  de 

105.105.  la  grâce,  en  Abraham* 

les  C  hrefïîensy  V rejlres ,    112. 
&   Rois  5    comment.  /eComment?0«Quo- 

2  42.326'  quels  ils  doiuet  modo?  des  hérétiques, 
ejlre  auant  qu'aller  à  la     par  qui  premièrement  >{ 

Sainftecomniimo.z^.    yfurpé.  393 


DES     MATIERES. 
la  Comunio  ^quelle  pu  auecnous  en  lEuchdri- 
reté  de  corps  y  eftnecef-  ftie.  2 1  o 

/d/W.245.  43  6.490.^  merueille  du  grain  deCo 
deux  fortes  çp  quelles,     riandre.  173 

40 7. quelle  doit  eslre  les  Cornes  figni fient  la 
ïaffeéiion  de  l'ame ,  en  puifjace  de  ïtfwÇhrifl 
i celle.  462  il. 

C omparaifon  de  ïincar-  [e  corps  duSauueur noble 
natioauec  iEuchariflie  fur  tous  les  corps. 34.39 
familière  aux  fainâis  45  fxruElure admirable 
Pères.  202.108     deceluy  de  l  homme  .59 

\Qonceptio  duSauueur  de  celuy  de  le  fis  Chrijl 
la  pure  fuh fiance  de  la  nourrit  l  tme&lecorps 
Vierge,  fignifiee par  les  ala gloire. 4.0. ejl  en  plu 
pains  de propofition:>&*  fieurs  lieux  facr amen- 
la  table  où  ils  eftoient  tellemet.  42. pourquoi 
pofe^.  230.234.     dppellépdin.    88.305. 

laC onfecrdtion  en  la  Mef   faitprefent  en  ÏEuchd- 
ft)& fi  forme.     494     ri  fie  pour  ejlre  offert^ 
^•j^.faifle  au  temps  fu     &  comment.  91.278. 
tur  corne  s*  entend.  4.75,      zS^.portêauxabses.ijf 
Contemplatio  des  chofis     ij6  quelefl  so  ejlre  au 
en  leurs  four  ce  s  &  fin.      S .  Sacrement  de  l'autel. 
II. celle  des  figures  >&     187188.190.278.285 
fes  fruiSls.  Ij.      également  done  à  tous. 

Ç  on  tradiàlion  de  nos  ad-     191.  quelle  y  cjljon  aclio 
uerfaires  en  leur  faulfe     lyi.i^.n  endure aucu 
^imaginaire  foy  .400      ne  pafio.  193.194.  corn  e 
C  onuerfatio  du  Sauueur     ileji  en  plu  fieurs  lieux 


INDICE 
tnVn mefme infant.        uiale.^o.  d'eftre en ta 
1 9  6 .  eftdeffm  les  loi  x  du     vie  fur  des  liais,  tbid.  de 
temps .  1 9  8 . 1 9  9  .  2jo  o .     lauer  les pieds fe  mena  ta 
quels  font feshabit s  .201     table 431  celle  desgrads 
cornent  il  efl  offert  tout     pourperpetuerU  memoi 
les  tours y  &  renouuellé     re  de  leurs  ailes.    49  6 
toutes  lesfemaines.i^z  le  Coutelas  de  Goliath, 
comment  il  demeure  en     2,28.  246". 
l'Euchariflie.  278.180  en  quelle  crainte  &*  auec 
%%6.pourquoy  il y efl ca     quelle  creace  nous  deuos 
che'&nonyifible.z%j     prendre  le  corps  &  le 
288.  290 viande  &    fangduSauueur.  ^6\k 
breuuage  enseble.$6o  creatio  commencée  parle 
pourquoy    le   Sauueur     rien^&produëlio con- 
nom  ta  youlu  doner  en     tinueepar  lafemence  de 
feflm  nuptial  au  Sacre     chafquechefe  qui  nefl 
ment  de  l'Autel.  378.     prefquerien.  io 

37 9  .quelle y  efl  fa  pre-  *-es  créatures  ont  toutes 
fence.178.  280.  285.  fenti ment  du  créateur, 
2$6.içç.furpajfetout  &  comment.  455* 
corps  enyjleur.qéj. en  Crocodile 5  figure  d'y n 
quelle  façon  il  l'a  laijfé     trahiflre.  5 

a  fes  héritiers.        485*     il  faut  Croire  pour  en-  > 
la  Coupe  efl? adu'é  ^c  efl  te     tendre.  392 

(angcotenuen  la  coupe  lacroix  eft  differete  en 
foubs  Ia  figure  du  y  in.  Jonfacrifice^  de  celuyde 
478.  /' Eucharislte. .101.102 

C  ouflume  de  fouperycftu     fes  traiSrs&  dufacrifi 
de  certaine  robbeconui-     ce  d'Abraham.  119.fi- 


guree 


DES    MATIERES» 

guree  par  l'agneau  Pa-  port   des    chofes  paffees 

fchal.  141.  fa  figure  en  aux  prefentes.  12.  iujlc 

l'Autel  des  parfums.  &    mi fericor  dieux  en- 

23  6. 23  j.arbrt  d'hnmi-  femble  en U  privation  de 

li  té.  3  u.fon  facrifce  jï-  F  arbre  de  yie  après  lepe- 

gure  par  le  propitiatoire,  ché,  aduenue  a  Adam. 

322. iiytfefipaslefacri-  36.  fa  bonté.  45.179. 

fice  chreflte.3 3  2 .  infru-  4 1 5.  /'/  cognoifl  le  cœur 

éîueufe  fans  application,  fu  pourquoy  il  permet 

3.35.  fa  femb  lance  auec  la  que  l'imufle  opprime  t in- 

Mejfe.                     339  nocet.ôl.  63.  honoréç? 

Cuiraffe  5  habillement  de  feruy  de  fes  biens.      91 

cuir.                         74  quand  il  le  commande, 

les  Cuuiers  du  Temple,  le  père  tue  iuflement  (on 

2.5-3.  295.  fils.u$.  commentil  sejl 

DD  fai ai  mortel,  &  cornent 

>Aniel.              33  3  mort,  \q6fes  faicisfur- 

Dauid.     177.  104.205.  pajfint    noftre  entende- 

209.227.274.296.313.  ment.150.il fe  monjtm 

437.480.488.  admirable  en  trois  fa  ços . 

Demander  au  nom  de  le-  lJ9>fa  toute-puiffance. 

ftts-Chrift.             502  13.  63.  179.  183.  414. 

D  I  E  v  3  pourquoy  il  a  il f ai  ai  paroifirefa  gra- 

Ifoulu   njfer  de  figures  deur  en  deux  générales 

preallables  en  U   loy  de  façons.  205.  pourquoy 

nature  &  de  Moyfe.  1  o .  appelle  créateur  du  Ciel 

f a fageffe  admirable.     11  &  de  la  terre.  20  6.  fa 

12.  15.  61.  179.414.  //  preuoyance  ,    ~\trtn  & 

s'efl mofiré Diendurap-  .  miferkorde. 316.  fource 

X 


INDICE 

de  yie  au  ciel  &  en  terre  Ciel.                       $ij 

365.  le  propre  d'iceluyefl  le  Difciple  doit  interro- 

nourrir    de  foy-mefme.  gerlemaijlre.          412, 

397.  il  nom  rend  entie-  JDtfmes  d'Abraham*  106 

rement  nets. 436.437.  Dijjenfos  caufeespar  l'v- 

fa  parole  figni fie  &  fait,  nion  de  <volonté  auec  la 

454.  455.  il  ejl  Jeul  fa  chair  d'Adam.         383 

Ve.489.  donne  tout fon  DiJlin6iion  des  membres 

Royaume  au  Sacrement  du  Sauueur  en  l'Eucha- 

de  l'Autel 5 00.  eftltbe»  ri/fie»               15)9.200 

rai  en  toute  façon,  jij.  laDiuinité  cachée  en  thu- 

Dijftrence  du  S,  Sacre-  manitéi  &  le  corps  du 

ment  de  ï Autel-  auec  Sauueur  aux  accidens, 

l'arbre  de  yie.  3p.  &  190.  ajfemble^au  S. Sa- 

fuy.  d'auec  le  facrifce.  cremet  de  ï ^iuteL  116 

93.   du  facrifce   de  la  Donner  s* entend  en  qua- 

croix  &  de  ÏEuchari-  tre  manières.  2,78.386 

flie.ioi.  du  facrifce  de  Dormir foub s  l'ombre  du 

Melchifedec&  deceluy  geneure  que  c'ejl.      312 

de  la  Meffe.    103.  des  [a  Dualité  des  pains &des 

pains  de  propofitio  auec  Agneaux ,  enïoblation 

ihucharijlie.  2^.  entre  des  prémices,  nef pas 

lesfacrifces  propitiatoi-  fans  myjlere.  273. 174. 

