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Full text of "Théologie de la nature"

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8\ 


THÉOLOGIE 


DE   LA  NATURE. 


I. 


V 

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PAKIi.  —  IMMUM*  PAR  «.  «OMOT  W  C*, 

rM  Rt«*M .  !•,  prè»  de  rodioo. 


l 


THÉOLOGIE 


DE  LA  NATURE. 


PAR 

HERCULE   STRAUS-DURGKHEIM, 

POCTKOil  tS  SCIENCES. 


Je  ne  eroit  rien  à  priori , 
«bsolamenl  riea. 


TOME  PREMIER. 


A  PARIS, 

CHEZ  WAUTEUR ,  RUE  DES  POSSÉS-SAINT-YICTrOR ,  U , 

BT  CHEZ  VICTOR  MAS80M ,  LIBRAIRE-ÉDITEUR  , 
Place  de  rÉcole-de-Médeciue ,  17. 

t8&2 


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uo/td-no€€d ^  ^^noi/c^ ^    ^- 


\  K^aoe^e  ^  ^  %yo€é^^dc€e<ftce  e/  ^d 
€/?9t/9n€éao€èà  «Zb^.  ^€U  cfcUj  deut 
(bé&tne^^    ^eane    dcMtà  AcU/aae    dur 


^an/e  a  ^ùe  eue  ^tea^ , 


4/0^ 


a 


PREFACE. 


■•oi 


Animé  de  k  fiiàA  vive  Admiration  pour  là  belle 
et  si  savante  composition  du  corps  des  Êtres  orga-^ 
nisés  dont  j'étudiai» la  structure^  et  le  cœur  péné* 
tré  du  sentiment  du  plus  respectueux  amour  podr 
l'auteur  tout-puissant  d'un  aussi  merveilleux  ou-^ 
vrage^  j'ai  formé  le  ]projet>  il  y  a  déjà  dé  longues 
années ,  de  clore  un  jour  ma  carrière  scientifi()de 
par  la  publication  des  faits  les  plus  remarquables 
d'histoire  naturelle  venus  à  ma  connaissance  ^  et 
qui  pourraient  servir  à  la  démonstration  matérielle 
de  cette  vérité  fondamentale  de  toute  chose  ^  que 
non-seulement  les  Êtres  vivants^  mais  l'univers 
entier^  ne  sont  que  l'œuvre  d'une  Intelligence 
toute*pui»ante  qui  les  a  tirés  du  néant;  Intelli^ 
gence  dont  on  n'a  guère  admis  l'existence  jusqu'à 
présent  que  sur  le  simple  témoignage  d'une  voix 
intérieure  instinctive  qui  commande  à  la  plupart 


YIII  rUFACI. 


des  hommes  de  croire  en  cet  Être  suprême.  Or 
comme  les  personnes  qui  n'éprouvent  pas  ce  sen- 
timent ne  sauraient  avoir  cette  conviction^  elles 
restent  dans  un  bien  malheureux  doute  à  ce  sujets 
si  toutefois  elles  ne  tombent  pas  dans  l'athéisme^ 
plus  déplorable  encore. 

Mais  pourquoi  chercher  dans  de  simples  indica- 
tions incertaines  la  démonstration  de  cette  impor- 
tante vérité ,  quand  on  peut  la  trouver  de  la  ma- 
nière la  plus  évidente ,  écrite  de  la  main  même  de 
FÉternel  dans  les  sublimes  organismes  des  Êtres 
vivants;  véritables  hiéroglyphes  symboliques^  dont 
chacun  renferme ,  dans  son  admirable  complica- 
tion ,  la  doctrine  tout  entière  de  la  vraie  théolo- 
gie^ fondée  ainsi  à  la  fois  sur  l'observation  des  faits 
et  le  rationalisme  le  plus  certain  qui  en  découle; 
preuves  qui  ne  sauraient  permettre  la  plus  légère 
hésitation  au  sceptique  le  plus  incertain,  ni  laisser 
le  moindre  refuge  à  la  mauvaise  foi? 

Cependant^  quoique  cette  source  de  preuves  soit 
inépuisable  et  coule  à  pleins  flots  partout  autour 
de  nous,  personne  encore  n'y  a  porté  son  attention 
pour  t&cher  d'y  puiser  les  vrais  principes  de  la  re- 
ligion, chacun  s'efforçant  de  vouloir  les  trouver 
dans  les  sentiments  du  cœur,  ou  les  élucubrations 
de  l'esprit. 


ruPACi.  nr 


Les  Naturalistes  eux-mêmes^  tout  en  s' occupant 
plus  ou  moins  exclusivement  de  l'étude  des  Êtres 
organisés^  se  bornent  d'ordinaire  tantôt  à  recueillir 
simplement  ce  que  ces  objets  peuvent  offirir  de  re- 
marquable^ soit  sous  le  rapport  du  nombre  de  leurs 
espèces  et  des  analogies  qu'elles  ont  entre  elles ^ 
soit  sous  celui  de  la  composition  de  leur  corps  et 
des  fonctions  que  cbaque  organe  y  remplit  ;  mais 
assez  généralement  sans  se  demander  quelles  ont 
été  les  causes  auxquelles  sont  dues  les  formes ,  les 
dispositions  et  les  usages  que  ces  diverses  parties 
présentent.  Or  ce  n'est  précisément  qu'en  s' élevant 
à  ces  considérations  générales  qu'on  reconnaît  les 
principes  fondamentaux  de  l'organisme  des  plantes 
et  des  animaux^  organismes  où  se  dévoilent  les 
preuves  irréfragables  de  l'existence  de  la  Divinité^ 
aussi  bien  que  celles  de  ses  attributs  de  Toute-puis- 
sance ,  de  Sagesse ,  de  Toute-science  et  de  Bonté. 

Bien  que  je  me  sois  entièrement  voué^  depuis 
mon  enfance ,  à  cette  étude  si  attachante  de  l'orga- 
nisation des  Êtres  vivants^  science  à  laquelle  je  dois 
les  plus  heureuses  impressions  de  ma  vie^  le  temps 
s'est  si  rapidement  écoulé  que  je  n'ai  pu  faire  que 
quelques  faibles  pas  dans  l'immensité  que  j'avais 
devant  moi.  Forcé  enfin  ^  par  l'affaiblissement  de 
ma  vue ,  de  renoncer  à  l'étude  des  faits  qui  de. 


PKBFACI. 


raient  servir  de  base  à  cette  théologie  exclusive- 
ment fondée  sur  l'observation  de  la  Nature ,  j'ai 
cru  devoir  me  hâter  de  réunir  le  peu  que  j'avais 
appris  à  ce  sujet,  et  d'entreprendre  le  plus  tôt 
possible  cet  ouvrage,  quelque  imparfait  qu'il  put 
être ,  dans  la  crainte  de  perdre  le  fruit  le  plus  pré- 
cieux pour  moi,  d'un  travail  assidu  de  plus  de  qua- 
rante années  de  ma  vie ,  afin  d'apporter  mes  faibles 
matériaux   à  Tédification    d'un   monument  que 
d'autres  plus  savants  et  plus  habiles  (jue  moi  pour- 
ront un  jour  élever  à  la  gloire  de  l'Éternel;  mo- 
nument dont  j'avais  à  cœur  d'offrir  la  première 
ébauche  telle  que  j'ai  pu  la  concevoir. 

Ma  première  intention  fut  de  réunir  simplement 
en  peu  de  pages  ce  que  je  pouvais  avoir  appris  de 
plus  essentiel  sur  cet  objet  d'une  aussi  haute  im- 
portance non-souîoment  pour  les  sciences  natu- 
relles en  elles-mêmes ,  mais  surtout  quant  à  l'effet 
que  ce  genre  d'étude  peut  avoir  sur  la  conscience 
religieuse  des  hommes ,  ainsi  que  sur  la  morale  et 
les  devoirs  que  chacun  a  à  remplir.  Mais  déjà  en 
cherchant  à  former  le  plan  de  cet  ouvrage,  je  vis 
bientôt  que  je  ne  pourrais  pas  me  borner  à  un 
simple  exposé  des  faits;  qu'il  fallait  encore  faire 
remarquer  les  conditions  dVxistence  qui  déter- 
minent ces  derniers,  les  dépendances  réciproques 


/ 


PRBVACB.  XI 


qui  les  enchaînent,  les  analogies  qu'ils  ont  entre 
eux,  Tadmirable  harmonie  qui  exi^te  partout  entre 
les  organes  pour  les  faire  mieux  concourir  au  but 
final  que  chaque  animal  doit  atteindre,  les  sa- 
vants moyens  employés  en  vue  des  résultats  qui 
doivent  être  obtenus,  et  enfin  je  devais  faire  res- 
sortir les  conséquences  qui  découlent  nécessaire- 
ment de  tous  ces  faits. 

On  voit,  d'après  ce  plan,  que  malgré  le  cercla 
étroit  dans  lequel  j'ai  voulu  me  renfermer,  cet  ou- 
vrage devait  prendre  cependaat  une  assez  grande 
extension ,  et  devenir  en  outre  un  véritable  précis 
d'Anatomie  et  de  Physiologie  contemplatives ,  qui 
bien  qu'il  ne  put  être  que  fort  incomplet,  peut 
toutefois  suffire  pour  donner  une  idée  de  l'admi- 
rable composition  du  corps  des  Animaux ,  si  éton- 
namment variée  dans  leurs  innombrables  espèces. 

Quoique  les  principes  auxquels  je  suis  arrivé 
dans  cet  ouvrage  soient  précisément  ceux  qui  con- 
stituent la  base  fondamentale  de  toutes  les  doc- 
trines religieuses,  je  ne  dois  pas  me  dissimuler 
qu'il  est  impossible  que,  sous  bien  des  rapports,  je 
je  ne  me  trouve  pas  en  opposition  d'opinion  avec 
beaucoup  de  personnes  quant  aux  dogmes  secon- 
daires propres  à  chaque  culte  en  particulier,  et  que 
peut-être  on  cherchera  à  réfuter  la  justesse  des 


xir  FniPACK. 

conséquences  que  je  tire  de  ces  mêmes  principes. 
Ayant  fondé  ceux-ci  sur  des  preuves  irréfragables 
tirées  de  l'observation  de  fails  matériels^  sans  me 
permettre  la  moindre  hypothèse ,  et  encore  moins 
le  sophisme,  genre  d'arguments  pour  lesquels  j'é- 
prouve le  plus  grand  éloignement  comme  injurieux 
pour  ceux  à  qui  on  les  adresse  dans  l'espoir  qu'ils 
se  laisseront  tromper,  et  malheureux  pour  l'intelli- 
gence de. celui  qui  croit  pouvoir  les  employer,  je 
n'aurai,  en  conséquence,  rien  à  ajouter  pour  com- 
pléter mes  démonstrations,  et  par  suite  rien  à  ré- 
pliquer aux  objections  qu'on  pourrait  me  faire;  et 
si,  contre  toute  probabilité,  on  pensait  pouvoir 
m'attaquer  par  des  moyens  contraires  aux  conve- 
nances d'une  discussion  scientifique,  je  déclare 
d'avance  que  je  n'y  répondrai  pas. 


THÉOLOGIE 


DE  LA  NATURE. 


CHAPITRE  PREMIER. 

SXAMEN  DES  CAUSES  PREMIÈRES  DE  LA  NATURE  ET  DE  LEURS 

EFFETS  IMMÉDIATS. 


La  haate  intelligence  dont  Thomme  est  capable  le  por- 
tant naturellement  k  la  contemplation,  les  innombrables 
objets  que  Tuniters  enserre  fixent  tour  à  tour  son  esprit 
ol^rvateur  ;  mais  outre  le  vulgaire  intérêt  de  la  simple  ap- 
parence que  leur  grandeur,  leur  forme  et  la  diversité  de 
couleur  peuvent  offrir  à  son  attention ,  quels  sublimes  en- 
seignements renferme  pour  lui  cet  immense  livre  de  la  na- 
ture ouvert  k  tous  les  yeux  !  Livre  que  peu  d'hommes  ont 
toutefois  cherché  k  comprendre  en  tâchant  de  le  lire  dans 
son  style  symbolique ,  cependant  si  clair  et  si  précis. 

En  effet,  quand  même  l'étude  de  la  nature  n'aurait  pour 
objet  que  de  faire  connaître  le  nombre  infini  des  Êtres  qui 
remplissent  le  monde ,  elle  offrirait  déjà  Timmense  intérêt 
de  nous  en  faire  admirer  la  diversité.  Bornée  Ik ,  cependant, 
ce  ne  serait  qu'une  vaine  science  aride  pour  l'esprit;  mais 
Voeil  scrutateur  du  vrai  Naturaliste  y  voit  plus;  il  est  frappé 
d'abord  de  l'admirable  harmonie  qui  règne  partout  dans 
Teasemble  de  l'univers ,  entre  la  forme,  la  disposition  et  les 

V  1 


TBIOLOCIB  VE  LA  NATUIII. 


mouvements  si  étonnamment  réguliers  et  constants,  établis 
entre  les  astres,  la  succession  des  saisons  réglée  d'après 
ces  derniers ,  et  la  périodicité  que  présentent  en  outre  une 
foule  de  phénomènes  qui  se  passent  sous  nos  yeux ,  et  dont 
les  influences  réciproques  déterminent  encore  d'autres  effets 
d'un  ordre  secondaire,  non  moins  intéressants.  Enfin  il  voit 
également  s'accomplir  partout  de  nombreux  actes  de  diffé- 
rentes natures  entre  les  diverses  substances  brutes  qui  con- 
stituent le  monde  ;  d'où  naissent  une  infinité  de  transfor- 
mations qu'elles  subissent,  et  cela  toujours  de  la  même 
manière  dans  les  conditions  semblables. 

Or  déjà  le  seul  enchaînement  si  remarquable  de  ces 
causes  et  de  ces  effets  que  le  savant  reconnaît ,  lui  prouve 
que  ces  étonnantes  conditions  ne  sauraient  exister  qu'autant 
qu'elles  dépendraient  toutes  d'un  seul  et  même  principe  uni- 
versel ,  devant  lequel  chacun  de  ces  effets  ne  serait  que  le 
résultat  nécessaire  des  influences  que  tous  exercent  les  uns 
sujr  les  autres. 

En  examinant  ces  faits  avec  quelque  attention ,  pour  cher- 
cher k  les  ramener  ainsi  k  des  principes  fondamentaux  dont 
ils  semblent  être  les  conséquences  plus  ou  moins  éloi- 
gnées, on  a  bien  reconnu  que  cette  dépendance  si  remar- 
quable par  sa  précision ,  entre  les  causes  et  les  effets ,  n'était 
réellement  que  le  résultat  inévitable  de  certaines  propriétés 
inhérentes  k  la  matière  même .  dont  l'action  est  soumise  k 
des  lois  rigoureusement  invariables  qui  régissent  l'univers 
entier,  lois  dont  les  matbématideas  sont  même  parvenus  k 
formuler  les  conditions  avec  une  telle  précision ,  qu'elles 
donnent  la  parfaite  explication  de  presque  tous  les  phéno- 
mènes physiques  qui  se  passent  sous  nos  yeux.  Or,  comme 
ces  lois  ne  sont  elles-mêmes  que  les  conséquenoes  mathé- 
matiques des  propriétés  de  la  matière,  elles  sont  de  Ik  aussi 
nécessairement  inhérentes  k  celle-ci.  Une  seule  de  ces  ac- 
tions toutefois ,  celle  du  mouvement ,  différant  de  celle  due  k 
l'attraction»  ne  saurait  être  due,  ainsi  qu'on  le  verra  pkis 


loin ,  h  aucune  propriété  de  la  matière ,  et  doit ,  en  eonBé- 
quence ,  être  imprimée  aux  corps  qu'elle  anime  par  une 
puissance  étrangère  k  cette  dernière. 

C'est  en  se  fondant  sur  cette  nécessité  attachée  pour  les 
résultats  k  la  fatalité  mathématique  k  laquelle  sont  soumis 
les  phénomènes  physiques  qui  se  passent  dans  l'univers , 
que  certains  hommes,  fort  savants  du  reste,  ont  pensé  pou- 
voir tout  expliquer  par  les  seuls  faits  que  leur  offraient  les 
propriétés  de  la  matière ,  sans  avoir  besoin  d'admettre  l'exis- 
tence d'aucime  autre  puissance  comme  seconde  cause  pri- 
mitive. 

Hais  il  n'en  est  point  de  même  des  faits  si  nombreux  et  si 
remarquables  que  nous  offrent  les  innombrables  Êtres  vivants 
qui  peuplent  la  terre.  Bien  au  contraire ,  rien  ici  n'est  soumis 
k  la  nécessité  des  lois  mathématiques ,  si  ce  ne  sont  simple- 
ment les  moyens  secondaires  d'exécution ,  tels  que  les  forces 
mises  en  usage  pour  servir  k  l'accomplissement  des  phéno- 
mènes qui  se  passent  dans  l'admirable  complication  des 
corps  de  ces  Êtres  si  variés  dans  leurs  types  ou  Eêpêces.  A 
ces  faits,  déjk  si  étonnants,  se  joignent  eu  outre  encore 
d'autres,  plus  surprenants  s'il  est  possible,  indiquant  de 
nombreuses  conditions  d'existoiee  par  lesquelles  toutes  les 
parties  du  corps  ou  Organeê  (1),  sont  maintenues  dans  des 
rapports  rigoureusement  déterminés,  selon  les  fonctions 
qu'elles  ont  k  remplir.  Or  c'est  surtout  dans  ces  diverses 
conditions  que  l'on  reconnaît,  avec  la  dernière  évidence, 

l'application  de  toutes  les  sciences  ▲  DES  DEGRÉS  d'ÉLÉ- 
VÀTlOIi  QUE  l'intelligence  HUMAINE  NE  SAURAIT  JAMAIS  CON- 
CEVOIR ;  une  bonté  ineffable  par  laquelle  les  meindret 
inconvénients  ont  été  prévus  et  évités  ;  et  enfin ,  partout  une 
toute-puissance  qui  a,  entre  autres,  créé  l'inconcevable 
principe  d$1a  une,  dont  l'influence  sur  le  corps  soustrait  les 
Êtres  k  l'action  destructive  des  nombreuses  pro()riéiés  cbi- 


(f )  nu  grec  Orgarum ,  instrument. 


THBOLOGIB  DK  Là  HâTDRE. 


miques  inhérentes  k  la  matière,  en  suspendant,  Ik  où  il  y 
a  lieu,  les  effets  qu'elles  produisent  d'ordinaire,  et  fait, 
ainsi  que  je  l'ai  déjk  dit  dans  un  autre  de  mes  ouvrages ,  des 
Êtres  vivants  une  véritable  exception  dans  la  nature. 

Or  celte  harmonie,  cette  sagesse,  cette  toute- science, 
cette  bonté  et  celte  toute-puissance ,  révèlent  k  l'esprit  du 
Naturaliste  l'irréfragable  vérité,  que  le  sublime  ensemble  de 
l'univers  entier  ne  saurait  être  que  l'œuvre  de  la  volonté 
d'une  Intelligence  créatrice  ou  Dieu,  principe  primordial  et 
partant  éternel,  qui  l'a  tiré  du  néant;  Être  suprême  devant 
qui  l'homme  n'a  qu'à  se  prosterner  humblement  pour  lui 
rendre  un  hommage  respectueux,  en  témoignage  de  son 
admiration ,  de  sa  reconnaissance  et  de  l'amour  dont  son 
àme  doit  être  pénétrée  pour  tout  le  bien  qu'il  en  reçoit. 

Mais  si  l'existence  du  principe  divin  comme  cause  pre* 
mière  de  tout  ce  qui  est,  ne  se  dévoile  réellement  k  nos 
yeux  que  dans  l'organisme  et  les  facultés  des  Êtres  vivants , 
les  phénomènes  de  la  chimie,  de  la  physique,  de  la  minéra- 
logie et  de  l'astronomie,  sans  prouver  directement  son  exis- 
tence, nous  montrent  toutefois  sa  puissance  inflnie,  laissant 
l'imagination  la  plus  hardie  humiliée  et  stupéfaite  devant  la 
gloire  éternelle  de  ce  souverain  de  l'univers. 

La  plupart  des  Philosophes  qui  cherchèrent  k  s'élever  par 
la  méditation  k  la  connaissance  des  causes  premières  des 
phénomènes  de  la  natnre,  ont  été  amenés  k  la  nécessité 
d'admettre  ainsi  deux  essences  primordiales,  TIntelligence 
et  la  Matière,  qui,  parleur  concours,  ont  produit  l'immense 
ensemble  de  l'univers ,  tel  qu'il  parait  k  nos  yeux  ;  et  quel- 
ques-uns seulement  dont  j'ai  déjk  parlé ,  désignés  sous  les 
noms  de  Physiciens  ou  de  Matérialistes  ,  crurent  pouvoir 
tout  expliquer,  en  n'admettant  qu'une  seule  essence ,  celle 
de  la  matière ,  avec  ses  nombreuses  propriétés ,  qui  seraient , 
selon  eux,  aussi  éternelles  qu'elle*méme  (i). 

(1)  Voyes  la  note  n**  U, 


CHAPITRE  PREMIER.  5 

Les  anciens  Philosophes,  tout  en  reconnaissant  qu'il  exis- 
tait, en  dehors  de  la  matière,  une  Intelligence  toute-puissante 
qui  a  mis  celle-ci  en  œuvre  en  créant  le  monde,  désirant 
savoir  de  quelle  nature  ces  deux  agents  pouvaient  être ,  ont 
cherché  à  leur  assigner  des  qualités  percevables  par  les 
sens ,  afin  de  les  mieux  concevoir,  et  tombèrent  de  là  dans 
d'étranges  erreurs. 

Quant  k  la  matière,  cela  était  facile,  ses  propriétés  étant 
alors  déjà  suffisamment  connues  pour  qu'en  les  indiquant  il 
ne  fût  pas  possible  de  se  méprendre  sur  son  existence  et  le 
rôle  passif  qu'elle  joue  dans  l'univers  ;  sauf  certaines  erreurs 
de  détail  provenant  de  l'état  encore  peu  avancé  de  la  science, 
qui  ne  permettait  pas  aux  savants  d'alors  de  déterminer  k 
Jeur  juste  valeur  les  causes  des  phénomènes  purement  phy- 
siques qui  se  passaient  sous  leurs  yeux. 

Dans  le  désir  de  simplifier  les  systèmes  de  cosmogonie , 
les  uns  pensèrent  pouvoir  même  ramener,  en  dernière  ana- 
lyse ,  tout  ce  qui  constituait  la  partie  matérielle  de  l'univers 
k  un  seul  Élément  (1)  ou  Essence  ,  qu'on  crut  trouver,  ici 
dans  Y  eau ,  Ik  dans  le  feu  ou  dans  l'air,  ou  bien  dans  tous 
les  trois  ensemble.  Enfin  on  admit  généralement  quatre 
éléments  ou  substances  primitives ,  en  y  ajoutant  la  terre  ; 
mais  on  était  encore  loin  de  la  vérité ,  vu  que ,  d'une  part , 
Tair,  l'eau  et  la  terre  ne  sont  point  des  matières  simples , 
mais  bien  des  substances  composées  ;  et  que,  d'autre  part, 
on  connaît  aujourd'hui  jusqu'k  cinquante-quatre  véritables 
ÉLÉMENTS  ou  matières  homogènes  simples ^  formées  jusque  dans 
leurs  extrêmes  particules  constUtiantes  ou  atomes  (2)  d'une 
seule  espèce  de  substance  indécomposable  et  indestructible.  C'est 
par  l'effet  de  la  combinaison  de  ces  éléments  en  diverses 
proportions  d'une  espèce  k  l'autre ,  et  dans  des  conditions 
déterminées,  que  se  forment  ensuite  les  innombrables 


(1)  Yoyez  la  not  n*  18. 

(2)  Toya  la  note  n*  4. 


6  THÂ)L06n  l»S  LA  NATDRB. 

substances  composées  que  nous  connaissons;  corps  non- 
seulement  fort  différents  entre  eux,  mais  le  plus  souvent 
encore  trè»- différents,  tant  par  l'apparence  que  par  leurs 
propriétés,  des  éléments  dont  ces  substances  binaires, 
ternaires,  ou  quaternaires ,  etc.,  sont  formées. 

Cette  erreur  des  anciens  Philosophes  n'était ,  comme  je 
viens  de  le  dire ,  due  au  fond  qu'à  l'état  arriéré  où  se  trouvait 
alors  la  science ,  et  non  à  une  fausse  appréciation  des  prîn* 
cipes;  c'est-^ire  qu'elle  venait  de  ce  qu'ils  crurent  qu'il 
n'existait  que  quatre  éléments,  tandis  qu'on  en  compte 
aujourd'hui  plus  de  cinquante ,  tels  que  tous  les  métaux  ^  le 
carbone  (diamant,  ou  charbon  pur),  le  soufre^  le  pftos- 
phorêf  etc.,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  substances  ordi- 
nairemept  gazeuses,  telles  que  Ywygine^  V hydrogène^ 
Yazote ,  le  chlore ,  etc. 

Il  n'était  pa«  si  facile  de  déterminer  de  quelle  nature 
pouvait  être  la  cause  active  ou  intellectuelle  de  l'univers , 
cette  cause  ne  tombant  nulle  part  directement  sous  les 
iBons  ;  d*où  Ton  fut  réduit  à  son  égard  k  de  simples  hypo- 
thèses ,  qui,  en  effet,  ne  manquaient  pas  d'être  établies  en 
assez  grand  nombre.  Tous  les  Philosophes  conçurent  toute- 
fois que  ce  principe  devait  être  infini^  afin  de  pouvoir  agir 
k  la  fois  partout;  que  sa  puiuance  était  $an$  bome$;  et 
qu'en  outre,  il  devait  être  d'une  ewtrtme  êubtUité,  ne 
pouvant  être  renfermé  dans  aucun  lieu  ;  et  voulant  cepen» 
dant  se  le  figurer,  la  plupart  des  anciens  Philosophes 
crurent  qu'il  devait  avoir  le  plus  d'analogie  avec  le  feu 
ou  avec  la  lumière,  qui  remplissent  en  effet  ces  trois 
conditions  ;  mais  ils  comprirent  toutefois  que  ces  caractères 
ne  suflSsaient  encore  pas,  cette  cause  active  devant  en 
outre  être  éminemment  intelligente^  vu  que  sans  cet  at« 
tribut  rien  de  ee  que  l'observation  fait  connaître  ne  peut 
avoir  reçu  l'existence;  aussi,  plus  tard,  le  plus  grand 
nombre  abandonna  avec  raison  les  attributs  de  simple 
matérialité  qu'on  y  avait  attachés.  Mais  il  p'à  pas  suffi  d'avoir 


cBAPiTBB  nmnHi, 


admis  amâ  reuBteoee  d'un  Dieu  créateur  sur  la  dmple 
probabilité  qu'il  devait  y  eo  avoir  un  qui  a  formé  l'univeri 
dans  son  imposante  immensité  ;  il  fallait  encore  le  prouver 
par  dea  démonstrations  irréfragables ,  afin  de  ne  laisser 
de  doute  à  personne ,  et  prévenir  par  Ik  tonte  espère  d'ob^ 
jectiong. 

En  effet ,  si  l'on  admet  pour  le  moment,  avec  les  matéria* 
listes,  que  la  matière  existe  de  toute  éternité,  avec  les 
propriétés  physiques  qui  la  caractérisent  dans  ses  nom-^ 
hreus^  variétés,  Tunivers  inorganique ,  avec  toutes  les  mo^ 
diâcatîons  qu'il  éprouve  sans  cesse,  ne  serait  que  le  résultat 
inévitable  de  la  fatalité  mathématique  attachée  aux  lois  qui 
régissent  cette  matière  ;  lois  qui  ne  sont  réellement ,  ainsi 
que  je  l'ai  déjk  dit ,  elles*-mèmes  que  les  eonséquaaces  nato^ 
relies  de  ces  propriétés*  Ce  principe  admis,  il  en  résulte, 
que  tous  les  phénom^s  purement  physiques  de  la  nar 
ture  sont  susceptibles  de  pouvoir  être  déterminés  avec  pré^ 
dsion  par  le  calcul ,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'admrttie 
ponr  cela  l'intervention  d'aucune  puissance  intellecttidle , 
tant  que  ces  phénomènes  ne  dépendent  toutefois  unique* 
ment  qne  de  la  matière  inorganique ,  où  l'agent  de  la  vie , 
dont  je  parierai  plus  bas,  ne  trouble  ou  ne  suspend  pas 
Faction  des  propriétés  inhérentes  k  la  matière  brute;  in« 
flnence  d'où  résultent  des  propriétés,  des  effets  et  des  pre» 
dttito  complètement  différente ,  qu'on  ne  trouve  nulle  part 
ailleurs  que  dans  la  nature  organique. 

Or  les  propriétés  physiques  fondamenteles  propres  à 
In  matière  sont  »  comme  on  sait  : 

i""  L'Éterrité  ou  L'iNDBSTRucTmiLiTÉ  ;  eucorc  cette  pnH» 
imété,  la  plus  fondamentele  de  toutes,  peut^e  être 
contestée,  comme  on  le  verra  phis  bas. 

^  L'Impénétrabilité,  véritable  axiome,  par  laquelle 
plusieurs  corps  ne  peuvent  se  trouver  k  la  fois  à  la 
même  place  :  c'est-k-dire  par  leurs  molécules  intégrantes 
on  atomes. 


H  THiOliOGIB  DB  LA  VATCRB. 

3*  La  Persistance  dans  le  statu  quo  de  L'bERTiB  ou  du 
Mouvement;  deux  conditions  opposées,  dans  lesquelles  la 
matière  peut  se  trouver  :  dont  la  première  est  toutefois  seule 
primitive  et  la  seconde  toujours  communiquée,  mais  chacune 
se  maintenant  jusqu'à  ce  qu'une  cause  étrangère  transforme 
Tune  dans  Tautre.  Ces  deux  états  diffèrent  ensuite  essentiel- 
lement, en  principe,  en  ce  que  le  mouvement  de  deux  corps 
qui  se  rencontrent  est  toujours  diminué  ou  anéanti  par  Ik ,  et 
ces  corps  ainsi  ramenés  k  Tétat  de  repos  ;  tandis  que  le  contact 
de  deux  corps  immobiles  ne  produit  jamais  le  mouvement, 
si  ce  n'est  par  leur  attraction ,  cause  difiérente  de  l'inertie. 
C'est-k-dire  que  le  mouvement  d'un  corps  en  détruisant 
celui  d'un  autre ,  amène  celui-ci  k  l'état  primitif  de  repos  ; 
tandis  que  l'inertie  d'un  corps  ne  détruit  pas  celle  d'un 
autre  pour  le  ramener  au  mouvement  qui  aurait  été  sa 
condition  première.  D'ailleurs  le  mouvement  dû ,  soit  k  l'at- 
traction ,  soit  k  la  répulsion  des  corps ,  les  seules  causes  qui 
puissent  le  produire ,  n'ont  jamais  lieu  que  dans  la  direction 
de  la  ligne  droite  passant  par  leurs  centres;  d'où  le  mouve- 
ment est  nommé  cetUripite  ou  centrifuge;  et,  dans  aucun 
cas,  ce  mouvement  ne  saurait  avoir  lieu  en  suivant  une 
autre  direction  ;  d'où  résulte  encore  que  tout  mouvement 
dans  une  direction  difiérente  de  celle-ci  est  nécessairement 
communiqué  par  une  force  étrangère  aux  propriétés  de  ce 
corps.  C'est  ainsi  que  le  mouvement  tangentiel  imprimé  k 
une  masse  matérielle  qui  circule  autour  d'une  autre,  dans 
une  trajectoire  courbe ,  ne  saurait  être  uniquement  le  résultat 
des  propriétés  ni  du  corps  circulant  ni  du  corps  central  ;  le 
mouvement  courbe  étant,  ainsi  qu'on  le  démontre,  toujours 
dû  k  deux  impulsions ,  dont  l'une  attractive  entre  ces  deux 
corps ,  et  la  seconde  une  force  imprimée  dans  une  autre 
direction  au  corps  circulant  (1). 


(1)  Voyei  la  note  n«  25. 


GBAFimS  TREIIIBR.  9 

4*  L*Attb ACTION  (1),  par  laquelle  les  particules  ou  atomes 
des  corps  tendent  à  se  rapprocher  les  unes  des  autres ,  soit 
dans  la  même  masse  dont  elles  font  partie ,  soit  d*une  masse 
à  l'antre. 

5*  Là  Capaoté  pour  le  Calorique;  propriété  qu'ont 
tons  les  corps  de  retenir  entre  leurs  atomes  une  quantité 
plus  ou  moins  grande  de  calorique  ;  élément  dont  la  nature 
ii*est  d'ailleurs  connue  que  par  ses  effets  :  tels  que  la 
dSatation  des  corps  que  cette  interposition  produit  et  la 
sensation  de  la  chaleur  qu'on  en  ressent,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  résultats  encore,  dus  à  cette  même  inter* 
position  • 

6""  L'Électrictté  ,  LB  Galtanisme  et  le  BIagnéusme  , 
trois  propriétés  qui  paraissent  avoir  de  très-grandes  analo- 
gies ,  et  qui  consistent  dans  la  faculté  plus  on  moins  grande 
qu'ont  certaines  substances  de  pouvoir,  d'une  part  concen- 
trer en  elles  une  quantité  variable  d'un  fluide  accidentelle- 
ment répandu  partout,  mais  dont  la  nature  est  encore  in- 
connne ,  et  qu'on  désigne  sous  les  noms  de  fluide  électrique^ 
galvanique  et  magnétique;  ou  bien  de  pouvoir  leur  servir 
d'agent  conducteur. 

De  ces  différentes  propriétés  essentielles  de  la  matière, 
il  en  résulte  plusieurs  autres,  soit  comme  simples  mo- 
difications ,  soit  comme  conséquences  nécessaires ,  et  pro- 
duisant des  effets  déterminés  réglés  par  des  Lois  capables  de 
pouToir  être  exprimées  par  des  formules  mathématiques , 
d'où  découle  la  nécessité  absolue  que  ces  effets  doivent 
aToir  lieu,  sans  qu'on  soit  obligé  d'admettre  pour  cela 
l'intervention  d'une  puissance  intellectuelle  quelconque. 

C'est  ainsi  que  le  principe  de  V éternité  de  la  matière  em- 
porte avec  lui  la  conséquence  rigoureuse  que  cette  matière 
peut  subir  une  foule  de  modifications ,  sans  pouvoir  jamais 
être  détruite. 

(1)  Toyei  la  note  n*  5. 


10  TB<OU»ni  M  LA  «Afm. 

VimpinitraHHii  et  la  fone  i'inêrHé  par  lesqaelléB  h 
tière  r^iate  k  toat  corpa  qui  tend  à  la  déplacer  pour  prendre 
sa  place  «  déterminent  le;  mouvement  dans  le  corpa  déplacé 
par  Teffet  du  choc  qui  résulte  de  cette  rencontre  ;  mouve- 
ment réglé  par  une  loi  qui  veut  qu'il  aoit  raetiligne,  et  se 
fasse  avec  une  vitesse  telle ,  que  U  eorpi  mobiU  parcmÊn 
des  espaces  égaux  en  temps  égauœ. 

D*après  une  antre  loi  également  mathématique ,  tout  corps 
sollicité  k  la  fois  k  suivre  la  direction  de  deux  mouvements 
différents ,  prend  la  direction  unique ,  moyenne ,  entre  les 
deux  directions  initiales  ;  et  cela  de  manière  qu'en  temps 
égaux,  cette  direction  et  retendue  parcourue  sont  repré- 
sentées par  la  disposition  et  ia  longueur  de  la  diagonale  d*un 
parallélogramme ,  dont  les  côtés  adjacents  représentent  les 
directions  et  les  vitesses  proportionnelles  des  denx  mouve- 
ments primitifs  ;  d'où  ce  parallélogranune  inrend  le  non  de 
parallélogramme  des  forces  (1). 

V attraction  présente  k  son  tour  divers  effeta ,  dont  eh»- 
cun  offre  des  phénomènes  particuliers ,  tous  soumis  à  des 
lois  rigoureusement  déterminées.  Quant  k  la  propriété  en 
général,  elle  est  soumise  k  la  loi  universelle,  qui  veut  que  Ici 
corps  s* attirent  avec  une  force  proportionnelle  à  leurs  mofs», 
et  en  raison  inverse  des  carrés  des  distances. 

Il  résulte  comme  conséquence  mathématique  de  ces  deux 
lois ,  que  lorsque  les  deux  corps  ne  sont  pas  en  contact , 
leur  attraction  réciproque  détermine  en  eux  un  mouvemmt 
l'un  vers  l'autre,  avec  une  vitesse  accélérée  telle  que  les 
distances  parcourues  en  temps  égaux  sont  proportionndlee 
aux  chiffres  primitifs  ci-après  :  1,  3,  5,  7,  0, 11 ,  etc*  ;  d'où 
résulte  comme  conséquence  que  les  distances  parcourues 
dana  des  temps  déterminés  depuis  le  commencement  du 
mouvement  jusqu'au  moment  où  le  corps  mobile  eat  censé 
s'arrêter,  distances  dont  la  somme  égale  celle  de  tons  ces 


(1)  Voyes  la  note  n*  27. 


paeeft  préeëdemmettt  parcoorns ,  sont  représentées  par  les 
carriê  des  nombres  primitifs  entiers  1,  2,  3,  4,  S,....  etc., 
c'est-k-dire  par  1,  4, 9, 16, 25,...  etc. ,  vu  que  dans  la  série 
des  chiffres  impairs:  l+3c34;+8  =  9;  +  7=sl6;+9  = 
25 ,  etc.  D*où  résulte  que,  si  un  corps  est  attiré  par  un  autre, 
tel  que  (a  Terre ,  ce  que  dans  le  discours  ordinaire  on  ap- 
pdle  tomber ,  ce  corps ,  qu'en  terme  de  physique  on  appelle 
un  corps  grave ,  s'en  approchera  ou  tombera  dans  la  pre- 
mière seconde  d'une  distance  égale  k  1  ;  dans  la  seconde 
suivante ,  il  parcourra  une  distance  3  ;  dans  la  troisième 
seconde  S  fois  la  première ,  et  ainsi  successivement  en  par^ 
eonrant  des  espaces  représentés  par  les  distances  7,9, 
li,  etc.  Dans  les  deux  premières  secondes,  il  tombera 
d'une  distance 4,  dans  trois  d'une  distance  9,  etc.,  tout 
cela  n'étant  que  des  conséquences  forcées  de  la  loi  de  la 
gravitation  universelle. 

Lorqu'au  contraire  les  corps  qui  gravitent  l'un  vers  l'autre 
sont  en  contact ,  ils  se  pressent  avec  toute  la  force  de  leur 
attraction ,  et  si  les  points  de  contact  des  molécules  par  les^ 
quelles  ils  se  touchent  sont  assez  nombreux ,  il  en  résulte  une 
«ttraetidn  si  forte  qu'on  a  de  la  peine  k  les  séparer  ;  et  alors 
lia  sont  ce  qu*on  nomme  adhérents  ;  et  si  l'union  est  enriè*- 
rement  intime  entre  toutes  les  molécules ,  l'attraction  étant 
la  plus  grande,  il  en  naît  la  cohésion  parfaite,  oii  les  deux  par- 
ties ne  forment  plus  qu'une  seule  Masse  ou  un  seul  Corps. 

Tant  que  la  matière  n'agit  que  par  son  attraction ,  il  ne 
résulte  djii  rapprochement  de  ses  particules  que  la  simple 
agglomération  de  oeUes*ci  formant  la  masse  ;  mais  les  atomes 
eottstituants  peuvent  être  rapprochés  dans  divers  sens ,  d'où 
résultent  des  cohésions  diverses  dont  la  plus  parfaite  paraît 
avoir  lien ,  lorsque  ces  atomes  s'avoisinent  le  plus  près,  par 
certains  de  leurs  côtés. 

Or  comme  les  atomes  ou  les  particules  les  plus  petites  de 
la  matière  sont  tellement  ténus*  qu'ils  restent  imperceptibles 
même  avec  le  secours  des  microscopes  les  plus  puîssauts , 


i2  THiOLOGIB  DE  LA  NATURE. 

dont.  le  pouvoir  amplialif  est  de  plos  de  deux  mille  fais  le 
diamètre ,  on  huit  milliards  de  fais  le  Tolume ,  on  ne  peut 
faire  que  des  conjectures  sur  leur  grandear,  leur  forme  et 
leur  disposition  dans  chaque  espèce  de  corps  ;  mais  les  effets 
produits  donnent  toutefois  à  penser  que  ces  atomes  ont 
dans  chaque  substance ,  sinon  des  formes  particulières,  du 
moins  divers  pôles ,  où  leur  activité  d'attraction  est  diffé- 
rente ;  de  manière  que  leur  action  l'un  sur  l'autre  varie 
suivant  qu'ils  s'avoisinent  par  telle  ou  telle  surface  ou  pôle. 
Cette  opinion  trouve  une  très-belle  démonstration  dans  la 
formation  des  matières  cristallisées  qui  se  présentent  con- 
stamment sous  des  formes  géométriquement  régulières ,  et 
dont  les  diverses  variétés  qu'offre  la  même  espèce  de  sub- 
stance ,  se  laissent  parfaitement  ramener,  soit  par  la  théorie 
mathématique ,  soit  même  mécaniquement  k  une  seule  forme 
simple ,  qu'on  considère,  avec  beaucoup  de  raison ,  comme 
celle  de  la  molécule  primitive  (1). 

Ne  pouvant  pas  entrer  ici  dans  tous  les  détails  de  la  théorie 
de  la  formation  des  cristaux,  je  me  bornerai  à  un  seul 
exemple ,  simplement  pour  faire  comprendre  cette  théorie 
aux  personnes  qui  ne  se  sont  pas  occupées  de  l'étude  parti- 
culière de  la  cristallographie ,  et  surtout  pour  faire  concevoir 
la  disposition  des  molécules  les  unes  k  l'égard  des  autres 
dans  les  corps  solides. 

Supposons  que  cette  molécule  primitive,  c'est-^-dire  la 
particule  la  plus  petite  possible  d'une  substance,  ou  en 
d'autres  termes  Yatome  ait  la  forme  d'un  cube  présentant 
trois  axes  qui  traversent  son  centre  en  formant  des  angles 
droits  entre  eux ,  et  dont  les  pôles  sont  au  milieu  de  cha- 
cune des  six  faces  du  cube  ;  admettons  aussi ,  ce  qui  en  effet 
parait  certain ,  que  ces  molécules  s'attirent  entre  elles  sui- 
vant l'analogie,  ou  plutôt  suivant  l'opposition  des  pôles 
semblables,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  l'aimant.  Si  ces  mo- 

(1)  Voyei  la  triOailographie  de  Haut. 


CHAFITRB  PREMIER.  43 

léeoles  se  trouvent  dans  des  conditions  favorables ,  surtout 
pour  ce  qui  a  rapport  à  leur  liberté  de  mouvement ,  tel  que 
cela  a  lieu  lorsqu'ils  sont  à  l'état  de  dissolution  dans  un  li- 
quide ,  elles  se  rapprocheront  par  l'effet  de  leur  attraction , 
et  s'ajusteront  parfaitement  les  unes  aux  autres  par  leurs 
faces,  ou  plutôt  suivant  leurs  pôles ,  ce  qui  revient  au  même , 
en  adhérant  avec  une  telle  force  les  unes  aux  autres ,  que 
leur  masse  commune  formera  un  corps  solide ,  absolument 
comme  des  pierres  de  taille  cubiques  forment  un  mur  ;  et  le 
tout  constituera ,  lorsque  l'assemblage  n'est  point  troublé , 
soit  un  autre  cube  beaucoup  plus  grand ,  soit  tout  autre 
corps  susceptible  de  pouvoir  être  construit  mécaniquement 
avec  des  cubes ,  tels  que  des  parallélipipèdes  carrés ,  et  sou- 
vent allongés  en  longues  aiguilles  ;  corp  squi ,  vu  la  régula- 
rité de  leurs  formes,  reçoivent  le  nom  de  Cristaux. 

Mais  il  arrive  aussi  que  les  molécules ,  en  s'appliquant 
par  couches  contre  un  cube  plus  ou  moins  grand  déjà  formé, 
n'atteignent  pas  complètement  les  bords  de  ses  six  faces, 
restant  à  chaque  arête,  en  retraite  d'une  ou  de  plusieurs 
rangées,  maïs  toujours  régulièrement,  suivant  l'analogie  de 
ces  arêtes;  d'où  naît,  dans  l'ensemble  du  cristal  formé,  di- 
verses autres  formes  géométriques ,  telles  que  des  Pyra- 
mides ,  des  Octaèdres  réguliers ,  des  Dodécaèdres  rhombdi- 
iaux  ou  pentagonaux^  ainsi  que  plusieurs  autres  encore  (1), 
toutes  parfaitement  déterminées  par  le  calcul. 

Dans  d'autres  substances,  dont  les  atomes  sont  différents 
du  cube,  il  naîtra  en  conséquence,  mais  toujours  de  la 
même  manière,  des  cristaux  de  formes  différentes  qui 
servent  k  les  distinguer. 

C'est  ainsi  que  malgré  la  rigoureuse  régularité  des  cris- 
taux et  leurs  formes  si  variées ,  il  n'est  aucunement  néces- 
saire d'admettre  qu^une  intelligence  suprême  ait  jamais  pré- 
sidé k  leur  formation,  qui  ne  dépend,  comme  on  voit, 

(1)  Voyo  la  note  n«  0. 


14  THfiOUOfi»  W  U  SATURE. 

uniquement  que  des  lois  d'attraction  entre  les  atomes  des 
diverses  substances  ;  d'où  résulte  que  le  Minéralogiste  qui 
bornerait  son  étude  purement  et  simplement  k  la  recherche 
des  causes  immédiates  de  la  formation  des  cristaux ,  pour- 
rait fort  bien  être  athée  ;  ne  voyant  rien  devant  lui  que  la 
matière  brute  »  mise  en  activité  par  les  propriétés  qui  lui 
sont  inhérentes  de  toute  éternité  ;  propriétés  soumises  à  la 
rigueur  des  calculs  »  objet  spécial  des  recherches  du  Cristal- 
lographe. 

Lorsque  les  molécules  d'une  substance  quelconque  ne 
sont  au  contraire  pas  dans  les  conditions  parfaitement  favo- 
rables pour  former  des  cristaux ,  elles  ne  se  précipitent  pour 
cela  pas  moins  les  unes  sur  les  autres ,  pour  former  des 
amas,  qui  ont  souvent  encore  en  partie  l'aspect  de  cristaui:, 
lorsque  les  causes  perturbatrices  n'ont  eu  qu'une  légère 
influence;  ou  bien  la  masse  qu'elles  forment  est  plus  ou 
moins  confuse  dans  ses  parties ,  quand  les  molécules  n'ont 
pas  pu  se  ranger  convenablement  lors  de  la  formation  de  la 
masse.  C'est  ainsi  que  la  chaux,  par  exemple,  présente, 
lorsque  les  conditions  sont  favorables,  des  formes  cristal- 
lines variées,  parfaitement  régulières  et  d'une  limpidité 
souvent  fort  belle;  tandis  que,  dans  le  second  cas,  elle 
constitue  une  foule  de  cailloux  d'une  cristallisation  trou- 
blée, dont  la  cassure,  plus  ou  moins  brillante,  indique  ce 
genre  de  formation ,  et  lui  donne  une  apparence  vitreuse , 
telle  qu'on  la  trouve  dans  le  marbre;  et,  dans  le  troisième 
cas,  elle  constitue  une  masse  au  contraire  tout  à  fait  opaque, 
sans  forme  appréciable,  que  nous  offre  la  craie,  qui  n'a  été 
formée  que  par  un  précipité  confus. 

Mais  les  molécules  des  corps  ne  jouissent  pas  uniquement 
de  cette  faculté  de  s'unir  par  leur  attraction ,  pour  former 
des  cristaux  ou  des  agglomérations  confuses  ;  leurs  autres 
propriétés ,  en  se  réunissant  à  celle-ci ,  produisent  encore 
différents  effets,  également  soumis  à  la  nécessité  mathéma- 
tique. 


cuàtrtBM  romisR.  |j| 

En  effet ,  il  rëcailte  dëjk  du  fait  même  de  l'attraction  entre 
le$  molécules  pour  se  ranger  plus  ou  moins  régulièrement  les 
unes  k  Tégard  des  autres  »  et  cela  avec  une  force  plus  ou 
moins  grande,  que  si,  par  une  cause  quelconque,  elles  se 
trompent  momentanément  un  peu  dérangées  dans  leur  co* 
bésion  dans  un  corps,  cette  même  attraction  leur  fait  subi- 
tement reprendre  leur  position  primitive ,  sitôt  que  Faction 
qui  les  a  déplacées  cesse.  Il  résulte  de  Ik  que  si  la  cause 
étrangère  dont  je  viens  de  parler  agit  sur  une  masse  d'une 
étendue  un  peu  considérable ,  un  certain  nombre  de  molé- 
eules  se  trouvant  déplacées  dans  le  même  sens ,  tous  les  petits 
mouvements  qu'elles  font  entre  elles ,  s'ajoutant  les  uns  aux 
autres ,  le  corps  change  sensiblement  de  forme  et  de  direo 
tîon  :  c'est-k-dire  qu'il  se  déplace  et  se  plie  ;  et  revenant 
ensuite  sur  lui-même ,  il  exécute  un  piouvement  contraire 
qu'on  appelle  sa  Réaction  ;  et  la  faculté  qu'il  a  de  reprendre 
ainsi  sa  condition  primitive,  est  ce  qu'on  nomme  Y  Élasticité; 
propriété  secondaire  des  corps  qui  n'est  pas  la  même  dans 
tous.  Or  cette  force  de  réaction  est  généralement  plus  faible, 
et,  probablement,  jamais  égale  à  celle  qui  a  causé  le  dépla-* 
cernent;  d'où  il  résulte  que  cette  action  étant  souvent  répé- 
tée, le  corps  finit  par  conserver  une  forme  différente  de  celle 
qu'il  avait  en  premier. 

Si  le  déplacement  a  été  produit  dans  un  corps  inerte ,  par 
on  autre  en  mouvement  qui  vient  k  le  frapper,  il  le  repous- 
sera par  sa  réaction ,  avec  une  force  plus  ou  moins  grande , 
dans  la  direction  opposée  k  celle  dans  laquelle  le  déplace- 
placement  a  eu  lieu  ;  et  c'est  ce  mouvement  de  retour  du 
corps  mobile  qu'on  nomme  sa  Réflexion  ;  mouvement  qui  a 
toujours  lieu,  ainsi  que  le  montrent  l'observation  et  le  calcul, 
dans  une  direction  telle,  qu'eu  abaissant  sur  le  corps  cho- 
qué (PI.  I,  fig-^j  cdef)  une  perpendiculaire  (bg)  au  point 
frappé  par  le  mobile ,  l'angle  que  cette  perpendiculaire  forme 
avec  la  direction  (ag)  dans  laquelle  le  corps  mobile  s'est 
dirigé  vers  le  corps  fixe,  et  qu'on  nomme  V Angle  d'incidence, 


16  THiOUMB  DB  LA  HATOU. 

est  égal  à  V Angle  de  riflexUm  (bgr) ,  on  celui  que  la  même 
perpendiculaire  forme  avec  la  direction  que  prend  le  corps 
mobile  après  la  réaction  du  corps  fixe.  Cet  effet  étant  dé- 
montré mathématiquement  comme  une  nécessité  absolue, 
devient  une  des  principales  lois  de  la  physique,  qui  en* 
traîne  une  foule  de  résultats  remarquables,  tous  capables 
de  pouvoir  être  déterminés  par  le  calcul;  de  sorte  que,  en- 
core ici,  tout  est  forcé  par  les  propriétés  inhérentes  à  U 
matière. 

Une  autre  propriété  principale ,  mais  qui  n'appartient  qu*k 
la  lumière,  est  ce  qu'on  appelle  la  RifrangibiliU ^  dont 
l'effet  est  la  Réfraction ,  par  laquelle  un  faisceau  de  lumière 
qui  frappe  la  surface  d'un  corps  transparent,  pénètre  en 
partie  dans  son  intérieur  et  le  traverse  en  se  déviant  de  sa 
direction  primitive,  se  rapprochant  de  la  perpendicalaire 
abaissée  sur  la  surface  de  ce  corps  au  point  de  contact  ;  et 
cela  d'une  quantité  variable  suivant  la  nature  du  corps  dans 
lequel  la  lumière  pénètre  (1).  C'est  sur  les  effets  de  cette 
propriété  que  sont  fondés  tous  les  phénomènes  de  VOptique, 
partie  de  la  physique  qui  traite  de  la  lumière  et  des  couleurs, 
et  dont  la  plus  sublime  application  se  trouve  dans  l'œil ,  le 
plus  admirable  appareil  d'optique  qu'on  puisse  concevoir  : 
appareil  dans  lequel  l'usage  de  plusieurs  parties  est  encore 
inexpliqué,  et  le  restera  peut-être  toujours. 

Cette  propriété  de  la  réfrangibilité  des  corps  parait ,  au  pre* 
mier  aperçu,  être  en  contradiction  avec  la  propriété  fondamen- 
tale de  l'impénétrabilité;  mais  elle  ne  l'est  qu'en  apparence. 
En  effet ,  cette  dernière  propriété  a  essentiellement  rapport 
\k  la  matière  réelle ,  résidant  dans  chacun  des  atomes  en  par- 
ticulier qui  composent  les  corps  ;  et  la  lumière  qui  traverse 
la  masse  de  ces  derniers  (2) ,  parait  passer  entre  eux  en  se 


(1)  Voyez  la  note  n*  31. 

(2)  Que  la  lumière  soit  un  fluide,  comme  on  le  pensait  autrefoia,  on  la 
simple  vBnration  d'un  fluide,  ainsi  qu'on  le  croit  aujourd'hui. 


CHAPimB  niBICISR.  17 

réfléchissant  de  Tnii  ^  Faatre,  comme  le  fait  un  corps  mo* 
bile  qui  pénètre  obliquement  dans  un  canal  dans  lequel  il 
est  alternativement  réfléchi  d'une  paroi  vers  celle  qui  lui  est 
opposée  jusqu*k  sa  sortie. 

En  effet ,  quoique  les  corps  que  nous  nommons  solides , 
offrent  fort  souvent  une  très-grande  compacité ,  d*où  Ton 
serait  disposé  à  admettre  que  les  molécules  matérielles  qui 
les  composent  sont  très- rapprochées,  même  au  contact 
absolu;  certains  faits  paraissent  toutefois  prouver  le  con- 
traire. On  sait,  par  exemple,  que  plusieurs  substances  en 
apparence  non  poreuses ,  telles  que  le  plomb ,  sont  suscep- 
tibles de  pouvoir  être  réduites ,  soit  par  la  compression ,  soit 
par  le  martelage,  à  un  volume  moindre  que  celui  qu'elles 
avaient  d'abord.  Le  corps  ne  perdant  rien  de  sa  matière  dans 
cette  opération ,  il  est  évident  que  ce  sont  simplement  ses 
molécules ,  qui  primitivement  plus  ou  moins  espacées ,  se 
rapprochent  par  la  force,  et  restent  ensuite  placées  à  une 
moindre  distance  ;  d'où  le  corps  se  trouve  réduit  dans  son 
volutne^  mais  non  amoindri  dans  sa  masse;  et  cela  jusqu'il 
ce  qu'une  autre  cause  k  effet  contraire  le  ramène  à  ses  pre- 
mières dimensions  :  résultat  généralement  produit  par  le 
calorique,  dont  il  sera  question  plus  bas.  En  effet,  la  simple 
diminution  de  ce  dernier  agent  suffit  déjk  pour  resserrer  les 
corps,  qui  se  dilatent  de  nouveau  par  son  accumulation 
dans  leur  intérieur.  Voici  comment  on  peut  expliquer  ces 
différents  résultats  : 

J'ai  dit  un  peu  plus  haut  que  les  atomes  ou  molécules  des 
corps  avaient  probablement  une  forme  déterminée  dans 
chaque  substance ,  comme  le  eube^  le  tétraèdre  régulier^  le 
prisme,  etc.  ;  et  que  ces  corpuscules,  en  s'atfirant  par  cer- 
taines de-  leurs  faces,  s'aggloméraient,  se  fixaient,  et  for- 
maient ensemble  une  masse  ou  corps.  Mais  il  résulte  de 
l'expérience  dont  je  viens  de  parler  que  ces  molécules  ne 
sont  d'ordinaire  pas  en  contact  parfait  ;  laissant  eqtre  elles 
des  espaces  peut^e  même  souvent  plus  grands  que  leur 

I.  2 


iê  TBioMNUi  m  ul  haiurb. 

propre  diamètre;  écartement  d6  absolameDt,  ou  du  moins 
en  partie,  au  calorique  interposé,  qui  jouissant  de  la  pro- 
priété contraire  à  Tattraction ,  diminuait  Teffet  de  celle-ci , 
et  la  détruisait  même  en  apparence,  en  la  rendant  presque 
nulle  par  l'effet  du  grand  écartement  qu*il  produit  entre  les 
molécules  des  corps ,  mais  sans  la  détruire  ea  réalité.  Or 
c'est  dans  ces  espaces  ménagés  entre  les  molécules  que 
passent  la  lumière  et  le  calorique ,  et  cela  avec  plus  ou 
moins  de  facilité . 

Pour  ce  qui  est  de  la  lumière,  il  n'y  a  peut-être  aucune 
substance  qui  lui  refuse  complètement  le  passage ,  et  soit 
ainsi  parfaitement  opaqus;  les  métaux  mêmes  devenant 
translucides  lorsqu'ils  sont  réduits  à  une  très-faible  épais- 
seur. Les  corps  dits  transparents  laissent  traverser  la  lu- 
mière en  assez  grande  quantité ,  et  ceux  appelés  diaphanes 
ou  limpides  la  laissent  passer  en  majeure  partie. 

Quant  au  calorique,  il  pénètre  dans  tous  les  corps  sans 
exception,  les  traverse  avec  plus  ou  n)oins  de  facilité, 
suivant  qu'ils  sont,  comme  on  dit,  plus  ou  moins  candmc^ 
teurs  du  calorique  ou  de  la  chaleur.  C'est  ainsi  que  les  né- 
taux  sont  en  général  de  si  bons  conducteurs  de  cet  agent, 
qu'une  tige  de  cette  substance  fortement  chauffée  à  l'une 
de  ses  extrémités  devient  en  peu  d'instants  très-chaude  à 
l'autre  ;  tandis  que  le  verre,  le  bois,  et  surtout  le  charbon, 
offrent  le  caractère  contraire ,  pouvant  être  chauffés  jusqu'à 
Tincandescence  dans  une  de  leurs  parties,  pendant  que  tout 
près  de  là  on  peut  les  toucher  sans  ressentir  une  chaleur 
bien  marquée.  On  ne  connaît  point  de  corps  qu'on  puisse 
considérer  comme  complètement  privé  de  tout  calorique ,  et 
qui  offrirait  ainsi  le  zéro  absolu  de  chaleur  ou  ie  froid  par- 
fait.  Ce  qu'on  nomme  vulgairement  le  zéro  de  température 
est  un  degré  adopté  comme  tel  par  convention.  Pour  le  iher^- 
momètre  de  Réaumur  et  le  centigrade ,  c'est  le  point  où  la 
glace  d'eau  distillée  est  fondante  ;  et  pour  le  ther$nonwêr$ 
de  FarenheU^  dont  les  Anglais  seuls  font  usage»  c'est  le  point 


isiumâB  tniHiBa.  19 

de  Ift  oongélatira  du  mercure,  qui  a  lieu  h  une  température 
bien  inférieure  k  celle  de  la  congélation  de  l'eau. 

De  riptroduction  du  calorique  dans  les  corps  résulte  pour 
ceux-ci  trois  états  bien  distincts,  selon  la  quantité  de  cet 
agent  qui  les  pénètre ,  mais  extrêmement  variables ,  selon 
l'espèce  de  chaque  substance  :  ce  sont  l'état  solide ,  l'état 
fiuidi  et  l'état  gaseux. 

Toutes  les  substances  peuvent  être  chargées  d'une  quan* 
tité  plus  ou  moins  grande  de  calorique,  sans  cesser  de  for- 
mer des  corps  compactes,  dits  9olide$  ;  mais  arrivés  k  un 
point  spécial  pour  chacune»  les  molécules  d'un  tel  corps  se 
désagr^ent  par  l'effet  de  la  répulsion  que  produit  entre 
elles  le  calorique,  qui  ayant  k  la  fin  contre-balancé  en  grande 
partie  leur  force  d'attraction ,  leur  permet  de  glisser  avec 
une  grande  facilité  les  unes  sur  les  autres ,  d'où  résulte  que 
les  particules  de  ce  corps  n'adhérant  plus  suffisamment  les 
unes  aux  autres ,  leur  masse  ne  conserve  plus  sa  forme  pri- 
mitive ;  et  les  molécules  n'obéissant  plus  alors  qu'k  la  force 
d'attraction  que  le  globe  terrestre  exerce  sur  chacune  en 
particulier,  eÛes  se  portent  dans  les  parties  plus  déclives 
de  l'objet  qui  les  supporte  ;  et  le  corps  fondu  offre  alors  ce 
qu'on  nomme  sob  itai  liquide.  C'est  ainsi  que  tous  les  mé- 
taux ,  le  soufre ,  le  verre ,  la  glace ,  etc. ,  deviennent  liquides 
par  fusion  an  moyen  du  feu  ;  et  si  une  foule  de  substances 
n'offrent  pas  le  même  résultat ,  c'est ,  ou  qu'on  ne  peut  pas 
produire  artificiellement  une  température  assez  élevée  pour 
cela ,  on  qu'il  s'opère  auparavant  en  elles  une  décomposi- 
tion qui  dkattge  leur  caraotère  primitif.  C'est  ainsi  que  le 
marbre^  par  exemple,  est  un  corps  composé  d'un  métal 
nommé  calcium ,  combiné  k  du  ga«  ôcn/giné ,  avec  lequel  il 
forme  de  la  ckaws;  substance  qui  se  trouve  combinée  en 
outre  avec  de  Vûidde  earhonifi$e^  en  constituant  avec  lui 
l'espèoe  UMnàvIe  appelée  pour  cela  earbonaH  de  chauœ  ;  et 
etfin  oelniHâ  est  encore  combiné  avec  de  I>ati,  qui  lai  per- 
met de  sa  eriHaUiaer  pour  oomtiluer  enfin  le  marbre.  Or,  en 


tO  TirfoLOGIB  BK  lA  NATURB. 

chauffant  fortement  ce  dernier,  il  perd  par  éraporation  cette 
eau  de  cristallisation ,  ainsi  que  son  acide  carbonique ,  et 
devient  ainsi  de  la  châtia;  (vive)  ;  substance  que  par  aucune 
chaleur  artificielle  on  n'est  parvenu  à  rendre  liquide,  ni 
même  à  décomposer  en  ses  éléments ,  le  calcium  et  Toxy- 
gène.  Il  serait  d'ailleurs  possible  que  si  Ton  pouvait  former 
un  foyer  assez  ardent ,  la  chaux  s'y  décomposât  plutôt  que 
de  fondre. 

Mais  les  diverses  substances  ne  sont  pas  seulement  sus- 
ceptibles de  devenir  liquides  par  l'effet  du  calorique  ;  celui- 
ci,  en  y  pénétrant  en  plus  grande  quantité ,  finit  par  écarter 
tellement  leurs  molécules  qu'elles  ne  s'avoisinent  plus  ;  et 
devenant  même  k  la  fin  répulsives  les  unes  \k  l'égard  des 
autres,  par  l'effet  du  même  agent,  elles  remplissent  un  es* 
pace  immensément  plus  grand ,  en  présentant  le  caractère  de 
l'air;  disposition  qu'on  nomme  état  gazeux^  ou  de  vapeur; 
d'où  les  substances  ne  peuvent  sortir  qu'en  perdant  une 
partie  plus  ou  moins  considérable  du  calorique  qui  tient 
leurs  molécules  ainsi  écartées. 

Plusieurs  substances  se  maintenant  d'ailleurs  dans  ce 
dernier  état  à  la  température  ordinaire  de  la  surface  du 
globe  terrestre,  n'y  existent  nulle  part,  ni  k  l'état  liquide, 
ni  à  l'état  solide.  Tels  sont  l'air,  fluide  composé  de  plusieurs 
gaz  simplement  mélangés  ;  et  plus  spécialement  é'azote  et 
à'oxygène-j  V hydrogène^  V acide  carbonique,  ainsi  que  tous 
les  autres  gaz  naguère  encore  considérés  comme  perma- 
fienU  ^  mais  dont  plusieurs  ont  été  réduits  k  l'état  liquide , 
soit  par  la  compression ,  soit  par  un  froid  artificiel  très- 
considérable. 

Or,  dans  toutes  ces  propriétés  physiques  de  la  matière , 
ainsi  que  dans  un  grand  nombre  d'autres  dans  les  détails 
desquelles  je  ne  puis  pas  entrer  ici ,  et  dans  les  effets  in- 
nombrables qu'elles  produisent  comme  conséquences  im- 
médiates, tout  est  également  soumis  k  des  lois  mathéma- 
tiques qui ,  forçant  les  résultats  »  ne  montrent  en  rien  la 


CHAPITRE  PREHIBR.  21 

nécessite  d'admettre,  qn'ane  intelligence  sopréme  ait  présidé 
à  tons  ces  arrangements ,  quelque  admirables  qu'en  soient 
les  effets. 

En  dehors  de  ces  propriétés  générales  de  toute  matière , 
dont  je  viens  de  faire  mention ,  et  qui  sont  spécialement  do 
ressort  de  la  Phtsique  proprement  dite  »  il  en  existe  encore 
d'autres  en  quantités  innombrables ,  pour  la  plupart  égale- 
ment inhérentes  k  la  matière  brute ,  mais  formant  toutefois 
une  catégorie  k  part ,  comme  attachées  spécialement  k  telle 
ou  telle  espèce  de  substance ,  et  connues  sous  le  nom  de 
prupriétii  chimiques ,  dont  l'étude  et  la  théorie  constituent 
la  science  de  la  chimie. 

De  toutes  ces  propriétés ,  les  unes  sont  attachées  aux  di- 
verses espèces  de  matières  primitives^  simples ^  ou  iU^ 
ments  (i)j  et  d'autres  naissent  de  la  combinaison  de  deux, 
trois  ou  quatre  de  ces  éléments ,  lorsqu'ils  se  réunissent 
sous  certaines  conditions ,  pour  constituer  des  corps  corn- 
posés  avec  des  propriétés  nouvelles  le  plus  souvent  com- 
plètement différentes  de  celles  dont  jouissent  les  éléments 
dont  ces  substances  complexes  sont  formées. 

Ces  différentes  combinaisons  ont  lieu  par  l'effet  de  divers 
modes  d'attraction  qui  existent  entre  les  atomes  constituants 
des  substances 9  mais  qui  ne  sont,  peut-être,  que  de  simples 
modifications  de  l'attraction  universelle  qui  fait  graviter  tous 
les  atomes  les  uns  vers  les  autres;  modes  où  le  plus  fort 
détruisant  l'effet  du  plus  faible  en  le  surpassant ,  sans  dé- 
truire la  propriété  elle-même,  il  en  nait  entre  tous  les  élé- 
ments, des  tendances  plus  ou  moins  grandes  k  des  allian- 
ces de  choix  ou  Afflniiés  (S),  de  la  force  desquelles  dépend 
ainsi ,  non-seulement  le  fait  de  l'union  de  plusieurs  espèces 
différentes  d'éléments,  mais  aussi  la  décomposition  des 
substances  complexes ,  lorsqu'un  corps  nouveau  vient  dé- 


(1)  Voya  la  note  n«  18. 
(3)  VoyesUnoton'l. 


29  THBOLOGB  SB  LA  RATURE. 

traire  leurs  combinaisons  en  s'ailiant  k  Tun  de  leurs  com- 
posants ,  pour  lequel  il  a  une  plus  grande  force  d'affinité 
que  celle  qui  unit  ce  dernier  avec  un  ou  plusieurs  de  ceux 
auxquels  il  était  précédemment  allié. 

Mais  malgré  les  affinités  plus  ou  moins  grandes  qui 
existent  entre  les  différentes  substances ,  et  par  lesquelles 
elles  sont  disposées  à  former  divers  autres  composés ,  ces 
combinaisons  n*ont  toutefois  pas  toujours  lieu,  exigeant, 
pour  s'établir,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit ,  certaines  conditions 
spéciales  à  chaque  alliance.  Ces  conditions  sont  d'ordinaire 
que  l'une  au  moins  des  matières  qui  doivent  se  combiner 
soit  k  l'état  liquide  ou  gazeux,  afin  que  les  molécules  de 
celle-ci ,  libres  dans  leurs  mouvements ,  puissent  facilement 
s'approcher  de  celles  de  l'autre  substance ,  par  l'effet  de  leur 
force  spéciale  d'attraction ,  pour  s'unir  k  elles  suivant  la  di- 
rection dans  laquelle  leur  agrégation  doit  avoir  lieu.  Cet 
effet  peut  souvent  avoir  lieu  k  la  température  ordinaire 
de  l'atmosphère;  mais  d'ordinaire  cette  température  doit 
être  beaucoup  plus  élevée,  surtout  lorsqu'elle  est  né- 
cessaire pour  réduire  les  composants  k  l'état  fluide  ou  ga- 
zeux. 

Pour  certaines  substances,  la  fluidité  doit  avoir  lieu  au 
moyen  de  la  fusion  ignée;  pour  d'autres,  par  une  dissolu- 
tion dans  un  liquide  déterminé  ;  ou  bien  »  sous  l'influence 
soil  de  la  lumière  »  soit  du  galvanisme  ou  du  fluide  électri- 
que I  etc.  y  conditions  sans  lesquelles  la  combinaison  n'a  pas 
lieu. 

Or  toutes  ces  combinaisons  peuvent  aller  presque  k  Tin- 
fini  ,  non-seulement  par  Talliance  des  matières  élémentaires 
au  nombre  de  cinquante-quatre  connues  (1) ,  unies  par  deux» 
par  trois  et  par  quatre;  mais  dans  ces  divers  groupements p 
ces  mêmes  substances  peuvent  encore  s'allier  dans  plusieurs 
proportions,  en  produisant  des  composés  dont  les  propriétés 

(1)  Voyei  la  note  n*  13. 


CBAmai  nuaum,  13 

MQt  le  plaB  0oo?eat  ^tièrement  difiëreiite»^  faiti  dont  je 
me  bornerai  k  citer  ici  quelques  exemples. 

L'#aui  ce  liquide  si  salutaire^  est  formée  de  deux  élé» 
ments,  Vhydrogini  ou  gaz  inflammable,  dans  les  propor- 
tioBSi  en  poids,  de  il,l  parties  sur  cent,  et  de  88,9  parties 
A^oxygine  ou  gaz  respirable  :  ces  deux  corps  combinés  par 
Teffet  de  la  cbaleur,  quand  rbydrogène  brûle  dans  l'oxf- 
gène.  Qri  ces  mêmes  substances  deviennent  un  poison  vio- 
lent lorsqu'on  produit  une  autre  combinaison  entre  elles , 
où  entrent,  comme  dans  l'eau,  11,1  parties  d'hydrogène, 
mais  177,8  parties  d'oxygène  ^  e'es^^ire  le  double  que 
dans  l'eau. 

De  même  aussi  l'ootâ^  gaUiquê  «  dissous  dans  de  l'eau , 
constitue  un  liquide  incolore  comme  cette  dernière  ;  mais  si 
l'on  y  verse  une  solution  ferrugineuse,  qui  peut  être  également 
incolore»  le  mélange  devient  k  l'instant  tout  noir  et  forme 
l'encre  k  écrire. 

La  teinture  de  touruesolt  liquide  d'un  très-beau  bleu, 
devient  k  l'instant  rouge,  en*y  versant  seulement  une  très- 
petite  quantité  d'un  acide  quelconque  :  c'est  le  moyen  qu'on 
emploie  généralement  en  chimie  pour  reconnaître  si  un  li- 
quide est  acide  ou  non* 

Tontes  les  alliances  de  substances  différentes  ne  pro- 
duisent toutefois  pas  des  corps  nouveaux;  beaucoup  ne 
forment  que  ce  qu'on  nomme  de  simples  mélanges»  où 
chaque  composant  conserve  les  propriétés  qui  lui  appar- 
tiennent; le  tout  présentant  dans  ses  propriétés  le  terme 
moyen  de  toutes  ces  substances  mêlées. 

Quoique  les  innombrables  propriétés  chimiques  qui  se 
manifestent  dans  les  diverses  substances  simples  ou  com- 
posées, constituent,  pour  la  presque  totalité,  des  faits  in- 
concevables pour  l'esprit  humain;  toutes  étant  attachées 
d'une  manière  rigoureusement  constante  k  chaque  combi- 
naison dont  elles  forment  les  caractères  distinctifs  inhérents 
k  la  matière  brute;  on  peut  sans  difficulté  les  considérer 


U  THIOIOGIB  DX  LA  H ATUBB. 

égalemaat  comme'  éternelles;  et,  par  conséquent,  comm^ 
n^étant  point  dues  k  l'intervention  d'une  intelligence  su- 
prême qui  les  aurait  produites;  en  d'autres  termes,  ces 
propriétés ,  tout  étonnantes  qu'elles  sont ,  ne  prouvent ,  par 
eHes-mémes ,  aucunement  l'existeDce  de  la  divinité  ;  mais  il 
n'en  est  déjà  pas  de  même  des  propriétés  attachées  aux 
substances  chiniiques  animales  ou  végétales ,  qui  ne  sau^ 
raient  être  étemelles,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin;  les 
Êtres  organisés  qui  sieuls  les  produisent  ne  l'étant  évidem- 
ment pas;  d'où  il  devient  évident  que  ces  propriétés  doivent 
en  conséquence ,  avoir  nécessairement  été  créées  avec  ces 
derniers  à  une  époque  déterminée.  Or,  quoique  les  sub- 
stances organiques  et  les  produits  chimiques  qu'elles  four- 
nissent, agissent  de  la  même  manière  que  les  matières  bru- 
tes, elles  en  diffèrent  cependant  très -essentiellement  au 
fond ,  en  ce  qu'il  est  impossible  de  les  reproduire ,  comme 
celles-ci ,  par  la  combinaison  de  leurs  éléments  ;  d'où  il  est , 
'  par  analogie ,  très-probable  et  même  certain ,  que  les  pro- 
priétés de  la  matière  brute  sont  également  temporelles ,  et 
dues  à  la  même  puissance  créatrice  :  car  si  Dieu  a  créé  les 
unes,  il  a  évidemment  pu  créer  aussi  les  autres. 

Quant  à  T  Astronomie  ,  cette  science  si  grandiose  par  toute 
l'étendue  de  Tunivers  qu'elle  embrasse,  n'ayant  de  limites 
que  celles  de  l'inGni  ;  elle  ne  fournit  pas  plus  que  la  miné- 
ralogie ,  la  physique  et  la  chimie ,  la  preuve  directe  de 
Texistence  de  Dieu;  mais  bien  plus  que  toute  autre,  celle 
de  sa  puissance  illimitée.  Science ,  où  le  savant  calculateur 
muni  du  télescope ,  porte  son  regard  investigateur  jusque 
dans  les  profondeurs  les  plus  reculées  de  l'espace,  où  il 
découvre  une  infinité  d'astres  dont  l'éloignement  qu'il  me- 
sure est  d'ordinaire  tel ,  que  des  millions  de  millions  de  lieues 
sont  le  plus  souvent  des  quantités  relativement  si  minimes , 
quelles  méritent  h  peine  d'être  prises  en  considération;  et 
cependant,  à  ces  distances  incommensables  de  l'espace, 
tout  est  rigoureusement  soumis  aux  mêmes  lois  mathéma- 


CBAnniK  pimiBR.  '  25 

tiques  qui  régissent  la  matière  ici-bas.  C'est  par  les  effets 
de  ces  lois  universelles  que  les  mouvements  de  ces  mondes 
en  nombre  infini ,  sont  si  admirablement  réglés ,  en  temps 
et  en  directions,  que  malgré  les  vitesses  souvent  incon- 
cevables pour  l'esprit ,  chaque  astre  revient  toujours  au 
même  point  par  où  il  a  autrefois  passé ,  sans  avoir  éprouvé 
une  minute,  ni  même  une  seconde  de  retard  après  des 
milliards  d'années.  C'est  au  moyen  de  ces  lois  que  le  génie 
des  hommes  a  su  découvrir,  que  l'Astronome  peut ,  par  la 
puissance  du  calcul ,  prédire  des  siècles  d'avance  la  position 
que  chaque  astre  occupera  tous  les  jours  dans  le  ciel ,  et  jus- 
qu'aux effets  de  perturbations  qu'ils  font  éprouver  par  leur 
attraction,  même  k  plusieurs  centaines  de  milliers  de  lieues , 
aux  autres  corps  célestes  dans  le  voisinage  desquels  ils  ont 
à  passer,  en  les  faisant  dévier  plus  ou  moins  de  la  route  qui 
leur  est  tracée  ;  dérangements  eux-mêmes  si  parfaitement 
prévus,  et  si  bien  compensés,  que  Tharmonie  de  l'en- 
semble des  astres  n'en  est  jamais  altérée.  Aussi  n'est-il  pas 
étonnant  que  cette  sublime  harmonie  des  corps  célestes  ait 
en  tous  les  temps  excité  l'admiration  des  hommes,  qui 
ont  cru  7  trouver  la  preuve  la  plus  évidente  de  l'existence 
de  la  Divinité ,  tandis  qu'elle  ne  prouve  réellement  que  sa 
puissance  infinie.  Cela  est  si  vrai  que  tout,  sauf  l'impulsion 
primitive  dont  les  astres  ont  été  animés ,  n'est  que  le  simple 
effet  des  lois  qui  régissent  les  propriétés  inhérentes  k  la 
matière  brute,  et  plus  particulièrement  de  celle  de  l'attrac- 
tion universelle  qui ,  suivant  l'opinion  des  matérialistes ,  y 
existerait  de  tonte  éternité  ;  d'où  résulte,  suivant  eux ,  que 
tout  le  sublime  mécanisme  de  l'univers ,  si  justement  admi- 
ré, ne  serait  en  principe  que  le  résultat  inévitable  de  la  fata- 
lité mathématique  ;  en  d'autres  termes ,  que  tout  l'univers 
n'existerait  tel  qu'il  est ,  que  parce  qu'il  ne  saurait  être  au- 
trement; et  en  effet,  si  l'on  se  bornait,  comme  ils  le  font,  k 
ces  seules  observations ,  il  n'y  aurait  aucune  objection  k  leur 
opposer;  mais  leurs  théories,  quelque  savantes  qu'elles 


t6  TBiOUMIB  l«  LA  RATOn. 

puissent  être  »  ne  sauraient  jamais  expliquer,  ainu  que  je 
viens  de  le  faire  remarquer»  comment  est  née  Timpul- 
sion  primitive  qui  anima  non-seulement  les  astres,  mais 
encore  tous  les  autres  Êtres  de  la  nature  ;  question  k  la^ 
quelle  ils  ont  soin  de  ne  jamais  remonter,  ne  pouvant  l'at- 
tribuer qu*k  une  puissance  étrangère  k  la  matière  ;  puissance 
qui  ne  peut  être  que  celle  d'une  Intelugeuce  soprémb  qui 
commande  k  l'univers  entier.  Argument  qui  k  lui  seul  ren- 
verse tout  leur  système  de  philosophie^ 

C'est  ainsi  que  le  célèbre  Iaplage  a  fait  voir  dans  ses  ou- 
vrages (i)f  qjïon  pouvait  expliquer  la  forme  et  les  mouv^ 
ments  de  tout  notre  système  planétaire ,  en  admettant  que 
dans  l'origine,  le  soleil  existant  seul  «  comme  corps  solide ,  se 
trouvait  entouré  d'une  vaste  atmosphère  s'étendant  au  delà 
des  limites  actuelles  des  planètes  les  plus  éloignées  \  et  que , 
dans  ce  grand  espace,  la  matière  réduite  dans  ses  éléments , 
formait  un  immense  chaos  dont  toutes  particules  maté- 
rielles se  trouvaient  isolées  ;  et  le  savant  géomètre  montre 
que  dans  cet  état,  il  a  pu  suffire  de  la  seule  action  de  la 
rotation  du  soleil  sur  son  axe  (2) ,  pour  mettre  tout  ce  chaos 
en  circulation  autour  de  cet  astre  central ,  dans  le  sens  de 
cette  même  révolution  ;  et  que ,  par  l'unique  effet  de  cette 
action ,  les  particules  de  ce  chaos  ont  dû  se  concentrer  par 
couches  circulaires ,  en  formant  dans  chacune  une  planète 
avec  les  satellites  qui  lui  correspondent ,  et  répondant  pré- 
cisément aux  diverses  régions  où  ces  astres  secondaires  ae 
trouvaient  réellement  placés  ;  et  tels  que  l'observation  les 
fait  connaître  quant  k  leur  nombre ,  leurs  masses ,  leurs 
distances ,  et  jusqu'au  genre  de  mouvementjs  dont  ils  sont 
animés. 

D'après  ces  calculs ,  tout  le  système  planétaire  se  serait 
ainsi  formé  de  lui-^méme ,  par  la  combinaison  des  effets  de 

(1)  OËHvres  de  Laplace ,  tome  VI ,  p.  S70 ,  note  7.  1840. 
(3)  Getta  nrtation  a  Uea  ea  3S  joun. 


ciAffiTM  nuniiA4  n 

VftUneliott  aiiivenelle  et  du  monvément  propr6  du  soleil  ; 
SUIS  qu'il  8oit  égidemeut  nëcetsaire  d'admettre  l'iotervai'* 
ûou  d'une  Int^geuee  «upréme  créatrice  de  tous  ces  mon- 
des; idée  que  Tillustre  géomètre  n'exprime  toutefois  pas 
formellement,  mais  elle  est  bien  sous-entendue  dans  soft 
iaOBé  Dsms  ee  travail ,  fort  savant  sans  doute»  je  ne  veux 
pas  contester  ici  la  justesse  des  principes  et  des  résultats 
fondés  sur  le  calcul  ;  il  y  a  toutefois  des  faits  qui  ne  me 
paraissent  pas  suflBsamment  clairs  dans  cette  théorie^  En 
efiet ,  le  mémc^e  de  Laplàge  explique  bien  mathématique- 
ment la  forme  actuelle  de  notre  système  planétaire  i  en  par- 
tanl  de  ce  fait  que ,  dans  Voriginê ,  il  ne  formait  qu'une 
immeme  atmosphère  en  chaos  ;  opinion  qu'on  doit  admettre 
si  l'on  veut  considérer  la  matière  comme  éternelle.  Mais 
comment  le  soleil  pouvait-il  exister  alors  seul ,  sans  que  sa 
propre  matière  ne  fût  elle-même  en  diffusion  chaotique  f  et 
quelle  puissance  a  pu  lui  imprimer  cet  immense  mouvement 
dont  il  était  d^k  animé  alors  î  Enfin ,  pourquoi  tout  le 
chaos  du  systtoie  planétaire  entier  ne  s'estait  pas  précipité 
directement  de  toute  part  sur  ce  centre  pour  ne  former 
avec  lui  qu'une  seule  masse?  Le  savant  astronome  a  eu 
soin  de  ne  pas  soulever  ces  questions  »  auxquelles  il  n'eût 
sans  doute  pas  jj^  répondre  par  des  démonstrations  mathé- 
matiques. 

Mais  en  admettant  même  que  tout  cela  fût  ainsi  »  par 
une  raison  quelconque  inexpliquée;  il  faudrait  encore  ad- 
mettre avec  l'illustre  géomètre  «  qu'antérieurement  k  l'é- 
poque où  le  chaos  s'est  mis  en  mouvement ,  le  mouvement 
du  soleil  n'existait  pas  lui-même ,  et  n'a  pu  commencer 
qu'alors  seulement  ;  vu  que  dès  l'instant  où  il  a  commencé  » 
Û  a  dû  se  transmettre  à  la  matière  diffuse  du  chaos  qui 
entourait  cet  astre  ;  ce  qui  prouve  incontestablement  que 
ce  mouvement  du  soleil  n'existe  pas  lui-même  de  toute 
éternité,  et  n'a  dû  lui  être  donné  qu'à  l'époque  de  la  for-» 
nation  des  planètes.  Mais  alors  qudle  est  la  puissance  qui 


98  THiOLOGIB  DB  L4  RATUBl. 

Ta  imprimé  ?  Question  à  laquelle  on  est  toujours  ramené 
sitôt  qu'on  s'élève  un  peu  au-dessus  de  la  théorie  des  faits 
purement  physiques  que  Tobservation  fait  directement  con- 
naître ;  théorie  dont  beaucoup  de  savants  ne  croient  pas 
devoir  sortir. 

C'est  ainsi  que  certains  Astronomes ,  et  entre  autres  le 
célèbre  Lalande  ,  ont  pu  être  athées ,  ne  s'étant  jamais 
occupés  dans  leurs  recherches ,  que  purement  et  simple- 
ment de  l'observation  des  faits  matériels  des  phénomènes 
célestes ,  comme  unique  base  appuyée  sur  le  calcul ,  sans 
jamais  penser  aux  inductions  qu'on  peut  en  tirer  ;  soit  sous 
le  rapport  des  conditions  d'existence  de  ces  faits ,  soit  sous 
celui  de  leurs  causes  premières.  Mais  ces  hommes ,  quoique 
très-savants  calculateurs ,  ne  se  sont  jamais  élevés  jusqu'à 
ces  questions  philosophiques  de  leur  science ,  se  renfermant 
exclusivement  dans  la  théorie  des  faits  »  où  tout  est  en  effet 
si  rigoureusement  précis ,  que  l'imagination  la  plus  hardie 
reste  stupéfaite ,  ne  pouvant  concevoir  comment  il  est  pos- 
sible que  des  astres ,  qui  emploient  peut-être  des  millions 
d'années  k  parcourir  leur  orbite ,  ne  sont,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  fait  remarquer,  cependant  jamais  en  retard  d^une 
seule  seconde ,  si  leur  mouvement  ne  doit  pas  être  par-là 
condamné  à  s'arrêter  complètement  un  jour;  vu  que  le 
moindre  temps  perdu  ne  saurait  plus  jamais  être  regagné. 
Or,  comme  cette  perte  se  renouvellerait  par  les  mêmes  causes 
à  chaque  révolution ,  elle  épuiserait  à  la  fois  la  force  et  la 
vitesse  de  la  première  impulsion  imprimée  à  l'astre ,  et  lais- 
serait finalement  celui-ci  immobile  dans  l'espace. 

On  voit,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  que  les  faits 
uniquement  propres  aux  sciences  essentiellement  mathéma- 
tiques ou  physiques  ne  fournissent,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait 
remarquer  plus  haut,  directement  aucune  preuve  de  lexis-- 
tente  d'une  Intelligence  suprême  qui  aurait  établi  ces  mêmes 
faits,  en  créant  les  propriétés  qui  les  produisent,  et  par  elles 
l'univers  entier;  mais  que  cette  existence  une  fois  constatée 


CHAniBB  FlUnilXR.  Hè 

par  des  démonstrations  irréfragables»  ees  mêmes  faits 
donnent  les  preuves  les  pins  évidentes  de  la  toute-puissance, 
de  la  sublime  sagesse  et  de  l'omniscience  de  cet  Être  suprême, 
seole  cause  première  de  ce  qui  est. 

Cette  preuve  certaine ,  sans  réplique  et  réellement  maté- 
rielle de  Texistence  de  Dien,  qui ,  seul  éternel ,  a  tout  créé 
dans  Funivers,  nous  est  au  contraire  fournie  partout  avec 
profusion  jusque  dans  les  moindres  détails  de  l'admirable 
structure  des  Êtres  organisés ,  où  nous  la  trouvons  écrite  de 
la  main  même  de  la  Divinité  qui  les  a  formés  par  sa  toute- 
puissance.  Ici  la  matière  élevée  au  plus  haut  degré  d'activité 
ne  forme  plus,  comme  dans  les  minéraux,  de  simples  amas 
homogènes  ou  accidentellement  hétérogènes,  dont  chaque 
partie  représente  le  tout ,  et  ne  reçoit  de  là  que  simplement 
le  nom  d'Échantillon;  mais  bien  des  ensembles  plus  ou 
moins  compliqués,  composés  de  parties  dissemblables ,  dont 
chacune  remplit  une  fonction  spéciale  pour  contribuer  au 
hut  final  que  ces  Êtres  sont  appelés  h  atteindre  ;  ensembles 
auxquels  on  a  donné  le  nom  d'Individus^  comme  étant 
indivisibles ,  ou  ne  pouvant  être  divisés  sans  perdre  quel- 
ques-unes de  leurs  parties  qui  les  rendraient  incomplets. 

De  même  que  dans  une  mécanique  ordinaire ,  la  matière 
qui  constitue  ces  Êtres  ne  présente  pas  seulement  les  carac- 
tères naturels  qui  lui  sont  spécialement  propres;  mais  encore 
dans  cha.cane  des  parties,  des  formes,  des  dispositions  et 
des  actions,  qui,  étrangères  k  ces  propriétés,  montrent  déjh, 
avec  la  dernière  évidence,  qu'elles  sont  dues  h  l'intervention 
d'une  Intelligence  créatrice  toute-puissante,  dont  nous 
trouvons  la  preuve  jusque  dans  les  plus  minutieux  détails  de 
la  structure  des  moindres  animalcules  qui  échappent  h  la 
Tue. 

Pour  l'œil  inattentif  du  vulgaire,  ces  superbes  organismes 
des  animaux  ne'  sont  que  des  objets  ordinaires  qui  ne 
méritent  pas  qu'on  y  porte  seulement  son  attention  »  tant 
l'habitude  de  les  voir  agir  dans  leur  ensemble  émousse  chez 


30  TRioiiOMl  W  liA  NATURB. 

lui  le  sentiiiienl  de  Tintérêt  moral  qu'il  poumil  y  trouver; 
et  souvent  môme  il  ose  flétrir  des  épithètes  de  vil  et  d'tm* 
inonde  des  Êtres  qu'il  croit  pouvoir  mépriser  pour  leur 
petitesse,  ou  le  peu  d'intérêt  qu'ils  inspirent  k  son  égoîsme  ; 
son  esprit  ne  s'élevant  jamais  à  l'idée  que  ce  sentiment  de 
mépris  ne  peut  que  retomber  sur  celui  qui  se  permet  cet 
orgueilleux  dédain  pour  des  objets  que  son  intelligence 
trop  bornée  ne  sait  apprécier  ;  tandis  que  dans  sa  hautaine 
imagination  il  se  croit  lui-même  fait  k  l'image  de  Dieu. 

Le  Naturaliste  philosophe ,  au  contraire ,  amené  k  tout 
instant  par  l'objet  même  de  ses  recherches  k  admirer  tant 
de  merveilles  que  lui  offre  la  savante  structure  du  moindre 
insecte,  trouve  tous  les  Êtres  vivants  non  moins  parfaits  dans 
leurs  organismes  que  l'Homme  même,  quoique  formés 
souvent  sur  des  plans  fort  différents.  Dès  tors,  appréciant 
mieux  chaque  créature ,  il  ne  voit  dans  toutes ,  quel  que  soit 
le  rang  où  le  Créateur  les  ait  placées,  que  des  espaces 
occupant,  comme  l'Homme  lui-même,  des  degrés  différents 
dans  l'immense  échelle  des  Êtres ,  dont  le  genre  humain 
n'occupe  d'ailleurs  pas ,  sous  la  plupart  des  rapports ,  le 
point  le  plus  élevé ,  n'ayant  réellement  la  supériorité  sur  les 
animaux  que  par  la  raison  »  que  le  sublime  dispensateur  de 
toute  chose  lui  a  exclusivement  accordée  ;  tandis  que  sen 
corps  matériel ,  suffisamment  bien  formé  pour  ee  qu'il  a 
besoin  d'être ,  est  moins  richement  pourvu  d'organes  que 
celui  d'autres  animaux ,  qui  doivent ,  par  ub«  plus  grande 
complication  de  leur  structure ,  suppléer  précisément  k  oe 
qui  leur  manque  en  intelligence. 

Dans  les  mécaniques  artificielles,  dont  on  admire»  k  juste 
raison ,  l'arrangement  des  parties  et  l'effet  qu'dles  produisent, 
l'homme,  quelque  ingénieux  qu'il  soit,  ne  saurait  jamais 
employer  que  les  formes  obligées  de  la  géométrie  vulgaire, 
telles  que  le  plan,  le  cylindre,  le  cercle  et  l'ellipse,  etc.,  à<mt 
seul  il  connaît  les  propriétés  par  le  calcul ,  tandis  que  les 
Êtres  organisés  nous  offrent  une  strudure  infiniment  plus 


QVAfitas  puaniiu  31 

svrante  »  où  agissent  des  forces  que  nous  nt  pouvons  pas 
nème  concevoir.  Ici ,  plus  rien  d'essentiel  n'est  absolument 
soumis  à  des  conditions  mathématiques ,  qui  ne  sont  plus 
que  de  simples  moyens  accessoires  pour  arriver  au  but  que 
la  sagesse  créatrice  a  voulu  atteindre  dans  chaque  Être 
organisé.  Ainsi ,  nulle  part  ces  formes  géométriques  parfai- 
tement  régulières ,  qu'on  admire  dans  les  cristaux ,  où  elles 
ne  sont  que  les  conséquences  obligées  de  Taffinité  des  corps 
bruts.  Plus,  comme  dans  les  astres,  de  ces  mouvements 
précis  exécutés  dans  des  trajectmres  invariables ,  exclusive- 
ment dus  k  une  force  de  première  impulsion  une  fois  pour 
toujours  imprimée  à  ces  corps  dès  Torigine  des  temps.  Tont 
est  au  contraire  irrégulier  pour  nous ,  et  tout  est  cependant 
si  parfait  en  lui-même.  Or  c'est  en  partie ,  précisément  dans 
celte  irrégularité  apparente  de  la  structure  des  Êtres  vivants, 
que  se  dévoile  à  nos  yeux  la  sublime  sagesse  et  Tomniscience 
du  Créateur  ;  structure  où  la  sagacité  des  plus  habiles  obser- 
vateurs de  la  nature  reste,  à  la  fin ,  profondément  humiliée 
devant  Timpossibilité  de  pouvoir  reconnaître  en  dernière 
analyse  la  vâritable  cause  des  phénomènes  vitaux,  dont 
ladion  a  partout  lieu  entre  les  éléments  constituants 
des  oi^anes ,  que  leur  extrême  ténuité  dérobe  à  tout  moyen 
d'investigation  »  même  avec  le  secours  des  plus  puissants 
microscopes,  dont  le  pouvoir  ampliatif  va  jusqu'à  huit 
ndUiardi  d$  fm  h  volume  réel  des  objets  qu'on  y  soumet 
Or,  c'est  précisément  dans  l'intime  arranganent  de  ces  élé* 
ments  organiques  que  se  trouve  ainsi  finalenient  cachée  la 
cause  eflSciente  des  organes  ;  éléments  qui  constituent  par  Ik 
de  véritables  sanctuaires  impénétrables  k  l'intdligence  hu- 
maine. C'est  là  où  se  pratiquent  les  mystères  des  lois  de 
Torganisation  que  le  Créateur  y  a  établies,  et  par  lesqudies 
se  manifeste  k  nos  yeux,  non-seulaooient  la  plus  oublime 
sagesse  avec  laquelle  tout  est  ordonné ,  mais  encore  Tappli** 
cation  des  sciences  physique  et  mathématique  k  des  degrés 
d'^évatâoa  qui  laissent  l'imagination  stupéfaite  d'admiration. 


32  TH^LOGIB  BB  LA  RATinul. 

En  allant  même,  par  les  hypothèses  les  plus  larges  qa*on 
puisse  concevoir,  infiniment  au  delà  de  la  possibilité  actuelle 
de  nos  moyens  d'investigation ,  en  admettant  que  par  des 
procédés  encore  inconnus  nous  puissions  arriver  k  voir 
distinctement  les  atomes  mêmes  qui  constituent  la  masse  de 
la  substance  des  organes  en  fonctions,  notre  raison  nous 
dit  que ,  même  alors ,  nous  ne  serions  pas  en  état  de  com- 
prendre et  d'expliquer  ni  leur  action  ni  les  résultats  qu'ils 
produisent. 

Pour  expliquer  cé  que  je  viens  de  dire  d'une  manière  gé- 
nérale, je  citerai  ici  par  anticipation,  comme  exemple,  Tacte 
qui  a  lieu  dans  une  simple  glande  sécrétoire  des  animaux , 
organe  destiné  à  séparer  de  la  masse  du  sang  une  matière 
spéciale  propre  à  remplir  un  certain  usage.  En  admettant 
donc ,  dans  la  supposition  que  je  viens  de  faire ,  qu'un  des 
éléments  de  cette  glande,  d'une  glande  salivaire  par  exemple, 
soit  un  petit  corps  en  forme  de  poche  dont  les  parois  laissent 
transsuder  la  salive  qu'elle  produit ,  en  la  séparant  du  sang 
qui  l'entoure  immédiatement,  et  qu'elle  laisse  ensuite  couler 
par  un  conduit  dit  excréteur^  dans  la  cavité  de  la  bouche  ; 
après  que  tous  ces  conduits  des  petites  poches  ou  glandules 
spéciales  se  sont  embranchées  en  nombre  considérable  les  uns 
sur  les  autres,  comme  les  ramuscules  d'un  arbre  se  réunissent 
en  branches ,  et  enfin  sur  le  tronc  commun.  Eh  bien,  d'après 
la  supposition  que  j'ai  faite,  on  verrait  donc  parfaitement  dans 
la  petite  cavité  glandulaire  l'arrangement  même  des  atomes 
qui  la  composent,  former  soit  des  groupes,  soit  des  séries  en 
forme  de  filets  ou  de  fibres ,  etc. ,  et  nécessairement ,  entre 
les  parties  intimes  ou  éléments  organiques,  des  ouvertures  ou 
Pores  laissant  passer  entre  ces  dernières  le  liquide  sécrété  ; 
le  tout  entouré  de  sang  renfermé  dans  des  vaisseaux* 

En  admettant  en  outre ,  ce  qui  n'est  aucunement  prouvé , 
que  la  matière  de  la  salive  se  trouve  déjà  toute  formée  dans 
la  masse  de  ce  liquide  qui  circule  dans  tout  le  corps  ;  encore 
Caudrait-il  que  la  petite  glande  eût  la  propriété  de  Ten  se- 


CBAPimS  FRBHRIL  33 

parer,  en  la  laissant  seule  pénétrer  à  travers  ses  pores  dans 
rinlérienr  de  sa  cavité ,  aOn  de  la  faire  passer  ensuite  dans 
le  canal  eicréteur.  Or  comment  cette  séparation  peut-elle 
avoir  lieu ,  sans  qu'une  foule  d'autres  substances,  également 
contenues  dans  la  masse  du  sang ,  ainsi  que  le  veut  la  suppo-* 
sition,  pour  rendre  la  question  plus  simple,  y  entrent  en 
même  temps?  Pour  expliquer  un  tel  résultat,  on  a  bien 
imaginé  que  le  tissu  des  glandes  formait  une  sorte  de 
crible  à  mailles  de  formes  diiférentes,  selon  l'espèce  d'or- 
gane ,  pour  ne  laisser,  en  conséquence ,  passer  que  les  mo- 
lécules du  sang  de  forme  déterminée.  Mais  cette  hypothèse, 
qui ,  au  premier  abord ,  a  quelque  chose  de  spécieux ,  est 
nécessairement  fausse  ;  car  il  est  évident  que ,  quelle  que 
soit  la  forme  des  pores  de  ces  cribles ,  les  molécules  des  ma- 
tières contenues  dans  la  masse  du  sang,  dont  les  dimen- 
sions seraient  moindres ,  devraient  y  passer  pêle-mêle  avec 
celles  de  la  forme  spéciale  voulue  par  l'hypothèse,  et  il  est 
par  lU  bien  certain  que  ce  n'est  pas  ainsi  que  se  fait  le  triage. 
Mais,  en  dernière  analyse ,  que  verrait  l'observateur?  Il 
verrait  que  le  sang,  circulant  autour  dé  la  glandule,  en  la 
baignant,  est  une  humeur  extrêmement  compliquée  dans  sa 
composition ,  puisqu'on  admet  que  toutes  les  substances  ani- 
males y  sont  4|ijà  contenues  en  dissolution  ;  il  y  verrait  que 
les  molécules  d'une  seule  de  ces  substances  passent  k  travers 
les  pores  pour  pénétrer  dans  la  cavité  de  la  glandule  (et  cela 
par  l'effet  d'une  cause  inconcevable)  pour  s'y  accumuler  et 
former  la  masse  de  la  substance  sécrétée ,  en  agissant  dans 
leur  mouvement  à  travers  les  pores ,  absolument  comme  si 
elles  étaient  animées  d'une  détermination  volontaire;  ou 
plutôt  comme  si  les  parois  de  la  glande ,  et  mieux  encore , 
celles  des  pores  seulement,  dont  celles-ci  sont  percées, 
avaient  une  attraction  électrique  spéciale  pour  telles  molé- 
cules seulement ,  et  non  pour  d'autres ,  en  forçant  celles-lk 
de  passer,  et  repoussant  au  contraire  celles-ci.  C'est-k-dire 
qu'en  définitive ,  l'observateur  verrait  les  particules  animées 

I.  3 


t4  THioMcn  wm  Là  «aujm. 

d*oiie  adion  ^a'il  ne  saurait  comprendre ,  paiser  à  Crever» 
les  pores ,  sens  savoir  comment  cela  a  lien,  pas  plus  qu'on  ne 
eomprend  rattraetion  de  Taimant  pour  le  fer.  En  d'autres 
termes ,  il  ne  serait  guère  plus  avancé  dans  la  science  que 
nous  ne  le  sommes  aujourd'hui.  Il  connaîtrait  seulement  de 
plus  comment  sont  matériellement  arrangés  les  éléments 
organiques ,  sans  concevoir  davantage  l'action  fonctionnelle 
des  organes.  Tout  se  réduirait  pour  lui ,  de  même  que  pour 
nous,  k  admettre  comme  fait,  que,  dans  les  Êtres  organisés, 
la  matière  brute ,  dont  les  éléments  entrent  dans  la  compo- 
sition du  tissu  des  organes ,  jouit  de  nambreuseê  propriêtéê 
$pici(^êêt  qu'elle  ne  possédait  pas  comme  matière  minérale  » 
anatU  la  création  des  Être$  vivants  :  propriétés  qui  ont  done 
été ,  elles-mêmes ,  nécessairement  créées  k  une  époque  déter* 
minée,  et  qui  ne  sont,  par  conséquent,  pas  éternelles.  C'est- 
k-dire  qu'ici,  comme  partout  ailleurs,  on  arrive,  en  der- 
nière analyse ,  dans  les  recherches  scientifiques ,  au  même 
principe  fondamental  :  Que  la  cause  initiale  de  tout  phéno- 
mène physique  ou  autre  n'est  que  la  Volonté  de  Dieu  ,  seule 
loi  primitive  et  éternelle ,  qui  n'a  elle-même  ni  cause  ni 
explication  ;  et  tout  ce  que  le  Naturaliste  philosophe  peut 
faire,  est  de  t&cher  de  reconnaître,  par  l'étude  des  faits, 
quelles  sont  les  lois  que  la  sagesse  éternelle  du  Très-Haut  a 
prescrites  aux  divers  Êtres  de  lunivers.  C'est  ainsi  qu'on  a 
reconnu  que  jamais  il  n'existait  dans  la  matière  brute  au- 
cune partie  qui  remplit  une  fonction  quelconque;  tandis 
que  le  corps  des  Êtres  vivants  présente  partout  une  struc- 
ture différente  dans  ses  nombreuses  parties  ou  Organes^ 
dont  chacun  offre  une  forme  et  une  disposition  qui  lui  sont 
spéciales  \  et  cela  jusque  dans  les  plus  minutieux  détails  de 
leurs  éléments  intimes ,  où  les  combinaisons  des  molécules 
constituantes  ne  sont  nulle  part  celles  de  la  matière  miné- 
rale. C'est  ce  que  prouvent  les  propriétés  chimiques  ^  carac- 
téristiques des  deux  sortes  de  corps.  Je  ferai  surtout  remar- 
quer ici  qu'aucune  des  substances  de  la  chimie  oi;ganiq«e 


n'a  limais  encore  pu  être  reproduites  de  ses  éléments  dans 
Ws  opérations  de  laboratoire;  tandis  qu'on  compose  plus  on 
moins  facilement  les  diverses  matières  brutes.  Je  ne  parlé 
point  ici  de  la  structure  que  les  unes  et  les  autres  affectent, 
mais  simplement  de  leur  composition  chimique.  C'est  ainsi 
qu'on  n*a  jamais  encore  pu  composer  de  l'Âlcohol ,  de  TÉ- 
tiier,  de  la  Gomme ,  de  la  Cire ,  de  l'Huile ,  ni  aucun  autre 
corps  gras;  de  la  Gélatine,  de  l'Albumine,  de  la  Fibrine,  du 
Sucre,  etc.,  etc. ,  qui  ne  s'obtîeaaent  que  des  substances  or- 
ganiques ;  et  nulle  part  aussi ,  les  matières  brutes  n'entrent 
sans  les  plus  grandes  modifications  dans  la  composition  des 
organes.  C'est  ainsi  que  jamais  on  n'y  rencontre  l'emploi  des 
Métaux,  des  Pierres,  ou  d'autres  matières  minérales ,  telles 
que  nous  les  connaissons  sous  ce  nom;  mais  bien  leurs 
éléments  combinés  d'une  foule  de  manières ,  dans  des  sub-^ 
stances  qui  k  leur  tour  n'esistent  que  chez  les  Etres  orga-» 
nisés  ;  où  seules  elles  peuvent  être  produites  sous  l'influence 
de  Tagent  de  la  vie ,  [K>ur  entrer  exclusivement  dans  la  com- 
position des  divers  organes  qui  eonstituent  leur  corps  ;  or* 
ganes  différemment  conformés  et  disposés  selon  les  usages 
auxquels  ils  sont  destinés,  pour  contribuer  tous  dans  la 
même  Être  à  lui  £aire  atteindre  le  grand  but  final  auquel  il 
doit  arriver  :  celui  de  la  perpétuité  de  sa  race,  afin  que 
Toeavre  du  Créateur  ne  soit  point  perdue;  but  auquel  sont 
ensoite  soumises  une  foule  de  conditions  d'existence  plus  ou 
moins  importantes  suivani  les  facultés  accordées  à  chaque 
espèce  animale* 


36  TBOfoLOGII   DK  LA   IfATUmi. 


CHAPITRE  II. 

PREUVES  DE  L^EXISTENCE  DE  DIEU  ET  DE  SES  ATTRIBUTS,  TIRÉES 
DES  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  L'ORGANISATION  DES  ÊTRES 
VIVANTS. 

Avant  d*entrer  dans  quelques  détails  sur  Tadmirable 
structure  des  Êtres  organisés,  et  surtout  celle  des  Animaux  , 
comme  fournissant  les  preuves  matérielles  évidentes  de 
l'existence  de  la  Divinité  ;  je  dois  faire  jeter  un  coup  d'œil 
rapide  sur  Tensemble  de  leur  organisation,  afin  qu*on  puisse 
mieux  comprendre  les  conditions  d'existence  dans  lesquelles 
ils  sont  placés ,  et  fixer  en  même  temps  la  valeur  de  certains 
termes  scientifiques  dont  l'emploi  est  inévitable  dans  cet 
ouvrage.. 

En  étudiant  les  divers  Êtres  physiques  de  la  nature,  on 
reconnut  qu'ils  se  distinguaient  en  trois  grandes  divisions, 
qu'on  désigna  sous  le  nom  de  Règnes  (1)  :  le  Règne  miné- 
ral ,  le  Règne  végétal  et  le  Règne  animal  ;  divisions  ad- 
mises de  tout  temps,  par  l'observation  que  l'homme  même 
le  moins  civilisé  fait  journellement,  en  quelque  sorte  mal- 
gré lui,  tant  elles  sont  naturelles  et  bien  tranchées  dans 
leurs  principales  Espèces ,  par  les  caractères  essentiels  qui  les 
distinguent;  ainsi  que  le  prouvent  les  noms  que  ces  objets 
ont  reçus  dans  toutes  les  langues,  même  chez  les  peuples 
encore  réduits  à  l'état  sauvage.  C'est  ainsi  que  les  hommes 
ont  partout  et  toujours  parfaitement  distingué  par  le  seul  effet 
du  bon  sens ,  les  Minéraux  ou  Pierres ,  les  Végétaux  ou 
Plantes  et  les  Animaux  ou  Bêtes  \  en  ne  tombant  dans  Ter- 
reur que  relativement  à  quelques  espèces  dont  les  caractères 
distinctifs  sont  peu  apparents,  surtout  pour  le  vulgaire  qui 


(1)  Voyei  U  note  n*  7. 


CHAPITRI   IK  37 

n'en  a  pas  fait  une  étade  approfondie  ;  quoique  en  principe , 
il  ne  saurait  y  avoir  d'ambiguïté,  les  caractères  par  lesquels 
ces  objets  se  différencient  reposant  sur  l'existence  ou  la 
non-existence  de  quelques  faits  qu'il]  s'agit  simplement  de 
reconnaître. 

En  effet,  les  Minéraux  ou  la  Matière  brute ^  sont  de 
simples  amas  de  substances  existant  par  elles-mêmes  dans  la 
nature  ;  k  molécules  agrégées  régulièrement  ou  irrégulière* 
ment;  formant  ainsi  des  masses  où  chaque  partie  homogène 
différant ,  par  ses  propriétés,  est  désignée  sous  le  nom  d'Es* 
PÈCE  ;  quand  même  la  forme  varierait  k  l'infini  ;  masses  dans 
lesquelles  chaque  partie  représente  en  conséquence  son 
espèce;  d'où  il  résulte  que  les  minéraux  n'ont  réellement 
point  d'individualité.  C'est  ainsi  que  la  plus  petite  parcelle 
de  Fer,  ou  de  tout  autre  métal ,  de  Marbre ,  de  Silex ,  de 
Soufre,  etc.,  représente  tout  aussi  bien  l'espèce  de  ces  sub- 
stances que  des  amas  infiniment  plus  volumineux  ou  plus 
compliqués.  Toutes  ces  substances  ont  en  effet ,  pour  carac- 
tère essentiel ,  de  se  former  par  la  simple  juxtaposition  de 
leurs  particules  constituantes ,  sans  jamais  présenter  aucune 
partie  qui  remplisse  une  fonction  quelconque ,  et  sans  pouvoir 
se  reproduire  les  unes  les  autres,  pour  perpétuer  leur  race; 
dont  l'existence  nestdne,  si  elle  n'est  pas  éternelle,  qu'à  de 
simples  circonstances  accidentelles  avec  une  durée  indé- 
finie; toutes  ayant  ainsi  des  caractères  purement  négatifs, 
relativement  aux  espèces  des  deux  autres  règnes. 

Quant  aux  Êtres  organisés  (les  Végétaux  et  les  Animaux), 
ils  ont  au  contraire  ceci  de  commun ,  qu'ils  sont  tous  plus 
ou  moins  complexes  ;  étant  composés  d'un  certain  nombre 
de  parties  ou  Organes  ,  dont  l'ensemble  complet  constitue 
un  Individu  ,  où  chacun  remplit  une  fonction  active  ou  pas- 
sive, pour  concourir  directement  ou  indirectement  au  but 
final  que  cet  individu  est  appelé  à  atteindre,  celui  de  la  per- 
pétuité du  type  ou  espèce  auquel  il  appartient. 

Ces  Êtres  ont  encore  ceci  de  particulier ,  qu'étant  produits 


SB  THEOLOGIE  DE  LA  AATURB. 

par  des  î^divîdtis  semblables  II  eut,  ils  commencent  on 
naissent  plus  petits  que  ces  derniers,  et  augmentent  ou  crois- 
sent  ensuite  non  par  une  juxtaposition  extérieure ,  comme  les 
minéraux ,  mais  par  le  développement  intérieur  de  chacune 
de  leurs  parties,  même  les  plus  minimes;  développement 
qu*on  a  nommé  de  là  par  intussusception.  Enfin  ces  Êtres  ont 
encore  ceci  de  propre  qu'ils  n'existent  comme  individus  que 
pendant  un  temps  indéterminé ,  mais  toutefois  limité  à  pen 
près  à  un  maximum  quMls  ne  dépassent  que  rarement; 
temps  qui  constitue  la  durée  de  leur  vie  ,  et  après  lequel  les 
organes  ayant  perdu  leurs  facultés  spéciales,  leur  mécanisme 
cesse  de  fonctionner,  et  l'individu  laissé  k  l'état  mort  se  dé- 
compose plus  ou  moins  promptement  par  feffet  de  ses  affi- 
nités chimiques  avec  tous  les  agents  extérieurs,  dont  il  n'est 
plus  préservé  par  la  puissance  de  la  force  vitale. 

De  ce  seul  fait  du  développement  par  intussusception, 
naissent   ensuite  déjh,   comme  conséquences   naturelles 
obligées ,  plusieurs  conditions  secondaires  qui  rendent  cette 
grande  fonction  possible;  et  pour  leur  accomplissement  di- 
vers systèmes  d'organes,  dont  les  différents  modes  de  fonc- 
tion caractérisent  les  nombreux  groupes  de  ces  Êtres,  dans 
lesquels  les  deux  règnes  se  subdivisent.  En  effet,  il  n'a  pas 
suffi  à  la  nature  créatrice  de  produire  une  fois  pour  toujours 
ces  divers  Êtres ,  il  a  fallu  encore  qu'elle  leur  donnât  avec  la 
faculté  de  se  développer  et  de  grandir  celle  de  pouvoir  intro- 
duire dans  leur  corps  différentes  substances  étrangères  ca- 
pables d'y  être  assimilées  à  ses  nombreux  organes,  afin  de 
les  faire  ainsi  croître  et  leur  faire  en  même  temps  réparer  les 
pertes  plus  ou  moins  constantes  ou  accidentelles  qu'ils 
éprouvent.  Or  ces  fonctions  nécessitaient  d'abord  l'existence 
d'un  premier  appareil  destiné  spécialement  k  l'introduction 
de  ces  substances  dans  l'organisme  ;  appareil  désigné  sous 
le  nom  d'Organes  d'absorption.  Mais  cela  n'était  pas  3n- 
coreassez  ;  il  a  fallu  aussi  que  ces  mêmes  substances  aina 
introduites  dans  l'économie,  pussent  facilement  se  trang- 


cHAnmi  n.  9i 

porter  dans  toutes  les  parties  afin  de  lenr  sertir  de  nourri'- 
ture,  on  comme  on  dit  en  langue  physiologique ,  qu'elles 
pussent  servir  à  la  Nutrition  des  divers  organes.  Or,  il  était 
nécessaire  pour  cela  que  ces  matières  nutritives  fussent  non<- 
seulement  très-divisées ,  mais  encore  en  dissolution  dans 
nn  liquide  qui  pût  les  charrier  partout;  ce  qui  constituait 
une  seconde  condition ,  conséquence  directe  de  la  première, 
et  en  principe ,  comme  elle ,  une  conséquence  du  dévelop- 
pement par  intussusception  ;  condition  qui  nécessitait  un 
second  appareil,  celui  de  la  Circulation  ;  consistant  le  plus 
généralement  en  un  système  tout  entier  de  canaux  spéciaux 
subdivisés  k  Tinfini  et  répandus  partout,  par  lesquels  le  li- 
quide nutritif,  nommé  Séte  ou  Sue  propre  chez  les  Plantes , 
et  Ckyle  ou  Sang  chez  les  Animaux ,  est  distribué  jusque  dans 
les  moindres  parties  du  corps.  Enfin  arrivé  là,  chaque élé^ 
ment  organique  dont  se  compose  ce  dernier,  possède  en  lui- 
même  la  faculté  encore  inexpliquée ,.  et  propablement  li  Ja- 
mais inexplicable ,  d'attirer  à  lui  des  particules ,  contenues 
dans  le  liquide  en  circulation,  pour  les  incorporer  k  sa 
propre  substance  afin  d*en  augmenter  le  volume,  et  par  Ih 
celui  du  corps  entier  ;  acte  qu*on  appelle  YAnsimilation. 

Dans  ce  qui  vient  d*étre  dit,  je  n'ai  fait  qu'indiquer  les 
deux  grandes  fonctions  par  lesquelles  le  corps  des  Êtres 
Tirants  augmente  ou  se  nourrit  *,  mais  on  conçoit  que  ces 
fonctions  elles*m6me6  exigent  diverses  conditions  d'exis^ 
tenoe  sans  lesquelles  elles  ne  sauraient  s'exercer.  En  effet, 
admettons  la  circonstance  la  plus  simple,  celle  dans  laquelle 
se  trouvent  en  réalité  toutes  les  plantes,  où  l'individu- ab- 
sorbe directement  par  sa  surface  ;  mais  plus  spécialement 
par  certaines  de  ses  parties ,  nommées  ses  Organet  aè«of-> 
^bantê  (les  bouts  de  racines) ,  les  substances  qui  se  trouvent 
en  dissolution  dans  les  liquides  qui  les  environnent  direc'- 
tement.  On  conçoit  facilement  que  cette  absorption  ne  sau* 
rait  avoir  lieu  par  une  simple  aetlon  phyrique ,  telle  que  la 
capiRarité,  q«d  fÉit  pénétrer  de  l'eau  dans  «ne  éponge  ;  car, 


40  THEOLOGIE  DB  LA  NÀTURI. 

dans  ce  cas ,  tout  y  entrerait  ;  et  les  vaisseaux  circulatoires  se 
rempliraient  de  liquides ,  dont  la  plus  grande  quantité  serait 
incapable  de  servir  k  la  nutrition ,  ou  même  lui  serait  con- 
traire ,  en  agissant  comme  poison  sur  le  sujet ,  en  entravant 
plus  ou  moins  l'action  des  organes.  Enfin  les  substances  in- 
troduites dans  l'économie  étant  simplement  minérales  (elles 
l'étaient  nécessairement  pour  les  premiers  Êtres  créés) ,  elles 
seraient  d'une  nature  complètement  différentes  de  celles  dont 
se  composent  les  organes  ;  d'où  il  suit  que,  non-seulement  les 
organes  absorbants  devaieni  avoir,  comme  ils  l'ont  en  effet  » 
la  faculté  de  n'absorber  que  celles  des  substances  environ- 
nantes ,  qui  pouvaient  entrer  dans  la  composition  du  fluide 
en  circulation  dans  le  sujet  ;  mais  encore  de  faire  un  choix 
suivant  les  qualités  spéciales  que  le  suc  nourricier  devait 
avoir;  ce  qui  nécessitait  que  la  forme,  la  composition,  et 
par  suite  les  facultés  des  organes  absorbants  fussent  diffé- 
rents dans  chaque  espèce  d*Étres  ;  condition  qui  suppose 
déjà ,  sans  réplique ,  que  les  ^organes  ont  été  formés  sous 
Vinfluence  d'une  cause  intellectuelle,  ayant  la  prescience 
des  effets  qui  devaient  être  produits.  Or,  déjà  sous  ce  rap^ 
port  tout  ne  se  bornait  pas  là.  Les  substances  qu'on  fit 
ainsi  absorber  dans  I'intention  de  les  faire  circuler  dans 
tout  le  corps  ne  pouvaient  pas  être  solides,  ainsi  que  je 
l'ai  déjà  fait  remarquer  ailleurs;  il  fallait  nécessairement 
qu'elles  fussent  fluides ,  afin  de  n'éprouver  que  de  faibles 
obstacles  dans  leur  transport  vers  les  organes  ;  et  c'est  aussi 
ce  qui  existe  partout.  Mais  ce  n'est  pas  encore  assez  ;  pour 
avoir  cette  facilité ,  le  fluide  nourricier  devait  être  renfermé 
à  cet  effet  dans  des  Vaisseaux  circulatoires  spéciaux^  à 
moins  que  les  dimensions  du  sujet  ne  fussent  assez  petites 
pour  que  la  simple  capillarité  des  organes  pût  suffire  à  le 
faire  parvenir  partout  :  condition  qu'on  remarque  en  effet 
dans  les  Insectes ,  animaux  généralement  fort  petits  qui  ne 
présentent  pas  de  canaux  circulatoires  bien  développés; 
tandis  que  ces  vaisseaux  existent  dans  toutes  les  grandes 


CHAPITRE    11.  41 

espèces  animales  et  végétales ,  fait  qui  montre  aussi ,  sans 
réplique  »  que  la  puissance  créatrice  connaissait  parfai- 
tement la  propriété  physique  de  la  capillarité  (1]  des  corps , 
qu'elle  employa  ici,  comme  dans  une  foule  d'autre  cas, 
avec  le  plus  savant  discernement,  comme  moyen  d'arriver 
au  but  voulu. 

Or  la  faculté  de  circuler  dans  le  corps  des  Êtres  organisés 
exigeait  aussi  que  les  vaisseaux ,  renfermant  le  fluide  dont 
il  est  ici  question ,  eussent  la  propriété  de  le  mettre  en  mou- 
vement ;  car  sans  cela ,  le  liquide  absorbé  ne  ferait  que 
remplir  ces  mêmes  vaisseaux  jusqu'à  la  hauteur  permise 
par  leur  capillarité  ;  il  resterait  stationnaire  après  cet  im- 
perceptible mouvement.  Or  cela  ne  suffit  pas ,  même  pour 
les  espèces  de  quelques  centimètres  de  hauteur,  et  devenait 
physiquement  impossible  pour  les  grandes ,  telles  que  les 
arbres ,  où  la  sève  doit  s'élever,  souvent  à  plus  de  trente  ou 
quarante  mètres ,  en  coulant  avec  une  vitesse  assez  con- 
sidérable. Cette  difficulté,  parfaitement  prévue  par  le 
Créateur  ,  a  été  levée ,  ainsi  que  l'observation  nous  le  mon- 
tre, par  Y  établissement  d'un  appareil  spécial  de  propulsion 
que  forme  le  Cœur  chez  les  animaux  dont  la  grandeur 
exigeait  qu'il  y  en  eût  un  ;  tandis  que  cet  organe  est  encore 
aujourd'hui  compléten^ent  inconnu  dans  les  Plantes ,  où  il 
est  à  peu  près  certain  qu'il  n'existe  pas,  ou  parait  se  trouver 
remplacé  par  un  moyen  au-dessus  de  toute  conception  :  les 
plus  savants  Botanistes  et  Physiciens,  tout  en  voyant  circuler 
la  sève  jusqu'à  des  hauteurs  très-considérables ,  ne  pouvant 
en  indiquer  la  raison.  Ce  fait,  si  remarquable  pour  le  Na- 
turaliste philosophe,  montre  ainsi  déjà  un  de  ces  cas  de 

I'aPPLICATION  de  la  PHVSIQUE  A  UN  DEGRÉ  DE  TRANSCENDANCE 
AUQUEL   LA   PERSPICACITÉ  HUMAINE   N'A  PAS   ENCORE  PU   s'É- 

LEVER  ;  fait  dont  j'aurai  à  signaler  un  grand  nombre  de  cas 
dans  le  cours  de  cet  ouvrage ,  et  que  nous  sommes  obligés 


(1)  Voyei  la  note  n«  6. 


4t  THfoLOCIS  Dl  LA  NATURB. 

d'admettre  comme  prouvé  par  l'observatioii ,  sans  pouvoir 
en  donner  une  explication  plausible,  quoiqu'on  Tait  en  vain 
plusieurs  fois  essayé. 

Le  liquide  nourricier,  circulant  ainsi  dans  le  corps  des 
Plantes  et  des  Animaux,  ne  remplit  encore  par  Ik  que  la  se- 
conde condition  d'existence  :  l'absorption  étant  la  première; 
le  but  final  étant  de  produire  le  développement  de  l'indi- 
vidu, et  l'entretien  de  sa  vie.  Or,  sur  chaque  point  de  l'orga- 
nisme de  ce  dernier,  commence  un  eautre  action  qui  conduit 
ii  ce  but:  c'est  celle  de  Y  Assimilation,  qui  même  ne  saurait  y 
avoir  lieu  immédiatement.  En  effet,  il  n'a  pas  suffi  de  faire 
absorber  par  le  sujet  diverses  substances  qui  l'environnaient 
immédiatement,  et  cela  avec  un  choix  tout  spécial  pour 
chaque  espèce  de  sujets,  et  A*imprimer  au  liquide  formé  un 
mouvement  circulatoire  qui  le  fait  arriver  dans  toutes  les 
parties  de  son  corps  ;  il  â  fallu  aussi  que  cette  humeur, 
composée  de  matériaux  divers ,  fût  appropriée  k  l'acte  de 
l'assimilation  de  chaque  espèce  d'organes  en  particulier. 
Or,  comme  les  substances  organiques  sont  chimiquement 
différentes  des  matières  brutes  absorbées  qui  entrent  dans 
leur  composition ,  celles-ci  doivent  en  conséquence  subir 
une  transformation  qui  les  rei)de  propres  k  l'assimilation  ; 
opération  qui  exige  dans  chaque  espèce  d'Êtres  vivants  de^ 
appareils  capables  de  pouvoir  le  produire. 

Cette  élaboration  se  fait  progressivement  par  divers  chan- 
gements que  les  sucs  nourriciers  éprouvent  avant  d'arriver 
aux  organes  où  ils  doivent  être  employés.Xa  première  de  ces 
modifications  parait  déjk  avoir  lieu  au  moment  de  l'absorp- 
tion même ,  vu  que  les  liquides  contenus  dans  les  premières 
voies  ne  sont  déjk  plus  ceux  qui  aVoisinent  le  sujet  avant  cet 
acte  ;  c'est-k-dire  que  le  choix  que  font  les  bouches  absorban- 
tes est  tel  que  les  divers  matériaux  qu'elles  admettent ,  par 
un  fait  tout  particulier^  agissent  d'une  manière  détermi- 
née; ces  bouches  donnant  aux  diverses  substances  absor- 
bées les  propriétés  d'agir  d'une  manière  spéciale  les  nnes 


CHAPITRE    11.  43 

sur  les  antres  par  des  effets  chimiques  propres  &  chacun  de 
ces  organes  ;  afin  de  produire  une  humeur  préparée  par 
là  au  premier  degré  pour  sa  destination  finale ,  la  nutrition 
de  toutes  les  parties  de  Tindividu ,  ainsi  qu*à  la  production 
de  toute  matière  qui  doit  en  être  séparée  pour  un  usage 
quelconque. 

Cette  première  préparation,  et  probablement  déj^  la 
seconde,  parait  être  aussi  produite  par  l'influence  des  parois 
des  canaux  circulatoires  dans  lesquels  coule  le  suc  nourri- 
cier immédiatement  après  avoir  été  absorbé. 

Cette  humeur,  appelée  Sève  dans  les  Plantes,  et  Chyle  chez 
les  Animaux,  ne  peut,  h  ce  premier  degré  de  préparation , 
encore  servir  en  rien  k  la  nutrition  des  organes  ;  propriété 
qu*îl  ne  reçoit  que  plus  loin,  dans  d'autres  appareils  spéciaux 
d'élaboration,  et  plus  particulièrement  dans  ceux  de  la 
ReBpiratiùfi ,  où  il  se  combine  avec  l'oxygène  de  l'air  qui  le 
change  en  humeur  directement  nutritive  ;  comme  dans  les 
Végétaux  sous  le  nom  de  Suc  propre  ,  et  chez  les  Animaux 
sous  celui  de  Samg.  Dans  les  premiers,  cet  acte  de  la 
RESPiRAtioiv  a  lieu  k  toute  la  surface  du  sujet ,  partout  où  Tair 
arrîTe  au  contact  de  la  partie  vivante  ;  mais  surtout  dans  les 
Feuilles,  organes  spécialement  destinés  k  cette  importante 
fonction  ;  et  chez  les  seconds,  le  chyle  se  transforme  en  sang 
également  dans  des  organes  préparés  dans  ce  but,  prenant 
chez  enx,  tantôt  le  nom  de  Poumons,  et  tantôt  celui  de 
Brah cHiEs ,  suivant  que  la  respiration  s'y  fait  au  moyen  de 
l'oxygène  de  l'air,  ou  par  celui  mêlé  dans  l'eau  ;  les  uns  et 
les  antres  diversement  conformés  et  disposées  suivant  le 
FLAN  que  le  Créateur  a  bien  voulu  suivre  en  produisant  les 
Êtres  vivants. 

C'est  ainsi  que  par  les  effets  de  ces  élaborations  successives 
qu'éprouve  le  suc  nourricier,  les  divers  organes  des  plantes 
et  des  animaux  trouvent  tout  préparés  dans  la  masse  de  cette 
humeur  les  matériaux  immédiats  de  leur  nutrition  et  de 
leur  sécrétion;  dernière  modification  qu'ils  ont  ^  éprouver 


44  TirfOLOGlE  DS  LA  NATUM. 

avant  d'être  définitivement  employés  à  la  fonction  4iae  ces 
matériaux  doivent  remplir. 

Cet  acte  de  rASSiMiLATioN ,  incompréhensible  par  lui* 
même  à  Tintelligence  humaine ,  et  que  nous  ne  connaissons 
que  par  ses  résultats,  consiste,  ainsi  que  Je  l'ai.déjk  dit,  dans 
le  pouvoir  qu'a  reçu  chaque  organe  de  choisir^  dans  la  masse 
du  fluide  nourricier  qui  Tentoure,  les  particules  capables  de 
servir  à  sa  nutrition,  et  de  se  les  incorporer;  particules 
qu  il  attire ,  pour  les  ranger  dans  un  ordre  rigoureusement 
déterminé  parmi  celles  faisant  déjà  partie  de  son  organisme, 
et  dont  elles  partagent  dès  lors  les  fonctions ,  en  acquérant 
AINSI  DES  PROPRIÉTÉS  NOuvELLEsquo  CCS  substauccs  n*avaient 
pas  d'abord,  et  surtout  pas  avant  leur  absorption. 

Pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple ,  je  ferai  remarquer  que 
les  éléments  des  muscles ,  qui  ont  la  faculté  de  se  contracter 
sous  l'influence  de  la  volonté.du  sujet,  ne  la  possédaient  pas 
tant  qu'ils  n'étaient  pas  assimilés  k  ces  organes  ;  et  ne  la 
possédaient  surtout  pas  en  dehors  de  l'économie  animale , 
où  leurs  composants,  l'oxygène,  Thydrogène,  l'azote  et  le 
carbone,  toutes  matières  brutes,  étaient  absolument  dé- 
pourvus de  cette  faculté ,  créée  seulement  dans  l'animal  ; 
et  de  inéme  aussi ,  la  substance  des  muscles ,  également  pro- 
duite dans  ces  organes  par  une  puissance  qui  leur  fut  ac- 
cordée par  l'oMNiPOTENGE  CRÉATRICE ,  uc  sc  trouvc  uuUe 
part  ailleurs. 

C'est  ainsi  qu'une  foule  d'autres  actes  vitaux  encore 
s'accomplissent  dans  l'organisme  sans  que  nous  puissions 
en  concevoir  les  causes;  aucune  théorie  ne  pouvant  en 
donner  l'explication;  d'où  nous  sommes  obligés  de  les 
admettre  comme  faits  démontrés  par  l'observation,  et  de  les 
attribuer  purement  et  simplement  k  la  toute-puissancb 
d'une  intelligence  suprême  qui  l'a  voulu  ainsi. 

Dans  l'esquisse  rapide  que  je  viens  de  faire  de  quelques- 
unes  des  conditions  d'existence  des  Êtres  organisés,  je  n'ai 
encore  parlé  que  d'une  seule  série  de  phénomènes  vitaux  ; 


CHAFinuc  II.  45 

ceux  ayant  pour  but  direct  la  simple  assimilatioii  des-snb- 
stances  étrangères  introduites  dansForganisme;  phénomènes 
qui  ont  lieu  aux  mêmes  conditions  chez  les  Animaux  et  les 
Plantes  comme  indépendants  de  la  volonté  du  sujet,  qui 
dépend  de  la  -conscience  de  la  propre  existence  de  ce  der- 
nier; faculté  exclusivement  accordée  aux  Animaux. 

liais  Tacte  de  la  création  ne  s'est  pas  borné  Ik  ;  ce  n*était 
point  assez  pour  l'Intelligence  suprême  d'avoir  formé  divers 
Êtres  organisés  destinés  k  peupler  le  monde,  elle  en  a  aussi 
varié  les  formes  et  les  facultés  suivant  certains  principes 
qu'elle  s'est  elle-même  prescrits,  et  qui  sont  devenus  par 
là  même  ce  que  nous  nommons  les  Lois  de  l'organisation  , 
lois  que  le  Naturaliste  cherche  k  connaître  par  l'étude  qu'il 
en  fait,  et  les  constate  par  des  faits,  ainsi  que  par  les 
conséquences  qui  découlent  de  ces  derniers. 

Cette  étude  a  fait  voir  que  dans  tout  leur  ensemble  les 
Êtres  organisés  étaient  formés  d'après  un  vaste  plan,  consti- 
tuant une  immense  échelle  de  gradation,  où  ils  s'avoisinent 
suivant  leur  analogie ,  par  des  individualités  souvent  presque 
identiques  en  toutes  choses ,  dont  chacune  forme  ce  qu'on 
nomme  une  Espèce  ,  qui  ne  varie  dans  la  succession  des 
générations  que  dans  des  limites  fort  restreintes,  en  revenant 
constamment  les  unes  aux  autres  ;  espèces  que  j'ai  définies 
dans  un  autre  de  mes  ouvrages  (1),  comme  étant  formées  de 
r ensemble  de  tous  les  individus  descendants  (ou  présumés 
descendre)  d'individus  primitifs  semblables^  dont  les  diffé- 
rences ne  portent  que  sur  des  caractères  inconstants 

On  a  bientôt  reconnu  aussi  que  l'immense  ensemble  de 
tous  ces  Êtres  organisés  formait  d'abord  les  deux  grandes 
divisions  constituant  le  Règne  végétal  et  le  Régne  animal , 
dont  il  a  déjà  été  question  plus  haut;  distinguées  l'une  de 
l'autre  par  le  sentiment  de  leur  individualité,  ou,  comme  on 
dit 9  de  leur  Moi;  sentiment  dont  les  Animaux  sont  seuls 


(I)  Tritité pratique  êi  théorique  éPanat.  camp.,  t.  I ,  page  1. 


40  TBiOLOffB  ^  lA  ICATURl. 

doués,  et  qui  manqae  aux  YtoiTiux;  ftieolté  qoelqnefiMS 
fort  difficile  à  reconnaitre,  il  est  vrai ,  mais  qui  ae  peut  pas 
laisser  d'ambiguïté  dans  la  réalité  ;  vu  qu'elle  ne  peut  pas 
k  la  fois  exister  et  ne  pas  exister  chez  quelque  espèce  que  ce 
soit  ;  et  dans  celles  où  il  a  été  jusqu'à  présent  impossible  de 
la  reconnaitre  directement ,  on  conclut  k  son  existence  ou  à 
sa  non-existence  d'après  des  conséquences  qui  en  découlent 
naturellement.  C'est-k-dire  que  de  ce  principe  fondamenUd, 
qui  distingue  les  Plantes  des  Animaux ,  naissent  une  foule  de 
conséquences  naturelles,  qui,  toutes  secondaires  qu'elles 
sont,  deviennent  toutefois  des  caractères  plus  ou  moins 
certains  servant  k  classer  chaque  espèce  dans  le  règne  au- 
quel elle  appartient. 

C'est  surtout  en  suivant  Tenchainement  de  ces  censé* 
quences  jusque  dans  les  plus  minutieux  détails  de  la  stnic* 
ture  et  des  facultés  des  Végétaux  et  des  Animaux ,  qu'on 
découvre  les  nombreux  faits  qui  dévoilent  ▲  nos  yeux  l'âd* 

MIRABLE  SAGESSE  ET  LA  SUBLIME  SOLLICITUDE  QUI  ONT  PRÉSiDt 

A  l'organisation  des  Êtres  vivants  ;  faits  qui  donnent  ainsi , 
aux  plus  opiniâtres  matérialistes,  les  preuves  les  plus  évi- 
dentes que  l'existence  de  ces  étonnants  organismes  ne  peut 
être  due  qu'k  la  toute-puissance  d'une  Intelligence  suprébii 
qui  les  a  formés ,  et  devant  laquelle  ils  n'ont  qu'k  se  pros*» 
terner,  le  cœur  pénétré  d'admiration  et  de  respect. 

En  effet,  le  seul  fait  de  la  différence  qui  existe  sous  le 
rapport  de  la  conscience  du  Moi ,  entre  les  Êtres  des  deux 
Règnes  organiques  de  la  Nature,  découlent  de  nombreuses 
conditions  directes  ou  indirectes  que  le  Créateur  a  dû  suivre 
pour  rester  conséquent  avec  les  lois  que  sa  volonté  suprême 
a  établies ,  afin  de  rendre  l'existence  de  ces  Êtres  possibles; 
les  unes  comme  conséquences  obligées  du  but  qu'il  a  voulu 
atteindre ,  et  les  autres ,  comme  simples  effets  de  la  pré*^ 
voyance  des  circonstances  favorables  ou  défavorables  k  ce 
même  résultat  ;  et  c'est  précisément  dans  ce  soin  minutieux 
apporté  k  l'observation  de  ces  principes ,  et  surtout  dans  les 


rapporte  et  l'hariaaiiie  qui  existent  entre  toutes  lee  ctreon- 
gtances  susceptibles  de  pouvoir  se  présenter ,  que  se  montre 
avec  la  plus  complète  évidence ,  la  bonté  et  là  bàgessb  qui 

OifT  PRÉSIDÉ  À  LA  PaODUCTIOK  DE  CES  ÉtRES  SI  ADMIRABLE* 
MENT  OR6AI91SÉS. 

C'est  ainsi  4iue  par  l'effet  de  la  seule  existence  de  la  con- 
science du  Moi ,  diez  les  Animaux  ,  la  Puissance  créatrice 
a  pu  s'élever  chez  eux  k  une  complication  bien  plus  grande 
de  Torganisation  et  des  facultés  qu'elle  pouvait  leur  accorder» 
que  chez  les  végétaux  qui  en  sont  privés. 

Par  cela  seul  que  les  Plantes  n'ont  pas  la  conscience  de 
leur  être ,  il  était  impossible  qu'elles  pussent  avoir  la  faculté 
de  pouvoir  par  un  mouvement  spontané  aller  à  la  recherche 
des  substances  qui  pouvaient  servir  ^  leur  nutrition  ;  et  elles 
ne  devaient,  en  conséquence,  avoir  aucun  organe  qui  pût 
en  faciliter,  soit  directement  soit  indirectement,  les  moyens  ; 
tandis  que  cela  était  possible  chez  les  Animaux,  qui  ont  en 
eflet  REÇU  POUR  cette  raison  de  nombreux  appareils  or- 
ganiques ,  souvent  fort  compliqués ,  servant  à  faciliter  l'in- 
troduction des  matières  étrangères  dans  leur  organisme. 

On  conçoit,  que  par  cela  même  que  les  animaux  ont 
été  gratifiés  d'une  faculté  aussi  importante,  qui  leur  permet 
de  distinguer  leur  individualité  de  tout  ce  qui  n'est  pas 
elle,  1^  puissance  créatrice  a  nécessairement  dû  leur  donn^ 
aussi  des  organes  capables  de  leur  permettre  de  faire  cette 
distinction;  organes  qui  constituent,  en  effet,  ce  qu'on  ap- 
pelle le  Système  nerveux  ,  dont  les  parties  principales  et 
centrales,  formant  le  Cerveau  et  la  Moelle  épiniére^  pro- 
duisent d'innombrables  ramifications  ou  Nerfs ,  qui  se  ré- 
pandent dans  toutes  les  parties  du  corps ,  sans  en  exceptar 
une  seule,  pour  y  porter  l'action  du  Principe  vital ^  dont  ces 
o^anes  sont  le  siège  ;  et  c'est  également  par  la  partie  cen- 
trale de  ce  système  d'organes  qu'agit  le  Principe  intellectuel, 
qui  possède  exclusivement  la  faculté  du  discernement  de 
toute  chose  ;  et  en  conséquence ,  aussi  celle  de  distinguar 


48  TOioiJOCIK  DV  LA  HATURB. 

rindividu  qu'il  anime  de  ce  qui  lui  est  étranger  ;  au  moyen 
d'indications  ou  Perception  qui  lui  sont  transmises  par  ces 
mêmes  nerfs  ;  dont  une  partie  a  la  faculté  d'apprécier  les 
propriétés  des  corps  et  de  la  communiquer  k  ce  même  prin- 
cipe intellectuel ,  afin  de  le  mettre  en  mesure  de  pouvoir 
juger  par  leurs  qualités ,  quelles  sont  les  conditions  dans 
lesquelles  se  trouvent  ces  mêmes  corps  étrangers.  Ce  sont 
ces  nerfs  spinaux,  qui  constituent,  avec  d'autre^  encore, 
divers  appareils  organiques  connus  sous,  le  nom  'd'Organes 
des  sens  ;  au  nombre  de  cinq  chez  Y  Homme  et  la  plupart  des 
autres  Anim^iux;  c'est-h-dire  ceux  du  Tact  ou  du  Toucher  , 
du  GouT,  de  TOdorat,  de  TOuie  et  de  la  Vision.  D'après 
diverses  indications ,  il  est  toutefois  probable  que  beau- 
coup d'espèces  animales  en  possèdent  encore  d'autres ,  dont 
nous  ne  pouvons  pas  nous  faire  une  idée ,  par  cela  même 
que  nous  ne  les  possédons  pas.  Le  premier  de  ces  cinq  sens 
a  pour  organe  ou  réceptacle,  toute  la  surface  cutanée, 
et  même  toutes  les  parties  intérieures  du  corps ,  où  les  per- 
ceptions sont  toutefois  plus  ou  moins  obscures ,  ou  nulles 
dans  l'état  naturel  du  sujet  ;  ce  qui  constitue  précisément , 
comme  on  le  verra  plus  loin ,  un  de  ces  exemples  de  Haute 
SAGESSE  de  la  Divinité ,  qui  l'a  voulu  ainsi ,  pour  éviter  une 
foule  d'inconvénients  qui  résulteraient  du  cas  où  la  percep- 
tion y  était  plus  ou  moins  vive.  Mais  le  sens  du  toucher  est 
spécialement  localisé  et  plus  délicat  dans  certaines  parties, 
comme  le  bout  des  doigts  dans  l'homme,  les  parois  de  la 
bouche ,  et  plus  particulièrement  l'extrémité  de  la  langue. 
C'est  au  moyen  de  ce  sens  qu'on  reconnaît  l'existence  des 
corps  k  leur  contact  immédiat,  par  leur  résistance,  ainsi 
que  leur  forme  et  leur  consistance  ;  leur  température ,  par  le 
calorique  qu'ils  répandent  ou  absorbent  ;  et  enfin ,  l'action 
irritante  ou  corrosive  qu'ils  peuvent  exercer  sur  quelques 
parties  du  corps. 

Le  GouT,  exclusivement  localisé  sur  les  parois  de  la 
bouche,  et  spécialement  k  la  surface  de  la  langue  et  du  voile 


CHAPITRB  II.  49 

da  palais ,  ne  fait  connaître  que  certaines  propriétés  chi- 
miqaes  des  corps  solables  dans  le  liquide  qui  lubrifie  la 
cavité  buccale.  C*est  ainsi  déjà  un  sens  étroitement  localisé 
et  plus  subtil  que  le  toucher. 

.L*Odorat,  plus  subtil  encore  que  le  goût,  avec  lequel  il 
a  beaucoup  d'analogie  et  se  confond  même  en  partie,  fait 
connaître  aux  animaux  les  qualités  de  certains  corps,  qui 
ayant  la  propriété  de  se  volatiser,  leur  indiquent  leur  pré- 
sence  par  leurs  émanations ,  qui  viennent  frapper  les  parois 
des  fosses  nasales ,  où  se  trouve  le  seul  siège  de  ce  sens  chez 
les  animaux  supérieurs,  en  produisant  par  un  effet  chi- 
mique une  irritation  particulière  k  chaque  espèce  de  corps , 
qoi  fait  connaître  non -seulement  Texistence  de  ces  derniers, 
mais  encore  leur  genre  et  la  direction  dans  laquelle  ils  sont 
placés.  Ce  dernier  fait  a  déjà  ceci  de  fort  remarquable,  que 
les  fosses  nasales  restant  dans  les  mêmes  dispositions ,  la 
direction  dans  laquelle  arrivent  les  particules  odorantes  ne 
devrait  avoir  aucune  influence  spéciale  sur  elles ,  puisque 
ces  émanations  forment  une  chaîne  non  interrompue  jusqu'à 
Tobjet  dont  elles  proviennent. 

Ce  sens  a ,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire ,  tellement  de 
Tanalogie  avec  celui  du  goût ,  que  leurs  sièges  se  continuant 
Tnn  par  l'autre ,  la  partie  volatile  nommée  aromatique  des 
substances  introduites  dans  la  bouche  pénètre  par  les 
arrière-narines  dans  les  fosses  nasales  et  y  fait  percevoir 
leur  odeur  ;  et  la  proximité  des  deux  cavités  fait  croire  que 
la  partie  aromatique  de  ces  substances  est  perçue  dans  la 
bouche  ;  tandis  qu'elle  l'est  réellement  dans  le  nez.  On  peut 
se  convaincre  de  cette  vérité  en  mâchant  ou  en  buvant 
quelque  substance  odorante  en  strrant  les  narines  pour 
empêcher  le  courant  d'air  de  les  traverser;  on  en  percevra 
le  véritable  goût ,  mais  non  l'arôme.  On  connaîtra  si  ces 
substances  sont  âpres,  amères,  salées,  sucrées,  acides, 
astringentes ,  caustiques,  etc.  ;  mais  on  n'aura  acucune  sen- 
sation de  ce  qu'on  nomme  le  bouquet  ou  le  haut  goût ,  qui 

I.  4 


80  THB0L06IB  DB  LA  MATURB. 

deviennent  perceptibles  sitôt  qu'on  ouvre  les  narines;  c'est 
la  raison  qui  fait  que  le  goAt  est  émoussé  lorsqu'on  est  en- 
rhumé du  cerveau. 

Par  le  sens  de  TOuie,  plus  subtil  encore,  on  perçoit , 
comme  on  sait,  les  Sons;  son  organe  transmettant  les  vibra- 
tions de  l'élément  ambiant  au  cerveau,  siège  de  l'intelli- 
gence ,  qui  en  apprécie  la  force  et  le  ton ,  et  faisant  en  méoie 
temps  connaître  la  direction  dans  laquelle  arrivent  les  ondes 
sonores.  Ce  sens  fait  aussi  également  connaître ,  k  distanee , 
la  nature ,  l'éloignement  et  la  direction  des  corps ,  par  la 
seule  propriété  qu'ils  ont  de  transmettre  leur  propre  vibra*- 
tion  k  tout  ce  qui  les  environne. 

Enfin  le  sens  de  la  Yub  ,  le  plus  subtil  des  cinq,  fait  con- 
naître la  forme,  la  couleur,  la  distance  et  la  direction  par- 
faitement eiacte  des  corps ,  par  la  propriété  qu'ont  ceux-oî 
de  réfléchir  la  lumière  après  l'avoir  décomposée  en  ses 
éléments  ou  teintei  du  gpectre ,  dont  les  innombrables  mo- 
difications, résultat  de  leurs  mélanges,  constituent  les 
nuances  infinies  de  toutes  les  couleurs. 

Tels  sont  les  cinq  sens  dont  le  Créateur  a,  dans  sa  sagbssb 
et  sa  BONTÉ,  gratifié  la  plupart  des  animaux;  n'ayant  privé 
de  la  vue  qu'un  petit  nombre  qui  n'en  avaient  pas  besoin , 
comme  vivant  dans  des  lieux  où  la  lumière  ne  pénètre  pas. 
Mais  l'observation  montre ,  ainsi  que  je  l'ai  dit  un  peu  plus 
haut,  que  certains  animaux  possédaient  encore  d'autres 
sens  dont  Tbomme  est  privé ,  et  dont  il  ne  saurait  en  con- 
séquence concevoir  le  mode;  ne  pouvant  les  comparer  h 
rien  qui  leur  ressemble.  Or  voici  toutefois  les  raisons  snr 
lesquelles  je  fonde  Topinion  que  j'avance  ici.  Tout  le  monde 
sait  qu'on  emploie  des  Pigeons ,  et  l'on  pourrait  se  servir 
sans  aucun  doute  de  tout  autre  Oiseau  bon  voilier,  pour 
porter  des  dépêches  à  de  très-grandes  distances  ;  il  suffit 
pour  cela  de  choisir  des  individus  qui,  ayant  des  jeunes 
dans  leur  nid ,  sont  animés  par  Ik  du  vif  d^ir  de  retourner 
h  leur  habitation ,  et  de  transporter  ces  Oiseaux  k  l'endroit 


GHAPITRI  II.  51 

d'au  ils  doiTent  revenir  aussitôt  qu'ils  auront  été  lâchés. 
Et  en  effet ,  k  i*instant  où  ils  sont  en  liberté ,  on  les  voit 
prendre  de  suite  la  direction  du  lieu  où  se  trouvent  les  petits 
dont  on  les  a  séparés ,  en  suivant ,  k  ce  qu'on  est  en  droit 
de  présumer,  le  chemin  le  plus  court ,  à  en  juger  par  le 
peu  de  temps  qu'ils  emploient  k  faire  le  trajet.  Or  quel  peut 
être  le  sens  par  lequel  ces  intéressants  animaux  se  dirigent? 
Ce  ne  peut  évidemment  être  ni  la  vue ,  ni  Fouie  »  ni  Todo- 
rat ,  qui  ne  sauraient  agir  k  des  distances  de  pins  de  400 
à  500  kilomètres ,  et  cela  d'autant  moins  que  ces  oiseaux 
ii*ont  jamais  vu  aucune  partie  de  l'immense  espace  qu'ils 
parcourent.  Ce  fait,  si  extraordinaire  en  lui-même,  ne 
peut  être  expliqué  que  par  lexistence  chez  eux  d'une  fa- 
eollë  sensitive  qui  leur  indique  le  chemin  qu'ils  ont  k  pren- 
dre ,  et  que  nous  ne  concevons  pas  en  elle-même ,  par  cela 
aeul  que  nous  en  sommes  privés.  C'est,  sans  aucun  doute 
aussi*  d'après  le  même  sens  que  se  dirigent  les  oiseaux 
Tejageurs ,  tels  que  les  Hirondelles  ^  dont  chacune  revient 
tons  les  ans  au  nid  où  elle  a  élevé  ses  petits  l'année  avant. 
Dire  que  ces  petits  animaux  se  dirigent  par  la  mémoire 
des  lieux  qu'ils  ont  vus  la  première  fois  qu'ils  ont  fait  l'im- 
mense voyage  de  la  France ,  ou  même  de  la  Norvège ,  jus- 
qu'au centre  de  l'Afrique  et  au  delk,  ce  serait  leur  supposer 
une  mémoire  ^i  prodigieuse ,  qu'elle  surpasserait  infiniment 
eelle  des  hommes  les  plus  intelligents.  On  pourrait  eepen* 
dant  encore  soutenir  cette  opinion  pour  les  oiseanx  émi-- 
grants,  quelque  excentrique  qu'elle  soit;  mais  cela  devient 
évidemment  impossible  pour  les  Pigeons  voyageurs. 

La  Providence  ayant  créé  une  foule  d'animaux  destinés  a 
se  nourrir  de  végétaux ,  ils  eussent  été  exposés  k  périr  en 
fort  peu  de  temps  si  elle  ne  leur  avait  pas  aggohdé  ,  dans  sa 
loute*puissance  et  sa  sagesse,  les  moyens  de  reconnaître  et 
d'éviter  toutes  les  plantes  vénéneuses  qui  peuvent  se  présen- 
ter k  eux  ;  et  l'obsenation  montre  en  effet  que  jamais  ces 
animaux  n'y  touchent;  ce  qui  prouve  qu'ils  ont  évidemment 


T)^  THtOLOGfR    DE   LA    NATf  RE. 

la  facoUé  de  reconnaitre  en  elles  les  mauvaises  qualités  qui  ne 
manqueraient  pas  de  leur  être  funestes  s*ils  en  mangeaient; 
faculté  qui ,  elle  aussi ,  ne  peut  que  résider  dans  un  sens  spé- 
cial que  nous  ne  possédons  pas.  Ici  on  pourrait  admettre  que 
ce  sentiment  que  les  animaux  herbivores  et  frugivores  ont  de 
la  propriété  toxique  des  plantes ,  n*est  qu'une  espèce  d'odo- 
rat ,  avec  lequel  ce  sens  spécial  doit  en  effet  avoir  beaucoup 
d'analogie ,  comme  l'a  déjk  le  goût.  Mais  toutes  les  plantes 
vénéneuses  n'ont  pas  la  même  odeur  ;  et  odorer  ainsi  le  poi- 
son quel  qu'il  soit,  ce  n'est  plus  mettre  en  jeu  le  même  sens 
que  celui  par  lequel  on  perçoit  les  parfums. 

Ici  on  peut  conclure  des  résultats  ^  la  cause;  ailleurs  c'est 
au  contraire  par  l'existence  de  Torgane  qu'on  peut  juger  de 
sa  fonction.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'on  trouve  chez 
beaucoup  d'insectes  des  organes  qui ,  par  leur  forme  et  leur 
composition,  doivent  évidemment  être  sensitifs;  et  comme 
ils  ne  sauraient  renfermer  aucun  des  cinq  sens  connus ,  il 
devient  très-probable  que  ce  sont  des  sens  spéciaux  que 
nous  ne  possédons  pas.  Tels  sont  les  filets  coniques  multi- 
articulés,  dont  il  sera  parlé  plus  tard,  que  les  Forbicines^  les 
Taupes^G filions  et  une  foule  d'autres  insectes  portent  à 
l'extrémité  postérieure  de  leur  corps.  Ces  filets  recevant, 
ainsi  que  je  l'ai  constaté ,  des  branches  nerveuses  infiniment 
plus  volumineuses  que  celles  de  tous  les  organes  non  sensi- 
tifs de  même  volume;  et  leur  composition  ne  permettant 
pas  d'admettre  qu'ils  servent  k  une  fonction  autre  que  celle 
d'un  sens ,  on  est  en  quelque  sorte  obligé  de  les  considérer 
comme  servant  h  la  perception  de  quelque  sensation ,  dont  il 
est  toutefois  impossible  d'indiquer  la  nature. 

Il  en  est  de  même  des  Palpes  des  Insectes ,  tant  maxil- 
laires que  labiaux ,  organes  qu'on  a  bien  considérés  comme 
le  réceptacle  du  goût;  mais  j'ai  fait  voir  dans  un  de  mes 
ouvrages  qu'il  est  impossible  qu'il  servent  à  cet  usage.  En 
effet ,  tout  organe  du  goût  doit  nécessairement  se  trouver  en 
contact  avec  les  aliments  au  moment  où  l'animal  les  reçoit 


CUAPLTAB    11.  53 

daDs  sa  bouche;  or  dans  beaucoup  d*insectes,  et  notamment 
chez  les  Lépidoptères  et  les  Muscides,  les  palpes  se  trouvant 
au  dehors  de  la  trompe ,  fort  éloignés  de  rorifice  de  cet  or- 
gane, les  liquides  dont  ces  animaux  se  nourrissent  n'y 
touchent  jamais.  On  pourrait  penser  qu'ils  servent  au  sens 
de  Todoraty  qui  serait  ainsi  réparti  sur  trois  organes  diffé- 
rents, les  Palpes  maxillaires^  les  Galea  et  les  Palpes  la- 
biaux; et  il  est  en  effet  plus  probable  que  le  goût  réside 
dans  les  parois  de  la  bouche  où  se  distribuent  de  forts  troncs 
nerveux,  ainsi  que  je  l'ai  constaté. 

Quant  aux  Antennes^  on 'a  généralement  admis  que  c'é- 
taient les  organes  du  toucher  des  animaux  articulés;  mais 
j'ai  également  fait  voir  dans  mes  ouvrages  précédents  que 
cela  n'était  pas  possible ,  vu  que  beaucoup  de  ces  animaux 
ne  touchaient  jamais  les  corps  avec  ces  filets  multiarliculés 
de  leur  tète;  et  j'ai  avancé  Topinion  qu'il  était  plus  probable 
qu'ils  remplissaient  les  fonctions  A' Oreille,  organe  du  reste 
inconnu  chez  les  insectes,  tandis  que  par  leur  forme  et  leur 
disposition  ils  pouvaient  très -facilement  se  mettre  en  har- 
monie de  vibration  avec  l'élément  ambiant,  et  transmettre 
ainsi  les  sons  au  cerveau  par  l'entremise  des  nerfs  extrême* 
ment  gros  qu'ils  renferment;  nerfs  qui  pour  cette  grosseur 
même  ne  peuvent  servir  qu'à  un  sens.  Il  serait  cependant 
possible  aussi  que  les  Antennes  fussent  les  organes  de  10/- 
faction ,  vu  que  les  individus  qu'on  en  a  privés  ne  se  dirigent 
plus  vers  les  objets  dont  l'odeur  les  attire  habituellement.  Ce 
qui  ressort  de  l'expérience  suivante  :  les  mâles  du  Bombyx 
diipar,  papillons  d'une  extrême  vivacité  qui  recherchent  leurs 
femelles  avec  la  plus  vive  ardeur,  et  les  découvrent  facilement 
dans  les  lieux  les  mieux  cachés  où  elles  se  trouvent,  ce  qui 
prouve  que  le  sens  de  l'odorat  est  très -subtil  chez  eux ,  de- 
viennent  tout  à  coup  complètement  indiflérents  pour  cette 
recherche,  même  à  la  plus  petite  distance,  lorsqu'on  enduit 
leurs  antennes  d'un  vernis  qui,  empêchant  l'accès  de  l'air, 
le$  rend  incapables  de  remplir  leur  fonction  olfactive.  Mais 


54  THitoLOOIB  DB  LA  NATUEB. 

si  les  tnlennes  sont  les  organes  de  l'odorat,  k  qael  sens  ser- 
vent les  Palpes?  Il  est  évident  que  ce  sont  des  organes  sensi- 
tifs ,  la  grosseur  énorme  des  nerfs  qui  y  pénètrent  ne  permet 
pas  d'en  douter. 

Mais  quel  que  soit  le  nombre  des  sens  dont  la  Providence 
a  GRATIFIÉ  tel  ou  tel  animal ,  il  n'en  est  pas  moins  certain 
qu'elle  les  leur  a  accordés  en  conséquence  de  la  faculté 
qu'elle  a  mise  en  eux  de  discerner  leur  individualité  de  tout 
autre  objet;  car  ce  n'est  que  par  ces  mêmes  sens  qu'ils  sont 
en  état  d'apprécier  cette  différence. 

Avant  d'aller  plus  loin  dans  l'enchaînement  des  eon- 
séquences  par  lesquelles  la  Sagessr  éternelle  a  si  sa- 
vamment établi  des  organes  aussi  admirablement  compliqués 
que  l'observation  nous  fait  connaître  dans  les  animaux  ;  je 
dois,  pour  être  plus  facilement  compris  des  personnes  peo 
versées  dans  la  connaissance  de  Tanatomie  et  de  la  physio- 
logie, faire  connaître  en  peu  de  mots  comment  les  ani- 
maux arrivent  k  cette  connaissance  du  monde  extérieur. 
C'est,  ainsi  que  je  l'ai  déjk  dit,  dans  l'immense  appareil  du 
Système  nerveux  que  réside  cette  éminente  faculté  qui  dis* 
lingue  les  Animaux  des  Plantes.  Il  est  formé  dans  V Homme ^ 
ainsi  que  dans  tous  les  Mammifères,  que  je  prends  ici  pour 
exemple ,  et  d'ailleurs  chez  tous  les  Animaux  vertébrés ,  d'un 
organe  central  fort  compliqué ,  nommé  le  Cerveau ,  remplis- 
sant toute  la  cavité  du  crâne.  C'est  dans  cet  organe  que  se 
trouve ,  ainsi  que  le  prouvent  l'observation  et  l'expérience,  le 
siège  de  l'Être  intellectuel  qui  anime  chaque  individu  en  par- 
ticulier-, c'est  du  moins  Ik  qu'est  le  centre  d'action  d'oà  fl 
agit  sur  tout  le  reste  de  l'organisme.  C'est-k-dire  que  c'est 
par  l'intermédiaire  du  cerveau ,  qui  lui  sert  d'instrument 
immédiat,  que  l'Être  intellectuel  agit  sur  tous  les  organes» 
sans  que,  du  reste,  nous  puissions  savoir  comment  cette 
action  a  lieu  ;  ce  moyen ,  qui  restera ,  ainsi  qu'une  foule 
d'autres  éternellement  inconnu  aux  hommes,  étant  de  beau-» 
coup  au-dessus  de  Tintelligence  humaine;  aussi  ne  pouvons- 


6HAP1TAI    II.  56 

11008  considérer  eelte  action  que  simplement  comme  nn  faii 
démontré  par  les  résultats ,  sans  espoir  de  pouvoir  jamais 
l'expliquer. 

Cet  organe  central  du  système  nerveux  produit  dans  sa 
partie  infrapostérieure  un  gros  prolongement  en  forme  de 
tige  impaire,  mais  symétrique  k  droite  et  k  gauche,  connue 
sous  le  nom  de  Moelle  épinière  ,  descendant  dans  un  canal 
osseux  ménagé  k  cet  effet  dans  TÉpine  du  dos. 

De  la  base  du  cerveau  et  tout  le  long  des  côtés  de  la 
moelle  épinière ,  partent  ensuite  une  quarantaine  de  paires 
de  branches  de  même  nature,  constituant  les  Troncs  ner^ 
veux  primitifs  (i)  qui  vont,  en  se  ramifiant  plus  ou  moins, 
se  distribuer  dans  toutes  les  parties  du  corps,  au  point 
que  pas  une,  même  la  plus  petite,  en  soit  complètement 
dépourvue.  C'est  par  ces  branches  de  nerfs  que  1  agent  de 
rintelligence  porte  l'action  de  la  trie  inlelleeluelle  dans  tout 
l'organisme  et  perçoit  les  impressions  sensitives.  Ces  nerfs 
se  distinguent  ainsi  déjà  par  là  en  deux  catégories  :  ceux  de 
Tune  t  ou  les  Nerfs  sensiiifs ,  transmettent  au  cerveau  les  im- 
itassions que  les  corps  étrangers  font  sur  eux ,  afin  de  les  y 
soumettre  au  jugement  de  l'Intellect  ou  du  Jlfot;  tandis  que 
par  ceux  de  la  seconde  catégorie  ou  les  Nerfs  moteurs  ^  ce 
dernier  réagit  au  contraire  sur  les  organes  capables  de  mou- 
vements pour  les  faire  agir,  en  raison  de  la  détermination 
qu'il  a  prise  ;  mais  il  n'existe  du  reste  aucune  différence  ap- 
préciable entre  les  deux  espèces  de  nerfs ,  dont  les  rameaux 
sont  le  plus  souvent  confondus  sous  les  mêmes  tuniques. 

Pour  faire  mieux  comprendre  cette  double  action,  je  me 
permettrai  ici  une  comparaison  qui  me  parait  fort  juste  ;  en 
disant  que  tout  l'organisme  est  semblable  k  un  état  politique 
dont  le  chef  ayant  son  siège  dans  la  capitale,  envoie  ses 

(1)  U  n«  faut  pas  confondre,  coinme  le  fait  le  vulgaire ,  les  nerfi  avec  les 
tendons,  cordes  blanches  et  coriaces  qui  terminent  les  muscles.  Les  nerfs 
sont  également  blancs ,  mais  plus  jaunâtres,  et  mous  comme  le  cerveau  dont 
Ib  sont  les  prolongements. 


^  I 


56  THÉOLOGIE  DB   LA   NATURE. 

ordres  daos  toutes  les  directions  par  les  fils  des  télégraphes 
électriques  Jasque  dans  les  provinces  les  plus  éloignées,  et 
en  reçoit  par  les  mêmes  moyens  les  dépêches  d*après  les* 
quelles  il  se  délermine.  Il  en  est  de  même  pour  TËsprit  qui 
a  son  centre  d'action  dans  le  cerveau ,  d*oJi  il  envoie  aux 
organes,  au  moyen  d'un  fluide  (nerveux)  qui  les  parcourt, 
Tordre  d'agir  de  telle  ou  telle  façon  ;  et  en  reçoit  de  même 
le  signalement  des  impressions  que  les  organes  des  sens  ont 
reçus.  Cette  comparaison  entre  les  deux  appareils  est  même 
d'autant  plus  juste,  qu'il  existe  en  réalité  la  plus  grande  ana- 
logie entre  les  fluides  galvaniques  et  nerveux. 

C'est  par  cette  double  voie  nerveuse  que  s'exécutent 
toutes  les  fonctions  organiques  dont  l'individu  a  conscience. 
Si  un  objet  quelconque  agit  sur  une  partie  du  corps,  et 
que  son  action  puisse  être  défavorable,  l'organe  du  sens  qui 
y  réside  le  signale  à  l'instant  au  cerveau  qui  réagit,  si  l'Esprit 
le  trouve  convenable,  en  envoyant  par  les  nerfs  moteurs 
Tordre  k  tel  organe  d'agir  en  conséquence  de  cet  effet. 

Mais  on  conçoit  toutefois  que  les  fonctions  organiques 
qui  peuvent  s'exercer  sans  que  l'individu  en  ait  conscience, 
ne  devaient  par  là  même  point  être  soumises  à  la  volonté 
chez  les  Animaux ,  vu  qu'ils  n'ont  pas  à  y  intervenir  ;  et  de 
ce  nombre  sont  celles  dont  les  analogues  existent  également 
dans  les  Plantes,  telles  que  V Absorption,  la  Circulation  et 
surtout  Y  Élaboration  des  sucs  nutritifs^  qu'on  nonmie  chez 
les  Animaux  plus  particulièrement  la  Sanguificaiion.  Et  en 
efiet ,  toutes  ces  fonctions  ont  lieu  sans  que  Tanimal  en  ait  la 
moindre  connaissance;  et  cela  non  -seulement  parce  que 
c'est  inutile  ,  mais  surtout  parce  que  le  sentiment  qu'il 

EN  AURAIT  POURRAIT  DEVENIR  UNE  CAUSE  DE  TROUBLE,  aiusi 

que  cela  arrive  quelquefois  dans  certaines  maladies,  comme, 
par  exemple,  lorsque  les  pulsations  du  cœur  et  la  très-grande 
agitation  du  sang  deviennent  sensibles  et  par  là  douloureuses. 
Aussi  la  Nature  créatrice  ,  toujours  si  admirablement 

BONNE  DANS  SA  SUBLIME  SAGESSE ,  a-t-cUe  OU  offct  SOUStraît 


CHAPITRB  11,  57 

ces  fonctions  k  la  connaissance  de  l'individu ,  les  plaçant  sous 
rinfluence  d*un  second  système  nerveux  connu  dans  les  ani- 
maux supérieurs  sous  le  nom  de  Système  nerveux  êympa- 
thique  ;  qui  doit  avoir  son  analogue  chez  les  végétaux ,  quoi- 
qu'il y  soit  encore  complètement  inconnu.  Je  dis  qu'il  est 
probable  qu'il  existe  aussi  dans  les  plantes ,  vu  que  l'agent 
de  la  vie  de  développement  doit  y  avoir  son  siège  dans  un 
système  d'organe  quelconque,  par  lequel  il  agit  comme  dans 
les  animaux  sur  tous  les  autres  organes  pour  leur  trans- 
mettre sa  puissance  viviflante. 

Dans  les  Animaux  vertébrés  ,  le  Système  sympathique  est 
formé  d'une  chaîne  de  petits  renflements  nerveux  ou  Gan^ 
gtioiis  9  situés  de  chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale,  le  long 
du  cou ,  ainsi  que  dans  l'intérieur  du  thorax  et  de  l'abdomen  ; 
et  réunis  par  des  filets  de  même  nature,  allant  des  uns  aux 
autres.  De  ces  ganglions  plus  ou  moins  nombreux ,  selon 
Tespèce  de  l'animal ,  partent  ensuite  de  nombreux  rameaux 
nerveux ,  se  rendant  dans  tous  les  organes ,  dont  la  fonction 
est  soustraite  à  la  conscience  de  l'individu ,  pour  y  porter  l'ac- 
tion de  la  vie  proprement  dite  ou  de  pur  développement,  vie 
qui  existe  aussi  dans  les  végétaux ,  et  qu'on  désigne  sous  le 
nom  de  Vie  automatique ,  pour  la  distinguer  de  celle  que  les 
animaux  possèdent  en  plus ,  et  qu'on  appelle  de  là  la  Vie 
animale  ou  de  relation. 

Pourvus  du  pouvoir  de  distinguer  leur  individualité  de 
tout  ce  qui  ne  lui  appartient  pas ,  et  de  reconnaître  dans  les 
autres  Êtres  de  la  nature  quelles  sont  plusieurs  de  leurs  pro- 
priétés spéciales,  les  animaux  ont  par  cela  même  été  suscepti- 
bles d'être  doués  encore  d'un  grand  nombre  d'autres  facultés 
impossibles  chez  les  plantes  ;  et  d'être  ainsi  élevés  à  des  de- 
grés fort  différents  de  complication ,  avec  un  grand  nombre 
de  qualités  qui  en  dépendent;  et  c'est  en  effet  dans  ces  in- 
nombrables formes  et  conditions  d'existence  des  animaux 
que  l'étude  de  la  zoologie  fait  connaître  que  nous  trouvons 
ainsi  matériellement  non-seulement  les  preuves  les  plu5 


58  THBOLOGIB  DB  LA   MATURI. 

évidentes  qu'une  Intelligence  suprême  ,  toute-puissante  , 

A  PRÉSIDÉ  A  l'organisation  DE  CHAQUE  ESPÈCE  ANIMALE  , 
jusqu'à  la  plus  MINIME  ,  QUI  ÉCHAPPE  DE  BEAUCOUP  A  NOTRE 

vue;  mais  encore  que  cette  même  puissance  a  partout 

ÉTABLI  LA  PLUS  SUBLIME  HARMONIE  ENTRE  TOUTES  LES  FONC- 
TIONS POUR  LES  FAIRE  LE  MIEUX  CONTRIBUER  AU  BUT  FINAL 
QUE  CHACUNE   DE    CES  ESPÈCES   DOIT   ATTEINDRE ,   SUivaut  le 

degré  de  l'échelle  zoologique  auquel  il  a  plu  au  Très-Haut 
de  la  placer,  en  montrant  partout  que,  dans  sa  toute- puis- 
sance, le  Créateur  est  resté  admirablement  conséquent  dans 
les  principes  immuables  qu'il  a  établis  dans  sa  haute  sagesse 

et  son  INEXPRIMABLE  BONTÉ. 

En  effet ,  par  cela  même  que  la  Nature  créatrice  a  formé 
un  nombre  infini  d'espèces  animales  destinées  k  peupler  le 
monde,  sous  la  condition  de  naître  et  de  se  développer;  elle 
a  dA  aussi ,  sans  tomber  dans  des  inconséquences  k  l'égard 
de  ses  propres  lois ,  les  préserver  autant  que  possible  de  tout 
ce  qui  aurait  pu  amener  leur  prochaine  destruction.  Quant 
aux  plantes.  Êtres  laissés,  à  un  degré  inférieur,  h  l'état  pu- 
rement passif,  la  destruction  des  individus  ne  put  être  pré- 
venue que  par  la  faculté  qui  leur  fut  donnée  ,  ou  du  moins 
à  la  plupart,  de  pouvoir  facilement  régénérer  les  parties  de 
leur  corps  qu'une  circonstance  quelconque  leur  ferait  perdre  ; 
ou  bien  aux  plus  faibles,  de  pouvoir  céder  h  la  puissance  qui 
menace  leur  existence,  pour  reprendre  ensuite  leur  condition 
primitive,  favorable  à  leur  existence,  sitôt  que  la  cause  des  • 
tructive  disparaît  ;  ou  bien  encore  en  lui  résistant  par  sa  force 
d'inertie.  Chez  les  animaux ,  au  contraire ,  doués  de  la  con- 
science de  leur  existence,  les  moyens  d'éviter  leur  destruc- 
tion purent  être  en  partie  laissés  à  leurs  propres  soins,  en  leur 
accordant  la  faculté  de  fuir  le  danger  sitôt  qu'il  s'en  senti- 
raient menacés.  Cela  était  non-seulement  une  conséquence 
du  principe  de  la  conservation  de  leur  individualité,  mais 
encore,  une  conséquence  de  la  bonté  du  Créateur;  vu  que 
l'existence  de  ces  Êtres  sensibles  eût  été  une  condition  hor- 


CHAPITRE    II.  89 

rible ,  Bi  en  leur  donnant  le  sentiment  du  mal  il  les  eût  lais- 
sés dans  rimpossibilité  de  se  soustraire  aux  innombrables 
causes  de  souffrance  et  de  destruction  dont  ils  sont  constam- 
ment menacés. 

En  effet,  cbez  tous  les  Êtres  dont  l'animalité  est  bien  con- 
statée ,  on  trouve  le  pouvoir  de  la  Locomotion  par  lequel  ils 
ont  au  moyen  d'une  détermination  qui  leur  est  propre,  et 
qu'on  nomme  la  Volonté  ,  le  moyen  de  changer  en  tout  ou 
du  moins  en  partie  de  place,  afin  d'éviter  le  danger  dont  ils 
se  sentent  entourés.  Ce  mouvement  volontaire  n'a  d'ailleurs 
pas  été  seulement  accordé  aux  animaux  pour  leur  permettre 
de  fuir  les  sensations  désagréables,  mais  encore  en  vtfi 
d*un  nombre  considérable  d'autres  facultés  principales  on 
secondaires,  dont  j'aurai  k  parler  ;  d'où  la  locomotion  de*- 
vient  nne  des  conditions  les  plus  éminentes  de  leur  exis** 
tence;  aussi  l'appareil  au  moyen  duquel  elle  s'exéoute 
constîtue*t-il  d'ordinaire ,  la  plfts  grande  partie  de  la  masse 
du  corps  des  animaux. 

Or  la  Nature ,  toujours  si  parfaitement  conséquente  dans 
tout ,  a  non-seulement  accordé  à  tous  les  Animaux  cette  fa- 
culté de  pouvoir  éviter  ainsi  par  leurs  mouvements  ce  qui 
pourrait  contribuer  k  leur  être  défavorable  ;  mais  pour  mieux 
assurer  encore  la  persistance  de  leur  être ,  elle  leur  a  de  plus 
inspiré  le  sentiment  instinctif  de  Thorreur  de  la  mort; 
sentiment  dont  ils  suivent  les  conséquences  sans  en  conce^ 
voir  le  but,  vu  que  chez  tous»  l'espèce  humaine  exceptée, 
Tabsenee  de  la  raison  ne  leur  permet  pas  de  connaître  et 
d'apprécier  ce  que  c'est  que  la  privation  de  la  vie  ;  horreur 
que  l'homme  éprouve  d'ailleurs  également  sans  pouvoir  s'en 
rendre  compte,  I'Instingt  qui  l'inspire  ilant  un  penchant 
naturel ,  tnné,  qui  le  porte  comme  les  animaux  à  tel  ou  tel 
acte  $ani  qu*il  en  connaisse  la  conséquence  finale.  C'est  ainsi 
que  le  Poussin  qui  vient  de  naître  fuit  avec  frayeur  devant 
l'oiseau  de  proie  qui  traverse  l'air,  tandis  qu'il  ne  manifeste 
•aeuM  crainte  lorsque  l'oiseau  est  inoffimsif.  C'est  également 


W  théouh;ie  dk  la  matuae. 

par  le  même  sentiment  instinctif  qu'en  général  tous  les  ani- 
maux faibles  fuient  non*seulement  devant  leurs  ennemis  na- 
turels ,  mais  encore  par  le  seul  effet  d*uu  ^simple  bruit  qui 
semble  annoncer  le  danger,  pendant  qu  ils  ne  manifestent  au 
contraire  aucune  appréhension  a  l'approche  de  tout  Être  dont 
il  n*ont  rien  de  mal  k  attendre.  C*est  encore  par  instinct  que 
les  oiseaux  organisés  pour  la  nage  se  lancent  hardiment 
à  l'eau  à  peine  qu'ils  sont  nés,  sans  crainte  de  s*y  noyer, 
tandis  que  les  autres  n'osent  pas  se  mouiller  les  pieds.  EnGn 
tous  les  animaux  connaissent,  par  le  même  sentiment  inté- 
rieur, Tespèce  de  nourriture  qu'ils  doivent  prendre ,  en  évi- 
tant soigneusement  celle  qui  pourrait  leur  nuire  ;  et  beau- 
coup sont  même  si  intimement  attachés,  par  ce  même 
instinct,  h  telle  qualité  spéciale  d'aliments,  qu'ils  se  laisse- 
raient plutôt  mourir  de  faim  que  d'en  prendre  d'autres  pour 
lesquels  ils  ne  se  sentent  aucun  penchant ,  aucun  appétit. 
Cela  existe  surtout  chez  une  foule  d'Insectes ,  tel  que  le  Ver 
à  soie  y  qui  ne  mange  que  la  feuille  du  Mûrier,  et,  par  le 
grand  besoin ,  celle  de  la  Laitue  et  de  la  Scorsonère.  C'est 
par  le  même  instinct  encore  que  les  animaux ,  à  l'état  libre 
ou  sauvage,  reconnaissent  les  individus  de  leur  espèce  avec 
lesquels  seuls  ils  s'accouplent ,  pour  la  perpétuation  pure  de 
leur  race. 

En  thèse  générale ,  c'est  en  accordant  aux  animaux  cette 
étonnante  faculté  de  l'Instinct,  que  l'Intelligence  suprême 
leur  a  indiqué  ce  qui  peut  leur  être  favorable  ou  nuisible^ 
sans  qu'ils  aient  besoin  de  créer  aucun  moyen  nouveau 
d'arriver  à  leurs  fins^  et  surtout  sans  avoir  besoin  de  chercher 
à  connaître  les  rapports  fut  peuvent  exister  entre  plusieurs 
faits  (ces  rapports  étant  indiqués  par  le  penchant  instinctif 
lui-même),  sans  que  l'animal  en  tire  aucune  conséquence, 
prenne  aucune  détermination  et  forme  aucune  volonté  ; 
ces  derniers  actes  dépendant  de  Y  Intelligence  dont  tous  les 
animaux  sont  plus  ou  moins  doués  ;  faculté  que  beaucoup 
de  personnes ,  et  même  des  Philosophes ,  ont  souvent  con* 


CHAFITRB    II.  61 

fondue  avec  rinstinct ,  en  mêlant  les  faits  relatifs  à  l'un  k 
ceax  dépendant  de  Vautre  ;  t  I'Intblligenge  étant  la  Puis- 
sance de  TEsprît  par  laquelle  il  apprécie  Importance  d'un 
ou  de  plusieurs  faiis ,  d'après  les  circonstaneee  dans  les- 
quelles ils  ont  lieu  ;  d'en  déduire  les  rapports ,  et  se  diter- 
miner  à  leur  sujet,  suivant  ces  conséquences ^  afin  de  prendre 
une  volonté  dagir^  et  de  gréer  les  motens  d'exécuter  cette 
dernière^  pour  arriver  au  résultat  définitif  auguel  on  veut 
pa^^venir.  » 

Enfin  <  la  Raison  ,  attribut  de  l'homme  seul ,  est  cette 
même  intelligence  appliquée  à  des  faits  abstraits^  degré  émi- 
nent  auquel  les  animaux  ne  sauraient  parvenir  (1),  »  ou  du 
moins  bien  difficilement. 

D'après  la  définition  que  je  viens  de  donner  de  Fintelli- 
gence,  on  conçoit  que  cette  faculté  doit  varier  considérable- 
ment, suivant  le  nombre  de  faits  que  l'animal  peut  embrasser 
à  la  fois ,  le  degré  d'importance  qu'il  est  susceptible  d'y  atta- 
cher, la  diversité  des  circonstances  qu'il  peut  concevoir,  l'é- 
tendue des  rapports  qu'il  reconnaît  entre  les  faits,  h  justesse 
des  conséquences  directes  ou  indirectes  qu'il  est  capable  d'en 
tirer,  et  enfin  suivant  le  degré  iUmagination  qu'il  a  pour 
créer  les  moyens  qui  doivent  le  conduire  au  résultat  désiré. 

c  En  a|>plîquant  ce  que  nous  venons  de  dire  k  l'homme 
même,  qui  est  essentiellement  doué  d'intelligence,  nous 
trouvons  chez  les  divers  individus ,  déjà  toute  la  différence 
que  nous  venons  de  signaler,  et  nous  la  retrouvons  égale- 
ment chez  les  animaux,  mais  à  des  degrés  beaucoup  moins 
élevés, 

>  L*homme  se  distingue  ensuite  principalement  de  la 
brute ,  par  la  Raison  ou  la  faculté  de  pouvoir  tirer  des  con-- 


{%)  Voyei ,  pour  les  déHnltions  de  TlnsUnct ,  de  rintelllgence  et  de  la  Rai- 
ton,  mea  Considérât,  génér.  nir  VAnat.  eovup.  dit  Anim,  ortie,  »  page  380, 
1826.  Ces  définitions  ont  été  adoptées  par  M.  JouaDAN  dans  son  DictûmMire 
dei  termes  usités  dans  les  sciences  naturelles,  1834,  mais  sans  indiquer 
la  sooree  où  il  les  a  prises. 


tS  llrfOLOGR  ra  U  MATURB. 

siquencis  lei  unes  des  auire$  jusqu'à  TinCni;  de  s^iUver 
aimi  à  des  considérations  abstraites  ^  et  de  peser  des  faits 
qui  ne  tombent  pas  sous  les  sens,  tandis  que  Fanimal  ne 
peut  guère  tirer  qu*une  seconde  eonséquence  d'une  première, 
et  peut-être  jamais  une  troisième  d'une  seconde,  ce  qui  de- 
vient déjà  abstrait. 

L'observation  nous  laisse  entrevoir  que  la  Nature  a  suivi 
k  regard  des  facultés  intellectuelles  et  instinctives ,  de  mène 
que  dans  les  modes  d'organisation ,  des  gradations  très-éten- 
dues dans  la  série  des  Êtres,  depuis  les  Végétaux  qui  sont 
entièrement  privés  de  l'une  et  de  l'autre  de  ces  facultés,  jus- 
qu'à l'espèce  humaine  qui  s'élève  aux  conceptions  les  plus 
transcendantes  de  la  raison. 

»  Â  mesure  que  l'intelligence  diminue  chez  les  animaux , 
la  Nature  y  a  suppléé  par  Tinstinct,  sans  que  ces  deux  facultés 
se  trouvent  précisément  en  raison  inverse  Tune  de  l'autre 
chez  la  même  espèce;  elle  en  a  au  contraire  considérable- 
ment  varié  retendue ,  suivant  les  conditions  dans  lesquelles 
chaque  animal  a  été  placé.  » 

Ces  deux  facultés,  destinées  à  se  suppléer  réciproque- 
ment ,  ont  la  plus  grande  influence  l'une  sur  l'autre  ;  l'instinct 
étant  un  penchant  inné ,  agit  sur  les  actions  comme  cause 
primitive,  et  l'intelligence  comme  cause  modifiante.  D'une 
part,  cette  dernière  se  trouvant  plus  ou  moins  en  opposition 
avec  les  penchants,  leur  cède  souvent,  et  perd  ainsi  de  son 
énergie;  et  d'une  autre,  l'instinct  déterminant  l'intelli* 
gence  à  se  porter  sur  un  sujet  plutôt  que  sur  un  autre ,  lui 
prête  sa  puissance  et  lui  donne  par  là  une  plus  grande  force; 
et rintelligenee ,  à  son  tour,  régularise,  modifie,  développe 
ou  domine,  suivant  les  circonstances,  les  impressions  four- 
nies par  l'instinct  :  et  c'est  surtout  chez  l'homme  que  cette 
influence  est  la  plus  grande,  et  que  les  modifications  senties 
plus  nombreuses  d'un  individu  à  Tautre. 

Nous  avons  vu  un  peu  plus  haut ,  en  parlant  de  la  difie- 
rencequi  existait  entre  les  Plantes  et  les  Animaux,  que  les 


CHAfini  11.  63 

fonctions  inhérentes  an  Système  nenreux  pouvaient  être  dis- 
tinguées en  trois  classes  :  les  Automatiques  qui  ê'exicutent 
$an$  la  partieipaiiim  de  la  volonté  de  Vindividu ,  et  dont  il 
n'a  pas  eonicienee]  les  Sbnsitives  passives  qui  i^exéeulent 
$an$  $a  volonU ,  maie  dont  il  a  connaissance ,  et  par  les  - 
quelles  il  est  mis  en  relation  avec  le  monde  extérieur,  et 
enfin  eellei  dont  rexicxition  dépend  exclusivement  de  la  vo- 
Umié  de  F  Animal^  ou  les  Facultés  locomotrices  ,  celles  des 
Sbms  actifs  et  les  Facultés  intellectuelles. 

Ces  trois  grandes  fonctions  sont  exécutées  d'une  manière 
k  jamais  inconcevable  pour  l'intelligence  humaine  par  le 
Système  organique  nerveux ^  dont  le  centre  d'activité  est, 
ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit,  dans  l'Encéphale ,  nommé  vulgai- 
rement le  Cerveau  y  qui  n'est  que  sa  partie  principale,  et 
placé  dans  le  erftne  chez  tous  les  Animaux  vertébrés  ;  mais 
il  est  toutefois  fort  probable  que  la  faculté  locomotrice  ré- 
side aussi,  du  moins  en  partie,  dans  la  Moelle  épiniére, 
prolongement  raehidien  de  l'Encéphale;  et  nous  avons  éga- 
lement vu  que  c'est  au  moyen  des  Nerfs ,  nombreuses  rami- 
fications qui  se  rendent  de  ces  parties  centrales  dans  tous 
les  organes ,  que  ceux-ci  sont  mis  en  action  ;  nerfs  qui  se 
distinguent  de  lli,  par  leurs  fonctions  mêmes ,  également 
en  trois  classes ,  les  automatiques ,  les  sensitifs  et  les  mo- 
tmr$  ou  volontaires. 

Le  Cerveau  y  centre  commun  de  ces  trois  espèces  de  nerfs, 
ne  constituant  qu'une  masse,  dans  laquelle  ces  trois  fonc- 
tions ne  sont  pas  localisées ,  ou  dont  plutôt  le  centre  spé- 
dtl  de  diaeune  n'est  point  encore  connu  comme  tel ,  quoique 
ee  viscère  soit  divisé  en  plusieurs  parties  bien  distinctes ,  les 
Anatomistes  n'ont  considéré  jusqu'à  présent  ce  viscère  que 
simplement  comme  un  tout,  dans  lequel  ils  ont  unique- 
ment cherché  à  déterminer,  autant  que  possible,  quelles 
étaient  les  parties  qui  pourraient  être  considérées  comme  le 
siège  spécial  de  telle  ou  telle  faculté  en  particulier;  recher- 
ches où  l'on  n'est  encore  arrivé  qu'à  des  opinions  plus  ou 


(U  THÉOLOGIE  DB    Là   RATDRE. 

moins  hypothétiques,  et  par  suite  fortement  controversées 
entre  les  Naturalistes.  Cestde  Tensembledeces  hypothèses, 
admises  comme  plus  ou  moins  fondées,  qu*est  née  la 
science  de  la  Phrénologie  ou  Système  de  Gall ,  par  laquelle 
on  a  pensé  pouvoir  recounaitre  Téminence  des  facultés  de 
chaque  individu,  d'après  le  développement  que  prend  telle 
ou  telle  partie  du  cerveau ,  et  qui  se  traduit  à  Textérieur  par 
les  dimensions  et  les  saillies  du  crâne;  système  qui  parait 
être  vrai  dans  ses  principes  généraux,  mais  bien  évidem- 
ment faux  dans  à  son  application ,  en  tant  que  donnant  k 
connaître  les  facultés  de  chaque  personne  ;  objet  sur  lequel 
j'aurai  k  revenir  ailleurs  (1). 

Enfin  d'autres  nerfs  encore ,  constituant  le  Système  du 
Grand  Sympathique ,  dont  il  a  déjà  été  parlé ,  forment  de 
chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale  un  tronc  commun  s'é- 
tendant  depuis  le  dessous  de  la  tête  jusque  vers  la  partie 
postérieure  du  corps ,  en  se  reliant  au  cerveau  et  k  la  moelle 
ëpinière  par  diverses  branches  decommunication  ;  en  même 
temps  que  d'autres  troncs  nombreux  se  distribuent  spéciale* 
ment  aux  viscères  dont  les  fonctions  sont  soustraites  à  la 
volonté  et  au  sentiment. 

Quoiqu'il  résulte  de  ce  qui  vient  d'être  dit  que  le  système 
nerveux  préside  k  quatre  classes  de  fonctions  différentes;  les 
automatiques  y  les  volontaires  ou  locomotrices^  les  sensitives 
et  les  intellectuelles ,  ces  fonctions  peuvent  toutefois  être  ra- 
menées k  deux  principales  :  celles  qui  s'exercent  sans  la  con- 
science de  l'individu  (les  Automatiques),  et  qu'on  retrouve, 
autant  que  nécessaires  aussi  chez  les  Végétaux;  et  celles 
dont  l'individu  a  conscience,  et  qui  distinguent  essentielle- 
ment les  Animaux  qui  seuls  en  sont  pourvus,  des  Plantbs 
qui  en  sont  privées.  Les  premières  de  ces  fonctions  parais- 
sant avoir,  ainsi  qu'il  a  été  dit ,  exclusivement  leur  centre 
d'action  dans  le  Système  nerveux  ganglionnaire  ou  du  Grand 

(1}  Voyez  la  note  n*  28. 


CHAPITRE    n,  65 

Sympathique ,  et  les  secondes ,  le  leur  dans  Y  Encéphale  et 
la  Moelle  épinière ,  ces  deux  derniers  formant  ensemble  le 
système  cérébro-spinal  ou  céphalo-rachidien. 
.  Le  système  nerveux,  qui  préside  k  toutes  les  facultés 
fonctionnelles  des  autres  appareils  du  corps,  est,  du  reste, 
comme  ceux-ci,  soumis  à  certaines  lois  d*organisation 
desquelles  dépendent  sa  disposition,  sa  forme  et  les  fonctions 
spécialement  propres  à  chacune  de  ses  parties;  lois  dont  j*ai 
déjà  formulé  les  plus  essentielles  dans  mes  ouvrages 
précédents  (1),  et  montrant  que  le  nombre  et  la  (grosseur 
des  divers  troncs  nerveux  dépendent  toujours  de  la  fonction 
des  organes  auxquels  ils  se  rendent;  c*est-k-dire  que  les  plm 
forts  sont  destinés  aux  organes  des  sens  ;  ceux  d'une  grosseur 
secondaire ,  atijc  muscles  volontaires  ;  et  les  plus  faibles ,  aux 
organes  automatiques.  Cette  grosseur  des  nerfs  dépend  en 
outre  d*autres  causes  qui  influent  sur  elle;  de  manière  que 
cette  première  loi  générale ,  que  je  viens  d*indiquer,  semble 
éprouver  d'assez  nombreuses  exceptions. 

«  Dans  les  organes  des  sens ,  la  grosseur  des  nerfs  paraît 
être  en  outre  en  raison  inverse  de  la  densité  de  V agent  qui 
doit  être  perçu;  et  comme  la  lumière  est  le  corps  le  plus 
subtil  dont  Tanimal  doit  distinguer  les  variations,  ce  sont, 
toutes  choses  égales  d*ailleurs ,  les  yeux  qui  reçoivent  les 
nerfs  sensitifs  les  plus  forts.  » 

c  Les  nerfs  de  la  seconde  grosseur  sont  généralement 
ceux  des  Antennes^  organes  que  je  regarde  comme  renfer- 
mant le  sens  de  Touie  (et  peut-être  celui  de  Todorat ,  ainsi 
qu'on  la  vu  plus  haut);  viennent  ensuite  ceux  des  Palpes 
maxillaires  et  labiaux  y  qui  paraissent  les  uns  et  les  autres 
servir  à  un  sens  qui  n'est  pas  connu.  Les  nerfs  mandibu-- 
lairesj  dans  lesquels  réside  en  partie  la  perception  du  goût, 
ont  une  grosseur  moins  forte  encore;  les  Pattes ^  comme 
organes  du  toucher  proprement  dit,  reçoivent  des  nerfs 

(1)  CoMidératûms  génér,  tw  VÀnat.  comp,  det  Anim.  artic,  p.  361,  1828. 
I.  S 


M  TEéOLOaiB  M  LA  NATURI. 

très-considérables.  Enfin,  la  Peau,  organe  do  toncher 
général,  ne  reçoit  que  des  branches  nerveuses  extrêmement 
faibles  chez  toutes  les  espèces  dont  les  téguments  sont 
solides,  ce  sens  devant  y  être  nécessairement  plus  obtus.  » 

<  Le$  nerfs  des  sens  sont  en  second  lieu  toujours  propor- 
tionnés au  volume  de  V organe  auquel  ils  se  rendent ,  et  leur 
grosseur  est  en  outre  relative  à  la  plus  ou  moins  grande 
complication  de  l'organe  comparé  à  ses  analogues  d^une 
espèce  à  Vautre,  » 

«  Enfin  ^  la  grosseur  des  nerfs  des  sens  doit  naturellement 
être  en  rapport  avec  le  degré  de  sensibilité  de  V organe  comparé 
d'une  espèce  à  Vautre.  » 

«  Quant  aux  muscles  qui  reçoivent  toujours  un  grand 
nombre  de  troncs  nerveux,  comme  formant  la  masse  la  plus 
considérable  des  organes ,  de  la  vie  de  relation ,  leurs  nerfs 
sont ,  d'une  part ,  proportionnés  au  volume  des  muscles ,  et 
de  l'autre,  ils  sont  en  raison  de  leur  activité.  À  masses 
égales ,  ce  sont  en  conséquence  les  muscles  les  plus  exercés 
qui  reçoivent  les  nerfs  les  plus  forts.  » 

<  Les  organes  automatiques  ne  reçoivent  que  de  très- 
faibles  troncs  nerveux ,  dont  les  plus  forts  se  rendent  dans 
les  muscles  respiratoires ,  mixtes  entre  ceux  de  relation  et 
ceux  de  la  vie  automatique  ;  ceux  de  seconde  force  se  rendent 
dans  les  muscles  automatiques  proprement  dits ,  et  ceux  de 
troisième  grosseur  se  distribuent  aux  organes  secrétaires  ; 
la  grosseur  de  ces  nerfs  est  en  outre  proportionnée,  comme 
dans  les  appareils  de  la  vie  de  relation ,  au  volume  et  \ 
l'activité  des  organes.  » 

<  D'après  ce  que  je  viens  de  dire ,  on  conçoit  qu*on  ne 
peut  pas  juger  de  la  nature  des  organes  par  la  grosseur  des 
nerfs  qu'ils  reçoivent,  en  ne  considérant  exclusivement 
qu'une  seule  des  causes  que  je  viens  d'indiquer,  vu  qu'ils 
ne  se  trouvent  jamais  sous  l'influence  d'une  seule  d'entre 
elles.  > 

C'est,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  plus  haut,  dans  cet 


cbàpithb  11.  67 

onyrage,  par  les  facultés  inhérentes  au  système  nerveux 
cérébro-spinal ,  que  les  animaux  se  mettent  en  rapport  avec 
les  objets  extérieurs;  c'est-k-dire  qu*une  partie  des  nerfs  de 
ce  système ,  on  les  semitifê ,  a  la  faculté  de  recevoir  les  im- 
pressions que  ces  objets  font  sur  le  corps ,  et  de  les  trans- 
mettre a  la  partie  centrale  du  système  pour  les  soumettre  au 
jugement  de  Tindividu  ou  du  moi  qui  y  réside,  lequel  réagit 
ensuite  de  son  cdté  sur  le  monde  extérieur  au  moyen  de 
divers  organes  du  corps ,  qui  reçoivent  leur  activité  des  nerfs 
moteurs ,  afin  de  prendre  les  dispositions  que  ce  même  moi 
juge  convenable. 

