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THÉOLOGIE
DE LA NATURE.
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PAKIi. — IMMUM* PAR «. «OMOT W C*,
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THÉOLOGIE
DE LA NATURE.
PAR
HERCULE STRAUS-DURGKHEIM,
POCTKOil tS SCIENCES.
Je ne eroit rien à priori ,
«bsolamenl riea.
TOME PREMIER.
A PARIS,
CHEZ WAUTEUR , RUE DES POSSÉS-SAINT-YICTrOR , U ,
BT CHEZ VICTOR MAS80M , LIBRAIRE-ÉDITEUR ,
Place de rÉcole-de-Médeciue , 17.
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^an/e a ^ùe eue ^tea^ ,
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a
PREFACE.
■•oi
Animé de k fiiàA vive Admiration pour là belle
et si savante composition du corps des Êtres orga-^
nisés dont j'étudiai» la structure^ et le cœur péné*
tré du sentiment du plus respectueux amour podr
l'auteur tout-puissant d'un aussi merveilleux ou-^
vrage^ j'ai formé le ]projet> il y a déjà dé longues
années , de clore un jour ma carrière scientifi()de
par la publication des faits les plus remarquables
d'histoire naturelle venus à ma connaissance ^ et
qui pourraient servir à la démonstration matérielle
de cette vérité fondamentale de toute chose ^ que
non-seulement les Êtres vivants^ mais l'univers
entier^ ne sont que l'œuvre d'une Intelligence
toute*pui»ante qui les a tirés du néant; Intelli^
gence dont on n'a guère admis l'existence jusqu'à
présent que sur le simple témoignage d'une voix
intérieure instinctive qui commande à la plupart
YIII rUFACI.
des hommes de croire en cet Être suprême. Or
comme les personnes qui n'éprouvent pas ce sen-
timent ne sauraient avoir cette conviction^ elles
restent dans un bien malheureux doute à ce sujets
si toutefois elles ne tombent pas dans l'athéisme^
plus déplorable encore.
Mais pourquoi chercher dans de simples indica-
tions incertaines la démonstration de cette impor-
tante vérité , quand on peut la trouver de la ma-
nière la plus évidente , écrite de la main même de
FÉternel dans les sublimes organismes des Êtres
vivants; véritables hiéroglyphes symboliques^ dont
chacun renferme , dans son admirable complica-
tion , la doctrine tout entière de la vraie théolo-
gie^ fondée ainsi à la fois sur l'observation des faits
et le rationalisme le plus certain qui en découle;
preuves qui ne sauraient permettre la plus légère
hésitation au sceptique le plus incertain, ni laisser
le moindre refuge à la mauvaise foi?
Cependant^ quoique cette source de preuves soit
inépuisable et coule à pleins flots partout autour
de nous, personne encore n'y a porté son attention
pour t&cher d'y puiser les vrais principes de la re-
ligion, chacun s'efforçant de vouloir les trouver
dans les sentiments du cœur, ou les élucubrations
de l'esprit.
ruPACi. nr
Les Naturalistes eux-mêmes^ tout en s' occupant
plus ou moins exclusivement de l'étude des Êtres
organisés^ se bornent d'ordinaire tantôt à recueillir
simplement ce que ces objets peuvent offirir de re-
marquable^ soit sous le rapport du nombre de leurs
espèces et des analogies qu'elles ont entre elles ^
soit sous celui de la composition de leur corps et
des fonctions que cbaque organe y remplit ; mais
assez généralement sans se demander quelles ont
été les causes auxquelles sont dues les formes , les
dispositions et les usages que ces diverses parties
présentent. Or ce n'est précisément qu'en s' élevant
à ces considérations générales qu'on reconnaît les
principes fondamentaux de l'organisme des plantes
et des animaux^ organismes où se dévoilent les
preuves irréfragables de l'existence de la Divinité^
aussi bien que celles de ses attributs de Toute-puis-
sance , de Sagesse , de Toute-science et de Bonté.
Bien que je me sois entièrement voué^ depuis
mon enfance , à cette étude si attachante de l'orga-
nisation des Êtres vivants^ science à laquelle je dois
les plus heureuses impressions de ma vie^ le temps
s'est si rapidement écoulé que je n'ai pu faire que
quelques faibles pas dans l'immensité que j'avais
devant moi. Forcé enfin ^ par l'affaiblissement de
ma vue , de renoncer à l'étude des faits qui de.
PKBFACI.
raient servir de base à cette théologie exclusive-
ment fondée sur l'observation de la Nature , j'ai
cru devoir me hâter de réunir le peu que j'avais
appris à ce sujet, et d'entreprendre le plus tôt
possible cet ouvrage, quelque imparfait qu'il put
être , dans la crainte de perdre le fruit le plus pré-
cieux pour moi, d'un travail assidu de plus de qua-
rante années de ma vie , afin d'apporter mes faibles
matériaux à Tédification d'un monument que
d'autres plus savants et plus habiles (jue moi pour-
ront un jour élever à la gloire de l'Éternel; mo-
nument dont j'avais à cœur d'offrir la première
ébauche telle que j'ai pu la concevoir.
Ma première intention fut de réunir simplement
en peu de pages ce que je pouvais avoir appris de
plus essentiel sur cet objet d'une aussi haute im-
portance non-souîoment pour les sciences natu-
relles en elles-mêmes , mais surtout quant à l'effet
que ce genre d'étude peut avoir sur la conscience
religieuse des hommes , ainsi que sur la morale et
les devoirs que chacun a à remplir. Mais déjà en
cherchant à former le plan de cet ouvrage, je vis
bientôt que je ne pourrais pas me borner à un
simple exposé des faits; qu'il fallait encore faire
remarquer les conditions dVxistence qui déter-
minent ces derniers, les dépendances réciproques
/
PRBVACB. XI
qui les enchaînent, les analogies qu'ils ont entre
eux, Tadmirable harmonie qui exi^te partout entre
les organes pour les faire mieux concourir au but
final que chaque animal doit atteindre, les sa-
vants moyens employés en vue des résultats qui
doivent être obtenus, et enfin je devais faire res-
sortir les conséquences qui découlent nécessaire-
ment de tous ces faits.
On voit, d'après ce plan, que malgré le cercla
étroit dans lequel j'ai voulu me renfermer, cet ou-
vrage devait prendre cependaat une assez grande
extension , et devenir en outre un véritable précis
d'Anatomie et de Physiologie contemplatives , qui
bien qu'il ne put être que fort incomplet, peut
toutefois suffire pour donner une idée de l'admi-
rable composition du corps des Animaux , si éton-
namment variée dans leurs innombrables espèces.
Quoique les principes auxquels je suis arrivé
dans cet ouvrage soient précisément ceux qui con-
stituent la base fondamentale de toutes les doc-
trines religieuses, je ne dois pas me dissimuler
qu'il est impossible que, sous bien des rapports, je
je ne me trouve pas en opposition d'opinion avec
beaucoup de personnes quant aux dogmes secon-
daires propres à chaque culte en particulier, et que
peut-être on cherchera à réfuter la justesse des
xir FniPACK.
conséquences que je tire de ces mêmes principes.
Ayant fondé ceux-ci sur des preuves irréfragables
tirées de l'observation de fails matériels^ sans me
permettre la moindre hypothèse , et encore moins
le sophisme, genre d'arguments pour lesquels j'é-
prouve le plus grand éloignement comme injurieux
pour ceux à qui on les adresse dans l'espoir qu'ils
se laisseront tromper, et malheureux pour l'intelli-
gence de. celui qui croit pouvoir les employer, je
n'aurai, en conséquence, rien à ajouter pour com-
pléter mes démonstrations, et par suite rien à ré-
pliquer aux objections qu'on pourrait me faire; et
si, contre toute probabilité, on pensait pouvoir
m'attaquer par des moyens contraires aux conve-
nances d'une discussion scientifique, je déclare
d'avance que je n'y répondrai pas.
THÉOLOGIE
DE LA NATURE.
CHAPITRE PREMIER.
SXAMEN DES CAUSES PREMIÈRES DE LA NATURE ET DE LEURS
EFFETS IMMÉDIATS.
La haate intelligence dont Thomme est capable le por-
tant naturellement k la contemplation, les innombrables
objets que Tuniters enserre fixent tour à tour son esprit
ol^rvateur ; mais outre le vulgaire intérêt de la simple ap-
parence que leur grandeur, leur forme et la diversité de
couleur peuvent offrir à son attention , quels sublimes en-
seignements renferme pour lui cet immense livre de la na-
ture ouvert k tous les yeux ! Livre que peu d'hommes ont
toutefois cherché k comprendre en tâchant de le lire dans
son style symbolique , cependant si clair et si précis.
En effet, quand même l'étude de la nature n'aurait pour
objet que de faire connaître le nombre infini des Êtres qui
remplissent le monde , elle offrirait déjà Timmense intérêt
de nous en faire admirer la diversité. Bornée Ik , cependant,
ce ne serait qu'une vaine science aride pour l'esprit; mais
Voeil scrutateur du vrai Naturaliste y voit plus; il est frappé
d'abord de l'admirable harmonie qui règne partout dans
Teasemble de l'univers , entre la forme, la disposition et les
V 1
TBIOLOCIB VE LA NATUIII.
mouvements si étonnamment réguliers et constants, établis
entre les astres, la succession des saisons réglée d'après
ces derniers , et la périodicité que présentent en outre une
foule de phénomènes qui se passent sous nos yeux , et dont
les influences réciproques déterminent encore d'autres effets
d'un ordre secondaire, non moins intéressants. Enfin il voit
également s'accomplir partout de nombreux actes de diffé-
rentes natures entre les diverses substances brutes qui con-
stituent le monde ; d'où naissent une infinité de transfor-
mations qu'elles subissent, et cela toujours de la même
manière dans les conditions semblables.
Or déjà le seul enchaînement si remarquable de ces
causes et de ces effets que le savant reconnaît , lui prouve
que ces étonnantes conditions ne sauraient exister qu'autant
qu'elles dépendraient toutes d'un seul et même principe uni-
versel , devant lequel chacun de ces effets ne serait que le
résultat nécessaire des influences que tous exercent les uns
sujr les autres.
En examinant ces faits avec quelque attention , pour cher-
cher k les ramener ainsi k des principes fondamentaux dont
ils semblent être les conséquences plus ou moins éloi-
gnées, on a bien reconnu que cette dépendance si remar-
quable par sa précision , entre les causes et les effets , n'était
réellement que le résultat inévitable de certaines propriétés
inhérentes k la matière même . dont l'action est soumise k
des lois rigoureusement invariables qui régissent l'univers
entier, lois dont les matbématideas sont même parvenus k
formuler les conditions avec une telle précision , qu'elles
donnent la parfaite explication de presque tous les phéno-
mènes physiques qui se passent sous nos yeux. Or, comme
ces lois ne sont elles-mêmes que les conséquenoes mathé-
matiques des propriétés de la matière, elles sont de Ik aussi
nécessairement inhérentes k celle-ci. Une seule de ces ac-
tions toutefois , celle du mouvement , différant de celle due k
l'attraction» ne saurait être due, ainsi qu'on le verra pkis
loin , h aucune propriété de la matière , et doit , en eonBé-
quence , être imprimée aux corps qu'elle anime par une
puissance étrangère k cette dernière.
C'est en se fondant sur cette nécessité attachée pour les
résultats k la fatalité mathématique k laquelle sont soumis
les phénomènes physiques qui se passent dans l'univers ,
que certains hommes, fort savants du reste, ont pensé pou-
voir tout expliquer par les seuls faits que leur offraient les
propriétés de la matière , sans avoir besoin d'admettre l'exis-
tence d'aucime autre puissance comme seconde cause pri-
mitive.
Hais il n'en est point de même des faits si nombreux et si
remarquables que nous offrent les innombrables Êtres vivants
qui peuplent la terre. Bien au contraire , rien ici n'est soumis
k la nécessité des lois mathématiques , si ce ne sont simple-
ment les moyens secondaires d'exécution , tels que les forces
mises en usage pour servir k l'accomplissement des phéno-
mènes qui se passent dans l'admirable complication des
corps de ces Êtres si variés dans leurs types ou Eêpêces. A
ces faits, déjk si étonnants, se joignent eu outre encore
d'autres, plus surprenants s'il est possible, indiquant de
nombreuses conditions d'existoiee par lesquelles toutes les
parties du corps ou Organeê (1), sont maintenues dans des
rapports rigoureusement déterminés, selon les fonctions
qu'elles ont k remplir. Or c'est surtout dans ces diverses
conditions que l'on reconnaît, avec la dernière évidence,
l'application de toutes les sciences ▲ DES DEGRÉS d'ÉLÉ-
VÀTlOIi QUE l'intelligence HUMAINE NE SAURAIT JAMAIS CON-
CEVOIR ; une bonté ineffable par laquelle les meindret
inconvénients ont été prévus et évités ; et enfin , partout une
toute-puissance qui a, entre autres, créé l'inconcevable
principe d$1a une, dont l'influence sur le corps soustrait les
Êtres k l'action destructive des nombreuses pro()riéiés cbi-
(f ) nu grec Orgarum , instrument.
THBOLOGIB DK Là HâTDRE.
miques inhérentes k la matière, en suspendant, Ik où il y
a lieu, les effets qu'elles produisent d'ordinaire, et fait,
ainsi que je l'ai déjk dit dans un autre de mes ouvrages , des
Êtres vivants une véritable exception dans la nature.
Or celte harmonie, cette sagesse, cette toute- science,
cette bonté et celte toute-puissance , révèlent k l'esprit du
Naturaliste l'irréfragable vérité, que le sublime ensemble de
l'univers entier ne saurait être que l'œuvre de la volonté
d'une Intelligence créatrice ou Dieu, principe primordial et
partant éternel, qui l'a tiré du néant; Être suprême devant
qui l'homme n'a qu'à se prosterner humblement pour lui
rendre un hommage respectueux, en témoignage de son
admiration , de sa reconnaissance et de l'amour dont son
àme doit être pénétrée pour tout le bien qu'il en reçoit.
Mais si l'existence du principe divin comme cause pre*
mière de tout ce qui est, ne se dévoile réellement k nos
yeux que dans l'organisme et les facultés des Êtres vivants ,
les phénomènes de la chimie, de la physique, de la minéra-
logie et de l'astronomie, sans prouver directement son exis-
tence, nous montrent toutefois sa puissance inflnie, laissant
l'imagination la plus hardie humiliée et stupéfaite devant la
gloire éternelle de ce souverain de l'univers.
La plupart des Philosophes qui cherchèrent k s'élever par
la méditation k la connaissance des causes premières des
phénomènes de la natnre, ont été amenés k la nécessité
d'admettre ainsi deux essences primordiales, TIntelligence
et la Matière, qui, parleur concours, ont produit l'immense
ensemble de l'univers , tel qu'il parait k nos yeux ; et quel-
ques-uns seulement dont j'ai déjk parlé , désignés sous les
noms de Physiciens ou de Matérialistes , crurent pouvoir
tout expliquer, en n'admettant qu'une seule essence , celle
de la matière , avec ses nombreuses propriétés , qui seraient ,
selon eux, aussi éternelles qu'elle*méme (i).
(1) Voyes la note n** U,
CHAPITRE PREMIER. 5
Les anciens Philosophes, tout en reconnaissant qu'il exis-
tait, en dehors de la matière, une Intelligence toute-puissante
qui a mis celle-ci en œuvre en créant le monde, désirant
savoir de quelle nature ces deux agents pouvaient être , ont
cherché à leur assigner des qualités percevables par les
sens , afin de les mieux concevoir, et tombèrent de là dans
d'étranges erreurs.
Quant k la matière, cela était facile, ses propriétés étant
alors déjà suffisamment connues pour qu'en les indiquant il
ne fût pas possible de se méprendre sur son existence et le
rôle passif qu'elle joue dans l'univers ; sauf certaines erreurs
de détail provenant de l'état encore peu avancé de la science,
qui ne permettait pas aux savants d'alors de déterminer k
Jeur juste valeur les causes des phénomènes purement phy-
siques qui se passaient sous leurs yeux.
Dans le désir de simplifier les systèmes de cosmogonie ,
les uns pensèrent pouvoir même ramener, en dernière ana-
lyse , tout ce qui constituait la partie matérielle de l'univers
k un seul Élément (1) ou Essence , qu'on crut trouver, ici
dans Y eau , Ik dans le feu ou dans l'air, ou bien dans tous
les trois ensemble. Enfin on admit généralement quatre
éléments ou substances primitives , en y ajoutant la terre ;
mais on était encore loin de la vérité , vu que , d'une part ,
Tair, l'eau et la terre ne sont point des matières simples ,
mais bien des substances composées ; et que, d'autre part,
on connaît aujourd'hui jusqu'k cinquante-quatre véritables
ÉLÉMENTS ou matières homogènes simples ^ formées jusque dans
leurs extrêmes particules constUtiantes ou atomes (2) d'une
seule espèce de substance indécomposable et indestructible. C'est
par l'effet de la combinaison de ces éléments en diverses
proportions d'une espèce k l'autre , et dans des conditions
déterminées, que se forment ensuite les innombrables
(1) Yoyez la not n* 18.
(2) Toya la note n* 4.
6 THÂ)L06n l»S LA NATDRB.
substances composées que nous connaissons; corps non-
seulement fort différents entre eux, mais le plus souvent
encore trè»- différents, tant par l'apparence que par leurs
propriétés, des éléments dont ces substances binaires,
ternaires, ou quaternaires , etc., sont formées.
Cette erreur des anciens Philosophes n'était , comme je
viens de le dire , due au fond qu'à l'état arriéré où se trouvait
alors la science , et non à une fausse appréciation des prîn*
cipes; c'est-^ire qu'elle venait de ce qu'ils crurent qu'il
n'existait que quatre éléments, tandis qu'on en compte
aujourd'hui plus de cinquante , tels que tous les métaux ^ le
carbone (diamant, ou charbon pur), le soufre^ le pftos-
phorêf etc., ainsi que beaucoup d'autres substances ordi-
nairemept gazeuses, telles que Ywygine^ V hydrogène^
Yazote , le chlore , etc.
Il n'était pa« si facile de déterminer de quelle nature
pouvait être la cause active ou intellectuelle de l'univers ,
cette cause ne tombant nulle part directement sous les
iBons ; d*où Ton fut réduit à son égard k de simples hypo-
thèses , qui, en effet, ne manquaient pas d'être établies en
assez grand nombre. Tous les Philosophes conçurent toute-
fois que ce principe devait être infini^ afin de pouvoir agir
k la fois partout; que sa puiuance était $an$ bome$; et
qu'en outre, il devait être d'une ewtrtme êubtUité, ne
pouvant être renfermé dans aucun lieu ; et voulant cepen»
dant se le figurer, la plupart des anciens Philosophes
crurent qu'il devait avoir le plus d'analogie avec le feu
ou avec la lumière, qui remplissent en effet ces trois
conditions ; mais ils comprirent toutefois que ces caractères
ne suflSsaient encore pas, cette cause active devant en
outre être éminemment intelligente^ vu que sans cet at«
tribut rien de ee que l'observation fait connaître ne peut
avoir reçu l'existence; aussi, plus tard, le plus grand
nombre abandonna avec raison les attributs de simple
matérialité qu'on y avait attachés. Mais il p'à pas suffi d'avoir
cBAPiTBB nmnHi,
admis amâ reuBteoee d'un Dieu créateur sur la dmple
probabilité qu'il devait y eo avoir un qui a formé l'univeri
dans son imposante immensité ; il fallait encore le prouver
par dea démonstrations irréfragables , afin de ne laisser
de doute à personne , et prévenir par Ik tonte espère d'ob^
jectiong.
En effet , si l'on admet pour le moment, avec les matéria*
listes, que la matière existe de toute éternité, avec les
propriétés physiques qui la caractérisent dans ses nom-^
hreus^ variétés, Tunivers inorganique , avec toutes les mo^
diâcatîons qu'il éprouve sans cesse, ne serait que le résultat
inévitable de la fatalité mathématique attachée aux lois qui
régissent cette matière ; lois qui ne sont réellement , ainsi
que je l'ai déjk dit , elles*-mèmes que les eonséquaaces nato^
relies de ces propriétés* Ce principe admis, il en résulte,
que tous les phénom^s purement physiques de la nar
ture sont susceptibles de pouvoir être déterminés avec pré^
dsion par le calcul , sans qu'il soit nécessaire d'admrttie
ponr cela l'intervention d'aucune puissance intellecttidle ,
tant que ces phénomènes ne dépendent toutefois unique*
ment qne de la matière inorganique , où l'agent de la vie ,
dont je parierai plus bas, ne trouble ou ne suspend pas
Faction des propriétés inhérentes k la matière brute; in«
flnence d'où résultent des propriétés, des effets et des pre»
dttito complètement différente , qu'on ne trouve nulle part
ailleurs que dans la nature organique.
Or les propriétés physiques fondamenteles propres à
In matière sont » comme on sait :
i"" L'Éterrité ou L'iNDBSTRucTmiLiTÉ ; eucorc cette pnH»
imété, la plus fondamentele de toutes, peut^e être
contestée, comme on le verra phis bas.
^ L'Impénétrabilité, véritable axiome, par laquelle
plusieurs corps ne peuvent se trouver k la fois à la
même place : c'est-k-dire par leurs molécules intégrantes
on atomes.
H THiOliOGIB DB LA VATCRB.
3* La Persistance dans le statu quo de L'bERTiB ou du
Mouvement; deux conditions opposées, dans lesquelles la
matière peut se trouver : dont la première est toutefois seule
primitive et la seconde toujours communiquée, mais chacune
se maintenant jusqu'à ce qu'une cause étrangère transforme
Tune dans Tautre. Ces deux états diffèrent ensuite essentiel-
lement, en principe, en ce que le mouvement de deux corps
qui se rencontrent est toujours diminué ou anéanti par Ik , et
ces corps ainsi ramenés k Tétat de repos ; tandis que le contact
de deux corps immobiles ne produit jamais le mouvement,
si ce n'est par leur attraction , cause difiérente de l'inertie.
C'est-k-dire que le mouvement d'un corps en détruisant
celui d'un autre , amène celui-ci k l'état primitif de repos ;
tandis que l'inertie d'un corps ne détruit pas celle d'un
autre pour le ramener au mouvement qui aurait été sa
condition première. D'ailleurs le mouvement dû , soit k l'at-
traction , soit k la répulsion des corps , les seules causes qui
puissent le produire , n'ont jamais lieu que dans la direction
de la ligne droite passant par leurs centres; d'où le mouve-
ment est nommé cetUripite ou centrifuge; et, dans aucun
cas, ce mouvement ne saurait avoir lieu en suivant une
autre direction ; d'où résulte encore que tout mouvement
dans une direction difiérente de celle-ci est nécessairement
communiqué par une force étrangère aux propriétés de ce
corps. C'est ainsi que le mouvement tangentiel imprimé k
une masse matérielle qui circule autour d'une autre, dans
une trajectoire courbe , ne saurait être uniquement le résultat
des propriétés ni du corps circulant ni du corps central ; le
mouvement courbe étant, ainsi qu'on le démontre, toujours
dû k deux impulsions , dont l'une attractive entre ces deux
corps , et la seconde une force imprimée dans une autre
direction au corps circulant (1).
(1) Voyei la note n« 25.
GBAFimS TREIIIBR. 9
4* L*Attb ACTION (1), par laquelle les particules ou atomes
des corps tendent à se rapprocher les unes des autres , soit
dans la même masse dont elles font partie , soit d*une masse
à l'antre.
5* Là Capaoté pour le Calorique; propriété qu'ont
tons les corps de retenir entre leurs atomes une quantité
plus ou moins grande de calorique ; élément dont la nature
ii*est d'ailleurs connue que par ses effets : tels que la
dSatation des corps que cette interposition produit et la
sensation de la chaleur qu'on en ressent, ainsi que plu-
sieurs autres résultats encore, dus à cette même inter*
position •
6"" L'Électrictté , LB Galtanisme et le BIagnéusme ,
trois propriétés qui paraissent avoir de très-grandes analo-
gies , et qui consistent dans la faculté plus on moins grande
qu'ont certaines substances de pouvoir, d'une part concen-
trer en elles une quantité variable d'un fluide accidentelle-
ment répandu partout, mais dont la nature est encore in-
connne , et qu'on désigne sous les noms de fluide électrique^
galvanique et magnétique; ou bien de pouvoir leur servir
d'agent conducteur.
De ces différentes propriétés essentielles de la matière,
il en résulte plusieurs autres, soit comme simples mo-
difications , soit comme conséquences nécessaires , et pro-
duisant des effets déterminés réglés par des Lois capables de
pouToir être exprimées par des formules mathématiques ,
d'où découle la nécessité absolue que ces effets doivent
aToir lieu, sans qu'on soit obligé d'admettre pour cela
l'intervention d'une puissance intellectuelle quelconque.
C'est ainsi que le principe de V éternité de la matière em-
porte avec lui la conséquence rigoureuse que cette matière
peut subir une foule de modifications , sans pouvoir jamais
être détruite.
(1) Toyei la note n* 5.
10 TB<OU»ni M LA «Afm.
VimpinitraHHii et la fone i'inêrHé par lesqaelléB h
tière r^iate k toat corpa qui tend à la déplacer pour prendre
sa place « déterminent le; mouvement dans le corpa déplacé
par Teffet du choc qui résulte de cette rencontre ; mouve-
ment réglé par une loi qui veut qu'il aoit raetiligne, et se
fasse avec une vitesse telle , que U eorpi mobiU parcmÊn
des espaces égaux en temps égauœ.
D*après une antre loi également mathématique , tout corps
sollicité k la fois k suivre la direction de deux mouvements
différents , prend la direction unique , moyenne , entre les
deux directions initiales ; et cela de manière qu'en temps
égaux, cette direction et retendue parcourue sont repré-
sentées par la disposition et ia longueur de la diagonale d*un
parallélogramme , dont les côtés adjacents représentent les
directions et les vitesses proportionnelles des denx mouve-
ments primitifs ; d'où ce parallélogranune inrend le non de
parallélogramme des forces (1).
V attraction présente k son tour divers effeta , dont eh»-
cun offre des phénomènes particuliers , tous soumis à des
lois rigoureusement déterminées. Quant k la propriété en
général, elle est soumise k la loi universelle, qui veut que Ici
corps s* attirent avec une force proportionnelle à leurs mofs»,
et en raison inverse des carrés des distances.
Il résulte comme conséquence mathématique de ces deux
lois , que lorsque les deux corps ne sont pas en contact ,
leur attraction réciproque détermine en eux un mouvemmt
l'un vers l'autre, avec une vitesse accélérée telle que les
distances parcourues en temps égaux sont proportionndlee
aux chiffres primitifs ci-après : 1, 3, 5, 7, 0, 11 , etc* ; d'où
résulte comme conséquence que les distances parcourues
dana des temps déterminés depuis le commencement du
mouvement jusqu'au moment où le corps mobile eat censé
s'arrêter, distances dont la somme égale celle de tons ces
(1) Voyes la note n* 27.
paeeft préeëdemmettt parcoorns , sont représentées par les
carriê des nombres primitifs entiers 1, 2, 3, 4, S,.... etc.,
c'est-k-dire par 1, 4, 9, 16, 25,... etc. , vu que dans la série
des chiffres impairs: l+3c34;+8 = 9; + 7=sl6;+9 =
25 , etc. D*où résulte que, si un corps est attiré par un autre,
tel que (a Terre , ce que dans le discours ordinaire on ap-
pdle tomber , ce corps , qu'en terme de physique on appelle
un corps grave , s'en approchera ou tombera dans la pre-
mière seconde d'une distance égale k 1 ; dans la seconde
suivante , il parcourra une distance 3 ; dans la troisième
seconde S fois la première , et ainsi successivement en par^
eonrant des espaces représentés par les distances 7,9,
li, etc. Dans les deux premières secondes, il tombera
d'une distance 4, dans trois d'une distance 9, etc., tout
cela n'étant que des conséquences forcées de la loi de la
gravitation universelle.
Lorqu'au contraire les corps qui gravitent l'un vers l'autre
sont en contact , ils se pressent avec toute la force de leur
attraction , et si les points de contact des molécules par les^
quelles ils se touchent sont assez nombreux , il en résulte une
«ttraetidn si forte qu'on a de la peine k les séparer ; et alors
lia sont ce qu*on nomme adhérents ; et si l'union est enriè*-
rement intime entre toutes les molécules , l'attraction étant
la plus grande, il en naît la cohésion parfaite, oii les deux par-
ties ne forment plus qu'une seule Masse ou un seul Corps.
Tant que la matière n'agit que par son attraction , il ne
résulte djii rapprochement de ses particules que la simple
agglomération de oeUes*ci formant la masse ; mais les atomes
eottstituants peuvent être rapprochés dans divers sens , d'où
résultent des cohésions diverses dont la plus parfaite paraît
avoir lien , lorsque ces atomes s'avoisinent le plus près, par
certains de leurs côtés.
Or comme les atomes ou les particules les plus petites de
la matière sont tellement ténus* qu'ils restent imperceptibles
même avec le secours des microscopes les plus puîssauts ,
i2 THiOLOGIB DE LA NATURE.
dont. le pouvoir amplialif est de plos de deux mille fais le
diamètre , on huit milliards de fais le Tolume , on ne peut
faire que des conjectures sur leur grandear, leur forme et
leur disposition dans chaque espèce de corps ; mais les effets
produits donnent toutefois à penser que ces atomes ont
dans chaque substance , sinon des formes particulières, du
moins divers pôles , où leur activité d'attraction est diffé-
rente ; de manière que leur action l'un sur l'autre varie
suivant qu'ils s'avoisinent par telle ou telle surface ou pôle.
Cette opinion trouve une très-belle démonstration dans la
formation des matières cristallisées qui se présentent con-
stamment sous des formes géométriquement régulières , et
dont les diverses variétés qu'offre la même espèce de sub-
stance , se laissent parfaitement ramener, soit par la théorie
mathématique , soit même mécaniquement k une seule forme
simple , qu'on considère, avec beaucoup de raison , comme
celle de la molécule primitive (1).
Ne pouvant pas entrer ici dans tous les détails de la théorie
de la formation des cristaux, je me bornerai à un seul
exemple , simplement pour faire comprendre cette théorie
aux personnes qui ne se sont pas occupées de l'étude parti-
culière de la cristallographie , et surtout pour faire concevoir
la disposition des molécules les unes k l'égard des autres
dans les corps solides.
Supposons que cette molécule primitive, c'est-^-dire la
particule la plus petite possible d'une substance, ou en
d'autres termes Yatome ait la forme d'un cube présentant
trois axes qui traversent son centre en formant des angles
droits entre eux , et dont les pôles sont au milieu de cha-
cune des six faces du cube ; admettons aussi , ce qui en effet
parait certain , que ces molécules s'attirent entre elles sui-
vant l'analogie, ou plutôt suivant l'opposition des pôles
semblables, ainsi que cela a lieu dans l'aimant. Si ces mo-
(1) Voyei la triOailographie de Haut.
CHAFITRB PREMIER. 43
léeoles se trouvent dans des conditions favorables , surtout
pour ce qui a rapport à leur liberté de mouvement , tel que
cela a lieu lorsqu'ils sont à l'état de dissolution dans un li-
quide , elles se rapprocheront par l'effet de leur attraction ,
et s'ajusteront parfaitement les unes aux autres par leurs
faces, ou plutôt suivant leurs pôles , ce qui revient au même ,
en adhérant avec une telle force les unes aux autres , que
leur masse commune formera un corps solide , absolument
comme des pierres de taille cubiques forment un mur ; et le
tout constituera , lorsque l'assemblage n'est point troublé ,
soit un autre cube beaucoup plus grand , soit tout autre
corps susceptible de pouvoir être construit mécaniquement
avec des cubes , tels que des parallélipipèdes carrés , et sou-
vent allongés en longues aiguilles ; corp squi , vu la régula-
rité de leurs formes, reçoivent le nom de Cristaux.
Mais il arrive aussi que les molécules , en s'appliquant
par couches contre un cube plus ou moins grand déjà formé,
n'atteignent pas complètement les bords de ses six faces,
restant à chaque arête, en retraite d'une ou de plusieurs
rangées, maïs toujours régulièrement, suivant l'analogie de
ces arêtes; d'où naît, dans l'ensemble du cristal formé, di-
verses autres formes géométriques , telles que des Pyra-
mides , des Octaèdres réguliers , des Dodécaèdres rhombdi-
iaux ou pentagonaux^ ainsi que plusieurs autres encore (1),
toutes parfaitement déterminées par le calcul.
Dans d'autres substances, dont les atomes sont différents
du cube, il naîtra en conséquence, mais toujours de la
même manière, des cristaux de formes différentes qui
servent k les distinguer.
C'est ainsi que malgré la rigoureuse régularité des cris-
taux et leurs formes si variées , il n'est aucunement néces-
saire d'admettre qu^une intelligence suprême ait jamais pré-
sidé k leur formation, qui ne dépend, comme on voit,
(1) Voyo la note n« 0.
14 THfiOUOfi» W U SATURE.
uniquement que des lois d'attraction entre les atomes des
diverses substances ; d'où résulte que le Minéralogiste qui
bornerait son étude purement et simplement k la recherche
des causes immédiates de la formation des cristaux , pour-
rait fort bien être athée ; ne voyant rien devant lui que la
matière brute » mise en activité par les propriétés qui lui
sont inhérentes de toute éternité ; propriétés soumises à la
rigueur des calculs » objet spécial des recherches du Cristal-
lographe.
Lorsque les molécules d'une substance quelconque ne
sont au contraire pas dans les conditions parfaitement favo-
rables pour former des cristaux , elles ne se précipitent pour
cela pas moins les unes sur les autres , pour former des
amas, qui ont souvent encore en partie l'aspect de cristaui:,
lorsque les causes perturbatrices n'ont eu qu'une légère
influence; ou bien la masse qu'elles forment est plus ou
moins confuse dans ses parties , quand les molécules n'ont
pas pu se ranger convenablement lors de la formation de la
masse. C'est ainsi que la chaux, par exemple, présente,
lorsque les conditions sont favorables, des formes cristal-
lines variées, parfaitement régulières et d'une limpidité
souvent fort belle; tandis que, dans le second cas, elle
constitue une foule de cailloux d'une cristallisation trou-
blée, dont la cassure, plus ou moins brillante, indique ce
genre de formation , et lui donne une apparence vitreuse ,
telle qu'on la trouve dans le marbre; et, dans le troisième
cas, elle constitue une masse au contraire tout à fait opaque,
sans forme appréciable, que nous offre la craie, qui n'a été
formée que par un précipité confus.
Mais les molécules des corps ne jouissent pas uniquement
de cette faculté de s'unir par leur attraction , pour former
des cristaux ou des agglomérations confuses ; leurs autres
propriétés , en se réunissant à celle-ci , produisent encore
différents effets, également soumis à la nécessité mathéma-
tique.
cuàtrtBM romisR. |j|
En effet , il rëcailte dëjk du fait même de l'attraction entre
le$ molécules pour se ranger plus ou moins régulièrement les
unes k Tégard des autres » et cela avec une force plus ou
moins grande, que si, par une cause quelconque, elles se
trompent momentanément un peu dérangées dans leur co*
bésion dans un corps, cette même attraction leur fait subi-
tement reprendre leur position primitive , sitôt que Faction
qui les a déplacées cesse. Il résulte de Ik que si la cause
étrangère dont je viens de parler agit sur une masse d'une
étendue un peu considérable , un certain nombre de molé-
eules se trouvant déplacées dans le même sens , tous les petits
mouvements qu'elles font entre elles , s'ajoutant les uns aux
autres , le corps change sensiblement de forme et de direo
tîon : c'est-k-dire qu'il se déplace et se plie ; et revenant
ensuite sur lui-même , il exécute un piouvement contraire
qu'on appelle sa Réaction ; et la faculté qu'il a de reprendre
ainsi sa condition primitive, est ce qu'on nomme Y Élasticité;
propriété secondaire des corps qui n'est pas la même dans
tous. Or cette force de réaction est généralement plus faible,
et, probablement, jamais égale à celle qui a causé le dépla-*
cernent; d'où il résulte que cette action étant souvent répé-
tée, le corps finit par conserver une forme différente de celle
qu'il avait en premier.
Si le déplacement a été produit dans un corps inerte , par
on autre en mouvement qui vient k le frapper, il le repous-
sera par sa réaction , avec une force plus ou moins grande ,
dans la direction opposée k celle dans laquelle le déplace-
placement a eu lieu ; et c'est ce mouvement de retour du
corps mobile qu'on nomme sa Réflexion ; mouvement qui a
toujours lieu, ainsi que le montrent l'observation et le calcul,
dans une direction telle, qu'eu abaissant sur le corps cho-
qué (PI. I, fig-^j cdef) une perpendiculaire (bg) au point
frappé par le mobile , l'angle que cette perpendiculaire forme
avec la direction (ag) dans laquelle le corps mobile s'est
dirigé vers le corps fixe, et qu'on nomme V Angle d'incidence,
16 THiOUMB DB LA HATOU.
est égal à V Angle de riflexUm (bgr) , on celui que la même
perpendiculaire forme avec la direction que prend le corps
mobile après la réaction du corps fixe. Cet effet étant dé-
montré mathématiquement comme une nécessité absolue,
devient une des principales lois de la physique, qui en*
traîne une foule de résultats remarquables, tous capables
de pouvoir être déterminés par le calcul; de sorte que, en-
core ici, tout est forcé par les propriétés inhérentes à U
matière.
Une autre propriété principale , mais qui n'appartient qu*k
la lumière, est ce qu'on appelle la RifrangibiliU ^ dont
l'effet est la Réfraction , par laquelle un faisceau de lumière
qui frappe la surface d'un corps transparent, pénètre en
partie dans son intérieur et le traverse en se déviant de sa
direction primitive, se rapprochant de la perpendicalaire
abaissée sur la surface de ce corps au point de contact ; et
cela d'une quantité variable suivant la nature du corps dans
lequel la lumière pénètre (1). C'est sur les effets de cette
propriété que sont fondés tous les phénomènes de VOptique,
partie de la physique qui traite de la lumière et des couleurs,
et dont la plus sublime application se trouve dans l'œil , le
plus admirable appareil d'optique qu'on puisse concevoir :
appareil dans lequel l'usage de plusieurs parties est encore
inexpliqué, et le restera peut-être toujours.
Cette propriété de la réfrangibilité des corps parait , au pre*
mier aperçu, être en contradiction avec la propriété fondamen-
tale de l'impénétrabilité; mais elle ne l'est qu'en apparence.
En effet , cette dernière propriété a essentiellement rapport
\k la matière réelle , résidant dans chacun des atomes en par-
ticulier qui composent les corps ; et la lumière qui traverse
la masse de ces derniers (2) , parait passer entre eux en se
(1) Voyez la note n* 31.
(2) Que la lumière soit un fluide, comme on le pensait autrefoia, on la
simple vBnration d'un fluide, ainsi qu'on le croit aujourd'hui.
CHAPimB niBICISR. 17
réfléchissant de Tnii ^ Faatre, comme le fait un corps mo*
bile qui pénètre obliquement dans un canal dans lequel il
est alternativement réfléchi d'une paroi vers celle qui lui est
opposée jusqu*k sa sortie.
En effet , quoique les corps que nous nommons solides ,
offrent fort souvent une très-grande compacité , d*où Ton
serait disposé à admettre que les molécules matérielles qui
les composent sont très- rapprochées, même au contact
absolu; certains faits paraissent toutefois prouver le con-
traire. On sait, par exemple, que plusieurs substances en
apparence non poreuses , telles que le plomb , sont suscep-
tibles de pouvoir être réduites , soit par la compression , soit
par le martelage, à un volume moindre que celui qu'elles
avaient d'abord. Le corps ne perdant rien de sa matière dans
cette opération , il est évident que ce sont simplement ses
molécules , qui primitivement plus ou moins espacées , se
rapprochent par la force, et restent ensuite placées à une
moindre distance ; d'où le corps se trouve réduit dans son
volutne^ mais non amoindri dans sa masse; et cela jusqu'il
ce qu'une autre cause k effet contraire le ramène à ses pre-
mières dimensions : résultat généralement produit par le
calorique, dont il sera question plus bas. En effet, la simple
diminution de ce dernier agent suffit déjk pour resserrer les
corps, qui se dilatent de nouveau par son accumulation
dans leur intérieur. Voici comment on peut expliquer ces
différents résultats :
J'ai dit un peu plus haut que les atomes ou molécules des
corps avaient probablement une forme déterminée dans
chaque substance , comme le eube^ le tétraèdre régulier^ le
prisme, etc. ; et que ces corpuscules, en s'atfirant par cer-
taines de- leurs faces, s'aggloméraient, se fixaient, et for-
maient ensemble une masse ou corps. Mais il résulte de
l'expérience dont je viens de parler que ces molécules ne
sont d'ordinaire pas en contact parfait ; laissant eqtre elles
des espaces peut^e même souvent plus grands que leur
I. 2
iê TBioMNUi m ul haiurb.
propre diamètre; écartement d6 absolameDt, ou du moins
en partie, au calorique interposé, qui jouissant de la pro-
priété contraire à Tattraction , diminuait Teffet de celle-ci ,
et la détruisait même en apparence, en la rendant presque
nulle par l'effet du grand écartement qu*il produit entre les
molécules des corps , mais sans la détruire ea réalité. Or
c'est dans ces espaces ménagés entre les molécules que
passent la lumière et le calorique , et cela avec plus ou
moins de facilité .
Pour ce qui est de la lumière, il n'y a peut-être aucune
substance qui lui refuse complètement le passage , et soit
ainsi parfaitement opaqus; les métaux mêmes devenant
translucides lorsqu'ils sont réduits à une très-faible épais-
seur. Les corps dits transparents laissent traverser la lu-
mière en assez grande quantité , et ceux appelés diaphanes
ou limpides la laissent passer en majeure partie.
Quant au calorique, il pénètre dans tous les corps sans
exception, les traverse avec plus ou n)oins de facilité,
suivant qu'ils sont, comme on dit, plus ou moins candmc^
teurs du calorique ou de la chaleur. C'est ainsi que les né-
taux sont en général de si bons conducteurs de cet agent,
qu'une tige de cette substance fortement chauffée à l'une
de ses extrémités devient en peu d'instants très-chaude à
l'autre ; tandis que le verre, le bois, et surtout le charbon,
offrent le caractère contraire , pouvant être chauffés jusqu'à
Tincandescence dans une de leurs parties, pendant que tout
près de là on peut les toucher sans ressentir une chaleur
bien marquée. On ne connaît point de corps qu'on puisse
considérer comme complètement privé de tout calorique , et
qui offrirait ainsi le zéro absolu de chaleur ou ie froid par-
fait. Ce qu'on nomme vulgairement le zéro de température
est un degré adopté comme tel par convention. Pour le iher^-
momètre de Réaumur et le centigrade , c'est le point où la
glace d'eau distillée est fondante ; et pour le ther$nonwêr$
de FarenheU^ dont les Anglais seuls font usage» c'est le point
isiumâB tniHiBa. 19
de Ift oongélatira du mercure, qui a lieu h une température
bien inférieure k celle de la congélation de l'eau.
De riptroduction du calorique dans les corps résulte pour
ceux-ci trois états bien distincts, selon la quantité de cet
agent qui les pénètre , mais extrêmement variables , selon
l'espèce de chaque substance : ce sont l'état solide , l'état
fiuidi et l'état gaseux.
Toutes les substances peuvent être chargées d'une quan*
tité plus ou moins grande de calorique, sans cesser de for-
mer des corps compactes, dits 9olide$ ; mais arrivés k un
point spécial pour chacune» les molécules d'un tel corps se
désagr^ent par l'effet de la répulsion que produit entre
elles le calorique, qui ayant k la fin contre-balancé en grande
partie leur force d'attraction , leur permet de glisser avec
une grande facilité les unes sur les autres , d'où résulte que
les particules de ce corps n'adhérant plus suffisamment les
unes aux autres , leur masse ne conserve plus sa forme pri-
mitive ; et les molécules n'obéissant plus alors qu'k la force
d'attraction que le globe terrestre exerce sur chacune en
particulier, eÛes se portent dans les parties plus déclives
de l'objet qui les supporte ; et le corps fondu offre alors ce
qu'on nomme sob itai liquide. C'est ainsi que tous les mé-
taux , le soufre , le verre , la glace , etc. , deviennent liquides
par fusion an moyen du feu ; et si une foule de substances
n'offrent pas le même résultat , c'est , ou qu'on ne peut pas
produire artificiellement une température assez élevée pour
cela , on qu'il s'opère auparavant en elles une décomposi-
tion qui dkattge leur caraotère primitif. C'est ainsi que le
marbre^ par exemple, est un corps composé d'un métal
nommé calcium , combiné k du ga« ôcn/giné , avec lequel il
forme de la ckaws; substance qui se trouve combinée en
outre avec de Vûidde earhonifi$e^ en constituant avec lui
l'espèoe UMnàvIe appelée pour cela earbonaH de chauœ ; et
etfin oelniHâ est encore combiné avec de I>ati, qui lai per-
met de sa eriHaUiaer pour oomtiluer enfin le marbre. Or, en
tO TirfoLOGIB BK lA NATURB.
chauffant fortement ce dernier, il perd par éraporation cette
eau de cristallisation , ainsi que son acide carbonique , et
devient ainsi de la châtia; (vive) ; substance que par aucune
chaleur artificielle on n'est parvenu à rendre liquide, ni
même à décomposer en ses éléments , le calcium et Toxy-
gène. Il serait d'ailleurs possible que si Ton pouvait former
un foyer assez ardent , la chaux s'y décomposât plutôt que
de fondre.
Mais les diverses substances ne sont pas seulement sus-
ceptibles de devenir liquides par l'effet du calorique ; celui-
ci, en y pénétrant en plus grande quantité , finit par écarter
tellement leurs molécules qu'elles ne s'avoisinent plus ; et
devenant même k la fin répulsives les unes \k l'égard des
autres, par l'effet du même agent, elles remplissent un es*
pace immensément plus grand , en présentant le caractère de
l'air; disposition qu'on nomme état gazeux^ ou de vapeur;
d'où les substances ne peuvent sortir qu'en perdant une
partie plus ou moins considérable du calorique qui tient
leurs molécules ainsi écartées.
Plusieurs substances se maintenant d'ailleurs dans ce
dernier état à la température ordinaire de la surface du
globe terrestre, n'y existent nulle part, ni k l'état liquide,
ni à l'état solide. Tels sont l'air, fluide composé de plusieurs
gaz simplement mélangés ; et plus spécialement é'azote et
à'oxygène-j V hydrogène^ V acide carbonique, ainsi que tous
les autres gaz naguère encore considérés comme perma-
fienU ^ mais dont plusieurs ont été réduits k l'état liquide ,
soit par la compression , soit par un froid artificiel très-
considérable.
Or, dans toutes ces propriétés physiques de la matière ,
ainsi que dans un grand nombre d'autres dans les détails
desquelles je ne puis pas entrer ici , et dans les effets in-
nombrables qu'elles produisent comme conséquences im-
médiates, tout est également soumis k des lois mathéma-
tiques qui , forçant les résultats » ne montrent en rien la
CHAPITRE PREHIBR. 21
nécessite d'admettre, qn'ane intelligence sopréme ait présidé
à tons ces arrangements , quelque admirables qu'en soient
les effets.
En dehors de ces propriétés générales de toute matière ,
dont je viens de faire mention , et qui sont spécialement do
ressort de la Phtsique proprement dite » il en existe encore
d'autres en quantités innombrables , pour la plupart égale-
ment inhérentes k la matière brute , mais formant toutefois
une catégorie k part , comme attachées spécialement k telle
ou telle espèce de substance , et connues sous le nom de
prupriétii chimiques , dont l'étude et la théorie constituent
la science de la chimie.
De toutes ces propriétés , les unes sont attachées aux di-
verses espèces de matières primitives^ simples ^ ou iU^
ments (i)j et d'autres naissent de la combinaison de deux,
trois ou quatre de ces éléments , lorsqu'ils se réunissent
sous certaines conditions , pour constituer des corps corn-
posés avec des propriétés nouvelles le plus souvent com-
plètement différentes de celles dont jouissent les éléments
dont ces substances complexes sont formées.
Ces différentes combinaisons ont lieu par l'effet de divers
modes d'attraction qui existent entre les atomes constituants
des substances 9 mais qui ne sont, peut-être, que de simples
modifications de l'attraction universelle qui fait graviter tous
les atomes les uns vers les autres; modes où le plus fort
détruisant l'effet du plus faible en le surpassant , sans dé-
truire la propriété elle-même, il en nait entre tous les élé-
ments, des tendances plus ou moins grandes k des allian-
ces de choix ou Afflniiés (S), de la force desquelles dépend
ainsi , non-seulement le fait de l'union de plusieurs espèces
différentes d'éléments, mais aussi la décomposition des
substances complexes , lorsqu'un corps nouveau vient dé-
(1) Voya la note n« 18.
(3) VoyesUnoton'l.
29 THBOLOGB SB LA RATURE.
traire leurs combinaisons en s'ailiant k Tun de leurs com-
posants , pour lequel il a une plus grande force d'affinité
que celle qui unit ce dernier avec un ou plusieurs de ceux
auxquels il était précédemment allié.
Mais malgré les affinités plus ou moins grandes qui
existent entre les différentes substances , et par lesquelles
elles sont disposées à former divers autres composés , ces
combinaisons n*ont toutefois pas toujours lieu, exigeant,
pour s'établir, ainsi que je l'ai déjà dit , certaines conditions
spéciales à chaque alliance. Ces conditions sont d'ordinaire
que l'une au moins des matières qui doivent se combiner
soit k l'état liquide ou gazeux, afin que les molécules de
celle-ci , libres dans leurs mouvements , puissent facilement
s'approcher de celles de l'autre substance , par l'effet de leur
force spéciale d'attraction , pour s'unir k elles suivant la di-
rection dans laquelle leur agrégation doit avoir lieu. Cet
effet peut souvent avoir lieu k la température ordinaire
de l'atmosphère; mais d'ordinaire cette température doit
être beaucoup plus élevée, surtout lorsqu'elle est né-
cessaire pour réduire les composants k l'état fluide ou ga-
zeux.
Pour certaines substances, la fluidité doit avoir lieu au
moyen de la fusion ignée; pour d'autres, par une dissolu-
tion dans un liquide déterminé ; ou bien » sous l'influence
soil de la lumière » soit du galvanisme ou du fluide électri-
que I etc. y conditions sans lesquelles la combinaison n'a pas
lieu.
Or toutes ces combinaisons peuvent aller presque k Tin-
fini , non-seulement par Talliance des matières élémentaires
au nombre de cinquante-quatre connues (1) , unies par deux»
par trois et par quatre; mais dans ces divers groupements p
ces mêmes substances peuvent encore s'allier dans plusieurs
proportions, en produisant des composés dont les propriétés
(1) Voyei la note n* 13.
CBAmai nuaum, 13
MQt le plaB 0oo?eat ^tièrement difiëreiite»^ faiti dont je
me bornerai k citer ici quelques exemples.
L'#aui ce liquide si salutaire^ est formée de deux élé»
ments, Vhydrogini ou gaz inflammable, dans les propor-
tioBSi en poids, de il,l parties sur cent, et de 88,9 parties
A^oxygine ou gaz respirable : ces deux corps combinés par
Teffet de la cbaleur, quand rbydrogène brûle dans l'oxf-
gène. Qri ces mêmes substances deviennent un poison vio-
lent lorsqu'on produit une autre combinaison entre elles ,
où entrent, comme dans l'eau, 11,1 parties d'hydrogène,
mais 177,8 parties d'oxygène ^ e'es^^ire le double que
dans l'eau.
De même aussi l'ootâ^ gaUiquê « dissous dans de l'eau ,
constitue un liquide incolore comme cette dernière ; mais si
l'on y verse une solution ferrugineuse, qui peut être également
incolore» le mélange devient k l'instant tout noir et forme
l'encre k écrire.
La teinture de touruesolt liquide d'un très-beau bleu,
devient k l'instant rouge, en*y versant seulement une très-
petite quantité d'un acide quelconque : c'est le moyen qu'on
emploie généralement en chimie pour reconnaître si un li-
quide est acide ou non*
Tontes les alliances de substances différentes ne pro-
duisent toutefois pas des corps nouveaux; beaucoup ne
forment que ce qu'on nomme de simples mélanges» où
chaque composant conserve les propriétés qui lui appar-
tiennent; le tout présentant dans ses propriétés le terme
moyen de toutes ces substances mêlées.
Quoique les innombrables propriétés chimiques qui se
manifestent dans les diverses substances simples ou com-
posées, constituent, pour la presque totalité, des faits in-
concevables pour l'esprit humain; toutes étant attachées
d'une manière rigoureusement constante k chaque combi-
naison dont elles forment les caractères distinctifs inhérents
k la matière brute; on peut sans difficulté les considérer
U THIOIOGIB DX LA H ATUBB.
égalemaat comme' éternelles; et, par conséquent, comm^
n^étant point dues k l'intervention d'une intelligence su-
prême qui les aurait produites; en d'autres termes, ces
propriétés , tout étonnantes qu'elles sont , ne prouvent , par
eHes-mémes , aucunement l'existeDce de la divinité ; mais il
n'en est déjà pas de même des propriétés attachées aux
substances chiniiques animales ou végétales , qui ne sau^
raient être étemelles, ainsi qu'on le verra plus loin; les
Êtres organisés qui sieuls les produisent ne l'étant évidem-
ment pas; d'où il devient évident que ces propriétés doivent
en conséquence , avoir nécessairement été créées avec ces
derniers à une époque déterminée. Or, quoique les sub-
stances organiques et les produits chimiques qu'elles four-
nissent, agissent de la même manière que les matières bru-
tes, elles en diffèrent cependant très -essentiellement au
fond , en ce qu'il est impossible de les reproduire , comme
celles-ci , par la combinaison de leurs éléments ; d'où il est ,
' par analogie , très-probable et même certain , que les pro-
priétés de la matière brute sont également temporelles , et
dues à la même puissance créatrice : car si Dieu a créé les
unes, il a évidemment pu créer aussi les autres.
Quant à T Astronomie , cette science si grandiose par toute
l'étendue de Tunivers qu'elle embrasse, n'ayant de limites
que celles de l'inGni ; elle ne fournit pas plus que la miné-
ralogie , la physique et la chimie , la preuve directe de
Texistence de Dieu; mais bien plus que toute autre, celle
de sa puissance illimitée. Science , où le savant calculateur
muni du télescope , porte son regard investigateur jusque
dans les profondeurs les plus reculées de l'espace, où il
découvre une infinité d'astres dont l'éloignement qu'il me-
sure est d'ordinaire tel , que des millions de millions de lieues
sont le plus souvent des quantités relativement si minimes ,
quelles méritent h peine d'être prises en considération; et
cependant, à ces distances incommensables de l'espace,
tout est rigoureusement soumis aux mêmes lois mathéma-
CBAnniK pimiBR. ' 25
tiques qui régissent la matière ici-bas. C'est par les effets
de ces lois universelles que les mouvements de ces mondes
en nombre infini , sont si admirablement réglés , en temps
et en directions, que malgré les vitesses souvent incon-
cevables pour l'esprit , chaque astre revient toujours au
même point par où il a autrefois passé , sans avoir éprouvé
une minute, ni même une seconde de retard après des
milliards d'années. C'est au moyen de ces lois que le génie
des hommes a su découvrir, que l'Astronome peut , par la
puissance du calcul , prédire des siècles d'avance la position
que chaque astre occupera tous les jours dans le ciel , et jus-
qu'aux effets de perturbations qu'ils font éprouver par leur
attraction, même k plusieurs centaines de milliers de lieues ,
aux autres corps célestes dans le voisinage desquels ils ont
à passer, en les faisant dévier plus ou moins de la route qui
leur est tracée ; dérangements eux-mêmes si parfaitement
prévus, et si bien compensés, que Tharmonie de l'en-
semble des astres n'en est jamais altérée. Aussi n'est-il pas
étonnant que cette sublime harmonie des corps célestes ait
en tous les temps excité l'admiration des hommes, qui
ont cru 7 trouver la preuve la plus évidente de l'existence
de la Divinité , tandis qu'elle ne prouve réellement que sa
puissance infinie. Cela est si vrai que tout, sauf l'impulsion
primitive dont les astres ont été animés , n'est que le simple
effet des lois qui régissent les propriétés inhérentes k la
matière brute, et plus particulièrement de celle de l'attrac-
tion universelle qui , suivant l'opinion des matérialistes , y
existerait de tonte éternité ; d'où résulte, suivant eux , que
tout le sublime mécanisme de l'univers , si justement admi-
ré, ne serait en principe que le résultat inévitable de la fata-
lité mathématique ; en d'autres termes , que tout l'univers
n'existerait tel qu'il est , que parce qu'il ne saurait être au-
trement; et en effet, si l'on se bornait, comme ils le font, k
ces seules observations , il n'y aurait aucune objection k leur
opposer; mais leurs théories, quelque savantes qu'elles
t6 TBiOUMIB l« LA RATOn.
puissent être » ne sauraient jamais expliquer, ainu que je
viens de le faire remarquer» comment est née Timpul-
sion primitive qui anima non-seulement les astres, mais
encore tous les autres Êtres de la nature ; question k la^
quelle ils ont soin de ne jamais remonter, ne pouvant l'at-
tribuer qu*k une puissance étrangère k la matière ; puissance
qui ne peut être que celle d'une Intelugeuce soprémb qui
commande k l'univers entier. Argument qui k lui seul ren-
verse tout leur système de philosophie^
C'est ainsi que le célèbre Iaplage a fait voir dans ses ou-
vrages (i)f qjïon pouvait expliquer la forme et les mouv^
ments de tout notre système planétaire , en admettant que
dans l'origine, le soleil existant seul « comme corps solide , se
trouvait entouré d'une vaste atmosphère s'étendant au delà
des limites actuelles des planètes les plus éloignées \ et que ,
dans ce grand espace, la matière réduite dans ses éléments ,
formait un immense chaos dont toutes particules maté-
rielles se trouvaient isolées ; et le savant géomètre montre
que dans cet état, il a pu suffire de la seule action de la
rotation du soleil sur son axe (2) , pour mettre tout ce chaos
en circulation autour de cet astre central , dans le sens de
cette même révolution ; et que , par l'unique effet de cette
action , les particules de ce chaos ont dû se concentrer par
couches circulaires , en formant dans chacune une planète
avec les satellites qui lui correspondent , et répondant pré-
cisément aux diverses régions où ces astres secondaires ae
trouvaient réellement placés ; et tels que l'observation les
fait connaître quant k leur nombre , leurs masses , leurs
distances , et jusqu'au genre de mouvementjs dont ils sont
animés.
D'après ces calculs , tout le système planétaire se serait
ainsi formé de lui-^méme , par la combinaison des effets de
(1) OËHvres de Laplace , tome VI , p. S70 , note 7. 1840.
(3) Getta nrtation a Uea ea 3S joun.
ciAffiTM nuniiA4 n
VftUneliott aiiivenelle et du monvément propr6 du soleil ;
SUIS qu'il 8oit égidemeut nëcetsaire d'admettre l'iotervai'*
ûou d'une Int^geuee «upréme créatrice de tous ces mon-
des; idée que Tillustre géomètre n'exprime toutefois pas
formellement, mais elle est bien sous-entendue dans soft
iaOBé Dsms ee travail , fort savant sans doute» je ne veux
pas contester ici la justesse des principes et des résultats
fondés sur le calcul ; il y a toutefois des faits qui ne me
paraissent pas suflBsamment clairs dans cette théorie^ En
efiet , le mémc^e de Laplàge explique bien mathématique-
ment la forme actuelle de notre système planétaire i en par-
tanl de ce fait que , dans Voriginê , il ne formait qu'une
immeme atmosphère en chaos ; opinion qu'on doit admettre
si l'on veut considérer la matière comme éternelle. Mais
comment le soleil pouvait-il exister alors seul , sans que sa
propre matière ne fût elle-même en diffusion chaotique f et
quelle puissance a pu lui imprimer cet immense mouvement
dont il était d^k animé alors î Enfin , pourquoi tout le
chaos du systtoie planétaire entier ne s'estait pas précipité
directement de toute part sur ce centre pour ne former
avec lui qu'une seule masse? Le savant astronome a eu
soin de ne pas soulever ces questions » auxquelles il n'eût
sans doute pas jj^ répondre par des démonstrations mathé-
matiques.
Mais en admettant même que tout cela fût ainsi » par
une raison quelconque inexpliquée; il faudrait encore ad-
mettre avec l'illustre géomètre « qu'antérieurement k l'é-
poque où le chaos s'est mis en mouvement , le mouvement
du soleil n'existait pas lui-même , et n'a pu commencer
qu'alors seulement ; vu que dès l'instant où il a commencé »
Û a dû se transmettre à la matière diffuse du chaos qui
entourait cet astre ; ce qui prouve incontestablement que
ce mouvement du soleil n'existe pas lui-même de toute
éternité, et n'a dû lui être donné qu'à l'époque de la for-»
nation des planètes. Mais alors qudle est la puissance qui
98 THiOLOGIB DB L4 RATUBl.
Ta imprimé ? Question à laquelle on est toujours ramené
sitôt qu'on s'élève un peu au-dessus de la théorie des faits
purement physiques que Tobservation fait directement con-
naître ; théorie dont beaucoup de savants ne croient pas
devoir sortir.
C'est ainsi que certains Astronomes , et entre autres le
célèbre Lalande , ont pu être athées , ne s'étant jamais
occupés dans leurs recherches , que purement et simple-
ment de l'observation des faits matériels des phénomènes
célestes , comme unique base appuyée sur le calcul , sans
jamais penser aux inductions qu'on peut en tirer ; soit sous
le rapport des conditions d'existence de ces faits , soit sous
celui de leurs causes premières. Mais ces hommes , quoique
très-savants calculateurs , ne se sont jamais élevés jusqu'à
ces questions philosophiques de leur science , se renfermant
exclusivement dans la théorie des faits » où tout est en effet
si rigoureusement précis , que l'imagination la plus hardie
reste stupéfaite , ne pouvant concevoir comment il est pos-
sible que des astres , qui emploient peut-être des millions
d'années k parcourir leur orbite , ne sont, ainsi que je l'ai
déjà fait remarquer, cependant jamais en retard d^une
seule seconde , si leur mouvement ne doit pas être par-là
condamné à s'arrêter complètement un jour; vu que le
moindre temps perdu ne saurait plus jamais être regagné.
Or, comme cette perte se renouvellerait par les mêmes causes
à chaque révolution , elle épuiserait à la fois la force et la
vitesse de la première impulsion imprimée à l'astre , et lais-
serait finalement celui-ci immobile dans l'espace.
On voit, d'après ce qui vient d'être dit, que les faits
uniquement propres aux sciences essentiellement mathéma-
tiques ou physiques ne fournissent, ainsi que je l'ai déjà fait
remarquer plus haut, directement aucune preuve de lexis--
tente d'une Intelligence suprême qui aurait établi ces mêmes
faits, en créant les propriétés qui les produisent, et par elles
l'univers entier; mais que cette existence une fois constatée
CHAniBB FlUnilXR. Hè
par des démonstrations irréfragables» ees mêmes faits
donnent les preuves les pins évidentes de la toute-puissance,
de la sublime sagesse et de l'omniscience de cet Être suprême,
seole cause première de ce qui est.
Cette preuve certaine , sans réplique et réellement maté-
rielle de Texistence de Dien, qui , seul éternel , a tout créé
dans Funivers, nous est au contraire fournie partout avec
profusion jusque dans les moindres détails de l'admirable
structure des Êtres organisés , où nous la trouvons écrite de
la main même de la Divinité qui les a formés par sa toute-
puissance. Ici la matière élevée au plus haut degré d'activité
ne forme plus, comme dans les minéraux, de simples amas
homogènes ou accidentellement hétérogènes, dont chaque
partie représente le tout , et ne reçoit de là que simplement
le nom d'Échantillon; mais bien des ensembles plus ou
moins compliqués, composés de parties dissemblables , dont
chacune remplit une fonction spéciale pour contribuer au
hut final que ces Êtres sont appelés h atteindre ; ensembles
auxquels on a donné le nom d'Individus^ comme étant
indivisibles , ou ne pouvant être divisés sans perdre quel-
ques-unes de leurs parties qui les rendraient incomplets.
De même que dans une mécanique ordinaire , la matière
qui constitue ces Êtres ne présente pas seulement les carac-
tères naturels qui lui sont spécialement propres; mais encore
dans cha.cane des parties, des formes, des dispositions et
des actions, qui, étrangères k ces propriétés, montrent déjh,
avec la dernière évidence, qu'elles sont dues h l'intervention
d'une Intelligence créatrice toute-puissante, dont nous
trouvons la preuve jusque dans les plus minutieux détails de
la structure des moindres animalcules qui échappent h la
Tue.
Pour l'œil inattentif du vulgaire, ces superbes organismes
des animaux ne' sont que des objets ordinaires qui ne
méritent pas qu'on y porte seulement son attention » tant
l'habitude de les voir agir dans leur ensemble émousse chez
30 TRioiiOMl W liA NATURB.
lui le sentiiiienl de Tintérêt moral qu'il poumil y trouver;
et souvent môme il ose flétrir des épithètes de vil et d'tm*
inonde des Êtres qu'il croit pouvoir mépriser pour leur
petitesse, ou le peu d'intérêt qu'ils inspirent k son égoîsme ;
son esprit ne s'élevant jamais à l'idée que ce sentiment de
mépris ne peut que retomber sur celui qui se permet cet
orgueilleux dédain pour des objets que son intelligence
trop bornée ne sait apprécier ; tandis que dans sa hautaine
imagination il se croit lui-même fait k l'image de Dieu.
Le Naturaliste philosophe , au contraire , amené k tout
instant par l'objet même de ses recherches k admirer tant
de merveilles que lui offre la savante structure du moindre
insecte, trouve tous les Êtres vivants non moins parfaits dans
leurs organismes que l'Homme même, quoique formés
souvent sur des plans fort différents. Dès tors, appréciant
mieux chaque créature , il ne voit dans toutes , quel que soit
le rang où le Créateur les ait placées, que des espaces
occupant, comme l'Homme lui-même, des degrés différents
dans l'immense échelle des Êtres , dont le genre humain
n'occupe d'ailleurs pas , sous la plupart des rapports , le
point le plus élevé , n'ayant réellement la supériorité sur les
animaux que par la raison » que le sublime dispensateur de
toute chose lui a exclusivement accordée ; tandis que sen
corps matériel , suffisamment bien formé pour ee qu'il a
besoin d'être , est moins richement pourvu d'organes que
celui d'autres animaux , qui doivent , par ub« plus grande
complication de leur structure , suppléer précisément k oe
qui leur manque en intelligence.
Dans les mécaniques artificielles, dont on admire» k juste
raison , l'arrangement des parties et l'effet qu'dles produisent,
l'homme, quelque ingénieux qu'il soit, ne saurait jamais
employer que les formes obligées de la géométrie vulgaire,
telles que le plan, le cylindre, le cercle et l'ellipse, etc., à<mt
seul il connaît les propriétés par le calcul , tandis que les
Êtres organisés nous offrent une strudure infiniment plus
QVAfitas puaniiu 31
svrante » où agissent des forces que nous nt pouvons pas
nème concevoir. Ici , plus rien d'essentiel n'est absolument
soumis à des conditions mathématiques , qui ne sont plus
que de simples moyens accessoires pour arriver au but que
la sagesse créatrice a voulu atteindre dans chaque Être
organisé. Ainsi , nulle part ces formes géométriques parfai-
tement régulières , qu'on admire dans les cristaux , où elles
ne sont que les conséquences obligées de Taffinité des corps
bruts. Plus, comme dans les astres, de ces mouvements
précis exécutés dans des trajectmres invariables , exclusive-
ment dus k une force de première impulsion une fois pour
toujours imprimée à ces corps dès Torigine des temps. Tont
est au contraire irrégulier pour nous , et tout est cependant
si parfait en lui-même. Or c'est en partie , précisément dans
celte irrégularité apparente de la structure des Êtres vivants,
que se dévoile à nos yeux la sublime sagesse et Tomniscience
du Créateur ; structure où la sagacité des plus habiles obser-
vateurs de la nature reste, à la fin , profondément humiliée
devant Timpossibilité de pouvoir reconnaître en dernière
analyse la vâritable cause des phénomènes vitaux, dont
ladion a partout lieu entre les éléments constituants
des oi^anes , que leur extrême ténuité dérobe à tout moyen
d'investigation » même avec le secours des plus puissants
microscopes, dont le pouvoir ampliatif va jusqu'à huit
ndUiardi d$ fm h volume réel des objets qu'on y soumet
Or, c'est précisément dans l'intime arranganent de ces élé*
ments organiques que se trouve ainsi finalenient cachée la
cause eflSciente des organes ; éléments qui constituent par Ik
de véritables sanctuaires impénétrables k l'intdligence hu-
maine. C'est là où se pratiquent les mystères des lois de
Torganisation que le Créateur y a établies, et par lesqudies
se manifeste k nos yeux, non-seulaooient la plus oublime
sagesse avec laquelle tout est ordonné , mais encore Tappli**
cation des sciences physique et mathématique k des degrés
d'^évatâoa qui laissent l'imagination stupéfaite d'admiration.
32 TH^LOGIB BB LA RATinul.
En allant même, par les hypothèses les plus larges qa*on
puisse concevoir, infiniment au delà de la possibilité actuelle
de nos moyens d'investigation , en admettant que par des
procédés encore inconnus nous puissions arriver k voir
distinctement les atomes mêmes qui constituent la masse de
la substance des organes en fonctions, notre raison nous
dit que , même alors , nous ne serions pas en état de com-
prendre et d'expliquer ni leur action ni les résultats qu'ils
produisent.
Pour expliquer cé que je viens de dire d'une manière gé-
nérale, je citerai ici par anticipation, comme exemple, Tacte
qui a lieu dans une simple glande sécrétoire des animaux ,
organe destiné à séparer de la masse du sang une matière
spéciale propre à remplir un certain usage. En admettant
donc , dans la supposition que je viens de faire , qu'un des
éléments de cette glande, d'une glande salivaire par exemple,
soit un petit corps en forme de poche dont les parois laissent
transsuder la salive qu'elle produit , en la séparant du sang
qui l'entoure immédiatement, et qu'elle laisse ensuite couler
par un conduit dit excréteur^ dans la cavité de la bouche ;
après que tous ces conduits des petites poches ou glandules
spéciales se sont embranchées en nombre considérable les uns
sur les autres, comme les ramuscules d'un arbre se réunissent
en branches , et enfin sur le tronc commun. Eh bien, d'après
la supposition que j'ai faite, on verrait donc parfaitement dans
la petite cavité glandulaire l'arrangement même des atomes
qui la composent, former soit des groupes, soit des séries en
forme de filets ou de fibres , etc. , et nécessairement , entre
les parties intimes ou éléments organiques, des ouvertures ou
Pores laissant passer entre ces dernières le liquide sécrété ;
le tout entouré de sang renfermé dans des vaisseaux*
En admettant en outre , ce qui n'est aucunement prouvé ,
que la matière de la salive se trouve déjà toute formée dans
la masse de ce liquide qui circule dans tout le corps ; encore
Caudrait-il que la petite glande eût la propriété de Ten se-
CBAPimS FRBHRIL 33
parer, en la laissant seule pénétrer à travers ses pores dans
rinlérienr de sa cavité , aOn de la faire passer ensuite dans
le canal eicréteur. Or comment cette séparation peut-elle
avoir lieu , sans qu'une foule d'autres substances, également
contenues dans la masse du sang , ainsi que le veut la suppo-*
sition, pour rendre la question plus simple, y entrent en
même temps? Pour expliquer un tel résultat, on a bien
imaginé que le tissu des glandes formait une sorte de
crible à mailles de formes diiférentes, selon l'espèce d'or-
gane , pour ne laisser, en conséquence , passer que les mo-
lécules du sang de forme déterminée. Mais cette hypothèse,
qui , au premier abord , a quelque chose de spécieux , est
nécessairement fausse ; car il est évident que , quelle que
soit la forme des pores de ces cribles , les molécules des ma-
tières contenues dans la masse du sang, dont les dimen-
sions seraient moindres , devraient y passer pêle-mêle avec
celles de la forme spéciale voulue par l'hypothèse, et il est
par lU bien certain que ce n'est pas ainsi que se fait le triage.
Mais, en dernière analyse , que verrait l'observateur? Il
verrait que le sang, circulant autour dé la glandule, en la
baignant, est une humeur extrêmement compliquée dans sa
composition , puisqu'on admet que toutes les substances ani-
males y sont 4|ijà contenues en dissolution ; il y verrait que
les molécules d'une seule de ces substances passent k travers
les pores pour pénétrer dans la cavité de la glandule (et cela
par l'effet d'une cause inconcevable) pour s'y accumuler et
former la masse de la substance sécrétée , en agissant dans
leur mouvement à travers les pores , absolument comme si
elles étaient animées d'une détermination volontaire; ou
plutôt comme si les parois de la glande , et mieux encore ,
celles des pores seulement, dont celles-ci sont percées,
avaient une attraction électrique spéciale pour telles molé-
cules seulement , et non pour d'autres , en forçant celles-lk
de passer, et repoussant au contraire celles-ci. C'est-k-dire
qu'en définitive , l'observateur verrait les particules animées
I. 3
t4 THioMcn wm Là «aujm.
d*oiie adion ^a'il ne saurait comprendre , paiser à Crever»
les pores , sens savoir comment cela a lien, pas plus qu'on ne
eomprend rattraetion de Taimant pour le fer. En d'autres
termes , il ne serait guère plus avancé dans la science que
nous ne le sommes aujourd'hui. Il connaîtrait seulement de
plus comment sont matériellement arrangés les éléments
organiques , sans concevoir davantage l'action fonctionnelle
des organes. Tout se réduirait pour lui , de même que pour
nous, k admettre comme fait, que, dans les Êtres organisés,
la matière brute , dont les éléments entrent dans la compo-
sition du tissu des organes , jouit de nambreuseê propriêtéê
$pici(^êêt qu'elle ne possédait pas comme matière minérale »
anatU la création des Être$ vivants : propriétés qui ont done
été , elles-mêmes , nécessairement créées k une époque déter*
minée, et qui ne sont, par conséquent, pas éternelles. C'est-
k-dire qu'ici, comme partout ailleurs, on arrive, en der-
nière analyse , dans les recherches scientifiques , au même
principe fondamental : Que la cause initiale de tout phéno-
mène physique ou autre n'est que la Volonté de Dieu , seule
loi primitive et éternelle , qui n'a elle-même ni cause ni
explication ; et tout ce que le Naturaliste philosophe peut
faire, est de t&cher de reconnaître, par l'étude des faits,
quelles sont les lois que la sagesse éternelle du Très-Haut a
prescrites aux divers Êtres de lunivers. C'est ainsi qu'on a
reconnu que jamais il n'existait dans la matière brute au-
cune partie qui remplit une fonction quelconque; tandis
que le corps des Êtres vivants présente partout une struc-
ture différente dans ses nombreuses parties ou Organes^
dont chacun offre une forme et une disposition qui lui sont
spéciales \ et cela jusque dans les plus minutieux détails de
leurs éléments intimes , où les combinaisons des molécules
constituantes ne sont nulle part celles de la matière miné-
rale. C'est ce que prouvent les propriétés chimiques ^ carac-
téristiques des deux sortes de corps. Je ferai surtout remar-
quer ici qu'aucune des substances de la chimie oi;ganiq«e
n'a limais encore pu être reproduites de ses éléments dans
Ws opérations de laboratoire; tandis qu'on compose plus on
moins facilement les diverses matières brutes. Je ne parlé
point ici de la structure que les unes et les autres affectent,
mais simplement de leur composition chimique. C'est ainsi
qu'on n*a jamais encore pu composer de l'Âlcohol , de TÉ-
tiier, de la Gomme , de la Cire , de l'Huile , ni aucun autre
corps gras; de la Gélatine, de l'Albumine, de la Fibrine, du
Sucre, etc., etc. , qui ne s'obtîeaaent que des substances or-
ganiques ; et nulle part aussi , les matières brutes n'entrent
sans les plus grandes modifications dans la composition des
organes. C'est ainsi que jamais on n'y rencontre l'emploi des
Métaux, des Pierres, ou d'autres matières minérales , telles
que nous les connaissons sous ce nom; mais bien leurs
éléments combinés d'une foule de manières , dans des sub-^
stances qui k leur tour n'esistent que chez les Etres orga-»
nisés ; où seules elles peuvent être produites sous l'influence
de Tagent de la vie , [K>ur entrer exclusivement dans la com-
position des divers organes qui eonstituent leur corps ; or*
ganes différemment conformés et disposés selon les usages
auxquels ils sont destinés, pour contribuer tous dans la
même Être à lui £aire atteindre le grand but final auquel il
doit arriver : celui de la perpétuité de sa race, afin que
Toeavre du Créateur ne soit point perdue; but auquel sont
ensoite soumises une foule de conditions d'existence plus ou
moins importantes suivani les facultés accordées à chaque
espèce animale*
36 TBOfoLOGII DK LA IfATUmi.
CHAPITRE II.
PREUVES DE L^EXISTENCE DE DIEU ET DE SES ATTRIBUTS, TIRÉES
DES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ORGANISATION DES ÊTRES
VIVANTS.
Avant d*entrer dans quelques détails sur Tadmirable
structure des Êtres organisés, et surtout celle des Animaux ,
comme fournissant les preuves matérielles évidentes de
l'existence de la Divinité ; je dois faire jeter un coup d'œil
rapide sur Tensemble de leur organisation, afin qu*on puisse
mieux comprendre les conditions d'existence dans lesquelles
ils sont placés , et fixer en même temps la valeur de certains
termes scientifiques dont l'emploi est inévitable dans cet
ouvrage..
En étudiant les divers Êtres physiques de la nature, on
reconnut qu'ils se distinguaient en trois grandes divisions,
qu'on désigna sous le nom de Règnes (1) : le Règne miné-
ral , le Règne végétal et le Règne animal ; divisions ad-
mises de tout temps, par l'observation que l'homme même
le moins civilisé fait journellement, en quelque sorte mal-
gré lui, tant elles sont naturelles et bien tranchées dans
leurs principales Espèces , par les caractères essentiels qui les
distinguent; ainsi que le prouvent les noms que ces objets
ont reçus dans toutes les langues, même chez les peuples
encore réduits à l'état sauvage. C'est ainsi que les hommes
ont partout et toujours parfaitement distingué par le seul effet
du bon sens , les Minéraux ou Pierres , les Végétaux ou
Plantes et les Animaux ou Bêtes \ en ne tombant dans Ter-
reur que relativement à quelques espèces dont les caractères
distinctifs sont peu apparents, surtout pour le vulgaire qui
(1) Voyei U note n* 7.
CHAPITRI IK 37
n'en a pas fait une étade approfondie ; quoique en principe ,
il ne saurait y avoir d'ambiguïté, les caractères par lesquels
ces objets se différencient reposant sur l'existence ou la
non-existence de quelques faits qu'il] s'agit simplement de
reconnaître.
En effet, les Minéraux ou la Matière brute ^ sont de
simples amas de substances existant par elles-mêmes dans la
nature ; k molécules agrégées régulièrement ou irrégulière*
ment; formant ainsi des masses où chaque partie homogène
différant , par ses propriétés, est désignée sous le nom d'Es*
PÈCE ; quand même la forme varierait k l'infini ; masses dans
lesquelles chaque partie représente en conséquence son
espèce; d'où il résulte que les minéraux n'ont réellement
point d'individualité. C'est ainsi que la plus petite parcelle
de Fer, ou de tout autre métal , de Marbre , de Silex , de
Soufre, etc., représente tout aussi bien l'espèce de ces sub-
stances que des amas infiniment plus volumineux ou plus
compliqués. Toutes ces substances ont en effet , pour carac-
tère essentiel , de se former par la simple juxtaposition de
leurs particules constituantes , sans jamais présenter aucune
partie qui remplisse une fonction quelconque , et sans pouvoir
se reproduire les unes les autres, pour perpétuer leur race;
dont l'existence nestdne, si elle n'est pas éternelle, qu'à de
simples circonstances accidentelles avec une durée indé-
finie; toutes ayant ainsi des caractères purement négatifs,
relativement aux espèces des deux autres règnes.
Quant aux Êtres organisés (les Végétaux et les Animaux),
ils ont au contraire ceci de commun , qu'ils sont tous plus
ou moins complexes ; étant composés d'un certain nombre
de parties ou Organes , dont l'ensemble complet constitue
un Individu , où chacun remplit une fonction active ou pas-
sive, pour concourir directement ou indirectement au but
final que cet individu est appelé à atteindre, celui de la per-
pétuité du type ou espèce auquel il appartient.
Ces Êtres ont encore ceci de particulier , qu'étant produits
SB THEOLOGIE DE LA AATURB.
par des î^divîdtis semblables II eut, ils commencent on
naissent plus petits que ces derniers, et augmentent ou crois-
sent ensuite non par une juxtaposition extérieure , comme les
minéraux , mais par le développement intérieur de chacune
de leurs parties, même les plus minimes; développement
qu*on a nommé de là par intussusception. Enfin ces Êtres ont
encore ceci de propre qu'ils n'existent comme individus que
pendant un temps indéterminé , mais toutefois limité à pen
près à un maximum quMls ne dépassent que rarement;
temps qui constitue la durée de leur vie , et après lequel les
organes ayant perdu leurs facultés spéciales, leur mécanisme
cesse de fonctionner, et l'individu laissé k l'état mort se dé-
compose plus ou moins promptement par feffet de ses affi-
nités chimiques avec tous les agents extérieurs, dont il n'est
plus préservé par la puissance de la force vitale.
De ce seul fait du développement par intussusception,
naissent ensuite déjh, comme conséquences naturelles
obligées , plusieurs conditions secondaires qui rendent cette
grande fonction possible; et pour leur accomplissement di-
vers systèmes d'organes, dont les différents modes de fonc-
tion caractérisent les nombreux groupes de ces Êtres, dans
lesquels les deux règnes se subdivisent. En effet, il n'a pas
suffi à la nature créatrice de produire une fois pour toujours
ces divers Êtres , il a fallu encore qu'elle leur donnât avec la
faculté de se développer et de grandir celle de pouvoir intro-
duire dans leur corps différentes substances étrangères ca-
pables d'y être assimilées à ses nombreux organes, afin de
les faire ainsi croître et leur faire en même temps réparer les
pertes plus ou moins constantes ou accidentelles qu'ils
éprouvent. Or ces fonctions nécessitaient d'abord l'existence
d'un premier appareil destiné spécialement k l'introduction
de ces substances dans l'organisme ; appareil désigné sous
le nom d'Organes d'absorption. Mais cela n'était pas 3n-
coreassez ; il a fallu aussi que ces mêmes substances aina
introduites dans l'économie, pussent facilement se trang-
cHAnmi n. 9i
porter dans toutes les parties afin de lenr sertir de nourri'-
ture, on comme on dit en langue physiologique , qu'elles
pussent servir à la Nutrition des divers organes. Or, il était
nécessaire pour cela que ces matières nutritives fussent non<-
seulement très-divisées , mais encore en dissolution dans
nn liquide qui pût les charrier partout; ce qui constituait
une seconde condition , conséquence directe de la première,
et en principe , comme elle , une conséquence du dévelop-
pement par intussusception ; condition qui nécessitait un
second appareil, celui de la Circulation ; consistant le plus
généralement en un système tout entier de canaux spéciaux
subdivisés k Tinfini et répandus partout, par lesquels le li-
quide nutritif, nommé Séte ou Sue propre chez les Plantes ,
et Ckyle ou Sang chez les Animaux , est distribué jusque dans
les moindres parties du corps. Enfin arrivé là, chaque élé^
ment organique dont se compose ce dernier, possède en lui-
même la faculté encore inexpliquée ,. et propablement li Ja-
mais inexplicable , d'attirer à lui des particules , contenues
dans le liquide en circulation, pour les incorporer k sa
propre substance afin d*en augmenter le volume, et par Ih
celui du corps entier ; acte qu*on appelle YAnsimilation.
Dans ce qui vient d*étre dit, je n'ai fait qu'indiquer les
deux grandes fonctions par lesquelles le corps des Êtres
Tirants augmente ou se nourrit *, mais on conçoit que ces
fonctions elles*m6me6 exigent diverses conditions d'exis^
tenoe sans lesquelles elles ne sauraient s'exercer. En effet,
admettons la circonstance la plus simple, celle dans laquelle
se trouvent en réalité toutes les plantes, où l'individu- ab-
sorbe directement par sa surface ; mais plus spécialement
par certaines de ses parties , nommées ses Organet aè«of->
^bantê (les bouts de racines) , les substances qui se trouvent
en dissolution dans les liquides qui les environnent direc'-
tement. On conçoit facilement que cette absorption ne sau*
rait avoir lieu par une simple aetlon phyrique , telle que la
capiRarité, q«d fÉit pénétrer de l'eau dans «ne éponge ; car,
40 THEOLOGIE DB LA NÀTURI.
dans ce cas , tout y entrerait ; et les vaisseaux circulatoires se
rempliraient de liquides , dont la plus grande quantité serait
incapable de servir k la nutrition , ou même lui serait con-
traire , en agissant comme poison sur le sujet , en entravant
plus ou moins l'action des organes. Enfin les substances in-
troduites dans l'économie étant simplement minérales (elles
l'étaient nécessairement pour les premiers Êtres créés) , elles
seraient d'une nature complètement différentes de celles dont
se composent les organes ; d'où il suit que, non-seulement les
organes absorbants devaieni avoir, comme ils l'ont en effet »
la faculté de n'absorber que celles des substances environ-
nantes , qui pouvaient entrer dans la composition du fluide
en circulation dans le sujet ; mais encore de faire un choix
suivant les qualités spéciales que le suc nourricier devait
avoir; ce qui nécessitait que la forme, la composition, et
par suite les facultés des organes absorbants fussent diffé-
rents dans chaque espèce d*Étres ; condition qui suppose
déjà , sans réplique , que les ^organes ont été formés sous
Vinfluence d'une cause intellectuelle, ayant la prescience
des effets qui devaient être produits. Or, déjà sous ce rap^
port tout ne se bornait pas là. Les substances qu'on fit
ainsi absorber dans I'intention de les faire circuler dans
tout le corps ne pouvaient pas être solides, ainsi que je
l'ai déjà fait remarquer ailleurs; il fallait nécessairement
qu'elles fussent fluides , afin de n'éprouver que de faibles
obstacles dans leur transport vers les organes ; et c'est aussi
ce qui existe partout. Mais ce n'est pas encore assez ; pour
avoir cette facilité , le fluide nourricier devait être renfermé
à cet effet dans des Vaisseaux circulatoires spéciaux^ à
moins que les dimensions du sujet ne fussent assez petites
pour que la simple capillarité des organes pût suffire à le
faire parvenir partout : condition qu'on remarque en effet
dans les Insectes , animaux généralement fort petits qui ne
présentent pas de canaux circulatoires bien développés;
tandis que ces vaisseaux existent dans toutes les grandes
CHAPITRE 11. 41
espèces animales et végétales , fait qui montre aussi , sans
réplique » que la puissance créatrice connaissait parfai-
tement la propriété physique de la capillarité (1] des corps ,
qu'elle employa ici, comme dans une foule d'autre cas,
avec le plus savant discernement, comme moyen d'arriver
au but voulu.
Or la faculté de circuler dans le corps des Êtres organisés
exigeait aussi que les vaisseaux , renfermant le fluide dont
il est ici question , eussent la propriété de le mettre en mou-
vement ; car sans cela , le liquide absorbé ne ferait que
remplir ces mêmes vaisseaux jusqu'à la hauteur permise
par leur capillarité ; il resterait stationnaire après cet im-
perceptible mouvement. Or cela ne suffit pas , même pour
les espèces de quelques centimètres de hauteur, et devenait
physiquement impossible pour les grandes , telles que les
arbres , où la sève doit s'élever, souvent à plus de trente ou
quarante mètres , en coulant avec une vitesse assez con-
sidérable. Cette difficulté, parfaitement prévue par le
Créateur , a été levée , ainsi que l'observation nous le mon-
tre, par Y établissement d'un appareil spécial de propulsion
que forme le Cœur chez les animaux dont la grandeur
exigeait qu'il y en eût un ; tandis que cet organe est encore
aujourd'hui compléten^ent inconnu dans les Plantes , où il
est à peu près certain qu'il n'existe pas, ou parait se trouver
remplacé par un moyen au-dessus de toute conception : les
plus savants Botanistes et Physiciens, tout en voyant circuler
la sève jusqu'à des hauteurs très-considérables , ne pouvant
en indiquer la raison. Ce fait, si remarquable pour le Na-
turaliste philosophe, montre ainsi déjà un de ces cas de
I'aPPLICATION de la PHVSIQUE A UN DEGRÉ DE TRANSCENDANCE
AUQUEL LA PERSPICACITÉ HUMAINE N'A PAS ENCORE PU s'É-
LEVER ; fait dont j'aurai à signaler un grand nombre de cas
dans le cours de cet ouvrage , et que nous sommes obligés
(1) Voyei la note n« 6.
4t THfoLOCIS Dl LA NATURB.
d'admettre comme prouvé par l'observatioii , sans pouvoir
en donner une explication plausible, quoiqu'on Tait en vain
plusieurs fois essayé.
Le liquide nourricier, circulant ainsi dans le corps des
Plantes et des Animaux, ne remplit encore par Ik que la se-
conde condition d'existence : l'absorption étant la première;
le but final étant de produire le développement de l'indi-
vidu, et l'entretien de sa vie. Or, sur chaque point de l'orga-
nisme de ce dernier, commence un eautre action qui conduit
ii ce but: c'est celle de Y Assimilation, qui même ne saurait y
avoir lieu immédiatement. En effet, il n'a pas suffi de faire
absorber par le sujet diverses substances qui l'environnaient
immédiatement, et cela avec un choix tout spécial pour
chaque espèce de sujets, et A*imprimer au liquide formé un
mouvement circulatoire qui le fait arriver dans toutes les
parties de son corps ; il â fallu aussi que cette humeur,
composée de matériaux divers , fût appropriée k l'acte de
l'assimilation de chaque espèce d'organes en particulier.
Or, comme les substances organiques sont chimiquement
différentes des matières brutes absorbées qui entrent dans
leur composition , celles-ci doivent en conséquence subir
une transformation qui les rei)de propres k l'assimilation ;
opération qui exige dans chaque espèce d'Êtres vivants de^
appareils capables de pouvoir le produire.
Cette élaboration se fait progressivement par divers chan-
gements que les sucs nourriciers éprouvent avant d'arriver
aux organes où ils doivent être employés.Xa première de ces
modifications parait déjk avoir lieu au moment de l'absorp-
tion même , vu que les liquides contenus dans les premières
voies ne sont déjk plus ceux qui aVoisinent le sujet avant cet
acte ; c'est-k-dire que le choix que font les bouches absorban-
tes est tel que les divers matériaux qu'elles admettent , par
un fait tout particulier^ agissent d'une manière détermi-
née; ces bouches donnant aux diverses substances absor-
bées les propriétés d'agir d'une manière spéciale les nnes
CHAPITRE 11. 43
sur les antres par des effets chimiques propres & chacun de
ces organes ; afin de produire une humeur préparée par
là au premier degré pour sa destination finale , la nutrition
de toutes les parties de Tindividu , ainsi qu*à la production
de toute matière qui doit en être séparée pour un usage
quelconque.
Cette première préparation, et probablement déj^ la
seconde, parait être aussi produite par l'influence des parois
des canaux circulatoires dans lesquels coule le suc nourri-
cier immédiatement après avoir été absorbé.
Cette humeur, appelée Sève dans les Plantes, et Chyle chez
les Animaux, ne peut, h ce premier degré de préparation ,
encore servir en rien k la nutrition des organes ; propriété
qu*îl ne reçoit que plus loin, dans d'autres appareils spéciaux
d'élaboration, et plus particulièrement dans ceux de la
ReBpiratiùfi , où il se combine avec l'oxygène de l'air qui le
change en humeur directement nutritive ; comme dans les
Végétaux sous le nom de Suc propre , et chez les Animaux
sous celui de Samg. Dans les premiers, cet acte de la
RESPiRAtioiv a lieu k toute la surface du sujet , partout où Tair
arrîTe au contact de la partie vivante ; mais surtout dans les
Feuilles, organes spécialement destinés k cette importante
fonction ; et chez les seconds, le chyle se transforme en sang
également dans des organes préparés dans ce but, prenant
chez enx, tantôt le nom de Poumons, et tantôt celui de
Brah cHiEs , suivant que la respiration s'y fait au moyen de
l'oxygène de l'air, ou par celui mêlé dans l'eau ; les uns et
les antres diversement conformés et disposées suivant le
FLAN que le Créateur a bien voulu suivre en produisant les
Êtres vivants.
C'est ainsi que par les effets de ces élaborations successives
qu'éprouve le suc nourricier, les divers organes des plantes
et des animaux trouvent tout préparés dans la masse de cette
humeur les matériaux immédiats de leur nutrition et de
leur sécrétion; dernière modification qu'ils ont ^ éprouver
44 TirfOLOGlE DS LA NATUM.
avant d'être définitivement employés à la fonction 4iae ces
matériaux doivent remplir.
Cet acte de rASSiMiLATioN , incompréhensible par lui*
même à Tintelligence humaine , et que nous ne connaissons
que par ses résultats, consiste, ainsi que Je l'ai.déjk dit, dans
le pouvoir qu'a reçu chaque organe de choisir^ dans la masse
du fluide nourricier qui Tentoure, les particules capables de
servir à sa nutrition, et de se les incorporer; particules
qu il attire , pour les ranger dans un ordre rigoureusement
déterminé parmi celles faisant déjà partie de son organisme,
et dont elles partagent dès lors les fonctions , en acquérant
AINSI DES PROPRIÉTÉS NOuvELLEsquo CCS substauccs n*avaient
pas d'abord, et surtout pas avant leur absorption.
Pour ne citer qu'un seul exemple , je ferai remarquer que
les éléments des muscles , qui ont la faculté de se contracter
sous l'influence de la volonté.du sujet, ne la possédaient pas
tant qu'ils n'étaient pas assimilés k ces organes ; et ne la
possédaient surtout pas en dehors de l'économie animale ,
où leurs composants, l'oxygène, Thydrogène, l'azote et le
carbone, toutes matières brutes, étaient absolument dé-
pourvus de cette faculté , créée seulement dans l'animal ;
et de inéme aussi , la substance des muscles , également pro-
duite dans ces organes par une puissance qui leur fut ac-
cordée par l'oMNiPOTENGE CRÉATRICE , uc sc trouvc uuUe
part ailleurs.
C'est ainsi qu'une foule d'autres actes vitaux encore
s'accomplissent dans l'organisme sans que nous puissions
en concevoir les causes; aucune théorie ne pouvant en
donner l'explication; d'où nous sommes obligés de les
admettre comme faits démontrés par l'observation, et de les
attribuer purement et simplement k la toute-puissancb
d'une intelligence suprême qui l'a voulu ainsi.
Dans l'esquisse rapide que je viens de faire de quelques-
unes des conditions d'existence des Êtres organisés, je n'ai
encore parlé que d'une seule série de phénomènes vitaux ;
CHAFinuc II. 45
ceux ayant pour but direct la simple assimilatioii des-snb-
stances étrangères introduites dansForganisme; phénomènes
qui ont lieu aux mêmes conditions chez les Animaux et les
Plantes comme indépendants de la volonté du sujet, qui
dépend de la -conscience de la propre existence de ce der-
nier; faculté exclusivement accordée aux Animaux.
liais Tacte de la création ne s'est pas borné Ik ; ce n*était
point assez pour l'Intelligence suprême d'avoir formé divers
Êtres organisés destinés k peupler le monde, elle en a aussi
varié les formes et les facultés suivant certains principes
qu'elle s'est elle-même prescrits, et qui sont devenus par
là même ce que nous nommons les Lois de l'organisation ,
lois que le Naturaliste cherche k connaître par l'étude qu'il
en fait, et les constate par des faits, ainsi que par les
conséquences qui découlent de ces derniers.
Cette étude a fait voir que dans tout leur ensemble les
Êtres organisés étaient formés d'après un vaste plan, consti-
tuant une immense échelle de gradation, où ils s'avoisinent
suivant leur analogie , par des individualités souvent presque
identiques en toutes choses , dont chacune forme ce qu'on
nomme une Espèce , qui ne varie dans la succession des
générations que dans des limites fort restreintes, en revenant
constamment les unes aux autres ; espèces que j'ai définies
dans un autre de mes ouvrages (1), comme étant formées de
r ensemble de tous les individus descendants (ou présumés
descendre) d'individus primitifs semblables^ dont les diffé-
rences ne portent que sur des caractères inconstants
On a bientôt reconnu aussi que l'immense ensemble de
tous ces Êtres organisés formait d'abord les deux grandes
divisions constituant le Règne végétal et le Régne animal ,
dont il a déjà été question plus haut; distinguées l'une de
l'autre par le sentiment de leur individualité, ou, comme on
dit 9 de leur Moi; sentiment dont les Animaux sont seuls
(I) Tritité pratique êi théorique éPanat. camp., t. I , page 1.
40 TBiOLOffB ^ lA ICATURl.
doués, et qui manqae aux YtoiTiux; ftieolté qoelqnefiMS
fort difficile à reconnaitre, il est vrai , mais qui ae peut pas
laisser d'ambiguïté dans la réalité ; vu qu'elle ne peut pas
k la fois exister et ne pas exister chez quelque espèce que ce
soit ; et dans celles où il a été jusqu'à présent impossible de
la reconnaitre directement , on conclut k son existence ou à
sa non-existence d'après des conséquences qui en découlent
naturellement. C'est-k-dire que de ce principe fondamenUd,
qui distingue les Plantes des Animaux , naissent une foule de
conséquences naturelles, qui, toutes secondaires qu'elles
sont, deviennent toutefois des caractères plus ou moins
certains servant k classer chaque espèce dans le règne au-
quel elle appartient.
C'est surtout en suivant Tenchainement de ces censé*
quences jusque dans les plus minutieux détails de la stnic*
ture et des facultés des Végétaux et des Animaux , qu'on
découvre les nombreux faits qui dévoilent ▲ nos yeux l'âd*
MIRABLE SAGESSE ET LA SUBLIME SOLLICITUDE QUI ONT PRÉSiDt
A l'organisation des Êtres vivants ; faits qui donnent ainsi ,
aux plus opiniâtres matérialistes, les preuves les plus évi-
dentes que l'existence de ces étonnants organismes ne peut
être due qu'k la toute-puissance d'une Intelligence suprébii
qui les a formés , et devant laquelle ils n'ont qu'k se pros*»
terner, le cœur pénétré d'admiration et de respect.
En effet, le seul fait de la différence qui existe sous le
rapport de la conscience du Moi , entre les Êtres des deux
Règnes organiques de la Nature, découlent de nombreuses
conditions directes ou indirectes que le Créateur a dû suivre
pour rester conséquent avec les lois que sa volonté suprême
a établies , afin de rendre l'existence de ces Êtres possibles;
les unes comme conséquences obligées du but qu'il a voulu
atteindre , et les autres , comme simples effets de la pré*^
voyance des circonstances favorables ou défavorables k ce
même résultat ; et c'est précisément dans ce soin minutieux
apporté k l'observation de ces principes , et surtout dans les
rapporte et l'hariaaiiie qui existent entre toutes lee ctreon-
gtances susceptibles de pouvoir se présenter , que se montre
avec la plus complète évidence , la bonté et là bàgessb qui
OifT PRÉSIDÉ À LA PaODUCTIOK DE CES ÉtRES SI ADMIRABLE*
MENT OR6AI91SÉS.
C'est ainsi 4iue par l'effet de la seule existence de la con-
science du Moi , diez les Animaux , la Puissance créatrice
a pu s'élever chez eux k une complication bien plus grande
de Torganisation et des facultés qu'elle pouvait leur accorder»
que chez les végétaux qui en sont privés.
Par cela seul que les Plantes n'ont pas la conscience de
leur être , il était impossible qu'elles pussent avoir la faculté
de pouvoir par un mouvement spontané aller à la recherche
des substances qui pouvaient servir ^ leur nutrition ; et elles
ne devaient, en conséquence, avoir aucun organe qui pût
en faciliter, soit directement soit indirectement, les moyens ;
tandis que cela était possible chez les Animaux, qui ont en
eflet REÇU POUR cette raison de nombreux appareils or-
ganiques , souvent fort compliqués , servant à faciliter l'in-
troduction des matières étrangères dans leur organisme.
On conçoit, que par cela même que les animaux ont
été gratifiés d'une faculté aussi importante, qui leur permet
de distinguer leur individualité de tout ce qui n'est pas
elle, 1^ puissance créatrice a nécessairement dû leur donn^
aussi des organes capables de leur permettre de faire cette
distinction; organes qui constituent, en effet, ce qu'on ap-
pelle le Système nerveux , dont les parties principales et
centrales, formant le Cerveau et la Moelle épiniére^ pro-
duisent d'innombrables ramifications ou Nerfs , qui se ré-
pandent dans toutes les parties du corps , sans en exceptar
une seule, pour y porter l'action du Principe vital ^ dont ces
o^anes sont le siège ; et c'est également par la partie cen-
trale de ce système d'organes qu'agit le Principe intellectuel,
qui possède exclusivement la faculté du discernement de
toute chose ; et en conséquence , aussi celle de distinguar
48 TOioiJOCIK DV LA HATURB.
rindividu qu'il anime de ce qui lui est étranger ; au moyen
d'indications ou Perception qui lui sont transmises par ces
mêmes nerfs ; dont une partie a la faculté d'apprécier les
propriétés des corps et de la communiquer k ce même prin-
cipe intellectuel , afin de le mettre en mesure de pouvoir
juger par leurs qualités , quelles sont les conditions dans
lesquelles se trouvent ces mêmes corps étrangers. Ce sont
ces nerfs spinaux, qui constituent, avec d'autre^ encore,
divers appareils organiques connus sous, le nom 'd'Organes
des sens ; au nombre de cinq chez Y Homme et la plupart des
autres Anim^iux; c'est-h-dire ceux du Tact ou du Toucher ,
du GouT, de TOdorat, de TOuie et de la Vision. D'après
diverses indications , il est toutefois probable que beau-
coup d'espèces animales en possèdent encore d'autres , dont
nous ne pouvons pas nous faire une idée , par cela même
que nous ne les possédons pas. Le premier de ces cinq sens
a pour organe ou réceptacle, toute la surface cutanée,
et même toutes les parties intérieures du corps , où les per-
ceptions sont toutefois plus ou moins obscures , ou nulles
dans l'état naturel du sujet ; ce qui constitue précisément ,
comme on le verra plus loin , un de ces exemples de Haute
SAGESSE de la Divinité , qui l'a voulu ainsi , pour éviter une
foule d'inconvénients qui résulteraient du cas où la percep-
tion y était plus ou moins vive. Mais le sens du toucher est
spécialement localisé et plus délicat dans certaines parties,
comme le bout des doigts dans l'homme, les parois de la
bouche , et plus particulièrement l'extrémité de la langue.
C'est au moyen de ce sens qu'on reconnaît l'existence des
corps k leur contact immédiat, par leur résistance, ainsi
que leur forme et leur consistance ; leur température , par le
calorique qu'ils répandent ou absorbent ; et enfin , l'action
irritante ou corrosive qu'ils peuvent exercer sur quelques
parties du corps.
Le GouT, exclusivement localisé sur les parois de la
bouche, et spécialement k la surface de la langue et du voile
CHAPITRB II. 49
da palais , ne fait connaître que certaines propriétés chi-
miqaes des corps solables dans le liquide qui lubrifie la
cavité buccale. C*est ainsi déjà un sens étroitement localisé
et plus subtil que le toucher.
.L*Odorat, plus subtil encore que le goût, avec lequel il
a beaucoup d'analogie et se confond même en partie, fait
connaître aux animaux les qualités de certains corps, qui
ayant la propriété de se volatiser, leur indiquent leur pré-
sence par leurs émanations , qui viennent frapper les parois
des fosses nasales , où se trouve le seul siège de ce sens chez
les animaux supérieurs, en produisant par un effet chi-
mique une irritation particulière k chaque espèce de corps ,
qoi fait connaître non -seulement Texistence de ces derniers,
mais encore leur genre et la direction dans laquelle ils sont
placés. Ce dernier fait a déjà ceci de fort remarquable, que
les fosses nasales restant dans les mêmes dispositions , la
direction dans laquelle arrivent les particules odorantes ne
devrait avoir aucune influence spéciale sur elles , puisque
ces émanations forment une chaîne non interrompue jusqu'à
Tobjet dont elles proviennent.
Ce sens a , ainsi que je viens de le dire , tellement de
Tanalogie avec celui du goût , que leurs sièges se continuant
Tnn par l'autre , la partie volatile nommée aromatique des
substances introduites dans la bouche pénètre par les
arrière-narines dans les fosses nasales et y fait percevoir
leur odeur ; et la proximité des deux cavités fait croire que
la partie aromatique de ces substances est perçue dans la
bouche ; tandis qu'elle l'est réellement dans le nez. On peut
se convaincre de cette vérité en mâchant ou en buvant
quelque substance odorante en strrant les narines pour
empêcher le courant d'air de les traverser; on en percevra
le véritable goût , mais non l'arôme. On connaîtra si ces
substances sont âpres, amères, salées, sucrées, acides,
astringentes , caustiques, etc. ; mais on n'aura acucune sen-
sation de ce qu'on nomme le bouquet ou le haut goût , qui
I. 4
80 THB0L06IB DB LA MATURB.
deviennent perceptibles sitôt qu'on ouvre les narines; c'est
la raison qui fait que le goAt est émoussé lorsqu'on est en-
rhumé du cerveau.
Par le sens de TOuie, plus subtil encore, on perçoit ,
comme on sait, les Sons; son organe transmettant les vibra-
tions de l'élément ambiant au cerveau, siège de l'intelli-
gence , qui en apprécie la force et le ton , et faisant en méoie
temps connaître la direction dans laquelle arrivent les ondes
sonores. Ce sens fait aussi également connaître , k distanee ,
la nature , l'éloignement et la direction des corps , par la
seule propriété qu'ils ont de transmettre leur propre vibra*-
tion k tout ce qui les environne.
Enfin le sens de la Yub , le plus subtil des cinq, fait con-
naître la forme, la couleur, la distance et la direction par-
faitement eiacte des corps , par la propriété qu'ont ceux-oî
de réfléchir la lumière après l'avoir décomposée en ses
éléments ou teintei du gpectre , dont les innombrables mo-
difications, résultat de leurs mélanges, constituent les
nuances infinies de toutes les couleurs.
Tels sont les cinq sens dont le Créateur a, dans sa sagbssb
et sa BONTÉ, gratifié la plupart des animaux; n'ayant privé
de la vue qu'un petit nombre qui n'en avaient pas besoin ,
comme vivant dans des lieux où la lumière ne pénètre pas.
Mais l'observation montre , ainsi que je l'ai dit un peu plus
haut, que certains animaux possédaient encore d'autres
sens dont Tbomme est privé , et dont il ne saurait en con-
séquence concevoir le mode; ne pouvant les comparer h
rien qui leur ressemble. Or voici toutefois les raisons snr
lesquelles je fonde Topinion que j'avance ici. Tout le monde
sait qu'on emploie des Pigeons , et l'on pourrait se servir
sans aucun doute de tout autre Oiseau bon voilier, pour
porter des dépêches à de très-grandes distances ; il suffit
pour cela de choisir des individus qui, ayant des jeunes
dans leur nid , sont animés par Ik du vif d^ir de retourner
h leur habitation , et de transporter ces Oiseaux k l'endroit
GHAPITRI II. 51
d'au ils doiTent revenir aussitôt qu'ils auront été lâchés.
Et en effet , k i*instant où ils sont en liberté , on les voit
prendre de suite la direction du lieu où se trouvent les petits
dont on les a séparés , en suivant , k ce qu'on est en droit
de présumer, le chemin le plus court , à en juger par le
peu de temps qu'ils emploient k faire le trajet. Or quel peut
être le sens par lequel ces intéressants animaux se dirigent?
Ce ne peut évidemment être ni la vue , ni Fouie » ni Todo-
rat , qui ne sauraient agir k des distances de pins de 400
à 500 kilomètres , et cela d'autant moins que ces oiseaux
ii*ont jamais vu aucune partie de l'immense espace qu'ils
parcourent. Ce fait, si extraordinaire en lui-même, ne
peut être expliqué que par lexistence chez eux d'une fa-
eollë sensitive qui leur indique le chemin qu'ils ont k pren-
dre , et que nous ne concevons pas en elle-même , par cela
aeul que nous en sommes privés. C'est, sans aucun doute
aussi* d'après le même sens que se dirigent les oiseaux
Tejageurs , tels que les Hirondelles ^ dont chacune revient
tons les ans au nid où elle a élevé ses petits l'année avant.
Dire que ces petits animaux se dirigent par la mémoire
des lieux qu'ils ont vus la première fois qu'ils ont fait l'im-
mense voyage de la France , ou même de la Norvège , jus-
qu'au centre de l'Afrique et au delk, ce serait leur supposer
une mémoire ^i prodigieuse , qu'elle surpasserait infiniment
eelle des hommes les plus intelligents. On pourrait eepen*
dant encore soutenir cette opinion pour les oiseanx émi--
grants, quelque excentrique qu'elle soit; mais cela devient
évidemment impossible pour les Pigeons voyageurs.
La Providence ayant créé une foule d'animaux destinés a
se nourrir de végétaux , ils eussent été exposés k périr en
fort peu de temps si elle ne leur avait pas aggohdé , dans sa
loute*puissance et sa sagesse, les moyens de reconnaître et
d'éviter toutes les plantes vénéneuses qui peuvent se présen-
ter k eux ; et l'obsenation montre en effet que jamais ces
animaux n'y touchent; ce qui prouve qu'ils ont évidemment
T)^ THtOLOGfR DE LA NATf RE.
la facoUé de reconnaitre en elles les mauvaises qualités qui ne
manqueraient pas de leur être funestes s*ils en mangeaient;
faculté qui , elle aussi , ne peut que résider dans un sens spé-
cial que nous ne possédons pas. Ici on pourrait admettre que
ce sentiment que les animaux herbivores et frugivores ont de
la propriété toxique des plantes , n*est qu'une espèce d'odo-
rat , avec lequel ce sens spécial doit en effet avoir beaucoup
d'analogie , comme l'a déjk le goût. Mais toutes les plantes
vénéneuses n'ont pas la même odeur ; et odorer ainsi le poi-
son quel qu'il soit, ce n'est plus mettre en jeu le même sens
que celui par lequel on perçoit les parfums.
Ici on peut conclure des résultats ^ la cause; ailleurs c'est
au contraire par l'existence de Torgane qu'on peut juger de
sa fonction. C'est ainsi, par exemple, qu'on trouve chez
beaucoup d'insectes des organes qui , par leur forme et leur
composition, doivent évidemment être sensitifs; et comme
ils ne sauraient renfermer aucun des cinq sens connus , il
devient très-probable que ce sont des sens spéciaux que
nous ne possédons pas. Tels sont les filets coniques multi-
articulés, dont il sera parlé plus tard, que les Forbicines^ les
Taupes^G filions et une foule d'autres insectes portent à
l'extrémité postérieure de leur corps. Ces filets recevant,
ainsi que je l'ai constaté , des branches nerveuses infiniment
plus volumineuses que celles de tous les organes non sensi-
tifs de même volume; et leur composition ne permettant
pas d'admettre qu'ils servent k une fonction autre que celle
d'un sens , on est en quelque sorte obligé de les considérer
comme servant h la perception de quelque sensation , dont il
est toutefois impossible d'indiquer la nature.
Il en est de même des Palpes des Insectes , tant maxil-
laires que labiaux , organes qu'on a bien considérés comme
le réceptacle du goût; mais j'ai fait voir dans un de mes
ouvrages qu'il est impossible qu'il servent à cet usage. En
effet , tout organe du goût doit nécessairement se trouver en
contact avec les aliments au moment où l'animal les reçoit
CUAPLTAB 11. 53
daDs sa bouche; or dans beaucoup d*insectes, et notamment
chez les Lépidoptères et les Muscides, les palpes se trouvant
au dehors de la trompe , fort éloignés de rorifice de cet or-
gane, les liquides dont ces animaux se nourrissent n'y
touchent jamais. On pourrait penser qu'ils servent au sens
de Todoraty qui serait ainsi réparti sur trois organes diffé-
rents, les Palpes maxillaires^ les Galea et les Palpes la-
biaux; et il est en effet plus probable que le goût réside
dans les parois de la bouche où se distribuent de forts troncs
nerveux, ainsi que je l'ai constaté.
Quant aux Antennes^ on 'a généralement admis que c'é-
taient les organes du toucher des animaux articulés; mais
j'ai également fait voir dans mes ouvrages précédents que
cela n'était pas possible , vu que beaucoup de ces animaux
ne touchaient jamais les corps avec ces filets multiarliculés
de leur tète; et j'ai avancé Topinion qu'il était plus probable
qu'ils remplissaient les fonctions A' Oreille, organe du reste
inconnu chez les insectes, tandis que par leur forme et leur
disposition ils pouvaient très -facilement se mettre en har-
monie de vibration avec l'élément ambiant, et transmettre
ainsi les sons au cerveau par l'entremise des nerfs extrême*
ment gros qu'ils renferment; nerfs qui pour cette grosseur
même ne peuvent servir qu'à un sens. Il serait cependant
possible aussi que les Antennes fussent les organes de 10/-
faction , vu que les individus qu'on en a privés ne se dirigent
plus vers les objets dont l'odeur les attire habituellement. Ce
qui ressort de l'expérience suivante : les mâles du Bombyx
diipar, papillons d'une extrême vivacité qui recherchent leurs
femelles avec la plus vive ardeur, et les découvrent facilement
dans les lieux les mieux cachés où elles se trouvent, ce qui
prouve que le sens de l'odorat est très -subtil chez eux , de-
viennent tout à coup complètement indiflérents pour cette
recherche, même à la plus petite distance, lorsqu'on enduit
leurs antennes d'un vernis qui, empêchant l'accès de l'air,
le$ rend incapables de remplir leur fonction olfactive. Mais
54 THitoLOOIB DB LA NATUEB.
si les tnlennes sont les organes de l'odorat, k qael sens ser-
vent les Palpes? Il est évident que ce sont des organes sensi-
tifs , la grosseur énorme des nerfs qui y pénètrent ne permet
pas d'en douter.
Mais quel que soit le nombre des sens dont la Providence
a GRATIFIÉ tel ou tel animal , il n'en est pas moins certain
qu'elle les leur a accordés en conséquence de la faculté
qu'elle a mise en eux de discerner leur individualité de tout
autre objet; car ce n'est que par ces mêmes sens qu'ils sont
en état d'apprécier cette différence.
Avant d'aller plus loin dans l'enchaînement des eon-
séquences par lesquelles la Sagessr éternelle a si sa-
vamment établi des organes aussi admirablement compliqués
que l'observation nous fait connaître dans les animaux ; je
dois, pour être plus facilement compris des personnes peo
versées dans la connaissance de Tanatomie et de la physio-
logie, faire connaître en peu de mots comment les ani-
maux arrivent k cette connaissance du monde extérieur.
C'est, ainsi que je l'ai déjk dit, dans l'immense appareil du
Système nerveux que réside cette éminente faculté qui dis*
lingue les Animaux des Plantes. Il est formé dans V Homme ^
ainsi que dans tous les Mammifères, que je prends ici pour
exemple , et d'ailleurs chez tous les Animaux vertébrés , d'un
organe central fort compliqué , nommé le Cerveau , remplis-
sant toute la cavité du crâne. C'est dans cet organe que se
trouve , ainsi que le prouvent l'observation et l'expérience, le
siège de l'Être intellectuel qui anime chaque individu en par-
ticulier-, c'est du moins Ik qu'est le centre d'action d'oà fl
agit sur tout le reste de l'organisme. C'est-k-dire que c'est
par l'intermédiaire du cerveau , qui lui sert d'instrument
immédiat, que l'Être intellectuel agit sur tous les organes»
sans que, du reste, nous puissions savoir comment cette
action a lieu ; ce moyen , qui restera , ainsi qu'une foule
d'autres éternellement inconnu aux hommes, étant de beau-»
coup au-dessus de Tintelligence humaine; aussi ne pouvons-
6HAP1TAI II. 56
11008 considérer eelte action que simplement comme nn faii
démontré par les résultats , sans espoir de pouvoir jamais
l'expliquer.
Cet organe central du système nerveux produit dans sa
partie infrapostérieure un gros prolongement en forme de
tige impaire, mais symétrique k droite et k gauche, connue
sous le nom de Moelle épinière , descendant dans un canal
osseux ménagé k cet effet dans TÉpine du dos.
De la base du cerveau et tout le long des côtés de la
moelle épinière , partent ensuite une quarantaine de paires
de branches de même nature, constituant les Troncs ner^
veux primitifs (i) qui vont, en se ramifiant plus ou moins,
se distribuer dans toutes les parties du corps, au point
que pas une, même la plus petite, en soit complètement
dépourvue. C'est par ces branches de nerfs que 1 agent de
rintelligence porte l'action de la trie inlelleeluelle dans tout
l'organisme et perçoit les impressions sensitives. Ces nerfs
se distinguent ainsi déjà par là en deux catégories : ceux de
Tune t ou les Nerfs sensiiifs , transmettent au cerveau les im-
itassions que les corps étrangers font sur eux , afin de les y
soumettre au jugement de l'Intellect ou du Jlfot; tandis que
par ceux de la seconde catégorie ou les Nerfs moteurs ^ ce
dernier réagit au contraire sur les organes capables de mou-
vements pour les faire agir, en raison de la détermination
qu'il a prise ; mais il n'existe du reste aucune différence ap-
préciable entre les deux espèces de nerfs , dont les rameaux
sont le plus souvent confondus sous les mêmes tuniques.
Pour faire mieux comprendre cette double action, je me
permettrai ici une comparaison qui me parait fort juste ; en
disant que tout l'organisme est semblable k un état politique
dont le chef ayant son siège dans la capitale, envoie ses
(1) U n« faut pas confondre, coinme le fait le vulgaire , les nerfi avec les
tendons, cordes blanches et coriaces qui terminent les muscles. Les nerfs
sont également blancs , mais plus jaunâtres, et mous comme le cerveau dont
Ib sont les prolongements.
^ I
56 THÉOLOGIE DB LA NATURE.
ordres daos toutes les directions par les fils des télégraphes
électriques Jasque dans les provinces les plus éloignées, et
en reçoit par les mêmes moyens les dépêches d*après les*
quelles il se délermine. Il en est de même pour TËsprit qui
a son centre d'action dans le cerveau , d*oJi il envoie aux
organes, au moyen d'un fluide (nerveux) qui les parcourt,
Tordre d'agir de telle ou telle façon ; et en reçoit de même
le signalement des impressions que les organes des sens ont
reçus. Cette comparaison entre les deux appareils est même
d'autant plus juste, qu'il existe en réalité la plus grande ana-
logie entre les fluides galvaniques et nerveux.
C'est par cette double voie nerveuse que s'exécutent
toutes les fonctions organiques dont l'individu a conscience.
Si un objet quelconque agit sur une partie du corps, et
que son action puisse être défavorable, l'organe du sens qui
y réside le signale à l'instant au cerveau qui réagit, si l'Esprit
le trouve convenable, en envoyant par les nerfs moteurs
Tordre k tel organe d'agir en conséquence de cet effet.
Mais on conçoit toutefois que les fonctions organiques
qui peuvent s'exercer sans que l'individu en ait conscience,
ne devaient par là même point être soumises à la volonté
chez les Animaux , vu qu'ils n'ont pas à y intervenir ; et de
ce nombre sont celles dont les analogues existent également
dans les Plantes, telles que V Absorption, la Circulation et
surtout Y Élaboration des sucs nutritifs^ qu'on nonmie chez
les Animaux plus particulièrement la Sanguificaiion. Et en
efiet , toutes ces fonctions ont lieu sans que Tanimal en ait la
moindre connaissance; et cela non -seulement parce que
c'est inutile , mais surtout parce que le sentiment qu'il
EN AURAIT POURRAIT DEVENIR UNE CAUSE DE TROUBLE, aiusi
que cela arrive quelquefois dans certaines maladies, comme,
par exemple, lorsque les pulsations du cœur et la très-grande
agitation du sang deviennent sensibles et par là douloureuses.
Aussi la Nature créatrice , toujours si admirablement
BONNE DANS SA SUBLIME SAGESSE , a-t-cUe OU offct SOUStraît
CHAPITRB 11, 57
ces fonctions k la connaissance de l'individu , les plaçant sous
rinfluence d*un second système nerveux connu dans les ani-
maux supérieurs sous le nom de Système nerveux êympa-
thique ; qui doit avoir son analogue chez les végétaux , quoi-
qu'il y soit encore complètement inconnu. Je dis qu'il est
probable qu'il existe aussi dans les plantes , vu que l'agent
de la vie de développement doit y avoir son siège dans un
système d'organe quelconque, par lequel il agit comme dans
les animaux sur tous les autres organes pour leur trans-
mettre sa puissance viviflante.
Dans les Animaux vertébrés , le Système sympathique est
formé d'une chaîne de petits renflements nerveux ou Gan^
gtioiis 9 situés de chaque côté de la colonne vertébrale, le long
du cou , ainsi que dans l'intérieur du thorax et de l'abdomen ;
et réunis par des filets de même nature, allant des uns aux
autres. De ces ganglions plus ou moins nombreux , selon
Tespèce de l'animal , partent ensuite de nombreux rameaux
nerveux , se rendant dans tous les organes , dont la fonction
est soustraite à la conscience de l'individu , pour y porter l'ac-
tion de la vie proprement dite ou de pur développement, vie
qui existe aussi dans les végétaux , et qu'on désigne sous le
nom de Vie automatique , pour la distinguer de celle que les
animaux possèdent en plus , et qu'on appelle de là la Vie
animale ou de relation.
Pourvus du pouvoir de distinguer leur individualité de
tout ce qui ne lui appartient pas , et de reconnaître dans les
autres Êtres de la nature quelles sont plusieurs de leurs pro-
priétés spéciales, les animaux ont par cela même été suscepti-
bles d'être doués encore d'un grand nombre d'autres facultés
impossibles chez les plantes ; et d'être ainsi élevés à des de-
grés fort différents de complication , avec un grand nombre
de qualités qui en dépendent; et c'est en effet dans ces in-
nombrables formes et conditions d'existence des animaux
que l'étude de la zoologie fait connaître que nous trouvons
ainsi matériellement non-seulement les preuves les plu5
58 THBOLOGIB DB LA MATURI.
évidentes qu'une Intelligence suprême , toute-puissante ,
A PRÉSIDÉ A l'organisation DE CHAQUE ESPÈCE ANIMALE ,
jusqu'à la plus MINIME , QUI ÉCHAPPE DE BEAUCOUP A NOTRE
vue; mais encore que cette même puissance a partout
ÉTABLI LA PLUS SUBLIME HARMONIE ENTRE TOUTES LES FONC-
TIONS POUR LES FAIRE LE MIEUX CONTRIBUER AU BUT FINAL
QUE CHACUNE DE CES ESPÈCES DOIT ATTEINDRE , SUivaut le
degré de l'échelle zoologique auquel il a plu au Très-Haut
de la placer, en montrant partout que, dans sa toute- puis-
sance, le Créateur est resté admirablement conséquent dans
les principes immuables qu'il a établis dans sa haute sagesse
et son INEXPRIMABLE BONTÉ.
En effet , par cela même que la Nature créatrice a formé
un nombre infini d'espèces animales destinées k peupler le
monde, sous la condition de naître et de se développer; elle
a dA aussi , sans tomber dans des inconséquences k l'égard
de ses propres lois , les préserver autant que possible de tout
ce qui aurait pu amener leur prochaine destruction. Quant
aux plantes. Êtres laissés, à un degré inférieur, h l'état pu-
rement passif, la destruction des individus ne put être pré-
venue que par la faculté qui leur fut donnée , ou du moins
à la plupart, de pouvoir facilement régénérer les parties de
leur corps qu'une circonstance quelconque leur ferait perdre ;
ou bien aux plus faibles, de pouvoir céder h la puissance qui
menace leur existence, pour reprendre ensuite leur condition
primitive, favorable à leur existence, sitôt que la cause des •
tructive disparaît ; ou bien encore en lui résistant par sa force
d'inertie. Chez les animaux , au contraire , doués de la con-
science de leur existence, les moyens d'éviter leur destruc-
tion purent être en partie laissés à leurs propres soins, en leur
accordant la faculté de fuir le danger sitôt qu'il s'en senti-
raient menacés. Cela était non-seulement une conséquence
du principe de la conservation de leur individualité, mais
encore, une conséquence de la bonté du Créateur; vu que
l'existence de ces Êtres sensibles eût été une condition hor-
CHAPITRE II. 89
rible , Bi en leur donnant le sentiment du mal il les eût lais-
sés dans rimpossibilité de se soustraire aux innombrables
causes de souffrance et de destruction dont ils sont constam-
ment menacés.
En effet, cbez tous les Êtres dont l'animalité est bien con-
statée , on trouve le pouvoir de la Locomotion par lequel ils
ont au moyen d'une détermination qui leur est propre, et
qu'on nomme la Volonté , le moyen de changer en tout ou
du moins en partie de place, afin d'éviter le danger dont ils
se sentent entourés. Ce mouvement volontaire n'a d'ailleurs
pas été seulement accordé aux animaux pour leur permettre
de fuir les sensations désagréables, mais encore en vtfi
d*un nombre considérable d'autres facultés principales on
secondaires, dont j'aurai k parler ; d'où la locomotion de*-
vient nne des conditions les plus éminentes de leur exis**
tence; aussi l'appareil au moyen duquel elle s'exéoute
constîtue*t-il d'ordinaire , la plfts grande partie de la masse
du corps des animaux.
Or la Nature , toujours si parfaitement conséquente dans
tout , a non-seulement accordé à tous les Animaux cette fa-
culté de pouvoir éviter ainsi par leurs mouvements ce qui
pourrait contribuer k leur être défavorable ; mais pour mieux
assurer encore la persistance de leur être , elle leur a de plus
inspiré le sentiment instinctif de Thorreur de la mort;
sentiment dont ils suivent les conséquences sans en conce^
voir le but, vu que chez tous» l'espèce humaine exceptée,
Tabsenee de la raison ne leur permet pas de connaître et
d'apprécier ce que c'est que la privation de la vie ; horreur
que l'homme éprouve d'ailleurs également sans pouvoir s'en
rendre compte, I'Instingt qui l'inspire ilant un penchant
naturel , tnné, qui le porte comme les animaux à tel ou tel
acte $ani qu*il en connaisse la conséquence finale. C'est ainsi
que le Poussin qui vient de naître fuit avec frayeur devant
l'oiseau de proie qui traverse l'air, tandis qu'il ne manifeste
•aeuM crainte lorsque l'oiseau est inoffimsif. C'est également
W théouh;ie dk la matuae.
par le même sentiment instinctif qu'en général tous les ani-
maux faibles fuient non*seulement devant leurs ennemis na-
turels , mais encore par le seul effet d*uu ^simple bruit qui
semble annoncer le danger, pendant qu ils ne manifestent au
contraire aucune appréhension a l'approche de tout Être dont
il n*ont rien de mal k attendre. C*est encore par instinct que
les oiseaux organisés pour la nage se lancent hardiment
à l'eau à peine qu'ils sont nés, sans crainte de s*y noyer,
tandis que les autres n'osent pas se mouiller les pieds. EnGn
tous les animaux connaissent, par le même sentiment inté-
rieur, Tespèce de nourriture qu'ils doivent prendre , en évi-
tant soigneusement celle qui pourrait leur nuire ; et beau-
coup sont même si intimement attachés, par ce même
instinct, h telle qualité spéciale d'aliments, qu'ils se laisse-
raient plutôt mourir de faim que d'en prendre d'autres pour
lesquels ils ne se sentent aucun penchant , aucun appétit.
Cela existe surtout chez une foule d'Insectes , tel que le Ver
à soie y qui ne mange que la feuille du Mûrier, et, par le
grand besoin , celle de la Laitue et de la Scorsonère. C'est
par le même instinct encore que les animaux , à l'état libre
ou sauvage, reconnaissent les individus de leur espèce avec
lesquels seuls ils s'accouplent , pour la perpétuation pure de
leur race.
En thèse générale , c'est en accordant aux animaux cette
étonnante faculté de l'Instinct, que l'Intelligence suprême
leur a indiqué ce qui peut leur être favorable ou nuisible^
sans qu'ils aient besoin de créer aucun moyen nouveau
d'arriver à leurs fins^ et surtout sans avoir besoin de chercher
à connaître les rapports fut peuvent exister entre plusieurs
faits (ces rapports étant indiqués par le penchant instinctif
lui-même), sans que l'animal en tire aucune conséquence,
prenne aucune détermination et forme aucune volonté ;
ces derniers actes dépendant de Y Intelligence dont tous les
animaux sont plus ou moins doués ; faculté que beaucoup
de personnes , et même des Philosophes , ont souvent con*
CHAFITRB II. 61
fondue avec rinstinct , en mêlant les faits relatifs à l'un k
ceax dépendant de Vautre ; t I'Intblligenge étant la Puis-
sance de TEsprît par laquelle il apprécie Importance d'un
ou de plusieurs faiis , d'après les circonstaneee dans les-
quelles ils ont lieu ; d'en déduire les rapports , et se diter-
miner à leur sujet, suivant ces conséquences ^ afin de prendre
une volonté dagir^ et de gréer les motens d'exécuter cette
dernière^ pour arriver au résultat définitif auguel on veut
pa^^venir. »
Enfin < la Raison , attribut de l'homme seul , est cette
même intelligence appliquée à des faits abstraits^ degré émi-
nent auquel les animaux ne sauraient parvenir (1), » ou du
moins bien difficilement.
D'après la définition que je viens de donner de Fintelli-
gence, on conçoit que cette faculté doit varier considérable-
ment, suivant le nombre de faits que l'animal peut embrasser
à la fois , le degré d'importance qu'il est susceptible d'y atta-
cher, la diversité des circonstances qu'il peut concevoir, l'é-
tendue des rapports qu'il reconnaît entre les faits, h justesse
des conséquences directes ou indirectes qu'il est capable d'en
tirer, et enfin suivant le degré iUmagination qu'il a pour
créer les moyens qui doivent le conduire au résultat désiré.
c En a|>plîquant ce que nous venons de dire k l'homme
même, qui est essentiellement doué d'intelligence, nous
trouvons chez les divers individus , déjà toute la différence
que nous venons de signaler, et nous la retrouvons égale-
ment chez les animaux, mais à des degrés beaucoup moins
élevés,
> L*homme se distingue ensuite principalement de la
brute , par la Raison ou la faculté de pouvoir tirer des con--
{%) Voyei , pour les déHnltions de TlnsUnct , de rintelllgence et de la Rai-
ton, mea Considérât, génér. nir VAnat. eovup. dit Anim, ortie, » page 380,
1826. Ces définitions ont été adoptées par M. JouaDAN dans son DictûmMire
dei termes usités dans les sciences naturelles, 1834, mais sans indiquer
la sooree où il les a prises.
tS llrfOLOGR ra U MATURB.
siquencis lei unes des auire$ jusqu'à TinCni; de s^iUver
aimi à des considérations abstraites ^ et de peser des faits
qui ne tombent pas sous les sens, tandis que Fanimal ne
peut guère tirer qu*une seconde eonséquence d'une première,
et peut-être jamais une troisième d'une seconde, ce qui de-
vient déjà abstrait.
L'observation nous laisse entrevoir que la Nature a suivi
k regard des facultés intellectuelles et instinctives , de mène
que dans les modes d'organisation , des gradations très-éten-
dues dans la série des Êtres, depuis les Végétaux qui sont
entièrement privés de l'une et de l'autre de ces facultés, jus-
qu'à l'espèce humaine qui s'élève aux conceptions les plus
transcendantes de la raison.
» Â mesure que l'intelligence diminue chez les animaux ,
la Nature y a suppléé par Tinstinct, sans que ces deux facultés
se trouvent précisément en raison inverse Tune de l'autre
chez la même espèce; elle en a au contraire considérable-
ment varié retendue , suivant les conditions dans lesquelles
chaque animal a été placé. »
Ces deux facultés, destinées à se suppléer réciproque-
ment , ont la plus grande influence l'une sur l'autre ; l'instinct
étant un penchant inné , agit sur les actions comme cause
primitive, et l'intelligence comme cause modifiante. D'une
part, cette dernière se trouvant plus ou moins en opposition
avec les penchants, leur cède souvent, et perd ainsi de son
énergie; et d'une autre, l'instinct déterminant l'intelli*
gence à se porter sur un sujet plutôt que sur un autre , lui
prête sa puissance et lui donne par là une plus grande force;
et rintelligenee , à son tour, régularise, modifie, développe
ou domine, suivant les circonstances, les impressions four-
nies par l'instinct : et c'est surtout chez l'homme que cette
influence est la plus grande, et que les modifications senties
plus nombreuses d'un individu à Tautre.
Nous avons vu un peu plus haut , en parlant de la difie-
rencequi existait entre les Plantes et les Animaux, que les
CHAfini 11. 63
fonctions inhérentes an Système nenreux pouvaient être dis-
tinguées en trois classes : les Automatiques qui ê'exicutent
$an$ la partieipaiiim de la volonté de Vindividu , et dont il
n'a pas eonicienee] les Sbnsitives passives qui i^exéeulent
$an$ $a volonU , maie dont il a connaissance , et par les -
quelles il est mis en relation avec le monde extérieur, et
enfin eellei dont rexicxition dépend exclusivement de la vo-
Umié de F Animal^ ou les Facultés locomotrices , celles des
Sbms actifs et les Facultés intellectuelles.
Ces trois grandes fonctions sont exécutées d'une manière
k jamais inconcevable pour l'intelligence humaine par le
Système organique nerveux ^ dont le centre d'activité est,
ainsi qu'il a déjà été dit, dans l'Encéphale , nommé vulgai-
rement le Cerveau y qui n'est que sa partie principale, et
placé dans le erftne chez tous les Animaux vertébrés ; mais
il est toutefois fort probable que la faculté locomotrice ré-
side aussi, du moins en partie, dans la Moelle épiniére,
prolongement raehidien de l'Encéphale; et nous avons éga-
lement vu que c'est au moyen des Nerfs , nombreuses rami-
fications qui se rendent de ces parties centrales dans tous
les organes , que ceux-ci sont mis en action ; nerfs qui se
distinguent de lli, par leurs fonctions mêmes , également
en trois classes , les automatiques , les sensitifs et les mo-
tmr$ ou volontaires.
Le Cerveau y centre commun de ces trois espèces de nerfs,
ne constituant qu'une masse, dans laquelle ces trois fonc-
tions ne sont pas localisées , ou dont plutôt le centre spé-
dtl de diaeune n'est point encore connu comme tel , quoique
ee viscère soit divisé en plusieurs parties bien distinctes , les
Anatomistes n'ont considéré jusqu'à présent ce viscère que
simplement comme un tout, dans lequel ils ont unique-
ment cherché à déterminer, autant que possible, quelles
étaient les parties qui pourraient être considérées comme le
siège spécial de telle ou telle faculté en particulier; recher-
ches où l'on n'est encore arrivé qu'à des opinions plus ou
(U THÉOLOGIE DB Là RATDRE.
moins hypothétiques, et par suite fortement controversées
entre les Naturalistes. Cestde Tensembledeces hypothèses,
admises comme plus ou moins fondées, qu*est née la
science de la Phrénologie ou Système de Gall , par laquelle
on a pensé pouvoir recounaitre Téminence des facultés de
chaque individu, d'après le développement que prend telle
ou telle partie du cerveau , et qui se traduit à Textérieur par
les dimensions et les saillies du crâne; système qui parait
être vrai dans ses principes généraux, mais bien évidem-
ment faux dans à son application , en tant que donnant k
connaître les facultés de chaque personne ; objet sur lequel
j'aurai k revenir ailleurs (1).
Enfin d'autres nerfs encore , constituant le Système du
Grand Sympathique , dont il a déjà été parlé , forment de
chaque côté de la colonne vertébrale un tronc commun s'é-
tendant depuis le dessous de la tête jusque vers la partie
postérieure du corps , en se reliant au cerveau et k la moelle
ëpinière par diverses branches decommunication ; en même
temps que d'autres troncs nombreux se distribuent spéciale*
ment aux viscères dont les fonctions sont soustraites à la
volonté et au sentiment.
Quoiqu'il résulte de ce qui vient d'être dit que le système
nerveux préside k quatre classes de fonctions différentes; les
automatiques y les volontaires ou locomotrices^ les sensitives
et les intellectuelles , ces fonctions peuvent toutefois être ra-
menées k deux principales : celles qui s'exercent sans la con-
science de l'individu (les Automatiques), et qu'on retrouve,
autant que nécessaires aussi chez les Végétaux; et celles
dont l'individu a conscience, et qui distinguent essentielle-
ment les Animaux qui seuls en sont pourvus, des Plantbs
qui en sont privées. Les premières de ces fonctions parais-
sant avoir, ainsi qu'il a été dit , exclusivement leur centre
d'action dans le Système nerveux ganglionnaire ou du Grand
(1} Voyez la note n* 28.
CHAPITRE n, 65
Sympathique , et les secondes , le leur dans Y Encéphale et
la Moelle épinière , ces deux derniers formant ensemble le
système cérébro-spinal ou céphalo-rachidien.
. Le système nerveux, qui préside k toutes les facultés
fonctionnelles des autres appareils du corps, est, du reste,
comme ceux-ci, soumis à certaines lois d*organisation
desquelles dépendent sa disposition, sa forme et les fonctions
spécialement propres à chacune de ses parties; lois dont j*ai
déjà formulé les plus essentielles dans mes ouvrages
précédents (1), et montrant que le nombre et la (grosseur
des divers troncs nerveux dépendent toujours de la fonction
des organes auxquels ils se rendent; c*est-k-dire que les plm
forts sont destinés aux organes des sens ; ceux d'une grosseur
secondaire , atijc muscles volontaires ; et les plus faibles , aux
organes automatiques. Cette grosseur des nerfs dépend en
outre d*autres causes qui influent sur elle; de manière que
cette première loi générale , que je viens d*indiquer, semble
éprouver d'assez nombreuses exceptions.
« Dans les organes des sens , la grosseur des nerfs paraît
être en outre en raison inverse de la densité de V agent qui
doit être perçu; et comme la lumière est le corps le plus
subtil dont Tanimal doit distinguer les variations, ce sont,
toutes choses égales d*ailleurs , les yeux qui reçoivent les
nerfs sensitifs les plus forts. »
c Les nerfs de la seconde grosseur sont généralement
ceux des Antennes^ organes que je regarde comme renfer-
mant le sens de Touie (et peut-être celui de Todorat , ainsi
qu'on la vu plus haut); viennent ensuite ceux des Palpes
maxillaires et labiaux y qui paraissent les uns et les autres
servir à un sens qui n'est pas connu. Les nerfs mandibu--
lairesj dans lesquels réside en partie la perception du goût,
ont une grosseur moins forte encore; les Pattes ^ comme
organes du toucher proprement dit, reçoivent des nerfs
(1) CoMidératûms génér, tw VÀnat. comp, det Anim. artic, p. 361, 1828.
I. S
M TEéOLOaiB M LA NATURI.
très-considérables. Enfin, la Peau, organe do toncher
général, ne reçoit que des branches nerveuses extrêmement
faibles chez toutes les espèces dont les téguments sont
solides, ce sens devant y être nécessairement plus obtus. »
< Le$ nerfs des sens sont en second lieu toujours propor-
tionnés au volume de V organe auquel ils se rendent , et leur
grosseur est en outre relative à la plus ou moins grande
complication de l'organe comparé à ses analogues d^une
espèce à Vautre, »
« Enfin ^ la grosseur des nerfs des sens doit naturellement
être en rapport avec le degré de sensibilité de V organe comparé
d'une espèce à Vautre. »
« Quant aux muscles qui reçoivent toujours un grand
nombre de troncs nerveux, comme formant la masse la plus
considérable des organes , de la vie de relation , leurs nerfs
sont , d'une part , proportionnés au volume des muscles , et
de l'autre, ils sont en raison de leur activité. À masses
égales , ce sont en conséquence les muscles les plus exercés
qui reçoivent les nerfs les plus forts. »
< Les organes automatiques ne reçoivent que de très-
faibles troncs nerveux , dont les plus forts se rendent dans
les muscles respiratoires , mixtes entre ceux de relation et
ceux de la vie automatique ; ceux de seconde force se rendent
dans les muscles automatiques proprement dits , et ceux de
troisième grosseur se distribuent aux organes secrétaires ;
la grosseur de ces nerfs est en outre proportionnée, comme
dans les appareils de la vie de relation , au volume et \
l'activité des organes. »
< D'après ce que je viens de dire , on conçoit qu*on ne
peut pas juger de la nature des organes par la grosseur des
nerfs qu'ils reçoivent, en ne considérant exclusivement
qu'une seule des causes que je viens d'indiquer, vu qu'ils
ne se trouvent jamais sous l'influence d'une seule d'entre
elles. >
C'est, ainsi que je l'ai déjà dit plus haut, dans cet
cbàpithb 11. 67
onyrage, par les facultés inhérentes au système nerveux
cérébro-spinal , que les animaux se mettent en rapport avec
les objets extérieurs; c'est-k-dire qu*une partie des nerfs de
ce système , on les semitifê , a la faculté de recevoir les im-
pressions que ces objets font sur le corps , et de les trans-
mettre a la partie centrale du système pour les soumettre au
jugement de Tindividu ou du moi qui y réside, lequel réagit
ensuite de son cdté sur le monde extérieur au moyen de
divers organes du corps , qui reçoivent leur activité des nerfs
moteurs , afin de prendre les dispositions que ce même moi
juge convenable.
Cette action, qui a lieu dans les êtres organisés pour faire
exécuter k chacune de leurs parties les fonctions qui lui
sont propres , ne dépend exclusivement , suivant les Philo-
sophes tnatérialisieê y que des propriétés inhérentes à la
partie matérielle des organes , et surtout du système nerveux,
agissant en conséquence uniquement comme corps bruts ,
conformément aux lois qui régissent ces derniers , vu que
cette action ne peut être , suivant cette opinion , que l'effet
des propriétés des substances inorganiques ou minérales qui
entrent dans la composition des organes.
Les Philosophes spiritualistes , au contraire , ne pensent
pas que les facultés vitales , et surtout les intellectuelles ,
puissent être le résultat de la combinaison pure et simple
des propriétés physiques et chimiques propres à la matière
brute , et croient de là devoir admettre qu'outre ces dernières
propriétés, les Êtres organisés possèdent encore un principe
spécial , cause de la vie , duquel dépendent les phénomènes
qu'on leur voit produire, soit en eux-mêmes, soit dans leurs
relations avec le monde extérieur, principe qui, ne tombant
pas directement sous les sens et n'étant connu que par ses
effets , est considéré par Ih comme immatériel et ne rési-
dant dans ces Êtres que pendant un temps déterminé , celui
où ils vivent , et disparait pour toujours lorsque les condi-
tions qui le lient au corps cessent d'être remplies , laissant
GS THÉ0L06IK DE LA NATURE.
ce dernier îi l'état mort, en proie aux influences des pro-
priétés physiques qui agissent alors seules sur lui , comme
sur la matière brute, dont il ne diffère plus.
c Ce principe immatériel, admis par la plupart des
Philosophes, même déjà de la plus haute antiquité, a reçu
diverses dénominations; et chacun , cherchant à le définir k
sa manière, et à faire concevoir comment il agit sur la
partie matérielle du corps , il en est résulté une telle confu-
sion qu*il est souvent difficile de comprendre ce que chacun
a voulu dire, quoiqu'on voie que tous ont d'ordinaire bien
conçu son existence. Les plus anciens Font appelé Ame, du
grec anémos (souffle), terme par lequel on a voulu exprimer
sa nature éthérée , immatérielle ; d'autres Tout nommé Es-
prit du latin spirilus, pour exprimer son extrême subti-
lité; et d'autres encore, plus modernes, ont admis en. outre
un second Être qui anime la matière, et auquel ils donnèrent
le nom d'ÀRCHÉE, pris du grec, qui signifie Force , Prtn-
dpe , Origine , Puissance , Cause première.
D'après son étymologie, cette Archée fut d*abord consi-
dérée comme un agent universel agissant dans tous les
corps, et plus spécialement dans les plantes; mais plus tard
on Tadmit aussi dans les animaux comme principe de leur
vitalité, et surtout par Van Helhont, qui le considéra
comme un Être distinct de l'Ame , et ayant son siège dans
Testomac. »
« Chacun admettant ou rejetant ensuite en tout ou en
partie les diverses croyances avancées à ce sujet, selon
qu'on crut que ces trois principes agissaient ensemble ou
isolément dans les Êtres des trois règnes de la nature, il est
résulté de toutes ces opinions mêlées entre elles , et des
diverses attributions mal définies admises dans ces trois
agents, que personne n'attachait plus k leurs noms au-
cune pensée déterminée. Si Ton examine cependant , d'une
part, l'idée plus ou moins vague que les Philosophes, et
même le vulgaire, attachent k ces dénominations, et si , de
€HAFITRE II. 69
l'autre , on eiamine aussi sous quelles conditions les effets
des principes qui animent les corps se signalent à nos sens ,
on trouve trois dénominations différentes non entièrement
synonynaes, puisqu'on ne peut pas les mettre partout à la
place l'une de l'autre, et aussi trois principaux degrés
auxquels ces agents se manifestent. En effet , tous les Êtres
de la nature , considérés comme simple matière formée de
diverses substances physiques , sont animés d'une Puissance
qui leur est inhérente , par laquelle ces dernières agissent
les unes sur les autres par des actions qu'on désigne sous
les noms d'attraction^ à' affinité^ etc., et dont les effets sont,
ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, la gravitation^
Y adhésion , la réflexion , etc. , lorsqu'il n'y a pas altération
dans les propriétés des substances, et sous celui de combi-
naison quand cette action a lieu de molécule à molécule
avec changement de ces mêmes propriétés ; et c'est sur les
modifications infinies résultant de toutes ces actioos que
reposent entièrement les sciences de l'il^/ronomte , de la
Pht/sique , de la Chimie et de la Minéralogie, Hais comme
on n'a pas besoin, pour se livrer k Tétude de ces différentes
sciences , de connaître la cause des effets qu'on a à examiner,
mais simplement ces effets eux-mêmes ainsi que les lois aux-
quelles ils sont soumis , les Savants n'ont pas cherché ^ la
déGnir, et n'ont pas même jugé h propos de lui donner un
nom dans nos langues modernes. C'est ainsi qu'il suffit à
l'Astronome de connaître la loi de la gravitation universelle
pour déterminer par le calcul tous les effets que les astres
produisent. »
« Or, si l'on examine les écrits des anciens Philosophes ,
on trouve qu'ils comprenaient parfaitement que ces causes
existaient, et quoiqu'ils ne pussent pas en concevoir l'es-
sence, ils leur imposèrent des noms, exprimant non pas
leurs vrais caractères qui étaient inconnus , mais du moins
ceux qui en approchaient le plus. Ainsi , le nom vague
A*Archée , mal limité soit par celui qui l'a le premier pro *
70 TflrfoLocn m la hatitm.
pose , soit par d'autres Tenus après , qui Tout appliqué tantAt
à la cause fondamentale qui agit sur la matière en général ,
tantôt aux causes spéciales qui animent les Êtres organi-
sés , et surtout par Van Helmont , qui allant plus loin en*
core , admettait même des Archées particulières subalternes
jusque dans chaque organe isolément; agents que, dans
son ardente imagination , il a en quelque sorte personnifiés
en leur prêtant des facultés et des passions humaines;
tandis que par son étymologie le nom d'Ârchée doit être
exclusivement appliqué k la cause qui agit dans la matière
brute, la seule acception dans laquelle je remploie. »
c Si nous examinons maintenant les Êtres du règne vé-
gétal , nous trouvons qu'outre les phénomènes dépendant
de ces mêmes propriétés inhérentes k la matière en général ,
et dus k TArchée ou force universelle , ils produisent encore
des effets particuliers qui doivent également avoir leur cause ,
qu'on a d'ésignée sous la dénomination vague de Force tn-
tale; expression qui constitue une définition et non pas un
véritable nom ; et cette puissance ne saurait être la même
que TArchée , se trouvant fort souvent en opposition d'ac-
tion avec elle, en s'opposant, dans une foule de cas, à
Taccomplissement des effets des propriétés chimiques de la
matière qui constitue le corps de ces mêmes Êtres organisés.
Ce principe vital qui anime les végétaux diffère encore de
l'Archée des objets inorganiques , en ee qu'il n*est point
propre k leur substance, mais n'y existe, ainsi que je l'ai
déjk fait remarquer, que pendant un certain temps, après
lequel leur corps rentre entièrement sous l'influence exclu-
sive de cette même Archée ; et Vaetion de ce principe tem-
poraire sur le corps est ce qu'on nomme la Vis (1) , et dont
les effets produits constituent l'ensemble de tous les phéno-
mènes spéciaux que nous observons en eux et qui ne sont pas
dus k l'Archée. La vie n'est donc pas un Êlre^ comme on a
^1) Traité f>rai. et thfi'or. d*Ànat, cowip. , t. Il , p. Î5t>.
GHAPRU ll« 71
souvent yooIq le prouver, et dont on a cherché ^ déterminer
les caractères; et elle n*est pas non plus un effets ainsi que
d'autres semblent l'admettre, mais elle est, je le répète,
simplement Vaction du principe vivifiant sur le corps.
C'est ainsi que Mirabeau (i) dit que : < La Vie est la
wmme des mauvemenU de tout le corps le sentiment et la
pensée sont une partie de ces mouvements; ainsi dans
l'homme mort^ les mouvements cessent comme tous les
ûutres. »
MiaABEAu a évidemment confondu ici la Vie avec quel-
ques-uns de ses effets ; car, lors même que tous les mouve-
ments cessent dans un Être organisé , ainsi que cela a lieu
chez certains animaux congelés en un véritable glaçon,
la vie n'a pour cela pas cessé chez eux ; mais ses effets sont
amplement suspendus , et se reproduisent sitôt que le corps
dégèle. Ensuite, sur quoi se fonde cet auteur pour dire que
le sentiment et la pensée sont des mouvements? Le mouve-
aent est le déplacement d'un objet; or rien ne se déplace
ai dans la penaée ni dans le sentiment; mais il avait à
lépondre d'avance k l'objection , que le sentiment et la
pauée , et il aurait di ajouter encore la volonté , ont aussi
quelque chose de commun avec la vie ; objets auxquels il
iwae très-gratuitement la qualité de mouvements , afin de
les comprendre dans sa déinition ; taudis que ce ne sont que
des formes sous lesquelles les effets de la Ft>, ou comme on
peut dire , Vaction de l'àme se manifeste.
Bichat(2) tombe daas la même faute, tout en approchant
au peu plus de la vérité, en disant : < La Vie est l'ensemble des
fonctions qui résistent à la mort. » Car les fonctions , aussi ,
uesont qm des résultats de l'activité vitale, et non la vie
^Ue-méme; et ajoutant que ces fonctions résistent h la mort,
il fait évidemment de cette dernière un Être ; car on ne
(1) Syjf. de la Sature, 1. 1 , p. 258 , 1T70.
(3) Mteher, phftioh $ur to Vif et la Mùtt, p. U An ViU ri7m\
T2 TUÉOUMIB DR LA NATURB.
résiste pas à rien ; et cependant la mort n'est qu'une simple
négation de la vie. Bichat fait en outre, de Tensemble de
toutes les fonctions , le caractère essentiel de la vie; tandis
que celte dernière peut parfaitement exister, quoique plu*
sieurs fonctions ne soient pas exercées dans le moment;
ainsi , Taveugle et le sourd sont vivants, quoique Tun ne
voie pas, et que Tautre n'entende pas; tout aussi bien que
celui qui ne marche pas , et celui qui ne pense et ne sent pas
dans le sommeil , sont cependant parfaitement vivants. Dire
que dans ces diverses conditions la vie ne se manifeste pas
sous ces formes , ce qui était , au fond , la pensée de ce
célèbre Physiologiste , est réellement vrai ; mais , encore une
fois , ces phénomènes ne sont pas la vie, mais simplement
quelques-uns deses effets.
ViRET , dans le nouveau Dict. d'hist. nat. de Déterville»
dit à Tarticle Vie : « Quelle est cette puissance ificonnue dans
son essence y qui organise , çKt meut , qui répare et perpétue
les innombrables créatures qui peuplent la terre , et qui em^
bellissent les différents domaines de la Nature? c'est la tie , cet
être fugitif que nous n'apercevons que dans ses effets. » Défi-
nition qui est celle de TAme , et non celle de la vie , c'est-à-
dire que Tautenr n'ayant point saisi le véritable caractère
de la vie , tombant dans Terreur contraire \k celle de Mira-
beau et de BiCHAT , Ta tout bonnement confondue avec sa
cause ; car c'est bien TAme qui est un Être et non une Puis-
sance d'une certaine essence qui organise ^ etc., tandis que la
vie n'est rien de tout cela; mais, comme je Tai dit, simple-
ment Vaction de FAme sur le Corps , et n'est pas non plus les
Effets indiqués par les deux premiers auteurs nommés. La Vie
est si bien la simple aciion de Tàme , que sitôt que l'activité
commence . le corps est vivifié ; et à l'instant où elle cesse ,
il est mort ; et là où cette activité est arrêtée sans être détruite,
la vie est suspendue , quoiqu'elle existe encore k l'état latent.
Enfin la Vie est parfaitement à comparer à VEntrain d'une
mécanique, d'une pendule par exemple, dont les rouages
CUAFiTRE II. 73
et les antres pièces représentent les organes du corps; et le
Beutyrt , l'agent vital ou l'Ame. Lorsque ce dernier agit et
met la mécanique en train ou en action , tous les effets de la
mécanique se produisent absolument comme dans les corps
organisés, vivifiés ou mis en activité par Tâme; et l'instru-
ment est vivant k sa façon. Si par le repos forcé du pendule,
ou par une entrave quelconque , les effets sont suspendus ,
la mécanique parait privée de son ressort, absolument
comme un corps en léthargie parait privé de son âme; mais
en réalité , son action n'est que suspendue : c'est comme la
Fie ou l'action de VAme dans la syncope ou dans l'animal
congelé; ou encore dans l'œuf fécondé non encore couvé;
et pour l'un aussi bien que pour l'autre de ces objets ,
l'action recommence , et ses effets se reproduisent aussitôt
que l'entrave cesse.
CuviER (1) devant nécessairement parler de la vie, et ne
pouvant s'en faire une idée qu'il ait pu formuler en une dé-
finition , s'en dispense en avouant k peu près qu'il ne sait
pas ce que c'est, disant : < Ir'idée de la vie est une de ces
idées générales et obscures produites en nous par certaines
suites de phénomènes , que nous voyons se succéder dans un
ordre constant et se tenir par des rapports mutuels. Quoique
nous ignorions la nature du lien qui les unit , nous sentons
que ce lien doit exister y et cela nous suffit pour nous le faire
désigner par un nom que bientôt le vulgaire regarde comme
le signe d'un principe particulier^ qtÀoique en effet ce nom ne
puisse jamais indiquer que V ensemble des phénomènes qui ont
donné lieu à sa formation.
^ » Ainsi notre propre corps , et plusieurs autres qui ont
avec lui des rapports de forme et de structure plus ou moins
marqués , paraissent résister pendant un certain temps aux
lois qui gouvernent les corps bruts , et même agir sur tout
ce qui les environne , d'une manière entièrement contraire à
(1) leçon d'Ànat. eomp. , 1. 1 , p. 1 , 1805.
74 TBOfoLOGIB I» Lk HàTDU.
ces Uns ; nùu$ employons les noms de Vie et de FoRCS vitàlb
pour désigner ces exceptions , au moins ^ aux lois générales.
Cest donc en déterminant exactement en quoi ces exceptions
consistent , que nous fiûoerons le sens de ces mots.
> Considérons pour cet effet les corps dont je viens de
parler dans leurs rapports actifs et passifs avec le reste des
autres. >
Ici le célèbre Naturaliste se contente de faire le portrait
d'une jeune et jolie femme brillante de santé , et lui oppose
ensuite la description de son cadavre en train de se décom*
poser, pour faire voir la différence qui eiiste dans ce cas
particulier enire un Être vivant et le même Être mort ; mais
qu'a-t-il appris par là à qui que ce soit? Tout le monde sait
parfaitement la différence qu*il y a entre une personne
vivante et une personne morte ; même les animaux dis-
tinguent très-bien ces deux états ; et ce savant Naturaliste
a ainsi esquivé la difficullé en parlant de la vie sans rien
dire.
Dans cette espèce de définition, qui n'en est pas une,
CuviER dit qu'il ignore quelle est la nature du lien qui «nit
les phénomènes de la vie ; mais qu'on sent qu'il doit exis*
ter, et que cela suifit pour qu'on lui ait donné le nom de vie»
que le vulgaire a adopté.
Mais c'est bien au contraire le vulgaire, et même déjà
l'homme k l'état de la première barbarie , qui a imaginé de
désigner la vie par un terme que les savants , venus long-
temps après, ont ensuite adopté comme une nécessité;
nom qui , selon Cuvier , ne peut exprimer que Vensemble
des phénomènes qui ont donné lieu à sa formation. Phrase
qui est non -seulement la définition de Bicaat obscu-
rément retournée, en prenant les effets de la vie pour la
vie elle-même; mais qui se trouve en contradiction avec
cette autre partie , où Cuvier dit qu'on emploie les noms de
Vie et de Force vitale , pour indiquer l'exception que pré-
sentent les Êtres vivants à l'égard de la matière brute ; ex-
GHAprmi IL n
C6ptioD qui consiste \k résister aux lois qui gouvernent cette
darnière , opinion également inexacte ; car ce n'est pas la
vie qai résiste k ces effets, mais bien Fàme, cause de la vie,
d'où Ton voit qu'ici , Cuvier confond au contraire la vie avec
sa caase.
Or cette cause de la vie a par d'autres encore été tantôt
nooaoïée Àrchée^ en la confoodant avec le principe universel
que régit la matière brute ; et Amey d'où est dérivé l'adjectif
animé , dont on se sert pour indiquer que ces mêmes Êtres
sont doués de vie. Mais ce dernier nom a également été
donné essentiellement au principe intellectuel qui anime les
Animatkjo^ qui en tirent aussi leur dénomination ; et comme
on a remarqué que la vie des plantes n'est pas la même que
celle de ces derniers , on est tombé dans l'embarras de sa-
voir comment cette Ame pouvait k la fois vivifier les uns et les
antres; embarras qui devient d'autant plus grand que certains
Philosophes considérant l'espèce humaine comme faite k
l'image de la Divinité , et comme seule immortelle, ne veulent
pas même admettre que des Êtres de même nature animent
l'Homme et les Animaux. Ils appliquent en conséquence k
l'agent vivifiant de l'homme exclusivement le nom d'Ame ^
quoique d'un autre côté on emploie aussi son synonyme Es-
prit^ pour désigner le même principe intellectuel de l'espèce
humaine , de manière qu'il reçoit ainsi deux noms ; tandis
qne l'Être vivifiant des Animaux et des Plantes n'en a
aucun. Mais en n'ayant pas égard k ces discussions sur la
simple application des noms, et examinant quelle doit être
lear signification par leur étymologie, et même par l'idée
qu'on y attache généralement ; et considérant enfin quel est
leur emploi dans les corrélatifs qui en dépendent , nous
trouvons que le mot Ame^ qui signifiant souffle ou un
Être éthéré qui anime , emporte l'idée d'immatérialité , c'est-
k-dire que ce nom indique spécialement l'Être qui donne la
vie partout où elle se manifeste ; ainsi dans les Plantes aussi
bien que dans les Animaux ei chez l'Homme lui-même. De
76 THÉOLOdK DE LA RATURB.
cette idée est ensuite né , ainsi que je l'ai déjli fait remarquer
plus haut, le mot animé appliqué k tous les Êtres vivants,
et plus spécialement celui A* Animal, donné comme nom
caractéristique k la subdivision la plus élevée des Êtres phy-
siques de la nature à laquelle Thomme appartient au même
titre que tontes les autres espèces.
c Mais si nous examinons le mot Esprit comme syno-
nyme d'Ame, nous trouvons qu*il n'a pas la même
acception, désignant quelque chose de plus élevé , la partie
la plus subtile d'une chose; et en effet, on n*a jamais dit
V Esprit d*un végétal, pour désigner TÊtre qui le vivifie on
sa force vitale ; on ne Ta même jamais employé pour dési-
gner TAme des Animaux, mais exclusivement pour celle
de THomme. Comme en théologie on admet que THomme
est fait à l'image de la divinité, l'identité d'expression par
laquelle on désigne l'un et l'autre de ces deux Êtres, disant
également Y Esprit de l'Homme et Y Esprit de Dieu, montre
suffisamment que les anciens théologiens ont eux-mêmes
admis tacitement que Yâme humaine devait phis particuliè-
rement recevoir le nom d'Esprit *, car jamais personne n'a
parlé de Y Ame de Dieu, qui n'en a pas, mais bien un esprit, '
n'étant qu'esprit lui-même, l'àme étant d'une essence bien
inférieure k l'esprit divin.
On peut cependant élever ici la question de savoir s'il est
nécessaire d'admettre une différence essentielle entre l'Être
intellectuel de THomme et celui des Animaux ; ou bien s'il
est plus rationnel de penser que tous les animaux sont pour-
vus d'un Esprit, et que c'est dans lui seul que réside la con-
science de leur propre existence ou de leur Moi , conscience
dont les plantes sont privées, comme n'étant animées que par
une Ame ; et si la différence qu'on remarque entre l'Homme
et les Animaux ne dépend pas plutôt du degré plus ou moins
élevé de ce principe intellectuel que de son essence. »
En me servant ici du nom d'Esprit pour désigner l'Être
iiomatériel , seul intelligent , qui donne k l'homme et aux
CHAPITRE II. 77
animaux la faculté de discerner leur corps de tout ce qui
n'est pas lui , je ne fais qu*adopter un terme bien nettement
défini pour cette signification , sans croire pour cela que cet
Être soit de même essence que Dieu, ainsi que cela ressort
de Topinion des Juifs adoptée par les Chrétiens, qui ensei-
gnent dans leur théologie que VHomme est fait à Vimage
du Créateur, qu*on considère également comme un Esprit;
opinion orgueilleuse et éminemment blasphématoire, par
laquelle on rabaisse TÉternel tout - puissant au niveau
de sa créature. Si, pour me faire comprendre, je me sers
du nom à' Esprit, connu de tout le monde ^ comme dési-
gnant à la fois llntelligence divine et TÉtre intellectuel qui
anime THomme et les Animaux , ce n*est point que je trouve
de Tidentité entre eux, mais simplement cette analogie que
Tun et Tautre, aussi bien que VAme et YArchèe, sont des
Êtres immatériels, et que, par cela seulement, ils ne tom-
bent pas sous nos sens.