resdes  Imfs&desChre-  E 

fiicns.  32.6.  327.  de  la  l  \J  au  chagee  en  qjin 

parole  de  Dieu&  de  cel-  I   ^premier  miracle  de 

le  de  t homme. 45 4.455*.  lefys    Qhrif.  184.  que 

de  la  table  du  Sauueur  fignifie  celle  qui  fut  don- 

en  terre  3  d\wec  celle  du  née  à  Elie.                 3 1 J 


DES     MATIERES, 

deux  Eclipfes  admirables,  auec  Sacrement  <&*fac- 

507.508.  crifices.ç^.appelleemo- 

VEffeSi honore fa caufe.  tagne.izi.   colomne  de 

338.  y  erité. zio. f emme  ajfu- 

les  EffeEls  de  Dieu  de  tant  blee  du  Soleil.  2  44.  qui 
plus  qu  ils  font  admira-  font  fes  montagnes.  27 '6. 
blesfde  tant  plus  font-ils  créance  de  laCatholique 
honorables  tefmoings  de  touchant  lEucnariJlie. 
fagrandeur.  178.  203.  2,78.*»  quelle  façon  elle 
quels  &  combien  font  a  le  corps  du  Sauueur. 
ceux  de  la  fagejfe.  Z14.  485.  fa  manière  à  fer- 
duleuain  quels.  230.de  merles  or  ai fons.  5  02.  fi- 
la chair  du  Sauueur  pour  gnifee  en  gênerai  par  la 
lame  &  pour  le  corps.  Lune  5  &*  fes  ejïats  di- 
^^ejfeclsde  layiande  uersaup  510.511.  512. 
défendue,  &  de  celle  qui  Elie  dormant  que  figmfie. 
eft  commandée.  380  299.310.  &  fa  rsfi- 
386.  61:  on  portée  part  Ange. 

Egalité  en   quantité  di-  302.  306.  que  fignife 

uerfe.                171.191.  fon  chemin  de  40.  tours 

VEglife  iardîn  29.  Para-  <&  ^o.nuiùis  en  Or  eh. 
disterreflre.  30.  quel  ejl  '    314. 

fon  Orient.  3 1.  figure  du  noflre  Emanuel  en  fon  in- 

Ciel.  32.  qui  fut  le  pre-  carnation,  en  fa  conuer- 

mier  membre  iicelle.^.  fation&  en  l'Euchari- 

fon  ynion  marquée  au  flie^  cejl  lefm  Chrift^ 

Sacrement  de  t^îuteL  210. 

87.213.  233,  monarchie  ï  Encens fignifie  en  l'ifcri- 

fyirituelle.  93.  toufiours  ture  la  prière  des  Saincls 


IND  ICÊ 

233.^  auparfumfele-  les  Eftr  ter  s  furent  en  yfd- 

ment  du  f tu.           238  ge longtemps  acres  lu- 

Endurer  iniureefl  meil-  les  Cefar.                 76 

leur  que  de  la  faire.    66  Eternellement ,  quefi- 

Enfeigner  principal  ejfefi  gnifiejs  paroles  duPfat- 

dela  fageffe.    ii^.ii-j.  me  109.  Tu  es  Preftre 

Entrée  deïefm  Chrifi  en  éternellement  3  &c. 

lerufalem  au  dixiefme  195. 105. 

tour.                       505  lEuchari^ie  decompliffe- 

l'Erreur  des  Samaritains  ment  de  tom  les  anciens 

croyans  queMelchifedec  facrifices.  34.   341.  le 

ejloit  Sem.                72  premier  &*  propre  facri- 

pEjlerance  eft  affermiepar  fice  de  U  loy  de  grâce .57 

les  figures.  17.  item  au  90  facrifice  &  Sacre- 

S.  Sacrement  de  i Autel  ment  enfemble.  85*.  en 

217.  quoy  confiflefon  aElion . 

lEft>ritguerroyépar la*Vo-  $i.en  quoy  fon  facrifice 

Ion  té  y  nie  auec  la  chair  ejî  différent  de  celuyde  la 

d'Adam.                383  croix.101.  loi.  figurée 

sEJprouuer  que  ceft.  38.  au  facrifice  d'Abraham. 

240.  120.  en  l Agneau  Taf- 

Eftatsdela  Lune  rappor-  chai.  142.  aucunement 

te%ji  ceux  de  ÏEglife. 5 1 1  sehlable  à  l'Incarnation, 

les  eftoilles  sot  en  i/^.heu-  150. figne  de  la  mort  du 

resen  tous  les  endroiâis  Sauueur,  &  mémorial 

du  Ciel.                   197  iicelle.i^z.figuree parla 
Eftre  du  corps  du  S  auueur     Manne.  1 6j .  Jray  pain 

en  l'Euchariftie  quel.  du  Ciel,  &  des  Anges.- 

187. 188.  i6^.ïjo.donneà  man- 


DES     MATIERES. 

ger&  à  boire  comme  la  ily  eficaché&non  yifi- 
Manne.  172.  en  icetle  ble^foubs  les  eJJ>eces  du 
toutes  les  parties  font  le  pain  &  du  y  in.       z  8  7 
tout,  ij^.'vraye Manne  288,  190.  temps  de  fon 
gardée.   175-,  mémorial  inJlitution.2c2.fes  my- 
des  mer uei lies  de  Dieu,  fier  es  cache^  flZn^V€K, 
liy.2oj.2li.(jueleflie-  parla  cendre.  309.  310. 
jlre  du  corps  du  Sauueur  figurée  par  le  ftcrifice 
en icelle.  187.188.  Para-  propitiatoire.   325-.    elle 
dis  terrefire  du  Sauueur.  proufite  doublement  à  ce- 
ïç  5.  en  icelle  les  mebres  luy  qui  la  reçoit  en  bon- 
de le  fis  C  hrifl  font  di-  ne  dijpofiîio.  328.  hofiie 
flinêis.    200.    miracle  falutaire.  330.  331./W 
feul  en  grandeur.     204  &*  propre facrifice  Chre- 
pourquoy  appelle  feslin  fiien  332.  enquoy  elle  ejl 
denopces.10%.  mariage  figurée  par  le  miracle  des 
delefus  Chriflauecfon  cinq  pains,  5^6. pour  quoy 
Eglife  ï&fymbole  cf>-  le  Sauueur  fit  le  fermon 
nion  &  de paix.113.235  dùcelle  deuant  que  lin- 
figuree  par  les  pains  de  fïituer.  yjyfefiin  £aU 
propofition.  219.  noftre  liance.qçien  fon  infi- 
njray  pain  fepmanier  &  tutioni  le  vray  ^Agneau 
quotidien.  232.  en  quoy  fut  immolé  félon  tordre 
elle  diffère  des  pains  de  de  Melchifedec.       504 
propoftio.  245.  en  quel-  image  de  la  félicité.  516 
le  manière  le  corps  du  Eue  fille  &  femme  d'A- 
Sauueury'eftprefent  &  dam.                        192 
y  demeure.    278.  280.  Exce^  de  tons -les  plus 
28  jt  28  6.  29 9.  pour quoy  grands0quel.           64. 


IND ICE 

l'Exemple  façon  ienjei-  chofes  ont  efté  fai- 

gner  efficace.           219  êtes.  Ilacômandé& 

les  grands  Expiai  Els  font  elles  ont  efté  créées* 

dignes  de  mémoire.  284.    Bien-heureux 

494.  ceux  qui  croy  et  fans 

Expofitiodes paffages  fui-  voir.  288.  Lesparo- 

uans.   Tu  es  Preftre  les  que  ie  vous  dis  ce 

éternellement,  félon  fontefprit&vic.  2,93. 

l'ordre  de  Melchife-  396»  Mettons  le  bois 

dec.  100. 101. 105.  enfonpain.        305. 