Cette  action,  qui  a  lieu  dans  les  êtres  organisés  pour  faire 
exécuter  k  chacune  de  leurs  parties  les  fonctions  qui  lui 
sont  propres ,  ne  dépend  exclusivement ,  suivant  les  Philo- 
sophes tnatérialisieê  y  que  des  propriétés  inhérentes  à  la 
partie  matérielle  des  organes ,  et  surtout  du  système  nerveux, 
agissant  en  conséquence  uniquement  comme  corps  bruts , 
conformément  aux  lois  qui  régissent  ces  derniers ,  vu  que 
cette  action  ne  peut  être ,  suivant  cette  opinion ,  que  l'effet 
des  propriétés  des  substances  inorganiques  ou  minérales  qui 
entrent  dans  la  composition  des  organes. 

Les  Philosophes  spiritualistes ,  au  contraire ,  ne  pensent 
pas  que  les  facultés  vitales ,  et  surtout  les  intellectuelles , 
puissent  être  le  résultat  de  la  combinaison  pure  et  simple 
des  propriétés  physiques  et  chimiques  propres  à  la  matière 
brute ,  et  croient  de  là  devoir  admettre  qu'outre  ces  dernières 
propriétés,  les  Êtres  organisés  possèdent  encore  un  principe 
spécial ,  cause  de  la  vie ,  duquel  dépendent  les  phénomènes 
qu'on  leur  voit  produire,  soit  en  eux-mêmes,  soit  dans  leurs 
relations  avec  le  monde  extérieur,  principe  qui,  ne  tombant 
pas  directement  sous  les  sens  et  n'étant  connu  que  par  ses 
effets ,  est  considéré  par  Ih  comme  immatériel  et  ne  rési- 
dant dans  ces  Êtres  que  pendant  un  temps  déterminé ,  celui 
où  ils  vivent ,  et  disparait  pour  toujours  lorsque  les  condi- 
tions qui  le  lient  au  corps  cessent  d'être  remplies ,  laissant 


GS  THÉ0L06IK   DE   LA  NATURE. 

ce  dernier  îi  l'état  mort,  en  proie  aux  influences  des  pro- 
priétés physiques  qui  agissent  alors  seules  sur  lui ,  comme 
sur  la  matière  brute,  dont  il  ne  diffère  plus. 

c  Ce  principe  immatériel,  admis  par  la  plupart  des 
Philosophes,  même  déjà  de  la  plus  haute  antiquité,  a  reçu 
diverses  dénominations;  et  chacun ,  cherchant  à  le  définir  k 
sa  manière,  et  à  faire  concevoir  comment  il  agit  sur  la 
partie  matérielle  du  corps ,  il  en  est  résulté  une  telle  confu- 
sion qu*il  est  souvent  difficile  de  comprendre  ce  que  chacun 
a  voulu  dire,  quoiqu'on  voie  que  tous  ont  d'ordinaire  bien 
conçu  son  existence.  Les  plus  anciens  Font  appelé  Ame,  du 
grec  anémos  (souffle),  terme  par  lequel  on  a  voulu  exprimer 
sa  nature  éthérée ,  immatérielle  ;  d'autres  Tout  nommé  Es- 
prit du  latin  spirilus,  pour  exprimer  son  extrême  subti- 
lité; et  d'autres  encore,  plus  modernes,  ont  admis  en.  outre 
un  second  Être  qui  anime  la  matière,  et  auquel  ils  donnèrent 
le  nom  d'ÀRCHÉE,  pris  du  grec,  qui  signifie  Force ,  Prtn- 
dpe ,  Origine  ,  Puissance ,  Cause  première. 

D'après  son  étymologie,  cette  Archée  fut  d*abord  consi- 
dérée comme  un  agent  universel  agissant  dans  tous  les 
corps,  et  plus  spécialement  dans  les  plantes;  mais  plus  tard 
on  Tadmit  aussi  dans  les  animaux  comme  principe  de  leur 
vitalité,  et  surtout  par  Van  Helhont,  qui  le  considéra 
comme  un  Être  distinct  de  l'Ame ,  et  ayant  son  siège  dans 
Testomac.  » 

«  Chacun  admettant  ou  rejetant  ensuite  en  tout  ou  en 
partie  les  diverses  croyances  avancées  à  ce  sujet,  selon 
qu'on  crut  que  ces  trois  principes  agissaient  ensemble  ou 
isolément  dans  les  Êtres  des  trois  règnes  de  la  nature,  il  est 
résulté  de  toutes  ces  opinions  mêlées  entre  elles ,  et  des 
diverses  attributions  mal  définies  admises  dans  ces  trois 
agents,  que  personne  n'attachait  plus  k  leurs  noms  au- 
cune pensée  déterminée.  Si  Ton  examine  cependant ,  d'une 
part,  l'idée  plus  ou  moins  vague  que  les  Philosophes,  et 
même  le  vulgaire,  attachent  k  ces  dénominations,  et  si ,  de 


€HAFITRE    II.  69 

l'autre ,  on  eiamine  aussi  sous  quelles  conditions  les  effets 
des  principes  qui  animent  les  corps  se  signalent  à  nos  sens , 
on  trouve  trois  dénominations  différentes  non  entièrement 
synonynaes,  puisqu'on  ne  peut  pas  les  mettre  partout  à  la 
place  l'une  de  l'autre,  et  aussi  trois  principaux  degrés 
auxquels  ces  agents  se  manifestent.  En  effet ,  tous  les  Êtres 
de  la  nature ,  considérés  comme  simple  matière  formée  de 
diverses  substances  physiques ,  sont  animés  d'une  Puissance 
qui  leur  est  inhérente ,  par  laquelle  ces  dernières  agissent 
les  unes  sur  les  autres  par  des  actions  qu'on  désigne  sous 
les  noms  d'attraction^  à' affinité^  etc.,  et  dont  les  effets  sont, 
ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  la  gravitation^ 
Y  adhésion ,  la  réflexion ,  etc. ,  lorsqu'il  n'y  a  pas  altération 
dans  les  propriétés  des  substances,  et  sous  celui  de  combi- 
naison quand  cette  action  a  lieu  de  molécule  à  molécule 
avec  changement  de  ces  mêmes  propriétés  ;  et  c'est  sur  les 
modifications  infinies  résultant  de  toutes  ces  actioos  que 
reposent  entièrement  les  sciences  de  l'il^/ronomte ,  de  la 
Pht/sique ,  de  la  Chimie  et  de  la  Minéralogie,  Hais  comme 
on  n'a  pas  besoin,  pour  se  livrer  k  Tétude  de  ces  différentes 
sciences ,  de  connaître  la  cause  des  effets  qu'on  a  à  examiner, 
mais  simplement  ces  effets  eux-mêmes  ainsi  que  les  lois  aux- 
quelles ils  sont  soumis ,  les  Savants  n'ont  pas  cherché  ^  la 
déGnir,  et  n'ont  pas  même  jugé  h  propos  de  lui  donner  un 
nom  dans  nos  langues  modernes.  C'est  ainsi  qu'il  suffit  à 
l'Astronome  de  connaître  la  loi  de  la  gravitation  universelle 
pour  déterminer  par  le  calcul  tous  les  effets  que  les  astres 
produisent.  » 

«  Or,  si  l'on  examine  les  écrits  des  anciens  Philosophes , 
on  trouve  qu'ils  comprenaient  parfaitement  que  ces  causes 
existaient,  et  quoiqu'ils  ne  pussent  pas  en  concevoir  l'es- 
sence,  ils  leur  imposèrent  des  noms,  exprimant  non  pas 
leurs  vrais  caractères  qui  étaient  inconnus ,  mais  du  moins 
ceux  qui  en  approchaient  le  plus.  Ainsi ,  le  nom  vague 
A*Archée ,  mal  limité  soit  par  celui  qui  l'a  le  premier  pro  * 


70  TflrfoLocn  m  la  hatitm. 

pose ,  soit  par  d'autres  Tenus  après ,  qui  Tout  appliqué  tantAt 
à  la  cause  fondamentale  qui  agit  sur  la  matière  en  général , 
tantôt  aux  causes  spéciales  qui  animent  les  Êtres  organi- 
sés ,  et  surtout  par  Van  Helmont  ,  qui  allant  plus  loin  en* 
core ,  admettait  même  des  Archées  particulières  subalternes 
jusque  dans  chaque  organe  isolément;  agents  que,  dans 
son  ardente  imagination ,  il  a  en  quelque  sorte  personnifiés 
en  leur  prêtant  des  facultés  et  des  passions  humaines; 
tandis  que  par  son  étymologie  le  nom  d'Ârchée  doit  être 
exclusivement  appliqué  k  la  cause  qui  agit  dans  la  matière 
brute,  la  seule  acception  dans  laquelle  je  remploie.  » 

c  Si  nous  examinons  maintenant  les  Êtres  du  règne  vé- 
gétal ,  nous  trouvons  qu'outre  les  phénomènes  dépendant 
de  ces  mêmes  propriétés  inhérentes  k  la  matière  en  général , 
et  dus  k  TArchée  ou  force  universelle ,  ils  produisent  encore 
des  effets  particuliers  qui  doivent  également  avoir  leur  cause , 
qu'on  a  d'ésignée  sous  la  dénomination  vague  de  Force  tn- 
tale;  expression  qui  constitue  une  définition  et  non  pas  un 
véritable  nom  ;  et  cette  puissance  ne  saurait  être  la  même 
que  TArchée ,  se  trouvant  fort  souvent  en  opposition  d'ac- 
tion avec  elle,  en  s'opposant,  dans  une  foule  de  cas,  à 
Taccomplissement  des  effets  des  propriétés  chimiques  de  la 
matière  qui  constitue  le  corps  de  ces  mêmes  Êtres  organisés. 

Ce  principe  vital  qui  anime  les  végétaux  diffère  encore  de 
l'Archée  des  objets  inorganiques ,  en  ee  qu'il  n*est  point 
propre  k  leur  substance,  mais  n'y  existe,  ainsi  que  je  l'ai 
déjk  fait  remarquer,  que  pendant  un  certain  temps,  après 
lequel  leur  corps  rentre  entièrement  sous  l'influence  exclu- 
sive de  cette  même  Archée  ;  et  Vaetion  de  ce  principe  tem- 
poraire sur  le  corps  est  ce  qu'on  nomme  la  Vis  (1) ,  et  dont 
les  effets  produits  constituent  l'ensemble  de  tous  les  phéno- 
mènes spéciaux  que  nous  observons  en  eux  et  qui  ne  sont  pas 
dus  k  l'Archée.  La  vie  n'est  donc  pas  un  Êlre^  comme  on  a 


^1)  Traité  f>rai.  et  thfi'or.  d*Ànat,  cowip. ,  t.  Il ,  p.  Î5t>. 


GHAPRU  ll«  71 

souvent  yooIq  le  prouver,  et  dont  on  a  cherché  ^  déterminer 
les  caractères;  et  elle  n*est  pas  non  plus  un  effets  ainsi  que 
d'autres  semblent  l'admettre,  mais  elle  est,  je  le  répète, 
simplement  Vaction  du  principe  vivifiant  sur  le  corps. 

C'est  ainsi  que  Mirabeau  (i)  dit  que  :  <  La  Vie  est  la 

wmme  des  mauvemenU  de  tout  le  corps le  sentiment  et  la 

pensée  sont  une  partie  de  ces  mouvements;  ainsi  dans 
l'homme  mort^  les  mouvements  cessent  comme  tous  les 
ûutres.  » 

MiaABEAu  a  évidemment  confondu  ici  la  Vie  avec  quel- 
ques-uns de  ses  effets  ;  car,  lors  même  que  tous  les  mouve- 
ments cessent  dans  un  Être  organisé ,  ainsi  que  cela  a  lieu 
chez  certains  animaux  congelés  en  un  véritable  glaçon, 
la  vie  n'a  pour  cela  pas  cessé  chez  eux  ;  mais  ses  effets  sont 
amplement  suspendus ,  et  se  reproduisent  sitôt  que  le  corps 
dégèle.  Ensuite,  sur  quoi  se  fonde  cet  auteur  pour  dire  que 
le  sentiment  et  la  pensée  sont  des  mouvements?  Le  mouve- 
aent  est  le  déplacement  d'un  objet;  or  rien  ne  se  déplace 
ai  dans  la  penaée  ni  dans  le  sentiment;  mais  il  avait  à 
lépondre  d'avance  k  l'objection ,  que  le  sentiment  et  la 
pauée ,  et  il  aurait  di  ajouter  encore  la  volonté ,  ont  aussi 
quelque  chose  de  commun  avec  la  vie  ;  objets  auxquels  il 
iwae  très-gratuitement  la  qualité  de  mouvements ,  afin  de 
les  comprendre  dans  sa  déinition  ;  taudis  que  ce  ne  sont  que 
des  formes  sous  lesquelles  les  effets  de  la  Ft>,  ou  comme  on 
peut  dire ,  Vaction  de  l'àme  se  manifeste. 

Bichat(2)  tombe  daas  la  même  faute,  tout  en  approchant 
au  peu  plus  de  la  vérité,  en  disant  :  <  La  Vie  est  l'ensemble  des 
fonctions  qui  résistent  à  la  mort.  »  Car  les  fonctions ,  aussi , 
uesont  qm  des  résultats  de  l'activité  vitale,  et  non  la  vie 
^Ue-méme;  et  ajoutant  que  ces  fonctions  résistent  h  la  mort, 
il  fait  évidemment  de  cette  dernière  un  Être  ;  car  on  ne 


(1)  Syjf.  de  la  Sature,  1. 1 ,  p.  258 ,  1T70. 

(3)  Mteher,  phftioh  $ur  to  Vif  et  la  Mùtt,  p.  U  An  ViU  ri7m\ 


T2  TUÉOUMIB   DR   LA   NATURB. 

résiste  pas  à  rien  ;  et  cependant  la  mort  n'est  qu'une  simple 
négation  de  la  vie.  Bichat  fait  en  outre,  de  Tensemble  de 
toutes  les  fonctions ,  le  caractère  essentiel  de  la  vie;  tandis 
que  celte  dernière  peut  parfaitement  exister,  quoique  plu* 
sieurs  fonctions  ne  soient  pas  exercées  dans  le  moment; 
ainsi ,  Taveugle  et  le  sourd  sont  vivants,  quoique  Tun  ne 
voie  pas,  et  que  Tautre  n'entende  pas;  tout  aussi  bien  que 
celui  qui  ne  marche  pas ,  et  celui  qui  ne  pense  et  ne  sent  pas 
dans  le  sommeil ,  sont  cependant  parfaitement  vivants.  Dire 
que  dans  ces  diverses  conditions  la  vie  ne  se  manifeste  pas 
sous  ces  formes ,  ce  qui  était ,  au  fond ,  la  pensée  de  ce 
célèbre  Physiologiste ,  est  réellement  vrai  ;  mais ,  encore  une 
fois ,  ces  phénomènes  ne  sont  pas  la  vie,  mais  simplement 
quelques-uns  deses  effets. 

ViRET ,  dans  le  nouveau  Dict.  d'hist.  nat.  de  Déterville» 
dit  à  Tarticle  Vie  :  «  Quelle  est  cette  puissance  ificonnue  dans 
son  essence  y  qui  organise ,  çKt  meut ,  qui  répare  et  perpétue 
les  innombrables  créatures  qui  peuplent  la  terre ,  et  qui  em^ 
bellissent  les  différents  domaines  de  la  Nature?  c'est  la  tie ,  cet 
être  fugitif  que  nous  n'apercevons  que  dans  ses  effets.  »  Défi- 
nition qui  est  celle  de  TAme ,  et  non  celle  de  la  vie ,  c'est-à- 
dire  que  Tautenr  n'ayant  point  saisi  le  véritable  caractère 
de  la  vie ,  tombant  dans  Terreur  contraire  \k  celle  de  Mira- 
beau et  de  BiCHAT ,  Ta  tout  bonnement  confondue  avec  sa 
cause  ;  car  c'est  bien  TAme  qui  est  un  Être  et  non  une  Puis- 
sance d'une  certaine  essence  qui  organise  ^  etc.,  tandis  que  la 
vie  n'est  rien  de  tout  cela;  mais,  comme  je  Tai  dit,  simple- 
ment Vaction  de  FAme  sur  le  Corps ,  et  n'est  pas  non  plus  les 
Effets  indiqués  par  les  deux  premiers  auteurs  nommés.  La  Vie 
est  si  bien  la  simple  aciion  de  Tàme ,  que  sitôt  que  l'activité 
commence .  le  corps  est  vivifié  ;  et  à  l'instant  où  elle  cesse , 
il  est  mort  ;  et  là  où  cette  activité  est  arrêtée  sans  être  détruite, 
la  vie  est  suspendue ,  quoiqu'elle  existe  encore  k  l'état  latent. 
Enfin  la  Vie  est  parfaitement  à  comparer  à  VEntrain  d'une 
mécanique,  d'une  pendule  par  exemple,  dont  les  rouages 


CUAFiTRE    II.  73 

et  les  antres  pièces  représentent  les  organes  du  corps;  et  le 
Beutyrt ,  l'agent  vital  ou  l'Ame.  Lorsque  ce  dernier  agit  et 
met  la  mécanique  en  train  ou  en  action ,  tous  les  effets  de  la 
mécanique  se  produisent  absolument  comme  dans  les  corps 
organisés,  vivifiés  ou  mis  en  activité  par  Tâme;  et  l'instru- 
ment est  vivant  k  sa  façon.  Si  par  le  repos  forcé  du  pendule, 
ou  par  une  entrave  quelconque  ,  les  effets  sont  suspendus , 
la  mécanique  parait  privée  de  son  ressort,  absolument 
comme  un  corps  en  léthargie  parait  privé  de  son  âme;  mais 
en  réalité ,  son  action  n'est  que  suspendue  :  c'est  comme  la 
Fie  ou  l'action  de  VAme  dans  la  syncope  ou  dans  l'animal 
congelé;  ou  encore  dans  l'œuf  fécondé  non  encore  couvé; 
et  pour  l'un  aussi  bien  que  pour  l'autre  de  ces  objets , 
l'action  recommence ,  et  ses  effets  se  reproduisent  aussitôt 
que  l'entrave  cesse. 

CuviER  (1)  devant  nécessairement  parler  de  la  vie,  et  ne 
pouvant  s'en  faire  une  idée  qu'il  ait  pu  formuler  en  une  dé- 
finition ,  s'en  dispense  en  avouant  k  peu  près  qu'il  ne  sait 
pas  ce  que  c'est,  disant  :  <  Ir'idée  de  la  vie  est  une  de  ces 
idées  générales  et  obscures  produites  en  nous  par  certaines 
suites  de  phénomènes ,  que  nous  voyons  se  succéder  dans  un 
ordre  constant  et  se  tenir  par  des  rapports  mutuels.  Quoique 
nous  ignorions  la  nature  du  lien  qui  les  unit ,  nous  sentons 
que  ce  lien  doit  exister  y  et  cela  nous  suffit  pour  nous  le  faire 
désigner  par  un  nom  que  bientôt  le  vulgaire  regarde  comme 
le  signe  d'un  principe  particulier^  qtÀoique  en  effet  ce  nom  ne 
puisse  jamais  indiquer  que  V ensemble  des  phénomènes  qui  ont 
donné  lieu  à  sa  formation. 

^  »  Ainsi  notre  propre  corps ,  et  plusieurs  autres  qui  ont 
avec  lui  des  rapports  de  forme  et  de  structure  plus  ou  moins 
marqués ,  paraissent  résister  pendant  un  certain  temps  aux 
lois  qui  gouvernent  les  corps  bruts ,  et  même  agir  sur  tout 
ce  qui  les  environne ,  d'une  manière  entièrement  contraire  à 

(1)  leçon  d'Ànat.  eomp. ,  1. 1 ,  p.  1 ,  1805. 


74  TBOfoLOGIB  I»  Lk  HàTDU. 

ces  Uns  ;  nùu$  employons  les  noms  de  Vie  et  de  FoRCS  vitàlb 
pour  désigner  ces  exceptions  ,  au  moins  ^  aux  lois  générales. 
Cest  donc  en  déterminant  exactement  en  quoi  ces  exceptions 
consistent ,  que  nous  fiûoerons  le  sens  de  ces  mots. 

>  Considérons  pour  cet  effet  les  corps  dont  je  viens  de 
parler  dans  leurs  rapports  actifs  et  passifs  avec  le  reste  des 
autres.  > 

Ici  le  célèbre  Naturaliste  se  contente  de  faire  le  portrait 
d'une  jeune  et  jolie  femme  brillante  de  santé ,  et  lui  oppose 
ensuite  la  description  de  son  cadavre  en  train  de  se  décom* 
poser,  pour  faire  voir  la  différence  qui  eiiste  dans  ce  cas 
particulier  enire  un  Être  vivant  et  le  même  Être  mort  ;  mais 
qu'a-t-il  appris  par  là  à  qui  que  ce  soit?  Tout  le  monde  sait 
parfaitement  la  différence  qu*il  y  a  entre  une  personne 
vivante  et  une  personne  morte  ;  même  les  animaux  dis- 
tinguent très-bien  ces  deux  états  ;  et  ce  savant  Naturaliste 
a  ainsi  esquivé  la  difficullé  en  parlant  de  la  vie  sans  rien 
dire. 

Dans  cette  espèce  de  définition,  qui  n'en  est  pas  une, 
CuviER  dit  qu'il  ignore  quelle  est  la  nature  du  lien  qui  «nit 
les  phénomènes  de  la  vie  ;  mais  qu'on  sent  qu'il  doit  exis* 
ter,  et  que  cela  suifit  pour  qu'on  lui  ait  donné  le  nom  de  vie» 
que  le  vulgaire  a  adopté. 

Mais  c'est  bien  au  contraire  le  vulgaire,  et  même  déjà 
l'homme  k  l'état  de  la  première  barbarie ,  qui  a  imaginé  de 
désigner  la  vie  par  un  terme  que  les  savants ,  venus  long- 
temps après,  ont  ensuite  adopté  comme  une  nécessité; 
nom  qui ,  selon  Cuvier  ,  ne  peut  exprimer  que  Vensemble 
des  phénomènes  qui  ont  donné  lieu  à  sa  formation.  Phrase 
qui  est  non -seulement  la  définition  de  Bicaat  obscu- 
rément retournée,  en  prenant  les  effets  de  la  vie  pour  la 
vie  elle-même;  mais  qui  se  trouve  en  contradiction  avec 
cette  autre  partie ,  où  Cuvier  dit  qu'on  emploie  les  noms  de 
Vie  et  de  Force  vitale ,  pour  indiquer  l'exception  que  pré- 
sentent les  Êtres  vivants  à  l'égard  de  la  matière  brute  ;  ex- 


GHAprmi  IL  n 

C6ptioD  qui  consiste  \k  résister  aux  lois  qui  gouvernent  cette 
darnière ,  opinion  également  inexacte  ;  car  ce  n'est  pas  la 
vie  qai  résiste  k  ces  effets,  mais  bien  Fàme,  cause  de  la  vie, 
d'où  Ton  voit  qu'ici ,  Cuvier  confond  au  contraire  la  vie  avec 
sa  caase. 

Or  cette  cause  de  la  vie  a  par  d'autres  encore  été  tantôt 
nooaoïée  Àrchée^  en  la  confoodant  avec  le  principe  universel 
que  régit  la  matière  brute  ;  et  Amey  d'où  est  dérivé  l'adjectif 
animé ,  dont  on  se  sert  pour  indiquer  que  ces  mêmes  Êtres 
sont  doués  de  vie.  Mais  ce  dernier  nom  a  également  été 
donné  essentiellement  au  principe  intellectuel  qui  anime  les 
Animatkjo^  qui  en  tirent  aussi  leur  dénomination  ;  et  comme 
on  a  remarqué  que  la  vie  des  plantes  n'est  pas  la  même  que 
celle  de  ces  derniers ,  on  est  tombé  dans  l'embarras  de  sa- 
voir comment  cette  Ame  pouvait  k  la  fois  vivifier  les  uns  et  les 
antres;  embarras  qui  devient  d'autant  plus  grand  que  certains 
Philosophes  considérant  l'espèce  humaine  comme  faite  k 
l'image  de  la  Divinité ,  et  comme  seule  immortelle,  ne  veulent 
pas  même  admettre  que  des  Êtres  de  même  nature  animent 
l'Homme  et  les  Animaux.  Ils  appliquent  en  conséquence  k 
l'agent  vivifiant  de  l'homme  exclusivement  le  nom  d'Ame  ^ 
quoique  d'un  autre  côté  on  emploie  aussi  son  synonyme  Es- 
prit^ pour  désigner  le  même  principe  intellectuel  de  l'espèce 
humaine ,  de  manière  qu'il  reçoit  ainsi  deux  noms  ;  tandis 
qne  l'Être  vivifiant  des  Animaux  et  des  Plantes  n'en  a 
aucun.  Mais  en  n'ayant  pas  égard  k  ces  discussions  sur  la 
simple  application  des  noms,  et  examinant  quelle  doit  être 
lear  signification  par  leur  étymologie,  et  même  par  l'idée 
qu'on  y  attache  généralement  ;  et  considérant  enfin  quel  est 
leur  emploi  dans  les  corrélatifs  qui  en  dépendent ,  nous 
trouvons  que  le  mot  Ame^  qui  signifiant  souffle  ou  un 
Être  éthéré  qui  anime ,  emporte  l'idée  d'immatérialité ,  c'est- 
k-dire  que  ce  nom  indique  spécialement  l'Être  qui  donne  la 
vie  partout  où  elle  se  manifeste  ;  ainsi  dans  les  Plantes  aussi 
bien  que  dans  les  Animaux  ei  chez  l'Homme  lui-même.  De 


76  THÉOLOdK   DE  LA  RATURB. 

cette  idée  est  ensuite  né ,  ainsi  que  je  l'ai  déjli  fait  remarquer 
plus  haut,  le  mot  animé  appliqué  k  tous  les  Êtres  vivants, 
et  plus  spécialement  celui  A* Animal,  donné  comme  nom 
caractéristique  k  la  subdivision  la  plus  élevée  des  Êtres  phy- 
siques de  la  nature  à  laquelle  Thomme  appartient  au  même 
titre  que  tontes  les  autres  espèces. 

c  Mais  si  nous  examinons  le  mot  Esprit  comme  syno- 
nyme d'Ame,  nous  trouvons  qu*il  n'a  pas  la  même 
acception,  désignant  quelque  chose  de  plus  élevé ,  la  partie 
la  plus  subtile  d'une  chose;  et  en  effet,  on  n*a  jamais  dit 
V Esprit  d*un  végétal,  pour  désigner  TÊtre  qui  le  vivifie  on 
sa  force  vitale  ;  on  ne  Ta  même  jamais  employé  pour  dési- 
gner TAme  des  Animaux,  mais  exclusivement  pour  celle 
de  THomme.  Comme  en  théologie  on  admet  que  THomme 
est  fait  à  l'image  de  la  divinité,  l'identité  d'expression  par 
laquelle  on  désigne  l'un  et  l'autre  de  ces  deux  Êtres,  disant 
également  Y  Esprit  de  l'Homme  et  Y  Esprit  de  Dieu,  montre 
suffisamment  que  les  anciens  théologiens  ont  eux-mêmes 
admis  tacitement  que  Yâme  humaine  devait  phis  particuliè- 
rement recevoir  le  nom  d'Esprit  *,  car  jamais  personne  n'a 
parlé  de  Y  Ame  de  Dieu,  qui  n'en  a  pas,  mais  bien  un  esprit,  ' 
n'étant  qu'esprit  lui-même,  l'àme  étant  d'une  essence  bien 
inférieure  k  l'esprit  divin. 

On  peut  cependant  élever  ici  la  question  de  savoir  s'il  est 
nécessaire  d'admettre  une  différence  essentielle  entre  l'Être 
intellectuel  de  THomme  et  celui  des  Animaux  ;  ou  bien  s'il 
est  plus  rationnel  de  penser  que  tous  les  animaux  sont  pour- 
vus d'un  Esprit,  et  que  c'est  dans  lui  seul  que  réside  la  con- 
science de  leur  propre  existence  ou  de  leur  Moi ,  conscience 
dont  les  plantes  sont  privées,  comme  n'étant  animées  que  par 
une  Ame  ;  et  si  la  différence  qu'on  remarque  entre  l'Homme 
et  les  Animaux  ne  dépend  pas  plutôt  du  degré  plus  ou  moins 
élevé  de  ce  principe  intellectuel  que  de  son  essence.  » 

En  me  servant  ici  du  nom  d'Esprit  pour  désigner  l'Être 
iiomatériel ,  seul  intelligent ,  qui  donne  k  l'homme  et  aux 


CHAPITRE    II.  77 

animaux  la  faculté  de  discerner  leur  corps  de  tout  ce  qui 
n'est  pas  lui ,  je  ne  fais  qu*adopter  un  terme  bien  nettement 
défini  pour  cette  signification ,  sans  croire  pour  cela  que  cet 
Être  soit  de  même  essence  que  Dieu,  ainsi  que  cela  ressort 
de  Topinion  des  Juifs  adoptée  par  les  Chrétiens,  qui  ensei- 
gnent dans  leur  théologie  que  VHomme  est  fait  à  Vimage 
du  Créateur,  qu*on  considère  également  comme  un  Esprit; 
opinion  orgueilleuse  et  éminemment  blasphématoire,  par 
laquelle  on  rabaisse  TÉternel  tout  -  puissant  au  niveau 
de  sa  créature.  Si,  pour  me  faire  comprendre,  je  me  sers 
du  nom  à' Esprit,  connu  de  tout  le  monde ^  comme  dési- 
gnant à  la  fois  llntelligence  divine  et  TÉtre  intellectuel  qui 
anime  THomme  et  les  Animaux ,  ce  n*est  point  que  je  trouve 
de  Tidentité  entre  eux,  mais  simplement  cette  analogie  que 
Tun  et  Tautre,  aussi  bien  que  VAme  et  YArchèe,  sont  des 
Êtres  immatériels,  et  que,  par  cela  seulement,  ils  ne  tom- 
bent pas  sous  nos  sens. 

On  peut  encore  élever  la  question  de  savoir,  s'il  y  a  une 
grande  différence  entre  Y  Esprit  de  rhomme  et  celui  des  ani- 
maux, et  même  entre  ceux  de  tous  les  animaux  selon  leurs  es- 
pèces; ou  bien,  s*il  est  possible  que  ce  ne  soient  partout  que 
des  agents  de  même  nature  et  de  même  espèce.  La  première 
supposition,  tout  en  multipliant  énormément  le  nombre  de 
ces  agents  différents,  n'explique  pas  la  diversité  des  facultés 
de  Yhomme  et  des  animaux,  qui  varient  à  Tinfini  dans 
la  même  espèce,  et  k  tel  point,  qu'il  existe  des  animaux 
beaucoup  plus  intelligents  qu'une  foule  d'hommes;  d'où 
l'on  serait  obligé,  pour  se  rendre  compte  de  ce  fait,  d'ad- 
mettre ,  ce  qui  est  en  effet  vrai  et  prouvé  par  l'observation 
de  tout  le  monde,  que  la  manifestation  des  facultés  intel- 
lectuelles dépend  entièrement  de  la  condition  spéciale  dans 
laquelle  chaque  individu,  homme  ou  animal,  se  trouve, 
surtout  de  Tétat  de  son  système  nerveux,  et  plus  particuliè- 
rement encore  de  celui  du  cerveau.  Or  sitôt  qu'on  est  obligé 
d'admettre  que  les  grandes  différences  entre  les  facultés 


78  TEUS0UM»1B  DB  LA  RATURE. 

mtellectoelles  des  divers  hommes,  dépend  de  l'état  de  ce 
viscère,  c'est-k -dire ,  non-seulement  de  sa  composition, 
mais  encore  de  sa  structure,  et  surtout  de  Tétat  de  perfec- 
tion de  sa  substance  même ,  ce  qui  a  lieu  dans  ses  affections 
morbides ,  on  tombe  naturellement  dans  ta  seconde  suppo- 
sition, où  Ton  admet  que  Tagent  intellectuel  est  partout  le 
même;  mais  que  ses  manifestations  différent  infmimenty 
suivant  Torgane  sur  lequel  il  agit  immédiatement  :  supposi- 
tion que  l'observation  et  Texpérience  confirment  parfaite- 
ment. En  effet ,  Tobservation  et  l'expérience  prouvent  que , 
non-seulement  les  facultés  intellectuelles,  mais  même  les 
sensitives  et  les  volontaires ,  peuvent  être  considérablement 
perfectionnées  dans  la  même  personne  ou  dans  le  même 
animal ,  par  le  simple  exercice  ;  en  d'autres  termes ,  par 
l'éducation;  sans  que  rien  soit  changé  dans  l'individu, 
sinon  l'état  physiologique  de  l'Encéphale ,  et  par  lui  les  or- 
ganes auxquels  il  envoie  des  nerfs.  Que,  généralement  un 
grand  développement  de  l'encéphale  est  un  signe  de  facultés 
plus  éminentes  ;  principe  sur  lequel  est  fondé  la  théorie  de 
Gall  ou  la  Phrénologie  (1)  ;  mais  que  toutefois  à  l'état  pa- 
thologique, ou  même  à  l'état  sain,  les  cas  particuliers  dans 
lesquels  le  système  nerveux  se  trouve ,  et  qu'on  peut  ap- 
peler ses  qualités ,  ont  une  immense  influence  sur  toutes 
les  fonctions  de  ce  système  d'organes ,  et  spécialement  sur 
celles  du  cerveau;  d'où  il  résulte  que,  le  même  homme, 
d'une  très -haute  intelligence,  peut  devenir  idiot,  et  des- 
cendre par  là  infiniment  au-dessous  de  la  brute ,  lorsque  son 
cerveau  est  affecté  de  quelque  maladie.  Voudrait-on  pré- 
tendre que ,  vu  que  cet  homme  a  perdu  ses  éminentes  fa- 
cultés d'intelligence  et  de  raison^  TEsprit  qui  l'animait  a 
changé?  ou,  qui  plus  est,  a  été  remplacé  par  un  autre?  Ce 
serait  une  singulière  explication ,  dont  l'idée  n'est  sans  doute 
jamais  venue  k  personne. 

(1)  Voyei  la  note  n*  28. 


CHOmiB  II.  79 

Haig  si  des  différences  si  grandes  peuvent  exister  entre 
les  diverses  personnes,  et  s'établir  par  certaines  circon- 
stances ,  pourquoi  ces  différences ,  et  de  plus  grandes  en- 
core, ne  seraient-elles  pas,  it  divers  degrés,  normales  chez 
les  animaux?  Et  cela  d'autant  plus  qu'à  mesure  qu'on  des- 
cend dans  l'échelle  des  Êtres,  plus  le  Système  nerveux  et 
spécialement  l'Encéphale  se  modifient  en  se  simplifiant;  d'où 
résulte  que  l'Esprit  qui  anime  les  divers  animaux ,  agissant 
tor  un  Système  nerveux  plus  ou  moins  imparfait ,  ne  peut 
aussi  que  très-imparfaitement  manifester  ses  facultés ,  et  faire 
penser  que  ce  manque  de  moyens  est  une  conséquence  de 
l'infériorité  de  son  essence. 

J'ai  àéjï  comparé  dans  un  autre  de  mes  ouvrages,  Y  Esprit 
qui  anime  les  divers  hommes  et  les  animaux ,  à  un  artiste 
musicien  des  plus  habiles,  auquel  on  donnerait,  pour  faire 
connaître  son  talent,  successivement  des  instruments  de 
même  espèce,  mais  fort  différents  pour  la  qualité,  et  ensuite 
d'autres  encore  de  plus  en  plus  imparfaits;  que  produirait-il? 
Évidemment  les  résultats  les  plus  différents  ;  et ,  à  la  fin ,  une 
simple  manifestation  de  son  existence.  Ici  aussi  on  serait 
disposé  k  croire  que  les  divers  effets  qu'on  entend  sont 
dus  à  plusieurs  artistes  de  facultés  musicales  essentiel- 
lement différentes;  tandis  que  ce  serait  partout  le  même, 
Jouant  seulement  sur  des  instruments  très-variés ,  tant  pour 
l'espèce  que  pour  la  qualité.  Or  c'est  ainsi  aussi  qu'on  peut 
parfaitement  concevoir  que  l'Esprit  qui  anime  tous  les  ani- 
maux ,  l'homme  comme  la  brute ,  soit  partout  le  même  ; 
mais  qu'il  ne  peut  manifester  ses  facultés  qu'en  conséquence 
de  l'organisation  du  système  nerveux  sur  lequel  il  agit  direc- 
tement. 

On  pourrait  encore  aller  plus  loin  dans  ces  hypothèses  et 
vouloir  admettre  que  même  VAme  et  VArehie  ne  diffèrent 
elles-mêmes  pas  de  YEspril;  et  que  leur  manifestation  de 
pouvoir  ne  dépend  que  des  conditions  dans  lesquelles  ces 
trois  agents  se  trouvent ,  par  rapport  aux  organes  ou  à  la 


80  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

substance  sur  laquelle  ils  agissent.  Maïs  cela  ne  parait  pas 
probable ,  du  moins  pour  ce  qui  concerne  l'Archée,  dont  les 
propriétés  qu'elle  manifeste  sont  fort  souvent  en  opposition 
d'action  avec  les  facultés  de  T Ame,  et  n*ont  aucune  analogie 
avec  celles  de  TEsprit. 

Il  résulte  de  ce  que  je  viens  d*exposer,  qu'il  existe  d'a- 
bord une  puissance  universelle  ou  Archée  .  inhérente  à  la 
Matière  brute,  où  elle  se  manifeste  différemment  par  les 
effets  qu'elle  produit,  suivant  les  conditions  spécifiques  dans 
lesquelles  se  trouvent  les  molécules  élémentaires  de  chaque 
substance,  d'où  naissent  toutes  les  propriétés  physiques  et 
chimiques  de  ces  Êtres  bruts ,  état  qui  constitue  le  Premier 
degré  d activité  de  la  matière.  Que  les  Êtres  organisés,  tout 
en  possédant  également  cette  Archée ,  avec  toutes  les  pro- 
priétés dont  elle  est  la  cause,  possèdent  encore  de  plus, 
une  Ame  ,  qui  leur  donne  Tindividualité,  et  dont  Vaction  sur 
le  corps  est  la  Vie  :  action  qui  persiste  tant  que  les  condi^ 
tions  de  l'union  entre  cette  âme  et  le  corps  ne  sont  pas  dé- 
truites; et  que  cette  âme  a,  par  ses  facultés,  le  pouvoir  de 
neutraliser,  dans  certaines  circonstances,  les  propriétés  de 
l'Archée;  en  même  temps  qu'elle  préside  à  toutes  les  fonc- 
tions automatiques ,  soustraites  à  la  conscience  et  à  la  vo- 
lonté de  l'individu  \  et  que  cette  Ame  est  ainsi,  avec  V Archée  ^ 
propre  aux  Végétaux,  qui  n'ont  que  cela,  et  présentent  de 
là  le  Second  degré  d'activité  auquel  la  matière  peut  s'élever. 
EnGn,  que  les  Animaux  possèdent  encore,  de  plus  que  les 
Plantes,  un  Esprit,  Être  seul  intellectuel,  qui  préside  à 
toutes  les  facultés  de  la  vie  de  relation ,  dont  les  végétaux 
sont ,  en  conséquence ,  privés  ;  facultés  dont  la  plus  élevée 
est  la  Raison  ,  essentiellement  propre  à  V Homme;  mais  dont 
certains  animaux  approchent  cependant. 

c  Quant  à  la  nature  de  I'Archée  ,  de  I'Ame  et  de  I'Esprit, 
il  n'est  point  du  ressort  des  sciences  de  l'Anatomie  et  de  la 
Physiologie  de  chercher  k  la  déterminer;  et  quoique  la  Psy* 
chologie  traite  spécialement  de  leurs  facultés,  elle  ne  saurait 


CHAPITRE    II.  8i 

cependant  jamais  s'élever  jusqa'îi  connaître  Tessence  de  ces 
trois  principes  qui  animent  les  corps,  leur  nature  devant 
probablement  rester  k  jamais  inconnue  k  Thomme,  k  qui  il 
suifit  de  connaître  l'action  et  les  effets  de  ces  principes. 

»  L*Archée  réside,  de  même  que  dans  les  substances  inor- 
ganiques ,  dans  chaque  molécule  dont  se  compose  le  corps 
des  animaux  et  des  plantes.  Quant  k  Tâme  ,  il  paraît,  d'après 
l'observation,  qu'elle  a  chez  les  animaux  supérieurs  son 
siège,  ou  du  moins  son  centre  d'activité,  dans  le  système 
nerveux  sympathique  ou  de  la  vie  automatique,  qui  pré- 
side, ainsi  que  nous  l'avons  vu,  k  toutes  les  fonctions  sous- 
traites k  la  connaissance  du  Moi  ou  de  l'Esprit.  Ce  sys- 
tème n'étant  pas  distinct  dans  les  Classes  les  plus  infé- 
rieures,  n'y  offrant  du  moins  aucuns  centres,  ni  aucun 
tronc  nerveux  connu,  y  paraît  disséminé  dans  tous  les 
organes;  ce  qui  semble  être  aussi  le  cas  dans  lequel  se 
trouvent  les  végétaux,  vu  qu'aucune  trace  d'un  système 
d'organes,  siège  du  principe  vital,  n'y  a  encore  été  décou- 
vert, quoiqu'il  doive  exister,  par  la  raison  que  les  effets  de 
l'agent  viviOant  s'y  manifestent.  Enfin  l'Esprit ,  exclusive- 
ment propre  aux  animaux,  a ,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  son  centre 
d'activité  dans  le  système  nerveux  céphalo-rachidien  ;  et 
chez  les  Mammifères  ,  plus  spécialement  dans  Y  Encéphale^ 
ainsi  que  l'observation  et  l'expérience  tendent  k  le  prouver. 
Mais  cette  localisation  paraît  être  déjk  moins  restreinte  chez 
les  autres  Vertébrés,  où  le  centre  des  fonctions  sensitives 
et  volontaires  paraît  s'étendre  également  k  toute  la  moelle 
épinière.  Enfin,  dans  les  animaux  inférieurs,  et  spéciale- 
ment déjk  chez  les  Articulés,  où  l'encéphale  se  subdivise 
en  se  distribuant  dans  toutes  les  principales  parties  du 
corps,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin  ;  il  en  résulte  que 
le  corps  de  ces  animaux  peut  être  divisé,  sans  qu'aucune 
partie  soit  de  suite  privée  ni  du  sentiment,  ni  de  sa  force 
vitale. 

Ce  dernier  fait  est  prouvé  par  cela  que  plusieurs  organes 
I.  « 


M  THiOLOGIB  DK  LA  NATURB. 

automatiques  continuent  encore  leur  action  fonctionnelle 
pendant  quelque  temps ,  quoique  Tanimal  ait  cessé  de  vivre 
C*est  ainsi  que  le  cœur  des  Mammifères ,  enlevé  immédiate- 
ment après  la  mort ,  puise  encore  avec  force  quoiqu'il  soit 
détaché  du  système  nerveux  automatique  dont  il  reçoit  ses 
nerfs. 

En  accordant  aux  animaux  les  facultés  de  Tlnstinct  et  de 
l'Intelligence,  ces  deux  tlambcaux  de  la  vie  qui  doivent  les 
guider  dans  leurs  actes,  il  est  évident  que  c'eût  été  sans 
utilité  et  sans  but  si  ces  Êtres  n'eussent  pas  été  également 
doués  de  la  faculté  d'agir  par  eux-mêmes,  conformément 
aux  déterminations  qu'ils  sont  capables  de  prendre  par  ce 
même  instinct  et  celte  intelligence;  aussi  aucune  espèce 
animale  n'est-elle  privée  du  mouvement  volontaire.  Cette 
faculté  résidant  activement  dans  les  organes  de  la  locomo- 
tion, dont  l'ensemble  constitue  le  vaste  Système  muscu- 
laire, les  animaux  l'emploient,  selon  le  besoin,  dans  tous 
les  actes  éclairés  par  Tinstincl  et  rintelligence;  à  cet  effet  ce 
système  d'organes  se  subdivise  en  un  nombre  considérable 
d'agents  spéciaux  ou  Muscles,  dont  chacun  a  en  lui-même 
la  simple  faculté  de  se  raccourcir  d'une  certaine  quantité, 
sous  l'empire  de  la  volonté ,  pour  mettre  par  Ik  en  mou- 
vement les  organes  auxquels  ces  muscles  se  fixent.  Dans 
nombre  de  cas,  plusieurs  de  ces  desniers  dirigés  dans  divers 
sens,  combinent  leurs  actions  pour  ne  produire  qu'un  seul 
effet  comme  résultat,  et  sont  susceptibles  de  modifications, 
selon  le  nombre,  la  direction  et  la  force  de  ces  organes; 
assemblages  qu'on  appelle  plus  spécialement  des  Appareils 
musculuLires.  Ou  bien  ils  entrent  comme  puissance  dyna- 
mique dans  la  composition  de  certains  appareils  organiques. 
Pour  arriver  h  ces  résultats ,  le  Créateur  a  résolu  un  des 
problèmes  les  plus  remarquables  de  la  physiologie,. en  fai- 
sant de  chaque  muscle  un  agent  de  force  active,  dont  la 
puissance  ne  devient  réelle  que  par  Teffet  de  la  volonté  du 
sujet,  et  cela  pour  un  temps  limité,  souvent  extrêmement 


CHAnTRl   II.  83 

court;  mais  pouvant  se  renouveler  à  tout  instant,  à  des  in- 
tervalles très-rapproebés. 

Chacun  de  ces  remarquables  organes  forme  une  musse  de 
chair  (la  chair  rouge  des  animaux  supérieurs) ,  diversement 
configurée ,  selon  le  besoin  ;  composée  d'une  infinité  de  fi- 
laments extrêmement  fins«  variant  en  grosseur  chez  les 
grands  animaux ,  d'un  centième  k  un  cinquantième  de  mil- 
limètre; placés  k  peil  près  parallèlement  les  uns  aux  autres, 
ou  convergeant  plus  ou  moins  vers  le  même  point  où  ils  se 
réunissent  Chacune  de  ces  fibres  ou  élément  de  muscles , 
est  en  elle-même  douée  de  la  propriété  de  pouvoir  se  con- 
tracter et  de  se  relâcher  sous  TinOuence  de  la  volonté,  en 
persistant  dans  Fun  ou  dans  Vautre  état,  tant  que  cette 
même  volonté  le  commande  ;  sans  pouvoir  toutefois  rester 
contracté  pendant  un  temps  très-considérable. 

Toutes  les  fibres  d*un  même  muscle ,  dont  le  nombre  peut 
dépasser  plusieurs  millions,  agissant  de  concert,  peuvent, 
malgré  leur  extrême  ténuité,  produire  ainsi  une  force  con- 
sidérable que  le  calcul  peut  difficilement  apprécier,  vu  que 
les  données  qu'on  a  pour  cela  ne  sont  pas  rigoureusement 
connues  et  que  la  force  réelle  de  chaque  fibre  varie  surtout 
beaucoup,  et  par  conséquent  celle  du  muscle  entier,  suivant 
les  individus;  cette  force  dépendant  déjk  de  Tétat  normal  de 
ce  dernier,  puis  de  son  degré  d'épuisement  par  les  maladies 
ou  autres,  et  varie  enfin  considérablement  par  Texercice 
modéré  qu'on  fait  faire  aux  muscles.  Il  résulte  toutefois 
d'expériences  que  j'ai  faites  sur  un  simple  Insecte  de  nos 
forêts,  le  Grand-Cêrf  tolant  (  Lncands  Cervus  ) ,  que  le 
muscle  qui  sert  k  rapprocher  ses  mandilieles  en  forme  de 
pinces,  peut  produire  une  traction  de  6  kilogrammes, 
quoique  e^  muscle  pyramidal,  dont  la  base  a  environ  9  mil- 
limètres de  diamètre  et  la  longueur,  8  millimètres,  ne  pèse 
pas  20  centigrammes  (1).  Or,  comme  les  fibres  sont  dis- 
-  -  -     -     -  --  —  -^ — 

(1)  Voyeilanote  n*  n. 


84  THÉOLOGIB   DE   LA   MATURR. 

posées  obliquement  autour  du  tendon,  formant  Taxe  du 
muscle,  dans  la  direction  duquel  cet  organe  agit;  il  s*ensuit 
que  chacune  perdant  par  1^  à  peu  près  le  sixième  de  sa  force 
réelle,  d*où  la  somme  de  toutes  ces  forces  spéciales  ou  la 
puissance  effective  absolue  de  tout  le  muscle  est  d*enviroD 
7,2  kilogrammes  ;  force  prodigieuse  pour  un  si  petit  organe, 
dont  la  traction  serait  égale  à  36,000  fois  son  propre  poids. 

On  a  formé  diverses  conjectures  sur  la  cause  déterminante 
de  la  contraction  des  muscles  :  les  uns  ont  cru  voir  sur  des 
animaux  vivants,  et  spécialement  sur  des  Grenouilles  (1), 
que  les  fibres  musculaires  se  fléchissaient  en  zigzag  pour 
se  raccourcir  par  Ik ,  et  que  tous  les  angles  rentrants  corres- 
pondaient k  des  anses  nerveuses ,  placées  k  un  centimètre  de 
distance  Tune  de  Tautre.  Ce  fait,  fût-il  vrai,  n'expliquerait 
pas  encore  la  véritable  cause  de  la  contraction  musculaire  ; 
car  on  ne  comprend  pas  pourquoi  le  fluide  nerveux  en  pas- 
sant dans  ces  anses  produirait  des  inflexions  dans  les 
muscles  ;  et  d*ailleurs  si  chaque  fibre  était  accompagnée  de 
ces  anses ,  il  n'y  en  aurait  q  ue  fort  peu  sur  la  longueur  de 
celle-ci ,  ne  s'y  trouvant  que  de  centimètre  en  centimètre ,  et 
surtout  un  bien  petit  nombre  dans  le  muscle  qui  a  servi  k 
l'expérience  dans  les  grenouilles,  qui  n'a  en  tout  que  d'un  à 
deux  centimètres  de  long.  Enfin  les  fibres  musculaires  étant 
extrêmement  ténues ,  on  ne  saurait  pas  non  plus  concevoir 
comment  il  a  été  possible  de  distinguer  chacune  de  ces  anses 
k  part  et  voir  quelle  était  leur  disposition  par  rapport  k  dia- 
cune  de  ces  fibres. 

En  étudiant  l'organisation  des  muscles  des  Insectes ,  j'ai 
remarqué  que  ces  organes  étaient  composés  de  fibres  ar- 
ticulées ;  c'est-k-dire  que  chacune  de  ces  dernières  formait 
une  pile  de  petites  rondelles  superposées  présentant  un 
double  pli,  comme  un  W.  Frappé  de  celte  forme  singulière. 


(1)  Prévost  et  nuvAS.  Jotim.  de  physioU  wpér.  ;  par  M.  Uagendie,  Paris , 
1823«  p. ,3. 


CHAPITRE    \U  85 

j*ai  examiné  également  au  microscope  les  fibres  muscu- 
laires d*autres  animaux  et  j*ai  trouvé  la  même  conformation 
non- seulement  chez  tous  les  Animaux  articulés,  mais  aussi 
chez  les  Aigles.  Une  structure  si  remarquable  dans  des  ani- 
maux si  difiërents ,  m'a  fait  penser  qu'elle  devait  avoir  rap- 
port à  la  faculté  encore  inexpliquée  qu'ont  ces  fibres  de 
pouvoir  se  raccourcir  par  Teffet  de  Tinfluence  nerveuse,  et 
comme  le  fluide  nerveux  a  la  plus  grande  analogie  avec  le 
flm'de  galvanique ,  j*ai  pensé  qu  il  serait  possible  que  chaque 
fibre  musculaire  ne  fût  en  principe  qu'une  espèce  de  pile 
voltaique,  ayant,  comme  elle,  la  propriété  de  se  raccourcir 
lors  de  sa  décharge ,  par  l'effet  de  la  traction  qu'exercent  les 
unes  sur  les  autres  les  plaques  ou  éléments  qui  les  com- 
posent ;  d'où  résulterait  le  raccourcissement  dans  les  piles 
musculeuses,  raccourcissement  d'autant  plus  fort  que,  les 
plaques  étant  molles ,  se  trouvent  fortement  comprimées  par 
leur  attraction. 

L*électro-aimant  ayant  été  découvert  depuis  1823 ,  époque 
k  laquelle  j'ai  fait  connaître,  devant  l'Académie,  le  fait  que 
je  viens  d  indiquer,  cet  appareil  m'a  paru  avoir  infiniment 
plus  d'analogie  encore  avec  les  fibres  musculaires  par  la 
force  prodigieuse  d'attraction  dont  il  est  capable  sous  l'in- 
fluence du  fluide  galvanique.  La  théorie  serait  la  même,  et 
la  difiërence  se  trouverait,  d'une  part,  dans  les  deux  agents 
excitateurs ,  le  fluide  galvanique  et  le  fluide  nerveux ,  qui  ont 
toutefois  déjk  la  plus  grande  analogie  entre  eux,  le  premier 
produisant  comme  le  second,  et  avec  la  même  force,  des 
contractions  musculaires,  même  sur  les  cadavres;  et  de 
l'autre,  dans  la  matière  sur  laquelle  ils  agissent;  matière 
qui  est  le  fer  dans  l'électro-aimant ,  et  la  substance  muscu- 
laire dans  les  muscles.  En  effet ,  si  par  l'irritation  nerveuse, 
les  articles  des  fibres  musculaires  ont,  comme  le  fer  dans 
l'électro-aimant,  la  faculté  de  s'attirer  avec  une  force  dé- 
terminée ,  ces  articles  étant  compressibles  par  leur  état  de 
mollesse,  ils  se  rapprocheraient  d'autant  plus  fortement  les 


86  TnioLOGn  in  la  n aturb. 

uns  des  autres,  et  les  mouvements,  quelque  petits  qu'ils 
soient,  se  trouvant  répétés  de  Tun  à  l*autre,  produiraient 
un  raccourcissement  notable  dans  la  longueur  totale  de  la 
fibre,  et  cela  avec  une  force  considérable. 

En  comparant  les  libres  musculaires  aux  piles  voltaîques 
elles-mêmes,  il  restait  à  expliquer  la  permanence  de  la  con- 
traction, qui  ne  devait  être  qu'instantanée  dans  cette  bypo  - 
thèse,  comme  le  sont  les  décharges  de  ces  piles;  tandis 
que  leur  analogie  avec  les  électro-aimants  explique  par- 
faitement la  continuation  de  la  contraction  aussi  long- 
temps que  la  volonté  maintient  Finfluence  nerveuse  dans 
Torgane. 

Cette  opinion  me  parait  expliquer  fort  bien  Tun  des  phé- 
nomènes les  plus  remarquables  de  la  physiologie  animale, 
qui  rentre  par  là  dans  le  domaine  de  la  physique  expéri- 
mentale; phénomène  dont  la  cause  et  les  effets  ont  été 

AINSI  CONNUS  DU  CRÉATEUR,  QUI  LES  A  DÉTERMINÉS  LONGTEMPS 
AVANT  qu'il  N*AIT  ÉTÉ  POSSIBLE  AUX  HOMMES  DE  LES  CONCE- 
VOIR et  d*écarter  enfin  le  voile,  en  apparence  mystérieux , 
qui  couvrait  les  causes  de  cet  étonnant  résultat  fi). 

Pouvant  ainsi  faire  usage  de  forces  considérables  dans  un 
très-petit  espace,  le  Créateur  a  employé  les  organes  qui 

LES  produisent,  DANS  UNE  FOULE  DE  CIRCONSTANCES  OU  IL 
T  AVAIT  DE  LA  FORCE  OU  DES  MOUVEMENTS  A  METTRE  EN  AC- 
TION; CIRCONSTANCES  OU  BRILLENT  PARTOUT  LA  CONNAISSANCE 
LA  PLUS  TRANSCENDANTE  DE  LA  MÉCANIQUE ,  AINSI  QUE  LB 
GÉNIE  LE  PLUS   SUBLIME   DE   L'INVENTION. 

L*observation  et  l'expérience  ont  fait  voir  que  les 
muscles ,  outre  la  propriété  qu'ils  ont  de  pouvoir  se  con- 
tracter activement  sous  l'empire  de  la  volonté  ou  d'un  agent 
stimulant,  jouissent  aussi  d'une  certaine  force  de  contrac- 
tion passive^  due  à  leur  élasticité  naturelle,  par  l'effet  de 


(1)  J'ai  soumis  cette  opinion,  le  19  février  1849,  au  Jugement  de  TÀea- 
(iémle  deft  Miencée.  Voyex  Ift  note  m  12. 


GHIPITRV    U.  87 

laquelle  ils  se  raccourcissent  assez  fortement  au  delk  de 
leur  longueur  normale  de  repos  lorsqu'ils  sont  coupés 
transversalement.  Cette  contraction  permanente  agissant 
dans  les  muscles  antagonistes,  les  plus  puissants ,  forçant 
les  plus  faibles,  les  obligent  de  s'allonger  jusqu  à  ce  que, 
parleur  réaction,  qui  va  dans  ce  cas  toujours  en  augmen-* 
tant,  ils  finissent  par  faire  équilibre  k  cet  excès  de  force  de 
contraction  passive.  Il  résulte  de  cet  effet,  que  lorsqu'un 
muscle  se  trouve  allongé  par  le  raccourcissement  volontaire 
de  soo  antagoniste,  il  ramène  par  son  élasticité  la  partie 
mise  en  mouvement  k  sa  première  disposition,  lorsque 
raction  volontaire  vient  k  cesser;  état  où  les  deux  forces 
opposées  d'élasticité  se  font  équilibre.  Or,  ce  terme  moyen 
peut  se  trouver,  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  se 
trouvent  les  muscles  et  les  parties  qu'ils  meuvent,  dan^ 
divers  degrés  de  flexion  de  ces  dernières  ;  d'où  il  résulte 
qu'il  faut  souvent  une  action  très-puissante  pour  changer 
cet  ëtat  normal  des  yarties  du  corps.  Cet  effet  va  même 
souvent  jusqu'au  point  que,  malgré  le  poids  du  corps, 
diverses  parties  des  membres ,  déjk  plus  ou  moins  fléchies 
les  unes  par  les  autres,  restent  dans  cette  disposition  sans  se 
fléchir  davantage;  la  force  de  ce  poids  ajoutée  k  la  traction 
passive  ou  d'élasticité  des  muscles  fléchisseurs,  faisant 
exactement  équilibre  k  la  traction  également  passive  des 
extenseurs;  résultats  dont  on  observe  souvent  les  remar- 
quables efiels  dans  la  «tatique  animale  et  dont  j'aurai  k  si*' 
gnaler  plus  tard  divers  cas. 

Ces  muscles  prennent ,  ainsi  que  je  l'ai  déjk  dit ,  des  for^ 
mes  différentes  selon  le  besoin.  Les  plus  simples  sont  des 
faisceaux  prismatiques  de  fibres  parallèles ,  suivant  la  lon- 
gueur de  ces  organes ,  et  directement  attachés  par  leurs  deux 
extrémités  aux  pièces  qu'elles  doivent  rapprocher  ou  mou*- 
voir.  Dans  ces  faisceaux,  dont  la  forme  et  la  longueur  dé- 
pendent naturellement  des  lieux  on  ils  s'attachent  et  do  la 
distance  des  parties  qu'ils  réunissent;  ayant  leurs  fibres 


88  THÉ0L061B   DB  LA   IIATURB. 

parallèles  k  la  direction  de  la  traction  que  le  muscle  doit 
exercer  dans  son  ensemble  ;  on  conçoit  que  chaque  fibre 
qui  le  compose  agit  avec  toute  sa  force  sur  l'organe  mobile; 
d'où  résulte  que  ces  muscles  sont  dans  les  conditions  les 
plus  avantageuses  pour  exercer  toute  leur  force.  Mais  d'or- 
dinaire la  forme  des  parties ,  leur  disposition ,  et  le  plus 
souvent  l'espace  qu'elles  peuvent  offrir  à  Tinsertion  des  fibres 
musculaires,  exigent  que  les  muscles  aient  une  autre  forme 
que  celle  que  je  viens  d'indiquer. 

On  conçoit,  en  effet ,  qu'il  doit  arriver  que  tel  muscle  ne 
trouvant  pas  k  l'une  de  ses  attaches,  ou  bien  k  toutes  les 
deux ,  des  surfaces  suffisantes  pour  y  fixer  toutes  ses  fibres , 
il  était  nécessitire  d' aviser  a  d'autres  moyens  mécaniques 
que  dans  les  muscles  prismatiques,  pour  leur  donner  la 
puissance  dont  ils  ont  besoin ,  afin  de  pouvoir  exercer  la 
fonction  k  laquelle  ils  sont  destinés.  C'est  en  partie  dans  ces 
nombreuses  circonstances  que  nous  découvrons  dans  les 
divers  organismes  des  animaux,  ces  hautes  vues  et  cette 
SUBLIME  sagesse  DU  CRÉATEUR,  qui  a  présidé  k  ces  mer- 
veilleuses compositions  du  corps  des  animaux  si  variés  dans 
leurs  espèces. 

Lorsque  l'organe  où  le  muscle  prend  son  attache  fixe , 
lui  offre  un  espace  suffisant  k  l'insertion  de  ses  fibres, 
tandis  que  l'organe  qu'il  doit  mettre  en  mouvement,  ne 
saurait,  soit  par  sa  petitesse,  soit  par  sa  disposition,  ou 
d'autres  causes  encore ,  lui  présenter  qu'un  emplacement 
fort  pedt ,  les  fibres  reçoivent  une  autre  disposition ,  et  le 
muscle  prend  de  Ik  aussi  une  autre  forme.  Les  fibres ,  au 
lieu  d'être  parallèles,  convergent  alors  de  leur  point  d'in- 
sertion sur  la  partie  fixe ,  vers  une  lame  ou  une  tige  égale- 
ment fibreuse,  mais  d'une  autre  nature  que  le  muscle,  et 
non  contractile  qu'on  nomme  dans  le  premier  cas  YÀponé^ 
vrose  terminale  du  muscle  ;  et  dans  le  second ,  le  Tandon 
terminal.  Ce  sont  ces  derniers  que  le  vulgaire  désigne 
d'ordinaire  sous  le  faux  nom  de  Nerfs. 


CHAPITRE    II.  S9 

Ces  aponévroses  et  ces  tendons ,  qni  au  fond ,  sont  la 
même  chose,  Tune  étant  seulement  élargie  en  membrane, 
et  l'autre  en  forme  de  cordon ,  ne  devant  point  jouir  par 
eux-mêmes  de  la  faculté  de  se  contracter,  sont  formés  de 
fibres  d'un  blanc  nacré  brillant,  et  d'une  force  extrêmement 
grande  ,  sans  être  sensiblement  extensibles  par  la  traction. 
Leurs  fibres ,  toujours  parallèles  entre  elles  dans  les  tendons , 
sont  au  contraire  très-souvent  convergentes  dans  les  aponé- 
vroses. Les  fibres  musculaires  s'insèrent  k  ces  corps  fibreux , 
soit  d'un  côté  seulement,  soit  k  tous  les  deux,  soit  unique- 
ment à  l'un  des  bords  des  aponévroses ,  en  se  continuant 
avec  leurs  fibres  propres,  dans  lesquelles  elles  semblent  se 
transformer  graduellement  en  approchant ,d^  l'insertion. 

Les  fibres  musculaires  rencontrant  le  t^don  ou  l'aponé- 
vrose sous  des  angles  plus  ou  moins  aigus ,  perdent  par  Ik 
une  partie  plus  ou  moins  grande  de  leur  puissance  réelle  ; 
cette  force  étant ,  ainsi  qu'on  le  démontre  par  le  calcul , 
proportionnelle  au  cosinus  (i)  de  l'angle  d'insertion,  c'est- 
k-  dire  égale  k  sa  puissance  entière ,  lorsque  cet  angle  est 
le  plus  petit  ou  zéro  ;  et  le  plus  faible ,  on  zéro ,  lorsque  la 
fibre  musculaire  est  perpendiculaire  k  la  direction  du  tendon 
ou  de  l'aponévrose.  On  conçoit  de  Ik  que  la  Nature,  toujours 
si  ADMIRABLEMENT  CONSÉQUENTE  daus  SCS  principes,  u'a 
jamais  dû  donner  cette  dernière  direction  aux  fibres  muscu- 
laires ;  et  en  effet ,  ce  cas  ne  se  présente  nulle  part  ;  tandis 
que  la  disposition  contraire,  celle  où  les  deux  espèces  de 
fibres  sont  dans  la  même  direction,  ou  k  peu  près,  est 
très -fréquente  comme  la  plus  favorable;  et  entre  ces  deux 
extrêmes ,  on  trouve  ensuite ,  selon  la  nécessité  ^  toutçs  les 
modifications  possibles;  mais  toujours  la  plus  avantageuse. 
De  ces  divers  genres  d'insertions  des  fibres  des  muscles 
selon  les  circonstances  dans  lesquelles  ces   organes  se 
trouvent  par  rapport  aux  parties  avoisinantes ,  naissent 


(1)  Voyei  la  note  n"  8. 


90  ThA)L061I  ni  Lk   NATURE. 

plusieurs  formes  qui  ont  également  reçu  des  noms  dans  la 
science ,  afin  de  mieux  faire  comprendre  les  descriptions 
qu*on  en  a  faites.  Lorsque  les  fibres  musculaires  se  rendent 
directement  de  leur  attache  fixe  à  la  pièce  mobile,  il  peut  ar- 
river que  le  faisceau  soit  Cylindrique  -,  ce  qui  constitue  une 
simple  modification  des  muscles  prismatiques.  Si  au  con- 
traire, les  fibres  vont  s'insérer  sous  un  angle  quelconque  au 
bord  d*une  aponévrose ,  ou  un  peu  plus  loin  à  ses  surfaces, 
le  muscle  devenant  par  là  plat  et  mince  comme  cette  der- 
nière y  reçoit  le  nom  de  Muscle  membraneux.  Quand  elles 
s'insèrent  aux  deux  bords  opposés  d'un  simple  tendon ,  en 
imitant  la  disposition  des  barbes  de  plumes  fixées  k  la  tige  » 
elles  forment  des  muscles  Penniformes^  et  Semi^pennù 
formes  j  lorsqu'elles  ne  s'y  attachent  que  d'un  côté.  D'autres 
fois ,  elles  s'insèrent  tout  autour  du  tendon ,  de  manière  à 
former  un  Muscle  conique  ou  pyramidal ,  dont  le  tendon 
sort  du  sommet. 

Mais  il  arrive  fort  souvent  aussi  que  les  fibres  d'un 
muscle  qui  doit  exercer  une  force  considérable  ,  ne  trouvent 
pas  à  leur  attache  fixe  un  emplacement  suffisant  pour  s'y 
insérer  toutes.  Dans  ce  cas,  le  Créateur  a  pourvu  les  muscles 
également  a  leur  attache  fixe  de  tendons  ou  d'aponévroses , 
qui  reçoivent  de  là  le  nom  de  Tendons  ou  f  Aponévrose  d'à* 
rigine,  qui  diffèrent  d'ordinaire  des  terminaux ,  en  ce  quMls 
se  subdivisent  davantage  en  lames ,  pénétrant  dans  l'inté- 
rieur du  muscle  pour  y  offrir  une  plus  grande  surface 
d'insertion  à  ses  fibres;  ce  qui  arrive  d'ailleurs  aussi 
aux  tendons  terminaux ,  mais  plus  rarement. 

De  cette  nouvelle  disposition  naissent  encore  plusieurs 
autres  formes  spéciales  dans  les  muscles,  dont  la  plus  or- 
dinaire est  celle  des  Fusiformes ,  dont  les  fibres  s'étagent 
aux  deux  bouts  sur  les  tendons  ou  les  aponévroses.  Dans 
certains  cas  aussi  une  masse  musculeuse  est  suivie  d'une 
autre  dans  la  même  direction  ;  c'est-à-dire  que  la  seconde 
prenant  ses  points  d'attache  sur  le  tendon  terminal  de  la 


CBAFITAB   n.  91 

première ,  forme  h  sa  suite  un  second  muscle  fosiforme  sé- 
paré du  premier  par  un  tendon  plus  ou  moins  court  ;  ce  qui 
a  fait  donner  à  celte  forme  le  nom  de  muscle  Digaslrique  ou 
à  deux  ventres.  Cette  espèce  est  très-rare  chez  THomme 
et  les  Animaux  supérieurs,  et  au  contraire  fort  commune 
chez  les  Serpentin  qui  ont  même  des  muscles  Trigastrique$ 
ou  k  trois  ventres  successirs. 

Dans  beaucoup  de  cas,  la  partie  où  le  muscle  prend  son 
attache  fixe  étant  trop  peu  étendue ,  soit  pour  offrir  des 
insertions  suffisantes  à  toutes  les  fibres  dont  ce  dernier  a 
besoin  dans  sa  fonction ,  soit  que  Tespace  environnant  ne 
permette  pas  de  loger  la  masse  du  muscle  ;  la  Mature  tou- 
jours SI  INGÉNIEUSE  DANS  SES  RESSOURCES,  ET  SACHANT  TIRER 
PARTIE  DE  TOUT,   EMPLOIE  AVEC  UNE  ADMIRABLE  ÉCONOMIE, 

tous  les  espaces  où  il  est  possible  de  loger  quelque  organe 
utile,  et  fort  souvent  des  muscles  dont  elle  fait  les  accès- 
soires  d'un  autre  insufiisant,  en  le  réunissant  k  celui-ci  par 
les  tendons  terminaux ,  d*où  résultent  des  muscles  compom^ 
formés  de  plusieurs  masses  on  Chefs ,  souvent  au  nombre 
de  trois  ou  de  quatre,  et  même  plus.  Enfin,  il  est  des 
muscles  circulaires,  nommés  Sphincters^  comme  servant  k 
rétrécir  des  ouvertures  qu'ils  entourent.  Leurs  fibres  s'in- 
sèrent d'ordinaire  immédiatement  par  leurs  deux  extrémités 
aux  parois  du  canal  ou  de  l'orifice  qu  ils  doivent  resserrer, 
le  plus  souvent  sans  en  faire  complètement  le  tour,  d'autres 
fibres,  s'écbelonnant  les  unes  sur  les  autres,  pour  former 
dans  l'ensemble  un  anneau  plus  ou  moins  épais. 

Lorsqu'un  muscle  et  le  tendon  qui  le  termine  ne  peuvent 
pas  se  rendre  directement  au  lieu  où  leur  forcé  doit  agir, 
on  voit  le  tendon  se  dévier  de  sa  direction  droite ,  en  se 
réfléchissant  dans  des  espèces  de  poulies  de  renvoi ,  pour 
porter  sa  partie  terminale  dans  la  direction  la  plus  favorable 
vers  l'organe  qu'il  doit  mouvoir  ;  et  cela,  souvent  dans  des 
conditions  accessoires  les  plus  remarquables,  pour  at- 
teindre LE  but  voulu.  C'est  surtout  dans  les  cas  si  nom- 


92  TUÉOLOGIB   DE  LA   RATURE. 

breux  où  les  muscles  doivent  porter  leur  action  sur  des  par- 
ties fort  éloignées,  qui  ne  présentent  qu*une  très-petite 
surface  pour  l'insertion  de  leurs  tendons ,  qu'on  remarque 

ces  SOINS  d'une  si  minutieuse  prévoyance  ,  DES  CONDITIONS 
d'existence  ou  LE  CRÉATEUR  NOUS  OFFRE  DES  EXEMPLES  DE 

LA  Sublime  Sagesse  avec  laquelle  il  a  tout  prévu  ,  jus- 
qu'aux moindres  inconvénients  dus  à  des  causes  très- 
éioignées. 

Là  où  les  tendons  ont  ^  franchir  des  espaces  très-grands  » 
où ,  souvent  serrés  entre  les  parties  avoisinantes ,  ils  éprou- 
veraient dans  leurs  mouvements  des  frottements  qui ,  en  gê- 
nant l'action ,  feraient  perdre  une  grande  partie  de  sa  force 
au  muscle  ;  ces  tendons  sont ,  pour  parer  a  cet  inconvé- 
nient, renfermés  dans  des  gaines  fibreuses,  de  même  na- 
ture que  les  Aponévroses ,  et  dont  la  force  prévient  le  dé- 
placement du  tendon  dans  le  cas  de  grands  efforts;  et  pour 
que  le  glissement  s'y  fasse  avec  facilité,  ces  gaines  sont 
doublées  à  l'intérieur  d'une  membrane  extrêmement  mince 
et  fine,  qui  se  prolonge  de  part  et  d'autre  aa  deik  de  la  gaine 
fibreuse ,  en  formant  au  tendon  une  tunique  qui  l'entoure 
et  s'y  fixe  k  une  distance  plus  que  suffisante  pour  lui 

PERMETTRE    LE    DÉPLACEMENT     DONT    IL    A    BESOIN    DANS    SA 

FONCTION,  en  même  temps  que  cette  tunique  sécrète  une 
humeur  visqueuse  ou  Synovie ,  assez  semblable  k  du  blanc 
d*œuf ,  qui  facilite  considérablement  le  naouvement,  en  rem- 
plissant les  conditions  de  l'huile  dont  on  fait  usage  dans  les 
mécaniques  ordinaires. 

Munie  de  ces  différentes  espèces  d'instrument,  id'une 
puissance  active  si  considérable,  I'Intelligence  suprême 
les  a  employées  comme  forces  motrices  dans  une  infinité 
d'appareils  dynamiques  qui  donnent  aux  animaux,  non- 
seulement  la  faculté  d'exécuter  volontairement  les  mouve- 
ments les  plus  variés,  et  surtout  les  moyens  de  changer  de 
place  avec  plus  ou  moins  de  rapidité ,  mais  elle  a  encore  fait 
entrer  ces  agents  de  la  force  active  dans  beaucoup  d'autres 


CHAPITRE    II.  93 

appareils ,  où  ils  agissent  simplement  comme  agents  acces- 
soires de  la  fonction  principale  qui  y  est  exercée. 

L'observation  nous  montre  aussi  partout  que  le  Tout- 
puissAi<(T,  EN  CRÉANT  Ic  vasto  édifîcc  du  monde,  et  en 
particulier  les  Êtres  organisés ,  y  a  suivi  un  plan  dont  les 
détails ,  subordonnés  en  principe  les  uns  aux  autres  jus- 
qu'aux plus  petits ,  s'enchaînent  tellement ,  que  chaque  objet 
suit  dans  ses  analogues ,  non-seulement  pour  la  série  des 
espèces  animales,  mais  encore  dans  tous  les  organes  du 
même  Être ,  des  gradations  ascendantes  ou  descendantes , 
par  lesquelles  chaque  partie  parcourt  une  échelle  de  grada^ 
lion  en  passant  par  presque  tous  les  degrés  de  possibilité 
physique ,  et  peut-être  sans  exception ,  mais  dont  tous  les 
faits  ne  sont  pas  arrivés  k  notre  connaissance. 

C'est  sortout  dans  cet  enchaînement  des  formes  et  des 

MOYENS  que  la  NATURE  NOUS  MONTRE  PARTOUT  LA  PLUS 
REMARQUABLE  ÉCONOMIE,  CONSERVANT  TOUJOURS  LE  MÊME 
ORGANE  DANS  SA  SÉRIE  ,  TANT  QUE  PAR  DE  SIMPLES  MODIFICA- 
TIONS ,  IL  PEUT  ÊTRE  ADAPTÉ  A  LA  FONCTION  QU'iL  EST  DESTINÉ 
A  remplir;    et  lorsque   enfin   SA  PREMIÈRE   FONCTION   CSt 

supprimée  par  une  raison  quelconque,  l'organe  est  changé 
dans  sa  constitution,  de  façon  à  en  remplir  une  autre 
devenue  nécessaire,  afin  de  n'introduire  dans  l'organisme 
aucune  partie  nouvelle,  qu'autant  que  le  besoin  l'exige 
absolument.  C'est  ainsi  que  nous  voyons  chaque  organe 
parcourir  une  gradation,  où  il  commence  souvent  par 
paraître  simplement  sous  une  forme  très-imparfaite,  en 
remplissant  toutefois  déjk  une  fonction  distincte  ;  et  se  dé- 
veloppant ensuite ,  soit  d'une  espèce  animale  k  une  autre , 
soit  dans  ses  analogues  sur  le  même  individu ,  lorsque  cet 
organe  y  forme  des  séries;  de  manière  à  arriver  ainsi  au 
point  le  plus  élevé  de  sa  perfection,  où  il  remplit  le  plus 
complètement  la  fonction  à  laquelle  il  est  destiné ,  et  des- 
cendre ensuite  graduellement  avec  plus  ou  moins  de  rapi- 
dité, pour  disparaître  totalement  en  dernier  lieu ,  après  avoir 


M  THiOLOGIB  tK  LA  NaTURS. 

encore  figuré  à  la  fin  de  sa  série  sous  la  forme  de  véritable 
rudiment  sans  fonction ,  comme  pour  faire  encore  acte  de 
présence  avant  de  s*éteindre  tout  k  fait. 

C'est  par  cette  loi  de  substitution  que  tout  organe  nouveau, 
on  tout  appareil  qui  doit  en  remplacer  un  autre  dans  la  série 
animale,  commence  toujours  par  paraître  sous  une  forme 
quelconque ,  coexistant  d'abord  sur  le  même  animal  avec 
celui  auquel  il  doit  être  substitué;  et  remplissant  souvent 
déjà  la  même  fonction  ou  une  fonction  analogue ,  avant  d'en 
être  chargé  exclusivement. 

En  résumant  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  la  marche  de 
gradation  que  subissent  les  organes,  on  arrive  aui  lois 
suivantes,  que  j'ai,  pour  la  première  fois,  formulées  dans 
mes  Considérations  générales  sur  lAnatomie  comparée  des 
animaux  articulés^  pages  1  et  suivantes,  et  surtout  dans 
mon  Analomie  descriptive  et  comparative  du  chat^  t.  I, 
p.  39 ,  où  ces  lois  sont  rapportées  de  la  manière  suivante  : 

c  PREMIÈRE  LOI.  La  loi  la  plus  générale  qu'on  reconnaît 
dans  l'organisation  des  animaux  est  que  tous  les  appareils 
sont  soumis  à  une  variation  de  forme  et  même  de  fonction^ 
en  passant  d'une  famille  à  une  autre. 

7>  C'est  de  l'ensemble  de  toutes  ces  gradations  des  organes 
que  dépend  l'ordre  de  prééminence  des  animaux,  et  par 
Suite  l'échelle  naturelle  de  classiflcation  de  ces  derniers. 

»  Cette  variation  des  organes  est  tantôt  assez  régulière 
et  tantôt  irrégulière,  relativement  à  celle  d'autres  organes. 

»  L'observation  montre  que  cette  loi  générale  de  variations 
se  modifie  dans  plusieurs  circonstances. 

»  Premier  corollaire.  Suivant  les  fonctions  que  les 
organes  doivent  remplir. 

»  Deuxième  corollaire.  D'après  les  circonstances  dans 
lesquelles  ils  se  trouvent  les  uns  à  l'égard  des  autres. 

»  Troisième  corollaire.  Selon  que  ces  organes  sont  plus 
ou  moins  sous  Cinfluence  de  causes  étrangères  au  corps  de 
t'animai. 


CHAPITRE    II.  d5 

n  La  loi  générale  se  divise  de  là  en  plusieurs  lois  particu- 
lières, dont  les  unes  sont  communes  à  tous  les  organes,  et 
dont  les  autres  ne  marquent  que  de  simples  relations  en 
indiquant  les  rapports  qui  existent  entre  deux  appareils  pris 
séparément. 

)  DEUXIÈME  LOI.  Lorsqu'un  organe  est  devenu  tellement 
imparfait  par  la  dégradation  qu'il  a  subie ,  quHl  ne  peut 
plus  remplir  sa  fonction  primitive ,  tandis  qu'il  est  cependant 
nécessaire  de  maintenir  celle-ci ,  le  premier  appareil  se  trouve 
remplacé,  soit  par  un  nouveau^  soit  par  un  autre  déjà 
existant ,  modifié  pour  être  accommodé  à  ce  nouvel  usage. 

•  TROISIÈME  LOI.  Lorsque  la  nouvelle  fonction  exige 
UM  plus  grande  complication  dans  la  composition  de  l'or- 
gane  qui  la  produit,  celui-ci  lacqtdert  successivement  par  des 
parties  qui  8*y  ajoutent  d'abord  sous  forme  de  rudiments ,  et 
le  développent  ensuite  progressivement  sur  d'autres  espèces 
ou  sur  d'autres  paires. 

>  QUATRIÈME  LOI.  La  même  fonction  peut  ilre  exercée 
par  des  appareils  anatomiquement  tout  à  fait  différents. 

»  CINQUIÈME  LOI  A  Vune  des  extrémités  de  leur  échelle 
les  organes  ont  toujours  une  fonction  évidente ,  tandis  qu'à 
Vautre  extrémité  ils  sont  généralement  rudimentaires ,  sans 
fonction,  et  finissent  même  par  disparaître. 

»  On  peut  distinguer  ici  deux  cas  :  dans  le  premier,  les 
Organes  se  présentent  à  la  tête  de  leur  échelle  avec  le  degré 
le  plus  élevé  de  développement  qu'ils  sont  susceptibles 
d'atteindre ,  et  décroissent  ensuite  insensiblement  jusqu'à 
Tautre  extrémité  de  Téchelle.  Dans  le  second  cas ,  ils  ne  se 
présentent  point  k  la  tète  de  Téchelle  k  Tétat  le  plus  déve- 
loppé, et  ne  Tacquièrent  que  par  degré. 

>  SIXIÈME  LOI.  Dans  les  organes  qui  forment  des  séries 
sur  h  même  animal,  la  gradation  est  d'ordinaire  double; 
c^est'à-dire  que ,  d'une  part ,  elle  est  relative  à  la  succession 
des  genres  et  des  familles ,  et,  de  Vautre ,  elle  est  relative  au 
rang  que  chaque  partie  occupe  sur  le  corps. 


96  THÉOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

»  SEPTIÈME  LOI.  Les  échelles  de  gradation  des  organes 
sont  simples  ou  rameuses. 

»  Dans  les  premières,  les  modifications  ont  lieu  diaprés 
un  même  principe;  dans  les  secondes,  le  principe  diffère 
dans  les  diverses  branches,  et  cette  différence  détermine 
naturellement  des  rameaux  plus  ou  moins  distincts  dans  le 
système  de  classification. 

»  HUITIÈME  LOI.  Souvent  les  organes  se  dominent  les  uns 
les  autres;  alors  ceux-ci  suivent  la  même  marche  de  gradation 
que  V organe  dominateur;  c(,  qu>and  enfin  ce  dernier  dispa- 
raît ,  ceux  qui  lui  étaient  subordonnés  reprennent  subitement 
leur  forme  primitive^  modifiée  suivant  la  gradation  qu'Os  ont 
dû  suivre  par  eux-mêmes, 

»  C*est  principalement  par  cette  loi  que  l'on  peut  recon- 
naître si  un  organe  qui  manque  à  une  espèce  a  disparu  par 
Teffet  de  sa  dégradation ,  ou  bien  s*il  ne  manque  que  par  un 
simple  avortement  spécifique  ;  dans  ce  dernier  cas ,  tout  ce 
qui  était  exclusivement  subordonné  k  cet  organe  reste  dans 
le  même  état  comme  s'il  existait  encore ,  et  surtout  si  les 
organes  subordonnés  ont  déjk  éprouvé  une  transformation 
très-notable  par  Teffet  de  la  loi  de  variation  à  laquelle  ils 
étaient  soumis  pendant  que  Torgane  dominateur  a  agi  sur 
eux ,  et  qu'ils  fussent  obligés  de  subir  un  trop  grand  chan- 
gement pour  revenir  k  leur  forme  primitive. 

:»  NEUVIÈME  LOI.  La  forme  de  plusieurs  organes  dépend 
de  certains  agents  extérieurs  auxquels  ils  sont  liés  par  leur 
fonction  f  et  en  suivent  les  variations.  » 


cHAniRB  m.  ,  97 


CHAPITRE  III. 

PEEUTKS  DE  L^EXISTENGB   DE  DIEU  ET  DE  SES  ATTRIBUTS  ,  TIRÉES  DE 
L*OR&AlflSM£  DES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS  ER  PARTICULIER. 


Nous  n'avons  considéré  jusqu*h  présent  Torganisation  des 
animaux  que  d*une  manière  générale,  sans  entrer  que  Ik  où 
il  Ta  fallu  absolument  dans  aucune  explication  de  détails 
relatifs  aux  diverses  formes  qu*elle  prend  dans  les  innom- 
brables espèces  animales  qui  constituent  Téchelle  zoologique. 
Or  c*est  plus  particulièrement  dans  les  nombreuses  modifi- 
cations que  les  divers  appareils  organiques  éprouvent  dans 
toute  la  série  animale.  qu*on  découvre  surtout  ces  soins 
minutieux  que  le  Créateur  a  apportés,  dans  son  adorable 
sagesse ,  à  pourvoir  chaque  espèce  de  tout  ce  qui  peut  contri- 
buer k  lui  faire  atteindre  le  but  qu'il  lui  a  prescrit  ;  modifi- 
cations d'autant  plus  remarquables  que,  s*enchainant  les 
unes  aux  autres,  suivant  certaines  lois  de  gradation,  les 
organes  finissent  tous  par  se  transformer  au  point  qu'ils  ne 
ressemblent  plus  h  ce  qu'ils  ont  été  dans  d'autres  espèces, 
avant  de  disparaître  complètement  pour  être  remplacés 
par  d'autres,  s*îl  y  a  lieu,  en  présentant  partout  l'harmonie 
la  plus  parfaite  dans  leurs  formes  et  leurs  fonctions ,  suivant 
les  conditions  dans  lesquelles  chaque  espèce  doit  se  trouver. 

Me  pouvant  pas  entrer  ici  dans  tous  les  détails  des  va- 
riations que  subissent  les  animaux,  objet  qui  fera  le  sujet 
de  la  Note  N""  7  placée  à  la  fin  de  cet  ouvrage,  et  h  laquelle 
je  renvoie,  il  est  toutefois  nécessaire  d'indiquer  ici  simple- 
ment les  caractères  par  lesquels  les  animaux  se  distinguent 
suivant  les  premières  grandes  divisions  du  Règne  animal, 
afin  de  faire  mieux  comprendre  la  composition  de  leur  corps. 

En  étudiant  autant  que  possible,  pour  notre  époque, 
I.  7 


98  THiOLOÇIB   DB  LA  NATURB.' 

rorganisme  de  tous  les  animaux,  on  est  arrivé  à  reconnaître 
qu'ils  se  distinguent  d*abord  en  deux  premières  grandes 
divisions ,  ceux  dont  le  corps  se  compose  de  deux  parties 
à  peu  près  égales ,  placées  k  côté  Tune  de  l'autre ,  et  ceux 
formés  de  plus  de  deux  parties  semblables ,  ordinairement 
cinq ,  ou  plutôt  cinq  paires  rayonnant  sur  w  centre  com- 
mun. 

La  première  de  ces  divisions  comprend  ensuite  trois 
Embranchements  caractérisés  ainsi  qu'il  suit  : 

PREMIER  EMBRANCHEMENT,  ou  celui  des  Vebtébrés  , 
animaux  dont  le  corps  est  formé  de  deux  parties  latérales 
semblables ,  soutenues  par  une  charpente  intérieure  osseuse  ou 
Squelette;  celui-ci  divisé  en  un  grand  nombre  de  pièces  arli- 
culées  entre  elles ,  et  ayant  pour  partie  centrale  une  série  de 
pièces  courtes ,  impaires ,  nommées  Vertèbres ,  formant  une 
colonne  placée  le  long  de  la  ligne  médiane  dorsale.  Le' tronc  du 
système  nerveux  ou  Moelle  épinière ,  placé  également  le  long 
du  dos ,  traversant  la  colonne  vertébrale.  Jamais  plus  de  dewo 
paires  de  membres  locomoteurs.  Sang  rouge ,  circulant  dans 
deux  systèmes  de  vaisseaux ,  dont  Vun  centrifuge  ou  artériel , 
et  Vautre  centripète  ou  veineux.  Canal  intestinal  à  deux  ori- 
fices ,  la  Boucbe  et  l'Anus ,  placés  le  premier  à  rextrèmiU 
antérieure  du  tronc ,  le  second  à  son  extrémité  postérieure ,  à 
la  b(ise  de  la  queue.  Sexes  séparés* 

Cette  première  division  du  Règne  animal  se  décompose 
çnsuite  en  cinq  Classes,  dont  la  première,  on  celle  do» 
Mammifères,  k  laquelle  appartient  l'espèce  humaine,  a  U 
sang  chaud  et  rouge;  circulation  double^  parfaite  (le  sang 
venant  de  diverses  parties  du  corps  par  les  veines ,  arrive 
au  cœur  droit ,  d'où  il  se  rend  par  l'artère  pulmonaire  dans 
le  poumon  ;  revient  ensuite  par  la  veine  pulmonaire  au  ccBur 
gauche ,  qui  le  pousse  de  nouveau  par  les  artères  dans  toutes 
les  parties  du  corps  ) ,  sans  que  le  sang  des  deux  circula' 
fions  se  mêle;  le  ccBur  droit  et  le  cœur  gauche  ne  communi- 
quent pas  entre  eux.  Respiration  aérienne  par  des  poumons. 


CHAPITRE   III.  99 

Gestation  utérine  (où  le  Fœtus  est  greffé  sur  la  mère,  ef  se 
nourrit  de  son  sang).  Us  allaitent  leurs  jeunes. 

La  seconde  Classe  ,  celle  des  Oiseaux  ,  a  le  sang  chaïud 
et  rouge  ;  une  circulation  double ,  parfaite ,  sans  mélange  de 
sang  artériel  et  veineux;  une  Respiration  aérienne  par  pou-- 
mons;  et  toutes  les  espèces  sont  ovipares. 

La  troisième  Classe  ,  ou  des  Reptiles  ,  a  le  sang  rouge 
froid  (température  de  l'élément  ambiant)  ;  Circulation  double, 
imparfaite;  le  sang  veineux  et  le  sang  artériel  se  mêlant 
(ordinairement  dans  le  coQur,  par  la  communication  des 
deux  ventricules).  Membres  ^  deux  paires^  une  paire  y  ou 
nuls  ;  mais  toujours  en  dehors  du  thorax. 

La  quatrième  Classe  ,  les  Chéloniens.  Quatre  membres  ^ 
dont  les  épaules  et  le  bassin  sont  enveloppés  par  les  côtes ,  et 
par  conséquent  placés  dans  le  thorax.  Du  reste,  organisés 
comme  les  Ileptile3  à  (|ua{;re  membres. 

La  cinquième  et  dernière  Classe  ,  celle  des  Poissons  ,  a 
une  Circulation  simple ,  le  cœur  artériel  ayant  disparu ,  et  la 
veine  branchiale  sç  continuant  directement  avec  V aorte.  Res- 
piration aquatique  par  branchies. 

L'Embranchement  des  Vertébrés  $e  composant  des  es- 
pèces animales  les  plus  richement  organisées,  la  plupart 
des  fonctions  organiques  s'accomplissent  chez  eux  de  la  ma- 
nière la  plus  parfaite ,  surtout  celle  de  la  locomotion  ;  aussi 
est-ce  dans  la  partie  essentiellement  mécanique  de  leur 
corps  qu'on  trouve  l'application  la  plus  savante  des  faits  dé- 
pendant des  lois  mathématiques  du  mouvement  et  de  la  sta- 
tique. C'est  surtout  chez  les  Mammifères ,  les  Oiseaux  et  les 
Reptiles ,  que  les  muscles  destinés  k  mouvoir  les  nombreuses 
pièces  du  squelette ,  agissent  1q  plus  souvent  isolément  ;  et 
quelquefois  seulement  ils  agissent  sur  eux-mêmes ,  en  for- 
mant à  la  fois  la  partie  active  et  la  partie  passive  de  l'appa- 
reil qu'ils  constituent;  tandis  que  dans  les  animaux  infé- 
rieurs ,  la  majeure  partie  du  système  musculaire  ne  forme 
plus  qu'un  lacis  de  fibres,  dirigées  dans  tous  les  sens;  d'où 


100  THÉOLOGIV  bR   LA   IfATUKB. 

leurs  coDtractions  produisent  simplement  un  déplacement 
lent  du  corps  entier. 

Dans  le  plus  grand  nombre  de  cas  cependant,  et  surtout 
chez  les  Animaux  supérieurs ,  tels  que  les  Vektébrés  et  les 
Articulés,  ces  organes  actifs  du  mouvement  sont  générale- 
ment mieux  distingués  en  Muscles  spéciaux ,  dont  chacun  a 
une  action  particulière;  s*attachant  d*une  part  à  quelque 
partie  fixe,  et  de  l'autre  k  une  mobile,  qu'ils  sont  destinés 
à  mettre  en  mouvement  ;  celle-ci  faisant  le  plus  souvent  elle- 
même  les  fonctions  de  levier  ou  A* organe  passif  de  la  locomo- 
tion, afin  de  produire  par  lui  des  mouvements  plus  étendus, 
mais  surtout  plus  rapides  ;  et  cela  souvent  dans  les  lieux  où 
les  muscles  eux-mêmes  ne  sauraient  se  trouver.  C'est  par 
d'innombrables  combinaisons  de  ces  agents  actifs  et  passifs 
du  mouvement  que  TIntelligence  créatrice  a  composé 
cette  multitude  d'appareils  de  locomotion  qui  fonctionnent 
dans  les  animaux  de  toutes  les  Classes,  en  les  variant  pro- 
gressivement d'une  famille  animale  k  Taulre;  et  cela  an 
point  qu'ils  changent  à  la  fin  totalement  de  forme,  de  dispo- 
sition, et  par  Ik  même,  très-souvent  de  fonction. 

Lorsqu'un  muscle  doit  produire  un  mouvement  fort  éten- 
du mais  peu  puissant,  ses  fibres  devant,  à  cet  efiet,  avoir 
la  plus  grande  longueur  possible,  afin  que  leur  raccour- 
cissement par  la  contraction  soit  le  plus  grand ,  elles  sont  en 
conséquence  à  peu  près  parallèles  entre  elles.  Lorsqu'au  con- 
traire ces  organes  doivent  produire  une  force  considérable, 
avec  peu  d'étendue  dans  le  mouvement,  il  est  essentiel  que 
les  fibres  soient  très-nombreuses,  sans  être  pour  cela  très- 
longues;  il  suffit  qu'elles  puissent  faire  exécuter  au  levier  le 
mouvement  voulu  par  sa  fonction;  aussi  dans  ce  cas,  te 
muscle  présente-t-il  en  eflet ,  le  plus  souvent ,  dans  son  en- 
semble, plusieurs  chefs,  dont  les  fibres,  plus  ou  moins 
courtes  dans  chacun ,  se  rendent  sur  un  tendon  spécial,  qui 
s'unit  à  d'autres  et  en  dernier  lieu  en  un  seul ,  allant  se  fixer 
ii  la  pièce  mobile. 


CHAPITRE   111.  iOi 

Dans  chacun  de  ces  chefs ,  les  fibres  musculaires  ont 
d'ordinaire  reçu  des  dispositions  fort  diJSerentes,  selon  le 
LIEU  ou  elles  peuvent  PRENDRE  LEUR  POINT  FIXE,  cn  sc  di- 
rigeant de  tous  côtés,  plus  ou  moins  obliquement  sous  di- 
vers angles ,  sur  leurs  tendons  respectifs  ;  angles  qui  sont 
toutefois  tels  que  retendue  du  mouvement  du  tendon  soit 
suffisant  pour  l'effet  qu*il  doit  produire;  le  tout  parfai- 
tement CALCULÉ  d'après  les  pertes  que  le  mouvement  et  la 
force  définitifs  éprouvent  par  l'effet  de  l'obliquité  des  fibres 
qui  les  produisent,  et  de  celle  des  tendons  qui  les  transmet- 
tent k  la  pièce  mobile;  mouvement  et  force  qui  sont,  ainsi 
que  je  l'ai  déjà  dit  plus  haut,  proportionnels  au  cosinus  de 
l'angle  d'incidence  de  chaque  fibre  sur  le  tendon  spécial  de 
son  chef;  de  celui  de  l'angle  de  chacun  de  ces  tendons  en 
particulier  sur  le  tendon  commun  ;  et  enfin  de  celui  de  ce 
dernier  sur  la  direction  du  levier  que  le  muscle  met  en  mou- 
vement. C'est-à-dire  que,  dans  chaque  cas  particulier,  la 
perte  est  dans  la  proportion  de  ce  cosinus  de  V angle  avec 
runiié  ou  contraction  absolue  de  la  fibre.  Si  l'on  suppose, 
par  exemple,  que  le  raccourcissement  d'une  fibre  musculaire 
soit  de  Vi  de  sa  longueur,  et  que  le  cosinus  de  son  angle 
d'incidence  sur  le  tendon  soit  Vt»  1^  retrait  de  ce  dernier  ne 
sera  que  le  Vio  de  la  longueur  de  la  fibre,  et  égal  k  la  course 
du  bras  de  levier  mis  en  mouvement. 

L'Intelligence  suprême  a  ainsi  calculé  mathématique- 
ment toutes  les  conditions  spéciales  dans  lesquelles  doit 
se  trouver  chaque  muscle  à  l'égard  du  levier  sur  lequel  il 
agit ,  afin  que  le  résultat  réponde  rigoureusement  à  leffet 
qu'elle  a  voulu  produire,  sans  omettre  la  moindre  condition 
favorable ,  même  dans  les  plus  minutieux  détails  de  la  struc- 
ture de  ses  appareils. 

Le  Créateur  a  établi  ainsi  dans  les  Animaux  dits  Yerté- 
brés^  une  charpente  solide  constituant  ce  qu'on  nomme  leur 
SqtAeïette  (PI.  II ,  /S^.  1 ,  2  et  3),  formée  de  pièces  ajustées 
les  unes  aux  autres ,  et  la  plupart  mobiles,  afin  de  les  faire 


iOâ  TH^LOGIB  DK   LA  NATDRB. 

servir  de  leviers  dans  une  foule  de  circonstances  où  leurs 
mouvements  doivent  produire  quelque  effet  prévu  dans  une 
fonction  organique  quelconque.  Ce  squelette  a,  en  général, 
pour  but  essentiel  de  servir  de  soutien  au  corps,  qui  sans 
cela  s'affaisserait  sous  son  propre  poids ,  et  ne  saurait  être 
en  conséquence  que  fort  petit,  ce  qui  a  lien  en  effet  chez 
tous  les  animaux  dont  le  corps  n'est  formé  que  de  parties 
molles  (i).  Au  moyen  de  cette  charpente,  au  contraire,  la 
grandeur  des  animaux  qui  en  sont  pourvus  a  pu  être  portée 
jusqu'aux  dimensions  considérables  que  nous  offrent  TJ^- 
lèphanl  et  la  Baleine ,  dont  la  taille  parait  toutefois  appro- 
cher de  la  limite  de  la  possibilité,  dans  le  premier  comme 
animal  terrestre,  et  dans  la  seconde  comme  espèce  aqua- 
tique. 

Cette  opinion  que  j^avance  ici  paraîtra  peut-être  un  peu 
hardie ,  rien ,  à  ce  qu'il  semble ,  ne  pouvant  limiter  le  pouvoir 
de  la  puissance  créatrice  de  Y  Être  suprême;  et  cela  est  en 
effet  ainsi  pour  tout ,  excepté  lorsqu'il  s'agit  d'objets  dont  les 
conditions  d'existence  seraient  contraires  aux  lois  de  la  Na- 
ture, que  I'Éternel  a  lui-même  établies  en  créant  l'uni- 
vers. 

Mais  outre  cette  grande  fonction  de  servir  de  soutien  au 
corps,  le  squelette  a  encore  pour  autre  objet,  ainsi  que  je 
Tai  déjk  dit,  de  présenter  dans  ses  diverses  parties,  d'une 
part,  des  points  d'appui  aux  nombreux  muscles  qui  s'y  fixent, 
et  de  constituer  de  l'autre  des  leviers  sur  lesquels  ceux-ci 
agissent  dans  la  locomotion  :  fonctions  particulières  pour 
lesquelles  chaque  pièce  a  reçu  une  forme,  une  disposition  et 
une  solidité  spéciales,  propres  k  lui  faire  remplir  ces  condi- 
tions; objet  dont  il  sera  question  un  peu  plus  loin  avec  quel- 
ques détails ,  pour  faire  ressortir  ce  qu'il  y  a  de  savant  et 
d'admirable  dans  ces  formes  et  ces  dispositions. 

C'est  surtout  dans  le  squelette  des  animaux  vertébrés  qu'on 


(0  Voyez  la  note  n*  20. 


CHinTRB  m.  103 

reconnaît  le  mieux  Tapplication  des  diverses  lois  de  grada- 
tion dont  il  a  ëté  paHë  à  la  fin  du  chapitre  précédent;  les 
pièces  osseuses  qui  le  composent ,  fbrmant  le  plus  souvent 
des  séries  nombreuse^  où  elles  se  tnodifient  diversement, 
en  établissant  différentes  branches  siiivant  les  formes  que 
ces  pièces  prebnent  et  les  fonctions  qu'elles  remplissent; 
d'où  résultent,  dans  l'ensemble  de  l'organisme  de  ces  ani« 
maux,  les  différences  les  plus  remarquables,  suivant  les 
coiiditiotis  datis  lesquelles  ces  animaux  se  trouvent. 

A  Tune  des  extrémités  de  l'échelle  zoologique  occupée  par 
VEspèce  humaine  y  le  squelette  se  compose  d'un  nombre 
considérable  de  pièces  osseuses  dont  la  plupart  sont  plus  ou 
moins  mobiles ,  pour  inieux  servir  dé  leviers  aux  muscles 
qui  s'y  insèreilt. 

Cette  bharpente  est ,  ainsi  que  tout  le  corps  auquel  elle 
sert  de  soutien,  partagée  en  deux  parties  latérales  sem- 
blables ,  séparée  par  un  plan  fictif  médian-vertical ,  vers  le- 
quel tons  les  organes  convergent  pour  y  prendre  leurs  points 
d'apptii  sur  la  partie  moyenne ,  occupée  ordinairement  par 
deà  otganes  impairs,  tHais  sytiiétriquei^  en  eux-mêmes,  sur- 
tout quant  aux  pièces  du  S(}tielette. 

A  h  région  dbi^sale,  postéHeure  chez  {'Homme  seul  (qui 
marche  debout) ,  taiâis  sul)érielire  chez  tous  les  autres  Ani- 
maux, le  squelette  préiiente  au  plan  médian  une  série  plus 
on  moins  nombreuse ,  Selon  l^espèce  anitfiale ,  de  pièces  im- 
paires, conilues  sôuà  le  nom  de  tertèbres  (PI.  II,  A,  B,  et 
C,  D),  dont  rehfeemblé  fortile  ce  qu'on  appelle  de  là  la  Co- 
tanne  vèrlébrdt'e,  VÊpi)iié  du  dos  ou  le  Rûchiè.  Cette  série  d'os 
se  modifie  ensuite  de  l'une  à  l'autre  |)iëcë ,  dans  le  même 
animal,  suivant  la  sixième  loi  qUe  Je  vietls  d'indiquer;  et 
cela  d*après  les  fonctions  que  chaque  vertèbre  a  spéciale- 
ment à  remplir;  de  manière  que  celles  occupant  les  deut 
extrémités,  n'offrent  plus  aucune  ressemblance;  au  point 
que  ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps  que  leur  analogie 
anatomiqne  a  été  enflh  reconnue. 


104  TEBOLOGIB  DE  LA  NATURE. 

Ces  mêmes  os  subissent  ensuite ,  conformément  à  la  même 
loi ,  une  transformation  successive  d*une  Famille  animale  à 
l'autre,  transformation  surtout  fort  remarquable  suivant 
les  Classes,  et  d*après  laquelle  on  peut  facilement  recon- 
naître b  laquelle  de  ces  grandes  divisions  du  Règne  animal 
l'espèce  dont  provient  telle  vertèbre  appartient;  et  cela  tou- 
jours en  conséquence  des  fonctions  qu'elles  doivent  remplir. 

Pour  laisser  au  corps  toute  la  liberté  de  mouvements  dont 
il  peut  avoir  besoin,  TÉpine  du  dos  a  surtout  dû  conserver, 
malgré  son  état  osseux ,  la  faculté  de  se  fléchir  plus  ou  moins 
facilement  dans  toutes  les  directions,  excepté  toutefois  Ik  où 
Tinflexibilité  était  nécessaire  :  comme  le  prouve  Tobservation. 
Le  moyen  bien  naturel  d'atteindre  ce  but,  était  de  donner 
aux  vertèbres  qui  la  composent  une  longueur  d'autant  moins 
considérable  que  les  flexions  devaient  être  moins  brusques; 
et  d'unir  ces  os  entre  eux  par  des  articulations  peu  mobiles; 
mais  dont  le  mouvement  répété  d*une  vertèbre  à  l'autre , 
produit,  en  s'ajoutant  ainsi  aux  autres,  un  déplacement 
angulaire,  ou  de  rotation  assez  considérable,  selon  le  be- 
soin; mouvements  dans  les  détails  desquels  j'entrerai,  en 
parlant  des  fonctions  spéciales  qu'exerce  chaque  partie  de  la 
colonne  rachidienne,  dans  les  diverses  Classes  d'animaux, 
où  cette  colonne  présente,  selon  ces  mêmes  fonctions,  des 
formes  et  des  dispositions  différentes. 

Les  vertèbres  sont,  en  thèse  générale,  des  os  dont  la  prin- 
cipale partie  ou  le  Corps  (a)  est  un  tronçon  de  cylindre  uni 
par  ses  bases  aux  vertèbres  qui  Tavoisinent  immédiatement; 
et  cela  au  moyen  d'un  tissu  ligamenteux  plus  ou  moins  élas- 
tique, qui  permet  k  ces  os  un  mouvement  plus  ou  moins 
sensible  de  flexion  ou  de  rotation.  Vers  la  face  dorsale,  le 
corps  de  vertèbres  est  surmonté  d'un  anneau  osseux  (e) ,  fai- 
sant corps  avec  lui  chez  les  individus  adultes;  mais  distinct 
dans  le  jeune  âge.  C'est  la  succession  d'une  vertèbre  k  1  autre 
de  ces  arcades,  qui  constitue,  dans  son  ensemble,  le  Ca- 
nal rachidien  renfermant  la  moelle  épinière  ;  et  extérieure- 


CHAPITRK   III.  405 

ment  le  même  anneau  présente  plusieurs  prolongements 
osseux  plus  ou  moins  grêles  ou  apophyses  (6,  c,  d),  aux- 
quels s  insèrent,  comme  à  des  bras  de  leviers,  un  grand 
nombre  de  muscles  qui  mettent  la  colonne  vertébrale  en 
mouvement,  ou  la  maintiennent  fixe,  en  agissant  plusieurs , 
simultanément,  en  opposition  les  uns  avec  les  autres. 

C'est  en  exécutant  ainsi  des  mouvements  très-faibles  d'une 
vertèbre  à  Taulre,  mais  fort  rapprochés ,  pour  ne  pas  gêner 
les  fonctions  de  la  moelle  épinière ,  que  le  corps  entier  peut 
cependant  se  fléchir  ou  tourner  sensiblement  sur  lui-même 
dans  toute  sa  longueur. 

La  colonne  vertébrale  remplit  ainsi  deux  principales  fonc- 
tions :  Tune  de  servir  de  centre  de  réunion  k  toutes  les  autres 
parties  du  squelette;  etTautre,  de  constituer  une  enveloppe 
solide  à  la  partie  centrale  du  système  nerveux  formée  par 
TEpcéphale  ou  Cerveau ,  et  la  Moelle  épinière  dont  les  ver- 
tèbres suivent  les  modifications ,  comme  leur  étant  subor- 
données, d'après  la  sixième  loi  énoncée  ci-dessus. 

Cette  subordination  des  organes  est  même  telle  pour  tous 
les  os,  que,  bien  qu'ils  constituent  les  parties  les  plus  dures 
de  tout  le  corps,  ils  cèdent  cependant  facilement  la  place  k 
la  substance  nerveuse,  pour  lui  faciliter  le  développement; 
et  k  cet  égard  la  Sagesse  divine  est  allée  jusqu'au  point,  dans 
sa  minutieuse  prévoyance,  d'avoir  fait  que  les  os  cèdent 
la  place  k  tous  les  autres  organes ,  même  aux  veines ,  les 
moins  résistants  de  tous ,  dout  les  plus  faibles  ramuscnles  se 
creusent  des  canaux  dans  les  os  les  plus  compactes. 

La  Volonté  créatrice  ayant  placé  le  foyer  de  toutes  les 
facultés  intellectuelles  dans  la  partie  la  plus  antérieure  de  la 
partie  centrale  du  Système  nerveux,  celle-ci  prenant  de  Ik 
un  très-grand  développement,  forme  une  grosse  masse 
ou  Y  Encéphale  j  composée  du  Cerveau  j  du  Cervelet  et  de 
leurs  annexes.  Ce  renflement  du  Système  nerveux  se  trouvant 
placé  dans  trois  vertèbres,  la  portion  du  canal  racbidien  qui 
lai  correspond ,  s'élargit  considérablement ,  k  cet  effet ,  en 


106  TOiOLOGlB  DB  LA  NATURE. 

formant  ce  qu'on  nomme  la  Bùite  crânienne  ou  simplement 
le  Crâne  (Fig.  1 ,  2  et  3,  ab). 

Les  organes  des  sens  spécianx ,  a]f  ant  également  été  placés 
à  cette  même  extrémité  de  la  colonne  vertébrale ,  ces  appa- 
reils localisés  dans  des  espaces  nettement  circonscrits ,  oc- 
cupent des  emplacemeuis  plus  ou  moihs  grands  où  ils  se 
trouvent  convenablement  protégés  par  d'autres  parties  des 
Vertèbres  crâniennes,  ainsi  que  par  plusieurs  de  leurs  ap- 
pendices ,  qui  ont ,  a  cet  effet  ,  également  reçu  des  formes 
et  des  dispositions  particulières  propres  à  cet  usage  ;  parties 
qui  constituent  avec  le  crâne  Tensemble  de  la  Tête. 

Cette  première  division  du  Rachis  devait  fortnei'  dans  sa 
partie  crânienne  un  tout  dont  le^  pièces  osseuses  fussent 
fixes ,  afin  que  leur  mouvement ,  quelque  faible  ()u*il  fût ,  ne 
causât  pas  de  compression  sur  TEncéi^hale  ;  la  plus  légère 
pouvant  être  funeste  k  Tindividti  :  aussi  les  os  du  crâne 
sont-ils  constamment  immobiles  chez  tous  les  ailimaux. 

Quant  à  la  Tête  entière ,  il  était  nécessaire  qu'elle  fût  au 
contraire  mobile ,  comme  elle  l'est  en  effet ,  afin  de  pduvdir 
être  dirigée  de  tous  côtés;  afin  que  d'une  part,  les  Jreux,  qiii 
ne  peuvent  par  eux-mêmes  pas  changer  assec  la  direction  de 
leur  axe  visuel ,  pour  faire  protfiptelUent  apercevoir  les  objets 
placés  â  l'entour ,  puissent  cependant  être  facilement  tournés 
vers  eux;  et  d'autre  part,  la  mobilité  de  la  tête  est  d'une 
grande  importance  pour  la  plupart  des  animaux,  cotUfhe 
portant  également  la  boiiébe ,  avec  laquelle  ces  derniers*dtit 
k  saisir  non-seulement  lettr  nourriture  placée  autour  d'eux 
dans  diverses  directions  ;  mais  aussi  parce  que  c'est  |)rinci- 
paleibent  avec  les  dents  que  les  animatlx  attaquent  ceux 
qu'ils  ont  à  combattre  et  se  défendent  contre  eux. 

C'est  pour  cette  cause  de  simple  Utilité ,  que  la  Prôvidencb 
parait  avoir  laissé  une  très-grande  liberté  de  mouvement  I 
la  seconde  région  de  la  colonne  vertébrale ,  celle  qui  constitue 
le  Cou ,  où  le  squelette  se  trouve  réduit  â  la  seule  colonne 
vertébrale ,  portant  quelques  petits  appendices  immédiats 


CHAPITRB  III.  lot 

qui  gênent  peu  ses  mouvements  de  flexion  dans  tous  les 
sens ,  afin  de  permettre  k  la  tête  de  se  fléchir  selon  le  besoin 
dans  toutes  les  directions. 

Ces  divers  mouvements  de  la  tête  sont  eiéciltés  an  moyen 
d'un  fowî  mcÉMEtix  mécanisme  ,  qui  permet  à  celle-ci  de  se 
fléchir  et  de  tourner,  sans  que  la  moelle  épinière  que  le 
canal  irachidien  des  vertèbres  renferme  n'éprouve  aucune 
gêbe  qui  puisse  entraver  ses  fonctions. 

Les  vertèbres  qui  concourent  par  leur  réuniob  à  former 
la  tétOf  sont  au  nombre  de  cinq  :  une  incomplète,  antérieure 
au  crâne ,  ne  contribue  en  rien  à  former  l'enveloppe  de  l'en- 
céphale ;  la  seconde  ferme  simplement  la  cavité  crânienne  en 
avant,  et  les  trois  suivantes ,  constituent,  ainsi  que  je  l'ai 
dé^à  dit,  proprement  cette  dernière.  Ce  nombre,  bien  dis- 
tinct chez  les  Poissons,  est  partout  le  même  pour  les  quatre 
vertèbres  crâniennes  ;  et  l'analogie  des  p&Hies  indique  que 
la  vertèbre  la  plus  antérieure ,  quoique  nbn  distincte  dans 
son  corps ,  chez  les  Mahmicères  ,  les  Oiseaux  et  les  Reptiles  , 
doit  cependant  exister  aussi  che2  eux  ;  lès  autres  pièces  qui 
entrent  dans  sa  composition  s'y  trouvant  représentées. 

Quant  aux  vertèbres  du  Cou  (/I9. 1  et  2 ,  6  c),  elles  sont, 
sans  qu'on  en  connaisse  la  raison ,  constamment  au  nombre 
de  $ept ,  chez  tous  les  Mammifères  ,  b  l'exception  de  la  seule 
espèce  de  l'Aï  (Bradypus  ttidactylus)  qtii  ed  a  neuf;  domme 
pour  faire  voir  que  ce  chiflVe  n'existe  point  par  l'effet  d'une 
loi  de  la  nature. 

Ce  nombre  varie  au  contraire  considérablement  chez  les 
autres  animaux ,  selon  que  leur  cou  det^ai^  être  plus  long ,  ou 
plus  court,  conformément  au  genre  de  vie  auquel  chaque 
espèce  est  appelée  :  objet  sur  lequel  j'aurai  b  revenir  plus 
bas ,  à  l'occasion  des  causer  et  des  efliBts  que  chaque  mode 
d'organisation  présente. 

Chez  les  Mammifères,,  la  tête  devant  jouir  d'une  grande 
facilité  de  mouvement ,  se  meut  principalement  sur  les  deux 
premières  vertèbres  du  cou ,  qui  prennent  pour  cela  une 


108  THÉOLOGIE  DE  LA  MATURE. 

forme  particulière,  en  conslituant  ensemble  une  articula- 
tion compliquée  fort  remarquable.  Les  Vertèbres  ordinaires 
n'ayant  entre  elles  qu'un  mouvement  obscur  de  flexion ,  il 
▲  ÉTÉ  FAIT  UNE  EXCEPTION  pour  cclles  ci ,  afin  de  donner  à 
la  tête  toute  la  liberté  de  mouvement  dont  elle  a  besoin ,  et 
surtout  celui  de  circumduction ,  qui  suppose  en  principe  qu'il 
a  lieu  dans  une  articulation  orbicnlaire  ;  forme  que  les  mé- 
caniciens appellent  en  genou  ^  mais  qui  ne  pouvait  être  que 
dii&cilement  appliquée  ici ,  à  cause  du  peu  de  fixité  dont  ce 
genre  d'articulation  est  susceptible;  k  moins  de  l'envelopper 
de  muscles  très-puissants  :  mais  la  Nature,  toujours  si  ingé- 
nieuse DANS  SES  moyens  ,  y  a  suppléé  par  deux  articulations, 
à  mouvements  de  simple  flexion  dans  un  même  plan,  oa 
Ginglyme^  dont  les  axes  de  mouvement  sont  très-rappro- 
chés ,  et  croisés  à  angle  droit.  C'est  de  la  combinaison  de  ces 
deux  flexions  que  résulte  un  mouvement  qui  approche  beau- 
coup, pour  l'effet,  de  la  circumduction.  Pour  cela,  la  fête 
s'articule  directement  avec  la  première  vertèbre  ou  Atl€ts^ 
au  moyen  de  deux  saillies  ou  Condyles^  comprimées  d'avant 
en  arrière,  placées  immédiatement  k  côté  de  l'ouverture 
du  crâne ,  par  où  sort  la  moelle  épinière  ;  saillies  représen- 
tant ensemble  deux  portions  d'un  même  arc  de  cercle,  et 
s'emboitant  exactement  dans  deux  cavités  de  même  forme 
de  la  partie  supra-lalérale  de  la  vertèbre  ;  mais  non  avec  le 
corps  de  celle-ci ,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  le  reste  de  l'Épine 
du  dos;  corps  qui  n'a  reçu  que  la  plus  faible  hauteur  pos- 
sible, afin  de  mieux  rapprocher  de  la  tête  l'articulation  entre 
les  deux  premières  vertèbres  ;  et ,  par  ce  moyen  seul ,  la  tête 
ne  peut  se  fléchir  que  vers  les  côtés. 

L'articulation  entre  la  première  vertèbre  et  la  seconde  ou 
Aœis^  est  au  contraire  tout  autrement  faite,  et  toute  diflé- 
rente  aussi  de  celles  qui  existent  ailleurs  entre  les  vertèbres 
du  reste  du  rachis.  Ce  n'est  également  que  par  les  parties  la- 
térales de  ces  deux  os  qu'elle  a  lieu,  mais  au  moyen  de  deux 
facettes  articulaires ,  portions  d'une  même  calotte  sphérique 


CHAPITRE  in.  409 

fort  obtuse,  en  saillie  sar  la  seconde  vertèbre,  et  en  creux  snr 
la  première.  Quoique  celte  forme  permette  le  mouvement  en 
tous  sens ,  la  flexion  est  cependant  très-bornée  vers  les  côtés , 
par  Teffet  de  ligaments  très-forts  qui  s*y  opposent,  tandis 
qu'elle  est  plus  étendue  d*avant  en  arrière ,  et  permet  en 
même  temps  un  mouvement  facile  de  rotation  de  la  tête,  qui 
entraîne  la  première  vertèbre  javec  elle.  Pour  que  le  déplace- 
ment des  deux  vertèbres  ne  soit  toutefois  pas  trop  fort,  et  que 
les  mouvements  soient  mieux  réglés ,  Taxis  présente  au  mi- 
lieu de  la  base  antérieure  de  son  corps ,  une  forte  dent  arron- 
die qui  s'élève  sur  elle  dans  la  direction  de  son  axe ,  pour  ser- 
vir de  pivot  autour  duquel  tourne  Tatlas  en  entraînant  la  léte. 
Ce  pivot  pénètre  dans  l'intérieur  de  la  cavité  de  cette  première 
vertèbre,  dont  le  corps ,  en  forme  de  petite  barre  transver- 
sale, appuie  en  avant  contre  lui;  tandis  qu*en  arrière,  le 
pivot  appuie  contre  un  ligament  également  transversal, 
traversant  cette  cavité ,  et  donne,  par  une  légère  élasticité 
dont  il  est  capable,  de  la  souplesse  aux  flexions  de  la  tête 
en  avant. 

La  moelle  épinière  devant  nécessairement  se  prêter  aux 
divers  npouvements  qui  s'exécutent  dans  les  deux  articula- 
tions dont  je  viens  de  parler,  se  trouverait  fort  souvent  ti- 
raillée ou  comprimée  par  les  os  qu'elle  traverse,  si  cet  in- 
convénient, toujours  très- grave  pour  la  vie  de  l'individu, 
n'était  pas  prévenu  ,  comme  d'ailleurs  tout  autre ,  et  ici  en- 
core de  la  manière  la  plus  simple  ;  il  a  suffi,  pour  cela ,  de 
donner  au  canal  vertébral  un  diamètre  beaucoup  plus  grand 
qu'il  ne  le  faut,  pour  loger  la  moelle  épinière;  de  manière 
que  celle-ci  peut  suivre  les  flexions  assez  grandes  des  deux 
vertèbres  sans  être  gênée  par  elles. 

Ces  deux  articulations  si  compliquées,  de  l'Atlas  et  de 
l'Axis  se  continuant  l'une  par  l'autre  dans  leurs  cavités ,  n'en 
forment  réellement  qu'une,  sont  garnies  intérieurement  de 
poches  synoviales,  également  communiquantes,  semblables 
ponr  leur  texture,  et  la  faculté  qu'elles  ont  heçuk  de  sécréter 


r 


410  THiOLOOn  Bl  LA  NATURE. 

d^  la  aynoyie  ;  de  manière  que  celle  humeur  visqui^use  qu'elles 
renferment,  peut  facilement  passer  dans  tous  leurs  compar- 
timents ,  pour  remplir  les  vides  qui  s'y  forment  instantané- 
ment» par  l'effet  des  mouvements,  et  prévient  ainsi  les 
moindres  résistances  qui  pourraient  en  résulter;  disposi- 
tions qu'il  est  impossible  d'imiter  dans  les  mécaniques  arti- 
ficielles ,  en  toutes  choses  infiniment  plus  imparfaites  que 
celles  offertes  à  notre  admiration  dans  l'organisme  animal. 

Cet  ingénieux  emploi  de  la  synovie ,  renfermée  ainsi  dans 
des  poches  sans  ouverture,  tapissant  les  cavités  articulaires, 
se  retrouve  du  reste  partout  ailleurs ,  où  le  mouvement  des 
08  les  uns  sur  les  autres,  doit  être  très-facile;  et,  dans  cer- 
taines articulations ,  telles  que  celles  qui  unissent  les  corps 
de  vertèbre  chez  les  Poissons  cette  humeur  ayant  même  été 
rendue  élastique ,  cette  propriété  contribue  par  là  puissam- 
ment à  faciliter  les  mouvements  et  surtout  la  natation  de 
ees  animaux ,  ainsi  que  je  le  ferai  voir  en  parlant  de  la  lo- 
comotion de  ces  derniers. 

Entre  les  autres  vertèbres  du  cou ,  les  mouvements  sont 
cependant  encore  assez  faciles,  quoique  beaucoup  moins 
que  dans  les  deux  premières  ;  ces  os  s'articulant  non-seule- 
ment par  des  facettes  latérales ,  plus  petites  et  presque  planes , 
mais  encore  par  les  bases  de  leurs  corps.  Ici ,  toutefois ,  le 
mouvement  de  l'une  à  l'autre  vertèbre  est  fort  obscnr;  ces 
os  étant  intimement  liés  par  des  fibres  ligamenteuses  fort 
courtes,  de  la  nature  de  celles  des  tendons ,  qui  en  s'insârant 
^ux  deux  os ,  les  empêchent  de  s*écarter  beaucoup  ;  mais  leur 
permettent  aussi  un  faible  mouvement  de  rotation. 

Encore  ici  nous  trouvons  un  exemple  de  ces  nombreux 
MOYENS  INGÉNIEUX  par  IcsqucIs  la  Nature  créatrice  est 

ARRIVÉE  SI  PARFAITEMENT  AU  BUT  QU'BLLE  s'EST  PROPOSÉ.  Lc 

mouvement  entre  deux  vertèbres  consécutives  devant  être 
très-borné ,  pour  empêcher  leurs  luxations  toujours  funestes , 
il  s'exécute^toutefois  en  tous  sens  ;  résultat  obtenu  par  Tn- 
nion ,  ainsj  que  je  viens  de  le  dire ,  des  corps  des  vertèbres , 


CHAPITRE  m»  ill 

m  moyen  de  fibres  ligamenteuses ,  formant  dans  leur  en- 
aemble  un  anneau  placé  à  la  périphérie  des  bases  de  ces  os, 
et  subdivisées  en  plusieurs  cercles  concentriques ,  dont  cha- 
cun est  composé  de  petits  faisceaux,  obliques  k  ces  deux 
bases,  et  altemativement  au  sens  opposé,  d*uB  anneau  par- 
tiel à  Tautre.  L'obliquité  de  ces  fibres  permet,  d'une  part, 
par  la  très-faible  extensibilité  dont  elles  sont  capables ,  aux 
deux  vertèbres  de  s'écarter  un  peu  d'un  côté ,  et  de  se  rap- 
procher de  l'autre,  par  la  compression  de  ces  mêmes  fibres; 
efiet  favorisé  par  une  synovie  d'une  qualité  particulière,  qui 
remplit  le  centre  de  l'anneau  ligamenteux,  en  pénétrant 
partout  entre  ses  faisceaux  ;  cette  humeur  étant  moins  fluide 
4|ne  celles  des  articulations  mobiles ,  et  éminemment  élas- 
tique; de  manière  que  se  trouvant  comprimée  d'un  côté, 
cette  synovie  porte  par  son  élasticité  ses  efforts  vers  le  côté 
opposé ,  en  y  produisant  l'écartement  des  deux  os.  Enfin 
l'obliquité  des  fibres  ligamenteuses  permet  aux  deux  ver- 
tèbres d'exécuter  de  faibles  mouvements  de  rotation  l'une 
sur  l'autre.  Les  muscles ,  en  tordant  la  colonne  vertébrale , 
tiraillent  les  faisceaux  ligamenteux  disposés  dans  la  même 
direction ,  qui ,  quoique  fort  peu  extensibles ,  se  prêtent  tou- 
tefois k  ce  mouvement,  par  l'eflet  de  leur  obliquité;  seule- 
fluent ,  les  deux  vertèbres  se  rapprochent  un  peu ,  en  com- 
primant les  ligaments  et  la  synovie  élastique  pulpeuse, 
qui ,  de  leur  côté,  s'opposeat  à  une  trop  forte  torsion. 

Nous  retrouvons  cette  même  espèce  de  ligaments  entre 
toutes  les  autres  vertèbres  des  Mammifères  ,  et  surtout  chez 
les  Poissons  ,  où  ils  remplissent  leur  fonction  au  plus  haut 
degré  de  perfectiop ,  tandis  qu'elle  n'existe  point  dans  les 
OiSBAUX  et  les  SnaPEMis ,  dont  les  vertèbres  ayant  besoin 
d'une  plus  grande  mobilité,  prés£i<tent,  a  cet  effet, 
n'ADTRBs  coNDiTiONS ,  aiusi  qu'on  le  verra  plus  loin. 

La  troisième  partie  du  corps  des  mammifères ,  répondant 
k  ce  qu'on  appelle  la  Région  dorsale  du  racbis  (PI.  II ,  /I9. 1 , 
cd),  a  principalement  été  destinéb  à  renferoier  les  Pou- 


412  THliOLOGIE   DB   LA   MATURB. 

mons  y  appareil  de  la  respiration ,  et  le  Conir,  l'agent  essen- 
tiellement actif  de  la  circulation  sanguine,  organes  qui 
auraient  pu ,  autant  que  cela  nous  parait  au  premier  abord  , 
être  placés  ailleurs;  mais  le  Créateur  les  a  disposés  ainsi , 
sans  que  nous  puissions  en  trouver  la  raison,  ni  dans  la 
forme,  ni  dans  les  fonctions  de  ces  appareils  eux-mêmes; 
mais  il  me  parait  que  c'est  plutôt  dans  des  conditions  de 
statique  qui  s'accordent  le  mieux  avec  cette  disposition  de 
ces  appareils ,  que  se  trouve  le  motif  qui  a  voulu  qu'ils 
fussent  placés  1^. 

En  eifet,  la  presque  totalité  des  animaux  vertébrés  ayant 
leur  corps  disposé  horizontalement  dans  leur  état  ordinaire , 
et  appuyé  vers  ses  deux  extrémités  sur  deux  paires   de 
membres  locomoteurs ,  ce  corps  eût  trop  facilement  fléchi 
dans  le  milieu ,  et  eût  par  là  rendu  la  station  et  la  marche 
sur  ces  membres  impossibles,  s'il  n'était  soutenu  par  un 
moyen  quelconque;  et  le  plus  naturel  était,  de  donner  à 
la  partie  de  l'épine  du  dos,  correspondant  k  l'intervalle  de 
ces  membres,  la  forme  d'un  arc  sous-tendu  par  une  assez 
forte  corde  ;  et  c'est  en  effet  le  moyen  qui  y  fut  employé  , 
avec  toutes  les  conditions  de  solidité  que  les  circonstances 
spéciales  permettaient;  mais  pour  peu  que  cet  arc  eût  été  un 
peu  long,  le  poids  du  corps  qu'il  aurait  eu  k  soutenir  eût 
été  tellement  grand ,  que  la  corde  qui  le  sous -tend  eût  eu  à 
supporter  une  très-forte  traction;  et  le  mieux  était  de  donner 
également  à  cette  corde  la  forme  d'un  arc  courbé  en  sens 
opposé;  de  manière  qu'en  tendant k  s'effacer,  ces  deux  arcs 
se  fissent,  autant  que  possible,  équilibre,  et  pour  cela  H  a 
fallu  les  tenir  écartés  dans  le  milieu  par  des  arc-boutants  qui 
passent  de  l'un  k  l'autre  :  dispositions  qu'on  trouve  en  effet 
appliquées  de  la  manière  la  plus  savante  dans  la  conforma- 
tion du  Thorax ,  troisième  partie  du  corps  dont  il  est  ici 
question. 

Pour  cet  effet,  il  a  été  placé  a  la  ligne  médiane  inférieure 
du  corps ,  un  second  arc  formé  dans  sa  partie  antérieure 


CBAFITRB  III.  413 

par  une  chaîne  d*os,  constitiiant  le  Sternum  (fig.  1/ftt); 
commençant  au  niveaa  de  rexoémité  postérieure  du  cou ,  et 
s'étendant  jusque  vers  le  milieu  k  peu  près  de  la  longueur 
de  Tare  vertébral ,  comprenant  aussi  la  quatrième  partie  du 
corps,  ou  Y  Abdomen  y  destiné  k  renfermer  la  majeure  partie 
de  la  masse  des  viscères ,  et  soutenu  dans  le  dos  par  la  qua- 
trième région  de  la  colonne  rachidienne. 

L'extrémité  antérieure  du  sternum  est  écartée  k  petite 
distance  de  Tare  formé  par  le  rachis ,  au  moyen  des  deux 
Côtes  de  la  première  paire  (j)  :  os  grêles ,  mais  assez  forts , 
articulés  latéralement  avec  Tun  et  avec  l'autre,  en  laissant 
entre  eux  un  espace  formant  l'ouverture  antérieure  du  tho- 
rax. Ces  côtes ,  toujours  les  plus  courtes  de  toute  leur  série, 
s'articulent  en  haut  avec  la  partie  latérale  de  la  première 
vertèbre  dorsale,  qui  suit  la  dernière  du  cou.  Cette  paire  de 
côtes  est  maintenue  fortement  en  place  par  plusieurs  muscles 
puissants  qui ,  s'attachant  k  tonte  sa  longueur,  se  rendent  de 
là  aux  diverses  vertèbres  du  cou ,  auxquelles  ils  s'insèrent ,  en 
formant  ainsi  des  étais  qui  empêchent  les  côtes  de  fléchir  en 
arrière.  C'est  ainsi  que  sur  ces  deux  premières  côtes  s'ap- 
puient réciproquement  les  extrémités  antérieures  des  deux 
arcs  formés  par  le  rachis  et  le  sternum.  Les  côtes  suivantes , 
variables  en  nombre,  suivant  l'espèce  animale ,  se  rendent  de 
même ,  par  paires ,  des  autres  vertèbres  dorsales  sur  le  ster- 
num ,  en  forinant  également  entre  eux  des  arcs-bontants 
courbes  convexes  en  dehors ,  et  dont  la  courbure  de  plus  en 
plus  forte,  et  la  longueur  graduellement  plus  grande,  donnent 
k  l'ensemble  des  parties  la  forme  d'une  espèce  de  cage  os-^ 
seuse  en  cône  tronqué  ^  allant  en  s'élargissant  depuis  le  cou 
jusqu'au  milieu  k  peu  près  du  tronc;  soutenue  le  long  du 
dos  par  le  rachis ,  inférieurement  par  le  sternum ,  et  formée 
latéralement  par  plusieurs  paires  de  côtes  k  peu  près  paral- 
lèles entre  elles. 

Les  quelques  paires  de  côtes  les  plus  postérieures  sont 
toujours  incomplètes  :  c'est-k-dire  qu'en  partant,  comme 

L  t 


HA  THÉOLO€IB  I»  LA  MATURB. 

les  autres  du  raehis,  où  elles  s'articulent  arec  leurs  ver- 
tèbres respectives ,  elles  sont  de  nouveau  graduellement  de 
plus  en  plus  courtes ,  et  n'atteignent  pas  le  sternum ,  d'où 
•Ile  sont  nommées  Fausses  côtes  j  pour  les  distinguer  des 
antérieures,  appelées  Vraies  oMes,  qui  se  prdongent  an 
contraire  jusqu*au  sternum. 

Ces  fausses  côtes  se  trouvant  déjk  sur  la  partie  rentrante 
de  la  branche  postérieure  de  l'arc  que  forme  le  racMs,  leur 
force ,  comme  arc-boutant ,  devient  inutile ,  vu  que  les  der- 
nières vraies  côtes  soutenant  les  deux  arcs  dans  leur  plus 
fprand  écartement ,  la  partie  postérieure  du  rachis  prend  na- 
turellement la  forme  arquée  par  l'effet  de  son  élasticité  et  de 
3on  poids,  auquel  s'ajoute  celui  de  la  portion  postérieure  du 
eorps  entier,  qui  tend  k  la  faire  fléchir  en  dessous  ;  en  même 
temps  qu'elle  est  tirée  en  avant  et  en  dessous  par  une  chaîne 
de  muscles  qui  continue  Tare  du  sternum,  en  allant  se  fixer 
au  bassin  :  celui-ci  formant  une  forte  ceinture  osseuse  en- 
tourant la  partie  postérieure  du  tronc,  en  s*articulant  sur 
Farc  vertébral  ;  pendant  que  la  convexité  de  la  partie  molle 
postérieure  de  l'arc  du  sternum  est  maintenue  par  le  poids 
des  viscères  qui  pèse  sur  elle. 

L'ensemble  du  thorax  et  de  l'abdomen  prend  ainsi  la 
forme  d'un  gros  fuseau  très-renflé ,  distendu  par  les  côtes 
dans  sa  moitié  antérieure  seulement  ;  tandis  que  la  posté- 
rieure a  ses  parois  latérales  et  inférieures  formées  simple- 
ment de  muscles  et  autres  parties  molles ,  conditions  exigées 
par  les  fonctions  que  chacune  de  ces  parties  remplit  dans  la 
mécanique  animale  :  la  première ,  pour  donner  de  la  fixité 
au  corps  dans  la  station  ;  et  la  seconde ,  pour  lui  laisser  toute 
la  mobilité  nécessaire  dans  la  locomotion.  Mais  à  ces  deux 
causes  de  pure  mécanique ,  se  joignent  encore  d'autres  de 
simples  convenances,  ou  l'on  voit  que  le  Créateur  a  tiré 

ADMIRABLEMENT  PARTI  DE  CES  DISPOSITIONS ,  pOUr  la  distribu- 
tion des  divers  appareils  des  fonctions  essentielles  de  l'orga- 
nisme animal ,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  tard.  Il  suffit  de  faire 


CBAFITRB  m.  115 

remarquer  ici ,  d*aprè8  la  eoarte  description  que  je  vieoB  de 
faire  de  la  partie  moyenne  du  corps ,  comprenant  le  thorax 
et  Fabdomen,  que  le  premier  a  dû  prendre,  ainsi  qu*il  vient 
d'être  dit,  par  une  simple  condition  de  statique,  la  forme 
d'une  cage  osseuse ,  qui  était  par  \k  aussi  parfaitement  propre 
k  recevoir  l'appareil  de  la  Respiration ,  dont  la  fonction  de  - 
mandait  cette  même  disposition  ;  et  c'est  en  effet  là  ou  le 
Créateur  l'a  placé. 

Quant  à  la  seconde  partie  moyenne  du  tronc  (deli)  ou 
VÂbdomm ,  elle  n'est  simplement  formée,  contrairement  au 
thorax  qu'elle  suit  immédiatement,  que  de  parties  molles, 
soutenues  seulement  par  une  portion  de  la  colonne  verté- 
brale, ooDstiltuant  sa  région  lombaire ,  qui  lui  permet  de  flé- 
chir en  tous  sens,  pour  se  prêter  à  tous  les  mouvements  de 
ces  animaux.  Cette  partie  ayant  par  là  aussi  la  faculté  de  pou- 
voir se  dilater  et  de  se  resserrer  plus  ou  moins ,  suivant  le 
volume  des  organes  qui  s'y  trouvent  renfermés ,  elle  se  pré- 
tait ,  trè«*bien  aussi ,  à  recevoir  tous  les  appareils  organiques 
sujets  à  cette  sorte  de  variation ,  têts  que  ceux  servant  k  la 
digestion  et  à  la  gestatioo  ;  et  c'est  en  effet  à  cet  usage  que 
TsdMlonien  a  été  employé. 

Mais  quoique  le  volume  et  surtout  le  p^ids  des  viscères 
soient  susceptibles  de  devenir  fort  considérables ,  tandis  que 
la  région  lombaire  de  la  colonne  vertébrale,  qui  seule  sou- 
tient l'abdomen ,  est  nécessairement  plus  faible  que  la  thora- 
dque,  qui  cependant  ne  renferque  que  les  peumonSi»et  le 
coeur,  incomparablement  plus  légers ,  le  Créateur  a  paré  a 
CE  GRAïf D  iif GOMVÉNIEKT ,  résultant  de  la  faiblesse  de  la  co- 
lonne vertébrale,  en  lui  faisant  former,  comme  il  a  déjà  éié 
dit,  la  seconde  branche  de  l'arc  vertébral  sous^tendu  par  la 
corde ,  ou  plutôt  par  l'arc  opposé  formé  par  le  sternum  et  les 
puissants  muscles  longitudinaux  du  milieu  du  ventre,  insé- 
rés au  bord  infra-antérieur  du  bassin. 

Cette  faculté  de  pouvoir  varier  de  volume  pour  s'accom- 
moder à  celui  de  la  masse  des  viscères ,  n'est  point  ainsi , 


il5  THÉOLOGIB  DK  LA  HATURl. 

comme  on  pourrait  le  penser,  le  seul  motif  pour  lequel  Tab- 
domen  n*a  pas  dû  renfermer  d'os  dans  ses  parois;  mais  la 
principale  raison  est  que  les  animaux  n'auraient  pas  pu  flé« 
cfair  leur  corps  pour  faciliter  les  mouvements  de  locomotion , 
si ,  à  l'instar  du  thorax ,  Tabdomen  avait  ses  parois  soutenues 
par  des  côtes;  cette  flexion  devant  surtout  être  facile  et  éten- 
due chez  ceux  qui ,  tels  que  les  carnivores  et  les  grimpeurs , 
ont  besoin  d'une  grande  souplesse  de  mouvements  en  tous 
sens  pour  le  genre  de  vie  auquel  les  animaux  ont  été  appe- 
lés par  le  Créateur  ;  et  en  effet ,  ces  conditions  ont  été  si  bien 
PRISES  EN  CONSIDÉRATION  k  l'égard  des  diverses  espèces, 
que,  partout  où  cela  devait  être  autrement,  les  inconvé- 
nients QUI  EN  SONT  résultés  SONT  PARFAITEMENT  PRÉVENUS 

d'une  ou  d'autre  manière. 

Lorsque  la  région  lombaire  des  rachis  a  dû  être  longue 
et  très-flexible ,  ainsi  que  cela  est  dans  tous  les  mammifères 
qui  vivent  de  chasse,  les  sauteurs,  etc.,  cette  partie  de  la 
colonne  vertébrale  forme  avec  celle  répondant  au  thorax  un 
arc  fortement  cintré ,  afin  de  mieux  porter  et  prévenir  l'affais- 
sement du  corps  sous  son  propre  poids ,  qui ,  sans  cela ,  flé- 
chirait trop  facilement.  Lk,  au  contraire,  où  cette  grande 
souplesse  n'est  point  nécessaire,  mais  où  le  poids  des  vis- 
cères est  considérable ,  la  région  lombaire  est  fort  courte  ; 
ou  bien,  le  bassin  qui  pour  d'autres  raisons  borne  Tabdo- 
men  en  arrière ,  se  prolonge  obliquement  en  avant  dans  sa 
partie  supérieure  pour  supporter  en  grande  partie  ce  poids: 
tel  est  le  cas  chez  plusieurs  Mammifères,  et  surtout  chezles 
Oiseaux.  Enfin  les  minutieuses  précautions  vont  jusqu'au 
point  que,  dans  toutes  les  grandes  espèces,  telles  que  les 
Ruminants  et  les  Chevaux^  dont  le  contenu  de  l'abdomen  est 
fort  lourd ,  les  vertèbres  lombaires  présentent  latéralement 
des  lames  osseuses  ou  Apophyses  transverses  très-longues , 
dirigées  directement  en  dehors ,  pour  étendre  plus  au  loin  les 
points  de  suspension  des  parois  de  l'abdomen  ;  afin  que  ces 
deriyères  ne  compriment  que  le  moins  possible  les  viscères  : 


CHAPITRB  111.  117 

disposition  qai  se  retrouve  aussi  chez  les  Cétacés  ,  où  le 
bassin,  réduit  à  un  simple  rudiment,  ne  peut,  en  consé- 
quence ,  pas  servir  à  maintenir  les  parois  abdominales. 

Les  mammifères  terrestres ,  devant  marcher  sur  deux 
paires  de  membres,  la  première  (opqrst)  prend  ses  points 
d'appui  sur  les  parties  latérales  antérieures  du  thorax  ;  et  la 
seconde,  devant  soutenir  la  région  postérieure  du  corps, 
prend  les  siens  sur  la  colonne  vertébrale ,  par  Tintermédiaire 
du  bassin ,  ceinture  osseuse  qui  entoure  l'extrémité  posté- 
rieure de  Tabdomen.  Pour  cela,  plusieurs  vertèbres  (ef) 
qui  suivent  les  lombes  ont  été  soudées  ensemble  pour  en- 
trer comme  pièce  moyenne  dans  la  composition  de  ce  Bas- 
sin (kl  mn)  pour  offrir  plus  de  solidité  k  Tappui  des  membres 
postérieurs  (nuvxy).  Sur  les  côtés  de  cette  pièce  osseuse  ou 
os  Sacré  y  s'articulent  les  os  Coxaux^  très-fortes  pièces  con- 
tournant l'abdomen  pour  se  joindre  entre  eux  à  la  ligne 
médiane  inférieure.  C'est  sur  ce  bassin,  véritable  base  de 
tout  l'édifice  organique,  que  s'appuient  toutes  les  parties  du 
squelette  ;  et  que  rayonnent,  en  définitive,  toutes  les  séries^ 
de  muscles,  comme  véritable  partie  centrale  du  corps. 

Dans  l'attitude  redressée  de  Yhomme ,  le  bassin  se  trou- 
vant naturellement  placé  sous  la  masse  des  viscères,  et 
constituant  la  base  de  la  colonne  vertébrale ,  plusieurs  An- 
thropotomistes  virent  dans  la  forme,  la  disposition  et  la 
grande  Torce  de  ces  os ,  un  fait  très-remarquable  de  statique 
dont  ils  admirèrent  les  conditions  savantes  ;  mais  comme  ce 
fait  n'est  réellement  qu'une  spécialité  tout  exceptionnelle , 
les  autres  mammifères  ayant  le  corps  horizontal ,  il  est  im- 
possible d  admettre  que  ces  conditions  de  statique  soiem  le 
principal  motif  sur  lequel  est  fondée  la  composition  du 
bassin  -,  mais  bien  une  savante  modification  que  le  Créa- 
teur a  fait  subir  au  bassin  des  mammifères  quadrupèdes, 
pour  raccommoder  k  la  fonction  spéciale  k  laquelle  il  sert 
dans  l'espèce  humaine ,  fonction  qui  n'est  au  fond  elle- 
même  qu'une  simple  modification  de  celle  que  cette  cein^^ 


118  THB0L04tfi  M  hà  NATCRB. 

ttire  ossensft  exerce  chez  les  animant  vertébrés  de  toutes 
les  Classes  ,  oh  elle  sert  princi paiement  de  point  d'appui  mx 
membres  postérieurs  auxquels  elle  est  subordonnée,  secon- 
dairement seulement,  de  moyen  de  suspension  k  l'abdo- 
men ,  et  chez  Thomme,  de  support  inférieur  aux  visières. 

Enfin  la  dernière  région  de  la  colonne  vertébrale,  ou  la 
Queue  (fg) ,  placée  au  delà  du  bassin ,  ne  forme  plus  qu'une 
tige  plus  ou  moins  longue ,  composée  de  vertèbres  seule* 
ment,  accompagnée  souvent ,  vers  son  origine ,  de  quelques 
rudiments  d'os  appendiculaires  analogues  aux  côtes  dont  ils 
sont  les  dernières  traces.  Cette  queue,  ainsi  articulée,  n'est 
plus  que  la  fin  de  la  série  des  Tcrtèbres ,  qui  déjà  fort  avancées 
dans  leur  dégradation,  finissent,  àrextrémité,  par  ne  plus 
être  que  de  simples  rudiments,  généralement  sans  usage. 
Chez  certaines  espèces  toutefois ,  la  Nature  ,  toujours  si  in- 
génieuse dans  ses  moyens,  et  si  admirablement  économe 
dans  ses  ressources,  emploie  cette  partie  réellement  termi- 
nale du  corps  à  divers  usages  qui  nous  offrent  plusieurs 
exemples  de  ces  moyens  de  haute  science  et  de  sagesse  par 
lesquelles  Tlntelligence  suprême  arrive  au  but  qu'elle  s'est 
proposé  dans  la  création  des  Êtres;  et  cela  toujours  selon 
les  circonstances  dans  lesquelles  il  hii  a  plu  de  placer  chaque 
espèce  animale. 

Parmi  les  «diverses  lois  d'organisation  qu'il  m'a  été  pos- 
sible de  découvrir,  et  rapportées  plus  haut  (page  9i),  je 
rapplîllerai  ici  la  sixième,  qui  trouve  entre  autres  son  appli^ 
cation  dans  la  marche  dégradation  que  suivent  les  vertèbres . 
A  la  léte  de  l'échelle ,  les  premières  vertèbres ,  ^  l'état  presque 
corifplétement  rudimentaire,  forment,  par  leur  corps,  la 
^'/(ftslin  des' fosses  nasales;  et  par  leurs  appendices,  d'autres 
parties  des  mêmes  cavités,  servent  de  réceptacle  au  sens 
de  Todorat,  en  remplissant  ainsi  encore  une  fonction. 
A-*la  fin  dé  la  série  formant  la  queue,  les  vertèbres,  après 
avoir  passé  graduellement  par  plusieurs  transformations, 
finissent,  au  contraire,  non-seulement  par  perdre  tous  leurs 


CHAMIRB   m.  ilf 

appendices 9  mais  leur  corps  même,  allant  loujour  s  en  dé 
gradant  »  finit  par  être  réduit  k  un  simple  grain  osseux»  sam 
plus  aucune  fonction  :  véritable  caractère  du  rudiment. 

Cette  dégradation  finale  est  plus  ou  moins  rapide  chez  les 
diverses  espèces  animales,  où  la  queue  n*a  d'ordinaire  au«- 
cune  fonction  bien  établie ,  sauf  quelques  exceptions  spécifia 
ques,  ou  bien  propres  à  quelques  familles,  dont  je  parierai 
plus  bas  ;  aussi  ne  peut-on  considérer  cet  appendice  du  corps, 
que  comme  simplement  dépourvu  de  fonctions.  Ainsi ,  déjk 
dans  Y  Homme ,  la  queue  se  trouve  réduite  k  quatre  petits  rudi^ 
ments  de  corps  de  vertèbres  formant  la  pointe  du  Coeqfx  ^ 
dont  Textrémité ,  ne  dépassant  pas  la  masse  des  chairs  qu'elle 
traverse,  n'est  en  rien  visible  au  dehors  ;  et  se  trouve  en  outre 
dépourvue  de  toute  espèce  de  mouvement  volontaire.  D'au- 
tres espèces  »  comme  les  Roussettes ,  n'en  ont  même  pas  dta 
tout.  Un  grand  nombre  de  mammifères  ont  au  contraire  dert 
queues  plus  ou  moins  longues,  en  forme  de  tige  grêle ,  Irès^ 
flexibles  en  tous  sens  ;  composées  souvent  de  plus  de  20  ou 
30  vertèbres  ;  et  même  de  43  dans  les  Pancolins ,  sans  pou^ 
cela  servir  k  aucune  fonction  connue.  Dans  quelques  espèces 
toutefcMS ,  la  Maturb  à  transformé  la  queue  en  un  fort  bon 
organe  de  préhension ,  ou  phitôt  de  suspension  ;  car  ce  n'est 
que  pour  cet  usage  qu'elle  lui  a  donné  la  faculté  de  pouvoif 
s'enrouler  par  son  extrémité  autour  des  corps  »  avea  une  foret 
telle,  que  l'animal  s'y  suspend  facilement  en  entier,  et  y 
jouit,  k  cet  effet  »  d'un  tact  tout  aussi  délicat  que  celui  dt 
l'homme  dans  ses  doigts ,  k  en  juger  du  moins  par  l'adresst 
avec  laquelle  ces  animaux  savent  trouver  et  saisir  les  obîeli 
«auxquels  ils  s'accrochent  par  derrière  sans  les  voir« 

Le  C€Utor  se  sert  de  sa  grande  queue ,  élargie  en  truelle  ^ . 
pour  maçonner  les  constructious  qu'jl  «bâtit  dans  l'eaii  ;•  lés 
Kanguroos  et  les  Gerboises  y  dont  les  membres  postéri'euis 
sont  démesurément  plus  longs  que  les  antérieurs,  ce  qfti 
gêne  infiniment  leur  marche ,  et  les  oblige  à  sauter  sur  leurs 
grandes  jambes,  ont  potu  compenser  cet  iNCONVÉNisirr, 


ft 


Î90  ToiOLOfilB  DB  UL  NATUU. 

une  queue  longue  et  très-forte ,  sur  laquelle  ils  s'appuient 
dans  la  station  comme  sur  un  troisième  pied  ;  et  qui  leur 
sert  en  même  temps  de  ressort  pour  mieux  s*élancer  dans  le 
saut.  Enfin  dans  toute  la  Famille  des  Cétacés  souffleurs  , 
comprenant  les  Baleines ,  et  les  Dauphins ,  la  queue  acqué- 
rant le  maximum  de  tout  son  développement ,  est  aussi  grosse 
k  sa  base  que  l'extrémité  de  la  région  viscérale  du  corps  à 
laquelle  elle  fait  insensiblement  suite,  et  devient,  comme 
dans  les  Poissons ,  dont  ces  animaux  imitent  la  forme  et  le 
mode  de  natation ,  le  principal  agent  de  la  nage  ;  fonction  à 
laquelle  la  queue  sert  essentiellement  chez  les  animaux  na- 
geurs par  excellence  ;  ainsi  qu'on  le  verra  quand  il  sera  ques- 
tion de  ce  genre  de  locomotion. 

C'est  ainsi  que  chez  la  plupart  des  mammifères ,  la  queue 
n'est  qu'un  appendice  plus  ou  moins  rudimeutaire  du  corps, 
destiné  à  devenir  au  contraire ,  dans  d'autres  Classes  ,  le 
principal  agent  de  l'une  des  fonctions  les  plus  importantes 
des  animaux  ;  quoique  k  son  extrémité ,  les  vertèbres  dont 
elle  se  compose  soient  constamment  rudimentaires ,  sinon 
pour  le  volume,  du  moins  pour  leur  forme,  leur  composi- 
tion et  leur  fonction  active;  et  si  elle  est  conservée,  longue 
et  fort  mobile  dans  la  plupart  des  mammifères ,  c'est  pour 
ne  pas  l'abandonner  en  principe ,  afin  de  la  retrouver  au 
besoin  dans  la  grande  série  des  animaux  vertébrés ,  où  elle 
doit  au  contraire  arriver  à  son  plus  haut  degré  de  développe- 
ment, tant  sous  le  rapport  de  son  volume  que  sous  celui  de 
sa  fonction.  C'est-k-dire  que  la  Nature,  toujours  rigou- 
RE1I6B  dans  son  principe  ,  de  ne  point  abandonner  entière- 
ment un  organe  dans  son  échelle  de  gradation ,  tant  qu'il  « 
peut  encore  être  utile  pour  une  fonction  quelconque ,  con- 
serve icLce  grand  appendice  du  corps  pour  le  faire  servir, 
plus  loin ,  i  la  natation  et  même  au  vol ,  ainsi  qu'on  le  verra 
plus  bas;  et  s'il  disparaît  quelquefois,  dans  certaines  es- 
pèces, c'est  tantôt  dans  des  branches  latérales,  où  sa  dégra- 
dation marche  plus  vite;  ou  bien ,  parce  qu'il  n'est  pour  le 


GHAPITRX  111.  i2i 

moment  d'aucune  importance  ;  et  dans  ce  cas  on  le  voit  de- 
veoir  incertain  dans  son  existence ,  en  disparaissant  et  en 
revenant  alternativement,  sans  aucune  régularité ,  avant  de 
s'évanouir  complètement. 

Quelques  Physiologistes ,  voulant  tout  expliquer,  ont  pensé 
que  la  longue  queue  des  mammifères  faisait  chez  eux  les 
fonctions  d'un  balancier  qui  les  maintient  en  équilibre  dans 
la  course  et  le  saut;  mais  c'est  vraiment  vouloir  forcer  les 
conséquences  ;  car  pourquoi  telle  espèce  de  singe ,  comme 
les  Guenons  y  aurait-elle  une  queue  extrêmement  longue, 
tandis  que  les  Magots ,  qui  ont  le  même  genre  de  vie ,  n'en 
ont  pas  du  tout?  Et  quel  effet  de  balancier  peut  faire  la  queue 
du  Rat,  qui  n'a  pas  moins  de  26  vertèbres?  Et  celle  si  grêle 
de  V Éléphant ,  qui  se  compose  de  24? 

Nous  avons  dit  plus  haut  comment  le  Créatecr  a  prévenu 
la  flexion  du  corps  des  quadrupèdes  dans  son  milieu ,  en 
donnant  aux  régions  dorsales  et  lombaires  de  la  colonne 
vertébrale ,  la  disposition  d'un  arc  sous-tendu  par  une  corde 
formée  par  le  sternum  et  les  muscles  de  la  ligne  médiane  de 
Fabdomen ,  et  soutenu  par  les  deux  séries  des  côtes  ;  dispo- 
sition si  parfaitement  établie  pour  former,  d'une  part,  la 
cavité  thoracique  destinée  à  loger  les  poumons  et  le  cœur  ; 
et  de  l'autre ,  celle  de  l'abdomen  destinée  à  contenir  les  vis* 
cëres ,  variables  dans  leur  volume. 

Si  l'on  considère  exclusivement  les  conditions  de  statique 
qui  ont  nécessité  cette  disposition,  et  qu'on  les  examine 
également  dans  les  autres  parties  du  corps ,  on  retrouve  dans 
toutes,  la  même  prévoyance  des  conditions  d'équilibre,  A 
parfaitement  calculées  pour  que  l'existence  des  animaux 
soit  possible,  qu'on  est  bien  obligé  de  reconnaître  l'inter- 
vention d'une  HAUTE  Intelligence  qui  a  établi  ces  oispo- 

SITIONS   SELON   l'USAGE   QUE   CHAQUE  PARTIE  DU   CORPS   DOIT 

REMPLIR.  En  effet ,  si ,  comme  il  a  été  dit  plas  haut ,  le  corps 
des  quadrupèdes  formait  simplement  dans  les  deux  régions 
de  la  colonne  vertébrale  répondant  k  l'intervalle  des  quatre 


^  I 


122  TnioLoaii  d«  la  maturb. 

membres ,  une  voûte  plus  ou  moins  cintrée ,  pour  empêcher 
la  fleiion  du  corps  sous  son  propre  poids ,  il  en  résulterait 
que  les  deux  extrémités  de  la  colonne  vertébrale  seraient 
dirigées  obliquement  en  dessous. 

Mais  comme  la  bouche  et  les  organes  des  sens ,  les  yenx 
surtout,  devaient  être  placés  ii  Textrémité  antérieure  da 
corps ,  il  a  fallu  que  cette  partie  fût  au  contraire  dirigée  en 
avant,  et  plus  ou  moins  relevée,  afin  que  Tantmal  pût  voir 
de  plus  loin  et  apercevoir  les  objets  placés  devant  lui  pour 
les  saisir  avec  sa  bouche  :  c'est-à-dire  qu*il  a  fallu  pour  cela 
que  la  partie  correspondante  du  racliis  fût  de  nouveau  re-^ 
courbée  en  haut,  en  formant,  ainsi  que  cela  est  en  effet 
dans  la  région  du  cou  placée  au  devant  des  membres  anté* 
rieurs ,  un  arc  concave  en  dessus ,  en  sens  inverse  de  celui 
que  forme  la  région  dorsale;  et,  pour  produire  ce  résultat, 
IL  A  ENTRE  AUTRES  ÉTÉ  PLACÉ  au^dcssus  du  COU  uuc  grande 
masse  de  muscles  fixée  k  toutes  ses  vertèbres  ainsi  qn*l 
celles  du  dos  et  k  la  tête;  muscles  dont  la  force  considérable 
produit  cette  courbure. 

Mais  cette  inflexion  du  cou  ne  suffit  pas  encore  :  la  tète , 
placée  tout  k  fait  k  rextrémité  du  corps ,  étant  nécessaire** 
ment  plus  ou  moins  lourde ,  par  la  masse  des  organes  qu'elle 
porte,  et  pesant  en  conséquence  fortement  sur  Textrémitë 
libre  du  cou ,  elle  devait  par  Ik  être  soutenue ,  non*seulement 
par  les  puissants  muscles  de  la  nuque ,  dont  je  viens  de  par- 
ler, mais  elle  devait  être  en  outre  appuyée  par  en  dessous 
dans  sa  partie  postérieure ,  afin  de  diminuer,  autant  que  pos» 
sible ,  la  longueur  nécessaire  du  bras  du  levier  sur  lequel  pèse 
son  centre  de  gravité,  qui,  toutefois,  la  fait  plus  ou  moins 
fléchir  vers  le  bas ,  en  lui  faisant  faire  ainsi  une  dernière  in- 
flexion concave  en  dessous,  ainsi  que  cela  existe  en  effet  chez 
toutes  les  espèces,  et  facilite  infiniment  les  fonctions  de  la 
bouche,  qui  doit  saisir  principalementdes  objets  placés  k  terre. 

La  tête  des  Mammifères  pesant  ainsi  k  Textrémité  d'un 
cou  plus  ou  moins  long,  elle  exigeait  pour  être  maintenue 


CHAPlTm  III.  113 

relevée,  uo  emploi  de  force  considérable.  Cette  puissance 
9e  trouve  bien ,  en  grande  partie ,  dans  les  muscles  posté- 
rieursdu  cou  ;  mais  la  force  qu'ils  ont  k  produire  k  cet  effet 
sorpasse  d'ordinaire  de  beaucoup  celle  de  l'excès  de  leur 
eontraction  passive,  sur  celle  des  muscles  abaisseurs  du  cou» 
ajoutée  au  poids  de  la  tète,  d*où  le  surplus  de  cette  puissance 
devait  être  produit  par  l'action  de  la  force  volontaire  des 
muselés  de  la  nuque.  Or  cette  contraction  permanente  eût 
été  très-fatigante  pour  l'animal ,  et  de  Ik  bientôt  insuppor- 
table. Cb  résultat  ayant  été  prévu  par  l'omniscienge  du 
Créateur,  il  fut  paré  a  cette  difficulté,  en  donnant, 
d'une  part ,  k  ces  muscles  une  puissance  considérable  ;  et 
de  l'autre,  en  les  faisant  agir  en  même  temps,  pour  aug- 
menter leur  force ,  sur  des  bras  de  levier  très-longs  ;  c'est-k** 
dire,  en  les  fixant  k  leur  origine  k  des  aphophyses  épineuses 
très-longues  et  fortes  des  premières  vertèbres  dorsales,  et 
6n  les  insérant  k  leur  terminaison  k  la  partie  supra-posté* 
rieure  de  la  tête,  qui  présente  k  cet  effet,  suivant  le  besoin, 
des  lames  plus  ou  moins  saillantes ,  auxquelles  les  muscles 
s'attachent  :  et  Ik  où  ses  moyens  ne  suffirent  pas ,  il  a  été 

PLACÉ  entre  ces  MUSCLES  UN  FAISCEAU  LIGAMENTEUX  ÉLAS- 

TIOUE  qui,  par  sa  force  de  contraction  purement  passive, 
ajoutée  k  la  puissance  également  passive  des  muscles ,  est  ca* 
pable  de  maintenir  la  tête  soulevée,  en  même  temps  que  ce 
ligament ,  cédant  par  son  élasticité  k  la  force  de  contraction 
volontaire  des  muscles  inférieurs  du  cou ,  permet  k  l'animal 
de  baisser  facilement  la  tête  ;  tandis  qu'elle  se  relève  d'elle- 
■Qéme  sitôt  que  cet  acte  volontaire  cesse. 

Ce  Ligament  cervical  varie  ensuite  dans  sa  grosseur,  sui* 
v^ut  la  force  qu'il  doit  produire  chez  chaque  espèce  animale. 
I)^ns  Thomme ,  la  tête  étant  appuyée  en  dessous ,  se  trouve 
^  Ik  par  elle-même  presque  en  équilibre  sur  le  cou ,  d'où  la 
contraction  passive  des  muscles  de  la  nuque  a  suffi  pour 
l'empêcher  de  fléchir  en  avant ,  et  le  ligament  cervical  a  été 
entièrement  supprimé.  Il  en  est  k  peu  près  de  même  pour 


124  THÉOLOGU  Dl  LA  HATDRB. 

toutes  les  espèces  digitigrades  a  coa  court ,  chez  lesquelles 
ce  ligament  élastique  est  tout  an  plus  représenté  par  un 
simple  raphé  filiforme,  existant  entre  les  muscles  super- 
ficiels ;  ces  organes  étant  généralement  très-puissants  chez 
les  animaux ,  et  agissant  d'ordinaire  sur  des  bras  de  levieFs 
fort  longs ,  ils  suffisent  pour  maintenir  la  tète  relevée.  Enfin 
chez  les  espèces  k  cou  fort  long  ou  k  tète. très-pesante,  ce 
ligament  existe  toujours,  et  sa  force  est,  comme  on  peul  le 
penser,  proportionnée  pour  la  grosseur  k  la  puissance  qu'il 
a  k  produire.  Dans  les  Rdhimants,  il  part  du  sommet  des 
apophyses  épineuses  des  vertèbres  dorsales,  en  passant  de 
l'une  k  l'autre ,  en  devenant  de  plus  en  plus  fort  ;  et  de  la 
première,  son  principal  tronc  se  porte  directement  vers  la 
région  supérieure  du  crâne,  où  il  s'implante  ;  et  de  ce  tronc 
partent  ensuite  des  branches  allant  s'insérer  aux  sommets 
des  apophyses  épineuses  des  vertèbres  du  cou ,  aussi  pour 
les  maintenir  relevés.Dans  V Éléphant^  dont  la  tète  est  fort 
lourde,  ce  ligament  est  d'une  grosseur  énorme  ;  et  nous  ver- 
rons plus  bas,  qu'il  existe  également  chez  les  oiseaux,  mais 
avec  des  modifications  très-remarquables  relativement  k  sa 
disposition  et  k  son  emploi. 

Quant  k  la  partie  postérieure  du  corps  qui ,  dans  la  même 
supposition  que  j'ai  faite  plus  haut,  devrait  pencher  oblique- 
ment en  dessous  dans  les  régions  sacrée  et  caudale  du  rachis, 
en  faisant  suite  k  la  branche  postérieure  de  l'arc  dorsal  et 
lombaire  de  ce  dernier  ;  elle  produit  toutefois  en  réalité  un 
arc  concave  en  dessus  dans  la  partie  sacrée  et  postérieure 
des  lombes,  et  cela,  non  par  Teflet  de  la  volonté  créatrice, 
comme  on  pourrait  également  le  croire,  mais  uniquement 
par  celui  de  la  traction ,  qu'exerce  sur  les  vertèbres  de  cette 
partie  du  corps  la  puissance  des  muscles ,  dont  la  présence  et 
la  prépondérance  de  force  sont  toutefois  dues  k  la  fonction 
que  ces  mêmes  parties  exercent  dans  la  locomotion ,  em  vue 

DE  lAQliftLLE  CES  MUSCLES  Y   ONT  ÉTÉ  PLACÉS.  Eu  efict,  IcS 

^nipiaux  quadrupèdes  devant,  soit  dans  la  course,  soit  dans 


CHAVITIIB    lit.  4t5 

le  saat,  se  redresser  ii  chaque  bond ,  plus  ou  moins ,  sur  leurs 
membres  postérieurs  ;  ils  ont,  pour  cela,  besoin  de  pouvoir 
soutenir,  pendant  ces  moments ,  leur  corps  relevé ,  en  empê- 
chant la  colonne  vertébrale  de  fléchir,  etc.,  surtout  dans  sa 
légion  lombaire ,  qui  est  la  plus  faible.  Or  il  à  fallu  placer 

POUR  CELA  SUR  LE  SACRUM  ET  LES  LOMBES  UNE  MASSE  DE 
MUSCLES  TRÈS*PUISSANTS  CAPABLES  DE  PRODUIRE  CET  EFFET, 

en  l'insérant  de  part  et  d'autre  aux  apophyses  épineuses  de 
toates  les  vertèbres  de  ces  régions,  et  même,  plus  loin,  aux 
vertèbres  dorsales  et  premières  caudales.  Ces  muscles  puis- 
sants ,  en  tendant  à  rapprocher,  par  leur  traction  active  et 
même  passive,  les  vertèbres  les  unes  des  autres  à  leur  face 
supérieure,  produisent  nécessairement  par  Ik  une  courbure 
eoDcave  en  dessus ,  dans  la  partie  correspondante  du  rachis , 
traction  qui  fait  relever  le  sacrum  en  arrière. 

Enûn  la  queue,  plus  ou  moins  faible  dans  sa  partie  libre 
chez  la  plupart  des  animaux ,  n'obéissant  qu'à  l'action  de  son 
poids ,  se  fléchit  naturellement  en  dessous  et  fait  faire  de  là 
one  dernière  courbure  convexe  en  dessus  à  la  colonne  ra* 
chidienne. 

C*est  ainsi  que  s'explique  naturellement  la  forme  que 
prend  la  colonne  vertébrale  chez  les  Mammifères  quadru- 
pèdes ;  ici  par  reflet  de  la  volonté  créatrice  qui  a  voulu 
PRODUIRE  TEL  RÉSULTAT  ;  Ik  par  le  simple  efiet  de  la  traction 
active  ou  passive  des  muscles ,  ou  bien  uniquement  par  le 
poids  des  organes;  c'est-k-dire,  pour  ces  derniers  cas,  par 
des  causes  purement  dynamiques ,  sans  qu'on  puisse  y  voir 
précisémem  pour  cela  l'influence  d'une  volonté  déterminante. 

Si  Ton  examine  de  même ,  sous  le  rapport  de  l'équilibre , 
les  conditions  d'existence  de  Tespèce  humaine,  qui  se  tient 
et  marche  debout ,  attitude  toute  difierente  de  celle  des 
quadrupèdes,  on  arrive  cependant  exactement  aux  mêmes 
résultats. 

En  considérant  Tépine  du  dos  comme  exempte  4^  to«te 
influence  étrangère,  elle  se  présente  comme  une  tige  droite, 


IM  TUiOLOOU  Bl  LA  MATCJRB. 

âef  ée  sur  le  milieu  du  bord  poslérieur  du  bassin  qui  lui  sert 
de  base.  Mais,  comme  la  masse  des  yiscères  et  autres  parties 
du  corps  se  trouvent  placées  au  devant  de  cette  tige,  le  centre 
de  gravité  s'y  trouve  en  conséquence  aussi ,  et  tend  à  faire 
fléchir  le  corps  en  avant  ;  de  Ik  la  nécessité  de  placer,  tout 
le  long ,  en  arrière  de  la  colonne  vertébrale ,  une  série  éche- 
lonnée de  muscles  dont  la  traction ,  en  sens  opposé ,  est  ca- 
pable de  faire  équilibre  au  poids  agissant  au  centré  de 
gravité.  Or  ces  muscles  ayant  un  effort  d'autant  plus  grand 
k  faire  qu'ils  s'insèrent  plus  bas  sur  la  colonne  vertébrale, 
les  plus  inférieurs  ont  nécessairement  dû  être  les  plus 
puissants  ;  et ,  comme  cet  effort  est  constant ,  ils  doivent 
tendre  k  faire  fléchir  en  arrière  les  premières  vertèbres  infé- 
rieures comprenant  le  sacrum  et  les  lombes ,  en  leur  faisant 
faire  un  arc  postérieurement  concave  :  ces  muscles  étant 
plus  puissants  que  ceux  placés  à  la  face  antérieure  de  la 
colonne  vertébrale,  dont  la  force  n'est  que  le  complément 
de  celle  du  poids  du  corps  que  les  muscles  postérieurs 
eontre-balancent  ;  poids  qui  étant  appliqué  k  la  partie  supé- 
rieure du  corps  et  k  une  certaine  distance  du  rachis,  n'agit 
que  médiatement  sur  les  vertèbres  lombaires ,  et  ne  s'op- 
pose, en  conséquence,  pas  k  la  courbure  qu'elle  forme. 

Les  vertèbres  dorsales ,  placées  un  peu  plus  haut  que  les 
lombaires ,  se  trouvant  sous  ce  rapport  dans  les  conditions 
semblables,  seraient  de  Ik  disposées,  en  cédant  aux  mêmes 
efforts,  k  prendre  également  cette  direction,  en  continuant 
l'arc  concave  en  arrière  ;  mais  intervient  ici  une  autre  forcé. 
La  double  série  des  côtes,  formant  des  arcs-boutants  trans- 
versaux ,  qui  se  rendent  de  chaque  vertèbre  dorsale  en  avant 
sur  le  sternum ,  et  celui-ci  se  trouvant  tiré  en  bas ,  d'une 
part ,  par  les  muscles  du  bas-ventre ,  attachée  au  bord  anté* 
rieur  du  bassin ,  et  d'autre  part  par  le  poids  des  viscères 
suspendu  aux  côtes ,  et  au  sternum  ;  ces  forces  réunies  ten- 
dent non-seulement  k  faire  courber  la  région  dorsale  du 
rachis  en  avant ,  mais  elle  la  force  k  s  arquer  dans  cette 


CBAflTRB    lit.  i¥! 

êinttàon  par  lenr  actîmi  sur  les  côtes  ;  c*est-ii-dire  que  le 
sternum ,  étant  tiré  en  bas,  tend  k  prendre  une  direction 
ferticale;  et  repoussant  par  là  les  côtes  d'autant  plus  en 
arrière  que  celles-ci  sont  plus  longues  et  en  conséquence  plus 
inférieures ,  la  partie  dorsale  du  racbis  prend  par  ces  divers 
efforts  une  courbure  convexe  en  arrière,  et  entraînerait 
les  vertèbres  du  cou  dans  la  même  direction  si  celles-ci 
l'étaient  pas  sollicitées  par  d'antres  forces. 

La  tète,  placée  à  l'extrémité  dû  cou,  ayant  un  poids  plus 
on  moins  considérable,  mais  toujours  beaucoup  plus  grand 
que  celui  d'une  seule  vertèbre ,  tend  aussi  k  faire  fléchir  le 
cou  en  avant  ;  et,  pour  la  maintenir  en  équilibre,  il  a  fallxj 
que  son  poids  fût  contre-balancé  par  la  force  des  muscles 
paissants  ou  des  ligaments  placés  k  la  nuque ,  où  ils  prennent 
leur  point  d'appui ,  soit  sur  les  vertèbres  du  cou ,  soit  sur  les 
dorsales  supérieures;  d'où  leur  effort,  produit  sur  la  région 
des  vertèbres  du  cou ,  a  le  même  effet  que  ceux  du  bas  du 
troBC  sur  la  région  lombaire,  c'est- k- dire  qu'elle  la  fait 
arquer  en  arrière.  Enfin  le  poids  absolu  de  la  tête,  dont  le 
eentre  de  gravité  spécial  est  aussi  en  avant  de  son  point 
d'appui  sur  l'atlas,  ramène  encore  la  série  des  vertèbres 
céphaliqnes  en  avant. 

Quant  aux  vertèbres  de  la  queue ,  réduites  chez  l'homme 
à  quatre  osselets,  formant  ensemble  la  petite  pointe  du 
CùecyXf  cette  partie  qui  ne  dépasse  pas  les  chairs,  est  for- 
tement tirée  en  avant  par  les  muscles  du  périné  dans  les  • 
quels  elle  est  engagée  ;  et  de  Ik  fléchit  vers  le  devant ,  en 
formant,  comme  chez  les  quadrupèdes ,  également  un  arc 
eonvexe  en  arrière. 

On  voit,  d'après  ce  court  exposé  des  forces  principales 
qai  agissent  sur  la  colonne  vertébrale  de  l'homme ,  que  les 
courbures  alternatives  en  arrière  et  en  avant  qu'elle  forme , 
•ont  également  dues,  comme  dans  les  Mammifères  quadru- 
pèdes ,  en  grande  partie  k  l'effet  dynamique  des  muscles , 
agissant  sur  les  vertèbres  par  des  causes  différentes,  et  sont 


428  TBEOLOftIK  DB   LA   NATURl. 

cependant  exactement  les  mêmes  ;  et  la  preuve  que  ces  in- 
flexions ne  sont  dues  qu'à  la  traction  dos  muscles,  c*est  que, 
dans  le  fœtus,  la  colonne  verlébrale  est  parfaitement  droite 
avant  que  les  muscles  n'aient  acquis  la  force  de  traction  dont 
ils  sont  plus  tard  capables. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  les  divers  os  dont  se  com- 
pose le  squelette ,  et  notamment  les  vertèbres ,  présentaient 
divers  prolongements  plus  ou  moins  longs  et  forts  ou  Apo- 
physes  y  afin  d'ofl'rir,  d'une'part ,  une  plus  grande  surface  aux 
attaches  des  muscles ,  et  faire  de  Tautre  Toffice  de  leviers  « 
sur  lesquels  ces  muscles  agissent  alors  avec  plus  d'eiBcacité. 
La  direction  qu*ont  reçue  ces  apophyses  est  en  elle- 
même  fort  remarquable,  étant  généralement  dans  le 

SENS  DE  LA  RÉSULTANTE  DE  TOUTES  LES  FORCES  MUSCULAIRES 
QUI  AGISSENT  SUR  CES  DIVERS  PROLONGEMENTS  OSSEUX ,  autant 

du  moins  que  l'œil  peut  en  juger ,  cette  force  ne  pouvant 
pas  être  exactement  appréciée.  Les  exceptions  à  cette  loi, 
dans  les  cas  où  une  raison  quelconque  Ta  exigé  autrement, 
prouvent  que  cette  direction  des  apophyses  ne  doit  pas  être 
considérée  comme  un  simple  eflet  dynamique  produit  par 
la  traction  des  muscles,  mais  bien  comme  celui  d'une 
SAVANTE  INTENTION  QUI  l'a  VOULU  AINSI.  Car  pourquoi  l'apo- 
physe  du  coude,  par  exemple,  est-elle  dans  la  direction  du 
cubitus  dont  elle  fait  partie,  et  non  pas  dans  celle  des 
muscles  extenseurs  de  l'avant-bras  chez  les  quadrupèdes , 
où  elle  fait  au  contraire  un  angle  très-grand  avec  la  direc- 
tion de  ces  muscles  ?  De  même  aussi ,  pourquoi  Tapophyse 
formant  le  talon ,  est-elle  dirigée  obliquement  en  dessons 
chez  l'homme,  pour  servir  de  principal  appui  au  corps  dans 
la  station,  et  non  directement  en  haut,  dans  le  sens  des 
muscles  extenseurs  du  pied  qui  agissent  exclusivement  sur 
elle?  pourquoi  dans  les  quadrupèdes  reste-t-elle  dans  Taxe 
du  pied,  au  lieu  de  prendre  la  direction  de  ces  mêmes  mus- 
cles ?  et  je  pourrais  citer  encore  d'autres  cas  fort  nombreux. 
Les  apophyses  de  la  colonne  vertébrale  et  autres  sont,  au 


CMAPITRS   III.  420 

contraire,  généralement  dans  la  direction  de  cette  résul- 
tante ;  et  cela  est  surtout  remarquable  chez  les  espèces  très- 
agiles  et  sautantes ,  où  leur  longueur  et  leur  disposition  sont 
fort  différentes  de  celles  des  espèces  lentes  et  lourdes ,  où  ces 
mêmes  prolongements  sont  d'ordinaire  autrement  disposés  ; 
caractère  qu'on  peut  par  là  même  reconnaître  k  Tinspection 
do  squelette  seul  de  ces  animaux. 

Dans  les  Mammifères  lents  et  lourds,  les  apophyses  épi- 
neuses et  transYcrses  de  la  colonne  vertébrale  sont  généra- 
lement courtes ,  larges  »  et  par  là  fort  rapprochées  d*une 
Tertèbre  k  l'autre  ;  leur  déplacement  angulaire  devant  être 
très-borné  dans  les  mouvements  de  ces  os ,  n'exigent  pas  un 
plus  grand  écartement,  et  d'ordinaire  elles  sont  perpendi- 
culaires k  l'axe  des  vertèbres  ;  tandis  que  chez  les  espèces 
agiles,  et  par  conséquent  légères,  ces  mêmes  apophyses  sont 
au  contraire  grêles ,  et  la  plupart  obliques  k  l'axe  de  l'os , 
pendant  que  leur  longueur  varie  suivant  l'effet  qu'elles  doi- 
vent produire  comme  leviers. 

Dans  les  espèces  sauteuses  par  excellence,  telles  que  le 
Chat^  qui  s'élancent  non-seulement  par  l'extension  subite 
des  membres  locomoteurs  préalablement  fléchis,  mais 
aussi  par  le  débandement  de  la  colonne  vertébrale,  où 
celle-ci,  d'abord  fortement  arquée,  s'étendant  rapide- 
ment, contribue  puissamment  k  la  projection  du  corps  au 
loin. 

Cette  action  de  la  colonne  vertébrale  ayant  lieu  de  ses 
deux  extrémités  vers  le  milieu ,  c'est  dans  ces  deux  sens 
opposés  que  les  muscles  agissent  ;  et  c'est  aussi  dans  cette 
même  direction  que  sont  placées  les  apophyses  des  deux 
parties;  c'esl-k-dire,  que  celles  de  sa  portion  antérieure 
le  sont  obliquement  en  arrière ,  et  celles  de  la  région  posté- 
rieure obliquement  en  avant  ;  de  manière  que  l'apophyse 
moyenne,  celle  appartenant  k  la  vertèbre  vers  laquelle  les 
deux  mouvements  ont  lieu  reste  droit.  Quant  k  la  longueur 
et  k  la  force  de  toutes  ces  apophyses,  elles  sont  d'autant 

I.  9 


190  THiOLOGIB  DB  LA  NATURK. 

pins  grandes  »  qu'elles  sont  plus  éloignées  de  ce  centre  de 
mouvement  ou  Nœud  vers  lequel  la  force  se  concentre^ 
et  c*est  en  conséquence  aussi  Tapophyse  épineuse  de  la  ver- 
tèbre moyenne  qui  est  la  plus  courte. 

Quant  aux  apophyses  transverses,  généralement  horizon- 
tales et  perpendiculaires  ^  Taie  de  leurs  vertèbres  respec- 
tives, dans  les  espèces  qui  ne  débandent  pas  leur  rachls 
en  sautant;  elles  sont  d* autant  plcs  larges  et  plus 
LONGUES  chez  celles-ci ,  qu'elles  ont  un  plus  grand  poids 
à  supporter.  Dans  les  espèces  au  contraire  qui  sautent  au 
moyen  de  Textension  de  la  colonne  vertébrale ,  ces  mêmes 
apophyses  sont  grêles,  et  dirigées  plus  ou  moins  oblique- 
ment vers  les  vertèbres  occupant  le  nœud  de  mouvement 
du  rachis;  et  d'autant  plus  longues  qu'elles  s'éloignent 
davantage  de  cette  dernière ,  si  toutefois  d'al^res  causes 
AUXQUELLES  ELLES  SONT  SOUMISES  uc  modifient  poiut  l'effet 
de  cette  loi. 

Cette  disposition  des  apophyses  des  vertèbres  présente 
quelques  exceptions  considérées  comme  caractères  des 
espèces  sauteuses,  vu  qu'on  la  trouve  également  chez  cer- 
tains mammifères  non  sauteurs  ;  mais  toutefois  très-souples 
dans  les  mouvements  de  leur  colonne  vertébrale  ;  tels  que 
les  Ours;  tandis  que  jamais  une  espèce  débandant  sa 
colonne  vertébrale  dans  le  saut  n'a  ces  apophyses  courtes 
et  perpendiculaires  à  Taxe  de  l'os. 

Ces  demL  conditions  dans  lesquelles  se  trouvent  tes  apo- 
physes de  la  colonne  vertébrale,  se  remarquent  entre 
autres  aussi  chez  l'Homme.  Le  corps  étant  vertical  les 
muscles  postérieurs  de  l'épine  du  dos,  agissant  tous  de 
bas  en  haut  sur  les  vertèbres ,  afin  de  maintenir  le  corps 
redressé  :  les .  apophyses  épineuses  de  toute  la  colonne 
vertébrale  sont  fortement  dirigées  en  bas  ;  tandis  que  les 
transverses ,  sollicitées  à  la  fois  par  des  muscles  qui  les 
tirent  les  uns  en  bas  et  les  autres  en  haut,  restent  trans- 
versales. 


CHAPITRE  III.  431 

La  colonne  vertébrale  formant,  ainsi  quMI  a  été  dit  plus 
haut,  la  partie  centrale  de  la  charpente  osseuse  qui  soutient 
le  corps,  et  détermine  sa  forme  et  ses  proportions  chez  tous 
les  ANIMAUX  YBRTÉBRÉs ,  c'est  sur  cettc  série  d*os  impairs 
que  Tiennent  s'appuyer  latéralement  tons  les  autres  os 
du  corps  formant  leurs  appendices  directs  ou  indirects 
constituant  le  reste  du  squelette.  Or,  de  même  que  les 
vertèbres ,  ces  diverses  pièces  osseuses  se  modifient  gra- 
duellementjdans  leurs  séries  d'analogues ,  d'une  part  d'après 
la  loi  de  gradation  à  laquelle  elles  sont  soumises  comme 
tous  les  autres  organes  en  passant  d*une  famille  à  l'autre 
dsms  toute  la  chaîne  des  animaux  vertébrés  ;  et  d'autre 
part,  suivant  les  conditions  spéciales  dans  lesquelles  elles  se 
trouvent  successivement  dans  leurs  rangs  sur  le  même 
animai  ;  et  cela  au  point  de  changer  souvent  tellement  de 
forme  qu'on  a  de  la  peine  à  reconnaître  leur  analogie.  C'est 
dans  ces  derniers  temps  seulement  que  le  célèbre  Natura- 
liste allemand  Oken  a  reconnu  que  les  os  de  la  tête  n'é- 
taient autre  chose  qu'une  série  de  vertèbres  accompagnées 
de  leurs  appendices  immédiats  et  médiats  analogues  à  ceux 
des  vertèbres  du  tronc. 

Quoique  les  transformations  qu'ont  subies  les  vertèbres 
de  la  tète  et  leurs  appendices  soient  les  plus  fortes ,  et  de  \^ 
les  plus  remarquables ,  je  m'abstiens  de  les  indiquer  ici ,  ne 
pouvant  pas  accompagner  leur  description  des  figures  néces- 
saires ^  en  faire  comprendre  la  forme ,  la  théorie  et  les 
fonctions  ;  objet  pour  lequel  je  renvoie  k  mon  travail  sur 
ranatomie  du  Chat ,  me  bornant  k  indiquer  uniquement  ici 
tes  appendices  pour  le  reste  de  la  colonne  vertébrale ,  où 
beaucoup  plus  simples,  on  en  suit  facilement  la  série;  en 
même  temps  qu'on  reconnaît,  sans  difficulté,  les  raisons 

SClENTIFIQtJES  QUI  EN  ONT  DÉTÉRIORÉ  LES  MODIFICATIONS. 

C'est  k  la  région  dorsale  de  la  colonne  épinière,  que  ces 
appendices  vertébraux  sont  le  mieux  caractérisés  comme 
tels ,  et  q«*on  peut  le  plus  convenablement  les  prendre  pour 


i33  TBlSOLOGlB  Dl  LÀ  HATOU. 

type,  afin  de  les  faire  servir  de  terme  de  comparaison.  Ces 
appendices ,  connas  sons  le  nom  de  Côtes ,  forment ,  ainsi 
qn'on  Ta  déjk  tu ,  de  longues  tiges  grêles,  arquées  par  elle»* 
mêmes,  pour  entourer  transversalement  le  tronc,  et  se  re- 
joindre par  paires,  au  devant  de  la  poitrine,  sur  la  série 
d'une  autre  chaîne  d'os  mitoyens ,  constituant  le  sternum. 

Ces  côtes  se  composent ,  chez  les  Mammifères  ,  de  trois 
pièces  consécutives,  auxquelles  se  joint  encore  un  appendice 
latéral  chez  les  Oiseaux  et  les  Poissons. 

La  première  de  ces  pièces,  celle  qui  s'attache  k  la  ver- 
tèbre, est  très-petite,  ne  formant  qu'un  simple  grain  en  ca- 
lotte sphérique ,  constituant  la  tète  articulaire  sur  laquelle  la 
côte  se  meut.  La  seconde  est  au  contraire  une  très-longne 
tige,  dont  la  première  n'est  qu'un  petit  appendice,  plus  tard 
soudé  avec  elle;  et  la  troisième,  qui  n'est  que  la  continua* 
tion  de  la  seconde,  ne  s'en  distingue,  qu'en  ce  qu'elle  reste  . 
presque  toujours  cartilagineuse  ;  et  c'est  celle-ci  qui  joint  le 
sternum. 

Aux  vertèbres  du  cou ,  les  côtes  ne  sont  représentées  que 
par  une  partie  surajoutée  à  leurs  apophyses  transverses, 
sans  jamais  former  une  pièce  spéciale  ;  mais  qu'on  reconnaît 
comme  telle,  par  son  analogie  avec  des  parties  semblables 
dans  les  Reptiles  sauriens  et  les  Oiseaux. 

Aux  lombes,  région  qui  fait  suite  au  dos,  les  appendices  , 
costaux  manquent  complètement  chez  les  Mammifères  ;  mais 
se  retrouvent  également  sous  forme  de  rudiments ,  et  même 
bien  mobiles ,  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux.  Enfin  aux 
vertèbres  sacrées  qui ,  à  leur  tour,  suivent  les  lombaires ,  ces 
appendices  reparaissent,  au  contraire,  plus  développés  que 
partout  ailleurs  ;  comme  employés,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  à 
former  la  partie  centrale  du  squelette ,  sur  laquelle  toutes 
les  autres,  même  la  colonne  vertébrale,  prennent  leur 
appui. 

Ces  vertèbres  sacrées,  au  nombre  d'une  ou  de  plusieurs  : 
(sept  dans  la  Taupe ,  cinq  chez  V Homme ^  trois  dans  le  Chai 


.   GHAPma  ui.  133 

et  uoe  seule  chez  le  Eanguroo)  pour  donner  pins  de  solidité 
au  bassin  dont  elles  forment  la  partie  moyenne  postérieure, 
se  soudent  entre  elles ,  en  ne  formant  qu'une  seule  pièce 
ou  Sacrum;  et  leurs  appendices  constituent  les  parties  laté* 
raies  du  bassin  où  Ton  distingue  toujours  au  moins  trois 
pièces  anatomiquement  analogues  aux  côtes;  pièces  bien 
distinctes  dans  les  jeunes  sujets ,  mais  soudées  plus  tard. 
Ce  sont  les  deux  os  Ilium ,  formant  la  partie  latérale  posté- 
rieure du  bassin  on  les  hanches  ;  les  Pubis ,  qui ,  partant  de 
ceux-ci ,  se  portent  en  avant ,  et  se  joignent  dans  la  ligne  mé- 
diane ;  et  les  Ischiony  qui,  placés  k  la  suite  des  deux  premières 
paires,  constituent  la  partie  anale  du  bassin.  Dans  les  es- 
pèces du  genre  CAol,  on  distingue  en  outre  encore  une 
quatrième  paire  d'os,  bien  plus  petits,  placée  au  point  de 
rencontre  des  trois  grands ,  au  fond  de  la  cavité  articulaire 
de  la  cuisse.  Enfin ,  j'ai  découvert  dans  le  même  animal 
encore  une  autre  paire  d'osselets,  également  très-petits; 
mais  distincte  seulement  dans  le  très-jeune  âge  ;  placés  entre 
la  première  apophyse  transverse  du  sacrum  et  l'os  de  la 
hanche. 

Quoiqu'il  soit  fort  difficile  de  déterminer  exactement  l'a- 
nalogie que  ces  cinq  paires  d'os  ont  avec  les  côtes  dorsales 
qu'ils  représentent  bien  évidemment,  on  peut  toutefois,  en 
se  fondant  simplement  sur  leur  disposition ,  reconnaître  que 
la  dernière  petite  pièce  dont  je  viens  de  parler,  est  l'analogue 
de  la  première  pièce  de  la  côte  dorsale ,  formant  sa  tête  arti- 
culaire ;  que  l'os  de  la  hanche  se  rapporte  à  la  principale 
pièce  de  la  côte  ;  les  Pubis ,  aux  cartilages  costaux  ;  l'osselet 
propre  aux  Chats ,  k  l'appendice  costal  des  Oiseaux  ;  et  que 
les  Ischion  représentent  une  seconde  paire  de  cartilages 
costaux,  dont  les  pièces  postérieures  manquent. 

Enfin  on  retrouve  aux  vertèbres  caudales ,  encore  des  ap- 
pendices latéraux,  ordinairement  fort  petits,  représentant 
les  côtes,  et  devenant  même  fort  grands  chez  les  espèces 
dont  la  queue  agit  avec  force  dans  quelques  fonctions; 


i34r  TH^LOGIB  DB  L4  HATUIIB. 

aiosi  que  cela  existe  dans  les  KangurùOi  et  les  Cétacés. 

Ces  analogies  doDt  je  viens  de  parler,  sont  du  reste  parfai- 
tement prouvées  par  la  série  non  interrompue  de  ces  appen- 
dices vertébraux ,  chez  les  Reptiles  sâurœns  ,  où  ils  con- 
servent, depuis  la  tète  jusqu'à  Textrémité  de  la  queue, 
parfaitement  leur  caractère  de  côtes;  et  si  dans  les  antres 
animaux  ces  appendices  varient  fortement  suivant  leur  rang 
et  leur  fonction,  ils  montrent  avec  quel  soin  iugénieux 
l'Intelligence  suprême  a  su  les  accommoder  partout  l 
l'usage  auquel  elle  les  a  destinés. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  les  Mammifères  affectaient 
deux  principales  attitudes  ;  celle  de  l'espèce  humaine,  dont  le 
corps  est  redressé  verticalement ,  et  celle  des  autres  espèces , 
dont  le  corps  est  horizontal.  Cette  différence  est  simplement 
une  conséquence  physiologique  de  la  fonction  des  deux 
paires  de  membres ,  dont  la  première ,  exclusivement  desti- 
née k  la  préhension  dans  l'homme,  a  eu  besoin  d'être 
libre  dans  les  principaux  actes  de  la  vie,  pour  être  lou« 
jours  prête  k  saisir  les  objets;  et  que  la  seconde  paire  seule, 
destinée  k  la  locomotion ,  appuie  sur  le  sol  pour  soutenir 
le  corps  ;  tandis  que  dans  la  plupart  des  autres  Faiulles  de 
la  même  Classe  ,  les  quatre  membres  devant  servir  k  la 
locomotion ,  posent  nécessairement  k  terre  ;  d'où  le  corps  a 
dû  prendre  une  disposition  horizontale.  Enfin  chez  les  es- 
pèces où  la  transformation  de  la  main  en  organe  de  loco- 
motion a  lieu ,  on  voit  aussi  tout  le  corps  prendre  graduelle- 
ment ,  dans  chacune  de  ses  parties ,  les  caractères  qu'il  doit 
avoir  chez  les  quadrupèdes. 