On peut encore élever la question de savoir, s'il y a une
grande différence entre Y Esprit de rhomme et celui des ani-
maux, et même entre ceux de tous les animaux selon leurs es-
pèces; ou bien, s*il est possible que ce ne soient partout que
des agents de même nature et de même espèce. La première
supposition, tout en multipliant énormément le nombre de
ces agents différents, n'explique pas la diversité des facultés
de Yhomme et des animaux, qui varient à Tinfini dans
la même espèce, et k tel point, qu'il existe des animaux
beaucoup plus intelligents qu'une foule d'hommes; d'où
l'on serait obligé, pour se rendre compte de ce fait, d'ad-
mettre , ce qui est en effet vrai et prouvé par l'observation
de tout le monde, que la manifestation des facultés intel-
lectuelles dépend entièrement de la condition spéciale dans
laquelle chaque individu, homme ou animal, se trouve,
surtout de Tétat de son système nerveux, et plus particuliè-
rement encore de celui du cerveau. Or sitôt qu'on est obligé
d'admettre que les grandes différences entre les facultés
78 TEUS0UM»1B DB LA RATURE.
mtellectoelles des divers hommes, dépend de l'état de ce
viscère, c'est-k -dire , non-seulement de sa composition,
mais encore de sa structure, et surtout de Tétat de perfec-
tion de sa substance même , ce qui a lieu dans ses affections
morbides , on tombe naturellement dans ta seconde suppo-
sition, où Ton admet que Tagent intellectuel est partout le
même; mais que ses manifestations différent infmimenty
suivant Torgane sur lequel il agit immédiatement : supposi-
tion que l'observation et Texpérience confirment parfaite-
ment. En effet , Tobservation et l'expérience prouvent que ,
non-seulement les facultés intellectuelles, mais même les
sensitives et les volontaires , peuvent être considérablement
perfectionnées dans la même personne ou dans le même
animal , par le simple exercice ; en d'autres termes , par
l'éducation; sans que rien soit changé dans l'individu,
sinon l'état physiologique de l'Encéphale , et par lui les or-
ganes auxquels il envoie des nerfs. Que, généralement un
grand développement de l'encéphale est un signe de facultés
plus éminentes ; principe sur lequel est fondé la théorie de
Gall ou la Phrénologie (1) ; mais que toutefois à l'état pa-
thologique, ou même à l'état sain, les cas particuliers dans
lesquels le système nerveux se trouve , et qu'on peut ap-
peler ses qualités , ont une immense influence sur toutes
les fonctions de ce système d'organes , et spécialement sur
celles du cerveau; d'où il résulte que, le même homme,
d'une très -haute intelligence, peut devenir idiot, et des-
cendre par là infiniment au-dessous de la brute , lorsque son
cerveau est affecté de quelque maladie. Voudrait-on pré-
tendre que , vu que cet homme a perdu ses éminentes fa-
cultés d'intelligence et de raison^ TEsprit qui l'animait a
changé? ou, qui plus est, a été remplacé par un autre? Ce
serait une singulière explication , dont l'idée n'est sans doute
jamais venue k personne.
(1) Voyei la note n* 28.
CHOmiB II. 79
Haig si des différences si grandes peuvent exister entre
les diverses personnes, et s'établir par certaines circon-
stances , pourquoi ces différences , et de plus grandes en-
core, ne seraient-elles pas, it divers degrés, normales chez
les animaux? Et cela d'autant plus qu'à mesure qu'on des-
cend dans l'échelle des Êtres, plus le Système nerveux et
spécialement l'Encéphale se modifient en se simplifiant; d'où
résulte que l'Esprit qui anime les divers animaux , agissant
tor un Système nerveux plus ou moins imparfait , ne peut
aussi que très-imparfaitement manifester ses facultés , et faire
penser que ce manque de moyens est une conséquence de
l'infériorité de son essence.
J'ai àéjï comparé dans un autre de mes ouvrages, Y Esprit
qui anime les divers hommes et les animaux , à un artiste
musicien des plus habiles, auquel on donnerait, pour faire
connaître son talent, successivement des instruments de
même espèce, mais fort différents pour la qualité, et ensuite
d'autres encore de plus en plus imparfaits; que produirait-il?
Évidemment les résultats les plus différents ; et , à la fin , une
simple manifestation de son existence. Ici aussi on serait
disposé k croire que les divers effets qu'on entend sont
dus à plusieurs artistes de facultés musicales essentiel-
lement différentes; tandis que ce serait partout le même,
Jouant seulement sur des instruments très-variés , tant pour
l'espèce que pour la qualité. Or c'est ainsi aussi qu'on peut
parfaitement concevoir que l'Esprit qui anime tous les ani-
maux , l'homme comme la brute , soit partout le même ;
mais qu'il ne peut manifester ses facultés qu'en conséquence
de l'organisation du système nerveux sur lequel il agit direc-
tement.
On pourrait encore aller plus loin dans ces hypothèses et
vouloir admettre que même VAme et VArehie ne diffèrent
elles-mêmes pas de YEspril; et que leur manifestation de
pouvoir ne dépend que des conditions dans lesquelles ces
trois agents se trouvent , par rapport aux organes ou à la
80 THEOLOGIE DE LA NATURE.
substance sur laquelle ils agissent. Maïs cela ne parait pas
probable , du moins pour ce qui concerne l'Archée, dont les
propriétés qu'elle manifeste sont fort souvent en opposition
d'action avec les facultés de T Ame, et n*ont aucune analogie
avec celles de TEsprit.
Il résulte de ce que je viens d*exposer, qu'il existe d'a-
bord une puissance universelle ou Archée . inhérente à la
Matière brute, où elle se manifeste différemment par les
effets qu'elle produit, suivant les conditions spécifiques dans
lesquelles se trouvent les molécules élémentaires de chaque
substance, d'où naissent toutes les propriétés physiques et
chimiques de ces Êtres bruts , état qui constitue le Premier
degré d activité de la matière. Que les Êtres organisés, tout
en possédant également cette Archée , avec toutes les pro-
priétés dont elle est la cause, possèdent encore de plus,
une Ame , qui leur donne Tindividualité, et dont Vaction sur
le corps est la Vie : action qui persiste tant que les condi^
tions de l'union entre cette âme et le corps ne sont pas dé-
truites; et que cette âme a, par ses facultés, le pouvoir de
neutraliser, dans certaines circonstances, les propriétés de
l'Archée; en même temps qu'elle préside à toutes les fonc-
tions automatiques , soustraites à la conscience et à la vo-
lonté de l'individu \ et que cette Ame est ainsi, avec V Archée ^
propre aux Végétaux, qui n'ont que cela, et présentent de
là le Second degré d'activité auquel la matière peut s'élever.
EnGn, que les Animaux possèdent encore, de plus que les
Plantes, un Esprit, Être seul intellectuel, qui préside à
toutes les facultés de la vie de relation , dont les végétaux
sont , en conséquence , privés ; facultés dont la plus élevée
est la Raison , essentiellement propre à V Homme; mais dont
certains animaux approchent cependant.
c Quant à la nature de I'Archée , de I'Ame et de I'Esprit,
il n'est point du ressort des sciences de l'Anatomie et de la
Physiologie de chercher k la déterminer; et quoique la Psy*
chologie traite spécialement de leurs facultés, elle ne saurait
CHAPITRE II. 8i
cependant jamais s'élever jusqa'îi connaître Tessence de ces
trois principes qui animent les corps, leur nature devant
probablement rester k jamais inconnue k Thomme, k qui il
suifit de connaître l'action et les effets de ces principes.
» L*Archée réside, de même que dans les substances inor-
ganiques , dans chaque molécule dont se compose le corps
des animaux et des plantes. Quant k Tâme , il paraît, d'après
l'observation, qu'elle a chez les animaux supérieurs son
siège, ou du moins son centre d'activité, dans le système
nerveux sympathique ou de la vie automatique, qui pré-
side, ainsi que nous l'avons vu, k toutes les fonctions sous-
traites k la connaissance du Moi ou de l'Esprit. Ce sys-
tème n'étant pas distinct dans les Classes les plus infé-
rieures, n'y offrant du moins aucuns centres, ni aucun
tronc nerveux connu, y paraît disséminé dans tous les
organes; ce qui semble être aussi le cas dans lequel se
trouvent les végétaux, vu qu'aucune trace d'un système
d'organes, siège du principe vital, n'y a encore été décou-
vert, quoiqu'il doive exister, par la raison que les effets de
l'agent viviOant s'y manifestent. Enfin l'Esprit , exclusive-
ment propre aux animaux, a , ainsi qu'il a été dit, son centre
d'activité dans le système nerveux céphalo-rachidien ; et
chez les Mammifères , plus spécialement dans Y Encéphale^
ainsi que l'observation et l'expérience tendent k le prouver.
Mais cette localisation paraît être déjk moins restreinte chez
les autres Vertébrés, où le centre des fonctions sensitives
et volontaires paraît s'étendre également k toute la moelle
épinière. Enfin, dans les animaux inférieurs, et spéciale-
ment déjk chez les Articulés, où l'encéphale se subdivise
en se distribuant dans toutes les principales parties du
corps, ainsi que nous le verrons plus loin ; il en résulte que
le corps de ces animaux peut être divisé, sans qu'aucune
partie soit de suite privée ni du sentiment, ni de sa force
vitale.
Ce dernier fait est prouvé par cela que plusieurs organes
I. «
M THiOLOGIB DK LA NATURB.
automatiques continuent encore leur action fonctionnelle
pendant quelque temps , quoique Tanimal ait cessé de vivre
C*est ainsi que le cœur des Mammifères , enlevé immédiate-
ment après la mort , puise encore avec force quoiqu'il soit
détaché du système nerveux automatique dont il reçoit ses
nerfs.
En accordant aux animaux les facultés de Tlnstinct et de
l'Intelligence, ces deux tlambcaux de la vie qui doivent les
guider dans leurs actes, il est évident que c'eût été sans
utilité et sans but si ces Êtres n'eussent pas été également
doués de la faculté d'agir par eux-mêmes, conformément
aux déterminations qu'ils sont capables de prendre par ce
même instinct et celte intelligence; aussi aucune espèce
animale n'est-elle privée du mouvement volontaire. Cette
faculté résidant activement dans les organes de la locomo-
tion, dont l'ensemble constitue le vaste Système muscu-
laire, les animaux l'emploient, selon le besoin, dans tous
les actes éclairés par Tinstincl et rintelligence; à cet effet ce
système d'organes se subdivise en un nombre considérable
d'agents spéciaux ou Muscles, dont chacun a en lui-même
la simple faculté de se raccourcir d'une certaine quantité,
sous l'empire de la volonté , pour mettre par Ik en mou-
vement les organes auxquels ces muscles se fixent. Dans
nombre de cas, plusieurs de ces desniers dirigés dans divers
sens, combinent leurs actions pour ne produire qu'un seul
effet comme résultat, et sont susceptibles de modifications,
selon le nombre, la direction et la force de ces organes;
assemblages qu'on appelle plus spécialement des Appareils
musculuLires. Ou bien ils entrent comme puissance dyna-
mique dans la composition de certains appareils organiques.
Pour arriver h ces résultats , le Créateur a résolu un des
problèmes les plus remarquables de la physiologie,. en fai-
sant de chaque muscle un agent de force active, dont la
puissance ne devient réelle que par Teffet de la volonté du
sujet, et cela pour un temps limité, souvent extrêmement
CHAnTRl II. 83
court; mais pouvant se renouveler à tout instant, à des in-
tervalles très-rapproebés.
Chacun de ces remarquables organes forme une musse de
chair (la chair rouge des animaux supérieurs) , diversement
configurée , selon le besoin ; composée d'une infinité de fi-
laments extrêmement fins« variant en grosseur chez les
grands animaux , d'un centième k un cinquantième de mil-
limètre; placés k peil près parallèlement les uns aux autres,
ou convergeant plus ou moins vers le même point où ils se
réunissent Chacune de ces fibres ou élément de muscles ,
est en elle-même douée de la propriété de pouvoir se con-
tracter et de se relâcher sous TinOuence de la volonté, en
persistant dans Fun ou dans Vautre état, tant que cette
même volonté le commande ; sans pouvoir toutefois rester
contracté pendant un temps très-considérable.
Toutes les fibres d*un même muscle , dont le nombre peut
dépasser plusieurs millions, agissant de concert, peuvent,
malgré leur extrême ténuité, produire ainsi une force con-
sidérable que le calcul peut difficilement apprécier, vu que
les données qu'on a pour cela ne sont pas rigoureusement
connues et que la force réelle de chaque fibre varie surtout
beaucoup, et par conséquent celle du muscle entier, suivant
les individus; cette force dépendant déjk de Tétat normal de
ce dernier, puis de son degré d'épuisement par les maladies
ou autres, et varie enfin considérablement par Texercice
modéré qu'on fait faire aux muscles. Il résulte toutefois
d'expériences que j'ai faites sur un simple Insecte de nos
forêts, le Grand-Cêrf tolant ( Lncands Cervus ) , que le
muscle qui sert k rapprocher ses mandilieles en forme de
pinces, peut produire une traction de 6 kilogrammes,
quoique e^ muscle pyramidal, dont la base a environ 9 mil-
limètres de diamètre et la longueur, 8 millimètres, ne pèse
pas 20 centigrammes (1). Or, comme les fibres sont dis-
- - - - - -- — -^ —
(1) Voyeilanote n* n.
84 THÉOLOGIB DE LA MATURR.
posées obliquement autour du tendon, formant Taxe du
muscle, dans la direction duquel cet organe agit; il s*ensuit
que chacune perdant par 1^ à peu près le sixième de sa force
réelle, d*où la somme de toutes ces forces spéciales ou la
puissance effective absolue de tout le muscle est d*enviroD
7,2 kilogrammes ; force prodigieuse pour un si petit organe,
dont la traction serait égale à 36,000 fois son propre poids.
On a formé diverses conjectures sur la cause déterminante
de la contraction des muscles : les uns ont cru voir sur des
animaux vivants, et spécialement sur des Grenouilles (1),
que les fibres musculaires se fléchissaient en zigzag pour
se raccourcir par Ik , et que tous les angles rentrants corres-
pondaient k des anses nerveuses , placées k un centimètre de
distance Tune de Tautre. Ce fait, fût-il vrai, n'expliquerait
pas encore la véritable cause de la contraction musculaire ;
car on ne comprend pas pourquoi le fluide nerveux en pas-
sant dans ces anses produirait des inflexions dans les
muscles ; et d*ailleurs si chaque fibre était accompagnée de
ces anses , il n'y en aurait q ue fort peu sur la longueur de
celle-ci , ne s'y trouvant que de centimètre en centimètre , et
surtout un bien petit nombre dans le muscle qui a servi k
l'expérience dans les grenouilles, qui n'a en tout que d'un à
deux centimètres de long. Enfin les fibres musculaires étant
extrêmement ténues , on ne saurait pas non plus concevoir
comment il a été possible de distinguer chacune de ces anses
k part et voir quelle était leur disposition par rapport k dia-
cune de ces fibres.
En étudiant l'organisation des muscles des Insectes , j'ai
remarqué que ces organes étaient composés de fibres ar-
ticulées ; c'est-k-dire que chacune de ces dernières formait
une pile de petites rondelles superposées présentant un
double pli, comme un W. Frappé de celte forme singulière.
(1) Prévost et nuvAS. Jotim. de physioU wpér. ; par M. Uagendie, Paris ,
1823« p. ,3.
CHAPITRE \U 85
j*ai examiné également au microscope les fibres muscu-
laires d*autres animaux et j*ai trouvé la même conformation
non- seulement chez tous les Animaux articulés, mais aussi
chez les Aigles. Une structure si remarquable dans des ani-
maux si difiërents , m'a fait penser qu'elle devait avoir rap-
port à la faculté encore inexpliquée qu'ont ces fibres de
pouvoir se raccourcir par Teffet de Tinfluence nerveuse, et
comme le fluide nerveux a la plus grande analogie avec le
flm'de galvanique , j*ai pensé qu il serait possible que chaque
fibre musculaire ne fût en principe qu'une espèce de pile
voltaique, ayant, comme elle, la propriété de se raccourcir
lors de sa décharge , par l'effet de la traction qu'exercent les
unes sur les autres les plaques ou éléments qui les com-
posent ; d'où résulterait le raccourcissement dans les piles
musculeuses, raccourcissement d'autant plus fort que, les
plaques étant molles , se trouvent fortement comprimées par
leur attraction.
L*électro-aimant ayant été découvert depuis 1823 , époque
k laquelle j'ai fait connaître, devant l'Académie, le fait que
je viens d indiquer, cet appareil m'a paru avoir infiniment
plus d'analogie encore avec les fibres musculaires par la
force prodigieuse d'attraction dont il est capable sous l'in-
fluence du fluide galvanique. La théorie serait la même, et
la difiërence se trouverait, d'une part, dans les deux agents
excitateurs , le fluide galvanique et le fluide nerveux , qui ont
toutefois déjk la plus grande analogie entre eux, le premier
produisant comme le second, et avec la même force, des
contractions musculaires, même sur les cadavres; et de
l'autre, dans la matière sur laquelle ils agissent; matière
qui est le fer dans l'électro-aimant , et la substance muscu-
laire dans les muscles. En effet , si par l'irritation nerveuse,
les articles des fibres musculaires ont, comme le fer dans
l'électro-aimant, la faculté de s'attirer avec une force dé-
terminée , ces articles étant compressibles par leur état de
mollesse, ils se rapprocheraient d'autant plus fortement les
86 TnioLOGn in la n aturb.
uns des autres, et les mouvements, quelque petits qu'ils
soient, se trouvant répétés de Tun à l*autre, produiraient
un raccourcissement notable dans la longueur totale de la
fibre, et cela avec une force considérable.
En comparant les libres musculaires aux piles voltaîques
elles-mêmes, il restait à expliquer la permanence de la con-
traction, qui ne devait être qu'instantanée dans cette bypo -
thèse, comme le sont les décharges de ces piles; tandis
que leur analogie avec les électro-aimants explique par-
faitement la continuation de la contraction aussi long-
temps que la volonté maintient Finfluence nerveuse dans
Torgane.
Cette opinion me parait expliquer fort bien Tun des phé-
nomènes les plus remarquables de la physiologie animale,
qui rentre par là dans le domaine de la physique expéri-
mentale; phénomène dont la cause et les effets ont été
AINSI CONNUS DU CRÉATEUR, QUI LES A DÉTERMINÉS LONGTEMPS
AVANT qu'il N*AIT ÉTÉ POSSIBLE AUX HOMMES DE LES CONCE-
VOIR et d*écarter enfin le voile, en apparence mystérieux ,
qui couvrait les causes de cet étonnant résultat fi).
Pouvant ainsi faire usage de forces considérables dans un
très-petit espace, le Créateur a employé les organes qui
LES produisent, DANS UNE FOULE DE CIRCONSTANCES OU IL
T AVAIT DE LA FORCE OU DES MOUVEMENTS A METTRE EN AC-
TION; CIRCONSTANCES OU BRILLENT PARTOUT LA CONNAISSANCE
LA PLUS TRANSCENDANTE DE LA MÉCANIQUE , AINSI QUE LB
GÉNIE LE PLUS SUBLIME DE L'INVENTION.
L*observation et l'expérience ont fait voir que les
muscles , outre la propriété qu'ils ont de pouvoir se con-
tracter activement sous l'empire de la volonté ou d'un agent
stimulant, jouissent aussi d'une certaine force de contrac-
tion passive^ due à leur élasticité naturelle, par l'effet de
(1) J'ai soumis cette opinion, le 19 février 1849, au Jugement de TÀea-
(iémle deft Miencée. Voyex Ift note m 12.
GHIPITRV U. 87
laquelle ils se raccourcissent assez fortement au delk de
leur longueur normale de repos lorsqu'ils sont coupés
transversalement. Cette contraction permanente agissant
dans les muscles antagonistes, les plus puissants , forçant
les plus faibles, les obligent de s'allonger jusqu à ce que,
parleur réaction, qui va dans ce cas toujours en augmen-*
tant, ils finissent par faire équilibre k cet excès de force de
contraction passive. Il résulte de cet effet, que lorsqu'un
muscle se trouve allongé par le raccourcissement volontaire
de soo antagoniste, il ramène par son élasticité la partie
mise en mouvement k sa première disposition, lorsque
raction volontaire vient k cesser; état où les deux forces
opposées d'élasticité se font équilibre. Or, ce terme moyen
peut se trouver, suivant les conditions dans lesquelles se
trouvent les muscles et les parties qu'ils meuvent, dan^
divers degrés de flexion de ces dernières ; d'où il résulte
qu'il faut souvent une action très-puissante pour changer
cet ëtat normal des yarties du corps. Cet effet va même
souvent jusqu'au point que, malgré le poids du corps,
diverses parties des membres , déjk plus ou moins fléchies
les unes par les autres, restent dans cette disposition sans se
fléchir davantage; la force de ce poids ajoutée k la traction
passive ou d'élasticité des muscles fléchisseurs, faisant
exactement équilibre k la traction également passive des
extenseurs; résultats dont on observe souvent les remar-
quables efiels dans la «tatique animale et dont j'aurai k si*'
gnaler plus tard divers cas.
Ces muscles prennent , ainsi que je l'ai déjk dit , des for^
mes différentes selon le besoin. Les plus simples sont des
faisceaux prismatiques de fibres parallèles , suivant la lon-
gueur de ces organes , et directement attachés par leurs deux
extrémités aux pièces qu'elles doivent rapprocher ou mou*-
voir. Dans ces faisceaux, dont la forme et la longueur dé-
pendent naturellement des lieux on ils s'attachent et do la
distance des parties qu'ils réunissent; ayant leurs fibres
88 THÉ0L061B DB LA IIATURB.
parallèles k la direction de la traction que le muscle doit
exercer dans son ensemble ; on conçoit que chaque fibre
qui le compose agit avec toute sa force sur l'organe mobile;
d'où résulte que ces muscles sont dans les conditions les
plus avantageuses pour exercer toute leur force. Mais d'or-
dinaire la forme des parties , leur disposition , et le plus
souvent l'espace qu'elles peuvent offrir à Tinsertion des fibres
musculaires, exigent que les muscles aient une autre forme
que celle que je viens d'indiquer.
On conçoit, en effet , qu'il doit arriver que tel muscle ne
trouvant pas k l'une de ses attaches, ou bien k toutes les
deux , des surfaces suffisantes pour y fixer toutes ses fibres ,
il était nécessitire d' aviser a d'autres moyens mécaniques
que dans les muscles prismatiques, pour leur donner la
puissance dont ils ont besoin , afin de pouvoir exercer la
fonction k laquelle ils sont destinés. C'est en partie dans ces
nombreuses circonstances que nous découvrons dans les
divers organismes des animaux, ces hautes vues et cette
SUBLIME sagesse DU CRÉATEUR, qui a présidé k ces mer-
veilleuses compositions du corps des animaux si variés dans
leurs espèces.
Lorsque l'organe où le muscle prend son attache fixe ,
lui offre un espace suffisant k l'insertion de ses fibres,
tandis que l'organe qu'il doit mettre en mouvement, ne
saurait, soit par sa petitesse, soit par sa disposition, ou
d'autres causes encore , lui présenter qu'un emplacement
fort pedt , les fibres reçoivent une autre disposition , et le
muscle prend de Ik aussi une autre forme. Les fibres , au
lieu d'être parallèles, convergent alors de leur point d'in-
sertion sur la partie fixe , vers une lame ou une tige égale-
ment fibreuse, mais d'une autre nature que le muscle, et
non contractile qu'on nomme dans le premier cas YÀponé^
vrose terminale du muscle ; et dans le second , le Tandon
terminal. Ce sont ces derniers que le vulgaire désigne
d'ordinaire sous le faux nom de Nerfs.
CHAPITRE II. S9
Ces aponévroses et ces tendons , qni au fond , sont la
même chose, Tune étant seulement élargie en membrane,
et l'autre en forme de cordon , ne devant point jouir par
eux-mêmes de la faculté de se contracter, sont formés de
fibres d'un blanc nacré brillant, et d'une force extrêmement
grande , sans être sensiblement extensibles par la traction.
Leurs fibres , toujours parallèles entre elles dans les tendons ,
sont au contraire très-souvent convergentes dans les aponé-
vroses. Les fibres musculaires s'insèrent k ces corps fibreux ,
soit d'un côté seulement, soit k tous les deux, soit unique-
ment à l'un des bords des aponévroses , en se continuant
avec leurs fibres propres, dans lesquelles elles semblent se
transformer graduellement en approchant ,d^ l'insertion.
Les fibres musculaires rencontrant le t^don ou l'aponé-
vrose sous des angles plus ou moins aigus , perdent par Ik
une partie plus ou moins grande de leur puissance réelle ;
cette force étant , ainsi qu'on le démontre par le calcul ,
proportionnelle au cosinus (i) de l'angle d'insertion, c'est-
k- dire égale k sa puissance entière , lorsque cet angle est
le plus petit ou zéro ; et le plus faible , on zéro , lorsque la
fibre musculaire est perpendiculaire k la direction du tendon
ou de l'aponévrose. On conçoit de Ik que la Nature, toujours
si ADMIRABLEMENT CONSÉQUENTE daus SCS principes, u'a
jamais dû donner cette dernière direction aux fibres muscu-
laires ; et en effet , ce cas ne se présente nulle part ; tandis
que la disposition contraire, celle où les deux espèces de
fibres sont dans la même direction, ou k peu près, est
très -fréquente comme la plus favorable; et entre ces deux
extrêmes , on trouve ensuite , selon la nécessité ^ toutçs les
modifications possibles; mais toujours la plus avantageuse.
De ces divers genres d'insertions des fibres des muscles
selon les circonstances dans lesquelles ces organes se
trouvent par rapport aux parties avoisinantes , naissent
(1) Voyei la note n" 8.
90 ThA)L061I ni Lk NATURE.
plusieurs formes qui ont également reçu des noms dans la
science , afin de mieux faire comprendre les descriptions
qu*on en a faites. Lorsque les fibres musculaires se rendent
directement de leur attache fixe à la pièce mobile, il peut ar-
river que le faisceau soit Cylindrique -, ce qui constitue une
simple modification des muscles prismatiques. Si au con-
traire, les fibres vont s'insérer sous un angle quelconque au
bord d*une aponévrose , ou un peu plus loin à ses surfaces,
le muscle devenant par là plat et mince comme cette der-
nière y reçoit le nom de Muscle membraneux. Quand elles
s'insèrent aux deux bords opposés d'un simple tendon , en
imitant la disposition des barbes de plumes fixées k la tige »
elles forment des muscles Penniformes^ et Semi^pennù
formes j lorsqu'elles ne s'y attachent que d'un côté. D'autres
fois , elles s'insèrent tout autour du tendon , de manière à
former un Muscle conique ou pyramidal , dont le tendon
sort du sommet.
Mais il arrive fort souvent aussi que les fibres d'un
muscle qui doit exercer une force considérable , ne trouvent
pas à leur attache fixe un emplacement suffisant pour s'y
insérer toutes. Dans ce cas, le Créateur a pourvu les muscles
également a leur attache fixe de tendons ou d'aponévroses ,
qui reçoivent de là le nom de Tendons ou f Aponévrose d'à*
rigine, qui diffèrent d'ordinaire des terminaux , en ce quMls
se subdivisent davantage en lames , pénétrant dans l'inté-
rieur du muscle pour y offrir une plus grande surface
d'insertion à ses fibres; ce qui arrive d'ailleurs aussi
aux tendons terminaux , mais plus rarement.
De cette nouvelle disposition naissent encore plusieurs
autres formes spéciales dans les muscles, dont la plus or-
dinaire est celle des Fusiformes , dont les fibres s'étagent
aux deux bouts sur les tendons ou les aponévroses. Dans
certains cas aussi une masse musculeuse est suivie d'une
autre dans la même direction ; c'est-à-dire que la seconde
prenant ses points d'attache sur le tendon terminal de la
CBAFITAB n. 91
première , forme h sa suite un second muscle fosiforme sé-
paré du premier par un tendon plus ou moins court ; ce qui
a fait donner à celte forme le nom de muscle Digaslrique ou
à deux ventres. Cette espèce est très-rare chez THomme
et les Animaux supérieurs, et au contraire fort commune
chez les Serpentin qui ont même des muscles Trigastrique$
ou k trois ventres successirs.
Dans beaucoup de cas, la partie où le muscle prend son
attache fixe étant trop peu étendue , soit pour offrir des
insertions suffisantes à toutes les fibres dont ce dernier a
besoin dans sa fonction , soit que Tespace environnant ne
permette pas de loger la masse du muscle ; la Mature tou-
jours SI INGÉNIEUSE DANS SES RESSOURCES, ET SACHANT TIRER
PARTIE DE TOUT, EMPLOIE AVEC UNE ADMIRABLE ÉCONOMIE,
tous les espaces où il est possible de loger quelque organe
utile, et fort souvent des muscles dont elle fait les accès-
soires d'un autre insufiisant, en le réunissant k celui-ci par
les tendons terminaux , d*où résultent des muscles compom^
formés de plusieurs masses on Chefs , souvent au nombre
de trois ou de quatre, et même plus. Enfin, il est des
muscles circulaires, nommés Sphincters^ comme servant k
rétrécir des ouvertures qu'ils entourent. Leurs fibres s'in-
sèrent d'ordinaire immédiatement par leurs deux extrémités
aux parois du canal ou de l'orifice qu ils doivent resserrer,
le plus souvent sans en faire complètement le tour, d'autres
fibres, s'écbelonnant les unes sur les autres, pour former
dans l'ensemble un anneau plus ou moins épais.
Lorsqu'un muscle et le tendon qui le termine ne peuvent
pas se rendre directement au lieu où leur forcé doit agir,
on voit le tendon se dévier de sa direction droite , en se
réfléchissant dans des espèces de poulies de renvoi , pour
porter sa partie terminale dans la direction la plus favorable
vers l'organe qu'il doit mouvoir ; et cela, souvent dans des
conditions accessoires les plus remarquables, pour at-
teindre LE but voulu. C'est surtout dans les cas si nom-
92 TUÉOLOGIB DE LA RATURE.
breux où les muscles doivent porter leur action sur des par-
ties fort éloignées, qui ne présentent qu*une très-petite
surface pour l'insertion de leurs tendons , qu'on remarque
ces SOINS d'une si minutieuse prévoyance , DES CONDITIONS
d'existence ou LE CRÉATEUR NOUS OFFRE DES EXEMPLES DE
LA Sublime Sagesse avec laquelle il a tout prévu , jus-
qu'aux moindres inconvénients dus à des causes très-
éioignées.
Là où les tendons ont ^ franchir des espaces très-grands »
où , souvent serrés entre les parties avoisinantes , ils éprou-
veraient dans leurs mouvements des frottements qui , en gê-
nant l'action , feraient perdre une grande partie de sa force
au muscle ; ces tendons sont , pour parer a cet inconvé-
nient, renfermés dans des gaines fibreuses, de même na-
ture que les Aponévroses , et dont la force prévient le dé-
placement du tendon dans le cas de grands efforts; et pour
que le glissement s'y fasse avec facilité, ces gaines sont
doublées à l'intérieur d'une membrane extrêmement mince
et fine, qui se prolonge de part et d'autre aa deik de la gaine
fibreuse , en formant au tendon une tunique qui l'entoure
et s'y fixe k une distance plus que suffisante pour lui
PERMETTRE LE DÉPLACEMENT DONT IL A BESOIN DANS SA
FONCTION, en même temps que cette tunique sécrète une
humeur visqueuse ou Synovie , assez semblable k du blanc
d*œuf , qui facilite considérablement le naouvement, en rem-
plissant les conditions de l'huile dont on fait usage dans les
mécaniques ordinaires.
Munie de ces différentes espèces d'instrument, id'une
puissance active si considérable, I'Intelligence suprême
les a employées comme forces motrices dans une infinité
d'appareils dynamiques qui donnent aux animaux, non-
seulement la faculté d'exécuter volontairement les mouve-
ments les plus variés, et surtout les moyens de changer de
place avec plus ou moins de rapidité , mais elle a encore fait
entrer ces agents de la force active dans beaucoup d'autres
CHAPITRE II. 93
appareils , où ils agissent simplement comme agents acces-
soires de la fonction principale qui y est exercée.
L'observation nous montre aussi partout que le Tout-
puissAi<(T, EN CRÉANT Ic vasto édifîcc du monde, et en
particulier les Êtres organisés , y a suivi un plan dont les
détails , subordonnés en principe les uns aux autres jus-
qu'aux plus petits , s'enchaînent tellement , que chaque objet
suit dans ses analogues , non-seulement pour la série des
espèces animales, mais encore dans tous les organes du
même Être , des gradations ascendantes ou descendantes ,
par lesquelles chaque partie parcourt une échelle de grada^
lion en passant par presque tous les degrés de possibilité
physique , et peut-être sans exception , mais dont tous les
faits ne sont pas arrivés k notre connaissance.
C'est sortout dans cet enchaînement des formes et des
MOYENS que la NATURE NOUS MONTRE PARTOUT LA PLUS
REMARQUABLE ÉCONOMIE, CONSERVANT TOUJOURS LE MÊME
ORGANE DANS SA SÉRIE , TANT QUE PAR DE SIMPLES MODIFICA-
TIONS , IL PEUT ÊTRE ADAPTÉ A LA FONCTION QU'iL EST DESTINÉ
A remplir; et lorsque enfin SA PREMIÈRE FONCTION CSt
supprimée par une raison quelconque, l'organe est changé
dans sa constitution, de façon à en remplir une autre
devenue nécessaire, afin de n'introduire dans l'organisme
aucune partie nouvelle, qu'autant que le besoin l'exige
absolument. C'est ainsi que nous voyons chaque organe
parcourir une gradation, où il commence souvent par
paraître simplement sous une forme très-imparfaite, en
remplissant toutefois déjk une fonction distincte ; et se dé-
veloppant ensuite , soit d'une espèce animale k une autre ,
soit dans ses analogues sur le même individu , lorsque cet
organe y forme des séries; de manière à arriver ainsi au
point le plus élevé de sa perfection, où il remplit le plus
complètement la fonction à laquelle il est destiné , et des-
cendre ensuite graduellement avec plus ou moins de rapi-
dité, pour disparaître totalement en dernier lieu , après avoir
M THiOLOGIB tK LA NaTURS.
encore figuré à la fin de sa série sous la forme de véritable
rudiment sans fonction , comme pour faire encore acte de
présence avant de s*éteindre tout k fait.
C'est par cette loi de substitution que tout organe nouveau,
on tout appareil qui doit en remplacer un autre dans la série
animale, commence toujours par paraître sous une forme
quelconque , coexistant d'abord sur le même animal avec
celui auquel il doit être substitué; et remplissant souvent
déjà la même fonction ou une fonction analogue , avant d'en
être chargé exclusivement.
En résumant ce qui vient d'être dit sur la marche de
gradation que subissent les organes, on arrive aui lois
suivantes, que j'ai, pour la première fois, formulées dans
mes Considérations générales sur lAnatomie comparée des
animaux articulés^ pages 1 et suivantes, et surtout dans
mon Analomie descriptive et comparative du chat^ t. I,
p. 39 , où ces lois sont rapportées de la manière suivante :
c PREMIÈRE LOI. La loi la plus générale qu'on reconnaît
dans l'organisation des animaux est que tous les appareils
sont soumis à une variation de forme et même de fonction^
en passant d'une famille à une autre.
7> C'est de l'ensemble de toutes ces gradations des organes
que dépend l'ordre de prééminence des animaux, et par
Suite l'échelle naturelle de classiflcation de ces derniers.
» Cette variation des organes est tantôt assez régulière
et tantôt irrégulière, relativement à celle d'autres organes.
» L'observation montre que cette loi générale de variations
se modifie dans plusieurs circonstances.
» Premier corollaire. Suivant les fonctions que les
organes doivent remplir.
» Deuxième corollaire. D'après les circonstances dans
lesquelles ils se trouvent les uns à l'égard des autres.
» Troisième corollaire. Selon que ces organes sont plus
ou moins sous Cinfluence de causes étrangères au corps de
t'animai.
CHAPITRE II. d5
n La loi générale se divise de là en plusieurs lois particu-
lières, dont les unes sont communes à tous les organes, et
dont les autres ne marquent que de simples relations en
indiquant les rapports qui existent entre deux appareils pris
séparément.
) DEUXIÈME LOI. Lorsqu'un organe est devenu tellement
imparfait par la dégradation qu'il a subie , quHl ne peut
plus remplir sa fonction primitive , tandis qu'il est cependant
nécessaire de maintenir celle-ci , le premier appareil se trouve
remplacé, soit par un nouveau^ soit par un autre déjà
existant , modifié pour être accommodé à ce nouvel usage.
• TROISIÈME LOI. Lorsque la nouvelle fonction exige
UM plus grande complication dans la composition de l'or-
gane qui la produit, celui-ci lacqtdert successivement par des
parties qui 8*y ajoutent d'abord sous forme de rudiments , et
le développent ensuite progressivement sur d'autres espèces
ou sur d'autres paires.
> QUATRIÈME LOI. La même fonction peut ilre exercée
par des appareils anatomiquement tout à fait différents.
» CINQUIÈME LOI A Vune des extrémités de leur échelle
les organes ont toujours une fonction évidente , tandis qu'à
Vautre extrémité ils sont généralement rudimentaires , sans
fonction, et finissent même par disparaître.
» On peut distinguer ici deux cas : dans le premier, les
Organes se présentent à la tête de leur échelle avec le degré
le plus élevé de développement qu'ils sont susceptibles
d'atteindre , et décroissent ensuite insensiblement jusqu'à
Tautre extrémité de Téchelle. Dans le second cas , ils ne se
présentent point k la tète de Téchelle k Tétat le plus déve-
loppé, et ne Tacquièrent que par degré.
> SIXIÈME LOI. Dans les organes qui forment des séries
sur h même animal, la gradation est d'ordinaire double;
c^est'à-dire que , d'une part , elle est relative à la succession
des genres et des familles , et, de Vautre , elle est relative au
rang que chaque partie occupe sur le corps.
96 THÉOLOGIB DB LA NATURE.
» SEPTIÈME LOI. Les échelles de gradation des organes
sont simples ou rameuses.
» Dans les premières, les modifications ont lieu diaprés
un même principe; dans les secondes, le principe diffère
dans les diverses branches, et cette différence détermine
naturellement des rameaux plus ou moins distincts dans le
système de classification.
» HUITIÈME LOI. Souvent les organes se dominent les uns
les autres; alors ceux-ci suivent la même marche de gradation
que V organe dominateur; c(, qu>and enfin ce dernier dispa-
raît , ceux qui lui étaient subordonnés reprennent subitement
leur forme primitive^ modifiée suivant la gradation qu'Os ont
dû suivre par eux-mêmes,
» C*est principalement par cette loi que l'on peut recon-
naître si un organe qui manque à une espèce a disparu par
Teffet de sa dégradation , ou bien s*il ne manque que par un
simple avortement spécifique ; dans ce dernier cas , tout ce
qui était exclusivement subordonné k cet organe reste dans
le même état comme s'il existait encore , et surtout si les
organes subordonnés ont déjk éprouvé une transformation
très-notable par Teffet de la loi de variation à laquelle ils
étaient soumis pendant que Torgane dominateur a agi sur
eux , et qu'ils fussent obligés de subir un trop grand chan-
gement pour revenir k leur forme primitive.
:» NEUVIÈME LOI. La forme de plusieurs organes dépend
de certains agents extérieurs auxquels ils sont liés par leur
fonction f et en suivent les variations. »
cHAniRB m. , 97
CHAPITRE III.
PEEUTKS DE L^EXISTENGB DE DIEU ET DE SES ATTRIBUTS , TIRÉES DE
L*OR&AlflSM£ DES ANIMAUX VERTÉBRÉS ER PARTICULIER.
Nous n'avons considéré jusqu*h présent Torganisation des
animaux que d*une manière générale, sans entrer que Ik où
il Ta fallu absolument dans aucune explication de détails
relatifs aux diverses formes qu*elle prend dans les innom-
brables espèces animales qui constituent Téchelle zoologique.
Or c*est plus particulièrement dans les nombreuses modifi-
cations que les divers appareils organiques éprouvent dans
toute la série animale. qu*on découvre surtout ces soins
minutieux que le Créateur a apportés, dans son adorable
sagesse , à pourvoir chaque espèce de tout ce qui peut contri-
buer k lui faire atteindre le but qu'il lui a prescrit ; modifi-
cations d'autant plus remarquables que, s*enchainant les
unes aux autres, suivant certaines lois de gradation, les
organes finissent tous par se transformer au point qu'ils ne
ressemblent plus h ce qu'ils ont été dans d'autres espèces,
avant de disparaître complètement pour être remplacés
par d'autres, s*îl y a lieu, en présentant partout l'harmonie
la plus parfaite dans leurs formes et leurs fonctions , suivant
les conditions dans lesquelles chaque espèce doit se trouver.
Me pouvant pas entrer ici dans tous les détails des va-
riations que subissent les animaux, objet qui fera le sujet
de la Note N"" 7 placée à la fin de cet ouvrage, et h laquelle
je renvoie, il est toutefois nécessaire d'indiquer ici simple-
ment les caractères par lesquels les animaux se distinguent
suivant les premières grandes divisions du Règne animal,
afin de faire mieux comprendre la composition de leur corps.
En étudiant autant que possible, pour notre époque,
I. 7
98 THiOLOÇIB DB LA NATURB.'
rorganisme de tous les animaux, on est arrivé à reconnaître
qu'ils se distinguent d*abord en deux premières grandes
divisions , ceux dont le corps se compose de deux parties
à peu près égales , placées k côté Tune de l'autre , et ceux
formés de plus de deux parties semblables , ordinairement
cinq , ou plutôt cinq paires rayonnant sur w centre com-
mun.
La première de ces divisions comprend ensuite trois
Embranchements caractérisés ainsi qu'il suit :
PREMIER EMBRANCHEMENT, ou celui des Vebtébrés ,
animaux dont le corps est formé de deux parties latérales
semblables , soutenues par une charpente intérieure osseuse ou
Squelette; celui-ci divisé en un grand nombre de pièces arli-
culées entre elles , et ayant pour partie centrale une série de
pièces courtes , impaires , nommées Vertèbres , formant une
colonne placée le long de la ligne médiane dorsale. Le' tronc du
système nerveux ou Moelle épinière , placé également le long
du dos , traversant la colonne vertébrale. Jamais plus de dewo
paires de membres locomoteurs. Sang rouge , circulant dans
deux systèmes de vaisseaux , dont Vun centrifuge ou artériel ,
et Vautre centripète ou veineux. Canal intestinal à deux ori-
fices , la Boucbe et l'Anus , placés le premier à rextrèmiU
antérieure du tronc , le second à son extrémité postérieure , à
la b(ise de la queue. Sexes séparés*
Cette première division du Règne animal se décompose
çnsuite en cinq Classes, dont la première, on celle do»
Mammifères, k laquelle appartient l'espèce humaine, a U
sang chaud et rouge; circulation double^ parfaite (le sang
venant de diverses parties du corps par les veines , arrive
au cœur droit , d'où il se rend par l'artère pulmonaire dans
le poumon ; revient ensuite par la veine pulmonaire au ccBur
gauche , qui le pousse de nouveau par les artères dans toutes
les parties du corps ) , sans que le sang des deux circula'
fions se mêle; le ccBur droit et le cœur gauche ne communi-
quent pas entre eux. Respiration aérienne par des poumons.
CHAPITRE III. 99
Gestation utérine (où le Fœtus est greffé sur la mère, ef se
nourrit de son sang). Us allaitent leurs jeunes.
La seconde Classe , celle des Oiseaux , a le sang chaïud
et rouge ; une circulation double , parfaite , sans mélange de
sang artériel et veineux; une Respiration aérienne par pou--
mons; et toutes les espèces sont ovipares.
La troisième Classe , ou des Reptiles , a le sang rouge
froid (température de l'élément ambiant) ; Circulation double,
imparfaite; le sang veineux et le sang artériel se mêlant
(ordinairement dans le coQur, par la communication des
deux ventricules). Membres ^ deux paires^ une paire y ou
nuls ; mais toujours en dehors du thorax.
La quatrième Classe , les Chéloniens. Quatre membres ^
dont les épaules et le bassin sont enveloppés par les côtes , et
par conséquent placés dans le thorax. Du reste, organisés
comme les Ileptile3 à (|ua{;re membres.
La cinquième et dernière Classe , celle des Poissons , a
une Circulation simple , le cœur artériel ayant disparu , et la
veine branchiale sç continuant directement avec V aorte. Res-
piration aquatique par branchies.
L'Embranchement des Vertébrés $e composant des es-
pèces animales les plus richement organisées, la plupart
des fonctions organiques s'accomplissent chez eux de la ma-
nière la plus parfaite , surtout celle de la locomotion ; aussi
est-ce dans la partie essentiellement mécanique de leur
corps qu'on trouve l'application la plus savante des faits dé-
pendant des lois mathématiques du mouvement et de la sta-
tique. C'est surtout chez les Mammifères , les Oiseaux et les
Reptiles , que les muscles destinés k mouvoir les nombreuses
pièces du squelette , agissent 1q plus souvent isolément ; et
quelquefois seulement ils agissent sur eux-mêmes , en for-
mant à la fois la partie active et la partie passive de l'appa-
reil qu'ils constituent; tandis que dans les animaux infé-
rieurs , la majeure partie du système musculaire ne forme
plus qu'un lacis de fibres, dirigées dans tous les sens; d'où
100 THÉOLOGIV bR LA IfATUKB.
leurs coDtractions produisent simplement un déplacement
lent du corps entier.
Dans le plus grand nombre de cas cependant, et surtout
chez les Animaux supérieurs , tels que les Vektébrés et les
Articulés, ces organes actifs du mouvement sont générale-
ment mieux distingués en Muscles spéciaux , dont chacun a
une action particulière; s*attachant d*une part à quelque
partie fixe, et de l'autre k une mobile, qu'ils sont destinés
à mettre en mouvement ; celle-ci faisant le plus souvent elle-
même les fonctions de levier ou A* organe passif de la locomo-
tion, afin de produire par lui des mouvements plus étendus,
mais surtout plus rapides ; et cela souvent dans les lieux où
les muscles eux-mêmes ne sauraient se trouver. C'est par
d'innombrables combinaisons de ces agents actifs et passifs
du mouvement que TIntelligence créatrice a composé
cette multitude d'appareils de locomotion qui fonctionnent
dans les animaux de toutes les Classes, en les variant pro-
gressivement d'une famille animale k Taulre; et cela an
point qu'ils changent à la fin totalement de forme, de dispo-
sition, et par Ik même, très-souvent de fonction.
Lorsqu'un muscle doit produire un mouvement fort éten-
du mais peu puissant, ses fibres devant, à cet efiet, avoir
la plus grande longueur possible, afin que leur raccour-
cissement par la contraction soit le plus grand , elles sont en
conséquence à peu près parallèles entre elles. Lorsqu'au con-
traire ces organes doivent produire une force considérable,
avec peu d'étendue dans le mouvement, il est essentiel que
les fibres soient très-nombreuses, sans être pour cela très-
longues; il suffit qu'elles puissent faire exécuter au levier le
mouvement voulu par sa fonction; aussi dans ce cas, te
muscle présente-t-il en eflet , le plus souvent , dans son en-
semble, plusieurs chefs, dont les fibres, plus ou moins
courtes dans chacun , se rendent sur un tendon spécial, qui
s'unit à d'autres et en dernier lieu en un seul , allant se fixer
ii la pièce mobile.
CHAPITRE 111. iOi
Dans chacun de ces chefs , les fibres musculaires ont
d'ordinaire reçu des dispositions fort diJSerentes, selon le
LIEU ou elles peuvent PRENDRE LEUR POINT FIXE, cn sc di-
rigeant de tous côtés, plus ou moins obliquement sous di-
vers angles , sur leurs tendons respectifs ; angles qui sont
toutefois tels que retendue du mouvement du tendon soit
suffisant pour l'effet qu*il doit produire; le tout parfai-
tement CALCULÉ d'après les pertes que le mouvement et la
force définitifs éprouvent par l'effet de l'obliquité des fibres
qui les produisent, et de celle des tendons qui les transmet-
tent k la pièce mobile; mouvement et force qui sont, ainsi
que je l'ai déjà dit plus haut, proportionnels au cosinus de
l'angle d'incidence de chaque fibre sur le tendon spécial de
son chef; de celui de l'angle de chacun de ces tendons en
particulier sur le tendon commun ; et enfin de celui de ce
dernier sur la direction du levier que le muscle met en mou-
vement. C'est-à-dire que, dans chaque cas particulier, la
perte est dans la proportion de ce cosinus de V angle avec
runiié ou contraction absolue de la fibre. Si l'on suppose,
par exemple, que le raccourcissement d'une fibre musculaire
soit de Vi de sa longueur, et que le cosinus de son angle
d'incidence sur le tendon soit Vt» 1^ retrait de ce dernier ne
sera que le Vio de la longueur de la fibre, et égal k la course
du bras de levier mis en mouvement.
L'Intelligence suprême a ainsi calculé mathématique-
ment toutes les conditions spéciales dans lesquelles doit
se trouver chaque muscle à l'égard du levier sur lequel il
agit , afin que le résultat réponde rigoureusement à leffet
qu'elle a voulu produire, sans omettre la moindre condition
favorable , même dans les plus minutieux détails de la struc-
ture de ses appareils.
Le Créateur a établi ainsi dans les Animaux dits Yerté-
brés^ une charpente solide constituant ce qu'on nomme leur
SqtAeïette (PI. II , /S^. 1 , 2 et 3), formée de pièces ajustées
les unes aux autres , et la plupart mobiles, afin de les faire
iOâ TH^LOGIB DK LA NATDRB.
servir de leviers dans une foule de circonstances où leurs
mouvements doivent produire quelque effet prévu dans une
fonction organique quelconque. Ce squelette a, en général,
pour but essentiel de servir de soutien au corps, qui sans
cela s'affaisserait sous son propre poids , et ne saurait être
en conséquence que fort petit, ce qui a lien en effet chez
tous les animaux dont le corps n'est formé que de parties
molles (i). Au moyen de cette charpente, au contraire, la
grandeur des animaux qui en sont pourvus a pu être portée
jusqu'aux dimensions considérables que nous offrent TJ^-
lèphanl et la Baleine , dont la taille parait toutefois appro-
cher de la limite de la possibilité, dans le premier comme
animal terrestre, et dans la seconde comme espèce aqua-
tique.
Cette opinion que j^avance ici paraîtra peut-être un peu
hardie , rien , à ce qu'il semble , ne pouvant limiter le pouvoir
de la puissance créatrice de Y Être suprême; et cela est en
effet ainsi pour tout , excepté lorsqu'il s'agit d'objets dont les
conditions d'existence seraient contraires aux lois de la Na-
ture, que I'Éternel a lui-même établies en créant l'uni-
vers.
Mais outre cette grande fonction de servir de soutien au
corps, le squelette a encore pour autre objet, ainsi que je
Tai déjk dit, de présenter dans ses diverses parties, d'une
part, des points d'appui aux nombreux muscles qui s'y fixent,
et de constituer de l'autre des leviers sur lesquels ceux-ci
agissent dans la locomotion : fonctions particulières pour
lesquelles chaque pièce a reçu une forme, une disposition et
une solidité spéciales, propres k lui faire remplir ces condi-
tions; objet dont il sera question un peu plus loin avec quel-
ques détails , pour faire ressortir ce qu'il y a de savant et
d'admirable dans ces formes et ces dispositions.
C'est surtout dans le squelette des animaux vertébrés qu'on
(0 Voyez la note n* 20.
CHinTRB m. 103
reconnaît le mieux Tapplication des diverses lois de grada-
tion dont il a ëté paHë à la fin du chapitre précédent; les
pièces osseuses qui le composent , fbrmant le plus souvent
des séries nombreuse^ où elles se tnodifient diversement,
en établissant différentes branches siiivant les formes que
ces pièces prebnent et les fonctions qu'elles remplissent;
d'où résultent, dans l'ensemble de l'organisme de ces ani«
maux, les différences les plus remarquables, suivant les
coiiditiotis datis lesquelles ces animaux se trouvent.
A Tune des extrémités de l'échelle zoologique occupée par
VEspèce humaine y le squelette se compose d'un nombre
considérable de pièces osseuses dont la plupart sont plus ou
moins mobiles , pour inieux servir dé leviers aux muscles
qui s'y insèreilt.
Cette bharpente est , ainsi que tout le corps auquel elle
sert de soutien, partagée en deux parties latérales sem-
blables , séparée par un plan fictif médian-vertical , vers le-
quel tons les organes convergent pour y prendre leurs points
d'apptii sur la partie moyenne , occupée ordinairement par
deà otganes impairs, tHais sytiiétriquei^ en eux-mêmes, sur-
tout quant aux pièces du S(}tielette.
A h région dbi^sale, postéHeure chez {'Homme seul (qui
marche debout) , taiâis sul)érielire chez tous les autres Ani-
maux, le squelette préiiente au plan médian une série plus
on moins nombreuse , Selon l^espèce anitfiale , de pièces im-
paires, conilues sôuà le nom de tertèbres (PI. II, A, B, et
C, D), dont rehfeemblé fortile ce qu'on appelle de là la Co-
tanne vèrlébrdt'e, VÊpi)iié du dos ou le Rûchiè. Cette série d'os
se modifie ensuite de l'une à l'autre |)iëcë , dans le même
animal, suivant la sixième loi qUe Je vietls d'indiquer; et
cela d*après les fonctions que chaque vertèbre a spéciale-
ment à remplir; de manière que celles occupant les deut
extrémités, n'offrent plus aucune ressemblance; au point
que ce n'est que dans ces derniers temps que leur analogie
anatomiqne a été enflh reconnue.
104 TEBOLOGIB DE LA NATURE.
Ces mêmes os subissent ensuite , conformément à la même
loi , une transformation successive d*une Famille animale à
l'autre, transformation surtout fort remarquable suivant
les Classes, et d*après laquelle on peut facilement recon-
naître b laquelle de ces grandes divisions du Règne animal
l'espèce dont provient telle vertèbre appartient; et cela tou-
jours en conséquence des fonctions qu'elles doivent remplir.
Pour laisser au corps toute la liberté de mouvements dont
il peut avoir besoin, TÉpine du dos a surtout dû conserver,
malgré son état osseux , la faculté de se fléchir plus ou moins
facilement dans toutes les directions, excepté toutefois Ik où
Tinflexibilité était nécessaire : comme le prouve Tobservation.
Le moyen bien naturel d'atteindre ce but, était de donner
aux vertèbres qui la composent une longueur d'autant moins
considérable que les flexions devaient être moins brusques;
et d'unir ces os entre eux par des articulations peu mobiles;
mais dont le mouvement répété d*une vertèbre à l'autre ,
produit, en s'ajoutant ainsi aux autres, un déplacement
angulaire, ou de rotation assez considérable, selon le be-
soin; mouvements dans les détails desquels j'entrerai, en
parlant des fonctions spéciales qu'exerce chaque partie de la
colonne rachidienne, dans les diverses Classes d'animaux,
où cette colonne présente, selon ces mêmes fonctions, des
formes et des dispositions différentes.
Les vertèbres sont, en thèse générale, des os dont la prin-
cipale partie ou le Corps (a) est un tronçon de cylindre uni
par ses bases aux vertèbres qui Tavoisinent immédiatement;
et cela au moyen d'un tissu ligamenteux plus ou moins élas-
tique, qui permet k ces os un mouvement plus ou moins
sensible de flexion ou de rotation. Vers la face dorsale, le
corps de vertèbres est surmonté d'un anneau osseux (e) , fai-
sant corps avec lui chez les individus adultes; mais distinct
dans le jeune âge. C'est la succession d'une vertèbre k 1 autre
de ces arcades, qui constitue, dans son ensemble, le Ca-
nal rachidien renfermant la moelle épinière ; et extérieure-
CHAPITRK III. 405
ment le même anneau présente plusieurs prolongements
osseux plus ou moins grêles ou apophyses (6, c, d), aux-
quels s insèrent, comme à des bras de leviers, un grand
nombre de muscles qui mettent la colonne vertébrale en
mouvement, ou la maintiennent fixe, en agissant plusieurs ,
simultanément, en opposition les uns avec les autres.
C'est en exécutant ainsi des mouvements très-faibles d'une
vertèbre à Taulre, mais fort rapprochés , pour ne pas gêner
les fonctions de la moelle épinière , que le corps entier peut
cependant se fléchir ou tourner sensiblement sur lui-même
dans toute sa longueur.
La colonne vertébrale remplit ainsi deux principales fonc-
tions : Tune de servir de centre de réunion k toutes les autres
parties du squelette; etTautre, de constituer une enveloppe
solide à la partie centrale du système nerveux formée par
TEpcéphale ou Cerveau , et la Moelle épinière dont les ver-
tèbres suivent les modifications , comme leur étant subor-
données, d'après la sixième loi énoncée ci-dessus.
Cette subordination des organes est même telle pour tous
les os, que, bien qu'ils constituent les parties les plus dures
de tout le corps, ils cèdent cependant facilement la place k
la substance nerveuse, pour lui faciliter le développement;
et k cet égard la Sagesse divine est allée jusqu'au point, dans
sa minutieuse prévoyance, d'avoir fait que les os cèdent
la place k tous les autres organes , même aux veines , les
moins résistants de tous , dout les plus faibles ramuscnles se
creusent des canaux dans les os les plus compactes.
La Volonté créatrice ayant placé le foyer de toutes les
facultés intellectuelles dans la partie la plus antérieure de la
partie centrale du Système nerveux, celle-ci prenant de Ik
un très-grand développement, forme une grosse masse
ou Y Encéphale j composée du Cerveau j du Cervelet et de
leurs annexes. Ce renflement du Système nerveux se trouvant
placé dans trois vertèbres, la portion du canal racbidien qui
lai correspond , s'élargit considérablement , k cet effet , en
106 TOiOLOGlB DB LA NATURE.
formant ce qu'on nomme la Bùite crânienne ou simplement
le Crâne (Fig. 1 , 2 et 3, ab).
Les organes des sens spécianx , a]f ant également été placés
à cette même extrémité de la colonne vertébrale , ces appa-
reils localisés dans des espaces nettement circonscrits , oc-
cupent des emplacemeuis plus ou moihs grands où ils se
trouvent convenablement protégés par d'autres parties des
Vertèbres crâniennes, ainsi que par plusieurs de leurs ap-
pendices , qui ont , a cet effet , également reçu des formes
et des dispositions particulières propres à cet usage ; parties
qui constituent avec le crâne Tensemble de la Tête.
Cette première division du Rachis devait fortnei' dans sa
partie crânienne un tout dont le^ pièces osseuses fussent
fixes , afin que leur mouvement , quelque faible ()u*il fût , ne
causât pas de compression sur TEncéi^hale ; la plus légère
pouvant être funeste k Tindividti : aussi les os du crâne
sont-ils constamment immobiles chez tous les ailimaux.
Quant à la Tête entière , il était nécessaire qu'elle fût au
contraire mobile , comme elle l'est en effet , afin de pduvdir
être dirigée de tous côtés; afin que d'une part, les Jreux, qiii
ne peuvent par eux-mêmes pas changer assec la direction de
leur axe visuel , pour faire protfiptelUent apercevoir les objets
placés â l'entour , puissent cependant être facilement tournés
vers eux; et d'autre part, la mobilité de la tête est d'une
grande importance pour la plupart des animaux, cotUfhe
portant également la boiiébe , avec laquelle ces derniers*dtit
k saisir non-seulement lettr nourriture placée autour d'eux
dans diverses directions ; mais aussi parce que c'est |)rinci-
paleibent avec les dents que les animatlx attaquent ceux
qu'ils ont à combattre et se défendent contre eux.
C'est pour cette cause de simple Utilité , que la Prôvidencb
parait avoir laissé une très-grande liberté de mouvement I
la seconde région de la colonne vertébrale , celle qui constitue
le Cou , où le squelette se trouve réduit â la seule colonne
vertébrale , portant quelques petits appendices immédiats
CHAPITRB III. lot
qui gênent peu ses mouvements de flexion dans tous les
sens , afin de permettre k la tête de se fléchir selon le besoin
dans toutes les directions.
Ces divers mouvements de la tête sont eiéciltés an moyen
d'un fowî mcÉMEtix mécanisme , qui permet à celle-ci de se
fléchir et de tourner, sans que la moelle épinière que le
canal irachidien des vertèbres renferme n'éprouve aucune
gêbe qui puisse entraver ses fonctions.
Les vertèbres qui concourent par leur réuniob à former
la tétOf sont au nombre de cinq : une incomplète, antérieure
au crâne , ne contribue en rien à former l'enveloppe de l'en-
céphale ; la seconde ferme simplement la cavité crânienne en
avant, et les trois suivantes , constituent, ainsi que je l'ai
dé^à dit, proprement cette dernière. Ce nombre, bien dis-
tinct chez les Poissons, est partout le même pour les quatre
vertèbres crâniennes ; et l'analogie des p&Hies indique que
la vertèbre la plus antérieure , quoique nbn distincte dans
son corps , chez les Mahmicères , les Oiseaux et les Reptiles ,
doit cependant exister aussi che2 eux ; lès autres pièces qui
entrent dans sa composition s'y trouvant représentées.
Quant aux vertèbres du Cou (/I9. 1 et 2 , 6 c), elles sont,
sans qu'on en connaisse la raison , constamment au nombre
de $ept , chez tous les Mammifères , b l'exception de la seule
espèce de l'Aï (Bradypus ttidactylus) qtii ed a neuf; domme
pour faire voir que ce chiflVe n'existe point par l'effet d'une
loi de la nature.
Ce nombre varie au contraire considérablement chez les
autres animaux , selon que leur cou det^ai^ être plus long , ou
plus court, conformément au genre de vie auquel chaque
espèce est appelée : objet sur lequel j'aurai b revenir plus
bas , à l'occasion des causer et des efliBts que chaque mode
d'organisation présente.
Chez les Mammifères,, la tête devant jouir d'une grande
facilité de mouvement , se meut principalement sur les deux
premières vertèbres du cou , qui prennent pour cela une
108 THÉOLOGIE DE LA MATURE.
forme particulière, en conslituant ensemble une articula-
tion compliquée fort remarquable. Les Vertèbres ordinaires
n'ayant entre elles qu'un mouvement obscur de flexion , il
▲ ÉTÉ FAIT UNE EXCEPTION pour cclles ci , afin de donner à
la tête toute la liberté de mouvement dont elle a besoin , et
surtout celui de circumduction , qui suppose en principe qu'il
a lieu dans une articulation orbicnlaire ; forme que les mé-
caniciens appellent en genou ^ mais qui ne pouvait être que
dii&cilement appliquée ici , à cause du peu de fixité dont ce
genre d'articulation est susceptible; k moins de l'envelopper
de muscles très-puissants : mais la Nature, toujours si ingé-
nieuse DANS SES moyens , y a suppléé par deux articulations,
à mouvements de simple flexion dans un même plan, oa
Ginglyme^ dont les axes de mouvement sont très-rappro-
chés , et croisés à angle droit. C'est de la combinaison de ces
deux flexions que résulte un mouvement qui approche beau-
coup, pour l'effet, de la circumduction. Pour cela, la fête
s'articule directement avec la première vertèbre ou Atl€ts^
au moyen de deux saillies ou Condyles^ comprimées d'avant
en arrière, placées immédiatement k côté de l'ouverture
du crâne , par où sort la moelle épinière ; saillies représen-
tant ensemble deux portions d'un même arc de cercle, et
s'emboitant exactement dans deux cavités de même forme
de la partie supra-lalérale de la vertèbre ; mais non avec le
corps de celle-ci , ainsi que cela a lieu dans le reste de l'Épine
du dos; corps qui n'a reçu que la plus faible hauteur pos-
sible, afin de mieux rapprocher de la tête l'articulation entre
les deux premières vertèbres ; et , par ce moyen seul , la tête
ne peut se fléchir que vers les côtés.
L'articulation entre la première vertèbre et la seconde ou
Aœis^ est au contraire tout autrement faite, et toute diflé-
rente aussi de celles qui existent ailleurs entre les vertèbres
du reste du rachis. Ce n'est également que par les parties la-
térales de ces deux os qu'elle a lieu, mais au moyen de deux
facettes articulaires , portions d'une même calotte sphérique
CHAPITRE in. 409
fort obtuse, en saillie sar la seconde vertèbre, et en creux snr
la première. Quoique celte forme permette le mouvement en
tous sens , la flexion est cependant très-bornée vers les côtés ,
par Teffet de ligaments très-forts qui s*y opposent, tandis
qu'elle est plus étendue d*avant en arrière , et permet en
même temps un mouvement facile de rotation de la tête, qui
entraîne la première vertèbre javec elle. Pour que le déplace-
ment des deux vertèbres ne soit toutefois pas trop fort, et que
les mouvements soient mieux réglés , Taxis présente au mi-
lieu de la base antérieure de son corps , une forte dent arron-
die qui s'élève sur elle dans la direction de son axe , pour ser-
vir de pivot autour duquel tourne Tatlas en entraînant la léte.
Ce pivot pénètre dans l'intérieur de la cavité de cette première
vertèbre, dont le corps , en forme de petite barre transver-
sale, appuie en avant contre lui; tandis qu*en arrière, le
pivot appuie contre un ligament également transversal,
traversant cette cavité , et donne, par une légère élasticité
dont il est capable, de la souplesse aux flexions de la tête
en avant.
La moelle épinière devant nécessairement se prêter aux
divers npouvements qui s'exécutent dans les deux articula-
tions dont je viens de parler, se trouverait fort souvent ti-
raillée ou comprimée par les os qu'elle traverse, si cet in-
convénient, toujours très- grave pour la vie de l'individu,
n'était pas prévenu , comme d'ailleurs tout autre , et ici en-
core de la manière la plus simple ; il a suffi, pour cela , de
donner au canal vertébral un diamètre beaucoup plus grand
qu'il ne le faut, pour loger la moelle épinière; de manière
que celle-ci peut suivre les flexions assez grandes des deux
vertèbres sans être gênée par elles.
Ces deux articulations si compliquées, de l'Atlas et de
l'Axis se continuant l'une par l'autre dans leurs cavités , n'en
forment réellement qu'une, sont garnies intérieurement de
poches synoviales, également communiquantes, semblables
ponr leur texture, et la faculté qu'elles ont heçuk de sécréter
r
410 THiOLOOn Bl LA NATURE.
d^ la aynoyie ; de manière que celle humeur visqui^use qu'elles
renferment, peut facilement passer dans tous leurs compar-
timents , pour remplir les vides qui s'y forment instantané-
ment» par l'effet des mouvements, et prévient ainsi les
moindres résistances qui pourraient en résulter; disposi-
tions qu'il est impossible d'imiter dans les mécaniques arti-
ficielles , en toutes choses infiniment plus imparfaites que
celles offertes à notre admiration dans l'organisme animal.
Cet ingénieux emploi de la synovie , renfermée ainsi dans
des poches sans ouverture, tapissant les cavités articulaires,
se retrouve du reste partout ailleurs , où le mouvement des
08 les uns sur les autres, doit être très-facile; et, dans cer-
taines articulations , telles que celles qui unissent les corps
de vertèbre chez les Poissons cette humeur ayant même été
rendue élastique , cette propriété contribue par là puissam-
ment à faciliter les mouvements et surtout la natation de
ees animaux , ainsi que je le ferai voir en parlant de la lo-
comotion de ces derniers.
Entre les autres vertèbres du cou , les mouvements sont
cependant encore assez faciles, quoique beaucoup moins
que dans les deux premières ; ces os s'articulant non-seule-
ment par des facettes latérales , plus petites et presque planes ,
mais encore par les bases de leurs corps. Ici , toutefois , le
mouvement de l'une à l'autre vertèbre est fort obscnr; ces
os étant intimement liés par des fibres ligamenteuses fort
courtes, de la nature de celles des tendons , qui en s'insârant
^ux deux os , les empêchent de s*écarter beaucoup ; mais leur
permettent aussi un faible mouvement de rotation.
Encore ici nous trouvons un exemple de ces nombreux
MOYENS INGÉNIEUX par IcsqucIs la Nature créatrice est
ARRIVÉE SI PARFAITEMENT AU BUT QU'BLLE s'EST PROPOSÉ. Lc
mouvement entre deux vertèbres consécutives devant être
très-borné , pour empêcher leurs luxations toujours funestes ,
il s'exécute^toutefois en tous sens ; résultat obtenu par Tn-
nion , ainsj que je viens de le dire , des corps des vertèbres ,
CHAPITRE m» ill
m moyen de fibres ligamenteuses , formant dans leur en-
aemble un anneau placé à la périphérie des bases de ces os,
et subdivisées en plusieurs cercles concentriques , dont cha-
cun est composé de petits faisceaux, obliques k ces deux
bases, et altemativement au sens opposé, d*uB anneau par-
tiel à Tautre. L'obliquité de ces fibres permet, d'une part,
par la très-faible extensibilité dont elles sont capables , aux
deux vertèbres de s'écarter un peu d'un côté , et de se rap-
procher de l'autre, par la compression de ces mêmes fibres;
efiet favorisé par une synovie d'une qualité particulière, qui
remplit le centre de l'anneau ligamenteux, en pénétrant
partout entre ses faisceaux ; cette humeur étant moins fluide
4|ne celles des articulations mobiles , et éminemment élas-
tique; de manière que se trouvant comprimée d'un côté,
cette synovie porte par son élasticité ses efforts vers le côté
opposé , en y produisant l'écartement des deux os. Enfin
l'obliquité des fibres ligamenteuses permet aux deux ver-
tèbres d'exécuter de faibles mouvements de rotation l'une
sur l'autre. Les muscles , en tordant la colonne vertébrale ,
tiraillent les faisceaux ligamenteux disposés dans la même
direction , qui , quoique fort peu extensibles , se prêtent tou-
tefois k ce mouvement, par l'eflet de leur obliquité; seule-
fluent , les deux vertèbres se rapprochent un peu , en com-
primant les ligaments et la synovie élastique pulpeuse,
qui , de leur côté, s'opposeat à une trop forte torsion.
Nous retrouvons cette même espèce de ligaments entre
toutes les autres vertèbres des Mammifères , et surtout chez
les Poissons , où ils remplissent leur fonction au plus haut
degré de perfectiop , tandis qu'elle n'existe point dans les
OiSBAUX et les SnaPEMis , dont les vertèbres ayant besoin
d'une plus grande mobilité, prés£i<tent, a cet effet,
n'ADTRBs coNDiTiONS , aiusi qu'on le verra plus loin.
La troisième partie du corps des mammifères , répondant
k ce qu'on appelle la Région dorsale du racbis (PI. II , /I9. 1 ,
cd), a principalement été destinéb à renferoier les Pou-
412 THliOLOGIE DB LA MATURB.
mons y appareil de la respiration , et le Conir, l'agent essen-
tiellement actif de la circulation sanguine, organes qui
auraient pu , autant que cela nous parait au premier abord ,
être placés ailleurs; mais le Créateur les a disposés ainsi ,
sans que nous puissions en trouver la raison, ni dans la
forme, ni dans les fonctions de ces appareils eux-mêmes;
mais il me parait que c'est plutôt dans des conditions de
statique qui s'accordent le mieux avec cette disposition de
ces appareils , que se trouve le motif qui a voulu qu'ils
fussent placés 1^.
En eifet, la presque totalité des animaux vertébrés ayant
leur corps disposé horizontalement dans leur état ordinaire ,
et appuyé vers ses deux extrémités sur deux paires de
membres locomoteurs , ce corps eût trop facilement fléchi
dans le milieu , et eût par là rendu la station et la marche
sur ces membres impossibles, s'il n'était soutenu par un
moyen quelconque; et le plus naturel était, de donner à
la partie de l'épine du dos, correspondant k l'intervalle de
ces membres, la forme d'un arc sous-tendu par une assez
forte corde ; et c'est en effet le moyen qui y fut employé ,
avec toutes les conditions de solidité que les circonstances
spéciales permettaient; mais pour peu que cet arc eût été un
peu long, le poids du corps qu'il aurait eu k soutenir eût
été tellement grand , que la corde qui le sous -tend eût eu à
supporter une très-forte traction; et le mieux était de donner
également à cette corde la forme d'un arc courbé en sens
opposé; de manière qu'en tendant k s'effacer, ces deux arcs
se fissent, autant que possible, équilibre, et pour cela H a
fallu les tenir écartés dans le milieu par des arc-boutants qui
passent de l'un k l'autre : dispositions qu'on trouve en effet
appliquées de la manière la plus savante dans la conforma-
tion du Thorax , troisième partie du corps dont il est ici
question.
Pour cet effet, il a été placé a la ligne médiane inférieure
du corps , un second arc formé dans sa partie antérieure
CBAFITRB III. 413
par une chaîne d*os, constitiiant le Sternum (fig. 1/ftt);
commençant au niveaa de rexoémité postérieure du cou , et
s'étendant jusque vers le milieu k peu près de la longueur
de Tare vertébral , comprenant aussi la quatrième partie du
corps, ou Y Abdomen y destiné k renfermer la majeure partie
de la masse des viscères , et soutenu dans le dos par la qua-
trième région de la colonne rachidienne.
L'extrémité antérieure du sternum est écartée k petite
distance de Tare formé par le rachis , au moyen des deux
Côtes de la première paire (j) : os grêles , mais assez forts ,
articulés latéralement avec Tun et avec l'autre, en laissant
entre eux un espace formant l'ouverture antérieure du tho-
rax. Ces côtes , toujours les plus courtes de toute leur série,
s'articulent en haut avec la partie latérale de la première
vertèbre dorsale, qui suit la dernière du cou. Cette paire de
côtes est maintenue fortement en place par plusieurs muscles
puissants qui , s'attachant k tonte sa longueur, se rendent de
là aux diverses vertèbres du cou , auxquelles ils s'insèrent , en
formant ainsi des étais qui empêchent les côtes de fléchir en
arrière. C'est ainsi que sur ces deux premières côtes s'ap-
puient réciproquement les extrémités antérieures des deux
arcs formés par le rachis et le sternum. Les côtes suivantes ,
variables en nombre, suivant l'espèce animale , se rendent de
même , par paires , des autres vertèbres dorsales sur le ster-
num , en forinant également entre eux des arcs-bontants
courbes convexes en dehors , et dont la courbure de plus en
plus forte, et la longueur graduellement plus grande, donnent
k l'ensemble des parties la forme d'une espèce de cage os-^
seuse en cône tronqué ^ allant en s'élargissant depuis le cou
jusqu'au milieu k peu près du tronc; soutenue le long du
dos par le rachis , inférieurement par le sternum , et formée
latéralement par plusieurs paires de côtes k peu près paral-
lèles entre elles.
Les quelques paires de côtes les plus postérieures sont
toujours incomplètes : c'est-k-dire qu'en partant, comme
L t
HA THÉOLO€IB I» LA MATURB.
les autres du raehis, où elles s'articulent arec leurs ver-
tèbres respectives , elles sont de nouveau graduellement de
plus en plus courtes , et n'atteignent pas le sternum , d'où
•Ile sont nommées Fausses côtes j pour les distinguer des
antérieures, appelées Vraies oMes, qui se prdongent an
contraire jusqu*au sternum.
Ces fausses côtes se trouvant déjk sur la partie rentrante
de la branche postérieure de l'arc que forme le racMs, leur
force , comme arc-boutant , devient inutile , vu que les der-
nières vraies côtes soutenant les deux arcs dans leur plus
fprand écartement , la partie postérieure du rachis prend na-
turellement la forme arquée par l'effet de son élasticité et de
3on poids, auquel s'ajoute celui de la portion postérieure du
eorps entier, qui tend k la faire fléchir en dessous ; en même
temps qu'elle est tirée en avant et en dessous par une chaîne
de muscles qui continue Tare du sternum, en allant se fixer
au bassin : celui-ci formant une forte ceinture osseuse en-
tourant la partie postérieure du tronc, en s*articulant sur
Farc vertébral ; pendant que la convexité de la partie molle
postérieure de l'arc du sternum est maintenue par le poids
des viscères qui pèse sur elle.
L'ensemble du thorax et de l'abdomen prend ainsi la
forme d'un gros fuseau très-renflé , distendu par les côtes
dans sa moitié antérieure seulement ; tandis que la posté-
rieure a ses parois latérales et inférieures formées simple-
ment de muscles et autres parties molles , conditions exigées
par les fonctions que chacune de ces parties remplit dans la
mécanique animale : la première , pour donner de la fixité
au corps dans la station ; et la seconde , pour lui laisser toute
la mobilité nécessaire dans la locomotion. Mais à ces deux
causes de pure mécanique , se joignent encore d'autres de
simples convenances, ou l'on voit que le Créateur a tiré
ADMIRABLEMENT PARTI DE CES DISPOSITIONS , pOUr la distribu-
tion des divers appareils des fonctions essentielles de l'orga-
nisme animal , ainsi qu'on le verra plus tard. Il suffit de faire
CBAFITRB m. 115
remarquer ici , d*aprè8 la eoarte description que je vieoB de
faire de la partie moyenne du corps , comprenant le thorax
et Fabdomen, que le premier a dû prendre, ainsi qu*il vient
d'être dit, par une simple condition de statique, la forme
d'une cage osseuse , qui était par \k aussi parfaitement propre
k recevoir l'appareil de la Respiration , dont la fonction de -
mandait cette même disposition ; et c'est en effet là ou le
Créateur l'a placé.
Quant à la seconde partie moyenne du tronc (deli) ou
VÂbdomm , elle n'est simplement formée, contrairement au
thorax qu'elle suit immédiatement, que de parties molles,
soutenues seulement par une portion de la colonne verté-
brale, ooDstiltuant sa région lombaire , qui lui permet de flé-
chir en tous sens, pour se prêter à tous les mouvements de
ces animaux. Cette partie ayant par là aussi la faculté de pou-
voir se dilater et de se resserrer plus ou moins , suivant le
volume des organes qui s'y trouvent renfermés , elle se pré-
tait , trè«*bien aussi , à recevoir tous les appareils organiques
sujets à cette sorte de variation , têts que ceux servant k la
digestion et à la gestatioo ; et c'est en effet à cet usage que
TsdMlonien a été employé.
Mais quoique le volume et surtout le p^ids des viscères
soient susceptibles de devenir fort considérables , tandis que
la région lombaire de la colonne vertébrale, qui seule sou-
tient l'abdomen , est nécessairement plus faible que la thora-
dque, qui cependant ne renferque que les peumonSi»et le
coeur, incomparablement plus légers , le Créateur a paré a
CE GRAïf D iif GOMVÉNIEKT , résultant de la faiblesse de la co-
lonne vertébrale, en lui faisant former, comme il a déjà éié
dit, la seconde branche de l'arc vertébral sous^tendu par la
corde , ou plutôt par l'arc opposé formé par le sternum et les
puissants muscles longitudinaux du milieu du ventre, insé-
rés au bord infra-antérieur du bassin.
Cette faculté de pouvoir varier de volume pour s'accom-
moder à celui de la masse des viscères , n'est point ainsi ,
il5 THÉOLOGIB DK LA HATURl.
comme on pourrait le penser, le seul motif pour lequel Tab-
domen n*a pas dû renfermer d'os dans ses parois; mais la
principale raison est que les animaux n'auraient pas pu flé«
cfair leur corps pour faciliter les mouvements de locomotion ,
si , à l'instar du thorax , Tabdomen avait ses parois soutenues
par des côtes; cette flexion devant surtout être facile et éten-
due chez ceux qui , tels que les carnivores et les grimpeurs ,
ont besoin d'une grande souplesse de mouvements en tous
sens pour le genre de vie auquel les animaux ont été appe-
lés par le Créateur ; et en effet , ces conditions ont été si bien
PRISES EN CONSIDÉRATION k l'égard des diverses espèces,
que, partout où cela devait être autrement, les inconvé-
nients QUI EN SONT résultés SONT PARFAITEMENT PRÉVENUS
d'une ou d'autre manière.
Lorsque la région lombaire des rachis a dû être longue
et très-flexible , ainsi que cela est dans tous les mammifères
qui vivent de chasse, les sauteurs, etc., cette partie de la
colonne vertébrale forme avec celle répondant au thorax un
arc fortement cintré , afin de mieux porter et prévenir l'affais-
sement du corps sous son propre poids , qui , sans cela , flé-
chirait trop facilement. Lk, au contraire, où cette grande
souplesse n'est point nécessaire, mais où le poids des vis-
cères est considérable , la région lombaire est fort courte ;
ou bien, le bassin qui pour d'autres raisons borne Tabdo-
men en arrière , se prolonge obliquement en avant dans sa
partie supérieure pour supporter en grande partie ce poids:
tel est le cas chez plusieurs Mammifères, et surtout chezles
Oiseaux. Enfin les minutieuses précautions vont jusqu'au
point que, dans toutes les grandes espèces, telles que les
Ruminants et les Chevaux^ dont le contenu de l'abdomen est
fort lourd , les vertèbres lombaires présentent latéralement
des lames osseuses ou Apophyses transverses très-longues ,
dirigées directement en dehors , pour étendre plus au loin les
points de suspension des parois de l'abdomen ; afin que ces
deriyères ne compriment que le moins possible les viscères :
CHAPITRB 111. 117
disposition qai se retrouve aussi chez les Cétacés , où le
bassin, réduit à un simple rudiment, ne peut, en consé-
quence , pas servir à maintenir les parois abdominales.
Les mammifères terrestres , devant marcher sur deux
paires de membres, la première (opqrst) prend ses points
d'appui sur les parties latérales antérieures du thorax ; et la
seconde, devant soutenir la région postérieure du corps,
prend les siens sur la colonne vertébrale , par Tintermédiaire
du bassin , ceinture osseuse qui entoure l'extrémité posté-
rieure de Tabdomen. Pour cela, plusieurs vertèbres (ef)
qui suivent les lombes ont été soudées ensemble pour en-
trer comme pièce moyenne dans la composition de ce Bas-
sin (kl mn) pour offrir plus de solidité k Tappui des membres
postérieurs (nuvxy). Sur les côtés de cette pièce osseuse ou
os Sacré y s'articulent les os Coxaux^ très-fortes pièces con-
tournant l'abdomen pour se joindre entre eux à la ligne
médiane inférieure. C'est sur ce bassin, véritable base de
tout l'édifice organique, que s'appuient toutes les parties du
squelette ; et que rayonnent, en définitive, toutes les séries^
de muscles, comme véritable partie centrale du corps.
Dans l'attitude redressée de Yhomme , le bassin se trou-
vant naturellement placé sous la masse des viscères, et
constituant la base de la colonne vertébrale , plusieurs An-
thropotomistes virent dans la forme, la disposition et la
grande Torce de ces os , un fait très-remarquable de statique
dont ils admirèrent les conditions savantes ; mais comme ce
fait n'est réellement qu'une spécialité tout exceptionnelle ,
les autres mammifères ayant le corps horizontal , il est im-
possible d admettre que ces conditions de statique soiem le
principal motif sur lequel est fondée la composition du
bassin -, mais bien une savante modification que le Créa-
teur a fait subir au bassin des mammifères quadrupèdes,
pour raccommoder k la fonction spéciale k laquelle il sert
dans l'espèce humaine , fonction qui n'est au fond elle-
même qu'une simple modification de celle que cette cein^^
118 THB0L04tfi M hà NATCRB.
ttire ossensft exerce chez les animant vertébrés de toutes
les Classes , oh elle sert princi paiement de point d'appui mx
membres postérieurs auxquels elle est subordonnée, secon-
dairement seulement, de moyen de suspension k l'abdo-
men , et chez Thomme, de support inférieur aux visières.
Enfin la dernière région de la colonne vertébrale, ou la
Queue (fg) , placée au delà du bassin , ne forme plus qu'une
tige plus ou moins longue , composée de vertèbres seule*
ment, accompagnée souvent , vers son origine , de quelques
rudiments d'os appendiculaires analogues aux côtes dont ils
sont les dernières traces. Cette queue, ainsi articulée, n'est
plus que la fin de la série des Tcrtèbres , qui déjà fort avancées
dans leur dégradation, finissent, àrextrémité, par ne plus
être que de simples rudiments, généralement sans usage.
Chez certaines espèces toutefois , la Nature , toujours si in-
génieuse dans ses moyens, et si admirablement économe
dans ses ressources, emploie cette partie réellement termi-
nale du corps à divers usages qui nous offrent plusieurs
exemples de ces moyens de haute science et de sagesse par
lesquelles Tlntelligence suprême arrive au but qu'elle s'est
proposé dans la création des Êtres; et cela toujours selon
les circonstances dans lesquelles il hii a plu de placer chaque
espèce animale.
Parmi les «diverses lois d'organisation qu'il m'a été pos-
sible de découvrir, et rapportées plus haut (page 9i), je
rapplîllerai ici la sixième, qui trouve entre autres son appli^
cation dans la marche dégradation que suivent les vertèbres .
A la léte de l'échelle , les premières vertèbres , ^ l'état presque
corifplétement rudimentaire, forment, par leur corps, la
^'/(ftslin des' fosses nasales; et par leurs appendices, d'autres
parties des mêmes cavités, servent de réceptacle au sens
de Todorat, en remplissant ainsi encore une fonction.
A-*la fin dé la série formant la queue, les vertèbres, après
avoir passé graduellement par plusieurs transformations,
finissent, au contraire, non-seulement par perdre tous leurs
CHAMIRB m. ilf
appendices 9 mais leur corps même, allant loujour s en dé
gradant » finit par être réduit k un simple grain osseux» sam
plus aucune fonction : véritable caractère du rudiment.
Cette dégradation finale est plus ou moins rapide chez les
diverses espèces animales, où la queue n*a d'ordinaire au«-
cune fonction bien établie , sauf quelques exceptions spécifia
ques, ou bien propres à quelques familles, dont je parierai
plus bas ; aussi ne peut-on considérer cet appendice du corps,
que comme simplement dépourvu de fonctions. Ainsi , déjk
dans Y Homme , la queue se trouve réduite k quatre petits rudi^
ments de corps de vertèbres formant la pointe du Coeqfx ^
dont Textrémité , ne dépassant pas la masse des chairs qu'elle
traverse, n'est en rien visible au dehors ; et se trouve en outre
dépourvue de toute espèce de mouvement volontaire. D'au-
tres espèces » comme les Roussettes , n'en ont même pas dta
tout. Un grand nombre de mammifères ont au contraire dert
queues plus ou moins longues, en forme de tige grêle , Irès^
flexibles en tous sens ; composées souvent de plus de 20 ou
30 vertèbres ; et même de 43 dans les Pancolins , sans pou^
cela servir k aucune fonction connue. Dans quelques espèces
toutefcMS , la Maturb à transformé la queue en un fort bon
organe de préhension , ou phitôt de suspension ; car ce n'est
que pour cet usage qu'elle lui a donné la faculté de pouvoif
s'enrouler par son extrémité autour des corps » avea une foret
telle, que l'animal s'y suspend facilement en entier, et y
jouit, k cet effet » d'un tact tout aussi délicat que celui dt
l'homme dans ses doigts , k en juger du moins par l'adresst
avec laquelle ces animaux savent trouver et saisir les obîeli
«auxquels ils s'accrochent par derrière sans les voir«
Le C€Utor se sert de sa grande queue , élargie en truelle ^ .
pour maçonner les constructious qu'jl «bâtit dans l'eaii ;• lés
Kanguroos et les Gerboises y dont les membres postéri'euis
sont démesurément plus longs que les antérieurs, ce qfti
gêne infiniment leur marche , et les oblige à sauter sur leurs
grandes jambes, ont potu compenser cet iNCONVÉNisirr,
ft
Î90 ToiOLOfilB DB UL NATUU.
une queue longue et très-forte , sur laquelle ils s'appuient
dans la station comme sur un troisième pied ; et qui leur
sert en même temps de ressort pour mieux s*élancer dans le
saut. Enfin dans toute la Famille des Cétacés souffleurs ,
comprenant les Baleines , et les Dauphins , la queue acqué-
rant le maximum de tout son développement , est aussi grosse
k sa base que l'extrémité de la région viscérale du corps à
laquelle elle fait insensiblement suite, et devient, comme
dans les Poissons , dont ces animaux imitent la forme et le
mode de natation , le principal agent de la nage ; fonction à
laquelle la queue sert essentiellement chez les animaux na-
geurs par excellence ; ainsi qu'on le verra quand il sera ques-
tion de ce genre de locomotion.
C'est ainsi que chez la plupart des mammifères , la queue
n'est qu'un appendice plus ou moins rudimeutaire du corps,
destiné à devenir au contraire , dans d'autres Classes , le
principal agent de l'une des fonctions les plus importantes
des animaux ; quoique k son extrémité , les vertèbres dont
elle se compose soient constamment rudimentaires , sinon
pour le volume, du moins pour leur forme, leur composi-
tion et leur fonction active; et si elle est conservée, longue
et fort mobile dans la plupart des mammifères , c'est pour
ne pas l'abandonner en principe , afin de la retrouver au
besoin dans la grande série des animaux vertébrés , où elle
doit au contraire arriver à son plus haut degré de développe-
ment, tant sous le rapport de son volume que sous celui de
sa fonction. C'est-k-dire que la Nature, toujours rigou-
RE1I6B dans son principe , de ne point abandonner entière-
ment un organe dans son échelle de gradation , tant qu'il «
peut encore être utile pour une fonction quelconque , con-
serve icLce grand appendice du corps pour le faire servir,
plus loin , i la natation et même au vol , ainsi qu'on le verra
plus bas; et s'il disparaît quelquefois, dans certaines es-
pèces, c'est tantôt dans des branches latérales, où sa dégra-
dation marche plus vite; ou bien , parce qu'il n'est pour le
GHAPITRX 111. i2i
moment d'aucune importance ; et dans ce cas on le voit de-
veoir incertain dans son existence , en disparaissant et en
revenant alternativement, sans aucune régularité , avant de
s'évanouir complètement.
Quelques Physiologistes , voulant tout expliquer, ont pensé
que la longue queue des mammifères faisait chez eux les
fonctions d'un balancier qui les maintient en équilibre dans
la course et le saut; mais c'est vraiment vouloir forcer les
conséquences ; car pourquoi telle espèce de singe , comme
les Guenons y aurait-elle une queue extrêmement longue,
tandis que les Magots , qui ont le même genre de vie , n'en
ont pas du tout? Et quel effet de balancier peut faire la queue
du Rat, qui n'a pas moins de 26 vertèbres? Et celle si grêle
de V Éléphant , qui se compose de 24?
Nous avons dit plus haut comment le Créatecr a prévenu
la flexion du corps des quadrupèdes dans son milieu , en
donnant aux régions dorsales et lombaires de la colonne
vertébrale , la disposition d'un arc sous-tendu par une corde
formée par le sternum et les muscles de la ligne médiane de
Fabdomen , et soutenu par les deux séries des côtes ; dispo-
sition si parfaitement établie pour former, d'une part, la
cavité thoracique destinée à loger les poumons et le cœur ;
et de l'autre , celle de l'abdomen destinée à contenir les vis*
cëres , variables dans leur volume.
Si l'on considère exclusivement les conditions de statique
qui ont nécessité cette disposition, et qu'on les examine
également dans les autres parties du corps , on retrouve dans
toutes, la même prévoyance des conditions d'équilibre, A
parfaitement calculées pour que l'existence des animaux
soit possible, qu'on est bien obligé de reconnaître l'inter-
vention d'une HAUTE Intelligence qui a établi ces oispo-
SITIONS SELON l'USAGE QUE CHAQUE PARTIE DU CORPS DOIT
REMPLIR. En effet , si , comme il a été dit plas haut , le corps
des quadrupèdes formait simplement dans les deux régions
de la colonne vertébrale répondant k l'intervalle des quatre
^ I
122 TnioLoaii d« la maturb.
membres , une voûte plus ou moins cintrée , pour empêcher
la fleiion du corps sous son propre poids , il en résulterait
que les deux extrémités de la colonne vertébrale seraient
dirigées obliquement en dessous.
Mais comme la bouche et les organes des sens , les yenx
surtout, devaient être placés ii Textrémité antérieure da
corps , il a fallu que cette partie fût au contraire dirigée en
avant, et plus ou moins relevée, afin que Tantmal pût voir
de plus loin et apercevoir les objets placés devant lui pour
les saisir avec sa bouche : c'est-à-dire qu*il a fallu pour cela
que la partie correspondante du racliis fût de nouveau re-^
courbée en haut, en formant, ainsi que cela est en effet
dans la région du cou placée au devant des membres anté*
rieurs , un arc concave en dessus , en sens inverse de celui
que forme la région dorsale; et, pour produire ce résultat,
IL A ENTRE AUTRES ÉTÉ PLACÉ au^dcssus du COU uuc grande
masse de muscles fixée k toutes ses vertèbres ainsi qn*l
celles du dos et k la tête; muscles dont la force considérable
produit cette courbure.
Mais cette inflexion du cou ne suffit pas encore : la tète ,
placée tout k fait k rextrémité du corps , étant nécessaire**
ment plus ou moins lourde , par la masse des organes qu'elle
porte, et pesant en conséquence fortement sur Textrémitë
libre du cou , elle devait par Ik être soutenue , non*seulement
par les puissants muscles de la nuque , dont je viens de par-
ler, mais elle devait être en outre appuyée par en dessous
dans sa partie postérieure , afin de diminuer, autant que pos»
sible , la longueur nécessaire du bras du levier sur lequel pèse
son centre de gravité, qui, toutefois, la fait plus ou moins
fléchir vers le bas , en lui faisant faire ainsi une dernière in-
flexion concave en dessous, ainsi que cela existe en effet chez
toutes les espèces, et facilite infiniment les fonctions de la
bouche, qui doit saisir principalementdes objets placés k terre.
La tête des Mammifères pesant ainsi k Textrémité d'un
cou plus ou moins long, elle exigeait pour être maintenue
CHAPlTm III. 113
relevée, uo emploi de force considérable. Cette puissance
9e trouve bien , en grande partie , dans les muscles posté-
rieursdu cou ; mais la force qu'ils ont k produire k cet effet
sorpasse d'ordinaire de beaucoup celle de l'excès de leur
eontraction passive, sur celle des muscles abaisseurs du cou»
ajoutée au poids de la tète, d*où le surplus de cette puissance
devait être produit par l'action de la force volontaire des
muselés de la nuque. Or cette contraction permanente eût
été très-fatigante pour l'animal , et de Ik bientôt insuppor-
table. Cb résultat ayant été prévu par l'omniscienge du
Créateur, il fut paré a cette difficulté, en donnant,
d'une part , k ces muscles une puissance considérable ; et
de l'autre, en les faisant agir en même temps, pour aug-
menter leur force , sur des bras de levier très-longs ; c'est-k**
dire, en les fixant k leur origine k des aphophyses épineuses
très-longues et fortes des premières vertèbres dorsales, et
6n les insérant k leur terminaison k la partie supra-posté*
rieure de la tête, qui présente k cet effet, suivant le besoin,
des lames plus ou moins saillantes , auxquelles les muscles
s'attachent : et Ik où ses moyens ne suffirent pas , il a été
PLACÉ entre ces MUSCLES UN FAISCEAU LIGAMENTEUX ÉLAS-
TIOUE qui, par sa force de contraction purement passive,
ajoutée k la puissance également passive des muscles , est ca*
pable de maintenir la tête soulevée, en même temps que ce
ligament , cédant par son élasticité k la force de contraction
volontaire des muscles inférieurs du cou , permet k l'animal
de baisser facilement la tête ; tandis qu'elle se relève d'elle-
■Qéme sitôt que cet acte volontaire cesse.
Ce Ligament cervical varie ensuite dans sa grosseur, sui*
v^ut la force qu'il doit produire chez chaque espèce animale.
I)^ns Thomme , la tête étant appuyée en dessous , se trouve
^ Ik par elle-même presque en équilibre sur le cou , d'où la
contraction passive des muscles de la nuque a suffi pour
l'empêcher de fléchir en avant , et le ligament cervical a été
entièrement supprimé. Il en est k peu près de même pour
124 THÉOLOGU Dl LA HATDRB.
toutes les espèces digitigrades a coa court , chez lesquelles
ce ligament élastique est tout an plus représenté par un
simple raphé filiforme, existant entre les muscles super-
ficiels ; ces organes étant généralement très-puissants chez
les animaux , et agissant d'ordinaire sur des bras de levieFs
fort longs , ils suffisent pour maintenir la tète relevée. Enfin
chez les espèces k cou fort long ou k tète. très-pesante, ce
ligament existe toujours, et sa force est, comme on peul le
penser, proportionnée pour la grosseur k la puissance qu'il
a k produire. Dans les Rdhimants, il part du sommet des
apophyses épineuses des vertèbres dorsales, en passant de
l'une k l'autre , en devenant de plus en plus fort ; et de la
première, son principal tronc se porte directement vers la
région supérieure du crâne, où il s'implante ; et de ce tronc
partent ensuite des branches allant s'insérer aux sommets
des apophyses épineuses des vertèbres du cou , aussi pour
les maintenir relevés.Dans V Éléphant^ dont la tète est fort
lourde, ce ligament est d'une grosseur énorme ; et nous ver-
rons plus bas, qu'il existe également chez les oiseaux, mais
avec des modifications très-remarquables relativement k sa
disposition et k son emploi.
Quant k la partie postérieure du corps qui , dans la même
supposition que j'ai faite plus haut, devrait pencher oblique-
ment en dessous dans les régions sacrée et caudale du rachis,
en faisant suite k la branche postérieure de l'arc dorsal et
lombaire de ce dernier ; elle produit toutefois en réalité un
arc concave en dessus dans la partie sacrée et postérieure
des lombes, et cela, non par Teflet de la volonté créatrice,
comme on pourrait également le croire, mais uniquement
par celui de la traction , qu'exerce sur les vertèbres de cette
partie du corps la puissance des muscles , dont la présence et
la prépondérance de force sont toutefois dues k la fonction
que ces mêmes parties exercent dans la locomotion , em vue
DE lAQliftLLE CES MUSCLES Y ONT ÉTÉ PLACÉS. Eu efict, IcS
^nipiaux quadrupèdes devant, soit dans la course, soit dans
CHAVITIIB lit. 4t5
le saat, se redresser ii chaque bond , plus ou moins , sur leurs
membres postérieurs ; ils ont, pour cela, besoin de pouvoir
soutenir, pendant ces moments , leur corps relevé , en empê-
chant la colonne vertébrale de fléchir, etc., surtout dans sa
légion lombaire , qui est la plus faible. Or il à fallu placer
POUR CELA SUR LE SACRUM ET LES LOMBES UNE MASSE DE
MUSCLES TRÈS*PUISSANTS CAPABLES DE PRODUIRE CET EFFET,
en l'insérant de part et d'autre aux apophyses épineuses de
toates les vertèbres de ces régions, et même, plus loin, aux
vertèbres dorsales et premières caudales. Ces muscles puis-
sants , en tendant à rapprocher, par leur traction active et
même passive, les vertèbres les unes des autres à leur face
supérieure, produisent nécessairement par Ik une courbure
eoDcave en dessus , dans la partie correspondante du rachis ,
traction qui fait relever le sacrum en arrière.
Enûn la queue, plus ou moins faible dans sa partie libre
chez la plupart des animaux , n'obéissant qu'à l'action de son
poids , se fléchit naturellement en dessous et fait faire de là
one dernière courbure convexe en dessus à la colonne ra*
chidienne.
C*est ainsi que s'explique naturellement la forme que
prend la colonne vertébrale chez les Mammifères quadru-
pèdes ; ici par reflet de la volonté créatrice qui a voulu
PRODUIRE TEL RÉSULTAT ; Ik par le simple efiet de la traction
active ou passive des muscles , ou bien uniquement par le
poids des organes; c'est-k-dire, pour ces derniers cas, par
des causes purement dynamiques , sans qu'on puisse y voir
précisémem pour cela l'influence d'une volonté déterminante.
Si Ton examine de même , sous le rapport de l'équilibre ,
les conditions d'existence de Tespèce humaine, qui se tient
et marche debout , attitude toute difierente de celle des
quadrupèdes, on arrive cependant exactement aux mêmes
résultats.
En considérant Tépine du dos comme exempte 4^ to«te
influence étrangère, elle se présente comme une tige droite,
IM TUiOLOOU Bl LA MATCJRB.
âef ée sur le milieu du bord poslérieur du bassin qui lui sert
de base. Mais, comme la masse des yiscères et autres parties
du corps se trouvent placées au devant de cette tige, le centre
de gravité s'y trouve en conséquence aussi , et tend à faire
fléchir le corps en avant ; de Ik la nécessité de placer, tout
le long , en arrière de la colonne vertébrale , une série éche-
lonnée de muscles dont la traction , en sens opposé , est ca-
pable de faire équilibre au poids agissant au centré de
gravité. Or ces muscles ayant un effort d'autant plus grand
k faire qu'ils s'insèrent plus bas sur la colonne vertébrale,
les plus inférieurs ont nécessairement dû être les plus
puissants ; et , comme cet effort est constant , ils doivent
tendre k faire fléchir en arrière les premières vertèbres infé-
rieures comprenant le sacrum et les lombes , en leur faisant
faire un arc postérieurement concave : ces muscles étant
plus puissants que ceux placés à la face antérieure de la
colonne vertébrale, dont la force n'est que le complément
de celle du poids du corps que les muscles postérieurs
eontre-balancent ; poids qui étant appliqué k la partie supé-
rieure du corps et k une certaine distance du rachis, n'agit
que médiatement sur les vertèbres lombaires , et ne s'op-
pose, en conséquence, pas k la courbure qu'elle forme.
Les vertèbres dorsales , placées un peu plus haut que les
lombaires , se trouvant sous ce rapport dans les conditions
semblables, seraient de Ik disposées, en cédant aux mêmes
efforts, k prendre également cette direction, en continuant
l'arc concave en arrière ; mais intervient ici une autre forcé.
La double série des côtes, formant des arcs-boutants trans-
versaux , qui se rendent de chaque vertèbre dorsale en avant
sur le sternum , et celui-ci se trouvant tiré en bas , d'une
part , par les muscles du bas-ventre , attachée au bord anté*
rieur du bassin , et d'autre part par le poids des viscères
suspendu aux côtes , et au sternum ; ces forces réunies ten-
dent non-seulement k faire courber la région dorsale du
rachis en avant , mais elle la force k s arquer dans cette
CBAflTRB lit. i¥!
êinttàon par lenr actîmi sur les côtes ; c*est-ii-dire que le
sternum , étant tiré en bas, tend k prendre une direction
ferticale; et repoussant par là les côtes d'autant plus en
arrière que celles-ci sont plus longues et en conséquence plus
inférieures , la partie dorsale du racbis prend par ces divers
efforts une courbure convexe en arrière, et entraînerait
les vertèbres du cou dans la même direction si celles-ci
l'étaient pas sollicitées par d'antres forces.
La tète, placée à l'extrémité dû cou, ayant un poids plus
on moins considérable, mais toujours beaucoup plus grand
que celui d'une seule vertèbre , tend aussi k faire fléchir le
cou en avant ; et, pour la maintenir en équilibre, il a fallxj
que son poids fût contre-balancé par la force des muscles
paissants ou des ligaments placés k la nuque , où ils prennent
leur point d'appui , soit sur les vertèbres du cou , soit sur les
dorsales supérieures; d'où leur effort, produit sur la région
des vertèbres du cou , a le même effet que ceux du bas du
troBC sur la région lombaire, c'est- k- dire qu'elle la fait
arquer en arrière. Enfin le poids absolu de la tête, dont le
eentre de gravité spécial est aussi en avant de son point
d'appui sur l'atlas, ramène encore la série des vertèbres
céphaliqnes en avant.
Quant aux vertèbres de la queue , réduites chez l'homme
à quatre osselets, formant ensemble la petite pointe du
CùecyXf cette partie qui ne dépasse pas les chairs, est for-
tement tirée en avant par les muscles du périné dans les •
quels elle est engagée ; et de Ik fléchit vers le devant , en
formant, comme chez les quadrupèdes , également un arc
eonvexe en arrière.
On voit, d'après ce court exposé des forces principales
qai agissent sur la colonne vertébrale de l'homme , que les
courbures alternatives en arrière et en avant qu'elle forme ,
•ont également dues, comme dans les Mammifères quadru-
pèdes , en grande partie k l'effet dynamique des muscles ,
agissant sur les vertèbres par des causes différentes, et sont
428 TBEOLOftIK DB LA NATURl.
cependant exactement les mêmes ; et la preuve que ces in-
flexions ne sont dues qu'à la traction dos muscles, c*est que,
dans le fœtus, la colonne verlébrale est parfaitement droite
avant que les muscles n'aient acquis la force de traction dont
ils sont plus tard capables.
Nous avons vu plus haut que les divers os dont se com-
pose le squelette , et notamment les vertèbres , présentaient
divers prolongements plus ou moins longs et forts ou Apo-
physes y afin d'ofl'rir, d'une'part , une plus grande surface aux
attaches des muscles , et faire de Tautre Toffice de leviers «
sur lesquels ces muscles agissent alors avec plus d'eiBcacité.
La direction qu*ont reçue ces apophyses est en elle-
même fort remarquable, étant généralement dans le
SENS DE LA RÉSULTANTE DE TOUTES LES FORCES MUSCULAIRES
QUI AGISSENT SUR CES DIVERS PROLONGEMENTS OSSEUX , autant
du moins que l'œil peut en juger , cette force ne pouvant
pas être exactement appréciée. Les exceptions à cette loi,
dans les cas où une raison quelconque Ta exigé autrement,
prouvent que cette direction des apophyses ne doit pas être
considérée comme un simple eflet dynamique produit par
la traction des muscles, mais bien comme celui d'une
SAVANTE INTENTION QUI l'a VOULU AINSI. Car pourquoi l'apo-
physe du coude, par exemple, est-elle dans la direction du
cubitus dont elle fait partie, et non pas dans celle des
muscles extenseurs de l'avant-bras chez les quadrupèdes ,
où elle fait au contraire un angle très-grand avec la direc-
tion de ces muscles ? De même aussi , pourquoi Tapophyse
formant le talon , est-elle dirigée obliquement en dessons
chez l'homme, pour servir de principal appui au corps dans
la station, et non directement en haut, dans le sens des
muscles extenseurs du pied qui agissent exclusivement sur
elle? pourquoi dans les quadrupèdes reste-t-elle dans Taxe
du pied, au lieu de prendre la direction de ces mêmes mus-
cles ? et je pourrais citer encore d'autres cas fort nombreux.
Les apophyses de la colonne vertébrale et autres sont, au
CMAPITRS III. 420
contraire, généralement dans la direction de cette résul-
tante ; et cela est surtout remarquable chez les espèces très-
agiles et sautantes , où leur longueur et leur disposition sont
fort différentes de celles des espèces lentes et lourdes , où ces
mêmes prolongements sont d'ordinaire autrement disposés ;
caractère qu'on peut par là même reconnaître k Tinspection
do squelette seul de ces animaux.
Dans les Mammifères lents et lourds, les apophyses épi-
neuses et transYcrses de la colonne vertébrale sont généra-
lement courtes , larges » et par là fort rapprochées d*une
Tertèbre k l'autre ; leur déplacement angulaire devant être
très-borné dans les mouvements de ces os , n'exigent pas un
plus grand écartement, et d'ordinaire elles sont perpendi-
culaires k l'axe des vertèbres ; tandis que chez les espèces
agiles, et par conséquent légères, ces mêmes apophyses sont
au contraire grêles , et la plupart obliques k l'axe de l'os ,
pendant que leur longueur varie suivant l'effet qu'elles doi-
vent produire comme leviers.
Dans les espèces sauteuses par excellence, telles que le
Chat^ qui s'élancent non-seulement par l'extension subite
des membres locomoteurs préalablement fléchis, mais
aussi par le débandement de la colonne vertébrale, où
celle-ci, d'abord fortement arquée, s'étendant rapide-
ment, contribue puissamment k la projection du corps au
loin.
Cette action de la colonne vertébrale ayant lieu de ses
deux extrémités vers le milieu , c'est dans ces deux sens
opposés que les muscles agissent ; et c'est aussi dans cette
même direction que sont placées les apophyses des deux
parties; c'esl-k-dire, que celles de sa portion antérieure
le sont obliquement en arrière , et celles de la région posté-
rieure obliquement en avant ; de manière que l'apophyse
moyenne, celle appartenant k la vertèbre vers laquelle les
deux mouvements ont lieu reste droit. Quant k la longueur
et k la force de toutes ces apophyses, elles sont d'autant
I. 9
190 THiOLOGIB DB LA NATURK.
pins grandes » qu'elles sont plus éloignées de ce centre de
mouvement ou Nœud vers lequel la force se concentre^
et c*est en conséquence aussi Tapophyse épineuse de la ver-
tèbre moyenne qui est la plus courte.
Quant aux apophyses transverses, généralement horizon-
tales et perpendiculaires ^ Taie de leurs vertèbres respec-
tives, dans les espèces qui ne débandent pas leur rachls
en sautant; elles sont d* autant plcs larges et plus
LONGUES chez celles-ci , qu'elles ont un plus grand poids
à supporter. Dans les espèces au contraire qui sautent au
moyen de Textension de la colonne vertébrale , ces mêmes
apophyses sont grêles, et dirigées plus ou moins oblique-
ment vers les vertèbres occupant le nœud de mouvement
du rachis; et d'autant plus longues qu'elles s'éloignent
davantage de cette dernière , si toutefois d'al^res causes
AUXQUELLES ELLES SONT SOUMISES uc modifient poiut l'effet
de cette loi.
Cette disposition des apophyses des vertèbres présente
quelques exceptions considérées comme caractères des
espèces sauteuses, vu qu'on la trouve également chez cer-
tains mammifères non sauteurs ; mais toutefois très-souples
dans les mouvements de leur colonne vertébrale ; tels que
les Ours; tandis que jamais une espèce débandant sa
colonne vertébrale dans le saut n'a ces apophyses courtes
et perpendiculaires à Taxe de l'os.
Ces demL conditions dans lesquelles se trouvent tes apo-
physes de la colonne vertébrale, se remarquent entre
autres aussi chez l'Homme. Le corps étant vertical les
muscles postérieurs de l'épine du dos, agissant tous de
bas en haut sur les vertèbres , afin de maintenir le corps
redressé : les . apophyses épineuses de toute la colonne
vertébrale sont fortement dirigées en bas ; tandis que les
transverses , sollicitées à la fois par des muscles qui les
tirent les uns en bas et les autres en haut, restent trans-
versales.
CHAPITRE III. 431
La colonne vertébrale formant, ainsi quMI a été dit plus
haut, la partie centrale de la charpente osseuse qui soutient
le corps, et détermine sa forme et ses proportions chez tous
les ANIMAUX YBRTÉBRÉs , c'est sur cettc série d*os impairs
que Tiennent s'appuyer latéralement tons les autres os
du corps formant leurs appendices directs ou indirects
constituant le reste du squelette. Or, de même que les
vertèbres , ces diverses pièces osseuses se modifient gra-
duellementjdans leurs séries d'analogues , d'une part d'après
la loi de gradation à laquelle elles sont soumises comme
tous les autres organes en passant d*une famille à l'autre
dsms toute la chaîne des animaux vertébrés ; et d'autre
part, suivant les conditions spéciales dans lesquelles elles se
trouvent successivement dans leurs rangs sur le même
animai ; et cela au point de changer souvent tellement de
forme qu'on a de la peine à reconnaître leur analogie. C'est
dans ces derniers temps seulement que le célèbre Natura-
liste allemand Oken a reconnu que les os de la tête n'é-
taient autre chose qu'une série de vertèbres accompagnées
de leurs appendices immédiats et médiats analogues à ceux
des vertèbres du tronc.
Quoique les transformations qu'ont subies les vertèbres
de la tète et leurs appendices soient les plus fortes , et de \^
les plus remarquables , je m'abstiens de les indiquer ici , ne
pouvant pas accompagner leur description des figures néces-
saires ^ en faire comprendre la forme , la théorie et les
fonctions ; objet pour lequel je renvoie k mon travail sur
ranatomie du Chat , me bornant k indiquer uniquement ici
tes appendices pour le reste de la colonne vertébrale , où
beaucoup plus simples, on en suit facilement la série; en
même temps qu'on reconnaît, sans difficulté, les raisons
SClENTIFIQtJES QUI EN ONT DÉTÉRIORÉ LES MODIFICATIONS.
C'est k la région dorsale de la colonne épinière, que ces
appendices vertébraux sont le mieux caractérisés comme
tels , et q«*on peut le plus convenablement les prendre pour
i33 TBlSOLOGlB Dl LÀ HATOU.
type, afin de les faire servir de terme de comparaison. Ces
appendices , connas sons le nom de Côtes , forment , ainsi
qn'on Ta déjk tu , de longues tiges grêles, arquées par elle»*
mêmes, pour entourer transversalement le tronc, et se re-
joindre par paires, au devant de la poitrine, sur la série
d'une autre chaîne d'os mitoyens , constituant le sternum.
Ces côtes se composent , chez les Mammifères , de trois
pièces consécutives, auxquelles se joint encore un appendice
latéral chez les Oiseaux et les Poissons.
La première de ces pièces, celle qui s'attache k la ver-
tèbre, est très-petite, ne formant qu'un simple grain en ca-
lotte sphérique , constituant la tète articulaire sur laquelle la
côte se meut. La seconde est au contraire une très-longne
tige, dont la première n'est qu'un petit appendice, plus tard
soudé avec elle; et la troisième, qui n'est que la continua*
tion de la seconde, ne s'en distingue, qu'en ce qu'elle reste .
presque toujours cartilagineuse ; et c'est celle-ci qui joint le
sternum.
Aux vertèbres du cou , les côtes ne sont représentées que
par une partie surajoutée à leurs apophyses transverses,
sans jamais former une pièce spéciale ; mais qu'on reconnaît
comme telle, par son analogie avec des parties semblables
dans les Reptiles sauriens et les Oiseaux.
Aux lombes, région qui fait suite au dos, les appendices ,
costaux manquent complètement chez les Mammifères ; mais
se retrouvent également sous forme de rudiments , et même
bien mobiles , chez les Reptiles et les Oiseaux. Enfin aux
vertèbres sacrées qui , à leur tour, suivent les lombaires , ces
appendices reparaissent, au contraire, plus développés que
partout ailleurs ; comme employés, ainsi que je l'ai dit, à
former la partie centrale du squelette , sur laquelle toutes
les autres, même la colonne vertébrale, prennent leur
appui.
Ces vertèbres sacrées, au nombre d'une ou de plusieurs :
(sept dans la Taupe , cinq chez V Homme ^ trois dans le Chai
. GHAPma ui. 133
et uoe seule chez le Eanguroo) pour donner pins de solidité
au bassin dont elles forment la partie moyenne postérieure,
se soudent entre elles , en ne formant qu'une seule pièce
ou Sacrum; et leurs appendices constituent les parties laté*
raies du bassin où Ton distingue toujours au moins trois
pièces anatomiquement analogues aux côtes; pièces bien
distinctes dans les jeunes sujets , mais soudées plus tard.
Ce sont les deux os Ilium , formant la partie latérale posté-
rieure du bassin on les hanches ; les Pubis , qui , partant de
ceux-ci , se portent en avant , et se joignent dans la ligne mé-
diane ; et les Ischiony qui, placés k la suite des deux premières
paires, constituent la partie anale du bassin. Dans les es-
pèces du genre CAol, on distingue en outre encore une
quatrième paire d'os, bien plus petits, placée au point de
rencontre des trois grands , au fond de la cavité articulaire
de la cuisse. Enfin , j'ai découvert dans le même animal
encore une autre paire d'osselets, également très-petits;
mais distincte seulement dans le très-jeune âge ; placés entre
la première apophyse transverse du sacrum et l'os de la
hanche.
Quoiqu'il soit fort difficile de déterminer exactement l'a-
nalogie que ces cinq paires d'os ont avec les côtes dorsales
qu'ils représentent bien évidemment, on peut toutefois, en
se fondant simplement sur leur disposition , reconnaître que
la dernière petite pièce dont je viens de parler, est l'analogue
de la première pièce de la côte dorsale , formant sa tête arti-
culaire ; que l'os de la hanche se rapporte à la principale
pièce de la côte ; les Pubis , aux cartilages costaux ; l'osselet
propre aux Chats , k l'appendice costal des Oiseaux ; et que
les Ischion représentent une seconde paire de cartilages
costaux, dont les pièces postérieures manquent.
Enfin on retrouve aux vertèbres caudales , encore des ap-
pendices latéraux, ordinairement fort petits, représentant
les côtes, et devenant même fort grands chez les espèces
dont la queue agit avec force dans quelques fonctions;
i34r TH^LOGIB DB L4 HATUIIB.
aiosi que cela existe dans les KangurùOi et les Cétacés.
Ces analogies doDt je viens de parler, sont du reste parfai-
tement prouvées par la série non interrompue de ces appen-
dices vertébraux , chez les Reptiles sâurœns , où ils con-
servent, depuis la tète jusqu'à Textrémité de la queue,
parfaitement leur caractère de côtes; et si dans les antres
animaux ces appendices varient fortement suivant leur rang
et leur fonction, ils montrent avec quel soin iugénieux
l'Intelligence suprême a su les accommoder partout l
l'usage auquel elle les a destinés.
Nous avons vu plus haut que les Mammifères affectaient
deux principales attitudes ; celle de l'espèce humaine, dont le
corps est redressé verticalement , et celle des autres espèces ,
dont le corps est horizontal. Cette différence est simplement
une conséquence physiologique de la fonction des deux
paires de membres , dont la première , exclusivement desti-
née k la préhension dans l'homme, a eu besoin d'être
libre dans les principaux actes de la vie, pour être lou«
jours prête k saisir les objets; et que la seconde paire seule,
destinée k la locomotion , appuie sur le sol pour soutenir
le corps ; tandis que dans la plupart des autres Faiulles de
la même Classe , les quatre membres devant servir k la
locomotion , posent nécessairement k terre ; d'où le corps a
dû prendre une disposition horizontale. Enfin chez les es-
pèces où la transformation de la main en organe de loco-
motion a lieu , on voit aussi tout le corps prendre graduelle-
ment , dans chacune de ses parties , les caractères qu'il doit
avoir chez les quadrupèdes.
Par cela même que les membres antérieurs ne servent
dans V Homme qu'à la préhension , ils ont dû être non-seu-
lement libres ^ mais encore composés de plusieurs parties
consécutives, afin de pouvoir être dirigés de tous côtés pour
saisir; et l'on verra plus loin, que celte même subdivision
en plusieurs parties, des mêmes membres, est aussi néces-
saire cbes les quadrupèdes.
ciUPiTiqi iiu 435
Dans toute h Clabss des Mammifères, les membres ai|té-
rieurs se composent de cinq parties consécutives bien dis^
tinct^ par leur mobilité : YJËpaule . soutenue par l'os do
YOmoplate (PI. II. fig, i. o) et la Clavicule (p) , quand celle-ci
existe; le Bras^ que soutient Y Humérus (pq); YAvant^
bras (gr ) , où se trouvent les os du Cubitus et du Radius ; la
Palmure (rs)^ soutenue intérieurement par plusieurs petits
osselets , au nombre de huit au plus , placés k sa base , et
constituant ce qu'on nomme le Carpe; et de plusieurs petits
os longs, en nombre égal k celui des doigts; mais jamais de
plus de cinq , ou os Métacarpiens placés vers rextrémilé.
Enfin le membre est terminé par les Doigts (st), en nombre
variable, de un jusqu'à cinq, selon l'espèce; dont chacun
des quatre externes renferme trois Phalanges osseuses ; et
le premier ou l'interne, lorsqu'il existe, deux seulement;
règle générale pour tous les Mammifères , à l'exception tou-
tefois des Cétac]£s souffleurs, qui offrent un plus grand
nombre de phalanges à leurs doigts ; probablement par leur
voisinage avec les Reptiles, où le nombre de ces osselets
n'est plus aussi généralement fixe.
V Épaule forme dans Y Homme une masse charnue élargie
en grande palette, renfermant l'omoplate et appliquée pos^
térieurement contre la partie supérieure du thorax , auquel
elle est unie par à^ puissants muscles , tandis que par son
exirénûté externe elle est fixée au sternum au moyen de la
Clavicule ; os long se rendant de l'angle externe de l'oum-
plate , avec l^uel elle forme le moignon de l'épaule , trans-
versalement en dedans pour s'articuler par son autre extré-
mité avec la partie supérieure du sternum*
Le principal muscle qui fixe l'épaule est le Grand dentéli^
lame charnue en forme d'éventail tronqué au sommet, où
ce muscle se fixe au bord postérieur de l'omoplate, et se
dirige de Ik en dedans et au-dessous , entre cet os et les
côtes , en s'élargissant beaucoup pour s'insérer à ces der-
nières par plusieurs digitations.
136 THIOLOaU DB LA NATURE.
Par ce puissant moyen d'union de l'épaule au thorax ,
elle conserve la faculté de glisser plus ou moins sur ce der-
nier, en se mouvant sur la clavicule , qui peut elle-même
céder sensiblement, par sa mobilité sur le sternum , en per-
mettant à l'épaule de s'éleyer, de s'abaisser, et de se porter
même un peu en avant; mouvements produits par plusieurs
autres muscles encore, insérés soit à Tomoplate , soit k là
clavicule, et même au bras, en prenant leurs points fixes
sur la colonne vertébrale , la tête ou les parties antérieures
du thorax : mouvements qui se réduisent toutefois simple-
ment k des glissements en tous sens sur ce dernier.
L'os de l'omoplate , lui-même élargi en grande palette
triangulaire , .fort mince ,. dans sa partie tournée vers l'épine
du dos , est au contraire renflé k son angle externe , où il se
termine par une large troncature concave, formant une
cavité en portion de sphère, dans laquelle s'articule l'os du
bras ou Humérus. Celui-ci y est terminé k cet eflet par un
renflement dont la partie interne est également en portion
de sphère, s'emboitant dans cette cavité de l'omoplate dans
laquelle 1 humérus se meut en tous sens ; et ces deux os sont
unis entre eux spécialement par un large ligament circulaire
ou Capsule articulaire^ fixée à chacun autour de sa surface
articulaire. Cette capsule très-forte, comme partout où les
os ont de grands efforts à exercer, est ici surtout ample et
lâche , afin de permettre au bras un mouvement de circum-
duction très-étendu , qui lui permet de pouvoir être dirigé
de tout côté. Mais pour l'empécher toutefois de sortir
DE SON EMBOITEMENT , ccttc capsulc cst puissammcut soute-
nue tout autour par de nombreux et larges muscles qui y
adhèrent par leurs tendons.
Aux autres articulations du membre , ces capsules sont
généralement plus faibles , étant partout proportionnées
aux efforts que les os qu'elles unissent ont à supporter, et
deviennent même nulles, lorsque les articulations sont
entourées d'organes capables de les SUPPLÉER DANS LEUR
CHAPITRE 111. i37
FONCTION ; circonstances où nous trouvons encore de nom-
breax exemples de ces soins minutieux , aTOc lesquels tout
est si admirablement prévu.
Pour que les mouvements soient le plus faciles possible
dans Tarticulation de l'épaule , comme d'ailleurs dans toutes
les autres permettant une très-grande mobilité, le Créateur
À revêtu les surfaces articulaires des os d'une couche de
substance cartilagineuse d'un tissu très-fin , serré , à surface
lisse, et d'un poli brillant » au moyen de laquelle les os
glissent les uns sur les autres avec la plus grande facilité ;
et cela d*autant mieux que TIntelligence suprême, oui
non-seulement connaIt tout, mais ne manque nulle part
l/ttablir ses cbuvres dans les conditions les plus par-
FAITES qu'elles comportent, selon le but qu'elle s'est
PROPOSÉE , A EU SOIN DE BAIGNER ICI l'iNTÉRIEUR DE l'aR-
nculation , ainsi que toutes autres , de cette même
Synovie , dont il a été question en parlant plus haut du
MOUVEMENT DES TENDONS DANS LEURS GaInES. Cette bumCUr
visqueuse remplissant au degré le plus éminent les usages
de l'huile dans les mécaniques artificielles, est sécrétée,
comme dans les gaines des tendons , par les parois d'une
membrane très-mince, formant une poche sans ouverture ,
qui tapisse tout Tintérieur des articulations , absolument
comme les gaines synoviales dont elles sont les analogues.
Cette tunique , après avoir revêtu les têtes cartilagineuses
des os, passe de l'une à l'autre en doublant intérieurement
le ligament capsulaire.
Mais la synovie ne sert pas seulement à faciliter ainsi le
mouvement des os les uns sur les autres, dont le frot-
tement est souvent très-fort dans les grands efforts que
c^ pièces ont à supporter en agissant comme levier ; elle
sert encore , par l'eiTet de sa fluidité , à remplir prompte-
ment les parties de la cavité articulaire qui , par le dépla-
cement des os , pourraient rester vides ; vacuités qui s'op-
poseraient à la facilité des mouvements et les rendraient
138 THiOLO«ni D« Là RATURB.
même presque impossibles. C'est ainsi qu'au moyen d*uo
seul agent, la Nature a su éviter deux inconvénients »
EN MÊME TEMPS Qu'eLLE A PU s'aFFRANGHIR DE LA NÉCESSITA
DE DONNER AUX PARTIES ARTICULAIRES DES OS LA FOIIMB
RIGOUREUSEMENT GÉOMÉTRIQUE , Ruxquolles les plus habîleft
ingénieurs sont obligés dans la composition de leurs méca*
niques ; tandis que dans les articulations des os, rien n*est,
ainsi que je l'ai déjà dit plus baut, jamais ni parfaitement
sphérique, ni exactement cylindrique, cela n*étant pas né*
cessaire ; et la Nature a pu laisser par Ik beaucoup aux effets
des circonstances fortuites , sans inconvénients pour l'exé-
cution des mouvements, même les plus précis.
Le bras de l'homme entièrement libre dans toute sa Ion*
gueur, afin de pouvoir être dirigé facilement de tous côtés,
obéissant simplement à son poids , est naturellement dirigé
verticalement en bas, en fsûsant un angle droit avec l'u»
des épaules.
Mais pour que le bras , placé le long du corps , trouyat
UN APPUI SUFFISANT AU-DESSUS DE SA TÊTE , qui U^ S'artiCUle
que par le côté avec l'extrémité du corps de l'omoplate ;
celle-ci présente au milieu de sa face postérieure une forte
crête très-saillante dirigée de dedans en dehors, et se pro-
longe au delà de la cavité articulaire en un fort élargis6<^
ment appelé Acromion , passant au dessus de la tête de
l'humérus pour lui fournir un appui. Enfin pour donner
TOUTE LA FIXITÉ DÉSIRABLE au bras , eu lui laissant toutefois
l'élasticité nécessaire k la souplesse des mouvements^ il
existe, tant chez Y Homme que chez tous les quadrupèdes qui
ont de grands efforts k faire avec leurs bras, une CJavtcûla
en forme de tige plus ou moins forte , dont il a d^'à été
parlé, se rendant du sommet de l'acromion transversale-
ment en dedans , pour s'articuler k son autre extrémité avec
le bout du sternum , et sert à maintenir les épaules toujours
écartées au même point, en faisant l'arc-boutant contre
toute force qui tend k les rapprocher.
CHAFITM m. 439
Lexiflence de la clavicule dans tout son développement
caractérise généralement les animaux obligés à faire de
grands efforts d'adduction avec leurs bras; tels que les
grimpeurs, les fouisseurs, les volants, et eeui qui manient
les objets avec leurs mains.
Celle règle offre cependant quelques exceptions diffi-
ciles k expliquer, probablement parce que nous ne con-
naissons pas toutes les conditions qui exigent que ces os
soient très-développés. C*est ainsi que les Lapim^ qui
creusent deç terriers, n'ont cependant que des clavicules
imparfaites , suspendues simplement dans les chairs ; et il
en est de même des ChaU , qui grimpent avec facilité ; enfin
dans les Oun^ animaux qui exercent une force énorme
dans Tadduction de leurs membres antérieurs, en com-
battant leurs ennemis qu'ils étreignent dans leurs bras,
n'ont cependant qu'un simple petit rudiment de clavicule
également suspendue dans les muscles au devant de l'é-
paule.
A son extrémité inférieure, l'os du bras s'articule chez
tous les Mammifères à la fois avec les deux os soutenant
Tavant-bras, comme lui également dirigé en bas dans
Tétat de repos , et un peu fléchi en dedans chez V Homme.
Pour cela, 1 humérus présente deux forts renflements placés
à côté l'un de l'autre , formant ensemble plus de la moitié
d'une grosse poulie , dont les Saillies ou Condyles sont di-
rigées obliquement en dessous et en avant. Entre ces deux
saillies s'articule en arrière l'un des deux os de TAvant-
bras ou le Cubituê, dont l'extrémité, dépassant la poulie,
forme la âaillie du Coude. De son côté , cet os présente éga-
lement une articulation en are de poulie, mais concave,
s'emboitant dans celle de rhumérus.
On voit de suite que , par la forme de cette articulation
des deux os, le mouvement que l'avant-bras peut exécuter
ne saurait avdr lien que dans un seul plan vertical, dirigé
d'arrière en avant.
i40 THÉOLOGIB DB LA NATURE.
Ces mouvements alternatifs de l'articalation sont soli-
dement assurés , d'abord par la profondeur de Temboite*
ment des parties, et ensuite par de puissants ligaments
qui unissent les deux os ; ligaments qui s'implantent laté-
ralement k ces derniers ; du côté du cubitus , le plus près
possible du milieu du bord de son échancrure articulaire et
du côté de l'humérus , k l'extrémité de Taxe de mouvement
de l'articulation ; c'est-à-dire de chaque côté» au centre de
l'arc de poulie que forment les condyles. Ces ligaments la*
téraux » ainsi insérés conformémbiit aux principes mathé-
matiques DE LA MÉCAMiQUE, u'éprouvcnt par Ik aucuM
tiraillement pendant le déplacement des os, d'où pourrait
résulter la moindre gène dans les mouvements du cubitus
que ces ligaments suivent, comme un rayon parcourt la
circonférence d'un cercle; tout en tenant ainsi constamment
les os parfaitement unis. Cet emploi de ligaments latéraux,
disposés dans ces conditions , se retrouve d'ailleurs k toutes
les articulations k mouvements alternatifs ou ginglynoîdes
chez tous les animaux pourvus d'un squelette intérieur,
COMME ÉTANT LE MOYEN LE PLUS SIMPLE ET LE PLUS EFFICACE
DE RÉGLER CES MOUVEMENTS.
Le second os de l'avant-bras ou le Radius est placé le
long de la face antérieure du premier, qu'il croise un peu
obliquement; c'est-k-dire que supérieurement il s'articule
par son extrémité tronquée présentant une petite facette
articulaire concave arrondie, avec la grosse saillie externe
de l'humérus seulement , sur laquelle le radius peut ainsi k
la fois tourner en rotation , et glisser le long de cet arc de
poulie , en suivant le cubitus , auquel il est lié latéralement
par des ligaments , et entre autres par un anneau ligamen*
teux entourant sa tète cylindrique , anneau qui lui laisse la
facilité de tourner ainsi sur lui-même.
L'extrémité inférieure du radius est au contraire placée
en dedans , et un peu au devant de celle du cubitus ; de
pianière que ces deux os sont dans leur disposition respec-
CHAPITRE m. i4i
tive comme tordus l'un sur l'aulre d'un demi-tour, et ne se
touchent qu*k leurs extrémités , où ils s'articulent latérale-
ment entre eux.
Par Tefiet de cette disposition , le radius conserve la fa-
culté de tourner par son extrémité inférieure autour du
cubitus, en se détordant avec lui pour lui devenir parallèle,
position où son extrémité inférieure est, comme la supé-
rieure, en dehors et un peu en avant du cubitus. Cette
disposition si simple et les mouvements de rotation si ingé-
NiBusEMEKT OBTENUS daus l'avaut-bras , où le radius en-
traine la main avec lui; cet os fait exécuter à celle-ci un
mouvement de volte pour lui faire présenter selon le besoin
la paume ou le dos en dessus, mouvement surtout bien
maniiiéchez V Homme et les Singes ^ qui se servent principa-
lement de leurs mains pour saisir les objets dans toutes les
positions; cette rotation de Tavant-bras pouvant aller chez
eux jusqu'à un demi-tour ou un peu plus ; tandis que chez le
Chat et ses congénères, etc., qui saisissent également avec
leurs mains, mais d'ordinaire seulement au devant d'eux , ce
mouvement n'est que d*un quart de tour; ce qui leur suffit
pour l'usage qu'ils ont à faire de leurs membres antérieurs ,
c'est-à-dire que, d'horizontal que se trouve le plat de leur
main , ils peuvent le placer dans une position verticale, la
paume en dedans. Ce mouvement est ensuite plus limité
encore chez les autres mammifères, qui emploient peu leurs
mains à la préhension ; et il est non-seulement presque in-
sensible chez les espèces dont les membres antérieurs ne
servent qu'à la marche , mais les deux os de l'avant-bras sont
même soudés entre eux dans les Ruminants et les Solipêdes ,
afin de leur donner la plus grande fixité, dont ces animaux
ont besoin dans la course; vu que la facilité avec laquelle
ces os tournent Tun sur l'autre exposeraient l'animal à des
entorses, accidents que ces animaux eussent été obligés
de prévenir par des efforts constants des muscles qui s'y
opposent; efforts qui causeraient une fatigue qui devien-
i4C TBiOLMIB DB LA IfATURK.
drait bientôt douloureuse et insupportable. Cette sikCE
PRÉCAUTION , qui prive ainsi des animaux d'une faculté qui ,
ne s'accordant pas avec le reste de leur organisation , leur
deviendrait même contraire et funeste , nous montre encore
dans ceci avec quels soins bienveillants lIntelligencb
CRÉATRICE est DESCENDUE JUSQUE DANS LES PLUS PETITS
DÉTAILS DE PRÉVISION DE TOUT CE QUI PEUT ÊTRE AVANTAGEUX
OU DÉFAVORABLE A CHAQUE ÊTRE.
Quant k la forme et k la disposition de la Main , on
remarque dans les divers genres de Mammifères des diffé-
rences encore plus grandes que dans le reste du membre ;
différences qui dépendent, d'une part, de l'usage que ces
animaux doivent en faire , à l'égard des êtres extérieers ,
ou pour la locomotion; et, d'autre part, de la marche de
gradation que les membres suivent d'une famille animale à
l'autre, et par laquelle ces membres se transforment gra-
duellement d'organes préhenseurs en organes locomoteurs
par excellence, et enfin en organes du vol ou même de
natation , dernière fonction où ils ne conservent toutefois
qu'une action accessoire, devenant presque entièrement
rudimentaire.
Dans l'espèce humaine , où les membres antérieurs pré-
sentent la condition la plus parfaite comme organes de
préhension , ils ne servent aucunement à la marche ; aussi
l'homme se tient^il naturellement debout, ne se mouvant
que sur ses membres postérieurs. Les antérieurs , restant
ainsi indépendants de cette fonction, ne sont employés
qu'à saisir les objets , et cela dans toutes les directions où
ils peuvent se trouver; et ont a cet effet reçu une
modification SPÉCIALE , QUI LES REND PARFAITEMENT PROPRES
A CET USAGE, saus pouT ccls s'éloigucr notablement dn
type qu'ils présentent comme organes locomoteurs. Il est
même fort remarquable que ce n'est , ni comme type d'or-
ganes préhenseurs, ni comme les mieux appropriés k la
fonction de la locomotion, que les membres antérieurs
CHAPITAB III. 443
offrent le degré le pins parfait de la complication de leur
stmctnre; mais que cette extrême richesse d'organes se
troave au contraire dans les espèces où ils exercent a la fois
les denx fonctions, c'est-k-dire dans le genre Chaty véri-
table type de tonte la Classe des Mammifèhes , et en consé-
quence de tout I'Embrànghement des Vertébrés, et par
suite dn Règke animal entier. G* est cet animal et ses con-
génères , dont le corps offre en général non-seulement la
structure la plus riche en organes , mais aussi la plus grande
netteté dans les parties , surtout pour les organes locomo-
teurs ; et cela infiniment mieux que dans Tespèce humaine ,
qu'on considère à tort comme TÊtre le plus parfait de la
création.
Pour ce qui est des mouvements de la main sur l'avant-
bras , leur étendue et leur direction sont également galgu-
lÉEs d'après les besoins de chaque espèce animale. Chez
Y Homme , essentiellement bipède , les flexions de la main
ont dA se faire dans toutes les directions , afin que cette
dernière pût saisir facilement les objets de divers côtés. La
flexion vers la paume , qui , par analogie avec les animaux ,
est appelée la véritable flexion , et celle en sens opposé on
l'extension , sont h peu près égales , et chacune d'un peu
moins d'un angle droit; mais les mouvements vers les
cAtés sont beaucoup plus bornés, quoique suffisants pour
permettre une circumduction assez étendue et facile.
Quoique la Palmure de la main fasse un tout, dans lequel
les mouvements de ses parties sont peu apparents , elle est
cependant susceptible de plier un peu dans toutes les
directions , afin de contribuer U la souplesse de la main , et
tela toujours selon le besoin de chaque espèce d'animaux.
Sous ce rapport même , comme sous tous les autres , nous
trouvons cette gradation constante , par laquelle les organes
se modifient selon les fonctions qu'ils doivent remplir.
Nous avons déjà vu plus haut que cette palmure était
formée de deux parties consécutives , dont la première ou
444 THiOLOGIB DB LA HATURC.
le Carpe , placée à la racine de la main , est composée , au
plus y de neuf petits osselets fort courts , diversement confi-
gurés, disposés sur deux rangs successifs, dont le premier
de quatre , et le second de cinq , tous unis entre eux par des
articulations mobiles , dont les mouvements sont toutefois
très-obscurs, quoique ces articulations soient munies de
bourses synoviales, mais généralement privées de capsules
articulaires, suppléées par de nombreux ligaments qui
unissent étroitement ces osselets dans toutes les directions.
Le léger mouvement que ces ligaments leur permettent
suffisent toutefois pour donner au carpe une assez grande
élasticité.
L'articulation de la première rangée avec les deux os de
Favant-bras présente , dans Tensemble de ces osselets , ane
surface convexe dans tous les sens , beaucoup moins cepen-
dant en travers , où le mouvement est fort borné , et bien
plus arquée d'avant en arrière.
La seconde partie de la palmure, ou le Métacarpe^ est,
ainsi que je Tai déjà dit , formée de petits os allongés , placés
à côté les uns des autres comme les dents d'un peigne , et
dont le nombre varie selon l'espèce de mammifères, de un^
qui existe seul chez le Cheval , jusqu'à cmg qu'on trouve dans
Y Homme ^ s'articulant à leur base avec les osselets du second
rang du carpe, mais non exactement chacun avec nn seul
qui lui correspondrait , et souvent avec deux , sans dispo-
sition régulière , quoique toujours de la même manière dans
chaque espèce de mammifère; et ce n'est que chez quelques
Reptiles , tels que les Lézards , qu'on trouve que chacun des
cinq os du métacarpe répond exactement à un des cinq du
carpe , ce qui semble indiquer qu'en principe chacun y a
réellement son correspondant naturel, mais dont les rap-
ports sont plus ou moins troublés dans les autres Animaux
vertébrés, sans qu'on ait encore pu en reconnaître la cause;
trouble dont il ne résulte du reste aucun inconvénient.
L'irrégularité apparente est même telle , que ces deux ordres
CHAPITRE III. 145
d'osselets s'enchevêtrent les uns dans les autres sans aucune
forme géométriquement régulière ; disposition qui , loin de
gêner en quoi que ce soit les mouvements de la main ,
donne au contraire une plus grande solidité aux parties, en
prévenant les luxations.
La palmure faisant directement suite k Tavant-bras au-
quel elle est liée par une articulation plus ou moins mobile
dans tous les sens , en même temps que les parties s*em-<
boitent peu, les luxations seraient très-faciles dans les
grands efforts , si l'intelligence suprême n'avait pas , dans
SA sublime sollicitude , paré autant que possible h ce grave
accident , qui prive l'animal pour longtemps de l'usage de
son membre. Les déplacements vers les côtés sont déjk
difficiles par la plus grande largeur des facettes articu-
laires , et prévenus en outre par de forts ligaments latéraux ,
disposés comme ceux dont il a été parlé à l'occasion des
articulations du coude; ligaments flxés aux deux parties
près de l'extrémité des os formant l'articulation; c'est-k-
dire du côté du carpe portant la facette convexe, k peu
près au sommet de l'axe de mouvement, de manière que les
ligaments n'éprouvent aucun effort pendant la flexion et
Textension delà main. La luxation en arrière est empêchée
par la présence de nombreux et puissants tendons des
muscles qui .croisent l'articulation , en se rendant de l'avant-
bras k la main et aux doigts; enfin la luxation en avant est
prévenue également, en partie, par ces mêmes tendons,
ainsi que par ceux qui , placés au devant de l'articulation , se
rendent de ce côté aussi au carpe et aux doigts. Cette der-
nière luxation est d ailleurs plus difficile , et de Ik moins
fréquente, vu que très-rarement, et peut être jamais, l'ani-
mal n'a de grands efforts k supporter dans les ligaments du
dos de la main; circonstance qui ayant été parfaitement
prévue a fait que ces mêmes ligaments dorsaux de la main
ont été laissés faibles, k peine suffisants pour maintenir les
os en. place.
u 10
146 TRBOUMIB Dl LA HATCRl.
J'ai dit plus haat que la seconde partie de la palmDfe
était soutenue par les os métacarpiens , au nombre de tin k
cinq, selon Tespèce de mammil'ères, c'est-^dire suivant le
degré de dégradation que présente la main dans les diverses
Familles de celte Classe d'animaux ; os dont chacun porte
un Doigt à son extrémité , appendice plus ou moins libre
dans leur longueur, suivant l'usaob que chaque ANiHiUL
DOIT EN PAIRE. Chez VHommt, ainsi que cheE un grand
nombre d*au 1res mammifères, il existe ainsi cinq métacar-
piens et autant de doigts, mais jamais plus, sans qu'on ait
pu reconoailre encore quelle a pu être la raison pour laquelle
la VOLONTÉ CRÉATRICE S cst arrêtée k ce chiilVe, qu*on re-
trouve d ailleurs dans une foule d'autres cas de Toiganisme
des Ëlres vivants, surtout dans les végétaux.
De ces cinq doigts, quatre sont placés k côté Tun de
l'autre au bord terminal de la palmure, et susceptibles de
se rabattre sur elle au moyen de trois articulations succès*
sives; nigle générale pour tous les mammifères, k l'excep-
tion des Cétacés souffleurs qui en offrent plus; et au
bord interne de la palmure se trouve le cinquième doigt oe
le Pouce , formé chez tous les Mammifères de deux Pha^
langes seulement, l'analogue de la moyenne manquant.
Ce doigt se distingue en outre des autres, en ce que l'os
métacarpien qui le supporte est lui-même très-mobile, et
susceptible, dans certaines espèces, telles que V Homme et
les Sitiges^ de se Héchir vers la paume de la main, en
entraiuantle pouce, alio de l'opposer, lors de la préhension,
aux autres doigts, avec lesquels il forme ainsi une véritable
pince k deux parties opposées mobiles.
Dans Y Homme , les quatre doigts sont, comme leurs mé-
tacarpiens, placés parallèlement les uns k côté des autres,
et dans la même direction que ces derniers , tandis que le
pouce, dont le métacarpien est dirigé obliquement en
arrière, prend cette même disposition, en tournant avec
lui de près d'un quart de tour autour d'eux , de manière
CBAPITRB III. 447
qae la direction transversale de leur articulation fait un
angle presque droit avec celle des autres doigts ; disposi*
tion qui peut même être portée, par le mouvement volon-
taire, au point d*amener le pouce presque en face de ces
derniers » ce qui constitue Topposabilité du pouce ; faculté
qui caractérise exclusivement la main de ï Homme et des
Singe».
Dans tous les MAnxiFiiuis, le métacarpien du pouce est
constamment plus court que celui des autres doigts, et
même plus remonté sur le carpe ; ce qui fait paraître ce doigt
beaucoup plus court que les externes; et il Test en effet
chez tous les quadrupèdes , mais non pas dans Thomme , où
il est plus long et surtout plus fort que dans toute autre
espèce, devant, dans son opposition avec les autres doigts,
constituer à lui seul Tune des branches de la pince , dont la
seconde est formée par ceux-d.
La première phalange des cinq doigts ne jouit d'un
mouvement bien étendu que d*avant en arrière , encore ne
dépasse-t-il pas cinquante grades, tandis que les flexions
latérales sont assez bornées; d*o(i résulte cependant un
mouvement de circumduciion assez marqué, qui devient
d'autant plus apparent que les métacarpiens eux-mêmes
peuvent un peu tourner dans leur articulation supérieure
ou carpienne. Pour cela, la facette articulaire du métacar-
pien est en forme de tète arrondie» et celle de la phalange
eo cavité de même forme.
Quant aux mouvements des deux autres phalanges , ils
n'ont lieu que dans un seul sens , le même qw celui de la
flexion de la première , et ne peut dépasser dans l'extension
que la ligne droite avec la phalange qui précède, tandis
qu'elles arrivent dans la flexion jusqu'il former un angle
droit avec celle-ci , de manière que les trois phalanges étant
fléchies forment, avec les métacarpiens, les quatre côtés
d'un carré, afin de contourner entièrement les objets que la
main saisit, lorsque ceux-ci ne dépassent pas les dimensions
148 TH^OLOGIF. DB LA tIATUKB.
indiquées par l'espace que ce cadre circonscrit. Dahs le cas
contraire, les doigts ne peuvent plus contourner l'objet
qu'en partie , le pouce leur fait alors opposition , en formant
la pince avec eux.
Je ferai remarquer k ce sujet que , pour mieux s'opposer
les uns aux autres , les quatre doigts externes ont été
DISPOSÉS SUR UNE LIGNE OBLIQUE diierminie par la longueur
graduelle de leurs métacarpiens, afin qu'en se pliant ils
soient tournés en partie vers le pouce, et' que, celui-ci,
tournant en dehors , entraîné par son métacarpien , vienne
se placer en face du milieu de la palmure , en s'opposant
presque directement aux quatre doigts externes pour em-
brasser l'objet k saisir.
C'est aussi d'après cette fonction qu*ont été réglées
LA longueur et LA FORCE RESPECTIVE DES DOIGTS , ObjCt dont
on n'a pas encore cherché la raison , quoique tout l'orga-
nisme en ait une. En examinant cependant ce fait, on recon-
naît, d'une part, que chacun des quatre doigts externes
A LA force et la LONGUEUR PROPORTIONNÉES A LA PART QU'iL
PREND A l'action d'empoigner. Lc poucc, OU sc rabattant
sur les autres doigts fléchis, se trouve plus spécialement
opposé au doigt du milieu, secondairement au doigt annu-'
laire , moins encore k l'index , et pas du tout au petit doigt.
Quant k la longueur des doigts, elle est également
réglée par le même principe. Le plus long, qui est k la
fois le plus fort, devant serrer plus particulièrement les
objets les plus gros , est , dans cet acte , directement opposé
au pouce ; et les autres , destinés k serrer des objets plus
petits, se trouvent placés k côté du grand doigt en lui
venant en aide, sont plus courts. Enfin, cette même lon-
gueur est encore réglée par la forme de la partie de la
paume de la main , contre laquelle chacun vient k appuyer
lorsque la main se ferme : l'Index, sur la partie la plus
élevée de la saillie de la base du pouce; le Grand doigt,
contre le milieu de cette saillie ; l'Annulaire , dans le creux ,
entre cette dernière et celle qui lui est opposée ; et le Petit
doigt sur celle-ci.
Pour que l'organe de préhension soit plus parfait, la
face palmaire de toute la main a été garnie, soit de
MASSES MUSGULEUSES , que Tusage des doigts a permis d*y
placer, soit, simplement des coussinets fibro-graisseux plus
ou moins saillants, formant les uns et les autres des saillies
élastiques , au moyen desquelles la main peut plus ou moins
fortement presser les objets qu elle saisit, sans les briser
lorsqu'ils sont fragiles, et sans meurtrir la main elle-même.
Deux de ces masses charnues se trouvent placées vers les
bords de la palmure, l'une à la base du pouce, et formée
par les muscles fléchisseurs et abducteurs de ce dernier;
Tautre ^ la base des doigts , formée également par leurs mus-
cles moteurs, recouverts d'une couche de tissu graisseux.
A l'extrémité inférieure de la même palmure, se trouvent
en outre trois saillies arrondies , formées seulement par du
tissu fibro-graisseux répondant aux intervalles des quatre
doigts externes ; saillies qui ne sont que les rudiments d'une
masse proportionnellement plus considérable , mais encore
trilobée, existant sous les pattes des mammifères digiti-
grades , masse que j'ai nommée la Pelote^ et dont je parlerai
avec quelques détails de plus quand il sera question de la
main de ces animaux.
Des coussinets semblables se trouvent ensuite , toujours
POUR LE MÊME USAGE , k la facc palmaire de chaque phalange ,
et dont celle de la dernière sert surtout k mieux saisir les
très-petits objets , et constitue également le premier rudi-
ment des Pelotines des doigts sur lesquelles les mammifères
digitigrades appuient également dans la station et la marche.
C'est aussi dans cette pelotine des doigts de l'homme que se
trouve plus spécialement le siège du sens du toucher, cette
partie étant, par sa disposition et son élasticité, le mieux
placée pour servir k explorer les objets.
Afin de donner a l'extrémité des doigts db l'homme la
i50 TUfOLOMI DV LA IVATURl.
fermeté nicessaiile pouii saisir de très-petits objets , la
Sagesse créatrice, toujours si ingénieuse dans tout ce
Ou*ELLB A PRODUIT, S fevéta la face dorsale de l'extrémité de
chaque doigt d'un Ongle ^ simple plaque cornée, légèrement
courbée en portion de cylindre, se reproduisant constam-
ment par sa base k mesure qu'elle s*use par le bout , afin
d*étre toujours au niveau du doigt ; plaque qui , ne devant
SERVIR qu'a RAFFERMIR LIS BOUT DES DOIGTS, u'cst ddUS le
principe que Télat rudimentaire de ta Griffe et du Sabot
des autres mammifères, où cet organe arrive à son plus
grand développement, en emboîtant entièrement la der-
nière phalange. Mais, quelque imparfait qu'il soit encore
dans l'espèce humaine, cet ongle remplit dans cette
CONDITION LA FONCTION SPÉCIALE Qu'iL A, bcaUCOUp miCUX
que s'il contournait tonte la phalange comme dans les
mammifères quadrupèdes, où la partie molle élastique du
bout du doigt, spécialement destinée, chez Thomme, ainsi
que je viens de le dire, ^ faciliter le moyen de saisir les très-
petits objets, ne pourrait plus remplir cette fonction; et
eeia d'autant moins que c'est aussi dans cette partie élastique
qu a dû se trouver plus essentiellement localisé le sens du
toucher, nécessaire h sentir la présence deees mêmes objets,
nouvel EXEMPLE DE LA SuDLIMB SAGESSE ATEC LAQUELLE TOUT
est réglé dans l'organisme des Êtres, où un organe en hii-
méme rudimentaire remplit mieux sa fbnction , dans la vue
dans laquelle il est employé , que s*il présentait un plus haut
degré de perfection.
V Homme y devant se servir de ses membres antérieurs
pour exécuter les divers travaux auxquels il est conduit par
son intelligence, la station et la marche bipède en devinrent
des conditions en quelque sorte obKgées.
Nous avons déjk vn plus haut que, par diverses consé-
quences, qui , h leur tour, découlent de l'attitude redressée
du corps , le tronc a dû nécessairement être conformé td
qu'il est en effet , en admettant comme eondition première
CHAFITRI in. 154
Vexisteiiee d'un sqnelette formaot l'iin des principaux ea-
ractères adoptés par la toute-puissance du créateur , par
lesquels il a distingué les Animaux vertébrés de tous les
autres aniroaux. Nous avons vu également que de ee dernier
principe fondamental il suit, comme conséquence natu-
relle, que tout TédiBce devait avoir pour partie centrale, k
laquelle toutes les autres se rattachaient, une série d'os
courts impairs, mais symétriques, formant la colonne verté-
brale. On a vu aussi que le ironc a dû présenter dans la suc-
cession de ses parties diverses inllexions en sens inverse,
pour rendre possible la station et la marche redressées de
l'bomme; que ces inflexions se retrouvent toutefois aussi
chet les mammifères quadrupèdes par reflet de causes sem-
blables b celles qui les produisent dans l'espèce humaine ,
quoiqu'elles ne soient pas partout rigoureusement les mêmes.
J'ai fait remarquer en outre que de part et d'autre ces dis-
positions sont dues k des causes éloignées , étrangères h \û
statique proprement dite, qui semble au premier aperçu,
avoir dû fournir seule le principe d'après lequel la forme du
corps est déterminée; causes étrangères qui sont la disposi-
tion et les fonctions des organes sersiiifs, la disposition de
l'appareil digestif, eelle des appaieiU de la respiration et
de la cireulatlon , et enfin celle des organes de la préhension
el de la locomotion.
Nons avons va aussi que, par cela même que les
membres antérieurs ont été destinés chez Thomme à servir
il la préhension , ils ont dû jouir d'une complète liberté de
mouvement dans tontes leurs parties, afin de pouvoir être
dirigés de tous eûtes pour y saisir les objets, si ce n*est
fireetement en arrière, où l'homnie ne peut rien apercevoir;
que le bras devait jouir d'un mouvement très-étendu de
circumduction , quoique solidement articulé surl'épânle;
condition pour laquelle les os qui soutiennent cette dernière
ont reçu dans Tespèce humaine une disposition spéciale. En
effet, romopiâte a sa tête articulaire tournée directement en
i32 THBOLOGIB DE LA PIATURE.
dehors , direction moyenne de cette même circumdaction ,
et comme le bras a souvent de grands efforts à faire » il trouve
pour cela de solides appuis, d'une part, dans Tomoplate;
placés en arrière et en dessus , et, d'autre part, dans la cla-
vicule, qui flxe encore plus solidement Tépaule au sommet
du sternum, pour lui servir d*arc-boutant. C*est-k-dire que
le bras, pour tirer avec force les objets qu*ii veut approcher,
devant faire un grand effort avec les muscles destinés k pro-
duire cet acte, ceux-ci devaient, comme puissance active,
trouver un point d'appui , afin qu*en se contractant d'une
quantité possible pour chacun, cette contraction ne soit pas
rendue inutile par le rapprochement du bras entier ; et c'est
là la FONCTION SPÉCIALE DONNÉE de la claviculc, qui, toute-
fois légèrement mobile sur sou extrémité interne , peut se
prêter aux mouvements plus ou moins forcés du bras , et
leur donne la souplesse convenable. Ces mouvements sont
toutefois limités, d'une part, par les ligaments qui fixent [la
clavicule , et , de l'autre , par les puissants muscles de la poi-
trine et du dos qui s'y opposent, et ne cèdent qu'autant que
cela est nécessaire.
Les Membres postérieurs (Pl.n,/Sg.lnut;a;y), devant
servir exclusivement à 1^ station et à la locomotion , forment
deux colonnes élevées sur les pieds posant dans toute leur
longueur sur le sol , afin de servir de base k tout l'édifice.
Il semble au premier aperçu que ces membres auraient pu
n'être soutenus dans toute leur longueur que par une seule
tige osseuse fonctionnant comme des écbasses ; mais com-
bien d'inconvénionts n'en seraient point résultés? Le moin-
dre manque d'équilibre aurait causé la chute du corps dans
toute sa longueur , sans qu'il eût été possible d'amoindrir
le choc, en diminuant la hauteur du corps, et sans l'amor-
tir par l'effet de l'élasticité résultant de la flexion de ces
membres dans leurs articulations. Enfin l'homme, une fois
k terre, il lui eût été impossible de se relever; mais ici,
comme aux membres antérieurs, la* divine providence a
CHAPiTRB 111. 453
COltrORMÉ LES PARTIES ÉGALEMENT D*APRÈS LEURS FONGTIOI^S ,
ET PRÉVINT AINSI TOUS CES INCONVÉNIENTS, et Cela nofi-deule-
ment dans Tespèce humaine , mais pour les mêmes raisons
aussi chez tous les Animaux vertébrés, suivant le genre
DE VIE qu'elle leur A PRESCRIT.
La CONDITION ESSENTIELLE ÉTAIT DONC QUE LES MEMBRES
POSTÉRIEURS FUSSENT , COMME LES ANTÉRIEURS, dont ils SOnt
les analogues de rang, également composés de plusieurs
PARTIES consécutives, SOUTENUES PAR DES OS ARTICULÉS
ENTRE EUX , aflu de pouvoir se fléchir et s*étendre, selon le
besoin , pour faire varier leur longueur dans le but de don-
ner plus de souplesse au corps , et d'agir surtout efficacement
dans la locomotion , en poussant par leur allongement ce
dernier dans la direction voulue ; ces articulations donnent
en même temps, au membre, la faculté de pouvoir céder
en se fléchissant , pour prévenir, sinon la fracture , ' quand
le choc est violent, du moins des secousses douloureuses.
Mais si les membres postérieurs de Thomme ont dû être
eomposés de plusieurs parties consécutives , ces parties ont
toutefois dû constituer dans leur ensemble une colonne,
sans fléchir les unes sur les autres sous le poids du corps.
En efiet, si la cuisse et la jambe faisaient des angles avec
Thorizon , comme cela a lieu lorsque l'homme est acciroupi ,
et qu'elles le font toujours chez les quadrupèdes, il eût
fallu aussi employer des efibrts musculaires fort considé-
rables pour maintenir le corps dans cette situation ; circon-
stance qui eût exigé une forme tout autre dans le bassin
<|iie celle qui existe en effet ; c'est-k-dire que , de même que
chez les quadrupèdes , cette ceinture osseuse aurait dû se
prolonger beaucoup en avant et en arrière , en agrandissant
par Ik inutilement la cavité abdominale , en même temps que
cette disposition anomale eût été sans but réel ; d'où il a été
BIEN plus bans LES PRINCIPES D'UNE SAVANTE THÉORIE MÉCA-
NIQUE, que chez l'homme, Être bipède, les membres posté-
rieurs reçussent la disposition qu'ils ont en effet.
^ I
i5i THÉOIJOGIB DK LÀ HATURX.
Mais, si dans la station et la marche sar deaz ineds,
avec le tronc redressé, les cuisses et les jambes ont dA
former deux colonnes verticales, le Créateur ▲ du aussi
LES PLACER DAMS DES CONDITIONS D* ÉQUILIBRE TELLES , QOB
CES DEUX FONCTIONS PUSSENT ÊTRE CONVENABLEMENT REli-
PLIES.
Quoique le mode d*union des membres avec le tronc pAt
être le même dans les deux paires, les conditions de fonc-
tions diflërentes ont aussi exigé que cela fût autrement.
La première paire ayant été amenée par l'efiTet d'an
certain perfectionnement à servir h la préhension, il était»
ainsi que nous Tavons vu plus haut, convenable qu'elle eAt
la facilité de pouvoir se diriger facilement de tons côtés, et
qu'elle fût pour cela surtout très-mobile sur le tronc, même
dans sa première partie, formant Képaule. La paire posté-
rieure ,' exclusivement destinée à la locomotion , devait a«
contraire trouver non-seulement un appui très-ferme sar et
dernier, mais encore de vastes attaches poor les musdes
puissants qui devaient les mouvoir; conditiens qui ont mb-
cessité dans Tabsence d one partie résistante du trotte»
comparable au thorax qui ne se prolonge pas josqae-lk , que
la première portion do membre, oo le bassin, répondant k
répaule de la paire antérieure, devint elle-même fixe, afin
d'offrir ces deux avantages à ces membres postérieurs.
Dans la marche bipède , le mouvement le pins étendu des
membres postérieurs devant avoir lieu d'arrière en avanl, il
a fallu que , pendant la station , les muscles de la caisse
exerçassent une action suffisante pour maintentf le eorps
dans sa position redressée; effet qu'il eût été facile d'obtenir
en plaçant Taxe passant par les deux articnlations de It
hanche exactement sous le centre de gravité du tronc, q«e
les membres doivent soutenir. De cette manière an effort
musculaire très-faible eût suffi pour maintenir le corps en
équilibre. Mais comme les membres sont obligés d'employer
dans la marche une force assers grande pour étendre la
GHAPITM ni. IKft
euisM en arrière , afln de pousser le eorps en airant , tandis
qne la flexion , ne demande qu'une force assez faible , les
moscles extenseurs ont dA être plus puissants que les flé-
ehisseurs; d*où il est résulte que pour maintenir 1 équilibre
pendant la station , cet axe a du être placé un peu plus
m ARRIÈRE , de manière que Texcès de force passive des
muscles extenseurs sur celle des fléchisseurs, fit k peu près
équilibre an poids du corps ; auquel il faut encore ajouter
TeflbK (lu muscle Proméral (Droit antérieur de la cuisse), du
Couturier et du Pascialis, qui, plus essentiellement ex-
tenseurs de la jambe , agissent comme fléchisseurs de la
cuisse, en prenant leurs points fixes sur la partie antérieure
du bassin; disposition très-ingénieuse, par laquelle ces
puissants muscles agissent des deux manières très-efficace-
meotdans la station^ en affermissant, d'une part, la cuisse
dans son articulation , et de Tautre , en roidissant la jambe
qu'ils contribuent ï étendre.
Or, pour maintenir ainsi le corps redressé sur les cuisses ,
il a fallu que les muscles qui meuvent ces dernières trou*
tassent sur le bassin des surfaces d'attaches fort étendues ;
chacun suivant le volume qu'il doit avoir d'après la force
quMI a k exercer ; et c'est en effet la condition que présentent
les diverses parties de cette ceinture osseuse.
Le corps devant appuyer dans la ararche alternativement
sar les deux membres, le centre de gravité du tronc, placé
au milieu de l'abdomen, doit, pour ne pas porter h faux,
être )t chaquer pas amené au-dessus do pied posant h terre ;
et pour que le corps ne fléchisse pas trop vers le côté opposé ,
les muscles abducteurs des cuisses qui s y opposent , doivent ,
entre autres être très-^puissants, et la partie latérale eu
bassin à laquelle ils se fixent, par conséquent fort large,
AUisi QUE cela est EN EFFET dans l'bomme; tandis qu'en
dedans et en avant, où les nrascles n'ont jamais un très-
grand eflet ï produire, le bassin est au eontraire peu
étendu.
156 THÉOLOGIB LB LA NATURE.
Cette fréquente adduction de la cuisse , produite dans la
marche par le poids du corps, fait que les membres sont
naturellement un peu fléchis en dedans, et de Ik un peu rap*
proches vers leurs extrémités inférieures ; ce qui diminue
sensiblement la largeur de la base de sus-station , d*où il
résulte qu'il su£St d*un léger balancement du corps pour
amener le centre de gravité au-dessus du pied appuyé; effet
produit naturellement par l'extension du pied opposé, lors-
qu'il pousse le corps en avant, ou qu'il agit de l'autre côté
du centre de gravité; et c'est au moment où ce dernier est
en équilibre sur le membre appuyé, que celui dirigé en
arrière est levé pour être porté en avant pour s'appliquer à
son tour sur le sol.
En rapprochant ainsi les pieds, il en est bien résulté
que la base de sus-station a été diminuée de largeur;
MAIS IL A ÉTÉ remédié A CET INCONVÉNIENT EN TOURNANT
SIMPLEMENT LA POINTE DES PIEDS UN PEU EN DEHORS, dC
manière que la base forme un trapèze , dont le grand côté
parallèle est en avant ; et cette obliquité est telle , que cette
base est la plus grande possible , c'est-k-dire que si les
pieds étaient plus ou moins obliques , cette base serait, de
l'une ou de l'autre façon , plus petite ; c'est la raison pour
laquelle on est moins solide dans la station, lorsque les
pieds sont parallèles ou qu'ils sont très-divergents.