Chriftnoftre  Pafque  Ceft  l'elprit  qui  viui- 

a  efté  immolé.  148.  fie,  la  chair  ne  pro- 

La  fapience  a  bafty  fiterien.              394. 

famaifon,  bataillé  Cecy  vous  feanda- 

feptcolomnes,elleà  lifc-il  ?  Que  fera  ce 

aufli  immolé, &c.  donc,  &c.  ibid.  A  la 

414.  Qu'eft-cequia  veille  de  la  Pafque, 

efté?Ceftcequifera  Iefus  voyant, &C.4JI 

après. 475.276.ilfera  Cecy  eft mon  corps, 

fermeté  en  terre  au  454.  &  fuyu.  Faites 

plus  haut  des  mota-  cecy  en  ma  mémoire 

gnes:&fon  fruidtfe-  177.493. 
ra  éleu é  au  derïus  du 

Liban.  ibid.Ws  feront  F 
côuertisen  fonom- 

bre,&viurontdefro-  les  'Y^aiftsdeDieu  fur- 

ment,^3  QH?  donne  Jj  paffent  nojlre  en- 

du  painàtoute  chair,  tendement.             150 . 

279 .11  a  parlé  &  les  que  fignifie  la  Farine  très- 


DES    MATIERES. 
fine  &  fans  leuain  des     Moyfe.    10.   neceffaire 
pains  de  propofition.  aux  Iuifs  ,   <vrile  aux 

230.  Chreftiens.  14.  quel  en 

Feftes  des  prémices  ludàU  eftoit  tyfage  parmy  eu  xy 
que  s  trois  3  &&quelles.  quel  parmy  lesChrefties: 
26z.  263.  pourquoy  en  &  lesfrui£is£icelle%i^ 
celles  des  Saincls  on  diEl  15. 16 .  17.  376.  perfonne 
la  Meffe.  345     n'y  doit  recourir  fans  oc- 

î  efiin  dev  ieu^où  il  eft  fin-     cafion.  459 

entièrement  inuoqué  en  U  Fils  deDieu  Mue  image 
ialoy  de  grâce  ,  &  les  de fon  Père. 5 02. [on  In- 
Chrefties  exauce1^  quel,  carnation  eft  >«  myftere 
49c. les  ennemis  de  l ho-  plus  noble  que  la  crea- 
neur  &    magnifcence     tion.  185 

èiceluy.  397  Fiole  d'or  furies  pains  de 

le  Feu  du  Ciel  fur  ïojfrade  propofition  que  fignifie. 
d'Abel.  51.  que  fgnifie  233, 
celuy  d'Abraham  en  fon  laFoy  eft  confirmée  par  les 
fdcnfîce.  124.  il  eft  plws  fguresl  16 .celle  d^bra- 
difficile  q*ïil  ny ef chauffe  ham  n ecefjaire '  pour  pe- 
qu  au  corps  de  n'occuper  netrer  la  hauteur  du  S. 
place.  188      SacremetdeiAuteL  125 

trois  Feux  qui  ont  hrujîé  '  quel  eslle  premier  article 
toute  la  chair  de  lefm  (Ficelle,  &  comment  elle 
Chrisl.  323     prend  force  du  S.  Sacre- 

ligure  naturelle  &  arti-  ment.  205. 10 6. 117.  fa 
fcielle  que  ceft.  3 .  pour-  lumière  &fa  viande fi- 
quoyellea  eftéyfitee  en  gnifee  par  les  dix  ch an- 
la  loy  de  nature  &  de     delïers  mis  an  Temple 

L  iiij 


INDICE 

par Sdlomont  2^,  quel-  l^.lesGenfi' armes  iï>A~ 
le  ejt  la  j0y  de  tEglife     braham*  105. 

^dt"olique  touchant  le  la Génération^ layirgi- 
S '.Sacrement de  l'autel  nité  très-contraires  ^le-* 
278.  comment  exercée  ble^e&ta  Vierge.  188 
€nl  Euchariflie.  288  hère  fie  des  Arriens  fur 
2.8c>#  celle  des  ^4poflres  celle  de  le  jus  Qhrift.  391 
du  miracle  de  F  eau  tour-  le  Geneure  nain  &  petit, 
née  eny  in. 29  9  .quels  sot  ^oo.que  fignipe.  311 
les  premiers  ennemis  de  njertu  de  fon  bois  &  de 
Idfoj.fëè.ellenefaitpas    fes  charbons.  312 

les  choj les  pre] "entes. 400  Gens  charnels.  375.  38 8 
celle  des  hérétiques  mo-  le  Glaiueè  Abraham  que 
dernes  femblabte  a  celle     figxifie.  123 

des  Turcs .  40 1.  celle  des  laGrace  deDieu^eau  mon. 
vhilofophes  efl  humaine,     de.  437 

4 14.  Grain  de  coriandre }  &  fa 

fe  Froment  marque  la paf-      merueille.  173 

fion  du  Sauueur.        %G  la  Grandeur  de  Dieu  pa- 

roifi  en  deux  générales 
G  façons.  203 

^4lbdn  ingrédient  H 


"G 


du  parfum  ^   que 


fgnife.  238    les  T  ~T^ibits  des  He~ 

Gajleau  diuifé  en  la  man-        JLjL  brieux^fguredu 

ducation  de   l^meau     S. Sacrement  de  IkuteL 

Vdfchdl.  432      194.198. 

&a%pphy laces  que  cejl.     leHaudet  ou  cfchaffaut  du 


DES    MATIERES. 

Roy,  au  Temple.     254 .  lautheur  413.  &  fuyu„ 

Hebrieux  gjrdez^  par  le  Hieroglifes  des  "Vieux  E- 

fang  de  l'Agneau.     130  gyptiens.  5. 

battus  après  auoir  tra-  /'Hodefch  des  luif s  que 

uaillé.  ip.pourquoy  leur  ceft.  137 

an  fut  lunaire.  138.  139  iHolocaufie  que  c'e/^58, 

l  agneau  vifchdl  mémo.  256 .fa  matière.  263.  ce- 

rial  de  leur  deliurance.  luy  de  la  croix  brûle  par 

151.  offrit  pour  la  "Vie  du  trots  feux.  323 

Roy  Darius  &  defes  en-  Hommage  lige.  93.218 

fans.  341.  powquoy  ils  ÏYihommt  arbre  celefle^y 

"Veulent    créer  Roy     le  renuerfé.  33.  feroitbefie 

Sauueur.  363  fans  le  franc-arbitre.  61 

Hérétiques  >  qui  ont  efU  ne  doit  iamais  permettre 

les  premiers  aut heurs  de  le  mal  degayeté  de  cœur, 
Quomodo  ?  jgi.  les     6ypetitmode.203.com- 

modernes  femblables  aux  mentfeparé  deDieu.  3  82 

Capharnaïtes .392. ban-  fon  ingratitude&parcf- 

dexjcontre  l honneur  &  fe.5Z6.en  quoyfa  parole 

magnificence  du feflin  de  eji  différente  de  celle  de 

lefus  Chrift.  397.  leur  Dieu.  454.  4^5 

fènfualité  ,  incrédulité^  iHofite ,  fa  matière  & 
orgueil.  398.  399.  leur  forme. 266. 307.  fon  ele- 
foy  imaginaire. 40 i.se-  uation  figurée. 271.275. 
blableàcelle  du  Turc.  276. 
401.  quelle  efl  leur  Jfi-  ï Huile  delà  qjefue  nour- 
ri tualité.  403.  mauuaïs  rifiiered'Elie.  198 
difcipleS)  mauuais  maL-  t  Humilité  nous  efi  enfei- 
des.  411.  exhorte^  par  gneeauS.  Sacrement  de 


INDICE 

ï^iutel.  119.  celle  de  le-  le  premier  communiant 

fwChrift  fignifeepar  les  du  corps  duSauueur  490 

cendres.  308.  quelle  en  I  E  s  vs-Christ  yray 

fon  Incarnation  5  en  fa  Orient  de  bEglife.y.fen 

pafîwn  &  en  fon  Sacre-  corps  noble  fur  tous  les 

met  309.420.42,5.426  corps.  34.39-  nourrit  ba- 

Jiymne  di  cl:  par  le  S  au-  me&le  corps  à  la  gloire. 