Par  cela  même  que  les  membres  antérieurs  ne  servent 
dans  V Homme  qu'à  la  préhension ,  ils  ont  dû  être  non-seu- 
lement libres  ^  mais  encore  composés  de  plusieurs  parties 
consécutives,  afin  de  pouvoir  être  dirigés  de  tous  côtés  pour 
saisir;  et  l'on  verra  plus  loin,  que  celte  même  subdivision 
en  plusieurs  parties,  des  mêmes  membres,  est  aussi  néces- 
saire cbes  les  quadrupèdes. 


ciUPiTiqi  iiu  435 

Dans  toute  h  Clabss  des  Mammifères,  les  membres  ai|té- 
rieurs  se  composent  de  cinq  parties  consécutives  bien  dis^ 
tinct^  par  leur  mobilité  :  YJËpaule .  soutenue  par  l'os  do 
YOmoplate  (PI.  II.  fig,  i.  o)  et  la  Clavicule  (p) ,  quand  celle-ci 
existe;  le  Bras^  que  soutient  Y  Humérus  (pq);  YAvant^ 
bras  (gr  ) ,  où  se  trouvent  les  os  du  Cubitus  et  du  Radius  ;  la 
Palmure  (rs)^  soutenue  intérieurement  par  plusieurs  petits 
osselets ,  au  nombre  de  huit  au  plus ,  placés  k  sa  base ,  et 
constituant  ce  qu'on  nomme  le  Carpe;  et  de  plusieurs  petits 
os  longs,  en  nombre  égal  k  celui  des  doigts;  mais  jamais  de 
plus  de  cinq ,  ou  os  Métacarpiens  placés  vers  rextrémilé. 
Enfin  le  membre  est  terminé  par  les  Doigts  (st),  en  nombre 
variable,  de  un  jusqu'à  cinq,  selon  l'espèce;  dont  chacun 
des  quatre  externes  renferme  trois  Phalanges  osseuses  ;  et 
le  premier  ou  l'interne,  lorsqu'il  existe,  deux  seulement; 
règle  générale  pour  tous  les  Mammifères  ,  à  l'exception  tou- 
tefois des  Cétac]£s  souffleurs,  qui  offrent  un  plus  grand 
nombre  de  phalanges  à  leurs  doigts  ;  probablement  par  leur 
voisinage  avec  les  Reptiles,  où  le  nombre  de  ces  osselets 
n'est  plus  aussi  généralement  fixe. 

V  Épaule  forme  dans  Y  Homme  une  masse  charnue  élargie 
en  grande  palette,  renfermant  l'omoplate  et  appliquée  pos^ 
térieurement  contre  la  partie  supérieure  du  thorax ,  auquel 
elle  est  unie  par  à^  puissants  muscles ,  tandis  que  par  son 
exirénûté  externe  elle  est  fixée  au  sternum  au  moyen  de  la 
Clavicule  ;  os  long  se  rendant  de  l'angle  externe  de  l'oum- 
plate ,  avec  l^uel  elle  forme  le  moignon  de  l'épaule ,  trans- 
versalement en  dedans  pour  s'articuler  par  son  autre  extré- 
mité avec  la  partie  supérieure  du  sternum* 

Le  principal  muscle  qui  fixe  l'épaule  est  le  Grand  dentéli^ 
lame  charnue  en  forme  d'éventail  tronqué  au  sommet,  où 
ce  muscle  se  fixe  au  bord  postérieur  de  l'omoplate,  et  se 
dirige  de  Ik  en  dedans  et  au-dessous ,  entre  cet  os  et  les 
côtes ,  en  s'élargissant  beaucoup  pour  s'insérer  à  ces  der- 
nières par  plusieurs  digitations. 


136  THIOLOaU  DB  LA  NATURE. 

Par  ce  puissant  moyen  d'union  de  l'épaule  au  thorax , 
elle  conserve  la  faculté  de  glisser  plus  ou  moins  sur  ce  der- 
nier, en  se  mouvant  sur  la  clavicule ,  qui  peut  elle-même 
céder  sensiblement,  par  sa  mobilité  sur  le  sternum ,  en  per- 
mettant à  l'épaule  de  s'éleyer,  de  s'abaisser,  et  de  se  porter 
même  un  peu  en  avant;  mouvements  produits  par  plusieurs 
autres  muscles  encore,  insérés  soit  à  Tomoplate ,  soit  k  là 
clavicule,  et  même  au  bras,  en  prenant  leurs  points  fixes 
sur  la  colonne  vertébrale ,  la  tête  ou  les  parties  antérieures 
du  thorax  :  mouvements  qui  se  réduisent  toutefois  simple- 
ment k  des  glissements  en  tous  sens  sur  ce  dernier. 

L'os  de  l'omoplate ,  lui-même  élargi  en  grande  palette 
triangulaire ,  .fort  mince ,.  dans  sa  partie  tournée  vers  l'épine 
du  dos ,  est  au  contraire  renflé  k  son  angle  externe ,  où  il  se 
termine  par  une  large  troncature  concave,  formant  une 
cavité  en  portion  de  sphère,  dans  laquelle  s'articule  l'os  du 
bras  ou  Humérus.  Celui-ci  y  est  terminé  k  cet  eflet  par  un 
renflement  dont  la  partie  interne  est  également  en  portion 
de  sphère,  s'emboitant  dans  cette  cavité  de  l'omoplate  dans 
laquelle  1  humérus  se  meut  en  tous  sens  ;  et  ces  deux  os  sont 
unis  entre  eux  spécialement  par  un  large  ligament  circulaire 
ou  Capsule  articulaire^  fixée  à  chacun  autour  de  sa  surface 
articulaire.  Cette  capsule  très-forte,  comme  partout  où  les 
os  ont  de  grands  efforts  à  exercer,  est  ici  surtout  ample  et 
lâche ,  afin  de  permettre  au  bras  un  mouvement  de  circum- 
duction  très-étendu ,  qui  lui  permet  de  pouvoir  être  dirigé 
de  tout  côté.  Mais  pour  l'empécher  toutefois  de  sortir 
DE  SON  EMBOITEMENT ,  ccttc  capsulc  cst  puissammcut  soute- 
nue tout  autour  par  de  nombreux  et  larges  muscles  qui  y 
adhèrent  par  leurs  tendons. 

Aux  autres  articulations  du  membre ,  ces  capsules  sont 
généralement  plus  faibles ,  étant  partout  proportionnées 
aux  efforts  que  les  os  qu'elles  unissent  ont  à  supporter,  et 
deviennent  même  nulles,  lorsque  les  articulations  sont 

entourées  d'organes  capables  de  les  SUPPLÉER  DANS  LEUR 


CHAPITRE    111.  i37 

FONCTION  ;  circonstances  où  nous  trouvons  encore  de  nom- 
breax  exemples  de  ces  soins  minutieux  ,  aTOc  lesquels  tout 
est  si  admirablement  prévu. 

Pour  que  les  mouvements  soient  le  plus  faciles  possible 
dans  Tarticulation  de  l'épaule ,  comme  d'ailleurs  dans  toutes 
les  autres  permettant  une  très-grande  mobilité,  le  Créateur 
À  revêtu  les  surfaces  articulaires  des  os  d'une  couche  de 
substance  cartilagineuse  d'un  tissu  très-fin ,  serré ,  à  surface 
lisse,  et  d'un  poli  brillant  »  au  moyen  de  laquelle  les  os 
glissent  les  uns  sur  les  autres  avec  la  plus  grande  facilité  ; 
et  cela  d*autant  mieux  que  TIntelligence  suprême,  oui 
non-seulement  connaIt  tout,  mais  ne  manque  nulle  part 
l/ttablir  ses  cbuvres  dans  les  conditions  les  plus  par- 
FAITES qu'elles  comportent,  selon  le  but  qu'elle  s'est 

PROPOSÉE  ,    A  EU  SOIN  DE  BAIGNER  ICI  l'iNTÉRIEUR  DE  l'aR- 

nculation  ,  ainsi  que  toutes  autres ,  de  cette  même 
Synovie  ,  dont  il  a  été  question  en  parlant  plus  haut  du 

MOUVEMENT  DES  TENDONS  DANS  LEURS  GaInES.  Cette  bumCUr 

visqueuse  remplissant  au  degré  le  plus  éminent  les  usages 
de  l'huile  dans  les  mécaniques  artificielles,  est  sécrétée, 
comme  dans  les  gaines  des  tendons ,  par  les  parois  d'une 
membrane  très-mince,  formant  une  poche  sans  ouverture , 
qui  tapisse  tout  Tintérieur  des  articulations ,  absolument 
comme  les  gaines  synoviales  dont  elles  sont  les  analogues. 
Cette  tunique ,  après  avoir  revêtu  les  têtes  cartilagineuses 
des  os,  passe  de  l'une  à  l'autre  en  doublant  intérieurement 
le  ligament  capsulaire. 

Mais  la  synovie  ne  sert  pas  seulement  à  faciliter  ainsi  le 
mouvement  des  os  les  uns  sur  les  autres,  dont  le  frot- 
tement est  souvent  très-fort  dans  les  grands  efforts  que 
c^  pièces  ont  à  supporter  en  agissant  comme  levier  ;  elle 
sert  encore ,  par  l'eiTet  de  sa  fluidité ,  à  remplir  prompte- 
ment  les  parties  de  la  cavité  articulaire  qui ,  par  le  dépla- 
cement des  os ,  pourraient  rester  vides  ;  vacuités  qui  s'op- 
poseraient à  la  facilité  des  mouvements  et  les  rendraient 


138  THiOLO«ni  D«  Là  RATURB. 

même  presque  impossibles.  C'est  ainsi  qu'au  moyen  d*uo 
seul  agent,  la  Nature  a  su  éviter  deux  inconvénients  » 

EN  MÊME  TEMPS  Qu'eLLE  A  PU  s'aFFRANGHIR  DE  LA  NÉCESSITA 
DE    DONNER    AUX    PARTIES   ARTICULAIRES    DES    OS   LA    FOIIMB 

RIGOUREUSEMENT  GÉOMÉTRIQUE ,  Ruxquolles  les  plus  habîleft 
ingénieurs  sont  obligés  dans  la  composition  de  leurs  méca* 
niques  ;  tandis  que  dans  les  articulations  des  os,  rien  n*est, 
ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  plus  baut,  jamais  ni  parfaitement 
sphérique,  ni  exactement  cylindrique,  cela  n*étant  pas  né* 
cessaire  ;  et  la  Nature  a  pu  laisser  par  Ik  beaucoup  aux  effets 
des  circonstances  fortuites ,  sans  inconvénients  pour  l'exé- 
cution des  mouvements,  même  les  plus  précis. 

Le  bras  de  l'homme  entièrement  libre  dans  toute  sa  Ion* 
gueur,  afin  de  pouvoir  être  dirigé  facilement  de  tous  côtés, 
obéissant  simplement  à  son  poids ,  est  naturellement  dirigé 
verticalement  en  bas,  en  fsûsant  un  angle  droit  avec  l'u» 
des  épaules. 

Mais  pour  que  le  bras ,  placé  le  long  du  corps ,  trouyat 

UN  APPUI  SUFFISANT  AU-DESSUS  DE  SA  TÊTE ,  qui  U^  S'artiCUle 

que  par  le  côté  avec  l'extrémité  du  corps  de  l'omoplate  ; 
celle-ci  présente  au  milieu  de  sa  face  postérieure  une  forte 
crête  très-saillante  dirigée  de  dedans  en  dehors,  et  se  pro- 
longe au  delà  de  la  cavité  articulaire  en  un  fort  élargis6<^ 
ment  appelé  Acromion ,  passant  au  dessus  de  la  tête  de 
l'humérus  pour  lui  fournir  un  appui.  Enfin  pour  donner 
TOUTE  LA  FIXITÉ  DÉSIRABLE  au  bras ,  eu  lui  laissant  toutefois 
l'élasticité  nécessaire  k  la  souplesse  des  mouvements^  il 
existe,  tant  chez  Y  Homme  que  chez  tous  les  quadrupèdes  qui 
ont  de  grands  efforts  k  faire  avec  leurs  bras,  une  CJavtcûla 
en  forme  de  tige  plus  ou  moins  forte ,  dont  il  a  d^'à  été 
parlé,  se  rendant  du  sommet  de  l'acromion  transversale- 
ment en  dedans ,  pour  s'articuler  k  son  autre  extrémité  avec 
le  bout  du  sternum ,  et  sert  à  maintenir  les  épaules  toujours 
écartées  au  même  point,  en  faisant  l'arc-boutant  contre 
toute  force  qui  tend  k  les  rapprocher. 


CHAFITM   m.  439 

Lexiflence  de  la  clavicule  dans  tout  son  développement 
caractérise  généralement  les  animaux  obligés  à  faire  de 
grands  efforts  d'adduction  avec  leurs  bras;  tels  que  les 
grimpeurs,  les  fouisseurs,  les  volants,  et  eeui  qui  manient 
les  objets  avec  leurs  mains. 

Celle  règle  offre  cependant  quelques  exceptions  diffi- 
ciles k  expliquer,  probablement  parce  que  nous  ne  con- 
naissons pas  toutes  les  conditions  qui  exigent  que  ces  os 
soient  très-développés.  C*est  ainsi  que  les  Lapim^  qui 
creusent  deç  terriers,  n'ont  cependant  que  des  clavicules 
imparfaites ,  suspendues  simplement  dans  les  chairs  ;  et  il 
en  est  de  même  des  ChaU ,  qui  grimpent  avec  facilité  ;  enfin 
dans  les  Oun^  animaux  qui  exercent  une  force  énorme 
dans  Tadduction  de  leurs  membres  antérieurs,  en  com- 
battant leurs  ennemis  qu'ils  étreignent  dans  leurs  bras, 
n'ont  cependant  qu'un  simple  petit  rudiment  de  clavicule 
également  suspendue  dans  les  muscles  au  devant  de  l'é- 
paule. 

A  son  extrémité  inférieure,  l'os  du  bras  s'articule  chez 
tous  les  Mammifères  à  la  fois  avec  les  deux  os  soutenant 
Tavant-bras,  comme  lui  également  dirigé  en  bas  dans 
Tétat  de  repos ,  et  un  peu  fléchi  en  dedans  chez  V Homme. 
Pour  cela,  1  humérus  présente  deux  forts  renflements  placés 
à  côté  l'un  de  l'autre ,  formant  ensemble  plus  de  la  moitié 
d'une  grosse  poulie ,  dont  les  Saillies  ou  Condyles  sont  di- 
rigées obliquement  en  dessous  et  en  avant.  Entre  ces  deux 
saillies  s'articule  en  arrière  l'un  des  deux  os  de  TAvant- 
bras  ou  le  Cubituê,  dont  l'extrémité,  dépassant  la  poulie, 
forme  la  âaillie  du  Coude.  De  son  côté ,  cet  os  présente  éga- 
lement une  articulation  en  are  de  poulie,  mais  concave, 
s'emboitant  dans  celle  de  rhumérus. 

On  voit  de  suite  que ,  par  la  forme  de  cette  articulation 
des  deux  os,  le  mouvement  que  l'avant-bras  peut  exécuter 
ne  saurait  avdr  lien  que  dans  un  seul  plan  vertical,  dirigé 
d'arrière  en  avant. 


i40  THÉOLOGIB   DB  LA  NATURE. 

Ces  mouvements  alternatifs  de  l'articalation  sont  soli- 
dement assurés ,  d'abord  par  la  profondeur  de  Temboite* 
ment  des  parties,  et  ensuite  par  de  puissants  ligaments 
qui  unissent  les  deux  os  ;  ligaments  qui  s'implantent  laté- 
ralement k  ces  derniers  ;  du  côté  du  cubitus ,  le  plus  près 
possible  du  milieu  du  bord  de  son  échancrure  articulaire  et 
du  côté  de  l'humérus ,  k  l'extrémité  de  Taxe  de  mouvement 
de  l'articulation  ;  c'est-à-dire  de  chaque  côté»  au  centre  de 
l'arc  de  poulie  que  forment  les  condyles.  Ces  ligaments  la* 
téraux  »  ainsi  insérés  conformémbiit  aux  principes  mathé- 
matiques DE  LA  MÉCAMiQUE,  u'éprouvcnt  par  Ik  aucuM 
tiraillement  pendant  le  déplacement  des  os,  d'où  pourrait 
résulter  la  moindre  gène  dans  les  mouvements  du  cubitus 
que  ces  ligaments  suivent,  comme  un  rayon  parcourt  la 
circonférence  d'un  cercle;  tout  en  tenant  ainsi  constamment 
les  os  parfaitement  unis.  Cet  emploi  de  ligaments  latéraux, 
disposés  dans  ces  conditions ,  se  retrouve  d'ailleurs  k  toutes 
les  articulations  k  mouvements  alternatifs  ou  ginglynoîdes 
chez  tous  les  animaux  pourvus  d'un  squelette  intérieur, 

COMME  ÉTANT  LE  MOYEN  LE  PLUS  SIMPLE  ET  LE  PLUS  EFFICACE 
DE  RÉGLER  CES  MOUVEMENTS. 

Le  second  os  de  l'avant-bras  ou  le  Radius  est  placé  le 
long  de  la  face  antérieure  du  premier,  qu'il  croise  un  peu 
obliquement;  c'est-k-dire  que  supérieurement  il  s'articule 
par  son  extrémité  tronquée  présentant  une  petite  facette 
articulaire  concave  arrondie,  avec  la  grosse  saillie  externe 
de  l'humérus  seulement ,  sur  laquelle  le  radius  peut  ainsi  k 
la  fois  tourner  en  rotation ,  et  glisser  le  long  de  cet  arc  de 
poulie ,  en  suivant  le  cubitus ,  auquel  il  est  lié  latéralement 
par  des  ligaments ,  et  entre  autres  par  un  anneau  ligamen* 
teux  entourant  sa  tète  cylindrique ,  anneau  qui  lui  laisse  la 
facilité  de  tourner  ainsi  sur  lui-même. 

L'extrémité  inférieure  du  radius  est  au  contraire  placée 
en  dedans ,  et  un  peu  au  devant  de  celle  du  cubitus  ;  de 
pianière  que  ces  deux  os  sont  dans  leur  disposition  respec- 


CHAPITRE  m.  i4i 

tive  comme  tordus  l'un  sur  l'aulre  d'un  demi-tour,  et  ne  se 
touchent  qu*k  leurs  extrémités ,  où  ils  s'articulent  latérale- 
ment entre  eux. 

Par  Tefiet  de  cette  disposition ,  le  radius  conserve  la  fa- 
culté de  tourner  par  son  extrémité  inférieure  autour  du 
cubitus,  en  se  détordant  avec  lui  pour  lui  devenir  parallèle, 
position  où  son  extrémité  inférieure  est,  comme  la  supé- 
rieure, en  dehors  et  un  peu  en  avant  du  cubitus.  Cette 
disposition  si  simple  et  les  mouvements  de  rotation  si  ingé- 
NiBusEMEKT  OBTENUS  daus  l'avaut-bras ,  où  le  radius  en- 
traine la  main  avec  lui;  cet  os  fait  exécuter  à  celle-ci  un 
mouvement  de  volte  pour  lui  faire  présenter  selon  le  besoin 
la  paume  ou  le  dos  en  dessus,  mouvement  surtout  bien 
maniiiéchez  V Homme  et  les  Singes  ^  qui  se  servent  principa- 
lement de  leurs  mains  pour  saisir  les  objets  dans  toutes  les 
positions;  cette  rotation  de  Tavant-bras  pouvant  aller  chez 
eux  jusqu'à  un  demi-tour  ou  un  peu  plus  ;  tandis  que  chez  le 
Chat  et  ses  congénères,  etc.,  qui  saisissent  également  avec 
leurs  mains,  mais  d'ordinaire  seulement  au  devant  d'eux ,  ce 
mouvement  n'est  que  d*un  quart  de  tour;  ce  qui  leur  suffit 
pour  l'usage  qu'ils  ont  à  faire  de  leurs  membres  antérieurs , 
c'est-à-dire  que,  d'horizontal  que  se  trouve  le  plat  de  leur 
main ,  ils  peuvent  le  placer  dans  une  position  verticale,  la 
paume  en  dedans.  Ce  mouvement  est  ensuite  plus  limité 
encore  chez  les  autres  mammifères,  qui  emploient  peu  leurs 
mains  à  la  préhension  ;  et  il  est  non-seulement  presque  in- 
sensible chez  les  espèces  dont  les  membres  antérieurs  ne 
servent  qu'à  la  marche ,  mais  les  deux  os  de  l'avant-bras  sont 
même  soudés  entre  eux  dans  les  Ruminants  et  les  Solipêdes  , 
afin  de  leur  donner  la  plus  grande  fixité,  dont  ces  animaux 
ont  besoin  dans  la  course;  vu  que  la  facilité  avec  laquelle 
ces  os  tournent  Tun  sur  l'autre  exposeraient  l'animal  à  des 
entorses,  accidents  que  ces  animaux  eussent  été  obligés 
de  prévenir  par  des  efforts  constants  des  muscles  qui  s'y 
opposent;  efforts  qui  causeraient  une  fatigue  qui  devien- 


i4C  TBiOLMIB  DB  LA  IfATURK. 

drait  bientôt  douloureuse  et  insupportable.  Cette  sikCE 
PRÉCAUTION ,  qui  prive  ainsi  des  animaux  d'une  faculté  qui , 
ne  s'accordant  pas  avec  le  reste  de  leur  organisation ,  leur 
deviendrait  même  contraire  et  funeste ,  nous  montre  encore 
dans  ceci  avec  quels  soins  bienveillants  lIntelligencb 

CRÉATRICE  est  DESCENDUE  JUSQUE  DANS  LES  PLUS  PETITS 
DÉTAILS  DE  PRÉVISION  DE  TOUT  CE  QUI  PEUT  ÊTRE  AVANTAGEUX 
OU  DÉFAVORABLE  A  CHAQUE  ÊTRE. 

Quant  k  la  forme  et  k  la  disposition  de  la  Main ,  on 
remarque  dans  les  divers  genres  de  Mammifères  des  diffé- 
rences encore  plus  grandes  que  dans  le  reste  du  membre  ; 
différences  qui  dépendent,  d'une  part,  de  l'usage  que  ces 
animaux  doivent  en  faire  ,  à  l'égard  des  êtres  extérieers , 
ou  pour  la  locomotion;  et,  d'autre  part,  de  la  marche  de 
gradation  que  les  membres  suivent  d'une  famille  animale  à 
l'autre,  et  par  laquelle  ces  membres  se  transforment  gra- 
duellement d'organes  préhenseurs  en  organes  locomoteurs 
par  excellence,  et  enfin  en  organes  du  vol  ou  même  de 
natation ,  dernière  fonction  où  ils  ne  conservent  toutefois 
qu'une  action  accessoire,  devenant  presque  entièrement 
rudimentaire. 

Dans  l'espèce  humaine ,  où  les  membres  antérieurs  pré- 
sentent la  condition  la  plus  parfaite  comme  organes  de 
préhension ,  ils  ne  servent  aucunement  à  la  marche  ;  aussi 
l'homme  se  tient^il  naturellement  debout,  ne  se  mouvant 
que  sur  ses  membres  postérieurs.  Les  antérieurs ,  restant 
ainsi  indépendants  de  cette  fonction,  ne  sont  employés 
qu'à  saisir  les  objets ,  et  cela  dans  toutes  les  directions  où 
ils  peuvent  se  trouver;  et  ont  a  cet  effet  reçu  une 

modification  SPÉCIALE ,  QUI  LES  REND  PARFAITEMENT  PROPRES 

A  CET  USAGE,  saus  pouT  ccls  s'éloigucr  notablement  dn 
type  qu'ils  présentent  comme  organes  locomoteurs.  Il  est 
même  fort  remarquable  que  ce  n'est ,  ni  comme  type  d'or- 
ganes préhenseurs,  ni  comme  les  mieux  appropriés  k  la 
fonction  de  la  locomotion,  que  les  membres  antérieurs 


CHAPITAB    III.  443 

offrent  le  degré  le  pins  parfait  de  la  complication  de  leur 
stmctnre;  mais  que  cette  extrême  richesse  d'organes  se 
troave  au  contraire  dans  les  espèces  où  ils  exercent  a  la  fois 
les  denx  fonctions,  c'est-k-dire  dans  le  genre  Chaty  véri- 
table type  de  tonte  la  Classe  des  Mammifèhes  ,  et  en  consé- 
quence de  tout  I'Embrànghement  des  Vertébrés,  et  par 
suite  dn  Règke  animal  entier.  G* est  cet  animal  et  ses  con- 
génères ,  dont  le  corps  offre  en  général  non-seulement  la 
structure  la  plus  riche  en  organes ,  mais  aussi  la  plus  grande 
netteté  dans  les  parties ,  surtout  pour  les  organes  locomo- 
teurs ;  et  cela  infiniment  mieux  que  dans  Tespèce  humaine , 
qu'on  considère  à  tort  comme  TÊtre  le  plus  parfait  de  la 
création. 

Pour  ce  qui  est  des  mouvements  de  la  main  sur  l'avant- 
bras ,  leur  étendue  et  leur  direction  sont  également  galgu- 
lÉEs  d'après  les  besoins  de  chaque  espèce  animale.  Chez 
Y  Homme ,  essentiellement  bipède ,  les  flexions  de  la  main 
ont  dA  se  faire  dans  toutes  les  directions ,  afin  que  cette 
dernière  pût  saisir  facilement  les  objets  de  divers  côtés.  La 
flexion  vers  la  paume ,  qui ,  par  analogie  avec  les  animaux , 
est  appelée  la  véritable  flexion ,  et  celle  en  sens  opposé  on 
l'extension ,  sont  h  peu  près  égales ,  et  chacune  d'un  peu 
moins  d'un  angle  droit;  mais  les  mouvements  vers  les 
cAtés  sont  beaucoup  plus  bornés,  quoique  suffisants  pour 
permettre  une  circumduction  assez  étendue  et  facile. 

Quoique  la  Palmure  de  la  main  fasse  un  tout,  dans  lequel 
les  mouvements  de  ses  parties  sont  peu  apparents ,  elle  est 
cependant  susceptible  de  plier  un  peu  dans  toutes  les 
directions ,  afin  de  contribuer  U  la  souplesse  de  la  main ,  et 
tela  toujours  selon  le  besoin  de  chaque  espèce  d'animaux. 
Sous  ce  rapport  même ,  comme  sous  tous  les  autres ,  nous 
trouvons  cette  gradation  constante ,  par  laquelle  les  organes 
se  modifient  selon  les  fonctions  qu'ils  doivent  remplir. 

Nous  avons  déjà  vu  plus  haut  que  cette  palmure  était 
formée  de  deux  parties  consécutives ,  dont  la  première  ou 


444  THiOLOGIB  DB  LA  HATURC. 

le  Carpe ,  placée  à  la  racine  de  la  main ,  est  composée ,  au 
plus  y  de  neuf  petits  osselets  fort  courts ,  diversement  confi- 
gurés, disposés  sur  deux  rangs  successifs,  dont  le  premier 
de  quatre ,  et  le  second  de  cinq ,  tous  unis  entre  eux  par  des 
articulations  mobiles ,  dont  les  mouvements  sont  toutefois 
très-obscurs,  quoique  ces  articulations  soient  munies  de 
bourses  synoviales,  mais  généralement  privées  de  capsules 
articulaires,  suppléées  par  de  nombreux  ligaments  qui 
unissent  étroitement  ces  osselets  dans  toutes  les  directions. 
Le  léger  mouvement  que  ces  ligaments  leur  permettent 
suffisent  toutefois  pour  donner  au  carpe  une  assez  grande 
élasticité. 

L'articulation  de  la  première  rangée  avec  les  deux  os  de 
Favant-bras  présente ,  dans  Tensemble  de  ces  osselets ,  ane 
surface  convexe  dans  tous  les  sens ,  beaucoup  moins  cepen- 
dant en  travers ,  où  le  mouvement  est  fort  borné ,  et  bien 
plus  arquée  d'avant  en  arrière. 

La  seconde  partie  de  la  palmure,  ou  le  Métacarpe^  est, 
ainsi  que  je  Tai  déjà  dit ,  formée  de  petits  os  allongés ,  placés 
à  côté  les  uns  des  autres  comme  les  dents  d'un  peigne ,  et 
dont  le  nombre  varie  selon  l'espèce  de  mammifères,  de  un^ 
qui  existe  seul  chez  le  Cheval ,  jusqu'à  cmg  qu'on  trouve  dans 
Y  Homme  ^  s'articulant  à  leur  base  avec  les  osselets  du  second 
rang  du  carpe,  mais  non  exactement  chacun  avec  nn  seul 
qui  lui  correspondrait ,  et  souvent  avec  deux ,  sans  dispo- 
sition régulière ,  quoique  toujours  de  la  même  manière  dans 
chaque  espèce  de  mammifère;  et  ce  n'est  que  chez  quelques 
Reptiles ,  tels  que  les  Lézards ,  qu'on  trouve  que  chacun  des 
cinq  os  du  métacarpe  répond  exactement  à  un  des  cinq  du 
carpe ,  ce  qui  semble  indiquer  qu'en  principe  chacun  y  a 
réellement  son  correspondant  naturel,  mais  dont  les  rap- 
ports sont  plus  ou  moins  troublés  dans  les  autres  Animaux 
vertébrés,  sans  qu'on  ait  encore  pu  en  reconnaître  la  cause; 
trouble  dont  il  ne  résulte  du  reste  aucun  inconvénient. 
L'irrégularité  apparente  est  même  telle ,  que  ces  deux  ordres 


CHAPITRE    III.  145 

d'osselets  s'enchevêtrent  les  uns  dans  les  autres  sans  aucune 
forme  géométriquement  régulière  ;  disposition  qui ,  loin  de 
gêner  en  quoi  que  ce  soit  les  mouvements  de  la  main , 
donne  au  contraire  une  plus  grande  solidité  aux  parties,  en 
prévenant  les  luxations. 

La  palmure  faisant  directement  suite  k  Tavant-bras  au- 
quel elle  est  liée  par  une  articulation  plus  ou  moins  mobile 
dans  tous  les  sens ,  en  même  temps  que  les  parties  s*em-< 
boitent  peu,  les  luxations  seraient  très-faciles  dans  les 
grands  efforts ,  si  l'intelligence  suprême  n'avait  pas  ,  dans 
SA  sublime  sollicitude  ,  paré  autant  que  possible  h  ce  grave 
accident ,  qui  prive  l'animal  pour  longtemps  de  l'usage  de 
son  membre.  Les  déplacements  vers  les  côtés  sont  déjk 
difficiles  par  la  plus  grande  largeur  des  facettes  articu- 
laires ,  et  prévenus  en  outre  par  de  forts  ligaments  latéraux , 
disposés  comme  ceux  dont  il  a  été  parlé  à  l'occasion  des 
articulations  du  coude;  ligaments  flxés  aux  deux  parties 
près  de  l'extrémité  des  os  formant  l'articulation;  c'est-k- 
dire  du  côté  du  carpe  portant  la  facette  convexe,  k  peu 
près  au  sommet  de  l'axe  de  mouvement,  de  manière  que  les 
ligaments  n'éprouvent  aucun  effort  pendant  la  flexion  et 
Textension  delà  main.  La  luxation  en  arrière  est  empêchée 
par  la  présence  de  nombreux  et  puissants  tendons  des 
muscles  qui  .croisent  l'articulation ,  en  se  rendant  de  l'avant- 
bras  k  la  main  et  aux  doigts;  enfin  la  luxation  en  avant  est 
prévenue  également,  en  partie,  par  ces  mêmes  tendons, 
ainsi  que  par  ceux  qui ,  placés  au  devant  de  l'articulation ,  se 
rendent  de  ce  côté  aussi  au  carpe  et  aux  doigts.  Cette  der- 
nière luxation  est  d  ailleurs  plus  difficile ,  et  de  Ik  moins 
fréquente,  vu  que  très-rarement,  et  peut  être  jamais,  l'ani- 
mal n'a  de  grands  efforts  k  supporter  dans  les  ligaments  du 
dos  de  la  main;  circonstance  qui  ayant  été  parfaitement 
prévue  a  fait  que  ces  mêmes  ligaments  dorsaux  de  la  main 
ont  été  laissés  faibles,  k  peine  suffisants  pour  maintenir  les 
os  en.  place. 

u  10 


146  TRBOUMIB  Dl  LA  HATCRl. 

J'ai  dit  plus  haat  que  la  seconde  partie  de  la  palmDfe 
était  soutenue  par  les  os  métacarpiens ,  au  nombre  de  tin  k 
cinq,  selon  Tespèce  de  mammil'ères,  c'est-^dire  suivant  le 
degré  de  dégradation  que  présente  la  main  dans  les  diverses 
Familles  de  celte  Classe  d'animaux  ;  os  dont  chacun  porte 
un  Doigt  à  son  extrémité ,  appendice  plus  ou  moins  libre 
dans  leur  longueur,  suivant  l'usaob  que  chaque  ANiHiUL 
DOIT  EN  PAIRE.  Chez  VHommt,  ainsi  que  cheE  un  grand 
nombre  d*au  1res  mammifères,  il  existe  ainsi  cinq  métacar- 
piens et  autant  de  doigts,  mais  jamais  plus,  sans  qu'on  ait 
pu  reconoailre  encore  quelle  a  pu  être  la  raison  pour  laquelle 
la  VOLONTÉ  CRÉATRICE  S  cst  arrêtée  k  ce  chiilVe,  qu*on  re- 
trouve d  ailleurs  dans  une  foule  d'autres  cas  de  Toiganisme 
des  Ëlres  vivants,  surtout  dans  les  végétaux. 

De  ces  cinq  doigts,  quatre  sont  placés  k  côté  Tun  de 
l'autre  au  bord  terminal  de  la  palmure,  et  susceptibles  de 
se  rabattre  sur  elle  au  moyen  de  trois  articulations  succès* 
sives;  nigle  générale  pour  tous  les  mammifères,  k  l'excep- 
tion des  Cétacés  souffleurs  qui  en  offrent  plus;  et  au 
bord  interne  de  la  palmure  se  trouve  le  cinquième  doigt  oe 
le  Pouce ,  formé  chez  tous  les  Mammifères  de  deux  Pha^ 
langes  seulement,  l'analogue  de  la  moyenne  manquant. 
Ce  doigt  se  distingue  en  outre  des  autres,  en  ce  que  l'os 
métacarpien  qui  le  supporte  est  lui-même  très-mobile,  et 
susceptible,  dans  certaines  espèces,  telles  que  V Homme  et 
les  Sitiges^  de  se  Héchir  vers  la  paume  de  la  main,  en 
entraiuantle  pouce,  alio  de  l'opposer,  lors  de  la  préhension, 
aux  autres  doigts,  avec  lesquels  il  forme  ainsi  une  véritable 
pince  k  deux  parties  opposées  mobiles. 

Dans  Y  Homme ,  les  quatre  doigts  sont,  comme  leurs  mé- 
tacarpiens, placés  parallèlement  les  uns  k  côté  des  autres, 
et  dans  la  même  direction  que  ces  derniers ,  tandis  que  le 
pouce,  dont  le  métacarpien  est  dirigé  obliquement  en 
arrière,  prend  cette  même  disposition,  en  tournant  avec 
lui  de  près  d'un  quart  de  tour  autour  d'eux ,  de  manière 


CBAPITRB  III.  447 

qae  la  direction  transversale  de  leur  articulation  fait  un 
angle  presque  droit  avec  celle  des  autres  doigts  ;  disposi* 
tion  qui  peut  même  être  portée,  par  le  mouvement  volon- 
taire, au  point  d*amener  le  pouce  presque  en  face  de  ces 
derniers  »  ce  qui  constitue  Topposabilité  du  pouce  ;  faculté 
qui  caractérise  exclusivement  la  main  de  ï Homme  et  des 
Singe». 

Dans  tous  les  MAnxiFiiuis,  le  métacarpien  du  pouce  est 
constamment  plus  court  que  celui  des  autres  doigts,  et 
même  plus  remonté  sur  le  carpe  ;  ce  qui  fait  paraître  ce  doigt 
beaucoup  plus  court  que  les  externes;  et  il  Test  en  effet 
chez  tous  les  quadrupèdes ,  mais  non  pas  dans  Thomme ,  où 
il  est  plus  long  et  surtout  plus  fort  que  dans  toute  autre 
espèce,  devant,  dans  son  opposition  avec  les  autres  doigts, 
constituer  à  lui  seul  Tune  des  branches  de  la  pince ,  dont  la 
seconde  est  formée  par  ceux-d. 

La  première  phalange  des  cinq  doigts  ne  jouit  d'un 
mouvement  bien  étendu  que  d*avant  en  arrière ,  encore  ne 
dépasse-t-il  pas  cinquante  grades,  tandis  que  les  flexions 
latérales  sont  assez  bornées;  d*o(i  résulte  cependant  un 
mouvement  de  circumduciion  assez  marqué,  qui  devient 
d'autant  plus  apparent  que  les  métacarpiens  eux-mêmes 
peuvent  un  peu  tourner  dans  leur  articulation  supérieure 
ou  carpienne.  Pour  cela,  la  facette  articulaire  du  métacar- 
pien est  en  forme  de  tète  arrondie»  et  celle  de  la  phalange 
eo  cavité  de  même  forme. 

Quant  aux  mouvements  des  deux  autres  phalanges ,  ils 
n'ont  lieu  que  dans  un  seul  sens ,  le  même  qw  celui  de  la 
flexion  de  la  première ,  et  ne  peut  dépasser  dans  l'extension 
que  la  ligne  droite  avec  la  phalange  qui  précède,  tandis 
qu'elles  arrivent  dans  la  flexion  jusqu'il  former  un  angle 
droit  avec  celle-ci ,  de  manière  que  les  trois  phalanges  étant 
fléchies  forment,  avec  les  métacarpiens,  les  quatre  côtés 
d'un  carré,  afin  de  contourner  entièrement  les  objets  que  la 
main  saisit,  lorsque  ceux-ci  ne  dépassent  pas  les  dimensions 


148  TH^OLOGIF.   DB   LA   tIATUKB. 

indiquées  par  l'espace  que  ce  cadre  circonscrit.  Dahs  le  cas 
contraire,  les  doigts  ne  peuvent  plus  contourner  l'objet 
qu'en  partie ,  le  pouce  leur  fait  alors  opposition ,  en  formant 
la  pince  avec  eux. 

Je  ferai  remarquer  k  ce  sujet  que ,  pour  mieux  s'opposer 
les  uns  aux  autres ,  les  quatre  doigts  externes  ont  été 
DISPOSÉS  SUR  UNE  LIGNE  OBLIQUE  diierminie  par  la  longueur 
graduelle  de  leurs  métacarpiens,  afin  qu'en  se  pliant  ils 
soient  tournés  en  partie  vers  le  pouce,  et'  que,  celui-ci, 
tournant  en  dehors ,  entraîné  par  son  métacarpien ,  vienne 
se  placer  en  face  du  milieu  de  la  palmure ,  en  s'opposant 
presque  directement  aux  quatre  doigts  externes  pour  em- 
brasser l'objet  k  saisir. 

C'est  aussi  d'après  cette  fonction  qu*ont  été  réglées 

LA  longueur  et  LA  FORCE  RESPECTIVE  DES  DOIGTS ,  ObjCt  dont 

on  n'a  pas  encore  cherché  la  raison ,  quoique  tout  l'orga- 
nisme en  ait  une.  En  examinant  cependant  ce  fait,  on  recon- 
naît, d'une  part,  que  chacun  des  quatre  doigts  externes 

A  LA  force  et  la  LONGUEUR  PROPORTIONNÉES  A  LA  PART  QU'iL 

PREND  A  l'action  d'empoigner.  Lc  poucc,  OU  sc  rabattant 
sur  les  autres  doigts  fléchis,  se  trouve  plus  spécialement 
opposé  au  doigt  du  milieu,  secondairement  au  doigt  annu-' 
laire ,  moins  encore  k  l'index ,  et  pas  du  tout  au  petit  doigt. 
Quant  k  la  longueur  des  doigts,  elle  est  également 
réglée  par  le  même  principe.  Le  plus  long,  qui  est  k  la 
fois  le  plus  fort,  devant  serrer  plus  particulièrement  les 
objets  les  plus  gros ,  est ,  dans  cet  acte ,  directement  opposé 
au  pouce  ;  et  les  autres ,  destinés  k  serrer  des  objets  plus 
petits,  se  trouvent  placés  k  côté  du  grand  doigt  en  lui 
venant  en  aide,  sont  plus  courts.  Enfin,  cette  même  lon- 
gueur est  encore  réglée  par  la  forme  de  la  partie  de  la 
paume  de  la  main ,  contre  laquelle  chacun  vient  k  appuyer 
lorsque  la  main  se  ferme  :  l'Index,  sur  la  partie  la  plus 
élevée  de  la  saillie  de  la  base  du  pouce;  le  Grand  doigt, 
contre  le  milieu  de  cette  saillie  ;  l'Annulaire ,  dans  le  creux , 


entre  cette  dernière  et  celle  qui  lui  est  opposée  ;  et  le  Petit 
doigt  sur  celle-ci. 

Pour  que  l'organe  de  préhension  soit  plus  parfait,  la 
face  palmaire  de  toute  la  main  a  été  garnie,  soit  de 
MASSES  MUSGULEUSES ,  que  Tusage  des  doigts  a  permis  d*y 
placer,  soit,  simplement  des  coussinets  fibro-graisseux  plus 
ou  moins  saillants,  formant  les  uns  et  les  autres  des  saillies 
élastiques ,  au  moyen  desquelles  la  main  peut  plus  ou  moins 
fortement  presser  les  objets  qu  elle  saisit,  sans  les  briser 
lorsqu'ils  sont  fragiles,  et  sans  meurtrir  la  main  elle-même. 
Deux  de  ces  masses  charnues  se  trouvent  placées  vers  les 
bords  de  la  palmure,  l'une  à  la  base  du  pouce,  et  formée 
par  les  muscles  fléchisseurs  et  abducteurs  de  ce  dernier; 
Tautre  ^  la  base  des  doigts ,  formée  également  par  leurs  mus- 
cles moteurs,  recouverts  d'une  couche  de  tissu  graisseux. 

A  l'extrémité  inférieure  de  la  même  palmure,  se  trouvent 
en  outre  trois  saillies  arrondies ,  formées  seulement  par  du 
tissu  fibro-graisseux  répondant  aux  intervalles  des  quatre 
doigts  externes  ;  saillies  qui  ne  sont  que  les  rudiments  d'une 
masse  proportionnellement  plus  considérable ,  mais  encore 
trilobée,  existant  sous  les  pattes  des  mammifères  digiti- 
grades ,  masse  que  j'ai  nommée  la  Pelote^  et  dont  je  parlerai 
avec  quelques  détails  de  plus  quand  il  sera  question  de  la 
main  de  ces  animaux. 

Des  coussinets  semblables  se  trouvent  ensuite ,  toujours 
POUR  LE  MÊME  USAGE ,  k  la  facc  palmaire  de  chaque  phalange , 
et  dont  celle  de  la  dernière  sert  surtout  k  mieux  saisir  les 
très-petits  objets ,  et  constitue  également  le  premier  rudi- 
ment des  Pelotines  des  doigts  sur  lesquelles  les  mammifères 
digitigrades  appuient  également  dans  la  station  et  la  marche. 
C'est  aussi  dans  cette  pelotine  des  doigts  de  l'homme  que  se 
trouve  plus  spécialement  le  siège  du  sens  du  toucher,  cette 
partie  étant,  par  sa  disposition  et  son  élasticité,  le  mieux 
placée  pour  servir  k  explorer  les  objets. 

Afin  de  donner  a  l'extrémité  des  doigts  db  l'homme  la 


i50  TUfOLOMI  DV  LA  IVATURl. 

fermeté  nicessaiile  pouii  saisir  de  très-petits  objets  ,  la 
Sagesse  créatrice,  toujours  si  ingénieuse  dans  tout  ce 
Ou*ELLB  A  PRODUIT,  S  fevéta  la  face  dorsale  de  l'extrémité  de 
chaque  doigt  d'un  Ongle ^  simple  plaque  cornée,  légèrement 
courbée  en  portion  de  cylindre,  se  reproduisant  constam- 
ment par  sa  base  k  mesure  qu'elle  s*use  par  le  bout ,  afin 
d*étre  toujours  au  niveau  du  doigt  ;  plaque  qui ,  ne  devant 

SERVIR  qu'a  RAFFERMIR  LIS  BOUT  DES  DOIGTS,   u'cst  ddUS  le 

principe  que  Télat  rudimentaire  de  ta  Griffe  et  du  Sabot 
des  autres  mammifères,  où  cet  organe  arrive  à  son  plus 
grand  développement,  en  emboîtant  entièrement  la  der- 
nière phalange.  Mais,  quelque  imparfait  qu'il  soit  encore 
dans  l'espèce  humaine,  cet  ongle  remplit  dans  cette 

CONDITION  LA  FONCTION  SPÉCIALE  Qu'iL  A,   bcaUCOUp  miCUX 

que  s'il  contournait  tonte  la  phalange  comme  dans  les 
mammifères  quadrupèdes,  où  la  partie  molle  élastique  du 
bout  du  doigt,  spécialement  destinée,  chez  Thomme,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire,  ^  faciliter  le  moyen  de  saisir  les  très- 
petits  objets,  ne  pourrait  plus  remplir  cette  fonction;  et 
eeia  d'autant  moins  que  c'est  aussi  dans  cette  partie  élastique 
qu  a  dû  se  trouver  plus  essentiellement  localisé  le  sens  du 
toucher,  nécessaire  h  sentir  la  présence  deees  mêmes  objets, 

nouvel  EXEMPLE  DE  LA  SuDLIMB  SAGESSE  ATEC  LAQUELLE  TOUT 

est  réglé  dans  l'organisme  des  Êtres,  où  un  organe  en  hii- 
méme  rudimentaire  remplit  mieux  sa  fbnction ,  dans  la  vue 
dans  laquelle  il  est  employé ,  que  s*il  présentait  un  plus  haut 
degré  de  perfection. 

V Homme  y  devant  se  servir  de  ses  membres  antérieurs 
pour  exécuter  les  divers  travaux  auxquels  il  est  conduit  par 
son  intelligence,  la  station  et  la  marche  bipède  en  devinrent 
des  conditions  en  quelque  sorte  obKgées. 

Nous  avons  déjk  vn  plus  haut  que,  par  diverses  consé- 
quences, qui ,  h  leur  tour,  découlent  de  l'attitude  redressée 
du  corps ,  le  tronc  a  dû  nécessairement  être  conformé  td 
qu'il  est  en  effet ,  en  admettant  comme  eondition  première 


CHAFITRI  in.  154 

Vexisteiiee  d'un  sqnelette  formaot  l'iin  des  principaux  ea- 
ractères  adoptés  par  la  toute-puissance  du  créateur  ,  par 
lesquels  il  a  distingué  les  Animaux  vertébrés  de  tous  les 
autres  aniroaux.  Nous  avons  vu  également  que  de  ee  dernier 
principe  fondamental  il  suit,  comme  conséquence  natu- 
relle, que  tout  TédiBce  devait  avoir  pour  partie  centrale,  k 
laquelle  toutes  les  autres  se  rattachaient,  une  série  d'os 
courts  impairs,  mais  symétriques,  formant  la  colonne  verté- 
brale. On  a  vu  aussi  que  le  ironc  a  dû  présenter  dans  la  suc- 
cession de  ses  parties  diverses  inllexions  en  sens  inverse, 
pour  rendre  possible  la  station  et  la  marche  redressées  de 
l'bomme;  que  ces  inflexions  se  retrouvent  toutefois  aussi 
chet  les  mammifères  quadrupèdes  par  reflet  de  causes  sem- 
blables b  celles  qui  les  produisent  dans  l'espèce  humaine , 
quoiqu'elles  ne  soient  pas  partout  rigoureusement  les  mêmes. 
J'ai  fait  remarquer  en  outre  que  de  part  et  d'autre  ces  dis- 
positions sont  dues  k  des  causes  éloignées ,  étrangères  h  \û 
statique  proprement  dite,  qui  semble  au  premier  aperçu, 
avoir  dû  fournir  seule  le  principe  d'après  lequel  la  forme  du 
corps  est  déterminée;  causes  étrangères  qui  sont  la  disposi- 
tion et  les  fonctions  des  organes  sersiiifs,  la  disposition  de 
l'appareil  digestif,  eelle  des  appaieiU  de  la  respiration  et 
de  la  cireulatlon ,  et  enfin  celle  des  organes  de  la  préhension 
el  de  la  locomotion. 

Nons  avons  va  aussi  que,  par  cela  même  que  les 
membres  antérieurs  ont  été  destinés  chez  Thomme  à  servir 
il  la  préhension ,  ils  ont  dû  jouir  d'une  complète  liberté  de 
mouvement  dans  tontes  leurs  parties,  afin  de  pouvoir  être 
dirigés  de  tous  eûtes  pour  y  saisir  les  objets,  si  ce  n*est 
fireetement  en  arrière,  où  l'homnie  ne  peut  rien  apercevoir; 
que  le  bras  devait  jouir  d'un  mouvement  très-étendu  de 
circumduction ,  quoique  solidement  articulé  surl'épânle; 
condition  pour  laquelle  les  os  qui  soutiennent  cette  dernière 
ont  reçu  dans  Tespèce  humaine  une  disposition  spéciale.  En 
effet,  romopiâte  a  sa  tête  articulaire  tournée  directement  en 


i32  THBOLOGIB  DE  LA  PIATURE. 

dehors ,  direction  moyenne  de  cette  même  circumdaction , 
et  comme  le  bras  a  souvent  de  grands  efforts  à  faire  »  il  trouve 
pour  cela  de  solides  appuis,  d'une  part,  dans  Tomoplate; 
placés  en  arrière  et  en  dessus ,  et,  d'autre  part,  dans  la  cla- 
vicule, qui  flxe  encore  plus  solidement  Tépaule  au  sommet 
du  sternum,  pour  lui  servir  d*arc-boutant.  C*est-k-dire  que 
le  bras,  pour  tirer  avec  force  les  objets  qu*ii  veut  approcher, 
devant  faire  un  grand  effort  avec  les  muscles  destinés  k  pro- 
duire cet  acte,  ceux-ci  devaient,  comme  puissance  active, 
trouver  un  point  d'appui ,  afin  qu*en  se  contractant  d'une 
quantité  possible  pour  chacun,  cette  contraction  ne  soit  pas 
rendue  inutile  par  le  rapprochement  du  bras  entier  ;  et  c'est 
là  la  FONCTION  SPÉCIALE  DONNÉE  de  la  claviculc,  qui,  toute- 
fois légèrement  mobile  sur  sou  extrémité  interne ,  peut  se 
prêter  aux  mouvements  plus  ou  moins  forcés  du  bras ,  et 
leur  donne  la  souplesse  convenable.  Ces  mouvements  sont 
toutefois  limités,  d'une  part,  par  les  ligaments  qui  fixent  [la 
clavicule ,  et ,  de  l'autre ,  par  les  puissants  muscles  de  la  poi- 
trine et  du  dos  qui  s'y  opposent,  et  ne  cèdent  qu'autant  que 
cela  est  nécessaire. 

Les  Membres  postérieurs  (Pl.n,/Sg.lnut;a;y),  devant 
servir  exclusivement  à  1^  station  et  à  la  locomotion ,  forment 
deux  colonnes  élevées  sur  les  pieds  posant  dans  toute  leur 
longueur  sur  le  sol ,  afin  de  servir  de  base  k  tout  l'édifice. 
Il  semble  au  premier  aperçu  que  ces  membres  auraient  pu 
n'être  soutenus  dans  toute  leur  longueur  que  par  une  seule 
tige  osseuse  fonctionnant  comme  des  écbasses  ;  mais  com- 
bien d'inconvénionts  n'en  seraient  point  résultés?  Le  moin- 
dre manque  d'équilibre  aurait  causé  la  chute  du  corps  dans 
toute  sa  longueur ,  sans  qu'il  eût  été  possible  d'amoindrir 
le  choc,  en  diminuant  la  hauteur  du  corps,  et  sans  l'amor- 
tir par  l'effet  de  l'élasticité  résultant  de  la  flexion  de  ces 
membres  dans  leurs  articulations.  Enfin  l'homme,  une  fois 
k  terre,  il  lui  eût  été  impossible  de  se  relever;  mais  ici, 
comme  aux  membres  antérieurs,  la*  divine  providence  a 


CHAPiTRB   111.  453 

COltrORMÉ  LES  PARTIES  ÉGALEMENT  D*APRÈS  LEURS  FONGTIOI^S  , 

ET  PRÉVINT  AINSI  TOUS  CES  INCONVÉNIENTS,  et  Cela  nofi-deule- 
ment  dans  Tespèce  humaine ,  mais  pour  les  mêmes  raisons 
aussi  chez  tous  les  Animaux  vertébrés,  suivant  le  genre 

DE  VIE  qu'elle  leur  A  PRESCRIT. 

La  CONDITION  ESSENTIELLE  ÉTAIT  DONC  QUE  LES  MEMBRES 
POSTÉRIEURS  FUSSENT  ,  COMME  LES  ANTÉRIEURS,  dont  ils  SOnt 

les  analogues  de  rang,  également  composés  de  plusieurs 

PARTIES   consécutives,    SOUTENUES   PAR   DES   OS   ARTICULÉS 

ENTRE  EUX ,  aflu  de  pouvoir  se  fléchir  et  s*étendre,  selon  le 
besoin ,  pour  faire  varier  leur  longueur  dans  le  but  de  don- 
ner plus  de  souplesse  au  corps ,  et  d'agir  surtout  efficacement 
dans  la  locomotion ,  en  poussant  par  leur  allongement  ce 
dernier  dans  la  direction  voulue  ;  ces  articulations  donnent 
en  même  temps,  au  membre,  la  faculté  de  pouvoir  céder 
en  se  fléchissant ,  pour  prévenir,  sinon  la  fracture ,  '  quand 
le  choc  est  violent,  du  moins  des  secousses  douloureuses. 

Mais  si  les  membres  postérieurs  de  Thomme  ont  dû  être 
eomposés  de  plusieurs  parties  consécutives ,  ces  parties  ont 
toutefois  dû  constituer  dans  leur  ensemble  une  colonne, 
sans  fléchir  les  unes  sur  les  autres  sous  le  poids  du  corps. 
En  efiet,  si  la  cuisse  et  la  jambe  faisaient  des  angles  avec 
Thorizon ,  comme  cela  a  lieu  lorsque  l'homme  est  acciroupi , 
et  qu'elles  le  font  toujours  chez  les  quadrupèdes,  il  eût 
fallu  aussi  employer  des  efibrts  musculaires  fort  considé- 
rables pour  maintenir  le  corps  dans  cette  situation  ;  circon- 
stance qui  eût  exigé  une  forme  tout  autre  dans  le  bassin 
<|iie  celle  qui  existe  en  effet  ;  c'est-k-dire  que ,  de  même  que 
chez  les  quadrupèdes ,  cette  ceinture  osseuse  aurait  dû  se 
prolonger  beaucoup  en  avant  et  en  arrière ,  en  agrandissant 
par  Ik  inutilement  la  cavité  abdominale ,  en  même  temps  que 
cette  disposition  anomale  eût  été  sans  but  réel  ;  d'où  il  a  été 

BIEN  plus  bans  LES  PRINCIPES  D'UNE  SAVANTE  THÉORIE  MÉCA- 
NIQUE, que  chez  l'homme,  Être  bipède,  les  membres  posté- 
rieurs reçussent  la  disposition  qu'ils  ont  en  effet. 


^  I 


i5i  THÉOIJOGIB  DK  LÀ  HATURX. 

Mais,  si  dans  la  station  et  la  marche  sar  deaz  ineds, 
avec  le  tronc  redressé,  les  cuisses  et  les  jambes  ont  dA 
former  deux  colonnes  verticales,  le  Créateur  ▲  du  aussi 

LES  PLACER  DAMS  DES  CONDITIONS  D* ÉQUILIBRE  TELLES  ,  QOB 
CES  DEUX  FONCTIONS  PUSSENT  ÊTRE  CONVENABLEMENT  REli- 
PLIES. 

Quoique  le  mode  d*union  des  membres  avec  le  tronc  pAt 
être  le  même  dans  les  deux  paires,  les  conditions  de  fonc- 
tions diflërentes  ont  aussi  exigé  que  cela  fût  autrement. 

La  première  paire  ayant  été  amenée  par  l'efiTet  d'an 
certain  perfectionnement  à  servir  h  la  préhension,  il  était» 
ainsi  que  nous  Tavons  vu  plus  haut,  convenable  qu'elle  eAt 
la  facilité  de  pouvoir  se  diriger  facilement  de  tons  côtés,  et 
qu'elle  fût  pour  cela  surtout  très-mobile  sur  le  tronc,  même 
dans  sa  première  partie,  formant  Képaule.  La  paire  posté- 
rieure ,'  exclusivement  destinée  à  la  locomotion ,  devait  a« 
contraire  trouver  non-seulement  un  appui  très-ferme  sar  et 
dernier,  mais  encore  de  vastes  attaches  poor  les  musdes 
puissants  qui  devaient  les  mouvoir;  conditiens  qui  ont  mb- 
cessité  dans  Tabsence  d  one  partie  résistante  du  trotte» 
comparable  au  thorax  qui  ne  se  prolonge  pas  josqae-lk ,  que 
la  première  portion  do  membre,  oo  le  bassin,  répondant  k 
répaule  de  la  paire  antérieure,  devint  elle-même  fixe,  afin 
d'offrir  ces  deux  avantages  à  ces  membres  postérieurs. 

Dans  la  marche  bipède ,  le  mouvement  le  pins  étendu  des 
membres  postérieurs  devant  avoir  lieu  d'arrière  en  avanl,  il 
a  fallu  que ,  pendant  la  station ,  les  muscles  de  la  caisse 
exerçassent  une  action  suffisante  pour  maintentf  le  eorps 
dans  sa  position  redressée;  effet  qu'il  eût  été  facile  d'obtenir 
en  plaçant  Taxe  passant  par  les  deux  articnlations  de  It 
hanche  exactement  sous  le  centre  de  gravité  du  tronc,  q«e 
les  membres  doivent  soutenir.  De  cette  manière  an  effort 
musculaire  très-faible  eût  suffi  pour  maintenir  le  corps  en 
équilibre.  Mais  comme  les  membres  sont  obligés  d'employer 
dans  la  marche  une  force  assers  grande  pour  étendre  la 


GHAPITM  ni.  IKft 

euisM  en  arrière ,  afln  de  pousser  le  eorps  en  airant ,  tandis 
qne  la  flexion ,  ne  demande  qu'une  force  assez  faible ,  les 
moscles  extenseurs  ont  dA  être  plus  puissants  que  les  flé- 
ehisseurs;  d*où  il  est  résulte  que  pour  maintenir  1  équilibre 
pendant  la  station ,  cet  axe  a  du  être  placé  un  peu  plus 
m  ARRIÈRE ,  de  manière  que  Texcès  de  force  passive  des 
muscles  extenseurs  sur  celle  des  fléchisseurs,  fit  k  peu  près 
équilibre  an  poids  du  corps  ;  auquel  il  faut  encore  ajouter 
TeflbK  (lu  muscle  Proméral  (Droit  antérieur  de  la  cuisse),  du 
Couturier  et  du  Pascialis,  qui,  plus  essentiellement  ex- 
tenseurs de  la  jambe ,  agissent  comme  fléchisseurs  de  la 
cuisse,  en  prenant  leurs  points  fixes  sur  la  partie  antérieure 
du  bassin;  disposition  très-ingénieuse,  par  laquelle  ces 
puissants  muscles  agissent  des  deux  manières  très-efficace- 
meotdans  la  station^  en  affermissant,  d'une  part,  la  cuisse 
dans  son  articulation ,  et  de  Tautre ,  en  roidissant  la  jambe 
qu'ils  contribuent  ï  étendre. 

Or,  pour  maintenir  ainsi  le  corps  redressé  sur  les  cuisses , 
il  a  fallu  que  les  muscles  qui  meuvent  ces  dernières  trou* 
tassent  sur  le  bassin  des  surfaces  d'attaches  fort  étendues  ; 
chacun  suivant  le  volume  qu'il  doit  avoir  d'après  la  force 
quMI  a  k  exercer  ;  et  c'est  en  effet  la  condition  que  présentent 
les  diverses  parties  de  cette  ceinture  osseuse. 

Le  corps  devant  appuyer  dans  la  ararche  alternativement 
sar  les  deux  membres,  le  centre  de  gravité  du  tronc,  placé 
au  milieu  de  l'abdomen,  doit,  pour  ne  pas  porter  h  faux, 
être  )t  chaquer  pas  amené  au-dessus  do  pied  posant  h  terre  ; 
et  pour  que  le  corps  ne  fléchisse  pas  trop  vers  le  côté  opposé , 
les  muscles  abducteurs  des  cuisses  qui  s  y  opposent ,  doivent , 
entre  autres  être  très-^puissants,  et  la  partie  latérale  eu 
bassin  à  laquelle  ils  se  fixent,  par  conséquent  fort  large, 
AUisi  QUE  cela  est  EN  EFFET  dans  l'bomme;  tandis  qu'en 
dedans  et  en  avant,  où  les  nrascles  n'ont  jamais  un  très- 
grand  eflet  ï  produire,  le  bassin  est  au  eontraire  peu 
étendu. 


156  THÉOLOGIB   LB  LA   NATURE. 

Cette  fréquente  adduction  de  la  cuisse ,  produite  dans  la 
marche  par  le  poids  du  corps,  fait  que  les  membres  sont 
naturellement  un  peu  fléchis  en  dedans,  et  de  Ik  un  peu  rap* 
proches  vers  leurs  extrémités  inférieures  ;  ce  qui  diminue 
sensiblement  la  largeur  de  la  base  de  sus-station ,  d*où  il 
résulte  qu'il  su£St  d*un  léger  balancement  du  corps  pour 
amener  le  centre  de  gravité  au-dessus  du  pied  appuyé;  effet 
produit  naturellement  par  l'extension  du  pied  opposé,  lors- 
qu'il pousse  le  corps  en  avant,  ou  qu'il  agit  de  l'autre  côté 
du  centre  de  gravité;  et  c'est  au  moment  où  ce  dernier  est 
en  équilibre  sur  le  membre  appuyé,  que  celui  dirigé  en 
arrière  est  levé  pour  être  porté  en  avant  pour  s'appliquer  à 
son  tour  sur  le  sol. 

En  rapprochant  ainsi  les  pieds,  il  en  est  bien  résulté 
que  la  base  de  sus-station  a  été  diminuée  de  largeur; 

MAIS  IL  A  ÉTÉ  remédié  A  CET  INCONVÉNIENT  EN  TOURNANT 
SIMPLEMENT  LA   POINTE    DES    PIEDS   UN   PEU    EN   DEHORS,  dC 

manière  que  la  base  forme  un  trapèze ,  dont  le  grand  côté 
parallèle  est  en  avant  ;  et  cette  obliquité  est  telle ,  que  cette 
base  est  la  plus  grande  possible ,  c'est-k-dire  que  si  les 
pieds  étaient  plus  ou  moins  obliques ,  cette  base  serait,  de 
l'une  ou  de  l'autre  façon ,  plus  petite  ;  c'est  la  raison  pour 
laquelle  on  est  moins  solide  dans  la  station,  lorsque  les 
pieds  sont  parallèles  ou  qu'ils  sont  très-divergents. 

Les  membres  postérieurs  devant  ainsi  servir  d'une  part, 
k  soutenir  le  corps  dans  la  station ,  et  de  l'autre  k  le  pousser 
en  avant  dans  la  locomotion ,  les  mouvements  de  la  cuisse 
sur  le  bassin  devaient  nécessairement  pouvoir  s'exécuter 
avec  facilité  dans  toutes  les  directions ,  d'avant  en  arrière 
pour  faire  le  pas  et  latéralement ,  pour  ramener  alternative- 
ment les  deux  pieds  sous  le  centre  de  gravité;  et  enfin  pour 
les  changements  de  direction  dans  la  marche ,  il  était  néces- 
saire aussi  que  ces  membres  pussent  tourner  un  peu  sur 
leurs  axes  ;  ç'est-a-dire ,  que  la  cuisse  devait  pour  cela  jouir 
d'un  mouvement  plus  ou  moins  étendu  de  circumduction  ; 


CHAPITRK   III.  457 

et  c'est  en  effet  ce  gahactère  qu'elle  présente  chez 

TOUS  LES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS  MARCHEURS.  Pour  Cela  l'CXtré- 

mité  supérieure  du  Fémur  ou  de  l'os  de  la  cuisse  {fig.  I.  nu) 
recourbe  assez  subitement  en  dedans ,  et  se  termine  par 
une  tête  arrondie ,  représentant  près  des  deux  tiers  d'une 
sphère,  couverte,  comme  toutes  les  surfaces  articulaires 
mobiles,  de  cartilages  articulaires  lisses;  et  cette  tête  ou 
Condyle,  est  reçue  dans  une  profonde  cavité  de  même 
forme,  placée,  ainsi  qu*il  a  déjà  été  dit,  sur  le  côté  du 
bassin. 

II  semble  au  premier  aperçu  qu'il  eût  été  plus  convenable 
de  placer  les  cavités  articulaires  de  la  hanche  (n)  sous  le 
bassin  et  non  sur  ses  côtés;  vu  que,  dans  cette  situation, 
la  tête  du  fémur  en  appuyant  par  en  dessus  dans  cette 
cavité  y  eât  trouvé  plus  de  solidité ,  en  même  temps  que 
la  cuisse  eût  été  moins  sujette  aux  luxations.  Mais  en  exa- 
minant le  fait  avec  quelque  soin ,  on  trouve  bientôt  que  cela 
n'a  pas  dû  être  ainsi,  et  pour  deux  raisons  majeures.  En 
effet ,  tous  les  Mammifères  ayant  du  être  formés  sur  le 
MÊME  PLAN,  les  cavités  articulaires  ou  CotyMdes  des  hanches, 
devaient  toujours  correspondre  au  même  endroit;  d*où  ré-* 
suite  que  si  elles  avaient  été  placées  sous  le  bassin  chez 
Y  Homme  qui  marche  debout,  elles  eussent  été  en  arrière  du 
bassin  dans  tous  les  autres  vertérrés  où  le  corps  est  horizon- 
tal ;  disposition  bien  plus  défavorable  que  sur  les  côtés ,  vu 
qu'elles  se  seraient  trouvées  plus  loin  du  centre  de  gravité  que 
les  membres  doivent  soutenir;  en  outre  que  les  muscles  ex- 
tenseurs et  adducteurs,  mais  surtout  les  abducteurs  des 
cuisses  n'eussent  eu  ni  chez  Thomme  ni  chez  les  animaux , 
des  emplacements  suffisants  pour  y  prendre  leurs  points 
d'insertion  ;  tandis  qu'EN  plaçant  les  cavités  cottloïdes 

DE    l'articulation    DES    HANCHES    SUR    LES   CÔTÉS   DU   DAS- 
SIN,   TOUS   CES   INCONVÉNIENTS   SE   SONT   TROUVÉS   LEVÉS. 

Tout  en  donnant  cette  disposition  latérale  aux  articula- 
tions des  cuisses,  la  bienveillance  divine  n'a  toutefois 


4  58  THioLo«n  ue  u  naturb. 

PAS  MANQUÉ  d'avoir  ÉGARD  AUX  DIVERSES  SPÉCIALITÉS  QDB 
LES  DIFFÉRENTES  ESPÈCES  ANIMALES  QU*ELLE  A  CRÉÉES  ONT 
DU  PRÉSENTER  DANS  LEUR  ORGANISATION,  SPÉCIALITÉS  QUI 
DEVAIENT  AVOIR  QUELQUE  INFLUENCE  SOIT  SUR  LA  STATION| 
SOIT  SUR  LES  DIVERS  MODES  DE  LOCOMOTION  QU*£LLB  LBUR 
A  PRESCRITS. 

Chez  toutes  les  espèces  «  les  cavités  cotyloides  soQt 
â*abord  un  peu  obliquement  dirigées  en  dessous ,  de  ma^ 
nière  à  appuyer  plus  largement  sur  toute  la  tète  du  fémur; 
et  la  partie  supérieure  de  ces  derniers  os,  dirigée  en  dedans, 
n'est  également  pas  tout  k  fait  transversale;  ce  qui  ne  lui 
aurait  pas  donné  assez  de  force  pour  soutenir  le  poids  da 
corps;  mais  elle  est,  pour  cet  objet  même,  toujours  plus 
ou  moins  oblique  de  bas  en  haut  et  au  dedans.  Dans  plu- 
sieurs espèces  de  Mammifères  mêmes  «  ces  parties  ont  bien 
subi  diverses  modifications  très-légères ,  il  est  vrai ,  mais 

TOUJOURS  FORT  SAVANTES,  PAR  LESQUELLES  l' INTELLIGENCE 
CRÉATRICE   A  OBTENU   l'EFFET    QU*ELLE    s'eST    PROPOSÉ,   61 

dont  je  ne  citerai  ici  qu'un  seul  ciemple.  L*£léphant,  ani- 
mal excessivement  lourd,  et  en  conséquence  fort  peu  agile, 
ne  pouvant  ni  courir,  ni  sauter,  n'avait  de  là  |>as  besoin 
d'une  grande  étendue  de  mouvement  dans  la  cuisse ,  mais 
bien  d'une  force  considérable  pour  porter  le  poids  énorme 

du  corps,  LES  CAVITÉS  COTYLOIDES  ONT  ÉTÉ  FORTEMENT 
DIRIGÉES  EN   DESSOUS,    AFIN   d'aPPUTER   LE  MIEUX  POSSIBLE 

SUR  LES  FÉMURS ,  CD  même  temps  que  la  partie  supérieure 
de  ceux-ci  est,  par  la  mênàe  raison,  presque  dans  la  direc- 
tion de  la  tige  de  Tos ,  afin  de  mieux  soutenir  le  bassin. 

Toute  la  force  que  les  animaux  emploient  dans  la  course , 
et  surtout  dans  le  saut,  se  concentrant  dans  les  articulations 
des  hanches ,  Tobliquité  de  celles-ci  est  d'autant  plus  défa- 
vorable que  cette  force  est  plus  grande  ;  aussi  pour  parer 
AUX  INCONVÉNIENTS  attachés  k  cette  disposition ,  cette  ariicu- 
lation  a-t-elle  été  accompagnée  de  tout  ce  qui  peut  con- 

TEIBUER  A  LES  PRÉVENIR.  C'cSt  ainsi  quC,  pour  EMPÊCHER 


CHATITRB  III.  4K9 

tA  LOIATION  ,  ELLB  A  NOM-SEULEMENT  ÉTÉ  ENTOURÉE  d'uNE 
CAPSULE  AKTlCULAlIiE  TRÈS-RESI8TANTE  QUOIQUE  FORT  LACHE , 
AFIN  DE  PERMETTRE  UN  MOUVEMENT  EN  TOUS  SENS  A  LA 
CUISSE  ,    MAIS    ENCORE    POURVUE    D*UN    LIGAMENT    INTÉRIEUR 

SPÉCIAL,  formant  un  gros  tronc  fibreux ,  arrondi ,  implanté 
d'une  part  h  la  tête  du  fémur,  un  peu  au-dessous  du  milieu 
de  sa  tête  articulaire;  et  de  l'autre ,  dans  le  fond  de  la  cavité 
eoiylolde  de  la  hanche ,  aussi  un  peu  plus  bas  que  son 
eentre.  Par  le  moyen  de  ce  puissant  ligament ,  les  deux 
os  sont  solidement  unis ,  en  conservant  toutefois  un  mouve- 
ment libre  en  tout  sens  ;  ce  ligament  central  pouvant  même 
subir  un  certain  degré  de  torsion  dans  les  mouvements  de  la 
eoisse,  mouvement  qui  ne  va  du  reste  jamais  beaucoup  au 
delà  d*uD  quart  de  tour  chez  l'homme,  et  moins  encore 
chez  les  quadrupèdes. 

Je  viens  de  dire  que  ce  ligament  est  placé  plus  bas  que 
l'axe  de  la  tête  du  fémur;  celte  disposition  semble  devoir 
faciliter  la  luxation  en  haut  de  la  cuisse  chez  les  quadru- 
pèdes, et  en  arrière  dans  Thomme  ;  cet  accident  est  pré- 

GISEMENT    CELUI    QUE    CE    LIGAMENT    INTÉRIEUR   DOIT   EMPÉ- 

€HBR,  et  il  se  trouve  puissamment  secondé  dans  sa 
résistance,  par  la  grande  imissance  des  muscles  abduc- 
teurs de  la  cuisse  (les  rotateurs  en  dehors  dans  l'espèce 
humaine) ,  qui  appuyant  par  leurs  tendons  sur  la  tête  arti- 
culaire du  fémur  l'empêchent  de  déboîter,  tandis  que  vers 
le  côté  opposé,  des  muscles  trës-forls  ayant  été  inutiles  , 
c'est  au  contraire  ce  ligament  qui  est  plus  spécialement 
chargé  de  résister  à  la  luxation. 

L'articulation  du  genou  (u)  est  un  véritable  ghef- 
d'obuvre  de  méganique  qu'on  ne  saurait  voir  sans  en  ad- 
mirer la  savante  composition.  Les  membres  devant  pro- 
duire des  effets  considérables ,  cette  articulation  devait  être 
à  la  fois  forte,  bien  réglée ,  et  avoir  ses  mouvements  étendus 
et  faciles,  sans  être  sujette  ^  la  luxation.  Si  ces  mouvements 
n'avaient  dû  être  qu'alternatifs ,  comme  au  coude ,  cela  eût 


160  TH^LOGIB  DB  LA  NATURE. 

été  facile  ;  il  eûl  suffi  d'y  emboîter  solidement  les  os ,  et  de  les 
maintenir  par  de  robustes  ligaments  latéraux  ;  mais  cela  de- 
vint plus  difficile  au  genou  où  le  principal  mouvement  a  lieu 
d'avant  en  arrière  lorsque  la  jambe  approche  de  son  exten  - 
sion  ;  moment  où  le  membre  fait  de  grands  efforts  pour  sou- 
tenir ou  pour  pousser  le  corps  ^  et  où  les  os  ont  besoin  de  se 
trouver  fortement  engrenés ,  afin  de  donner  la  plus  grande 
fixité  aux  parties ,  soit  dans  l'immobilité,  soit  dans  le  mou- 
vement ;  tandis  que  dans  les  moments  de  relâchement  seu- 
lement, cette  articulation  devait  être  au  contraire  assez 
libre  pour  permettre  des  mouvements  de  rotation  \k  la  jambe , 
par  lesquels  le  pied  peut  tourner  selon  le  besoin  en  différents 
sens,  condition  contraire  à  la. première ,  mais  n'ayant  toute- 
fois pas  lieu  en  même  temps  ;  et  c'est  la  congiuation  de 

CES  DEUX  FACULTÉS  ,  QUI  SEMBLENT  s'eXCLURE  ,  QUI  EST  PAR- 
FAITEMENT OBTENUE  dans  cette  articulation.  Pour  cela,  l'os 
de  la  cuisse  et  le  Tibia ,  le  principal  de  la  jambe  ,  qui  lui 
fait  suite ,  s'unissent  par  de  gros  renflements  pour  donner 
plus  d'étendue,  et  par  Ik  plus  de  solidité  à  l'articulation.  Du 
côté  du  premier,  ce  renflement  forme  k  peu  près  les  trois* 
quarts  d'une  poulie,  k  bords  très-épais  et  arrondis,  dirigés 
d'avant  en  arrière;  et  leur  intervalle,  une  large  gorge, 
surtout  très-profonde  postérieurement ,  où  les  deux  saillies 
latérales  ou  Condyles  forment  de  fortes  proéminences  ar- 
rondies en  tous  sens;  tandis  qu'en  avant,  ces  saillies  sont 
peu  éminentes ,  et  la  gorge  qui  les  sépare ,  large  mais  peu 
profonde,  en  se  perdant  insensiblement  le  long  de  la  face 
antérieure  du  renflement  de  l'os, 

La  tête  du  tibia  (uv) ,  au  contraire ,  présente  une  simple 
troncature  k  peu  près  perpendiculaire  k  l'axe  de  l'os ,  où 
il  nexiste  de  chaque  côté  qu'une  légère  dépression ,  dans 
laquelle  appuie  le  condyle  correspondant  du  fémur,  qui  s'y 
roule  d'arrière  en  avant.  Pour  régler  et  diriger  ce  mou- 
vement, les  deux  os  sont  liés  entre  eux  par  deux  forts 
ligaments  latéraux ,  implantés  au  tibia  près  de  sa  troncature  ; 


CHAPITRE    m.  161 

et  ao  fémur,  aux  faces  latérales  des  deux  condyles ,  aux 
points  répondant  k  leur  axe  de  mouvement. 

Tel  est  le  premier  principe  sur  lequel  cette  articulation 
est  formée  pour  lui  donner  le  mouvement  alternatif  propre 
à  un  grand  nombre  d'articulations.  Mais ,  ainsi  qu'il  a  déjk 
été  dit,  les  os  devaient  être  relâchés  pendant  la  flexion,  où 
le  membre  ne  fait  d*ordinaire  que  de  faibles  efforts  ;  tandis 
qu'ils  doivent  être  fortement  serrés  lors  de  Textension ,  afin 
d'offrir  toute  la  fixité  et  la  solidité  nécessaires  au  moment 
où  l'animal  roidit  le  membre.  Il  a  fallu  aussi  trouver  un 

MOYEN  DE  produire  CES  DEUX  EFFETS ,  QUI   ONT   ÉTÉ   FACILE- 
MENT OBTENUS  par  une  simple  forme  spécule  donnée  aux 
condyles  du  fémur,  qui ,  au  lieu^d'être  en  arc  de  cercle , 
comme  dans  les  poulies  ordinaires ,  présentent  au  contraire 
DES  ARCS  de  spirales,  dout  Ics  rajons  sont  plus  courts 
dans  la  partie  postérieure.  On  conçoit  que,  vu  cette  forme, 
les  ligaments  latéraux  qui  unissent  les  os  doivent  être 
relâchés,  et  l'articulation  un  peu  flottante,  lorsque,  pen- 
dant la  flexion  de  la  jambe,  les  condyles  du  fémur  appuient 
sur  le  tibia  par  leur  partie  postérieure ,  où  leur  rayon  est 
plus  court  qu'en  avant  ;  tandis  que  l'articulation  s'affermit 
parla  tension  de  ces  mêmes  ligaments  quand  la  jambe  est 
étendue.  Mais  ce  n'était  pas  Ik  tout  encore  :  pendant  la 
flexion ,  la  jambe  devait  jouir  d'un  léger  mouvement  de 
rotation  par  lequel  le  pied  put  être  tourné  vers  les  côtés  ; 
rotation  impossible,  ainsi  qu'on  l'a  dit  plus  haut,  dans  les 
articulations  gynclymoîdales  ou  à  mouvement  uniquement 
alternatif,  mais  qui  peut  s'exécuter  dans  le  genou ,  d'une 
part,  par  l'effet  du  relâchement  des  os,  et  de  l'autre,  par  le 
peu  de  profondeur  des  deux  cavités  articulaires  du  tibia 
dans  lesquelles  appuient  les  condyles  du  fémur  ;  disposition 
qui,  relâchant  les  ligaments  latéraux,  leur  permet  de  suivre 
l68  os  dans  leur  déplacement  vers  les  cêtés;  mouvement 
toutefois  borné  à  une  petite  partie  !de  tour,  suffisante  pour 
Tusage  que  l'on  en  fait. 

L  n 


les  rEÉOhOGIM  DS  LA  KATOHI. 

Le  peu  de  profondeur  qu'ont  uçu  k  cet  kfvbt  les 
deux  cavités  dont  je  viens  de  parler,  permettent  aux  eon- 
djle9  d'en  sortir  facilement  dans  les  grands  efforts,  en 
forçant  les  ligaments  latéraux ,  en  luxant  ainsi  le  genou  : 

riNTELLlGENGE  CRÉATRICE  ▲  PARÉ  ▲  CE  GRÀTS  UICOKYÉNl)SIfT 
PAR    UM    MOYEN    MÉCANIQUE    DES    PLUS    REMARQUABLES     RM 

PLAÇANT  de  chaque  côté ,  entre  les  os ,  deux  petites  lames 
cartilagineuses  en  forme  de  demi-cercle ,  à  concavité  tour- 
née vers  le  centre  de  l'articulation.  Ces  petites  pièces 
ayant  leurs  bords  convexes  assez  épais,  tandis  que  le 
concave  est  très-mince ,  remplissent  latéralement  l'intervalle 
restant  entre  les  condyles  du  fémur  et  la  téta  du  tibia, 
et  rendent  par  là  les  cavités  articulaires  de  oe  dernier 
plus  profondes. 

Si  le  perfectionnement  de  l'articulation  ét^t  borné  à  cela 
seulement,  les  luxations  y  auraient  cependant  encore  été 
faciles  ;  le  fémur,  en  se  déplaçant ,  n'ayant  [qu'à  entraîner 
avec  lui  ces  petites  plaques  cartilagineuses.  Mais  cet  incon- 
vénient AUSSI  4  ÉTÉ  PRÉVU  ET  ÉVITE  d'uNR  HANIÈRE  FORT 
INGÉNIEUSE ,  EN  ATTACHANT  CES  CARTILAGES  PAR  LEURS  BXTRÉ* 

MITÉS  AU  TIBIA ,  k  l'aide  de  plusieurs  ligaments  aplatis  conune 
eux ,  qui  leur  permettent  de  glisser  en  avant  et  en  arrière 
sur  la  troncature  de  cet  os ,  en  suivant  les  mouvement^  des 
condyles  des  fémurs ,  afin  de  rester  consti^mment  placée 
autour  de  leurs  points  d'appui  ;  Mouveme^its  pa^faitembmt 
RÉGLÉS  par  les  deux  ligaments  latéraux  auxquels  ces  carti^ 
lages  adhèrent  au  milieu  de  leur  bord  convexe.  Ce  résultat, 
GÉOMÉTRIQUEMENT  CALCULÉ,  rcssort  dcs  couditious  dc  dis- 
positions dans  lesquelles  ces  ligaments  $e  trouvent  ^  l'é- 
gard des  condyles ,  quel  que  soit  le  degré  de  flexion  de  la 
jambe.  En  effet ,  les  deux  ligaments  latéraux  étant  insérés 
aux  centres  des  arcs  spiraux  que  ceux-ci  forment,  leur  di- 
rection est  par  là  constamment  perpendiculaire  à  la  courbe 
de  ces  condyles  ;  d'où  résulte  que  Tendroit  où  ils  adhèrent 
aux  deux  cartilages  répond  exactement  au  point  d'appui  de 


GH4FITUK  IIL  163 

ebaque  coadjle,  ainsi  qu'au  centre  de  chaque  cartilage, 
quelle  que  puisse  être  la  di^sition  des  condyles. 

Les  petits  ligan^ents  plats  qui  fixent  ces  cartilages  par 
leurs  extrémités  au  tibia,  servant  principalement  k  régler 
leurs  monyements  et  à  les  empêcher,  conjointement  ayec  les 
ligaments  latéraux,  de  se  déplacer  vers  les  côtés,  ne  suffi-* 
raient  cependant  pas  pour  prévenir  leur  déplacement  en 
avant  dans  les  grands  efforts  que  Tanimal  fait  souvent  dans 
l'extension  forcée  de  la  jambe.  Miis  ceci  a  iGAi^BUBiiT  tri 
pKÉvBHu  par  l'application  d'autres  lig^qients  encore  qui  fixent 
les  extrémités  postérieures  de  ces  cartilages  au  tibia  et  au 
fémur,  afia  de  le^  empêcher  de  se  porter  trop  fortement 
en  avant. 

Quant  k  la  taxation  en  arrière  du  fémur,  elle  est  déjk 
presque  impossible  par  l'effet  de  la  force  excessive  du  liga- 
ment capsvlaire  fornuint  en  avant  une  botte  très*forte  qui , 
fixée  aux  deux  os ,  enveloppe  le  genou ,  ligaments  dont  je 
parlerai  encore  on  peu  plus  loin. 

Tocs  €B8  VOTBUS  BT  TOUS  CBS  SOOIS,  SI  IllOillIBCSBMBNT 

BBPLOTis ,  n'étaient  cependant  pas  eneore  su0isants  pour 
donner  k  rartici^ation  du  genou  toute  la  fotce  et  la  mo- 
bilité dont  elle  avait  besoin.  Les  ligaments  latéraux  qui 
unissent  le  tibia  au  fémur,  quoique  asses  forts,  ne  pouvaient 
cependant  pas  être  excessivement  gros ,  vu  que  leur  dépla-- 
eem^t  eût  causé  trop  de  dérangements  dans  les  parties 
environnantes;  et  114  mvaieïit  m  Li  étbb  secondés  encore 

Pil  n'ADTEBS  MOTEHS.  C'EST  94NS  CE  EUT  QU'lL  A  ÉTÉ  PLACÉ 

postérieurement  entre  les  condyles  du  fémur  deux  très- 
puissants  ligaments  arrondis,  se  rendant  de  cet  os  en  bas , 
sar  le  milieu  de  la  troncature  du  tîbifi,  en  s'insérapt  l'un 
ao  devant  de  l'wtre  aux  deux  os.  En  partant  de  leurs  deux 
attaches,  ces  ligaments  se  croisent  obliquement,  en  allant 
Tun  de  haut  en  bas  et  en  avant,  et  l'autre  de  haut  en  bas  et 
en  arrière.  On  conçoit  par  cette  disposition  croisée  de  ces 
4eux  ligaments,  eenx^d  ressemblant  tout  à  fait  nx  char* 


IG4  THEOLOGIE   DK   LA    N^TIRK. 

nières  d'un  paravent,  que,  tout  en  unissant  tr^s-fortement 
les  os,  ils  permettent  non-seulement  les  mouvements  de 
flexion  alternative  de  la  jambe ,  mais  que  celui  dirigé  obli- 
quement en  bas  et  en  arrière  empêche  en  même  temps  le 
fémur  de  glisser  trop  en  avant ,  et  prévient  ainsi  sa  luxation 
dans  cette  direction  ;  on  conçoit  que  le  second,  dirigé  en  bas 
et  en  avant ,  empêche  sa  luxation  en  arrière  encore  pendant 
que  tous  les  deux,  bridant  le  fémur,  maintiennent  ses  con-^ 
dyles  toujours  dans  les  cavités  articulaires  du  tibia.  Et  lorsque 
la  jambe  est  arrivée  k  toute  son  extension ,  ces  deux  liga- 
ments croisés  se  trouvent  fortement  tendus ,  par  Ik  même 
que  les  deux  condyles  appuyant  sur  les  rayons  les  plus 
longs  de  leurs  spirales,  s*opposent  à  une  plus  forte  exten* 
sion.  EnQn  par  I'ingénieuse  disposition  croisée  de  ces  li- 
gaments ,  la  jambe ,  plus  ou  moins  fléchie  et  alors  relftchée , 
peut  sensiblement  pivoter  sur  elle-même ,  ces  deux  faisceaux 
ne  produisant  dans  leur  entre-croisement  que  l'effet  d'un 
seul  qui  se  tordrait  légèrement  sur  lui-même. 

Malgré  la  belle  complication  de  cette  articulation ,  le  peu 
de  profondeur  des  cavités  de  la  tête  du  tibia ,  et  la  facilité 
qu'ont  les  condyles  des  fémurs  de  rouler  sur  elles ,  laissent, 
nonobstant  les  divers  ligaments  qui  unissent  les  deux  os , 
encore  trop  de  chances  k  la  luxation  en  avant  du  fémur,  pour 
que  riNTELLiGENCE  DIVINE  n'ait  pas  dû  les  prévenir  plus  effi- 
cacement; et  le  moyen  qu'elle  employa  consiste,  comme  je 
l'ai  déjà  dit  un  peu  plus  haut ,  k  envelopper  l'articulation 
d'une  capsule  flbreuse  extrêmement  forte,  surtout  en  avant, 
où  elle  est  principalement  consolidée  par  la  Rotule^  pièce 
osseuse  placée  au  milieu ,  où  elle  forme  la  saillie  du  genou  » 
s'appliquant  dans  la  partie  la  plus  antérieure  de  la  gorge  de 
poulie  des  deux  condyles.  Par  ce  moyen  cette  vaste  capsule, 
se  trouvant  soutenue  par  cette  dernière,  ne  saurait  être 
pincée  entre  le  tibia  et  le  fémur  lors  de  l'extension  de  la 
jambe ,  en  même  temps  que  le  fémur  trouve  contre  cette 
rotule  un  vigoureux  appui  qui  l'empêche  de  dépasser  le 


CHAPITRE   UI.  165 

degré  d'extension  qui  lui  est  prescrit  dans  chaque  espèce 
animale.  Pour  cela,  la  rotule,  pièce  généralement  ovale  et 
déprimée  d*ayant  en  arrière,  est  moulée  par  sa  face  posté-- 
rieure  dans  la  gorge  peu  profonde  des  condyles,  dans 
laquelle  elle  glisse  aisément,  en  formant  en  même  temps 
la  partie  antérieure  de  la  cavité  articulaire  osseuse,  rendue 
par  là  verticalement  très- profonde.  Mais,  pour  que  cettb 

PARTIE  DBS  PAROIS  DE  LA  CATITÉ   PUISSE  FACILEMENT  SUIVRE 

LE  FÉMUR,  lorsqu'il  se  fléchit  en  arrière,  la  rotule  est  liée 
AU  bord  antérieur  de  la  tête  du  tibia  par  un  ligament 
D'imE  FORGE  PRODIGIEUSE,  Capable  de  résister  à  tous  les 
efforts,  et  cependant  assez  flexible  pour  plier  selon  le  besoin. 
Des  bords  de  cette  rotule ,  part  ensuite  une  large  expansion 
fibreuse,  formant  les  parties  latérales  de  la  capsule  qui 
enveloppe  l'articulation ,  en  s'insérant  sur  ses  bords  aux  os 
unis  dans  le  genou  ;  tandis  qu'k  son  extrémité  supérieure , 
la  rotule  donne  attache  aux  vigoureux  muscles  extenseurs 
de  la  jambe,  dont  les  tendons  réunis  se  confondent  avec  la 
capsule  en  la  renforçant  considérablement. 

D'après  la  courte  description  que  je  viens  de  faire  de 
l'articulation  du  genou ,  on  voit  qu'il  doit  rester  entre  la  partie 
ioférieure  de  la  rotule,  le  tibia  et  les  condyles  du  fémur,  un 
espace  triangulaire  plus  ou  moins  grand ,  suivant  le  degré 
de  flexion  de  la  jambe.  L'arc  des  condyles  n'étant  pas  une 
portion  de  cercle,  mais  celle  d'une  spirale,  l'axe  de  mouve- 
ment des  condyles  se  retirant  en  arrière ,  à  mesure  que  la 
flexion  devient  plus  forte  ;  de  manière  que  cet  espace  varie 
k  la  fois  de  grandeur  et  de  forme.  Mais  il  a  été  également 

REMÉDIÉ  A  CET  INCONVÉNIENT,  EN  PLAÇANT  DANS  CETTB 
CAVITÉ    UNE   MASSE    FIBRO- GRAISSEUSE   TRÈS-MOLLE,   qui    SC 

moule  par  là  facilement  sur  elle  dans  ses  changements  de 
formes,  en  la  remplissant  constamment;  masse  attachée  par 
toute  sa  face  antérieure  aux  parois  de  la  capsule  jusqu'au  bas 
de  la  rotule ,  et  liée  par  de  petites  expansions  fibreuses , 
d'une  part  au  fémur  dans  le  fond  de  sa  gorge  de  poulie. 


166  Tnéoi/Nm  m  la  Haturi. 

et  diantre  part,  an  cartilages  interarticolaires  qu'elle  snit 
par  Ih  dans  leurs  mouvetnents  d'atant  en  arrière,  de  ma* 
nière  k  rester  constamment  contigué  au  tibia  et  au  fémur. 

La  partie  antëro-supërieure  de  la  capsule  derant  nécessai- 
rement être  très-flexible  et  làcfae,  afin  de  pouvoir  céder 
aux  mouvements  fort  étendus  de  la  rotule ,  glissant  le  long 
de  la  gorge  du  fémur,  cette  capsule  aurait  pu  facilement 
s'engager,  lors  de  Textension  du  genod ,  entre  cet  os  et  le 
fémur  qu'elle  unit ,  s'y  trouver  pincée ,  et  causer  par  là ,  non- 
seulement  le  danger  de  pouvoir  ainsi  être  froissée  et  dé- 
truite, mais  encore  celui  d'entraver  le  mouvement  et  de 
causer  de  vives  douleurs.  Mais  cette  circonstance  aussi 

A  ÉTÉ  PRÉVUE  PAR  LE  CrÉATCVH  ,  QUI  VOtJLAKT  QU'iCI ,  COM HE 
PARTOUT  AILLEURS ,  TOUT  FUT  PARFAIT ,  A  PRÉVElfU  CET  ACCI- 
DENT ,  au  moyen  d'un  muscle  spécial  fixé  h  la  partie  infra- 
antérieure  du  fémur ,  d'où  il  descend  le  long  de  cet  os  pour 
insérer  ses  fibres  ^  la  partie  supérieure  de  la  capsule ,  qall 
ûte  en  haut  chaque  fois  qu'elle  se  reiftcbe,  et  Fehpéche 
AINSI  DE  pénétrer  ENTRE  LES  OS.  Dcs  muscIcs  Semblables 
se  retrouvent  d'ailleurs  partout  chez  les  animaux,  où  le 
même  inèontéùiént  réclame  leur  emplùi. 

Dans  la  partie  postérieure  de  rarticulatiùii  du  genou  du 
Chat  et  autres  MAMMiFiRts  quadrupèdes ,  mais  non  ches 
Y  Homme  ^  se  trouvent,  dans  le  même  but,  encore  trois 
osselets ,  fort  petits ,  il  est  vrai ,  contenus  dans  Tépaisseur 
de  la  capsule  articulaire,  qu'ils  soutiennent  en  s'appuyant 
sur  les  cond}les  du  fémur;  osselets  rappelant  la  rotule 
pour  la  fonction.  Deut  de  ces  osselets  sont  contenus  dans 
les  tendons  d'origine  des  deux  musclés  Gastroenémiens ,  Ik 
où  ils  adbèrent  à  la  capsule  du  genou  ;  et  le  troisième 
dans  le  tendon  d'origine  du  muscle  Popliti ,  pour  les  sou-* 
tenir.  L'usage  de  l'os  poplitaire  est  d'autant  plus  nécessaire 
que  le  tendon  croisant  très-obliquement  la  fente  formant  la 
jonction  de  l'os  de  la  cliisse  avec  le  tibia,  il  pénétrerait  sanà 
cela  facilement  dans  cette  articulation. 


cHAntftB  ni.  167 

Ces  trois  osselets  n'etistent  poitit  dans  rhomme ,  ou  ils 
sêràicnt  mtTiLES ,  Tii  qne  les  mouvements  étant  fort  lents 
ehe2  Ini  dans  Tallicnlatlod  du  genou,  la  capsule,  suffi- 
samment soutenue  par  les  parties  avoisinantes ,  a  assez  de 
temps  pour  se  retirer.  C'est  encore  Un  de  ces  cas  oh  Vot^ik- 
tiisation  de  YBomme  est  moins  compliquée  que  celle  dés 
animaui. 

Aux  articulations,  au  contraire,  où  les  capsules  sont 
naturellement  soutenues  par  divers  organes  qui  y  ad- 
hèrent, tels  que  des  ligaments  Ou  des  tendons  filés  aux 
os  formant  les  slrticulations ,  ces  osselets,  ainsi  que  les 
muscles  spéciaux  rétractéurs  des  capsttles,  étant  inutile^, 
n'existent  pas  :  les  muscles  des  tendons  dont  je  viens  de 
parler  remplissent  suffisamment  cette  fonction;  ce  qui 
montre ,  avec  la  dernière  évidence ,  que  leur  présence  edt 
due  &  une  tÉniYABLB  mtEH tion  m  la  PAAt  de  l'intelli- 
gence SUPKÊMË  QUI  Les  il  ÉTABLIS,  G&ACTJN  A  PART,  SBLOtl 
LE  BESOIN ,  BANS  LE  BUT  QU^ELLE  S'eST  PROPOSÉ. 

J'ai  fait  remarquer  plus  haut  que  la  jambe  renfermait, 
comme  l'avant-bras,  sotf  analogue  par  rang,  également 
Aeux  os ,  dont  l'un ,  on  le  Tibia ,  très-fort ,  soutient  it  lui 
Mul  tout  lé  poids  du  cdfps;  tandis  que  le  second,  ou  h 
Pirtnè ,  placé  au  côté  externe ,  parallèleinent  au  tibia ,  n'est 
qu'un  os  grêle,  sans  aucune  fonction  essentielle  dans  les 
MAVMrrÈtiES ,  si  (^  it'est  de  contribuer  k  former  Tarticn- 
Ifltion  du  pied,  qui  pourrait  tout  aussi  bien  ne  l'être  que  par 
on  seul  os.  Cela  est  même  si  vrai  que,  dans  les  espèces 
inférieures ,  telles  que  le  Chenal  et  les  Ruminants  ,  le  péroné 
est  réduit  à  de  simples  rudiments  :  et  s'il  est  pluâ  développé 
dans  les  Mammifères  supérieurs,  et  entre  autres  chez 
V Somme f  il  est  probable  que  ce  n'est,  en  principe,  que 
pour  conserver  eneoi'e  mieux  chez  eux  l'analogie  existailte 
entre  les  deux  paires  de  membres ,  conformément  k  la  loi 
de  la  gradation  que  eés  os  suivent  d'une  paire  h  l'autre. 

Qmnque  le Pteâ  (M.  \l,Hg.  / ,  t)  a? y)  soît  bieW  évidem- 


ifiS  THÉOLOGIE  DB  LA  MATURE. 

ment  l'analogue  de  la  main ,  il  en  diffère  cependant  notable- 
ment dans  sa  première  partie  où  le  Tarse  ^  Panalogue  du 
carpe ,  son  représentant  dans  la  main ,  se  compose  de  même 
de  plusieurs  os ,  placés  sur  deux  rangs  ^  mais  autrement  dis- 
posés et  conformés,  leurs  fonctions  n*étant  plus  les  mêmes. 
En  effet,  la  main  devant  essentiellement  servir  dans  Y  Homme  j 
ainsi  que  chez  les  Singes ,  à  saisir  les  objets ,  tandis  que  le 
pied  a  plus  spécialement  pour  usage  de  servir  k  la  station , 
k  la  marche  et  à  la  course ,  celui-ci  ayant  de  plus  grands 
efforts  k  faire ,  tandis  que  la  main  a  besoin  de  plus  de  sou- 
plesse, il  était  nécessaire  que  Tun  des  os  du  Tarse,  celui  du 
Talon ,  formât  un  plus  fort  prolongement  en  arrière  que  ne 
le  fait  le  Pisiforme,  son  analogue  au  carpe,  afin  de  constituer 
un  bras  de  levier  plus  puissant ,  capable  de  servir  k  soutenir 
tout  le  poids  du  corps  dans  la  marche.  Il  en  est  de  même 
du  second  os  ou  Astragale ^  sur  lequel  s'articule  la  jan^be. 
Et  k  la  main ,  son  représentant  où  le  Scapboide  devait  se 
joindre  k  l'avant-bras  par  une  articulation  mobile  en  tous 
sens  ;  tandis  qu'au  pied ,  le  mouvement  ne  devait  avoir  lieu 
que  d'arrière  en  avant ,  et  fort  peu  vers  les  côtés ,  le  premier 
de  ces  mouvements  étant  le  plus  essentiel  dans  la  marche  et 
la  course  ;  pendant  que  les  flexions  latérales  fort  étendues 
étant  sujettes  aux  grands  inconvénients  de  la  fatigue  et  de 
l'entorse,  ont  du  ÉraE  évitées. 

Quant  au  pied,  il  aurait  pu,  comme,  en  effet,  celui  de  la 
plupart  des  quadrupèdes ,  n'appuyer  sur  le  sol  que  par  les 
orteils ,  ce  qui  est  facilement  possible  chez  ces  derniers ,  qui 
ont  dans  la  station  au  moins  trois  membres  appuyés  sur  le 
sol ,  et  dans  la  marche  au  moins  deux ,  mais  pendant  un 
instant  seulement;  tandis  que  chez  Y  Homme  ^  la  station  n'é- 
tant que  sur  deux  pieds,  elle  aurait  eu  une  trop  petite  base 
si  les  pieds  ne  touchaient  au  sol  que  par  les  orteils  ;  d'où  il 

était  PLUS  CONVENABLE  DE  LES  FAIRE  APPUYER  PAR  LA  PLANTE 

ENTIÈRE ,  AINSI  QUE  GELA  EST  OU  effet.  Cet  avantage  une 
fois  établi ,  la  Nature  créatrice  ,  toujours  si  parfaitement 


CHAPITRE    lll.  i69 

CONSÉQUENTE  DANS  SES  PRINCIPES ,  A  DONNÉ  au  pied  la  forme 
et  la  disposition  les  plus  favorables  k  cet  usage ,  en  en  cal- 
culant LES  effets  jusque  dans  leurs  plus  minutieux  dé- 
tails; où  rien  qui  puisse  avoir  quelque  influence  n*a  été 
omis  pour  en  faire  des  organes  parfaits  de  station.  En  effet, 
pour  que  la  base  de  sus-station  soit  la  plus  grande  possible, 
il  a  fallu  que  le  pied  appuyât  dans  toute  sa  longueur. 

Dans  cette  disposition  des  membres  postérieurs ,  il  était 
facile  de  maintenir  l'équilibre  dans  la  station  :  le  corps  ap- 
puyant sur  la  base  au  moyen  de  ces  derniers ,  ces  mem* 
bres  forment  de  véritables  colonnes  verticales,  où  ils  ne 
font  qu'un  effort  musculaire  assez  faible  pour  que  le  centre 
de  gravité  du  corps,  situé  k  peu  près  au  milieu  du  bas-ventre, 
soit  maintenu  au-dessus  de  cette  base.  Le  mouvement  d'ex- 
tension du  pied  devant  agir  principalement  pour  soulever 
le  corps  dans  la  marche ,  et  le  pousser  en  avant  eu  appuyant 
obliquement  sur  le  sol ,  le  pied  a  dû  pour  cela  former  un 
levier  du  second  genre ,  où  le  point  d'appui  est  k  l'extré- 
mité des  orteils;  la  résistance,  dans  l'articulation  de  la 
jambe,  sur  laquelle  pèse  le  poids  du  corps;  et  la  force, 
produite  par  les  muscles  du  mollet,  est  appliquée  k  l'extré- 
mité du  talon ,  qui  n'a  conséquemment  pas  besoin  de  former 
un  bras  de  levier  très-long  ;  tandis  qu'il  a  dû  être,  comme 
on  le  verra  plus  loin ,  beaucoup  plus  considérable  chez  tous 
les  quadrupèdes ,  et  surtout  dans  les  espèces  sauteuses  ; 
aussi  l'os  du  talon  est-il  bien  plus  saillant  chez  ces  der- 
niers. 

Dans  le  but  que  Tlntelligence  suprême  s'est  proposé ,  ces 
fonctions  ont  nécessité ,  comme  d'ailleurs  dans  tous  les  ap- 
pareils organiques ,  des  formes  spéciales  qui  révèlent  les 
VUES  savantes  dans  lesquelles  chaque  organe  a  été  éta- 
bli. C'est  ainsi  que  l'os  du  talon  forme  bien,  comme  le 
pisiforme  de  la  main ,  un  bras  de  levier  sur  lequel  agissent 
les  muscles  extenseurs  du  pied;  mais  ce  levier  a  dû  être 
beaucoup  plus  grand ,  autrement  conformé  et  différemmeqt 


170  TEtoLoeit  tm  la  naturk. 

disposé.  Nous  avons  déjk  vn  que  dans  Y  Homme  j  le  talon 
devait  être  dirigé,  comme  il  l'est  en  effet,  obliquement  en 
bas  et  en  arrière ,  afin  de  servir  k  la  fois  d'appui  an  corps 
dans  la  station  plantigrade ,  et  de  bras  de  levier  aux  pais- 
sants muscles  du  mollet,  qui  s'y  insèrent;  tandis  que  chex 
les  quadrupèdes ,  il  est  au  contraire ,  mais  toujours  confor- 
mément k  sa  fonction,  beaucoup  plus^  saillant,  et  directe- 
ment porté  en  arrière ,  dans  la  direction  de  Taxe  du  pied , 
n'ayant  plus  ehez  eux  que  la  seconde  de  ces  fonctions  à 
remplir,  pour  laquelle  il  est  plus  favorable  qu*il  ait  cette  di- 
rection ,  afin  que  les  muscles  du  mollet  agissent  k  angle  droit 
sur  lui ,  et  par  Ik  avec  beaucoup  plus  de  force. 

Le  second  os  ou  TAstragale  devait  de  même ,  conformé- 
MBNT  A  SA  PONGTiON ,  fonuef  daus  sa  partie  supérieure  une 
forte  portion  de  poulie,  stir  laquelle  se  meuvent  les  extré- 
mités des  deux  os  de  la  jMnbe  ;  cette  forme  étant  là  ^lus 
GOiwfiif  ABLB  pour  Ic  mouvémeut  dans  une  seule  direction , 
où  révasement  plus  ou  moins  grand  de  la  gorge  perniet, 
SELON  LB  BBsofK,  uu  mouvéfflént  latéral  proportionné,  en 
même  temps  qu*il  offre  lb  PLts  de  certitude  contre  le 
grave  aecidenl  de  Tentorse  ;  aussi  voit-on  cette  gorge  Ukê- 
large  et  peu  profonde  dans  Y  Homme ,  qui ,  marchant  sur  la 
plMte  entière ,  a  du  i»oirvotR  FLÉCiffR  lb  pied  assez  for^b- 

MBRT  VERS  LES  G^TÉS  ,  t»OUR   L'AGCOHHODER  A   t'îKtGkLÎTÈ 

DU  SOL  SUR  LEQUEL  IL  APFU1E  ;  tandis  que  chez  les  quadru- 
pèdes digitigrades  et  ungoligrades ,  où  le  pied  n'appuie  que 
sur  les  orteils ,  cette  flexion  latérale  est  non-seulement 
INUTILE ,  MAIS  MÊME  DANGEREUSE ,  VU  quo  Farticulation  est 
beaucoup  plus  élevée  que  dans  Tespèce  humaine  ;  aussi  la 
GORGE  DE  PouUE  cst-cIle  généralement  plus  profonde ,  afin 
que  le  mouvement  s*y  fasse  plus  régulièrement  dan^  un 
seul  pian. 

Pour  mieux  affermir  le  pied ,  cette  poulie  de  l'astragale 
est  en  outre,  suivant  l'espèce  animale  elle-même ,  pins  ou 
moins  largement  embotlée  sur  les  cêtés  par  l'extrémité  de$ 


CHAPITRS    III.  171 

deux  os  de  ta  jambe ,  creusés  à  cet  effet ,  également  en  pro- 
fonde poulie  concave  ;  de  manière  que  le  déboîtement  est 
très-difficile,  et  de  là  fort  rare,  surtout  chez  les  animaux 
SAOTEtRS ,  qui  sehaient  SANS  GELA  plus  sujets  quc  Ics  autres 
ï  ce  grave  accident. 

Quant  k  la  forme  et  h  la  disposition  des  autres  os  du  tarse, 
elles  sont  fort  différentes  et  très-lrrégulières ,  comme  à  ceux 
du  carpe ,  ces  pièces  ne  devant  produire  par  leurs  mouve- 
ments entre  elles  que  des  inflexions  peu  étendues,  suffisantes 
toutefois  pour  donner  quelque  élasticité  k  cette  partie  du 
pied ,  fort  avantageuse  dans  les  mouvements  de  locomotion  ; 
objet  pour  lequel  une  grande  régularité  de  forme  et  de  rap- 
ports était  au  fond  inutile,  et  même  moins  favorable,  les 
sept  os  du  tarse,  y  compris  celui  du  talon  et  Tastragale, 
chez  les  mammifères  qui  ont  cinq  orteils ,  s*enchevétrant 
mienx ,  par  leur  irrégularité ,  que  s'ils  affectaient  des  formes 
plus  régulières,  ce  qui  leur  permet  moins  de  se  déplacer. 

Ces  mêmes  pièces ,  intimement  unies  entre  elles  par  de 
puissants  ligaments ,  se  touehent  par  des  facettes  articulaires 
mobiles,  baignées  de  synovie,  mais  ne  jouissent  toutefois, 
eômme  an  carpe ,  que  d'mi  mouvement  très-borné  ;  d'où  ne 
résulté  <}u'une  certaine  souplesse,  qui  eontribtie  puissam- 
ment \  amortir  les  secOnsses  que  produit  la  chute  du  corps 
sur  les  pieds ,  li  chaque  bond  que  Tanimal  fkit  en  cou- 
rant, et  adoucit  considérablement  les  mouvements  dans  la 
marche. 

Quant  an  Mitatane ,  répondant  au  Métacarpe  de  la  main , 
dont  il  rappelle  tout  k  fait  la  composition ,  la  forme  et  la 
disposition ,  étant  composé  de  même ,  suivant  Fespèce  de 
Mammifères ,  de  tin  k  dnq  petits  os  longs ,  placés  k  côté  les 
uns  des  autres  comme  les  dents  d^un  peigne,  et  portant 
chacune  k  son  extrémité  un  Orteil ,  appendice  tout  k  fait 
analogue  aux  doigts,  cette  partie  du  pied  ne  pr^ente  en 
elle-même  rien  de  remarquable  qui  n'existe  pas  aussi  k  la 
main ,  k  laquelle  je  renvoie ,  si  ce  n'est  que  le  premier  de 


172  THÉOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

ces  métatarsiens,  et  l'orteil  qa'il  porte ,  prennent  une  autre 
disposition,  n'étant  opposables  que  dans  les  Singes  et  les 
Sarigues. 

Dans  l'espèce  humaine,  le  premier  os  du  métatarse  est 
plus  fort  que  les  autres ,  mais  placé  à  côté  d'eux ,  et  porte  un 
orteil  également  beaucoup  plus  grand  que  les  quatre  externes. 
Cette  différence  est  encore  une  conséquence  naturelle  de 
LA.  FONCTION  DU  PIED,  comme  unique  organe  de  locomo- 
tion. En  effet,  les  pieds  ne  devant  pas,  d'une  part,  servir 
à  la  préhension ,  l'opposabilité  du  premier  orteil  serait  non- 
seulement  inutile,  mais  même  défavorable ,  en  donnant  à  la 
plante  une  mobilité  latérale  qui  diminuerait  sa  force  de 
résistance;  et,  d'autre  part,  chaque  pied  devant  a  son  tour 
servir  exclusivement  de  base  de  sus-station  au  corps ,  il  était 

NÉCESSÀIBE  qu'il  OFFRÎT  POUR  CELA  TOUTE  LA  SOLIDITÉ  POS- 
SIBLE ,  ET  qu'il  fut  le   mieux  CONFORMÉ   POUR  SERVIR  A  LA 

MARCHE  BIPÈDE ,  OU  PLANTIGRADE.  Or,  lorsquc  Ic  piod  s'éteud 
en  arrière  pour  pousser  le  corps  en  avant  et  vers  le  côté 
opposé ,  c'est  principalement  la  partie  interne  de  son  extré- 
mité qui  doit  toucher  le  plus  longtemps  le  sol  ;  d'où  résulte 

QUE  CETTE  PARTIE  DEVAIT  AUSSI  ÊTRE  A  LA  FOIS  LA  PLUS 
ALLONGÉE  ET  LA  PLUS  RÉSISTANTE  ,  GOMME  DEVANT  FAIRE  LE 
DERNIER  EFFORT  A  CHAQUE  PAS;  taudis  que  la  PARTIE  EX- 
TERNE ,  PLUS  MOBILE ,  SE  MOULE  MIEUX  SUR  LES  INÉGALITÉS 
DU  TERRAIN  POUR  ASSURER  LE  PIED.   G'CSt,   COmmO  OU  VOit 

encore  ici,  un  de  ces  innombrables  exemples  ou  la  sa- 
gesse DU  créateur  a  tout  si  PARFArrEMENT  RÉGLÉ,  EN 
MODIFIANT  SIMPLEMENT  LES  PARTIES  d'uN  MÊME  TYPE ,  POUR 
LES  METTRE  PARTOUT  EN  HARMONIE  AVEC  LA  FONCTION  QU'ELLES 
DOIVENT  REMPLIR,  SANS  POUR  CELA  SORTIR  DU  PRINCIPE  GÉ- 
NÉRAL DE  LA  LOI  d'organisation  QU'iL  A  ÉTABLIE  POUR  CHAQUE 

SÉRIE  d'organes  ,  daus  toute  la  chaîne  des  Êtres  que  cette 
loi  embrasse. 

Les  Membres  [lostérieurs  étant  les  analogues  des  anté- 
rieurs, comme  paires  successives;  se  composant  aussi  des 


CHAPITRE   iir.  173 

inémes  parties  en  en  diflTéraDt ,  comme  on  vient  de  voir , 
cependant  notablement,  soit  par  l'effet  de  leur  dégradation 
par  rang,  soit  par  leurs  fonctions. 

En  suivant  leur  analogie,  en  comparant  d'abord  les 
parties  où  elle  est  évidente,  puis  celles  où  elle  devient  plus 
douteuse ,  on  trouve  la  ressemblance  d'autant  plus  grande 
que  les  parties  sont  plus  près  des  extrémités.  Ainsi  les  Or- 
teils sont  exactement  organisés  comme  les  Doigts;  le  Cou- 
de-pied  a  la  plus  grande  ressemblance  avec  la  Palmure  de  la 
main ,  en  offrant  toutefois  déjk  des  différences  très-marquées 
entre  les  parties  formant  la  base,  ou  le  Tarse  et  le  Carpe.  La 
Jambe  l'analogue  de  Y  Avant-bras,  est,  comme  lui ,  formée 
de  deux  os  longs ,  placés  l'un  k  côté  de  l'autre ,  mais  tout  au- 
trement conformés.  La  Cuisse,  qui  représente  le  Bras,  n'a , 
de  même  que  ce  dernier,  qu'un  seul  os  ;  et  enfin  on  arrive  au 
Bassin^  qui  doit  représenter  YÊpaïUe;  mais  ici  la  différence 
est  si  grande  pour  la  forme ,  amenée  par  celle  des  fonctions , 
qa'il  est  fort  difficile  de  trouver  de  l'analogie  entre  leurs  par- 
ties ,  si  ce  n'est  par  leurs  rapports  de  disposition.  C'est  ainsi 
que  l'un  et  l'autre  sont  composés,  en  principe,  de  trois 
grands  os  réunis  au  point  où  s'articule  le  membre  corres- 
pondant. Ce  sont  dans  l'épaule,  Y  Omoplate^  la  Clavicule  et 
rOs  coracoïdten;  celui-ci  rudimentaire  dans  presque  toutes 
les  espèces  de  mammifères,  où  il  ne  forme  qu'une  simple 
apophyse  de  l'omoplate;  mais  très-grand  dans  les  Oiseaux  et 
les  Reptiles  ;  et  Ton  retrouve  même  dans  un  appendice  du 
bord  de  la  cavité  articulaire  de  l'omoplate  du  Chat,  une  pe- 
tite pièce  surnuméraire  qu'on  peut  rapporter  à  l'os  central 
du  bassin  chez  le  même  animal ,  et  dont  il  sera  parlé  plus 
tard. 

Nous  avons  vu  que  le  Bassin  des  Mammifères  se  compo- 
sait de  même  de  trois  grandes  pièces  latérales ,  mais  con- 
stituant des  appendices  des  vertèbres  sacrées,  et,  en  outre, 
fort  différentes  pour  la  forme  des  os  de  l'épaule ,  avec  les* 
quels  elles  n'ont  guère  d'analogie  pour  la  forme.  Le  Pubis 


474  TnioiMiB  I»  u  MATimx. 

et  Y  Ischion  se  4irigeMit  yen  la  ligoe  médiaoe  ventrale,  oè 
ils  ae  rwcootrent  menue ,  paraissent  de  Ik  repréeenter  la 
Clavicule  et  le  Coracoïdien  qui  offrent  la  même  disposi- 
tion ;  d'où  il  résulte  que  l'os  de  la  Banehê ,  dirigé  yen  la 
colonne  vertébrale ,  serait  l'analogne  de  Y  Omoplate. 

Quoique  les  Membres  des  Mammifères  quadrupèdes  se 
composent ,  comme  d'ailleurs  tout  leur  corps ,  des  mêmes 
parties  que  chez  l'homme ,  sauf  les  modifications  qu'ils 
éprouvent  d'une  Famills  k  l'autre ,  par  Teffet  des  diverses 
lois  de  gradation  qu'ils  suivent ,  les  mêmes  parties  offrent 
toutefois  encore ,  outre  cela ,  des  différences  fort  notables, 
conséquences  naturelles  des  fonctions  que  chacune  remplit 
dans  les  diverses  espèces.  La  plus  grande  modification  ré» 
suite  toutefois  des  changements  du  mode  de  locomotion  de 
bipède  en  quadrupède  auquel  les  animaux  arrivât  graduel* 
lement,  comme,  d'ailleurs,  à  tous  les  autres  changements  de 
fonctions  des  organes ,  en  présentant  divers  types ,  oà  ils  of- 
frent, dans  certaines  espèces,  les  conditions  les  plus  favora- 
bles du  mode  spécial  de  locomotion  auquel  ils  sont  destinés. 

Le  premier  de  ces  modes  principaux  de  la  marche  qua- 
drupède est  celui  où  les  Mammifères  cessent  d'appuyer 
toute  la  plante  du  pied  sur  le  sol ,  pour  ne  poser  que  sur  les 
extrémités  dn  métacarpe  et  du  métatarse ,  ainsi  que  par  les 
d(Mgts  et  les  orteils;  marche  qui  reçoit  de  Ik  le  nom  de  Digi- 
tigrad»;  type  le  plus  parfaitement  représenté  par  le  genre 
Chat  j  dont  toute  l'organisation  est  en  même  temps  la  pKis 
riche  en  organes  dans  toute  la  Classe  des  Mamiufèrbs. 

On  conçoit  que  par  cela  même  que  les  animaux  marchent 
k  quatre  pattes ,  les  omoplates ,  qui  doivent  servir  d'appui 
aux  membres  antérieurs ,  ne  purent  plus  être ,  comme  choc 
l'homme,  dirigées  de  côté,  mais  plus  ou  moins  en  dessous. 

Pour  que  ces  derniers  ne  soient  pas  trop  écartés ,  ce  qui 
serait  un  grand  inconvénient  dans  la  marche,  où  chacun 
de  ces  membres  doit  alternativement  supporter  la  charge  du 

corps ,  IL  A  FALLU  QUE  LA  PARTIB  AIfTÉRrBUEE  VU  THORAX  FUT  , 


CIUFITKV  Ul*  175 

contrairement  à  pe  qui  est  chez  Tbomme,  Asa^i  fortimint 
coxPEiMÉs ,  AFIN  QE  {.ES  ftAPPRocsER  pour  doDoer  une  direo* 
lion  presque  verticale  aux  deux  omoplates.  C'est  dans  eetle 
dépression  du  thorax  que  se  loge  tonte  l'épaule  avec  les 
muscles  volumineux  qui  entrent  dans  sa  composition ,  de 
manière  qu'elle  ne  fait  plus  qu'une  légère  saillie  sur  les 
côtes  ;  et  la  clavicule ,  lorsqu'elle  existe ,  conserve ,  du  reste , 
la  même  disposition  que  chez  l'homme ,  en  se  rendant  de 
l'articulation  du  bras  »  transversalement  en  dedans ,  sur  le 
sommet  du  sternum. 

Quant.au  membre  proprement  dit,  qui  devait  être  entiè* 
rement  libre  chez  l'homme  afin  de  pouvoir  se  diriger  de 
tous  côtés,  les  diverses  parties  qui  le  constituent  se  font, 
pour  la  même  raison ,  directement  suite  en  pendant ,  k  l'état 
de  repos,  le  long  du  côté  du  tronc.  Chez  les  quadrupèdes , 
au  contraire ,  ces  membres ,  devant  servir  à  la  locomotion , 
n'avaient  plus  besoin  de  se  mouvoir  que  principalement 
dans  un  seul  sens ,  d'avant  en  arrière  ;  et  fort  peu  vers  les 
côtés,  seulement  pour  faciliter  les  balancements  du  corps 
de  l'un  de  ces  membres  sur  l'autre  pendant  la  marche; 
mouvements  que  le  bras  peut  facilement  exécuter  sans 
s'écarter  sensiblement  du  thorax.  Cette  girconstangb  a 

tERMIS  DE  LE  PLACER ,  EN  GRANDE  PARTIE ,  DAMS  LA  lf<ME 
MASSE  DB  CHAIR  QUE  l' ÉPAULE ,  OU ,  PLUS  SOLIDEMENT  FIXÉ  , 
IL  ACQUIERT ,  PAR  LES  MUSCLES  VIGOUREUX  QUI  L'UNISSENT  A 
CETTE  DERNIÈRE ,  UNE  FORGE  RIEN  SUPÉRIEURE  A  CELLE  Qu'iL 

A  DANS  l'espèce  HUMAINE  ;  ct  c'cst  cu  effet  cette  disposition 
qu'on  remarque  chez  tous  les  mammifères  complètement 
quadrupèdes. 

Si  dans  l'homme  les  cinq  parties  consécutives  du  membre 
ont  dû  se  faire  suite  dans  une  même  direetion ,  cela  ne 

DEVArr  PLUS  ÊTRE  AINSI  CHEZ  LES  QUADRUPÈDES,  OU  CBS 
MEMBRES  REMPLISSENT  DES  FONCTIONS  DIFFÉRENTES  en  Ser- 
vant à  la  locomotion ,  où  ils  doivent  jouir  de  la  faculté  de 
pouvoir  s'allonger  d'une  certaine  quantité ,  afin  de  pouvoir 


i7C  THÀ)LOGn   Dl  LA   NATURE. 

pousser  le  corps  en  avant  dans  la  marche  ;  d*où  leurs  parties 
devaient  faire  à  l'état  de  station  divers  angles  alternatifs 
entre  elles ,  ainsi  que  cela  est  en  effet  ;  disposition  qui  con- 
tribue en  outre  à  donner  une  très-grande  souplesse  aux 
mouvements  ambulatoires.  C'est  ainsi  que  déjk  l'omoplate, 
au  lieu  d'être  dirigée  directement  de  haut  en  bas ,  l'est  au 
contraire  de  haut  en  bas  et  en  avant ,  tandis  que  le  bras  (p  q) 
se  porte  obliquement  d'avant  en  arrière  et  en  bas  ;  l'avant- 
bras  (q  r)  plus  ou  moins  verticalement  en  dessous  ;  et  la 
palmure  (r  s)  est  un  peu  fléchie  en  avant  pour  appuyer  enfin , 
par  son  extrémité ,  sur  les  doigts  fléchis  ($  t) ,  formant  avec 
cette  extrémité  du  métacarpe  la  base  d'appui  sur  le  sol  chez 
les  mammifères,  dits  de  là  digitigrades.  On  conçoit,  par 
l'effet  de  ces  angles  que  les  parties  du  membre  forment 
entre  elles ,  que ,  lorsque  dans  ses  divers  genres  de  locomo- 
tion l'animal  vient  k  tomber  sur  ses  membres  antérieurs , 
les  chocs  se  trouvent  considérablement  adoucis  par  la 
flexion,  qui,  par  ce  choc  même,  a  lieu  dans  toutes  les 
articulations  où  l'élasticité  des  muscles ,  qui  leur  cèdent  en 
partie,  amortit  beaucoup  ces  secousses. 

Par  l'effet  de  sa  disposition  oblique,  le  bras,  au  lieu 
d'être  vertical,  étant  dirigé  fortement  en  arrière,  il  se 
trouve  en  partie  appliqué  contre  le  thorax,  auquel  il  est  lié 
par  les  téguments  qui  les  enveloppent  tous  les  deux,  et 
empêchent  ainsi  le  bras  de  s'écarter  sensiblement  ;  mouve- 
ment inutile  à  des  animaux ,  dont  les. membres  antérieurs  ne 
doivent  servir  qu'à  la  locomotion ,  on  du  moins  k  ne  saisir 
que  des  objets  placés  au  devant  d'eux;  aussi  les  espèces  qui 
jouissent  encore  de  cette  faculté  ont-elles  les  bras  plus  longs, 
plus  dégagés ,  et  moins  fortement  dirigés  en  arrière  que  chez 
celles  où  ces  membres  ne  servent  qu'aux  mouvements  am- 
bulatoires. 

L'Avant -bras,  porté  directement  en  bas,  se  continue 
par  la  palmure,  qui,  dans  l'homme,  se  fléchit  également 
en  avant  et  en  arrière,  conformément  à  sa  fonction;  tandis 


GBAPITRI    m.  177 

qu'elle  ne  jouit  plus,  chez  les  quadrupèdes,  que  de  la  faculté 
de  pouvoir  se  plier  en  arrière ,  et ,  dans  le  sens  opposé ,  elle 
n'atteint  plus  que  la  direction  droite  avec  Favant-bras ,  et 
un  peu  plus  chez  les  espèces  les  plus  souples,  telles  que 
tous  les  digitigrades;  et  même  déjà  chez  les  Singes^  y 
€ompnsY(hang-(mlang eileChimpanzé ,  cette  extension  au 
delk  de  la  direction  droite  est  fort  peu  considérable. 

Enfin,  les  doigts  sont,  chez  tous  les  Mammifères  qua- 
drupèdes, constamment  fléchis  en  avant  pour  former  la 
base  de  sus-station  du  membre ,  k  l'exception  toutefois  des 
Orangs^  qui  ne  marchent  que  rarement  à  quatre  pattes  sur 
le  sol  horizontal. 

Quoique  toutes  les  parties  du  membre  soient  au  fond 
exactement  les  mêmes  que  chez  l'homme ,  modifiées  seu«- 
lement  pour  être  en  harmonie  avec  leurs  nouvelles 

PONCTIONS ,  LES  DIFFÉRENCES  QU'fiLLES  PRÉSENTENT  SONT  , 
DANS  CETTE  INTENTION  MÊME ,  PARTOUT  ADMIRABLEMENT  CAL- 
CULÉES. Nous  avons  vu,  en  parlant  de  l'épaule  de  l'homme, 
que  l'omoplate  était  principalement  unie  au  thorax  par 
le  muscle  Grand-dentelé ,  qui ,  en  forme  de  large  lame , 
en  éventail  tronqué  au  sommet ,  s'attache  par  le  petit  côté  au 
bord  dorsal  de  l'omoplate,  et,  par  sou  côté  opposé,  au 
moyen  de  neuf  digitations,  à  la  partie  latérale  du  thorax, 
et  sert  principalement  k  porter  l'omoplate  en  dehors ,  en  la 
faisant  glisser  k  plat  sur  les  côtes. 

Dans  les  quadrupèdes,  cette  forme  et  cette  disposition 
deviennent  bien  plus  importantes,  et  y  montrent  le  véri- 
table BUT  DANS  LEQUEL  CES  MUSCLES  ONT  ÉTÉ  ÉTABLIS  AINSI. 

Le  corps  de  l'animal ,  étant  posé  en  avant  sur  les  membres 
antérieurs,  appuie  sur  ces  deux  muscles  comme  sur  une 
large  sangle  soutenue  par  ces  derniers,  formant  deux 
piliers  entre  lesquels  il  est  suspendu.  Par  ce  mode  si 
INGÉNIEUX  d'appui ,  le  corps  a  non-seulement  une  grande 
solidité  sur  ces  membres,  mais  les  secousses  qu'il  peut 
éprouver  dans  les  mouvements  de  locomotion  saccadée,  tels 
1.  1? 


178  TBÉOLOGOI  91  tA  MATURl. 

que  le  trot ,  lô  galop  »  et  surtout  le  saut ,  où  ranimai  tombe 
de  tout  sou  poids  sur  ses  pieds,  sont  gonsidérablbhent 
AMORTIS  PAH  l'élastigité  DE  CES  MUSCLES»  que  Taiiimal 
contracte  préalablement  dans  cette  intention,  et  qu'il  ne 
relâche  qu'en  cédant  à  la  force  du  choc.  Ontre  cette  fonction, 
en  quelque  sorte  passive,  les  muscles  grands-dentelés  ont 
encore  celle  de  soulever  le  corps  lorsqu'il  est  appuyé  sur  les 
deux  membres,  ou  d'abaisser  l'un  de  ceux-ci  lorsque  le 
corps  n'appuie  que  sur  celui  du  côté  opposé ,  et  enfin  ilscon* 
tribuent  efficacement  aux  mouvements  de  l'omoplate ,  en  la 
faisant  tourner  sur  son  plat ,  selon  la  partie  du  muscle  qui  se 
contracte,  et  agissent  ainsi  très-activement  dans  la  marche. 

Chez  beaucoup  de  mammifères ,  et  spécialement  dans  le 
Chatf  le  muscle  grand-dentelé  est  même  pour  cet  effet 
beaucoup  plus  large  que  chez  l'homme,  s'étendant  par  ses 
digitalions  tout  le  long  du  cou,  en  les  fixant  aux  apophyses 
transverses  des  vertèbres  de  ce  dernier. 

Par  ce  moyen ,  ce  muscle  n'acquiert  pas  seulement  une 
plus  grande  puissance ,  mais  il  agit  aussi  sur  lb  gou  qu'il 

CONTRIBUE    puissamment   A    MAINTENIR   RELEVÉ,    EN    AIDANT 
ainsi  a  soutenir  MÊME  LA  TÊTE. 

Quant  aux  autres  muscles  moteurs  de  l'omoplate ,  ils  sont 
également  en  grande  partie  les  mêmes  que  dans  l'espèce 
humaine,  quoique  souvent  modifiés  dans  leur  forme  et  leur 
disposition  ;  toujours  conformément  a  la  nouvelle  ponc- 
tion DES  membres. 

L'apophyse  acromion ,  si  forte  chez  l'homme ,  où  elfe  sert 
de  point  d'articulation  à  la  clavicule ,  et  de  principal  appui 
de  bas  en  haut  à  la  tète  de  l'os  du  bras,  disparaît  gra- 
duellement chez  les  mammifères  quadrupèdes  à  mesure  que 
ces  usages  cessent  de  plus  en  plus.  Chez  tous ,  la  cavité  arti- 
culaire de  l'omoplate  se  trouvant  au-dessus  de  la  tête  de  l'os 
du  bras ,  c'est  contre  elle  que  cette  dernière  appuie  dans  la 
marche  et  la  station,  et  l'acromion,  devenue  de  là  sans 
usage,  se  réduit  à  un  simple  prolongement  épineux,  suflt» 


ÇHAVITM   III.  i79 

I90t  pour  servir  4  Tarticulation  de  la  clayicule  lorsque  celle^ 
ci  existe  ;  et  là  oti  ce  dernier  os  manque,  Tapophyse  acromion 
disparaît  aussi  en  entier ,  comme  subordonné  a  l'existaMe 
de  cette  même  clavicule. 

Les  muscles  extenseurs  du  bras ,  ayant  chez  la  plupart  des 
mammifères  quadrupèdes  des  efforts  beaucoup  plus  grands 
à  faire  que  les  fléchisseurs»  et  surtout  les  abducteurs,  ont 

aussi,   CONFORMÉMENT    A   CETTE   FONCTION,    REÇU    UN    PLUS 
fiRÀNB  DÉVELOPPEMENT  QUE  DANS  L'ROMMS.    Lo  Br^S  étant 

plus  OU  moins  fortement  dirigé  en  arrière ,  et  se  trouvant 
contenu  dans  sa  partie  supérieure  dans  la  masse  de  chair  de 
Tépaule,  on  conçoit  que,  d'une  part,  les  muscles  fléchis- 
seurs en  arrière  du  bras,  qui  tendent  k  relever  le  coude, 
n'ont  jamais  qu'un  assez  faible  efiort  à  faire,  si  ce  n*est  ches 
les  fouisseurs  et  les  grimpeurs ,  où  ils  sont  en  effet  encore 
assez  puissants.  Quant  aux.  abducteurs ,  qui  doivent  princi- 
palement agir  pour  soutenir  le  poids  du  corps  au  moment 
où  l'animal  ne  pose  que  sur  Tun  de  ses  membres  antérieurs  ; 
cette  action  est  encore  assez  faible,  vu  que  la  partie  supé- 
rieure du  bras  étant  appuyée  contre  le  thorax ,  le  membre  ne 
peut  que  faiblement  fléchie  en  dedans.  Enfin  les  muscles 
Pectoraux <,  qui  rapprochent  le  bras  du  corps,  sont  au  con^ 
traire  fort  puissants ,  ayant  à  s*opposer  à  Técartement  trop 
fort  du  bras,  qui  pourrait  avoir  lieu  par  accident  dans  la 
marche  et  la  course.  Ces  mêmes  muscles  d'ailleurs ,  tout  en 
«'insérant  k  Tos  du  bras,  agissent  sur  ce  dernier  plus  parti- 
eulièrement  comme  rétraoteurs  de  l'épaule  ;  action  dans  la- 
quelle ils  ont  surtout  les  plus  grands  efforts  à  produire ,  soit 
dans  la  marche  ou  la  course ,  soit  dans  l'action  de  fouir  ou 
de  grimper,  où  ils  sont  puissamment  seeondés  par  le  mus- 
de  grand -dorsal,  et  tous  les  extenseurs  du  bras,  qui,  en 
agrandissant  l'angle  que  le  bras  fait  avec  l'axe  de  l'omoplate , 
tendent  \  porter  Texlrémité  inférieure  de  eelle-d  en  arrière. 
Enfin  le  muscle  Dwr^o-'CucuUaxre  (portion  dorsale  du  cu<* 
cuUaire  ou  trapèze  de  rhomme),  formant  un  mosde  k  part 


48<^  THÉOLOGIE   DV   LA   HATURt. 

dans  le  Chat ,  tire  Tomoplate  en  arrière  et  en  haut  par  son 
angle  supra-postérieur;  et  en  combinant  son  action  avec 
eelle  de  la  partie  antérieure  du  grand-dentelé,  qui  tire 
Tangle  antéro-supérieur  en  bas ,  Tomoplate  exécute  par  Ik 
une  rotation  sur  son  plat,  par  laquelle  son  extrémité  infé- 
rieure est  portée  en  arrière. 

Quant  au  mécanisme  de  Tarticulation  du  coude,  il  est 
chez  tous  les  mammifères  k  peu  près  le  même  que  dans 
rbomme,  si  ce  n'est  que  Tapopbyse,  formant  la  saillie  du 
coude ,  est  d'autant  plus  longue  que  les  animaux  ont  des 
EFFORTS  PLUS  GRANDS  A  FAIRE  daus  l'exteusion  de  leur  avant- 
bras,  comme  chez  les  fouisseurs  et  les  sauteurs. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  rapports  qui  existent 
entre  les  deux  os  même  de  l'avant-bras.  Nous  avons  vu  que, 
chez  l'homme,  dont  la  main  doit  jouir  de  la  faculté  de 
pouvoir  facilement  tourner  sur  elle  même  pour  placer  la 
paume  en  dessus  ou  en  dessous,  cette  torsion  de  l'avant-bras 
pouvait  aller  un  peu  au  delà  d'un  demi-tour;  dans  le  Chat , 
ïi  un  quart  de  tour  seulement;  à  moins  encore  chez  les  autres 
digitigrades ,  où  ces  os ,  naturellement  croisés  très-oblique- 
ment ,  se  rapprochant  de  plus  en  plus ,  sont  à  la  fin  appliqués 
l'un  sur  l'autre ,  dans  le  Lapin,  etc. ,  en  perdant  toute  mo- 
bilité entre  eux,  et  finissent  par  se  souder  chez  les  Chevaux 
et  les  Ruminants  ;  au  point  même  que  le  cubitus ,  se  réduisant 
au  milieu  de  sa  longueur  à  un  simple  filet  longeant  le  radius , 
finit  par  disparaître  en  partie  ;  aussi  les  membres  antérieurs 
de  ces  derniers  animaux  ne  servent-ils  plus  qu'exclusivement 
à  la  locomotion. 

La  partie  terminale  du  membre  antérieur,  qui  devient 
de  plus  en  plus  semblable  par  sa  dégradation  à  celle  des 
postérieurs,  offre  par  Ik  des  différences  d'autant  plus 
grandes  avec  l'homme ,  que  les  espèces  s'éloignent  davantage 
de  ce  dernier  dans  la  série  animale,  et  toujours  suivant  le 
mode  spécial  de  locomotion  des  animaux ,  et  le  genre  de 
VIE  QUI  LEGR  A  ÉTÉ  PRESCRIT;  modificatious ,  qui ,  considé- 


GHAPrmB  m.  ISi 

rées  comme  résultat  de  la  dégradation  que  les  membres 
subissent  graduellement  en  changeant  de  fonction,  per- 
mettent au  Naturaliste  de  déterminer  non-seulement  les 
MOTIFS  QLi  LES  ONT  FAIT  ÉTABLIR,  mais  dussî  de  découvrir  les 
lois  de  relation  qui  existent  entre  la  forme  de  ces  membres 
et  d'autres  organes,  ou  même  des  objets  extérieurs,  avec 
la  nature  desquels  les  membres  doivent  être  en  harmonie  ; 
rapports  qui  ne  manquent  pas  d*être  du  plus  grand  intérêt 
dans  rétude  des  Êtres  organisés  ;  et  ces  considérations  ne 
s'appliquent  pas  exclusivement,  du  reste,  k  la  conformation 
des  membres ,  mais  bien  k  toutes  les  parties  de  l'organisme 
animal ,  toutes  liées  entre  elles  par  des  conditions  d'existence 
de  l'ensemble  constituant  un  Être  vivant. 

Nous  avons  vu  que  la  main  de  l'homme  était  formée  de 
deux  parties  consécutives,  la  portion  élargie  ou  la  palmure, 
et  ses  appendices  ou  doigts.  Dans  les  mammifères  quadru- 
pèdes ,  ces  deux  parties  se  retrouvent  de  même  avec  leurs 
caractères  généraux,  mais  en  différant  notablement  dans  les 
détails.  Destinée  k  servir  à  la  locomotion ,  la  main  cesse  de 
pouvoir  se  fléchir  en  avant,  au  delà  de  la  direction  droite 
avec  l'avant-bras,  afin  qu*en  s'ajoutant  k  ce  dernier  elle 
serve  à  élever  davantage  l'animal  en  avant ,  et  k  former  une 
articulation  de  plus  dans  le  membre ,  qui  contribue  k  rendre 
les  mouvements  progressifs  plus  faciles,  et  surtout  plus 
souples;  modification  qui  a  déjk  lieu  chez  les  Singes^  les 
plus  rapprochés  de  l'espèce  humaine,  en  même  temps  que  les 
mouvements  latéraux  de  la  main  sont  plus  bornés,  sont  déjk 
à  peine  sensibles  chez  les  vrais  quadrupèdes  digitigrades , 
et  absolument  impossibles  dans  les  unguligrades ,  où  ces 
membres  arrivent  au  degré  le  plus  parfait  d'organes  loco- 
moteurs. 

Dans  les  digitigrades,  l'extension  de  la  main  (flexion  en 
avant)  va  cependant  encore  un  peu  au  deik  de  la  direction 
droite,  de  manière  que  dans  la  station,  le  poids  du  corps 
portant  en  avant  sur  les  membres  antérieurs,  et,  dans  la 


iM  THiOLMn  Ml  LA  IIATURB. 

progressioii ,  alternativeoiêtii  sur  un  seul ,  la  moindre  exten- 
sion ad  deik  de  la  direction  droite  de  la  palmure,  faisant  que 
Tavant-bras  porte  k  faui  sur  la  main ,  ce  poids  tend  k  faire 
fléchir  celle-ci  encore  plus  fortement  dans  cette  direction , 
d'où  pourrait  même  résulter  la  rupture  des  ligaments  qui 
8*y  opposent,  s*ils  n'étaient  suffisamment  forts  pour  résister 
k  cette  grande  puissance ,  surtout  pendant  la  course  el  le 
saut ,  où  tout  le  poids  du  corps  vient  k  chaque  bond  tomber 
tout  k  coup  sur  les  membres  antérieurs.  Or  cette  cause  de 
luxation ,  qui  se  renouvelle  souvent ,  à  été  PAtiPAtTEMENT 

I^RÉVUE ,  ET  CE  FUNESTE  ACCIDENT  t^RÉVBNU  nOU-SCUlement 

par  des  ligaments  très*-vigoureux  qui  entourent  cette  articu- 
lation ,  mais  principalement  par  la  disposition  des  muscles 
fléchisseurs  de  la  main  et  des  doigto.  Cela  est  surtout  remar- 
quable chez  les  espèces  dont  la  main  a  dû  conserver  encore 
une  grande  souplesse  de  mouvement,  telles  que  dans  tons  les 
Mammifères  sauteurs ,  où  le  carpe  s^étend  même  beaucoup 
au  deIk  de  la  direction  droite ,  pour  trouver  dans  cette  obli- 
quité de  direction  une  cause  d'élasticité  dans  le  saut,  et  qui 
contribue  beaucoup  k  cette  grâce  et  k  cette  souplesse  de 
mouvements  qu'on  remarque  dans  la  marche ,  la  course  et 
les  sauts  des  espèces  du  genre  Chaî,  tels  que  le  JLîon,  le 
Tigre  et  la  Panthère. 

Le  poids  du  corps  tendant  k  rendre  Tettension  de  h 
palmure  plus  forte ,  celle-ci  cède  bien  un  peu  par  Teflet  de 
cette  obliquité ,  mais  elle  est  limitée  surtout  par  les  efforts  des 
muscles  fléchisseurs  de  la  main  et  des  doigts ,  dont  je  viens 
de  parler,  qui  s'y  opposent,  et  spécialement  par  YVlnaris^ 
dont  le  tendon  s'insère  au  sommet  de  l'os  pisiforme  du 
carpe  ;  formant ,  dans  ce  but,  un  bras  de  levier  plus  long 
que  chez  l'homme ,  perpendiculaire  k  la  face  postérieure  du 
carpe  ;  os  lui-même  maintenu  en  position  contre  la  très- 
forte  traction  de  ce  muscle,  par  deux  ligaments  fort  vigou- 
reux, dirigés  de  son  sommet  obliquement  en  bas  et  en 
avant,  pour  s'insérer  k  la  face  postérieure  des  deux  os 


CHAPITRE  ni.  183 

méticarpiens  externes.  Cbtte  rbmabquablie  disposition  dé 

CBT  06 ,  DU  MUSCLE  ET  DES  DEUX  LlOAMENTS  rappelle  tOat  k 

fait  celle  des  chaînes  des  ponts  suspendus ,  passant  sur  les 
piliers,  par  laquelle  une  force  «  agissant  daâs  un  sens 
vertical,  est  détruite  par  une  traction  horizontale,  et  par 
Teffet  de  la  mobilité  des  parties  formant  la  chaîne,  la 
iraction  du  muscle  ulnaris,  qui  tend  à  faire  fléchir  le 
pisîforme  vers  le  haul^  les  deux  ligaments  qui  s'y  opposent 
agissent  à  leur  extrémité  inférieure 'sur  les  deux  os  métacar- 
piens ,  qui  seraient  disposés  par  ISi  k  fléchir  en  arrière ,  mais 
•ont  en  partie  retenus  par  leur  appui  sur  le  sol ,  et  en  partie 
par  leurs  ligaments  antérieurs  du  carpe. 

Cette  même  disposition  dans  l'articulation  de  la  main 
avec  Tavant-bras  se  retrouve  bien  chez  tous  les  Mammifères, 
nais  avec  des  notodiflcations  plus  ou  moins  grandes ,  selob 
LB  BESOIN.  Dans  Y  Homme  f  le  pilier  que  forme  le  pisiforme 
est  ainsi  beaucoup  moins  saillant  que  dans  le  genre  Chat,  la 
main  n'ayant  pas  à  agir  avec  autant  de  force  dans  sa  flexion. 
On  la  trouve  aussi  chez  les  animaux  unguligrades ,  dont  les 
BBenbres  antérieurs,  ne  servant  exclusivement  qu'à  là 
locomotion ,  ont  besoin ,  pour  cela ,  d'une  grande  fixité  dans 
Tarticulation  de  la  main;  fixité  qu'ils  trouvent,  d'une  part, 
dans  la  non-exieusibilité  de  cette  dernière  au  delk  de  la 
direction  droite;  et,  d'autre  part,  dans  le  renflement  plus 
grand  des  tètes  des  os  formant  cette  articulation;  d'où 
fémlte  Honnieulement  «ne  plus  grande  étendue  en  tous 
sens  des  points  d'appui  de  l'avant-bras,  mais  aussi  plus 
de  longueur  du  bras  de  levier ,  sur  lequel  agissent  tous  les 
fli«scles  fléchisseurs  de  la  main  ;  levier  formé  par  le  demi- 
diamètre  de  ce  renflement,  auquel  s'ajoute  la  longueur  de  l'os 
pisiforme,  qui  est  tOHtefois  proportionnellement  moindre 
que  dans  les  Mammifères  digitigrades  sauteurs.  C'est-h-dire 

que  PlBTOtT  LE  MOYEN  EST  ADMIBABLEMENT  CALCULÉ  SELON 

LE  BBsoiN  ;  et  chez  tous  ces  animaux ,  ces  moyens  méca- 
niques sont  secondés  par  de  nombreux  et  puissants  ligaments 


IS4  THÎ0L06IK  rat  LA  HATURK. 

spéciaux  unissant  postérieurement  les  osselets  du  carfie 
entre  eux,  aussi  bien  qu'aux  métacarpiens,  de  manière  ^  ne 
laisser  dans  leurs  articulations  presque  aucune  possibilité 
de  luxation  ou  de  rupture. 

J*ai  déjk  dit,  en  parlant  de  la  main  de  Thomme,  que  le 
métacarpe  se  composait,  chez  les  Mammifères,  suivant  les 
espèces ,  de  un  k  cinq  petits  os  longs  placés  il  côté  les  uns 
des  autres,  et  portant  chacun  un  doigt.  En  examinant  la 
marche  de  gradation  que  suivent  ces  derniers ,  ainsi  que  les 
orteils,  j'ai  découvert  la  loi  d'après  laquelle  ces  appendices 
de  la  main  et  du  pied  disparaissent  dans  la  Classe  des 
Mammifères;  loi  que  j'ai  déjà  fait  connaître  dans  mon 
Traité  théoriqw  et  pratique  d'anatomie  comparative ,  et  à 
laquelle  je  n'ai  trouvé  aucune  exception,  quoiqu'il  m'ait 
été  impossible  d'en  reconnaître  la  raison  déterminante. 
D'après  cette  loi,  le  premier  doigt,  ou  le  premier  orteil  qui 
disparaît  est  toujours  l'interne  ou  le  Pouce  ;  le  second  est  le 
cinquième  ou  l'externe,  puis  le  second,  et  enfin  le  qua-- 
triéme  ;  de  manière  que  Ik  où  il  n'y  en  a  plus  qu'un  seul , 
comme  dans  le  Cheval,  c'est  constamment  l'analogue  du 
troisième  qui  persiste;  c'est-à-dire,  qu'ils  disparaissent  al- 
ternativement au  bord  interne  et  au  bord  externe  de  la 
main  et  du  pied  :  Chez  les  Oiseaux  et  les  Reptiles  ,  le  nom- 
bre de  doigts  et  des  orteils  étant  aussi  de  cinq  au  plus,  et 
disparaissant  jusqu'au  nombre  de  deux;  la  loi  de  cette 
disparition  n'est  toutefois  pas  la  même  que  dans  les  Mam- 
mifères ,  ainsi  que  je  le  ferai  voir  en  parlant  de  la  compo- 
sition du  corps  de  ces  animaux. 

Lorsque  des  doigts  ou  des  orteils  manquent  chez  les  Mam- 
mifères ,  leurs  métacarpiens  et  leurs  métatarsiens  respectifs 
existent  toutefois  encore  jusqu'au  second  degré  suivant,  sons 
forme  de  rudiments  cachés  dans  les  chairs  :  c'est-à-dire  que , 
lorsqu'il  y  a  quatre  ou  trois  doigts ,  ou  orteils ,  les  os  méta- 
carpien et  métatarsien  des  deux  autres  se  retrouvent  encore 
à  leurs  places  respectives.  Quand  il  en  manque  au  contraire 


CBAPITRS    III.  185 

trois,  celui  do  premier  qui  a  d*abord  disparu  manque  seul 
complètement;  tandis  que  ceux  du  second  et  du  cinquième 
ont  tons  encore  un  rudiment  sous  la  peau.  Enfin  ciiez  les 
espèces  qui  n*ont  qu*un  seul  doigt ,  ou  un  seul  orteil ,  le  mé- 
tacarpien et  le  métatarsien  du  cinquième  disparait  égale- 
ment tout  à  fait ,  et  ceux  du  second  et  du  quatrième  per- 
sistent. Il  résulte  de  ce  fait  qu  il  n'existe  jamais  de  chaque 
côté  qu'un  seul  métacarpien  ou  métatarsien  rudimen taire. 

11  est  fort  remarquable  que ,  bien  que  la  main  de 
VHomme  soit  d*une  composition  plus  simple  que  celle  du 
Chat 9  même  pour  les  muscles,  qui  y  sont  moins  nom- 
breux ;  et  que  plusieurs  de  ses  parties ,  et  surtout  les  liga- 
ments, soient  bien  plus  confondus  et  presque  inextri- 
cables ,  l'homme  puisse  cependant  parvenir  à  exécuter  avec 
ses  doigts  des  mouvements  d'une  rapidité  et  d'une  précision 
étonnante  ;  mais  il  faut  le  dire,  ce  n'est  jamais  que  par 
l'effet  d'un  très-grand  exercice  longtemps  continué ,  qu'il 
arrive  k  ce  résultat,  et  non  parce  que  c'est  chez  lui  une 
faculté  naturelle  innée ,  comme  elle  l'est  chez  les  animaux. 
C'est-à-dire  que  cette  faculté  est  chez  l'homme  artificielle- 
ment acquise  à  l'aide  de  l'intelligence  ;  tandis  qu'il  est  na- 
turellement peu  agile ,  et  même  fort  maladroit.  C'est  ainsi 
que  le  pianiste  peut  parvenir  à  exécuter  avec  ses  doigts  des 
mouvements  de  quadruples  croches ,  dans  un  temps  où  des 
personnes  non  musiciennes ,  mais  du  reste  aussi  fort  agiles 
en  autres  choses,  ne  pourraient  guère  faire  des  croches 
simples  ;  tandis  que  les  mouvements  de  la  main  du  Chat  sont 
au  contraire  chez  tous  d'une  promptitude  extraordinaire, 
et  encore  aucunement  comparables  sous  le  rapport  de  la 
rapidité  aux  battements  des  ailes  des  Oiseaux ,  et  surtout 
des  Insectes,  dont  il  sera  parlé  plus  tard. 

Pour  obtenir  cette  extrême  agilité  de  mouvements  dans  la 
main  du  Chat ,  aucun  moyen  qui  puisse  y  contribuer  n'a 
été  oublié  ;  aussi  ne  peut-on  rien  voir  de  mieux  organisé 
que  cet  admirable  appareil  servant  à  la  fois  à  la  locomotion 


IM  THÀ)LQ«1S  DB  LA  HaTURI. 

et  k  la  préhension  ;  appareil  dont  la  main  de  rhomme  est 
loin  d'approcher ,  pour  le  nombre  et  la  netteté  des  organes 
qui  la  composent,  quoique  la  plupart  y  trouvent  leurs  ana» 
logues.  C'est  dans  cette  partie  des  membres  des  animaux  da 
genre  Chat  qu*il  faut  voir,  en  effet ,  avec  qcel  soin  k  la 

POIS  SAVANT  ET  MINUTIEUX  TOUT  A  ÉTÉ  PRÉVU  ET  GALGUlJ 
JUSQUE  DANS  SES  EXTRÊMES  DÉTAILS  POUR  l'aPPROPRUBR  LI 
PLUS  PARFAITEMENT  A  LA  VIE   DE  CHASSEURS  de  CCS  élégaUtS 

animaux,  qui  devaient,  pour  cela,  jouir  de  la  plus  grande 
prestesse  de  mouvements ,  afin  de  pouvoir  saisir  mainlefois 
au  vol  les  oiseaux  qui  deviennent  leur  proie  ;  tandis  que 
la  main  de  Thomme  est  plutôt  faite  pour  empoigner  avec 
force  tant  les  petits  que  les  grands  objets,  et  n'a,  slli 

AUSSI ,  REÇU  DE  LA  PrOVIDBNGB  ,  QUE  IU8TE  CE  QUI  tUI  VAUT 
POUR  SUFFIRE  AUX  FONCTIORS  QU'eLLE  DOIT  EXERCER. 

Cette  contradiction  apparente  qui  existe  îd  oitre  les  dent 
conditions  organiques  de  Thomme,  et  le  chat,  noos  montre 
avec  quelle  sagesse  et  quelle  haute  vue  scientifiqijb  le 
Créateur  a  doté  chaque  Être  des  facultés  DONt  il  a 

BESOIN  POUR  LE   GENRE  DE   VIE   QU'iL  LUI  A  PRESCRfr ,   «ANi 

LUI  EN  ACCORDER  d' INUTILES.  Eu  offet^  puisque  l'homme 

A  été  DESTINÉ  A  LA  VIE  SOCIALE  ET  A  LA  CIVILISATION ,  dlljeti 

pour  lesquels  il  a  reçu  sa  haute  intelligence  ;  une  foule  d'oi^ 
ganes  et  même  plusieurs  facultés  lui  ont  toutefois  été  réh^ 
sées ,  soit  parce  qu'il  peut  y  suppléer  par  d'aMtres ,  on  par 
des  moyens  que  lui  suggère  sa  raison,  soit  que  ces  fiaoollés 
lui  eussent  été  défavorables ,  soit  enfin  par  toutes  ces  canses 
réunies.  C'est  ainsi  que  cette  grande  souplesse  de  meuve* 
ments  dont  jouissent  les  Mammifères  chasseurs ,  pour  at- 
teindre,  combattre  et  vaincre  leur  proie,  manque  à  l'homme, 
d'une  part,  comme  lui  étant  en  ce  sens  inutile,  qu'il 
peut  se  procurer  tout  ce  dont  il  a  besoin  par  dés  moyens 
industriels;  d'autre  part,  cette  même  souplesse  lui  eût  été 
nuisible,  comme  ne  permettant  pas  une  fixité  suffisante 
des  diverses  parties  de  son  corps ,  dans  son  attitude  et  sa 


CHAnniB  m.  i9l 

marebe  bipède  dont  il  présente  le  type,  et  pour  lesquelles  il 
a  plutôt  besoin  d'une  grande  force  dans  les  reins ,  afin  de 
pouvoir  exécuter  les  efforts  variés  auxquels  il  est  obligé 
dans  les  travaux  qu*il  a  à  faire  par  l'effet  de  son  industrie» 
conséquence  de  sa  raison.  D'autre  part,  si  cette  même 
flexibilité  permet  aux  mammifères  supérieurs  de  porter 
leur  bouche  ou  leurs  pattes  sur  toutes  les  parties  de  leur 
corps  pour  se  soulager  de  quelque  douleur  qu'ils  y  res* 
sentent ,  la  forme  et  la  disposition  des  membres  antérieurs 
de  Thomme  lui  permettent  d'y  suppléer  parfaitement.  De 
même  encore  tous  les  Mammifères ,  îi  l'exception  de  l'espèce 
humaine,  ont,  entre  autres,  été  pourvus  d'un  grand  muscle 
membraneux  placé  immédiatement  sous  le^  téguments,  et 
qui  fixé,  d'une  part,  au  milieu  de  l'os  du  bras,  étale  en 
partant  de  là  ses  fibres  sur  tout  le  tronc,  depuis  les  épaules 
josqu'h  la  queue  ;  en  insérant  l'extrémité  de  ses  innom- 
brables fibres,  à  tons  les  points  de  la  peau,  que  ce  muscle 
sert  à  con  tracter,  soit  en  tout,  soit  en  partie.  C'est  au  moyen 
de  ce  muscle  que  les  animaux  secouent  violemment  leur 
peau ,  pour  chasser  de  leur  poil  l'eau  qui  les  mouillent ,  ou 
bien  les  insectes  qui  les  incommodent,  en  ne  contractant 
la  peau  que  partiellement  ;  tandis  que  chez  l'homme  cet 
immense  muscle  n'existe  pas  du  tout,  comme  lui  étant 
inutile  ^  pouvant  également  suppléer  k  ses  fonctions  «  soit 
par  les  mains,  soit  par  son  industrie.  Enfin,  ses  mains 
devant  lui  prêter  les  plus  éminents  secours  pour  l'exécution 
des  déterminations  qu'il  prend  par  son  intelligence ,  cela 
semble  exiger  qu'elles  doivent  pouvoir  se  mouvoir  avec  une 
extrême  facilité ,  et  la  plus  grande  précision  dans  chacune 
de  ses  parties;  mais  les  facultés  de  ces  admirables  or- 
ganes n'avaient  cependant  pas  besoin ,  pour  cela ,  d'être  ni 
si  variées  ni  si  promptes  que  dans  le  chat  et  ses  congénères, 
animaux  pour  lesquels  les  pattes  sont  presque  tout.  Aussi 
trouvons-nous  dans  les  mains  de  l'homme,  non-seulement 
moins  d'organes,  tels  que  des  os,  des  ligaments  et  des 


188  THÉOLOGIE  DB  LA  NATURB. 

muscles ,  mais  encore  moins  d'isolement  et  de  netteté  entre 
toutes  ces  parties;  et  même  certaines  espèces  d*organe8 
d*une  nature  spéciale ,  telles  que  les  ligaments  élastiques  qui 
manquent  complètement  comme  inutiles;  tandis  qu'au  con- 
traire on  les  trouve  dans  les  pattes  du  chat  avec  des  fonctions 
admirablement  établies.  Il  existe  d'ailleurs  aussi ,  dans  la 
main  du  chat,  un  osselet  de  plus  au  carpe  que  dans  celle  de 
l'homme  ;  osselet  que  j'ai  le  premier  décrit  sous  le  nom  de 
Phacoide  placé  en  dedans  à  la  base  du  premier  os  méta- 
carpien . 

Le  Métacarpe  se  compose  de  même  de  cinq  os  longs 
portant  chacun  un  Doigt  j  avec  cette  différence  toutefois  que 
la  main  ne  devant  plus  servir  exclusivement  ^  manier  les 
objets,  mais  simplement  k  les  saisir  et  plus  particulièrement 
à  la  locomotion ,  elle  présente  déjk  sous  le  rapport  de  sa 
fonction  primitive  dans  l'espèce  humaine,  placée  k  l'extré- 
mité la  plus  élevée  de  la  Classe,  un  premier  degré  de  dégra- 
dation et  de  modification  de  fonctions  dans  les  digitigrades  » 
pour  arriver  plus  loin  chez  les  Rumimants  elles  Solipèdes  au 
type  parfait  d'organes  de  locomotion  et  de  station  ;  mais  ce 
premier  degré  de  modification  n'exclut  pas  nécessairement 
l'agilité. 

A  ce  même  degré  de  dégradation  de  la  main,  comme 
organe  de  préhension,  le  pouce,  qui  doit  disparaître  le 
premier  des  cinq  doigts,  est  déjk  plus  court  et  plus  relevé 
que  dans  l'homme  et  les  singes,  ne  touchant  même  plus 
sur  le  sol  dans  la  locomotion ,  en  même  temps  qnW  n'est 
surtout  plus  opposable  aux  autres  doigts,  pour  former  avec 
eux  cette  puissante  pince  avec  laquelle  ces  espèces  supé- 
rieures empoignent  si  fortement  les  objets. 

Les  autres  Métacarpiens,  ainsi  que  les  quatre  doigts 
externes  qu'ils  portent,  devant  servir  à  appuyer  ^ur  le  sol, 
conservent  au  contraire  leur  longueur  respective,  comme 
dans  l'espèce  humaine ,  oii  cette  longueur  et  la  grosseur 
indiquent  déjà  Tordre  dans  lequel  ils  doivent  successivement 


GHAmmi  ni*  189 

disparaître  dans  la  série  des  Mammifères.  Maïs,  comme 
organes  de  locomotion ,  les  doigts  offrent  au  contraire  une 
complication  très-remarquable  de  plus  que  chez  Thomme, 
où  les  mains  ne  servent  pas  k  cette  fonction.  Les  Phalanges 
sont  k  peu  près  dans  les  mêmes  conditions,  si  ce  n'est 
la  troisième  qui  prend  chez  les  espèces  du  genre  Chai^ 
ainsi  que  dans  quelques  autres  genres  voisins  à  angles 
rétractiles,  une  forme  et  une  disposition  particulières,  en 

RAPPORT    AVEC    LA    FONCTION    SPÉCIALE    QUE    LA   MAIN    DOIT 

ftBMPLm  CHEZ  CES  ANIMAUX,  OÙ  elle  scrt  essentiellement  à 
combattre  et  k  saisir  la  proie.  Cette  phalange  terminale 
arrive  ici  au  type  de  sa  perfection ,  formant  au  lieu  d*un 
osselet  à  peu  près  cylindrique  à  extrémité  émoussée  comme 
dans  rhomme,  au  contraire  un  crochet  aigu,  garni  d*un 
ongle  également  très-crochu  et  fort  acéré  ou  Griffe,  avec 
lequel  Tanimal  saisit  et  déchire.  Hais  il  n*a  pas  suffi  de 
POURVOIR  ainsi  les  animaux  chasseurs  d*armes  aussi  parfai- 
faitement  propres  au  combat,  il  a  fallu  aussi  que  les  griffes 
pussent  conserver  facilement  leur  tranchant,  afin  de  servir 
toujours  efficacement  k  cet  usage;  et  pour  cela  rien  n*est 
AUSSI  ingénieux  ni  aussi  beau  que  l'arrangement  et  la 
composition  des  parties  qui  contribuent  a  ce  résultat. 

Dans  cet  animal,  Tongle  arrive  à  son  plus  grand  point  de 
perfection,  après  avoir  déjà  passé  par  plusieurs  degrés  inter- 
médiaires de  transition  que  présentent  les  autres  Mammi- 
fères. Au  lieu  de  ne  former,  comme  dans  Thomme  et  les 
singes  •  qu  une  simple  plaque  revêtant  la  face  dorsale  du 
bout  de  la  troisième  phalange,  il  contourne  au  contraire  en- 
tièrement Textrémité  de  cette  dernière,  en  prenant  pour  ne 
point  être  gêné  par  les  doigts  voisins,  la  forme  d*un  crochet 
en  arc  de  cercle ,  fortement  comprimé ,  très-large  à  sa  base , 
afin  d*avoir  plus  de  force,  et  parfaitement  aigu  à  sa  pointe; 
et  la  phalange,  dont  la  fonction  est  subordonnée  à  celle  de  la 
griffe ,  prend  de  là  également  la  forme  de  crochet. 

Par  Teffet  de  cette  disposition  des  parties,  le  réceptacle 


4M  TeioLoan  m  la  raiuks. 

du  sens  da  toucher,  placé  chez  l'homme  au  boni  des  doigts, 
a  la  surface  d'une  masse  molle,  légèrement  élastique,  pour 
mieux  se  prêter,  soit  k  la  forme  des  corps  que  la  main 
explore ,  soit  pour  mieux  retenir  les  petits  objets  que  les 
doigts  saisissent  ;  cette  partie  des  doigts ,  ayant  été  envahie 
par  Tongle  dans  le  besoin  de  sa  nouvelle  fonction ,  et  ne 
pouvant  plus  servir  au  sens  du  toucher,  le  siège  de  celni-d 
A  ÉTÉ  PORTÉ  simplement  un  peu  plus  en  arrière,  à  la  base 
de  la  même  phalange.  Lk  la  masse  pulpeuse  qu'il  forme 
constitue  une  forte  saillie  ovale ,  ou  Pelotine ,  dans  laquelle 
se  rendent  en  grand  nombre  les  nerfs  servant  à  ce  sens ,  de 
la  même  manière  qu'ils  se  rendent  au  bout  des  doigts  chei 
rhbmme;  mais  la  sensibilité  parait  y  être  toutefois  beaucoup 
moins  subtile,  les  téguments  y  étant  plus  épais  et  plus  ou 
moins  cornés,  par  cela  même  que  ces  animaux  marchent 
sur  leurs  doigts  ;  c'est-k-dire  que  le  toucher  y  est  k  peu  près 
comme  aux  orteils  des  personnes  marchant  pieds  nus. 

Mais  si  le  Créateur  a  donné  ,  dans  sa  haute  sagesse  , 
l'arme  si  redoutable  de  la  griffe  aux  Mammifères  chasseurs 
par  excellence,  sa  sollicitude  a  voulu  aussi  que  cette 
arme  ne  fut  pas  exposée  k  perdre  trop  facilement  son 
tranchant  par  Tusure  sur  le  sol  dans  la  marche,  ainsi  que 
cela  arrive  aux  Mammifères  voisins,  tels  que  les  Chiens, 
animaux  de  transition  sous  ce  rapport.  Il  a  suffi  pour  cela ,  k 
la  Providence  ,  de  donner  simplement  une  autre  disposition 
à  la  phalange  unguéale,  pour  que  la  pointe  de  la  griffe  soit 
dans  l'état  habituel  de  repos,  dirigée  plus  ou  moins  en  haut, 
avec  la  faculté,  pour  l'animal,  de  pouvoir  k  volonté  la 
fléchir  en  dessous ,  pour  en  faire  usage  selon  le  besoin  ;  et 
le  mécanisme  au  moyen  duquel  ces  effets  sont  produits, 
offre  encore  une  de  ces  admirables  combinaisons  de  formes 
et  d'emploi  d'organes  accessoires  de  perfectionnement  si 
bien  fait  pour  être  admiré;  disposition  où  les  moindres 
inconvénients  de  fonction ,  ou  même  de  simple  mécanique , 
sont  PRÉVUS  ET  corrigés  par  cette  sublime  sagesse  ,  dont 


CRAPITRI  m.  194 

M  tiMTe  de  si  nombreux  exemplesdans  Torganisme  animal . 

Noos  avons  vq  que  dans  l'homme  et  les  singes ,  qui  se 
servent  de  lenrs  mains  pour  empoigner,  les  os  métacarpiens 
el  les  phalanges  des  doigts  sont  placés  bout  ^  bout  dans  la 
même  direction.  Chez  les  animanx  de  Tordre  des  Planti- 
6IA0ES,  qui  forment  la  transition  des  Quadrumanes  aux 
CiuiivoRBS  »  et  marchent  comme  eux  constamment  sur  les 
doigts ,  la  main  appuie  de  même  que  chez  ceux-ci  sur  le  sol 
par  l'extrémité  des  métacarpiens ,  ainsi  que  par  les  doigts  ; 
mais  ces  derniers  restent  encore  presque  entièrement  éten- 
dus, en  commençant  toutefois  àéjii  ^  se  fléchir  un  peu  dans 
leurs  articulations ,  pour  se  préparer  k  la  nouvelle  disposition 
qu'ils  doivent  prendre  dans  l'ordre  suivant,  celui  des 
CàMivoRBs ,  animaux  esisentiellement  digitigrades.  C'est-k- 
éire  que  la  première  phalange  des  quatre  doigts  externes  se 
dirige  en  avant  sur  le  sol,  en  se  relevant  un  peu  k  son 
extrémité,  où  elle  s'articule  avec  la  deuxième  phalange  :  que 
celle-ci ,  portée  également  en  avant ,  est  un  peu  fléchie  en 
dessous ,  pour  revenir  toucher  le  sol  par  son  extrémité ,  où 
elle  s'articule  k  son  tour  avec  la  phalange  terminale  dirigée 
koritontalement  en  avant  ;  de  manière  que  la  griffe ,  dont 
l'extrémité  de  celle-ci  est  chaussée,  s'arquant  en  dessous, 
touche  sur  le  sol  par  sa  pointe ,  et  ne  sert  principalement 
qn'k  permettre  k  l'animal  de  mieux  s'y  cramponner  dans  la 
marche  et  la  course,  ou  bien  k  fouir  la  terre. 

Chez  les  Carnivores  et  autres  digitigrades ,  qui  n*ont  pas 
de  griffes  rëtractiles  comme  les  chats ,  les  phalanges  pren- 
nent la  même  disposition ,  seulement  I  angle  que  les  deux 
fremières  font  entre  elles  est  beaucoup  plus  prononcé; 
c'est-k-^dire  que  la  première  est  fortement  portée  en  avant 
et  en  haut,  la  seconde  en  avant  et  un  peu  en  dessous,  et  la 
dernière  en  avant,  ayant  son  extrémité  portant  la  griffe  qui 
l'enveloppe  arquée  vers  le  bas ,  de  manière  que  le  dessous 
des  doigts  forme  une  voûte  capable  de  pouvoir  légèrement 
s'étendre  par  le  redressement  des  phalanges ,  et  offre  ainsi , 


t9S  THBOLOGIB  Dl  LA  NATURE. 

d*ane  part,  plus  d'élaslicilé  k  l'animal  dans  son  appui  snr 
le  sol;  et,  d*aatre  part,  un  appui  plus  ferme  sur  la  dernière 
phalange  »  et ,  si  le  besoin  Texige ,  sur  le  bout  même  de  la 
griffe ,  qui  ne  sert  ici  qu*k  cela ,  comme  dans  les  plantigrades. 

Enfin,  dans  le  genre  Chat^  et  autres  digitigrades  k  griffes 
rétractiles,  les  deux  dernières  phalanges  prennent  à  cet 
effet  une  autre  disposition  fort  remarquable.  La  phalange 
moyenne  est  verticalement  dirigée  en  dessous ,  et  même  ud 
peu  en  arrière ,  ce  qui  contribue  déjà  beaucoup  à  donner  k  la 
patte  cette  brièveté  qu'on  lui  connaît  ;  et  au  lieu  de  former, 
comme  dans  les  autres  Mammifères  i  une  tète  articulaire  ar- 
rondie, creusée  en  poulie  peu  profonde ,  dont  la  facette  est 
dirigée  en  avant  dans  Taxe  de  la  phalange;  cette  tête ,  quoi- 
que arrondie  de  même,  est  portée  de  côté,  en  dehors  de  Taxe 
de  la  phalange ,  comme  par  une  anomalie  de  forme,  prove- 
nant d*un  déplacement  latéral  de  la  tête  de  Tos.  Enfin  cette 
phalange ,  au  lieu  d'être  symétriquement  droite ,  est  concave 
au  même  côté  externe. 

Quant  k  la  phalange  unguéale,  elle  se  modifie  encore 
plus.  Sa  base  est  beaucoup  plus  large  verticalement  que 
dans  les  digitigrades  marchant  sur  les  griffes ,  afin  d'offrir 
un  plus  long  bras  de  levier  au  muscle  fléchisseur  des  doigts , 
qui  s'insère  k  son  angle  infra-postérieur  en  même  temps 
que  cet  angle  forme  une  forte  tubérosité ,  sur  laquelle  seule 
le  doigt  appuie  dans  la  station.  Au-dessus  de  cette  tubéro- 
sité ,  la  base  de  cette  phalange  porte  la  facette  articulaire 
concave ,  par  laquelle  elle  s  articule  avec  la  tête  de  la  seconde 
phalange;  et  comme  celle-ci  est  placée  de  côté,  la  phalange 
terminale  peut  se  relever  au  point  de  croiser  la  seconde ,  en 
se  plaçant  k  son  côté  ;  d*où  résulte  que  le  crochet  portant  la 
griffe  A  SA  POINTE  dirigée  en  avant  et  en  haut  ;  disposition 
qu'elle  prend  dans  Tétat  de  repos,  afin  que  cette  DERNiàRs 
conserve  toujours  son  acuité  ,  ne  se  fléchissant  en  avant 
et  en  dessous  qu'k  la  volonté  de  Tanimal ,  par  un  mouvement 
fort  étendu  sur  la  seconde  phalange,  et  celle  ci  augmente 


CHAPITRE  irï.  i9? 

encore  la  projection  de  la  griffe ,  en  s'étendant  elle-même 
assez  fortement  sur  la  première  phalange. 

Dans  Tespèce  hnmaine ,  qui  ne  se  sert  de  ses  mains  que 
pour  saisir  momentanément  les  objets ,  la  compression  que 
les  tendons  et  les  ligaments  de  la  face  palmaire  des  doigts 
éprouvent ,  étant  de  trop  petite  durée  pour  que  cela  puisse  y 
produire  une  inflammation ,  et  par  suite  la  confusion  de  ces 
parties,  il  i<(' a  été  pris  aucune  précaution  pour  l*eiipécher  ; 
mais  il  n'en  est  pas  de  même  chez  les  quadrupèdes.  Ces  ani- 
maux appuyant  de  tout  leur  poids  sur  la  petite  surface  que 
présente  l'extrémité  inférieure  des  os  métacarpiens  et  de  la 
base  des  premières  phalanges,  la  compression  qui  en  résul- 
terait sur  les  tendons  des  muscles  fléchisseurs  des  doigts 
gênerait  d'abord  considérablement  leur  glissement,  en  y 
produisant  bientôt  leur  union  avec  les  parties  voisines  et  par 
conséquent  leur  fixité.  Mais  cet  accident  aussi  est  prévenu 
d'une  manière  fort  remarquable  chez  tous  les  quadrupèdes 
au  moyen  d*une  petite  portion  de  canal  osseux  dans  lequel 
ces  tendons  sont  logés,  canal  lui-même  mobile,  et  disposé  de 
façon  que  dans  quelque  degré  de  flexion  que  se  trouvent  les 
doigts ,  cette  portion  de  canal  soit  toujours  sur  l'angle  que 
FORMENT  LES  DEUX  OS.  Cc  caual  cst  formé  par  deux  petits  os- 
selets sésamoides ,  ayant  à  peu  près  la  forme  d*un  pépin  d'o- 
range, placés  k  côté  Tun  de  l'autre,  de  manière  k  laisser  entre 
eux  un  petit  espace  formant  la  gouttière ,  dans  laquelle  est 
logé  le  tendon.  Ces  paires  d'osselets  sont  placées  sous  les 
extrémités  de  chaque  os  métacarpien,  qui  appuie  dessus  par 
les  côtés  de  sa  tête  articulaire  seulement,  et  se  meut  sur  eux 
par  une  articulation  très-mobile  ;  c*est-k-dire  que  ces  osse- 
lets ,  unis  entre  eux  par  un  fort  ligament  formant  le  fond  de 
la  gouttière,  ne  peuvent  pas  s*écarter  par  l'effet  de  la 
pression  du  poids  du  corps,  et  se  trouvent  unis  à  leurs 
métacarpiens  respectifs  au  moyen  de  deux  petits  ligaments 
latéraux,  réglant  leur  mouvement  de  glissement  sous  la  tête 
de  ce  dernier  os.  Outre  cette  union  avec  le  métacarpien  , 


I9A  tMàmjoom  w  la  maturb. 

chacan  dm  lésunoïdes  est  mm  articalé  en  avant  avec  la 
partie  inférieure  de  la  tète  de  la  phalange,  dont  ils  sont 
des  appendices  continuant  en  arrière  la  cavité  articulaire , 
dont  ils  format  k  peu  près  la  moitié  postérieure.  Ces  osse* 
lets  sont  liés  2i  cette  phalange,  d'une  part,  par  des  ligaments 
latéraux  qui  maintiennent  les  parties  toujours  en  contact , 
en  laissant  aux  sésamoîdes  la  liberté  de  mouvement  néoes* 
saire  pour  qu'ils  puissent  constamment  rester  appliqués  sur 
la  tète  articulaire  du  métacarpien,  et,  d'autre  part,  au 
moyen  de  ligaments  plus  forts ,  placés  à  la  partie  inférieure 
de  ces  osselets.  C'est  ainsi  que  par  le  moyen  de  ces  deux 
petits  os  appendiculaires ,  la  cavité  articulaire  de  la  phalange 
est  considérablement  prolongée  en  arrière,  et  en  même 
temps  brisée,  afin  de  rester  toujours  parfaitement  moulée 
sur  la  tête  arrondie  du  métacarpien. 

Enfin  ils  sont  encore  unis  entre  eux  k  leurs  bords  inférieurs 
par  un  fort  ligament  arqué  passant  de  Tune  k  l'autre ,  en 
complétant  le  canal  dans  lequel  le  tendon  du  muscle  flé- 
chisseur glisse  librement,  sans  y  éprouver  la  moindre  com- 
pression pendant  la  station  ou  la  marche  ;  ce  qui  augmente 
déjk  le  remarquable  mécanisme  de  la  patte  du  chat,  pour  ce 
qui  concerne  seulement  la  forme  et  la  disposition  des  os 
qui  constituent  les  doigts. 

Quant  aux  ligaments  qui  unissent  les  os,  ils  ne  présentent 
rien  de  particulier,  si  ce  n'est  qu'ils  sont  surtout  beaucoup 
plus  distincts  que  dans  l'espèce  humaine,  et  se  bornent  en 
grande  partie,  pour  les  deux  dernières  phalanges,  aux 
ligamenis  latéraux  qui  accompagnent  toujours  toutes  les 
articulations  à  mouvements  alternatifs  ou  ginglymoldes , 
le  seul  dont  les  phalanges  soient  capables.  La  première 
jouit  toutefois  d'un  léger  mouvement  latéral  par  lequel  les 
doigts  peuvent  s'écarter,  et  offre  en  outre  quelques  autres 
dispositions  très-remarquables  dans  sa  composition ,  dont 
je  parlerai  un  peu  plus  bas. 
Pour  ce  qui  est  des  musdes  qui  agissent  sur  les  doigts , 


CHAflTAE    III.  Mft 

ils  se  distinguent»  comme  chei  tous  les  Mammifères,  w 
quatre  ordres  :  les  Extenuuriy  qui  font  mtuyoir  les  doigts 
en  dessus  ;  les  Fléchmeurê ,  qui  les  abaissent  ;  les  Adduo- 
teurs,  qui  les  portent  en  dedans  »  et  les  Àbdueleun ,  qui  les 
portent  en  dehors. 

Quoique  ces  divers  muscles  ne  soient  au  fond  que  les 
analogues  de  ceux  de  Thomme  et  de  tous  les  autres  Mam- 
mifères, ils  présentent  toutefois  quelques  conditions  fort 

CimiEUSESy  COHMfi  CONSÉQtENCfi  DB  LA  FOHCTION  SPÉGIALÏ 
qu'ils  ont  à  remplir  dans  les  ESPÈCES  À  ONGLES  RÉTRAG- 

TiLss.  Les  extenseurs  ne  présentent  rien  d'extraordinaire,  si 
ce  n'est  que  le  principal  ou  Y  Extenseur  commun^  dont  la 
masse  charnue  se  trouve ,  comme  d'ordinaire ,  placée  le  long 
de  la  face  antérieure  de  l'avant^bras,  et  se  divise  inférieur 
rement  y  comme  chez  Tbommei  en  quatre  branches,  dont 
chacune  produit  un  tendon  grêle  aplati  en  ruban ,  qui  se 
rend  sur  le  dos  des  quatre  doigts  externes  qu'ils  longent, 
pour  s'insérer,  chez  l'Homme  et  les  autres  Mammifères,  aux 
doigts,  à  la  base  de  la  phalange  unguéale  que  ces  tendons 
étendent,  en  produisant  le  même  effet  sur  les  deux  autres  pha- 
langes, en  s'y  fixant  par  une  branche  à  la  tête  de  la  seconde. 
Dans  le  Chat ,  ce  muscle  présente  k  peu  près  les  mêmes 
conditions  principales.  Au  premier  abord,  il  semble  que, 
pour  que  la  phalange  unguéale  puisse  facilement  se  fléchii^ 
en  dessous ,  lorsque  l'animal  lance  ses  griffes  en  avant ,  et 
que,  pour  le  même  effet,  la  seconde  phalange  s'étende  au 
contraire,  ces  deux  mouvements  étant  en  sens  contraire, 
le  tendon  de  l'extenseur  commun  doit,  en  se  prolongeant 
jusqu'à  la  dernière  phalange,  l'empêcher  de  se  fléchir  en 
dessous.  Hais  en  examinant  ce  fait  mécanique  avec  soin , 
on  voit  que  tel  n'est  pas  le  résultat  produit.  Le  petit  prolon- 
gement du  tendon,  qui  se  rend  h  la  phalange  unguéale, 
étant  un  peu  lâche,  permet  ï  celle-ci  de  se  fléchir  en  des- 
sous, lors  même  que  oe  tendon  se  retire  un  peu  en  étendant 
la  seconde  phalange;  et  la  légère  traction  vers  l'extension 


196  THEOLOGIE  DB  LA  NATUKl. 

qu'en  éprouve  la  phalange  terminale,  en  opposition  avec 
Faction  du  puissant  muscle  fléchisseur,  ne  fait  que  mieux 
affermir  cette  dernière  en  cédant  ii  la  flexion. 
Mais  ce  n'est  pas  encore  tout  ce  qu'il  y  a  d'ADMiKÀBLE  dans 

LE  MÉCAMSIIE  DU  MOUVEMENT  DES  GRIFFES,  POUR  QUE  CES 
REDOUTABLES  ARMES  RESTENT  RELEVÉES  DANS  L*ÉTAT  DE 
REPOS ,  MÊME  SANS  LA  PARTICIPATION  DE  LA  VOLONTÉ  DE  l' ANI- 
MAL. Après  que  les  muscles  fléchisseurs  qui  les  ont  portées 
en  avant  et  en  dessous  ont  cessé  d'agir  sur  elles,  les  griffes 
sont  ramenées  à  Tétat  de  repos  par  plusieurs  ligaments 
élastiques,  agissant  sans  l'action  de  la  volonté;  ligaments 
k  cet  effet  parfaitement  disposés  pour  remplir  le  mieux 
CETTE  fonction.  Doux  soDt  placés  latéralement  contre  les 
phalanges  en  formant  de  chaque  côté  une  large  lame  verti- 
cale fixée  k  la  base  de  la  phalange  unguéale  dans  toute  sa 
hauteur,  au-dessus  de  la  facette  articulaire,  et  agit  ainsi 
sur  un  très-grand  bras  de  levier.  De  là  ces  lames  élastiques  se 
portent  en  arrière,  se  rétrécissent  et  se  fixent  l'une  et 
l'autre  au  côté  externe  de  la  base  de  la  seconde  phalange. 
Cette  anomalie  de  disposition ,  où  le  ligament  interne  qui , 
d*après  la  règle ,  devrait  s'attacher  au  côté  également  in- 
terne de  la  seconde  phalange,  s'y  fixe  au  contraire  au  côté 
externe  au  devant  du  ligament  opposé,  cette  anomalie, 
dis-je ,  fait  voir  avec  quel  soin  le  résultat  que  ces  liga- 
ments DOIVENT  PRODUIRE  A  ÉTÉ  CALCULÉ ,  nOUS  Offre  ici   UU 

de  ces  exemples  rares,  il  est  vrai,  où  l'Intelligence 

CRÉATRICE  A  SI  SAVAMMENT  FART  INFRACTION  A  SES  PROPRES 

principes  de  Régularité  et  d'harmonie  de  disposition  lors- 
qu'il s'est  agi  d'en  tirer  un  avantage;  faits  dont  j'aurai  en-  ' 
core  k  citer  d'antres  exemples.  En  effet,  comme  la  phalange 
ungaéale  doit  se  placer  en  dehors  de  celle  qui  précède ,  le 
ligament  interne ,  en  s'insérant  en  dedans  de  celle-ci ,  ainsi 
que  cela  devrait  être,  l'eût  tirée  nécessairement  vers  ce  point 
d'attache  en  tendant  à  la  faire  placer  au  devant  de  la  seconde 
phalange  ;  tandis  qu'en  réunissant  les  deux  ligaments  sur  la 


cHAPimi  III.  197 

face  externe,  les  deux  conduisent  au  contraire  cet  os  à  la 
place  qui  lui  est  assignée. 

Un  troisième  ligament  élastique  impair  forme  au  con- 
traire une  corde  arrondie ,  placée  entre  les  deux  ligaments 
latéraux  ;  derrière  la  base  de  la  dernière  phalange,  li  la  partie 
supérieure  de  laquelle  il  se  fixe  y  tandis  qu'en  bas  il  s'insère  k 
l'extrémité  terminale  de  la  seconde  phalange,  immédiatement 
au-dessus  de  sa  tète  articulaire,  et  par  conséquent,  comme 
celle-ci ,  un  peu  en  dehors  du  plan  médian  de  cet  osselet. 

On  voit  de  suite  que ,  par  Teffet  de  la  disposition  de  ces 
trois  ligaments  qui  par  leur  contraction  doivent  relever  la 
phalange  unguéale  et  la  faire  placer  au  côté  de  la  phalange 
moyenne ,  aussitôt  que  la  traction  du  muscle  fléchisseur  des 
doigts,  qui  Ta  préalablement  abaissée,  cesse  son  action 
en  ramenant  la  phalange  avec  la  griffe  qu'elle  porte  k  son 
état  de  repos. 

Mais  cet  arrangement,  quelque  ingénieux  qu'il  soit,  ne 
suffit  pas  encore,  k  beaucoup  près,  pour  rendre  la  main  du 
Chat  un  instrument  parfait  de  préhension ,  en  tant  qu'il 
doit  servir  k  cet  animal. 

Les  tendons  du  puissant  muscle  fléchisseur  des  doigts 
devant  nécessairement  éprouver  dans  leur  mouvement  de 
relâchement  quelque  résistance  dans  les  coulisses  qui  les 
renferment,  malgré  l'abondante  synovie  qui  les  y  baigne; 
les  ligaments  élastiques  extenseurs  de  la  dernière  pha- 
lange, dont  il  vient  d'être  parlé,  les  seuls  antagonistes 
de  ce  muscle,  ne  sont  pas  assez  puissants  pour  vaincre 
seuls  sa  force  de  contraction  passive,  afin  de  ramener 
cette  dernière  k  l'état  de  repos  ;  mais  le  Créateur  ,  pré- 
voyant  CET   INCONVÉNIENT,  T  A  REMÉDIÉ  EN  PLAÇANT  SOUS 

u  SECONDE  PHALANGE  uu  quatrième  ligament  élastique, 
arrondi ,  qui ,  fixé  en  arrière  de  la  tête  terminale ,  se  porte 
de  la  en  haut  en  longeant  cet  osselet ,  et  s'insère  au  tendon 
du  muscle  fléchisseur,  vers  le  milieu  de  sa  face  inférieure 
de  la  première  phalange.  Ce  ligament,  en  agissant  sur  cq 


IM  THBOLOOB  !>■    !.▲  IIATURK. 

tendon  comme  partie  mobile ,  le  tire  en  avant ,  rel&die  sa 
partie  antérieure,  et  seconde  par  là  la  force  des  ligaments 
élastiques  extenseurs  de  la  phalange  ungoëale.  L'emploi  de 
ce  ligament  est  encore  un  de  ces  nombreux  exemples  db  Là 

SOIGNEUSE  ATTENTION  DE  LA  SAGESSE  DIVINE ,  k  QUI  BIEN  n'BST 
INCONNU ,  ET  PARE  À  TOUS  LES  INCONVÉNIENTS. 

Mais  quelque  admirable  que  soit  en  lui-même  le  méca- 
nisme des  doigts  du  chat ,  tous  les  soins  pris  pour  donner 
aux  diverses  parties  des  formes  et  une  mobilité  parfaite- 
ment appropriées  k  leurs  fonctions  eussent  été  inutiles,  si 
la  griffe  proprement  dite ,  c'est-h-dire  Tongle  qui  chausse 
l'extrémité  de  la  dernière  phalange,  était  organisée  de  façon 
à  émousser  facilement  sa  pointe  par  Tusage  que  l'animal 
en  fait.  Mais  nous  trouvons  encore  ici  un  nouveau  cas  de 

cette  SUBLIME  ET  SAVANTE  PRÉVOYANCE,  AVEC  LAQUELLE 
IL   A    ÉTÉ  PARÉ     A  CE   GRAND    INCONVÉNIENT    par    Un    moyCn 

qu'on  retrouve  d'ailleurs  partout  dans  l'organisme  animal  » 
où  la  même  cause  se  présente.  Il  a  suflS  pour  cela  de 
donner  une  structure  particulière,  au  fond  très-simple, 
k  la  griffe,  pour  que  celle-ci  conserve  toujours,  malgré 
son  usure,  une  très -grande  finesse  dans  sa  pointe; 
moyen  qui  consiste  purement  et  simplement  en  ce  que  la 
substance  cornée  de  la  griffe  est,  par  une  gradation  insen- 
sible, d'autant  pins  dure  qu'elle  est  plus  près  du  bord 
convexe  de  cette  dernière.  On  conçoit  en  effet  que,  si  la 
griffe  se  plonge  un  grand  nombre  de  fois  dans  les  objets 
qu'elle  saisit,  le  frottement  qu'elle  éprouve  par  A,  non- 
seulement  sur  son  sommet,  mais  aussi  latéralement,  doit 
l'user  partout ,  mais  beaucoup  plus  fortement  dans  son  arc 
eoncave ,  où  sa  substance  est  moins  dure ,  et  que  la  partie 
répondant  k  la  circonférence  résistant  davantage  s'use  beau- 
coup moins ,  et  fait  ainsi  prendre  une  forme  pointue  très- 
aigué  à  la  griffe  ;  et  précisément  par  cela  même  qu'elle 
s'use,  c'est-à-dire  que,  la  cause  de  l'inconvénient  est 
AUSSI  celle  Qvi  EN  RÉPARE  l'effet.  Les  mémes  eonditionâ 


CHAPITRK  in«  iM 

se  retrooTent  ensuite  non-seulement  dans  les  ongles  de 
tous  les  autres  Mammifères,  mais  aussi  dans  ceux  des 
Oiseaux  et  des  Reptiles,  ainsi  que  dans  les  becs  cornés  de 
tons  les  animaux  qui  en  ont. 

On  a  TU  un  peu  plus  haut  que  chez  les  Mammifères  qua* 
drupèdes,  dont  les  griffes  sont  dirigées  en  bas,  celles-ci 
s'usent  sur  le  sol  à  peu  près  perpendiculairement  k  leur 
pointe,  ne  formant  plus  que  de  simples  moignons,  k  peine 
suffisants  par  la  dareté  de  leur  substance  pour  permettre  ii 
ces  animaux  de  se  cramponner  à  terre,  et  d'assurer  ainsi  la 
fixité  de  leors  pieds  dans  les  mouvements  progressifs.  Mais 
encore  ici ,  la  plus  grande  dureté  de  la  corne  au  bord  an- 
térieur de  la  griffe  fait ,  par  la  même  raison ,  que  ce  moignon 
forme  cependant  un  angle  saillant  à  son  extrémité ,  et  la 
même  chose  a  lieu  pour  les  gros  ongles  ou  sabots  des  Mam- 
mifères unguligrades. 

L'homme,  par  l'effet  de  son  génie,  a  imaginé  quelque 
chose  de  semblable  dans  la  fabrication  des  instruments  de 
coutellerie  et  de  taillanderie,  en  les  aciérant,  c'est-à-dire 
in  plaçant  une  petite  lame  d'acier  entre  deux  lames  de  fer. 
Celles-ci  s'usent  plus  promptement  que  l'acier;  ce  dernier 
fait  y  malgré  son  usure  propre ,  mais  plus  lente ,  toujours 
saillie  an  tranchant ,  quoique  le  résultat  produit  ne  soit  pas 
aussi  parfait  que  chez  les  animaux ,  la  lame  d'acier  ayant 
en  elle-même  partout  une  dureté  égale  ;  tandis  que,  dans  les 
griffes ,  les  sabots  et  les  becs ,  elle  augmente  progressive- 
ment jusqu'à  la  dernière  limite ,  d'où  résulte  une  plus  par- 
fidte  finesse  dans  le  tranchant. 

La  Naturb  créatrice  ,  1  oui  rien  n'a  Ptf  rester  inconnu, 
k  SI  rigoursuseiient  calculé  même  l'usure  probable  be 

CHAQUE  ORGANE  EN  PARTICULIER,  SUivaut  LE  GENRE  DE  VI^ 
qu'elle  a  PRESCRIT  JL  CHAQUE  ESPÈCE  ANIMALE  ,  qu'cUO  y  a  Si 
PARFAITEMENT  PROPORTIONNÉ  LA  RAPIDITÉ  DE  LA  CROISSANCE 
PAR    LEUR    BASE   BE    TOUS    LES    ORGANES   CORNÉS,    qUO   COS 

éemiers  conserfent  toujours  la  même  forme  et  la  même 


' 


200  THBOLOtilE   DE   LA   NATURE. 

grandeur,  tant  qu'une  cause  étrangère  ne  trouble  cette 
harmonie.  C'est  ainsi  que  les  Chevatuc  qu'on  a  Thabitude 
de  ferrer,  n'usant  point  leurs  sabots  sur  le  sol,  ceux- 
ci  grandissant  toujours ,  on  est  de  temps  en  temps  obligé 
de  les  réduire  par  h  taille  ;  tandis  qu'à  Tétat  sauvage  les 
sabots  restent  constamment  les  mêmes. 

EnGn,  pour  qu'iL  ne  manquât  rien  aux  soins  qui  ont  été 

DONNÉS  À  LA  CONSERVATION  DES  GRIFFES  dcS  ChatS ,  CCUeS-ci 

ont  même  été  mises  à  l'abri  de  toute  cause  étrangère  qui 
pourrait  les  émousser,  en  les  pourvoyant  d'une  espèce  de 
capuchon  formée  par  les  téguments  de  l'extrémité  des 
doigts ,  sous  lequel  les  griffes  se  retirent  dans  l'état  de  repos. 
Tous  CES  admirables  arrangements  et  ces  soins  si 

MINUTIEUSEMENT    BIENVEILLANTS   CUSSCUt  tOUtcfois    été  SanS 

résultat,  si  l'animal  ne  jouissait  pas  de  la  prestesse  la  plus 
parfaite  dans  les  mouvements  de  ses  membres  ;  mais,  sous 
ce  rapport  également,  rien  n'a  été  oublié  pour  faire  de  la 
main  de  ces  remarquables  animaux  un  véritable  chef- 
d'œuvre  de  mécanique. 