Les membres postérieurs devant ainsi servir d'une part,
k soutenir le corps dans la station , et de l'autre k le pousser
en avant dans la locomotion , les mouvements de la cuisse
sur le bassin devaient nécessairement pouvoir s'exécuter
avec facilité dans toutes les directions , d'avant en arrière
pour faire le pas et latéralement , pour ramener alternative-
ment les deux pieds sous le centre de gravité; et enfin pour
les changements de direction dans la marche , il était néces-
saire aussi que ces membres pussent tourner un peu sur
leurs axes ; ç'est-a-dire , que la cuisse devait pour cela jouir
d'un mouvement plus ou moins étendu de circumduction ;
CHAPITRK III. 457
et c'est en effet ce gahactère qu'elle présente chez
TOUS LES ANIMAUX VERTÉBRÉS MARCHEURS. Pour Cela l'CXtré-
mité supérieure du Fémur ou de l'os de la cuisse {fig. I. nu)
recourbe assez subitement en dedans , et se termine par
une tête arrondie , représentant près des deux tiers d'une
sphère, couverte, comme toutes les surfaces articulaires
mobiles, de cartilages articulaires lisses; et cette tête ou
Condyle, est reçue dans une profonde cavité de même
forme, placée, ainsi qu*il a déjà été dit, sur le côté du
bassin.
II semble au premier aperçu qu'il eût été plus convenable
de placer les cavités articulaires de la hanche (n) sous le
bassin et non sur ses côtés; vu que, dans cette situation,
la tête du fémur en appuyant par en dessus dans cette
cavité y eât trouvé plus de solidité , en même temps que
la cuisse eût été moins sujette aux luxations. Mais en exa-
minant le fait avec quelque soin , on trouve bientôt que cela
n'a pas dû être ainsi, et pour deux raisons majeures. En
effet , tous les Mammifères ayant du être formés sur le
MÊME PLAN, les cavités articulaires ou CotyMdes des hanches,
devaient toujours correspondre au même endroit; d*où ré-*
suite que si elles avaient été placées sous le bassin chez
Y Homme qui marche debout, elles eussent été en arrière du
bassin dans tous les autres vertérrés où le corps est horizon-
tal ; disposition bien plus défavorable que sur les côtés , vu
qu'elles se seraient trouvées plus loin du centre de gravité que
les membres doivent soutenir; en outre que les muscles ex-
tenseurs et adducteurs, mais surtout les abducteurs des
cuisses n'eussent eu ni chez Thomme ni chez les animaux ,
des emplacements suffisants pour y prendre leurs points
d'insertion ; tandis qu'EN plaçant les cavités cottloïdes
DE l'articulation DES HANCHES SUR LES CÔTÉS DU DAS-
SIN, TOUS CES INCONVÉNIENTS SE SONT TROUVÉS LEVÉS.
Tout en donnant cette disposition latérale aux articula-
tions des cuisses, la bienveillance divine n'a toutefois
4 58 THioLo«n ue u naturb.
PAS MANQUÉ d'avoir ÉGARD AUX DIVERSES SPÉCIALITÉS QDB
LES DIFFÉRENTES ESPÈCES ANIMALES QU*ELLE A CRÉÉES ONT
DU PRÉSENTER DANS LEUR ORGANISATION, SPÉCIALITÉS QUI
DEVAIENT AVOIR QUELQUE INFLUENCE SOIT SUR LA STATION|
SOIT SUR LES DIVERS MODES DE LOCOMOTION QU*£LLB LBUR
A PRESCRITS.
Chez toutes les espèces « les cavités cotyloides soQt
â*abord un peu obliquement dirigées en dessous , de ma^
nière à appuyer plus largement sur toute la tète du fémur;
et la partie supérieure de ces derniers os, dirigée en dedans,
n'est également pas tout k fait transversale; ce qui ne lui
aurait pas donné assez de force pour soutenir le poids da
corps; mais elle est, pour cet objet même, toujours plus
ou moins oblique de bas en haut et au dedans. Dans plu-
sieurs espèces de Mammifères mêmes « ces parties ont bien
subi diverses modifications très-légères , il est vrai , mais
TOUJOURS FORT SAVANTES, PAR LESQUELLES l' INTELLIGENCE
CRÉATRICE A OBTENU l'EFFET QU*ELLE s'eST PROPOSÉ, 61
dont je ne citerai ici qu'un seul ciemple. L*£léphant, ani-
mal excessivement lourd, et en conséquence fort peu agile,
ne pouvant ni courir, ni sauter, n'avait de là |>as besoin
d'une grande étendue de mouvement dans la cuisse , mais
bien d'une force considérable pour porter le poids énorme
du corps, LES CAVITÉS COTYLOIDES ONT ÉTÉ FORTEMENT
DIRIGÉES EN DESSOUS, AFIN d'aPPUTER LE MIEUX POSSIBLE
SUR LES FÉMURS , CD même temps que la partie supérieure
de ceux-ci est, par la mênàe raison, presque dans la direc-
tion de la tige de Tos , afin de mieux soutenir le bassin.
Toute la force que les animaux emploient dans la course ,
et surtout dans le saut, se concentrant dans les articulations
des hanches , Tobliquité de celles-ci est d'autant plus défa-
vorable que cette force est plus grande ; aussi pour parer
AUX INCONVÉNIENTS attachés k cette disposition , cette ariicu-
lation a-t-elle été accompagnée de tout ce qui peut con-
TEIBUER A LES PRÉVENIR. C'cSt ainsi quC, pour EMPÊCHER
CHATITRB III. 4K9
tA LOIATION , ELLB A NOM-SEULEMENT ÉTÉ ENTOURÉE d'uNE
CAPSULE AKTlCULAlIiE TRÈS-RESI8TANTE QUOIQUE FORT LACHE ,
AFIN DE PERMETTRE UN MOUVEMENT EN TOUS SENS A LA
CUISSE , MAIS ENCORE POURVUE D*UN LIGAMENT INTÉRIEUR
SPÉCIAL, formant un gros tronc fibreux , arrondi , implanté
d'une part h la tête du fémur, un peu au-dessous du milieu
de sa tête articulaire; et de l'autre , dans le fond de la cavité
eoiylolde de la hanche , aussi un peu plus bas que son
eentre. Par le moyen de ce puissant ligament , les deux
os sont solidement unis , en conservant toutefois un mouve-
ment libre en tout sens ; ce ligament central pouvant même
subir un certain degré de torsion dans les mouvements de la
eoisse, mouvement qui ne va du reste jamais beaucoup au
delà d*uD quart de tour chez l'homme, et moins encore
chez les quadrupèdes.
Je viens de dire que ce ligament est placé plus bas que
l'axe de la tête du fémur; celte disposition semble devoir
faciliter la luxation en haut de la cuisse chez les quadru-
pèdes, et en arrière dans Thomme ; cet accident est pré-
GISEMENT CELUI QUE CE LIGAMENT INTÉRIEUR DOIT EMPÉ-
€HBR, et il se trouve puissamment secondé dans sa
résistance, par la grande imissance des muscles abduc-
teurs de la cuisse (les rotateurs en dehors dans l'espèce
humaine) , qui appuyant par leurs tendons sur la tête arti-
culaire du fémur l'empêchent de déboîter, tandis que vers
le côté opposé, des muscles trës-forls ayant été inutiles ,
c'est au contraire ce ligament qui est plus spécialement
chargé de résister à la luxation.
L'articulation du genou (u) est un véritable ghef-
d'obuvre de méganique qu'on ne saurait voir sans en ad-
mirer la savante composition. Les membres devant pro-
duire des effets considérables , cette articulation devait être
à la fois forte, bien réglée , et avoir ses mouvements étendus
et faciles, sans être sujette ^ la luxation. Si ces mouvements
n'avaient dû être qu'alternatifs , comme au coude , cela eût
160 TH^LOGIB DB LA NATURE.
été facile ; il eûl suffi d'y emboîter solidement les os , et de les
maintenir par de robustes ligaments latéraux ; mais cela de-
vint plus difficile au genou où le principal mouvement a lieu
d'avant en arrière lorsque la jambe approche de son exten -
sion ; moment où le membre fait de grands efforts pour sou-
tenir ou pour pousser le corps ^ et où les os ont besoin de se
trouver fortement engrenés , afin de donner la plus grande
fixité aux parties , soit dans l'immobilité, soit dans le mou-
vement ; tandis que dans les moments de relâchement seu-
lement, cette articulation devait être au contraire assez
libre pour permettre des mouvements de rotation \k la jambe ,
par lesquels le pied peut tourner selon le besoin en différents
sens, condition contraire à la. première , mais n'ayant toute-
fois pas lieu en même temps ; et c'est la congiuation de
CES DEUX FACULTÉS , QUI SEMBLENT s'eXCLURE , QUI EST PAR-
FAITEMENT OBTENUE dans cette articulation. Pour cela, l'os
de la cuisse et le Tibia , le principal de la jambe , qui lui
fait suite , s'unissent par de gros renflements pour donner
plus d'étendue, et par Ik plus de solidité à l'articulation. Du
côté du premier, ce renflement forme k peu près les trois*
quarts d'une poulie, k bords très-épais et arrondis, dirigés
d'avant en arrière; et leur intervalle, une large gorge,
surtout très-profonde postérieurement , où les deux saillies
latérales ou Condyles forment de fortes proéminences ar-
rondies en tous sens; tandis qu'en avant, ces saillies sont
peu éminentes , et la gorge qui les sépare , large mais peu
profonde, en se perdant insensiblement le long de la face
antérieure du renflement de l'os,
La tête du tibia (uv) , au contraire , présente une simple
troncature k peu près perpendiculaire k l'axe de l'os , où
il nexiste de chaque côté qu'une légère dépression , dans
laquelle appuie le condyle correspondant du fémur, qui s'y
roule d'arrière en avant. Pour régler et diriger ce mou-
vement, les deux os sont liés entre eux par deux forts
ligaments latéraux , implantés au tibia près de sa troncature ;
CHAPITRE m. 161
et ao fémur, aux faces latérales des deux condyles , aux
points répondant k leur axe de mouvement.
Tel est le premier principe sur lequel cette articulation
est formée pour lui donner le mouvement alternatif propre
à un grand nombre d'articulations. Mais , ainsi qu'il a déjk
été dit, les os devaient être relâchés pendant la flexion, où
le membre ne fait d*ordinaire que de faibles efforts ; tandis
qu'ils doivent être fortement serrés lors de Textension , afin
d'offrir toute la fixité et la solidité nécessaires au moment
où l'animal roidit le membre. Il a fallu aussi trouver un
MOYEN DE produire CES DEUX EFFETS , QUI ONT ÉTÉ FACILE-
MENT OBTENUS par une simple forme spécule donnée aux
condyles du fémur, qui , au lieu^d'être en arc de cercle ,
comme dans les poulies ordinaires , présentent au contraire
DES ARCS de spirales, dout Ics rajons sont plus courts
dans la partie postérieure. On conçoit que, vu cette forme,
les ligaments latéraux qui unissent les os doivent être
relâchés, et l'articulation un peu flottante, lorsque, pen-
dant la flexion de la jambe, les condyles du fémur appuient
sur le tibia par leur partie postérieure , où leur rayon est
plus court qu'en avant ; tandis que l'articulation s'affermit
parla tension de ces mêmes ligaments quand la jambe est
étendue. Mais ce n'était pas Ik tout encore : pendant la
flexion , la jambe devait jouir d'un léger mouvement de
rotation par lequel le pied put être tourné vers les côtés ;
rotation impossible, ainsi qu'on l'a dit plus haut, dans les
articulations gynclymoîdales ou à mouvement uniquement
alternatif, mais qui peut s'exécuter dans le genou , d'une
part, par l'effet du relâchement des os, et de l'autre, par le
peu de profondeur des deux cavités articulaires du tibia
dans lesquelles appuient les condyles du fémur ; disposition
qui, relâchant les ligaments latéraux, leur permet de suivre
l68 os dans leur déplacement vers les cêtés; mouvement
toutefois borné à une petite partie !de tour, suffisante pour
Tusage que l'on en fait.
L n
les rEÉOhOGIM DS LA KATOHI.
Le peu de profondeur qu'ont uçu k cet kfvbt les
deux cavités dont je viens de parler, permettent aux eon-
djle9 d'en sortir facilement dans les grands efforts, en
forçant les ligaments latéraux , en luxant ainsi le genou :
riNTELLlGENGE CRÉATRICE ▲ PARÉ ▲ CE GRÀTS UICOKYÉNl)SIfT
PAR UM MOYEN MÉCANIQUE DES PLUS REMARQUABLES RM
PLAÇANT de chaque côté , entre les os , deux petites lames
cartilagineuses en forme de demi-cercle , à concavité tour-
née vers le centre de l'articulation. Ces petites pièces
ayant leurs bords convexes assez épais, tandis que le
concave est très-mince , remplissent latéralement l'intervalle
restant entre les condyles du fémur et la téta du tibia,
et rendent par là les cavités articulaires de oe dernier
plus profondes.
Si le perfectionnement de l'articulation ét^t borné à cela
seulement, les luxations y auraient cependant encore été
faciles ; le fémur, en se déplaçant , n'ayant [qu'à entraîner
avec lui ces petites plaques cartilagineuses. Mais cet incon-
vénient AUSSI 4 ÉTÉ PRÉVU ET ÉVITE d'uNR HANIÈRE FORT
INGÉNIEUSE , EN ATTACHANT CES CARTILAGES PAR LEURS BXTRÉ*
MITÉS AU TIBIA , k l'aide de plusieurs ligaments aplatis conune
eux , qui leur permettent de glisser en avant et en arrière
sur la troncature de cet os , en suivant les mouvement^ des
condyles des fémurs , afin de rester consti^mment placée
autour de leurs points d'appui ; Mouveme^its pa^faitembmt
RÉGLÉS par les deux ligaments latéraux auxquels ces carti^
lages adhèrent au milieu de leur bord convexe. Ce résultat,
GÉOMÉTRIQUEMENT CALCULÉ, rcssort dcs couditious dc dis-
positions dans lesquelles ces ligaments $e trouvent ^ l'é-
gard des condyles , quel que soit le degré de flexion de la
jambe. En effet , les deux ligaments latéraux étant insérés
aux centres des arcs spiraux que ceux-ci forment, leur di-
rection est par là constamment perpendiculaire à la courbe
de ces condyles ; d'où résulte que Tendroit où ils adhèrent
aux deux cartilages répond exactement au point d'appui de
GH4FITUK IIL 163
ebaque coadjle, ainsi qu'au centre de chaque cartilage,
quelle que puisse être la di^sition des condyles.
Les petits ligan^ents plats qui fixent ces cartilages par
leurs extrémités au tibia, servant principalement k régler
leurs monyements et à les empêcher, conjointement ayec les
ligaments latéraux, de se déplacer vers les côtés, ne suffi-*
raient cependant pas pour prévenir leur déplacement en
avant dans les grands efforts que Tanimal fait souvent dans
l'extension forcée de la jambe. Miis ceci a iGAi^BUBiiT tri
pKÉvBHu par l'application d'autres lig^qients encore qui fixent
les extrémités postérieures de ces cartilages au tibia et au
fémur, afia de le^ empêcher de se porter trop fortement
en avant.
Quant k la taxation en arrière du fémur, elle est déjk
presque impossible par l'effet de la force excessive du liga-
ment capsvlaire fornuint en avant une botte très*forte qui ,
fixée aux deux os , enveloppe le genou , ligaments dont je
parlerai encore on peu plus loin.
Tocs €B8 VOTBUS BT TOUS CBS SOOIS, SI IllOillIBCSBMBNT
BBPLOTis , n'étaient cependant pas eneore su0isants pour
donner k rartici^ation du genou toute la fotce et la mo-
bilité dont elle avait besoin. Les ligaments latéraux qui
unissent le tibia au fémur, quoique asses forts, ne pouvaient
cependant pas être excessivement gros , vu que leur dépla--
eem^t eût causé trop de dérangements dans les parties
environnantes; et 114 mvaieïit m Li étbb secondés encore
Pil n'ADTEBS MOTEHS. C'EST 94NS CE EUT QU'lL A ÉTÉ PLACÉ
postérieurement entre les condyles du fémur deux très-
puissants ligaments arrondis, se rendant de cet os en bas ,
sar le milieu de la troncature du tîbifi, en s'insérapt l'un
ao devant de l'wtre aux deux os. En partant de leurs deux
attaches, ces ligaments se croisent obliquement, en allant
Tun de haut en bas et en avant, et l'autre de haut en bas et
en arrière. On conçoit par cette disposition croisée de ces
4eux ligaments, eenx^d ressemblant tout à fait nx char*
IG4 THEOLOGIE DK LA N^TIRK.
nières d'un paravent, que, tout en unissant tr^s-fortement
les os, ils permettent non-seulement les mouvements de
flexion alternative de la jambe , mais que celui dirigé obli-
quement en bas et en arrière empêche en même temps le
fémur de glisser trop en avant , et prévient ainsi sa luxation
dans cette direction ; on conçoit que le second, dirigé en bas
et en avant , empêche sa luxation en arrière encore pendant
que tous les deux, bridant le fémur, maintiennent ses con-^
dyles toujours dans les cavités articulaires du tibia. Et lorsque
la jambe est arrivée k toute son extension , ces deux liga-
ments croisés se trouvent fortement tendus , par Ik même
que les deux condyles appuyant sur les rayons les plus
longs de leurs spirales, s*opposent à une plus forte exten*
sion. EnQn par I'ingénieuse disposition croisée de ces li-
gaments , la jambe , plus ou moins fléchie et alors relftchée ,
peut sensiblement pivoter sur elle-même , ces deux faisceaux
ne produisant dans leur entre-croisement que l'effet d'un
seul qui se tordrait légèrement sur lui-même.
Malgré la belle complication de cette articulation , le peu
de profondeur des cavités de la tête du tibia , et la facilité
qu'ont les condyles des fémurs de rouler sur elles , laissent,
nonobstant les divers ligaments qui unissent les deux os ,
encore trop de chances k la luxation en avant du fémur, pour
que riNTELLiGENCE DIVINE n'ait pas dû les prévenir plus effi-
cacement; et le moyen qu'elle employa consiste, comme je
l'ai déjà dit un peu plus haut , k envelopper l'articulation
d'une capsule flbreuse extrêmement forte, surtout en avant,
où elle est principalement consolidée par la Rotule^ pièce
osseuse placée au milieu , où elle forme la saillie du genou »
s'appliquant dans la partie la plus antérieure de la gorge de
poulie des deux condyles. Par ce moyen cette vaste capsule,
se trouvant soutenue par cette dernière, ne saurait être
pincée entre le tibia et le fémur lors de l'extension de la
jambe , en même temps que le fémur trouve contre cette
rotule un vigoureux appui qui l'empêche de dépasser le
CHAPITRE UI. 165
degré d'extension qui lui est prescrit dans chaque espèce
animale. Pour cela, la rotule, pièce généralement ovale et
déprimée d*ayant en arrière, est moulée par sa face posté--
rieure dans la gorge peu profonde des condyles, dans
laquelle elle glisse aisément, en formant en même temps
la partie antérieure de la cavité articulaire osseuse, rendue
par là verticalement très- profonde. Mais, pour que cettb
PARTIE DBS PAROIS DE LA CATITÉ PUISSE FACILEMENT SUIVRE
LE FÉMUR, lorsqu'il se fléchit en arrière, la rotule est liée
AU bord antérieur de la tête du tibia par un ligament
D'imE FORGE PRODIGIEUSE, Capable de résister à tous les
efforts, et cependant assez flexible pour plier selon le besoin.
Des bords de cette rotule , part ensuite une large expansion
fibreuse, formant les parties latérales de la capsule qui
enveloppe l'articulation , en s'insérant sur ses bords aux os
unis dans le genou ; tandis qu'k son extrémité supérieure ,
la rotule donne attache aux vigoureux muscles extenseurs
de la jambe, dont les tendons réunis se confondent avec la
capsule en la renforçant considérablement.
D'après la courte description que je viens de faire de
l'articulation du genou , on voit qu'il doit rester entre la partie
ioférieure de la rotule, le tibia et les condyles du fémur, un
espace triangulaire plus ou moins grand , suivant le degré
de flexion de la jambe. L'arc des condyles n'étant pas une
portion de cercle, mais celle d'une spirale, l'axe de mouve-
ment des condyles se retirant en arrière , à mesure que la
flexion devient plus forte ; de manière que cet espace varie
k la fois de grandeur et de forme. Mais il a été également
REMÉDIÉ A CET INCONVÉNIENT, EN PLAÇANT DANS CETTB
CAVITÉ UNE MASSE FIBRO- GRAISSEUSE TRÈS-MOLLE, qui SC
moule par là facilement sur elle dans ses changements de
formes, en la remplissant constamment; masse attachée par
toute sa face antérieure aux parois de la capsule jusqu'au bas
de la rotule , et liée par de petites expansions fibreuses ,
d'une part au fémur dans le fond de sa gorge de poulie.
166 Tnéoi/Nm m la Haturi.
et diantre part, an cartilages interarticolaires qu'elle snit
par Ih dans leurs mouvetnents d'atant en arrière, de ma*
nière k rester constamment contigué au tibia et au fémur.
La partie antëro-supërieure de la capsule derant nécessai-
rement être très-flexible et làcfae, afin de pouvoir céder
aux mouvements fort étendus de la rotule , glissant le long
de la gorge du fémur, cette capsule aurait pu facilement
s'engager, lors de Textension du genod , entre cet os et le
fémur qu'elle unit , s'y trouver pincée , et causer par là , non-
seulement le danger de pouvoir ainsi être froissée et dé-
truite, mais encore celui d'entraver le mouvement et de
causer de vives douleurs. Mais cette circonstance aussi
A ÉTÉ PRÉVUE PAR LE CrÉATCVH , QUI VOtJLAKT QU'iCI , COM HE
PARTOUT AILLEURS , TOUT FUT PARFAIT , A PRÉVElfU CET ACCI-
DENT , au moyen d'un muscle spécial fixé h la partie infra-
antérieure du fémur , d'où il descend le long de cet os pour
insérer ses fibres ^ la partie supérieure de la capsule , qall
ûte en haut chaque fois qu'elle se reiftcbe, et Fehpéche
AINSI DE pénétrer ENTRE LES OS. Dcs muscIcs Semblables
se retrouvent d'ailleurs partout chez les animaux, où le
même inèontéùiént réclame leur emplùi.
Dans la partie postérieure de rarticulatiùii du genou du
Chat et autres MAMMiFiRts quadrupèdes , mais non ches
Y Homme ^ se trouvent, dans le même but, encore trois
osselets , fort petits , il est vrai , contenus dans Tépaisseur
de la capsule articulaire, qu'ils soutiennent en s'appuyant
sur les cond}les du fémur; osselets rappelant la rotule
pour la fonction. Deut de ces osselets sont contenus dans
les tendons d'origine des deux musclés Gastroenémiens , Ik
où ils adbèrent à la capsule du genou ; et le troisième
dans le tendon d'origine du muscle Popliti , pour les sou-*
tenir. L'usage de l'os poplitaire est d'autant plus nécessaire
que le tendon croisant très-obliquement la fente formant la
jonction de l'os de la cliisse avec le tibia, il pénétrerait sanà
cela facilement dans cette articulation.
cHAntftB ni. 167
Ces trois osselets n'etistent poitit dans rhomme , ou ils
sêràicnt mtTiLES , Tii qne les mouvements étant fort lents
ehe2 Ini dans Tallicnlatlod du genou, la capsule, suffi-
samment soutenue par les parties avoisinantes , a assez de
temps pour se retirer. C'est encore Un de ces cas oh Vot^ik-
tiisation de YBomme est moins compliquée que celle dés
animaui.
Aux articulations, au contraire, où les capsules sont
naturellement soutenues par divers organes qui y ad-
hèrent, tels que des ligaments Ou des tendons filés aux
os formant les slrticulations , ces osselets, ainsi que les
muscles spéciaux rétractéurs des capsttles, étant inutile^,
n'existent pas : les muscles des tendons dont je viens de
parler remplissent suffisamment cette fonction; ce qui
montre , avec la dernière évidence , que leur présence edt
due & une tÉniYABLB mtEH tion m la PAAt de l'intelli-
gence SUPKÊMË QUI Les il ÉTABLIS, G&ACTJN A PART, SBLOtl
LE BESOIN , BANS LE BUT QU^ELLE S'eST PROPOSÉ.
J'ai fait remarquer plus haut que la jambe renfermait,
comme l'avant-bras, sotf analogue par rang, également
Aeux os , dont l'un , on le Tibia , très-fort , soutient it lui
Mul tout lé poids du cdfps; tandis que le second, ou h
Pirtnè , placé au côté externe , parallèleinent au tibia , n'est
qu'un os grêle, sans aucune fonction essentielle dans les
MAVMrrÈtiES , si (^ it'est de contribuer k former Tarticn-
Ifltion du pied, qui pourrait tout aussi bien ne l'être que par
on seul os. Cela est même si vrai que, dans les espèces
inférieures , telles que le Chenal et les Ruminants , le péroné
est réduit à de simples rudiments : et s'il est pluâ développé
dans les Mammifères supérieurs, et entre autres chez
V Somme f il est probable que ce n'est, en principe, que
pour conserver eneoi'e mieux chez eux l'analogie existailte
entre les deux paires de membres , conformément k la loi
de la gradation que eés os suivent d'une paire h l'autre.
Qmnque le Pteâ (M. \l,Hg. / , t) a? y) soît bieW évidem-
ifiS THÉOLOGIE DB LA MATURE.
ment l'analogue de la main , il en diffère cependant notable-
ment dans sa première partie où le Tarse ^ Panalogue du
carpe , son représentant dans la main , se compose de même
de plusieurs os , placés sur deux rangs ^ mais autrement dis-
posés et conformés, leurs fonctions n*étant plus les mêmes.
En effet, la main devant essentiellement servir dans Y Homme j
ainsi que chez les Singes , à saisir les objets , tandis que le
pied a plus spécialement pour usage de servir k la station ,
k la marche et à la course , celui-ci ayant de plus grands
efforts k faire , tandis que la main a besoin de plus de sou-
plesse, il était nécessaire que Tun des os du Tarse, celui du
Talon , formât un plus fort prolongement en arrière que ne
le fait le Pisiforme, son analogue au carpe, afin de constituer
un bras de levier plus puissant , capable de servir k soutenir
tout le poids du corps dans la marche. Il en est de même
du second os ou Astragale ^ sur lequel s'articule la jan^be.
Et k la main , son représentant où le Scapboide devait se
joindre k l'avant-bras par une articulation mobile en tous
sens ; tandis qu'au pied , le mouvement ne devait avoir lieu
que d'arrière en avant , et fort peu vers les côtés , le premier
de ces mouvements étant le plus essentiel dans la marche et
la course ; pendant que les flexions latérales fort étendues
étant sujettes aux grands inconvénients de la fatigue et de
l'entorse, ont du ÉraE évitées.
Quant au pied, il aurait pu, comme, en effet, celui de la
plupart des quadrupèdes , n'appuyer sur le sol que par les
orteils , ce qui est facilement possible chez ces derniers , qui
ont dans la station au moins trois membres appuyés sur le
sol , et dans la marche au moins deux , mais pendant un
instant seulement; tandis que chez Y Homme ^ la station n'é-
tant que sur deux pieds, elle aurait eu une trop petite base
si les pieds ne touchaient au sol que par les orteils ; d'où il
était PLUS CONVENABLE DE LES FAIRE APPUYER PAR LA PLANTE
ENTIÈRE , AINSI QUE GELA EST OU effet. Cet avantage une
fois établi , la Nature créatrice , toujours si parfaitement
CHAPITRE lll. i69
CONSÉQUENTE DANS SES PRINCIPES , A DONNÉ au pied la forme
et la disposition les plus favorables k cet usage , en en cal-
culant LES effets jusque dans leurs plus minutieux dé-
tails; où rien qui puisse avoir quelque influence n*a été
omis pour en faire des organes parfaits de station. En effet,
pour que la base de sus-station soit la plus grande possible,
il a fallu que le pied appuyât dans toute sa longueur.
Dans cette disposition des membres postérieurs , il était
facile de maintenir l'équilibre dans la station : le corps ap-
puyant sur la base au moyen de ces derniers , ces mem*
bres forment de véritables colonnes verticales, où ils ne
font qu'un effort musculaire assez faible pour que le centre
de gravité du corps, situé k peu près au milieu du bas-ventre,
soit maintenu au-dessus de cette base. Le mouvement d'ex-
tension du pied devant agir principalement pour soulever
le corps dans la marche , et le pousser en avant eu appuyant
obliquement sur le sol , le pied a dû pour cela former un
levier du second genre , où le point d'appui est k l'extré-
mité des orteils; la résistance, dans l'articulation de la
jambe, sur laquelle pèse le poids du corps; et la force,
produite par les muscles du mollet, est appliquée k l'extré-
mité du talon , qui n'a conséquemment pas besoin de former
un bras de levier très-long ; tandis qu'il a dû être, comme
on le verra plus loin , beaucoup plus considérable chez tous
les quadrupèdes , et surtout dans les espèces sauteuses ;
aussi l'os du talon est-il bien plus saillant chez ces der-
niers.
Dans le but que Tlntelligence suprême s'est proposé , ces
fonctions ont nécessité , comme d'ailleurs dans tous les ap-
pareils organiques , des formes spéciales qui révèlent les
VUES savantes dans lesquelles chaque organe a été éta-
bli. C'est ainsi que l'os du talon forme bien, comme le
pisiforme de la main , un bras de levier sur lequel agissent
les muscles extenseurs du pied; mais ce levier a dû être
beaucoup plus grand , autrement conformé et différemmeqt
170 TEtoLoeit tm la naturk.
disposé. Nous avons déjk vn que dans Y Homme j le talon
devait être dirigé, comme il l'est en effet, obliquement en
bas et en arrière , afin de servir k la fois d'appui an corps
dans la station plantigrade , et de bras de levier aux pais-
sants muscles du mollet, qui s'y insèrent; tandis que chex
les quadrupèdes , il est au contraire , mais toujours confor-
mément k sa fonction, beaucoup plus^ saillant, et directe-
ment porté en arrière , dans la direction de Taxe du pied ,
n'ayant plus ehez eux que la seconde de ces fonctions à
remplir, pour laquelle il est plus favorable qu*il ait cette di-
rection , afin que les muscles du mollet agissent k angle droit
sur lui , et par Ik avec beaucoup plus de force.
Le second os ou TAstragale devait de même , conformé-
MBNT A SA PONGTiON , fonuef daus sa partie supérieure une
forte portion de poulie, stir laquelle se meuvent les extré-
mités des deux os de la jMnbe ; cette forme étant là ^lus
GOiwfiif ABLB pour Ic mouvémeut dans une seule direction ,
où révasement plus ou moins grand de la gorge perniet,
SELON LB BBsofK, uu mouvéfflént latéral proportionné, en
même temps qu*il offre lb PLts de certitude contre le
grave aecidenl de Tentorse ; aussi voit-on cette gorge Ukê-
large et peu profonde dans Y Homme , qui , marchant sur la
plMte entière , a du i»oirvotR FLÉCiffR lb pied assez for^b-
MBRT VERS LES G^TÉS , t»OUR L'AGCOHHODER A t'îKtGkLÎTÈ
DU SOL SUR LEQUEL IL APFU1E ; tandis que chez les quadru-
pèdes digitigrades et ungoligrades , où le pied n'appuie que
sur les orteils , cette flexion latérale est non-seulement
INUTILE , MAIS MÊME DANGEREUSE , VU quo Farticulation est
beaucoup plus élevée que dans Tespèce humaine ; aussi la
GORGE DE PouUE cst-cIle généralement plus profonde , afin
que le mouvement s*y fasse plus régulièrement dan^ un
seul pian.
Pour mieux affermir le pied , cette poulie de l'astragale
est en outre, suivant l'espèce animale elle-même , pins ou
moins largement embotlée sur les cêtés par l'extrémité de$
CHAPITRS III. 171
deux os de ta jambe , creusés à cet effet , également en pro-
fonde poulie concave ; de manière que le déboîtement est
très-difficile, et de là fort rare, surtout chez les animaux
SAOTEtRS , qui sehaient SANS GELA plus sujets quc Ics autres
ï ce grave accident.
Quant k la forme et h la disposition des autres os du tarse,
elles sont fort différentes et très-lrrégulières , comme à ceux
du carpe , ces pièces ne devant produire par leurs mouve-
ments entre elles que des inflexions peu étendues, suffisantes
toutefois pour donner quelque élasticité k cette partie du
pied , fort avantageuse dans les mouvements de locomotion ;
objet pour lequel une grande régularité de forme et de rap-
ports était au fond inutile, et même moins favorable, les
sept os du tarse, y compris celui du talon et Tastragale,
chez les mammifères qui ont cinq orteils , s*enchevétrant
mienx , par leur irrégularité , que s'ils affectaient des formes
plus régulières, ce qui leur permet moins de se déplacer.
Ces mêmes pièces , intimement unies entre elles par de
puissants ligaments , se touehent par des facettes articulaires
mobiles, baignées de synovie, mais ne jouissent toutefois,
eômme an carpe , que d'mi mouvement très-borné ; d'où ne
résulté <}u'une certaine souplesse, qui eontribtie puissam-
ment \ amortir les secOnsses que produit la chute du corps
sur les pieds , li chaque bond que Tanimal fkit en cou-
rant, et adoucit considérablement les mouvements dans la
marche.
Quant an Mitatane , répondant au Métacarpe de la main ,
dont il rappelle tout k fait la composition , la forme et la
disposition , étant composé de même , suivant Fespèce de
Mammifères , de tin k dnq petits os longs , placés k côté les
uns des autres comme les dents d^un peigne, et portant
chacune k son extrémité un Orteil , appendice tout k fait
analogue aux doigts, cette partie du pied ne pr^ente en
elle-même rien de remarquable qui n'existe pas aussi k la
main , k laquelle je renvoie , si ce n'est que le premier de
172 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
ces métatarsiens, et l'orteil qa'il porte , prennent une autre
disposition, n'étant opposables que dans les Singes et les
Sarigues.
Dans l'espèce humaine, le premier os du métatarse est
plus fort que les autres , mais placé à côté d'eux , et porte un
orteil également beaucoup plus grand que les quatre externes.
Cette différence est encore une conséquence naturelle de
LA. FONCTION DU PIED, comme unique organe de locomo-
tion. En effet, les pieds ne devant pas, d'une part, servir
à la préhension , l'opposabilité du premier orteil serait non-
seulement inutile, mais même défavorable , en donnant à la
plante une mobilité latérale qui diminuerait sa force de
résistance; et, d'autre part, chaque pied devant a son tour
servir exclusivement de base de sus-station au corps , il était
NÉCESSÀIBE qu'il OFFRÎT POUR CELA TOUTE LA SOLIDITÉ POS-
SIBLE , ET qu'il fut le mieux CONFORMÉ POUR SERVIR A LA
MARCHE BIPÈDE , OU PLANTIGRADE. Or, lorsquc Ic piod s'éteud
en arrière pour pousser le corps en avant et vers le côté
opposé , c'est principalement la partie interne de son extré-
mité qui doit toucher le plus longtemps le sol ; d'où résulte
QUE CETTE PARTIE DEVAIT AUSSI ÊTRE A LA FOIS LA PLUS
ALLONGÉE ET LA PLUS RÉSISTANTE , GOMME DEVANT FAIRE LE
DERNIER EFFORT A CHAQUE PAS; taudis que la PARTIE EX-
TERNE , PLUS MOBILE , SE MOULE MIEUX SUR LES INÉGALITÉS
DU TERRAIN POUR ASSURER LE PIED. G'CSt, COmmO OU VOit
encore ici, un de ces innombrables exemples ou la sa-
gesse DU créateur a tout si PARFArrEMENT RÉGLÉ, EN
MODIFIANT SIMPLEMENT LES PARTIES d'uN MÊME TYPE , POUR
LES METTRE PARTOUT EN HARMONIE AVEC LA FONCTION QU'ELLES
DOIVENT REMPLIR, SANS POUR CELA SORTIR DU PRINCIPE GÉ-
NÉRAL DE LA LOI d'organisation QU'iL A ÉTABLIE POUR CHAQUE
SÉRIE d'organes , daus toute la chaîne des Êtres que cette
loi embrasse.
Les Membres [lostérieurs étant les analogues des anté-
rieurs, comme paires successives; se composant aussi des
CHAPITRE iir. 173
inémes parties en en diflTéraDt , comme on vient de voir ,
cependant notablement, soit par l'effet de leur dégradation
par rang, soit par leurs fonctions.
En suivant leur analogie, en comparant d'abord les
parties où elle est évidente, puis celles où elle devient plus
douteuse , on trouve la ressemblance d'autant plus grande
que les parties sont plus près des extrémités. Ainsi les Or-
teils sont exactement organisés comme les Doigts; le Cou-
de-pied a la plus grande ressemblance avec la Palmure de la
main , en offrant toutefois déjk des différences très-marquées
entre les parties formant la base, ou le Tarse et le Carpe. La
Jambe l'analogue de Y Avant-bras, est, comme lui , formée
de deux os longs , placés l'un k côté de l'autre , mais tout au-
trement conformés. La Cuisse, qui représente le Bras, n'a ,
de même que ce dernier, qu'un seul os ; et enfin on arrive au
Bassin^ qui doit représenter YÊpaïUe; mais ici la différence
est si grande pour la forme , amenée par celle des fonctions ,
qa'il est fort difficile de trouver de l'analogie entre leurs par-
ties , si ce n'est par leurs rapports de disposition. C'est ainsi
que l'un et l'autre sont composés, en principe, de trois
grands os réunis au point où s'articule le membre corres-
pondant. Ce sont dans l'épaule, Y Omoplate^ la Clavicule et
rOs coracoïdten; celui-ci rudimentaire dans presque toutes
les espèces de mammifères, où il ne forme qu'une simple
apophyse de l'omoplate; mais très-grand dans les Oiseaux et
les Reptiles ; et Ton retrouve même dans un appendice du
bord de la cavité articulaire de l'omoplate du Chat, une pe-
tite pièce surnuméraire qu'on peut rapporter à l'os central
du bassin chez le même animal , et dont il sera parlé plus
tard.
Nous avons vu que le Bassin des Mammifères se compo-
sait de même de trois grandes pièces latérales , mais con-
stituant des appendices des vertèbres sacrées, et, en outre,
fort différentes pour la forme des os de l'épaule , avec les*
quels elles n'ont guère d'analogie pour la forme. Le Pubis
474 TnioiMiB I» u MATimx.
et Y Ischion se 4irigeMit yen la ligoe médiaoe ventrale, oè
ils ae rwcootrent menue , paraissent de Ik repréeenter la
Clavicule et le Coracoïdien qui offrent la même disposi-
tion ; d'où il résulte que l'os de la Banehê , dirigé yen la
colonne vertébrale , serait l'analogne de Y Omoplate.
Quoique les Membres des Mammifères quadrupèdes se
composent , comme d'ailleurs tout leur corps , des mêmes
parties que chez l'homme , sauf les modifications qu'ils
éprouvent d'une Famills k l'autre , par Teffet des diverses
lois de gradation qu'ils suivent , les mêmes parties offrent
toutefois encore , outre cela , des différences fort notables,
conséquences naturelles des fonctions que chacune remplit
dans les diverses espèces. La plus grande modification ré»
suite toutefois des changements du mode de locomotion de
bipède en quadrupède auquel les animaux arrivât graduel*
lement, comme, d'ailleurs, à tous les autres changements de
fonctions des organes , en présentant divers types , oà ils of-
frent, dans certaines espèces, les conditions les plus favora-
bles du mode spécial de locomotion auquel ils sont destinés.
Le premier de ces modes principaux de la marche qua-
drupède est celui où les Mammifères cessent d'appuyer
toute la plante du pied sur le sol , pour ne poser que sur les
extrémités dn métacarpe et du métatarse , ainsi que par les
d(Mgts et les orteils; marche qui reçoit de Ik le nom de Digi-
tigrad»; type le plus parfaitement représenté par le genre
Chat j dont toute l'organisation est en même temps la pKis
riche en organes dans toute la Classe des Mamiufèrbs.
On conçoit que par cela même que les animaux marchent
k quatre pattes , les omoplates , qui doivent servir d'appui
aux membres antérieurs , ne purent plus être , comme choc
l'homme, dirigées de côté, mais plus ou moins en dessous.
Pour que ces derniers ne soient pas trop écartés , ce qui
serait un grand inconvénient dans la marche, où chacun
de ces membres doit alternativement supporter la charge du
corps , IL A FALLU QUE LA PARTIB AIfTÉRrBUEE VU THORAX FUT ,
CIUFITKV Ul* 175
contrairement à pe qui est chez Tbomme, Asa^i fortimint
coxPEiMÉs , AFIN QE {.ES ftAPPRocsER pour doDoer une direo*
lion presque verticale aux deux omoplates. C'est dans eetle
dépression du thorax que se loge tonte l'épaule avec les
muscles volumineux qui entrent dans sa composition , de
manière qu'elle ne fait plus qu'une légère saillie sur les
côtes ; et la clavicule , lorsqu'elle existe , conserve , du reste ,
la même disposition que chez l'homme , en se rendant de
l'articulation du bras » transversalement en dedans , sur le
sommet du sternum.
Quant.au membre proprement dit, qui devait être entiè*
rement libre chez l'homme afin de pouvoir se diriger de
tous côtés, les diverses parties qui le constituent se font,
pour la même raison , directement suite en pendant , k l'état
de repos, le long du côté du tronc. Chez les quadrupèdes ,
au contraire , ces membres , devant servir à la locomotion ,
n'avaient plus besoin de se mouvoir que principalement
dans un seul sens , d'avant en arrière ; et fort peu vers les
côtés, seulement pour faciliter les balancements du corps
de l'un de ces membres sur l'autre pendant la marche;
mouvements que le bras peut facilement exécuter sans
s'écarter sensiblement du thorax. Cette girconstangb a
tERMIS DE LE PLACER , EN GRANDE PARTIE , DAMS LA lf<ME
MASSE DB CHAIR QUE l' ÉPAULE , OU , PLUS SOLIDEMENT FIXÉ ,
IL ACQUIERT , PAR LES MUSCLES VIGOUREUX QUI L'UNISSENT A
CETTE DERNIÈRE , UNE FORGE RIEN SUPÉRIEURE A CELLE Qu'iL
A DANS l'espèce HUMAINE ; ct c'cst cu effet cette disposition
qu'on remarque chez tous les mammifères complètement
quadrupèdes.
Si dans l'homme les cinq parties consécutives du membre
ont dû se faire suite dans une même direetion , cela ne
DEVArr PLUS ÊTRE AINSI CHEZ LES QUADRUPÈDES, OU CBS
MEMBRES REMPLISSENT DES FONCTIONS DIFFÉRENTES en Ser-
vant à la locomotion , où ils doivent jouir de la faculté de
pouvoir s'allonger d'une certaine quantité , afin de pouvoir
i7C THÀ)LOGn Dl LA NATURE.
pousser le corps en avant dans la marche ; d*où leurs parties
devaient faire à l'état de station divers angles alternatifs
entre elles , ainsi que cela est en effet ; disposition qui con-
tribue en outre à donner une très-grande souplesse aux
mouvements ambulatoires. C'est ainsi que déjk l'omoplate,
au lieu d'être dirigée directement de haut en bas , l'est au
contraire de haut en bas et en avant , tandis que le bras (p q)
se porte obliquement d'avant en arrière et en bas ; l'avant-
bras (q r) plus ou moins verticalement en dessous ; et la
palmure (r s) est un peu fléchie en avant pour appuyer enfin ,
par son extrémité , sur les doigts fléchis ($ t) , formant avec
cette extrémité du métacarpe la base d'appui sur le sol chez
les mammifères, dits de là digitigrades. On conçoit, par
l'effet de ces angles que les parties du membre forment
entre elles , que , lorsque dans ses divers genres de locomo-
tion l'animal vient k tomber sur ses membres antérieurs ,
les chocs se trouvent considérablement adoucis par la
flexion, qui, par ce choc même, a lieu dans toutes les
articulations où l'élasticité des muscles , qui leur cèdent en
partie, amortit beaucoup ces secousses.
Par l'effet de sa disposition oblique, le bras, au lieu
d'être vertical, étant dirigé fortement en arrière, il se
trouve en partie appliqué contre le thorax, auquel il est lié
par les téguments qui les enveloppent tous les deux, et
empêchent ainsi le bras de s'écarter sensiblement ; mouve-
ment inutile à des animaux , dont les. membres antérieurs ne
doivent servir qu'à la locomotion , on du moins k ne saisir
que des objets placés au devant d'eux; aussi les espèces qui
jouissent encore de cette faculté ont-elles les bras plus longs,
plus dégagés , et moins fortement dirigés en arrière que chez
celles où ces membres ne servent qu'aux mouvements am-
bulatoires.
L'Avant -bras, porté directement en bas, se continue
par la palmure, qui, dans l'homme, se fléchit également
en avant et en arrière, conformément à sa fonction; tandis
GBAPITRI m. 177
qu'elle ne jouit plus, chez les quadrupèdes, que de la faculté
de pouvoir se plier en arrière , et , dans le sens opposé , elle
n'atteint plus que la direction droite avec Favant-bras , et
un peu plus chez les espèces les plus souples, telles que
tous les digitigrades; et même déjà chez les Singes^ y
€ompnsY(hang-(mlang eileChimpanzé , cette extension au
delk de la direction droite est fort peu considérable.
Enfin, les doigts sont, chez tous les Mammifères qua-
drupèdes, constamment fléchis en avant pour former la
base de sus-station du membre , k l'exception toutefois des
Orangs^ qui ne marchent que rarement à quatre pattes sur
le sol horizontal.
Quoique toutes les parties du membre soient au fond
exactement les mêmes que chez l'homme , modifiées seu«-
lement pour être en harmonie avec leurs nouvelles
PONCTIONS , LES DIFFÉRENCES QU'fiLLES PRÉSENTENT SONT ,
DANS CETTE INTENTION MÊME , PARTOUT ADMIRABLEMENT CAL-
CULÉES. Nous avons vu, en parlant de l'épaule de l'homme,
que l'omoplate était principalement unie au thorax par
le muscle Grand-dentelé , qui , en forme de large lame ,
en éventail tronqué au sommet , s'attache par le petit côté au
bord dorsal de l'omoplate, et, par sou côté opposé, au
moyen de neuf digitations, à la partie latérale du thorax,
et sert principalement k porter l'omoplate en dehors , en la
faisant glisser k plat sur les côtes.
Dans les quadrupèdes, cette forme et cette disposition
deviennent bien plus importantes, et y montrent le véri-
table BUT DANS LEQUEL CES MUSCLES ONT ÉTÉ ÉTABLIS AINSI.
Le corps de l'animal , étant posé en avant sur les membres
antérieurs, appuie sur ces deux muscles comme sur une
large sangle soutenue par ces derniers, formant deux
piliers entre lesquels il est suspendu. Par ce mode si
INGÉNIEUX d'appui , le corps a non-seulement une grande
solidité sur ces membres, mais les secousses qu'il peut
éprouver dans les mouvements de locomotion saccadée, tels
1. 1?
178 TBÉOLOGOI 91 tA MATURl.
que le trot , lô galop » et surtout le saut , où ranimai tombe
de tout sou poids sur ses pieds, sont gonsidérablbhent
AMORTIS PAH l'élastigité DE CES MUSCLES» que Taiiimal
contracte préalablement dans cette intention, et qu'il ne
relâche qu'en cédant à la force du choc. Ontre cette fonction,
en quelque sorte passive, les muscles grands-dentelés ont
encore celle de soulever le corps lorsqu'il est appuyé sur les
deux membres, ou d'abaisser l'un de ceux-ci lorsque le
corps n'appuie que sur celui du côté opposé , et enfin ilscon*
tribuent efficacement aux mouvements de l'omoplate , en la
faisant tourner sur son plat , selon la partie du muscle qui se
contracte, et agissent ainsi très-activement dans la marche.
Chez beaucoup de mammifères , et spécialement dans le
Chatf le muscle grand-dentelé est même pour cet effet
beaucoup plus large que chez l'homme, s'étendant par ses
digitalions tout le long du cou, en les fixant aux apophyses
transverses des vertèbres de ce dernier.
Par ce moyen , ce muscle n'acquiert pas seulement une
plus grande puissance , mais il agit aussi sur lb gou qu'il
CONTRIBUE puissamment A MAINTENIR RELEVÉ, EN AIDANT
ainsi a soutenir MÊME LA TÊTE.
Quant aux autres muscles moteurs de l'omoplate , ils sont
également en grande partie les mêmes que dans l'espèce
humaine, quoique souvent modifiés dans leur forme et leur
disposition ; toujours conformément a la nouvelle ponc-
tion DES membres.
L'apophyse acromion , si forte chez l'homme , où elfe sert
de point d'articulation à la clavicule , et de principal appui
de bas en haut à la tète de l'os du bras, disparaît gra-
duellement chez les mammifères quadrupèdes à mesure que
ces usages cessent de plus en plus. Chez tous , la cavité arti-
culaire de l'omoplate se trouvant au-dessus de la tête de l'os
du bras , c'est contre elle que cette dernière appuie dans la
marche et la station, et l'acromion, devenue de là sans
usage, se réduit à un simple prolongement épineux, suflt»
ÇHAVITM III. i79
I90t pour servir 4 Tarticulation de la clayicule lorsque celle^
ci existe ; et là oti ce dernier os manque, Tapophyse acromion
disparaît aussi en entier , comme subordonné a l'existaMe
de cette même clavicule.
Les muscles extenseurs du bras , ayant chez la plupart des
mammifères quadrupèdes des efforts beaucoup plus grands
à faire que les fléchisseurs» et surtout les abducteurs, ont
aussi, CONFORMÉMENT A CETTE FONCTION, REÇU UN PLUS
fiRÀNB DÉVELOPPEMENT QUE DANS L'ROMMS. Lo Br^S étant
plus OU moins fortement dirigé en arrière , et se trouvant
contenu dans sa partie supérieure dans la masse de chair de
Tépaule, on conçoit que, d'une part, les muscles fléchis-
seurs en arrière du bras, qui tendent k relever le coude,
n'ont jamais qu'un assez faible efiort à faire, si ce n*est ches
les fouisseurs et les grimpeurs , où ils sont en effet encore
assez puissants. Quant aux. abducteurs , qui doivent princi-
palement agir pour soutenir le poids du corps au moment
où l'animal ne pose que sur Tun de ses membres antérieurs ;
cette action est encore assez faible, vu que la partie supé-
rieure du bras étant appuyée contre le thorax , le membre ne
peut que faiblement fléchie en dedans. Enfin les muscles
Pectoraux <, qui rapprochent le bras du corps, sont au con^
traire fort puissants , ayant à s*opposer à Técartement trop
fort du bras, qui pourrait avoir lieu par accident dans la
marche et la course. Ces mêmes muscles d'ailleurs , tout en
«'insérant k Tos du bras, agissent sur ce dernier plus parti-
eulièrement comme rétraoteurs de l'épaule ; action dans la-
quelle ils ont surtout les plus grands efforts à produire , soit
dans la marche ou la course , soit dans l'action de fouir ou
de grimper, où ils sont puissamment seeondés par le mus-
de grand -dorsal, et tous les extenseurs du bras, qui, en
agrandissant l'angle que le bras fait avec l'axe de l'omoplate ,
tendent \ porter Texlrémité inférieure de eelle-d en arrière.
Enfin le muscle Dwr^o-'CucuUaxre (portion dorsale du cu<*
cuUaire ou trapèze de rhomme), formant un mosde k part
48<^ THÉOLOGIE DV LA HATURt.
dans le Chat , tire Tomoplate en arrière et en haut par son
angle supra-postérieur; et en combinant son action avec
eelle de la partie antérieure du grand-dentelé, qui tire
Tangle antéro-supérieur en bas , Tomoplate exécute par Ik
une rotation sur son plat, par laquelle son extrémité infé-
rieure est portée en arrière.
Quant au mécanisme de Tarticulation du coude, il est
chez tous les mammifères k peu près le même que dans
rbomme, si ce n'est que Tapopbyse, formant la saillie du
coude , est d'autant plus longue que les animaux ont des
EFFORTS PLUS GRANDS A FAIRE daus l'exteusion de leur avant-
bras, comme chez les fouisseurs et les sauteurs.
Il n'en est pas de même des rapports qui existent
entre les deux os même de l'avant-bras. Nous avons vu que,
chez l'homme, dont la main doit jouir de la faculté de
pouvoir facilement tourner sur elle même pour placer la
paume en dessus ou en dessous, cette torsion de l'avant-bras
pouvait aller un peu au delà d'un demi-tour; dans le Chat ,
ïi un quart de tour seulement; à moins encore chez les autres
digitigrades , où ces os , naturellement croisés très-oblique-
ment , se rapprochant de plus en plus , sont à la fin appliqués
l'un sur l'autre , dans le Lapin, etc. , en perdant toute mo-
bilité entre eux, et finissent par se souder chez les Chevaux
et les Ruminants ; au point même que le cubitus , se réduisant
au milieu de sa longueur à un simple filet longeant le radius ,
finit par disparaître en partie ; aussi les membres antérieurs
de ces derniers animaux ne servent-ils plus qu'exclusivement
à la locomotion.
La partie terminale du membre antérieur, qui devient
de plus en plus semblable par sa dégradation à celle des
postérieurs, offre par Ik des différences d'autant plus
grandes avec l'homme , que les espèces s'éloignent davantage
de ce dernier dans la série animale, et toujours suivant le
mode spécial de locomotion des animaux , et le genre de
VIE QUI LEGR A ÉTÉ PRESCRIT; modificatious , qui , considé-
GHAPrmB m. ISi
rées comme résultat de la dégradation que les membres
subissent graduellement en changeant de fonction, per-
mettent au Naturaliste de déterminer non-seulement les
MOTIFS QLi LES ONT FAIT ÉTABLIR, mais dussî de découvrir les
lois de relation qui existent entre la forme de ces membres
et d'autres organes, ou même des objets extérieurs, avec
la nature desquels les membres doivent être en harmonie ;
rapports qui ne manquent pas d*être du plus grand intérêt
dans rétude des Êtres organisés ; et ces considérations ne
s'appliquent pas exclusivement, du reste, k la conformation
des membres , mais bien k toutes les parties de l'organisme
animal , toutes liées entre elles par des conditions d'existence
de l'ensemble constituant un Être vivant.
Nous avons vu que la main de l'homme était formée de
deux parties consécutives, la portion élargie ou la palmure,
et ses appendices ou doigts. Dans les mammifères quadru-
pèdes , ces deux parties se retrouvent de même avec leurs
caractères généraux, mais en différant notablement dans les
détails. Destinée k servir à la locomotion , la main cesse de
pouvoir se fléchir en avant, au delà de la direction droite
avec l'avant-bras, afin qu*en s'ajoutant k ce dernier elle
serve à élever davantage l'animal en avant , et k former une
articulation de plus dans le membre , qui contribue k rendre
les mouvements progressifs plus faciles, et surtout plus
souples; modification qui a déjk lieu chez les Singes^ les
plus rapprochés de l'espèce humaine, en même temps que les
mouvements latéraux de la main sont plus bornés, sont déjk
à peine sensibles chez les vrais quadrupèdes digitigrades ,
et absolument impossibles dans les unguligrades , où ces
membres arrivent au degré le plus parfait d'organes loco-
moteurs.
Dans les digitigrades, l'extension de la main (flexion en
avant) va cependant encore un peu au deik de la direction
droite, de manière que dans la station, le poids du corps
portant en avant sur les membres antérieurs, et, dans la
iM THiOLMn Ml LA IIATURB.
progressioii , alternativeoiêtii sur un seul , la moindre exten-
sion ad deik de la direction droite de la palmure, faisant que
Tavant-bras porte k faui sur la main , ce poids tend k faire
fléchir celle-ci encore plus fortement dans cette direction ,
d'où pourrait même résulter la rupture des ligaments qui
8*y opposent, s*ils n'étaient suffisamment forts pour résister
k cette grande puissance , surtout pendant la course el le
saut , où tout le poids du corps vient k chaque bond tomber
tout k coup sur les membres antérieurs. Or cette cause de
luxation , qui se renouvelle souvent , à été PAtiPAtTEMENT
I^RÉVUE , ET CE FUNESTE ACCIDENT t^RÉVBNU nOU-SCUlement
par des ligaments très*-vigoureux qui entourent cette articu-
lation , mais principalement par la disposition des muscles
fléchisseurs de la main et des doigto. Cela est surtout remar-
quable chez les espèces dont la main a dû conserver encore
une grande souplesse de mouvement, telles que dans tons les
Mammifères sauteurs , où le carpe s^étend même beaucoup
au deIk de la direction droite , pour trouver dans cette obli-
quité de direction une cause d'élasticité dans le saut, et qui
contribue beaucoup k cette grâce et k cette souplesse de
mouvements qu'on remarque dans la marche , la course et
les sauts des espèces du genre Chaî, tels que le JLîon, le
Tigre et la Panthère.
Le poids du corps tendant k rendre Tettension de h
palmure plus forte , celle-ci cède bien un peu par Teflet de
cette obliquité , mais elle est limitée surtout par les efforts des
muscles fléchisseurs de la main et des doigts , dont je viens
de parler, qui s'y opposent, et spécialement par YVlnaris^
dont le tendon s'insère au sommet de l'os pisiforme du
carpe ; formant , dans ce but, un bras de levier plus long
que chez l'homme , perpendiculaire k la face postérieure du
carpe ; os lui-même maintenu en position contre la très-
forte traction de ce muscle, par deux ligaments fort vigou-
reux, dirigés de son sommet obliquement en bas et en
avant, pour s'insérer k la face postérieure des deux os
CHAPITRE ni. 183
méticarpiens externes. Cbtte rbmabquablie disposition dé
CBT 06 , DU MUSCLE ET DES DEUX LlOAMENTS rappelle tOat k
fait celle des chaînes des ponts suspendus , passant sur les
piliers, par laquelle une force « agissant daâs un sens
vertical, est détruite par une traction horizontale, et par
Teffet de la mobilité des parties formant la chaîne, la
iraction du muscle ulnaris, qui tend à faire fléchir le
pisîforme vers le haul^ les deux ligaments qui s'y opposent
agissent à leur extrémité inférieure 'sur les deux os métacar-
piens , qui seraient disposés par ISi k fléchir en arrière , mais
•ont en partie retenus par leur appui sur le sol , et en partie
par leurs ligaments antérieurs du carpe.
Cette même disposition dans l'articulation de la main
avec Tavant-bras se retrouve bien chez tous les Mammifères,
nais avec des notodiflcations plus ou moins grandes , selob
LB BESOIN. Dans Y Homme f le pilier que forme le pisiforme
est ainsi beaucoup moins saillant que dans le genre Chat, la
main n'ayant pas à agir avec autant de force dans sa flexion.
On la trouve aussi chez les animaux unguligrades , dont les
BBenbres antérieurs, ne servant exclusivement qu'à là
locomotion , ont besoin , pour cela , d'une grande fixité dans
Tarticulation de la main; fixité qu'ils trouvent, d'une part,
dans la non-exieusibilité de cette dernière au delk de la
direction droite; et, d'autre part, dans le renflement plus
grand des tètes des os formant cette articulation; d'où
fémlte Honnieulement «ne plus grande étendue en tous
sens des points d'appui de l'avant-bras, mais aussi plus
de longueur du bras de levier , sur lequel agissent tous les
fli«scles fléchisseurs de la main ; levier formé par le demi-
diamètre de ce renflement, auquel s'ajoute la longueur de l'os
pisiforme, qui est tOHtefois proportionnellement moindre
que dans les Mammifères digitigrades sauteurs. C'est-h-dire
que PlBTOtT LE MOYEN EST ADMIBABLEMENT CALCULÉ SELON
LE BBsoiN ; et chez tous ces animaux , ces moyens méca-
niques sont secondés par de nombreux et puissants ligaments
IS4 THÎ0L06IK rat LA HATURK.
spéciaux unissant postérieurement les osselets du carfie
entre eux, aussi bien qu'aux métacarpiens, de manière ^ ne
laisser dans leurs articulations presque aucune possibilité
de luxation ou de rupture.
J*ai déjk dit, en parlant de la main de Thomme, que le
métacarpe se composait, chez les Mammifères, suivant les
espèces , de un k cinq petits os longs placés il côté les uns
des autres, et portant chacun un doigt. En examinant la
marche de gradation que suivent ces derniers , ainsi que les
orteils, j'ai découvert la loi d'après laquelle ces appendices
de la main et du pied disparaissent dans la Classe des
Mammifères; loi que j'ai déjà fait connaître dans mon
Traité théoriqw et pratique d'anatomie comparative , et à
laquelle je n'ai trouvé aucune exception, quoiqu'il m'ait
été impossible d'en reconnaître la raison déterminante.
D'après cette loi, le premier doigt, ou le premier orteil qui
disparaît est toujours l'interne ou le Pouce ; le second est le
cinquième ou l'externe, puis le second, et enfin le qua--
triéme ; de manière que Ik où il n'y en a plus qu'un seul ,
comme dans le Cheval, c'est constamment l'analogue du
troisième qui persiste; c'est-à-dire, qu'ils disparaissent al-
ternativement au bord interne et au bord externe de la
main et du pied : Chez les Oiseaux et les Reptiles , le nom-
bre de doigts et des orteils étant aussi de cinq au plus, et
disparaissant jusqu'au nombre de deux; la loi de cette
disparition n'est toutefois pas la même que dans les Mam-
mifères , ainsi que je le ferai voir en parlant de la compo-
sition du corps de ces animaux.
Lorsque des doigts ou des orteils manquent chez les Mam-
mifères , leurs métacarpiens et leurs métatarsiens respectifs
existent toutefois encore jusqu'au second degré suivant, sons
forme de rudiments cachés dans les chairs : c'est-à-dire que ,
lorsqu'il y a quatre ou trois doigts , ou orteils , les os méta-
carpien et métatarsien des deux autres se retrouvent encore
à leurs places respectives. Quand il en manque au contraire
CBAPITRS III. 185
trois, celui do premier qui a d*abord disparu manque seul
complètement; tandis que ceux du second et du cinquième
ont tons encore un rudiment sous la peau. Enfin ciiez les
espèces qui n*ont qu*un seul doigt , ou un seul orteil , le mé-
tacarpien et le métatarsien du cinquième disparait égale-
ment tout à fait , et ceux du second et du quatrième per-
sistent. Il résulte de ce fait qu il n'existe jamais de chaque
côté qu'un seul métacarpien ou métatarsien rudimen taire.
11 est fort remarquable que , bien que la main de
VHomme soit d*une composition plus simple que celle du
Chat 9 même pour les muscles, qui y sont moins nom-
breux ; et que plusieurs de ses parties , et surtout les liga-
ments, soient bien plus confondus et presque inextri-
cables , l'homme puisse cependant parvenir à exécuter avec
ses doigts des mouvements d'une rapidité et d'une précision
étonnante ; mais il faut le dire, ce n'est jamais que par
l'effet d'un très-grand exercice longtemps continué , qu'il
arrive k ce résultat, et non parce que c'est chez lui une
faculté naturelle innée , comme elle l'est chez les animaux.
C'est-à-dire que cette faculté est chez l'homme artificielle-
ment acquise à l'aide de l'intelligence ; tandis qu'il est na-
turellement peu agile , et même fort maladroit. C'est ainsi
que le pianiste peut parvenir à exécuter avec ses doigts des
mouvements de quadruples croches , dans un temps où des
personnes non musiciennes , mais du reste aussi fort agiles
en autres choses, ne pourraient guère faire des croches
simples ; tandis que les mouvements de la main du Chat sont
au contraire chez tous d'une promptitude extraordinaire,
et encore aucunement comparables sous le rapport de la
rapidité aux battements des ailes des Oiseaux , et surtout
des Insectes, dont il sera parlé plus tard.
Pour obtenir cette extrême agilité de mouvements dans la
main du Chat , aucun moyen qui puisse y contribuer n'a
été oublié ; aussi ne peut-on rien voir de mieux organisé
que cet admirable appareil servant à la fois à la locomotion
IM THÀ)LQ«1S DB LA HaTURI.
et k la préhension ; appareil dont la main de rhomme est
loin d'approcher , pour le nombre et la netteté des organes
qui la composent, quoique la plupart y trouvent leurs ana»
logues. C'est dans cette partie des membres des animaux da
genre Chat qu*il faut voir, en effet , avec qcel soin k la
POIS SAVANT ET MINUTIEUX TOUT A ÉTÉ PRÉVU ET GALGUlJ
JUSQUE DANS SES EXTRÊMES DÉTAILS POUR l'aPPROPRUBR LI
PLUS PARFAITEMENT A LA VIE DE CHASSEURS de CCS élégaUtS
animaux, qui devaient, pour cela, jouir de la plus grande
prestesse de mouvements , afin de pouvoir saisir mainlefois
au vol les oiseaux qui deviennent leur proie ; tandis que
la main de Thomme est plutôt faite pour empoigner avec
force tant les petits que les grands objets, et n'a, slli
AUSSI , REÇU DE LA PrOVIDBNGB , QUE IU8TE CE QUI tUI VAUT
POUR SUFFIRE AUX FONCTIORS QU'eLLE DOIT EXERCER.
Cette contradiction apparente qui existe îd oitre les dent
conditions organiques de Thomme, et le chat, noos montre
avec quelle sagesse et quelle haute vue scientifiqijb le
Créateur a doté chaque Être des facultés DONt il a
BESOIN POUR LE GENRE DE VIE QU'iL LUI A PRESCRfr , «ANi
LUI EN ACCORDER d' INUTILES. Eu offet^ puisque l'homme
A été DESTINÉ A LA VIE SOCIALE ET A LA CIVILISATION , dlljeti
pour lesquels il a reçu sa haute intelligence ; une foule d'oi^
ganes et même plusieurs facultés lui ont toutefois été réh^
sées , soit parce qu'il peut y suppléer par d'aMtres , on par
des moyens que lui suggère sa raison, soit que ces fiaoollés
lui eussent été défavorables , soit enfin par toutes ces canses
réunies. C'est ainsi que cette grande souplesse de meuve*
ments dont jouissent les Mammifères chasseurs , pour at-
teindre, combattre et vaincre leur proie, manque à l'homme,
d'une part, comme lui étant en ce sens inutile, qu'il
peut se procurer tout ce dont il a besoin par dés moyens
industriels; d'autre part, cette même souplesse lui eût été
nuisible, comme ne permettant pas une fixité suffisante
des diverses parties de son corps , dans son attitude et sa
CHAnniB m. i9l
marebe bipède dont il présente le type, et pour lesquelles il
a plutôt besoin d'une grande force dans les reins , afin de
pouvoir exécuter les efforts variés auxquels il est obligé
dans les travaux qu*il a à faire par l'effet de son industrie»
conséquence de sa raison. D'autre part, si cette même
flexibilité permet aux mammifères supérieurs de porter
leur bouche ou leurs pattes sur toutes les parties de leur
corps pour se soulager de quelque douleur qu'ils y res*
sentent , la forme et la disposition des membres antérieurs
de Thomme lui permettent d'y suppléer parfaitement. De
même encore tous les Mammifères , îi l'exception de l'espèce
humaine, ont, entre autres, été pourvus d'un grand muscle
membraneux placé immédiatement sous le^ téguments, et
qui fixé, d'une part, au milieu de l'os du bras, étale en
partant de là ses fibres sur tout le tronc, depuis les épaules
josqu'h la queue ; en insérant l'extrémité de ses innom-
brables fibres, à tons les points de la peau, que ce muscle
sert à con tracter, soit en tout, soit en partie. C'est au moyen
de ce muscle que les animaux secouent violemment leur
peau , pour chasser de leur poil l'eau qui les mouillent , ou
bien les insectes qui les incommodent, en ne contractant
la peau que partiellement ; tandis que chez l'homme cet
immense muscle n'existe pas du tout, comme lui étant
inutile ^ pouvant également suppléer k ses fonctions « soit
par les mains, soit par son industrie. Enfin, ses mains
devant lui prêter les plus éminents secours pour l'exécution
des déterminations qu'il prend par son intelligence , cela
semble exiger qu'elles doivent pouvoir se mouvoir avec une
extrême facilité , et la plus grande précision dans chacune
de ses parties; mais les facultés de ces admirables or-
ganes n'avaient cependant pas besoin , pour cela , d'être ni
si variées ni si promptes que dans le chat et ses congénères,
animaux pour lesquels les pattes sont presque tout. Aussi
trouvons-nous dans les mains de l'homme, non-seulement
moins d'organes, tels que des os, des ligaments et des
188 THÉOLOGIE DB LA NATURB.
muscles , mais encore moins d'isolement et de netteté entre
toutes ces parties; et même certaines espèces d*organe8
d*une nature spéciale , telles que les ligaments élastiques qui
manquent complètement comme inutiles; tandis qu'au con-
traire on les trouve dans les pattes du chat avec des fonctions
admirablement établies. Il existe d'ailleurs aussi , dans la
main du chat, un osselet de plus au carpe que dans celle de
l'homme ; osselet que j'ai le premier décrit sous le nom de
Phacoide placé en dedans à la base du premier os méta-
carpien .
Le Métacarpe se compose de même de cinq os longs
portant chacun un Doigt j avec cette différence toutefois que
la main ne devant plus servir exclusivement ^ manier les
objets, mais simplement k les saisir et plus particulièrement
à la locomotion , elle présente déjk sous le rapport de sa
fonction primitive dans l'espèce humaine, placée k l'extré-
mité la plus élevée de la Classe, un premier degré de dégra-
dation et de modification de fonctions dans les digitigrades »
pour arriver plus loin chez les Rumimants elles Solipèdes au
type parfait d'organes de locomotion et de station ; mais ce
premier degré de modification n'exclut pas nécessairement
l'agilité.
A ce même degré de dégradation de la main, comme
organe de préhension, le pouce, qui doit disparaître le
premier des cinq doigts, est déjk plus court et plus relevé
que dans l'homme et les singes, ne touchant même plus
sur le sol dans la locomotion , en même temps qnW n'est
surtout plus opposable aux autres doigts, pour former avec
eux cette puissante pince avec laquelle ces espèces supé-
rieures empoignent si fortement les objets.
Les autres Métacarpiens, ainsi que les quatre doigts
externes qu'ils portent, devant servir à appuyer ^ur le sol,
conservent au contraire leur longueur respective, comme
dans l'espèce humaine , oii cette longueur et la grosseur
indiquent déjà Tordre dans lequel ils doivent successivement
GHAmmi ni* 189
disparaître dans la série des Mammifères. Maïs, comme
organes de locomotion , les doigts offrent au contraire une
complication très-remarquable de plus que chez Thomme,
où les mains ne servent pas k cette fonction. Les Phalanges
sont k peu près dans les mêmes conditions, si ce n'est
la troisième qui prend chez les espèces du genre Chai^
ainsi que dans quelques autres genres voisins à angles
rétractiles, une forme et une disposition particulières, en
RAPPORT AVEC LA FONCTION SPÉCIALE QUE LA MAIN DOIT
ftBMPLm CHEZ CES ANIMAUX, OÙ elle scrt essentiellement à
combattre et k saisir la proie. Cette phalange terminale
arrive ici au type de sa perfection , formant au lieu d*un
osselet à peu près cylindrique à extrémité émoussée comme
dans rhomme, au contraire un crochet aigu, garni d*un
ongle également très-crochu et fort acéré ou Griffe, avec
lequel Tanimal saisit et déchire. Hais il n*a pas suffi de
POURVOIR ainsi les animaux chasseurs d*armes aussi parfai-
faitement propres au combat, il a fallu aussi que les griffes
pussent conserver facilement leur tranchant, afin de servir
toujours efficacement k cet usage; et pour cela rien n*est
AUSSI ingénieux ni aussi beau que l'arrangement et la
composition des parties qui contribuent a ce résultat.
Dans cet animal, Tongle arrive à son plus grand point de
perfection, après avoir déjà passé par plusieurs degrés inter-
médiaires de transition que présentent les autres Mammi-
fères. Au lieu de ne former, comme dans Thomme et les
singes • qu une simple plaque revêtant la face dorsale du
bout de la troisième phalange, il contourne au contraire en-
tièrement Textrémité de cette dernière, en prenant pour ne
point être gêné par les doigts voisins, la forme d*un crochet
en arc de cercle , fortement comprimé , très-large à sa base ,
afin d*avoir plus de force, et parfaitement aigu à sa pointe;
et la phalange, dont la fonction est subordonnée à celle de la
griffe , prend de là également la forme de crochet.
Par Teffet de cette disposition des parties, le réceptacle
4M TeioLoan m la raiuks.
du sens da toucher, placé chez l'homme au boni des doigts,
a la surface d'une masse molle, légèrement élastique, pour
mieux se prêter, soit k la forme des corps que la main
explore , soit pour mieux retenir les petits objets que les
doigts saisissent ; cette partie des doigts , ayant été envahie
par Tongle dans le besoin de sa nouvelle fonction , et ne
pouvant plus servir au sens du toucher, le siège de celni-d
A ÉTÉ PORTÉ simplement un peu plus en arrière, à la base
de la même phalange. Lk la masse pulpeuse qu'il forme
constitue une forte saillie ovale , ou Pelotine , dans laquelle
se rendent en grand nombre les nerfs servant à ce sens , de
la même manière qu'ils se rendent au bout des doigts chei
rhbmme; mais la sensibilité parait y être toutefois beaucoup
moins subtile, les téguments y étant plus épais et plus ou
moins cornés, par cela même que ces animaux marchent
sur leurs doigts ; c'est-k-dire que le toucher y est k peu près
comme aux orteils des personnes marchant pieds nus.
Mais si le Créateur a donné , dans sa haute sagesse ,
l'arme si redoutable de la griffe aux Mammifères chasseurs
par excellence, sa sollicitude a voulu aussi que cette
arme ne fut pas exposée k perdre trop facilement son
tranchant par Tusure sur le sol dans la marche, ainsi que
cela arrive aux Mammifères voisins, tels que les Chiens,
animaux de transition sous ce rapport. Il a suffi pour cela , k
la Providence , de donner simplement une autre disposition
à la phalange unguéale, pour que la pointe de la griffe soit
dans l'état habituel de repos, dirigée plus ou moins en haut,
avec la faculté, pour l'animal, de pouvoir k volonté la
fléchir en dessous , pour en faire usage selon le besoin ; et
le mécanisme au moyen duquel ces effets sont produits,
offre encore une de ces admirables combinaisons de formes
et d'emploi d'organes accessoires de perfectionnement si
bien fait pour être admiré; disposition où les moindres
inconvénients de fonction , ou même de simple mécanique ,
sont PRÉVUS ET corrigés par cette sublime sagesse , dont
CRAPITRI m. 194
M tiMTe de si nombreux exemplesdans Torganisme animal .
Noos avons vq que dans l'homme et les singes , qui se
servent de lenrs mains pour empoigner, les os métacarpiens
el les phalanges des doigts sont placés bout ^ bout dans la
même direction. Chez les animanx de Tordre des Planti-
6IA0ES, qui forment la transition des Quadrumanes aux
CiuiivoRBS » et marchent comme eux constamment sur les
doigts , la main appuie de même que chez ceux-ci sur le sol
par l'extrémité des métacarpiens , ainsi que par les doigts ;
mais ces derniers restent encore presque entièrement éten-
dus, en commençant toutefois àéjii ^ se fléchir un peu dans
leurs articulations , pour se préparer k la nouvelle disposition
qu'ils doivent prendre dans l'ordre suivant, celui des
CàMivoRBs , animaux esisentiellement digitigrades. C'est-k-
éire que la première phalange des quatre doigts externes se
dirige en avant sur le sol, en se relevant un peu k son
extrémité, où elle s'articule avec la deuxième phalange : que
celle-ci , portée également en avant , est un peu fléchie en
dessous , pour revenir toucher le sol par son extrémité , où
elle s'articule k son tour avec la phalange terminale dirigée
koritontalement en avant ; de manière que la griffe , dont
l'extrémité de celle-ci est chaussée, s'arquant en dessous,
touche sur le sol par sa pointe , et ne sert principalement
qn'k permettre k l'animal de mieux s'y cramponner dans la
marche et la course, ou bien k fouir la terre.
Chez les Carnivores et autres digitigrades , qui n*ont pas
de griffes rëtractiles comme les chats , les phalanges pren-
nent la même disposition , seulement I angle que les deux
fremières font entre elles est beaucoup plus prononcé;
c'est-k-^dire que la première est fortement portée en avant
et en haut, la seconde en avant et un peu en dessous, et la
dernière en avant, ayant son extrémité portant la griffe qui
l'enveloppe arquée vers le bas , de manière que le dessous
des doigts forme une voûte capable de pouvoir légèrement
s'étendre par le redressement des phalanges , et offre ainsi ,
t9S THBOLOGIB Dl LA NATURE.
d*ane part, plus d'élaslicilé k l'animal dans son appui snr
le sol; et, d*aatre part, un appui plus ferme sur la dernière
phalange » et , si le besoin Texige , sur le bout même de la
griffe , qui ne sert ici qu*k cela , comme dans les plantigrades.
Enfin, dans le genre Chat^ et autres digitigrades k griffes
rétractiles, les deux dernières phalanges prennent à cet
effet une autre disposition fort remarquable. La phalange
moyenne est verticalement dirigée en dessous , et même ud
peu en arrière , ce qui contribue déjà beaucoup à donner k la
patte cette brièveté qu'on lui connaît ; et au lieu de former,
comme dans les autres Mammifères i une tète articulaire ar-
rondie, creusée en poulie peu profonde , dont la facette est
dirigée en avant dans Taxe de la phalange; cette tête , quoi-
que arrondie de même, est portée de côté, en dehors de Taxe
de la phalange , comme par une anomalie de forme, prove-
nant d*un déplacement latéral de la tête de Tos. Enfin cette
phalange , au lieu d'être symétriquement droite , est concave
au même côté externe.
Quant k la phalange unguéale, elle se modifie encore
plus. Sa base est beaucoup plus large verticalement que
dans les digitigrades marchant sur les griffes , afin d'offrir
un plus long bras de levier au muscle fléchisseur des doigts ,
qui s'insère k son angle infra-postérieur en même temps
que cet angle forme une forte tubérosité , sur laquelle seule
le doigt appuie dans la station. Au-dessus de cette tubéro-
sité , la base de cette phalange porte la facette articulaire
concave , par laquelle elle s articule avec la tête de la seconde
phalange; et comme celle-ci est placée de côté, la phalange
terminale peut se relever au point de croiser la seconde , en
se plaçant k son côté ; d*où résulte que le crochet portant la
griffe A SA POINTE dirigée en avant et en haut ; disposition
qu'elle prend dans Tétat de repos, afin que cette DERNiàRs
conserve toujours son acuité , ne se fléchissant en avant
et en dessous qu'k la volonté de Tanimal , par un mouvement
fort étendu sur la seconde phalange, et celle ci augmente
CHAPITRE irï. i9?
encore la projection de la griffe , en s'étendant elle-même
assez fortement sur la première phalange.
Dans Tespèce hnmaine , qui ne se sert de ses mains que
pour saisir momentanément les objets , la compression que
les tendons et les ligaments de la face palmaire des doigts
éprouvent , étant de trop petite durée pour que cela puisse y
produire une inflammation , et par suite la confusion de ces
parties, il i<(' a été pris aucune précaution pour l*eiipécher ;
mais il n'en est pas de même chez les quadrupèdes. Ces ani-
maux appuyant de tout leur poids sur la petite surface que
présente l'extrémité inférieure des os métacarpiens et de la
base des premières phalanges, la compression qui en résul-
terait sur les tendons des muscles fléchisseurs des doigts
gênerait d'abord considérablement leur glissement, en y
produisant bientôt leur union avec les parties voisines et par
conséquent leur fixité. Mais cet accident aussi est prévenu
d'une manière fort remarquable chez tous les quadrupèdes
au moyen d*une petite portion de canal osseux dans lequel
ces tendons sont logés, canal lui-même mobile, et disposé de
façon que dans quelque degré de flexion que se trouvent les
doigts , cette portion de canal soit toujours sur l'angle que
FORMENT LES DEUX OS. Cc caual cst formé par deux petits os-
selets sésamoides , ayant à peu près la forme d*un pépin d'o-
range, placés k côté Tun de l'autre, de manière k laisser entre
eux un petit espace formant la gouttière , dans laquelle est
logé le tendon. Ces paires d'osselets sont placées sous les
extrémités de chaque os métacarpien, qui appuie dessus par
les côtés de sa tête articulaire seulement, et se meut sur eux
par une articulation très-mobile ; c*est-k-dire que ces osse-
lets , unis entre eux par un fort ligament formant le fond de
la gouttière, ne peuvent pas s*écarter par l'effet de la
pression du poids du corps, et se trouvent unis à leurs
métacarpiens respectifs au moyen de deux petits ligaments
latéraux, réglant leur mouvement de glissement sous la tête
de ce dernier os. Outre cette union avec le métacarpien ,
I9A tMàmjoom w la maturb.
chacan dm lésunoïdes est mm articalé en avant avec la
partie inférieure de la tète de la phalange, dont ils sont
des appendices continuant en arrière la cavité articulaire ,
dont ils format k peu près la moitié postérieure. Ces osse*
lets sont liés 2i cette phalange, d'une part, par des ligaments
latéraux qui maintiennent les parties toujours en contact ,
en laissant aux sésamoîdes la liberté de mouvement néoes*
saire pour qu'ils puissent constamment rester appliqués sur
la tète articulaire du métacarpien, et, d'autre part, au
moyen de ligaments plus forts , placés à la partie inférieure
de ces osselets. C'est ainsi que par le moyen de ces deux
petits os appendiculaires , la cavité articulaire de la phalange
est considérablement prolongée en arrière, et en même
temps brisée, afin de rester toujours parfaitement moulée
sur la tête arrondie du métacarpien.
Enfin ils sont encore unis entre eux k leurs bords inférieurs
par un fort ligament arqué passant de Tune k l'autre , en
complétant le canal dans lequel le tendon du muscle flé-
chisseur glisse librement, sans y éprouver la moindre com-
pression pendant la station ou la marche ; ce qui augmente
déjk le remarquable mécanisme de la patte du chat, pour ce
qui concerne seulement la forme et la disposition des os
qui constituent les doigts.
Quant aux ligaments qui unissent les os, ils ne présentent
rien de particulier, si ce n'est qu'ils sont surtout beaucoup
plus distincts que dans l'espèce humaine, et se bornent en
grande partie, pour les deux dernières phalanges, aux
ligamenis latéraux qui accompagnent toujours toutes les
articulations à mouvements alternatifs ou ginglymoldes ,
le seul dont les phalanges soient capables. La première
jouit toutefois d'un léger mouvement latéral par lequel les
doigts peuvent s'écarter, et offre en outre quelques autres
dispositions très-remarquables dans sa composition , dont
je parlerai un peu plus bas.
Pour ce qui est des musdes qui agissent sur les doigts ,
CHAflTAE III. Mft
ils se distinguent» comme chei tous les Mammifères, w
quatre ordres : les Extenuuriy qui font mtuyoir les doigts
en dessus ; les Fléchmeurê , qui les abaissent ; les Adduo-
teurs, qui les portent en dedans » et les Àbdueleun , qui les
portent en dehors.
Quoique ces divers muscles ne soient au fond que les
analogues de ceux de Thomme et de tous les autres Mam-
mifères, ils présentent toutefois quelques conditions fort
CimiEUSESy COHMfi CONSÉQtENCfi DB LA FOHCTION SPÉGIALÏ
qu'ils ont à remplir dans les ESPÈCES À ONGLES RÉTRAG-
TiLss. Les extenseurs ne présentent rien d'extraordinaire, si
ce n'est que le principal ou Y Extenseur commun^ dont la
masse charnue se trouve , comme d'ordinaire , placée le long
de la face antérieure de l'avant^bras, et se divise inférieur
rement y comme chez Tbommei en quatre branches, dont
chacune produit un tendon grêle aplati en ruban , qui se
rend sur le dos des quatre doigts externes qu'ils longent,
pour s'insérer, chez l'Homme et les autres Mammifères, aux
doigts, à la base de la phalange unguéale que ces tendons
étendent, en produisant le même effet sur les deux autres pha-
langes, en s'y fixant par une branche à la tête de la seconde.
Dans le Chat , ce muscle présente k peu près les mêmes
conditions principales. Au premier abord, il semble que,
pour que la phalange unguéale puisse facilement se fléchii^
en dessous , lorsque l'animal lance ses griffes en avant , et
que, pour le même effet, la seconde phalange s'étende au
contraire, ces deux mouvements étant en sens contraire,
le tendon de l'extenseur commun doit, en se prolongeant
jusqu'à la dernière phalange, l'empêcher de se fléchir en
dessous. Hais en examinant ce fait mécanique avec soin ,
on voit que tel n'est pas le résultat produit. Le petit prolon-
gement du tendon, qui se rend h la phalange unguéale,
étant un peu lâche, permet ï celle-ci de se fléchir en des-
sous, lors même que oe tendon se retire un peu en étendant
la seconde phalange; et la légère traction vers l'extension
196 THEOLOGIE DB LA NATUKl.
qu'en éprouve la phalange terminale, en opposition avec
Faction du puissant muscle fléchisseur, ne fait que mieux
affermir cette dernière en cédant ii la flexion.
Mais ce n'est pas encore tout ce qu'il y a d'ADMiKÀBLE dans
LE MÉCAMSIIE DU MOUVEMENT DES GRIFFES, POUR QUE CES
REDOUTABLES ARMES RESTENT RELEVÉES DANS L*ÉTAT DE
REPOS , MÊME SANS LA PARTICIPATION DE LA VOLONTÉ DE l' ANI-
MAL. Après que les muscles fléchisseurs qui les ont portées
en avant et en dessous ont cessé d'agir sur elles, les griffes
sont ramenées à Tétat de repos par plusieurs ligaments
élastiques, agissant sans l'action de la volonté; ligaments
k cet effet parfaitement disposés pour remplir le mieux
CETTE fonction. Doux soDt placés latéralement contre les
phalanges en formant de chaque côté une large lame verti-
cale fixée k la base de la phalange unguéale dans toute sa
hauteur, au-dessus de la facette articulaire, et agit ainsi
sur un très-grand bras de levier. De là ces lames élastiques se
portent en arrière, se rétrécissent et se fixent l'une et
l'autre au côté externe de la base de la seconde phalange.
Cette anomalie de disposition , où le ligament interne qui ,
d*après la règle , devrait s'attacher au côté également in-
terne de la seconde phalange, s'y fixe au contraire au côté
externe au devant du ligament opposé, cette anomalie,
dis-je , fait voir avec quel soin le résultat que ces liga-
ments DOIVENT PRODUIRE A ÉTÉ CALCULÉ , nOUS Offre ici UU
de ces exemples rares, il est vrai, où l'Intelligence
CRÉATRICE A SI SAVAMMENT FART INFRACTION A SES PROPRES
principes de Régularité et d'harmonie de disposition lors-
qu'il s'est agi d'en tirer un avantage; faits dont j'aurai en- '
core k citer d'antres exemples. En effet, comme la phalange
ungaéale doit se placer en dehors de celle qui précède , le
ligament interne , en s'insérant en dedans de celle-ci , ainsi
que cela devrait être, l'eût tirée nécessairement vers ce point
d'attache en tendant à la faire placer au devant de la seconde
phalange ; tandis qu'en réunissant les deux ligaments sur la
cHAPimi III. 197
face externe, les deux conduisent au contraire cet os à la
place qui lui est assignée.
Un troisième ligament élastique impair forme au con-
traire une corde arrondie , placée entre les deux ligaments
latéraux ; derrière la base de la dernière phalange, li la partie
supérieure de laquelle il se fixe y tandis qu'en bas il s'insère k
l'extrémité terminale de la seconde phalange, immédiatement
au-dessus de sa tète articulaire, et par conséquent, comme
celle-ci , un peu en dehors du plan médian de cet osselet.
On voit de suite que , par Teffet de la disposition de ces
trois ligaments qui par leur contraction doivent relever la
phalange unguéale et la faire placer au côté de la phalange
moyenne , aussitôt que la traction du muscle fléchisseur des
doigts, qui Ta préalablement abaissée, cesse son action
en ramenant la phalange avec la griffe qu'elle porte k son
état de repos.
Mais cet arrangement, quelque ingénieux qu'il soit, ne
suffit pas encore, k beaucoup près, pour rendre la main du
Chat un instrument parfait de préhension , en tant qu'il
doit servir k cet animal.
Les tendons du puissant muscle fléchisseur des doigts
devant nécessairement éprouver dans leur mouvement de
relâchement quelque résistance dans les coulisses qui les
renferment, malgré l'abondante synovie qui les y baigne;
les ligaments élastiques extenseurs de la dernière pha-
lange, dont il vient d'être parlé, les seuls antagonistes
de ce muscle, ne sont pas assez puissants pour vaincre
seuls sa force de contraction passive, afin de ramener
cette dernière k l'état de repos ; mais le Créateur , pré-
voyant CET INCONVÉNIENT, T A REMÉDIÉ EN PLAÇANT SOUS
u SECONDE PHALANGE uu quatrième ligament élastique,
arrondi , qui , fixé en arrière de la tête terminale , se porte
de la en haut en longeant cet osselet , et s'insère au tendon
du muscle fléchisseur, vers le milieu de sa face inférieure
de la première phalange. Ce ligament, en agissant sur cq
IM THBOLOOB !>■ !.▲ IIATURK.
tendon comme partie mobile , le tire en avant , rel&die sa
partie antérieure, et seconde par là la force des ligaments
élastiques extenseurs de la phalange ungoëale. L'emploi de
ce ligament est encore un de ces nombreux exemples db Là
SOIGNEUSE ATTENTION DE LA SAGESSE DIVINE , k QUI BIEN n'BST
INCONNU , ET PARE À TOUS LES INCONVÉNIENTS.
Mais quelque admirable que soit en lui-même le méca-
nisme des doigts du chat , tous les soins pris pour donner
aux diverses parties des formes et une mobilité parfaite-
ment appropriées k leurs fonctions eussent été inutiles, si
la griffe proprement dite , c'est-h-dire Tongle qui chausse
l'extrémité de la dernière phalange, était organisée de façon
à émousser facilement sa pointe par Tusage que l'animal
en fait. Mais nous trouvons encore ici un nouveau cas de
cette SUBLIME ET SAVANTE PRÉVOYANCE, AVEC LAQUELLE
IL A ÉTÉ PARÉ A CE GRAND INCONVÉNIENT par Un moyCn
qu'on retrouve d'ailleurs partout dans l'organisme animal »
où la même cause se présente. Il a suflS pour cela de
donner une structure particulière, au fond très-simple,
k la griffe, pour que celle-ci conserve toujours, malgré
son usure, une très -grande finesse dans sa pointe;
moyen qui consiste purement et simplement en ce que la
substance cornée de la griffe est, par une gradation insen-
sible, d'autant pins dure qu'elle est plus près du bord
convexe de cette dernière. On conçoit en effet que, si la
griffe se plonge un grand nombre de fois dans les objets
qu'elle saisit, le frottement qu'elle éprouve par A, non-
seulement sur son sommet, mais aussi latéralement, doit
l'user partout , mais beaucoup plus fortement dans son arc
eoncave , où sa substance est moins dure , et que la partie
répondant k la circonférence résistant davantage s'use beau-
coup moins , et fait ainsi prendre une forme pointue très-
aigué à la griffe ; et précisément par cela même qu'elle
s'use, c'est-à-dire que, la cause de l'inconvénient est
AUSSI celle Qvi EN RÉPARE l'effet. Les mémes eonditionâ
CHAPITRK in« iM
se retrooTent ensuite non-seulement dans les ongles de
tous les autres Mammifères, mais aussi dans ceux des
Oiseaux et des Reptiles, ainsi que dans les becs cornés de
tons les animaux qui en ont.
On a TU un peu plus haut que chez les Mammifères qua*
drupèdes, dont les griffes sont dirigées en bas, celles-ci
s'usent sur le sol à peu près perpendiculairement k leur
pointe, ne formant plus que de simples moignons, k peine
suffisants par la dareté de leur substance pour permettre ii
ces animaux de se cramponner à terre, et d'assurer ainsi la
fixité de leors pieds dans les mouvements progressifs. Mais
encore ici , la plus grande dureté de la corne au bord an-
térieur de la griffe fait , par la même raison , que ce moignon
forme cependant un angle saillant à son extrémité , et la
même chose a lieu pour les gros ongles ou sabots des Mam-
mifères unguligrades.
L'homme, par l'effet de son génie, a imaginé quelque
chose de semblable dans la fabrication des instruments de
coutellerie et de taillanderie, en les aciérant, c'est-à-dire
in plaçant une petite lame d'acier entre deux lames de fer.
Celles-ci s'usent plus promptement que l'acier; ce dernier
fait y malgré son usure propre , mais plus lente , toujours
saillie an tranchant , quoique le résultat produit ne soit pas
aussi parfait que chez les animaux , la lame d'acier ayant
en elle-même partout une dureté égale ; tandis que, dans les
griffes , les sabots et les becs , elle augmente progressive-
ment jusqu'à la dernière limite , d'où résulte une plus par-
fidte finesse dans le tranchant.
La Naturb créatrice , 1 oui rien n'a Ptf rester inconnu,
k SI rigoursuseiient calculé même l'usure probable be
CHAQUE ORGANE EN PARTICULIER, SUivaut LE GENRE DE VI^
qu'elle a PRESCRIT JL CHAQUE ESPÈCE ANIMALE , qu'cUO y a Si
PARFAITEMENT PROPORTIONNÉ LA RAPIDITÉ DE LA CROISSANCE
PAR LEUR BASE BE TOUS LES ORGANES CORNÉS, qUO COS
éemiers conserfent toujours la même forme et la même
'
200 THBOLOtilE DE LA NATURE.
grandeur, tant qu'une cause étrangère ne trouble cette
harmonie. C'est ainsi que les Chevatuc qu'on a Thabitude
de ferrer, n'usant point leurs sabots sur le sol, ceux-
ci grandissant toujours , on est de temps en temps obligé
de les réduire par h taille ; tandis qu'à Tétat sauvage les
sabots restent constamment les mêmes.
EnGn, pour qu'iL ne manquât rien aux soins qui ont été
DONNÉS À LA CONSERVATION DES GRIFFES dcS ChatS , CCUeS-ci
ont même été mises à l'abri de toute cause étrangère qui
pourrait les émousser, en les pourvoyant d'une espèce de
capuchon formée par les téguments de l'extrémité des
doigts , sous lequel les griffes se retirent dans l'état de repos.
Tous CES admirables arrangements et ces soins si
MINUTIEUSEMENT BIENVEILLANTS CUSSCUt tOUtcfois été SanS
résultat, si l'animal ne jouissait pas de la prestesse la plus
parfaite dans les mouvements de ses membres ; mais, sous
ce rapport également, rien n'a été oublié pour faire de la
main de ces remarquables animaux un véritable chef-
d'œuvre de mécanique.
Quoique les parties qui composent les membres du chat
soient en principe les mêmes que celles qui constituent ceux
de l'homme, il y en a cependant, outre celles déjà indiquées
plus haut, encore un assez grand nombre d'autres qui
n'existent également pas chez ce dernier. Dans l'espèce hu-
maine , comme chez la race féline , les doigts sont étendus
ensemble par un muscle principal commun, dont il a déjà été
fait mention, placé au-devant de l'avant-bras, et divisé infé-
rieurement en quatre languettes, une pour chacun des quatre
doigts externes , le pouce recevant deux extenseurs spéciaux.
Quant aux autres doigts, le second et le cinquième ont
chacun en outre encore un extenseur propre , tandis que
le troisième et le quatrième en sont privés dans l'homme;
ce qui n'a pas lieu chez le chat, où ceux-ci aussi ont chacun
son extenseur spécial. Mais le perfectionnement n'a pas
•neore été borné là. La main , en fléchissant^ pouvant for-
CHAPITRE III. !201
mer, dans rarticulation du poignet, un angle avec Tavant-
bras, les divers tendons des muscles, tant extenseurs que
fléchisseurs directs ou latéraux des doigts , en passant sur
celle articulation, seraient disposés à prendre la direction
droite en se tendant de Tune de leurs attaches à Tautre, en
s*écartant, dans Tangle, considérablement de la surface des
os , et soulèveraient la peau , ce qui serait non-seulement fort
disgracieux , mais constituerait même un grand obstacle ^
rétendue et à la facilité de la flexion, que cette disposition
rendrait même impossible, si cet inconvénient n*était pas
empêché. En effet, Ton conçoit que, lors de la contraction
de Tan de ces muscles , son tendon , en prenant la direction
droite au lieu de suivre les deux branches de Tangle que
Favant-bras forme avec la main , il ne pourrait agir sur les
doigts qu'après s*étre contracté beaucoup au delà de ce qui
lui est même possible ; la ligne droite qu'il prendrait étant
beaucoup plus courte que la ligne brisée représentée par
les os; c'est-à-dire que l'effet sur les doigts serait nul.
Aussi la Nature , si admirablement prévotamte , a-t-elle
PARÉ À CET inconvénient , cu plaçaut autour du poignet de
tous les Mammifères un ligament très-vigoureux , en. forme
de bracelet, qui bride tous les tendons, en offrant k chacun
un canal spécial dans lequel il passe et où il se trouve
accompagné jusqu'à une giande distance au-dessus et au-
dessous de cet anneau d'une gaine synoviale , dont le liquide
qu'elle renferme facilite considérablement le glissement de
ces tendons, en même temps que le moindre retrait de ces
cordes produit, avec la plus grande précision sur l'organe
auquel il se rend , tout l'effet possible.
Un perfectionnement à ces dispositions qu'on trouve dans
le chat, mais non dans l'homme, perfectionnement qui
présente encore un exemple de ces soins minutieux aybc
LESQUELS les MOINDRES INCONVÉNIENTS ONT ÉTÉ PRÉVENUS ,
se remarque dans l'articulation métacarpo-phalangienne des
doigts et des orteils , ces articulations devant être parfaite-
SOS THioUMIB Dl L4 HATCRI.
ment libres dans ce genre d'animaux, chef-d*œQvre de
perfection de la mécanique animale pour la classe des
Mammifères. Les capsules articulaires , nécessairement un
peu lâches, qui unissent les os métacarpiens aux doigts,
pouvant, dans les mouvements très-prompts, être facile-
ment pincées entre les os, cet accident a été prévenu en
plaçant dans Tépaisseur de la capsule même, au-dessus du
joint de Tarticulation , où celle-ci forme un fort angle ren-
trant, une petite plaque ovale cartilagineuse qui empêche
par sa roideur celte capsule de former un pli , en lui laissant
toutefois , par la flexibilité de ce cartilage , assez de souplesse
pour suivre parfaitement les mouvements des os. Mais ee
n*est pas encore tout : cette même capsule aurait pu être
pincée entre le bord supérieur de cette plaque et l'os,
inconvénient extrêmement léger, il est vrai , qui aurait ï
peine pu gêner d*une manière appréciable le mouvement de
la capsule, et par Ik celui des doigts. Mais tout ici devait
ÊTRE PARFAIT, ET CE DÉFAUT, QUELQUE FAIBLE QU'lL SOIT, A
en conséquence été également levé par un moyen extrême-
ment simple, et de Ik précisément fort remarquable, ea
rattachant le bord supérieur de la petite plaque de ehaqoe
côté par une bandelette tendineuse au tendon le plus
prochain des muscles extenseurs du doigt , sans suivre pour
cela aucune règle fixe. Au moyen de ce petit ligament, le
mouvement de retrait des tendons , agissant également sur
la plaque cartilagineuse , la retire avec la partie postérieuTe
de la capsule, de manière que celle-ci ne peut être prise
d'aucune façon entre la plaque et l'os. A l'autre extrémité,
le même cartilage est fixé k la phalange par un petit ligament
également contenu dans l'épaisseur de la capsule, et qui
empêche celle-ci d'être trop fortement tirée en arrière , d'oi
pourrait résulter sa rupture , accident bien plus grave. Mais
tous les rapports, toutes les conditions et tous les effets
sont ici , comme d'ailleurs partout , si parfaitement galcu-
Lts , que le mouvement de retrait du tendon est exaetemait
cHiFmx lu. SOS
eelui dont la capsule a besoin , de manière que eelle-ci ne
saurait jamais être forcée.
Pour que les tendons des muscles extenseurs des doigts
et des orteils ne puissent pas se déplacer latéralement, ils
sODt bridés de chaque côté de l'articulation de la premiers
phalange par un large ligament qui se détache des bords
latéraux de ces tendons pour se porter transversalement en
dessous , et s'insérer k la face latérale correspondante du
pedt osselet sèsamdide^ placé sous Tarticulation ; et comme
ces osselets ne se meuvent qu'autour de la tète du métacar-
pien, on métatarsien respectif, le tendon ne presse jamais ni
plus ni moins sur la capsule articulaire , quelle que soit la
disposition des doigts ou des orteils.
Les muscles fléchisseurs de la main et des doigts ayant
des efforts beaucoup plus considérables à faire que les
extenseurs , soit dans la station , soit dans le mouvement
progressif k quatre , ou bien dans l'acte de saisir, ils sont
généralement plus puissants que ces derniers; différences
surtout remarquables dans les espèces du genre Chat^ qui
sont les Mammifères les mieux organisés pour le saut;
action qni s'exerce chez eux k la fois par le débandement de
h colonne vertébrale et par celui des quatre membres.
Il existe chez les Mammifères deux principaux muscles
fichUimrê cùmmuns des doigts y se divisant chacun en
autant de branches qu'il y a de doigts, mais dont l'un,
nommé le Sublime ^ vu sa situation superficielle derrière
l'avant-bras ^ fixe ses tendons inférieurement à l'extrémité
postérieure de la seconde phalange , qn*il fait fléchir sur la
première.
Les tendons terminaux du second fléchisseur commun ,
on du Profondy placés d'abord, ainsi dans sa partie charnue,
entre le sublime et les os de l'avant-bras , et plus bas entre
le même muscle et la palmnre de la main , percent , sous la
première phalange , ceux de ce dernier muscle , et devien-
nent par Ik k leur tour superficiels ; et vont s'insérer en
204 THEOLOGIE ME LÀ NATURE.
dessous à la base de la troisième phalange. Telle est la
disposition générale de ces deax muscles pour tous les
Mammifères; mais dans les Chats ^ où tout est parfait, il s'y
ajoute plusieurs parties de perfectionnement , fort remar*
quables par ce qu*il y a d'iNGÉNiEux et de savant dans les
CONDITIONS DANS LESQUELLES CHAQUE PARTIE EST EMPLOTÉB,
et dont on ne trouve dans l'homme que tout au plus de
simples traces de rudiments, jusqu'à présent restées ina-
perçues.
Le tendon du sublime traverse , comme ceux des exten-
seurs , à l'extrémité inférieure de l'avant-bras , une coulisse
fibreuse que lui forme le ligament en bracelet dont il a été
parlé plus haut , où il est , comme tous les autres tendons de
cette partie de la main , accompagné d'une gaine synoviale
qui facilite son glissement. Arrivé à la paume , il se divise
en cinq branches , une pour chaque doigt , qui se rendent
en divergeant vers les articulations métacarpo-phalangiennes
de ces derniers. LÀ, ces tendons, à l'exception de celui da
cinquième doigt, s'élargissent considérablement, et se
roulent latéralement sur eux-mêmes , en contournant le ten-
don correspondant du second muscle ou profond des doigts ;
et les deux bords, se soudant au-dessus de ce dernier,
chacun de ces tendons forme par Ik une gaine fibreuse très-
forte , renflée en ampoule ovoïde , qui se fend bientôt le
long de la ligne médiane inférieure, pour laisser ressortir
le tendon du profond qui devient ainsi- superficiel, tandis
que celui du sublime , placé à son tour entre celui-ci et l'os
de la première phalange , continue à se porter en avant
pour s'insérer en dehors à la seconde phalange.
Chez tous les Mammifères quadrupèdes , l'homme ainsi
excepté, les deux muscles fléchisseurs communs des doigts,
ayant de grands efibrts k supporter par le poids du corps
appuyé en avant uniquement sur les doigts , les tendons de
ces muscles ont dû être fort gros , et comme ils se réflé-
chissent sur le sommet de l'angle que forment entre eux le$
CHAPITRE III. 205
06 métacarpiens et les premières phalanges des doigts , ils
aoraîent pu facilement se luxer dans la marche et la course,
en se déplaçant vers les côtés ; accident qui ne saurait avoir
lien dans Tespèce humaine, où les doigts sont, dans leur
plus grande extension , placés dans la même direction que
les métacarpiens. Chbz les quadrupèdes, ce danger a été
pàrfaitemeht évité par la sagesse créatrice , en plaçant
de chaque côté de Tarticulation un petit osselet sisamaide ,
dont il a été parlé plus haut; osselets formant entre eux une
profonde gouttière en portion de gorge de poulie, dans
laquelle est couché le renflement du tendon du sublime ,
traversé par le tendon du profond ; gorge convertie en un
canal complet par le fort ligament qui passe d*un sésamoîde
k Tautre, en formant inférieurement une voûte très-résis-
lante qui protège le renflement du tendon du sublime qu*il
eontourne contre la pression du sol , dans la station et la
marche ; objet dans lequel cette voûte est puissamment se-
condée, d'une part par la saillie des sésamoides, et de
Taotre par une épaisse Pelote fibro-graisseuse, élastique,
formant la semelle sur laquelle les Mammifères unguiculés
appuient sur le sol, pelote dont je parlerai un peu plus
loin.
Cette protection que les tendons trouvent dans ces diverses
parties est, ainsi que je Tai déjà fait remarquer en parlant des
os sésamoides, delà plus grande importance, vu que la com-
pression presque continuelle qu*ils épouveraient pendant la
station et les mouvements ambulatoires gênerait non-seule-
ment le glissement de ces tendons , mais elle produirait en
enx une inflamation qui causerait de la douleur, et , par la
suite, la suture de ces mêmes organes avec les parties avoi-
sinantes , danger ainsi parfaitement prévu et évité par le
remarquable arrangement des organes dont je viens de
parler.
La première phalange étant , dans sa situation naturelle ,
Déchie en avant et en dessus, et la seconde verticalement
906 nioLOGii db la matuki.
en dessous , les deux tendons des maseles flécfaisseun dei
doigts, dont Tnn, on le sublime , s'insère li cette dernière^
et celui du profond k la base de la phalange unguéale , se
tendraient diacnn en ligne droite sous les doigts yers cet
points d'attache , et , comme le second , s*écarteraient k la
fois considérablement de la première et de la seconde pht*
lange, il a été placé, sous le milieu de celle-lk, une très*
forte boucle ligamenteuse en forme d*anneau , que les deux
tendons traversent ensemble; boucle qui les retient aissi
bridés contre cet os; et au delk de cet anneau reste juste la
place nécessaire pour que le tendon du profond , après avoir
traversé cette boucle, puisse se réfléchir en dessous , le long
de la seconde phalange , pour aller gagner la tubérosilë de
la troisième, à laquelle il s*attache.
Les Chats et autres Mammifères digitigrades, ayant
souvent de très-grands efforts k faire avec leurs doigts, soit
en combattant, soit lorsqu'ils grimpent, ou autrement, il
aurait pu arriver que les doigts, en s'éearlant trop forte*
ment , se luxassent ; mais cet accident aussi a été prévenu
PAR TOCS LES MOYENS CAPABLES DE l'EMPÉGHER. Pour CClS,
les doigts ont été liés d'abord deux k deux transversalement
sous leurs premières phalanges par de très-puissants liga-
ments , passant de Tun k Tautre. Une de ces arcades liga-
menteuses unit ainsi le second et le troisième , une autre
celui-ci et le quatrième, et un dernier le quatrième et le
cinquième. Quant aux deux premiers doigts, ils sont égale*
ment liés entre eux par un ligament analogue, mais autre-
ment disposé , étant beaucoup plus long, plus faible et plus
lâche. De même encore, un ligament commun, sons-cutané,
contourne postérieurement la patte du chat au niveau des
articulations métacarpophalangiennes, en se fixant aux
extrémités, k la fois aux métacarpiens et aux premières
phalanges des quatre doigts externes , en leur envoyant de
fortes bandelettes. Enfin, quoique ces animaux aient Thor-
reur de Teau , c'est-k^ire qu'ils font tout pour éviter d'y
CHAFITEI Ul. 207
eDtrer, leurs pattes sont cependant palmées comme le sont
d'ordinaire celles des animaux nageurs par excellence , tels
que les Loutres , les Canards et les Grenouilles , etc. , et la
membrane tégumentaire qui unit ainsi les doigts se pro-
longe même au delà du bout de ces derniers , en formant
au devant une espèce de capuchon k chaque griffe , afin de
garantir la pointe de celle-ci des corps étrangers qui pour-
raient inutilement l'émousser, tant est allé loin le soin
ATTENTIF DE lInTELLIGENGE SUPRÊME QUI A GRÉÉ CES ANIMAUX
les plus richement organisés de tout le règne animal.
Les Mammifères carnivores , comme d'ailleurs tous les
digitigrades , n'appuyant sur le sol que par Textrémité du
métacarpe, garnis des os sésamoïdes, et, plus avant, par
les troisièmes phalanges des doigts, ces parties eussent
éprouvé de graves altérations par leur pression sur le ter-
rain, s'il n'avait pas été pris des précautions pour pré-
venir CET inconvénient. Pour cela la Sagesse éternelle
A PLACÉ sous CES DIVERSES PARTiFS les Pelotes ct PeloUnes
dont il a déjk été parlé; coussinets fibro- graisseux, élas-
tiques, qui mitigent considérablement cette même pres-
sion, en la répartissant , par l'effet même de celte élasticité,
sur toute la région inférieure du pied; en même temps que
ces coussinets, en se moulant sur tons les organes du dessous
de la patte, permettent une plus facile circulation du sang,
et l'action des nerfs nombreux de cette région des membres.
Ces coussinets , si fortement saillants chez tous les digi-
tigrades, tels que les Chiens^ les Chats, et les Lapins^
existent, même chez Y Homme, ainsi que je l'ai déjh fait
remarquer ailleurs; quoique aucun Ânatomiste ne les ait
jamais décrits : les Pelotines , peu apparentes , ont k peine
été indiquées sous le nom de partie pulpeuse de V extrémité
des doigts; et pour les Pelotes, dont on n'a, que je sache, nulle
ptrt parlé chez l'homme, on en trouve les rudiments dans
les larges saillies de la paume de la niain placées près des
intervidles des quatre doigts externes, aux mêmes endroits
SOH TH^LOGIB Mt LA NATURK.
que chez les animaux; elles sont seulement beaucoup moios
saillantes» et séparées; tandis que chez les digitigrades,
elles sont réunies en une seule masse , proportionnellement
plus grande.
Dans le ChcUy la Pelote de la main forme une grosse
saillie k peu près triangulaire , dont l'un des angles , dirigé
en avant, est fortement arrondi, et répond à Tintervalle des
deux doigts moyens externes , dont les pelotines se placent
au-devant, dans Tétat de repos ordinaire, où les doigts sont
fléchis sur eux-mêmes; et les pelotines des doigts latéraux
sont à côté de cet angle , de manière à former dans Fen-
semble une largeur égale, k peu près, au bord postérieur
de la pelote , lui-même divisé en trois lobes , par analogie de
ce qui existe k cet égard dans Tespèce humaine. La pelotine
du pouce ne touche pas le sol.
Cette pelote est formée dans son intérieur d'une masse
graisseuse, traversée dans diverses directions de nombreux
faisceaux de fibres ligamenteuses jaunes , très-élastiques »
qui , tout en contribuant à un léger mouvement passif de la
pelote , dans sa fonction de plante du pied , que j'expliquerai
un peu plus bas, donnent, ainsi que je l'ai déjk dit, une
parfaite élasticité k l'appui de Tanimal sur ses pieds.
Trois de ces faisceaux de ligaments élastiques sont des
branches superficielles de chacun des trois tendons du
muscle sublime , se rendant aux second , troisième et qua-
trième doigts , et qui s'en détachent vers le bas du méta-
carpe, pour pénétrer postérieurement dans la pelote. Ces li-
gaments forment d'abord chacune un tronc commun qui se
subdivise en un assez grand nombre de brins , assez forte-
ment divergents, qui s'y dirigent en avant, pour aller s'in-
sérer aux téguments de cette même pelote ; le premier dans
sa partie latérale interne, et les deux autres dans sa région
antérieure. Quant au tendon du muscle sublime, qui se rend
au cinquième doigt, il ne produit pas de branche principale ;
fléchisseur de ce doigt, cette branche étant remplacée par
CHAPITRB ni. 209
on muscle spécial ; mais bien un tendon qui lui répond toute-
fois pour la disposition , lequel se subdivise de même en deux
branches . dont Tune , au lieu de se rendre au doigt, va s'in-
sérer au ligament qui contourne postérieurement la pelote;
et dont Fautre pénètre dans celle-ci, en formant un faisceau
élastique, qui se comporte comme ceux des autres doigts;
en insérant ses brins aux téguments de la face externe de la
pelote. Des branches latérales plus courtes, de ces cinq ten-
dons du muscle sublime, se portent de chaque côté, en
dessus , pour se fixer aux sésamoïdes de chaque côté ; for-
mant ainsi des brides qui maintiennent les tendons en place.
Des trois ligaments qui unissent inférieurement deux à
deux les premières phalanges entre elles, partent également
plusieurs faisceaux de fibres ligamenteuses élastiques , qui se
rendent en dessous, en croisant celles venant des tendons
du sublime, et s'insèrent aux téguments inférieurs de la pe-
lote, de manière que les deux espèces de ligaments mêlées
au parencbyme graisseux, ainsi qu'aux papilles nerveuses
de cette dernière , forment ensemble un coussin sur lequel
l'animal appuie très-mollement.
Dans cette courte esquisse de Tadmirable structure de la
main du Chat, appareil où rien n'a été oublié qui puisse
contribuer au perfectionnement de la fonction que cet or-
gane si compliqué doit exercer, je n'ai indiqué encore que
les objets les plus remarquables , ne faisant aucune mention
d'une foule d'autres, qui y contribuent également, sans
avoir en eux-mêmes rien de spécialement saillant; tels que
la forme de chaque os du carpe, et du métacarpe ; ainsi que
celle de leurs diverses articulations; les nombreux muscles
accessoires des extenseurs et des fléchisseurs des doigts ;
les adducteurs et abducteurs de ces derniers; les ligaments
latéraux, qui unissent les nombreux os de la main; leur
FORCE ET LEURS DISPOSITIONS, SI PARFAITEMENT CALCULÉES
FOUR CHACUNE , SELON l'effet qu'il DOIT PRODUIRE; et enfin
toutes les gaines synoviales , accompagnant , soit les articu-
I. H
tlO Tili0U>6l1t LE LA RATURL
latiôùd AèÈ os, soit les tendons des mttscles, qui sttbirtietit
deâ frottements plus ou moins Torts, sans Id présence de
cette même synovie; parties, dont un grand nombre n'exis-
tent point dans l'homme; ou y sont du moins, tellement
confondus , qu*on n'a pas jugé à propos de les décrire.
Dans toute la série des Mammifères , les membres posté-
rieurs subissent des modifications moins grandes que les
antérieurs, si ce n*est chez les Cétacés, où ils disparais •*
sent complètement, n'ayant au fond pas k changer de fonc-
tion, servant partout exclusivement a la locomotion, et
n'éprouvent en conséquence que des changements dépen-
dants soit de leur mode de dégradation tout à fait analogue
à celui que suivent les membres pectoraux , soit de la mar-
che quadrupède de tous les mammifères, à Texception de
Thomme , dont il a déjà été parlé.
Par cela même que les Mammifères marchent à quatre,
et qu'en conséquence leur corps est horizontal , le Bassin a
ou RECEVOIR DE LÀ UNE AUTRE CONFORMATION , nC COUStitUant
plus , comme dans Tespèce humaine , la base du tronc , sur
laquelle repose la masse des viscères.
Le centre de gravité du corps , se trouvant k peu près au
milieu de la région antérieure de l'abdomen, et l'animal
devant pouvoir le maintenir au moins quelques instants au*
dessus de la ligne qui unit ses deux pieds postérieurs
lorsqu'il se cabre, il était nécessaire que les cuisses pussent,
pour cela, se fléchir assez fortement en avant, afin que les
genoux vinssent se placer aux côtés de l'abdomen, et
d'amener également les pieds en avant sous le centre de
gravité.
Cette flexion a surtout besoin d'être très-forte dans la
plupart des Mammifères digitigrades, dont les mouve-
ments sont généralement plus libres et plus étendus que
chez les unguligrades , tels que les chevaux; souplesse
généralement contraire à la force k employer, les muscles ,
trop extensibles, n'étant jamais capables d'autant de force
ciAPtTKf itr. If 1
qtte eeut f)ui le «ont moins , vti « qu'à grt^sêuf égale lès
fibres de cenx qni peiivebt se contracter le plus fortement
sont plus longues et moins nombreuses que dans ceux dont
le raccourcissement est plus limité, ^nséquence de la
disposition de ces fibres dans chaque muscle et dont il a été
parlé plus haut.
Or, comme les mouvements latéraux de la cuisse sont peu
étendus dans les quadrupèdes , les muscles qui les produi-
sent étant de là aussi plus petits; la NxtuRË, toujours %i
SAGE ET SI SAVANTE DANS LES MOYENS OKOaNIQUES DONT fiLLE
rAlT USAGE , A t^Atlf OtJt EMPLOVt LES ESPACES AINSI DEVENUS
tnUTlLES t>Att LA ftÉbtlGTION DES ORGANES, POUR T PLACER
d'autres ORGANES NOUVELLEMENT iNTRODUrTS , OU BIEN A
ikUGMENTER LE VOLUME DES AVOISINANTS. C*eSt aîosi qUC le
muscle /{tnntii (moyen fessier), très-large che2 Thomme, est
M Contraire fort petit dans les quadrupèdes , 06 le restant
de son emplacement est occupé par les ettenseurs de la
cuisse , qui ont une très- grande force k produire.
La cuisse étant placée chez Thomme verticalement sous
le tronc, les muscle^ adducteurs n*ônt qu*dn faible effort à
produire pour la rapprocher de celle du côté opposé. En la
plaçant au contraire chez lés Mammifères qua()rupèdes k
Tétat de flexion , la Nature créatrice y a trouvé en outre
LE GRAND AVANTAGE DE I^AIRË CËANGËR CeS MUSCLES DE t^ONC-
tlON , EN EN FAISANT DE TRÈS-PUISSANTS EXTENSEURS , et CCla
d^autant mieux qu'elle leur a donnés un développement très-
grand Par l'ePPÊT Dtl PROLONGEMENT DU BASSIN EN ARRIÈRE ;
e*est-k-dire que ces muscles, devenus extenseurs de la
cuisse par le simple effet du changement de position de
cette dernière, sont en outre beaucoup plus volumineux, et
agissent en même temps sur des bras de leviers bien plus
longs, et sous des angles plus grands.
Cest ainsi que les muscles Obturateur interne , Carré ,
Renforci (Biceps ) , Demi-Membraneux , Demi-lendineux ,
Ittanu$ (moyen fessier), contribuent aussi à rextension de la
SIS THBOLOGIS DK LA RATURE.
cuisse par le seul effet de la position fléchie de cette der-
nière; et cela avec d'autant plus d*eflScacité, que tous ceux
qui s'insèrent h Tos de la cuisse s'y fixent beaucoup pins bas
que dans Thomme, afin d'agir sur un levier plus long.
Quant aux muscles fléchisseurs de la cuisse , comme ils
n'ont que peu de force k employer pour porter le membre
en avant dans la marche, la plapart sont peu volumineux;
mais, comme les plus puissants de même que chez Thomme»
servent plus particulièrement à l'extension de la jambe,
action où ils ont une grande force à employer; le bassin a
été , h cet effet , également prolongé en avant pour leur offrir
aussi un plus grand bras de levier ; tels sont surtout le Faj-
cialis ( Fascialata) , le Promiral (Droit antérieur) et le Cou-
turier.
Enfin le bassin , en s'avançant ainsi plus fortement sur
l'abdomen, peut de là aussi mieux servir de moyen de
suspension aux téguments de cette partie du corps pour
supporter le poids des viscères.
Ce sont là les deux causes déterminantes qui ont né-
cessité LA forme et la disposition que le bassin prend chez
les Mammifères quadrupèdes ; mais il n'a pas été nécessaire
qu'il fût aussi large dans ses os des hanches qu'il l'est dans
l'espèce humaine.
La différence de disposition entre le bassin de l'homme
et èéni des quadrupèdes a fait changer aussi la direction
des cavités cotyloïdes , dans lesquelles s'articulent les os des
cuisses. Devant, dans ces deux cas, être dirigés en dehors
et plus ou moins obliquement en dessous, il en résulte que,
comparativement avec ce qui est chez l'homme, ces cavités
sont tournées en avant; c'est-à-dire que dans les devx cas
elles sont disposées en conséquence de leur fonction.
Les membres postérieurs devant également agir avec
force dans la station ,' en soutenant le mieux possible le
centre de gravité du corps, placé au milieu de l'abdomen,
sous les lombes, la partie la plus faible de la colonne
CHAPITRE lU. 213
vertébrale, les caisses (PI. II, fig. I. n ti) ont été, encore i)oar
cette seconde raison, placées à l'état de repos chez la plupart
des espèces dans cette disposition plus ou moins fléchie ,
pour que les jambes, soutenant leurs extrémités, fussent le
plus rapprochées possible du centre de gravité, afin de mieux
le soutenir, aidsi que la région lombaire de la colonne
vertébrale, où le corps pourrait seul fléchir sans cela. Cette
nisPOsraiOM est en même temps la plus favorable à îjl
MARCHE ET A LA COURSE, EN PERMETTANT AU MEMBRE DE S* AL-
LONGER LE PLUS FORTEMENT EN ARRIÈRE POUR POUSSER LE
CORPS EN AVANT. C*est aiusi que par la simple flexion des
cuisses à Tétat de repos , la Sagesse créatrice a obtenu la
CONDITION LA PLUS FAVORABLE DANS LES DEUX CUICONSTANGES
OPPOSÉES , LA STATION ET LE MOUVEMENT.
Mais, par cela même que, d'une part, la cuisse est fléchie
en avant, et que, de Tautre, le bassin se prolonge fortement
en arrière , les muscles , qui , dans Tespèce humaine , pro-
duisent simplement sa flexion en dedans , deviennent ici de
très-puissants extenseurs ,' et prennent même k cet effet un
volume beaucoup plus grand que dans Tbomme , tout en
conservant les mêmes attaches; c'est-k-dire qu'ils se fixent
sur le bassin k la symphyse des pubis et de Tischion , et sur
la cuisse, le long de la face interne du fémur; mais en se
dirigeant, dans l'espèce humaine, transversalement en de-
hors, et chez les quadrupèdes d'arrière en avant. A ces
muscles adducteurs, devenus par Ik de puissants exten-
seurs, viennent ensuite se joindre encore les analogues des
extenseurs de la cuisse de l'homme qui conservent leurs
fonctions. ^
Le Créateur a su en conséquence qu'en plaçant simple-
ment AINSI LES CUISSES DANS LEUR ÉTAT DE FLEXION , ELLES
SOUTIENDRAIENT NON-SEULEMENT LE MIEUX LE CENTRE DE GRA-
VITE DU CORPS, MAIS QU'ELLES DONNERAIENT EN OUTRE , FAR
l'effet de la prépondérance CONSIDÉRABLE DES MUSCLES
EXTENSEURS DE LA CUISSE SUR LES FLÉGHlSSEliRS AUX PREMIERS.
Sl4 THioUMMB M LA RATURI.
UW BXCiS DB MBCK DANS LEUR GONTRACmOll PUHliBlIT PA^
SI?B QUE CETTE PUIftSAMGE SERA CAPABLE DE GOMTRB-BALAIfCBR,
EN TOUT OU BU MOINS EN GRANDE PARTIE , LA FORCE DU POIDS
DU CORPS , qui tend k faire fléchir les cuisses encore ds*
vantage; cette force des muscles extenseurs étant ^urtout
d'autant plus grande, que plusieurs autres de ces organes
contribuent puissamment k cette action en devenant non*
seulement plus volumineux, mais en prenant même une
autre disposition favorable au résultat dont je viens de parler.
C'est ainsi que les muscles Demi'-membraneu» ^ DemùtenH^
neuXf et surtout le Renforei (Biceps crural), sont bien plus
forts chez les quadrupèdes que dans Thomme, et se prolon-
gent même sur une partie notable de la jambe à moitié cachés
entre eux , dont ils deviennent ainsi de puissants fléchisseurs ;
et sont en outre , par cela même , secondés , comme exten-
seurs de la cuisse , par les extenseurs si vigoureux de la
jambe, qui s'opposent k cette flexion; de manière que la
jambe, rendue par eux immobile, agit en qualité de levier,
comme si elle ne formait qu'une pièce fixe avec la cuisse,
DISPOSmON DES PLUS INGÉNIEUSES QUE L* INTELLIGENCE SU-
PRÊME A SI SAVAMMENT ÉTABLIE POUR ATTEINDRE SON BOT;
arrangements dont on trouve d'ailleurs de nombreux exeaiH
pies dans l'organisme des animaux.
Quant k l'articulation du genou, elle est la même que
dans Tespèce humaine, k quelques modiflcatioBs près in*
diquées plus haut.
J*ai déjk fait remarquer, en parlant du pied de l'homme ,
que chez ce dernier il s'appliquait dans toute sa longueur
sur le sol dans la station, d'où résultait la marche planti--
grade, afin de former une base suffisante sur laquelle le
carpe pût se maintenir en équilibre dans son attitude re*
dressée ; tandis que chez les Mammifères quadrupèdes cela
était non-seulement inutile, mais encore moins favorable k
la locomotion , en cela que ces animaux , appuyant sur leurs
quatre membres , ont par Ik une base plus que snfisainle
CHAnTBS m. %il^
pour 86 tenir solidement debout ; et que , dans les mouve-
monts progressifs, ils ont, en marchant sur le bout des
pieds, une arUculaiion de plus dans la partie relevée de
leurs membres , qui facilite considérablement la souplesse
des mouvements, ainsi que la rapidité de Télan dans la
course; et c*est en vue de ces avantages que les membres
ONT ÉTÉ TRANSFORMÉS POUR LA MARCHE DIGITIGRADE. C^OSt
ainsi que Tos du talon , qai ne devant plus être dirigé
BN dessous vers LE SOL , POUR FORMER DANS l'hOMMB LK
pain CIPAL POINT d'appui du corps , EST AU CONTRAIRE PORTÉ
EH ARRIÈRE DANS LA DIRECTION DU PIED PRESQUE VERTIGA-
LEVENT RELEVÉ, AFIN d' OFFRIR LE RRAS DE LEVIER LE PLUS
.LONG POSSIBLE AUX MUSCLES EXTENSEURS DU PIED,
Mais par cela aussi , rarticulalion de ce dernier avec la
jambe devait pouvoir se prêter aux mouvements plus
ÉTENDUS ET PLUS LIBRES, ET ÊTRE EN CONSÉQUENCE MIEUI
GAEAMTIS CONTRE LES LUXATIONS ; OT, C*est CD effet CO qu'OM
trouve dans la forme des os qui s'engrènent bien plus
profondément que cbez Thomme. C'est« à-dire que la
gorge de poulie de Tastragale est bien plus profonde»
aiosi que l'espèce de mortaise que forme Textrémité infé^
rieure des deux os de la jambe dans laquelle l'astragale est
engagé.
Pour ce qui est des divers os dont se compose le cou-d#<
pied, ils sont à peuiprès conformés et disposés comme
dans rbomme , cbez les espèces ayant cinq orteils ; mais se
modifient selon le degré de dégradation où se trouvent ces
animaux, perdant successivement, d'un genre à l'autre, quel-
quesHins de leurs orteils ; conditions pour lesquelles ceux-^
suivent la même loi que les doigts, Cest dans cette partie
terminale du pied, comprenant le métatarse et les orteiU
que la ressemblance avec les os du métacarpe et des doigta
deviennent de plus en plus grandes, et k la fin même iden**
tiques ; c'est-^dire que Jes pbalanges , avec k$ ligaments
et tas tendons qui les accompagiaent, sont absolument Im
2i6 THEOLOGIE DK LA NATIJRB.
mêmes : le Domt>re des orteils excepté, qui est souvent
moindre que celui des doigts, comme plus avancé dans la
dégradation ; aussi les membres postérieurs disparaissent-
ils à la fin chez les Cétacés, tandis que les antérieurs
persistent chez tous les Mammifères ; et je renvoie en con-
séquence pour Fingénieux arrangement des organes qui
constituent la partie terminale du pied ii ce qui a été dit
pour les doigts.
J*ai indiqué plus haut le remarquable arrangement qui
existe dans les muscles moteurs de la cuisse et de la jambe,
au moyen duquel les extenseurs de celle-ci contribuent
indirectement, mais avec efficacité , \k Textension de celle-lk;
par cela que les principaux muscles extenseurs de la cuisse*
se prolongent plus ou moins bas sur la jambe pour s*y
insérer ; mais cet enchaioement ne se borne pas encore
I2i,il va jusqu'à l'extrémité des orteils. G*est-ii-dire que,
d'une part, les deux muscles Gastrocnémiens constituant,
conjointement avec le soléaire leur accessoire, la principale
masse du mollet, forment inférieurement le vigoureux
tendon d'Achille inséré au talon , sur lequel ces muscles
agissent avec une grande puissance pour étendre le pied ,
chez l'homme aussi bien que chez les animaux. Mais supé-
rieurement les deux premiers de ces muscles , au lieu de
s'attacher aux os de la face postérieure de la jambe, comme
le fait le troisième, remontent jusqu'au fémur, auquel
chacun se fixe par un fort tendon d'origine, au-dessus des
deux condyles du fémur. On conçoit par cet arrangement
que , si la jambe s'étend , soit pour maintenir le carpe en
état de station , soit pour agir dans la marche , le fémur
tirant sur les deux muscles gastrocnémiens , agit par eux
sur le pied, et contribue en conséquence aussi k son ex-
tension , en empêchant la jambe de fléchir en avant sur le
pied dans la station , et en élevant le talon dans la marche.
Et si l'on considère le pied comme fixé sur le sol , les ex-
tenseurs de la cuisse, en portant celle-ci en arrière,
CHAeiTRK in. 317
redressent le membre dans le genou , qui se trouve par là
étendu; et le fémur agissant, comme il vient d*étre dit, par
les muscles gastrocnémiens sur le talon , produit aussi l'ex-
tension du pied.
Cette chaîne va encore plus loin dans les Mammifères
quadrupèdes. Chez eux, le muscle Fusi forme (plantaire
grêle) , qui n*est dans Tespèce humaine qu*un petit faisceau
musculeux placé dans le milieu du mollet où son faible
tendon s'unit au tendon d'Achille, est au contraire un
muscle plus ou moins gros dans les quadrupèdes, où il
prend une tout autre fonction. Chez ceux-ci , de même que
dans l'espèce humaine, il s'attache supérieurement par un
tendon d'origine , la face postérieure du fémur, au-dessus
de son condyle externe, près de celui du gastrocnémien.
De là il se porte en bas dans le milieu du mollet, et au lieu
dfi confondre son tendon terminal avec celui des gastroc-
némiens et du soléaire , ainsi que cela est dans l'homme , il
passe au contraire sur le sommet du talon comme sur une
poulie, et se continue directement avec une autre masse
charnue placée à la plante du pied , constituant ce qu on
nomme dans l'homme le petit fléchisseur commun des orteils,
qui prend ici son origine sous le tarse; tandis que chez les
animaux , ce muscle court n'est que le second ventre du
muscle fusiforme. C'est-à dire que dans Thomme la dispo-
sition est absolument la même , seulement la continuité des
deux muscles est interrompue sur le sommet du talon , où
le tendon intermédiaire des deux masses musculeuses est
comme coupé par l'effet de l'appui du corps sur le talon;
ce qui arriverait en effet chez l'adulte, si les deux muscles
se continuaient dans l'enfant. En passant librement sur le
sommet du talon , le tendon de ce muscle remarquable est
bridé de chaque côté par un large ligament qui, de ses
bords , se porte sur la face latérale de cet os , où il s'implante
au centre de l'arc que forme Texlrémité du talon ; disposition
pARFAmsMEMT CALCULÉE pour quo le tendon guidé par ces
Sit THiOLMIB Bl LA EfÀTURI.
deax ligaments puisse couler sur cet os , sans pouvoir m
déplacer par les côtés.
La seconde masse musculeuse du fusiforme produit en*
suite autant de branches qu'il y a dorteils, et dont les ten*
dons se comportent comme ceux du muscle sublime de la
main.
C*EST AINSI QUE PAR CE SAVANT ENCHAINEMENT DE MUSCLES
BT DE LEVIERS COMMENÇANT DÉJÀ À LA HANCHE PAR LB8
MOTEURS DE LA CUISSE , quo tous Contribuent au même effet
final, l'extension du membre dans toutes ses parties, pour
agir avec ensemble et une force commune dans le moo-
vement progressif.
Telle est sommairement la composition du squelette et
des autres organes de locomotion chez THomme Mammi-
fère bipède, et chez les quadrupèdes digitigrades, dontlotype
est représenté par le Chat et ses congénères , dont je n*ai
toutefois pu indiquer ici que les choses les plus saillantes et
les plus faciles k comprendre sans le secours de nombretiset
figures ; en passant sur une foule d autres fort remarqua^
blés encore . tant par leurs formes que par leurs dispositions
dans leurs savantes combinaisons , relativement aux résnl*
tats auxquels ils sont destinés par la sublime sagesse du
Créateur.
Quant aux résultats que les organes produisent dans lenr
état d'activité , on y découvre de même les effets les plus re*
marquables , où se dévoile la connaissance la plus transoeB*
dante de la mécanique, où tes effets les plus remarquables
sont ordinairement obtenus par les moyens les plus simples.'
Il n'a ainsi pas suffi que chaque partie du corps de Thomme
et des animaux soit parfaitement accomplie en elle-même
pour produire le résultat auquel elle est destinée, il fallait
encore que tout, même les organes les plus éloignés, qui
agissent Indirectement dans les diverses fonctions , soient en
HARMONIE d'action LES UNS AVEC LES AUTRES, AFIN DB NE PAS
s'entraver réciproquement. C'est ainsi qu'en narebtnt,
l'iMMOàOM pousse DOD-seuIement le corps en avant et vers le
côté opposé , avec Tun des pieds qui s*étend en arrière , en
appuyant sur le sol , pendant qu'il lève l'autre pied et le porte
en avant , pour rappliquer k son tour sur le plan de position ,
et faire ce qu'on appelle un Pas . Si tout se bornait ik , le pas ne
pourrait être que fort court, vu que le membre étendu n'est
qu*un peu plus long que celui appuyé sur le sol ; mais il
intervient ici encore un autre mouvement qui l'allonge 86n«-
siMement , c'est celui du bassin ^ qui , tournant sur l'artien*
lation de la cuisse du membre appuyé , se porte en avant
au côté opposé , en emportant tout le membre correspondant
avec lui ; et ce mouvement alternatif vers Tun et vers l'autre
oôté, entraînant tout le tronc, il en résulterai! que la poi-
trine et même la tête tourneraient ainsi constamment k droite
et II ijauche; ce qui deviendrait la cause d'une foule d'in^
eoQvénients, surtout pour les bras et pour les yeux. Mais il
T k ÉTÉ PARÉ par l'effet de la disposition des muscles
obliques du bas-ventre, dont les fibres de Y externe se
rendent de leurs attaches sur les cêtes obliquement en
dessons et en avant, pour se perdre dans l'aponévrose
ventrale ; et celles de Vintetne , qui s'insèrent k celle- ci et
se portent également en dessous, mais en dehors, pour
aller se fixer au bord antérieur du bassin. Par l'effet de la
direction de ces deux ordres de fibres qui se font ainsi
snite de l'externe k l'interne , leur contraction produit une
torsion dans le tronc , en faisant tourner le thorax vers le
celé du bassin porté en avant : mouvement qui détruit, pour
la partie supérieure do carpe, le léger mouvement de ro-
tation que le bassin exécute k chaque pas, soit vers la droite,
soit vers la gauche , tout en imprimant cependant chaque
fois au thorax une secousse qui fait que le bras du côté de
la hanche appuyée se trouve lancé en avant , et produit le
balancement de ces membres qu'on remarque chez les per-*
sonnes qui marchent, où chacun avance en même temps
que la jambe opposée ; mouvement croisé analogue k celui
390 THBOU>GU I» LA HATURK.
des Mammifères quadrupèdes , dont je parlerai un pea pins
bas.
En examinant de même les conditions dans lesquelles
doivent se trouver les membres des Mammifères quadru-
pèdes , pour leur permettre d'exécuter facilement les mou-
vements de locomotion ; je rappellerai ce qui a déjk été dît
plus haut sur la disposition de leurs membres. Devant»
comme Thomme, appuyer alternativement le poids de la
partie antérieure du corps sur Tun et l'autre des deux mem-
bres de la première paire, afin de pouvoir porter Tautre
librement en avant pour faire un pas, il était convenable
que ces membres fussent le plus rapprochés possible , sans
cependant trop rétrécir la base de sus-station ; et c*est dahs
CETTE INTENTION QUE LE THORAX A ÉTÉ PORTEMENT COMPRIMÉ
EN AVANT , afin que les deux omoplates fussent non-seule-
ment plus rapprochées, mais aussi dans un plan presque
vertical pour mieux appuyer sur les bras ; et les membres
étant par là rapprochés, il suflit d*un assez faible effort pour
ramener le poids du corps sur Tun ou sur l'autre.
Nous avons également vu qu'afin de mieux soutenir le
centre de gravité du corps, les cuisses des Mammifères
quadrupèdes étaient d'ordinaire fortement fléchies en avant.
Or cette flexion est précisément très-faible dans les espèces
fort lourdes , telles que V Éléphant , vu qu'ici les muscles
extenseurs des cuisses auraient une trop grande charge k
supporter, lorsque dans la marche tout le poids du corps
porte alternativement sur l'un ou sur l'autre membre. Ce
fait , en quelque sorte exceptionnel , montre que cette dis-
position fléchie des cuisses n'est point, comme on pourrait
le penser, exclusivement due à l'effet du poids du corps qui
forcerait les cuisses à se fléchir jusqu'au degré où l'excès
de la force de contraction passive des extenseurs sur les
fléchisseurs ferait équilibre k ce même poids ; mais bien
QUE LA DIRECTION EST PUREMENT DUE À LA VOLONTÉ SU*
PRÉVE Di; l'Intelligence créatrice, qui l'a graduée,
cHAmai lu. 291
SCrVANT LES BFFETS QUI DUBBNT EN RÉSULTER. Cestrk-dire
que celte flexion est très-forle dans les espèces qui doivent
être légères ii la course et surtout au galop, et ont besoin
que le centre de gravité du corps puisse être facilement
porté au-dessus de la base formée exclusivement par les
pieds postérieurs ; tandis que , chez les espèces lourdes qui
ne galopent jamais, cela n'étant pas nécessaire; les fémur
sont placés verticalement sous le bassin , et portent de là
plus facilement et avec moins d'effort musculaire le poids
considérable du corps que si les cuisses étaient fléchies.
C'est ainsi que dans V Éléphant , dont je viens de parler,
non- seulement le fémur est vertical , mais aussi les os de la
jaaibe sont dans la même direction , d'où le membre entier
forme une colonne droite squs le bassin.
Les cuisses étant plus ou moins fléchies en avant, elles
ainènent les articulations des genoux à côté de l'abdomen
qui se trouve de là interposé enlre les deux fémurs qu'il
tient écarté; disposition très-défavorable à la marche, où
ranimai doit alternativement porter le centre de gravité de
la partie postérieure du corps au-dessus du pied appuyé sur
le sol. Ce désavantage ayant été prévu, les deux pieds
sont ramenés vers le plan médian du corps au moyen d'une
légère modification introduite dans l'articulation des ge-
noux, consistant en ce que la facette articulaire du tibia, sur
laquelle appuie le condyle externe du fémur, est simplement
un peu plus élevée que l'autre, d'où la jambe, et avec elle
le pied, sont ramenés en dedans; et pour peu que le
MEMBRE ne POSE PAS OBLIQUEMENT SUR LE SOL , IC picd CSt dC
nouveau un peu fléchi en dehors, afin de se trouver à peu
près dans un plan longitudinal vertical ; et cela aussi par
l'effet d'une légère obliquité dans son articulation avec la
jambe.
On conçoit que par cette disposition des parties , la base
de sus-station est fort étroite, et qu'il suflit d'un assez léger
mouvement vers le e6\é que fait l'animal pour amener le
«Mitre de gravité tâtitôt ftur l*ttû et tMtM sur l'aotrt pied :
effet qui t d'ailleors lieu en qaelqne sorte malgré ranimai,
par la simple forme foat remarquable qo*a reçn k cet effet
rartictjilation du pied.
Pour cela, la direction de la poulie que forme la partie
supérieure de Tastragale, au lieu d'être exactement dans le
plan vertical d*arrière en avant , est au contraire un peu
oblique d'avant , en arrière et en dedans ; de manière que la
jambe en se mouvant sur Celte poulie lors de Teitension du
pied , est portée supérieurement en arrière et en dêdan$ , en
poussant le corps vers ce dernier côté.
Les Mammifères quadrupèdes étant appuyés sur leurs
quatre membres pendant la station, ils les lèvent successi-
vement pour les porter en avant dans la marche normale,
et cela dans Tordre suivant : d*abord Tun des antérieurs,
puis le postérieur du côté opposé; ensuite le second anté-
rieur, et immédiatement après le postérieur également op-
posé. Cette manière de marcher se remarque chea^ tous les
Mammifères à quelque Famille qu'ils appartiennent, k
Texception d'un petit nombre d'espèces, ou bien de certains
individus malades.
Cette marche croisée est une conséquence des moyens
que les animaux emploient naturellement pour avance.
Nous avons vu que les membres postérieurs étaient plus
particulièrement employés à pousser le corps en avant:
eh bien , l'animal étant en station et voulant se mettre en
marche commence par se pousser en avant en étendant ces
mêmes membres en arrière , et sentant qu'il va bientôt perdre
l'aplomb en avant, il appuie la partie antérieure du corps
sur Tun des membres de la première paire, afin de rendre
l'autre libre, et porte celui-ci en avant pour le poser à terre,
afin de prévenir la chute >
Pour que le pas soit le plus grand possible, l'animal
avance l'épaule du même côté, et arque pour cela son corps
vers le côté opposé par 1 effet de la contraction de tous les
oiAnTai lit. ns
■nlicleé qui ptorent y contribuer^ et spécialement eeui:
insérés an bassin , partie du squelette formant ainsi que les
côtes de longs leviers auxquels ces muscles s*iasèrent :
contraction qui [lorte le bassin en avant du c^té du membre
antérieur appuyé.
En avançant ainsi la hancbe d'un côté, le membre posté-
rieur correspondant qui suit nécessairement ce mouvement,
devient par là même plus libre et se lève ainsi le second pour
se porter en avant» et cela presque en même temps que
Tantérieur opposé ; de manière que Tanimal ne porte un
instant que sur deux pieds diagonalement opposés. Pen«
dant ce temps, les membres encore appuyés poussent le
eorps le plus loin possible en avant, et les deux soûle*
vés avancent pour prévenir la chute de Tun ou de Tautre
côté, et se posent successivement comme ils se sont levés
lorsque rantérieur appuyé est le plus fortement étendu en
arrière.
Sitôt que les deux premiers membres ont fait le pas et
sont de nouveau appuyés, Tanimal arque son corps en sens
contraire pour avancer Tautre épaule, qui se trouvant en
conséquence à son tour, placée sur la convexité de Tare, est
par là même seul libre de pouvoir s'avancer pour faire le
second pas, en emportant le membre qui lui correspond;
et un peu après est levé le second membre postérieur opposé
placé dans la concavité de ce même arc; et ainsi de suite
pour les antres pas.
Ces divers mouvements des membres se voient très-faci-
lement chez les animaux qui marchent lentement, tels que
les Chevaux; mais les inflexions de l'échiné sont surtout
très-apparentes dans le Chat , où la colonne vertébrale est
très flexible. On conçoit d'ailleurs, au premier abord, que
cela doit nécessairement être ainsi chez tout Mammifère qui ,
marchant facilement, cherche a allonger le plus possible le
pas; Tii qu'il lui serait impossible d^avancer beaucoup soit
le iMmbre antérieur, soit le postérieur, sans avancer d'une
^ I
Î24 THBOLOGIB DB LA N ATURB.
part l'épaale et de Taatre la hanche ; et pour cette dernière
c'est nécessairement celle du côté opposé.
Les Mammifères souffrant de rhumatismes lombaires»
tels que les vieux chevaux de poste ruinés , font toutefois
exception à cette règle, et on en voit facilement la raison.
Ces animaux éprouvant de la douleur en courbant leur épine
du dos, évitent ces inflexions dans la marche, en faisant des
pas plus petits ; où il suffit de porter les deux membres do
même côté à la fois en avant, sans avancer fortement ni
l'épaule ni la hanche , ce qui les obligerait k arquer leur
échine; et marchent ainsi en balançant simplement leur
corps d'un côté vers Tautre, pour soutenir le centre de
gravité alternatiment avec les deux membres de droite
et de gauche : marche défectueuse , connue sous le nom
A^Amblê ^ où l'animal n'étant à chaque instant appuyé que
sur deux membres du même côté, est par Ik sujet à
être facilement renversé en dehors, n'ayant, de ce côté,
aucun moyen de parer k la chute; tandis que dans la
marche ordinaire normale, il y a toujours, de chaque
côté, un pied soulevé prêt k porter sur le sol, sitôt que
l'équilibre de l'animal serait menacé. C'est ainsi que la
Providence a su faire concorder les moyens de l'accélé-
ration DE LA MARCHE , AVEC SA CONDITION LA PLUS FAVORABLE
POUR SA SÛRETÉ.
Quelques espèces de Mammifères, et spécialement la
Girafe , marchent cependant aussi naturellement l'amble,
et cela par une raison qui , sans être la même que chez les
animaux malades, se rapporte toutefois k peu près k la
même causé directe. La Girafe ayant le corps très-court, et
les vertèbres de son échine fortement articulées entre eWes ,
les mouvements latéraux de ces os sont très-bornés; d'où
résulte qu'il serait sinon impossible , du moins très-difficile
k cet animal, d'arquer suffisamment sa colonne vertébrale,
pour faire avancer beaucoup , soit l'épaule , soit la hanche;
chose d'ailleurs fort inutile chez la Girafe, dont la hauteur
CHAPITRE 111. i25
conûdérabie des membres lui permet de faire sans cela des
pas très-alloDgés.
Il semble , au premier aperçu , que la longueur absolue
des membres doit être une chose fort indifférente pour la
mécanique animale , et que toutes les proportions peuvent
offrir les mêmes avantages ; mais il n'en est pas ainsi , vu
que , d'une part , des membres très-courts ne permettraient
pas une marche convenablement rapide pour la grandeur de
l'animal, et même encore la course et le saut; et que,
d'aulre part , des membres très-élevés rendraient le corps
trop chancelant, en même temps qu'ils nuiraient beaucoup
k plusieurs facultés de l'animal, qui, une fois couché, au-
rait surtout de la difficulté k se relever ; et cela deviendrait
même impossible , si les membres dépassaient une certaine
longueur. En effet, s'ils étaient trop longs, l'animal couché
directement, la poitrine en bas, aurait la cuisse, la jambe
et les pieds si fortement fléchis , que les genoux remonte-
raient jusque vers le dos, dans une position forcée, très-
fatigante et bientôt insupportable ; circonstance incompa-
tible avec le repos qu'il cherche en se couchant; et les
jambes , égaleiâent très-fléchies , se fatigueraient non-seule-
ment de même, mais elles dépasseraient le niveau du ventre
et tiendraient le corps suspendu ; de manière qu'il n'appuie-
rait pas sur le sol ; autre cause de fatigue , circonstance qu'on
remarque chez le chien Lévrier. Enfin le pied trop long ,
dirigé en avant sur le sol, dépassant le centre de gravité,
l'animal ne pourrait que fort difficilement élever ses talons
pour se redresser sur ses orteils ; et c'est en effet ce qu'on
remarque dans la Girafe , dont la longueur des membres pa-
rait avoir atteint son maximum, cet animal étant obligé,
pour se lever, d'appuyer d'abord sur le dessus du boulet,
les sabots fléchis en arrière, afin de raccourcir d'autant la
hauteur totale des membres. Enfin l'animal, dont les quatre
extrémités seraient trop longues , ne pourrait plus se relever
du tout» quand une fois il serait couché sur le flanc , ne pou-
nt THBOLOOn DB LA NATUilB.
vant pas les ramener aana le centre de gravité, qui demande
à être soutenu. Les Kanguroos et les Gerboistê » dont les
membres postérieurs sont fort longs » se relèvent étant oou*
obés» spit en s'aidatit de leur queue, soit en s'appvyant en
avant sar leurs pattes antérieures proportionnées k la gros-
seur de Tavant-train de leur corps; et ces animaui n*0Dtp
malgré leurs disproportions , les membres postérieurs fn
beaucoup trop grands pour la partie correspondante da
tronc, très-gros en arrière.
Une loi toutefois qui règle dans une condition la hauteni*
des membres cbez les MiocMirànEs, veut qu'elle soit d'ordi-
naire la même dans les deux paires , et telle qu'elle équa
Va SOMME DB LA LONQUBUR DU COU ET DE LA TÉTB ; PEOFOft-
TioM sAfifiMENT CALCULÉE PAR LA Providehce , poor permettra
\ ces animaux de pourvoir k leur nourriture, que la presque
totalité d'entre eux doit chercher a terre» Cette loi éprouve
toutefois certaines exceptions, mais Ik seolement ou uns
RAlSOIf QUELCONQUE L'a PERMIS OU VOULU AUTREMENT; 6l
alors rinconvénient qui en résulte est toujours prévenu
PAR DBS dispositions PARTICULIÈRES QUI PROUVENT QllB
CM DÉFAUT A ÉTÉ PARf AITEMENT APPRÉCIÉ PAR LE CRÉA*
TBUR.
D^k l'Homme et tous les Singes présentent une grande
exception k cette loi ; mais ils ont reçu , en compensation ,
)a faculté de pouvoir porter leur nourriture k la bouche an
moyen de mains.
Les Chauve-Souriê , ayant les membres antérieurs d*tne
longueur extrême et le cou fort court, saisissent leur nour^
riture au vol ; et peuvent du reste plier le coude tellement en
arrière que leur poitrine touche sur le sol, ce qui leur
permet de pouvoir facilement atteindre k terre avec leur
bouche. VÊUphant , bkti pour la hauteur des membres dans
les proportions de tous les Mammifères digitigrades, ne
peut avoir toutefois qu'un cou fort court, afin qne la tête qui
devait porter les énormes et lourdes défenses de cet animal y
CHAPITftfi UU agt
ne pesftt pas sur un trop long levier qu*aurait formé le cou »
8*il avait été dans la proportion de celui des autres Mammi-
ftres. Hais cet animal a reçu ^ en compensation , cette longue
trompe au moyen de laquelle il peut très adroitement saisir
les objets les plus petits placés à terre , et même Teau , pour
les porter h sa bouche ; et cet organe , d'une structure des
plus admirables 9 qu*il peut tourner avec adresse et force
dans tous les sens , ne lui a pas seulement été honné en
conséquence de la brièveté du cou , mais encore par cela
même que les défenses, qui ont souvent plus de deut
mètres de long , ne lui permettraient pas , quand même le
eou serait long , de saisir quoi que ce soit à terre avec sa
bouche.
La Girafe^ dont les membres antérieurs sont plus longs
que les postérieurs , et a pour cela aussi reçu un cou d*une
longueur démesurée , ne Ta cependant pas encore assez long
pour pouvoir facilement atteindre k tefre, d'où elle se
trouve obligée d'écarter fortement ses pieds afin de tou-
cher au sol ; position tellement forcée et fatigante qu'elle ne
pourrait la maintenir que quelques instants ; aussi a-t-elle
été GitÉÉE pour se nourrir des feuilles des arbres qu'elle peut
atteindre k de très-grandes hauteurs.
Enfin les Gétacébs , dont le cou est tellement court qu'il
n'est aucunement apparent, ne sauraient jamais diriger leur
bouche en dessous ; mais , vivant dans l'eau , ils trouvent
leur nourriture au-devant d'eux.
Quant aux animaux vertébrés des autres classes , cette
même loi existe également aussi pour eux , mais dans ce
sens seulement que le cou est toujours assez long pour qu'ils
paissent saisir les objets à terre, et souvent plus long que la
hauteur du train antérieur de leur corps : ce qui n'existe
dans aucun Mammifère connu. J'en parlerai plus loin en
traitant des diverses autres classes de Vertébrés en parti-
caKer.
Dans les diverses modifications que le mode principal'
2i8 THEOLOGIE DE LA NATURE.
d*organisation des Mammirères sabit d'une famille à Ttatre,
îi est fort remarquable de voir avec quelle subliub conhiis-
SANCE DE LA PHYSIQUE LE CRÉATEUR A PROCÉDÉ POUR TRAH^
FORMER CES ANIMAUX AU POINT DE LES RENDRE 8UGCBSSITE*
MENT PROPRES À REMPLIR PARFAITEMENT DBS CONDITIONS
d'existence LES PLUS DIFFÉRENTES. Nous avons déjà TR
comment de Torganisation bipède de THomme , les Mammi-
fères sont devenus quadrupèdes par la transformation de
leurs membres , et surtout des antérieurs qui ont dû subir
des changements plus considérables que les postérieurs,
ayant à la fois à changer de fonction ; mais je me suis borné
à faire simplement voir quels rapports d'organisation exis-
taient entre les types des Mammifères bipèdes et quadru-
pèdes , sans entrer dans aucun détail sur les modifications
graduelles que présentent les espèces intermédiaires , et saos
parler même de celles qui volent, ou qui sont conformées
pour la nage , offrant les unes et les autres dans leur orga-
nisme les conditions les plus parfaites tant que ces condi-
tions SONT GOMPATIRLES AVEC LE PRINCIPE ESSENTIEL D* APRÈS
LEQUEL LES MAMMIFÈRES ONT ÉTÉ FORMÉS.
Pour arriver de la condition bipède de Thomme, où les
membres antérieurs sont exclusivement destinés k la pré-
hension , k celle du quadrupède , la transition que présentent
les espèces intermédiaires est fort remarquable. Chez les
Singes supérieurs, tels que le Chimpanzé et V Orang-outang t
les animaux les plus voisins de Thomme, les membres anté-
rieurs servent encore presque exclusivement à la préhen*
sion , mais avec le caractère bien évident de la locomotion ;
c'est-k-dire qu'ils ne servent point encore k la marche, mais
très-essefttiellement au grimper^ qu'on peut très-bien nom-
mer une'marche par préhension. Pour cela le corps entier
de l'animal n'a subi encore que de très-légères modifica-
tions; les membres antérieurs ont simplement été rendus
beaucoup plus longs, atteignant, dans le Chimpanzé debout,
jusqu'au niveau k peu près des genoux, et chez VOrang-
CHAPITRE III. 221)
ù^ang, jusqu'auprès des chevilles, afin que ces animaux,
grimpeurs par excellence , puissent saisir au loin les branches
d'arbres sur lesquels ils passent en grande partie leur vie ,
surtout le second, plus éloigné de Thomme que le premier;
et la marche, soit bipède, soit quadrupède sur un sol plat ,
leur est également fort difficile.
Destriés à être presque toujours accrochés par leurs
MAii«s, qui supportent ainsi en grande partie le poids du
corps, leurs membres postérieurs sont non - seulement
beaucoup plus faibles que dans l'espèce humaine, mais
même les pieds omt été modifiés en conséquence du
NOUVEAU mode DE LOCOMOTION DE CES ANIMAUX, EN ÉCAR-
TANT LE PREMIER ORTEIL DES AUTRES, POUR LE RENDRE
OPPOSABLE A CEUX-CI , commc Test le pouce à la main de
rbomme ; disposition également conservée encore chez
tous les autres Singes; de manière que ces animaux ont,
comme on dit, quatre mains; d'où ce second Ordre de
la Classe des Mabimifères a reçu le nom de Quadru-
manes.
Comme les Orangs ne sont point destinés à marcher
sur le sol, mais bien plutôt k saisir par les côtés les
branches des arbres , la plante de leurs pieds n'est pas ho-
rizontale comme dans l'homme, mais oblique au dedans,
POUR ÊTRE mieux APPROPRIÉ AU GRIMPER , ct appuie dc Ik sur
le côté pendant la marche , en même temps que ces animaux
ont de la difficulté k ouvrir complètement leurs pieds, dont
les orteils restent d'ordinaire plus ou moins crochus, même
pendant la marche sur un sol plat ; et il en est de même pour
les mains. C'est au point que lorsque Y Orang-outang marche
momentanément k quatre , il appuie ses mains par le dos
des doigts fermés , ne pouvant déjk plus étendre le poignet
beaucoup au delk de la direction droite avec l'avant-bras;
faculté qui n'est propre qu'k l'homme ; et en cessant déjb
chez les Singes supérieurs , cette modification indique déjà
une première tendance vers la condition quadrupède que
930 TuiOLOGIB DB LA MATDRI.
présentenl» sous oe rapport, leg aatres Mammifères.
Quant aai autres parties du corps des Singes supérieurs ,
elles n'offrent que de très-Iégères modifications , qui coda-
mencent ii les rapprocher des quadrupèdes. C'est ainsi que
la museau se prolonge déjà assez fortement dans le Chim-
panzé , et surtout chez les vieux Orangi-outangs , où sa
saillie est même plus considérable que dans la plupart des
autres Singes.
Nb DBVAIIT point marcher sur leurs membres AlfTft-
RIEURS , la poitrine est encore large comme dans l'homme ;
et la queue est , comme dans ce dernier, réduite à un simple
rudiment caché dans les chairs.
Chez les autres Singes, qui commencent cependant déjh
il marcher souvent k quatre ; le corps et les membres sont
généralement encore grêles et libres , pour laisser a ces
iUflMAUX TOUTE LA LÉGÈRETÉ ET LA SOUPLESSE NÉCESSAIRES
A LEUR VIE DB GRIMPEURS , vivaut d*ordinaire sur les arbres ,
où ils sautent avec la plus grande agilité d'une branche
k l'antre. Pour cela leurs os sont généralement très-grêles ,
et les apophyses que ceux-ci forment sont fort longues,
pour offrir de plus grands bras de leviers aux muscles qui
s'y fusèrent. Les articulations sont très-mobiles , les mus-
cles bien distincts les uns des autres, et unis par un abon-
dant tissu cellulaire qui facilite leur glissement; le tout
comme chez les Carnivores Sauteurs, dispositions fort
importantes chez ces animaux, qui doivent se mouvoir avec
la plus grande facilité ; toutes conditions qu'on trouve déjà
chez les Singes supérieurs dont ils ne diffèrent que par
une plus grande analogie avec les Mammifères digitigra-
des, marcUant déjk facilement à quatre, n'appuyant m
avant que sur les doigts dans toute leur longueur ; mais en
arrière, comme l'espèce humaine, sur toute la plante, en
relevant cependant déjli plus ou moins le talon dans là
marche quadrupède.
La plupart ont aussi une queue fort longue et grêle, sans
CHAPITRE 111. 934
usage eoDBu , mais qui chez quelques espèces , telles que les
Sapajùus , présente toutefois la faculté remarquable , dont
il a déjk été parlé, de pouvoir s'enrouler avec assez de force
autour des corps environnants pour servir k ces anitnauit
comme d'une cinquième main avec laquelle ils s'accrochent;
et G'BST k CETTE PHEMIÈRE FONGTlOlf BIE19 ÉVIDENTE DE LA
QUEUE , que se prépare déjk cet appendice chez les autres
Singes, où, d'abord rudimentaire , il devient, plus loin,
très-long, en restant toutefois encore sans usage.
Cette faculté qu'ont reçue quelques Singes et autres ani-
maux de pouvoir saisir les objets avec leur queue , parait
fert naturelle , quand on considère que , mieux même que
les doigts, cet appendice pouvait, par TefTet de ses nom-
breuses articulations, être parfaitement employé à cette
fonction I qu'elle n'exerce toutefois que exceptionnelle-
ment dans quelques espèces, ne lé conservant pas danft
les autres. La sensibilité tactile est même telle dand la
partie terminale de ces queues prenantes , que ces ani-
maux trouvent sans les voir, et comme par instinct, les
objets placés derrière eux, auxquels ils peuvent s'accro-
cher.
Au delà des Quadrumanes , dans l'ordre des GHEiROt^TiiiEft
ou des Chauvêê'SaurU , I'Intelligekce créatrice a uoDiFti
LE TT?E général DES MaMUIFÈRES , ENCORE d'uNE AUTRÈ
FAÇON , EN L*AGGOHMODANT , par QUELQUES LÉGERS CHANGE-
MENTS, À LA FONCTION DU VOL; TANT LES MOYENS LUI ONt ÉTÉ
FACILES , sans cependant avoir pu atteindre ici la perfection
du type des animaux vertébrés volants , incompatible , à ce
qu'il parait, avec le mode d'organisation des Mammifères,
mais que nous trouverons dans toute son admirable perfec-
tion chez les Oiseaux.
Pour transformer le modèle de l'Homme ou du Singe en
un Être capable de pouvoir se soutenir dans l'air par l'effet
d'un véritable vol , il a suffi au Créateur d'allonger plus
ou «Oins LES DOlGTt DE LA MAIN ET DE LES RÉUNm DANS TOUTE
i3S THÉOLOGIE DB LA NATVM.
LEUR LONGUEUR , PAR UNE EXPANSION DERMOÏQCE Semblable ï
celle qui remplit rintervalle des orteils du Canard , et de la
PROLONGER LE LONG DES MEMBRES ET DES FIANCS JUSQU*A€X
PIEDS , ET PLUS LOIN ENTRE LES MEMBRES POSTÉRIEURS , ES
Y COMPRENANT LA QUEUE , en doDuant ainsi à Tensemble la
forme de Taile de foiseau, et lobjet principal fut fait, le
reste n'étant plus que l'affaire de quelques légères modifica-
tions de certains organes , comme conséquence de ce pre-
mier et principal changement.
Dans le genre Galéopilhèque , animaux qui présentent le
premier degré de cette transformation , toutes les parties du
corps restent k très-peu de chose près les mêmes que dans
les Singes; les doigts seulement sont un peu plus longs » et
se trouvent, comme je viens de le dire, réunis par ooe
membrane qui sétend jusqu'aux pieds et à la queue , en
remplissant les intervalles. C'est en agitant ces ailes, encore
peu étendues , que ces animaux se soutiennent assez facile-
ment en Tair, sans pouvoir, k ce qu'il parait, parcourir de
grandes distances dans les airs. Un peu plus loin, les
véritables Chauves-Souris arrivent de suite au type de Vor-
ganisation pour ce genre de vol , en recevant simplement
des mains considérablement plus grandes, où les os méta-
carpiens et les doigts représentent tout k fait les baleines
d'un parapluie. Par Teifet de ce simple changement, les ailes
de ces singuliers animaux les rendent capables d'exécuter,
comme tout le monde le sait, un vol extrêmement facile et
même assez prompt , sans pouvoir toutefois le soutenir très-
longtemps.
Cette modification dans l'organisation du type de l'Homme
et des Singes en a ensuite entraîné quelques autres très-légè-
res, comme conséquence de la facuté de voler. C'est ainsi
que , non seulement les doigts ont dû être prodigieusement
allongés , mais encore le bras et Favant-bras ont dû l'être
aussi, afin de contribuer d'une part k étendre l'aile, et de
Tautre , pour rendre la partie interne de cette aile plus ré-
CHAniKi ui. 333
sistante , tont en conservant du reste les mêmes dispositions
qu'ils ont chez THomme et les Singes.