ueur  après  le  fouper  de  la  40  .eft  enplufieurs  lieux 

vafque. 434. 447.513.  facramentel/ement.    42* 

I  principal  aget  en  tous  les 

les  T \Apponois  mangent  Saeremens^j.fansmai- 

1     afîisà  terre.     431  fon.  67.  rapport  de  fes 

S.  laques  fut  des  premiers  qualitezji  celles  de  Mel- 

qui  célébra  la  ueffe.içq.  chifedec.%2, pourquoy  il  a 

Jardin  de  <volupt'e  <v?rs  inslituêlefacrifice&*Sa 

t  Orient ,<&fa  defcriptio.  cremet  de  fon  corps foubs 

zi. 22. &fuyuantes.  les  efteces  du  pain  &* 

^O&v*  dr*agrdme  remar-  du  "Vin.  §5.   &  fuyu. 

quablede  lefmQhriiî.  287.288. lyo.pourquoy 

3  <yCf9  fon  corps  eft  appelle  pain 

idolâtres  fguife^  par  le  &fonfang  y  in.  88.305 

Septentrion.             235  montap-ne. izi.  comment 

pourquoy  S.  Iean  a  ioinci  immolé  en  ÏEuchariilie. 

le  miracle  des  cinq  pains  144.  £?•  fuyu.  33  9 .  fis 

auec  le  fer  mon  de  l'Eu-  &pere  de  la  vierge, 

charijlie.tfj  fon  huant-  192  il  eft noftrezmanuel 

propos  myjlerieux  3  en  en  fon  incarnation }  en  fa 

tin/iitution  ds  tEucha-  conuerfation  çj  en  l'Eu- 

riftie.fôi pourquoy il fut  cbarislie,  210,  l^utel^ 


DES  MATIERE  S. 
I  offrande&leSacrifca-  mains.  4.8  j.  fa  Paflion 
teurenfemble.  ifâ.com-  inutile  sas  recognoiffan- 
ment  il  eft&  demeure  en  ce,  495.  [on  entrée  en 
tEuchariflie.  187. 188.  Hierufalemau  dixiefme 
190. 278.280. 28$tfon     iour.  505. 

humilité  en  fan  Incarna-  l'Ignorance  de  la  caufe  en- 
tion^nfa  Pafion  &  en  gendre  admiration,  176 
[on  Sacremer,  309.420  les  Imitateurs  de  Cain.6o 
425  efî  Frejlre  éternel.  Immolatio  en  t  Euchari- 
^.noflrepoiffon.  358  fiie  comme  fe  doit  enten- 
fes  paroles  >  prefchant  en  dre.14.5.  &  fuyu.  339. 
la  Synagogue  des  Iuifs  Immoler  que  cejt,  133. 
duSacrement  de  so  corps.  145. 
372.  //  parla  du  Baptef-  Impafibilité  du  corps  du  „ 
me  &  autres  Sacremens  Sauueur  au  S .  Sacrement 
'  deuant  que  les  injlituer.     del\Autel.  *94 

377.  Dieu  tout  puijjant  [Incarnation  du  Y  ils  de 
395.il  mangea  l'agneau  D  ieu  efi^n  myftere plus 
Pafchal  au  quator^ief  noble  que  la  création .183 
me  de  la  lune  de  Vequi-  fa  coparaifon  auec  lEu- 
noxe. 419 . 447 .513  .fon  charijlie  familière  aux 
amour  5  fa  puijfance  ^fa  faincls  pères.  101.  208. 
diuinité.  451 .  commet  il  Incrédulité  des  Caphar- 
s' offrit  aDieu  enfacrïfce  naïtes.  3  89 .  des  hereti- 
difant)  Cecy  eft  mon  ques modernes,  398. 
corps.47i.&"  fuyu.  en  ïlnfdele  ne  croit  finon  ce 
quelle  façon  il  lai ffa  fon     qu  il  voit*  184 

corps  àfes  héritiers.  485  Ingratitude  ç£*  pdrejfe  des 
comment  il  fe  porte  enfes     hommes,  386 


INDICE 

IntercalatioqueCefl.iz^.  cinq  pains   ils  "Veulent 

Vinuifibilité  du  corps  du  créer  Roy  le  Sauueur. 

SauueurauS.  Sacremet  363.  comment  ils  mdn- 

de l'Autel,  dequoynows  geoientlavafque.    430 

fert.                2^7.288  leur  pot âge  commun  en 

Jo nos  figure  de  la  refurre-  i celle.               ;        432, 
■filon  du  Sduueur.       \  6 

les  trois  iours  d'Abraham  L 
qu.e  fignifient.          123 

ïfaac  immolé  en  l'aage  de  le  1      xAiflfang  blachy. 
yingteinq  dns  110.  Ces  ■  _s    205?, 
.paroles  à  [on  père,  n5.fr-  Lai6tues  agrefles  ou  endi- 
gure  de  Id  mort  du  S  au-  ues  que  fignifiët.i$6. pa- 
veur. 118.  reprefentefa  tage  ordinaire  des  Inifs 
diuinitê.  119.  figure  de  mdngeans  ld  vdfque. 
lEucharijlie.          110  432. 
Judas  premier  mefehat  en  ^digs  du  Vieil  Teftdment 
la  communion.       44 6  rapportera  ceux  du  nou- 
Uyie  des  Iufies  ^varddts.  ueau.              479.480 
3  o .  /<<  mort }  fn  de  leurs  Us  Ldngues  de  feu .      15*1 
tniferes.                   44.  Lduemet  des  pieds  fe  mét- 
aux Iuifs  tout  efloit  en  fi-  tdnt  à  tdble  fdiâl  par  le 
gure.njd  manière  d'en-  Sduueur,  que  fignifie. 
feigner  par  figures  leur  435*.  &  fuyu.  453. 
efioit  nece/fdire.  14.  leur  L ehem^rf  double  fignifi- 
anfacré  &*  ciuil  ,    &  cation.                   279 
pour quoy  il  fut  lunaire.  Leuain,  malice  &  infe- 
128.134.135:.  138. 13p.  Siion.  230,  marque  de 
pour  quoy  au  miracle  des  bien.                      272 


DÈS     MATIERES, 
Lieu  propre  pour    eflre     mon.  243. 

exaucé^quel.  503   Lune  première  que  cefl. 

Loup  hérétique.  404.  133.  154.  marque  des 
Loy  denature&  deMoy-  temps .137 .comment  elle 
feu  .pédagogue  des  luifs  fignifie  la  Synagogue, 
lq..terreflre&  charnelle  140.511. pleine  que  fi~ 
I ^o.fon  accompli ;J] remet.  gnifie.  5 o  6.  marque  ge- 
143.  325.  elle  riefl  que  neralede  fEglife&  des 
figure.  258.  pourquoy  diuers  t flat s -d'icelle. 510. 
les  Sacrements  de  la  Loy  511.  que  figmfie  Jonfep- 
degra  ce  font  operatifs  de     unaire.  5 1 2 

foy.  327,  quelle  eft celle  Lyon^Dieu.lji.Sathan. 
de  tout  bm  Théologien,     272. 404.^0?.       459 
403.  toute  loy  doit  eflre 
clair e.^y.  celle  de  bon-  M 

ne  grammaire.  459  .celle 

d'amour  donnée  par  le-  la  "\    T  ^4 in  auec  la  la- 

fmChrifl.âfio.  efcripte       1\ Xgue  pour  bie  en- 

au  cœur  des  Chrejliens.     feigner .427 \marqne  des 

481.  temps  propre  pour     aSiions.  436 

eflre  exaucé,  joi.  com-  le  Mal  tourné  en  bien  par 

mentenicellel'Eglifecfl     la  feule  puiffance  dtui- 

fignifiee parla  Lune.         ne.  63 

140 .  51 1.  Malachie  prophetifant  de 

Lucifer d'^îngefaiEidia-     laMeffe.         264.26$ 

ble  chaflé  du  Ciel.     28  Malice  du  diable  pour  af~ 

Lumière  de  la  foy  figniftee    foiblir  la  foy  de  la  puif 

par  les  dix  chandeliers     fancedeDieu.        207 

mis  au  Temple  par  Salo-  Manducation  If  raye  quel- 


INDICE 

/e.402 .  celle  des  Caphar-     quiportoit  les  cinq  pains 
naît  es  charnelle  ^  &  con-      350. 
damnée  par  les  Pères.       pourquoy  la  Mathemati- 

405.  la  Sacramentelle^^  que  doit  eflre  le  commen» 
Jpiritnelle.q.oj.4.08 .        cernent  de  tefcoledes  ieu- 

Man-hu  que  fignifie  .\  63  nés  gestion  vlaton.  14 . 
176. 177.  Matières  des  facrifices. 

la  Manne  facree  peinture.  2  6 3 . du  propitiatoire.  3  2 
^femblable  en  figure  au  Melchifedecattetifaufa- 
Coriandre.162.  fonety-  crifice  5  &  fa  prière  â 
molooje.\6y  ijô.auoit  Dieu.  79.  fis  qualité^ 
tout goufi.iG 5  figure  du  rapportées  à  celles  du 
Sdcrem et  de  l\Au tel^  &  Sauueur.  8  2  ..fa  Prejlrifi 
prefchee  comme  telle.  accoplie  e n  Upts  C  hrifl. 