Quoique  les  parties  qui  composent  les  membres  du  chat 
soient  en  principe  les  mêmes  que  celles  qui  constituent  ceux 
de  l'homme,  il  y  en  a  cependant,  outre  celles  déjà  indiquées 
plus  haut,  encore  un  assez  grand  nombre  d'autres  qui 
n'existent  également  pas  chez  ce  dernier.  Dans  l'espèce  hu- 
maine ,  comme  chez  la  race  féline ,  les  doigts  sont  étendus 
ensemble  par  un  muscle  principal  commun,  dont  il  a  déjà  été 
fait  mention,  placé  au-devant  de  l'avant-bras,  et  divisé  infé- 
rieurement  en  quatre  languettes,  une  pour  chacun  des  quatre 
doigts  externes ,  le  pouce  recevant  deux  extenseurs  spéciaux. 
Quant  aux  autres  doigts,  le  second  et  le  cinquième  ont 
chacun  en  outre  encore  un  extenseur  propre ,  tandis  que 
le  troisième  et  le  quatrième  en  sont  privés  dans  l'homme; 
ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  le  chat,  où  ceux-ci  aussi  ont  chacun 
son  extenseur  spécial.  Mais  le  perfectionnement  n'a  pas 
•neore  été  borné  là.  La  main ,  en  fléchissant^  pouvant  for- 


CHAPITRE  III.  !201 

mer,  dans  rarticulation  du  poignet,  un  angle  avec  Tavant- 
bras,  les  divers  tendons  des  muscles,  tant  extenseurs  que 
fléchisseurs  directs  ou  latéraux  des  doigts ,  en  passant  sur 
celle  articulation,  seraient  disposés  à  prendre  la  direction 
droite  en  se  tendant  de  Tune  de  leurs  attaches  à  Tautre,  en 
s*écartant,  dans  Tangle,  considérablement  de  la  surface  des 
os ,  et  soulèveraient  la  peau ,  ce  qui  serait  non-seulement  fort 
disgracieux ,  mais  constituerait  même  un  grand  obstacle  ^ 
rétendue  et  à  la  facilité  de  la  flexion,  que  cette  disposition 
rendrait  même  impossible,  si  cet  inconvénient  n*était  pas 
empêché.  En  effet,  Ton  conçoit  que,  lors  de  la  contraction 
de  Tan  de  ces  muscles ,  son  tendon ,  en  prenant  la  direction 
droite  au  lieu  de  suivre  les  deux  branches  de  Tangle  que 
Favant-bras  forme  avec  la  main ,  il  ne  pourrait  agir  sur  les 
doigts  qu'après  s*étre  contracté  beaucoup  au  delà  de  ce  qui 
lui  est  même  possible  ;  la  ligne  droite  qu'il  prendrait  étant 
beaucoup  plus  courte  que  la  ligne  brisée  représentée  par 
les  os;  c'est-à-dire  que  l'effet  sur  les  doigts  serait  nul. 
Aussi  la  Nature  ,  si  admirablement  prévotamte  ,  a-t-elle 
PARÉ  À  CET  inconvénient  ,  cu  plaçaut  autour  du  poignet  de 
tous  les  Mammifères  un  ligament  très-vigoureux ,  en.  forme 
de  bracelet,  qui  bride  tous  les  tendons,  en  offrant  k  chacun 
un  canal  spécial  dans  lequel  il  passe  et  où  il  se  trouve 
accompagné  jusqu'à  une  giande  distance  au-dessus  et  au- 
dessous  de  cet  anneau  d'une  gaine  synoviale ,  dont  le  liquide 
qu'elle  renferme  facilite  considérablement  le  glissement  de 
ces  tendons,  en  même  temps  que  le  moindre  retrait  de  ces 
cordes  produit,  avec  la  plus  grande  précision  sur  l'organe 
auquel  il  se  rend ,  tout  l'effet  possible. 

Un  perfectionnement  à  ces  dispositions  qu'on  trouve  dans 
le  chat,  mais  non  dans  l'homme,  perfectionnement  qui 
présente  encore  un  exemple  de  ces  soins  minutieux  aybc 

LESQUELS  les  MOINDRES  INCONVÉNIENTS  ONT  ÉTÉ  PRÉVENUS , 

se  remarque  dans  l'articulation  métacarpo-phalangienne  des 
doigts  et  des  orteils ,  ces  articulations  devant  être  parfaite- 


SOS  THioUMIB  Dl  L4  HATCRI. 

ment  libres  dans  ce  genre  d'animaux,  chef-d*œQvre  de 
perfection  de  la  mécanique  animale  pour  la  classe  des 
Mammifères.  Les  capsules  articulaires ,  nécessairement  un 
peu  lâches,  qui  unissent  les  os  métacarpiens  aux  doigts, 
pouvant,  dans  les  mouvements  très-prompts,  être  facile- 
ment pincées  entre  les  os,  cet  accident  a  été  prévenu  en 
plaçant  dans  Tépaisseur  de  la  capsule  même,  au-dessus  du 
joint  de  Tarticulation ,  où  celle-ci  forme  un  fort  angle  ren- 
trant, une  petite  plaque  ovale  cartilagineuse  qui  empêche 
par  sa  roideur  celte  capsule  de  former  un  pli ,  en  lui  laissant 
toutefois ,  par  la  flexibilité  de  ce  cartilage ,  assez  de  souplesse 
pour  suivre  parfaitement  les  mouvements  des  os.  Mais  ee 
n*est  pas  encore  tout  :  cette  même  capsule  aurait  pu  être 
pincée  entre  le  bord  supérieur  de  cette  plaque  et  l'os, 
inconvénient  extrêmement  léger,  il  est  vrai ,  qui  aurait  ï 
peine  pu  gêner  d*une  manière  appréciable  le  mouvement  de 
la  capsule,  et  par  Ik  celui  des  doigts.  Mais  tout  ici  devait 

ÊTRE  PARFAIT,  ET  CE  DÉFAUT,  QUELQUE  FAIBLE  QU'lL  SOIT,  A 

en  conséquence  été  également  levé  par  un  moyen  extrême- 
ment simple,  et  de  Ik  précisément  fort  remarquable,  ea 
rattachant  le  bord  supérieur  de  la  petite  plaque  de  ehaqoe 
côté  par  une  bandelette  tendineuse  au  tendon  le  plus 
prochain  des  muscles  extenseurs  du  doigt ,  sans  suivre  pour 
cela  aucune  règle  fixe.  Au  moyen  de  ce  petit  ligament,  le 
mouvement  de  retrait  des  tendons ,  agissant  également  sur 
la  plaque  cartilagineuse ,  la  retire  avec  la  partie  postérieuTe 
de  la  capsule,  de  manière  que  celle-ci  ne  peut  être  prise 
d'aucune  façon  entre  la  plaque  et  l'os.  A  l'autre  extrémité, 
le  même  cartilage  est  fixé  k  la  phalange  par  un  petit  ligament 
également  contenu  dans  l'épaisseur  de  la  capsule,  et  qui 
empêche  celle-ci  d'être  trop  fortement  tirée  en  arrière ,  d'oi 
pourrait  résulter  sa  rupture ,  accident  bien  plus  grave.  Mais 
tous  les  rapports,  toutes  les  conditions  et  tous  les  effets 
sont  ici ,  comme  d'ailleurs  partout ,  si  parfaitement  galcu- 
Lts ,  que  le  mouvement  de  retrait  du  tendon  est  exaetemait 


cHiFmx  lu.  SOS 

eelui  dont  la  capsule  a  besoin ,  de  manière  que  eelle-ci  ne 
saurait  jamais  être  forcée. 

Pour  que  les  tendons  des  muscles  extenseurs  des  doigts 
et  des  orteils  ne  puissent  pas  se  déplacer  latéralement,  ils 
sODt  bridés  de  chaque  côté  de  l'articulation  de  la  premiers 
phalange  par  un  large  ligament  qui  se  détache  des  bords 
latéraux  de  ces  tendons  pour  se  porter  transversalement  en 
dessous ,  et  s'insérer  k  la  face  latérale  correspondante  du 
pedt  osselet  sèsamdide^  placé  sous  Tarticulation  ;  et  comme 
ces  osselets  ne  se  meuvent  qu'autour  de  la  tète  du  métacar- 
pien, on  métatarsien  respectif,  le  tendon  ne  presse  jamais  ni 
plus  ni  moins  sur  la  capsule  articulaire ,  quelle  que  soit  la 
disposition  des  doigts  ou  des  orteils. 

Les  muscles  fléchisseurs  de  la  main  et  des  doigts  ayant 
des  efforts  beaucoup  plus  considérables  à  faire  que  les 
extenseurs ,  soit  dans  la  station ,  soit  dans  le  mouvement 
progressif  k  quatre ,  ou  bien  dans  l'acte  de  saisir,  ils  sont 
généralement  plus  puissants  que  ces  derniers;  différences 
surtout  remarquables  dans  les  espèces  du  genre  Chat^  qui 
sont  les  Mammifères  les  mieux  organisés  pour  le  saut; 
action  qni  s'exerce  chez  eux  k  la  fois  par  le  débandement  de 
h  colonne  vertébrale  et  par  celui  des  quatre  membres. 

Il  existe  chez  les  Mammifères  deux  principaux  muscles 
fichUimrê  cùmmuns  des  doigts  y  se  divisant  chacun  en 
autant  de  branches  qu'il  y  a  de  doigts,  mais  dont  l'un, 
nommé  le  Sublime  ^  vu  sa  situation  superficielle  derrière 
l'avant-bras  ^  fixe  ses  tendons  inférieurement  à  l'extrémité 
postérieure  de  la  seconde  phalange ,  qn*il  fait  fléchir  sur  la 
première. 

Les  tendons  terminaux  du  second  fléchisseur  commun , 
on  du  Profondy  placés  d'abord,  ainsi  dans  sa  partie  charnue, 
entre  le  sublime  et  les  os  de  l'avant-bras ,  et  plus  bas  entre 
le  même  muscle  et  la  palmnre  de  la  main ,  percent ,  sous  la 
première  phalange ,  ceux  de  ce  dernier  muscle ,  et  devien- 
nent par  Ik  k  leur  tour  superficiels  ;  et  vont  s'insérer  en 


204  THEOLOGIE  ME  LÀ  NATURE. 

dessous  à  la  base  de  la  troisième  phalange.  Telle  est  la 
disposition  générale  de  ces  deax  muscles  pour  tous  les 
Mammifères;  mais  dans  les  Chats ^  où  tout  est  parfait,  il  s'y 
ajoute  plusieurs  parties  de  perfectionnement ,  fort  remar* 
quables  par  ce  qu*il  y  a  d'iNGÉNiEux  et  de  savant  dans  les 

CONDITIONS  DANS  LESQUELLES  CHAQUE  PARTIE  EST  EMPLOTÉB, 

et  dont  on  ne  trouve  dans  l'homme  que  tout  au  plus  de 
simples  traces  de  rudiments,  jusqu'à  présent  restées  ina- 
perçues. 

Le  tendon  du  sublime  traverse ,  comme  ceux  des  exten- 
seurs ,  à  l'extrémité  inférieure  de  l'avant-bras ,  une  coulisse 
fibreuse  que  lui  forme  le  ligament  en  bracelet  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut ,  où  il  est ,  comme  tous  les  autres  tendons  de 
cette  partie  de  la  main ,  accompagné  d'une  gaine  synoviale 
qui  facilite  son  glissement.  Arrivé  à  la  paume ,  il  se  divise 
en  cinq  branches ,  une  pour  chaque  doigt ,  qui  se  rendent 
en  divergeant  vers  les  articulations  métacarpo-phalangiennes 
de  ces  derniers.  LÀ,  ces  tendons,  à  l'exception  de  celui  da 
cinquième  doigt,  s'élargissent  considérablement,  et  se 
roulent  latéralement  sur  eux-mêmes ,  en  contournant  le  ten- 
don correspondant  du  second  muscle  ou  profond  des  doigts  ; 
et  les  deux  bords,  se  soudant  au-dessus  de  ce  dernier, 
chacun  de  ces  tendons  forme  par  Ik  une  gaine  fibreuse  très- 
forte  ,  renflée  en  ampoule  ovoïde ,  qui  se  fend  bientôt  le 
long  de  la  ligne  médiane  inférieure,  pour  laisser  ressortir 
le  tendon  du  profond  qui  devient  ainsi-  superficiel,  tandis 
que  celui  du  sublime ,  placé  à  son  tour  entre  celui-ci  et  l'os 
de  la  première  phalange ,  continue  à  se  porter  en  avant 
pour  s'insérer  en  dehors  à  la  seconde  phalange. 

Chez  tous  les  Mammifères  quadrupèdes ,  l'homme  ainsi 
excepté,  les  deux  muscles  fléchisseurs  communs  des  doigts, 
ayant  de  grands  efibrts  k  supporter  par  le  poids  du  corps 
appuyé  en  avant  uniquement  sur  les  doigts ,  les  tendons  de 
ces  muscles  ont  dû  être  fort  gros ,  et  comme  ils  se  réflé- 
chissent sur  le  sommet  de  l'angle  que  forment  entre  eux  le$ 


CHAPITRE  III.  205 

06  métacarpiens  et  les  premières  phalanges  des  doigts ,  ils 
aoraîent  pu  facilement  se  luxer  dans  la  marche  et  la  course, 
en  se  déplaçant  vers  les  côtés  ;  accident  qui  ne  saurait  avoir 
lien  dans  Tespèce  humaine,  où  les  doigts  sont,  dans  leur 
plus  grande  extension ,  placés  dans  la  même  direction  que 
les  métacarpiens.  Chbz  les  quadrupèdes,  ce  danger  a  été 
pàrfaitemeht  évité  par  la  sagesse  créatrice  ,  en  plaçant 
de  chaque  côté  de  Tarticulation  un  petit  osselet  sisamaide , 
dont  il  a  été  parlé  plus  haut;  osselets  formant  entre  eux  une 
profonde  gouttière  en  portion  de  gorge  de  poulie,  dans 
laquelle  est  couché  le  renflement  du  tendon  du  sublime , 
traversé  par  le  tendon  du  profond  ;  gorge  convertie  en  un 
canal  complet  par  le  fort  ligament  qui  passe  d*un  sésamoîde 
k  Tautre,  en  formant  inférieurement  une  voûte  très-résis- 
lante  qui  protège  le  renflement  du  tendon  du  sublime  qu*il 
eontourne  contre  la  pression  du  sol ,  dans  la  station  et  la 
marche  ;  objet  dans  lequel  cette  voûte  est  puissamment  se- 
condée, d'une  part  par  la  saillie  des  sésamoides,  et  de 
Taotre  par  une  épaisse  Pelote  fibro-graisseuse,  élastique, 
formant  la  semelle  sur  laquelle  les  Mammifères  unguiculés 
appuient  sur  le  sol,  pelote  dont  je  parlerai  un  peu  plus 
loin. 

Cette  protection  que  les  tendons  trouvent  dans  ces  diverses 
parties  est,  ainsi  que  je  Tai  déjà  fait  remarquer  en  parlant  des 
os  sésamoides,  delà  plus  grande  importance,  vu  que  la  com- 
pression presque  continuelle  qu*ils  épouveraient  pendant  la 
station  et  les  mouvements  ambulatoires  gênerait  non-seule- 
ment le  glissement  de  ces  tendons ,  mais  elle  produirait  en 
enx  une  inflamation  qui  causerait  de  la  douleur,  et ,  par  la 
suite,  la  suture  de  ces  mêmes  organes  avec  les  parties  avoi- 
sinantes ,  danger  ainsi  parfaitement  prévu  et  évité  par  le 
remarquable  arrangement  des  organes  dont  je  viens  de 
parler. 

La  première  phalange  étant ,  dans  sa  situation  naturelle , 
Déchie  en  avant  et  en  dessus,  et  la  seconde  verticalement 


906  nioLOGii  db  la  matuki. 

en  dessous ,  les  deux  tendons  des  maseles  flécfaisseun  dei 
doigts,  dont  Tnn,  on  le  sublime ,  s'insère  li  cette  dernière^ 
et  celui  du  profond  k  la  base  de  la  phalange  unguéale ,  se 
tendraient  diacnn  en  ligne  droite  sous  les  doigts  yers  cet 
points  d'attache ,  et ,  comme  le  second ,  s*écarteraient  k  la 
fois  considérablement  de  la  première  et  de  la  seconde  pht* 
lange,  il  a  été  placé,  sous  le  milieu  de  celle-lk,  une  très* 
forte  boucle  ligamenteuse  en  forme  d*anneau ,  que  les  deux 
tendons  traversent  ensemble;  boucle  qui  les  retient  aissi 
bridés  contre  cet  os;  et  au  delk  de  cet  anneau  reste  juste  la 
place  nécessaire  pour  que  le  tendon  du  profond ,  après  avoir 
traversé  cette  boucle,  puisse  se  réfléchir  en  dessous ,  le  long 
de  la  seconde  phalange ,  pour  aller  gagner  la  tubérosilë  de 
la  troisième,  à  laquelle  il  s*attache. 

Les  Chats  et  autres  Mammifères  digitigrades,  ayant 
souvent  de  très-grands  efforts  k  faire  avec  leurs  doigts,  soit 
en  combattant,  soit  lorsqu'ils  grimpent,  ou  autrement,  il 
aurait  pu  arriver  que  les  doigts,  en  s'éearlant  trop  forte* 
ment ,  se  luxassent  ;  mais  cet  accident  aussi  a  été  prévenu 

PAR  TOCS  LES  MOYENS  CAPABLES  DE  l'EMPÉGHER.  Pour  CClS, 

les  doigts  ont  été  liés  d'abord  deux  k  deux  transversalement 
sous  leurs  premières  phalanges  par  de  très-puissants  liga- 
ments ,  passant  de  Tun  k  Tautre.  Une  de  ces  arcades  liga- 
menteuses unit  ainsi  le  second  et  le  troisième ,  une  autre 
celui-ci  et  le  quatrième,  et  un  dernier  le  quatrième  et  le 
cinquième.  Quant  aux  deux  premiers  doigts,  ils  sont  égale* 
ment  liés  entre  eux  par  un  ligament  analogue,  mais  autre- 
ment disposé ,  étant  beaucoup  plus  long,  plus  faible  et  plus 
lâche.  De  même  encore,  un  ligament  commun,  sons-cutané, 
contourne  postérieurement  la  patte  du  chat  au  niveau  des 
articulations  métacarpophalangiennes,  en  se  fixant  aux 
extrémités,  k  la  fois  aux  métacarpiens  et  aux  premières 
phalanges  des  quatre  doigts  externes ,  en  leur  envoyant  de 
fortes  bandelettes.  Enfin,  quoique  ces  animaux  aient  Thor- 
reur  de  Teau ,  c'est-k^ire  qu'ils  font  tout  pour  éviter  d'y 


CHAFITEI    Ul.  207 

eDtrer,  leurs  pattes  sont  cependant  palmées  comme  le  sont 
d'ordinaire  celles  des  animaux  nageurs  par  excellence ,  tels 
que  les  Loutres ,  les  Canards  et  les  Grenouilles ,  etc. ,  et  la 
membrane  tégumentaire  qui  unit  ainsi  les  doigts  se  pro- 
longe même  au  delà  du  bout  de  ces  derniers ,  en  formant 
au  devant  une  espèce  de  capuchon  k  chaque  griffe ,  afin  de 
garantir  la  pointe  de  celle-ci  des  corps  étrangers  qui  pour- 
raient inutilement  l'émousser,  tant  est  allé  loin  le  soin 

ATTENTIF  DE  lInTELLIGENGE  SUPRÊME  QUI  A  GRÉÉ  CES  ANIMAUX 

les  plus  richement  organisés  de  tout  le  règne  animal. 

Les  Mammifères  carnivores  ,  comme  d'ailleurs  tous  les 
digitigrades ,  n'appuyant  sur  le  sol  que  par  Textrémité  du 
métacarpe,  garnis  des  os  sésamoïdes,  et,  plus  avant,  par 
les  troisièmes  phalanges  des  doigts,  ces  parties  eussent 
éprouvé  de  graves  altérations  par  leur  pression  sur  le  ter- 
rain, s'il  n'avait  pas  été  pris  des  précautions  pour  pré- 
venir CET  inconvénient.  Pour  cela  la  Sagesse  éternelle 
A  PLACÉ  sous  CES  DIVERSES  PARTiFS  les  Pelotes  ct  PeloUnes 
dont  il  a  déjk  été  parlé;  coussinets  fibro- graisseux,  élas- 
tiques, qui  mitigent  considérablement  cette  même  pres- 
sion, en  la  répartissant ,  par  l'effet  même  de  celte  élasticité, 
sur  toute  la  région  inférieure  du  pied;  en  même  temps  que 
ces  coussinets,  en  se  moulant  sur  tons  les  organes  du  dessous 
de  la  patte,  permettent  une  plus  facile  circulation  du  sang, 
et  l'action  des  nerfs  nombreux  de  cette  région  des  membres. 

Ces  coussinets ,  si  fortement  saillants  chez  tous  les  digi- 
tigrades, tels  que  les  Chiens^  les  Chats,  et  les  Lapins^ 
existent,  même  chez  Y  Homme,  ainsi  que  je  l'ai  déjh  fait 
remarquer  ailleurs;  quoique  aucun  Ânatomiste  ne  les  ait 
jamais  décrits  :  les  Pelotines  ,  peu  apparentes ,  ont  k  peine 
été  indiquées  sous  le  nom  de  partie  pulpeuse  de  V extrémité 
des  doigts;  et  pour  les  Pelotes,  dont  on  n'a,  que  je  sache,  nulle 
ptrt  parlé  chez  l'homme,  on  en  trouve  les  rudiments  dans 
les  larges  saillies  de  la  paume  de  la  niain  placées  près  des 
intervidles  des  quatre  doigts  externes,  aux  mêmes  endroits 


SOH  TH^LOGIB   Mt   LA    NATURK. 

que  chez  les  animaux;  elles  sont  seulement  beaucoup  moios 
saillantes»  et  séparées;  tandis  que  chez  les  digitigrades, 
elles  sont  réunies  en  une  seule  masse ,  proportionnellement 
plus  grande. 

Dans  le  ChcUy  la  Pelote  de  la  main  forme  une  grosse 
saillie  k  peu  près  triangulaire ,  dont  l'un  des  angles ,  dirigé 
en  avant,  est  fortement  arrondi,  et  répond  à  Tintervalle  des 
deux  doigts  moyens  externes ,  dont  les  pelotines  se  placent 
au-devant,  dans  Tétat  de  repos  ordinaire,  où  les  doigts  sont 
fléchis  sur  eux-mêmes;  et  les  pelotines  des  doigts  latéraux 
sont  à  côté  de  cet  angle ,  de  manière  à  former  dans  Fen- 
semble  une  largeur  égale,  k  peu  près,  au  bord  postérieur 
de  la  pelote ,  lui-même  divisé  en  trois  lobes ,  par  analogie  de 
ce  qui  existe  k  cet  égard  dans  Tespèce  humaine.  La  pelotine 
du  pouce  ne  touche  pas  le  sol. 

Cette  pelote  est  formée  dans  son  intérieur  d'une  masse 
graisseuse,  traversée  dans  diverses  directions  de  nombreux 
faisceaux  de  fibres  ligamenteuses  jaunes ,  très-élastiques  » 
qui ,  tout  en  contribuant  à  un  léger  mouvement  passif  de  la 
pelote ,  dans  sa  fonction  de  plante  du  pied ,  que  j'expliquerai 
un  peu  plus  bas,  donnent,  ainsi  que  je  l'ai  déjk  dit,  une 
parfaite  élasticité  k  l'appui  de  Tanimal  sur  ses  pieds. 

Trois  de  ces  faisceaux  de  ligaments  élastiques  sont  des 
branches  superficielles  de  chacun  des  trois  tendons  du 
muscle  sublime ,  se  rendant  aux  second ,  troisième  et  qua- 
trième doigts ,  et  qui  s'en  détachent  vers  le  bas  du  méta- 
carpe, pour  pénétrer  postérieurement  dans  la  pelote.  Ces  li- 
gaments forment  d'abord  chacune  un  tronc  commun  qui  se 
subdivise  en  un  assez  grand  nombre  de  brins ,  assez  forte- 
ment divergents,  qui  s'y  dirigent  en  avant,  pour  aller  s'in- 
sérer aux  téguments  de  cette  même  pelote  ;  le  premier  dans 
sa  partie  latérale  interne,  et  les  deux  autres  dans  sa  région 
antérieure.  Quant  au  tendon  du  muscle  sublime,  qui  se  rend 
au  cinquième  doigt,  il  ne  produit  pas  de  branche  principale  ; 
fléchisseur  de  ce  doigt,  cette  branche  étant  remplacée  par 


CHAPITRB  ni.  209 

on  muscle  spécial  ;  mais  bien  un  tendon  qui  lui  répond  toute- 
fois pour  la  disposition ,  lequel  se  subdivise  de  même  en  deux 
branches .  dont  Tune ,  au  lieu  de  se  rendre  au  doigt,  va  s'in- 
sérer au  ligament  qui  contourne  postérieurement  la  pelote; 
et  dont  Fautre  pénètre  dans  celle-ci,  en  formant  un  faisceau 
élastique,  qui  se  comporte  comme  ceux  des  autres  doigts; 
en  insérant  ses  brins  aux  téguments  de  la  face  externe  de  la 
pelote.  Des  branches  latérales  plus  courtes,  de  ces  cinq  ten- 
dons du  muscle  sublime,  se  portent  de  chaque  côté,  en 
dessus ,  pour  se  fixer  aux  sésamoïdes  de  chaque  côté  ;  for- 
mant ainsi  des  brides  qui  maintiennent  les  tendons  en  place. 
Des  trois  ligaments  qui  unissent  inférieurement  deux  à 
deux  les  premières  phalanges  entre  elles,  partent  également 
plusieurs  faisceaux  de  fibres  ligamenteuses  élastiques ,  qui  se 
rendent  en  dessous,  en  croisant  celles  venant  des  tendons 
du  sublime,  et  s'insèrent  aux  téguments  inférieurs  de  la  pe- 
lote, de  manière  que  les  deux  espèces  de  ligaments  mêlées 
au  parencbyme  graisseux,  ainsi  qu'aux  papilles  nerveuses 
de  cette  dernière ,  forment  ensemble  un  coussin  sur  lequel 
l'animal  appuie  très-mollement. 

Dans  cette  courte  esquisse  de  Tadmirable  structure  de  la 
main  du  Chat,  appareil  où  rien  n'a  été  oublié  qui  puisse 
contribuer  au  perfectionnement  de  la  fonction  que  cet  or- 
gane si  compliqué  doit  exercer,  je  n'ai  indiqué  encore  que 
les  objets  les  plus  remarquables ,  ne  faisant  aucune  mention 
d'une  foule  d'autres,  qui  y  contribuent  également,  sans 
avoir  en  eux-mêmes  rien  de  spécialement  saillant;  tels  que 
la  forme  de  chaque  os  du  carpe,  et  du  métacarpe  ;  ainsi  que 
celle  de  leurs  diverses  articulations;  les  nombreux  muscles 
accessoires  des  extenseurs  et  des  fléchisseurs  des  doigts  ; 
les  adducteurs  et  abducteurs  de  ces  derniers;  les  ligaments 
latéraux,  qui  unissent  les  nombreux  os  de  la  main;  leur 

FORCE  ET  LEURS  DISPOSITIONS,  SI   PARFAITEMENT  CALCULÉES 

FOUR  CHACUNE ,  SELON  l'effet  qu'il  DOIT  PRODUIRE;  et  enfin 
toutes  les  gaines  synoviales ,  accompagnant ,  soit  les  articu- 

I.  H 


tlO  Tili0U>6l1t   LE  LA   RATURL 

latiôùd  AèÈ  os,  soit  les  tendons  des  mttscles,  qui  sttbirtietit 
deâ  frottements  plus  ou  moins  Torts,  sans  Id  présence  de 
cette  même  synovie;  parties,  dont  un  grand  nombre  n'exis- 
tent point  dans  l'homme;  ou  y  sont  du  moins,  tellement 
confondus ,  qu*on  n'a  pas  jugé  à  propos  de  les  décrire. 

Dans  toute  la  série  des  Mammifères  ,  les  membres  posté- 
rieurs subissent  des  modifications  moins  grandes  que  les 
antérieurs,  si  ce  n*est  chez  les  Cétacés,  où  ils  disparais •* 
sent  complètement,  n'ayant  au  fond  pas  k  changer  de  fonc- 
tion, servant  partout  exclusivement  a  la  locomotion,  et 
n'éprouvent  en  conséquence  que  des  changements  dépen- 
dants soit  de  leur  mode  de  dégradation  tout  à  fait  analogue 
à  celui  que  suivent  les  membres  pectoraux ,  soit  de  la  mar- 
che quadrupède  de  tous  les  mammifères,  à  Texception  de 
Thomme ,  dont  il  a  déjà  été  parlé. 

Par  cela  même  que  les  Mammifères  marchent  à  quatre, 
et  qu'en  conséquence  leur  corps  est  horizontal ,  le  Bassin  a 

ou  RECEVOIR  DE  LÀ  UNE  AUTRE  CONFORMATION ,  nC  COUStitUant 

plus ,  comme  dans  Tespèce  humaine ,  la  base  du  tronc ,  sur 
laquelle  repose  la  masse  des  viscères. 

Le  centre  de  gravité  du  corps ,  se  trouvant  k  peu  près  au 
milieu  de  la  région  antérieure  de  l'abdomen,  et  l'animal 
devant  pouvoir  le  maintenir  au  moins  quelques  instants  au* 
dessus  de  la  ligne  qui  unit  ses  deux  pieds  postérieurs 
lorsqu'il  se  cabre,  il  était  nécessaire  que  les  cuisses  pussent, 
pour  cela,  se  fléchir  assez  fortement  en  avant,  afin  que  les 
genoux  vinssent  se  placer  aux  côtés  de  l'abdomen,  et 
d'amener  également  les  pieds  en  avant  sous  le  centre  de 
gravité. 

Cette  flexion  a  surtout  besoin  d'être  très-forte  dans  la 
plupart  des  Mammifères  digitigrades,  dont  les  mouve- 
ments sont  généralement  plus  libres  et  plus  étendus  que 
chez  les  unguligrades ,  tels  que  les  chevaux;  souplesse 
généralement  contraire  à  la  force  k  employer,  les  muscles , 
trop  extensibles,  n'étant  jamais  capables  d'autant  de  force 


ciAPtTKf  itr.  If  1 

qtte  eeut  f)ui  le  «ont  moins ,  vti  «  qu'à  grt^sêuf  égale  lès 
fibres  de  cenx  qni  peiivebt  se  contracter  le  plus  fortement 
sont  plus  longues  et  moins  nombreuses  que  dans  ceux  dont 
le  raccourcissement  est  plus  limité,  ^nséquence  de  la 
disposition  de  ces  fibres  dans  chaque  muscle  et  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut. 

Or,  comme  les  mouvements  latéraux  de  la  cuisse  sont  peu 
étendus  dans  les  quadrupèdes ,  les  muscles  qui  les  produi- 
sent étant  de  là  aussi  plus  petits;  la  NxtuRË,  toujours  %i 

SAGE  ET  SI  SAVANTE  DANS  LES  MOYENS  OKOaNIQUES  DONT  fiLLE 
rAlT  USAGE ,  A  t^Atlf  OtJt  EMPLOVt  LES  ESPACES  AINSI  DEVENUS 
tnUTlLES  t>Att  LA  ftÉbtlGTION  DES  ORGANES,  POUR  T  PLACER 
d'autres  ORGANES  NOUVELLEMENT  iNTRODUrTS  ,  OU  BIEN  A 
ikUGMENTER  LE   VOLUME   DES   AVOISINANTS.  C*eSt  aîosi  qUC  le 

muscle /{tnntii  (moyen  fessier),  très-large  che2  Thomme,  est 
M  Contraire  fort  petit  dans  les  quadrupèdes ,  06  le  restant 
de  son  emplacement  est  occupé  par  les  ettenseurs  de  la 
cuisse ,  qui  ont  une  très- grande  force  k  produire. 

La  cuisse  étant  placée  chez  Thomme  verticalement  sous 
le  tronc,  les  muscle^  adducteurs  n*ônt  qu*dn  faible  effort  à 
produire  pour  la  rapprocher  de  celle  du  côté  opposé.  En  la 
plaçant  au  contraire  chez  lés  Mammifères  qua()rupèdes  k 
Tétat  de  flexion ,  la  Nature  créatrice  y  a  trouvé  en  outre 

LE  GRAND  AVANTAGE  DE  I^AIRË  CËANGËR  CeS  MUSCLES  DE  t^ONC- 
tlON ,  EN  EN  FAISANT  DE  TRÈS-PUISSANTS  EXTENSEURS ,  et  CCla 

d^autant  mieux  qu'elle  leur  a  donnés  un  développement  très- 
grand  Par  l'ePPÊT  Dtl  PROLONGEMENT  DU  BASSIN  EN  ARRIÈRE  ; 

e*est-k-dire  que  ces  muscles,  devenus  extenseurs  de  la 
cuisse  par  le  simple  effet  du  changement  de  position  de 
cette  dernière,  sont  en  outre  beaucoup  plus  volumineux,  et 
agissent  en  même  temps  sur  des  bras  de  leviers  bien  plus 
longs,  et  sous  des  angles  plus  grands. 

Cest  ainsi  que  les  muscles  Obturateur  interne ,  Carré , 
Renforci  (Biceps  ) ,  Demi-Membraneux  ,  Demi-lendineux , 
Ittanu$  (moyen  fessier),  contribuent  aussi  à  rextension  de  la 


SIS  THBOLOGIS  DK  LA  RATURE. 

cuisse  par  le  seul  effet  de  la  position  fléchie  de  cette  der- 
nière; et  cela  avec  d'autant  plus  d*eflScacité,  que  tous  ceux 
qui  s'insèrent  h  Tos  de  la  cuisse  s'y  fixent  beaucoup  pins  bas 
que  dans  Thomme,  afin  d'agir  sur  un  levier  plus  long. 

Quant  aux  muscles  fléchisseurs  de  la  cuisse ,  comme  ils 
n'ont  que  peu  de  force  k  employer  pour  porter  le  membre 
en  avant  dans  la  marche,  la  plapart  sont  peu  volumineux; 
mais,  comme  les  plus  puissants  de  même  que  chez  Thomme» 
servent  plus  particulièrement  à  l'extension  de  la  jambe, 
action  où  ils  ont  une  grande  force  à  employer;  le  bassin  a 
été ,  h  cet  effet ,  également  prolongé  en  avant  pour  leur  offrir 
aussi  un  plus  grand  bras  de  levier  ;  tels  sont  surtout  le  Faj- 
cialis  (  Fascialata) ,  le  Promiral  (Droit  antérieur)  et  le  Cou- 
turier. 

Enfin  le  bassin ,  en  s'avançant  ainsi  plus  fortement  sur 
l'abdomen,  peut  de  là  aussi  mieux  servir  de  moyen  de 
suspension  aux  téguments  de  cette  partie  du  corps  pour 
supporter  le  poids  des  viscères. 

Ce  sont  là  les  deux  causes  déterminantes  qui  ont  né- 
cessité LA  forme  et  la  disposition  que  le  bassin  prend  chez 
les  Mammifères  quadrupèdes  ;  mais  il  n'a  pas  été  nécessaire 
qu'il  fût  aussi  large  dans  ses  os  des  hanches  qu'il  l'est  dans 
l'espèce  humaine. 

La  différence  de  disposition  entre  le  bassin  de  l'homme 
et  èéni  des  quadrupèdes  a  fait  changer  aussi  la  direction 
des  cavités  cotyloïdes ,  dans  lesquelles  s'articulent  les  os  des 
cuisses.  Devant,  dans  ces  deux  cas,  être  dirigés  en  dehors 
et  plus  ou  moins  obliquement  en  dessous,  il  en  résulte  que, 
comparativement  avec  ce  qui  est  chez  l'homme,  ces  cavités 
sont  tournées  en  avant;  c'est-à-dire  que  dans  les  devx  cas 
elles  sont  disposées  en  conséquence  de  leur  fonction. 

Les  membres  postérieurs  devant  également  agir  avec 
force  dans  la  station ,'  en  soutenant  le  mieux  possible  le 
centre  de  gravité  du  corps,  placé  au  milieu  de  l'abdomen, 
sous  les  lombes,  la  partie  la  plus  faible  de  la  colonne 


CHAPITRE    lU.  213 

vertébrale,  les  caisses  (PI.  II,  fig.  I.  n  ti)  ont  été,  encore  i)oar 
cette  seconde  raison,  placées  à  l'état  de  repos  chez  la  plupart 
des  espèces  dans  cette  disposition  plus  ou  moins  fléchie , 
pour  que  les  jambes,  soutenant  leurs  extrémités,  fussent  le 
plus  rapprochées  possible  du  centre  de  gravité,  afin  de  mieux 
le  soutenir,  aidsi  que  la  région  lombaire  de  la  colonne 
vertébrale,  où  le  corps  pourrait  seul  fléchir  sans  cela.  Cette 
nisPOsraiOM  est  en  même  temps  la  plus  favorable  à  îjl 

MARCHE  ET  A  LA  COURSE,  EN  PERMETTANT  AU  MEMBRE  DE  S* AL- 
LONGER LE  PLUS  FORTEMENT  EN  ARRIÈRE  POUR  POUSSER  LE 

CORPS  EN  AVANT.  C*est  aiusi  que  par  la  simple  flexion  des 
cuisses  à  Tétat  de  repos ,  la  Sagesse  créatrice  a  obtenu  la 

CONDITION  LA  PLUS  FAVORABLE  DANS  LES  DEUX  CUICONSTANGES 
OPPOSÉES ,  LA  STATION  ET  LE  MOUVEMENT. 

Mais,  par  cela  même  que,  d'une  part,  la  cuisse  est  fléchie 
en  avant,  et  que,  de  Tautre,  le  bassin  se  prolonge  fortement 
en  arrière ,  les  muscles ,  qui ,  dans  Tespèce  humaine ,  pro- 
duisent simplement  sa  flexion  en  dedans ,  deviennent  ici  de 
très-puissants  extenseurs ,'  et  prennent  même  k  cet  effet  un 
volume  beaucoup  plus  grand  que  dans  Tbomme ,  tout  en 
conservant  les  mêmes  attaches;  c'est-k-dire  qu'ils  se  fixent 
sur  le  bassin  k  la  symphyse  des  pubis  et  de  Tischion ,  et  sur 
la  cuisse,  le  long  de  la  face  interne  du  fémur;  mais  en  se 
dirigeant,  dans  l'espèce  humaine,  transversalement  en  de- 
hors, et  chez  les  quadrupèdes  d'arrière  en  avant.  A  ces 
muscles  adducteurs,  devenus  par  Ik  de  puissants  exten- 
seurs, viennent  ensuite  se  joindre  encore  les  analogues  des 
extenseurs  de  la  cuisse  de  l'homme  qui  conservent  leurs 
fonctions.  ^ 

Le  Créateur  a  su  en  conséquence  qu'en  plaçant  simple- 
ment AINSI  LES  CUISSES  DANS  LEUR  ÉTAT  DE  FLEXION ,  ELLES 
SOUTIENDRAIENT  NON-SEULEMENT  LE  MIEUX  LE  CENTRE  DE  GRA- 
VITE  DU  CORPS,  MAIS  QU'ELLES  DONNERAIENT  EN  OUTRE  ,  FAR 
l'effet  de  la  prépondérance  CONSIDÉRABLE  DES  MUSCLES 
EXTENSEURS  DE  LA  CUISSE  SUR  LES  FLÉGHlSSEliRS  AUX  PREMIERS. 


Sl4  THioUMMB  M  LA  RATURI. 

UW  BXCiS  DB  MBCK  DANS  LEUR  GONTRACmOll  PUHliBlIT  PA^ 
SI?B  QUE  CETTE  PUIftSAMGE  SERA  CAPABLE  DE  GOMTRB-BALAIfCBR, 
EN  TOUT  OU  BU  MOINS  EN  GRANDE  PARTIE ,  LA  FORCE  DU  POIDS 

DU  CORPS ,  qui  tend  k  faire  fléchir  les  cuisses  encore  ds* 
vantage;  cette  force  des  muscles  extenseurs  étant  ^urtout 
d'autant  plus  grande,  que  plusieurs  autres  de  ces  organes 
contribuent  puissamment  k  cette  action  en  devenant  non* 
seulement  plus  volumineux,  mais  en  prenant  même  une 
autre  disposition  favorable  au  résultat  dont  je  viens  de  parler. 
C'est  ainsi  que  les  muscles  Demi'-membraneu»  ^  DemùtenH^ 
neuXf  et  surtout  le  Renforei  (Biceps  crural),  sont  bien  plus 
forts  chez  les  quadrupèdes  que  dans  Thomme,  et  se  prolon- 
gent même  sur  une  partie  notable  de  la  jambe  à  moitié  cachés 
entre  eux ,  dont  ils  deviennent  ainsi  de  puissants  fléchisseurs  ; 
et  sont  en  outre ,  par  cela  même ,  secondés ,  comme  exten- 
seurs  de  la  cuisse ,  par  les  extenseurs  si  vigoureux  de  la 
jambe,  qui  s'opposent  k  cette  flexion;  de  manière  que  la 
jambe,  rendue  par  eux  immobile,  agit  en  qualité  de  levier, 
comme  si  elle  ne  formait  qu'une  pièce  fixe  avec  la  cuisse, 

DISPOSmON  DES  PLUS  INGÉNIEUSES  QUE  L* INTELLIGENCE  SU- 
PRÊME A   SI   SAVAMMENT  ÉTABLIE  POUR  ATTEINDRE   SON  BOT; 

arrangements  dont  on  trouve  d'ailleurs  de  nombreux  exeaiH 
pies  dans  l'organisme  des  animaux. 

Quant  k  l'articulation  du  genou,  elle  est  la  même  que 
dans  Tespèce  humaine,  k  quelques  modiflcatioBs  près  in* 
diquées  plus  haut. 

J*ai  déjk  fait  remarquer,  en  parlant  du  pied  de  l'homme , 
que  chez  ce  dernier  il  s'appliquait  dans  toute  sa  longueur 
sur  le  sol  dans  la  station,  d'où  résultait  la  marche  planti-- 
grade,  afin  de  former  une  base  suffisante  sur  laquelle  le 
carpe  pût  se  maintenir  en  équilibre  dans  son  attitude  re* 
dressée  ;  tandis  que  chez  les  Mammifères  quadrupèdes  cela 
était  non-seulement  inutile,  mais  encore  moins  favorable  k 
la  locomotion ,  en  cela  que  ces  animaux ,  appuyant  sur  leurs 
quatre  membres ,  ont  par  Ik  une  base  plus  que  snfisainle 


CHAnTBS  m.  %il^ 

pour  86  tenir  solidement  debout  ;  et  que ,  dans  les  mouve- 
monts  progressifs,  ils  ont,  en  marchant  sur  le  bout  des 
pieds,  une  arUculaiion  de  plus  dans  la  partie  relevée  de 
leurs  membres ,  qui  facilite  considérablement  la  souplesse 
des  mouvements,  ainsi  que  la  rapidité  de  Télan  dans  la 
course;  et  c*est  en  vue  de  ces  avantages  que  les  membres 

ONT   ÉTÉ  TRANSFORMÉS  POUR  LA  MARCHE  DIGITIGRADE.  C^OSt 

ainsi  que  Tos  du  talon ,  qai  ne  devant  plus  être  dirigé 

BN  dessous  vers  LE  SOL ,  POUR  FORMER  DANS  l'hOMMB  LK 
pain CIPAL  POINT  d'appui  du  corps  ,  EST  AU  CONTRAIRE  PORTÉ 
EH  ARRIÈRE  DANS  LA  DIRECTION  DU  PIED  PRESQUE  VERTIGA- 
LEVENT  RELEVÉ,  AFIN  d' OFFRIR  LE  RRAS  DE  LEVIER  LE  PLUS 
.LONG  POSSIBLE  AUX  MUSCLES  EXTENSEURS  DU  PIED, 

Mais  par  cela  aussi ,  rarticulalion  de  ce  dernier  avec  la 
jambe  devait  pouvoir  se  prêter  aux  mouvements  plus 

ÉTENDUS  ET  PLUS  LIBRES,  ET  ÊTRE  EN  CONSÉQUENCE  MIEUI 
GAEAMTIS  CONTRE  LES  LUXATIONS  ;  OT,  C*est  CD  effet  CO  qu'OM 

trouve  dans  la  forme  des  os  qui  s'engrènent  bien  plus 
profondément  que  cbez  Thomme.  C'est« à-dire  que  la 
gorge  de  poulie  de  Tastragale  est  bien  plus  profonde» 
aiosi  que  l'espèce  de  mortaise  que  forme  Textrémité  infé^ 
rieure  des  deux  os  de  la  jambe  dans  laquelle  l'astragale  est 
engagé. 

Pour  ce  qui  est  des  divers  os  dont  se  compose  le  cou-d#< 
pied,  ils  sont  à  peuiprès  conformés  et  disposés  comme 
dans  rbomme ,  cbez  les  espèces  ayant  cinq  orteils  ;  mais  se 
modifient  selon  le  degré  de  dégradation  où  se  trouvent  ces 
animaux,  perdant  successivement,  d'un  genre  à  l'autre,  quel- 
quesHins  de  leurs  orteils  ;  conditions  pour  lesquelles  ceux-^ 
suivent  la  même  loi  que  les  doigts,  Cest  dans  cette  partie 
terminale  du  pied,  comprenant  le  métatarse  et  les  orteiU 
que  la  ressemblance  avec  les  os  du  métacarpe  et  des  doigta 
deviennent  de  plus  en  plus  grandes,  et  k  la  fin  même  iden** 
tiques  ;  c'est-^dire  que  Jes  pbalanges ,  avec  k$  ligaments 
et  tas  tendons  qui  les  accompagiaent,  sont  absolument  Im 


2i6  THEOLOGIE  DK  LA  NATIJRB. 

mêmes  :  le  Domt>re  des  orteils  excepté,  qui  est  souvent 
moindre  que  celui  des  doigts, comme  plus  avancé  dans  la 
dégradation  ;  aussi  les  membres  postérieurs  disparaissent- 
ils  à  la  fin  chez  les  Cétacés,  tandis  que  les  antérieurs 
persistent  chez  tous  les  Mammifères  ;  et  je  renvoie  en  con- 
séquence pour  Fingénieux  arrangement  des  organes  qui 
constituent  la  partie  terminale  du  pied  ii  ce  qui  a  été  dit 
pour  les  doigts. 

J*ai  indiqué  plus  haut  le  remarquable  arrangement  qui 
existe  dans  les  muscles  moteurs  de  la  cuisse  et  de  la  jambe, 
au  moyen  duquel  les  extenseurs  de  celle-ci  contribuent 
indirectement,  mais  avec  efficacité ,  \k  Textension  de  celle-lk; 
par  cela  que  les  principaux  muscles  extenseurs  de  la  cuisse* 
se  prolongent  plus  ou  moins  bas  sur  la  jambe  pour  s*y 
insérer  ;  mais  cet  enchaioement  ne  se  borne  pas  encore 
I2i,il  va  jusqu'à  l'extrémité  des  orteils.  G*est-ii-dire  que, 
d'une  part,  les  deux  muscles  Gastrocnémiens  constituant, 
conjointement  avec  le  soléaire  leur  accessoire,  la  principale 
masse  du  mollet,  forment  inférieurement  le  vigoureux 
tendon  d'Achille  inséré  au  talon ,  sur  lequel  ces  muscles 
agissent  avec  une  grande  puissance  pour  étendre  le  pied , 
chez  l'homme  aussi  bien  que  chez  les  animaux.  Mais  supé- 
rieurement les  deux  premiers  de  ces  muscles ,  au  lieu  de 
s'attacher  aux  os  de  la  face  postérieure  de  la  jambe,  comme 
le  fait  le  troisième,  remontent  jusqu'au  fémur,  auquel 
chacun  se  fixe  par  un  fort  tendon  d'origine,  au-dessus  des 
deux  condyles  du  fémur.  On  conçoit  par  cet  arrangement 
que ,  si  la  jambe  s'étend ,  soit  pour  maintenir  le  carpe  en 
état  de  station ,  soit  pour  agir  dans  la  marche ,  le  fémur 
tirant  sur  les  deux  muscles  gastrocnémiens ,  agit  par  eux 
sur  le  pied,  et  contribue  en  conséquence  aussi  k  son  ex- 
tension ,  en  empêchant  la  jambe  de  fléchir  en  avant  sur  le 
pied  dans  la  station ,  et  en  élevant  le  talon  dans  la  marche. 
Et  si  l'on  considère  le  pied  comme  fixé  sur  le  sol ,  les  ex- 
tenseurs de  la  cuisse,  en  portant  celle-ci  en  arrière, 


CHAeiTRK  in.  317 

redressent  le  membre  dans  le  genou ,  qui  se  trouve  par  là 
étendu;  et  le  fémur  agissant,  comme  il  vient  d*étre  dit,  par 
les  muscles  gastrocnémiens  sur  le  talon ,  produit  aussi  l'ex- 
tension du  pied. 

Cette  chaîne  va  encore  plus  loin  dans  les  Mammifères 
quadrupèdes.  Chez  eux,  le  muscle  Fusi forme  (plantaire 
grêle) ,  qui  n*est  dans  Tespèce  humaine  qu*un  petit  faisceau 
musculeux  placé  dans  le  milieu  du  mollet  où  son  faible 
tendon  s'unit  au  tendon  d'Achille,  est  au  contraire  un 
muscle  plus  ou  moins  gros  dans  les  quadrupèdes,  où  il 
prend  une  tout  autre  fonction.  Chez  ceux-ci ,  de  même  que 
dans  l'espèce  humaine,  il  s'attache  supérieurement  par  un 
tendon  d'origine ,  la  face  postérieure  du  fémur,  au-dessus 
de  son  condyle  externe,  près  de  celui  du  gastrocnémien. 
De  là  il  se  porte  en  bas  dans  le  milieu  du  mollet,  et  au  lieu 
dfi  confondre  son  tendon  terminal  avec  celui  des  gastroc- 
némiens et  du  soléaire ,  ainsi  que  cela  est  dans  l'homme ,  il 
passe  au  contraire  sur  le  sommet  du  talon  comme  sur  une 
poulie,  et  se  continue  directement  avec  une  autre  masse 
charnue  placée  à  la  plante  du  pied ,  constituant  ce  qu  on 
nomme  dans  l'homme  le  petit  fléchisseur  commun  des  orteils, 
qui  prend  ici  son  origine  sous  le  tarse;  tandis  que  chez  les 
animaux ,  ce  muscle  court  n'est  que  le  second  ventre  du 
muscle  fusiforme.  C'est-à  dire  que  dans  Thomme  la  dispo- 
sition est  absolument  la  même ,  seulement  la  continuité  des 
deux  muscles  est  interrompue  sur  le  sommet  du  talon ,  où 
le  tendon  intermédiaire  des  deux  masses  musculeuses  est 
comme  coupé  par  l'effet  de  l'appui  du  corps  sur  le  talon; 
ce  qui  arriverait  en  effet  chez  l'adulte,  si  les  deux  muscles 
se  continuaient  dans  l'enfant.  En  passant  librement  sur  le 
sommet  du  talon ,  le  tendon  de  ce  muscle  remarquable  est 
bridé  de  chaque  côté  par  un  large  ligament  qui,  de  ses 
bords ,  se  porte  sur  la  face  latérale  de  cet  os ,  où  il  s'implante 
au  centre  de  l'arc  que  forme  Texlrémité  du  talon  ;  disposition 
pARFAmsMEMT  CALCULÉE  pour  quo  le  tendon  guidé  par  ces 


Sit  THiOLMIB  Bl  LA  EfÀTURI. 

deax  ligaments  puisse  couler  sur  cet  os ,  sans  pouvoir  m 
déplacer  par  les  côtés. 

La  seconde  masse  musculeuse  du  fusiforme  produit  en* 
suite  autant  de  branches  qu'il  y  a  dorteils,  et  dont  les  ten* 
dons  se  comportent  comme  ceux  du  muscle  sublime  de  la 
main. 

C*EST  AINSI  QUE  PAR  CE  SAVANT  ENCHAINEMENT  DE  MUSCLES 
BT    DE    LEVIERS    COMMENÇANT    DÉJÀ    À   LA    HANCHE   PAR    LB8 

MOTEURS  DE  LA  CUISSE ,  quo  tous  Contribuent  au  même  effet 
final,  l'extension  du  membre  dans  toutes  ses  parties,  pour 
agir  avec  ensemble  et  une  force  commune  dans  le  moo- 
vement  progressif. 

Telle  est  sommairement  la  composition  du  squelette  et 
des  autres  organes  de  locomotion  chez  THomme  Mammi- 
fère bipède,  et  chez  les  quadrupèdes  digitigrades,  dontlotype 
est  représenté  par  le  Chat  et  ses  congénères ,  dont  je  n*ai 
toutefois  pu  indiquer  ici  que  les  choses  les  plus  saillantes  et 
les  plus  faciles  k  comprendre  sans  le  secours  de  nombretiset 
figures  ;  en  passant  sur  une  foule  d  autres  fort  remarqua^ 
blés  encore .  tant  par  leurs  formes  que  par  leurs  dispositions 
dans  leurs  savantes  combinaisons ,  relativement  aux  résnl* 
tats  auxquels  ils  sont  destinés  par  la  sublime  sagesse  du 
Créateur. 

Quant  aux  résultats  que  les  organes  produisent  dans  lenr 
état  d'activité ,  on  y  découvre  de  même  les  effets  les  plus  re* 
marquables ,  où  se  dévoile  la  connaissance  la  plus  transoeB* 
dante  de  la  mécanique,  où  tes  effets  les  plus  remarquables 
sont  ordinairement  obtenus  par  les  moyens  les  plus  simples.' 
Il  n'a  ainsi  pas  suffi  que  chaque  partie  du  corps  de  Thomme 
et  des  animaux  soit  parfaitement  accomplie  en  elle-même 
pour  produire  le  résultat  auquel  elle  est  destinée,  il  fallait 
encore  que  tout,  même  les  organes  les  plus  éloignés,  qui 
agissent  Indirectement  dans  les  diverses  fonctions ,  soient  en 

HARMONIE  d'action  LES  UNS  AVEC  LES  AUTRES,  AFIN  DB  NE  PAS 

s'entraver  réciproquement.  C'est  ainsi  qu'en  narebtnt, 


l'iMMOàOM  pousse  DOD-seuIement  le  corps  en  avant  et  vers  le 
côté  opposé ,  avec  Tun  des  pieds  qui  s*étend  en  arrière ,  en 
appuyant  sur  le  sol ,  pendant  qu'il  lève  l'autre  pied  et  le  porte 
en  avant ,  pour  rappliquer  k  son  tour  sur  le  plan  de  position , 
et  faire  ce  qu'on  appelle  un  Pas .  Si  tout  se  bornait  ik ,  le  pas  ne 
pourrait  être  que  fort  court,  vu  que  le  membre  étendu  n'est 
qu*un  peu  plus  long  que  celui  appuyé  sur  le  sol  ;  mais  il 
intervient  ici  encore  un  autre  mouvement  qui  l'allonge  86n«- 
siMement ,  c'est  celui  du  bassin  ^  qui ,  tournant  sur  l'artien* 
lation  de  la  cuisse  du  membre  appuyé ,  se  porte  en  avant 
au  côté  opposé ,  en  emportant  tout  le  membre  correspondant 
avec  lui  ;  et  ce  mouvement  alternatif  vers  Tun  et  vers  l'autre 
oôté,  entraînant  tout  le  tronc,  il  en  résulterai!  que  la  poi- 
trine et  même  la  tête  tourneraient  ainsi  constamment  k  droite 
et  II  ijauche;  ce  qui  deviendrait  la  cause  d'une  foule  d'in^ 
eoQvénients,  surtout  pour  les  bras  et  pour  les  yeux.  Mais  il 
T  k  ÉTÉ  PARÉ  par  l'effet  de  la  disposition  des  muscles 
obliques  du  bas-ventre,  dont  les  fibres  de  Y  externe  se 
rendent  de  leurs  attaches  sur  les  cêtes  obliquement  en 
dessons  et  en  avant,  pour  se  perdre  dans  l'aponévrose 
ventrale  ;  et  celles  de  Vintetne ,  qui  s'insèrent  k  celle-  ci  et 
se  portent  également  en  dessous,  mais  en  dehors,  pour 
aller  se  fixer  au  bord  antérieur  du  bassin.  Par  l'effet  de  la 
direction  de  ces  deux  ordres  de  fibres  qui  se  font  ainsi 
snite  de  l'externe  k  l'interne ,  leur  contraction  produit  une 
torsion  dans  le  tronc ,  en  faisant  tourner  le  thorax  vers  le 
celé  du  bassin  porté  en  avant  :  mouvement  qui  détruit,  pour 
la  partie  supérieure  do  carpe,  le  léger  mouvement  de  ro- 
tation que  le  bassin  exécute  k  chaque  pas,  soit  vers  la  droite, 
soit  vers  la  gauche ,  tout  en  imprimant  cependant  chaque 
fois  au  thorax  une  secousse  qui  fait  que  le  bras  du  côté  de 
la  hanche  appuyée  se  trouve  lancé  en  avant ,  et  produit  le 
balancement  de  ces  membres  qu'on  remarque  chez  les  per-* 
sonnes  qui  marchent,  où  chacun  avance  en  même  temps 
que  la  jambe  opposée  ;  mouvement  croisé  analogue  k  celui 


390  THBOU>GU  I»  LA  HATURK. 

des  Mammifères  quadrupèdes ,  dont  je  parlerai  un  pea  pins 
bas. 

En  examinant  de  même  les  conditions  dans  lesquelles 
doivent  se  trouver  les  membres  des  Mammifères  quadru- 
pèdes ,  pour  leur  permettre  d'exécuter  facilement  les  mou- 
vements de  locomotion  ;  je  rappellerai  ce  qui  a  déjk  été  dît 
plus  haut  sur  la  disposition  de  leurs  membres.  Devant» 
comme  Thomme,  appuyer  alternativement  le  poids  de  la 
partie  antérieure  du  corps  sur  Tun  et  l'autre  des  deux  mem- 
bres de  la  première  paire,  afin  de  pouvoir  porter  Tautre 
librement  en  avant  pour  faire  un  pas,  il  était  convenable 
que  ces  membres  fussent  le  plus  rapprochés  possible ,  sans 
cependant  trop  rétrécir  la  base  de  sus-station  ;  et  c*est  dahs 

CETTE  INTENTION  QUE  LE  THORAX  A  ÉTÉ  PORTEMENT  COMPRIMÉ 

EN  AVANT ,  afin  que  les  deux  omoplates  fussent  non-seule- 
ment plus  rapprochées,  mais  aussi  dans  un  plan  presque 
vertical  pour  mieux  appuyer  sur  les  bras  ;  et  les  membres 
étant  par  là  rapprochés,  il  suflit  d*un  assez  faible  effort  pour 
ramener  le  poids  du  corps  sur  Tun  ou  sur  l'autre. 

Nous  avons  également  vu  qu'afin  de  mieux  soutenir  le 
centre  de  gravité  du  corps,  les  cuisses  des  Mammifères 
quadrupèdes  étaient  d'ordinaire  fortement  fléchies  en  avant. 
Or  cette  flexion  est  précisément  très-faible  dans  les  espèces 
fort  lourdes ,  telles  que  V Éléphant ,  vu  qu'ici  les  muscles 
extenseurs  des  cuisses  auraient  une  trop  grande  charge  k 
supporter,  lorsque  dans  la  marche  tout  le  poids  du  corps 
porte  alternativement  sur  l'un  ou  sur  l'autre  membre.  Ce 
fait ,  en  quelque  sorte  exceptionnel ,  montre  que  cette  dis- 
position fléchie  des  cuisses  n'est  point,  comme  on  pourrait 
le  penser,  exclusivement  due  à  l'effet  du  poids  du  corps  qui 
forcerait  les  cuisses  à  se  fléchir  jusqu'au  degré  où  l'excès 
de  la  force  de  contraction  passive  des  extenseurs  sur  les 
fléchisseurs  ferait  équilibre  k  ce  même  poids  ;  mais  bien 

QUE    LA  DIRECTION    EST    PUREMENT  DUE   À   LA  VOLONTÉ    SU* 

PRÉVE  Di;  l'Intelligence  créatrice,  qui  l'a  graduée, 


cHAmai  lu.  291 

SCrVANT  LES  BFFETS  QUI  DUBBNT  EN  RÉSULTER.  Cestrk-dire 

que  celte  flexion  est  très-forle  dans  les  espèces  qui  doivent 
être  légères  ii  la  course  et  surtout  au  galop,  et  ont  besoin 
que  le  centre  de  gravité  du  corps  puisse  être  facilement 
porté  au-dessus  de  la  base  formée  exclusivement  par  les 
pieds  postérieurs  ;  tandis  que ,  chez  les  espèces  lourdes  qui 
ne  galopent  jamais,  cela  n'étant  pas  nécessaire;  les  fémur 
sont  placés  verticalement  sous  le  bassin ,  et  portent  de  là 
plus  facilement  et  avec  moins  d'effort  musculaire  le  poids 
considérable  du  corps  que  si  les  cuisses  étaient  fléchies. 
C'est  ainsi  que  dans  V Éléphant ,  dont  je  viens  de  parler, 
non- seulement  le  fémur  est  vertical ,  mais  aussi  les  os  de  la 
jaaibe  sont  dans  la  même  direction ,  d'où  le  membre  entier 
forme  une  colonne  droite  squs  le  bassin. 

Les  cuisses  étant  plus  ou  moins  fléchies  en  avant,  elles 
ainènent  les  articulations  des  genoux  à  côté  de  l'abdomen 
qui  se  trouve  de  là  interposé  enlre  les  deux  fémurs  qu'il 
tient  écarté;  disposition  très-défavorable  à  la  marche,  où 
ranimai  doit  alternativement  porter  le  centre  de  gravité  de 
la  partie  postérieure  du  corps  au-dessus  du  pied  appuyé  sur 
le  sol.  Ce  désavantage  ayant  été  prévu,  les  deux  pieds 
sont  ramenés  vers  le  plan  médian  du  corps  au  moyen  d'une 
légère  modification  introduite  dans  l'articulation  des  ge- 
noux,  consistant  en  ce  que  la  facette  articulaire  du  tibia,  sur 
laquelle  appuie  le  condyle  externe  du  fémur,  est  simplement 
un  peu  plus  élevée  que  l'autre,  d'où  la  jambe,  et  avec  elle 
le  pied,  sont  ramenés  en  dedans;  et  pour  peu  que  le 

MEMBRE  ne  POSE  PAS  OBLIQUEMENT  SUR  LE  SOL ,  IC  picd  CSt  dC 

nouveau  un  peu  fléchi  en  dehors,  afin  de  se  trouver  à  peu 
près  dans  un  plan  longitudinal  vertical  ;  et  cela  aussi  par 
l'effet  d'une  légère  obliquité  dans  son  articulation  avec  la 
jambe. 

On  conçoit  que  par  cette  disposition  des  parties ,  la  base 
de  sus-station  est  fort  étroite,  et  qu'il  suflit  d'un  assez  léger 
mouvement  vers  le  e6\é  que  fait  l'animal  pour  amener  le 


«Mitre  de  gravité  tâtitôt  ftur  l*ttû  et  tMtM  sur  l'aotrt  pied  : 
effet  qui  t  d'ailleors  lieu  en  qaelqne  sorte  malgré  ranimai, 
par  la  simple  forme  foat  remarquable  qo*a  reçn  k  cet  effet 
rartictjilation  du  pied. 

Pour  cela,  la  direction  de  la  poulie  que  forme  la  partie 
supérieure  de  Tastragale,  au  lieu  d'être  exactement  dans  le 
plan  vertical  d*arrière  en  avant ,  est  au  contraire  un  peu 
oblique  d'avant ,  en  arrière  et  en  dedans  ;  de  manière  que  la 
jambe  en  se  mouvant  sur  Celte  poulie  lors  de  Teitension  du 
pied ,  est  portée  supérieurement  en  arrière  et  en  dêdan$ ,  en 
poussant  le  corps  vers  ce  dernier  côté. 

Les  Mammifères  quadrupèdes  étant  appuyés  sur  leurs 
quatre  membres  pendant  la  station,  ils  les  lèvent  successi- 
vement pour  les  porter  en  avant  dans  la  marche  normale, 
et  cela  dans  Tordre  suivant  :  d*abord  Tun  des  antérieurs, 
puis  le  postérieur  du  côté  opposé;  ensuite  le  second  anté- 
rieur, et  immédiatement  après  le  postérieur  également  op- 
posé. Cette  manière  de  marcher  se  remarque  chea^  tous  les 
Mammifères  à  quelque  Famille  qu'ils  appartiennent,  k 
Texception  d'un  petit  nombre  d'espèces,  ou  bien  de  certains 
individus  malades. 

Cette  marche  croisée  est  une  conséquence  des  moyens 
que  les  animaux  emploient  naturellement  pour  avance. 
Nous  avons  vu  que  les  membres  postérieurs  étaient  plus 
particulièrement  employés  à  pousser  le  corps  en  avant: 
eh  bien ,  l'animal  étant  en  station  et  voulant  se  mettre  en 
marche  commence  par  se  pousser  en  avant  en  étendant  ces 
mêmes  membres  en  arrière ,  et  sentant  qu'il  va  bientôt  perdre 
l'aplomb  en  avant,  il  appuie  la  partie  antérieure  du  corps 
sur  Tun  des  membres  de  la  première  paire,  afin  de  rendre 
l'autre  libre,  et  porte  celui-ci  en  avant  pour  le  poser  à  terre, 
afin  de  prévenir  la  chute > 

Pour  que  le  pas  soit  le  plus  grand  possible,  l'animal 
avance  l'épaule  du  même  côté,  et  arque  pour  cela  son  corps 
vers  le  côté  opposé  par  1  effet  de  la  contraction  de  tous  les 


oiAnTai  lit.  ns 

■nlicleé  qui  ptorent  y  contribuer^  et  spécialement  eeui: 
insérés  an  bassin ,  partie  du  squelette  formant  ainsi  que  les 
côtes  de  longs  leviers  auxquels  ces  muscles  s*iasèrent  : 
contraction  qui  [lorte  le  bassin  en  avant  du  c^té  du  membre 
antérieur  appuyé. 

En  avançant  ainsi  la  hancbe  d'un  côté,  le  membre  posté- 
rieur correspondant  qui  suit  nécessairement  ce  mouvement, 
devient  par  là  même  plus  libre  et  se  lève  ainsi  le  second  pour 
se  porter  en  avant»  et  cela  presque  en  même  temps  que 
Tantérieur  opposé  ;  de  manière  que  Tanimal  ne  porte  un 
instant  que  sur  deux  pieds  diagonalement  opposés.  Pen« 
dant  ce  temps,  les  membres  encore  appuyés  poussent  le 
eorps  le  plus  loin  possible  en  avant,  et  les  deux  soûle* 
vés  avancent  pour  prévenir  la  chute  de  Tun  ou  de  Tautre 
côté,  et  se  posent  successivement  comme  ils  se  sont  levés 
lorsque  rantérieur  appuyé  est  le  plus  fortement  étendu  en 
arrière. 

Sitôt  que  les  deux  premiers  membres  ont  fait  le  pas  et 
sont  de  nouveau  appuyés,  Tanimal  arque  son  corps  en  sens 
contraire  pour  avancer  Tautre  épaule,  qui  se  trouvant  en 
conséquence  à  son  tour,  placée  sur  la  convexité  de  Tare,  est 
par  là  même  seul  libre  de  pouvoir  s'avancer  pour  faire  le 
second  pas,  en  emportant  le  membre  qui  lui  correspond; 
et  un  peu  après  est  levé  le  second  membre  postérieur  opposé 
placé  dans  la  concavité  de  ce  même  arc;  et  ainsi  de  suite 
pour  les  antres  pas. 

Ces  divers  mouvements  des  membres  se  voient  très-faci- 
lement chez  les  animaux  qui  marchent  lentement,  tels  que 
les  Chevaux;  mais  les  inflexions  de  l'échiné  sont  surtout 
très-apparentes  dans  le  Chat ,  où  la  colonne  vertébrale  est 
très  flexible.  On  conçoit  d'ailleurs,  au  premier  abord,  que 
cela  doit  nécessairement  être  ainsi  chez  tout  Mammifère  qui , 
marchant  facilement,  cherche  a  allonger  le  plus  possible  le 
pas;  Tii  qu'il  lui  serait  impossible  d^avancer  beaucoup  soit 
le  iMmbre  antérieur,  soit  le  postérieur,  sans  avancer  d'une 


^  I 


Î24  THBOLOGIB  DB  LA  N  ATURB. 

part  l'épaale  et  de  Taatre  la  hanche  ;  et  pour  cette  dernière 
c'est  nécessairement  celle  du  côté  opposé. 

Les  Mammifères  souffrant  de  rhumatismes  lombaires» 
tels  que  les  vieux  chevaux  de  poste  ruinés ,  font  toutefois 
exception  à  cette  règle,  et  on  en  voit  facilement  la  raison. 
Ces  animaux  éprouvant  de  la  douleur  en  courbant  leur  épine 
du  dos,  évitent  ces  inflexions  dans  la  marche,  en  faisant  des 
pas  plus  petits  ;  où  il  suffit  de  porter  les  deux  membres  do 
même  côté  à  la  fois  en  avant,  sans  avancer  fortement  ni 
l'épaule  ni  la  hanche ,  ce  qui  les  obligerait  k  arquer  leur 
échine;  et  marchent  ainsi  en  balançant  simplement  leur 
corps  d'un  côté  vers  Tautre,  pour  soutenir  le  centre  de 
gravité  alternatiment  avec  les  deux  membres  de  droite 
et  de  gauche  :  marche  défectueuse ,  connue  sous  le  nom 
A^Amblê  ^  où  l'animal  n'étant  à  chaque  instant  appuyé  que 
sur  deux  membres  du  même  côté,  est  par  Ik  sujet  à 
être  facilement  renversé  en  dehors,  n'ayant,  de  ce  côté, 
aucun  moyen  de  parer  k  la  chute;  tandis  que  dans  la 
marche  ordinaire  normale,  il  y  a  toujours,  de  chaque 
côté,  un  pied  soulevé  prêt  k  porter  sur  le  sol,  sitôt  que 
l'équilibre  de  l'animal  serait  menacé.  C'est  ainsi  que  la 
Providence  a  su  faire  concorder  les  moyens  de  l'accélé- 
ration DE  LA  MARCHE  ,  AVEC  SA  CONDITION  LA  PLUS  FAVORABLE 
POUR  SA  SÛRETÉ. 

Quelques  espèces  de  Mammifères,  et  spécialement  la 
Girafe ,  marchent  cependant  aussi  naturellement  l'amble, 
et  cela  par  une  raison  qui ,  sans  être  la  même  que  chez  les 
animaux  malades,  se  rapporte  toutefois  k  peu  près  k  la 
même  causé  directe.  La  Girafe  ayant  le  corps  très-court,  et 
les  vertèbres  de  son  échine  fortement  articulées  entre  eWes , 
les  mouvements  latéraux  de  ces  os  sont  très-bornés;  d'où 
résulte  qu'il  serait  sinon  impossible ,  du  moins  très-difficile 
k  cet  animal,  d'arquer  suffisamment  sa  colonne  vertébrale, 
pour  faire  avancer  beaucoup ,  soit  l'épaule ,  soit  la  hanche; 
chose  d'ailleurs  fort  inutile  chez  la  Girafe,  dont  la  hauteur 


CHAPITRE   111.  i25 

conûdérabie  des  membres  lui  permet  de  faire  sans  cela  des 
pas  très-alloDgés. 

Il  semble ,  au  premier  aperçu ,  que  la  longueur  absolue 
des  membres  doit  être  une  chose  fort  indifférente  pour  la 
mécanique  animale ,  et  que  toutes  les  proportions  peuvent 
offrir  les  mêmes  avantages  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi ,  vu 
que ,  d'une  part ,  des  membres  très-courts  ne  permettraient 
pas  une  marche  convenablement  rapide  pour  la  grandeur  de 
l'animal,  et  même  encore  la  course  et  le  saut;  et  que, 
d'aulre  part ,  des  membres  très-élevés  rendraient  le  corps 
trop  chancelant,  en  même  temps  qu'ils  nuiraient  beaucoup 
k  plusieurs  facultés  de  l'animal,  qui,  une  fois  couché,  au- 
rait surtout  de  la  difficulté  k  se  relever  ;  et  cela  deviendrait 
même  impossible ,  si  les  membres  dépassaient  une  certaine 
longueur.  En  effet,  s'ils  étaient  trop  longs,  l'animal  couché 
directement,  la  poitrine  en  bas,  aurait  la  cuisse,  la  jambe 
et  les  pieds  si  fortement  fléchis ,  que  les  genoux  remonte- 
raient jusque  vers  le  dos,  dans  une  position  forcée,  très- 
fatigante  et  bientôt  insupportable  ;  circonstance  incompa- 
tible avec  le  repos  qu'il  cherche  en  se  couchant;  et  les 
jambes ,  égaleiâent  très-fléchies ,  se  fatigueraient  non-seule- 
ment de  même,  mais  elles  dépasseraient  le  niveau  du  ventre 
et  tiendraient  le  corps  suspendu  ;  de  manière  qu'il  n'appuie- 
rait pas  sur  le  sol  ;  autre  cause  de  fatigue ,  circonstance  qu'on 
remarque  chez  le  chien  Lévrier.  Enfin  le  pied  trop  long , 
dirigé  en  avant  sur  le  sol,  dépassant  le  centre  de  gravité, 
l'animal  ne  pourrait  que  fort  difficilement  élever  ses  talons 
pour  se  redresser  sur  ses  orteils  ;  et  c'est  en  effet  ce  qu'on 
remarque  dans  la  Girafe ,  dont  la  longueur  des  membres  pa- 
rait avoir  atteint  son  maximum,  cet  animal  étant  obligé, 
pour  se  lever,  d'appuyer  d'abord  sur  le  dessus  du  boulet, 
les  sabots  fléchis  en  arrière,  afin  de  raccourcir  d'autant  la 
hauteur  totale  des  membres.  Enfin  l'animal,  dont  les  quatre 
extrémités  seraient  trop  longues ,  ne  pourrait  plus  se  relever 
du  tout»  quand  une  fois  il  serait  couché  sur  le  flanc ,  ne  pou- 


nt  THBOLOOn  DB  LA   NATUilB. 

vant  pas  les  ramener  aana  le  centre  de  gravité,  qui  demande 
à  être  soutenu.  Les  Kanguroos  et  les  Gerboistê  »  dont  les 
membres  postérieurs  sont  fort  longs  »  se  relèvent  étant  oou* 
obés»  spit  en  s'aidatit  de  leur  queue,  soit  en  s'appvyant  en 
avant  sar  leurs  pattes  antérieures  proportionnées  k  la  gros- 
seur de  Tavant-train  de  leur  corps;  et  ces  animaui  n*0Dtp 
malgré  leurs  disproportions ,  les  membres  postérieurs  fn 
beaucoup  trop  grands  pour  la  partie  correspondante  da 
tronc,  très-gros  en  arrière. 

Une  loi  toutefois  qui  règle  dans  une  condition  la  hauteni* 
des  membres  cbez  les  MiocMirànEs,  veut  qu'elle  soit  d'ordi- 
naire la  même  dans  les  deux  paires ,  et  telle  qu'elle  équa 

Va  SOMME  DB  LA  LONQUBUR  DU  COU  ET  DE  LA  TÉTB  ;  PEOFOft- 

TioM  sAfifiMENT  CALCULÉE  PAR  LA  Providehce  ,  poor  permettra 
\  ces  animaux  de  pourvoir  k  leur  nourriture,  que  la  presque 
totalité  d'entre  eux  doit  chercher  a  terre»  Cette  loi  éprouve 
toutefois  certaines  exceptions,  mais  Ik  seolement  ou  uns 

RAlSOIf  QUELCONQUE    L'a  PERMIS  OU  VOULU    AUTREMENT;    6l 

alors  rinconvénient  qui  en  résulte  est  toujours  prévenu 

PAR  DBS  dispositions  PARTICULIÈRES  QUI  PROUVENT  QllB 
CM  DÉFAUT  A  ÉTÉ  PARf AITEMENT  APPRÉCIÉ  PAR  LE  CRÉA* 
TBUR. 

D^k  l'Homme  et  tous  les  Singes  présentent  une  grande 
exception  k  cette  loi  ;  mais  ils  ont  reçu ,  en  compensation , 
)a  faculté  de  pouvoir  porter  leur  nourriture  k  la  bouche  an 
moyen  de  mains. 

Les  Chauve-Souriê ,  ayant  les  membres  antérieurs  d*tne 
longueur  extrême  et  le  cou  fort  court,  saisissent  leur  nour^ 
riture  au  vol  ;  et  peuvent  du  reste  plier  le  coude  tellement  en 
arrière  que  leur  poitrine  touche  sur  le  sol,  ce  qui  leur 
permet  de  pouvoir  facilement  atteindre  k  terre  avec  leur 
bouche.  VÊUphant ,  bkti  pour  la  hauteur  des  membres  dans 
les  proportions  de  tous  les  Mammifères  digitigrades,  ne 
peut  avoir  toutefois  qu'un  cou  fort  court,  afin  qne  la  tête  qui 
devait  porter  les  énormes  et  lourdes  défenses  de  cet  animal  y 


CHAPITftfi   UU  agt 

ne  pesftt  pas  sur  un  trop  long  levier  qu*aurait  formé  le  cou  » 
8*il  avait  été  dans  la  proportion  de  celui  des  autres  Mammi- 
ftres.  Hais  cet  animal  a  reçu  ^  en  compensation ,  cette  longue 
trompe  au  moyen  de  laquelle  il  peut  très  adroitement  saisir 
les  objets  les  plus  petits  placés  à  terre ,  et  même  Teau ,  pour 
les  porter  h  sa  bouche  ;  et  cet  organe ,  d'une  structure  des 
plus  admirables 9  qu*il  peut  tourner  avec  adresse  et  force 
dans  tous  les  sens ,  ne  lui  a  pas  seulement  été  honné  en 
conséquence  de  la  brièveté  du  cou ,  mais  encore  par  cela 
même  que  les  défenses,  qui  ont  souvent  plus  de  deut 
mètres  de  long ,  ne  lui  permettraient  pas ,  quand  même  le 
eou  serait  long ,  de  saisir  quoi  que  ce  soit  à  terre  avec  sa 
bouche. 

La  Girafe^  dont  les  membres  antérieurs  sont  plus  longs 
que  les  postérieurs ,  et  a  pour  cela  aussi  reçu  un  cou  d*une 
longueur  démesurée ,  ne  Ta  cependant  pas  encore  assez  long 
pour  pouvoir  facilement  atteindre  k  tefre,  d'où  elle  se 
trouve  obligée  d'écarter  fortement  ses  pieds  afin  de  tou- 
cher au  sol  ;  position  tellement  forcée  et  fatigante  qu'elle  ne 
pourrait  la  maintenir  que  quelques  instants  ;  aussi  a-t-elle 
été  GitÉÉE  pour  se  nourrir  des  feuilles  des  arbres  qu'elle  peut 
atteindre  k  de  très-grandes  hauteurs. 

Enfin  les  Gétacébs  ,  dont  le  cou  est  tellement  court  qu'il 
n'est  aucunement  apparent,  ne  sauraient  jamais  diriger  leur 
bouche  en  dessous  ;  mais ,  vivant  dans  l'eau ,  ils  trouvent 
leur  nourriture  au-devant  d'eux. 

Quant  aux  animaux  vertébrés  des  autres  classes  ,  cette 
même  loi  existe  également  aussi  pour  eux ,  mais  dans  ce 
sens  seulement  que  le  cou  est  toujours  assez  long  pour  qu'ils 
paissent  saisir  les  objets  à  terre,  et  souvent  plus  long  que  la 
hauteur  du  train  antérieur  de  leur  corps  :  ce  qui  n'existe 
dans  aucun  Mammifère  connu.  J'en  parlerai  plus  loin  en 
traitant  des  diverses  autres  classes  de  Vertébrés  en  parti- 
caKer. 

Dans  les  diverses  modifications  que  le  mode  principal' 


2i8  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

d*organisation  des  Mammirères  sabit  d'une  famille  à  Ttatre, 
îi  est  fort  remarquable  de  voir  avec  quelle  subliub  conhiis- 

SANCE  DE  LA  PHYSIQUE  LE  CRÉATEUR  A  PROCÉDÉ  POUR  TRAH^ 
FORMER  CES  ANIMAUX  AU  POINT  DE  LES  RENDRE  8UGCBSSITE* 
MENT    PROPRES    À    REMPLIR    PARFAITEMENT    DBS    CONDITIONS 

d'existence  LES  PLUS  DIFFÉRENTES.  Nous  avons  déjà  TR 
comment  de  Torganisation  bipède  de  THomme ,  les  Mammi- 
fères sont  devenus  quadrupèdes  par  la  transformation  de 
leurs  membres ,  et  surtout  des  antérieurs  qui  ont  dû  subir 
des  changements  plus  considérables  que  les  postérieurs, 
ayant  à  la  fois  à  changer  de  fonction  ;  mais  je  me  suis  borné 
à  faire  simplement  voir  quels  rapports  d'organisation  exis- 
taient entre  les  types  des  Mammifères  bipèdes  et  quadru- 
pèdes ,  sans  entrer  dans  aucun  détail  sur  les  modifications 
graduelles  que  présentent  les  espèces  intermédiaires ,  et  saos 
parler  même  de  celles  qui  volent,  ou  qui  sont  conformées 
pour  la  nage ,  offrant  les  unes  et  les  autres  dans  leur  orga- 
nisme les  conditions  les  plus  parfaites  tant  que  ces  condi- 
tions SONT  GOMPATIRLES  AVEC  LE  PRINCIPE  ESSENTIEL  D* APRÈS 
LEQUEL  LES  MAMMIFÈRES  ONT  ÉTÉ  FORMÉS. 

Pour  arriver  de  la  condition  bipède  de  Thomme,  où  les 
membres  antérieurs  sont  exclusivement  destinés  k  la  pré- 
hension ,  k  celle  du  quadrupède ,  la  transition  que  présentent 
les  espèces  intermédiaires  est  fort  remarquable.  Chez  les 
Singes  supérieurs,  tels  que  le  Chimpanzé  et  V Orang-outang t 
les  animaux  les  plus  voisins  de  Thomme,  les  membres  anté- 
rieurs servent  encore  presque  exclusivement  à  la  préhen* 
sion ,  mais  avec  le  caractère  bien  évident  de  la  locomotion  ; 
c'est-k-dire  qu'ils  ne  servent  point  encore  k  la  marche,  mais 
très-essefttiellement  au  grimper^  qu'on  peut  très-bien  nom- 
mer une'marche  par  préhension.  Pour  cela  le  corps  entier 
de  l'animal  n'a  subi  encore  que  de  très-légères  modifica- 
tions; les  membres  antérieurs  ont  simplement  été  rendus 
beaucoup  plus  longs,  atteignant,  dans  le  Chimpanzé  debout, 
jusqu'au  niveau  k  peu  près  des  genoux,  et  chez  VOrang- 


CHAPITRE    III.  221) 

ù^ang,  jusqu'auprès  des  chevilles,  afin  que  ces  animaux, 
grimpeurs  par  excellence ,  puissent  saisir  au  loin  les  branches 
d'arbres  sur  lesquels  ils  passent  en  grande  partie  leur  vie , 
surtout  le  second,  plus  éloigné  de  Thomme  que  le  premier; 
et  la  marche,  soit  bipède,  soit  quadrupède  sur  un  sol  plat , 
leur  est  également  fort  difficile. 

Destriés  à  être  presque  toujours  accrochés  par  leurs 
MAii«s,  qui  supportent  ainsi  en  grande  partie  le  poids  du 
corps,  leurs  membres  postérieurs  sont  non  -  seulement 
beaucoup  plus  faibles  que  dans  l'espèce  humaine,  mais 
même  les  pieds  omt  été  modifiés  en  conséquence  du 

NOUVEAU  mode  DE  LOCOMOTION  DE  CES  ANIMAUX,  EN  ÉCAR- 
TANT  LE   PREMIER    ORTEIL    DES    AUTRES,    POUR    LE    RENDRE 

OPPOSABLE  A  CEUX-CI ,  commc  Test  le  pouce  à  la  main  de 
rbomme  ;  disposition  également  conservée  encore  chez 
tous  les  autres  Singes;  de  manière  que  ces  animaux  ont, 
comme  on  dit,  quatre  mains;  d'où  ce  second  Ordre  de 
la  Classe  des  Mabimifères  a  reçu  le  nom  de  Quadru- 
manes. 

Comme  les  Orangs  ne  sont  point  destinés  à  marcher 
sur  le  sol,  mais  bien  plutôt  k  saisir  par  les  côtés  les 
branches  des  arbres ,  la  plante  de  leurs  pieds  n'est  pas  ho- 
rizontale comme  dans  l'homme,  mais  oblique  au  dedans, 
POUR  ÊTRE  mieux  APPROPRIÉ  AU  GRIMPER ,  ct  appuie  dc  Ik  sur 
le  côté  pendant  la  marche ,  en  même  temps  que  ces  animaux 
ont  de  la  difficulté  k  ouvrir  complètement  leurs  pieds,  dont 
les  orteils  restent  d'ordinaire  plus  ou  moins  crochus,  même 
pendant  la  marche  sur  un  sol  plat  ;  et  il  en  est  de  même  pour 
les  mains.  C'est  au  point  que  lorsque  Y  Orang-outang  marche 
momentanément  k  quatre ,  il  appuie  ses  mains  par  le  dos 
des  doigts  fermés ,  ne  pouvant  déjk  plus  étendre  le  poignet 
beaucoup  au  delk  de  la  direction  droite  avec  l'avant-bras; 
faculté  qui  n'est  propre  qu'k  l'homme  ;  et  en  cessant  déjb 
chez  les  Singes  supérieurs ,  cette  modification  indique  déjà 
une  première  tendance  vers  la  condition  quadrupède  que 


930  TuiOLOGIB   DB  LA   MATDRI. 

présentenl»  sous  oe  rapport,  leg  aatres  Mammifères. 
Quant  aai  autres  parties  du  corps  des  Singes  supérieurs , 
elles  n'offrent  que  de  très-Iégères  modifications ,  qui  coda- 
mencent  ii  les  rapprocher  des  quadrupèdes.  C'est  ainsi  que 
la  museau  se  prolonge  déjà  assez  fortement  dans  le  Chim- 
panzé ,  et  surtout  chez  les  vieux  Orangi-outangs ,  où  sa 
saillie  est  même  plus  considérable  que  dans  la  plupart  des 
autres  Singes. 

Nb    DBVAIIT  point  marcher    sur   leurs   membres  AlfTft- 

RIEURS ,  la  poitrine  est  encore  large  comme  dans  l'homme  ; 
et  la  queue  est ,  comme  dans  ce  dernier,  réduite  à  un  simple 
rudiment  caché  dans  les  chairs. 

Chez  les  autres  Singes,  qui  commencent  cependant  déjh 
il  marcher  souvent  k  quatre  ;  le  corps  et  les  membres  sont 
généralement  encore  grêles  et  libres ,  pour  laisser  a  ces 

iUflMAUX  TOUTE  LA  LÉGÈRETÉ  ET  LA  SOUPLESSE  NÉCESSAIRES 

A  LEUR  VIE  DB  GRIMPEURS ,  vivaut  d*ordinaire  sur  les  arbres , 
où  ils  sautent  avec  la  plus  grande  agilité  d'une  branche 
k  l'antre.  Pour  cela  leurs  os  sont  généralement  très-grêles , 
et  les  apophyses  que  ceux-ci  forment  sont  fort  longues, 
pour  offrir  de  plus  grands  bras  de  leviers  aux  muscles  qui 
s'y  fusèrent.  Les  articulations  sont  très-mobiles ,  les  mus- 
cles bien  distincts  les  uns  des  autres,  et  unis  par  un  abon- 
dant tissu  cellulaire  qui  facilite  leur  glissement;  le  tout 
comme  chez  les  Carnivores  Sauteurs,  dispositions  fort 
importantes  chez  ces  animaux,  qui  doivent  se  mouvoir  avec 
la  plus  grande  facilité  ;  toutes  conditions  qu'on  trouve  déjà 
chez  les  Singes  supérieurs  dont  ils  ne  diffèrent  que  par 
une  plus  grande  analogie  avec  les  Mammifères  digitigra- 
des, marcUant  déjk  facilement  à  quatre,  n'appuyant  m 
avant  que  sur  les  doigts  dans  toute  leur  longueur  ;  mais  en 
arrière,  comme  l'espèce  humaine,  sur  toute  la  plante,  en 
relevant  cependant  déjli  plus  ou  moins  le  talon  dans  là 
marche  quadrupède. 
La  plupart  ont  aussi  une  queue  fort  longue  et  grêle,  sans 


CHAPITRE   111.  934 

usage  eoDBu ,  mais  qui  chez  quelques  espèces ,  telles  que  les 
Sapajùus ,  présente  toutefois  la  faculté  remarquable ,  dont 
il  a  déjk  été  parlé,  de  pouvoir  s'enrouler  avec  assez  de  force 
autour  des  corps  environnants  pour  servir  k  ces  anitnauit 
comme  d'une  cinquième  main  avec  laquelle  ils  s'accrochent; 

et  G'BST  k  CETTE  PHEMIÈRE  FONGTlOlf  BIE19   ÉVIDENTE  DE  LA 

QUEUE ,  que  se  prépare  déjk  cet  appendice  chez  les  autres 
Singes,  où,  d'abord  rudimentaire ,  il  devient,  plus  loin, 
très-long,  en  restant  toutefois  encore  sans  usage. 

Cette  faculté  qu'ont  reçue  quelques  Singes  et  autres  ani- 
maux de  pouvoir  saisir  les  objets  avec  leur  queue ,  parait 
fert  naturelle ,  quand  on  considère  que ,  mieux  même  que 
les  doigts,  cet  appendice  pouvait,  par  TefTet  de  ses  nom- 
breuses articulations,  être  parfaitement  employé  à  cette 
fonction  I  qu'elle  n'exerce  toutefois  que  exceptionnelle- 
ment dans  quelques  espèces,  ne  lé  conservant  pas  danft 
les  autres.  La  sensibilité  tactile  est  même  telle  dand  la 
partie  terminale  de  ces  queues  prenantes ,  que  ces  ani- 
maux trouvent  sans  les  voir,  et  comme  par  instinct,  les 
objets  placés  derrière  eux,  auxquels  ils  peuvent  s'accro- 
cher. 

Au  delà  des  Quadrumanes ,  dans  l'ordre  des  GHEiROt^TiiiEft 
ou  des  Chauvêê'SaurU ,  I'Intelligekce  créatrice  a  uoDiFti 

LE  TT?E  général  DES  MaMUIFÈRES  ,  ENCORE  d'uNE  AUTRÈ 
FAÇON ,  EN  L*AGGOHMODANT ,  par  QUELQUES  LÉGERS  CHANGE- 
MENTS, À  LA  FONCTION  DU  VOL;  TANT  LES  MOYENS  LUI  ONt  ÉTÉ 

FACILES ,  sans  cependant  avoir  pu  atteindre  ici  la  perfection 
du  type  des  animaux  vertébrés  volants ,  incompatible ,  à  ce 
qu'il  parait,  avec  le  mode  d'organisation  des  Mammifères, 
mais  que  nous  trouverons  dans  toute  son  admirable  perfec- 
tion chez  les  Oiseaux. 

Pour  transformer  le  modèle  de  l'Homme  ou  du  Singe  en 
un  Être  capable  de  pouvoir  se  soutenir  dans  l'air  par  l'effet 
d'un  véritable  vol ,  il  a  suffi  au  Créateur  d'allonger  plus 

ou  «Oins  LES  DOlGTt  DE  LA  MAIN  ET  DE  LES  RÉUNm  DANS  TOUTE 


i3S  THÉOLOGIE  DB  LA   NATVM. 

LEUR  LONGUEUR ,  PAR  UNE  EXPANSION  DERMOÏQCE  Semblable  ï 

celle  qui  remplit  rintervalle  des  orteils  du  Canard ,  et  de  la 

PROLONGER  LE  LONG  DES  MEMBRES  ET  DES  FIANCS  JUSQU*A€X 
PIEDS  ,  ET  PLUS  LOIN  ENTRE  LES  MEMBRES  POSTÉRIEURS  ,  ES 

Y  COMPRENANT  LA  QUEUE ,  en  doDuant  ainsi  à  Tensemble  la 
forme  de  Taile  de  foiseau,  et  lobjet  principal  fut  fait,  le 
reste  n'étant  plus  que  l'affaire  de  quelques  légères  modifica- 
tions de  certains  organes ,  comme  conséquence  de  ce  pre- 
mier et  principal  changement. 

Dans  le  genre  Galéopilhèque ,  animaux  qui  présentent  le 
premier  degré  de  cette  transformation ,  toutes  les  parties  du 
corps  restent  k  très-peu  de  chose  près  les  mêmes  que  dans 
les  Singes;  les  doigts  seulement  sont  un  peu  plus  longs  »  et 
se  trouvent,  comme  je  viens  de  le  dire,  réunis  par  ooe 
membrane  qui  sétend  jusqu'aux  pieds  et  à  la  queue ,  en 
remplissant  les  intervalles.  C'est  en  agitant  ces  ailes,  encore 
peu  étendues ,  que  ces  animaux  se  soutiennent  assez  facile- 
ment en  Tair,  sans  pouvoir,  k  ce  qu'il  parait,  parcourir  de 
grandes  distances  dans  les  airs.  Un  peu  plus  loin,  les 
véritables  Chauves-Souris  arrivent  de  suite  au  type  de  Vor- 
ganisation  pour  ce  genre  de  vol ,  en  recevant  simplement 
des  mains  considérablement  plus  grandes,  où  les  os  méta- 
carpiens et  les  doigts  représentent  tout  k  fait  les  baleines 
d'un  parapluie.  Par  Teifet  de  ce  simple  changement,  les  ailes 
de  ces  singuliers  animaux  les  rendent  capables  d'exécuter, 
comme  tout  le  monde  le  sait,  un  vol  extrêmement  facile  et 
même  assez  prompt ,  sans  pouvoir  toutefois  le  soutenir  très- 
longtemps. 

Cette  modification  dans  l'organisation  du  type  de  l'Homme 
et  des  Singes  en  a  ensuite  entraîné  quelques  autres  très-légè- 
res, comme  conséquence  de  la  facuté  de  voler.  C'est  ainsi 
que ,  non  seulement  les  doigts  ont  dû  être  prodigieusement 
allongés ,  mais  encore  le  bras  et  Favant-bras  ont  dû  l'être 
aussi,  afin  de  contribuer  d'une  part  k  étendre  l'aile,  et  de 
Tautre ,  pour  rendre  la  partie  interne  de  cette  aile  plus  ré- 


CHAniKi  ui.  333 

sistante ,  tont  en  conservant  du  reste  les  mêmes  dispositions 
qu'ils  ont  chez  THomme  et  les  Singes. 

Comme  ces  ailes  devaient  être  principalement  mises  en 
mouvement  par  les  muscles  abaisseurs  des  bras,  c'est-k-dire 
par  ceux  placés  à  la  poitrine  ou  muscles  pectoratus ,  ayant 
dû  être  nécessairement  très -puissants,  ils  n'eussent  point 

trouvé  de  points  d'attache  suffisants,  si  le  sternum  au- 
quel ils  s'insèrent  fût  resté  dans  les  conditions  qu'il  offre 
chez  rUomme  et  les  Quadrumanes ,  où  il  est  généralement 
grêle,  et  de  Ik  assez  faible  ;  aussi  celte  série  d'os  a-t-ellk 

ÉTÉ  TRANSFORMÉE  EN  UN  SEUL,  BEA^UCOUP  PLUS  FORT,  ET 
PRÉSENTANT  LE  LONG  DE  SA  LIGNE  MÉDUNE  UNE  CRÈTE  SAIL- 
1.ANTE  POUR  OFFRIR  UNE  PLUS  GRANDE  SURFACE  d' ATTACHE  À 

CES  MÊMES  MUSCLES.  Yoilk  k  pcu  près  toutes  les  modifications 
qu'il  a  suffi  k  l'Intelligence  suprême  d'introduire  dans  l'or- 
ganisme de  ces  animaux,  pour  transformer  le  type  de 
l'homme  en  celui  de  mammifères  très*bons  voiliers. 

Mais  il  ne  suffit  pas  que  les  Chéiroptères  pussent  voler,  il 
a  fallu  leur  conserver  encore  la  faculté  de  marcher  ;  et  gela 
FUT  facile  ;  quoique  les  mains  fussent  transformées  en  ailes , 
elles  ne  perdirent  pas  nécessairement  par  Ik  les  moyens  de 
pouvoir  servir  aussi  k  la  locomotion  sur  le  sol.  Et  en  effet, 
les  carpes  et  les  pouces,  qui  n'ont  éprouvé  aucun  change- 
ment notable,  continuent  k  servir  de  points  d'appui  aux 
membres  quand  l'animal  est  k  terre  ;  et  les  membres  posté- 
rieurs ,  qui  n'ont  éprouvé  que  de  fort  légères  modifications , 
conservent  encore  mieux  leur  fonction  primitive  ;  surtout  le 
pied  proprement  dit ,  qui  ressemble  même  encore  beaucoup 
k  celui  de  l'homme,  ayant  ses  cinq  orteils  courts  et  de  ni- 
veau ,  garnis  seulement  de  griffes  fort  grandes  et  très-cro- 
chues. 

Pour  marcher,  les  Chauves-Souris  appuient  la  paume  de 
la  main  k  terre ,  et  replient  leurs  doigts  si  prodigieusement 
allongés,  avec  la  membrane  qui  les  réunit,  latéralement  en 
haut  vers  le  dos,  où  cette  membrane  n'offre  aucun  obstacle 


t34  TBBOLOGIV  »■  LA  NATURB. 

k  la  marche ,  qui  s'exécute  même  a? ec  une  assez  grande 
piditë  pour  mériter  le  nom  de  course  ;  et  le  pouce  resté 
court,  appuyant  sur  le  sol  dans  toute  sa  longueur,  leur  sert  » 
par  son  ongle  fort  et  très-crochu  k  s'y  cramponner  assez  so- 
lidement. 

Ces  animaux  faibles  et  inoflénsîfs,  dont  la  plupart  ne 
vivent  que  d'insectes  nocturnes ,  qu'ils  poursuivent  au  ifol  « 
ne  pouvant  guère  habiter  sur  la  terre,  où  ils  seraient  trop 
exposés  k  devenir  la  proie  de  tous  les  animaux  carnassiers , 

IL   LBUR   FUT  ÀSSIGN*    POUR  HABITATION,  SOit  lO  CreUX  deS 

arbres ,  soit  les  cavernes ,  où  la  lumière  du  jour,  qui  blesse 
leur  vue,  ne  pénètre  que  difficilement;  et  par  l'eflët  de  la 
civilisation  de  l'homme,  ils  trouvent  d'excellents  abris  dans 
les  clochers  et  autres  édifices  qu'il  construit.  C'est  Ik  que  ces 
innocentes  créatures ,  auxquelles  la  plupart  des  personnes 
ont  voué  si  injustement  une  répugnance  sans  raison ,  ha- 
bitent pendant  le  jour,  en  s'y  accrochant  au  moyen  de  leurs 
pieds  de  derrière ,  auxquels  elles  se  suspendent  la  tête  en 
bas,  par  les  griffes  très-erochues  dont  ils  sont  munis,  sans 
avoir  besoin  de  faire  pour  cela  le  moindre  effort  volontaire  ; 
aussi  peuvent-elles  dormir  ainsi  pendant  tout  l'hiver  sans 
éprouver  de  fatigue. 

La  SOLLICITUDB  DU  CrÉATBUR  POUR  CES  PAIBLES  AimUUX 
NE  s'est  pas  encore  ARRÊTÉE  LÀ  DANS  SA  BONTÉ  INFOUE.  Ainsi 

suspendus  par  les  pieds ,  leurs  yeux  eussent  été  tournés  vers 
l'objet  auquel  ils  sont  accrochés ,  si  leurs  pieds  étaient  dis- 
posés comme  ceux  des  autres  animaux.  Inconvénient  qui 

FUT  prévenu  en  TOURNANT  LES  PIEDS  EN  SENS  GONTRAmE  ; 
c'est-à-dire  EN  LES  DIRIGEANT  EN  ARRIÈRE.  PST  OC  moyCU  ,  le 

petit  animal  est  appliqué  par  son  ventre  contre  le  mur,  avec 
ses  yeux  tournés  vers  l'espace  libre ,  pour  voir  autour  de  lui. 
L'ordre  des  Chéiroptères  formant  une  simple  branche 
dans  la  Classe  des  Mammifères  ,  branche  qui  se  termine 
sans  se  lier  au  bout  k  aucune  autre  division  ;  on  passe  de 
même  des  derniers  Quadrumanes  ,  au  quatrième  Ordre  dès 


CHAPRRB   III.  235 

MAMMiFiKES,  à  celui  des  Plantigrades,  dont  le  principal 
type  est  le  genre  Ours.  Dans  ces  animaux ,  qui  habitent  gé- 
néralement k  terre ,  les  pieds  reprennent  en  conséquence , 
de  nouveau,  k  peu  près,  la  forme  qu'ils  ont  dans  Tespèce 
humaine  ;  c'est-h-dire  que  les  cinq  orteils  sont  k  côté  les  uns 
des  autres ,  avec  cette  différence  toutefois  que  le  premier  ou 
rinteme,  au  lieu  d'être  plus  fort  que  les  autres ,  est  au  con- 
traire plus  petit  que  le  second,  comme  d'ailleurs  déjk  chez 
les  Singes,  en  offrant  de  part  et  d'autre  le  premier  degré  de 
dégradation  par  laquelle  il  doit  le  premier  disparaître  dans 
les  antres  familles  de  Mammifères.  Du  reste,  le  pied  de 
rOurs  ressemble  beaucoup  k  celui  de  l'Homme;  offrant  de 
même  sous  le  bord  interne  du  cou-de-pied  un  creux  assez 
bien  marqué ,  et  appuyant  sur  le  sol  par  le  talon ,  le  bord 
externe  du  pied  et  les  orteils  dans  toute  leur  longueur;  le 
tont  absolument  comme  chez  l'Homme. 

Quant  aux  membres  antérieurs ,  ces  animaux  sont  digiti- 
grades comme  les  Singes  ;  mais  n*ont  plus ,  comme  eux  et 
l'Homme ,  le  pouce  séparé  et  opposable  aux  autres  doigts, 
mais  placé  k  côté  de  ces  derniers ,  quoique  déjk  sensible- 
ment plus  court. 

Les  Plantigrades  faisant  immédiatement  suite  aux  Qua- 
drumanes, les  Ours  y  leur  principal  type,  offrent  encore 
cette  analogie  avec  ces  derniers ,  que  bien  que  leurs  mains 
aient  déjk  des  doigts  fort  courts  munis  de  griffes,  et  le 
pouce  non  opposable,  ils  conservent  encore  la  faculté  de 
saisir  les  objets  avec  quelque  facilité  avec  leurs  mains  ;  au- 
tant du  moins  que  le  comporte  la  dégradation  en  organe  lo- 
comoteur qu'elle  a  éprouvée. 

Quoique  les  Ours  n'aient  plus  qu'une  clavicule  entière- 
ment rudimentaire,  suspendue  dans  les  chairs  au  bas  du 
cou ,  et  absolument  sans  aucune  fonction ,  ces  animaux  ont 
cependant  la  faculté  de  pouvoir  étreindre  très  -  fortement 
les  objets  en  les  serrant  dans  les  bras ,  moyen  dont  ils 
se  servent  habituellement  pour  combatre ,  ou  pour  grimper 


S36  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

anx  arbres ,  en  saisissant  leur  tronc  dans  leurs  bras  vigou- 
reux. Ce  fait,  contraire  à  l'idée  qu'on  s'est  formée  de  Tu- 
sage  des  clavicules ,  prouve  qu'on  ne  connaît  pas  encore  la 
vraie  loi  de  relation  et  de  subordination  de  cet  os. 

C'est  aussi  par  leur  voisinage  avec  les  Singes,  mais  sur- 
tout par  l'effet  de  la  forme  et  de  la  disposition  de  leurs  pieds 
plantigrades ,  que  les  Ours  conservent  la  faculté  de  pouvoir 
facilement  marcher  debout ,  en  prenant  assez  bien  la  tour- 
nure d'un  homme  ;  et  cela  même  mieux  que  les  Orangs- 
outangs ,  dont  le  pied  est,  ainsi  qu'on  Ta  vu  plus  haut,  moins 
bien  conformé  pour  la  marche  bipède. 

On  trouve  aussi  dans  cet  Ordre  des  PL\NTiGRi.DEs  quel- 
ques espèces  remarquables  par  leur  organisation  tout  ex- 
ceptionnelle : 

Le  Kinkajou^  dont  la  queue  est  prenante  comme  celle  des 
Singes  sapajous. 

Les  Taupes^  si  extraordinairement  organisées  pour  en 

FAmE  DES  ANIMAUX  FOUISSEURS  PAR  EXCELLENCE  ,   genre  de 

vie  pour  lequel  les  membres  antérieurs,  excessivement  forts, 
ont  éprouvé  une  véritable  torsion  sur  eux-mêmes ,  de  ma- 
nière que  les  coudes  se  trouvent  tournés  en  dessus  et  en 
dehors. 

L'os  du  bras  et  les  mains  sont  surtout  excessivement 
larges ,  indiquant  la  force  que  ces  animaux  si  petits  em- 
ploient pour  remuer  la  terre  et  la  pousser  au  dehors  de  bas 
en  haut. 

Un  autre  animal  du  même  ordre  des  Plantigrades ,  re- 
marquable par  son  organisation  toute  spéciale ,  est  le  Hé- 
risson ,  dont  le  corps ,  couvert  de  piquants  de  deux  centi- 
mètres de  long,  dirigés  dans  tous  les  sens,  au  lieu  de  poils 
doux  et  touffus,  trouve  dans  cette  espèce  d'armure  un  moyen 
passif  de  défense  contre  ses  ennemis ,  qui  ne  peuvent  l'at- 
taquer sans  se  blesser  eux-mêmes.  Ces  nombreuses  épines, 
très-aiguës,  qui  ne  sont  dans  le  principe  que  d'énormes 
poils  fort  roides,  ne  couvrent  toutefois  que  le  dessus  du 


ghàpitrb  III.  237 

corps,  tandis  que  vers  le  ventre  et  sar  les  pattes,  ces 
piquants,  devenant  de  plus  en  plus  faibles,  finissent  par 
n'être  plus  que  de  simples  poils  grossiers ,  il  est  vrai ,  mais 
très-flexibles,  afin  de  ne  pas  blesser  l'animal  lui-même 
lorsqu'il  se  ment  ou  se  trouve  couché.  Or,  le  hérisson  serait 
en  conséquence  parfaitement  attaquable  dans  ces  parties  du 
corps ,  malgré  les  piquants  dont  il  est  couvert  en  dessus , 
si  la  Providence  ,  qui  l'a  pourvu  de  ce  moyen  de  défense  , 
ne  l'eût  pas  rendu  efficace,  en  mettant  également  la 
région  ventrale  du  corps  k  l'abri  ;  et  c'est  ce  qu'elle  a 

FAIT  EN  DONNANT  À  CE  PETIT  ANIMAL  LA  FACULTÉ  DE  POUVOIR 
SE  ROULER  EN  BOULE  POUR  CACHER  CES  PARTIES  FAIBLES 

DE  SON  CORPS.  Or  ce  moyen,  e\le  l'a  trouvé  dans  un 
NOUVEL  EMPLOI  qu'elle  A  FAIT  À  CE  SUJET  du  graud  musclc 
peaussier  qui  revêt  tout  le  tronc  des  Mammifères  quadru- 
pèdes; muscle  dont  il  a  été  question  plus  haut,  en  disant 
qu'il  servait  principalement  à  remuer  la  peau ,  soit  pour  en 
chasser  les  insectes  incommodes ,  soit  pour  lancer  au  loin 
l'eau  qui  imprègne  le  poil.  Chez  le  hérisson,  il  remplit  en 
outre  la  fonction  bien  plus  importante  de  garantir  l'animal 
des  attaques  de  ses  ennemis.  Pour  cela,  ce  muscle  prend  chez 
lui  un  bien  plus  grand  développement  encore  que  chez  les 
autres  mammifères ,  s'étendant  en  avant  jusque  sur  le  front 
et  en  arrière  jusqu'au  bas  des  cuisses  qu'il  enveloppe ,  en 
même  temps  que  les  bords  latéraux ,  descendant  jusqu'aux 
eâlés  du  ventre,  sont  fort  épais,  et  de  là  capables  d'une  très- 
grande  force.  Dans  cette  disposition,  lorsque  ce  vaste  muscle 
se  contracte,  ses  extrémités  rapprochent  les  deux  bouts 
du  corps  en  les  repliant  vers  le  ventre,  et  continuant  à  se 
resserrer,  il  fronce  la  peau  en  cercle  en  dessous,  absolument 
comme  le  font  les  cordons  d'ane  bourse,  et  enferme  ainsi  la 
tête,  les  quatre  membres  et  la  queue  dans  sa  cavité,  de  ma- 
nière que  l'animal  entier  prend  la  forme  d'une  boule  héris- 
sée de  toute  part  de  piquants ,  et  k  laquelle  on  ne  distingue 
rien  de  ces  parties  simplement  poilues  qui  se  trouvent  ainsi 


t38  THitOLOCK  M  LA  HATURB. 

renfermées;  et  rammal  reste  dans  celte  position  tant  que 
dure  le  danger  qui  le  menace  ;  si  toutefois  le  temps  D*est  pai 
trop  long,  et  que  la  fatigue  ne  le  force  pas  à  se  dérouler. 

C'est,  ainsi  que  j*ai  déjà  eu  Toecasion  de  le  dire,  dans 
rORDRB  des  Carniyorbs,  qui  suit  immédiatement  celaî  des 
Plantigrades  ^  en  occupant  ï  peu  près  le  milieu  de  la  clàs» 
des  Mammifères  i  que  ceux-ci  arrivent  dans  le  genre  Chat 
non-seulement  au  type  des  espèces  digitigrades,  mais  aussi 
k  celui  de  la  Classe  entière^  dans  ce  sens  que  ces  animaux 
offrent  Torganisation  la  plus  compliquée,  et  que  chaque 
partie  remplit  le  plus  complètement  ses  fonctions,  k  Vexcep- 
tion  des  facultés  intellectuelles  qui  arrivent  au*contraire 
chez  Y  Homme  au  plus  haut  degré  de  perfection. 

En  comparant  l'organisation  du  Chat  k  celle  de  ÏHomww, 
j'ai  déjà  fait  remarquer  avec  quelques  détails  les  différentes 
modifications  que  le  type  des  Mammifères  éprouvait  et 
passant  de  l'un  k  l'autre  ;  il  me  reste  k  faire  ressortir  les 
particularités  que  présentent  en  général  les  digitigrades  des 
Ordres  des  Carnivores  ,  des  Marsupiaux  et  des  Rongeurs  , 
qui  ne  diffèrent  pas  essentiellement  sous  le  rapport  des 
organes  locomoteurs. 

Chez  les  premiers  de  ces  animaux ,  tons  carnassiers ,  et 
par  conséquent  généralement  chasseurs ,  ainsi  qse  thee  Us 
autres ,  qui ,  la  plupart  faibles ,  ne  peuvent  échapper  k  leurs 
ennemis  que  par  la  fuite ,  les  mouvements  ayant  dA  être 
surtout  très-prompts,  et  pour  cela  le  corps  léger,  le  squelette 
est  d'ordinaire  grêle ,  quoique  fort  solide  par  la  compacité 
des  os  ;  et  les  apophyses  de  ces  derniers ,  servant  de  bras 
de  levier  sur  lesquels  agissent  les  muscles ,  sont  d'ordinaire 
longues  et  étroites,  afin  d'être  assez  écartées  pour  ne  pas  se 
rencontrer  d'un  os  k  l'autre  lorsque  ceux-ci  se  fléchissent; 
caractères  qu'on  trouve  parfaitement  chez  les  singes  et 
beaucoup  de |Pl antigrades,  ainu  que  chez  tous  les  Ruin- 
NANTS  agiles ,  mais  ici  toutefois  k  un  degré  bien  ncundre 
que  chez  les  digitigrades. 


GfiArrrAÉ  nu  t89 

G'e8l  surtout  dans  le  geote  Chat^  le  parfait  modèle 
des  mammifères  sautears,  qu'on  trouve  bien  prononcé 
le  caractère  que  présentent  les  apophyses  de  la  colonne 
vertébrale  d'être  dirigées  obliquement  vers  le  nœud  de 
mouvement  de  cette  dernière  lorsque  Tanimal  saute  ;  carac- 
tère qui  existe  d'ailleurs  aussi  par  la  même  raison  chez 
beaucoup  de  Rongeubs  ,  et  certains  Marsupiaux  ,  très-bons 
sauteurs;  mais  non  dans  les  Ruminants,  tels  que  les  ChamoU 
et  autres  de  ia  Famille  des  Antilopes,  qui  sautent  bien  avec 
une  grande  facilité,  mais  en  m  débandant  qw  Us  membreê 
et  non  la  colonne  verUln'ale ,  comme  les  digitigrades.  Aussi 
ces  animaux  ne  penvrat*ils  guère  exécuter  de  sauts  très- 
étendus  qu'en  prenant  un  élan  k  la  course;  sauts  dans 
lesquels  les  membres  postérieurs  agissent  presque  seuls, 
mais  ces  animaux  ne  s'élancent  jamais  de  pied  ferme 
eomme  le  chat  et  autres  digitigrades ,  qui  débandent  en 
même  temps  leur  colonne  vertébrale. 

Dans  r€)RDRB  des  Amphibies  ,  animaux  destinés  à  unm 
v»  PRESQUE  entièrement  AQUATIQUE,  ot  ne  Comprenant 
qu'un  très-petit  nombre  de  genres,  tels  que  celui  des 
thoquei  et  des  Morses^  ordre  qui  fait  suite  à  celui  des 
Carnivorbs  ,  en  faisant  la  transition  aux  Cétacés  ,  animaux 
essentiellement  marins ,  le  Créateur  ,  pour  passer  ainsi  de 
l'organisation  d'espèces  purement  terrestres  et  chasseresses 
ï  celles  d'animaux  aquatiques ,  n'a  fait  que  transformer 
quelque  peu  les  membres  en  les  aplatissant  en  larges  palettes , 
pour  leur  faire  remplir  parfaitement  les  fonctions  de  rames  ; 
e'sst-ihdire  que  la  paire  antérieure ,  tout  en  conservant  dans 
lofl  ensemble  les  mêmes  parties  dans  leurs  rapports  ordi- 
naires, a  simplement  été  plus  raccourcie  et  fortement 
comprimée  ;  et  les  cinq  doigts ,  étendus  k  côté  les  uns  des 
antres,  ont  été  réunis  dans  toute  leur  longueur  par  une 
épaisse  expansion  charnue ,  donnant  h  la  main  entière  la 
fiMme  d'une  palette  ovale ,  très^propre  à  la  nage ,  mais  ne 
Mrvanl  plus  que  très-imparfaitement  k  la  marche ,  lorsque 


240  THBOLOG»  1»  Ul  HATUBB. 

ces  singuliers  animaux  sortent  de  la  mer  pour  se  reposer  sur 
la  plage. 

Le  corps  de  ces  animaux  étant  soutenu  dans  toute  sa 
longueur  par  Teau  qui  Tentoure ,  les  membres  postérieurs , 
composés  encore  des  mêmes  parties  que  ceux  des  carni* 
vores,  n'ayant  de  Ik  plus  besoin  d*étre  dirigés  en  dessous, 

ONT  ÉTÉ  RÉDUITS  DANS  TOUTE  LEUR  LONGUEUR,  TRÈS- FORTE- 
MENT TOURNÉS  EN  ARRIÈRE  ET  UNIS  LATÉRALEMENT  À  LA  QUEUE 
POUR  FORMER  AVEC  ELLE  UNE  LARGE  RAME  TERMINALE,  faisRUt 

k  la  fois  les  fonctions  de  gouvernail  ;  disposition  qui  com- 
mence ainsi  déjk,  k  partir  de  Ik,  k  conduire  vers  la  forme 
de  poisson  que  prend  plus  loin  le  corps  des  cétacés.  Mais, 
du  reste,  les  os  de  la  cuisse  et  de  la  jambe  conservent  leurs 
premiers  rapports  ;  et  les  diverses  parties  du  pied ,  avec  ses 
cinq  orteils ,  unis  également  en  une  large  palette ,  servent 
très-efficacement  k  la  nage. 
Enfin,  dans  TOrdre  des  Cétacés,  la  Nature  créatrice 

ARRIVE  AU  type  LE  PLUS  PARFAIT  DES  ANIMAUX  AQUATIQUES  ;  AU- 
TANT  DU  MOINS  QUE  GELA  EST  POSSIRLE ,  SANS  SORTIR  DU  PLAN 

d'après  lequel  ont  Été  formés  les  Mammifères  ,  classe^qne 
les  Cétacés  terminent,  en  formant  la  transition  aux  P/esîo- 
f aufta  €i  aut  Ichthioiaurus ,  Reptiles  essentiellement  na- 
geurs dont  on  ne  connaît  toutefois  que  des  restes  fossiles. 

Ici  c'est  par  la  suppression  complète  des  membres  posté- 
rieurs que  la  principale  modification  a  été  opérée ,  en  même 
temps  que  les  antérieurs  ont  eux-mêmes  été  encore  réduits 
davantage  dans  leurs  dimensions  ;  ne  devant  plus  être  comme 
dans  les  Poissons  que  de  simples  organes  accessoires  pour 
la  sage;  fonction  exécutée  principalement,  chez  les  uns 
comme  chez  les  autres,  par  les  battements  de  la  queue; 
tandis  que  les  membres  antérieurs  n'agissent  principalo- 
ment  que  pour  les  changements  de  direction. 

Nous  venons  de  voir  que ,  déjk  chez  les  Amphiries  ,  la 
queue,  confondue  avec  les  membres  postérieurs  en  une 
seule  nageoire  terminale  fort  grande,  agissait  efficacement 


CHAPITRS  III.  241 

dans  la  nage  en  frappant  l'eau  dans  diverses  directions. 
Cette  fonction  de  la  queue  est  de  là  portée  dans  les  Cétacés 
il  son  plus  haut  degré  de  perfection  possible,  devenant, 
comme  chez  les  Poissons,  non-seulement  le  principal 
moyen  de  natation  pour  la  translation  du  corps  d'arrière  en 
avant ,  mais  aussi  pour  les  changements  de  direction  laté- 
raux, et  même  de  haut  en  bas;  tandis  que  les  membres 
antérieurs,  réduits  à  de  petites  nageoires  latérales,  ne 
servent  guère  qu'aux  changements  de  direction  de  bas  en 
haut,  et  à  maintenir  l'équilibre.  Quant  aux  membres  posté- 
rieurs ,  qui ,  déjà  dans  les  Amphibies  ,  ne  forment  en  com- 
mun avec  la  queue  qu'une  nageoire  terminale ,  ils  ont  été 
ENTIÈREMENT  SUPPRIMÉS  commc  arrivés  k  leur  dernier  degré 
de  dégradation  dans  la  classe  des  mammifères ,  tandis  qu'ils 
sont  remplacés  dans  leur  fonction  par  la  queue,  avec 
laquelle  ils  la  partagent  déjà ,  pendant  que  celle-ci  a  reçu 

À  cet  EFFET  LE  PLUS  GRAND  DÉVELOPPEMENT  POSSIBLE ,  afin 

qu'elle  puisse  la  remplir  à  elle  seule.  Aussi  la  queue  des 
Cétacés  est-elle  à  sa  base  aussi  grosse  que  le  tronc  auquel  elle 
fait  suite,  et  diminue  ensuite  graduellement  pour  se  terminer 
en  pointe  ;  le  tout  rappelant  absolument  la  forme  du  corps 
des  Poissons.  Pour  que  cette  rame  terminale  pifissE  agir 

AVEC  PLUS  d'efficacité  ,  l'InTELLIGENCE  CRÉATRICE  1  A  AJOUTÉ 
UNE  LARGE  EXPANSION  FIBRO-GRAISSEUSE  EN  FORME  DE  DISQUE, 

iMPTANT  absolument  la  nageoire  caudale  des  Poissons ,  dont 
il  remplit  en  efiet  la  fonction ,  en  servant  à  frapper  tme  plus 
grande  masse  d'eau,  avec  cette  différence  toutefois  que  cette 
lame  est  horizontale  au  lieu  d'être  verticale ,  comme  dans 
ces  derniers.  * 

C'est  aussi  à  l'instar  des  Poissons  que  plusieurs  espèces 
de  Cétacés  portent  sur  le  milieu  du  dos  une  nageoire 
impaire  verticale,  mais  simplement  fibro-graisseuse,  et  non 
soutenue  par  des  rayons  osseux  comme  chez  ceux-ci  ;  na- 
geoire, dont  la  fonction,  purement  passive,  est  également  de 
servir  à  maintenir  l'équilibre  du  corps.  Cet  organe ,  quelque 
I.  16 


$42  TUKOLOGIK  Dl  LA  HATURS. 

pea  important  ({u'il  soit  en  lui-même,  va  qu'il  manque  k  plu- 
sieurs genres ,  a  toutefois  ceci  de  remarquable ,  que  c'est 

UN  MOYEU  QUE  LA  NATURE  CRÉATBICE  A  PARTOUT  EMPLOYÉ 
HANS  DES  CAS  SEMRLABLES ,  OÙ  IL  S'EST  AGI  DE  DONNER  PLUS 
DE  FIXITÉ  À  l'équilibre  DES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS  ESSENTIEL- 
LEIfBNT  AQUATIQUES. 

Une  autre  branche  de  la  classe  des  Mammifères  qui  se 
rattache  aux  carnivores ,  comprend  successivement  plusieurs 
autres  ordres  »  et  premièrement  celui  des  Marsupiaux  dont 
il  a  4^jà  été  question ,  et  ensuite  ceux  des  Édentés  et  des 
IfoNOTRÈMES,  formsut  un  rameau  latéral  de  cette  branche; 
et  enfin  TOrdre  des  Rongeurs  ,  dont  les  genres  presque 
en  totalité  n'offrent ,  ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  un  peu 
plus  haut,  dans  leurs  organes  de  locomotion  et  la  forme 
gépérale  du  corps ,  rien  qui  leur  soit  exclusivement  propre  ; 
le  caractère  distinctif  portant  plus  particulièrement  sur  la 
différence  des  organes  de  la  hanche,  objet  dont  il  sera  parlé 
^l)eurs. 

Dans  cette  grande  série  d'animaux,  certaines  espèces 
toutefois  se  distinguent  par  des  particularités  remarquables 
^ifs  le  rapport  des  formes  et  des  conditions  d'existence 
en  harmonie  avec  divers  organes  ou  fonctions ,  dont  elles 
dépendent  directement  ou  indirectement.  C'est  ainsi  que 
les  Kanguroos  et  les  Poloroos ,  de  l'ordre  des  Marsupiaux 
ou  animaux  k  bourse ,  se  distinguent  d'une  manière  toute 
particulière  par  l'énorme  disproportion  des  deux  paires  de 
membres  locomoteurs;  la  première,  quoique  conformée 
comme  d'ordinaire,  étant  proportionnellement  trop  petite 
et  la  postérieure  beaucoup  trop  grande;  d'où  résulte  que 
ces  animaux  éprouvent  la  plus  grande  difficulté  k  marcher 
k  quatre ,  et  que  la  course  leur  est  complètement  impos- 
sible ;  aussi  leur  genre  de  locomotion  ne  ressemble  en  rien 
k  celui  des  autres  Mammifères,  si  ce  n'est  à  celui  des 
GerboUis ,  qui  se  trouvent  dans  les  mêmes  conditions  de 
disproportion . 


CHAPITRE   III. 


Les  membree  postérieurs  étant  plas  de  trois  fois  aussi 
longs  que  les  antérieurs  dans  le  Kanguroo.^  et  les  pieds 
surtout  proportionnellement  beaucoup  plus  grands  qu*2i  l'or^ 
dinaire ,  ces  animaux  s*ils  s'élevaient  sur  les  extrémités  de 
leurs  pieds ,  comme  les  autres  Mammifères ,  le  corps  serait 
presque  perpendiculaire  sur  les  membres  antérieurs ,  qui 
en  porteraient  toute  la  charge ,  quoique  très-faibles  ;  aussi 
la  station  et  la  progression  n'ont-elles  pas  lieu  comme  chez 
ces  derniers.  Lorsque  les  Kanguroos  veulent  manger  ou 
boire ,  ils  se  placent  bien  à  quatre  ;  mais  les  membres  pos- 
térieurs sont  alors  entièrement  plies,  comme  dans  l'atti* 
iode  d'un  chien  assis  ;  position  déjà  très-fatigante,  le  corps 
étant  beaucoup  trop  fléchi  en  avant  sur  les  cuisses  ;  aussi 
dans  l'état  ordinaire  de  sa  station ,  cet  animal  a-t-il  le  corps 
redressé  sur  ses  membres  postérieurs  plies ,  ainsi  que  je 
viens  de  le  dire;  et  quoique  dans  cette  position  la  base  de 
sus -station  soit  fort  grande  étant  formée  comme  chez 
rbomme  par  les  deux  pieds  étendus  sur  le  sol  ;  cette  atti- 
tude serait  devenue  très  -  fatigante  par  l'effet  de  la  forte 
flexion  des  jambes  sur  les  pieds  :  aussi  le  Créateur  a-t-il 
REMÉDIÉ  k  ce  défaut  en  donivant  à  cet  amim al  BliTâROCLiTB 
UNE  QUEUE  LONGUE  ET  TRÈS-FORTE  sur  laquelle  il  s'appuie 
conune  sur  une  troisième  jambe. 

Pour  marcher,  le  Kanguroo  se  place  k  quatre  »  et  appuyant 
sa  forte  queue  k  terre,  il  enlève  k  la  fois  ses  deux  membres 
postérieurs  pour  les  porter  simultanément  eu  avant,  les 
pose,  et  fait  ensuite  avec  les  pattes  antérieures  plusieurs 
petits  pas  pour  avancer  le  corps,  en  même  temps  qu'il  porte 
également  la  queue  en  avant,  et  déplace  ensuite  de  nouveau 
les  membres  postérieurs.  Mais ,  comme  on  te  pense  bien ,  ce 
mode  de  progression  ne  peut  guère  être  que  fort  lent;  et 
lorsque  l'animal  veut  avancer  plus  rapidement,  c'est  au 
moyen  de  grands  sauts  qu'il  s'élance,  sauts  qu'il  exécute 
par  le  débandement  simultané  de  ses  membres  postérieurs 
et  de  sa  queue  :  celle-ci  agissaqt  k  la  façon  d'un  grand 


244  THiOLOCIB  DR  LA  HATUU. 

ressort,  et  dans  lesquels  le  bassin  loi -même  agit  en  se 
mouvant  sur  la  $etde  vertèbre  dont  se  compose  le  sacmm. 
C'est  ainsi  que  par  une  raison  qu'il  nous  est  impossible 
d'expliquer,  la  volonté  scpréme  a  voulu  que  le  corps  de 
ces  singuliers  animaux  fût  en  quelque  sorte  composé  de 
deux  moitiés  de  dimensions  disproportionnées;  mais  on 
voit  aussi  que ,  s'il  en  est  résulté  divers  inconvénients  pour 
certaines  fonctions  que  leur  organisme  avait  à  remplir,  cette 
même  volonté  sage  et  réparatrice  a  également  accordé 
À  CES  ANIMAUX  la  faculté  de  remplir  parfaitement  ces  fonc- 
tions quant  au  résultat,  mais  par  d'autres  moyens  que 
dans  les  Mammifères  ordinaires  :  conditions  qu'on  re- 
marque d'ailleurs  partout  où  le  Créateur  s'est  écarté  du  plan 
ordinaire  sur  lequel  il  a  formé  les  animaux  de  chaque 
classe. 

Dans  le  même  ordre  des  Marsupiaux ,  ainsi  que  dans  cdni 
des  Rongeurs,  on  trouve  également,  d'une  part,  les  Pha- 
langerê  volants,  et  de  l'autre  les  Polatauches^  qui  ayant 
de  cbaque  c6té  du  tronc  un  large  pli  de  la  peau  étendue 
entre  les  deux  membres  en  se  prolongeant  de  part  et  d'autre 
jusqu'au  bout  de  Tavant-bras  et  de  la  jambe ,  en  imitant 
ainsi ,  mais  incomplètement ,  ce  qui  a  lieu  chez  les  Chauves" 
Souris  et  les  Galéopiihiques  ;  cette  membrane  permet  \  ces 
animaux  de  sauter  facilement  d'un  arbre  à  l'autre,  en  fai- 
sant simplement  les  fonctions  de  parachute ,  cette  ébauche 
de  l'aile  des  Chéiroptères  étant  trop  peu  étendue  pour  per- 
mettre un  véritable  vol. 

Plusieurs  espèces ,  telles  que  les  Sarigues  et  les  Phalaf^ 
gers ,  parmi  les  Marsupiaux  ;  les  Cœndous  de  Tordre  des 
Rongeurs  ;  le  Tamandua  et  le  FourmUlier  à  deux  doigts ,  de 
celui  des  Édentés  ,  ont  la  queue  prenante  comme  les  Sapa- 
jous ,  etc. . 

Dans  l'Ordre  des  Édentés,  on  trouve  les  Tatous ,  animaux 
très-remarquables  par  la  présence  d'une  vaste  carapace  for- 
mée par  une  véritable  ossification  de  la  peau  qui  revêt  tout  le 


CHAPITRE  III.  245 

dessus  de  leur  corps.  Or  on  conçoit  que,  dans  cet  état  des 
téguments ,  tout  mouvement  eût  été  impossible  k  ces  ani  - 
maux  si  I'Intelligence  suprême  ,  qui  a  voulu  que  ces 

ÊTRES  DÉPOURVUS  DE  TOUTE  ESPÈCE  d' ARMES  TROUVASSENT  DU 
MOINS  UN  ARRI  SOUS  LEURS  TÉGUMENTS  OSSIFIÉS  ,  n'avait  paS  CU 

même  temps  prévenu  cet  inconvénient  en  divisant  cette  cui- 
rasse en  plusieurs  parties  capables  de  permettre  tous  les  mou- 
vements nécessaires  au  genre  de  vie  auquel  elle  a  destiné  ces 
animaux  ;  et  c'est  en  effet  ce  qui  existe  ici.  Une  première  pla- 
que recouvre  le  dessus  de  la  tète  ;  une  seconde ,  très-étendue , 
formant  un  grand  bouclier,  revêt  en  dessus  toute  la  partie 
antérieure  du  tronc  ;  une  troisième ,  le  dessus  de  la  croupe  ; 
et  entre  ces  deux  derniers  se  trouvent ,  selon  les  espèces , 
de  trois  à  douze  bandes  transversales  parallèles  remplissant 
leur  intervalle  ;  et  souvent  encore  la  queue  elle-même  est 
écailleuse.  Toutes  ces  pièces  sont  ensuite  unies  entre  elles 
par  de  petits  espaces  ob  les  téguments  sont  restés  mous 
et  flexibles ,  afin  de  '  permettre  k  Tanimal  de  se  mouvoir 
avec  facilité.  L'une  des  espèces,  le  Tatou  apara^  a  même 
la  faculté  de  se  rouler  en  boule  comme  le  hérisson,  en 
enfermant  de  même  sa  tête  et  ses  membres  dans  sa  cui- 
rasse. 

C'est  ainsi  que,  dans  cette  espèce,  la  fonction  de  cette 
cuirasse  arrive  k  l'état  typique  de  sa  fonction ,  tandis  que 
dans  les  autres,  la  fonction  n'est  encore  qu'imparfaite  dans 
sa  gradation  ascendante. 

Ces  mêmes  animaux  vivant  d'ordinaire  sous  terre,  où  ils 
se  creusent  des  terriers,  présentent  aussi,  a  cet  effet,  tous 
les  caractères  des  animaux  essentiellement  fouisseurs  ;  c'est- 
k-diredes  pattes  antérieures  robustes,  armées  d'ongles  très- 
grands,  mais  peu  crochus  :  la  forme  la  mieux  appropriée 
A  CET  usage. 

Dans  I'Ordre  des  Pachydermesy  qui  fait  suite  k  celui  des 
Rongeurs^  ordre  peu  naturel  dans  lequel  on  a  placé  tous  les 
Mammifères  que  des  caractères  négatifs  excluaient  des 


S46  mioLOGiB  db  la  nature. 

autres ,  on  trouve  en  conséquence  réunis,  des  genres  eitrè^ 
mement  différents,  sans  aucun  caractère  commun,  pas  même 
celui  exprimé  par  le  nom  qu'on  leur  a  donné  (1) ,  tous 
n*ayant  pas  la  peau  épaisse,  surtout  le  Cheval^  qu*on  y  place 
avec  raison. 

Ce  sont  toutefois  des  animaux,  la  plupart  très-grands  et 
lourds ,  ayant  d'ordinaire  la  peau  épaisse  et  dure  ;  dont  les 
pieds  faisant,  par  leur  conformation,  la  transition  de  ceux 
des  mammifères  digitigrades  h  ceux  des  mammifères  un- 
guligrades ,  qui  n'appuient  plus  sur  le  sol  que  par  la  der- 
nière phalange  des  doigts  et  des  orteils  ;  de  manière  que , 
parmi  les  Pachydermes ,  on  trouve  les  différences  les  plus 
grandes  dans  la  composition  de  ces  extrémités.  Chez  les 
Éléphants,  animaux  qui  sous  plusieurs  rapports  ont  de  Fana- 
logie  avec  les  Rongeurs,  il  existe  encore  cinq  doigts  et  autant 
d'orteils  bien  complets;  mais  dans Tun  et  l'autre  membre, 
ils  sont  confondus  en  une  seule  massQ,  où  les  ongles,  petits 
et  arrondis,  indiquent  seuls  leur  présence  au  dehors.  Cette 
masse,  formée  en  dessous  par  la  pelotine  et  la  pelote  con- 
fondues, constitue  un  grand  coussin  fibro-graisseux  sur  le- 
quel l'animal  s'appuie  ;  et  aux  pieds,  ce  coussin  s'étend  même 
sous  le  métatarse  jusqu'auprès  du  talon  ;  de  manière  que 
l'animal,  qui  tient  le  pied  k  moitié  fléchi,  en  appuyant  dessus, 
est  réellement  plantigrade. 

Dans  Y  Hippopotame ,  qui  est  entièrement  digitigrade ,  il 
n'existe  que  quatre  doigts  et  autant  d'orteils,  mais  égale- 
ment confondus  jusqu'auprès  de  leur  extrémité,  où  ils  sont 
de  même  armés  chacun  d'un  ongle  arrondi ,  en  forme  de 
petit  sabot  de  cheval,  et  postérieurement  confondus  de 
même  dans  une  grosse  masse  commune,  représentant  la  pe- 
lote et  les  pelotines. 

Chez  les  Rhinocéros^  aussi  tout  à  fait  digitigrades,  lés 
doigts  et  les  orteils,  également  confondus,  se  terminent  de 

(1)  Formé  du  grccpac/iy,  épais  j  cl  de  dcnmx,  peau. 


CHAPITRE    ni.  241 

même  par  de  petits  sabots  arrondis  ;  mais  enfin  ies  Tapirs , 
qui  ont  quatre  doigts  et  trois  orteils  garnis  de  sabots,  n'ap-> 
puient  plus  sur  le  sol  que  par  la  dernière  phalange ,  et  soni 
de  Ik  déjà  ce  qu'on  appelle  unguUgrades ,  comme  les  Che- 
vatuD  et  les  Ruminants, 

Il  en  est  de  même  des  Cochons  et  genres  voisins ,  qui 
ont  quatre  doigts  et  quatre  orteils ,  mais  dont  de  part  et 
d'autre,  les  deux  moyens  appuient  seuls  a  terre,  en  même 
temps  que  les  sabots ,  tout  en  enveloppant  entièrement  la 
dernière  phalange ,  sont  toutefois  pointus ,  comme  dans  les 
Ruminants.  De  manière  que,  pas  même  la  forme  des  sa- 
bots ne  constitue  un  caractère  général  de  cet  ordre  de 
Mammifères,  dont  un  petit  nombre  seulement  est  réellement 
onguligrade;  et  c*est  cependant  dans  le  genre  du  Cheval^ 
appartenant  k  ce  même  ordre,  ^erintelligence  créatrice 
est  arrivée  non-seulement  au  véritable  type  des  mammifères 
onguligrades,  mais  en  même  temps  k  celui  des  plus  parfaits 
marcheurs  et  stationneurs.  Aussi  le  Cheval  offre-t-il,  par 
l'élégante  harmonie  de  ses  proportions,, l'un  des  plus  beaux 
modèles  de  Torganisation  des  Mammifères. 

Le  Cheval  se  trouvant  en  principe  dans  les  mêmes  coindi- 
tiens  de  statique  que  les  mammifères  digitigrades ,  le  corps 
offre  également  dans  sa  colonne  vertébrale  les  mêmes  cour- 
bures que  chez  ces  derniers  ;  les  inflexions ,  sont  seulement 
moins  prononcées,  vu  que  cet  animal,  destiné  au  régime  ded 
végétaux ,  n'avait  de  Ik  pas  besoin  de  jouir  d'une  aussi  grande 
agilité  de  mouvements  que  les  mammifères  chasseurs  ou  sau- 
teurs ;  d'où  la  colonne  rachidienne  pouvait  être  en  consé- 
quence, non-seulement  moins  flexible ,  mais  devait  même 

OFFRIR  UNE  MOINDRE  SOUPLESSE  POUR  DONNER  À  CET  ANUfAL 
PLUS  DE  FIXITÉ  DANS  LA  STATION  ET  LA  MARCHE  ,  OÙ  UUC  partie 

du  poids  du  corps  est  nécessairement  soutenue  par  les  efforts 
incessants  de  la  contraction  volontaire  des  muscles.  En 
effet ,  la  courbure  du  dos  et  des  lombes  est  assez  peu  pro- 
noncée, mais  les  vertèbres  sont  plus  solidement  réunies,  et 


S48  TfliOLOGIB  DS  LA  hattbe. 

de  Ik  beaucoup  moins  mobiles.  Pour  cela,  les  apophyses 
épineuses  sont  larges ,  verticales ,  et  plus  élevées  que  dans 
les  digitigrades ,  surtout  celles  des  vertèbres  dorsales  anté- 
rieures, dont  la  grande  saillie  forme  sur  le  cheval  cette  émi- 
nence  nommée  le  garrot  ^  qui  paraît  précisément  si  élevée 
parce  que  Tare  dorsal  du  rachis  plonge  moins  fortement  en 
dessous  que  chez  les  carnivores,  où  il  est  cependant  presque 
aussi  fortement  prononcé.  Cette  grande  longueur  des  pre- 
mières apophyses  épineuses  dorsales  a,  ainsi  que  je  Tai  fait 
remarquer  déjà  plus  avant ,  pour  but  d'offrir,  chez  les  car- 
nivores ,  de  longs  bras  de  levier  aux  muscles  très-puis* 
sants  qui  relèvent  la  tête ,  aûn  de  donner  &  ces  animaux , 
non -seulement  la  faculté  de  combattre  avec  facilité,  mais 
aussi  la  force  nécessaire  pour  porter  leur  proie  dans  leurs 
dents. 

Chez  le  Cheval ,  les  mêmes  apophyses  ont  cependant  dû 
être  également  fort  longues ,  pour  offrir  de  grands  bras  de 
levier  au  puissant  ligament  cervical  élastique  destiné  k  tenir 
la  tête  élevée,  k  l'extrémité  du  long  cou  de  ces  animaux  ;  et 
cela  précisément  par  Ik  même  que,  moins  souples  que  les  car- 
nivores, ces  animaux  n'ont  pas  la  faculté  d'abaisser  assez 
leur  corps  sur  les  membres  antérieurs  pour  atteindre  avec 
leur  bouche  k  terre  ;  circonstance  qui  exigeait  que  le  cou  fût 
plus  long  qu'il  ne  Test  chez  les  carnivores  et  autres  digiti- 
grades. Cette  circonstance  dans  laquelle  se  trouvent  égale- 
ment les  Ruminants  ,  a  voulu  que  chez  tous  ces  animaux 
le  ligament  cervical  qui  maintient  la  tête  relevée,  trouvât 
dans  les  premières  apophyses  épineuses  du  thorax  des  le- 
viers assez  longs  pour  lui  donner  la  force  dont  il  a  besoin  k 
cet  effet. 

Or  si  le  ligament  cervical  s'étebdait  uniquement  entre  le 
thorax  et  la  tête ,  sa  constante  traction  tendrait  k  faire  ar- 
quer le  cou  en  dessus ,  ce  qui  raccourcirait  ce  dernier  sans 
relever  de  beaucoup  la  tête;  mais  cet  effet  fut  prévenu, 

ICI  PAR   LA  FORME  Qu'a  REÇUE  LE  LIGAMENT  CERVICAL  ,  dout 


CHARTRE  III.  249 

le  principal  tronc ,  placé  le  long  de  la  région  postérieure 
da  cou ,  envoie  des  branches  k  toutes  les  apophyses  de  ce 
dernier,  afin  de  maintenir  ces  os  à  peu  près  sur  une  ligne 
droite. 

Le  Gheyal  devant  également  avoir  une  grande  fixité  dans 
ses  membres  antérieurs ,  sans  qu'ils  ne  perdent  rien  de  la 
facilité,  toutefois  fort  limitée,  de  se  porter  en  avant  et  en 
arrière ,  seule  direction  dans  laquelle  ils  ont  à  se  mouvoir 
dans  la  marche  et  la  course ,  l'omoplate  n'avait  pas  besoin 
de  jouir  de  la  faculté  de  se  déplacer  beaucoup ,  surtout  en  se 
portant  de  bas  en  haut ,  ou  de  tourner  fortement  sur  son 
centre,  mouvements  qui  donnent  en  grande  partie  aux  Carni- 
vores la  facilité  de  s'abaisser  en  avant,  au  point  de  pouvoir 
appuyer  la  poitrine  sur  le  sol  ;  mais  elle  devait,  tout  en  con- 
servant encore  chez  les  chevaux  une  certaine  souplesse  de 
mouvements  d'arrière  en  avant ,  jouir  d'une  grande  fixité  de 
bas  en  haut,  afin  de  présenter  un  ferme  point  d'appui  au  bras. 
Or,  pour  cela ,  elle  est  proportionnellement  plus  petite  que 
dans  les  Carnivores,  n'atteignant  pas  même  le  bord  supérieur 
da  garrot  au  lieu  de  le  dépasser  de  beaucoup  comme  chez  ces 
derniers,  et  se  trouve  en  même  temps  plus  fortement  serrée 
contre  le  thorax;  c'est-k-dire  que  précisément  par  cela 
même  que  l'omoplate  ne  dépasse  pas  le  garrot,  le  muscle 
grand-dentelé,  par  lequel  le  corps  est  suspendu  à  l'omo- 
plate comme  par  une  large  sangle,  lui  permet  bien  moins  de 
mobilité,  et  les  muscles  rhomboïdes,  ainsi  que  les  diverses 
parties  répondant  au  muscle  cucuUaire  de  l'homme,  serrent 
plus  fortement  l'omoplate  contre  le  thorax  que  si  cet  os 
s'élevait  au-dessus  de  la  colonne  vertébrale ,  où  plusieurs  de 
ces  muscles ,  et  surtout  le  premier,  perdent  presque  toute 
leur  force.  C'est  ainsi  que  dans  le  Cheval ,  le  muscle  grand- 
dentelé  tire  fortement  l'omoplate  en  bas  pendant  que  le 
rhomboïde ,  avec  les  cucuUaires ,  la  portent  en  haut ,  et 
agissant  ensemble  la  tiennent  plus  ou  moins  fixe. 

Les  Chevaux ,  ainsi  que  les  Ruminants  et  autres  unguli- 


250  THXOLOGll  DB  LA  NATURE. 

grades,  n'ayant  pas  de  monvements  laiéraui  étendus  à  exé- 
cuter avec  force ,  précision  et  agilité  avec  leurs  membres ,  ib 
manquent  tous  de  clavicule  qui  règle  et  détermine  ces  mou- 
vements. Cependant ,  comme  le  type  de  Mammifères  reste 
toujours  le  même ,  les  divers  muscles  qui ,  dans  les  espèces 
claviculées ,  s'insèrent  k  cet  os ,  ne  disparaissent  pas  pour 
cela  chez  celles  où  ces  os  manquent,  mais  s*y  trouvent  tou- 
tefois nécessairement  dans  d'autres  conditions  ;  et  c'est  en- 
core à  ce  sujet  que  se  présente  ici  un  exemple  de  ces 

SAVANTS  EMPLOIS  D* ORGANES  OD  DE  FACULTÉS  ,  QUI ,  DEVENUS 
INUTILES  f  SONT  EMPLOYÉS  À  D'aUTRES  FONCTIONS  DEVENUES 
PLUS  IMPORTANTES. 

Par  cela  même  que  la  clavicule  a  disparu  chez  les  Chevaux, 
les  analogues  des  muscles,  qui  s'y  insèrent  dans  l'homme, 
ne  trouvant  plus  cet  os ,  se  continuent  naturellement  avec 
ceux  qui  leur  sont  opposés;  c'est-k-dire  que,  d'une  part,  le 
muscle  Clèido-mastoidien ^  qui,  dans  l'homme,  s'attache  en 
haut  h  l'apophyse  mastoîde,  grosse  saillie  osseuse  placée 
immédiatement  derrière  l'oreille ,  et ,  en  bas ,  au  bord  supé- 
rieur de  la  clavicule;  et,  d'autre  part,  le  muscle  Delto^ 
claviculaire f  qui  se  flxe  inférieurement  k  l'os  du  bras, 
monte  de  Ik  pour  implanter  ses  fibres  au  bord  inférieur  de  la 
clavicule;  ces  deux  muscles,  se  faisant  ainsi  suite  par 
l'interposition  de  la  clavicule,  n'en  forment  plus  qu'un  seul, 
très-large  et  fort,  dans  le  Cheval^  allant  du  bras  k  la  partie 
postérieure  de  la  tête. 

Dans  V Homme ,  le  premier  sert  k  faire  fléchir  la  tête  en 
avant,  et  le  second  à  élever  le  bras  en  avant;  et  dans  le 
Cheval ,  le  muscle  commun ,  dune  longueur  très-considé- 
rable, contribue  beaucoup  à  abaisser  la  tête  lorsque  l'animal 
patt  ;  tandis  qu'en  prenant  au  contraire  son  point  fixe  sur  la 
tête,  maintenue  immobile  par  l'effet  de  la  roideurdu  cou 
redressé,  il  agit  efTicacement  sur  le  bras,  dont  il  devient  un 
puissant  prétracteur.  C*est  cette  nouvelle  fonction  que 
prennent  ces  deux  muscles  réunis  qui  fait  que  les  chevaux 


CHAPITRE   111.  ^51 

qai  courent  en  liberté  tiennent  la  tête  fortement  relevée, 
pour  tendre  ce  muscle,  afin  de  le  faire  agir  avec  plus  de 
force  et  de  précision  sur  le  membre  antérieur,  dont  les 
mouvements  doivent  être  bien  assurés.  La  simple  tension 
de  ce  même  muscle,  tirant  le  bras  en  avant,  produit  déjh 
en  partie  le  redressement  du  corps  sur  ses  membres  anté- 
rieurs; et,  en  même  temps,  la  tension  des  muscles  anta- 
gonistes, c'est-k-dire  du  long  et  puissant  Triceps -moyen, 
un  des  principaux  extenseurs  de  Tavant-bras ,  dont  Taction 
devient  également  plus  énergique  et  plus  précise.  On  voit 
ainsi ,  par  cet  enchaînement  de  muscles  si  différents  et  si 
éloignés,  quel  savant  moyen  mécanique  le  Créateur  a 

EMPLOYÉ    ICI    POUR    ASSURER    LA   MARCHE,    ET    SURTOUT    LA 
COURSE,    BIEN   PLUS    PÉRILLEUSE   ENCORE   DE   CES  ANIMAUX; 

mécanisme  par  lequel  les  muscles  releveurs  de  la  tête, 
placés  derrière  le  cou ,  agissent  efficacement  dans  les  mou- 
vements de  progression  rapide  ;  et  Ton  conçoit  de  là  aussi 
pourquoi  les  chevaux,  qui  marchent  la  tête  basse,  bronchent 
si  facilement,  par  l'effet  de  l'incertitude  des  mouvements  de 
leurs  membres  antérieurs;  enfin  on  y  trouve  la  raison  pour 
laquelle  le  cavalier  tient  son  cheval  court  en  bride,  pour  lui 
faire  relever  la  tête  lorsque  le  chemin  est  difficile  ;  et  la  plu- 
part des  personnes  qui  ne  connaissent  pas  cette  particularité 
de  l'organisation  du  cheval ,  emploient  ce  moyen  qu'on  leur 
a  indiqué,  sans  savoir  pourquoi. 

Le  mouvement  du  bras  sur  l'épaule  devant  être  très- 
précis  dans  la  direction  d'arrière  en  avant ,  où  le  membre 
doit  agir  avec  une  grande  liberté  ;  tandis  que  les  mouve- 
ments latéraux  n'ont  pas  besoin  d'être  fort  étendus  ;  si  ce 
n'est  un  peu  en  dedans ,  lorsqu'il  s'agit  de  transporter  à 
chaque  pas  le  poids  du  corps  sur  celui  des  membres  qui  pose 
^  terre,  il  n^était  de  Ik  pas  nécessaire  que  la  tête  articulaire 
de  Fos  du  bras  fût  fort  large  transversalement  ;  et  les  liga- 
ments qui  unissent  latéralement  cet  os  h  l'omoplate  de- 
vaient ÊTRE  ET  SONT  EN  EFFET  PEU  LACHES,  AFIN  DE  NE  PAS 


28S  Tmioi.oGiB  db  là  nature. 

SE  PRÊTER  FACILEMENT  AUX  LUXATIONS ,  Rocidenls  d^aîllears 
empêchés 9  d'une  part»  par  une  forte  saillie  de  Tos  du  bras, 
ou  Trochiter^  placé  en  dehors  de  sa  tête  articulaire  ^  saillie 
.qui,  tout  en  empêchant  cet  os  de  se  trop  déplacer  en  dedans, 
sert  en  outre  à  former  un  plus  long  bras  de  levier  aux  muscles 
abducteurs  du  bras,  qui  ont  principalement  k  soutenir  le 
poids  du  corps  lorsque  l'animal  pose  sur  ce  membre  anté- 
rieur seul.  Quant  k  la  luxation  du  bras  en  dehors,  elle  est 
rendue  très-difficile  par  la  grande  puissance  des  muscles  pec- 
toraux qui  maintiennent  ce  dernier  rapproché  de  la  poitrine  ; 
et,  d'ailleurs,  le  bras  très-court,  et  fortement  dirigé  en  ar- 
rière, est  entièrement  contenu  dans  les  muscles  du  poitraiL 
La  main  ne  devant  plus  servir  d'aucune  façon  à  la  pré- 
hension ,  les  mouvements  latéraux  des  deux  os  de  l'avant- 
bras  étant  devenus  de  Ik  inutiles  et  même  dangereux,  en 
donnant  sans  utilité  au  carpe  un  mouvement  vers  les  côtés 
qui  pourrait  devenir  trop  facilement  une  cause  de  luxa- 
tion ,  ces  mouvements  ont  dû  être  évités  ;  et  le  veilleur 
MOYEN  de  les  EMPÊCHER  était  dc  soudcr  les  deux  os  ensemble  ; 

CE  QUI  EN  EFFET  FUT  FAIT  CHEZ  LES  ChwaUX  Ct  leS  RUMI- 
NANTS ,  en  même  temps  que  les  muscles  qui  produisent  les 
mouvements  de  pronation  et  de  supination  ont  été  sup- 
primés. 

La  Palmure  de  la  main ,  réduite  par  la  dégradation  pro- 
gressive qu'elle  a  suivie  k  travers  toute  la  Classe  des  Mam- 
mifères ,  n'est  plus  formée  au  Carpe  du  Chevai ,  que  de 
sept  osselets,  au  lieu  de  huit  qu'il  y  a  dans  l'Homme,  le 
plus  interne  de  la  seconde  rangée  ayant  disparu  ;  et  le  Jlfê- 
tacarpe  ne  comprend  plus  qu'un  seul  os  parfait  nommé  le 
Canon ,  portant  un  doigt ,  et  deux  rudiments  cachés  dans  les 
chairs  ;  mais  le  métacarpien  portant  le  doigt  a  été  rendu 
proportionnellement  beaucoup  plus  grand  que  dans  les 
Mammifères  digitigrades,  afin  d'être  assez  fort  pour 
soutenir  i  LUI  seul  tout  le  poids  du  corps;  et,  pour 

PLUS  DE  SOLIDITÉ  DE  LA  MAIN ,  LES  MOUVEMENTS  DE  CELLE-CI 


CHAPITRX  III.  2S3 

SOirr  ÉGALEMENT  RÉDUITS  À  LA  FLEXION  EN  AVANT  ET  EN 
ARRIÈRE,  LA  SEULE  NÉCESSAIRE  À  CES  ANIMAUX;  EN  MÊME 
TEMPS  QUE  l'extension  NE  VA  PAS  AU  DELÀ  DE  LA  DIRECTION 

DROITE ,  ee  qui  serait  une  antre  cause  de  faiblesse  pour  le 
membre  ;  degré  d'extension  prévenu  d'une  part,  par  la  forme 
de  Tarticnlation  du  poignet ,  et ,  de  l'aotre ,  par  la  saillie 
assez  forte  de  Tos  pisiforme,  formant  le  pilier  au  sommet 
daquel  est  fixé  le  principal  fléchisseur  de  la  main. 

Chez  les  Ruminants  les  choses  sont  à  peu  près  les  mêmes , 
ces  animaux  se  trouvant  pour  les  facultés  locomotrices  dans 
le  même  cas  que  les  Chevaux ,  avec  cette  différence  qu'ayant 
encore  deux  doigts,  et  en  conséquence  deux  os  métacar- 
piens »  ceux-ci  sont  toutefois  soudés  en  une  seule  pièce  imi- 
tant le  Canon  des  Chevaux  pour  la  grandeur,  la  force  et  la 
disposition ,  sa  fonction  étant  déjà  la  même. 

Le  seul  doigt  qui  reste  dans  le  Cheval  et  les  deux  des  Ru- 
minants, sont  toujours  composés  de  trois  Phalanges^  comme 
dans  tous  les  Mammifères ,  mais  toutefois  obliquement  di- 
rigés en  bas  et  en  avant,  pour  n'appuyer  sur  le  sol  que 
par  la  dernière  phalange ,  entièrement  enveloppée  par  tout 
Sabot. 

Quoique  cette  disposition  des  phalanges  soit  en  apparence 
très-favorable  k  la  luxation ,  toute  la  charge  du  corps  portant 
par  là  II  faux  sur  le  sol ,  elle  était  toutefois  NÉCEssAms 

POUa  DONNER  AU  MEMBRE  l'ÉLASTICTTÉ  DONT  IL  A  BESOIN  POUR 
ABOUCm  LES  CHOCS  QUE  l' ANIMAL  RESSENTmATT  CHAQUE  FOIS 
QUE  DANS  LA  MARCHE ,  ET  SURTOUT  DANS  LE  GALOP,  IL  VIENT 
i  TOMBER  SUR  SES  MEMBRES  ANTÉRIEURS  ;  MAIS  AUSSI  TOUTES 
LES  PRÉCAUTIONS  ONT  ÉTÉ  PRISES  POUR  EMPÊCHER  LE  FACHEUX 

ACCIDENT  DE  l'entorse,  et  ccla  d'une  part,  par  la  disposi- 
tion et  la  force  des  ligaments  qui  unissent  ces  os ,  et  de 
l'antre,  parla  puissance  des  tendons  fléchisseurs  des  doigts, 
qui  s'opposent  les  uns  et  les  autres  à  la  trop  grande  exten- 
sion de  ces  derniers. 
Les  MéMreè  poêUrieurs  des  Chevaux  ont  également  été 


vu  THBOLOGIB  OB  tk  MATURB. 

l'oBIBT  DB  HOPIFIC^TIONS  analogues  POUB  BM  FAIRB  VBA 
INSTRUMBNTS   PABFAITS  POUR  LA  STATION  BT  LA  MARGIIB.  Le 

bassin  est ,  k  cet  effet  surtout ,  fort  grand  en  avant  et  eo 
arrière  de  l'articulation  de  la  cuisse ,  afin  d'offirir  de  vastes 
attaches  aux  puissants  muscles  extenseurs  et  fléchisseurs  de 
cette  dernière,  tandis  qu'il  est  très-peu  large;  vu  que  les 
muscles  abducteurs  de  la  caisse  qui  s'attachent  k  la  partie 
moyenne  du  bassin  sont  assez  faibles ,  n'ayant  pas  de  grands 
mouvements  à  produire;  et  la  cuisse  ne  devant  jamais  s'é- 
carter fortement  en  dehors ,  se  trouve,  k  cet  effet»  tellement 
prise  dans  les  muscles  des  flancs  et  sous  les  téguments  de 
cette  région  du  corps,  que  tout  mouvement  en  dehors  est 
impossible. 

Le  Pied  du  Cheval  et  des  Ruminants  ,  plus  dégradé  que 
chez  les  digitigrades ,  diffère  de  celui  de  ces  derniers  en  ce 
qu'il  ne  présente  également  plus  qu'un  seul  os  MéiaiarsieH 
complet  dans  le  premier,  portant  un  seul  ortâl ,  avec  deux 
métatarsiens  rudimentaires  sans  doigts  ;  et  chez  les  Rumi- 
nants ,  deux  métatarsiens  complets  soudés  dans  toute  leur 
longueur,  ayant  chacun  un  orteil;  et  les  rudiments  des 
deux  autres  os  du  métatarse  ont  des  rudiments  de  deux 
autres  orteils  :  encore  ceux-ci  manquent-ils  dans  la  Girafe , 
et  cela  aux  quatre  membres. 

Le  Tarse ,  suivant  les  modifications  qu'ont  éprouvées  les 
orteils  et  le  métatarse  auxquels  il  est  soumis,  se  compose 
encore  de  deux  rangées  d'os,  la  première  composée  de 
Y  Astragale^  du  Calcanéum ,  du  ScaphcUde  et  du  Cuboide , 
comme  dans  les  Mammifères  digitigrades,  ces  os  étant 
moins  influencés  que  ceux  de  la  seconde  rangée  portant 
les  Métatarsiens.  Cette  seconde  partie  du  tarse  est  formée  de 
deux  cunéiformes  ;  seulement  un  interne  très-petit  prêt  k 
disparaître ,  portant  le  rudiment  d'un  métatarsien  ;  et  le  se- 
cond est  le  représentant  du  troisième  cunéiforme  de  l'homme, 
devenu  très-large,  portant  l'os  du  canon. 

J'ai  dit  plus  haut  que  c'était  dans  le  genre  Cheval  que  le 


cHAPiTRif  m,  255 

système  organique  des  Mampiifères  arrivait  au  type  des 
Mammifères  essentiellement  quadrupèdes^  marcheurs  et  sta- 
Honneurs;  e^est-ii-dire  que  ces  animaux  présentent  le  moins 
possible  de  causes  de  fatigue  et  même  de  luxation  dans  leurs 
membres.  Ce  degré  éminent  de  perfection  ne  dépend  cepen- 
dant pas  uniquement  de  la  transformation  que  les  Membres 
ont  graduellement  éprouvée  à  travers  toute  la  classe  des  Mam- 
mifères, en  devenant,  dans  la  première  paire,  d*organes  pré- 
henseurs, organes  exclusivement  locomoteurs;  et  en  passant, 
dans  la  seconde ,  de  la  forme  typique  de  Membres  de  loco- 
motion bipède  à  celle  de  Membres  essentiellement  propres 
il  la  mardie  quadrupède  ;  mais  elle  est  aussi ,  en  grande 
partie,  due  k  la  parfaite  harmonie  qui  existe  chez  ces  élé- 
gants animaux,  entre  toutes  les  parties  qui  constituent  leur 
corps.  Eu  effet,  toutes  les  forces  dynamiques  qui  agissent 
dans  la  station ,  se  faisant  k  peu  près  équilibre ,  il  en  résulte 
que  les  Chevaux  ont  le  moins  d'effort  musculaire  volon- 
taire k  employer  pour  demeurer  debout  sans  se  fatiguer. 
Cet  iQuUiiBRE  de  force  est  véme  calculé  avec  une  si 

ADimUBLS  PRÉCISION  DANS  LE  CbEVAL  ,  QUE  LA  LONGUEUR 
ET  LA  DmfiCTION  DES  NOMBREUX  OS  ET  DE  LEURS  APOPHYSES 
FAISAUT  LEVIERS,  SONT  COMBINÉS  AVEC  LES  FORCES  MUSCU- 
LAUIBS  AGISSANT  PASSIVEMENT  SUR  EUX  PAR  L'EFFET  î>&  LA 
CONTRACTION  INVOLONTAIRE  CONSTANTE  DE  CHACUN  DE  CES  OR- 
CANES  QUE  ,  DANS  TOUT  l'ENSEMBLE  DE  L* ORGANISME  SI  GOMPLI- 
ftUÉ,  IL  EN  RÉSULTE  l'ÉQUILIBRE  LE  PLUS  PARFAIT.  C'OSt  aU 

point  que ,  gâdéralement ,  les  Chevaux  dorment  non-seule- 
ment debout,  comme  tout  le  monde  sait,  en  perdant  la 
conscience  de  leur  être,  sans  tomber  ;  mais  que  bien  plus,  un 
irand  nombre  de  ces  animaux  ne  se  couchent  même  ja- 
i&ais  (1)  ;  restant  ain^i  toute  leur  vie  debout  sans  se  fatiguer 

(I)  i'ai  consulté  à  ce  sujet  M.  HuzàRD^  directeur  général  des  haras  de 
France,  l'homme  qui  connaissait  le  mieux  les  chevaux,  tant  sous  le  rapport 
•natomique  et  physiologique ,  que  sous  celui  de  leurs  races  et  de^  leur  uUlité. 
tl  me  dit  que  certains  cheraux ,  sans  dtetteetiôiif  de  races  et  d'âge ,  ne  se  cou- 


256  TïïtOVKJK  Dl  LA.  NATURB. 

assez  pour  éprouver  le  besoin  d'étendre  lenr  corps  directe- 
ment sur  le  sol  ;  quand  même  les  efforts  qu'ils  ont  été 
obligés  de  faire  dans  le  travail  auquel  on  les  oblige  contrai- 
rement k  leur  condition  naturelle  primitive ,  ont  en  grande 
partie  épuisé  leur  force.  G'est-^-dire  que  chez  ces  individus 
cette  parfaite  harmonie  de  toutes  les  forces  dynamiques  n'est 
pas  même  détruite  par  la  fatigue  du  travail ,  où  tous  les  or- 
ganes paraissent  également  affaiblis ,  et  continuent  à  se  faire 
constamment  équilibre. 

On  doit  nécessairement  conclure  de  cette  remarquable  fa- 
culté pour  certains  individus  de  la  race  chevaline  de  n'avoir 
pas  besoin  de  se  coucher  pour  se  reposer ,  même  après  de 
fortes  fatigues ,  qu'il  existe  chez  eux  seulement  le  plus  par- 
fait équilibre  entre  toutes  les  forces  dynamiques  passives  qui 
agissent  sur  leur  corps  dans  l'état  de  station  ;  d'où  ils  n*ont 
aucun  effort  volontaire  k  produire  pour  se  maintenir  debout  ; 
c'est-à-dire  que  cet  équilibre  parfait  doit  surtout  avoir  lieu 
entre  les  muscles  fléchisseurs  des  diverses  parties  des 
membres,  et  les  extenseurs  leurs  antagonistes.  En  d'autres 
termes ,  la  longueur  et  la  direction  de  chaque  organe  faisant 
levier  et  la  force  des  ligaments  tant  rigides  qu'élastiques , 
sont  si  parfaitement  calculés  pour  les  effets  qu'ils  doivent 
produire  avec  le  concours  de  la  contraction  passive  (invo- 
lontaire) des  muscles,  qu'il  en  résulte  un  équilibre  presque 
complet  entre  les  forces  antagonistes ,  et  que  l'animal  peut 
par  Ik  se  maintenir  debout  en  ne  faisant  qu'un  très-l^er 
effort  volontaire  avec  ses  muscles ,  pour  complément  de  la 
force  trop  faible  dans  chaque  partie. 

Nous  n'avons  pris  en  considération  jusqu'ici  que  les  or- 
ganes du  mouvement  des  seuls  Mammifères  ,  en  n'indiquant 
pour  cette  première  classe  des  Animaux  vertébrés  ou  à 
squelette  osseux,  que  les  faits  anatomiques  les  plus  saillants, 
afin  de  faire  ressortir  ce  qu'il  y  a  de  savant  et  d'admirable 

obaient  Jamais  ;  c'esi-A-dlie  qu*on  ne  Ui  voyait  jamais  eowhés;  tandis  qoe 
d'autres  se  couclient  tous  les  Jours. 


CHAPITRE    III.  257 

dans  l'organisme  de  ces  Êtres,  où  Tobservation  confirme 
ayec  la  plus  parfaite  évidence  ce  principe  fondamental,  qne 
toutes  les  formes  et  les  dispositions  diverses  que  présentent 
les  organes  jusque  dans  leurs  plus  minutieux  détails,  ne 
sauraient  être  que  les  effets  d'une  volonté  suprême  créa- 
trice QUI  À  TOUT  AINSI  ORDONNÉ  ;  c'cst-h  dire  celle  d'un  ÊTRE 
SUPRÊME,  que  nous  nommons  DIEU  ou  L'ÉTERNEL; 
principe  dont  la  vérité  se  trouve  ensuite  également  démon- 
trée avec  la  même  certitude,  par  l'organisation  des  animaux 
de  toutes  les  autres  classes,  des  quatre  grands  embranche- 
ments du  Règne  animal,  auxquelles  je  continuerai  d'étendre 
mes  remarques. 

Si  Ton  admettait  qu'un  homme  d'un  génie  supérieur  ait 
la  faculté  de  pouvoir  créer  k  volonté ,  par  la  simple  pensée , 
tout  ce  qu'il  peut  concevoir,  et  qu'il  voulût  transformer  le 
type  des  Mammifères  en  celui  d'un  animal  volant,  parfait 
voilier,  capable  de  soutenir  longtemps  un  vol  rapide ,  il  se- 
rait conduit,  de  conséquence  en  conséquence ,  k  former  né- 
cessairement un  Oiseau  tel  que  nous  les  connaissons;  quand 
même  ces  animaux  ne  lui  seraient  pas  connus ,  tant,  jus- 
qu'aux plus  minutieux  DÉTAILS ,  TOUT  EST  PARFAITEMENT  SA- 
VANT ET  RIGOUREUSEMENT  CALCULÉ  ET  COMBINÉ  DANS  LA  COMPO- 
SITION DE  LEUR  CORPS  POUR  LA  FACULTÉ  DE  VOLER ,  FACULTÉ 
QUI  CONSTITUE  LA  CAUSE  FINALE  DE  TOUT  LEUR  ORGANISME  ;  ET 
c'est,  en  EFFET,  CE  QUE  l'ÉtRE  SuPRÉME  A  FAIT  EN  CRÉANT 

CES  REMARQUABLES  ANIMAUX,  OÙ  la  fouctiou  du  vol  arrivé  au 
summum  de  la  perfection. 

Déjà ,  en  formant  les  CnÉmoPTÈREs,  Tlntelligence  divine 
a,  autant  que  possible,  résolu  cet  important  problème,  sans 
sortir  même  des  conditions  spéciales  dans  lesquelles  elle  a 
placé  les  Mammifères ,  classe  à  laquelle  ces  animaux  appar- 
tiennent. Mais  aussi ,  par  cela  même  que  ces  conditions  ne 
permettaient  pas  de  les  transformer  en  parfaits  voiliers  ca- 
pables d'un  vol  rapide  et  longtemps  soutenu ,  les  Chéirop- 
tères ne  purent  être  que  des  volatiles  fort  imparfaits ,  chez 

L  17 


Vi%  THiOLOaS  Dl  LA  IfATCRI. 

lesquels  le  vol  a  lieu ,  ainsi  que  noas  TaYona  déjk  va , 
moyen  d'aile^  membraneuses,  soutenues  par  les  quatre 
membres;  tandis  que,  chez  les  Oiseaux,  cette  fonction  est 
exécutée  par  la  première  paire  seulement,  et  le  mouvement 
dirigé  par  la  queue ,  Tune  et  l'autre  organisées  de  façon  à  as- 
surer le  maintien  de  cette  importante  fonction ,  malgré  dM 
accidents  plus  ou  moins  graves  qui  peuvent  altérer  Tintégritë 
de  ces  ailes;  accidents  dont  le  fàcbeux  effet  n*est  d'ordinaire 
que  temporaire  chez  les  Oiseaux,  tandis  qu'il  est  définitif 
pour  les  Chéiroptères,  dont  la  membrane  aliforme,  une  fois 
en  partie  détruite,  ne  saurait  plus  se  rétablir. 

C'est  également  ainsi  que  le  Créateur  n'a  fait  que  modifier 
le  type  des  Reptiles  sauriens  ,  dont  il  sera  parlé  plus  tard , 
pour  faire  dans  les  PUrodaciylun  des  animaux  volants ,  dont 
les  restes  fossiles ,  aujourd'hui  seuls  connus ,  indiquent  que 
qe  genre  antédiluvien  était  pourvu  d'ailes  assez  semblables  k 
celles  des  chauves-souris. 

Enfln  le  Créateur  a  montré,  dans  les  EœoeêU  et  les  Prtb- 
dénies ,  que  même  le  type  des  Poissons  a  pu  être  modifié  au 
point  de  permettre  h  certains  de  ces  animaux  de  s'élance 
dans  les  airs,  par  l'effet  d*un  véritable  vol ,  exécuté  mémo, 
comme  dans  les  Oiseaux,  exclusivement  par  les  membres 
antérieurs. 

Comme  il  était  toutefois  impossible  de  borner  les  faealtës 
locomotrices  des  Oiseux  exclusivement  au  vol ,  ainsi  qu'elles 
le  sont  pour  la  nage  chez  les  Poissons,  rinlelligonce  suprême 
a  dû  accorder  aux  premiers  les  moyens  de  pouvoir  se  main- 
tenir en  station ,  de  marcher  et  même  de  courir  pendant  un 
certain  temps ,  selon  les  conditions  spéciales  dans  lesquelles 
elles  placé  chaque  espèce  relativement  k  ses  mœurs. 

Or,  comme  Tingénieux  emploi  des  plumes  a  permis  de 
faire  servir  exclusivement  les  membres  antérieurs  à  la  fonc- 
tion du  vol ,  le  Créateur  a  conservé  aux  postérieurs  la  faculté 
locomotrice  qu'ils  ont  chez  les  Mammifères ,  en  ue  les  mo- 
difiant qu'autant  qu'il  l'a  fallu  pour  les  rendre  proprea  k 


Ç^PITRK    III.  J$9 

la  marche  iHpède,  et  même  k  la  nage  et  k  la  préhension  « 
Noos  ayons  tu  que,  ebez  les  Chéiroptères,  les  quatre 
membres  concouraient  à  ]^  fois  à  deux  fonctions  princi-* 
pales ,  la  marche  et  le  vol ,  mais  aussi  qu'ils  ne  sont  parfai- 
tement propres  ni  k  la  première  comme  chez  les  autres 
Mammifères,  ni  à  1^  seconde ,  comme  dans  les  Oiseaux. 

Un  Oiseau  qui  gérait  égalemept  habile  au  vol  et  k  la 
marche,  et  pourrait  de  |k  être  plus  particulièrement  consi- 
déré comme  le  type  de  la  Classe ,  30US  le  rapport  de  ces 
deux  fonctions,  devrait,  en  conséquence,  présenter,  dans 
les  diverse^  parties  de  son  corps ,  ^^^  struoture  à  la  fois  fa- 
▼orable  à  Tune  e(  k  Taplre.  Mais  cet  apimal  n'existe  réelle- 
itoeot  P4S,  quoique  cel^  q'ait  rien  d'impossible,  ces  deux 
fonctions  étant  remp)M#  V^^  deux  appareils  entièrement 
difTérents* 

Ces  animaux  devant,  aipsi  que  je  l'ai  fait  remarquer, 
marcher  exclusivement  sur  leurs  extrémités  postérieures,  et 
voler  avec  les  anléneures,  il  semble,  au  premier  abord, 
qu'ils  auraient  pu  se  tenir  debout  dans  l'attitude  bipède  de 
l'homme ,  en  offrant  d^ns  la  partie  postérieure  du  corps  une 
organisation  semblable  à  la  sienne ,  et  qqe  les  bras ,  trans- 
formés en  ailes,  auraient  pu  conserver  également  une  dispo- 
sition analogue  à  cel|e  qu'ils  affectent  dans  l'espèce  humaine, 
en  ^  mouvant  simplement  daqs  un  plan  presque  vertical, 
pour  produire  le  vol ,  ainsi  que  les  oiseaux  le  font  en  effet. 
Mais  fsette  disposition  eût  offert  de  graves  inconvénients  sans 
le  moindre  avantage  pour  la  locomotion.  Le  corps  conservant 
dans  le  vol  sa  position  redressée,  eût  présenté  une  trop  grande 
surface  au  courant  d'air  qui  s'établit  d'avant  en  arrière,  par 
le  mouvement  de  translation  en  sens  contraire.  Les  ailes , 
quelles  qu'elles  eussent  été,  devant  avoir  dans  le  vol  leur 
disque  à  peu  près  horizontal ,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  tard , 
et  se  trouvant  repliées  dans  le  repos  contre  les  flancs ,  afin 
de  ne  pas  gêner  les  autres  mouvements,  et  ne  pas  être 
elles-mêmes  exposées  k  pue  foule  d'accidents ,  l'oiseau  eût 


260  TBéOLOGlB  DK  LA  RATURK. 

été  obligé ,  en  les  étendant ,  de  leur  faire  exécuter  un  quart 
de  tour  de  rotation  dans  l'articulaUon  de  Tépaule ,  afin  de 
les  amener  kla  position  horizontale,  et  de  les  maintenir  dans 
cette  disposition  pendant  toute  la  durée  du  vol ,  par  TefiTet  de 
si  fortes  contractions  incessantes  des  muscles ,  qu'il  serait 
bientôt  devenu  impossible  de  les  continuer.  Enfin  il  n'y  a 
point,  dans  le  système  organique  des  animaux  vertébrés ,  des 
muscles  abaisseurs  et  releveurs  des  membres  antérieurs , 
agissant  dans  la  direction  voulue  pour  ce  genre  de  vol,  à 
moins  de  combiner,  pour  le  premier  de  ces  mouvements , 
les  actions  des  Pectoraux  et  du  Grand-dorsal ,  muscles  qui 
eussent,  par  l'obliquité  de  leurs  directions,  perdu  plus  de 
la  moitié  de  leur  force;  et,  pour  l'élévation  de  Taîle,  les 
muscles  Deltoïdes  qui  devraient  la  produire  sont  encore  plus 
favorablement  disposés;  tandis  que  l'action  du  vol  exige  des 
muscles  d*une  puissance  prodigieuse. 

Pour  éviter  ces  grands  inconvénients,  il  a  en  conséquence 
fallu,  pour  seconde  condition,  que  le  corps  fût,  du  moins 
pendant  le  vol ,  dans  une  position  plus  ou  moins  horizon- 
tale, afin  de  u^éprouver  la  résistance  de  Tair  que  par  son 
extrémité  antérieure,  dont  la  surface  est  beaucoup  plus  pe- 
tite ,  en  même  temps  qu'elle  a  été  conformée  de  manière 
que  les  courants  latéraux  de  Tair  n'aient  qu'une  faible  prise 
sur  elle.  Enfin  la  tête ,  plus  ou  moins  petite ,  se  terminant  en 
avant  par  le  Bec ,  la  forme  anguleuse  ou  conique  de  ce  der- 
nier, fait  qu*elle  fend  aisément  l'air,  et  se  continue  chez  la 
plupart  des  espèces,  surtout  dans  les  meilleurs  voiliers,  en 
formant  avec  le  cou  un  même  cône  sur  lequel  l'air  glisse 
facilement. 

Il  semble  aussi ,  au  premier  aperçu ,  que  les  Oiseaux  au- 
raient pu  marcher  debout ,  et  tenir  leur  corps  horizontal 
dans  le  vol ,  ainsi  que  cela  en  effet  a  lieu  dans  certaines 
espèces ,  telles  que  les  Chribes  ;  mais  outre  que  cette  condi- 
tion offre  déjk,  chez  ces  derniers  Oiseaux,  de  grands  désa- 
vantages pour  la  marche ,  et  surtout  pour  la  course ,  à  peu 


GHAPITRE  III.  26i 

près  impossible  chez  eux ,  TattiCude  verticale  de  leur  corps 
diflere  beaucoup  de  celle  de  rbomme ,  par  la  position  que 
preuneut  les  diverses  parties  des  membres  :  disposition 
qui ,  dans  l'espèce  bumaine,  est  la  plus  défavorable  au  vol. 
En  effet,  si  les  extrémités  postérieures  étaient  conformées 
et  placées  comme  dans  Tbomme,  le  corps  en  prenant  dans 
le  vol  une  disposition  borizontale ,  le  poids  considérable  de 
ces  membres  eût  porté  le  centre  de  gravité  de  l'oiseau  forte- 
ment en  arrière ,  tandis  qu'il  doit  se  trouver  dans  le  plan 
vertical  passant  par  les  deux  centres  de  force  des  deux  ailes  ; 
d'où  il  aurait  fallu  que  ces  derniers  membres  se  trouvassent 
bien  plus  en  arrière  qu'ils  ne  le  sont  ;  nouvelle  situation  qui 
aurait  fortement  modifié  les  rapports  des  parties,  compara- 
tivement à  ce  qui  existe  cbez  les  Mammifères;  en  même- 
temps  qu'elle  aurait  fait  avancer  considérablement  l'extré- 
mité  antérieure  du  tronc  ;  ce  qui  serait  devenu  un  nouvel 
inconvénient  pour  la  facilité  du  vol  ;  en  formant  de.  cette 
portion  du  corps  un  long  bras  de  levier,  sur  lequel  le  moindre 
courant  latéral  d'air  eût  agi  fort  défavorablement  sur  la  di- 
rection d'arrière  en  avant  que  Toiseau  aurait  voulu  prendre. 
Restait  donc  la  condition  où  le  corps  de  l'oiseau  est  k  l'état 
de  marche ,  aussi  bien  qu'à  l'état  de  vol ,  dans  une  position 
plus  ou  moins  horizontale ,  ainsi  que  le  Créateur  l'a  fin 

KFPET  ÉTABLI,  PAR   SON  OMNISCIENGB,   ChCZ  la  plupart  deS 

espèces,  et  surtout  chez  celles  qui  marchent  et  volent  le 
mieux. 
Pour  cela,  le  tronc  des  Oiseaux  (PI.  II,  flg.  S)  est 

GÉNÉRALEMENT  COURT,  AFIN  QUE  LES  DEUX  PAIRES  DE  MEMBRES 

(Çf  <  et  tuvxyz)  soient  tris-rapprochées ,  etqtAe  son  centre 
de  gramtè  (o)  se  trouve  dans  le  plan  vertical  passant  par 

U  CENTRE  DE  FORCE  DES  AILES  (poiut  OÙ  SC  COnCCUtre  SUT 

chaque  aile  la  résistance  que  l'air  oppose  à  celle-ci  dans  le 
vol)  en  même  temps  que  l'insertion  (t)  des  membres  posté- 
rieurs soit  assez  peu  éloignée  du  même  plan  ;  enfin  que  le 
pied  (xyz\  formant  la  base  de  sus-station  du  corps,  se 


SOS  TfliOLOGIX  Dl  LA  NâTCTUI. 

prolonge  au  devant  de  la  verticale  (o  y)  abaissée  da  centre 
de  gravite  (o)  sur  le  plan  de  position. 

Comme  le  tronc,  quelque  court  qu'il  puisse  être,  a 
cependant  une  longueur  assez  considérable  pour  que  les 
articulations  des  hanches  (t)  soient  encore  très-distantes  du 
centre  de  gravité,  placé  plus  en  avant  que  chez  les  Mammi- 
fères, ainsi  que  nous  Tavons  vu  ;  la  Nature,  pour  remédier 

k  CET  inconvénient  ,  A  EMPLOYÉ  À  PEU  PRÈS  LE  MÊME  MOYEN 

QUE  CHEZ  CES  DERNIERS,  et  daus  des  cifcoustances  analogues. 
Pour  cela  elle  a  placé  ^  Tétat  de  repos ,  les  cuisses  (t  u) 
dans  une  très-grande  flexion ,  afin  de  ramener  leurs  eitré^ 
mités  (u)  en  avant  sur  les  flancs,  pour  que  les  jambes  (uv) 
et  les  tarses  (vx),  en  se  dirigeant  en  dessous,  portent  les 
pieds  (xyz)  fortement  en  avant  sous  le  centre  de  gravité, 
et  que  la  ligne  d*aplomb  (oy),  abaissée  de  ce  dernier, 
tombe  k  peu  près  sur  le  milieu  de  cette  base  ;  d*où  le  corps 
prend ,  selon  le  besoin ,  une  direction  plus  ou  moins  obli- 
que, au  lieu  d*étre  entièrement  horizontal.  Dans  cette  po- 
sition, la  marche  et  la  course  sont  faciles,  en  même  temps 
que  les  membres  postérieurs,  étant  ramenés  en  avant,  ne 
pèsent  pas  sur  Teitrémité  du  tronc. 

De  ces  trois  conditions  que  doit  présenter  le  corps  des 
oiseaux,  i""  d*avoir  les  membres  antérieurs  exclusivement 
destinés  au  vol;  2*  d'avoir  les  postérieurs  spécialement 
employés  à  la  marche  et  h  la  nage,  et  3*  d*avoir  le  tronc 
dans  une  position  plus  ou  moins  horizontale,  naissent 
ensuite  plusieurs  autres  conditions ,  Toutes  PÀRt^AiTEMBNT 
CALCULÉES  DANS  LEURS  EFFETS,  ct  uou  moius  émlueutes 
pour  que  les  divers  mouvements  dé  locomotion  de  ces 
animaux  soient  possibles,  en  même  temps  que  les  membres 
postérieurs  conservent  encore  d*autres  mouvements  parti- 
culiers nécessaires  au  genre  de  vie  propre  k  chaque  espèce. 

Je  viens  de  dire  que  si  Ton  voulait  transformer  un 
Mammifère  en  un  animal  parfait  volatile,  on  arriverait  néces- 
sairement au  type  des  Oiseaux.  En  effet,  ces  derniers  ayant , 


CHAflTAB  m.  S63 

en  iMr  qualité  d'anitnaiit  vertébrés  y  \k  l'instar  des  Mammi- 
fères, le  corps  sonteoD  paf*  un  squelette  intérieur  osseui 
dont  la  partie  médiane  forme  le  long  du  dos  une  colonne 
yertébrale  étendue  de  la  tète  (a 6)  k  Textrémité  du  corps, 
terminé  de  même  par  un  appendice  caudal  {e  f)  composé  de 
plusieurs  Tertèbres  consécutives,  et  constituant  ce  qu*on 
nomme  le  Croupinn.  Que  sur  les  côtés,  cette  colonne 
vertébrale  porte  également  une  série  d*appendices  costaux 
(p)  diversement  conformés  suivant  la  région,  partout  plus 
en  moins  semblables  à  ceux  des  animaux  de  la  première 
dasse,  d'où  ils  reçoivent  les  mêmes  dénominations  que  chez 
eux;  qu«  surtout  sur  le  thorax  (cdlmn),  ces  càten  se 
portent  de  même  par  paires  transversalement  de  chaque 
vertèbre  en  dessous  pour  se  réunir  de  nouveau  sur  un 
SUmum  (Imn)  occupant  la  ligne  médiane  inférieure  du 
tronc;  qa*en  arrière,  les  Oiseaux  ont  de  même  un  Ba^$iH 
(igh),  composé  de  pièces  osseuses  analogues  h  celles  des 
Mammifères.  Enfin ,  comme  eeux-ci,  deux  paires  de  mem- 
bres locomoteurs ,  Tune  iijk.qrs)  articulée  sur  le  sternum , 
etTautre  (t%)  sur  le  bassin.  Que  ces  membres  sont  composés 
aussi  des  mêmes  parties  consécutives  que  chez  les  Mammi** 
AfeSf  c*estrà-dire  dans  la  pt^mière  paire  dé  trois  os  [ij  k)  for* 
mant  l  Épaule  ;  an  Braê ,  d*un  seul  (q)  ;  de  deux  (r)  placés  k 
eAté  Tun  de  l'autre  dans  VAtûnuBras.  Plus  loin  encore 
plusieurs  osselets  constituant  le  Cûrpe  et  le  Métacarpe  ;  enfin 
des  Dotais  qui  terminent  Taile  en  formant  le  Foxiet  (s). 

Aux  membres  postérieurs ,  dont  la  fonction  n*a  pas  chan- 
gé, les  parties  qui  les  composent  conservent  de  Ik  aussi  une 
plus  grande  ressemblance  avec  celles  qui  leur  correspondent 
chea  les  Mammifères.  Batis  la  Cume ,  Il  n'y  a  qu*un  seul 
grand  M  long  {tu)  ;  dans  la  Jambe  {nv)  detix,  situés  k  côté 
l'un  de  Tautre ,  et  accompagnés  d'une  Rotule  (u)  placée  dans 
Particniation  du  genou.  Un  très- petit  nombre  d'osselets 
forme  le  Tarn;  et  le  Métatarêe  (t  x)  se  compose  toujours  de 
trois  os  longs  soudés  ensemble  comme  chez  les  Ruminants  , 


â64  THiOLOGIE  I>B  LA  NATUai. 

et  d'ordinaire  encore  an  quatrième  rodimentaire  portant 
l'orteil  interne.  Enfin  chaque  métatarsien  porte  un  OrteU 
(x  y  z)  composé  de  plusieurs  Phalanges.  Mais  quoique  toutes 
ces  parties  soient  parfaitement  reconnaissables  comme  les 
analogues  de  celles  des  Mammifères,  elles  sont  toutefois 
assez  fortement  modifiées ,  d'une  part ,  par  l'effet  de  la  loi 
de  dégradation  que  les  quatre  membres  suivent  dans  toute 
la  série  des  animaux  vertébrés,  et,  de  l'autre,  par  l'influence 
de  leur  nouvelle  fonction. 

La  faculté  de  voler  est  d*ailleurs,  chez  les  Oiseaux,  non- 
seulement  une  des  fonctions  les  plus  importantes,  mais 
même ,  ainsi  que  je  Tai  déjk  dit ,  celle  ii  laquelle  la  plupart 
des  autres  sont  subordonnées;  c*est  k-dire  qij*ellb  consti- 
tue LE  PRINCIPE  DÉTERMINANT  d'aPRÈS  LEQUEL  CES  ANlHiLUX 

ONT  ÉTÉ  CRÉÉS  ;  aussi  l'élude  de  Torganisation  de  cette  Classe 
de  vertébrés  est-elle  éminemment  intéressante ,  nous  mon- 
trant partout  LA  PLUS  admirable  sagesse  ET  LA  SCIENCE  LA 
PLUS  TRANSCENDANTE  AVEC  LAQUELLE  lInTELLIGENGE  SU- 
PRÊME A  SUIVI  CETTE  FONCTION  DANS  SES  CONSÉQUENCES  LES 
PLUS  ÉLOIGNÉES,  ET  CELA  JUSQUE  DANS  LES  PLUS  MINUTmUX 
DÉTAILS  DE  l'ORGANISMB. 

En  effet,  si  Ton  suppose  qu'on  transforme  par  la  pensée 
un  Mammifère  en  un  animal  parfait  volatile  ^  on  conçoit 
qu'il  n'est  point  assez  de  convertir  ses  membres  antérieurs 
d*une  façon  quelconque  en  une  large  lame,  dont  les  mouve- 
ments d*élévation  et  d'abaissement  alternatifs  doivent  pro- 
duire la  translation  du  corps  d'arrière  en  avant  dansTair, 
mais  qu*il  faut  aussi  que  ces  ailes  soient  conformées  et  dis- 
posées d*après  certains  principes  de  mécanique ,  pour  que 
ce  mouvement  soit  possible  ;  qu'il  faut  en  outre  que  celte 
nouvelle  fonction  ne  trouble  en  rien  les  autres,  et  que  Ik  où 
elle  exige  un  changement  quelconque  dans  la  forme  et  la 
disposition  de  quelque  autre  organe,  il  faut  que  celui-ci  soit 
également  modifié  en  conséquence  de  cette  même  fonction 
du  vol.  Il  faut  surtout  que  le  nouvel  Être  ou  Oiseau  puisse 


CHAPITRE    m.  ^5 

aossi  se  tenir  en  station  et  marcher  sor  ses  membres  pos- 
térieurs ,  réservés  exclusivement  à  ces  deux  fonctions ,  et 
exercer  d'ailleurs  tous  les  autres  mouvements  k  des  degrés 
plus  ou  moins  éminents,  selon  Tusage  auquel  chaque  organe 
doit  servir.  Or  c*est  encore  dans  ces  nombreuses  modifica- 
tions dépendantes  les  unes  des  autres ,  et  toutes  de  là  fonc* 
tion  principale  ou  le  vol,  qu'on  trouve,  comme  partout  ail- 
leurs, l'application  db  la  science  la  plus  transcendante 

ET  DE  LA  plus  SUBLIME  SAGESSE. 

Pour  que  le  vol  pût  s'exécuter  exclusivement  par  les  mem- 
bres antérieurs  qui  reçoivent  de  Ik  le  nom  d'il  iles  (PI .  II„  /!; .  2 
9  r  s,  et  PI.  III,  figA^abc d),  il  a  d'abord  fallu  qu'en  s'agi- 
tant  dans  l'air,  dans  des  conditions  déterminées,  ils  y 
trouvassent  une  résistance  telle  que,  par  cette  réaction,  ils  y 
prennent  des  points  d'appui  suffisants  pour  que  l'oiseau 
puisse  s'élancer  dans  la  direction  voulue,  c'est-k-dire  d'ar- 
rière en  avant.  Il  a  fallu  en  outre  que  les  centres  de  forces  des 
ailes  (F)  fussent  dans  le  même  plan  vertical  passant  par  le 
centre  de  gravité  du  corps ,  centre  qui  est  réellement  comme 
suspendu  k  ces  deux  points  des  ailes,  placés  sur  la  ligne  mé- 
diane du  disque  de  celle-ci,  et  au  milieu  de  leur  longueur,  si 
les  ailes  étaient  régulièrement  triangulaires  et  k  peu  près  k 
^  (V/I)  k  partir  de  l'aisselle,  si  elles  étaient  en  carré  long; 
c'est-k-dire  qu'en  réalité  ce  centre  de  force  est  un  peu  plus 
loin  que  le  milieu,  k  environ  |.  Or  il  résulte  déjk  de  cette 
condition  dans  laquelle  doit  se  trouver  le  centre  de  gravité  k 
regard  des  centres  de  forces  des  ailes,  qu'il  faut  que  le 
corp^soit  fort  court,  pour  que  le  premier  se  trouve  porté  le 
plus  avant  possible,  et  c*est  en  effet  ce  qui  a  lieu. 

Comme  l'oiseau  doit  passer  une  grande  partie  de  sa  vie  k 
terre,  il  a  fallu  également  que  les  membres  postérieurs 
fussent  disposés  de  façon  k  soutenir  pendant  le  marche  et  la 
station  le  centre  de  gravité  (PL  II,  fig.  â,  o)  du  corps,  placé 
k  une  certaine  distance  au  devant  de  l'articulation  des  han- 
ches (t).  Pour  cela ,  les  cuisses  ont  été  le  plus  fortement 


THEOLO«U  Dî  LA  NATURS. 

fléchies,  afin  d'amener  les  genoux  plus  en  atant,  et  les  pieds 
sous  le  centre  de  gravité. 

Les  ailes,  dirigées  nécessairement  en  dehors  et  en  arrière 
pendant  le  vol,  se  replient  dans  le  repos  contre  les  faces  laté- 
rales du  corps  qu'elles  emboîtent  sans  faire  aucune  saillie. 
Enfin  les  muscles  de  la  poitrine,  déjk  si  forts  chez  les  Mam- 
mifères, ont  été  rendus  bien  plus  puissants  encore  dans  les 
Oiseaux ,  pour  produire  de  vigoureux  mouvements  d'éléva- 
tion et  d'abaissement  des  ailes  nécessaires  k  la  production 
du  vol ,  toutes  conditions  sur  lesquelles  j'aurai  k  revenir  plus 
bas  pour  en  faire  ressortir  l'importance. 

Quant  aux  membres  postérieurs  (PI.  II,  fig.  2,  t  z)  restés 
exclusivement  affectés  k  la  fbnction  de  la  station  et  de  la 
marche,  ils  conservent  aussi,  k  très-peu  de  chose  près,  la 
disposition  qu'ils  ont  dans  les  Mammifères  quadrupèdes. 
Cependant,  comme  ils  doivent  seuls  soutenir  le  corps,  leurs 
orteils  (^y  is)  formant  la  base  de  sùs-station,  ont  dû  s'étendre 
jusqu'au  devant  du  centre  de  gravité  du  corps.  Or  non-seule- 
ment \eê  pieds  des  Mammifères  sont  très-loin  d'avancer  au- 
tant, en  supposant  même  que  les  orteils,  entièrement  étendus 
sur  le  sol  comme  dans  les  Plantigrades,  soient  en  outre  en- 
core fort  longs  ;  mais,  dans  les  Oiseaux,  le  centre  de  gravité 
du  corps  est  lui-même,  ainsi  qu'on  l'a  déjk  vu ,  porté  plds  en 
avant,  afin  de  se  troui^er  sous  l'axe  passant  par  les  centres  de 
forces  des  ailes  pendant  le  vol;  mais  il  a  été  facilement  re- 
médié k  cet  inconvénient,  en  fléchissant  simplement  les 
cuisses  (t  u)  beaucoup  plus  fortement  qu'elles  ne  le  sont  déjk 
dans  les  Mammifères  quadrupèdes;  c'est -k-dire  en  amenant 
les  genoux  (u)  sur  les  côtés  du  corps,  et  même  très-haut  dans 
certaines  espèces.  Par  ce  moyeu ,  le  centre  de  gravité  (o)  se 
trouve  sinon  sous  l'axe  passant  par  les  deux  genoux ,  où  il 
est  directement  suspendu  entreles  deux  jambes,  et  au-dessus 
du  milieu  du  plan  de  sus-station  (y),  ainsi  que  cela  doit  être 
pour  plus  de  fixité  dans  la  station ,  du  moins  au  devant  de 
cet  axe,  comme  cela  est  ordinairement. 