Comme ces ailes devaient être principalement mises en
mouvement par les muscles abaisseurs des bras, c'est-k-dire
par ceux placés à la poitrine ou muscles pectoratus , ayant
dû être nécessairement très -puissants, ils n'eussent point
trouvé de points d'attache suffisants, si le sternum au-
quel ils s'insèrent fût resté dans les conditions qu'il offre
chez rUomme et les Quadrumanes , où il est généralement
grêle, et de Ik assez faible ; aussi celte série d'os a-t-ellk
ÉTÉ TRANSFORMÉE EN UN SEUL, BEA^UCOUP PLUS FORT, ET
PRÉSENTANT LE LONG DE SA LIGNE MÉDUNE UNE CRÈTE SAIL-
1.ANTE POUR OFFRIR UNE PLUS GRANDE SURFACE d' ATTACHE À
CES MÊMES MUSCLES. Yoilk k pcu près toutes les modifications
qu'il a suffi k l'Intelligence suprême d'introduire dans l'or-
ganisme de ces animaux, pour transformer le type de
l'homme en celui de mammifères très*bons voiliers.
Mais il ne suffit pas que les Chéiroptères pussent voler, il
a fallu leur conserver encore la faculté de marcher ; et gela
FUT facile ; quoique les mains fussent transformées en ailes ,
elles ne perdirent pas nécessairement par Ik les moyens de
pouvoir servir aussi k la locomotion sur le sol. Et en effet,
les carpes et les pouces, qui n'ont éprouvé aucun change-
ment notable, continuent k servir de points d'appui aux
membres quand l'animal est k terre ; et les membres posté-
rieurs , qui n'ont éprouvé que de fort légères modifications ,
conservent encore mieux leur fonction primitive ; surtout le
pied proprement dit , qui ressemble même encore beaucoup
k celui de l'homme, ayant ses cinq orteils courts et de ni-
veau , garnis seulement de griffes fort grandes et très-cro-
chues.
Pour marcher, les Chauves-Souris appuient la paume de
la main k terre , et replient leurs doigts si prodigieusement
allongés, avec la membrane qui les réunit, latéralement en
haut vers le dos, où cette membrane n'offre aucun obstacle
t34 TBBOLOGIV »■ LA NATURB.
k la marche , qui s'exécute même a? ec une assez grande
piditë pour mériter le nom de course ; et le pouce resté
court, appuyant sur le sol dans toute sa longueur, leur sert »
par son ongle fort et très-crochu k s'y cramponner assez so-
lidement.
Ces animaux faibles et inoflénsîfs, dont la plupart ne
vivent que d'insectes nocturnes , qu'ils poursuivent au ifol «
ne pouvant guère habiter sur la terre, où ils seraient trop
exposés k devenir la proie de tous les animaux carnassiers ,
IL LBUR FUT ÀSSIGN* POUR HABITATION, SOit lO CreUX deS
arbres , soit les cavernes , où la lumière du jour, qui blesse
leur vue, ne pénètre que difficilement; et par l'eflët de la
civilisation de l'homme, ils trouvent d'excellents abris dans
les clochers et autres édifices qu'il construit. C'est Ik que ces
innocentes créatures , auxquelles la plupart des personnes
ont voué si injustement une répugnance sans raison , ha-
bitent pendant le jour, en s'y accrochant au moyen de leurs
pieds de derrière , auxquels elles se suspendent la tête en
bas, par les griffes très-erochues dont ils sont munis, sans
avoir besoin de faire pour cela le moindre effort volontaire ;
aussi peuvent-elles dormir ainsi pendant tout l'hiver sans
éprouver de fatigue.
La SOLLICITUDB DU CrÉATBUR POUR CES PAIBLES AimUUX
NE s'est pas encore ARRÊTÉE LÀ DANS SA BONTÉ INFOUE. Ainsi
suspendus par les pieds , leurs yeux eussent été tournés vers
l'objet auquel ils sont accrochés , si leurs pieds étaient dis-
posés comme ceux des autres animaux. Inconvénient qui
FUT prévenu en TOURNANT LES PIEDS EN SENS GONTRAmE ;
c'est-à-dire EN LES DIRIGEANT EN ARRIÈRE. PST OC moyCU , le
petit animal est appliqué par son ventre contre le mur, avec
ses yeux tournés vers l'espace libre , pour voir autour de lui.
L'ordre des Chéiroptères formant une simple branche
dans la Classe des Mammifères , branche qui se termine
sans se lier au bout k aucune autre division ; on passe de
même des derniers Quadrumanes , au quatrième Ordre dès
CHAPRRB III. 235
MAMMiFiKES, à celui des Plantigrades, dont le principal
type est le genre Ours. Dans ces animaux , qui habitent gé-
néralement k terre , les pieds reprennent en conséquence ,
de nouveau, k peu près, la forme qu'ils ont dans Tespèce
humaine ; c'est-h-dire que les cinq orteils sont k côté les uns
des autres , avec cette différence toutefois que le premier ou
rinteme, au lieu d'être plus fort que les autres , est au con-
traire plus petit que le second, comme d'ailleurs déjk chez
les Singes, en offrant de part et d'autre le premier degré de
dégradation par laquelle il doit le premier disparaître dans
les antres familles de Mammifères. Du reste, le pied de
rOurs ressemble beaucoup k celui de l'Homme; offrant de
même sous le bord interne du cou-de-pied un creux assez
bien marqué , et appuyant sur le sol par le talon , le bord
externe du pied et les orteils dans toute leur longueur; le
tont absolument comme chez l'Homme.
Quant aux membres antérieurs , ces animaux sont digiti-
grades comme les Singes ; mais n*ont plus , comme eux et
l'Homme , le pouce séparé et opposable aux autres doigts,
mais placé k côté de ces derniers , quoique déjk sensible-
ment plus court.
Les Plantigrades faisant immédiatement suite aux Qua-
drumanes, les Ours y leur principal type, offrent encore
cette analogie avec ces derniers , que bien que leurs mains
aient déjk des doigts fort courts munis de griffes, et le
pouce non opposable, ils conservent encore la faculté de
saisir les objets avec quelque facilité avec leurs mains ; au-
tant du moins que le comporte la dégradation en organe lo-
comoteur qu'elle a éprouvée.
Quoique les Ours n'aient plus qu'une clavicule entière-
ment rudimentaire, suspendue dans les chairs au bas du
cou , et absolument sans aucune fonction , ces animaux ont
cependant la faculté de pouvoir étreindre très - fortement
les objets en les serrant dans les bras , moyen dont ils
se servent habituellement pour combatre , ou pour grimper
S36 THEOLOGIE DE LA NATURE.
anx arbres , en saisissant leur tronc dans leurs bras vigou-
reux. Ce fait, contraire à l'idée qu'on s'est formée de Tu-
sage des clavicules , prouve qu'on ne connaît pas encore la
vraie loi de relation et de subordination de cet os.
C'est aussi par leur voisinage avec les Singes, mais sur-
tout par l'effet de la forme et de la disposition de leurs pieds
plantigrades , que les Ours conservent la faculté de pouvoir
facilement marcher debout , en prenant assez bien la tour-
nure d'un homme ; et cela même mieux que les Orangs-
outangs , dont le pied est, ainsi qu'on Ta vu plus haut, moins
bien conformé pour la marche bipède.
On trouve aussi dans cet Ordre des PL\NTiGRi.DEs quel-
ques espèces remarquables par leur organisation tout ex-
ceptionnelle :
Le Kinkajou^ dont la queue est prenante comme celle des
Singes sapajous.
Les Taupes^ si extraordinairement organisées pour en
FAmE DES ANIMAUX FOUISSEURS PAR EXCELLENCE , genre de
vie pour lequel les membres antérieurs, excessivement forts,
ont éprouvé une véritable torsion sur eux-mêmes , de ma-
nière que les coudes se trouvent tournés en dessus et en
dehors.
L'os du bras et les mains sont surtout excessivement
larges , indiquant la force que ces animaux si petits em-
ploient pour remuer la terre et la pousser au dehors de bas
en haut.
Un autre animal du même ordre des Plantigrades , re-
marquable par son organisation toute spéciale , est le Hé-
risson , dont le corps , couvert de piquants de deux centi-
mètres de long, dirigés dans tous les sens, au lieu de poils
doux et touffus, trouve dans cette espèce d'armure un moyen
passif de défense contre ses ennemis , qui ne peuvent l'at-
taquer sans se blesser eux-mêmes. Ces nombreuses épines,
très-aiguës, qui ne sont dans le principe que d'énormes
poils fort roides, ne couvrent toutefois que le dessus du
ghàpitrb III. 237
corps, tandis que vers le ventre et sar les pattes, ces
piquants, devenant de plus en plus faibles, finissent par
n'être plus que de simples poils grossiers , il est vrai , mais
très-flexibles, afin de ne pas blesser l'animal lui-même
lorsqu'il se ment ou se trouve couché. Or, le hérisson serait
en conséquence parfaitement attaquable dans ces parties du
corps , malgré les piquants dont il est couvert en dessus ,
si la Providence , qui l'a pourvu de ce moyen de défense ,
ne l'eût pas rendu efficace, en mettant également la
région ventrale du corps k l'abri ; et c'est ce qu'elle a
FAIT EN DONNANT À CE PETIT ANIMAL LA FACULTÉ DE POUVOIR
SE ROULER EN BOULE POUR CACHER CES PARTIES FAIBLES
DE SON CORPS. Or ce moyen, e\le l'a trouvé dans un
NOUVEL EMPLOI qu'elle A FAIT À CE SUJET du graud musclc
peaussier qui revêt tout le tronc des Mammifères quadru-
pèdes; muscle dont il a été question plus haut, en disant
qu'il servait principalement à remuer la peau , soit pour en
chasser les insectes incommodes , soit pour lancer au loin
l'eau qui imprègne le poil. Chez le hérisson, il remplit en
outre la fonction bien plus importante de garantir l'animal
des attaques de ses ennemis. Pour cela, ce muscle prend chez
lui un bien plus grand développement encore que chez les
autres mammifères , s'étendant en avant jusque sur le front
et en arrière jusqu'au bas des cuisses qu'il enveloppe , en
même temps que les bords latéraux , descendant jusqu'aux
eâlés du ventre, sont fort épais, et de là capables d'une très-
grande force. Dans cette disposition, lorsque ce vaste muscle
se contracte, ses extrémités rapprochent les deux bouts
du corps en les repliant vers le ventre, et continuant à se
resserrer, il fronce la peau en cercle en dessous, absolument
comme le font les cordons d'ane bourse, et enferme ainsi la
tête, les quatre membres et la queue dans sa cavité, de ma-
nière que l'animal entier prend la forme d'une boule héris-
sée de toute part de piquants , et k laquelle on ne distingue
rien de ces parties simplement poilues qui se trouvent ainsi
t38 THitOLOCK M LA HATURB.
renfermées; et rammal reste dans celte position tant que
dure le danger qui le menace ; si toutefois le temps D*est pai
trop long, et que la fatigue ne le force pas à se dérouler.
C'est, ainsi que j*ai déjà eu Toecasion de le dire, dans
rORDRB des Carniyorbs, qui suit immédiatement celaî des
Plantigrades ^ en occupant ï peu près le milieu de la clàs»
des Mammifères i que ceux-ci arrivent dans le genre Chat
non-seulement au type des espèces digitigrades, mais aussi
k celui de la Classe entière^ dans ce sens que ces animaux
offrent Torganisation la plus compliquée, et que chaque
partie remplit le plus complètement ses fonctions, k Vexcep-
tion des facultés intellectuelles qui arrivent au*contraire
chez Y Homme au plus haut degré de perfection.
En comparant l'organisation du Chat k celle de ÏHomww,
j'ai déjà fait remarquer avec quelques détails les différentes
modifications que le type des Mammifères éprouvait et
passant de l'un k l'autre ; il me reste k faire ressortir les
particularités que présentent en général les digitigrades des
Ordres des Carnivores , des Marsupiaux et des Rongeurs ,
qui ne diffèrent pas essentiellement sous le rapport des
organes locomoteurs.
Chez les premiers de ces animaux , tons carnassiers , et
par conséquent généralement chasseurs , ainsi qse thee Us
autres , qui , la plupart faibles , ne peuvent échapper k leurs
ennemis que par la fuite , les mouvements ayant dA être
surtout très-prompts, et pour cela le corps léger, le squelette
est d'ordinaire grêle , quoique fort solide par la compacité
des os ; et les apophyses de ces derniers , servant de bras
de levier sur lesquels agissent les muscles , sont d'ordinaire
longues et étroites, afin d'être assez écartées pour ne pas se
rencontrer d'un os k l'autre lorsque ceux-ci se fléchissent;
caractères qu'on trouve parfaitement chez les singes et
beaucoup de |Pl antigrades, ainu que chez tous les Ruin-
NANTS agiles , mais ici toutefois k un degré bien ncundre
que chez les digitigrades.
GfiArrrAÉ nu t89
G'e8l surtout dans le geote Chat^ le parfait modèle
des mammifères sautears, qu'on trouve bien prononcé
le caractère que présentent les apophyses de la colonne
vertébrale d'être dirigées obliquement vers le nœud de
mouvement de cette dernière lorsque Tanimal saute ; carac-
tère qui existe d'ailleurs aussi par la même raison chez
beaucoup de Rongeubs , et certains Marsupiaux , très-bons
sauteurs; mais non dans les Ruminants, tels que les ChamoU
et autres de ia Famille des Antilopes, qui sautent bien avec
une grande facilité, mais en m débandant qw Us membreê
et non la colonne verUln'ale , comme les digitigrades. Aussi
ces animaux ne penvrat*ils guère exécuter de sauts très-
étendus qu'en prenant un élan k la course; sauts dans
lesquels les membres postérieurs agissent presque seuls,
mais ces animaux ne s'élancent jamais de pied ferme
eomme le chat et autres digitigrades , qui débandent en
même temps leur colonne vertébrale.
Dans r€)RDRB des Amphibies , animaux destinés à unm
v» PRESQUE entièrement AQUATIQUE, ot ne Comprenant
qu'un très-petit nombre de genres, tels que celui des
thoquei et des Morses^ ordre qui fait suite à celui des
Carnivorbs , en faisant la transition aux Cétacés , animaux
essentiellement marins , le Créateur , pour passer ainsi de
l'organisation d'espèces purement terrestres et chasseresses
ï celles d'animaux aquatiques , n'a fait que transformer
quelque peu les membres en les aplatissant en larges palettes ,
pour leur faire remplir parfaitement les fonctions de rames ;
e'sst-ihdire que la paire antérieure , tout en conservant dans
lofl ensemble les mêmes parties dans leurs rapports ordi-
naires, a simplement été plus raccourcie et fortement
comprimée ; et les cinq doigts , étendus k côté les uns des
antres, ont été réunis dans toute leur longueur par une
épaisse expansion charnue , donnant h la main entière la
fiMme d'une palette ovale , très^propre à la nage , mais ne
Mrvanl plus que très-imparfaitement k la marche , lorsque
240 THBOLOG» 1» Ul HATUBB.
ces singuliers animaux sortent de la mer pour se reposer sur
la plage.
Le corps de ces animaux étant soutenu dans toute sa
longueur par Teau qui Tentoure , les membres postérieurs ,
composés encore des mêmes parties que ceux des carni*
vores, n'ayant de Ik plus besoin d*étre dirigés en dessous,
ONT ÉTÉ RÉDUITS DANS TOUTE LEUR LONGUEUR, TRÈS- FORTE-
MENT TOURNÉS EN ARRIÈRE ET UNIS LATÉRALEMENT À LA QUEUE
POUR FORMER AVEC ELLE UNE LARGE RAME TERMINALE, faisRUt
k la fois les fonctions de gouvernail ; disposition qui com-
mence ainsi déjk, k partir de Ik, k conduire vers la forme
de poisson que prend plus loin le corps des cétacés. Mais,
du reste, les os de la cuisse et de la jambe conservent leurs
premiers rapports ; et les diverses parties du pied , avec ses
cinq orteils , unis également en une large palette , servent
très-efficacement k la nage.
Enfin, dans TOrdre des Cétacés, la Nature créatrice
ARRIVE AU type LE PLUS PARFAIT DES ANIMAUX AQUATIQUES ; AU-
TANT DU MOINS QUE GELA EST POSSIRLE , SANS SORTIR DU PLAN
d'après lequel ont Été formés les Mammifères , classe^qne
les Cétacés terminent, en formant la transition aux P/esîo-
f aufta €i aut Ichthioiaurus , Reptiles essentiellement na-
geurs dont on ne connaît toutefois que des restes fossiles.
Ici c'est par la suppression complète des membres posté-
rieurs que la principale modification a été opérée , en même
temps que les antérieurs ont eux-mêmes été encore réduits
davantage dans leurs dimensions ; ne devant plus être comme
dans les Poissons que de simples organes accessoires pour
la sage; fonction exécutée principalement, chez les uns
comme chez les autres, par les battements de la queue;
tandis que les membres antérieurs n'agissent principalo-
ment que pour les changements de direction.
Nous venons de voir que , déjk chez les Amphiries , la
queue, confondue avec les membres postérieurs en une
seule nageoire terminale fort grande, agissait efficacement
CHAPITRS III. 241
dans la nage en frappant l'eau dans diverses directions.
Cette fonction de la queue est de là portée dans les Cétacés
il son plus haut degré de perfection possible, devenant,
comme chez les Poissons, non-seulement le principal
moyen de natation pour la translation du corps d'arrière en
avant , mais aussi pour les changements de direction laté-
raux, et même de haut en bas; tandis que les membres
antérieurs, réduits à de petites nageoires latérales, ne
servent guère qu'aux changements de direction de bas en
haut, et à maintenir l'équilibre. Quant aux membres posté-
rieurs , qui , déjà dans les Amphibies , ne forment en com-
mun avec la queue qu'une nageoire terminale , ils ont été
ENTIÈREMENT SUPPRIMÉS commc arrivés k leur dernier degré
de dégradation dans la classe des mammifères , tandis qu'ils
sont remplacés dans leur fonction par la queue, avec
laquelle ils la partagent déjà , pendant que celle-ci a reçu
À cet EFFET LE PLUS GRAND DÉVELOPPEMENT POSSIBLE , afin
qu'elle puisse la remplir à elle seule. Aussi la queue des
Cétacés est-elle à sa base aussi grosse que le tronc auquel elle
fait suite, et diminue ensuite graduellement pour se terminer
en pointe ; le tout rappelant absolument la forme du corps
des Poissons. Pour que cette rame terminale pifissE agir
AVEC PLUS d'efficacité , l'InTELLIGENCE CRÉATRICE 1 A AJOUTÉ
UNE LARGE EXPANSION FIBRO-GRAISSEUSE EN FORME DE DISQUE,
iMPTANT absolument la nageoire caudale des Poissons , dont
il remplit en efiet la fonction , en servant à frapper tme plus
grande masse d'eau, avec cette différence toutefois que cette
lame est horizontale au lieu d'être verticale , comme dans
ces derniers. *
C'est aussi à l'instar des Poissons que plusieurs espèces
de Cétacés portent sur le milieu du dos une nageoire
impaire verticale, mais simplement fibro-graisseuse, et non
soutenue par des rayons osseux comme chez ceux-ci ; na-
geoire, dont la fonction, purement passive, est également de
servir à maintenir l'équilibre du corps. Cet organe , quelque
I. 16
$42 TUKOLOGIK Dl LA HATURS.
pea important ({u'il soit en lui-même, va qu'il manque k plu-
sieurs genres , a toutefois ceci de remarquable , que c'est
UN MOYEU QUE LA NATURE CRÉATBICE A PARTOUT EMPLOYÉ
HANS DES CAS SEMRLABLES , OÙ IL S'EST AGI DE DONNER PLUS
DE FIXITÉ À l'équilibre DES ANIMAUX VERTÉBRÉS ESSENTIEL-
LEIfBNT AQUATIQUES.
Une autre branche de la classe des Mammifères qui se
rattache aux carnivores , comprend successivement plusieurs
autres ordres » et premièrement celui des Marsupiaux dont
il a 4^jà été question , et ensuite ceux des Édentés et des
IfoNOTRÈMES, formsut un rameau latéral de cette branche;
et enfin TOrdre des Rongeurs , dont les genres presque
en totalité n'offrent , ainsi que je l'ai fait remarquer un peu
plus haut, dans leurs organes de locomotion et la forme
gépérale du corps , rien qui leur soit exclusivement propre ;
le caractère distinctif portant plus particulièrement sur la
différence des organes de la hanche, objet dont il sera parlé
^l)eurs.
Dans cette grande série d'animaux, certaines espèces
toutefois se distinguent par des particularités remarquables
^ifs le rapport des formes et des conditions d'existence
en harmonie avec divers organes ou fonctions , dont elles
dépendent directement ou indirectement. C'est ainsi que
les Kanguroos et les Poloroos , de l'ordre des Marsupiaux
ou animaux k bourse , se distinguent d'une manière toute
particulière par l'énorme disproportion des deux paires de
membres locomoteurs; la première, quoique conformée
comme d'ordinaire, étant proportionnellement trop petite
et la postérieure beaucoup trop grande; d'où résulte que
ces animaux éprouvent la plus grande difficulté k marcher
k quatre , et que la course leur est complètement impos-
sible ; aussi leur genre de locomotion ne ressemble en rien
k celui des autres Mammifères, si ce n'est à celui des
GerboUis , qui se trouvent dans les mêmes conditions de
disproportion .
CHAPITRE III.
Les membree postérieurs étant plas de trois fois aussi
longs que les antérieurs dans le Kanguroo.^ et les pieds
surtout proportionnellement beaucoup plus grands qu*2i l'or^
dinaire , ces animaux s*ils s'élevaient sur les extrémités de
leurs pieds , comme les autres Mammifères , le corps serait
presque perpendiculaire sur les membres antérieurs , qui
en porteraient toute la charge , quoique très-faibles ; aussi
la station et la progression n'ont-elles pas lieu comme chez
ces derniers. Lorsque les Kanguroos veulent manger ou
boire , ils se placent bien à quatre ; mais les membres pos-
térieurs sont alors entièrement plies, comme dans l'atti*
iode d'un chien assis ; position déjà très-fatigante, le corps
étant beaucoup trop fléchi en avant sur les cuisses ; aussi
dans l'état ordinaire de sa station , cet animal a-t-il le corps
redressé sur ses membres postérieurs plies , ainsi que je
viens de le dire; et quoique dans cette position la base de
sus -station soit fort grande étant formée comme chez
rbomme par les deux pieds étendus sur le sol ; cette atti-
tude serait devenue très - fatigante par l'effet de la forte
flexion des jambes sur les pieds : aussi le Créateur a-t-il
REMÉDIÉ k ce défaut en donivant à cet amim al BliTâROCLiTB
UNE QUEUE LONGUE ET TRÈS-FORTE sur laquelle il s'appuie
conune sur une troisième jambe.
Pour marcher, le Kanguroo se place k quatre » et appuyant
sa forte queue k terre, il enlève k la fois ses deux membres
postérieurs pour les porter simultanément eu avant, les
pose, et fait ensuite avec les pattes antérieures plusieurs
petits pas pour avancer le corps, en même temps qu'il porte
également la queue en avant, et déplace ensuite de nouveau
les membres postérieurs. Mais , comme on te pense bien , ce
mode de progression ne peut guère être que fort lent; et
lorsque l'animal veut avancer plus rapidement, c'est au
moyen de grands sauts qu'il s'élance, sauts qu'il exécute
par le débandement simultané de ses membres postérieurs
et de sa queue : celle-ci agissaqt k la façon d'un grand
244 THiOLOCIB DR LA HATUU.
ressort, et dans lesquels le bassin loi -même agit en se
mouvant sur la $etde vertèbre dont se compose le sacmm.
C'est ainsi que par une raison qu'il nous est impossible
d'expliquer, la volonté scpréme a voulu que le corps de
ces singuliers animaux fût en quelque sorte composé de
deux moitiés de dimensions disproportionnées; mais on
voit aussi que , s'il en est résulté divers inconvénients pour
certaines fonctions que leur organisme avait à remplir, cette
même volonté sage et réparatrice a également accordé
À CES ANIMAUX la faculté de remplir parfaitement ces fonc-
tions quant au résultat, mais par d'autres moyens que
dans les Mammifères ordinaires : conditions qu'on re-
marque d'ailleurs partout où le Créateur s'est écarté du plan
ordinaire sur lequel il a formé les animaux de chaque
classe.
Dans le même ordre des Marsupiaux , ainsi que dans cdni
des Rongeurs, on trouve également, d'une part, les Pha-
langerê volants, et de l'autre les Polatauches^ qui ayant
de cbaque c6té du tronc un large pli de la peau étendue
entre les deux membres en se prolongeant de part et d'autre
jusqu'au bout de Tavant-bras et de la jambe , en imitant
ainsi , mais incomplètement , ce qui a lieu chez les Chauves"
Souris et les Galéopiihiques ; cette membrane permet \ ces
animaux de sauter facilement d'un arbre à l'autre, en fai-
sant simplement les fonctions de parachute , cette ébauche
de l'aile des Chéiroptères étant trop peu étendue pour per-
mettre un véritable vol.
Plusieurs espèces , telles que les Sarigues et les Phalaf^
gers , parmi les Marsupiaux ; les Cœndous de Tordre des
Rongeurs ; le Tamandua et le FourmUlier à deux doigts , de
celui des Édentés , ont la queue prenante comme les Sapa-
jous , etc. .
Dans l'Ordre des Édentés, on trouve les Tatous , animaux
très-remarquables par la présence d'une vaste carapace for-
mée par une véritable ossification de la peau qui revêt tout le
CHAPITRE III. 245
dessus de leur corps. Or on conçoit que, dans cet état des
téguments , tout mouvement eût été impossible k ces ani -
maux si I'Intelligence suprême , qui a voulu que ces
ÊTRES DÉPOURVUS DE TOUTE ESPÈCE d' ARMES TROUVASSENT DU
MOINS UN ARRI SOUS LEURS TÉGUMENTS OSSIFIÉS , n'avait paS CU
même temps prévenu cet inconvénient en divisant cette cui-
rasse en plusieurs parties capables de permettre tous les mou-
vements nécessaires au genre de vie auquel elle a destiné ces
animaux ; et c'est en effet ce qui existe ici. Une première pla-
que recouvre le dessus de la tète ; une seconde , très-étendue ,
formant un grand bouclier, revêt en dessus toute la partie
antérieure du tronc ; une troisième , le dessus de la croupe ;
et entre ces deux derniers se trouvent , selon les espèces ,
de trois à douze bandes transversales parallèles remplissant
leur intervalle ; et souvent encore la queue elle-même est
écailleuse. Toutes ces pièces sont ensuite unies entre elles
par de petits espaces ob les téguments sont restés mous
et flexibles , afin de ' permettre k Tanimal de se mouvoir
avec facilité. L'une des espèces, le Tatou apara^ a même
la faculté de se rouler en boule comme le hérisson, en
enfermant de même sa tête et ses membres dans sa cui-
rasse.
C'est ainsi que, dans cette espèce, la fonction de cette
cuirasse arrive k l'état typique de sa fonction , tandis que
dans les autres, la fonction n'est encore qu'imparfaite dans
sa gradation ascendante.
Ces mêmes animaux vivant d'ordinaire sous terre, où ils
se creusent des terriers, présentent aussi, a cet effet, tous
les caractères des animaux essentiellement fouisseurs ; c'est-
k-diredes pattes antérieures robustes, armées d'ongles très-
grands, mais peu crochus : la forme la mieux appropriée
A CET usage.
Dans I'Ordre des Pachydermesy qui fait suite k celui des
Rongeurs^ ordre peu naturel dans lequel on a placé tous les
Mammifères que des caractères négatifs excluaient des
S46 mioLOGiB db la nature.
autres , on trouve en conséquence réunis, des genres eitrè^
mement différents, sans aucun caractère commun, pas même
celui exprimé par le nom qu'on leur a donné (1) , tous
n*ayant pas la peau épaisse, surtout le Cheval^ qu*on y place
avec raison.
Ce sont toutefois des animaux, la plupart très-grands et
lourds , ayant d'ordinaire la peau épaisse et dure ; dont les
pieds faisant, par leur conformation, la transition de ceux
des mammifères digitigrades h ceux des mammifères un-
guligrades , qui n'appuient plus sur le sol que par la der-
nière phalange des doigts et des orteils ; de manière que ,
parmi les Pachydermes , on trouve les différences les plus
grandes dans la composition de ces extrémités. Chez les
Éléphants, animaux qui sous plusieurs rapports ont de Fana-
logie avec les Rongeurs, il existe encore cinq doigts et autant
d'orteils bien complets; mais dans Tun et l'autre membre,
ils sont confondus en une seule massQ, où les ongles, petits
et arrondis, indiquent seuls leur présence au dehors. Cette
masse, formée en dessous par la pelotine et la pelote con-
fondues, constitue un grand coussin fibro-graisseux sur le-
quel l'animal s'appuie ; et aux pieds, ce coussin s'étend même
sous le métatarse jusqu'auprès du talon ; de manière que
l'animal, qui tient le pied k moitié fléchi, en appuyant dessus,
est réellement plantigrade.
Dans Y Hippopotame , qui est entièrement digitigrade , il
n'existe que quatre doigts et autant d'orteils, mais égale-
ment confondus jusqu'auprès de leur extrémité, où ils sont
de même armés chacun d'un ongle arrondi , en forme de
petit sabot de cheval, et postérieurement confondus de
même dans une grosse masse commune, représentant la pe-
lote et les pelotines.
Chez les Rhinocéros^ aussi tout à fait digitigrades, lés
doigts et les orteils, également confondus, se terminent de
(1) Formé du grccpac/iy, épais j cl de dcnmx, peau.
CHAPITRE ni. 241
même par de petits sabots arrondis ; mais enfin ies Tapirs ,
qui ont quatre doigts et trois orteils garnis de sabots, n'ap->
puient plus sur le sol que par la dernière phalange , et soni
de Ik déjà ce qu'on appelle unguUgrades , comme les Che-
vatuD et les Ruminants,
Il en est de même des Cochons et genres voisins , qui
ont quatre doigts et quatre orteils , mais dont de part et
d'autre, les deux moyens appuient seuls a terre, en même
temps que les sabots , tout en enveloppant entièrement la
dernière phalange , sont toutefois pointus , comme dans les
Ruminants. De manière que, pas même la forme des sa-
bots ne constitue un caractère général de cet ordre de
Mammifères, dont un petit nombre seulement est réellement
onguligrade; et c*est cependant dans le genre du Cheval^
appartenant k ce même ordre, ^erintelligence créatrice
est arrivée non-seulement au véritable type des mammifères
onguligrades, mais en même temps k celui des plus parfaits
marcheurs et stationneurs. Aussi le Cheval offre-t-il, par
l'élégante harmonie de ses proportions,, l'un des plus beaux
modèles de Torganisation des Mammifères.
Le Cheval se trouvant en principe dans les mêmes coindi-
tiens de statique que les mammifères digitigrades , le corps
offre également dans sa colonne vertébrale les mêmes cour-
bures que chez ces derniers ; les inflexions , sont seulement
moins prononcées, vu que cet animal, destiné au régime ded
végétaux , n'avait de Ik pas besoin de jouir d'une aussi grande
agilité de mouvements que les mammifères chasseurs ou sau-
teurs ; d'où la colonne rachidienne pouvait être en consé-
quence, non-seulement moins flexible , mais devait même
OFFRIR UNE MOINDRE SOUPLESSE POUR DONNER À CET ANUfAL
PLUS DE FIXITÉ DANS LA STATION ET LA MARCHE , OÙ UUC partie
du poids du corps est nécessairement soutenue par les efforts
incessants de la contraction volontaire des muscles. En
effet , la courbure du dos et des lombes est assez peu pro-
noncée, mais les vertèbres sont plus solidement réunies, et
S48 TfliOLOGIB DS LA hattbe.
de Ik beaucoup moins mobiles. Pour cela, les apophyses
épineuses sont larges , verticales , et plus élevées que dans
les digitigrades , surtout celles des vertèbres dorsales anté-
rieures, dont la grande saillie forme sur le cheval cette émi-
nence nommée le garrot ^ qui paraît précisément si élevée
parce que Tare dorsal du rachis plonge moins fortement en
dessous que chez les carnivores, où il est cependant presque
aussi fortement prononcé. Cette grande longueur des pre-
mières apophyses épineuses dorsales a, ainsi que je Tai fait
remarquer déjà plus avant , pour but d'offrir, chez les car-
nivores , de longs bras de levier aux muscles très-puis*
sants qui relèvent la tête , aûn de donner & ces animaux ,
non -seulement la faculté de combattre avec facilité, mais
aussi la force nécessaire pour porter leur proie dans leurs
dents.
Chez le Cheval , les mêmes apophyses ont cependant dû
être également fort longues , pour offrir de grands bras de
levier au puissant ligament cervical élastique destiné k tenir
la tête élevée, k l'extrémité du long cou de ces animaux ; et
cela précisément par Ik même que, moins souples que les car-
nivores, ces animaux n'ont pas la faculté d'abaisser assez
leur corps sur les membres antérieurs pour atteindre avec
leur bouche k terre ; circonstance qui exigeait que le cou fût
plus long qu'il ne Test chez les carnivores et autres digiti-
grades. Cette circonstance dans laquelle se trouvent égale-
ment les Ruminants , a voulu que chez tous ces animaux
le ligament cervical qui maintient la tête relevée, trouvât
dans les premières apophyses épineuses du thorax des le-
viers assez longs pour lui donner la force dont il a besoin k
cet effet.
Or si le ligament cervical s'étebdait uniquement entre le
thorax et la tête , sa constante traction tendrait k faire ar-
quer le cou en dessus , ce qui raccourcirait ce dernier sans
relever de beaucoup la tête; mais cet effet fut prévenu,
ICI PAR LA FORME Qu'a REÇUE LE LIGAMENT CERVICAL , dout
CHARTRE III. 249
le principal tronc , placé le long de la région postérieure
da cou , envoie des branches k toutes les apophyses de ce
dernier, afin de maintenir ces os à peu près sur une ligne
droite.
Le Gheyal devant également avoir une grande fixité dans
ses membres antérieurs , sans qu'ils ne perdent rien de la
facilité, toutefois fort limitée, de se porter en avant et en
arrière , seule direction dans laquelle ils ont à se mouvoir
dans la marche et la course , l'omoplate n'avait pas besoin
de jouir de la faculté de se déplacer beaucoup , surtout en se
portant de bas en haut , ou de tourner fortement sur son
centre, mouvements qui donnent en grande partie aux Carni-
vores la facilité de s'abaisser en avant, au point de pouvoir
appuyer la poitrine sur le sol ; mais elle devait, tout en con-
servant encore chez les chevaux une certaine souplesse de
mouvements d'arrière en avant , jouir d'une grande fixité de
bas en haut, afin de présenter un ferme point d'appui au bras.
Or, pour cela , elle est proportionnellement plus petite que
dans les Carnivores, n'atteignant pas même le bord supérieur
da garrot au lieu de le dépasser de beaucoup comme chez ces
derniers, et se trouve en même temps plus fortement serrée
contre le thorax; c'est-k-dire que précisément par cela
même que l'omoplate ne dépasse pas le garrot, le muscle
grand-dentelé, par lequel le corps est suspendu à l'omo-
plate comme par une large sangle, lui permet bien moins de
mobilité, et les muscles rhomboïdes, ainsi que les diverses
parties répondant au muscle cucuUaire de l'homme, serrent
plus fortement l'omoplate contre le thorax que si cet os
s'élevait au-dessus de la colonne vertébrale , où plusieurs de
ces muscles , et surtout le premier, perdent presque toute
leur force. C'est ainsi que dans le Cheval , le muscle grand-
dentelé tire fortement l'omoplate en bas pendant que le
rhomboïde , avec les cucuUaires , la portent en haut , et
agissant ensemble la tiennent plus ou moins fixe.
Les Chevaux , ainsi que les Ruminants et autres unguli-
250 THXOLOGll DB LA NATURE.
grades, n'ayant pas de monvements laiéraui étendus à exé-
cuter avec force , précision et agilité avec leurs membres , ib
manquent tous de clavicule qui règle et détermine ces mou-
vements. Cependant , comme le type de Mammifères reste
toujours le même , les divers muscles qui , dans les espèces
claviculées , s'insèrent k cet os , ne disparaissent pas pour
cela chez celles où ces os manquent, mais s*y trouvent tou-
tefois nécessairement dans d'autres conditions ; et c'est en-
core à ce sujet que se présente ici un exemple de ces
SAVANTS EMPLOIS D* ORGANES OD DE FACULTÉS , QUI , DEVENUS
INUTILES f SONT EMPLOYÉS À D'aUTRES FONCTIONS DEVENUES
PLUS IMPORTANTES.
Par cela même que la clavicule a disparu chez les Chevaux,
les analogues des muscles, qui s'y insèrent dans l'homme,
ne trouvant plus cet os , se continuent naturellement avec
ceux qui leur sont opposés; c'est-k-dire que, d'une part, le
muscle Clèido-mastoidien ^ qui, dans l'homme, s'attache en
haut h l'apophyse mastoîde, grosse saillie osseuse placée
immédiatement derrière l'oreille , et , en bas , au bord supé-
rieur de la clavicule; et, d'autre part, le muscle Delto^
claviculaire f qui se flxe inférieurement k l'os du bras,
monte de Ik pour implanter ses fibres au bord inférieur de la
clavicule; ces deux muscles, se faisant ainsi suite par
l'interposition de la clavicule, n'en forment plus qu'un seul,
très-large et fort, dans le Cheval^ allant du bras k la partie
postérieure de la tête.
Dans V Homme , le premier sert k faire fléchir la tête en
avant, et le second à élever le bras en avant; et dans le
Cheval , le muscle commun , dune longueur très-considé-
rable, contribue beaucoup à abaisser la tête lorsque l'animal
patt ; tandis qu'en prenant au contraire son point fixe sur la
tête, maintenue immobile par l'effet de la roideurdu cou
redressé, il agit efTicacement sur le bras, dont il devient un
puissant prétracteur. C*est cette nouvelle fonction que
prennent ces deux muscles réunis qui fait que les chevaux
CHAPITRE 111. ^51
qai courent en liberté tiennent la tête fortement relevée,
pour tendre ce muscle, afin de le faire agir avec plus de
force et de précision sur le membre antérieur, dont les
mouvements doivent être bien assurés. La simple tension
de ce même muscle, tirant le bras en avant, produit déjh
en partie le redressement du corps sur ses membres anté-
rieurs; et, en même temps, la tension des muscles anta-
gonistes, c'est-k-dire du long et puissant Triceps -moyen,
un des principaux extenseurs de Tavant-bras , dont Taction
devient également plus énergique et plus précise. On voit
ainsi , par cet enchaînement de muscles si différents et si
éloignés, quel savant moyen mécanique le Créateur a
EMPLOYÉ ICI POUR ASSURER LA MARCHE, ET SURTOUT LA
COURSE, BIEN PLUS PÉRILLEUSE ENCORE DE CES ANIMAUX;
mécanisme par lequel les muscles releveurs de la tête,
placés derrière le cou , agissent efficacement dans les mou-
vements de progression rapide ; et Ton conçoit de là aussi
pourquoi les chevaux, qui marchent la tête basse, bronchent
si facilement, par l'effet de l'incertitude des mouvements de
leurs membres antérieurs; enfin on y trouve la raison pour
laquelle le cavalier tient son cheval court en bride, pour lui
faire relever la tête lorsque le chemin est difficile ; et la plu-
part des personnes qui ne connaissent pas cette particularité
de l'organisation du cheval , emploient ce moyen qu'on leur
a indiqué, sans savoir pourquoi.
Le mouvement du bras sur l'épaule devant être très-
précis dans la direction d'arrière en avant , où le membre
doit agir avec une grande liberté ; tandis que les mouve-
ments latéraux n'ont pas besoin d'être fort étendus ; si ce
n'est un peu en dedans , lorsqu'il s'agit de transporter à
chaque pas le poids du corps sur celui des membres qui pose
^ terre, il n^était de Ik pas nécessaire que la tête articulaire
de Fos du bras fût fort large transversalement ; et les liga-
ments qui unissent latéralement cet os h l'omoplate de-
vaient ÊTRE ET SONT EN EFFET PEU LACHES, AFIN DE NE PAS
28S Tmioi.oGiB db là nature.
SE PRÊTER FACILEMENT AUX LUXATIONS , Rocidenls d^aîllears
empêchés 9 d'une part» par une forte saillie de Tos du bras,
ou Trochiter^ placé en dehors de sa tête articulaire ^ saillie
.qui, tout en empêchant cet os de se trop déplacer en dedans,
sert en outre à former un plus long bras de levier aux muscles
abducteurs du bras, qui ont principalement k soutenir le
poids du corps lorsque l'animal pose sur ce membre anté-
rieur seul. Quant k la luxation du bras en dehors, elle est
rendue très-difficile par la grande puissance des muscles pec-
toraux qui maintiennent ce dernier rapproché de la poitrine ;
et, d'ailleurs, le bras très-court, et fortement dirigé en ar-
rière, est entièrement contenu dans les muscles du poitraiL
La main ne devant plus servir d'aucune façon à la pré-
hension , les mouvements latéraux des deux os de l'avant-
bras étant devenus de Ik inutiles et même dangereux, en
donnant sans utilité au carpe un mouvement vers les côtés
qui pourrait devenir trop facilement une cause de luxa-
tion , ces mouvements ont dû être évités ; et le veilleur
MOYEN de les EMPÊCHER était dc soudcr les deux os ensemble ;
CE QUI EN EFFET FUT FAIT CHEZ LES ChwaUX Ct leS RUMI-
NANTS , en même temps que les muscles qui produisent les
mouvements de pronation et de supination ont été sup-
primés.
La Palmure de la main , réduite par la dégradation pro-
gressive qu'elle a suivie k travers toute la Classe des Mam-
mifères , n'est plus formée au Carpe du Chevai , que de
sept osselets, au lieu de huit qu'il y a dans l'Homme, le
plus interne de la seconde rangée ayant disparu ; et le Jlfê-
tacarpe ne comprend plus qu'un seul os parfait nommé le
Canon , portant un doigt , et deux rudiments cachés dans les
chairs ; mais le métacarpien portant le doigt a été rendu
proportionnellement beaucoup plus grand que dans les
Mammifères digitigrades, afin d'être assez fort pour
soutenir i LUI seul tout le poids du corps; et, pour
PLUS DE SOLIDITÉ DE LA MAIN , LES MOUVEMENTS DE CELLE-CI
CHAPITRX III. 2S3
SOirr ÉGALEMENT RÉDUITS À LA FLEXION EN AVANT ET EN
ARRIÈRE, LA SEULE NÉCESSAIRE À CES ANIMAUX; EN MÊME
TEMPS QUE l'extension NE VA PAS AU DELÀ DE LA DIRECTION
DROITE , ee qui serait une antre cause de faiblesse pour le
membre ; degré d'extension prévenu d'une part, par la forme
de Tarticnlation du poignet , et , de l'aotre , par la saillie
assez forte de Tos pisiforme, formant le pilier au sommet
daquel est fixé le principal fléchisseur de la main.
Chez les Ruminants les choses sont à peu près les mêmes ,
ces animaux se trouvant pour les facultés locomotrices dans
le même cas que les Chevaux , avec cette différence qu'ayant
encore deux doigts, et en conséquence deux os métacar-
piens » ceux-ci sont toutefois soudés en une seule pièce imi-
tant le Canon des Chevaux pour la grandeur, la force et la
disposition , sa fonction étant déjà la même.
Le seul doigt qui reste dans le Cheval et les deux des Ru-
minants, sont toujours composés de trois Phalanges^ comme
dans tous les Mammifères , mais toutefois obliquement di-
rigés en bas et en avant, pour n'appuyer sur le sol que
par la dernière phalange , entièrement enveloppée par tout
Sabot.
Quoique cette disposition des phalanges soit en apparence
très-favorable k la luxation , toute la charge du corps portant
par là II faux sur le sol , elle était toutefois NÉCEssAms
POUa DONNER AU MEMBRE l'ÉLASTICTTÉ DONT IL A BESOIN POUR
ABOUCm LES CHOCS QUE l' ANIMAL RESSENTmATT CHAQUE FOIS
QUE DANS LA MARCHE , ET SURTOUT DANS LE GALOP, IL VIENT
i TOMBER SUR SES MEMBRES ANTÉRIEURS ; MAIS AUSSI TOUTES
LES PRÉCAUTIONS ONT ÉTÉ PRISES POUR EMPÊCHER LE FACHEUX
ACCIDENT DE l'entorse, et ccla d'une part, par la disposi-
tion et la force des ligaments qui unissent ces os , et de
l'antre, parla puissance des tendons fléchisseurs des doigts,
qui s'opposent les uns et les autres à la trop grande exten-
sion de ces derniers.
Les MéMreè poêUrieurs des Chevaux ont également été
vu THBOLOGIB OB tk MATURB.
l'oBIBT DB HOPIFIC^TIONS analogues POUB BM FAIRB VBA
INSTRUMBNTS PABFAITS POUR LA STATION BT LA MARGIIB. Le
bassin est , k cet effet surtout , fort grand en avant et eo
arrière de l'articulation de la cuisse , afin d'offirir de vastes
attaches aux puissants muscles extenseurs et fléchisseurs de
cette dernière, tandis qu'il est très-peu large; vu que les
muscles abducteurs de la caisse qui s'attachent k la partie
moyenne du bassin sont assez faibles , n'ayant pas de grands
mouvements à produire; et la cuisse ne devant jamais s'é-
carter fortement en dehors , se trouve, k cet effet» tellement
prise dans les muscles des flancs et sous les téguments de
cette région du corps, que tout mouvement en dehors est
impossible.
Le Pied du Cheval et des Ruminants , plus dégradé que
chez les digitigrades , diffère de celui de ces derniers en ce
qu'il ne présente également plus qu'un seul os MéiaiarsieH
complet dans le premier, portant un seul ortâl , avec deux
métatarsiens rudimentaires sans doigts ; et chez les Rumi-
nants , deux métatarsiens complets soudés dans toute leur
longueur, ayant chacun un orteil; et les rudiments des
deux autres os du métatarse ont des rudiments de deux
autres orteils : encore ceux-ci manquent-ils dans la Girafe ,
et cela aux quatre membres.
Le Tarse , suivant les modifications qu'ont éprouvées les
orteils et le métatarse auxquels il est soumis, se compose
encore de deux rangées d'os, la première composée de
Y Astragale^ du Calcanéum , du ScaphcUde et du Cuboide ,
comme dans les Mammifères digitigrades, ces os étant
moins influencés que ceux de la seconde rangée portant
les Métatarsiens. Cette seconde partie du tarse est formée de
deux cunéiformes ; seulement un interne très-petit prêt k
disparaître , portant le rudiment d'un métatarsien ; et le se-
cond est le représentant du troisième cunéiforme de l'homme,
devenu très-large, portant l'os du canon.
J'ai dit plus haut que c'était dans le genre Cheval que le
cHAPiTRif m, 255
système organique des Mampiifères arrivait au type des
Mammifères essentiellement quadrupèdes^ marcheurs et sta-
Honneurs; e^est-ii-dire que ces animaux présentent le moins
possible de causes de fatigue et même de luxation dans leurs
membres. Ce degré éminent de perfection ne dépend cepen-
dant pas uniquement de la transformation que les Membres
ont graduellement éprouvée à travers toute la classe des Mam-
mifères, en devenant, dans la première paire, d*organes pré-
henseurs, organes exclusivement locomoteurs; et en passant,
dans la seconde , de la forme typique de Membres de loco-
motion bipède à celle de Membres essentiellement propres
il la mardie quadrupède ; mais elle est aussi , en grande
partie, due k la parfaite harmonie qui existe chez ces élé-
gants animaux, entre toutes les parties qui constituent leur
corps. Eu effet, toutes les forces dynamiques qui agissent
dans la station , se faisant k peu près équilibre , il en résulte
que les Chevaux ont le moins d'effort musculaire volon-
taire k employer pour demeurer debout sans se fatiguer.
Cet iQuUiiBRE de force est véme calculé avec une si
ADimUBLS PRÉCISION DANS LE CbEVAL , QUE LA LONGUEUR
ET LA DmfiCTION DES NOMBREUX OS ET DE LEURS APOPHYSES
FAISAUT LEVIERS, SONT COMBINÉS AVEC LES FORCES MUSCU-
LAUIBS AGISSANT PASSIVEMENT SUR EUX PAR L'EFFET î>& LA
CONTRACTION INVOLONTAIRE CONSTANTE DE CHACUN DE CES OR-
CANES QUE , DANS TOUT l'ENSEMBLE DE L* ORGANISME SI GOMPLI-
ftUÉ, IL EN RÉSULTE l'ÉQUILIBRE LE PLUS PARFAIT. C'OSt aU
point que , gâdéralement , les Chevaux dorment non-seule-
ment debout, comme tout le monde sait, en perdant la
conscience de leur être, sans tomber ; mais que bien plus, un
irand nombre de ces animaux ne se couchent même ja-
i&ais (1) ; restant ain^i toute leur vie debout sans se fatiguer
(I) i'ai consulté à ce sujet M. HuzàRD^ directeur général des haras de
France, l'homme qui connaissait le mieux les chevaux, tant sous le rapport
•natomique et physiologique , que sous celui de leurs races et de^ leur uUlité.
tl me dit que certains cheraux , sans dtetteetiôiif de races et d'âge , ne se cou-
256 TïïtOVKJK Dl LA. NATURB.
assez pour éprouver le besoin d'étendre lenr corps directe-
ment sur le sol ; quand même les efforts qu'ils ont été
obligés de faire dans le travail auquel on les oblige contrai-
rement k leur condition naturelle primitive , ont en grande
partie épuisé leur force. G'est-^-dire que chez ces individus
cette parfaite harmonie de toutes les forces dynamiques n'est
pas même détruite par la fatigue du travail , où tous les or-
ganes paraissent également affaiblis , et continuent à se faire
constamment équilibre.
On doit nécessairement conclure de cette remarquable fa-
culté pour certains individus de la race chevaline de n'avoir
pas besoin de se coucher pour se reposer , même après de
fortes fatigues , qu'il existe chez eux seulement le plus par-
fait équilibre entre toutes les forces dynamiques passives qui
agissent sur leur corps dans l'état de station ; d'où ils n*ont
aucun effort volontaire k produire pour se maintenir debout ;
c'est-à-dire que cet équilibre parfait doit surtout avoir lieu
entre les muscles fléchisseurs des diverses parties des
membres, et les extenseurs leurs antagonistes. En d'autres
termes , la longueur et la direction de chaque organe faisant
levier et la force des ligaments tant rigides qu'élastiques ,
sont si parfaitement calculés pour les effets qu'ils doivent
produire avec le concours de la contraction passive (invo-
lontaire) des muscles, qu'il en résulte un équilibre presque
complet entre les forces antagonistes , et que l'animal peut
par Ik se maintenir debout en ne faisant qu'un très-l^er
effort volontaire avec ses muscles , pour complément de la
force trop faible dans chaque partie.
Nous n'avons pris en considération jusqu'ici que les or-
ganes du mouvement des seuls Mammifères , en n'indiquant
pour cette première classe des Animaux vertébrés ou à
squelette osseux, que les faits anatomiques les plus saillants,
afin de faire ressortir ce qu'il y a de savant et d'admirable
obaient Jamais ; c'esi-A-dlie qu*on ne Ui voyait jamais eowhés; tandis qoe
d'autres se couclient tous les Jours.
CHAPITRE III. 257
dans l'organisme de ces Êtres, où Tobservation confirme
ayec la plus parfaite évidence ce principe fondamental, qne
toutes les formes et les dispositions diverses que présentent
les organes jusque dans leurs plus minutieux détails, ne
sauraient être que les effets d'une volonté suprême créa-
trice QUI À TOUT AINSI ORDONNÉ ; c'cst-h dire celle d'un ÊTRE
SUPRÊME, que nous nommons DIEU ou L'ÉTERNEL;
principe dont la vérité se trouve ensuite également démon-
trée avec la même certitude, par l'organisation des animaux
de toutes les autres classes, des quatre grands embranche-
ments du Règne animal, auxquelles je continuerai d'étendre
mes remarques.
Si Ton admettait qu'un homme d'un génie supérieur ait
la faculté de pouvoir créer k volonté , par la simple pensée ,
tout ce qu'il peut concevoir, et qu'il voulût transformer le
type des Mammifères en celui d'un animal volant, parfait
voilier, capable de soutenir longtemps un vol rapide , il se-
rait conduit, de conséquence en conséquence , k former né-
cessairement un Oiseau tel que nous les connaissons; quand
même ces animaux ne lui seraient pas connus , tant, jus-
qu'aux plus minutieux DÉTAILS , TOUT EST PARFAITEMENT SA-
VANT ET RIGOUREUSEMENT CALCULÉ ET COMBINÉ DANS LA COMPO-
SITION DE LEUR CORPS POUR LA FACULTÉ DE VOLER , FACULTÉ
QUI CONSTITUE LA CAUSE FINALE DE TOUT LEUR ORGANISME ; ET
c'est, en EFFET, CE QUE l'ÉtRE SuPRÉME A FAIT EN CRÉANT
CES REMARQUABLES ANIMAUX, OÙ la fouctiou du vol arrivé au
summum de la perfection.
Déjà , en formant les CnÉmoPTÈREs, Tlntelligence divine
a, autant que possible, résolu cet important problème, sans
sortir même des conditions spéciales dans lesquelles elle a
placé les Mammifères , classe à laquelle ces animaux appar-
tiennent. Mais aussi , par cela même que ces conditions ne
permettaient pas de les transformer en parfaits voiliers ca-
pables d'un vol rapide et longtemps soutenu , les Chéirop-
tères ne purent être que des volatiles fort imparfaits , chez
L 17
Vi% THiOLOaS Dl LA IfATCRI.
lesquels le vol a lieu , ainsi que noas TaYona déjk va ,
moyen d'aile^ membraneuses, soutenues par les quatre
membres; tandis que, chez les Oiseaux, cette fonction est
exécutée par la première paire seulement, et le mouvement
dirigé par la queue , Tune et l'autre organisées de façon à as-
surer le maintien de cette importante fonction , malgré dM
accidents plus ou moins graves qui peuvent altérer Tintégritë
de ces ailes; accidents dont le fàcbeux effet n*est d'ordinaire
que temporaire chez les Oiseaux, tandis qu'il est définitif
pour les Chéiroptères, dont la membrane aliforme, une fois
en partie détruite, ne saurait plus se rétablir.
C'est également ainsi que le Créateur n'a fait que modifier
le type des Reptiles sauriens , dont il sera parlé plus tard ,
pour faire dans les PUrodaciylun des animaux volants , dont
les restes fossiles , aujourd'hui seuls connus , indiquent que
qe genre antédiluvien était pourvu d'ailes assez semblables k
celles des chauves-souris.
Enfln le Créateur a montré, dans les EœoeêU et les Prtb-
dénies , que même le type des Poissons a pu être modifié au
point de permettre h certains de ces animaux de s'élance
dans les airs, par l'effet d*un véritable vol , exécuté mémo,
comme dans les Oiseaux, exclusivement par les membres
antérieurs.
Comme il était toutefois impossible de borner les faealtës
locomotrices des Oiseux exclusivement au vol , ainsi qu'elles
le sont pour la nage chez les Poissons, rinlelligonce suprême
a dû accorder aux premiers les moyens de pouvoir se main-
tenir en station , de marcher et même de courir pendant un
certain temps , selon les conditions spéciales dans lesquelles
elles placé chaque espèce relativement k ses mœurs.
Or, comme Tingénieux emploi des plumes a permis de
faire servir exclusivement les membres antérieurs à la fonc-
tion du vol , le Créateur a conservé aux postérieurs la faculté
locomotrice qu'ils ont chez les Mammifères , en ue les mo-
difiant qu'autant qu'il l'a fallu pour les rendre proprea k
Ç^PITRK III. J$9
la marche iHpède, et même k la nage et k la préhension «
Noos ayons tu que, ebez les Chéiroptères, les quatre
membres concouraient à ]^ fois à deux fonctions princi-*
pales , la marche et le vol , mais aussi qu'ils ne sont parfai-
tement propres ni k la première comme chez les autres
Mammifères, ni à 1^ seconde , comme dans les Oiseaux.
Un Oiseau qui gérait égalemept habile au vol et k la
marche, et pourrait de |k être plus particulièrement consi-
déré comme le type de la Classe , 30US le rapport de ces
deux fonctions, devrait, en conséquence, présenter, dans
les diverse^ parties de son corps , ^^^ struoture à la fois fa-
▼orable à Tune e( k Taplre. Mais cet apimal n'existe réelle-
itoeot P4S, quoique cel^ q'ait rien d'impossible, ces deux
fonctions étant remp)M# V^^ deux appareils entièrement
difTérents*
Ces animaux devant, aipsi que je l'ai fait remarquer,
marcher exclusivement sur leurs extrémités postérieures, et
voler avec les anléneures, il semble, au premier abord,
qu'ils auraient pu se tenir debout dans l'attitude bipède de
l'homme , en offrant d^ns la partie postérieure du corps une
organisation semblable à la sienne , et qqe les bras , trans-
formés en ailes, auraient pu conserver également une dispo-
sition analogue à cel|e qu'ils affectent dans l'espèce humaine,
en ^ mouvant simplement daqs un plan presque vertical,
pour produire le vol , ainsi que les oiseaux le font en effet.
Mais fsette disposition eût offert de graves inconvénients sans
le moindre avantage pour la locomotion. Le corps conservant
dans le vol sa position redressée, eût présenté une trop grande
surface au courant d'air qui s'établit d'avant en arrière, par
le mouvement de translation en sens contraire. Les ailes ,
quelles qu'elles eussent été, devant avoir dans le vol leur
disque à peu près horizontal , ainsi qu'on le verra plus tard ,
et se trouvant repliées dans le repos contre les flancs , afin
de ne pas gêner les autres mouvements, et ne pas être
elles-mêmes exposées k pue foule d'accidents , l'oiseau eût
260 TBéOLOGlB DK LA RATURK.
été obligé , en les étendant , de leur faire exécuter un quart
de tour de rotation dans l'articulaUon de Tépaule , afin de
les amener kla position horizontale, et de les maintenir dans
cette disposition pendant toute la durée du vol , par TefiTet de
si fortes contractions incessantes des muscles , qu'il serait
bientôt devenu impossible de les continuer. Enfin il n'y a
point, dans le système organique des animaux vertébrés , des
muscles abaisseurs et releveurs des membres antérieurs ,
agissant dans la direction voulue pour ce genre de vol, à
moins de combiner, pour le premier de ces mouvements ,
les actions des Pectoraux et du Grand-dorsal , muscles qui
eussent, par l'obliquité de leurs directions, perdu plus de
la moitié de leur force; et, pour l'élévation de Taîle, les
muscles Deltoïdes qui devraient la produire sont encore plus
favorablement disposés; tandis que l'action du vol exige des
muscles d*une puissance prodigieuse.
Pour éviter ces grands inconvénients, il a en conséquence
fallu, pour seconde condition, que le corps fût, du moins
pendant le vol , dans une position plus ou moins horizon-
tale, afin de u^éprouver la résistance de Tair que par son
extrémité antérieure, dont la surface est beaucoup plus pe-
tite , en même temps qu'elle a été conformée de manière
que les courants latéraux de Tair n'aient qu'une faible prise
sur elle. Enfin la tête , plus ou moins petite , se terminant en
avant par le Bec , la forme anguleuse ou conique de ce der-
nier, fait qu*elle fend aisément l'air, et se continue chez la
plupart des espèces, surtout dans les meilleurs voiliers, en
formant avec le cou un même cône sur lequel l'air glisse
facilement.
Il semble aussi , au premier aperçu , que les Oiseaux au-
raient pu marcher debout , et tenir leur corps horizontal
dans le vol , ainsi que cela en effet a lieu dans certaines
espèces , telles que les Chribes ; mais outre que cette condi-
tion offre déjk, chez ces derniers Oiseaux, de grands désa-
vantages pour la marche , et surtout pour la course , à peu
GHAPITRE III. 26i
près impossible chez eux , TattiCude verticale de leur corps
diflere beaucoup de celle de rbomme , par la position que
preuneut les diverses parties des membres : disposition
qui , dans l'espèce bumaine, est la plus défavorable au vol.
En effet, si les extrémités postérieures étaient conformées
et placées comme dans Tbomme, le corps en prenant dans
le vol une disposition borizontale , le poids considérable de
ces membres eût porté le centre de gravité de l'oiseau forte-
ment en arrière , tandis qu'il doit se trouver dans le plan
vertical passant par les deux centres de force des deux ailes ;
d'où il aurait fallu que ces derniers membres se trouvassent
bien plus en arrière qu'ils ne le sont ; nouvelle situation qui
aurait fortement modifié les rapports des parties, compara-
tivement à ce qui existe cbez les Mammifères; en même-
temps qu'elle aurait fait avancer considérablement l'extré-
mité antérieure du tronc ; ce qui serait devenu un nouvel
inconvénient pour la facilité du vol ; en formant de. cette
portion du corps un long bras de levier, sur lequel le moindre
courant latéral d'air eût agi fort défavorablement sur la di-
rection d'arrière en avant que Toiseau aurait voulu prendre.
Restait donc la condition où le corps de l'oiseau est k l'état
de marche , aussi bien qu'à l'état de vol , dans une position
plus ou moins horizontale , ainsi que le Créateur l'a fin
KFPET ÉTABLI, PAR SON OMNISCIENGB, ChCZ la plupart deS
espèces, et surtout chez celles qui marchent et volent le
mieux.
Pour cela, le tronc des Oiseaux (PI. II, flg. S) est
GÉNÉRALEMENT COURT, AFIN QUE LES DEUX PAIRES DE MEMBRES
(Çf < et tuvxyz) soient tris-rapprochées , etqtAe son centre
de gramtè (o) se trouve dans le plan vertical passant par
U CENTRE DE FORCE DES AILES (poiut OÙ SC COnCCUtre SUT
chaque aile la résistance que l'air oppose à celle-ci dans le
vol) en même temps que l'insertion (t) des membres posté-
rieurs soit assez peu éloignée du même plan ; enfin que le
pied (xyz\ formant la base de sus-station du corps, se
SOS TfliOLOGIX Dl LA NâTCTUI.
prolonge au devant de la verticale (o y) abaissée da centre
de gravite (o) sur le plan de position.
Comme le tronc, quelque court qu'il puisse être, a
cependant une longueur assez considérable pour que les
articulations des hanches (t) soient encore très-distantes du
centre de gravité, placé plus en avant que chez les Mammi-
fères, ainsi que nous Tavons vu ; la Nature, pour remédier
k CET inconvénient , A EMPLOYÉ À PEU PRÈS LE MÊME MOYEN
QUE CHEZ CES DERNIERS, et daus des cifcoustances analogues.
Pour cela elle a placé ^ Tétat de repos , les cuisses (t u)
dans une très-grande flexion , afin de ramener leurs eitré^
mités (u) en avant sur les flancs, pour que les jambes (uv)
et les tarses (vx), en se dirigeant en dessous, portent les
pieds (xyz) fortement en avant sous le centre de gravité,
et que la ligne d*aplomb (oy), abaissée de ce dernier,
tombe k peu près sur le milieu de cette base ; d*où le corps
prend , selon le besoin , une direction plus ou moins obli-
que, au lieu d*étre entièrement horizontal. Dans cette po-
sition, la marche et la course sont faciles, en même temps
que les membres postérieurs, étant ramenés en avant, ne
pèsent pas sur Teitrémité du tronc.
De ces trois conditions que doit présenter le corps des
oiseaux, i"" d*avoir les membres antérieurs exclusivement
destinés au vol; 2* d'avoir les postérieurs spécialement
employés à la marche et h la nage, et 3* d*avoir le tronc
dans une position plus ou moins horizontale, naissent
ensuite plusieurs autres conditions , Toutes PÀRt^AiTEMBNT
CALCULÉES DANS LEURS EFFETS, ct uou moius émlueutes
pour que les divers mouvements dé locomotion de ces
animaux soient possibles, en même temps que les membres
postérieurs conservent encore d*autres mouvements parti-
culiers nécessaires au genre de vie propre k chaque espèce.
Je viens de dire que si Ton voulait transformer un
Mammifère en un animal parfait volatile, on arriverait néces-
sairement au type des Oiseaux. En effet, ces derniers ayant ,
CHAflTAB m. S63
en iMr qualité d'anitnaiit vertébrés y \k l'instar des Mammi-
fères, le corps sonteoD paf* un squelette intérieur osseui
dont la partie médiane forme le long du dos une colonne
yertébrale étendue de la tète (a 6) k Textrémité du corps,
terminé de même par un appendice caudal {e f) composé de
plusieurs Tertèbres consécutives, et constituant ce qu*on
nomme le Croupinn. Que sur les côtés, cette colonne
vertébrale porte également une série d*appendices costaux
(p) diversement conformés suivant la région, partout plus
en moins semblables à ceux des animaux de la première
dasse, d'où ils reçoivent les mêmes dénominations que chez
eux; qu« surtout sur le thorax (cdlmn), ces càten se
portent de même par paires transversalement de chaque
vertèbre en dessous pour se réunir de nouveau sur un
SUmum (Imn) occupant la ligne médiane inférieure du
tronc; qa*en arrière, les Oiseaux ont de même un Ba^$iH
(igh), composé de pièces osseuses analogues h celles des
Mammifères. Enfin , comme eeux-ci, deux paires de mem-
bres locomoteurs , Tune iijk.qrs) articulée sur le sternum ,
etTautre (t%) sur le bassin. Que ces membres sont composés
aussi des mêmes parties consécutives que chez les Mammi**
AfeSf c*estrà-dire dans la pt^mière paire dé trois os [ij k) for*
mant l Épaule ; an Braê , d*un seul (q) ; de deux (r) placés k
eAté Tun de l'autre dans VAtûnuBras. Plus loin encore
plusieurs osselets constituant le Cûrpe et le Métacarpe ; enfin
des Dotais qui terminent Taile en formant le Foxiet (s).
Aux membres postérieurs , dont la fonction n*a pas chan-
gé, les parties qui les composent conservent de Ik aussi une
plus grande ressemblance avec celles qui leur correspondent
chea les Mammifères. Batis la Cume , Il n'y a qu*un seul
grand M long {tu) ; dans la Jambe {nv) detix, situés k côté
l'un de Tautre , et accompagnés d'une Rotule (u) placée dans
Particniation du genou. Un très- petit nombre d'osselets
forme le Tarn; et le Métatarêe (t x) se compose toujours de
trois os longs soudés ensemble comme chez les Ruminants ,
â64 THiOLOGIE I>B LA NATUai.
et d'ordinaire encore an quatrième rodimentaire portant
l'orteil interne. Enfin chaque métatarsien porte un OrteU
(x y z) composé de plusieurs Phalanges. Mais quoique toutes
ces parties soient parfaitement reconnaissables comme les
analogues de celles des Mammifères, elles sont toutefois
assez fortement modifiées , d'une part , par l'effet de la loi
de dégradation que les quatre membres suivent dans toute
la série des animaux vertébrés, et, de l'autre, par l'influence
de leur nouvelle fonction.
La faculté de voler est d*ailleurs, chez les Oiseaux, non-
seulement une des fonctions les plus importantes, mais
même , ainsi que je Tai déjk dit , celle ii laquelle la plupart
des autres sont subordonnées; c*est k-dire qij*ellb consti-
tue LE PRINCIPE DÉTERMINANT d'aPRÈS LEQUEL CES ANlHiLUX
ONT ÉTÉ CRÉÉS ; aussi l'élude de Torganisation de cette Classe
de vertébrés est-elle éminemment intéressante , nous mon-
trant partout LA PLUS admirable sagesse ET LA SCIENCE LA
PLUS TRANSCENDANTE AVEC LAQUELLE lInTELLIGENGE SU-
PRÊME A SUIVI CETTE FONCTION DANS SES CONSÉQUENCES LES
PLUS ÉLOIGNÉES, ET CELA JUSQUE DANS LES PLUS MINUTmUX
DÉTAILS DE l'ORGANISMB.
En effet, si Ton suppose qu'on transforme par la pensée
un Mammifère en un animal parfait volatile ^ on conçoit
qu'il n'est point assez de convertir ses membres antérieurs
d*une façon quelconque en une large lame, dont les mouve-
ments d*élévation et d'abaissement alternatifs doivent pro-
duire la translation du corps d'arrière en avant dansTair,
mais qu*il faut aussi que ces ailes soient conformées et dis-
posées d*après certains principes de mécanique , pour que
ce mouvement soit possible ; qu'il faut en outre que celte
nouvelle fonction ne trouble en rien les autres, et que Ik où
elle exige un changement quelconque dans la forme et la
disposition de quelque autre organe, il faut que celui-ci soit
également modifié en conséquence de cette même fonction
du vol. Il faut surtout que le nouvel Être ou Oiseau puisse
CHAPITRE m. ^5
aossi se tenir en station et marcher sor ses membres pos-
térieurs , réservés exclusivement à ces deux fonctions , et
exercer d'ailleurs tous les autres mouvements k des degrés
plus ou moins éminents, selon Tusage auquel chaque organe
doit servir. Or c*est encore dans ces nombreuses modifica-
tions dépendantes les unes des autres , et toutes de là fonc*
tion principale ou le vol, qu'on trouve, comme partout ail-
leurs, l'application db la science la plus transcendante
ET DE LA plus SUBLIME SAGESSE.
Pour que le vol pût s'exécuter exclusivement par les mem-
bres antérieurs qui reçoivent de Ik le nom d'il iles (PI . II„ /!; . 2
9 r s, et PI. III, figA^abc d), il a d'abord fallu qu'en s'agi-
tant dans l'air, dans des conditions déterminées, ils y
trouvassent une résistance telle que, par cette réaction, ils y
prennent des points d'appui suffisants pour que l'oiseau
puisse s'élancer dans la direction voulue, c'est-k-dire d'ar-
rière en avant. Il a fallu en outre que les centres de forces des
ailes (F) fussent dans le même plan vertical passant par le
centre de gravité du corps , centre qui est réellement comme
suspendu k ces deux points des ailes, placés sur la ligne mé-
diane du disque de celle-ci, et au milieu de leur longueur, si
les ailes étaient régulièrement triangulaires et k peu près k
^ (V/I) k partir de l'aisselle, si elles étaient en carré long;
c'est-k-dire qu'en réalité ce centre de force est un peu plus
loin que le milieu, k environ |. Or il résulte déjk de cette
condition dans laquelle doit se trouver le centre de gravité k
regard des centres de forces des ailes, qu'il faut que le
corp^soit fort court, pour que le premier se trouve porté le
plus avant possible, et c*est en effet ce qui a lieu.
Comme l'oiseau doit passer une grande partie de sa vie k
terre, il a fallu également que les membres postérieurs
fussent disposés de façon k soutenir pendant le marche et la
station le centre de gravité (PL II, fig. â, o) du corps, placé
k une certaine distance au devant de l'articulation des han-
ches (t). Pour cela , les cuisses ont été le plus fortement
THEOLO«U Dî LA NATURS.
fléchies, afin d'amener les genoux plus en atant, et les pieds
sous le centre de gravité.
Les ailes, dirigées nécessairement en dehors et en arrière
pendant le vol, se replient dans le repos contre les faces laté-
rales du corps qu'elles emboîtent sans faire aucune saillie.
Enfin les muscles de la poitrine, déjk si forts chez les Mam-
mifères, ont été rendus bien plus puissants encore dans les
Oiseaux , pour produire de vigoureux mouvements d'éléva-
tion et d'abaissement des ailes nécessaires k la production
du vol , toutes conditions sur lesquelles j'aurai k revenir plus
bas pour en faire ressortir l'importance.
Quant aux membres postérieurs (PI. II, fig. 2, t z) restés
exclusivement affectés k la fbnction de la station et de la
marche, ils conservent aussi, k très-peu de chose près, la
disposition qu'ils ont dans les Mammifères quadrupèdes.
Cependant, comme ils doivent seuls soutenir le corps, leurs
orteils (^y is) formant la base de sùs-station, ont dû s'étendre
jusqu'au devant du centre de gravité du corps. Or non-seule-
ment \eê pieds des Mammifères sont très-loin d'avancer au-
tant, en supposant même que les orteils, entièrement étendus
sur le sol comme dans les Plantigrades, soient en outre en-
core fort longs ; mais, dans les Oiseaux, le centre de gravité
du corps est lui-même, ainsi qu'on l'a déjk vu , porté plds en
avant, afin de se troui^er sous l'axe passant par les centres de
forces des ailes pendant le vol; mais il a été facilement re-
médié k cet inconvénient, en fléchissant simplement les
cuisses (t u) beaucoup plus fortement qu'elles ne le sont déjk
dans les Mammifères quadrupèdes; c'est -k-dire en amenant
les genoux (u) sur les côtés du corps, et même très-haut dans
certaines espèces. Par ce moyeu , le centre de gravité (o) se
trouve sinon sous l'axe passant par les deux genoux , où il
est directement suspendu entreles deux jambes, et au-dessus
du milieu du plan de sus-station (y), ainsi que cela doit être
pour plus de fixité dans la station , du moins au devant de
cet axe, comme cela est ordinairement.
CHANTRE Ul. MT
Dans cette forte flexion des cnisses , les jambes (u v) se
portent ensuite en bas et plus ou moins obliquement en ar-
rière, encore comme dans les Mammifères; et les tarses
avec les métatarses (t? œ) se dirigent également en dessous ,
comme dans ces derniers ; enfin les orteils s'étendent sur le
sol (x y s), ainsi que je viens de le dire.
Or on conçoit que le corps, placé ainsi plus ou moins ho-
rizontalemetit , ne se trouvant appuyé que sur les membres
postérieurs, aurait fléchi dans la colonne vertébrale, si
eelle-ci eût conservé toute la flexibilité qu'elle a chez les
Mammifères; mais cet inconvénient ausssi a été pàrfaitb-
VEOT t>RÉVGNU PAR LA SaGRSSB DIVINE.
L'épine du dos étant composée d'une série de vertèbres
plus ou moins nombreuses, il est évident qu'elle fléchirait
facilement dahs chaque articulation ^ si ces os étaient aussi
mobiles lés uns sur les autres que dans les Mammifères.
Nous avons vu que, éhes ces derniers, le rachis s^appuyant
ï ses extrémités antérieures et fiostérieures , sur les deux
paires de membres, il est par ïà disposé it fléchir en dessous
dans le milieu, mais que cette flexion est prévenue, d'une
part, par la forme aitjuée que prend le rachis, et de l'autre
par la résistance de la corde qui sons-tend cet arc, corde
formée par le sternum et les muscles inférieurs du tronc.
Dans les Oiseaux, au contraire, où le rachis n'est appuyé
qu'h son extrémité postérieure sur le bassin, et par celui-ci
sur les pieds, il est disposé, par l'effet du poids du corps, à
fléchir antérieurement en dessous, en formant un arc con-
vexe en dessus. Cbee les Mammifères, la flexion de la co-
lonne vertébrale a été prévenue par le moyen que je viens
d'indiquer ; tandis que chex les Oiseaux, où elle aurait lieu
en sens opposé, le même moyen n'a pas pu être employé,
vu que, d'après le plan sur lequel les vertébrés supérieurs
sont formées, il n'existe, au-dessus de cette colonne
vertébrale, rien qui soit analogue aux côtes, ni au sternum,
ni aux muscles abdominaux. Mais la Nature à qui les
108 THSOLOGIB DB LA HATORl.
MOTBNSNfi MANQUENT JAMAIS, T A SUPPLÉÉ BN RENDANT, d'uNB
PART, LES TBRTÈBRES • DORSALES MOINS MOBILES ET HOIIIS
NOMBREUSES QUE CHEZ LES MAMMIFÈRES , CeS OS DO dépaSSant
jamais onze , et d'ordinaire il n*y en a même qae huit; et
D* AUTRE PART, EN SUPPRIMANT TOUTE LA RÉGION LOMBAIRE,
c'est-à-dire qu'elle a fait avancer le bassin jusque sur la der-
nière côte , à laquelle il adhère.
Chez la plupart des espèces , les vertèbres dorsales sont
même presque fixes , et surtout peu susceptibles de fléchir
en dessous, par l'eflet de la grande hauteur verticale que
présentent leurs corps et la longueur d'avant en arrière
des apophyses épineuses. Dans quelques espèces, cepen-
dant , et notamment chez les Autruches , les vertèbres dor-
sales conservent encore une mobilité assez sensible , mais
jamais suflisante pour permettre au tronc de fléchir sur lui-
même sans le secours d'une force musculaire volontaire,
surtout chez l'espèce que je viens de citer, où la partie anté-
rieure du tronc est peu chargée de muscles , et en consé^
quence peu pesante.
La région dorsale du rachis étant, du reste, soutenue par
les côtés , qui appuient à leur tour sur le sternum , elle est
de là peu susceptible de pouvoir fléchir en dessous , même
chez les Mammifères; mais il n'en serait pas de même de
la région lombaire, si elle existait, vu que le centre de gra-
vité du corps agirait sur elle par un bras de levier d'autant
plus long qu'il serait placé plus en avant; et le corps, non
soutenu dans sa partie antérieure , la ferait fléchir, malgré
une grande résistance que pourraient lui opposer les liga-
ments et les muscles.
J'ai dit que le bassin des oiseaux (d g h) avançait sur les
vertèbres lombaires, c'est-à-dire qu'il s'étendait beaucoup
plus en avant que dans les Mammifères , et cela quelquefois
jusqu'au milieu du tronc. Par l'eflet de cette grande exten-
sion en avant, il se lie d'une manière intime avec le thorax ,
et fait ainsi du tronc un tout à peu près inflexible , dans
CHAPITRE m. i09
lequel la région lombaire a entièrement disparu : aussi
n'est-elle pas nécessaire aux oiseaux , dont le corps très-
court n'a besoin de plier ni dans le sens vertical ni dans
le sens latéral ; ces animaux peuvent facilement suppléer k
ces mouvements en tournant d'une seule pièce sur les
membres postérieurs.
Outre le grand avantage que la nature a trouvé en ren-
dant le tronc des oiseaux inflexible , en étendant le bassin
beaucoup plus en avant et en arrière des articulations
des hanches (t), cette uisposition offre encore celui
d'offrir y d'une part, une surface fort considéraele
AUX ATTACHES DBS MUSCLES VOLUMINEUX DONT LES MEM-
BRES POSTÉRIEURS ONT BESOIN DANS LEUR FONCTION, de-
vant seuls soutenir toute la charge du corps dans la station
et la marche; muscles dont la grande force est d'autant
plus nécessaire que la plupart des oiseaux ne se couchent
jamais ; et qu'en outre , cette grande étendue d'avant en
ARRIÈRE DU BASSIN PERMET AUX MUSCLES EXTENSEURS ET
FLÉCHISSEURS DE LA CUISSE QUI s'y FIXENT, DE PRENDRE
LEUR POINT d'attaché À UNE GRANDE DISTANCE DU CENTRE
DE MOUVEMENT DE LA PREMIÈRE, ET D'aGIR AINSI SOUS DES
ANGLES PLUS OUVERTS SUR CES DEUX PARTIES DU MEMBRE ,
ET PAR CONSÉQUENT AVEC PLUS DE FORGE.
Pour que les muscles extenseurs des cuisses et fléchis-
seurs des jambes agissent en outre avec plus d'effica-
cité , LA PARTIE POSTÉRIEURE DU BASSIN A ÉTÉ ARQUÉE EN
dessous; de manière que, malgré la TRÈS-FORTE OBLI-
QUITÉ DE LA CUISSE , CES MUSCLES AGISSENT CEPENDANT SUR
ELLE SOUS DES ANGLES TRÈS-GRANDS ; tRudis quc chcz Ics Mam-
mifères , où cette première partie des membres est beaucoup
moinsoblique,lebassin est horizontal . Mais quoique le bassin
n'ait, du reste, pas des eflbrts considérables à supporter, le
corps de& oiseaux étant généralement peu pesant, cet os,
malgré sa grande étendue, est fort léger, les pièces qui le
composent étant très-minces et agissent pins par la longueur
ITO nfoiOC» M U HATCBS.
do levier qalls fermeiit qae par la résisUnee due à Idur
épaitseiin
De même que les vaisseanx qui naviguent sur les eaux ont
reça des gouvernails servant à les diriger dans lenr marche,
de même aussi les oiseaux ont le lenr pour voguer dans Tair.
C'est k cette importante fonction qu'est destinée la queve.
Dans sa partie osseuse et charnue (ef) qui reçoit chei œs
animaux le nom spécial de Croupion » cet appendice n'est
formé 9 a6n de mieux remplir cette nouvelle fonction, que
de sept ou huit vertèbres, et rarement de neuf, toutes très-
courtes , mais fort larges par la longueur de leurs apophyses
transverses. Les premiers de ces osselets sont toujours fart
mobiles en tous sens , tandis que les autres , se trouvent
d'ordinaires confondus en une seule grosse masse poua
SBRViR SPÉCIàLEMBNT DE POINT d'iNSBRTION AUX GEAUDES
PLUMES, qui constituent plus particulièrement ce qu'on appelle
d'ordinaire la Queue chez ces animaux , et remplissent plus
spécialement les fonctions de gouvernail, que l'oiseau tourne
selon la direction qu'il veut prendre dans le vol. Cette action
de la queue est surtout très-remarquable dans les Oiseaux
Rapacbs, lorsqu'ils fondent verticalement sur leur proie.
En planant au haut des airs, allant k la recherche de quelque
animal dont ils puissent s'emparer, on les voit, k TiBstanl
où ils en découvrent un, fléchir subitement la queue k angle
droit en dessous, en étalant en même temps les plumes
qui la composent , afin d'augmenter sa surface. Le courant
d'air produit |)ar le mouvement de translation en avant , agis-
sant alors sur la face antérieure de cette queue ainsi abaissée,
renverse l'oiseau la tète en bas, et celui-ci, continuant h
voler dans cette direction de toute la force de ses ailes , des-
cend non-seulement avec toute la vitesse d'un corps qui
tombe , mais la célérité de sa chute est considérablement
augmentée par l'impulsion qu'il se donne par ses ailes; aussi
le voit-on descendre avec la rapidité d'un trait.
Le Cou , qui varie au contraire considérablement tant
«HAPiTEi nu 174
pour la loagu^F que poor le nombre des vertèbres , suit
cependant encore» comme dans les Mammifères, la règle
d*étre, en y ajoutant la tête, au moins égal à la hauteur de la
partie antérieure du corps, afin que TOiseau puisse atteindre
ï terre avec son bec sans être obligé de beaucoup se baisser;
mais fort souvent elle est plus longue.
Mous avons vu que déjà chez les mammifères cette règle
éprouvait plusieurs exceptions lorsque des circonstances
particulières plaçaient quelques-uns de ces animaux dans
des conditions qui rendent cette proportion inutile ou dé-
favorable. Chez les oiseaux , cette règle souffre , par les
mêmes raisons, plus d^exceptions encore, vu que ces ani-
maux n*étant portés que sur deux pattes seulement, le trône
peut facilement faire la bascule, et s'abaisser en avant pour
rapprocher la tète du sol ; ce qui permet au cou d*étre beau-
coup plus court que la hauteur des pattes. Chez d'autres ,
comme les Cygnes^ les Otei, etc., le contraire a lieu , les
pattes étant fort courtes et le cou extrêmement long, dis-
proportion QUI DÉPEND DE LA CIRCONSTANCE DANS LAQUELLE
LA NATURB A PLACÉ CES ANIMAUX , EN LES RENDANT k LA FOIS
lERBivoRBS ET NAGEURS. Habitant sur Teau , ils avaient be-
soin de pattes courtes, plus avantageuses que les longues
pour la nage, et devant se nourrir en partie de végétaux qui
croissent au fond de l'eau , ils avaient besoin de pouvoir les
atteindre au moyen d'un long cou. Il en est de même des
antres Palmipèdes , tels que les Canards, qui se nourrissent
de vers, et d'autres petits animaux placés au fond de l'eau.
Quant aux inconvénients résultant de l'inflexibilité du
tronc, la Nature, si admirable dans ses soins, t a re-
médié EM DONNANT PAR CONTRE À CES ANIMAUX UN COU TRÈS-
LONG, dont les nombreuses vertèbres , qui sont quelquefois
de plus de vingt, ont au contraire une mobilité telle
QUE CBS animaux PEUVENT FACILEMENT PORTER LEUR BEC
SUR TOUTES LES PARTIES DE LEUR CORPS pour y subvonir à
leurs beaoins.
27St THiOLOGIB DB LA NATIJRB.
Si cette longue série de vertèbres du cou faisait, en ligne
droite , suite à celle du dos , on conçoit que la tète, quelque
peu pesante qu'elle fût, agirait avec une force de levier con-
sidérable sur le tronc , en déplaçant de beaucoup le centre de
gravité de ce dernier, en même temps qu'elle occasionnerait
une fatigue bientôt insupportable dans les muscles exten*
seurs du cou, qui devraient maintenir cette direction. Mais
ici aussi la Sagesse divine a paré facilement à cet incon-
vénient, EN RELEVANT LE COU VERTICALEMENT, EN MÊME
TEMPS qu'elle L*A CONSIDÉRABLEMENT RACCOURCI EN LE COUR-
BANT EN S , EN RAMENANT AINSI LES VERTÈBRES AU MÊME PRIN-
CIPE D*ÉÛU1LIBRE QUE CELLES DE LA COLONNE VERTÉBRALE
ENTIÈRE DES MAMMIFÈRES. Eu cffct, la této agissaut par son
poids sur chaque vertèbre en particulier, par un bras de le-
vier d*aotant plus long que cette vertèbre est plus posté-
rieure, il a fallu que ces os présentassent des moyens de
résistance croissante suivant la même progression ; ou bien
on a dû éviter cette cause. Or ces moyens, la Nature créa-
trice les a trouvés ici plus dans la disposition relative des
articulations des vertèbres, le nombre, Tarrangement et la
force des ligaments et des muscles, et, par suite, dans la
forme en S qu'elle a donnée au cou, que dans la longueur
proportionnelle des apophyses épineuses de ces os , comme
cela a lieu chez les Mammifères.
Cette disposition des parties a même permis de raccourcir
considérablement ces prolongements osseux, et de les rendre
presque nuls sur la plupart des vertèbres moyennes, sur les-
quelles la tête est à peu près en équilibre. En effet, ce n*est
d'ordinaire que sur les quatre ou cinq premières vertèbres qui
suivent l'atlas que ces apophyses existent , et diminuent en-
suite légèrement de longueur en s'éloignant de la tète. Sur les
vertèbres placées en arrière de celles-ci , ces prolongements
osseux n'existent réellement pas comme apophyses ; mais elles
y jM>nt remplacées par un renflement de la partie correspon-
dante de la masse apophysaire, généralement d'autant plus
GHAPITftB lU. 273
la vertèbre est plus postërieare, ce qui allonge suffisam-
ment le bras de levier représenté par cette masse. Pour que
ee bras de levier pût être le plus court possible , il a fallu que
la tête pesât avec le moins de force sur la vertèbre, dont le
levier, qu*elle forme dans son apophyse épineuse, doit servir
k lui faire équilibre. Or le moyen le plus rationnel était d*ame*
ner la tête le mieux possible au-dessus de cette vertèbre, où
elle se trouve, par elle-même, k peu près en équilibre;
et C*eSt EN EFFET CE QUE LE CRÉATEUR A FAIT; et POUR
MIEUX ASSURER CET ÉQUILIBRE, IL A PLACÉ POSTÉRIEURE-
MENT ENTRE LES MUSCLES RELEVfiURS DU COU ENCORE UN
LIGAMENT CERVICAL ÉLASTIQUE , Fanaloguc de cclui des Mam-
mifères, mais ne formant chez les Oiseaux qu'un simple
cordon arrondi passant .d'une apophyse épineuse à l'antre ;
ligament dont la contraction constante et passive fait un
peu fléchir chaque vertèbre sur celle qui la suit ; d*où résulte,
dans Tensemble de plusieurs de ces os , formant environ la
moitié postérieure du cou, uh arc concave en arrière, de
même que cela a lieu chez les Mammifères. Or on conçoit
qa*en continuant k s'arquer ainsi, le cou a dû devenir d'a-
bord vertical et finir par être dirigé en arrière ; d'où résulte
que le centre de gravité de la tête (avec la partie antérieure
du cou) se trouvant, vers le milieu de la région cervicale
directement soutepu par la série des vertèbres moyennes , il
surplombe en arrière ce point d'appui dans les vertèbres
antérieures ; d'où la nécessité de faire en avant équilibre au
poids de la tête , par des forces agissant k la partie infé-
rieure du cou , sur la face antérieure de vertèbres posté-
rieures; et c'est en effet ce qui a lien.
Dans les vertèbres les plus postérieures dirigées directe-
ment en avant et même un peu en dessous , la tête pesant
fortement sur chacune , il a fallu pour la soutenir que les
apophyses épineuses fussent longues , et le ligament cervical
fort , mais comme la puissance du poids diminue k mesure
que les vertèbres sont plus antérieures , et s'infléchissent de
1. is
l7k raioLOÀn tm là hatuie.
pHM %à fm Va aitiferè, Mlôngnetir de ces à(K>ptiyses di-
ttfbdë , et iiVéé elle là grossear da ligament cervical ; )*un
M l'antre devenant nnis verd le milieu dn coû ; lorsqné lear
feetion devient inndle, la tète étant, ainsi qne Je viens de le
dire , en équilibre sur la série dés vertèbres moyennes , et
quand enfin son poids surplombe en arrière , ces prolonge*
ments osseui des vertèbres , et les ligaments cervicaux , ainsi
^e plusieurs muscles de la nuque, somr TRANSPôRtÉs àô
MVAMt DU cou, pour lui faire de nouveau équilibre, et
arquent de h ce dernier en avant. iNoÉNnsu^E tiiànspositio{i
l^'OROARES , QUI t^ROUVE AVEC LÀ DERklÈRÉ JËVmfiNCE QUE CE
Nt iSAURArr ÊTRE UN EFFET AMENÉ PkfL tfîft CAtJSE k»URElIENt
t^ttYSlQUË OU PHYSIOLOGIQUE, QUI NE SXtRÀÏT AINSI TRANS-
^ORtiBR DEà ORGANES d'UN LIEU DANS UTÎ AUTÈÊ , HAIS BIEN
L'EFFET d'une SAVANTE INTELLIGENCE , OtJI t'A ÉTABLI AINSI
FOUR PARER À l'inconvénibnt INDIQUÉ. C'est par le résultat
de ces deux inflexions en sens inverses que le cou prend
naturellement la forme d'une S , dont j'ai parlé tin peu
plni haut; et l'ensemble du cou et de la tête se redresse
ainsi de bas en haut, Jusqu'il ce que le centre de gravité de
là tète soit en équilibre sur les vertèbres postérieures du cou.
Che2 les Mammifères, les corps des vertèbres du côU
é'unissent soit par des bases & surfaces légèrement concaves,
entourées d'un ligament fibro-pùlpeut , qui ne leur permet ,
comme au dos et aux lombes, qu'un mouVement assez
ébscur , soit par des surfaces plus courbes et des ligaments
plus lâches , qui leur permettent comme chez les Ruminants,
un mouvement plus étendu. Chez les OisEAtJt , ces articula-
tions ont reçu une AUTRE FORME PLUS REMARQUABLE , QUI
LEUR DONNE LA MOBILITÉ LA PLUS ÉTENDUE. ÈllcS SOUt for-
mées sur les deux corps de vertèbres par des facettes arti-
culaires en arcs de poulies croisées h angle droit, de ma-
nière que de la combinaison des deux flexions dont ces os
sont par Ik capables , résulte un véritable mouvement de
eircumduction presque aussi parfait que si l'articulation était
«lAMTiit m. m
k lêiM arrondie; M MHtibQ seule ést tilèn-bof née , et cepeh-
dtiit Mfflsantê pônr ^é ce» attimtiui puissent tourner leut*
tte esA arrière, eâ Âilsslttl uli peu niouVoir chacune desf
nombreuses vertèbres qui cotnposent leur cou : nombre qui
est au moins de neuf et UU plus de vingt-Crois. Outre ces ar-
tieulations du oorpé deft ténèbres , eed os s'unissent encore
«■tre eux , k l'instar de ceiiï de^ itammifères , par des apo-
physes articulaires dispoàëèi eoniiûè chez eeâ derniers , et
permettant un mouvement trèd-libre dans le cou , mais à
peine sensible dttiiè léë rtgiohs dorëâle et lombaire, où
les vertèâ)!^ sont de toute façon presqfAe fixes, surtout
par Teltet d'apophyêèi épineuses très-larges d'avant en ar-
rière, et de là très^rapprochées k leurs sommets; en même
temps que len tbndottb iftsëirés aut diverses apophyses sont
tresHsenéê et le plUd sttuvent ossifiés ; ce qiii rend lès mou-
vements weoire plus di£Bcites.
Dana ftl Série déi tert^rès saûrèeè, généralement fort
iiaml)reu6eft chez leë Oiseaux , ces os présentent au fond les
mêmes articulattonâ qu'dûl régions • dorsale et lombaire ;
seolemeUI, ces os étMlit fliés par le bassiû , ilâ se confondeUt
généralement eU Untt éëulë pièce dans les sujets adultes , au
point que les apophjfteë éjiineiisës ne forment inême qu'une
eréta continue.
La A^îofi edudàXè Offre au couttaire de nouveau une très-
gittidè mobilité dans ses vertèbres , en tioNàkûiiËNCE de u
VONGTION QUE LÀ QUEUE REMPLIT GHËiS CES ANIMAUX , OÙ cUc
sert de goUvëluail dans le vol. L^action que cet appendice
do corps exerce demandant dd reste peu de force, les ver-
t&tcR y sont généralement beaucoup plus petites que celles
des autres parties du rachis ; si ce ti'est la dernière , qui ,
an lieu de n'être qu'un simple rudiment comme dans les
antres vertébrés, prend au contraire, ainsi que je l'ai déjà
fait remarquer plus haut, un fort grand développement
diez les Oifteaul , pour servir de base aux grandes plumes
de la queue, tandis que les autres vertèbres caudales ne
i76 TBdOLOGW DB L4 BUTCAB.
forment qa*iin simple pédicule fort n^obile k celle-ci. C'est
ainsi que nous trouvons encore ici un de cbs bxbmpu&s ek-
MARQUàBLES d'une exception aux règles GÉNÉRALBllBRT
suivies ailleurs 9 où UN ORGANE OFFRE TOUT À COUP UNE
AUTRE CONDITION, LORSQUE LA FONCTION QU'iL DOIT EXERCER
L*ExiGB. En effet, suivant la loi générale, cette vertèbre,
terminale de sa série, devrait être mdîmentaire, tandis
qu'elle est plus grande que les autres.
Les corps des vertèbres caudales sont unis entre eux par
des facettes articulaires très-peu pnrfondes , et les articu-
lations latérales sont d'ordinaire presque nulles, la queue
n'ayant pas k exercer des fonctions exigeant des mouvements
précis.
Les Apophyses épineuses et transverses y sont au con-
traire fort longues pour offrir de puissants leviers aux
muscles qui s'y insèrent, afin que ceux-ci puissent agir
AVEC efficacité DANS L*AGT^0N QU'lLS ONT À EXERCER : ICS
muscles de la région supérieure pour maintenir la queue
relevée k peu près hqrizontalement dans l'état de repos,
malgré le poids des grandes plumes qui composent celles-
ci , et ceux des régions latérales pour porter la queue vers
les côtés , lorsque l'Oiseau veut changer de direction dans
le vol. Quant à l'abaissement de la queue, il est produit
par Faction simultanée des muscles insérés de chaque c6té
aux apophyses transverses et venant de la région postérieure
du bassin placé plus bas.
Le tronc devant être inflexible dans la colonne vertébrale,
sa fixité y a été en partie obtenue par des articulations
moins mobiles que chez les Mammifères , des côtes sur leurs
vertèbres respectives, auxquelles elles sont unies par des
ligaments plus serrés , et une plus grande longueur des apo-
physes transverses de ces derniers par lesquelles elles s'a-
vancent plus sur le col des côtes.
Mais cette inflexibilité du tronc est surtout due à la lar-
geur considérable qu'a reçue le sternum , formant chez ces
CHAPITRE ni. ^11
animaux une très-grande plaque d'une seule pièce forte-
ment tranchée, occupant tout le dessous du thorax, en se
prolongeant beaucoup plus en arrière que chez les Mammi-
fères, afin de mieux soutenir le poids des viscères.
A sa ligne médiane , cette grande pièce osseuse forme en
dessous une large crête verticale triangulaire nommée le
Bréchet, ayant son petit côté en avant, lame qui tout en
contribuant k donner une grande force au sternum, sert plus
PARTICULliBElIBIfT À AUGMENTER LA SURFACE DE CET 08
nONNAlIT ATTACHE AUX VIGOUREUX MUSCLES É|.ÉVATEURS ET
ABAissEURs DES AILES ; Russi co brechct marque-t-il com-
plètement chez Y Autruche j oiseau qui ne volant pas n'en
avait pas besoin, tandis que la plaque horizontale est
comme d'ordinaire fort large.
Nous avons vu , en pariant du thorax des Mammifères ,
que cette partie du tronc était principalement destinée k
loger les poumons , auxquels elle devait former une cage
osseuse capable de résister k la pression de l'atmosphère
lorsque, par l'effet des contractions du diaphragme, il se
fait un vide dans cette cavité ; vide qui attire l'air dans les
poumons en l'y faisant pénétrer par les narines et la bouche.
Or comme les Oiseaux ont été essentiellement organisés
pour le vol , fonction qui , chez eux , domine la plupart des
autres , les moyens par lesquels la respiration s'exerce chez
ces animaux ne purent plus rester les mêmes que dans cette
première classe des animaux vertébrés , et furent en gonsé-
QUBRCB notablement MODIFIÉS. Eu offct, par cela même que
les Oiseaux ont k soutenir un vol rapide pour lequel ils
emploient des forces vraiment prodigieuses dans les muscles
moteurs des ailes insérés sur le sternum , il est évident qu'k
ehflfue contraction de ces puissants organes , cette grande
plaque osseuse doit être fortement tirée en haut, et en
conséquence rapprochée de la colonne vertébrale ; ce qui
fail diminuer plus ou moins la cavité thoracique , et produit
•ne inspiration forcée. Or si l'acte de la respiration était.
9ns Tmfeuwii w Là hâtcm.
cooune chez les Mammifèrea , exercé luÎBcipaleBieiii peir le
diaphragme, il arrÎYerait que le pliia aoai^ait, et ménie
preaqoe tOQJoqra , lea deu actioiia n'auraîeiit pas lien sîBiiiW
tanémen t, et que l'an détruirait l'effidl de Tantee ; ou plotAt que
l'actioii violente des musdes moteurs des ailes empêcherait
le diaphragme de fonetionaer eouv^Mblement; d'où il a été
nécessaire de soustraire les Oiseaux à œt inooD^énient, «a
ne faisant agir» dans eette fonction ai importante de la res-
piraUon, que Vagent dont Taction ne pouvait pas être ériiée.
En effet 9 l'acte mécanique de la respiration, tout eia
conservant, chez les Oiseaux^ beaucoup d'analogie avec
eelui'qui a lieu dans les liamoiifèros, est cependant fort
différent. Ici c'est l'inspiratiop qui est produite d'une um^
nière active par les contractiona du diaphragme , tandis que
l'expiration sq fait passivement par le relâchement pur et
simple de ce muscle remontant dans la cavité pectorale ,
d'où il chasse l'air, en même temps que les oôtes, qui, dans
les inspirations forcées , ont été élevées pour dilater la poi*>
trine, s'abaissent également d'une manière paasÎYe en rétré-
cissant la cavité thoracique.
La première de ces actiona ayant dft œsaer ehei tau
Oiseaux, le DuraaàoiiB a tri bn oonsiQiniircK punsmirr
BT siMPLBKENT SUPPRIMÉ ; et quaut k l'action des côtes , elle
a été modifiée en cela qu'au lipu que ce soil la dilatatien
du thorax qui soit active, et la oontraotion passive, c'est le
contraire qui a lieu. Or cela devait être bk oomséqcbhgic
dB LA GAUSB QUI A BXIOt CBTTB MODmiGàTIOB, VU qUO «
h dilatation de la cavité pectorale était produite par un
mouvement volontaire de la part de l'oiseau, i\ arrivf^
rail le plus souvent que pemibnt le vol eel acte ne se-
rait pas parfaitement isochrone avec la dilatation proddte
par le relâchement dea muselés pectoraux ) d'oi la fonc-
tion de la respiration serait singttlièMi|ipnt entnivée et
même rendue impossible, il était de là bien plus rationMl
de rendre ches les Oiseaax VexpimtieB tetîne par reflet de
la contraction do thorax, c^t ^)^^liratiQ^ pivesrait painvf^»
aîQsî qne cela est en efiet. Far oe moyen , cea deiii aetea
auccesaif^ ont lien «aoe entra^e^ d^ns to vol par la aenle
action des muscles moteurs des ailée » qnit e« mouvant cet
4emi^res avec plus oi| moins de force , font contracter le
tboraxy pendant que la dilatation a \m lora du reU^beSMM
d« ces mêmes myfclest eeq<md(fs toutefois, selon le hmijm $
pv fou9 les anKea agents 4jii«mwes qui peuvent j eoiftri*
taeTi tels que lea moades spéciaux moteurs d^ côtes i
Qiganes à cet effet plqs c«m|diqsés et plus distincts que
diex les Mammifères*
Pour que ces monvemept» puissent aToii faeilemcoit lieu,
Hïe eOtes 09t è pet eff»t M l^^rement modifiées* Au lieii
que leur seconde partie, qui se fixe au sternum , soit csvr
tilegi^euse fwmme dms les ifemmifères, pour n'être qae
\i^mw\ éleetiqne * eUe est an opniraire osseuse eom«É
la côte vertéînrale, «t «'unit ^ ei^^ci par une védtaMe u)ih
qnlation mpbile ; et se joint m «ntie «u sternum par une
â^rticnlation égalemeet fort v^obile d'arrière en avant, finfta
Qii deui; parties 4^ fiMifrsfl rencontrent sons nn angle I
BOH près droit, eq lie» 4e fiemer ensemMo w er» de cere|ft
eo9tinii. Par Tell^t ^0 cette disposition, les cjAtes stemaiet
4limipiae rigides, Iwt wàsm les fonctionna de levier, soit
pgpr arc-bouter flonfi:e lepn oAtes vertéi^rales roipeetii^,
eeitpenr fléeliir «wnrilMoliar le alemuMkmdes on^
traitions d» tboiw»
Qeant fin|( mowemeiila qne peuvent «aéenter les eMti
inert^iaiM, ils snntjea mêmes que ctiei les Memmifècea,
panr $o qpi dépend 4eiiiaiMeles iiit<HiMslapi ok^^ms;
mais ici aussi existe un perfectionnement qn'Qfl totMiUtt
point fliies c^ âenûeca msfêm^ eonaietiMI» pt^nr diaâm
de ees oa, en «A i^ipMtttfce MflAtii (f^
piiyse pertani dn milien de le^n* bord peatérieur, ft dfadgéft
en eirièio et «i deiaM> en tiiqsMt la qêt» qni faift, sur
kmaeUe ait tHpanliie s'^pplhpe et faû est nni par divem
i8U TfliOLOeiB DE LA NAIURS.
miiscies spédaux. Au moyen de ces branches latérales , les
côtes vertébrales peuvent être éloignées ou rapprochées avec
force selon le besoin, pour contribuer à produire la dilatation
00 le resserrement du thorax.
Tai fait remarquer, en parlant des Ténèbres du cou des
Mammifères, que ces os portaient latéralement de fortes
apophyses percées d'un trou à leur base, et que, malgré que
ces prolongements ne formassent jamais des pièces particu-
lières, ils représentaient cependant de véritables appendices
costaux de ces vertèbres. La preuve de cette vérité se trouve
non-seulement chez plusieurs Reptiles, tels que les Croco-
dUes , mais surtout aussi dans les Oiseaux. En effet , les ver-
tèbres les'plus postérieures du cou de ces animaux portant
des côtes très-grandes, parfaitement mobiles , en tout en-
tièrement semblables k celles de la région dorsale ; seule*
mentelles se terminent k leur extrémité librement dans les
chairs, sans se continuer par des côtes stemales.
Ces appendices costaux diminuent par paire rapidement
de longueur d'arrière en avant , de manière k ne plus former
déjk sur le milieu du cou que de simples petites pointes di-
rigées en arrière ; mais toujours articulées , comme les côtes
thoradques , par deux points avec le corps de leurs ver-
tèbres respectives ; d'où résulte une ouverture ménagée eatte
les deux os. Plus en avant encore , ces petits appendices la-
téraux des vertèbres du cou se soudent enfin complètement
avec leurs vertèbres, sans laisser apercevoir de suture;
offrant ainsi absolument les caractères des apophyses laté-
rales des Mammifères-, et leur analogie avec les côtes est
prouvée par le passage insensible qui existe entre eux d'une
vertèbre k l'autre.
La tète des Oiseaux se compose exnetement des mêmes
parties que celle des Mammifères , mais se trouve tdlement
modifiée par la dégradation qu'elle a suivie d'une famille h
l'autre , que pour plusieurs pièces osseuses qui entrent dans
sa composition , il serait difficile de reconnaître leurs ana-
CHAMTM lU. 281
logaes daos les Mammifères, sans suivre la modification de
ces organes k travers TOrdre des Rbptilbs sauriens , placée
dans l'échelle animale entre les Mammifères et les Oiseaux.
En suivant ainsi la série , en commençant chez les Reptiles
par le genre Tubinambis , d<Nit la tète osseuse ressemble le
plus à celle des Mammifères , on reconnaît parfaitement les
parties analogues ; mais il serait impossible d'indiquer id
les différences sans accompagner les descriptions de nom-
breuses figures.
Les ailes 9 tout en prenant un grand développement pour
servir avec avantage dans le vol , devant toutefois pouvoir
être repliées contre le corps ï l'état de repos , en n'y occu-
pant que le plus petit espace possible, s^n de ne pas se
trouver facilement exposées au froissement des corps étran-
gers, et ne point gêner les divers mouvements que Toiseau
peut avoir k exécuter. Pour atteindre ce résultat , il a suffi
de faire simplement éprouver quelques modifications au
modèle des membres antérieurs des Mammifères , sans sor-
tir du plan général d'après lequel les Animaux vertébrés
ont été formée.
Pour rendre la surface de l'aile assez étendue, sa partie
osseuse et charnue (PL III, fig. 1 , abcd)^ le véritable
analogue du membre antérieur des Mammifères a été
ouuii i SON Bonn postérieur de grandes plumes très-
fortes on Pamief , dirigées en arriére et d'autant plus
obliquement en dehors, qu'dles sont implantées plus près
de Textrémité, de manière que l'ensemble de l'aile (aef)
forme un grand disque triangulaire fort résistant, par l'ef-
fet DE l'élasticité DE SES PENNES^ MAIS DU RESTE TRÈS-LÉ-
GER , AFIN d'étendre CONSmÉRARLEMENT LA SURFACE DE CES
MEMBRES SANS AUGMENTER BEAUCOUP LEUR POIDS. Par l'effet
de cet ingénieux moyen, le centre de force (F) des ailes se
trouve à une certaine distance en arrière du membre (l'aile
étant étendue pour le vol), et placé dans le plan vertical
passant par le centre de gravité du eorps qui , d'après la
3tt TEtOÊJOOn H 1.A BàTirU.
forme de ee dernier, se trmrre m nilien li pea près éê
tronc.
Qooiqne cette renaniQable disposition des pennes soit
connue de tout le monde , jamais ancan Natoraliste ne s'est
demandé pourquoi cela était ainsi ; et c*est cependant de Ik qne
dépend seul le mouvement de translation d'arrière en nmd
dans le yoI , ainsi que je l'ai démontré il y a plus de nngl
ans dans mes CanMérationê géntraUi iwr rànaiomiê oom-
parée des Animaux articuUs. En étendant par cette disposi-
tion le disque des ailes , tours centres de force se trsttTenl
non -seulement placés en arrière des véritables membres,
mais la ligne qui les unit est aussi en arrière des articulations
des bras , dans lesquelles les ailes se meuvent sur le corps.
AGn que les ailes puissent se replier et se placer à Vêlât
de repos, leurs diverses arfieulations analogues à celles des
membres antérieurs des Mammifère , n'ont eu qu'k subir
de très-légères modiflcations. Le bras (PI. II, fi§. C, ^) se
dirigeant naturellement en arrière, le long du tborax, n'est
qu'un peu plus relevé et entièrement borisontal dans les
Oiseaux. L' Avant-bras (r), complètement flécbi, ramené
l'articulation de la main contre Tépaule; et il a suffi de mo-
difier un peu le carpe pour permettre k la main (â) on
fouet de l'aile , de se replier en arrière contre les flancs , an
lieu de se flécbir en dessus , ou en dessous , comme AeÉ les
Mammifères. Mais ce n'a pas été assez que les ailes pussent
simplemMt se plier ainsi en zigzag lorsque Toisem vent les
placer k Tétat de repos , il a fallu que leurs articulations
fussent conformées de manière k ce que chacune des trois
parties pût s'étendre et se replier selon le besoin, en faisant
bonne résistance k l'effort que l'air eierce sur eUe pendant
le vol ; et ce sont là les modifications les plus remarquaUes
que ces membres ont éprouvées dans leur transformation
en ailes.
Pour que le corps des oiseaux soit le moins pesant pos-
sible , vous LBs Monns qui i^buvknt t coimuBuin om
CHAPiTia m. 383
I rais^BÂVAiiiiEirr bmployés. Les os sobI, comme dans les
Mammifères agiles ^ généralement très-légers, et pour cela
I très^eeliuleux dans leur intérieur, ou même tout à fait creux
I et k parms minces pour les os longs , mais d'une substance
I très-deose , afin d*étre fort résistants sans offrir un poids
I considérable. C'est ainsi que nous trouvons déjk ici l'appli*
I OATION DB G9 PKINCIPB UB PHYSIQUE QUB LES CYLINDRES CHBim
•OBT, À MASSE teALE, PLUS FORTS QUB LES PLEINS ; applica-
tion qui ?a au point que la plupart des os, et même tous, k
l'eiceptioii de ceux des pattes /sont k cet effet entièrement
vides, ne renfermant que de Fair, et non de la moelle
comme dans les Mammifères. Et si les os des extrémités
postérieares en contiennent , il me parait très-probable que
ô'bst pour iiiplubr par leur poms sur la position bu
CENTRE DE GRAVITÉ, AFIN DE LB FAmB DESCENDRE UN PEU
plus; taadis que le sternum, Tos le plus grand du corps,
^ est très-eelhileux et plein d -air , vu qu'il était plus con-
venable b'aughbntba le poids de cette réoion du corps
EN donnant plus DE VOLUME AUX MUSCLES PECTORAUX QUI
RECOUVRENT CET OB, QUE DE LE REMPLm LUI-MÊME D*UNE
SUBSTANCE QUI l' AURAIT RENDU INUTlLBMENT PLUS LOURD.
Les ailes devant non-seulement se mouvoir avec préci«
lion, ponr que le vol soit régulier, mais en même temps avec
force et Titesse , ponr trouver un puissant appui dans Tair ,
il était nécessaire aussi que les bras fussent sèlidement sou-
tenus par les épaules ; et celles-ci en conséquence fortement
flxées an tronc, k peu près comme chex les Mammifères da-
vicBlés.
Les vigoureux muscles pectoraux qui produisent les mouve-
ments d*élévation et d^abaissement des ailes étant placés sous
le steranm, et tirant en conséquence, par leurs contrac-
tions, les épaules en dessous, il était nécessaire que celles-ci
pussent leur résister en prenant un solide point d'appui sur ce
dénier; appui qu'elles auraient pn trouver naturellement
dans Its clavicule. Mais ces deux os ont élé employés k une
iH4 TIII0LÛ«1K DB LA NATUEK.
autre fanction à peu près sesiblable, gbllk db maintbrir
SIMPLEMENT LES ÉPAULES TRAMSVBRSALEMERT É€ARTÉBB AV
MÊME POINT, EN FAISANT ENTRE BLLES L*EFFBT B*DN RB8S0RT
DONT l'élasticité ADOUCIT CONSIDÉRABLEMENT LES CHOCS
QUE LES AILES ÉPROUVENT DANS LE YOL À LEURS DEUX SDR-
FACES PAR LA RÉSISTANCE DE L*AiR ; chocs qui leiideBl k
rapprocher et k éloigner alternativement les épaules. Pour
cela y les deux clavicules (k) ont simplement été réunies
entre elles par leurs extrémités inférieures » en une seule
pièce en forme de Y ou Fourchette , et qui ne toudie même
plus le sternum , auquel elle n'est liée que par de faibles li-
gaments; tandis qu'k ses extrémités supérieures, elle s'arti-
cule d'une manière immobile avec les autres os des deex
épaules que cette fourchette tient écartées, en y restant sus-
pendue au devant du thorax.
L'action de l'air sur les ailes varie suivant la position que
celles-ci prennent, soit pendant leur élévation , soit pendant
leur abaissement, agissant de dehors en dedans dans la
première moitié des mouvements d'élévation et d'abaisse-
ment , et de dedans en dehors dans la seconde moitié. En
effet, l'aile étant entièrement abaissée; lorsqu'elle s'élève
jusqu'à la direction horizontale, l'air appuie sur sa fkce
supérieure , d'abord directement de dehors en dedans , et
ensuite de plus en plus obliquement jusqu'à ce qu'elle soit
horizontale , moment où il commence à agir de haut en
bas ; d'où son effet devient négatif en agissant après en
sens contraire ; c'est-à-dire de plus en plus fortement de
dedans en dehors jusqu'à ce que l'aile soit entièrement re-
levée. Cette pression de Tair se communiquant aux épaules
\es pousse ainsi tantôt en dedans et tantôt en ddiors.
Dans l'abaissement des ailes, l'effet contraire a lieu ; c'est-
à-dire que, dans la première moitié, l'épaule est portée de
dehors en dedans , et dans la seconde de dedans en dehors.
Or c'est pour prévenir ces mouvemaits latéraux alternaiift
qui produiraient non-seulement une grande irrégularité
CBAPITRI 111. 28S
dans le vol , mais encore un effet bien pins grave , oelni de
comprimer et de dilater violemment le thorax, que la Natueb
CRÉ4TRICB , SI SAVANTE ET SI INGÉNIEUSE DANS SES MOYENS ,
a modifié , ainsi que je viens de le dire , les clavicules pour
les approprier à la nouvelle fonction si importante pour les
Oiseaux de maintenir les épaules toujours écartées au même
point y en leur permettant toutefois de céder un peu aux
efforts qu^elIes éprouvent; l'élasticité de la fourchette les
ramenant constamment à leur position primitive; moyen
par lequel les violents chocs que les ailes éprouvent viennent
s'anéantir sur les fourchettes , en même temps que l'abais-
sement du cou et le passage des aliments ne sont point
gênés par cet os ; tandis que ce double inconvénient existe-
rait si les deux clavicules réunies formaient un os allant
transversalement d'une épaule k l'autre.
Mais cette nouvelle disposition des clavicules n'a pas suffi
pour donner aux épaules toute la fixité dont elles avaient
besoin; les muscles pectoraux, en prenant leurs points
fixes sur le sternum , tendent en se contractant, les uns pour
abaisser les ailes et les autres pour les relever, à rapprocher
les articulations des bras de ce dernier. Or les clavicules ,
devenues la fourchette, ayant changé de fonction pour
laquelle elles n'appuient plus sur le sternum, les omo-
plates ( t ) suspendues dans les chairs , ne pouvant s'opposer
Ïl ce déplacement qui annulerait l'effet que les muscles
pectoraux doivent produire , le Créateur a remplacé les
premiers de ces os , dans leur fonction primitive , par deux
os particuliers, dont il n'existe chez les Mammifères que
de simples rudiments formant la simple petite apophyse
eoracoide de la tête inférieure de Tomoplate ; mais qui
se prolonge cependant déjk jusqu'au sternum dans deux
genres d'animaux de cette classe , ceux des Omithùfynckui
et des Echidna^ en y prenant h peu près le même développe-
ment que chez les Oiseaux. Ces deux os Coracotdims (jf),
très-vigoureux chez les Oiseaux , sont placés en arrière de la
SW THi0U>6iB M iiA MATOU.
fotirobatte , et unieft de métne qtie eelte Aeinière k lents ouk^
plates rëspeetives pat une articalatioii immobile. De oétte
eitrémité ils deseendent obliquement en arrière et en dedans
jusqu'au bord antérieur du sternum avec lequel ils s'unissent
par me articulation mobile, étroite, mais profonde. Fort
allongée transversalement ; de manière que leurs luxations
sont à peu près impossibles.
Ces deux os étant placés pRÉcisÉUKirr dans la DiRECTi6if
DANS LAQUBLLB A6ISSBNT LES MUSCLES RECTORAUX, LEUà
RÉSISTENT ÀYEQ ÉNERGIE , dsns la teudauce qu'ils ont d'a-
baisser les épaules , en formant de puissants arcs-boutants
contre ces dernières.
Par la forme de leur articulation avec le sternum , les os
coracoîdiens ne jouissant d'aiicun niouvement latéral , con-
tribuent puissamment k empêcher les mouvements trans-
versaux des épaules ; tandis qu'ils permettent le mouvement
d'avant en arrière dont l'Oiseau a besoin dans les change^
ments de direction dans le vol , ainsi que je le ferai voir plus
tard. Ces derniers mouvements sont d'ailleurs très-limités,
d'une part par la fourchette qui ne saurait s'écarter que fort
peu de l'angle antérieur du sternum auquel elle est liée par
des -ligaments courts, et de l'autre, par l'omoplate qui ,
enveloppée de muscles , ne peut que glisser légèrement sur
le thorax, en exécutant toutefois des mouvements qui
permettent d'exécuter les changements de direction dans le
vol.
Nous avons vu que le cetitre de gravité (o ) du corps devait
se trouver un peu au devant , et un peu plus bas que l'axe
passant par les deux genoux, afin que l'Oiseau pût se
maintenir en équilibre dans la station, ou la marche, et
qu'il devait se trouver en même temps à une assez grande
distance sbus la ligne passant par les centres de force des
ailes , au moment où celles-ci font le plus grand effort dans
le vol , afin de maintenir également l'équilibre du corps dans
le vol, et l'empêcher de chavirer; ce qui arriverait dans le
«M Ml le eMaU« d^ g^ritë se UfOnvérÉit taHleiâos de é«8
pdifetê, aitifti qu'otl le démbtitte dàûs totiB lèd ouvrages de
statique, pour les corps platées dans an milieu fluide. Poutt
fklkB GOÏNCIDEA CES TbOiS COt^DltlONS, Là MàTURB â TtlANS-
^ORTÉ LÉ CENTRE BË GRAVITÉ , NON-SfilItEMËNt k La 1>LUS
ORANDB DISTANCE POSSIBLE DE LA COLONNE VERTÉBRALE,
€'feST-i«>DtRB À LA PARTIE INFÉHlËURB Et t»OSTÉRIEURÊ DE LA
l»OlTRiNE| PAR L*firJ^ET bÉ LA GRANDE MASSE DES MUSCLES
PËCTORAtIX, LES PLUS VOLUMINEUX DU CORPS, QU'ELLE À
PORTÉS EN QUELQUE SORTE AU-DEl^SOUS DU VRAI STERNUM , EN
MOLONOËANT CELUl-Cl EN DESSOUS PAR LE BrEGHET , SetVant
de principal point d'attache k ces muscles; mais elle a eii
Otitre RELEVÉ FORTEMENT LES ARTICULATIONS DES ÉPAULES ,
ktlN O0Ë DANS LA POSITION MOYENNE bSS AILES PENDANT LE
f OL (lorsqu'ellea sont presque horizontales et un peu rele*
vëes fteulemeni) , la distance entre le centre de gravité
It LA LIGNB passant PAR LES CENTRES DE FORGÉ DES AILES
loir LA PLUS GRANDE POSSIBLE.
En prolongeant ainsi le dternum (Imit) en dessous par
le bréchet (m) pour servir d'attache aux muscles pectoraux ,
le Créateur a non-seulement fait descendre le plus
POSSIBLE LE centre DE GRAVITÉ, MAIS IL A EN OUtRE PU
DONNER PAR LA UN VOLUME PLtS CONSIDÉRABLE A CES
htscLES , dont la fôtiction est de faire mouvoir les ailes dans
lé vol *, et ce qui prouve que le premier fait est l'un des
j>rineipaui motift dé cette dispositioh , b'est que le muscle
Mtyèn -pectoral (VicQ-D'AztR), qui relève l'aile, au lieu
d'insérer son tendon , comme chez les Mammifère^ , k l'os
tôracoîdien, contourne son extrémité supérieure en s'y
réfléchissant comme sur une poulie , pour se fixer par en
dessus k l'os du bras qu'il relève. C'est ainsi que ce muscle
a été CHANGÉ DE FONCTION , AFIN DE PLACER LE RELEVOIR DE
l\lLE i LA PARTIE INFÉRIEURE DE LA POITRINE POUR INFLUER
itm LA POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ ; taudis quo cc mou-
Vement aurait dû être principalement produit par les muscles
288 IvtOVQ&E DB LA NàTURB.
snr-épineQx et sous-ëpineai fiiés k l'oiDoplate; muscles
qui, devant être très-volamineai pour cela, auraient pro-
duit l'effet contraire sur le centre de gravité ; aussi sont-ils
fort petits chez les Oiseaux, où ils n'exercent qu'une action
secondaire dans le vol : celle d'étendre et de replier les
ailes.
Si le sternum conservait la même position que chez les
Mammifères, il est évident que par l'effet du poids des
muscles pectoraux , le centre de gravité du corps se trouve-
rait trop en avant , étant k la fois au devant de la base de
sus-station des pieds, et au devant des points de suspension
de l'oiseau dans le vol , lors de la position moyenne des
ailes. Ces deux circonstances ont fait porter le sterhuh
PLUS EN ARRIÈRE QUE DANS LES MAMMIFÈRES ; et CCla d'aotailt
plus que la partie antérieure des muscles pectoraux (portion
clavlculaire chez les Mammifères) s'attache k la fourchette
placée au devant du sternum ; et pour ne pas porter gb
derNiIr plus en arrière qu'il ne l'a fallu, les ailes ont
ËTE AHEfNÉES PLUS EN AVANT quc Ics mem(>res antérieurs de
ces dérhiers animaux; c'est-k-dire que les articulations des
.hT9^ sont au devant de la première paire de côtes et de
l'extrémité corr^pondante 4u sternum ; et celui*ci se pro-
longe en arriére jusque sôus le bassin.
, Les membres' antérieurs , transformés en ailes , nous
offrent' encore dan^ leur /louvelle condition un de ces
ADMIRABLES EXEMPLES DE HAUTE SCIENCE ET DE SUBLIME
SAGESSE , OÙ L'iNfELLIGENCE SUPREME A SU APPROPRIER DBS
ORGANES , PAR DE SIMPLES MODIFICATIONS QU'eLLE LEUR A FAIT
SUfilR, À IINE FONCTION FORT DIFFÉRENTE DE CELLE QU'iLS
REMPLISSENT AILLEURS.
Tout cet appareil mécanique est si parfait dans sa com-
positfon , qu'il seilibie au premier abord qu'il a nécessaire-
ment dû être composé, dès je principe, de toutes pièces
tel qu'il est, eb vue de *èa fonction actuelle, rien ne s'y
trouvant dé trop, et rien ii'y étant oublié, jusque dans les
CHAPITRB III. 28^
moindres détails des parties même accessoires , pour être
propre à la fonction qu'il exerce; tandis que les ailes ne
sont que des membres purement transformés , accommodés
k un autre usage , n'ayant éprouvé au fond que des modi-
fications très-légères, mais fort savantes.
Dans cette disposition des parties , Y Omoplate (t) n'est
plus ce grand os large des Mammifères , mais une simple
lame longue et fort étroite , en forme de sabre , dirigée , non
plus de bas en haut comme dans ces derniers , mais hori-
zontalement en arrière, presque parallèlement à Tépine
dorsale, ce qui semble au premier aperçu en contradiction
avec rimmense force que les Oiseaux ont k employer dans
]es mouvements de leurs ailes ; mais cela s*explique faci-
lement par le fait, dont il a déjà été parlé, que le prin-
cipal muscle releveur de Taile est placé sous le sternum ;
tandis que les muscles sur-épineux , sous-épineux et autres ,
qui se rendent de Tomoplate au bras , n'ayant plus qi^une
action secondaire à exercer, celle d'étendre et de replier
l'aile , n'agissant que fort peu dans les mouvements d'élé-
vation et d'abaissement, sont de fô considérablement ré-
duits, et n'ont en conséquence plus besoin d'une grande
surface d'attache sur l'omoplate ; aussi Y Épine de cet os ,
cette lame si saillante qui s'élève sur le milieu de sa face
externe chez les Mammifères pour augmenter l'étendue des
insertions musculaires , a-t-elle complètement disparu chez
les Oiseaux ; et YAcromion n'est qu'une apophyse très-courte
et fort obtuse de l'angle antéro-supérieur de l'os, apophyse
sur laquelle s'articule , comme d'ordinaire , l'extrémité de la
Clavicule (fourchette) (ft).
Les mouvements du bras devant se faire , lors du vol »
dans un plan presque perpendiculaire k l'axe du corps , en
plongeant plus ou moins en avant; ou bien k peu près
horizontalement quand l'oiseau étend ou replie Taile, la
cavité articulaire de l'épaule est en conséquence dirigée
directement en dehors, et présente une forme arrondie, afin
I. 19
290 THEOLOGIE PB U HATtRE.
4^ pç):iQf ttre cei^ dmi mouvements , dont te eombittsdson
pcgiit produire U circumduction , qui doit toutefois être très-
bornée , ainsi qu'on le verra lorfiqp*il s'agira d'expliquer
coipweut 3'e:!^j^cnt0 le vol. Or, pour empêchée préeisémeD(
la trop grande éteudue di^ ce derniec ipoavemeut , la forme
J^fi |;.'iRTIGULATU»f EÇT PABFAITBMBNT CALCULÉS. Quoique
arropdie, la cavité articulaire, placée oomme chez les
&Iaqimifère3 sur la jonction de l'omoi^ate et de l'os coracot-
die^ , est toutefois sensiblement allongée dans le sens veili-
cal , dans lequel doit s'exécuter le mouvement de l'os an
bra$ dws le vqI ; forme d'où réspUe que k roti^ion de Taile
^ trè^-limit4e ; et ^ bord antérieur de cette casité, élaBl
a^e^ saillait , empêche non-seulement U tr<q> grande exten-
sion A^ bra$ , mais prévient encore sa luxation ep avant.
Epûn ,. pour q^e l'aile puisse ae replier entièrement sur le
corp§ , la tête de l'os du bras est courbée en dedans.
Le$ troii| p?/rties princjip^s de l'aile, le Bras, l'Avant-
Bra,$ et la Main ou le FQuet , varient assez fortement en
longueur, |pivant la {acjilitê avec laquelle les Biseaux
doivent pouvoir voler; faculté dépendant natuceUemeot de
la g^ajoide^ur de l'aile , et plus spécialemenA de sa longueur ;
mais , t,ern{ie mpyen , ces membres antérieurs sont toutefois
plus alloj;ygés que ceux, des Mammifères , qu'ils dépassent
souvent du douille ; cette gr^()^ loAguisur étant nécessaire
po^r que l'aile puisse trouver dans ses ttouxements une
résistance s^iEUiante dan^ l'air , résistance, qui permet à
l'oiseau 4'y prendre un ppin^ d'appui pour s'étancer dans
l'espace.
L^aile devant fortement résister k Tair pat ses fiaces
suj^ieures et inférieures , il est é^ideJat qu'elfe ne doil pas
po\ivoir Qécbir, ni en dessus ni en ^^ssgus, dans ses
articulations du coi^^e Qt <jlu fQu^t, m^s uniqMepenI ^ans
le sQns bQri;^o^t2^; et 4^ï\§ ç^-^ m^fw, ces parties
ne devaient pouvoir s'étendre au delà de la direction droite;
vu que ri^u^p);|lsion que les ailes Ke^yfj^ d'arrière en awat
CfiAPITAS lit. 191
l68 forcerait dans ce dernier sens , ce qui rendrait le vol
impossible ; et c'est en effet ce qui a lieu sans exception ,
TOUT àTàNT été BARFàITEMBNT niSPOSÉ POUR ATTBINDRB OB
BUT DÉFINITIF.
L'articulation du coude ressemble encore beaucoup k
celle de l'homme et de^ autres Mammifères, dont elle diffère
toutefois sous quelques points fort importants four l'bf-
FBT QUB CBS «OBIFICATIOIIS PROBpiSEBT.
L'os du bras présente ainsi, de même que dans l'bomme,
deuK condyles , l'un inférieur, spr lequel se meut principa-
lement le cubitus , et Tautr^ supérieur, sur lequel se meut le
radius ; condyles dont Taxe de mouifcment est k peu près
▼erlical, toujours comnie dans Tbomme; mais un peu
oblique en deborq et en dessous. Ces condyles sont , du
reste, également tournés en avant, pour permettre k l'avant-
bras de venir toupher le bras lorsquHl est au repos. Ces deux
condyles offrent ensuite cette difiërence que rinférieur ou
le cubital, est arrondi en tète et beaucoup plus petit que le
supérieur ou radial ; tandis que ce dernier est étroit et d'une
courbure moins précipitée, deBMntèrek s'étendre fortement
au delk du premier vers Tépaule, en mime temps qu'il est
plus obliqué en dedans et en dessous. Cette diSërence de
forme et de grandeur dans ces deux saillies articulaires inftue
considérablement et d'une nunière tort remarquable âmr les
mouvements de l'avant-bras et du fouet dans leur extension
et leur flexion.
Ces condyles étant placés k peu pvès ^Ptlcalemenl au*
dessus Tun de l'astre , à l'extrémité du bras , les tâtes du
radius et du cubitus , qui s'articulent avec eux , sont en
conséquence de niveau lorsque Tavant-kras est étendu ; mais
quand ce dernier vient k se fléchir, k cubitus tournant sur
le petit condyle, ne se déplace que fort peu, en se mouvant
borizontalement , tandis que la léta du radios , parcoifrant
un arc beaucoup plus grand, avaqce davantage vers l'épaule,
cet 06 glisse pa» eonséquenl ^ans sa longueuf s»r le cubitus ,
i9!l mioLOGis db la raturi.
de manière à le dépasser à TarUculation carpienne ; et nous
verrons tout à Theure comment ce mouvement de glissement
du radius produit passivement la flexion du fouet de Taile.
En se fléchissant ainsi vers le bras, le radius, vu l'obliquité
du condyle humerai , tourne en même temps en dedans et en
dessous ; et comme il est lié au cubitus par des ligaments, il est
forcé de rouler sur lui, ce qui produit dans le fouet un léger
mouvement de pronation par un moyen tout à fait diflërent
de celui des Mammifères, où ce mouvement est exécuté ac-
tivement par des muscles spéciaux , ainsi que le mouvement
contraire de supination ; tandis que chez les oiseaux l'un et
l'autre sont produits par la simple flexion de l'avant-bras.
L'aile étant étendue , le bras est dirigé obliquement en
dehors et en arrièie; l'avant-bras, obliquement en dehors
et en avant, en faisant un angle très-ouvert avec le bras; et
le fouet, composé du carpe, du métacarpe et des doigts,
se trouve dirigé en dehors et en dessous , en faisant égale-
ment un angle très-ouvert avec l'avant-bras. Dans cette
position , le radius est placé obliquement au-dessus et au
devant du cubitus ; et lorsque l'avant-bras vient k se fléchir,
le mouvement de pronation , dont je viens de parler, ame-
nant le radius presqu'au niveau du cubitus , fait tourner les
pennes qui étaient inclinées en arrière , de manière à être
dirigées en arrière et en dessus, de même que celles du fouet,
qui suivent le même mouvement.
Le cut)itus , l'os principal de l'avant-bras , au lieu de se
fléchir directement en avant , se porte , vu l'obliquité de son
articulation du coude, en avant, en dedans et un peu en bas,
en entraînant le radius , de manière que l'avant-bras, au lieu
d'aller s'appliquer contre Tépaule , rencontre le corps an-
dessous de cette dernière.
Quoique l'aile doive être étendue par laforcedes muscles,
la saillie du coude à laquelle s'insèrent les extenseurs de
Tavant-bras est toutefois presque nulle. Cette brièveté, loin
d'ofirir, ainsi qu'on serait disposé k le croire, une contra-
CHAPITRE m. ^3
diction relativement k sa fonction , comme branche de levier
pour donner delà force 2i l'extension de l'aile, noas montre
au contraire nn exemple de plos de la rigueur avec laquelle
LE CRÉATEUR A CALCULÉ TOUS LES MOYENS QU'iL A EMPLOYÉS
POUR ARRIVER AUX RÉSULTATS QU'iL s'eST PROPOSÉS.
Chez les Mammifères, où le bras fait un angle plus ou
moins grand avec Tavant-bras, les muscles extenseurs de
ce dernier agissant k peu près perpendiculairement sur la
saillie du coude , surtout au commencement dir mouvement,
il était convenable que cette apophyse fût très-longue , pour
donner k ces muscles la force suffisante pour soutenir le
poids considérable du corps. Chez les Oiseaux, au contraire,
qui n'ont qu'un faible effort k produire pour étendre Tavant-
bras et pour le maintenir étendu , il était inutile que cette
apophyse fût très-proéminente; et cela d'autant moins que
parles mouvements mêmes d'élévation et d'abaissement des
ailes , la force centrifuge qui anime ceux-ci , tend déjk k
étendre leurs diverses parties plutôt qu'k les faire fléchir,
et l'oiseau n'a en conséquence qu'un faible effort k faire pour
déployer ses ailes et les maintenir en extension. Une fois
allongés, les muscles moteurs de l'avant-bras , agissant sur
l'apophyse du coude dans le sens même de sa direction ,
sa longueur plus ou moins considérable ne serait d'aucun
avantage.
Les pennes ayant besoin , pour leur solidité d'êlre forte-
ment attachées, I'Intelligence suprême les a pRofonbé-
MENT implantées DANS UNE GROSSE MASSE LIGAMENTEUSE QUI
GARNIT POUR GELA LE BORD POSTÉRIEUR DE l'AILE. Or CCS
ligaments, en même temps qu'ils soutiennent solidement
les plumes, présentent avec les extrémités de ces dernières
qui y sont fixées, un bras de levier très-long aux divers
agents qui produisent l'extension du coude, tels que le
muscle triceps brachial ; et la traction que ces ligaments
éprouvent par l'extension du fouet, elle-même produite par
tous les muscles qui étendent l'aile ; d'où résulte que l'avan-
994 THBOLoan di la vaturs.
tage comiiie lerier que présenté la saillie du coudé e^t
presque nul ; et de Ik son absence presque complète.
Le radias ne devant pas tourner sdr te cubitus pour pro*
duire la pronation et la supination autrement que lors At
Textension ou de la flexion de l'aile, il est lié k cet os, près
de son extrémité brabhialé , par un ligathent supérieur pas-
sant de la tête de l'un k celle de l'autrb. Ce ligament tient
ces os rapprochés, en peraiettant toutefois au radius de
glisser en longueur sur le cubitus.
A leur extréihité barpiehne ^ leS deux oA de l'avant-bras ,
ainsi que ceux du carpe , avec lékqdels ils s'articulédt , pré-
sentent également dëd différenbes notables, ëotiiparés k leurs
analogues chez les Mammifères , hiaii tohjours eU rapport
avec les moiiyemenlà qu'ils doivent exécuter.
L'extrémité du cubitus se termine par une poulie très-
large, tournée obliquement en arrière et en dessous, k goi^
peu profonde, k condyles inégaux, d6nt le supérieur beau-
coup plus grand que l'inférieur; de manière que les os du
carpe qui se meuvent sur cette poulie oblique , font exécuter
ûvL ibuët de l'aile un mouvement par lequel il décrit une por-
tion de surface conique trèi-évasée , dont l'aie est lé même
que celui de l'axe des deux condyles du cubitus.
Hais le fouet ne se nient pas tout d'une pièce Sur le cubi-
tus : les os métacarpiens se meuvent également sur les caN
pieds , et avec autant d'étendue que ceux-ci sur les oâ de
l'avant-bras. L'os antérieur; placé entré la tète du radius et
le grand métacarpien, et qui paraît être plus particulièrement
l'analogue du Scaphoide des Mammifères , présente Un peu
la forme d'un coin engagé entre edx , mais dont \en deux
plans inclinés sont concaves {iour s'adapter aux fabèttes ar-
ticulaires convexes de ces derniers; Cet os sert d'une ma-
nière remarquable a produire la flexion et l'extension du
fouet, en communiquant au métacarpien les mouvetnents
que lui imprime le radius lorsqu'il glisse dans l'crn ou
l'autre sens^ le long du cubitus. En effet, lorsrque le radius
CttA^ITRt lit. ^S
86 porte en dehdré eti défiasbdtlt te bddt Uti bdUltU^ , il poussé
lescaphoide qui, ëUlht fetedti p^r le lig^dlëitt latéral qui
Tonit aa second 5d du cât(^ë ; bu le Pbif(i^fo»e ; re^te £lj)|)lit}Uë
«ir la facette mtcdiairfe iët*ltaitialé ëh ftifmë de fiouli^ tlu
eobitus; et tourne t\ït elle ed (xM^^til i édh tduh de^dnt
loi l'os métacarpien , en le forçant de tourner égalemedt sh^
la prirtié du cdbittt» , â(^t il ti'eSt sëp&rë ^ctè par tttt tUlilce
cartilage interarticdlaire ; fttiSàlit t^urtië de fbs piéllxibbë.
Ce dernier, i)fcàcé k l'd|)poËitë entre le cubildâ et le ttlëtti-
carpien , présente une forme fort irrëgdlièrë ; tfaais parNitë-
ment adaptée k mû Oëdj^è. Il S'&|)|tliqdë pair une facetté âf li-
onlaire etabtemént k là perde 6ût)érienrë de la {ibtilie dtl
cubitus , sur laquelle il glissé. Yerâ lé Mëlacd^pien il pté-
sente au contraire une tnortàise forinëe par deux apophyses,
dans laquelle pénètre la sailltb inférieure de là poulie de cet
M, 4ai y est maintenue par quatre llgatUënté , dôht rud sii-
périear se poHé d» sodittiist de là ct)brté brâhcbë de là dlor-
taise ir^ un fdrt tnbeitale (]dë prâèltite la fâbé fcorTëépbti-
dtnte de la tête du ^mtiii ifiëtMarinetl ; dit ^ àd deik du
sommet de Taxe de sa poulie.
Le second l^miedC; oppoëé au précëdëbt, se fixe ku
sommet de la longue brândiè de là tnbrtiUse et va ^'insërèr
a là face infériebre du gt^nd tnëtacarplen ëgéleknedt k kiië
forte saillie osseuse pldeée k peu près k reitrëmitë de Taxe
de sa poniié articulaire.
Le troisième, foifn^fit da atogté atee le seicond , part du
Blême soumet de Tapi^ph^s^ dh plsifbrme; liiâis va se il&ër
kla base du second inëtaéarpien.
Le qnatrtèknk est imerarticulkire et placé dans Ym& &e
mouTenkedt du fouet dé l*àite. It n^iU éM^ h diortaiBc , sur
la face de la longue apdpb^se du pi^ifcirme; et se rend sur
la face correspondante de la tèiedtt graiid'thàtacarpien.
Trois autres Hganienta unissent te grand tnëtdcnfpién
directement au cubitus. Le premier, plooë k la f^ce dupë-
rieore de Taile î se rend dé h fkoe de la tèt» du cabiilis en
â96 TBBOUM»! DB LA HATURB.
dehors sur le tubercule formant le sommet de Taxe de mon-
▼ement du grand métacarpien; et le second, inférieur»
opposé à celui-ci , offre une disposition semblable.
Le troisième , très-fort , se rend de la face inférieure de
la tête du cubitus à la base de la grande apophyse du pisi*
forme.
Lorsque le radius est tiré en dedans en glissant le long
du cubitus, par l'effet de l'extension de Tavant-bras, il
entraine avec lui Tos scaphoîde , et celui-ci le grand méta-
carpien , qui est forcé par Ik de s'étendre.
Dans ce mouvement , la facette articulaire en poulie des
deux métacarpiens se détache de la tête du cubitus , d'où
résulte un vide que l'os pisiforme remplit en suivant ces
deux derniers os , qui le traînent après eux.
Pour donner plus de solidité aux os métacarpiens et
rçndre leurs mouvements plus réguliers , l'os scaphoide se
meut par une gorge profonde de poulie sur les deux méta-
carpiens , en même temps que le mouvement est réglé par
la tète do ces derniers os reçue dans la mortaise du pisi-
forme.
Les os métacarpiens étant arrivés k un certain degré
d'extension qui n'est pas tout k fait celui où ils seraient
en ligne droite avec le cubitus, les deux ligaments infé-
rieurs se trouvant tendus, s'opposent k une plus forte exten-
sion ; et cela d'autant plus que, par leur disposition et leurs
attaches k l'os pisiforme, ils tendent k faire exécuter k ce
dernier un mouvement de bascule auquel il ne [>eut pas
obéir, étant retenu par le ligament supérieur.
Lorsqu'au contraire le radius se porte en dehors en glis-
sant le long du cubitus , par l'effet de la Oexion de lavant-
bras, il pousse devant lui l'os scaphoîde, et celui-ci pousse les
métacarpiens en les faisant tourner autour de la partie termi-
nale du cubitus , en même temps que les métacarpiens , en
appuyant dans la mortaise du pisiforme, poussent ce dernier
en dedans, en le faisant tourner également sur cette partie.
GHAfiniB m. i97
Par ce mouvement, l'angle obtus que le second ligament in-
férieor fait avec la branche correspondante de la mortaise
da pisiforme diminue de plus en plus, et le fouet de l'aile se
relâche. De même aussi , le premier ligament inférieur se
trouve relâché par le mouvement de bascule que peut alors
exécuter Tos pisiforme; mais la flexion du fouet de Taile est
limitée par la présence de ce dernier os placé dans l'angle du
cubitus et du métacarpien ; de manière que cet angle n'est
guère que de S0\
Quoiqu'il y ait réellement deux os métacarpiens prin-
cipaux représentant probablement les analogues de ceux du
grand doigt et du d<Hgt annulaire de l'homme , ces deux os
sont constamment soudés entre eux k leurs deux extrémités,
et paraissent comprendre dans leur masse la seconde rangée
des os carpiens, qui manqueraient sans cela chez les oiseadx.
Cette union intime de ces os donne une grande solidité k «
cette partie de l'aile à laquelle correspond k peu* près le
centre de force de cette dernière.
Près du carpe, le métacarpien présente au bord antérieur
me petite apophyse k laquelle se fixe le muscle extenseur
de l'aile, qui agit ainsi à la fois sur l'avant-bras et le
fouet.
Les deux métacarpiens sont terminés chacun par un doigt,
mais dont le postérieur est réduit k un seul osselet stylolde
adhérant par des ligaments latéraux au bord correspondant
de la première phalange de l'autre doigt. La présence de ce
petit os borne k la fois la flexion et l'extension de cette der*
nière, ne lui permettant qu'un très-léger mouvement,' suffi*
sant toutefois pour permettre au bout de Taile de se relever
et d'être plus facilement placé sur le croupion de l'oiseau k
l'état de repos.
La premi^e phalange du grand doigt s'articulant k sa
base par une facette plane, avec son métacarpien, ne permet
k ce doigt qu'un mouvement très-obscur, et il en est de même
de rartiealation de la seconde phalange avec la première ;
S9S THBOLOGIB fit UL MATURE.
mais ces mouvements suffisent pottr dôliobr de l9 ^otipleséb
el de l'élasticité k cette partie teimiuale de Taile , eis ttiêtiiè
temps qu'ils lui permettent de se fléchir dti peu ; pobr t^p-
prêcher dans le repos les pennés qu'elle porte; et de les
faire écarter lorS de l'extension de l'aile, tfln d'bflKr plag
de surfaice:
Le Pouee^ représenté par une seule phalange stjlbîdë,
forme ce qu'on nommé Y Aile bMarde. Il e^t snëcéptiblé de
pouvoir assez fortement s'étendre en avarit , oii bien de 96
replier codtre le grand os métacarpieh , et semble destliië à
étendre en avant l'angle t^ne l'aiie forme k cet endroit, pMr
mieux fendre l'air.
Dans tout son ensmible î ¥m\e est 4égèrMient m^ée en
dessous , afin d'offrir une pli» gt^ande prise k l'air lors de
son abiissemerit, ^ue lors de son élëvctiM ; cette diffiérenoè
fâcilitatit beaucoup le vol ; en donnadt k l'Oiseau Qfie Itn-
pulsii>n asGQnriidnnelle plu» fort» qde si les ailes ëtaièAf
planes; mais cette forme n'est qu'm simple perfeetiôil-
nemeni, n'étant aucuneinent néoessâire k la prodKtion du
vol, ainsi qufe eela edt prbnvé {(hr les lâseetcb, d«nt lès ail»
sont planes.
Quoique les Plumer n'appartiennent pas réellement Mt
orgsdes de la locoihotion^ c'est ici le lien d'eu parier bomàie
leur accessoire le plus esëedtièl.
Le PoU qui Recouvre le cbrfis des Maihmifères, leuk a
9IEN ÉviDBMiiENT ÉTÉ Doi^NÉ dads le but de lès garantir prin«
cipalement des variations subites des phëdomènes atliMK
sphériques, ainsi que le prouvent les modifications que ce
véteilient éprouve toils \ês kns, par les mues, au commence-
ment et k la fin de chaque saisoil ; diais si , comine cela est cer-
tain, TELLE A ÉTÉ LA VOLONTÉ DE L'INEFFABLE BONTÉ nS L'ÉtSR-
NBL , le Btioyen a dû atissi être efficace. Or il n'a pas snfi de
couvrir ainsi le corps d'un animal d'un vêtement quelconque,
il a fallu aussi (|u'il remplit convenablement les conditions
voulues; et cfest en effet ce que nous trouvons émineitiinènt
CHAPITAB UI. M9
daafl le poîl^ aiesi (|ue dans toutes les &utreé cotiYertates cor-
nées des animaux, leur substance étant celle qui jouit au pluÀ
haut point de la propriété de ne pas être conductrice de la
chaleur et du froid; c'est-à-dire que mieux, que toute autre,
la matière cornée garantit Tanimal dtt froid extérieur, notl eii
réchauffant, ainsi que beaucoup de personnes le croient, tuais
eu risolant, pour lui conserver la chaleur produite dans son
intérieur* Et rappelant ici ce que j*ai d^k dit dans dn autine
de mes ouvrages , je ferai observer qu'il parait que les prcP
ductioBs cornées sont non-deulement de mauvaises conduc-^
trices de la chaleur par letir intérieur, mais qu'elles ont en
outre la propriété remarquable et surtout très-essentielle et
efficace, ^onïme vêtement des animaux, de jouit* a leur sur-
face d'une forte attraction pour la chaleur, qu'elles retien-
nent par l'effet d'une véritable capittariti ; d'où il résulte (|u'k
masses égales, plus les corps cornés sont subdivisés^ plus ils
retiennent facilement la chaleur; ce Qui explique parfaite-
ment ce que tout le monde sait par expérience, que lés ha*
bits fins de laine sont ; comme on dit ^ plus chauds que Tes
grossiers , quoique ceux-ci soient plus épais et contiemient
plus de matière cornée. C'est aussi conformément k cette
propriété, attachés par la bonté sQPttËiiB ni L'ÉiËRiifcL À
CBtTE HÉMË SUBSTANCE DESTINÉE PAm-LÀ 1 OOUVRm LB CORPS
DBS ANIMAUX À SAN€^ GBAUD, qu'est duo la faculté inhérehte k
leur organisation, de produire avant le commencement db
LA saison froide, DU POlL EXTRÊMEMENT FIN Et PLUS OU koiNS
PRISÉ, connu sous le nom de Laine ; taddi» qu^Aù RETOud bE
LA SAISON CHAUDE, CETTE LAINE TOMBE, POUR QUE l' ANIMAL NE
SOIT PLUS COUVERT QUE du Jarre^ gros poil droit et conique,
beaucoup plus espacé ^e là laine , afin de laisser plus fa-
dlement échapper les valpears qtii s'exhalent du corps de
l'animal; exhalation^r qui contribuent puissamment à ra-
fraîchir le corps, lorsque par une cause quelconque sa tem-
pérature est trop élevée.
Ces productions cornées ne sodt point, comme on le pem!&
dOO TBBOLOGB M LA RATCftl.
généralement, dnes k de sjmples sécrétions qni auraient
lien dans de petites poches on Cryptes contennes en nombre
prodigienxdansla pean ; snbstance qni, après avoir sainte des
parois intérieures de ces cryptes, serait poussée an dehors par
Teffet deson accumulation au dedans, et formerait ainsi, en se
produisant toujours par le bas et en s*endurcissant bientôt,
ces poils et cette laine dont je viens de parler. Mais il n'est
d'abord aucunement probable que ce soit ainsi que se
forment les diverses productions cornées ; et ce qui le pronve,
c'est qu*elles sont pendant quelque temps réellement or^-
nisées et vivantes, et ^ la fin seulement, des corps morts et
inertes, comme le sont les produits purement sécrétés , tels
que la matière sébacée , substance grasse qni suinte de la
peau, la Salive^ la BUe^ etc.
Je viens de dire que les productions cornées étaient au
commencement vivantes, c'est-ë-dire qn'à Tinstar de tous
les antres organes, elles naissent, se développent jusqu'à nn
certain point réellement assigné par la volonté créatrice,
où CBS DIVERSES PRODUCTIONS s' ARRÊTENT ET MEURENT POUR
NE SERVIR QUE PASSIVEMENT À LA FONCTION QUI LEUR EST
PRESCRITE.
En effet , la vitalité des productions cornées , et spéciale*
ment des poils , est prouvée par le fait suivant : Tous les Na-
turalistes reconnaissent que les grands corps, cornées , tels
que les Cornes , les Ongles , les Sabots , etc. , ne sont an fond
que le produit de l'agglutination d'une quantité considé-
rable de poils; or, lorsqu'on fait une entaille à la corne
d'un Bœuf ou d'une Vache avant l'&ge de trois ans, où ils
deviennent adultes et cessent de croître , cette entaille se
cicatrise comme toute autre plaie faite k leur corps ^ et la
corne sinfléchit vers ce côté, tandis qu'après que l'animal
a cessé de grandir, les cornes s'arrêtent aussi dans leur
développement, et, cessant d'être vivantes, toute coupure
qu'on y fait reste ce qu'elle est, sans jamais se cicatriser.
On sait aussi que les poils, et spécialement les cheveux
ilAPITRI lU. 901
humains , croissent plus fortement par la base lorsqu'on les
coupe , même à une grande distance de leurs racines ; et
qu'il arrive un moment où leur croissance se trouve arrêtée,
mais qu'il suffit d*en couper une petite longueur pour
ranimer la vitalité assoupie dans la racine, et faire continuer
la croissance ; ce qui prouve que , même à un point fort
éloigné de Torigine des cheveux , Teffet physiologique de la
taille se fait sentir dans la racine; ce qui n'aurait pas lieu si
les cheveux n'étaient que des corps simplement sécrétés et
en tout temps morts. On sait aussi que dans la maladie con-
nue sous le nom de Plique polonaise , les cheveux sont sen-
sibles , ce qui ne pourrait également pas avoir lieu s'ils
n'étaient que le produit d'une sécrétion.
Quant aux Plumes , organes qui n'existent que chez les
Oiseaux , dont aucun n'est dépourvu , ce ne sont au fond
que des poils plus ou moins grands , fort compliqués , et
CONFORMÉS d'une MANIÈRE TRÈS-SAVANTE POUR REMPLIR
PASSIVEMENT DIVERSES FONCTIONS AUXQUELLES ELLES SONT
DESTINÉES.
Dans ces productions cutanées surtout , la preuve de leur
organisation est parfaitement évidente, chacune naissant par
un Bulbe qui se prolonge même considérablement au de-
hors des téguments, en formant un cylindre de plus de trois
centimètres de long dans une plume k écrire. Ce bulbe,
parfaitement organisé dans son intérieur, renferme de nom-
breux vaisseaux servant à son développement en plumes, et
des nerfs qui y entretiennent la vie.
La plume étant complètement formée, ces vaisseaux
nourriciers s'oblitèrent de proche en proche du sommet à la
base, où le bulbe continue à croître; les nerfs s'atrophient
également; la tunique, enfermant le tout, tombe en pous-
sière , et la plume parait au dehors dans toute sa perfection
finale; mais comme corps mort, pendant que le développe-
ment continue encore par la base, jusqu'à ce que l'organe
soit complètement produit, et reste fixé aux téguments
30t THÀ>LOGft M LA NATUtlfi.
jasqii'k rëpoque de la ptroehaine mue, où la plnme tonbe
pour être de saile remplacée par une autre; faits auxquels
les Anatomistes comparateurs n'ont pas fait attention quand
ils ont nié la structure organisée des productions cornées
des Animaux.
Les Oiseaux étant destinés k pareourir avec rapidité des
espaces étendus de l'atmosphère , et surtout à des hauteurs
fort considérables, en passant en peu d'instants dans des
régions dont la température est très-différente , un léger poil
n'eût pas suffi pour conserver k ces animaux une chaleur à
peu près égale ; et une laine épaisse , semblable à celle des
moutons , tout en remplissant cette fonction , aurait eu le
grand inconvénient de présenter une quantité innombrable
d'interstices par lesquels le vent produit par la rapidité du vol
aurait trop facilement pénétré jusqu'au corps , qu'il aurait
très-promptement refroidi, en même temps que la résistance
que l'air eût trouvée k la surface de chaque poil aurait détruit
une partie considérable de la force de projection de l'CMseau,
et rendu par là le vol impossible. Aussi la Nature a-t-elle,
DANS SA HAUTE SAGESSE , PARÉ À LA FOIS À TOUS CES TOCOHVÉ-
NIBN9S, EN IfOniPUNT SIMPLEMENT LE GENRE DE VÊTEMENT
DE CES ANIMAUX , EN TRANSFORMANT LES POOiS EN PLUMES ; en
même temps qu'en donnant k ces organes les grandes
dimensions qu'ils ont dans les Pennes, elle a trouvé le
MOYEN DE LES FAIRE SERVIR d'uNE MANIÈRE SI ADMIRABLE k
augmenter la surface des ailes, qu'ils constituent presque en
entier, sans augmenter sensiblement le poids du corps , les
plumes présentant k la fois une puissante résistance k l'air
qu'elles choquent dans le vol. Or toutes ces conditions,
sans lesquelles les Oiseaux n'auraient pu exister comme vo-
latiles, la Nature a su les réunir dans ces organes, qui ne
sont, ainsi que je viens de le dire, que les poils des
Mammifères modifiés, afin de ne pas sortir du plan
GÉNÉRAL qu'elle s'EST TRACÉ POUR CHAQUE SYSTÈME n'OR-
f^ANES. La forme toute particulière que les plumes présentent
CHAPITRC lit. 303
étant en effet la pins propre k remplir les divers usages
auxquels eelies-ci sont destinées.
Elles offrent , de même que les poils , deux espèces fort
distinctes : la Plume proprement dite et le Duvet. ^ Celui-ci y
exclusivement destiné k entretenir la chaleur du corps , est
eomposé d'une tige principale peu résistante , garnie latéra-
lement sur deux rangs opposés de barbes très-fines , flocon-
neuses , formant de nombreux interstices dans lesquels est
retenu Tair chauffé par le corps , comme il l'est entre les
brins de laine des Mammifères , dont le duvet est particuliè-
rement l'analogue. Mais pour que , d'une part, cet air reste
réellement renfermé dans le duvet , et que , d'autre part , ce-
lui-ci ne présente pas de résistance k l'air extérieur, ce duvet
est recouvert par les plumes proprement dites, qui n'en dif-
fèrent qu'en ce que leur tige est plus résistante , et que )es
barbes , au lieu d'être floconneuses , sont droites , en forme
de petites lamelles triangulaires fort allongées plus ou moins
roides , et garnies elles-mêmes sur leurs bords de petits cro-
chets au moyen desquels elles se fixent les unes aux autres
par leurs faces dans la même rangée ; de manière k former
de chaque côté de la tige un plan assez résistant, rçssem-
bhint k un tissu rigide bien uni , qui donne k l'ensemble
de la plume la forme d'une feuille ou plutôt d'une écaille
légèrement bombée , imbriquée d'avant en arrière sur celles
qui suivent, en recouvrant le duvet, et donnant au corps
entier une surface parfaitement unie et lisse , sur laquelle
l'air gHsse facilement sans pénétrer dessous.
Chacune de ces plumes ne tenant k la peau mie par un
pédicule plus ou moins court, auquel se rendent des subdi-
visions du muscle peaussier, l'oiseau peut k volonté les ser-
rer plus ou moins fortement contre le corps , selon le besoin,
pour donner k eehii-ct moins de grosseur pendant le vol ; ou
bien il peut les en écarter, afin de ménager plus d'intervalles
dans lesquels Fair chaud s'accumule.
Les ailes des Mammifères volants ne consistant qu*eii une
304 TUOLOCiB Ll LA IIATIIM.
simple membrane par elle-même sans résistance , il a fallu ,
pour qu'elle pût servir au vol , qu'elle fût tendue entre les
deux paires de membres ; disposition dans laquelle elles ne
purent, comme on Ta vu, que remplir imparfaitement leur
fonction.
Les Oiseaux étant au contraire plus spécialement destinés
au vol , tout leur organisme a été, ainsi que je l'ai déjk dit,
non-seulement modifié en vue de cette fonction devenue h
régulatrice de toutes les autres, mais elle-même s'exerce
chez eux au plus haut degrjé de perfection , les ailes réunis-
sant tous les avantages possibles. La membrane qui constitue
les ailes des Chauves-Souris est remplacée par des plumes,
organes infiniment plus propres à remplir toutes les condi-
tions que cette éminente fonction exige. La rangée placée tout
le long du bord postérieur de l'aile, ou les Pennes, a pour
cela seulement , reçu un développement beaucoup plus con-
sidérable en grandeur que celles qui recouvrent la majeure
partie du reste du corps, et ont surtout été fortement
allongées , sans présenter d'ailleurs aucune autre modifica-
tion notable. Comme elles ne sont toutefois fixées qu'à leur
base, l'air, en appuyant dans le vol alternativement sur
leurs deux surfaces , les ferait facilement fléchir pour leur
faire prendre une direction parallèle a celle dans laquelle il
agit; position où il n'aurait plus eu de prise sur elles, ce qui
eût détruit l'effet que la résistance de l'air sur les ailes
doit produire. Pour que cette flexion entière n'ait pas
LIEU , LES pennes ONT ÉTÉ IMPLANTÉES À LEUR BASE DANS UN
ÉPAIS TISSU LIGAMENTEUX OÙ CHACUNE EST REÇUE DANS UNE
GaInE ou alvéole , TRÈS-PROFONDE , FIXÉE AU BORD POSTÉ-
RIEUR DES OS DE l'aile, et maintenues parallèlement les unes
aux autres par de fortes couches ligamenteuses placées aux
deux surfaces supérieure et inférieure des alvéoles , en les
réunissant en un seul tout.
Celte masse ligamenteuse régnant sans interruption tout
le long du bord postérieur de l'aile, il en résulte que lorsque
CHAPITRE III. 305
l'aile s'étend par Teffet des mascles extenseurs du bras , ce
ligament, qui tient k la peau sous Faisselle, se trouvant
nécessairement tiré en dedans, tend à prendre une direction
droite et appuyant dans cette extension sur le coude , il force
par là Tavant-bras de s'étendre sur le bras par une action
purement passive , qui contribue beaucoup k maintenir l'aile
étendue, sans grande fatigue pour l'animal, si ce n*est dans
les muscles extenseurs du bras , assez forts pour la suppor-
ter. L'extension de l'avant-bras est ensuite produite , aussi
activement , par les Muscles Triceps et Anconés qui sont les
analogues des extenseurs de la même partie chez les Mam-
mifères , dont l'un , ou le Triceps moyen , se rend de
l'omoplate k la saillie du coude , et les autres , de l'os du
bras également à la même apophyse.
Ce ligament, ainsi tiré en dedans, produirait la flexion
du fouet de l'aile, le long duquel il se continue, si elle
était possible; mais nous avons vu que par l'ingénieux
mécanisme que présentent les os de l'avant- bras et du
fouet, ce dernier s'étend nécessairement, par cela même
que l'avant-bras s'étend; il en résulte que la traction que le
ligament pennifère éprouve de dehors en dedans, lors de
l'extension de l'humérus, force en partie l'avant-bras à
s'étendre, et ce mouvement produisant en même temps
l'extension du fouet , celui-ci tire au contraire le ligament
en dehors. Cette traction en sens opposé de ce dernier,
augmentant sa pression sur la saillie du coude, produit une
plus forte extension de l'avant-bras, portée par là k son ma-
ximum, ainsi que celle du fouet, qui lui est subordonnée, et
par suite , une plus forte tension du ligament pennifère lui-
même; c'est-à-dire que, par l'effet de cet ingénieux méca-
msME, l'extension de toutes les parties de l'aile est produite
essentiellement par les puissants muscles extenseurs du bras
dans l'articulation de Tépaule. Le bras se portant par là en
avant, le muscle Triceps moyen, se trouve tiré en long et
agit ainsi non-seulement d'une manière passive sur l'avant-
30G THBOLOGIB DE U KATCKC^
bras; vms aussi par sa propre contraeiîoa volontaire.
Par cela mêiBe que le bras s'étend, le radius, étant tiré
en dedans, glisse le long du cubitus sur lequel il est
appliqué, et entraînant le fouet de l'aile, il produit égale*
ment son extension : action passive à laquelle conUribuent
ensuite aussi activement les muscles extenseurs propres de
ce dernier, placés le long de l'avant-bras ; d'où résulte que
toutes les parties de l'aile se trouvent fortement étendues ,
SANS qu'il ait été besoin de PLACEE DE FORTS MUSCLES SUR
SA LONGUEUR, qul, OU augmentant son poids, auraient rendu
ses mouvements d'élévaUon plus difficiles; inconvéaîeat
ainsi très-savamiient évité.
Ce mécanisme par lequel l'action d'un muscle donne de
la prépondérance k ses antagonistes, qui lui viennent par là
en aide dans l'efiet qu'il doit produire, est extbjêmeiibnt
remarùuable comme moyen mécaniocjb en même temps qu'il
est admirable comme invention dans son extrême SIMPLICrrÉ
ET LA PRÉCISION AVEC LAQUELLE TOUT EST CALCULÉ £T PRÉVU,
et cela d'autant plus que les organes employés à l'effet final
ne sont au fond que les analogues légèrement modifiés de
ceux des Mammifères, dont la fonction est di£Gérente. Cfaez
ceux-ci , le mécanisme du radius et du cubitus sert principa-
lement à produire la pronation et la supination de la main ;
chez les Oiseaux, au contraire, il déiermine son extension et
sa flexion ; tandis que les mouvements de volte de la main
dont je viens de parler sont impossibles.