16 y.  168.  pourquoy  no-  8  ^.pourquoy  il  efl  corn- 
mee  pain  du  ciel.  \  68.  des  paré  au  Sauueur.  100. 
Anges. 16 9.  la  naturelle  félon  l'ordre  diceluy  le 
^commune  quelle. ibid.  yray Agneau  efl  immolé 
pourquoy  coparee  en  TEf-  en  l'injlitution  de  l'E'u- 
criture  au  vrain  deCoria-     cbariflie.  i  )  °  4« 

dre.ijj.pardee  que  fio-ni  les  Membres  du  Sauueur 

fie.  175 .  refifiant  au  feu>  font  dijlinc'ts  en  boucha- 
&fe  con feruat fans  co  r-     riflie.  199.200 

ruptio.ig^..iç8.couuer^  laMerauTempledeSalo- 
te  de  deux  rofees,     164      mon.  253 

172 .2  o  2. cachée^  Cejl  la  Merueille  du  grain  de  Co- 
yie  éternelle.  212.  pain  riadre.iy^JuSSacre- 
demerueille.  176  metdelAutel.  177.  178 

S.  Martial  fut  le  garçon  deux  Merueille  s  aduenues 


DES     MATIERES. 
m  linjlitutio  du  S.  S  a-  29  4  .comment  elle  ejl fi- 
èrement de  t*Autel.q8y  crifice  propitiatoire.  3  2.9 
&  fuyu.  ç&fuyu.  moyen  gênerai 

Meflange  des  drogues^  ac-  pour  appliquer  le  mérite 

cord  de  Irertw.         239  de  lacroix,pour  lesiujîes, 

la  Meffea  les  trois  ejfieces  pour  lespecheurs^pour  les 
defacrifice  enfoy .  5  8  infidèles  3pou  r  lamemoire 
ytile  à  tows  ceux  qui  des  bie  heur  eux, <&  pour 
Voyent,&  pour  lefqucls  les  trejfdffe^.  336.337. 
on  ladit  9  ^.fignifiee par  elle  honore  ^rdndemet  le 
ce  mot^  O  r d  r e.  I o  1 . [on  fdcrifice  de  la  croix 5  pour 
fdcrifice  applique  celuyde  deux  rdifons.  338. pour- 
la  croix .loz.en  quoy elle  quoy  dicte  pour  les  tref- 
ejl  différente  du  facrificc  pdjje^.  344.  aux  fefks 
de  Melchifedec.  103  .fi-  des  Sdinâïs.^^ .  mémo- 

furee  aufacrifce  d\  bna- 1  i  rial  très  -  propre  de  la  paf- 
dm.izo.  elle  continue-  fion  du  Sauueur  496.  le 
rd  iufques  à  la  fin  du  feÇvin  de  Dieu  ,  où  il  ejl 
monde.!1}}.  4.4.7  figurée  finguliercment  inuoqué 
par  la  Manne.  16  y.ob  la-  en  la  loy  de  grâce ,  &  les 
tion  nouuelle  en  la  Pen-  Chrefvicns  exduce^j^yç 
tecojle  des  ChrefîiensJ&  que  figni fient  fis  ceremo- 
cdebree  parles  Apojlr -es.  nies.  303 
264.29z.293. 294./*-  Min-ha  5  fdcrifice  non 
crifice  nouueau^quelle  ejl  .  fdngUnt.  266 
fonoffrdnde,  fin  vrejlre  ld  minuitl  de  noftre  Re- 
&ld  cérémonie.  2  6  y  .en  demptionfut  en  plein  mi- 
quel  temps  elle  comme  fd  tour.  153 
iefire  cdebree.29 2,193  MifTa/tf  langue  Hebrai- 


I 

INDICE 

que&Syriaque  3  que  fi-  parfum ,que [tonifie .2 38  1 

gnifie.  266.  26S.fi  ce 

mot  e fi  Latm.269.2jo.  N 

les  Molofîiens  ,   &  leur 

coufiume  pour  impetrer  XT^f^cde  tout  Sa-  i 

grâce  de  leur  Roy*    50I.  JL \|  cmwewf.  287.454  ] 

Moly  prefermt  de  la  mort  [es  deux  Natures  de  le  fus  1 

&f ai  fiant  raieunir.  26  Chrifi  fignifiees  par  les  -i 

que  fignifie  laMotagne  au  pains  de  proposition.  231  | 

facnfice  drAbrahami22  par  les  deux  agneaux  en  ï 

Montagnes  de  ÏEgli fêles  toblation  des  prémices,  i 

Pajleurs  &  gens  par-     27 ^.parles  deux poifiosé% 

faiéls.  276     359. 

Moria  ,  la  montagne  où  Nauire  admirable.    215.  | 

ifaac  fut  immolé  &*  le  la  N eomenie  des  îuifsque  u 

Sauueur  crucifié.       1 1 8  '  ■  ce  fi,  &  fa  caufe.     137  I 

laMort edlafin  des  mife-  pourquoy  infiituee.   139  1^ 

resauxiufies.  44     494. 

le  Mouton  brûlé  fur  l  au-  Nicodeme  enfeigné  par  fi- 

tel  au  lieu  d'ifaac,  que  fi-  gures.  16. 394.  f 

vmfie.  119  Nourriture  du  S.   Sacre- 

Moyfe.     165.  177.  333.     ment  de  l  Autel  &  fin 

363.  ,  excellence.  85.  &  fuyu. 
Multiplication  admirable 

enlEuchariftie.       356.  O 

Myrmecidés  admiré  pour 

foninduftrieufe  fdgejfe.  f  S^SBeiJfdncc  nous  ejl 

21r  v_x    enfetgnee  au  S.*' 

la  Myrrhe ,  ingrédient  du     Sacrement.  219 

tobiett 


DES     MATIERES. 

lobieSldelafoyceftvne  elle  met  les  ténèbres  en 

chofe     quon  ne    <uoit  l  ame.^o.  celle  des  Ca- 

point.                     279.  pharnàïtes.^%^.  des he* 

bonnes  Oeuuresfacrifices  retiques  modernes.  398* 

o-eneraux.^y.  92 .  font  l  Ornement  des     Anciens 

propitiatoires .   333.355.  *  Preftres.                   ji* 

quelle  esl  l  Offrande  de  U  Os  non  ropusen  l'agneau 

Meffe.                   16  j.  Pajchal  quefignipent. 

ÏOifeaude  Paradis^  fa  I4.2.  155. 

defcnption.  24.  25.  que  P 

Ceftquilfignifie.     32.  \fy>Atifique     facrifice 

l'ombre  &  le  mémorial  JL      queceft^&lama- 

de  U  mort  du  Sauueur  tiered'iceluy.     58.263. 

esl  le  S.    S  acrement  de  le  vain^fon  rappo  rt  au  fa  - 

XiAutel.                  313.  crifice  &  facrement  du 

Onias  offre  pour  la  fanti  corps  de  IefusChriflS 5 . 

d'Heliodore.           342.  prins  pour  toute  nourri- 

l'Onycbejngrediet  du  par  ture.S6.fans  leuain  que 

fum,quefignifie.    238.  fignifioit.156.  230. quel 

ÏOrquefignifie.       233.  ejl  le  noftre  ~ïrayemenc 

V Ordonnance  des  Apojlres  quotidien .  2,3  2 .  offert  à, 

deuant  &  après  lafain-  Vauid  &  àfe  gens  a  U . 