CHANTRE    Ul.  MT 

Dans  cette  forte  flexion  des  cnisses ,  les  jambes  (u  v)  se 
portent  ensuite  en  bas  et  plus  ou  moins  obliquement  en  ar- 
rière, encore  comme  dans  les  Mammifères;  et  les  tarses 
avec  les  métatarses  (t?  œ)  se  dirigent  également  en  dessous , 
comme  dans  ces  derniers  ;  enfin  les  orteils  s'étendent  sur  le 
sol  (x  y  s),  ainsi  que  je  viens  de  le  dire. 

Or  on  conçoit  que  le  corps,  placé  ainsi  plus  ou  moins  ho- 
rizontalemetit ,  ne  se  trouvant  appuyé  que  sur  les  membres 
postérieurs,  aurait  fléchi  dans  la  colonne  vertébrale,  si 
eelle-ci  eût  conservé  toute  la  flexibilité  qu'elle  a  chez  les 
Mammifères;  mais  cet  inconvénient  ausssi  a  été  pàrfaitb- 

VEOT  t>RÉVGNU  PAR  LA  SaGRSSB  DIVINE. 

L'épine  du  dos  étant  composée  d'une  série  de  vertèbres 
plus  ou  moins  nombreuses,  il  est  évident  qu'elle  fléchirait 
facilement  dahs  chaque  articulation  ^  si  ces  os  étaient  aussi 
mobiles  lés  uns  sur  les  autres  que  dans  les  Mammifères. 
Nous  avons  vu  que,  éhes  ces  derniers,  le  rachis  s^appuyant 
ï  ses  extrémités  antérieures  et  fiostérieures ,  sur  les  deux 
paires  de  membres,  il  est  par  ïà  disposé  it  fléchir  en  dessous 
dans  le  milieu,  mais  que  cette  flexion  est  prévenue,  d'une 
part,  par  la  forme  aitjuée  que  prend  le  rachis,  et  de  l'autre 
par  la  résistance  de  la  corde  qui  sons-tend  cet  arc,  corde 
formée  par  le  sternum  et  les  muscles  inférieurs  du  tronc. 

Dans  les  Oiseaux,  au  contraire,  où  le  rachis  n'est  appuyé 
qu'h  son  extrémité  postérieure  sur  le  bassin,  et  par  celui-ci 
sur  les  pieds,  il  est  disposé,  par  l'effet  du  poids  du  corps,  à 
fléchir  antérieurement  en  dessous,  en  formant  un  arc  con- 
vexe en  dessus.  Cbee  les  Mammifères,  la  flexion  de  la  co- 
lonne vertébrale  a  été  prévenue  par  le  moyen  que  je  viens 
d'indiquer  ;  tandis  que  chex  les  Oiseaux,  où  elle  aurait  lieu 
en  sens  opposé,  le  même  moyen  n'a  pas  pu  être  employé, 
vu  que,  d'après  le  plan  sur  lequel  les  vertébrés  supérieurs 
sont  formées,  il  n'existe,  au-dessus  de  cette  colonne 
vertébrale,  rien  qui  soit  analogue  aux  côtes,  ni  au  sternum, 
ni  aux  muscles  abdominaux.  Mais  la  Nature  à  qui  les 


108  THSOLOGIB   DB   LA   HATORl. 

MOTBNSNfi  MANQUENT  JAMAIS,  T  A  SUPPLÉÉ  BN  RENDANT,  d'uNB 
PART,  LES  TBRTÈBRES  •  DORSALES  MOINS  MOBILES  ET  HOIIIS 
NOMBREUSES  QUE  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES ,  CeS  OS  DO  dépaSSant 

jamais  onze ,  et  d'ordinaire  il  n*y  en  a  même  qae  huit;  et 

D* AUTRE   PART,  EN    SUPPRIMANT  TOUTE  LA  RÉGION  LOMBAIRE, 

c'est-à-dire  qu'elle  a  fait  avancer  le  bassin  jusque  sur  la  der- 
nière côte ,  à  laquelle  il  adhère. 

Chez  la  plupart  des  espèces ,  les  vertèbres  dorsales  sont 
même  presque  fixes ,  et  surtout  peu  susceptibles  de  fléchir 
en  dessous,  par  l'eflet  de  la  grande  hauteur  verticale  que 
présentent  leurs  corps  et  la  longueur  d'avant  en  arrière 
des  apophyses  épineuses.  Dans  quelques  espèces,  cepen- 
dant ,  et  notamment  chez  les  Autruches ,  les  vertèbres  dor- 
sales conservent  encore  une  mobilité  assez  sensible ,  mais 
jamais  suflisante  pour  permettre  au  tronc  de  fléchir  sur  lui- 
même  sans  le  secours  d'une  force  musculaire  volontaire, 
surtout  chez  l'espèce  que  je  viens  de  citer,  où  la  partie  anté- 
rieure du  tronc  est  peu  chargée  de  muscles ,  et  en  consé^ 
quence  peu  pesante. 

La  région  dorsale  du  rachis  étant,  du  reste,  soutenue  par 
les  côtés ,  qui  appuient  à  leur  tour  sur  le  sternum ,  elle  est 
de  là  peu  susceptible  de  pouvoir  fléchir  en  dessous ,  même 
chez  les  Mammifères;  mais  il  n'en  serait  pas  de  même  de 
la  région  lombaire,  si  elle  existait,  vu  que  le  centre  de  gra- 
vité du  corps  agirait  sur  elle  par  un  bras  de  levier  d'autant 
plus  long  qu'il  serait  placé  plus  en  avant;  et  le  corps,  non 
soutenu  dans  sa  partie  antérieure ,  la  ferait  fléchir,  malgré 
une  grande  résistance  que  pourraient  lui  opposer  les  liga- 
ments et  les  muscles. 

J'ai  dit  que  le  bassin  des  oiseaux  (d  g  h)  avançait  sur  les 
vertèbres  lombaires,  c'est-à-dire  qu'il  s'étendait  beaucoup 
plus  en  avant  que  dans  les  Mammifères ,  et  cela  quelquefois 
jusqu'au  milieu  du  tronc.  Par  l'eflet  de  cette  grande  exten- 
sion en  avant,  il  se  lie  d'une  manière  intime  avec  le  thorax , 
et  fait  ainsi  du  tronc  un  tout  à  peu  près  inflexible ,  dans 


CHAPITRE    m.  i09 

lequel  la  région  lombaire  a  entièrement  disparu  :  aussi 
n'est-elle  pas  nécessaire  aux  oiseaux ,  dont  le  corps  très- 
court  n'a  besoin  de  plier  ni  dans  le  sens  vertical  ni  dans 
le  sens  latéral  ;  ces  animaux  peuvent  facilement  suppléer  k 
ces  mouvements  en  tournant  d'une  seule  pièce  sur  les 
membres  postérieurs. 

Outre  le  grand  avantage  que  la  nature  a  trouvé  en  ren- 
dant le  tronc  des  oiseaux  inflexible ,  en  étendant  le  bassin 
beaucoup  plus  en  avant  et  en  arrière  des  articulations 
des  hanches  (t),  cette  uisposition  offre  encore  celui 
d'offrir  y  d'une  part,  une  surface  fort  considéraele 

AUX  ATTACHES  DBS  MUSCLES  VOLUMINEUX  DONT  LES  MEM- 
BRES POSTÉRIEURS  ONT  BESOIN  DANS  LEUR  FONCTION,  de- 
vant seuls  soutenir  toute  la  charge  du  corps  dans  la  station 
et  la  marche;  muscles  dont  la  grande  force  est  d'autant 
plus  nécessaire  que  la  plupart  des  oiseaux  ne  se  couchent 
jamais  ;  et  qu'en  outre ,  cette  grande  étendue  d'avant  en 

ARRIÈRE  DU  BASSIN  PERMET  AUX  MUSCLES  EXTENSEURS  ET 
FLÉCHISSEURS  DE  LA  CUISSE  QUI  s'y  FIXENT,  DE  PRENDRE 
LEUR  POINT  d'attaché  À  UNE  GRANDE  DISTANCE  DU  CENTRE 
DE  MOUVEMENT  DE  LA  PREMIÈRE,  ET  D'aGIR  AINSI  SOUS  DES 
ANGLES  PLUS  OUVERTS  SUR  CES  DEUX  PARTIES  DU  MEMBRE , 
ET  PAR  CONSÉQUENT  AVEC  PLUS  DE  FORGE. 

Pour  que  les  muscles  extenseurs  des  cuisses  et  fléchis- 
seurs des  jambes  agissent  en  outre  avec  plus  d'effica- 
cité ,  LA  PARTIE  POSTÉRIEURE  DU  BASSIN  A  ÉTÉ  ARQUÉE  EN 
dessous;  de  manière  que,  malgré  la  TRÈS-FORTE  OBLI- 
QUITÉ DE  LA  CUISSE ,  CES  MUSCLES  AGISSENT  CEPENDANT  SUR 

ELLE  SOUS  DES  ANGLES  TRÈS-GRANDS  ;  tRudis  quc  chcz  Ics  Mam- 
mifères ,  où  cette  première  partie  des  membres  est  beaucoup 
moinsoblique,lebassin  est  horizontal .  Mais  quoique  le  bassin 
n'ait,  du  reste,  pas  des  eflbrts  considérables  à  supporter,  le 
corps  de&  oiseaux  étant  généralement  peu  pesant,  cet  os, 
malgré  sa  grande  étendue,  est  fort  léger,  les  pièces  qui  le 
composent  étant  très-minces  et  agissent  pins  par  la  longueur 


ITO  nfoiOC»  M  U  HATCBS. 

do  levier  qalls  fermeiit  qae  par  la  résisUnee  due  à  Idur 
épaitseiin 

De  même  que  les  vaisseanx  qui  naviguent  sur  les  eaux  ont 
reça  des  gouvernails  servant  à  les  diriger  dans  lenr  marche, 
de  même  aussi  les  oiseaux  ont  le  lenr  pour  voguer  dans  Tair. 
C'est  k  cette  importante  fonction  qu'est  destinée  la  queve. 
Dans  sa  partie  osseuse  et  charnue  (ef)  qui  reçoit  chei  œs 
animaux  le  nom  spécial  de  Croupion  »  cet  appendice  n'est 
formé 9  a6n  de  mieux  remplir  cette  nouvelle  fonction,  que 
de  sept  ou  huit  vertèbres,  et  rarement  de  neuf,  toutes  très- 
courtes  ,  mais  fort  larges  par  la  longueur  de  leurs  apophyses 
transverses.  Les  premiers  de  ces  osselets  sont  toujours  fart 
mobiles  en  tous  sens ,  tandis  que  les  autres ,  se  trouvent 
d'ordinaires  confondus  en  une  seule  grosse  masse  poua 

SBRViR   SPÉCIàLEMBNT    DE   POINT   d'iNSBRTION    AUX   GEAUDES 

PLUMES,  qui  constituent  plus  particulièrement  ce  qu'on  appelle 
d'ordinaire  la  Queue  chez  ces  animaux ,  et  remplissent  plus 
spécialement  les  fonctions  de  gouvernail,  que  l'oiseau  tourne 
selon  la  direction  qu'il  veut  prendre  dans  le  vol.  Cette  action 
de  la  queue  est  surtout  très-remarquable  dans  les  Oiseaux 
Rapacbs,  lorsqu'ils  fondent  verticalement  sur  leur  proie. 

En  planant  au  haut  des  airs,  allant  k  la  recherche  de  quelque 
animal  dont  ils  puissent  s'emparer,  on  les  voit,  k  TiBstanl 
où  ils  en  découvrent  un,  fléchir  subitement  la  queue  k  angle 
droit  en  dessous,  en  étalant  en  même  temps  les  plumes 
qui  la  composent ,  afin  d'augmenter  sa  surface.  Le  courant 
d'air  produit  |)ar  le  mouvement  de  translation  en  avant ,  agis- 
sant alors  sur  la  face  antérieure  de  cette  queue  ainsi  abaissée, 
renverse  l'oiseau  la  tète  en  bas,  et  celui-ci,  continuant  h 
voler  dans  cette  direction  de  toute  la  force  de  ses  ailes ,  des- 
cend non-seulement  avec  toute  la  vitesse  d'un  corps  qui 
tombe ,  mais  la  célérité  de  sa  chute  est  considérablement 
augmentée  par  l'impulsion  qu'il  se  donne  par  ses  ailes;  aussi 
le  voit-on  descendre  avec  la  rapidité  d'un  trait. 

Le  Cou ,  qui  varie  au  contraire  considérablement  tant 


«HAPiTEi  nu  174 

pour  la  loagu^F  que  poor  le  nombre  des  vertèbres ,  suit 
cependant  encore»  comme  dans  les  Mammifères,  la  règle 
d*étre,  en  y  ajoutant  la  tête,  au  moins  égal  à  la  hauteur  de  la 
partie  antérieure  du  corps,  afin  que  TOiseau  puisse  atteindre 
ï  terre  avec  son  bec  sans  être  obligé  de  beaucoup  se  baisser; 
mais  fort  souvent  elle  est  plus  longue. 

Mous  avons  vu  que  déjà  chez  les  mammifères  cette  règle 
éprouvait  plusieurs  exceptions  lorsque  des  circonstances 
particulières  plaçaient  quelques-uns  de  ces  animaux  dans 
des  conditions  qui  rendent  cette  proportion  inutile  ou  dé- 
favorable. Chez  les  oiseaux ,  cette  règle  souffre ,  par  les 
mêmes  raisons,  plus  d^exceptions  encore,  vu  que  ces  ani- 
maux n*étant  portés  que  sur  deux  pattes  seulement,  le  trône 
peut  facilement  faire  la  bascule,  et  s'abaisser  en  avant  pour 
rapprocher  la  tète  du  sol  ;  ce  qui  permet  au  cou  d*étre  beau- 
coup plus  court  que  la  hauteur  des  pattes.  Chez  d'autres , 
comme  les  Cygnes^  les  Otei,  etc.,  le  contraire  a  lieu ,  les 
pattes  étant  fort  courtes  et  le  cou  extrêmement  long,  dis- 
proportion QUI  DÉPEND  DE  LA  CIRCONSTANCE  DANS  LAQUELLE 
LA  NATURB  A  PLACÉ  CES  ANIMAUX ,  EN  LES  RENDANT  k  LA  FOIS 

lERBivoRBS  ET  NAGEURS.  Habitant  sur  Teau ,  ils  avaient  be- 
soin de  pattes  courtes,  plus  avantageuses  que  les  longues 
pour  la  nage,  et  devant  se  nourrir  en  partie  de  végétaux  qui 
croissent  au  fond  de  l'eau ,  ils  avaient  besoin  de  pouvoir  les 
atteindre  au  moyen  d'un  long  cou.  Il  en  est  de  même  des 
antres  Palmipèdes ,  tels  que  les  Canards,  qui  se  nourrissent 
de  vers,  et  d'autres  petits  animaux  placés  au  fond  de  l'eau. 
Quant  aux  inconvénients  résultant  de  l'inflexibilité  du 
tronc,  la  Nature,  si  admirable  dans  ses  soins,  t  a  re- 
médié EM  DONNANT  PAR  CONTRE  À  CES  ANIMAUX  UN  COU  TRÈS- 
LONG,  dont  les  nombreuses  vertèbres ,  qui  sont  quelquefois 
de  plus  de  vingt,  ont  au  contraire  une  mobilité  telle 

QUE  CBS   animaux   PEUVENT   FACILEMENT  PORTER    LEUR    BEC 

SUR  TOUTES  LES  PARTIES  DE  LEUR  CORPS  pour  y  subvonir  à 
leurs  beaoins. 


27St  THiOLOGIB  DB  LA   NATIJRB. 

Si  cette  longue  série  de  vertèbres  du  cou  faisait,  en  ligne 
droite ,  suite  à  celle  du  dos ,  on  conçoit  que  la  tète,  quelque 
peu  pesante  qu'elle  fût,  agirait  avec  une  force  de  levier  con- 
sidérable sur  le  tronc ,  en  déplaçant  de  beaucoup  le  centre  de 
gravité  de  ce  dernier,  en  même  temps  qu'elle  occasionnerait 
une  fatigue  bientôt  insupportable  dans  les  muscles  exten* 
seurs  du  cou,  qui  devraient  maintenir  cette  direction.  Mais 
ici  aussi  la  Sagesse  divine  a  paré  facilement  à  cet  incon- 
vénient, EN  RELEVANT  LE  COU  VERTICALEMENT,  EN  MÊME 
TEMPS  qu'elle  L*A  CONSIDÉRABLEMENT  RACCOURCI  EN  LE  COUR- 
BANT EN  S ,  EN  RAMENANT  AINSI  LES  VERTÈBRES  AU  MÊME  PRIN- 
CIPE   D*ÉÛU1LIBRE  QUE  CELLES  DE  LA   COLONNE   VERTÉBRALE 

ENTIÈRE  DES  MAMMIFÈRES.  Eu  cffct,  la  této  agissaut  par  son 
poids  sur  chaque  vertèbre  en  particulier,  par  un  bras  de  le- 
vier d*aotant  plus  long  que  cette  vertèbre  est  plus  posté- 
rieure, il  a  fallu  que  ces  os  présentassent  des  moyens  de 
résistance  croissante  suivant  la  même  progression  ;  ou  bien 
on  a  dû  éviter  cette  cause.  Or  ces  moyens,  la  Nature  créa- 
trice les  a  trouvés  ici  plus  dans  la  disposition  relative  des 
articulations  des  vertèbres,  le  nombre,  Tarrangement  et  la 
force  des  ligaments  et  des  muscles,  et,  par  suite,  dans  la 
forme  en  S  qu'elle  a  donnée  au  cou,  que  dans  la  longueur 
proportionnelle  des  apophyses  épineuses  de  ces  os ,  comme 
cela  a  lieu  chez  les  Mammifères. 

Cette  disposition  des  parties  a  même  permis  de  raccourcir 
considérablement  ces  prolongements  osseux,  et  de  les  rendre 
presque  nuls  sur  la  plupart  des  vertèbres  moyennes,  sur  les- 
quelles la  tête  est  à  peu  près  en  équilibre.  En  effet,  ce  n*est 
d'ordinaire  que  sur  les  quatre  ou  cinq  premières  vertèbres  qui 
suivent  l'atlas  que  ces  apophyses  existent ,  et  diminuent  en- 
suite légèrement  de  longueur  en  s'éloignant  de  la  tète.  Sur  les 
vertèbres  placées  en  arrière  de  celles-ci ,  ces  prolongements 
osseux  n'existent  réellement  pas  comme  apophyses  ;  mais  elles 
y  jM>nt  remplacées  par  un  renflement  de  la  partie  correspon- 
dante de  la  masse  apophysaire,  généralement  d'autant  plus 


GHAPITftB    lU.  273 

la  vertèbre  est  plus  postërieare,  ce  qui  allonge  suffisam- 
ment le  bras  de  levier  représenté  par  cette  masse.  Pour  que 
ee  bras  de  levier  pût  être  le  plus  court  possible ,  il  a  fallu  que 
la  tête  pesât  avec  le  moins  de  force  sur  la  vertèbre,  dont  le 
levier,  qu*elle  forme  dans  son  apophyse  épineuse,  doit  servir 
k  lui  faire  équilibre.  Or  le  moyen  le  plus  rationnel  était  d*ame* 
ner  la  tête  le  mieux  possible  au-dessus  de  cette  vertèbre,  où 
elle  se  trouve,  par  elle-même,  k  peu  près  en  équilibre; 

et  C*eSt  EN  EFFET  CE  QUE  LE  CRÉATEUR  A  FAIT;  et  POUR 
MIEUX  ASSURER  CET  ÉQUILIBRE,  IL  A  PLACÉ  POSTÉRIEURE- 
MENT  ENTRE    LES   MUSCLES    RELEVfiURS  DU    COU    ENCORE   UN 

LIGAMENT  CERVICAL  ÉLASTIQUE ,  Fanaloguc  de  cclui  des  Mam- 
mifères, mais  ne  formant  chez  les  Oiseaux  qu'un  simple 
cordon  arrondi  passant  .d'une  apophyse  épineuse  à  l'antre  ; 
ligament  dont  la  contraction  constante  et  passive  fait  un 
peu  fléchir  chaque  vertèbre  sur  celle  qui  la  suit  ;  d*où  résulte, 
dans  Tensemble  de  plusieurs  de  ces  os ,  formant  environ  la 
moitié  postérieure  du  cou,  uh  arc  concave  en  arrière,  de 
même  que  cela  a  lieu  chez  les  Mammifères.  Or  on  conçoit 
qa*en  continuant  k  s'arquer  ainsi,  le  cou  a  dû  devenir  d'a- 
bord vertical  et  finir  par  être  dirigé  en  arrière  ;  d'où  résulte 
que  le  centre  de  gravité  de  la  tête  (avec  la  partie  antérieure 
du  cou)  se  trouvant,  vers  le  milieu  de  la  région  cervicale 
directement  soutepu  par  la  série  des  vertèbres  moyennes ,  il 
surplombe  en  arrière  ce  point  d'appui  dans  les  vertèbres 
antérieures  ;  d'où  la  nécessité  de  faire  en  avant  équilibre  au 
poids  de  la  tête ,  par  des  forces  agissant  k  la  partie  infé- 
rieure du  cou ,  sur  la  face  antérieure  de  vertèbres  posté- 
rieures; et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lien. 

Dans  les  vertèbres  les  plus  postérieures  dirigées  directe- 
ment en  avant  et  même  un  peu  en  dessous ,  la  tête  pesant 
fortement  sur  chacune ,  il  a  fallu  pour  la  soutenir  que  les 
apophyses  épineuses  fussent  longues ,  et  le  ligament  cervical 
fort ,  mais  comme  la  puissance  du  poids  diminue  k  mesure 
que  les  vertèbres  sont  plus  antérieures ,  et  s'infléchissent  de 
1.  is 


l7k  raioLOÀn  tm  là  hatuie. 

pHM  %à  fm  Va  aitiferè,  Mlôngnetir  de  ces  à(K>ptiyses  di- 
ttfbdë ,  et  iiVéé  elle  là  grossear  da  ligament  cervical  ;  )*un 
M  l'antre  devenant  nnis  verd  le  milieu  dn  coû  ;  lorsqné  lear 
feetion  devient  inndle,  la  tète  étant,  ainsi  qne  Je  viens  de  le 
dire ,  en  équilibre  sur  la  série  dés  vertèbres  moyennes ,  et 
quand  enfin  son  poids  surplombe  en  arrière ,  ces  prolonge* 
ments  osseui  des  vertèbres ,  et  les  ligaments  cervicaux ,  ainsi 
^e  plusieurs  muscles  de  la  nuque,  somr  TRANSPôRtÉs  àô 
MVAMt  DU  cou,  pour  lui  faire  de  nouveau  équilibre,  et 
arquent  de  h  ce  dernier  en  avant.  iNoÉNnsu^E  tiiànspositio{i 

l^'OROARES ,  QUI  t^ROUVE  AVEC  LÀ  DERklÈRÉ  JËVmfiNCE  QUE  CE 
Nt  iSAURArr  ÊTRE  UN  EFFET  AMENÉ  PkfL  tfîft  CAtJSE  k»URElIENt 
t^ttYSlQUË  OU  PHYSIOLOGIQUE,  QUI  NE  SXtRÀÏT  AINSI  TRANS- 
^ORtiBR  DEà  ORGANES  d'UN  LIEU  DANS  UTÎ  AUTÈÊ ,  HAIS  BIEN 
L'EFFET  d'une  SAVANTE  INTELLIGENCE ,  OtJI  t'A  ÉTABLI  AINSI 

FOUR  PARER  À  l'inconvénibnt  INDIQUÉ.  C'est  par  le  résultat 
de  ces  deux  inflexions  en  sens  inverses  que  le  cou  prend 
naturellement  la  forme  d'une  S ,  dont  j'ai  parlé  tin  peu 
plni  haut;  et  l'ensemble  du  cou  et  de  la  tête  se  redresse 
ainsi  de  bas  en  haut,  Jusqu'il  ce  que  le  centre  de  gravité  de 
là  tète  soit  en  équilibre  sur  les  vertèbres  postérieures  du  cou. 
Che2  les  Mammifères,  les  corps  des  vertèbres  du  côU 
é'unissent  soit  par  des  bases  &  surfaces  légèrement  concaves, 
entourées  d'un  ligament  fibro-pùlpeut ,  qui  ne  leur  permet , 
comme  au  dos  et  aux  lombes,  qu'un  mouVement  assez 
ébscur ,  soit  par  des  surfaces  plus  courbes  et  des  ligaments 
plus  lâches ,  qui  leur  permettent  comme  chez  les  Ruminants, 
un  mouvement  plus  étendu.  Chez  les  OisEAtJt ,  ces  articula- 
tions ont  reçu  une  AUTRE  FORME  PLUS  REMARQUABLE ,  QUI 
LEUR  DONNE  LA  MOBILITÉ  LA  PLUS  ÉTENDUE.  ÈllcS  SOUt  for- 
mées sur  les  deux  corps  de  vertèbres  par  des  facettes  arti- 
culaires en  arcs  de  poulies  croisées  h  angle  droit,  de  ma- 
nière que  de  la  combinaison  des  deux  flexions  dont  ces  os 
sont  par  Ik  capables ,  résulte  un  véritable  mouvement  de 
eircumduction  presque  aussi  parfait  que  si  l'articulation  était 


«lAMTiit  m.  m 

k  lêiM  arrondie;  M  MHtibQ  seule  ést  tilèn-bof née ,  et  cepeh- 
dtiit  Mfflsantê  pônr  ^é  ce»  attimtiui  puissent  tourner  leut* 
tte  esA  arrière,  eâ  Âilsslttl  uli  peu  niouVoir  chacune  desf 
nombreuses  vertèbres  qui  cotnposent  leur  cou  :  nombre  qui 
est  au  moins  de  neuf  et  UU  plus  de  vingt-Crois.  Outre  ces  ar- 
tieulations  du  oorpé  deft  ténèbres ,  eed  os  s'unissent  encore 
«■tre  eux ,  k  l'instar  de  ceiiï  de^  itammifères ,  par  des  apo- 
physes articulaires  dispoàëèi  eoniiûè  chez  eeâ  derniers ,  et 
permettant  un  mouvement  trèd-libre  dans  le  cou ,  mais  à 
peine  sensible  dttiiè  léë  rtgiohs  dorëâle  et  lombaire,  où 
les  vertèâ)!^  sont  de  toute  façon  presqfAe  fixes,  surtout 
par  Teltet  d'apophyêèi  épineuses  très-larges  d'avant  en  ar- 
rière, et  de  là  très^rapprochées  k  leurs  sommets;  en  même 
temps  que  len  tbndottb  iftsëirés  aut  diverses  apophyses  sont 
tresHsenéê  et  le  plUd  sttuvent  ossifiés  ;  ce  qiii  rend  lès  mou- 
vements weoire  plus  di£Bcites. 

Dana  ftl  Série  déi  tert^rès  saûrèeè,  généralement  fort 
iiaml)reu6eft  chez  leë  Oiseaux ,  ces  os  présentent  au  fond  les 
mêmes  articulattonâ  qu'dûl  régions  •  dorsale  et  lombaire  ; 
seolemeUI,  ces  os  étMlit  fliés  par  le  bassiû ,  ilâ  se  confondeUt 
généralement  eU  Untt  éëulë  pièce  dans  les  sujets  adultes ,  au 
point  que  les  apophjfteë  éjiineiisës  ne  forment  inême  qu'une 
eréta  continue. 

La  A^îofi  edudàXè  Offre  au  couttaire  de  nouveau  une  très- 
gittidè  mobilité  dans  ses  vertèbres ,  en  tioNàkûiiËNCE  de  u 

VONGTION  QUE  LÀ  QUEUE  REMPLIT  GHËiS  CES  ANIMAUX ,  OÙ  cUc 

sert  de  goUvëluail  dans  le  vol.  L^action  que  cet  appendice 
do  corps  exerce  demandant  dd  reste  peu  de  force,  les  ver- 
t&tcR  y  sont  généralement  beaucoup  plus  petites  que  celles 
des  autres  parties  du  rachis  ;  si  ce  ti'est  la  dernière ,  qui , 
an  lieu  de  n'être  qu'un  simple  rudiment  comme  dans  les 
antres  vertébrés,  prend  au  contraire,  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
fait  remarquer  plus  haut,  un  fort  grand  développement 
diez  les  Oifteaul ,  pour  servir  de  base  aux  grandes  plumes 
de  la  queue,  tandis  que  les  autres  vertèbres  caudales  ne 


i76  TBdOLOGW  DB  L4  BUTCAB. 

forment  qa*iin  simple  pédicule  fort  n^obile  k  celle-ci.  C'est 
ainsi  que  nous  trouvons  encore  ici  un  de  cbs  bxbmpu&s  ek- 

MARQUàBLES  d'une  exception  aux  règles  GÉNÉRALBllBRT 
suivies  ailleurs  9  où  UN  ORGANE  OFFRE  TOUT  À  COUP  UNE 
AUTRE  CONDITION,  LORSQUE  LA  FONCTION  QU'iL  DOIT  EXERCER 

L*ExiGB.  En  effet,  suivant  la  loi  générale,  cette  vertèbre, 
terminale  de  sa  série,  devrait  être  mdîmentaire,  tandis 
qu'elle  est  plus  grande  que  les  autres. 

Les  corps  des  vertèbres  caudales  sont  unis  entre  eux  par 
des  facettes  articulaires  très-peu  pnrfondes ,  et  les  articu- 
lations latérales  sont  d'ordinaire  presque  nulles,  la  queue 
n'ayant  pas  k  exercer  des  fonctions  exigeant  des  mouvements 
précis. 

Les  Apophyses  épineuses  et  transverses  y  sont  au  con- 
traire fort  longues  pour  offrir  de  puissants  leviers  aux 
muscles  qui  s'y  insèrent,  afin  que  ceux-ci  puissent  agir 

AVEC  efficacité  DANS  L*AGT^0N  QU'lLS   ONT  À  EXERCER  :  ICS 

muscles  de  la  région  supérieure  pour  maintenir  la  queue 
relevée  k  peu  près  hqrizontalement  dans  l'état  de  repos, 
malgré  le  poids  des  grandes  plumes  qui  composent  celles- 
ci  ,  et  ceux  des  régions  latérales  pour  porter  la  queue  vers 
les  côtés ,  lorsque  l'Oiseau  veut  changer  de  direction  dans 
le  vol.  Quant  à  l'abaissement  de  la  queue,  il  est  produit 
par  Faction  simultanée  des  muscles  insérés  de  chaque  c6té 
aux  apophyses  transverses  et  venant  de  la  région  postérieure 
du  bassin  placé  plus  bas. 

Le  tronc  devant  être  inflexible  dans  la  colonne  vertébrale, 
sa  fixité  y  a  été  en  partie  obtenue  par  des  articulations 
moins  mobiles  que  chez  les  Mammifères ,  des  côtes  sur  leurs 
vertèbres  respectives,  auxquelles  elles  sont  unies  par  des 
ligaments  plus  serrés ,  et  une  plus  grande  longueur  des  apo- 
physes transverses  de  ces  derniers  par  lesquelles  elles  s'a- 
vancent plus  sur  le  col  des  côtes. 

Mais  cette  inflexibilité  du  tronc  est  surtout  due  à  la  lar- 
geur considérable  qu'a  reçue  le  sternum ,  formant  chez  ces 


CHAPITRE    ni.  ^11 

animaux  une  très-grande  plaque  d'une  seule  pièce  forte- 
ment tranchée,  occupant  tout  le  dessous  du  thorax,  en  se 
prolongeant  beaucoup  plus  en  arrière  que  chez  les  Mammi- 
fères, afin  de  mieux  soutenir  le  poids  des  viscères. 

A  sa  ligne  médiane ,  cette  grande  pièce  osseuse  forme  en 
dessous  une  large  crête  verticale  triangulaire  nommée  le 
Bréchet,  ayant  son  petit  côté  en  avant,  lame  qui  tout  en 
contribuant  k  donner  une  grande  force  au  sternum,  sert  plus 

PARTICULliBElIBIfT  À  AUGMENTER  LA  SURFACE  DE  CET  08 
nONNAlIT   ATTACHE   AUX  VIGOUREUX  MUSCLES  É|.ÉVATEURS  ET 

ABAissEURs  DES  AILES  ;  Russi  co  brechct  marque-t-il  com- 
plètement chez  Y  Autruche  j  oiseau  qui  ne  volant  pas  n'en 
avait  pas  besoin,  tandis  que  la  plaque  horizontale  est 
comme  d'ordinaire  fort  large. 

Nous  avons  vu ,  en  pariant  du  thorax  des  Mammifères , 
que  cette  partie  du  tronc  était  principalement  destinée  k 
loger  les  poumons ,  auxquels  elle  devait  former  une  cage 
osseuse  capable  de  résister  k  la  pression  de  l'atmosphère 
lorsque,  par  l'effet  des  contractions  du  diaphragme,  il  se 
fait  un  vide  dans  cette  cavité  ;  vide  qui  attire  l'air  dans  les 
poumons  en  l'y  faisant  pénétrer  par  les  narines  et  la  bouche. 
Or  comme  les  Oiseaux  ont  été  essentiellement  organisés 
pour  le  vol ,  fonction  qui ,  chez  eux ,  domine  la  plupart  des 
autres ,  les  moyens  par  lesquels  la  respiration  s'exerce  chez 
ces  animaux  ne  purent  plus  rester  les  mêmes  que  dans  cette 
première  classe  des  animaux  vertébrés ,  et  furent  en  gonsé- 
QUBRCB  notablement  MODIFIÉS.  Eu  offct,  par  cela  même  que 
les  Oiseaux  ont  k  soutenir  un  vol  rapide  pour  lequel  ils 
emploient  des  forces  vraiment  prodigieuses  dans  les  muscles 
moteurs  des  ailes  insérés  sur  le  sternum ,  il  est  évident  qu'k 
ehflfue  contraction  de  ces  puissants  organes ,  cette  grande 
plaque  osseuse  doit  être  fortement  tirée  en  haut,  et  en 
conséquence  rapprochée  de  la  colonne  vertébrale  ;  ce  qui 
fail  diminuer  plus  ou  moins  la  cavité  thoracique ,  et  produit 
•ne  inspiration  forcée.  Or  si  l'acte  de  la  respiration  était. 


9ns  Tmfeuwii  w  Là  hâtcm. 

cooune  chez  les  Mammifèrea ,  exercé  luÎBcipaleBieiii  peir  le 
diaphragme,  il  arrÎYerait  que  le  pliia  aoai^ait,  et  ménie 
preaqoe  tOQJoqra ,  lea  deu  actioiia  n'auraîeiit  pas  lien  sîBiiiW 
tanémen t,  et  que  l'an  détruirait  l'effidl  de  Tantee  ;  ou  plotAt  que 
l'actioii  violente  des  musdes  moteurs  des  ailes  empêcherait 
le  diaphragme  de  fonetionaer  eouv^Mblement;  d'où  il  a  été 
nécessaire  de  soustraire  les  Oiseaux  à  œt  inooD^énient,  «a 
ne  faisant  agir»  dans  eette  fonction  ai  importante  de  la  res- 
piraUon,  que  Vagent  dont  Taction  ne  pouvait  pas  être  ériiée. 

En  effet 9  l'acte  mécanique  de  la  respiration,  tout  eia 
conservant,  chez  les  Oiseaux^  beaucoup  d'analogie  avec 
eelui'qui  a  lieu  dans  les  liamoiifèros,  est  cependant  fort 
différent.  Ici  c'est  l'inspiratiop  qui  est  produite  d'une  um^ 
nière  active  par  les  contractiona  du  diaphragme ,  tandis  que 
l'expiration  sq  fait  passivement  par  le  relâchement  pur  et 
simple  de  ce  muscle  remontant  dans  la  cavité  pectorale , 
d'où  il  chasse  l'air,  en  même  temps  que  les  oôtes,  qui,  dans 
les  inspirations  forcées ,  ont  été  élevées  pour  dilater  la  poi*> 
trine,  s'abaissent  également  d'une  manière  paasÎYe  en  rétré- 
cissant la  cavité  thoracique. 

La  première  de  ces  actiona  ayant  dft  œsaer  ehei  tau 
Oiseaux,  le  DuraaàoiiB  a  tri  bn  oonsiQiniircK  punsmirr 
BT  siMPLBKENT  SUPPRIMÉ  ;  et  quaut  k  l'action  des  côtes ,  elle 
a  été  modifiée  en  cela  qu'au  lipu  que  ce  soil  la  dilatatien 
du  thorax  qui  soit  active,  et  la  oontraotion  passive,  c'est  le 
contraire  qui  a  lieu.  Or  cela  devait  être  bk  oomséqcbhgic 

dB   LA  GAUSB  QUI  A  BXIOt  CBTTB  MODmiGàTIOB,  VU  qUO  « 

h  dilatation  de  la  cavité  pectorale  était  produite  par  un 
mouvement  volontaire  de  la  part  de  l'oiseau,  i\  arrivf^ 
rail  le  plus  souvent  que  pemibnt  le  vol  eel  acte  ne  se- 
rait pas  parfaitement  isochrone  avec  la  dilatation  proddte 
par  le  relâchement  dea  muselés  pectoraux  )  d'oi  la  fonc- 
tion de  la  respiration  serait  singttlièMi|ipnt  entnivée  et 
même  rendue  impossible,  il  était  de  là  bien  plus  rationMl 
de  rendre  ches  les  Oiseaax  VexpimtieB  tetîne  par  reflet  de 


la  contraction  do  thorax,  c^t  ^)^^liratiQ^  pivesrait  painvf^» 
aîQsî  qne  cela  est  en  efiet.  Far  oe  moyen ,  cea  deiii  aetea 
auccesaif^  ont  lien  «aoe  entra^e^  d^ns  to  vol  par  la  aenle 
action  des  muscles  moteurs  des  ailée  »  qnit  e«  mouvant  cet 
4emi^res  avec  plus  oi|  moins  de  force ,  font  contracter  le 
tboraxy  pendant  que  la  dilatation  a  \m  lora  du  reU^beSMM 
d«  ces  mêmes  myfclest  eeq<md(fs  toutefois,  selon  le  hmijm $ 
pv  fou9  les  anKea  agents  4jii«mwes  qui  peuvent  j  eoiftri* 
taeTi  tels  que  lea  moades  spéciaux  moteurs  d^  côtes  i 
Qiganes  à  cet  effet  plqs  c«m|diqsés  et  plus  distincts  que 
diex  les  Mammifères* 

Pour  que  ces  monvemept»  puissent  aToii  faeilemcoit  lieu, 
Hïe  eOtes  09t  è  pet  eff»t  M  l^^rement  modifiées*  Au  lieii 
que  leur  seconde  partie,  qui  se  fixe  au  sternum ,  soit  csvr 
tilegi^euse  fwmme  dms  les  ifemmifères,  pour  n'être  qae 
\i^mw\  éleetiqne  *  eUe  est  an  opniraire  osseuse  eom«É 
la  côte  vertéînrale,  «t  «'unit  ^  ei^^ci  par  une  védtaMe  u)ih 
qnlation  mpbile  ;  et  se  joint  m  «ntie  «u  sternum  par  une 
â^rticnlation  égalemeet  fort  v^obile  d'arrière  en  avant,  finfta 
Qii  deui;  parties  4^  fiMifrsfl  rencontrent  sons  nn  angle  I 
BOH  près  droit,  eq  lie»  4e  fiemer  ensemMo  w  er»  de  cere|ft 
eo9tinii.  Par  Tell^t  ^0  cette  disposition,  les  cjAtes  stemaiet 
4limipiae  rigides,  Iwt  wàsm  les  fonctionna  de  levier,  soit 
pgpr  arc-bouter  flonfi:e  lepn  oAtes  vertéi^rales  roipeetii^, 
eeitpenr  fléeliir  «wnrilMoliar  le  alemuMkmdes  on^ 
traitions  d»  tboiw» 

Qeant  fin|(  mowemeiila  qne  peuvent  «aéenter  les  eMti 
inert^iaiM,  ils  snntjea  mêmes  que  ctiei  les  Memmifècea, 
panr  $o  qpi  dépend  4eiiiaiMeles  iiit<HiMslapi  ok^^ms; 

mais  ici  aussi  existe  un  perfectionnement  qn'Qfl  totMiUtt 

point  fliies  c^  âenûeca  msfêm^  eonaietiMI»  pt^nr  diaâm 
de  ees  oa,  en  «A  i^ipMtttfce  MflAtii  (f^ 
piiyse  pertani  dn  milien  de  le^n*  bord  peatérieur,  ft  dfadgéft 
en  eirièio  et  «i  deiaM>  en  tiiqsMt  la  qêt»  qni  faift,  sur 
kmaeUe  ait  tHpanliie  s'^pplhpe  et  faû  est  nni  par  divem 


i8U  TfliOLOeiB  DE  LA   NAIURS. 

miiscies  spédaux.  Au  moyen  de  ces  branches  latérales ,  les 
côtes  vertébrales  peuvent  être  éloignées  ou  rapprochées  avec 
force  selon  le  besoin,  pour  contribuer  à  produire  la  dilatation 
00  le  resserrement  du  thorax. 

Tai  fait  remarquer,  en  parlant  des  Ténèbres  du  cou  des 
Mammifères,  que  ces  os  portaient  latéralement  de  fortes 
apophyses  percées  d'un  trou  à  leur  base,  et  que,  malgré  que 
ces  prolongements  ne  formassent  jamais  des  pièces  particu- 
lières, ils  représentaient  cependant  de  véritables  appendices 
costaux  de  ces  vertèbres.  La  preuve  de  cette  vérité  se  trouve 
non-seulement  chez  plusieurs  Reptiles,  tels  que  les  Croco- 
dUes ,  mais  surtout  aussi  dans  les  Oiseaux.  En  effet ,  les  ver- 
tèbres les'plus  postérieures  du  cou  de  ces  animaux  portant 
des  côtes  très-grandes,  parfaitement  mobiles ,  en  tout  en- 
tièrement semblables  k  celles  de  la  région  dorsale  ;  seule* 
mentelles  se  terminent  k  leur  extrémité  librement  dans  les 
chairs,  sans  se  continuer  par  des  côtes  stemales. 

Ces  appendices  costaux  diminuent  par  paire  rapidement 
de  longueur  d'arrière  en  avant ,  de  manière  k  ne  plus  former 
déjk  sur  le  milieu  du  cou  que  de  simples  petites  pointes  di- 
rigées en  arrière  ;  mais  toujours  articulées ,  comme  les  côtes 
thoradques ,  par  deux  points  avec  le  corps  de  leurs  ver- 
tèbres respectives  ;  d'où  résulte  une  ouverture  ménagée  eatte 
les  deux  os.  Plus  en  avant  encore ,  ces  petits  appendices  la- 
téraux des  vertèbres  du  cou  se  soudent  enfin  complètement 
avec  leurs  vertèbres,  sans  laisser  apercevoir  de  suture; 
offrant  ainsi  absolument  les  caractères  des  apophyses  laté- 
rales des  Mammifères-,  et  leur  analogie  avec  les  côtes  est 
prouvée  par  le  passage  insensible  qui  existe  entre  eux  d'une 
vertèbre  k  l'autre. 

La  tète  des  Oiseaux  se  compose  exnetement  des  mêmes 
parties  que  celle  des  Mammifères ,  mais  se  trouve  tdlement 
modifiée  par  la  dégradation  qu'elle  a  suivie  d'une  famille  h 
l'autre ,  que  pour  plusieurs  pièces  osseuses  qui  entrent  dans 
sa  composition ,  il  serait  difficile  de  reconnaître  leurs  ana- 


CHAMTM   lU.  281 

logaes  daos  les  Mammifères,  sans  suivre  la  modification  de 
ces  organes  k  travers  TOrdre  des  Rbptilbs  sauriens  ,  placée 
dans  l'échelle  animale  entre  les  Mammifères  et  les  Oiseaux. 
En  suivant  ainsi  la  série ,  en  commençant  chez  les  Reptiles 
par  le  genre  Tubinambis ,  d<Nit  la  tète  osseuse  ressemble  le 
plus  à  celle  des  Mammifères ,  on  reconnaît  parfaitement  les 
parties  analogues  ;  mais  il  serait  impossible  d'indiquer  id 
les  différences  sans  accompagner  les  descriptions  de  nom- 
breuses figures. 

Les  ailes  9  tout  en  prenant  un  grand  développement  pour 
servir  avec  avantage  dans  le  vol ,  devant  toutefois  pouvoir 
être  repliées  contre  le  corps  ï  l'état  de  repos ,  en  n'y  occu- 
pant que  le  plus  petit  espace  possible,  s^n  de  ne  pas  se 
trouver  facilement  exposées  au  froissement  des  corps  étran- 
gers, et  ne  point  gêner  les  divers  mouvements  que  Toiseau 
peut  avoir  k  exécuter.  Pour  atteindre  ce  résultat ,  il  a  suffi 
de  faire  simplement  éprouver  quelques  modifications  au 
modèle  des  membres  antérieurs  des  Mammifères ,  sans  sor- 
tir du  plan  général  d'après  lequel  les  Animaux  vertébrés 
ont  été  formée. 

Pour  rendre  la  surface  de  l'aile  assez  étendue,  sa  partie 
osseuse  et  charnue  (PL  III,  fig.  1 ,  abcd)^  le  véritable 
analogue  du  membre  antérieur  des  Mammifères  a  été 
ouuii  i  SON  Bonn  postérieur  de  grandes  plumes  très- 
fortes  on  Pamief ,  dirigées  en  arriére  et  d'autant  plus 
obliquement  en  dehors,  qu'dles  sont  implantées  plus  près 
de  Textrémité,  de  manière  que  l'ensemble  de  l'aile  (aef) 
forme  un  grand  disque  triangulaire  fort  résistant,  par  l'ef- 
fet DE  l'élasticité  DE  SES  PENNES^  MAIS  DU  RESTE  TRÈS-LÉ- 
GER ,  AFIN  d'étendre  CONSmÉRARLEMENT  LA  SURFACE  DE  CES 
MEMBRES  SANS  AUGMENTER  BEAUCOUP  LEUR  POIDS.  Par  l'effet 

de  cet  ingénieux  moyen,  le  centre  de  force  (F)  des  ailes  se 
trouve  à  une  certaine  distance  en  arrière  du  membre  (l'aile 
étant  étendue  pour  le  vol),  et  placé  dans  le  plan  vertical 
passant  par  le  centre  de  gravité  du  eorps  qui ,  d'après  la 


3tt  TEtOÊJOOn  H  1.A  BàTirU. 

forme  de  ee  dernier,  se  trmrre  m  nilien  li  pea  près  éê 
tronc. 

Qooiqne  cette  renaniQable  disposition  des  pennes  soit 
connue  de  tout  le  monde ,  jamais  ancan  Natoraliste  ne  s'est 
demandé  pourquoi  cela  était  ainsi  ;  et  c*est  cependant  de  Ik  qne 
dépend  seul  le  mouvement  de  translation  d'arrière  en  nmd 
dans  le  yoI  ,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  il  y  a  plus  de  nngl 
ans  dans  mes  CanMérationê  géntraUi  iwr  rànaiomiê  oom- 
parée  des  Animaux  articuUs.  En  étendant  par  cette  disposi- 
tion le  disque  des  ailes ,  tours  centres  de  force  se  trsttTenl 
non -seulement  placés  en  arrière  des  véritables  membres, 
mais  la  ligne  qui  les  unit  est  aussi  en  arrière  des  articulations 
des  bras ,  dans  lesquelles  les  ailes  se  meuvent  sur  le  corps. 

AGn  que  les  ailes  puissent  se  replier  et  se  placer  à  Vêlât 
de  repos,  leurs  diverses  arfieulations  analogues  à  celles  des 
membres  antérieurs  des  Mammifère ,  n'ont  eu  qu'k  subir 
de  très-légères  modiflcations.  Le  bras  (PI.  II,  fi§.  C,  ^)  se 
dirigeant  naturellement  en  arrière,  le  long  du  tborax,  n'est 
qu'un  peu  plus  relevé  et  entièrement  borisontal  dans  les 
Oiseaux.  L' Avant-bras  (r),  complètement  flécbi,  ramené 
l'articulation  de  la  main  contre  Tépaule;  et  il  a  suffi  de  mo- 
difier un  peu  le  carpe  pour  permettre  k  la  main  (â)  on 
fouet  de  l'aile ,  de  se  replier  en  arrière  contre  les  flancs ,  an 
lieu  de  se  flécbir  en  dessus ,  ou  en  dessous ,  comme  AeÉ  les 
Mammifères.  Mais  ce  n'a  pas  été  assez  que  les  ailes  pussent 
simplemMt  se  plier  ainsi  en  zigzag  lorsque  Toisem  vent  les 
placer  k  Tétat  de  repos ,  il  a  fallu  que  leurs  articulations 
fussent  conformées  de  manière  k  ce  que  chacune  des  trois 
parties  pût  s'étendre  et  se  replier  selon  le  besoin,  en  faisant 
bonne  résistance  k  l'effort  que  l'air  eierce  sur  eUe  pendant 
le  vol  ;  et  ce  sont  là  les  modifications  les  plus  remarquaUes 
que  ces  membres  ont  éprouvées  dans  leur  transformation 
en  ailes. 

Pour  que  le  corps  des  oiseaux  soit  le  moins  pesant  pos- 
sible ,  vous  LBs  Monns  qui  i^buvknt  t  coimuBuin  om 


CHAPiTia  m.  383 

I  rais^BÂVAiiiiEirr  bmployés.  Les  os  sobI,  comme  dans  les 
Mammifères  agiles  ^  généralement  très-légers,  et  pour  cela 
I  très^eeliuleux  dans  leur  intérieur,  ou  même  tout  à  fait  creux 
I  et  k  parms  minces  pour  les  os  longs ,  mais  d'une  substance 
I  très-deose ,  afin  d*étre  fort  résistants  sans  offrir  un  poids 
I    considérable.  C'est  ainsi  que  nous  trouvons  déjk  ici  l'appli* 

I  OATION  DB  G9  PKINCIPB  UB  PHYSIQUE  QUB  LES  CYLINDRES  CHBim 
•OBT,  À  MASSE  teALE,  PLUS  FORTS  QUB  LES  PLEINS  ;  applica- 
tion qui  ?a  au  point  que  la  plupart  des  os,  et  même  tous,  k 
l'eiceptioii  de  ceux  des  pattes  /sont  k  cet  effet  entièrement 
vides,  ne  renfermant  que  de  Fair,  et  non  de  la  moelle 
comme  dans  les  Mammifères.  Et  si  les  os  des  extrémités 
postérieares  en  contiennent ,  il  me  parait  très-probable  que 
ô'bst  pour  iiiplubr  par  leur  poms  sur  la  position  bu 

CENTRE   DE   GRAVITÉ,   AFIN  DE  LB  FAmB  DESCENDRE  UN  PEU 

plus;  taadis  que  le  sternum,  Tos  le  plus  grand  du  corps, 
^  est  très-eelhileux  et  plein  d -air ,  vu  qu'il  était  plus  con- 
venable b'aughbntba  le  poids  de  cette  réoion  du  corps 

EN  donnant  plus  DE  VOLUME  AUX  MUSCLES  PECTORAUX  QUI 
RECOUVRENT  CET  OB,  QUE  DE  LE  REMPLm  LUI-MÊME  D*UNE 
SUBSTANCE  QUI  l' AURAIT  RENDU  INUTlLBMENT  PLUS  LOURD. 

Les  ailes  devant  non-seulement  se  mouvoir  avec  préci« 
lion,  ponr  que  le  vol  soit  régulier,  mais  en  même  temps  avec 
force  et  Titesse ,  ponr  trouver  un  puissant  appui  dans  Tair , 
il  était  nécessaire  aussi  que  les  bras  fussent  sèlidement  sou- 
tenus par  les  épaules  ;  et  celles-ci  en  conséquence  fortement 
flxées  an  tronc,  k  peu  près  comme  chex  les  Mammifères  da- 
vicBlés. 

Les  vigoureux  muscles  pectoraux  qui  produisent  les  mouve- 
ments d*élévation  et  d^abaissement  des  ailes  étant  placés  sous 
le  steranm,  et  tirant  en  conséquence,  par  leurs  contrac- 
tions, les  épaules  en  dessous,  il  était  nécessaire  que  celles-ci 
pussent  leur  résister  en  prenant  un  solide  point  d'appui  sur  ce 
dénier;  appui  qu'elles  auraient  pn  trouver  naturellement 
dans  Its  clavicule.  Mais  ces  deux  os  ont  élé  employés  k  une 


iH4  TIII0LÛ«1K  DB  LA    NATUEK. 

autre  fanction  à  peu  près  sesiblable,  gbllk  db  maintbrir 

SIMPLEMENT  LES  ÉPAULES  TRAMSVBRSALEMERT  É€ARTÉBB  AV 
MÊME  POINT,  EN  FAISANT  ENTRE  BLLES  L*EFFBT  B*DN  RB8S0RT 
DONT  l'élasticité  ADOUCIT  CONSIDÉRABLEMENT  LES  CHOCS 
QUE  LES  AILES  ÉPROUVENT  DANS  LE  YOL  À  LEURS  DEUX  SDR- 

FACES  PAR  LA  RÉSISTANCE  DE  L*AiR  ;  chocs  qui  leiideBl  k 
rapprocher  et  k  éloigner  alternativement  les  épaules.  Pour 
cela  y  les  deux  clavicules  (k)  ont  simplement  été  réunies 
entre  elles  par  leurs  extrémités  inférieures  »  en  une  seule 
pièce  en  forme  de  Y  ou  Fourchette ,  et  qui  ne  toudie  même 
plus  le  sternum ,  auquel  elle  n'est  liée  que  par  de  faibles  li- 
gaments; tandis  qu'k  ses  extrémités  supérieures,  elle  s'arti- 
cule d'une  manière  immobile  avec  les  autres  os  des  deex 
épaules  que  cette  fourchette  tient  écartées,  en  y  restant  sus- 
pendue au  devant  du  thorax. 

L'action  de  l'air  sur  les  ailes  varie  suivant  la  position  que 
celles-ci  prennent,  soit  pendant  leur  élévation ,  soit  pendant 
leur  abaissement,  agissant  de  dehors  en  dedans  dans  la 
première  moitié  des  mouvements  d'élévation  et  d'abaisse- 
ment ,  et  de  dedans  en  dehors  dans  la  seconde  moitié.  En 
effet,  l'aile  étant  entièrement  abaissée;  lorsqu'elle  s'élève 
jusqu'à  la  direction  horizontale,  l'air  appuie  sur  sa  fkce 
supérieure ,  d'abord  directement  de  dehors  en  dedans ,  et 
ensuite  de  plus  en  plus  obliquement  jusqu'à  ce  qu'elle  soit 
horizontale ,  moment  où  il  commence  à  agir  de  haut  en 
bas  ;  d'où  son  effet  devient  négatif  en  agissant  après  en 
sens  contraire  ;  c'est-à-dire  de  plus  en  plus  fortement  de 
dedans  en  dehors  jusqu'à  ce  que  l'aile  soit  entièrement  re- 
levée. Cette  pression  de  Tair  se  communiquant  aux  épaules 
\es  pousse  ainsi  tantôt  en  dedans  et  tantôt  en  ddiors. 

Dans  l'abaissement  des  ailes,  l'effet  contraire  a  lieu  ;  c'est- 
à-dire  que,  dans  la  première  moitié,  l'épaule  est  portée  de 
dehors  en  dedans ,  et  dans  la  seconde  de  dedans  en  dehors. 
Or  c'est  pour  prévenir  ces  mouvemaits  latéraux  alternaiift 
qui  produiraient  non-seulement  une  grande  irrégularité 


CBAPITRI    111.  28S 

dans  le  vol ,  mais  encore  un  effet  bien  pins  grave ,  oelni  de 
comprimer  et  de  dilater  violemment  le  thorax,  que  la  Natueb 

CRÉ4TRICB ,  SI  SAVANTE  ET  SI  INGÉNIEUSE  DANS  SES  MOYENS , 

a  modifié ,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire ,  les  clavicules  pour 
les  approprier  à  la  nouvelle  fonction  si  importante  pour  les 
Oiseaux  de  maintenir  les  épaules  toujours  écartées  au  même 
point  y  en  leur  permettant  toutefois  de  céder  un  peu  aux 
efforts  qu^elIes  éprouvent;  l'élasticité  de  la  fourchette  les 
ramenant  constamment  à  leur  position  primitive;  moyen 
par  lequel  les  violents  chocs  que  les  ailes  éprouvent  viennent 
s'anéantir  sur  les  fourchettes ,  en  même  temps  que  l'abais- 
sement du  cou  et  le  passage  des  aliments  ne  sont  point 
gênés  par  cet  os  ;  tandis  que  ce  double  inconvénient  existe- 
rait si  les  deux  clavicules  réunies  formaient  un  os  allant 
transversalement  d'une  épaule  k  l'autre. 

Mais  cette  nouvelle  disposition  des  clavicules  n'a  pas  suffi 
pour  donner  aux  épaules  toute  la  fixité  dont  elles  avaient 
besoin;  les  muscles  pectoraux,  en  prenant  leurs  points 
fixes  sur  le  sternum ,  tendent  en  se  contractant,  les  uns  pour 
abaisser  les  ailes  et  les  autres  pour  les  relever,  à  rapprocher 
les  articulations  des  bras  de  ce  dernier.  Or  les  clavicules , 
devenues  la  fourchette,  ayant  changé  de  fonction  pour 
laquelle  elles  n'appuient  plus  sur  le  sternum,  les  omo- 
plates (  t  )  suspendues  dans  les  chairs ,  ne  pouvant  s'opposer 
Ïl  ce  déplacement  qui  annulerait  l'effet  que  les  muscles 
pectoraux  doivent  produire ,  le  Créateur  a  remplacé  les 
premiers  de  ces  os ,  dans  leur  fonction  primitive ,  par  deux 
os  particuliers,  dont  il  n'existe  chez  les  Mammifères  que 
de  simples  rudiments  formant  la  simple  petite  apophyse 
eoracoide  de  la  tête  inférieure  de  Tomoplate  ;  mais  qui 
se  prolonge  cependant  déjk  jusqu'au  sternum  dans  deux 
genres  d'animaux  de  cette  classe ,  ceux  des  Omithùfynckui 
et  des  Echidna^  en  y  prenant  h  peu  près  le  même  développe- 
ment que  chez  les  Oiseaux.  Ces  deux  os  Coracotdims  (jf), 
très-vigoureux  chez  les  Oiseaux ,  sont  placés  en  arrière  de  la 


SW  THi0U>6iB  M  iiA  MATOU. 

fotirobatte ,  et  unieft  de  métne  qtie  eelte  Aeinière  k  lents  ouk^ 
plates  rëspeetives  pat  une  articalatioii  immobile.  De  oétte 
eitrémité  ils  deseendent  obliquement  en  arrière  et  en  dedans 
jusqu'au  bord  antérieur  du  sternum  avec  lequel  ils  s'unissent 
par  me  articulation  mobile,  étroite,  mais  profonde.  Fort 
allongée  transversalement  ;  de  manière  que  leurs  luxations 
sont  à  peu  près  impossibles. 
Ces  deux  os  étant  placés  pRÉcisÉUKirr  dans  la  DiRECTi6if 

DANS  LAQUBLLB   A6ISSBNT    LES    MUSCLES    RECTORAUX,    LEUà 

RÉSISTENT  ÀYEQ  ÉNERGIE ,  dsns  la  teudauce  qu'ils  ont  d'a- 
baisser les  épaules ,  en  formant  de  puissants  arcs-boutants 
contre  ces  dernières. 

Par  la  forme  de  leur  articulation  avec  le  sternum ,  les  os 
coracoîdiens  ne  jouissant  d'aiicun  niouvement  latéral ,  con- 
tribuent puissamment  k  empêcher  les  mouvements  trans- 
versaux des  épaules  ;  tandis  qu'ils  permettent  le  mouvement 
d'avant  en  arrière  dont  l'Oiseau  a  besoin  dans  les  change^ 
ments  de  direction  dans  le  vol ,  ainsi  que  je  le  ferai  voir  plus 
tard.  Ces  derniers  mouvements  sont  d'ailleurs  très-limités, 
d'une  part  par  la  fourchette  qui  ne  saurait  s'écarter  que  fort 
peu  de  l'angle  antérieur  du  sternum  auquel  elle  est  liée  par 
des -ligaments  courts,  et  de  l'autre,  par  l'omoplate  qui , 
enveloppée  de  muscles ,  ne  peut  que  glisser  légèrement  sur 
le  thorax,  en  exécutant  toutefois  des  mouvements  qui 
permettent  d'exécuter  les  changements  de  direction  dans  le 
vol. 

Nous  avons  vu  que  le  cetitre  de  gravité  (o  )  du  corps  devait 
se  trouver  un  peu  au  devant ,  et  un  peu  plus  bas  que  l'axe 
passant  par  les  deux  genoux,  afin  que  l'Oiseau  pût  se 
maintenir  en  équilibre  dans  la  station,  ou  la  marche,  et 
qu'il  devait  se  trouver  en  même  temps  à  une  assez  grande 
distance  sbus  la  ligne  passant  par  les  centres  de  force  des 
ailes ,  au  moment  où  celles-ci  font  le  plus  grand  effort  dans 
le  vol ,  afin  de  maintenir  également  l'équilibre  du  corps  dans 
le  vol,  et  l'empêcher  de  chavirer;  ce  qui  arriverait  dans  le 


«M  Ml  le  eMaU«  d^  g^ritë  se  UfOnvérÉit  taHleiâos  de  é«8 
pdifetê,  aitifti  qu'otl  le  démbtitte  dàûs  totiB  lèd  ouvrages  de 
statique,  pour  les  corps  platées  dans  an  milieu  fluide.  Poutt 

fklkB  GOÏNCIDEA  CES  TbOiS  COt^DltlONS,  Là  MàTURB  â  TtlANS- 
^ORTÉ  LÉ  CENTRE  BË  GRAVITÉ ,  NON-SfilItEMËNt  k  La  1>LUS 
ORANDB  DISTANCE  POSSIBLE  DE  LA  COLONNE  VERTÉBRALE, 
€'feST-i«>DtRB  À  LA  PARTIE  INFÉHlËURB  Et  t»OSTÉRIEURÊ  DE  LA 
l»OlTRiNE|  PAR  L*firJ^ET  bÉ  LA  GRANDE  MASSE  DES  MUSCLES 
PËCTORAtIX,  LES  PLUS  VOLUMINEUX  DU  CORPS,  QU'ELLE  À 
PORTÉS  EN  QUELQUE  SORTE  AU-DEl^SOUS  DU  VRAI  STERNUM ,  EN 
MOLONOËANT  CELUl-Cl  EN  DESSOUS  PAR  LE  BrEGHET  ,  SetVant 

de  principal  point  d'attache  k  ces  muscles;  mais  elle  a  eii 

Otitre  RELEVÉ  FORTEMENT  LES  ARTICULATIONS  DES  ÉPAULES , 
ktlN  O0Ë  DANS  LA  POSITION  MOYENNE  bSS  AILES  PENDANT  LE 

f  OL  (lorsqu'ellea  sont  presque  horizontales  et  un  peu  rele* 
vëes  fteulemeni) ,  la  distance  entre  le  centre  de  gravité 

It  LA  LIGNB  passant  PAR  LES  CENTRES  DE  FORGÉ  DES  AILES 
loir  LA  PLUS  GRANDE  POSSIBLE. 

En  prolongeant  ainsi  le  dternum  (Imit)  en  dessous  par 
le  bréchet  (m)  pour  servir  d'attache  aux  muscles  pectoraux , 
le  Créateur  a  non-seulement  fait  descendre  le  plus 

POSSIBLE  LE  centre  DE  GRAVITÉ,  MAIS  IL  A  EN  OUtRE  PU 
DONNER  PAR  LA  UN  VOLUME  PLtS  CONSIDÉRABLE  A  CES 

htscLES ,  dont  la  fôtiction  est  de  faire  mouvoir  les  ailes  dans 
lé  vol  *,  et  ce  qui  prouve  que  le  premier  fait  est  l'un  des 
j>rineipaui  motift  dé  cette  dispositioh ,  b'est  que  le  muscle 
Mtyèn -pectoral  (VicQ-D'AztR),  qui  relève  l'aile,  au  lieu 
d'insérer  son  tendon ,  comme  chez  les  Mammifère^ ,  k  l'os 
tôracoîdien,  contourne  son  extrémité  supérieure  en  s'y 
réfléchissant  comme  sur  une  poulie ,  pour  se  fixer  par  en 
dessus  k  l'os  du  bras  qu'il  relève.  C'est  ainsi  que  ce  muscle 

a  été  CHANGÉ  DE  FONCTION ,  AFIN  DE  PLACER  LE  RELEVOIR  DE 
l\lLE  i  LA  PARTIE  INFÉRIEURE  DE  LA  POITRINE  POUR  INFLUER 

itm  LA  POSITION  DU  CENTRE  DE  GRAVITÉ  ;  taudis  quo  cc  mou- 
Vement  aurait  dû  être  principalement  produit  par  les  muscles 


288  IvtOVQ&E  DB  LA  NàTURB. 

snr-épineQx  et  sous-ëpineai  fiiés  k  l'oiDoplate;  muscles 
qui,  devant  être  très-volamineai  pour  cela,  auraient  pro- 
duit l'effet  contraire  sur  le  centre  de  gravité  ;  aussi  sont-ils 
fort  petits  chez  les  Oiseaux,  où  ils  n'exercent  qu'une  action 
secondaire  dans  le  vol  :  celle  d'étendre  et  de  replier  les 
ailes. 

Si  le  sternum  conservait  la  même  position  que  chez  les 
Mammifères,  il  est  évident  que  par  l'effet  du  poids  des 
muscles  pectoraux ,  le  centre  de  gravité  du  corps  se  trouve- 
rait trop  en  avant ,  étant  k  la  fois  au  devant  de  la  base  de 
sus-station  des  pieds,  et  au  devant  des  points  de  suspension 
de  l'oiseau  dans  le  vol ,  lors  de  la  position  moyenne  des 
ailes.  Ces  deux  circonstances  ont  fait  porter  le  sterhuh 

PLUS  EN  ARRIÈRE  QUE  DANS  LES  MAMMIFÈRES  ;  et  CCla  d'aotailt 

plus  que  la  partie  antérieure  des  muscles  pectoraux  (portion 
clavlculaire  chez  les  Mammifères)  s'attache  k  la  fourchette 
placée  au  devant  du  sternum  ;  et  pour  ne  pas  porter  gb 
derNiIr  plus  en  arrière  qu'il  ne  l'a  fallu,  les  ailes  ont 
ËTE  AHEfNÉES  PLUS  EN  AVANT  quc  Ics  mem(>res  antérieurs  de 
ces  dérhiers  animaux;  c'est-k-dire  que  les  articulations  des 
.hT9^  sont  au  devant  de  la  première  paire  de  côtes  et  de 
l'extrémité  corr^pondante  4u  sternum  ;  et  celui*ci  se  pro- 
longe en  arriére  jusque  sôus  le  bassin. 
,  Les  membres'  antérieurs ,  transformés  en  ailes ,  nous 
offrent'  encore  dan^  leur  /louvelle  condition  un  de  ces 

ADMIRABLES  EXEMPLES  DE  HAUTE  SCIENCE  ET  DE  SUBLIME 
SAGESSE ,  OÙ  L'iNfELLIGENCE  SUPREME  A  SU  APPROPRIER  DBS 
ORGANES ,  PAR  DE  SIMPLES  MODIFICATIONS  QU'eLLE  LEUR  A  FAIT 
SUfilR,  À  IINE  FONCTION  FORT  DIFFÉRENTE  DE  CELLE  QU'iLS 
REMPLISSENT  AILLEURS. 

Tout  cet  appareil  mécanique  est  si  parfait  dans  sa  com- 
positfon ,  qu'il  seilibie  au  premier  abord  qu'il  a  nécessaire- 
ment dû  être  composé,  dès  je  principe,  de  toutes  pièces 
tel  qu'il  est,  eb  vue  de  *èa  fonction  actuelle,  rien  ne  s'y 
trouvant  dé  trop,  et  rien  ii'y  étant  oublié,  jusque  dans  les 


CHAPITRB    III.  28^ 

moindres  détails  des  parties  même  accessoires ,  pour  être 
propre  à  la  fonction  qu'il  exerce;  tandis  que  les  ailes  ne 
sont  que  des  membres  purement  transformés ,  accommodés 
k  un  autre  usage ,  n'ayant  éprouvé  au  fond  que  des  modi- 
fications très-légères,  mais  fort  savantes. 

Dans  cette  disposition  des  parties ,  Y  Omoplate  (t)  n'est 
plus  ce  grand  os  large  des  Mammifères ,  mais  une  simple 
lame  longue  et  fort  étroite ,  en  forme  de  sabre ,  dirigée ,  non 
plus  de  bas  en  haut  comme  dans  ces  derniers ,  mais  hori- 
zontalement en  arrière,  presque  parallèlement  à  Tépine 
dorsale,  ce  qui  semble  au  premier  aperçu  en  contradiction 
avec  rimmense  force  que  les  Oiseaux  ont  k  employer  dans 
]es  mouvements  de  leurs  ailes  ;  mais  cela  s*explique  faci- 
lement par  le  fait,  dont  il  a  déjà  été  parlé,  que  le  prin- 
cipal muscle  releveur  de  Taile  est  placé  sous  le  sternum  ; 
tandis  que  les  muscles  sur-épineux ,  sous-épineux  et  autres , 
qui  se  rendent  de  Tomoplate  au  bras ,  n'ayant  plus  qi^une 
action  secondaire  à  exercer,  celle  d'étendre  et  de  replier 
l'aile ,  n'agissant  que  fort  peu  dans  les  mouvements  d'élé- 
vation et  d'abaissement,  sont  de  fô  considérablement  ré- 
duits, et  n'ont  en  conséquence  plus  besoin  d'une  grande 
surface  d'attache  sur  l'omoplate  ;  aussi  Y  Épine  de  cet  os , 
cette  lame  si  saillante  qui  s'élève  sur  le  milieu  de  sa  face 
externe  chez  les  Mammifères  pour  augmenter  l'étendue  des 
insertions  musculaires ,  a-t-elle  complètement  disparu  chez 
les  Oiseaux  ;  et  YAcromion  n'est  qu'une  apophyse  très-courte 
et  fort  obtuse  de  l'angle  antéro-supérieur  de  l'os,  apophyse 
sur  laquelle  s'articule ,  comme  d'ordinaire ,  l'extrémité  de  la 
Clavicule  (fourchette)  (ft). 

Les  mouvements  du  bras  devant  se  faire ,  lors  du  vol  » 
dans  un  plan  presque  perpendiculaire  k  l'axe  du  corps ,  en 
plongeant  plus  ou  moins  en  avant;  ou  bien  k  peu  près 
horizontalement  quand  l'oiseau  étend  ou  replie  Taile,  la 
cavité  articulaire  de  l'épaule  est  en  conséquence  dirigée 
directement  en  dehors,  et  présente  une  forme  arrondie,  afin 

I.  19 


290  THEOLOGIE  PB  U  HATtRE. 

4^  pç):iQf ttre  cei^  dmi  mouvements ,  dont  te  eombittsdson 
pcgiit  produire  U  circumduction ,  qui  doit  toutefois  être  très- 
bornée  ,  ainsi  qu'on  le  verra  lorfiqp*il  s'agira  d'expliquer 
coipweut  3'e:!^j^cnt0  le  vol.  Or,  pour  empêchée  préeisémeD( 
la  trop  grande  éteudue  di^  ce  derniec  ipoavemeut ,  la  forme 

J^fi   |;.'iRTIGULATU»f   EÇT   PABFAITBMBNT   CALCULÉS.    Quoique 

arropdie,  la  cavité  articulaire,  placée  oomme  chez  les 
&Iaqimifère3  sur  la  jonction  de  l'omoi^ate  et  de  l'os  coracot- 
die^ ,  est  toutefois  sensiblement  allongée  dans  le  sens  veili- 
cal ,  dans  lequel  doit  s'exécuter  le  mouvement  de  l'os  an 
bra$  dws  le  vqI  ;  forme  d'où  réspUe  que  k  roti^ion  de  Taile 
^  trè^-limit4e  ;  et  ^  bord  antérieur  de  cette  casité,  élaBl 
a^e^  saillait ,  empêche  non-seulement  U  tr<q>  grande  exten- 
sion A^  bra$ ,  mais  prévient  encore  sa  luxation  ep  avant. 
Epûn ,.  pour  q^e  l'aile  puisse  ae  replier  entièrement  sur  le 
corp§ ,  la  tête  de  l'os  du  bras  est  courbée  en  dedans. 

Le$  troii|  p?/rties  princjip^s  de  l'aile,  le  Bras,  l'Avant- 
Bra,$  et  la  Main  ou  le  FQuet ,  varient  assez  fortement  en 
longueur,  |pivant  la  {acjilitê  avec  laquelle  les  Biseaux 
doivent  pouvoir  voler;  faculté  dépendant  natuceUemeot  de 
la  g^ajoide^ur  de  l'aile ,  et  plus  spécialemenA  de  sa  longueur  ; 
mais ,  t,ern{ie  mpyen ,  ces  membres  antérieurs  sont  toutefois 
plus  alloj;ygés  que  ceux,  des  Mammifères ,  qu'ils  dépassent 
souvent  du  douille  ;  cette  gr^()^  loAguisur  étant  nécessaire 
po^r  que  l'aile  puisse  trouver  dans  ses  ttouxements  une 
résistance  s^iEUiante  dan^  l'air ,  résistance,  qui  permet  à 
l'oiseau  4'y  prendre  un  ppin^  d'appui  pour  s'étancer  dans 
l'espace. 

L^aile  devant  fortement  résister  k  Tair  pat  ses  fiaces 
suj^ieures  et  inférieures ,  il  est  é^ideJat  qu'elfe  ne  doil  pas 
po\ivoir  Qécbir,  ni  en  dessus  ni  en  ^^ssgus,  dans  ses 
articulations  du  coi^^e  Qt  <jlu  fQu^t,  m^s  uniqMepenI  ^ans 
le  sQns  bQri;^o^t2^;  et  4^ï\§  ç^-^  m^fw,  ces  parties 
ne  devaient  pouvoir  s'étendre  au  delà  de  la  direction  droite; 
vu  que  ri^u^p);|lsion  que  les  ailes  Ke^yfj^  d'arrière  en  awat 


CfiAPITAS  lit.  191 

l68  forcerait  dans  ce  dernier  sens ,  ce  qui  rendrait  le  vol 
impossible  ;  et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  sans  exception , 

TOUT  àTàNT  été  BARFàITEMBNT  niSPOSÉ  POUR  ATTBINDRB  OB 
BUT  DÉFINITIF. 

L'articulation  du  coude  ressemble  encore  beaucoup  k 
celle  de  l'homme  et  de^  autres  Mammifères,  dont  elle  diffère 
toutefois  sous  quelques  points  fort  importants  four  l'bf- 

FBT  QUB  CBS  «OBIFICATIOIIS  PROBpiSEBT. 

L'os  du  bras  présente  ainsi,  de  même  que  dans  l'bomme, 
deuK  condyles ,  l'un  inférieur,  spr  lequel  se  meut  principa- 
lement le  cubitus ,  et  Tautr^  supérieur,  sur  lequel  se  meut  le 
radius  ;  condyles  dont  Taxe  de  mouifcment  est  k  peu  près 
▼erlical,  toujours  comnie  dans  Tbomme;  mais  un  peu 
oblique  en  deborq  et  en  dessous.  Ces  condyles  sont ,  du 
reste,  également  tournés  en  avant,  pour  permettre  k  l'avant- 
bras  de  venir  toupher  le  bras  lorsquHl  est  au  repos.  Ces  deux 
condyles  offrent  ensuite  cette  difiërence  que  rinférieur  ou 
le  cubital,  est  arrondi  en  tète  et  beaucoup  plus  petit  que  le 
supérieur  ou  radial  ;  tandis  que  ce  dernier  est  étroit  et  d'une 
courbure  moins  précipitée,  deBMntèrek  s'étendre  fortement 
au  delk  du  premier  vers  Tépaule,  en  mime  temps  qu'il  est 
plus  obliqué  en  dedans  et  en  dessous.  Cette  diSërence  de 
forme  et  de  grandeur  dans  ces  deux  saillies  articulaires  inftue 
considérablement  et  d'une  nunière  tort  remarquable  âmr  les 
mouvements  de  l'avant-bras  et  du  fouet  dans  leur  extension 
et  leur  flexion. 

Ces  condyles  étant  placés  k  peu  pvès  ^Ptlcalemenl  au* 
dessus  Tun  de  l'astre ,  à  l'extrémité  du  bras ,  les  tâtes  du 
radius  et  du  cubitus ,  qui  s'articulent  avec  eux ,  sont  en 
conséquence  de  niveau  lorsque  Tavant-kras  est  étendu  ;  mais 
quand  ce  dernier  vient  k  se  fléchir,  k  cubitus  tournant  sur 
le  petit  condyle,  ne  se  déplace  que  fort  peu,  en  se  mouvant 
borizontalement ,  tandis  que  la  léta  du  radios ,  parcoifrant 
un  arc  beaucoup  plus  grand,  avaqce  davantage  vers  l'épaule, 
cet  06  glisse  pa»  eonséquenl  ^ans  sa  longueuf  s»r  le  cubitus , 


i9!l  mioLOGis  db  la  raturi. 

de  manière  à  le  dépasser  à  TarUculation  carpienne  ;  et  nous 
verrons  tout  à  Theure  comment  ce  mouvement  de  glissement 
du  radius  produit  passivement  la  flexion  du  fouet  de  Taile. 
En  se  fléchissant  ainsi  vers  le  bras,  le  radius,  vu  l'obliquité 
du  condyle  humerai ,  tourne  en  même  temps  en  dedans  et  en 
dessous  ;  et  comme  il  est  lié  au  cubitus  par  des  ligaments,  il  est 
forcé  de  rouler  sur  lui,  ce  qui  produit  dans  le  fouet  un  léger 
mouvement  de  pronation  par  un  moyen  tout  à  fait  diflërent 
de  celui  des  Mammifères,  où  ce  mouvement  est  exécuté  ac- 
tivement par  des  muscles  spéciaux ,  ainsi  que  le  mouvement 
contraire  de  supination  ;  tandis  que  chez  les  oiseaux  l'un  et 
l'autre  sont  produits  par  la  simple  flexion  de  l'avant-bras. 

L'aile  étant  étendue ,  le  bras  est  dirigé  obliquement  en 
dehors  et  en  arrièie;  l'avant-bras,  obliquement  en  dehors 
et  en  avant,  en  faisant  un  angle  très-ouvert  avec  le  bras;  et 
le  fouet,  composé  du  carpe,  du  métacarpe  et  des  doigts, 
se  trouve  dirigé  en  dehors  et  en  dessous ,  en  faisant  égale- 
ment un  angle  très-ouvert  avec  l'avant-bras.  Dans  cette 
position ,  le  radius  est  placé  obliquement  au-dessus  et  au 
devant  du  cubitus  ;  et  lorsque  l'avant-bras  vient  k  se  fléchir, 
le  mouvement  de  pronation ,  dont  je  viens  de  parler,  ame- 
nant le  radius  presqu'au  niveau  du  cubitus ,  fait  tourner  les 
pennes  qui  étaient  inclinées  en  arrière ,  de  manière  à  être 
dirigées  en  arrière  et  en  dessus,  de  même  que  celles  du  fouet, 
qui  suivent  le  même  mouvement. 

Le  cut)itus ,  l'os  principal  de  l'avant-bras ,  au  lieu  de  se 
fléchir  directement  en  avant ,  se  porte ,  vu  l'obliquité  de  son 
articulation  du  coude,  en  avant,  en  dedans  et  un  peu  en  bas, 
en  entraînant  le  radius ,  de  manière  que  l'avant-bras,  au  lieu 
d'aller  s'appliquer  contre  Tépaule ,  rencontre  le  corps  an- 
dessous  de  cette  dernière. 

Quoique  l'aile  doive  être  étendue  par  laforcedes  muscles, 
la  saillie  du  coude  à  laquelle  s'insèrent  les  extenseurs  de 
Tavant-bras  est  toutefois  presque  nulle.  Cette  brièveté,  loin 
d'ofirir,  ainsi  qu'on  serait  disposé  k  le  croire,  une  contra- 


CHAPITRE  m.  ^3 

diction  relativement  k  sa  fonction ,  comme  branche  de  levier 
pour  donner  delà  force  2i  l'extension  de  l'aile,  noas  montre 
au  contraire  nn  exemple  de  plos  de  la  rigueur  avec  laquelle 

LE  CRÉATEUR  A  CALCULÉ  TOUS  LES  MOYENS  QU'iL  A  EMPLOYÉS 
POUR  ARRIVER  AUX  RÉSULTATS  QU'iL  s'eST  PROPOSÉS. 

Chez  les  Mammifères,  où  le  bras  fait  un  angle  plus  ou 
moins  grand  avec  Tavant-bras,  les  muscles  extenseurs  de 
ce  dernier  agissant  k  peu  près  perpendiculairement  sur  la 
saillie  du  coude ,  surtout  au  commencement  dir  mouvement, 
il  était  convenable  que  cette  apophyse  fût  très-longue ,  pour 
donner  k  ces  muscles  la  force  suffisante  pour  soutenir  le 
poids  considérable  du  corps.  Chez  les  Oiseaux,  au  contraire, 
qui  n'ont  qu'un  faible  effort  k  produire  pour  étendre  Tavant- 
bras  et  pour  le  maintenir  étendu ,  il  était  inutile  que  cette 
apophyse  fût  très-proéminente;  et  cela  d'autant  moins  que 
parles  mouvements  mêmes  d'élévation  et  d'abaissement  des 
ailes ,  la  force  centrifuge  qui  anime  ceux-ci ,  tend  déjk  k 
étendre  leurs  diverses  parties  plutôt  qu'k  les  faire  fléchir, 
et  l'oiseau  n'a  en  conséquence  qu'un  faible  effort  k  faire  pour 
déployer  ses  ailes  et  les  maintenir  en  extension.  Une  fois 
allongés,  les  muscles  moteurs  de  l'avant-bras ,  agissant  sur 
l'apophyse  du  coude  dans  le  sens  même  de  sa  direction , 
sa  longueur  plus  ou  moins  considérable  ne  serait  d'aucun 
avantage. 

Les  pennes  ayant  besoin ,  pour  leur  solidité  d'êlre  forte- 
ment attachées,  I'Intelligence  suprême  les  a  pRofonbé- 

MENT  implantées  DANS  UNE  GROSSE  MASSE  LIGAMENTEUSE  QUI 
GARNIT   POUR  GELA  LE   BORD   POSTÉRIEUR  DE  l'AILE.   Or  CCS 

ligaments,  en  même  temps  qu'ils  soutiennent  solidement 
les  plumes,  présentent  avec  les  extrémités  de  ces  dernières 
qui  y  sont  fixées,  un  bras  de  levier  très-long  aux  divers 
agents  qui  produisent  l'extension  du  coude,  tels  que  le 
muscle  triceps  brachial  ;  et  la  traction  que  ces  ligaments 
éprouvent  par  l'extension  du  fouet,  elle-même  produite  par 
tous  les  muscles  qui  étendent  l'aile  ;  d'où  résulte  que  l'avan- 


994  THBOLoan  di  la  vaturs. 

tage  comiiie  lerier  que  présenté  la  saillie  du  coudé  e^t 
presque  nul  ;  et  de  Ik  son  absence  presque  complète. 

Le  radias  ne  devant  pas  tourner  sdr  te  cubitus  pour  pro* 
duire  la  pronation  et  la  supination  autrement  que  lors  At 
Textension  ou  de  la  flexion  de  l'aile,  il  est  lié  k  cet  os,  près 
de  son  extrémité  brabhialé ,  par  un  ligathent  supérieur  pas- 
sant de  la  tête  de  l'un  k  celle  de  l'autrb.  Ce  ligament  tient 
ces  os  rapprochés,  en  peraiettant  toutefois  au  radius  de 
glisser  en  longueur  sur  le  cubitus. 

A  leur  extréihité  barpiehne  ^  leS  deux  oA  de  l'avant-bras , 
ainsi  que  ceux  du  carpe ,  avec  lékqdels  ils  s'articulédt ,  pré- 
sentent également  dëd  différenbes  notables,  ëotiiparés  k  leurs 
analogues  chez  les  Mammifères ,  hiaii  tohjours  eU  rapport 
avec  les  moiiyemenlà  qu'ils  doivent  exécuter. 

L'extrémité  du  cubitus  se  termine  par  une  poulie  très- 
large,  tournée  obliquement  en  arrière  et  en  dessous,  k  goi^ 
peu  profonde,  k  condyles  inégaux,  d6nt  le  supérieur  beau- 
coup plus  grand  que  l'inférieur;  de  manière  que  les  os  du 
carpe  qui  se  meuvent  sur  cette  poulie  oblique ,  font  exécuter 
ûvL  ibuët  de  l'aile  un  mouvement  par  lequel  il  décrit  une  por- 
tion de  surface  conique  trèi-évasée ,  dont  l'aie  est  lé  même 
que  celui  de  l'axe  des  deux  condyles  du  cubitus. 

Hais  le  fouet  ne  se  nient  pas  tout  d'une  pièce  Sur  le  cubi- 
tus :  les  os  métacarpiens  se  meuvent  également  sur  les  caN 
pieds ,  et  avec  autant  d'étendue  que  ceux-ci  sur  les  oâ  de 
l'avant-bras.  L'os  antérieur;  placé  entré  la  tète  du  radius  et 
le  grand  métacarpien,  et  qui  paraît  être  plus  particulièrement 
l'analogue  du  Scaphoide  des  Mammifères ,  présente  Un  peu 
la  forme  d'un  coin  engagé  entre  edx ,  mais  dont  \en  deux 
plans  inclinés  sont  concaves  {iour  s'adapter  aux  fabèttes  ar- 
ticulaires convexes  de  ces  derniers;  Cet  os  sert  d'une  ma- 
nière remarquable  a  produire  la  flexion  et  l'extension  du 
fouet,  en  communiquant  au  métacarpien  les  mouvetnents 
que  lui  imprime  le  radius  lorsqu'il  glisse  dans  l'crn  ou 
l'autre  sens^  le  long  du  cubitus.  En  effet,  lorsrque  le  radius 


CttA^ITRt  lit.  ^S 

86  porte  en  dehdré  eti  défiasbdtlt  te  bddt  Uti  bdUltU^ ,  il  poussé 
lescaphoide  qui,  ëUlht  fetedti  p^r  le  lig^dlëitt  latéral  qui 
Tonit  aa  second  5d  du  cât(^ë  ;  bu  le  Pbif(i^fo»e  ;  re^te  £lj)|)lit}Uë 
«ir  la  facette  mtcdiairfe  iët*ltaitialé  ëh  ftifmë  de  fiouli^  tlu 
eobitus;  et  tourne  t\ït  elle  ed  (xM^^til  i  édh  tduh  de^dnt 
loi  l'os  métacarpien ,  en  le  forçant  de  tourner  égalemedt  sh^ 
la  prirtié  du  cdbittt» ,  â(^t  il  ti'eSt  sëp&rë  ^ctè  par  tttt  tUlilce 
cartilage  interarticdlaire  ;  fttiSàlit  t^urtië  de  fbs  piéllxibbë. 

Ce  dernier,  i)fcàcé  k  l'd|)poËitë  entre  le  cubildâ  et  le  ttlëtti- 
carpien ,  présente  une  forme  fort  irrëgdlièrë  ;  tfaais  parNitë- 
ment  adaptée  k  mû  Oëdj^è.  Il  S'&|)|tliqdë  pair  une  facetté  âf  li- 
onlaire  etabtemént  k  là  perde  6ût)érienrë  de  la  {ibtilie  dtl 
cubitus ,  sur  laquelle  il  glissé.  Yerâ  lé  Mëlacd^pien  il  pté- 
sente  au  contraire  une  tnortàise  forinëe  par  deux  apophyses, 
dans  laquelle  pénètre  la  sailltb  inférieure  de  là  poulie  de  cet 
M,  4ai  y  est  maintenue  par  quatre  llgatUënté ,  dôht  rud  sii- 
périear  se  poHé  d»  sodittiist  de  là  ct)brté  brâhcbë  de  là  dlor- 
taise  ir^  un  fdrt  tnbeitale  (]dë  prâèltite  la  fâbé  fcorTëépbti- 
dtnte  de  la  tête  du  ^mtiii  ifiëtMarinetl  ;  dit  ^  àd  deik  du 
sommet  de  Taxe  de  sa  poulie. 

Le  second  l^miedC;  oppoëé  au  précëdëbt,  se  fixe  ku 
sommet  de  la  longue  brândiè  de  là  tnbrtiUse  et  va  ^'insërèr 
a  là  face  infériebre  du  gt^nd  tnëtacarplen  ëgéleknedt  k  kiië 
forte  saillie  osseuse  pldeée  k  peu  près  k  reitrëmitë  de  Taxe 
de  sa  poniié  articulaire. 

Le  troisième,  foifn^fit  da  atogté  atee  le  seicond ,  part  du 
Blême  soumet  de  Tapi^ph^s^  dh  plsifbrme;  liiâis  va  se  il&ër 
kla  base  du  second  inëtaéarpien. 

Le  qnatrtèknk  est  imerarticulkire  et  placé  dans  Ym&  &e 
mouTenkedt  du  fouet  dé  l*àite.  It  n^iU  éM^  h  diortaiBc ,  sur 
la  face  de  la  longue  apdpb^se  du  pi^ifcirme;  et  se  rend  sur 
la  face  correspondante  de  la  tèiedtt  graiid'thàtacarpien. 

Trois  autres  Hganienta  unissent  te  grand  tnëtdcnfpién 
directement  au  cubitus.  Le  premier,  plooë  k  la  f^ce  dupë- 
rieore  de  Taile  î  se  rend  dé  h  fkoe  de  la  tèt»  du  cabiilis  en 


â96  TBBOUM»!  DB  LA  HATURB. 

dehors  sur  le  tubercule  formant  le  sommet  de  Taxe  de  mon- 
▼ement  du  grand  métacarpien;  et  le  second,  inférieur» 
opposé  à  celui-ci ,  offre  une  disposition  semblable. 

Le  troisième ,  très-fort ,  se  rend  de  la  face  inférieure  de 
la  tête  du  cubitus  à  la  base  de  la  grande  apophyse  du  pisi* 
forme. 

Lorsque  le  radius  est  tiré  en  dedans  en  glissant  le  long 
du  cubitus,  par  l'effet  de  l'extension  de  Tavant-bras,  il 
entraine  avec  lui  Tos  scaphoîde ,  et  celui-ci  le  grand  méta- 
carpien ,  qui  est  forcé  par  Ik  de  s'étendre. 

Dans  ce  mouvement ,  la  facette  articulaire  en  poulie  des 
deux  métacarpiens  se  détache  de  la  tête  du  cubitus ,  d'où 
résulte  un  vide  que  l'os  pisiforme  remplit  en  suivant  ces 
deux  derniers  os ,  qui  le  traînent  après  eux. 

Pour  donner  plus  de  solidité  aux  os  métacarpiens  et 
rçndre  leurs  mouvements  plus  réguliers ,  l'os  scaphoide  se 
meut  par  une  gorge  profonde  de  poulie  sur  les  deux  méta- 
carpiens ,  en  même  temps  que  le  mouvement  est  réglé  par 
la  tète  do  ces  derniers  os  reçue  dans  la  mortaise  du  pisi- 
forme. 

Les  os  métacarpiens  étant  arrivés  k  un  certain  degré 
d'extension  qui  n'est  pas  tout  k  fait  celui  où  ils  seraient 
en  ligne  droite  avec  le  cubitus,  les  deux  ligaments  infé- 
rieurs se  trouvant  tendus,  s'opposent  k  une  plus  forte  exten- 
sion ;  et  cela  d'autant  plus  que,  par  leur  disposition  et  leurs 
attaches  k  l'os  pisiforme,  ils  tendent  k  faire  exécuter  k  ce 
dernier  un  mouvement  de  bascule  auquel  il  ne  [>eut  pas 
obéir,  étant  retenu  par  le  ligament  supérieur. 

Lorsqu'au  contraire  le  radius  se  porte  en  dehors  en  glis- 
sant le  long  du  cubitus ,  par  l'effet  de  la  Oexion  de  lavant- 
bras,  il  pousse  devant  lui  l'os  scaphoîde,  et  celui-ci  pousse  les 
métacarpiens  en  les  faisant  tourner  autour  de  la  partie  termi- 
nale du  cubitus ,  en  même  temps  que  les  métacarpiens ,  en 
appuyant  dans  la  mortaise  du  pisiforme,  poussent  ce  dernier 
en  dedans,  en  le  faisant  tourner  également  sur  cette  partie. 


GHAfiniB  m.  i97 

Par  ce  mouvement,  l'angle  obtus  que  le  second  ligament  in- 
férieor  fait  avec  la  branche  correspondante  de  la  mortaise 
da  pisiforme  diminue  de  plus  en  plus,  et  le  fouet  de  l'aile  se 
relâche.  De  même  aussi ,  le  premier  ligament  inférieur  se 
trouve  relâché  par  le  mouvement  de  bascule  que  peut  alors 
exécuter  Tos  pisiforme;  mais  la  flexion  du  fouet  de  Taile  est 
limitée  par  la  présence  de  ce  dernier  os  placé  dans  l'angle  du 
cubitus  et  du  métacarpien  ;  de  manière  que  cet  angle  n'est 
guère  que  de  S0\ 

Quoiqu'il  y  ait  réellement  deux  os  métacarpiens  prin- 
cipaux  représentant  probablement  les  analogues  de  ceux  du 
grand  doigt  et  du  d<Hgt  annulaire  de  l'homme ,  ces  deux  os 
sont  constamment  soudés  entre  eux  k  leurs  deux  extrémités, 
et  paraissent  comprendre  dans  leur  masse  la  seconde  rangée 
des  os  carpiens,  qui  manqueraient  sans  cela  chez  les  oiseadx. 
Cette  union  intime  de  ces  os  donne  une  grande  solidité  k  « 
cette  partie  de  l'aile  à  laquelle  correspond  k  peu* près  le 
centre  de  force  de  cette  dernière. 

Près  du  carpe,  le  métacarpien  présente  au  bord  antérieur 
me  petite  apophyse  k  laquelle  se  fixe  le  muscle  extenseur 
de  l'aile,  qui  agit  ainsi  à  la  fois  sur  l'avant-bras  et  le 
fouet. 

Les  deux  métacarpiens  sont  terminés  chacun  par  un  doigt, 
mais  dont  le  postérieur  est  réduit  k  un  seul  osselet  stylolde 
adhérant  par  des  ligaments  latéraux  au  bord  correspondant 
de  la  première  phalange  de  l'autre  doigt.  La  présence  de  ce 
petit  os  borne  k  la  fois  la  flexion  et  l'extension  de  cette  der* 
nière,  ne  lui  permettant  qu'un  très-léger  mouvement,' suffi* 
sant  toutefois  pour  permettre  au  bout  de  Taile  de  se  relever 
et  d'être  plus  facilement  placé  sur  le  croupion  de  l'oiseau  k 
l'état  de  repos. 

La  premi^e  phalange  du  grand  doigt  s'articulant  k  sa 
base  par  une  facette  plane,  avec  son  métacarpien,  ne  permet 
k  ce  doigt  qu'un  mouvement  très-obscur,  et  il  en  est  de  même 
de  rartiealation  de  la  seconde  phalange  avec  la  première  ; 


S9S  THBOLOGIB  fit  UL  MATURE. 

mais  ces  mouvements  suffisent  pottr  dôliobr  de  l9  ^otipleséb 
el  de  l'élasticité  k  cette  partie  teimiuale  de  Taile ,  eis  ttiêtiiè 
temps  qu'ils  lui  permettent  de  se  fléchir  dti  peu  ;  pobr  t^p- 
prêcher  dans  le  repos  les  pennés  qu'elle  porte;  et  de  les 
faire  écarter  lorS  de  l'extension  de  l'aile,  tfln  d'bflKr  plag 
de  surfaice: 

Le  Pouee^  représenté  par  une  seule  phalange  stjlbîdë, 
forme  ce  qu'on  nommé  Y  Aile  bMarde.  Il  e^t  snëcéptiblé  de 
pouvoir  assez  fortement  s'étendre  en  avarit ,  oii  bien  de  96 
replier  codtre  le  grand  os  métacarpieh ,  et  semble  destliië  à 
étendre  en  avant  l'angle  t^ne  l'aiie  forme  k  cet  endroit,  pMr 
mieux  fendre  l'air. 

Dans  tout  son  ensmible  î  ¥m\e  est  4égèrMient  m^ée  en 
dessous ,  afin  d'offrir  une  pli»  gt^ande  prise  k  l'air  lors  de 
son  abiissemerit,  ^ue  lors  de  son  élëvctiM  ;  cette  diffiérenoè 
fâcilitatit  beaucoup  le  vol  ;  en  donnadt  k  l'Oiseau  Qfie  Itn- 
pulsii>n  asGQnriidnnelle  plu»  fort»  qde  si  les  ailes  ëtaièAf 
planes;  mais  cette  forme  n'est  qu'm  simple  perfeetiôil- 
nemeni,  n'étant  aucuneinent  néoessâire  k  la  prodKtion  du 
vol,  ainsi  qufe  eela  edt  prbnvé  {(hr  les  lâseetcb,  d«nt  lès  ail» 
sont  planes. 

Quoique  les  Plumer  n'appartiennent  pas  réellement  Mt 
orgsdes  de  la  locoihotion^  c'est  ici  le  lien  d'eu  parier  bomàie 
leur  accessoire  le  plus  esëedtièl. 

Le  PoU  qui  Recouvre  le  cbrfis  des  Maihmifères,  leuk  a 
9IEN  ÉviDBMiiENT  ÉTÉ  Doi^NÉ  dads  le  but  de  lès  garantir  prin« 
cipalement  des  variations  subites  des  phëdomènes  atliMK 
sphériques,  ainsi  que  le  prouvent  les  modifications  que  ce 
véteilient  éprouve  toils  \ês  kns,  par  les  mues,  au  commence- 
ment et  k  la  fin  de  chaque  saisoil  ;  diais  si ,  comine  cela  est  cer- 

tain,  TELLE  A  ÉTÉ  LA  VOLONTÉ  DE  L'INEFFABLE  BONTÉ  nS  L'ÉtSR- 

NBL ,  le  Btioyen  a  dû  atissi  être  efficace.  Or  il  n'a  pas  snfi  de 
couvrir  ainsi  le  corps  d'un  animal  d'un  vêtement  quelconque, 
il  a  fallu  aussi  (|u'il  remplit  convenablement  les  conditions 
voulues;  et  cfest  en  effet  ce  que  nous  trouvons  émineitiinènt 


CHAPITAB  UI.  M9 

daafl  le  poîl^  aiesi  (|ue  dans  toutes  les  &utreé  cotiYertates  cor- 
nées des  animaux,  leur  substance  étant  celle  qui  jouit  au  pluÀ 
haut  point  de  la  propriété  de  ne  pas  être  conductrice  de  la 
chaleur  et  du  froid;  c'est-à-dire  que  mieux,  que  toute  autre, 
la  matière  cornée  garantit  Tanimal  dtt  froid  extérieur,  notl  eii 
réchauffant,  ainsi  que  beaucoup  de  personnes  le  croient,  tuais 
eu  risolant,  pour  lui  conserver  la  chaleur  produite  dans  son 
intérieur*  Et  rappelant  ici  ce  que  j*ai  d^k  dit  dans  dn  autine 
de  mes  ouvrages ,  je  ferai  observer  qu'il  parait  que  les  prcP 
ductioBs  cornées  sont  non-deulement  de  mauvaises  conduc-^ 
trices  de  la  chaleur  par  letir  intérieur,  mais  qu'elles  ont  en 
outre  la  propriété  remarquable  et  surtout  très-essentielle  et 
efficace,  ^onïme  vêtement  des  animaux,  de  jouit*  a  leur  sur- 
face d'une  forte  attraction  pour  la  chaleur,  qu'elles  retien- 
nent par  l'effet  d'une  véritable  capittariti  ;  d'où  il  résulte  (|u'k 
masses  égales,  plus  les  corps  cornés  sont  subdivisés^  plus  ils 
retiennent  facilement  la  chaleur;  ce  Qui  explique  parfaite- 
ment ce  que  tout  le  monde  sait  par  expérience,  que  lés  ha* 
bits  fins  de  laine  sont  ;  comme  on  dit  ^  plus  chauds  que  Tes 
grossiers ,  quoique  ceux-ci  soient  plus  épais  et  contiemient 
plus  de  matière  cornée.  C'est  aussi  conformément  k  cette 
propriété,  attachés  par  la  bonté  sQPttËiiB  ni  L'ÉiËRiifcL  À 

CBtTE  HÉMË  SUBSTANCE  DESTINÉE  PAm-LÀ  1  OOUVRm  LB  CORPS 

DBS  ANIMAUX  À  SAN€^  GBAUD,  qu'est  duo  la  faculté  inhérehte  k 
leur  organisation,  de  produire  avant  le  commencement  db 

LA  saison  froide,  DU  POlL  EXTRÊMEMENT  FIN  Et  PLUS  OU  koiNS 

PRISÉ,  connu  sous  le  nom  de  Laine  ;  taddi»  qu^Aù  RETOud  bE 

LA  SAISON  CHAUDE,  CETTE  LAINE  TOMBE,  POUR  QUE  l' ANIMAL  NE 

SOIT  PLUS  COUVERT  QUE  du  Jarre^  gros  poil  droit  et  conique, 
beaucoup  plus  espacé  ^e  là  laine ,  afin  de  laisser  plus  fa- 
dlement  échapper  les  valpears  qtii  s'exhalent  du  corps  de 
l'animal;  exhalation^r  qui  contribuent  puissamment  à  ra- 
fraîchir le  corps,  lorsque  par  une  cause  quelconque  sa  tem- 
pérature est  trop  élevée. 
Ces  productions  cornées  ne  sodt  point,  comme  on  le  pem!& 


dOO  TBBOLOGB  M  LA   RATCftl. 

généralement,  dnes  k  de  sjmples  sécrétions  qni  auraient 
lien  dans  de  petites  poches  on  Cryptes  contennes  en  nombre 
prodigienxdansla  pean  ;  snbstance  qni,  après  avoir  sainte  des 
parois  intérieures  de  ces  cryptes,  serait  poussée  an  dehors  par 
Teffet  deson  accumulation  au  dedans,  et  formerait  ainsi,  en  se 
produisant  toujours  par  le  bas  et  en  s*endurcissant  bientôt, 
ces  poils  et  cette  laine  dont  je  viens  de  parler.  Mais  il  n'est 
d'abord  aucunement  probable  que  ce  soit  ainsi  que  se 
forment  les  diverses  productions  cornées  ;  et  ce  qui  le  pronve, 
c'est  qu*elles  sont  pendant  quelque  temps  réellement  or^- 
nisées  et  vivantes,  et  ^  la  fin  seulement,  des  corps  morts  et 
inertes,  comme  le  sont  les  produits  purement  sécrétés ,  tels 
que  la  matière  sébacée ,  substance  grasse  qni  suinte  de  la 
peau,  la  Salive^  la  BUe^  etc. 

Je  viens  de  dire  que  les  productions  cornées  étaient  au 
commencement  vivantes,  c'est-ë-dire  qn'à  Tinstar  de  tous 
les  antres  organes,  elles  naissent,  se  développent  jusqu'à  nn 
certain  point  réellement  assigné  par  la  volonté  créatrice, 

où  CBS  DIVERSES  PRODUCTIONS  s' ARRÊTENT  ET  MEURENT  POUR 
NE  SERVIR  QUE  PASSIVEMENT  À  LA  FONCTION  QUI  LEUR  EST 
PRESCRITE. 

En  effet ,  la  vitalité  des  productions  cornées ,  et  spéciale* 
ment  des  poils ,  est  prouvée  par  le  fait  suivant  :  Tous  les  Na- 
turalistes reconnaissent  que  les  grands  corps,  cornées ,  tels 
que  les  Cornes ,  les  Ongles ,  les  Sabots ,  etc. ,  ne  sont  an  fond 
que  le  produit  de  l'agglutination  d'une  quantité  considé- 
rable de  poils;  or,  lorsqu'on  fait  une  entaille  à  la  corne 
d'un  Bœuf  ou  d'une  Vache  avant  l'&ge  de  trois  ans,  où  ils 
deviennent  adultes  et  cessent  de  croître ,  cette  entaille  se 
cicatrise  comme  toute  autre  plaie  faite  k  leur  corps  ^  et  la 
corne  sinfléchit  vers  ce  côté,  tandis  qu'après  que  l'animal 
a  cessé  de  grandir,  les  cornes  s'arrêtent  aussi  dans  leur 
développement,  et,  cessant  d'être  vivantes,  toute  coupure 
qu'on  y  fait  reste  ce  qu'elle  est,  sans  jamais  se  cicatriser. 
On  sait  aussi  que  les  poils,  et  spécialement  les  cheveux 


ilAPITRI  lU.  901 

humains ,  croissent  plus  fortement  par  la  base  lorsqu'on  les 
coupe ,  même  à  une  grande  distance  de  leurs  racines  ;  et 
qu'il  arrive  un  moment  où  leur  croissance  se  trouve  arrêtée, 
mais  qu'il  suffit  d*en  couper  une  petite  longueur  pour 
ranimer  la  vitalité  assoupie  dans  la  racine,  et  faire  continuer 
la  croissance  ;  ce  qui  prouve  que ,  même  à  un  point  fort 
éloigné  de  Torigine  des  cheveux ,  Teffet  physiologique  de  la 
taille  se  fait  sentir  dans  la  racine;  ce  qui  n'aurait  pas  lieu  si 
les  cheveux  n'étaient  que  des  corps  simplement  sécrétés  et 
en  tout  temps  morts.  On  sait  aussi  que  dans  la  maladie  con- 
nue sous  le  nom  de  Plique  polonaise ,  les  cheveux  sont  sen- 
sibles ,  ce  qui  ne  pourrait  également  pas  avoir  lieu  s'ils 
n'étaient  que  le  produit  d'une  sécrétion. 

Quant  aux  Plumes ,  organes  qui  n'existent  que  chez  les 
Oiseaux ,  dont  aucun  n'est  dépourvu ,  ce  ne  sont  au  fond 
que  des  poils  plus  ou  moins  grands ,  fort  compliqués ,  et 

CONFORMÉS  d'une  MANIÈRE  TRÈS-SAVANTE  POUR  REMPLIR 
PASSIVEMENT  DIVERSES  FONCTIONS  AUXQUELLES  ELLES  SONT 
DESTINÉES. 

Dans  ces  productions  cutanées  surtout ,  la  preuve  de  leur 
organisation  est  parfaitement  évidente,  chacune  naissant  par 
un  Bulbe  qui  se  prolonge  même  considérablement  au  de- 
hors des  téguments,  en  formant  un  cylindre  de  plus  de  trois 
centimètres  de  long  dans  une  plume  k  écrire.  Ce  bulbe, 
parfaitement  organisé  dans  son  intérieur,  renferme  de  nom- 
breux vaisseaux  servant  à  son  développement  en  plumes,  et 
des  nerfs  qui  y  entretiennent  la  vie. 

La  plume  étant  complètement  formée,  ces  vaisseaux 
nourriciers  s'oblitèrent  de  proche  en  proche  du  sommet  à  la 
base,  où  le  bulbe  continue  à  croître;  les  nerfs  s'atrophient 
également;  la  tunique,  enfermant  le  tout,  tombe  en  pous- 
sière ,  et  la  plume  parait  au  dehors  dans  toute  sa  perfection 
finale;  mais  comme  corps  mort,  pendant  que  le  développe- 
ment continue  encore  par  la  base,  jusqu'à  ce  que  l'organe 
soit  complètement  produit,  et  reste  fixé  aux  téguments 


30t  THÀ>LOGft  M  LA  NATUtlfi. 

jasqii'k  rëpoque  de  la  ptroehaine  mue,  où  la  plnme  tonbe 
pour  être  de  saile  remplacée  par  une  autre;  faits  auxquels 
les  Anatomistes  comparateurs  n'ont  pas  fait  attention  quand 
ils  ont  nié  la  structure  organisée  des  productions  cornées 
des  Animaux. 

Les  Oiseaux  étant  destinés  k  pareourir  avec  rapidité  des 
espaces  étendus  de  l'atmosphère ,  et  surtout  à  des  hauteurs 
fort  considérables,  en  passant  en  peu  d'instants  dans  des 
régions  dont  la  température  est  très-différente ,  un  léger  poil 
n'eût  pas  suffi  pour  conserver  k  ces  animaux  une  chaleur  à 
peu  près  égale  ;  et  une  laine  épaisse ,  semblable  à  celle  des 
moutons ,  tout  en  remplissant  cette  fonction ,  aurait  eu  le 
grand  inconvénient  de  présenter  une  quantité  innombrable 
d'interstices  par  lesquels  le  vent  produit  par  la  rapidité  du  vol 
aurait  trop  facilement  pénétré  jusqu'au  corps ,  qu'il  aurait 
très-promptement  refroidi,  en  même  temps  que  la  résistance 
que  l'air  eût  trouvée  k  la  surface  de  chaque  poil  aurait  détruit 
une  partie  considérable  de  la  force  de  projection  de  l'CMseau, 
et  rendu  par  là  le  vol  impossible.  Aussi  la  Nature  a-t-elle, 

DANS  SA  HAUTE  SAGESSE  ,  PARÉ  À  LA  FOIS  À  TOUS  CES  TOCOHVÉ- 
NIBN9S,  EN  IfOniPUNT  SIMPLEMENT  LE  GENRE  DE  VÊTEMENT 
DE  CES  ANIMAUX ,  EN  TRANSFORMANT  LES  POOiS  EN  PLUMES  ;  en 

même  temps  qu'en  donnant  k  ces  organes  les  grandes 
dimensions  qu'ils  ont  dans  les  Pennes,  elle  a  trouvé  le 

MOYEN  DE  LES  FAIRE  SERVIR  d'uNE  MANIÈRE  SI  ADMIRABLE  k 

augmenter  la  surface  des  ailes,  qu'ils  constituent  presque  en 
entier,  sans  augmenter  sensiblement  le  poids  du  corps ,  les 
plumes  présentant  k  la  fois  une  puissante  résistance  k  l'air 
qu'elles  choquent  dans  le  vol.  Or  toutes  ces  conditions, 
sans  lesquelles  les  Oiseaux  n'auraient  pu  exister  comme  vo- 
latiles, la  Nature  a  su  les  réunir  dans  ces  organes,  qui  ne 
sont,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  que  les  poils  des 
Mammifères  modifiés,  afin  de  ne  pas  sortir  du  plan 

GÉNÉRAL  qu'elle   s'EST  TRACÉ  POUR  CHAQUE  SYSTÈME  n'OR- 

f^ANES.  La  forme  toute  particulière  que  les  plumes  présentent 


CHAPITRC  lit.  303 

étant  en  effet  la  pins  propre  k  remplir  les  divers  usages 
auxquels  eelies-ci  sont  destinées. 

Elles  offrent ,  de  même  que  les  poils ,  deux  espèces  fort 
distinctes  :  la  Plume  proprement  dite  et  le  Duvet.  ^  Celui-ci  y 
exclusivement  destiné  k  entretenir  la  chaleur  du  corps ,  est 
eomposé  d'une  tige  principale  peu  résistante ,  garnie  latéra- 
lement sur  deux  rangs  opposés  de  barbes  très-fines ,  flocon- 
neuses ,  formant  de  nombreux  interstices  dans  lesquels  est 
retenu  Tair  chauffé  par  le  corps ,  comme  il  l'est  entre  les 
brins  de  laine  des  Mammifères ,  dont  le  duvet  est  particuliè- 
rement l'analogue.  Mais  pour  que ,  d'une  part,  cet  air  reste 
réellement  renfermé  dans  le  duvet ,  et  que ,  d'autre  part ,  ce- 
lui-ci ne  présente  pas  de  résistance  k  l'air  extérieur,  ce  duvet 
est  recouvert  par  les  plumes  proprement  dites,  qui  n'en  dif- 
fèrent qu'en  ce  que  leur  tige  est  plus  résistante ,  et  que  )es 
barbes ,  au  lieu  d'être  floconneuses ,  sont  droites ,  en  forme 
de  petites  lamelles  triangulaires  fort  allongées  plus  ou  moins 
roides ,  et  garnies  elles-mêmes  sur  leurs  bords  de  petits  cro- 
chets au  moyen  desquels  elles  se  fixent  les  unes  aux  autres 
par  leurs  faces  dans  la  même  rangée  ;  de  manière  k  former 
de  chaque  côté  de  la  tige  un  plan  assez  résistant,  rçssem- 
bhint  k  un  tissu  rigide  bien  uni ,  qui  donne  k  l'ensemble 
de  la  plume  la  forme  d'une  feuille  ou  plutôt  d'une  écaille 
légèrement  bombée ,  imbriquée  d'avant  en  arrière  sur  celles 
qui  suivent,  en  recouvrant  le  duvet,  et  donnant  au  corps 
entier  une  surface  parfaitement  unie  et  lisse ,  sur  laquelle 
l'air  gHsse  facilement  sans  pénétrer  dessous. 

Chacune  de  ces  plumes  ne  tenant  k  la  peau  mie  par  un 
pédicule  plus  ou  moins  court,  auquel  se  rendent  des  subdi- 
visions du  muscle  peaussier,  l'oiseau  peut  k  volonté  les  ser- 
rer plus  ou  moins  fortement  contre  le  corps ,  selon  le  besoin, 
pour  donner  k  eehii-ct  moins  de  grosseur  pendant  le  vol  ;  ou 
bien  il  peut  les  en  écarter,  afin  de  ménager  plus  d'intervalles 
dans  lesquels  Fair  chaud  s'accumule. 

Les  ailes  des  Mammifères  volants  ne  consistant  qu*eii  une 


304  TUOLOCiB   Ll  LA   IIATIIM. 

simple  membrane  par  elle-même  sans  résistance ,  il  a  fallu , 
pour  qu'elle  pût  servir  au  vol ,  qu'elle  fût  tendue  entre  les 
deux  paires  de  membres  ;  disposition  dans  laquelle  elles  ne 
purent,  comme  on  Ta  vu,  que  remplir  imparfaitement  leur 
fonction. 

Les  Oiseaux  étant  au  contraire  plus  spécialement  destinés 
au  vol ,  tout  leur  organisme  a  été,  ainsi  que  je  l'ai  déjk  dit, 
non-seulement  modifié  en  vue  de  cette  fonction  devenue  h 
régulatrice  de  toutes  les  autres,  mais  elle-même  s'exerce 
chez  eux  au  plus  haut  degrjé  de  perfection ,  les  ailes  réunis- 
sant tous  les  avantages  possibles.  La  membrane  qui  constitue 
les  ailes  des  Chauves-Souris  est  remplacée  par  des  plumes, 
organes  infiniment  plus  propres  à  remplir  toutes  les  condi- 
tions que  cette  éminente  fonction  exige.  La  rangée  placée  tout 
le  long  du  bord  postérieur  de  l'aile,  ou  les  Pennes,  a  pour 
cela  seulement ,  reçu  un  développement  beaucoup  plus  con- 
sidérable en  grandeur  que  celles  qui  recouvrent  la  majeure 
partie  du  reste  du  corps,  et  ont  surtout  été  fortement 
allongées ,  sans  présenter  d'ailleurs  aucune  autre  modifica- 
tion notable.  Comme  elles  ne  sont  toutefois  fixées  qu'à  leur 
base,  l'air,  en  appuyant  dans  le  vol  alternativement  sur 
leurs  deux  surfaces ,  les  ferait  facilement  fléchir  pour  leur 
faire  prendre  une  direction  parallèle  a  celle  dans  laquelle  il 
agit;  position  où  il  n'aurait  plus  eu  de  prise  sur  elles,  ce  qui 
eût  détruit  l'effet  que  la  résistance  de  l'air  sur  les  ailes 
doit  produire.  Pour  que  cette  flexion  entière  n'ait  pas 

LIEU ,  LES  pennes  ONT  ÉTÉ  IMPLANTÉES  À  LEUR  BASE  DANS  UN 
ÉPAIS  TISSU  LIGAMENTEUX  OÙ  CHACUNE  EST  REÇUE  DANS  UNE 
GaInE  ou  alvéole  ,  TRÈS-PROFONDE ,  FIXÉE  AU  BORD  POSTÉ- 
RIEUR DES  OS  DE  l'aile,  et  maintenues  parallèlement  les  unes 
aux  autres  par  de  fortes  couches  ligamenteuses  placées  aux 
deux  surfaces  supérieure  et  inférieure  des  alvéoles ,  en  les 
réunissant  en  un  seul  tout. 

Celte  masse  ligamenteuse  régnant  sans  interruption  tout 
le  long  du  bord  postérieur  de  l'aile,  il  en  résulte  que  lorsque 


CHAPITRE   III.  305 

l'aile  s'étend  par  Teffet  des  mascles  extenseurs  du  bras ,  ce 
ligament,  qui  tient  k  la  peau  sous  Faisselle,  se  trouvant 
nécessairement  tiré  en  dedans,  tend  à  prendre  une  direction 
droite  et  appuyant  dans  cette  extension  sur  le  coude ,  il  force 
par  là  Tavant-bras  de  s'étendre  sur  le  bras  par  une  action 
purement  passive ,  qui  contribue  beaucoup  k  maintenir  l'aile 
étendue,  sans  grande  fatigue  pour  l'animal,  si  ce  n*est  dans 
les  muscles  extenseurs  du  bras ,  assez  forts  pour  la  suppor- 
ter. L'extension  de  l'avant-bras  est  ensuite  produite ,  aussi 
activement ,  par  les  Muscles  Triceps  et  Anconés  qui  sont  les 
analogues  des  extenseurs  de  la  même  partie  chez  les  Mam- 
mifères ,  dont  l'un ,  ou  le  Triceps  moyen ,  se  rend  de 
l'omoplate  k  la  saillie  du  coude ,  et  les  autres ,  de  l'os  du 
bras  également  à  la  même  apophyse. 

Ce  ligament,  ainsi  tiré  en  dedans,  produirait  la  flexion 
du  fouet  de  l'aile,  le  long  duquel  il  se  continue,  si  elle 
était  possible;  mais  nous  avons  vu  que  par  l'ingénieux 
mécanisme  que  présentent  les  os  de  l'avant- bras  et  du 
fouet,  ce  dernier  s'étend  nécessairement,  par  cela  même 
que  l'avant-bras  s'étend;  il  en  résulte  que  la  traction  que  le 
ligament  pennifère  éprouve  de  dehors  en  dedans,  lors  de 
l'extension  de  l'humérus,  force  en  partie  l'avant-bras  à 
s'étendre,  et  ce  mouvement  produisant  en  même  temps 
l'extension  du  fouet ,  celui-ci  tire  au  contraire  le  ligament 
en  dehors.  Cette  traction  en  sens  opposé  de  ce  dernier, 
augmentant  sa  pression  sur  la  saillie  du  coude,  produit  une 
plus  forte  extension  de  l'avant-bras,  portée  par  là  k  son  ma- 
ximum, ainsi  que  celle  du  fouet,  qui  lui  est  subordonnée,  et 
par  suite ,  une  plus  forte  tension  du  ligament  pennifère  lui- 
même;  c'est-à-dire  que,  par  l'effet  de  cet  ingénieux  méca- 
msME,  l'extension  de  toutes  les  parties  de  l'aile  est  produite 
essentiellement  par  les  puissants  muscles  extenseurs  du  bras 
dans  l'articulation  de  Tépaule.  Le  bras  se  portant  par  là  en 
avant,  le  muscle  Triceps  moyen,  se  trouve  tiré  en  long  et 
agit  ainsi  non-seulement  d'une  manière  passive  sur  l'avant- 


30G  THBOLOGIB   DE  U  KATCKC^ 

bras;  vms  aussi  par  sa  propre  contraeiîoa  volontaire. 
Par  cela  mêiBe  que  le  bras  s'étend,  le  radius,  étant  tiré 
en  dedans,  glisse  le  long  du  cubitus  sur  lequel  il  est 
appliqué,  et  entraînant  le  fouet  de  l'aile,  il  produit  égale* 
ment  son  extension  :  action  passive  à  laquelle  conUribuent 
ensuite  aussi  activement  les  muscles  extenseurs  propres  de 
ce  dernier,  placés  le  long  de  l'avant-bras  ;  d'où  résulte  que 
toutes  les  parties  de  l'aile  se  trouvent  fortement  étendues , 

SANS  qu'il  ait  été  besoin  de  PLACEE  DE  FORTS  MUSCLES  SUR 

SA  LONGUEUR,  qul,  OU  augmentant  son  poids,  auraient  rendu 
ses  mouvements  d'élévaUon  plus  difficiles;  inconvéaîeat 
ainsi  très-savamiient  évité. 

Ce  mécanisme  par  lequel  l'action  d'un  muscle  donne  de 
la  prépondérance  k  ses  antagonistes,  qui  lui  viennent  par  là 
en  aide  dans  l'efiet  qu'il  doit  produire,  est  extbjêmeiibnt 
remarùuable  comme  moyen  mécaniocjb  en  même  temps  qu'il 
est  admirable  comme  invention  dans  son  extrême  SIMPLICrrÉ 

ET  LA  PRÉCISION  AVEC  LAQUELLE  TOUT  EST  CALCULÉ  £T  PRÉVU, 

et  cela  d'autant  plus  que  les  organes  employés  à  l'effet  final 
ne  sont  au  fond  que  les  analogues  légèrement  modifiés  de 
ceux  des  Mammifères,  dont  la  fonction  est  di£Gérente.  Cfaez 
ceux-ci ,  le  mécanisme  du  radius  et  du  cubitus  sert  principa- 
lement à  produire  la  pronation  et  la  supination  de  la  main  ; 
chez  les  Oiseaux,  au  contraire,  il  déiermine  son  extension  et 
sa  flexion  ;  tandis  que  les  mouvements  de  volte  de  la  main 
dont  je  viens  de  parler  sont  impossibles. 

L'oiseau  devant  tenir  ses  ailes  pliées  dans  le  repos ,  il 
était  convenable  qu^elles  pussent  être  maintenues  dans  cet 
état  sans  un  effort  volontaire  continu,  qui  eâl  bientôt  produit 
une  fatigue  insupportable  ;  aussi  la  nature  a-t^elle  rendu 

CETTE  FLEXION  ENTIÈREMENT  PASSIVE^  RU  mOyCU  d'uU   U^- 

meni  élastique  tendu  au  bord  antérieur  de  l'aile ,  de  l'épaule 
à  Textrémité  carpienne  du  radius  -,  ot  pas  plus  loin  ,  cil  il 
eût  produit  l'extension  du  louet;  efiet  contraire  À  celui 

AUQUEL  CE  LIGAMENT  EST  DESTINÉ. 


chapitrr  m.  307 

Là  NiTUftË  ,  TOUJOURS  61  INGJËNJEUSlj:  h^^  ^N  Aj^IClAÀBI^Ii: 

ÉCONOMIE ,  a  trouv4  ce  ligaioeot  dans  le  tendon  du  mufcle 
deltoïde,  qu'elle  3  amplement  rendu  él;ijglique  ep  même 
temps  qu'elle  Ta  prolongjé  Jusqu'aa  carpe;  nouvelle  4pj$pP$î>* 
lion  qui  constitue ,  avec  le  preste  dn  mécanisme  de  Ta^ 
auquel  elle  est  appropriiée ,  un  des  arrangewuents  les  pliif 
admirables  (}e  Tpr^anisme  des  Ojseanx. 

Le  muscle  deltpïd^,  toat  en  conservant,  /eomme  che?  les 
Mammifères  y  la  fonction  d'éteiidre  le  mem^e  (^ms  son 
ajrt^culatipn  de  Tépjanle,  contribue  ajns^  indireelement  k  Ten- 
tensiw  du  jTon^t  ^  ^  moyen  du  radius  d.ont  je  viens  de  parler, 
mais  produit  encore^  par  Teffet  de  Télasticitë  de  son  t^on , 
la  flepcion  du  conde  qû^  l*aile  i^e  replie ,  ^  agissant  ainsi 
dans  deux  cireonsianx:es  loppiosées.  Pour  eela  le  n^uscje,  a« 
fond  pen  volnmineu;^,  pais  toujours  trjang|i|aire ,  s  attache 
par  sa  bas?  anx  extrémités  de  1  omoplate  et  de  ila  /ojurcbett^ 
(cjiavicule) ,  d'où  il  ^e  por^e  en  ^hof^  en  jJoogeanl  ici  à  dis- 
tance la  partie  antérieure  de  Tos  du  bra;s ,  e|L  ^e  termM^  bien- 
tôt par  un  tendon  éiaslÂque,  ce  qui  «l'e^sle  d^a  pas  chez  Jes 
Mammifères;  tendon  jqui ,  au  lieu  de  s  insérer  k  Tos  du  bras» 
seprolonge  jusqu'à  lexiréniitédu  radius  à  laquelle  il  se  fixe, 
en  s'écartent  fortement  des  os  du  bra.^  et  de  raydutrbras;  et 
cet  intervalle  est  rempli  pa/*  nne  eiipansîon  Jjgam^taine  qui 
relie  ce  tendon  ;anx  deux  os,  ^n  forji9;»nit  la  partie  minée  du 
horA  antérieur  de  Taile^  si  31EN  pisposlifi:  fouk  ris^nnE  l.  iu 
j>Aiss  LE  VOL.  Par  «cette  disposition ,  le  muscle  deHoide  éieM 
le  membre  à  sa  base«  comme  d^z  les  Mammifères  »  et  ei» 
même  temps  le  fouet  de  l'aile;  mais  il  produirait  au  eoB<^ 
traire  la  flexion  du  coude,  si  dan^  oçtte  acjliw  sa  puissance 
n'était  vaincue  par  celle  des  div.^s  muscles  exi,euseurs  é^ 
ce  dernier,  bien  plus  puissante  que  lui;  et  ces  mêmes 
muscles  extenseurs  du  epude,  faisant  ouvrir  langle  q^e 
Tos  du  bras  fait  avee  eew^  de  J[>vant-bras,  forcent  le 
deltoïde  de  s'allonger  dajpis  son  tendon  élastique,  et  attg*- 
mentent  ainsi  encore ,  par  cette  in^nieuse  dispçsîtioA  1 


308  THEOLOGIE   DB   LA   IfATCRB. 

son  action  comme  extenseur  du  bras  et  du  fouet  de  l'aile. 

Dans  la  flexion,  an  contraire,  de  l'aile,  le  deltoïde,  se 
relâchant  dans  sa  partie  charnue ,  permet  k  Fos  du  bras  de 
se  replier  en  arrière,  tandis  que  son  long  tendon  élastique, 
en  se  contractant  passivement,  ramène  Textrémité  de 
Tavant-bras  auprès  de  l'épaule,  en  faisant  fléchir  le  coude; 
et  sa  traction  étant  d'autant  plus  faible  que  son  raccourcisse- 
ment est  plus  fort ,  il  permet  au  fouet  de  l'aile  de  se  fléchir 
facilement  sous  l'action  de  l'os  radius ,  qui  le  pousse,  en  glis- 
sant sur  le  cubitus  ;  lui-même  poussé ,  comme  nous  l'avons 
TU ,  par  le  condyle  externe  de  l'os  du  bras.  Mais  la  flexion 
du  coude  ne  serait  pas  assez  forte  par  l'effet  seul  du  rac- 
courcissement du  tendon  du  deltoïde ,  pour  ramener  l'arti- 
culation du  fouet  assez  près  de  l'épaule  à  l'état  de  repos 
de  l'aile;  ce  tendon  élastique  fort  long,  ne  pouvant  passe 
raccourcir  assez  par  lui-même  pour  cela.  Mais  les  moyens 
n'ayant  jamais  pu  manquer  k  l'Intelligence  suprême ,  elle 
a  produit  cet  efiet  en  plaçant  dans  le  pli  tégumeniaire 
qui  contient  le  ligament  élastique  du  deltoïde,  un  second 
ligament  de  même  nature,  mais  disposé  perpendiculaire- 
ment k  ce  dernier,  en  partant  du  pli  du  coude.  Ce  second 
ligament,  distendu  lorsque  l'aile  est  étendue,  se  contracte, 
par  l'effet  de  son  élasticité ,  quand  elle  se  replie  :  le  lîg^' 
ment  du  deltoïde ,  tendant  k  rester  en  ligne  droite ,  s'écar- 
terait du  pli  du  coude  ;  mais  il  est  forcé  par  la  contraction 
du  ligament  transversal  k  former  un  très-fort  angle  rentrant 
qui ,  allongeant  son  parcours ,  achève  de  lui  faire  replier 
entièrement  Taile. 

Dans  l'état  de  repos  de  l'aile,  les  articulations  de  Tépaule, 
du  coude  et  du  fouet,  étant  fléchies  en  sens  opposé,  1^ 
ligament  pennifère  se  trouve  tiré  en  dedans  sur  i'avant- 
bras ,  par  Teffet  de  l'angle  saillant  en  arrière  que  forme  le 
coude  ;  et  l'état  de  flexion  du  fouet  lui  permet  de  céder  fa- 
cilement k  cette  traction ,  k  laquelle  il  obéit  en  entraînant 
avec  lui  les  pennes  de  l'avant- bras  qui  se  fléchissent  par  '^ 


CHAPITRE  III.  309 

en  dedans ,  en  fonnant  nn  angle  aigu  avec  la  partie  interne 
de  ce  dernier,  au  lien  de  lui  rester  presque  perpendiculaire , 
comme  dans  Textension  ;  angle  tellement  aigu  que  les  plumes 
sont  presque  parallèles  au  cubitus ,  en  se  rapprochant  con- 
sidérablement les  unes  des  autres. 

Quant  aux  pennes  du  fouet ,  ses  plumes  étant  moins  for- 
tement tirées  en  dedans  que  lorsque  Taile  est  étendue,  elles 
se  fléchissent  au  contraire  en  dehors  par  Teflet  de  Télas- 
licite  du  ligament  pennifère  ,  de  manière  ^  s'écarter  angu- 
lairement  de  celles  de  Tavant-bras;  mais  l'angle  qu'elles 
laissent  entre  elles  est  de  nouveau  effacé  par  la  flexion  du 
fouet ,  et  l'aile ,  de  large  qu'elle  était  dans  l'extension , 
devient  par  là  fort  étroite  dans  la  flexion. 

Lorsqu'au  contraire  l'aile  est  étendue ,  l'excès  du  mouve- 
ment d'extension  du  fouet  sur  le  mouvement  de  traction  en 
dedans  du  ligament  pennifère  par  l'extension  du  bras,  tire 
ce  ligament  en  dehors ,  et  produit  en  conséquence  l'érection 
des  pennes ,  ramenées  à  faire  un  angle  presque  droit  avec 
le  cubitus. 

Les  pennes  du  fouet,  tirées  au  contraire  en  dedans  par 
le  ligament  qui  les  porte ,  se  redressent  également  pour 
devenir  de  même  plus  ou  moins  perpendiculaires  aux  os 
qui  les  portent,  mais  beaucoup  moins  que  sur  l'avant-bras  ; 
vu  que  le  ligament  dans  lequel  elles  sont  implantées  étant 
fixé  à  la  dernière  phalange ,  ne  peut  se  porter  en  dedans 
qu'autant  que  sa  propre  élasticité  le  lui  permet  ;  c'est-k-dire 
pas  du  tout  pour  la  première  penne ,  un  peu  pour  la  seconde , 
et  graduellement  de  plus  en  plus  aux  autres;  d'où  résulte 
que  les  pennes  du  fouet  s'étalent  en  éventail ,  tandis  que 
celles  de  l'avantbras  deviennent  toutes  parallèles  entre  elles  ; 

MOUVEMENTS  SI  BIEN  CALCULÉS  QUE  LA  DERNIÈRE  EST  PARAL- 
LÈLE À  LA  PREMIÈRE  DU  FOUET ,  ct  quc ,  l'ailc  étcuduc ,  elles 
forment  toutes  une  série  continue  légèrement  divergente. 

Chez  la  plupart  des  Oiseaux  la  largeur  des  pennes  est 
proportionnée  à  leur  écartement,  de  manière  que,  l'aile 


310  THÉOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

Ouverte,  elles  se  recouvrénl  à  moitié  ié  dedans  en  dehors, 
poiir  fee  Servir  âuccessîvemeril  d'appui  les  unies  aux  autres, 
adti  de  mleut  ihtcj*cëptër  le  paâsagë  dé  Taîr;  ne  formant  en 
totit  qu'un  seul  disque  mince  cdiiUnii. 

L'ensemble  des  os  et  dès  chairs  de  l'aile  formant  un  arc 
légèrement  concave  en  dessous ,  la  sérié  des  pennes  prend 
de  la  H  même  disposition ,  et  cliacune  de  ces  plumes  étant 
éri  outre  également  âi^quée  vers  le  has,  tout  le  disque 
de  l'aile  est  concave  en  dessous  dans  toutes  les  directions, 
àfIn  de  donner  plis  1)e  prisé  â  l'air  pendant  l'abaisse- 
teNT  DE  l'aILe,  fauE  Lohsql'èLle  s'élève  ;  disposition  qui 
il'èst  en  réalité  qu'uN  simple  perfectionnement  qui  porte 
chez  ces  animaux  le  vol  à  sou  îuaxinium  d'énergie,  ne 
constiluatit  qu'une  forme  très-favorablé  à  îa  puissance  du 
vol,  satis  êthe  une  condition  essentielle  de  cette  fonctioD; 
ainsi  qlie  cela  est  prouvé  chez  les  Insectes  qui  volent  très- 
bien  ,  quoique  leurs  ailes  soient  entièrement  planes  :  mais 

AL'SSl  LEUR  CORPS  EST-ÎL  FORT  PETIT,  ET  DE  LÀ  PEU  PESANT, 
TANDIS  QUE  CELUI  DES  OISEAUX,  BEAUCOUP  PLUS  LOURD,  A 
BESOIN    i)'ÊTRE   BIIÈUX  SOUTENU   EN  DESSOUS. 

L'air  devant  ainsi  résister  plus  foî'tement  chez  ces  ani- 
maiix  loh^  de  l'abaissement  des  ailes  que  lorsqu'elles  se 
relèvent  pour  donner  ^  l'oiseaii  une  impulsiob  ascensionnelle 
l^lus  grande,  dont  l'excès  doit  faire  équilibre  à  la  force 
DE  gravitation;  il  n'a  toùtérois  pas  suffi  qiie  les  ailes 
prissent  ainsi  une  formé  concave  en  dessdiis  et  convexe  en 
dessus,  il  a  failli  encore  qu  elles  s'abaissassent  avec  pluâ  de 
force  qu'elles  ne  se  relèvent;  aussi  les  muscles  pectoraux 
qui  produisent  ces  deux  inoiivements  sont-ils  fort  Inégàl'x 

DE  volumes  ET  DE  FORCES. 

EnQn ,  pour  que  les  pennés  puissent  mieux  résister  k  la 
force  de  l'air  pendant  l'abaisseméht,  eLleS  sôriT  fi'tJKE 

PART  APPUYÉES  À  LEUH  BASE  EN  DESSUS  PAR  DÉS  TECTRICES 
SUPÉRIEURES,  PLUMES  DE  GRANDEURS  àECdNbAttlËS  ET  TER- 
TIAIRES ,  KOIDES ,  IMBRIQUÉES  LES  UNES  Suft  |.£^  ÀÛTHES  60 


CHAPITRE   m.  311 

dégradant  vers  le  bord  aQtérieùr  de  Taile,  où  elles  de- 
YienDent  k  la  fin  très-petites;  de  manière  h  s*appnyer  suo- 
cessivetnent  par  rangée;  et  d*autre  part,  les  pennes  et  les 
tectrices,  ati  lieu  de  sMnsérer  sur  te  bord  postérieur  de 
Taile,  le  so!«t  aO  contraire  à  sa  face  supérieure,  et 
DIRIGÉES  de  là  en  ARRIÈRE  ;  de  manière  qu^implanlées  dans 
le  ligament  pennifère  qu'elles  traversent,  elles  forment 

DES  LfeVlfeRS  l)0!fT  LE  PETIT  RRAS  APPUYÉ  SUR  LES  OS  DES 
AtLËS  EMPÊCHE  CES  PLUMES  DE  FLÉCHIR  EN  DESSUS. 

La  loDgneut  et  la  tafgeur  des  ailes  varient  considérable- 
ment suivant  les  diverses  espèces  d'oiseaux,  et  cela  prQ- 
pôftionnelleinent  h  là  facilité  avec  laquelle  ces  animaux 
volent;  cette  facilité  dépendant  en  grande  partie  du  rapport 
de  ces  deux  dimensions;  c'est-h-dire  qu  à  surfaces  égales 
les  ailes  longues  et  étroites  produisent  un  effort  plus  grand , 
et  par  conséquent  plus  de  rapidité  dans  te  vol  que  des  ailes 
côUrteâ  et  làfgés.  Ne  pouvant  pas  entrer  ici  dans  des  détaiU 
éiïT  là  démonstration  de  cette  vérité ,  je  renvoie  à  ce  sujet 
aux  tiotes  (A\  où  j'en  donne  1^ explication.  i*y  fais  voir  dans 
quelles  conditions  de  dispositions  et  de  mouvements  les  ailes 
des  Oisèàni  doivent  $e  tfôuver  pour  qu'ils  puissent  se  main- 
tenir en  équilibre  en  l'àlf. 

Quant  i  la  lôcôihôtlôn  i^u  \é  véritable  vol,  elle  demande 
également  des  conditlonà  particulières  sans  lesquelles  la 
translation  n'aiir^jt  pas  lieu ,  5u  À\x  moins  pas  d^ arrière  en 
avant,  ainsi  qU^elle  i^ètétnth  tbUjoiirs. 

Tout  te  monde,  lès  t^bysicienâ  comme  les  Naturalistes, 
a  crU,  jlisqne  datis  feeâ  derniers  temps,  que  pour  voler 
l'Oiseau  employait  ses  allè^  bomme  lé  rameur  emploie  les 
avirons  pour  pi)usser  sa  bârqtie  en  avant  sur  l^eau  ;  c^est-k- 
dire,  qu'en  élevant  les  àilës,  roisèau  tournait  de  façon  à  leur 
fairie  ][)résentër  le  bord  Shtérieur  au  coufant  d'air,  afin  àe 
ti^en  recevoir  qu'Une  fri^s- faible  résistance;  et  qu'en  les 

(1)  Voyez  la  note  n"*  34. 


312  TldOLOOIB  DB  Ul  NATUftS. 

abaissant  il  les  tournait  d'environ  un  quart  de  tour  pour 
appuyer  par  toute  leur  surface  inférieure  sur  l'élément  am- 
biant, sur  lequel  Tanimal  preild  ainsi  un  point  d'appui  plus 
ou  moins  résistant,  suivant  la  grandeur  des  ailes  et  la  rapi- 
dité de  leur  mouvement.  Cette  grande  analogie  apparente 
avec  les  rameurs  parut  tellement  évidente ,  que  même  les 
plus  habiles  mathématiciens  l'avaient  adoptée  dans  leur  expli- 
cation du  vol  ;  probablement  sans  y  avoir  jamais  regardé  et 
sans  s'être  jamais  demandé  pourquoi  la  partie  résistante 
des  ailes,  c'est-à-dire  la  partie  osseuse  et  charnue,  se  trou- 
vait, sans  exception,  au  bord  antérieur  de  toute  espèce 
d'aile  ;  disposition  que  tout  le  monde  connaît ,  mais  dont 
personne,  pas  même  les  Anatomistes  comparateurs,  n'a 
remarqué  l'importance  et  la  raison  dans  le  vol. 

Longtemps,  conGant  dans  l'opinion  des  savants  à  ce  sujet, 
j'ai  moi-même  admis  cette  analogie  parfaite  entre  l'Oiseau  et 
le  Rameur,  comme  une  vérité  démontrée,  jusqu'à  ce  qu'un 
fait  particulier  d'anatomie  comparative  m'en  fît  entrevoir 
la  fausseté,  et  m'engageât  à  en  démontrer  l'erreur,  en  cher- 
chant k  découvrir  les  véritables  moyens  que  TIntelligencb 

SUPRÊME  A  APPLIQUÉS  À  LA  PRODUCTION  DU  VOL  EM  GÉNÉRAL, 

TANT  CHEZ  LES  OisEAux  QUE  CHEZ  LES  Insectes.  Examinant 
un  jour  l'organisation  d'une  LibéUule^  insecte  qui  vole 
avec  la  rapidité  d'un  trait,  je  fus  frappé  de  la  condition 
dans  laquelle  se  trouvent  les  deux  paires  d'ailes  de  ces 
animaux;  chacune  étant  articulée  sur  le  corps  par  deux 
points  de  sa  base;  d'où  résulte  qu'il  est  matériellement 
impossible  k  ces  animaux  de  tourner  leurs  ailes  comme  le 
rameur  tourne  ses  avirons  :  et  cependant  ce  sont  les  meilleurs 
voiliers  parmi  tous  les  insectes.  Cette  contradiction  mani- 
feste avec  l'opinion  généralement  adoptée  par  les  savants , 
m'engagea,  dis-je,  à  chercher  la  véritable  démonstration 
du  vol ,  et  je  fus  assez  heureux  de  la  trouver  bientôt.  Ce 
premier  fait  offert  par  les  Libellules^  animaux  qui  volent 
avec  facilité  sans  pouvoir  tourner  leurs  ailes ,  m'engagea  k 


GHAPITRB  ni.  313 

en  rechercher  encore  d'autres,  et  aussitôt  se  présentèrent  à 
ma  mémoire,  d'une  part,  les  Chauves- Souris  y  dont  les  ailes 
retenues  le  long  des  flancs  ne  sauraient  également  pas  être 
tournées  ;  et ,  d'autre  part ,  les  Cétoines ,  insectes  qui  volant 
sans  ouvrir  leurs  élytres  et  ne  laissant  simplement  sortir 
leurs  ailes  que  par  une  fente  longitudinale  ménagée  entre 
ces  derniers  et  le  corps ,  ne  peuvent  ainsi  les  tourner,  quoi- 
que ce  soient  d'excellents  voiliers.  Il  était  dès  lors  évident 
que  la  démonstration  du  vol  adoptée  par  les  physiciens  était 
erronée. 

En  examinant  avec  plus  d'attention  la  conformation  des 
ailes  chez  tous  les  animaux  qui  s'en  servent  pour  voler,  je 
reconnus  d'abord  que  la  partie  résistante  occupait  constam- 
ment le  bord  antérieur ,  et  que  la  partie  postérieure  était 
essentiellement  susceptible  de  pouvoir  fléchir  en  dessous  et 
en  dessus ,  en  faisant  la  bascule  autour  du  bord  antérieur, 
quoique  toujours  soutenue  dans  son  disque  par  des  côtes 
partant  de  ce  même  bord ,  où  elles  sont  le  plus  robustes , 
pour  s'amoindrir  vers  leurs  extrémités  postérieures ,  afin  de 
mieux  se  prêter  à  la  souplesse  de  flexion  des  ailes  dans  la  par- 
tie postérieure.  Cette  forme,  reconnue  générale,  m'indiqua 
de  suite  le  principe  sur  lequel  était  fondée  la  translation  du 
corps  d'arrière  en  avant  de  tout  animal  qui  vole.  En  efiet, 
il  résulte  de  cette  seule  disposition  des  parties  que  l'Oi- 
seau ,  aussi  bien  que  l'Insecte ,  en  faisant  simplement  mou- 
voir leurs  ailes  dans  un  plan  vertical ,  sans  chercher  k  les 
tourner  d'une  façon  ou  d'une  autre ,  par  la  volonté ,  ces  or- 
ganes se  fléchissent  par  eux-mêmes  passivement  en  dessus 
et  en  dessous  dans  leur  partie  postérieure ,  dans  leur  éléva- 
tion et  leur  abaissement  alternatifs ,  par  l'effet  de  la  résis- 
tance que  leur  oppose  l'air  contre  lequel  ils  appuient;  et 
c'est  de  ces  deux  résistances  en  dessus  et  en  dessous  que 
nait  tout  naturellement  le  mouvement  de  translation  d'ar- 
rière en  avant. 

J'ai  fait  remarquer  plus  haut  que  la  résistance  de  l'air  sur 


314  THiOLOGIB  DB  hk   NATURB. 

chacune  des  sdrfaces  dés  ailes ,  soit  vers  la  base ,  soit  ven 
l'extrémité,  agissait  dans  Tensemble  comme  si  elle  n'avait 
lieu  (]ue  sur  un  seul  point,  nommé  de  là  leur  Centre  de 
force  (PI.  III,  flg.  1 ,  F);  point  placé  au  milieu  de  la  lon- 
gueur d'un  dls(}be  triangulaire  qui  se  meut  autour  de  I'ob 
des  côtés  du  triatigle,  ainsi  que  cela  à  lieu  pour  les  ailes; 
c'ë^tk-dire  eu  R  sur  t'àile  ùyc  (/i{/  2).  Or  on  conçoit 
que  si  VàWe  étarit  ëlevée,  elle  vient  k  s'abaisser  dans  un 
plan  vertical ,  l'air,  eh  résistant  par  en  dessous  contre  le 
centre  de  force  R ,  placé  k  une  certaine  distance  en  arrière 
dtl  bord  adtérieur  àc  (àii  milieu  de  la  largeur  de  l'aile), 
cette  résistance  forcera  l'aile  à  tourner  ^iir  elle-même  dans 
une  certaine  étendue,  limitée  pâi^  lès  ligaments  de  Tarticu- 
lation  de  l'Épaule  \  et  l'àir  agissant  par  là  contre  une  sur- 
face oblique ,  poussera  les  allés ,  et  par  elles  le  corps  entier 
en  haut  et  ëii  sivânt;  qiié  dans  l'élévation  des  ailes,  Tair 
agissant  au  ëohtraire  sur  leur  surface  supérieure,  tes  fait 
fléchir  ail  contraire  en  bas  et  éi)  arrière  dans  leur  partie  pos- 
térieure; di3po^itioil  ofl  Ëes  Oi'gaiies  présentant  également 
une  suffacè  obliqîle  àb  côiiraiit  d  àir  qiii  agit  de  haut  en  bas, 
sont  pldussés  en  desâoiis  et  en  atant.  Or  ces  deux  impulsions 
données  &  des  inoinents  très- rapprochés,  l'une  de  bas  en 
haut  et  en  avant,  et  Tautré  de  haut  en  bas  et  en  avant,  ^ro* 
duisent  paMëilr  combinaison,  d'après  la  théorie  du  parall^ 
logràmme  dés  forcée  (Vby.  la  Note  h'^Ûi),  une  impiilsion 
unique,  d'arHère  en  avant,  que  le  corps  prend  définitive- 
ment; et  les  paires  de  coups  d'ailes  se  répétant,  Tànimal 
continue  ii  être  transporté  horizbhtatéinent  en  avant. 

Tel  serait  le  résuitiat  si  te  corps  de  Toiseaii  ne  pesait  pas, 
et  qu'il  n'eût  qu'à  être  poussé  en  avant;  c'est-k-dire  que  les 
ailes  supposées  planes ,  comme  elles  le  sont  en  effet  éhez  les 
Insectes,  n'auraient  qu*k  se  mouvoir  avec  une  égale  vitesse, 
éU  s'abaissant  et  en  se  relevant  dans  un  plan  verlicat ,  pour 
que  la  résistance  de  l'air  sur  les  deux  faces  des  ailes  fût  égale 
pour  la  force,  et  pour  là  grandeur  de  son  angle  d  incidence  ; 


CHAPITRE    III.  318 

d^oii  naîtrait  nécessairement  line  résultante  perpendiculaire 
au  plan  dans  lequel  les  aitès  se  meuvent.  Mais  comme  Tanimal 
pèse ,  et  se  trouve  de  là  animé  en  même  temps  d*une  force 
constante  qui  le  porte  en  bas,  d*une  quantité  plus  ou  moids 
grande  dans  un  temps  donné,  il  faut,  pour  se  maintenir 
toujours  au  même  ilivéau ,  que  TOiseaù  tende  à  se  diriger 
ôbliqiiément  en  avant  et  en  haut,  atin  dé  gagner,  dans  le 
mènae  espace  de  temps,  une  hauteur  égalée  celle  dont  la 
gravitation  lé  t^ait descendre.  Or  ce  résultat,  il  petit  Tobténir 
par  {plusieurs  inoyens  diCTérents,  et  ihieut  encore,  eh  les 
réunissant  tous.  11  lui  suffit  d'une  part,  d*aprës  ce  qui  vient 
d'être  dit,  dé  mouvoir  simplement  ses  ailes  dahè  un  pian 
plongeant  en  avant ,  et  non  eh  arrière ,  ainsi  qu'on  Ta  pensé, 
afin  oue,  poussé  en  avaîit  perpendiculairement  à  ce  plan ,  il 
soit  disposé  ë  monter  exactement  de  la  quaiitité  qu'il  est  sol- 
licité de  descendre  par  là  forcé  de  gravitation  ;  et  c'est  en 
effet  ce  que  foiit  géiiéraleméut  tous  leà  Oiseaux  et  les  tn- 
sectes  dont  les  ailes  sont  planes;  diréctîdri  qu'on  voit  déjk 
parfâiteniént  à  la  vue  simple  chez  bèàîifeoup  d'Oiseaux,  têts 
que  les  Corbeaux^  qui  meuvent  assez  lentemetit  leurs  ailes. 
On  le  voit  également  fort  distinctement  dans  le  iûoineaû , 
que  son  vol  lourd  et  lent  oblige  de  mouvoir  ses  ailes  avec 
vitesse  daiis  un  plan  incliné  dé  ^t)  degrés  ^ûr  la  térticale; 
enfin  ,  chez  le  Cerf-votant,  qui  est  petit-êtré  Fatiimài  qui 
volé  le  plus  lentemetit,  là  direction  dans  laquelle  lès  ailes 
se  nîeuvent  est  presque  horizontale. 

Le  second  moyen  de  s'élever  consiste  ^  abaisser  les  ailes 
plus  rapidement  qu'elles  île  se  i^ont  élevées,  afin  que  l'im- 
pulsion de  bas  en  haut  soit  plus  grande  aue  celle  de  haut  en 
bas  ;  et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieti  tant  cnez  les  Oiseaux  que 
chez  les  Insectes;  et  ëe  déduit  directement  de  la  différence 
de  force  des  muscles  qui  |)l'odtlisent  les  deul  mouvemeiits  : 

CE  QUI  PROUVE  QUE  l'InTELLÎGENCÈ  CftÉÂTÎllGE   EN  À  PRÉVU 

l'effet  dans  sa  sagesse  et  sa  toutE-SGiËNCE.  Ëhfin  un 
troisième  moyen ,  qui  n'existe  que  chez  lés  Oiseaux ,  ani- 


3i6  THÉOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

maux  volants  par  excellence ,  a  consisté  ^  donner  aux  ailes 
une  forme  concave  en  dessous ,  pour  que  la  résistance  de 
Tair  soit  plus  considérable  lors  de  l'abaissement  des  ailes 
que  dans  leur  élévation. 

Chez  les  Oiseaux  et  les  Insectes  très-bons  voiliers,  qui 
avancent  rapidement  dans  le  vol ,  tels  que  les  Hirondelles  et 
les  Libellules  y  le  plan  dans  lequel  les  ailes  se  meuvent  plonge 
en  conséquence  fortement  en  avant,  devenant  presque  ver- 
tical; l'impulsion  de  bas  en  haut  qu'ils  sont  obligés  de 
s'imprimer,  n'ayant  besoin  d'être  que  très-faible ,  vu  que  la 
distance  dont  leur  corps  descendrait  s'il  n'obéissait  qu'à  sa 
force  de  gravitation  est  fort  petite  proportionnellement  k  la 
distance  horizontale  qu'ils  parcourent  dans  le  même  temps. 

Tels  sont  les  principes  fondamentaux  sur  lesquels  repose 
la  locomotion  aérienne  ;  mais  ces  dispositions  générales  sont 
susceptibles  de  certaines  modifications  qui  influent  plus  ou 
moins  avantageusement  sur  la  direction  et  la  puissance  du 
vol.  En  effet,  on  conçoit  que  si ,  en  s'abaissant ,  les  ailes  se 
fléchissent  moins  fortement  en  dessus  dans  leur  rotation 
qu'elles  ne  se  fléchissent  en  sens  contraire  en  s'élevant,  ce 
qui  dépend  de  la  liberté  plus  ou  moins  grande  que  leur  per- 
mettent les  ligaments  et  les  muscles  de  l'articulation  de 
l'épaule,  les  degrés  d'inclinaison  qu'elles  prennent  k  l'égard 
du  plan  dans  lequel  elles  se  meuvent  n'étant  pas  les  mêmes, 
les  deux  impulsions  résultantes  doivent  nécessairement  aussi 
être  inégales  ;  d'où  la  direction  que  l'Oiseau  prend  dans  le 
vol  ne  saurait  plus  être  perpendiculaire  k  ce  plan  ;  mais  un 
peu  inclinée,  en  formant  avec  lui  un  angle  aigu  en  dessus. 

J'ai  dit  aussi  plus  haut  que  le  plan  dans  lequel  les  Oiseaux 
mouvaient  leurs  ailes  était  oblique  de  haut  en  bas  et  en 
avant  ;  cela  n'est  ainsi  que  pour  ce  qui  a  rapport  k  la  direc- 
tion moyenne  que  les  ailes  prennent  en  s'abaissant  et  en  se 
relevant.  En  réalité ,  un  point  quelconque  de  ces  organes , 
leur  extrémité,  ou  bien  leur  centre  de  force,  décrit  une 
ellipse  très-allongée,  dont  le  grand  axe  est  dans  le  plan 


CHAPITRE    III.  3n 

dont  j'ai  parlé  ;  c'est-à-dire  que  l'Oiseaa ,  en  abaissant  ses 
ailes ,  les  étend  en  même  temps  le  plus  fortement  en  avant, 
pour  gagner  sur  l'espace  ;  et  appuyant  ensuite,  après  qu'elles 
sont  arrivées  k  leur  position  moyenne ,  plus  fortement  sur 
l'air,  en  les  portant  en  arrière,  pour  s'élancer  en  avant;  il 
leur  fait  ainsi  décrire  un  arc  convexe  en  avant;  et,  en  les 
relevant,  il  leur  fait  décrire  un  arc  concave  en  avant,  afin 
de  les  ramener  de  nouveau  à  leur  position  primitive,  où 
rOiseau  recommence  les  mêmes  mouvements.  Ces  mouve- 
ments ,  au  fond  très-naturels ,  ainsi  qu'on  le  conçoit  fort 
bien ,  se  voient  facilement  chez  les  Oiseaux  qui  volent  un 
peu  lentement,  tels  que  les  Corbeaux;  et  en  les  examinant 
dans  l'effet  qu'ils  doivent  produire,  on  en  explique  facile- 
ment les  causes  et  les  avantages. 

L'Oiseau  ayant  ses  ailes  étendues  dans  la  position  relevée, 
ou  fÇj  PI.  III ,  fig.  3j  représente  la  ligne  transversale  pas- 
sant par  le  centre  de  force ,  l'air,  en  les  poussant  ainsi  en 
haut,  teJtd  naturellement  à  les  faire  étendre  le  plus  forte- 
ment possible  ;  et  l'Oiseau ,  profitant  de  cette  impulsion , 
les  porte  aussi  le  plus  en  avant  pour  empiéter  sur  l'espace. 
Ayant  ainsi  atteint  toute  leur  extension  en  avant ,  il  appuie 
le  mieux  qu'il  peut  sur  la  colonne  d'air  qui  réagit  contre 
ses  ailes  qu'il  abaisse;  mais  ce  courant  est  modifié  dans  son 
action  par  le  courant  d'avant  en  arrière  que  produit  la  trans- 
lation du  corps,  courant  qui  repousse  les  ailes  sitôt  que 
Faction  qu'a  produite  l'extension  se  ralentit  ;  d'où  le  centre 
de  force  est  de  nouveau  ramené  dans  le  grand  axe  hm  de 
l'ellipse  allongée  qu'il  décrit.  Arrivées  ainsi  k  leur  plus  grand 
abaissement,  où  la  ligne  transversale  aurait  la  direction  In, 
parallèle  à  fg\  elles  commencent  à  se  relever  ;  mais  l'air 
agissant  alors  sur  leur  face  supérieure ,  les  force  à  tourner 
sur  leur  partie  résistante  I,  en  fléchissant  postérieurement 
en  dessous ,  pour  prendre  d'abord  la  direction  moyenne  l  n', 
puis  la  position  extrême  lmn'\ 

Pendant  que  ce  mouvement  d'inflexion  s'exécute ,  les  ailea 


9fS  TB^OLOGU  DE  U  HàTIRC. 

n'épTOUvmi  aucune  résistaoc^  ie  Taîr  de  haut  en  bas ,  k 
laquelle  elles  cèij^nt ,  TOiseau  peut  les  relever  un  peu  avec  fa- 
cilité, en  les  laissant  fléchir  en  arrière  par  l'eflet  du  courant 
d*air  venant  de  devant.  Les  Ailes  ayant  ainsi  une  fois  pris  la 
position  lmn'\  TOiseau  continue  k  les  relever,  en  résistant  k 
Taîr,  qui  agissant  obliquen^ent  de  haut  en  bas  dans  la  direc- 
tion de  hm  ^  force  les  ailes  k  s'élever  dans  la  position  { m  n". 
jusqu  k  ce  qu  elles  approchent  de  leur  plus  forte  élévation ,  oi 
elles  se  pr^arent  de  nouveau  k  rabaissement  en  s'étendant 
en  avant  dans  rarliculalion  de  Tépaule.  C'est  surtout  dans  ce 
moaaent  oik  les  ailes  ont  atteint  ce  degré  extrême  de  leur  élé- 
vation ,  où  elles  prendraient  ta  disposition  fg"  ;  que  commen- 
çant k  s'abaisser  de  nouveau,  l'air  les  pousse  en  haut  saw 
éprouver  de  résistance  de  leur  part,  jusqu*k  ce  qu'elles  aient 
pris  la  direction  fg* ,  oà  les  ligaments  et  les  muscles  s'oppo- 
sent à  une  plus  forte  rotation  du  bras  sur  l'épaule.  C*est  plus 
particulièrement  pendant  ce  court  espace  de  temps  que  les 
aii^  s'étendent  en  avant,  pour  empiéter  sur  l'espaee  et  s'ap-* 
prêter  k  un  nouvel  abaisseflaent.  Or  cette  protraction  des  ailes 
est  d'autant  plus  facile  que  le  courant  d'air  d'avant  en  arrière, 
agissant  d'abord  sur  la  face  inférieure  dans  la  position  fg"^ 
tes  fait  plus  facilement  tourner  pour  prendre  la  situation  fg'; 
et  que ,  vers  la  fin ,  ce  courant  ne  leur  offre  presque  aucun 
obsUçie ,  agissant  sur  le  tranchant  des  ailes. 

TeUUËS  sont  I^S  PRlNCiPALfiS  MODIFlCiTIOMS  DE  PERFEC* 
Ti0KV£JCEllT  QUE  LE  CaÉàTECJR  À  FAIT  SUIUR  AUX  AILES  CUEI 

LEsOifiEàux,  animaux  où  la  fonction  du  vol  a  été  portée  k 
son  plus  haut  degré  de  perfection  ;  tandis  que  chez  les  In- 
sedes  les  choses  ne  sont  pas  les  mêmes.  Leurs  ailes  étant , 
d'ttve  part,  toujours  parfaitement  planes,  l'action  de  Tair  sur 
les  deux  surfaces  reste  ^ale  ;  et  ne  pouvant,  d'autre  part, 
mi  fortement  les  étendre  en  avant ,  ni  fqrtement  les  fléchir 
en  arrière,  étant  articulées  sur  deux  points,  et  cela  surtout 
d'une  manière  très-fixe  chez  les  meilleurs  voiliers,  tels 
fW  les  Libelbdes.  Ce  dernier  fait  indique  déjk  par  la  dlrec* 


CHAPITAX  UU  319 

lion  des  aïâs  de  ces  charoières^  que  les  ailes  se  peuvent 
que  se  mouvoir  daus  un  plan  oblique  plongeant  en  avant, 

Mais  si  Tlntelligence  saprême  n'a  point  accordé  mt  In- 
sectes les  perfectionnements  dans  les  organes  du  vol  que 
je  viens  de  signaler  chez  les  Oiseaux,  elle  leur  en  a  accordé 
d'autres  qui  à  leur  tour  manquent  à  ces  derniers  Chez 
ceux-ci,  les  ailes  sont  mises  en  mouvement  par  quatre 
prindpaux  ordres  de  muscles ,  les  AbaUseurs ,  les  Éléva- 
teurs ,  les  Extenseurs  et  les  Fléchisseurs ,  qui  tous  occupent 
nécessairement  une  place ,  et  eootrîbueot  k  augmenter  le 
poids  du  corps  ;  inconvénient  qui  rend  le  vol  plus  difficile. 

Dans  les  Insectes  ordinaires,  cela  est  également  ainsi  ;  mais 
il  n'en  esl  plus  de  même  chez  les  Libellules  et  quelques  autres 
Insectes,  qui  ne  pouvant  ni  étendre  ni  fléchir  leurs  ailes  » 
n^ont  en  conséquence  pas  besoin  des  muscles  qui  produisent 
ces  Jkiouvemente  ;  d'où  résulte  natoreUement  que  le  Créa- 

TEUE  A  NOK-SBUi.£MJBKT  SUFFEIIIÉ  CES  OE6AJ9ES,  ttSis  E  ett'» 

ployé  leur  emplacement  k  augmenter  le  volume ,  et  par  suite 
la  force  des  muscles  élévateurs  et  abaissears  des  ailes ,  qui 
produisent  de  là  des  effets  bien  plus  énergiques  que  chez  ies 
Insectes  qui  peuvent  replier  leurs  ailes  ^  sans  noE  poue  csla 

LE  POIDS  nu  COEPS  AIT  ÉTÉ  AJUGNËIVTÉ  :  PBEPECTlOMEfillEtfT 
POga»LE  PAE  l'ingénieuse  DISPOSITION  INTEODUITE  DANS  l'OR- 
GANISEE  PAR  LE  SEUL  FAIT  D6  LA  DOUBLE  ARTICULATION  DES 

AILEE  SUE  LE  a>APS ,  cc  qisî  Semble  être  bien  peu  de  chose 
en  Eoi-méme,  tandis  qu'il  est  fort  important  dans  ses  effets. 

Ne  pouvant  entrer  dans  de  plus  amples  détails  sur  les 
causes  qui  agissent  dans  le  vol,  je  renvoie  les  persMnes  qui 
voudraient  en  avoir  une  démonstration  plus  complète  à  la 
note  n*»  34 ,  où  je  l'explique  ;  démonstration  que  j'ai  publiée 
pour  la  prenûèlre  fois  en  1 828,  dans  mes  CcnsidiraiwM  géni-- 
raies  sur  VarMùmie  comparée  des  animaux  atrttculéMj  p.  SOO. 

J'ai  fait  remarquer  plus  haut  l'ingénieuse  disposition  des 
Pennes  et  des  Tectrices  des  ailes,  formant  diacune  un  levier 
dont  la  courte  branche  est  appuyée  sur  la  face  Eupérienre  4e 


320  THBOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

la  partie  osseuse  et  charnue  des  ailes,  afin  que  la  partie  for- 
mant le  long  bras  de  levier  puisse  mieux  résister  au  choc 
de  Tair.  Mais  ce  n*est  pas  Ik  ce  qu*il  y  a  de  seul  admirable 
DANS  CES  PLUMES,  et  même  dans  toutes  celles  qui  couvrent  le 
corps  de  ces  animaux. 

Pour  que  les  ailes  pussent  le  mieux  remplir  les  fonc- 
tions QUI  LEUR  ONT  ÉTÉ  ASSIGNÉES ,  il  a  fallu  aussi  que  le 
disque  que  ces  organes  forment  dans  les  ailes  fût  à  la  fois  le 
plus  léger  possible ,  fort  résistant  et  peu  sujet  k  être  détruit 
par  l'action  des  objets  extérieurs  ;  toutes  conditions  très-sa- 
vamment obtenues  par  la  forme  et  la  structure  de  ces  organes. 

Tout  levier  devant  être  d'autant  plus  fort  que  sa  partie  est 
plus  rapprochée  du  point  d'appui ,  cette  première  condition 
est  déjk  établie  dans  chaque  plume,  et  surtout  dans  les 
Pennes,  en  ce  que  la  tige  diminue  insensiblement  du  point 
d'intersection  jusqu'à  l'extrémité.  Mais  ces  mêmes  plumes, 
qui  constituent  en  majeure  partie  toute  l'aile,  devaient  en 
outre,  comme  il  vient  d'être  dit,  former  par  leur  ensemble 
un  large  disque  léger  et  cependant  fort  résistant,  sans  être 
trop  facilement  sujet  à  être  brisé.  Or,  cette  nouvelle  con- 
dition, LE  Créateur  l'a  admirablement  établie  par  la 
forme  et  la  structure  qu'il  a  données  à  ces  organes. 

Pour  être  légère,  la  tige  des  plumes  est,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  fait  remarquer,  formée  sur  ce  principe  de  mécanique, 
qu'une  tige  creuse  est,  à  poids  égal,  plus  résistante  qu'une 
pleine.  On  sait,  en  effet,  que  la  première  partie  de  chaque 
plume  a  la  forme  d'un  petit  tuyau  à  parois  fort  minces,  mais 
d'une  substance  cornée  extrêmement  dense.  Quant  à  la 
partie  terminale  portant  les  barbes ,  elle  est  également  for- 
mée d'une  couche  superficielle  de  matière  cornée  résistante; 
mais  compacte  et  dure  à  la  face  supérieure  seulemenl,  for- 
mant le  point  d'appui  de  la  tige ,  lorsqu'elle  plie  dans  les 
efforts  que  font  les  ailes  en  s'abaissmt;  tandis  que  la  lame 
inférieure  est  beaucoup  plus  faible,  comme  ayant  moins  de 
force  à  employer  dans  l'élévation  des  ailes;  mais  toutefois 


ciunTiii  m.  3911 

assez  résistante  pour  supporter  la  traction  qu'elle  éprouve 
pendant  rabaissement;  encore  cette  partie  de  la  tige  est-elle 
remplie  d*un  tissu  spongieux  trës-ûn,  contribuant  à  lui 
donner  la  force  dont  elle  a  besoin. . 

De  même  aussi,  les  Barbes  garnissant  latéralement  la  tige 
sont  parfaitement  calculées  quant  k  leur  forme  et  k  leur  dis- 
position pour  contribuer  le  plus  efficacement  possible  au 
même  résultat.  En  effet ,  ces  lamelles  triangulaires  placées 
face  k  face  k  la  suite  les  unes  des  autres ,  sont  de  même  for- 
mées et  disposées  d'après  le  principe  de  mécanique,  qu'à 

MASSE  ÉGALE,  DES  LEVIERS  COMPRIMÉS,  PLACÉS  DE  CHAMP,  OICT 
UNE  PLUS  GRANDE  FORCE  QUE  LORSQU'ILS  SONT  À  PLAT ,  étant 

disposées  de  manière  k  ce  que  leur  largeur  soit  perpendicu- 
laire k  la  tige  et  dans  la  direction  de  la  force  dans  laquelle 
elles  doivent  résister  k  l'effort  de  l'air. 

Or,  par  l'effet  même  de  cette  direction  qu'elles  ont  reçue 
comme  leviers ,  ces  lamelles  extrêmement  minces ,  et  de  Ik 
fort  flexibles,  céderaient  k  la  pression  de  l'air  qu'elles  laisse- 
raient passer  entre  elles ,  si  elles  pouvaient  se  séparer  aisé- 
ment ;  et  cela  d'autant  plus  que ,  vu  leur  peu  d'épaisseur, 
elles  se  contourneraient  plus  ou  moins,  si  elles  n'étaient  pas 
maintenues  en  place;  d'où  résulterait  encore  le  même  in- 
convénient de  s'écarter.  Or  l'Intelligence  suprême  ,  dans 
SON  admirable  prévision  de  toutes  les  difficultés,  a 

PARÉ  À  CES  INCONVÉNIENTS ,  EN  ÉTABLISSANT  SUR  LES  BORDS 

DE  CES  LAMELLES  de  petites  barbules  secondaires ,  qui  s'ac- 
crochent d'une  LAMELLE  À  l' AUTRE ,  MAINTIENNENT  CELLES- 
CI  APPLIQUÉES  PAR  LEURS  FACES,  EN  MÊME  TEMPS  QU'ELLES 

EMPÊCHENT  L'Am  DE  PASSER  ENTRE  ELLES  ;  ct  si ,  par  faasard , 
Qne  cause  quelconque  les  force  k  se  séparer,  elles  s'accro- 
chent de  nouveau  aussitôt  qu'elles  se  rencontrent. 

Par  CE  MOYEN  SI  INGÉNIEUX  ET  CEPENDANT  SI  SIMPLE ,   le 

disque  de  chaque  plume  en  particulier  forme  une  lame  fort 
résistante  et  élastique,  dont  l'extrême  légèreté  est  devenue 
proverbiale. 

I,  21 


m  THÀ>LOGlK   M   ti   NATURE. 

Fmi^qéë,&hM  pmt,  l'Air  ne  pniite  ptt  f»ilMeiit poser 
entré  les  {ifloiDeg,  et  que,  de  Tratre;  chaenede  oeile»^i  writ 
flêset  soHdemeiit  maintenoe  eo  phKe  pour  que  les  f  iolents 
chocs  qu'elles  éprouvent  dMfs  les  sâlet  par  l'iir  qtt'ettes 
fnppelit,  CCS  ORGANES  s'anaïQtmNT  vb^  uns  mm  les  iirf kEs 

DAN^  tiEUft  SENS  GltOtSÉS  À  fCU  PItftS  k  ANGLE  BEOn^  AFIN  BE 

Si  SEtitift  soMEStttEUBNt  ti'APPci.  i'itî  d^  fsH  reaar^er 
plus  haoi  que  les  Pennes  des  ailes  étaient  recdutertes  k  leur 
Iiase  par  des  Téeirice$,  plumes  de  seeotid  ardre  qui  leur  ser* 
veut  de  solide  appui ,  et  qae  eelles-^ei  l'éttiieBt  k  leur  tour 
par  d*lMtfes  flioins  grandes  encore^  et  ees  dernières  sneeu* 
sltemetit  par  des  rangées  de  plus  M  plus  petites^  ayant  b 
même  fbnciiOfi  à  Tégard  de  celles  qui  lés  suivent,  jksqn'au 
bord  intérieur  des  ailes,  oA  ces  pluriies  deviennent  k  la  fin 
extrêmement  petites. 

Daris  le  sens  transtersdl,  les  pluoies,  et  surtdntles  pendes, 
s'itiibriqueni  également  en  se  recouvrant  de  dedans  en  de- 
hors; et  cela  jnsqu'âiu  d^k  de  M  moitié  d«  leur  iargeUr.  Je 
ferai  même  remarquer  k  ce  sujet  que  dans  cfaaqM  plniM, 
Ml  ailes  comme  ailleurs,  la  bart^  itiférieufe  est  plus  large 
et  plas  ntolle  que  la  supérieure  ;  disposition  par  laquelle  h 
Nature  créatrice  a  produit  ce  double  effet  qve ,  d'une  part, 
les  barbes  inférieures  s'appliquebt  pins  intimement  contre 
les  plumes  qui  les  recouvrent,  et  cela  dans  un  lai^e  espace, 
sans  augmenter  sensiblement  le  poids  de  l'aile  on  dâ  corps 
entier,  pour  empêcher  l'air  de  passer  entre;  et  d'autre  part, 
que  soit  en  volant,  soit  dans  d'autres  circonstances,  l'oiaeau 
puisse  plus  fortement  serrer  toutes  ses  plumet  contre  le 
corps,  les  inférieures,  molles  dans  leurs  parties reeouvenes, 
tie  présentant  qu'une  faible  résistance  k  celles  qui  les  re- 
couvrent ,  de  manière  que  la  surface  extérieure  de  Tensemble 
est  parfaitement  unie ,  ^ocr  nu  puésbnter  aucuns  saiIlie 

CONTRE  LAQUELLE  l'A»  POUBRArr  SE  CnOQVBU  ET  GÉNBn  LE 

VOL,  et  assez  serré  pour  ne  pas  permettre  k  Tair  froid  de  pé- 
nétrer dans  ce  vêtement,  si  bien  constitué  sous  tous  les  rap* 


ûHAwiitA  ni.  Ji'd 

fMrlB ,  fiour  cmHhet  \à  elftieur  dti  cotps ,  l<^sqtle  i*disèau 
tmrereê  l'Mpace  atèc  iûpiéHê. 

J*a}  déjk  fait  reiËdr^ilet,  en  pafldnft  dtfè  appendices  ptlétii 
des  Mammifères ,  que  le  poil ,  de  sttb^tifiiee  cor if ée ,  a  pa^  là 
la  qoaliié  émîDeiltè  de  cdttéeHei-  la  ebaleul*  dd  corps  de  t^è 
animatn  ;  chaque  brlii  fo^idatit  par  trlie  espèce  de  capillarité 
pour  le  calerique  qii^it  reiieiit,  Mb  bafrlèi'e  (jde  la  cbaleû^ 
ne  franchit  que  difficilement.  Or  la  même  chose  a  lied  poilr 
lee  plnnies  qoi  i  dé  méide  sabsiancé,  ne  sont  au  foMd  que 
d'énormes  peils  eoflipliqttës  dais  létfr  struettire ,  en  idiitam 
par  la  ferme  ^Mdrale  de  tërtfables  écailles.  Or  tout  le 
monde  sait  que  les  pluttfès  cohsërféitt  litieinc  la  chaleur 
que  les  poils ,  qùoiqlie  l«  itobi^tance  èdlt  hi  même  ;  et  la 
diiëreiiee  êOM  ce  i^port  s'etpllqoe  précisément  par  la 
pins  grande  eemplicdtlott  dans  leur  eonfordiation  ;  coiù- 
pllcatîod  qui,  augmentait  left  Snrfdce!}  ëi  Èilétiageant  de  trèd^ 
petits  IntervàlN»  «  fait  qhé  lëttr  eàpillarlté  pour  le  cdioriqcfè 
est  pins  grande;  et  cela  a  sortent  lien  poor  le  Dotet  qrii 
remplace  la  laine  dëè  Hatoibifères ,  et  doM  les  barbes  èlt 
kirbales  ^  proportioflltelleittent  foft  longues ,  sont  également 
très-faibles ,  et  se  replient  de  Ik  dans  totts  les  sens  saii^ 
s'accrocher;  de  lùanière  ^  intercepter  sotts  lés  vraies  pi  âmes 
4«i  les  comprimer  de  nombf enseè  i^tites  (Cavités ,  où  l'ait 
diand  s'aeenaunle  Men  Mieni  ^ne  dans  M  laine,  donc  b 
inesse  n'approche  qde  bleti  raretuent  de  celle  dn  dovet  de 
la  plupart  des  diseant. 

Cette  en? efoppe  d'dir  eband  est  égSleâient  fort  savammeiit 
établie  ebe«  ces  ftnimàiif  pMr  les  gSMfltir  des  tariatiotfs 
subites  de  la  température  de  Tair  qu'ils  traversent ,  soit  eh 
ditfigeant  simplement  de  bauiecrr  dànS  ratMrosphèi^e ,  soit 
dans  les  émigratiehs  k  ghindéi^  distatfces  qne  beaucoup 
d'oiseaux  enti'eprennént  denx  fbis  Fan  ;  voyages  exécutés 
en  pen  de  jours  ^  Oti  létir  edrps  n'st  pas  le  temps  de  s'babitnéi- 
graduellenient  It  Utte  variation  aussi  considérable  de  la 
dMleur. 


3d4  THBOLOGIE  DS  tA  NATURl. 

Enfin  les  oiseaux  étant  obligés^  de  faire  de  poissants 
efibrts  dans  le  yoI  ,  cette  grande  activité  de  lears  muscles 
dépend  non-seulement  du  volume  de  ces  organes  et  de  la 
composition  chimique  du  sang ,  mais  aussi  de  la  tempé- 
rature fort  élevée  de  ce  fluide  nourricier  ;  d'où  il  a  fallu  que 
la  déperdition  de  la  chaleur  soit  le  plus  faible  possible;  et 
Ton  sait  qu'en  effet  les  Oiseaux  ont  le  sang  plus  chaud  que 
les  Mammifères. 

Mais  la  bienveillante  sollicitude  de  l'Éternel  pour 
SES  gréatores,  est  allée  plus  loin  encore  k  l'égard  des 
Oiseaux ,  dans  les  conséquences  de  sa  sublime  sagesse  et 
DE  SON  INEFFABLE  BONTÉ.  Ccs  auimaux,  dcstiués  k  exécuter 
des  trajets  plus  ou  moins  grands  par  le  vol  »  il  est  évident 
que  si  les  plumes  étaient  sujettes  à  être  facilement  mouillées , 
elles  se  colleraient  les  unes  aux  autres  par  la  pluie,  ce  qui 
générait  considérablement  le  vol  et  le  rendrait  même  im- 
possible ,  ainsi  qu'on  le  voit  chez  les  oiseaux  mouillés  for- 
cément. Mais  la  bienveillance  divine  a  paré  à  cet  inconvé- 
nient en  donnant  ^  ces  animaux  un  organe  particulier 
formant  une  glande  placée  au-dessus  du  croupion ,  sécrétant 
une  substance  graisseuse ,  dont  l'oiseau  enduit  ses  plumes 
pour  les  revêtir  d'un  vernis  sec  qui ,  sans  y  laisser  le  moin- 
dre gras  qui  puisse  les  rendre  sales ,  les  rend  si  bien  im* 
perméables  k  Veau  que  ces  animaux  n'en  sont  jamais  mouillés 
que  lorsqu'ils  se  débattent  dans  l'eau  en  se  baignant  ;  en- 
core cet  effet  ne  parait  pas  avoir  lieu  chez  les  espèces  aqua- 
tiques qui  peuvent  rester  fort  longtemps  sur  l'eau  en  y  pas- 
sant même  la  majeure  partie  de  leur  vie ,  sans  que  ce  liquide 
pénètre  le  moins  du  monde  entre  leurs  plumes. 

A  ce  merveilleux  vernis  que  la  science  de  l'homme  a  en 
vain  cherché  à  imiter  pour  rendre  les  étoffes  imperméables 
k  l'eau ,  en  leur  laissant  toute  leur  souplesse  et  leur  porosité , 
s'ajoute  encore  l'avantage  pour  les  Oiseaux  que  leur  corps 
SE  trouve  enveloppé  d'une  épaisse  couche  d'air  qui 
les  rend  spécifiquement  beaucoup  plus  légers  que  l'eau. 


G«iAPlTKB  m.  3â5 

Or  ce  n'est  pas  seulement  par  leur  ingénieuse  structure 
et  leur  parfaite  imperméabilité  que  les  plumes  sont  dignes 
de  fixer  notre  attention ,  mais  jusque  par  leur  coloration , 
souvent  si  magnifique  dans  la  richesse  des  teintes  et  Theu- 
reux  contraste  des  couleurs ,  elles  sont  éminemment  remar- 
quables pour  le  philosophe ,  présentant  dans  la  simple  dis- 
position de  leurs  taches  la  circonstance  que  chacune  de  ces 
dernières  est  dans  beaucoup  de  cas  le  résultat  de  l'appli- 
cation des  mathématiques ,  de  la  physique  et  de  la  chimie  ï 
des  degrés  de  transcendance  beaucoup  au-dessus  des  con- 
naissances humaines  ;  et  nous  dévoile  en  outre  un  effet 
physiologique  infiniment  au-dessus  de  toute  conception; 
celui  par  lequel  la  substance  colorante  est  conduite  par  les 
innombrables  détours  que  présente  l'inextricable  réseau  des 
vaisseaux  sanguins  qui  la  charrie  dans  la  masse  du  sang , 
pour  la  déposer  enfin  avec  la  précision  la  plus  rigoureuse  sur 
tel  point  de  chaque  ramuscule  de  plumes ,  où  telle  teinte  de 
cette  substance  colorante  doit  produire  avec  une  foule  d'au- 
tres les  plus  riches  dessins ,  souvent  parfaitement  réguliers 
dans  l'infinité  de  leurs  nuances  ;  et  cela  avec  une  constance 
qui,  ne  pouvant  être  attribuée  au  hasard,  laisse  l'imagination 
la  plus  hardie  stupéfaite  devant  cet  effet  du  concours  de  si 
nombreuses  et  de  si  savantes  combinaisons. 

En  effet ,  les  plumes ,  soit  qu'elles  se  trouvent  implantées 
en  quinconce  sur  toute  la  peau ,  soit  qu'elles  ne  soient  fixées 
que  suivant  certaines  bandes  déterminées,  d'où  elles  se 
dirigent  dans  différents  sens  pour  que  tout  le  corps  en  soit 
k  peu  près  régulièrement  revêtu  ;  on  conçoit  que  pour  for- 
mer une  simple  tache  d'une  teinte  uniforme  k  leur  surface, 
chaque  plume  y  contribue  nécessairement  par  une  autre 
partie  de  son  disque  ;  partie  dont  la  disposition  demande 
déjà  un  calcul  géométrique  fondé  sur  la  distance  de  Tim- 
piantation  de  chaque  plume  et  le  degré  d'obliquité  dans 
lequel  cette  dernière  se  trouve  placée.  Ce  calcul,  tout  en 
exigeant  dé^  l'application  de  la  trigonométrie ,  serait  facile 


326  THÉOLOGIB  DE  LA  RATURE. 

si  Fou  y  employait  le  eompas  et  la  règle;  tandis  que  l'effet  est 
produit  par  un  noyen  physiologique ,  lui-même  calculé  sui- 
vant le  procède  d'une  science  mathématique  infiniment  au- 
dessus  de  notre  conception  ;  étant  entièrement  en  dehors 
des  sciences  ordinaires  qui  puissent  être  enseignées. 

La  disposition  purement  géométrique  de  chaque  partie 
de  la  tache  sur  les  diverses  plumes,  dont  le  nombre  s'élève 
souvent  k  six  ou  huit,  est  déjh  un  des  Faits  les  plus  remar* 
quables  comme  appréciations  d'emplacement,  si  la  taehe 
était  appliquée  ])ar  le  dehors  sur  chaque  plume ,  comme  on 
applique  la  couleur  sur  des  papiers  de  tenture.  Mais  cela  est 
loin  d'avoir  lieu  ainsi  ;  chaque  tache  est  produite  par  l-infil- 
tration  de  la  couleur  dans  l'intérieur  de  chacun  des  filaipents 
constituant  la  plume  qui  doit  contribuer  h  former  l'en- 
semble.  Or  cette  infiltration  a  lieu  au  moyen  du  sang,  dont 
la  masse  commune  renferme  péle-méle  toutes  les  substances, 
avec  toutes  leurs  couleurs,  qui  doivent  quelque  part  que  ce 
soit  entrer  dans  la  composition  des  organes;  masse  dans 
laquelle  chaque  élément  organique  choisit,  pàk  une  ap- 
préciation INCONCEVABLE  DONT  IL  lOUrT  SUIVANT  SA  €0NDm0N 
TOUTE  SPÉCIALE ,  LES  PARTICULES  QU'iL  DOIT  s'aPPROPHIBR  filf 
VUE  DE  LA  FONCTION  QUE  LA  SAGESSE  DIVIN9  LUI  A  PRESGRrTB. 

C'est  ainsi  que  chaque  plume  attire  k  elle,  lorsqu'elle  se 
forme  dans  le  bulbe  qui  lui  dqnne  naissaBe0,  la  substance 
cornée  contenue  dans  le  sang  qqi  circule  dans  ce  bulbe , 
en  laissant  le  reste  se  rendre  ailleurs.  Quoique  ce  phéno- 
mène soit  en  lui-même  (léjà  impossible  k  conoetoir,  même 
avec  le  secours  de  toutes  les  hypothèses  qu'on  a  voulu  lui 
appliquer,  on  peut,  en  passant  légèrement  sur  ce  fait, 
admeltre-que  chaque  élément  de  la  plume  ait  la  faculté  d'at- 
tirer h  lui  et  de  s'incorporer  la  laqlécule  cornée  de  même 
nature  que  lui,  et  ainsi  toujours  jusqu'à  ce  que  chaque 
partie  de  la  plume  soit  complètement  développée. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  couleur  et  ses  nuances 
infinies.  La  substance  polorante  ckcnte  ^e  rofi^  ^^f^  ^ 


CMAPITM  Ul.  337 

sang  dans  {es  ipoombrabi^s  vaisseaui^  qui  ebarrieii(  ce  4er* 
nier,  où  aurîvé  dans  jes  bulbes  des  plumes,  ebaqve  molécute 
eolorante  avec  sa  teinte  rigonreoifemen^  déterminée  sq  di- 
rige vers  tel  point  microscopique  de  la  nouvelle  plume,  et 
non  pas  ailleurs ,  pour  ;  être  absorbée  et  filmée  sans  la  moin- 
dre erreor,  selon  le  plan  généra)  dç  la  ^constitution  de  Toi- 
«eati.  Or,  si  Top  eonsid<^re  toutes  ees  innombrables  oon- 
ditions  spéciales  dans  lesquelles  se  trouve  ainsi  chaque 
point,  points  nfonreqsement  calculés  tant  sous  le  rapport 
géométrique  que  sous  celui  des  causes  physiques  qui  diri* 
gent  chaque  molécule  en  psrticulier  du  Suide  nourricier  ; 
que  soifs  celui  de  la  coippoiîtîou  çt  d<^  la  décomposition 
chimique  que  cette  mêino  molécule  épiK)uvQ  pour  étro 

amenée  k  produire  finaljsment  1^  substance  color4Pt^  d^  la 

teinte  voulue  pour  Teffet  qu'elle  doit  produire ,  riiueiligencô 
la  plus  élevée  ne  saurait  se  rendre  compt§>  d'un«  part,  de 

cette  immense  complication  des  parties,  et,  de  l'autre,  d^ 

woyena  incopce^ables  que  !a  natnre  emploie  pq)ir  arriver  ^ 
son  but;  surtout  quand  op  considère  que  la  place  qm 
shaqne  molécule  cqiownt^  doit  qcQupgr  e§t  mathématiqng- 
KSPt  calculée  fffm  \%  rIhi  rigpnreu^fi  précisioq  ;  et  sue  nofi- 
seulement  la  teinte,  mais  te  plus  soqyeqi  uj^mp  1*  ppujepr 

f^angO  subitement  d-np  mnl  micrpscppique  a  Tautie; 
résultat  ott  il  lOmbk  g»S  la  §eHlg  e^pliçaMop  rai^qpn^ble 

gw'on  puisse  donner  de  m  ftit§  pî  extraordinaires  e?»  aqfl 
chaque  molécule  est  déposés  dsps  tsi  jisu  m  rfiCfet  d'unq 
volonté  dirigf^ntet  cpiime  le  fait  up  i|eintre  en  e^épn^nt 
un  tabicftu;  enoore  celsi-fii  no  sauraikil  y  appprfer  cetts 
rigonr^use  précision  danp  los  minutieux  détails  d$  son 
oeuyre  qu*on  remarqpe  dans  tes  de^ssiqi  qui  orn^nl  le  plur 
mage  des  Qiseau^r 

Mais  ce  qui  rend  ces  dessins  sur  les  plnwes  bjeq  ping 

în§08pevabte«  «ns<wfi ,  g-'oif  qu'ils  pe  wnt  son-^euleffept  pas 
lonjowr*  axécnl^s  ««^  nno  wnle  plnmo.  nj  même  pajijolieT 
mept  »ur  pl4t§ioi}r6  dan^  te  di^posilioR  dédnitiy»  qu  ell^ 


3i8  TH^LOGIB  Dl  LA  HATURB. 

offrent  sur  l'oiseau  après  leur  entier  développement  :  mais 
encore  dans  une  foule  de  cas  cet  arrangement  existe  long- 
temps avant ,  alors  que  la  plume ,  encore  renfermée  dans  son 
bulbe  producteur  y  est  repliée  longitudinalement  sur  elle- 
même  en  un  paquet  arrondi  déterminé  par  les  parois  de  ce 
bulbe  ;  de  manière  que ,  dans  le  moment  de  sa  formahon  , 

LE  DESSIN  NE  RESSEMBLE  EN  RIEN  À  CE  QU'iL  DOIT  ÊTRE  APRÈS 
QUE  CHAQUE  PLUME  COMPLÈTEMENT  DÉVELOPPÉE  AURA  PRIS  LÀ 

DISPOSITION  QUI  LUI  EST  ASSIGNÉE.  Or  qucllc  pcut  être  lamam 
invisible  qui  dirige  ainsi  mystérieusement  chaque  particule 
colorante  à  travers  ces  innombrables  détours  vers  le  lieu  où 
elle  doit  être  employée ,  et  lui  faire  prendre  telle  disposition 
dans  le  but  de  former  tel  dessin  en  chacune  de  ses  parties,  si 

CE  n'est  CELLE  d'uN  DiEU  CRÉATEUR ,  dODt  CC  SCUl  fait  PROUVE 
DÉJÀ  AVEC  LA  DERNIÈRE  ÉVIDENCE,  NON  -  SEULEMENT  QU'iL 
EXISTE ,  MHS  ENCORE  SON  OMNISGIENCE  ET  SON  POUVOIR  ILLI- 
MITÉ? 

Parlerai-je  de  la  magnificence  du  plumage  de  nombreux 
oiseaux  dont  la  splendeur  surpasse  infiniment  ce  que  le 
pinceau  du  peintre  peut  produire  de  plus  brillant,  ne  le 
cédant  en  rien ,  dans  son  éblouissante  coloration ,  k  ce  que 
les  métaux  polis  et  les  pierres  précieuses  ont  de  plus  écla- 
tant ?  Mais  dans  quel  but  l'Être  suprême  a-t-il  si  richement 
paré ,  non-seulement  le  plumage  des  oiseaux ,  mais  encore 
le  corps  d'une  foule  d'autres  animaux,  tels  que  les  insectes, 
et  de  nombreux  coquillages  cachés  au  fond  des  eaux?  Ce 
n'est  certaiqement  pas ,  ainsi  que  le  pensent  la  plupart  des 
personnes,  pour  satisfaire  l'admiration  de  l'homme  ;  car  il  est 
évident  que  ce  n'est  pas  pour  lui  qu'ont  été  créés  ces  innom- 
brables animaux  tout  aussi  richement  créés ,  qui  ont  peuplé 
la  terre  pendant  des  millions  d'années  avant  que  l'espèce 
humaine  n'y  parût. 

Nous  n'avons  considéré  jusqu'à  présenties  Oiseaux  que  sous 
le  rapport  de  leur  locomotion  aérienne  ;  il  nous  reste  k  les 
examiner  comme  animaux  terrestres  et  aquatiques ,  où  leur 


CHAPITAX  111.  329 

organisme  présente  également  les  conditions  les  plus  remar- 
quables pour  satisfaire  k  ces  autres  genres  de  locomotion. 

Les  membres  postérieurs,  exclusivement  destinés  k  la 
station  et  aux  mouvements  ambulatoires,  auxquels  ils  servent 
également  chez  les  Mammifères  et  les  Reptiles,  n* ayant  dans 
le  principe  pas  changé  de  fonction,  ne  diffèrent  de  lit 
que  fort  peu  dans  leur  composition  et  leur  forme ,  de  ceux 
de  ces  deux  autres  classes  d'animaux  vertébrés  ;  et  autant 
seulement  que  l'a  rendu  nécessaire ,  la  loi  de  gradation  qu'ils 
suivent,  à  l'instar  de  tous  les  autres  organes.  Je  ferai  tou- 
tefois remarquer  que,  si  ces  membres  sont ,  sous  le  rapport 
anatomique,  rigoureusement  parlant,  les  analogues  de  ceux 
de  ces  mêmes  animaux ,  ils  ne  le  sont  pas  autant  sous  celui 
de  la  physiologie,  servant  exclusivement  k  la  station  et  k  la 
locomotion  terrestre  ;  tandis  que  chez  les  Mammifères  et  les 
Reptiles,  ils  sont  secondés  dans  ces  fonctions  par  les 
membres  antérieurs  ;  d'où  ils  ont  dû  subir  quelques  modi- 
fications dans  leur  forme ,  leur  composition ,  et  surtout  dans 
leur  disposition. 

Nous  avons  déjk  vu  que  les  Oiseaux,  devant  se  tenir,  k 
rétat  de  station  aussi  bien  que  pendant  la  marche ,  exclu- 
sivement sur  leurs  membres  postérieurs,  il  est  évident  que 
ces  membres  doivent  prendre  une  disposition  telle  que  la 
verticale,  abaissée  du  centre  de  gravité  du  corps,  tombât 
sur  la  base  formée  par  les  pieds ,  et  le  mieux ,  sur  le  milieu 
de  cette  base. 