L'oiseau devant tenir ses ailes pliées dans le repos , il
était convenable qu^elles pussent être maintenues dans cet
état sans un effort volontaire continu, qui eâl bientôt produit
une fatigue insupportable ; aussi la nature a-t^elle rendu
CETTE FLEXION ENTIÈREMENT PASSIVE^ RU mOyCU d'uU U^-
meni élastique tendu au bord antérieur de l'aile , de l'épaule
à Textrémité carpienne du radius -, ot pas plus loin , cil il
eût produit l'extension du louet; efiet contraire À celui
AUQUEL CE LIGAMENT EST DESTINÉ.
chapitrr m. 307
Là NiTUftË , TOUJOURS 61 INGJËNJEUSlj: h^^ ^N Aj^IClAÀBI^Ii:
ÉCONOMIE , a trouv4 ce ligaioeot dans le tendon du mufcle
deltoïde, qu'elle 3 amplement rendu él;ijglique ep même
temps qu'elle Ta prolongjé Jusqu'aa carpe; nouvelle 4pj$pP$î>*
lion qui constitue , avec le preste dn mécanisme de Ta^
auquel elle est appropriiée , un des arrangewuents les pliif
admirables (}e Tpr^anisme des Ojseanx.
Le muscle deltpïd^, toat en conservant, /eomme che? les
Mammifères y la fonction d'éteiidre le mem^e (^ms son
ajrt^culatipn de Tépjanle, contribue ajns^ indireelement k Ten-
tensiw du jTon^t ^ ^ moyen du radius d.ont je viens de parler,
mais produit encore^ par Teffet de Télasticitë de son t^on ,
la flepcion du conde qû^ l*aile i^e replie , ^ agissant ainsi
dans deux cireonsianx:es loppiosées. Pour eela le n^uscje, a«
fond pen volnmineu;^, pais toujours trjang|i|aire , s attache
par sa bas? anx extrémités de 1 omoplate et de ila /ojurcbett^
(cjiavicule) , d'où il ^e por^e en ^hof^ en jJoogeanl ici à dis-
tance la partie antérieure de Tos du bra;s , e|L ^e termM^ bien-
tôt par un tendon éiaslÂque, ce qui «l'e^sle d^a pas chez Jes
Mammifères; tendon jqui , au lieu de s insérer k Tos du bras»
seprolonge jusqu'à lexiréniitédu radius à laquelle il se fixe,
en s'écartent fortement des os du bra.^ et de raydutrbras; et
cet intervalle est rempli pa/* nne eiipansîon Jjgam^taine qui
relie ce tendon ;anx deux os, ^n forji9;»nit la partie minée du
horA antérieur de Taile^ si 31EN pisposlifi: fouk ris^nnE l. iu
j>Aiss LE VOL. Par «cette disposition , le muscle deHoide éieM
le membre à sa base« comme d^z les Mammifères » et ei»
même temps le fouet de l'aile; mais il produirait au eoB<^
traire la flexion du coude, si dan^ oçtte acjliw sa puissance
n'était vaincue par celle des div.^s muscles exi,euseurs é^
ce dernier, bien plus puissante que lui; et ces mêmes
muscles extenseurs du epude, faisant ouvrir langle q^e
Tos du bras fait avee eew^ de J[>vant-bras, forcent le
deltoïde de s'allonger dajpis son tendon élastique, et attg*-
mentent ainsi encore , par cette in^nieuse dispçsîtioA 1
308 THEOLOGIE DB LA IfATCRB.
son action comme extenseur du bras et du fouet de l'aile.
Dans la flexion, an contraire, de l'aile, le deltoïde, se
relâchant dans sa partie charnue , permet k Fos du bras de
se replier en arrière, tandis que son long tendon élastique,
en se contractant passivement, ramène Textrémité de
Tavant-bras auprès de l'épaule, en faisant fléchir le coude;
et sa traction étant d'autant plus faible que son raccourcisse-
ment est plus fort , il permet au fouet de l'aile de se fléchir
facilement sous l'action de l'os radius , qui le pousse, en glis-
sant sur le cubitus ; lui-même poussé , comme nous l'avons
TU , par le condyle externe de l'os du bras. Mais la flexion
du coude ne serait pas assez forte par l'effet seul du rac-
courcissement du tendon du deltoïde , pour ramener l'arti-
culation du fouet assez près de l'épaule à l'état de repos
de l'aile; ce tendon élastique fort long, ne pouvant passe
raccourcir assez par lui-même pour cela. Mais les moyens
n'ayant jamais pu manquer k l'Intelligence suprême , elle
a produit cet efiet en plaçant dans le pli tégumeniaire
qui contient le ligament élastique du deltoïde, un second
ligament de même nature, mais disposé perpendiculaire-
ment k ce dernier, en partant du pli du coude. Ce second
ligament, distendu lorsque l'aile est étendue, se contracte,
par l'effet de son élasticité , quand elle se replie : le lîg^'
ment du deltoïde , tendant k rester en ligne droite , s'écar-
terait du pli du coude ; mais il est forcé par la contraction
du ligament transversal k former un très-fort angle rentrant
qui , allongeant son parcours , achève de lui faire replier
entièrement Taile.
Dans l'état de repos de l'aile, les articulations de Tépaule,
du coude et du fouet, étant fléchies en sens opposé, 1^
ligament pennifère se trouve tiré en dedans sur i'avant-
bras , par Teffet de l'angle saillant en arrière que forme le
coude ; et l'état de flexion du fouet lui permet de céder fa-
cilement k cette traction , k laquelle il obéit en entraînant
avec lui les pennes de l'avant- bras qui se fléchissent par '^
CHAPITRE III. 309
en dedans , en fonnant nn angle aigu avec la partie interne
de ce dernier, au lien de lui rester presque perpendiculaire ,
comme dans Textension ; angle tellement aigu que les plumes
sont presque parallèles au cubitus , en se rapprochant con-
sidérablement les unes des autres.
Quant aux pennes du fouet , ses plumes étant moins for-
tement tirées en dedans que lorsque Taile est étendue, elles
se fléchissent au contraire en dehors par Teflet de Télas-
licite du ligament pennifère , de manière ^ s'écarter angu-
lairement de celles de Tavant-bras; mais l'angle qu'elles
laissent entre elles est de nouveau effacé par la flexion du
fouet , et l'aile , de large qu'elle était dans l'extension ,
devient par là fort étroite dans la flexion.
Lorsqu'au contraire l'aile est étendue , l'excès du mouve-
ment d'extension du fouet sur le mouvement de traction en
dedans du ligament pennifère par l'extension du bras, tire
ce ligament en dehors , et produit en conséquence l'érection
des pennes , ramenées à faire un angle presque droit avec
le cubitus.
Les pennes du fouet, tirées au contraire en dedans par
le ligament qui les porte , se redressent également pour
devenir de même plus ou moins perpendiculaires aux os
qui les portent, mais beaucoup moins que sur l'avant-bras ;
vu que le ligament dans lequel elles sont implantées étant
fixé à la dernière phalange , ne peut se porter en dedans
qu'autant que sa propre élasticité le lui permet ; c'est-k-dire
pas du tout pour la première penne , un peu pour la seconde ,
et graduellement de plus en plus aux autres; d'où résulte
que les pennes du fouet s'étalent en éventail , tandis que
celles de l'avantbras deviennent toutes parallèles entre elles ;
MOUVEMENTS SI BIEN CALCULÉS QUE LA DERNIÈRE EST PARAL-
LÈLE À LA PREMIÈRE DU FOUET , ct quc , l'ailc étcuduc , elles
forment toutes une série continue légèrement divergente.
Chez la plupart des Oiseaux la largeur des pennes est
proportionnée à leur écartement, de manière que, l'aile
310 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
Ouverte, elles se recouvrénl à moitié ié dedans en dehors,
poiir fee Servir âuccessîvemeril d'appui les unies aux autres,
adti de mleut ihtcj*cëptër le paâsagë dé Taîr; ne formant en
totit qu'un seul disque mince cdiiUnii.
L'ensemble des os et dès chairs de l'aile formant un arc
légèrement concave en dessous , la sérié des pennes prend
de la H même disposition , et cliacune de ces plumes étant
éri outre également âi^quée vers le has, tout le disque
de l'aile est concave en dessous dans toutes les directions,
àfIn de donner plis 1)e prisé â l'air pendant l'abaisse-
teNT DE l'aILe, fauE Lohsql'èLle s'élève ; disposition qui
il'èst en réalité qu'uN simple perfectionnement qui porte
chez ces animaux le vol à sou îuaxinium d'énergie, ne
constiluatit qu'une forme très-favorablé à îa puissance du
vol, satis êthe une condition essentielle de cette fonctioD;
ainsi qlie cela est prouvé chez les Insectes qui volent très-
bien , quoique leurs ailes soient entièrement planes : mais
AL'SSl LEUR CORPS EST-ÎL FORT PETIT, ET DE LÀ PEU PESANT,
TANDIS QUE CELUI DES OISEAUX, BEAUCOUP PLUS LOURD, A
BESOIN i)'ÊTRE BIIÈUX SOUTENU EN DESSOUS.
L'air devant ainsi résister plus foî'tement chez ces ani-
maiix loh^ de l'abaissement des ailes que lorsqu'elles se
relèvent pour donner ^ l'oiseaii une impulsiob ascensionnelle
l^lus grande, dont l'excès doit faire équilibre à la force
DE gravitation; il n'a toùtérois pas suffi qiie les ailes
prissent ainsi une formé concave en dessdiis et convexe en
dessus, il a failli encore qu elles s'abaissassent avec pluâ de
force qu'elles ne se relèvent; aussi les muscles pectoraux
qui produisent ces deux inoiivements sont-ils fort Inégàl'x
DE volumes ET DE FORCES.
EnQn , pour que les pennés puissent mieux résister k la
force de l'air pendant l'abaisseméht, eLleS sôriT fi'tJKE
PART APPUYÉES À LEUH BASE EN DESSUS PAR DÉS TECTRICES
SUPÉRIEURES, PLUMES DE GRANDEURS àECdNbAttlËS ET TER-
TIAIRES , KOIDES , IMBRIQUÉES LES UNES Suft |.£^ ÀÛTHES 60
CHAPITRE m. 311
dégradant vers le bord aQtérieùr de Taile, où elles de-
YienDent k la fin très-petites; de manière h s*appnyer suo-
cessivetnent par rangée; et d*autre part, les pennes et les
tectrices, ati lieu de sMnsérer sur te bord postérieur de
Taile, le so!«t aO contraire à sa face supérieure, et
DIRIGÉES de là en ARRIÈRE ; de manière qu^implanlées dans
le ligament pennifère qu'elles traversent, elles forment
DES LfeVlfeRS l)0!fT LE PETIT RRAS APPUYÉ SUR LES OS DES
AtLËS EMPÊCHE CES PLUMES DE FLÉCHIR EN DESSUS.
La loDgneut et la tafgeur des ailes varient considérable-
ment suivant les diverses espèces d'oiseaux, et cela prQ-
pôftionnelleinent h là facilité avec laquelle ces animaux
volent; cette facilité dépendant en grande partie du rapport
de ces deux dimensions; c'est-h-dire qu à surfaces égales
les ailes longues et étroites produisent un effort plus grand ,
et par conséquent plus de rapidité dans te vol que des ailes
côUrteâ et làfgés. Ne pouvant pas entrer ici dans des détaiU
éiïT là démonstration de cette vérité , je renvoie à ce sujet
aux tiotes (A\ où j'en donne 1^ explication. i*y fais voir dans
quelles conditions de dispositions et de mouvements les ailes
des Oisèàni doivent $e tfôuver pour qu'ils puissent se main-
tenir en équilibre en l'àlf.
Quant i la lôcôihôtlôn i^u \é véritable vol, elle demande
également des conditlonà particulières sans lesquelles la
translation n'aiir^jt pas lieu , 5u À\x moins pas d^ arrière en
avant, ainsi qU^elle i^ètétnth tbUjoiirs.
Tout te monde, lès t^bysicienâ comme les Naturalistes,
a crU, jlisqne datis feeâ derniers temps, que pour voler
l'Oiseau employait ses allè^ bomme lé rameur emploie les
avirons pour pi)usser sa bârqtie en avant sur l^eau ; c^est-k-
dire, qu'en élevant les àilës, roisèau tournait de façon à leur
fairie ][)résentër le bord Shtérieur au coufant d'air, afin àe
ti^en recevoir qu'Une fri^s- faible résistance; et qu'en les
(1) Voyez la note n"* 34.
312 TldOLOOIB DB Ul NATUftS.
abaissant il les tournait d'environ un quart de tour pour
appuyer par toute leur surface inférieure sur l'élément am-
biant, sur lequel Tanimal preild ainsi un point d'appui plus
ou moins résistant, suivant la grandeur des ailes et la rapi-
dité de leur mouvement. Cette grande analogie apparente
avec les rameurs parut tellement évidente , que même les
plus habiles mathématiciens l'avaient adoptée dans leur expli-
cation du vol ; probablement sans y avoir jamais regardé et
sans s'être jamais demandé pourquoi la partie résistante
des ailes, c'est-à-dire la partie osseuse et charnue, se trou-
vait, sans exception, au bord antérieur de toute espèce
d'aile ; disposition que tout le monde connaît , mais dont
personne, pas même les Anatomistes comparateurs, n'a
remarqué l'importance et la raison dans le vol.
Longtemps, conGant dans l'opinion des savants à ce sujet,
j'ai moi-même admis cette analogie parfaite entre l'Oiseau et
le Rameur, comme une vérité démontrée, jusqu'à ce qu'un
fait particulier d'anatomie comparative m'en fît entrevoir
la fausseté, et m'engageât à en démontrer l'erreur, en cher-
chant k découvrir les véritables moyens que TIntelligencb
SUPRÊME A APPLIQUÉS À LA PRODUCTION DU VOL EM GÉNÉRAL,
TANT CHEZ LES OisEAux QUE CHEZ LES Insectes. Examinant
un jour l'organisation d'une LibéUule^ insecte qui vole
avec la rapidité d'un trait, je fus frappé de la condition
dans laquelle se trouvent les deux paires d'ailes de ces
animaux; chacune étant articulée sur le corps par deux
points de sa base; d'où résulte qu'il est matériellement
impossible k ces animaux de tourner leurs ailes comme le
rameur tourne ses avirons : et cependant ce sont les meilleurs
voiliers parmi tous les insectes. Cette contradiction mani-
feste avec l'opinion généralement adoptée par les savants ,
m'engagea, dis-je, à chercher la véritable démonstration
du vol , et je fus assez heureux de la trouver bientôt. Ce
premier fait offert par les Libellules^ animaux qui volent
avec facilité sans pouvoir tourner leurs ailes , m'engagea k
GHAPITRB ni. 313
en rechercher encore d'autres, et aussitôt se présentèrent à
ma mémoire, d'une part, les Chauves- Souris y dont les ailes
retenues le long des flancs ne sauraient également pas être
tournées ; et , d'autre part , les Cétoines , insectes qui volant
sans ouvrir leurs élytres et ne laissant simplement sortir
leurs ailes que par une fente longitudinale ménagée entre
ces derniers et le corps , ne peuvent ainsi les tourner, quoi-
que ce soient d'excellents voiliers. Il était dès lors évident
que la démonstration du vol adoptée par les physiciens était
erronée.
En examinant avec plus d'attention la conformation des
ailes chez tous les animaux qui s'en servent pour voler, je
reconnus d'abord que la partie résistante occupait constam-
ment le bord antérieur , et que la partie postérieure était
essentiellement susceptible de pouvoir fléchir en dessous et
en dessus , en faisant la bascule autour du bord antérieur,
quoique toujours soutenue dans son disque par des côtes
partant de ce même bord , où elles sont le plus robustes ,
pour s'amoindrir vers leurs extrémités postérieures , afin de
mieux se prêter à la souplesse de flexion des ailes dans la par-
tie postérieure. Cette forme, reconnue générale, m'indiqua
de suite le principe sur lequel était fondée la translation du
corps d'arrière en avant de tout animal qui vole. En efiet,
il résulte de cette seule disposition des parties que l'Oi-
seau , aussi bien que l'Insecte , en faisant simplement mou-
voir leurs ailes dans un plan vertical , sans chercher k les
tourner d'une façon ou d'une autre , par la volonté , ces or-
ganes se fléchissent par eux-mêmes passivement en dessus
et en dessous dans leur partie postérieure , dans leur éléva-
tion et leur abaissement alternatifs , par l'effet de la résis-
tance que leur oppose l'air contre lequel ils appuient; et
c'est de ces deux résistances en dessus et en dessous que
nait tout naturellement le mouvement de translation d'ar-
rière en avant.
J'ai fait remarquer plus haut que la résistance de l'air sur
314 THiOLOGIB DB hk NATURB.
chacune des sdrfaces dés ailes , soit vers la base , soit ven
l'extrémité, agissait dans Tensemble comme si elle n'avait
lieu (]ue sur un seul point, nommé de là leur Centre de
force (PI. III, flg. 1 , F); point placé au milieu de la lon-
gueur d'un dls(}be triangulaire qui se meut autour de I'ob
des côtés du triatigle, ainsi que cela à lieu pour les ailes;
c'ë^tk-dire eu R sur t'àile ùyc (/i{/ 2). Or on conçoit
que si VàWe étarit ëlevée, elle vient k s'abaisser dans un
plan vertical , l'air, eh résistant par en dessous contre le
centre de force R , placé k une certaine distance en arrière
dtl bord adtérieur àc (àii milieu de la largeur de l'aile),
cette résistance forcera l'aile à tourner ^iir elle-même dans
une certaine étendue, limitée pâi^ lès ligaments de Tarticu-
lation de l'Épaule \ et l'àir agissant par là contre une sur-
face oblique , poussera les allés , et par elles le corps entier
en haut et ëii sivânt; qiié dans l'élévation des ailes, Tair
agissant au ëohtraire sur leur surface supérieure, tes fait
fléchir ail contraire en bas et éi) arrière dans leur partie pos-
térieure; di3po^itioil ofl Ëes Oi'gaiies présentant également
une suffacè obliqîle àb côiiraiit d àir qiii agit de haut en bas,
sont pldussés en desâoiis et en atant. Or ces deux impulsions
données & des inoinents très- rapprochés, l'une de bas en
haut et en avant, et Tautré de haut en bas et en avant, ^ro*
duisent paMëilr combinaison, d'après la théorie du parall^
logràmme dés forcée (Vby. la Note h'^Ûi), une impiilsion
unique, d'arHère en avant, que le corps prend définitive-
ment; et les paires de coups d'ailes se répétant, Tànimal
continue ii être transporté horizbhtatéinent en avant.
Tel serait le résuitiat si te corps de Toiseaii ne pesait pas,
et qu'il n'eût qu'à être poussé en avant; c'est-k-dire que les
ailes supposées planes , comme elles le sont en effet éhez les
Insectes, n'auraient qu*k se mouvoir avec une égale vitesse,
éU s'abaissant et en se relevant dans un plan verlicat , pour
que la résistance de l'air sur les deux faces des ailes fût égale
pour la force, et pour là grandeur de son angle d incidence ;
CHAPITRE III. 318
d^oii naîtrait nécessairement line résultante perpendiculaire
au plan dans lequel les aitès se meuvent. Mais comme Tanimal
pèse , et se trouve de là animé en même temps d*une force
constante qui le porte en bas, d*une quantité plus ou moids
grande dans un temps donné, il faut, pour se maintenir
toujours au même ilivéau , que TOiseaù tende à se diriger
ôbliqiiément en avant et en haut, atin dé gagner, dans le
mènae espace de temps, une hauteur égalée celle dont la
gravitation lé t^ait descendre. Or ce résultat, il petit Tobténir
par {plusieurs inoyens diCTérents, et ihieut encore, eh les
réunissant tous. 11 lui suffit d'une part, d*aprës ce qui vient
d'être dit, dé mouvoir simplement ses ailes dahè un pian
plongeant en avant , et non eh arrière , ainsi qu'on Ta pensé,
afin oue, poussé en avaîit perpendiculairement à ce plan , il
soit disposé ë monter exactement de la quaiitité qu'il est sol-
licité de descendre par là forcé de gravitation ; et c'est en
effet ce que foiit géiiéraleméut tous leà Oiseaux et les tn-
sectes dont les ailes sont planes; diréctîdri qu'on voit déjk
parfâiteniént à la vue simple chez bèàîifeoup d'Oiseaux, têts
que les Corbeaux^ qui meuvent assez lentemetit leurs ailes.
On le voit également fort distinctement dans le iûoineaû ,
que son vol lourd et lent oblige de mouvoir ses ailes avec
vitesse daiis un plan incliné dé ^t) degrés ^ûr la térticale;
enfin , chez le Cerf-votant, qui est petit-êtré Fatiimài qui
volé le plus lentemetit, là direction dans laquelle lès ailes
se nîeuvent est presque horizontale.
Le second moyen de s'élever consiste ^ abaisser les ailes
plus rapidement qu'elles île se i^ont élevées, afin que l'im-
pulsion de bas en haut soit plus grande aue celle de haut en
bas ; et c'est en effet ce qui a lieti tant cnez les Oiseaux que
chez les Insectes; et ëe déduit directement de la différence
de force des muscles qui |)l'odtlisent les deul mouvemeiits :
CE QUI PROUVE QUE l'InTELLÎGENCÈ CftÉÂTÎllGE EN À PRÉVU
l'effet dans sa sagesse et sa toutE-SGiËNCE. Ëhfin un
troisième moyen , qui n'existe que chez lés Oiseaux , ani-
3i6 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
maux volants par excellence , a consisté ^ donner aux ailes
une forme concave en dessous , pour que la résistance de
Tair soit plus considérable lors de l'abaissement des ailes
que dans leur élévation.
Chez les Oiseaux et les Insectes très-bons voiliers, qui
avancent rapidement dans le vol , tels que les Hirondelles et
les Libellules y le plan dans lequel les ailes se meuvent plonge
en conséquence fortement en avant, devenant presque ver-
tical; l'impulsion de bas en haut qu'ils sont obligés de
s'imprimer, n'ayant besoin d'être que très-faible , vu que la
distance dont leur corps descendrait s'il n'obéissait qu'à sa
force de gravitation est fort petite proportionnellement k la
distance horizontale qu'ils parcourent dans le même temps.
Tels sont les principes fondamentaux sur lesquels repose
la locomotion aérienne ; mais ces dispositions générales sont
susceptibles de certaines modifications qui influent plus ou
moins avantageusement sur la direction et la puissance du
vol. En effet, on conçoit que si , en s'abaissant , les ailes se
fléchissent moins fortement en dessus dans leur rotation
qu'elles ne se fléchissent en sens contraire en s'élevant, ce
qui dépend de la liberté plus ou moins grande que leur per-
mettent les ligaments et les muscles de l'articulation de
l'épaule, les degrés d'inclinaison qu'elles prennent k l'égard
du plan dans lequel elles se meuvent n'étant pas les mêmes,
les deux impulsions résultantes doivent nécessairement aussi
être inégales ; d'où la direction que l'Oiseau prend dans le
vol ne saurait plus être perpendiculaire k ce plan ; mais un
peu inclinée, en formant avec lui un angle aigu en dessus.
J'ai dit aussi plus haut que le plan dans lequel les Oiseaux
mouvaient leurs ailes était oblique de haut en bas et en
avant ; cela n'est ainsi que pour ce qui a rapport k la direc-
tion moyenne que les ailes prennent en s'abaissant et en se
relevant. En réalité , un point quelconque de ces organes ,
leur extrémité, ou bien leur centre de force, décrit une
ellipse très-allongée, dont le grand axe est dans le plan
CHAPITRE III. 3n
dont j'ai parlé ; c'est-à-dire que l'Oiseaa , en abaissant ses
ailes , les étend en même temps le plus fortement en avant,
pour gagner sur l'espace ; et appuyant ensuite, après qu'elles
sont arrivées k leur position moyenne , plus fortement sur
l'air, en les portant en arrière, pour s'élancer en avant; il
leur fait ainsi décrire un arc convexe en avant; et, en les
relevant, il leur fait décrire un arc concave en avant, afin
de les ramener de nouveau à leur position primitive, où
rOiseau recommence les mêmes mouvements. Ces mouve-
ments , au fond très-naturels , ainsi qu'on le conçoit fort
bien , se voient facilement chez les Oiseaux qui volent un
peu lentement, tels que les Corbeaux; et en les examinant
dans l'effet qu'ils doivent produire, on en explique facile-
ment les causes et les avantages.
L'Oiseau ayant ses ailes étendues dans la position relevée,
ou fÇj PI. III , fig. 3j représente la ligne transversale pas-
sant par le centre de force , l'air, en les poussant ainsi en
haut, teJtd naturellement à les faire étendre le plus forte-
ment possible ; et l'Oiseau , profitant de cette impulsion ,
les porte aussi le plus en avant pour empiéter sur l'espace.
Ayant ainsi atteint toute leur extension en avant , il appuie
le mieux qu'il peut sur la colonne d'air qui réagit contre
ses ailes qu'il abaisse; mais ce courant est modifié dans son
action par le courant d'avant en arrière que produit la trans-
lation du corps, courant qui repousse les ailes sitôt que
Faction qu'a produite l'extension se ralentit ; d'où le centre
de force est de nouveau ramené dans le grand axe hm de
l'ellipse allongée qu'il décrit. Arrivées ainsi k leur plus grand
abaissement, où la ligne transversale aurait la direction In,
parallèle à fg\ elles commencent à se relever ; mais l'air
agissant alors sur leur face supérieure , les force à tourner
sur leur partie résistante I, en fléchissant postérieurement
en dessous , pour prendre d'abord la direction moyenne l n',
puis la position extrême lmn'\
Pendant que ce mouvement d'inflexion s'exécute , les ailea
9fS TB^OLOGU DE U HàTIRC.
n'épTOUvmi aucune résistaoc^ ie Taîr de haut en bas , k
laquelle elles cèij^nt , TOiseau peut les relever un peu avec fa-
cilité, en les laissant fléchir en arrière par l'eflet du courant
d*air venant de devant. Les Ailes ayant ainsi une fois pris la
position lmn'\ TOiseau continue k les relever, en résistant k
Taîr, qui agissant obliquen^ent de haut en bas dans la direc-
tion de hm ^ force les ailes k s'élever dans la position { m n".
jusqu k ce qu elles approchent de leur plus forte élévation , oi
elles se pr^arent de nouveau k rabaissement en s'étendant
en avant dans rarliculalion de Tépaule. C'est surtout dans ce
moaaent oik les ailes ont atteint ce degré extrême de leur élé-
vation , où elles prendraient ta disposition fg" ; que commen-
çant k s'abaisser de nouveau, l'air les pousse en haut saw
éprouver de résistance de leur part, jusqu*k ce qu'elles aient
pris la direction fg* , oà les ligaments et les muscles s'oppo-
sent à une plus forte rotation du bras sur l'épaule. C*est plus
particulièrement pendant ce court espace de temps que les
aii^ s'étendent en avant, pour empiéter sur l'espaee et s'ap-*
prêter k un nouvel abaisseflaent. Or cette protraction des ailes
est d'autant plus facile que le courant d'air d'avant en arrière,
agissant d'abord sur la face inférieure dans la position fg"^
tes fait plus facilement tourner pour prendre la situation fg';
et que , vers la fin , ce courant ne leur offre presque aucun
obsUçie , agissant sur le tranchant des ailes.
TeUUËS sont I^S PRlNCiPALfiS MODIFlCiTIOMS DE PERFEC*
Ti0KV£JCEllT QUE LE CaÉàTECJR À FAIT SUIUR AUX AILES CUEI
LEsOifiEàux, animaux où la fonction du vol a été portée k
son plus haut degré de perfection ; tandis que chez les In-
sedes les choses ne sont pas les mêmes. Leurs ailes étant ,
d'ttve part, toujours parfaitement planes, l'action de Tair sur
les deux surfaces reste ^ale ; et ne pouvant, d'autre part,
mi fortement les étendre en avant , ni fqrtement les fléchir
en arrière, étant articulées sur deux points, et cela surtout
d'une manière très-fixe chez les meilleurs voiliers, tels
fW les Libelbdes. Ce dernier fait indique déjk par la dlrec*
CHAPITAX UU 319
lion des aïâs de ces charoières^ que les ailes se peuvent
que se mouvoir daus un plan oblique plongeant en avant,
Mais si Tlntelligence saprême n'a point accordé mt In-
sectes les perfectionnements dans les organes du vol que
je viens de signaler chez les Oiseaux, elle leur en a accordé
d'autres qui à leur tour manquent à ces derniers Chez
ceux-ci, les ailes sont mises en mouvement par quatre
prindpaux ordres de muscles , les AbaUseurs , les Éléva-
teurs , les Extenseurs et les Fléchisseurs , qui tous occupent
nécessairement une place , et eootrîbueot k augmenter le
poids du corps ; inconvénient qui rend le vol plus difficile.
Dans les Insectes ordinaires, cela est également ainsi ; mais
il n'en esl plus de même chez les Libellules et quelques autres
Insectes, qui ne pouvant ni étendre ni fléchir leurs ailes »
n^ont en conséquence pas besoin des muscles qui produisent
ces Jkiouvemente ; d'où résulte natoreUement que le Créa-
TEUE A NOK-SBUi.£MJBKT SUFFEIIIÉ CES OE6AJ9ES, ttSis E ett'»
ployé leur emplacement k augmenter le volume , et par suite
la force des muscles élévateurs et abaissears des ailes , qui
produisent de là des effets bien plus énergiques que chez ies
Insectes qui peuvent replier leurs ailes ^ sans noE poue csla
LE POIDS nu COEPS AIT ÉTÉ AJUGNËIVTÉ : PBEPECTlOMEfillEtfT
POga»LE PAE l'ingénieuse DISPOSITION INTEODUITE DANS l'OR-
GANISEE PAR LE SEUL FAIT D6 LA DOUBLE ARTICULATION DES
AILEE SUE LE a>APS , cc qisî Semble être bien peu de chose
en Eoi-méme, tandis qu'il est fort important dans ses effets.
Ne pouvant entrer dans de plus amples détails sur les
causes qui agissent dans le vol, je renvoie les persMnes qui
voudraient en avoir une démonstration plus complète à la
note n*» 34 , où je l'explique ; démonstration que j'ai publiée
pour la prenûèlre fois en 1 828, dans mes CcnsidiraiwM géni--
raies sur VarMùmie comparée des animaux atrttculéMj p. SOO.
J'ai fait remarquer plus haut l'ingénieuse disposition des
Pennes et des Tectrices des ailes, formant diacune un levier
dont la courte branche est appuyée sur la face Eupérienre 4e
320 THBOLOGIB DB LA NATURE.
la partie osseuse et charnue des ailes, afin que la partie for-
mant le long bras de levier puisse mieux résister au choc
de Tair. Mais ce n*est pas Ik ce qu*il y a de seul admirable
DANS CES PLUMES, et même dans toutes celles qui couvrent le
corps de ces animaux.
Pour que les ailes pussent le mieux remplir les fonc-
tions QUI LEUR ONT ÉTÉ ASSIGNÉES , il a fallu aussi que le
disque que ces organes forment dans les ailes fût à la fois le
plus léger possible , fort résistant et peu sujet k être détruit
par l'action des objets extérieurs ; toutes conditions très-sa-
vamment obtenues par la forme et la structure de ces organes.
Tout levier devant être d'autant plus fort que sa partie est
plus rapprochée du point d'appui , cette première condition
est déjk établie dans chaque plume, et surtout dans les
Pennes, en ce que la tige diminue insensiblement du point
d'intersection jusqu'à l'extrémité. Mais ces mêmes plumes,
qui constituent en majeure partie toute l'aile, devaient en
outre, comme il vient d'être dit, former par leur ensemble
un large disque léger et cependant fort résistant, sans être
trop facilement sujet à être brisé. Or, cette nouvelle con-
dition, LE Créateur l'a admirablement établie par la
forme et la structure qu'il a données à ces organes.
Pour être légère, la tige des plumes est, ainsi que je l'ai
déjà fait remarquer, formée sur ce principe de mécanique,
qu'une tige creuse est, à poids égal, plus résistante qu'une
pleine. On sait, en effet, que la première partie de chaque
plume a la forme d'un petit tuyau à parois fort minces, mais
d'une substance cornée extrêmement dense. Quant à la
partie terminale portant les barbes , elle est également for-
mée d'une couche superficielle de matière cornée résistante;
mais compacte et dure à la face supérieure seulemenl, for-
mant le point d'appui de la tige , lorsqu'elle plie dans les
efforts que font les ailes en s'abaissmt; tandis que la lame
inférieure est beaucoup plus faible, comme ayant moins de
force à employer dans l'élévation des ailes; mais toutefois
ciunTiii m. 3911
assez résistante pour supporter la traction qu'elle éprouve
pendant rabaissement; encore cette partie de la tige est-elle
remplie d*un tissu spongieux trës-ûn, contribuant à lui
donner la force dont elle a besoin. .
De même aussi, les Barbes garnissant latéralement la tige
sont parfaitement calculées quant k leur forme et k leur dis-
position pour contribuer le plus efficacement possible au
même résultat. En effet , ces lamelles triangulaires placées
face k face k la suite les unes des autres , sont de même for-
mées et disposées d'après le principe de mécanique, qu'à
MASSE ÉGALE, DES LEVIERS COMPRIMÉS, PLACÉS DE CHAMP, OICT
UNE PLUS GRANDE FORCE QUE LORSQU'ILS SONT À PLAT , étant
disposées de manière k ce que leur largeur soit perpendicu-
laire k la tige et dans la direction de la force dans laquelle
elles doivent résister k l'effort de l'air.
Or, par l'effet même de cette direction qu'elles ont reçue
comme leviers , ces lamelles extrêmement minces , et de Ik
fort flexibles, céderaient k la pression de l'air qu'elles laisse-
raient passer entre elles , si elles pouvaient se séparer aisé-
ment ; et cela d'autant plus que , vu leur peu d'épaisseur,
elles se contourneraient plus ou moins, si elles n'étaient pas
maintenues en place; d'où résulterait encore le même in-
convénient de s'écarter. Or l'Intelligence suprême , dans
SON admirable prévision de toutes les difficultés, a
PARÉ À CES INCONVÉNIENTS , EN ÉTABLISSANT SUR LES BORDS
DE CES LAMELLES de petites barbules secondaires , qui s'ac-
crochent d'une LAMELLE À l' AUTRE , MAINTIENNENT CELLES-
CI APPLIQUÉES PAR LEURS FACES, EN MÊME TEMPS QU'ELLES
EMPÊCHENT L'Am DE PASSER ENTRE ELLES ; ct si , par faasard ,
Qne cause quelconque les force k se séparer, elles s'accro-
chent de nouveau aussitôt qu'elles se rencontrent.
Par CE MOYEN SI INGÉNIEUX ET CEPENDANT SI SIMPLE , le
disque de chaque plume en particulier forme une lame fort
résistante et élastique, dont l'extrême légèreté est devenue
proverbiale.
I, 21
m THÀ>LOGlK M ti NATURE.
Fmi^qéë,&hM pmt, l'Air ne pniite ptt f»ilMeiit poser
entré les {ifloiDeg, et que, de Tratre; chaenede oeile»^i writ
flêset soHdemeiit maintenoe eo phKe pour que les f iolents
chocs qu'elles éprouvent dMfs les sâlet par l'iir qtt'ettes
fnppelit, CCS ORGANES s'anaïQtmNT vb^ uns mm les iirf kEs
DAN^ tiEUft SENS GltOtSÉS À fCU PItftS k ANGLE BEOn^ AFIN BE
Si SEtitift soMEStttEUBNt ti'APPci. i'itî d^ fsH reaar^er
plus haoi que les Pennes des ailes étaient recdutertes k leur
Iiase par des Téeirice$, plumes de seeotid ardre qui leur ser*
veut de solide appui , et qae eelles-^ei l'éttiieBt k leur tour
par d*lMtfes flioins grandes encore^ et ees dernières sneeu*
sltemetit par des rangées de plus M plus petites^ ayant b
même fbnciiOfi à Tégard de celles qui lés suivent, jksqn'au
bord intérieur des ailes, oA ces pluriies deviennent k la fin
extrêmement petites.
Daris le sens transtersdl, les pluoies, et surtdntles pendes,
s'itiibriqueni également en se recouvrant de dedans en de-
hors; et cela jnsqu'âiu d^k de M moitié d« leur iargeUr. Je
ferai même remarquer k ce sujet que dans cfaaqM plniM,
Ml ailes comme ailleurs, la bart^ itiférieufe est plus large
et plas ntolle que la supérieure ; disposition par laquelle h
Nature créatrice a produit ce double effet qve , d'une part,
les barbes inférieures s'appliquebt pins intimement contre
les plumes qui les recouvrent, et cela dans un lai^e espace,
sans augmenter sensiblement le poids de l'aile on dâ corps
entier, pour empêcher l'air de passer entre; et d'autre part,
que soit en volant, soit dans d'autres circonstances, l'oiaeau
puisse plus fortement serrer toutes ses plumet contre le
corps, les inférieures, molles dans leurs parties reeouvenes,
tie présentant qu'une faible résistance k celles qui les re-
couvrent , de manière que la surface extérieure de Tensemble
est parfaitement unie , ^ocr nu puésbnter aucuns saiIlie
CONTRE LAQUELLE l'A» POUBRArr SE CnOQVBU ET GÉNBn LE
VOL, et assez serré pour ne pas permettre k Tair froid de pé-
nétrer dans ce vêtement, si bien constitué sous tous les rap*
ûHAwiitA ni. Ji'd
fMrlB , fiour cmHhet \à elftieur dti cotps , l<^sqtle i*disèau
tmrereê l'Mpace atèc iûpiéHê.
J*a} déjk fait reiËdr^ilet, en pafldnft dtfè appendices ptlétii
des Mammifères , que le poil , de sttb^tifiiee cor if ée , a pa^ là
la qoaliié émîDeiltè de cdttéeHei- la ebaleul* dd corps de t^è
animatn ; chaque brlii fo^idatit par trlie espèce de capillarité
pour le calerique qii^it reiieiit, Mb bafrlèi'e (jde la cbaleû^
ne franchit que difficilement. Or la même chose a lied poilr
lee plnnies qoi i dé méide sabsiancé, ne sont au foMd que
d'énormes peils eoflipliqttës dais létfr struettire , en idiitam
par la ferme ^Mdrale de tërtfables écailles. Or tout le
monde sait que les pluttfès cohsërféitt litieinc la chaleur
que les poils , qùoiqlie l« itobi^tance èdlt hi même ; et la
diiëreiiee êOM ce i^port s'etpllqoe précisément par la
pins grande eemplicdtlott dans leur eonfordiation ; coiù-
pllcatîod qui, augmentait left Snrfdce!} ëi Èilétiageant de trèd^
petits IntervàlN» « fait qhé lëttr eàpillarlté pour le cdioriqcfè
est pins grande; et cela a sortent lien poor le Dotet qrii
remplace la laine dëè Hatoibifères , et doM les barbes èlt
kirbales ^ proportioflltelleittent foft longues , sont également
très-faibles , et se replient de Ik dans totts les sens saii^
s'accrocher; de lùanière ^ intercepter sotts lés vraies pi âmes
4«i les comprimer de nombf enseè i^tites (Cavités , où l'ait
diand s'aeenaunle Men Mieni ^ne dans M laine, donc b
inesse n'approche qde bleti raretuent de celle dn dovet de
la plupart des diseant.
Cette en? efoppe d'dir eband est égSleâient fort savammeiit
établie ebe« ces ftnimàiif pMr les gSMfltir des tariatiotfs
subites de la température de Tair qu'ils traversent , soit eh
ditfigeant simplement de bauiecrr dànS ratMrosphèi^e , soit
dans les émigratiehs k ghindéi^ distatfces qne beaucoup
d'oiseaux enti'eprennént denx fbis Fan ; voyages exécutés
en pen de jours ^ Oti létir edrps n'st pas le temps de s'babitnéi-
graduellenient It Utte variation aussi considérable de la
dMleur.
3d4 THBOLOGIE DS tA NATURl.
Enfin les oiseaux étant obligés^ de faire de poissants
efibrts dans le yoI , cette grande activité de lears muscles
dépend non-seulement du volume de ces organes et de la
composition chimique du sang , mais aussi de la tempé-
rature fort élevée de ce fluide nourricier ; d'où il a fallu que
la déperdition de la chaleur soit le plus faible possible; et
Ton sait qu'en effet les Oiseaux ont le sang plus chaud que
les Mammifères.
Mais la bienveillante sollicitude de l'Éternel pour
SES gréatores, est allée plus loin encore k l'égard des
Oiseaux , dans les conséquences de sa sublime sagesse et
DE SON INEFFABLE BONTÉ. Ccs auimaux, dcstiués k exécuter
des trajets plus ou moins grands par le vol » il est évident
que si les plumes étaient sujettes à être facilement mouillées ,
elles se colleraient les unes aux autres par la pluie, ce qui
générait considérablement le vol et le rendrait même im-
possible , ainsi qu'on le voit chez les oiseaux mouillés for-
cément. Mais la bienveillance divine a paré à cet inconvé-
nient en donnant ^ ces animaux un organe particulier
formant une glande placée au-dessus du croupion , sécrétant
une substance graisseuse , dont l'oiseau enduit ses plumes
pour les revêtir d'un vernis sec qui , sans y laisser le moin-
dre gras qui puisse les rendre sales , les rend si bien im*
perméables k Veau que ces animaux n'en sont jamais mouillés
que lorsqu'ils se débattent dans l'eau en se baignant ; en-
core cet effet ne parait pas avoir lieu chez les espèces aqua-
tiques qui peuvent rester fort longtemps sur l'eau en y pas-
sant même la majeure partie de leur vie , sans que ce liquide
pénètre le moins du monde entre leurs plumes.
A ce merveilleux vernis que la science de l'homme a en
vain cherché à imiter pour rendre les étoffes imperméables
k l'eau , en leur laissant toute leur souplesse et leur porosité ,
s'ajoute encore l'avantage pour les Oiseaux que leur corps
SE trouve enveloppé d'une épaisse couche d'air qui
les rend spécifiquement beaucoup plus légers que l'eau.
G«iAPlTKB m. 3â5
Or ce n'est pas seulement par leur ingénieuse structure
et leur parfaite imperméabilité que les plumes sont dignes
de fixer notre attention , mais jusque par leur coloration ,
souvent si magnifique dans la richesse des teintes et Theu-
reux contraste des couleurs , elles sont éminemment remar-
quables pour le philosophe , présentant dans la simple dis-
position de leurs taches la circonstance que chacune de ces
dernières est dans beaucoup de cas le résultat de l'appli-
cation des mathématiques , de la physique et de la chimie ï
des degrés de transcendance beaucoup au-dessus des con-
naissances humaines ; et nous dévoile en outre un effet
physiologique infiniment au-dessus de toute conception;
celui par lequel la substance colorante est conduite par les
innombrables détours que présente l'inextricable réseau des
vaisseaux sanguins qui la charrie dans la masse du sang ,
pour la déposer enfin avec la précision la plus rigoureuse sur
tel point de chaque ramuscule de plumes , où telle teinte de
cette substance colorante doit produire avec une foule d'au-
tres les plus riches dessins , souvent parfaitement réguliers
dans l'infinité de leurs nuances ; et cela avec une constance
qui, ne pouvant être attribuée au hasard, laisse l'imagination
la plus hardie stupéfaite devant cet effet du concours de si
nombreuses et de si savantes combinaisons.
En effet , les plumes , soit qu'elles se trouvent implantées
en quinconce sur toute la peau , soit qu'elles ne soient fixées
que suivant certaines bandes déterminées, d'où elles se
dirigent dans différents sens pour que tout le corps en soit
k peu près régulièrement revêtu ; on conçoit que pour for-
mer une simple tache d'une teinte uniforme k leur surface,
chaque plume y contribue nécessairement par une autre
partie de son disque ; partie dont la disposition demande
déjà un calcul géométrique fondé sur la distance de Tim-
piantation de chaque plume et le degré d'obliquité dans
lequel cette dernière se trouve placée. Ce calcul, tout en
exigeant dé^ l'application de la trigonométrie , serait facile
326 THÉOLOGIB DE LA RATURE.
si Fou y employait le eompas et la règle; tandis que l'effet est
produit par un noyen physiologique , lui-même calculé sui-
vant le procède d'une science mathématique infiniment au-
dessus de notre conception ; étant entièrement en dehors
des sciences ordinaires qui puissent être enseignées.
La disposition purement géométrique de chaque partie
de la tache sur les diverses plumes, dont le nombre s'élève
souvent k six ou huit, est déjh un des Faits les plus remar*
quables comme appréciations d'emplacement, si la taehe
était appliquée ])ar le dehors sur chaque plume , comme on
applique la couleur sur des papiers de tenture. Mais cela est
loin d'avoir lieu ainsi ; chaque tache est produite par l-infil-
tration de la couleur dans l'intérieur de chacun des filaipents
constituant la plume qui doit contribuer h former l'en-
semble. Or cette infiltration a lieu au moyen du sang, dont
la masse commune renferme péle-méle toutes les substances,
avec toutes leurs couleurs, qui doivent quelque part que ce
soit entrer dans la composition des organes; masse dans
laquelle chaque élément organique choisit, pàk une ap-
préciation INCONCEVABLE DONT IL lOUrT SUIVANT SA €0NDm0N
TOUTE SPÉCIALE , LES PARTICULES QU'iL DOIT s'aPPROPHIBR filf
VUE DE LA FONCTION QUE LA SAGESSE DIVIN9 LUI A PRESGRrTB.
C'est ainsi que chaque plume attire k elle, lorsqu'elle se
forme dans le bulbe qui lui dqnne naissaBe0, la substance
cornée contenue dans le sang qqi circule dans ce bulbe ,
en laissant le reste se rendre ailleurs. Quoique ce phéno-
mène soit en lui-même (léjà impossible k conoetoir, même
avec le secours de toutes les hypothèses qu'on a voulu lui
appliquer, on peut, en passant légèrement sur ce fait,
admeltre-que chaque élément de la plume ait la faculté d'at-
tirer h lui et de s'incorporer la laqlécule cornée de même
nature que lui, et ainsi toujours jusqu'à ce que chaque
partie de la plume soit complètement développée.
Mais il n'en est pas de même pour la couleur et ses nuances
infinies. La substance polorante ckcnte ^e rofi^ ^^f^ ^
CMAPITM Ul. 337
sang dans {es ipoombrabi^s vaisseaui^ qui ebarrieii( ce 4er*
nier, où aurîvé dans jes bulbes des plumes, ebaqve molécute
eolorante avec sa teinte rigonreoifemen^ déterminée sq di-
rige vers tel point microscopique de la nouvelle plume, et
non pas ailleurs , pour ; être absorbée et filmée sans la moin-
dre erreor, selon le plan généra) dç la ^constitution de Toi-
«eati. Or, si Top eonsid<^re toutes ees innombrables oon-
ditions spéciales dans lesquelles se trouve ainsi chaque
point, points nfonreqsement calculés tant sous le rapport
géométrique que sous celui des causes physiques qui diri*
gent chaque molécule en psrticulier du Suide nourricier ;
que soifs celui de la coippoiîtîou çt d<^ la décomposition
chimique que cette mêino molécule épiK)uvQ pour étro
amenée k produire finaljsment 1^ substance color4Pt^ d^ la
teinte voulue pour Teffet qu'elle doit produire , riiueiligencô
la plus élevée ne saurait se rendre compt§> d'un« part, de
cette immense complication des parties, et, de l'autre, d^
woyena incopce^ables que !a natnre emploie pq)ir arriver ^
son but; surtout quand op considère que la place qm
shaqne molécule cqiownt^ doit qcQupgr e§t mathématiqng-
KSPt calculée fffm \% rIhi rigpnreu^fi précisioq ; et sue nofi-
seulement la teinte, mais te plus soqyeqi uj^mp 1* ppujepr
f^angO subitement d-np mnl micrpscppique a Tautie;
résultat ott il lOmbk g»S la §eHlg e^pliçaMop rai^qpn^ble
gw'on puisse donner de m ftit§ pî extraordinaires e?» aqfl
chaque molécule est déposés dsps tsi jisu m rfiCfet d'unq
volonté dirigf^ntet cpiime le fait up i|eintre en e^épn^nt
un tabicftu; enoore celsi-fii no sauraikil y appprfer cetts
rigonr^use précision danp los minutieux détails d$ son
oeuyre qu*on remarqpe dans tes de^ssiqi qui orn^nl le plur
mage des Qiseau^r
Mais ce qui rend ces dessins sur les plnwes bjeq ping
în§08pevabte« «ns<wfi , g-'oif qu'ils pe wnt son-^euleffept pas
lonjowr* axécnl^s ««^ nno wnle plnmo. nj même pajijolieT
mept »ur pl4t§ioi}r6 dan^ te di^posilioR dédnitiy» qu ell^
3i8 TH^LOGIB Dl LA HATURB.
offrent sur l'oiseau après leur entier développement : mais
encore dans une foule de cas cet arrangement existe long-
temps avant , alors que la plume , encore renfermée dans son
bulbe producteur y est repliée longitudinalement sur elle-
même en un paquet arrondi déterminé par les parois de ce
bulbe ; de manière que , dans le moment de sa formahon ,
LE DESSIN NE RESSEMBLE EN RIEN À CE QU'iL DOIT ÊTRE APRÈS
QUE CHAQUE PLUME COMPLÈTEMENT DÉVELOPPÉE AURA PRIS LÀ
DISPOSITION QUI LUI EST ASSIGNÉE. Or qucllc pcut être lamam
invisible qui dirige ainsi mystérieusement chaque particule
colorante à travers ces innombrables détours vers le lieu où
elle doit être employée , et lui faire prendre telle disposition
dans le but de former tel dessin en chacune de ses parties, si
CE n'est CELLE d'uN DiEU CRÉATEUR , dODt CC SCUl fait PROUVE
DÉJÀ AVEC LA DERNIÈRE ÉVIDENCE, NON - SEULEMENT QU'iL
EXISTE , MHS ENCORE SON OMNISGIENCE ET SON POUVOIR ILLI-
MITÉ?
Parlerai-je de la magnificence du plumage de nombreux
oiseaux dont la splendeur surpasse infiniment ce que le
pinceau du peintre peut produire de plus brillant, ne le
cédant en rien , dans son éblouissante coloration , k ce que
les métaux polis et les pierres précieuses ont de plus écla-
tant ? Mais dans quel but l'Être suprême a-t-il si richement
paré , non-seulement le plumage des oiseaux , mais encore
le corps d'une foule d'autres animaux, tels que les insectes,
et de nombreux coquillages cachés au fond des eaux? Ce
n'est certaiqement pas , ainsi que le pensent la plupart des
personnes, pour satisfaire l'admiration de l'homme ; car il est
évident que ce n'est pas pour lui qu'ont été créés ces innom-
brables animaux tout aussi richement créés , qui ont peuplé
la terre pendant des millions d'années avant que l'espèce
humaine n'y parût.
Nous n'avons considéré jusqu'à présenties Oiseaux que sous
le rapport de leur locomotion aérienne ; il nous reste k les
examiner comme animaux terrestres et aquatiques , où leur
CHAPITAX 111. 329
organisme présente également les conditions les plus remar-
quables pour satisfaire k ces autres genres de locomotion.
Les membres postérieurs, exclusivement destinés k la
station et aux mouvements ambulatoires, auxquels ils servent
également chez les Mammifères et les Reptiles, n* ayant dans
le principe pas changé de fonction, ne diffèrent de lit
que fort peu dans leur composition et leur forme , de ceux
de ces deux autres classes d'animaux vertébrés ; et autant
seulement que l'a rendu nécessaire , la loi de gradation qu'ils
suivent, à l'instar de tous les autres organes. Je ferai tou-
tefois remarquer que, si ces membres sont , sous le rapport
anatomique, rigoureusement parlant, les analogues de ceux
de ces mêmes animaux , ils ne le sont pas autant sous celui
de la physiologie, servant exclusivement k la station et k la
locomotion terrestre ; tandis que chez les Mammifères et les
Reptiles, ils sont secondés dans ces fonctions par les
membres antérieurs ; d'où ils ont dû subir quelques modi-
fications dans leur forme , leur composition , et surtout dans
leur disposition.
Nous avons déjk vu que les Oiseaux, devant se tenir, k
rétat de station aussi bien que pendant la marche , exclu-
sivement sur leurs membres postérieurs, il est évident que
ces membres doivent prendre une disposition telle que la
verticale, abaissée du centre de gravité du corps, tombât
sur la base formée par les pieds , et le mieux , sur le milieu
de cette base.
Quoique cette condition essentielle puisse être obtenue
d'une foule de manières par les diverses combinaisons de
grandeurs et d'angles que les différentes parties des mem-
bres peuvent prendre entre elles, il n'y en a cependant
qu'un petit nombre qui soient possibles pour répondre k
une seconde condition non moins essentielle , celle qu'il
faut que l'animal puisse être en état de remplir les fonctions
auxquelles il est obligé pour vivre, pour se défendre et
propager son espèce ; fonctions dont les principales sont la
33Q THBOIXNrW Di i^ HATURB.
sUtion méfne, la marebe et la course. Or ces fonetioM
exigent 2i leur tour différeotes forces représentées degnji'
deur et de directioq par des muscles et des ligaioenl^ appli-
qués k certains poiuts des leviers formés par l^s pièc^ m-
sepses du bassin , et des mcoibres de sqs-station U ét^t 4e
là nécessaire que ces forces et ce$ leviers fussent i;oo-
seplement établis de manière k produire ces effets , mw
encore M^ pas se détruire réciproquem^ni, w uiut 0» es
partie, par leurs effets, lorsqu'au contraire ces forces agis9(Nil
dgns les diverses circouslauces daps lesquelles rÔi^^aupeitt
§e trouver, flpfip w «^ ppviir pa^ ent^^r n^rts i«b Hén
QUfi LlriTP^LIOKIfÇli SUPB^MP S*PST ^^PSC^IT W PlttlNT
CES ANIMAUX, P*p;ilPfQYBl^ 9W AGENTS ÛU^I^COWUiS PPUT
l'effet n'aubait ep 4PPII9 p]^$yLTA:i: utile , pt qui eiissest
pu enirayjîr, qb détruire, \^ effete d9 ceuip qui doifeat
contribper aii r^^ultat vi^uln- Cçtt$ dernière circppstlW*
con§^i^ue même un dçp fMtP l^s plps r«mgrqui|)l^ flIl-Qi
observe dw$ !'orgî»piwfîft8 d«p Êtrfig; OR le jïftuYft wr-
tout où nos moyens d*investigation nous perntë^n^ 4^ ^
connaître les y^ril?We? psagep dfis oi^gapes ; Topx ^taht
EIQOpitEUSfilfpNT GAf^ppU PO(:p F^IJIB pBflpiJinB ^V^ P>^BI9
kQE^JS L^S Ef FETS ^pS ^L^j^ FAYpi^Bl.ES ^ l-A ^PWTIJW *
L^oyE^-Lp {L8 spUT pilST^MiÈs, §aQ§ qH-i| y ^i^ rifip fm
ti|g; e^là pi^ pous rfipjgrguqps fluelqq» partis S»ps foprti»«>
ÏPMPentPî poqspftHVftni», ?»usqraiulfi dfi i|QP» tfPffllW»
en accuser notre manque de connaissances si)^§ap(e$ ffR
pbysiftlpgje; mai^ f|on rincprtiiudç dfi h J^aiprp (Jrfeçic«
dan§ f^ quelle ^ fait; pt s^pp )>itribper au b^sj^rA» 4tti^
s^ur^jt ^yoir dppn^ re^isiepcp i ^^ç^^ Être Qrgw?^; »?
pouvfipt jamais rieq prodpirp qv puissp aypir pp bpt; bRt
qui présuppqsp fopjqurs quîppp Iqjfijliggppe en fi ptfq»«
Veffet fioal.
U résplte cepend^pt dps diy^r^ i^stppprM 4^n§ i^MH^S )^
Pfgî^uep ppuYpnt sp trqqypr s§!pn dps pircoqft^fP§ ?Pft'
CMAPITRE iir. 334
d-ot naissent dês conditions d'impossibilité d'eiistence que
la Natare n'aurait pu établir sans créer par là des agents
qni eussent contre-balancé les lois ordinaires et détruit leurs
effets.
Enfin , dans les limites mêmes de la possibilité physique
dans lesquelles une action peut s*exercer, tous les cas sont
loin de présenter un égal avantage; et d'ordinaire, il n'y en
a qu-uo seul qui réponde le mieux au résultat final. Ces
linailes d'up0 papt, et ce point intennédiaire de l'antre,
existent nécessairement pour toutes les fonctions des or*
ganes , et spécialement pour l'appareil de la locomotion ; h
eu juger du moins d'après quelques résultats auxquels je
suis déjk arrivé relativement à leur déterpiination ; d'où je
ne doute pas qu'on ne parvienne un jour k les trouver pour
toutes les fonctions auxquelles le calcul peut s'appliquer.
Mous avons vu que par cela même que les m^mbr^s pos-*
térieurs servaient exclusivement k la stption et a li| marche,
les cuisses devaient être, dans leur état habitpel, très-forte-
ment fléchies en avant, afin de rapprocher l'axe des genoux
le plus possible du plan vertical passant par le centre de
gravité, et que celui-ci puisse se trouver, dans la station et
la marche , verticalement au-dessus de la base de sps-station
des deux pieds.
Les cuisses (PI. II, /Iff. 2, iu) ainsi ramenées entièreinenl
sur les cétés du troué, beaucoup plus fortement que chez
les Mammifères essentiellement quadrupèdes , et leurs mou-
vements devant du reste se faire de même que chez ces
derniers, principalement d'avant en arrière, et réciproque-
ment, ces membres ne diffèrent d'ailleurs qu'assez peu des
leurs, quoique les Reptiks Sauriens soient, quant k la clas-
sification , placés entre eux.
Dans cette situation des membres postérieurs chez les
Oiseaux , les quatre parties successives qui les composent
forment également des angles plus ou mqins grands entre
eux, AFIN Ùl^-BN OUVRAirr CBS AfrSLBS, LE MBHpHE s'^LLAttOK
332 THéOLOGIB DB LA NATURE.
ET POUSSE LE CORPS EN AVANT ; EN MÉKE TBKPS QUE CETTE
DISPOSITION À DEMI FLÉCHIE ADOUCIT CONSIDÉRABLEMENT LES
MOUVEMENTS DE LOCOMOTION » ET SURTOUT LE SAUT, QUI SERAIT
SANS CELA IMPOSSIBLE.
De rextrémité de la cuisse, la jambe (uv) se porte,
comme chez les Mammifères , plus ou moins obliqaement
en dessous et en arrière; et le tarse (vy) qui lui fait suite,
verticalement en dessous ou obliquement en avant, pour
ramener les orteils (xyz) , la seule partie qui appuie sur le
sol , sous le centre de gravité (o) qu'ils doivent soutenir, en
formant par leur écartement la base de sus-station de
ranimai.
Quant aux os qui entrent dans la composition des di-
verses parties de ces membres , ils diffèrent également peu
de leurs analogues chez les Mammifères. L'os de la cuisse
est k peu près le même, n'en différant essentiellement
qu'en ce que le condyle externe forme une poulie, dont la
saillie interne pénètre entre la tête du tibia et celle du pé-
roné , et dirige par Ik les mouvements d'extension et de
flexion de ces deux os.
Les cuisses étant appliquées contre les côtés du thorax ,
prolongé jusqu'au bassin , elles ne sont pas susceptibles de
pouvoir être portées en dedans ; et l'Oiseau n'ayant de lii
presque aucun effort k faire pour s'opposer k ce mouvement
les muscles adducteurs et abducteurs de la cuisse sont forte-
ment réduits ; et les analogues de ceux qui existent font plus
particulièrement les fonctions d'extenseurs ou de fléchis-
seurs , ou bien celles de rotateurs , pour empêcher les cuisses
de trop fortement tourner en dedans lorsque l'Oiseau appuie
sur un seul pied , pour prévenir les luxations du fémur ;
ce qui arriverait k chaque pas , où l'un des membres est
dirigé obliquement en dedans , pour soutenir le poids du
corps.
Dans cette disposition des cuisses dirigées en avant et en
dehors, les jambes ont en conséquence été portées en
CHAPmuB iif. 333
dessous , en arrière et en dedans pour ramener les pieds
Tan auprès de l'autre. Pour obtenir ce dernier effet, il
A SUFFI DE DONNER SIMPLEMENT, COMME CHEZ LES MAMMIFÈRES
QUADRUPÈDES , UN PEU PLUS DE SAILLIE AU CONDTLE EXTERNE
DU FÉMUR , LE CONTRAIRE DE CE QUI EST CHEZ l'hOMME , ÉGA-
LEMENT BIPÈDE. On voit par cette DIFFÉRENCE , AVEC QUEL
SOIN l'Intelligence suprême a partout modifié les parties
JUSQUE DANS LEURS PLUS MINUTIEUX DÉTAILS , POUR ARRIVER
AU BUT qu'elle A EU EN VUE , ET CELA SOUVENT PAR DES
MOYENS OPPOSÉS.
L'extrémité supérieure du tibia présente, comme dans les
Mammifères , une truncature formant son articulation avec
le fémur, et divisée en deux facettes articulaires très-peu
profondes. Sur l'interne, à peu près perpendiculaire à l'axe
de l'os , appuie le condyle interne de Tos de la cuisse ; et
la seconde, inclinée en dehors et en bas, forme, avec la tête
du péroné, une gorge dirigée d'avant en arrière, dans
laquelle appuie le condyle externe du fémur; disposition
DIFFÉRENTE DE CE QUI EST CHEZ LES MAMMIFÈRES POUR
PRODUIRE UN EFFET PARTICULIER , NÉCESSAIRE AUX OiSEAUX ,
et que j'expliquerai après avoir indiqué les modifications
qu'a reçues le péroné.
Si , avec la disposition que je viens d'indiquer, le Péroné
était entièrement fixe, il est évident que la jambe ne pourrait
se mouvoir que d'arrière en avant ; direction que prend la
gorge dont je viens de parler, en offrant l'avantage de ne
pas permettre facilement les luxations vers les côtes; le
condyle externe du fémur, divisé en gorge de poulie,
pénétrant, par la saillie interne de celle-ci, entre les deux
as de la jambe; et dont l'externe, emboîte la tète du pé-
roné. Mais le créateur a encore ici parfaitement prévenu
rinconvénient, en rendant le péroné mobile le long du tibia,
au moyen d'un ligament longitudinal linéaire, qui n'est
que le ligament interosseux des Mammifères réduit à un filet
étroit, faisant les fonctions d'une simple charnière. Ce
334 TlutOL0«IB M liA MATURE.
iMMYtmeiit i qm esi 4' tillaorg très-borné , permet à la florfe
termioale^ eatre le péroné et le tibîa» de ehaoger de
direetîoo , en suivant la saillie du condyle qui s'y engrène ;
c'est-k^ire que cette saillie , étant un peu oblique » présente
par Ik une direetion différente dans chacune de ses parties
qui appuie sur la jambe, et force celle-ci de tourner sur
eUe^'Utéme , suivant son degré de flexion.
Par Teffet de ces BK)ovenienls qifeiécute le péroné, cet
08 parait, quoique fortement réduit, être arrivé à sa véri-
table fonction. Servant exclusivement k régler les raon*-
ments de la jambe, il ne devait pas s*étendre jusqu'au tarse,
sur les mouvements duquel sa rotation eût influé sans
nécessité ; aussi est il atténué vers en bas en un simple filet
grêle , de même que cela arrive déjk dans des eireonattuess
semblables chez beaucoup de Mammifères.
D'après celte conformation que présente l'articulation du
genou, les luxations latérales y sont fort difiiciles , en même
temps que la jambe peut se mouvoir légèrement en rotation
sur la cuisse ^ comme chez les Mammifères » afin de p^-
mettre au pied d'être dirigé , selon le besoin , dans diTenes
direetidns.
La luxation en arrière est prévenue par la présence de la
rotule lorsqu'elle existe, ou bien par une saillie plus ou
moins grande que fait l'angle du tibia au-dessus do njrreau
de l'articulation en remplaçant la rotule (m). La luxation en
avadt est préveaue par les forts ligaments qui entourent la
rotule f et retiennent le fémur appuyé dans l'angle que la
tête du tibia forme avec la rotule.
Le Péroné n'atteignant pas le tarse , c'est uniquement le
tibia qui s'articule avec l'os unique formé par l'union des as
du tarse et les métatarsiens.
La jambe pouvant exécuter un Inouvement suffisant de
rotation pour donner au pied la direction dont il a besoin ,
le mouvement entre la jambe et le tarse devmt être simple-
ment ginglymoïdal ; et d'autant plus que le tarse étant fort
ckAflTilK m. 335
«•v4, cottitlie th^ left llàttMfère» ttiigtf ligf Me* , les moti-
fsanéoti lâtéràui rie podfrâietit Mté exétMér àd }$ieâ (Jtt'tin
rtHiple déplM;eiiieiit vers les «Méfi , te qoe l*oisesiu petit déjà
ptr les faodtèniefits de rotation de la ctiisëe, sans permettre
il la plante du pied de lodriier eti titfe espèce dé pronation
el de supination ^ comme teia a lieu eheis les Mammi-
fères plantigrades » pour accommoder le pied aut inégalité»
dtt sol.
Cette articulation tibio-tarâienne ded Oiseaux ressemble
teaut^onp il eelle do géndn dés M atninifères ; avec cette
différence qu'elle est tournée en sens contraire. Cette res-
flioiblance est du reste naturelle , les parties articulaires se
ihMiTant tout il fait dans les mêmes conditions ; car ce sont ,
dans Ttio et dans l'antre cas,' dèut os qni portent plus on
ihoins obliquetaettt l'un snr Taotre, et entré lesquels doit
eiister un mouvement ginglymoldal ; et si la forme de Tar-
ticulation tibio-tarsienne ded Mammif^rèd digitigrades, où
lemoQtenaent est également ginglj^moldai, n'est pas dans le
mémëeaa, on doit uniquement Tattribuer \ la marcbe de
gradation que suitent les parties; gradation qui veut que,
chei to«8 les Mammifères, le tarse soit composé de plusieurs
pièeea , parmi lesquelles le calcanénm fkiil ^illie en arrière
pour donner plus de force aut muscles du mollet.
Chei les Oiseaux, au contraire^ où enfin lea os dtt tarse
el du métatarsd sont confondus en une sedie pièce, cell^-ci
i RCÇir URB rOIMB t>L€S EN nAanONtfe AtBC Èk BTOtVELLE
FoifCTion. Les detti condyles inférieura dn tibia, au lieu
d'être parfaitement en arcs de cercle, présentent, comme
eedx du fémur des Mammifères , la forme d'arcs dé spirale ,
dont la branche la plus courbe est toutefois tournée en
avant.
L'extrémité tibiale du tarse est tronquée carrément comme
le tibia des Mammifères, et présente les deux fosses latérales
dont je viens de parler, recevant les cdndylës du tibia. Ces
deux fosses sont séparées à la partie antériénre par utte forte
336 TvioLOfiii vm la ratiiu.
saillie en forme de dent, imitant Tépine du tibia, et qm
pénètre entre les condyles pour s'opposer k ljl pois aoi
LUXATIONS EN ARRIÈRE DU TARSE , AINSI QU'À CELLE YER8 LES
CÔTÉS ; TANDIS QUE LES LUXATIONS EN AYANT SONT PRÉVENUES
PAR LA FORCE QUE LEUR OPPOSENT LES TENDONS NOMBREUX ET
TRÈS-PUISSANTS DES MUSCLES EXTENSEURS DU TARSE ET FLÉ-
CHISSEURS DES ORTEILS, QUI PASSENT SUR LE TALON. Enfin, à Sa
partie supérieure , le tarse présente une crête longitudinale
très-saillante, ressemblant k Tangle du tibia, mais qui cor-
respond par sa fonction au talon , et k laquelle se fixent
les muscles du mollet, dont le tendon, avec ceux des
fléchisseurs des orteils , glisse dans la poulie que les deux
condyles forment en arrière. Cette saillie du talon augmente
beaucoup la longueur du bras de levier sur lequel agissent
les muscles extenseurs du tarse, bras de levier égal à la
distance du sommet de cette saillie au centre de mouvement
de l'articulation ou l'axe des condyles.
J'ai fait remarquer que les tibia se portaient légèrement
en dedans pour ramener le tarse le plus près possible du
plan médian du corps ; mais on conçoit qu'ils ne doivent pas
y atteindre entièrement, afin que les deux pieds ne se
gênent pas réciproquement dans leurs mouvements; il
suffit qu'ils en soient assez près pour que l'oiseau, en
balançant légèrement son corps , puisse faire arriver fadle-
ment le centre de gravité sur l'un on sur l'autre pied. En
effet, les extrémités tarsiennes du tibia se trouvent pour cela
suffisan^ment rapprochées du plan médian, et les tarses
prennent une direction parallèle k ce plan pour ne pas
appuyer obliquement en dedans ou en dehors sur la base
de sus-station.
Quoique les deux os ne présentent dans cette articulation
aucune saillie qui s'oppose k une extension allant an delk
de la direction droite de la jambe et du tarse , cette trop
forte extension, et surtout la luxation, sont prévenues,
comme je viens de le dire, par la résistance que leur
CHAPITRE IIK 337
opposent les tendons de la région postérieure de la jambe ,
ainsi que par la disposition que prennent les ligaments
latéraux de l'articulation relativement aux condyles du tibia,
dont la courbure est en arc de spirale. Les deux ligaments
latéraux s'insèrent, d'une part, au centre de la spirale des
deux condyles, et se portent verticalement de Ik en dessous
pour se fixer, d'autre part, aux côtés du tarse, à une distance
de l'articulation à peu près égale au rayon de la spire sur ce
point. Avec cette disposition des parties, la flexion est facile,
TU que les rayons des condyles diminuent, comme dans l'ar-
ticulation du genou , à mesure que le tarse se fléchit , et que
les ligaments se trouvent relâchés ; tandis qu'en sens opposé
le mouvement est, par la raison contraire, impossible au
delà d'un certain point; c'est-à-dire que les rayons des
condyles devenant de plus en plus longs , les ligaments
latéraux, de quelque élasticité qu'ils soient capables ,
finissent par s'opposer entièrement à une très-forte exten-
sion.
A l'extrémité inférieure , les tarses présentent autant de
poulies bien distinctes qu'il y a d'orteils; seulement le
pouce , quand il existe , est porté sur un métatarsien parti-
culier. Ces poulies , disposées dans des plans divergeant en
avant, déterminent la direction rayonnée des orteils. Ces
poulies sont également en arc de spirale , avec la plus forte
saillie dirigée en arrière ; tandis qu'en avant leur dernier élé-
ment va de bas en haut et un peu en arrière , de manière que
la phalange qui s'articule sur cette partie est horizontale
au moment de la plus forte extension : et comme la facette
articulaire de cette dernière est concave , elle se recourbe
un peu en arrière pour atteindre le bord supérieur de la
poulie du tarse contre laquelle cette facette appuie.
De même qu'à l'articulation tibio-tarsienne , il existe ici
des ligaments latéraux à chaque orteil, qui permettent à
celui-ci de se fléchir facilement vu la forme spirale des
condyles ; tandis qu'ils s'opposent à sa trop forte extension
I. 22
tt3i( tmioLOGiit bk LA MATttiki
portée sensiblement au delk de l'angle droit atae ie tatM i
alors que Torleil est horizontalement posé sur le sol ; et uoe
disposition semblable se trouve aux articulations des pha-
langes entre elles.
On conçoit qu*avec une telle conformatioB des artcofah
tions du pied , les orteils s'opposent k la flexion eo avant dm
tarse, k laquelle il est sollicité par Taction du poids eu
corps , agissant sur le centre de gravité , placé dans la ligne
d'aplomb antérieure au tarse ; et c'est ainsi que les ligaments
soutenus par les muscles fléchisseurs des orteils s'opposent
k la chute du corps en avant , quant au mouvement qu'il tend
k faire exécuter passivement aux tarses. .
Pour ce qui est de la flexion que le poids du corps tend k
produire dans les articulations tibio^tarsiennes , la forms de
l'articulation et la disposition des ligaments la favorise; mais
elle est prévenue, comme je l'ai déjk fait remarquer, par
l'action des muscles extenseurs du tarse , dans la description
desquels je ne puis pas entrer ici.
La statioa est en outre puissamment assurée au moyen
des ongles garnissant les dernières phalanges des orteils,
et donft l'extrémité pénètre dans les inégalités du sol , ft«*
quel les Oiseaux peuvent ainsi, en quelque sorte, se sraoi*
ponner; et pour donner a cet effet plus de force à la
PHALANGE QUlXps POINTE , CBLLE-GI A REÇU , COmmO dSAS leS
Mammifères k griffes, une plus grande LARGEint verticale
À SA base que les AUTRES; de manière que ses masdes
fléchisseurs agissent sur elle par un bras d0 levier beaa^
coup plus long.
La plupart des Oiseaux ont le pouce dirigé em arrière,
sans qu'il atteigne k terre chez le plus grand lombnB de
ceux qui marchent beaucoup. Dans certaines espèces toute-
fois , telles que les Héronê , où il est fort grand , il appuie
dans toute sa longueur sur le sol , en étendant ainsi considé-
rablement la base de sus-station dans cette directten , œ
qui permet k ces Oiseaux , essentieHemett stationneurs , 4e
ifaire tomber la lig&e d'aplomb de leur centre de gravité
presque entre les de«x ar ticulations tarso-phalangienDes , et
de tenir en conséquence les jambes et les tarses verticale-
ment en ligne droite. Chez ces Oiseaux, les pouces ne pouvant
que difficilement se relever au-dessus de la direction hori-
soDtale , ils s'opposent par tk à la flexion du tarse en arrière ;
d'où eette partie du membre reste , en quelque sorte , fixe
mr les orteils : dispositiofi qui facilite considérablement la
station.
Ches les Oiseaux qui se perchent , le pouce y dirigé k cet
effef en arrière , est généralement fort long , afin de pouvoir
mieux s'opposer aux autres orteils , pour embrasser avec eux
la branche sur laquelle Ils posent ; et, pour le même usage ,
les ongles sont d'ordinaire longs, fortement crochus et
très-pointus, afin de mieux fixer l'Oiseau. Mais nous aurons
à revenir sur ces diverses dispositions en partaut des condi-
tions dans lesquellôs le squelette doit se trouver, suivant la
manière de vivre de diaque espèce.
De même que chex les Mammifères, il existe sous les ar-
ticttlatioDs des orteils des os sësamoïdes entre Jesquels
glissent les tendons des muscles fléchisseurs des phalanges,
qui s'y trouvent préservés de la pression que le poids du
corps exercerait sur eux.
Les Orteils (PI. % fig, 2,xyz), atl nombre de quatre au
plus et de deux au moins , sont généralement fort longs , très*
divergents et entièrement étalés sur le sol , afin d'agrandir
VB PLUS POSSIBLE LA BASE DE SUS-SfATlON DU CORPS ; taudîs
que , chez les Mammifères , ils spnt le plus souvent ou re-
pliés , ou n'appuient que par la da^nière phalange , sans être
jamms fortement écartés.
Ces organes ofirent en outre le caractère distinctif , avec
les Mammifères , que l'orteil interne répondant au premier de
l'homme , a constamment d^s^ phalanges ^ le suivant trois ,
le troisième qwUrey enfin Texteme ctnç, et l'analogue du
damier orteil de l'homme manque , ainsi que le prouvo la
340 THiOLOGlR DB LA NATURE.
composition de ces organes chez les Sauriens. Quand il n*y
a que trois orteils, c'est Tinteme qui manque; et chez V Au-
truche , qui seule n'en a que deux , ceux-d sont les analogues
du troisième et du quatrième de l'espèce humaine.
Quant aux muscles qui meurent les diverses parties des
membres postérieurs , ce sont également , pour b plupart ,
les analogues de ceux des Mammifères, en offrant toutefois
souvent des difiérences assez notables. C'est ainsi que tous
ceux placÀ au pied manquent, cette partie ne renfermant,
outre les ligaments, que des tendons filiformes dont la partie
charnue des muscles se trouve le long de la jambe , et même
fixée k la cuisse.
En admettant que toutes les parties de ces membres soi^t
fixées par les efforts des muscles, à Texception des cuisses
dans leurs articulations des hanches, on conçoit que si ces
dernières étaient assez longues et assez fortement fléchies en
avant pour que le centre de gravité du tronc fût placé en
arrière de Taxe des deux genoux, la force par laquelle l'Oi-
seau se maintiendrait debout , en empêchant son corps de
tourner dans ces articulations, serait exercée par les mus-
cles extenseurs des cuisses , qui tendent k faire relever le
corps en avant : x'est-k-dire que la force de contraction
passive de ces muscles devrait être plus grande que celle
des fléchisseurs , ainsi qu'elle Test en effet ; k moins que
l'animal ne fasse des efforts volontaires très-forts pour sur-
^ monter la différence en plus de la force passive des fléchis-
seurs , ce qui causerait bientôt une fatigue qui s'opposerait k
la station et k la marche prolongées ; et les choses sont éga-
lement ainsi lorsque le centre de gravité se trouve au devant
des genoux ; le levier sur lequel il agit étant toutefois plus
long , les muscles auraient en outre un plus grand effort k
faire pour maintenir le tronc immobile.
Il n'en est pas de même lorsqu'on examine les conditions
d'équilibre relativement aux mouvements dans les articula-
tions des genoux. Si le centre de gravité se trouvait en ar-
CHAPITRB 111. 341
rière de ce^ dernières , il tendrait à faire relever le corps en
avant, en diminuant l'angle que la cuisse forme avec la
jambe » et les muscles fléchisseurs de cette dernière , agis-
sant dans le même sens , surtout ceux venant de la partie
postérieure du bassin, nécessiteraient une force considé-
rable dans les muscles extenseurs , pour faire équilibre k ces
deux forces réunies ; tandis que si le centre de gravité est
placé au devant de Taxe des deux genoux, il tend au con-
traire k faire baisser le corps en avant, en ouvrant l'angle
que la cuisse fait avec la jambe : force en partie contre-ba-
lancée par les muscles fléchisseurs de la jambe , et secondée
seulement par les extenseurs beaucoup plus faibles , qui n'a-
gissent guère que dans la marche , lorsqu'il s'agit d'étendre
la jambe en arrière pour pousser le corps en avant. Or, dans
la station , la prépondérance passive des fléchisseurs de la
jambe sur les extenseurs , faisant relever le tronc en avant ,
le centre de gravité placé plus bas que l'axe passant par les
deux genoux , décrit un arc de cercle autour de ce dernier,
en s'en éloignant en avant ; d'où résulte que le bras de levier
par lequel il agit devenant plus long , il arrive un moment
où le poids du corps , réuni k la force passive des muscles
extenseurs de la jambe , fait équilibre k la force également
passive des fléchisseurs ; et Ik , ces efforts se détruisant réci-
proquement, les parties restent immobiles sans aucun em-
ploi de force volontaire de la part de l'Oiseau : k moins que
par la proportion relative de la longueur des leviers et de la
force musculaire cela ne soit pas possible : d'où il résulte
que les Oiseaux où cet équilibre a lieu sont ceux qui se fa-
tiguent le moins pendant la station. Il semble, au premier
aperçu , que cela devrait être chez les espèces où le centre
de gravité se trouve exactement sous l'axe des genoux , vu
qu'il est alors directement suspendu aux jambes et aux tarses
formant deux colonnes verticales, ainsi que cela existe en
efiet chez beaucoup d'OisEAux Éghassiers , surtout dans les
Cigognes et les Hérons ; cas dans lequel l'action des muscles ,
342 TmioLDGiB db la natitri.
tant extenseurs que déchisseurs des jambes , peut être nulle :
c*èst-à-dire con^me si ces organes n'existaient pas. II en serait
eii effet ainsi s il ne s'agissâil que de maintenir l'Oiseau en état
dé station; mais comme il doii aussi marcher, circonstance
où les muscles extenseurs et fléchisseurs de la jambe doivent
agir avec plus ou moins dé lorce , surtout les seconds qui
agissent aussi comme extenselirs de la cuisse , il a fallu que
ces derniers muscles eussent une force prépondérante sur
les extenseurs , et qii'en conséquence le centre de gravité fût
placé en avant de Taxe des genoux : ce qui , du reste , répond
en même temps aux exigences de la faculté de voler.
C'est dans ce parfait dqdilibré des forces qui agissent
dans la station des oiseaux, que se trouvent en effet les Ci-
gognes et les Hérons qiie je viens de nommer. Quoique le
centre de gravité de leur tronc soit par 1^ assez fortement en
arrière, ces oiseaux, en tenant leur corps relevé en avant, le
ramènent k une petite distance au devant de Taxe des ge-
nbiix; et leuiiy janibes (dirigées de là verticâleniént en-des-
éoiis ; dans là même direction que les tarses , soiit articulées
avec céiix-ci d'une tùaiii^re telle, que le commencement de
râ hexion^des tarses est assez (difficile; d'ôii ces deux |)arties
des tiléiîibres forment étisenible uile véritable colonne sur
laquelle le corps appuie en parfait i^quilibiré par les extrémités
des cuisses , sans que l'âiiimdl ait Jbésoiii de faihè des efforts
un peu coiisidéràbles pour se maintenir dei)out. Aussi voit-oo
souvent ces oiseadx ne faisant , bbur ainsi dire , aucun effort
volontaire avec leurs muscles, se tenir debout plusieurs heu-
res de suite, soit slir deiix pieds, soit sur un seul , sans bou-
ger le moins du monde, et jiâr coiiséquent sans se fatiguer.
Ouoique là longueur et la direction des diverses parties
des membres postérieurs varient considérablement selon les
espèces et les habitudes des Oiseaux , ces parliès sont cepen-
dant renferibées ^àns côrtainek limités qu'elles ne peuvent
dépasser sans incônvéiiient, et quelquefois inémé cela est
mathématiquement impossible, tci , comme àiLléurs , tout
hnxMta ni. 343
EST ENGOltË RlGOORECàEllfeliT tkhtVht UXNS i^HAOUK CAS PAR*
TICULIER; pour qu'il y Ait bNB t^Atti^Attfe HARMONIE ENtRE
TOilTfeS LES PUi^SÀÎ^GES Ml^ËSl ^N ACtiON.
Qoaôt M réqdilibKe OU ttorië Sût les èolssés ; il dépend
bëaiiebdp mbins de \i lotigttëur de iife^ dë^iiiërie» (}tfe de Ibur
dit^ctioti , qui influé au éotitràirb c^tiâidërabletiienl Sttr là
{Puissance deâ ihnsblëj deâtinlî^ & tnaintéhil- fe*et ëqiltlibrè,
soit pat- ledr force {JassiVe, soît pslr leur fbfcfe aëdvë (1).
Il ti'étî ési déjil plus dé hiêmé quant eux tnoiiveinenis des
jdnlbes su^ les cuisses; ici, Isi longueur et ladiréëtibb de
(^ellèé-lh {idi* rapport k la i)d§iUbn dtl cebtt^ de gravité du
boi-ps lie Sodt l)âs ifadliIKredtë§ ; elles iilflUëm ëssëtitiëlië-
ihent sur le rapport qiiè lés ToKcr^s abéolhes dés muisclen
èxteiisétii*â et flëchisséul*é des Jdbibes doiirent avoir entré
elles pour maintenir l'équilibre.
La préniièré fcôtiditidn qui se (iréSente éisi que Jefi jainhes
doiv'énî êlYh plUs bù fkoinà p)è6hles dàni rétat de sfatim , âfili
que les caisses j|)iil^sén! sTétendrë sur elleâ dans la hiarclie;
b'èst-ii-aire (jfae la tsfaiskë et IB jSitbtte né sdttrdiënl fitlis placées
'éli K^ë dfdltë de r^tlbblSli^h dé \^ tiadche k Celle dti pied.
La longdëù^tfeâjkmbëS isSl égalenienl téglëë entre deux
limites qu'elle tie petit dët^â^âër. En ëSët; que lé &rse soit
vertical on ebtiei-eiiieUtHbtiibhtQll; ile^tbblistatlt qbe Tbi-
3ëiti étant appuyë stt)r le ^dl pkh sa tiôitritië, là Janibë dirigée
9e rettrémitë dii ttràë bbll^hérdil en avant et en hadt «ers
reitrëifaitë Ue là ^ùllâë; l)i doDà toUt cet étiiseiflible, le centre
dé gHtité sUi*))lbtllbâU eii kvMtit la bk$ë Ibimëë pat* tes or-
teils, l'afaltlidl tle ttoditttH ffltts iSë rëlëvëf .
Ne pouvant pks ébtrélr ici dans tous lés dédite qd'ëîigent les
dëmon'strâdbns pal* lesquelles ôfl.^m pt«ily«l* Quelles âdbt
les cbhditiôns d'ëttUilIbfë qtli tfoitétit mktef ëtitré les ditër-
ses parties du côY^ ièi Oisèant ; n âj^Menieilt colles qui
constituent lëbrâ iùëittbt^^ pÔstëHèhrs; kSli i^ud la stâtioh et
f, «#*«*>« ■• ■ •• • ••
[i) Vo^ ik fiôU fi- ».
;i44 THEOLOGIE DR LA NATURE.
la marche soient possibles , je suis obligé de renvoyer ces
démonstrations aux notes placées à la soite de cet ouvrage,
et de n'indiquer ici que les résultats, comme simples faits
de l'admirable mécanisme organique de ces animaux.
Nous avons vu que par cela même que le centre de gravité
du corps devait se trouver dans le plan vertical passant par
les centres de forces des ailes , et en même temps peu dis-
tant de celui passant par les articulations des genoux, afin
que la station et la marche soient faciles, l^Intelligengk
SUPRÊME À RAMENÉ CES ARTICULATIONS LE PLUS POSSIELE EN
AVANT, EN PLAÇANT LES CUISSES DANS LEUR PLUS GRAIIDE
FLEXION ; MODIFIANT TOUTEFOIS LEUR POSITION SUIVANT LES
CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES CHAQUE ESPÈCE D*OISEAUX
DEVAIT SE TROUVER, d' APRÈS LE GENRE DE VIS QU'ELLE LUI
A ASSIGNÉ.
La première condition a bien été que les parties des mem-
bres postérieurs fussent disposées de façon que la station et
la marche fussent possibles , mais il a fallu en même temps
que ranimai pût aussi se relever, après s'être accroupi sur le
sol pour se reposer. Or cette dernière condition exigeait par
elle-même <|u'il existât une certaine proportion relative dans
la longueur des cuisses, des jambes , des tarses et des orteils
ou pieds , afin que dans l'état d'accroupissement le centre de
gravité fût pla(^ verticalement au-dessus de la base de sus-
station formée par les pieds ; condition sans laquelle Toisean
ne pourrait pas se relever (Yoy. la note n* 33). Mais ces pro-
portions, sont pour cela, généralement renfermées dans des
limites dont elles ne peuvent pas sortir, en offrant en même
temps pour chaque partie la grandeur et la direction les plus
favorables à la fonction qu'elle doit remplir ; et ce sont les
espèces qui approchent le plus de ces conditions qui sont en
conséquence les mieux organisées sous ce rapport.
le viens de dire que Tune des conditions essentielles de
la longueur des diverses parties des membres ambulatoires,
était qu'il fallait {{u'elles fussent telles que l'animal les tenant
CHAPITRE 111. 345
fléchies sar elles-mêmes dans l'accroupissement, le centre de
gravité de son corps fût au-dessus de la base formée par les
pieds. Mais k côté de cette condition, il existe encore cette
autre que l'animal étant debout, le même centre de gravité
soit également toujours au-dessus de la même base , et le
mieux sur son milieu , afin que la station soit bien assurée.
Or ce n'est pas tout encore : il a fallu aussi que TOiseau pût
marcher, c'est-k-dire plier et étendre plus ou moins ses
membres pour faire des pas successifs, d'où naissent égale-
ment encore d'autres conditions de nécessité et de plus grand
avantage que ces mêmes parties doivent remplir; enfin, les
membres se trouvent en outre dans des conditions spéciales,
propres pour ainsi dire k chaque espèce d'Oiseaux , selon
divers autres usages auxquels les pattes servent , tels que la
nage, la préhension et la faculté de porter des poids, ainsi
que cela a lieu chez les Oiseaux de proie. Ce sont ces con-
ditions si différentes qub le Ghéateur ▲ conciliées de la
MAMUkRE LA PLUS REMARQUABLE DANS CHAQUE ESPACE, SUIVANT
LE CAS PARTICULIER DANS LEQUEL IL l'a PLACÉE DANS SA HAUTE
SAGESSE.
Les cuisses ayant dû être placées dans une fotte flexion ,
afin de porter le plus avant possible , l'axe passant par \eê
articulations des genoux dans laquelle le corps doit plus par*
ticulièremenl se mouvoir pour se maintenir en équilibre.
Or le centre de gravité peut se trouver au-dessus de cet axe,
ainsi que cela existe chez l'homme, k l'égard de l'axe passant
par les articulations des deux hanches ; ou bien il peut se
trouver au-dessous de cet axe. La première de ces positions
est la moins favorable, vu que si dans l'état de station, les
muscles moteurs des jambes sont en parfait équilibre de
force par leur contraction involontaire ou passive, la moindre
contraction des extenseurs ou des fléchisseurs pour chan-
ger la position du corps, fait sortir le centre de gravité de sa
première situation , pour le porter vers le côté même où la
contraction a lieu ; et son action tendant k /aire tourner le
I
346 THioiJOGIE DK LA NaTURK.
corps dans le ttfiMe sèiis ^ue cette coritraction , s*àjoatersLit2l
la force de celle-ci , ce qui prodairait le renversement de ce
dernier, si les muscles et les ligaments antagoliistes n'arrê-
taient pas le mouvenient; ce qui oblige ces muscles a rester
constamment contractes potir ne cëdër ^ue grsidUèllèmeot i
la contraction volontaire de ceux qui leilr sont tipp6sés ; con-
ti^slction eh conséquence permanente pèndâht tout le temps
^Ue dure la statiofa , et (Jili la rend de \\k pltis bu moiiis fïtigante.
Cette circonstance constitue ainsi une condition qiie la Na-
tuRfa X DÛ ÉvrTER, et c'est èfi effet ce qu'elle a filît, en i»oh-
tXNt tE PLUS GËNÊRilfeîiGNT LE CEMTÈË t)E GltltltË SOtS L'ÀlB
PAssANt PAR LÈS DEti GENôtx ; effet qi]*èllè a facileoient ob-
tenu en plaçant \ei cnisé^ dif!§ lettr ^liisi gi^ndë flëtion.
Situé plus bas que Taxe dès gehoirt , le centre 8è gfstvité
podvait se trouvée ëÙ avant ttii kû arrière dti p\in verdeiH
passant ))àr ëet sixe j deui dî^positiod§ ofipbsées qiie TlntelU-
gence crédtribë àv^it S prt^dfe feu feonsidétation ; suivant
les autres conditions dàii^ le^tt^éllé^ elle i placé feUaqtfe
espèce. En effet, si lé éeii tre de gratltë se trèdte en atant
de Taxe des genoux , il tend k faire baisser le cOf ps eii
avant , et |)âr bonséi}uent k ôUvrir Tangle que les cuises
font avec les jambes ; d'otk réstllte que ce sotit les liiiiselës
fléchisseurs de cei dernières qui doitetit lui faire équilibré,
par title ^rétioiidératice de leur fcotitraction involontaire sur
Vei intlscles extenseur^; àfiH que Tàiiimal n'ait pas d'èflbrt
volontdihè k produire ; ce qtti exigeait un plus grand volame,
et eh cbnséijuence ad^si une p\\is grande puissance dans li
contraction volontaire , lorsqu'elle doit être emplo;fée. Or ce
cas se présetate, d'une part, Chez les Oîse(ttl2a? rapae^ qoi,
emportant leur proie dans leiirS sertes , ont be^n de faire
de grands efforts avec lë'urâ inusclës flécHisseèrs dès jambes;
d'où , t)ar la raison que je viens d'indiquer, le Centre de
gtilvltë doit se ttoûvèr èh âtant de l'âte dès getti^QX : aussi
les oiseaux tels que les Aigleis, les Buses et les FhucoNi,
ont-ils ^énéiniëihent teà cutHteS icdUrtes.
CHAPITRE 111. 347
bans l'état dé station (perché) où ces animaux se tiennent
en tepos , ta prépondérance de la contraction involontaire
des muscles fléchisseurs sur les extenseurs, force le centre
de gravite de s'éloigner beaucoup en avant du plan vertical
passant par les genoux, afin de lui faire équilibre, ce qui
fait relever le corps en avant, en donnant k ces oiseaux cette
attitude fcirtemeiit redressée qu'on leur voit partout.
D'autre part, le même cas se présente chez les Oiseaux
nageurs par excellence , tels que les Grèbes, les Pingouins^
et surtout les Manchots, qui ont également de grands effor^
k faire par la flexion des jambes, en même temps que leurs
membres postérieurs devaient être fortement portés en ar-
rière, afin de mieux servir comme rames; aussi ont-ils le
corps encore plus redressé que les Aigles et les Faucons,
surtout dans id marche, où ils sont obliges dé se tenir
presque debout , afin de ramener lé centre Idé gravité au-
dessus de la tiase àè leurs pieds. Les Candrds, au contraire,
ont, quoique nageurs; le corps presaue horizontal dans la
station et la marche, vu que leurs pattes , fort courtes, ra-
mènent leurs pieds presque sbus lé milieu du corps.
Chez les Oiseaux marcheurs , au contraire , où le poids du
corps tend à faire fléchir k la fois les cuisses et les jambes ,
lés muscles qui s'y opposent ont èii besoin d'être les plus
forts , pour empéchéi* une trop granae flexion ; a où est ré-
sulté qu'il était plus convenable que le centre de gravité fût
en arrière du plan vertical passant par les deux genoux,
afln qu'en tendant à se placer sous ces derniers , il fasse
tbamer le corps eii sens inverse, pour qu'il se mette par
lui-même en équilibré avec l'excédant de la force de con -
traction involontaire liés inuscles extenseurs des cuisses et
des jambes ; d'où l'animal peut se tenir debout sans faire
aiicun efibrt volontaire avec ses niuscles moteurs des cuisses
et des jambes, et en conséquence saiisse fatiguer beaucoup.
Aussi ces oiseaux ont-ils généralement les cuisses longues
et moiîis fléchies que lés autres.
^48 THEOLOGIE DB LA NATCRB.
Enfin , on conçoit que la condition la plus favorable à la
station et à la marche , doit être celle où le centre de gravité
se trouve, par l'effet d'une proportion bien calculée dans
la longueur et la direction des cuisses, naturellement sous
Taxe passant par les genoux. Lk , les muscles moteurs des
jambes n'ont aucun effort, même passif, k produire pour
faire équilibre au poids du corps , et peuvent , en consé-
quence , être très-faibles : il suffit qu'ils puissent déplacer
les membres dans la marche. C'est le cas dans lequel se
trouvent certains Êchassiersj tels que les Grues, les CigogtMS
et les Hérons , qui peuvent rester de longues heures debout,
même sur un seul pied , sans se fatiguer. Quant k la ten-
dance qu'ont les tarses k se fléchir sur les jambes par l'effet
du poids du corps, elle est également nulle chez ces
oiseaux , où les deux parties sont non-seulement placées en
ligne ^droite, ce qui leur permet déjk de ne faire aucun
effort musculaire pour empêcher la flexion de l'articulation ;
mais celle-ci présente en outre un mécanisme fort remar-
quable PAR SON ingénieuse SIMPLICITÉ , mécauisme au moyen
duquel le commencement de la flexion n'a lieu que par suite
d'un effort volontaire de l'oiseau , qui a quelque chose d'a-
nalogue k celui d*une lame de couteau pliant ; d'où il résulte
que , dans cette articulation aussi , l'oiseau n'a absolument
aucun effort k faire pour se tenir debout.
Enfin les pieds de ces mêmes oiseaux , si bons station-
neurs , «ont également le mieux conformés pour leur per-
mettre de rester le plus longtemps debout. Leurs orteils,
longs et assez forts , sont fortement écartés , afin d'élargir
considérablement la base de sus-station. Trois sont dirigés
en avant, direction où l'oiseau a le plus besoin d'appuyer
lorsqu'il se baisse ; et le quatrième est porté en arrière , pour
appuyer également le tarse de ce côté. C'est sur cette base
rayonnée que s'élève verticalement le tarse , qui s'y main-
tient facilement en équilibre au moyen d'un très-faible effort
musculaire , pour prévenir les légères causes accidentelles
CHAPITRE Hl. 349
qui pourraient produire la chute dans une direction quel-
conque , et en outre par la forme des articulations des pha-
langes y dont les facettes articulaires , fort larges de bas en
haut, font que ces osselets ne peuvent pas s'étendre plus
qu'à angle droit sur le tarse.
C'est bm réunissant ainsi tous lbs avantages chbz ces
espèces, que le citéatbur en a pait le type parfait des
Oiseaux stationneurs, sur un sol horizontal.
D'autres Oiseaux, placés par la Providence dans des con-
ditions différentes pour leurs mœurs , ont été aussi modifiés
POUR CET OBJET. Coux qui 80 porcheut et dorment sur les
arbres, où il leur est impossible de produire le moindre
mouvement volontaire pour s'y maintenir en station , ont
reçu À CET EFFET UNE ADMIRABLE MODIFICATION DANS LE
lÉCANisME DBS MEMBRB8. Lours OTtcils, généralement fort
longs , dont un dirigé en arrière , pour mieux embrasser les
branches sur lesquelles ils sont posés , sont en outre armés
d'ongles crochus , également fort grands , au moyen des-
quels ils peuvent encore mieux s'y cramponner, liais cela
présuppose que l'Oiseau est obligé de faire un eifort con-
stant pour serrer la branche sur laquelle il est perché,
action qui ne saurait avoir lieu pendant le sommeil. Mais
GOMMB RIEN n'BST IMPOSSIBLE AU ToUT-PuiSSANT , IL FUT PA-
GULBMBNT PARÉ À GBT INCONVÉNIENT PAR UNB REMARQUABLE
DISPOSITION DONNÉE À CERTAINS MUSCLES , par laquelle ces or-
ganes produisent passivement cet eflét pendant qu§ l'Oiseau
dort. Il a suffi pour cela de faire continuer, de la manière la
plus remarquable , le muscle grêle interne de la cuisse avec
le fléchisseur sublime des orteils. Pour cela , le premier qui
naît sur le bassin en avant et un peu plus bas que la cavité
cotyloide , descend le long de la cuisse , passe par son ten-
don obliquement sur la rotule, dans une coulisse que lui
forme cet os, et plus en dehors, également obliquement ,
dans une coulisse sur la tète du péroné , où ce tendon se
dirige en bas et en arrière , pour aller s'unir au muscle
nublimft, qpi s'insère su SMSotid et an tmsi^aie orteil, il
jrésiilte i]^ cette modiSeation si simple , nnîs tontefois fort
iiavante, qu'ont snbie ces deux muscles, que psr cela qne Toî-
seau s'abandonne k son propre poids dans le sommeil , son
corps s*affaissaDt sur lui-même , la jambe se fléchit , et pro-
duit par là passivement la tension du tendon du musde grêle
de la cuisse , qui passe sur le sommet de la rotule , et fait flë*
chir les orteils sans la volonté de Toisean ; flexion d'autant
plus forte que V^^fmmtnt est plus grand. Or cet effet est en
outre produit aussi par le tendon du sublime qui passe sur
le talon , où il est tendu une seconde fois passivement par la
flexion du tarse; ce qui fait que les orteils serrent (dus for-
tement encore la bram^ebe sur laquelle Toiseau est posé.
Quoique les Oiseaux aient été essentiellement destinés k
se mouvoir dans Tair au moyen du vol, genre de locomotion
dont ils offrent les conditions les plus parfaites , le Créa-
TEUE L|£S A TOUTEFOIS AMEUiS, DAMS DE NOMBREUSES ES-
PÈCES, À DES DISPOSITIONS TELLES quc, saus los faire sortir
de leur type fondamental , il en a paît , d'one part , d'bx-
ÇSLI.ENTS COUREI^aS, ET, DE l'aUTRE, DE TRÈS-BONS NA-
6EUIIS ; et cela ep modifiant simplement un peu les deux
paires de membres. Il a suffi , pour atteindre la premièK
condition , d'allonger un peu plus leurs jambes et leurs
tarses , pour les mettre en état de pouvoir courir aussi leste-
ment que les Mammifères les plus légers. Quelques espèces
même, s'aidant de leurs ailes pour accélérer leur course,
parcourent le sol avec une rapidité remarquable. C'est ainsi
que les Auiruche$ , trop grandes pour pouvoir s'éleva en
l'air, se servent de leurs ailes pour précipiter leur course,
par là si rapide, que le meilleur cheval ne saurait les
atteindra.
Pour permettre k certaines espèces , dont le plus grand
nombre constitue TOrdre des Palmipèdes , de nager avec
facilité y il a suffi au Créateur de uoniriER assez légère*
HENT M FORME GÉNÉRAI«B B|B LEUR CORM , ET SPÉCIALEMENT
MOYEN o*uifE i«AgGE M£ V0i^Àji|; ^fiiiPLUs^JXT Lsur^ iDtervaJies ,
k l'îostar de ce qui ei^îste chez 1^ Mao^mifères Amphibies ;
et dans /quelques espèces , jus$ Ali^d sj.l.E6-mé]|bs ost Éii
BMPi^Y^Es CQiHfp: R)iME9. Par ces ijïpyea^, les Oiseau?c sont
devenus y sioon de parfaits nageurs^ du jp^oins d^ anim^uix
qiiî peuvent passer «aus danger presque toute leur vie sur
tas ^uu% f et y plonger jiuéme ass^ longtei^ps pour se laoeer
à la popirsuit^ des poissons dont ils doivent se nourrir.
Pour cet effet, ces Oiseaux ont générjdeinent les membres
postérieurs tellement portés en arrièr^ sur un corps long,
îmîtaat »8«e9 bien h forme d'un batew pl^t» surtout dana
oertitines espèces , telles que les Grèbes ^ les Pingouins et les
IfmckoiSf etc. , que ces wiv^m sont obligés, pour rester
debout et pour marcber, de se teni^ presque verti^ement
redressés; encore la marc^ leur est -elle fort difficile.
Cpmme les ailes seraient par ce grand atlonyg;e|nent du tronc
beaucoup trop fortement portées en avant du centre de
gravité pour permettre le vpl , et cela d'autant moins que la
région postérieure du corps est fort lourde par le grand dé-
veloppeinent que prennent les muscles moteurs des n^embres
postérieurs p la Nature, toujours si img^ievse à xtftER
riATI UtLUE DBS INjQOSVÉMIENTS ATTACUÉS AUX MOYENS QU'ELLE
KUPLOIE , A FOUR GELA PRIVÉ LES PEl^X PPRNIERS GEKRBS QUE
J^ VIBMS DE GITER PE U FACULTÉ DE VOLPR^ ET POUR NE
PAS C9AVGER L^ TVPS ELLE A TR^SFQaHÉ L^URS AILES
I^LLBS-MltlIES EN DE VÉaiTABLES NAGEOIRES EN FORME D^
LARGES PALETTES DÉPOURVUES DE PENNES AVEC LESQUELL|U5
Cis Oiseaux vlam^ht AVAixTAGEii/sEifENT. Aussi ces animaux,
si parfaitement organisés pour vivre sur Teaii, ne vont-ils
que rarement k terre , même pour dormir-
P'antres espèces encore, telles que les Hinmd^Ues de mer^
«'élancent du haut des airs dans l'eau , à 1^ poursuite des
poissons , et y continuent leur vol comme dans l'atmosphère
me une rapidité fort grande , ^ en juger par les distances
352 TH^OLOCre DE LA NATCRS.
considérables qu'elles y parcourent en un temps fort court.
Nous avons vu que les muscles des ailes ont été considé-
rablement réduits , tant pour le nombre que pour le volume ,
en vue de rendre la région supérieure du corps la plus légrèe
possible ; hais la Nature créatrice a surtout TRis-SAVAif-
MENT OBTENU CE DERNIER RÉSULTAT OU plaçant SOUS LE TRONC
la presque totalité des muscles qui meuvent les ailes et leurs
parties; c'est-k-dire que lesprindpaux mouvements que les
ailes ont à exécuter avec force , ceux d'abaissement et d'élé-
vation, ayant lieu dans l'articulation de l'épaule, sont pro-
duits par des muscles situés sous la poitrine ; et comme ces
organes doivent précisément être les plus vigoureut de tout
l'organisme, et par Ik d'un grand poids , la Nature les a, dans
sa sagesse^ placés sous le sternum , où ils influent puissam-
ment sur la position du centre de gravité ; et elle y plaça
SURTOUT DANS CETTE VUE LES ÉLÉVATIONS DES AILES, QUI, PAR
LEUR FONCTION, DEVRAIENT ÊTRE PLUTÔT SITUÉES VERS LA RÉ-
GION DORSALE DU TRONC
Quant aux autres mouvements des ailes , ceux d'extension
et de flexion , j'ai déjk fait remarquer, en parlant du sque-
lette , qu'ils sont principalement produits , tant pour l'aile
entière que pour chacune de ses parties , par les seules exten-
sion et flexion dans l'articulation de l'épaule, dont les agents
sont placés à la partie inférieure du tronc , et que les exten-
sions et les flexions dans les autres articulations sont pro-
duites passivement par celles-ci ; de manière que l'extrémité
des ailes est fort peu chargée de muscles qui pourraient en
augmenter le poids.
Quoique les muscles des membres postérieurs soient de
même généralement tes analogues de ceux des Mammifères,
ils en diffèrent toutefois comme tous les autres organes , soit
par reflet de la loi de gradation qu'ils suivent, soit par les
MODIFICATIONS DE LEURS FONCTIONS AUXQUELLES ILS SONT
TOUJOURS APPROPRIÉS.
l'ai déjk fait remarquer plus haut quâ les muscles abdnc*
CHAPITRE III. 353
teors des cuisses avaient la plupart été supprués ; d'abord
GOMME INUTILES, ET ENSUITE COMME CHARGEANT LA PARTIE
POSTÉRIEURE DU CORPS; circoDstaficc défavorable kla statioo
et surtout au vol.
Les muscles extenseurs et fléchisseurs des cuisses, ainsi
que les principaux moteurs des jambes, prenant presque
tous leurs points fixes sur le bassin, la Nature, en prolon-
geant ce dernier fortement en avant et en arrière de Tarti-
eulation de la cuisse , y a trouvé , ainsi que je Tai déjà fait
remarquer ailleurs , non-seulement le grand et savant avan-
tage de fixer les vertèbres lombaires , mais aussi celui de
POUVOIR FAIRE AGIR CES DIVERS MUSCLES SOUS DES ANGLES
PLUS GRANDS QUE CHEZ LES MAMMIFÈRES, ET LEUR FAIRE
GAGNER PAR LÀ EN PUISSANCE CE QU*ELLE A PU LEUR EN-
LEVER EN RÉDUISANT LEUR VOLUME , ET PAR CONSÉQUENT EN
DIMINUANT LEUR POIDS, SANS LEUR FAIRE RIEN PERDRE DE LEUR
FORCE DÉFINITIVE. Gcs muscles, orgaoisés ct conformés, du
reste , comme leurs analogues chez Thomme et les autres
Mammifères , agissent aussi comme eux sur les mêmes par-
ties qu'ils sont destinés à mettre en mouvement
Quant k Fensemble du système musculaire , il est con-
sidérablement réduit chez les Oiseaux; d'une part, en ce
que le tronc étant fort peu mobile dans ses diverses parties ,
surtout dans celles de la région dorsale , les muscles qui
devraient les mouvoir sont ou complètement supprimés, ou
du moins rudimentaires : c'est ainsi que les extenseurs de
la colonne vertébrale qui ont peu d'efforts à produire, cette
partie étant presque immobile , ne sont plus que de simples
vestiges; et ceux qui chez les Mammifères forment ces
grosses masses, soit sur le sacrum, soit sous les lombes, ont
complètement disparu. Mais ce n'est pas seulement parce
QUE CES ORGANES SONT INUTILES QUE LA SaGESSE CRÉATRICE
LES A SUPPRIMÉS , MAIS SURTOUT POUR DIMINUER LE PQIDS DE
LA PARTIE SUPÉRIEURE DU TRONC , QUI EUT , SANS CELA , INFLUÉ
SUR LA POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ DU CORPS, EN LE
U 23
354 TtJolMtt tm u «ATttt.
msAirr RËMOimeR ; œ qui eAt été , aind que nous l'avons vu «
ron DÉFAVORABLE 1 L'ÉQUlttBRE DAHft CB VOL. D CD CSt dC
même ponr les muscles fixés h l'omoplate.
Qaani k eeax du coa , cette partie du corps detaut ad
COïmUlRE ÉtRE port MOBILE EN TOtTES DlRECTIOHS , SANS
AVOIR À PRODUIRE DE GRANDS EFFORTS , SES VUSCLES SONT EN
CONSÉQUENCE FORT NOMBREUX , MAIS GÉNÉRALEMENT FAIBLES ;
POUR NE PAS AUGMENTER LE POIDS DE CETTE RÉGION DE LA
COLONNE VERTÉBRALE , ET POUR QUE LEUR ACTION SOIT PLUS
LIBRE , TOUS CES MUSCLES SONT BEAUCOUP PLUS ISOLÉS , JUSQUE
DANS LEURS MOINDRES CHEFS, Qt*E CHEZ LES MAMMIFÈRES.
Rien n*est beau , sons ce rapport , comme l'ensemble de la
disposition des muscles du cou d'un oiseau , tel que le
Cygne, dont le cou est long et très- mobile; ces organes
laissant entre eux de grands interralies remplis d^air, res-
semblent par leur entrelacement, k un magnifique ouvrage
de vannerie. Tons ces muscles sont au fond les analogues
de ceux des Mammifères, quoique souvent considérable-
ment modifiés, soit dans leur composition, soit dans la
manière dont ils sont disposés ; et cela toujours suivant les
EFFETS qu'ils DOIVENT PRODUIRE, et , CD même temps , CON-
FORMÉMENT À LA LOI DE GRADATION qu*ils suivcut a tpavofs
tout l'Embranchement des Animaux vertébrés.
Pour ce qui est des muscles moteurs des tarses et des
orteils, ils ont été l'objet de modifications assez no-
tables, toujours conformément à leurs fonctions. Ces
parties des membres pesant plus particulièrement sur Tex-
trémité postérieure du corps , ont dA de Ik n'avoir qu'un
très-léger poids, et ne contenir en conséquence que le
moins de muscles possibles : même aucun , ainsi que cela
a Heu en effet chez les espèces privées de l'orteil interne ; et
là oh ce dernier existe , le seul muscle placé au tarse qui
serve k le mouvoir est-il très-faible.
Tous les muscles, tant moteurs du tarse que des or-
teils , h l'exception du seul gr^ interne de la cuisse » ont
ea oojifl^anee leur paitiê chiratte placée k la jambe.
Les Urnes et lei orteile ne devant jouir d'aoean monve-
ment latéral, leurs muselés ont été réduits aux seuls exten-
seurs et fléchisseurs de ces parties ; et sont de Ih h la fois
moins nombreux et plus amples que chez les Mammifères ;
en même temps que lents tendons-, qui seuls se prolongent
le long des tarses , Tont se fixer aux diverses phalanges des
orteils qu'ils sont destinés k mouvoir, en se comportant,
dans le principe , comme leurs analogues diez les Mammi-
fères : c'est-<à-dire que parmi les fléchisseurs des orteils ,
ceux qui sHnsèrent aux premières phalanges sont perforés
par ceux qui se rendent aux phalanges suivantes ; et comme
il y a plttS de trois de ees osselets aux orteils externes , les
tendons intermédiaires sont d'abord perforés, et un peu
plus loin eax«-mém0s perforants , pour arriver aux phalanges
terminales.
C'est au nombre de ces fléchisseurs des orteils que se
trouve ce muscle grêle interne de la cuisse , si remarquable
par sa disposition , dont j'ai déjk parlé plus haut , page 349 ,
au moyen duquel les oiseaux qui se pochent peuvent, sans
faire le moindre efibrt votontaire , et sans se fatiguer, rester
longtemps fixés sur le sommet des arbres, et s'y aban-
donner au scmuneil, sans risquer le moins do monde de
tomber.
La Clàssb des RBmi/is , qu'on considère généralement
comme la troisième du Règne animal , me paraît devoir au
contraire être la seconda , faisant par son organisation ,
presque sous tous les rapports, natnrellement suite aux
Mammifères : son premier Ordre , celui des Sauriens , for**
mant ensuite le passage de cetti>*cî aux Oiseaux , qui doivent
en conséquence constituer ia troisièiAe classe.
Les Reptiles s^at d'ailleurs éminemment transitoires entre
tous les VuRTinaÉs , se liant par divers rameaux à tontes les
autres clasies de eetla première grande division des Ani^
maux.
356 THBOLOGn DE LA NATURE.
Ils forment trois Subdivisions ou Ordres , intimement
chadnés entre eux par la dégradation plus on moins lente
et souvent insensible des difiërentes Familles qu'ils for-
ment; mais dont les lypes , pris k part, offrent cependant des
modes d'organisation parfaitement distincts.
Le premier de ces Ordres, celui des Sàuribhs, compraid
les seules espèces de tout le Règne animal qui se lient di-
rectement par leur organisme aux Mammifères, étant de
même essentiellement quadrupèdes et marcheurs , et offrant
la même subdivision dans les grandes parties ou régions
qui constituent leur corps; et même, dans chacune de
celles-ci , leur organisation est k peu près semblable à la
leur; ce qui n'a lieu nulle part. C'est ainsi que leur tronc
se subdivise de même en six régions successives , aatanl
que possible comme dans celui des Mammifères : c'est-à-
dire en Tête , Cou , Thorax , Lombes , Bassin et Queue ; dia-
cune composée des mêmes organes constituants que chez
les Mammifères , auxquels ils ressemblent en même temps
bien mieux que les Oiseaux , animaux faisant suite aux Sau-
riens. C*est ainsi que la Tête des Tubinambis , le genre de
cet ordre qui forme immédiatement la transition aux Mam-
mifères , présente seule dans sa composition , la plus grande
analogie avec celle de ces derniers; au point de ne laisser
aucun doute sur les parties qui se correspondent de l'une à
l'autre; ts^ndis^u'il ^rait impossible de reconnaître ces rap-
ports , en comparant directement la tête d'un Oiseau k celle
d'un Mammifère; mais cela devient très-facile en interposant
la tête de plusieurs Sauriens successifs ; et il en est k peu
près de même pour la plupart des autres organes.
Le Cou et le Thorax ont absolument la même forme et la
même composition. Si aux Lombes ^ les côtes se répèlent
dans beaucoup d'espèces, comme chez les Oiseaux, ce n'est
toutefois que sous la forme de simples rudiments; de ma-
nière que cette région du corps conserve également plus de
ressemblance avec celle des Mammifères. Il en est de même
CHAPITRE III. 357
du Bassin , qui présente plus de similitude avec celui de la
première de ces classes. Enfin la Queue ^ d'ordinaire beau-
coup plus développée , pour se préparer k devenir si volu-
mineuse chez les Poissons , conserve toutefois la plus grande
ressemblance avec celle des Mammifères.
Quant aux quatre Membres , leur composition , leur dispo-
sition et leur fonction sont également celles qu'ils ont chez
les Mammifères, k quelques légères modifications près,
amenées plus particulièrement par la gradation générale
qu'ils suivent; encore ici ces parties sont-elles parfaitement
intermédiaires entre celles des Mammifères et des Oiseaux.
Ce qui est surtout remarquable, sous ce rapport, ce sont
la forme et la fonction que présente la paire antérieure chez
les PiérodaciyltLs , genre fossile de Sauriens volants , faisant
directement la transition des Sauriens aux Oiseaux.
Dans cette identité presque parfaite avec les Mammifères ,
soos le rapport des Organes du mouvement, il ne reste
presque rien de remarquable à signaler ici , comme méritant
une mention spéciale chez les Sauriens; relativement au
sujet que j'ai k traiter dans cet ouvrage, j'aurai seulement k
dter plus tard , en parlant des autres vertébrés, les analo-
gies et les transitions que ces animaux présentent pour ar-
river k des formes ou à des rapports remarquables que le
Créateur a établis , dams sa sagesse , pour produire les
effets qui s'accomplissent chez les anitf aux placés plus
LOIN DANS l'échelle DES Ëtres : résûltats déjk souvent pré^
parés longtemps d'avance chez les Sauriens, dont nous avons
à nous occuper ici. Quoique ces modifications commençantes
ne soient encore d'aucun efiet remarquable chez eux , elles
nous donnent toutefois la preuve de la science transcen-
DANTE , AINSI QUE DE LA SUBLIME PRÉVOYANCE QUI RÈGNE PAR-
TOUT DANS LE PLAN GÉNÉRAL QUI A PRÉEXISTÉ A LA GRÉATIOl/.
J*ai déjii dit que , dans l'ensemble de leur organisation , et
spécialement par la forme et la conibtitution des parties de
la tête, les Tubinanibis se rapprochaient infiniment des
358 Tnfou>6IB Dl LA RATCRI.
Mammifères en général; mais il existe aussi de grandes
ressemblances pour la Torme du reste du corps, dans la
composition du squelette, entre les Cétacés souffleurs et
les Ichthyosaurus et Plesiosaum$ , deux genres fossiles de
TOrdre des Sauriens, aliimaux qui ayant Técu dans la
ner, paraissent avoir également eu des Èvents , comme les
Cétacés , par lesquels ils rejetaient Teau qu'ils saisissaient
par la bouche.
Les Sauriens se lient ensuite aussi aux Oiseaux par les
Pterodactyluê , autre genre fossile , dont les membres anté-
rieurs étaient munis d*un membre aliforme semblable k
eelui des Chauves-Souris , et offraient du reste la plus grande
ressemblance avec les Oiseaux par la Terme et la disposition
du squelette , la seule partie connue de ces remarquables
animaux.
Ces animaux marchaient k quatre h Tinstar des Chanves-
Souris , mais en différaient dans leurs ailes , en ce que , chez
ces dernières, le pouce ^es mains conserve seul les dimen-
sions ordinaires pour servir k la marche, tandis que les
quatre autres doigts sont prodigieusement allongés poar
soutenir entre eux une grande partie de la membrane des
ailes. Ghe2 les Pteroiactylus , au contraire , les quatre doigts
internes conservèrent leur longueur ordinaire et servirent à
la marche ; et ce n*est que le cinquième , qui , tori allongé ,
comme chez les Chàuves-Souris , servait k soutenir la mem-
brane aliforme.
C'est aussi aux Sauriens seuls que se rattache la singu-
lière Classe des Chéloniens , qu'on a toujours placée près
d'eux dans la même Classe , tnais qtie j'ai cru devoir en
séparer.
Enfin les Reptiles se relient aux Poissons cartilagineux
par l'intermédiaire des Lepidosiren de TOrdre des Batra-
ciens qui fait suite aux Sauriens.
Les Sauriens , placés en tête de la Classe des Reptilms »
sont immédiatement suivis, d'une part, de rORons des
QHAflTRV UL 3W
OpBiDiBHt , OU vulgairement des Sbkpsmtb , auxquels ils
passent insensibleneut par la disparitien graduelle des
membres; et, d'autre part, ils sont suivia des Batbacibms
uEODtaBs, qui leur ressemblent également beaucoup.
Les Rbptilbsi et plus spécialement rOanaB des Sau*
RIENS, occupent ainsi le centre de rEvBBAVOBBMBMT bbs
Awiiàux vBRTiBBts MX divorses Classes duquel ils se rat-
ta^nt il la fois (1)*
Cet ordre des Sauriens, qui comprend ce qu'on peut
appeler les IUptile$ cei»fsiirf, se continue ainsi directe-
ment par une série d'espèees oà les quatre membres loco-
moteurs s'atténuent graduellement jusqu'au point de dispa*
raltre enfin oomplétementi de manière i laisser ces animaux
rédoits exclusiTcment au tronc; condition où ils forment,
par cette absence même des membres, le second Orobb de
la CiiASSB» celui des Ophidiebs ou Serpsbts; animaux
qui , obligés de ïk de ramper sur letir ventre » constituent les
B0piUe$ par w^Wem^ ^ en prenant ioi ce tensie dans son
acœption purement adjective.
Cette noBVflUe owdition « privant ces animsux de toutes
les facultéB bttaebées direetement aux quatre membres «
mAne de Ih eonsidérablemeot sur toutes les autres fonctions
erganiqnes dépendant plue t^u mmns directement de ces
derniers; béfauts auiobem la suBt^mB pnoYiOEiiCB pv
Créateur a RBirtnit par coupens^tioBi eb dobbamt i obs
RBMAROUABUS ABIB AVr BBS MOYENS APIIIRABWS RE SATIS-*
PAIBB PARFAITBUEBV À 70nS liEPRS BBSOIBS i MOVBBS Ot BOLS
TROUVOBfi BBqOBB RE BOUBRECJSBS PBEaVBS BON-SB«^E)aBBf
OB i'iBblCiBi^B SAfiBSBB M b'ÉTRE )»UPRA1IB « PIAfS AUSSI BE SA
TOUTB^SCIEBCE ET BB SON llfBFFABl.B ^Wlt-
Celte grande transforviation du 0ofp» ^m présentent les
aerpesis est d'autiHl plos r^inapqttaèle i qu'en femontant
dans l'échelle aMmle, on reeenfiaU pprfaitMBWti par les
.1 I 'a. t M pimiH.i tiii ii'iitiii'iniinltl rmini il »■•■ i i>i»>i»»»
(I) V«y(i| Ui «MS a» T.
360 THéoLOon i« la haturb.
modifications soocessives qa*offre déjk toute la série des
Sauriens , que cette condition toute particulière à été
PRÉPARÉE LONGTEMPS D* AVANCE PAR LA MARCHE DE GRADATION
QUE SUIT l'organisme; gradation calculée avec une ri-
goureuse PRÉCISION JUSQUE DANS LES PLUS PETITS DÉTAILS
DE LA COMPOSITION DU CORPS DE CES ANIMAUX.
C'est ainsi que privés de membres , il a été donné aux
serpents de pouvoir progresser en appuyant successivement
chaque partie de leur corps sur le sol , en agissant absolu-
ment comme si chacune était un pied par elle-même ; c'est-
^-dire que leur tronc, tout en conservant dans ses diverses
parties la même composition essentielle que chez les Mam-
mifères et les Sauriens, se divise en autant de parties
successives à peu près égales , qu'il y a de vertèbres , et dont
chacune de ces dernières forme, avec les deux côtes qu'elle
porte , un de ces éléments faisant les fonctions de membres
ambulatoires. Or comme les déplacements d'arrière en avant
ne peuvent être que fort peu étendus, en même temps que
le corps doit trouver par l'effet de son poids un appui
suffisant sur le sol , pendant que telle ou telle partie de ce
dernier est soulevée et portée en avant , il a fallu que ces
parties fussent fort nombreuses , afin qu'il y en eût toujours
beaucoup plus d'appuyées que de soulevées. C'est, eu égard
k cette nécessité, que le corps de ces animaux a reçu
cette forme si allongée qu'on lui connaIt , et qui , au
premier aperçu , ne semble être que l'effet du simple hasard.
Le corps du serpent étant allongé sur le sol, l'animal
commence, lorsqu'il veut se porter en avant, par soulever
successivement plusieurs de ses parties les plus antérieures,
en les poussant en avant , et après leur avoir fait parcourir
ainsi un petit espace, il les appuie de nouveau pour soulever
de même et toujours successivement, celles qui suivent, ea
les rapprochant des premières , en continuant de cette sorte
jusqu'k l'extrémité postérieure du corps, terminé par une
queue plus ou moins longue, et d'ordinaire aussi grosse à
GHAPITRV m. 364
sa base que le tronc; ce qui existe déjk par prévoyance
comme moyen préparatoire, chez presque tous les sauriens ;
surtout chez ceux qui avoisinent Tordre des Ophidiens. Ce
premier mouvement exécuté, Tanimal ne soulève de nou-
veau l'extrémité inrérieure de son corps pour faire ce qu'on
pourrait appeler le second pas, que lorsqu'il sent que la
portion suivante est déjà suffisamment appuyée , afin d'offrir
un solide point de résistance , et ainsi de suite.
Tel est en principe le mode de locomotion des serpents ,
et qu'on retrouve du reste chez tous les autres animaux
rampants , 2i quelque classe qu'ils appartiennent; même chez
les espèces pédifères où les membres très*nombreux sont
toutefois si courts que l'animal est obligé de glisser en avant,
en appuyant sur le sol par son ventre, ainsi que nous le ver-
rons plus tard en parlant de l'organisme de ces animaux.
Le rampement des serpents se fait bien de la manière que
je viens d'indiquer, lorsque l'animal ne veut avancer que fort
lentement , par un mouvement progressif qu'on pourrait ,
pour cette lenteur même, comparer à la Marche; tandis
qu'il emploie d'autres moyens plus expéditifs quand il veut
avancer promptement, par un mode de locomotion semblable
k la Course j souvent exécuté avec une rapidité étonnante,
et presque inconcevable, quand on considère les moyens que
ces animaux emploient à cet effet. Pour cela, le serpent fait
avancer rapidement par le moyen indiqué, une partie notable
de l'extrémité antérieure de son corps, mais en la dirigeant
plus ou moins obliquement de côté , et l'ayant appuyée , il
avance de même la seconde partie , qu'il allonge dans toute
son étendue; et comme elle devient trop longue pour
n'occuper que l'emplacement qu'elle avait avant, il la place
aussi obliquement, mais en sens contraire de la première,
et ainsi successivement pour les autres parties du corps , en
faisant faire des inflexions alternatives à droite et à gauche
k son corps. ^
Rien n'kst beau gomiis la composition organique que
3M THSOLOGll DE tA VATURB.
l'ËtRB SUPRÉMB ▲ ÉTABLI CHBX LBS SBRPENTd POUR AT-
TEINDRE , DANS CES ANIMAUX PRIVÉS DE HBMBBBS i LES RBIJI
RÉSULTATS QUE JE VIBNS D'tNDlQUBR POUR LBUR8 HOUTEHCim
PROGRESSIFS AMBULATOIRES, et Celâ SBriOUt dflDB le métt-
nisme de la colonne Yertëbrale et des nusdes qui TaceoiD*
pagnent.
En étudiant Tanatomie de rhommè et des autres Mam-
mifères , on est déjk forteniest porté k Tadmiration es
voyant Tarrangement si savant et si compliqué des os et des
muscles de la région vertébrale de leur corps ; mais en le
comparant k ce qui est chez les Ophidiens , cela ne panlt
plus qu'une mesquine imitation incomplète mal achevée ëe
leur organisation ; vu que la plupart des organes de cette
région du corps des Mammifères manquent, ou sont hon
d'état de pouvoir bien fonctionnefi
Ayant étudié , il y a déjk' longtemps , Torganisation de
la Vipère et de la Coulemn^ les deux espàoes qu'on peut
considérer comme les types des serpents venimeux et non
venimeux, j'ai été obligé, par des causes qoi tt*ontpu
dépendu de moi, de laisser ee travail inachevé ^ bien qae
j'espère encore pouvoir le terminer : j'ëpvouVe donc le trif
regret de ne pas pouvoir le mettre sous les yeux du lecteur
pour lui faire admirer tout ce qu'il y a de merveilleux dsns
ce magnifique ouvrage sorti des mains du Créateur, on*
vrage auquel jamais personne n'a daigné regarder.
Obligé de me borner k ne citer ici que très^èmmaireflieBt
ce qu'il y a de plus saillant dans ce chef-d^ceuvre d'organifa*
tion y dont il est impossible de donner une idée staffisante
sans le secours de nombreuses figures , je ne ferai qu'indi"
quer les objets les plus remarquables de ce mécanisme,
pour engager les Naturalistes k y porter leur attention, ph^
que pour en faire comprendre la disposition et les effets.
Les membres ayant disparu, et le thorax devant jouir
d'une très-grande mobilité dans chacune de ses paHias^ tant
pour pernoettre son allongement que pour faciliter ses
CHAPITRE 111. 363
flexions en tous sens, hk région du €ou, étant dbvbhub
IliUTILB, A BN GOMSÉQUBNOB ÉTÉ SUPPRIMÉE; C*est-k*dire
qu'elle est réduite à une ou deux vertèbres généralement
différentes des autres, pour faciliter les mouvements de la
tête ; et les premières venant après , quoique partant déjà
des côtes , ces appendices y sont toutefois plus courts que
sur les vertèbres suivantes de la région thoracique , égale-
Bieht pour faciliter les mouvements de la tète.
Je viens de dire que le thorax devait être très*-mobile
dans toutes ses parties ; mais comme la mobilité des côtes
permet plus ou moins la compression de cette région du
corps par Tair extérieur, lorsque le vide est formé dans
l'intérieur pour y attirer ce gaz ambiant, gbt incomvénibht
A ÉTÉ DIMINUÉ DANS SON EFFBT, EN DONNANT AU THORAX, ET
^AR CONSÉQUENT AU POUMON QU*IL RENFERME, UNE PLUS
GRANDE ÉTENDUE EN LONGUEUR ; de manière que malgré la
légère compression dont je viens de parler, le volume d'air
qui y pénètre est au moins aussi grand que ehes les Sauriens ;
les uns et les autres étant du reste des animaux k sang-
froid, qui respirent moins que les Mammifères et les
Oiseaux, dont le sang est cbaud.
Mais ce n'est pas pour ce motif seul que le thorax des Ser-
pents a été si fortement allongé, et même prodigieusement
dans certaines espèces ; la Couleuvre ordinaire de notre pays
ayant plus de deua^ tenté paires de côtes, et le Èoa devin plus
de deux cent cinquante^ tandis que Thomme n'en a que douze;
mais c'est surtout comme principaux agents de la locomo-
tion QUE LES vertèbres ET LEURS APPENDICES ONT TANT ÉTÉ
MULTIPLIÉS ; les côtes , quoique cachées sous les téguments ,
faisant les fonctions de leviers , par lesquels l'animal appuie
sur le sol pour pousser son corps en avant, en remplaçant
dans leur action les os des membres , ainsi que je le ferai
voir un peu pins bas.
Pour que ces mêmes côtes pussent ainsi mieux se mouvoir
et appuyer sur le sol, il a fMn qu'elles fussent libres ti leur
364 TIlfoLOGIB DB LA R ATURK.
extrémité, et non fixées k un sternum, qui eût gêné et
même empêché leur mouvement; aussi IIntelligehcb
CRÉATRICE Â-T-BLLE COMPLÈTEMENT SUPPRIMÉ LA SÉRIE DBS
osStemaux, de manière que , rigoureusemeut parlant, les
Serpents ont un thorax formé seulement de fausses côtes.
Cette circonstance de Tabsence du sternum et de la
grande mobilité des côtes , permettant k cet immense tho-
rax de se dilater et de se rétrécir considérablement, selon
son contenu , ainsi que cela a lieu pour la partie ventrale do
corps chez les Mammifères et les Oiseaux ; ce thorax a pu
renfermer aussi, outre le cœur et les poumons, égalen&ent
tous les autres viscères , dont le volume est sujet k varier k
tout instant; d'où là sagesse divine a supprimé l'analogue
DE LA région lombaire DE LA COLONNE VERTÉBRALE, en
faisant répéter les paires de c6tes jusqu'k Textrémité posté-
rieure de la cavité viscérale , et multiplié en conséquence ,
par Ik , le nombre des paires de côtes qui devaient agir si
elBcacement dans le rampement.
Je viens de dire que le thorax se prolongeait chez les Ser-
pents ju8qu*k l'extrémité de la cavité viscérale ; c'est qu'en
effet il n'existe chez ces animaux aucun vestige deHamn,
par cela même qu'il est inutile , ces animaux n'ayant plus
DE MEMBRES.
Enfin, quoique la Queue ne fasse pas, k proprement
dire, partie de la cavité viscérale, celle-ci s'y prolonge ce-
pendant encore quelquefois un peu , en même temps que les
côtes s'y répètent jusqu'k son extrémité, toujours dans le
MÊME BUT DE SERVIR À APPUYER SUR LE SOL dSDS la loCOmO-
tion , quoique leur action y soit peu efficace ; ces osselets et
les muscles qui les meuvent devenant comme toujours dans
cette partie terminale du corps , de plus en plus rudimen-
taire.
On voit ainsi les côtes changer ici de fonction , ou plutôt
être chargées encore d'une seconde , celle de la locomotion ,
en remplaçant les membres qui ont disparu. C'est un de ces
CBAnTRK in. 365
jolis exemples que noas offrenl soayent l'anatomie el la
physiologie comparatives , où TÉternel emploie dans sa
SUBLIME SAGESSE TOUS LES ORGANES DEVENUS INUTILES À
UNE NOUVELLE FONCTION Qu'iL A ÉTABLIE ; OU BIEN À CELLES
DONT LES PREMIERS AGENTS ONT DISPARU , SOit par Teffet dO
leur dégradation continue, soit qu'ils fassent incompatibles
avec les conditions d'existence des animaux , quoique leur
fonction dût être conservée.
Pour que les inflexions en tous sens de la colonne verté-
brale , et surtout celles vers les côtés , puissent s'exécuter
avec toute la facilité nécessaire au rampement rapide,
I'InTELLIGENCE CRÉATRICE n'a FAIT QUE MODIFIER DANS CETTE
VUE LA FORME DES VERTÈBRES , ET PLUS SPÉCULEMENT LEURS
ARTICULATIONS, dout le Simple aspect indique ce but
On a vu que chez les Mammifères les vertèbres s'avoisi-
naientpar des bases planes ou légèrement concaves de part et
d'autre, et se trouvaient unies par des ligaments fibro-
pulpeux circulaires qui leur permettaient un mouvement fort
obscur, limité d'ailleurs par des articulations latérales entre
les apophyses de ces vertèbres, et fort souvent par le rappro-
chement de ces mêmes apophyses d'une vertèbre k l'autre.
Chez les Oiseaux, ces articulations très-peu mobiles dans
la région dorsale, mais fort libres au cou, sont de part et
d'autre en poulies croisées d'une vertèbre k Tautre. Chez
les Serpents , ce dernier mode ne laissant pas encore assez
de mobilité, le créateur l'a remplacé chez ces animaux
PAR UN TROISIÈME MODE, cousistaut, pouT la vcrtèbre an-
térieure, en une tête articulaire sphérique fort saillante,
plus petite que la base, de la vertèbre ; et de la part de la
postérieure, en une cavité cotyloïde recevant cette tête ; de
manière que vu la forme et la petitesse relatives de cette
articulation, les mouvements en tous sens y sont très-
faciles.
Les flexions verticales de la colonne vertébrale n'ayant
pas besoin d'être aussi étendues que les latérales , l'animal
386 tHiioLoam t>c la (iatuaé.
pouvant saffisamment élever sa tête dans les diverses cir*
constances dans lesquelles il peut se trouver, en fléchissant
son corps dans un nombre plus ou moins grand de ver-
tèbres successives , en formant un arc peu précipité dans
lequel chaque vertèbre ne se fléchit que fort peu. Aussi les
flexions de bas en haut sont-elles limitées par une seconde
articulation entre les lames des vertèbres , k peu près sem-
blables k celles qu on remarque dans la région dorsale chez
les Mammifères , dont elle diffère cependant assez sensible-
ment; c'est-h-dire que Tare supérieur du canal rachidien de
la vertèbre antérieure recouvre celui de la vertèbre suivante,
sur laquelle il glisse très-facilement , mais surtout vers les
côtés, et détermine ainsi en partie la direction de ces mou-
vements latéraux, tout en permettant une petite flexion
verticale et même une très-légère torsion qui , presque
imperceptible d'une vertèbre à l'autre , contribue toutefois
à cette parfaite souplesse de mouvements connue chez ces
animaux.
Les mouvements latéraux sont en outre encore mieux
réglés par une troisième espèce d'articulation propre aux
Serpents, qui a lieu de chaque côté entre les apophyses arti-
culaires (postérieures) des vertèbres; avec les transverses de
celle qui suit et qu'elles recouvrent. Quoique ces deux articu-
lations étant horizontales dans leur plan , permettent, comme
les précédentes, un léger mouvement vertical et de torsion,
mais surtout un mouvement latéral fort étendu, très-facile,
en même temps que par leur direction même et la largeur de
leurs facettes articulaires, elles s'opposent h toute luxation.
Quant aux apophyses des vertèbres, leur forme et leur
DISPOSITION SONT DE MÊME PARFAITEMENT CALCULÉES POUR
LES EFFETS QU'ELLES DOIVENT PRODUIRE, COMME LEVIERS,
dans les mouvements de ces animaux. Les épineuses sont
généralement courtes , n'ayant pas à supporter de grands
EFFORTS DE LA PART DES MUSCLES EXTENSEURS DE LA CO-
LONNE VERTÉRRALE QUI AGISSENT SUR ELLES , maîS OlIeS
CHAHTRfi ttt. 367
sôfit larges d^avànt en arrière, afin d'opfuir de ohandes
SURFACES D'mSERTIONS AUK MtSGLES LATÉRAUl QUI s'y
FiXEfiT, pour agir dans les flexions latérales.
Les Apophyses tramverses sont au contraire fort longues
et dirigées directement en dehors pour former le plus
L0^'6 BRAS DE LEVIER POSSIBLE , sur lequcl agisscut les prin-
cipaux muscles fléchisseurs latéraux des vertèbres qui
doivent produire le plus d*efibrts , tant lors du rampement
que lorsque l'animal étreint sa proie dans les replis de son
corps pour la vaincre , l'écraser et l'apprêter, en la pétris-
sant ainsi, à pouvoir être avalée toute d'une pièce : les
Serpents ne pouvant pas la diviser, ainsi qu'on le verra
plus tard , lorsqu'il sera question de leur manière de se
nourrir.
En dessous , les vertèbres forment également une Apo-
physe impaire dirigée en arrière, ii laquelle sMnsèrentdes
muscles fléchisseurs directs du corps.
Enfin , sur la partie antéro-latérale du corps des vertèbres ,
se trouvent, de chaque côté, deux petites saillies arrondies
formant deux têtes articulaires sur lesquelles s'articulent
les côtes correspondantes. Ces deux têtes sont placées obli-
quement au-dessus Tune de Tautre; de manière que la
supérieure se trouve un peu plus en arrière que l'inférieure ;
disposition tout k fait différente, comme on le voit, de
ee qui existe chez les Mammifères et les Oiseaux , où les côtes
ont un tout autre usage; mais ici comme là, conforme A la
FACULTÉ qu'elles ONT À REMPLIR *, c'est-îi-dîre que ces côtes
devant remplacer, comme leviers, les membres dans le
mouvement progressif, elles devaient être très-mobiles sur
les vertèbres, et cela dans une direction oblique d'avant en
arrière et de haut en bas , afin d'appuyer sur le sol, en même
temps dans les deux sens, bien qu'elles soient articulées
sur deux points. Cette forme d'articulation , qui n'est qu'une
modification remarquable de celle que les côtes ont chez les
Mammifères et les Oiseaux, indique toutefois parfaitement
368 THEOLOGIE DK LA NATUKI.
LA VUE DANS LAQUELLE ELLE A ÉTÉ FAITE : CELLE DE FAIRE
SERVIR LES c6tES GOMME MEMBRES LOCOMOTEURS.
Cette mobilité des côtes dans le seul sens où elles pHissent
servir au rampement , D*était toutefois pas tout ce qu*il fal-
lait pour cela. J*ai déjii fait remarquer qu'elles ont dû être
libres k leur extrémité , et que le sternum a en conséquence
été supprimé ; mais il a en outre encore été à peu près néces-
saire que ces mêmes côtes ne fussent pas terminées par
uue simple truncature, vu que leur faible diamètre les eût
rendues à peu près pointues ; d*où elles eussent causé de vives
irritations dans les chairs , en appuyant ï tout instant sur
elles dans la locomotion ; inconvénient qui fut en effet
PARFAITEMENT PRÉVENU EN GARNISSANT L*EXTRÉMITÉ DE
CHAQUE CÔTE D*UN PETIT DISQUE CARTILAGINEUX DE FORME
LENTICULAIRE , PLACÉ DANS LE MÊME PLAN QUE CES OSSELETS,
et remplaçant probablement les cartilages costaux ordi-
naires, qui MANQUENT DU RESTE, NON-SEULEMEfiT COMME
INUTILES , MAIS SURTOUT COMME DÉFAVORABLES AU RAMPEMENT,
DIMINUANT PAR LEUR FLEXIBILITÉ LA FORGE d' APPUI DFS CÔTES.
Par le moyen de ces petits disques , qui n*occupent presque
pas de place dans répaisseur des parois du thorax , les
lAtes , tout en les traversant , appuient par leur intermé-
diaire sur les chairs et les téguments du ventre sans y causer
la moindre irritation.
Tel est rétat de simplicité auquel est réduit le squelette
des Serpents ; mais il n*en est pas de même des muscles qui
mettent les os et les téguments en mouvement ; ici , au con-
traire , c*est la complication la plus grande dans le nombre
et la variété de ces organes , qui constituent Tun des objets
les plus admirables que je connaisse dans Torganisme des
animaux. Quoiqu'on y remarque partout le même plan fonda-
mental d*après lequel tous les animaux vertébrés ont été for-
més , on y trouve les modifications et la plus grande complica-
tion don ttoutes les parties ont été Tobjet, pour les accommoder
aux nouvelles fonctions qu'elles ont à remplir chez ces ani-
CHAPITRE m. 369
manx , donnent toutefois k l'ensemble un caractère tout spé-
cial , tant par l'étonnante complication des parties que par
la remarquable netteté avec laquelle chaque organe est dis-
tinct de tous ceux qui Tavoisinent, a6n de n'être aucune-
ment gêné ou influencé dans son action spéciale par laquelle
il contribue au résultat final.
Tous les muscles qui meuvent les vertèbres et les côtes
sont en principe les mêmes que ceux qui les accompagnent
chez les animaux supérieurs , mais ils sont plus nombreux
et surtout plus compliqués : plusieurs , souvent réduits k de
simples rudiments chez les Mammifères , arrivent chez les
Ophidiens à leur complet développement. DansThomme,
les muscles dorsaux sont en général tellement confondus
entre eux , qu'il est presque impossible de les distinguer ;
aussi les anatomistes d'aujourd'hui , moins patients que les
anciens , ont-ils renoncé k les décrire , et ne les indiquent-ils
dans leurs ouvrages , donnés comme classiques , que sim-
plement comme formant un amas de faisceaux musculeux,
d'où sortent diverses languettes allant s'insérer à tel ou tel
os : et là où l'on a essayé de décrire chaque partie en parti-
culier, on s'est le plus souvent complètement trompé suf les
séries naturelles que ces muscles forment. Dans moù Àna-
iotnie du Chat , j'ai le premier cherché à démêler cette masse
si compliquée de muscles, tous identiquement analogues à
ceux de 1 homme, mais beaucoup plus distincts et plus
isolés dans leur action, afin de faire servir ce travail k
l'explication de l'anatomie de l'espèce humaine. Mais
quelque belles que soient la complication et la netteté de
la structure de cette partie du corps de ces animaux,
les plus richement organisés de toute la classe des Mam-
mifères , et surtout plus que l'homme , cela n'est aucune-
ment k comparer k ce que l'on trouve sous ce rapport chez
les Serpents.
Dans les Mammifères , les muscles de la gouttière verté-
brale forment jusqu'k six et sept séries fort compliquées ,
1. 24
370 TtttotX>Gn DM tA {CÀTtAK*
^onubaqmie ^ compose souvent d0 qiiatre h ciaq f^befà»
différente par leurs longueurs et leurs altacbes , qui se ren*
40nt sur le m^QO teudoQ teripinal. Cbe^t les Serpents , leur
f;Qffp)icatioii esl nooseulem^pt |out aussi grande, poorles
divers chefs i quant au poipt de départ sur plu&ieurs ver-
tèbres successives , mais certains de ces muscles reçoivent
encore des cb^fs fprt nombreu:i^ allant ^n sens contraire,
ppqr §*insérer au même tendon commun; et outre cette
dpqble poipplication , quelques-qns forment encore, ddos
|pur long trajet y deux et même trojs ventres successifs,
don( chacun a la faculté de pouvoir se contracter séparé-
ipent des autr^s chefs , pour produire en résultat tel oa tel
effet dans la locoipotion de ces animaux ; triple et quadruple
comnlicatiops qui n'existent nulle p^rt cbey les autres ver-
t^res , et surtout pas dans TbommOr
Ces musi^lesi au pomb^e de plus de quinze séries com-
plètes et fort coinpliquées c^ez la Cou/#tft?r« a coHi^r, naû
ipoins dans la Yipire commune, partent individuelleinept
4'uq pQint déterminé de chaque yertèbre en francbiss^t^^ ^^
^^ à vinghhuit de ces os pour s^nsérer soit directemeal,
^oit par un tendon cofnmun à tous ses phefs , à ruqe des
vertèbres antérieures ou postérieures, selon la direction
qup prend la série; et le tendon à lui seul franchit dans le
plus long jusqu'à qmtorze vertèbres.
Paps la grande complication de pes prganes , dont le3
phefs sont presque innombrables, les tendons termipanx j
souvent aussi fins que des pbeveu}^, soQt renfermés cbacoa
4ans toute sa longueur dans une gaine fibreuse spéciaUi
où il glisse avec la plus grande facilité , ait mojeq de b
svnovie que ces coulisses contiennent dan§ ce but.
Quelques-uns de ces muscles ont pour fonction d'étendr?
la ço|onne vertébrale, en rendant le corps concave en-
dessus; mais la plupart, placés plus vers les côtes, servent
aux flexions latérales ; et comme plusieurs sont disposés un
peu obliquement, ils produisent la toraion du corps; mon*
V«ment du reste fort peu étendu , ainsi que je Tai d^ fait
remarquer plus baut.
Les muscles moteurs des côtes sont aussi en partie las
analogues de ceux de THomme et autres Mammifères , en
offrant toutefois certaines modifications; mais il en existe
aussi plusieurs qu*on ne ^ouve pas chez ces derniers , ces
puscles étant sxclusiyismwt phopr^ aux S^hps^ts, podh
j^GlR AVEC PI.US ou tfOIWS n* EFFICACITÉ Pi»S W RAlifP^lfEMT*
C'est ainsi que nous trouvons, comme cbez les Mammi-
fères» des muscles Surcoiitaux^ même de deux espèces,
Tune plus longue , l'autre plus courte ; de très-grands Som-
eosima:^ dont Texistence est régulièrement constante; deux
couches d'Intercostaux^ et en dedans des côtes» deux lames
musculaires superposées, fixées par de larges languettes
aux côtes vers leur tiers supérieur, et se portant oblique-
ment en bas» en se confondant dans ohaque série eu une
lame continue prolongée jusqu'au-dessous de l'extrémité
des côtes, oik chacune se continue en une large aponévroae
sous-ventrale, commune au muscle du côté opposé* Ces deqx
lames musculeuses, dont4*une est oblique en avant, et
l'autre oblique en arrière » représentent par leur disposition
le muscle unique Latitudinal (Transverse du bas^ventra),
par rapport aux obliques de l'abdomen » les analogues d^
deux intercostaux ; ces deux obliques manquant du reste
cbez les Serpents , par cela même que le thorax se prolonge
juaqu'à la queue.
Dans le thorax des Mammifères , le muscle latitudinal est
représenté parle Diaphragme avec lequel il se cçniinue ; mais
ce muscle, détaché des côtes, excepté des plus postérieures ,
forme, comme on sait , une cloison séparant la cavité tho-
racique de l'abdomen , en présentant un centre tendineux
que traversent ICEsophage, l'Aorte et la Veine cave, etc.
Or en comparant ï cette disposition les muscles correspon-
dants chez les Serpents , il en résulte qu'on obtiendrait les
mêmes conditions en détachant les deux lames musculeuses
372 THEOLOGIE DE LA RATURE.
intérieures da thorax , pour les étreindre sur un point quel-
conque par une ligature , dont le nœud viendrait occuper le
centre , et représenterait parfaitement le centre tendineux de
ce diaphragme artificiel ; or c'est en effet ce que la Na*
TURE SEMBLE ÀVOm FAIT.
Cette hypothèse , fondée sur l'analogie d'existence et de
disposition des parties, explique, d'une part, parfaitement
pourquoi le diaphragme se continue directement avec le
muscle latitudinal chez les Mammifères ; et comment il se
fait que son centre tendineux soit traversé par les organes
que je viens de nommer ; et , d'autre part , pourquoi le lati-
tudinal n'a pas d'analogue dans le thorax de ces mêmes
Mammifères.
Ne pouvant pas accompagner les descriptions des nom-
breux muscles des Serpents des figures nécessaires pour en
faire comprendre les dispositions, je suis obligé de passer
sous silence tout ce qui a rapport k la plupart d'entre eux,
dont il serait cependant intéressant de connaître la forme et
les fonctions.
Outre les muscles propres au thorax , il en existe encore
d'autres placés en dehors.de ce dernier, et se rendant soit
des vertèbres et des cotes aux téguments , soit d'une partie
des téguments aux autres , muscles dont il n^existe aucune
trace chez l'Homme et les autres Mammifères.
La série la plus superficielle de ces muscles , se fixe à h
partie supérieure de chaque côte, ainsi qu'k Taponévrose
dorsale superficielle , d'où elle se porte obliquement en ar-
rière et en dessous , en formant une large bandelette qui va
s'insérer k l'écaillé tégumentaire de la seconde et de la pre-
mière rangée longitudinale latérale , placées vis-k-vis de b
cinquième et sixième côtes suivantes, que ces bandelettes
musculeuses portent en avant, et agissent par la indirecte-
ment sur les bandes sous -ventrales qu'elles soulèvent et
portent en avant.
Une seconde série , formée de languettes plus larges , s'at-
CHAPITRE m. 373
tache à rextrémité de chaque côte , et se porte horizontale-
ment en avant pour sMnsérer k la partie supérieure latérale
de la bande écfailleuse tégumentaire sous-ventrale , ainsi qu'à
récaille de la première rangée voisine que ces muscles
portent en arrière pour appuyer la première sur le sol dans
le rampément.
D*autres muscles sous-cutanés , en forme de lamelles fort
minces, placés sous les premières rangées d*écailles laté-
rales , ou bien sous les bandes écailleuses sous-ventrales , se
rendent d'une de ces pièces à l'autre pour les mettre en
mouvement ; disposition tout k fait semblable k celle que
présentent tous les muscles chez les Animaux articulés , et
k laquelle I'Intelligenge créatrice prélude ainsi déjà à
PARTIR DE LA CLASSE DES RePTILES , DANS LE PLAN GÉNÉRAL
qu'elle a suivi lors de la création DES ANIMAUX.
D'autres muscles encore, dont les analogues n'existent
pas chez les Mammifères et les Oiseaux , s'insèrent extérieu-
rement k la partie supérieure des côtes , d'où ils se portent
obliquement en arrière et en bas pour s'insérer par plusieurs
languettes au tiers inférieur de la quatrième côte suivante
et un peu plus haut sur les intermédiaires. Au point où le
long chef superficiel de ce muscle s'insère , nait sur chaque
côte une autre , formant une série faisant suite k cette pre-
mière, et qui continuant k se diriger obliquement en arrière
et en bas, se termine k l'extrémité de la sixième côte suivante.
Ces deux séries de muscles ont évidemment pour fonction
de porter les côtes en avant, en devenant de puissants
auxiliaires des Intercostaux.
Les diverses séries de muscles du thorax se continuent
sur la queue, en s'y modifiant suivant les changements que
les parties du squelette éprouvent.
C'est au moyen de ce mécanisme organique aussi simple
dans ses éléments que compliqué dans ses parties, mais par
Ik même très-ingénieux et fort savant, que les Serpents pro-
gressent sur le sol , et cela souvent avec une rapidité prodi-
374 THiOLOGlS DE LA NATURI.
gieuse. Ainsi que je Tai déjli dit plus haut, chaque paire de
côtes fait les foDctions de deux membres locomoteurs sous-
cutanés, en àgissaut comme le feraient des crampons, suc-
cessivement portés en avant, en enaportant les téguments
avec eux , pour être , par Tintermédiaire de ceux-ci , appuyés
sur le sol , afln de pousser la partie correspondante du corps
en avant.
Cette espèce de Pas que font successivement toutes les
paires de côtes étant faécessaireînent fort courte, et l'action
ayant lieu soiis les tégui&ents , Tanimal parait simplement
glisser plus ou moins lentënienl en avant, sans faire de
mouvement avec dticiltie partie de son corps.
Dans les mouvetdents plùà ra()ides , les Serpents emploient
bien les métnes ndoyehs; maiâ avec cette diflTérence qu'ils
avancent de suite . successivement, toutes les paires de côtes
d'une partie de l'extrémité antérieure de leur corps , en
plaçant celle-ci , ainsi que je Tai déjà dit, obliquement sur
le sol ; ce qui leur permet de faire avancer aussi de suite la
partie suivante , quMls placent de même obliquement itiais en
setis contraire; et âltisi des autres sections du corps; geîlre
de progression qu*on peut appeler par grands pas , dont cha-
cune se compose de plusieurs petits; moilveineht que tout
le tfaotidé Connaît sous le nom de serpenter.
C'EST POUR ^AClLltER LE PLUS POSSIBLE CES IPÏFLEXIONS
LATÉRALES QUE CES ÂNtMALX SONT OBLIGÉS DE FAIRE , LORS-
QU'ILS RAMPENT AVEC kAPIDlTÉ, QUE L'iNtElLIGÉNGE CRÉA-
TRICE A AODIFIÉ t)'UNE MANIÈRE EXCLtSIVEAIENT PROPRE 1 CET
ORDRE DE Reptiles, les articulations de leur colonae
VERTÉBRALE ; ARTICULATIONS QUI TOUT EN DONNANT LA 1>LUS
GRANDE ÉTENDUE k CES INFLEXIONS, PERMETTENT TOUTEFOIS
AUSSI LES AUTRES MOUVEMENTS ; liklS AUTANT SEULEMENT QU*ILS
^ONt NÉCESSAIRES , SauS NUIRE À CELUI-CI . QUI E$t LE PRIN-
CIPAL, ET DEMANDE jl ÊTRE EXÉCUTÉ AtEC FORCE ET PRÉ-
CISION.
On rêtrdtite aussi Si la t6(e plUsieurà abald^tiès fles muscles
cuÂpitrv m. 375
des Mammifères , qui n'ont pas dû disparaître parTeffet des
niodifications qiiè cette partie du corps à ëîtroiivë. Quant à
ceux accompagnant les brgàiiës de ta bôdcHe, fls sûbissëht
des changements côtisidéfables , aiiiënéâ paf* ceiii Àks pdf-
ties osseuses; et soht de là fort différents dans \eé Serpëtiié
vëniÎBetix et non venimeui. J'en dirai Quelque cbdse en (>dr- '
ladt deâ oi-gâhés de la digestidn..
En disant ^liis Haut qh'il n*ékikait plus àè ûiemiitéè Mt
léè Serpents, j;ai fait fëinarcjiièf qliè leili* dispafiUoil avait IJeti
grâdiielleiiient àiei tes Satirienâ. En feffibt, ces membres déjà
ptoportionnéttènienl pluâ petite et ptiià faibles qu^ clieî tes
Mammifères, pouf s*âpprétër à èéliè âbseticë iibhipîMë , fon'i
qu*tin girand nombre de S^uriëùs il^âtnetit jfiuk dû moins leiif
ventre sur le sol dans la tnarbhë et H coiirse , h'ijini {jas
la force de maiii tenir leur corps soulevé; et cela à'âiltàiit
ddid^ qûè leur trdnt; est pliis long (jùé cëldi des Mkémi
fëre^ : ce qiii ëodsttldë uii éoinmencedient dé Cet âtlôti^é-
idbt bien {ildâ ^rddd ëncbrë (jii'it jjrend cbez lég ^er^èniè:
Enfin , iers la itti de lëtif ièt\^ , lëâ Satiftebs , quol^dè â^^tit
eiicbrë qddti^e tbétùbfy , s6fit déjh si tBtig^ <jtt*i(s ^fëéëiitëtit
tdiit ii Tait l'kspëct M ^év^M pbdf^us dé petits t)ieds: tifa
pkn jplus tbin , les Èiphè n*6nt plbs dé lâëttibrës aiii^fieurk
visibles à rextéfîëdf ; tandis Ijù'ils cdilserkiit ëncofé leâ |)'ds^
térieiirs qui ne tëilt^ ëefvëdt tddtëfdis pfestfàë pltts S Heh ;
ces animaux (iro^fessant entlèfedient )k ta ifaabièfe de^ §ër-^
péntà. tt en est à fièiu prBè (le méfaaè des Êtmnnes, qui pré-
sëntëtit te fcas contraire, ayant flc lrès-[iëtits menlbfeâ anté-
rieure et p'oîîil dlî pbstëHeiirs: Arrive enflii, d'Ude |<âri, le
gehrë OfiH et sëS irdîsîilS; qill tfdht pliià afacdde trafee eité-*
rieure de membres ; ihàiS codseHrëdt ëbcbre ibVà tëâ tëgd-
diënt^ un défdief rùditiiefat des Hi AH Vé^iA\(^, Ah fëstë sans
fbiittidii : et, d'dutfë t>drt; les 9oâi, oîi èxijlë dtl devatit de
rdhil^, dëiix moigilbtlsën forme dé M^h manielbns, dkf-
nièrë tfsice ttès fheibbfes t)bstëH^urë; atièS} M^ fémWâ
cbfiniië:
370 THiOLOGIB DB LA NATURE.
Dans les vrais Serpents, tels que les Couleucres et les
Vipères , où les quatre membres ont complètement disparu ,
la première paire y est cependant encore indiquée par un
Raphé transversal des muscles du tronc; filet tendineux qui
coupe les muscles , en ressemblant au premier aperçu k une
cicatrice ; et c'est en effet le point de rencontre des muscles
analogues k ceux qui, chez les animaux supérieurs, se
rendent sur les clavicules, dont ce raphé indique encore la
dernière trace. C'est ainsi aussi qu'un raphé semblable, mais
plus antérieur, représente le dernier rudiment des cornes de
l'hyoïde. JMndique ces objets, peu importants au fond, pour
citer DES exemples de cette loi universelle que l'Éternel
TOUT-PUlSSÀNT À SUIVIE DANS LA CRÉATION DES ÊTRES ORGA-
NISÉS; LOI QUI CONSISTE À NE JAMAIS SUPPRIMER SUBITEMENT
UN ORGANE QUAND SA FONCTION CESSE d'ÉTRE NÉCESSAIRE AD
GENRE DE VIE QU'iL A PRESCRIT À CHAQUE ESPÈCE, MAIS DB LE
CONSERVER ENCORE, SOIT POUR LUI FAIRE PARCOURIR TOUTE
SON ÉCHELLE DE GRADATION PLUS OU MOINS ÉTENDUE, OÙ IL
PERD SUCCESSIVEMENT SES PARTIES CONSTITUANTES, SOIT POUR
l'employer à un autre usage , ET NE LE FAIRE DISPARAITRE
RÉELLEMENT QUE PLUS OU MOINS LONGTEMPS APRÈS Qu'iL NS
PEUT PLUS REMPLIR SES PONCTIONS, OÙ il laissc souvont même
encore des traces de son existence primitive.
Les Sauriens et les Ophidiens ont généralement le corps
revêtu d'écaillés cornées en forme de plaques plus ou moins
grandes , mais jamais de dimension k pouvoir gêner leurs
mouvements. Le plus souvent ce sont de petites lames
triangulaires , implantées par l'un des bords dans les tégu-
ments , et libres par l'extrémité opposée dirigée en arrière ,
en s'imbriquant les unes sur les autres.
Souvent aussi la partie libre est extrêmement courte et
même complètement nulle , surtout quand ces écailles sont
larges : elles forment alors des plaques plus ou moins,
grandes, contiguës par leurs bords. C'est cette dernière
forme qu'elles affectent sur la tête de la plupart des es-
CHAPITRE m. 377
pèces ; celle où la partie libre est très-courte , se fait remar-
quer , soit aux plaques sous-ventrales , ou bien aux écailles
latérales ; et les écailles où la partie libre est la plus longue ,
se trouvent plus généralement vers la région dorsale , où
souvent elles prennent la forme de très-longues lanières ,
formant même des crêtes le long du dos.
Ces écailles , quelles qu'elles soient , sont généralement
revêtues de l'épiderme, sous lequel elles se développent, et
dont elles se dépouillent à certaines époques de Tannée par
Veffet d*une mue; et cela d*une manière si complète, que,
cbez les serpents surtout , Tépiderme s*en va si bien d'une
seule pièce que même celui qui revêt le globe des yeux se
détacbe.
Dans certaines espèces, telles que les Crocodiles, les.
écailles sont, sur certaines parties du corps, d'une épaisseur
très-consid érable , formant même des plaques osseuses fort
grandes contenues dans la peau, et tellement fortes que
souvent elles résistent k l'effort des baDes qu'on tire sur ces
animaux.
On trouve déjà une première apparition de ces écailles
I cornées chez les Mammifères. La queue des Rats et des
I Souris en est recouverte. Les Ongles, les Griffes et les Sabots
ne sont au fond que des écailles d'une grandeur et d'une
i forme particulières. Les Poils, qui, eux-mêmes, ne sont que
I des écailles filiformes, sont remplacés, chez les Pancolins ,
I par de très-larges écailles triangulaires , tout à fait sembla-
I blés pour la forme et la disposition k celles des Sauriens et
des Ophidiens , et même beaucoup plus grandes. On trouve
de même les analogues des osseuses dans les téguments des
Tatous. Tous les Oiseaux ont les tarses et les orteils entiè-
I rement revêtus d'écnssons cornés , qui ne diffèrent pas de
I ceux recouvrant la tête des Sauriens et des Serpents. Enfin
I on les retrouve plus loin chez les Chéloniens et les Poissons,
, en devenant toutefois de substance calcaire chez ces der-
niers.
378 rEéoLonii ïA ù itiTimi.
L'ordre des Sauriens conduit dans uae braiichë latérale,
également par une gradation presque insensible, aux Ba-
traciens, formant le troisième ordre des tteptilès, eil s*y
rattachant k la famille des Urodèles , ariimatlx de iiiémè
forme qu'eux, ayant de même le corps allongé, et pb'Urvus
de deux paires de membres semblables âiix leurs, et Ijuelque-
fois une seiilé pâii'e, 1* aiitre disparaissant, cddime daiis les
derniers Sauriens. Mais lés Batraciens ëii général se dis- •
tinguent essentiel leihefai des Sauriens, en ce qii'ils âub'is^ent
dans leur jeune âge iine métamorphose ti*ès-rëmd^qt]^blè,
par laquelle ils acquièrent les paties dont ils sont j^Ti\és
avant, et qu'au lieu de respirer dans l'aii* k leur premier
état , ils respirent Teau comme les Poissons , auxquels les
Urodèles conduisent insensibtèniênt; en lâédièl tëfaipâ que
tout leiir organiëîne éprouve eùeore d'autres cUangetnetits
notables par ces métaihorpliôsës.
Daiis ieiir état adulte oh' parfait^ tés Urodèlès ont, àin^'
que je viens de le dire, àbsôliiiDaëht \à formé gédéràle Ati
corps des Sauriens, dont ils ne diffièrent, quant aux ôfgaoés
du mouvement , que danj d'assdi: légers détails dèi parties;
diflerëhces plutôt amenées pài* \i g^âd£(ti6ri que les organe
suivent que par le ndode de locoitlotibt] , {jiii e^t à très-()ea
de chose près le même.
Les espèces ierrestfeâ, bomposaht s|{éciâtéiheMt le genre
Salamandre, ont db^dtuihent la forine, les motif etneiits et
les liabitudes âes Sstùriëtis ; elles siont selilement beaucoup
plus lentes , et ont , dé méUië que là plupart d'èdtre eux , là
qiieué grêle et à peu prèë rb'nde.