61e Communion,  iq.6.  charge  quils   neuffent 

Ordrc^au  vfalme    109.  touché  femmes  .quecefi. 

quefignifie.    loi. 105.  245. /e  pain d 'Eli e figure 

dix  Ordres  ou  chefs  de  U  du  corps  du  Satiueur. 

nature^  quels.    180.  305.  3o6.c/*/>  foubsles 

lOrgueilgr  s efualité eau-  cendres  que  fignifie .3  o 8 

fe  d'aneuglement*  389,  Pains  de propofitiwou- 

M 


INDICE 

vains  des  faces  .215.  pour-  fie                         239. 
quoy  dow%e.  22  6.  figure  la  parole  de  Dieu  5  glaiue 

deÏEuchariflie.     2251.  123.  474.  leuain.  275. 

<pe  ftgnifient  ces  mots,  en  c^uoy  efi différente  de 

des  faces  ou  de  deux  fa-  celle  de  l'homme.    454. 

ces.  230.231.278.  455. 

mange^par  les  vrefires  paroles  du  Sacrificateur  a 

&     Leuites  feulement  toblation  des  prémices, 

quefignifie,  241.  242.  2^7.     260.    delefm- 

leur  différence  auec  l'Eu-  C  hrijl  prefchant  en  la 

charijlie.i^*).  quels  ef.  Synagogue  des  Iuif s ^  du 

toient  ceux  de  toblation  Sacrement  defon  corps, 

des  prémices. i<)6.rappor  ^ji.du  père  de  famille 

te^â  thoflie.  166.  que  diflribuhlepainaufou. 

figmfie  leur  eleuation&r*  per  de  la  pafque.      433. 

dualité  iji.ij $.  274.  les     varties  du  corps  du 

275.  en  quoy  le  miracle  Sauueur  fans  confufion 

des  cinq  pains  figurait  au  Sacrement.       190. 

lEuchariflie.          356.  les  varuis  duTemple. 252 . 

paix  donnée  en  la  Mejfe.  253.254. 

213.  V^ichz^motCaldaic.que 

[e  Paradis  terrefire  >  &fa  fign  ifie.                  1 5 1  • 

description  .21.  &fuy-  la  pafque  des  înifs  cele- 

ttantes.  toutes  fortesd'a-  bree par  le Sauueur. 429 
nimaux  parfaiëls  ejloiet  [a  Tdfîion  du  Sauueur 
en  icelm .25.  quefignifiet     marquée  par  le  fromet, 

fes  quatre  fleuues.50.31.  &  par  le  raifw.$6.8j. 

le  parfum  t&fesingrediës  inutile  fans  recognoif- 

2l%.qmceji qhiifigni-  fance*                   495. 


DES    MATIERES. 

ht  vdtience  nous c(t  enfei-  quand  Dieu le  comman- 
<weeau  S.Sdcremetzij.      de.  113. 

S.vdul  rauy.iyS.aueuglé  les  veres  laiffent  Itnrs 
de  la  prefence  du  S  au-  corps  morts  à  leurs  en- 
ueur.  288.    fans.  485. 

les  vayesfort  fuperfiitieux  \?hzCc,mo.t  Hebrieu  3  que 
au  culte  de  la  Lune.  139.     figmfie.  iyi; 

pourquoy  ils  appel/oient  v  h  inee  grand  Do  cireur  Hè- 
les Chrefliens  anthropo-  bneu.  97. 
fages.  290. pourquoy  II  les  vieds  marque  des  affe- 
croixleurefiinfructueu-  trions.  43  6. 
fe.  $tf.je  mocquoiet  de  la  S.vierre  efionê  du  lauemet 
mort  du  fils  de  d  ieu^  9  2      des  pieds  5  &  fes  fecrets 

pourquoy  le  veché  ejî  tou-  difeours.  412. {on  rag  en 
fiours  mis  en  l'Efcriture  la  Cène  duSauueur.^.^. 
pour  caufedela  mort  de  pourquoy  platon  y  eut  que 
lefm  Chrifl.jy.  il  porte  les  ieunes  gens  cemmen- 
en  croupe  fa  peine.  6).  cent  par  la  Mathemati- 
l 'originel^  amorce  de  tous     que.  14, 

peche%*  382.    voetes  &  Orateurs  de  no- 

Peinture  de  trois  fortes.  3.  flre  temps }  quels  pour  U 
fonytilitc  &plaifir.6.     plupart.  8' 

7.  celle  de  la  tranffub-  comment les  voijj ans figu- 
fiantiation.  272..   rent  le  Sainc~î  Sacrement 

la  ventecofle  queCefi  y  &      de  l'Autel.  359. 

pourquoy  appelleelafefie  quel  efloit  le  p  otage  com- 
des  vrernices.zôi.  263.  mun  des  Juifs  quand  ils 
celle  des  C  h  refiles .  1 5?  2 .      mangeoiet  l'agn  eaitVaf- 

U  veretuç  iuftementlefils     chai.  432, 

M  ïj 


INDICE 

Prémices  Iudaiques  que  facrifice  auec  réfection. 

Cejl*26l<  de  quelles  for-  320.  matiereiicelut.^  1 1 

tes  de  fruiâls  elles  s'of-  comment  rapporté  à  ce- 

fr oient.  263  -figure  de  U  luy  de  la  croi x.  3  2, 2 . 3  23 . 

Mejfe  264.  en  quel  teps  ^uifjancc  diuine  tournant 

s  en  faifoit   koblation.  le  mal  en  bie.93.ceUe  du 

29 1. 292.  Sauueur  fignifiée  parla 

toute  vrefence  réelle  n'ejl  corne.  1 1  9. grade  au  Sa- 
pas charnelle  5  &  quelle  crementde  Ï^Autel.  1 81. 
ejlcelle  du  corps  du  S  au-  puluerifer  nos  actions  que 
ueurauS.Sacremet.299  cv(?.                     240. 

Prefirife  de  deux  fortes  vureté  requife  alafainSle 

duant  l  avenue  du  S  au-  communion.         245. 

ueur.  $3.  quelle  efl  celle  vrejlres ancies^leur orne- 

de  lefus  Chrifl.        96.  ment. y  l  de  deux  fortes 

preuoyance^ertu  &  mi-  auantla  yenue  du  S  au- 

fericordedeDieu.    316.  mur,  83.    Vicaires  de 

-prière  de  Melchifedec.  Vieu.96.103. 329.333. 

79.  desSainBs  fignifiée  xAnges  de  Dieu  en  l'E- 

par  l 'encens.  233.  quelle  glife.  17 0.30 6 Jnjiru- 

ejl  la  plus  prejfante  de  mens  de  création.    182. 

toutes.                   joi.  mdngetlespecbe%.i$6. 

prières  en  laMeffe.  342. 

principes  petits  \  manière  Q^ 
d'ouurer  familière     à 


Dieu.                      10.  /~X  Valite^ de  Mel- 

s  vrifcil/ianifîes*  404.  K^J^hifedecraportées 

Propitiatoire  que  c'efî.  à  celles  du  Sauueur. 8 2 • 

fi. 2  5 6. fa  matière .263.  celles  du  corps  de  lefus 


DES     MATIERES. 

Chriftinuifibles  aux  ses,     prend  au  S,  Sacrement 

&pourquoy.  189.188.     deï^iutel.  218. 

Quantité  ayant  prtkitcgc  Remède    fingulier     aux 

defubjïance.  186.  toute     maux  de  la  chair  cC^da, 

en  toute  tboflie  &  ci     cejî  celle  du  Sauueurdo* 

cbtfque  partie ,  fans  oc-     née  auS.  Sacrement,  18* 

cuperlieu.      187.  188.  Rencontre  meruetlleufe  au 

les  Quarate  tours  &qua-      mot  MiflTa  3    du  Latin 

rantenuifls  quEheche-     auec  l'Hebrieu.     2  je. 

mina,  que  (lénifient .  5 1 4  Repos fol\de  des  Chrejtiens 

4  Quomodo?Côment?     quel,  515. 

par    qui  premièrement   Reprefentationenperfon- 

vfurpé.  391.     ne  pregnante.         498, 

R  cinq  Roumaine  m  parqua- 

le  T}  •difm  marque  la     tre.  7  7.  ils  font  appelle^ 

ï\^pafîion  du  Sau-     pafteurs  dupeuple.  364. 

ueur.  87.   commet  les  Romains  s\tf- 

la  Rareté  eau fed' admira-    feoient  en  table.      431. 

tion.  168.  leRoyaume  deleftisChrifl 

Refettiode la  "Victime  au     111.3 64, 

facrifee  fait  entre  lePre-  S 

Jire&  le  peuple.     482.   le  O^Abat  infli tué pour 

Reins  ceïncturexniageant       y^Jrecognoiflre  le  bene* 

l  agneau  q  uefigmfet.  1 8  6     fice  de  la  création.   139. 