Quoique  cette  condition  essentielle  puisse  être  obtenue 
d'une  foule  de  manières  par  les  diverses  combinaisons  de 
grandeurs  et  d'angles  que  les  différentes  parties  des  mem- 
bres peuvent  prendre  entre  elles,  il  n'y  en  a  cependant 
qu'un  petit  nombre  qui  soient  possibles  pour  répondre  k 
une  seconde  condition  non  moins  essentielle ,  celle  qu'il 
faut  que  l'animal  puisse  être  en  état  de  remplir  les  fonctions 
auxquelles  il  est  obligé  pour  vivre,  pour  se  défendre  et 
propager  son  espèce  ;  fonctions  dont  les  principales  sont  la 


33Q  THBOIXNrW  Di  i^  HATURB. 

sUtion  méfne,  la  marebe  et  la  course.  Or  ces  fonetioM 
exigent  2i  leur  tour  différeotes  forces  représentées  degnji' 
deur  et  de  directioq  par  des  muscles  et  des  ligaioenl^  appli- 
qués k  certains  poiuts  des  leviers  formés  par  l^s  pièc^  m- 
sepses  du  bassin ,  et  des  mcoibres  de  sqs-station  U  ét^t  4e 
là  nécessaire  que  ces  forces  et  ce$  leviers  fussent  i;oo- 
seplement  établis  de  manière  k  produire  ces  effets ,  mw 

encore  M^  pas  se  détruire  réciproquem^ni,  w  uiut  0»  es 
partie,  par  leurs  effets,  lorsqu'au  contraire  ces  forces  agis9(Nil 
dgns  les  diverses  circouslauces  daps  lesquelles  rÔi^^aupeitt 
§e  trouver,  flpfip  w  «^  ppviir  pa^  ent^^r  n^rts  i«b  Hén 

QUfi  LlriTP^LIOKIfÇli  SUPB^MP  S*PST  ^^PSC^IT  W  PlttlNT 
CES  ANIMAUX,    P*p;ilPfQYBl^  9W  AGENTS  ÛU^I^COWUiS  PPUT 

l'effet  n'aubait  ep  4PPII9  p]^$yLTA:i:  utile  ,  pt  qui  eiissest 
pu  enirayjîr,  qb  détruire,  \^  effete  d9  ceuip  qui  doifeat 
contribper  aii  r^^ultat  vi^uln-  Cçtt$  dernière  circppstlW* 
con§^i^ue  même  un  dçp  fMtP  l^s  plps  r«mgrqui|)l^  flIl-Qi 

observe  dw$  !'orgî»piwfîft8  d«p  Êtrfig;  OR  le  jïftuYft  wr- 

tout  où  nos  moyens  d*investigation  nous  perntë^n^  4^  ^ 
connaître  les  y^ril?We?  psagep  dfis  oi^gapes  ;  Topx  ^taht 

EIQOpitEUSfilfpNT  GAf^ppU  PO(:p  F^IJIB  pBflpiJinB  ^V^  P>^BI9 
kQE^JS  L^S  Ef  FETS   ^pS  ^L^j^  FAYpi^Bl.ES   ^  l-A  ^PWTIJW  * 

L^oyE^-Lp  {L8  spUT  pilST^MiÈs,  §aQ§  qH-i|  y  ^i^  rifip  fm 
ti|g;  e^là  pi^  pous  rfipjgrguqps  fluelqq»  partis  S»ps  foprti»«> 

ÏPMPentPî  poqspftHVftni»,  ?»usqraiulfi  dfi  i|QP»  tfPffllW» 
en  accuser  notre  manque  de  connaissances  si)^§ap(e$  ffR 

pbysiftlpgje;  mai^  f|on  rincprtiiudç  dfi  h  J^aiprp  (Jrfeçic« 

dan§  f^  quelle  ^  fait;  pt  s^pp  )>itribper  au  b^sj^rA»  4tti^ 

s^ur^jt  ^yoir  dppn^  re^isiepcp  i  ^^ç^^  Être  Qrgw?^;  »? 

pouvfipt  jamais  rieq  prodpirp  qv  puissp  aypir  pp  bpt;  bRt 
qui  présuppqsp  fopjqurs  quîppp  Iqjfijliggppe  en  fi  ptfq»« 
Veffet  fioal. 

U  résplte  cepend^pt  dps  diy^r^  i^stppprM  4^n§  i^MH^S  )^ 
Pfgî^uep  ppuYpnt  sp  trqqypr  s§!pn  dps  pircoqft^fP§  ?Pft' 


CMAPITRE  iir.  334 

d-ot  naissent  dês  conditions  d'impossibilité  d'eiistence  que 
la  Natare  n'aurait  pu  établir  sans  créer  par  là  des  agents 
qni  eussent  contre-balancé  les  lois  ordinaires  et  détruit  leurs 
effets. 

Enfin ,  dans  les  limites  mêmes  de  la  possibilité  physique 
dans  lesquelles  une  action  peut  s*exercer,  tous  les  cas  sont 
loin  de  présenter  un  égal  avantage;  et  d'ordinaire,  il  n'y  en 
a  qu-uo  seul  qui  réponde  le  mieux  au  résultat  final.  Ces 
linailes  d'up0  papt,  et  ce  point  intennédiaire  de  l'antre, 
existent  nécessairement  pour  toutes  les  fonctions  des  or* 
ganes ,  et  spécialement  pour  l'appareil  de  la  locomotion  ;  h 
eu  juger  du  moins  d'après  quelques  résultats  auxquels  je 
suis  déjk  arrivé  relativement  à  leur  déterpiination  ;  d'où  je 
ne  doute  pas  qu'on  ne  parvienne  un  jour  k  les  trouver  pour 
toutes  les  fonctions  auxquelles  le  calcul  peut  s'appliquer. 

Mous  avons  vu  que  par  cela  même  que  les  m^mbr^s  pos-* 
térieurs  servaient  exclusivement  k  la  stption  et  a  li|  marche, 
les  cuisses  devaient  être,  dans  leur  état  habitpel,  très-forte- 
ment fléchies  en  avant,  afin  de  rapprocher  l'axe  des  genoux 
le  plus  possible  du  plan  vertical  passant  par  le  centre  de 
gravité,  et  que  celui-ci  puisse  se  trouver,  dans  la  station  et 
la  marche ,  verticalement  au-dessus  de  la  base  de  sps-station 
des  deux  pieds. 

Les  cuisses  (PI.  II,  /Iff.  2,  iu)  ainsi  ramenées  entièreinenl 
sur  les  cétés  du  troué,  beaucoup  plus  fortement  que  chez 
les  Mammifères  essentiellement  quadrupèdes ,  et  leurs  mou- 
vements devant  du  reste  se  faire  de  même  que  chez  ces 
derniers,  principalement  d'avant  en  arrière,  et  réciproque- 
ment, ces  membres  ne  diffèrent  d'ailleurs  qu'assez  peu  des 
leurs,  quoique  les  Reptiks  Sauriens  soient,  quant  k  la  clas- 
sification ,  placés  entre  eux. 

Dans  cette  situation  des  membres  postérieurs  chez  les 
Oiseaux ,  les  quatre  parties  successives  qui  les  composent 
forment  également  des  angles  plus  ou  mqins  grands  entre 

eux,  AFIN  Ùl^-BN  OUVRAirr  CBS  AfrSLBS,  LE  MBHpHE  s'^LLAttOK 


332  THéOLOGIB  DB  LA   NATURE. 

ET  POUSSE  LE  CORPS  EN  AVANT  ;  EN  MÉKE  TBKPS  QUE  CETTE 
DISPOSITION  À  DEMI  FLÉCHIE  ADOUCIT  CONSIDÉRABLEMENT  LES 
MOUVEMENTS  DE  LOCOMOTION  »  ET  SURTOUT  LE  SAUT,  QUI  SERAIT 
SANS  CELA  IMPOSSIBLE. 

De  rextrémité  de  la  cuisse,  la  jambe  (uv)  se  porte, 
comme  chez  les  Mammifères ,  plus  ou  moins  obliqaement 
en  dessous  et  en  arrière;  et  le  tarse  (vy)  qui  lui  fait  suite, 
verticalement  en  dessous  ou  obliquement  en  avant,  pour 
ramener  les  orteils  (xyz) ,  la  seule  partie  qui  appuie  sur  le 
sol ,  sous  le  centre  de  gravité  (o)  qu'ils  doivent  soutenir,  en 
formant  par  leur  écartement  la  base  de  sus-station  de 
ranimai. 

Quant  aux  os  qui  entrent  dans  la  composition  des  di- 
verses parties  de  ces  membres ,  ils  diffèrent  également  peu 
de  leurs  analogues  chez  les  Mammifères.  L'os  de  la  cuisse 
est  k  peu  près  le  même,  n'en  différant  essentiellement 
qu'en  ce  que  le  condyle  externe  forme  une  poulie,  dont  la 
saillie  interne  pénètre  entre  la  tête  du  tibia  et  celle  du  pé- 
roné ,  et  dirige  par  Ik  les  mouvements  d'extension  et  de 
flexion  de  ces  deux  os. 

Les  cuisses  étant  appliquées  contre  les  côtés  du  thorax , 
prolongé  jusqu'au  bassin ,  elles  ne  sont  pas  susceptibles  de 
pouvoir  être  portées  en  dedans  ;  et  l'Oiseau  n'ayant  de  lii 
presque  aucun  effort  k  faire  pour  s'opposer  k  ce  mouvement 
les  muscles  adducteurs  et  abducteurs  de  la  cuisse  sont  forte- 
ment réduits  ;  et  les  analogues  de  ceux  qui  existent  font  plus 
particulièrement  les  fonctions  d'extenseurs  ou  de  fléchis- 
seurs ,  ou  bien  celles  de  rotateurs ,  pour  empêcher  les  cuisses 
de  trop  fortement  tourner  en  dedans  lorsque  l'Oiseau  appuie 
sur  un  seul  pied ,  pour  prévenir  les  luxations  du  fémur  ; 
ce  qui  arriverait  k  chaque  pas ,  où  l'un  des  membres  est 
dirigé  obliquement  en  dedans ,  pour  soutenir  le  poids  du 
corps. 

Dans  cette  disposition  des  cuisses  dirigées  en  avant  et  en 
dehors,  les  jambes  ont  en  conséquence  été  portées  en 


CHAPmuB  iif.  333 

dessous ,  en  arrière  et  en  dedans  pour  ramener  les  pieds 
Tan  auprès  de  l'autre.  Pour  obtenir  ce  dernier  effet,  il 

A  SUFFI  DE  DONNER  SIMPLEMENT,  COMME  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES 
QUADRUPÈDES  ,  UN  PEU  PLUS  DE  SAILLIE  AU  CONDTLE  EXTERNE 
DU  FÉMUR ,  LE  CONTRAIRE  DE  CE  QUI  EST  CHEZ  l'hOMME  ,  ÉGA- 
LEMENT BIPÈDE.  On  voit  par  cette  DIFFÉRENCE  ,  AVEC  QUEL 

SOIN  l'Intelligence  suprême  a  partout  modifié  les  parties 

JUSQUE  DANS  LEURS  PLUS  MINUTIEUX  DÉTAILS ,  POUR  ARRIVER 
AU  BUT  qu'elle  A  EU  EN  VUE ,  ET  CELA  SOUVENT  PAR  DES 
MOYENS  OPPOSÉS. 

L'extrémité  supérieure  du  tibia  présente,  comme  dans  les 
Mammifères ,  une  truncature  formant  son  articulation  avec 
le  fémur,  et  divisée  en  deux  facettes  articulaires  très-peu 
profondes.  Sur  l'interne,  à  peu  près  perpendiculaire  à  l'axe 
de  l'os ,  appuie  le  condyle  interne  de  Tos  de  la  cuisse  ;  et 
la  seconde,  inclinée  en  dehors  et  en  bas,  forme,  avec  la  tête 
du  péroné,  une  gorge  dirigée  d'avant  en  arrière,  dans 
laquelle  appuie  le  condyle  externe  du  fémur;  disposition 

DIFFÉRENTE    DE    CE    QUI    EST    CHEZ    LES   MAMMIFÈRES   POUR 
PRODUIRE  UN  EFFET  PARTICULIER ,  NÉCESSAIRE  AUX  OiSEAUX  , 

et  que  j'expliquerai  après  avoir  indiqué  les  modifications 
qu'a  reçues  le  péroné. 

Si ,  avec  la  disposition  que  je  viens  d'indiquer,  le  Péroné 
était  entièrement  fixe,  il  est  évident  que  la  jambe  ne  pourrait 
se  mouvoir  que  d'arrière  en  avant  ;  direction  que  prend  la 
gorge  dont  je  viens  de  parler,  en  offrant  l'avantage  de  ne 
pas  permettre  facilement  les  luxations  vers  les  côtes;  le 
condyle  externe  du  fémur,  divisé  en  gorge  de  poulie, 
pénétrant,  par  la  saillie  interne  de  celle-ci,  entre  les  deux 
as  de  la  jambe;  et  dont  l'externe,  emboîte  la  tète  du  pé- 
roné. Mais  le  créateur  a  encore  ici  parfaitement  prévenu 
rinconvénient,  en  rendant  le  péroné  mobile  le  long  du  tibia, 
au  moyen  d'un  ligament  longitudinal  linéaire,  qui  n'est 
que  le  ligament  interosseux  des  Mammifères  réduit  à  un  filet 
étroit,  faisant  les  fonctions  d'une  simple  charnière.  Ce 


334  TlutOL0«IB   M   liA   MATURE. 

iMMYtmeiit  i  qm  esi  4' tillaorg  très-borné ,  permet  à  la  florfe 
termioale^  eatre  le  péroné  et  le  tibîa»  de  ehaoger  de 
direetîoo ,  en  suivant  la  saillie  du  condyle  qui  s'y  engrène  ; 
c'est-k^ire  que  cette  saillie ,  étant  un  peu  oblique  »  présente 
par  Ik  une  direetion  différente  dans  chacune  de  ses  parties 
qui  appuie  sur  la  jambe,  et  force  celle-ci  de  tourner  sur 
eUe^'Utéme ,  suivant  son  degré  de  flexion. 

Par  Teffet  de  ces  BK)ovenienls  qifeiécute  le  péroné,  cet 
08  parait,  quoique  fortement  réduit,  être  arrivé  à  sa  véri- 
table fonction.  Servant  exclusivement  k  régler  les  raon*- 
ments  de  la  jambe,  il  ne  devait  pas  s*étendre  jusqu'au  tarse, 
sur  les  mouvements  duquel  sa  rotation  eût  influé  sans 
nécessité  ;  aussi  est  il  atténué  vers  en  bas  en  un  simple  filet 
grêle ,  de  même  que  cela  arrive  déjk  dans  des  eireonattuess 
semblables  chez  beaucoup  de  Mammifères. 

D'après  celte  conformation  que  présente  l'articulation  du 
genou,  les  luxations  latérales  y  sont  fort  difiiciles ,  en  même 
temps  que  la  jambe  peut  se  mouvoir  légèrement  en  rotation 
sur  la  cuisse  ^  comme  chez  les  Mammifères  »  afin  de  p^- 
mettre  au  pied  d'être  dirigé ,  selon  le  besoin ,  dans  diTenes 
direetidns. 

La  luxation  en  arrière  est  prévenue  par  la  présence  de  la 
rotule  lorsqu'elle  existe,  ou  bien  par  une  saillie  plus  ou 
moins  grande  que  fait  l'angle  du  tibia  au-dessus  do  njrreau 
de  l'articulation  en  remplaçant  la  rotule  (m).  La  luxation  en 
avadt  est  préveaue  par  les  forts  ligaments  qui  entourent  la 
rotule  f  et  retiennent  le  fémur  appuyé  dans  l'angle  que  la 
tête  du  tibia  forme  avec  la  rotule. 

Le  Péroné  n'atteignant  pas  le  tarse ,  c'est  uniquement  le 
tibia  qui  s'articule  avec  l'os  unique  formé  par  l'union  des  as 
du  tarse  et  les  métatarsiens. 

La  jambe  pouvant  exécuter  un  Inouvement  suffisant  de 
rotation  pour  donner  au  pied  la  direction  dont  il  a  besoin , 
le  mouvement  entre  la  jambe  et  le  tarse  devmt  être  simple- 
ment ginglymoïdal  ;  et  d'autant  plus  que  le  tarse  étant  fort 


ckAflTilK  m.  335 

«•v4,  cottitlie  th^  left  llàttMfère»  ttiigtf ligf Me* ,  les  moti- 
fsanéoti  lâtéràui  rie  podfrâietit  Mté  exétMér  àd  }$ieâ  (Jtt'tin 
rtHiple  déplM;eiiieiit  vers  les  «Méfi ,  te  qoe  l*oisesiu  petit  déjà 
ptr  les  faodtèniefits  de  rotation  de  la  ctiisëe,  sans  permettre 
il  la  plante  du  pied  de  lodriier  eti  titfe  espèce  dé  pronation 
el  de  supination  ^  comme  teia  a  lieu  eheis  les  Mammi- 
fères plantigrades  »  pour  accommoder  le  pied  aut  inégalité» 
dtt  sol. 

Cette  articulation  tibio-tarâienne  ded  Oiseaux  ressemble 
teaut^onp  il  eelle  do  géndn  dés  M atninifères  ;  avec  cette 
différence  qu'elle  est  tournée  en  sens  contraire.  Cette  res- 
flioiblance  est  du  reste  naturelle ,  les  parties  articulaires  se 
ihMiTant  tout  il  fait  dans  les  mêmes  conditions  ;  car  ce  sont , 
dans  Ttio  et  dans  l'antre  cas,'  dèut  os  qni  portent  plus  on 
ihoins  obliquetaettt  l'un  snr  Taotre,  et  entré  lesquels  doit 
eiister  un  mouvement  ginglymoldal  ;  et  si  la  forme  de  Tar- 
ticulation  tibio-tarsienne  ded  Mammif^rèd  digitigrades,  où 
lemoQtenaent  est  également  ginglj^moldai,  n'est  pas  dans  le 
mémëeaa,  on  doit  uniquement  Tattribuer  \  la  marcbe  de 
gradation  que  suitent  les  parties;  gradation  qui  veut  que, 
chei  to«8  les  Mammifères,  le  tarse  soit  composé  de  plusieurs 
pièeea ,  parmi  lesquelles  le  calcanénm  fkiil  ^illie  en  arrière 
pour  donner  plus  de  force  aut  muscles  du  mollet. 

Chei  les  Oiseaux,  au  contraire^  où  enfin  lea  os  dtt  tarse 
el  du  métatarsd  sont  confondus  en  une  sedie  pièce,  cell^-ci 

i  RCÇir  URB  rOIMB   t>L€S  EN  nAanONtfe   AtBC  Èk  BTOtVELLE 

FoifCTion.  Les  detti  condyles  inférieura  dn  tibia,  au  lieu 
d'être  parfaitement  en  arcs  de  cercle,  présentent,  comme 
eedx  du  fémur  des  Mammifères ,  la  forme  d'arcs  dé  spirale , 
dont  la  branche  la  plus  courbe  est  toutefois  tournée  en 
avant. 

L'extrémité  tibiale  du  tarse  est  tronquée  carrément  comme 
le  tibia  des  Mammifères,  et  présente  les  deux  fosses  latérales 
dont  je  viens  de  parler,  recevant  les  cdndylës  du  tibia.  Ces 
deux  fosses  sont  séparées  à  la  partie  antériénre  par  utte  forte 


336  TvioLOfiii  vm  la  ratiiu. 

saillie  en  forme  de  dent,  imitant  Tépine  du  tibia,  et  qm 
pénètre  entre  les  condyles  pour  s'opposer  k  ljl  pois  aoi 

LUXATIONS  EN  ARRIÈRE  DU  TARSE ,  AINSI  QU'À  CELLE  YER8  LES 
CÔTÉS  ;  TANDIS  QUE  LES  LUXATIONS  EN  AYANT  SONT  PRÉVENUES 
PAR  LA  FORCE  QUE  LEUR  OPPOSENT  LES  TENDONS  NOMBREUX  ET 
TRÈS-PUISSANTS  DES  MUSCLES  EXTENSEURS  DU  TARSE  ET  FLÉ- 
CHISSEURS DES  ORTEILS,  QUI  PASSENT  SUR  LE  TALON.  Enfin,  à  Sa 

partie  supérieure ,  le  tarse  présente  une  crête  longitudinale 
très-saillante,  ressemblant  k  Tangle  du  tibia,  mais  qui  cor- 
respond par  sa  fonction  au  talon ,  et  k  laquelle  se  fixent 
les  muscles  du  mollet,  dont  le  tendon,  avec  ceux  des 
fléchisseurs  des  orteils ,  glisse  dans  la  poulie  que  les  deux 
condyles  forment  en  arrière.  Cette  saillie  du  talon  augmente 
beaucoup  la  longueur  du  bras  de  levier  sur  lequel  agissent 
les  muscles  extenseurs  du  tarse,  bras  de  levier  égal  à  la 
distance  du  sommet  de  cette  saillie  au  centre  de  mouvement 
de  l'articulation  ou  l'axe  des  condyles. 

J'ai  fait  remarquer  que  les  tibia  se  portaient  légèrement 
en  dedans  pour  ramener  le  tarse  le  plus  près  possible  du 
plan  médian  du  corps  ;  mais  on  conçoit  qu'ils  ne  doivent  pas 
y  atteindre  entièrement,  afin  que  les  deux  pieds  ne  se 
gênent  pas  réciproquement  dans  leurs  mouvements;  il 
suffit  qu'ils  en  soient  assez  près  pour  que  l'oiseau,  en 
balançant  légèrement  son  corps ,  puisse  faire  arriver  fadle- 
ment  le  centre  de  gravité  sur  l'un  on  sur  l'autre  pied.  En 
effet,  les  extrémités  tarsiennes  du  tibia  se  trouvent  pour  cela 
suffisan^ment  rapprochées  du  plan  médian,  et  les  tarses 
prennent  une  direction  parallèle  k  ce  plan  pour  ne  pas 
appuyer  obliquement  en  dedans  ou  en  dehors  sur  la  base 
de  sus-station. 

Quoique  les  deux  os  ne  présentent  dans  cette  articulation 
aucune  saillie  qui  s'oppose  k  une  extension  allant  an  delk 
de  la  direction  droite  de  la  jambe  et  du  tarse ,  cette  trop 
forte  extension,  et  surtout  la  luxation,  sont  prévenues, 
comme  je  viens  de  le  dire,  par  la  résistance  que  leur 


CHAPITRE  IIK  337 

opposent  les  tendons  de  la  région  postérieure  de  la  jambe , 
ainsi  que  par  la  disposition  que  prennent  les  ligaments 
latéraux  de  l'articulation  relativement  aux  condyles  du  tibia, 
dont  la  courbure  est  en  arc  de  spirale.  Les  deux  ligaments 
latéraux  s'insèrent,  d'une  part,  au  centre  de  la  spirale  des 
deux  condyles,  et  se  portent  verticalement  de  Ik  en  dessous 
pour  se  fixer,  d'autre  part,  aux  côtés  du  tarse,  à  une  distance 
de  l'articulation  à  peu  près  égale  au  rayon  de  la  spire  sur  ce 
point.  Avec  cette  disposition  des  parties,  la  flexion  est  facile, 
TU  que  les  rayons  des  condyles  diminuent,  comme  dans  l'ar- 
ticulation du  genou ,  à  mesure  que  le  tarse  se  fléchit ,  et  que 
les  ligaments  se  trouvent  relâchés  ;  tandis  qu'en  sens  opposé 
le  mouvement  est,  par  la  raison  contraire,  impossible  au 
delà  d'un  certain  point;  c'est-à-dire  que  les  rayons  des 
condyles  devenant  de  plus  en  plus  longs ,  les  ligaments 
latéraux,  de  quelque  élasticité  qu'ils  soient  capables  , 
finissent  par  s'opposer  entièrement  à  une  très-forte  exten- 
sion. 

A  l'extrémité  inférieure ,  les  tarses  présentent  autant  de 
poulies  bien  distinctes  qu'il  y  a  d'orteils;  seulement  le 
pouce ,  quand  il  existe ,  est  porté  sur  un  métatarsien  parti- 
culier. Ces  poulies ,  disposées  dans  des  plans  divergeant  en 
avant,  déterminent  la  direction  rayonnée  des  orteils.  Ces 
poulies  sont  également  en  arc  de  spirale ,  avec  la  plus  forte 
saillie  dirigée  en  arrière  ;  tandis  qu'en  avant  leur  dernier  élé- 
ment va  de  bas  en  haut  et  un  peu  en  arrière ,  de  manière  que 
la  phalange  qui  s'articule  sur  cette  partie  est  horizontale 
au  moment  de  la  plus  forte  extension  :  et  comme  la  facette 
articulaire  de  cette  dernière  est  concave ,  elle  se  recourbe 
un  peu  en  arrière  pour  atteindre  le  bord  supérieur  de  la 
poulie  du  tarse  contre  laquelle  cette  facette  appuie. 

De  même  qu'à  l'articulation  tibio-tarsienne ,  il  existe  ici 
des  ligaments  latéraux  à  chaque  orteil,  qui  permettent  à 
celui-ci  de  se  fléchir  facilement  vu  la  forme  spirale  des 
condyles  ;  tandis  qu'ils  s'opposent  à  sa  trop  forte  extension 

I.  22 


tt3i(  tmioLOGiit  bk  LA  MATttiki 

portée  sensiblement  au  delk  de  l'angle  droit  atae  ie  tatM  i 
alors  que  Torleil  est  horizontalement  posé  sur  le  sol  ;  et  uoe 
disposition  semblable  se  trouve  aux  articulations  des  pha- 
langes entre  elles. 

On  conçoit  qu*avec  une  telle  conformatioB  des  artcofah 
tions  du  pied ,  les  orteils  s'opposent  k  la  flexion  eo  avant  dm 
tarse,  k  laquelle  il  est  sollicité  par  Taction  du  poids  eu 
corps ,  agissant  sur  le  centre  de  gravité ,  placé  dans  la  ligne 
d'aplomb  antérieure  au  tarse  ;  et  c'est  ainsi  que  les  ligaments 
soutenus  par  les  muscles  fléchisseurs  des  orteils  s'opposent 
k  la  chute  du  corps  en  avant ,  quant  au  mouvement  qu'il  tend 
k  faire  exécuter  passivement  aux  tarses.  . 

Pour  ce  qui  est  de  la  flexion  que  le  poids  du  corps  tend  k 
produire  dans  les  articulations  tibio^tarsiennes ,  la  forms  de 
l'articulation  et  la  disposition  des  ligaments  la  favorise;  mais 
elle  est  prévenue,  comme  je  l'ai  déjk  fait  remarquer,  par 
l'action  des  muscles  extenseurs  du  tarse ,  dans  la  description 
desquels  je  ne  puis  pas  entrer  ici. 

La  statioa  est  en  outre  puissamment  assurée  au  moyen 
des  ongles  garnissant  les  dernières  phalanges  des  orteils, 
et  donft  l'extrémité  pénètre  dans  les  inégalités  du  sol ,  ft«* 
quel  les  Oiseaux  peuvent  ainsi,  en  quelque  sorte,  se  sraoi* 
ponner;  et  pour  donner  a  cet  effet  plus  de  force  à  la 

PHALANGE  QUlXps  POINTE ,  CBLLE-GI  A  REÇU  ,  COmmO  dSAS  leS 

Mammifères  k  griffes,  une  plus  grande  LARGEint  verticale 
À  SA  base  que  les  AUTRES;  de  manière  que  ses  masdes 
fléchisseurs  agissent  sur  elle  par  un  bras  d0  levier  beaa^ 
coup  plus  long. 

La  plupart  des  Oiseaux  ont  le  pouce  dirigé  em  arrière, 
sans  qu'il  atteigne  k  terre  chez  le  plus  grand  lombnB  de 
ceux  qui  marchent  beaucoup.  Dans  certaines  espèces  toute- 
fois ,  telles  que  les  Héronê ,  où  il  est  fort  grand ,  il  appuie 
dans  toute  sa  longueur  sur  le  sol ,  en  étendant  ainsi  considé- 
rablement la  base  de  sus-station  dans  cette  directten ,  œ 
qui  permet  k  ces  Oiseaux ,  essentieHemett  stationneurs ,  4e 


ifaire  tomber  la  lig&e  d'aplomb  de  leur  centre  de  gravité 
presque  entre  les  de«x  ar ticulations  tarso-phalangienDes ,  et 
de  tenir  en  conséquence  les  jambes  et  les  tarses  verticale- 
ment en  ligne  droite.  Chez  ces  Oiseaux,  les  pouces  ne  pouvant 
que  difficilement  se  relever  au-dessus  de  la  direction  hori- 
soDtale ,  ils  s'opposent  par  tk  à  la  flexion  du  tarse  en  arrière  ; 
d'où  eette  partie  du  membre  reste ,  en  quelque  sorte ,  fixe 
mr  les  orteils  :  dispositiofi  qui  facilite  considérablement  la 
station. 

Ches  les  Oiseaux  qui  se  perchent ,  le  pouce  y  dirigé  k  cet 
effef  en  arrière ,  est  généralement  fort  long ,  afin  de  pouvoir 
mieux  s'opposer  aux  autres  orteils ,  pour  embrasser  avec  eux 
la  branche  sur  laquelle  Ils  posent  ;  et,  pour  le  même  usage , 
les  ongles  sont  d'ordinaire  longs,  fortement  crochus  et 
très-pointus,  afin  de  mieux  fixer  l'Oiseau.  Mais  nous  aurons 
à  revenir  sur  ces  diverses  dispositions  en  partaut  des  condi- 
tions dans  lesquellôs  le  squelette  doit  se  trouver,  suivant  la 
manière  de  vivre  de  diaque  espèce. 

De  même  que  chex  les  Mammifères,  il  existe  sous  les  ar- 
ticttlatioDs  des  orteils  des  os  sësamoïdes  entre  Jesquels 
glissent  les  tendons  des  muscles  fléchisseurs  des  phalanges, 
qui  s'y  trouvent  préservés  de  la  pression  que  le  poids  du 
corps  exercerait  sur  eux. 

Les  Orteils  (PI.  %  fig,  2,xyz),  atl  nombre  de  quatre  au 
plus  et  de  deux  au  moins ,  sont  généralement  fort  longs ,  très* 
divergents  et  entièrement  étalés  sur  le  sol ,  afin  d'agrandir 

VB  PLUS  POSSIBLE  LA  BASE  DE  SUS-SfATlON  DU  CORPS  ;  taudîs 

que ,  chez  les  Mammifères ,  ils  spnt  le  plus  souvent  ou  re- 
pliés ,  ou  n'appuient  que  par  la  da^nière  phalange ,  sans  être 
jamms  fortement  écartés. 

Ces  organes  ofirent  en  outre  le  caractère  distinctif ,  avec 
les  Mammifères ,  que  l'orteil  interne  répondant  au  premier  de 
l'homme ,  a  constamment  d^s^  phalanges  ^  le  suivant  trois , 
le  troisième  qwUrey  enfin  Texteme  ctnç,  et  l'analogue  du 
damier  orteil  de  l'homme  manque ,  ainsi  que  le  prouvo  la 


340  THiOLOGlR  DB  LA  NATURE. 

composition  de  ces  organes  chez  les  Sauriens.  Quand  il  n*y 
a  que  trois  orteils,  c'est  Tinteme  qui  manque;  et  chez  V Au- 
truche ,  qui  seule  n'en  a  que  deux ,  ceux-d  sont  les  analogues 
du  troisième  et  du  quatrième  de  l'espèce  humaine. 

Quant  aux  muscles  qui  meurent  les  diverses  parties  des 
membres  postérieurs ,  ce  sont  également ,  pour  b  plupart , 
les  analogues  de  ceux  des  Mammifères,  en  offrant  toutefois 
souvent  des  difiérences  assez  notables.  C'est  ainsi  que  tous 
ceux  placÀ  au  pied  manquent,  cette  partie  ne  renfermant, 
outre  les  ligaments,  que  des  tendons  filiformes  dont  la  partie 
charnue  des  muscles  se  trouve  le  long  de  la  jambe ,  et  même 
fixée  k  la  cuisse. 

En  admettant  que  toutes  les  parties  de  ces  membres  soi^t 
fixées  par  les  efforts  des  muscles,  à  Texception  des  cuisses 
dans  leurs  articulations  des  hanches,  on  conçoit  que  si  ces 
dernières  étaient  assez  longues  et  assez  fortement  fléchies  en 
avant  pour  que  le  centre  de  gravité  du  tronc  fût  placé  en 
arrière  de  Taxe  des  deux  genoux,  la  force  par  laquelle  l'Oi- 
seau se  maintiendrait  debout ,  en  empêchant  son  corps  de 
tourner  dans  ces  articulations,  serait  exercée  par  les  mus- 
cles extenseurs  des  cuisses ,  qui  tendent  k  faire  relever  le 
corps  en  avant  :  x'est-k-dire  que  la  force  de  contraction 
passive  de  ces  muscles  devrait  être  plus  grande  que  celle 
des  fléchisseurs ,  ainsi  qu'elle  Test  en  effet  ;  k  moins  que 
l'animal  ne  fasse  des  efforts  volontaires  très-forts  pour  sur- 
^  monter  la  différence  en  plus  de  la  force  passive  des  fléchis- 
seurs ,  ce  qui  causerait  bientôt  une  fatigue  qui  s'opposerait  k 
la  station  et  k  la  marche  prolongées  ;  et  les  choses  sont  éga- 
lement ainsi  lorsque  le  centre  de  gravité  se  trouve  au  devant 
des  genoux  ;  le  levier  sur  lequel  il  agit  étant  toutefois  plus 
long ,  les  muscles  auraient  en  outre  un  plus  grand  effort  k 
faire  pour  maintenir  le  tronc  immobile. 

Il  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'on  examine  les  conditions 
d'équilibre  relativement  aux  mouvements  dans  les  articula- 
tions des  genoux.  Si  le  centre  de  gravité  se  trouvait  en  ar- 


CHAPITRB  111.  341 

rière  de  ce^  dernières ,  il  tendrait  à  faire  relever  le  corps  en 
avant,  en  diminuant  l'angle  que  la  cuisse  forme  avec  la 
jambe  »  et  les  muscles  fléchisseurs  de  cette  dernière ,  agis- 
sant dans  le  même  sens ,  surtout  ceux  venant  de  la  partie 
postérieure  du  bassin,  nécessiteraient  une  force  considé- 
rable dans  les  muscles  extenseurs ,  pour  faire  équilibre  k  ces 
deux  forces  réunies  ;  tandis  que  si  le  centre  de  gravité  est 
placé  au  devant  de  Taxe  des  deux  genoux,  il  tend  au  con- 
traire k  faire  baisser  le  corps  en  avant,  en  ouvrant  l'angle 
que  la  cuisse  fait  avec  la  jambe  :  force  en  partie  contre-ba- 
lancée par  les  muscles  fléchisseurs  de  la  jambe ,  et  secondée 
seulement  par  les  extenseurs  beaucoup  plus  faibles ,  qui  n'a- 
gissent guère  que  dans  la  marche ,  lorsqu'il  s'agit  d'étendre 
la  jambe  en  arrière  pour  pousser  le  corps  en  avant.  Or,  dans 
la  station ,  la  prépondérance  passive  des  fléchisseurs  de  la 
jambe  sur  les  extenseurs ,  faisant  relever  le  tronc  en  avant , 
le  centre  de  gravité  placé  plus  bas  que  l'axe  passant  par  les 
deux  genoux ,  décrit  un  arc  de  cercle  autour  de  ce  dernier, 
en  s'en  éloignant  en  avant  ;  d'où  résulte  que  le  bras  de  levier 
par  lequel  il  agit  devenant  plus  long ,  il  arrive  un  moment 
où  le  poids  du  corps ,  réuni  k  la  force  passive  des  muscles 
extenseurs  de  la  jambe ,  fait  équilibre  k  la  force  également 
passive  des  fléchisseurs  ;  et  Ik ,  ces  efforts  se  détruisant  réci- 
proquement, les  parties  restent  immobiles  sans  aucun  em- 
ploi de  force  volontaire  de  la  part  de  l'Oiseau  :  k  moins  que 
par  la  proportion  relative  de  la  longueur  des  leviers  et  de  la 
force  musculaire  cela  ne  soit  pas  possible  :  d'où  il  résulte 
que  les  Oiseaux  où  cet  équilibre  a  lieu  sont  ceux  qui  se  fa- 
tiguent le  moins  pendant  la  station.  Il  semble,  au  premier 
aperçu ,  que  cela  devrait  être  chez  les  espèces  où  le  centre 
de  gravité  se  trouve  exactement  sous  l'axe  des  genoux ,  vu 
qu'il  est  alors  directement  suspendu  aux  jambes  et  aux  tarses 
formant  deux  colonnes  verticales,  ainsi  que  cela  existe  en 
efiet  chez  beaucoup  d'OisEAux  Éghassiers  ,  surtout  dans  les 
Cigognes  et  les  Hérons  ;  cas  dans  lequel  l'action  des  muscles , 


342  TmioLDGiB  db  la  natitri. 

tant  extenseurs  que  déchisseurs  des  jambes ,  peut  être  nulle  : 
c*èst-à-dire  con^me  si  ces  organes  n'existaient  pas.  II  en  serait 
eii  effet  ainsi  s  il  ne  s'agissâil  que  de  maintenir  l'Oiseau  en  état 
dé  station;  mais  comme  il  doii  aussi  marcher,  circonstance 
où  les  muscles  extenseurs  et  fléchisseurs  de  la  jambe  doivent 
agir  avec  plus  ou  moins  dé  lorce ,  surtout  les  seconds  qui 
agissent  aussi  comme  extenselirs  de  la  cuisse ,  il  a  fallu  que 
ces  derniers  muscles  eussent  une  force  prépondérante  sur 
les  extenseurs ,  et  qii'en  conséquence  le  centre  de  gravité  fût 
placé  en  avant  de  Taxe  des  genoux  :  ce  qui ,  du  reste ,  répond 
en  même  temps  aux  exigences  de  la  faculté  de  voler. 

C'est  dans  ce  parfait  dqdilibré  des  forces  qui  agissent 
dans  la  station  des  oiseaux,  que  se  trouvent  en  effet  les  Ci- 
gognes et  les  Hérons  qiie  je  viens  de  nommer.  Quoique  le 
centre  de  gravité  de  leur  tronc  soit  par  1^  assez  fortement  en 
arrière,  ces  oiseaux,  en  tenant  leur  corps  relevé  en  avant,  le 
ramènent  k  une  petite  distance  au  devant  de  Taxe  des  ge- 
nbiix;  et  leuiiy  janibes  (dirigées  de  là  verticâleniént  en-des- 
éoiis  ;  dans  là  même  direction  que  les  tarses ,  soiit  articulées 
avec  céiix-ci  d'une  tùaiii^re  telle,  que  le  commencement  de 
râ  hexion^des  tarses  est  assez  (difficile;  d'ôii  ces  deux  |)arties 
des  tiléiîibres  forment  étisenible  uile  véritable  colonne  sur 
laquelle  le  corps  appuie  en  parfait  i^quilibiré  par  les  extrémités 
des  cuisses ,  sans  que  l'âiiimdl  ait  Jbésoiii  de  faihè  des  efforts 
un  peu  coiisidéràbles  pour  se  maintenir  dei)out.  Aussi  voit-oo 
souvent  ces  oiseadx  ne  faisant ,  bbur  ainsi  dire ,  aucun  effort 
volontaire  avec  leurs  muscles,  se  tenir  debout  plusieurs  heu- 
res de  suite,  soit  slir  deiix  pieds,  soit  sur  un  seul ,  sans  bou- 
ger le  moins  du  monde,  et  jiâr  coiiséquent  sans  se  fatiguer. 

Ouoique  là  longueur  et  la  direction  des  diverses  parties 
des  membres  postérieurs  varient  considérablement  selon  les 
espèces  et  les  habitudes  des  Oiseaux ,  ces  parliès  sont  cepen- 
dant renferibées  ^àns  côrtainek  limités  qu'elles  ne  peuvent 
dépasser  sans  incônvéiiient,  et  quelquefois  inémé  cela  est 
mathématiquement  impossible,  tci ,  comme  àiLléurs  ,  tout 


hnxMta  ni.  343 

EST  ENGOltË  RlGOORECàEllfeliT  tkhtVht  UXNS  i^HAOUK  CAS  PAR* 
TICULIER;  pour  qu'il  y  Ait  bNB  t^Atti^Attfe  HARMONIE  ENtRE 
TOilTfeS  LES  PUi^SÀÎ^GES  Ml^ËSl  ^N  ACtiON. 

Qoaôt  M  réqdilibKe  OU  ttorië  Sût  les  èolssés  ;  il  dépend 
bëaiiebdp  mbins  de  \i  lotigttëur  de  iife^  dë^iiiërie»  (}tfe  de  Ibur 
dit^ctioti ,  qui  influé  au  éotitràirb  c^tiâidërabletiienl  Sttr  là 
{Puissance  deâ  ihnsblëj  deâtinlî^  &  tnaintéhil- fe*et  ëqiltlibrè, 
soit  pat-  ledr  force  {JassiVe,  soît  pslr  leur  fbfcfe  aëdvë  (1). 

Il  ti'étî  ési  déjil  plus  dé  hiêmé  quant  eux  tnoiiveinenis  des 
jdnlbes  su^  les  cuisses;  ici,  Isi  longueur  et  ladiréëtibb  de 
(^ellèé-lh  {idi*  rapport  k  la  i)d§iUbn  dtl  cebtt^  de  gravité  du 
boi-ps  lie  Sodt  l)âs  ifadliIKredtë§  ;  elles  iilflUëm  ëssëtitiëlië- 
ihent  sur  le  rapport  qiiè  lés  ToKcr^s  abéolhes  dés  muisclen 
èxteiisétii*â  et  flëchisséul*é  des  Jdbibes  doiirent  avoir  entré 
elles  pour  maintenir  l'équilibre. 

La  préniièré  fcôtiditidn  qui  se  (iréSente  éisi  que  Jefi  jainhes 
doiv'énî  êlYh  plUs  bù  fkoinà  p)è6hles  dàni  rétat  de  sfatim ,  âfili 
que  les  caisses  j|)iil^sén!  sTétendrë  sur  elleâ  dans  la  hiarclie; 
b'èst-ii-aire  (jfae  la  tsfaiskë  et  IB  jSitbtte  né  sdttrdiënl  fitlis  placées 
'éli  K^ë  dfdltë  de  r^tlbblSli^h  dé  \^  tiadche  k  Celle  dti  pied. 

La  longdëù^tfeâjkmbëS  isSl  égalenienl  téglëë  entre  deux 
limites  qu'elle  tie  petit  dët^â^âër.  En  ëSët;  que  lé  &rse  soit 
vertical  on  ebtiei-eiiieUtHbtiibhtQll;  ile^tbblistatlt  qbe  Tbi- 
3ëiti  étant  appuyë  stt)r  le  ^dl  pkh  sa  tiôitritië,  là  Janibë  dirigée 
9e  rettrémitë  dii  ttràë  bbll^hérdil  en  avant  et  en  hadt  «ers 
reitrëifaitë  Ue  là  ^ùllâë;  l)i  doDà  toUt  cet  étiiseiflible,  le  centre 
dé  gHtité  sUi*))lbtllbâU  eii  kvMtit  la  bk$ë  Ibimëë  pat*  tes  or- 
teils, l'afaltlidl  tle  ttoditttH  ffltts  iSë  rëlëvëf . 

Ne  pouvant  pks  ébtrélr  ici  dans  tous  lés  dédite  qd'ëîigent  les 
dëmon'strâdbns  pal*  lesquelles  ôfl.^m  pt«ily«l*  Quelles  âdbt 
les  cbhditiôns  d'ëttUilIbfë  qtli  tfoitétit  mktef  ëtitré  les  ditër- 
ses  parties  du  côY^  ièi  Oisèant  ;  n  âj^Menieilt  colles  qui 
constituent  lëbrâ  iùëittbt^^  pÔstëHèhrs;  kSli  i^ud  la  stâtioh  et 

f,     «#*«*>«  ■•  ■  ••  •  •• 

[i)  Vo^  ik  fiôU  fi-  ». 


;i44  THEOLOGIE  DR  LA   NATURE. 

la  marche  soient  possibles ,  je  suis  obligé  de  renvoyer  ces 
démonstrations  aux  notes  placées  à  la  soite  de  cet  ouvrage, 
et  de  n'indiquer  ici  que  les  résultats,  comme  simples  faits 
de  l'admirable  mécanisme  organique  de  ces  animaux. 

Nous  avons  vu  que  par  cela  même  que  le  centre  de  gravité 
du  corps  devait  se  trouver  dans  le  plan  vertical  passant  par 
les  centres  de  forces  des  ailes ,  et  en  même  temps  peu  dis- 
tant de  celui  passant  par  les  articulations  des  genoux,  afin 
que  la  station  et  la  marche  soient  faciles,  l^Intelligengk 

SUPRÊME  À  RAMENÉ  CES  ARTICULATIONS  LE  PLUS  POSSIELE  EN 
AVANT,  EN  PLAÇANT  LES  CUISSES  DANS  LEUR  PLUS  GRAIIDE 
FLEXION  ;  MODIFIANT  TOUTEFOIS  LEUR  POSITION  SUIVANT  LES 
CIRCONSTANCES  DANS  LESQUELLES  CHAQUE  ESPÈCE  D*OISEAUX 
DEVAIT  SE  TROUVER,  d' APRÈS  LE  GENRE  DE  VIS  QU'ELLE  LUI 
A  ASSIGNÉ. 

La  première  condition  a  bien  été  que  les  parties  des  mem- 
bres postérieurs  fussent  disposées  de  façon  que  la  station  et 
la  marche  fussent  possibles ,  mais  il  a  fallu  en  même  temps 
que  ranimai  pût  aussi  se  relever,  après  s'être  accroupi  sur  le 
sol  pour  se  reposer.  Or  cette  dernière  condition  exigeait  par 
elle-même  <|u'il  existât  une  certaine  proportion  relative  dans 
la  longueur  des  cuisses,  des  jambes ,  des  tarses  et  des  orteils 
ou  pieds ,  afin  que  dans  l'état  d'accroupissement  le  centre  de 
gravité  fût  pla(^  verticalement  au-dessus  de  la  base  de  sus- 
station  formée  par  les  pieds  ;  condition  sans  laquelle  Toisean 
ne  pourrait  pas  se  relever  (Yoy.  la  note  n*  33).  Mais  ces  pro- 
portions, sont  pour  cela,  généralement  renfermées  dans  des 
limites  dont  elles  ne  peuvent  pas  sortir,  en  offrant  en  même 
temps  pour  chaque  partie  la  grandeur  et  la  direction  les  plus 
favorables  à  la  fonction  qu'elle  doit  remplir  ;  et  ce  sont  les 
espèces  qui  approchent  le  plus  de  ces  conditions  qui  sont  en 
conséquence  les  mieux  organisées  sous  ce  rapport. 

le  viens  de  dire  que  Tune  des  conditions  essentielles  de 
la  longueur  des  diverses  parties  des  membres  ambulatoires, 
était  qu'il  fallait  {{u'elles  fussent  telles  que  l'animal  les  tenant 


CHAPITRE    111.  345 

fléchies  sar  elles-mêmes  dans  l'accroupissement,  le  centre  de 
gravité  de  son  corps  fût  au-dessus  de  la  base  formée  par  les 
pieds.  Mais  k  côté  de  cette  condition,  il  existe  encore  cette 
autre  que  l'animal  étant  debout,  le  même  centre  de  gravité 
soit  également  toujours  au-dessus  de  la  même  base ,  et  le 
mieux  sur  son  milieu ,  afin  que  la  station  soit  bien  assurée. 
Or  ce  n'est  pas  tout  encore  :  il  a  fallu  aussi  que  TOiseau  pût 
marcher,  c'est-k-dire  plier  et  étendre  plus  ou  moins  ses 
membres  pour  faire  des  pas  successifs,  d'où  naissent  égale- 
ment encore  d'autres  conditions  de  nécessité  et  de  plus  grand 
avantage  que  ces  mêmes  parties  doivent  remplir;  enfin,  les 
membres  se  trouvent  en  outre  dans  des  conditions  spéciales, 
propres  pour  ainsi  dire  k  chaque  espèce  d'Oiseaux ,  selon 
divers  autres  usages  auxquels  les  pattes  servent ,  tels  que  la 
nage,  la  préhension  et  la  faculté  de  porter  des  poids,  ainsi 
que  cela  a  lieu  chez  les  Oiseaux  de  proie.  Ce  sont  ces  con- 
ditions si  différentes  qub  le  Ghéateur  ▲  conciliées  de  la 

MAMUkRE  LA  PLUS  REMARQUABLE  DANS  CHAQUE  ESPACE,  SUIVANT 
LE  CAS  PARTICULIER  DANS  LEQUEL  IL  l'a  PLACÉE  DANS  SA  HAUTE 
SAGESSE. 

Les  cuisses  ayant  dû  être  placées  dans  une  fotte  flexion , 
afin  de  porter  le  plus  avant  possible ,  l'axe  passant  par  \eê 
articulations  des  genoux  dans  laquelle  le  corps  doit  plus  par* 
ticulièremenl  se  mouvoir  pour  se  maintenir  en  équilibre. 
Or  le  centre  de  gravité  peut  se  trouver  au-dessus  de  cet  axe, 
ainsi  que  cela  existe  chez  l'homme,  k  l'égard  de  l'axe  passant 
par  les  articulations  des  deux  hanches  ;  ou  bien  il  peut  se 
trouver  au-dessous  de  cet  axe.  La  première  de  ces  positions 
est  la  moins  favorable,  vu  que  si  dans  l'état  de  station,  les 
muscles  moteurs  des  jambes  sont  en  parfait  équilibre  de 
force  par  leur  contraction  involontaire  ou  passive,  la  moindre 
contraction  des  extenseurs  ou  des  fléchisseurs  pour  chan- 
ger la  position  du  corps,  fait  sortir  le  centre  de  gravité  de  sa 
première  situation ,  pour  le  porter  vers  le  côté  même  où  la 
contraction  a  lieu  ;  et  son  action  tendant  k  /aire  tourner  le 


I 

346  THioiJOGIE   DK  LA   NaTURK. 

corps  dans  le  ttfiMe  sèiis  ^ue  cette  coritraction ,  s*àjoatersLit2l 
la  force  de  celle-ci ,  ce  qui  prodairait  le  renversement  de  ce 
dernier,  si  les  muscles  et  les  ligaments  antagoliistes  n'arrê- 
taient pas  le  mouvenient;  ce  qui  oblige  ces  muscles  a  rester 
constamment  contractes  potir  ne  cëdër  ^ue  grsidUèllèmeot  i 
la  contraction  volontaire  de  ceux  qui  leilr  sont  tipp6sés  ;  con- 
ti^slction  eh  conséquence  permanente  pèndâht  tout  le  temps 
^Ue  dure  la  statiofa ,  et  (Jili  la  rend  de  \\k  pltis  bu  moiiis  fïtigante. 
Cette  circonstance  constitue  ainsi  une  condition  qiie  la  Na- 
tuRfa  X  DÛ  ÉvrTER,  et  c'est  èfi  effet  ce  qu'elle  a  filît,  en  i»oh- 

tXNt  tE  PLUS  GËNÊRilfeîiGNT  LE  CEMTÈË  t)E  GltltltË  SOtS  L'ÀlB 

PAssANt  PAR  LÈS  DEti  GENôtx  ;  effet  qi]*èllè  a  facileoient  ob- 
tenu en  plaçant  \ei  cnisé^  dif!§  lettr  ^liisi  gi^ndë  flëtion. 

Situé  plus  bas  que  Taxe  dès  gehoirt ,  le  centre  8è  gfstvité 
podvait  se  trouvée  ëÙ  avant  ttii  kû  arrière  dti  p\in  verdeiH 
passant  ))àr  ëet  sixe  j  deui  dî^positiod§  ofipbsées  qiie  TlntelU- 
gence  crédtribë  àv^it  S  prt^dfe  feu  feonsidétation  ;  suivant 
les  autres  conditions  dàii^  le^tt^éllé^  elle  i  placé  feUaqtfe 
espèce.  En  effet,  si  lé  éeii tre de gratltë  se  trèdte  en  atant 
de  Taxe  des  genoux ,  il  tend  k  faire  baisser  le  cOf ps  eii 
avant ,  et  |)âr  bonséi}uent  k  ôUvrir  Tangle  que  les  cuises 
font  avec  les  jambes  ;  d'otk  réstllte  que  ce  sotit  les  liiiiselës 
fléchisseurs  de  cei  dernières  qui  doitetit  lui  faire  équilibré, 
par  title  ^rétioiidératice  de  leur  fcotitraction  involontaire  sur 
Vei  intlscles  extenseur^;  àfiH  que  Tàiiimal  n'ait  pas  d'èflbrt 
volontdihè  k  produire  ;  ce  qtti  exigeait  un  plus  grand  volame, 
et  eh  cbnséijuence  ad^si  une  p\\is  grande  puissance  dans  li 
contraction  volontaire ,  lorsqu'elle  doit  être  emplo;fée.  Or  ce 
cas  se  présetate,  d'une  part,  Chez  les  Oîse(ttl2a?  rapae^  qoi, 
emportant  leur  proie  dans  leiirS  sertes ,  ont  be^n  de  faire 
de  grands  efforts  avec  lë'urâ  inusclës  flécHisseèrs  dès  jambes; 
d'où ,  t)ar  la  raison  que  je  viens  d'indiquer,  le  Centre  de 
gtilvltë  doit  se  ttoûvèr  èh  âtant  de  l'âte  dès  getti^QX  :  aussi 
les  oiseaux  tels  que  les  Aigleis,  les  Buses  et  les  FhucoNi, 
ont-ils  ^énéiniëihent  teà  cutHteS  icdUrtes. 


CHAPITRE   111.  347 

bans  l'état  dé  station  (perché)  où  ces  animaux  se  tiennent 
en  tepos ,  ta  prépondérance  de  la  contraction  involontaire 
des  muscles  fléchisseurs  sur  les  extenseurs,  force  le  centre 
de  gravite  de  s'éloigner  beaucoup  en  avant  du  plan  vertical 
passant  par  les  genoux,  afin  de  lui  faire  équilibre,  ce  qui 
fait  relever  le  corps  en  avant,  en  donnant  k  ces  oiseaux  cette 
attitude  fcirtemeiit  redressée  qu'on  leur  voit  partout. 

D'autre  part,  le  même  cas  se  présente  chez  les  Oiseaux 
nageurs  par  excellence ,  tels  que  les  Grèbes,  les  Pingouins^ 
et  surtout  les  Manchots,  qui  ont  également  de  grands  effor^ 
k  faire  par  la  flexion  des  jambes,  en  même  temps  que  leurs 
membres  postérieurs  devaient  être  fortement  portés  en  ar- 
rière, afin  de  mieux  servir  comme  rames;  aussi  ont-ils  le 
corps  encore  plus  redressé  que  les  Aigles  et  les  Faucons, 
surtout  dans  id  marche,  où  ils  sont  obliges  dé  se  tenir 
presque  debout ,  afin  de  ramener  lé  centre  Idé  gravité  au- 
dessus  de  la  tiase  àè  leurs  pieds.  Les  Candrds,  au  contraire, 
ont,  quoique  nageurs;  le  corps  presaue  horizontal  dans  la 
station  et  la  marche,  vu  que  leurs  pattes ,  fort  courtes,  ra- 
mènent leurs  pieds  presque  sbus  lé  milieu  du  corps. 

Chez  les  Oiseaux  marcheurs ,  au  contraire ,  où  le  poids  du 
corps  tend  à  faire  fléchir  k  la  fois  les  cuisses  et  les  jambes , 
lés  muscles  qui  s'y  opposent  ont  èii  besoin  d'être  les  plus 
forts ,  pour  empéchéi*  une  trop  granae  flexion  ;  a  où  est  ré- 
sulté qu'il  était  plus  convenable  que  le  centre  de  gravité  fût 
en  arrière  du  plan  vertical  passant  par  les  deux  genoux, 
afln  qu'en  tendant  à  se  placer  sous  ces  derniers ,  il  fasse 
tbamer  le  corps  eii  sens  inverse,  pour  qu'il  se  mette  par 
lui-même  en  équilibré  avec  l'excédant  de  la  force  de  con  - 
traction  involontaire  liés  inuscles  extenseurs  des  cuisses  et 
des  jambes  ;  d'où  l'animal  peut  se  tenir  debout  sans  faire 
aiicun  efibrt  volontaire  avec  ses  niuscles  moteurs  des  cuisses 
et  des  jambes,  et  en  conséquence  saiisse  fatiguer  beaucoup. 
Aussi  ces  oiseaux  ont-ils  généralement  les  cuisses  longues 
et  moiîis  fléchies  que  lés  autres. 


^48  THEOLOGIE  DB  LA  NATCRB. 

Enfin ,  on  conçoit  que  la  condition  la  plus  favorable  à  la 
station  et  à  la  marche ,  doit  être  celle  où  le  centre  de  gravité 
se  trouve,  par  l'effet  d'une  proportion  bien  calculée  dans 
la  longueur  et  la  direction  des  cuisses,  naturellement  sous 
Taxe  passant  par  les  genoux.  Lk ,  les  muscles  moteurs  des 
jambes  n'ont  aucun  effort,  même  passif,  k  produire  pour 
faire  équilibre  au  poids  du  corps ,  et  peuvent ,  en  consé- 
quence ,  être  très-faibles  :  il  suffit  qu'ils  puissent  déplacer 
les  membres  dans  la  marche.  C'est  le  cas  dans  lequel  se 
trouvent  certains  Êchassiersj  tels  que  les  Grues,  les  CigogtMS 
et  les  Hérons ,  qui  peuvent  rester  de  longues  heures  debout, 
même  sur  un  seul  pied ,  sans  se  fatiguer.  Quant  k  la  ten- 
dance qu'ont  les  tarses  k  se  fléchir  sur  les  jambes  par  l'effet 
du  poids  du  corps,  elle  est  également  nulle  chez  ces 
oiseaux ,  où  les  deux  parties  sont  non-seulement  placées  en 
ligne  ^droite,  ce  qui  leur  permet  déjk  de  ne  faire  aucun 
effort  musculaire  pour  empêcher  la  flexion  de  l'articulation  ; 
mais  celle-ci  présente  en  outre  un  mécanisme  fort  remar- 
quable PAR  SON  ingénieuse  SIMPLICITÉ ,  mécauisme  au  moyen 
duquel  le  commencement  de  la  flexion  n'a  lieu  que  par  suite 
d'un  effort  volontaire  de  l'oiseau ,  qui  a  quelque  chose  d'a- 
nalogue k  celui  d*une  lame  de  couteau  pliant  ;  d'où  il  résulte 
que ,  dans  cette  articulation  aussi ,  l'oiseau  n'a  absolument 
aucun  effort  k  faire  pour  se  tenir  debout. 

Enfin  les  pieds  de  ces  mêmes  oiseaux ,  si  bons  station- 
neurs ,  «ont  également  le  mieux  conformés  pour  leur  per- 
mettre de  rester  le  plus  longtemps  debout.  Leurs  orteils, 
longs  et  assez  forts ,  sont  fortement  écartés ,  afin  d'élargir 
considérablement  la  base  de  sus-station.  Trois  sont  dirigés 
en  avant,  direction  où  l'oiseau  a  le  plus  besoin  d'appuyer 
lorsqu'il  se  baisse  ;  et  le  quatrième  est  porté  en  arrière ,  pour 
appuyer  également  le  tarse  de  ce  côté.  C'est  sur  cette  base 
rayonnée  que  s'élève  verticalement  le  tarse ,  qui  s'y  main- 
tient facilement  en  équilibre  au  moyen  d'un  très-faible  effort 
musculaire ,  pour  prévenir  les  légères  causes  accidentelles 


CHAPITRE  Hl.  349 

qui  pourraient  produire  la  chute  dans  une  direction  quel- 
conque ,  et  en  outre  par  la  forme  des  articulations  des  pha- 
langes y  dont  les  facettes  articulaires ,  fort  larges  de  bas  en 
haut,  font  que  ces  osselets  ne  peuvent  pas  s'étendre  plus 
qu'à  angle  droit  sur  le  tarse. 

C'est  bm  réunissant  ainsi  tous  lbs  avantages  chbz  ces 
espèces,  que  le  citéatbur  en  a  pait  le  type  parfait  des 
Oiseaux  stationneurs,  sur  un  sol  horizontal. 

D'autres  Oiseaux,  placés  par  la  Providence  dans  des  con- 
ditions différentes  pour  leurs  mœurs ,  ont  été  aussi  modifiés 
POUR  CET  OBJET.  Coux  qui  80  porcheut  et  dorment  sur  les 
arbres,  où  il  leur  est  impossible  de  produire  le  moindre 
mouvement  volontaire  pour  s'y  maintenir  en  station ,  ont 

reçu  À   CET   EFFET    UNE    ADMIRABLE   MODIFICATION    DANS    LE 

lÉCANisME  DBS  MEMBRB8.  Lours  OTtcils,  généralement  fort 
longs ,  dont  un  dirigé  en  arrière ,  pour  mieux  embrasser  les 
branches  sur  lesquelles  ils  sont  posés ,  sont  en  outre  armés 
d'ongles  crochus ,  également  fort  grands ,  au  moyen  des- 
quels ils  peuvent  encore  mieux  s'y  cramponner,  liais  cela 
présuppose  que  l'Oiseau  est  obligé  de  faire  un  eifort  con- 
stant pour  serrer  la  branche  sur  laquelle  il  est  perché, 
action  qui  ne  saurait  avoir  lieu  pendant  le  sommeil.  Mais 

GOMMB  RIEN  n'BST  IMPOSSIBLE  AU  ToUT-PuiSSANT ,  IL  FUT  PA- 
GULBMBNT  PARÉ  À  GBT  INCONVÉNIENT  PAR  UNB  REMARQUABLE 

DISPOSITION  DONNÉE  À  CERTAINS  MUSCLES ,  par  laquelle  ces  or- 
ganes produisent  passivement  cet  eflét  pendant  qu§  l'Oiseau 
dort.  Il  a  suffi  pour  cela  de  faire  continuer,  de  la  manière  la 
plus  remarquable ,  le  muscle  grêle  interne  de  la  cuisse  avec 
le  fléchisseur  sublime  des  orteils.  Pour  cela ,  le  premier  qui 
naît  sur  le  bassin  en  avant  et  un  peu  plus  bas  que  la  cavité 
cotyloide ,  descend  le  long  de  la  cuisse ,  passe  par  son  ten- 
don obliquement  sur  la  rotule,  dans  une  coulisse  que  lui 
forme  cet  os,  et  plus  en  dehors,  également  obliquement , 
dans  une  coulisse  sur  la  tète  du  péroné ,  où  ce  tendon  se 
dirige  en  bas  et  en  arrière ,  pour  aller  s'unir  au  muscle 


nublimft,  qpi  s'insère  su  SMSotid  et  an  tmsi^aie  orteil,  il 
jrésiilte  i]^  cette  modiSeation  si  simple ,  nnîs  tontefois  fort 
iiavante,  qu'ont  snbie  ces  deux  muscles,  que  psr  cela  qne  Toî- 
seau  s'abandonne  k  son  propre  poids  dans  le  sommeil ,  son 
corps  s*affaissaDt  sur  lui-même ,  la  jambe  se  fléchit ,  et  pro- 
duit par  là  passivement  la  tension  du  tendon  du  musde  grêle 
de  la  cuisse ,  qui  passe  sur  le  sommet  de  la  rotule ,  et  fait  flë* 
chir  les  orteils  sans  la  volonté  de  Toisean  ;  flexion  d'autant 
plus  forte  que  V^^fmmtnt  est  plus  grand.  Or  cet  effet  est  en 
outre  produit  aussi  par  le  tendon  du  sublime  qui  passe  sur 
le  talon ,  où  il  est  tendu  une  seconde  fois  passivement  par  la 
flexion  du  tarse;  ce  qui  fait  que  les  orteils  serrent  (dus  for- 
tement encore  la  bram^ebe  sur  laquelle  Toiseau  est  posé. 

Quoique  les  Oiseaux  aient  été  essentiellement  destinés  k 
se  mouvoir  dans  Tair  au  moyen  du  vol,  genre  de  locomotion 
dont  ils  offrent  les  conditions  les  plus  parfaites ,  le  Créa- 

TEUE  L|£S  A  TOUTEFOIS  AMEUiS,  DAMS  DE  NOMBREUSES  ES- 
PÈCES, À  DES  DISPOSITIONS  TELLES  quc,  saus  los  faire  sortir 
de  leur  type  fondamental ,  il  en  a  paît  ,  d'one  part  ,  d'bx- 

ÇSLI.ENTS   COUREI^aS,   ET,   DE   l'aUTRE,    DE   TRÈS-BONS   NA- 

6EUIIS  ;  et  cela  ep  modifiant  simplement  un  peu  les  deux 
paires  de  membres.  Il  a  suffi ,  pour  atteindre  la  premièK 
condition ,  d'allonger  un  peu  plus  leurs  jambes  et  leurs 
tarses ,  pour  les  mettre  en  état  de  pouvoir  courir  aussi  leste- 
ment que  les  Mammifères  les  plus  légers.  Quelques  espèces 
même,  s'aidant  de  leurs  ailes  pour  accélérer  leur  course, 
parcourent  le  sol  avec  une  rapidité  remarquable.  C'est  ainsi 
que  les  Auiruche$ ,  trop  grandes  pour  pouvoir  s'éleva  en 
l'air,  se  servent  de  leurs  ailes  pour  précipiter  leur  course, 
par  là  si  rapide,  que  le  meilleur  cheval  ne  saurait  les 
atteindra. 

Pour  permettre  k  certaines  espèces ,  dont  le  plus  grand 
nombre  constitue  TOrdre  des  Palmipèdes  ,  de  nager  avec 
facilité  y  il  a  suffi  au  Créateur  de  uoniriER  assez  légère* 

HENT  M  FORME  GÉNÉRAI«B  B|B  LEUR  CORM ,  ET  SPÉCIALEMENT 


MOYEN  o*uifE  i«AgGE  M£ V0i^Àji|;  ^fiiiPLUs^JXT  Lsur^  iDtervaJies , 
k  l'îostar  de  ce  qui  ei^îste  chez  1^  Mao^mifères  Amphibies  ; 
et  dans  /quelques  espèces ,  jus$  Ali^d  sj.l.E6-mé]|bs  ost  Éii 
BMPi^Y^Es  CQiHfp:  R)iME9.  Par  ces  ijïpyea^,  les  Oiseau?c  sont 
devenus  y  sioon  de  parfaits  nageurs^  du  jp^oins  d^  anim^uix 
qiiî  peuvent  passer  «aus  danger  presque  toute  leur  vie  sur 
tas  ^uu%  f  et  y  plonger  jiuéme  ass^  longtei^ps  pour  se  laoeer 
à  la  popirsuit^  des  poissons  dont  ils  doivent  se  nourrir. 

Pour  cet  effet,  ces  Oiseaux  ont  générjdeinent  les  membres 
postérieurs  tellement  portés  en  arrièr^  sur  un  corps  long, 
îmîtaat  »8«e9  bien  h  forme  d'un  batew  pl^t»  surtout  dana 
oertitines  espèces ,  telles  que  les  Grèbes ^  les  Pingouins  et  les 
IfmckoiSf  etc. ,  que  ces  wiv^m  sont  obligés,  pour  rester 
debout  et  pour  marcber,  de  se  teni^  presque  verti^ement 
redressés;  encore  la  marc^  leur  est -elle  fort  difficile. 
Cpmme  les  ailes  seraient  par  ce  grand  atlonyg;e|nent  du  tronc 
beaucoup  trop  fortement  portées  en  avant  du  centre  de 
gravité  pour  permettre  le  vpl ,  et  cela  d'autant  moins  que  la 
région  postérieure  du  corps  est  fort  lourde  par  le  grand  dé- 
veloppeinent  que  prennent  les  muscles  moteurs  des  n^embres 
postérieurs p  la  Nature,  toujours  si  img^ievse  à  xtftER 

riATI  UtLUE  DBS  INjQOSVÉMIENTS  ATTACUÉS  AUX  MOYENS  QU'ELLE 
KUPLOIE ,  A  FOUR  GELA  PRIVÉ  LES  PEl^X  PPRNIERS  GEKRBS  QUE 
J^  VIBMS  DE  GITER  PE  U  FACULTÉ  DE  VOLPR^  ET  POUR  NE 
PAS  C9AVGER  L^  TVPS  ELLE  A  TR^SFQaHÉ  L^URS  AILES 
I^LLBS-MltlIES  EN  DE  VÉaiTABLES  NAGEOIRES  EN  FORME  D^ 
LARGES  PALETTES  DÉPOURVUES   DE  PENNES  AVEC  LESQUELL|U5 

Cis  Oiseaux  vlam^ht  AVAixTAGEii/sEifENT.  Aussi  ces  animaux, 
si  parfaitement  organisés  pour  vivre  sur  Teaii,  ne  vont-ils 
que  rarement  k  terre ,  même  pour  dormir- 

P'antres  espèces  encore,  telles  que  les  Hinmd^Ues  de  mer^ 
«'élancent  du  haut  des  airs  dans  l'eau ,  à  1^  poursuite  des 
poissons ,  et  y  continuent  leur  vol  comme  dans  l'atmosphère 
me  une  rapidité  fort  grande ,  ^  en  juger  par  les  distances 


352  TH^OLOCre  DE  LA  NATCRS. 

considérables  qu'elles  y  parcourent  en  un  temps  fort  court. 
Nous  avons  vu  que  les  muscles  des  ailes  ont  été  considé- 
rablement réduits ,  tant  pour  le  nombre  que  pour  le  volume , 
en  vue  de  rendre  la  région  supérieure  du  corps  la  plus  légrèe 
possible  ;  hais  la  Nature  créatrice  a  surtout  TRis-SAVAif- 

MENT  OBTENU  CE  DERNIER  RÉSULTAT  OU  plaçant  SOUS  LE  TRONC 

la  presque  totalité  des  muscles  qui  meuvent  les  ailes  et  leurs 
parties;  c'est-k-dire  que  lesprindpaux  mouvements  que  les 
ailes  ont  à  exécuter  avec  force ,  ceux  d'abaissement  et  d'élé- 
vation, ayant  lieu  dans  l'articulation  de  l'épaule,  sont  pro- 
duits par  des  muscles  situés  sous  la  poitrine  ;  et  comme  ces 
organes  doivent  précisément  être  les  plus  vigoureut  de  tout 
l'organisme,  et  par  Ik  d'un  grand  poids ,  la  Nature  les  a,  dans 
sa  sagesse^  placés  sous  le  sternum ,  où  ils  influent  puissam- 
ment sur  la  position  du  centre  de  gravité  ;  et  elle  y  plaça 

SURTOUT  DANS  CETTE  VUE  LES  ÉLÉVATIONS  DES  AILES,  QUI,  PAR 
LEUR  FONCTION,  DEVRAIENT  ÊTRE  PLUTÔT  SITUÉES  VERS  LA  RÉ- 
GION DORSALE  DU  TRONC 

Quant  aux  autres  mouvements  des  ailes ,  ceux  d'extension 
et  de  flexion ,  j'ai  déjk  fait  remarquer,  en  parlant  du  sque- 
lette ,  qu'ils  sont  principalement  produits ,  tant  pour  l'aile 
entière  que  pour  chacune  de  ses  parties ,  par  les  seules  exten- 
sion et  flexion  dans  l'articulation  de  l'épaule,  dont  les  agents 
sont  placés  à  la  partie  inférieure  du  tronc ,  et  que  les  exten- 
sions et  les  flexions  dans  les  autres  articulations  sont  pro- 
duites passivement  par  celles-ci  ;  de  manière  que  l'extrémité 
des  ailes  est  fort  peu  chargée  de  muscles  qui  pourraient  en 
augmenter  le  poids. 

Quoique  les  muscles  des  membres  postérieurs  soient  de 
même  généralement  tes  analogues  de  ceux  des  Mammifères, 
ils  en  diffèrent  toutefois  comme  tous  les  autres  organes ,  soit 
par  reflet  de  la  loi  de  gradation  qu'ils  suivent,  soit  par  les 

MODIFICATIONS  DE  LEURS  FONCTIONS  AUXQUELLES  ILS  SONT 
TOUJOURS  APPROPRIÉS. 

l'ai  déjk  fait  remarquer  plus  haut  quâ  les  muscles  abdnc* 


CHAPITRE    III.  353 

teors  des  cuisses  avaient  la  plupart  été  supprués  ;  d'abord 

GOMME  INUTILES,   ET  ENSUITE   COMME    CHARGEANT   LA  PARTIE 

POSTÉRIEURE  DU  CORPS;  circoDstaficc  défavorable  kla  statioo 
et  surtout  au  vol. 

Les  muscles  extenseurs  et  fléchisseurs  des  cuisses,  ainsi 
que  les  principaux  moteurs  des  jambes,  prenant  presque 
tous  leurs  points  fixes  sur  le  bassin,  la  Nature,  en  prolon- 
geant ce  dernier  fortement  en  avant  et  en  arrière  de  Tarti- 
eulation  de  la  cuisse ,  y  a  trouvé ,  ainsi  que  je  Tai  déjà  fait 
remarquer  ailleurs ,  non-seulement  le  grand  et  savant  avan- 
tage de  fixer  les  vertèbres  lombaires ,  mais  aussi  celui  de 

POUVOIR  FAIRE  AGIR  CES  DIVERS  MUSCLES  SOUS  DES  ANGLES 
PLUS  GRANDS  QUE  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES,  ET  LEUR  FAIRE 
GAGNER  PAR  LÀ  EN  PUISSANCE  CE  QU*ELLE  A  PU  LEUR  EN- 
LEVER EN  RÉDUISANT  LEUR  VOLUME  ,  ET  PAR  CONSÉQUENT  EN 
DIMINUANT  LEUR  POIDS,  SANS  LEUR  FAIRE  RIEN  PERDRE  DE  LEUR 

FORCE  DÉFINITIVE.  Gcs  muscles,  orgaoisés ct  conformés,  du 
reste ,  comme  leurs  analogues  chez  Thomme  et  les  autres 
Mammifères ,  agissent  aussi  comme  eux  sur  les  mêmes  par- 
ties qu'ils  sont  destinés  à  mettre  en  mouvement 

Quant  k  Fensemble  du  système  musculaire ,  il  est  con- 
sidérablement réduit  chez  les  Oiseaux;  d'une  part,  en  ce 
que  le  tronc  étant  fort  peu  mobile  dans  ses  diverses  parties , 
surtout  dans  celles  de  la  région  dorsale ,  les  muscles  qui 
devraient  les  mouvoir  sont  ou  complètement  supprimés,  ou 
du  moins  rudimentaires  :  c'est  ainsi  que  les  extenseurs  de 
la  colonne  vertébrale  qui  ont  peu  d'efforts  à  produire,  cette 
partie  étant  presque  immobile ,  ne  sont  plus  que  de  simples 
vestiges;  et  ceux  qui  chez  les  Mammifères  forment  ces 
grosses  masses,  soit  sur  le  sacrum,  soit  sous  les  lombes,  ont 
complètement  disparu.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  parce 

QUE  CES  ORGANES  SONT  INUTILES  QUE  LA  SaGESSE  CRÉATRICE 
LES  A  SUPPRIMÉS ,  MAIS  SURTOUT  POUR  DIMINUER  LE  PQIDS  DE 
LA  PARTIE  SUPÉRIEURE  DU  TRONC ,  QUI  EUT ,  SANS  CELA ,  INFLUÉ 
SUR   LA  POSITION  DU  CENTRE  DE  GRAVITÉ   DU   CORPS,  EN  LE 

U  23 


354  TtJolMtt  tm  u  «ATttt. 

msAirr  RËMOimeR  ;  œ  qui  eAt  été ,  aind  que  nous  l'avons  vu  « 

ron  DÉFAVORABLE  1  L'ÉQUlttBRE  DAHft  CB  VOL.  D  CD  CSt  dC 

même  ponr  les  muscles  fixés  h  l'omoplate. 
Qaani  k  eeax  du  coa ,  cette  partie  du  corps  detaut  ad 

COïmUlRE  ÉtRE  port  MOBILE  EN  TOtTES  DlRECTIOHS ,  SANS 
AVOIR  À  PRODUIRE  DE  GRANDS  EFFORTS ,  SES  VUSCLES  SONT  EN 
CONSÉQUENCE  FORT  NOMBREUX ,  MAIS  GÉNÉRALEMENT  FAIBLES  ; 
POUR  NE  PAS  AUGMENTER  LE  POIDS  DE  CETTE  RÉGION  DE  LA 
COLONNE  VERTÉBRALE  ,  ET  POUR  QUE  LEUR  ACTION  SOIT  PLUS 
LIBRE ,  TOUS  CES  MUSCLES  SONT  BEAUCOUP  PLUS  ISOLÉS ,  JUSQUE 
DANS  LEURS  MOINDRES   CHEFS,  Qt*E  CHEZ    LES  MAMMIFÈRES. 

Rien  n*est  beau ,  sons  ce  rapport ,  comme  l'ensemble  de  la 
disposition  des  muscles  du  cou  d'un  oiseau ,  tel  que  le 
Cygne,  dont  le  cou  est  long  et  très- mobile;  ces  organes 
laissant  entre  eux  de  grands  interralies  remplis  d^air,  res- 
semblent par  leur  entrelacement,  k  un  magnifique  ouvrage 
de  vannerie.  Tons  ces  muscles  sont  au  fond  les  analogues 
de  ceux  des  Mammifères,  quoique  souvent  considérable- 
ment modifiés,  soit  dans  leur  composition,  soit  dans  la 
manière  dont  ils  sont  disposés  ;  et  cela  toujours  suivant  les 

EFFETS  qu'ils  DOIVENT  PRODUIRE,  et ,  CD  même  temps  ,  CON- 
FORMÉMENT À  LA  LOI  DE  GRADATION  qu*ils  suivcut  a  tpavofs 
tout  l'Embranchement  des  Animaux  vertébrés. 

Pour  ce  qui  est  des  muscles  moteurs  des  tarses  et  des 
orteils,  ils  ont  été  l'objet  de  modifications  assez  no- 
tables, toujours  conformément  à  leurs  fonctions.  Ces 
parties  des  membres  pesant  plus  particulièrement  sur  Tex- 
trémité  postérieure  du  corps ,  ont  dA  de  Ik  n'avoir  qu'un 
très-léger  poids,  et  ne  contenir  en  conséquence  que  le 
moins  de  muscles  possibles  :  même  aucun ,  ainsi  que  cela 
a  Heu  en  effet  chez  les  espèces  privées  de  l'orteil  interne  ;  et 
là  oh  ce  dernier  existe ,  le  seul  muscle  placé  au  tarse  qui 
serve  k  le  mouvoir  est-il  très-faible. 

Tous  les  muscles,  tant  moteurs  du  tarse  que  des  or- 
teils ,  h  l'exception  du  seul  gr^  interne  de  la  cuisse  »  ont 


ea  oojifl^anee  leur  paitiê  chiratte  placée  k  la  jambe. 

Les  Urnes  et  lei  orteile  ne  devant  jouir  d'aoean  monve- 
ment  latéral,  leurs  muselés  ont  été  réduits  aux  seuls  exten- 
seurs et  fléchisseurs  de  ces  parties  ;  et  sont  de  Ih  h  la  fois 
moins  nombreux  et  plus  amples  que  chez  les  Mammifères  ; 
en  même  temps  que  lents  tendons-,  qui  seuls  se  prolongent 
le  long  des  tarses ,  Tont  se  fixer  aux  diverses  phalanges  des 
orteils  qu'ils  sont  destinés  k  mouvoir,  en  se  comportant, 
dans  le  principe ,  comme  leurs  analogues  diez  les  Mammi- 
fères :  c'est-<à-dire  que  parmi  les  fléchisseurs  des  orteils , 
ceux  qui  sHnsèrent  aux  premières  phalanges  sont  perforés 
par  ceux  qui  se  rendent  aux  phalanges  suivantes  ;  et  comme 
il  y  a  plttS  de  trois  de  ees  osselets  aux  orteils  externes ,  les 
tendons  intermédiaires  sont  d'abord  perforés,  et  un  peu 
plus  loin  eax«-mém0s  perforants ,  pour  arriver  aux  phalanges 
terminales. 

C'est  au  nombre  de  ces  fléchisseurs  des  orteils  que  se 
trouve  ce  muscle  grêle  interne  de  la  cuisse ,  si  remarquable 
par  sa  disposition ,  dont  j'ai  déjk  parlé  plus  haut ,  page  349 , 
au  moyen  duquel  les  oiseaux  qui  se  pochent  peuvent,  sans 
faire  le  moindre  efibrt  votontaire ,  et  sans  se  fatiguer,  rester 
longtemps  fixés  sur  le  sommet  des  arbres,  et  s'y  aban- 
donner au  scmuneil,  sans  risquer  le  moins  do  monde  de 
tomber. 

La  Clàssb  des  RBmi/is ,  qu'on  considère  généralement 
comme  la  troisième  du  Règne  animal ,  me  paraît  devoir  au 
contraire  être  la  seconda ,  faisant  par  son  organisation , 
presque  sous  tous  les  rapports,  natnrellement  suite  aux 
Mammifères  :  son  premier  Ordre ,  celui  des  Sauriens  ,  for** 
mant  ensuite  le  passage  de  cetti>*cî  aux  Oiseaux ,  qui  doivent 
en  conséquence  constituer  ia  troisièiAe  classe. 

Les  Reptiles  s^at  d'ailleurs  éminemment  transitoires  entre 
tous  les  VuRTinaÉs ,  se  liant  par  divers  rameaux  à  tontes  les 
autres  clasies  de  eetla  première  grande  division  des  Ani^ 
maux. 


356  THBOLOGn  DE  LA  NATURE. 

Ils  forment  trois  Subdivisions  ou  Ordres ,  intimement 
chadnés  entre  eux  par  la  dégradation  plus  on  moins  lente 
et  souvent  insensible  des  difiërentes  Familles  qu'ils  for- 
ment; mais  dont  les  lypes ,  pris  k  part,  offrent  cependant  des 
modes  d'organisation  parfaitement  distincts. 

Le  premier  de  ces  Ordres,  celui  des  Sàuribhs,  compraid 
les  seules  espèces  de  tout  le  Règne  animal  qui  se  lient  di- 
rectement par  leur  organisme  aux  Mammifères,  étant  de 
même  essentiellement  quadrupèdes  et  marcheurs ,  et  offrant 
la  même  subdivision  dans  les  grandes  parties  ou  régions 
qui  constituent  leur  corps;  et  même,  dans  chacune  de 
celles-ci ,  leur  organisation  est  k  peu  près  semblable  à  la 
leur;  ce  qui  n'a  lieu  nulle  part.  C'est  ainsi  que  leur  tronc 
se  subdivise  de  même  en  six  régions  successives ,  aatanl 
que  possible  comme  dans  celui  des  Mammifères  :  c'est-à- 
dire  en  Tête ,  Cou ,  Thorax ,  Lombes ,  Bassin  et  Queue  ;  dia- 
cune  composée  des  mêmes  organes  constituants  que  chez 
les  Mammifères ,  auxquels  ils  ressemblent  en  même  temps 
bien  mieux  que  les  Oiseaux ,  animaux  faisant  suite  aux  Sau- 
riens. C*est  ainsi  que  la  Tête  des  Tubinambis ,  le  genre  de 
cet  ordre  qui  forme  immédiatement  la  transition  aux  Mam- 
mifères ,  présente  seule  dans  sa  composition ,  la  plus  grande 
analogie  avec  celle  de  ces  derniers;  au  point  de  ne  laisser 
aucun  doute  sur  les  parties  qui  se  correspondent  de  l'une  à 
l'autre;  ts^ndis^u'il  ^rait  impossible  de  reconnaître  ces  rap- 
ports ,  en  comparant  directement  la  tête  d'un  Oiseau  k  celle 
d'un  Mammifère;  mais  cela  devient  très-facile  en  interposant 
la  tête  de  plusieurs  Sauriens  successifs  ;  et  il  en  est  k  peu 
près  de  même  pour  la  plupart  des  autres  organes. 

Le  Cou  et  le  Thorax  ont  absolument  la  même  forme  et  la 
même  composition.  Si  aux  Lombes ^  les  côtes  se  répèlent 
dans  beaucoup  d'espèces,  comme  chez  les  Oiseaux,  ce  n'est 
toutefois  que  sous  la  forme  de  simples  rudiments;  de  ma- 
nière que  cette  région  du  corps  conserve  également  plus  de 
ressemblance  avec  celle  des  Mammifères.  Il  en  est  de  même 


CHAPITRE    III.  357 

du  Bassin ,  qui  présente  plus  de  similitude  avec  celui  de  la 
première  de  ces  classes.  Enfin  la  Queue  ^  d'ordinaire  beau- 
coup plus  développée ,  pour  se  préparer  k  devenir  si  volu- 
mineuse chez  les  Poissons ,  conserve  toutefois  la  plus  grande 
ressemblance  avec  celle  des  Mammifères. 

Quant  aux  quatre  Membres ,  leur  composition ,  leur  dispo- 
sition et  leur  fonction  sont  également  celles  qu'ils  ont  chez 
les  Mammifères,  k  quelques  légères  modifications  près, 
amenées  plus  particulièrement  par  la  gradation  générale 
qu'ils  suivent;  encore  ici  ces  parties  sont-elles  parfaitement 
intermédiaires  entre  celles  des  Mammifères  et  des  Oiseaux. 

Ce  qui  est  surtout  remarquable,  sous  ce  rapport,  ce  sont 
la  forme  et  la  fonction  que  présente  la  paire  antérieure  chez 
les  PiérodaciyltLs ,  genre  fossile  de  Sauriens  volants ,  faisant 
directement  la  transition  des  Sauriens  aux  Oiseaux. 

Dans  cette  identité  presque  parfaite  avec  les  Mammifères , 
soos  le  rapport  des  Organes  du  mouvement,  il  ne  reste 
presque  rien  de  remarquable  à  signaler  ici ,  comme  méritant 
une  mention  spéciale  chez  les  Sauriens;  relativement  au 
sujet  que  j'ai  k  traiter  dans  cet  ouvrage,  j'aurai  seulement  k 
dter  plus  tard ,  en  parlant  des  autres  vertébrés,  les  analo- 
gies et  les  transitions  que  ces  animaux  présentent  pour  ar- 
river k  des  formes  ou  à  des  rapports  remarquables  que  le 
Créateur  a  établis  ,  dams  sa  sagesse  ,  pour  produire  les 
effets  qui  s'accomplissent  chez  les  anitf aux  placés  plus 
LOIN  DANS  l'échelle  DES  Ëtres  :  résûltats  déjk  souvent  pré^ 
parés  longtemps  d'avance  chez  les  Sauriens,  dont  nous  avons 
à  nous  occuper  ici.  Quoique  ces  modifications  commençantes 
ne  soient  encore  d'aucun  efiet  remarquable  chez  eux ,  elles 
nous  donnent  toutefois  la  preuve  de  la  science  transcen- 

DANTE ,  AINSI  QUE  DE  LA  SUBLIME  PRÉVOYANCE  QUI  RÈGNE  PAR- 
TOUT DANS  LE  PLAN  GÉNÉRAL  QUI  A  PRÉEXISTÉ  A  LA  GRÉATIOl/. 

J*ai  déjii  dit  que ,  dans  l'ensemble  de  leur  organisation ,  et 
spécialement  par  la  forme  et  la  conibtitution  des  parties  de 
la  tête,  les  Tubinanibis  se  rapprochaient  infiniment  des 


358  Tnfou>6IB  Dl  LA  RATCRI. 

Mammifères  en  général;  mais  il  existe  aussi  de  grandes 
ressemblances  pour  la  Torme  du  reste  du  corps,  dans  la 
composition  du  squelette,  entre  les  Cétacés  souffleurs  et 
les  Ichthyosaurus  et  Plesiosaum$ ,  deux  genres  fossiles  de 
TOrdre  des  Sauriens,  aliimaux  qui  ayant  Técu  dans  la 
ner,  paraissent  avoir  également  eu  des  Èvents ,  comme  les 
Cétacés ,  par  lesquels  ils  rejetaient  Teau  qu'ils  saisissaient 
par  la  bouche. 

Les  Sauriens  se  lient  ensuite  aussi  aux  Oiseaux  par  les 
Pterodactyluê ,  autre  genre  fossile ,  dont  les  membres  anté- 
rieurs étaient  munis  d*un  membre  aliforme  semblable  k 
eelui  des  Chauves-Souris ,  et  offraient  du  reste  la  plus  grande 
ressemblance  avec  les  Oiseaux  par  la  Terme  et  la  disposition 
du  squelette ,  la  seule  partie  connue  de  ces  remarquables 
animaux. 

Ces  animaux  marchaient  k  quatre  h  Tinstar  des  Chanves- 
Souris ,  mais  en  différaient  dans  leurs  ailes ,  en  ce  que ,  chez 
ces  dernières,  le  pouce  ^es  mains  conserve  seul  les  dimen- 
sions ordinaires  pour  servir  k  la  marche,  tandis  que  les 
quatre  autres  doigts  sont  prodigieusement  allongés  poar 
soutenir  entre  eux  une  grande  partie  de  la  membrane  des 
ailes.  Ghe2  les  Pteroiactylus ,  au  contraire ,  les  quatre  doigts 
internes  conservèrent  leur  longueur  ordinaire  et  servirent  à 
la  marche  ;  et  ce  n*est  que  le  cinquième ,  qui ,  tori  allongé , 
comme  chez  les  Chàuves-Souris ,  servait  k  soutenir  la  mem- 
brane aliforme. 

C'est  aussi  aux  Sauriens  seuls  que  se  rattache  la  singu- 
lière Classe  des  Chéloniens  ,  qu'on  a  toujours  placée  près 
d'eux  dans  la  même  Classe  ,  tnais  qtie  j'ai  cru  devoir  en 
séparer. 

Enfin  les  Reptiles  se  relient  aux  Poissons  cartilagineux 
par  l'intermédiaire  des  Lepidosiren  de  TOrdre  des  Batra- 
ciens qui  fait  suite  aux  Sauriens. 

Les  Sauriens  ,  placés  en  tête  de  la  Classe  des  Reptilms  » 
sont  immédiatement  suivis,  d'une  part,  de  rORons  des 


QHAflTRV   UL  3W 

OpBiDiBHt ,  OU  vulgairement  des  Sbkpsmtb  ,  auxquels  ils 
passent  insensibleneut  par  la  disparitien  graduelle  des 
membres;  et,  d'autre  part,  ils  sont  suivia  des  Batbacibms 
uEODtaBs,  qui  leur  ressemblent  également  beaucoup. 

Les  Rbptilbsi  et  plus  spécialement  rOanaB  des  Sau* 
RIENS,  occupent  ainsi  le  centre  de  rEvBBAVOBBMBMT  bbs 
Awiiàux  vBRTiBBts  MX  divorses  Classes  duquel  ils  se  rat- 
ta^nt  il  la  fois  (1)* 

Cet  ordre  des  Sauriens,  qui  comprend  ce  qu'on  peut 
appeler  les  IUptile$  cei»fsiirf,  se  continue  ainsi  directe- 
ment par  une  série  d'espèees  oà  les  quatre  membres  loco- 
moteurs s'atténuent  graduellement  jusqu'au  point  de  dispa* 
raltre  enfin  oomplétementi  de  manière  i  laisser  ces  animaux 
rédoits  exclusiTcment  au  tronc;  condition  où  ils  forment, 
par  cette  absence  même  des  membres,  le  second  Orobb  de 
la  CiiASSB»  celui  des  Ophidiebs  ou  Serpsbts;  animaux 
qui ,  obligés  de  ïk  de  ramper  sur  letir  ventre  »  constituent  les 
B0piUe$  par  w^Wem^  ^  en  prenant  ioi  ce  tensie  dans  son 
acœption  purement  adjective. 

Cette  noBVflUe  owdition  «  privant  ces  animsux  de  toutes 
les  facultéB  bttaebées  direetement  aux  quatre  membres  « 
mAne  de  Ih  eonsidérablemeot  sur  toutes  les  autres  fonctions 
erganiqnes  dépendant  plue  t^u  mmns  directement  de  ces 
derniers;  béfauts  auiobem  la  suBt^mB  pnoYiOEiiCB  pv 
Créateur  a  RBirtnit  par  coupens^tioBi  eb  dobbamt  i  obs 

RBMAROUABUS  ABIB AVr  BBS  MOYENS  APIIIRABWS  RE  SATIS-* 
PAIBB  PARFAITBUEBV  À  70nS  liEPRS  BBSOIBS  i  MOVBBS  Ot  BOLS 
TROUVOBfi  BBqOBB  RE  BOUBRECJSBS  PBEaVBS  BON-SB«^E)aBBf 
OB  i'iBblCiBi^B  SAfiBSBB  M  b'ÉTRE  )»UPRA1IB  «  PIAfS  AUSSI  BE  SA 
TOUTB^SCIEBCE  ET  BB  SON  llfBFFABl.B  ^Wlt- 

Celte  grande  transforviation  du  0ofp»  ^m  présentent  les 
aerpesis  est  d'autiHl  plos  r^inapqttaèle  i  qu'en  femontant 
dans  l'échelle  aMmle,  on  reeenfiaU  pprfaitMBWti  par  les 

.1        I      'a.  t         M pimiH.i     tiii    ii'iitiii'iniinltl     rmini  il  »■•■  i     i>i»>i»»» 

(I)  V«y(i|  Ui  «MS  a»  T. 


360  THéoLOon  i«  la  haturb. 

modifications  soocessives  qa*offre  déjk  toute  la  série  des 
Sauriens ,  que  cette  condition  toute  particulière  à  été 

PRÉPARÉE  LONGTEMPS  D* AVANCE  PAR  LA  MARCHE  DE  GRADATION 

QUE  SUIT  l'organisme;  gradation  calculée  avec  une  ri- 
goureuse PRÉCISION  JUSQUE  DANS  LES  PLUS  PETITS  DÉTAILS 
DE  LA  COMPOSITION  DU  CORPS  DE  CES  ANIMAUX. 

C'est  ainsi  que  privés  de  membres ,  il  a  été  donné  aux 
serpents  de  pouvoir  progresser  en  appuyant  successivement 
chaque  partie  de  leur  corps  sur  le  sol ,  en  agissant  absolu- 
ment comme  si  chacune  était  un  pied  par  elle-même  ;  c'est- 
^-dire  que  leur  tronc,  tout  en  conservant  dans  ses  diverses 
parties  la  même  composition  essentielle  que  chez  les  Mam- 
mifères et  les  Sauriens,  se  divise  en  autant  de  parties 
successives  à  peu  près  égales ,  qu'il  y  a  de  vertèbres ,  et  dont 
chacune  de  ces  dernières  forme,  avec  les  deux  côtes  qu'elle 
porte ,  un  de  ces  éléments  faisant  les  fonctions  de  membres 
ambulatoires.  Or  comme  les  déplacements  d'arrière  en  avant 
ne  peuvent  être  que  fort  peu  étendus,  en  même  temps  que 
le  corps  doit  trouver  par  l'effet  de  son  poids  un  appui 
suffisant  sur  le  sol ,  pendant  que  telle  ou  telle  partie  de  ce 
dernier  est  soulevée  et  portée  en  avant ,  il  a  fallu  que  ces 
parties  fussent  fort  nombreuses ,  afin  qu'il  y  en  eût  toujours 
beaucoup  plus  d'appuyées  que  de  soulevées.  C'est,  eu  égard 
k  cette  nécessité,  que  le  corps  de  ces  animaux  a  reçu 
cette  forme  si  allongée  qu'on  lui  connaIt  ,  et  qui ,  au 
premier  aperçu ,  ne  semble  être  que  l'effet  du  simple  hasard. 

Le  corps  du  serpent  étant  allongé  sur  le  sol,  l'animal 
commence,  lorsqu'il  veut  se  porter  en  avant,  par  soulever 
successivement  plusieurs  de  ses  parties  les  plus  antérieures, 
en  les  poussant  en  avant ,  et  après  leur  avoir  fait  parcourir 
ainsi  un  petit  espace,  il  les  appuie  de  nouveau  pour  soulever 
de  même  et  toujours  successivement,  celles  qui  suivent,  ea 
les  rapprochant  des  premières ,  en  continuant  de  cette  sorte 
jusqu'k  l'extrémité  postérieure  du  corps,  terminé  par  une 
queue  plus  ou  moins  longue,  et  d'ordinaire  aussi  grosse  à 


GHAPITRV  m.  364 

sa  base  que  le  tronc;  ce  qui  existe  déjk  par  prévoyance 
comme  moyen  préparatoire,  chez  presque  tous  les  sauriens  ; 
surtout  chez  ceux  qui  avoisinent  Tordre  des  Ophidiens.  Ce 
premier  mouvement  exécuté,  Tanimal  ne  soulève  de  nou- 
veau l'extrémité  inrérieure  de  son  corps  pour  faire  ce  qu'on 
pourrait  appeler  le  second  pas,  que  lorsqu'il  sent  que  la 
portion  suivante  est  déjà  suffisamment  appuyée ,  afin  d'offrir 
un  solide  point  de  résistance ,  et  ainsi  de  suite. 

Tel  est  en  principe  le  mode  de  locomotion  des  serpents , 
et  qu'on  retrouve  du  reste  chez  tous  les  autres  animaux 
rampants ,  2i  quelque  classe  qu'ils  appartiennent;  même  chez 
les  espèces  pédifères  où  les  membres  très*nombreux  sont 
toutefois  si  courts  que  l'animal  est  obligé  de  glisser  en  avant, 
en  appuyant  sur  le  sol  par  son  ventre,  ainsi  que  nous  le  ver- 
rons plus  tard  en  parlant  de  l'organisme  de  ces  animaux. 

Le  rampement  des  serpents  se  fait  bien  de  la  manière  que 
je  viens  d'indiquer,  lorsque  l'animal  ne  veut  avancer  que  fort 
lentement ,  par  un  mouvement  progressif  qu'on  pourrait , 
pour  cette  lenteur  même,  comparer  à  la  Marche;  tandis 
qu'il  emploie  d'autres  moyens  plus  expéditifs  quand  il  veut 
avancer  promptement,  par  un  mode  de  locomotion  semblable 
k  la  Course j  souvent  exécuté  avec  une  rapidité  étonnante, 
et  presque  inconcevable,  quand  on  considère  les  moyens  que 
ces  animaux  emploient  à  cet  effet.  Pour  cela,  le  serpent  fait 
avancer  rapidement  par  le  moyen  indiqué,  une  partie  notable 
de  l'extrémité  antérieure  de  son  corps,  mais  en  la  dirigeant 
plus  ou  moins  obliquement  de  côté ,  et  l'ayant  appuyée ,  il 
avance  de  même  la  seconde  partie ,  qu'il  allonge  dans  toute 
son  étendue;  et  comme  elle  devient  trop  longue  pour 
n'occuper  que  l'emplacement  qu'elle  avait  avant,  il  la  place 
aussi  obliquement,  mais  en  sens  contraire  de  la  première, 
et  ainsi  successivement  pour  les  autres  parties  du  corps ,  en 
faisant  faire  des  inflexions  alternatives  à  droite  et  à  gauche 
k  son  corps.  ^ 

Rien  n'kst  beau  gomiis  la  composition  organique  que 


3M  THSOLOGll  DE  tA  VATURB. 

l'ËtRB  SUPRÉMB  ▲  ÉTABLI  CHBX  LBS  SBRPENTd  POUR  AT- 
TEINDRE ,  DANS  CES  ANIMAUX  PRIVÉS  DE  HBMBBBS  i  LES  RBIJI 
RÉSULTATS  QUE  JE  VIBNS  D'tNDlQUBR  POUR  LBUR8  HOUTEHCim 
PROGRESSIFS  AMBULATOIRES,  et  Celâ  SBriOUt  dflDB  le  métt- 

nisme  de  la  colonne  Yertëbrale  et  des  nusdes  qui  TaceoiD* 
pagnent. 

En  étudiant  Tanatomie  de  rhommè  et  des  autres  Mam- 
mifères ,  on  est  déjk  forteniest  porté  k  Tadmiration  es 
voyant  Tarrangement  si  savant  et  si  compliqué  des  os  et  des 
muscles  de  la  région  vertébrale  de  leur  corps  ;  mais  en  le 
comparant  k  ce  qui  est  chez  les  Ophidiens ,  cela  ne  panlt 
plus  qu'une  mesquine  imitation  incomplète  mal  achevée  ëe 
leur  organisation  ;  vu  que  la  plupart  des  organes  de  cette 
région  du  corps  des  Mammifères  manquent,  ou  sont  hon 
d'état  de  pouvoir  bien  fonctionnefi 

Ayant  étudié ,  il  y  a  déjk'  longtemps ,  Torganisation  de 
la  Vipère  et  de  la  Coulemn^  les  deux  espàoes  qu'on  peut 
considérer  comme  les  types  des  serpents  venimeux  et  non 
venimeux,  j'ai  été  obligé,  par  des  causes  qoi  tt*ontpu 
dépendu  de  moi,  de  laisser  ee  travail  inachevé ^  bien  qae 
j'espère  encore  pouvoir  le  terminer  :  j'ëpvouVe  donc  le  trif 
regret  de  ne  pas  pouvoir  le  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur 
pour  lui  faire  admirer  tout  ce  qu'il  y  a  de  merveilleux  dsns 
ce  magnifique  ouvrage  sorti  des  mains  du  Créateur,  on* 
vrage  auquel  jamais  personne  n'a  daigné  regarder. 

Obligé  de  me  borner  k  ne  citer  ici  que  très^èmmaireflieBt 
ce  qu'il  y  a  de  plus  saillant  dans  ce  chef-d^ceuvre  d'organifa* 
tion  y  dont  il  est  impossible  de  donner  une  idée  staffisante 
sans  le  secours  de  nombreuses  figures ,  je  ne  ferai  qu'indi" 
quer  les  objets  les  plus  remarquables  de  ce  mécanisme, 
pour  engager  les  Naturalistes  k  y  porter  leur  attention,  ph^ 
que  pour  en  faire  comprendre  la  disposition  et  les  effets. 

Les  membres  ayant  disparu,  et  le  thorax  devant  jouir 
d'une  très-grande  mobilité  dans  chacune  de  ses  paHias^  tant 
pour  pernoettre  son  allongement  que  pour  faciliter  ses 


CHAPITRE    111.  363 

flexions  en  tous  sens,  hk  région  du  €ou,  étant  dbvbhub 

IliUTILB,    A  BN    GOMSÉQUBNOB   ÉTÉ    SUPPRIMÉE;    C*est-k*dire 

qu'elle  est  réduite  à  une  ou  deux  vertèbres  généralement 
différentes  des  autres,  pour  faciliter  les  mouvements  de  la 
tête  ;  et  les  premières  venant  après ,  quoique  partant  déjà 
des  côtes ,  ces  appendices  y  sont  toutefois  plus  courts  que 
sur  les  vertèbres  suivantes  de  la  région  thoracique ,  égale- 
Bieht  pour  faciliter  les  mouvements  de  la  tète. 

Je  viens  de  dire  que  le  thorax  devait  être  très*-mobile 
dans  toutes  ses  parties  ;  mais  comme  la  mobilité  des  côtes 
permet  plus  ou  moins  la  compression  de  cette  région  du 
corps  par  Tair  extérieur,  lorsque  le  vide  est  formé  dans 
l'intérieur  pour  y  attirer  ce  gaz  ambiant,  gbt  incomvénibht 

A  ÉTÉ  DIMINUÉ  DANS  SON  EFFBT,  EN  DONNANT  AU  THORAX,  ET 
^AR  CONSÉQUENT  AU  POUMON  QU*IL  RENFERME,  UNE  PLUS 

GRANDE  ÉTENDUE  EN  LONGUEUR  ;  de  manière  que  malgré  la 
légère  compression  dont  je  viens  de  parler,  le  volume  d'air 
qui  y  pénètre  est  au  moins  aussi  grand  que  ehes  les  Sauriens  ; 
les  uns  et  les  autres  étant  du  reste  des  animaux  k  sang- 
froid,  qui  respirent  moins  que  les  Mammifères  et  les 
Oiseaux,  dont  le  sang  est  cbaud. 

Mais  ce  n'est  pas  pour  ce  motif  seul  que  le  thorax  des  Ser- 
pents a  été  si  fortement  allongé,  et  même  prodigieusement 
dans  certaines  espèces  ;  la  Couleuvre  ordinaire  de  notre  pays 
ayant  plus  de  deua^  tenté  paires  de  côtes,  et  le  Èoa  devin  plus 
de  deux  cent  cinquante^  tandis  que  Thomme  n'en  a  que  douze; 
mais  c'est  surtout  comme  principaux  agents  de  la  locomo- 
tion QUE  LES  vertèbres  ET  LEURS  APPENDICES  ONT  TANT  ÉTÉ 

MULTIPLIÉS  ;  les  côtes ,  quoique  cachées  sous  les  téguments , 
faisant  les  fonctions  de  leviers ,  par  lesquels  l'animal  appuie 
sur  le  sol  pour  pousser  son  corps  en  avant,  en  remplaçant 
dans  leur  action  les  os  des  membres ,  ainsi  que  je  le  ferai 
voir  un  peu  pins  bas. 

Pour  que  ces  mêmes  côtes  pussent  ainsi  mieux  se  mouvoir 
et  appuyer  sur  le  sol,  il  a  fMn  qu'elles  fussent  libres  ti  leur 


364  TIlfoLOGIB  DB  LA  R ATURK. 

extrémité,  et  non  fixées  k  un  sternum,  qui  eût  gêné  et 
même   empêché  leur  mouvement;  aussi   IIntelligehcb 

CRÉATRICE  Â-T-BLLE  COMPLÈTEMENT  SUPPRIMÉ  LA  SÉRIE  DBS 

osStemaux,  de  manière  que ,  rigoureusemeut  parlant,  les 
Serpents  ont  un  thorax  formé  seulement  de  fausses  côtes. 

Cette  circonstance  de  Tabsence  du  sternum  et  de  la 
grande  mobilité  des  côtes ,  permettant  k  cet  immense  tho- 
rax de  se  dilater  et  de  se  rétrécir  considérablement,  selon 
son  contenu ,  ainsi  que  cela  a  lieu  pour  la  partie  ventrale  do 
corps  chez  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  ;  ce  thorax  a  pu 
renfermer  aussi,  outre  le  cœur  et  les  poumons,  égalen&ent 
tous  les  autres  viscères ,  dont  le  volume  est  sujet  k  varier  k 
tout  instant;  d'où  là  sagesse  divine  a  supprimé  l'analogue 

DE   LA   région   lombaire    DE  LA   COLONNE  VERTÉBRALE,    en 

faisant  répéter  les  paires  de  c6tes  jusqu'k  Textrémité  posté- 
rieure de  la  cavité  viscérale ,  et  multiplié  en  conséquence , 
par  Ik ,  le  nombre  des  paires  de  côtes  qui  devaient  agir  si 
elBcacement  dans  le  rampement. 

Je  viens  de  dire  que  le  thorax  se  prolongeait  chez  les  Ser- 
pents ju8qu*k  l'extrémité  de  la  cavité  viscérale  ;  c'est  qu'en 
effet  il  n'existe  chez  ces  animaux  aucun  vestige  deHamn, 
par  cela  même  qu'il  est  inutile  ,  ces  animaux  n'ayant  plus 

DE  MEMBRES. 

Enfin,  quoique  la  Queue  ne  fasse  pas,  k  proprement 
dire,  partie  de  la  cavité  viscérale,  celle-ci  s'y  prolonge  ce- 
pendant encore  quelquefois  un  peu ,  en  même  temps  que  les 
côtes  s'y  répètent  jusqu'k  son  extrémité,  toujours  dans  le 

MÊME  BUT  DE  SERVIR  À  APPUYER  SUR  LE  SOL  dSDS  la  loCOmO- 

tion ,  quoique  leur  action  y  soit  peu  efficace  ;  ces  osselets  et 
les  muscles  qui  les  meuvent  devenant  comme  toujours  dans 
cette  partie  terminale  du  corps ,  de  plus  en  plus  rudimen- 
taire. 

On  voit  ainsi  les  côtes  changer  ici  de  fonction ,  ou  plutôt 
être  chargées  encore  d'une  seconde ,  celle  de  la  locomotion , 
en  remplaçant  les  membres  qui  ont  disparu.  C'est  un  de  ces 


CBAnTRK  in.  365 

jolis  exemples  que  noas  offrenl  soayent  l'anatomie  el  la 
physiologie  comparatives ,  où  TÉternel  emploie  dans  sa 

SUBLIME  SAGESSE  TOUS  LES  ORGANES  DEVENUS  INUTILES  À 
UNE  NOUVELLE  FONCTION  Qu'iL  A  ÉTABLIE  ;  OU  BIEN  À  CELLES 
DONT  LES  PREMIERS  AGENTS  ONT  DISPARU ,  SOit  par  Teffet  dO 

leur  dégradation  continue,  soit  qu'ils  fassent  incompatibles 
avec  les  conditions  d'existence  des  animaux ,  quoique  leur 
fonction  dût  être  conservée. 

Pour  que  les  inflexions  en  tous  sens  de  la  colonne  verté- 
brale ,  et  surtout  celles  vers  les  côtés ,  puissent  s'exécuter 
avec  toute  la  facilité  nécessaire  au  rampement  rapide, 

I'InTELLIGENCE  CRÉATRICE  n'a  FAIT  QUE  MODIFIER  DANS  CETTE 
VUE  LA  FORME  DES  VERTÈBRES ,  ET  PLUS  SPÉCULEMENT  LEURS 

ARTICULATIONS,  dout  le  Simple  aspect  indique  ce  but 

On  a  vu  que  chez  les  Mammifères  les  vertèbres  s'avoisi- 
naientpar  des  bases  planes  ou  légèrement  concaves  de  part  et 
d'autre,  et  se  trouvaient  unies  par  des  ligaments  fibro- 
pulpeux  circulaires  qui  leur  permettaient  un  mouvement  fort 
obscur,  limité  d'ailleurs  par  des  articulations  latérales  entre 
les  apophyses  de  ces  vertèbres,  et  fort  souvent  par  le  rappro- 
chement de  ces  mêmes  apophyses  d'une  vertèbre  k  l'autre. 

Chez  les  Oiseaux,  ces  articulations  très-peu  mobiles  dans 
la  région  dorsale,  mais  fort  libres  au  cou,  sont  de  part  et 
d'autre  en  poulies  croisées  d'une  vertèbre  k  Tautre.  Chez 
les  Serpents ,  ce  dernier  mode  ne  laissant  pas  encore  assez 
de  mobilité,  le  créateur  l'a  remplacé  chez  ces  animaux 
PAR  UN  TROISIÈME  MODE,  cousistaut,  pouT  la  vcrtèbre  an- 
térieure, en  une  tête  articulaire  sphérique  fort  saillante, 
plus  petite  que  la  base,  de  la  vertèbre  ;  et  de  la  part  de  la 
postérieure,  en  une  cavité  cotyloïde  recevant  cette  tête  ;  de 
manière  que  vu  la  forme  et  la  petitesse  relatives  de  cette 
articulation,  les  mouvements  en  tous  sens  y  sont  très- 
faciles. 

Les  flexions  verticales  de  la  colonne  vertébrale  n'ayant 
pas  besoin  d'être  aussi  étendues  que  les  latérales ,  l'animal 


386  tHiioLoam  t>c  la  (iatuaé. 

pouvant  saffisamment  élever  sa  tête  dans  les  diverses  cir* 
constances  dans  lesquelles  il  peut  se  trouver,  en  fléchissant 
son  corps  dans  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  ver- 
tèbres successives ,  en  formant  un  arc  peu  précipité  dans 
lequel  chaque  vertèbre  ne  se  fléchit  que  fort  peu.  Aussi  les 
flexions  de  bas  en  haut  sont-elles  limitées  par  une  seconde 
articulation  entre  les  lames  des  vertèbres ,  k  peu  près  sem- 
blables k  celles  qu  on  remarque  dans  la  région  dorsale  chez 
les  Mammifères ,  dont  elle  diffère  cependant  assez  sensible- 
ment; c'est-h-dire  que  Tare  supérieur  du  canal  rachidien  de 
la  vertèbre  antérieure  recouvre  celui  de  la  vertèbre  suivante, 
sur  laquelle  il  glisse  très-facilement ,  mais  surtout  vers  les 
côtés,  et  détermine  ainsi  en  partie  la  direction  de  ces  mou- 
vements latéraux,  tout  en  permettant  une  petite  flexion 
verticale  et  même  une  très-légère  torsion  qui ,  presque 
imperceptible  d'une  vertèbre  à  l'autre ,  contribue  toutefois 
à  cette  parfaite  souplesse  de  mouvements  connue  chez  ces 
animaux. 

Les  mouvements  latéraux  sont  en  outre  encore  mieux 
réglés  par  une  troisième  espèce  d'articulation  propre  aux 
Serpents,  qui  a  lieu  de  chaque  côté  entre  les  apophyses  arti- 
culaires (postérieures)  des  vertèbres;  avec  les  transverses  de 
celle  qui  suit  et  qu'elles  recouvrent.  Quoique  ces  deux  articu- 
lations étant  horizontales  dans  leur  plan ,  permettent,  comme 
les  précédentes,  un  léger  mouvement  vertical  et  de  torsion, 
mais  surtout  un  mouvement  latéral  fort  étendu,  très-facile, 
en  même  temps  que  par  leur  direction  même  et  la  largeur  de 
leurs  facettes  articulaires,  elles  s'opposent  h  toute  luxation. 

Quant  aux  apophyses  des  vertèbres,  leur  forme  et  leur 

DISPOSITION  SONT  DE  MÊME  PARFAITEMENT  CALCULÉES  POUR 
LES  EFFETS    QU'ELLES  DOIVENT   PRODUIRE,    COMME   LEVIERS, 

dans  les  mouvements  de  ces  animaux.  Les  épineuses  sont 
généralement  courtes ,  n'ayant  pas  à  supporter  de  grands 

EFFORTS  DE  LA  PART  DES  MUSCLES  EXTENSEURS  DE  LA  CO- 
LONNE VERTÉRRALE    QUI    AGISSENT    SUR     ELLES  ,    maîS   OlIeS 


CHAHTRfi  ttt.  367 

sôfit  larges  d^avànt  en  arrière,  afin  d'opfuir  de  ohandes 

SURFACES    D'mSERTIONS    AUK     MtSGLES     LATÉRAUl     QUI     s'y 

FiXEfiT,  pour  agir  dans  les  flexions  latérales. 

Les  Apophyses  tramverses  sont  au  contraire  fort  longues 
et  dirigées  directement  en  dehors  pour  former  le  plus 
L0^'6  BRAS  DE  LEVIER  POSSIBLE ,  sur  lequcl  agisscut  les  prin- 
cipaux muscles  fléchisseurs  latéraux  des  vertèbres  qui 
doivent  produire  le  plus  d*efibrts ,  tant  lors  du  rampement 
que  lorsque  l'animal  étreint  sa  proie  dans  les  replis  de  son 
corps  pour  la  vaincre ,  l'écraser  et  l'apprêter,  en  la  pétris- 
sant ainsi,  à  pouvoir  être  avalée  toute  d'une  pièce  :  les 
Serpents  ne  pouvant  pas  la  diviser,  ainsi  qu'on  le  verra 
plus  tard ,  lorsqu'il  sera  question  de  leur  manière  de  se 
nourrir. 

En  dessous ,  les  vertèbres  forment  également  une  Apo- 
physe impaire  dirigée  en  arrière,  ii  laquelle  sMnsèrentdes 
muscles  fléchisseurs  directs  du  corps. 

Enfin ,  sur  la  partie  antéro-latérale  du  corps  des  vertèbres , 
se  trouvent,  de  chaque  côté,  deux  petites  saillies  arrondies 
formant  deux  têtes  articulaires  sur  lesquelles  s'articulent 
les  côtes  correspondantes.  Ces  deux  têtes  sont  placées  obli- 
quement au-dessus  Tune  de  Tautre;  de  manière  que  la 
supérieure  se  trouve  un  peu  plus  en  arrière  que  l'inférieure  ; 
disposition  tout  k  fait  différente,  comme  on  le  voit,  de 
ee  qui  existe  chez  les  Mammifères  et  les  Oiseaux ,  où  les  côtes 
ont  un  tout  autre  usage;  mais  ici  comme  là,  conforme  A  la 
FACULTÉ  qu'elles  ONT  À  REMPLIR  *,  c'est-îi-dîre  que  ces  côtes 
devant  remplacer,  comme  leviers,  les  membres  dans  le 
mouvement  progressif,  elles  devaient  être  très-mobiles  sur 
les  vertèbres,  et  cela  dans  une  direction  oblique  d'avant  en 
arrière  et  de  haut  en  bas ,  afin  d'appuyer  sur  le  sol,  en  même 
temps  dans  les  deux  sens,  bien  qu'elles  soient  articulées 
sur  deux  points.  Cette  forme  d'articulation ,  qui  n'est  qu'une 
modification  remarquable  de  celle  que  les  côtes  ont  chez  les 
Mammifères  et  les  Oiseaux,  indique  toutefois  parfaitement 


368  THEOLOGIE  DK  LA  NATUKI. 

LA  VUE  DANS  LAQUELLE  ELLE  A  ÉTÉ  FAITE  :  CELLE  DE  FAIRE 
SERVIR  LES  c6tES  GOMME  MEMBRES  LOCOMOTEURS. 

Cette  mobilité  des  côtes  dans  le  seul  sens  où  elles  pHissent 
servir  au  rampement ,  D*était  toutefois  pas  tout  ce  qu*il  fal- 
lait pour  cela.  J*ai  déjii  fait  remarquer  qu'elles  ont  dû  être 
libres  k  leur  extrémité ,  et  que  le  sternum  a  en  conséquence 
été  supprimé  ;  mais  il  a  en  outre  encore  été  à  peu  près  néces- 
saire que  ces  mêmes  côtes  ne  fussent  pas  terminées  par 
uue  simple  truncature,  vu  que  leur  faible  diamètre  les  eût 
rendues  à  peu  près  pointues  ;  d*où  elles  eussent  causé  de  vives 
irritations  dans  les  chairs ,  en  appuyant  ï  tout  instant  sur 
elles  dans  la  locomotion  ;  inconvénient  qui  fut  en  effet 

PARFAITEMENT  PRÉVENU  EN  GARNISSANT  L*EXTRÉMITÉ  DE 
CHAQUE  CÔTE  D*UN  PETIT  DISQUE  CARTILAGINEUX  DE  FORME 
LENTICULAIRE ,  PLACÉ  DANS  LE  MÊME  PLAN  QUE  CES  OSSELETS, 

et  remplaçant  probablement  les  cartilages  costaux  ordi- 
naires, qui  MANQUENT  DU  RESTE,  NON-SEULEMEfiT  COMME 
INUTILES ,  MAIS  SURTOUT  COMME  DÉFAVORABLES  AU  RAMPEMENT, 
DIMINUANT  PAR  LEUR  FLEXIBILITÉ  LA  FORGE  d' APPUI  DFS  CÔTES. 

Par  le  moyen  de  ces  petits  disques ,  qui  n*occupent  presque 
pas  de  place  dans  répaisseur  des  parois  du  thorax ,  les 
lAtes ,  tout  en  les  traversant ,  appuient  par  leur  intermé- 
diaire sur  les  chairs  et  les  téguments  du  ventre  sans  y  causer 
la  moindre  irritation. 

Tel  est  rétat  de  simplicité  auquel  est  réduit  le  squelette 
des  Serpents  ;  mais  il  n*en  est  pas  de  même  des  muscles  qui 
mettent  les  os  et  les  téguments  en  mouvement  ;  ici ,  au  con- 
traire ,  c*est  la  complication  la  plus  grande  dans  le  nombre 
et  la  variété  de  ces  organes ,  qui  constituent  Tun  des  objets 
les  plus  admirables  que  je  connaisse  dans  Torganisme  des 
animaux.  Quoiqu'on  y  remarque  partout  le  même  plan  fonda- 
mental d*après  lequel  tous  les  animaux  vertébrés  ont  été  for- 
més ,  on  y  trouve  les  modifications  et  la  plus  grande  complica- 
tion don  ttoutes  les  parties  ont  été  Tobjet,  pour  les  accommoder 
aux  nouvelles  fonctions  qu'elles  ont  à  remplir  chez  ces  ani- 


CHAPITRE  m.  369 

manx ,  donnent  toutefois  k  l'ensemble  un  caractère  tout  spé- 
cial ,  tant  par  l'étonnante  complication  des  parties  que  par 
la  remarquable  netteté  avec  laquelle  chaque  organe  est  dis- 
tinct de  tous  ceux  qui  Tavoisinent,  a6n  de  n'être  aucune- 
ment gêné  ou  influencé  dans  son  action  spéciale  par  laquelle 
il  contribue  au  résultat  final. 

Tous  les  muscles  qui  meuvent  les  vertèbres  et  les  côtes 
sont  en  principe  les  mêmes  que  ceux  qui  les  accompagnent 
chez  les  animaux  supérieurs ,  mais  ils  sont  plus  nombreux 
et  surtout  plus  compliqués  :  plusieurs ,  souvent  réduits  k  de 
simples  rudiments  chez  les  Mammifères ,  arrivent  chez  les 
Ophidiens  à  leur  complet  développement.  DansThomme, 
les  muscles  dorsaux  sont  en  général  tellement  confondus 
entre  eux ,  qu'il  est  presque  impossible  de  les  distinguer  ; 
aussi  les  anatomistes  d'aujourd'hui ,  moins  patients  que  les 
anciens ,  ont-ils  renoncé  k  les  décrire ,  et  ne  les  indiquent-ils 
dans  leurs  ouvrages ,  donnés  comme  classiques ,  que  sim- 
plement comme  formant  un  amas  de  faisceaux  musculeux, 
d'où  sortent  diverses  languettes  allant  s'insérer  à  tel  ou  tel 
os  :  et  là  où  l'on  a  essayé  de  décrire  chaque  partie  en  parti- 
culier, on  s'est  le  plus  souvent  complètement  trompé  suf  les 
séries  naturelles  que  ces  muscles  forment.  Dans  moù  Àna- 
iotnie  du  Chat ,  j'ai  le  premier  cherché  à  démêler  cette  masse 
si  compliquée  de  muscles,  tous  identiquement  analogues  à 
ceux  de  1  homme,  mais  beaucoup  plus  distincts  et  plus 
isolés  dans  leur  action,  afin  de  faire  servir  ce  travail  k 
l'explication  de  l'anatomie  de  l'espèce  humaine.  Mais 
quelque  belles  que  soient  la  complication  et  la  netteté  de 
la  structure  de  cette  partie  du  corps  de  ces  animaux, 
les  plus  richement  organisés  de  toute  la  classe  des  Mam- 
mifères ,  et  surtout  plus  que  l'homme ,  cela  n'est  aucune- 
ment k  comparer  k  ce  que  l'on  trouve  sous  ce  rapport  chez 
les  Serpents. 

Dans  les  Mammifères ,  les  muscles  de  la  gouttière  verté- 
brale forment  jusqu'k  six  et  sept  séries  fort  compliquées , 

1.  24 


370  TtttotX>Gn  DM  tA  {CÀTtAK* 

^onubaqmie  ^  compose  souvent  d0  qiiatre  h  ciaq  f^befà» 
différente  par  leurs  longueurs  et  leurs  altacbes ,  qui  se  ren* 
40nt  sur  le  m^QO  teudoQ  teripinal.  Cbe^t  les  Serpents ,  leur 
f;Qffp)icatioii  esl  nooseulem^pt  |out  aussi  grande,  poorles 
divers  chefs  i  quant  au  poipt  de  départ  sur  plu&ieurs  ver- 
tèbres successives ,  mais  certains  de  ces  muscles  reçoivent 
encore  des  cb^fs  fprt  nombreu:i^  allant  ^n  sens  contraire, 
ppqr  §*insérer  au  même  tendon  commun;  et  outre  cette 
dpqble  poipplication ,  quelques-qns  forment  encore,  ddos 
|pur  long  trajet  y  deux  et  même  trojs  ventres  successifs, 
don(  chacun  a  la  faculté  de  pouvoir  se  contracter  séparé- 
ipent  des  autr^s  chefs ,  pour  produire  en  résultat  tel  oa  tel 
effet  dans  la  locoipotion  de  ces  animaux  ;  triple  et  quadruple 
comnlicatiops  qui  n'existent  nulle  p^rt  cbey  les  autres  ver- 
t^res ,  et  surtout  pas  dans  TbommOr 

Ces  musi^lesi  au  pomb^e  de  plus  de  quinze  séries  com- 
plètes et  fort  coinpliquées  c^ez  la  Cou/#tft?r«  a  coHi^r,  naû 
ipoins  dans  la  Yipire  commune,  partent  individuelleinept 
4'uq  pQint  déterminé  de  chaque  yertèbre  en  francbiss^t^^  ^^ 
^^  à  vinghhuit  de  ces  os  pour  s^nsérer  soit  directemeal, 
^oit  par  un  tendon  cofnmun  à  tous  ses  phefs ,  à  ruqe  des 
vertèbres  antérieures  ou  postérieures,  selon  la  direction 
qup  prend  la  série;  et  le  tendon  à  lui  seul  franchit  dans  le 
plus  long  jusqu'à  qmtorze  vertèbres. 

Paps  la  grande  complication  de  pes  prganes ,  dont  le3 
phefs  sont  presque  innombrables,  les  tendons  termipanx j 
souvent  aussi  fins  que  des  pbeveu}^,  soQt  renfermés  cbacoa 
4ans  toute  sa  longueur  dans  une  gaine  fibreuse  spéciaUi 
où  il  glisse  avec  la  plus  grande  facilité ,  ait  mojeq  de  b 
svnovie  que  ces  coulisses  contiennent  dan§  ce  but. 

Quelques-uns  de  ces  muscles  ont  pour  fonction  d'étendr? 
la  ço|onne  vertébrale,  en  rendant  le  corps  concave  en- 
dessus;  mais  la  plupart,  placés  plus  vers  les  côtes,  servent 
aux  flexions  latérales  ;  et  comme  plusieurs  sont  disposés  un 
peu  obliquement,  ils  produisent  la  toraion  du  corps;  mon* 


V«ment  du  reste  fort  peu  étendu ,  ainsi  que  je  Tai  d^  fait 
remarquer  plus  baut. 

Les  muscles  moteurs  des  côtes  sont  aussi  en  partie  las 
analogues  de  ceux  de  THomme  et  autres  Mammifères ,  en 
offrant  toutefois  certaines  modifications;  mais  il  en  existe 
aussi  plusieurs  qu*on  ne  ^ouve  pas  chez  ces  derniers ,  ces 
puscles  étant  sxclusiyismwt  phopr^  aux  S^hps^ts,  podh 

j^GlR  AVEC  PI.US  ou  tfOIWS  n* EFFICACITÉ  Pi»S  W  RAlifP^lfEMT* 

C'est  ainsi  que  nous  trouvons,  comme  cbez  les  Mammi- 
fères» des  muscles  Surcoiitaux^  même  de  deux  espèces, 
Tune  plus  longue ,  l'autre  plus  courte  ;  de  très-grands  Som- 
eosima:^  dont  Texistence  est  régulièrement  constante;  deux 
couches  d'Intercostaux^  et  en  dedans  des  côtes»  deux  lames 
musculaires  superposées,  fixées  par  de  larges  languettes 
aux  côtes  vers  leur  tiers  supérieur,  et  se  portant  oblique- 
ment en  bas»  en  se  confondant  dans  ohaque  série  eu  une 
lame  continue  prolongée  jusqu'au-dessous  de  l'extrémité 
des  côtes,  oik  chacune  se  continue  en  une  large  aponévroae 
sous-ventrale,  commune  au  muscle  du  côté  opposé*  Ces  deqx 
lames  musculeuses,  dont4*une  est  oblique  en  avant,  et 
l'autre  oblique  en  arrière  »  représentent  par  leur  disposition 
le  muscle  unique  Latitudinal  (Transverse  du  bas^ventra), 
par  rapport  aux  obliques  de  l'abdomen  »  les  analogues  d^ 
deux  intercostaux  ;  ces  deux  obliques  manquant  du  reste 
cbez  les  Serpents ,  par  cela  même  que  le  thorax  se  prolonge 
juaqu'à  la  queue. 

Dans  le  thorax  des  Mammifères ,  le  muscle  latitudinal  est 
représenté  parle  Diaphragme  avec  lequel  il  se  cçniinue  ;  mais 
ce  muscle,  détaché  des  côtes,  excepté  des  plus  postérieures , 
forme,  comme  on  sait ,  une  cloison  séparant  la  cavité  tho- 
racique  de  l'abdomen ,  en  présentant  un  centre  tendineux 
que  traversent  ICEsophage,  l'Aorte  et  la  Veine  cave,  etc. 
Or  en  comparant  ï  cette  disposition  les  muscles  correspon- 
dants chez  les  Serpents ,  il  en  résulte  qu'on  obtiendrait  les 
mêmes  conditions  en  détachant  les  deux  lames  musculeuses 


372  THEOLOGIE  DE  LA  RATURE. 

intérieures  da  thorax ,  pour  les  étreindre  sur  un  point  quel- 
conque par  une  ligature ,  dont  le  nœud  viendrait  occuper  le 
centre ,  et  représenterait  parfaitement  le  centre  tendineux  de 
ce  diaphragme  artificiel  ;  or  c'est  en  effet  ce  que  la  Na* 

TURE  SEMBLE    ÀVOm  FAIT. 

Cette  hypothèse ,  fondée  sur  l'analogie  d'existence  et  de 
disposition  des  parties,  explique,  d'une  part,  parfaitement 
pourquoi  le  diaphragme  se  continue  directement  avec  le 
muscle  latitudinal  chez  les  Mammifères  ;  et  comment  il  se 
fait  que  son  centre  tendineux  soit  traversé  par  les  organes 
que  je  viens  de  nommer  ;  et ,  d'autre  part ,  pourquoi  le  lati- 
tudinal n'a  pas  d'analogue  dans  le  thorax  de  ces  mêmes 
Mammifères. 

Ne  pouvant  pas  accompagner  les  descriptions  des  nom- 
breux muscles  des  Serpents  des  figures  nécessaires  pour  en 
faire  comprendre  les  dispositions,  je  suis  obligé  de  passer 
sous  silence  tout  ce  qui  a  rapport  k  la  plupart  d'entre  eux, 
dont  il  serait  cependant  intéressant  de  connaître  la  forme  et 
les  fonctions. 

Outre  les  muscles  propres  au  thorax ,  il  en  existe  encore 
d'autres  placés  en  dehors.de  ce  dernier,  et  se  rendant  soit 
des  vertèbres  et  des  cotes  aux  téguments ,  soit  d'une  partie 
des  téguments  aux  autres ,  muscles  dont  il  n^existe  aucune 
trace  chez  l'Homme  et  les  autres  Mammifères. 

La  série  la  plus  superficielle  de  ces  muscles ,  se  fixe  à  h 
partie  supérieure  de  chaque  côte,  ainsi  qu'k  Taponévrose 
dorsale  superficielle ,  d'où  elle  se  porte  obliquement  en  ar- 
rière et  en  dessous ,  en  formant  une  large  bandelette  qui  va 
s'insérer  k  l'écaillé  tégumentaire  de  la  seconde  et  de  la  pre- 
mière rangée  longitudinale  latérale ,  placées  vis-k-vis  de  b 
cinquième  et  sixième  côtes  suivantes,  que  ces  bandelettes 
musculeuses  portent  en  avant,  et  agissent  par  la  indirecte- 
ment sur  les  bandes  sous -ventrales  qu'elles  soulèvent  et 
portent  en  avant. 

Une  seconde  série ,  formée  de  languettes  plus  larges ,  s'at- 


CHAPITRE    m.  373 

tache  à  rextrémité  de  chaque  côte ,  et  se  porte  horizontale- 
ment en  avant  pour  sMnsérer  k  la  partie  supérieure  latérale 
de  la  bande  écfailleuse  tégumentaire  sous-ventrale ,  ainsi  qu'à 
récaille  de  la  première  rangée  voisine  que  ces  muscles 
portent  en  arrière  pour  appuyer  la  première  sur  le  sol  dans 
le  rampément. 

D*autres  muscles  sous-cutanés ,  en  forme  de  lamelles  fort 
minces,  placés  sous  les  premières  rangées  d*écailles  laté- 
rales ,  ou  bien  sous  les  bandes  écailleuses  sous-ventrales ,  se 
rendent  d'une  de  ces  pièces  à  l'autre  pour  les  mettre  en 
mouvement  ;  disposition  tout  k  fait  semblable  k  celle  que 
présentent  tous  les  muscles  chez  les  Animaux  articulés  ,  et 
k  laquelle  I'Intelligenge  créatrice  prélude  ainsi  déjà  à 

PARTIR  DE  LA  CLASSE  DES  RePTILES  ,  DANS  LE  PLAN  GÉNÉRAL 
qu'elle  a  suivi  lors  de  la  création  DES  ANIMAUX. 

D'autres  muscles  encore,  dont  les  analogues  n'existent 
pas  chez  les  Mammifères  et  les  Oiseaux ,  s'insèrent  extérieu- 
rement k  la  partie  supérieure  des  côtes ,  d'où  ils  se  portent 
obliquement  en  arrière  et  en  bas  pour  s'insérer  par  plusieurs 
languettes  au  tiers  inférieur  de  la  quatrième  côte  suivante 
et  un  peu  plus  haut  sur  les  intermédiaires.  Au  point  où  le 
long  chef  superficiel  de  ce  muscle  s'insère ,  nait  sur  chaque 
côte  une  autre ,  formant  une  série  faisant  suite  k  cette  pre- 
mière, et  qui  continuant  k  se  diriger  obliquement  en  arrière 
et  en  bas,  se  termine  k  l'extrémité  de  la  sixième  côte  suivante. 

Ces  deux  séries  de  muscles  ont  évidemment  pour  fonction 
de  porter  les  côtes  en  avant,  en  devenant  de  puissants 
auxiliaires  des  Intercostaux. 

Les  diverses  séries  de  muscles  du  thorax  se  continuent 
sur  la  queue,  en  s'y  modifiant  suivant  les  changements  que 
les  parties  du  squelette  éprouvent. 

C'est  au  moyen  de  ce  mécanisme  organique  aussi  simple 
dans  ses  éléments  que  compliqué  dans  ses  parties,  mais  par 
Ik  même  très-ingénieux  et  fort  savant,  que  les  Serpents  pro- 
gressent sur  le  sol ,  et  cela  souvent  avec  une  rapidité  prodi- 


374  THiOLOGlS  DE  LA  NATURI. 

gieuse.  Ainsi  que  je  Tai  déjli  dit  plus  haut,  chaque  paire  de 
côtes  fait  les  foDctions  de  deux  membres  locomoteurs  sous- 
cutanés,  en  àgissaut  comme  le  feraient  des  crampons,  suc- 
cessivement portés  en  avant,  en  enaportant  les  téguments 
avec  eux ,  pour  être ,  par  Tintermédiaire  de  ceux-ci ,  appuyés 
sur  le  sol ,  afln  de  pousser  la  partie  correspondante  du  corps 
en  avant. 

Cette  espèce  de  Pas  que  font  successivement  toutes  les 
paires  de  côtes  étant  faécessaireînent  fort  courte,  et  l'action 
ayant  lieu  soiis  les  tégui&ents ,  Tanimal  parait  simplement 
glisser  plus  ou  moins  lentënienl  en  avant,  sans  faire  de 
mouvement  avec  dticiltie  partie  de  son  corps. 

Dans  les  mouvetdents  plùà  ra()ides ,  les  Serpents  emploient 
bien  les  métnes  ndoyehs;  maiâ  avec  cette  diflTérence  qu'ils 
avancent  de  suite .  successivement,  toutes  les  paires  de  côtes 
d'une  partie  de  l'extrémité  antérieure  de  leur  corps ,  en 
plaçant  celle-ci ,  ainsi  que  je  Tai  déjà  dit,  obliquement  sur 
le  sol  ;  ce  qui  leur  permet  de  faire  avancer  aussi  de  suite  la 
partie  suivante ,  quMls  placent  de  même  obliquement  itiais  en 
setis  contraire;  et  âltisi  des  autres  sections  du  corps;  geîlre 
de  progression  qu*on  peut  appeler  par  grands  pas ,  dont  cha- 
cune se  compose  de  plusieurs  petits;  moilveineht  que  tout 
le  tfaotidé  Connaît  sous  le  nom  de  serpenter. 

C'EST  POUR  ^AClLltER  LE  PLUS  POSSIBLE  CES  IPÏFLEXIONS 
LATÉRALES  QUE  CES  ÂNtMALX  SONT  OBLIGÉS  DE  FAIRE ,  LORS- 
QU'ILS RAMPENT  AVEC  kAPIDlTÉ,  QUE  L'iNtElLIGÉNGE  CRÉA- 
TRICE A  AODIFIÉ  t)'UNE  MANIÈRE  EXCLtSIVEAIENT  PROPRE  1  CET 

ORDRE  DE  Reptiles,  les  articulations  de  leur  colonae 

VERTÉBRALE  ;  ARTICULATIONS  QUI  TOUT  EN  DONNANT  LA  1>LUS 
GRANDE  ÉTENDUE  k  CES  INFLEXIONS,  PERMETTENT  TOUTEFOIS 
AUSSI  LES  AUTRES  MOUVEMENTS  ;  liklS  AUTANT  SEULEMENT  QU*ILS 
^ONt  NÉCESSAIRES ,  SauS  NUIRE  À  CELUI-CI .  QUI  E$t  LE  PRIN- 
CIPAL, ET  DEMANDE  jl  ÊTRE  EXÉCUTÉ  AtEC  FORCE  ET  PRÉ- 
CISION. 

On  rêtrdtite  aussi  Si  la  t6(e  plUsieurà  abald^tiès  fles  muscles 


cuÂpitrv  m.  375 

des  Mammifères ,  qui  n'ont  pas  dû  disparaître  parTeffet  des 
niodifications  qiiè  cette  partie  du  corps  à  ëîtroiivë.  Quant  à 
ceux  accompagnant  les  brgàiiës  de  ta  bôdcHe,  fls  sûbissëht 
des  changements  côtisidéfables ,  aiiiënéâ  paf*  ceiii  Àks  pdf- 
ties  osseuses;  et  soht  de  là  fort  différents  dans  \eé  Serpëtiié 
vëniÎBetix  et  non  venimeui.  J'en  dirai  Quelque  cbdse  en  (>dr-  ' 
ladt  deâ  oi-gâhés  de  la  digestidn.. 

En  disant  ^liis  Haut  qh'il  n*ékikait  plus  àè  ûiemiitéè  Mt 
léè  Serpents,  j;ai  fait  fëinarcjiièf  qliè  leili*  dispafiUoil  avait  IJeti 
grâdiielleiiient  àiei  tes  Satirienâ.  En  feffibt,  ces  membres  déjà 
ptoportionnéttènienl  pluâ  petite  et  ptiià  faibles  qu^  clieî  tes 
Mammifères,  pouf  s*âpprétër  à  èéliè  âbseticë  iibhipîMë ,  fon'i 
qu*tin  girand  nombre  de  S^uriëùs  il^âtnetit  jfiuk  dû  moins  leiif 
ventre  sur  le  sol  dans  la  tnarbhë  et  H  coiirse ,  h'ijini  {jas 
la  force  de  maiii tenir  leur  corps  soulevé;  et  cela  à'âiltàiit 
ddid^  qûè  leur  trdnt;  est  pliis  long  (jùé  cëldi  des  Mkémi 
fëre^  :  ce  qiii  ëodsttldë  uii  éoinmencedient  dé  Cet  âtlôti^é- 
idbt  bien  {ildâ  ^rddd  ëncbrë  (jii'it  jjrend  cbez  lég  ^er^èniè: 
Enfin ,  iers  la  itti  de  lëtif  ièt\^ ,  lëâ  Satiftebs ,  quol^dè  â^^tit 
eiicbrë  qddti^e  tbétùbfy ,  s6fit  déjh  si  tBtig^  <jtt*i(s  ^fëéëiitëtit 
tdiit  ii  Tait  l'kspëct  M  ^év^M  pbdf^us  dé  petits  t)ieds:  tifa 
pkn  jplus  tbin ,  les  Èiphè  n*6nt  plbs  dé  lâëttibrës  aiii^fieurk 
visibles  à  rextéfîëdf  ;  tandis  Ijù'ils  cdilserkiit  ëncofé  leâ  |)'ds^ 
térieiirs  qui  ne  tëilt^  ëefvëdt  tddtëfdis  pfestfàë  pltts  S  Heh  ; 
ces  animaux  (iro^fessant  entlèfedient  )k  ta  ifaabièfe  de^  §ër-^ 
péntà.  tt  en  est  à  fièiu  prBè  (le  méfaaè  des  Êtmnnes,  qui  pré- 
sëntëtit  te  fcas  contraire,  ayant  flc  lrès-[iëtits  menlbfeâ  anté- 
rieure et  p'oîîil  dlî  pbstëHeiirs:  Arrive  enflii,  d'Ude  |<âri,  le 
gehrë  OfiH  et  sëS  irdîsîilS;  qill  tfdht  pliià  afacdde  trafee  eité-* 
rieure  de  membres  ;  ihàiS  codseHrëdt  ëbcbre  ibVà  tëâ  tëgd- 
diënt^  un  défdief  rùditiiefat  des  Hi  AH  Vé^iA\(^,  Ah  fëstë  sans 
fbiittidii  :  et,  d'dutfë  t>drt;  les  9oâi,  oîi  èxijlë  dtl  devatit  de 
rdhil^,  dëiix  moigilbtlsën  forme  dé  M^h  manielbns,  dkf- 
nièrë  tfsice  ttès  fheibbfes  t)bstëH^urë;  atièS}  M^  fémWâ 
cbfiniië: 


370  THiOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

Dans  les  vrais  Serpents,  tels  que  les  Couleucres  et  les 
Vipères ,  où  les  quatre  membres  ont  complètement  disparu , 
la  première  paire  y  est  cependant  encore  indiquée  par  un 
Raphé  transversal  des  muscles  du  tronc;  filet  tendineux  qui 
coupe  les  muscles ,  en  ressemblant  au  premier  aperçu  k  une 
cicatrice  ;  et  c'est  en  effet  le  point  de  rencontre  des  muscles 
analogues  k  ceux  qui,  chez  les  animaux  supérieurs,  se 
rendent  sur  les  clavicules,  dont  ce  raphé  indique  encore  la 
dernière  trace.  C'est  ainsi  aussi  qu'un  raphé  semblable,  mais 
plus  antérieur,  représente  le  dernier  rudiment  des  cornes  de 
l'hyoïde.  JMndique  ces  objets,  peu  importants  au  fond,  pour 
citer  DES  exemples  de  cette  loi  universelle  que  l'Éternel 

TOUT-PUlSSÀNT  À  SUIVIE  DANS  LA  CRÉATION  DES  ÊTRES  ORGA- 
NISÉS; LOI  QUI  CONSISTE  À  NE  JAMAIS  SUPPRIMER  SUBITEMENT 
UN  ORGANE  QUAND  SA  FONCTION  CESSE  d'ÉTRE  NÉCESSAIRE  AD 
GENRE  DE  VIE  QU'iL  A  PRESCRIT  À  CHAQUE  ESPÈCE,  MAIS  DB  LE 
CONSERVER  ENCORE,  SOIT  POUR  LUI  FAIRE  PARCOURIR  TOUTE 
SON  ÉCHELLE  DE  GRADATION  PLUS  OU  MOINS  ÉTENDUE,  OÙ  IL 
PERD  SUCCESSIVEMENT  SES  PARTIES  CONSTITUANTES,  SOIT  POUR 
l'employer  à  un  autre  usage  ,  ET  NE  LE  FAIRE  DISPARAITRE 
RÉELLEMENT  QUE  PLUS  OU  MOINS  LONGTEMPS  APRÈS  Qu'iL  NS 

PEUT  PLUS  REMPLIR  SES  PONCTIONS,  OÙ  il  laissc  souvont  même 
encore  des  traces  de  son  existence  primitive. 

Les  Sauriens  et  les  Ophidiens  ont  généralement  le  corps 
revêtu  d'écaillés  cornées  en  forme  de  plaques  plus  ou  moins 
grandes ,  mais  jamais  de  dimension  k  pouvoir  gêner  leurs 
mouvements.  Le  plus  souvent  ce  sont  de  petites  lames 
triangulaires ,  implantées  par  l'un  des  bords  dans  les  tégu- 
ments ,  et  libres  par  l'extrémité  opposée  dirigée  en  arrière , 
en  s'imbriquant  les  unes  sur  les  autres. 

Souvent  aussi  la  partie  libre  est  extrêmement  courte  et 
même  complètement  nulle ,  surtout  quand  ces  écailles  sont 
larges  :  elles  forment  alors  des  plaques  plus  ou  moins, 
grandes,  contiguës  par  leurs  bords.  C'est  cette  dernière 
forme  qu'elles  affectent  sur  la  tête  de  la  plupart  des  es- 


CHAPITRE   m.  377 

pèces  ;  celle  où  la  partie  libre  est  très-courte ,  se  fait  remar- 
quer ,  soit  aux  plaques  sous-ventrales ,  ou  bien  aux  écailles 
latérales  ;  et  les  écailles  où  la  partie  libre  est  la  plus  longue , 
se  trouvent  plus  généralement  vers  la  région  dorsale ,  où 
souvent  elles  prennent  la  forme  de  très-longues  lanières , 
formant  même  des  crêtes  le  long  du  dos. 

Ces  écailles ,  quelles  qu'elles  soient ,  sont  généralement 
revêtues  de  l'épiderme,  sous  lequel  elles  se  développent,  et 
dont  elles  se  dépouillent  à  certaines  époques  de  Tannée  par 
Veffet  d*une  mue;  et  cela  d*une  manière  si  complète,  que, 
cbez  les  serpents  surtout ,  Tépiderme  s*en  va  si  bien  d'une 
seule  pièce  que  même  celui  qui  revêt  le  globe  des  yeux  se 
détacbe. 

Dans  certaines  espèces,  telles  que  les  Crocodiles,  les. 
écailles  sont,  sur  certaines  parties  du  corps,  d'une  épaisseur 
très-consid  érable ,  formant  même  des  plaques  osseuses  fort 
grandes  contenues  dans  la  peau,  et  tellement  fortes  que 
souvent  elles  résistent  k  l'effort  des  baDes  qu'on  tire  sur  ces 
animaux. 
On  trouve  déjà  une  première  apparition  de  ces  écailles 
I    cornées  chez  les  Mammifères.  La  queue  des  Rats  et  des 
I    Souris  en  est  recouverte.  Les  Ongles,  les  Griffes  et  les  Sabots 
ne  sont  au  fond  que  des  écailles  d'une  grandeur  et  d'une 
i    forme  particulières.  Les  Poils,  qui,  eux-mêmes,  ne  sont  que 
I    des  écailles  filiformes,  sont  remplacés,  chez  les  Pancolins , 
I    par  de  très-larges  écailles  triangulaires ,  tout  à  fait  sembla- 
I    blés  pour  la  forme  et  la  disposition  k  celles  des  Sauriens  et 
des  Ophidiens ,  et  même  beaucoup  plus  grandes.  On  trouve 
de  même  les  analogues  des  osseuses  dans  les  téguments  des 
Tatous.  Tous  les  Oiseaux  ont  les  tarses  et  les  orteils  entiè- 
I    rement  revêtus  d'écnssons  cornés ,  qui  ne  diffèrent  pas  de 
I    ceux  recouvrant  la  tête  des  Sauriens  et  des  Serpents.  Enfin 
I    on  les  retrouve  plus  loin  chez  les  Chéloniens  et  les  Poissons, 
,     en  devenant  toutefois  de  substance  calcaire  chez  ces  der- 
niers. 


378  rEéoLonii  ïA  ù  itiTimi. 

L'ordre  des  Sauriens  conduit  dans  uae  braiichë  latérale, 
également  par  une  gradation  presque  insensible,  aux  Ba- 
traciens, formant  le  troisième  ordre  des  tteptilès,  eil  s*y 
rattachant  k  la  famille  des  Urodèles  ,  ariimatlx  de  iiiémè 
forme  qu'eux,  ayant  de  même  le  corps  allongé,  et  pb'Urvus 
de  deux  paires  de  membres  semblables  âiix  leurs,  et  Ijuelque- 
fois  une  seiilé  pâii'e,  1* aiitre  disparaissant,  cddime  daiis  les 
derniers  Sauriens.  Mais  lés  Batraciens  ëii  général  se  dis-  • 
tinguent  essentiel leihefai  des  Sauriens,  en  ce  qii'ils  âub'is^ent 
dans  leur  jeune  âge  iine  métamorphose  ti*ès-rëmd^qt]^blè, 
par  laquelle  ils  acquièrent  les  paties  dont  ils  sont  j^Ti\és 
avant,  et  qu'au  lieu  de  respirer  dans  l'aii*  k  leur  premier 
état ,  ils  respirent  Teau  comme  les  Poissons ,  auxquels  les 
Urodèles  conduisent  insensibtèniênt;  en  lâédièl  tëfaipâ  que 
tout  leiir  organiëîne  éprouve  eùeore  d'autres  cUangetnetits 
notables  par  ces  métaihorpliôsës. 

Daiis  ieiir  état  adulte  oh'  parfait^  tés  Urodèlès  ont,  àin^' 
que  je  viens  de  le  dire,  àbsôliiiDaëht  \à  formé  gédéràle  Ati 
corps  des  Sauriens,  dont  ils  ne  diffièrent,  quant  aux  ôfgaoés 
du  mouvement ,  que  danj  d'assdi:  légers  détails  dèi  parties; 
diflerëhces  plutôt  amenées  pài*  \i  g^âd£(ti6ri  que  les  organe 
suivent  que  par  le  ndode  de  locoitlotibt] ,  {jiii  e^t  à  très-()ea 
de  chose  près  le  même. 

Les  espèces  ierrestfeâ,  bomposaht  s|{éciâtéiheMt  le  genre 
Salamandre,  ont  db^dtuihent  la  forine,  les  motif etneiits  et 
les  liabitudes  âes  Sstùriëtis  ;  elles  siont  selilement  beaucoup 
plus  lentes ,  et  ont ,  dé  méUië  que  là  plupart  d'èdtre  eux ,  là 
qiieué  grêle  et  à  peu  prèë  rb'nde. 

Les  ëspèëes  ampliibieâ,  Cotntnë  les  Triltins,  et  lès  aqùa* 
tiques,  telles  que  les  ffypochloh  et  âtitrës ,  oiit  Hi  ëbntrairé, 
avec  \i  forhie  générale  dès  Sauriens ,  Isl  quetië  Idngtië  et 
plus  bu  moins  fortement  âptâtle  par  les  côtés ,  potit  letir 
servie  exclusivement  de  raine.  Cet  dpjiëûdice,  ^tioiqtaè  gé- 
néralement asséi  faitile  cbëz  les  ëspëëe^  supéHedfé^  dé  ëèttè 
famille  de  Batraciens ,  où  il  ne  peut  servir  qu'a  une  fîâge 


CUAFITRB    111.  379 

plus  OU  moins  lente,  conimence  tobteFois  déjk  ici  à  se 
préparer  à  devenir  plus  loin,  cliéz  les  Poissons,  cette 
puissante  rame  qui  met  plusieurs  de  ces  deriiiers  animaux 
oans  la  {)ossibiliié  de  nager  avec  une  incroyable  rapidité. 

C'esl  même  déjà  chez  les  Crocoàiles ,  genre  de  Sauriéta^ 
amphibies,  que  la  queue  longue  et  légèrement  compriinée 
comibénce  à  indiquer,  par  cette  forme ,  le  genre  de  vie  de 
tes  ainiinauk,  pour  devenir,  chez  les  derniers  Èatraciens,  Tu- 
hique  rame  qu'ils  emploient  ;  c'est-S-dirè  cliez  ceux  qui ,  par 
la  dégradation  qu  ils  ont  subie,  n'ont  plus  que  tes  membres 
sitilérieurs  eux-mêmes  considéraiilement  réduits ,  tant  pour 
leur  volume  que  pour  lèui'  force,  et  se  trouvent  de  Ih  obligés 
de  nager  exciusiveinent  àii  moyéii  des  haltemenls  latéraux 
dfe  leur  queue,  devenue  pbiir  cet  usage  très-longue,  forte  et 
pltis  bu  moins  comjprimée.  tels  soiit  léâ^iren,  qui  n'ont 
même  plus  que  de  petits  membres  poslérièùrs  el  uii  corps 
allbngé,  presque  setiiblablë  k  celui  dès  Anguilles. 

Lés  Urodêles  h'ëlânt ,  sous  le  f appbh  deé  organes  de  lit 
lobôtnotion,  que  de^  animaux  dé  Itàdsitibn  forhiànt  lé 
passage  des  Sauriens  aux  Poissons ,  et  fie  présentant  de  Ik 
Ken  ^ul  soit  particulièréfaieht  remarquable ,  je  n'entrerai 
dans  aucun  détail  sûr  ieu^  orgaiiisation. 

Il  n'en  est  point  de  niême  de  lâ  secondé  famille  de 
l'Ordre  des  Batraciens ,  celle  deè  Anoures ,  composée  des 
deux  grands  genres  des  Grenouilles  et  des  Crapauds.  Ici  le 
type  change  considérablement  dans  sa  forme  et  ses  facilités. 
Ce  sont  bieti  des  animdUx  doiit  le  corps  se  coinpdsé,  comme 
Celui  dés  Mammifères,  dès  Sauriens  et  des  Urodêles,  de 
diverses  parties  anâlogueà  aux  leurs,  et  niuiii  surtoîit  de 
deux  paires  de  membres  également  fort  semblables  encore  k 
ceux  de  ces  différents  animaui,  mais  leur  organisation 
éprouve  de  très-notables  modificatiotls  qui  changent  consi- 
dérablement la  formé  et  les  i'actittés  de  ces  animaux,  et 
spécialement  ledf  luodë  de  locothôtidn  ;  étadt,  dans  les 
espèces  ks  plus  pdi*faitfes,  esëëhtlèllemèdi  Aéï  dhimdtit 


380  TBi0U)«ll  DB  LA  IfATUEB. 

sauteurs,  présentant,  sous  ce  rapport,  un  type  tout  spécial, 
qui  mérite  de  fixer  Tattention. 

Leur  corps  se  compose,  comme  celui  de  tous  les  Aoimaux 
vertébrés  supérieurs,  d'une  tête,  d*un  tronc  et  de  deux 
paires  de  membres  complets  ;  mais  les  subdivisions  du  tronc 
ne  sont  plus  les  mêmes. 

Chez  les  Serpents,  les  régions  du  cou,  du  thorax,  de 
Tabdomen  et  du  bassin ,  ont  été  confondues  en  une  seule 
par  la  répétition  des  paires  de  côtes  sur  toutes  les  vertèbres 
de  leur  longue  épine  dorsale ,  et  la  suppression  du  bassin. 
Chez  les  Batraciens,  cette  même  confusion  en  une  seule 
partie  a  également  lieu ,  mais  par  la  raison  contraire  :  la 
disparition  des  côtes.  Chez  les  Urodèlbs  ,  il  existe  toutefois 
encore  (dans  les  Salamandres  )  une  vertèbre  du  cou;  douze 
dorsales,  mais  ne  portant  que  des  rudiments  de  côtes,  nulles 
en  apparence  ;  une  lombaire ,  privée  de  ce  rudiment  ;  une 
sacrée ,  indiquée  simplement  par  le  bassin  qui  y  est  sus- 
pendu ;  et  enfin  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de 
vertèbres  caudales,  vingt-six  chez  la  Salamandre ,  partie  où 
la  cavité  viscérale  ne  se  prolonge  pas. 

Chez  les  Anoures  ,  ces  rudiments  de  côtes  disparaiss^t 
elles-mêmes  tout  \k  fait,  il  n'y  a  également  plus  chez  eux  au- 
cune distinction  entre  les  diverses  régions  du  tronc  :  toutes  ne 
forment  qu'un  vaste  abdomen  remplissant  aussi  les  fonctions 
de  thorax;  comme  chez  les  Serpents,  où  tout  n'est  qu'un 
très-long  thorax  faisant  en  même  temps  les  fonctions  d'ab- 
domen. Nous  verrons  plus  tard ,  comment  de  part  et  d'autre 
ces  deux  grands  changements  ont  pu  être  appropriés  \k  la 
fonction  de  la  respiration ,  qui  exige  chez  les  Mammifères 
un  thorax  clos,  fort  résistant.  Mais  tout  est  possible  à 
l'omnisgience  divine^  dont  les  admirables  moyens  ont 
tout  mis  en  harmonie. 

L'Éternel  ayant  voulu  dans  sa  toute-puissance  créa- 
trice   RAMENER   l'oRGANISMB    DES   RbPTILES    AU   TYPE    DES 

Animaux  Sauteurs,  il  lui  fit  subir  à  cet  effet  une 


CHAPITRB    III..  384 

tràhsformation  différente  de  celle  oui  distingue  les 
Mammifères  Sauteurs,  d'où  sont  nés  les  caractères  de  la 
famille  des  Anoares ,  dont  le  type  si  parfait  se  trouve  dans 
le  genre  Grenouille.  Ces  animaux  devant  pouvoir  sauter  avec 
facilité ,  ils  en  ont  reçu  les  moyens ,  li  l'instar  des  chats  par- 
mi les  Mammifères,  par  la  faculté  de  pouvoir  débander  k 
la  fois  la  colonne  vertébrale  et  les  membres  ;  mais  comme 
ces  deux  types  sont  très-éloignés  dans  la  série  des  animaux 
vertébrés ,  leur  organisation  ayant  été  déjk  fortement  mo- 
difiée par  l'effet  de  la  gradation  qu'elle  a  subie ,  les  mêmes 
moyens  ne  purent  plus  être  exactement  employés  dans  l'un 
et  dans  l'autre  de  ces  types  ;  mais  toutefois  encore  autant 
que  la  différence  le  permet.  Pour  cela,  la  colonne  verté- 
brale, depuis  la  tète  jusqu'au  bassin ,  a  été  réduite  à  huit  ou 
dix  vertèbres  à  peu  près  semblables ,  proportionnellement 
pins  grandes  que  chez  les  autres  vertébrés,  pour  former 
dans  Tensemble  une  tige  plus  résistante  ;  à  articulations  des 
corps  des  vertèbres  par  condyles ,  et  dont  celles  des  masses 
apophysaires  ont  lieu  entre  des  apophyses  articulaires  fort 
saillantes  dirigées  en  dehors;  les  deux  presque  dans  le 
même  plan  horizontal.  Il  résulte  de  cet  arrangement  que 
les  mouvements  d'une  vertèbre  à  l'autre  ont  principalement 
lieu  dans  les  deux  directions  verticale  et  horizontale,  en  ne 
permettant  qu'un  mouvement  de  torsion  très-léger. 

Les  apophyses  épineuses,  assez  courtes,  sont  dirigées 
obliquement  en  arrière ,  dans  le  sens  des  forces  musculaires 
qai  agissent  sur  elles.  La  brièveté  de  ces  apophyses  semble  au 
premier  aperçu  en  contradiction  avec  les  fonctions  de  puis- 
sants leviers  qu'elles  doivent  faire  dans  l'action  du  saut; 
mais  une  plus  grande  longueur  y  serait  devenue  un  obstacle, 
limitant  trop  fortement  l'extension  de  la  colonne  vertébrale 
lorsqu'elle  se  débande  dans  le  saut;  et  elle  est  d'ailleurs 
compensée  par  la  disposition  et  la  longueur  des  apophyses 
transverses.  Celles-ci,  au  lieu  d'être  situées  sur  les  côtés  du 
corps  des  vertèbres ,  comme  dans  les  Mammifères  Sauteurs , 


982  tnioio^tn  >b  u  tuttki. 

sont  M  cootrfiire  plac4Q4  tr^-h^ut  ^r  1^  magse  apopbysairii 
9oul  fort  lopguea ,  dirigée»  ^  dehors ,  et  assex  fortement  eo 
liaut  et  eo  arrière  ;  de  manière  k  former  de  puissants  aiixi* 
liaires  des  apophyses  épineuses  placées  entre  elles  ;  le  cou* 
trair§  de  ce  qui  existe  chez  les  Mammifères, 

Par  l'effet  de  li^ur  grsuaide  longueur,  les  apophyses  trans- 
verses  agissent  au^si  plus  puissamment  dans  les  fierons 
latérales  de  Tépine  du  dos ,  lorsque  l'animal  saute  oblique^ 
ment  de  câté  ;  en  même  temps  qu'elles  remplacent  les  côtes 
dans  leur  fonetiou  de  supports,  élargissant  la  cavité  vis* 
céralOr 

Le  Sacrum  n'est  composé  chez  les  Anoures  que  d'une 
seule  vertèbre ,  qui  ne  diffère  des  autres  qu'en  oe  qu'elle  s 
des  apophyses  transverses  un  peu  plus  longues  et  plus  fortes; 
que  cellesHi^i  s'articulent  par  leur  extrémité  avec  les  os  des 
hanches»  et  enfin  que  le  corps  de  la  vertèbre,  au  lieu  de  s'a^ 
tiouler  postérieurement  au  moyen  d'un  seul  condyle  avec 
l'appendice  caudal ,  s'unit  k  lui  par  deux  petites  têtes  airon- 
dies  placées  lune  à  côté  de  l'autre; ^disposition  qui  ne 
permet  k  cet  appendice  que  les  seuls  mouvements  d'élévar 
tion  et  d'abaissement. 

Quant  à  cet  Appendice ,  ce  n'est  qu'un  très^-long  os  en  forme 
de  stylet  triangulaire,  paraissant  représenter  une  longue 
série  de  vertèbres  décroissantes,  confondues  en  une  srale 
pièce.  Son  extrémité  antérieure  présente  dans  sa  partie  in- 
férieure une  troncature  portant  deux  cavités  cotyloîdes 
articulées  avec  la  vertèbre  sacrée.  En  dessus ,  ce  stylet  forme 
une  crête  longitudinale  fort  saillante  représentant  l'apo- 
physe ^ineuse ,  daps  laquelle  le  canal  vertébral  se  prolonge 
encore  jusqu'à  une  certaine  distance,  où  il  finit  en  cul-de-sae. 

Ce  long  stylet  caudal ,  dirigé  en  arrière ,  est  placé  à  l'état  de 
repos  entre  les  deux  très -longs  os  des  bancbes,  également 
dirigés  en  ai;^ière.  Nous  verrons  un  peu  plus  bas  que  cet  os 
caudal  devient  avec  le  bassin  si  fortement  prolongé  en 
arrière,  l'un  des  principaux  agents  du  saut. 


[m  itrties  iateralei  du  buùn  pFeiQept  chea  les  Amouhbs, 
el  spédalement  dans  la  Grenouille  >  une  forme  très-parti- 
culière EN  RAPPOW  iLVBC  LES  tlflVENTKS  POHCTIONS  QU'B|.LBS 

ONT  k  REMFLiR  DANS  i^B  sAUf.  Gos  parties  se  composent 
d'aille«rs ,  comiiae  cbes  les  vertébrés  supérieurs ,  de  trois 
paires  d*os,  se  réunissant,  confonaément  k  la  loi  générale, 
dans  les  cavités  articulaires  des  hanches ,  et  sont ,  comme 
d'ordioaire ,  confondues  ea  une  seule  pièce  chef  les  individus 
adultes. 

I^  plus  lantérieur  de  ces  Os  ou  celui  des  Hanékn ,  forme 
une  longue  tige  grêle ,  comprimée ,  articulée  par  son  extré- 
ttilé  antérieure  sur  le  sommet  de  Tapophyse  transverse  de 
ia  vertèbre  sacrée  par  Tintermédiaire  d*un  fibro-eartilage 
globuleux,  mobile  sur  les  deux  oa  ;  m  manièrb  à  PEauBrraE 

À  CBS  os  MS  BAMCHBS  UN  UOUVBMflNT  TaèS''FAClLB  BT  PORT 
ÉTENDU  SUR   LES  SOMMETS  DBS  APOPUYSBS  TRANSVRRSBS  DBS 

VMT^BRBS  SAQRiEs.  Do  là  ccttc  tigo  so  porto  en  arrière, 
jiarallèlement  à  celle  dii  côté  opposé  »  s'arque  ensuite  en 
dessous ,  et  se  termine  au  milieu  de  la  cavité  articulaire  de 
ia  hanche  du  même  côté. 

Le  second  os  latéral  du  bassin  ou  YlêchioUt  occupe  la 
fiartie  supra-postérieure  de  la  moine  cavité  ;  et  le  troisième 
op  le  Pubis ,  qui  comprend  la  partie  inférieure,  de  cette  car 
vite,  s*unit  à  l'extrémité  du  premier,  en  formant  avec  elle  un 
Itetit  disque  très*Riince  en  trois  quarts  de  cercle ,  tronqué  à 
#9  partie  supra-*antérieure. 

Ce  disqne,  appliqué  par  sa  face  interne  contre  celui  du 
côté  opposé,  s  y  soude,  et  ne  forpe  avec  lui,  chez  les 
jldultes,  qu'une  seule  crête  verticale  en  ^r^nd  segment  de 
cercle.  Au  centre  de  ce  disque  médian  sont  placées  les  cavi- 
tés articulaires  parfaitement  arrondie  des  hanches  qui  se 
trouvent  ainsi  très  -  rapprochées  l'une  de  l'autre ,  dirigées 
directement  en  dehors  et  rendues  fort  prof<nides  par  des 
bords  fortement  relevés.  C'est  de  ce  grand  rapprochement 
des  deux  articulations  des  cuiases  que  ces  animaux,  excek- 


384  TmfeLOon  ds  la  nâturb. 

lents  sauteurs ,  tirent  un  grand  avantage  en  s'élançant  ;  les 
deux  membres  agissant  à  la  fois  sur  le  plan  médian  du 
corps  et  k  son  extrémité  la  plus  postérieure. 

Les  quatre  membres  des  Anoures  se  composent  des  mêmes 
parties  que  ceux  des  vertébrés  supérieurs,  en  ressemblant 
toutefois  le  plus  à  ceux  des  autres  Reptiles. 

VÊpaule  a  la  plus  grande  ressemblance  avec  celle  des 
autres  vertébrés  terrestres;  tout  en  présentant  dans  ses 
diverses  parties  des  caractères  propres  à  ces  animaux ,  en 
se  rapprochant  spécialement  des  Urodéle$ ,  à  c6té  desquels 
ils  sont  placés  dans  la  série  animale. 

Ces  diverses  parties  deTépaule,  y  compris  le  sternum, 

très-gi*and  chez  ces  Animaux,  forment  ensemble  ui^e  vaste 

.  ceinture  osseuse,  contournant  la  partie  antérieure  du  tronc, 

POUR  REMPLACER  PAR  SA  GRANDEUR  ET  SA  RÉSISTANCE  LES 
CÔTES  DONT  CES  ANIMAUX  SONT  PRIVÉS. 

Le  Sternum  se  compose  de  cinq  places  consécutives ,  dont 
la  première  est  un  cartilage  mince ,  en  forme  de  pelle ,  phicé 
sous  la  gorge. 

La  deuxième  est  une  tige  osseuse  assez  grêle,  faisant 
suite  à  cette  plaque. 

La  troisième ,  un  filet  plus  grêle  encore ,  sur  les  bords 
latéraux  duquel  s'articulent  les  clavicules  et  les  os  cora* 
coidiens. 

La  quatrième ,  une  tige  osseuse  assez  forte ,  placée  sous  la 
partie  antérieure  de  la  cavité  viscérale  ;  et  enfin  la  dernière 
partie  est  encore  une  lame  carUlagineuse  en  forme  de  pelle, 
dirigée  librement  en  arrière ,  assez^  semblable  k  la  pièce 
antérieure ,  mais  plus  grande,  et  placée  sous  le  milieu  do 
tronc. 

VOmoplate  consiste  en  une  très-grande  feuille  triangu* 
laire  allongée,  dont  la  partie  supérieure,  ou  le  Paleron^  est 
une  simple  lame  mince,  presque  cartilagineuse,  légèrement 
arquée  en  dedans  pour  contourner  un  peu  le  corps ,  en  s*ar* 
ticnlant  par  un  point  de  sa  face  interne  avec  le  sommet  de 


CHAPITRE   III.  385 

Tapophyse  transverse  de  la  troisième  vertèbre ,  plus  longue 
et  pins  forte  que  les  autres  ses  voisines.  La  partie  inférieure 
de  l'omoplate ,  fortement  rétrécie  en  une  tige  osseuse  assez 
résistante ,  forme ,  comme  dans  tous  les  Reptiles ,  une  pièce 
particulière  fixement  articulée  à  la  pièce  supérieure,  et 
dirigée  en  dessous,  en  s'arquant  légèrement  en  dedans.  A 
son  extrémité  inférieure,  elle  contribue  avec  les  deux  autres 
os  de  répaule,  à  former  la  cavité  articulaire  de  Tépaule,  en 
même  temps  qu'elle  s'unit  par  une  suture  aux  extrémités  de 
ces  mêmes  os. 

La  Clavicule  ressemble ,  pour  la  forme  et  la  disposition , 
beaucoup  k  celle  des  autres  Reptiles ,  ainsi  qu'à  celle  des 
Mammifères ,  ces  animaux  étant  quadrupèdes  comme  eux  ; 
et  diffère  de  là  considérablement  de  son  analogue  chez  les 
Oiseaux ,  où  cet  os  est  destiné  à  remplir  une  fonction  toute 
spéciale  dans  le  vol. 

Dans  les  Batraciens  c'est  un  os  grêle,  se  rendant  de 
Textrémité  articulaire  de  l'omoplate  transversalement  en 
dedans  sur  le  sternum ,  pour  maintenir  l'épaule  écartée  et 
fixe  à  l'égard  de  ce  dernier. 

En  arrière  de  la  clavicule  se  trouve  le  Coracoîdien ,  os  à 
peu  près  semblable ,  mais  beaucoup  plus  fort,  parallèle  à  la 
clavicule  ,'et  ayant  les  mêmes  rapports  avec  l'omoplate  et  le 
sternum.  Il  ressemble,  tant  pour  la  forme  et  la  disposition, 
beaucoup  à  celui  des  autres  Reptiles  et  des  Oiseaux ,  dont  il 
remplit  les  fonctions ,  celles  de  maintenir  l'épaule  écartée; 
c'est-à-dire  que,  dans  les  Anoures ,  de  même  que  chez  tous 
les  autres  Reptiles  marcheurs,  Tépaule  a',  pour  cause  de  la 
même  fonction ,  aussi  la  même  forme  et  la  même  disposition. 

Quant  aux  membres  antérieurs  eux-mêmes,  ils  présentent 
également  la  même  forme  et  la  même  disposition  générale 
que  chez  les  autres  Reptiles  qui  en  sont  pourvus ,  ainsi  que 
chez  les  Mammifères,  dont  ils  ne  diffèrent  que  dans  certains 
détails ,  amenés  par  la  gradation  générale  que  subissent  tous 
les  organes. 


386  THÉOLOGIE  DC  LA  NATURE. 

VOs  du  bras  est  proporUonDellement  aussi  allongé  que 
dans  rHomme,  mais  beaucoup  plus  fortement  dirigé  en 
dehors  que  chez  aucun  Mammifère.  Son  artiealatioB  avec 
répaule  a  du  reste  k  peu  près  la  même  forme.  Celle  du  eoude 
est  également  à  double  condyle ,  et  ne  permet  de  1^  qa*un 
mouvement  d'extension  et  de  flexion. 

Les  deux  Os  de  Tavant-bras  sont  soudés  entreeux,  suivant 
toute  leur  longueur,  dans  la  position  d'une  demi-proiiation, 
suffisante  pour  rendre  le  plat  do  ta  main  parallèle  au  plan  de 
position  i  par  l'effet  de  Técartement  de  Tos  du  bras ,  dirigé 
en  arrière  (.t  en  dehors. 

La  Main ,  également  de  même  forme  à  peu  près  que  cbet 
tous  les  autres  Reptiles  marcheurs  et  les  Mammifères  supé- 
rieurs «  se  compose  à  sa  base  de  plusieurs  petits  usselels 
constituant  le  Carpe,  suivis  dans  les  Anoures  d*un  Méta- 
carpe formé  de  quatre  os  longs»  portant  autant  de  doigts; 
d'où  résulte  que  la  main  de  ces  animaux  ressemble  au  pre- 
mier abord  beaucoup  à  celle  de  l'Homme  qui  manquerait  de 
pouce. 

Chez  les  Batraciens  Urodèles  ,  ainsi  que  chez  les  Sau- 
riens ,  les  membres  antérieurs,  k  peu  près  composés  de 
même,  ont  souvent  moins  de  doigts. 

Les  membres  postérieurs  des  Sauriens  et  des  Batraciens 
sont  également  composés  des  mêmes  parties  consécutives 
que  dans  les  Mammifèi*es  et  les  Oiseaux,  et  à  peu  près  con- 
formés comme  chez  eux. 

La  Cuisse  ne  renferme,  comme  toujours,  qu'un  seul  os, 
articulé  par  une  tête  ronde  avec  le  bassin^  et  par  un  double 
condyle  avef  la  jambe.  Celle-ci  a  également  deux  os»  placés 
l'un  à  côlé  de  l'autre;  mais  la  Rotule  manque  quelquefois. 

Le  Pied  a  de  même  une  composition  semblable  k  celle 
des  vertèbre^  supérieures,  et,  vu  l'analogie  du  mode  de 
loromolion,  il  est  plus  particulièrement  formé  sur  le  plan 
de  celui  des  Mammifères  unguiculés;  c'est-à-dire  qu'il  se 
compose  d  uu  Tarse  formé  de  plusieurs  osselets  ;  d'un  Meta- 


OHÀPITHE   111.  387 

tarse,  dont  le  notubre  des  petits  os  longs  égale  celui  des 
orteils;  mais  ceux-ci  ressemblent  plus  particulièi*ement  k 
ceux  des  Oiseauï ,  se  Composant  d'un  nombre  variable  de 
phalanges  plus  ou  moihs  allongées. 

Dans  les  Sauriens,  aùtrUàiix  essentiellement  terrestres  et 
marcheurs ,  les  Caisses  se  portent  fortenàeht  en  dehors ,  et 
foême  obliquemêût  en  arrière  ;  leâ  Jambes  en  dessous ,  et  le 
plus  souvent  aussi  en  arriéré;  et  eii&n,  lés  Pieds  sont  d'or- 
dinaire également  dirigés  eti  arrière  ;  ce  qui ,  joint  k  la 
grande  longueur  du  tronc,  éloigné  tellement  les  deux  paires 
de  membres ,  que  ces  animant ,  ne  pouvant  soutenir  conve- 
nablement lé  centré  dé  gravité  de  léQr'corps,  sont  la  plupart 
obligée  de  se  traîner  sur  leur  ventre  dans  leurs  mouvements 
de  locomotion  ;  ce  qui  leur  a  valu  le  nom  de  Reptiles, 

L'Intelligence  éréatrice  ayant,  ainsi  quele^ai  déjà  dit 
plus  haut,  voulu  àabllr  dans  la  classe  de^  Reptiles  ta  Faculté 
dé  àauter  k  un  grand  degré  de  perfection ,  k  modiiié  pour 
cela  considérablement  lés  organes  locomoteurs  de  ces  ani- 
maux dans  la  famille  des  Batraciens  Anoures;  et  cela  non- 
seulement  les  organes  du  mouvement  du  tronc,  dont  il  a 
déjk  été  parlé,  aân  qué  ces  animaux  puissent  s'élancer  en 
débandant  leur  colonne  vertébrale,  mais  aL'ssi  l£s  mèaibrës 

I^OSTÊKIEURS ,  Qtl  GONSTITtJËNT,  COMMfi  UàNS  LES  MaMMIFËRÉS 
sauteurs,    n'AUtRES    AGENTS  ESSENTIELS  DE   CE    GENRE    DE 

LOCOMOTION.  Pour  cela,  ces  membres  ont  reçu,  d*une  part, 
une  longueur  et  une  force  considérables  ;  et ,  d'autre  part, 
une  disposition  toute  spéciale,  différente  de  celle  qu'ils  ont 
chez  les  autres  Reptiles ,  en  revenant  en  grande  partie  de 
nouveau  k  celle  qu'ils  présentent  dans  les  Mammifères. 

Les  Cuisses ,  parfaitement  libres  comme  dans  rfiomme  éi 
les  Singes,  sont  k  l'étkt  dé  repos  OU  dé  Ûexion  dirigées  tout 
k  fait  en  avant  le  long  du  tronc  Les  Janibes  le  sont  oblique- 
ment en  dessous  et  en  arrière  ;  et  les  Pieds  de  nouveau  en 
avant  en  appuyant  dans  toute  leur  longueur  k  plat  sur  le 
sol. 


388  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

Quant  k  la  forme  et  h  la  composition  de  ces  différentes 
parties ,  sans  les  faire  sortir  des  caractères  généraux  qu'elles 
offrent  dans  les  autres  familles  de  la  même  classe ,  TIntel- 

LICENCE  CRÉATRICE  LES  A  TOUTEFOIS  MODIFIÉES  DE  MANIÈRE  À 
LES  TRANSFORMER  D*ORGANES  FAIBLES  ET  PUREMENT  PROPRES 
À  LA  MARCHE  ET  AU  RAMPEMENT  QU'iLS  SONT  DANS  LES  SAU- 
RIENS ET  LES  URODÈLES,  EN  ORGANES  d'uNE  PUISSANCE  CA- 
PABLE DE  LANCER  AU  CONTRAIRE  CES  ANIMAUX  À  DE  TRÈS- 
GRANDES  DISTANCES.  Pour  ccla,  Tos  de  la  cuisse  ne  dittère 
pas  notablement  de  celui  des  autres  Vertébrés  terrestres  ;  la 
jambe  très-longue  a  ses  deux  os  k  peu  près  d'égale  force , 
mais  confondus  en  une  seule  pièce,  et  distincts  seu- 
lement par  une  rainure  antérieure  et  postérieure  longitu- 
dinale. 

L'articulation  du  genou  présente  toutefois  cette  particu- 
larité fort  remarquable  que  les  deux  os  qui  la  forment  s*a- 
voisinent  de  part  et  d'autre  par  des  condyles  formant  sur 
chacune  une  surface  cylindrique  transversale ,  creusée  dans 
le  milieu  d'une  très-légère  gorge  de  poulie  ;  et  que  la  Rotule 
manque  complètement.  Cette  conformation ,  qui  parait  si 
extraordinaire  chez  des  animaux  qui  exécutent  des  sauts 
prodigieux  9  semble  devoir  permettre  très -facilement  les 
luxations  dans  les  grands  efforts  que  ces  animaux  font  pour 
s'élancer;  mais  comme  tout  est  parfaitement  calculé 
POUR  l'effet  qui  doit  être  produit,  il  était  au  fond  inutile 
que  les  os  s'engrenassent  ici  profondément  ;  les  ligaments 
et  les  vigoureux  tendons  des  muscles  qui  accompagnent 
cette  articulation  étant  plus  que  suffisants  pour  empêcher, 
par  leur  simple  présence,  tout  déplacement  des  os,  soit  en 
avant ,  soit  en  arrière  ;  et  les  luxations  latérales  sont  rendues 
également  difficiles,  d'une  part,  par  la  résistance  de  ces 
mêmes  ligaments  et  tendons ,  et ,  de  l'autre ,  par  la  largeur 
assez  grande  des  condyles.  Cette  conformation  a  au 
contraire  cet  avantage  que  les  deux  os  s'avoisinant  par  des 
surfaces   convexes,   se  touchent  sur    un    moins    grand 


CHAPITRE   III.  389 

oombre  de  points  que  si  Tun  était  concave^  le  frottement 
étant  beaucoup  plus  faible»  et  le  mouvement  en  conséquence 
plus  facile. 

Par  Teffet  de  ces  deux  arcs  de  cylindres  roulant  Tun  sur 
Tautre,  les  ligaments  latéraux  de  Tarticulation  s'insèrent 
aux  extrémités  des  axes  de  ces  derniers ,  conservant  toujours 
le  même  degré  de  tension,  quelle  que  soit  retendue  de 
Fextension  ou  de  la  flexion  de  la  jambe  :  leur  longueur  étant 
constamment  égale  k  la  somme  des  deux  rayons  ;  d*où  ré- 
sulte que  cette  articulation  n*est  jamais  ni  trop  serrée  ni 
trop  lâche;  deux  conditions  utiles,  opposées  seulement 
chez  les  animaux  supérieurs  qui  doivent  avoir,  d'une 
part,  la  faculté  de  roidir  le  membre  pour  empêcher, 
dans  la  marche  et  la  station,  la  jambe  de  se  fléchir  en 
avant  ;  et ,  de  Tautre ,  la  faculté  de  mouvoir  la  jambe  etk 
rotation  pendant  sa  flexion  ;  ce  qui  n'est  point  nécessaire 
chez  les  Grenouilles. 

A  l'extrémité  inférieure,  les  deux  os  de  la  jambe  pris 
ensemble,  se  terminent  comme  le  tibia  des  Oiseaux  par 
une  poulie  fortement  allongée  transversalement ,  mais  k 
gorge  également  très- peu  profonde,  dont  les  condyles 
s'articulent  bout  k  bout  avec  les  deux  premiers  os  du  tarse , 
le  Càlcaneum  et  Y  Astragale. 

Le  Pied  est  la  partie  qui  a  subi  la  plus  forte  modification  ; 
et  cela  surtout  dans  les  os  du  tarse,  réduits  k  six  seule- 
ment, dont  les  deux  premiers,  que  je  viens  de  nommer, 
sont  considérablement  allongés,  en  simulant  les  deux  os 
d'une  jambe.  Ces  deux  os,  renflés  k  leurs  deux  extrémités 
où  ils  s'articulent  entre  eux,  sont  au  contraire  fort  écartés 
au  milieu  pour  élargir  fortement  la  [plante  du  pied ,  où  se 
trouvent  placés  des  muscles  et  des  tendons  vigoureux,  mo- 
teurs des  orteils.  Ces  deux  os  s'articulent  k  la  fois  avec  la 
jambe,  en  formant,  comme  d'ordinaire  avec  elle,  une  arti- 
culation mobile  seulement  d'arrière  en  avant,  et  un  angle 
plus  ou  moins  ouvert.  Mais  aucun  de  ces  deux  os  du  tarse 


.790  THEOLOGIE   DE   LA   NATURE. 

ne  fait  saillie  en  arrière  pour  constituer  ce  qu'on  appelle  le 
Talon  :  ce  qui ,  au  premier  aperçu ,  semble  encore  être  d'un 
grand  désavantage  pour  le  saut  ;  cette  saillie  formant  chez 
les  Mammifères  un  Ipug  bras  de  levier  gui  agit  si  puissam- 
ipent  dans  reffort  du  saut;  et  qui,  $i  elle  existait  dans  les 
grenouilles,  devrait  égalemept  pro4uire  un  très -grand  effet 
chez  elles  ;  1e$  rpuscles  du  mollet  pouvant  agir  de  même  avec 
eflicacité  sur  ce  levier;  mais  cet  avantage  est  amplement 
compensé,  d'une  part,  par  la  force  prodigieuse  de  ces 
mêmes  muscles  qui ,  se  continuant  par-dessus  Tarticulatjon 
(}u  talon  avec  ceux  également  fort  yjgoureux  ^u  dessous  de 
celte  longue  et  large  plante  du  pie^,  produisent  un  effort 
bien  plus  grand  que  si  les  principaux'  ^e  ces  ipuscles  se 
fixaient  ap  sompiet  du  talpn  ;  et,  d*autre  part,  le  tarse  si 
allongé ,  mobile  ^  la  fois  ds)ns  une  grande  étendue  sur  la 
jamhe  et  sqr  je  métatarse,  forme  d^ps  son  ensemble  un 
levier  bien  plus  long  que  ne  le  fait  la  simple  saillie  du  talofi 
chez  les  Mampiifères. 

Les  ossejets  du  second  rang  du  tarse  ne  sont  que  quatre 
petits  grains  osseux  placés  ^  ]a  base  des  cinq  ipéta^rsiens , 
où  ils  continpent  à  rendre  |es  mouvements  de  ces  derniers 
pjus  couples. 

Les  Orteils  des  Grenouilles,  au  nomt^fe  de  cinq,  son( 
également  fort  loqgs^  en  décroissant  du  quatrièn^e  ^n  pre- 
mier, qui  égale  1^  troisième.  Ils  contribuant  ainsi  encore 
par  ce  graqd  allongement  h  la  force  de  projection ,  et  par 
conséquent  h  l'étendue  du  s^ut  (|pe  ces  anipiaux  exécutent 
avec  une  si  grande  légèreté. 

Le  Système  musculaire  des  Grenouilles  répond  parfaite- 
ment, par  la  disposition  et  la  forc^  de  chacun  des  organes 
qui  le  composent ,  k  la  fonction  du  saut  ^  laquelle  ils  sont 
presque  tous  destines. 

Nous  avops  déjà  vu ,  ep  parlant  de  la  forme  et  de  la  dis- 
position données  à  cet  effet  aux  diverse^  parties  ^n  squelette , 
(juo  les  côtes  ayant  disparu  chez  ces  animaux,  elles  sont 


GBAPITRB   III.  391 

remplacées  dans  leurs  fonctions  comme  soutien  des  parois 
du  corps,  d*une  part,  par  de  très-longues  apophyses  trans- 
verses des  vertèbres  ;  et ,  de  l'autre ,  par  un  sternum  fort 
grand  ;  mais  le  plus  grand  prolongement  de  ces  apophyses 
a  surtout  pour  raison  de  former  de  longs  leviers  aux  muscles 
de  Fépine  dorsale ,  qui  doivent  agir  avec  la  plus  grande 
efficacité  dans  le  saiit.  Pour  que  cet  effet  soit  très-éner- 
gique, ces  apophyses  ont  été  dirigées  obliquement  en  dessus, 
au  lieu  de  Télre  en  dessous  comme  chez  les  autres  vertèbres  ; 
afin  de  remplacer  les  apophyses  épineuses  qui  ne  purent  être 
que  fort  courtes.  Cette  disposition  ne  suffit  cependant  pas 
pour  donner  k  la  colonne  vertébrale  toute  la  force  d'un 
ressort  qui  se  débande,  il  fallait  aussi  que  les  muscles  qui 
la  mettent  en  mouvement  fussent  assez'puissants,  et  pour 
cela  convenablement  disposés  pour  pouvoir  produire  l'ef- 
fet nécessaire  k  la  projection  du  corps.  Mais  ici  non  plus 
rien  ne  manque;  tous  les  muscles  de  la  région  dorsale  n^ont 
guère  que  la  seule  fonction  d*étendre  la  colonne  vertébrale; 
et  comme  tels ,  ils  sont  tous  eonfondus  en  une  seule  série , 
comprenant  les  analogues  de  tous  les  muscles  de  la  gouttière 
vertébrale  des  Mammifères  et  des  Oiseaux.  Cette  masse  de 
muscles  naît  postérieurement  sur  les  faces  latérales  et  la 
crête  supérieure  du  stylet  caudal  ;  de  Ik  les  fibres  se  portent 
en  avant,  et  vont  s'insérer  les  unes  k  l'apophyse  épineuse  de 
la  vertèbre  sacrée ,  ainsi  qu-k  la  lame  supérieure  de  cet  os  ; 
d*autre  à  ses  apophyses  transverses;  et,  comme  ces  parties 
osseuses  sont  trop  peu  étendues  pour  leur  offrir  des  points 
d'attache  suffisants,  la  plus  grande  partie  de  cette  masse 
musculaire  se  fixe  à  une  doison  tendineuse,  s'élevant  du  bord 
postérieur  de  toute  cette  vertèbre ,  ainsi  que  celui  de  son 
apophyse  épipeuse  jusqu'à  l'extrémité  d^  la  transverse ,  en 
traversant  Tes  chairs  jusqu'à  la  peau.  Delà  f^ee  antérieure 
de  cette  lame  fibreuse  partent  ensuite  d'autres  fibres  mus- 
cnlaires  faisant  la  continuation  des  premières,  et  qui,  en 
se  portant  également  en  avant ,  vopt  s'insérer  aux  apophyses 


31)i  THÉOLOGIE   DB  LA  NATURE. 

et  à  une  cloison  semblable  de  la  vertèbre  qui  précède;  et 
ainsi  successivement  jusqu'à  la  tête. 

On  conçoit  par  la  disposition  de  ces  muscles,  formant 
ainsi  une  chaîne,  que  tout  en  allant  d*une  vertèbre  k  l'autre 
pour  les  mouvoir  séparément,  la  plus  grande  partie  de  leurs 
fibres  étant  insérée  aux  diverses  cloisons  fibreuses  qui  s'é* 
lèvent  sur  ces  os,  la  force  de  la  masse  musculaire  entière 
doit  se  communiquer  par  Ik  d'une  section  de  fibres  à  Tautre; 
d*où  l'efibrt  commun  doit  se  répartir  sur  toute  la  colonne 
vertébrale  et  la  faire  fortement  Qécbir  en  dessus. 

En  se  préparant  au  saut ,  Tanimal  commence  par  plier  son 
long  bassin  le  plus  possible  en  dessous  ;  de  manière  que  le 
tronc  forme  dans  les  articulations  du  sacrum ,  avec  les  os 
des  hanches,  un  angle  saillant  fortement  prononcé;  pen- 
dant que  l'appendice  caudal  est  par  Ik  aussi  le  plus  fléchi  en 
dessous;  mais,  k  beaucoup  près ,  pas  autant  que  le  bassin. 
Dans  cet  état,  Tanimal  étend  subitement  tous  les  muscles 
extenseurs  de  la  colonne  vertébrale ,  ainsi  que  les  fléchis- 
seurs de  l'appendice  caudal,  qui  font,  en  agissant  sur  le 
bassin ,  les  fonctions  d'extenseurs  de  ce  dernier  :  mouve- 
ment dans  lequel  les  deux  extrémités  du  corps  de  la  Gre- 
nouille s'étendent  l'une  vers  l'autre  de  bas  en  haut,  et 
lancent  le  corps  entier  dans  cette  direction ,  k  peu  près  de  la 
même  manière  que  dans  le  Chai.  Ici  ce  sont  les  deux  moitiés 
de  la  colonne  racbidienne  qui  s'étendent  l'une  vers  l'autre; 
et  chez  la  Grenouille  c'est ,  d'une  part ,  la  colonne  vertébrale 
tout  entière,  et,  de  l'autre ,  le  bassin  qui  se  redressent  avec 
une  énergie  infiniment  plus  grande  que  dans  le  Chat. 

Dans  les  deux  animaux,  Tacte  est  ainsi  produit  par  des 
agents  analogues . pour  la  disposition,  quoique  différents 
pour  la  composition  de  leurs  parties  ;  d'où  résulte  qu'en 
somme  l'effet  est  le  même. 

Si  cette  extension  du  tronc  de  la  Grenouille  avait  seul 
lieu ,  elle  lancerait  le  corps  plus  ou  moins  verticalement  en 
Tair  ;  mais  elle  se  combine  avec  la  force  d'impulsion  des 


CHAFITRB   III.  993 

membres  postérieurs,  dirigés  obliquement  d'arrière  en 
avant  et  en  haut,  d*où  résulte  une  direction  moyenne, 
oblique  de  bas  en  haut  et  en  avant  (1),  direction  qui  en  se 
combinant  à  son  tour  avec  l'impulsion  de  bas  en  haut  et  en 
arrière  que  les  membres  antérieurs  donnent  au  corps ,  et 
enfin  aussi  avec  la  force  de  gravitation ,  transforme  la  tra- 
jectoire définitive  que  parcourt  l'animal,  en  une  courbe  pa- 
rabolique fort  étendue  :  le  tout  absolument  comme  chez  les 
Mammifères  sauteurs. 

Nous  avons  vu  aussi  en  parlant  des  membres  des  Anoures 
que,  contrairement  il  ce  qui  a  lieu  chez  la  plupart  des  autres 
Reptiles ,  ces  membres  ont  de  nouveau  reçu  à  peu  près  la 
disposition  qu'ils  affectent  chez  les  Mammifères;  la  paire 
postérieure  étant  dirigée  en  avant ,  et  non  obliquement  en 
arrière,  afin  d'agir  avec  toute  Tefficacité  possible  dans  le 
saut  :  la  fonction  principale  dans  les  Grenouilles. 

La  première  paire  de  membres  placée  sous  la  partie  anté- 
rieure du  tronc,  imprime  k  celui-ci ,  en  se  débandant ,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire,  une  impulsion  de  bas  en  haut  et 
obliquement  en  arrière ,  comme  située  au  devant  du  centre 
de  gravité.  Cette  direction  est  ensuite  modifiée  par  Timpul- 
sion  que  produisent  les  membres  postérieurs.  Ceux-ci  étant 
insérés  par  les  cuisses  à  Textrémité  absolue  du  tronc ,  et 
dans  le  repos  repliés  en  avant  à  côté  de  la  moitié  postérieure 
du  corps;  et  les  cuisses,  libres  dans  toute  leur  longueur, 
afin  de  pouvoir  jouir  de  la  plus  grande  étendue  de  mouve- 
ment nécessaire  k  l'effet  du  saut ,  sont  en  outre ,  comme  dans 
Tespèce  humaine,  longues,  grosses  et  arrondies. 

Mais  c*est  le  mollet  qui  est  le  plus  remarquable  par  son 
énorme  grosseur,  étant  proportionnellement  plus  du  double 
de  celui  de  Thomme  ;  cette  partie  devant  produire  en  com- 
mun avec  la  cuisse,  le  plus  grand  effort  dans  le  saut.  J'ai 
déjà  dit  que  les  muscles  formant  le  gras  de  la  jambe ,  au 

(0  Voyex  la  note  n*  27. 


394  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

lieu  de  s'insérer  au  talon,  comme  chez  les  Mammifères, 
passaient,  k  l'instar  du  fusiforme  de  ces  derniers,  au  moyen 
d'un  vigoureux  tendon,  commun  k  tous,  sur  Farliculation 
du  pied ,  pour  se  continuer  sous  te  très-long  tarse  de  ces 
animaux,  avec  les  niuscles  plantaires  fléchisseurs  des  or- 
teils; ainsi  que  le  fait  déjh  le  fusiforme  chez  les  Mammifères 
quadrupèdes,  qui  n'est  dans  THomme  qu'un  petit  faisceau 
musculaire  ;  tandis  qu'il  forme  chez  le  Chat  un' gros  muscle 
allongé,  qui ,  également  très-puissant  dans  la  Grenouille,  ne 
constitue  qu'un  simple  chef  très-vigoureux  de  la  masse  des 
muscles  postérieurs  de  la  jambe;  gros  muscle  entière- 
ment destiné  h  la  fois  k  la  fonction  d'étendre  le  pied  el 
le  métatarse,  en  même  temps  qu'il  fléchit  les  orteils;  triple 
action  qui  contribue  ,  par  cette  remarquable  disposition  , 

CONSIDÉRABLEMENT    À    LA     PUISSANCE    DU     SAUT.    Enfin  ,  JUS- 

qu'aux  muscles  placés  au  métatarse,  et  destinés  exclusi- 
vement h  la  flexion  des  orteils ,  ils  sont  toujours  ,  en  vue 
DU  MÊME  but  final ,  d'une  force  extrême. 