Les ëspèëes ampliibieâ, Cotntnë les Triltins, et lès aqùa*
tiques, telles que les ffypochloh et âtitrës , oiit Hi ëbntrairé,
avec \i forhie générale dès Sauriens , Isl quetië Idngtië et
plus bu moins fortement âptâtle par les côtés , potit letir
servie exclusivement de raine. Cet dpjiëûdice, ^tioiqtaè gé-
néralement asséi faitile cbëz les ëspëëe^ supéHedfé^ dé ëèttè
famille de Batraciens , où il ne peut servir qu'a une fîâge
CUAFITRB 111. 379
plus OU moins lente, conimence tobteFois déjk ici à se
préparer à devenir plus loin, cliéz les Poissons, cette
puissante rame qui met plusieurs de ces deriiiers animaux
oans la {)ossibiliié de nager avec une incroyable rapidité.
C'esl même déjà chez les Crocoàiles , genre de Sauriéta^
amphibies, que la queue longue et légèrement compriinée
comibénce à indiquer, par cette forme , le genre de vie de
tes ainiinauk, pour devenir, chez les derniers Èatraciens, Tu-
hique rame qu'ils emploient ; c'est-S-dirè cliez ceux qui , par
la dégradation qu ils ont subie, n'ont plus que tes membres
sitilérieurs eux-mêmes considéraiilement réduits , tant pour
leur volume que pour lèui' force, et se trouvent de Ih obligés
de nager exciusiveinent àii moyéii des haltemenls latéraux
dfe leur queue, devenue pbiir cet usage très-longue, forte et
pltis bu moins comjprimée. tels soiit léâ^iren, qui n'ont
même plus que de petits membres poslérièùrs el uii corps
allbngé, presque setiiblablë k celui dès Anguilles.
Lés Urodêles h'ëlânt , sous le f appbh deé organes de lit
lobôtnotion, que de^ animaux dé Itàdsitibn forhiànt lé
passage des Sauriens aux Poissons , et fie présentant de Ik
Ken ^ul soit particulièréfaieht remarquable , je n'entrerai
dans aucun détail sûr ieu^ orgaiiisation.
Il n'en est point de niême de lâ secondé famille de
l'Ordre des Batraciens , celle deè Anoures , composée des
deux grands genres des Grenouilles et des Crapauds. Ici le
type change considérablement dans sa forme et ses facilités.
Ce sont bieti des animdUx doiit le corps se coinpdsé, comme
Celui dés Mammifères, dès Sauriens et des Urodêles, de
diverses parties anâlogueà aux leurs, et niuiii surtoîit de
deux paires de membres également fort semblables encore k
ceux de ces différents animaui, mais leur organisation
éprouve de très-notables modificatiotls qui changent consi-
dérablement la formé et les i'actittés de ces animaux, et
spécialement ledf luodë de locothôtidn ; étadt, dans les
espèces ks plus pdi*faitfes, esëëhtlèllemèdi Aéï dhimdtit
380 TBi0U)«ll DB LA IfATUEB.
sauteurs, présentant, sous ce rapport, un type tout spécial,
qui mérite de fixer Tattention.
Leur corps se compose, comme celui de tous les Aoimaux
vertébrés supérieurs, d'une tête, d*un tronc et de deux
paires de membres complets ; mais les subdivisions du tronc
ne sont plus les mêmes.
Chez les Serpents, les régions du cou, du thorax, de
Tabdomen et du bassin , ont été confondues en une seule
par la répétition des paires de côtes sur toutes les vertèbres
de leur longue épine dorsale , et la suppression du bassin.
Chez les Batraciens, cette même confusion en une seule
partie a également lieu , mais par la raison contraire : la
disparition des côtes. Chez les Urodèlbs , il existe toutefois
encore (dans les Salamandres ) une vertèbre du cou; douze
dorsales, mais ne portant que des rudiments de côtes, nulles
en apparence ; une lombaire , privée de ce rudiment ; une
sacrée , indiquée simplement par le bassin qui y est sus-
pendu ; et enfin un nombre plus ou moins considérable de
vertèbres caudales, vingt-six chez la Salamandre , partie où
la cavité viscérale ne se prolonge pas.
Chez les Anoures , ces rudiments de côtes disparaiss^t
elles-mêmes tout \k fait, il n'y a également plus chez eux au-
cune distinction entre les diverses régions du tronc : toutes ne
forment qu'un vaste abdomen remplissant aussi les fonctions
de thorax; comme chez les Serpents, où tout n'est qu'un
très-long thorax faisant en même temps les fonctions d'ab-
domen. Nous verrons plus tard , comment de part et d'autre
ces deux grands changements ont pu être appropriés \k la
fonction de la respiration , qui exige chez les Mammifères
un thorax clos, fort résistant. Mais tout est possible à
l'omnisgience divine^ dont les admirables moyens ont
tout mis en harmonie.
L'Éternel ayant voulu dans sa toute-puissance créa-
trice RAMENER l'oRGANISMB DES RbPTILES AU TYPE DES
Animaux Sauteurs, il lui fit subir à cet effet une
CHAPITRB III.. 384
tràhsformation différente de celle oui distingue les
Mammifères Sauteurs, d'où sont nés les caractères de la
famille des Anoares , dont le type si parfait se trouve dans
le genre Grenouille. Ces animaux devant pouvoir sauter avec
facilité , ils en ont reçu les moyens , li l'instar des chats par-
mi les Mammifères, par la faculté de pouvoir débander k
la fois la colonne vertébrale et les membres ; mais comme
ces deux types sont très-éloignés dans la série des animaux
vertébrés , leur organisation ayant été déjk fortement mo-
difiée par l'effet de la gradation qu'elle a subie , les mêmes
moyens ne purent plus être exactement employés dans l'un
et dans l'autre de ces types ; mais toutefois encore autant
que la différence le permet. Pour cela, la colonne verté-
brale, depuis la tète jusqu'au bassin , a été réduite à huit ou
dix vertèbres à peu près semblables , proportionnellement
pins grandes que chez les autres vertébrés, pour former
dans Tensemble une tige plus résistante ; à articulations des
corps des vertèbres par condyles , et dont celles des masses
apophysaires ont lieu entre des apophyses articulaires fort
saillantes dirigées en dehors; les deux presque dans le
même plan horizontal. Il résulte de cet arrangement que
les mouvements d'une vertèbre à l'autre ont principalement
lieu dans les deux directions verticale et horizontale, en ne
permettant qu'un mouvement de torsion très-léger.
Les apophyses épineuses, assez courtes, sont dirigées
obliquement en arrière , dans le sens des forces musculaires
qai agissent sur elles. La brièveté de ces apophyses semble au
premier aperçu en contradiction avec les fonctions de puis-
sants leviers qu'elles doivent faire dans l'action du saut;
mais une plus grande longueur y serait devenue un obstacle,
limitant trop fortement l'extension de la colonne vertébrale
lorsqu'elle se débande dans le saut; et elle est d'ailleurs
compensée par la disposition et la longueur des apophyses
transverses. Celles-ci, au lieu d'être situées sur les côtés du
corps des vertèbres , comme dans les Mammifères Sauteurs ,
982 tnioio^tn >b u tuttki.
sont M cootrfiire plac4Q4 tr^-h^ut ^r 1^ magse apopbysairii
9oul fort lopguea , dirigée» ^ dehors , et assex fortement eo
liaut et eo arrière ; de manière k former de puissants aiixi*
liaires des apophyses épineuses placées entre elles ; le cou*
trair§ de ce qui existe chez les Mammifères,
Par l'effet de li^ur grsuaide longueur, les apophyses trans-
verses agissent au^si plus puissamment dans les fierons
latérales de Tépine du dos , lorsque l'animal saute oblique^
ment de câté ; en même temps qu'elles remplacent les côtes
dans leur fonetiou de supports, élargissant la cavité vis*
céralOr
Le Sacrum n'est composé chez les Anoures que d'une
seule vertèbre , qui ne diffère des autres qu'en oe qu'elle s
des apophyses transverses un peu plus longues et plus fortes;
que cellesHi^i s'articulent par leur extrémité avec les os des
hanches» et enfin que le corps de la vertèbre, au lieu de s'a^
tiouler postérieurement au moyen d'un seul condyle avec
l'appendice caudal , s'unit k lui par deux petites têtes airon-
dies placées lune à côté de l'autre; ^disposition qui ne
permet k cet appendice que les seuls mouvements d'élévar
tion et d'abaissement.
Quant à cet Appendice , ce n'est qu'un très^-long os en forme
de stylet triangulaire, paraissant représenter une longue
série de vertèbres décroissantes, confondues en une srale
pièce. Son extrémité antérieure présente dans sa partie in-
férieure une troncature portant deux cavités cotyloîdes
articulées avec la vertèbre sacrée. En dessus , ce stylet forme
une crête longitudinale fort saillante représentant l'apo-
physe ^ineuse , daps laquelle le canal vertébral se prolonge
encore jusqu'à une certaine distance, où il finit en cul-de-sae.
Ce long stylet caudal , dirigé en arrière , est placé à l'état de
repos entre les deux très -longs os des bancbes, également
dirigés en ai;^ière. Nous verrons un peu plus bas que cet os
caudal devient avec le bassin si fortement prolongé en
arrière, l'un des principaux agents du saut.
[m itrties iateralei du buùn pFeiQept chea les Amouhbs,
el spédalement dans la Grenouille > une forme très-parti-
culière EN RAPPOW iLVBC LES tlflVENTKS POHCTIONS QU'B|.LBS
ONT k REMFLiR DANS i^B sAUf. Gos parties se composent
d'aille«rs , comiiae cbes les vertébrés supérieurs , de trois
paires d*os, se réunissant, confonaément k la loi générale,
dans les cavités articulaires des hanches , et sont , comme
d'ordioaire , confondues ea une seule pièce chef les individus
adultes.
I^ plus lantérieur de ces Os ou celui des Hanékn , forme
une longue tige grêle , comprimée , articulée par son extré-
ttilé antérieure sur le sommet de Tapophyse transverse de
ia vertèbre sacrée par Tintermédiaire d*un fibro-eartilage
globuleux, mobile sur les deux oa ; m manièrb à PEauBrraE
À CBS os MS BAMCHBS UN UOUVBMflNT TaèS''FAClLB BT PORT
ÉTENDU SUR LES SOMMETS DBS APOPUYSBS TRANSVRRSBS DBS
VMT^BRBS SAQRiEs. Do là ccttc tigo so porto en arrière,
jiarallèlement à celle dii côté opposé » s'arque ensuite en
dessous , et se termine au milieu de la cavité articulaire de
ia hanche du même côté.
Le second os latéral du bassin ou YlêchioUt occupe la
fiartie supra-postérieure de la moine cavité ; et le troisième
op le Pubis , qui comprend la partie inférieure, de cette car
vite, s*unit à l'extrémité du premier, en formant avec elle un
Itetit disque très*Riince en trois quarts de cercle , tronqué à
#9 partie supra-*antérieure.
Ce disqne, appliqué par sa face interne contre celui du
côté opposé, s y soude, et ne forpe avec lui, chez les
jldultes, qu'une seule crête verticale en ^r^nd segment de
cercle. Au centre de ce disque médian sont placées les cavi-
tés articulaires parfaitement arrondie des hanches qui se
trouvent ainsi très - rapprochées l'une de l'autre , dirigées
directement en dehors et rendues fort prof<nides par des
bords fortement relevés. C'est de ce grand rapprochement
des deux articulations des cuiases que ces animaux, excek-
384 TmfeLOon ds la nâturb.
lents sauteurs , tirent un grand avantage en s'élançant ; les
deux membres agissant à la fois sur le plan médian du
corps et k son extrémité la plus postérieure.
Les quatre membres des Anoures se composent des mêmes
parties que ceux des vertébrés supérieurs, en ressemblant
toutefois le plus à ceux des autres Reptiles.
VÊpaule a la plus grande ressemblance avec celle des
autres vertébrés terrestres; tout en présentant dans ses
diverses parties des caractères propres à ces animaux , en
se rapprochant spécialement des Urodéle$ , à c6té desquels
ils sont placés dans la série animale.
Ces diverses parties deTépaule, y compris le sternum,
très-gi*and chez ces Animaux, forment ensemble ui^e vaste
. ceinture osseuse, contournant la partie antérieure du tronc,
POUR REMPLACER PAR SA GRANDEUR ET SA RÉSISTANCE LES
CÔTES DONT CES ANIMAUX SONT PRIVÉS.
Le Sternum se compose de cinq places consécutives , dont
la première est un cartilage mince , en forme de pelle , phicé
sous la gorge.
La deuxième est une tige osseuse assez grêle, faisant
suite à cette plaque.
La troisième , un filet plus grêle encore , sur les bords
latéraux duquel s'articulent les clavicules et les os cora*
coidiens.
La quatrième , une tige osseuse assez forte , placée sous la
partie antérieure de la cavité viscérale ; et enfin la dernière
partie est encore une lame carUlagineuse en forme de pelle,
dirigée librement en arrière , assez^ semblable k la pièce
antérieure , mais plus grande, et placée sous le milieu do
tronc.
VOmoplate consiste en une très-grande feuille triangu*
laire allongée, dont la partie supérieure, ou le Paleron^ est
une simple lame mince, presque cartilagineuse, légèrement
arquée en dedans pour contourner un peu le corps , en s*ar*
ticnlant par un point de sa face interne avec le sommet de
CHAPITRE III. 385
Tapophyse transverse de la troisième vertèbre , plus longue
et pins forte que les autres ses voisines. La partie inférieure
de l'omoplate , fortement rétrécie en une tige osseuse assez
résistante , forme , comme dans tous les Reptiles , une pièce
particulière fixement articulée à la pièce supérieure, et
dirigée en dessous, en s'arquant légèrement en dedans. A
son extrémité inférieure, elle contribue avec les deux autres
os de répaule, à former la cavité articulaire de Tépaule, en
même temps qu'elle s'unit par une suture aux extrémités de
ces mêmes os.
La Clavicule ressemble , pour la forme et la disposition ,
beaucoup k celle des autres Reptiles , ainsi qu'à celle des
Mammifères , ces animaux étant quadrupèdes comme eux ;
et diffère de là considérablement de son analogue chez les
Oiseaux , où cet os est destiné à remplir une fonction toute
spéciale dans le vol.
Dans les Batraciens c'est un os grêle, se rendant de
Textrémité articulaire de l'omoplate transversalement en
dedans sur le sternum , pour maintenir l'épaule écartée et
fixe à l'égard de ce dernier.
En arrière de la clavicule se trouve le Coracoîdien , os à
peu près semblable , mais beaucoup plus fort, parallèle à la
clavicule ,'et ayant les mêmes rapports avec l'omoplate et le
sternum. Il ressemble, tant pour la forme et la disposition,
beaucoup à celui des autres Reptiles et des Oiseaux , dont il
remplit les fonctions , celles de maintenir l'épaule écartée;
c'est-à-dire que, dans les Anoures , de même que chez tous
les autres Reptiles marcheurs, Tépaule a', pour cause de la
même fonction , aussi la même forme et la même disposition.
Quant aux membres antérieurs eux-mêmes, ils présentent
également la même forme et la même disposition générale
que chez les autres Reptiles qui en sont pourvus , ainsi que
chez les Mammifères, dont ils ne diffèrent que dans certains
détails , amenés par la gradation générale que subissent tous
les organes.
386 THÉOLOGIE DC LA NATURE.
VOs du bras est proporUonDellement aussi allongé que
dans rHomme, mais beaucoup plus fortement dirigé en
dehors que chez aucun Mammifère. Son artiealatioB avec
répaule a du reste k peu près la même forme. Celle du eoude
est également à double condyle , et ne permet de 1^ qa*un
mouvement d'extension et de flexion.
Les deux Os de Tavant-bras sont soudés entreeux, suivant
toute leur longueur, dans la position d'une demi-proiiation,
suffisante pour rendre le plat do ta main parallèle au plan de
position i par l'effet de Técartement de Tos du bras , dirigé
en arrière (.t en dehors.
La Main , également de même forme à peu près que cbet
tous les autres Reptiles marcheurs et les Mammifères supé-
rieurs « se compose à sa base de plusieurs petits usselels
constituant le Carpe, suivis dans les Anoures d*un Méta-
carpe formé de quatre os longs» portant autant de doigts;
d'où résulte que la main de ces animaux ressemble au pre-
mier abord beaucoup à celle de l'Homme qui manquerait de
pouce.
Chez les Batraciens Urodèles , ainsi que chez les Sau-
riens , les membres antérieurs, k peu près composés de
même, ont souvent moins de doigts.
Les membres postérieurs des Sauriens et des Batraciens
sont également composés des mêmes parties consécutives
que dans les Mammifèi*es et les Oiseaux, et à peu près con-
formés comme chez eux.
La Cuisse ne renferme, comme toujours, qu'un seul os,
articulé par une tête ronde avec le bassin^ et par un double
condyle avef la jambe. Celle-ci a également deux os» placés
l'un à côlé de l'autre; mais la Rotule manque quelquefois.
Le Pied a de même une composition semblable k celle
des vertèbre^ supérieures, et, vu l'analogie du mode de
loromolion, il est plus particulièrement formé sur le plan
de celui des Mammifères unguiculés; c'est-à-dire qu'il se
compose d uu Tarse formé de plusieurs osselets ; d'un Meta-
OHÀPITHE 111. 387
tarse, dont le notubre des petits os longs égale celui des
orteils; mais ceux-ci ressemblent plus particulièi*ement k
ceux des Oiseauï , se Composant d'un nombre variable de
phalanges plus ou moihs allongées.
Dans les Sauriens, aùtrUàiix essentiellement terrestres et
marcheurs , les Caisses se portent fortenàeht en dehors , et
foême obliquemêût en arrière ; leâ Jambes en dessous , et le
plus souvent aussi en arriéré; et eii&n, lés Pieds sont d'or-
dinaire également dirigés eti arrière ; ce qui , joint k la
grande longueur du tronc, éloigné tellement les deux paires
de membres , que ces animant , ne pouvant soutenir conve-
nablement lé centré dé gravité de léQr'corps, sont la plupart
obligée de se traîner sur leur ventre dans leurs mouvements
de locomotion ; ce qui leur a valu le nom de Reptiles,
L'Intelligence éréatrice ayant, ainsi quele^ai déjà dit
plus haut, voulu àabllr dans la classe de^ Reptiles ta Faculté
dé àauter k un grand degré de perfection , k modiiié pour
cela considérablement lés organes locomoteurs de ces ani-
maux dans la famille des Batraciens Anoures; et cela non-
seulement les organes du mouvement du tronc, dont il a
déjk été parlé, aân qué ces animaux puissent s'élancer en
débandant leur colonne vertébrale, mais aL'ssi l£s mèaibrës
I^OSTÊKIEURS , Qtl GONSTITtJËNT, COMMfi UàNS LES MaMMIFËRÉS
sauteurs, n'AUtRES AGENTS ESSENTIELS DE CE GENRE DE
LOCOMOTION. Pour cela, ces membres ont reçu, d*une part,
une longueur et une force considérables ; et , d'autre part,
une disposition toute spéciale, différente de celle qu'ils ont
chez les autres Reptiles , en revenant en grande partie de
nouveau k celle qu'ils présentent dans les Mammifères.
Les Cuisses , parfaitement libres comme dans rfiomme éi
les Singes, sont k l'étkt dé repos OU dé Ûexion dirigées tout
k fait en avant le long du tronc Les Janibes le sont oblique-
ment en dessous et en arrière ; et les Pieds de nouveau en
avant en appuyant dans toute leur longueur k plat sur le
sol.
388 THEOLOGIE DE LA NATURE.
Quant k la forme et h la composition de ces différentes
parties , sans les faire sortir des caractères généraux qu'elles
offrent dans les autres familles de la même classe , TIntel-
LICENCE CRÉATRICE LES A TOUTEFOIS MODIFIÉES DE MANIÈRE À
LES TRANSFORMER D*ORGANES FAIBLES ET PUREMENT PROPRES
À LA MARCHE ET AU RAMPEMENT QU'iLS SONT DANS LES SAU-
RIENS ET LES URODÈLES, EN ORGANES d'uNE PUISSANCE CA-
PABLE DE LANCER AU CONTRAIRE CES ANIMAUX À DE TRÈS-
GRANDES DISTANCES. Pour ccla, Tos de la cuisse ne dittère
pas notablement de celui des autres Vertébrés terrestres ; la
jambe très-longue a ses deux os k peu près d'égale force ,
mais confondus en une seule pièce, et distincts seu-
lement par une rainure antérieure et postérieure longitu-
dinale.
L'articulation du genou présente toutefois cette particu-
larité fort remarquable que les deux os qui la forment s*a-
voisinent de part et d'autre par des condyles formant sur
chacune une surface cylindrique transversale , creusée dans
le milieu d'une très-légère gorge de poulie ; et que la Rotule
manque complètement. Cette conformation , qui parait si
extraordinaire chez des animaux qui exécutent des sauts
prodigieux 9 semble devoir permettre très -facilement les
luxations dans les grands efforts que ces animaux font pour
s'élancer; mais comme tout est parfaitement calculé
POUR l'effet qui doit être produit, il était au fond inutile
que les os s'engrenassent ici profondément ; les ligaments
et les vigoureux tendons des muscles qui accompagnent
cette articulation étant plus que suffisants pour empêcher,
par leur simple présence, tout déplacement des os, soit en
avant , soit en arrière ; et les luxations latérales sont rendues
également difficiles, d'une part, par la résistance de ces
mêmes ligaments et tendons , et , de l'autre , par la largeur
assez grande des condyles. Cette conformation a au
contraire cet avantage que les deux os s'avoisinant par des
surfaces convexes, se touchent sur un moins grand
CHAPITRE III. 389
oombre de points que si Tun était concave^ le frottement
étant beaucoup plus faible» et le mouvement en conséquence
plus facile.
Par Teffet de ces deux arcs de cylindres roulant Tun sur
Tautre, les ligaments latéraux de Tarticulation s'insèrent
aux extrémités des axes de ces derniers , conservant toujours
le même degré de tension, quelle que soit retendue de
Fextension ou de la flexion de la jambe : leur longueur étant
constamment égale k la somme des deux rayons ; d*où ré-
sulte que cette articulation n*est jamais ni trop serrée ni
trop lâche; deux conditions utiles, opposées seulement
chez les animaux supérieurs qui doivent avoir, d'une
part, la faculté de roidir le membre pour empêcher,
dans la marche et la station, la jambe de se fléchir en
avant ; et , de Tautre , la faculté de mouvoir la jambe etk
rotation pendant sa flexion ; ce qui n'est point nécessaire
chez les Grenouilles.
A l'extrémité inférieure, les deux os de la jambe pris
ensemble, se terminent comme le tibia des Oiseaux par
une poulie fortement allongée transversalement , mais k
gorge également très- peu profonde, dont les condyles
s'articulent bout k bout avec les deux premiers os du tarse ,
le Càlcaneum et Y Astragale.
Le Pied est la partie qui a subi la plus forte modification ;
et cela surtout dans les os du tarse, réduits k six seule-
ment, dont les deux premiers, que je viens de nommer,
sont considérablement allongés, en simulant les deux os
d'une jambe. Ces deux os, renflés k leurs deux extrémités
où ils s'articulent entre eux, sont au contraire fort écartés
au milieu pour élargir fortement la [plante du pied , où se
trouvent placés des muscles et des tendons vigoureux, mo-
teurs des orteils. Ces deux os s'articulent k la fois avec la
jambe, en formant, comme d'ordinaire avec elle, une arti-
culation mobile seulement d'arrière en avant, et un angle
plus ou moins ouvert. Mais aucun de ces deux os du tarse
.790 THEOLOGIE DE LA NATURE.
ne fait saillie en arrière pour constituer ce qu'on appelle le
Talon : ce qui , au premier aperçu , semble encore être d'un
grand désavantage pour le saut ; cette saillie formant chez
les Mammifères un Ipug bras de levier gui agit si puissam-
ipent dans reffort du saut; et qui, $i elle existait dans les
grenouilles, devrait égalemept pro4uire un très -grand effet
chez elles ; 1e$ rpuscles du mollet pouvant agir de même avec
eflicacité sur ce levier; mais cet avantage est amplement
compensé, d'une part, par la force prodigieuse de ces
mêmes muscles qui , se continuant par-dessus Tarticulatjon
(}u talon avec ceux également fort yjgoureux ^u dessous de
celte longue et large plante du pie^, produisent un effort
bien plus grand que si les principaux' ^e ces ipuscles se
fixaient ap sompiet du talpn ; et, d*autre part, le tarse si
allongé , mobile ^ la fois ds)ns une grande étendue sur la
jamhe et sqr je métatarse, forme d^ps son ensemble un
levier bien plus long que ne le fait la simple saillie du talofi
chez les Mampiifères.
Les ossejets du second rang du tarse ne sont que quatre
petits grains osseux placés ^ ]a base des cinq ipéta^rsiens ,
où ils continpent à rendre |es mouvements de ces derniers
pjus couples.
Les Orteils des Grenouilles, au nomt^fe de cinq, son(
également fort loqgs^ en décroissant du quatrièn^e ^n pre-
mier, qui égale 1^ troisième. Ils contribuant ainsi encore
par ce graqd allongement h la force de projection , et par
conséquent h l'étendue du s^ut (|pe ces anipiaux exécutent
avec une si grande légèreté.
Le Système musculaire des Grenouilles répond parfaite-
ment, par la disposition et la forc^ de chacun des organes
qui le composent , k la fonction du saut ^ laquelle ils sont
presque tous destines.
Nous avops déjà vu , ep parlant de la forme et de la dis-
position données à cet effet aux diverse^ parties ^n squelette ,
(juo les côtes ayant disparu chez ces animaux, elles sont
GBAPITRB III. 391
remplacées dans leurs fonctions comme soutien des parois
du corps, d*une part, par de très-longues apophyses trans-
verses des vertèbres ; et , de l'autre , par un sternum fort
grand ; mais le plus grand prolongement de ces apophyses
a surtout pour raison de former de longs leviers aux muscles
de Fépine dorsale , qui doivent agir avec la plus grande
efficacité dans le saiit. Pour que cet effet soit très-éner-
gique, ces apophyses ont été dirigées obliquement en dessus,
au lieu de Télre en dessous comme chez les autres vertèbres ;
afin de remplacer les apophyses épineuses qui ne purent être
que fort courtes. Cette disposition ne suffit cependant pas
pour donner k la colonne vertébrale toute la force d'un
ressort qui se débande, il fallait aussi que les muscles qui
la mettent en mouvement fussent assez'puissants, et pour
cela convenablement disposés pour pouvoir produire l'ef-
fet nécessaire k la projection du corps. Mais ici non plus
rien ne manque; tous les muscles de la région dorsale n^ont
guère que la seule fonction d*étendre la colonne vertébrale;
et comme tels , ils sont tous eonfondus en une seule série ,
comprenant les analogues de tous les muscles de la gouttière
vertébrale des Mammifères et des Oiseaux. Cette masse de
muscles naît postérieurement sur les faces latérales et la
crête supérieure du stylet caudal ; de Ik les fibres se portent
en avant, et vont s'insérer les unes k l'apophyse épineuse de
la vertèbre sacrée , ainsi qu-k la lame supérieure de cet os ;
d*autre à ses apophyses transverses; et, comme ces parties
osseuses sont trop peu étendues pour leur offrir des points
d'attache suffisants, la plus grande partie de cette masse
musculaire se fixe à une doison tendineuse, s'élevant du bord
postérieur de toute cette vertèbre , ainsi que celui de son
apophyse épipeuse jusqu'à l'extrémité d^ la transverse , en
traversant Tes chairs jusqu'à la peau. Delà f^ee antérieure
de cette lame fibreuse partent ensuite d'autres fibres mus-
cnlaires faisant la continuation des premières, et qui, en
se portant également en avant , vopt s'insérer aux apophyses
31)i THÉOLOGIE DB LA NATURE.
et à une cloison semblable de la vertèbre qui précède; et
ainsi successivement jusqu'à la tête.
On conçoit par la disposition de ces muscles, formant
ainsi une chaîne, que tout en allant d*une vertèbre k l'autre
pour les mouvoir séparément, la plus grande partie de leurs
fibres étant insérée aux diverses cloisons fibreuses qui s'é*
lèvent sur ces os, la force de la masse musculaire entière
doit se communiquer par Ik d'une section de fibres à Tautre;
d*où l'efibrt commun doit se répartir sur toute la colonne
vertébrale et la faire fortement Qécbir en dessus.
En se préparant au saut , Tanimal commence par plier son
long bassin le plus possible en dessous ; de manière que le
tronc forme dans les articulations du sacrum , avec les os
des hanches, un angle saillant fortement prononcé; pen-
dant que l'appendice caudal est par Ik aussi le plus fléchi en
dessous; mais, k beaucoup près , pas autant que le bassin.
Dans cet état, Tanimal étend subitement tous les muscles
extenseurs de la colonne vertébrale , ainsi que les fléchis-
seurs de l'appendice caudal, qui font, en agissant sur le
bassin , les fonctions d'extenseurs de ce dernier : mouve-
ment dans lequel les deux extrémités du corps de la Gre-
nouille s'étendent l'une vers l'autre de bas en haut, et
lancent le corps entier dans cette direction , k peu près de la
même manière que dans le Chai. Ici ce sont les deux moitiés
de la colonne racbidienne qui s'étendent l'une vers l'autre;
et chez la Grenouille c'est , d'une part , la colonne vertébrale
tout entière, et, de l'autre , le bassin qui se redressent avec
une énergie infiniment plus grande que dans le Chat.
Dans les deux animaux, Tacte est ainsi produit par des
agents analogues . pour la disposition, quoique différents
pour la composition de leurs parties ; d'où résulte qu'en
somme l'effet est le même.
Si cette extension du tronc de la Grenouille avait seul
lieu , elle lancerait le corps plus ou moins verticalement en
Tair ; mais elle se combine avec la force d'impulsion des
CHAFITRB III. 993
membres postérieurs, dirigés obliquement d'arrière en
avant et en haut, d*où résulte une direction moyenne,
oblique de bas en haut et en avant (1), direction qui en se
combinant à son tour avec l'impulsion de bas en haut et en
arrière que les membres antérieurs donnent au corps , et
enfin aussi avec la force de gravitation , transforme la tra-
jectoire définitive que parcourt l'animal, en une courbe pa-
rabolique fort étendue : le tout absolument comme chez les
Mammifères sauteurs.
Nous avons vu aussi en parlant des membres des Anoures
que, contrairement il ce qui a lieu chez la plupart des autres
Reptiles , ces membres ont de nouveau reçu à peu près la
disposition qu'ils affectent chez les Mammifères; la paire
postérieure étant dirigée en avant , et non obliquement en
arrière, afin d'agir avec toute Tefficacité possible dans le
saut : la fonction principale dans les Grenouilles.
La première paire de membres placée sous la partie anté-
rieure du tronc, imprime k celui-ci , en se débandant , ainsi
que je viens de le dire, une impulsion de bas en haut et
obliquement en arrière , comme située au devant du centre
de gravité. Cette direction est ensuite modifiée par Timpul-
sion que produisent les membres postérieurs. Ceux-ci étant
insérés par les cuisses à Textrémité absolue du tronc , et
dans le repos repliés en avant à côté de la moitié postérieure
du corps; et les cuisses, libres dans toute leur longueur,
afin de pouvoir jouir de la plus grande étendue de mouve-
ment nécessaire k l'effet du saut , sont en outre , comme dans
Tespèce humaine, longues, grosses et arrondies.
Mais c*est le mollet qui est le plus remarquable par son
énorme grosseur, étant proportionnellement plus du double
de celui de Thomme ; cette partie devant produire en com-
mun avec la cuisse, le plus grand effort dans le saut. J'ai
déjà dit que les muscles formant le gras de la jambe , au
(0 Voyex la note n* 27.
394 THEOLOGIE DE LA NATURE.
lieu de s'insérer au talon, comme chez les Mammifères,
passaient, k l'instar du fusiforme de ces derniers, au moyen
d'un vigoureux tendon, commun k tous, sur Farliculation
du pied , pour se continuer sous te très-long tarse de ces
animaux, avec les niuscles plantaires fléchisseurs des or-
teils; ainsi que le fait déjh le fusiforme chez les Mammifères
quadrupèdes, qui n'est dans THomme qu'un petit faisceau
musculaire ; tandis qu'il forme chez le Chat un' gros muscle
allongé, qui , également très-puissant dans la Grenouille, ne
constitue qu'un simple chef très-vigoureux de la masse des
muscles postérieurs de la jambe; gros muscle entière-
ment destiné h la fois k la fonction d'étendre le pied el
le métatarse, en même temps qu'il fléchit les orteils; triple
action qui contribue , par cette remarquable disposition ,
CONSIDÉRABLEMENT À LA PUISSANCE DU SAUT. Enfin , JUS-
qu'aux muscles placés au métatarse, et destinés exclusi-
vement h la flexion des orteils , ils sont toujours , en vue
DU MÊME but final , d'une force extrême.
Ces Membres, insérés l'un k côté de l'autre, k la dernière
extrémité du tronc, et le plus près possible de son plan mé-
dian, impriment au corps, en agissant ensemble ^ au com-
mencement de leur extension, alors qu'ils sont fléchis et
portés en avant , un mouvement de bas en haut et en avant,
qui s'ajoute en grande partie k celui que produit la force
d'extension du rachis et du bassin ; et de plus k celui pro-
duit par les membres antérieurs; mais vers la fin de cet
élan , lorsque les longs et vigoureux membres postérieurs se
dirigent de plus en plus en arrière, leur efibrt se combinant
avec toutes les forces qui portent le corps de bas en haut ,
produit avec elles une résultante moyenne dirigée oblique-
ment en avant et en haut, en déterminant la direction de la
trajectoire que ces animaux suivent, étant lancés en Vair;
c'est-k-dire (|u'en commençant par s'étendre dans le saut,
le premier efibrt des membres postérieurs dans l'élan , est
dirigé de bas en haut et obliquement en avant, comme
CHAPITRE III. 395
placés en arrière du centre de gravité; effort qui ayant lieu
en ipén^e temps que celui des membres antérieurs, détruit
la force dirigée obliquement en arrière que ceux-ci im-
priqoept au centre de gravité : de manière que Fimpulsion
résultante est dirigée verticalemept en haut et même en
^vaQ|. L* effort des membres postérieurs est beaucoup plus
gran4 quç ç^lui deç antérieurs, surtout au commencement
de ) élan, où les postérieurs agissent avec la plus grande
fpfce, comipe plus vigoureux et formant des leviers plus
longs. Maison conçoit que si les antérieurs n'agissaient 'que
fsiil^lem^nt, les postérieurs, articulés loin du centre de gra-
vité sur Textrémité du corps, imprimeraient k ce dernier un
mouvement de rotation , qui lui ferait faire une série de cul-
butes dans tout Tespace qii'il parcourrait en Tair; tandis
qu'en faisaivt intervenir puissamment les membres anté-
rieurs , LE Cri^ateur 4 prévenu cet inconvénient pour ne
laisser au corps qu'un excès d'impulsion de bas en haut
et pbliquement en avant, direction dans laquelle le
SAUf DOIf s'exécuter
Enfiq vers la fiq dp l'élan , alors que les membres posté-
rieurs agissent seuls, comme étant beaucoup plus longs que
les antérieurs, rimpqlsion qu'ils impriment au corps deve-
nant de plus en plus oblique, en s'inclinant plus fortement
en avant, la direction définitive est un terme moyen entre
celles de tous les instant^ , du temps pendant lequel ces
membres s'étendent; résultante qui se combinant avec la
force d'impulsion que donne le débapdement de la colonne
vertébrale , le stylet caudal et le bassin , il en résulte une
impulsion finale, dirigée très-obliquement en avant et en
haut que prend le porps de l'animal après avoir quitté le
sol.
Si Ton considère l'effet que chaque partie des membres
postérieurs produit en particulier, on voit que ces derniers
étant appuyés sur le sol par les orteils et les métatarses , ce
sont rigoureusement ces deux parties qui forment la base.
'3l9b THEOLOGIE DE LA NATURE.
le point (]*appui fixe du corps ; que le tarse en s'étendant sur
cette base par son mouvement en avant, imprime au centre
de gravité placé d'abord au-dessus , une impulsion de bas
en haut, et, plus tard, de plus en plus oblique en avant;
que la jambe , en s*étendant sur le tarse en se portant en
haut et en arrière, imprime au contraire constamment aa
centre de gravité une impulsion oblique dans cette direction;
et qui en se combinant avec celle donnée par le tarse, forme
avec elle une résultante plus verticale ; que les Cuisses , en
s'étendant en avant, avec leur point d*appui sur les genoui,
imprimant \k ce même centre une forte impulsion d*abord de
bas en haut et en avant, mais qui se combinant avec Teffort
des membres antérieurs , produit au commencement une
résultante presque verticale, et plus tard de plus en plus
oblique en avant.
Que le bassin fortement fléchi en dessous à son extrémité
postérieure , lancerait en se mouvant rapidement dans les
articulations des hanches, le corps presque directement en
arrière, s'il se débandait dès le commencement de Télan,
en détruisant par Ik en grande partie la force qui doit agir
en sens contraire ; d'où il résulte qu^il ne doit entrer en
action que vers la fin de l'élan , quand par l'effet du mouve-
ment d'extension des cuisses sur les genoux , le bassin est
devenu horizontal , et incliné même en avant; moment où,
par son débandement, il lance le corps en haut. La même
chose a lieu par le mouvement rapide d'abaissement de l'ap-
pendice caudal, qui d'abord dirigé fortement en arrière,
se lléchissant en dessous pour rentrer entre les deux os des
hanches, imprimerait au centre de gravité une impulsion en
haut et en arrière, s'il entrait en action dès le commencement
de Télan ; tandis qu'en ne se débandant que vers la fin , la
direction qu'il lui donne est plus particulièrement dirigée de
bas en haut; et il en est encore de même de l'effet produit
par l'extension de toute la colonne vertébrale sur le sacrum,
et le même stylet caudal formant la seconde branche du
Il
l
i.
t'.
«•
t
CRAPITRB lit. d97
ressort qui se détend ; effort dirigé de bas en haut et légère-
ment en arrière. Toutes ces impulsions, plus ou moins di-
rigées en arrière, sont détruites et surpassées de beaucoup
par celles des cuisses dirigées en avant, et dont la puissance
est bien plus grande que toutes les autres; d*une part, par
la vigueur des muscles qui le produisent, et de Tautre, par
l'effet de la grande longueur des leviers que cette partie du
^ membre forme.
Je viens de dire que par l'effet de l'extension des jambes
qui se meuvent sur les tarses comme points d'appui , le corps
r était levé obliquement en arrière et en baut; cela serait ri-
' goureusement vrai si cette partie des membres était placée
' sous le corps, et se débandait dans un plan vertical, ainsi
' que cela existe ^ peu près chez les Mammifères sauteurs.
^* Mais il n'en est point ainsi chez les Grenouilles : le plan dans
lequel les membres postérieurs sont plies est oblique de haut
^ eu bas et en dehors ; plan dans lequel les jambes sont diri-
gées en arrière, en bas et en dedans, de manière que leur dé-
bandement a lieu dans une direction de bas en haut, en
arrière et en dedans ; d'où résulte que l'impulsion que cha-
cune imprime en arrière, est en grande partie détruite par
l'effort de la jambe opposée; et que la résultante se dirige en
haut et en avant; tandis que les cuisses, toujours plus ou
moins fortement portées en dehors, et vers la fin de l'élan ,
presque entièrement en arrière et en bas, impriment au
corps la plus vigoureuse impulsion en avant.
C'est ainsi, comme on voit, qu'en reproduisant dans les
Reptiles SAUTEURS les mêmes moyens mécaniques généraux
employés chez les Mammifères les plus habiles sauteurs ,
que l'Intelligence créatrice est arrivée à des résultats
tout à fait semblables, quoiqu'elle ait fait éprouver
AUX parties analogues des modifications plus ou moins
grandes par l'effet de la loi générale de gradation, à
Laquelle elle a soumis tous les appareils organiques ;
changements dans lesquels se dévoile partout la con-
398 THÉOLOGIE DR LA NATURIL
NAISSANCE LA PLUS TRANSCENDANTE DE LA MÉCAriIQlE.
De rOrdre des Sauriens, ôd passe encore par une brandie
latérale k la Classe remarquable des Chéloniens, le groupe
le plus extraordinaire et , par là , le plus nettement traocbé
de tout l'Embranchement des Animaux vertébrés. Quoique
toujours formés d*après le même plan général que tous ceoi
de cette grande division du Règne animal , les ChélooicBs
offrent toutefois , par la singulière disposition de leurs or
ganes, des Êtres qui semblent appartenir a un autre monde
s^éloignant infiniment plus des autres vertébrés aujourd hoi
existants , que ne le font les espèces fossiles appartenaot
aux diverses créations antérieures à celle d'aujourd'hui.
A notre point de vue d'êtres humains bornés dans dos
moyens , Torganisme des Chéloniens constitue un véritable
tour de force du Créateur, qui aurait pris à tâche de produire
presque l'impossible ; en formant des animaux qui , tout en
présentant au fond tous les caractères essentiels de h
grande division du règne animal à laquelle ils apparlienneDl,
offriraient toutefois les plus grands changements daoâ h
forme et la disposition de leurs organes : sans que ceoxHS
cessassent de remplir convenablement leurs foDCtions.
Ce grand problème consistant principalement à reoferoier
tout l'animal dans son thorax ; et pour cela à supprimer.
d'une part, tous les organes extérieurs dont les fonctioDS
ne sont pas incompatibles avec cette nouvelle condition;
et, d'autre part, à transporter dans l'intérieur de cette cage
osseuse, ceux dont les fonctions ont dû être conservées;
SANS que pour cela LEURS RAPPORTS SOIENT CHANGÉS DAi'tS
LEUR PRINCIPE FONDAMENTAL; EN MÊME TEMPS QU AUCUNE
GRANDE FONCTION ORGANIQUE NE SOIT ENTRAVÉE; COnditlOD
si bien obtenue que ces singuliers animaux sont peut-être
ceux qui jouissent de la plus grande longévité.
Pour obtenir ce grand résultat « le corps des CuÉLomEi^s»
étant composé des mêmes parties principales que celui des
Mammifères, des Oiseaux et surtout des Sauriens, auxquels
CHAPITRE Ht. 399
ils ressemblent le plus, a de même un Thorax formant une
grande cage osseuse ; avec cette différence que , chez eux ,
la dernière vertèbre du cou , les darsales et les lombaires ,
avec leurs appendices latéraux, côtes et costines (côtes
lombaires), s*élargissent tellement en tous sens que, se
rencontrant partout avec celles qui les avoisinent, elles
s*unissent intimement entre elles, en devenant par là
complètement immobiles, et ne forment plus dans leur
ensemble qu'une vaste pièce supérieure plus ou moins
bombée du thorax , nommée la Carapace ; dans laquelle les
dernières costines ou côtes lombaires se portent de plus en
plus en arrière, et finissent par se joindre longitudinalement
dans la dernière paire , en passant par-dessus le bassin ; au
delà duquel la carapace se prolonge ainsi en l'enveloppant.
Le long de la ligne dorsale, la série des vertèbres forme
de chaque côté, comme chez les vertébrés supérieurs, une
gouttière communiquant avec la cavité thoracique par les
intervalles des apophyses transverses : cette double gouttière
se trouve recouverte, chez les Chélomens, par une série de
plaques osseuses impaires, analogue aux os surépineux dont
il sek*a parlé a l'occasion des Poissons; plaques qui, se
joignant entre elles d'avant en arrière, et latéralement aux
côtes, achèvent de fermer la carapace en dessus.
En dessous , le Sternum et les Côtes sternales forment de
leur côté, en s'élargissant en grandes lames soudées de toutes
parts entre elles , une grande plaque osseuse ou Plastron
occupant tout le dessous du thorax, en se prolongeant jusque
vers I extrémité du bassin.
Sur les côtés, ces deux grandes pièces du thorax s'unissent
également par des sutures immobiles, comme chez les
Mammifères et autres, avec les côtes dorsales, en laissant,
comme chez ces derniers, deux grandes ouvertures, une
antérieure et une postérieure; avec cette différence que,
chez les Chéloniens, les dernières costines enveloppent,
ainsi que je viens de le dire, tout le bassin, et recouvrent
400 THEOLOGIB DE LA NATURE.
par là en majeure partie les deux membres postérieurs»
ainsi que la queue ; dont les extrémités seules sortent de la
carapace , et peuvent même être retirées en entier dans son
intérieur.
L'ouverture antérieure de la carapace, formée par les
mêmes parties que chez les vertébrés supérieurs, porte,
comme à l'ordinaire , k son bord supérieur, le Cou , faisant
suite à la série des vertèbres dorsales; et reçoit dans son
intérieur, ainsi qu'on le verra un peu plus bas, les deux
membres antérieurs dont les extrémités seules sortent pour
servir dans la marche ; et cela par une transposition plus
extraordinaire en apparence qu'elle ne l'est en réalité. En
effet , si l'on examine avec quelque attention la disposition
que prennent graduellement les épaules chez les Mammi-
fères , les Oiseaux et les Reptiles sauriens , on est peu k ,
peu amené k une condition , où il n'y a plus qu'un léger pas |
k faire pour arriver k cette dispositions si remarquable toute-
fois des Chélomiens.
Dans Y Homme et la plupart des autres Mammifères, les
épaules sont placées tout au plus au niveau antérieur du
thorax , les omoplates ne dépassant pas les premières paires
de côtes; mais les clavicules sont déjk un peu plus anté-
rieures. Chez certains Mammifères cependant, tels que les
Carnivores, et surtout chez les Echidna et les Ornithorhyn-
chus , les angles antéro - inférieurs des omoplates , formant
l'articulation du bras, sont déjk portés plus en avant, et se
trouvent en partie placés k côté de la région postérieure du
cou. Chez les Oiseaux et les Sauriens , on voit ensuite avan-
cer les épaules toujours de plus en plus d'un genre k l'autre,
au point que dans les Scincm (espèce de Lézards), toute l'é-
paule se trouve au devant de la première côte , et n'a plus par-
conséquent qu'un léger mouvement k faire en arrière pour
pénétrer dans le thorax par la grande ouverture antérieure
de ce dernier ; ce qui a lieu en effet chez lés Chéloniens , où
l'extrémité supérieure de l'omoplate s'articule latéralement
CHAPITHB m. 401
a^ec Textrémité supérieure de la première côte dorsale. De
là , cet os se porte en bas et eu arrière dans l'intérieur du
thorax , en entraînant avec lui le restant de Tépaule et tout
le bras , celui-ci se portant ensuite en avant pour sortir par
son extrémité de l'ouverture antérieure du Uiorax , afin de
servir à la marche; c'est-à dire que Tépaule articulée par
l'extrémité de l'omoplate sur la première côte, se porte de
nouveau en arrière chez ces animaux, mais en se plaçant dans
le thorax, au lieu de se placer en dehors, et en entraînant
ses téguments et ses chairs avec elle. Cette transposition des
os de l'épaule n'est, comme on voit, que l'effet d'un mouve-
ment de nouveau rétrograde dans son déplacement graduel ;
qui se fait d'abord d'arrière en avant, à commencer déjk
chez les Mammifères ; et ensuite d'avant en arrière chez les
Chéloniens. Mais c'est le déplacement de plusieurs muscles
moteurs des épaules , tels que le Grand-dentelé , le Grand-
dorsal et les muscles Pectoraux , qui est le plus remarquable,
ces organes ayant un immense chemin k faire pour exécuter
ce changement de place ; affectant dans le thorax, en principe,
à peu près les mêmes rapports , soit entre eux , soit avec les
autres parties du corps , telles que les côtes et le sternum.
Il en est de même des muscles abdominaux qui, débordés
en dessus par les costines , et en bas par le sternum , sont
par là également renfermés dans le thorax , l'abdomen se
réduisant, comme c'est de règle, k la partie du corps
comprise entre le bord postérieur du sternum , celui des
costines, d'une part, et le bassin, de l'autre.
Le Cou et la Têie^ restés mobiles, conservent leur dispo-
sition habituelle; n'offrant que cette particularité, que la
bouche devant pouvoir atteindre à terre, le cou est à l'instar
de celui des Oiseaux , dont le tronc est également court et
k peu près immobile , fort allongé chez les Chéloniens , très-
mobile dans toutes les directions, et même susceptible, chez
plusieurs espèces, de pouvoir rentrer avec la tête et les
membres antérieurs entièrement dans la carapace ; de ma-
I. Î6
40i THBOLOGlÊ DE LA NATURE.
liièré que celle ci renferme toutes les autres parties ; les os
qui ta constituent n'éiant eux-mêmes recouverts que des
téguments ordinaires, réduits k une lame fibreuse très-
Kérrée, duré, entièrement immobile, revêtue de grandes
ÉCAÎLlÉS CORNEES CONFLUENTES , QUI LA METTENT PARTOUT À
L^A^RI bu CONTACT IMMÉDIAT DES CORPS ÉTRANGERS , CONTRE
LESQUELS CES ÀNJMAUX NE SAURAIENT SE GARANTIR SANS CET EN-
CUIRASSEMENT GÉNÉRAL Dli CORPS, PAR LEQUEL LA RONTÉ DIVINE
A RÉPARÉ LÉS DÉSAVANTAGES POUR l'eXERCICE DE BEAUCOUP
DE FONCTIONS, ET SURTOUT POUR l'eXISTENCE INDIVIDUELLE
DE CES ANIMAUX , QUI RÉSULTENT DE LA CONDITION TOUTE
EXCEPTIONNELLE DANS LAQUELLE LE CrÉATEUR A PLACÉ CES
EtREs EXTRAORDINAIRES , qui , entièrement renfermés dans
leur carapace, y sont à Tabri non-seulement de la plupart
de leurs ennemis , mais même des simples sensations péni-
bles que les corps étrangers peuvent leur faire éprouver.
Le CDU , les metnbres et là queue , les parties qui conser-
vent léiir mobilité, sont, pour que celle-ci soit le plus libre
bossitité, revêtus de téguments extrêmement amples, et, de
& , fort lâcbeis , quoique épais et coriaces , âân d*étre peu
sensibles ; encore les portions , plac^eà le plus souvent au
dehors de la carapace, telles que les extrémités des membres,
sont-élIes incrustées d*écailles plus ou moins grandes , qui ,
tout eh les garantissant beaucoup du contact des corps
étrangers, leur laissent une mobilité suflTisante.
La tête est k l'instar de celle des Sauriens et des Ophidiens
recouverte dé larges écailles continentes, semblables à celles
dii tronc ; et conime cette partie est souvent k découvert , ne
pouvàtit lé plus souvent même jamais rentrer entièrement
dàiis là cafapàée , la région supra-postérieuré , où sont les
muscles des tempes, est recouverte d'une forte lame osseuse
sous-éutànée , afin que le tout soit également garanti de
i'ACtfON DES CORPS ÉTRANGERS.
Dans plusieurs espèces, la tête , ainsi cuirassée de toutes
parts, ferme, conjointement avec les mains, également
CHAPITliE III. 403
Revêtues d'écaillés corhées, Toiivertare antérieure dé là
earapace , où toutes le6 parties se inoulétit eislctéitieût les
tines sur les autres.
Dans ce singulier drgahiâine , tous les Intlscles de h ré-
gion dorsale du tronc, les intercostaùl, les ulotedrs du
sternum, etc., ont été ptirëttietit et sltnpletneni suppriitiés
comme inutiles ; les abdominaux, ainsi qiie tes moteurs de
la queue et des diembres poètérietii*s , tdUt eu Ëohsetvatlt
même leurs rapports drditiaires, se sont tiaturellëmént
trouvés renfermés dans la daràpate , tiû le^ iliétubrëâ ahté-
rieurs ont égalemëùt été amenés, ainsi que Je Tai fait Voir.
Dans la Classé des Poissons, la dernière de rEkÈRANCHË-
MEMT des TERtÉBliËS, le CltÉÂTËUK, EN fiOlJtPlÀ^T ENCORE
AUTREMENT tOUT LÉ SYStÈlIlE ORGANIQUE bË CES A^ittAUX,
l'amena au tït»Ë LE i>LUg PARFAIT POUl( LA PONCf lON DE LA
NAGE , que nous trduvôuâ dU fdste déjà exercée à des degréà
plus ou jhoins émitiënt^ dan& toutes les classes du rcgnè
animal ; et le plus souvent par des ttiôyen^ fort différents.
Chez les MAMMifÈkk^ ordinaires , ellé^s'eiéclttè générale-
ment par Faction des quatre membres faisant les fodctîons
de rames, et plds particùllèrëtneiit par lés postérieure, dont
les mouvemetitâ d*eitensioù Sont, par léui" i)liis grande
étendue et leur direction , plus propi*èà que les antérieurs à
faire avancer le corps en repoussant l*ëau. Céè ânitiïàut
étant toutefois plus spécialëmëdt orgatiiséà p6tiT vivre âur le
sol , leur orgatiisatiou en géhét'àl et celle des ihem'brës en
psti-ticulier , ne perdiet ràctiott dé là uage qd*^ iln degré
très-imparfait, presque tous pôûvaiit à la Hgueiir iiagér
avec plus ou moitis de facilité à la surface de Tëau , lorsque
par une raison quelconque ils y sôtit obliges , et ramer
exclusivement au moyeu de leurs menibres. Mais déjà nous
remarquons pattni ces animaux quelques espèces, telles que
les Loutres, ouë la Volonté i)t CfiÉATEtR a favorisées sous
CE rapport, en leur donnant SIMPLEMENT DES MAINS ET
DÈS PIEDS PALMÉS, qui , par le grand élargissement de leur
404 THKOLOGIB DE LA NATURE.
surface , sont capables d*agir avec bien plas d'efficacité sur
l'eau , que dans les espèces dont les doigts et les orteils sont
libres. Ces espèces ayant été destinées à vivre souvent
DANS l'eau , où les LoUTRES ONT k POURSUIVRE AVEC RAPI-
DITÉ LES Poissons dont elles doivent se nourrir.
Dans les Amphibies, Ordre composé d'un très-petit
nombre de genres , tels que celui des Phoques , la volonté
divine ayant déjà voulu introduire dans l'organisation
DES Mammifères la nage comme une des fonctions essen-
tielles , ELLE A POUR CELA NON-SEULEMENT TRANSFORMÉ LES
QUATRIS MEMBRES EN DE VÉRITABLES RAMES , EN LES APLATIS-
SANT EN LARGES PALETTES , MAIS ELLE A DÉJÀ COMMENCÉ , LÀ ,
À EMPLOYER LA QUEUE COMME INSTRUMENT DE NATATION» EN
l'unissant par une LARGE EXPANSION AUX MEMBRES POSTÉ-
RIEURS EUX-MÊMES , PORTÉS POUR CET EFFET BEAUCOUP PLUS
EN ARRIÈRE QUE CHEZ LES MAMMIFÈRES TERRESTRES. Et déjà
leur corps , atténué en arrière et très-flexible dans sa partie
postérieure , en commençant k prendre la forme des Pois-
sons ordinaires , agit par ses inflexions, plus ou moins acti-
vement dans la nage.
Chez les Cétacés enfin, formant Tune des branches termi-
nales de la classe des Mammifères faisant suite à Tordre des
Amphibies , le Créateur a porté le type organique de ces
animaux aux conditions les plus favorables possibles
POUR l'accomplissement DE LA NAGE; EN REMPLAÇANT PRIN-
CIPALEMENT l'action des Membres par celle de l'extrémité
POSTÉRIEURE DU TRONC FORMÉE PAR LA QuEUE. DispOSitîOD
tout à fait semblable à celle que présentent les Poissons les
meilleurs nageurs ; c'est-à-dire celle qui, mathématiquement,
CONVIENT LE mieux À CE GENRE DE LOCOMOTION. ÂUSSi FInTEL-
ligence créatrice a-t-elle en conséquence supprimé les
MEMBRES postérieurs , EN LES REMPLAÇANT AU DELÀ DU BESOIN
DANS LEUR FONCTION , PAR L' ACTION DE LA QUEUE , dout il Sera
parlé plus bas ; en même temps qu'elle a réduit les membres
antérieurs à de simples rames assez faibles, dont l'action sert
CHAPITRE III. 405
plas particulièrement dans les changements de direction ;
et moins dans la progression d'arrière en avant , en plaçant
DU RESTE CES ANIMAUX ESSENTIELLEMENT MARINS, AUTANT QUE
POSSIBLE, COMME MAMMIFÈRES, DANS LES MÊMES CONDITIONS
QUE LES Poissons parmi lesquels ils sont appelés à vivre.
Nous avons vu plus haut comment le Créateur, sans
donner la même forme allongée au corps des Oiseaux , forme
incompatible avec leur système d'organisation , a ceiiendant
assez modifié leurs membres pour permettre k un grand
nombre de ces animaux de nager avec facilité ; mais toute-
fois jamais avec la rapidité des Cétacés et des Poissons.
Parmi les Reptiles , un grand nombre d'espèces ^ corps
allongé , tels que tous les Urodèles , auxquels les Poissons
font immédiatement suite, nagent déjà en employant à ce
genre de locomotion, les mouvements latéraux de leur
queue ; tandis que les membres n'y prennent d'ordinaire
aucune part. C'est ainsi que le Créateur prépara de loin
l'organisme des Vertébrés à cette nouvelle et grande
fonction de la queue , appendice simplement rudimentaire
chez la plupart des Mammifères ; ou du moins sans usage
bien évident; ou bien servant k d'autres usages, tels que la
préhension , dans certains Singes , au saut chez les Kangu-
roos , k faire l'office de truelle chez le Castor , de gouvernail
dans les Oiseaux , et de ressort dans le saut chez les Gre-
nouilles.
Enfin les derniers Urodèles , qui font le passage aux Pois-
sons , et vivent comme eux au fond de l'eau , ont le corps
déjk entièrement conformé comme celui de ces derniers , et
nagent de la même manière, sans cependant arriver comme
eux au type de la perfection comme animaux nageurs.
Tout en restant dans les limites dans lesquelles sont ren-
fermés les Vertébrés pour conserver les caractères généraux
propres k cette grande division du Règne animal ; si l'on
considère quelles sont les conditions que doit présenter l'or-
ganisme d'un animal aquatique le plus parfait nageur, on
106 TH^OLOGI£ DE LA NATL'RB.
arrive , par une série de conséquepces naturelles k la foraie
qu'offrent réellenieut les Poissons, comme on arrive à la con-
formation des Oiseaux pour des apiipauf parfaits voiliers.
En effet, par cela piéme que ces animaux doivent se
transporter le plus facilemçqt possible d'arrière en avant,
en vainquant 1^ résistance de Teau , plus forte que celle que
Tair exerce ^qr le corps de rOiseaq d^ns le vol ; le Poisson
i^*a dû présenter au liquide ambiant que la pluç petite sur-
face de son corps. Pour cela ce dernier a du être fort
ALLQNGÉ D*ÀViVNT EN ARRlÈfiE » ET AVOIR EN OVTflE SA TÊTE
CONFORMÉE DB F AÇpN i NE PRÉSENTER ELLE-MÊME QUE L4
PHS PETITE RÉSl^Tj^NCE À L'EAU- CpST-i-piflE QU'ELLE DE-
VAIT NON-SEULE^ENf ÊTRE, AUTANT QUE POSSIBLE, ACUMI>'ÉE
À SON EXTI^KMITÊ, ^N P^IEN^NT AVEC LA PARTIE ANTÉRIEURE DU
GOltPS UNE f OPM^ PLUS OU I^OINS CONIQUE , AFIN DE FENDRE
FACILEMENT l'eau; MAIS ELLE NE DEVAIT PR|:SENTER EN OU-
TRE , AINSI QUE IPE RESTE DU CORPS , AUCUNE SAlLf^IE QUI PUT
App^ENTEp INUTILEMENT CETTE RÉSISTANCE. Etlfiu LA PARTIE
POSTÉRIEURE DV CORPS DEVAIT DE NOUVEAU s' ATTÉNUER PRO-
GftESSIVEJ^ENT, POUR N* ÉPROUVER AUCUNE DIFFICULTÉ d'aVJlNT
EN AflRIÈRE , PANS SES INFLEXIONS LATÉRALES ; ippi)VementS
essentiels daps !a nage, ainsi qu*on le verra un peu plus
Iqjn. Or ce sont en effet toutes ces conditions que présente
la form^ du corps dç la grande majqn^é des Poissons, sur-
tout dans les meilleurs nageurs; ce qui prouve qu'elles
ONT ÉTÉ TOUTES PARFAlTE^UENT ÇALÇy^-ÉES pAN^ CETTE INTEN-
TION PAR l'oMNISCIENCE DIVINE.
Il eût été possible (^'employer comme rame les quatre
membres ordinaires des vertébrés, qui servent en effet exclu-
sivement à cet usage cbez les Mammifères ordinaires, les
Oiseaux et un nombre considérable de Reptiles ; mais on cou-
çojt que pour en faire des organes de natsition capables d*im-
prjmer au corps une très-grande vitesse de [»rojeclion, il
eût fallu leur donner une surface fort étendue, et pour cela
un voliunoconsldcrablc, qui sérail (lovopu un j^rand obstacle
CHAPITRE III. i07
•
pour une i)age facile , ainsi que cqI^ e^i^te pu efTet chez (e^
Raie^, ani|aiaux qui nagent exclusivement p moyen ^p \^^^
membres antérieurs élargis en griindes lames triangulaire^
formant la plus grande partip de leur porpç; pendant (|ue U
queue , très-grêle , ne fait que rpffice de gouvernail , ^ rin-
star de celle des Oiseaux; aussi ce^ animaux nagent-ils fqrt
lourdemept Mais le ÇRÉATEUfi connaissant dans $()n piiNi-
ÇCIENCE l'|MMEN3P AVANTAGE QU*IL POUVAIT TIRER pE L gMf^LQI
PE l'eXTR|:M1TÉ postérieure du CORP^ , GOMAfE INSTRUII{E1^T pÈ
NATATION , ^A MODIFIA DANS ÇfTTE VUE , EN LUI DQÎJNANJ LÇ DÉ"
VELOPPEUflNT ET LA CpMPOSIT{QN COI!^yÇNA^Lf;S y,^\lj^ GEJ QBJÇT,
en l'atténuanf gradiipîj^mppt e.{i arrière, isifin fju/çjle n'ç-
proQve aucune résistance de la p^rt dç Teau , e^ pépie
temps qu'elle pouvait offrir la longueur la plu^ conyeiiabli^
pour Texercice de cette fonction. Or pe savant moyen 6\:\\
NOUS NE connaissons QUE P^ll SON EMÎ*Lqi CHEZ CES ANjljI^UX ,
r{IoQime n*a inême jaipais mi en [aire qsage daq^ jes n)éç^-
niqpe^^ de son invention , vu dull n*a point ^ sa dispqsitipp ,
comme rËfre-Su()réme , les puissances éj^men^ires q/ij
agissent dans cet adpiral)le prganispiie du corps des Pqj§7
sons ; organisée cjui {l'^st pepeijdânt pu fppd que cç q^'p^
retrouve ^illeup dans d'auti;es poi)di|ions, çt , paijr ^'autres
usages, chez tous les aniinaux vertébrés*^ les organe^ n'étant
partout que sjmp|emeD| modifiés pour )es amener, dans
chaque type, à la plus sublime harmonie^avec les fonctions
auxquelles ils doivent servir : et cela entre autres chqz les
Poissons, pour rexlrémité du corps , qui de même que tous
LES AUTRES ORGANES SE TROUVE DANS LES RAPPORTS LES PLUS
RIGOUREUSEMENT CALCULÉS POUR LA VIE ENTIEREMENT AQUA-
TIQUE DE CES ANI!\(AUX.
En effet, si prenant un Mapamifère pour poipt de dépaçt,
on voulait le transformer par ]^ p^i^s^Q QP W ^^jfPcp' '^ p!l'$
compléten^eni aquatiqifq, et en p)êqie ternp^ P.^rfait nageur,
on arriverait forcément, en dernier résultat, a en t^i\v\
sous tous les rqipports, qn Poisson tel mi(^ nous les connais-
-i08 TuiOLOGIB DE LA NATURE.
sons : en admettant toutefois que le modèle en fût connu,
car THomme , malgré sa sagacité , ne saurait probablement
jamais imaginer les savantes conditions organiques révélées
dans la composition du corps de ces animaux; au premier
aperçu si simples dans leur forme , et en apparence si peu
favorisés pour leurs facultés.
J*ai dit, en parlant des Mammifères, que le Créateur,
tout en conservant le type général de cette classe, ayant
voulu en faire des animaux essentiellement aquatiques , et
exclusivement nageurs , était arrivé à former la famille des
Cétacés souffleurs , comprenant les Dauphins et les £a-
leines , auxquels il a déjà donné la forme générale des Pois-
sons ordinaires, et de là le même mode de natation. Mais
par cela même que ces animaux durent conserver les carac-
tères principaux des Mammifères, ils durent, comme ceux-
ci , respirer Tair ; d*où il devint impossible qu'ils pussent
vivre longtemps au fond des eaux. Quoique ces mêmes Cé-
tacés nageassent k Tinstar des Poissons au moyen des batte-
ments alternatifs de leur queue, celle-ci aussi dut conserver,
dans le principe, la composition de celle des autres Mammi-
fères , ce qui n'admet point l'introduction subite dans l'or-
ganisme d'une foule d'objets favorables à la natation, ni
même des modifications assez grandes dans les organes,
pour les amener de suite à la condition la plus convenable
pour fonctionner Ifi mieux possible dans la nage. Or, l'étude
de 1 Anatomie comparative , montre au contraire que toutes
ces formes , ces nouveaux organes , et ces nombreuses modi-
fications , nécessaires à cette nouvelle grande condition dans
laquelle les Poissons sont placés , ont déjà été prévues de
loin dans le grand plan que Dieu a suivi dans la création des
Êtres vivants, pour amener l'organisme de ces animaux au
type le plus parfait des Vertébrés les plus essentiellement
aquatiques , en leur donnant tout ce qui peut contribuer ï
satisfaire aux exigences de cette nouvelle condition.
Ici , comme ailleurs , je ne puis entrer dans aucun détail
CHAPITRE III. 409
sur la composition de la tête de ces animaux ; les grands
changements que cette partie du corps éprouve pour arriver
successivement aux diverses formes caractéristiques de
chaque classe d'animaux , étant plutôt dûs k la grande loi
générale de gradation qu'elle suit, qu'aux fonctions que
chaque partie doit individuellement remplir. Il me serait du
reste impossible d'en indiquer les causes déterminantes,
qui resteront peut-être à jamais inappréciables pour les
hommes ; quoique ces causes doivent nécessairement exister,
tout aussi bien que celles dont nous connaissons les raisons
d'existence.
N'ayant au reste à considérer ici l'organisme des Poissons
que sous le seul rapport de la puissance locomotrice, je
ferai remarquer de nouveau que le corps (PI. II , /îg. 3) ne
devant présenter aucune saillie qui puisse offrir quelque
résistance à l'eau, le tronc devait, de même que chez les
Cétacés, n'avoir pas plus de diamètre que la partie posté-
rieure de la tête (a A) à laquelle il fait suite , sans rétrécisse-
ment au cou : condition déjà obtenue , chez ces derniers ,
en réduisant les sept vertèbres du cou en simples lamelles
fort minces , toutes soudées ensemble ; de manière que pour
la longueur, le cou n'existe pas en apparence; et le tronc
fait immédiatement suite k la tête.
Le Créateur allant plus loin chez les Poissons , a en con-
séquence de ce principe , entièrement supprimé cette région
du corps , ainsi que cela a déjà lieu dans les Serpents.
Ce qu'on nomme k tort la région thoracique (bijc) des
Poissons est réellement l'abdominale , pourvue de nombreu-
ses fausses côtes (q) ou costines ; vu que l'analogue de celle qui
chez les Mammifères renferme le Cœur et les Poumons, et
constitue le vrai thorax , n'est plus qu'une toute petite cavité
placée en arrière sous la tête, et ne contient que le cœur et ses
accessoires ; les poumons ayant disparu par la dégradation
qu'ils ont suivie jusque-lk , pour être remplacés dans leur
fonction par les Branchies, dont il sera parlé plus tard.
4i0 THÉOLOGIE UE LA NATURE.
Ce long abdomen , garni dans toute son étendue de très-
longues cosdnes (9), absolument cofnme celui des Ser-
pents , a reçu toutefois cette disposition par un viplif fort
différent. Chez ces derniers anifqaqx , c'est ppur que ces
appendices des vertèbres puissent servir de leviers dans le
rampeynent en remplaçant les membres dan^ leur fonction ;
chez les Poissons, aq contraire. c*est, d*une part, pour
soutenir les parois abdpminales , afin de leur peripettre de
résister H '^ pression sqqvent fort cqnsidérable que Teaii
exerce sur elles, Iprsqu^ ces ani|;p^t^x descendept k de
grandes profondeurs; et de Tautre, pour servir (}ç points
d>ttacheaux muscle^j latér^u^ du corps, qui doiyept faire
les plus énergique^ effqr^g d^ns I4 qage, ep [prenant |a cbaine
depuis la tète jq^qu'k rextré|[^j(é (le la queqe : efforts qqi , a
chaque contraction, prqduir^ient la compression yioleqte des
viscères, si les parois fje |*^(|pQ)eq prêtaient pa^ soqleniies
ainsi par les nombreux ^fps Qsseu^ que formant les côtes.
Par cpla ipéme qqe }a n^tge s'exécute principalement p^r
les battements de la queqe (ijclmnoj),el que 1^ membres,
et surtQpt les pqstépeurs, i^nt été cpnsidprablem^nt ré4^i^
daps leur volume , le Bassin, qui a suivi la n^éme ^égradd-
tiqn, se trouve réduit a un sifppje rudiipent, formé 4^
quelques os suspendus simplenient çb^9 l)eaucoup d*e$pèces
d^ns )es chairs de la p^rtjc iDfjra-ppstérjeure (\e Tabdoufien,
et mcn^e transporté en ^yant sotis la p^r^ip antéd^qrç du
tronc dans d'autres (5), fort éjoigpps de la colonne yer(é*
brale, sur laquelle il n'a p|ps aucune ipf]p^ifc^; d'ojj ré-
sulte que la région lombaire ou abdqminale de la colqnne
vertébrale est immé^^^^^i^^l suivie de celle de la queue :
absolument pomme chez l^s C^tac|;s et les Serpents.
Les appendices costaux (q)dçiU région abdopiinale (/I9.
C, d, d) , n'ayant plus squs I4 queue (fig. 3, f ) po^r fonction
de soutenir les parois d'une cayité; ipai^ bien çncpre celle €|p
servir de points d*attache aux muscles latéraux, qui dqive^l
agir ^vec énergie daqs 1^ nagj^ , se rapprQchen[ gr^^H^H^'
CHAPITRE 111. 41 1
ment daqs chaque paire, ^é^k vers la partie postérieure de
Tabdon^en, en rétrécis^ap^ ain$i de plpsen plus la cavité;
et fini sent par se rencqntrer et se souder suivant leur lon-
gueur, dans toutes les vertèbres caudales; de manière à for-
mer a la ligne médiane de la quei^e , unç série de longs stylets
impairs ou Apophyses upsildides {fig. D, E, /), tout a fait sem-
blables aux apophyses épineuses (/îy. C, D, E,6). Ces prolon-
gements osseux, qui jmjtent par leur disposition les Apo-
physes acanthoides , çp dififèreat en ce que celles ci , partout
où elles existent, ne sont jamais percées d*avant en arrjère
à leur b^se par pne ouverture ; tandjs que )es apophyses qp-
siloïdes des pqissons et autres anioiauic ip sont toujours, ei|
iqénageant un canal dans lequel pas^e )*2frtère caudalp, pro-
longement de Taorfe : canaj qui constitue le dernier reste de
la cavité abdoniinale.
En dessus , toutes les vertèbre^ P|rodui§ent des Apaphjfses
épineuses {fig, ^ , i») beaucoup plus jongifes que dans au-
cup autre animal yerlébrp ; toujours dans Lp même put pp
SERVIR d'attaché AUX MUSCLER LATJÊRAUX DU CORPS ; agClitÇ
actifs de la nage; apophyses qui yon^ pn crqissant, depuis la
tête jusque vers le milieu de la région abdominale, d^oii
leur lopgueur diminue de nopvjsau jusque yerç |a fin de la
queue , partout à peq près dans |es mêipe^ proportions qqe
les côtes et les apophyse^ upsiloïdes qui )eur sor|^ opposés.
Les mouvements verticaux des parlies du tronc dés Pois-
sons, n'étant d'aucune utilité pour la nage, tf:s apophyses
ÉPINEUSES DES VERTÈBRES PURENT , SUIVANT LE BESOIN , ÊTRE
PORTÉES , GOMME ELLES Ï.E SONT EN EFFET , À LA PLUS GRANDE
longueur; tandis que les flexiops latérales du porp^ devant
être libres et plus ou moins étenc||ies , les apophyses trans-
verses ne purent avoir que fort peu de longueur^ mais \l y
A ÉTÉ SUPPLÉÉ d'une MANIÈRE ADMIRABLE PAR DES PROLON-
CEMENTS FIBREUX QUI n'OFFRENT PAS LE MÊME INCONVÉNIENT
DE GÊNER LES MOUVEMENTS; prolongements dont je ferai con-
naître la disposition en parlant des muscles.
412 THEOLOGIE DE LA NATURE.
Les vertèbres devant jouir de la plus parfaite mobilité les
unes à l'égard des autres, pour faciliter le plus possible les
inflexions latérales du corps , la conformation de ces os ,
TOUTE SIMPLE QU*ELLE EST, NOUS OFFRE TOUTEFOIS, DAJTS
CETTE VUE , ENCORE UN DES PLUS REMARQUABLES EXEMPLES
DE L* APPLICATION DE LA CONNAISSANCE LA PLUS TRANSCEN-
DANTE DE LA PHYSIQUE , POUR ARRIVER D'UNB PART À CETTE
COMPLÈTE MOBILITÉ, ET DE l' AUTRE À NE RIEN PERDRE DE
LA FORCE MUSCULAIRE QUE LE POISSON EMPLOIE DANS LA
NAGE.
J'ai fait remarquer en parlant du mécanisme de Tépine
du dos des Mammifères, que les corps des vertèbres s'arti-
culaient entre eux par des bases à peu près planes; en s*u-
nissant au moyen d'un anneau de fibres ligamenteuses déjà
fort ingénieusement disposées par couches, et entourant une
cavité remplie d'une substance visqueuse élastique dont la
densité diminue de la circonférence au centre , où elle finit
par avoir la consistance du blanc d'œuf. On retrouve égale-
ment cette même substance entre les corps des vertèbres des
Poissons; mais dans des conditions d'un perfectionnement
beaucoup plus grand ; disposition que tout le monde connaît,
sans que jamais personne, pas même aucun Anatomiste com-
parateur n'ait eu l'idée de se demander pourquoi cela était
ainsi , quoique cet arrangement existe sans aucune excep-
tion , non-seulement chez tous les Poissons , mais déjk dans
les Reptiles urodèles approchant cette dernière classe d'a-
nimaux.
De même que chez les Mammifères, les vertèbres des
Poissons s'avoisinent par des bases {fig. C. D.E. a) coupées
perpendiculairement k leur axe. Mais au lieu de former des
surfaces planes ayant tout au plus une légère dépression an
centre, ces bases sont au contraire creusées de part et
d'autre d'une cavité conique d'ordinaire ronde , de manière
que les deux sommets se rencontrent presque dans chacun
de ces os.
CHAPITRE III. 413
Cette cavité ainsi doublement conique entre les deux
vertèbres est également remplie d'une synovie fort élastique,
mais plus liquide que celle des autres animaux ; et les deux
vertèbres sont de même unies dans toute leur circonférence
au moyen d'un anneau ligamenteux semblable k celui des
Mammifères, mais moins épais, et à fibres plus longues; de
manière que les deux os sont plus écartés , pour jouir d'une
plus grande étendue de flexion l'un sur l'autre.
On conçoit , d'après cette disposition , que si le Poisson
contracte les muscles d'un des côtés du corps , la majeure
partie de la force quils produisent faisant fléchir la colonne
vertébrale vers ce côté, cette force fait seule équilibre à la ré-
sistance que l'eau oppose à la face latérale de la partie du corps
qui se meut, tandis qu'une autre partie de la puissance mus-
culaire sert simplement à comprimer la moitié du même côté
de l'anneau fibreux entourant la base des vertèbres, et que
cette partie de la force serait complètement perdue pour le
mouvement progressif si l'on n'avait point paré à cet incon-
vénient; perte d'autant plus considérable que la plus grande
partie de ces muscles , s'insérant directement ou indirecte-
ment aux vertèbres fort près de ces anneaux, n'agissent sur
ces derniers que par des bras de leviers fort courts. Mais la
Sagesse divine a remédié admirablement à ce désavantage ,
PAR l'emploi de la SYNOVIE ÉLASTIQLE REMPLISSANT LES CAVI-
TÉS DOUBLEMENT CONIQUES DONT JE VIENS DE PARLER. Eu cflct,
si , ainsi que cela est à peu près certain , la force d'élasticité
de la synovie comprimée d'un côté se réfléchit sur les parois
de la cavité qui la contient, d'après la même loi générale qui
régit tous les corps en mouvement, ainsi que la lumière;
Télasticilé de celte synovie, comprimée d'un côté, doit se
réfléchir sur les parois voisines obliques des deux cônes
opposés, et se porter sur les parois opposées du même cône
sous des angles de réflexion égaux aux angles d'incidence ;
et se réfléchissant une seconde fois vis-à-vis, les deux forces
iï'ont îk la rencontre Tune de l'autre , et produiront Técarle-
414 THlioLOGIE DE LA NATURE.
ment îles deux vertèbres au côté opposé a celui où le
ligament a été comprima; et cela avec une force par consé-
quent égale k celte compression ; de manière que ce que la
puissance musculaire perd d*un côté, en comprimant le liga-
ment , se retrouve au côté opposé par l^effet de Télasticité de
la synovie ; aus^i la colonne vertébrale de ces animaux est-
elle d'une remarquable flexibilité.
Cet effet mécanique une fois reconnu , il s'agissait de
savoir quelle est la condition la plus favorable. Or cela était
facile; un léger examen suffît pour faire voir que c'est le cas
où Tangle de la section du cône par son axe est droit; alors
la synovie comprimée , agissant sur les parois du cône sous
un angle de 30°, s*y réfléchit sous un angle égal , rencontre
plus loin les parois opposées encore sous un angle de même
ouverture, et s'y réfléchissant de nouveau sous un angle de
SO*, elle se trouve directement opposée à la force d'élasti-
cité aussi réfléchie dans le cône de l'autre vertèbre; de
manière qu'il n'y a rien de perdu. Si , au contraire, l'angle
des cônes est plus grand ou plus petit qu'un droit, les
élasticités réfléchies des deux côtés se rencontrent dans des
directions obliques , d'où résulte une perte plus ou moins
grande. Or l'observation montre que ce sont en effet, toutes
choses étant d'ailleurs égales, les Poissons, tels que le Thon,
dont Tangie de la cavité des vertèbres est droit, qui nagent
avec le plus de rapidité.
J'ai dit plus haut que les Poissons nageaient au moyen
des battements latéraux de leur queue. Voici comment :
L'animal ayant tout son corps étendu en ligne droite ,
commence par le fléchir vers Tun des côtés ^ dans Tune
des vertèbres du tronc, où le mouvement est même en-
core fort peu étendu ; mais suffisant pour produire un dé-
placement latéral assez sensible du bout de la queue, qui,
par l'effet de la résistance de l'eau , s'arque en formant une
convexité du côté de cette même résistance; et dont la
courbure, quoique fort peu sensible, commence déjk à la
CHAPITRE III.
itr>
preniière vertèbre qui suit celle qui a été iléehie. Immédia-
lerrient après, le Poisson fléchit cette même seconde vertèbre
dans le même sens que la première , et comme elle est déjà
UQ peu inclinée, la partie de la surface latérale du corps qui
lui ôorfespond , et a pris la même direction , frappe aussi
Teaa par un plan un peu plus oblique \ de manière que la
direction de la résistance du liquide s y décompose d'après
le parallélogramme des forces (i) en deux forces, dont
Tuné , parallèle k la surface du corps , glisse sur elle et se
perd , et doùt Tautre, qui lui est perpendiculaire, la pousse
obliquement vers le côté opposé et un peu en avant. Cette
dernière partie de la force de résistance de Teaù se combi-
nant ensuite avec celle qui lui correspond lors de la flexion
do Corps en sens contraire, elles produisent ensemble défi-
nitivement une impulsion en avant, absolument comme
cela a lieu pour la résistance de lair sur les ailes dans le
vol.
P^t Vefiet de la flexion de la seconde vertèbre , déjk uU
peu plus forte que celle de la première, la résistance de Teau
force les suivantes k s'incliner aussi plus fortement vers le
côté opposé; en entraînant également touie la partie posté-
rieure du corps, dont Tobliquité devient pai* Ik plus grande
relativement k la résistance de Teau; d'où résulte tine
nouvelle imputsioti du corps obliquement en avant vers le
(îAté opposé, et ainsi successivement poiir toutes les autres
vertèbres jusqu'au bout de la queue, dont l'obliquité, a
regard de la direction primitive du corps, devient de plus
en plus grande, et k la fin même entièrement perpendicu-
laire; et la résistance de l'eau, d'abord perpendiculaire k
^êlte direction primitive, finit, en variant d'une vertèbre k
Tàutre, par lui être parallèle , et k pousser en plein le corps
en avant. Je dois même faire remarquer que la moitié
postérieure du corps allant toujours en s'altéfiuant vers
(1) Voyex la noie n** 27.
■i46 TfliOLOGIS DB LA RATCM.
rextrémité , sa surface latérale a*est point parallèle k Taxe
de la colonne vertébrale, et qae, par conséquent, Aéjk dès le
principe , elle est oblique à la direction primitive du corps ;
d*où résulte que, lors de l'inflexion de la première vertèbre ,
Feau agit déjà sur un plan incliné que lui présente toute la
surface latérale de la partie postérieure du corps.
Par reflet de cette première impulsion que Teau imprime
ainsi obliquement au corps sur sa partie postérieure , celui-
ci tourne sur lui-même en prenant, dans sa partie anté-
rieure, une direction oblique en même sens, et ainsi ï
chaque battement subséquent de la queue; d*où résulte que
l'axe du corps , en suivant ces mouvements , prend toujours
k peu près celle de la ligne droite , d'arquée qu'elle était. Or
dans cette position oblique à la direction primitive, le
Poisson fléchit de la même manière la partie postérieure de
son corps vers le côté opposé pour produire un effet sem-
blable, mais contraire, dont les impulsions successives que
produisent les flexions des vertèbres de la tête vers la queue
se combinent de même pour produire une impulsion
moyenne commune, qui, combinée à son tour avec l'impul-
sion précédente, donne une impulsion résultante définitive,
dirigée d'arrière en avant dans la direction primitive do
corps.
On peut se faire une idée assez exacte de ces effets , en
appuyant, par un mouvement latéral de la main, une gaule
ou une cravache contre un rideau.
En l'appuyant d'abord par le gros bout, le rideau cède,
mais réagit sur l'extrémité de la gaule en repoussant la main
vers le côté opposé ; et cela d'autaut plus fortement, qu'on
appuie successivement par une partie plus avancée de la
gaule, dont la diminution graduelle de la grosseur imite
assez bien celle de la queue du poisson.
En comparant ce moyen de propulsion des Poissons à celui
des Oiseaux dans le vol , on verra facilement qu'il est en prin-
cipe absolument le même. C'est-à-dire qu'en thèse générale,
• CHAPITRE 111. 417
la nage du Poisson est un vol dans Veau au moym d'une
seule aile mitoyenne impaire^ au lien de deux latérales : aile
ou rame , qui au lieu de se mouvoir de haut en bas se meut
vers les côtés.
Tels sont au fond le mécanisme et les mouvements au
moyen desquels les Poissons nagent, et qui suffisent rigou-
reusement pour les faire avancer ; et c*est en effet k quoi
sont réduites les espèces les moins bien partagées , telles
que les Lamproies^ les Murènes ^ etc., absolument dépour-
vues de membres ; mais , dans la plupart des autres espèces ,
Fappareil essentiel de natation dont je viens de parler, est
accompagné de plusieurs organes supplémentaires ou de
perfectionnement, contribuant plus ou moins k la facilité de
la nage.
On conçoit que si la hauteur verticale du corps est sim-
plement réduite au diamètre de ce dernier, elle peut ne pas
être toujours suffisante pour que celui-ci , en se fléchissant
de côté, reçoive de la part de Teau qu'il choque une impul-
sion qui ne soit pas assez forte pour imprimer au poisson un
mouvement rapide d'arrière en avant ; et qu'en augmentant
plus ou moins celte hauteur, sans augmenter sensiblement
le poids du corps, l'action de l'eau doit être plus grande.
Or, c'est en effet là ce que la sagesse divine a fait en
GARNISSANT LE DOS ET LE DESSOUS DE LA QUEUE d'uN SIMPLE
VOILE MEMBRANEUX VERTICAL , SOUTENU PAR DES RATONS
OSSEUX PLUS OU MOINS RIGIDES, formant ce qu'on nomme
les Nageoires dorsale et anale (bik et oj) , mais qui varient
considérablement, tant pour leur existence et pour leur
étendue , sur telle ou telle partie du corps , que pour leur
hauteur, et enfin la rigidité des rayons qui les maintiennent.
Ces deux nageoires se continuent souvent l'une par l'autre
au bout de la queue, où elles prennent, dans la plupart des
espèces, une très-grande largeur (Imn), qui parles mou-
vements qne cette partie exécute , contribue assez puissam-
ment k l'impulsion en avant, et surtout k adoucir les sac-
I. Î7
418 TlrfOLOG|p DV \J^ {lATURX.
cades alterf^atives que les battements de (^ q\(pue ipprim^pt
au cprp» ÇRlier.
Dans le plus f;rand nombre de^ espèces , c^t^ç ^ffflW^^
caudale est entièrement séparée par un in|cfv^lU dp I9
jlprçjile ç\ de l'an^jp, dp^f plie n>sï rj^pH^mônJ «ne l'ana-
Ipgue.
Quaqt ^ la fonction de la dorsale et de Taq^)^ , ^utre edte
^e donper plus de ]^rgeur ^ ^ qu^ue> ^Deç ^efvent enw4
à fjQ^iuteqir fpipuK Téquilibre ^ans Teau; fqnçUau qo^
retqplissent surtopt les parties aiptérjeHreç 4^ 1^ preipièrp,
placées ^ur la région ipoypnnp e| (aême ^nt^rjeqre di) cprpç,
pii Ips iqflp^ions d^ la (lernière Sop| ^ p^H pr^ nuU^-
Pour donner à cps tfojs espèces (}p (i^geoif p$ imp^W I4
consistance dont elles ont besoin pour remplir leursi Cw^
tjnps, i) ^ ét(i placé, aiusj q\i\\ vjep^ d'ptrf^ dit, pi^s |.9tR
EPAISSEUR , PLUS pu )|OIN^ P£^PÇl^DICyL^pifl$I|T J^q )>Q« SS
l'animal, une SyiT^ p^ PÇTIT^S T^GSS O^^SU^I^S;, TAKTâT n
FORMf: p*^piN|;s , ^T T49T^i: en f o^is pE pe:^ )f 9» ^R^^ W
fiRAINS.
Cp$ tiges mol)iles à leur base aq gfé de l'^iffia) » gui peil
|es f pdres^er ou )es coucher, ppuf y^^^J ^^^ \^ )>6wl^ l|
hauteur d^ )a p^gepipe, sont ellps-mérnes ^tipnléw k ^
effet sur d'autres pièces ossei|se$ , surmontant les %iD)n<^
des apophyses épineuses et i)p$ilo)4ieqqes avec lesquelles
ces osselets s*eiUfe-c]rois^n| daps je |i)êm^ plap. Ces o^^i^r''
épir^eux ft\ ^pus^psiloidiçus , ppljèrfui^ent proprp^ ^jf^ {^t
9pn§ j n'eîi§|en^ aillpurs que ppuf le§ prpïPÎW ^ 1«
Cbélonjens dap^ les plaques qédiane§ 0e 1^ Carapaçâ. Cb9^
les Poissons , ils soq| fi^és dans les m\iscles du dos f^^ ^^
ventre eq s*articulant eqtre eux , daps la vpÀm% ^r|e, ^ vh
veau flps sommets 4^s ^pppby^ei^ épiiiepsea et upsiloi-
dienpes , où ils s'ar^jpuleql égalemept avec les basf^ (ifH
rayons des n^gpoires-^ges, saf)^ exception , pfopres sfi»-
lement aux Poissoni;.
Pans quelques espèces de Poissons, tel(es que les Sthtf^
^^r^BB m. 4i9
el las Éifiw>^$ . te j^f^mi^r pjyo« f^smi 4e l«i ^ag^Qir^ 4 Vr
sale présente une articulation des plus remarqiiffJbH^ fxiv h'^w-
«tmHUX «QYFH QU-1$|4|4K A¥«B9 » «ONIUaiT j^ Ç^S PpISSQH^ LA
FACULTE m n%S I|(S^¥T« éPlI^P ^ VftLQSITÉ DAI)& SQ]) ÉT^T
^'exteksioii pour b'w sEfUffu Pomp ^'rap. ^^¥^1 BT H
iiBiiA€9Ba Écij'BifisNï k YPl'Qiff É ; 66 |iiê(qe fiffet a lieq poqr
le premier rayon d^ U peetQfal^ fi<Wf il fi^i*^ Ptl^é p.lqs bas.
Un autre perf^tioQBemeot dfàns |a fqnc^joQ c|^ Iq Q^e
consiste k SYCiir qoBsep^ el^e? Ifi presqqe totalité 0es
Fais$ffl9 }fs quatre memlurff^ qr^ina^res ^es Ye^tébués,
mais toutefois eqqsi^^Sibleinent mpclifiés; §t c^s^ au point
4^ leur M^tlagje pe peut être dif-ept^in^ut prQnvée p^r Icuf
fornie et leur oompcisiUa^^, ^ mo^ns de suivre soigqeusement
la série des nombreuse^ codification^ que ces parti^si ont
subies dans tout reptibr$iupbeiueut des ^itimaux vertébrés.
Ces membres, qui servent toutefqiçi f^pçore k Is^ locomotion »
mais comme simples ^oqe^ioii'^ , ont po^seryé de 1^ le uoiq
de Nageoires paires ; les aptérieures (Pl. H, fig. 3, /*), le
nom spécial de NçigfQiir4s PectQfàiei ^ ^^ 1^4 |K)stérieures (m)^
celui de JSageoifes Yenif4lfSi.
Ces deui pair^ de membres, t^^H^s^^s^^ qpt même
beaucoup changé de situt^tiqn \ l^i première é^^ut articulé^
Bur la partie postérieure de la tête; et la seconde « est tantôt
placée fortement en arrière, près de V9J%m» Uuidis que d^ns
d'antres espèces elle est au coutr^ire portée 4n devant de^
pectorales.
Bans tout VOaniuftdei A»€a«s, cette derni^e p$^e ms^oqve
Mttplétement» et même toutes le9 deu4» 4»9« le geure
Murène^ etc., ainsi que dans tout TQi^PliB des QaI'Bxiens
(UHfnpwoieê) , animaui où le squelette réduit par Veffet de
la dégradation qu'il a graduellement subie, n'est plus re-
présenté que par la coloune ifertébra|e , elle-même réduite
k un simple ooidon eartili^i^eui^. t|^-mou, sans distiuetion
des vertèbres, ainsi qu^ quelques autres cartilages soute-
nant les parties de la tête; Ordre formant 1^ transition k
490 TSiOLOGlB DB LA RATOBB.
rEMBlUNCHEMElfT DES ANIMAUX ARTICULÉS, le SeCOOd du
RÈGHB AlfDlAL.
Les nageoires paires sont encore soutenues k leur origine
par plusieurs os qu'on peut, quoique fort difficilement,
ramener à leurs analogues dans Y Épaule, le £a«sîti,etle8
membres des Mammifères , mais seulement sous le rapport
de leur situation ; car, iH>ur le nombre et la forme , il n'y a
plus absolument aucune ressemblance. C'est ainsi qoe II
partie entièrement libre de ces nageoires, qu'on peut com-
parer chez les Cétacés , les Ichlhiosaurus et les Batracibhs
Urodèles inférieurs , k ce qui représente la Main et le Pied,
ne se compose plus de cinq doigts ou orteils, formés de trois
k cinq phalanges , mais d'un nombre considérable de petites
tiges osseuses mobiles, placées sur un ou deui rangs, et
réunies par une expansion dermoîque, comme le sont les
orteils dans les pattes palmées; tiges ayant du reste la même
forme que celles soutenant les nageoires impaires.
Ces nageoires paires, généralement tr^faibles, ainsi
que je l'ai déjk dit , n'agissent plus comme organes de loco-
motion que dans les changements de direction , surtout de
bas en haut, et pour maintenir activement l'équilibre; les
nageoires verticales ou impaires la maintenant d'une ma-
nière passive.
Quant k la disposition et k la force des muscles chez les
Poissons ordinaires , tout en restant au fond dans les condi-
tions principales que ces organes affectent dans tout YEm-
branchement des Animaux vertébrés , ils prennent toutefois
un caractère tout particulier comme conséquence de la formk
DU squelette et de la fonction qu'ils ont à remplir.
Les Poissons devant produire une force considérable dans
la nage par des battements latéraux de leur queue, on
conçoit que ce sont essentiellement les muscles latéraux
DU TRONC QUI ONT DÛ RECEVOIR UN TRÈS-GRAND DÉVELOPPB'
MENT ; TANDIS QUE LES MOTEURS DES MEMBRES ONT DÛ ÉTRK
CONSIDÉRABLEMENT RÉDUITS, POUR CÉDER LEUR PUCK À
CHAPITRB m. 42i
CEUX-LÀ. Or, comme l'effet final de tous les muscles latéraux
du tronc est la flexion de ce dernier vers les côtés, il était
inutile que chacun de ces muscles eût une action spéciale,
limitée au mouvement d'un seul ,os ; aussi tous sont-ils
confondus en quelque sorte en une seule série , depuis la
tête jusqu'à Textrémité de la queue ; et Ton ne trouve
chez ces animaux de muscles spéciaux isolés, semblables à
ceux des vertébrés supérieurs qu'à la tète , et le long des
apophyses épineuses et upsiloides des vertèbres, où ils
servent à mettre directement ou indirectement les rayons
des nageoires impaires en mouvement; ou bien encore aux
environs des quatre nageoires paires , qu'ils meuvent. Mais
tous les muscles ordinaires de la gouttière vertébrale, tels que
les intercostaux, les surcostaux , les épicostaux, etc., etc.,
ne forment, ainsi que je viens de le dire, qu'une seule
très-large série commune , occupant tout le côté du corps
des poissons.
Cette grande série se compose d'autant de muscles spé-
ciaux qu'il y a de vertèbres se faisant suite l'un à l'autre ,
pour se sei*vir successivement de points d'attache. Voici
comment cette succession a lieu, pour que ces muscles
puissent exercer le plus de force possible dans la nage. Le
Squelette bes Poissons devant être formé dans le torse
d'os TRÈS-GRÉLES , AFIN QU'lLS PUISSENT JOUIR DE LA PLUS
GRANDE ÉTENDUE DE MOUVEMENT, LES CORPS DES VERTÈRRBS
ONT DU ÊTRE PETITS, ET LEURS APOPHYSES, AINSI QUE LES
gAtES , QUOIQUE FORT LONGUES , ONT DU ÊTRE , COMME ELLES
LE SONT EN EFFET , FORT GRÊLES , AFIN DE NE PAS SE GÊNER
DANS LEURS DÉPLACEMENTS. Or il fallait Cependant que ces
os pussent donner attache à des muscles infiniment plus
volumineux que leurs correspondants chez les Mammi-
fères, etc. ; AUSSI le Créateur a-t-il employé ici le même
MOYEN mis en USAGE PARTOUT OÙ CETTE DIFFICULTÉ SE PRÉ-
SENTE , CELUI DE TERMINER LES MUSCLES PAR DES TENDONS
▲U MOYEN DESQUELS CES ORGANES TRANSMETTENT LEUR ACTION
422 THÉOLOCii I)Ë LA iiATURB.
AU LOm, EN Li fcÔî^ciEN+RÀNT feufe bk iSËUL POINT d'uS ÔS.
CdùiDile ici tobâ Iles inûsclcs â|^sâêiit ddtt^ le lilêmë sens, tï
que LÉtfts TÈNbbNS DÔlVfcNi' , Éi^ cô^èÉQbkicfc , prendre Li
AËME l)lftECtlO!ir , fcES TE^bÔNé OftT ÉtÉ, bANS TÔUÈ LE$
ÉUSCLES ÂPPihTE^ANt Àb MËltÉ RANG , CONFONDUS E!( OT
skcL ËLAkbi ÉiA LÀHE , d'où bsi résUltëë une disposition toute
paHicnlière projpt^ & des àntkiiabt ; mais dodt le^ Gretiouilles
îious ont déjà bfiéri ud (as iseidblàbtë.
Cette lafaie iendinéusé nâit tbUt le Ibbg dé chaque apo-
pbyse épineUse des VeKèbr^ , bn pëb plus bas , stir lès
apôpbyses obliquer, et le Ibbg de^ irabâvëHses; et pluâbas
encore, sur tbute là lohgufeur deS bôtës él dé leurs at)p6n-
dices ; et sons là Iqjbeué , le Ibng de^ apopHysës upsildldes.
De cette Vaste attache \ céltfe tollë tebdibeufee sfe porte oblique-
ment en arHêre et en dehors , tïanchit plbsieurs lobgueurs
de vertèbres , faiênlé plus de six où sept , et va s'ibsérer âui
téguments du corps , dans toute la hauteur de ce dernier,
le Ibng d*bb)e ligne transversale, sinueuse, S peu près pa-
rallèle il ^a ligne d'oKginë. Ces lames se sdccédabt éinsi
parallèlement les btiës aux àutréé, de Vertèbi-ës à Vfe^-
lè!)res, forment, comme ob peut Tâcilémént lé voir, dés
espèces de tîotbets très-'évisés, Js'eWboltarit à |)ëtîté dfelâhcê
les uns des autres, fet dorit les iblérvâlleô SOrit rfeta^lisdé
fibres iiiusculaires , TorMant tibe iseiilë faïaâsë ûiAè èhaciin.
en se réndatlt ditéctemfebt d*àvant en arrière, de l'iine de
ces doiâonS Sut* celle qbi ëùit ibimédiàtemént.
D'auti*es masses mbsculàirés [ïlâëées Isliéralemëbt âoitè
cëUes-ci Se rébdénl d'Ubé apophjrsfe tradsversfe à Tautré.
A la pattie ifarérieure du corps , àn-dëSsous db Ié boloîihe
vertébrale, tous les musclés costaux, sbu^-icëStâui et lëart
ansiloguesk la queue, formetit db même que les dorsaux
une chaîne commune; allant non-Sëulément d*an ëôlë, ou
d*ilne apophyse upsilôlde k ruhtre, mais ^'ëtëfadént ëohiiÉe
an dos, entre descloisbbs àpôbêvi'btiqbëâ se Mdàbi dé ëes
divi^rs os aux téguments.
cûhPÛKi ni. m
Mâiâ, bulFe cëâ dèiix grandes sériés de muscles con-
fohdus, il eii existé ëiicoré aë spéciaux, pliis ou fadoîns
isolés; léé tins placée Si coté et àù-dessiis dés apophyses
épiiiéiisès de la colonhe vériébralé auxquelles ils se iixbnt*
pôûi* he téiidré iaux nagédirés dorsales qu*ils ineiivent; et
d'àiilres placés S la région Yehiralé , A cote des àpopli Vsès
lijisilbîd'es qui letif âervenl clé points fixes, en servant au
lÊoUvémeiit de là nageoire ahalé.
Ën&il lés nageoires paires, les analogues des iajeinbres
déà Vertébrés stipérieiirs , sbiit mises en mouvement par
piiiMeui*s busclés biéii distincts dans léiirs différents ven-
tiréâ, et 11 en est 'de inëtne dès aivéirses parties de la tété et
de l'appareil branchial.
On conçoit, d*aj)rës la fedurté description que je vieiis de
faire âe$ lilusclés latéraux dîi tronc des Poissons , que cnaqiie
sectioh de tfabscles apiJarlèiiaht ^ là niéine véi*tèbré , fornie
diië ès{$ècé d*ànneâii oblique éiilbliràht le corps, slîisérâni
lés tiUes sûr les autres, en forinâiit de chaque côté une
cMtné dëtiûl4 là létë jusqu'au bbiit de la qùëué; et dont
rictibn, tôlil eii s*ajdulâiit daiis toiitè cette Ibngueur, se
trati^iilei cependant pliis 's{)ecialément , par chaque lâmë
tëiidiàeiise aussi , d*uhë patl , ^ la vertëbifë et iaux côtes, sur
lesquelles celte làiiie pïeiid sbn origine- et d'autre part»
aUx tëgumehts, à btie distance de six à Huit longueurs dé
vétlëbres; et, agîl par là siir l'a vërlèbrë répondant ^ ceitê
[fàrtié dU febtp'â ad Êàbyéh d'iin bras de levier égal h toute l'e-
llStisàfeilî' de cette iliéiiié région : d'oîi résulte une force cori-
sidétâblé ; et b'ëét eii contractant successivement ces vastes
àilnksiux citcliiaii'ës qiié les Poissons produisent Jës iîî-
tiëxibiis dû itbv^s au moyen desquels ils nagëîit.
J'dl i^it remarquer plus haiit que par ribtlëxibh active de
clidtjîi'é tértèbi^e, le§ siiivâiitès se flécliîssâiënt passivement
éfe éeils optJBê'é par l'effet dé la résistance que l'eau leiir
oppose; moilVëmêht d'aiitant pliis éténdii qiie là vertèbre
est plus jidàtëHéttl^è ; nt ïl fëêultê qbë l'une d'elles devient
424 rmoLOciB de la haturb.
entièrement transrersale ; et celles placées pins en arrière en-
core» prendraient cette même direction extrême, en suivant
simplement celle-ci , sans offrir quelque résistance k Tean
qui puisse faire avancer le Poisson. Or, par l'effet de celte
disposition , tout^s ces vertèbres ^ postérieures^ la première
devenue transversale , seraient inutiles et même défavora-
bles k la nage. En effet, pendant que la première vertèbre se
fléchit, la résistance de Teau s'opposant iib ce que les autres
suivent passivement le même mouvement , force celles-ci ï
se mouvoir en sens opposé ; et cela , d'une part , avec d*aa-
tant plus de puissance que la vertèbre est plus postérieure;
vu que dans le même espace de temps la distance transver-
sale que chacune a à parcourir, augmente à mesure qu'elle
est placée plus en arrière; et que, d*autre part, la queue s'at-
ténuant vers sop extrémité, sa résistance diminue progressi-
vement. Il suit de Ik que la queue s'arque de plus en plus jas-
qu'à ce qu'elle soit transversale ; c'est-à-dire dans la direction
même dans laquelle l'eau agit sur elle. Jusque Ik , cette action
ayant toutefois lieu sur des plans obliques que forme la con*
▼exité de cet arc , elle pousse le corps du Poisson en avant , en
le faisant tourner sur lui-même , la tête vers le même côté. .
Quant anx vertèbres suivantes, elles n'auraient plus aa-
cnne impulsion k recevoir, et seraient de Ik inutiles, si la se-
conde de la l^pse, et celles qui le suivent , ne s'infléchissaient
pas successivement k leur tour comme la première , pour pro-
duire un effet semblable sur les autres. Or comme toutes ces
vertèbres sont devenues, par l'effet de la flexion active de la
première, obliques k l'axe du corps, ainsi qu'k la direction
de la résistance de l'eau , leur premier mouvement actif im-
prime au corps une impulsion obliquement en avant vers le
côté opposé; impulsion qui se succédant, de proche en
proche, d'une vertèbre k l'autre , jusqu'k la fin de la queue,
produisent entre elles une résultante commune, dirigée
comme elles toutes en avant et vers le cdté opposé.
Ck>mme cette succession dUmpulsions donnée par le mou-
CHAPITRE m. 4i5
vement latéral de chaque vertèbre , demande un certain temps
jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à Textrémité de la queue ,
et qu'elle durerait en conséquence fort longtemps chez les
Poissons \k corps long et grêle ; il en résulterait que si l'animal
devait attendre pour donner le second coup de queue en sens
opposé que Tefiet du premier fût entièrement produit, le
corps serait poussé obliquement en avant dans une direction
que le Poisson ne veut pas suivre , en même temps qu'il
tournerait sur lui-même; aussi donne-t-il ce second coup
de queue bientôt après le premier, afin que cette nouvelle
impulsion , en se combinant avec la précédente, leur résul-^
tante soit dirigée droit en avant. Or il arrive de là que l'in-
flexion que le corps exécute dans l'un des sens , par l'effet
du premier mouvement, n'est arrivé, en se propageant
d'une vertèbre k Taulre, qu'à une certaine dfAance, quand
le second produit une inflexion en sens opposé; d'où naissent
ces ondulations en sens inverses , que non-seulement les
Poissons à corps fort long tels que les Anguilles et les Lam-
proies exécutent en nageant; mais encore tous les animaux
grêles, tels que les Serpents et les Vers. Mais on conçoit
que les animaux qui font ces inflexions ondulées succes-
sives , doivent éprouver en avançant une certains résistance
de la part de l'eau sur la partie antérieure de chaque ondu-
lation , dont la surface est tournée en sens contraire ; rési*
stance qui, en détruisant une notable partie de l'impulsion
en avant, doit considérablement ralentir la vitesse de la
nage : et l'observation le prouve en effet, car tous les Pois-
sons à corps très - allongé , qui nagent ainsi, n'avancent
que fort lentement. Il résulte de là que les Poissons les plus
favorablement organisés pour la nage sont ceux dont les pro-
portions du corps sont telles que la première inflexion se
trouve à Vexlrémité de la queue , qui seule devient trans-
versale^ en un temps assez courte pour qu'elle y arrive à
l'instant^ très- rapproché^ où ranimai donne le coup de queue
en sens opposé.
418 TnfoLOoilt M iX Mtori.
Qudiqtié i'fettpMi 4ë tà guette ëbttiiiié hmë , à6U 8^ bedH-
coup plus efiibacè i}ttè iseliii des UiémbriéS dbfat kè sbrrieBl l:t
plupart des atiiibauk supérieurs ; lé CrëàtéUr h'^ a pi$ ètê
obligé ; eomiMie eoli8ét}aëtaeë deà Idi^ îtbt^iqheà i^d'il i éia-
blies pour régir l'ttUiviei^; ftUsâi iiU ^M Hombi^ dé tH)is-
sens nagetit-iU M thoyëd des ntembirés ; faiàié loutëfbii àVec
moibs dé eélélité: t>6t liitasi 4lië le PoimÀ £uh« , '^iii ,
ifaaigré qu'il Mit éotiforitië eit princiiik stit té tbodèle àe$
Poissons ordinaires; û tbdtefoii là quétiè tëlieidëill cdttrtë,
qdbiqne fort largb tdriibaléihëbt ; qbe râbini&l but èUttëf ne
përall étrb , k là prëttai^l-é vile , ^u'titlë iibinéhâë t&ïè kM^
carrérttiettti k (teto de diktâhbe dérrièt-ë tëS Oiitëâ; de èbbte ique
lès mbattimëttts de ht l]bëitë iib jjétiVëbt giiërë sëttit S lii
nage ; ëtcoitaitie il manque en iBébe tébp$ de Bkgëbifëà Ved-
thles» ce b'ést^ta'HUiiidifen de& pëctBrkIés (ju'tl jlëdt hagëK
Dans d'âûtrëâ gëbi^s ; tifcB ^hé H ^rip de t^er, ii^T^ttb-
nabt H rOADRE des Si^utitliif^ ; dbbi le cbi-))^ , quoiqiié
allongé ; fedhitbe dM» le» Pbi^sèbs briJibàiréè , ût tbutelbis
déprimé i ab lieb d'ittré ëbthpi^më (îdi^ les côiës, ëi iloHt là
quetté déjï plbè ^rélë de ^vi pm iigtf àvëë H ifaébië effiâ-
cité dabs la bdgë. Lëtti^ ^ëbtrâlifs. de pnâëbf tâëdloërë,
ne èbntribdëbt ; ëti ëenké(]deh'cë ; ë^âleHlent iitib hii-t ^ed
aufe itiottTëttlëntà progi'ësMni ëitëchté^ i)Hbcipd)ë&ëh{ aii
mb^n dëâ bëtfènlëbts de Uadt en bas Oëâ )iëctohlëà dëtë^
nuës trèft-grabd^ et fbftëbiëdt ^rbl6i|gée§ en débbrâ; h
qtii dontië H la bàjgë dé cè§ pbisâbââ bëàbboup d'àhaldglê
avec le tbl.
Dans Ifes Rdtei. dbbt J'ili déjk pérlë, bë ibbdé de bàtatioii
est enebrè plus mat'qdé bt t>IU^ ëxcitisif ; lëtti- febr[)$ três-rdf-
tement dëprimé , et lëtir qbëuë grCle bë lëu^ {iérmëit^bt pas
d'ëmptoyéi- eetté dëi-nièrb ëbibdié l^uië ; et lebrâ nagëbifël
ventrales , également fort petite» ; n'àgibàbt ^ë simpiëâëbt
comme accessoire» de» peetbl^lës-. Celle» ëi Bë^ënUès ëiëëS^
sitemenl grandes ; en fdi-mé de liifgës tHàUglés dlrigëëS ifb-
rizontalement en dehors , occupant toute |a longiiëtir dd tfdnc
jiiisqa'ii la qiiené. G*ékt avec fees nâgediireâ Ique ceA afainiaut
AétiYeht ddH» UM (ilaii Vërtiëal; bôtiliiië les Oiseâut leilrs
âilei; tjbë s*exécùlë la Uage, qui rësèeifable âih^i etiicot*e
mieux à un téritàble Vol.
UH pétféieiidHhéittetlt àiM M Mtlktion ide là ndgë, Ihkis
(}tii tt'ësiâtte que chëi ëéîtaiUës ë6pècë«; toiidUte dànè ce
(fti'on appelle Isi Vésàîi natàwin-, pôehë rëtJÀplié de gdz ; I
^H)iâ Uliitbë» , fibitUbIftd , diVi^rsëllieiit cbtiflprée , et sdtl*
veut ikiëtaiè dbbble; platée dahft lé partie afatërb-ftttpëriëUré
de là càviUî Tisbëralë , S peti de dtManbé de la tête.
telle teââie i-endatit la partie dbrdalë dii coi-pà bbaiibbUp
^Itis lëgèrb que rinrérlëdHé • le tdbt h peu pl^ès dé là tU%lhb
pé^anteiir spëciflqbë ({db Teàil ^ itiaintiërit non-sëulëUbiii le
ebtiiâ dû poi^âbh datié la m£me position relevée , mais ëb-
ebre & M liaulëUir ^ laquelle il tbul iSb tehil* : et IbrsquMI veut
dbscbUdi*e tertibalëthent ; il d'à kfil'^ bdiuptitUër Ufl peu édh
édrpâ; ël par IS là téis^ib; bU biëd Mblibl* iittb pai^tlë dtt ^at
qU'blle i^rifëtibë, àii lildyëii d*bn eàdàl bbdlfaittHiqUanl avec
la hanche ; et qUànd il tbui rehloiitélr il cëaâè la bdiiiprbs-
sibti , ou remplit le tUéiHe orgaUe de plUâ de gaz t)uè lés pa-
ii)rs db belle-ci produisent:
UU appareil d tNÉ tRfcMKbîitdsuse cdMt^odrtibH ëiidte
dans le genre Echeneis ^ poissons de forttië brdiilàire, teaià
qiii se distifaghent db tdu^ pai^ ce itiêihé appareil; qii*ils
portent sur leur télé , bt con^stànt btl Ude ^iiigtàidë de
Ibhgdèd laines cartilàj^inëiisës tranèvërsâleë , parallèles, §e
rbebiivrant d*avaAt ëii àrliKi*e . rëâdëihblant dans Tèfasëbible
•
asëëz bibd k une persiédiib , et dorlt lé bord postérieur
db chaque lamé est liitani de petits crbeHets. Éb faiâadl
mbUToir convenablement céd diverâbs làmb^-, le poisson
peut les fixéi- plus ou mdiUft fdi'tôfaibtit adx diVbrii corps
ëtHkbgers au moybn déd petit» ci*bbhëtd dbrit elles sont
pourvues, et s'en détacher à volonté. Ces poisson^, priVés
de Téssie iiatatoire , ëtànt èbligéé de fàil« des eiffiris cbhti-
uùbls pour $e mainteuii* I telle Aabtëdf- dâiis l'bàii, db bie^
i28 THfoLOGIB DB LA NATtlBB.
poar avancer dans la nage» s'accrochent ainsi, soit aox
corps fixes , lorsqu'ils veulent rester stationnaires , soit aux
navires, ou bien aux autres poissons, quand ils veulent se
transporter au loin sans se fatiguer par la nage.
Les Poissons étant conformés de façon à ne pas pouvoir se
replier sur eux-mêmes pour défendre les diverses parties de
leur corps de Taction des objets extérieurs , en même temps
que leurs membres ne sauraient y suppléer, la prévotaitcb
DIVINE A RECOUVERT TOUT LEUR CORPS D*ÉGÀILLES GAI.CA1RES,
s'iMBRIQUàNT d'avant en arrière , POUR LES GARANTIR DB
TOUTE ATTEINTE DÉSAGRÉABLE , k moius qu'elle ue soit très-
violente , sans les priver cependant d'un certain sentiment
assez délicat de l'attouchement de ces mêmes objets ; senti-
ment que ces écailles transmettent facilement aux téguments
réellement sensibles ; absolument comme les plumes et les
poils qu'on touche très-légèrement, en transmettent le
sentiment à la peau chez les Oiseaux et les Mammifères ; et
ces écailles ont en outre l'avantage d'offrir une surface très-
lisse qui n'oppose aucune résistance k l'eau.
Dans d'autres espèces , ces écailles sont remplacées , soit
par des plaques osseuses plus ou moins grandes, soit par de
nombreux petits grains saillants et une peau plus ou moins
coriace, peu sensible.
Enfin, POUR que l'eau glisse le plus facilehent d* avant
EN arrière sur le POISSON, touto la surface de son corps est
constamment enduite d'une matière très-visqueuse , sécrétée
sous les téguments , et conduite au dehors par de nombreux
canaux qui s'ouvrent principalement k l'extrémité antérieure.
On a pensé que cette matière avait en outre pour usage de
garantir ces animaux du contact immédiat de l'eau; mais
pourquoi cela? Si l'eau a, par son humidité, un effet désa-
vantageux sur le poisson , ce liquide visqueux doit l'avoir
également.
Nous n'avonsr encore considéré l'admirable organisation
des animaux du premier Embranchement du Règne animal
GBAmiii III. A99
que soub le rapport de la forme générale àa corps et de
Tappareil de la locomotion. Pour ne pas trop éloigner les
unes des autres les diverses esquisses que j*ai k faire des
autres organes des mêmes animaux remplissant également
des fonctions tout aussi essentielles que celles du mouve-
ment progressif» et pouvant facilement considérer l'ensemble
du type des âniiiàiix vertébrés comme un tout, je passerai
de même successivement en revue les autres appareils orga-
niques de leur corps» pour y signaler ce qu'ils ont de plus
remarquable, et fournir en même temps d'autres preuves de
la toute - puissance , de la sagesse et de l'omniscience du
Créateur.
Par cela même que Dieu à doué les Animaux d'intelli -
6bnge , de sensibilité et du mouvement volontaire » il a
pu, dans sa sagesse, confier aussi i leurs propres soins
PLUSIEURS ACTIONS QUE LES PLANTES n' EXÉCUTENT QUE SOUS
U SIMPLE INFLUENCE DE LA FORCE VITALE , SANS EN AVOm
AUCUNE CONNAISSANCE , EN MÊME TEMPS QUE LE CRÉATEUR A
PU LEUR ACCORDER UNE FOULE DE FACULTÉS PLUS RELEVÉES ,
COMME CONSÉQUENCES POSSIBLES DE CELLES DE LA CONSCIENCE
DE LEUR EXISTENCE ET DE LA FACULTÉ LOCOMOTRICE.
En EFFET , EN GRÉANT LES N0MBBEU8ES ESPÈCES ANIMALES
DESTINÉES À PEUPLER LE MONDE , LA DIVINITÉ , EN LES DOUANT
DE LA SENSIBILITÉ ET DU MOUVEMENT VOLONTAIRE, LEUR A EN
MÊME TEMPS INSPIRÉ l'hORREUR DE LA MORT, PAR LAQUELLE
ELLES VEILLENT ELLES-MÊMES À LEUR CONSERVATION INDIVI*
DUELLE , en évitant autant qu'il est en leur pouvoir les cir-
constances qui peuvent tenter k les détruire.
Avertis par leur sensibilité de la présence des Êtres qui
les environnent, même k d'assez grandes distances, cette
même sensibilité leur fait éprouver des impressions non-
seulement différentes en espèces, mais aussi en intensité;
et comme ces sensations peuvent leur êlre agréables ou
pénibles , les animaux doivent être par Ik , nécessairement
disposés k les rechercher ou k les éviter au moyen de leurs
436 THl^LOOIB VB LA HATURB.
fecultég loeomotriees qui leur permettent d'en apprêter oi
de s'en étoigner.
Ma» par eel^ même que les Animaux peuvent ae dépheer
à volonté , il leur est impossible d^absorber en tout tenps
lentement par leur surface extérieare, oomme les végélan,
les substances étrangères propres k leur qutrition ; ?u que lu
animaux se trouvent trèsHSouvent dans des lieux oè ces suk-
stanoes n^eiiistent pas. On la Provibbncb a , gomiie fai-
TOUT, PAMÉ À GE GRAND 1SG0NVÉ19ICV9 , KM nONKAMT lUÏ
ANIMAUX L4 PAG9LTÉ m PORTBN AVEC EUX UNE OERTAIIIE IIA88B
nS SUBSTANCES CONTENANT EN ASSE2 GEANUB OUANTITÉ DIS
PARTICULES NUTRITIVES, POUR QUE L' ABSORPTION DE GBLLBS-GI
PUISSE SE FAIRE EN TOUT TEMPS , sAu que le développement
et Tentr^tien du corps ne soient pas interrompus.
Cette nouvelle et si importante eondition d*existenoe des
animaux , conséquence déjà indirecte de la eonscienoe do
Moi, entraîne avee elle non-seulement Texistance d*uD visM
appareil propre à recevoir ainsi en masse les substances é(m-
gères, dont une partie seulement doit être absorbée; et doit
une autre , non nutritive , doit être rejetée -, mais enceie n
nombre considérable d*autres organes accessoires propres à
faciliter directement ou indirectement l'introduction de ees
substances dans le corps ; toutes choses non-seulement îm-
tiles aux végétaux , mais même impossibles chex eux. C'est
l'ensemble des premier» de ces organes qui constitue ce qa^oa
appelle T Appareil digestif ; et les seconds , désignés sobs
diverses dénominations , favorisent simplement cette aetieit
en lui préparant directement ou indirectement les moyeas
de fonctionner ; organes très-diiférents de ceux-là , dont ils
sont souvent fort éloignés, et par eux-mêmes corapléleneat
indépendants du véritable appareil de la digestion, avee
lequel ils sont toutefois dans la plus admirable harmomb
DE FORME ET DE FONCTION , AFIN DE CONCOURm AVEC LUI A0
RÉSULTAT FINAL, LA NUTRITION DE L' ANIMAL ; HARMONIE QUI 10
FBUT avoir ÉTÉ ÉTABLIE QUE PAR LA SUBLIME SAGESSE
pflçyfipl rien BFa4pir^ ^« «piijW*hlp.
(^e§ §ul>$t^pee8 pp^EriGièl'^ 9» tfauYtnl k distance de
rifljnjjij, çpifli-iâ 9 l)iefi, pv s» f^«»>W locomotrice, le
pp))vqir d*en ^pproctifur pflnf: le^ 99P«ir» ipaif cea mémas
moyeps oqt n^c^s^^remeat dji vi^riar suivant las circon-
Qtance§ daqs le^qualles ces siub^tanees se trouvent. C'e^t
^p^j qqp lp§ apiqiau:! ont dA pauvoir. les atteindre avec plus
op p^oin^ de ppomptifudei et par des moyens différents,
§plon l^s ]\em d^s Ifisqu^^ ils se trouvent naturelle-
ipept, |or$qf)p pps obje^ qnt eux-mêmes la feculté de
fpir, mt sqr 1^ tepre, soit dans l'intérieur du sol, ou
M^R 9n fo^4 4f^ ^9Wf <>u AftU^ l'^r* C'bst eu conséquence ,
Plf^À ^ÇL A^IVEH^IfT À CES n^^ItlilàfiES CQVBIT10N8 , QUE fOUT
^'4|>ItAR^IL QE LA LOGOUQTlOli A DU VAEISR UAKS SES FACULTÉS
^içi^L^^, tellfits que la course» le fouissage, )a nage, le
Ypj y e|C: , afin ^'4ir0 ei^ pqrfaiu b^rmwie avec le genre de
ppprptqre qpe la PppviBEMaE a assioué à chaque espèce
fpW ppiiO^E ÇtOii pfi^TEHi^E eQssi«LB, quoiquo au fond
l*^pp2|reil de \à locomotion soit, ainsi que je Tai déjà dit,
P^ lifi-même complétemeut indépendant de celui de la
digjsstipii.
l^siis epla pe siufiHt pas eneore. On eonçoit que si tel
apiiqal est oblige par las coqditions dans lesquelles se
trouvent ses 9q|>p$F0ils de la digestion et de 1^ locomotion
4e se ^o^r^r do proie ou de tous autnas objets qu'il doit
)ppr4^YPÎr à grande distance» aftp de pouv^nr s^ep emparer,
{if A f A|<LU BU Qfiïfi^ QUn SES SENS FU8SU» PORIÉS À UNE
l^f |(fECT|QI( SCFf (SANTE DOUE LES LUI BAIRE FACILEMENT
9ic:coNN4i7iiE. Qr c'est Ik <aocore ce que l'observation con-
state AVEC LA PLUS PARFAITE ÉVIDENCE. Eu offot , lOS Sp-
pflfeils des cipq sens sont partout parfaitement en bar-
ipanie avec le genre de vie de chaque espèce animale , et
^p^ialenePt sivec la nature de l'aliment dont elle doit se
Qoqrrîr. Les Mammifères chasseurs sont pentpétre de tous
432 TlliOLO«tt Dl LA HATUU.
les animaoK ceax dont l'odorat est le plos ûo , afin de
pouvoir dépister leur proie; que les Oiseaax, et sartont
ceux de haut vol , ont les yeux les mieux organisés pour
▼oir de loin , même les objets les plus petits dont ils doiTent
se nourrir; que d'autres animaux qui ne veillent que la Doit
ont non-seulement des yeux capables de leur faire distin-
guer les plus petits objets dans Tobscurité presque complète;
mais ont en outre Toreille tellement délicate qu'ils entendent
les moindres bruits qui se font k distance autour d'eax,
afin d'agir en conséquence. Enfin les Chauve$-Souri$ ont le
tact si subtil dans les membranes de leurs ailes , qoe toot
en volant dans les ténèbres les plus profondes k la poursuite
des moucherons dont elles vivent, elles sont parfaitement
averties , par les modifications de la résistance de l'air, des
moindres obstacles dont elles approchent, et les évitent avec
une incompréhensible précision. Je dirai plus, la Proti-
DENCE A DOUÉ TOUS LES ANiMAUX DE LA FACULTÉ INC0NC8-
VABLE POUR NOUS DE RECONNAITRE DANS LES SUBSTANCES
NOURRICIÈRES CELLES QUI PEUVENT LEUR ÊTRE DANGEREUSES
COMME POISONS, ct qu'ils évitent soigneusement de manger,
sans précisément témoi([ner la moindre répugnance vive, oq
la plus légère frayeur, comme ils le font a l'égard des
ennemis qu'ils ont k redouter ; et cela sans aucun doute par
l'effet d'un sixième sens que nous ne possédons pas, et
qu'en conséquence nous ne saurions concevoir.
C'est ainsi encore que d'autres organes, tels que les
téguments, les poils, les plumes et les écailles, qui, enx-
mémes , subordonnés au mode de locomotion , sont par là
dépendants de la fonction de la digestion , quoique plus
indirectement ; mais sont ainsi toutefois en harmonie d'aC'
tion avec elle.
Quant k ï Appareil dî^estt/ lui-même, il se compose, dans
son état le plus simple, dans tout le Règne animal, d'aoe
vaste poche , ou Estomac , propre k recevoir en masse ptes
ou moins volumineuse les substances dont l'animai doit se
CHAPITRE III. 433
nourrir; cette poche est ouverte k T extérieur par au moins
un orifice ou Bouche y qui fait alors aussi les fonctions de
Y Anus y ou orifice de déjection des matières non nutritives.
C'est le cas que présentent une foule de petits animalcules
de la classe des Polypes, dont tout le corps n*offre en quelque
sorte que la forme d*une bourse-, mais dans la plupart des
espèces animales, l'appareil digestif a deux orifices, une
pour rentrée des substances alimentaires , et l'autre pour la
sortie des déjections.
Déjà dans les degrés les plus mférieurs du Règne amimàl,
la cavité digestive s'élève par de nombreuses additions de
parties accessoires plus ou moins importantes jusqu'aux
degrés d'une très-grande complication , où l'auteur de la
Nature montre encore avec quelle sublime sollicitude
IL A pourvu à tout, SUIVANT LES CIRCONSTANCES PARTICU-
LIÈRES DANS LESQUELLES IL A PLACÉ CHAQUE ESPÈCE D'ËtRES ;
et cela avec une rigueur de principe telle que chaque forme
est le caractère conditionnel de l'économie entière et des
mœurs des animaux qui le présentent; caractères qui,
faisant loi, servent principalement de guide aux Naturalistes
dans l'étude du vaste domaine de la science de l'organisa-
tion; toutes ces formes, jusqu'aux plus minimes circon-
stances, présentant dans cet admirable système de la nature,
des principes qui se déduisent les uns des autres avec tant
de rigueur que tout ne forme qu'un seul enchaînement de
faits, probablement sans la moindre interruption ; car Ik où
l'observation en a montré, des découvertes ultérieures ayant
comblé déjà de nombreuses lacunes , laissent penser avec la
plus grande probabilité qu'elles le seront un jour toutes ; et
c'est là un des principaux buts que les Naturalistes philo-
sophes se proposent d'atteindre.
Dans les Mammifères , où l'organisme arrive à son plus
haut période de perfection , l'orifice d'entrée de l'appareil
digestif ou la Bouche ^ est une ouverture impaire, symé-
trique , en forme de fente transversale, placée h l'extrémité
I. 28
434 THEOLOGIE DE LA NaTCRE.
\ji |)lus àillérieure de la tête, et dont les bords ou tkm
sont deui lames charnues très-mobiles, capables d'une
Sensibilité exquise, pour reconnaître au tact l'espèce de
corps qui y pénètre ; et susceptible de se serrer Tune contre
l'autre en forme de pinces , pour saisir tes moindres par-
celles; en même temps qu'elles ferment rorifice buccal,
pour empêcher les objets entrés de ressortir.
La première partie de la cavité de l'appareil digestif k
laquelle cet orifice sert d'entrée, et qu'on nomme de là aussi
la Bouche, est un premier compartiment, suffisamment
grand, pour recevoir la quantité de nourriture que ranimai
BOIT d'ordinaire SAISIR A LA FOIS, SELON LE GENRE DE Ml
qu'il EST APPELÉ A SUIVRE. Mais ce n'est point là, il s*e{i
faut de beaucoup , exclusivement la condition dans laquelle
cette tiourriture doit se trouver, pour que l'absorption des
particules nutritives qu'elle renferme puisse être opérée; il
faut que ces particules soient dissoutes dans un liquide,
afin de pouvoir être pompées par les organes absorbants ;
comme les plantes pompent les leurs , dans les flujdes mi-
néraux ou autres, qui les environnent naturellement, et qui
n'ont besoin d'aucune préparation pour être immédiatement
absorbées et transformées en sève , sans aucun acte de sen-
sibilité ou de volonté de leur part , qui n'existe pas; tandis
qu'aucun animal ne peut , à ce qu'il paraît, vivre exclusive-
ment de substances inorganiques; ce qui semble être iép
une première condition d'une organisation plus élevée. Or,
pour que les particules nutritives contenues dans les ali-
tnents fussent susceptibles d'être absorbées, il a fallu que la
masse qui les renferme fût dissoute , ou du moins fortement
divisée , et baignée dans un liquide, pour que les élém^ents
nutritifs pussent en être facilement extraits ; et c'est pour les
amener à cette condition que sont destinés plusieurs orgatie$
qui agissent successivement sur les aliments.
On conçoit que certaines substances, telles que la sére
des plantes, le miel, le sang, le lait, etc., déjà liquides au
moment de leur ingestion , pourraient être immédiatement
absorbées par l'animal, sans éprouver de modifications,
mais quMl n'en est pas de même pour une foule d'autres
plus ou moins consistantes , et c'est eu vue de là néces-
sité DE LES DIVISER QUE L'InTELLIGEUCE CRÉATRICE À DISPOSÉ
DANS LA CAVrrÉ BUCCALE DES ORGANES DE BROIEMENT OU
MASTICATOIRES , DESTINÉS k RÉDUIRE LES ALIMENTS EN PETITES
PARCELLES. Dès Cette première opération de préparation
des matières nourricières, il se présente un nombre assez
considérable de cas particuliers , où ces dernières peuvent
se trouver par leurs qualités spéciales, que la Sagesse
DIVINE A PARTOUT ADMIRABLEMENT PRESTES ' EN MODIFIANT
POUR CHACUNE LA FORME ET LA DISPOSITION DE CES MÊMES
ORGANES DE MASTICATION, AFIN d' ARRIVER PARTOUT il PEU
PRÈS AU MÊME RÉSULTAT.
Lorsque les substances dont l'animal, ît Quelque classe (|u'il
appartienne , doit se nourrir se trouvent naturellement li-
quides dans la nature, où celui-ci n'a qu'^ les pomper, les
organes buccaux ne forment, par leur ensemble, qu'une
Trompe diversement constituée toutefois^ suivant les lois
de modification ou de gradation que leurs analogues suivent
dans la vaste échelle des Êtres ; lois dont j'aurai à parler
ailleurs avec quelques détails théoriques et explicatifs : ces
trompes, telles que celles des Papillons des Abeilles et de
plusieurs autres animaux encore , sont ensuite plus ou moin^
longues, SUIVANT qu'elles doivent servir à PUISER LES
LIQUIDES À DES DISTANCES ÉLOIGNÉES OU RAPPROCHÉES,
devenant même nulles lorsque l'orifice buccal peut s'appli-
quer directement au liquide , où l'animal fait le vide dans la
cavité de la bouche, au moten d'un mécanisme déterminé
POUR CHAQUE ESPÈCE ANIMALE.
Quand la nourriture est plus ou moins visqueuse, et ne
peut être saisie en masse, l'animal la recueille au moyen de
la Langue , organe charnu , ordinairement tfès-flexible
dans tous les sens, placé au milieu de la cavité buccale, et
436 TmiOLOGIB DB LA NATURE.
susceptible de pouvoir étre,k cet effet, porté au dehors.
C'est aussi par ce même organe que sont relevées les plus
petites parcelles de substances solides» capables de s'y coller
au moyen d'une humeur plus ou moins visqueuse qui enduit
généralement tout Tintérieur de la bouche. C'est encore la
langue qui sert comme principal agent dans l'aspiration des
liquides par succion , en faisant les fonctions du piston de
pompe ; tandis que les grandes aspirations de liquides se
font au moyen des inspirations pulmonaires chez les Ybr-
TÉBRÉs aériens , qui seuls respirent l'air par la bouche.
Les animaux qui doivent se nourrir de substances so-
lides , mais naturellement divisées en petites parcelles , pro-
portionnellement à la grandeur de leur propre corps , les
saisissent d'un grand nombre de manières , plus ou moins
spéciales à leur famille naturelle , k leur genre et même
seulement à leur espèce. C'est ainsi que les Oiseaux qui se
nourrissent de petites graines les saisissent une k une avec
leur bec. Les grandes espèces la reprenant ensuite avec leur
langue la font glisser dans l'arrière-bouche , par où chaque
grain passe isolément dans les autres parties de l'appareil
digestif. Les petites espèces » au contraire , enlèvent préalar
blement l'enveloppe dure avant de les avaler; encore ce
moyen n'est-il pas partout le même, tant là prévoyante
BONTÉ DU Créateur est descendue jusqu'aux moindres
inconvénients pour en prévenir les mauvais effets.
Quelques espèces d'OiSEAUx, telles que le Gros-bec, qui se
nourrit en partie des amandes de fruits k noyaux durs,
comme celles des cerises , a reçu pour cet objet un bec
QUI, EN apparence PEU SOLIDE POUR ROMPRE LES NOYAUX,
LES BRISE CEPENDANT AVEC ASSEZ DE FACILITÉ , et l'ou COn-
çoit k peine que les muscles fort petits, qui mettent les
mandibules en mouvement, puissent produire par leur con-
traction un effort assez grand pour rompre ces enveloppes.
Les autres Oiseaux granivores de petite taille, voisins
des Gros-becs dans la classification , ayant moins de force
CHAPITRB III. 437
dans le bec, ont une étonnante dextérité à faire éclater les
joints de la capsule des graines, même les plus petites,
en roulant ces dernières entre leurs mandibules , afin d'en
extraire les amandes. Enfin les Mésanges , très-petits Oi-
seaux , dont le bec n'est pas assez grand pour faire rouler
ainsi des graines de la grosseur seulement du chènevis , les
maintiennent avec une gracieuse adresse entre leurs petits
pieds qui leur servent de mains , et enfoncent la coquille à
grands coups de bec , pour y pratiquer un trou par lequel
ils retirent ensuite Tamande par parcelles au moyen de leur
langue ; et ces charmants Oiseaux savent même parfaitement
trouver dans des fruits bien plus gros , telles que les noix ,
les parties de la coquille assez faible pour être attaquable
au moyen de leur petit bec, tant la Providence a eu soin
DE METTRE DANS l'iNSTINCT DE CHAQUE ANIMAL TOUS LES
MOYENS QUI PEUVENT CONTRIBUER À LUI PROCURER LA NOUR-
RITURE DONT IL A BESOIN.
D'autres animaux, comme plusieurs Mammifères, qui se
nourrissent également de graines et appartenant généra-
lement k des espèces de l'Ordre des Rongeurs , enlèvent la
coquille en la rongeant avec leurs dents antérieures , tout
SPÉCIALEMENT FORMÉES POUR CET USAGE, Ct dOUt j'aurai à
parler plus bas.
Lorsque les Animaux sont au contraire destinés k se
nourrir de substances qui se trouvent d'ordinaire à l'état de
grandes masses , on conçoit que la Providence a ht , dans
SA HAUTE SAGESSE , Icur accordcr les moyens de les diviser,
non-seulement en parties susceptibles d'être introduites
dans la cavité buccale , mais encore de pouvoir être réduites
en petites parcelles ; et en efiet tous ces Animaux ont reçu ,
CHACUN selon LE GENRE DE VIE POUR LEQUEL IL A ÉTÉ GRÉÉ ,
les organes nécessaires pour se procurer sa nourriture , et
les moyens de la réduire autant que nécessaire en parcelles,
d'où les sucs nutritifs peuvent être facilement extraits.
Chez les Mammifères, classe où Ton trouve les plus
438 TB&)LOaiB M lA HATURB.
granded tariétës dé inoyetts de mvtikatîM , il favi toutefois
ea distinguer trois principaai ; l'un conëistant k cooper» de
la masse comnlunei des mdreeaox siiffisamtDeat petits poor
être introduits dans la eàvitë de la bouche ; le second k dé*
chirer la itiasse ; si ce moyen est plus convenable ; el le
troisième k subdÎTiser bncore ultërienl'ement les morceau
011 Bouchées en petites parcelles. Or; ponr cet effet, les
Animaux obt reçn trois sortes de Denî$ y pièces de eonsis- •
tance osseuse, revêtue d'un émail très-dur, inaltérable à
Tair, et servant non-seulement k garantir le noyau osseux
de rinfltience chimique que les diverses (substances avee
lesquelles les délits se trouréot en cobtaot pourrait exercer
sur elles , mais encore k leur donner la dureté nécessaire 1
leur fonction ; et, ëbus ce rapport, j'aurai surtout k faire
remarquer en plusieurs circonstances Tapplication de la
CONNAISSANCE LA PLUS PROFONDB BB LA HÉCÀlfIQCE , QDI S't
MONTRE DANS LA CONFORMATION ET LA STRUCTURE DB CES
INSTRUMENTS DE MASTICATIOlt.
Les Dents antérieures ou Incikivei, celles qui doîrent
saisir là nourriture, sont généralement taillées en biseau k
leur bord libre « en imitant parfaitement dans les deni
i*aiigées les lames d'une t^aille. C'est par elles que ranimai
coupe, de la masse commune de l'aliment, si celsl est pos-
sible ^ les morceaux capables de povvoir être introdbits
dans h bouche. Si , au contraire , l'alinent est coriaoe , les
dents aiitéro latérales connues sons k noas de Canines^
toujours àllbDgées en codes légèrebient arqués , cbez
tous les animaux , sont destinée» k venir eflftcacement en
aide aux iilcisives pour déchirer ht novrrîtdre ; tandis qiie
ces mêmes canines ne dépassent pas sensiblement les autres
dents , chez les espèces qui coupent simplement latiment; on
bien elles manquent compléteaKnt lorsqa'ëlles sont inu-
tiles.
Une fois introduit dans la boudie, l'aliment doit, y ètie
sdbdivis(^ en parcelles, s'il y a lieu. Pour cela, la petite
CI9AFITIUS lU. 490
M^sa ou fiimc¥e e»t $oiuBifte ï i'aetiop de la troisième
espèce de dant3 pomwéeis flAchéli0r0^ ^ qui offre sur-
tout pour cet objet les formes les plus rerp^rqu^blej^. Si
Taligieot peut être fscileipeot écrasé , et réduit par \k^h '
consistance d*uQe espèce de p&te; les Mâcbelière^ ne pré-
sei^tent qu'une forme cylindrique on prismatique là extré-
mité ou CourQnn$ coupée carrément : cette forme étant suf-
fisante pour l'usage si simple qu'elles ont à remplir. C*est
le cas de quelques grands Mamvifè^es insectivores, tels qiie
les Tatous et les Oryctéropes. Enfin les Fourmilière man-
qiiei^t mônie compléomept de dents , )es fourmis dont ils
se nourrisseut présentant àé^k par lepF petitesse cet état de
parcelles qui permet facâleo^nt leur décomposition pendant
la digestioQ.
Chez les espèces devant se nourrir de matières plus dif-
ficiles k l^oyer» mais qui ne sont pas coriaces , tels que les
fruits et les racines charnues, I^ Couronne des Nâcbejîères
est simplement tuberculeuse. Cas dans lequel se trouvent
V Homme j les Singis^ et^,, etc.
Les Miupiij^Èftfis 4e petite taille, qui se pourrissent si^it
d'insectes soit de petites graines coriaces » animaux pour les-
quels ces corps sont d^ fort grands et demauiient à être
brisés et broyés, les tubercules des i^àcbelières sont plus
allongés et pointue , afin de rompre plus facilement le lest
oorné de ces auimsuix. Telles sont les dents des Chauveê-
Souris^ des JiUfjw» des J^usareigneg et d'un nombre assez
considérable de peiits J^oiy^cRs.
Lorsqu'au co^^e les aliments sont coriaces , comme
l'est ia chair crue» les mômes dents ont été comprimées par
les côtés pour ne présenter qu'une seule rangée de tuber-
cules placés à la suite ies uns des autres , et prolongés ei^
cônes plus ou i^ips saillants et tranchants , en même temps
que ces dents au iieu de se recouvrir directement d une mâ-
choire à l'auUre , se croisent au contraire comme les deuK
lapes 4e cis690x4o<rt ell.es lont l'office, pour couper la chair
440 THiOLOGIB DE LA NATURE.
en petites parcelles. Cest le cas de tous les grands Mammi-
fères carnassiers, telsqae les Chienn et les ChaU.
Qaand la nourriture est très-fibreuse , et k la fois coriace
et trop flexible pour pouvoir être coupée par des dents tran-
chantes, telle que l'est Therbe, laPRÉvoTANCs divine a
EMPLOYÉ ENCORE UNE AUTRE FORME DE DENTS d'uNE STRUC-
TURE FORT SAVANTE, QUOIQU*AU FOND TRÈS-SIMPLE, COMME
d'ailleurs TOUS LES MOYENS DONT LE CRÉATEUR FAIT USAGE.
Ces dents devant servir k broyer ces aliments , vu qu'ils
ne peuvent être ni facilement brisés, ni coupés, elles ont
reçu des couronnes tronquées carrément, mais garnies
de côtes plus ou moins contournées , en apparence irrégu-
lières, imitant les inégalités d*une meule de moulin, dont
elles remplissent en effet parfaitement les fonctions, en
réduisant les plantes en p&te, au moyen d*un véritable
broiement; dents si savamment conformées dans lear
structure que les deux rangées frottent l'herbe entre elles,
sans que cette action fasse disparaître promptement les
saillies que leurs couronnes présenlent k cet effet.
Sur les dents des autres espèces dont j'ai parlé, l'émail
recouvre k peu près uniformément toute la couronne , k la
surface de laquelle elle donne , ainsi que je l'ai déjà dit , la
grande dureté dont elle a besoin pour ne pas trop s'user pen-
dant le long espace de temps que ces organes doivent fonction-
ner. Chez les espèces herbivores , au contraire , qui doivent
réellement broyer leurs aliments, l'émail forme non-seulement
une couche extérieure qui revêt uniformément toute la cou-
ronne; mais encore diverses lames qui pénètrent dans l'inté-
rieur de cette dernière , k peu près perpendiculaires k l'ex-
trémité tronquée, en la divisant par différentes inflexions,
toujours constantes dans la même espèce de Mammifères, en
plusieurs compartiments remplis de la substance osseuse.
Au moment où ces dents paraissent, avant qu'elles ne
commencent k s'user, la troncature de la couronne présente,
k peu près comme dans les espèces k dents tuberculeuses ,
CHAPITRE Uf. 441
des saillies pins ou moins fortes en formes de collines diri-
gées dans différents sens , séparées d'ordinaire par des en-
foncements très-profonds ; mais k mesure que ces saillies
s'émoussent par la trituration pendant la mastication , les
parties osseuses de la dent se trouvant mises k découvert,
elles s'usent plus promptement que les lames d'émail qui les
revêtent et les divisent, comme étant moins dures que
celles-ci , d'où résulte que ces dernières font constamment
saillie sur la partie osseuse , en formant des côtes sinueuses
qui maintiennent la troncature de la couronne toujours fort
inégale , en même temps que ces saillies très-dures s'avivent
par l'usure de la dent , et ne disparaissent qu'avec la der-
nière parcelle de leur couronne.
Cet ingénieux moyen employé ici pour faire conserver à
la troncature des dents les saillies qu'elle présente, a,
comme on voit , la plus grande analogie avec celui que la
Providence a mis en usage pour maintenir l'acuité du bec
et des griffes des Oiseaux et des Mammifères , sans être
cependant tout à fait le même; mais fondé toutefois sur
LB MÊME PRINCIPE UE PHYSIQUE , DONT L'BFFET ÉTAIT AINSI
PARFAITEMENT CONNU AVANT Qu'iL NE FUT EMPLOYÉ.
Dans beaucoup de Mammifères Rongeurs , ainsi que chez
les ÊUphantê , le même résultat a été obtenu , en formant
chaque molaire de l'assemblage d'un nombre plus ou moins
considérable de petites dents simples , ayant la forme de
lamelles , appliquées d'avant en arrière les unes contre les
autres , et soudées par une troisième substance également
calcaire , formant un ciment entre elles. Ces dents élémen-
taires étant chacune revêtue d'émail , elles forment par leur
usure au sommet, des côtes transversales alternativement
plus dures et moins dures , absolument de la même ma-
nière que dans les dents des herbivores Ruminants.
Chez les ÊUphants , cet assemblage de dents simples est
même si ingénieusement arrangé par l'effet de la disposition
oblique de la masse commune dans la mâchoire, que l'usure,
442 THÉOLOGIg DB U VATURE.
qui se fait bomontalenàeiit , oommence par l'abgle ttiitënh
supérieur de la tnoltûre de la nàchoire inférieilirè ; et se coih
tinuaut de même , il arrive que la première lamelle a déjk
complètement disparu » aTant que la dernière n'ait été en-
tamée ; d*où résulte que la dent laiésaolt m vide en aviot,
est constamment poussée yers la partie antérieure par 1«
lamelles qui se développent à Textrémité peetérièure ; et qse
la même dent , Bads oeciiper plus de place , et sAos cesser d<
fonctionner dans la même étendue» finit par être cmBplé(^
ment remplacée.
Enfin d'autres MAMvirtuEs encore» de rOu^RË des U»
GEuas » tels que les Llwrt$ et les iapînl , Soyr FsvoRisis
PAR DES DENTS SIMPLES PLUS OU HOUIS mSMâTiQUES, QUI SU
S*tSANT CONTlHUKI^LlSlIBNt fit hK COUaOMIfS , W fcéOiMÈEEHT
AU Fua m À KEsctiE rAR hk tiA.ciyfB , de manière k eonserrer
TOUJOURS , eiaeiament la même loof ueur, déterminée pv
rusnre même qu'elles éprouvent les unes par les autrsi.
€e mode de dévelo{)pement et d'usurii est méltoe général
pour les incisives de toils les Bokoeurs ; ces animaux de-
vant se nourrir» pour la plupart \ de sutetanc^s forvaat de
fort grandes masses, ne pouvant le plus souvent les attaquer
qu'en les rtmgeant, hk divine PtovinsitCK a o(MXfo«MÉ tsohs
MENTS ItfCISIVES E« eONSÉQU^^NClS DE G|STT£ FOICTiOll S^CtAl^
Qii'BLf.Es om À REMPMR , uc les établissant qu'au noml^re de
deux à cbaqne màcboire » afin que l'effort que rammal dail
fjaire en rongeant no wAi pas si granjd que si l'aetion 9v«(
lieu par un nombre plus considérable à la fois* Or, cxw»
ces ipcîsives agissent aui^ deux màeboires eomnte les deat
trancbaate d'une tenaille» tours «extrémités devaient s'aser
promptaa^t » et même souvent s'ébrécber ; an point que ces
dents ne se fienoonlreraient bientôt plus d!mt mâchoire )i
l'autre si elles ae repoussaiaatpascoustamm^tpar^eurbase;
et LE TERM^ XOYEN pfi CETTE USURE EST SI BIJSN QkUXXiy
qne ces dents conservent constamment la même longnear*
Pour mieux eoiq>er les parcelles que i'^iA»! ^^
aîoBÎ de8 corps qu'il rmife , les ÎDcisives des dent mâchoires
M se fencontreot point boal k boni , eodidie les tranchants
d'une tenaille auxquelles je viens de les comparer; nais les
infériteures sont un pea plus en retraite , codime d'ailleiirs
chez presque tons les MAMMirÈRES et même dahs VHùm$M ,
afin de niieux conper, en agissant h pen près coinme les
dehx lamed d'one paire de ciseaux ; en tnéme temps que ces
dents, en se crolsatit ainsi , s*osent les unes contre les
autres ^ en se rendant mutuellement tranchantes aux bouts {
d*utae part » par Teffet de Tare qu'elles formimt k chaque
mâchoire t et du mouyemënt que font les inférieures en
tournant avec la mbchoire dans Tartichlation de cette der«
nière; et, d'antre pah, par l'effet de la dintinution de la
dureté de ces dents d'arrièt^ eh avant dans leur substance;
absoliuaeQt comme cela a lieu pour le bec des disedux et les
grilles ; vu que l'ëmiil de la faee antéHeure étant il partie la
plus dufe » forme seule le tranchant. C'est*k*dire que pak
li'iliGÉBriBtsB coMBiHAisoN DB CBS DBOx hoybus ; le biseau des
incisives sapérieilres est en grande pkrtie dû k l'oshre que
leur foht éprouver les incisives inférieures : et celui de ces
éemières a liet par le froctealeiit des eolps que oes dents
rongent.
Chea ÏHmnmei^ les Singes; ainsi qhe chee les Bon-
UBuns , etc. , les incisives inférieéres sont dans l'état ordi-
naire, ain« en retraite k l'égard des supérieures, |H>dr agir,
comme Instruments coupants , et faciliter l'enlèvëtiient des
parties coupées, l'articnlatioA de la tnàehoire est conformée
4e façon k permettre k cette dernière de se monv^r plus ou
mbins d'avant eil arrière ; mouvement par lequel les incisives
inférieures arrachent les morceattx qu'elles ont presque
achevé de coujper un instant avdnt; en tnême temps qu'en se
portant en avabt elles peuvent s'apposer bont k bout aux su-
périenrea, en agissant avec elles absohiment eômme les deux
branches d'nne tenaille; ou si l'on vent, comme deux coins
allant à la rencontre l'on de Tanlre pour Aiire édater, s'il y
4i4 THEOLOGIE DE LA NATURE.
a liea ^ le morceau qa'il s*agit d'enlever ; moyen qne nons
employons quand nous voulons enlever, par exemple, un
morceau d'une pomme.
Dans les Mammifères carnassiers, les incisives devani
plus particulièrement agir comme des ciseaux , et avec une
grande force de traction , pour couper et déchirer les chairs,
l'articulation des mâchoires est au contraire plus serrée,
capable seulement d'un mouvement de bas en haut, maïs
nullement d'avant en arrière; c'est-à-dire que, par cb
MOYEN , l'animal coupe ainsi , autant que possible , la chair
qu'il veut diviser; et achève de l'arracher en tenant le lam-
beau fortement pincé entre ses incisives légèrement croisées,
ordinairement au nombre de six k chaque mâchoire; en y
formant ensemble un large bord coupant.
Chez les Chevatuc^ animaux herbivores non rongeurs et
de transition , formant le passage aux Ruminants , les Inci-
sives au nombre de six en haut et en bas , et serrées comme
dans les Carnassiers , sont de même que celles de ces der-
niers , tranchantes k leur extrémité dans le premier &ge de
la vie , mais directement opposées d'une mâchoire k l'autre;
d'où résulte qu'elles s'usent les unes contre les autres par le
bout , comme les molaires , de manière k avoir plus tard
une couronne plate plus ou moins inégale , formant dans
les deux mâchoires des bouts de tenaille élargis, servant
très-efficacement â arracher l'herbe dont ces animaux se
nourrissent, et qu'ils auraient au contraire grand'peine à
couper si ces incisives étaient tranchantes.
Les Ruminants, animaux le plus essentiellement b^bi-
vores, offrent quelque chose de semblable, mais de plus
parfait encore dans leurs organes de mastication. Devant
vivre, pour ainsi dire, exclusivement d'herbe, ils la sai-
sissent par touffes autour de leur bouche en la ramassant au
MOYEN DE leur LANGUE , SUSCEPTIBLE , POUR CET EFFET , DE
SE PROLONGER BEAUCOUP AU DEHORS , ET GARNIE SUR TOUTE
SA SURFACE d' INNOMBRABLES PAPILLES CORNÉES. EN FORME
CHAPITRE III. 445
D*ÉPINES DIRIGÉES EN ARRIÈRE , AVEC LESi^UELLES CBS ANI-
MAUX ACCROCHENT ET ATTIRENT l'hERBE POUR l'aMENER DANS
LA BOUCHE , OÙ ILS LA SAISISSENT ET l' ARRACHENT AVEC LEURS
INCISIVES. Mais ces dents ont elles-mêmes éprouvé , dans ce
BUT, UN perfectionnement DANS LEUR FONCTION, QUOIQUE
CE SOIT EN RÉALITÉ UN NOUVEAU DEGRÉ DE DÉGRADATION SOUS
LE RAPPORT AN ATOMIQUE, les supéfieures ayant complète*
ment disparu, tandis que les inférieures, toujours au nombre
de six, présentent, au contraire, une fort grande couronne,
en forme de large palette en biseau trancbant. L'herbe étant
par Teffet de sa grande flexibilité difficile à couper, k moins
que ce soit par des instruments tranchants parfaitement
ajustés , le Cheval qui ne peut que la pincer imparfaitement
entre ses incisives k couronne plus ou moins inégale , doit
avoir quelque peine à la tenir avec force pour Tarracher, et
en perdre une partie qui glisse entre ses dents. Cet incon-
vénient A ÉTÉ LEVÉ CHEZ LES RUMINANTS , EN REMPLAÇANT
SIMPLEMENT LES INCISIVES SUPÉRIEURES PAR UNE RANGÉE
TRANSVERSALE DE PLAQUES CORNÉES ASSEZ MINCES , FAISANT
PARTIE DES TÉGUMENTS. Par cc moyeu, le bord tranchant des
incisives inférieures, appuyant Therbe contre cette lame
cornée légèrement élastique , celle-ci se moule parfaitement
sur elles avec un égal degré de pression , au moyen duquel
tous les brins d'herbe sont fortement retenus, et le bord
libre des incisives étant étroit, et même assez tranchant ,
l'herbe se coupe plus facilement que chez le Cketal^ k la
moindre traction que l'animal lui fait subir.
Pour faciliter le broiement de l'herbe par les mouvements
latéraux des dents les unes sur les autres , les articulations
des mâchoires, au lieu d'être serrées comme chez les Mam-
mifères carnassiers , sont au contraire très-libres , les cavités
articulaires étant presque entièrement planes et fort larges;
de manière que les condyles des mâchoires peuvent y glisser
en tous sens dans une grande étendue, en produisant,
DANS CETTE VUE, UN GRAND DÉPLACEMENT LATÉRAL AUX DENTS.
iA6 THÀ)L00lt M LA KAtCJRfi.
' Enfin l'OftDM des CitAc^s nous ofte encore d'autfeâ
modifieations dans les organes mastieateurs ; mais toujours
PARPAITBIIENT EN HARMONIB AVEC LE HESTE DE LEUR ORGA-
HI8ATI0N , ET DÉFINITIVEMENT ATEG LE GENRE DE VIE QUI LEUR
A ÉTÉ ASSIGNÉ.
Les DauptùM et genres voisins , ne vivant que de pois-
sons qu'ils poursuivent dans l'eau , étant privés de tont
membre qui puisse leur faciliter les moyens de dépecer leur
proie . ne peuvent guère que la saisir, la tuer promptement,
pour Tempécher de leur échapper, et l'avaler ensuite autant
que possible d'une seule pièce. Pour cela, ces animaai
n'ont reçu que des dents plus ou moins nombreuses , co-
niques , légèrement arquées en arrière , ressemblant toates
k des canines dont elles ont plus particulièrement la fonc-
tion ; leur grand nombre , qui forme une série , servant aassi
à couper la chair.
Chez tes Baleinée ^ formant la famille la plus dégradée de
toute la classe des Mammifères, les dents, proprement dites,
osseuses, disparaissent complètement, et se trouvent, jns-
qn'à un certain point, suppléées dans leurs fonctions, par les
Fanoi» (la Baidne du commerce), longues lames cornées
formant de chaque côté du palais une longue série de feuilles
falciformes , adhérentes k la peau seulement par leur plus
petit cdté, et s'appliquant k petites distances les unes contre
les autres , en se portant plus ou moins directement de haut
en bas ; de manière k former de chaque cdté une véritable
claie servant k ces immenses animaux k passer Peau k travers
cette espèce de tamis.
Cette remarquable modification des organes buccaoi est
une conséquence , d'une part , de la dégradation k laquelle
est arrivé le système dentaire , et , de l'autre , de la forme qoe
prend Toesophage, qui n'est qu'un canal fort étroit , capable
seulement de laisser passer des objets extrêmement petits.
Or comme les Baleines ne peuvent pas dépecer, et moins
encore broyer leurs aliments, ces gigantesques animaux
cflAmRB m. 44?
6ont obligés de se nourrir des animaux les plus înenus, le
bareng étant déjà très-grand. Pour cela, ils saisissent avec
leur énorme gueule une grande masse d'eau avec tout ce
qu elle renferme , et la poussent ensuite à travers les jclajes
que forment les fanons; tous les petits animaux qui s'y
trouvent, et qui ne constituent pour ces immenses Cétacés,
qu'une espèce de p&tée, sont ensuite facilement avalés,
comme une bouchée, qui aurait été préalablement bien
mâchée. Pour que les plus petits animaux ne puissent même
pas échapper h travers les intervalles des fanons, la lèvre
inférieure de la Baleine forme une très-large lame , se ra-
battant de bas en haut sur ces fanons, et clôt ainsi inférieu-
rement la cavité buccale ; et les bords internes des fanons
sont garnis de longues soies , qui ne sont que de leurs effl-
)»res, lesquelles recouvrant les fentes entre les fanons, ne
laissent guère passer que l'eau.
Cette immense disproportion de grandeur entre ces Mam-
mifères , les plus gigantesques du monde , et Textréme pe-
titesse des animaux dont ils se nourrissent , parait au pre-
mier abord une véritable inconséquence ; mais est-elle plus
grande que celle que nous offrent les Chevaux, les Bœufs et
surtout les Éléphants, les plus grands des animaux ter-
restres, qui ne vivent cependant que de brins d'herbe?
L*aliment reçu par bouchées dans la cavité buccale , est
mâché et trituré par les dents ; action k laquelle la langue et
les joues prennent une part active , en ramenant toujours
par leurs mouvements , selon le besoin , telle ou telle partie
entre les dents. Pendant que la bouchée est ainsi réduite en
une pftte plus ou moins ténue , il s'y mêle , par les mêmes
opérations , une quantité plus ou moins grande de Salive.
Cette humeur que beaucoup de personnes considèrent à tort,
tomme une excrétion impure qu'il est convenable de rejeter,
est loin d'avoir si peu d'importance , étant au contraire la
HtBMIÈKB HUMEUR DIGESTIVE , DESTINÉE , PAR LA SAGESSE DU
Créateur , À agir sur les aliments pour en faciliter la
448 THÉOLOGII DS LA HATtIBK.
DÉCOMPOSiTION , ET LES PRÉPARER PAR LÀ À ÊTRE EM PARTIE
ABSORBÉS PAR LES ORGANES CHARGÉS D'Y POMPER LES SUB-
STANCES NUTRITIVES qu'elles RENFERMENT.
La Salive est produite, ou comme on dit, sécrétée par
plusieurs organes différents par la position quils occupent ,
quoiqu'ils soient au fond.de même nature. Le plus grand se
trouve placé , chez les Mammifères , dans le creux derrière
la mâchoire, au-dessous de l'oreille. C'est, comme tons les
organes sécrétoires qui produisent nne humeur plus ou
moins liquide, une masse formée d'un nombre considérable
de petits grains creux ou Glandes simples^ dont les parois
laissent transsuder la matière qu'ils produisent par l'effet
d'une opération dont le résultat est parfaitement connu ,
mais dont le moyen n'a nulle part encore pu être découvert,
l'opération ayant lieu entre des parties tellement petites
qu'elles échappent aux microscopes les plus puissants, et si
j'ajoute que le phénomène ne peut avoir lieu que sur le
vivant, alors qu'il est impossible \k l'observateur de le sou-
mettre ii ses investigations , on comprendra que cet acte doit
rester à jamais inexpliqué; à moins que ce ne soit que par
de simples hypothèses, toutes aussi improbables, et même
toutes aussi impossibles les unes que les autres ; au point
qu'ici , comme d'ailleurs partout où il s'agit d'indiquer un
procédé organique dans sa véritable action élémentaire,
nous sommes obligés de reconnaître l'impossibilité d'en
expliquer le principe, .et nous ne pouvons considérer le
résultat que simplement comme un fait nu À la VOLONTÉ
TOUTE-PUISSANTE DU CRÉATEUR.
Les glandes sécrétoires simples, ou Cryptes^ sont ainsi que
je l'ai déjà dit ailleurs , de petites poches , dont les parois lais-
sent suinter la matière qui y est produite , et qu'un orifice
laisse échapper au dehors; ou bien, au lieu d'une simple
ouverture, c'est un canal excréteur plus ou moins long qui
CONDUIT CETTE HUMEUR DA>S LE LIEU OÙ ELLE DOrf ÊTRE
EMPLOYÉE.
CHAPITRE III. 449
Lorsque la quantité de matière produite doit être fort
grande, comme c*est le cas pour la Salive, ces glandules
simples sont en conséquence proportionnellement multi-
pliées , PODR ÉCONOMISER LA PLAGE , ET LEURS CANAUX EXCRÉ-
TEURS , AU LIEU DE SE RENDRE CHACUN SÉPARÉMENT DANS LE
LIEU DESTINÉ À RECEVOIR LA MATIÈRE PRODUITE , CES PETfTS
CANAUX s'eMRRANCHENT LES UNS DANS LES AUTRES, ET FINIS-
SENT SOUVENT PAR NE PLUS FORMER QU'UN TRONC COMMUN.
Dans ce cas, la masse de Torgane forme une Glande composée
OU conglomérée ; c'est celui dans lequel se trouvent les glandes
salivaires , dont celle placée derrière la mâchoire , produit un
canal commun, qui passe transversalement dans la joue, et
vient s'ouvrir dans la bouche vis-2i-vis la troisième molaire.
Une seconde paire de glandes salivaires se 4rouve en
dedans de la mâchoire inférieure , et son canal s'ouvre sous
la langue.
Une troisième paire , ou les Sublinguales , est placée sous
la langue, où elle verse la salive par plusieurs petits canaux.
Outre les glandes salivaires , diverses parties de la cavité
buccale renferment dans leurs téguments d'assez nombreu*
ses cryptes produisant une matière muqueuse spécialement
DESTINÉE À LURRIFIER LA ROUCHE POUR FACILITER LE GLISSE-
MENT DES ALIMENTS, qui y sout triturés et à la fin poussés
dans l'œsophage , commencement du canal alimentaire.
L'opération chimique que la salive et autres humeurs
digestives exercent sur les aliments est bien constatée par
l'observation , mais encore inconnue des savants dans son
mode d'action. Il est vrai toutefois que, par Tinfluence de ces
humeurs , les aliments se trouvent en quelque sorte dissous
dans les cavités intestinales qu'ils parcourent; dissolution
qu'on nomme leur Digestion, et où ils arrivent à être,
quoique mélangés, séparés en deux parties, dont Tune
liquide , qui prend le nom de Chyle , analogue à la sève des
plantes, est susceptible de pouvoir être absorbée par l'indi-
vidu pour servir à sa nutrition ; et dont Tautre, incapable de
I. 29
430 THEOLOOre DE LA NATURE.
servir aux mêmes fins , est poussée au dehors sous la forme
(VExeriments.
Pour arriver il ces résultats, Taliment passe par plusieurs
opérations successives qui l'y préparent. Chaque portion
formant une bouchée , ou Bol alimentaire , après avoir été
mâchée, triturée et mêlée de salive, est à la fin amenée, par
les mouvements de la langue et des joues , jusque dans
rarrière-bouche , où elle est poussée dans VOEsophage , où
rinfluence de la Volonté sur Taliment cesse pour être rempla-
cée par l'action involontaire de tout le reste du tube digestif,
dont les fonctions sont soustraites k la conscience de l'indi-
vidu ; toutes les opérations s'y exécutant sous Tinfloence du
système nerveux de la vie automatique. Admirable condition
PAR LAUVELLB LE ClIÉATEUR A, DANS SA HAUTE SAGESSE, RENDU
l'importante fonction DE LA DIGESTION INDÉPENDANTE DE LA
VOLONTÉ DE L* ANIMAL , QUI n'eUT PU QUE LA TROUBLER SI , i
PARTIR DE LÀ , ELLE AVAIT CONTINUÉ À ÊTRE SOUMISE À SES
ACTES ARBITRAIRES.