Reliefs  brulex^que fivni-     494. 

fient.  ibid.  Sac  en  tontes  langues  de 

Religio  fans  facrifee  c'ejl      mefmefon  &  fumiffca- 

rvnRoyaumefmsdroiSi     tion.  169 

d'bommage.y^elle sap-   S  teerdoce Royal      320. 

Miij   A 


INDICE 

le  Sdinci,  &  le  Sdinéldes  deyie.^.^rfuyu.  nefe 

Samedis.  252.  fui 61  quen  l'Eglife   de 

pourquoy  le  Sdng  du  S  du-  Dieu>  ^.fonfruiÉl  3  £7* 

ueur  ejl  appelle  vin.    88.  pour  qui  il  efl préparé. 3 7 

celuy  de  ï  Agnedu  gdrd?  (es  différences  auec  lar- 

hs  H ebr 7 eux  .130. porté  bre  de  ajie .^9  & fuyu .il 

à  l' Autel  des  pdrfums  5  6-  done  trois  ajies.^i.pour- 

gare  de  celuy  du  Sduueur  quoy   inflitué  foubs   les 

323.  pourquoy  le  ftng  de  efpeces  dupain&du  y  in 

IefusChrifl nous  efl  don-  $$.&fuyu.  287.288. 

néenbreuudge 378.37 9  290.    pourquoy    appelle 

comment  fait  prefent  en  Synaxe.  87 .  pour  lame 

la  coupe.  474»  &  pour  le  corps.     104. 

S  çauoir  ^prédire  lescho-  384.  ncpeuteflre  expri- 

fes  futures  ,  marques  de  mépar^nnom.  ijj.esl 

diuinite.  I?.  ïombrt  des  (Zl)rejliens. 

Sacramentaires    premiers     313. 

quels.  374.391.  le  Sacrifice  d'Abel  mani- 

P  0 urquoy  les  S d crem ens  de  fefiepgur edeldmort  du 
la  loy  dtordcefont operd-  Sauueur ,  &  au  Sacre- 
tifs  defoy.  3  2  7.  ils  appli-  ment  &  facrifce  de  fort 
quent  la  croix  pour  le  fa-  corps.  55.  le  premier  de 
lut.                         334»  tous  7i  ejl  trouué  en  l'Ef- 

le Sacrement  y fa  difnittcn  criture.  56.  quel  efl  le 

89.90.287./^  differen-  premier  &  propre  de  la 

ces  d'auec  le  facrifce.  9  3.  loy  de  grâce  5  7 .  trois  ef- 

quelle  efl  fa  nature  en  ge-  peces  d'iceluy  ^quelles. 

ncral.  187. 454. celuy  de  58.  263.321.  quels  font 

l Autel  figuré  par  l'arbre  les  généraux.  59.92.  de 


DES     MATIERES. 
deux  fortes  deuant  la  ve-     mais  ceiuy  delà  Me/Te 
nueduSauueur.         85.     l'honore  grademet  pour 
pourquoy  il  a  injlitué  ce-     deux  raiforts.  338. 

luy  de  (on  corps  foubs  les  Sacrifices  preal/ables  des 
ejfeces  du  pain  &*du  y  in     prémices.  2*54- 

fy.&fuyu.  287.   la  fagejfe     admirable  de 

2#8. 190.  en  cjuoyildif-  Dieu  ^tant  en  la  fonda- 
fer -e  du  Sacrement .  95.  tion&gouuernement  de 
figne  d'honneur.  94.  fon  Eglife^  cjuen  linfii- 
culte  fouuerain.  95.      tut  ion    du  facrifce  & 

21  S.  fuffifance  de  ceiuy  Sacrement  de  fon  corps 
de  laloyde  orrace.  <y6.  en  lEuchanflie.  11. 12. 
en  quoy  diffère  ceiuy  de  15.6/.  104.  149.  179. 
la  croix  ,  de  ceiuy  de  414. 
lEuchariflie.  toi. 102.  le  Secret  de  Dieu  doit  ren- 
celuy  d'Abraham.  109.  dre  les  auditeurs  atten- 
fgure  de  la  S .  Euchari-  tifs  &  non  les  aliéner, 
fiie.  120. pourquoy  ceiuy  394. 
de  i Agneau  vafchal  fut  les  Selles  d'armes  en  ^fâge 
ordonné  en  Mars.  13  6.  long  temps  après  Iules 
ceiuy  delà  Meffe  conti-      Cejar.  76. 

nuera  iufques  klafn  SensyfitexjnlEfcriture 
du  monde. 153.  ceiuy  des  font  quatre \<&  quels.  6. 
Chrefliens  afuccedé  aux  [a  Sensualité  &  toro-ued 
facrifces  Iuifs  qui  ont  cmfes  d'aueuglement* 
ceffé .295 .le propitiatoire  389. quelle  efl  celle  des 
ejl  auec  refettion.  320.  hérétiques  modernes  au 
ceiuy  de  la  croix  n  efl  pas      S. sacrement.  398. 

le  facrifce  chr  efl  le.  332.  le  Septénaire  de  la  Lune 

M  iiij 


INDICE 

que  fignifie.            512.  la  Structure  du  corps  hu- 

k  S  eptentrion  fignife  les  main  admirable.       39. 

idolâtres.                235.  Subieft&finde  lauant- 

le  S erpet  iïairain^eintu-  propos  de  toutelœuure.2. 

re  muette .3.  figure  de  la  SubJIance  changée  en au- 

vaflion.  16 .  comment  il  tre.           181.  gpfuyu. 

guartffoit  la  morfure  des  la  Synagogue  comment  fi- 

ferpens.                   328.  gnifeepar  la  Lune.  140. 

es  S eruiteursd' Abraham  jn. 

(jue  figm fient.         125.  Syntbefis,robbe  nuptiale. 

Simplicité  Vénérable  du  430.44  2 

ficnjice    de  ÏEnchari- 

flie.                       357.  T 
Sina    mont     contigu  a 

H.ierufalem.          480.  Ur~JTl*4ble&t'^4utely 

S/o  règne  de  JefusChrift.  X   deux  chofes  pref 

I21.  fautes  pour  redre  y  n fait 

Sodome  &  Gomorre pil-  mémorable. ^9  6. celledes 

lees.                         77.  pains  de  propofition ,  (k 

le  Soleil  &  la  Lune  mar-  logueur, façon  &  lieu  ou 

que  s  des  temps.       137.  elle  efloitfi tuée.       116. 

les  S  oliers  aux  pieds  ma-  227. que  fignifie.     233. 

geat  l^gneau  vafcha /,  234.  235.243.  variété 

que  fgnifient.         i$y.  des "ajjeoir  en  table.  431. 