Ces  Membres,  insérés  l'un  k  côté  de  l'autre,  k  la  dernière 
extrémité  du  tronc,  et  le  plus  près  possible  de  son  plan  mé- 
dian, impriment  au  corps,  en  agissant  ensemble ^  au  com- 
mencement de  leur  extension,  alors  qu'ils  sont  fléchis  et 
portés  en  avant ,  un  mouvement  de  bas  en  haut  et  en  avant, 
qui  s'ajoute  en  grande  partie  k  celui  que  produit  la  force 
d'extension  du  rachis  et  du  bassin  ;  et  de  plus  k  celui  pro- 
duit par  les  membres  antérieurs;  mais  vers  la  fin  de  cet 
élan ,  lorsque  les  longs  et  vigoureux  membres  postérieurs  se 
dirigent  de  plus  en  plus  en  arrière,  leur  efibrt  se  combinant 
avec  toutes  les  forces  qui  portent  le  corps  de  bas  en  haut , 
produit  avec  elles  une  résultante  moyenne  dirigée  oblique- 
ment en  avant  et  en  haut,  en  déterminant  la  direction  de  la 
trajectoire  que  ces  animaux  suivent,  étant  lancés  en  Vair; 
c'est-k-dire  (|u'en  commençant  par  s'étendre  dans  le  saut, 
le  premier  efibrt  des  membres  postérieurs  dans  l'élan ,  est 
dirigé  de  bas  en  haut  et  obliquement  en  avant,  comme 


CHAPITRE    III.  395 

placés  en  arrière  du  centre  de  gravité;  effort  qui  ayant  lieu 
en  ipén^e  temps  que  celui  des  membres  antérieurs,  détruit 
la  force  dirigée  obliquement  en  arrière  que  ceux-ci  im- 
priqoept  au  centre  de  gravité  :  de  manière  que  Fimpulsion 
résultante  est  dirigée  verticalemept  en  haut  et  même  en 
^vaQ|.  L* effort  des  membres  postérieurs  est  beaucoup  plus 
gran4  quç  ç^lui  deç  antérieurs,  surtout  au  commencement 
de  )  élan,  où  les  postérieurs  agissent  avec  la  plus  grande 
fpfce,  comipe  plus  vigoureux  et  formant  des  leviers  plus 
longs.  Maison  conçoit  que  si  les  antérieurs  n'agissaient 'que 
fsiil^lem^nt,  les  postérieurs,  articulés  loin  du  centre  de  gra- 
vité sur  Textrémité  du  corps,  imprimeraient  k  ce  dernier  un 
mouvement  de  rotation ,  qui  lui  ferait  faire  une  série  de  cul- 
butes dans  tout  Tespace  qii'il  parcourrait  en  Tair;  tandis 
qu'en  faisaivt  intervenir  puissamment  les  membres  anté- 
rieurs ,  LE  Cri^ateur  4  prévenu  cet  inconvénient  pour  ne 
laisser  au  corps  qu'un  excès  d'impulsion  de  bas  en  haut 
et  pbliquement  en  avant,  direction  dans  laquelle  le 

SAUf  DOIf  s'exécuter 

Enfiq  vers  la  fiq  dp  l'élan ,  alors  que  les  membres  posté- 
rieurs  agissent  seuls,  comme  étant  beaucoup  plus  longs  que 
les  antérieurs,  rimpqlsion  qu'ils  impriment  au  corps  deve- 
nant de  plus  en  plus  oblique,  en  s'inclinant  plus  fortement 
en  avant,  la  direction  définitive  est  un  terme  moyen  entre 
celles  de  tous  les  instant^ ,  du  temps  pendant  lequel  ces 
membres  s'étendent;  résultante  qui  se  combinant  avec  la 
force  d'impulsion  que  donne  le  débapdement  de  la  colonne 
vertébrale ,  le  stylet  caudal  et  le  bassin ,  il  en  résulte  une 
impulsion  finale,  dirigée  très-obliquement  en  avant  et  en 
haut  que  prend  le  porps  de  l'animal  après  avoir  quitté  le 
sol. 

Si  Ton  considère  l'effet  que  chaque  partie  des  membres 
postérieurs  produit  en  particulier,  on  voit  que  ces  derniers 
étant  appuyés  sur  le  sol  par  les  orteils  et  les  métatarses ,  ce 
sont  rigoureusement  ces  deux  parties  qui  forment  la  base. 


'3l9b  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

le  point  (]*appui  fixe  du  corps  ;  que  le  tarse  en  s'étendant  sur 
cette  base  par  son  mouvement  en  avant,  imprime  au  centre 
de  gravité  placé  d'abord  au-dessus ,  une  impulsion  de  bas 
en  haut,  et,  plus  tard,  de  plus  en  plus  oblique  en  avant; 
que  la  jambe ,  en  s*étendant  sur  le  tarse  en  se  portant  en 
haut  et  en  arrière,  imprime  au  contraire  constamment  aa 
centre  de  gravité  une  impulsion  oblique  dans  cette  direction; 
et  qui  en  se  combinant  avec  celle  donnée  par  le  tarse,  forme 
avec  elle  une  résultante  plus  verticale  ;  que  les  Cuisses ,  en 
s'étendant  en  avant,  avec  leur  point  d*appui  sur  les  genoui, 
imprimant  \k  ce  même  centre  une  forte  impulsion  d*abord  de 
bas  en  haut  et  en  avant,  mais  qui  se  combinant  avec  Teffort 
des  membres  antérieurs ,  produit  au  commencement  une 
résultante  presque  verticale,  et  plus  tard  de  plus  en  plus 
oblique  en  avant. 

Que  le  bassin  fortement  fléchi  en  dessous  à  son  extrémité 
postérieure ,  lancerait  en  se  mouvant  rapidement  dans  les 
articulations  des  hanches,  le  corps  presque  directement  en 
arrière,  s'il  se  débandait  dès  le  commencement  de  Télan, 
en  détruisant  par  Ik  en  grande  partie  la  force  qui  doit  agir 
en  sens  contraire  ;  d'où  il  résulte  qu^il  ne  doit  entrer  en 
action  que  vers  la  fin  de  l'élan ,  quand  par  l'effet  du  mouve- 
ment d'extension  des  cuisses  sur  les  genoux ,  le  bassin  est 
devenu  horizontal ,  et  incliné  même  en  avant;  moment  où, 
par  son  débandement,  il  lance  le  corps  en  haut.  La  même 
chose  a  lieu  par  le  mouvement  rapide  d'abaissement  de  l'ap- 
pendice caudal,  qui  d'abord  dirigé  fortement  en  arrière, 
se  lléchissant  en  dessous  pour  rentrer  entre  les  deux  os  des 
hanches,  imprimerait  au  centre  de  gravité  une  impulsion  en 
haut  et  en  arrière,  s'il  entrait  en  action  dès  le  commencement 
de  Télan  ;  tandis  qu'en  ne  se  débandant  que  vers  la  fin ,  la 
direction  qu'il  lui  donne  est  plus  particulièrement  dirigée  de 
bas  en  haut;  et  il  en  est  encore  de  même  de  l'effet  produit 
par  l'extension  de  toute  la  colonne  vertébrale  sur  le  sacrum, 
et  le  même  stylet  caudal  formant  la  seconde  branche  du 


Il 
l 

i. 

t'. 
«• 

t 


CRAPITRB    lit.  d97 

ressort  qui  se  détend  ;  effort  dirigé  de  bas  en  haut  et  légère- 
ment en  arrière.  Toutes  ces  impulsions,  plus  ou  moins  di- 
rigées en  arrière,  sont  détruites  et  surpassées  de  beaucoup 
par  celles  des  cuisses  dirigées  en  avant,  et  dont  la  puissance 
est  bien  plus  grande  que  toutes  les  autres;  d*une  part,  par 
la  vigueur  des  muscles  qui  le  produisent,  et  de  Tautre,  par 
l'effet  de  la  grande  longueur  des  leviers  que  cette  partie  du 
^  membre  forme. 

Je  viens  de  dire  que  par  l'effet  de  l'extension  des  jambes 
qui  se  meuvent  sur  les  tarses  comme  points  d'appui ,  le  corps 
r  était  levé  obliquement  en  arrière  et  en  baut;  cela  serait  ri- 
'  goureusement  vrai  si  cette  partie  des  membres  était  placée 
'  sous  le  corps,  et  se  débandait  dans  un  plan  vertical,  ainsi 
'  que  cela  existe  ^  peu  près  chez  les  Mammifères  sauteurs. 
^*  Mais  il  n'en  est  point  ainsi  chez  les  Grenouilles  :  le  plan  dans 
lequel  les  membres  postérieurs  sont  plies  est  oblique  de  haut 
^  eu  bas  et  en  dehors  ;  plan  dans  lequel  les  jambes  sont  diri- 
gées en  arrière,  en  bas  et  en  dedans,  de  manière  que  leur  dé- 
bandement  a  lieu  dans  une  direction  de  bas  en  haut,  en 
arrière  et  en  dedans  ;  d'où  résulte  que  l'impulsion  que  cha- 
cune imprime  en  arrière,  est  en  grande  partie  détruite  par 
l'effort  de  la  jambe  opposée;  et  que  la  résultante  se  dirige  en 
haut  et  en  avant;  tandis  que  les  cuisses,  toujours  plus  ou 
moins  fortement  portées  en  dehors,  et  vers  la  fin  de  l'élan , 
presque  entièrement  en  arrière  et  en  bas,  impriment  au 
corps  la  plus  vigoureuse  impulsion  en  avant. 

C'est  ainsi,  comme  on  voit,  qu'en  reproduisant  dans  les 
Reptiles  SAUTEURS  les  mêmes  moyens  mécaniques  généraux 
employés  chez  les  Mammifères  les  plus  habiles  sauteurs  , 
que  l'Intelligence  créatrice  est  arrivée  à  des  résultats 
tout  à  fait  semblables,  quoiqu'elle  ait  fait  éprouver 
AUX  parties  analogues  des  modifications  plus  ou  moins 
grandes  par  l'effet  de  la  loi  générale  de  gradation,  à 
Laquelle  elle  a  soumis  tous  les  appareils  organiques  ; 
changements  dans  lesquels  se  dévoile  partout  la  con- 


398  THÉOLOGIE   DR  LA   NATURIL 

NAISSANCE      LA     PLUS     TRANSCENDANTE     DE     LA     MÉCAriIQlE. 

De  rOrdre  des  Sauriens,  ôd  passe  encore  par  une  brandie 
latérale  k  la  Classe  remarquable  des  Chéloniens,  le  groupe 
le  plus  extraordinaire  et ,  par  là ,  le  plus  nettement  traocbé 
de  tout  l'Embranchement  des  Animaux  vertébrés.  Quoique 
toujours  formés  d*après  le  même  plan  général  que  tous  ceoi 
de  cette  grande  division  du  Règne  animal ,  les  ChélooicBs 
offrent  toutefois ,  par  la  singulière  disposition  de  leurs  or 
ganes,  des  Êtres  qui  semblent  appartenir  a  un  autre  monde 
s^éloignant  infiniment  plus  des  autres  vertébrés  aujourd  hoi 
existants ,  que  ne  le  font  les  espèces  fossiles  appartenaot 
aux  diverses  créations  antérieures  à  celle  d'aujourd'hui. 

A  notre  point  de  vue  d'êtres  humains  bornés  dans  dos 
moyens ,  Torganisme  des  Chéloniens  constitue  un  véritable 
tour  de  force  du  Créateur,  qui  aurait  pris  à  tâche  de  produire 
presque  l'impossible  ;  en  formant  des  animaux  qui ,  tout  en 
présentant  au  fond  tous  les  caractères  essentiels  de  h 
grande  division  du  règne  animal  à  laquelle  ils  apparlienneDl, 
offriraient  toutefois  les  plus  grands  changements  daoâ  h 
forme  et  la  disposition  de  leurs  organes  :  sans  que  ceoxHS 
cessassent  de  remplir  convenablement  leurs  foDCtions. 
Ce  grand  problème  consistant  principalement  à  reoferoier 
tout  l'animal  dans  son  thorax  ;  et  pour  cela  à  supprimer. 
d'une  part,  tous  les  organes  extérieurs  dont  les  fonctioDS 
ne  sont  pas  incompatibles  avec  cette  nouvelle  condition; 
et,  d'autre  part,  à  transporter  dans  l'intérieur  de  cette  cage 
osseuse,  ceux  dont  les  fonctions  ont  dû  être  conservées; 

SANS  que  pour  cela  LEURS  RAPPORTS  SOIENT  CHANGÉS  DAi'tS 
LEUR  PRINCIPE  FONDAMENTAL;  EN  MÊME  TEMPS  QU  AUCUNE 
GRANDE  FONCTION  ORGANIQUE  NE   SOIT   ENTRAVÉE;  COnditlOD 

si  bien  obtenue  que  ces  singuliers  animaux  sont  peut-être 
ceux  qui  jouissent  de  la  plus  grande  longévité. 

Pour  obtenir  ce  grand  résultat  «  le  corps  des  CuÉLomEi^s» 
étant  composé  des  mêmes  parties  principales  que  celui  des 
Mammifères,  des  Oiseaux  et  surtout  des  Sauriens,  auxquels 


CHAPITRE   Ht.  399 

ils  ressemblent  le  plus,  a  de  même  un  Thorax  formant  une 
grande  cage  osseuse  ;  avec  cette  différence  que ,  chez  eux , 
la  dernière  vertèbre  du  cou ,  les  darsales  et  les  lombaires , 
avec  leurs  appendices  latéraux,  côtes  et  costines  (côtes 
lombaires),  s*élargissent  tellement  en  tous  sens  que,  se 
rencontrant  partout  avec  celles  qui  les  avoisinent,  elles 
s*unissent  intimement  entre  elles,  en  devenant  par  là 
complètement  immobiles,  et  ne  forment  plus  dans  leur 
ensemble  qu'une  vaste  pièce  supérieure  plus  ou  moins 
bombée  du  thorax ,  nommée  la  Carapace  ;  dans  laquelle  les 
dernières  costines  ou  côtes  lombaires  se  portent  de  plus  en 
plus  en  arrière,  et  finissent  par  se  joindre  longitudinalement 
dans  la  dernière  paire ,  en  passant  par-dessus  le  bassin  ;  au 
delà  duquel  la  carapace  se  prolonge  ainsi  en  l'enveloppant. 

Le  long  de  la  ligne  dorsale,  la  série  des  vertèbres  forme 
de  chaque  côté,  comme  chez  les  vertébrés  supérieurs,  une 
gouttière  communiquant  avec  la  cavité  thoracique  par  les 
intervalles  des  apophyses  transverses  :  cette  double  gouttière 
se  trouve  recouverte,  chez  les  Chélomens,  par  une  série  de 
plaques  osseuses  impaires,  analogue  aux  os  surépineux  dont 
il  sek*a  parlé  a  l'occasion  des  Poissons;  plaques  qui,  se 
joignant  entre  elles  d'avant  en  arrière,  et  latéralement  aux 
côtes,  achèvent  de  fermer  la  carapace  en  dessus. 

En  dessous ,  le  Sternum  et  les  Côtes  sternales  forment  de 
leur  côté,  en  s'élargissant  en  grandes  lames  soudées  de  toutes 
parts  entre  elles ,  une  grande  plaque  osseuse  ou  Plastron 
occupant  tout  le  dessous  du  thorax,  en  se  prolongeant  jusque 
vers  I  extrémité  du  bassin. 

Sur  les  côtés,  ces  deux  grandes  pièces  du  thorax  s'unissent 
également  par  des  sutures  immobiles,  comme  chez  les 
Mammifères  et  autres,  avec  les  côtes  dorsales,  en  laissant, 
comme  chez  ces  derniers,  deux  grandes  ouvertures,  une 
antérieure  et  une  postérieure;  avec  cette  différence  que, 
chez  les  Chéloniens,  les  dernières  costines  enveloppent, 
ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  tout  le  bassin,  et  recouvrent 


400  THEOLOGIB  DE   LA  NATURE. 

par  là  en  majeure  partie  les  deux  membres  postérieurs» 
ainsi  que  la  queue  ;  dont  les  extrémités  seules  sortent  de  la 
carapace ,  et  peuvent  même  être  retirées  en  entier  dans  son 
intérieur. 

L'ouverture  antérieure  de  la  carapace,  formée  par  les 
mêmes  parties  que  chez  les  vertébrés  supérieurs,  porte, 
comme  à  l'ordinaire ,  k  son  bord  supérieur,  le  Cou ,  faisant 
suite  à  la  série  des  vertèbres  dorsales;  et  reçoit  dans  son 
intérieur,  ainsi  qu'on  le  verra  un  peu  plus  bas,  les  deux 
membres  antérieurs  dont  les  extrémités  seules  sortent  pour 
servir  dans  la  marche  ;  et  cela  par  une  transposition  plus 
extraordinaire  en  apparence  qu'elle  ne  l'est  en  réalité.  En 
effet ,  si  l'on  examine  avec  quelque  attention  la  disposition 
que  prennent  graduellement  les  épaules  chez  les  Mammi- 
fères ,  les  Oiseaux  et  les  Reptiles  sauriens  ,  on  est  peu  k  , 
peu  amené  k  une  condition ,  où  il  n'y  a  plus  qu'un  léger  pas  | 
k  faire  pour  arriver  k  cette  dispositions  si  remarquable  toute- 
fois des  Chélomiens. 

Dans  Y  Homme  et  la  plupart  des  autres  Mammifères,  les 
épaules  sont  placées  tout  au  plus  au  niveau  antérieur  du 
thorax ,  les  omoplates  ne  dépassant  pas  les  premières  paires 
de  côtes;  mais  les  clavicules  sont  déjk  un  peu  plus  anté- 
rieures. Chez  certains  Mammifères  cependant,  tels  que  les 
Carnivores,  et  surtout  chez  les  Echidna  et  les  Ornithorhyn- 
chus ,  les  angles  antéro  -  inférieurs  des  omoplates ,  formant 
l'articulation  du  bras,  sont  déjk  portés  plus  en  avant,  et  se 
trouvent  en  partie  placés  k  côté  de  la  région  postérieure  du 
cou.  Chez  les  Oiseaux  et  les  Sauriens  ,  on  voit  ensuite  avan- 
cer les  épaules  toujours  de  plus  en  plus  d'un  genre  k  l'autre, 
au  point  que  dans  les  Scincm  (espèce  de  Lézards),  toute  l'é- 
paule se  trouve  au  devant  de  la  première  côte ,  et  n'a  plus  par- 
conséquent  qu'un  léger  mouvement  k  faire  en  arrière  pour 
pénétrer  dans  le  thorax  par  la  grande  ouverture  antérieure 
de  ce  dernier  ;  ce  qui  a  lieu  en  effet  chez  lés  Chéloniens  ,  où 
l'extrémité  supérieure  de  l'omoplate  s'articule  latéralement 


CHAPITHB   m.  401 

a^ec  Textrémité  supérieure  de  la  première  côte  dorsale.  De 
là ,  cet  os  se  porte  en  bas  et  eu  arrière  dans  l'intérieur  du 
thorax ,  en  entraînant  avec  lui  le  restant  de  Tépaule  et  tout 
le  bras ,  celui-ci  se  portant  ensuite  en  avant  pour  sortir  par 
son  extrémité  de  l'ouverture  antérieure  du  Uiorax ,  afin  de 
servir  à  la  marche;  c'est-à  dire  que  Tépaule  articulée  par 
l'extrémité  de  l'omoplate  sur  la  première  côte,  se  porte  de 
nouveau  en  arrière  chez  ces  animaux,  mais  en  se  plaçant  dans 
le  thorax,  au  lieu  de  se  placer  en  dehors,  et  en  entraînant 
ses  téguments  et  ses  chairs  avec  elle.  Cette  transposition  des 
os  de  l'épaule  n'est,  comme  on  voit,  que  l'effet  d'un  mouve- 
ment de  nouveau  rétrograde  dans  son  déplacement  graduel  ; 
qui  se  fait  d'abord  d'arrière  en  avant,  à  commencer  déjk 
chez  les  Mammifères  ;  et  ensuite  d'avant  en  arrière  chez  les 
Chéloniens.  Mais  c'est  le  déplacement  de  plusieurs  muscles 
moteurs  des  épaules ,  tels  que  le  Grand-dentelé ,  le  Grand- 
dorsal  et  les  muscles  Pectoraux ,  qui  est  le  plus  remarquable, 
ces  organes  ayant  un  immense  chemin  k  faire  pour  exécuter 
ce  changement  de  place  ;  affectant  dans  le  thorax,  en  principe, 
à  peu  près  les  mêmes  rapports ,  soit  entre  eux ,  soit  avec  les 
autres  parties  du  corps ,  telles  que  les  côtes  et  le  sternum. 

Il  en  est  de  même  des  muscles  abdominaux  qui,  débordés 
en  dessus  par  les  costines ,  et  en  bas  par  le  sternum ,  sont 
par  là  également  renfermés  dans  le  thorax ,  l'abdomen  se 
réduisant,  comme  c'est  de  règle,  k  la  partie  du  corps 
comprise  entre  le  bord  postérieur  du  sternum ,  celui  des 
costines,  d'une  part,  et  le  bassin,  de  l'autre. 

Le  Cou  et  la  Têie^  restés  mobiles,  conservent  leur  dispo- 
sition habituelle;  n'offrant  que  cette  particularité,  que  la 
bouche  devant  pouvoir  atteindre  à  terre,  le  cou  est  à  l'instar 
de  celui  des  Oiseaux  ,  dont  le  tronc  est  également  court  et 
k  peu  près  immobile ,  fort  allongé  chez  les  Chéloniens ,  très- 
mobile  dans  toutes  les  directions,  et  même  susceptible,  chez 
plusieurs  espèces,  de  pouvoir  rentrer  avec  la  tête  et  les 
membres  antérieurs  entièrement  dans  la  carapace  ;  de  ma- 
I.  Î6 


40i  THBOLOGlÊ  DE  LA  NATURE. 

liièré  que  celle  ci  renferme  toutes  les  autres  parties  ;  les  os 
qui  ta  constituent  n'éiant  eux-mêmes  recouverts  que  des 
téguments  ordinaires,  réduits  k  une  lame  fibreuse  très- 
Kérrée,  duré,  entièrement  immobile,  revêtue  de  grandes 

ÉCAÎLlÉS  CORNEES  CONFLUENTES  ,  QUI  LA  METTENT  PARTOUT  À 
L^A^RI  bu  CONTACT  IMMÉDIAT  DES  CORPS  ÉTRANGERS ,  CONTRE 
LESQUELS  CES  ÀNJMAUX  NE  SAURAIENT  SE  GARANTIR  SANS  CET  EN- 
CUIRASSEMENT  GÉNÉRAL  Dli  CORPS,  PAR  LEQUEL  LA  RONTÉ  DIVINE 
A  RÉPARÉ  LÉS  DÉSAVANTAGES  POUR  l'eXERCICE  DE  BEAUCOUP 
DE  FONCTIONS,  ET  SURTOUT  POUR  l'eXISTENCE  INDIVIDUELLE 
DE  CES  ANIMAUX  ,  QUI  RÉSULTENT  DE  LA  CONDITION  TOUTE 
EXCEPTIONNELLE  DANS  LAQUELLE  LE  CrÉATEUR   A   PLACÉ  CES 

EtREs  EXTRAORDINAIRES ,  qui ,  entièrement  renfermés  dans 
leur  carapace,  y  sont  à  Tabri  non-seulement  de  la  plupart 
de  leurs  ennemis ,  mais  même  des  simples  sensations  péni- 
bles que  les  corps  étrangers  peuvent  leur  faire  éprouver. 

Le  CDU ,  les  metnbres  et  là  queue ,  les  parties  qui  conser- 
vent léiir  mobilité,  sont,  pour  que  celle-ci  soit  le  plus  libre 
bossitité,  revêtus  de  téguments  extrêmement  amples,  et,  de 
& ,  fort  lâcbeis ,  quoique  épais  et  coriaces ,  âân  d*étre  peu 
sensibles  ;  encore  les  portions ,  plac^eà  le  plus  souvent  au 
dehors  de  la  carapace,  telles  que  les  extrémités  des  membres, 
sont-élIes  incrustées  d*écailles  plus  ou  moins  grandes ,  qui , 
tout  eh  les  garantissant  beaucoup  du  contact  des  corps 
étrangers,  leur  laissent  une  mobilité  suflTisante. 

La  tête  est  k  l'instar  de  celle  des  Sauriens  et  des  Ophidiens 
recouverte  dé  larges  écailles  continentes,  semblables  à  celles 
dii  tronc  ;  et  conime  cette  partie  est  souvent  k  découvert ,  ne 
pouvàtit  lé  plus  souvent  même  jamais  rentrer  entièrement 
dàiis  là  cafapàée ,  la  région  supra-postérieuré ,  où  sont  les 
muscles  des  tempes,  est  recouverte  d'une  forte  lame  osseuse 
sous-éutànée ,  afin  que  le  tout  soit  également  garanti  de 

i'ACtfON  DES  CORPS  ÉTRANGERS. 

Dans  plusieurs  espèces,  la  tête ,  ainsi  cuirassée  de  toutes 
parts,  ferme,  conjointement  avec  les  mains,  également 


CHAPITliE    III.  403 

Revêtues  d'écaillés  corhées,  Toiivertare  antérieure  dé  là 
earapace ,  où  toutes  le6  parties  se  inoulétit  eislctéitieût  les 
tines  sur  les  autres. 

Dans  ce  singulier  drgahiâine ,  tous  les  Intlscles  de  h  ré- 
gion dorsale  du  tronc,  les  intercostaùl,  les  ulotedrs  du 
sternum,  etc.,  ont  été  ptirëttietit  et  sltnpletneni  suppriitiés 
comme  inutiles  ;  les  abdominaux,  ainsi  qiie  tes  moteurs  de 
la  queue  et  des  diembres  poètérietii*s ,  tdUt  eu  Ëohsetvatlt 
même  leurs  rapports  drditiaires,  se  sont  tiaturellëmént 
trouvés  renfermés  dans  la  daràpate ,  tiû  le^  iliétubrëâ  ahté- 
rieurs  ont  égalemëùt  été  amenés,  ainsi  que  Je  Tai  fait  Voir. 

Dans  la  Classé  des  Poissons,  la  dernière  de  rEkÈRANCHË- 

MEMT  des  TERtÉBliËS,  le  CltÉÂTËUK,  EN  fiOlJtPlÀ^T  ENCORE 
AUTREMENT  tOUT  LÉ  SYStÈlIlE  ORGANIQUE  bË  CES  A^ittAUX, 
l'amena  au  tït»Ë  LE  i>LUg  PARFAIT  POUl(  LA  PONCf  lON  DE   LA 

NAGE ,  que  nous  trduvôuâ  dU  fdste  déjà  exercée  à  des  degréà 
plus  ou  jhoins  émitiënt^  dan&  toutes  les  classes  du  rcgnè 
animal  ;  et  le  plus  souvent  par  des  ttiôyen^  fort  différents. 

Chez  les  MAMMifÈkk^  ordinaires ,  ellé^s'eiéclttè  générale- 
ment par  Faction  des  quatre  membres  faisant  les  fodctîons 
de  rames,  et  plds  particùllèrëtneiit  par  lés  postérieure,  dont 
les  mouvemetitâ  d*eitensioù  Sont,  par  léui"  i)liis  grande 
étendue  et  leur  direction ,  plus  propi*èà  que  les  antérieurs  à 
faire  avancer  le  corps  en  repoussant  l*ëau.  Céè  ânitiïàut 
étant  toutefois  plus  spécialëmëdt  orgatiiséà  p6tiT  vivre  âur  le 
sol ,  leur  orgatiisatiou  en  géhét'àl  et  celle  des  ihem'brës  en 
psti-ticulier ,  ne  perdiet  ràctiott  dé  là  uage  qd*^  iln  degré 
très-imparfait,  presque  tous  pôûvaiit  à  la  Hgueiir  iiagér 
avec  plus  ou  moitis  de  facilité  à  la  surface  de  Tëau ,  lorsque 
par  une  raison  quelconque  ils  y  sôtit  obliges ,  et  ramer 
exclusivement  au  moyeu  de  leurs  menibres.  Mais  déjà  nous 
remarquons  pattni  ces  animaux  quelques  espèces,  telles  que 
les  Loutres,  ouë  la  Volonté  i)t  CfiÉATEtR  a  favorisées  sous 

CE    rapport,   en  leur   donnant  SIMPLEMENT   DES    MAINS   ET 

DÈS  PIEDS  PALMÉS,  qui ,  par  le  grand  élargissement  de  leur 


404  THKOLOGIB  DE  LA  NATURE. 

surface ,  sont  capables  d*agir  avec  bien  plas  d'efficacité  sur 
l'eau ,  que  dans  les  espèces  dont  les  doigts  et  les  orteils  sont 
libres.  Ces  espèces  ayant  été  destinées  à  vivre  souvent 

DANS  l'eau  ,  où  les  LoUTRES  ONT  k  POURSUIVRE  AVEC  RAPI- 
DITÉ LES  Poissons  dont  elles  doivent  se  nourrir. 

Dans  les  Amphibies,  Ordre  composé  d'un  très-petit 
nombre  de  genres ,  tels  que  celui  des  Phoques ,  la  volonté 
divine  ayant  déjà  voulu  introduire  dans  l'organisation 
DES  Mammifères  la  nage  comme  une  des  fonctions  essen- 
tielles ,  ELLE  A  POUR  CELA  NON-SEULEMENT  TRANSFORMÉ  LES 
QUATRIS  MEMBRES  EN  DE  VÉRITABLES  RAMES ,  EN  LES  APLATIS- 
SANT EN  LARGES  PALETTES  ,  MAIS  ELLE  A  DÉJÀ  COMMENCÉ ,  LÀ , 
À  EMPLOYER  LA  QUEUE  COMME  INSTRUMENT  DE  NATATION»  EN 
l'unissant  par  une  LARGE  EXPANSION  AUX  MEMBRES  POSTÉ- 
RIEURS EUX-MÊMES ,  PORTÉS  POUR  CET  EFFET  BEAUCOUP  PLUS 
EN  ARRIÈRE  QUE  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES  TERRESTRES.   Et  déjà 

leur  corps ,  atténué  en  arrière  et  très-flexible  dans  sa  partie 
postérieure ,  en  commençant  k  prendre  la  forme  des  Pois- 
sons ordinaires ,  agit  par  ses  inflexions,  plus  ou  moins  acti- 
vement dans  la  nage. 

Chez  les  Cétacés  enfin,  formant  Tune  des  branches  termi- 
nales de  la  classe  des  Mammifères  faisant  suite  à  Tordre  des 
Amphibies  ,  le  Créateur  a  porté  le  type  organique  de  ces 
animaux  aux  conditions  les  plus  favorables  possibles 

POUR  l'accomplissement  DE  LA  NAGE;  EN  REMPLAÇANT  PRIN- 
CIPALEMENT l'action  des  Membres  par  celle  de  l'extrémité 

POSTÉRIEURE  DU  TRONC   FORMÉE  PAR  LA  QuEUE.   DispOSitîOD 

tout  à  fait  semblable  à  celle  que  présentent  les  Poissons  les 
meilleurs  nageurs  ;  c'est-à-dire  celle  qui,  mathématiquement, 

CONVIENT  LE  mieux  À  CE  GENRE  DE  LOCOMOTION.  ÂUSSi  FInTEL- 

ligence  créatrice  a-t-elle  en  conséquence  supprimé  les 

MEMBRES  postérieurs  ,  EN  LES  REMPLAÇANT  AU  DELÀ  DU  BESOIN 
DANS  LEUR  FONCTION ,  PAR  L' ACTION  DE  LA  QUEUE  ,  dout  il  Sera 

parlé  plus  bas  ;  en  même  temps  qu'elle  a  réduit  les  membres 
antérieurs  à  de  simples  rames  assez  faibles,  dont  l'action  sert 


CHAPITRE  III.  405 

plas  particulièrement  dans  les  changements  de  direction  ; 
et  moins  dans  la  progression  d'arrière  en  avant ,  en  plaçant 

DU  RESTE  CES  ANIMAUX  ESSENTIELLEMENT  MARINS,  AUTANT  QUE 
POSSIBLE,   COMME  MAMMIFÈRES,  DANS  LES  MÊMES  CONDITIONS 

QUE  LES  Poissons  parmi  lesquels  ils  sont  appelés  à  vivre. 

Nous  avons  vu  plus  haut  comment  le  Créateur,  sans 
donner  la  même  forme  allongée  au  corps  des  Oiseaux ,  forme 
incompatible  avec  leur  système  d'organisation ,  a  ceiiendant 
assez  modifié  leurs  membres  pour  permettre  k  un  grand 
nombre  de  ces  animaux  de  nager  avec  facilité  ;  mais  toute- 
fois jamais  avec  la  rapidité  des  Cétacés  et  des  Poissons. 

Parmi  les  Reptiles  ,  un  grand  nombre  d'espèces  ^  corps 
allongé ,  tels  que  tous  les  Urodèles  ,  auxquels  les  Poissons 
font  immédiatement  suite,  nagent  déjà  en  employant  à  ce 
genre  de  locomotion,  les  mouvements  latéraux  de  leur 
queue  ;  tandis  que  les  membres  n'y  prennent  d'ordinaire 
aucune  part.  C'est  ainsi  que  le  Créateur  prépara  de  loin 
l'organisme  des  Vertébrés  à  cette  nouvelle  et  grande 
fonction  de  la  queue ,  appendice  simplement  rudimentaire 
chez  la  plupart  des  Mammifères  ;  ou  du  moins  sans  usage 
bien  évident;  ou  bien  servant  k  d'autres  usages,  tels  que  la 
préhension ,  dans  certains  Singes ,  au  saut  chez  les  Kangu- 
roos ,  k  faire  l'office  de  truelle  chez  le  Castor ,  de  gouvernail 
dans  les  Oiseaux  ,  et  de  ressort  dans  le  saut  chez  les  Gre- 
nouilles. 

Enfin  les  derniers  Urodèles  ,  qui  font  le  passage  aux  Pois- 
sons ,  et  vivent  comme  eux  au  fond  de  l'eau ,  ont  le  corps 
déjk  entièrement  conformé  comme  celui  de  ces  derniers ,  et 
nagent  de  la  même  manière,  sans  cependant  arriver  comme 
eux  au  type  de  la  perfection  comme  animaux  nageurs. 

Tout  en  restant  dans  les  limites  dans  lesquelles  sont  ren- 
fermés les  Vertébrés  pour  conserver  les  caractères  généraux 
propres  k  cette  grande  division  du  Règne  animal  ;  si  l'on 
considère  quelles  sont  les  conditions  que  doit  présenter  l'or- 
ganisme d'un  animal  aquatique  le  plus  parfait  nageur,  on 


106  TH^OLOGI£  DE  LA  NATL'RB. 

arrive ,  par  une  série  de  conséquepces  naturelles  k  la  foraie 
qu'offrent  réellenieut  les  Poissons,  comme  on  arrive  à  la  con- 
formation  des  Oiseaux  pour  des  apiipauf  parfaits  voiliers. 

En  effet,  par  cela  piéme  que  ces  animaux  doivent  se 
transporter  le  plus  facilemçqt  possible  d'arrière  en  avant, 
en  vainquant  1^  résistance  de  Teau ,  plus  forte  que  celle  que 
Tair  exerce  ^qr  le  corps  de  rOiseaq  d^ns  le  vol  ;  le  Poisson 
i^*a  dû  présenter  au  liquide  ambiant  que  la  pluç  petite  sur- 
face de  son  corps.  Pour  cela  ce  dernier  a  du  être  fort 

ALLQNGÉ  D*ÀViVNT  EN  ARRlÈfiE  »  ET  AVOIR  EN  OVTflE  SA  TÊTE 
CONFORMÉE  DB  F AÇpN  i  NE  PRÉSENTER  ELLE-MÊME  QUE  L4 
PHS  PETITE  RÉSl^Tj^NCE  À  L'EAU-  CpST-i-piflE  QU'ELLE  DE- 
VAIT NON-SEULE^ENf  ÊTRE,  AUTANT  QUE  POSSIBLE,  ACUMI>'ÉE 
À  SON  EXTI^KMITÊ,  ^N  P^IEN^NT  AVEC  LA  PARTIE  ANTÉRIEURE  DU 
GOltPS  UNE  f  OPM^  PLUS  OU  I^OINS  CONIQUE  ,  AFIN  DE  FENDRE 
FACILEMENT  l'eau;  MAIS  ELLE  NE  DEVAIT  PR|:SENTER  EN  OU- 
TRE ,  AINSI  QUE  IPE  RESTE  DU  CORPS ,  AUCUNE  SAlLf^IE  QUI  PUT 
App^ENTEp  INUTILEMENT  CETTE  RÉSISTANCE.  Etlfiu  LA  PARTIE 
POSTÉRIEURE  DV  CORPS  DEVAIT  DE  NOUVEAU  s' ATTÉNUER  PRO- 
GftESSIVEJ^ENT,  POUR  N* ÉPROUVER  AUCUNE  DIFFICULTÉ  d'aVJlNT 
EN  AflRIÈRE ,   PANS  SES  INFLEXIONS  LATÉRALES  ;  ippi)VementS 

essentiels  daps  !a  nage,  ainsi  qu*on  le  verra  un  peu  plus 
Iqjn.  Or  ce  sont  en  effet  toutes  ces  conditions  que  présente 
la  form^  du  corps  dç  la  grande  majqn^é  des  Poissons,  sur- 
tout dans  les  meilleurs  nageurs;  ce  qui  prouve  qu'elles 

ONT  ÉTÉ  TOUTES  PARFAlTE^UENT  ÇALÇy^-ÉES  pAN^  CETTE  INTEN- 
TION PAR  l'oMNISCIENCE  DIVINE. 

Il  eût  été  possible  (^'employer  comme  rame  les  quatre 
membres  ordinaires  des  vertébrés,  qui  servent  en  effet  exclu- 
sivement à  cet  usage  cbez  les  Mammifères  ordinaires,  les 
Oiseaux  et  un  nombre  considérable  de  Reptiles  ;  mais  on  cou- 
çojt  que  pour  en  faire  des  organes  de  natsition  capables  d*im- 
prjmer  au  corps  une  très-grande  vitesse  de  [»rojeclion,  il 
eût  fallu  leur  donner  une  surface  fort  étendue,  et  pour  cela 
un  voliunoconsldcrablc,  qui  sérail  (lovopu  un  j^rand  obstacle 


CHAPITRE    III.  i07 

• 

pour  une  i)age  facile ,  ainsi  que  cqI^  e^i^te  pu  efTet  chez  (e^ 
Raie^,  ani|aiaux  qui  nagent  exclusivement  p  moyen  ^p  \^^^ 
membres  antérieurs  élargis  en  griindes  lames  triangulaire^ 
formant  la  plus  grande  partip  de  leur  porpç;  pendant  (|ue  U 
queue ,  très-grêle ,  ne  fait  que  rpffice  de  gouvernail ,  ^  rin- 
star  de  celle  des  Oiseaux;  aussi  ce^  animaux  nagent-ils  fqrt 
lourdemept  Mais  le  ÇRÉATEUfi  connaissant  dans  $()n  piiNi- 

ÇCIENCE  l'|MMEN3P  AVANTAGE  QU*IL  POUVAIT  TIRER  pE  L  gMf^LQI 
PE  l'eXTR|:M1TÉ  postérieure  du  CORP^  ,  GOMAfE  INSTRUII{E1^T  pÈ 
NATATION ,  ^A  MODIFIA  DANS  ÇfTTE  VUE  ,  EN  LUI  DQÎJNANJ  LÇ  DÉ" 
VELOPPEUflNT  ET  LA  CpMPOSIT{QN  COI!^yÇNA^Lf;S  y,^\lj^  GEJ  QBJÇT, 

en  l'atténuanf  gradiipîj^mppt  e.{i  arrière,  isifin  fju/çjle  n'ç- 
proQve  aucune  résistance  de  la  p^rt  dç  Teau ,  e^  pépie 
temps  qu'elle  pouvait  offrir  la  longueur  la  plu^  conyeiiabli^ 
pour  Texercice  de  cette  fonction.  Or  pe  savant  moyen  6\:\\ 

NOUS  NE  connaissons  QUE  P^ll  SON  EMÎ*Lqi  CHEZ  CES  ANjljI^UX  , 

r{IoQime  n*a  inême  jaipais  mi  en  [aire  qsage  daq^  jes  n)éç^- 
niqpe^^  de  son  invention ,  vu  dull  n*a  point  ^  sa  dispqsitipp , 
comme  rËfre-Su()réme ,  les  puissances  éj^men^ires  q/ij 
agissent  dans  cet  adpiral)le  prganispiie  du  corps  des  Pqj§7 
sons  ;  organisée  cjui  {l'^st  pepeijdânt  pu  fppd  que  cç  q^'p^ 
retrouve  ^illeup  dans  d'auti;es  poi)di|ions,  çt ,  paijr  ^'autres 
usages,  chez  tous  les  aniinaux  vertébrés*^  les  organe^  n'étant 
partout  que  sjmp|emeD|  modifiés  pour  )es  amener,  dans 
chaque  type,  à  la  plus  sublime  harmonie^avec  les  fonctions 
auxquelles  ils  doivent  servir  :  et  cela  entre  autres  chqz  les 
Poissons,  pour  rexlrémité  du  corps ,  qui  de  même  que  tous 

LES  AUTRES  ORGANES  SE  TROUVE  DANS  LES  RAPPORTS  LES  PLUS 
RIGOUREUSEMENT  CALCULÉS  POUR  LA  VIE  ENTIEREMENT  AQUA- 
TIQUE  DE  CES  ANI!\(AUX. 

En  effet,  si  prenant  un  Mapamifère  pour  poipt  de  dépaçt, 
on  voulait  le  transformer  par  ]^  p^i^s^Q  QP  W  ^^jfPcp'  '^  p!l'$ 
compléten^eni  aquatiqifq,  et  en  p)êqie  ternp^  P.^rfait  nageur, 
on  arriverait  forcément,  en  dernier  résultat,  a  en  t^i\v\ 
sous  tous  les  rqipports,  qn  Poisson  tel  mi(^  nous  les  connais- 


-i08  TuiOLOGIB   DE   LA   NATURE. 

sons  :  en  admettant  toutefois  que  le  modèle  en  fût  connu, 
car  THomme ,  malgré  sa  sagacité ,  ne  saurait  probablement 
jamais  imaginer  les  savantes  conditions  organiques  révélées 
dans  la  composition  du  corps  de  ces  animaux;  au  premier 
aperçu  si  simples  dans  leur  forme ,  et  en  apparence  si  peu 
favorisés  pour  leurs  facultés. 

J*ai  dit,  en  parlant  des  Mammifères,  que  le  Créateur, 
tout  en  conservant  le  type  général  de  cette  classe,  ayant 
voulu  en  faire  des  animaux  essentiellement  aquatiques ,  et 
exclusivement  nageurs ,  était  arrivé  à  former  la  famille  des 
Cétacés  souffleurs  ,  comprenant  les  Dauphins  et  les  £a- 
leines ,  auxquels  il  a  déjà  donné  la  forme  générale  des  Pois- 
sons ordinaires,  et  de  là  le  même  mode  de  natation.  Mais 
par  cela  même  que  ces  animaux  durent  conserver  les  carac- 
tères principaux  des  Mammifères,  ils  durent,  comme  ceux- 
ci  ,  respirer  Tair  ;  d*où  il  devint  impossible  qu'ils  pussent 
vivre  longtemps  au  fond  des  eaux.  Quoique  ces  mêmes  Cé- 
tacés nageassent  k  Tinstar  des  Poissons  au  moyen  des  batte- 
ments alternatifs  de  leur  queue,  celle-ci  aussi  dut  conserver, 
dans  le  principe,  la  composition  de  celle  des  autres  Mammi- 
fères ,  ce  qui  n'admet  point  l'introduction  subite  dans  l'or- 
ganisme d'une  foule  d'objets  favorables  à  la  natation,  ni 
même  des  modifications  assez  grandes  dans  les  organes, 
pour  les  amener  de  suite  à  la  condition  la  plus  convenable 
pour  fonctionner  Ifi  mieux  possible  dans  la  nage.  Or,  l'étude 
de  1  Anatomie  comparative ,  montre  au  contraire  que  toutes 
ces  formes ,  ces  nouveaux  organes ,  et  ces  nombreuses  modi- 
fications ,  nécessaires  à  cette  nouvelle  grande  condition  dans 
laquelle  les  Poissons  sont  placés ,  ont  déjà  été  prévues  de 
loin  dans  le  grand  plan  que  Dieu  a  suivi  dans  la  création  des 
Êtres  vivants,  pour  amener  l'organisme  de  ces  animaux  au 
type  le  plus  parfait  des  Vertébrés  les  plus  essentiellement 
aquatiques ,  en  leur  donnant  tout  ce  qui  peut  contribuer  ï 
satisfaire  aux  exigences  de  cette  nouvelle  condition. 

Ici ,  comme  ailleurs ,  je  ne  puis  entrer  dans  aucun  détail 


CHAPITRE    III.  409 

sur  la  composition  de  la  tête  de  ces  animaux  ;  les  grands 
changements  que  cette  partie  du  corps  éprouve  pour  arriver 
successivement  aux  diverses  formes  caractéristiques  de 
chaque  classe  d'animaux ,  étant  plutôt  dûs  k  la  grande  loi 
générale  de  gradation  qu'elle  suit,  qu'aux  fonctions  que 
chaque  partie  doit  individuellement  remplir.  Il  me  serait  du 
reste  impossible  d'en  indiquer  les  causes  déterminantes, 
qui  resteront  peut-être  à  jamais  inappréciables  pour  les 
hommes  ;  quoique  ces  causes  doivent  nécessairement  exister, 
tout  aussi  bien  que  celles  dont  nous  connaissons  les  raisons 
d'existence. 

N'ayant  au  reste  à  considérer  ici  l'organisme  des  Poissons 
que  sous  le  seul  rapport  de  la  puissance  locomotrice,  je 
ferai  remarquer  de  nouveau  que  le  corps  (PI.  II ,  /îg.  3)  ne 
devant  présenter  aucune  saillie  qui  puisse  offrir  quelque 
résistance  à  l'eau,  le  tronc  devait,  de  même  que  chez  les 
Cétacés,  n'avoir  pas  plus  de  diamètre  que  la  partie  posté- 
rieure de  la  tête  (a  A)  à  laquelle  il  fait  suite ,  sans  rétrécisse- 
ment au  cou  :  condition  déjà  obtenue ,  chez  ces  derniers , 
en  réduisant  les  sept  vertèbres  du  cou  en  simples  lamelles 
fort  minces ,  toutes  soudées  ensemble  ;  de  manière  que  pour 
la  longueur,  le  cou  n'existe  pas  en  apparence;  et  le  tronc 
fait  immédiatement  suite  k  la  tête. 

Le  Créateur  allant  plus  loin  chez  les  Poissons  ,  a  en  con- 
séquence de  ce  principe ,  entièrement  supprimé  cette  région 
du  corps ,  ainsi  que  cela  a  déjà  lieu  dans  les  Serpents. 

Ce  qu'on  nomme  k  tort  la  région  thoracique  (bijc)  des 
Poissons  est  réellement  l'abdominale ,  pourvue  de  nombreu- 
ses fausses  côtes  (q)  ou  costines  ;  vu  que  l'analogue  de  celle  qui 
chez  les  Mammifères  renferme  le  Cœur  et  les  Poumons,  et 
constitue  le  vrai  thorax ,  n'est  plus  qu'une  toute  petite  cavité 
placée  en  arrière  sous  la  tête,  et  ne  contient  que  le  cœur  et  ses 
accessoires  ;  les  poumons  ayant  disparu  par  la  dégradation 
qu'ils  ont  suivie  jusque-lk ,  pour  être  remplacés  dans  leur 
fonction  par  les  Branchies,  dont  il  sera  parlé  plus  tard. 


4i0  THÉOLOGIE  UE  LA  NATURE. 

Ce  long  abdomen ,  garni  dans  toute  son  étendue  de  très- 
longues  cosdnes  (9),  absolument  cofnme  celui  des  Ser- 
pents ,  a  reçu  toutefois  cette  disposition  par  un  viplif  fort 
différent.  Chez  ces  derniers  anifqaqx ,  c'est  ppur  que  ces 
appendices  des  vertèbres  puissent  servir  de  leviers  dans  le 
rampeynent  en  remplaçant  les  membres  dan^  leur  fonction  ; 
chez  les  Poissons,  aq  contraire.  c*est,  d*une  part,  pour 
soutenir  les  parois  abdpminales ,  afin  de  leur  peripettre  de 
résister  H  '^  pression  sqqvent  fort  cqnsidérable  que  Teaii 
exerce  sur  elles,  Iprsqu^  ces  ani|;p^t^x  descendept  k  de 
grandes  profondeurs;  et  de  Tautre,  pour  servir  (}ç  points 
d>ttacheaux  muscle^j  latér^u^  du  corps,  qui  doiyept  faire 
les  plus  énergique^  effqr^g  d^ns  I4  qage,  ep  [prenant  |a  cbaine 
depuis  la  tète  jq^qu'k  rextré|[^j(é  (le  la  queqe  :  efforts  qqi ,  a 
chaque  contraction,  prqduir^ient  la  compression  yioleqte  des 
viscères,  si  les  parois  fje  |*^(|pQ)eq  prêtaient  pa^  soqleniies 
ainsi  par  les  nombreux  ^fps  Qsseu^  que  formant  les  côtes. 

Par  cpla  ipéme  qqe  }a  n^tge  s'exécute  principalement  p^r 
les  battements  de  la  queqe  (ijclmnoj),el  que  1^  membres, 
et  surtQpt  les  pqstépeurs,  i^nt  été  cpnsidprablem^nt  ré4^i^ 
daps  leur  volume ,  le  Bassin,  qui  a  suivi  la  n^éme  ^égradd- 
tiqn,  se  trouve  réduit  a  un  sifppje  rudiipent,  formé  4^ 
quelques  os  suspendus  simplenient  çb^9  l)eaucoup  d*e$pèces 
d^ns  )es  chairs  de  la  p^rtjc  iDfjra-ppstérjeure  (\e  Tabdoufien, 
et  mcn^e  transporté  en  ^yant  sotis  la  p^r^ip  antéd^qrç  du 
tronc  dans  d'autres  (5),  fort  éjoigpps  de  la  colonne  yer(é* 
brale,  sur  laquelle  il  n'a  p|ps  aucune  ipf]p^ifc^;  d'ojj  ré- 
sulte que  la  région  lombaire  ou  abdqminale  de  la  colqnne 
vertébrale  est  immé^^^^^i^^l  suivie  de  celle  de  la  queue  : 
absolument  pomme  chez  l^s  C^tac|;s  et  les  Serpents. 

Les  appendices  costaux  (q)dçiU  région  abdopiinale (/I9. 
C,  d,  d) ,  n'ayant  plus  squs  I4  queue  (fig.  3,  f  )  po^r  fonction 
de  soutenir  les  parois  d'une  cayité;  ipai^  bien  çncpre  celle  €|p 
servir  de  points  d*attache  aux  muscles  latéraux,  qui  dqive^l 
agir  ^vec  énergie  daqs  1^  nagj^ ,  se  rapprQchen[  gr^^H^H^' 


CHAPITRE   111.  41 1 

ment  daqs  chaque  paire,  ^é^k  vers  la  partie  postérieure  de 
Tabdon^en,  en  rétrécis^ap^  ain$i  de  plpsen  plus  la  cavité; 
et  fini  sent  par  se  rencqntrer  et  se  souder  suivant  leur  lon- 
gueur, dans  toutes  les  vertèbres  caudales;  de  manière  à  for- 
mer a  la  ligne  médiane  de  la  quei^e ,  unç  série  de  longs  stylets 
impairs  ou  Apophyses  upsildides  {fig.  D,  E,  /),  tout  a  fait  sem- 
blables aux  apophyses  épineuses  (/îy.  C,  D,  E,6).  Ces  prolon- 
gements osseux,  qui  jmjtent  par  leur  disposition  les  Apo- 
physes acanthoides ,  çp  dififèreat  en  ce  que  celles  ci ,  partout 
où  elles  existent,  ne  sont  jamais  percées  d*avant  en  arrjère 
à  leur  b^se  par  pne  ouverture  ;  tandjs  que  )es  apophyses  qp- 
siloïdes  des  pqissons  et  autres  anioiauic  ip  sont  toujours,  ei| 
iqénageant  un  canal  dans  lequel  pas^e  )*2frtère  caudalp,  pro- 
longement de  Taorfe  :  canaj  qui  constitue  le  dernier  reste  de 
la  cavité  abdoniinale. 

En  dessus ,  toutes  les  vertèbre^  P|rodui§ent  des  Apaphjfses 
épineuses  {fig,  ^ , i») beaucoup  plus  jongifes  que  dans  au- 
cup  autre  animal  yerlébrp  ;  toujours  dans  Lp  même  put  pp 

SERVIR  d'attaché   AUX  MUSCLER  LATJÊRAUX  DU  CORPS  ;  agClitÇ 

actifs  de  la  nage;  apophyses  qui  yon^  pn  crqissant,  depuis  la 
tête  jusque  vers  le  milieu  de  la  région  abdominale,  d^oii 
leur  lopgueur  diminue  de  nopvjsau  jusque  yerç  |a  fin  de  la 
queue ,  partout  à  peq  près  dans  |es  mêipe^  proportions  qqe 
les  côtes  et  les  apophyse^  upsiloïdes  qui  )eur  sor|^  opposés. 
Les  mouvements  verticaux  des  parlies  du  tronc  dés  Pois- 
sons, n'étant  d'aucune  utilité  pour  la  nage,  tf:s  apophyses 

ÉPINEUSES  DES  VERTÈBRES  PURENT  ,  SUIVANT  LE  BESOIN  ,  ÊTRE 
PORTÉES ,  GOMME  ELLES  Ï.E  SONT  EN  EFFET ,  À  LA  PLUS  GRANDE 

longueur;  tandis  que  les  flexiops  latérales  du  porp^  devant 
être  libres  et  plus  ou  moins  étenc||ies ,  les  apophyses  trans- 
verses ne  purent  avoir  que  fort  peu  de  longueur^  mais  \l  y 

A  ÉTÉ  SUPPLÉÉ  d'une  MANIÈRE  ADMIRABLE  PAR  DES  PROLON- 
CEMENTS   FIBREUX  QUI  n'OFFRENT  PAS  LE  MÊME  INCONVÉNIENT 

DE  GÊNER  LES  MOUVEMENTS;  prolongements  dont  je  ferai  con- 
naître la  disposition  en  parlant  des  muscles. 


412  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

Les  vertèbres  devant  jouir  de  la  plus  parfaite  mobilité  les 
unes  à  l'égard  des  autres,  pour  faciliter  le  plus  possible  les 
inflexions  latérales  du  corps ,  la  conformation  de  ces  os , 

TOUTE  SIMPLE  QU*ELLE  EST,  NOUS  OFFRE  TOUTEFOIS,  DAJTS 
CETTE  VUE ,  ENCORE  UN  DES  PLUS  REMARQUABLES  EXEMPLES 
DE  L* APPLICATION  DE  LA  CONNAISSANCE  LA  PLUS  TRANSCEN- 
DANTE DE  LA  PHYSIQUE ,  POUR  ARRIVER  D'UNB  PART  À  CETTE 
COMPLÈTE  MOBILITÉ,  ET  DE  l' AUTRE  À  NE  RIEN  PERDRE  DE 
LA  FORCE  MUSCULAIRE  QUE  LE  POISSON  EMPLOIE  DANS  LA 
NAGE. 

J'ai  fait  remarquer  en  parlant  du  mécanisme  de  Tépine 
du  dos  des  Mammifères,  que  les  corps  des  vertèbres  s'arti- 
culaient entre  eux  par  des  bases  à  peu  près  planes;  en  s*u- 
nissant  au  moyen  d'un  anneau  de  fibres  ligamenteuses  déjà 
fort  ingénieusement  disposées  par  couches,  et  entourant  une 
cavité  remplie  d'une  substance  visqueuse  élastique  dont  la 
densité  diminue  de  la  circonférence  au  centre ,  où  elle  finit 
par  avoir  la  consistance  du  blanc  d'œuf.  On  retrouve  égale- 
ment cette  même  substance  entre  les  corps  des  vertèbres  des 
Poissons;  mais  dans  des  conditions  d'un  perfectionnement 
beaucoup  plus  grand  ;  disposition  que  tout  le  monde  connaît, 
sans  que  jamais  personne,  pas  même  aucun  Anatomiste  com- 
parateur n'ait  eu  l'idée  de  se  demander  pourquoi  cela  était 
ainsi ,  quoique  cet  arrangement  existe  sans  aucune  excep- 
tion ,  non-seulement  chez  tous  les  Poissons  ,  mais  déjk  dans 
les  Reptiles  urodèles  approchant  cette  dernière  classe  d'a- 
nimaux. 

De  même  que  chez  les  Mammifères,  les  vertèbres  des 
Poissons  s'avoisinent  par  des  bases  {fig.  C.  D.E.  a)  coupées 
perpendiculairement  k  leur  axe.  Mais  au  lieu  de  former  des 
surfaces  planes  ayant  tout  au  plus  une  légère  dépression  an 
centre,  ces  bases  sont  au  contraire  creusées  de  part  et 
d'autre  d'une  cavité  conique  d'ordinaire  ronde ,  de  manière 
que  les  deux  sommets  se  rencontrent  presque  dans  chacun 
de  ces  os. 


CHAPITRE  III.  413 

Cette  cavité  ainsi  doublement  conique  entre  les  deux 
vertèbres  est  également  remplie  d'une  synovie  fort  élastique, 
mais  plus  liquide  que  celle  des  autres  animaux  ;  et  les  deux 
vertèbres  sont  de  même  unies  dans  toute  leur  circonférence 
au  moyen  d'un  anneau  ligamenteux  semblable  k  celui  des 
Mammifères,  mais  moins  épais,  et  à  fibres  plus  longues;  de 
manière  que  les  deux  os  sont  plus  écartés ,  pour  jouir  d'une 
plus  grande  étendue  de  flexion  l'un  sur  l'autre. 

On  conçoit ,  d'après  cette  disposition ,  que  si  le  Poisson 
contracte  les  muscles  d'un  des  côtés  du  corps ,  la  majeure 
partie  de  la  force  quils  produisent  faisant  fléchir  la  colonne 
vertébrale  vers  ce  côté,  cette  force  fait  seule  équilibre  à  la  ré- 
sistance que  l'eau  oppose  à  la  face  latérale  de  la  partie  du  corps 
qui  se  meut,  tandis  qu'une  autre  partie  de  la  puissance  mus- 
culaire sert  simplement  à  comprimer  la  moitié  du  même  côté 
de  l'anneau  fibreux  entourant  la  base  des  vertèbres,  et  que 
cette  partie  de  la  force  serait  complètement  perdue  pour  le 
mouvement  progressif  si  l'on  n'avait  point  paré  à  cet  incon- 
vénient; perte  d'autant  plus  considérable  que  la  plus  grande 
partie  de  ces  muscles ,  s'insérant  directement  ou  indirecte- 
ment aux  vertèbres  fort  près  de  ces  anneaux,  n'agissent  sur 
ces  derniers  que  par  des  bras  de  leviers  fort  courts.  Mais  la 
Sagesse  divine  a  remédié  admirablement  à  ce  désavantage  , 

PAR  l'emploi  de  la  SYNOVIE  ÉLASTIQLE  REMPLISSANT  LES  CAVI- 
TÉS DOUBLEMENT  CONIQUES  DONT  JE  VIENS  DE  PARLER.  Eu  cflct, 

si ,  ainsi  que  cela  est  à  peu  près  certain ,  la  force  d'élasticité 
de  la  synovie  comprimée  d'un  côté  se  réfléchit  sur  les  parois 
de  la  cavité  qui  la  contient,  d'après  la  même  loi  générale  qui 
régit  tous  les  corps  en  mouvement,  ainsi  que  la  lumière; 
Télasticilé  de  celte  synovie,  comprimée  d'un  côté,  doit  se 
réfléchir  sur  les  parois  voisines  obliques  des  deux  cônes 
opposés,  et  se  porter  sur  les  parois  opposées  du  même  cône 
sous  des  angles  de  réflexion  égaux  aux  angles  d'incidence  ; 
et  se  réfléchissant  une  seconde  fois  vis-à-vis,  les  deux  forces 
iï'ont  îk  la  rencontre  Tune  de  l'autre ,  et  produiront  Técarle- 


414  THlioLOGIE  DE    LA    NATURE. 

ment  îles  deux  vertèbres  au  côté  opposé  a  celui  où  le 
ligament  a  été  comprima;  et  cela  avec  une  force  par  consé- 
quent égale  k  celte  compression  ;  de  manière  que  ce  que  la 
puissance  musculaire  perd  d*un  côté,  en  comprimant  le  liga- 
ment ,  se  retrouve  au  côté  opposé  par  l^effet  de  Télasticité  de 
la  synovie  ;  aus^i  la  colonne  vertébrale  de  ces  animaux  est- 
elle  d'une  remarquable  flexibilité. 

Cet  effet  mécanique  une  fois  reconnu ,  il  s'agissait  de 
savoir  quelle  est  la  condition  la  plus  favorable.  Or  cela  était 
facile;  un  léger  examen  suffît  pour  faire  voir  que  c'est  le  cas 
où  Tangle  de  la  section  du  cône  par  son  axe  est  droit;  alors 
la  synovie  comprimée ,  agissant  sur  les  parois  du  cône  sous 
un  angle  de  30°,  s*y  réfléchit  sous  un  angle  égal ,  rencontre 
plus  loin  les  parois  opposées  encore  sous  un  angle  de  même 
ouverture,  et  s'y  réfléchissant  de  nouveau  sous  un  angle  de 
SO*,  elle  se  trouve  directement  opposée  à  la  force  d'élasti- 
cité aussi  réfléchie  dans  le  cône  de  l'autre  vertèbre;  de 
manière  qu'il  n'y  a  rien  de  perdu.  Si ,  au  contraire,  l'angle 
des  cônes  est  plus  grand  ou  plus  petit  qu'un  droit,  les 
élasticités  réfléchies  des  deux  côtés  se  rencontrent  dans  des 
directions  obliques ,  d'où  résulte  une  perte  plus  ou  moins 
grande.  Or  l'observation  montre  que  ce  sont  en  effet,  toutes 
choses  étant  d'ailleurs  égales,  les  Poissons,  tels  que  le  Thon, 
dont  Tangie  de  la  cavité  des  vertèbres  est  droit,  qui  nagent 
avec  le  plus  de  rapidité. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  Poissons  nageaient  au  moyen 
des  battements  latéraux  de  leur  queue.  Voici  comment  : 

L'animal  ayant  tout  son  corps  étendu  en  ligne  droite , 
commence  par  le  fléchir  vers  Tun  des  côtés  ^  dans  Tune 
des  vertèbres  du  tronc,  où  le  mouvement  est  même  en- 
core fort  peu  étendu  ;  mais  suffisant  pour  produire  un  dé- 
placement latéral  assez  sensible  du  bout  de  la  queue,  qui, 
par  l'effet  de  la  résistance  de  l'eau ,  s'arque  en  formant  une 
convexité  du  côté  de  cette  même  résistance;  et  dont  la 
courbure,  quoique  fort  peu  sensible,  commence  déjk  à  la 


CHAPITRE    III. 


itr> 


preniière  vertèbre  qui  suit  celle  qui  a  été  iléehie.  Immédia- 
lerrient  après,  le  Poisson  fléchit  cette  même  seconde  vertèbre 
dans  le  même  sens  que  la  première ,  et  comme  elle  est  déjà 
UQ  peu  inclinée,  la  partie  de  la  surface  latérale  du  corps  qui 
lui  ôorfespond ,  et  a  pris  la  même  direction ,  frappe  aussi 
Teaa  par  un  plan  un  peu  plus  oblique  \  de  manière  que  la 
direction  de  la  résistance  du  liquide  s  y  décompose  d'après 
le  parallélogramme  des  forces  (i)  en  deux  forces,  dont 
Tuné ,  parallèle  k  la  surface  du  corps ,  glisse  sur  elle  et  se 
perd ,  et  doùt Tautre,  qui  lui  est  perpendiculaire,  la  pousse 
obliquement  vers  le  côté  opposé  et  un  peu  en  avant.  Cette 
dernière  partie  de  la  force  de  résistance  de  Teaù  se  combi- 
nant ensuite  avec  celle  qui  lui  correspond  lors  de  la  flexion 
do  Corps  en  sens  contraire,  elles  produisent  ensemble  défi- 
nitivement une  impulsion  en  avant,  absolument  comme 
cela  a  lieu  pour  la  résistance  de  lair  sur  les  ailes  dans  le 
vol. 

P^t  Vefiet  de  la  flexion  de  la  seconde  vertèbre ,  déjk  uU 
peu  plus  forte  que  celle  de  la  première,  la  résistance  de  Teau 
force  les  suivantes  k  s'incliner  aussi  plus  fortement  vers  le 
côté  opposé;  en  entraînant  également  touie  la  partie  posté- 
rieure du  corps,  dont  Tobliquité  devient  pai*  Ik  plus  grande 
relativement  k  la  résistance  de  Teau;  d'où  résulte  tine 
nouvelle  imputsioti  du  corps  obliquement  en  avant  vers  le 
(îAté  opposé,  et  ainsi  successivement  poiir  toutes  les  autres 
vertèbres  jusqu'au  bout  de  la  queue,  dont  l'obliquité,  a 
regard  de  la  direction  primitive  du  corps,  devient  de  plus 
en  plus  grande,  et  k  la  fin  même  entièrement  perpendicu- 
laire; et  la  résistance  de  l'eau,  d'abord  perpendiculaire  k 
^êlte  direction  primitive,  finit,  en  variant  d'une  vertèbre  k 
Tàutre,  par  lui  être  parallèle ,  et  k  pousser  en  plein  le  corps 
en  avant.  Je  dois  même  faire  remarquer  que  la  moitié 
postérieure  du  corps  allant  toujours  en  s'altéfiuant  vers 

(1)  Voyex  la  noie  n**  27. 


■i46  TfliOLOGIS   DB  LA  RATCM. 

rextrémité ,  sa  surface  latérale  a*est  point  parallèle  k  Taxe 
de  la  colonne  vertébrale,  et  qae,  par  conséquent,  Aéjk  dès  le 
principe ,  elle  est  oblique  à  la  direction  primitive  du  corps  ; 
d*où  résulte  que,  lors  de  l'inflexion  de  la  première  vertèbre , 
Feau  agit  déjà  sur  un  plan  incliné  que  lui  présente  toute  la 
surface  latérale  de  la  partie  postérieure  du  corps. 

Par  reflet  de  cette  première  impulsion  que  Teau  imprime 
ainsi  obliquement  au  corps  sur  sa  partie  postérieure ,  celui- 
ci  tourne  sur  lui-même  en  prenant,  dans  sa  partie  anté- 
rieure, une  direction  oblique  en  même  sens,  et  ainsi  ï 
chaque  battement  subséquent  de  la  queue;  d*où  résulte  que 
l'axe  du  corps ,  en  suivant  ces  mouvements ,  prend  toujours 
k  peu  près  celle  de  la  ligne  droite ,  d'arquée  qu'elle  était.  Or 
dans  cette  position  oblique  à  la  direction  primitive,  le 
Poisson  fléchit  de  la  même  manière  la  partie  postérieure  de 
son  corps  vers  le  côté  opposé  pour  produire  un  effet  sem- 
blable, mais  contraire,  dont  les  impulsions  successives  que 
produisent  les  flexions  des  vertèbres  de  la  tête  vers  la  queue 
se  combinent  de  même  pour  produire  une  impulsion 
moyenne  commune,  qui,  combinée  à  son  tour  avec  l'impul- 
sion précédente,  donne  une  impulsion  résultante  définitive, 
dirigée  d'arrière  en  avant  dans  la  direction  primitive  do 
corps. 

On  peut  se  faire  une  idée  assez  exacte  de  ces  effets ,  en 
appuyant,  par  un  mouvement  latéral  de  la  main,  une  gaule 
ou  une  cravache  contre  un  rideau. 

En  l'appuyant  d'abord  par  le  gros  bout,  le  rideau  cède, 
mais  réagit  sur  l'extrémité  de  la  gaule  en  repoussant  la  main 
vers  le  côté  opposé  ;  et  cela  d'autaut  plus  fortement,  qu'on 
appuie  successivement  par  une  partie  plus  avancée  de  la 
gaule,  dont  la  diminution  graduelle  de  la  grosseur  imite 
assez  bien  celle  de  la  queue  du  poisson. 

En  comparant  ce  moyen  de  propulsion  des  Poissons  à  celui 
des  Oiseaux  dans  le  vol ,  on  verra  facilement  qu'il  est  en  prin- 
cipe absolument  le  même.  C'est-à-dire  qu'en  thèse  générale, 


•    CHAPITRE  111.  417 

la  nage  du  Poisson  est  un  vol  dans  Veau  au  moym  d'une 
seule  aile  mitoyenne  impaire^  au  lien  de  deux  latérales  :  aile 
ou  rame ,  qui  au  lieu  de  se  mouvoir  de  haut  en  bas  se  meut 
vers  les  côtés. 

Tels  sont  au  fond  le  mécanisme  et  les  mouvements  au 
moyen  desquels  les  Poissons  nagent,  et  qui  suffisent  rigou- 
reusement pour  les  faire  avancer  ;  et  c*est  en  effet  k  quoi 
sont  réduites  les  espèces  les  moins  bien  partagées ,  telles 
que  les  Lamproies^  les  Murènes ^  etc.,  absolument  dépour- 
vues de  membres  ;  mais ,  dans  la  plupart  des  autres  espèces , 
Fappareil  essentiel  de  natation  dont  je  viens  de  parler,  est 
accompagné  de  plusieurs  organes  supplémentaires  ou  de 
perfectionnement,  contribuant  plus  ou  moins  k  la  facilité  de 
la  nage. 

On  conçoit  que  si  la  hauteur  verticale  du  corps  est  sim- 
plement réduite  au  diamètre  de  ce  dernier,  elle  peut  ne  pas 
être  toujours  suffisante  pour  que  celui-ci ,  en  se  fléchissant 
de  côté,  reçoive  de  la  part  de  Teau  qu'il  choque  une  impul- 
sion qui  ne  soit  pas  assez  forte  pour  imprimer  au  poisson  un 
mouvement  rapide  d'arrière  en  avant  ;  et  qu'en  augmentant 
plus  ou  moins  celte  hauteur,  sans  augmenter  sensiblement 
le  poids  du  corps,  l'action  de  l'eau  doit  être  plus  grande. 
Or,  c'est  en  effet  là  ce  que  la  sagesse  divine  a  fait  en 

GARNISSANT  LE  DOS  ET  LE  DESSOUS  DE  LA  QUEUE  d'uN  SIMPLE 
VOILE   MEMBRANEUX    VERTICAL  ,    SOUTENU    PAR    DES    RATONS 

OSSEUX  PLUS  OU  MOINS  RIGIDES,  formant  ce  qu'on  nomme 
les  Nageoires  dorsale  et  anale  (bik  et  oj) ,  mais  qui  varient 
considérablement,  tant  pour  leur  existence  et  pour  leur 
étendue ,  sur  telle  ou  telle  partie  du  corps ,  que  pour  leur 
hauteur,  et  enfin  la  rigidité  des  rayons  qui  les  maintiennent. 
Ces  deux  nageoires  se  continuent  souvent  l'une  par  l'autre 
au  bout  de  la  queue,  où  elles  prennent,  dans  la  plupart  des 
espèces,  une  très-grande  largeur  (Imn),  qui  parles  mou- 
vements qne  cette  partie  exécute ,  contribue  assez  puissam- 
ment k  l'impulsion  en  avant,  et  surtout  k  adoucir  les  sac- 

I.  Î7 


418  TlrfOLOG|p   DV  \J^  {lATURX. 

cades  alterf^atives  que  les  battements  de  (^  q\(pue  ipprim^pt 
au  cprp»  ÇRlier. 

Dans  le  plus  f;rand  nombre  de^  espèces ,  c^t^ç  ^ffflW^^ 
caudale  est  entièrement  séparée  par  un  in|cfv^lU  dp  I9 
jlprçjile  ç\  de  l'an^jp,  dp^f  plie  n>sï  rj^pH^mônJ  «ne  l'ana- 
Ipgue. 

Quaqt  ^  la  fonction  de  la  dorsale  et  de  Taq^)^ ,  ^utre  edte 
^e  donper  plus  de  ]^rgeur  ^  ^  qu^ue>  ^Deç  ^efvent  enw4 
à  fjQ^iuteqir  fpipuK  Téquilibre  ^ans  Teau;  fqnçUau  qo^ 
retqplissent  surtopt  les  parties  aiptérjeHreç  4^  1^  preipièrp, 
placées  ^ur  la  région  ipoypnnp  e|  (aême  ^nt^rjeqre  di)  cprpç, 
pii  Ips  iqflp^ions  d^  la  (lernière  Sop|  ^  p^H  pr^  nuU^- 

Pour  donner  à  cps  tfojs  espèces  (}p  (i^geoif p$  imp^W  I4 
consistance  dont  elles  ont  besoin  pour  remplir  leursi  Cw^ 
tjnps,  i)  ^  ét(i  placé,  aiusj  q\i\\  vjep^  d'ptrf^  dit,  pi^s  |.9tR 

EPAISSEUR  ,  PLUS  pu  )|OIN^  P£^PÇl^DICyL^pifl$I|T  J^q  )>Q«  SS 
l'animal,  une  SyiT^  p^  PÇTIT^S  T^GSS  O^^SU^I^S;,  TAKTâT  n 

FORMf:  p*^piN|;s ,  ^T  T49T^i:  en  f o^is  pE  pe:^ )f 9»  ^R^^  W 

fiRAINS. 

Cp$  tiges  mol)iles  à  leur  base  aq  gfé  de  l'^iffia)  »  gui  peil 
|es  f pdres^er  ou  )es  coucher,  ppuf  y^^^J  ^^^  \^  )>6wl^  l| 
hauteur  d^  )a  p^gepipe,  sont  ellps-mérnes  ^tipnléw  k  ^ 
effet  sur  d'autres  pièces  ossei|se$ ,  surmontant  les  %iD)n<^ 
des  apophyses  épineuses  et  i)p$ilo)4ieqqes  avec  lesquelles 
ces  osselets  s*eiUfe-c]rois^n|  daps  je  |i)êm^  plap.  Ces  o^^i^r'' 
épir^eux  ft\  ^pus^psiloidiçus ,  ppljèrfui^ent  proprp^  ^jf^  {^t 
9pn§  j  n'eîi§|en^  aillpurs  que  ppuf  le§  prpïPÎW  ^  1« 
Cbélonjens  dap^  les  plaques  qédiane§  0e  1^  Carapaçâ.  Cb9^ 
les  Poissons ,  ils  soq|  fi^és  dans  les  m\iscles  du  dos  f^^  ^^ 
ventre  eq  s*articulant  eqtre  eux ,  daps  la  vpÀm%  ^r|e,  ^  vh 
veau  flps  sommets  4^s  ^pppby^ei^  épiiiepsea  et  upsiloi- 
dienpes ,  où  ils  s'ar^jpuleql  égalemept  avec  les  basf^  (ifH 
rayons  des  n^gpoires-^ges,  saf)^  exception ,  pfopres  sfi»- 
lement  aux  Poissoni;. 

Pans  quelques  espèces  de  Poissons,  tel(es  que  les  Sthtf^ 


^^r^BB  m.  4i9 

el  las  Éifiw>^$ .  te  j^f^mi^r  pjyo«  f^smi  4e  l«i  ^ag^Qir^  4  Vr 
sale  présente  une  articulation  des  plus  remarqiiffJbH^  fxiv  h'^w- 

«tmHUX  «QYFH  QU-1$|4|4K  A¥«B9  »  «ONIUaiT  j^  Ç^S  PpISSQH^  LA 
FACULTE  m   n%S  I|(S^¥T«  éPlI^P  ^  VftLQSITÉ  DAI)&  SQ])  ÉT^T 

^'exteksioii  pour  b'w  sEfUffu  Pomp  ^'rap.  ^^¥^1  BT  H 
iiBiiA€9Ba  Écij'BifisNï  k  YPl'Qiff É  ;  66  |iiê(qe  fiffet  a  lieq  poqr 
le  premier  rayon  d^  U  peetQfal^  fi<Wf  il  fi^i*^  Ptl^é  p.lqs  bas. 

Un  autre  perf^tioQBemeot  dfàns  |a  fqnc^joQ  c|^  Iq  Q^e 
consiste  k  SYCiir  qoBsep^  el^e?  Ifi  presqqe  totalité  0es 
Fais$ffl9  }fs  quatre  memlurff^  qr^ina^res  ^es  Ye^tébués, 
mais  toutefois  eqqsi^^Sibleinent  mpclifiés;  §t  c^s^  au  point 
4^  leur  M^tlagje  pe  peut  être  dif-ept^in^ut  prQnvée  p^r  Icuf 
fornie  et  leur  oompcisiUa^^,  ^  mo^ns  de  suivre  soigqeusement 
la  série  des  nombreuse^  codification^  que  ces  parti^si  ont 
subies  dans  tout  reptibr$iupbeiueut  des  ^itimaux  vertébrés. 
Ces  membres,  qui  servent  toutefqiçi  f^pçore  k  Is^  locomotion  » 
mais  comme  simples  ^oqe^ioii'^ ,  ont  po^seryé  de  1^  le  uoiq 
de  Nageoires  paires  ;  les  aptérieures  (Pl.  H,  fig.  3,  /*),  le 
nom  spécial  de  NçigfQiir4s  PectQfàiei  ^  ^^  1^4  |K)stérieures  (m)^ 
celui  de  JSageoifes  Yenif4lfSi. 

Ces  deui  pair^  de  membres,  t^^H^s^^s^^  qpt  même 
beaucoup  changé  de  situt^tiqn  \  l^i  première  é^^ut  articulé^ 
Bur  la  partie  postérieure  de  la  tête;  et  la  seconde  «  est  tantôt 
placée  fortement  en  arrière,  près  de  V9J%m»  Uuidis  que  d^ns 
d'antres  espèces  elle  est  au  coutr^ire  portée  4n  devant  de^ 
pectorales. 

Bans  tout  VOaniuftdei  A»€a«s,  cette  derni^e  p$^e  ms^oqve 
Mttplétement»  et  même  toutes  le9  deu4»  4»9«  le  geure 
Murène^  etc.,  ainsi  que  dans  tout  TQi^PliB  des  QaI'Bxiens 
(UHfnpwoieê) ,  animaui  où  le  squelette  réduit  par  Veffet  de 
la  dégradation  qu'il  a  graduellement  subie,  n'est  plus  re- 
présenté que  par  la  coloune  ifertébra|e ,  elle-même  réduite 
k  un  simple  ooidon  eartili^i^eui^.  t|^-mou,  sans  distiuetion 
des  vertèbres,  ainsi  qu^  quelques  autres  cartilages  soute- 
nant les  parties  de  la  tête;  Ordre  formant  1^  transition  k 


490  TSiOLOGlB  DB  LA   RATOBB. 

rEMBlUNCHEMElfT   DES    ANIMAUX   ARTICULÉS,  le    SeCOOd   du 
RÈGHB  AlfDlAL. 

Les  nageoires  paires  sont  encore  soutenues  k  leur  origine 
par  plusieurs  os  qu'on  peut,  quoique  fort  difficilement, 
ramener  à  leurs  analogues  dans  Y  Épaule,  le  £a«sîti,etle8 
membres  des  Mammifères  ,  mais  seulement  sous  le  rapport 
de  leur  situation  ;  car,  iH>ur  le  nombre  et  la  forme ,  il  n'y  a 
plus  absolument  aucune  ressemblance.  C'est  ainsi  qoe  II 
partie  entièrement  libre  de  ces  nageoires,  qu'on  peut  com- 
parer chez  les  Cétacés  ,  les  Ichlhiosaurus  et  les  Batracibhs 
Urodèles  inférieurs ,  k  ce  qui  représente  la  Main  et  le  Pied, 
ne  se  compose  plus  de  cinq  doigts  ou  orteils,  formés  de  trois 
k  cinq  phalanges ,  mais  d'un  nombre  considérable  de  petites 
tiges  osseuses  mobiles,  placées  sur  un  ou  deui  rangs, et 
réunies  par  une  expansion  dermoîque,  comme  le  sont  les 
orteils  dans  les  pattes  palmées;  tiges  ayant  du  reste  la  même 
forme  que  celles  soutenant  les  nageoires  impaires. 

Ces  nageoires  paires,  généralement  tr^faibles,  ainsi 
que  je  l'ai  déjk  dit ,  n'agissent  plus  comme  organes  de  loco- 
motion que  dans  les  changements  de  direction ,  surtout  de 
bas  en  haut,  et  pour  maintenir  activement  l'équilibre;  les 
nageoires  verticales  ou  impaires  la  maintenant  d'une  ma- 
nière passive. 

Quant  k  la  disposition  et  k  la  force  des  muscles  chez  les 
Poissons  ordinaires ,  tout  en  restant  au  fond  dans  les  condi- 
tions principales  que  ces  organes  affectent  dans  tout  YEm- 
branchement  des  Animaux  vertébrés  ,  ils  prennent  toutefois 
un  caractère  tout  particulier  comme  conséquence  de  la  formk 
DU  squelette  et  de  la  fonction  qu'ils  ont  à  remplir. 

Les  Poissons  devant  produire  une  force  considérable  dans 
la  nage  par  des  battements  latéraux  de  leur  queue,  on 
conçoit  que  ce  sont  essentiellement  les  muscles  latéraux 

DU  TRONC  QUI  ONT  DÛ  RECEVOIR  UN  TRÈS-GRAND  DÉVELOPPB' 
MENT  ;  TANDIS  QUE  LES  MOTEURS  DES  MEMBRES  ONT  DÛ  ÉTRK 
CONSIDÉRABLEMENT  RÉDUITS,  POUR  CÉDER  LEUR  PUCK  À 


CHAPITRB  m.  42i 

CEUX-LÀ.  Or,  comme  l'effet  final  de  tous  les  muscles  latéraux 
du  tronc  est  la  flexion  de  ce  dernier  vers  les  côtés,  il  était 
inutile  que  chacun  de  ces  muscles  eût  une  action  spéciale, 
limitée  au  mouvement  d'un  seul  ,os  ;  aussi  tous  sont-ils 
confondus  en  quelque  sorte  en  une  seule  série ,  depuis  la 
tête  jusqu'à  Textrémité  de  la  queue  ;  et  Ton  ne  trouve 
chez  ces  animaux  de  muscles  spéciaux  isolés,  semblables  à 
ceux  des  vertébrés  supérieurs  qu'à  la  tète ,  et  le  long  des 
apophyses  épineuses  et  upsiloides  des  vertèbres,  où  ils 
servent  à  mettre  directement  ou  indirectement  les  rayons 
des  nageoires  impaires  en  mouvement;  ou  bien  encore  aux 
environs  des  quatre  nageoires  paires ,  qu'ils  meuvent.  Mais 
tous  les  muscles  ordinaires  de  la  gouttière  vertébrale,  tels  que 
les  intercostaux,  les  surcostaux ,  les  épicostaux,  etc.,  etc., 
ne  forment,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  qu'une  seule 
très-large  série  commune ,  occupant  tout  le  côté  du  corps 
des  poissons. 

Cette  grande  série  se  compose  d'autant  de  muscles  spé- 
ciaux qu'il  y  a  de  vertèbres  se  faisant  suite  l'un  à  l'autre , 
pour  se  sei*vir  successivement  de  points  d'attache.  Voici 
comment  cette  succession  a  lieu,  pour  que  ces  muscles 
puissent  exercer  le  plus  de  force  possible  dans  la  nage.  Le 
Squelette  bes  Poissons  devant  être  formé  dans  le  torse 

d'os  TRÈS-GRÉLES  ,  AFIN  QU'lLS  PUISSENT  JOUIR  DE  LA  PLUS 
GRANDE  ÉTENDUE  DE  MOUVEMENT,  LES  CORPS  DES  VERTÈRRBS 
ONT  DU  ÊTRE  PETITS,  ET  LEURS  APOPHYSES,  AINSI  QUE  LES 
gAtES  ,  QUOIQUE  FORT  LONGUES ,  ONT  DU  ÊTRE  ,  COMME  ELLES 
LE  SONT  EN  EFFET ,   FORT  GRÊLES ,  AFIN  DE  NE  PAS  SE  GÊNER 

DANS  LEURS  DÉPLACEMENTS.  Or  il  fallait  Cependant  que  ces 
os  pussent  donner  attache  à  des  muscles  infiniment  plus 
volumineux  que  leurs  correspondants  chez  les  Mammi- 
fères, etc.  ;  AUSSI  le  Créateur  a-t-il  employé  ici  le  même 

MOYEN  mis  en  USAGE  PARTOUT  OÙ  CETTE  DIFFICULTÉ  SE  PRÉ- 
SENTE ,  CELUI  DE  TERMINER  LES  MUSCLES  PAR  DES  TENDONS 
▲U  MOYEN  DESQUELS  CES  ORGANES  TRANSMETTENT  LEUR  ACTION 


422  THÉOLOCii   I)Ë  LA   iiATURB. 

AU  LOm,  EN  Li  fcÔî^ciEN+RÀNT  feufe  bk  iSËUL  POINT   d'uS  ÔS. 

CdùiDile  ici  tobâ  Iles  inûsclcs  â|^sâêiit  ddtt^  le  lilêmë  sens,  tï 
que  LÉtfts  TÈNbbNS  DÔlVfcNi' ,  Éi^  cô^èÉQbkicfc ,  prendre  Li 

AËME  l)lftECtlO!ir ,  fcES  TE^bÔNé  OftT  ÉtÉ,  bANS  TÔUÈ  LE$ 
ÉUSCLES    ÂPPihTE^ANt    Àb   MËltÉ    RANG ,    CONFONDUS    E!(  OT 

skcL  ËLAkbi  ÉiA  LÀHE ,  d'où  bsi  résUltëë  une  disposition  toute 
paHicnlière  projpt^  &  des  àntkiiabt  ;  mais  dodt  le^  Gretiouilles 
îious  ont  déjà  bfiéri  ud  (as  iseidblàbtë. 

Cette  lafaie  iendinéusé  nâit  tbUt  le  Ibbg  dé  chaque  apo- 
pbyse  épineUse  des  VeKèbr^ ,  bn  pëb  plus  bas ,  stir  lès 
apôpbyses  obliquer,  et  le  Ibbg  de^  irabâvëHses;  et  pluâbas 
encore,  sur  tbute  là  lohgufeur  deS  bôtës  él  dé  leurs  at)p6n- 
dices  ;  et  sons  là  Iqjbeué ,  le  Ibng  de^  apopHysës  upsildldes. 
De  cette  Vaste  attache  \  céltfe  tollë  tebdibeufee  sfe  porte  oblique- 
ment en  arHêre  et  en  dehors ,  tïanchit  plbsieurs  lobgueurs 
de  vertèbres ,  faiênlé  plus  de  six  où  sept ,  et  va  s'ibsérer  âui 
téguments  du  corps ,  dans  toute  la  hauteur  de  ce  dernier, 
le  Ibng  d*bb)e  ligne  transversale,  sinueuse,  S  peu  près  pa- 
rallèle il  ^a  ligne  d'oKginë.  Ces  lames  se  sdccédabt  éinsi 
parallèlement  les  btiës  aux  àutréé,  de  Vertèbi-ës  à  Vfe^- 
lè!)res,  forment,  comme  ob  peut  Tâcilémént  lé  voir,  dés 
espèces  de  tîotbets  très-'évisés,  Js'eWboltarit  à  |)ëtîté  dfelâhcê 
les  uns  des  autres,  fet  dorit  les  iblérvâlleô  SOrit  rfeta^lisdé 
fibres  iiiusculaires ,  TorMant  tibe  iseiilë  faïaâsë  ûiAè  èhaciin. 
en  se  réndatlt  ditéctemfebt  d*àvant  en  arrière,  de  l'iine  de 
ces  doiâonS  Sut*  celle  qbi  ëùit  ibimédiàtemént. 

D'auti*es  masses  mbsculàirés  [ïlâëées  Isliéralemëbt  âoitè 
cëUes-ci  Se  rébdénl  d'Ubé  apophjrsfe  tradsversfe  à  Tautré. 

A  la  pattie  ifarérieure  du  corps ,  àn-dëSsous  db  Ié  boloîihe 
vertébrale,  tous  les  musclés  costaux,  sbu^-icëStâui et  lëart 
ansiloguesk  la  queue,  formetit  db  même  que  les  dorsaux 
une  chaîne  commune;  allant  non-Sëulément  d*an  ëôlë,  ou 
d*ilne  apophyse  upsilôlde  k  ruhtre,  mais  ^'ëtëfadént  ëohiiÉe 
an  dos,  entre  descloisbbs  àpôbêvi'btiqbëâ  se  Mdàbi  dé  ëes 
divi^rs  os  aux  téguments. 


cûhPÛKi  ni.  m 

Mâiâ,  bulFe  cëâ  dèiix  grandes  sériés  de  muscles  con- 
fohdus,  il  eii  existé  ëiicoré  aë  spéciaux,  pliis  ou  fadoîns 
isolés;  léé  tins  placée  Si  coté  et  àù-dessiis  dés  apophyses 
épiiiéiisès  de  la  colonhe  vériébralé  auxquelles  ils  se  iixbnt* 
pôûi*  he  téiidré  iaux  nagédirés  dorsales  qu*ils  ineiivent;  et 
d'àiilres  placés  S  la  région  Yehiralé ,  A  cote  des  àpopli Vsès 
lijisilbîd'es  qui  letif  âervenl  clé  points  fixes,  en  servant  au 
lÊoUvémeiit  de  là  nageoire  ahalé. 

Ën&il  lés  nageoires  paires,  les  analogues  des  iajeinbres 
déà  Vertébrés  stipérieiirs ,  sbiit  mises  en  mouvement  par 
piiiMeui*s  busclés  biéii  distincts  dans  léiirs  différents  ven- 
tiréâ,  et  11  en  est  'de  inëtne  dès  aivéirses  parties  de  la  tété  et 
de  l'appareil  branchial. 

On  conçoit,  d*aj)rës  la  fedurté  description  que  je  vieiis  de 
faire  âe$  lilusclés  latéraux  dîi  tronc  des  Poissons ,  que  cnaqiie 
sectioh  de  tfabscles  apiJarlèiiaht  ^  là  niéine  véi*tèbré ,  fornie 
diië  ès{$ècé  d*ànneâii  oblique  éiilbliràht  le  corps,  slîisérâni 
lés  tiUes  sûr  les  autres,  en  forinâiit  de  chaque  côté  une 
cMtné  dëtiûl4  là  létë  jusqu'au  bbiit  de  la  qùëué;  et  dont 
rictibn,  tôlil  eii  s*ajdulâiit  daiis  toiitè  cette  Ibngueur,  se 
trati^iilei  cependant  pliis  's{)ecialément ,  par  chaque  lâmë 
tëiidiàeiise  aussi ,  d*uhë  patl ,  ^  la  vertëbifë  et  iaux  côtes,  sur 
lesquelles  celte  làiiie  pïeiid  sbn  origine-  et  d'autre  part» 
aUx  tëgumehts,  à  btie  distance  de  six  à  Huit  longueurs  dé 
vétlëbres;  et,  agîl  par  là  siir  l'a  vërlèbrë  répondant  ^  ceitê 
[fàrtié  dU  febtp'â  ad  Êàbyéh  d'iin  bras  de  levier  égal  h  toute  l'e- 
llStisàfeilî'  de  cette  iliéiiié  région  :  d'oîi  résulte  une  force  cori- 
sidétâblé  ;  et  b'ëét  eii  contractant  successivement  ces  vastes 
àilnksiux  citcliiaii'ës  qiié  les  Poissons  produisent  Jës  iîî- 
tiëxibiis  dû  itbv^s  au  moyen  desquels  ils  nagëîit. 

J'dl  i^it  remarquer  plus  haiit  que  par  ribtlëxibh  active  de 
clidtjîi'é  tértèbi^e,  le§  siiivâiitès  se  flécliîssâiënt  passivement 
éfe  éeils  optJBê'é  par  l'effet  dé  la  résistance  que  l'eau  leiir 
oppose;  moilVëmêht  d'aiitant  pliis  éténdii  qiie  là  vertèbre 
est  plus  jidàtëHéttl^è  ;  nt  ïl  fëêultê  qbë  l'une  d'elles  devient 


424  rmoLOciB  de  la  haturb. 

entièrement  transrersale  ;  et  celles  placées  pins  en  arrière  en- 
core» prendraient  cette  même  direction  extrême,  en  suivant 
simplement  celle-ci ,  sans  offrir  quelque  résistance  k  Tean 
qui  puisse  faire  avancer  le  Poisson.  Or,  par  l'effet  de  celte 
disposition ,  tout^s  ces  vertèbres ^  postérieures^  la  première 
devenue  transversale ,  seraient  inutiles  et  même  défavora- 
bles k  la  nage.  En  effet,  pendant  que  la  première  vertèbre  se 
fléchit,  la  résistance  de  Teau  s'opposant  iib  ce  que  les  autres 
suivent  passivement  le  même  mouvement ,  force  celles-ci  ï 
se  mouvoir  en  sens  opposé  ;  et  cela ,  d'une  part ,  avec  d*aa- 
tant  plus  de  puissance  que  la  vertèbre  est  plus  postérieure; 
vu  que  dans  le  même  espace  de  temps  la  distance  transver- 
sale que  chacune  a  à  parcourir,  augmente  à  mesure  qu'elle 
est  placée  plus  en  arrière;  et  que,  d*autre  part,  la  queue  s'at- 
ténuant  vers  sop  extrémité,  sa  résistance  diminue  progressi- 
vement. Il  suit  de  Ik  que  la  queue  s'arque  de  plus  en  plus  jas- 
qu'à  ce  qu'elle  soit  transversale  ;  c'est-à-dire  dans  la  direction 
même  dans  laquelle  l'eau  agit  sur  elle.  Jusque  Ik ,  cette  action 
ayant  toutefois  lieu  sur  des  plans  obliques  que  forme  la  con* 
▼exité  de  cet  arc ,  elle  pousse  le  corps  du  Poisson  en  avant ,  en 
le  faisant  tourner  sur  lui-même ,  la  tête  vers  le  même  côté. . 

Quant  anx  vertèbres  suivantes,  elles  n'auraient  plus  aa- 
cnne impulsion  k  recevoir,  et  seraient  de  Ik  inutiles,  si  la  se- 
conde de  la  l^pse,  et  celles  qui  le  suivent ,  ne  s'infléchissaient 
pas  successivement  k  leur  tour  comme  la  première ,  pour  pro- 
duire un  effet  semblable  sur  les  autres.  Or  comme  toutes  ces 
vertèbres  sont  devenues,  par  l'effet  de  la  flexion  active  de  la 
première,  obliques  k  l'axe  du  corps,  ainsi  qu'k  la  direction 
de  la  résistance  de  l'eau ,  leur  premier  mouvement  actif  im- 
prime au  corps  une  impulsion  obliquement  en  avant  vers  le 
côté  opposé;  impulsion  qui  se  succédant,  de  proche  en 
proche,  d'une  vertèbre  k  l'autre ,  jusqu'k  la  fin  de  la  queue, 
produisent  entre  elles  une  résultante  commune,  dirigée 
comme  elles  toutes  en  avant  et  vers  le  cdté  opposé. 

Ck>mme  cette  succession  dUmpulsions  donnée  par  le  mou- 


CHAPITRE  m.  4i5 

vement  latéral  de  chaque  vertèbre ,  demande  un  certain  temps 
jusqu'à  ce  qu'elle  soit  arrivée  à  Textrémité  de  la  queue , 
et  qu'elle  durerait  en  conséquence  fort  longtemps  chez  les 
Poissons  \k  corps  long  et  grêle  ;  il  en  résulterait  que  si  l'animal 
devait  attendre  pour  donner  le  second  coup  de  queue  en  sens 
opposé  que  Tefiet  du  premier  fût  entièrement  produit,  le 
corps  serait  poussé  obliquement  en  avant  dans  une  direction 
que  le  Poisson  ne  veut  pas  suivre ,  en  même  temps  qu'il 
tournerait  sur  lui-même;  aussi  donne-t-il  ce  second  coup 
de  queue  bientôt  après  le  premier,  afin  que  cette  nouvelle 
impulsion ,  en  se  combinant  avec  la  précédente,  leur  résul-^ 
tante  soit  dirigée  droit  en  avant.  Or  il  arrive  de  là  que  l'in- 
flexion que  le  corps  exécute  dans  l'un  des  sens ,  par  l'effet 
du  premier  mouvement,  n'est  arrivé,  en  se  propageant 
d'une  vertèbre  k  Taulre,  qu'à  une  certaine  dfAance,  quand 
le  second  produit  une  inflexion  en  sens  opposé;  d'où  naissent 
ces  ondulations  en  sens  inverses ,  que  non-seulement  les 
Poissons  à  corps  fort  long  tels  que  les  Anguilles  et  les  Lam- 
proies exécutent  en  nageant;  mais  encore  tous  les  animaux 
grêles,  tels  que  les  Serpents  et  les  Vers.  Mais  on  conçoit 
que  les  animaux  qui  font  ces  inflexions  ondulées  succes- 
sives ,  doivent  éprouver  en  avançant  une  certains  résistance 
de  la  part  de  l'eau  sur  la  partie  antérieure  de  chaque  ondu- 
lation ,  dont  la  surface  est  tournée  en  sens  contraire  ;  rési* 
stance  qui,  en  détruisant  une  notable  partie  de  l'impulsion 
en  avant,  doit  considérablement  ralentir  la  vitesse  de  la 
nage  :  et  l'observation  le  prouve  en  effet,  car  tous  les  Pois- 
sons à  corps  très  -  allongé ,  qui  nagent  ainsi,  n'avancent 
que  fort  lentement.  Il  résulte  de  là  que  les  Poissons  les  plus 
favorablement  organisés  pour  la  nage  sont  ceux  dont  les  pro- 
portions du  corps  sont  telles  que  la  première  inflexion  se 
trouve  à  Vexlrémité  de  la  queue ,  qui  seule  devient  trans- 
versale^ en  un  temps  assez  courte  pour  qu'elle  y  arrive  à 
l'instant^  très- rapproché^  où  ranimai  donne  le  coup  de  queue 
en  sens  opposé. 


418  TnfoLOoilt  M  iX  Mtori. 

Qudiqtié  i'fettpMi  4ë  tà  guette  ëbttiiiié  hmë ,  à6U  8^  bedH- 
coup  plus  efiibacè  i}ttè  iseliii  des  UiémbriéS  dbfat  kè  sbrrieBl  l:t 
plupart  des  atiiibauk  supérieurs  ;  lé  CrëàtéUr  h'^  a  pi$  ètê 
obligé  ;  eomiMie  eoli8ét}aëtaeë  deà  Idi^  îtbt^iqheà  i^d'il  i  éia- 
blies  pour  régir  l'ttUiviei^;  ftUsâi  iiU  ^M  Hombi^  dé  tH)is- 
sens  nagetit-iU  M  thoyëd  des  ntembirés  ;  faiàié  loutëfbii  àVec 
moibs  dé  eélélité:  t>6t  liitasi  4lië  le  PoimÀ  £uh« ,  '^iii , 
ifaaigré  qu'il  Mit  éotiforitië  eit  princiiik  stit  té  tbodèle  àe$ 
Poissons  ordinaires;  û  tbdtefoii  là  quétiè  tëlieidëill  cdttrtë, 
qdbiqne  fort  largb  tdriibaléihëbt  ;  qbe  râbini&l  but  èUttëf  ne 
përall  étrb ,  k  là  prëttai^l-é  vile ,  ^u'titlë  iibinéhâë  t&ïè  kM^ 
carrérttiettti  k  (teto  de  diktâhbe  dérrièt-ë  tëS  Oiitëâ;  de  èbbte  ique 
lès  mbattimëttts  de  ht  l]bëitë  iib  jjétiVëbt  giiërë  sëttit  S  lii 
nage  ;  ëtcoitaitie  il  manque  en  iBébe  tébp$  de  Bkgëbifëà  Ved- 
thles»  ce  b'ést^ta'HUiiidifen  de&  pëctBrkIés  (ju'tl  jlëdt  hagëK 

Dans  d'âûtrëâ  gëbi^s  ;  tifcB  ^hé  H  ^rip  de  t^er,  ii^T^ttb- 
nabt  H  rOADRE  des  Si^utitliif^  ;  dbbi  le  cbi-))^ ,  quoiqiié 
allongé  ;  fedhitbe  dM»  le»  Pbi^sèbs  briJibàiréè ,  ût  tbutelbis 
déprimé i  ab  lieb  d'ittré  ëbthpi^më  (îdi^  les  côiës,  ëi  iloHt  là 
quetté  déjï  plbè  ^rélë  de  ^vi  pm  iigtf  àvëë  H  ifaébië  effiâ- 
cité  dabs  la  bdgë.  Lëtti^  ^ëbtrâlifs.  de  pnâëbf  tâëdloërë, 
ne  èbntribdëbt  ;  ëti  ëenké(]deh'cë  ;  ë^âleHlent  iitib  hii-t  ^ed 
aufe  itiottTëttlëntà  progi'ësMni  ëitëchté^  i)Hbcipd)ë&ëh{  aii 
mb^n  dëâ  bëtfènlëbts  de  Uadt  en  bas  Oëâ  )iëctohlëà  dëtë^ 
nuës  trèft-grabd^  et  fbftëbiëdt  ^rbl6i|gée§  en  débbrâ;  h 
qtii  dontië  H  la  bàjgë  dé  cè§  pbisâbââ  bëàbboup  d'àhaldglê 
avec  le  tbl. 

Dans  Ifes  Rdtei.  dbbt  J'ili  déjk  pérlë,  bë  ibbdé  de  bàtatioii 
est  enebrè  plus  mat'qdé  bt  t>IU^  ëxcitisif  ;  lëtti-  febr[)$  três-rdf- 
tement  dëprimé ,  et  lëtir  qbëuë  grCle  bë  lëu^  {iérmëit^bt  pas 
d'ëmptoyéi-  eetté  dëi-nièrb  ëbibdié  l^uië  ;  et  lebrâ  nagëbifël 
ventrales ,  également  fort  petite»  ;  n'àgibàbt  ^ë  simpiëâëbt 
comme  accessoire»  de»  peetbl^lës-.  Celle»  ëi  Bë^ënUès  ëiëëS^ 
sitemenl  grandes  ;  en  fdi-mé  de  liifgës  tHàUglés  dlrigëëS  ifb- 
rizontalement  en  dehors ,  occupant  toute  |a  longiiëtir  dd  tfdnc 


jiiisqa'ii  la  qiiené.  G*ékt  avec  fees  nâgediireâ  Ique  ceA  afainiaut 
AétiYeht  ddH»  UM  (ilaii  Vërtiëal;  bôtiliiië  les  Oiseâut  leilrs 
âilei;  tjbë  s*exécùlë  la  Uage,  qui  rësèeifable  âih^i  etiicot*e 
mieux  à  un  téritàble  Vol. 

UH  pétféieiidHhéittetlt  àiM  M  Mtlktion  ide  là  ndgë,  Ihkis 
(}tii  tt'ësiâtte  que  chëi  ëéîtaiUës  ë6pècë«;  toiidUte  dànè  ce 
(fti'on  appelle  Isi  Vésàîi  natàwin-,  pôehë  rëtJÀplié  de  gdz  ;  I 
^H)iâ  Uliitbë» ,  fibitUbIftd ,  diVi^rsëllieiit  cbtiflprée ,  et  sdtl* 
veut  ikiëtaiè  dbbble;  platée  dahft  lé  partie  afatërb-ftttpëriëUré 
de  là  càviUî  Tisbëralë ,  S  peti  de  dtManbé  de  la  tête. 

telle  teââie  i-endatit  la  partie  dbrdalë  dii  coi-pà  bbaiibbUp 
^Itis  lëgèrb  que  rinrérlëdHé  •  le  tdbt  h  peu  pl^ès  dé  là  tU%lhb 
pé^anteiir  spëciflqbë  ({db  Teàil  ^  itiaintiërit  non-sëulëUbiii  le 
ebtiiâ  dû  poi^âbh  datié  la  m£me  position  relevée ,  mais  ëb- 
ebre  &  M  liaulëUir  ^  laquelle  il  tbul  iSb  tehil*  :  et  IbrsquMI  veut 
dbscbUdi*e  tertibalëthent  ;  il  d'à  kfil'^  bdiuptitUër  Ufl  peu  édh 
édrpâ;  ël  par  IS  là  téis^ib;  bU  biëd  Mblibl*  iittb  pai^tlë  dtt  ^at 
qU'blle  i^rifëtibë,  àii  lildyëii  d*bn  eàdàl  bbdlfaittHiqUanl  avec 
la  hanche  ;  et  qUànd  il  tbui  rehloiitélr  il  cëaâè  la  bdiiiprbs- 
sibti ,  ou  remplit  le  tUéiHe  orgaUe  de  plUâ  de  gaz  t)uè  lés  pa- 
ii)rs  db  belle-ci  produisent: 

UU  appareil  d  tNÉ  tRfcMKbîitdsuse  cdMt^odrtibH  ëiidte 
dans  le  genre  Echeneis  ^  poissons  de  forttië  brdiilàire,  teaià 
qiii  se  distifaghent  db  tdu^  pai^  ce  itiêihé  appareil;  qii*ils 
portent  sur  leur  télé ,  bt  con^stànt  btl  Ude  ^iiigtàidë  de 
Ibhgdèd  laines  cartilàj^inëiisës  tranèvërsâleë ,  parallèles,  §e 
rbebiivrant  d*avaAt  ëii  àrliKi*e .  rëâdëihblant  dans  Tèfasëbible 

• 

asëëz  bibd  k  une  persiédiib ,  et  dorlt  lé  bord  postérieur 
db  chaque  lamé  est  liitani  de  petits  crbeHets.  Éb  faiâadl 
mbUToir  convenablement  céd  diverâbs  làmb^-,  le  poisson 
peut  les  fixéi-  plus  ou  mdiUft  fdi'tôfaibtit  adx  diVbrii  corps 
ëtHkbgers  au  moybn  déd  petit»  ci*bbhëtd  dbrit  elles  sont 
pourvues,  et  s'en  détacher  à  volonté.  Ces  poisson^,  priVés 
de  Téssie  iiatatoire ,  ëtànt  èbligéé  de  fàil«  des  eiffiris  cbhti- 
uùbls  pour  $e  mainteuii*  I  telle  Aabtëdf-  dâiis  l'bàii,  db  bie^ 


i28  THfoLOGIB   DB   LA  NATtlBB. 

poar  avancer  dans  la  nage»  s'accrochent  ainsi,  soit  aox 
corps  fixes ,  lorsqu'ils  veulent  rester  stationnaires ,  soit  aux 
navires,  ou  bien  aux  autres  poissons,  quand  ils  veulent  se 
transporter  au  loin  sans  se  fatiguer  par  la  nage. 

Les  Poissons  étant  conformés  de  façon  à  ne  pas  pouvoir  se 
replier  sur  eux-mêmes  pour  défendre  les  diverses  parties  de 
leur  corps  de  Taction  des  objets  extérieurs ,  en  même  temps 
que  leurs  membres  ne  sauraient  y  suppléer,  la  prévotaitcb 

DIVINE  A  RECOUVERT  TOUT  LEUR  CORPS  D*ÉGÀILLES  GAI.CA1RES, 
s'iMBRIQUàNT  d'avant  en   arrière  ,   POUR   LES  GARANTIR  DB 

TOUTE  ATTEINTE  DÉSAGRÉABLE ,  k  moius  qu'elle  ue  soit  très- 
violente  ,  sans  les  priver  cependant  d'un  certain  sentiment 
assez  délicat  de  l'attouchement  de  ces  mêmes  objets  ;  senti- 
ment que  ces  écailles  transmettent  facilement  aux  téguments 
réellement  sensibles  ;  absolument  comme  les  plumes  et  les 
poils  qu'on  touche  très-légèrement,  en  transmettent  le 
sentiment  à  la  peau  chez  les  Oiseaux  et  les  Mammifères  ;  et 
ces  écailles  ont  en  outre  l'avantage  d'offrir  une  surface  très- 
lisse  qui  n'oppose  aucune  résistance  k  l'eau. 

Dans  d'autres  espèces ,  ces  écailles  sont  remplacées ,  soit 
par  des  plaques  osseuses  plus  ou  moins  grandes,  soit  par  de 
nombreux  petits  grains  saillants  et  une  peau  plus  ou  moins 
coriace,  peu  sensible. 

Enfin,  POUR  que  l'eau  glisse  le  plus  facilehent  d* avant 
EN  arrière  sur  le  POISSON,  touto  la  surface  de  son  corps  est 
constamment  enduite  d'une  matière  très-visqueuse ,  sécrétée 
sous  les  téguments ,  et  conduite  au  dehors  par  de  nombreux 
canaux  qui  s'ouvrent  principalement  k  l'extrémité  antérieure. 
On  a  pensé  que  cette  matière  avait  en  outre  pour  usage  de 
garantir  ces  animaux  du  contact  immédiat  de  l'eau;  mais 
pourquoi  cela?  Si  l'eau  a,  par  son  humidité,  un  effet  désa- 
vantageux sur  le  poisson ,  ce  liquide  visqueux  doit  l'avoir 
également. 

Nous  n'avonsr  encore  considéré  l'admirable  organisation 
des  animaux  du  premier  Embranchement  du  Règne  animal 


GBAmiii  III.  A99 

que  soub  le  rapport  de  la  forme  générale  àa  corps  et  de 
Tappareil  de  la  locomotion.  Pour  ne  pas  trop  éloigner  les 
unes  des  autres  les  diverses  esquisses  que  j*ai  k  faire  des 
autres  organes  des  mêmes  animaux  remplissant  également 
des  fonctions  tout  aussi  essentielles  que  celles  du  mouve- 
ment progressif»  et  pouvant  facilement  considérer  l'ensemble 
du  type  des  âniiiàiix  vertébrés  comme  un  tout,  je  passerai 
de  même  successivement  en  revue  les  autres  appareils  orga- 
niques de  leur  corps»  pour  y  signaler  ce  qu'ils  ont  de  plus 
remarquable,  et  fournir  en  même  temps  d'autres  preuves  de 
la  toute  -  puissance ,  de  la  sagesse  et  de  l'omniscience  du 
Créateur. 

Par  cela  même  que  Dieu  à  doué  les  Animaux  d'intelli  - 
6bnge ,  de  sensibilité  et  du  mouvement  volontaire  »  il  a 
pu,  dans  sa  sagesse,  confier  aussi  i  leurs  propres  soins 

PLUSIEURS  ACTIONS  QUE  LES  PLANTES  n' EXÉCUTENT  QUE  SOUS 
U  SIMPLE  INFLUENCE  DE  LA  FORCE  VITALE  ,  SANS  EN  AVOm 
AUCUNE  CONNAISSANCE ,  EN  MÊME  TEMPS  QUE  LE  CRÉATEUR  A 
PU  LEUR  ACCORDER  UNE  FOULE  DE  FACULTÉS  PLUS  RELEVÉES , 
COMME  CONSÉQUENCES  POSSIBLES  DE  CELLES  DE  LA  CONSCIENCE 
DE  LEUR  EXISTENCE  ET  DE  LA  FACULTÉ  LOCOMOTRICE. 

En  EFFET  ,  EN  GRÉANT  LES  N0MBBEU8ES  ESPÈCES  ANIMALES 
DESTINÉES  À  PEUPLER  LE  MONDE  ,  LA  DIVINITÉ  ,  EN  LES  DOUANT 
DE  LA  SENSIBILITÉ  ET  DU  MOUVEMENT  VOLONTAIRE,  LEUR  A  EN 
MÊME  TEMPS  INSPIRÉ  l'hORREUR  DE  LA  MORT,  PAR  LAQUELLE 
ELLES  VEILLENT  ELLES-MÊMES  À  LEUR  CONSERVATION  INDIVI* 

DUELLE ,  en  évitant  autant  qu'il  est  en  leur  pouvoir  les  cir- 
constances qui  peuvent  tenter  k  les  détruire. 

Avertis  par  leur  sensibilité  de  la  présence  des  Êtres  qui 
les  environnent,  même  k  d'assez  grandes  distances,  cette 
même  sensibilité  leur  fait  éprouver  des  impressions  non- 
seulement  différentes  en  espèces,  mais  aussi  en  intensité; 
et  comme  ces  sensations  peuvent  leur  êlre  agréables  ou 
pénibles ,  les  animaux  doivent  être  par  Ik ,  nécessairement 
disposés  k  les  rechercher  ou  k  les  éviter  au  moyen  de  leurs 


436  THl^LOOIB  VB  LA  HATURB. 

fecultég  loeomotriees  qui  leur  permettent  d'en  apprêter  oi 
de  s'en  étoigner. 

Ma»  par  eel^  même  que  les  Animaux  peuvent  ae  dépheer 
à  volonté ,  il  leur  est  impossible  d^absorber  en  tout  tenps 
lentement  par  leur  surface  extérieare,  oomme  les  végélan, 
les  substances  étrangères  propres  k  leur  qutrition  ;  ?u  que  lu 
animaux  se  trouvent  trèsHSouvent  dans  des  lieux  oè  ces  suk- 
stanoes  n^eiiistent  pas.  On  la  Provibbncb  a  ,  gomiie  fai- 

TOUT,  PAMÉ  À  GE  GRAND  1SG0NVÉ19ICV9 ,  KM  nONKAMT  lUÏ 
ANIMAUX  L4  PAG9LTÉ  m  PORTBN  AVEC  EUX  UNE  OERTAIIIE IIA88B 
nS  SUBSTANCES  CONTENANT  EN  ASSE2  GEANUB  OUANTITÉ  DIS 
PARTICULES  NUTRITIVES,  POUR  QUE  L' ABSORPTION  DE  GBLLBS-GI 

PUISSE  SE  FAIRE  EN  TOUT  TEMPS ,  sAu  que  le  développement 
et  Tentr^tien  du  corps  ne  soient  pas  interrompus. 

Cette  nouvelle  et  si  importante  eondition  d*existenoe  des 
animaux ,  conséquence  déjà  indirecte  de  la  eonscienoe  do 
Moi,  entraîne  avee  elle  non-seulement  Texistance  d*uD  visM 
appareil  propre  à  recevoir  ainsi  en  masse  les  substances  é(m- 
gères,  dont  une  partie  seulement  doit  être  absorbée;  et  doit 
une  autre ,  non  nutritive ,  doit  être  rejetée  -,  mais  enceie  n 
nombre  considérable  d*autres  organes  accessoires  propres  à 
faciliter  directement  ou  indirectement  l'introduction  de  ees 
substances  dans  le  corps  ;  toutes  choses  non-seulement  îm- 
tiles  aux  végétaux ,  mais  même  impossibles  chex  eux.  C'est 
l'ensemble  des  premier»  de  ces  organes  qui  constitue  ce  qa^oa 
appelle  T  Appareil  digestif  ;  et  les  seconds ,  désignés  sobs 
diverses  dénominations ,  favorisent  simplement  cette  aetieit 
en  lui  préparant  directement  ou  indirectement  les  moyeas 
de  fonctionner  ;  organes  très-diiférents  de  ceux-là ,  dont  ils 
sont  souvent  fort  éloignés,  et  par  eux-mêmes  corapléleneat 
indépendants  du  véritable  appareil  de  la  digestion,  avee 
lequel  ils  sont  toutefois  dans  la  plus  admirable  harmomb 

DE  FORME  ET  DE  FONCTION ,  AFIN  DE  CONCOURm  AVEC  LUI  A0 
RÉSULTAT  FINAL,  LA  NUTRITION  DE  L' ANIMAL  ;  HARMONIE  QUI  10 
FBUT  avoir  ÉTÉ  ÉTABLIE  QUE  PAR  LA  SUBLIME  SAGESSE 


pflçyfipl  rien  BFa4pir^  ^«  «piijW*hlp. 

(^e§  §ul>$t^pee8  pp^EriGièl'^  9»  tfauYtnl  k  distance  de 
rifljnjjij,  çpifli-iâ  9  l)iefi,  pv  s»  f^«»>W  locomotrice,  le 
pp))vqir  d*en  ^pproctifur  pflnf:  le^  99P«ir»  ipaif  cea  mémas 
moyeps  oqt  n^c^s^^remeat  dji  vi^riar  suivant  las  circon- 
Qtance§  daqs  le^qualles  ces  siub^tanees  se  trouvent.  C'e^t 
^p^j  qqp  lp§  apiqiau:!  ont  dA  pauvoir.  les  atteindre  avec  plus 
op  p^oin^  de  ppomptifudei  et  par  des  moyens  différents, 
§plon  l^s  ]\em  d^s  Ifisqu^^  ils  se  trouvent  naturelle- 
ipept,  |or$qf)p  pps  obje^  qnt  eux-mêmes  la  feculté  de 
fpir,  mt  sqr  1^  tepre,  soit  dans  l'intérieur  du  sol,  ou 
M^R  9n  fo^4  4f^  ^9Wf  <>u  AftU^  l'^r*  C'bst  eu  conséquence  , 

Plf^À  ^ÇL A^IVEH^IfT  À  CES  n^^ItlilàfiES  CQVBIT10N8 ,  QUE  fOUT 
^'4|>ItAR^IL  QE  LA  LOGOUQTlOli  A  DU  VAEISR  UAKS  SES  FACULTÉS 

^içi^L^^,  tellfits  que  la  course»  le  fouissage,  )a  nage,  le 
Ypj  y  e|C: ,  afin  ^'4ir0  ei^  pqrfaiu  b^rmwie  avec  le  genre  de 
ppprptqre  qpe  la  PppviBEMaE  a  assioué  à  chaque  espèce 
fpW  ppiiO^E  ÇtOii  pfi^TEHi^E  eQssi«LB,  quoiquo  au  fond 
l*^pp2|reil  de  \à  locomotion  soit,  ainsi  que  je  Tai  déjà  dit, 
P^  lifi-même  complétemeut  indépendant  de  celui  de  la 
digjsstipii. 

l^siis  epla  pe  siufiHt  pas  eneore.  On  eonçoit  que  si  tel 
apiiqal  est  oblige  par  las  coqditions  dans  lesquelles  se 
trouvent  ses  9q|>p$F0ils  de  la  digestion  et  de  1^  locomotion 
4e  se  ^o^r^r  do  proie  ou  de  tous  autnas  objets  qu'il  doit 
)ppr4^YPÎr  à  grande  distance»  aftp  de  pouv^nr  s^ep  emparer, 

{if  A  f  A|<LU  BU  Qfiïfi^  QUn  SES  SENS  FU8SU»  PORIÉS  À  UNE 
l^f |(fECT|QI(    SCFf (SANTE    DOUE    LES   LUI    BAIRE    FACILEMENT 

9ic:coNN4i7iiE.  Qr  c'est  Ik  <aocore  ce  que  l'observation  con- 
state AVEC  LA  PLUS  PARFAITE  ÉVIDENCE.  Eu  offot ,  lOS  Sp- 

pflfeils  des  cipq  sens  sont  partout  parfaitement  en  bar- 
ipanie  avec  le  genre  de  vie  de  chaque  espèce  animale ,  et 
^p^ialenePt  sivec  la  nature  de  l'aliment  dont  elle  doit  se 
Qoqrrîr.  Les  Mammifères  chasseurs  sont  pentpétre  de  tous 


432  TlliOLO«tt  Dl  LA  HATUU. 

les  animaoK  ceax  dont  l'odorat  est  le  plos  ûo ,  afin  de 
pouvoir  dépister  leur  proie;  que  les  Oiseaax,  et  sartont 
ceux  de  haut  vol ,  ont  les  yeux  les  mieux  organisés  pour 
▼oir  de  loin ,  même  les  objets  les  plus  petits  dont  ils  doiTent 
se  nourrir;  que  d'autres  animaux  qui  ne  veillent  que  la  Doit 
ont  non-seulement  des  yeux  capables  de  leur  faire  distin- 
guer les  plus  petits  objets  dans  Tobscurité  presque  complète; 
mais  ont  en  outre  Toreille  tellement  délicate  qu'ils  entendent 
les  moindres  bruits  qui  se  font  k  distance  autour  d'eax, 
afin  d'agir  en  conséquence.  Enfin  les  Chauve$-Souri$  ont  le 
tact  si  subtil  dans  les  membranes  de  leurs  ailes ,  qoe  toot 
en  volant  dans  les  ténèbres  les  plus  profondes  k  la  poursuite 
des  moucherons  dont  elles  vivent,  elles  sont  parfaitement 
averties ,  par  les  modifications  de  la  résistance  de  l'air,  des 
moindres  obstacles  dont  elles  approchent,  et  les  évitent  avec 
une  incompréhensible  précision.  Je  dirai  plus,  la  Proti- 

DENCE  A  DOUÉ  TOUS  LES  ANiMAUX  DE  LA  FACULTÉ  INC0NC8- 
VABLE  POUR  NOUS  DE  RECONNAITRE  DANS  LES  SUBSTANCES 
NOURRICIÈRES  CELLES  QUI  PEUVENT  LEUR  ÊTRE  DANGEREUSES 

COMME  POISONS,  ct  qu'ils  évitent  soigneusement  de  manger, 
sans  précisément  témoi([ner  la  moindre  répugnance  vive,  oq 
la  plus  légère  frayeur,  comme  ils  le  font  a  l'égard  des 
ennemis  qu'ils  ont  k  redouter  ;  et  cela  sans  aucun  doute  par 
l'effet  d'un  sixième  sens  que  nous  ne  possédons  pas,  et 
qu'en  conséquence  nous  ne  saurions  concevoir. 

C'est  ainsi  encore  que  d'autres  organes,  tels  que  les 
téguments,  les  poils,  les  plumes  et  les  écailles,  qui,  enx- 
mémes ,  subordonnés  au  mode  de  locomotion ,  sont  par  là 
dépendants  de  la  fonction  de  la  digestion ,  quoique  plus 
indirectement  ;  mais  sont  ainsi  toutefois  en  harmonie  d'aC' 
tion  avec  elle. 

Quant  k  ï Appareil  dî^estt/ lui-même,  il  se  compose,  dans 
son  état  le  plus  simple,  dans  tout  le  Règne  animal,  d'aoe 
vaste  poche ,  ou  Estomac ,  propre  k  recevoir  en  masse  ptes 
ou  moins  volumineuse  les  substances  dont  l'animai  doit  se 


CHAPITRE   III.  433 

nourrir;  cette  poche  est  ouverte  k  T extérieur  par  au  moins 
un  orifice  ou  Bouche  y  qui  fait  alors  aussi  les  fonctions  de 
Y  Anus  y  ou  orifice  de  déjection  des  matières  non  nutritives. 
C'est  le  cas  que  présentent  une  foule  de  petits  animalcules 
de  la  classe  des  Polypes,  dont  tout  le  corps  n*offre  en  quelque 
sorte  que  la  forme  d*une  bourse-,  mais  dans  la  plupart  des 
espèces  animales,  l'appareil  digestif  a  deux  orifices,  une 
pour  rentrée  des  substances  alimentaires ,  et  l'autre  pour  la 
sortie  des  déjections. 

Déjà  dans  les  degrés  les  plus  mférieurs  du  Règne  amimàl, 
la  cavité  digestive  s'élève  par  de  nombreuses  additions  de 
parties  accessoires  plus  ou  moins  importantes  jusqu'aux 
degrés  d'une  très-grande  complication ,  où  l'auteur  de  la 
Nature  montre  encore  avec  quelle  sublime  sollicitude 

IL  A  pourvu  à  tout,  SUIVANT  LES  CIRCONSTANCES  PARTICU- 
LIÈRES DANS  LESQUELLES  IL  A  PLACÉ  CHAQUE  ESPÈCE  D'ËtRES  ; 

et  cela  avec  une  rigueur  de  principe  telle  que  chaque  forme 
est  le  caractère  conditionnel  de  l'économie  entière  et  des 
mœurs  des  animaux  qui  le  présentent;  caractères  qui, 
faisant  loi,  servent  principalement  de  guide  aux  Naturalistes 
dans  l'étude  du  vaste  domaine  de  la  science  de  l'organisa- 
tion; toutes  ces  formes,  jusqu'aux  plus  minimes  circon- 
stances, présentant  dans  cet  admirable  système  de  la  nature, 
des  principes  qui  se  déduisent  les  uns  des  autres  avec  tant 
de  rigueur  que  tout  ne  forme  qu'un  seul  enchaînement  de 
faits,  probablement  sans  la  moindre  interruption  ;  car  Ik  où 
l'observation  en  a  montré,  des  découvertes  ultérieures  ayant 
comblé  déjà  de  nombreuses  lacunes ,  laissent  penser  avec  la 
plus  grande  probabilité  qu'elles  le  seront  un  jour  toutes  ;  et 
c'est  là  un  des  principaux  buts  que  les  Naturalistes  philo- 
sophes se  proposent  d'atteindre. 

Dans  les  Mammifères  ,  où  l'organisme  arrive  à  son  plus 
haut  période  de  perfection ,  l'orifice  d'entrée  de  l'appareil 
digestif  ou  la  Bouche ^  est  une  ouverture  impaire,  symé- 
trique ,  en  forme  de  fente  transversale,  placée  h  l'extrémité 

I.  28 


434  THEOLOGIE  DE  LA  NaTCRE. 

\ji  |)lus  àillérieure  de  la  tête,  et  dont  les  bords  ou  tkm 
sont  deui  lames  charnues  très-mobiles,  capables  d'une 
Sensibilité  exquise,  pour  reconnaître  au  tact  l'espèce  de 
corps  qui  y  pénètre  ;  et  susceptible  de  se  serrer  Tune  contre 
l'autre  en  forme  de  pinces ,  pour  saisir  tes  moindres  par- 
celles; en  même  temps  qu'elles  ferment  rorifice  buccal, 
pour  empêcher  les  objets  entrés  de  ressortir. 

La  première  partie  de  la  cavité  de  l'appareil  digestif  k 
laquelle  cet  orifice  sert  d'entrée,  et  qu'on  nomme  de  là  aussi 
la  Bouche,  est  un  premier  compartiment,  suffisamment 
grand,  pour  recevoir  la  quantité  de  nourriture  que  ranimai 

BOIT  d'ordinaire  SAISIR  A   LA  FOIS,   SELON  LE  GENRE  DE  Ml 

qu'il  EST  APPELÉ  A  SUIVRE.  Mais  ce  n'est  point  là,  il  s*e{i 
faut  de  beaucoup ,  exclusivement  la  condition  dans  laquelle 
cette  tiourriture  doit  se  trouver,  pour  que  l'absorption  des 
particules  nutritives  qu'elle  renferme  puisse  être  opérée;  il 
faut  que  ces  particules  soient  dissoutes  dans  un  liquide, 
afin  de  pouvoir  être  pompées  par  les  organes  absorbants  ; 
comme  les  plantes  pompent  les  leurs ,  dans  les  flujdes  mi- 
néraux ou  autres,  qui  les  environnent  naturellement,  et  qui 
n'ont  besoin  d'aucune  préparation  pour  être  immédiatement 
absorbées  et  transformées  en  sève ,  sans  aucun  acte  de  sen- 
sibilité ou  de  volonté  de  leur  part ,  qui  n'existe  pas;  tandis 
qu'aucun  animal  ne  peut ,  à  ce  qu'il  paraît,  vivre  exclusive- 
ment de  substances  inorganiques;  ce  qui  semble  être  iép 
une  première  condition  d'une  organisation  plus  élevée.  Or, 
pour  que  les  particules  nutritives  contenues  dans  les  ali- 
tnents  fussent  susceptibles  d'être  absorbées,  il  a  fallu  que  la 
masse  qui  les  renferme  fût  dissoute ,  ou  du  moins  fortement 
divisée ,  et  baignée  dans  un  liquide,  pour  que  les  élém^ents 
nutritifs  pussent  en  être  facilement  extraits  ;  et  c'est  pour  les 
amener  à  cette  condition  que  sont  destinés  plusieurs  orgatie$ 
qui  agissent  successivement  sur  les  aliments. 

On  conçoit  que  certaines  substances,  telles  que  la  sére 
des  plantes,  le  miel,  le  sang,  le  lait,  etc.,  déjà  liquides  au 


moment  de  leur  ingestion ,  pourraient  être  immédiatement 
absorbées  par  l'animal,  sans  éprouver  de  modifications, 
mais  quMl  n'en  est  pas  de  même  pour  une  foule  d'autres 
plus  ou  moins  consistantes ,  et  c'est  eu  vue  de  là  néces- 
sité DE  LES  DIVISER  QUE  L'InTELLIGEUCE  CRÉATRICE  À  DISPOSÉ 
DANS  LA  CAVrrÉ  BUCCALE  DES  ORGANES  DE  BROIEMENT  OU 
MASTICATOIRES  ,  DESTINÉS  k  RÉDUIRE  LES  ALIMENTS  EN  PETITES 

PARCELLES.  Dès  Cette  première  opération  de  préparation 
des  matières  nourricières,  il  se  présente  un  nombre  assez 
considérable  de  cas  particuliers ,  où  ces  dernières  peuvent 
se  trouver  par  leurs  qualités  spéciales,  que  la  Sagesse 

DIVINE  A  PARTOUT  ADMIRABLEMENT  PRESTES  '  EN  MODIFIANT 
POUR  CHACUNE  LA  FORME  ET  LA  DISPOSITION  DE  CES  MÊMES 
ORGANES  DE  MASTICATION,  AFIN  d' ARRIVER  PARTOUT  il  PEU 
PRÈS  AU  MÊME  RÉSULTAT. 

Lorsque  les  substances  dont  l'animal,  ît  Quelque  classe  (|u'il 
appartienne ,  doit  se  nourrir  se  trouvent  naturellement  li- 
quides dans  la  nature,  où  celui-ci  n'a  qu'^  les  pomper,  les 
organes  buccaux  ne  forment,  par  leur  ensemble,  qu'une 
Trompe  diversement  constituée  toutefois^  suivant  les  lois 
de  modification  ou  de  gradation  que  leurs  analogues  suivent 
dans  la  vaste  échelle  des  Êtres  ;  lois  dont  j'aurai  à  parler 
ailleurs  avec  quelques  détails  théoriques  et  explicatifs  :  ces 
trompes,  telles  que  celles  des  Papillons  des  Abeilles  et  de 
plusieurs  autres  animaux  encore ,  sont  ensuite  plus  ou  moin^ 

longues,  SUIVANT  qu'elles  doivent  servir  à  PUISER  LES 
LIQUIDES    À    DES    DISTANCES    ÉLOIGNÉES    OU    RAPPROCHÉES, 

devenant  même  nulles  lorsque  l'orifice  buccal  peut  s'appli- 
quer directement  au  liquide ,  où  l'animal  fait  le  vide  dans  la 
cavité  de  la  bouche,  au  moten  d'un  mécanisme  déterminé 

POUR  CHAQUE  ESPÈCE  ANIMALE. 

Quand  la  nourriture  est  plus  ou  moins  visqueuse,  et  ne 
peut  être  saisie  en  masse,  l'animal  la  recueille  au  moyen  de 
la  Langue ,  organe  charnu ,  ordinairement  tfès-flexible 
dans  tous  les  sens,  placé  au  milieu  de  la  cavité  buccale,  et 


436  TmiOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

susceptible  de  pouvoir  étre,k  cet  effet,  porté  au  dehors. 
C'est  aussi  par  ce  même  organe  que  sont  relevées  les  plus 
petites  parcelles  de  substances  solides»  capables  de  s'y  coller 
au  moyen  d'une  humeur  plus  ou  moins  visqueuse  qui  enduit 
généralement  tout  Tintérieur  de  la  bouche.  C'est  encore  la 
langue  qui  sert  comme  principal  agent  dans  l'aspiration  des 
liquides  par  succion ,  en  faisant  les  fonctions  du  piston  de 
pompe  ;  tandis  que  les  grandes  aspirations  de  liquides  se 
font  au  moyen  des  inspirations  pulmonaires  chez  les  Ybr- 
TÉBRÉs  aériens ,  qui  seuls  respirent  l'air  par  la  bouche. 

Les  animaux  qui  doivent  se  nourrir  de  substances  so- 
lides ,  mais  naturellement  divisées  en  petites  parcelles ,  pro- 
portionnellement à  la  grandeur  de  leur  propre  corps ,  les 
saisissent  d'un  grand  nombre  de  manières ,  plus  ou  moins 
spéciales  à  leur  famille  naturelle ,  k  leur  genre  et  même 
seulement  à  leur  espèce.  C'est  ainsi  que  les  Oiseaux  qui  se 
nourrissent  de  petites  graines  les  saisissent  une  k  une  avec 
leur  bec.  Les  grandes  espèces  la  reprenant  ensuite  avec  leur 
langue  la  font  glisser  dans  l'arrière-bouche ,  par  où  chaque 
grain  passe  isolément  dans  les  autres  parties  de  l'appareil 
digestif.  Les  petites  espèces  »  au  contraire ,  enlèvent  préalar 
blement  l'enveloppe  dure  avant  de  les  avaler;  encore  ce 
moyen  n'est-il  pas  partout  le  même,  tant  là  prévoyante 
BONTÉ  DU  Créateur  est  descendue  jusqu'aux  moindres 
inconvénients  pour  en  prévenir  les  mauvais  effets. 
Quelques  espèces  d'OiSEAUx,  telles  que  le  Gros-bec,  qui  se 
nourrit  en  partie  des  amandes  de  fruits  k  noyaux  durs, 
comme  celles  des  cerises ,  a  reçu  pour  cet  objet  un  bec 

QUI,  EN  apparence  PEU  SOLIDE  POUR  ROMPRE   LES   NOYAUX, 
LES  BRISE  CEPENDANT  AVEC  ASSEZ  DE  FACILITÉ ,  et  l'ou  COn- 

çoit  k  peine  que  les  muscles  fort  petits,  qui  mettent  les 
mandibules  en  mouvement,  puissent  produire  par  leur  con- 
traction un  effort  assez  grand  pour  rompre  ces  enveloppes. 
Les  autres  Oiseaux  granivores  de  petite  taille,  voisins 
des  Gros-becs  dans  la  classification ,  ayant  moins  de  force 


CHAPITRB  III.  437 

dans  le  bec,  ont  une  étonnante  dextérité  à  faire  éclater  les 
joints  de  la  capsule  des  graines,  même  les  plus  petites, 
en  roulant  ces  dernières  entre  leurs  mandibules ,  afin  d'en 
extraire  les  amandes.  Enfin  les  Mésanges ,  très-petits  Oi- 
seaux ,  dont  le  bec  n'est  pas  assez  grand  pour  faire  rouler 
ainsi  des  graines  de  la  grosseur  seulement  du  chènevis ,  les 
maintiennent  avec  une  gracieuse  adresse  entre  leurs  petits 
pieds  qui  leur  servent  de  mains ,  et  enfoncent  la  coquille  à 
grands  coups  de  bec ,  pour  y  pratiquer  un  trou  par  lequel 
ils  retirent  ensuite  Tamande  par  parcelles  au  moyen  de  leur 
langue  ;  et  ces  charmants  Oiseaux  savent  même  parfaitement 
trouver  dans  des  fruits  bien  plus  gros ,  telles  que  les  noix , 
les  parties  de  la  coquille  assez  faible  pour  être  attaquable 
au  moyen  de  leur  petit  bec,  tant  la  Providence  a  eu  soin 

DE  METTRE  DANS  l'iNSTINCT  DE  CHAQUE  ANIMAL  TOUS  LES 
MOYENS  QUI  PEUVENT  CONTRIBUER  À  LUI  PROCURER  LA  NOUR- 
RITURE DONT  IL  A  BESOIN. 

D'autres  animaux,  comme  plusieurs  Mammifères,  qui  se 
nourrissent  également  de  graines  et  appartenant  généra- 
lement k  des  espèces  de  l'Ordre  des  Rongeurs  ,  enlèvent  la 
coquille  en  la  rongeant  avec  leurs  dents  antérieures ,  tout 

SPÉCIALEMENT  FORMÉES  POUR  CET  USAGE,  Ct  dOUt  j'aurai   à 

parler  plus  bas. 

Lorsque  les  Animaux  sont  au  contraire  destinés  k  se 
nourrir  de  substances  qui  se  trouvent  d'ordinaire  à  l'état  de 
grandes  masses  ,  on  conçoit  que  la  Providence  a  ht ,  dans 
SA  HAUTE  SAGESSE ,  Icur  accordcr  les  moyens  de  les  diviser, 
non-seulement  en  parties  susceptibles  d'être  introduites 
dans  la  cavité  buccale ,  mais  encore  de  pouvoir  être  réduites 
en  petites  parcelles  ;  et  en  efiet  tous  ces  Animaux  ont  reçu  , 

CHACUN  selon  LE  GENRE  DE  VIE  POUR  LEQUEL  IL  A  ÉTÉ  GRÉÉ , 

les  organes  nécessaires  pour  se  procurer  sa  nourriture ,  et 
les  moyens  de  la  réduire  autant  que  nécessaire  en  parcelles, 
d'où  les  sucs  nutritifs  peuvent  être  facilement  extraits. 
Chez  les  Mammifères,  classe  où  Ton  trouve  les  plus 


438  TB&)LOaiB  M  lA  HATURB. 

granded  tariétës  dé  inoyetts  de  mvtikatîM ,  il  favi  toutefois 
ea  distinguer  trois  principaai  ;  l'un  conëistant  k  cooper»  de 
la  masse  comnlunei  des  mdreeaox  siiffisamtDeat  petits  poor 
être  introduits  dans  la  eàvitë  de  la  bouche  ;  le  second  k  dé* 
chirer  la  itiasse  ;  si  ce  moyen  est  plus  convenable  ;  el  le 
troisième  k  subdÎTiser  bncore  ultërienl'ement  les  morceau 
011  Bouchées  en  petites  parcelles.  Or;  ponr  cet  effet,  les 
Animaux  obt  reçn  trois  sortes  de  Denî$  y  pièces  de  eonsis-  • 
tance  osseuse,  revêtue  d'un  émail  très-dur,  inaltérable  à 
Tair,  et  servant  non-seulement  k  garantir  le  noyau  osseux 
de  rinfltience  chimique  que  les  diverses  (substances  avee 
lesquelles  les  délits  se  trouréot  en  cobtaot  pourrait  exercer 
sur  elles ,  mais  encore  k  leur  donner  la  dureté  nécessaire  1 
leur  fonction  ;  et,  ëbus  ce  rapport,  j'aurai  surtout  k  faire 
remarquer  en  plusieurs  circonstances  Tapplication  de  la 

CONNAISSANCE  LA  PLUS  PROFONDB  BB  LA  HÉCÀlfIQCE ,  QDI  S't 
MONTRE  DANS  LA  CONFORMATION  ET  LA  STRUCTURE  DB  CES 
INSTRUMENTS  DE  MASTICATIOlt. 

Les  Dents  antérieures  ou  Incikivei,  celles  qui  doîrent 
saisir  là  nourriture,  sont  généralement  taillées  en  biseau  k 
leur  bord  libre  «  en  imitant  parfaitement  dans  les  deni 
i*aiigées  les  lames  d'une  t^aille.  C'est  par  elles  que  ranimai 
coupe,  de  la  masse  commune  de  l'aliment,  si  celsl  est  pos- 
sible ^  les  morceaux  capables  de  povvoir  être  introdbits 
dans  h  bouche.  Si ,  au  contraire ,  l'alinent  est  coriaoe ,  les 
dents  aiitéro  latérales  connues  sons  k  noas  de  Canines^ 
toujours  àllbDgées  en  codes  légèrebient  arqués ,  cbez 
tous  les  animaux ,  sont  destinée»  k  venir  eflftcacement  en 
aide  aux  iilcisives  pour  déchirer  ht  novrrîtdre  ;  tandis  qiie 
ces  mêmes  canines  ne  dépassent  pas  sensiblement  les  autres 
dents ,  chez  les  espèces  qui  coupent  simplement  latiment;  on 
bien  elles  manquent  compléteaKnt  lorsqa'ëlles  sont  inu- 
tiles. 

Une  fois  introduit  dans  la  boudie,  l'aliment  doit,  y  ètie 
sdbdivis(^  en  parcelles,  s'il  y  a  lieu.  Pour  cela,  la  petite 


CI9AFITIUS   lU.  490 

M^sa  ou  fiimc¥e  e»t  $oiuBifte  ï  i'aetiop  de  la  troisième 
espèce  de  dant3  pomwéeis  flAchéli0r0^  ^  qui  offre  sur- 
tout pour  cet  objet  les  formes  les  plus  rerp^rqu^blej^.  Si 
Taligieot  peut  être  fscileipeot  écrasé ,  et  réduit  par  \k^h  ' 
consistance  d*uQe  espèce  de  p&te;  les  Mâcbelière^  ne  pré- 
sei^tent  qu'une  forme  cylindrique  on  prismatique  là  extré- 
mité ou  CourQnn$  coupée  carrément  :  cette  forme  étant  suf- 
fisante pour  l'usage  si  simple  qu'elles  ont  à  remplir.  C*est 
le  cas  de  quelques  grands  Mamvifè^es  insectivores,  tels  qiie 
les  Tatous  et  les  Oryctéropes.  Enfin  les  Fourmilière  man- 
qiiei^t  mônie  compléomept  de  dents ,  )es  fourmis  dont  ils 
se  nourrisseut  présentant  àé^k  par  lepF  petitesse  cet  état  de 
parcelles  qui  permet  facâleo^nt  leur  décomposition  pendant 
la  digestioQ. 

Chez  les  espèces  devant  se  nourrir  de  matières  plus  dif- 
ficiles k  l^oyer»  mais  qui  ne  sont  pas  coriaces ,  tels  que  les 
fruits  et  les  racines  charnues,  I^  Couronne  des  Nâcbejîères 
est  simplement  tuberculeuse.  Cas  dans  lequel  se  trouvent 
V Homme  j  les  Singis^  et^,,  etc. 

Les  Miupiij^Èftfis  4e  petite  taille,  qui  se  pourrissent  si^it 
d'insectes  soit  de  petites  graines  coriaces  »  animaux  pour  les- 
quels ces  corps  sont  d^  fort  grands  et  demauiient  à  être 
brisés  et  broyés,  les  tubercules  des  i^àcbelières  sont  plus 
allongés  et  pointue ,  afin  de  rompre  plus  facilement  le  lest 
oorné  de  ces  auimsuix.  Telles  sont  les  dents  des  Chauveê- 
Souris^  des  JiUfjw»  des  J^usareigneg  et  d'un  nombre  assez 
considérable  de  peiits  J^oiy^cRs. 

Lorsqu'au  co^^e  les  aliments  sont  coriaces ,  comme 
l'est  ia  chair  crue»  les  mômes  dents  ont  été  comprimées  par 
les  côtés  pour  ne  présenter  qu'une  seule  rangée  de  tuber- 
cules placés  à  la  suite  ies  uns  des  autres ,  et  prolongés  ei^ 
cônes  plus  ou  i^ips  saillants  et  tranchants ,  en  même  temps 
que  ces  dents  au  iieu  de  se  recouvrir  directement  d  une  mâ- 
choire à  l'auUre ,  se  croisent  au  contraire  comme  les  deuK 
lapes 4e  cis690x4o<rt  ell.es lont  l'office,  pour  couper  la  chair 


440  THiOLOGIB  DE  LA  NATURE. 

en  petites  parcelles.  Cest  le  cas  de  tous  les  grands  Mammi- 
fères carnassiers,  telsqae  les  Chienn  et  les  ChaU. 

Qaand  la  nourriture  est  très-fibreuse ,  et  k  la  fois  coriace 
et  trop  flexible  pour  pouvoir  être  coupée  par  des  dents  tran- 
chantes, telle  que  l'est  Therbe,  laPRÉvoTANCs  divine  a 

EMPLOYÉ  ENCORE  UNE  AUTRE  FORME  DE  DENTS  d'uNE  STRUC- 
TURE FORT  SAVANTE,  QUOIQU*AU  FOND  TRÈS-SIMPLE,  COMME 
d'ailleurs  TOUS  LES  MOYENS  DONT  LE  CRÉATEUR  FAIT  USAGE. 

Ces  dents  devant  servir  k  broyer  ces  aliments ,  vu  qu'ils 
ne  peuvent  être  ni  facilement  brisés,  ni  coupés,  elles  ont 
reçu  des  couronnes  tronquées  carrément,  mais  garnies 
de  côtes  plus  ou  moins  contournées ,  en  apparence  irrégu- 
lières, imitant  les  inégalités  d*une  meule  de  moulin,  dont 
elles  remplissent  en  effet  parfaitement  les  fonctions,  en 
réduisant  les  plantes  en  p&te,  au  moyen  d*un  véritable 
broiement;  dents  si  savamment  conformées  dans  lear 
structure  que  les  deux  rangées  frottent  l'herbe  entre  elles, 
sans  que  cette  action  fasse  disparaître  promptement  les 
saillies  que  leurs  couronnes  présenlent  k  cet  effet. 

Sur  les  dents  des  autres  espèces  dont  j'ai  parlé,  l'émail 
recouvre  k  peu  près  uniformément  toute  la  couronne ,  k  la 
surface  de  laquelle  elle  donne ,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit ,  la 
grande  dureté  dont  elle  a  besoin  pour  ne  pas  trop  s'user  pen- 
dant le  long  espace  de  temps  que  ces  organes  doivent  fonction- 
ner. Chez  les  espèces  herbivores ,  au  contraire ,  qui  doivent 
réellement  broyer  leurs  aliments,  l'émail  forme  non-seulement 
une  couche  extérieure  qui  revêt  uniformément  toute  la  cou- 
ronne; mais  encore  diverses  lames  qui  pénètrent  dans  l'inté- 
rieur de  cette  dernière ,  k  peu  près  perpendiculaires  k  l'ex- 
trémité tronquée,  en  la  divisant  par  différentes  inflexions, 
toujours  constantes  dans  la  même  espèce  de  Mammifères,  en 
plusieurs  compartiments  remplis  de  la  substance  osseuse. 

Au  moment  où  ces  dents  paraissent,  avant  qu'elles  ne 
commencent  k  s'user,  la  troncature  de  la  couronne  présente, 
k  peu  près  comme  dans  les  espèces  k  dents  tuberculeuses , 


CHAPITRE  Uf.  441 

des  saillies  pins  ou  moins  fortes  en  formes  de  collines  diri- 
gées dans  différents  sens ,  séparées  d'ordinaire  par  des  en- 
foncements très-profonds  ;  mais  k  mesure  que  ces  saillies 
s'émoussent  par  la  trituration  pendant  la  mastication ,  les 
parties  osseuses  de  la  dent  se  trouvant  mises  k  découvert, 
elles  s'usent  plus  promptement  que  les  lames  d'émail  qui  les 
revêtent  et  les  divisent,  comme  étant  moins  dures  que 
celles-ci ,  d'où  résulte  que  ces  dernières  font  constamment 
saillie  sur  la  partie  osseuse ,  en  formant  des  côtes  sinueuses 
qui  maintiennent  la  troncature  de  la  couronne  toujours  fort 
inégale ,  en  même  temps  que  ces  saillies  très-dures  s'avivent 
par  l'usure  de  la  dent ,  et  ne  disparaissent  qu'avec  la  der- 
nière parcelle  de  leur  couronne. 

Cet  ingénieux  moyen  employé  ici  pour  faire  conserver  à 
la  troncature  des  dents  les  saillies  qu'elle  présente,  a, 
comme  on  voit ,  la  plus  grande  analogie  avec  celui  que  la 
Providence  a  mis  en  usage  pour  maintenir  l'acuité  du  bec 
et  des  griffes  des  Oiseaux  et  des  Mammifères ,  sans  être 
cependant  tout  à  fait  le  même;  mais  fondé  toutefois  sur 

LB  MÊME  PRINCIPE  UE  PHYSIQUE ,  DONT  L'BFFET  ÉTAIT  AINSI 
PARFAITEMENT  CONNU  AVANT  Qu'iL  NE  FUT  EMPLOYÉ. 

Dans  beaucoup  de  Mammifères  Rongeurs  ,  ainsi  que  chez 
les  ÊUphantê ,  le  même  résultat  a  été  obtenu ,  en  formant 
chaque  molaire  de  l'assemblage  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  de  petites  dents  simples ,  ayant  la  forme  de 
lamelles ,  appliquées  d'avant  en  arrière  les  unes  contre  les 
autres ,  et  soudées  par  une  troisième  substance  également 
calcaire ,  formant  un  ciment  entre  elles.  Ces  dents  élémen- 
taires étant  chacune  revêtue  d'émail ,  elles  forment  par  leur 
usure  au  sommet,  des  côtes  transversales  alternativement 
plus  dures  et  moins  dures ,  absolument  de  la  même  ma- 
nière que  dans  les  dents  des  herbivores  Ruminants. 

Chez  les  ÊUphants ,  cet  assemblage  de  dents  simples  est 
même  si  ingénieusement  arrangé  par  l'effet  de  la  disposition 
oblique  de  la  masse  commune  dans  la  mâchoire,  que  l'usure, 


442  THÉOLOGIg  DB  U   VATURE. 

qui  se  fait  bomontalenàeiit ,  oommence  par  l'abgle  ttiitënh 
supérieur  de  la  tnoltûre  de  la  nàchoire  inférieilirè  ;  et  se  coih 
tinuaut  de  même ,  il  arrive  que  la  première  lamelle  a  déjk 
complètement  disparu  »  aTant  que  la  dernière  n'ait  été  en- 
tamée ;  d*où  résulte  que  la  dent  laiésaolt  m  vide  en  aviot, 
est  constamment  poussée  yers  la  partie  antérieure  par  1« 
lamelles  qui  se  développent  à  Textrémité  peetérièure  ;  et  qse 
la  même  dent ,  Bads  oeciiper  plus  de  place ,  et  sAos  cesser  d< 
fonctionner  dans  la  même  étendue»  finit  par  être  cmBplé(^ 
ment  remplacée. 

Enfin  d'autres  MAMvirtuEs  encore»  de  rOu^RË  des  U» 
GEuas  »  tels  que  les  Llwrt$  et  les  iapînl ,  Soyr  FsvoRisis 

PAR  DES  DENTS  SIMPLES  PLUS  OU  HOUIS  mSMâTiQUES,  QUI  SU 
S*tSANT  CONTlHUKI^LlSlIBNt  fit  hK  COUaOMIfS ,  W  fcéOiMÈEEHT 

AU  Fua  m  À  KEsctiE  rAR  hk  tiA.ciyfB ,  de  manière  k  eonserrer 
TOUJOURS ,  eiaeiament  la  même  loof  ueur,  déterminée  pv 
rusnre  même  qu'elles  éprouvent  les  unes  par  les  autrsi. 

€e  mode  de  dévelo{)pement  et  d'usurii  est  méltoe  général 
pour  les  incisives  de  toils  les  Bokoeurs  ;  ces  animaux  de- 
vant se  nourrir»  pour  la  plupart  \  de  sutetanc^s  forvaat  de 
fort  grandes  masses,  ne  pouvant  le  plus  souvent  les  attaquer 
qu'en  les  rtmgeant,  hk  divine  PtovinsitCK  a  o(MXfo«MÉ  tsohs 

MENTS  ItfCISIVES  E«  eONSÉQU^^NClS  DE  G|STT£  FOICTiOll  S^CtAl^ 

Qii'BLf.Es  om  À  REMPMR ,  uc  les  établissant  qu'au  noml^re  de 
deux  à  cbaqne  màcboire  »  afin  que  l'effort  que  rammal  dail 
fjaire  en  rongeant  no  wAi  pas  si  granjd  que  si  l'aetion  9v«( 
lieu  par  un  nombre  plus  considérable  à  la  fois*  Or,  cxw» 
ces  ipcîsives  agissent  aui^  deux  màeboires  eomnte  les  deat 
trancbaate  d'une  tenaille»  tours  «extrémités  devaient  s'aser 
promptaa^t  »  et  même  souvent  s'ébrécber  ;  an  point  que  ces 
dents  ne  se  fienoonlreraient  bientôt  plus  d!mt  mâchoire  )i 
l'autre  si  elles ae  repoussaiaatpascoustamm^tpar^eurbase; 

et  LE  TERM^   XOYEN   pfi  CETTE   USURE  EST  SI  BIJSN  QkUXXiy 

qne  ces  dents  conservent  constamment  la  même  longnear* 
Pour  mieux  eoiq>er  les  parcelles  que  i'^iA»!  ^^ 


aîoBÎ  de8  corps  qu'il  rmife ,  les  ÎDcisives  des  dent  mâchoires 
M  se  fencontreot  point  boal  k  boni ,  eodidie  les  tranchants 
d'une  tenaille  auxquelles  je  viens  de  les  comparer;  nais  les 
infériteures  sont  un  pea  plus  en  retraite ,  codime  d'ailleiirs 
chez  presque  tons  les  MAMMirÈRES  et  même  dahs  VHùm$M , 
afin  de  niieux  conper,  en  agissant  h  pen  près  coinme  les 
dehx  lamed  d'one  paire  de  ciseaux  ;  en  tnéme  temps  que  ces 
dents,  en  se  crolsatit  ainsi ,  s*osent  les  unes  contre  les 
autres  ^  en  se  rendant  mutuellement  tranchantes  aux  bouts  { 
d*utae  part  »  par  Teffet  de  Tare  qu'elles  formimt  k  chaque 
mâchoire  t  et  du  mouyemënt  que  font  les  inférieures  en 
tournant  avec  la  mbchoire  dans  Tartichlation  de  cette  der« 
nière;  et,  d'antre  pah,  par  l'effet  de  la  dintinution  de  la 
dureté  de  ces  dents  d'arrièt^  eh  avant  dans  leur  substance; 
absoliuaeQt  comme  cela  a  lieu  pour  le  bec  des  disedux  et  les 
grilles  ;  vu  que  l'ëmiil  de  la  faee  antéHeure  étant  il  partie  la 
plus  dufe  »  forme  seule  le  tranchant.  C'est*k*dire  que  pak 
li'iliGÉBriBtsB  coMBiHAisoN  DB  CBS  DBOx  hoybus  ;  le  biseau  des 
incisives  sapérieilres  est  en  grande  pkrtie  dû  k  l'oshre  que 
leur  foht  éprouver  les  incisives  inférieures  :  et  celui  de  ces 
éemières  a  liet  par  le  froctealeiit  des  eolps  que  oes  dents 
rongent. 

Chea  ÏHmnmei^  les  Singes;  ainsi  qhe  chee  les  Bon- 
UBuns ,  etc. ,  les  incisives  inférieéres  sont  dans  l'état  ordi- 
naire, ain«  en  retraite  k  l'égard  des  supérieures,  |H>dr  agir, 
comme  Instruments  coupants ,  et  faciliter  l'enlèvëtiient  des 
parties  coupées,  l'articnlatioA  de  la  tnàehoire  est  conformée 
4e  façon  k  permettre  k  cette  dernière  de  se  monv^r  plus  ou 
mbins  d'avant  eil  arrière  ;  mouvement  par  lequel  les  incisives 
inférieures  arrachent  les  morceattx  qu'elles  ont  presque 
achevé  de  coujper  un  instant  avdnt;  en  tnême  temps  qu'en  se 
portant  en  avabt  elles  peuvent  s'apposer  bont  k  bout  aux  su- 
périenrea,  en  agissant  avec  elles  absohiment  eômme  les  deux 
branches  d'nne  tenaille;  ou  si  l'on  vent,  comme  deux  coins 
allant  à  la  rencontre  l'on  de  Tanlre  pour  Aiire  édater,  s'il  y 


4i4  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

a  liea  ^  le  morceau  qa'il  s*agit  d'enlever  ;  moyen  qne  nons 
employons  quand  nous  voulons  enlever,  par  exemple,  un 
morceau  d'une  pomme. 

Dans  les  Mammifères  carnassiers,  les  incisives  devani 
plus  particulièrement  agir  comme  des  ciseaux ,  et  avec  une 
grande  force  de  traction ,  pour  couper  et  déchirer  les  chairs, 
l'articulation  des  mâchoires  est  au  contraire  plus  serrée, 
capable  seulement  d'un  mouvement  de  bas  en  haut,  maïs 
nullement  d'avant  en  arrière;  c'est-à-dire  que,  par  cb 
MOYEN ,  l'animal  coupe  ainsi ,  autant  que  possible ,  la  chair 
qu'il  veut  diviser;  et  achève  de  l'arracher  en  tenant  le  lam- 
beau fortement  pincé  entre  ses  incisives  légèrement  croisées, 
ordinairement  au  nombre  de  six  k  chaque  mâchoire;  en  y 
formant  ensemble  un  large  bord  coupant. 

Chez  les  Chevatuc^  animaux  herbivores  non  rongeurs  et 
de  transition ,  formant  le  passage  aux  Ruminants  ,  les  Inci- 
sives au  nombre  de  six  en  haut  et  en  bas ,  et  serrées  comme 
dans  les  Carnassiers ,  sont  de  même  que  celles  de  ces  der- 
niers ,  tranchantes  k  leur  extrémité  dans  le  premier  &ge  de 
la  vie ,  mais  directement  opposées  d'une  mâchoire  k  l'autre; 
d'où  résulte  qu'elles  s'usent  les  unes  contre  les  autres  par  le 
bout ,  comme  les  molaires ,  de  manière  k  avoir  plus  tard 
une  couronne  plate  plus  ou  moins  inégale ,  formant  dans 
les  deux  mâchoires  des  bouts  de  tenaille  élargis,  servant 
très-efficacement  â  arracher  l'herbe  dont  ces  animaux  se 
nourrissent,  et  qu'ils  auraient  au  contraire  grand'peine  à 
couper  si  ces  incisives  étaient  tranchantes. 

Les  Ruminants,  animaux  le  plus  essentiellement  b^bi- 
vores,  offrent  quelque  chose  de  semblable,  mais  de  plus 
parfait  encore  dans  leurs  organes  de  mastication.  Devant 
vivre,  pour  ainsi  dire,  exclusivement  d'herbe,  ils  la  sai- 
sissent par  touffes  autour  de  leur  bouche  en  la  ramassant  au 

MOYEN  DE  leur  LANGUE ,  SUSCEPTIBLE ,  POUR  CET  EFFET ,  DE 
SE  PROLONGER  BEAUCOUP  AU  DEHORS ,  ET  GARNIE  SUR  TOUTE 
SA  SURFACE  d' INNOMBRABLES  PAPILLES   CORNÉES.   EN  FORME 


CHAPITRE  III.  445 

D*ÉPINES  DIRIGÉES  EN  ARRIÈRE  ,  AVEC  LESi^UELLES  CBS  ANI- 
MAUX ACCROCHENT  ET  ATTIRENT  l'hERBE  POUR  l'aMENER  DANS 
LA  BOUCHE ,  OÙ  ILS  LA  SAISISSENT  ET  l' ARRACHENT  AVEC  LEURS 

INCISIVES.  Mais  ces  dents  ont  elles-mêmes  éprouvé  ,  dans  ce 

BUT,  UN  perfectionnement  DANS  LEUR  FONCTION,  QUOIQUE 
CE  SOIT  EN  RÉALITÉ  UN  NOUVEAU  DEGRÉ  DE  DÉGRADATION  SOUS 

LE  RAPPORT  AN  ATOMIQUE,  les  supéfieures  ayant  complète* 
ment  disparu,  tandis  que  les  inférieures,  toujours  au  nombre 
de  six,  présentent,  au  contraire,  une  fort  grande  couronne, 
en  forme  de  large  palette  en  biseau  trancbant.  L'herbe  étant 
par  Teffet  de  sa  grande  flexibilité  difficile  à  couper,  k  moins 
que  ce  soit  par  des  instruments  tranchants  parfaitement 
ajustés ,  le  Cheval  qui  ne  peut  que  la  pincer  imparfaitement 
entre  ses  incisives  k  couronne  plus  ou  moins  inégale ,  doit 
avoir  quelque  peine  à  la  tenir  avec  force  pour  Tarracher,  et 
en  perdre  une  partie  qui  glisse  entre  ses  dents.  Cet  incon- 
vénient A  ÉTÉ  LEVÉ  CHEZ  LES  RUMINANTS ,  EN  REMPLAÇANT 
SIMPLEMENT  LES  INCISIVES  SUPÉRIEURES  PAR  UNE  RANGÉE 
TRANSVERSALE  DE  PLAQUES   CORNÉES  ASSEZ  MINCES ,  FAISANT 

PARTIE  DES  TÉGUMENTS.  Par  cc  moyeu,  le  bord  tranchant  des 
incisives  inférieures,  appuyant  Therbe  contre  cette  lame 
cornée  légèrement  élastique ,  celle-ci  se  moule  parfaitement 
sur  elles  avec  un  égal  degré  de  pression ,  au  moyen  duquel 
tous  les  brins  d'herbe  sont  fortement  retenus,  et  le  bord 
libre  des  incisives  étant  étroit,  et  même  assez  tranchant , 
l'herbe  se  coupe  plus  facilement  que  chez  le  Cketal^  k  la 
moindre  traction  que  l'animal  lui  fait  subir. 

Pour  faciliter  le  broiement  de  l'herbe  par  les  mouvements 
latéraux  des  dents  les  unes  sur  les  autres ,  les  articulations 
des  mâchoires,  au  lieu  d'être  serrées  comme  chez  les  Mam- 
mifères carnassiers ,  sont  au  contraire  très-libres ,  les  cavités 
articulaires  étant  presque  entièrement  planes  et  fort  larges; 
de  manière  que  les  condyles  des  mâchoires  peuvent  y  glisser 
en  tous  sens  dans  une  grande  étendue,  en  produisant, 

DANS  CETTE  VUE,  UN  GRAND  DÉPLACEMENT  LATÉRAL  AUX  DENTS. 


iA6  THÀ)L00lt  M  LA  KAtCJRfi. 

'  Enfin  l'OftDM  des  CitAc^s  nous  ofte  encore  d'autfeâ 
modifieations  dans  les  organes  mastieateurs  ;  mais  toujours 

PARPAITBIIENT  EN  HARMONIB  AVEC  LE  HESTE  DE  LEUR  ORGA- 
HI8ATI0N ,  ET  DÉFINITIVEMENT  ATEG  LE  GENRE  DE  VIE  QUI  LEUR 
A  ÉTÉ  ASSIGNÉ. 

Les  DauptùM  et  genres  voisins ,  ne  vivant  que  de  pois- 
sons qu'ils  poursuivent  dans  l'eau ,  étant  privés  de  tont 
membre  qui  puisse  leur  faciliter  les  moyens  de  dépecer  leur 
proie .  ne  peuvent  guère  que  la  saisir,  la  tuer  promptement, 
pour  Tempécher  de  leur  échapper,  et  l'avaler  ensuite  autant 
que  possible  d'une  seule  pièce.  Pour  cela,  ces  animaai 
n'ont  reçu  que  des  dents  plus  ou  moins  nombreuses ,  co- 
niques ,  légèrement  arquées  en  arrière ,  ressemblant  toates 
k  des  canines  dont  elles  ont  plus  particulièrement  la  fonc- 
tion ;  leur  grand  nombre ,  qui  forme  une  série ,  servant  aassi 
à  couper  la  chair. 

Chez  tes  Baleinée  ^  formant  la  famille  la  plus  dégradée  de 
toute  la  classe  des  Mammifères,  les  dents,  proprement  dites, 
osseuses,  disparaissent  complètement,  et  se  trouvent,  jns- 
qn'à  un  certain  point,  suppléées  dans  leurs  fonctions,  par  les 
Fanoi» (la  Baidne  du  commerce),  longues  lames  cornées 
formant  de  chaque  côté  du  palais  une  longue  série  de  feuilles 
falciformes ,  adhérentes  k  la  peau  seulement  par  leur  plus 
petit  cdté,  et  s'appliquant  k  petites  distances  les  unes  contre 
les  autres ,  en  se  portant  plus  ou  moins  directement  de  haut 
en  bas  ;  de  manière  k  former  de  chaque  cdté  une  véritable 
claie  servant  k  ces  immenses  animaux  k  passer  Peau  k  travers 
cette  espèce  de  tamis. 

Cette  remarquable  modification  des  organes  buccaoi  est 
une  conséquence ,  d'une  part ,  de  la  dégradation  k  laquelle 
est  arrivé  le  système  dentaire ,  et ,  de  l'autre ,  de  la  forme  qoe 
prend  Toesophage,  qui  n'est  qu'un  canal  fort  étroit ,  capable 
seulement  de  laisser  passer  des  objets  extrêmement  petits. 

Or  comme  les  Baleines  ne  peuvent  pas  dépecer,  et  moins 
encore  broyer  leurs  aliments,  ces  gigantesques  animaux 


cflAmRB  m.  44? 

6ont  obligés  de  se  nourrir  des  animaux  les  plus  înenus,  le 
bareng  étant  déjà  très-grand.  Pour  cela,  ils  saisissent  avec 
leur  énorme  gueule  une  grande  masse  d'eau  avec  tout  ce 
qu  elle  renferme ,  et  la  poussent  ensuite  à  travers  les  jclajes 
que  forment  les  fanons;  tous  les  petits  animaux  qui  s'y 
trouvent,  et  qui  ne  constituent  pour  ces  immenses  Cétacés, 
qu'une  espèce  de  p&tée,  sont  ensuite  facilement  avalés, 
comme  une  bouchée,  qui  aurait  été  préalablement  bien 
mâchée.  Pour  que  les  plus  petits  animaux  ne  puissent  même 
pas  échapper  h  travers  les  intervalles  des  fanons,  la  lèvre 
inférieure  de  la  Baleine  forme  une  très-large  lame ,  se  ra- 
battant de  bas  en  haut  sur  ces  fanons,  et  clôt  ainsi  inférieu- 
rement  la  cavité  buccale  ;  et  les  bords  internes  des  fanons 
sont  garnis  de  longues  soies ,  qui  ne  sont  que  de  leurs  effl- 
)»res,  lesquelles  recouvrant  les  fentes  entre  les  fanons,  ne 
laissent  guère  passer  que  l'eau. 

Cette  immense  disproportion  de  grandeur  entre  ces  Mam- 
mifères ,  les  plus  gigantesques  du  monde ,  et  Textréme  pe- 
titesse des  animaux  dont  ils  se  nourrissent ,  parait  au  pre- 
mier abord  une  véritable  inconséquence  ;  mais  est-elle  plus 
grande  que  celle  que  nous  offrent  les  Chevaux,  les  Bœufs  et 
surtout  les  Éléphants,  les  plus  grands  des  animaux  ter- 
restres, qui  ne  vivent  cependant  que  de  brins  d'herbe? 

L*aliment  reçu  par  bouchées  dans  la  cavité  buccale ,  est 
mâché  et  trituré  par  les  dents  ;  action  k  laquelle  la  langue  et 
les  joues  prennent  une  part  active ,  en  ramenant  toujours 
par  leurs  mouvements ,  selon  le  besoin ,  telle  ou  telle  partie 
entre  les  dents.  Pendant  que  la  bouchée  est  ainsi  réduite  en 
une  pftte  plus  ou  moins  ténue ,  il  s'y  mêle ,  par  les  mêmes 
opérations ,  une  quantité  plus  ou  moins  grande  de  Salive. 
Cette  humeur  que  beaucoup  de  personnes  considèrent  à  tort, 
tomme  une  excrétion  impure  qu'il  est  convenable  de  rejeter, 
est  loin  d'avoir  si  peu  d'importance ,  étant  au  contraire  la 

HtBMIÈKB  HUMEUR  DIGESTIVE ,  DESTINÉE ,  PAR  LA  SAGESSE  DU 

Créateur  ,  À  agir  sur  les  aliments  pour  en  faciliter  la 


448  THÉOLOGII   DS  LA   HATtIBK. 

DÉCOMPOSiTION ,  ET  LES  PRÉPARER  PAR  LÀ  À  ÊTRE  EM  PARTIE 
ABSORBÉS  PAR  LES  ORGANES  CHARGÉS  D'Y  POMPER  LES  SUB- 
STANCES NUTRITIVES  qu'elles  RENFERMENT. 

La  Salive  est  produite,  ou  comme  on  dit,  sécrétée  par 
plusieurs  organes  différents  par  la  position  quils  occupent , 
quoiqu'ils  soient  au  fond.de  même  nature.  Le  plus  grand  se 
trouve  placé ,  chez  les  Mammifères  ,  dans  le  creux  derrière 
la  mâchoire,  au-dessous  de  l'oreille.  C'est,  comme  tons  les 
organes  sécrétoires  qui  produisent  nne  humeur  plus  ou 
moins  liquide,  une  masse  formée  d'un  nombre  considérable 
de  petits  grains  creux  ou  Glandes  simples^  dont  les  parois 
laissent  transsuder  la  matière  qu'ils  produisent  par  l'effet 
d'une  opération  dont  le  résultat  est  parfaitement  connu , 
mais  dont  le  moyen  n'a  nulle  part  encore  pu  être  découvert, 
l'opération  ayant  lieu  entre  des  parties  tellement  petites 
qu'elles  échappent  aux  microscopes  les  plus  puissants,  et  si 
j'ajoute  que  le  phénomène  ne  peut  avoir  lieu  que  sur  le 
vivant,  alors  qu'il  est  impossible  \k  l'observateur  de  le  sou- 
mettre ii  ses  investigations ,  on  comprendra  que  cet  acte  doit 
rester  à  jamais  inexpliqué;  à  moins  que  ce  ne  soit  que  par 
de  simples  hypothèses,  toutes  aussi  improbables,  et  même 
toutes  aussi  impossibles  les  unes  que  les  autres  ;  au  point 
qu'ici ,  comme  d'ailleurs  partout  où  il  s'agit  d'indiquer  un 
procédé  organique  dans  sa  véritable  action  élémentaire, 
nous  sommes  obligés  de  reconnaître  l'impossibilité  d'en 
expliquer  le  principe,  .et  nous  ne  pouvons  considérer  le 
résultat  que  simplement  comme  un  fait  nu  À  la  VOLONTÉ 

TOUTE-PUISSANTE  DU  CRÉATEUR. 

Les  glandes  sécrétoires  simples,  ou  Cryptes^  sont  ainsi  que 
je  l'ai  déjà  dit  ailleurs ,  de  petites  poches ,  dont  les  parois  lais- 
sent suinter  la  matière  qui  y  est  produite ,  et  qu'un  orifice 
laisse  échapper  au  dehors;  ou  bien,  au  lieu  d'une  simple 
ouverture,  c'est  un  canal  excréteur  plus  ou  moins  long  qui 

CONDUIT  CETTE  HUMEUR  DA>S  LE  LIEU  OÙ  ELLE  DOrf  ÊTRE 
EMPLOYÉE. 


CHAPITRE    III.  449 

Lorsque  la  quantité  de  matière  produite  doit  être  fort 
grande,  comme  c*est  le  cas  pour  la  Salive,  ces  glandules 
simples  sont  en  conséquence  proportionnellement  multi- 
pliées ,  PODR  ÉCONOMISER  LA  PLAGE ,  ET  LEURS  CANAUX  EXCRÉ- 
TEURS ,  AU  LIEU  DE  SE  RENDRE  CHACUN  SÉPARÉMENT  DANS  LE 
LIEU  DESTINÉ  À  RECEVOIR  LA  MATIÈRE  PRODUITE ,  CES  PETfTS 
CANAUX  s'eMRRANCHENT  LES  UNS  DANS  LES  AUTRES,  ET  FINIS- 
SENT SOUVENT   PAR  NE   PLUS  FORMER  QU'UN  TRONC    COMMUN. 

Dans  ce  cas,  la  masse  de  Torgane  forme  une  Glande  composée 
OU  conglomérée  ;  c'est  celui  dans  lequel  se  trouvent  les  glandes 
salivaires ,  dont  celle  placée  derrière  la  mâchoire ,  produit  un 
canal  commun,  qui  passe  transversalement  dans  la  joue,  et 
vient  s'ouvrir  dans  la  bouche  vis-2i-vis  la  troisième  molaire. 

Une  seconde  paire  de  glandes  salivaires  se  4rouve  en 
dedans  de  la  mâchoire  inférieure ,  et  son  canal  s'ouvre  sous 
la  langue. 

Une  troisième  paire ,  ou  les  Sublinguales ,  est  placée  sous 
la  langue,  où  elle  verse  la  salive  par  plusieurs  petits  canaux. 

Outre  les  glandes  salivaires ,  diverses  parties  de  la  cavité 
buccale  renferment  dans  leurs  téguments  d'assez  nombreu* 
ses  cryptes  produisant  une  matière  muqueuse  spécialement 

DESTINÉE  À  LURRIFIER  LA  ROUCHE  POUR  FACILITER  LE  GLISSE- 
MENT DES  ALIMENTS,  qui  y  sout  triturés  et  à  la  fin  poussés 
dans  l'œsophage ,  commencement  du  canal  alimentaire. 

L'opération  chimique  que  la  salive  et  autres  humeurs 
digestives  exercent  sur  les  aliments  est  bien  constatée  par 
l'observation ,  mais  encore  inconnue  des  savants  dans  son 
mode  d'action.  Il  est  vrai  toutefois  que,  par  Tinfluence  de  ces 
humeurs ,  les  aliments  se  trouvent  en  quelque  sorte  dissous 
dans  les  cavités  intestinales  qu'ils  parcourent;  dissolution 
qu'on  nomme  leur  Digestion,  et  où  ils  arrivent  à  être, 
quoique  mélangés,  séparés  en  deux  parties,  dont  Tune 
liquide ,  qui  prend  le  nom  de  Chyle ,  analogue  à  la  sève  des 
plantes,  est  susceptible  de  pouvoir  être  absorbée  par  l'indi- 
vidu pour  servir  à  sa  nutrition  ;  et  dont  Tautre,  incapable  de 

I.  29 


430  THEOLOOre  DE   LA   NATURE. 

servir  aux  mêmes  fins ,  est  poussée  au  dehors  sous  la  forme 
(VExeriments. 

Pour  arriver  il  ces  résultats,  Taliment  passe  par  plusieurs 
opérations  successives  qui  l'y  préparent.  Chaque  portion 
formant  une  bouchée ,  ou  Bol  alimentaire ,  après  avoir  été 
mâchée,  triturée  et  mêlée  de  salive,  est  à  la  fin  amenée,  par 
les  mouvements  de  la  langue  et  des  joues ,  jusque  dans 
rarrière-bouche ,  où  elle  est  poussée  dans  VOEsophage ,  où 
rinfluence  de  la  Volonté  sur  Taliment  cesse  pour  être  rempla- 
cée par  l'action  involontaire  de  tout  le  reste  du  tube  digestif, 
dont  les  fonctions  sont  soustraites  k  la  conscience  de  l'indi- 
vidu ;  toutes  les  opérations  s'y  exécutant  sous  Tinfloence  du 
système  nerveux  de  la  vie  automatique.  Admirable  condition 

PAR  LAUVELLB  LE  ClIÉATEUR  A,  DANS  SA  HAUTE  SAGESSE,  RENDU 
l'importante  fonction  DE  LA  DIGESTION  INDÉPENDANTE  DE  LA 
VOLONTÉ  DE  L* ANIMAL ,  QUI  n'eUT  PU  QUE  LA  TROUBLER  SI ,  i 
PARTIR  DE  LÀ ,  ELLE  AVAIT  CONTINUÉ  À  ÊTRE  SOUMISE  À  SES 
ACTES  ARBITRAIRES. 

La  dernière  action  de  la  volonté  sur  le  bol  alimentaire 
consiste  dans  la  dégluHHon  opérée  principalement  par  la 
langue,  ii  laquelle  les  joues  et  le  Pharynx  ou  arrière-boncbe 
viennent  en  aide. 

L'aliment  étant  convenablement  broyé  et  pénétré  de  salive 
et  de  mucosité  pour  se  prêter  h  la  forme  étroite  et  cylin- 
drique de  l'œsophage,  dans  lequel  il  doit  glisser  avec  facilité, 
est  poussé  dans  ce  canal  par  le  concours  des  trois  organes 
dont  je  viens  de  parler.  Pour  cela,  la  langue  commence  par 
s'appuyer  par  sa  pointe  contre  la  voûte  palatine ,  et  conti* 
naanl  ensuite  le  même  mouvement  d'avant  en  arrière  dans 
chacune  de  ses  parties,  elle  force  le  bol  alimentaire  à 
franchir  le  Toile  du  palais,  qui  sépare  Tavant-bouche  de 
l'arrière-bouche  ;  acte  dans' lequel  elle  est  secondée  par  les 
jotaes ,  qui ,  pressant  le  bol  alimentaire  par  les  cAtés ,  l'o- 
bligent k  suivre  cette  seule  route  qu'il  peut  prendre. 

Arrivé  dans  le  pharynx ,  partie  supérieure  de  l'oesophage 


plot  ou  moins  évt$éo  en  entonnoir,  adhérant  par  ses  bords 
supérieurs ,  tout  autour  au-dessous  de  la  léte ,  excepté  en 
ayant,  où  il  communique  avec  la  bouche  et  les  fosses 
nasales.  Dans  cette  partie  de  l'appareil  digestif,  le  bol 
alimentaire  est  pressé  de  haul  en  bas  de  toute  part  par  les 
muscles,  les  derniers  volontaires,  formant  cet  entonnoir 
pour  le  pousser  enûn  dans  Tœsophage  qui  lui  fait  suite,  et 
dont  les  fibres  musculaires,  principalemen|  circulaires,  mais 
involontaires,  se  trouvant  excitées  par  la  présence  de  ce 
corps  étranger,  ae  contractent  successivement  sur  lui  égale- 
ment de  haut  en  bas ,  et  le  poussent  ainsi  jusque  dans  Tes- 
tomac,  grande  poche  où  la  masse  des  aliments  «'accumule. 
Quoique  le  mécanisme  des  organes  buccaux ,  dont  maU 
heureusement  je  ne  puis  qu'k  peine  indiquer  ici  la  composi- 
tion, floit  très^savamment  compliqué  et  disposé  dans  ses 
nombreuses  parties  pour  que  chacune  de  celles'ci  contribue 
au  résultat  final,  toutes  constituant  déjà  un  appareil  des  plus 
remarquables  sous  le  rapport  de  la  concordance  de  l'action , 
de  chaque  organe  en  particulier,  et  de  la  savante  économie 
d'emplacement  de  oes  derniers,  il  y  a  toutefois  encore 
quelques  faits  en  dehors  de  ceux-ci  qui  sont  fort  rkmak- 

QUABLBS  PAR  LBS  DIFFICULTÉS  MÉCANIQUES  YAINCUIS. 

En  parlant  plus  haut  des  muscles  en  général ,  il  a  été  dit 
que  ces  organes ,  fixés  par  leurs  extrémités ,  rapprochaient , 
par  Teffet  de  leurs  eontraetions ,  les  parties  auxquelles  ils 
s'inséraient ,  et  qu'en  conséquence  ils  se  raceoqroissatent. 
Dans  la  langue  toutefois,  ainsi  que  dans  d'antres  organes 
ce  ne  sont  pas  toujours  des  raccourcissements  qu'on  a  touIu 
produire,  mais  bien  aussi  quelquefois  des  allongements 
au  delà  des  points  d'attache.  Or  es  résui/tat  est  obteri} 

D'UNB  MAIilÉRB  FORT  SATANTE  ^  FONDÉE  SUR  IB  PBIIIGIPB  DE 
LA  LOI  DE  L'iBPÉHÉTRiJHLlTÉ  DB  LA  MATIÈRE.   En  efiet,rla 

langue  fixée  k  sa  baae^  el  entièrement  charnue  dans  les 
Mammifères,  devait  jouir  k  son  extrémité  libre,  de  la  fa- 
culté non-seulement  de  se  repUer  en  tons  sens ,  mais  aussi 


45â  THÉOLOGIE  DB  LA  NATURR. 

de  pouvoir  être  plus  ou  moins  prolongée  au  dehors  de  la 
bouche  pour  y  remplir  diverses  fonctions.  Elle  a  été  formée 
pour  cela ,  dans  toute  sa  masse ,  de  deux  ordres  de  musdes , 
dont  les  uns,  fixés  aux  diverses  parties  de  la  tête,  extérieurs 
k  cet  organe ,  y  pénètrent  dans  diverses  directions  pour  s'y 
insérer  aux  téguments ,  afin  de  le  faire  fléchir  dans  telle  ou 
telle  direction ,  en  agissant  sur  lui  comme  sur  toute  autre 
partie.  C'est  ain^i  que  les  postérieurs  tirent  la  langue  en 
arrière  en  la  refoulant  sur  elle-même  ;  que  l'un ,  antérirar, 
fixé  en  dedans  au  menton ,  porte  sa  masse  en  avant ,  sans 
pour  cela  pouvoir  le  faire  sortir  de  la  bouche. 

D'autres  muscles,  exclusivement  intrinsèques  à  cet  or- 
gane ,  et  formant  en  grande  partie  son  corps ,  se  trouvent 
subdivisés  dans  son  intérieur  en  très-petits  faisceaux  dirigés 
en  plqsieurs  sens ,  se  rendant  d'une  partie  des  téguments  2i 
l'autre;  et  ce  sont  plus  particulièrement  ceux-ci  qui  pro- 
duisent, tout  en  se  contractant,  l'allongement  de  la  langue. 
Les  fibres  de  ces  muscles ,  plus  particulièrement  disposées 
dans  trois  directions  différentes,  se  coupent  à  angles  droits  ; 
les  unes  se  trouvant  placées  d'arrière  en  avant,  les  secondes 
transversalement,  et  les  troisièmes  dans  une  disposition  ver- 
ticale. Au  premier  aperçu ,  l'entre-croisement  de  ces  fibres 
fait  paraître  la  masse  de  la  langue  comme  feutrée;  mais  avec 
un  peu  d'attention  on  voit  facilement  que  les  fibres  y  sont 
au  contraire  distribuées  avec  une  admirable  régularité. 

On  conçoit,  d'après  cette  composition  de  la  langue,  que  si 
les  fibres  verticales  se  contractent  seules ,  cet  organe  doit  se 
trouver  aplati  ;  que  si  ce  sont  au  contraire  les  transv^orsales , 
il  doit  être  rétréci,  et  enfin  que  les  longitudinales  doivent  le 
raccourcir.  Mais  si  ce  sont  k  la  fois  les  verticales  et  les 
transversales  qui  se  contractent,  les  deux  effets  propres  k 
chaque  espèce  étant  produits,  la  substance  de  la  langue  ne 
pouvant  être  comprimée  au  delà  d'un  certain  degré ,  doit 
nécessairement  se  déplacer  dans  le  sens  dans  lequel  cet 
organe  ne  se  contracte  pas;  c'est-k-dire  suivant  sa  loiiguenr; 


ouAPiTRe  m.  453 

et  c'est  par  ce  double  effet  que  son  extrémité  est  poussée 
hors  de  la  bouche ,  en  même  temps  que  l'organe  se  rétrécit 
de  toute  autre  part. 

C'est  par  un  mécanisme  à  peu  près  semblable  que  la 
trompe  de  Y  Éléphant^  organe  également  tout  k  fait  charnu,  et 
Tanalogue  du  bout  du  nez  de  Y  Homme,  s'allonge  et  se  fléchit 
en  tous  sens ,  et  cela  avec  une  précision  fute  pour  étonner. 
Les  deui  canaux  nasaux  de  ce  singulier  animal  forment  » 
comme  d'ordinaire,  deux  tubes  placés  k  côté  l'un  de  l'autre, 
seulement  très-allongés  et  légèrement  coniques.  Immédiate- 
ment sous  les  téguments ,  se  trouve  une  couche  de  fibres 
musculaires  longitudinales  servant  k  raccourcir  et  à  fléchir 
ce  remarquable  organe  dans  toutes  les  directions. 

Sous  cette  première  couche  s'en  trouve  une  seconde  k  fibres 
obliques  fixées  au  dos  de  la  trompe  tout  le  long  d'un  raphé 
tendineux  longitudinal,  séparant  les  deux  moitiés  de  la 
trompe,  d'où  ces  fibres  charnues  se  portent  en  bas  et  en 
arrière ,  en  contournant  la  moitié  latérale  de  cet  organe  pour 
s'insérer  k  un  second  raphé  placé  en  arrière. 

Sons  cette  seconde  couche  est  une  troisième  semblable, 
mais  à  fibres  dirigées  en  sens  contraire;  c'est-k-dire  de  haut 
en  bas  et  en  avant,  en  croisant  la  seconde  couche. 

Enfln  une  quatrième  espèce  de  fibres  naît  sur  toute  la  sur- 
face des  deux  canaux  nasaux,  d'où  elle  se  porte  en  rayonnant 
vers  les  téguments ,  en  passant  entre  celles  des  trois  couches 
précédentes  qu'elle  croise.  Cette  dernière  espèce  de  fibres 
produit  en  se  contractant  l'allongement  de  la  trompe,  et  les 
deux  obliques  sa  torsion  sur  elle-même  ;  ou  bien  ces  in- 
flexions en  tous  sens ,  selon  qu'elles  agissent  seules  ou  de 
concert  avec  celles  du  côté  opposé ,  et  même  le  raccourcis- 
sement de  cet  organe. 

A  l'extrémité  de  cette  admirable  trompe  se  trouve ,  sur  le 
bord  antérieur,  un  prolongement  conique ,  comme  elle  dé- 
pourvu d'os ,  et  remplissant  parfaitement  les  fonctions  d'un 
doigt.  C'est  au  moyen  de  cet  appendice  digitiforme  que 


4^4  THiOLOOIB  DB  U  HATURS. 

VÊlépharU  pexki  même  raoïaMer  des  olijeto  très-p^tito,  tels 
qu'ua  centime  placé  k  lèpre  :  aussi  .cet  organe  rend-il  à  ce» 
animaux  les  plus  éminents  services. 

Une  autre  partie  fort  remarquable  d^  organes  de  la  dé- 
glutition des  M^WAP^i^P^  consiste  dans  l^  disposition  de 
VËpiglatti. 

Au  devant  de  rOEsppI^sge ,  qui  se  r^nd  de  la  bouche  S| 
Testomap,  se  trouve  ]a  ^raçbée-art^e^  aqtre  canal  cylin* 
drique,  niajs  par  lequel  ps^sç  l'air  servant  k  h  respiration. 
Ce  canal ,  qui  longe  ip^médi^tem^nt  Toesophage ,  s'ouvre  en 
baut  ^  I4  b?se  de  la  Ungua  d^ns  )^  partie  antérieure  du 
pharypi^,  par  une  ouverture  ftUppgée  dirigée  d'avant  ep 
arrière,  nommée  UQlou^,  Qr  qn  conçoit  quet  par  cette 
disposition ,  pon-seulem^Pf  1^  alimf^P^  solides»  mais  sur- 
tout les  liquides  avalés  pénétreraient  facilement  dans  la 
trachée-artère,  s'ils  n*eM  étjtient  empêcbés  par  un  moyen 
quelconque,  et  cf^u^eraient  les  graves  aoçidents  de  la  suffo- 
cation et  de  Taspbyiiie,  ce  ca^^l  et  les  poumons  auxquels  il 
conduit  ne  pouvx|pt  î^dmettro  que  l'air  et  quelques  autres 
^^  non  4é|étères.  Or  ce  nAisqfifi  ]p:sT  PARF4iTf^i(EiTr  pré- 
ymv  par  l'emploi  de  \'£piglotif^  espèce  de  Pont-levis  qui 
s'applique  comme  uu  coqvorçle  çur  |^  glotte.  C'est  sur  ce 
pont  que  les  aliments  passent,  saqs  que  rien  n'entre  d'or- 
dinaire dans  cette  dernière  ;  et  si  par  upe  clause  quelconque 
une  simple  parcelle  y  pénètre,  elle  y  produit  une  violente 
irritation  qui  fait  fortemept  tpusser  ;  irritation  que  tout  le 
monde  connaît»  et  qu'on  dé^ig^e  vqlgsiirem^n^  eu  disant 
qu'on  a  avalé  de  travers. 

Cette  Épiglotte  est  une  lame  cartilagineuse  très-flexible, 
triangulaire ,  ressemblant  asse^  k  la  partie  termiu^e  d'une 
oreille  de  chat,  placée  immédiatemept  derrière  la  langue , 
où  elle  s'élève  verticalement  au  devant  de  l'ouverture  de  la 
glotte ,  et  sidbère  dan^  s^  partie  inférieure  psir  ^9  convexité 
^  la  base  de  la  langue.  Avec  cette  disposition ,  lorsque  cette 
dernière  se  porte  en  arrière  pour  pousser  le  bol  siUmentaire 


GHiiPlTRS  III.  4p5S 

dans  le  pharynx  ^  elle  pousse  rÉpiglotte  également  en 
arrière  en  la  renversant  sur  la  glotte  ;  de  manière  que  le 
bol  qui  suit)  pa^se  trèa-^faeilement  dessus  pour  tomber  dans 
le  pharynx;  et  «i  Tinstant  même  où  le  bol  a  franchi  T Épi- 
glotte  et  ne  lui  fait  plus  obstacle,  elle  se  relève^  soil  par 
Veffet  de  son  élasticité»  soit  p^r  la  traction  de  la  langue  qui 
revient  en  avant  )  et  la  libre  communication  de  la  trachée- 
artère  avec  la  bouche  et  les  arrière^narines  se  rétablit  ainsi 
de  suite, 

Nons  verrons  plus  tard  que ,  chez  les  Oiseaux  et  les  Rep- 
tiles, cette  épiglotte  ^'existe  toutefois  pas  dans  les  mêmes 
conditions  que  cbei^  las  Mamfnifèresi  et  que  rien  n'entre 
cependant  dans  la  trachée -artère;  et  cela  par  l'effet 
d'autres  moyens  que  Là  Sagesse  divike  y  a  pupi^oyés. 

L'OE:^«o|7^<)fe, canal  cylindrique,  mnsculo-membranaux « 
placé  dans  le  cou  et  )a  poitrine  qu'il  traverse,  conduit,  ainsi 
que  je  Faidéjà  dit ,  le  bol  alipi^ntaire  dans  VEstamac^  poche 
également  museulo-membraneuse  plus  ou  moins  grande, 
suivant  l'espèce  d'aliment  dont  les  animaux  se  nourrissent  t 
et  placée  che^  r^om^^e  dans  la  région  supérieure  (antérieure 
pour  lea  quadrupèdes)  de  Tabdomen,  un  peu  à  gauche. 

Cette  poche,  allongée  transversalement,  reçoit  l'œsophage 
k  sa  partie  supérieure  un  peu  k  gauche ,  et  se  rétrécit  gra- 
duellement vers  la  droite,  oi!i  elle  se  continue  enfin  de 
nouveau  en  un  canal  m^sculo-membraneux  fort  long,  for* 
mapt  YIntatiii\  grêhf  dqpt  l'estomac  est  séparé  intérieure- 
ment par  un  fort  rétrécissement  annulaire,  musculeux, 
nommé  le  P^lon.  Cette  sortie  de  l'estomac  est  pourvue 
d'une  sensibilité  telle,  que  naturellement  fermée  par  Teifet 
de  la  contraction  de  l'anneau  musculeux  dont  je  viens  de 
parler,  elle  ne  s'ouvre  pour  laisser  passer  la  pâte  alimen- 
taire ou  Chym  «  contenue  dans  l'estomac ,  que  lorsque  cettf; 
pâte  est  arrivée  k  un  certain  degré  de  décomposition  par 
l'effet  de  la  digestion ,  et  cela  par  petites  portions;  a  moins 
d'une  ca^uae  violepto  qui  lui  fait  forcer  ce  pasiiage. 


456  THBOLOGIB  DE   LA  «ATURB. 

Les  aliments  contenus  dans  l'Estomac  y  subissent  le  pre- 
mier degré  de  digestion  et  le  plus  important;  d'abord  par 
l'action  de  la  salive  qui  y  a  été  mêlée  dans  la  bouche  pen- 
dant la  mastication ,  et  ensuite  par  l'action  d'une  humeur 
particulière  que  sécrètent  les  parois  de  l'Estomac ,  humeur 
connue  sous  le  nom  de  Suc  gastrigue^  liquide  d'ordinaire 
fort  acide  et  corrodant ,  mais  qui  pams  l'état  ordinaire  n'a 

CEPENDANT  AUCUNE  ACTION  DE  CE  GENRE  SUR  l'eSTOMAC  LUI- 
MÊME,  CELUI-CI  ÉTANT  VIVANT;  taudis  qu'il  détruit  toutes  les 
matières  animales  mortes.  C'est  la  raison  pour  laquélledes  vers 
intestinaux  peuvent  vivre  dans  l'estomac  sans  être  digérés. 

Par  l'action  combinée  de  la  salive  et  du  suc  gastrique, 
le  Chyme  éprouve  déjk  dans  l'estomac  une  très-forte  décom- 
position digestive  par  laquelle  une  grande  partie  des  parti- 
cules nutritives  s'en  séparent  sous  la  forme  d'un  extrait 
liquide,  blanc  comme  du  lait  chez  les  Mammifères  ,  et  inco- 
lore chez  les  autres  animauK  ;  liquide  qui  constitue  le  Chyle, 
et  que  d'innombrables  Pores  absorbants  placés  k  toute  la 
surface  intérieur  de  l'estomac,  pompent,  pour  le  conduire, 
au  moyen  d'une  foule  de  petits  canaux  spéciaux  ou  Vais^- 
seaux  chyliféres ,  dans  les  veines ,  où  il  se  mêle  à  la  masse 
du  sang  :  vaisseaux  dont  il  sera  ultérieurement  encore  parlé. 

Le  Chyme  ayant  éprouvé  cette  première  digestion  stoma- 
cale ,  passe ,  comme  il  a  été  dit ,  par  petites  parties  k  travers 
le  Pylore  dans  V Intestin  grêle ,  canal  musculo-membraneux 
cylindrique,  partout  k  peu  près  de  même  calibre  et  fort 
allongé;  atteignant  dans  V Homme  une  longueur  d'environ 
dix  mètres ,  et  remplissant  la  majeure  partie  de  l'abdomen , 
où  sa  masse  est  située  sous  l'estomac ,  k  gauche  du  Foie  et 
au-dessus  de  la  Vessie  située  au  fond  du  bassin. 

Dans  ces  intestins  grêles ,  le  chyme  éprouve  un  second 
degré  progressif  de  décomposition  digestive,  en  même 
temps  qu'une  nouvelle  et  grande  quantité  de  chyle  en  est 
séparée  et  absorbée  par  de  nombreux  vaisseaux  chyliféres. 
Mais  cette  seconde  digestion  y  est  produite  par  l'action  du 


CHAPITRE   m.  457 

Suc  Paneriatique  et  de  la  Bile ,  qui  y  sont  versés  près  de  la 
sortie  de  Festomac. 

La  première  de  ces  humeurs  est  un  liquide  peu  différent 
de  la  salive,  sécrétée  par  une  glande  fort  considérable,  placée 
entre  l'estomac  et  les  premières  circonvolutions  de  l'intestin , 
et  versée  par  un  canal  commun  dans  ce  dernier.  La  Bile , 
sécrétée  par  le  Foie,  est  une  humeur  jaune  foncé,  verdâtre, 
très-amère,  qui,  après  avoir  été  produite  par  cet  organe,  est 
également  versée  dans  l'intestin ,  soit  directement  par  un 
conduit  commun ,  soit  dans  un  réservoir  ou  Vésicule  du  fiel , 
où  elle  s'accumule  pour  être  ensuite  versée  dans  l'intestin 
au  même  point  que  la  première  portion  et  le  Suc  pancréa- 
tique. 