La dernière action de la volonté sur le bol alimentaire
consiste dans la dégluHHon opérée principalement par la
langue, ii laquelle les joues et le Pharynx ou arrière-boncbe
viennent en aide.
L'aliment étant convenablement broyé et pénétré de salive
et de mucosité pour se prêter h la forme étroite et cylin-
drique de l'œsophage, dans lequel il doit glisser avec facilité,
est poussé dans ce canal par le concours des trois organes
dont je viens de parler. Pour cela, la langue commence par
s'appuyer par sa pointe contre la voûte palatine , et conti*
naanl ensuite le même mouvement d'avant en arrière dans
chacune de ses parties, elle force le bol alimentaire à
franchir le Toile du palais, qui sépare Tavant-bouche de
l'arrière-bouche ; acte dans' lequel elle est secondée par les
jotaes , qui , pressant le bol alimentaire par les cAtés , l'o-
bligent k suivre cette seule route qu'il peut prendre.
Arrivé dans le pharynx , partie supérieure de l'oesophage
plot ou moins évt$éo en entonnoir, adhérant par ses bords
supérieurs , tout autour au-dessous de la léte , excepté en
ayant, où il communique avec la bouche et les fosses
nasales. Dans cette partie de l'appareil digestif, le bol
alimentaire est pressé de haul en bas de toute part par les
muscles, les derniers volontaires, formant cet entonnoir
pour le pousser enûn dans Tœsophage qui lui fait suite, et
dont les fibres musculaires, principalemen| circulaires, mais
involontaires, se trouvant excitées par la présence de ce
corps étranger, ae contractent successivement sur lui égale-
ment de haut en bas , et le poussent ainsi jusque dans Tes-
tomac, grande poche où la masse des aliments «'accumule.
Quoique le mécanisme des organes buccaux , dont maU
heureusement je ne puis qu'k peine indiquer ici la composi-
tion, floit très^savamment compliqué et disposé dans ses
nombreuses parties pour que chacune de celles'ci contribue
au résultat final, toutes constituant déjà un appareil des plus
remarquables sous le rapport de la concordance de l'action ,
de chaque organe en particulier, et de la savante économie
d'emplacement de oes derniers, il y a toutefois encore
quelques faits en dehors de ceux-ci qui sont fort rkmak-
QUABLBS PAR LBS DIFFICULTÉS MÉCANIQUES YAINCUIS.
En parlant plus haut des muscles en général , il a été dit
que ces organes , fixés par leurs extrémités , rapprochaient ,
par Teffet de leurs eontraetions , les parties auxquelles ils
s'inséraient , et qu'en conséquence ils se raceoqroissatent.
Dans la langue toutefois, ainsi que dans d'antres organes
ce ne sont pas toujours des raccourcissements qu'on a touIu
produire, mais bien aussi quelquefois des allongements
au delà des points d'attache. Or es résui/tat est obteri}
D'UNB MAIilÉRB FORT SATANTE ^ FONDÉE SUR IB PBIIIGIPB DE
LA LOI DE L'iBPÉHÉTRiJHLlTÉ DB LA MATIÈRE. En efiet,rla
langue fixée k sa baae^ el entièrement charnue dans les
Mammifères, devait jouir k son extrémité libre, de la fa-
culté non-seulement de se repUer en tons sens , mais aussi
45â THÉOLOGIE DB LA NATURR.
de pouvoir être plus ou moins prolongée au dehors de la
bouche pour y remplir diverses fonctions. Elle a été formée
pour cela , dans toute sa masse , de deux ordres de musdes ,
dont les uns, fixés aux diverses parties de la tête, extérieurs
k cet organe , y pénètrent dans diverses directions pour s'y
insérer aux téguments , afin de le faire fléchir dans telle ou
telle direction , en agissant sur lui comme sur toute autre
partie. C'est ain^i que les postérieurs tirent la langue en
arrière en la refoulant sur elle-même ; que l'un , antérirar,
fixé en dedans au menton , porte sa masse en avant , sans
pour cela pouvoir le faire sortir de la bouche.
D'autres muscles, exclusivement intrinsèques à cet or-
gane , et formant en grande partie son corps , se trouvent
subdivisés dans son intérieur en très-petits faisceaux dirigés
en plqsieurs sens , se rendant d'une partie des téguments 2i
l'autre; et ce sont plus particulièrement ceux-ci qui pro-
duisent, tout en se contractant, l'allongement de la langue.
Les fibres de ces muscles , plus particulièrement disposées
dans trois directions différentes, se coupent à angles droits ;
les unes se trouvant placées d'arrière en avant, les secondes
transversalement, et les troisièmes dans une disposition ver-
ticale. Au premier aperçu , l'entre-croisement de ces fibres
fait paraître la masse de la langue comme feutrée; mais avec
un peu d'attention on voit facilement que les fibres y sont
au contraire distribuées avec une admirable régularité.
On conçoit, d'après cette composition de la langue, que si
les fibres verticales se contractent seules , cet organe doit se
trouver aplati ; que si ce sont au contraire les transv^orsales ,
il doit être rétréci, et enfin que les longitudinales doivent le
raccourcir. Mais si ce sont k la fois les verticales et les
transversales qui se contractent, les deux effets propres k
chaque espèce étant produits, la substance de la langue ne
pouvant être comprimée au delà d'un certain degré , doit
nécessairement se déplacer dans le sens dans lequel cet
organe ne se contracte pas; c'est-k-dire suivant sa loiiguenr;
ouAPiTRe m. 453
et c'est par ce double effet que son extrémité est poussée
hors de la bouche , en même temps que l'organe se rétrécit
de toute autre part.
C'est par un mécanisme à peu près semblable que la
trompe de Y Éléphant^ organe également tout k fait charnu, et
Tanalogue du bout du nez de Y Homme, s'allonge et se fléchit
en tous sens , et cela avec une précision fute pour étonner.
Les deui canaux nasaux de ce singulier animal forment »
comme d'ordinaire, deux tubes placés k côté l'un de l'autre,
seulement très-allongés et légèrement coniques. Immédiate-
ment sous les téguments , se trouve une couche de fibres
musculaires longitudinales servant k raccourcir et à fléchir
ce remarquable organe dans toutes les directions.
Sous cette première couche s'en trouve une seconde k fibres
obliques fixées au dos de la trompe tout le long d'un raphé
tendineux longitudinal, séparant les deux moitiés de la
trompe, d'où ces fibres charnues se portent en bas et en
arrière , en contournant la moitié latérale de cet organe pour
s'insérer k un second raphé placé en arrière.
Sons cette seconde couche est une troisième semblable,
mais à fibres dirigées en sens contraire; c'est-k-dire de haut
en bas et en avant, en croisant la seconde couche.
Enfln une quatrième espèce de fibres naît sur toute la sur-
face des deux canaux nasaux, d'où elle se porte en rayonnant
vers les téguments , en passant entre celles des trois couches
précédentes qu'elle croise. Cette dernière espèce de fibres
produit en se contractant l'allongement de la trompe, et les
deux obliques sa torsion sur elle-même ; ou bien ces in-
flexions en tous sens , selon qu'elles agissent seules ou de
concert avec celles du côté opposé , et même le raccourcis-
sement de cet organe.
A l'extrémité de cette admirable trompe se trouve , sur le
bord antérieur, un prolongement conique , comme elle dé-
pourvu d'os , et remplissant parfaitement les fonctions d'un
doigt. C'est au moyen de cet appendice digitiforme que
4^4 THiOLOOIB DB U HATURS.
VÊlépharU pexki même raoïaMer des olijeto très-p^tito, tels
qu'ua centime placé k lèpre : aussi .cet organe rend-il à ce»
animaux les plus éminents services.
Une autre partie fort remarquable d^ organes de la dé-
glutition des M^WAP^i^P^ consiste dans l^ disposition de
VËpiglatti.
Au devant de rOEsppI^sge , qui se r^nd de la bouche S|
Testomap, se trouve ]a ^raçbée-art^e^ aqtre canal cylin*
drique, niajs par lequel ps^sç l'air servant k h respiration.
Ce canal , qui longe ip^médi^tem^nt Toesophage , s'ouvre en
baut ^ I4 b?se de la Ungua d^ns )^ partie antérieure du
pharypi^, par une ouverture ftUppgée dirigée d'avant ep
arrière, nommée UQlou^, Qr qn conçoit quet par cette
disposition , pon-seulem^Pf 1^ alimf^P^ solides» mais sur-
tout les liquides avalés pénétreraient facilement dans la
trachée-artère, s'ils n*eM étjtient empêcbés par un moyen
quelconque, et cf^u^eraient les graves aoçidents de la suffo-
cation et de Taspbyiiie, ce ca^^l et les poumons auxquels il
conduit ne pouvx|pt î^dmettro que l'air et quelques autres
^^ non 4é|étères. Or ce nAisqfifi ]p:sT PARF4iTf^i(EiTr pré-
ymv par l'emploi de \'£piglotif^ espèce de Pont-levis qui
s'applique comme uu coqvorçle çur |^ glotte. C'est sur ce
pont que les aliments passent, saqs que rien n'entre d'or-
dinaire dans cette dernière ; et si par upe clause quelconque
une simple parcelle y pénètre, elle y produit une violente
irritation qui fait fortemept tpusser ; irritation que tout le
monde connaît» et qu'on dé^ig^e vqlgsiirem^n^ eu disant
qu'on a avalé de travers.
Cette Épiglotte est une lame cartilagineuse très-flexible,
triangulaire , ressemblant asse^ k la partie termiu^e d'une
oreille de chat, placée immédiatemept derrière la langue ,
où elle s'élève verticalement au devant de l'ouverture de la
glotte , et sidbère dan^ s^ partie inférieure psir ^9 convexité
^ la base de la langue. Avec cette disposition , lorsque cette
dernière se porte en arrière pour pousser le bol siUmentaire
GHiiPlTRS III. 4p5S
dans le pharynx ^ elle pousse rÉpiglotte également en
arrière en la renversant sur la glotte ; de manière que le
bol qui suit) pa^se trèa-^faeilement dessus pour tomber dans
le pharynx; et «i Tinstant même où le bol a franchi T Épi-
glotte et ne lui fait plus obstacle, elle se relève^ soil par
Veffet de son élasticité» soit p^r la traction de la langue qui
revient en avant ) et la libre communication de la trachée-
artère avec la bouche et les arrière^narines se rétablit ainsi
de suite,
Nons verrons plus tard que , chez les Oiseaux et les Rep-
tiles, cette épiglotte ^'existe toutefois pas dans les mêmes
conditions que cbei^ las Mamfnifèresi et que rien n'entre
cependant dans la trachée -artère; et cela par l'effet
d'autres moyens que Là Sagesse divike y a pupi^oyés.
L'OE:^«o|7^<)fe, canal cylindrique, mnsculo-membranaux «
placé dans le cou et )a poitrine qu'il traverse, conduit, ainsi
que je Faidéjà dit , le bol alipi^ntaire dans VEstamac^ poche
également museulo-membraneuse plus ou moins grande,
suivant l'espèce d'aliment dont les animaux se nourrissent t
et placée che^ r^om^^e dans la région supérieure (antérieure
pour lea quadrupèdes) de Tabdomen, un peu à gauche.
Cette poche, allongée transversalement, reçoit l'œsophage
k sa partie supérieure un peu k gauche , et se rétrécit gra-
duellement vers la droite, oi!i elle se continue enfin de
nouveau en un canal m^sculo-membraneux fort long, for*
mapt YIntatiii\ grêhf dqpt l'estomac est séparé intérieure-
ment par un fort rétrécissement annulaire, musculeux,
nommé le P^lon. Cette sortie de l'estomac est pourvue
d'une sensibilité telle, que naturellement fermée par Teifet
de la contraction de l'anneau musculeux dont je viens de
parler, elle ne s'ouvre pour laisser passer la pâte alimen-
taire ou Chym « contenue dans l'estomac , que lorsque cettf;
pâte est arrivée k un certain degré de décomposition par
l'effet de la digestion , et cela par petites portions; a moins
d'une ca^uae violepto qui lui fait forcer ce pasiiage.
456 THBOLOGIB DE LA «ATURB.
Les aliments contenus dans l'Estomac y subissent le pre-
mier degré de digestion et le plus important; d'abord par
l'action de la salive qui y a été mêlée dans la bouche pen-
dant la mastication , et ensuite par l'action d'une humeur
particulière que sécrètent les parois de l'Estomac , humeur
connue sous le nom de Suc gastrigue^ liquide d'ordinaire
fort acide et corrodant , mais qui pams l'état ordinaire n'a
CEPENDANT AUCUNE ACTION DE CE GENRE SUR l'eSTOMAC LUI-
MÊME, CELUI-CI ÉTANT VIVANT; taudis qu'il détruit toutes les
matières animales mortes. C'est la raison pour laquélledes vers
intestinaux peuvent vivre dans l'estomac sans être digérés.
Par l'action combinée de la salive et du suc gastrique,
le Chyme éprouve déjk dans l'estomac une très-forte décom-
position digestive par laquelle une grande partie des parti-
cules nutritives s'en séparent sous la forme d'un extrait
liquide, blanc comme du lait chez les Mammifères , et inco-
lore chez les autres animauK ; liquide qui constitue le Chyle,
et que d'innombrables Pores absorbants placés k toute la
surface intérieur de l'estomac, pompent, pour le conduire,
au moyen d'une foule de petits canaux spéciaux ou Vais^-
seaux chyliféres , dans les veines , où il se mêle à la masse
du sang : vaisseaux dont il sera ultérieurement encore parlé.
Le Chyme ayant éprouvé cette première digestion stoma-
cale , passe , comme il a été dit , par petites parties k travers
le Pylore dans V Intestin grêle , canal musculo-membraneux
cylindrique, partout k peu près de même calibre et fort
allongé; atteignant dans V Homme une longueur d'environ
dix mètres , et remplissant la majeure partie de l'abdomen ,
où sa masse est située sous l'estomac , k gauche du Foie et
au-dessus de la Vessie située au fond du bassin.
Dans ces intestins grêles , le chyme éprouve un second
degré progressif de décomposition digestive, en même
temps qu'une nouvelle et grande quantité de chyle en est
séparée et absorbée par de nombreux vaisseaux chyliféres.
Mais cette seconde digestion y est produite par l'action du
CHAPITRE m. 457
Suc Paneriatique et de la Bile , qui y sont versés près de la
sortie de Festomac.
La première de ces humeurs est un liquide peu différent
de la salive, sécrétée par une glande fort considérable, placée
entre l'estomac et les premières circonvolutions de l'intestin ,
et versée par un canal commun dans ce dernier. La Bile ,
sécrétée par le Foie, est une humeur jaune foncé, verdâtre,
très-amère, qui, après avoir été produite par cet organe, est
également versée dans l'intestin , soit directement par un
conduit commun , soit dans un réservoir ou Vésicule du fiel ,
où elle s'accumule pour être ensuite versée dans l'intestin
au même point que la première portion et le Suc pancréa-
tique.
Il parait toutefois certain que la bile est une humeur com-
posée de deux substances ^ dont Tune est seule digestive , et
dont l'autre n'est dans le principe qu'une matière purement
excrémentitielle , que le foie, en agissant comme organe
d'épuration, sépare du sang veineux, et la conduit dans
l'intestin pour être par Ik expulsée avec les résidus de la
digestion.
Pendant que cette nouvelle décomposition du chyme a
lieu dans l'Intestin grêle, et que le chyle y est absorbé pro-
gressivement en moindre quantité, cette pâte est poussée en
arrière dans le canal par l'effet du Mouvement péristaltiqjae,
consistant dans des contractions annulaires, ondulées et
successives des parois de ce dernier, qui se succèdent con-
stamment du commencement de cet intestin jusqu'à sa ter-
minaison ; contractions assez fortes pour faire exécuter à la
masse des intestins des mouvements très-grands de dépla-
cement dans ses parties , sans que l'individu en éprouve tou-
tefois la moindre sensation , ou puisse exercer la plus légère
influence volontaire sur ces mouvements , pas plus que sur
les contractions de l'estomac, exécutés, d'une part, pour fa-
ciliter le mélange des aliments avec les sucs digestifs, et
d'autre part, pour expulser le chyme par le pylore.
458 THÉOLOGIE PU U NATURE.
Pour qub dans ciss d&placbiients pk l* intestin 6BS pi^
VERSES PARTIES NE s'eMMÉLENT PAS , OU FINISSENT M É1|E PAR SE
NOUER, TOUT EN CONSERVANT TOUTEFOIS UNE GRANPE LIBERTÉ,
CET INTESTIN cst suspeodu dans toute sa longueur k la co*
lonue vertébrale par un large repli membraneux ou Mésen-
tère , très-mince , il est vrai , inais toutelbis assez fort poRr
le soutenir ep le tenant suspendu comme dpns une sangle,
repli qui n*6st qu'un prolongement d\x Péritoine, membrane
très- mince qui revêt toute la cavité abdoipinale, ainsi que
tous les organes qu^elle renferme , en leub formant rbs
LIGAMENTS DE SUSPENSION; eu même temps que cette vbm-
BHANE LAISSE SUINTER PARTOUT UN9 LÉGÈRE HUMEUR AQUEUSE,
QUI LUBRIFIE TOUS LES ORGANES POUR LES EMPÊCHER DE CON^
TRACTER DES ADHÉRENCE! BT FAGOTER LE^JR GLISSEMENT.
Lecbyote, après avoir parcouru lenlement ce long in-
testin grêle et avoir perdu par Tabsorption presque tout le
chyle qu'il reufermaiti son résidu réduit par \k k la condition
d'une matière sans i^ilitéi est versé dans un canal plus
^mple ou Gras in^e^Un , dont le comn^encement est en dedans
de la hanche droite. Ce canal , qui n'est au fond que la con-
tinuation de rintestiu grêle, quais plus large et suspendu de
iqême k UR repli du pérjtoine, fait encore un cercle dani
Tabdomen avant de s'ouyrir au dehors; se portant de la
hanche droite en l^aut ^ jusqu*au*dessous de TestoBoac où il
se porte à gauche, puis eu bas et en arrière , plqnge dans k
b^issin et se termine à Y Anus , oi^ il est entouré d*un double
anneau musculeux qui tient cet orifice constamment fermé,
POUR EMPÊCHER l'ÉCQULEMENT CONTINUEL pSS EXCRÉMENTS
jusqu ^ ce qu'une force supérieure vienne vaincre sa résis-
tance. Le premier de ces anneaux ou le plus interne est
formé par un renflement des fibres circulaires deTintesUn,
et n*est en conséquence point soumis k I influence de U
volonté; le second ou le plus extérieur, au contraire, est uh
piuscle volontaire, afin que par sa contraction l'animal
PUISSE DU MOINS , PENUAJNT QUELQUE TEMPS , RETENIR LA S^TIE
cuApiTas m. MO
Bss pxGBÉMSNTs, alors que le miiscle intérieur ne résiste plus.
Quoique les gros intestins servent plus particulièrement
d^ntrepôt temporaire aux matières fécales, il s*y fait toute-
fois encore une légère absorption de chyle.
L^ tube digestif présente du reste peu de différence dans
toute la GLASSfi des Mammifères » si ce n*est qu'bn coNsi-
QysnCE 9U BOdVOiE miTBlTlF DES PIVBRS AL1MBUT8, IcS
espèces qui se noqrrissent de cbair ont généralement le
c^nal intestinal moins ample, et surtout plus court que
celles qui vivent de graines ou de fruits; et que ce sont
enfiq lea herbivores, et spécialement les Ruminants, qui
offrent la plus grai^de ampleur dans les intestins. Mais ces
derniers se distinguent en outre d'une manière particulière
par les caractères remarquables que présente leur estomac.
Ces animaux vivant e&oïusivement d'herbe ou de feuilles
d^arbres, substance peu nutritive, ils doivent en ingérer
dans uii temps donné une quantité considérable ; et comme
ils ne peuvent saisir leur nourriture que par petite quantité
ï la fois, ils sont obligés, le temps les pressant, de Tavaler
à peine un peu brisée , en Tentassant dans cet état dans
leur estomac. Or comme ces aliments , déjà peu nutritifs ,
ont pour cela même besoin de se trouver bien broyés , et
fortement imprégnés des sucs digestifs pour digérer facile-
ment, LA 8aGB8SB DIVIMB A RÊFAHÉ OB BÉSAVANTA6B eU
donnant 2à ces animaux* non-seulement un estomac très-
vaste , ipais encore la faculté de pouvoir broyer leur nour-
riture une seconde fois par la Bwniwklian; et k cet effet,
une forme d'estomac toute p;irtioaUJire de laquelle dépend
cette faculté.
Cet estomac se compose de quatre poches» dont la pre«
mière, ou la Panse ^ est à elle seule plus grande que
dans aucun autre Mammifère. C'est \k que Tanimal en-
tasse rapidement ce qu'il mange , et se retire ensuile d'or-
dinaire dans le lieu de son g)te habituel , où il se repose
tranquillement pour reqi^her k son 9is9 <^ qu*il vient de
460 THBOUMÎIE DB LA NATURB.
manger. Pour cela, il fait remonter en petites masses dans
sa bouche, par une espèce de vomissement, Therbe gros-
sièrement hachée qu*il a avalée. Voici comment cette remar-
quable fonction s'exécute : la panse étant remplie d'herbe à
demi mâchée, celle-ci pénètre près de Torifice de Vcbso-
phage dans une petite poche latérale « nommée le Bonnet,
qui la pelotonne en une boule qu*il pousse par une forte
contraction dans Tœsopbage, avec lequel cette cavité est éga-
lement en communication ; et ce canal la conduit de nouveau
dans la bouche, où elle est rem&chée, et ensuite avalée une
seconde fois ; mais au lieu de rentrer dans la panse , le bol
alimentaire passe dans une troisième poche de grandeur
moyenne ou la Feuillette , communiquant de même directe-
ment avec l'œsophage ; d'où le chyme passe directement
dans une quatrième partie de Testomac ou la Caillette , qui
enfin le fait passer dans l'intestin.
L'herbe et les feuilles dont les Ruminants se nourrissent,
contenant peu de matière nutritive, et produisant de b
peu de chyle , l'absorption de ce dernier eût été difficile et
fort lente , si elle n'avait pu se faire que sur les parois unies
de ce vaste estomac dont la surface intérieure est en outre
loin d'être proportionnelle k la quantité d'aliments ingérée ;
MAIS LA SAGESSE DU GrÉàTEUR , EN PRÉVOYANT CETTE DIFFI-
CULTÉ , T 4 REMÉDIÉ EN AUGMENTANT CONSIDÉRABLEMENT LA
SURFACE ABSORBANTE DE CE QUADRUPLE ESTOMAC , et par Ik le
nombre des bouches absorbantes des vaisseaux chylifères,
en lui faisant former dans son intérieur de nombreuses
lames souvent très-saillantes , disposées tantôt en réseau ,
comme des cellules d'abeilles , et tantôt en feuilles paral-
lèles comme celles d'un livre ; forme dont le troisième esto-
mac a reçu son nom.
Le chyme , pénétrant entre toutes ces lames , s'y trouve
en contact avec une innombrable quantité de bouches absor-
bantes qui y pompent le chyle.
En revenant sommairement sur la forme, la disposition ,
CHAPITRE III. 46i
les rapports et les fonctions de chacune des nombreuses par-
ties qui constituent l'appareil digestif en considérant celui-ci
sous le rapport de son but final , la production et l'absorption
du chyle , extrait des substances les plus différentes que les
animaux transportent parfois avec eux, on peut voir avec
QUELLE SUBLIME SAGESSE TOUT EST ARRANGÉ ET COMBINÉ POUR
QUE TOUS LES ORGANES, TANT CEUX DE l' APPAREIL DIGESTIF
LUI-MÊME, QUE CEUX PLACÉS EN DEHORS DE LUI , CONCOURENT
AVEC UNE ADMIRABLE CONCORDANCE ET UNE PRÉVISION PAR-
FAITE DES EFFETS , À l' ACCOMPLISSEMENT DU FAIT PRINCIPAL ;
disposition dont le moindre dérangement rendrait le résultat
impossible; en même temps que plusieurs de ces organes y
contribuent, les uns par des effets d'optique, ou bien de
mécanique, d'acoustique, etc. ; et d'autres par des moyens
chimiques d'une nature toute particulière qui s'y exécutent,
et nulle part ailleurs dans la nature brute ; et chez les ani-
maux seulement dans l'unique vue de produire du chyle
pour la nutrition de l'individu.
En effet, comment autrement que par la haute sa-
gesse ET l'omnisgience d'un Étre Suprême tout-puissant ,
un enchaînement de causes et de résultats aussi étonnant
pourrait-il avoir lieu? Gomment, pour produire le chyle,
les substances alimentaires parviendraient-elles précisément
dans la seule cavité du corps où cette production peut avoir
lieu? où précisément des humeurs digestives sont versées
par des organes tout particuliers , si étonnamment conformés
et disposés pour remplir cette condition ; lieu où s'exécutent
des opérations de la chimie la plus savante que nous ne pou-
vons pas reproduire dans nos laboratoires, ne pouvant point
faire intervenir, comme le fait le Créateur, les effets des phé-
nomènes vitaux , dont seul il dispose ; et le chyle une fois , si
étonnamment produit, comment se fait-il que dans ces lieux
mêmes se trouvent précisément les bouches absorbantes qui
doivent le pomper? Mais ce n'est pas tout encore : pour arriver
a^tnsi dans la cavité destinée à la décomposition digestive
- (
4di THÀ)L06tfc Vt LA NATURE.
des aliments , eommetit se fait-il que pour telle espèce de
nourriture, dont toutes doivent cependant produire h peu près
le même chyle, il se trouve, au commencement de Fappareil
digestif, des organes de mastication conformés d*après les
plus savants principes delà mécanique, fondés sur les pro-
priétés toutes spéciales des substances alimentaires et de leor
structure qui doivent y être employées ; le tout dans une dis*
position qui doit être de la plus remarquable efficacité dans
le résultat produit? EnHn gomment concevoir autrement qvë
PAR l'intervention DE LA VOLONTÉ DIVINE , CETTE HARMONIB
D* ACTION ENTRE DES APPAREILS SI SAVAMMENT COMPLIQUÉS,
QUOIQUE , PAR EUX-MÊMES , COMPLÈTEMENT INDÉPENDANTS LES
UNS DES AUTRES , commc le sont les yeux , les oreilles , le nez
et les membres ; les uns pour faire découvrir de loin les
substances nourricières , et les autres pour en faire appro-
cher ranimai, afin qu'il la saisisse pour s'en emparer? En-
core , dans cette courte énumération que je viens de faire
des principales actions qui concourent k la production dn
chyle, je n'ai fait aucune mention des facultés intellectuelles
si variées des animaux , au moyen desquelles ils préparent
les conditions d'exécution dans lesquelles les faits qui y con-
tribuent doivent s'accomplir. Or dans tout cela, il ne s'agit
même que des phénomènes qui se produisent dans une
seule fonction , celle de la digestion ; et c'est en voulant rai-
sonner sur une si merveilleuse et si savante complication ,
que certains hommes croient avoir tout expHqué en pronon*
çant le mot hasard!!!
L'Absorption du Chyle a, ainsi qu'il vient d'être dit, lien
k la surface interne de la cavité digestive, comme l'ab-
sorption de la Sève , son analogue chez les végétaux , a lied
sur toute la surface extérieure de ces derniers , mais d'uo«
manière toute spéciale par l'extrémité des chevelus de leurs
racines ; différence due , comme je l'ai déjà fait observer
plus haut , à la faculté que le Créateur a accordée exclusive-
ment aux premiers , de pouvoir changer volontairement de
CHAPITRE Ut. i63
place ; faculté qui est elle-même une conséquence de possi-
bilité de celle, plus fondamentale , d'avoir aussi, \k Texclu-
sion des plantes, la conscience de leur existence.
A partir de ce fait, il existe de grandes analogies entre les
Végétaux et les ànimalx , quant aux conditions dans les-
quelles les sucs nourriciers se trouvent successivement, jus-
qu'au moment où, chez les uns et chez les autres, ils sont
convertis par V Assimilation en la substance de l'individu,
dont ces sucs doivent augmenter la masse en la dévelop-
pant, ou du moins à réparer les pertes incessantes qu'ils
éprouvent. Mais il existe toutefois aussi, sous ce rapport,
des différences très-notables entre les deux Règnes orga-
niques de ces Êtres doués de vie; différences également
dues au principe essentiel qui les distingue : Yexislence ou la
non-existence de la sensibilité.
La sève une fois reçue par la faculté d'absorption des
Plantes , dans l'organisme de ces dernières , y circule au
moyen d'un immense système vasculaire, qui la conduit
dans toutes les parties du végétal, sans qu'elle puisse en-
core servir h sa nutrition; mais arrivée successivement
par parties k sa surface, et plus spécialement dans les
feuilles, organes destinés k faire subir une certaine élabo-
ration à cette sève, celle-ci y est mise en contact plus ou
moins immédiat avec l'air, dont l'oxygène , et sans aucun
doute aussi l'acide carbonique , se combinent avec elle pour
la transformer en une nouvelle humeur fort différente,
nommée le Suc propre , plus ou moins différent selon chaque
espèce de plante, et seul propre à pouvoir servir à la nutri-
tion de cette dernière, en lui abandonnant & chaque point
de son individu les particules capables de pouvoir être assi-
milées ; suc qui à cet effet circule également dans tout l'or-
ganisme du végétal , au moyen d'un autre système de vais-
seaux, différents pour la forme de ceux qui charrient la sève.
Les mouvements bien connus, même parfaitement vi-
sibles, de ces humeurs dans les vaisseaux qui leur sont
464 THEOLOGIE DK LA NATURE.
propres , s'y font toutefois par l'eiTet d'une puissance encore
inconnue, vu que, dans aucune partie du végétal, il n'existe
aucun organe qui puisse leur imprimer le mouvement ; et
quoique les savants aient avancé diverses hypothèses k ce
sujet, aucune ne satisfait k la question ; à moins que ce ne
soit purement la force d'attraction dans l'absorption même,
qui fait monter la sève contre son propre poids , jusqu'au
sommet des arbres les plus élevés; force peut-être seconde
par une espèce d'exosmose due k l'évaporation qui a lieu à
toute la surface.
La circulation des sucs nutritifs des animaux , a au con-
traire lieu dans les divers vaisseaux qui leur sont propres,
par l'effet d'organes spéciaux qui les mettent en mouve-
ment , en leur imprimant une impulsion dynamique , abso*
lument semblable à celle que nous employons dans les
I$ompes des machines hydrauliques. Cela n'a toutefois pas
lieu pour le chyle, qui parait se mouvoir par une cause sem-
blable à celle qui met la sève des végétaux en mouvement.
Les Vaisseaux chylifères forment, non-seulement dans les
parois du tube digestif, mais encore dans toute l'étendue du
mésentère , large repli membraneux auquel ce tube est sus-
pendu , d'innombrables petits canaux s'embranchant les uns
dans les autres, pour s'ouvrir enfin dans les veines, où ils
versent le chyle en l'y mêlant au sang que ces dernières
renferment ; sang non nutritif comme le chyle. G'est-k-dire
que le sang , après avoir circulé partout contenu d'abord
dans les artères , où il est de nature à servir k la nutri-
tion , et y avoir enfin perdu cette faculté par épuisement, re-
vient aux poumons par ces mêmes veines dont il vient d'être
parlé , pour y redevenir artériel par l'effet de la respiration ;
et c'est également ainsi que le chyle est finalement converti
en sang artériel par sa seule combinaison avec l'oxygène,
qu'il sépare de Tair contenu dans les organes ; acte sur lequel
j'aurai k revenir un peu plus tard, en parlant de la respi-
ration.
CHAPITRB III. 465'
Quoique le chyle avance des ramuscules chylifères , vers
les troncs plus gros de ces vaisseaux, par un mouvement
toutefois fort lent, il n^existe, ainsi que je viens de le dire,
comme pour les vaisseaux séveux des plantes', aucun organe
propulseur qui le mette en mouvement. Son écoulement des
petits chylifères vers les gros est simplement facilité par
DE NOMBREUSES VALVULES mcmbraneuses , semi-lunaires,
transversales , coupant la cavité de ces vaisseaux sur un
grand nombre de points, et disposées obliquement de ma-
nière k ne permettre cet écoulement que dans un seul sens ,
en s*opposant à ce qu'il ait lieu en sens contraire; d*où il
résulte que, si ces vaisseaux se trouvent comprimés ou
rétrécis d*une manière quelconque, le liquide contenu est
chassé de cette partie , poussé en avant , et jamais en arrière :
ces valvules n*existent toutefois pas dans les vaisseaux des
plantes.
Les chylifères sont en outre très-irritables , c'est-a-dire
susceptibles de se contracter par TefTet d*un stimulant, et
sans doute aussi par Tinflus nerveux : diverses causes qui
contribuent à faire mouvoir le liquide qu'ils contiennent ;
causes de mouvemepts qui n'existent également nulle part
dans les végétaux.
Le chyle , converti en sang par l'acte de la respiration ,
entre avec ce dernier en circulation , pour être distribué
dans tout le corps , afin d*y servir k la nutrition.
Cette circulation du sang a lieu de diverses manières chez
les Animaux, suivant le type auquel ils appartiennent chez
les Mammifères , première classe de TEmbranghement des
Vertébrés, elle se fait dans un système de vaisseaux à
double circuit; c'est-k-dire qu*en partant du centre au mi-
lieu de la poitrine où est le Cœur, son organe de propul-
sion , ce dernier, véritable pompe foulante, le pousse dans
les Artères y vaisseaux ramifiés à Tinfini, qui le conduisent
dans toutes les parties du corps, sans en excepter la plus
minime , où chaque élément organique attire à lui , et incor*
I. no
4M TEiOLOÇli W LA «ATURI.
IMi^ ^ $9i P90pr# «Hbelanee » par l'aate 4e riMt'mtkifîofi ^ les
partîculeë isapables de pouvoir en faire parlio* et oela par
l*effei du pouvoir qu'ils out de les ohoisir; et le sang i la
fiii , plus ou moins épuisé par les pertes eoBtinuelles qa*H
éprouve , ne pouvant plus servir à la nutrition , est ramené
au cœur par les VeiuM , autre assemblage de vaisseaux diffé^
rents des artères, qui le versent dans une autre cavité de cet
organe que celle d*où il est parti.
Cette seconde partie du cœur faisant de même les fonc-
tions de pompe foulante , chasse à son tour le sang dans le
9|stème do V Àrlire pulmonair$ ^ vaisseaux également très*
subdivisés en ramuscules, qui se distribuent dans tout
la pou mon 9 organe de la respiration remplissant presque
entièrement la cavité du thorax. C'est Ih que le sang vei-
neux est soumis à Tinfluence de Tair qui pénètre dans cet
organe par Tacte de la respiration , dont j'aurai à parler plus
tard.
Par Teifet de cette influence de Tair, le sang , épuisé d'une
foule de ses parties constituantes qu'il a perdues en même
temps qu'il s'est chargé d'autres substances telles que le
ebyle, etc. , est de nouveau converti en sang artériel, l'acte
de la respiration lui enlevant, d'une part, certaines parti-
cules qui ne doivent plus y rester, et transformant, d'autre
part, le chyle en sang nutritif. Cette opération chimique
s'exécutant principalement dans les ramuacules les plus
ténus de Tartère pulmonaire, ces derniers se réunissent
ensuite, progressivement, en rameaux de plus en plus
forts , et à la (in en quelques troncs communs, ou Vêineê
pulmonairei , qui s'ouvrent dans la première cavité du
cœur, où ils versent le sang ainsi redevenu artériel , pour
être de nouveau poussé dans tout le corps : le sang fait ainsi
deux circuits successifs , l'un dans le corps, l'autre dans les
poumons.
Tel est, dans son ensemble, le mode de circulation du
s^ng chez les Mamiiifères ; et les moyens employés pour la
chàfitri m. M7
propyUioQ de ce Buide dans les inDombrables vaisseaux
qu'il parcourt sont ok nb pbut plus kemarquàbles par
l'application de la GONNAISSANGB la plus TtlANSCBNDAiftE
DE LA PHYSIQUE , el SURTOUT PE L*QYDRAULIOUB qu'OII y dé-
oouvre; moyens dout les homaies ne peufent pas faire usage
dans les machines de leur invention , n*ayant pas , comme
LE Dieu tout-puissant , les MOYENa nn la structure or-
ganique ET LA PUISSANCE VITALE À LEUR UISPOSITION.
J'ai dit que le eosor faisait les foilctioiis d'une véritable
pompe foulante ; nais on s'en ferait une trèa^faosse idée , si
l'on pensait qu'il est formé sur le même modèle que les ma-
chines auxquelles nous donnons ce nom ; machines d'inven-
tion humaine fort savantes , il est vrai, mais où tout est,
par cela même « fond^ sur des formes et des proportions
rigoureusement géométriques, dont Thomme ne peut nulle
part s'affranchir daqs sw construetioDS ; et surtout dan&
celles des appareils qui doivent agir avec force et précision ;
tandis que dans tout l'organisme animal, rien n'est rigou-
reusement régulier ni dans les formes ni dans les mouve^
ments; et cependant tout marche avec la plus admirable
précision , soit par Teffet de l'emploi de moyens dont sou^
vent nous ne concevons pas même raclions soit par d'au-
tres que par leur nature même nous ne pouvons pas imiter.
C'est ainsi que le Cœur est une véritable pompe, quant k
l'effet qu'il produit, mais d'un système en tout entièremeitt
inimitable par les arts mécaniques. Dans tdus les appareils
de ee genre créés par le génie de l'homme, la cavité for-
mant le récipient, est généralement inerte; et c'est une
autre partie, ou le piston, qui par ses mouvements plus ou
moins réguliers de va*et-vient, y produit alternativement
l'entrée et la sortie du liquide, en l'aspirant et en le re-
foulant successivement. Dans le Cœur, au contraire, ie ré-
cipient remplit à la fois les deux fonctions.
Le Cœur des Mammifères est réellement formé de la réu-
nion de deux cœurs, accolés l'un ^ l'autre, et qui pourraient
i68 THKOLOGIE DE L4 NATURE.
être séparés , comme ils le sont en effet chez d'antres ani-
maux; ou bien un seul pourrait suffire, ainsi que nous le
▼oyons chez les Poissons.
Chacun des deux cœurs se compose de deux cavités, dont
Tune , ou le Ventricule , constituant le véritable corps de
pompe , a ses parois épaisses , entièrement formées de fais-
ceaux musculeux, entre-croisés en différents sens, suivant
l'action qu'ils doivent produire, en présentant intérienre-
meut, surtout contre les parois, et même librement dans la
cavité , un certain nombre de colonnes charnues k peu près
parallèles, placées suivant la longueur de l'organe, et desti-
nées \k produire par leur contraction , le raccourcissement
delà cavité, et, par conséquent, une diminution notable
dans sa capacité ; en outre , de leur côté , les fibres mus-
culaires, diversement obliques des parois, resserrant la ca-
vité, l'étreignent de toute part; double effet qu'on ne sau-
rait produire dans les pompes d'invention humaine.
La seconde cavité ou Y Oreillette ^ est une poche simple-
ment fibreuse, mais très-forte, placée sur le ventricule, avec
lequel elle se continue dans toute la circonférence de la base
des deux organes , et qui communique avec ce dernier par
une large ouverture entourée d'un bourrelet charnu ; ouver-
tures par où le sang versé par les vaisseaux, d'abord dans
l'oreillette, passe ensuite dans le ventricule, qui par ses
contractions le pousse avec force dans les artères , pour être
distribué par celles-ci , soit dans tout le corps , soit dans le
poumon , selon que l'un ou l'autre cœur agit.
L'oreillette n'étant pas musculeuse, et ne pouvant en
conséquence se contracter ou se dilater activement, laisse
simplement couler le sang dans le ventricule, qui l'attire au
moment où tous les faisceaux musculeux dont il est formé
se relâchent; c'est-k-dire que le sang veineux, venant de
toutes les parties du corps par deux gros vaisseaux ou Veines
caves y est versé par celles-ci dans l'oreillette du cœur placée
un peu à droite, et la remplit facilement. Cette poche, loin
CUAPITHK Jll. 469
de lui opposer de la résistance, l'attire au contraire par
l'effet de son élasticité, après avoir été vidée et affaissée un
instant avant par l'aspiration du ventricule correspondant.
L'oreillette ainsi remplie, ce dernier se dilatant activement,
forme le vide dans son intérieur, par lequel il attire le sang
de Toreillette. Ce même ventricule, venant ensuite à se
contracter avec force, chasse de nouveau le sang qu'il
contient, et ainsi alternativement. Or ce liquide reviendrait
naturellement dans Toreillette, si aucun obstacle ne s'y
opposait; mais ce retour est prévenu par la plus ingé-
nieuse DISPOSITION de soupape qu'on CONNAISSE , consistaut
en trois lames membraneuses, fibreuses, très-minces,
entourant l'orifice de communication avec Toreillette, et
plongeant dans le ventricule, en se dirigeant vers son fond ,
où elles sont maintenues en place par plusieurs prolonge-
ments tendineux terminés a des mamelons musculeux qui
s'élèvent librement du fond de la cavité.
Par cette disposition , lorsque le ventricule se contracte ,
son sommet se rapprochant de la base, les trois valvules se
trouvent relâchées , et le sang les pressant les unes contre
les autres dans toute leur largeur, elles s'appliquent en-
semble contre l'ouverture auriculo-ventriculaire , et em-
pêchent par Ik le sang de refluer dans l'oreillette. Or comme
la contraction du ventricule est très-forte dans le sens de sa
longueur, ces trois valvules étant par Ik trop fortement
relâchées, seraient renversées dans l'oreillette; mais cet
ACCIDENT EST SAVAMMENT PRÉVENU par la coutractiou simul-
tanée des mamelons charnus terminant les prolongements
tendineux de ces valvules, qui tirent suffisamment les
valvules vers le fond du ventricule pour empêcher le ren-
versement.
Le sang pressé de tous côtés , et ne pouvant revenir dans
l'oreillette , est forcé de s'échapper par le canal de l'Artère
pulmonaire, la seule issue qui lui reste; vaisseau qui le
conduit dans les deux poumons, où ses innombrables
470 TMBOLO«IB DB LA IfATURB.
ramasculeg le distribuent dans toutes les parties de cet
•rgane pour le soumettre k IMnlloence de l'air.
Aussilôt que le ventricule droit 8*est vidé du sang qu'il
contenait, il se dilate de nouveau pour se remplir encore dif
sang qu'il attire de roreillelle, et ainsi alternativement à peu
près de seconde en seconde chez les hommes en bon état de
santé. Mais comme le sang poussé dans Tartère pulmonaire
par la contraction du ventricule, reviendrait dans ce dernier
lors de la dilatation de celui-ci , ce abtour est ÉOALBUBnT
PRÉVENU par d'autres valvules membraneuses qui s*y op-
posent en fermant le canal de ee vaisseau. Ces valvules, au
nombre de trois chez l'homme , ont U forme de nids d'hi-
rondelles k bords libres , dirigés vers rintérieur du vaisseau.
On conçoit que par cette disposition le sang, en pénétrant
dans ce dernier, força ces valvules de s'appliquer contre les
parois de ce vaisseau , où elles ne gênent en rien le mouve-
ment de ce liquide, tandis que lors de la dilatation du ven*
tricule. qui se fait un instant après, le sang, attiré de nou-
veau dans cette cavité du cœur, repousse les trois valvules,
dont les bords libres s*appHquant l'un contre l'autre, obli-
tèrent le canal , et s'opposent au mouvement rétrograde en
sang.
Après avoir reçu l'action dé l'air dans U poomoB , le
sang revient au cœur par le système des Veinés pultMmaireê;
e'est a-dire que les derniers ramuseules de l'artère pulmo-
naire se réunissent de nouveau , en s'embrancbanl les uns
dans les autres pour former les rameaui et les branches de
ces veines qui vont s'ouvrir dans YOrrillelte gauche, autre
poche fibreuse a peu près semblable ï l'oreillette droite , et
placée, comme celle-ci » sur la base du ventricule gauche,
avec lequel elle communique de même par une large ouver-
ture auriculo-ventriculaire. Cette poohe fibreuse, plus élas-
tique que celle du côté droit, se remplit, comme elle, du
sang que lui amènent les vaisseaui que je viens de sommer,
et le ventricule placé dessous , veiiant k se dilater, le sang y
pénétra, et t'en ireave de fioavéàti chassé par la contraction
qui suit immédlatémciit, absolùtdéiit eomttie au cœur droit ;
aveo cette difléretioe que, dans le Tentricute gatichd, les
valvules qui s'opposeAt au retoui^ du sang Vers roreltlëtté
ne sent qu'au nombre de deui et appliquées Tace k face
l'une <u)Btre Tautre^ en agissant do reste de la même ma-
nière ; et le sang est obligé de s'éshapper par YÀrière aôttë ,
la «eule voie qui lui reste libre; très-gros tronc vasculàiré ,
èase eommone de toutes les artères du corps , par lequel le
sanig, redevenu nutritif par la respiration, est distribué dan^
teui lé corps, d'oA il revient au cœur droit par les veines.
Pour empêcher le retour du sang vers le ventricule,
l'origine de ce vaisseau est, comme Tartère pulmonaire,
munie de valvules de même forme, qui l'oblitèrent pendant
la dilatation du ventricule.
On doit surtout remarquer la savante disposition qu'ont
reçqe les unes li l'égard des autres les diverses parties qui
eonstituent Tensemble du ccëur; comment les orifices des
vaisseaux par leaquels le sang arrive et s'échappe sont placés
h regard deâ diffiSrentes valvules poui* que le sang h'éprOUvë
nulle part la moindre résistance lorsqu'il ne doit pas y en
aveir, de manière h s'y motivoir ii peu près sans ob^tacfes ,
e^mme dans un seul vaisseau contlhu.
Les deui cœurs étant unis entre eux par les ventricules ,
le« cavités de ceux-ci ne àont séparés Tune dé l'autre que par
une simple cloison 6iiiséttlairè frès^lbrte , le tout placé dans
le milieu de la pai^tie inférieure de la poitrine , dans une
cloison mettibraneuse qa\ sépare cette cavité en deux moitiés
latérales H peu près égales; les déul cœur^ ayant leur base
portant les oreillettes tournée en haut et k droite , et te fond ,
ou le sommet, en bas et un pétt ytH \i fauche ; de manière
)i toucher h peu de distancé là (reii^tèàie côté, contre laquelle
se tom seatir sM MttéAentè le#équil i^^allônge pendant sa
dilatation.
Qneiqee M sang elreute ainsi dans tout le corps, où il
472 THéOLOGlB DB LA NATURE.
est poussé par deux pompes foulantes placées k la base des
quatre systèmes de vaisseaux qui le charrient , on conçoit
toutefois que la force de ces pompes , quelque grande qu*oa
puisse la supposer, doit être en grande partie détruite dans
le long trajet que le sang parcourt, d'une part, par le
frottement que ce fluide éprouve contre les parois des
vaisseaux, et, de Tautre, par les chocs qu*il éprouve à
l'entrée des innombrables rameaux de ces mêmes canaux ,
en se heurtant contre les parois opposées , au point que la
vitesse qui lui est imprimée par le cœur doit être considéra-
blement ralentie déjk en arrivant dans les derniers ramus-
cules du système artériel ; au point qu*on conçoit k peine
comment il est possible que, sans recevoir une nouvelle
impulsion, il puisse revenir au cœur. Mais encore ici les
SOINS LES PLUS EFFICACES ONT ÉTÉ EMPLOYÉS POUR QUE CETTE
GRANDE FONCTION DE LA CIRCULATION N*ÉPROUVAT AUCUNE
ENTRAVE. Le ventricule artériel du cœur devant faire par-
courir au sang un trajet beaucoup plus grand que celui que
parcourt le sang poussé dans les poumons par le ventricule
droit ou veineux, a aussi reçu pour cet effet une force
BIEN plus considérable , SCS parois musculeuses étant plus
épaisses, quoique sa cavité soit plus petite; c'est-à-dire que,
imprimant au sang une plus grande vitesse pour le faire
aller plus loin, la quantité de ce liquide qu*il déplace dans
un temps donné est à peu près la même que celle que
déplace le ventricule droit, la même quantité de Tun devant
revenir k Tautre; d*où il a été non-seulement nécessaire que
la capacité du ventricule gauche fût plus petite que celle du
droit, mais aussi que tout le système artériel de TAorte devait
avoir moins de capacité que celui des veines caves ; et c'est
ce que l'observation confirme.
Par Teffet d*UNE loi organique qu'il a plu à la Sagesse
divine d'établir, mais dont il a été jusqu'à présent im-
possible de reconnaître les motifs, toutes lès artères da
corps , à l'exception toutefois des plus gros troncs sortant
CHAPITRE 111. 473
du cœur, sont accompagnées dans leur trajet d'une veine
à peu près du même calibre , dans laquelle le sang circule
en conséquence en sens contraire ; mais comme la vitesse
de ce dernier s*est considérablement ralentie, il a été
NÉCESSAIRE de multiplier davantage les vaisseaux charriant
le sang veineux ; aussi, outre les veines dont je viens de par-
ler, en existe-t-il encore un grand nombre d'autres qui n'ac-
compagnent point les troncs artériels , et placées entre autres
vers la surface du corps sous les tégumenis , où ne se trouve
au contraire jamais aucun tronc artériel d'un peu d'impor-
tance , k moins que cela n'ait pas pu être autrement : fait
où SE DÉVOILE ENCORE UN DE CES SOINS ADMIRABLES DE
SAGESSE ET DE BONTÉ DONT NOUS TROUVONS DE SI NOMBREUX
EXEMPLES DANS L'ORGANISAT! ON DE TOUS LES ANIMAUX.
Le sang circulant avec une bien plus grande rapidité dans
les artères que dans les veines , et cela surtout dans les gros
troncs placés le plus près du cœur , où la force de celui-ci
agit avec toute son énergie, il est évident que chaque jet
doit tendre à dilater ces vaisseaux avec plus on moins de
force, force \k laquelle les parois de ces derniers doivent,
autant que possible , résister. Il résulte déjk de ce fait que
les parois des artères doivent être plus fortes, et par Ik plus
épaisses que celles des veines , et elles le sont en effet ; mais
comme les impulsions saccadées se répètent toujours k de
très-courts intervalles dans ces vaisseaux , ceux-ci , k moins
d'être énormément forts, auraient bientôt fini par céder k ces
chocs , et se seraient graduellement de plus en plus dilatés en
devenant bientôt hors de proportion avec la quantité de sang
qui doit, y passer. Il était de là bien plus rationnel de
RENDRE LES PAROIS DES ARTÈRES À LA FOIS FORTES ET ÉLASTI-
QUES, AINSI qu'elles le SONT EN EFFET, de manière que
chaque jet de sang que le cœur y lance les force k se dilater un
peu, et que, revenant ensuite sur elles-mêmes, leur contrac-
tion tend au contraire k les rétrécir; actions alternatives
d'où résulte, non-seulement une compensation parfaite, et
4T4 THBOLMIE tn LA NATURE.
par suite l'invariabilité de forme el de diapositioo dti sya-
tème artériel , mais enoore cette antre compensatioB , qae la
force d'impulsion qne le sang perd en dilatant les vaiaseafls
lui est rendue par leur élasticité en se contractant*
Pour PEMBrrafi obs dilatations bt oBsuÉTRÉOiasBHiKTs
ALTfiRNATiPs , Ics parois des artères ont été fermées , entre
antres, de deui tuniques élastiques très-*lbrtes, Tune h fibres
longitudinales qui empêchent ces vaisseaux de se déehirer eo
long ; l'autre k fibres circulaires qui se prêtent pins paf tîoiH
lièrement aux variations de calibre, en lesempôehan t tonicfois
de se rompre en travers. Mais on conçoit que la moindre léaioM
de ces vaisseaux sur un point quelconque de leur longneûr
détruisant la force d'élastîeité des deux taoiqaes, et surtout de
celle k fibres circulaires , rimpolsion oontinuelle du sang « qui
tend a dilater ees vaisseaqi, doit faoilement les faire élaq^ir
et même crever ( el si par la lésion qu'ils ont éproevée, leur
cavité a été ouverte , non-acolement le sang contenu , doit
s'échapper en abondance , mais leur dilatation k chaque
impulsion tendant k disjoindre les lèvres de la pim doit
s'opposer k ee que jamais la blesanre se cicatrise; k moins
que ce ne soit dsins tes très-petits i ameanx « où les orgnoes
environnants suffisent pour les mainienip et faire ohsmde k
la sortie du sang.
Ce oangrr DBS blismjrbs ras gros troncs artériils
n'a POIRT échappé à va BIBRVBILLANTB SOLUCITUOl DO
Créateur , q€i a , autant qub possidls , partout iëis ecs
OROANBS À l'abri DBS ATTBTNTBS DBS CORPS ÉTRANORRd» M
LB8 PLAÇANT , SOIT DANS LA PROVONDBUR DU CORPS , 801T AU
CÔTÉ INTBRNB BBS PARTIES OÙ ILS SB TROUVBNT ^ARANTIBS.
C'est ainsi que non-seulement le cœur^ mais aussi les grands
troncs artériels d'origine sont parfaitem«it abrités dans le
thorax , où ils se trouvent en outre placés au devant da la oo*
tonne vertébrale , mais aussi les prolongements de pes gras
vaisseaux sont ailleurs situés, soit dans la profbndear ée
t'abdomea , soît de eiiaqm eété » le long du eou , sealfe les
chapitKe III. 471^
vertèbres, où ils se trouvent garantis par les apophyses
transtrôrses de ees derniers ; ou bien k i^ partie interne des
bras et des membres postérieurs, et partout le plus profond-
dément possible ; n'envoyant dans les organes superfieiels
que dee rameaux d'un asses faible calibre,
Le sang circulant beaucoup plus lentement dans les veinesi
et surtout sans saccades, les parois de ces vaisseaux sont
en consëquetice bien plus faibles que celles des artères, bu
donststant qu^ed une membrane molle non élastique.
Mais comme les lésions de leurs principaux troncs sont
lootefbis dangereuses par la grande perte de sang qi|*elte8
occasionneraient, ces thongs aussi oiit été puces dans
LB8 MÉMBS CONUITIOMS H* ABRI QUB OBilL DBS ABTÈHBS) le
système soperflciel ^ dont j'ai parlé plus haut , ne se comp^
sant que de branches de faible calibre , dont les lésions
sent d'ordinaire peo dangereuses»
L'ÊtAB SUFRÉIIB BST allé BMCeilB PLUS LOIN DAKS SA SA*
0E8SB BT SA BOBTÉ jNPiBiB« OU prévenanf d'nne manière ddndir
rsbie même les fàcbeux eflets qui dans la plupart des eas peu*
vent résulter des grandes blessures auxquelles les animaux
sont eiposés, en oe qu'il a placé le remède k eété du mal.
En effet, rëtat des blessufcs de ces organes el les
traitements chirurgicaux qu'on ; applique montrent que,
lers même que d'asses grès vaisseaux ont été ouverts par des
causes différentes, k moins que ce ne soit par instruments
parfaitement tranchants , ces causes même favorisent robli*
tëration des ouvertures faites aux vaisseaux , et empêchent la
trop abondante perte de sang. Quelles que soient les causes
qui déterminent ces lésions , elles sont généralement atoom^
pagnées de contusions, d'éeorchures , de tiraillements et de
déchirures, qui toutes produisent plus ou moins prochaine^
ment des inflammations , et par Ik l'enflure des organes
blessés ; enflure qui , resserrant les parties , comprime
Im vaisseaux ouverts et empêche réevulement du sang.
tes vaisseaux fortement tiraillés , et surtout eebx qui ont été
476 THÉOLOGIE DB LA NATURE.
déchirés, reviennent vivement sur eux-mêmes , se froDoeot
et obstruent par Ik plus ou moins les ouvertures par où le
sang s'échappe; et cela d*autant plus facilement que les
lambeaux produits se repliant sur eux-mêmes contribuent
k former des tampons sur ces mêmes orifices. Enfin le sang
lui-même, après s'être échappé avec facilité, se coagule
au contact de Tair, colle entre eux les fragments d'or-
ganes produits par la blessure, et bouche ainsi bientôt
les ouvertures faites aux vaisseaux. Enfin l'inflammation
qui survient hâte la cicatrisation, qui au bout de deux on de
trois jours est déjà assez avancée pour ne plus permettre
d'hémorragie. Ces divers effets ayant été reconnus par les
chirurgiens, ils les ont employés en les provoquant même
pour faciliter la guérison des plaies, et surtout pour empê-
cher les hémorragies.
J'ai dit plus haut que les organes puisaient dans le sang
artériel les éléments dont ils avaient besoin soit pour leur
développement, soit pour réparer les pertes qu'ils éprouvent
continuellement, soit pour en séparer simplement les ma-
tériaux des sécrétions que ces organes produisent , et que
le reste constituant le sang veineux retournait au cœur par
les veines. Mais ce n'est pas k ces faits principaux que se
borne tout l'acte de la circulation. D'après des conditions
dont il n'a pas été possible de reconnaître les causes , mais
que l'observation montre , il résulte que toute particule orga-
nique assimilée k une époque quelconque par un organe,
ne peut y fonctionner que pendant un certain temps , sans
doute très-variable , selon Tespèce de l'organe , ou bien sui-
vant les circonstances dans lesquelles il se trouve ; et que ce
temps de sa fonction passé , ou si l'on veut , lorsque son pou-
voir est épuisé , la même particule est reprise par une véri-
table cause de désagrégation opposée k l'assimilation, et
ramenée dans le torrent de la circulation sanguine, où elle est
conduite dans les veines , et par celles-ci soit dans les pou-
mons , soit dans le foie , où ces particules sont expulsées, la
CHAPITRE iU. 477
SOUS forme gazeuse , et ici sous celle de bile ; ou bien en re-
Yenant, même dans les artères, elles sont conduites par
celles-ci dans une foule d'autres organes sécrétoires , qui les
séparent de la masse du sang en en formant le produit de
leur sécrétion , en composant la sueur, Turine , etc. , etc. ,
substances purement excrémentitielles , destinées k être ex-
pulsées, comme ne pouvant plus servir à aucun usage.
Cet acte de résorption des particules organiques devenues
inutiles et même nuisibles à l'organisme, a lieu par un
troisième système général des vaisseaux circulatoires , dési-
gnés sous le nom de Vaisseaux lymphatiques^ ou absor-
bants^ dont les Chylifères ne sont qu'une simple variété,
spécialement chargée d'absorber le cbyle formé dans le
canal intestinal; mais du reste parfaitement semblables à
tous les vaisseaux lymphatiques, dont ils ont la structure, la
forme, la disposition et les rapports généraux.
Ces vaisseaux lymphatiques, répandus dans tout le corps,
comme les veines, dont ils ne sont en quelque sorte que des
accessoires destinés k ramener dans le torrent de la circula-
tion, non le reste du sang artériel, après Tacte de Tassimi-
latioD , fonction réservée aux veines , mais les particules
autrefois déposées par le sang artériel, et rejetées comme de-
venues inutiles.
Les Lymphatiques sont ainsi, comme les chylifères, des
vaisseaux généralement fort déliés , prenant leur origine
dans tous les organes, et s'embranchant, comme eux, les
uns dans les autres, pour aller s'ouvrir, après des trajets
plus ou. moins longs, dans une veine quelconque qu'ils ren-
contrent, pour y verser leur contenu. Un assez grand nom-
bre de ces petits vaisseaux se réunissent cependant en un
tronc principal, placé dans le thorax, contre la région dor-
sale , où il monte pour aller s'ouvrir dans la veine sous-
clavière gauche ; vaisseau sanguin placé au devant de l'é-
paule , sous la clavicule. Cette terminaison constante ,
quoiqu'on n'en entrevoie pas la nécessité, est sans doute
4Tt THioLOMB M tA KATOM.
due h une loi organique qu'on n'a pas encore pu détermiaer.
Noos avons vu que le sang était poussé en avant dana tes
artères par le cœur, mais qae oe mouvement éprouvant de
nombreux obstacles , qui tendent k le ralentir, se trouvait
en eflTet presque totalement détrait dans les derniers ra«
muscules capillaires de ces vaisseaux ; ralentissement proavé
par la lenteur avec laquelle le sang s'échappe de ces petits
vaisseaux lorsqu'ils sont ouverts par une blessure , ne g'eo
écoulant que goutte h goutte , comme tout liquide non en
mouvement , mais simplement un peu pressé par les parties
environnantes.
Le sang ayant acquis de nouveau dans les grosses veines
un mouvement assez rapide , ainsi que le prouvent les blea*
sures faites k oes vaisseaux , il est évident que ce mouvement
doit lui être imprimé par ces vaisseaux eux-mêmes , vo qull
n'existe aucun organe propulseur spécial du sang qu'ils
contiennent; mais le moyen est encore inconnu. La tunique
propre des veines renferme bien des fibres longitudinales
qu*oa pourrait considérer comme museuleuses; mais quand
même elles le seraient , elles ne pourraient point servir k
ftiife avancer le sang ; et personne, que Je sache, n'y a eoeove
découvert de fibres transversales qui pourraient avoir eelte
fonction.
Cette structure musculeuse existe , au contraire » d'une
manière visible dans les petites artères, où Faction du eœur
ne se fait plus que faiblement sentir. J'ai très-bien vu et re-
connu ces fibres musculaires dans les artères du jarret da
YÊUphant^ dont le calibre est encore assez gros.
De part et d'autre, les contraotions successives de ces
vaisseaux, qui se feraient comme une espèce de mouvement
péristaltique, seraient très-propres k contribuer k faire dr*
culer le liquide dans ces trois genres de vaisseaux ; mais ls
Créateur a établi en outre un moyen de propulsion pas-
sif, DANS les veines, LES LYMPHATIQUES ET LES CHTLlFàRES,
en plaçant dans leur intérieur un nombre considérable dope-
8HAVITM III» éft
titesvidf Blet ftèdiMonaires dirigée obliqmméfit ëaii»le êwi
daas lequel les humears doirent cealer, de manière que
lent acte qui fait éprouver la plus légère compression k ces
oanaui force le liquide qu'ils contiennent il ayancer vers le
oceur, sans pouvoir revenir en arrière , lorsque la compres-*
sion cesse. C'est là la raison pour laquelle les grands mon-*
vements souvent répétés, comme dans la marche , et sur*
tout dans la course , accélèrent la circulation du sang , par
TeiTet des compressions que les muscles en action font k tout
instant éprouver aux veines qui les avoisinent ; d'où résulte
que le sang arrivant en plus grande abondance au cœur, ce-
Im-ei est obligé de se contracter plus souvent et plus forte-*
ment pou# s'en débarrasser , en le poussant dans le pou-*
mon; organe qui, à son tour, est forcé de fonctionner pins
activement, afin de faciliter son écoulement dans le cœur en
hfttant la respiration. Or, comme la température de ce fluide
se trouve élevée par sa combinaison avec l'air, ainsi qu'on
le Terra plus tard, il porte cette chaleur dans toutes les par«
ties du corps où elle se fait sentir.
Les vaisseaux cbylifères et les Lymphatiques amènent dans
le torrent de la circulation sanguine, les premiers des sub-
stanoes nouvelles qui doivent être converties en sang par
l'acte de la respiration , et les seconds , au contraire , une
quantité considérable de matières diverses qui ne doivent
plus faire partie de l'organisme ; et déjà le chyle contenant
différentes substances non assimilables , telles qu'une trop
grande quantité d'eau , il a fallu pour que le sang fût nu^
tritif , qu'il fût purgé de toutes ces matières non capables
d'être assimilées, inutiles ou même nuisibles. Pour gela
U SâGCSSE 0IVINE A ÉTABLI DANS OlVBRSflS fARtIfiS DU €ORf>S
MS AmMAUX DIFFÉRBUTS ÉMONGTOIRBS destinés a cet USAGE ,
organes désignés sous le nom de Giandeê.
J'ai déjk parlé plus haut de quelques-uns de ces' remar-
quables organes k l'occasion de ceux qui produisent la
salive, le sue pancréatique et la bile, humeurs servant dans
480 TH^LOGIB ra LA NATURE.
l'acte de la digestion. Les autres glandes sont de même, d'or-
dinaire , des masses molles de formes très-diffiérentes , com-
posées d'un nombre très-variable de granulations diverse-
ment conformées , creusées d'une cavité dans laquelle
s'accumule la matière que l'organe produit et qui suinte de
ces parois.
Beaucoup de ces organes ne se composent que d'une
seule de ces parties élémentaires ou Glandes simples j qui
prend alors le nom spécial de Crypte ou de Follicule. Ce sont
de petites poches d'ordinaire presque microscopiques, dissé-
minées en nombre variable dans telle partie du corps , où
elles doivent fonctionner , et dont les parois plus ou moins
épaisses laissent suinter, ainsi que je viens de le dire, la
matière que ces petits organes produisent , en puisant les
éléments dans la masse du sang que contiennent les vais-
seaux qui les entourent et les pénètrent. Lorsque la glande
est ainsi réduite à une seul^ crypte, sa cavité s'ouvre généra-
lement au dehors par un simple orifice, pour laisser échapper
son contenu, qui, par la situation même de l'organe, se
trouve dans le lieu où cette matière doit produire son eifet.
C'est ainsi qu'il existe à la surface extérieure de la peau de
V Homme, et entre autres au haut du nez, une foule de pe-
tites cryptes dits Sébacées, en forme de granulations blanchâ-
tres , ressemblant à des grains de semoule , et produisant
une humeur huileuse, qui graisse plus ou moins la peau, à
laquelle elle donne de la souplesse, en même temps que ces
petits organes séparent du sang cette matière vraiment ex-
crémentitielle.
D'autres cryptes forment également dans les téguments,
mais plus profondément, de petites poches où se produit la
Sueur, matière qu'un petit canal spécial à chacun de ces
follicules conduit au dehors, où il la déverse comme excré-
ment. Ce liquide aqueux , s'accumulant autour de cet ori-
fice , y forme d'abord de petites gouttelettes qui , en se
réunissant, finissent par couler en abondance, lorsque la se-
CHAPITRE III. 481
crétion y est activée par Taffluence du sang à la peau ; efiét
produit par la chaleur, et souvent aussi par d'autres causes.
Ces glandes sudorifiques constituent un des principaux
émonctoires où le sang se purifie des matières les plus acres
qu'il contient.
Dans rintërieur de plusieurs cavités, où les téguments qui
s'y prolongent deviennent très-mollasses , et spécialement
dans tout le canal alimentaire, il existe une foule de cryptes
analogues mais produisant une matière muqueuse ^ qui donne
à la fois son nom k ces petites glandes et aux membranes
qui les contiennent ; et que cette matière sert k humecter,
ou, comme on dit, k lubrifier , afin de les rendre plus glis-
santes , pour faciliter leurs fonctions , ainsi que cela a lien
pour les fosses nasales, la cavité de la bouche , celle des
poumons, de la poitrine, de l'abdomen, etc., etc.
Lorsque la matière sécrétée doit se trouver en grande
abondance dans un lieu restreint, ces cryptes ou glandes
simples sont liées en formant, k l'instar des salivaires, du
pancréas et du foie,^dont il a déjk été parlé, des masses sou-
vent considérables, en même temps que leurs canaux excré-
teurs s'embranchent, comme dans ces derniers, les uns dans
les autres, pour ne former, k la fin, qu'un seul tronc com-
mun, versant l'humeur sécrétée dans la cavité qui lui est
DESTINÉE. Ce sont ces masses qu'on nomme alors Glandes
cmiposées ou conglomérées.
Telles sont, outre les Glandes salivaires, le Pancréas et
le Foie , encore les Glandes lacrymales , petites masses si-
tuées dans la cavité de l'orbite de l'œil obliquement au*dessus
de ce dernier.
Dans les Reins , émonctoire très-actif , le sang se débar-
rasse d'un autre genre de substances nuisibles , constituant *
r Urine.
Ces organes sécrétoires , au lieu d'être formés d'éléments
granulés , comme la plupart des glandes ordinaires , se com-
posent au contraire de cryptes tubulées , placées k côté les
I. 31
46$l TH&LOGn BB lilu ItAttRË*
HMft 4«k^Bia^ Ml fomaiii la coiiche wperfieklk des tents ;
oj^nes doulr te ceolre eal oeoitpé par les eâimi eseréte^rs;
ce qoi' prwve que la formid des ^andes simples s'esl qu'un
obî^fa afiOessoiDev IduBi ces eamiK ses BétHUssesl ii^ ki is ,
en un seul , pour chaque rein , qui conduit Tamie èans b
Jf00ii0i , placée dans la partie antérieure dv fofid éa bassin ;
pQobe m/embraneuse , fooméec de petits faiseta«K Biiiaenlem
ciHHfiés euf plbfiieuns sens , et de façoa k resserrer cepsiéé-
rablementv cette poche par leurs conlractioBs poor en ahasser
lliuîoa: qu'elle contienti, lorsque sa trop grande pIém>Cade
darâcNQti godante, ei^ulsion qui dw reste Wa lies 411e par la
i^olQDt^'de l^'individu. La structuœ que préscotok eesajet la
vfmieieti aes* oanauK afféoenta et afférents y bst ÉGiiLEivMY
FOal: lUilfl^H(|DA0L& POUR UBTTRfi CET OIWailB LE MlftUX «H
ÉTAT DE REUPISIR OOKYBNABIiHlIEKT SA W0tW9V}V(i
Laa neias séeiëtant oonstamment de L'ariiiie en» fort grande
qua&Uté^ oette humeur arrive sang intsrruptioii- k fea> vessiie',
qui )lui:f sert dtentmpôtt; et pour qufellë ne s'en^ échappe pas
coatinueUaaientt, son^ oaoal exûrétbun; par lequel ce liquide
dait-final^oomt s'écouler autdahoravostientaori d'an- anneau
nHifi£lilanx<qttiJè Desserre* dans Tétat* ordinaire, aflir d'em^
pécher cetécoiilenientjusqU'k.ce que rindiindu le pernaetie-,
en. lui livrant volontairement passage, .lorsqu'il s'y sent en-
gagé pat) la^^éne que- cause «la plénituda' dn* la vessie. Fen^
(dant que celle-ci s'emplit, l'urine ne pouvant s'échapper au»
(dehors , . aérait^ disposée k r^uer vers les reins , sutfout
iorsqae la».ves«6CQmnienoek en âtm^orgée. Pour empêcher
C6 retatirv.iheftt'Sii£Gis il.estvrai,. de placenk Ventnte deS'
canaux aJBTérents ou Uretères , des valvules ou soupapes qui
s^y oi)4l>a6assfiiiii mi&VAMAirr ussmoybns, il y pot empi^o^-é
UN^tOigrRfii.lMYaNlD'OOCILIISION DE CHS ORIFICBS', BN PAlSÂim
SIMPLEMENT ^^ÉNÉTRER CES URETÈRES DANS LA YESSUB, £!f
Oaxonçoîli' que, par oeUè disposition v rurise peut faci-
dans la vessie, tant^cps cella-ci n- est pas
CBAPITRB m. 4ë3
distendue par le liquide , ei ^'il peut encore y arriver,
quoique diffieileqient loreqii'elle est pleine; mais le monte'*
ment rétrograde est à peu près impossible : la lèvre de Yùrh-
fice faisant les fonctions de valvule , s*apptiquant contre la
paroi opposée, avec d'autant plus de force que la contrac^
tion de la vessie est plus grande pqur chasser cette humeur.
Un autre émonetoire de sang» le plus important de tous ,
est celui de Tappareil de la Respiration » où non-seulement
le chyle est définitivement converti en sang , mais où le sang
veineux , devenu incapable de servir à la nutrition du corps ,
se purge surtout de diverses substances nuisibles que les
vaisseaux lymphatiques y ont versées ; effet qui a lieu par la
combinaison de ces mêmes substances avec Toxygène de
Tair, ou bien avec oelui dissous dans l'eau ; d'où naissent
deux grapds modes de respiration, Y Aérien et Y Aquatique ^
lesquels varient enocure considérablement sous le rapport de
la forme et de la disposition des parties qui constituent l'ap-
pareil où cet effet est produit; modes qui fournissent divers
caractères distinctifa des grandes divisions du Règne animal.
En thèse générale, la respiration est toujours un acte au
moyen duquel le sang se trouve mis en communication avec
l'oxygène avec lequel il se combine en tout ou en partie, soit
en l'absorbant , soit en lui abandonnant quelque»^uns de
ses composants, et principalement le Car6one, dont le sang
veineux est surchairg^ ; substance qui , par sa combinaison
avec l'oxygène , forme de l'acide carbonique el s'en échappe
sous cette forme ; en même temps que , par cel effet chi«
mique , il se produit plus ou moins de chaleur , absolument
comme dans la combustion du charbon dans nos foyers.
Aais du reste , il suffit que cet effet soit produit , que ce soit
d'ailleurs par le moyen de l'oxygène contenu dans l'air, ou
par celui que l'eau tient en dissolution.
Les MAUViFiRES ayant tri destinés à vivre , la plupart
SUR LA TERRE, ET TOUS k RESPIRER l'air, Icur appareil res^
piratoire a |i gbt effet été conformé et disposé pour re»
484 THBOLOGIB DE LA NATURE.
cevoir facilement le gaz atmosphérique. Or rien ne parait ,
au premier aperça , plus propre pour cela que toute la sur-
face du corps, naturellement exposée au contact de Tair;
MAIS UNE CIRGONSTANCE MAJEURE l'eXGLUT , COmmC UC pOU-
vaut pas remplir ici cette fonction. En effet , la combinaison
du sang avec Voaygéne ne peut s'effectuer qu'à travers des pa--
rois exlrêmment minces ; conditions que les téguments des
grands animaux ne présentent pas ; et Tobservation montre
en outre que la respiration ne peut s'exercer que par des or-
ganes constamment humectés ; autre caractère que la surface
générale du corps ne présente également pas. De ces deux
conditions résultait la nécessité de localiser la ponction
de la respiration des grands animaux aériens dans un ap-
pareil SPÉCIAL PLACÉ dans L'INTÉRIEUR DU CORPS , ET D'y
AMENER l'air , soit par aspiration , soit par injection ; moyens
qui ont en effet été Tun et l'autre employés : le premier,
chez les Mammifères , les Oiseaux et la plupart des Rep-
tiles; et le second, chez les Batraciens Anoures et les
Chéloniens. Or rien n'était plus propre à cet usage que la
cage osseuse formée par le thorax des Mammifères , qui ,
offrant des parois très-résistantes , pouvait parfaitement ser-
vir à faire ainsi les fonctions d'un corps de souiDet. Il a sufB
pour cela de remplir les intervalles de tous les os qui consti-
tuent cette cage par des parties musculeuses , qui , tout en
servant au mouvement de ces derniers , sont elles-mêmes
assez consistantes pour résister k la pression que l'air exerce
sur elles, lorque le vide est formé dans cette cavité; but
DANS LEQUEL tB THORAX A PLUS SPÉCIALEMENT ÉTÉ FORMÉ ,
TOUT EN SERVANT AUSSI , GOMME NOUS l' AVONS VU AILLEURS ,
À CONTRIBUER PUISSAMMENT À L'ÉQUILIBRE DANS LA STATION ,
AINSI qu'aux mouvements LOCOMOTEURS, ET À PROTÉGER
LES VISCÈRES CONTRE LES CORPS EXTÉRIEURS.
Cette cage, par elle-même ouverte k ses deux extrémités ,
est fermée en avant , pour l'effet qu'elle doit produire dans
la respiration , par diverses parties molles qui y pénètrent ,
CHAPITRE III. 485
telles que l'œsophage et la trachée-artère ; celle-lk , pour li-
vrer passage aux aliments ; celle-ci , pour y conduire Fair
qui, pénétrant par la bouche ou les narines, et destiné à la
respiration. Quant h Touverture postérieure de cette même
cavité osseuse , beaucoup plus grande que l'antérieure , elle
est fermée par le Diaphragme ; large cloison musculeuse in-
sérée en haut aux vertèbres postérieures du thorax ; sur les
côtés, aux dernières côtes; et en bas , à Textrémité du ster-
num , en ménageant au centre trois principales ouvertures
pour le passage de TOEsophage , de l'Artère aorte , et de la
Veine cave inférieure. C'est cette cloison musculeuse qui
fait par ses mouvements les effets du soufflet dont j'ai parlé
un peu plus haut. Pour cela, cette membrane prend une
DISPOSITION particulière ; AU LIEU d'ÉTRE TENDUE EN LAME
PLANE ENTRE SES ATTACHES , ELLE PREND AU CONTRAIRE UNE
FORME FORTEMENT CONCAVE EN ARRIÈRE , SOU CCntrC étant
tiré en avant dans le thorax par le médiastin , cloison mem-
braneuse qui partage la cavité de la poitrine en deux moitiés
latérales. Mais on conçoit que cette forme bombée n'est point
nécessairement due it la simple présence de cette cloison ,
mais qu'elle existe parce que le médiastin constitue un
FREIN placé là dans l'iNTENTION DE PRODUIRE CET EFFET !
car, dans le principe , le diaphragme , en n'obéissant qu'aux
efforts dynamiques qui agissent sur lui, et surtout k sa
propre force de contraction passive, devrait, à l'instar d'une
membrane de tambour , se tendre en lame droite.
On conçoit qu'avec la forme que le diaphragme affecte ,
s'il vient k se contracter, la saillie convexe d^ toute part ,
qu'il fait dans le thorax, s'efface en devenant moins forte;
que par là , la cavité de ce dernier augmente , et que le vide
étant formé dans son intérieur, l'air extérieur s'y précipite
par la trachée-artère , la seule communication du thorax avec
l'extérieur ; et que ce fluide ressort lorsque le diaphragme
revient en avant par son relâchement.
Quoique le diaphragme soit le principal agent moteur de
4S6 THÀ)LOett Bl LA NATURE.
la respiration , la cage qoe forme le thorai contribue cepen-
dant aussi à cette action par ses nonTements, surtout dans
les cas d'upe respiration féiiée ou forcée, eq faisant varier
la capacité de la poitrine , par ses 4U)atation8 et ses resser-
rements alternatifs volontaires.
Les côtes des Majumifèi^ipis étant mobiles sar les vertèbres,
et dirigées obliquement en arrière (en dessous cbez Vkomm$),
d'où leurs cartilages terminaux reviennent en avant pour s'ar-
ticuler avec le sternpm ; il s'ensuit» qu'étant portées en avant
par la force des muselés intercostai^i exterqes , etc, , elles
éloignent le sternum de la colonne vertébrale « ^t augmentent
ainsi la capacité du thorax ; tandis qiie l'effet contraire est pro-
duit par les muscles intercostaux internes et le petit oblique
abdominal , en ramenant les côtes ï leur position primitive;
mouvements d'où résulte q\i^ Tinspiration par ce ipoyen est
active et Texpiratiou plus particulièrement passive : nous
verrons plus loin que le contraire a lieu cbez les Oiseaux.
C'est ainsi au tborax et au diaphragme, parties purement
accessoires dans l'appareil de la respiration , que sont con-
fiés les mouveuf ents nécessaires à Taccompli^^went de cette
importante fonction , tandis que l'organe essentiel ou le Pou-
mon, dans lequel se fait la comt^inai^on du sang avec Tox;-
gène, reste entièrement passif quant à l'action mécanique.
Ce PovmQn consiste, dani$ l^ principe, en d^ux sacs, nn
de chaque côté , formés d'une qiembrape très^mince et déli-
cate, remplissant librement la majeure partie de la cavité
thoraçique, dont le restant est occupé par la cloison mi-
toyenne que forme le JUédmtin^ cloison membraneuse, sé-
parant les deux poumons , et dans laquelle sont contenus le
cœur, les principaux troncs dea vajsseaqx sangu^)s partant
de ce dernier, et l'œsophage.
Ces deux sacs pulmonaires sont ensuite sutidiviaé^ inté^
rieurement en d'innombrables cellvies de ^ême nature,
auxquelles aboutissent des rami|ication{^ da canani( aériens
ou 9rm^he$^ ramMW de la Trachéf-^r^r^ ^ leur tronc
commttB » qni seule vient s'oQTrir éaiu le {rtuuryDK , 4A ék
communique d'une part avec la iHHiehe et ée l'anM «nec Im
fosses nasales , ouvertes ^ Tair «xtérîenr*
On conçoit, par cette disposUon , que si te vîée êit fdMij
dans le thorax , l'air extérieur y pénèQpe en s'jr préei|>iliaiil
par les narines on par la beucMs en mmplîsslMt les p^u-
meus , où il agit k travers les parois eitinêmèÉiènt «indis«il
dëiieates des eelltiles de ee dernier, sur ie sang niAé ai
cbyle que contiennent les innoQibrables iraisseanK uBif^nins
de leurs membranes.
Cet effet étant produit en vi| instant» Tair ^isé d'une
grande partie de son exygèn^ ëtapt devenu Snoapabte de
servir plus longtemps k la respiratimi du sang est , ainsi que
je l'ai dit , rechassé par les mêmes voies par lesqueltSB il est
entré.
Par cela même que le vide se Fomie dans le thorai, et qm
Tair extérieur s'y précipite par la trachée-^artère , eelle*ci se
trouverait à chaque inspiratimi fortement eomprimée iet
entièrement oblitérée pur bi pression extérieure de l'air^ si
ce c^iial était, eemme rgosopliage, entièrement membra-
neux; mais €BT HfCQNVtlCIEKT k PARniTEHBllT ÉTÉ PRÉVO
BAU LA SAGESSE DiVI!» , i QUI AUCUHE Ptt6PRlÉTÉ Kl AtJCt?!!
EFFET PUYSinUE NE SAURAIT Émi IHOONEU; AUSSI T A«T-EiLE
REMÉBiÊ EN SOUTBUAIIT LES PAROIS DE CE CANAL DANS TÔÙTF
SA PAI^TiE PLACÉE AU USHÛRS DU THORAX , ET MÊME SES Plllll
CIPAI4ES BRANCEBS OU BneHCnU lUSQU'i UNI CERTAINE HtS-
TANGB BANS l'iNTÉRISUR UB CB UBRNIBR , PAR BB NOllBllEtjll
AMNEAIJX CARTILAOINBUX TRANSVERSAUX TRtS-RAPPRi»CHÉS ,
QUI L'EnpÉcuENT BB s'appaisser, tout M lui Isîssmt h
souplesse nécessaire, aux mouvements du cou et à la fonna«
tîQU de la voix.
Tel est le mode spécial de respîrRtloÉ aiféeté h fam tes
Mammifères. En parlant plia loin de cette fonction ches les
autres animaux, je ferai voir par qubls savants movbns
L'iNTELLiaENSB GRÉATRlCa A MKHimÉ , OU VftlfB nBIfPLAGÉ PAR
488 TEuSoLaeiB db la naturb.
d'autres organes cet appareil si compliqué 9 LORSQUE CE-
LUI DES Mammifères a du être changé , ou abandonné ^ se-
lon LES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES LES ANIMAUX SB
TROUVENT SUCCESSIVEMENT PLACÉS par suite de la progres-
sion que suit l'échelle animale.
En jetant un simple coup d'œil sur tout Tensemble du
vaste appareil de l'assimilation et de ses accessoires , par le-
quel les substances étrangères , capables de pouvoir servir k
la nourriture des animaux , sont d'abord découvertes par
ceux-ci , puis saisies par eux et introduites dans leur appareil
digestif, qui en sépare les particules nutritives, absorbées
ensuite sous forme de liquide par de nombreux canaux, pour
être répandues dans tout le corps au moyen d'un système
très -compliqué de vaisseaux spéciaux, où cette humeur
éprouve, sur plusieurs points par où elle passe, diverses
opérations qui rendent les différentes parties qui la compo-
sent définitivement assimilables par tels ou tels organes , et
rejetées au contraire au dehors lorsqu'elles sont inutiles on
dangereuses, comment est -il possible que, même par le
PLUS INCONCEVABLE RAISONNEMENT , ON PUISSE ARRIVER 1 LA
CONCLUSION , QUE TOUT CET ADMIRABLE ARRANGEMENT NE SOIT
QUE LE SIMPLE EFFET DE l' AVEUGLE HASARD ? ET NE POINT T
voir , avec la plus parfafre évidence , le résultat de
l'oeuvre la plus sublime d'une Intelligence suprême
toute-puissante, qui a établi tous ces inconcevables
rapports , dans leurs dépendances même les plus éloi-
gnées, pour arriver au but final, le développement et la
RÉGÉNÉRATION DE l'oRGANISME ANIMAL ? GonclusioUS forcécS
auxquelles certains Philosophes essayent cependant de ré-
sister, par des raisons difficiles à comprendre, en cher-
chant à faire concevoir que cet étonnant enchaînement
n'est que le résultat des propriétés physiques inhérentes à
la matière brute. Or non-seulement cette grande fonction
de l'assimilation , mais encore toutes les autres , présentent
de même les preuves les plus irréfragables de la vé-
cHAnTRs 111. 489
rlté fondamentale de toute chose , que tout est l*qeuyre
d'un Être suprême , créateur de l'univers .
En effet, gomment se peut*il que précisémeDt tel animal,
comme le Lion ou le Tigre , par exemple , dont les in-
testins ne peuvent digérer que la chair fraîche : celle un
peu corrompue le rendant déjk malade et le ferait périr
s'il était réduit à s'en nourrir; que cet animal, dis -je,
soit aussi pourvu d'organes des sens.tellement subtils qu'il
découvre sa proie k grande distance, la voyant même au
milieu des ténèbres de la nuit; quoique ces différents
organes sensitifs soient par eux-mêmes entièrement indé-
pendants de cet appareil digestif? Comment est-il en outre
possible que ce même animal soit en même temps aussi
parfaitement conformé dans ses organes locomoteurs non-
seulement pour être des plus habiles à la course et au saut ,
afin de pouvoir atteindre cette proie ; mais que ces mêmes
membres soient encore si admirablement composés jusque
dans leurs plus minimes parties pour servir eflBcacement
d'armes dans les combats que cet animal est obligé de livrer
à sa proie? Et en thèse générale , comment se fait-il qu'aucun
animal carnassier chasseur n'ait des doigts et des orteils
revêtus de larges sabots uniquement propres ii la course, mais
non à la préhension? Comment concevoir encore que les
dents de ce même animal aient justement la forme et la dis-
position les plus convenables pour seconder les membres
dans le combat , et soient en même temps les seules propres
k pouvoir diviser la chair dont cet animal se nourrit? Après
cela, GOMMENT EXPLIQUER CETTE PARFAITE CONCORDANCE DE
forme, de disposition et de structure qui existe entre tous
les organes buccaux pour les rendre capables de réduire la
nourriture aux conditions voulues pour être déglutie , sans
que parmi ces nombreux agents de toute espèce il ne s'en
trouve aucun de trop , ni aucun de trop peu ; en même temps
que chacun fonctionne avec la plus admirable précision pour
eontribuer au ^ct final? Comment se peut-il en outre que
490 TH]fa>LOaiS M hà HATURS.
déjii la cavité buccale renferme des appareils si étonnamment
organisés , eonslitaant les glandes salivaires sécrétant une
humeur qui, imbibant les aliments « contribue efficacement
à leur décomposition digestive qui a lien dans une antre partie
du canal intestinal fort éloignée de la bouche? Mais arrêtons-
nous un instant sur ce fait. Commbst coHCBvom ljl compo-
sition DE CES GLiOlDES SALIVAIRBS ET LE PRODUIT QU* ELLES
FOURNISSENT. Si Tou admet même, ce qui est fort eitraordi-
naire, que les glandes salivaires simples existent en nombre
considérable sur tels points de la tête sous la forme de
petites poches entourées de nombreuses artères et de veines,
contenant dans le sang qu'elles renfermeqt les éléments de
la salive; aucune loi phyûque régissant la matière bmte,
aucune théorie, quelque extraordinairo qu'en puisse l'ima-
giner, fpême par les hypothèses les plus singulières, ne
sauraient faire comprendra ^ ainsi que je l'ai dé^ ^t
remarquer ailleurs, comment il est possible que ces petites
poches puissent ayoir la faoulté 4<^ choisir dans la masse de
ce sang ces mêmes élémepts de la salive , et d'en composer
cette humeur qui s'accumule dans leur cavité, et que ce seit
précisément un liquide capable d'agir en premier sar les ali-
ments iqg^rés , amenés par le f^oncoura de plusieurs autres
orgapes entièrement différents , fort éloignés de c^ glandes.
Mais aoceptops encore tout ceci comme un fait inexpliqué
ou plutôt inexplicable ; oomment se paît-il que les cryptes
AIENT PRÉCISÉMENT DES G^lfAUK EXCRETEURS , SURTOUT EM-
BRANCHÉS LES yNS SUR LES AUTRES, EN ÉCONOMISANT AINSI LA
PLAGE QUE LEUR GRANP NOWni DEVRAIT OCCUPER? D'après
les lois physiques connues, la salive devrait s'accumuler
dans ces petites poches , le^ distendre graduellement , et
enfin les faire crever et se répandre partout, sans précisé-
ment arriver dans la cavité de la bouche , où , stule , elle jmU
servir ; c'est*à-dire qu'il aurait dû y arriver ce qui a lieu dans
un abcès qui finit par s'ouvrir. Mais non , chacun de ces
fplljqiles est mui|i duq caqal qui s*unit successivement k
CHAflTBB Ul. 404
toqs les autres pour ne former qu'ua petil nombre de tropcs
çoipiliups, et même un aeul pour la glande Parotide placée
derrière la mâchoire^ et qui yient a' ouvrir précisément dans
|a bouG^^i où 1^8 alimenta sont amenéB pour a*iinbiber de
cette humeur digeslive*
Quelque simple que la cbose aoit en elle-même , aucune
e:(p]ipatiou ne saurait faire concevoir que cela doit néce^sai-
remuent être ainsi , si c^ n'est celle qn'm^ volonté supréiie
rOUT^- PUISSANTE l'a ÉTAa^lf; AINSI, DANS LA VUB FINAI^E
Oy'EL|^?ï CONNAISSAIT d'aYANCS UANS SA TOUTStSCIBN CE ; et
)'on arrive a^x Vf^^e^ conclusions non - aeulement pqur
toutes les autres glandes séçréioires qui versent leur produit
dans le canal alimentaire, mais encore pour la structure et
les fonctions de tout autre orj^ane.
En effet , cojument se f^it-ii^ qvb les Atiilf^ifTs t apràs
AVOIR PASSÉ PAR LES UIV^^SES OPÉRATIONS QUE LEUR FONT Si
SINGULIÈREMENT SVBI|l L^S UlFFÉRENf^ ORGANES QUE iB Y^BNS
d'indiquer , n'aEEIV^NT pas engoue AÇ Tp;flMB UP GP BRÉ*-
TENDU ENGHAiNEMENT BE HASARDS, fN VENANT TOUT SIH*
PLEMENT s'ACCUMULEfl UANS LA GAYfTÉ DES INTESTINS; Car
rien n*oblige cette cavité k prendre telle forme et telle
structure , la loi physique voulant , comme pour |es cryptes
sécrétoirea, que par l'effet d^s corps étrangers qui s'y accu*
mulent, elle prenne la fprme d'un énorme $^c qui finirait
par crever en devenant plein ; mais cela n'est point ainsi :
la cavité qui doit servir de premier entrepôt est non-seule-;
ment limitée, mais encore disposée d'une manière extraor*
dinaire ; aussi parfaitement gonforii^e au but final de la
DIGESTION. Comment ^e fait«il encore que cette cavité se*
crête précisément un suc gastrique capable d'achever en peu
d'heures la décomposition des aliments, et, entre autres,
la chair morte , tandis qu'il n'attaque point les parois de
l'estomac qui sont vimti^têê ? Est-gç engoi^e le pasard , et
toi^ours le hasard, qui fait que le Paneréç^ et le Foift versent
les humeurs qu'ils sécrètent» PRÉç|aéME^T dans |e pommen*
1
492 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
cernent du premier intestin , où ils doivent principalement
exercer leur action digestive sur le chyme , préparé k cela
dans Testomac et non ailleurs , où ces humeurs ne sauraient
être que nuisibles? Est-ce aussi par hasard que tout le tube
digestif est couvert d'innombrables cryptes musqueuses, dont
rhumeur qu'elles versent dans sa cavité , a précisément , par
sa consistance visqueuse , la propriété de faciliter le glisse-
ment du chyme vers l'endroit où son résidu doit être ex-
pulsé? Comment concevoir aussi, que le mouvement pro-
gressif imprimé aux aliments ne soit soumis k la volonté de
l'animal que jusqu'à l'œsophage , où l'intervention de cette
volonté est nécessaire, tandis que plus loin le même mou-
vement est au contraire soigneusement sousTRArr À la con-
science DE l'individu, alors que l'intervention de la volonté
de celui-ci ne pourrait être que nuisible au résultat final?
Hais ce n'est pas tout encore , gomment comprendre , sans
ADMETTRE , GOMME d' AILLEURS PARTOUT , l'iNFLUENCE d'dNE
intelligence toute-puissante , que chaque partie du canal
alimentaire soit elle-même organisée d'une manière si re-
marquablement compliquée, pour contribuer, chacune à
part, k ce même but final? Comment se rendre compte de
la disposition des vaisseaux chylifères , qui non - seulement
pompent dans les intestins les sucs nutritifs extraits des ali-
ments par un procédé chimique qu'on n'a également pas
encore pu expliquer; pour conduire le chyle précisément
dans les veines , et non dans les artères ; le mélange du sang
veineux avec cette humeur, non encore assimilable, ne pou-
vant pas altérer la composition de ce dernier en lui enlevant
la propriété nutritive qu'il n'a pas , tandis que ce mauvais
effet aurait lieu sur le sang artériel.
Enfin, entrerai-je ici dans tous les détails des grandes
fonctions de la circulation, de l'épuration du sang, de l'ab-
sorption et de la respiration , en demandant en particulier à
chacun des faits si nombreux qui y contribuent , gomment il
EST possible de CONCEVOIR QU'lLS PUISSENT AVOIR LIEU, SANS
GHAFlTaB 111. 493
LES ATTRIBUER A LA SEULE VOLONTÉ d'UN ÊTRE- SUPRÊME
TOUT-PUISSANT QUI l'a ORDONNÉ AINSI DANS SA SAGESSE, ET PAR
SA TOUTE-SCIENCE ; car quel est le Matérialiste qui se croirait
assez savant pour vouloir expliquer autrement le plus minime
de ces faits? et je ne finirais point si je voulais énumérer non-
seulement tous ceux relatifs à Tappareil digestif, mais en-
core ceux dépendant de tous les autres appareils organiques
des animaux, où l*on découvre partout les savants
MOYENS QUI Y ONT ÉTÉ EMPLOYÉS POUR LEUR FAIRE REMPLIR
les fonctions qu'ils exercent. Voudra-t-on encore l'ex-
pliquer par les effets du hasard? ou bien , ce qui est peut-être
plus incompréhensible encore, en essayant , comme l'ont
fait quelques-uns , d'avoir recours , dans les explications , à
certains besoins qui auraient fait qvs des animaux primitifs^
tris-simples par hypothèse, cherchant à exercer telle ou telle
partie de leur corps pour les perfectionner, se seraient par là
compKquis de plus en plus dans leur organisme, jusqu'à de--
venir à la fin des hommes tels que nous les connaissons;
comme si le besoin qui n'est qu'un inconvénient sans au-
cune puissance active pouvait produire quoi que ce soit.
Mais en définitive on a voulu donner une explication ; et
celle-ci en est une , comme l'est celle fondée sur le hasard ;
les conçoive qui pourra , c'est-à-dire qui aura une puissance
intellectuelle assez forte pour trouver la raison de tous ces
COMMENT , dont je n'ai indiqué que quelques - uns sur le
nombre infini qu'on peut formuler : tous aussi inexplicables
les uns que les autres , sans l'admission de la vérité fonda-
mentale, que TOUT N'EST UNIQUEMENT DU QU A LA
VOLONTÉ D'UN DIEU CRÉATEUR , SEUL ÉTERNEL ET
TOUT-PUISSANT.
La grande fonction de la production des sucs nutritifs,
de leur absorption, de leur circulation dans le corps et de
leur épuration s'exercent de la même manière chez tous les
ANIMAUX vERTÉRRÉs, cu Offrant toutcfois, comme les autres,
des différences notables dans chaque classe.
404 TH^LOGIB Dt LA NaTURV.
CbeE les OitEiox la digestion s'exécute, h Irès-peti de
chose près, comme dans les Mammifères, avec quelque mo-
dification dans les formes des organes qui y contribuent.
Nous avons déjk vu ailleurs que ces animaux étant esso-
tiellement destinés ï traverser rapidement Tair , leur tète
était terminée en avant par un bec plus ou moins conique,
parfaitement conformé pour servir k fendre facilement l'air,
et que les mandibules cornées qui le constituent, rempla-
çant a la fois les lèvres et surtout les dents des autres verté-
brés, dont tous les oiseaux, sans exception, sont complète-
ment dépourvus; et que c'est au moyen de ces mandibules
que ces animaux saisissent et mftchent leur nourriture.
Les mandibules du bec sont d'ailleurs si bien organisées
pour remplacer les dents dans leurs fonctions, qo'bllbs sb
MODIFIBNT DANS GBAQUE famille SUIVANT LB GBBRB D'aUMENT
DONT CES ANIMAUX SB NouRBissBNT. Quc chez Ics camosêiers
vivant de chair fraîche le bec est généralement crochu , la
mandibule supérieure se recourbant fortement en dessous
sur rinférieure, et se termine en une pointe très-aiguë, avec
laquelle ces oiseaux déchirent facilement les chairs , pour en
détacher des lambeaux , qu'ils avalent ensuite d'une pièce
sans pouvoir du reste les mâcher ; mais ce désavantage se
trouve compensé par un plus grand pouvoir digestif de leur
estomac, qui réduit facilement ces fragments en chyme.
Les espèces cama$êiér€s se tumrriesant de chair marte ,
substance plus friable par un commencement de décomposi-
tion, ont déjà le bec moins crochu , mais toutefois asseï
pour servir efficacement k dépecer leur nourriture.
Les oiseaux ichthyophages ont le bec conformé à peu près
comme les carnassiers , lorsqu'ils se nourrissent de grands
poissons, tandis qu'il est d'ordinaire droit chez ceux vivant
de petites espèces, qu'il leur suffit de saisir et d'avaler d'une
seule pièce.
Ceux qui vivent de trép-petiU animaux, comme d'insectes
et de vers, ont généralement le bec droit, et les mandibules
QHAPITRB Uti 49K
droites , égaieâ el fitibles , ou bien légèrement arquées ,
comme n'ayant aucun efibrt k produire avec tel organe
pour saisir et dépecer leur aliment, qu'il leur sufSt d'écraser
un peu.
Parmi les granivores , les uns avalant les grains sans les
briser, ont d'ordinaire le bec légèrement crocbu et la man^
dibule supérieure un peu plus longue que l'inférieure; ce
qui suffit pour relever les graines dont ils vivent.
Les petites espèces» pour lesquelles les semences dont
elles se nourrissent sont proportionnellement grandes, ne
les avalent généralement pas sans les avoir brisées , pour en
rejeter la coquille et écraser Tamande. Pour cet effet, leur
bec est d'ordinaire conique, et la mandibule à peu près
égale « mais assez forte.
Enfin les espèces herbivores , telles que les Oies , ont les
mandibules k peu près égales et garnies dans le fond de la
boQcbe de crêtes transversales, faisant les fonctions des
saillies qui caractérisent les dents des Mammifères herbi-
vores.
Les Canardé et autres Palmipèdes , dont le beo est con-
formé de même, quoiqu'ils se nourrissent de petits animaux,
emploient très-avantageusement cette conformation de leur
bec, soii k broyer leurs aliments, soit à cribler l'eau en la
faisant entrer par l' extrémité de leur beo et ressortir entre
les lamelles transversales , pour ne retenir que les petits
corps dont ils vivent.
Dans d'autres Oiseaui encore on trouve des becs diver-
sement conformés , souvent semblables ë ceux dont je viens
de parler, quoique la nourriture ne soit pas la même; mais
c'est dans les cas où unB Aurfis HAison l'a axigé ainsi, ou
bien lorsqu'il n'est point incompatible avec le genre de
nourriture. C'est ainsi que les Perroquets ont le bec crocbu
des Oiseaux de proie , quoiqu'ils se nourrissent de fruits
et de graines ; mais c'est parce que ces Oiseaux doivent se
servir de leur bec crochu comme d'une main pour grimper.
496 TEtùUOQfM DB LA NATURB.
La Langue des Oiseaux est k peu près conformée comme
dans les Mammifères, avec celte différence essentielle qu'elle
est soutenue dans son intérieur par une grande pièce os-
seuse , appendice de Thyoîde ; pièce dont on trouve toutefois
déjà le rudiment chez les Mammifères. La langue est d'or-
dinaire aussi beaucoup moins charnue, souvent même
presque cornée k son extrémité , mais assez molle en arrière
pour pouvoir produire le vide dans Teau lorsque Toiseau
veut boire ou pour pousser le bol alimentaire dans le pha-
rynx ; cavité généralement peu distincte de celle de la bouche ;
ces animaux n*ayant ni Voile du palais ni Êpigloite saillante
qui puisse empêcher les corps étrangers d'entrer dans la
trachéé*artère. Mais il a été remédié a cet iNCONvÉNisifT,
EN DONNANT A LA GLOTTE LA FORME D*UNE SIMPLE FENTE
LONGITUDINALE PLACÉE À LA SURFACE DE LA PARTIE POSTÉ-
RIEURE DE LA LANGUE, ET DONT L' ANIMAL PEUT, À VOLONTÉ,
SERRER LES LÈVRES POUR EMPÊCHER QUE RIEN n'y PASSE.
G*EST, GOMME ON VOIT, UN AUTRE MOYEN PLUS EFFICACE EN-
CORE QUE CELUI EMPLOYÉ CHEZ LES MAMMIFÈRES.
Le Canal alimentaire proprement dit , depuis le Pharynx
jusqu'à l'Anus , ne présente rien qui mérite d'être signalé
ici , tout étant, à peu de chose près , comme chez les Mam-
mifères; si ce n'est que les Oiseaux granivores , herbivores
et quelques autres encore, ont de plus que ces derniers
animaux , un appendice latéral k leur œsophage en forme de
grande poche membraneuse , connu sous le nom de Jabot.
Cette poche sert , comme la panse des Mammifères Rumi-
nants, de premier entrepôt aux aliments que ces animaux
avalent k la hâte , mais qui passent ensuite peu à peu direc-
tement dans Testomac pour y être digérés , en revenant pour
cela dans l'œsophage par le même orifice par lequel ils sont
entrés dans ce jabot ; mais sans remonter dans la bouche
pour y être broyés ; ce broiement ayant lieu dans l'estomac
lui-même, parfaitement organisé pour cet effet.
Chez les espèces carnassières, \ Estomac est membraneux
CHAPITRU III. 497
et flasque comme dans les Mammifères, Celui des granivores
et des herbivores, au contraire, présente une antre structure;
ses parois latérales sont généralement d'une épaisseur con-
sidérable , formées de chaque côté d'une masse musculeuse
très* ferme ; les deux réunies tout autour par une bande, où
la membrane de Testomac est plus mince et par Ik flexible ;
et l'intérieur de la cavité est doublé d'une membrane mu-
queuse épaisse, presque cornée et fort rude. Cet estomac
reçoit avec cette forme particulière le nom de Gésier. C'est,
au moyen de ses deux masses latérales plus ou moins
planes, qui se frottent fortement Fune contre l'autre, que
ces Oiseaux broient , par une rumination stomacale , les
aliments que la cavité renferme; et cela d'autant mieux
que les granivoMs animaux ont l'instinct d'avaler une quan-
tité de petites pierres , qui , mêlées aux graines , les brisent
et les réduisent enpàte parles mouvements que leur com-
muniquent les vigoureuses parois de ce gésier.
L'extrémité de l'intestin , au lieu de s'ouvrir au dehors
par un orifice spécial, se termine au contraire chez tous les
Oiseaux , ainsi que dans les Reptiles auxquels ils font suite,
dans une poche commune au Cloaque , où aboutissent éga-
lement ces conduits urinaires et les organes génitaux ; dis-
position dont on ne connaît pas la raison. La fonction de
la digestion s'exécute, du reste, comme chez les Mammi-
fères.
L'absorption du chyle a également lieu par des vaisseaux
très-fins qui conduisent cette humeur dans les veines. Les
glandes qui versent leur sécrétion dans le canal alimentaire
sont aussi à peu près les mêmes. Enfin Tappareil circula-
toire ne diffère pas d'une manière notable de celui des Mam-
mifères.
Il n'en est pas de même de l'appareil de la respiration ,
qui subit dans cette classe d'animaux de grandes modifi-
cations dues à la fonction du vol qui domine celle de la
respiration .
I. 32
498 THBOLOGIB D8 LA NATURE.
J'ai àé}h fait remarquer plus haut que, pendaut le vol , les
yigovreux maicles moteurs des ailes n'agissaient pas seule-
ment sur ces dernières, mais aussi sur le sternum, oft ils
prennent leurs points d'attache, en tendant ii le rapprocher
de la oolonne vertébrale îi chacune de leurs contractions ; et
qu'en diminuant ainsi la capacité de la poitrine , ils produi-
saient respiration de l'air ; et j'ai fait remarqtter en outre
que si le diaphragme fonctionnait de même que chez les
Mammifères 4 comme principal agent mécanique de la res-
piration, et cela surtout en sens contraire des muscles
moteurs des ailes et des cAtes, sa contraction produirait l'in-
spiration , tandis que celle de ces muscles produirait l'expi-
ration ; d*où il arriverait d'ordinaire que ces deux causes
n'agissant point de concert , et surtout pas d'une manière
isochrone I elles produiraient une fâcheuse perturbation datis
cette fonction, Tune des plus importantes de tout Torga-
nisme animal ; dérangement qui rendrait k la fois le vol et la
régénération du sang diffieiles et même impossibles. Mais
CB 6RAKD IMQONVÉfllENT A ÉTÉ LEVÉ BR RB SOUMETTANT L'aCTE
MÉOARIQUB OB LA RESPIRATION QU'aUX MUSCLES EXTÉRIEURS
AU THORAX, BT BN SUPPRIMANT PURBMBRT HT SIMPLEMENT LE
DUPHRA6MB.
En employant ce nouveau moyen mécanique dans la res-
piration , il n^était toutefois guère possible que cette dernière
fût en tout temps principalement exécutée par les muscles
moteurs des ailes , qui à Tétat de repos où ils sont relâchés
n'auraient pas pu fonctionner convetiablemeiit, en même
temps que se trouvant constamment en activité, ils se se-
raient.épuisés au point de ne pas pouvoir produire pendant
le vol la force considérable qu'exige ce genre de locomotion.
Aussi , tout en les faisant intervenir dans l'acte de la respi-
ration , IL LEUR A ÉTÉ ADJOINT , COMME PRINCIPAUX AGENTS de
cette fonction « non-seulement les muscles intercostaux, qui
agissent déjà chez les Mammifères comme muscles respira-
teurs , mais encore plusieurs autres muscles accessoires , en
chàpitab m. 499
méDQe temps qiie ces organes ont été rendus plus puissants»
tant par un plus fort Tolume que par une modification impor-
tante qu'on a fait subir à leur action sur les côtes et le ster-
num, en rendant ces os plus mobiles, et en leur faisant même
remplir les fonctions de levier, afin quils pussent faire varier
plus fortement la capacité du thorax. Pour atteindre ce résul-
tat, les côtes , dont les paires se succèdent en arrière jusqu'au
bassin et se répètent en outre en avant sur les vertèbres pos-
térieures du cou, sont, k cet efiet, non-seulement plus mo-
biles sur leurs vertèbres respectives que ^ans les Mammifè-
res, mais leur seconde pièce ou côtes sternales, purement
cartilagineuses chez ces dernières, où elles se continuent
sans articulations avec les côtes vertébrales, sont au con-
traire OSSEUSES chez les Oiseaux , et très-mobiles par articu-
lations , tant sur les côtes vertébrales que sur le sternum , en
faisant des angles îi peu près droits avec les premières et des
angles très-aigus avec les bords du second. Par l'effet de
cette savante disposition, Ob L^ÉPINE DORSALE, LES CÔTES
VERTÉBRALES, LES CÔTES STERJfALES ET LE STERNUM SONT DIS-
l>OSÉS EN ZIGZAG LES UNS À L^ÉGARD DES AUTRES, il résulte qUO
la contraction du thorax est très-facile, surtout vers sa partie
postérieure ; tandis qu'en avant , précisément Ik où agissent
les muscles moteurs des ailes, elle l'est beaucoup moins: les
ailes étant fortement appuyées sur le sternum au moyen des
os coracoîdiens ; de manière que l'action des muscles des
ailes sur le mouvement respiratoire qui n'a pas pu être entiè-
rement évitée , ne constitue toutefois pas l'agent principal
de ces mouvements.
Pour rendre les mouvements des côtes plus faciles
ET mieux réglés , il a été ajouté au milieu du bord posté-
rieur des côtes vertébrales un appendice osseux en forme
de grande et large apophyse dirigée en arrière, croisant la
côte suivante, \k laquelle elle est liée par divers faisceaux de
muscles, le tout parfaitement disposé pour contribuer éner-
giquement aux mouvements de resserrement et de dilatation
500 THEOLOGIE DE LA NATURE.
du ihorax ; appendices qui n'existent point dans les Mam-
mifères, mais bien chez les Poissons, où ils reparaissent
avec une autre fonction , celle de servir d'insertion aux vi-
goureux muscles latéraux du corps pour agir dans la nage.
Par l'effet de cette simple modiflcation qu'a éprouvée le
thorax , l'Oiseau étant en repos respire tout aussi facilement
que le Mammifère, et pendant qu'il est lancé dans les airs
les contractions volontaires du thorax produites parles mou-
vements des côtes pouvant être rendues parfaitement iso-
chrones et simultanées avec celles dues aux muscles moteurs
des ailes , elles ne se troublent en rien les unes les autres ;
modifications dont j'ai, je crois, le premier fait connaître U
cause déterminante dans mes ouvrages précédents.
La force considérable que les Oiseaux sont obligés d'em-
ployer pour se soutenir en l'air exigeant que les muscles qui
la produisent puissent la réparer assez promptement k mesure
qu'elle s'épuise , il était nécessaire pour cela que le sang
qui circule dans ces organes pût non-seulement s'y renou-
veler plus promptement, mais qu'il fût aussi plus nutritif ,
ou, comme on dit, plus riche que chez les animaux qui se
meuvent moins fortement ; condition pour laquelle il a fallu
que l'acte de la respiration fût surtout plus énergique. Or
POUR CELA AUSSI NOUS TROUVONS CHEZ LES OlSEAUX LES
DISPOSITIONS LES PLUS ADMIRABLES PRISES PAR LA SAGESSE
DU Créateur pour atteindre ce but.
Le corps devant être à la fois léger et le moins volumi-
neux possible pour n'offrir qu'une faible résistance à l'air que
l'animal traverse, en même temps que la respiration devait
cependant être très-active, ce qui demandait que le poumon fût
fort développé , ces deux conditions , qui semblent s'exclure ,
ont été remplies par un moyen, comme d'ordinaire fort
simple, qui a consisté à augmenter l'organe respiratoire, en
l'étendant par de nombreuses annexes dans toutes les parties
supérieures du corps où il restait des places libres ; et comme
ces cavités remplies d'air rendit les parties spécifiquement
CHAPITRE III. 501
plus légères , on assura en même temps mieux encore l'équi-
libre pendant le vol : le centre de gravité se trouvant porté
par Ik plus vers le bas dans la région ventrale du tronc.
Or comme Tacte de la respiration consiste essentielle-
ment dans la mise en contact du sang et de Toxygène
agissant Tun sur Fautre k travers des membranes plus ou
moins minces , on conçoit que cet effet peut non-seulement
être produit dans le Poumon , organe spécialement destiné
à cette fonction , mais aussi partout ailleurs où ces conditions
se trouvent remplies, et même quoique très-faiblement, à
travers les téguments généraux du corps.
Cet effet d'une respiration supplémentaire doit, comme on
le pense bien, être d'autant plus énergique que les organes
qui en sont le siège se trouvent le mieux placés dans les
mêmes conditions que les poumons ; c'est-à-dire qu'ils doi-
vent présenter des vaisseaux superficiels sanguins , disposés
de façon que le sang qui s'y trouve contenu ne soit séparé de
l'air ambiant que par les membranes très-minces qui con-
stituent ces canaux. Or cette condition pouvant se trouver
dans toutes les parties du corps où l'air peut pénétrer, la sa-
gesse DIVINE l'a établie DANS DE NOMBREUX ENDROITS, OÙ IL
À ÉTÉ POSSIBLE DE FAIRE ARRIVER l'aIR INSPIRÉ COMME À
l'ordinaire, par le nez et la bouche. Mais pour cela il
A FALLU AUSSI MODIFIER LE POUMON LUI-MÊME, qui reStOtOU-
jours l'organe essentiel de cette grande fonction.
Si les poumons formaient, comme chez les Mammifères,
un sac ouvert seulement par la trachée-artère, il aurait fallu,
|M>ur conduire l'air ailleurs, établir aussi d'autres voies de
communication de ces parties avec Texlérieur ; ce qui eût
inutilement compliqué l'organisme; il était, au contraire,
plus simple et plus rationnel de faire passer l'air par le
poumon même, pour le conduire dans les diverses annexes
de cet organe; et c'est en effet ce qui a lieu chez les Oiseaux
seuls. On conçoit toutefois que par gela même que le sac
PILMONAIRE EST PERFORÉ POUR LAISSER PASSER l'aIR À TBA-
502 ^ THÀ>LOGIB DB LA /«ATURK.
VEtlS , IL EÛT ÉTÉ PHYSIQUEMENT IMPOSSIBLE d'y FAIRE LE
VIDE, pour y attirer Tair, tant qu'il fut resté sous la forme
DE SAC libre, simplement renfermé dans la cavité thoraci-
que, où Pair s*enga^eant entre le sac et les parois de la poi-
trine n*eùt pas permis au poumon de se gonfler pendant Tin-
spiration : circonstance qui établit une nouvelle diflicullé qu*il
a fallu vaincre; et c'est ce que le Créateur a fait en modi-
fiant SIMPLEMENT UN PEf] CET ORGANE CHEZ LES OISEAUX SEULS.
Ce changement a consisté h faire adhérer le poumon par
tonte sa surface supérieure aux vertèbres, aux côtes verté-
brales et aux muscles intercostaux correspondants , en lais-
sant sa face inférieure libre dans la cavité pectorale, k dis-
tance du sternum ; et à cribler partout la surface de cet or-
gane de petits trous formant les terminaisons d'un certain
nombre de rameaux bronchiques, par lesquels l'air qui pé-
nètre par la trachée-artère dans le poumon s'en échappe
pour se répandre partout où il trouve de la place. Quant à
rintôrieur de cet organe, il a subi d'assez notables change-
ments, comme CONSÉQUENCE DE CE NOUVEAU MODE DE RESPI-
RATION.
Les principaux troncs bronchiques perdent leurs arceaux
cartilagineux après avoir pénétré peu lavant dans le paren-
chyme des poumons; et devenus ainsi entièrement mem-
breux, leurs rameaux , qui continuent ii se subdiviser dii
reste comme chez les Mammifères, communiquent latérale-
ment les uns avec les autres, de manière k se résoudre k
la On en un tissu semblable k celui d'une éponge, dont les
cavités forment des canaux ramifiés , et dont les filaments ,
anastomosés de mille façons , ne sont que les dernières
subdivisions des vaisseaux pulmonaires liées encore par
quelques brides membraneuses. L'air traversant ce tissa
spongieux sort par les orifices dont la surface du poumon est
criblée, en remplit tous les intervalles des autres organes
circonvoisins de la région supérieure du corps; lesquels
forment ainsi plusieurs poches remplies de gaz atmosphé-
CHAPITRE 111. S03
rique, qui agit sur le sang copteuu dans les vaisseaux superr
ficjels de c^s organe^» a^solumept cQpxvd^ il agit dsiPP le
poumon même.
On a compté iin certain nQn)|)re de ces poclies » dopt 1(1
{principale est la cavité viscérale même; ipais elles sqpt ré^N
ement innombrables. L'air ainsi çxtravasé remplit non-^^eur
lement les cavités méqagées entre les organes contepifs; dpns
le thorax , l'abdomen et le bassin , mais il pendre inême
dans les intervalles laissés entre les nombreux cl^efs des
muscles de la région sqpérieur^ du cprps, et parvient pç^f
1^ jusqu'à la tête et méine daps rintérieqr de tous |e^ os de
la partie supérieure du corps, dont i| remplit le tissii cellu-
laire, ainsi que les grandes cavités des os longs dos ^ile^»
qui, à cet effet, sont dépourvus de moelle ; tandis qu^ dans |i
partie inférieure du corps, et spécjaletnent dans le^ piembrap
postérieurs , ces cavités n'ei^istent pas , les os étaqt , coqtiqe
chez les Mammifères, remplis de mpelle.
Par l'effet de ce p[rand vp}uipfi d'air renfermé dans le p(w*ps
des oiseaux et qqi s'y renouvelle par leç contractions et les
dilatations alternatives que les cavités gui le contiennent
éprouvent par les mouvements des orgapes circonvoisins ;
air qui sort et entre jpar les pores cpnstafpipent ouverts des
poumons , la respiration dq sang peut avoir lieu avec plus
ou moins d'énergie , sur up Mep plus grand espace que chez
les Mammifères ; en mép^e temp« que ces poçlies aérienne^
rendant la partie supérieure du corps spéciflquement plu^
légère que l'inférieure, contribuent beaucoup k qtl^intenir
réquilibre de l'oiseau dans le vol : second but que i^'intelm-
6ENCE suprême ▲ ATTEINT PAR (.À.
Certains Physiologistes ont n^énfe pen^é que ces cavités ^é-
rien nés des Oiseaux avaient pour raison dç rendre cea animaux
spécifiquement plus légers dans l'air, afin de faciliter le vol,
en les transformant en une espèce de ballon aérostatique vi-
vant; mais c'est bien chercher le merveilleux Ik où il n'y en
a pas; car le moindre examen de la question fait voir que le
504 THKOLOGIB DB LA NATURE.
gaz contenu dans ces poches n'est autre chose que de Tair
atmosphérique , mêlé même d'acide carbonique, et par la
spécifiquement plus lourd que l'air extérieur; et si la tem-
pérature plus élevée k laquelle ce gaz se trouve le rend plus
léger, celui-ci doit, par sa petite quantité, avoir un si faible
effet sur le poids spécifique de l'oiseau , que réellement on
ne saurait en tenir compte.
On conçoit, par cette disposition de l'appareil respiratoire
des Oiseaux, que si le thorax est dilaté principalement par
l'abaissement du sternum dû au mouvement des côtes, l'air
doit pénétrer dans le poumon et le traverser pour remplir
les poches aériennes annexes de cet organe, et en être
expulsé par la contraction; effet auquel contribuent en
outre des expansions musculeuses qui entourent les gros
troncs bronchiques, et en outre une lame musculeuse qui
revêt la lame inférieure de la poche renfermant le poumon ;
lame du reste très-faible, peu apparente chez les petits
oiseaux , mais qui , selon Cuvier , se trouve chez Y Autruche,
Dans la Classe des Reptiles , l'appareil de la grande fonc-
tion de la Nutrition éprouve encore d'autres modifications
COMME conséquence DES CONDITIONS SPÉCIALES DANS LES-
QUELLES CES ANIMAUX ONT ÉTÉ PLACÉS , TANT PAR LA DÉGRA-
DATION QUE LEUR ORGANISME SUBIT QUE PAR LE GENRE DE VIE
ASSIGNÉ AUX DIVERSES ESPÈCES SELON LEURS TYPES.
Les Sauriens étant des animaux terrestres et d'ordinaire
quadrupèdes comme les Mammifères, ont aussi à peu près
le même Appareil digestif; des m&choires garnies de dents,
mais plus simples que chez ces derniers, étant partout plus
ou moins coniques comme les canines dont elles ont aussi la
fonction, ne servant le plus souvent qu'à saisir et k.déchirer
la proie. Mais outre ces dents maxillaires , plusieurs genres
de Sauriens en ont encore d'autres implantées au palais et
plus ou moins arquées en arrière pour servir plus particuliè-
rement à la déglutition. Ces mêmes dents palatines se retrou-
vent ensuite, pour le même usage, chez les Serpents et même
CHAPITRB III. 505
chez les Batraciens, qui, par contre, en manquent quel-
quefois à la mâchoire inférieure ou à la supérieure.
Quant aux autres organes buccaux, ainsi qu'au Pharynx et
ii YŒsophage, ils ressemblent moins a ceux des Mammifères
qu*k ceux des Oiseaux , classe qui fait suite aux Sauriens.
Pour ce qui est de Y Estomac et des autres parties du tube
intestinal, ils sont k peu près dans les conditions intermé-
diaires entre ceux des animaux de ces mêmes classes ; en
approchant toutefois davantage de ceux des Oiseaux ; le Rec-
tum , les organes urinaires et ceux de la génération aboutis-
sant k un Cloaque commun. Il en est de même des organes
sécrétoires dépendant de l'appareil de la digestion. Enfin le
système sanguin est aussi à peu de chose près le même , ne
différant essentiellement de celui des deux premières classes
que par la composition du cœur, qui éprouve déjk d'assez no-
tables changements pour être préparé à la condition qu'il
DOIT présenter chez LES PoiSSONS , ANIMAUX OÙ LE COEUR
GAUCHE OU AORTIQUE DISPARaIt COMPLÈTEMENT.
Pour arriver k ce résultat, les deux cœurs des Reptiles
commencent par communiquer entre eux par une ouverture
plus ou moins grande, percée dans la cloison qui sépare les
deux ventricules ; ouverture au moyen de laquelle le sang
veineux et le sang artériel se mélangent; et ces animaux
présentent en outre la particularité que chacun des deux
ventricules produit une Aorte; celle de droite, plus forte, se
distribuant dans le côté gauche du corps, et celle de gauche
dans le côté droit ; en même temps que ces deux vaisseaux
primitifs communiquent encore, par un tronc transversal,
avec l'Artère pulmonaire, d'où résulte également un mé-
lange des deux sangs , humeurs qui ne sont nulle part ni
complètement artériel comme celui des Mammifères , ni en-
tièrement veineux; et en conséquence moins nutritif.
Les deux aortes naissent d'ailleurs si près l'une de l'autre
que plusieurs Anatomistes les trouvant confondues k leur
origine, admettent un tronc commun entre elles.
S06 TirfOLOOIB Dl LA NATURE.
Dans les Crocodiles , la compiunication des deiix cc^pn
D*a réellement lieu que tout k f^it k Id base des ventricules,
et plutôt seulement entre les origjqes des deux ;|ortea, A^
manière qu*on peut considérer la cloison interventriç^Uire
comme complète. Dans les autres Sauriens et les Seupents,
cette cloison est, au contraire, pigs fortement échancrée à la
base, de manière que les deux ventricules comiQUûiqiieQt
largement entre eux; et enfin, chez les Batraciens, le cœur
éprouve encore une nouvelle simplificatiop qui le rapproche
déjk beaucoup de celui des Poissons, Il n'existe plus chez
eux qu*une seule oreillette reniplissant Içs fonctions 4^
deux, et la cloison des yçntricules dlisp^raiss^at çptièrewent,
les deux cavités n'en constituent plus qu'une seule , qù les
deux sangs sont en conséquçqce copiplétemenl mêlés.
Dans le seul genre Pipa , oq remarque encore vers le som-
met de cet organe un vestige de cett^ sépars^tiqa.
Les Appareils de la digestion et de l'absorption du çhyle,
et la manière dont ils exercept leurs fonctions, scmt dp r^l^>
chez tous les Reptiles, à oeq près comme d^ns les Mammi-
fères et les Oiseaux; si ce n*est qu'assez généralement ces
animaux mandent dans un temps dQpné, moins, et souvent
beaucoup moins que ces derpiers ; mstis digèrent mieu:iç.
Une disposition des plps remarquables existe toutefois
dans les organes bpccaux de l'une des principales divisions
deâ Ophidiens comprenapt les Serpents yenimep^t Ces
animaux, dont la morsure est, comme on sait, fort dange-
reuse , ont reçu à ce sujjet , pour lepr défense , un arrange-
ment tout particulier et fort curieux sous le rapport méca-
nique , dans la disposition de leur appareil miasticateur ;
mécanisme au moyen duquel ils lancent un venin très-actif
dans la plaie que leurs dents font en mordant , mais dont b
disposition est trop compliquée pour qu'on puissç en dopner
une idée exacte sans le secours de figures , et que je ne puis
en conséquence qu'indiquer ici.
Les os maxillaires supérieurs, fortement renflés et courts,
CHAPITRE III. 507
n'existent que vers rextrémité aptérieore du museau, où ils
sont mobiles sur la tête avec un mouvement d'avs^nt en
arrière. Leur bord inférieur, portant d'ordinaire les dents ,
n'en présente que de trois h cinq environ , en forme de longs
crochets en quart de cercle , recourbés en dessous et en
arrière; maiç une seule dç ces dents, la première, est
complètement dressée sur sa base, les autres successive-
ment plus petites et en train de croissance, étant repliées en
dedans et couchées dans une fossette que leur forme a cet
effet la gencive, et ne servent en conséquence pas. Ces dents
sont insérées sur une partie membraiieuse de la gencive
recouvrant Une grande fosse creusée dans la partie infé-
rieure de la mâchoire, simulant une grande alvéole dentaire,
répondant à la fois ^ toutes ces dents crochues, mais servant
de réservoir au redoutable venin dont ces animaux sont
pourvus, humeur qui s'en écoule par ces mêmes dents,
fondées pour cel^ en tube copique ouvert h la pojnte p^r
une simple petite Qssure.
Cet os maxillaire s'articule ^ sa face postérieure avec une
longue tige osseuse dirigée horizontalement en arrière,
allant s'articuler h son tour à soq exti^émité ppstérieure avec
la mâchoire inférieure ; celle-ci disposée de façon que lors-
qu'elle s'abaisse quand l'animal ouvre la bouche, celte tige
est portée en avant et pousse devant elle le maxillaire supé-
rieur, et avec lui les dents venimeuses qu'il porte, lesquelles
se fléchissent en dessus et en avant pouf revenir en arrière
lorsque le Serpent ferme la bopche pour mordre ; mouve-
ment dans lequel ces dents venimeuses agissant d'avant en
arrière, s'implantent dans le corps mordu en y lançant le
venin qui jaillit de leur pointe. Par cela même que ces
dents sont arquées avec là pointe dirigée en arrière, elles
font le contre-crochet dans l'objet saisi par l'animal , et qui
ne peut être relâché que quand ce dernier ouvre de nou-
veau la bouche. Quoique ce mécanisipe soit très-simple,
il est toutefois très-remarquables par l'efficacité de l'effet
508 THEOLOGIE DE LA NATURE.
auquel il doit coutribuer; méganisiie déjà préparé de
LOIN PAR LES MODIFICATIONS GRADUELLES QUE LES OS DE LA
TÊTE ÉPROUVENT DANS l'ORDRE DES SaURIENS, AUQUEL LA
FAMILLE DES Serpents FAIT SUITE. Mais tout 06 se boiDe
pas Ik, les dents venimeuses devant inoculer le virus par
piqûre , il était nécessaire qu'elles conservassent une
pointe très-aigue; or, si la petite ouverture de leur extré-
mité était parfaitement terminale, la pointe se trouverait
par Ik même émoussée ; aussi ce n*est point ainsi qu'elle
est percée , MAIS SUR LE CÔTÉ DU CROCHET ; de manière que
son extrémité est parfaitement pointue.
J'ai dit que les Serpents venimeux avaient plusieurs de
ces crochets venimeux de chaque côté , mais que le premier
était seul dressé et fixé , propre k fonctionner; tandis que les
autres , moins développés , étaient repliés dans la bouche ,
et encore sans usage. Cet arrangement est également fort
remarquable , tant sous le rapport mécanique que sous celui
de la fonction que ces dents doivent remplir. On conçoit que
par cela même que ces dents font contre-crochet dans le
corps que le serpent a mordu , si Tanimal blessé fait des
efforts pour se dégager, il peut facilement arriver que ces
crochets soient arrachés, d'où résulterait que le serpent se*
rait privé de son moyen de défense; mais il a été três-
SAVAMMENT REMÉDIÉ À CET ACCIDENT, AU MOYEN DES DENTS
DE REMPLACEMENT EMMAGASINÉES dout j*ai parlé ; dcuts dis-
posées de façon que si celte qui fonctionne est arrachée, la
première qui la suit se lève aussitôt pour la remplacer ; tandis
que cela est impossible tant que la première existe, et void
comment. Toutes ces dents étant implantées sur une partie
molle de la gencive recouvrant la grande fosse creusée dans
Tos maxillaire, le premier crochet, placé contre le bord
extérieur de cette fosse , y trouve un point d'appui , et s'ap-
puie en outre vers le côté interne contre la base du second
crochet fléchi de côté vers Tintérieur de la bouche, de ma-
nière ^ être assez solidement fixé dans sa position redressée,
cuAPiTAE m. a09
tandis que la seconde dent et les suivantes ne sauraient se
lever, leurs bases appuyant les unes contre les autres dans
cette position. Mais sitôt que la première disparait, la sui-
vante n'ayant plus cet obstacle vers son côté externe, peut
facilement se redresser, et y est même forcée par Teffet de
la cicatrisation de la plaie occasionnée par Tarrachement
du premier crochet : les lèvres de cette plaie se rapprochant ,
tirent la base de la seconde dent en dehors, et la forcent k se
redresser. Yoilk pour Tingénieux mécanisme des os et des
dents de ces redoutables animaux ; mais ce i^t pas tout : le
venin s'accumule pour servir au besoin , de chaque côté ,
dans un grand follicule , simulant un abcès placé au milieu
des muscles de la joue et de la tempe, les deux parties étant
confondues en une seule. C'est-à-dire que ces muscles, des-
tinées par leur fonction ordinaire et principale , k produire
Télévation de la mâchoire inférieure lorsque l'animal mord ,
compriment nécessairement par leurs contractions le réser-
voir du venin , et produisent par là l'éjaculation de ce der-
nier, qui est conduit au moyen d'un gros canal spécial dans
la cavité creusée dans l'os maxillaire , d'où ce poison s'é-
chappe par l'extrémité des crochets venimeux. Or cet effet est
d'autant plus efficacement produit, qu'un chef du muscle
temporal enveloppe tout spécialement le follicule du venin ,
en y fixant des digitations terminales , de manière à être plus
particulièrement chargé de le comprimer.
Par l'effet de ces remarquables dispositions , les crochets
venimeux se fléchissent passivement en avant, par cela
même que le serpent ouvre la bouche, et reviennent avec
force en arrière lorsqu'il la ferme pour mordre, en s'im-
plantant dans l'objet saisi , en même temps que, par l'action
des muscles releveurs de la mâchoire, le venin est poussé
dans la plaie; l'empoisonnement s'exécutant ainsi, en quel-
que sorte simplement, sans l'intention de l'animal.
Les Serpents même non vénéneux, tels que les Cou-
leuvres , ayant l'habitude de tendre leur langue fourchue au
SHU THioUMîn DK LA NATUtl.
dehors en la faisant Tibrer, lorsqu'ils sont inqQiétéa, om
pense généralement qoe c'est Ik le dard avec lequel ils pi-
quent : c'est une erreur fondée simplement sur Vapparence ;
cette langue , ayant son extrémité molle , ne peut produire
aucun effet fâcheux.
Les Serpents étant dépourvus de membres dont ils puis*
sent s'aider pour dépecer leur proie, sont obligés de l'avaler
toute d'une pièce. Les petites espèces ne vivent, il est vrai,
que d'insectes, mais les grandes avalent bien des animaux
souvent plus sros qu'eux. Or encore pour cela ces Rep-
tiles ONT reçFdes facultés remarquables qui compensent
CHEZ EUX cette ABSENCE DE MEMBRES- Lorsquc la proie est
trop grosse pour entrer facilement dans la bouche du ser-
pent, celui-ci la saisit par un bout, et cherche à l'y intro-
duire ; et comme ses dents, tant les venimeuses que d'autres
implantées de chaque côté le long du palais, sont arquées en
arrière, l'animal ayant une fois mordu, il lui est difficile de
lâcher prise; vu que ces dents faisant contre-crochets, s'op-
posent à ce que la proie ressorte de la bouche; et les efiforts
que le serpent fait pour la comprimer ia poussent toujours de
plus en plus en arrière ; d'où résulte que si le corps de la proie
est un peu gros , la cavité buccale n'étant d'ordinaire pas as-
sez ample pour la recevoir, Tobstacle que cette masse ^ avaler
forme, fait de plus en plus dilater celte cavité jusqu'k ce que
l'objet saisi puisse passer; mais, avant tout, il a fallu que cela
fût possible. Cet inconvénient majeur ayant été parfute-
MENT PRÉVU , IL Y FUT REMÉDIÉ EN PERMETTANT , PAR UNE DIS-
POSITION particulière DES MACHOIRES DE CES ANIMAUX, QUE
LA BOUCHE PUT SE DILATER EN QUELQUE SORTE INDÉFINIMENT.
Pour cela les deux branches des mâchoires inférieures au
lieu d*ètre soudées entre elles, ou du moins articulées d'une
manière immobile au menton , y sont au contraire simple-
ment unies par un ligament transversal très -élastique, ca-
pable de s'allonger considérablement; de manière que si le
serpent fait entrer une proie d'un fort volume dans sa bouche,
CHAPITRE III. 5ii
les deux mâchoires sécartent tellemeqt Tune de Tautre ,
qu'elles ne constitaént plus , relativement k l'ensemble, que
deux petits os places sur les côtés de la tête , et unis par ua
cordon entourant par en dessous le corps Yolumineux de la
proie. La bouche devenant par Ik énormément large, le ser-
pent peut y faire entrer des corps fort gros , qui passent
ensuite aussi aisément dans le pharynx, et successivement
dans l'œsophage et Testomae, qui tous se dilatent pour re-
cevoir Tobjet avalé.
La proie ne pouvant pas être dépecée , le suc gastrique
contenu dans Testomac ne peut agir sur elle que par sa
surface; aussi la digestion de ces animaux est tellement
letite, qu'il suffit k un serpent de grande taille d'avaler une
bonne proie , une seule fois toutes les trois ou quatre se-
maines , et même k de plus grands intervalles encore ; mais
aussi leuf force digestive est telle, que tout ce qui est nutritif
dans le corps de la proie est absorbé , les excréments ne
retifermant plus que les parties lout k fait indigestibles,
telles que les os et les |;)rodilctions cornées.
Lorsque la proie est ou trop grosse ou formée de façon
à ne pas pouvoir être avalée dans son état naturel, le ser-
pent l'enveloppe de ses contours, la resserre, la brise et la
pétrissant ainsi dans sa peau , l'allonge et la couvre de bave
pouf la rendre plus glissante, la saisissant ensuite par un bout»
il t'avale dans cet état comme tout autre corps naturellement
allongé. C'est ainsi que des serpents d'environ cinq à six
mètres de long Eut moins de deux décimètres de diamètre ^
mais dont ta tête n'a que quinze centimètres de long sur dix de
large , ont pu avaler des animaux de la taille d'un gros Bouc.
Quant & l'appareil de la Respiration , il présente dans
tontes les familles de la Classe des Reptiles plus d'ana-
logie avec celui des Mammifères qu'avec celui des Oiseaux;
cet appareil se trouvant chez ces derniers considérablement
modifié, en vue de la fonction du vol.
Le PotiHOT^ est, comme chez lesMammifères, un sac mem-
5i2 THJOLOGIB DB LA NATURE.
braneox flottant dans la ca?ité thoraciqae , et divisé intériea-
rement en cellules , où aboutissent les canaux aériens ou
Bronches; avec cette difiérence que, ces cellules sont de
moina en moins nombreuses et plus grandes. Les Broiiches
s*y divisent d'ordinaire peu , s'ouvrant bientôt dans quelques
grandes cavités centrales , garnies sur leurs parois de cel-
lules plus petites surcomposées , dans lesquelles Tair circule
librement. Chez les Ophidiens et les Batraciens, il n'y a
même qu'une seule cavité centrale très-grande; de manière
que le poumon prend tout k fait la forme d'un sac k parois
celluleuses , et présente ainsi sa forme la plus simple.
Pour ce qui est des mouvements respiratoires d'inspira-
tion et d'expiration , ils s'exécutent chez les Sauriens et les
Ophidiens, k peu près comme dans les Oiseaux, par l'effet
des mouvements des côtes, ces animaux étant, comme ces
derniers , privés de diaphragme.
Mais il n'en est pas de même chez les Batraciens , et
spécialement chez les Anoures, qui, privés de côtes, ne
sauraient les employer k cette fonction ; aussi la Natlre
créatrice a-t-elle introduit chez ces derniers animaux
UN autre moyen pour produire cet effet , EN rendant
l'inspiration active par une espèce de déglutition DB
l'air exercée par la langue et les muscles de la gorge;
c'est-k-dire que ces animaux, au lieu d'aspirer l'air dans
leurs poumons en faisant le vide dans le thorax , ainsi que
cela a lieu chez les vertébrés supérieurs , l'y poussent au
contraire comme par des coups de piston , et l'expiration a
lieu par la contraction subséquente de toute la cavité viscé-
rale. Pour cela l'air étant attiré par les narines dans la ca-
vité de la bouche , au moyen de l'abaissement de la langue et
des muscles de la gorge , est ensuite poussé dans le poumon
^par les mêmes organes qui reviennent sur eux-mêmes.
C'est ainsi que Dieu a par sa toute -science su modifier
LES organes mécaniquement actifs de la respiration , SE-
LON les CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES IL A PLACÉ LES
. CHAPITRE III. 51^
DIVBRS ANIMAUX, POUR LES METTRE PARTOUT EN HARMONIE
D*AGTION AVEC LES ORGANES ESSENTIELS DE CETTE FONCTION ,
AFIN QUE CELLE-CI SOIT PARTOUT EXERCÉE AVEC LA MÊME EFFI-
CACITÉ. Chez les Mammifères, c'est Tinspiration qui a été
rendue active par les effets des contractions du diaphragme ,
secondé par les mouvements des côtes ; et l'expiration est
passive par le simple retour de ces organes k leur disposition
primitive.
Chez les Sauriens et les Ophidiens , c'est encore l'inspi-
ration qui est active ; mais par Teffet des mouvements des
côtes seulement, devenues ses organes essentiels, de secon-
daires qu'elles étaient , le diaphragme ayant disparu chez ces
animaux.
Dans la Classe des Oiseaux , où il n'y a également plu'^
de Diaphragme , les mouvements respiratoires se font de
même au moyen des côtes ; mais c*est l'expiration qui est
active et l'inspiration au contraire passive.
Enfln chez les Batraciens et les Chéloniens , ni l'un ni
l'autre de ces moyens n'est plus employé. Les premiers étant
à la fois privés de diaphragme et de côtes ; et les seconds
également pour la raison de l'absence du diaphragme, et
par la fixité des côtes. Mais la fonction est maintenue en
Y employant l'appareil hyoïde et ses muscles, en pré-
ludant DÉJÀ PAR LÀ AUX MOYENS MÉCANIQUES MIS EN USAGE
CHEZ LES Poissons, ainsi qu'on le verra un peu plus loin.
L'appareil respiratoire que je viens de décrire chez les
Batraciens , comme étant anatomiquement analogue a celui
des Mammifères , est accompagné chez ces animaux d'un
autre formé par les Branchies, complètement distinct du pre-
mier, et dont la fonction est de faire respirer le sang au
moyen de l'oxygène en dissolution dans l'eau , milieu dans
lequel ces animaux vivent ; moyen qui constitue ainsi une
respiration aquatique.
Ce second appareil , accessoire du poumon , n'existe tou-
tefois d'une manière permanente que dans quelques genres
l. 3.^
5 H THÉOLOGIE DB LA HkVJKM.
d'UnooÈLES , tels que les ÀxolotU^ les Sireti , etc. , fomaol
te passage k la Classe des Poissons; UDdis que chez les
autres , comme les Tritons , les Salamandres » ainsi qoe
dans les Grenouilles et les Crapauds i qui subissent oue
métamorphose, ces branehies , qui existent d*abdrd, dispa-
raissent, et la respiration, changeant de mode, est eiercée
exclusivement par des poumons.
Ces Branchies consistent en de petites excroissances , en
forme d'arbuscules , d'une chair fort délicate, placés de
chaque côté sur le cou i et dans les téguments desqneiled
une partie du sang venant du cœur vient à circuler.
Sous cette première forme ces animaux onl| comme k Fétal
adulte, un seul cœur, composé d*un Ventricule et d'une
Oreillette^ où le sang veineux du corps arrive et âe trouve
poussé par une Aorte commune dans tout le corps; et iine
principale branche se rend dans les branchies pour y faire
respirer une partie du sang qui revient k Toreillelte par une
Veine pulmonaire unique, en y mêlant le sang qui a neuveU
lement respiré avec celui qui y afflue de toutes les parties du
corps , pour être de nouveau lancé dans tout Torganisme.
Dans les Batraciens k branchies permanentes , ainsi que
chez les Têtards des autres , le ventricule produit en outre
un tronc particulier ou Artère -branchiale qui se rend dans
les branchies pour y faire respirer le sang par Teau ; et les
veines branchiales qui reviennent de ces organes se réu-
nissent de nouveau d'abord en une branche unique pour
chaque côté ; et plus loin en un seul tronc impair qui va se
continuer avec l'aorte postérieure, sans revenir aaeœor.
Lors de la métamorphose, dont il sera encore parlé
ailleurs, les branchies disparaissant, les vaisseaux qui s'y
rendent et ceux qui en viennent s'oblitèrent, et raoîneiai ne
respire plus que par les poumons.
C'est ainsi que dans ces animaux de transition, laPhoyi-
DRNCE CKÉ\TRICE INTRODUIT CE NOUVEAU MOAB DS RESPIRA-
TION PAR Branchies, qui doit remplagbr plus liOm, am
GHAFirsi m. }ii%
%ÈB Poissons y celui pâk Pouéghs» Bit aiootant l'appa*
HÉIL QUI m REMPLÎT îiES FOSGTIONS ; d'âBORD GOMKB SUSPLÉ
JICCESSOIRB TEMPOllÂlRE | PUIS COMME leeESSdlRB PERMAN BUT
BAïf S LIS Batraciens urodèlrs inférieur ^ bt conserve en-"
FIN CE SECOND APPAREIL SEUL OBEI LES PoiSSONS , AFIN DE NB
PAS PASSER BRUSOUEMENT i UN NOUTBAt MODE HB RESPIRATION.
Dans la Classe si singulière des Ghélonibns , aDÎmaax
très-voisins des Reptiles » les Btièdtes fonctions de la di-
gestion , de la cirealalioii et de la respiration ne présentent
aoeone différence notable avec celles de ces derDierd , si ce
n^est que ees animaux étant, comme les Oiseaui, complète-
ment pHTés de dents , ont aussi comme ceux-ci leurs deux
mâchoires garnies d*«i bec corné qtii en tient lieu ; mais
du reste 4 leur eanal intestinal , leurs systèmes de circulation
et d'absorption > ainsi que l'appareil respiratoire, sont au
fond les mêmes que dans les Reptiles ; les poumons offrant »
comme chez les Sauriens ^ de grandes cavernes au centre ,
où aboutissent les brtmehes ; et à la périphérie, des cellules
surcomposées communiquant avec ces cavernes.
Quant k l'acte mécanique de la respiration ^ il a lieu , ainsi
que je viens de le dire i au moyen d'une espèôe de déglutition
de l'air, comme chez les Batraciens; mais, par la raison
contraire i celle de la grandeur et de l'immobilité des côtes.
Nous arrivons ici h la Classe des Poissons , la dernière
des Vertébrés ; aninlaux où les divers appareils et système
organique de la grande fonction de l'assimilation ont subi
des modificatioBs très-notables, pour les mettre à la fois en
harmonie avec la vie essentiellement aquatique pour laquelle
ils ont été créés , et l'état où ils se trouvent par l'effet de la
loi de gradation qoe tous les Animaux suivent dans l'en-
semble de toute l'échelle soologiqueî conditions où se mon-
tre encore la sublime sagesse de rintelligence suprême
qui a tout ordonné.
Nous avons déjà vu ailleurs avec quelle profonde connais-
sance de la mécanique transcendante, le corps des Poissons
«s 16 THEOLOGIE DB LA RATURR.
a été formé pour faciliter k ces animaux les mouvements
de locomotion au milieu des eaux, où ils sont obligés de
vivre ; mais la Sagesse divine nCk pas dA borner là les
SOINS avec lesquels elle a conformé ces êtres essen-
tiellement DESTINÉS À vivre DANS l'eAU; TOUTES LEURS
AUTRES FACULTÉS ONT DÛ ÊTRE ÉGALEMENT MODIFIÉES EN CON-
SÉQUENCE DE CETTE GRANDE CONDITION, AFIN QUE l'eXIS-
TENGE DE CES ANIMAUX FÛT POSSIBLE .
Les membres ayant été considérablement réduits, tant
par l'effet de la dégradation générale qu'ils ont subie que
dans leur forme de simples nageoires accessoires qu'elles
ont reçues , ne pouvant pas servir k ces animaux à com-
battre , à saisir et k dépecer les objets dont ils peuvent se
nourrir; la Sagesse divine a remédié à ce défaut de
MOIENS, en rendant CEUX-CI INUTILES, DONNANT AUX POISSONS
LA FACULTÉ DE POUVOIR SAISIR DIRECTEMENT AVEC LEUR BOU-
CHE LES CORPS DONT ILS SE NOURRISSENT , ET DE LES AVALER
d'une seule pièce ; faculté qu'elle a également accordé à
tous les animaux qui, par une raison quelconque, se trou-
vent de même dans Timpossibilité de dépecer et de màcber
leurs aliments. C'est ainsi que certains Poissons vivent ex-
clusivement de petites particules de matières nutritives dis-
séminées autour d'eux dans l'eau ; que d'autres se nourrissent
de végétaux dont ils peuvent facilement arracher des par-
celles ; et d'autres encore d'animaux plus ou moins grands ,
et souvent d'un volume si considérable qu'une extrémité
sort pendant longtemps encore de leur bouche , tandis que
l'autre , arrivée au fond de l'estomac , y digère, en attendant
que le reste puisse peu k peu y arriver ; ainsi que cela a sou-
vent lieu chez le Brochet. Pour cela, les espèces qui se
trouvent dans cette dernière condition sont généralement
DE BONS nageurs, afin de pouvoir facilement atteindre leur
proie; k moins que par un moyen quelconque, dont elles
ONT été pourvues , cUes puissent s'en rendre maîtres.
Par cela même que les Poissons n'ont aucun organe spé-
CHAPITRE ill. 517
cial de préhension, qui puisse leur faciliter les moyens de
saisir et de maintenir les objets dont ils se nourrissent ,
LEUR BOUCHE A ÉTÉ GARNIE COMYENABLEMBNT DE DENTS POUR
SUPPLÉER A CE DÉFAUT ; et c*est daus cette classe d'animaux
qu*on trouve les systèmes dentaires les plus complets et les
mieux conditionnés pour servir a la préhension aussi bien
qn*à la déglutition ; et chez certaines espèces seulement k la
mastication.
Nous avons vu que les Mammifères n'avaient qu'une
seule rangée de dents placées autour de chaque mâchoire ;
que chez certains Reptiles, soit qu'ils aient, comme les Mam-
mifères, des dents maxillaires, soit qu'ils en soient en partie
privés, il en existait aussi au palais, mais généralement de
petites en forme de crochets dirigées en arrière, pour mieux
agir dans la déglutition.
Mais c'est dans la Classe des Poissons qu'on trouve les
dentures les plus variées , tant sous le rapport des diverses
parties de la bouche où les dents sont implantées, que sous
celui du nombre, de la forme et de la disposition de ces
organes.
Les uns, tels que les Ammocettes, les derniers et les plus
dégradés de la classe, ayant déjà la forme générale des vers,
n'ont pas de dents du tout, et sont réduits à sucer, pour se
nourrir, les substances glaireuses adhérentes aux pierres.
D'autres, comme les Carpes^ n'ont point de dents aux mâ-
choires, mais bien au bord du gosier, où les os pharyngiens
inférieurs sont garnis de grosses dents au moyen desquelles
ces poissons pressent au passage les aliments contre une
plaque très-dure placée au palais.
D'autres espèces encore ont des dents sur divers points
do palais et de la langue; et chez plusieurs toutes les parties
de la bouche en portent k la fois.
Les dents varient ensuite également beaucoup quant à
leur forme. Chez la. plupart elles sont coniques et plus ou
moins arquées en arrière. Dans certaines espèces elles sont
M8 TEtOLOen su L4 RATimiR.
simplement en tabercnles arrondis, rapprochés comme des
pavés ; cbes d*autres encore, elles sont, an contraire, pe-
tites, grêles et serrées en nombre considérable, ce qui leur
a fait donner le nom de dents en vehun. EnGn , chez beau-
coup de ces animaux la Tangue et le palais en sont entière
ment recouverts. Ici )es dents forment , par leur rapproche-
ment» de larges plaques osseuses diversement configurées
dans leurs parties; dispositions qui sont surtout fort ranar-
quables dans les divers genres de la fapaille des Rai€$ par la
parfaite régularité des pièces qui composent ces plaqoes.
Mais de tous les systènies dentaires celui des Squales^ fi
plus particulièrement celui des LeiekeSy espèce voisine des
RequinSy est le plus remarquable par l'iHGÉHiEtisE nisposi-
TION QUE CES ORGiJfES ONT REÇUE À Là MACBOIRB IKPÉRIE1IRK.
CONFORMÉMENT À LA VIE ÉMINEMMENT CARNASSIÈRE ET VORACB
DE CES ANIMAUX. Ces donts ont la forme de larges fers de
lances triangulaires, ou de ciseaux dentés, disposées sur plu-
sieurs rangs longitudinaux très-serrés ; mais dont celles dp
premier ou de Texterne sont seules redressées pour agir dans
la mastication ; tandis que les autres sont repliées au-dessous
coif tre la face interne de la mftchoire, en s'imbriquant les unes
sur les autres, dans une disposition qui rappellecelle des drats
venimeuses des serpents. La moitié terminale tranchante for-
mant la couronne de ces dents est seule libre, tandis que la
moitié basilaire plus large formant la racine est aifoncée
dans la gencive, mais non dans Tos même de la mftchoire.
A la première rangée ces dents sont appliquées contre la
face extérieure de cet os, et matptenues fixes par la gencive
dans laquelle leurs racines sontenfoncéep. Les dents de ia
seconde rangée , au contraire , sont renverséjss en dedans
d^ntre la face interne de la mâchoire, avec leurs racines di-
rigées en haut, mais également coaienues dans la gencive,
en appuyant en dedans, contre cdies de la rangée redressée ,
afin de les empêcher de fléchir vers Tintérieur de la bouche ,
et contribuent ainsi a les maintenir droites. Dans eette dis*
cuARiTas ni. 549
positiM , les dente fie la geeonde rangée recouvrent ensuite
les autres par leurs couronnes, pour les empêcher de se
lever, en même temps qu'elles-mêmes sont maintenues,
fléchies par la première rangée contre laquelle leurs racines
arcboatent.
ILorsqu'nne on plusieurs des dents d^ la première rangée
tiennent \k disparaître, celles fie la seconde, qui leur corres*
pppd^Bt, p'ayant plus d'obstacle qui les empêche de se re-
4r(^ser, se reièveiU bientôt, en faisant la bascule sur le bord
}ii)ip de la Bièch(Hre , en venant appuyer, comme celles de
Ig première, eootfe le bord externe de cet os, où elles se con-
solident par la cicatrisation di^ la plaie, capsée par l'arrache*
ment des dents jierdues; et celles de la troisième rangée re-
flionlent , sans se relever , popr remplacer celles de la
^coaà^ qui se sont dressées. Ces redoutables Poissons ont
^lÎQsi lin véritable magasin de dents sans usage pour le mo-
pejQt , destinées à remplacer celles qui fonctionnent lors-
ipi'elles viennent à disparaître.
Les PoissAns se poovant guère dépecer leur nourriture ,
autrement qu'en l'écrasant simplement, autant que possible,
{jQnque leurs deote le permettept , l'avalent d'ordinaire
fl'lioe pièce, comme le font les serpenta* qui se trouvent,
fO0i| ce rapport, danç les mêmes conulitions. Aussi ces aqi-
DHmi ont-ils un q^sopliage d'une ampleur prodigieuse, sur-
fout d^n^ les espèces earoe^sières et très-vor^es , tels que
lies firqchfU^ qui aff^imt sQuyem des poissons presque aussi
Sran4s qw'epx.
L'apB^r^il ^îg^tif 4#s Ppiesons ne présente, do reste, au-
çni^ disposition qi^i mérite d'être signalée comme particu-
lièr^menl remarquable. C'est parfont un Eniotnac plua oo
moins ample, suivi d'un Tube intertinàl trèe^rariable par sa
longueur* dans lequel diversee glei}das, lelles que le foie et
les muqueuses yerp^pt l^nr sécrétion : mais l'analogue dp
pancréas a disparu.
On r^rppTç 4^ vsfim \t» Orgaoes absorbants, le Sfs-
5:20 THÉOLOGIE DB LA NATURE.
tëme circulatoire sanguin , et divers appareils d'épuration
du sang.
Quant au Système sanguin et k Y Appareil respiratoire^ ils
diflièrent notablement de ceux des Vertébrés supérieurs ;
le premier, par la disparition du Cceur gauche ou aortiqae ,
et le second , en ce qu*il constitue un appareil nouveau rem-
plaçant les poumons qui ont également disparu .
Nous avons vu , en parlant des Reptiles , que , chez ces
animaux , les deux cœurs commençaient d*abord par com-
muniquer ensemble au moyen d'une ouverture percée k sa
base dans la cloison des deux Ventricules ; que cette ouver-
ture, devenant de plus en plus grande dans d'autres espèces,
finissait par envahir toute la cloison chez les Grenouilles ^
qui n'ont en conséquence plus qu'un seul cœur formé des
deux confondus; en même temps que les deux Oreillettes se
confondent également en un seul sac^ où aboutissent à la
fois les Vaisseaux apportant le sang veineux du corps , et
ceux amenant celui qui a respiré dans les poumons; deux
espèces de sang trèsniifférents qui se mêlent ainsi entière-
ment dans ces deux cavités du cœur.
Nous avons vu aussi que les Batraciens avaient les uns
dans leur jeune &ge seulement, et les autres toujours , deux
appareils de respiration fort différents ; des Poumons , pour
la respiration de l'air, et des Branchies , pour la respiration
de l'eau ; et que c'est chez ces animaux que se faisait ainsi
la transition du premier de ces modes de respiration k
l'autre ; les deux étant exercés simultanément chez le même
animal. Chez les Poissons enfin , le premier appareil dispa-
rait , et le second y remplit exclusivement la fonction de la
respiration , en soutirant k l'eau, et non plus k l'air, l'oxy-
gène qui s'y trouve mêlé.
En effet , de même que chez les Batraciens , il n'existe
plus dans ces animaux qu'un seul cœur ; mais qui au lieu
d'être comme le leur, k la fois artériel et veineux, n'est que
l'analogue du Cœur droite le gauche ou l'artériel ayant com-
CHAPITRE III. 5Si
plëtemeot disparu; c'est-à-dire que le sang, après avoir cir-
culé dans tout le corps, revient, comme à l'ordinaire, par
les Veines caves au cceur^ qui le pousse dans les Branchies ,
organe de respiration aquatique , qui remplacent les pou-
mons. Lk le sang après avoir respiré en se combinant avec
l'oxygène dissous dans Tean , revient par les Veines bran-
chiales y comme chez les Têtards et les Urodèles à bran-
chies permanentes ; et les vaisseaux qui le renferment , se
réunissent finalement en un seul tronc impair, longeant en
dessous la colonne vertébrale, absolument comme chez ces
derniers animaux, et se continue directement avec \ Aorte,
sans interposition d'aucun cœur artériel.
Les Branchies prennent toutefois chez les Poissons une
autre disposition que dans les Batraciens. Ce sont généra-
lement des appendices en forme de petites lamelles très-
allongées , cornéo-membraneuses , disposées à la suite les
unes des autres , comme les dents d'un peigne , et insérées
de chaque côté sur des arcs osseux placés dans la gorge ,
arcs formés par des branches de l'os hyoïde placé à la base
de la langue. Ce sont ces peignes rouges que tout le monde
connaît dans les Outes de ces animaux.
Pour respirer, le Poisson fait entrer l'eau par la gueule ,
et la fait ressortir par ces mêmes (hîies , larges ouvertures
latérales de l'arrière de la tète , qui n'existent que chez ces
animaux; en faisant ainsi passer Teau entre les nombreuses
lamelles de ces branchies , disposées de chaque côté, et à la
surface desquelles viennent ramper les derniers ramuscules
de l'artère et de la veine branchiale, remplaçant chez eux
les vaisseaux pulmonaires.
C'est ainsi que chez ces animaux , parmi tous les Verté-
brés , la respiration de l'eau est arrivée au type de sa per-
fection ; et si , par une raison quelconque , les Poissons sont
forcés de vivre pendant quelque temps dans une petite quan-
tité d'eau dont ils épuisent bientôt l'oxygène en dissolution ,
ils sont obligés d'y suppléer en venant gober l'air k la sur*
522 THB0L0G19 Vf 1^ ItATURB.
face , afin de le faire passer, m^lé ^ de Tpaii ^ suf jeuri? bi^r
chies; périssant asphyxiés si ce dernier i^oyen leur qiap^ifp.
La SUBi.IME SAGESSE DU CliÉATKLR A Air<SI fK\T APpi^RD^
LA RESPIRATION DU GAZ OXYGÈNE 4VEC f.A YIE ^SS^NTip:i4«J^-
MENT AQUATIQUE DES Poi^SONS , dCUX f^jtS Ç^l S^IQb|ent io-
cpmpatibles.
Si d'autres aQi||iai|X| tels qu^ les Cétacés, qui n($ ^n-
jraient ég^lpmept eps^er qife dans )*eau respirent ppf^n^Vèi
l'^ir, ce n'est toutefois qp'à la copditiop d^ ne j^im^is ^'éloi-
gper pour '<>°£f^P^ 4^ )*9tmpspt)èpe pu i|$ spnt à (oui in-
stant obligés de re^epir, ce qui les re^d, pbysiologîoM^p^,
moins aquatiques que lef Poi§|^p^ ; iqf^t Iq. pif dQfi$ Çtau §rt
le principe faniafnf^ial 4f tq^fp kw w^êii^m^iWi principe
en conséqif^ce fiuq^çl topi} 1^ syit^mp» d'orglWïe* ool fyé
joïodiflés; pqifditjftps m^9èf^ de Ipip R|r Iw cb»»geB}W|l|
gradue)^ que (oqt l'organisme ^u)^^ 4gp# Im plass«$ $MRér
riei}rp3 , pp B^^sa»)^ R*' ^ Rftfnbireiigw ^ansfQrmatiQPf PU
RÈGNÇ P^R'fqUf H f ^US P4g£:AfTJ^ Ii4t||f9I||IE PNTRP yOfJTBÇ
LES FONCTIONS , Spiy^NT f^BS pi^.CqiJ^TAJfqe» DA(jf $ f.;^9pCSLf.Si
I.ES ANi^AUf oNf ÉTÉ Aff^f^^ 4 yiya|^.
L*appareil de la re$pir;|f^pp , optrp la fopciiop 4^ \^ t^-
nératjQp du sang, sert epcope, cl^is^ le^ Y^irt^bré^ s^rjpps,
copipe simple accessoire a la prp^uptjpq 4^ 1^ ^Pi^ « p9f
laquelle ceux-ci manifei^ent leur gf isfpnce ppujr ^ ${gRi)$r
^ d'autres plai^$ ^ dis^apce.
Cet îjpp^riiil vocal, qij |^ f^ryncp^ p»t, ppur pet p4f^,
placé, chez |e$ MAMMJF^if f:^ , ^ Tep^rée ^e li^ tr^pbéj^-^rtèrR ,
dont II forfif e rori6,ce. J) coi)sis^p en upe caviié \k p;^roj§ cair*
tilagineuses , formée de plusieurs pièces nfp))ilej^ mi^ ep
mouvement par des nauscjes, dont 1^ fppctioif e^f de faire
varier, suivant le pemn , le^ r^ppR^ts 4^ pe§ carti}agps Çj^pp
|a voix pluf ou moins gfave pp ^gpe qpi doi^ êir^ produi^.
Iklai^» eu principe, Torjgane proprement dit delà vpii^opU
GïoUf^ n'e^t autre cl^ose qp'||ne simple ouverture pp fprw^
de fepte horizontale, ^}t\^^^ ^V'^ïf^ ^^ arrière, pi^n^lpsuit
}- entrée de celle cktmbre cartilagineuse , qvi n'esl elle-aiéaie
qae la {Nremière {lailie de la trachée-artèrei dont les annpauK
cartilagineux ont reçu un certain déyeloppeqieiit et une
antre diaposition , ainsi que cela est ordinaire lorsque des
organes déjà esistanis sont employés 11 nw autre fonction.
Ce Larynx est une espèce de caisse k peu près cylindrique,
sn poptinuant par sa base ouverte avec U tracliée-arlère , et
dont le fond supérieur est en partie fernuî par deu^ lames
latérales menbraneqses , formant entre elles un angte sali-
ianl en dessus, interceptant la glotte dont je viens de parier,
es imitant k peu près T Anche d*ui| hautbois; avec cette di^
férence que, dans cet iq^trument, le courant d'air vibrant
qui produit le sop, va de dehors vers l'intérieur du tube,
tandis que daps le larynx, le courant d'air produisant la voix
va en sens contraire ; et tout l'art epnsisie, d'nn« pirt , k tàr
trécir o|i à élargir cettp ouverture au moyeq d^ p)USp)^S
qpi mettent les cartilage^ du larynx en mouvemeftt, §^m
que les sons harmoniques doivent ètl?^ plus ^lev^; et,
d'antre part, à allqoger ou k raecnurcir 1^ tnebéé-arièv^
pour changer de ton.
La voix , ainsi purement et simplpmieut produits par T^ir
iortant par la glotte , est ensuite srticulé^ chez VfJonune en
sons alphabétiques par les divers PrgAR^s do la bqucbe et du
nn, tels que la langue, le palais, le yqite, 1^ lèyr^s et
même les joues; parties dont les musja)^ moteujrs spnt sus-
ceptibles de leur faire exécuter dos mouv^pients trjte-pfécjs,
nécessaires à la prodM^tion do h ^oix ot dP ja p^roje; tandis
que cela est impossible cbo? les anifpauf , pu pe^ musplpf
9onteommo paralysés, quoiqu'ils existent tpuç dj^ fnéfqe
que dans l'espèco bumWR^ : P'e§t la spule raispp qui em-
pêche les Mammifère do p^der, pt qpi pe leur permet de
produire qno certains m^ propres s cbsqqp ospège.
C'est dans la CusSi des Oisp^cx que l'appareil vooil
arrive k son maximum do perfection « c^ ai^iffl^uf étapt d$
tout le Règne animiJ l$i urnls qui ^rriveqt à étr^ dg vérj:
534 THlSoLOGIB DB LA NATURE.
tables musiciens ; plusieurs espèces surpassent de beaucoup
ce que Tbomme peut atteindre par Teffet de son intelligence
et d'un long exercice.