S  oupperparfaiEides  Rois  différence  de  celle  de  no- 

deverfe.                 499-  flre  Seigneur 3  en  hrrey 

quelle  efl  la     Spiritualité  d'auec  celle  du  Ciel.  517. 

des  hérétiques  modernes.  Tableaux facrez^ ,  infcri- 

403.  fttodece  liure0  &  pour- 


DES    MATIERES. 

quoy.  2.  ceux  de  Philo-  Jdcripce  delaMefft, 

ftrdte  quels  .4.  ceux  de  148.  &  fuyu.  des  He- 

fidnddle  quels.            9.  brieuxyfur  ld  trdnjjub- 

Tctnis^Villeroydle duhord  fldntidtion  &  mdniere^ 

du    Nil  ,  non  loing  de  en  Idquelle  le  corps    du 

Memphis.               126.  Sduueur  tfl  prefent  en 

le  Temple     bafly  en  njn  ÏEuchdriftie .279.280. 

dutre  coflé  de  U  montd-  des  D offreurs  Chrejliens. 

vne  Morid.              119.  281. <&fuyu.des  dnciens 

pourquoy  les  Temples  des  Pères  Ldtins  &  Grecsy 
Chrejïtens  font  tournez^    monflras  que  le  fdcrijlce 

dl  Orient.                  31.  de  ld  Mejje  efi  propid- 

le  Temps  propre  pour  ejlre  toire.  32  9.  &  fuyu.  ton- 

exducé^cejl  Idloy  degrd-  chdnt  U  mdnducdtion  de 

ce.  y  01.  celuy  delà  vaf-  ld  chdïr  du  Sduueur  du 

que.  505. trois  temps  de  S.Sdcrement.^o6.tou~ 

ÏEvlifè    marquez    aux  chdnt  l'explicdtion  de  ces 

trois  feptendires  deldLu-  paroles^Cccy  eft  mon 

ne.                           511.  corps  ,  460.  &*  fuy u. 

Tefmoigndges  des  Do-  monftrdnslefacripce& 
fteurs  Hebrieux  fur  le  Sdcrement  du  Sduueur 
fubie£t  du  fdcnjice  de  tnflitué  du  mystique 
Melchifedec.gy,desdn-  foupper.  476.477. 
tiens  Pères  Grecs.  98.  Us  q.Tefmoings  du  Te~ 
des  Anciens  Pères  Lu-  si ament  du  Sduueur  ont- 
tins.  100 .de  tE(criture  tenu mefme Idngdgty  & 
&  des  Sdincts  Pères  pourquoy.  457.458. 
toucbdnt  timmoldtion  le! 'eftamet doit eftre cldir 
du  corps  du  Sduueur  du  457.  celuy  du  Sduueur 


INDICE 

Vinflftution  du  facrifce  pour  dignement  remer- 

&  Sacrement    de fon  cter  Dieu.  259. pour ap- 

corps. 478.    efcrit    au  procher  de  la     commu- 

cœur  des    Chrefiiens.  ni  on.                     490. 

4  8 1  ,fon  <vtilité    4  8  3.  la  Vian  de  de  lafoy  figni- 

T  hemtfioclés     comment  fiée  par  les  dix  chadeliers 

garanty  du    courroux  mis  au  Temple  de  Salo- 

d'AdmetnsRoydesMo-  mon.  243.  la  viande  de- 

Indiens                   502,  fendue  &  celle  qui  efi 

(juel  eft  le  Tombeau  du  commandée. 3S o.effe6is 

corps  du  Sauueur.    48  y.  contraires  de  l'y  ne  &  de 

la  Toute-puifiacedeDieu  l'autre.  386. celle  des  he- 

13.63.104*149.176.414  retiques  modernes  efipar 

la  Tranfiubfiantiation  efi  fonge.  401 .  quelle  efi  ce  - 

ajn  miracle  > 01 fin  delà  le  de  Dieu.             489. 

création.  181. plus  grand  Vie  des  iufies  ,   Paradis: 

&  plus  noble.  183  figu-  mort  fin  de  leurs  miferes 

rée  au  leuatn  de  fobla-  30.44. 

tion  des  prémices.  272.  comment  la  S.  Vierge  efi 

comment fe fait  en  [Eu-  diàle  créature  &  mère  de 

charifiie.     278.  depuis  fonCreateur.  18  i*en  icel- 

quel  temps  ce  mot  efi  en  le  la  yirgwité&lagene- 

"^fage.                   280.  ration  très  contraires  font 

les  Turcs  mangent  a  fis  afiemble%\i$8,mere  & 

à  terre.                   431.  fille  de  IefusChrifi  ,  & 

Tydacœnaquid.499  comment.                192. 

V  trois  Vies  donées  par  le  S . 

quelles  "T  T '  Ertm  font  S acremet  de  ï^iutel.  41. 

y      necejjaires  leVinasoraportaufacri- 


DES    MATIERES. 

fice  0*  Sacrement    du     njnmefme moment .197. 

corpsdeIefmChrijl.%^  la  Volonté  y  nie  auec  la 
.  eJiditRoy  des  banquets,     chair  d' hda  fepare  tho- 

8  6 .  medeD  ieuôfait  laguer- 

Vtfios  quijefonten  ima-     reàtejprie  ,  eftcaufede 

ginatiojont platte  pein-     dtjfen fions.   382.  383. 

ture.  4.     385. 

tVnion  de  lEglife  mar-  deux  Voyes  par  lesquelles 

que e  au     Sacrement  de     le  S. Sacrement  de  F au- 

l'Autel.     87. 213. 133.      telproufiteàceluyqui  le 
deux  Vnions  de  la  chair     reçoit  en  bonne  difyofi- 

d^damânosames.^Sî     tion.  318. 

la  réelle  de  la  chair  du 

Sauueur  auec  nous.  384.  X 

ànoftreame.  386.  Xerxêsmenaçoitles mon- 

ta Voix  donne  tout  entie-  tagnes  3  <&  faifoit  battre 
re  à  dix  milles  oreilles  en     les  ondes  de  la  mer.^. 

FIN. 


EXTRAICT    DV    PRIVILEGE 

d  v  Roy. 

PAR  grâce  &  priuilcgc  du  Roy  il  cft  permis  à  Lov  y  s 
Richeomï,  delà  compagnie  du  nom  de  I  e  s  v  s  de 
choifir  &  commettre  tels  Imprimeurs  ou  Libraires  que  bon 
Juyfemblera  ,  pour  fidèlement  imprimer  tous,&chacuns  fes  li- 
mes concernais  lafoy&  religion  Catholique  ♦.  &  autres  œu- 
ures  par  luy  fai&es  &  compofees  ,  &  qu'il  pourra  cy  après  faire 
&  compoler.  Et  font  faictes  defenfes  expreiîes  par  là  Majeflé 
à  tous  Imprimeurs  ,  Libraires  &  autres  quelconques  de  ce 
Royaume,  d'imprimer,  vendre  ny  expofer  en  vente  les  fufdits 
iiures  ,  finon  ceux  qui  auront  efté  imprimez  par  la  permiflion 
&  confentement  dudicl:  L  o  v  y  s  R  i  c  h  e  o  m  e  ,  &  ce  mf- 
ques  apresie  termededir  ans- finis  &  accomplis,  à  commencer 
du  iour  qu'ils  auront  eftéparacheuez  d'imprimer  ,  à  peine  de 
fîxcens  efeus  d'amende  ,  &  de  tous  defpens,  dommages  &  in- 
terefts ,  pourueu  qu'au  commencement  ou  à  la  fin  defditls  Ii- 
ures on  mette  vn  extraict  fommairé  des  lettres  Patentes  fur  ce 
données  à  Paris  le  19 , iour  de  Septembre,  1598. 

Par  le  Roy  en  Ton  Confeil. 

Signé,  F  a  y  e  t. 

Ledift  Lovys  RiCHEoMErf  permis  à  Laurent  Sonn'im 
marchand  Libraire ,  bourgeois  de  Taris  ,  a  imprimer  le  Hure  intitulé 
Tableaux  Sacrez  des  figures ,  &c  par  luy  compofé:  £|/  ce  tufaues  au 
terme  defix  ans ,  à  compter  du  iour  que  ledit  Hure  fera  acheué  d'impri  - 
mer  ,ainfi 'qu'il  efl  porté  parles  lettres  du  Priuilege  donné  par  fa  Maje- 
fié ,  duquel  Priutlege  il  luy  fait  tranfyort  durant  ledit  terme.  A  Bor- 
deaux ee  n.Feurier,  1  601. 

R  ic  H  EO  ME. 


Acheué  d'imprimer  le  vingtiefme  iour  de 
Mars5  mil  fix  cens  vn. 


cstDFERTlSSEMENT 

oAu  Leêleur. 

S 'il  y  a  quelque  chofe  es  Tableaux  gra- 
uez  qui  ne  correfpondeaux  Tableaux 
parlans ,  le  Ledteur  fuppleera  le  défaut 
delà  peinture  (s'il  luy  plaift)Ia  corri- 
geant auec  la  parole  du  texte,  qu'il fuy- 
ura  en  tous  3  comme  meilleure  guide 
du  fens  de  Thiftoirc. 


4]o& 


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