Or, cette faculté est d'autant plus remarquable, que les fonc-
tions des parties de cet appareil sont entièrement différentes
de ce qu'elles sont dans l'bomme et les autres mammifères ;
les oiseaux n'ayant ni lèvres, ni voile du palais, ni joae
charnue, et la langue incapable de faire des flexions, an
moyen desquelles l'homme articule la parole, et malgré ces
imperfections, les oiseaux sont cependant les seuls animaux
qui apprennent à parler; mais il a fallu que la nature sup-
pléât k ces défauts par d'autres organes qui remplissent tout
aussi bien les conditions des parties manquantes.
Ce qui est même le plus remarquable, est que ces articu-
lations de la voix sont produites chez ces animaux par le
larynx , remplacé comme osgane purement vocal , par u&
antre appareil, exclusivement propre aux oiseaux, situé dans
le thorax, a l'endroit où la trachée-artère se divise en ses
deux bronches ; appareil qui reçut de Ik, par analogie de fonc-
tions, le nom de Larynx inférieur. C'est un nouvel exemple
DE LA FACILITÉ AVEC LAQUELLE LA ToUTE-PuiSSANCE DIVINE A
PU CHANGER DES ORGANES DE FONCTIONS, ET D*EN ÉTARLIR
d'autres FORT DIFFÉRENTS PRODUISANT LE MÊME EFFET.
Le larynx inférieur n'est, comme organe de production
de la voix qu'une simple petite valvule semi-lunaire, formée
par un repli de la membrane très-mince qui double l'inté-
rieur de la trachée-artère, placée au point où celle-ci se bi-
furque pour former les deux bronches. C'est en heurtant
contre cette valvule que l'air chassé des poumons se met en
vibration et produit le son ; absolument comme cela a lieu
dans le flageolet ; tandis que les diverses notes de la gamme
sont produites, d'une part, au moyen de l'élargissement de
cet appareil, et, de l'autre, par l'allongement ou le rac-
courcissement de la partie inférieure de la trachée-artère ;
mouvements exécutés par l'action de plusieurs muscles pro-
CHAPITRE lit, 5â<^
près à cette partie» et qui manquent complètement chez les
mammifères ; effet absolument semblable à celui qu*on pro-
duit pour le même résultat dans le flageolet et tous les in-
struments à vent k touche, en ouvrant ou en fermant telle
ouverture, afin de faire également varier la longueur de la
colonne d'air en vibration. Mais on peut encore mieux com-
parer l'effet produit dans le larynx inférieur des oiseaux à
celui de la saquebute, qu'on allonge ou qu*on raccourcit pour
changer le ton.
La voix produite au fond de la trachée-artère est ensuite
modulée et articulée par le larynx supérieur, l'analogue de
celui des mammifères ; quoique plus simple, étant en principe
presque réduit k la glotte, fente longitudinale fermant de
même l'entrée de la trachée-artère, mais placée au niveau
de la partie postérieure de la langue. Cette fente pouvant
être plus ou moins élargie, à la ¥olonté de l'oiseau, remplit
par Ik tout k fait les fonctions des lèvres, qui manquent k
ces animaux. Or, on sait avec quelle étonnante habileté plu-
sieurs oiseaux modulent leurs voix en chantant, en même
temps que certaines espèces , et spécialement le Perroquet
gris et le Moqueur^ imitent la voix de tous les animaux, et
même d'autres bruits fort différents.
Quant aux Reptiles , ce ne sont guère que les espèces de
la Famille des Batraciens Anoures qui aient une voix forte
que tout le monde connaît ; les Sauriens et les Ophidiens
ne produisant que certain sifflement plus ou moins aigu ;
encore la plupart sont-ils muets ou k peu près.
L'organe de la voix de tous ces animaux est l'analogue
plus ou moins imparfait du larynx supérieur des Oiseaux.
Dans les Grenouilles, animaux dont la voix est si forte, le
larynx n'est cependant pas plus gros qu'un grain de chêne-
vis , mais fait pour être parfaitement vibrant.
Les Chéloniens n'ont également que le larynx supérieur,
mais paraissent tous complètement muets.
Enfin les Poissons, ne respirant point l'air^ n'ont aussi
2t^ niiOLOGJil a ik ^ATURt.
âfticuoe voix rëellè. Quelquès-ùiis cependant, tef que lé
Grohdin, font entendi*e une espèce de voit lorsqd'oo les
retiré subitement de l'eau. Ce bruit est produit par l'aîr qni
s'échappe alors de leur vessie natatoire par on orifice qai
communique avec l*œsophagë.
Nous n*àt€ins considéré jusqu à présent les Ai^iHAtn en
général , et les VERTÉfiKés en particulier, que sous deux
I^ineipaui points de vue, celui de la faculté locomotrice qui
les distingue déjà éminemment des végétaux , et sous celui de
la grande fonction de Tassiitiitsttioti beaucoup plus compli-
quée chez ces derniers, quant aux appareils organiques qui y
concourent. Il nous reste encore à les considérer dans leur
état actuel d*individualité sous le raj)port des facultés (^tfih
ont de pouvoir n^etire leurs divers organes en activité pour
leur faire reinplir les fonctions spéciales que la volonté
siipréme du Créateur leur à prescrites.
J*ai déjii donné au commencement de cet ouvrage, page 4t,
lin aperçu très -succinct des conditions générales dafaë
lesquelles se trouve le système nerveux des Animaux, dan$
lequel réside sfiécialémeiit la cause immédiate de Factivitë
de tous les organes, et j'y renvoie poiir cet objet; mËls nous
avons encore à considérer te système d'organe quant }t ce
qu'il présente de plus remarquable dans les diverses Classes
de l'embranchement des YERtÉBttÉS, dont chacune présente
k cet égard également les caractères qdi lui sont particuliers.
Chez les Manimifères, et surtout daùs Y Homme, le Cerf>eau^
partie essentielle du systèihe nerveux , constituant le cefftref
d'activité où agit immédiatement l'Esprit, et très-probable-
meilt aussi l'Ame, remplit toute la cavité crânienne en y for-
mant une masse divisée en plusieurs lobes plus ou moins
considérables, très-régulièrement pairs pour les parties laté^
raies, et symétriquement impaires dans les médianes : celles-
ci étant chacune divisées en deux moitiés latérales égales.
Tous ces lobes sont unis entre eux vers le centre,et se rap-
prochent de façon h laisser sotivent des iiftervalles où ils ne
(:HÀfiiTàÉ ni. 527
àODt qtté sliiipléffietit coiitigùs, de maDiêre i former diver-
âèft cKtltés âëâigdées ions le nota de l^ëntrittUès du cerveau.
De la partie thédiane ind paire dé la basé de cette masse
géiiéràle tiaissehi ensuite dôuie paires de troncs nerveux ,
prolongements de méiné substahcè qbè le cerveau, et for-
mant des tordons ^lus on moins ràmiAés, qui se rendent
dans différentes parties dri corps pour y porter Texcila-
tion Yîtale, chacun suivant la fonction que Torgane où
il se termine doit remplir, satls qile ni la forme ni la
conlexture , ni la tiature de ces tl'ohcs nerveui aient encore
pti laisser àpertôli* aux Aiiatdttlistes (juelqiies caractères
auxquels ils aient pu reconilalire la causQ de \i diversité de
flfiictions de ces nerfs et dé leurs innombrables ramiGca-
liens.
Tous ces nerfs cérébraux , à Texcepliôn des trois J)aires
pcistériènres, se rendent dans lés diverses régions de ta tête,
él ces dernières dans d'autres parties , telles que le cou , le
Ih^rai et même dans Tâbdomen.
Mais outre ces diterses branches plus ou moins grêles, la
pdhie médiane iilférienre dû cerveau se prolonge en arrière
eli un très -gros pédicule sortant du crâne par le trou
oecipitsil pour se contlndel* daris le canal vertébral de tout le
raehis jusque Vers la partie postérieure de ce dernier, en
formant la Moelle épinière; prolongement qui doUne dans
chaque vertèbre due pdire de Nerfs latéraux , désignés de Ik
sous le nom de Nerfs rachidiens, neffs èri apparence entiè-
rement semblables k ceui du cerveau, dont ils ne sont en
effet au fond , que des répétitions par paires , sortant par des
trous latéraut de la colonne vertébrale pour aller, en se
subdivisant, porter Faction du sentiment et delà volonté
dans toutes les parties du corps dépendant ânatomiquement
et surtout théoriquement de la vertèbre où chaque paire uait.
Quant au système automatique ou du grand sympathique,
il forme de chaque côté de la colonne vertébrale une série
de ganglions étendue depuis la base du crâne jusque dans
o28 TfliOLOGtB DE LA KATURË.
l'abdomen, sans répondre partout, ni en nombre ni en
disposition , à chacune des vertèbres. De ces ganglions plus
ou moins volumineux partent ensuite plusieurs troncs Der-
veux , dont les uns communiquent avec les nerfs cérébro-
spinaux, et dont les autres vont se répandre dans les
organes pour y porter le principe vital , et plus particulière-
ment dans les viscères , organes qui , pour être soustraites
au sentiment et k l'action de la volonté , ne reçoivent pas de
nerfs du cerveau et de la moelle épinière.
Ces deux systèmes nerveux , y compris le cerveau , sont
forviés d*une substance pulpeuse, blanche ou grisâtre, sui-
vant ses parties , que tout le monde connaît sous le nom de
Cervelle ; substance qu'il ne faut pas confondre , comme on
le fait souvent, avec les tendons des muscles que le vulgaire
nomme à tort des nerfs.
En examinant la structure intime du système nerveux,
on le trouve composé de deux substances qui ne paraissent
différer que par la couleur; Tune centrale blanche, ou
Substance médullaire et une superficielle grisâtre , ou Sub-
stance corticale , mais dont déjà on ignore complètement les
fonctions spéciales. Sur quelques points du cerveau, on
trouve en outre des parties noirâtres ou jaunâtres qui pa-
raissent être de la substance grise accidentellement variée
de couleur.
Le cerveau et les nerfs ont une contexture fibreuse ; le
premier offrant des fibres plus ou moins rayonnées allant du
centre à la circonférence, en passant d*une masse du cer-
veau dans Tautre en s'y entre-croisant; tandis que dans les
nerfs les fibres sont longitudinales , et de Ik plus ou moins
parallèles.
C'est en poursuivant les fibres de chaque tronc nerveux à
travers la masse du cerveau qu'on parvient k reconnaître la
partie de ce dernier où les nerfs naissent réellement; origine
qui est souvent fort éloignée du point où ils se dégagent de la
masse cérébrale, et qu'on nomme ainsi k tort leur origine.
CHAPITRE III. 529
Pour que les nerfs, dont la substance est très-molle,
aient toutefois quelque consistance, afin que, distribués
dans tout le corps , ils puissent se prêter, sans se rompre ,
aux mouvements des organes dans lesquels ils pénètrent,
ils sont revêtus d*une tunique fibreuse très-forte, nommée
le Névrilème.
Voici en peu de mots ce qu'on connaît d'essentiel sur la
structure du système nerveux chez tous les animaux. Quant
à sa composition et à sa forme , Tune et l'autre varie plus ou
moins dans les détails suivant chaque espèce animale, en
offrant selon les Classes , comme tous les autres organes ,
la plus grande analogie dans Tensemble.
Si pour connaître la conformation et la composition du
cerveau dans Y Homme, on les examine dans toute la série des
Animaux VERTÉBRÉS , on remarque facilement que, tout en
y retrouvant les parties analogues dans les mêmes rapports
de disposition , elles offrent toutefois par leur forme et leur
volume des différences assez notables , plus ou moins con-
stantes dans chaque Classe, pour constituer à l'égard de
chacune un type particulier, ainsi que cela existe au fond
pour tous les autres systèmes d'organes ; et cela dans tout
le règne animal.
L'anatomie de l'Homme ayant été étudiée presque exclu-
sivement à celle des animaux , comme partie essenlielle des
sciences médicales, on n'a pu considérer le système ner-
veux , et surtout le cerveau , que sous la forme toute spéciale
qu'ils offrent dans l'espèce humaine , sans pouvoir les rame-
ner k aucun principe fondamental; objet auquel conduit
au contraire d'une manière toute particulière l'étude de l'a-
natomie comparative.
Dans les Mammifères et surtout chez THomme , où la par-
tie antéro-supérieure du cerveau est très-volumineuse , celle-
ci enveloppe tellement la plupart des autres parties, en se
confondant plus ou moins avec elles, qu'il est impossible
de reconnaître leurs véritables rapports avec les autres or-
I. 34
530 THiOLOGtlS DE LA NATCRB.
ganes. Si Ton descend, au contraire, graduellement de
famille à famille , jusqu'aux vertébrés inférieurs ; c'est-à-dire
jusqu'à la classe des Poissons , en suivant Tanalogie des
diverses parties du cerveau; celles-ci deviennent pro-
portionnellement de plus en plus petites, de là plus écar-
tées et se présentent en conséquence dans des conditions
qui permettent de mieux reconnaître leur véritable com-
position , et les rapports anatomiques de chaque partie con-
stituante.
L'Encéphale des Poissons se montre ainsi composé de
plusieurs paires de masses renflées ou Ganglions^ dont le
nombre varie d une espèce à l'autre; ce (^ui n'a pas Is^ssé
d'embarrasser les anatomistes sur les véritables analogies
de chacune de ces parties avec celles des vertébrés supé-
rieurs. En les comparant toutefois entre elles dans les di-
verses classes , on parvient encore assez bien à expliquer
convenablement cette diflërence apparente , et à ramener ces
parties , à un seul et même type. Chez certains poissons on
trouve même jusqu'à onze paires différentes de ces ganglions,
taudis que chez d'autres il n y en a que (juatre. C'est que chez
plusieurs , la première paire se subdivise souvent en deux ou
trois , et chez d'autres la dernière est également partagée
en plusieurs , formant même jusqu'à six paires.
Si maintenant on examine quels sont les rapports de
toutes ces paires de renflements de TEncéphale avec la com-
position des parties osseuses de la tête qui les renferment,
on trouve que le crâne se compose d'une série de cinq ver-
tèbres consécutives, formant la partie la pins antérieure de
la colonne rachidienne; vertèbres dont chacuqe correspond,
théoriquement, à Tune des paires de ganglions de l'Encé-
phale, dont elle reçoit ses nerfs; et il est très-probable, tout
lindique du moins , qu'il y a en outre une paire principale ,
celle désignée généralement sous le nom d'Hémisphère du
eerveau , la plus volumineuse chez les mammifères , qui ne
produit point de nerfs , et se trouve surajoutée aux ganglions
CHAPITRE m. 534
réellement vertébraux ; ces hémisphères étant I4 siège de^ fq-
cultes purement intellectuelles ^ qui n'qnt pasbesoip ^'org^nes
spéciaux extérieurs pour ^tre exercées.
Les fonctions ^ensitives, au contraire, s'exerçant ^aps
certains organes particuliers , out toutefois aussi daps le
cerveau des renflements pluç ou pooins forts, dans lesquels
siège proprement le spp^, et où naissent les nerfs qui y
transmettent Içs sçnpatiops perçues dans ces organes, poqr
les communiquera l'individu, ou, con^me on dit, au Moi ;
repflemcpts qui, en conséquence, prfsidetit à ces sens.
La faculté loçornotrice, au moyqn de laquelle Yindividu a ,
far sa volonté, le pouvQîf de fairq contracter plus ou moins
tel ou tel paqscle, afjp de piettre certaines parties du corps en
mouvement, parait é^alepient résider dans certaines parties
dp cerveau, aoù viendraient ses nerfs; pour se rendre de
là, chacun dans |e piuscle qu'il doit fairt; contracter.
Il ept plus probable toutefois, et diverses observations
tendent a le prouver, que la faculté locomotrice de chaque
région du corps réside plus paipiiculièremept dans la partie
de la moelle épiniore, la base du cerveau comprise, répon-
dant à cette région par les nerfs qu'elle produit; c'est-à-
dire que les mouvements des muscles de la tête dépendent
des nerfs crâniens,; et que ceux des autres parties du corps
ont leur siège ^^lUS la nioelle épipière proprement dite ;
mais que de part et d'autre, l'incitatiop volontaire dont
chaque partie de l'ensemble de ces organes centraux du sys-
tème nerveux a besoin pour agifi ^ son foyer exclusive-
ment dans le cerveau, et probablep^ent dans les hémi-
sphères; d'où résulte que, sitôt qqe cette partie, siège
de la volonté, cesse de fonctipnner, les mouvements volon-
taires cessent; et le corps est en tout ou en partie paralysé;
c*est*k-dire que si les muscles sont, ainsi que cela me parait,
des organes comparables ^ des électro-aimants ; lesjierfs lo-
comoteurs y répondraient aux fils conducteurs du fluide
galvanique ; les ganglions de la moelle épinière où ils nais-
53i THKOLOGIE DE LA NATUBE.
sent , feraient les fonctions de pile galvanique , et le cerveau
celui d'agent excitateur intelligent.
Enfin, les fonctions automaliqueê, celles exercées, au con-
traire, sans que le moi en ait connaissance, et sur lesquelles
la volonté n*a en outre aucun pouvoir, résident, ainsi que
je Tai dit, dans le système nerveux sympathique formé
d*un certain nombre de Gangliom ou masses nerveuses iso-
lées , ordinairement assez petites, formant une série de
chaque côté de la colonne vertébrale ; ces ganglions commu-
niquant entre eux et avec les nerfs venant du cerveau et de la
moelle épinière par de nombreuses branches nerveuses ;
mais Ton n'a pas encore pu s'assurer si cette communication
est réelle ou simplement apparente, ni comment elle a lieu.
J'ai dit que l'Esprit résidait dans l'encéphale, ou qu'il y
avait du moins son centre d'activité, d'où il agissait par les
nerfs sur tous les organes du corps soumis à son empire.
Les fonctions sensitives et volontaires dépendant des facultés
intellectuelles, il n'y a pas de doute que les parties de l'en-
céphale d'où elles tirent leur puissance ne soient en commu-
nication avec celle qui préside spécialement k l'intelligence;
et comme celle-ci réagit, il est très-probable que c'est plus
spécialement dans cette partie aussi, que l'Esprit doit plus
particulièrement avoir son siège.
J*ai fait remarquer, en outre, que les hémisphères for-
maient dans l'homme et les Mammifères plus de la moitié
supérieure de la masse du cerveau , et que ne produisant
point de nerfs, on admettait , avec beaucoup de raison, que
c'était là le centre , où résidait ï Esprit ou le Moi.
Cette portion supérieure de l'encéphale étant proportion-
nellement plus volumineuse dans Y Homme que chez aucun
Mammifère , il semble déjk indiquer par Ik qu'elle est le siège
de rintelligence.
Elle a dans son ensemble la forme d'une demi-sphère,
d'où le nom qu'on lui adonné, et se trouve partagée longitu-
dinalement en deux moitiés par une profonde scissure qui
CHAPITRE m. 533
la traverse jusque vers sa base, où les deux parties qu'on ap*
pelle plus spécialement les Hémisphères , sont unies par une
large commissure.
Ces deux masses sont ensuite encore subdivisées k leur
surface en saillies arrondies , irrégulièrement contournées
sur elles-mêmes en de nombreuses Circonvolutions , qui ont
ceci de remarquable, que c'est précisément dans Y Homme ,
l'espèce de Mammifères la plus intelligente, qu'elles sont
les plus nombreuses , et plus prononcées que chez aucune
autre, et moins marquées encore dans les classes inférieures:
comme si le degré d'intelligence était en quelque sorte pro-
portionné h la surface de cette partie du cerveau.
Ces deux hémisphères communiquent h leur base, cha-
cune principalement par un gros pédoncule avec une masse
centrale inférieure, impaire, nommée le Pont de Varoles^ et
celle-ci , k son tour, postérieurement par un gros prolonge^
ment ou Moelle allongée, avec la Moelle épinière qui en est la
continuation , en se prolongeant dans le canal vertébral.
Sous la partie postérieure des hémisphères , se trouve une
autre masse, la seconde en volume, ou Cervelet^ dont on ne
connaît pas encore les fonctions avec certitude, ne produi-
sant également pas de nerfs, mais seulement deux pédon-
cules qui pénètrent dans le Pont de Yarole.
Outre ces quatre parties principales , l'encéphale en pré-
sente encore d'autres plus petites et de moindre importance
placées sous les hémisphères , et dont je ne parlerai point
ici, leur description étant sans but dans le présent ouvrage.
C'est de la face inférieure de la partie centrale de l'encé-
phale, et surtout des pédoncules du cerveau , du pont de
Varole et de la moelle allongée que naissent les divers
nerfs de la tête , et entre autres les deux nerfs Olfactifs ou
de l'odorat, les deux nerfs Optiques ou du sens de la vue,
les Trijumeaux ou nerfs du goût, et les nerfs Acoustiques
ou du sens de l'ouïe. Quant aux nerfs du Tact ou de la sen-
sibilité générale , ils naissent par autant de paires qu'il y a
534 THéOLOGIS DE LA NATURK.
de vertèbres , en accompagnant tes nerfs qui président aux
mouvements volontaires.
Tous ces nerfs se rendent dans les divers organes aux-
quels ils sont destinés, en se subdivisant plus ou moins
pour y servir à la fonction que ces organes remplissent.
C'est-à-dire que les nerfs sensitifs y perçoivent Timpression
que les corps étrangers font sur ces organes et tes trans-
idettent au cerveau , pour les y soumettre au jugement de
l'Esprit, et que celui-ci communique, au moyen des nerfs
moteurs ou volontaires, aux muscles soumis II sa domination
le commandement de se contracter, conformément à cette
même incitation pour réagir selon les circonstances sur le
monde extérieur.
Ce double eiïet peut être parfaitement comparé ii celui
qui a lieu dans un télégraphe électrique au bout duquel
seraient placés deux sortes d*agents, les uns préposés pour
signaler au chef du gouvernement, au moyen du fil élec-
trique, tous les faits qui ont lieu dans la région soumise ^
sa surveillance, et les autres ayant au contraire pour fonctions
d'exécuter les ordres qu'ils reçoivent du même pouvoir cen-
trât ; double communication qui s'exécute avec la tûême
rapidité peut-être que celle de ce même télégraphe, dont léS
effets peuvent, dit-on, se transmettre avec une vitesse de
45,000 lieues par seconde.
Là comparaison que je fais Ici est tellettietit jtistè que ,
d'après les observations et les expériences qtt'on à faites,
il existe h plus grande analogie entre le fluide nêrteux
qu'on suppose parcourll* leâ nerfs, et les fluides électriqties
et galvaniques.
C'est ainsi que YEsprit , qtii présidé & tunité de gouver-
nement qu'on nomme d'ordinaire le Jfot , perçoit et apprécie
les effets que les corps étrangers font sur telle partie du
corps , et qui lui sont signalés avec les caractères que chaque
fait présente, soit par les ûerfs du taôt, soit par ceux des
sens spéciaux localisés dans certains organes seulement, en
CHAPITRE III. 535
même temps que l'Esprit agit sur les muscles volontaires
suivant sa décision, en leur transmettant par les nerfs mo-
teurs, dont chaque fibre musculaire parait recevoir un ra-
muscule, comme agent indépendant de tous les autres, To-
bligation de se contracter de la quantité voulue; quantité
tellement précise , que, pour produire un mouvement déter-
miné de moins d'un centième de millimètre^ plusieurs mus-
cles y contribuent , quoique chacun soit composé de plu-
sieurs milliers de fibres , dont retendue de contraction est
différente pour chacune: cette étendue dépendant de la
longueur de chaque fibre, qui varie considérablement, et
son degré d*inctinaison sur le tendon commun qui les reçoit
toutes dans chaque muscle (1), précision qui dépasse tout
effort d*imagination ; tandis que, dans d'autres cas, cette
même contraction est non-seulement très- incertaine, mais
même entièrement involontaire chez les personnes non
exercées h tel mouvement, Ou affectées de tremblement
contre lequel tout effort de la volonté est impuissant ; diffé-
rences qui dépendent non dii pouvoir de Tesprit, mais de
réiat des appareils nerveux et musculaires sur lesquels ce-
lui-ci agit, en rentrant dans les conditions relatives dans
lesquelles se trouvent les esprits des diverses espèces ani-
males , et Fournit ainsi une présomption de plus en faveur
de la similitude des esprits de tous les animaux, sans en
excepter l'espèce humaine.
D'apfès l'étude qu'on a faite du système nerveux, on a
trouvé que toutes les paires de nerfs rachidiens étaient formées
k leur naissance sur la moelle épinièré de deui racines , une
plus superficielle constituant la partie semitive, et une plus
profonde, formant la partie motrice; que ces deux racines se
confondaient bientôt en un seul tronc , probablement en
s'accolant simpleitienl Tune à l'autre, sans précisément con-
fondre leur substance; et que ces troncs composés ainsi de
(1) Voyez la note n» 8 et 17.
536 THEOLOGIE DE LA NATURE.
deux parties distinctes vont ensuite se distribuer partout ;
les nerfs moteurs en se rendant dans les muscles où ils se
terminent; et les tactiles dans les organes qulls rendent
sensibles, et spécialement dans les téguments qui consti-
tuent proprement dans toute leur étendue, le réceptacle du
sens du toucber, appelé de Ik le Sens général. Lh, chaque
extrémité nerveuse arrivée k la surface où elle est en rap-
port avec les corps étrangers , se trouve revêtue d*une espèce
de coiffe d'une substance légèrement résistante , constituant
ce qu'on nomme une Papille nerveuse , enchâssée dans les
téguments et recouverte par l'épiderme qui la garantit du
contact immédiat des objets extérieurs ; papille bien dis-
tincte à la vue simple dans l'intérieur des mains et surtout
au bout des doigts, ainsi que sur la langue. C'est à travers
cette enveloppe que les nerfs éprouvent les impressions
sensitives que les corps étrangers exercent sur eux, et qu'ils
transmettent ensuite au Moi qui les apprécie.
On a fait de nombreuses conjectures sur la partie du
cerveau qui pouvait être le siège tout k fait central de l'agent
intellectuel de V Homme et des Animaux; on l'a assez natu-
rellement placé dans quelques-unes des parties médianes»
mais toujours sans preuves certaines ; enGn on pensa que
ce devait être plus spécialement dans les hémisphères;
d'abord par la raison que ces deux masses cérébrales sont ,
ainsi que je Tai déjk dit, surtout très-développées dans
l'homme, qui se distingue par sa haute intelligence, et, en
second lieu , en ce que ces mêmes hémisphères ne produi-
sent aucun nerf, ce qui semble indiquer qu'il préside k
une fonction qui n'en a pas besoin ; fonction qui ne peut
guère, en conséquence, être autre que celle de l'intelligence
et du jugement moral. Mais k quoi sert alors le Cervelet ,
qui , très-volumineux aussi , ne produit également pas de
nerfs? On a bien formé diverses conjectures k ce sujet, mais
toutes sont restées sans démonstrations suffisantes. Gall a
pensé que c'était la partie qui régissait les fonctions gêné-
CHAPITRE 111. 537
1 ratrices ; d'autres , que c'était le siège de la régularité des
mouvements, etc.
! Quant à Tidée que les hémisphères sont spécialement le
siège de Tîntelligence , cette opinion étant fondée sur cette
expérience faite plusieurs fois, qu'en comprimant même lé-
; gèrement le cerveau par un moyen mécanique, chez des
personnes dont une partie du crâne a été enlevé, ces per-
sonnes ont k rinstant perdu connaissance , sans éprouver du
reste aucune douleur par reflet de cette compression , sont
revenues de suite à elles en recouvrant leurs facultés intel-
lectuelles aussitôt que la compression cessait. Mais d'autres
observations semblent aussi prouver le contraire ; celle , par
exemple , où des personnes blessées \k la tête ont eu le cer-
veau plus ou moins fortement entamé sans que pour cela
leurs facultés intellectuelles en aient été altérées. Il n'en est
pas de même des moindres blessures faites au cervelet, ou
îi la moelle allongée, qui tuent subitement.
Les Physiologistes sont allés plus loin. Ayant remarqué
que non -seulement chez Y Homme y mais aussi et surtout
chez les animaux , où les parties constituantes de l'Encéphale
sont plus distinctes, les divers nerfs des organes des sens,
prenaient leur origine dans des renflements plus ou moins
Yolumineux du cerveau ; ils ont pensé avec beaucoup de
raison que ces renflements étaient les sièges spéciaux de ces
sens , qui devaient être d'autant plus actifs et plus subtils ,
que ces renflements étaient plus développés ; et partant de
cette première base , ils ont pensé aussi , et cela encore avec
beaucoup de probabilité , que de même toutes les facultés
organiques , les intellectuelles comme les autres , devaient
avoir chacune ainsi , dans l'encéphale , un centre d'activité
d'où leurs organes tiraient leurs nerfs; et que ces centres
devaient être également d'autant plus développés que les
fonctions qui y ont leur siège sont plus énergiques; mais
il s'agissait, en définitive, de trouver le lieu de chacune
de ces parties de l'encéphale qui préside à telle ou telle
S38 THÀ)LOGIB DB LA NATURK.
fonction. Cest la théorie de cette composition Ae renoé-
phale et des facultés résidant dans chacune des parties,
qui forment ce dernier, qui constitue ce qu*on a nommé le
Système de GaU , ou la science de la Phrénohgie (1) , dont il
a déjà été question plus haut.
LeB Appareilê sensitifs^ aii moyen desquels les Aisimaix
se mettent en i^pport avec le monde extérieur, sont, comme
tout le monde sait, au nombre de cinq dans Tespèce hu-
maine; mais j'at déjà fait remarquer plus haut, page 50,
qu'il existait de très-foftes présomptions, fondées sur
Tobservation deâ faits, soit anatomiques, soit physiolo-
giques, qui font penser que du tnoins certains animaux de
diverses classes , en possèdent encore d^ailtres dont nous ne
pouvons concevoir ni la disposition , ni Tactiôn , par cela
même que nous né les avons point; pas plus qu*il ne serait
possible k un aveugle de naissance de concevoir par loi^
même la fonction de la vùê et la nature des couleurs ; sens l
Texistencè duquel il croit toutefois par lès expériences qu'il
fait^ur les clairvoyants. C'est par l'un de ces sens, à nous
inconnus, que certains animaux , tes Oiseaux surtout, et, I
ce qui parait aussi, le Chien, ont connaissance, malgré te
grand éloignemeut de la direction dans laquelle se trouvent
les lieux auxquels ils âont attachés, i^oit par instinct, soit
par tout autre sentiment iuoral. il suffira de rappeler ici
ceâ f^its , bieil connus de tout te thôude , oà l'on einptoie
défi Oiseaux bons voitieré, et d'ordinaire des PigeoHs,
pour porter des missives !i de très-grandes distances , ï
plus de cent lieues ; expériences où il suffit de transporter
dans le lied d'où ils doivent revenir un ou plusieurs de ces
oiseaux qui ont des petits qu'tk soignent. Le sentiment d'af-
fêclion qu'ils out pour leur progéniture , les disposant à
revenir k leur nid; ils prennent, aussitôt qu'ilsi fiont remis
en liberté , immédiatement la direction de l'endroit où se
(i) Voyéï la noie n* 28.
CHAPITRE III. 539
trouveut ces objets de leur alTectioii , en parcourant ce grand
espace en un temps tellement court , qu'on est oblige d'ad-
mettre qu*ils s*y rendent avec la plus grande célérité et eb
ligne droite.
Comment expliquer ce remarquable résultat où ces Pi-
geom, qui n*ont jamais quitté le voisinage de leur colombier,
et qû*ûii a transportés dans des caisses closes , ^ de si grandes
distancés, ont Cependant une st parfaite connaissance delà
direction du lieu où ils veulent se rendre, qu'aussitôt ils y
vontt Ce ne sont évidemment pas tes sens de la vue, de
Touie ou de Todorat qui peuvent les guider h travers un si
grand espace ; et Ton est bien forcé d'admettre qu'ils ont
pour cela un moyen particulier d'après lequel ils se di-
rigent; nioyen qui ne peut être qu'un sens (}ae nous ne pos-
sédons pas.
C'est au moyen de ce même sens que lèâ fftrondeîJes , et
autres Oiseaux Voyageurs, se dirigétit dans leurs longues
pérégrinations, où ils se rendent & tous les changements de
saisons h des milliers de lieues de distance dans les lieUï et
jusqu'au même nid qu*llsont autrefois construit , et qu'ils
savent retrouver lors même qu'il n*est point en vue. Plusieurs
fois j'ai pris plaisir à voir partir d'une seule Volée, dans les
premiers jours de septembre, toutes les hirondelles de la
localité, dont la troupe prenait chaque fois parfaitement lâ
direction du Sud , sans dévier le moins du nionde de la
route qui devait les conduire jusqtt*au centre de TAfrlque ,
où elles avaient une seconde patrie.
G*ÈST 1>AH LE SENTIMENT iNSTlNCTl^ DE LA NÉCESSITÉ OU
VOYAGE, ET AU MOYEN DE CE fclXIÈME SENS, QUE L'ÉTËRNEL
DtEU A, DANS SON 1NËFFA6LE ÈONTÉ, ACCOKDÉ A CES Ol^EAUl,
qu'il A PRÉVENU LEUR DESTRUCTION DANS LE PAYS QU'lLS
QUITTENT À l'approche DË LA BIAUVAISÈ SAISON, OÙ tOUt
moyen d'existence leur manquerait ; et les y fait revenir par
l'amour de leur patrie , et lés inconvénients du pays qu'ils
habitent.
540 THBOLOGIE DB LA NATURI.
C'est également par l'effet d'un sens spécial , qn*on peut
expliquer comment les animaux sauvages reconnaissent les
qualités toxiques des plantes au milieu desquelles ils doÎTent
saisir celles qui leur sont destinées pour nourriture , sans
jamais en manger de malfaisantes. Ce sens nous parait de-
voir offrir une grande analogie avec celui de TOdorat , maïs
il n'est sans doute pas le même; du moins tel que nous le
connaissons ; car on ne conçoit pas comment toutes les
plantes venimeuses, dont l'odeur est si différente pour nous,
puissent avoir constamment, et dans tous les climats, la
même odeur pour les animaux.
Or, nous ne connaissons chez les Animaux supérieurs
aucun organe qui, soit par sa disposition, soit par sa forme
et les nerfs qu'il reçoit, puisse donner ces indications ; d*oà
nous sommes même obligés d'admettre que ces différents
sens n'ont point d'organes spéciaux extérieurs a l'encéphale;
et que ce ne peut être que dans quelque partie de ce dernier
qu'ils doivent résider. Mais encore lequel? C'est-à-dire que,
jusqu'à nouvelles découvertes, nous sommes obligés de
ranger ces facultés dans la classe des instincts : ce qui n'a-
vance en rien la solution de la question , vu que le comment
reste toujours inexplicable. Si l'on voulait s'abandonner aux
hypothèses , et vouloir chercher la solution de ces questions
dans cette série de phénomènes qui constituent la Science
mesmérienne , où l'on dit qu'on peut avoir connaissance des
faits qui se passent à grande distance, aussi bien que des
propriétés des substances ; sans doute, on y trouverait l'ex-
plication des actes dont je viens de parler , et dont la réalité
n'est plus mise en doute par personne; mais nous devons,
pour porter un jugement , attendre que les phénomènes du
Mesmérisme , de cette haute physiologie , soient en eux-
mêmes mieux prouvés comme faits.
Nous verrons aussi plus bas qu'il existe chez certains ani-
maux inférieurs, tels que des Insectes, des Organes qui,
par leur composition, doivent nécessairement servir à
CHAPITRE III. 541
quelque sens différents de ceux dont nous sommes nous-
mêmes pourvus.
Le sens du TotAchery généralement répandu dans toutes
les parties du corps où aboutissent des nerfs du système
céphalo-rachidien , est toutefois plus spécialement localisé
dans les téguments par lesquels le corps se trouve en rap-
port immédiat avec les objets extérieurs , dont ce sens doit
signaler Texistence à Tanimal , lorsque ces objets viennent à
rencontrer ce dernier ; en lui faisant connaître leur degré de
résistance, leur température , ainsi que Taction destructive
qu'ils peuvent exercer sur lui. Ce sens, surtout très-subtil
aux bouts des doigts et de la langue , y acquiert un degré
remarquable de finesse par Texercice auquel on soumet,
sous ce rapport, ces parties, plus propres ^ cet usage que
tout autre, par la forme et la mobilité qu'elles ont re-
çues, et qui leur permettent d'explorer activement les objets.
Tant que le sens du toucher ne transmet k l'agent intel-
lectuel que les impressions produites facilement sur le corps
par les objets extérieurs , ce sens reçoit simplement le nom
de Tact , terme qui désigne ainsi ce sens k Y éidX passif. Lors-
qu'au contraire Tintelligence réagit pour questionner en
quelque sorte les papilles nerveuses sur la nature de l'objet
avec lequel elles sont en rapport, en commandant k l'organe
portant ces papilles de les promener sur cet objet, afin
qu'elles puissent l'examiner sous ses diverses conditions, ce
sens devenu actifs prend plus spécialement le nom de
Toucher.
Ce sens se trouve en outre k un certain degré de finesse
ïk la partie de l'Homme et des Animaux qui appuient sur le
sol POUR qu'ils t aient la conscience de la disposition et
DE la forme de ce MÊME SOL, AFIN d' ASSURER LES MOUVE-
MENTS DE LOCOMOTION.
En classant les sens localisés d'après leur analogie avec le
toucher, le premier doit être celui du Goût, dont le siège se
trouve dans toutes les parois de la bouche, mais plus spécia-
,14i THioLOGIS PB U riATDRK.
I^m^pt ï la surf^c^ de 1» langue, m voile 4u palais, et an
palais lui-même, où viennent se subdiviser k ViDQm les
derniers r^musçule^ d^ plusieurs nerfs qui paraissent jouir
de la faculté, qui leur est d*aiileurs exclusivement propre,
de percevoir cette sorte de sensation^ , nerfs qui s*y tenni-
napt çqmme ceu^ du toucher, daos des papilles placées à la
aurfs^ce de ces organes , et qui empêcteut le contact trop
direct dea substances avec les nerfs eux-mêmes; papilles
très-nonibreu$e4 et fort distinctes sur la langue , et moins
au vqilQ du p^laia et aux joues , où les sensations guçtatives
sont en effet de plus en plus faibles.
La langue seule reçoit trois espèces de nerfs : le Linçwl
VBypoglosse et le Glo^sopharyngim, Le premier parait être
pelui dans lequel réside la sensibilité tactile, le second est le
nerf moteur, et le troisième préside au sens du goût. Quoi-
que qe soit par ce dernier sens qu'on perçoive les impressions
gustatives des substances , on est cependant généralement
dan3 Terreur ^ ce sujet, donnant d'ordinaire le même nom
de goût k de nombreuses perceptions qui ne sopt réellement
que des effets d*odorat. Le véritable Goût , qui n*est perçu
que d^ns la cavité buccale, fait connaître certaines qualités
des substances , tant que ces dernières sont solubles dans
la salive , comme agissant par là d'une manière spéciale
et eflicace sur les papilles de l'appareil gustatif par une
espèce d'effet cbimique. Telles sont les qualités SiLcrées,
Saliwf^ ^ Alcalim^ , Àcide9 , Arrières , CaM$lique$ et Astrin-
gentes^ mais non pas les Aramatiques^ signalées par les
particules volatilisées des substances; sensations qui accom-
pagnent asse^ généralement quelques autres des qualités
vraiment gustatives perçues dans la bouche , tandis qu'elles-
mêmes sont perçues dans les fosses nasales au moyen des
vapeurs qui s'exhalent des substances placées dans la caviié
buccale; vapeur qui, pénétrant dans le nez par les arrière-
narines, y font éprouver une sensation d'odorat qu'on con-
fond avec le goût par l'effet de la grande proximité du siège
CHAPITRE ni. ^3
de^ ^enx sens; mais od peut facileiQçnt se coQvaipcre du
coqlraire, en mâcbaqt ou en bqvaqt ççs ^yb^tapces arows^-
tîqpes pendant qu'on p^aintient leç narines fermées en 1^
piuçant, pour empocher le coqraqt d'air venaut de la bouche.
Dans cet état, les substances qu'on dit avojr le goût le plqs
fort n'ont plus que ceux indiqués plus haut. C'est aiqsi que
le fromage n'est plus que «aie , le poivre n'est qqe simple-
ment caustique y le vin n'est qu'octdf , caMstique^ amur et
astringent , mais sans aqcqn bo^quet ; tandis que tous les
S^'^ts-goûts des aliments reparaissept à l'instaqt même o4
Ton rétablit je CQurant d'air par les nariqeç.
Le véritable goût n'a ainsi lieu qu'au contact des corps
comme le toucher, doqt il n'est qq'une première modifica-
tion spécialisée dans certaiqeç propriétés, çt par \i un
toucher exceptionnel.
Dans sa condition passive , ce $çns reçoit plq$ spéciale»
meut le nom de Goût , tandis qqe lorsque la volonté iqter-
vient pour explorer les substances sous ce rapport, il reçoit
celui de Saveur. Dans le premier cas, oq goûte les aliments,
dans le second, on les savoure.
Quoique l'emplacement où se trouve l'organe du sens du
goût soit très-naturel, et ne paraisse avoir SQq$ ce rapport
rien d'extraordinaire , il n'en est pas moinç veai Qyp cç ne
PECT ÊTRE QUE PAR l'eFFET d'uNE PUISSANCE INTELLECTUELLE;
QUI A VOULU , DANS SA HAUTE SAGESSE , 0U*|(, S^ T^IQUVAT AV
COMMENCEMENT DE l' APPAREIL DIGESTIF, PQIJR EXCITER l'aIHI-
HAL, PAR l'agrément DE LA SAVEUR, À SA^SII^ Lf;g A^l^ENTS
AVEC SA BOUCHE , ET Qu'UNE FOIS ARRIVÉS LÀ , L^EfFET SYM*>
PATHIQUÇ QUE LA MÊME PROVIDENCE A ÉTABLI Ê^^TRE LA CAVITÉ
BUCCALE ET L'ESTOMAG, ÉTANT EXCITÉ PAR LE VIDE CAUS^ PAR
l'absence des ALUIENTS dans C& dernier , ENGAGE l' ANIMAL
À AVALER CE qu'il A DANS LA BOUCHE, ET DE RE4ETER GB
QUI , PAR SON INSTINCT, LUI EST DÉSAGRÉABLE ; Car pOUrqUOi
Tappareil dégustatif n'est-il jamais ailleurs, dans quelque
animal que ce soit?
544 THEOLOGIE DE LA NATURE.
Le sens de Y Odorat a, comme on sait, son réceptacle à
rintérieur des fosses nasales dans la membrane plus ou
moins développée en surface qui tapisse ces cavités , et cela
suivant les replis et circonvolutions que font certaines lames
osseuses ou cartilagineuses placées dans la partie supérieure
de ces cavités; membrane dans laquelle viennent se subdi-
viser à rinfini les deux nerfs Olfactifs , les seuls qui aient
BEÇU DE LA SAGESSE DIVINE LA FACULTÉ DE POUVOIR PERCE-
iVoiR LES ODEURS. Hais quoiqu'il y ait encore contact entre
. les corps étrangers et Torgane sensitif , ce contact est du
moins excessivement subtil , n*ayant lieu que par cette sub-
stance à rétat volatil; subtilité qui permet aux extrémités
• nerveuses d'être presque k nu, et par conséquent sans
former ces papilles qu'on remarque soit au bout des doigts,
soit sur la langue, pour y préserver les nerfs du contact trop
rude des o4)jets extérieurs. Cette presque nudité des nerfs
. olfactifs , qui ne se trouvent recouverts que de la membrane
muqueuse très-mince et molle des fosses nasales , nommée
• Membrane pituitaire^ était d'ailleurs nécessaire pour que
l'impression de simples vapeurs, d'une subtilité souvent in-
concevable , puissent produire une impression sensitivc sur
les nerfs à travers cette membrane.
Ce sens est en effet, tellement délicat chez certains ani-
maux, que le Chien par exemple, reconnaît après plusieurs
heures, k Todorat, non-seulement qu'une pièce de gibier a
passé sur tel point ; mais encore, la direction dans laquelle
elle a couru, malgré les vents plus ou moins violents, qui
ont souvent passé sur ces traces , et auraient dû en enlever
jusqu'aux derniers vestiges de matière volatile que l'animal
a pu y laisser en appuyant si promptement ses pieds. Or le
Chien est loin d'avoir l'appareil olfactif aussi développé en
étendue que certains autres Mammifères, tels que les espèces
du genre Marte ^ dont tout l'intérieur des fosses nasales est
rempli de lames osseuses extrêmement minces, si étroi-
tement contournées et repliées sur elles-mêmes, que la sec-
CHAniRE III. §45
tion de cet appareil est à comparer au tuUe le plus fin.
Ici aussi , rien ne parait plus naturel que de voir Tappareil
olfactif placé dans les fosses nasales, à l'entrée du canal par
où passe l'air servant à la respiration; air qui, attiré pour
cette dernière fonction , amène avec lui les particules odo-
rantes qu'il tient en suspension. Mais pourquoi cet appareil
OLFACTIF SE TROUTE-T-IL PRÉCISÉMENT LÀ, ET NON AILLEURS,
si ce n'est comme pour le goût, par l'effet de la sublime
Providence du Créateur , qui l'a ainsi placé dans les
conditions les plus favorables à la fonction qu'il a voulu
qu'il REMPLÎT.
De même que les autres sens, l'odorat présente aussi deux
conditions, l'une pa55tt7e où l'impression dea corps volatilisés
se fait percevoir sans la volonté ou l'attention de l'individu ,
condition où on la désigne plus spécialement sous le nom
de Sentir; tandis que , lorsque le même individu se sert de ce
sens pour explorer les corps , afin d'en reconnaître les qua.-
lîtés, l'action, devenue ainsi active, reçoit le nom de Flairer.
Par le sens de l'Ouïe, l'on perçoit des sensations plus
délicates encore que par celui de l'odorat , l'agent qui s'y fait
connaître n'étant plus un corps quelconque, mais simplement
des vibrations dues primitivement h des corps étrangers
éloignés; vibrations transmises au moyen d'autres corps in-
termédiaires solides, liquides ou gazeux, jusqu'à l'organe
sensitif , qui les communique au Nerf acoustique^ et celuv-ci
finalement au cerveau , en indiquant par les difTévents genres
de vibrations qu'il éprouve , de quelle nature est le corps qui
les a mis en activité; et, ce qui est difficile à concevoir, il
indique en même temps la direction et la distance où ce
corps est placé.
L'Appareil acoustique des Mammifères se compose de trois
parties consécutives : V Oreille externe ^ Y Oreille moyenne et
YOreille interne.
V Oreille externe^ que tout le monde connaît, se compose
du Pavillon , de plusieurs Mttseles qui mettent celui-ci en
h 35
$46 THÉOLOGIE DB Li NATURE.
iQouveipent et dit Conduit auditif t^ierm^ canal étroit
coniinuniquant du fond du pavillon avec Tixreille moyenne.
L'oreille moyenne consiste principalement en une cavité
nommée la Caisse du tympar^^ placée en dedans du conduit
auditif externe , et formée par la réunion de plusieurs os.
Celle cavité est séparée de ce dernier par le Tympan^
ipembrane mince, rigide, presque sèche, tendue sur un
cadre osseux , formant la limite des deux parties, et imitant
absolument la peau d'un tambour.
Au fond de celte caisse se trouvent, à peu de distance Tune
de Tautre , deux petites ouvertures communiquant dans
Toreille interne, dont Tune, appelée h Fenêtre ronde, est
fermée par une membrane imitant un second tjmpan; et
dont l'autre, la Fenêtre ovale, est bouchée par la platine de
l'Élrier, petit osselet dont il sera parlé ci-après.
Entre la membrane du tympan et cette dernière ouverture,
est placée une chaîne de quatre très-petits osselets, dont le
premier, ou le Marteau, adhère au milieu du tympan par
une longue apophyse styloïde, formant le manche du
marteau, et partageant cette membrane en deux parties
égales; tandis que sa tète, formant un gros renflement est
dirigée librement dans l'intérieur de la caisse, où elle s'ar->
ticule avec YEndume, second osselet de la chaîne, lequel
s*arlicule à son tour, par l'extrémité d'une apophyse grêle ei
libre avec l'os Lenticulaire, le plus petit osselet de tout le
corps, à peine visible chez l'homme, et qui lui-même s'articule
avec le sommet de l'Élrier, le quatriènie osselet de la chaîne
dont je viens de parler. Cet Êtrier, qui a en eifet la forme
de l'objet dont il porte le nom , se compose de deux branches
partant de l'os lenticulaire, et se terminant aux deux bouts
d'une platine ovale, placée dans la fenêtre ovale, au bord de
laquelle celte platine est liée par un ligament circulaire qui
lui permet un léger mouvement.
Cette chaîne d'osselets est mise en mouvement par de Irès-
petits muscles destinés à la tirer, soit en dedans, pour tendre
CHAPITRE III. 547
la membrane du tympan , soit en dehors, pour la relâcher et
faire en même temps sortir la platine de Tctrier de la fenêtre
ovale, dans laquelle elle est plus ou moins enfoncée.
EnGn, sur les côtés , existe un canal en partie membra-
neux , nommé la Trompe d'Eustachi^ établissant une com-
munication entre la cavité de la caisse et les arrière-narinesi
pour permettre Taecès de Tair dans Torcille moyenne qui eo
est remplie : condition nécessaire 2i la fonction de Taudilion.
VOreille interne est formée entre autres d une cavité fort
compliquée , nommée de là le Labyrinthe , creusée dans le
Rocher, Tos le plus dur du corps, et en conséquence le plus
propre 2i transmettre les vibrations qu'il éprouve.
Ce Labyrinthe se compose d^une première cavité nommée
le Vestibule » commtiniquant par la fenêtre ovale avec la
caisse , et par celle-ci avec les deux entrées de trois Ca-
naux sem%'Circuh%re9 arrondis • faisant également partie du
Labyrinthe. Enûn, plus en dedans encore» est une cin-
quième cavité de ce dernier, ayant la forme de celle d'une
coquille de Limaçon , dont on lui a donné le nom. Cette ca*
vite spirale est divisée en deux compartiments ou Rampes^
par une lame également spirale contournant Taxe ou la Co-
lumelle du limaçon. L*une de ces rampes s'ouvre par le gros
bout dans le vestibule, tandis que FautrQ aboutit à la fe*
nêtre ronde, par laquelle elle communiquerait avec la c^sse
si cette ouverture n'était pas fermée par une membrane.
Toute la cavité du Labyrinthe est remplie d*une pulpe de
consistance gélatineuse , très-délicate , dans laquelle plon-
gent les dernières fibrilles du nerf acoustique auxquelles
cette humeur communique les vibrations sonores qui lui sont
transmises.
Dans la columelle du Limaçon est creusé le Conduit auditif
interne^ communiquant à sa base avec la cavité du crftne.
C*est par là que le tronc du nerf acoustique pénètre dans
Tappareil de Taudition. Pèsson entrée, ce nerf envoie des
branches dans la pulpe auditive contenue dans le vestibule
M8 THEOLOGIE DE LA NATURE.
et les trois canaux semi-circulaires. Pénétrant ensuite plus
avant, ce nerf forme succesivement un nombre considé-
rable d'autres rameaui, qui perçant les parois de la cola-
melle, entrent dans le limaçon en se répandant en rayon-
nant sur la lame spirale qui sépare les deux rampes, en
devenant de plus en plus courts , proporUonnellement k la
largeur de cette lame.
On conçoit, par la courte description que je viens de faire
des parties principales de Tappareil acoustique des Mammi-
fères, que les vibrations de Tair venant rencontrer le Pa-
villon de rOreille, y sont réfléchies dans le Canal auditif,
en augmentant d'intensité; que rencontrant au fond de
ce canal la membrane du Tympan , plus ou moins tendue ,
celui-ci les fortifie encore beaucoup en entrant lui-même
en vibration , et communique les frémissements qu'il
éprouve , d'une part , au moyen de l'air renfermé dans la
caisse , à la membrane fermant la fenêtre ronde , et par
celle-ci k la pulpe auditive contenue dans l'une des rampes
du limaçon ; et d'autre part , il communique ses vibrations
par l'intermédiaire des osselets de la caisse à travers la fe-
nêtre ovale , à la pulpe auditive contenue dans le vestibule,
les canaux semi-circuluires et la seconde rampe du limaçon :
divers effets que facilite la propriété éminemment vibrante
du rocher comme corps très-dur.
Le pavillon de l'oreille répercutant simplement les vibra-
tions de l'élément ambiant sur le tympan, on conçoit que
celles-ci peuvent être ou tellement fortes qu'elles deviennent
douloureuses pour l'animal, ou bien si faibles que celui-ci a
de la peine à les entendre. Or c'est évidemment dans le but
DE GRADUER CONVENABLEMENT CET EFFET, QUE LE CRÉATEUR A ,
DANS SA SUBLIME SAGESSE , DONNÉ À l' ANIMAL LA FACULTÉ DE
MODIFIER , PAR LE MOYEN DES MUSCLES MOTEURS DES OSSELETS
DE l'ouïe , LA TENSION DU TYMPAN , afin d'augmcuter OU de
diminuer Veffet que produit cette membrane éminemment
vibrante.
CHAPITRE m. 510
En examinant en outre les diverses autres parties qui
constituent Tappareil auditif, on reconnaîtra facilement
aussi que, par leur moyen , les vibrations de Tair peuvent
être très-bien communiquées au nerf acoustique , et par
celui-ci au cerveau.
En effet, les vibrations ainsi graduées étant transmises à
la pulpe auditive remplissant tout le labyrinthe , celte pulpe,
qui parait être éminemment susceptible de les transmettre ^
son tour k tout ce qu'elle touche , les communique aux der-
niers ramuscules du nerf acoustique, le seul capable, comme
MERF SENSITIF, DE TRANSMETTRE CES VIBRATIONS AU CERVEAU
SOUS LA FORME DE SONS, cu Ics commuuiquaut , d'une part,
k ceux de ces nerfs répandus sur la membrane qui double le
vestibule; d*autre part, k ceux distribués sur la membrane
intérieure des canaux semi-circulaires, et surtout aux nom-
breux rameaux formant la série graduée en longueur, appli-
qués sur la cloison des rampes du limaçon.
Voici tout ce que les Anatomistes et les Physiologistes
savent de positif sur la structure et la fonction de Tappareil
auditif, dont la grande complication semble indiquer un but
TRÈS-SAVANT DANS LA SCIENCE DE L*AGOUSTIQUE , mais qUC
les connaissances des Physiciens n'ont pas encore pu ap-
précier : car pourquoi cette complication?
Si , ainsi que doivent le penser les Matérialistes, cet éton-
nant appareil s'est formé lui-même de toutes pièces , par je
ne sais quelle combinaison de propriétés physiques de la
matière brute ^ agissant fortuitement les unes sur les autres ,
comment se fait-il que cet appareil soit partout le même
chez toutes les espèces de Mabimifères , dont les individus
primitifs ont été formés séparément par le hasard^ et bien
nécessairement dans des conditions perturbatrices fort nom-
breuses , et plus ou moins différentes ; et comment se fait-il
que nous retrouvions même cet appareil chez les autres Ver-
tébrés, formé exactement d'après les mêmes principes,
quoique fort varié quant aux détails? Mais ce qui déroute ici
^SO TmioLOGni ds la natues.
même les plus hardis penseurs, c'est que , malgré que Tap-
pareil auditif intérieur soit si compliqué chez tes Mammifères,
ces animaux, bien qu*ils aient Toreille trës-Gne, ne sont
toutefois pas en état de faire entendre des sons musicaux ;
tandis que les Oiseaux , les seuls animaux réellement musi-
ciens, et de 12à capables d'apprécier les sons harmonieux, ont
cet organe bien moins compliqué, surtout pour ce qui con-
cerne le Limaçon.
Si Ton ne connaissait que l'appareil auditif de Thomme et
des autres Mammifères, on serait très-disposé k croire que
la série si admirablement décroissante des derniers ramus-
cules du nerf acoustique appliqués sur la lame spirale du
limaçon , a reçu cette disposition si régulière par la rai-
son que chacun est en harmonie de ton avec le son qu'il
doit plus spécialement transmettre au cerveau ; disposition
qu'on donne dans le même but aux cordes des harpes et des
pianos, suivant les sons plus ou moins élevés qu'elles
doivent rendre; et cette explication parait même d'autant
plus plausible, qu'on sait par expérience que, lorsque l'air
est en vibration, la corde de ces instruments qui se trouve
en harmonie de ton avec cette vibration de l'air se met par
Ik même en vibration et rend ce son ; eflet qui a également
lieu sur toutes les cordes rendant des sons harmoniques
avec celle-ci. Or cette expticatiou, toute rationnelle qu'elle
semble être, ne répond malheureusement pas aux faits ana-
tomiques qu'on trouve chez les Oiseaux dont j'ai déjîi parlé.
En effet , ces animaux , qui possèdent seule te sentiment
inné de la vraie musique, que certaines espèces portent jus-
qu'au talent le plus extraordinaire, en chantant avec ta plus
rigoureuse justesse, ont cependant un appareil auditif dans
toutes ses parties plus simple que celui des Mammifères.
La conque de l'oreille est beaucoup plus petite , et même
recouverte de plumes, quoique conformée d'une façon parti-
culière pour faciliter Taccès des vibrations sonores de Tair.
La chaîne des osselets de ta caisse du tympaù n*est plus
CHAPITRE III. 551
formée que d'une seule pièce représentant TÉtrier , et d'un
rudiment qui remplace le Marteau. Enfin teLitnaçou, loin
de former un tbur et demi de spirale , tomme chez les Mam-
mifères, ne comprend plus qu'ertvlron tari tiers dli tout-.
L'opinion avancée plus haut, ijiié h dégrddatiori de h
longueur des fibrilles nerveuses ^ur la laitie spirale du lima-
çon était due h la gradaliotl des soris qu'elles font percevoir
à l'animal , ne parait en conséquerice pas avoir été le pklK-
cn^E d'après lequel Le CRÉAtEUR A Dans son omnisciei^g^
ÉTABLI l'appareil AUDITIF DES ANIMAUX, ET SURTOUT CeLuI
DES Oiseaux.
Ce qui est encore difficile h concevoir dans les phénonlènes
d'acoustique, et qu'on peut juger avec une certaine préci-
sion , non-seulement de la direction dans laquelle se trouVe
placé le corps sonore, mais encore de sa distance, ai Tô-
reille externe, qtii rassemble une partie des ondes sonore^
pour les diriger datià le conduit auditif, se trouvait dah^
ch&qué individu totijour^ exactement dans la tiléme dispo-
sition relativement à ce dernlei'^ l'explication serait facile :
on dirait que , paf l'effet dé l'habitude , (bndée sur Une eipé-
ritnentation de toute la vie, oïl apprend que tout son qui ,
après s'être diversement réfléthi dans la coûqUe de l'oreille,
atrive finalement M tyrtipafa , vient primitivement de telle et
distance et dans telle direction. Mais il suffirait que cette
même conque fût tant soit peu déplacée, ou accidentelle-
ment déformée, pour que tout ce résultat fût détruit, vu que
la moindre modification dans les surfaces répercutantes dé
l'oreille changerait tout l'effet : et c'est ce qui a lieu k tout
instant, sans que l'individu perde par Ik la faculté de reéon-*
naître là distance et la direétion du corps sonore
Dans sa condition passive ^ la perception des soné s'ap-
pelle Entendre ; et lorsqu'elle est active , pdr l'attention qu'ôri
y apporte, elle reçoit la dénomination A'Êcôuteir,
Si 1 appareil acoustique est déjk si remarquable par sa
composition , qui nous montre l'applic^tior i^b la connais-
S52 THEOLOGIE DE LA NATURE.
SANCE LA PLUS PROFONDE DES LOIS QUI RÉGISSENT CETTE BELLE
BRANCHE DE LA PHYSIQUE , il n*esi toutefois DullemeDt k com-
parer & Tadmirable appareil de la Vision par lequel les ani-
maux perçoivent rexistence des objets sous le rapport de
plusieurs de leurs caractères , au moyen de la lumière , Ta*
gent le plus subtil de la nature, dont la matérialité, autrefois
admise, est aujourd'hui même contestée ; n'étant plus con-
sidérée que simplement comme un efïeideV£iher(i\ le corps
lui-même le moins dense de Tunivers qu'on suppose remplir
tout l'espace ; et dont la lumière ne serait que le résultat de
ses vibrations.
Cet appareil de la vision qui constitue VŒU et ses dépen-
dances , est le seul de tous ceux qui servent k la perception des
sensations que les Physiciens sont parvenus ^ imiter en partie
dans la chambre obscure; aussi est-il le mieux apprécié dans
SA SAVANTE COMPOSITION PORTÉE k LA PLUS COMPLÈTE PER-
FECTION qu'on PUISSE CONCEVOIR ,»TANT SOUS LE RAPPORT DE
LA RIGOUREUSE iPPLIGATION DES LOIS MATHÉMATIQUES DE
l'optique, que sous CELUI DES PROPRIÉTÉS DERÉFRAN6IBILITÉ
DES DIVERSES HUMEURS DE l'oEIL, ET ENFIN SOUS CELUI DE LA
plus bienveillante prévision de toutes les circonstances
qui pourraient en troubler les fonctions; soins où le
Créateur a , dans son ineffable bonté , partout prévu
tous les inconvénients auxquels ce magnifique appareil
est naturellement exposé, et cela non-seulement chez les
Mammifères dont nous nous occupons plus spécialement
ICI , MAIS AUSSI DANS TOUTES LES AUTRES CLASSE d'aNIMAUX , SE-
LON LES CONDITIONS PARTICULIÈRES DANS LESQUELLES IL A PLU
À l'Être suprême de les placer dans sa sublime sagesse.
L'Œil des Mabimifères (PI. I , fig> S) est un sphéroïde
creux formé d'une membrane fibreuse, blanche, élastique et
résistante (a a a) ou ^clérottgtie, constituant ce qu'on nomme
le blanc de l'œil.
(1) Voyes la note n* 15.
CHAPITRE III. 553
La partie antérieure de ce sphéroïde présente une grande
ouverture circulaire (6 b) , fermée par une calotte sphérique
(bcb) faisant saillie, et formée par une membrane fibreuse
dense, incolore, parfaitement transparente, ressemblant, pour
sa formeetsadisposition, k un verre de montre enchâssé dans
Touverture de la sclérotique , et paraissant formé d*une lame
de corne très-mince, d*où elle est appelée la Cornée.
Immédiatement derrière cette cornée, la même ouverture
de la sclérotique est fermée par une cloison plane . mince ^
membraneuse (d d) ou 17m , ainsi nommé pour les diffé-
rentes couleurs dont elle est teinte, variant du gris au bleu ,
au verdàtre , et dans différentes teintes de brun. Cette cloison
est formée en partie de fibres musculaires circulaires , non
soumises k la volonté , et en partie de fibres ligamenteuses
élastiques disposées en rayons de la circonférence au centre,
où elle se termine k la Pupille ou Prunelle (e), ouverture ar-
rondie chez Y Homme et la plupart des Mammifères, où elle
forme cette tache noire au centre de Tiris. Chez certains ani-
maux, tels que le Cheval et la Chèvre, cette ouverture est
carrée, et dans les espèces du genre Chat, etc., elle est
ronde lorsqu'elle est complètement ouverte , et en fuseau
plus ou moins étroit quand elle est contractée.
A une petite distance derrière l'iris, se trouve une seconde
cloison verticale membraneuse (ff) , formée par un repli de
la Choroïde (g g), membrane mince qui tapisse toute la partie
postérieure de la sclérotique. En arrivant près de Tiris, cette
membrane forme le repli dont je viens de parler en séparant
la cavité de l'œil en deux compartiments inégaux , un plus
grand postérieur et un plus petit en avant , ce dernier lui-
même encore divisé par l'iris en deux Chambres , communi-
quant entre elles par la pupille. Cette seconde cavité est éga-
lement tapissée d'une membrane très-fine, qui en revêt toutes
les parois , et vient en conséquence aussi doubler les cloisons
formées par la choroïde et l'iris.
Au centre de cette double cloison, entre ses deux feuillets,
S54 THriOLOOn DB LA NATURB.
se trouve placé le Cristallin (ft), grand corps lenticulaire,
rond, faisant face en avant en touchant presqu'^ Tiris. Ce
cristallin est formé d'une substance entièrement incolore,
d'une transparence parfaitement limpide comme la cornée,
et ayant la consistance de la corne très-ramollie; mais
consistant principalement en albumine, substance analogue
au blanc d'œuf
La cavité postérieure (h) du globe de l'œil, tapissée par la
choroïde, est enduite, à l'exception de la partie qui répond
au cristallin, d'une substance onctueuse brune, presque
noire; et il en est de même de la partie de la membrane qui
tapisse la face postérieure de l'iris.
La cavité de la choroïde est à son tour tapissée par la
Rétine (/ H) , membrane nerveuse formée par l'épanouisse-
ment du Nerf optique {m), qui, venant du dessous du
cerveau, pénètre dans le fond de l'orbite osseux, et plus
avant dans le globe de l'œil , en perçant la sclérotique et la
choroïde dans leur partie la plus postérieure , où il se déploie
en formant la rétine, qui s'éteild en avant jusqu'auprès du
cristallin. C'est dans cette membrane nerveuse que réside le
sens si délicat par \e(\ue\ FanitUBl perçoit les plus légères
nuances des couleurs.
Enfln la cavité du globe de l'œil, circonscrite par la télîûe,
est remplie de Y Humeur vitrée , ainsi appelée de sa parfaite
transparence qui la fend Settiblable îi Une masse de vei^re ,
quoiqu'elle n^ait que la consistance du blanc d'œuf.
La cavité antérieure de l'œil, placée entre la cornée et le
cristallin , est au contraire retnpiie de V Humeur aqueuse ,
liquide peu différent de l'eau.
Tels sont les principaux organes qui constitujent la partie
proprement dioptrique de l'œil , lesquels se trouvent ensuite
accompagnés de divers autres, simplement accessoires, qttt
contribuent toutefois puissamment à ràccomplisseftiedt de
la fonction de l'œil. Je les indiquerai successivement en
parlant de leurs fonctions.
CHAPITRE III. 555
L*œil étant dirigé vers un objet, reçoit les rayons lumi-
neux diversement colorés que celui-ci lui envoie; et qui pé-
nètrent dans son intérieur a travers la cornée, Thumeur
aqueuse, le cristallin, la capsule de ce dernier, et l'humeur
vitrée placée derrière celui-ci, tous incolores et d'une trans-
parence parfaitement limpide. Les rayons émanés de chaque
point de cet objet forment un faisceau qui couvre la cornée,
et la traverse en y éprouvant une première réfraction , vu
la forme convexe de cette membrane; de manière que ces
rayons de lumière y sont brisés en se rapprochant de Taxe
du faisceau : par l'effet de cette loi de l'optique que
TOUT RAYON LUMINEUX QUI PASSE d'UN MILIEU MOINS DENSE
(Tâir) DANS UN milieu plus DENSE (l'humcur aqueuse),
ÉPROUVE AU CONTACT AVEC CE DERNIER UNE DÉVIATION DANS
SA DIRECTION QUI ht RAPPROCHE DE LA PERPENDICULAIRE
ABAISSÉE SUR LA SURFACE DE CE CORPS PLUS DENSE ; inflexioD
différente suivant la réfrangibilité de ce corps.
Une partie des rayons de chacun des innombrables
faisceaux lumineux qui traversent ainsi la cornée tombant
dur l'iris, membrane opaque, y sont arrêtés et perdus;
tandis que la portion centrale de chaque faisceau passe
par la papille, qui le calibre selon le diamètre de son ou-
verture ; et cette partie seule continuant dans ta nouvelle
direction qu'elle a prise, rencontre, un peu au delà, le Cris-
tallin , corps plus dense encore que l'humeur aqueuse qui
fait subir dans le même sens une nouvelle réfraction à ces
faisceaux lumineux; ce qui les rapproche encore davantage
de l'axe de chacun de ces derniers. Ces faisceaux, dont la
lumière se concentre ainsi de plus en plus , traversant te
Cristallin , éprouvent une troisième réfraction en passant
de celui-ci dans l'humeur vitrée dont la densité est moindre
que la sienne; et par cela même la réfraction a lieu en sens
contraire; c'est-à-dire que les rayons lurnîneux de chaque
faisceau s'éloignent de la perpendiculaire abaissée sur cha-
que point respectif dé la face postérieure du Cristallin ;
5«% THÉOLOGIE DE LA NATURE.
mais comme la courbure de cette surface est en sens inverse
de celle de la face antérieure, Teffet de cette réfraction est
de rapprocher encore plus le rayon dans chaque faisceau ,
en les rendant convergents de divergents qu'ils étaient en
rencontrant la cornée. Or la forme des surfaces où les
RÉFRACTIONS ONT LIEU EST SI SAVAMMENT CALCULÉE QUE LA
CONVERGENCE QU^ELLE PRODUIT DANS CHAQUE FAISCEAU EST
TELLE , QUE TOUS LES RAYONS D*UN MÊME FAISCEAU SE REN-
CONTRENT EXACTEMENT SUR UN MÊME POINT DE LA RÉTINE , en
s'y condensant autant qu'ils Tétaienl sur le corps dont ils
émanent ; condensation dont le résultat est de reproduire
la même couleur du point de Tobjet d*où le faisceau est
parti ; et tous les points de condensation des innombrables
faisceaux sont placés suivant une même surface courbe
approchant de la sphérique , qui est précisément celle que
présente la concavité de la rétine, membrane blanche sur
laquelle Timage de chaque point de Tobjet se reproduit
ainsi, en formant par conséquent une image parfaitement
nette de cet objet entier; mais dans une position renversée
due à Tentre-croisement de tous les faisceaux dans la pu-
pille, dispositions nécessaires, ainsi que je le ferai voir,
pour que Tindividu ait conscience de la position réelle ou
redressée de cet objet. Or chaque point de la rétine, trans-
mettant au Moi , par le nerf optique dont cette membrane
est répanouissement, la sensation de la couleur de limage
avec laquelle il est en contact , ce même Moi se représente
par l'ensemble , non-seulement la couleur de chacun de ces
points , mais encore , par l'effet de la disposition de ces der-
niers, la forme de Timage entière.
La question de savoir comment il se fait que nous voyons
les objets dans leur situation naturelle redressés , quoique
leurs images soient renversées dans l'œil , a longtemps oc-
cupé les physiciens et les physiologistes, qui ont essayé
d'en donner des explications , les unes plus singulières que
les autres ; et revenant en résumé k ceci que , ce n'est que
CtlAPlTRË IIU 55?
par l'effet de l'habitude que nous voyons droit ce qui est à
l'envers : comme si jamais cela pouvait être ; tandis que
l'explication de ce fait se trouve exclusivement dans la né-
cessité mathématique du fait lui-même; c'est-à dire que
cela ne peut pas être autrement; en d'autres termes, que
si» par une raison quelconque , l'image de l'objet était re-
dressée dans l'œil, nous verrions cet objet à tout jamais ren-
versé. En effet, quoique nous sachions par Texpérience que
nous voyons par les yeux , ce n'est toutefois pas de Timage
peinte au fond de notre œil que nous avons conscience :
cette conscience nous disant au contraire que Tobjet est
hors de nous , dans la direction de l'axe visuel , et cela même
à une distance déterminée, souvent très- précise ; absolu-
ment comme nous entendons que le bruit se fait k distance
de nous et non dans notre oreille. Or, en projetant ainsi la
cause de Timage hors de nous dans la direction de Taxe de
chaque faisceau lumineux qui le produit, il est tout naturel
que , les axes se croisant dans la pupille, le sentiment de tel
point de la rétine soit projeté en dehors vers le côté opposé
à celui où l'impression sensitive a lieu. C'est-à-dire que la
partie de l'image qui est en bas est projetée vers le haut;
celle d'en haut vers le bas, et celles des côtés vers les côtés
opposés. Cet effet est absolument celui qui a lieu lorsqu*on
veut voir ce qui arrive au dehors d*une fenêtre qui repré-
sente la pupille de l'œil ; la personne qui veut voir ce qui se
trouve à droite est obligée de se placer k gauche dans le
fond de l'appartement; et lorsqu'elle veut voir ce qui se
trouve en haut, il faut qu'elle se place en bas. Or cette per-
sonne remplit successivement les conditions de chaque point
sensitif de la rétine.
Cette explication mathématiquement vraie , je l'ai donnée
déjà dans mon Traité pratique et théorique d'anatomie corn-
parative, t. II, p. 387, 1842, et je ne crois pas que d'autres
l'aient présentée avant.
L'œil, tel que je viens de le décrire succinctement dans
A
558 ruBOLOGiE de la nature.
ses parties les plus importantes, est, comme od voit, une
véritable chambre obscure, semblable à celles que les opti-
ciens construisent; ou plutôt la chambre obscure est une
imitation aussi exacte que possible de Tadmirable appareil
dioptrique de Toeil , dont les physiciens n*ont pu imiter toutes
les parties , ni surtout leur donner les formes rigoureuse-
ment nécessaires; les moyens mécaniques de fabriquer ces
objets leur manquant. Cest ainsi qu*ils ont été obligés
d*empIoyer, pour les Iqntilles faisant les fonctions de cris-
tallin, des formes \k surfaces sphériques, tandis que ce de-
vraient être des courbes de sections coniques; ea même
temps que la surface qui reçoit Timage dans les chambres
obscures est plane au lieu d*être courbe.
Comment est-il possible que jamais un anatomists An
PU EXAMINER LA MAGNIFIQUE COMPOSITION DE l'oEIL , %V T
RECONNAISSANT LES FONCTIONS QUE CHACUNE DE SES PARTIES
Y REMPLIT AVEC UNE SI ÉTONNANTE PRÉCISION, SUIVANT LA
PART qu'elle doit PRENDRE À l' ACCOMPLISSEMENT DU PHÉ-
NOMÈNE DE LA VISION, SANS SE SENTIR PÉNÉTRÉ JGSQU'aC
FOND DE L*AME DU SENTIMENT DE LA PLUS GRANDE ADMIRATION
POUR UN APPAREIL D*UNB CONSTRUCTION SI SAVANTE, ^T SANS
ÉPROUVER LÀ LE SENTIMENT D*UN RESPECTUEUX HOMMAGE QU'iL
NE SAURAIT SE REFUSER DE RENDRE DANS SON COEUR AU SU-
BLIME AUTEUR DE CE MERVEILLEUX OUVRAGE ?
Destiné k faire connaître aux plus grandes distances les
divers objets par la couleur qu'ils reflètent, et par suite leur
forme, leur disposition et même leur éloignement, l*(eil
DES Mammifères présente dans son ensemble la forme
d'nn Sphéroïde, afin de pouvoir tourner avec la plus
GRANDE FACILITÉ DANS TOUS LES SENS, POUR ÊTRE DIRIGÉ
VERS TOUS LES OBJETS QUE L*AMMAL VEUT EXPLORER. CeS
mouvements, qui s'exécutent avec la plus étonnante pré-
cision, sont produits principalement par quatre muscles
fixés au fond de Torbite osseuse autour de rentrée du nerf
optique; d'où ils se portent en avant pour s'insérer Tau à la
CHAPITRE 111. ^^9
face supërîeiire du globe de Tœil; l'autre à sa face infé-
rieure; et les deux derniers aux faces internes et externes :
tous les quatre au grand cercle de ce globe. Il suffit d*avoir
indiqué la disposition de ces quatre muscles droits, pour
faire comprendre que par leur action ils font rouler rœil
sur lui-même , en dirigeant Taxe visuel vers les quatre côtés
principaux ; et que les directions intermédiaires sont pro-
duites par la combinaison de Taclion de deux de ces nmscles.
Quoique ce nombre de muscles paraisse suffisant pour
que l'œil puisse ainsi être dirigé de tous côtés , il en existe
cependant encore deux autres , dont l'action est de faire
rouler le globe sur lui-même dans un plan transversal ; et
cela sur une étendue de mouvement assez considérable.
L'an , fixé aux os de Torbite sour le globe, se porte en baut
pour s'insérer au milieu de la face externe de ce dernier, et
jfait tourner l'œil en dehors. Le second , devant produire le
mouvement contraire, naît dans le fond de l'orbite au-des-
sus du droit supérieur, et se porte en avant, en haut et en
dedans, vers l'angle supra-interne de Torbite, où son ten-
don terminal se réfléchit dans une boucle ligamenteuse fixée
il l'os, pour se diriger en dehors , et s'insérer ^ la face supé-
rieure du globe. C'est ainsi qce le Créateur a obtem,
PAR l'effet de cette DÉVIATION DU TENDON DE CE MUSCLE, de
le faire agir dans une direction transversale où l'espace dispo-
nible pour remplacement du muscle entier est trop court, et
l'a en conséquence fait venir du fond de Torbite, dont la dis-
lance est assez grande pour que le corps du muscle soit suffi-
samment long pour lui permettre une grande étendue de con-
traction. Il est inutile de dire que pour faciliter le glissement
du tendon dans la boucle ligamenteuse formée en arc de
poulie de renvoi, ce tendon y est accompagné d'une gaine
synoviale qui diminue considérablement le frottement dans
ce ligament; précaution minutieuse qui ne manque nulle
PAHT DANS CES CIRCONSTANCES.
Mais, outre ces six muscles de l'œil qui existent seuls dans
.^i60 THEOLOGIE DB LA tlATURB.
V Homme, il y en a encore quatre autres chez les Animaux, et
même chez les Singes, qui approchent tant de l'espèce hu-
maine. Ces mui^cles, semblables aux quatre droits, sous les-
quels ils sont respectivement placés , mais plus courts , sont
également Giés aux os, autour du nerf optique, et s'insè-
rent en avant, k la face postérieure du globe de l'œil, quih
tirent plus particulièrement en arrière, en le faisant en
même temps tourner, chacun de son côté. C'est chez ces ani-
maux une complication qu'on retrouve même chez les Ch-
sEAijx, mais dont on ne comprend pas l'usage.
La sclérotique qui constitue le globe est une mbmbrane
ÉPAISSE, FIBREUSE, RÉSISTANTE ET ÉLASTIQUE, POUR MAIN-
TENIR AUTANT qu'il EST NÉCESSAIRE LA FORME SPHÉRIQUE
contre les dépressions faibles qu'il pourrait éprouver; dé-
pressions qui pouvant facilement changer la forme du fond
de l'œil produiraient une altération dans la netteté de l'image
sur la rétine.
La cornée , placée a sa partie antérieure é^ant parfaitement
transparente, ainsi que les humeurs qui remplissent le
globe, ces parties présentent par là la seule condition de
POSSIBILITÉ QUI PERMETTE À l' ANIMAL DE PERCEVOIR AVEC
NETTETÉ ET SANS ALTÉRATION DE COULEUR LES OBJETS QU'iL
regarde; mais cette rigoureuse limpidité de ces humeurs
ne suffit pas pour que le résultat le plus parfait soit obtenu.
La lumière blanche étant composée de plusieurs éléments
colorés dont l'ensemble constitue le spectre solaire , ces élé-
ments diversement réfrangibles se séparant, lorsque la lu-
mière passe d'un milieu moins dense dans un autre plus
dense, et réciproquement, il était de toute nécessité que
cet inconvénient fût évité dans Tœil, pour empêcher que
l'image produite sur la rétine ne fût irisée, et par Ik altérée
dans les couleurs naturelles des objets. Or cet inconvénient
A, EN effet, été prévenu PAR INAPPLICATION DE MOYENS
RESSORTANT DE LA CONNAISSANCE TRANSCENDANTE DE LA
THÉORIE DE LA RÉFRANGIBILITÉ DES CORPS , EN FAISANT
CHAPITRX III. 561
PASSER LES RAYONS LUMINEUX QUI PÉNÈTRENT DANS l'OBIL
À TRAVERS PLUSIEURS MILIEUX DE DENSITÉS DIFFÉRENTES ,
DONT L*UN CORRIGE L*EFFET PERTURRATEUR DE l' AUTRE ; pro-
priété qui ne fut découverte que le siècle dernier par les
Physiciens qui , cherchant k faire des lunettes achromati-
ques, en ont trouvé les moyens en t&chant, dit-on, d'imiter
la composition de Fœil, organe qui possède cette propriété à
un degré très-éminent.
Cette découverte est attribuée k un Opticien nommé Hall,
qui, le premier, construisit des instruments achromatiques
dès 1733; mais cette partie de la science de l'optique fut
surtout perfectionnée par Dollond, en 17o7, qui en dé-
montra la théorie.
C'est ainsi que le Tout-puissant, qui a créé la lumière
en la composant de divers rayons colorés , capables de
réfractions différentes , a lui-même prévenu , dans la
COMPOSITION DE l'oBIL, QUI DEVAIT ÊTRE ACHROMATIQUE, LES
INCONVÉNIENTS QUE CETTE PROPRIÉTÉ DEVAIT Y PRÉSENTER.
J'ai dit un peu plus haut que nous n'avons réellement pas
conscience de limage qui se forme au fond de notre œil ,
mais bien, par le moyen de cette image, la conscience que
l'objet qui la produit est hors de nous, dans la direction de
notre rayon visuel ; mais cela ne suffisait pas : il fallait en-
core pouvoir reconnaître la distance k laquelle chaque objet
se trouve pour déterminer sa véritable place , et cela au
moins pour les corps placés non loin de nous, avec lesquels
nous pouvons être en rapport d'action.
Cette dislance est indiquée, d'une part, par la netteté plus
ou moins grande avec laquelle les objets se* dessinent sur la
rétine; et de l'autre, par la teinte que prennent les objets,
teinte d'autant plus grisâtre et plus violàtre que ces objets
sont plus éloignés ; et c'est cette propriété qui constitue ce
qu'on nomme la Perspective des couleurs; et enfln la distance
est indiquée par la forme et les dimensions que présentent
les images des objets, selon leur éloignement et leurs direc-
I. 36
562 THBOLOGIB DB LA NATL'RB.
lions relatifes, conditions qui constitaent )a Pei^spective li-
néaire ou géométrique; et la théorie et les effets de ces deux
perspectives sont connus par l'habitude ^ue donne l'obser-
vation de tons les instants. En effet, ces résultats sont si bien
dus à rhabitude, que led Peintres trompent l'œil te mieux
exercé en représentant sur un seul plan des objets placés à
des distances plus ou moins éloignées, et même fort grandes ,
en imitant simplement les conditions voulues h cet égard
par ces deux genres de perspectives.
Le degré de netteté et les diverses teintes sons lesquels les
objets sont représentés sur la rétine , et dont dépend en
partie l'apparence de la distance réelle it laquelle ces objets
sont placés, étant modifiés par toute lumière qui viendrait à
les frapper et qui ne serait pas celle des faisceaux lumineux
qui produisent les images, il était nécessaire encore que toute
autre lumière, jusqu'à la plus faible lueur, fât interceptée
ou détruite. Cet effet est produit dans tous les instrumeûts
d'optique » par la coolear noire mate qu'on donne à toutes
les parois, antres que celle que doit traverser la lumière,
ainsi que celle sur laquelle l'image doit être représentée : cette
dernière devant être blanche ponr ne point absorber la lu-
mière ; condition fondée sur l'observation qu'on a faite que
les corps noirs mats absorbent toute espèce de lumière sans
la réfléchir; d'où résulte que toute lumière qui vient à lés
frapper s'y perd, et n'est en conséquence pas réfléchie sur
l'image représentée dans quelque partie de lappaml. Or
CETTE PROPRIÉTÉ DES CORPS NOmS, QDE LE GRÉàTBUR A 0AKS
SA TOl)T£*SCIENGE , PARFAITEMENT CONNUE , IL L'a APPLlQtÉE
DANS l'admirable APPAREIL OPTIQUE DE L'CBIL CHEZ TOCS LES
ANIMAUX ; KT GELA NON-SEULEMENT EN DONNANT CEtTfi TEIiYTE
AUX PAROIS DE LA CAVITÉ DB CET ORGANE , QU'UNE LUMIÈRE
PERTURBATRICE PEUT RENCONTRER , MAIS ENCORE À TOltES
LES PARTIES OÙ ELLE POURRAIT PRODX^mB CET EFFET DÉFA-
VORABLE À LA VISION, SI ELLE LES TRAVERSAIT, AFIN QUE CBTTS
LUMIÈRE SOIT ÉGALEMENT PARTOUT ABSORBÉE. C'CSt aiusi que
CHAPITRE III. 563
non -seulement là choroïde qui tapisse la cavité postérieure
du globe de Toeiî est êDduite de cette humeur noire,' mais
aussi le revers de TiHs est recouvert dé ce Pigmèntum; vu
^ue cette membrane fort mince laisse traverser une partie de
la lumière extérieure qui là frappé, et qui doit être absorbée
à sa face postérieure ; en même temps que la lumière colorée
qui forme l'imagée sur la fétîné étant en partie rëltëchie,' re-
yiendrait sur celte image par ùi\è seconde réOéiicin sur
d'autres parois, si celles-cî n'étaient point noires, et trou-
blerâSt la netteté de cette image.
En parlant plus loin des yeux des Insectes^ je ferai voir
encore avec ûAeLLÉ MmrTiÈtsÊ ArtÉNfioN la sagesse
DIVINE A EMPLOYÉ CETiffe PROPRIÉTÉ DE ti CC^ULEUR MOIRE ;
£T CELA TOUJOURS DAN^ LES MÊMES VUES.^
Soit que fè pigmèntum réfléchisse cependant encore une
partie de la lumière c^ùèla rétine lui renvoie, cet enduit
n'étant pas parfaitement tèrUfé, par cela même qu'ait est
humide; soit qu'une trop forte lumière qui frappé la rétine
produise quelque irritation sur cette tneînbhiie et du trouble
dans sa fonction , tfôiible que iiOus désignons sous le nom
d*£blouissemehi; cti inconvénient D'une tÂop forte lu-
mière A également été prévu et corrigé par la sagesse
DV Créateur, en graduant cette lumière selon le besoin,
DÈS SON ENTRÉE DANS l'oEIIL , PÀW LÀ tkCULti DONNÉE A LA
PUPILLE DE POUVOIR SE DILATER OU DE SÊ RÉTRÉCIR CONVE-
NABLEMENT POUR NÉ LAISSER ARRIVER àuÀ' LE CRISTALLIN QUE
JUSTE LA OUANTlTlè DE LUMIÈRE tA MIEUX APPROPRIEE À LA
PAODUCTION D*UNE IMAGE BIEN NETTE ; ti CELA , NON PAS EN
EN LAISSANT LE SOIN À L' ANIMAL QUI POURRAIT EN FAIR^ UN
MAUVAIS usage; M41S LA SAGESSE' I^lVlNE EN À FAIT UNE FA-
CULTÉ automatique; de maniéré ûue Le Mouvement de la
PUPILLE A LIEU PAR l'eFFÉT MÊME DU MAL QUI DOIT ÊTRE
ÉVITÉ SANS QUE L* INDIVIDU EN AIT CONSCIENCE.
Pour cela, la membrane de Tiris a été formée, ainsi que
je Tai déj^ fait remarquer, de deux ordres de fibres, les unes
oë4 THÉOLOGIE DK LA NATURE.
rayonnées fibreuses et élastiques , et les autres circulaires
musculeuses automatiques croisant celles-ci. Ces dernières
susceptibles de se contracter d*autant plus fortement que
la lumière à laquelle la rétine est exposée est plus vive et par
là plus irritante; faculté physiologiquement calculée avec
Là plus rigoureuse précision, de manière k produire exac-
tement reflet voulu. Cest-à-dire que , si une lumière trop
vive vient à frapper la rétine, celle-ci, irritée, réagit sympa-
thiquement sur les fibres musculaires de l'iris qui se con-
tractent en resserrant Touverture pupillaire, jusqu'au point
où le faisceau de lumière que cette dernière laisse passer ne
produit plus d'éblouissement. Lorsqu'au contraire le fais-
ceau lumineux n'est pas assez fort pour former sur la rétine
une image suffisamment éclairée pour être parfaitement
sensible, celle-ci ne réagissant point sur l'iris, les fibres
musculaires de celui-ci se relâchent comme paralysées , et
les fibres rayonnées fibreuses élastiques devenant prépon-
dérantes se raccourcissent et font agrandir la prunelle,
jusqu'à ce que le faisceau lumineux qui traverse cette ouver-
ture soit assez fort pour irriter la rétine; circonstance qui
détermine, ainsi qu'il a été dit, la contraction des fibres cir-
culaires.
Ces deux effets opposés sont si parfaitement calculés dans
leur gradation , et agissent si promptement, selon le besoin ,
qu'il suffit de quelques minutes pour que l'un ou l'autre effet
soit produit; résultat qu'on peut facilement voir, soit sur
les personnes, soit sur les animaux, en leur faisant tourner
alternativement les yeux vers la lumière et vers l'obscurité.
Cet effet explique pourquoi on ne voit rien lorsqu'on entre
tout k coup dans un lieu obscur ; tandis qu'on y voit assez
bien après y être resté un peu de temps.
On pourrait penser que la contraction de la pupille a lieu
par l'effet direct de la lumière sur l'iris; mais l'expé-
rience prouve le contraire , vu que chez les individus aveu-
gles par l'effet de l'insensibilité de la rétine , l'iris ne se
CHAPITRE III, 565
contracte plus par l'effet de la lamière qui frappe l'œil.
Cette contraction et cette dilatation de la pupille sont
surtout fort étendues et très-remarquables chez les animaux
nocturnes , et parmi les Mammifèrks , spécialement dans le
genre Chat, qui voient assez bien dans une obscurité presque
complète, leur pupille, qui peut s'élargir jusqu'au point qu'on
n'aperçoit presque plus rien de tout l'iris, laisse pénétrer
dans l'œil un faisceau de lumière tellement gros, que mal-
gré son peu d'intensité, il suffit pour produire une image
sensible sur la rétine. C'est ainsi que la sublime sagesse
ET l'ineffable BONTÉ DU CRÉATEUR A SOUS CE RAPPORT,
favorisé la VIE NOCTURNE DE CES ANIMAUX , QUI SANS CETTE
FACULTÉ NE SAURAIENT SUBVENIR À LEURS BESOINS; Ct COmmC,
par cela même que leur rétine est extrêmement sensible ,
un faisceau assez faible de lumière produit l'éblouissement
chez eux, il leur a été donné aussi de pouvoir tellement
RESSERRER LA PUPILLE, qu'ou uc l'apcrçoit ^ SOU tour
presque pas lorsque l'animal est exposé à une vive lu-
mière.
Mais une particularité difficile k expliquer que présentent
les espèces du genre CAat , ainsi que plusieurs autres ani-
maux nocturnes encore, est d'avoir la pupille en forme de
fuseau, au lieu d'être circulaire ; c'est-k-dire que c'est une
ouverture anguleuse en haut et en bas comprise entre deux
arcs de cercles, de manière que, se dilatant, l'ouverture s'a-
grandit principalement en s'élargissant dans le sens trans-
versal, et pas en longueur, et celk jusqu'au point de devenir
à la fin parfaitement ronde; tandis que, dans son plus grand
rétrécissement, ce n'est, au contraire, qu'une fente k peine
perceptible.
Les rayons lumineux formant les faisceaux qui pénètrent
dans Tœil, étant d'autant plus divergents qu'ils viennent
d'un corps plus rapproché, il est impossible (jue, sans chan-
ger de disposition, les humeurs réfringentes de l'œil puis-
sent, dans tous les cas, les réunir en un seul point ou Foyer
moins
Mammi-
566 THEOLOGIE DE LA NATURE.
m
sur la rétine ; les rayons venant de loin se réunissant plus
tôt que ceux venant de près. Or» comme Timage nette n'est
formée que lorsque les rayons d'un même faisceau sont con-
fondus en un seul point, il était nécessaire que la distance
entre le cristallin et la rétine, constituant la distance focale
du premier, pût être allongée ou raccourcie, selon que
ranimai veut bien distinguer des objets placés plus ou i — ■^"
éloignés. Rien n'indique cependant dans l'œil des M
FÈRES QUEL EST LE MOYEN QUE l'InTELLIGBNCE CRÉATRICE Y A
EMPLOYÉ POUR CET EFFET i c cst-h-dirc qu'il u'cxistc aucun
moteur spécial qui fasse varier la position soit du cristallin,
soit de la rétine : mais Tefiet est produit par des moyens in-
directs.
l'observation nous montre gue , lorsqu'on regarde au
loin, l'œil ne fait aucun effort pour bien distinguer les ob-
jets : on cherche seulement k bien ouvrir les yeux; ce qui a
probablement pour but de tendre le mieux possible la con-
jonctive , membrane superficielle de Tœil , qui , sans cela,
peut être l^gèrënoient ridée, et aelà moins transparente.
Quand, au contraire, on regarde de très-près, on sent qu'on
fait iin effort volontaire tellement grand , qu'on ne saurait
le continuer longtemps sans fatigue; preuve que, dans ce
dernier cas, les muscles dé l'œil sont contractés. Or, il semble
Sue par Feffet de cette même contraction, le globe de l'œil
oit être tiré en arrière , et comme il appuie sur un coussinet
de graissé, l'effet que ce retrait paraît devoir produire est
dé pousser le fond de la rétine en avant, en diminuant par
Ih la distance focale du cristallin. Mais c'est précisément le
contraire qui doit avoir lieu, tè foyer du cristallin pour les
objels rapprochés étant plus reculé que celui des objets éloi-
gnés ; d'où il devient évident que cette contraction des mus-
cles doit produire définitivement un tout autre résultat.
En effet, le globe de l'œil étant rond et rempli de diverses
humeurs plus ou moins fluides, il arrivé qu'en le compri-
mant d'une façon quelconque, ces humeurs doivent se porter
GHAflTRE III. 567
vers d'autres parties et les dilater. Si donc les quatre mus-"
clés droits, et peut-être aussi les deux obliques, se contrac-
tent, les premiers portent non-seulement l'œil en arrière ,
mais ils le compriment, en outre, sur ses quatre faces dans
sa partie postérieure, vu que les muscles qui contournent le
globe , sur lequel ils sont appliques , tendent par cette con-
traction k prendre une direction droite en appuyant sur sa
convexité , de manière ii lui faire prendre dans cette t>ditie
iine forme un peu pyramidale, en le faisant entrer dans
l'espèce d'entonnoir qu'ils constituent entre eux , sans le
déprimer au fond de ce dernier, et , par conséquent sans
£$^courcir la distance foeale du cristallin.
Cette compression du globe de l'œil est d'autant plus pos-
sible, que les deux muscles obliques s'opposent, en agissant
ensemble, k ce que ce globe soit porté en arrière , en même
temps que, par leur action , ils le compriment par les côtés,
et le font allonger par conséquent d'avant en arrière.
Cest s^a doute aussi pa# l'effet de cette ft^rme pyrami-
dale que prend la partie poftérieiire du globe de l'œil, qu'on
pe Ypit jamais bim (jist^nclQv^nt qu'une trèis^petite portion
d'\ip objet» le resta ^apt d*aiitant plus confus que la partie
dlç l'image s'éloigq^dava^t^ge de ee point central. Celas*ex«
p|ique, d'après ce que j^ viens de faire renoarquer, parce que
\a fond de l'œil étant allongé > et ep con^uence non eon^
çentrique autour du (centre ivk cristallin , ce n'est que daas
la partie très-peti^^ ^ sofimet ^e la pyramide où la seasa*
tion est la plus viye, q/^^ Vimage est sieule parfaiieaieiit
nette , et d^ plus en f^^^ tumh^e, autour.
Cet allongew^t 4^ la partie postérieure dn gl^be doit,
toutefois, ét^e très*faible;, pour ^e pas tnotp troubler l'image
vers la périphérie du cbamp d^ Voe^MttU»^ 9sse&<^epenxlftttt
pjour allonger uq pe« la^ instance (poat^ du cristaHin , afin
de contribuer k fai^e tmeu^ di^tifign/er par. là les otijets cMp*
proches.
Cette même compression du globe doit edsuite produire
568 THEOLOGIE DE LA NATURE.
an second efiet bien plus efficace que le premier, celui de
porter toutes les humeurs de Tintérieur de l'œil en avant. Le
cristallin, librement suspendu au centre de la cloison mem-
braneuse dans laquelle il est placé, est fortement poussé en
avant par le déplacement de 1 humeur vitrée, en s'éloignant
du fond de la rétine, ce qui augmente notablement la dis^
tance focale de ce dernier; mais ces effets ne suffisant pas
encore pour amener la rétine au foyer de cette lentille; celle-
ci poussant k son tour Thumeur aqueuse devant elle, ce li-
quide agit de même sur la cornée , et lui fait prendre une
forme beaucoup plus convexe ; d*où résulte pour cette der-
nière humeur une plus grande force de réfrangibilité, qui
achève d'amener le foyer du cristallin sur la rétine.
C'est par cet ingénieux effet produit par les muscles, que
l'animal fait k volonté varier instantanément la distance
focale de la rétine, pour accommoder, selon le besoin, son
œil k la perception des objets placée k différentes distances.
Le globe ayant dû être mobile, pour pouvoir être dirigé
de tous côtés , et les téguments qui le recouvrent étant par-
faitement transparents^ il se présente pour ces effets deux
conditions différentes : ces téguments pouvaient être cornés,
et par conséquent fixes ;, et l'œil mobile dessous; ou bien ils
pouvaient être très-flexibles et adhérents k l'œil, qui les en*
traîne dans ses mouvements; deux dispositions qu'on re-
marque en effet chez les différents animaux , selon les con-
ditions DANS LESQUELLES LA VOLONTÉ DU CRÉATEUR LES A
PLACÉS : la première nous la trouvons chez les Serpents, etc.,
et la seconde chez les Mammifères et les Oiseaux.
Dans ces deux dernières classes, la portion de téguments
qui revêt la face antérieure du globe de Tœil ou la conjonc-
tive^ est une membrane très-ténue et molle, qui, pour
rester transparente et flexible , A BESOIN d'eTRE CON-
STAMMENT HUMECTÉE PAR UNE HUMEUR AQUEUSE QUI LA RE-
COUVRE. Cette humeur, qui constitue les Larmes lorsqu'elle
croule en abondance, est sécrétée par une petite glande placée
CHAPITRE III. .H69
aa - dessos de la partie externe du globe , et qui produit
plusieurs petits canaux excréteurs venant s'ouvrir sous la
paupière, où ils laissent couler ce liquide; et c*est par les
mouvements de clignotement que les paupières la répandent
en très-petite quantité sur les yeux pour les humecter
simplement. Cette humeur coulant ensuite sur la conjonc-
tive, 8*y évapore en partie, et le surplus, descendant par
Teffet de son poids , arrive ^ la paupière inférieure , qui ,
taillée en biseau à son bord postérieur, forme par Ih une
gouttière dans laquelle les larmes coulent vers l'angle interne
de l'œil , où elles arrivent k un canal par lequel elles s'é-
coulent dans le nez.
La sécrétion des larmes étant continuelle , il arriverait le
plus souvent que la petite gouttière qui les recueille ne pou-
vant facilement les contenir, les laisserait déborder sur les
joues. Mais tout, jusqu'à ce petit inconvénient, a été admi-
rablement PRÉVU PAR LA BONTÉ DU CRÉATEUR. Pour CCld, il
a été placé , sous la conjonctive qui double les paupières , un
certain nombre de petites glandes simples , dites de Meibo-
niuSy sécrétant une humeur onctueuse, grasse, qui, coulant
par de petits conduits ouverts sur le bord des paupières,
les graisse légèrement , et empêche par Ik les larmes de
passer par-dessus, à moins qu'elles ne soient trop abon-
dantes ; et c'est leur débordement qui constitue l'action de
pleurer.
La sécheresse de la conjonctive, qui survient lorsqu'on
tient les yeux longtemps ouverts, devenant douloureuse, on
est souvent obligé de clignoter pour l'humecter de nouveau;
mais ce n'est pas uniquement pour cela que les paupières
ont été ajoutées aux yem ; ces organes si précieux et très-
DÉLIGATS DANS TOUTES LEURS PARTIES DEVANT ÊTRE SOIGNEU-
SEMENT MIS À l'abri DBS NOMBREUX ACCIDENTS AUXQUELS ILS
SONT CONSTAMMENT EXPOSÉS , surtout par l'actiou des corps
étrangers qui volent dans l'air, ou même par l'effet d'une lu-
mière trop éclatante , les paupières ont principalement pour
570 THiOLOÇlK PS }Ji NATURE.
fonctions de les eq garantir. A cet eQet , ces deux replis
tégumentaires renferment, dune part» des muscles qui les
meuvent, dont Tun, formé d'une couche de fibres circulaires
autour de la fente, sert à fermer Tœil en pressant les
paupières Tune contre l'autre.
Sous la partie de ce muscle qui eqtre dans la composition
^(i la p^upière supérieure , se trouve le âtmcU releveur de la
paupière^ fixé au foqd de Torbite au-dessus du muscle
droit supérieur, d'où il se porte en avant et en haut, pénètre
dans la paupière et s'y élargit en un feuillet mince qui va
s'insérer ï une Iqnne cartilagineuse occupant le bord libre
de la paupière. C'est en agissant sur ce cartilage que ce
muscle relève la paupii^ra saps lui iW(à foir^ d'apgle, ainsi
que cela a lieu chez beauç<>i}p d'animaux qui manquent de
ce cartilage.
Mais la sollicitude py €^^A?:^t[p nç^'est fowt bngoke
ARHÉTÉE LÀ l^a s^oindrc ppps&ièrç cavsapt de vives dou-
leurs sur 1^ conjonctive, pwuB phâgiséiient thè^-sen*
SIBLE POUR QUE L*A{U1|AL SO^T, CQIiSTAïqCENT EN QkUW QQXTBE
TOUT CE QUI POURRIT \ pAl}SEH'iH^£|.QUfi TR0U9L^« LA DI-
VINE Provipenge a porté se;s ^i^^ minutieux jusqu'à gak-
NIR LE 90RD DfS UEUX PAUPIÈRES, ET SPÉGIALEMEFT? LA
SUP^^lf:URE I d'une EA^GâE DE ÇHf , POILS TRES-ROIRE» iUS-
POSÉS EN tEIGNIlS , SE?i^]^ ET PIRi^ÉS EN AVANT POUn ARRÊ-
TER LES MOINDRES CORPUSCULES QUI , VOLTIGEANT EN L'aJ» «
PQUflRA^PfT TOMBER PANS JL.ES TEflX , EK MÊME TEUPS QUE
LES Gi;.S GAfU^TISSEI^T l'qEIL DE LA G^^RTÉ VENANT DU CIEL »
ET QUI PEUT TROUELfill I^A NETTETÉ DE l'iM AG£ PEINTE SUR LA
EI^TINE.
Enfin l'appareil du sens de la vue étant, par la délica-
tesse de sa structure , très *^$pQ$é apx efforts plus ou moins
violents que les corps extérieur^ peuvent exercer sur lui > la
Sagesse divine l'a arrité le mieux possible, E9 l'enfer-
>UNT DANS UNE CAVITÉ OSSEUSE FORMANT l'OrQITB, DAMS
LiVQIJE^LE IL SE veut; ET DONT l'OUVERTURE, TO|ttNÉE EN
CHAPITRE III. 571
AVANT , EST ELLE-MÊME GARANTIE PAR LA SAILLIE DU FRONT ,
S* AVANÇANT PLUS OU MOINS SUR ELLE.
Dans la description très-succiDcte que je viens de faire de
Toeil, description suffisante pour faire comprendre la forme
et la fonction de ce superbe appareil, où se dévoile la
science la plus transcendante de Toptique, je n'ai toutefois
pas fai) mention de plusieurs particularités fort remarquables
pour r^na^omiste et le physiologiste, mais qui seraient ^aq^
întéfét dans le présent ouvrage. Je n'ai ainsi point parlé de
la structure intime de chacune des parties de cet appareil ,
QÎ du Cercle ciliqire^ anneaq blanchâtre qui entoure posté-
rieurement ie grand cercle de Tiris , et dont on ne connaît
pas la fonction. Beaucoup d'anatpipistes le considèrent
comme un ganglion nerveux appartenant, dans ce cas sans
doute, au système sympathique, et pensent que c'est sous son
influence que la Pupille se dilate ou se resserre sympa^hi-
quement par l'irrita^on de la rétipe.
pn retrouve les mêmes cinq sens (|ans l^s quatre ^ujres
classes de Vertébrés, et cel^ avec ]a même disposition
dans les appareils respectifs ; conséquence naturelle de l'u-
nité du plan d'après lequel cet Émbrai^chement du Règne
ANIMAL a été formé; et chacun c|e ces appareils se compose
en conséquence des mêmes parties principales que chez les
Mammifères ; en offrant toutefois diverses mpditications ep
harmonie avec le genre de vie pour lequel ces animau^^ ont
été créés.
Le Tactj généralement répandu sur joutes les parties du
corps, ne parait nulle part localisé dans quelque organe
spécial du Toucher chez les Oiseaux , si ce n'est chez cei:-
taines espèces qui saisissent les objets avec leurs pieds , or-
ganes où la sensibilité parait être assez précise.
Le Goût et YOdorat ne présentent rien de particulier ;
et sont l'un et l'autre plus ou moins subtils , comme chez les
Mammifères.
Quant à rOuïe, j'ai déjà (ait remarquer que les Oisëau]!:,
572 THÉOLOGIE DE LA NATCRE.
les seuls animaux réellement musiciens, portaient souvent
le talent du chant jusqu'au plus haut degré de perfection.
Cette faculté prouve non-seulement que ces animaux ont un
appareil vocal parfaitement organisé, mais encore que le sens
de rOuie est exquis chez eux , tant par la Qnesse de la percep-
tion que par le discernement des sons harmoniques ; et cepen*
dant leur appareil auditif est plus simple que chez les Mam-
mifères, ainsi qu*on l'a vu en parlant plus haut de ces der-
niers animaux; fait jusqu'à présent inexplicable pour le
physiologiste.
C'est ainsi que déjà les Oiseaux n'ont point de PavUUm
de TOreille, mais seulement une dépression membraneuse
latérale de la tête qui en tient lieu : partie toutefois très-
large chez les Chouettes et les Hibous^ qui, sans pouvoir
chanter, paraissent avoir l'Ouie extrêmement délicate.
Cette conque de l*oreille est généralement dépour-
vue DE plumes, qui empêcheraient, par leur présence,
les sons de s*y réfléchir convenablement dans le con-
duit AUDITIF. Mais cette partie est recouverte par quelques
grandes plumes qui la traversent, et qui présentent seules
UNE CONFORMATION PARTICULIÈRE , CALCULÉE D*APRÈS L*USAGE
AUQUEL ELLES SERVENT , CCS plumcs ayant leurs barbes très-
écartées, grêles et roides, de manière k ne former qu'une
ESPÈCE DE TREILLIS, À TRAVERS LEQUEL LES SONS PEUVENT
TRÈS-BIEN SE TRANSMETTRE À l'oreille ; taudis qu'clIcs em-
pêchent l'accès de l'eau et même de l'air froid.
Le Tympan y k fleur de tête, ferme, comme chez les
xMammifères, la Caisse, qui ne renferme qu'un seul osselet,
au lieu de quatre formant la chaîne entre cette membrane
etl'orilicedu Labyrinthe, Celui-ci se compose également d'un
Vestibule, de trois Canaux semi-circulaires et du Limaçon,
mais dont les rapports ne sont pas les mêmes que chez les
Mammifères : le Limaçon diffère surtout en ce qu'il ne
forme plus la spirale , mais simplement un ergot conique
un peu arqué, et tout cet appareil est plongé dans du tissa
cHAPimB m. 573
cellulaire osseux très-léger formant Pintërieur des os du
crâne, et dans lequel Tair extérieur a accès.
Quoique YOEil des Oiseaux soit formé absolument sur le
même plan que celui des Mammifères , il en difière toutefois
par une plus grande complication , et en conséquence par
une plus grande perfection.
Le Globe y au lieu d'élre sphérique, a la forme d'une
courge très-courte, dont le goulet, placé entre la Cornée et le
Cristallin , est garni tout autour d'un cercle de plaques os-
seuses, unies par des fibres musculaires , de manière à pou-
voir être rapprochées pour élreindre cette partie de l'œil ;
resserrement qui produit à la fois rallongement de Tœil, une
forte convexité de la cornée, et, par suite, un changement
notable dans la distance focale du cristallin.
Il existe, comme chez l'homme, six muscles, quatre
droits, disposés de même, et deux obliques , mais ceux-ci,
autrement placés , ayant leur point d'attache sur la partie
antérieure du fond de l'orbite, d*où le supérieur se porte en
haut , en dehors et en arrière , pour s'insérer directement ,
sans se détourner dans une poulie, en dessus k la sclérotique.
L'inférieur, qui naît sous le supérieur, se porte en dehors ,
en dessous et en arrière, pour s'insérer en dessous k la sclé-
rotique. Ces deux muscles doivent également comprimer le
globe.
Le Cristallin est beaucoup moins convexe que chez les
Mammifères; condition conforme au genre de vie de ces
ANIMAUX , QUI S'ÉLEVANT À DE GRANDES HAUTEURS DANS l'aIR ,
doivent Être presbytes ; genre de vue où la réfraction des
humeurs de l'œil est la plus faible ; et gomme les Oiseaux
DOIVENT cependant AVOIR AUSSI LA FACULTÉ DE BIEN DISTIN-
GUER LES OBJETS qu'ils TOUCHENT , IL ÉTAIT ÉGALEMENT NÉ-
CESSAIRE QUE LA DISTANCE FOCALE DU CRISTALLIN PUT CONSI-
DÉRABLEMENT varier; et c'est a quoi sert la complication
de la pariie antérieure de l'œil par les plaques osseuses.
La vue des Oiseaux, et surtout des Rapaces, est si perçante,
574 THEOLOGIF DR LA NATtlRR.
qu'ils voient, à des hauteurs de plus de cent mètres , le plus
petit animal courir à terre, et sur lequel ils fondent comme
un trait pour le saisir.
Une complication de l'œil des Oiseaux qu on n'a pas en-
core expliquée, consiste dans ce quon nomme le PeigtiCy
expansion vasculaire d*un$ membrane analogue à la cho-
roïde, et très -régulièrement plissée, qui, placé dans la
partie inférieure du globe ^ s'y insère suivant une ligne qui
part de l'entrée du nerf op^tique , et se dirige vers le bord
inférieur du cristallin qu'elle n'atteint le plus souvent pas.
Cette membrane , enduite , comme la choroïde , d'un vernis
noir, 9*élève de là verticalement dans l'humeur vitrée , dans
laquelle elle est maintenue par la résistance de celte der-
nière. Il est bien évident que l'Intelligence créatrice a
DONNÉ CET ORGANE AUX OISEAUX POUR Y REMPLIR UNE FONC-
TION ; mais il a été, jusqu'à présent, impossible aux Physi-
ciens et aux Physiologistes de la découvrir.
Une autre complication de l'appareil de la vision des Oi-
seaux consiste dans la Membrane clignotante , troisième
paupière que ces animaux peuvent faire passer comme un
rideau devant leur œil , pour diminuer la trop grande inten-
sité de la lumière lorsqu'ils fixent dès objets très-brillants ,
tels que le ciel et surtout le soleil. Elle est formée par un
repli vertical k demi transpaient de la conjonctive de l'angle
interne de l'œil, dont il n'existe qu'un simple rudiment
immobile chez certains Mammifères, tels que les Chiens,
et surtout distinct dans les vieux sujets, où celte membrane
forme une petite expansion partant de l'angle interne de
l'œil, en s' avançant plus ou moins sur le globe.
Celle membrane clignotante des Oiseaux est surtout re-
marquable sous LE rapport DES MOYENS MÉCANIQUES TRÈS-
INGÉNIEUX EMPLOYÉS POUR LA FAIRE MOUVOIR. C'cst uu véri-
table rideau, disposé comme ceux des fenêtres, et rassemblé,
à l'état de repos, dans l'angle interne de l'œil , sous les deux
paupières , où il est fixé supérieurement à la voûte de Tor-
CHAPITRE Ut. iûi>
bite, les deux feuificis se continuant au bord interne avec la
conjbDctive des paupières tran^ersales et celle du globe de
rôBil. Le bord externe est libre , et Tinférieur forme un petit
bourrelet élastique, qui fait qu'abandonnée à elle-même,
la membrane clignotante reste plisséè flans Tangle interne
de rϔl.
Pour faire moilvoir le ridèaii dans les deux sens opposés ,
il aurait fallu deux autres muscles antagonistes qui tirassent
ce dernier en debors et en dedans ; mais cotnme tout muscle
ne peut se contracter que dans une étendue proportionnelle
k sa longueur, il aurait fallu qu'il existât k droite et à gauche
de chaque globe un espace assez considérable, suffisant
pour remplacement de ces organes. Or les dimensions de
l'orbite ne le permettant pas, ^Intelligence suprême a
EN conséquence employé CN autre moyen FOft*T REMAR-
QUABLE PAR SA SAVANTE SIMPLICITÉ. Pour le muscfc interne
qui doit ramener la membrane clignotante à son état de
repos, la chose était facile : il a suffi de le remplacer par
LE LIGAMENT ÉLASTIQUE OCCUPANT TOUT LE BORD INFÉRIEUR
DÉ CETTE MEMBRANE dont je vicus dc parier. Par l'efifet de
ce ligament, le mouvement de retrait devient facile, prompt
et même passif, ce qui dispense Toiseau de faire aucun
effort pour niiaintenir le rideau ouvert. Mais la difficulté
était plus grande pour le mouvement opposé, qui devait
nécessairement être actif, et par conséquent produit par des
mosicles volontaires; et cela dans une assési grande étendue
de mouvement. Mais comité rien ne put être difficile au
Créateur , it a produit l'effet méganique voulu , en ren-
DAlIt le muscle avec SON TENDON QUI FAIT AVANCER LE RIDEAU,
RÉELLEMENT CIRCULAIRE. PouT ccla, cc muscYe se tTouve placé
sur la partie interne du globe de Fœil , où il s'insère à la
Sclérotique elle-même , et se porte horizontalement en ar-
rièi'e et en haut, vers le nerf optique qu*il contourne en-des-
sus en s'y déviant dans une coulisse que lui forme un second
muscle. Son tendon , après avoir décrit cet arc , se dirige en
576 TH^OLOGIS DB LA MATURE.
dessous y passe sous la partie infra-externe du globe de l*oâl.
Arrivé à la face antérieure de ce dernier, il se dirige horizon-
talement en dedans pour aller slnsérer k la partie inférieure
de la membrane clignotante, en s*y continuant avec son
ligament élastique, dont le principal faisceau se recourbe
ensuite subitement en dessous et en arrière , contourne de
nouveau le globe dans sa partie inférieure , et va se fixer
après à la face interne postérieure et inférieure de la Sclé-
rotique, en dedans et un peu au dessus de l'origine do
muscle ; de manière que ce dernier, avec son tendon , fait
un cercle irrégulier complet ^ en se déviant trois fois. Dans
ce long trajet, le tendon est maintenu en place par du tissu
cellulaire qui le bride. Bien que la partie charnue de ce
muscle moteur de la membrane clignotante soit assez lon-
gue, elle ne Test cependant pas assez pour pouvoir faire
exécuter k cette dernière une course qui la fasse passer sur
toute la cornée, et il a fallu employer bn conséquence
UN moyen accessoire qui AUGMENTAT CETTE ÉTENDUE DE MOU-
VEMENT. Ce moyen TRÈS -INGÉNIEUX ET FORT SIMPLE , COUSiste
en un second muscle court et large placé k la face supra-posté-
rieure de la Sclérotique , à laquelle il adhère par son bord
supérieur. De là la lame musculeuse se porte en bas vers le
nerf optique, où son bord inférieur forme la coulisse dans
laquelle passe le tendon du premier muscle. Au moyen de la
combinaison de ces deux muscles qui , sans se faire réelle-
ment suite, ajoutent cependant leurs actions, le second,
qui ne parait être qu'un simple accessoire du premier, est
précisément celui qui agit le plus efficacement dans le rac-
courcissement du tendon , agissant à la fois sur les deux
bouts réfléchis de ce dernier, en faisant dévier ce muscle
de sa direction arquée. C'est un moyen mécanique sem-
blable à celui par lequel le tendon élastique du muscle
deltoïde des Oiseaux est dévié de sa direction droite par un
autre tendon élastique qui lui est peri>endiculaire , afin de
faire plus fortement fléchir Taile pqgr la placer au repos.
CHAPITRE 111. 577
Les Oiseaux s'élevant à de grandes hauteurs dans les airs,
d'où ils doivent distinguer les objets placés au loin autour
d*eux , réclat du ciel et surtout la lumière du soleil irritent
trop fortement leur rétine; ils diminuent Tintensilé de
cette Yive lumière, en voilant leurs yeux au moyen de
leurs membranes clignotantes , à travers lesquelles ils re-
gardent.
Les Oiseaux rapages ont, outre cette troisième paupière ,
un autre organe qui ménage leur vue contre l'éclat du ciel ,
afin de leur permettre de bien distinguer, à de très-grandes
hauteurs où ils planent, la proie qu'ils cherchent à terre.
C'est une simple petite visière formée par une saillie
arquée, très-proéminente du bord supérieur de leurs
orbites , s' avançant pour ombrager la pupille , afin que
LA LUMIÈRE DIFFUSE DU CIEL NE TROUBLE LA NETTETÉ DE l'i-
mage peinte sur la rétine.
Les Oiseaux devant distinctement voir à des distances
fort variables, et surtout de très-haut dans un air plus
OU MOINS RARÉFIÉ, doul la deusité est très-différente de
celle de l'humeur aqueuse de l'œil , la réfraction à la sur-
face de la cornée est plus forte que chez les Mammilères ;
d'où il résulte que, si le Cristallin était aussi convexe que
chez ces derniers , le foyer de cette lentille en serait très-
rapproché; aussi TIntelligence créatrice a, dans la pré-
"VISION de ce résultat, donné au cristallin une convexité
très-faible , en même temps qu'elle a rendu la cornée
FORT variable DANS LA SIENNE PAR l'eFFET DES PLAQUES
osseuses qui l'entourent, afin de laisser à l'animal la
faculté de voir de loin et de près , selon les conditions
bans lesquelles il se trouve.
Les organes des sens des Reptiles et des Chéloniens ne
présentent rien de remarquable qui les distingue de ceux
des Mammifères et des Oiseaux, dont ils offrent à peu près
le terme moyen , comme d'ailleurs sous tous les autres rap-
ports. Je ferai seulement remarquer que les Serpents, étant
I. 37
â7$ THÉOLOGIE D« hk NATURK.
condamDés à ramper k terre, au-deasus de laqudle ils ne
peuvent guère s*élever, où ils sont obligés de se frayer
leur chemin à travers une infinité d'obstacles qui pour
raient blesser leurs yeux et les priver ainsi h jamais de la
vue, si leur conjonctive était, comme dans les animaux
supérieurs , une membrane délicate et molle ; cbs animaux
ONT REÇU DE LA PROVIDENCE , POUR PARER À CET UTCONVÉ-
NIBNT, UNE CONJONCTIVE CORNÉE) SÈCHB BT BE LÀ RÉSIS-
TANTE , que de faibles froissements auxquels elle est exposée
ne peuvent endommager. Cependant comme par Teffet des
saletés qui s'y attachent, ou par le frottement réitéré des
corps étrangers avec lesquels cette partie de Tœil se trouve
souvent en contact, la limpidité de sa transparence peut être
altérée , cette même Providence a soumis la conjonctive
CORNÉE DE CES ANIMAUX À DES MUES PÉRIODIÛUES ASSBS RAP-
PROCHÉES PAR LESQUELLES ELLE SB DÉTACHE AVBG L*ÉP1DBRMB
DE TOUT LE CORPS, OU mettant k découvert une nouvelle
conjonctive parfaitement pure et limpide.
Ce même état corné, rendant les Paupières inutiles,
comme protectrices de Tceil , ces organes ont en consé-
quence ÉTÉ supprimées, d'où les yeux des serpents sont
constamment ouverts.
Les Poissons étant obligés de vivre au milieu des eaux ,
LEURS ORGANES SENSITIFS ONT ÉTÉ EN GONSÉQUENCB ÉGALE-
MENT MODIFIÉS EN VUE DE CETTE CONDITION FONDAMENTALE
DE LEUR EXISTENCE.
Le Tact ou le Toucher général parait peu développé
chez ces animaux, dont le corps est revêtu d'écaillés fort
dures, capables de résister aux légères atteintes qu'il peut
éprouver; encore ces effets peuvent- ils être facilement
transmis par les mêmes écailles aux téguments sensibles
placés dessous pour avertir lanimal des causes qui les pto^
duisent ; de même que chez les Mammifères et les Oiskaux
le plus léger attouchement des poils et des plumes devînt
sensible. On peut s'en convaincre fiieilement en touchant
eBAPiTni III. an
uu seul poil sur le doB d'ao Chat en état de trafiquillité par-
faite , ranimai remuani aussîtét la partie correspondante de
sa peau pour chasser l'objet qui vi^t de Tirriter. Les Oi-
seaux éprouvent même un sentiment de satisfaction lors-
qu'on caresse légèrement leurs plumed»
Les PoissoHs paraissent toutefois jouir d'une sensibilité
exquise dans les membranes de leurs nageoires » surtout
dans celle de la queue, où vient se distribuer le grand nerf
latéral du corps, propre à ces animaux^ et tenant du eer-
▼eati. La grande sensibilité de cette nageoire se conçoit fa-
oilement en considérant que le poisson doit avoir le senti-
ment le plus délicat de la résistance que l'eau exercé sur cet
ofgane^ pour la direction que le corps doit prendre dans là
nage, et que Tanimal doit régler avec précision.
Le sens du Goût parait , au contraire, très-obtus chea les
Poissons , tons avalant leur nourriture aussitôt qu'ils l'ont
saisie, sans la savourer;
Le sens de VOdordt oiïre la particularité remarquable
qu'il ne saurait être ce qu'il est chez les animaux aérienè.
Ces animaux ne respirant point par les narines ^ les fosses
nasales ne communiquent plus avec le pharynx, et ne for-
ment que de petites fossettes placées au bout du museau , et
seulement ouvertes en dehors. Si nous attachons au sens
dé l'olfaction l'idée que l'organe qui en est le siège per-
çoit l'impression des particules des corps dissoutes datis
l'air , ce sens ne peut plus exister chez les Poissons qui
vivent dans l'eau } et si nous considérons oe liquide comdie
remplaçant l'air^ en servant de véhicule à ces mêmes sub-
«stances odorantes, ce sens ne doit pas différer de celui
du goût, qui a cette spécialité chez les animaux supérieurs.
Enfin, on ne conçoit pas non plus comment il est possible
que les particules odorantes des corps puissent se transporter
assez promplement au loin , dans l'eau , pour avertir les
poissons de la présence et de la direction où sont placés ces
eorps ; el cependant Von voit ces animaux se diriger assez
Ô80 THBULOGIt DE LA WATURK.
promptement vers les endroits où ces corps se trouvent ,
lorsqu'il leur convient de s*en approcher.
VOule présente cette particularité que son appareil man-
que de toute la partie extérieure formant le Pavillon de [1*0-
reille, le conduit auditif, le tympan, la caisse et les osselets
renfermés dans cette dernière; cet appareil étant réduit
exclusivement au Labyrinthe , dont seul on retrouve les di*
▼erses parties, même fort développées. Cette absence de
L*OREILLB extérieure ET MOYENNE S* EXPLIQUE PAR LÀ QUE
CES PARTIES SONT INUTILES, VU quc Ics vibralions de l'eau
se transmettent plus facilement aux os du crâne, et par
ceux-ci à la pulpe auditive, que ne le font les vibrations de
l'air, qui ont besoin d'être d'abord concentrées par le pavil-
lon , et renforcées par la membrane du tympan ; et qu'en
CONSÉQUENCE CE MOYEN DE RENFORCEMENT n'a POINT ÉTÉ
EMPLOYÉ.
Les Yeux des Poissons, toujours composés d'après le
même plan que chez les autres vertébrés, n'offrent que peu
de chose qui mérite d'élre remarqué, quoique ces appareils
soient, comme tous les autres, conformés de manière à rem-
plir RIGOUREUSEMENT LES FONCTIONS QUI LEUR SONT PRES-
CRITES DANS LES CONDITIONS OÙ CES ANIMAUX SONT PLACÉS.
Les Poissons vivant dans l'eau, où la conjonctive se
trouve constamment humectée par ce liquide, il n'y a pohit
chez eux de glande lacrymale, ni de paupière destinée à ré-
pandre les larmes sur le globe de l'œil ; aussi la peau de la
tête passe-t-elle librement sur l'œil, sans former d'ordinaire
aucun repli ; en devenant simplement transparente sur la
cornée.
L'eau ayant une densité égale k celle de l'humeur aqueuse
de l'œil, la lumière ne saurait être réfractée k son passage à
travers la cornée; aussi celle-ci est-elle entièrement
PLANE ; ET LA CONCENTRATION DES RAYONS LUMINEUX NE POU-
VANT en CONSÉQUENCE ÊTRE PRODUITE QUE PAR LE CRISTALLIN,
CELUI-CI EST, AU CONTRAIRE, FORT CONVEXE ET MÊME ENTli-
cHAnTRi m. 581
REMENT 8PHÉRIQUE ; forme qa*on retrouve généralement ,
POUR LA MÊME RAISON, chez tous les animaux aquatiques, à
quelque classe qu'ils appartiennent.
Avant de terminer ici Tindication de ce que le système
nerveux et ses dépendances offrent de plus remarquable chez
les Animaux vertébrés, je dois faire mention d*une singu-
lière faculté qui s'y rattache aussi bien qu'aux fonctions se-
crétoires, mais qu'on ne connaît encore que dans cinq es-
pèces de Poissons appartenant k autant de genres diffé-
rents : ceux des Torpilles^ des Nardnes , des Gymnotes, des
Tétraodons et des Malaptirures , faculté qui consiste dans
le pouvoir qu'ont ces animaux de lancer, h distance et h vo-
lonté sur tel objet, des commotions électriques, ou plutôt
galvaniques , souvent d une force extraordinaire ; et l'organe
qui produit cet effet varie de forme et de disposition selon
chaque espèce.
Chez la Torpille , où cette faculté est connue depuis long-
temps, l'appareil qui en est le siège est placé k la partie
antéro-supérieure du corps , entre la tête et les nageoires
pectorales. C'est un assemblage de petits tuyaux membra-
neux parallèles entre eux, coupés par des cloisons transver-
sales en un assez grand nombre de cellules remplies d'une
certaine humeur. Dans le Gymnote^ cet appareil est au con-
traire situé sous la peau.
Quand même l'organisation de cet appareil extraordinaire
serait parfaitement connue, on ne concevrait encore pas
comment il est possible que ces animaux puissent lancer
le fluide électrique à distance à travers l'eau , sur tel objet
ou tel animal, qu'ils veulent foudroyer pour en faire leur
proie. Ces faits, certifiés par plusieurs observateurs, et entre
autres par M. de Humboldt, qui a faits es expériences sur le
Gymnote^ nous prouvent toutefois que le Créateur qui a
ÉTABLI CES APPAREILS, EN LEUR ATTACHANT LA REMARQUABLE
PROPRIÉTÉ DONT JE VIENS DE PARLER, CONNAISSAIT NON-
SEVLEMENT LE PLUIOE ÉLECTRIQUE , MAIS AUSSI PARFAITEMENT
^I&à THS0L06IB M LA NATURB.
LBS LOIS AUXQUELLea IL EST SO0MIS; ET QBLA À OH BE6RÉ BB
TRANSQBlffiAMB BIEN AU-DESSUS BE T0UW COI<fOBPTlBH JÊfh-
MAINE.
Nous venoiis de coasidërer les foBetioDs du système ner-
veux sous le rapport des facultés autoiBat}<|ues, locomotrices
et sensitives ; il nous reste encore h en apprécier les facaltés
intelleetueHes. C'est , ainsi qu'il a déjà été dit, dans TEb-
eéphale que TEsprit a son centre d'activité» et spécialement
dans le cerveau , par lequel il agit an moyen des nerf^ sur
toHS les organes pour les mettre en activité. J'ai dit qn^n
pensait aussi que c'étaient plus particulièrement les deux
Bémisphères eéréhraux qui constituent l'organe immédiat
de son action ; d'une part , parce que cette partie de l'en-
céphale ne produit aucun nerf; d'où t^on conclut que sa
fonction réside eiclusivement dans cet organe même, et ne
saurait être en conséquence qu'une fonction InteHectneHe ,
quoique le CervéUi soit dans le même cas; et, d'autre part,
on admet cette opinion avec d'autant plue de probabilité,
que les Hémisphères présentent précisément le phis grand
volume relatif dans YBomme , Tespèee la plus intelligente
de tout le Rèone ahimai, , quoiqu'il existe aussi des ani-
maux dont cette partie de l'Encéphale est très-velnmi-
nense, sans que pour cela ils se distin^uenl psF l'émi-
nence de leur intelligence. Enfin , si ees deux faits indiquait
que le cerveau est le siège des feeukés intelleetuelles on
du Moi, il paratt du moins ne pas Tétre ex^hisivement,
vu que certains Amiuiaux ybrtébeés privés de leur tèle ont
doinné des signes non équivoques de la oonseience <f»'ite
avaient de leur existence, par les mouveaMnta précis
qu'ils ont exécutés, conformément aux circonstances dana
lesquelles ils se sont trouvés. C'est ainsi que des (Kseam ,
auxquels on venait de couper ta tête, ont eneopo conm fort
loin sans tomher. Maia quoi qu'il en soit, noua dévoua
admettre jusqu'à la preuve du contraire, que le eervieaa
et ^4iis spécialement les Hémisphères sent le siège, on dv
cKAnTRS m. 583
moins h eentre d'aetivité de TEsprit; VÈtre ieul intellechiel
qui anime les Animaux et les distingue éminemment des
Plantes, en leur communiquant la faculté de distinguer leur
individualité de ce qui n'en feit pas partie ; ainsi que Tln-
slinct qui les guide dans leurs actions et F Intelligence por-
tée souvent jusqu'il la raison , d'après laquelle ils se déter-
mÎDenl par leur volonté dans les actes qu'ils produisent.
Diaprés les définitions que j'ai données plus haut , page 09,
de rinslinct, de l'Intelligence et de la Raison, dont il est
essentiel de ne pas confondre les attributs , on conçoit que
l'intelligence doit varier considérablement cbez les animaux ,
suivant le nombre des faits que chacun peut embrasser à la
foiSy le degré d'importance qu'il est susceptible d'y attacher,
la diverriti des circonstances qu'il peut concevoir, Yétendue
des rapports qu'il reconnaît entre les faits , la justesse des
conséquences directes ou indirectes , qu'il est capable d'en
tirer, et enfin le degré d'imagir^tion qu'il a pour créer les
moyens qui doivent le conduire au résultat désiré.
En appliquant ces principes k l'espèce humaine elle-
même, dont l'intelligeece est susceptible de s'élever jusqu'il
la raison la plus transcendante, nous trouvons déjà chez elle
des modifications infinies entre les divers individus , depuis
le Crétin qui jouit k peine de la conscience de son existence »
et se trouve au«^ssous d'une foule d'espèces animales,
jusqu'aux Philosophes les f4us éminents; et cette même
gradation , nous la retrouvons dans le reste de l'échelle
animale ; mais II des degrés beaucoup plus inférieurs. C'est-
à«-dire que V Somme, doué de la raison , est par là capable de
se déterminer dans ses actions , suivant les conséquences
qu'il peut tirer les unes des autres, jusqu'à l'infini des causes
et des effets qu'il observe , en s'élevant ainsi aux considé-
ratiens les plus abstraites , en comparant et en pesant des
faits qui ne tombent pas so«s les sens ; tandis que les Ain-
MAUX, même les plus intelligents, ainsi que je Fai déjà fait
remarfter, ne pev?eiil guèfe tirer qu'une seconde censé-
*)84 THiOLOGIS DK LA NATURB.
qaence d'une première, et peut-être jamais une troisiènie
de deux secondes, ce qui devient déjà abstrait.
Mais SI l'Ëtrb suprême a reflsé aux brutes le pouvoir
DE S*ÉLEVER PAR LEUR INTELLIGENCE JUSQU'À LA RAISON, IL
A COMPENSÉ CE DÉFAUT CHEZ ELLES, EN LEUR ACCORDANT LÀ
PUISSANCE DE l'iNSTINCT QUI LA REMPLACE POUR LEUR SERVIR
DE GUIDE DANS LEURS RAPPORTS AVEC LE MONDE EXTÉRIEUR;
sans que cette compensation soit jamais ni complète ni
rigoureusement en raison inverse de l'intelligence dans
chaque espèce ; quoique aucune de celles-ci ne soit à la fois
entièrement privée de Tune et de Tautre ; condition dans la-
quelle se trouvent exclusivement les Végétaux ; c'est-à-dire
les Êtres organisés qui n*ont point conscience de leur exis-
tence; le Créateur s*étant borné à varier jusqu'à TinGni la
puissance de ces deux facultés, suivant les besoins qui dé-
coulent des circonstances dans lesquelles sa volonté a placé
chaque animal.
Les deux puissances de YInsiinct et de YInteïïigenc$ ont
ensuite la plus grande influence dans 1 exécution des actes
volontaires de la vie ; la première , qui n'est qu un simple
penchant^ une disposition^ un goût^ agit comme cause
primitive prédisposante , et la seconde comme cause seconr-
daire modifiante et déterminante. Celle-ci, se trouvant sou*
vent en opposition avec celle-là , lui cède dans plusieurs cir-
constances, et perd ainsi de son énergie dans Texécution
des actes qu'elle accomplit. De son côté, Tlnstinct tendant à
déterminer l'intelligence à se porter sur tel ou tel objet, lui
prête sa puissance et lui donne par là une plus grande force;
et l'Intelligence, à son tour, régularise, modifie, développe
ou domine, suivant les circonstances, les impressions four-
nies par l'instinct; et c'est surtout chez Y Homme où l'intel-
ligence a un grand pouvoir, que son influence sur les sug-
gestions instinctives est la plus grande, et difière surtout d* un
individu à l'autre.
Quoique Y Homme se guide plus particulièrement par les
CHAPITBB III. 585
effets de son intelligence et de sa raison, il est toutefois éga-
lement mû, comme la brute, par des suggestions purement
instinctives, qui le portent vers tels actes, sans qu*il puisse
s'en rendre compte. C*est ainsi que la divine Providence
LUI INDIQUE DÈS SA NAISSANCE , GOMME À L* ANIMAL , par UD
PENCHANT INNÉ qu*il DC s'CXpliqUO pas, UNE TENDANCE À SE
NOURRIR DE TELLE SUBSTANCE ET NON d'uNE AUTRE, Ct EN
MÊME TEMPS LES MOYENS QU*IL A À EMPLOYER POUR S*EN SLS-
TENTER. En effet, ce n*est certes pas rintelligence, et moins
encore la Raison, qui indiquent à TEnfant qai vient de
naître aussi bien qu*au jeune Animal, qu^il a à chercher le
sein de sa mère, où il doit trouver le lait, la seule substance
qui puisse servir, pendant les premiers temps de sa vie, k
Tentretien de son existence et au développement de son
corps; et rien non plus que le penchant inné ou instinctif
ne peut l'engager à recevoir par la bouche et à attirer par la
succion ce liquide nutritif. Plus tard même encore, lorsque
sa raison Téclaire sur le choix des aliments dont il peut se
nourrir, il refuse complètement de faire usage pour cela de
telles ou telles substances pour lesquelles il ne sent aucun
penchant, ou, comme on dit, aucun goùt^ quoique ces mê-
mes substances servent , par Tinstinct contraire , exclusive-
ment d*aliments à de nombreux animaux. C'est ainsi que
jamais YHùmme ne se sent disposé k se nourrir de
rherbe des prés ou des feuilles des arbres , ou bien de
bois, etc., etc., dont vivent régulièrement certains animaux.
Quelle autre raison, si ce n*est celle d'un simple penchant
imlinctiff peut-on donner de la répugnance qu'il éprouve à
la seule odeur de tel objet , dont il refuse de se nourrir, se
laissant plutôt mourir de faim ; tandis que certains animaux
le préfèrent à tout autre aliment , Todeur que ces substances
répandent, loin de produire ce fâcheux effet sur eux, leur
paraissant au contraire fort agréable; et si Y Homme, par
Teffet d'une spéculation de son intelligence, et, par une vé-
ritable dépravation de goût , parvient à vaincre cette repu-
SM TH^OLOGU H LA HATURK.
gfHmcê pour cerUtiM ««ti , 911'tl rêpaussaU m»pafaf>anî ewe
homWy et arme à s'en servir craimê nourriture, il' lenr
fait toutefois subir, soit par la eniss<Mi , soit par divers ap-
prêts et assaisonnements , de nodifications qui leur donnent
quelque analogie avee les substanees qui hii sont plus spé-
cialement destinées, telles que les Fruits et la t^ir.
C*est également ainsi par un penebantinslincfif que hmg-
temps avant Tàge de la puberté, les individus de seres diffië-
rents se sentent portés l'un vers Faotre par un sentiment
d*attacbemeiit dont ils ne se rendent pas compte ; sentimait
qui n*est que le penckant instinctif ou la cause prédispo-
sante de la reproduction de Tespèce.
Cest encore par on sentiment instinctif que , dès les pre*
mières années de sa vie, la jeune f He se sent dëj^ remplie
d*afleetion pour les enfants, qu'elle aime li soigner, long-
temps avant qu*dle pusse se douter qc*ellb est uesti-
NÉB FAI LA SOBLim BOUTÉ DO CrÉATBUU À FROOIUUBR CBS
MÉMU soms AUX sMFAirrs Qu^nAB norr flus tard mettre
AU MŒiDB. et qui, dans la frile eristenee de leur premier
^e, ont si émineflraMnt besoin de celte tendre afifeetion ,
portée par leur if ère jusqu'b la passkm la plus vive ; tandis
querHomme, à quelque ftge que ce soit, n*éprouve jamais an
fond deaon cœur le senliment d^une aussi graude tendresse
pour les enfents ; quand même il en est le père; autre uprar
un la svBLmE sagbssb dit Créateur , qui n*a pas vouh
que l'beanne éprouvât la même affection pour ses enfants ,
rATANT PtUS FART1CUL1ÈMB19T BESTIMÉ FAR LA FORGE Fnv^lQVE
qu'il Lm A ACCORDÉE À EE ÊTRE LB PROTECTEUR OOQtrO Tm-
ftuepce étrangère ; condition par laquefle il est moins que la
femme en position de pouvoir leur prodiguer ses soins ina-
médiats, étant trop sowfent obligé de s*en étoigner; ^ndis
que le; sentiment de son amour pour eux arrive 1^ son plus
bnut degré de passion lorsqu'ils se trouvent menacés^ms leur
bien-élie; encore son dévouement n*est-il pas, alom même, à
cMaparir k cekit de In mèpe, que lien ne saurait égaler ; ses-
CHAflTM m. S81
liment de vive énergie qu'on retroufe, d'ailleurs, également
pour les mêmes raisons chez tous les animaux , où le plus
ordinairement les femelles donnent seules des soins à leurs
petits.
C'est de même que tout Être qui a la conseienee de son
caistenee éprouve un sentiment instinctif de frayeur au
aeui aspect de tout objet qui rappelle en lui Tidée de la
deaUuction, ou simplement d^un danger; Sentiment que la
SAGESSE DIVINE A INSPIRÉ AUX ANIMAUX POUR LES PORTER À
VEILLER EUX-MÊMES À LEUR CONSBRTATlOIf INDIVIDUELLE; Ct
par lequel ils préviennent, autant que possible, leur trop
piompte destruction, sans que rien ait souvent pu leur
faire comprendre que dans telle circonstance leur existence
est en danger. Cest ainsi que le CMen, d'ordinaire si cou-
rageux, e^t elfrayé de l'approche du lion, dont son odorat
lui fait connaît re la présence, quoique ce soit pour h pre-
Buère Ibis qu^il se trouve dans la proximité d'un si redou^
table ennemi , et que rien n^it pu le lui ftiire connaître
d'avance.
C'est ce même instinct qui f^it éprouver aux hommes ,
comme aux animaux, un sentiment d'horreur h la simple vue
du cadavre d\in individu de teurespèce; et ce n^est que par
l'elfet de l'intelligence que nous parvenons , par une véri-
table violence que nous faisons à nous-mêmes , à vaincre
eelto répugnance ; indilKrenee que nous pouvons aussi faire
nattffo chez les animaux par l'effet de l'éducation que nous
IffÊt donnons, en agissant par leur intelligence sur leur in-
«tind : l'expérience de la première leur faisant comprendre
q«ie, dans telle circonstance qui accompagne l'événement
autrefois redouté , il n'y a réellement pas de danger pro-
bable. C'est en détruisant ainsi chez eux l'efiét de Tinstînct
fue, Bon-*seulement on peut faire vivre ensemble, sans
qu'ils soient effrayés, des animaux plus ou moins intelli-
gents instinctivement ennemis ; mais même de simples in-
sectes q«e la moindre chose effhaye peuvent être ainsi appri-
388 THÉOLOGIE DB LA NATURE.
Toisés par l'habitude , au point de ne plus témoigner de la
crainte ^ la vue des objets qu ils redoutaient avant.
EnGn un simple bruit soudain , un mouvement brusque
de tout objet qui pourrait être à craindre, font fuir non-
seulement les animaux faibles, auxquels ils semblent pou-
voir devenir dangereux, mais Thomme lui-même ne peut
s'empêcher d'éprouver une pénible émotion en pareil cas; ï
moins qu'averti, sa raison ne lui fasse comprendre qu'il
n'a rien k craindre.
Mais si l'homme a, comme les animaux, des incitations
instinctives qui le guident dans plusieurs circonstances,
ceux-ci sont aussi , comme lui , plus ou moins pourvus d'In-
telligence; et il n'est même pas probable qu'aucune espèce
en puisse être totalement privée. En effet, chez un Être tout
à fait dépourvu d'intelligence, l'instinct ne pourrait produire ii
lui seul aucun résultat, et ne serait, en conséquence, qu'une
puissance inutile, et la Nature aurait manqué son but; les
divers penchants innés , propres k chaque espèce , ne fai-
sant que simplement connai^re aux Animaux ce dont ils ont
besoin , et les moyens k employer pour arriver au but que
ce penchant leur indique; tandis que l'acte lui-même qui
leur fait atteindre ce but est exécuté par l'effet de la volonté,
qui constitue une faculté intellectuelle; d'où l'on doit con-
clure que tout Être organisé , capable de mouvements exé-
cutés dans un certain but , et variables selon les circonstances
fortuites dans lesquelles cet EU e peut se trouver^ est nécessai--
rement doué d'Intelligence^ et reçoit de là le nom (t^ÂmiUL;
Intelligence qui le distingue du Végétal, qui en est privé,
aussi bien que de V Instinct, ces deux puissances étant insé-
parables.
Or les divers instincts des animaux ne se bornent pas
seulement k leur indiquer ce qui peut leur être nécessaire k
l'entretien de la vie , ils les portent encore k accomplir une
foule d'actes de beaucoup moins d'importance, tels que la
mmique, Y affection pour les lieux quils habitent, leurs
CHAFITM III. S^
genres êpéciaux de mouvements^ etc., etc.; et ces divers
penchants instinctirs ne se bornent pas seulement à
chaque espèce animale, mais se modifient encore beau-
coup dans chaque individu, qu'ils déterminent à produire de
préférence tel acte plutôt qu'un autre ; et ces modifications
paraissent d'autant plus grandes que Fespèce, et sur tout Pin*
dividu , est plus intelligent; c'est du moins ce que l'observa-
tion indique; car plus on descend dans l'échelle animale,
moins on voit varier la manière d'agir des espèces , celles
placées aux degrés les plus inférieurs faisant constamment
la même chose. Ce qui s'explique encore par là que , chez
elles, l'Intelligence intervient de moins en moins, pour faire
varier les moyens d'exécution suggérés par les penchants ,
sous l'empire desquels leur volonté agit; et c'est au con-
traire dans l'espèce humaine, la plus intelligente de toutes ,
que les instincts spéciaux, individuels, sont les plus nom-
breux et les plus variés.
C'est ainsi que nous voyons les penchants instinctifs se
spécialiser chez les uns en penchants pour tel art ; chez d'au-
tres pour différentes sciences ; ou bien dans l'aptitude à cer-
taines occupations , etc. ,.où l'on désigne ces instincts sous les
diverses expressions synonymes de Goût, de Penchants ^
à* Aptitude et même de Passions , sans chercher k trouver le
pourquoi de ces différentes tendances, qui ne sont en effet
que des penchants instinctifs innés, dont on ne se rend pas
compte, ne pouvant en connaître la cause déterminante.
Ces mêmes Instincts, tant qu'ils ne se rattachent pas à la
raison , se retrouvent ensuite chez les Animaux de toutes les
classes, où il sont souvent plus nombreux et bien plus
rigoureusement spécialisés dans leurs objets; ce puissant
mobile devant compenser chez eux ce que leur faible intelli-
gence ne saurait leur indiquer dans les diverses circon-
stances dans lesquelles les animaux peuvent se trouver.
C'est ainsi que le plus grand nombre d'Animaux ne re-
connaissent qu'un seul genre d'aliment; quelques-uns seu*
SM TBiOLOMI M Là MATUM.
lement, étant natarellement omnivores , se nourritseat ia*
distinctement de substances fort différentes ; mais en gé-
néral , les animaux sont d*autant plus restreints dans lears
goûts innés qu'ils appartiennent k des classes plus infé*
rieures » où Tintelligence » de plus en plus faible t peut moiii
les guider dans le choix de leur nourriture.
Quoique la plupart des Mammifères Ue vivent d'ordîntire
que d'un seul genre de nourriture , ils en acceptent toutefois
le plus souvent aussi une autre i lorsque la grande faim les j
oblige : c'est ainsi qu'on est parvenu k faire manger de la
chair k des espèces herbivores » et diverses substances végé*
taies k des carnassières ; il faut toutefois pour celles-ci qtie
la différence ne soit pas trop grande, leur appareil digestif
ne pouvant pas les digérer; et alors elles se laisseraieal
plutôt mourir que d*en manger, leur instinct les leur faisant
repousser.
C'est également ainsi que les Ruminaitts ne vivent qae
d'herbe, ou de feuilles; tandis que d'autres espèces se nour-
rissent exclusivement de fruits charnus, d'insectes, de
Poissons, etc.
Cette spécialisation dans le genre de nourriture devieot
ensuite de plus en plus rigoureuse chei les Oiseaux , lei
Reptiles et les Poissons ; mais c'est surtout dans la CiASsi
des Insectes que la restriction va d'ordinaire le plus loin,
beaucoup d'espèces n'acceptant exclusivement qu'une seule
qualité d'aliment, en refusant complètement toute antre,
quelque rapprochée qu'elle puisse être de celle dont elles se
nourrissent habituellement. On voit ainsi des chenilles ne vi-
vre que sur une seule espèce de plantes, et d'autres Insectes
que d'une seule espèce animale ; et cela est surtout remar*
quable pour les animaux parasites des Classes inférieures.
Cet lostinct fait souvent produire k certains Ânimaaxdes
actes des plus étonnants, par l'apparence de raison dont on
croit, au premier aperçu, y trouver des effets; tandis qu'ils
ne font que suivre aveuglément les impulsions de ce pea-
cHAPinB m. Ml
ehiDi inné q«i les porte à agir de cette façon et dod d'une
attire; c*eftl k-dire sans qu'ils examinent en eux-mêmes
les motifs qu'ils peuvent avoir de suivre cette indication, et
par conséquent sans jamais rien changer par leur volonté
aux moyens employés : ces moyens leur étant suggérés par
le penchant lui-même , quoique ce soit bien par leur volonté
qu'ils exécutent les actes qui s'y rattachent.
Certains Philosophes , confondant les effets de l'Inteilt-
gence avec ceux de l'Instinct , qu'ils ont sans doute mal dé-
finis, ont souvent attribué à Tune de ces puissances de
l'Esprit ce qui dépendait de l'autre ; d'où ils sont tombés
dans de graves erreurs quant aux conclusions qu'ils ont tirées
des faits observés. C'est ainsi que voyant certains animaux
établir des constructions que l'homme, malgré sa raison et
l'admirable adresse de ses mains, aurait de la peine à exé-
cuter, ne pouvant attribuer ces eifets h l'Intelligence qu'ils
crurent devoir dénier à tous les Animaux , en la confondant
avec la Raison dont ceux-ci sont en effet réellement privés,
ont attribué ces actes exclusivement k l'Instinct , qui n'était
lui-même, selon eux, que la cause occulte d'un acte méca-
nique automatique auquel les animaux étaient réduits, et
qu'ils ne produisaient ces effets merveilleux , que simplement
comme les Métiers à la Jacquart exécutent les admirables
broderies dans les fabriques de soie. Mais ces Philosophes
ne crurent pas devoir tenir compte de la spontanéité d'une
foule d'actes de ces mêmes animaux qui interviennent dans
les travaux qu'ils exécutent d'une manière si remarquable :
spontanéité qu'une simple mécanique ne saurait avoir.
La meilleure preuve que les Animaux , et même ceux des
Classes inférieures, tels que beaucoup d'InsECTES, ont de
rinteliîgence , et même une intelligence très-élevée, c'est
qa'ils pensent , faculté elle-même prouvée par cela qu'ils ont
de la mémoire; se iouvenant parfaitement de l'endroit où ils
OBt établi leur nid ; et si on déplace celui-ci, en le transportant
dans des lieux entièrement différents de eenx où ils réta<>
392 TH^LOGIB DB LA HATDKB.
blissent ordiDairement, ils y reYiennent^ après i'être bien
orientée lorsqu^iU le quittent les premières fois. Ce fût
remarquable peat facilement être observé non-seulement
chez les AbeïHes , dont on change la ruche de place , mais
aussi chez les Bourdons , sur lesquels j*ai souvent fait cette
expérience.
Si tel animal fait, depuis la création de son espèce,
toujours la même chose dans les mêmes circonstances, sans
qu'aucun individu y ait jamais rien changé, ce n'est point
qu*il ne puisse faire autrement par la volonté, qui est k son
service aussi bien qu'elle est au service de Thomme, mais
c'est uniquement parce qu'il n'éprouve en lui-même aucun
penchant , aucune prédisposition , aucun goût , aucune entrie
de faire autrement. Chaque animal, en entreprenant un
simple acte, ou même un très-grand travail, dans le but
qu'il doit servir k un objet déterminé, croit Vimaginer ou
V inventer y comme étant le plus convenable pour atteindre
le résultat final , et Texécûte par sa pure et libre volonté ,
comme l'homme exécute les travaux qu'il entreprend ; mais
l'animal ne s'aperçoit point que le plan et les moyens
d'exécution lui sont suggérés par ce sentiment intérieur que
nous nommons V Instinct, souffle divin dont la Providence
▲ ANIMÉ LES Animaux pour leur servir de guide infaillible
DANS toutes LES CIRCONSTANCES PRINCIPALES DE LEUR TIB ,
AFIN qu'ils PUISSENT ARRIVER AU BUT POUR LEQUEL DiEU LES
A créés; sentiment tellement précis que leur volonté, qui
prend cet instinct pour guide, ne peut constamment produire
que la même chose ; d'où le résultat est tellement parfait que
de toute autre manière ils ne sauraient faire si bien. En
effet , l'imagination reste stupéfaite devant la charmante
ET SI savante construction du nid de certains oiseaux,
OBJET d'autant PLUS ADMIRABLE POUR L'hOMME , QUE LUI-
MÊME, MALGRÉ SA HAUTE INTELLIGENCE ET l'iNCOMPARABLB
adresse DE SES MAINS , NE SAURAIT LES IMITER , TANDIS QUE
l'oiseau n'a pour tout moyen d'exécution AUTRE CHOSE
CHAPITHB III. 593
QUE SON BEC. Il faat voir, pour être transporté d'étonné-
ment, avec qael talent de construction le Loriot et la Mé-
sange Bemiz suspendent leurs nids k Textrémité des petites
branches des arbres ; le premier aux plus hautes cimes des
chênes de nos forêts , et la seconde au bout des rameaux les
plus flexibles des arbres qui s'avancent au-dessus des eaux
comme pour braver Timpétuosité des vents ; et je pourrais
citer encore beaucoup d'autres faits aussi remarquables que
ceux-ci.
Mais sans s'arrêter k la simple construction du nid des
Oiseaux, qui varie à l'infini selon les espèces, suivant la
forme , la disposition et les matériaux employés , et dont
quelques-uns, tels que les nids du Pinson et du Chardon-
neret , sont de véritables chefs-d'œuvres de netteté et de
précision. On ne conçoit pas comment beaucoup de ces
oiseaux, et entre autres ceux que je viens de nommer,
se procurent certains objets qu'ils emploient, tels que du
crin de cheval , dont l'intérieur de leurs jolies construc-
tions est toujours garni ; ces espèces vivant en pleine cam-
pagne ou daos les forêts , n'approchaut jamais des basses-
cours où ils pourraient en rencontrer, on n'entrevoit pas
comment ils peuvent trouver cet élément qui parait indispen-
sable dans rédiûcalion de leurs nids; objet dont l'homme,
malgré ses soins et sa perspicacité , ne saurait découvrir le
plus faible débris.
Quoique les constructions d'un grand nombre d'bi-
SECTES , et plus particulièrement de ceux de I'Ordre des Hy-
ménoptères auquel appartiennent les Abeilles et les Guêpes ,
ÉTONNENT À JUSTE RAISON , TANT PAR LEUR DISPOSITION GÉ-
NÉRALE QUE PAR LEUR EXÉCUTION EN DÉTAIL, l'uNB ET
l'autre parfaitement calculées pour LE BUT DANS LEQUEL
ELLES SONT ÉTABLIES, la couformatiou de certaines de
leurs parties, telles que celles des cellulles que con-
struisent ces derniers insectes, n'a cependant point en
réalité ce grand intérêt qu'elle inspire k la première vue
U 39
^ I
594 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
sMs le rapport d'ane apparence de haute eoDnaissaDce de
la géométrie qui semble y aycir été a[ipliquée; ces cellules
offraut la forme et la disposition la plus économique que
eette science puisse faire découvrir par le calcul , science
qae ces charmants petits êtres ne connaissent évidemment
pas; aussi ces formes ne sont-elles au fond que le résultat
de la compensation des forces purement mécaniques qui y
agissent en sens divers les unes sur les autres, en produisant
partout réquilibre, et par Ik ces formes géométriques si
admirablement régulières que présentent les alvéoles,
dans lesquelles ces insectes élèvent leurs petits. En effet»
ees adroits constructeurs n'ont , par leur instinct , que la
disposition de former de nombreuses cellules pour y placer
séparément chacune de leurs jeunes Larves , et rangent dans
eebut, ees cellules parallèlement les unes autour des autres ,
où chacune à part prendrait naturellement la forme cy-
lindrique; et cela d'autant plus que llnsecte qui la construit
est placé dedans, et s'y retourne souvent pour la bâtir avec
sos mandibules aidées de ses pattes. Mais par cela même
que ces cellules se pressent les unes contre les autres, les
efforts qu'elles exercent chacune sur celles qui Tavoisinent
se mettant naturellement en équilibre, elles deviennent
toutes forcément prismatiques; et comme, par une loi de la
géométrie, six cylindres ou six prismes de mêmes diamètres
en entourent exactement un , chaque alvéole devient né-
oessairement hexagonal; et cette forme qu'ils prennent
ainsi passivement est prouvée par celle que présente la
dernière rangée placée à la circonférence du rayon , où la
partie extérieure, qui n'est point pressée par les autres, est
en effet cylindrique.
Quant à la forme pyramidale à trois pans que présente le
fond de la cellule lorsquelle y est adossée contre le fond
d'une autre couche opposée , ainsi que cela a lieu dans les
rayons àLAbeille$^ cette forme est également due à des causes
semblables, et spécialement k la pression que le corps mou
CHAPITRE Ul. 895
de la larve qui habite chaque cellule exerce sur ce fond qui
se moule de même toujours plus ou moins régulièrement
entre trois alvéoles opposés. Cet effet est de même prouvé
par la forme en calotte sphérique que présente le fond des
cellules des nids de Guêpes ^ qui, ne formant qu'une seule
couche, n^éprouvent aucune contre-pression par le côté
opposé.
Mais si ces habiles petits constructeurs n'agissent point
ici sous l'influence d'une connaissance innée de la géomé-
trie, la forme si économique que ces alvéoles présentent
n'en à pas moins été calculée d'avance par la touts-
sciENCE DU Créateur, qui arriva a ce résultat en obligeant
simplement ces insectes k donner k ces petites cavités une
disposition parfaitement régulière dans leur parallélisme.
Il suffit de ce peu d'exemples que je viens de citer poar
faire comprendre , non-seulement la différence qui existe
entre V Intelligence et V Instinct , et par suite, comment ee
dernier peut souvent faire produire aux animaux des aetes
en apparence merveilleux, s^ns qu'ils en conçoivent aq-
cunement le résultat final ; agissant par leur volonté en
conséquence de ces incitations instinctives, absolament
comme VHomme agit par sa volonté dirigée par sa raison ,
dans l'exécution des faits que celle-ci lui a fait concevoir. Je
pourrais multiplier à l'infini les exempU^s de ces remar-
quables actes instinctifs; ipais comme j'aurai plus tard il
revenir sur cet intéressant sujet à l'occasion de la repro-
duction des animaux, fonction à laquelle se rattachent la
plupart des actes de l'intelligence et de l'insMnct de chaque
espèce » je me bornerai ici aux seuls exemples cités f^^8
haut.
Dans le court exposé que je viens de faire de l'organisation
animale, je n'ai porté l'attention du lecteur que sur la mer-
veilleuse structure des Animaux vsRTÉnRÉs, formant le
premier des quatre grands ËMERANCuEifENTS du RàenE
ANIMAL , et dont je n'ai mêff)^ indiqué que les faite les pins
596 THÉOLOGIE DE LA NATURE.
essentiels, afin de faire connaître Tadmirable composition
da corps de ces animanx, placés an premier rang de la
série zoologique, non-seulement par leur étonnant orga-
nisme, mais aussi par les fortes dimensions qu'ils atteignent;
embranchement auquel V Homme appartient nu même titre
que chacune des autres espèces qui le composent; et si Tes-
pèce humaine y occupe le premier rang, c*est moins par la
complication de son organisation que par l'éminence de
ses facultés intellectuelles.
En citant les faits anatomiques et physiologiques les plus
essentiels, et autant que possible aussi les plus faciles k
concevoir, sans être accompagnés de nombreuses figures
explicatives, je crois avoir àéfii fourni les preuves les plus
évidentes que l*existenge d'aussi merveilleux orga-
nismes NE SAURAIT ÊTRE ATTRIBUÉ QU*i L*INTERVENTION DE
LA TOUTE-PUISSANCE d'UN ÊtRE SUPRÊME , d'uN DiEU CRÉA-
TEUR, SEUL Éternel; et que rien, pas même la plus légère
modification ne saurait être due à Taction d*une autre cause
primitive quelconque. Je pourrais, en conséquence^ borner
ici rénumération des faits qui constatent cette vérité fonda-
mentale de toute science humaine, et k laquelle on est tou-
jours finalement ramené , qu'il existe une Intelligence
CRÉATRICE comme CAUSE PREMIÈRE DE TOUT CE QUI EST. Mais
cet ouvrage serait bien incomplet si j'en excluais ce que les
autres animaux oflrent de men^eilleux dans leur structure
tout aussi remarquable que celle des animaux vertébrés ; et
cela d'autant plus, que les espèces inférieures, qui sont en
même temps les plus petites, oflrent, précisément par la
grande simplicité de leur organisation et Tinfinie petitesse
de leur corps souvent de beaucoup au-dessous de tout
ce que 1 imagination peut concevoir , la preuve la plus
é<:latante du pouvoir infini de Dieu , pour qui rien n'est
GRAND , RIEN N'eST PETIT DANS L*UN1VERS , DEPUIS l'immeDSité
du système steltaire sorti de sa main toute-puissante, jus-
qu'^ la Monade animalcule, dont la masse réunie de plus de
cHAnTRB m. 597
cent vingt-cinq millions d*individus n'équiTant pas à eelle
de ia plus petite tête d'épingle (i).
Je dois d^autaot plus signaler ici ce qu*il y a de remar-
quable dans Torganisation des animaux inférieurs, dont un
grand nombre d'espèces ne le cède eu rien pour la com-
plication à rhomme même, que certains Philosophes, plus
sophistes que savants , ont cru pouvoir s'appuyer de leur
infinie petitesse pour faire croire que leur structure était
d'une simplicité proportionnée à leurs faibles dimensions,
et telle qu'il suffisait que certaines substances brutes soient
fortuitement réunies dans un môme lieu , pour produire
ces animalcules par l'effet de quelque acte chimique ou
autre, sans qu'il soit nécessaire d'admettre l'intervention
d'aucune Intelligence créatrice qui leur donnerait l'esistence.
Mais avant tout, ces Philosophes auraient dft se demander
à eux-mêmes s'ils ont bien conçu la prétendue simplicité
de ces petits animaux qu'ils ne connaissaient pas, et com-
ment l'organe même le plus rudimentaire pouvait se former
ainsi de lui-même; car il ne suffit pas d'avoir prononcé aussi
légèrement le mot simple^ sans chercher k en apprécier la
valeur, pour être en droit de croire qu'on a tout dit, tout
démontré , et de baser ensuite sur une hypothèse aussi fri-
vole un système théorique entier sur la formation de tous
les Êtres de la Nature; formation qui, selon ces Philoso-
phes , ne serait plus que le facile développement progreê-
sif de ces espèces primitives, qui auraient été, selon eux,
LES PREMIERS ANCÊTRES DES HOMMES.
En faisant voir, au contraire, que les petits animaux, et
surtout les Insectes, qu'on a tant cités pour la prétendue
simplicité de leur organisation, qu'on ne connaissait pas,
sont tout aussi compliqués que Y Homme lui-même, quoique
formés sur un tout autre plan; et en faisant voir que les
espèces plus inférieures encore et réellement beaucoup plus
(1) Voya la note n* 24.
806
THEOUMII M LA NATURE.
simples , ont tootefoîs encore une structure d'une admirable
composition , où se dévoile la science la plus transeenrlante
en toute chose du sublime auteur de la natnre, je répondrai
péremptoirement par des faits à cet échafaudage de théories
où Ton ne cherche ^'k prouver des hypothèses par d'antres
hypothèses.
fin iHi TWE vftpniui.
Plus.— IHPUMÉ FAB B. TVUlfOT BT C% B9B BACDlBy 9^.
THÉOLOGIE
DE LA NATDRE.
PAR
HERCULE STRAUS-DURCKHEIM,
DOCTEUR tS SCIENCES.
Je ne crois rien à priori ,
absolumenl rien.
TOME PREMIER.
A PARIS,
CHEZ L'AUTEUR , RUE DES FOSSÉS-SAINT-VÎCTOR , 14 ,
ET CHEZ VICTOR MASSON , LIBRAIRE-ÉDITEUR ,
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consécutif aux fractures des côtes, t 'Vol. iii-8^ 1868. 2 fr. 50 .
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et d'anatomie ohimrgicale. 1 vol. de 113 planches. 1866> relié
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BOUCHAED. — Des fractures de la rotule, compliquées d^oover-
ture de rarticutation tibio-fémorale et de leur traitement. 1868» lu-S» de
82 pages, 1868. 2 fr. 50
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poumons chea les Tieillards. In-8, avec planches. 1868. 1 fr. 50
CASSOULET. — De la paralysie du nerf moteur oculaire
commun. 1 vol. ia-8 de 128 pages. 1869. 2 fr. 50
COLAS. — De la Contracture essentielle des extrémités, et
de ses rappoKs avec le rhumatisme. In-S, de 127 pages. 1868. 3 fr.
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COTARD. — tStttde sur T Atrophie partielle du Cerveau. 1 vol.
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