Il  parait  toutefois  certain  que  la  bile  est  une  humeur  com- 
posée de  deux  substances  ^  dont  Tune  est  seule  digestive ,  et 
dont  l'autre  n'est  dans  le  principe  qu'une  matière  purement 
excrémentitielle ,  que  le  foie,  en  agissant  comme  organe 
d'épuration,  sépare  du  sang  veineux,  et  la  conduit  dans 
l'intestin  pour  être  par  Ik  expulsée  avec  les  résidus  de  la 
digestion. 

Pendant  que  cette  nouvelle  décomposition  du  chyme  a 
lieu  dans  l'Intestin  grêle,  et  que  le  chyle  y  est  absorbé  pro- 
gressivement en  moindre  quantité,  cette  pâte  est  poussée  en 
arrière  dans  le  canal  par  l'effet  du  Mouvement  péristaltiqjae, 
consistant  dans  des  contractions  annulaires,  ondulées  et 
successives  des  parois  de  ce  dernier,  qui  se  succèdent  con- 
stamment du  commencement  de  cet  intestin  jusqu'à  sa  ter- 
minaison ;  contractions  assez  fortes  pour  faire  exécuter  à  la 
masse  des  intestins  des  mouvements  très-grands  de  dépla- 
cement dans  ses  parties ,  sans  que  l'individu  en  éprouve  tou- 
tefois la  moindre  sensation ,  ou  puisse  exercer  la  plus  légère 
influence  volontaire  sur  ces  mouvements ,  pas  plus  que  sur 
les  contractions  de  l'estomac,  exécutés,  d'une  part,  pour  fa- 
ciliter le  mélange  des  aliments  avec  les  sucs  digestifs,  et 
d'autre  part,  pour  expulser  le  chyme  par  le  pylore. 


458  THÉOLOGIE   PU  U   NATURE. 

Pour  qub  dans  ciss  d&placbiients  pk  l* intestin  6BS  pi^ 

VERSES  PARTIES  NE  s'eMMÉLENT  PAS ,  OU  FINISSENT  M É1|E  PAR  SE 
NOUER,  TOUT  EN  CONSERVANT  TOUTEFOIS  UNE  GRANPE  LIBERTÉ, 

CET  INTESTIN  cst  suspeodu  dans  toute  sa  longueur  k  la  co* 
lonue  vertébrale  par  un  large  repli  membraneux  ou  Mésen- 
tère ,  très-mince ,  il  est  vrai ,  inais  toutelbis  assez  fort  poRr 
le  soutenir  ep  le  tenant  suspendu  comme  dpns  une  sangle, 
repli  qui  n*6st  qu'un  prolongement  d\x  Péritoine,  membrane 
très- mince  qui  revêt  toute  la  cavité  abdoipinale,  ainsi  que 
tous  les  organes  qu^elle  renferme ,  en  leub  formant  rbs 
LIGAMENTS  DE  SUSPENSION;  eu  même  temps  que  cette  vbm- 

BHANE  LAISSE  SUINTER  PARTOUT  UN9  LÉGÈRE  HUMEUR  AQUEUSE, 
QUI  LUBRIFIE  TOUS  LES  ORGANES  POUR  LES  EMPÊCHER  DE  CON^ 
TRACTER  DES  ADHÉRENCE!  BT  FAGOTER  LE^JR  GLISSEMENT. 

Lecbyote,  après  avoir  parcouru  lenlement  ce  long  in- 
testin grêle  et  avoir  perdu  par  Tabsorption  presque  tout  le 
chyle  qu'il  reufermaiti  son  résidu  réduit  par  \k  k  la  condition 
d'une  matière  sans  i^ilitéi  est  versé  dans  un  canal  plus 
^mple  ou  Gras  in^e^Un ,  dont  le  comn^encement  est  en  dedans 
de  la  hanche  droite.  Ce  canal ,  qui  n'est  au  fond  que  la  con- 
tinuation de  rintestiu  grêle,  quais  plus  large  et  suspendu  de 
iqême  k  UR  repli  du  pérjtoine,  fait  encore  un  cercle  dani 
Tabdomen  avant  de  s'ouyrir  au  dehors;  se  portant  de  la 
hanche  droite  en  l^aut  ^  jusqu*au*dessous  de  TestoBoac  où  il 
se  porte  à  gauche,  puis  eu  bas  et  en  arrière ,  plqnge  dans  k 
b^issin  et  se  termine  à  Y  Anus ,  oi^  il  est  entouré  d*un  double 
anneau  musculeux  qui  tient  cet  orifice  constamment  fermé, 

POUR  EMPÊCHER  l'ÉCQULEMENT  CONTINUEL  pSS  EXCRÉMENTS 

jusqu  ^  ce  qu'une  force  supérieure  vienne  vaincre  sa  résis- 
tance. Le  premier  de  ces  anneaux  ou  le  plus  interne  est 
formé  par  un  renflement  des  fibres  circulaires  deTintesUn, 
et  n*est  en  conséquence  point  soumis  k  I  influence  de  U 
volonté;  le  second  ou  le  plus  extérieur,  au  contraire,  est  uh 
piuscle  volontaire,  afin  que  par  sa  contraction  l'animal 

PUISSE  DU  MOINS ,  PENUAJNT  QUELQUE  TEMPS  ,  RETENIR  LA  S^TIE 


cuApiTas  m.  MO 

Bss  pxGBÉMSNTs,  alors  que  le  miiscle  intérieur  ne  résiste  plus. 

Quoique  les  gros  intestins  servent  plus  particulièrement 
d^ntrepôt  temporaire  aux  matières  fécales,  il  s*y  fait  toute- 
fois encore  une  légère  absorption  de  chyle. 

L^  tube  digestif  présente  du  reste  peu  de  différence  dans 
toute  la  GLASSfi  des  Mammifères  »  si  ce  n*est  qu'bn  coNsi- 

QysnCE    9U    BOdVOiE    miTBlTlF    DES    PIVBRS    AL1MBUT8,    IcS 

espèces  qui  se  noqrrissent  de  cbair  ont  généralement  le 
c^nal  intestinal  moins  ample,  et  surtout  plus  court  que 
celles  qui  vivent  de  graines  ou  de  fruits;  et  que  ce  sont 
enfiq  lea  herbivores,  et  spécialement  les  Ruminants,  qui 
offrent  la  plus  grai^de  ampleur  dans  les  intestins.  Mais  ces 
derniers  se  distinguent  en  outre  d'une  manière  particulière 
par  les  caractères  remarquables  que  présente  leur  estomac. 
Ces  animaux  vivant  e&oïusivement  d'herbe  ou  de  feuilles 
d^arbres,  substance  peu  nutritive,  ils  doivent  en  ingérer 
dans  uii  temps  donné  une  quantité  considérable  ;  et  comme 
ils  ne  peuvent  saisir  leur  nourriture  que  par  petite  quantité 
ï  la  fois,  ils  sont  obligés,  le  temps  les  pressant,  de  Tavaler 
à  peine  un  peu  brisée ,  en  Tentassant  dans  cet  état  dans 
leur  estomac.  Or  comme  ces  aliments ,  déjà  peu  nutritifs , 
ont  pour  cela  même  besoin  de  se  trouver  bien  broyés ,  et 
fortement  imprégnés  des  sucs  digestifs  pour  digérer  facile- 
ment,  LA    8aGB8SB    DIVIMB    A   RÊFAHÉ   OB  BÉSAVANTA6B  eU 

donnant  2à  ces  animaux*  non-seulement  un  estomac  très- 
vaste ,  ipais  encore  la  faculté  de  pouvoir  broyer  leur  nour- 
riture une  seconde  fois  par  la  Bwniwklian;  et  k  cet  effet, 
une  forme  d'estomac  toute  p;irtioaUJire  de  laquelle  dépend 
cette  faculté. 

Cet  estomac  se  compose  de  quatre  poches»  dont  la  pre« 
mière,  ou  la  Panse  ^  est  à  elle  seule  plus  grande  que 
dans  aucun  autre  Mammifère.  C'est  \k  que  Tanimal  en- 
tasse rapidement  ce  qu'il  mange ,  et  se  retire  ensuile  d'or- 
dinaire dans  le  lieu  de  son  g)te  habituel ,  où  il  se  repose 
tranquillement  pour  reqi^her  k  son  9is9  <^  qu*il  vient  de 


460  THBOUMÎIE  DB  LA  NATURB. 

manger.  Pour  cela,  il  fait  remonter  en  petites  masses  dans 
sa  bouche,  par  une  espèce  de  vomissement,  Therbe  gros- 
sièrement hachée  qu*il  a  avalée.  Voici  comment  cette  remar- 
quable fonction  s'exécute  :  la  panse  étant  remplie  d'herbe  à 
demi  mâchée,  celle-ci  pénètre  près  de  Torifice  de  Vcbso- 
phage  dans  une  petite  poche  latérale  «  nommée  le  Bonnet, 
qui  la  pelotonne  en  une  boule  qu*il  pousse  par  une  forte 
contraction  dans  Tœsopbage,  avec  lequel  cette  cavité  est  éga- 
lement en  communication  ;  et  ce  canal  la  conduit  de  nouveau 
dans  la  bouche,  où  elle  est  rem&chée,  et  ensuite  avalée  une 
seconde  fois  ;  mais  au  lieu  de  rentrer  dans  la  panse ,  le  bol 
alimentaire  passe  dans  une  troisième  poche  de  grandeur 
moyenne  ou  la  Feuillette ,  communiquant  de  même  directe- 
ment avec  l'œsophage  ;  d'où  le  chyme  passe  directement 
dans  une  quatrième  partie  de  Testomac  ou  la  Caillette ,  qui 
enfin  le  fait  passer  dans  l'intestin. 

L'herbe  et  les  feuilles  dont  les  Ruminants  se  nourrissent, 
contenant  peu  de  matière  nutritive,  et  produisant  de  b 
peu  de  chyle ,  l'absorption  de  ce  dernier  eût  été  difficile  et 
fort  lente ,  si  elle  n'avait  pu  se  faire  que  sur  les  parois  unies 
de  ce  vaste  estomac  dont  la  surface  intérieure  est  en  outre 
loin  d'être  proportionnelle  k  la  quantité  d'aliments  ingérée  ; 

MAIS  LA  SAGESSE  DU  GrÉàTEUR  ,  EN  PRÉVOYANT  CETTE  DIFFI- 
CULTÉ ,  T  4  REMÉDIÉ  EN  AUGMENTANT  CONSIDÉRABLEMENT  LA 
SURFACE  ABSORBANTE  DE  CE  QUADRUPLE  ESTOMAC  ,  et  par  Ik  le 

nombre  des  bouches  absorbantes  des  vaisseaux  chylifères, 
en  lui  faisant  former  dans  son  intérieur  de  nombreuses 
lames  souvent  très-saillantes ,  disposées  tantôt  en  réseau , 
comme  des  cellules  d'abeilles ,  et  tantôt  en  feuilles  paral- 
lèles comme  celles  d'un  livre  ;  forme  dont  le  troisième  esto- 
mac a  reçu  son  nom. 

Le  chyme ,  pénétrant  entre  toutes  ces  lames ,  s'y  trouve 
en  contact  avec  une  innombrable  quantité  de  bouches  absor- 
bantes qui  y  pompent  le  chyle. 

En  revenant  sommairement  sur  la  forme,  la  disposition , 


CHAPITRE   III.  46i 

les  rapports  et  les  fonctions  de  chacune  des  nombreuses  par- 
ties qui  constituent  l'appareil  digestif  en  considérant  celui-ci 
sous  le  rapport  de  son  but  final ,  la  production  et  l'absorption 
du  chyle ,  extrait  des  substances  les  plus  différentes  que  les 
animaux  transportent  parfois  avec  eux,  on  peut  voir  avec 

QUELLE  SUBLIME  SAGESSE  TOUT  EST  ARRANGÉ  ET  COMBINÉ  POUR 
QUE  TOUS  LES  ORGANES,  TANT  CEUX  DE  l' APPAREIL  DIGESTIF 
LUI-MÊME,  QUE  CEUX  PLACÉS  EN  DEHORS  DE  LUI ,  CONCOURENT 
AVEC  UNE  ADMIRABLE  CONCORDANCE  ET  UNE  PRÉVISION  PAR- 
FAITE DES  EFFETS  ,  À  l' ACCOMPLISSEMENT  DU  FAIT  PRINCIPAL  ; 

disposition  dont  le  moindre  dérangement  rendrait  le  résultat 
impossible;  en  même  temps  que  plusieurs  de  ces  organes  y 
contribuent,  les  uns  par  des  effets  d'optique,  ou  bien  de 
mécanique,  d'acoustique,  etc.  ;  et  d'autres  par  des  moyens 
chimiques  d'une  nature  toute  particulière  qui  s'y  exécutent, 
et  nulle  part  ailleurs  dans  la  nature  brute  ;  et  chez  les  ani- 
maux seulement  dans  l'unique  vue  de  produire  du  chyle 
pour  la  nutrition  de  l'individu. 

En  effet,  comment  autrement  que  par  la  haute  sa- 
gesse ET  l'omnisgience  d'un  Étre  Suprême  tout-puissant  , 
un  enchaînement  de  causes  et  de  résultats  aussi  étonnant 
pourrait-il  avoir  lieu?  Gomment,  pour  produire  le  chyle, 
les  substances  alimentaires  parviendraient-elles  précisément 
dans  la  seule  cavité  du  corps  où  cette  production  peut  avoir 
lieu?  où  précisément  des  humeurs  digestives  sont  versées 
par  des  organes  tout  particuliers ,  si  étonnamment  conformés 
et  disposés  pour  remplir  cette  condition  ;  lieu  où  s'exécutent 
des  opérations  de  la  chimie  la  plus  savante  que  nous  ne  pou- 
vons pas  reproduire  dans  nos  laboratoires,  ne  pouvant  point 
faire  intervenir,  comme  le  fait  le  Créateur,  les  effets  des  phé- 
nomènes vitaux ,  dont  seul  il  dispose  ;  et  le  chyle  une  fois ,  si 
étonnamment  produit,  comment  se  fait-il  que  dans  ces  lieux 
mêmes  se  trouvent  précisément  les  bouches  absorbantes  qui 
doivent  le  pomper?  Mais  ce  n'est  pas  tout  encore  :  pour  arriver 
a^tnsi  dans  la  cavité  destinée  à  la  décomposition  digestive 


-  ( 


4di  THÀ)L06tfc  Vt  LA  NATURE. 

des  aliments ,  eommetit  se  fait-il  que  pour  telle  espèce  de 
nourriture,  dont  toutes  doivent  cependant  produire  h  peu  près 
le  même  chyle,  il  se  trouve,  au  commencement  de  Fappareil 
digestif,  des  organes  de  mastication  conformés  d*après  les 
plus  savants  principes  delà  mécanique,  fondés  sur  les  pro- 
priétés toutes  spéciales  des  substances  alimentaires  et  de  leor 
structure  qui  doivent  y  être  employées  ;  le  tout  dans  une  dis* 
position  qui  doit  être  de  la  plus  remarquable  efficacité  dans 
le  résultat  produit?  EnHn  gomment  concevoir  autrement  qvë 

PAR  l'intervention  DE  LA  VOLONTÉ  DIVINE ,  CETTE  HARMONIB 
D* ACTION  ENTRE  DES  APPAREILS  SI  SAVAMMENT  COMPLIQUÉS, 
QUOIQUE  ,  PAR  EUX-MÊMES  ,  COMPLÈTEMENT  INDÉPENDANTS  LES 

UNS  DES  AUTRES ,  commc  le  sont  les  yeux ,  les  oreilles ,  le  nez 
et  les  membres  ;  les  uns  pour  faire  découvrir  de  loin  les 
substances  nourricières ,  et  les  autres  pour  en  faire  appro- 
cher ranimai,  afin  qu'il  la  saisisse  pour  s'en  emparer?  En- 
core ,  dans  cette  courte  énumération  que  je  viens  de  faire 
des  principales  actions  qui  concourent  k  la  production  dn 
chyle,  je  n'ai  fait  aucune  mention  des  facultés  intellectuelles 
si  variées  des  animaux ,  au  moyen  desquelles  ils  préparent 
les  conditions  d'exécution  dans  lesquelles  les  faits  qui  y  con- 
tribuent doivent  s'accomplir.  Or  dans  tout  cela,  il  ne  s'agit 
même  que  des  phénomènes  qui  se  produisent  dans  une 
seule  fonction ,  celle  de  la  digestion  ;  et  c'est  en  voulant  rai- 
sonner sur  une  si  merveilleuse  et  si  savante  complication , 
que  certains  hommes  croient  avoir  tout  expHqué  en  pronon* 
çant  le  mot  hasard!!! 

L'Absorption  du  Chyle  a,  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  lien 
k  la  surface  interne  de  la  cavité  digestive,  comme  l'ab- 
sorption de  la  Sève ,  son  analogue  chez  les  végétaux ,  a  lied 
sur  toute  la  surface  extérieure  de  ces  derniers ,  mais  d'uo« 
manière  toute  spéciale  par  l'extrémité  des  chevelus  de  leurs 
racines  ;  différence  due ,  comme  je  l'ai  déjà  fait  observer 
plus  haut ,  à  la  faculté  que  le  Créateur  a  accordée  exclusive- 
ment aux  premiers ,  de  pouvoir  changer  volontairement  de 


CHAPITRE   Ut.  i63 

place  ;  faculté  qui  est  elle-même  une  conséquence  de  possi- 
bilité de  celle,  plus  fondamentale ,  d'avoir  aussi,  \k  Texclu- 
sion  des  plantes,  la  conscience  de  leur  existence. 

A  partir  de  ce  fait,  il  existe  de  grandes  analogies  entre  les 
Végétaux  et  les  ànimalx  ,  quant  aux  conditions  dans  les- 
quelles les  sucs  nourriciers  se  trouvent  successivement,  jus- 
qu'au moment  où,  chez  les  uns  et  chez  les  autres,  ils  sont 
convertis  par  V Assimilation  en  la  substance  de  l'individu, 
dont  ces  sucs  doivent  augmenter  la  masse  en  la  dévelop- 
pant, ou  du  moins  à  réparer  les  pertes  incessantes  qu'ils 
éprouvent.  Mais  il  existe  toutefois  aussi,  sous  ce  rapport, 
des  différences  très-notables  entre  les  deux  Règnes  orga- 
niques de  ces  Êtres  doués  de  vie;  différences  également 
dues  au  principe  essentiel  qui  les  distingue  :  Yexislence  ou  la 
non-existence  de  la  sensibilité. 

La  sève  une  fois  reçue  par  la  faculté  d'absorption  des 
Plantes ,  dans  l'organisme  de  ces  dernières ,  y  circule  au 
moyen  d'un  immense  système  vasculaire,  qui  la  conduit 
dans  toutes  les  parties  du  végétal,  sans  qu'elle  puisse  en- 
core servir  h  sa  nutrition;  mais  arrivée  successivement 
par  parties  k  sa  surface,  et  plus  spécialement  dans  les 
feuilles,  organes  destinés  k  faire  subir  une  certaine  élabo- 
ration à  cette  sève,  celle-ci  y  est  mise  en  contact  plus  ou 
moins  immédiat  avec  l'air,  dont  l'oxygène ,  et  sans  aucun 
doute  aussi  l'acide  carbonique ,  se  combinent  avec  elle  pour 
la  transformer  en  une  nouvelle  humeur  fort  différente, 
nommée  le  Suc  propre ,  plus  ou  moins  différent  selon  chaque 
espèce  de  plante,  et  seul  propre  à  pouvoir  servir  à  la  nutri- 
tion de  cette  dernière,  en  lui  abandonnant  &  chaque  point 
de  son  individu  les  particules  capables  de  pouvoir  être  assi- 
milées ;  suc  qui  à  cet  effet  circule  également  dans  tout  l'or- 
ganisme du  végétal ,  au  moyen  d'un  autre  système  de  vais- 
seaux, différents  pour  la  forme  de  ceux  qui  charrient  la  sève. 

Les  mouvements  bien  connus,  même  parfaitement  vi- 
sibles,  de  ces  humeurs  dans  les  vaisseaux  qui  leur  sont 


464  THEOLOGIE  DK  LA  NATURE. 

propres ,  s'y  font  toutefois  par  l'eiTet  d'une  puissance  encore 
inconnue,  vu  que,  dans  aucune  partie  du  végétal,  il  n'existe 
aucun  organe  qui  puisse  leur  imprimer  le  mouvement  ;  et 
quoique  les  savants  aient  avancé  diverses  hypothèses  k  ce 
sujet,  aucune  ne  satisfait  k  la  question  ;  à  moins  que  ce  ne 
soit  purement  la  force  d'attraction  dans  l'absorption  même, 
qui  fait  monter  la  sève  contre  son  propre  poids ,  jusqu'au 
sommet  des  arbres  les  plus  élevés;  force  peut-être  seconde 
par  une  espèce  d'exosmose  due  k  l'évaporation  qui  a  lieu  à 
toute  la  surface. 

La  circulation  des  sucs  nutritifs  des  animaux ,  a  au  con- 
traire lieu  dans  les  divers  vaisseaux  qui  leur  sont  propres, 
par  l'effet  d'organes  spéciaux  qui  les  mettent  en  mouve- 
ment ,  en  leur  imprimant  une  impulsion  dynamique ,  abso* 
lument  semblable  à  celle  que  nous  employons  dans  les 
I$ompes  des  machines  hydrauliques.  Cela  n'a  toutefois  pas 
lieu  pour  le  chyle,  qui  parait  se  mouvoir  par  une  cause  sem- 
blable à  celle  qui  met  la  sève  des  végétaux  en  mouvement. 

Les  Vaisseaux  chylifères  forment,  non-seulement  dans  les 
parois  du  tube  digestif,  mais  encore  dans  toute  l'étendue  du 
mésentère ,  large  repli  membraneux  auquel  ce  tube  est  sus- 
pendu ,  d'innombrables  petits  canaux  s'embranchant  les  uns 
dans  les  autres,  pour  s'ouvrir  enfin  dans  les  veines,  où  ils 
versent  le  chyle  en  l'y  mêlant  au  sang  que  ces  dernières 
renferment  ;  sang  non  nutritif  comme  le  chyle.  G'est-k-dire 
que  le  sang ,  après  avoir  circulé  partout  contenu  d'abord 
dans  les  artères ,  où  il  est  de  nature  à  servir  k  la  nutri- 
tion ,  et  y  avoir  enfin  perdu  cette  faculté  par  épuisement,  re- 
vient aux  poumons  par  ces  mêmes  veines  dont  il  vient  d'être 
parlé ,  pour  y  redevenir  artériel  par  l'effet  de  la  respiration  ; 
et  c'est  également  ainsi  que  le  chyle  est  finalement  converti 
en  sang  artériel  par  sa  seule  combinaison  avec  l'oxygène, 
qu'il  sépare  de  Tair  contenu  dans  les  organes  ;  acte  sur  lequel 
j'aurai  k  revenir  un  peu  plus  tard,  en  parlant  de  la  respi- 
ration. 


CHAPITRB  III.  465' 

Quoique  le  chyle  avance  des  ramuscules  chylifères ,  vers 
les  troncs  plus  gros  de  ces  vaisseaux,  par  un  mouvement 
toutefois  fort  lent,  il  n^existe,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
comme  pour  les  vaisseaux  séveux  des  plantes',  aucun  organe 
propulseur  qui  le  mette  en  mouvement.  Son  écoulement  des 
petits  chylifères  vers  les  gros  est  simplement  facilité  par 
DE  NOMBREUSES  VALVULES  mcmbraneuses ,  semi-lunaires, 
transversales ,  coupant  la  cavité  de  ces  vaisseaux  sur  un 
grand  nombre  de  points,  et  disposées  obliquement  de  ma- 
nière k  ne  permettre  cet  écoulement  que  dans  un  seul  sens , 
en  s*opposant  à  ce  qu'il  ait  lieu  en  sens  contraire;  d*où  il 
résulte  que,  si  ces  vaisseaux  se  trouvent  comprimés  ou 
rétrécis  d*une  manière  quelconque,  le  liquide  contenu  est 
chassé  de  cette  partie ,  poussé  en  avant ,  et  jamais  en  arrière  : 
ces  valvules  n*existent  toutefois  pas  dans  les  vaisseaux  des 
plantes. 

Les  chylifères  sont  en  outre  très-irritables ,  c'est-a-dire 
susceptibles  de  se  contracter  par  TefTet  d*un  stimulant,  et 
sans  doute  aussi  par  Tinflus  nerveux  :  diverses  causes  qui 
contribuent  à  faire  mouvoir  le  liquide  qu'ils  contiennent  ; 
causes  de  mouvemepts  qui  n'existent  également  nulle  part 
dans  les  végétaux. 

Le  chyle ,  converti  en  sang  par  l'acte  de  la  respiration , 
entre  avec  ce  dernier  en  circulation ,  pour  être  distribué 
dans  tout  le  corps ,  afin  d*y  servir  k  la  nutrition. 

Cette  circulation  du  sang  a  lieu  de  diverses  manières  chez 
les  Animaux,  suivant  le  type  auquel  ils  appartiennent  chez 
les  Mammifères  ,  première  classe  de  TEmbranghement  des 
Vertébrés,  elle  se  fait  dans  un  système  de  vaisseaux  à 
double  circuit;  c'est-k-dire  qu*en  partant  du  centre  au  mi- 
lieu de  la  poitrine  où  est  le  Cœur,  son  organe  de  propul- 
sion ,  ce  dernier,  véritable  pompe  foulante,  le  pousse  dans 
les  Artères  y  vaisseaux  ramifiés  à  Tinfini,  qui  le  conduisent 
dans  toutes  les  parties  du  corps,  sans  en  excepter  la  plus 
minime ,  où  chaque  élément  organique  attire  à  lui ,  et  incor* 
I.  no 


4M  TEiOLOÇli  W  LA  «ATURI. 

IMi^  ^  $9i  P90pr#  «Hbelanee  »  par  l'aate  4e  riMt'mtkifîofi  ^  les 
partîculeë  isapables  de  pouvoir  en  faire  parlio*  et  oela  par 
l*effei  du  pouvoir  qu'ils  out  de  les  ohoisir;  et  le  sang  i  la 
fiii ,  plus  ou  moins  épuisé  par  les  pertes  eoBtinuelles  qa*H 
éprouve ,  ne  pouvant  plus  servir  à  la  nutrition ,  est  ramené 
au  cœur  par  les  VeiuM ,  autre  assemblage  de  vaisseaux  diffé^ 
rents  des  artères,  qui  le  versent  dans  une  autre  cavité  de  cet 
organe  que  celle  d*où  il  est  parti. 

Cette  seconde  partie  du  cœur  faisant  de  même  les  fonc- 
tions de  pompe  foulante ,  chasse  à  son  tour  le  sang  dans  le 
9|stème  do  V Àrlire  pulmonair$  ^  vaisseaux  également  très* 
subdivisés  en  ramuscules,  qui  se  distribuent  dans  tout 
la  pou  mon  9  organe  de  la  respiration  remplissant  presque 
entièrement  la  cavité  du  thorax.  C'est  Ih  que  le  sang  vei- 
neux est  soumis  à  Tinfluence  de  Tair  qui  pénètre  dans  cet 
organe  par  Tacte  de  la  respiration ,  dont  j'aurai  à  parler  plus 
tard. 

Par  Teifet  de  cette  influence  de  Tair,  le  sang ,  épuisé  d'une 
foule  de  ses  parties  constituantes  qu'il  a  perdues  en  même 
temps  qu'il  s'est  chargé  d'autres  substances  telles  que  le 
ebyle,  etc. ,  est  de  nouveau  converti  en  sang  artériel,  l'acte 
de  la  respiration  lui  enlevant,  d'une  part,  certaines  parti- 
cules qui  ne  doivent  plus  y  rester,  et  transformant,  d'autre 
part,  le  chyle  en  sang  nutritif.  Cette  opération  chimique 
s'exécutant  principalement  dans  les  ramuacules  les  plus 
ténus  de  Tartère  pulmonaire,  ces  derniers  se  réunissent 
ensuite,  progressivement,  en  rameaux  de  plus  en  plus 
forts ,  et  à  la  (in  en  quelques  troncs  communs,  ou  Vêineê 
pulmonairei ,  qui  s'ouvrent  dans  la  première  cavité  du 
cœur,  où  ils  versent  le  sang  ainsi  redevenu  artériel ,  pour 
être  de  nouveau  poussé  dans  tout  le  corps  :  le  sang  fait  ainsi 
deux  circuits  successifs ,  l'un  dans  le  corps,  l'autre  dans  les 
poumons. 

Tel  est,  dans  son  ensemble,  le  mode  de  circulation  du 
s^ng  chez  les  Mamiiifères  ;  et  les  moyens  employés  pour  la 


chàfitri  m.  M7 

propyUioQ  de  ce  Buide  dans  les  inDombrables  vaisseaux 
qu'il  parcourt  sont  ok  nb  pbut  plus  kemarquàbles  par 

l'application  de  la  GONNAISSANGB  la  plus  TtlANSCBNDAiftE 
DE  LA  PHYSIQUE ,  el  SURTOUT  PE  L*QYDRAULIOUB  qu'OII  y  dé- 

oouvre;  moyens  dout  les  homaies  ne  peufent  pas  faire  usage 
dans  les  machines  de  leur  invention ,  n*ayant  pas ,  comme 
LE  Dieu  tout-puissant  ,  les  MOYENa  nn  la  structure  or- 
ganique ET  LA  PUISSANCE  VITALE  À  LEUR  UISPOSITION. 

J'ai  dit  que  le  eosor  faisait  les  foilctioiis  d'une  véritable 
pompe  foulante  ;  nais  on  s'en  ferait  une  trèa^faosse  idée ,  si 
l'on  pensait  qu'il  est  formé  sur  le  même  modèle  que  les  ma- 
chines auxquelles  nous  donnons  ce  nom  ;  machines  d'inven- 
tion humaine  fort  savantes ,  il  est  vrai,  mais  où  tout  est, 
par  cela  même  «  fond^  sur  des  formes  et  des  proportions 
rigoureusement  géométriques,  dont  Thomme  ne  peut  nulle 
part  s'affranchir  daqs  sw  construetioDS  ;  et  surtout  dan& 
celles  des  appareils  qui  doivent  agir  avec  force  et  précision  ; 
tandis  que  dans  tout  l'organisme  animal,  rien  n'est  rigou- 
reusement régulier  ni  dans  les  formes  ni  dans  les  mouve^ 
ments;  et  cependant  tout  marche  avec  la  plus  admirable 
précision ,  soit  par  Teffet  de  l'emploi  de  moyens  dont  sou^ 
vent  nous  ne  concevons  pas  même  raclions  soit  par  d'au- 
tres que  par  leur  nature  même  nous  ne  pouvons  pas  imiter. 

C'est  ainsi  que  le  Cœur  est  une  véritable  pompe,  quant  k 
l'effet  qu'il  produit,  mais  d'un  système  en  tout  entièremeitt 
inimitable  par  les  arts  mécaniques.  Dans  tdus  les  appareils 
de  ee  genre  créés  par  le  génie  de  l'homme,  la  cavité  for- 
mant le  récipient,  est  généralement  inerte;  et  c'est  une 
autre  partie,  ou  le  piston,  qui  par  ses  mouvements  plus  ou 
moins  réguliers  de  va*et-vient,  y  produit  alternativement 
l'entrée  et  la  sortie  du  liquide,  en  l'aspirant  et  en  le  re- 
foulant successivement.  Dans  le  Cœur,  au  contraire,  ie  ré- 
cipient remplit  à  la  fois  les  deux  fonctions. 

Le  Cœur  des  Mammifères  est  réellement  formé  de  la  réu- 
nion de  deux  cœurs,  accolés  l'un  ^  l'autre,  et  qui  pourraient 


i68  THKOLOGIE  DE  L4  NATURE. 

être  séparés ,  comme  ils  le  sont  en  effet  chez  d'antres  ani- 
maux; ou  bien  un  seul  pourrait  suffire,  ainsi  que  nous  le 
▼oyons  chez  les  Poissons. 

Chacun  des  deux  cœurs  se  compose  de  deux  cavités,  dont 
Tune ,  ou  le  Ventricule ,  constituant  le  véritable  corps  de 
pompe ,  a  ses  parois  épaisses ,  entièrement  formées  de  fais- 
ceaux musculeux,  entre-croisés  en  différents  sens,  suivant 
l'action  qu'ils  doivent  produire,  en  présentant  intérienre- 
meut,  surtout  contre  les  parois,  et  même  librement  dans  la 
cavité ,  un  certain  nombre  de  colonnes  charnues  k  peu  près 
parallèles,  placées  suivant  la  longueur  de  l'organe,  et  desti- 
nées \k  produire  par  leur  contraction ,  le  raccourcissement 
delà  cavité,  et,  par  conséquent,  une  diminution  notable 
dans  sa  capacité  ;  en  outre ,  de  leur  côté ,  les  fibres  mus- 
culaires, diversement  obliques  des  parois,  resserrant  la  ca- 
vité, l'étreignent  de  toute  part;  double  effet  qu'on  ne  sau- 
rait produire  dans  les  pompes  d'invention  humaine. 

La  seconde  cavité  ou  Y  Oreillette  ^  est  une  poche  simple- 
ment fibreuse,  mais  très-forte,  placée  sur  le  ventricule,  avec 
lequel  elle  se  continue  dans  toute  la  circonférence  de  la  base 
des  deux  organes ,  et  qui  communique  avec  ce  dernier  par 
une  large  ouverture  entourée  d'un  bourrelet  charnu  ;  ouver- 
tures par  où  le  sang  versé  par  les  vaisseaux,  d'abord  dans 
l'oreillette,  passe  ensuite  dans  le  ventricule,  qui  par  ses 
contractions  le  pousse  avec  force  dans  les  artères ,  pour  être 
distribué  par  celles-ci ,  soit  dans  tout  le  corps ,  soit  dans  le 
poumon ,  selon  que  l'un  ou  l'autre  cœur  agit. 

L'oreillette  n'étant  pas  musculeuse,  et  ne  pouvant  en 
conséquence  se  contracter  ou  se  dilater  activement,  laisse 
simplement  couler  le  sang  dans  le  ventricule,  qui  l'attire  au 
moment  où  tous  les  faisceaux  musculeux  dont  il  est  formé 
se  relâchent;  c'est-k-dire  que  le  sang  veineux,  venant  de 
toutes  les  parties  du  corps  par  deux  gros  vaisseaux  ou  Veines 
caves  y  est  versé  par  celles-ci  dans  l'oreillette  du  cœur  placée 
un  peu  à  droite,  et  la  remplit  facilement.  Cette  poche,  loin 


CUAPITHK  Jll.  469 

de  lui  opposer  de  la  résistance,  l'attire  au  contraire  par 
l'effet  de  son  élasticité,  après  avoir  été  vidée  et  affaissée  un 
instant  avant  par  l'aspiration  du  ventricule  correspondant. 
L'oreillette  ainsi  remplie,  ce  dernier  se  dilatant  activement, 
forme  le  vide  dans  son  intérieur,  par  lequel  il  attire  le  sang 
de  Toreillette.  Ce  même  ventricule,  venant  ensuite  à  se 
contracter  avec  force,  chasse  de  nouveau  le  sang  qu'il 
contient,  et  ainsi  alternativement.  Or  ce  liquide  reviendrait 
naturellement  dans  Toreillette,  si  aucun  obstacle  ne  s'y 
opposait;  mais  ce  retour  est  prévenu  par  la  plus  ingé- 
nieuse DISPOSITION  de  soupape  qu'on  CONNAISSE ,  consistaut 
en  trois  lames  membraneuses,  fibreuses,  très-minces, 
entourant  l'orifice  de  communication  avec  Toreillette,  et 
plongeant  dans  le  ventricule,  en  se  dirigeant  vers  son  fond , 
où  elles  sont  maintenues  en  place  par  plusieurs  prolonge- 
ments tendineux  terminés  a  des  mamelons  musculeux  qui 
s'élèvent  librement  du  fond  de  la  cavité. 

Par  cette  disposition ,  lorsque  le  ventricule  se  contracte , 
son  sommet  se  rapprochant  de  la  base,  les  trois  valvules  se 
trouvent  relâchées ,  et  le  sang  les  pressant  les  unes  contre 
les  autres  dans  toute  leur  largeur,  elles  s'appliquent  en- 
semble contre  l'ouverture  auriculo-ventriculaire ,  et  em- 
pêchent par  Ik  le  sang  de  refluer  dans  l'oreillette.  Or  comme 
la  contraction  du  ventricule  est  très-forte  dans  le  sens  de  sa 
longueur,  ces  trois  valvules  étant  par  Ik  trop  fortement 
relâchées,  seraient  renversées  dans  l'oreillette;  mais  cet 
ACCIDENT  EST  SAVAMMENT  PRÉVENU  par  la  coutractiou  simul- 
tanée des  mamelons  charnus  terminant  les  prolongements 
tendineux  de  ces  valvules,  qui  tirent  suffisamment  les 
valvules  vers  le  fond  du  ventricule  pour  empêcher  le  ren- 
versement. 

Le  sang  pressé  de  tous  côtés ,  et  ne  pouvant  revenir  dans 
l'oreillette ,  est  forcé  de  s'échapper  par  le  canal  de  l'Artère 
pulmonaire,  la  seule  issue  qui  lui  reste;  vaisseau  qui  le 
conduit  dans  les  deux  poumons,  où  ses  innombrables 


470  TMBOLO«IB  DB  LA   IfATURB. 

ramasculeg  le  distribuent  dans  toutes  les  parties  de  cet 
•rgane  pour  le  soumettre  k  IMnlloence  de  l'air. 

Aussilôt  que  le  ventricule  droit  8*est  vidé  du  sang  qu'il 
contenait,  il  se  dilate  de  nouveau  pour  se  remplir  encore  dif 
sang  qu'il  attire  de  roreillelle,  et  ainsi  alternativement  à  peu 
près  de  seconde  en  seconde  chez  les  hommes  en  bon  état  de 
santé.  Mais  comme  le  sang  poussé  dans  Tartère  pulmonaire 
par  la  contraction  du  ventricule,  reviendrait  dans  ce  dernier 
lors  de  la  dilatation  de  celui-ci ,  ce  abtour  est  ÉOALBUBnT 
PRÉVENU  par  d'autres  valvules  membraneuses  qui  s*y  op- 
posent en  fermant  le  canal  de  ee  vaisseau.  Ces  valvules,  au 
nombre  de  trois  chez  l'homme ,  ont  U  forme  de  nids  d'hi- 
rondelles k  bords  libres ,  dirigés  vers  rintérieur  du  vaisseau. 
On  conçoit  que  par  cette  disposition  le  sang,  en  pénétrant 
dans  ce  dernier,  força  ces  valvules  de  s'appliquer  contre  les 
parois  de  ce  vaisseau ,  où  elles  ne  gênent  en  rien  le  mouve- 
ment de  ce  liquide,  tandis  que  lors  de  la  dilatation  du  ven* 
tricule.  qui  se  fait  un  instant  après,  le  sang,  attiré  de  nou- 
veau dans  cette  cavité  du  cœur,  repousse  les  trois  valvules, 
dont  les  bords  libres  s*appHquant  l'un  contre  l'autre,  obli- 
tèrent le  canal ,  et  s'opposent  au  mouvement  rétrograde  en 
sang. 

Après  avoir  reçu  l'action  dé  l'air  dans  U  poomoB ,  le 
sang  revient  au  cœur  par  le  système  des  Veinés  pultMmaireê; 
e'est  a-dire  que  les  derniers  ramuseules  de  l'artère  pulmo- 
naire se  réunissent  de  nouveau ,  en  s'embrancbanl  les  uns 
dans  les  autres  pour  former  les  rameaui  et  les  branches  de 
ces  veines  qui  vont  s'ouvrir  dans  YOrrillelte  gauche,  autre 
poche  fibreuse  a  peu  près  semblable  ï  l'oreillette  droite ,  et 
placée,  comme  celle-ci  »  sur  la  base  du  ventricule  gauche, 
avec  lequel  elle  communique  de  même  par  une  large  ouver- 
ture auriculo-ventriculaire.  Cette  poohe  fibreuse,  plus  élas- 
tique que  celle  du  côté  droit,  se  remplit,  comme  elle,  du 
sang  que  lui  amènent  les  vaisseaui  que  je  viens  de  sommer, 
et  le  ventricule  placé  dessous ,  veiiant  k  se  dilater,  le  sang  y 


pénétra,  et  t'en  ireave  de  fioavéàti  chassé  par  la  contraction 
qui  suit  immédlatémciit,  absolùtdéiit  eomttie  au  cœur  droit  ; 
aveo  cette  difléretioe  que,  dans  le  Tentricute  gatichd,  les 
valvules  qui  s'opposeAt  au  retoui^  du  sang  Vers  roreltlëtté 
ne  sent  qu'au  nombre  de  deui  et  appliquées  Tace  k  face 
l'une  <u)Btre  Tautre^  en  agissant  do  reste  de  la  même  ma- 
nière ;  et  le  sang  est  obligé  de  s'éshapper  par  YÀrière  aôttë , 
la  «eule  voie  qui  lui  reste  libre;  très-gros  tronc  vasculàiré , 
èase  eommone  de  toutes  les  artères  du  corps ,  par  lequel  le 
sanig,  redevenu  nutritif  par  la  respiration,  est  distribué  dan^ 
teui  lé  corps,  d'oA  il  revient  au  cœur  droit  par  les  veines. 
Pour  empêcher  le  retour  du  sang  vers  le  ventricule, 
l'origine  de  ce  vaisseau  est,  comme  Tartère  pulmonaire, 
munie  de  valvules  de  même  forme,  qui  l'oblitèrent  pendant 
la  dilatation  du  ventricule. 

On  doit  surtout  remarquer  la  savante  disposition  qu'ont 
reçqe  les  unes  li  l'égard  des  autres  les  diverses  parties  qui 
eonstituent  Tensemble  du  ccëur;  comment  les  orifices  des 
vaisseaux  par  leaquels  le  sang  arrive  et  s'échappe  sont  placés 
h  regard  deâ  diffiSrentes  valvules  poui*  que  le  sang  h'éprOUvë 
nulle  part  la  moindre  résistance  lorsqu'il  ne  doit  pas  y  en 
aveir,  de  manière  h  s'y  motivoir  ii  peu  près  sans  ob^tacfes , 
e^mme  dans  un  seul  vaisseau  contlhu. 

Les  deui  cœurs  étant  unis  entre  eux  par  les  ventricules , 
le«  cavités  de  ceux-ci  ne  àont  séparés  Tune  dé  l'autre  que  par 
une  simple  cloison  6iiiséttlairè  frès^lbrte ,  le  tout  placé  dans 
le  milieu  de  la  pai^tie  inférieure  de  la  poitrine ,  dans  une 
cloison  mettibraneuse  qa\  sépare  cette  cavité  en  deux  moitiés 
latérales  H  peu  près  égales;  les  déul  cœur^  ayant  leur  base 
portant  les  oreillettes  tournée  en  haut  et  k  droite ,  et  te  fond , 
ou  le  sommet,  en  bas  et  un  pétt  ytH  \i  fauche  ;  de  manière 
)i  toucher  h  peu  de  distancé  là  (reii^tèàie côté,  contre  laquelle 
se  tom  seatir  sM  MttéAentè  le#équil  i^^allônge  pendant  sa 
dilatation. 
Qneiqee  M  sang  elreute  ainsi  dans  tout  le  corps,  où  il 


472  THéOLOGlB  DB  LA  NATURE. 

est  poussé  par  deux  pompes  foulantes  placées  k  la  base  des 
quatre  systèmes  de  vaisseaux  qui  le  charrient ,  on  conçoit 
toutefois  que  la  force  de  ces  pompes ,  quelque  grande  qu*oa 
puisse  la  supposer,  doit  être  en  grande  partie  détruite  dans 
le  long  trajet  que  le  sang  parcourt,  d'une  part,  par  le 
frottement  que  ce  fluide  éprouve  contre  les  parois  des 
vaisseaux,  et,  de  Tautre,  par  les  chocs  qu*il  éprouve  à 
l'entrée  des  innombrables  rameaux  de  ces  mêmes  canaux , 
en  se  heurtant  contre  les  parois  opposées ,  au  point  que  la 
vitesse  qui  lui  est  imprimée  par  le  cœur  doit  être  considéra- 
blement ralentie  déjk  en  arrivant  dans  les  derniers  ramus- 
cules  du  système  artériel  ;  au  point  qu*on  conçoit  k  peine 
comment  il  est  possible  que,  sans  recevoir  une  nouvelle 
impulsion,  il  puisse  revenir  au  cœur.  Mais  encore  ici  les 

SOINS  LES  PLUS  EFFICACES  ONT  ÉTÉ  EMPLOYÉS  POUR  QUE  CETTE 
GRANDE  FONCTION  DE  LA  CIRCULATION  N*ÉPROUVAT  AUCUNE 

ENTRAVE.  Le  ventricule  artériel  du  cœur  devant  faire  par- 
courir au  sang  un  trajet  beaucoup  plus  grand  que  celui  que 
parcourt  le  sang  poussé  dans  les  poumons  par  le  ventricule 
droit  ou  veineux,  a  aussi  reçu  pour  cet  effet  une  force 
BIEN  plus  considérable  ,  SCS  parois  musculeuses  étant  plus 
épaisses,  quoique  sa  cavité  soit  plus  petite;  c'est-à-dire  que, 
imprimant  au  sang  une  plus  grande  vitesse  pour  le  faire 
aller  plus  loin,  la  quantité  de  ce  liquide  qu*il  déplace  dans 
un  temps  donné  est  à  peu  près  la  même  que  celle  que 
déplace  le  ventricule  droit,  la  même  quantité  de  Tun  devant 
revenir  k  Tautre;  d*où  il  a  été  non-seulement  nécessaire  que 
la  capacité  du  ventricule  gauche  fût  plus  petite  que  celle  du 
droit,  mais  aussi  que  tout  le  système  artériel  de  TAorte  devait 
avoir  moins  de  capacité  que  celui  des  veines  caves  ;  et  c'est 
ce  que  l'observation  confirme. 

Par  Teffet  d*UNE  loi  organique  qu'il  a  plu  à  la  Sagesse 
divine  d'établir,  mais  dont  il  a  été  jusqu'à  présent  im- 
possible de  reconnaître  les  motifs,  toutes  lès  artères  da 
corps ,  à  l'exception  toutefois  des  plus  gros  troncs  sortant 


CHAPITRE   111.  473 

du  cœur,  sont  accompagnées  dans  leur  trajet  d'une  veine 
à  peu  près  du  même  calibre ,  dans  laquelle  le  sang  circule 
en  conséquence  en  sens  contraire  ;  mais  comme  la  vitesse 
de  ce  dernier  s*est  considérablement  ralentie,  il  a  été 
NÉCESSAIRE  de  multiplier  davantage  les  vaisseaux  charriant 
le  sang  veineux  ;  aussi,  outre  les  veines  dont  je  viens  de  par- 
ler, en  existe-t-il  encore  un  grand  nombre  d'autres  qui  n'ac- 
compagnent point  les  troncs  artériels ,  et  placées  entre  autres 
vers  la  surface  du  corps  sous  les  tégumenis ,  où  ne  se  trouve 
au  contraire  jamais  aucun  tronc  artériel  d'un  peu  d'impor- 
tance ,  k  moins  que  cela  n'ait  pas  pu  être  autrement  :  fait 

où  SE  DÉVOILE  ENCORE  UN  DE  CES  SOINS  ADMIRABLES  DE 
SAGESSE  ET  DE  BONTÉ  DONT  NOUS  TROUVONS  DE  SI  NOMBREUX 
EXEMPLES   DANS  L'ORGANISAT! ON   DE   TOUS  LES   ANIMAUX. 

Le  sang  circulant  avec  une  bien  plus  grande  rapidité  dans 
les  artères  que  dans  les  veines ,  et  cela  surtout  dans  les  gros 
troncs  placés  le  plus  près  du  cœur ,  où  la  force  de  celui-ci 
agit  avec  toute  son  énergie,  il  est  évident  que  chaque  jet 
doit  tendre  à  dilater  ces  vaisseaux  avec  plus  on  moins  de 
force,  force  \k  laquelle  les  parois  de  ces  derniers  doivent, 
autant  que  possible ,  résister.  Il  résulte  déjk  de  ce  fait  que 
les  parois  des  artères  doivent  être  plus  fortes,  et  par  Ik  plus 
épaisses  que  celles  des  veines ,  et  elles  le  sont  en  effet  ;  mais 
comme  les  impulsions  saccadées  se  répètent  toujours  k  de 
très-courts  intervalles  dans  ces  vaisseaux ,  ceux-ci ,  k  moins 
d'être  énormément  forts,  auraient  bientôt  fini  par  céder  k  ces 
chocs ,  et  se  seraient  graduellement  de  plus  en  plus  dilatés  en 
devenant  bientôt  hors  de  proportion  avec  la  quantité  de  sang 
qui  doit,  y  passer.  Il  était  de  là  bien  plus  rationnel  de 

RENDRE  LES  PAROIS  DES  ARTÈRES  À  LA  FOIS  FORTES  ET  ÉLASTI- 
QUES, AINSI  qu'elles  le  SONT  EN  EFFET,  de  manière  que 
chaque  jet  de  sang  que  le  cœur  y  lance  les  force  k  se  dilater  un 
peu,  et  que,  revenant  ensuite  sur  elles-mêmes,  leur  contrac- 
tion tend  au  contraire  k  les  rétrécir;  actions  alternatives 
d'où  résulte,  non-seulement  une  compensation  parfaite,  et 


4T4  THBOLMIE  tn  LA  NATURE. 

par  suite  l'invariabilité  de  forme  el  de  diapositioo  dti  sya- 
tème  artériel ,  mais  enoore  cette  antre  compensatioB ,  qae  la 
force  d'impulsion  qne  le  sang  perd  en  dilatant  les  vaiaseafls 
lui  est  rendue  par  leur  élasticité  en  se  contractant* 

Pour  PEMBrrafi  obs  dilatations  bt  oBsuÉTRÉOiasBHiKTs 
ALTfiRNATiPs ,  Ics  parois  des  artères  ont  été  fermées ,  entre 
antres,  de  deui  tuniques  élastiques  très-*lbrtes,  Tune  h  fibres 
longitudinales  qui  empêchent  ces  vaisseaux  de  se  déehirer  eo 
long  ;  l'autre  k  fibres  circulaires  qui  se  prêtent  pins  paf  tîoiH 
lièrement  aux  variations  de  calibre,  en  lesempôehan  t  tonicfois 
de  se  rompre  en  travers.  Mais  on  conçoit  que  la  moindre  léaioM 
de  ces  vaisseaux  sur  un  point  quelconque  de  leur  longneûr 
détruisant  la  force  d'élastîeité  des  deux  taoiqaes,  et  surtout  de 
celle  k  fibres  circulaires ,  rimpolsion  oontinuelle  du  sang  «  qui 
tend  a  dilater  ees  vaisseaqi,  doit  faoilement  les  faire  élaq^ir 
et  même  crever  (  el  si  par  la  lésion  qu'ils  ont  éproevée,  leur 
cavité  a  été  ouverte ,  non-acolement  le  sang  contenu ,  doit 
s'échapper  en  abondance ,  mais  leur  dilatation  k  chaque 
impulsion  tendant  k  disjoindre  les  lèvres  de  la  pim  doit 
s'opposer  k  ee  que  jamais  la  blesanre  se  cicatrise;  k  moins 
que  ce  ne  soit  dsins  tes  très-petits  i ameanx  «  où  les  orgnoes 
environnants  suffisent  pour  les  mainienip  et  faire  ohsmde  k 
la  sortie  du  sang. 

Ce  oangrr  DBS  blismjrbs  ras  gros  troncs  artériils 

n'a    POIRT   échappé    à     va    BIBRVBILLANTB    SOLUCITUOl    DO 

Créateur  ,  q€i  a  ,  autant  qub  possidls  ,  partout  iëis  ecs 

OROANBS  À  l'abri  DBS  ATTBTNTBS  DBS  CORPS  ÉTRANORRd»  M 
LB8  PLAÇANT ,  SOIT  DANS  LA  PROVONDBUR  DU  CORPS ,  801T  AU 
CÔTÉ  INTBRNB  BBS  PARTIES  OÙ  ILS  SB  TROUVBNT  ^ARANTIBS. 

C'est  ainsi  que  non-seulement  le  cœur^  mais  aussi  les  grands 
troncs  artériels  d'origine  sont  parfaitem«it  abrités  dans  le 
thorax ,  où  ils  se  trouvent  en  outre  placés  au  devant  da  la  oo* 
tonne  vertébrale ,  mais  aussi  les  prolongements  de  pes  gras 
vaisseaux  sont  ailleurs  situés,  soit  dans  la  profbndear  ée 
t'abdomea ,  soît  de  eiiaqm  eété  »  le  long  du  eou ,  sealfe  les 


chapitKe  III.  471^ 

vertèbres,  où  ils  se  trouvent  garantis  par  les  apophyses 
transtrôrses  de  ees  derniers  ;  ou  bien  k  i^  partie  interne  des 
bras  et  des  membres  postérieurs,  et  partout  le  plus  profond- 
dément  possible  ;  n'envoyant  dans  les  organes  superfieiels 
que  dee  rameaux  d'un  asses  faible  calibre, 

Le  sang  circulant  beaucoup  plus  lentement  dans  les  veinesi 
et  surtout  sans  saccades,  les  parois  de  ces  vaisseaux  sont 
en  consëquetice  bien  plus  faibles  que  celles  des  artères,  bu 
donststant  qu^ed  une  membrane  molle  non  élastique. 

Mais  comme  les  lésions  de  leurs  principaux  troncs  sont 
lootefbis  dangereuses  par  la  grande  perte  de  sang  qi|*elte8 
occasionneraient,  ces  thongs  aussi  oiit  été  puces  dans 

LB8  MÉMBS   CONUITIOMS   H* ABRI   QUB  OBilL   DBS  ABTÈHBS)    le 

système  soperflciel  ^  dont  j'ai  parlé  plus  haut ,  ne  se  comp^ 
sant  que  de  branches  de  faible  calibre ,  dont  les  lésions 
sent  d'ordinaire  peo  dangereuses» 

L'ÊtAB  SUFRÉIIB  BST  allé  BMCeilB  PLUS  LOIN  DAKS  SA  SA* 

0E8SB  BT  SA  BOBTÉ  jNPiBiB«  OU  prévenanf  d'nne  manière  ddndir 
rsbie  même  les  fàcbeux  eflets  qui  dans  la  plupart  des  eas  peu* 
vent  résulter  des  grandes  blessures  auxquelles  les  animaux 
sont  eiposés,  en  oe  qu'il  a  placé  le  remède  k  eété  du  mal. 
En  effet,  rëtat  des  blessufcs  de  ces  organes  el  les 
traitements  chirurgicaux  qu'on  ;  applique  montrent  que, 
lers  même  que  d'asses  grès  vaisseaux  ont  été  ouverts  par  des 
causes  différentes,  k  moins  que  ce  ne  soit  par  instruments 
parfaitement  tranchants ,  ces  causes  même  favorisent  robli* 
tëration  des  ouvertures  faites  aux  vaisseaux ,  et  empêchent  la 
trop  abondante  perte  de  sang.  Quelles  que  soient  les  causes 
qui  déterminent  ces  lésions ,  elles  sont  généralement  atoom^ 
pagnées  de  contusions,  d'éeorchures ,  de  tiraillements  et  de 
déchirures,  qui  toutes  produisent  plus  ou  moins  prochaine^ 
ment  des  inflammations ,  et  par  Ik  l'enflure  des  organes 
blessés  ;  enflure  qui ,  resserrant  les  parties ,  comprime 
Im  vaisseaux  ouverts  et  empêche  réevulement  du  sang. 
tes  vaisseaux  fortement  tiraillés ,  et  surtout  eebx  qui  ont  été 


476  THÉOLOGIE   DB   LA   NATURE. 

déchirés,  reviennent  vivement  sur  eux-mêmes ,  se  froDoeot 
et  obstruent  par  Ik  plus  ou  moins  les  ouvertures  par  où  le 
sang  s'échappe;  et  cela  d*autant  plus  facilement  que  les 
lambeaux  produits  se  repliant  sur  eux-mêmes  contribuent 
k  former  des  tampons  sur  ces  mêmes  orifices.  Enfin  le  sang 
lui-même,  après  s'être  échappé  avec  facilité,  se  coagule 
au  contact  de  Tair,  colle  entre  eux  les  fragments  d'or- 
ganes produits  par  la  blessure,  et  bouche  ainsi  bientôt 
les  ouvertures  faites  aux  vaisseaux.  Enfin  l'inflammation 
qui  survient  hâte  la  cicatrisation,  qui  au  bout  de  deux  on  de 
trois  jours  est  déjà  assez  avancée  pour  ne  plus  permettre 
d'hémorragie.  Ces  divers  effets  ayant  été  reconnus  par  les 
chirurgiens,  ils  les  ont  employés  en  les  provoquant  même 
pour  faciliter  la  guérison  des  plaies,  et  surtout  pour  empê- 
cher les  hémorragies. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  organes  puisaient  dans  le  sang 
artériel  les  éléments  dont  ils  avaient  besoin  soit  pour  leur 
développement,  soit  pour  réparer  les  pertes  qu'ils  éprouvent 
continuellement,  soit  pour  en  séparer  simplement  les  ma- 
tériaux des  sécrétions  que  ces  organes  produisent ,  et  que 
le  reste  constituant  le  sang  veineux  retournait  au  cœur  par 
les  veines.  Mais  ce  n'est  pas  k  ces  faits  principaux  que  se 
borne  tout  l'acte  de  la  circulation.  D'après  des  conditions 
dont  il  n'a  pas  été  possible  de  reconnaître  les  causes ,  mais 
que  l'observation  montre ,  il  résulte  que  toute  particule  orga- 
nique assimilée  k  une  époque  quelconque  par  un  organe, 
ne  peut  y  fonctionner  que  pendant  un  certain  temps ,  sans 
doute  très-variable ,  selon  Tespèce  de  l'organe ,  ou  bien  sui- 
vant les  circonstances  dans  lesquelles  il  se  trouve  ;  et  que  ce 
temps  de  sa  fonction  passé ,  ou  si  l'on  veut ,  lorsque  son  pou- 
voir est  épuisé ,  la  même  particule  est  reprise  par  une  véri- 
table cause  de  désagrégation  opposée  k  l'assimilation,  et 
ramenée  dans  le  torrent  de  la  circulation  sanguine,  où  elle  est 
conduite  dans  les  veines ,  et  par  celles-ci  soit  dans  les  pou- 
mons ,  soit  dans  le  foie ,  où  ces  particules  sont  expulsées,  la 


CHAPITRE   iU.  477 

SOUS  forme  gazeuse ,  et  ici  sous  celle  de  bile  ;  ou  bien  en  re- 
Yenant,  même  dans  les  artères,  elles  sont  conduites  par 
celles-ci  dans  une  foule  d'autres  organes  sécrétoires ,  qui  les 
séparent  de  la  masse  du  sang  en  en  formant  le  produit  de 
leur  sécrétion ,  en  composant  la  sueur,  Turine ,  etc. ,  etc. , 
substances  purement  excrémentitielles ,  destinées  k  être  ex- 
pulsées, comme  ne  pouvant  plus  servir  à  aucun  usage. 

Cet  acte  de  résorption  des  particules  organiques  devenues 
inutiles  et  même  nuisibles  à  l'organisme,  a  lieu  par  un 
troisième  système  général  des  vaisseaux  circulatoires ,  dési- 
gnés sous  le  nom  de  Vaisseaux  lymphatiques^  ou  absor- 
bants^ dont  les  Chylifères  ne  sont  qu'une  simple  variété, 
spécialement  chargée  d'absorber  le  cbyle  formé  dans  le 
canal  intestinal;  mais  du  reste  parfaitement  semblables  à 
tous  les  vaisseaux  lymphatiques,  dont  ils  ont  la  structure,  la 
forme,  la  disposition  et  les  rapports  généraux. 

Ces  vaisseaux  lymphatiques,  répandus  dans  tout  le  corps, 
comme  les  veines,  dont  ils  ne  sont  en  quelque  sorte  que  des 
accessoires  destinés  k  ramener  dans  le  torrent  de  la  circula- 
tion, non  le  reste  du  sang  artériel,  après  Tacte  de  Tassimi- 
latioD ,  fonction  réservée  aux  veines ,  mais  les  particules 
autrefois  déposées  par  le  sang  artériel,  et  rejetées  comme  de- 
venues inutiles. 

Les  Lymphatiques  sont  ainsi,  comme  les  chylifères,  des 
vaisseaux  généralement  fort  déliés ,  prenant  leur  origine 
dans  tous  les  organes,  et  s'embranchant,  comme  eux,  les 
uns  dans  les  autres,  pour  aller  s'ouvrir,  après  des  trajets 
plus  ou.  moins  longs,  dans  une  veine  quelconque  qu'ils  ren- 
contrent, pour  y  verser  leur  contenu.  Un  assez  grand  nom- 
bre de  ces  petits  vaisseaux  se  réunissent  cependant  en  un 
tronc  principal,  placé  dans  le  thorax,  contre  la  région  dor- 
sale ,  où  il  monte  pour  aller  s'ouvrir  dans  la  veine  sous- 
clavière  gauche  ;  vaisseau  sanguin  placé  au  devant  de  l'é- 
paule ,  sous  la  clavicule.  Cette  terminaison  constante , 
quoiqu'on  n'en  entrevoie  pas  la  nécessité,  est  sans  doute 


4Tt  THioLOMB  M  tA   KATOM. 

due  h  une  loi  organique  qu'on  n'a  pas  encore  pu  détermiaer. 

Noos  avons  vu  que  le  sang  était  poussé  en  avant  dana  tes 
artères  par  le  cœur,  mais  qae  oe  mouvement  éprouvant  de 
nombreux  obstacles ,  qui  tendent  k  le  ralentir,  se  trouvait 
en  eflTet  presque  totalement  détrait  dans  les  derniers  ra« 
muscules  capillaires  de  ces  vaisseaux  ;  ralentissement  proavé 
par  la  lenteur  avec  laquelle  le  sang  s'échappe  de  ces  petits 
vaisseaux  lorsqu'ils  sont  ouverts  par  une  blessure ,  ne  g'eo 
écoulant  que  goutte  h  goutte ,  comme  tout  liquide  non  en 
mouvement ,  mais  simplement  un  peu  pressé  par  les  parties 
environnantes. 

Le  sang  ayant  acquis  de  nouveau  dans  les  grosses  veines 
un  mouvement  assez  rapide ,  ainsi  que  le  prouvent  les  blea* 
sures  faites  k  oes  vaisseaux ,  il  est  évident  que  ce  mouvement 
doit  lui  être  imprimé  par  ces  vaisseaux  eux-mêmes ,  vo  qull 
n'existe  aucun  organe  propulseur  spécial  du  sang  qu'ils 
contiennent;  mais  le  moyen  est  encore  inconnu.  La  tunique 
propre  des  veines  renferme  bien  des  fibres  longitudinales 
qu*oa  pourrait  considérer  comme  museuleuses;  mais  quand 
même  elles  le  seraient ,  elles  ne  pourraient  point  servir  k 
ftiife  avancer  le  sang  ;  et  personne,  que  Je  sache,  n'y  a  eoeove 
découvert  de  fibres  transversales  qui  pourraient  avoir  eelte 
fonction. 

Cette  structure  musculeuse  existe  ,  au  contraire  »  d'une 
manière  visible  dans  les  petites  artères,  où  Faction  du  eœur 
ne  se  fait  plus  que  faiblement  sentir.  J'ai  très-bien  vu  et  re- 
connu ces  fibres  musculaires  dans  les  artères  du  jarret  da 
YÊUphant^  dont  le  calibre  est  encore  assez  gros. 

De  part  et  d'autre,  les  contraotions  successives  de  ces 
vaisseaux,  qui  se  feraient  comme  une  espèce  de  mouvement 
péristaltique,  seraient  très-propres  k  contribuer  k  faire  dr* 
culer  le  liquide  dans  ces  trois  genres  de  vaisseaux  ;  mais  ls 
Créateur  a  établi  en  outre  un  moyen  de  propulsion  pas- 
sif, DANS  les  veines,  LES  LYMPHATIQUES  ET  LES  CHTLlFàRES, 

en  plaçant  dans  leur  intérieur  un  nombre  considérable  dope- 


8HAVITM   III»  éft 

titesvidf  Blet  ftèdiMonaires  dirigée  obliqmméfit  ëaii»le  êwi 
daas  lequel  les  humears  doirent  cealer,  de  manière  que 
lent  acte  qui  fait  éprouver  la  plus  légère  compression  k  ces 
oanaui  force  le  liquide  qu'ils  contiennent  il  ayancer  vers  le 
oceur,  sans  pouvoir  revenir  en  arrière ,  lorsque  la  compres-* 
sion  cesse.  C'est  là  la  raison  pour  laquelle  les  grands  mon-* 
vements  souvent  répétés,  comme  dans  la  marche ,  et  sur* 
tout  dans  la  course ,  accélèrent  la  circulation  du  sang ,  par 
TeiTet  des  compressions  que  les  muscles  en  action  font  k  tout 
instant  éprouver  aux  veines  qui  les  avoisinent  ;  d'où  résulte 
que  le  sang  arrivant  en  plus  grande  abondance  au  cœur,  ce- 
Im-ei  est  obligé  de  se  contracter  plus  souvent  et  plus  forte-* 
ment  pou#  s'en  débarrasser ,  en  le  poussant  dans  le  pou-* 
mon;  organe  qui,  à  son  tour,  est  forcé  de  fonctionner  pins 
activement,  afin  de  faciliter  son  écoulement  dans  le  cœur  en 
hfttant  la  respiration.  Or,  comme  la  température  de  ce  fluide 
se  trouve  élevée  par  sa  combinaison  avec  l'air,  ainsi  qu'on 
le  Terra  plus  tard,  il  porte  cette  chaleur  dans  toutes  les  par« 
ties  du  corps  où  elle  se  fait  sentir. 

Les  vaisseaux  cbylifères  et  les  Lymphatiques  amènent  dans 
le  torrent  de  la  circulation  sanguine,  les  premiers  des  sub- 
stanoes  nouvelles  qui  doivent  être  converties  en  sang  par 
l'acte  de  la  respiration ,  et  les  seconds ,  au  contraire  ,  une 
quantité  considérable  de  matières  diverses  qui  ne  doivent 
plus  faire  partie  de  l'organisme  ;  et  déjà  le  chyle  contenant 
différentes  substances  non  assimilables ,  telles  qu'une  trop 
grande  quantité  d'eau ,  il  a  fallu  pour  que  le  sang  fût  nu^ 
tritif ,  qu'il  fût  purgé  de  toutes  ces  matières  non  capables 
d'être  assimilées,  inutiles  ou  même  nuisibles.  Pour  gela 

U  SâGCSSE  0IVINE  A  ÉTABLI  DANS  OlVBRSflS  fARtIfiS  DU  €ORf>S 
MS  AmMAUX  DIFFÉRBUTS  ÉMONGTOIRBS  destinés  a  cet  USAGE , 

organes  désignés  sous  le  nom  de  Giandeê. 

J'ai  déjk  parlé  plus  haut  de  quelques-uns  de  ces'  remar- 
quables organes  k  l'occasion  de  ceux  qui  produisent  la 
salive,  le  sue  pancréatique  et  la  bile,  humeurs  servant  dans 


480  TH^LOGIB  ra   LA   NATURE. 

l'acte  de  la  digestion.  Les  autres  glandes  sont  de  même,  d'or- 
dinaire ,  des  masses  molles  de  formes  très-diffiérentes ,  com- 
posées d'un  nombre  très-variable  de  granulations  diverse- 
ment conformées ,  creusées  d'une  cavité  dans  laquelle 
s'accumule  la  matière  que  l'organe  produit  et  qui  suinte  de 
ces  parois. 

Beaucoup  de  ces  organes  ne  se  composent  que  d'une 
seule  de  ces  parties  élémentaires  ou  Glandes  simples j  qui 
prend  alors  le  nom  spécial  de  Crypte  ou  de  Follicule.  Ce  sont 
de  petites  poches  d'ordinaire  presque  microscopiques,  dissé- 
minées en  nombre  variable  dans  telle  partie  du  corps ,  où 
elles  doivent  fonctionner ,  et  dont  les  parois  plus  ou  moins 
épaisses  laissent  suinter,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  la 
matière  que  ces  petits  organes  produisent ,  en  puisant  les 
éléments  dans  la  masse  du  sang  que  contiennent  les  vais- 
seaux qui  les  entourent  et  les  pénètrent.  Lorsque  la  glande 
est  ainsi  réduite  à  une  seul^  crypte,  sa  cavité  s'ouvre  généra- 
lement au  dehors  par  un  simple  orifice,  pour  laisser  échapper 
son  contenu,  qui,  par  la  situation  même  de  l'organe,  se 
trouve  dans  le  lieu  où  cette  matière  doit  produire  son  eifet. 
C'est  ainsi  qu'il  existe  à  la  surface  extérieure  de  la  peau  de 
V Homme,  et  entre  autres  au  haut  du  nez,  une  foule  de  pe- 
tites cryptes  dits  Sébacées,  en  forme  de  granulations  blanchâ- 
tres ,  ressemblant  à  des  grains  de  semoule ,  et  produisant 
une  humeur  huileuse,  qui  graisse  plus  ou  moins  la  peau,  à 
laquelle  elle  donne  de  la  souplesse,  en  même  temps  que  ces 
petits  organes  séparent  du  sang  cette  matière  vraiment  ex- 
crémentitielle. 

D'autres  cryptes  forment  également  dans  les  téguments, 
mais  plus  profondément,  de  petites  poches  où  se  produit  la 
Sueur,  matière  qu'un  petit  canal  spécial  à  chacun  de  ces 
follicules  conduit  au  dehors,  où  il  la  déverse  comme  excré- 
ment. Ce  liquide  aqueux  ,  s'accumulant  autour  de  cet  ori- 
fice ,  y  forme  d'abord  de  petites  gouttelettes  qui ,  en  se 
réunissant,  finissent  par  couler  en  abondance,  lorsque  la  se- 


CHAPITRE  III.  481 

crétion  y  est  activée  par  Taffluence  du  sang  à  la  peau  ;  efiét 
produit  par  la  chaleur,  et  souvent  aussi  par  d'autres  causes. 

Ces  glandes  sudorifiques  constituent  un  des  principaux 
émonctoires  où  le  sang  se  purifie  des  matières  les  plus  acres 
qu'il  contient. 

Dans  rintërieur  de  plusieurs  cavités,  où  les  téguments  qui 
s'y  prolongent  deviennent  très-mollasses ,  et  spécialement 
dans  tout  le  canal  alimentaire,  il  existe  une  foule  de  cryptes 
analogues  mais  produisant  une  matière  muqueuse ^  qui  donne 
à  la  fois  son  nom  k  ces  petites  glandes  et  aux  membranes 
qui  les  contiennent  ;  et  que  cette  matière  sert  k  humecter, 
ou,  comme  on  dit,  k  lubrifier ,  afin  de  les  rendre  plus  glis- 
santes ,  pour  faciliter  leurs  fonctions ,  ainsi  que  cela  a  lien 
pour  les  fosses  nasales,  la  cavité  de  la  bouche ,  celle  des 
poumons,  de  la  poitrine,  de  l'abdomen,  etc.,  etc. 

Lorsque  la  matière  sécrétée  doit  se  trouver  en  grande 
abondance  dans  un  lieu  restreint,  ces  cryptes  ou  glandes 
simples  sont  liées  en  formant,  k  l'instar  des  salivaires,  du 
pancréas  et  du  foie,^dont  il  a  déjk  été  parlé,  des  masses  sou- 
vent considérables,  en  même  temps  que  leurs  canaux  excré- 
teurs s'embranchent,  comme  dans  ces  derniers,  les  uns  dans 
les  autres,  pour  ne  former,  k  la  fin,  qu'un  seul  tronc  com- 
mun, versant  l'humeur  sécrétée  dans  la  cavité  qui  lui  est 
DESTINÉE.  Ce  sont  ces  masses  qu'on  nomme  alors  Glandes 
cmiposées  ou  conglomérées. 

Telles  sont,  outre  les  Glandes  salivaires,  le  Pancréas  et 
le  Foie ,  encore  les  Glandes  lacrymales ,  petites  masses  si- 
tuées dans  la  cavité  de  l'orbite  de  l'œil  obliquement  au*dessus 
de  ce  dernier. 

Dans  les  Reins ,  émonctoire  très-actif ,  le  sang  se  débar- 
rasse d'un  autre  genre  de  substances  nuisibles ,  constituant  * 
r  Urine. 

Ces  organes  sécrétoires ,  au  lieu  d'être  formés  d'éléments 
granulés ,  comme  la  plupart  des  glandes  ordinaires ,  se  com- 
posent au  contraire  de  cryptes  tubulées ,  placées  k  côté  les 

I.  31 


46$l  TH&LOGn  BB  lilu  ItAttRË* 

HMft  4«k^Bia^  Ml  fomaiii  la  coiiche  wperfieklk  des  tents  ; 
oj^nes  doulr  te  ceolre  eal  oeoitpé  par  les  eâimi  eseréte^rs; 
ce  qoi'  prwve  que  la  formid  des  ^andes  simples  s'esl  qu'un 
obî^fa  afiOessoiDev  IduBi  ces  eamiK  ses  BétHUssesl  ii^  ki  is , 
en  un  seul ,  pour  chaque  rein ,  qui  conduit  Tamie  èans  b 
Jf00ii0i ,  placée  dans  la  partie  antérieure  dv  fofid  éa  bassin  ; 
pQobe  m/embraneuse ,  fooméec  de  petits  faiseta«K  Biiiaenlem 
ciHHfiés  euf  plbfiieuns  sens ,  et  de  façoa  k  resserrer  cepsiéé- 
rablementv  cette  poche  par  leurs  conlractioBs  poor  en  ahasser 
lliuîoa:  qu'elle  contienti,  lorsque  sa  trop  grande  pIém>Cade 
darâcNQti  godante,  ei^ulsion  qui  dw  reste  Wa  lies  411e  par  la 
i^olQDt^'de  l^'individu.  La  structuœ  que  préscotok  eesajet  la 
vfmieieti  aes*  oanauK  afféoenta  et  afférents  y  bst  ÉGiiLEivMY 

FOal:  lUilfl^H(|DA0L&  POUR  UBTTRfi  CET   OIWailB  LE  MlftUX  «H 
ÉTAT  DE  REUPISIR  OOKYBNABIiHlIEKT  SA  W0tW9V}V(i 

Laa neias  séeiëtant  oonstamment  de  L'ariiiie  en»  fort  grande 
qua&Uté^  oette  humeur  arrive  sang  intsrruptioii- k  fea>  vessiie', 
qui  )lui:f  sert  dtentmpôtt;  et  pour  qufellë  ne  s'en^  échappe  pas 
coatinueUaaientt,  son^  oaoal  exûrétbun;  par  lequel  ce  liquide 
dait-final^oomt  s'écouler  autdahoravostientaori  d'an-  anneau 
nHifi£lilanx<qttiJè  Desserre*  dans  Tétat* ordinaire,  aflir  d'em^ 
pécher  cetécoiilenientjusqU'k.ce  que  rindiindu  le  pernaetie-, 
en.  lui  livrant  volontairement  passage, .lorsqu'il  s'y  sent  en- 
gagé pat)  la^^éne  que- cause  «la  plénituda' dn*  la  vessie.  Fen^ 
(dant  que  celle-ci  s'emplit,  l'urine  ne  pouvant  s'échapper  au» 
(dehors , .  aérait^  disposée  k  r^uer  vers  les  reins ,  sutfout 
iorsqae  la».ves«6CQmnienoek  en  âtm^orgée.  Pour  empêcher 
C6  retatirv.iheftt'Sii£Gis  il.estvrai,.  de  placenk  Ventnte  deS' 
canaux  aJBTérents  ou  Uretères ,  des  valvules  ou  soupapes  qui 
s^y  oi)4l>a6assfiiiii  mi&VAMAirr  ussmoybns,  il  y  pot  empi^o^-é 

UN^tOigrRfii.lMYaNlD'OOCILIISION  DE  CHS  ORIFICBS',  BN  PAlSÂim 
SIMPLEMENT    ^^ÉNÉTRER    CES   URETÈRES   DANS   LA  YESSUB,   £!f 

Oaxonçoîli' que,  par  oeUè  disposition v  rurise  peut  faci- 

dans  la  vessie,  tant^cps  cella-ci  n- est  pas 


CBAPITRB  m.  4ë3 

distendue  par  le  liquide ,  ei  ^'il  peut  encore  y  arriver, 
quoique  diffieileqient  loreqii'elle  est  pleine;  mais  le  monte'* 
ment  rétrograde  est  à  peu  près  impossible  :  la  lèvre  de  Yùrh- 
fice  faisant  les  fonctions  de  valvule ,  s*apptiquant  contre  la 
paroi  opposée,  avec  d'autant  plus  de  force  que  la  contrac^ 
tion  de  la  vessie  est  plus  grande  pqur  chasser  cette  humeur. 

Un  autre  émonetoire  de  sang»  le  plus  important  de  tous , 
est  celui  de  Tappareil  de  la  Respiration  »  où  non-seulement 
le  chyle  est  définitivement  converti  en  sang ,  mais  où  le  sang 
veineux ,  devenu  incapable  de  servir  à  la  nutrition  du  corps , 
se  purge  surtout  de  diverses  substances  nuisibles  que  les 
vaisseaux  lymphatiques  y  ont  versées  ;  effet  qui  a  lieu  par  la 
combinaison  de  ces  mêmes  substances  avec  Toxygène  de 
Tair,  ou  bien  avec  oelui  dissous  dans  l'eau  ;  d'où  naissent 
deux  grapds  modes  de  respiration,  Y  Aérien  et  Y  Aquatique  ^ 
lesquels  varient  enocure  considérablement  sous  le  rapport  de 
la  forme  et  de  la  disposition  des  parties  qui  constituent  l'ap- 
pareil où  cet  effet  est  produit;  modes  qui  fournissent  divers 
caractères  distinctifa  des  grandes  divisions  du  Règne  animal. 

En  thèse  générale,  la  respiration  est  toujours  un  acte  au 
moyen  duquel  le  sang  se  trouve  mis  en  communication  avec 
l'oxygène  avec  lequel  il  se  combine  en  tout  ou  en  partie,  soit 
en  l'absorbant ,  soit  en  lui  abandonnant  quelque»^uns  de 
ses  composants,  et  principalement  le  Car6one,  dont  le  sang 
veineux  est  surchairg^  ;  substance  qui ,  par  sa  combinaison 
avec  l'oxygène ,  forme  de  l'acide  carbonique  el  s'en  échappe 
sous  cette  forme  ;  en  même  temps  que ,  par  cel  effet  chi« 
mique ,  il  se  produit  plus  ou  moins  de  chaleur ,  absolument 
comme  dans  la  combustion  du  charbon  dans  nos  foyers. 
Aais  du  reste ,  il  suffit  que  cet  effet  soit  produit ,  que  ce  soit 
d'ailleurs  par  le  moyen  de  l'oxygène  contenu  dans  l'air,  ou 
par  celui  que  l'eau  tient  en  dissolution. 

Les  MAUViFiRES  ayant  tri  destinés  à  vivre  ,  la  plupart 
SUR  LA  TERRE,  ET  TOUS  k  RESPIRER  l'air,  Icur  appareil  res^ 
piratoire  a  |i  gbt  effet  été  conformé  et  disposé  pour  re» 


484  THBOLOGIB  DE  LA  NATURE. 

cevoir  facilement  le  gaz  atmosphérique.  Or  rien  ne  parait , 
au  premier  aperça ,  plus  propre  pour  cela  que  toute  la  sur- 
face du  corps,  naturellement  exposée  au  contact  de  Tair; 

MAIS  UNE  CIRGONSTANCE  MAJEURE  l'eXGLUT  ,  COmmC  UC  pOU- 

vaut  pas  remplir  ici  cette  fonction.  En  effet ,  la  combinaison 
du  sang  avec  Voaygéne  ne  peut  s'effectuer  qu'à  travers  des  pa-- 
rois  exlrêmment  minces  ;  conditions  que  les  téguments  des 
grands  animaux  ne  présentent  pas  ;  et  Tobservation  montre 
en  outre  que  la  respiration  ne  peut  s'exercer  que  par  des  or- 
ganes constamment  humectés  ;  autre  caractère  que  la  surface 
générale  du  corps  ne  présente  également  pas.  De  ces  deux 
conditions  résultait  la  nécessité  de  localiser  la  ponction 
de  la  respiration  des  grands  animaux  aériens  dans  un  ap- 
pareil SPÉCIAL  PLACÉ  dans  L'INTÉRIEUR  DU  CORPS  ,  ET  D'y 

AMENER  l'air  ,  soit  par  aspiration ,  soit  par  injection  ;  moyens 
qui  ont  en  effet  été  Tun  et  l'autre  employés  :  le  premier, 
chez  les  Mammifères  ,  les  Oiseaux  et  la  plupart  des  Rep- 
tiles; et  le  second,  chez  les  Batraciens  Anoures  et  les 
Chéloniens.  Or  rien  n'était  plus  propre  à  cet  usage  que  la 
cage  osseuse  formée  par  le  thorax  des  Mammifères  ,  qui , 
offrant  des  parois  très-résistantes ,  pouvait  parfaitement  ser- 
vir à  faire  ainsi  les  fonctions  d'un  corps  de  souiDet.  Il  a  sufB 
pour  cela  de  remplir  les  intervalles  de  tous  les  os  qui  consti- 
tuent cette  cage  par  des  parties  musculeuses ,  qui ,  tout  en 
servant  au  mouvement  de  ces  derniers ,  sont  elles-mêmes 
assez  consistantes  pour  résister  k  la  pression  que  l'air  exerce 
sur  elles,  lorque  le  vide  est  formé  dans  cette  cavité;  but 

DANS  LEQUEL  tB  THORAX  A  PLUS  SPÉCIALEMENT  ÉTÉ  FORMÉ  , 
TOUT  EN  SERVANT  AUSSI ,  GOMME  NOUS  l' AVONS  VU  AILLEURS , 
À  CONTRIBUER  PUISSAMMENT  À  L'ÉQUILIBRE  DANS  LA  STATION  , 
AINSI  qu'aux  mouvements  LOCOMOTEURS,  ET  À  PROTÉGER 
LES  VISCÈRES  CONTRE  LES  CORPS  EXTÉRIEURS. 

Cette  cage,  par  elle-même  ouverte  k  ses  deux  extrémités , 
est  fermée  en  avant ,  pour  l'effet  qu'elle  doit  produire  dans 
la  respiration ,  par  diverses  parties  molles  qui  y  pénètrent , 


CHAPITRE  III.  485 

telles  que  l'œsophage  et  la  trachée-artère  ;  celle-lk ,  pour  li- 
vrer passage  aux  aliments  ;  celle-ci ,  pour  y  conduire  Fair 

qui,  pénétrant  par  la  bouche  ou  les  narines,  et  destiné  à  la 
respiration.  Quant  h  Touverture  postérieure  de  cette  même 
cavité  osseuse ,  beaucoup  plus  grande  que  l'antérieure ,  elle 
est  fermée  par  le  Diaphragme  ;  large  cloison  musculeuse  in- 
sérée en  haut  aux  vertèbres  postérieures  du  thorax  ;  sur  les 
côtés,  aux  dernières  côtes;  et  en  bas ,  à  Textrémité  du  ster- 
num ,  en  ménageant  au  centre  trois  principales  ouvertures 
pour  le  passage  de  TOEsophage ,  de  l'Artère  aorte ,  et  de  la 
Veine  cave  inférieure.  C'est  cette  cloison  musculeuse  qui 
fait  par  ses  mouvements  les  effets  du  soufflet  dont  j'ai  parlé 
un  peu  plus  haut.  Pour  cela,  cette  membrane  prend  une 

DISPOSITION  particulière  ;  AU  LIEU  d'ÉTRE  TENDUE  EN  LAME 
PLANE  ENTRE  SES  ATTACHES ,  ELLE  PREND  AU  CONTRAIRE  UNE 
FORME   FORTEMENT   CONCAVE   EN    ARRIÈRE  ,    SOU  CCntrC  étant 

tiré  en  avant  dans  le  thorax  par  le  médiastin ,  cloison  mem- 
braneuse qui  partage  la  cavité  de  la  poitrine  en  deux  moitiés 
latérales.  Mais  on  conçoit  que  cette  forme  bombée  n'est  point 
nécessairement  due  it  la  simple  présence  de  cette  cloison , 
mais  qu'elle  existe  parce  que  le  médiastin  constitue  un 

FREIN  placé  là   dans  l'iNTENTION  DE  PRODUIRE  CET  EFFET  ! 

car,  dans  le  principe ,  le  diaphragme ,  en  n'obéissant  qu'aux 
efforts  dynamiques  qui  agissent  sur  lui,  et  surtout  k  sa 
propre  force  de  contraction  passive,  devrait,  à  l'instar  d'une 
membrane  de  tambour ,  se  tendre  en  lame  droite. 

On  conçoit  qu'avec  la  forme  que  le  diaphragme  affecte , 
s'il  vient  k  se  contracter,  la  saillie  convexe  d^  toute  part , 
qu'il  fait  dans  le  thorax,  s'efface  en  devenant  moins  forte; 
que  par  là ,  la  cavité  de  ce  dernier  augmente ,  et  que  le  vide 
étant  formé  dans  son  intérieur,  l'air  extérieur  s'y  précipite 
par  la  trachée-artère ,  la  seule  communication  du  thorax  avec 
l'extérieur  ;  et  que  ce  fluide  ressort  lorsque  le  diaphragme 
revient  en  avant  par  son  relâchement. 

Quoique  le  diaphragme  soit  le  principal  agent  moteur  de 


4S6  THÀ)LOett  Bl  LA  NATURE. 

la  respiration ,  la  cage  qoe  forme  le  thorai  contribue  cepen- 
dant aussi  à  cette  action  par  ses  nonTements,  surtout  dans 
les  cas  d'upe  respiration  féiiée  ou  forcée,  eq  faisant  varier 
la  capacité  de  la  poitrine ,  par  ses  4U)atation8  et  ses  resser- 
rements alternatifs  volontaires. 

Les  côtes  des  Majumifèi^ipis  étant  mobiles  sar  les  vertèbres, 
et  dirigées  obliquement  en  arrière  (en  dessous  cbez  Vkomm$), 
d'où  leurs  cartilages  terminaux  reviennent  en  avant  pour  s'ar- 
ticuler avec  le  sternpm  ;  il  s'ensuit»  qu'étant  portées  en  avant 
par  la  force  des  muselés  intercostai^i  exterqes ,  etc, ,  elles 
éloignent  le  sternum  de  la  colonne  vertébrale  «  ^t  augmentent 
ainsi  la  capacité  du  thorax  ;  tandis  qiie  l'effet  contraire  est  pro- 
duit par  les  muscles  intercostaux  internes  et  le  petit  oblique 
abdominal ,  en  ramenant  les  côtes  ï  leur  position  primitive; 
mouvements  d'où  résulte  q\i^  Tinspiration  par  ce  ipoyen  est 
active  et  Texpiratiou  plus  particulièrement  passive  :  nous 
verrons  plus  loin  que  le  contraire  a  lieu  cbez  les  Oiseaux. 

C'est  ainsi  au  tborax  et  au  diaphragme,  parties  purement 
accessoires  dans  l'appareil  de  la  respiration ,  que  sont  con- 
fiés les  mouveuf ents  nécessaires  à  Taccompli^^went  de  cette 
importante  fonction ,  tandis  que  l'organe  essentiel  ou  le  Pou- 
mon, dans  lequel  se  fait  la  comt^inai^on  du  sang  avec  Tox;- 
gène,  reste  entièrement  passif  quant  à  l'action  mécanique. 

Ce  PovmQn  consiste,  dani$  l^  principe,  en  d^ux  sacs,  nn 
de  chaque  côté ,  formés  d'une  qiembrape  très^mince  et  déli- 
cate, remplissant  librement  la  majeure  partie  de  la  cavité 
thoraçique,  dont  le  restant  est  occupé  par  la  cloison  mi- 
toyenne que  forme  le  JUédmtin^  cloison  membraneuse,  sé- 
parant les  deux  poumons ,  et  dans  laquelle  sont  contenus  le 
cœur,  les  principaux  troncs  dea  vajsseaqx  sangu^)s  partant 
de  ce  dernier,  et  l'œsophage. 

Ces  deux  sacs  pulmonaires  sont  ensuite  sutidiviaé^  inté^ 
rieurement  en  d'innombrables  cellvies  de  ^ême  nature, 
auxquelles  aboutissent  des  rami|ication{^  da  canani(  aériens 
ou  9rm^he$^  ramMW  de  la  Trachéf-^r^r^  ^  leur  tronc 


commttB  »  qni  seule  vient  s'oQTrir  éaiu  le  {rtuuryDK ,  4A  ék 
communique  d'une  part  avec  la  iHHiehe  et  ée  l'anM  «nec  Im 
fosses  nasales ,  ouvertes  ^  Tair  «xtérîenr* 

On  conçoit,  par  cette  disposUon ,  que  si  te  vîée  êit  fdMij 
dans  le  thorax ,  l'air  extérieur  y  pénèQpe  en  s'jr  préei|>iliaiil 
par  les  narines  on  par  la  beucMs  en  mmplîsslMt  les  p^u- 
meus ,  où  il  agit  k  travers  les  parois  eitinêmèÉiènt  «indis«il 
dëiieates  des  eelltiles  de  ee  dernier,  sur  ie  sang  niAé  ai 
cbyle  que  contiennent  les  innoQibrables  iraisseanK  uBif^nins 
de  leurs  membranes. 

Cet  effet  étant  produit  en  vi|  instant»  Tair  ^isé  d'une 
grande  partie  de  son  exygèn^  ëtapt  devenu  Snoapabte  de 
servir  plus  longtemps  k  la  respiratimi  du  sang  est ,  ainsi  que 
je  l'ai  dit ,  rechassé  par  les  mêmes  voies  par  lesqueltSB  il  est 
entré. 

Par  cela  même  que  le  vide  se  Fomie  dans  le  thorai,  et  qm 
Tair  extérieur  s'y  précipite  par  la  trachée-^artère ,  eelle*ci  se 
trouverait  à  chaque  inspiratimi  fortement  eomprimée  iet 
entièrement  oblitérée  pur  bi  pression  extérieure  de  l'air^  si 
ce  c^iial  était,  eemme  rgosopliage,  entièrement  membra- 
neux; mais  €BT  HfCQNVtlCIEKT  k  PARniTEHBllT  ÉTÉ  PRÉVO 
BAU  LA  SAGESSE  DiVI!» ,  i  QUI  AUCUHE  Ptt6PRlÉTÉ  Kl  AtJCt?!! 
EFFET  PUYSinUE  NE  SAURAIT  Émi  IHOONEU;  AUSSI  T  A«T-EiLE 
REMÉBiÊ  EN  SOUTBUAIIT  LES  PAROIS  DE  CE  CANAL  DANS  TÔÙTF 
SA  PAI^TiE  PLACÉE  AU  USHÛRS  DU  THORAX ,  ET  MÊME  SES  Plllll 
CIPAI4ES  BRANCEBS  OU  BneHCnU  lUSQU'i  UNI  CERTAINE  HtS- 
TANGB  BANS  l'iNTÉRISUR  UB  CB  UBRNIBR  ,  PAR  BB  NOllBllEtjll 
AMNEAIJX    CARTILAOINBUX  TRANSVERSAUX   TRtS-RAPPRi»CHÉS , 

QUI  L'EnpÉcuENT  BB  s'appaisser,  tout  M  lui  Isîssmt  h 
souplesse  nécessaire,  aux  mouvements  du  cou  et  à  la  fonna« 
tîQU  de  la  voix. 

Tel  est  le  mode  spécial  de  respîrRtloÉ  aiféeté  h  fam  tes 
Mammifères.  En  parlant  plia  loin  de  cette  fonction  ches  les 
autres  animaux,  je  ferai  voir  par  qubls  savants  movbns 

L'iNTELLiaENSB  GRÉATRlCa  A  MKHimÉ ,  OU  VftlfB  nBIfPLAGÉ  PAR 


488  TEuSoLaeiB  db  la  naturb. 

d'autres  organes  cet  appareil  si  compliqué  9  LORSQUE  CE- 
LUI DES  Mammifères  a  du  être  changé  ,  ou  abandonné  ^  se- 
lon LES  CIRCONSTANCES  DANS  LESQUELLES  LES   ANIMAUX  SB 

TROUVENT  SUCCESSIVEMENT  PLACÉS  par  suite  de  la  progres- 
sion que  suit  l'échelle  animale. 

En  jetant  un  simple  coup  d'œil  sur  tout  Tensemble  du 
vaste  appareil  de  l'assimilation  et  de  ses  accessoires ,  par  le- 
quel les  substances  étrangères ,  capables  de  pouvoir  servir  k 
la  nourriture  des  animaux ,  sont  d'abord  découvertes  par 
ceux-ci ,  puis  saisies  par  eux  et  introduites  dans  leur  appareil 
digestif,  qui  en  sépare  les  particules  nutritives,  absorbées 
ensuite  sous  forme  de  liquide  par  de  nombreux  canaux,  pour 
être  répandues  dans  tout  le  corps  au  moyen  d'un  système 
très -compliqué  de  vaisseaux  spéciaux,  où  cette  humeur 
éprouve,  sur  plusieurs  points  par  où  elle  passe,  diverses 
opérations  qui  rendent  les  différentes  parties  qui  la  compo- 
sent définitivement  assimilables  par  tels  ou  tels  organes ,  et 
rejetées  au  contraire  au  dehors  lorsqu'elles  sont  inutiles  on 
dangereuses,  comment  est -il  possible  que,  même  par  le 

PLUS  INCONCEVABLE  RAISONNEMENT ,  ON  PUISSE  ARRIVER  1  LA 
CONCLUSION ,  QUE  TOUT  CET  ADMIRABLE  ARRANGEMENT  NE  SOIT 
QUE  LE  SIMPLE  EFFET  DE  l' AVEUGLE  HASARD  ?  ET  NE  POINT  T 

voir ,  avec  la  plus  parfafre  évidence  ,  le  résultat  de 
l'oeuvre  la  plus  sublime  d'une  Intelligence  suprême 
toute-puissante,  qui  a  établi  tous  ces  inconcevables 
rapports ,  dans  leurs  dépendances  même  les  plus  éloi- 
gnées, pour  arriver  au  but  final,  le  développement  et  la 

RÉGÉNÉRATION  DE  l'oRGANISME  ANIMAL  ?  GonclusioUS  forcécS 

auxquelles  certains  Philosophes  essayent  cependant  de  ré- 
sister, par  des  raisons  difficiles  à  comprendre,  en  cher- 
chant à  faire  concevoir  que  cet  étonnant  enchaînement 
n'est  que  le  résultat  des  propriétés  physiques  inhérentes  à 
la  matière  brute.  Or  non-seulement  cette  grande  fonction 
de  l'assimilation ,  mais  encore  toutes  les  autres ,  présentent 
de  même  les  preuves  les  plus  irréfragables  de  la  vé- 


cHAnTRs  111.  489 

rlté  fondamentale  de  toute  chose ,  que  tout  est  l*qeuyre 
d'un  Être  suprême  ,  créateur  de  l'univers  . 

En  effet,  gomment  se  peut*il  que  précisémeDt  tel  animal, 
comme  le  Lion  ou  le  Tigre ,  par  exemple ,  dont  les  in- 
testins ne  peuvent  digérer  que  la  chair  fraîche  :  celle  un 
peu   corrompue  le  rendant  déjk  malade  et  le  ferait  périr 
s'il  était  réduit   à  s'en  nourrir;  que  cet  animal,  dis -je, 
soit  aussi  pourvu  d'organes  des  sens.tellement  subtils  qu'il 
découvre  sa  proie  k  grande  distance,  la  voyant  même  au 
milieu  des  ténèbres  de  la  nuit;  quoique  ces  différents 
organes  sensitifs  soient  par  eux-mêmes  entièrement  indé- 
pendants de  cet  appareil  digestif?  Comment  est-il  en  outre 
possible  que  ce  même  animal  soit  en  même  temps  aussi 
parfaitement  conformé  dans  ses  organes  locomoteurs  non- 
seulement  pour  être  des  plus  habiles  à  la  course  et  au  saut , 
afin  de  pouvoir  atteindre  cette  proie  ;  mais  que  ces  mêmes 
membres  soient  encore  si  admirablement  composés  jusque 
dans  leurs  plus  minimes  parties  pour  servir  eflBcacement 
d'armes  dans  les  combats  que  cet  animal  est  obligé  de  livrer 
à  sa  proie?  Et  en  thèse  générale ,  comment  se  fait-il  qu'aucun 
animal  carnassier  chasseur  n'ait  des  doigts  et  des  orteils 
revêtus  de  larges  sabots  uniquement  propres  ii  la  course,  mais 
non  à  la  préhension?  Comment  concevoir  encore  que  les 
dents  de  ce  même  animal  aient  justement  la  forme  et  la  dis- 
position les  plus  convenables  pour  seconder  les  membres 
dans  le  combat ,  et  soient  en  même  temps  les  seules  propres 
k  pouvoir  diviser  la  chair  dont  cet  animal  se  nourrit?  Après 

cela,  GOMMENT  EXPLIQUER  CETTE  PARFAITE  CONCORDANCE  DE 

forme,  de  disposition  et  de  structure  qui  existe  entre  tous 
les  organes  buccaux  pour  les  rendre  capables  de  réduire  la 
nourriture  aux  conditions  voulues  pour  être  déglutie ,  sans 
que  parmi  ces  nombreux  agents  de  toute  espèce  il  ne  s'en 
trouve  aucun  de  trop ,  ni  aucun  de  trop  peu  ;  en  même  temps 
que  chacun  fonctionne  avec  la  plus  admirable  précision  pour 
eontribuer  au  ^ct  final?  Comment  se  peut-il  en  outre  que 


490  TH]fa>LOaiS  M  hà  HATURS. 

déjii  la  cavité  buccale  renferme  des  appareils  si  étonnamment 
organisés ,  eonslitaant  les  glandes  salivaires  sécrétant  une 
humeur  qui,  imbibant  les  aliments  «  contribue  efficacement 
à  leur  décomposition  digestive  qui  a  lien  dans  une  antre  partie 
du  canal  intestinal  fort  éloignée  de  la  bouche?  Mais  arrêtons- 
nous  un  instant  sur  ce  fait.  Commbst  coHCBvom  ljl  compo- 
sition DE  CES  GLiOlDES  SALIVAIRBS  ET  LE  PRODUIT  QU*  ELLES 

FOURNISSENT.  Si  Tou  admet  même,  ce  qui  est  fort  eitraordi- 
naire,  que  les  glandes  salivaires  simples  existent  en  nombre 
considérable  sur  tels  points  de  la  tête  sous  la  forme  de 
petites  poches  entourées  de  nombreuses  artères  et  de  veines, 
contenant  dans  le  sang  qu'elles  renfermeqt  les  éléments  de 
la  salive;  aucune  loi  phyûque  régissant  la  matière  bmte, 
aucune  théorie,  quelque  extraordinairo  qu'en  puisse  l'ima- 
giner, fpême  par  les  hypothèses  les  plus  singulières,  ne 
sauraient  faire  comprendra  ^  ainsi  que  je  l'ai  dé^  ^t 
remarquer  ailleurs,  comment  il  est  possible  que  ces  petites 
poches  puissent  ayoir  la  faoulté  4<^  choisir  dans  la  masse  de 
ce  sang  ces  mêmes  élémepts  de  la  salive ,  et  d'en  composer 
cette  humeur  qui  s'accumule  dans  leur  cavité,  et  que  ce  seit 
précisément  un  liquide  capable  d'agir  en  premier  sar  les  ali- 
ments iqg^rés ,  amenés  par  le  f^oncoura  de  plusieurs  autres 
orgapes  entièrement  différents ,  fort  éloignés  de  c^  glandes. 
Mais  aoceptops  encore  tout  ceci  comme  un  fait  inexpliqué 
ou  plutôt  inexplicable  ;  oomment  se  paît-il  que  les  cryptes 

AIENT  PRÉCISÉMENT  DES  G^lfAUK  EXCRETEURS ,  SURTOUT  EM- 
BRANCHÉS LES  yNS  SUR  LES  AUTRES,  EN  ÉCONOMISANT  AINSI  LA 
PLAGE  QUE  LEUR  GRANP  NOWni  DEVRAIT  OCCUPER?  D'après 

les  lois  physiques  connues,  la  salive  devrait  s'accumuler 
dans  ces  petites  poches ,  le^  distendre  graduellement ,  et 
enfin  les  faire  crever  et  se  répandre  partout,  sans  précisé- 
ment arriver  dans  la  cavité  de  la  bouche ,  où ,  stule ,  elle  jmU 
servir  ;  c'est*à-dire  qu'il  aurait  dû  y  arriver  ce  qui  a  lieu  dans 
un  abcès  qui  finit  par  s'ouvrir.  Mais  non ,  chacun  de  ces 
fplljqiles  est  mui|i  duq  caqal  qui  s*unit  successivement  k 


CHAflTBB  Ul.  404 

toqs  les  autres  pour  ne  former  qu'ua  petil  nombre  de  tropcs 
çoipiliups,  et  même  un  aeul  pour  la  glande  Parotide  placée 
derrière  la  mâchoire^  et  qui  yient  a' ouvrir  précisément  dans 
|a  bouG^^i  où  1^8  alimenta  sont  amenéB  pour  a*iinbiber  de 
cette  humeur  digeslive* 

Quelque  simple  que  la  cbose  aoit  en  elle-même ,  aucune 
e:(p]ipatiou  ne  saurait  faire  concevoir  que  cela  doit  néce^sai- 
remuent  être  ainsi ,  si  c^  n'est  celle  qn'm^  volonté  supréiie 

rOUT^- PUISSANTE   l'a   ÉTAa^lf;    AINSI,    DANS   LA   VUB  FINAI^E 
Oy'EL|^?ï   CONNAISSAIT  d'aYANCS   UANS  SA  TOUTStSCIBN CE  ;  et 

)'on  arrive  a^x  Vf^^e^  conclusions  non  -  aeulement  pqur 
toutes  les  autres  glandes  séçréioires  qui  versent  leur  produit 
dans  le  canal  alimentaire,  mais  encore  pour  la  structure  et 
les  fonctions  de  tout  autre  orj^ane. 
En  effet ,  cojument  se  f^it-ii^  qvb  les  Atiilf^ifTs  t  apràs 

AVOIR  PASSÉ  PAR  LES  UIV^^SES  OPÉRATIONS  QUE  LEUR  FONT  Si 
SINGULIÈREMENT  SVBI|l  L^S  UlFFÉRENf^  ORGANES  QUE  iB  Y^BNS 
d'indiquer  ,  n'aEEIV^NT  pas  engoue  AÇ  Tp;flMB  UP  GP  BRÉ*- 
TENDU  ENGHAiNEMENT  BE  HASARDS,  fN  VENANT  TOUT  SIH* 
PLEMENT    s'ACCUMULEfl  UANS   LA  GAYfTÉ  DES  INTESTINS;  Car 

rien  n*oblige  cette  cavité  k  prendre  telle  forme  et  telle 
structure ,  la  loi  physique  voulant ,  comme  pour  |es  cryptes 
sécrétoirea,  que  par  l'effet  d^s  corps  étrangers  qui  s'y  accu* 
mulent,  elle  prenne  la  fprme  d'un  énorme  $^c  qui  finirait 
par  crever  en  devenant  plein  ;  mais  cela  n'est  point  ainsi  : 
la  cavité  qui  doit  servir  de  premier  entrepôt  est  non-seule-; 
ment  limitée,  mais  encore  disposée  d'une  manière  extraor* 
dinaire  ;  aussi  parfaitement  gonforii^e  au  but  final  de  la 
DIGESTION.  Comment  ^e  fait«il  encore  que  cette  cavité  se* 
crête  précisément  un  suc  gastrique  capable  d'achever  en  peu 
d'heures  la  décomposition  des  aliments,  et,  entre  autres, 
la  chair  morte ,  tandis  qu'il  n'attaque  point  les  parois  de 
l'estomac  qui  sont  vimti^têê  ?  Est-gç  engoi^e  le  pasard  ,  et 
toi^ours  le  hasard,  qui  fait  que  le  Paneréç^  et  le  Foift  versent 
les  humeurs  qu'ils  sécrètent»  PRÉç|aéME^T  dans  |e  pommen* 


1 


492  THÉOLOGIE  DE  LA   NATURE. 

cernent  du  premier  intestin ,  où  ils  doivent  principalement 
exercer  leur  action  digestive  sur  le  chyme ,  préparé  k  cela 
dans  Testomac  et  non  ailleurs ,  où  ces  humeurs  ne  sauraient 
être  que  nuisibles?  Est-ce  aussi  par  hasard  que  tout  le  tube 
digestif  est  couvert  d'innombrables  cryptes  musqueuses,  dont 
rhumeur  qu'elles  versent  dans  sa  cavité ,  a  précisément ,  par 
sa  consistance  visqueuse ,  la  propriété  de  faciliter  le  glisse- 
ment du  chyme  vers  l'endroit  où  son  résidu  doit  être  ex- 
pulsé? Comment  concevoir  aussi,  que  le  mouvement  pro- 
gressif imprimé  aux  aliments  ne  soit  soumis  k  la  volonté  de 
l'animal  que  jusqu'à  l'œsophage ,  où  l'intervention  de  cette 
volonté  est  nécessaire,  tandis  que  plus  loin  le  même  mou- 
vement est  au  contraire  soigneusement  sousTRArr  À  la  con- 
science DE  l'individu,  alors  que  l'intervention  de  la  volonté 
de  celui-ci  ne  pourrait  être  que  nuisible  au  résultat  final? 
Hais  ce  n'est  pas  tout  encore ,  gomment  comprendre  ,  sans 

ADMETTRE  ,   GOMME  d' AILLEURS   PARTOUT ,  l'iNFLUENCE  d'dNE 

intelligence  toute-puissante  ,  que  chaque  partie  du  canal 
alimentaire  soit  elle-même  organisée  d'une  manière  si  re- 
marquablement compliquée,  pour  contribuer,  chacune  à 
part,  k  ce  même  but  final?  Comment  se  rendre  compte  de 
la  disposition  des  vaisseaux  chylifères ,  qui  non  -  seulement 
pompent  dans  les  intestins  les  sucs  nutritifs  extraits  des  ali- 
ments par  un  procédé  chimique  qu'on  n'a  également  pas 
encore  pu  expliquer;  pour  conduire  le  chyle  précisément 
dans  les  veines ,  et  non  dans  les  artères  ;  le  mélange  du  sang 
veineux  avec  cette  humeur,  non  encore  assimilable,  ne  pou- 
vant pas  altérer  la  composition  de  ce  dernier  en  lui  enlevant 
la  propriété  nutritive  qu'il  n'a  pas ,  tandis  que  ce  mauvais 
effet  aurait  lieu  sur  le  sang  artériel. 

Enfin,  entrerai-je  ici  dans  tous  les  détails  des  grandes 
fonctions  de  la  circulation,  de  l'épuration  du  sang,  de  l'ab- 
sorption et  de  la  respiration ,  en  demandant  en  particulier  à 
chacun  des  faits  si  nombreux  qui  y  contribuent ,  gomment  il 

EST  possible  de  CONCEVOIR  QU'lLS  PUISSENT  AVOIR  LIEU,  SANS 


GHAFlTaB  111.  493 

LES  ATTRIBUER  A  LA  SEULE  VOLONTÉ  d'UN  ÊTRE- SUPRÊME 
TOUT-PUISSANT  QUI  l'a  ORDONNÉ  AINSI  DANS  SA  SAGESSE,  ET  PAR 

SA  TOUTE-SCIENCE  ;  car  quel  est  le  Matérialiste  qui  se  croirait 
assez  savant  pour  vouloir  expliquer  autrement  le  plus  minime 
de  ces  faits?  et  je  ne  finirais  point  si  je  voulais  énumérer  non- 
seulement  tous  ceux  relatifs  à  Tappareil  digestif,  mais  en- 
core ceux  dépendant  de  tous  les  autres  appareils  organiques 
des  animaux,  où  l*on  découvre  partout  les  savants 

MOYENS  QUI  Y  ONT  ÉTÉ  EMPLOYÉS  POUR  LEUR  FAIRE   REMPLIR 

les  fonctions  qu'ils  exercent.  Voudra-t-on  encore  l'ex- 
pliquer par  les  effets  du  hasard?  ou  bien ,  ce  qui  est  peut-être 
plus  incompréhensible  encore,  en  essayant ,  comme  l'ont 
fait  quelques-uns ,  d'avoir  recours ,  dans  les  explications ,  à 
certains  besoins  qui  auraient  fait  qvs  des  animaux  primitifs^ 
tris-simples  par  hypothèse,  cherchant  à  exercer  telle  ou  telle 
partie  de  leur  corps  pour  les  perfectionner,  se  seraient  par  là 
compKquis  de  plus  en  plus  dans  leur  organisme,  jusqu'à  de-- 
venir  à  la  fin  des  hommes  tels  que  nous  les  connaissons; 
comme  si  le  besoin  qui  n'est  qu'un  inconvénient  sans  au- 
cune puissance  active  pouvait  produire  quoi  que  ce  soit. 
Mais  en  définitive  on  a  voulu  donner  une  explication  ;  et 
celle-ci  en  est  une ,  comme  l'est  celle  fondée  sur  le  hasard  ; 
les  conçoive  qui  pourra ,  c'est-à-dire  qui  aura  une  puissance 
intellectuelle  assez  forte  pour  trouver  la  raison  de  tous  ces 
COMMENT ,  dont  je  n'ai  indiqué  que  quelques  -  uns  sur  le 
nombre  infini  qu'on  peut  formuler  :  tous  aussi  inexplicables 
les  uns  que  les  autres ,  sans  l'admission  de  la  vérité  fonda- 
mentale, que  TOUT  N'EST  UNIQUEMENT  DU  QU  A  LA 
VOLONTÉ  D'UN  DIEU  CRÉATEUR ,  SEUL  ÉTERNEL  ET 
TOUT-PUISSANT. 

La  grande  fonction  de  la  production  des  sucs  nutritifs, 
de  leur  absorption,  de  leur  circulation  dans  le  corps  et  de 
leur  épuration  s'exercent  de  la  même  manière  chez  tous  les 
ANIMAUX  vERTÉRRÉs,  cu  Offrant  toutcfois,  comme  les  autres, 
des  différences  notables  dans  chaque  classe. 


404  TH^LOGIB  Dt  LA  NaTURV. 

CbeE  les  OitEiox  la  digestion  s'exécute,  h  Irès-peti  de 
chose  près,  comme  dans  les  Mammifères,  avec  quelque  mo- 
dification dans  les  formes  des  organes  qui  y  contribuent. 

Nous  avons  déjk  vu  ailleurs  que  ces  animaux  étant  esso- 
tiellement  destinés  ï  traverser  rapidement  Tair ,  leur  tète 
était  terminée  en  avant  par  un  bec  plus  ou  moins  conique, 
parfaitement  conformé  pour  servir  k  fendre  facilement  l'air, 
et  que  les  mandibules  cornées  qui  le  constituent,  rempla- 
çant a  la  fois  les  lèvres  et  surtout  les  dents  des  autres  verté- 
brés, dont  tous  les  oiseaux,  sans  exception,  sont  complète- 
ment dépourvus;  et  que  c'est  au  moyen  de  ces  mandibules 
que  ces  animaux  saisissent  et  mftchent  leur  nourriture. 

Les  mandibules  du  bec  sont  d'ailleurs  si  bien  organisées 
pour  remplacer  les  dents  dans  leurs  fonctions,  qo'bllbs  sb 

MODIFIBNT  DANS  GBAQUE  famille  SUIVANT  LB  GBBRB  D'aUMENT 

DONT  CES  ANIMAUX  SB  NouRBissBNT.  Quc  chez  Ics  camosêiers 
vivant  de  chair  fraîche  le  bec  est  généralement  crochu  ,  la 
mandibule  supérieure  se  recourbant  fortement  en  dessous 
sur  rinférieure,  et  se  termine  en  une  pointe  très-aiguë,  avec 
laquelle  ces  oiseaux  déchirent  facilement  les  chairs ,  pour  en 
détacher  des  lambeaux ,  qu'ils  avalent  ensuite  d'une  pièce 
sans  pouvoir  du  reste  les  mâcher  ;  mais  ce  désavantage  se 
trouve  compensé  par  un  plus  grand  pouvoir  digestif  de  leur 
estomac,  qui  réduit  facilement  ces  fragments  en  chyme. 

Les  espèces  cama$êiér€s  se  tumrriesant  de  chair  marte , 
substance  plus  friable  par  un  commencement  de  décomposi- 
tion, ont  déjà  le  bec  moins  crochu ,  mais  toutefois  asseï 
pour  servir  efficacement  k  dépecer  leur  nourriture. 

Les  oiseaux  ichthyophages  ont  le  bec  conformé  à  peu  près 
comme  les  carnassiers ,  lorsqu'ils  se  nourrissent  de  grands 
poissons,  tandis  qu'il  est  d'ordinaire  droit  chez  ceux  vivant 
de  petites  espèces,  qu'il  leur  suffit  de  saisir  et  d'avaler  d'une 
seule  pièce. 

Ceux  qui  vivent  de  trép-petiU  animaux,  comme  d'insectes 
et  de  vers,  ont  généralement  le  bec  droit,  et  les  mandibules 


QHAPITRB  Uti  49K 

droites ,  égaieâ  el  fitibles ,  ou  bien  légèrement  arquées , 
comme  n'ayant  aucun  efibrt  k  produire  avec  tel  organe 
pour  saisir  et  dépecer  leur  aliment,  qu'il  leur  sufSt  d'écraser 
un  peu. 

Parmi  les  granivores ,  les  uns  avalant  les  grains  sans  les 
briser,  ont  d'ordinaire  le  bec  légèrement  crocbu  et  la  man^ 
dibule  supérieure  un  peu  plus  longue  que  l'inférieure;  ce 
qui  suffit  pour  relever  les  graines  dont  ils  vivent. 

Les  petites  espèces»  pour  lesquelles  les  semences  dont 
elles  se  nourrissent  sont  proportionnellement  grandes,  ne 
les  avalent  généralement  pas  sans  les  avoir  brisées ,  pour  en 
rejeter  la  coquille  et  écraser  Tamande.  Pour  cet  effet,  leur 
bec  est  d'ordinaire  conique,  et  la  mandibule  à  peu  près 
égale  «  mais  assez  forte. 

Enfin  les  espèces  herbivores ,  telles  que  les  Oies ,  ont  les 
mandibules  k  peu  près  égales  et  garnies  dans  le  fond  de  la 
boQcbe  de  crêtes  transversales,  faisant  les  fonctions  des 
saillies  qui  caractérisent  les  dents  des  Mammifères  herbi- 
vores. 

Les  Canardé  et  autres  Palmipèdes  ,  dont  le  beo  est  con- 
formé de  même,  quoiqu'ils  se  nourrissent  de  petits  animaux, 
emploient  très-avantageusement  cette  conformation  de  leur 
bec,  soii  k  broyer  leurs  aliments,  soit  à  cribler  l'eau  en  la 
faisant  entrer  par  l' extrémité  de  leur  beo  et  ressortir  entre 
les  lamelles  transversales ,  pour  ne  retenir  que  les  petits 
corps  dont  ils  vivent. 

Dans  d'autres  Oiseaui  encore  on  trouve  des  becs  diver- 
sement conformés ,  souvent  semblables  ë  ceux  dont  je  viens 
de  parler,  quoique  la  nourriture  ne  soit  pas  la  même;  mais 
c'est  dans  les  cas  où  unB  Aurfis  HAison  l'a  axigé  ainsi,  ou 
bien  lorsqu'il  n'est  point  incompatible  avec  le  genre  de 
nourriture.  C'est  ainsi  que  les  Perroquets  ont  le  bec  crocbu 
des  Oiseaux  de  proie ,  quoiqu'ils  se  nourrissent  de  fruits 
et  de  graines  ;  mais  c'est  parce  que  ces  Oiseaux  doivent  se 
servir  de  leur  bec  crochu  comme  d'une  main  pour  grimper. 


496  TEtùUOQfM  DB  LA  NATURB. 

La  Langue  des  Oiseaux  est  k  peu  près  conformée  comme 
dans  les  Mammifères,  avec  celte  différence  essentielle  qu'elle 
est  soutenue  dans  son  intérieur  par  une  grande  pièce  os- 
seuse ,  appendice  de  Thyoîde  ;  pièce  dont  on  trouve  toutefois 
déjà  le  rudiment  chez  les  Mammifères.  La  langue  est  d'or- 
dinaire aussi  beaucoup  moins  charnue,  souvent  même 
presque  cornée  k  son  extrémité ,  mais  assez  molle  en  arrière 
pour  pouvoir  produire  le  vide  dans  Teau  lorsque  Toiseau 
veut  boire  ou  pour  pousser  le  bol  alimentaire  dans  le  pha- 
rynx ;  cavité  généralement  peu  distincte  de  celle  de  la  bouche  ; 
ces  animaux  n*ayant  ni  Voile  du  palais  ni  Êpigloite  saillante 
qui  puisse  empêcher  les  corps  étrangers  d'entrer  dans  la 
trachéé*artère.  Mais  il  a  été  remédié  a  cet  iNCONvÉNisifT, 

EN  DONNANT  A  LA  GLOTTE  LA  FORME  D*UNE  SIMPLE  FENTE 
LONGITUDINALE  PLACÉE  À  LA  SURFACE  DE  LA  PARTIE  POSTÉ- 
RIEURE DE  LA  LANGUE,  ET  DONT  L' ANIMAL  PEUT,  À  VOLONTÉ, 
SERRER  LES  LÈVRES  POUR  EMPÊCHER  QUE  RIEN  n'y  PASSE. 
G*EST,  GOMME  ON  VOIT,  UN  AUTRE  MOYEN  PLUS  EFFICACE  EN- 
CORE QUE  CELUI  EMPLOYÉ  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES. 

Le  Canal  alimentaire  proprement  dit ,  depuis  le  Pharynx 
jusqu'à  l'Anus ,  ne  présente  rien  qui  mérite  d'être  signalé 
ici ,  tout  étant,  à  peu  de  chose  près ,  comme  chez  les  Mam- 
mifères; si  ce  n'est  que  les  Oiseaux  granivores ,  herbivores 
et  quelques  autres  encore,  ont  de  plus  que  ces  derniers 
animaux ,  un  appendice  latéral  k  leur  œsophage  en  forme  de 
grande  poche  membraneuse ,  connu  sous  le  nom  de  Jabot. 
Cette  poche  sert ,  comme  la  panse  des  Mammifères  Rumi- 
nants, de  premier  entrepôt  aux  aliments  que  ces  animaux 
avalent  k  la  hâte ,  mais  qui  passent  ensuite  peu  à  peu  direc- 
tement dans  Testomac  pour  y  être  digérés ,  en  revenant  pour 
cela  dans  l'œsophage  par  le  même  orifice  par  lequel  ils  sont 
entrés  dans  ce  jabot  ;  mais  sans  remonter  dans  la  bouche 
pour  y  être  broyés  ;  ce  broiement  ayant  lieu  dans  l'estomac 
lui-même,  parfaitement  organisé  pour  cet  effet. 

Chez  les  espèces  carnassières,  \  Estomac  est  membraneux 


CHAPITRU    III.  497 

et  flasque  comme  dans  les  Mammifères,  Celui  des  granivores 
et  des  herbivores,  au  contraire,  présente  une  antre  structure; 
ses  parois  latérales  sont  généralement  d'une  épaisseur  con- 
sidérable ,  formées  de  chaque  côté  d'une  masse  musculeuse 
très* ferme  ;  les  deux  réunies  tout  autour  par  une  bande,  où 
la  membrane  de  Testomac  est  plus  mince  et  par  Ik  flexible  ; 
et  l'intérieur  de  la  cavité  est  doublé  d'une  membrane  mu- 
queuse épaisse,  presque  cornée  et  fort  rude.  Cet  estomac 
reçoit  avec  cette  forme  particulière  le  nom  de  Gésier.  C'est, 
au  moyen  de  ses  deux  masses  latérales  plus  ou  moins 
planes,  qui  se  frottent  fortement  Fune  contre  l'autre,  que 
ces  Oiseaux  broient ,  par  une  rumination  stomacale ,  les 
aliments  que  la  cavité  renferme;  et  cela  d'autant  mieux 
que  les  granivoMs  animaux  ont  l'instinct  d'avaler  une  quan- 
tité de  petites  pierres ,  qui ,  mêlées  aux  graines ,  les  brisent 
et  les  réduisent  enpàte  parles  mouvements  que  leur  com- 
muniquent les  vigoureuses  parois  de  ce  gésier. 

L'extrémité  de  l'intestin ,  au  lieu  de  s'ouvrir  au  dehors 
par  un  orifice  spécial,  se  termine  au  contraire  chez  tous  les 
Oiseaux  ,  ainsi  que  dans  les  Reptiles  auxquels  ils  font  suite, 
dans  une  poche  commune  au  Cloaque ,  où  aboutissent  éga- 
lement ces  conduits  urinaires  et  les  organes  génitaux  ;  dis- 
position dont  on  ne  connaît  pas  la  raison.  La  fonction  de 
la  digestion  s'exécute,  du  reste,  comme  chez  les  Mammi- 
fères. 

L'absorption  du  chyle  a  également  lieu  par  des  vaisseaux 
très-fins  qui  conduisent  cette  humeur  dans  les  veines.  Les 
glandes  qui  versent  leur  sécrétion  dans  le  canal  alimentaire 
sont  aussi  à  peu  près  les  mêmes.  Enfin  Tappareil  circula- 
toire ne  diffère  pas  d'une  manière  notable  de  celui  des  Mam- 
mifères. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'appareil  de  la  respiration , 
qui  subit  dans  cette  classe  d'animaux  de  grandes  modifi- 
cations dues  à  la  fonction  du  vol  qui  domine  celle  de  la 
respiration . 

I.  32 


498  THBOLOGIB  D8  LA  NATURE. 

J'ai  àé}h  fait  remarquer  plus  haut  que,  pendaut  le  vol ,  les 
yigovreux  maicles  moteurs  des  ailes  n'agissaient  pas  seule- 
ment sur  ces  dernières,  mais  aussi  sur  le  sternum,  oft  ils 
prennent  leurs  points  d'attache,  en  tendant  ii  le  rapprocher 
de  la  oolonne  vertébrale  îi  chacune  de  leurs  contractions  ;  et 
qu'en  diminuant  ainsi  la  capacité  de  la  poitrine ,  ils  produi- 
saient respiration  de  l'air  ;  et  j'ai  fait  remarqtter  en  outre 
que  si  le  diaphragme  fonctionnait  de  même  que  chez  les 
Mammifères  4  comme  principal  agent  mécanique  de  la  res- 
piration, et  cela  surtout  en  sens  contraire  des  muscles 
moteurs  des  ailes  et  des  cAtes,  sa  contraction  produirait  l'in- 
spiration ,  tandis  que  celle  de  ces  muscles  produirait  l'expi- 
ration ;  d*où  il  arriverait  d'ordinaire  que  ces  deux  causes 
n'agissant  point  de  concert ,  et  surtout  pas  d'une  manière 
isochrone  I  elles  produiraient  une  fâcheuse  perturbation  datis 
cette  fonction,  Tune  des  plus  importantes  de  tout  Torga- 
nisme  animal  ;  dérangement  qui  rendrait  k  la  fois  le  vol  et  la 
régénération  du  sang  diffieiles  et  même  impossibles.  Mais 

CB  6RAKD  IMQONVÉfllENT  A  ÉTÉ  LEVÉ  BR  RB  SOUMETTANT  L'aCTE 
MÉOARIQUB  OB  LA  RESPIRATION  QU'aUX  MUSCLES  EXTÉRIEURS 
AU  THORAX,  BT  BN  SUPPRIMANT  PURBMBRT  HT  SIMPLEMENT  LE 
DUPHRA6MB. 

En  employant  ce  nouveau  moyen  mécanique  dans  la  res- 
piration ,  il  n^était  toutefois  guère  possible  que  cette  dernière 
fût  en  tout  temps  principalement  exécutée  par  les  muscles 
moteurs  des  ailes ,  qui  à  Tétat  de  repos  où  ils  sont  relâchés 
n'auraient  pas  pu  fonctionner  convetiablemeiit,  en  même 
temps  que  se  trouvant  constamment  en  activité,  ils  se  se- 
raient.épuisés  au  point  de  ne  pas  pouvoir  produire  pendant 
le  vol  la  force  considérable  qu'exige  ce  genre  de  locomotion. 
Aussi ,  tout  en  les  faisant  intervenir  dans  l'acte  de  la  respi- 
ration ,  IL  LEUR  A  ÉTÉ  ADJOINT ,  COMME  PRINCIPAUX  AGENTS  de 

cette  fonction  «  non-seulement  les  muscles  intercostaux,  qui 
agissent  déjà  chez  les  Mammifères  comme  muscles  respira- 
teurs ,  mais  encore  plusieurs  autres  muscles  accessoires ,  en 


chàpitab  m.  499 

méDQe  temps  qiie  ces  organes  ont  été  rendus  plus  puissants» 
tant  par  un  plus  fort  Tolume  que  par  une  modification  impor- 
tante qu'on  a  fait  subir  à  leur  action  sur  les  côtes  et  le  ster- 
num, en  rendant  ces  os  plus  mobiles,  et  en  leur  faisant  même 
remplir  les  fonctions  de  levier,  afin  quils  pussent  faire  varier 
plus  fortement  la  capacité  du  thorax.  Pour  atteindre  ce  résul- 
tat, les  côtes ,  dont  les  paires  se  succèdent  en  arrière  jusqu'au 
bassin  et  se  répètent  en  outre  en  avant  sur  les  vertèbres  pos- 
térieures du  cou,  sont,  k  cet  efiet,  non-seulement  plus  mo- 
biles sur  leurs  vertèbres  respectives  que  ^ans  les  Mammifè- 
res, mais  leur  seconde  pièce  ou  côtes  sternales,  purement 
cartilagineuses  chez  ces  dernières,  où  elles  se  continuent 
sans  articulations  avec  les  côtes  vertébrales,  sont  au  con- 
traire OSSEUSES  chez  les  Oiseaux  ,  et  très-mobiles  par  articu- 
lations ,  tant  sur  les  côtes  vertébrales  que  sur  le  sternum ,  en 
faisant  des  angles  îi  peu  près  droits  avec  les  premières  et  des 
angles  très-aigus  avec  les  bords  du  second.  Par  l'effet  de 

cette  savante  disposition,  Ob  L^ÉPINE  DORSALE,  LES  CÔTES 
VERTÉBRALES,  LES  CÔTES  STERJfALES  ET  LE  STERNUM  SONT  DIS- 
l>OSÉS  EN  ZIGZAG  LES  UNS  À  L^ÉGARD  DES  AUTRES,  il  résulte  qUO 

la  contraction  du  thorax  est  très-facile,  surtout  vers  sa  partie 
postérieure  ;  tandis  qu'en  avant ,  précisément  Ik  où  agissent 
les  muscles  moteurs  des  ailes,  elle  l'est  beaucoup  moins:  les 
ailes  étant  fortement  appuyées  sur  le  sternum  au  moyen  des 
os  coracoîdiens  ;  de  manière  que  l'action  des  muscles  des 
ailes  sur  le  mouvement  respiratoire  qui  n'a  pas  pu  être  entiè- 
rement évitée ,  ne  constitue  toutefois  pas  l'agent  principal 
de  ces  mouvements. 

Pour  rendre  les  mouvements  des  côtes  plus  faciles 
ET  mieux  réglés  ,  il  a  été  ajouté  au  milieu  du  bord  posté- 
rieur des  côtes  vertébrales  un  appendice  osseux  en  forme 
de  grande  et  large  apophyse  dirigée  en  arrière,  croisant  la 
côte  suivante,  \k  laquelle  elle  est  liée  par  divers  faisceaux  de 
muscles,  le  tout  parfaitement  disposé  pour  contribuer  éner- 
giquement  aux  mouvements  de  resserrement  et  de  dilatation 


500  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

du  ihorax  ;  appendices  qui  n'existent  point  dans  les  Mam- 
mifères, mais  bien  chez  les  Poissons,  où  ils  reparaissent 
avec  une  autre  fonction ,  celle  de  servir  d'insertion  aux  vi- 
goureux muscles  latéraux  du  corps  pour  agir  dans  la  nage. 

Par  l'effet  de  cette  simple  modiflcation  qu'a  éprouvée  le 
thorax ,  l'Oiseau  étant  en  repos  respire  tout  aussi  facilement 
que  le  Mammifère,  et  pendant  qu'il  est  lancé  dans  les  airs 
les  contractions  volontaires  du  thorax  produites  parles  mou- 
vements des  côtes  pouvant  être  rendues  parfaitement  iso- 
chrones et  simultanées  avec  celles  dues  aux  muscles  moteurs 
des  ailes ,  elles  ne  se  troublent  en  rien  les  unes  les  autres  ; 
modifications  dont  j'ai,  je  crois,  le  premier  fait  connaître  U 
cause  déterminante  dans  mes  ouvrages  précédents. 

La  force  considérable  que  les  Oiseaux  sont  obligés  d'em- 
ployer pour  se  soutenir  en  l'air  exigeant  que  les  muscles  qui 
la  produisent  puissent  la  réparer  assez  promptement  k  mesure 
qu'elle  s'épuise ,  il  était  nécessaire  pour  cela  que  le  sang 
qui  circule  dans  ces  organes  pût  non-seulement  s'y  renou- 
veler plus  promptement,  mais  qu'il  fût  aussi  plus  nutritif , 
ou,  comme  on  dit,  plus  riche  que  chez  les  animaux  qui  se 
meuvent  moins  fortement  ;  condition  pour  laquelle  il  a  fallu 
que  l'acte  de  la  respiration  fût  surtout  plus  énergique.  Or 

POUR    CELA    AUSSI    NOUS    TROUVONS    CHEZ    LES    OlSEAUX   LES 
DISPOSITIONS  LES   PLUS  ADMIRABLES  PRISES   PAR  LA   SAGESSE 

DU  Créateur  pour  atteindre  ce  but. 

Le  corps  devant  être  à  la  fois  léger  et  le  moins  volumi- 
neux possible  pour  n'offrir  qu'une  faible  résistance  à  l'air  que 
l'animal  traverse,  en  même  temps  que  la  respiration  devait 
cependant  être  très-active,  ce  qui  demandait  que  le  poumon  fût 
fort  développé ,  ces  deux  conditions ,  qui  semblent  s'exclure , 
ont  été  remplies  par  un  moyen,  comme  d'ordinaire  fort 
simple,  qui  a  consisté  à  augmenter  l'organe  respiratoire,  en 
l'étendant  par  de  nombreuses  annexes  dans  toutes  les  parties 
supérieures  du  corps  où  il  restait  des  places  libres  ;  et  comme 
ces  cavités  remplies  d'air  rendit  les  parties  spécifiquement 


CHAPITRE    III.  501 

plus  légères ,  on  assura  en  même  temps  mieux  encore  l'équi- 
libre pendant  le  vol  :  le  centre  de  gravité  se  trouvant  porté 
par  Ik  plus  vers  le  bas  dans  la  région  ventrale  du  tronc. 

Or  comme  Tacte  de  la  respiration  consiste  essentielle- 
ment dans  la  mise  en  contact  du  sang  et  de  Toxygène 
agissant  Tun  sur  Fautre  k  travers  des  membranes  plus  ou 
moins  minces ,  on  conçoit  que  cet  effet  peut  non-seulement 
être  produit  dans  le  Poumon ,  organe  spécialement  destiné 
à  cette  fonction ,  mais  aussi  partout  ailleurs  où  ces  conditions 
se  trouvent  remplies,  et  même  quoique  très-faiblement,  à 
travers  les  téguments  généraux  du  corps. 

Cet  effet  d'une  respiration  supplémentaire  doit,  comme  on 
le  pense  bien,  être  d'autant  plus  énergique  que  les  organes 
qui  en  sont  le  siège  se  trouvent  le  mieux  placés  dans  les 
mêmes  conditions  que  les  poumons  ;  c'est-à-dire  qu'ils  doi- 
vent présenter  des  vaisseaux  superficiels  sanguins ,  disposés 
de  façon  que  le  sang  qui  s'y  trouve  contenu  ne  soit  séparé  de 
l'air  ambiant  que  par  les  membranes  très-minces  qui  con- 
stituent ces  canaux.  Or  cette  condition  pouvant  se  trouver 
dans  toutes  les  parties  du  corps  où  l'air  peut  pénétrer,  la  sa- 
gesse DIVINE  l'a  établie  DANS  DE  NOMBREUX  ENDROITS,  OÙ  IL 
À   ÉTÉ   POSSIBLE  DE   FAIRE   ARRIVER   l'aIR   INSPIRÉ   COMME    À 

l'ordinaire,  par  le  nez  et  la  bouche.  Mais  pour  cela  il 

A  FALLU  AUSSI  MODIFIER  LE  POUMON  LUI-MÊME,  qui  reStOtOU- 

jours  l'organe  essentiel  de  cette  grande  fonction. 

Si  les  poumons  formaient,  comme  chez  les  Mammifères, 
un  sac  ouvert  seulement  par  la  trachée-artère,  il  aurait  fallu, 
|M>ur  conduire  l'air  ailleurs,  établir  aussi  d'autres  voies  de 
communication  de  ces  parties  avec  Texlérieur  ;  ce  qui  eût 
inutilement  compliqué  l'organisme;  il  était,  au  contraire, 
plus  simple  et  plus  rationnel  de  faire  passer  l'air  par  le 
poumon  même,  pour  le  conduire  dans  les  diverses  annexes 
de  cet  organe;  et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  chez  les  Oiseaux 
seuls.  On  conçoit  toutefois  que  par  gela  même  que  le  sac 

PILMONAIRE  EST  PERFORÉ  POUR  LAISSER  PASSER  l'aIR  À  TBA- 


502  ^  THÀ>LOGIB   DB   LA  /«ATURK. 

VEtlS ,  IL  EÛT    ÉTÉ    PHYSIQUEMENT   IMPOSSIBLE    d'y    FAIRE    LE 

VIDE,  pour  y  attirer  Tair,  tant  qu'il  fut  resté  sous  la  forme 
DE  SAC  libre,  simplement  renfermé  dans  la  cavité  thoraci- 
que,  où  Pair  s*enga^eant  entre  le  sac  et  les  parois  de  la  poi- 
trine n*eùt  pas  permis  au  poumon  de  se  gonfler  pendant  Tin- 
spiration  :  circonstance  qui  établit  une  nouvelle  diflicullé  qu*il 
a  fallu  vaincre;  et  c'est  ce  que  le  Créateur  a  fait  en  modi- 
fiant SIMPLEMENT  UN  PEf]  CET  ORGANE  CHEZ  LES  OISEAUX  SEULS. 

Ce  changement  a  consisté  h  faire  adhérer  le  poumon  par 
tonte  sa  surface  supérieure  aux  vertèbres,  aux  côtes  verté- 
brales et  aux  muscles  intercostaux  correspondants ,  en  lais- 
sant sa  face  inférieure  libre  dans  la  cavité  pectorale,  k  dis- 
tance du  sternum  ;  et  à  cribler  partout  la  surface  de  cet  or- 
gane de  petits  trous  formant  les  terminaisons  d'un  certain 
nombre  de  rameaux  bronchiques,  par  lesquels  l'air  qui  pé- 
nètre par  la  trachée-artère  dans  le  poumon  s'en  échappe 
pour  se  répandre  partout  où  il  trouve  de  la  place.  Quant  à 
rintôrieur  de  cet  organe,  il  a  subi  d'assez  notables  change- 
ments, comme  CONSÉQUENCE  DE  CE  NOUVEAU  MODE  DE  RESPI- 
RATION. 

Les  principaux  troncs  bronchiques  perdent  leurs  arceaux 
cartilagineux  après  avoir  pénétré  peu  lavant  dans  le  paren- 
chyme des  poumons;  et  devenus  ainsi  entièrement  mem- 
breux,  leurs  rameaux ,  qui  continuent  ii  se  subdiviser  dii 
reste  comme  chez  les  Mammifères,  communiquent  latérale- 
ment les  uns  avec  les  autres,  de  manière  k  se  résoudre  k 
la  On  en  un  tissu  semblable  k  celui  d'une  éponge,  dont  les 
cavités  forment  des  canaux  ramifiés ,  et  dont  les  filaments , 
anastomosés  de  mille  façons ,  ne  sont  que  les  dernières 
subdivisions  des  vaisseaux  pulmonaires  liées  encore  par 
quelques  brides  membraneuses.  L'air  traversant  ce  tissa 
spongieux  sort  par  les  orifices  dont  la  surface  du  poumon  est 
criblée,  en  remplit  tous  les  intervalles  des  autres  organes 
circonvoisins  de  la  région  supérieure  du  corps;  lesquels 
forment  ainsi  plusieurs  poches  remplies  de  gaz  atmosphé- 


CHAPITRE    111.  S03 

rique,  qui  agit  sur  le  sang  copteuu  dans  les  vaisseaux  superr 
ficjels  de  c^s  organe^»  a^solumept  cQpxvd^  il  agit  dsiPP  le 
poumon  même. 
On  a  compté  iin  certain  nQn)|)re  de  ces  poclies  »  dopt  1(1 

{principale  est  la  cavité  viscérale  même;  ipais  elles  sqpt  ré^N 
ement  innombrables.  L'air  ainsi  çxtravasé  remplit  non-^^eur 
lement  les  cavités  méqagées  entre  les  organes  contepifs;  dpns 
le  thorax ,  l'abdomen  et  le  bassin ,  mais  il  pendre  inême 
dans  les  intervalles  laissés  entre  les  nombreux  cl^efs  des 
muscles  de  la  région  sqpérieur^  du  cprps,  et  parvient  pç^f 
1^  jusqu'à  la  tête  et  méine  daps  rintérieqr  de  tous  |e^  os  de 
la  partie  supérieure  du  corps,  dont  i|  remplit  le  tissii  cellu- 
laire, ainsi  que  les  grandes  cavités  des  os  longs  dos  ^ile^» 
qui,  à  cet  effet,  sont  dépourvus  de  moelle  ;  tandis  qu^  dans  |i 
partie  inférieure  du  corps,  et  spécjaletnent  dans  le^  piembrap 
postérieurs ,  ces  cavités  n'ei^istent  pas ,  les  os  étaqt ,  coqtiqe 
chez  les  Mammifères,  remplis  de  mpelle. 

Par  l'effet  de  ce  p[rand  vp}uipfi  d'air  renfermé  dans  le  p(w*ps 
des  oiseaux  et  qqi  s'y  renouvelle  par  leç  contractions  et  les 
dilatations  alternatives  que  les  cavités  gui  le  contiennent 
éprouvent  par  les  mouvements  des  orgapes  circonvoisins  ; 
air  qui  sort  et  entre  jpar  les  pores  cpnstafpipent  ouverts  des 
poumons ,  la  respiration  dq  sang  peut  avoir  lieu  avec  plus 
ou  moins  d'énergie ,  sur  up  Mep  plus  grand  espace  que  chez 
les  Mammifères  ;  en  mép^e  temp«  que  ces  poçlies  aérienne^ 
rendant  la  partie  supérieure  du  corps  spéciflquement  plu^ 
légère  que  l'inférieure,  contribuent  beaucoup  k  qtl^intenir 
réquilibre  de  l'oiseau  dans  le  vol  :  second  but  que  i^'intelm- 

6ENCE  suprême  ▲  ATTEINT  PAR  (.À. 

Certains  Physiologistes  ont  n^énfe  pen^é  que  ces  cavités  ^é- 
rien  nés  des  Oiseaux  avaient  pour  raison  dç  rendre  cea  animaux 
spécifiquement  plus  légers  dans  l'air,  afin  de  faciliter  le  vol, 
en  les  transformant  en  une  espèce  de  ballon  aérostatique  vi- 
vant; mais  c'est  bien  chercher  le  merveilleux  Ik  où  il  n'y  en 
a  pas;  car  le  moindre  examen  de  la  question  fait  voir  que  le 


504  THKOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

gaz  contenu  dans  ces  poches  n'est  autre  chose  que  de  Tair 
atmosphérique ,  mêlé  même  d'acide  carbonique,  et  par  la 
spécifiquement  plus  lourd  que  l'air  extérieur;  et  si  la  tem- 
pérature plus  élevée  k  laquelle  ce  gaz  se  trouve  le  rend  plus 
léger,  celui-ci  doit,  par  sa  petite  quantité,  avoir  un  si  faible 
effet  sur  le  poids  spécifique  de  l'oiseau ,  que  réellement  on 
ne  saurait  en  tenir  compte. 

On  conçoit,  par  cette  disposition  de  l'appareil  respiratoire 
des  Oiseaux,  que  si  le  thorax  est  dilaté  principalement  par 
l'abaissement  du  sternum  dû  au  mouvement  des  côtes,  l'air 
doit  pénétrer  dans  le  poumon  et  le  traverser  pour  remplir 
les  poches  aériennes  annexes  de  cet  organe,  et  en  être 
expulsé  par  la  contraction;  effet  auquel  contribuent  en 
outre  des  expansions  musculeuses  qui  entourent  les  gros 
troncs  bronchiques,  et  en  outre  une  lame  musculeuse  qui 
revêt  la  lame  inférieure  de  la  poche  renfermant  le  poumon  ; 
lame  du  reste  très-faible,  peu  apparente  chez  les  petits 
oiseaux ,  mais  qui ,  selon  Cuvier  ,  se  trouve  chez  Y  Autruche, 

Dans  la  Classe  des  Reptiles  ,  l'appareil  de  la  grande  fonc- 
tion de  la  Nutrition  éprouve  encore  d'autres  modifications 

COMME  conséquence  DES  CONDITIONS  SPÉCIALES  DANS  LES- 
QUELLES CES  ANIMAUX  ONT  ÉTÉ  PLACÉS  ,  TANT  PAR  LA  DÉGRA- 
DATION QUE  LEUR  ORGANISME  SUBIT  QUE  PAR  LE  GENRE  DE  VIE 
ASSIGNÉ  AUX  DIVERSES  ESPÈCES  SELON  LEURS  TYPES. 

Les  Sauriens  étant  des  animaux  terrestres  et  d'ordinaire 
quadrupèdes  comme  les  Mammifères,  ont  aussi  à  peu  près 
le  même  Appareil  digestif;  des  m&choires  garnies  de  dents, 
mais  plus  simples  que  chez  ces  derniers,  étant  partout  plus 
ou  moins  coniques  comme  les  canines  dont  elles  ont  aussi  la 
fonction,  ne  servant  le  plus  souvent  qu'à  saisir  et  k.déchirer 
la  proie.  Mais  outre  ces  dents  maxillaires ,  plusieurs  genres 
de  Sauriens  en  ont  encore  d'autres  implantées  au  palais  et 
plus  ou  moins  arquées  en  arrière  pour  servir  plus  particuliè- 
rement à  la  déglutition.  Ces  mêmes  dents  palatines  se  retrou- 
vent ensuite,  pour  le  même  usage,  chez  les  Serpents  et  même 


CHAPITRB    III.  505 

chez  les  Batraciens,  qui,  par  contre,  en  manquent  quel- 
quefois à  la  mâchoire  inférieure  ou  à  la  supérieure. 

Quant  aux  autres  organes  buccaux,  ainsi  qu'au  Pharynx  et 
ii  YŒsophage,  ils  ressemblent  moins  a  ceux  des  Mammifères 
qu*k  ceux  des  Oiseaux ,  classe  qui  fait  suite  aux  Sauriens. 

Pour  ce  qui  est  de  Y  Estomac  et  des  autres  parties  du  tube 
intestinal,  ils  sont  k  peu  près  dans  les  conditions  intermé- 
diaires entre  ceux  des  animaux  de  ces  mêmes  classes  ;  en 
approchant  toutefois  davantage  de  ceux  des  Oiseaux  ;  le  Rec- 
tum ,  les  organes  urinaires  et  ceux  de  la  génération  aboutis- 
sant k  un  Cloaque  commun.  Il  en  est  de  même  des  organes 
sécrétoires  dépendant  de  l'appareil  de  la  digestion.  Enfin  le 
système  sanguin  est  aussi  à  peu  de  chose  près  le  même ,  ne 
différant  essentiellement  de  celui  des  deux  premières  classes 
que  par  la  composition  du  cœur,  qui  éprouve  déjk  d'assez  no- 
tables changements  pour  être  préparé  à  la  condition  qu'il 

DOIT  présenter  chez  LES  PoiSSONS ,   ANIMAUX  OÙ   LE   COEUR 
GAUCHE  OU  AORTIQUE  DISPARaIt  COMPLÈTEMENT. 

Pour  arriver  k  ce  résultat,  les  deux  cœurs  des  Reptiles 
commencent  par  communiquer  entre  eux  par  une  ouverture 
plus  ou  moins  grande,  percée  dans  la  cloison  qui  sépare  les 
deux  ventricules  ;  ouverture  au  moyen  de  laquelle  le  sang 
veineux  et  le  sang  artériel  se  mélangent;  et  ces  animaux 
présentent  en  outre  la  particularité  que  chacun  des  deux 
ventricules  produit  une  Aorte;  celle  de  droite,  plus  forte,  se 
distribuant  dans  le  côté  gauche  du  corps,  et  celle  de  gauche 
dans  le  côté  droit  ;  en  même  temps  que  ces  deux  vaisseaux 
primitifs  communiquent  encore,  par  un  tronc  transversal, 
avec  l'Artère  pulmonaire,  d'où  résulte  également  un  mé- 
lange des  deux  sangs ,  humeurs  qui  ne  sont  nulle  part  ni 
complètement  artériel  comme  celui  des  Mammifères ,  ni  en- 
tièrement veineux;  et  en  conséquence  moins  nutritif. 

Les  deux  aortes  naissent  d'ailleurs  si  près  l'une  de  l'autre 
que  plusieurs  Anatomistes  les  trouvant  confondues  k  leur 
origine,  admettent  un  tronc  commun  entre  elles. 


S06  TirfOLOOIB  Dl  LA   NATURE. 

Dans  les  Crocodiles ,  la  compiunication  des  deiix  cc^pn 
D*a  réellement  lieu  que  tout  k  f^it  k  Id  base  des  ventricules, 
et  plutôt  seulement  entre  les  origjqes  des  deux  ;|ortea,  A^ 
manière  qu*on  peut  considérer  la  cloison  interventriç^Uire 
comme  complète.  Dans  les  autres  Sauriens  et  les  Seupents, 
cette  cloison  est,  au  contraire,  pigs  fortement  échancrée  à  la 
base,  de  manière  que  les  deux  ventricules  comiQUûiqiieQt 
largement  entre  eux;  et  enfin,  chez  les  Batraciens,  le  cœur 
éprouve  encore  une  nouvelle  simplificatiop  qui  le  rapproche 
déjk  beaucoup  de  celui  des  Poissons,  Il  n'existe  plus  chez 
eux  qu*une  seule  oreillette  reniplissant  Içs  fonctions  4^ 
deux,  et  la  cloison  des  yçntricules  dlisp^raiss^at  çptièrewent, 
les  deux  cavités  n'en  constituent  plus  qu'une  seule ,  qù  les 
deux  sangs  sont  en  conséquçqce  copiplétemenl  mêlés. 
Dans  le  seul  genre  Pipa ,  oq  remarque  encore  vers  le  som- 
met de  cet  organe  un  vestige  de  cett^  sépars^tiqa. 

Les  Appareils  de  la  digestion  et  de  l'absorption  du  çhyle, 
et  la  manière  dont  ils  exercept  leurs  fonctions,  scmt  dp  r^l^> 
chez  tous  les  Reptiles,  à  oeq  près  comme  d^ns  les  Mammi- 
fères et  les  Oiseaux;  si  ce  n*est  qu'assez  généralement  ces 
animaux  mandent  dans  un  temps  dQpné,  moins,  et  souvent 
beaucoup  moins  que  ces  derpiers  ;  mstis  digèrent  mieu:iç. 

Une  disposition  des  plps  remarquables  existe  toutefois 
dans  les  organes  bpccaux  de  l'une  des  principales  divisions 
deâ  Ophidiens  comprenapt  les  Serpents  yenimep^t  Ces 
animaux,  dont  la  morsure  est,  comme  on  sait,  fort  dange- 
reuse ,  ont  reçu  à  ce  sujjet ,  pour  lepr  défense ,  un  arrange- 
ment tout  particulier  et  fort  curieux  sous  le  rapport  méca- 
nique ,  dans  la  disposition  de  leur  appareil  miasticateur  ; 
mécanisme  au  moyen  duquel  ils  lancent  un  venin  très-actif 
dans  la  plaie  que  leurs  dents  font  en  mordant ,  mais  dont  b 
disposition  est  trop  compliquée  pour  qu'on  puissç  en  dopner 
une  idée  exacte  sans  le  secours  de  figures ,  et  que  je  ne  puis 
en  conséquence  qu'indiquer  ici. 

Les  os  maxillaires  supérieurs,  fortement  renflés  et  courts, 


CHAPITRE    III.  507 

n'existent  que  vers  rextrémité  aptérieore  du  museau,  où  ils 
sont  mobiles  sur  la  tête  avec  un  mouvement  d'avs^nt  en 
arrière.  Leur  bord  inférieur,  portant  d'ordinaire  les  dents , 
n'en  présente  que  de  trois  h  cinq  environ ,  en  forme  de  longs 
crochets  en  quart  de  cercle ,  recourbés  en  dessous  et  en 
arrière;  maiç  une  seule  dç  ces  dents,  la  première,  est 
complètement  dressée  sur  sa  base,  les  autres  successive- 
ment plus  petites  et  en  train  de  croissance,  étant  repliées  en 
dedans  et  couchées  dans  une  fossette  que  leur  forme  a  cet 
effet  la  gencive,  et  ne  servent  en  conséquence  pas.  Ces  dents 
sont  insérées  sur  une  partie  membraiieuse  de  la  gencive 
recouvrant  Une  grande  fosse  creusée  dans  la  partie  infé- 
rieure de  la  mâchoire,  simulant  une  grande  alvéole  dentaire, 
répondant  à  la  fois  ^  toutes  ces  dents  crochues,  mais  servant 
de  réservoir  au  redoutable  venin  dont  ces  animaux  sont 
pourvus,  humeur  qui  s'en  écoule  par  ces  mêmes  dents, 
fondées  pour  cel^  en  tube  copique  ouvert  h  la  pojnte  p^r 
une  simple  petite  Qssure. 

Cet  os  maxillaire  s'articule  ^  sa  face  postérieure  avec  une 
longue  tige  osseuse  dirigée  horizontalement  en  arrière, 
allant  s'articuler  h  son  tour  à  soq  exti^émité  ppstérieure  avec 
la  mâchoire  inférieure  ;  celle-ci  disposée  de  façon  que  lors- 
qu'elle s'abaisse  quand  l'animal  ouvre  la  bouche,  celte  tige 
est  portée  en  avant  et  pousse  devant  elle  le  maxillaire  supé- 
rieur, et  avec  lui  les  dents  venimeuses  qu'il  porte,  lesquelles 
se  fléchissent  en  dessus  et  en  avant  pouf  revenir  en  arrière 
lorsque  le  Serpent  ferme  la  bopche  pour  mordre  ;  mouve- 
ment dans  lequel  ces  dents  venimeuses  agissant  d'avant  en 
arrière,  s'implantent  dans  le  corps  mordu  en  y  lançant  le 
venin  qui  jaillit  de  leur  pointe.  Par  cela  même  que  ces 
dents  sont  arquées  avec  là  pointe  dirigée  en  arrière,  elles 
font  le  contre-crochet  dans  l'objet  saisi  par  l'animal ,  et  qui 
ne  peut  être  relâché  que  quand  ce  dernier  ouvre  de  nou- 
veau la  bouche.  Quoique  ce  mécanisipe  soit  très-simple, 
il  est  toutefois  très-remarquables  par  l'efficacité  de  l'effet 


508  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

auquel  il  doit  coutribuer;  méganisiie  déjà  préparé   de 

LOIN  PAR  LES  MODIFICATIONS  GRADUELLES  QUE  LES  OS  DE  LA 
TÊTE   ÉPROUVENT  DANS    l'ORDRE    DES    SaURIENS,   AUQUEL    LA 

FAMILLE  DES  Serpents  FAIT  SUITE.  Mais  tout  06  se  boiDe 
pas  Ik,  les  dents  venimeuses  devant  inoculer  le  virus  par 
piqûre ,  il  était  nécessaire  qu'elles  conservassent  une 
pointe  très-aigue;  or,  si  la  petite  ouverture  de  leur  extré- 
mité était  parfaitement  terminale,  la  pointe  se  trouverait 
par  Ik  même  émoussée  ;  aussi  ce  n*est  point  ainsi  qu'elle 
est  percée  ,  MAIS  SUR  LE  CÔTÉ  DU  CROCHET  ;  de  manière  que 
son  extrémité  est  parfaitement  pointue. 

J'ai  dit  que  les  Serpents  venimeux  avaient  plusieurs  de 
ces  crochets  venimeux  de  chaque  côté ,  mais  que  le  premier 
était  seul  dressé  et  fixé ,  propre  k  fonctionner;  tandis  que  les 
autres ,  moins  développés ,  étaient  repliés  dans  la  bouche , 
et  encore  sans  usage.  Cet  arrangement  est  également  fort 
remarquable ,  tant  sous  le  rapport  mécanique  que  sous  celui 
de  la  fonction  que  ces  dents  doivent  remplir.  On  conçoit  que 
par  cela  même  que  ces  dents  font  contre-crochet  dans  le 
corps  que  le  serpent  a  mordu ,  si  Tanimal  blessé  fait  des 
efforts  pour  se  dégager,  il  peut  facilement  arriver  que  ces 
crochets  soient  arrachés,  d'où  résulterait  que  le  serpent  se* 
rait  privé  de  son  moyen  de  défense;  mais  il  a  été  três- 

SAVAMMENT  REMÉDIÉ    À  CET  ACCIDENT,  AU  MOYEN   DES  DENTS 

DE  REMPLACEMENT  EMMAGASINÉES  dout  j*ai  parlé  ;  dcuts  dis- 
posées  de  façon  que  si  celte  qui  fonctionne  est  arrachée,  la 
première  qui  la  suit  se  lève  aussitôt  pour  la  remplacer  ;  tandis 
que  cela  est  impossible  tant  que  la  première  existe,  et  void 
comment.  Toutes  ces  dents  étant  implantées  sur  une  partie 
molle  de  la  gencive  recouvrant  la  grande  fosse  creusée  dans 
Tos  maxillaire,  le  premier  crochet,  placé  contre  le  bord 
extérieur  de  cette  fosse ,  y  trouve  un  point  d'appui ,  et  s'ap- 
puie en  outre  vers  le  côté  interne  contre  la  base  du  second 
crochet  fléchi  de  côté  vers  Tintérieur  de  la  bouche,  de  ma- 
nière ^  être  assez  solidement  fixé  dans  sa  position  redressée, 


cuAPiTAE  m.  a09 

tandis  que  la  seconde  dent  et  les  suivantes  ne  sauraient  se 
lever,  leurs  bases  appuyant  les  unes  contre  les  autres  dans 
cette  position.  Mais  sitôt  que  la  première  disparait,  la  sui- 
vante n'ayant  plus  cet  obstacle  vers  son  côté  externe,  peut 
facilement  se  redresser,  et  y  est  même  forcée  par  Teffet  de 
la  cicatrisation  de  la  plaie  occasionnée  par  Tarrachement 
du  premier  crochet  :  les  lèvres  de  cette  plaie  se  rapprochant , 
tirent  la  base  de  la  seconde  dent  en  dehors,  et  la  forcent  k  se 
redresser.  Yoilk  pour  Tingénieux  mécanisme  des  os  et  des 
dents  de  ces  redoutables  animaux  ;  mais  ce  i^t  pas  tout  :  le 
venin  s'accumule  pour  servir  au  besoin ,  de  chaque  côté , 
dans  un  grand  follicule ,  simulant  un  abcès  placé  au  milieu 
des  muscles  de  la  joue  et  de  la  tempe,  les  deux  parties  étant 
confondues  en  une  seule.  C'est-à-dire  que  ces  muscles,  des- 
tinées par  leur  fonction  ordinaire  et  principale ,  k  produire 
Télévation  de  la  mâchoire  inférieure  lorsque  l'animal  mord , 
compriment  nécessairement  par  leurs  contractions  le  réser- 
voir du  venin ,  et  produisent  par  là  l'éjaculation  de  ce  der- 
nier, qui  est  conduit  au  moyen  d'un  gros  canal  spécial  dans 
la  cavité  creusée  dans  l'os  maxillaire ,  d'où  ce  poison  s'é- 
chappe par  l'extrémité  des  crochets  venimeux.  Or  cet  effet  est 
d'autant  plus  efficacement  produit,  qu'un  chef  du  muscle 
temporal  enveloppe  tout  spécialement  le  follicule  du  venin , 
en  y  fixant  des  digitations  terminales ,  de  manière  à  être  plus 
particulièrement  chargé  de  le  comprimer. 

Par  l'effet  de  ces  remarquables  dispositions ,  les  crochets 
venimeux  se  fléchissent  passivement  en  avant,  par  cela 
même  que  le  serpent  ouvre  la  bouche,  et  reviennent  avec 
force  en  arrière  lorsqu'il  la  ferme  pour  mordre,  en  s'im- 
plantant  dans  l'objet  saisi ,  en  même  temps  que,  par  l'action 
des  muscles  releveurs  de  la  mâchoire,  le  venin  est  poussé 
dans  la  plaie;  l'empoisonnement  s'exécutant  ainsi,  en  quel- 
que sorte  simplement,  sans  l'intention  de  l'animal. 

Les  Serpents  même  non  vénéneux,  tels  que  les  Cou- 
leuvres ,  ayant  l'habitude  de  tendre  leur  langue  fourchue  au 


SHU  THioUMîn  DK   LA   NATUtl. 

dehors  en  la  faisant  Tibrer,  lorsqu'ils  sont  inqQiétéa,  om 
pense  généralement  qoe  c'est  Ik  le  dard  avec  lequel  ils  pi- 
quent :  c'est  une  erreur  fondée  simplement  sur  Vapparence  ; 
cette  langue ,  ayant  son  extrémité  molle ,  ne  peut  produire 
aucun  effet  fâcheux. 

Les  Serpents  étant  dépourvus  de  membres  dont  ils  puis* 
sent  s'aider  pour  dépecer  leur  proie,  sont  obligés  de  l'avaler 
toute  d'une  pièce.  Les  petites  espèces  ne  vivent,  il  est  vrai, 
que  d'insectes,  mais  les  grandes  avalent  bien  des  animaux 
souvent  plus  sros  qu'eux.  Or  encore  pour  cela  ces  Rep- 
tiles ONT  reçFdes  facultés  remarquables  qui  compensent 
CHEZ  EUX  cette  ABSENCE  DE  MEMBRES-  Lorsquc  la  proie  est 
trop  grosse  pour  entrer  facilement  dans  la  bouche  du  ser- 
pent, celui-ci  la  saisit  par  un  bout,  et  cherche  à  l'y  intro- 
duire ;  et  comme  ses  dents,  tant  les  venimeuses  que  d'autres 
implantées  de  chaque  côté  le  long  du  palais,  sont  arquées  en 
arrière,  l'animal  ayant  une  fois  mordu,  il  lui  est  difficile  de 
lâcher  prise;  vu  que  ces  dents  faisant  contre-crochets,  s'op- 
posent à  ce  que  la  proie  ressorte  de  la  bouche;  et  les  efiforts 
que  le  serpent  fait  pour  la  comprimer  ia  poussent  toujours  de 
plus  en  plus  en  arrière  ;  d'où  résulte  que  si  le  corps  de  la  proie 
est  un  peu  gros ,  la  cavité  buccale  n'étant  d'ordinaire  pas  as- 
sez ample  pour  la  recevoir,  Tobstacle  que  cette  masse  ^  avaler 
forme,  fait  de  plus  en  plus  dilater  celte  cavité  jusqu'k  ce  que 
l'objet  saisi  puisse  passer;  mais,  avant  tout,  il  a  fallu  que  cela 
fût  possible.  Cet  inconvénient  majeur  ayant  été  parfute- 

MENT  PRÉVU ,  IL  Y  FUT  REMÉDIÉ  EN  PERMETTANT ,  PAR  UNE  DIS- 
POSITION particulière  DES  MACHOIRES  DE  CES  ANIMAUX,  QUE 
LA  BOUCHE  PUT  SE  DILATER  EN  QUELQUE  SORTE  INDÉFINIMENT. 

Pour  cela  les  deux  branches  des  mâchoires  inférieures  au 
lieu  d*ètre  soudées  entre  elles,  ou  du  moins  articulées  d'une 
manière  immobile  au  menton ,  y  sont  au  contraire  simple- 
ment unies  par  un  ligament  transversal  très -élastique,  ca- 
pable de  s'allonger  considérablement;  de  manière  que  si  le 
serpent  fait  entrer  une  proie  d'un  fort  volume  dans  sa  bouche, 


CHAPITRE    III.  5ii 

les  deux  mâchoires  sécartent  tellemeqt  Tune  de  Tautre , 
qu'elles  ne  constitaént  plus ,  relativement  k  l'ensemble,  que 
deux  petits  os  places  sur  les  côtés  de  la  tête ,  et  unis  par  ua 
cordon  entourant  par  en  dessous  le  corps  Yolumineux  de  la 
proie.  La  bouche  devenant  par  Ik  énormément  large,  le  ser- 
pent peut  y  faire  entrer  des  corps  fort  gros ,  qui  passent 
ensuite  aussi  aisément  dans  le  pharynx,  et  successivement 
dans  l'œsophage  et  Testomae,  qui  tous  se  dilatent  pour  re- 
cevoir Tobjet  avalé. 

La  proie  ne  pouvant  pas  être  dépecée ,  le  suc  gastrique 
contenu  dans  Testomac  ne  peut  agir  sur  elle  que  par  sa 
surface;  aussi  la  digestion  de  ces  animaux  est  tellement 
letite,  qu'il  suffit  k  un  serpent  de  grande  taille  d'avaler  une 
bonne  proie ,  une  seule  fois  toutes  les  trois  ou  quatre  se- 
maines ,  et  même  k  de  plus  grands  intervalles  encore  ;  mais 
aussi  leuf  force  digestive  est  telle,  que  tout  ce  qui  est  nutritif 
dans  le  corps  de  la  proie  est  absorbé ,  les  excréments  ne 
retifermant  plus  que  les  parties  lout  k  fait  indigestibles, 
telles  que  les  os  et  les  |;)rodilctions  cornées. 

Lorsque  la  proie  est  ou  trop  grosse  ou  formée  de  façon 
à  ne  pas  pouvoir  être  avalée  dans  son  état  naturel,  le  ser- 
pent l'enveloppe  de  ses  contours,  la  resserre,  la  brise  et  la 
pétrissant  ainsi  dans  sa  peau ,  l'allonge  et  la  couvre  de  bave 
pouf  la  rendre  plus  glissante,  la  saisissant  ensuite  par  un  bout» 
il  t'avale  dans  cet  état  comme  tout  autre  corps  naturellement 
allongé.  C'est  ainsi  que  des  serpents  d'environ  cinq  à  six 
mètres  de  long  Eut  moins  de  deux  décimètres  de  diamètre  ^ 
mais  dont  ta  tête  n'a  que  quinze  centimètres  de  long  sur  dix  de 
large ,  ont  pu  avaler  des  animaux  de  la  taille  d'un  gros  Bouc. 

Quant  &  l'appareil  de  la  Respiration ,  il  présente  dans 
tontes  les  familles  de  la  Classe  des  Reptiles  plus  d'ana- 
logie avec  celui  des  Mammifères  qu'avec  celui  des  Oiseaux; 
cet  appareil  se  trouvant  chez  ces  derniers  considérablement 
modifié,  en  vue  de  la  fonction  du  vol. 

Le  PotiHOT^  est,  comme  chez  lesMammifères,  un  sac  mem- 


5i2  THJOLOGIB  DB  LA  NATURE. 

braneox  flottant  dans  la  ca?ité  thoraciqae ,  et  divisé  intériea- 
rement  en  cellules ,  où  aboutissent  les  canaux  aériens  ou 
Bronches;  avec  cette  difiérence  que,  ces  cellules  sont  de 
moina  en  moins  nombreuses  et  plus  grandes.  Les  Broiiches 
s*y  divisent  d'ordinaire  peu ,  s'ouvrant  bientôt  dans  quelques 
grandes  cavités  centrales ,  garnies  sur  leurs  parois  de  cel- 
lules plus  petites  surcomposées ,  dans  lesquelles  Tair  circule 
librement.  Chez  les  Ophidiens  et  les  Batraciens,  il  n'y  a 
même  qu'une  seule  cavité  centrale  très-grande;  de  manière 
que  le  poumon  prend  tout  k  fait  la  forme  d'un  sac  k  parois 
celluleuses ,  et  présente  ainsi  sa  forme  la  plus  simple. 

Pour  ce  qui  est  des  mouvements  respiratoires  d'inspira- 
tion et  d'expiration ,  ils  s'exécutent  chez  les  Sauriens  et  les 
Ophidiens,  k  peu  près  comme  dans  les  Oiseaux,  par  l'effet 
des  mouvements  des  côtes,  ces  animaux  étant,  comme  ces 
derniers ,  privés  de  diaphragme. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  chez  les  Batraciens  ,  et 
spécialement  chez  les  Anoures,  qui,  privés  de  côtes,  ne 
sauraient  les  employer  k  cette  fonction  ;  aussi  la  Natlre 
créatrice  a-t-elle  introduit  chez  ces  derniers  animaux 
UN  autre  moyen  pour  produire  cet  effet  ,  EN  rendant 

l'inspiration   active    par   une    espèce    de    déglutition    DB 

l'air  exercée  par  la  langue  et  les  muscles  de  la  gorge; 
c'est-k-dire  que  ces  animaux,  au  lieu  d'aspirer  l'air  dans 
leurs  poumons  en  faisant  le  vide  dans  le  thorax ,  ainsi  que 
cela  a  lieu  chez  les  vertébrés  supérieurs ,  l'y  poussent  au 
contraire  comme  par  des  coups  de  piston ,  et  l'expiration  a 
lieu  par  la  contraction  subséquente  de  toute  la  cavité  viscé- 
rale. Pour  cela  l'air  étant  attiré  par  les  narines  dans  la  ca- 
vité de  la  bouche ,  au  moyen  de  l'abaissement  de  la  langue  et 
des  muscles  de  la  gorge ,  est  ensuite  poussé  dans  le  poumon 
^par  les  mêmes  organes  qui  reviennent  sur  eux-mêmes. 
C'est  ainsi  que  Dieu  a  par  sa  toute -science  su  modifier 

LES  organes  mécaniquement  actifs  de  la  respiration  ,  SE- 
LON   les   CIRCONSTANCES    DANS  LESQUELLES  IL   A    PLACÉ  LES 


.    CHAPITRE    III.  51^ 

DIVBRS  ANIMAUX,  POUR  LES  METTRE  PARTOUT  EN  HARMONIE 
D*AGTION  AVEC  LES  ORGANES  ESSENTIELS  DE  CETTE  FONCTION , 
AFIN  QUE  CELLE-CI  SOIT  PARTOUT  EXERCÉE  AVEC  LA  MÊME  EFFI- 
CACITÉ. Chez  les  Mammifères,  c'est  Tinspiration  qui  a  été 
rendue  active  par  les  effets  des  contractions  du  diaphragme , 
secondé  par  les  mouvements  des  côtes  ;  et  l'expiration  est 
passive  par  le  simple  retour  de  ces  organes  k  leur  disposition 
primitive. 

Chez  les  Sauriens  et  les  Ophidiens  ,  c'est  encore  l'inspi- 
ration qui  est  active  ;  mais  par  Teffet  des  mouvements  des 
côtes  seulement,  devenues  ses  organes  essentiels,  de  secon- 
daires qu'elles  étaient ,  le  diaphragme  ayant  disparu  chez  ces 
animaux. 

Dans  la  Classe  des  Oiseaux  ,  où  il  n'y  a  également  plu'^ 
de  Diaphragme ,  les  mouvements  respiratoires  se  font  de 
même  au  moyen  des  côtes  ;  mais  c*est  l'expiration  qui  est 
active  et  l'inspiration  au  contraire  passive. 

Enfln  chez  les  Batraciens  et  les  Chéloniens  ,  ni  l'un  ni 
l'autre  de  ces  moyens  n'est  plus  employé.  Les  premiers  étant 
à  la  fois  privés  de  diaphragme  et  de  côtes  ;  et  les  seconds 
également  pour  la  raison  de  l'absence  du  diaphragme,  et 
par  la  fixité  des  côtes.  Mais  la  fonction  est  maintenue  en 
Y  employant  l'appareil  hyoïde  et  ses  muscles,  en  pré- 
ludant  DÉJÀ  PAR  LÀ  AUX  MOYENS  MÉCANIQUES  MIS  EN  USAGE 

CHEZ  LES  Poissons,  ainsi  qu'on  le  verra  un  peu  plus  loin. 

L'appareil  respiratoire  que  je  viens  de  décrire  chez  les 
Batraciens ,  comme  étant  anatomiquement  analogue  a  celui 
des  Mammifères ,  est  accompagné  chez  ces  animaux  d'un 
autre  formé  par  les  Branchies,  complètement  distinct  du  pre- 
mier, et  dont  la  fonction  est  de  faire  respirer  le  sang  au 
moyen  de  l'oxygène  en  dissolution  dans  l'eau ,  milieu  dans 
lequel  ces  animaux  vivent  ;  moyen  qui  constitue  ainsi  une 
respiration  aquatique. 

Ce  second  appareil ,  accessoire  du  poumon ,  n'existe  tou- 
tefois d'une  manière  permanente  que  dans  quelques  genres 

l.  3.^ 


5  H  THÉOLOGIE   DB   LA   HkVJKM. 

d'UnooÈLES ,  tels  que  les  ÀxolotU^  les  Sireti ,  etc. ,  fomaol 
te  passage  k  la  Classe  des  Poissons;  UDdis  que  chez  les 
autres ,  comme  les  Tritons ,  les  Salamandres  »  ainsi  qoe 
dans  les  Grenouilles  et  les  Crapauds  i  qui  subissent  oue 
métamorphose,  ces  branehies ,  qui  existent  d*abdrd,  dispa- 
raissent, et  la  respiration,  changeant  de  mode,  est  eiercée 
exclusivement  par  des  poumons. 

Ces  Branchies  consistent  en  de  petites  excroissances ,  en 
forme  d'arbuscules ,  d'une  chair  fort  délicate,  placés  de 
chaque  côté  sur  le  cou  i  et  dans  les  téguments  desqneiled 
une  partie  du  sang  venant  du  cœur  vient  à  circuler. 

Sous  cette  première  forme  ces  animaux  onl|  comme  k  Fétal 
adulte,  un  seul  cœur,  composé  d*un  Ventricule  et  d'une 
Oreillette^  où  le  sang  veineux  du  corps  arrive  et  âe  trouve 
poussé  par  une  Aorte  commune  dans  tout  le  corps;  et  iine 
principale  branche  se  rend  dans  les  branchies  pour  y  faire 
respirer  une  partie  du  sang  qui  revient  k  Toreillelte  par  une 
Veine  pulmonaire  unique,  en  y  mêlant  le  sang  qui  a  neuveU 
lement  respiré  avec  celui  qui  y  afflue  de  toutes  les  parties  du 
corps ,  pour  être  de  nouveau  lancé  dans  tout  Torganisme. 

Dans  les  Batraciens  k  branchies  permanentes ,  ainsi  que 
chez  les  Têtards  des  autres ,  le  ventricule  produit  en  outre 
un  tronc  particulier  ou  Artère -branchiale  qui  se  rend  dans 
les  branchies  pour  y  faire  respirer  le  sang  par  Teau  ;  et  les 
veines  branchiales  qui  reviennent  de  ces  organes  se  réu- 
nissent de  nouveau  d'abord  en  une  branche  unique  pour 
chaque  côté  ;  et  plus  loin  en  un  seul  tronc  impair  qui  va  se 
continuer  avec  l'aorte  postérieure,  sans  revenir  aaeœor. 

Lors  de  la  métamorphose,  dont  il  sera  encore  parlé 
ailleurs,  les  branchies  disparaissant,  les  vaisseaux  qui  s'y 
rendent  et  ceux  qui  en  viennent  s'oblitèrent,  et  raoîneiai  ne 
respire  plus  que  par  les  poumons. 

C'est  ainsi  que  dans  ces  animaux  de  transition,  laPhoyi- 

DRNCE   CKÉ\TRICE  INTRODUIT  CE  NOUVEAU  MOAB  DS  RESPIRA- 
TION PAR  Branchies,  qui  doit  remplagbr  plus  liOm,  am 


GHAFirsi  m.  }ii% 

%ÈB  Poissons  y  celui  pâk  Pouéghs»  Bit  aiootant  l'appa* 

HÉIL  QUI  m  REMPLÎT  îiES  FOSGTIONS  ;  d'âBORD  GOMKB  SUSPLÉ 
JICCESSOIRB  TEMPOllÂlRE  |  PUIS  COMME  leeESSdlRB  PERMAN BUT 

BAïf S  LIS  Batraciens  urodèlrs  inférieur  ^  bt  conserve  en-" 

FIN  CE  SECOND  APPAREIL  SEUL  OBEI  LES  PoiSSONS ,  AFIN  DE  NB 
PAS  PASSER  BRUSOUEMENT  i  UN  NOUTBAt  MODE  HB  RESPIRATION. 

Dans  la  Classe  si  singulière  des  Ghélonibns  ,  aDÎmaax 
très-voisins  des  Reptiles  »  les  Btièdtes  fonctions  de  la  di- 
gestion ,  de  la  cirealalioii  et  de  la  respiration  ne  présentent 
aoeone  différence  notable  avec  celles  de  ces  derDierd ,  si  ce 
n^est  que  ees  animaux  étant,  comme  les  Oiseaui,  complète- 
ment pHTés  de  dents ,  ont  aussi  comme  ceux-ci  leurs  deux 
mâchoires  garnies  d*«i  bec  corné  qtii  en  tient  lieu  ;  mais 
du  reste  4  leur  eanal  intestinal ,  leurs  systèmes  de  circulation 
et  d'absorption >  ainsi  que  l'appareil  respiratoire,  sont  au 
fond  les  mêmes  que  dans  les  Reptiles  ;  les  poumons  offrant  » 
comme  chez  les  Sauriens  ^  de  grandes  cavernes  au  centre , 
où  aboutissent  les  brtmehes  ;  et  à  la  périphérie,  des  cellules 
surcomposées  communiquant  avec  ces  cavernes. 

Quant  k  l'acte  mécanique  de  la  respiration  ^  il  a  lieu ,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire  i  au  moyen  d'une  espèôe  de  déglutition 
de  l'air,  comme  chez  les  Batraciens;  mais,  par  la  raison 
contraire  i  celle  de  la  grandeur  et  de  l'immobilité  des  côtes. 

Nous  arrivons  ici  h  la  Classe  des  Poissons  ,  la  dernière 
des  Vertébrés  ;  aninlaux  où  les  divers  appareils  et  système 
organique  de  la  grande  fonction  de  l'assimilation  ont  subi 
des  modificatioBs  très-notables,  pour  les  mettre  à  la  fois  en 
harmonie  avec  la  vie  essentiellement  aquatique  pour  laquelle 
ils  ont  été  créés ,  et  l'état  où  ils  se  trouvent  par  l'effet  de  la 
loi  de  gradation  qoe  tous  les  Animaux  suivent  dans  l'en- 
semble de  toute  l'échelle  soologiqueî  conditions  où  se  mon- 
tre encore  la  sublime  sagesse  de  rintelligence  suprême 
qui  a  tout  ordonné. 

Nous  avons  déjà  vu  ailleurs  avec  quelle  profonde  connais- 
sance de  la  mécanique  transcendante,  le  corps  des  Poissons 


«s  16  THEOLOGIE   DB   LA   RATURR. 

a  été  formé  pour  faciliter  k  ces  animaux  les  mouvements 
de  locomotion  au  milieu  des  eaux,  où  ils  sont  obligés  de 
vivre  ;  mais  la  Sagesse  divine  nCk  pas  dA  borner  là  les 
SOINS  avec  lesquels  elle  a  conformé  ces  êtres  essen- 
tiellement DESTINÉS  À  vivre  DANS  l'eAU;  TOUTES  LEURS 
AUTRES  FACULTÉS  ONT  DÛ  ÊTRE  ÉGALEMENT  MODIFIÉES  EN  CON- 
SÉQUENCE DE  CETTE  GRANDE  CONDITION,  AFIN  QUE  l'eXIS- 
TENGE  DE  CES  ANIMAUX  FÛT  POSSIBLE . 

Les  membres  ayant  été  considérablement  réduits,  tant 
par  l'effet  de  la  dégradation  générale  qu'ils  ont  subie  que 
dans  leur  forme  de  simples  nageoires  accessoires  qu'elles 
ont  reçues ,  ne  pouvant  pas  servir  k  ces  animaux  à  com- 
battre ,  à  saisir  et  k  dépecer  les  objets  dont  ils  peuvent  se 
nourrir;  la  Sagesse  divine  a  remédié  à  ce  défaut  de 

MOIENS,  en  rendant  CEUX-CI  INUTILES,  DONNANT  AUX  POISSONS 
LA  FACULTÉ  DE  POUVOIR  SAISIR  DIRECTEMENT  AVEC  LEUR  BOU- 
CHE LES  CORPS  DONT  ILS  SE  NOURRISSENT ,  ET  DE  LES  AVALER 

d'une  seule  pièce  ;  faculté  qu'elle  a  également  accordé  à 
tous  les  animaux  qui,  par  une  raison  quelconque,  se  trou- 
vent de  même  dans  Timpossibilité  de  dépecer  et  de  màcber 
leurs  aliments.  C'est  ainsi  que  certains  Poissons  vivent  ex- 
clusivement de  petites  particules  de  matières  nutritives  dis- 
séminées autour  d'eux  dans  l'eau  ;  que  d'autres  se  nourrissent 
de  végétaux  dont  ils  peuvent  facilement  arracher  des  par- 
celles ;  et  d'autres  encore  d'animaux  plus  ou  moins  grands , 
et  souvent  d'un  volume  si  considérable  qu'une  extrémité 
sort  pendant  longtemps  encore  de  leur  bouche ,  tandis  que 
l'autre ,  arrivée  au  fond  de  l'estomac ,  y  digère,  en  attendant 
que  le  reste  puisse  peu  k  peu  y  arriver  ;  ainsi  que  cela  a  sou- 
vent lieu  chez  le  Brochet.  Pour  cela,  les  espèces  qui  se 
trouvent  dans  cette  dernière  condition  sont  généralement 
DE  BONS  nageurs,  afin  de  pouvoir  facilement  atteindre  leur 
proie;  k  moins  que  par  un  moyen  quelconque,  dont  elles 
ONT  été  pourvues  ,  cUes  puissent  s'en  rendre  maîtres. 
Par  cela  même  que  les  Poissons  n'ont  aucun  organe  spé- 


CHAPITRE    ill.  517 

cial  de  préhension,  qui  puisse  leur  faciliter  les  moyens  de 
saisir  et  de  maintenir  les  objets  dont  ils  se  nourrissent , 

LEUR  BOUCHE  A  ÉTÉ  GARNIE  COMYENABLEMBNT  DE  DENTS  POUR 

SUPPLÉER  A  CE  DÉFAUT  ;  et  c*est  daus  cette  classe  d'animaux 
qu*on  trouve  les  systèmes  dentaires  les  plus  complets  et  les 
mieux  conditionnés  pour  servir  a  la  préhension  aussi  bien 
qn*à  la  déglutition  ;  et  chez  certaines  espèces  seulement  k  la 
mastication. 

Nous  avons  vu  que  les  Mammifères  n'avaient  qu'une 
seule  rangée  de  dents  placées  autour  de  chaque  mâchoire  ; 
que  chez  certains  Reptiles,  soit  qu'ils  aient,  comme  les  Mam- 
mifères, des  dents  maxillaires,  soit  qu'ils  en  soient  en  partie 
privés,  il  en  existait  aussi  au  palais,  mais  généralement  de 
petites  en  forme  de  crochets  dirigées  en  arrière,  pour  mieux 
agir  dans  la  déglutition. 

Mais  c'est  dans  la  Classe  des  Poissons  qu'on  trouve  les 
dentures  les  plus  variées ,  tant  sous  le  rapport  des  diverses 
parties  de  la  bouche  où  les  dents  sont  implantées,  que  sous 
celui  du  nombre,  de  la  forme  et  de  la  disposition  de  ces 
organes. 

Les  uns,  tels  que  les  Ammocettes,  les  derniers  et  les  plus 
dégradés  de  la  classe,  ayant  déjà  la  forme  générale  des  vers, 
n'ont  pas  de  dents  du  tout,  et  sont  réduits  à  sucer,  pour  se 
nourrir,  les  substances  glaireuses  adhérentes  aux  pierres. 
D'autres,  comme  les  Carpes^  n'ont  point  de  dents  aux  mâ- 
choires, mais  bien  au  bord  du  gosier,  où  les  os  pharyngiens 
inférieurs  sont  garnis  de  grosses  dents  au  moyen  desquelles 
ces  poissons  pressent  au  passage  les  aliments  contre  une 
plaque  très-dure  placée  au  palais. 

D'autres  espèces  encore  ont  des  dents  sur  divers  points 
do  palais  et  de  la  langue;  et  chez  plusieurs  toutes  les  parties 
de  la  bouche  en  portent  k  la  fois. 

Les  dents  varient  ensuite  également  beaucoup  quant  à 
leur  forme.  Chez  la.  plupart  elles  sont  coniques  et  plus  ou 
moins  arquées  en  arrière.  Dans  certaines  espèces  elles  sont 


M8  TEtOLOen  su    L4   RATimiR. 

simplement  en  tabercnles  arrondis,  rapprochés  comme  des 
pavés  ;  cbes  d*autres  encore,  elles  sont,  an  contraire,  pe- 
tites, grêles  et  serrées  en  nombre  considérable,  ce  qui  leur 
a  fait  donner  le  nom  de  dents  en  vehun.  EnGn ,  chez  beau- 
coup de  ces  animaux  la  Tangue  et  le  palais  en  sont  entière 
ment  recouverts.  Ici  )es  dents  forment ,  par  leur  rapproche- 
ment» de  larges  plaques  osseuses  diversement  configurées 
dans  leurs  parties;  dispositions  qui  sont  surtout  fort  ranar- 
quables  dans  les  divers  genres  de  la  fapaille  des  Rai€$  par  la 
parfaite  régularité  des  pièces  qui  composent  ces  plaqoes. 
Mais  de  tous  les  systènies  dentaires  celui  des  Squales^  fi 
plus  particulièrement  celui  des  LeiekeSy  espèce  voisine  des 
RequinSy  est  le  plus  remarquable  par  l'iHGÉHiEtisE  nisposi- 

TION  QUE  CES  ORGiJfES  ONT  REÇUE  À  Là  MACBOIRB  IKPÉRIE1IRK. 
CONFORMÉMENT  À  LA  VIE  ÉMINEMMENT  CARNASSIÈRE  ET  VORACB 

DE  CES  ANIMAUX.  Ces  donts  ont  la  forme  de  larges  fers  de 
lances  triangulaires,  ou  de  ciseaux  dentés,  disposées  sur  plu- 
sieurs rangs  longitudinaux  très-serrés  ;  mais  dont  celles  dp 
premier  ou  de  Texterne  sont  seules  redressées  pour  agir  dans 
la  mastication  ;  tandis  que  les  autres  sont  repliées  au-dessous 
coif  tre  la  face  interne  de  la  mftchoire,  en  s'imbriquant  les  unes 
sur  les  autres,  dans  une  disposition  qui  rappellecelle  des  drats 
venimeuses  des  serpents.  La  moitié  terminale  tranchante  for- 
mant la  couronne  de  ces  dents  est  seule  libre,  tandis  que  la 
moitié  basilaire  plus  large  formant  la  racine  est  aifoncée 
dans  la  gencive,  mais  non  dans  Tos  même  de  la  mftchoire. 
A  la  première  rangée  ces  dents  sont  appliquées  contre  la 
face  extérieure  de  cet  os,  et  matptenues  fixes  par  la  gencive 
dans  laquelle  leurs  racines  sontenfoncéep.  Les  dents  de  ia 
seconde  rangée ,  au  contraire ,  sont  renverséjss  en  dedans 
d^ntre  la  face  interne  de  la  mâchoire,  avec  leurs  racines  di- 
rigées en  haut,  mais  également  coaienues  dans  la  gencive, 
en  appuyant  en  dedans,  contre  cdies  de  la  rangée  redressée , 
afin  de  les  empêcher  de  fléchir  vers  Tintérieur  de  la  bouche , 
et  contribuent  ainsi  a  les  maintenir  droites.  Dans  eette  dis* 


cuARiTas  ni.  549 

positiM ,  les  dente  fie  la  geeonde  rangée  recouvrent  ensuite 
les  autres  par  leurs  couronnes,  pour  les  empêcher  de  se 
lever,  en  même  temps  qu'elles-mêmes  sont  maintenues, 
fléchies  par  la  première  rangée  contre  laquelle  leurs  racines 
arcboatent. 

ILorsqu'nne  on  plusieurs  des  dents  d^  la  première  rangée 
tiennent  \k  disparaître,  celles  fie  la  seconde,  qui  leur  corres* 
pppd^Bt,  p'ayant  plus  d'obstacle  qui  les  empêche  de  se  re- 
4r(^ser,  se  reièveiU  bientôt,  en  faisant  la  bascule  sur  le  bord 
}ii)ip  de  la  Bièch(Hre  ,  en  venant  appuyer,  comme  celles  de 
Ig  première,  eootfe  le  bord  externe  de  cet  os,  où  elles  se  con- 
solident par  la  cicatrisation  di^  la  plaie,  capsée  par  l'arrache* 
ment  des  dents  jierdues;  et  celles  de  la  troisième  rangée  re- 
flionlent ,  sans  se  relever ,  popr  remplacer  celles  de  la 
^coaà^  qui  se  sont  dressées.  Ces  redoutables  Poissons  ont 
^lÎQsi  lin  véritable  magasin  de  dents  sans  usage  pour  le  mo- 
pejQt ,  destinées  à  remplacer  celles  qui  fonctionnent  lors- 
ipi'elles  viennent  à  disparaître. 

Les  PoissAns  se  poovant  guère  dépecer  leur  nourriture , 
autrement  qu'en  l'écrasant  simplement,  autant  que  possible, 
{jQnque  leurs  deote  le  permettept ,  l'avalent  d'ordinaire 
fl'lioe  pièce,  comme  le  font  les  serpenta*  qui  se  trouvent, 
fO0i|  ce  rapport,  danç  les  mêmes  conulitions.  Aussi  ces  aqi- 
DHmi  ont-ils  un  q^sopliage  d'une  ampleur  prodigieuse,  sur- 
fout d^n^  les  espèces  earoe^sières  et  très-vor^es ,  tels  que 
lies  firqchfU^  qui  aff^imt  sQuyem  des  poissons  presque  aussi 
Sran4s  qw'epx. 

L'apB^r^il  ^îg^tif  4#s  Ppiesons  ne  présente,  do  reste,  au- 
çni^  disposition  qi^i  mérite  d'être  signalée  comme  particu- 
lièr^menl  remarquable.  C'est  parfont  un  Eniotnac  plua  oo 
moins  ample,  suivi  d'un  Tube  intertinàl  trèe^rariable  par  sa 
longueur*  dans  lequel  diversee  glei}das,  lelles  que  le  foie  et 
les  muqueuses  yerp^pt  l^nr  sécrétion  :  mais  l'analogue  dp 
pancréas  a  disparu. 

On  r^rppTç  4^  vsfim  \t»  Orgaoes  absorbants,  le  Sfs- 


5:20  THÉOLOGIE   DB  LA   NATURE. 

tëme  circulatoire  sanguin ,  et  divers  appareils  d'épuration 
du  sang. 

Quant  au  Système  sanguin  et  k  Y  Appareil  respiratoire^  ils 
diflièrent  notablement  de  ceux  des  Vertébrés  supérieurs  ; 
le  premier,  par  la  disparition  du  Cceur  gauche  ou  aortiqae , 
et  le  second ,  en  ce  qu*il  constitue  un  appareil  nouveau  rem- 
plaçant les  poumons  qui  ont  également  disparu . 

Nous  avons  vu ,  en  parlant  des  Reptiles ,  que ,  chez  ces 
animaux ,  les  deux  cœurs  commençaient  d*abord  par  com- 
muniquer ensemble  au  moyen  d'une  ouverture  percée  k  sa 
base  dans  la  cloison  des  deux  Ventricules  ;  que  cette  ouver- 
ture, devenant  de  plus  en  plus  grande  dans  d'autres  espèces, 
finissait  par  envahir  toute  la  cloison  chez  les  Grenouilles  ^ 
qui  n'ont  en  conséquence  plus  qu'un  seul  cœur  formé  des 
deux  confondus;  en  même  temps  que  les  deux  Oreillettes  se 
confondent  également  en  un  seul  sac^  où  aboutissent  à  la 
fois  les  Vaisseaux  apportant  le  sang  veineux  du  corps ,  et 
ceux  amenant  celui  qui  a  respiré  dans  les  poumons;  deux 
espèces  de  sang  trèsniifférents  qui  se  mêlent  ainsi  entière- 
ment dans  ces  deux  cavités  du  cœur. 

Nous  avons  vu  aussi  que  les  Batraciens  avaient  les  uns 
dans  leur  jeune  &ge  seulement,  et  les  autres  toujours ,  deux 
appareils  de  respiration  fort  différents  ;  des  Poumons ,  pour 
la  respiration  de  l'air,  et  des  Branchies ,  pour  la  respiration 
de  l'eau  ;  et  que  c'est  chez  ces  animaux  que  se  faisait  ainsi 
la  transition  du  premier  de  ces  modes  de  respiration  k 
l'autre  ;  les  deux  étant  exercés  simultanément  chez  le  même 
animal.  Chez  les  Poissons  enfin ,  le  premier  appareil  dispa- 
rait ,  et  le  second  y  remplit  exclusivement  la  fonction  de  la 
respiration ,  en  soutirant  k  l'eau,  et  non  plus  k  l'air,  l'oxy- 
gène qui  s'y  trouve  mêlé. 

En  effet ,  de  même  que  chez  les  Batraciens ,  il  n'existe 
plus  dans  ces  animaux  qu'un  seul  cœur  ;  mais  qui  au  lieu 
d'être  comme  le  leur,  k  la  fois  artériel  et  veineux,  n'est  que 
l'analogue  du  Cœur  droite  le  gauche  ou  l'artériel  ayant  com- 


CHAPITRE  III.  5Si 

plëtemeot  disparu;  c'est-à-dire  que  le  sang,  après  avoir  cir- 
culé dans  tout  le  corps,  revient,  comme  à  l'ordinaire,  par 
les  Veines  caves  au  cceur^  qui  le  pousse  dans  les  Branchies , 
organe  de  respiration  aquatique ,  qui  remplacent  les  pou- 
mons. Lk  le  sang  après  avoir  respiré  en  se  combinant  avec 
l'oxygène  dissous  dans  Tean ,  revient  par  les  Veines  bran- 
chiales y  comme  chez  les  Têtards  et  les  Urodèles  à  bran- 
chies permanentes  ;  et  les  vaisseaux  qui  le  renferment ,  se 
réunissent  finalement  en  un  seul  tronc  impair,  longeant  en 
dessous  la  colonne  vertébrale,  absolument  comme  chez  ces 
derniers  animaux,  et  se  continue  directement  avec  \ Aorte, 
sans  interposition  d'aucun  cœur  artériel. 

Les  Branchies  prennent  toutefois  chez  les  Poissons  une 
autre  disposition  que  dans  les  Batraciens.  Ce  sont  généra- 
lement des  appendices  en  forme  de  petites  lamelles  très- 
allongées  ,  cornéo-membraneuses ,  disposées  à  la  suite  les 
unes  des  autres ,  comme  les  dents  d'un  peigne ,  et  insérées 
de  chaque  côté  sur  des  arcs  osseux  placés  dans  la  gorge , 
arcs  formés  par  des  branches  de  l'os  hyoïde  placé  à  la  base 
de  la  langue.  Ce  sont  ces  peignes  rouges  que  tout  le  monde 
connaît  dans  les  Outes  de  ces  animaux. 

Pour  respirer,  le  Poisson  fait  entrer  l'eau  par  la  gueule , 
et  la  fait  ressortir  par  ces  mêmes  (hîies ,  larges  ouvertures 
latérales  de  l'arrière  de  la  tète ,  qui  n'existent  que  chez  ces 
animaux;  en  faisant  ainsi  passer  Teau  entre  les  nombreuses 
lamelles  de  ces  branchies ,  disposées  de  chaque  côté,  et  à  la 
surface  desquelles  viennent  ramper  les  derniers  ramuscules 
de  l'artère  et  de  la  veine  branchiale,  remplaçant  chez  eux 
les  vaisseaux  pulmonaires. 

C'est  ainsi  que  chez  ces  animaux ,  parmi  tous  les  Verté- 
brés ,  la  respiration  de  l'eau  est  arrivée  au  type  de  sa  per- 
fection ;  et  si ,  par  une  raison  quelconque ,  les  Poissons  sont 
forcés  de  vivre  pendant  quelque  temps  dans  une  petite  quan- 
tité d'eau  dont  ils  épuisent  bientôt  l'oxygène  en  dissolution , 
ils  sont  obligés  d'y  suppléer  en  venant  gober  l'air  k  la  sur* 


522  THB0L0G19  Vf  1^   ItATURB. 

face ,  afin  de  le  faire  passer,  m^lé  ^  de  Tpaii  ^  suf  jeuri?  bi^r 
chies;  périssant  asphyxiés  si  ce  dernier  i^oyen  leur  qiap^ifp. 

La  SUBi.IME  SAGESSE  DU  CliÉATKLR  A  Air<SI  fK\T  APpi^RD^ 
LA  RESPIRATION  DU  GAZ  OXYGÈNE  4VEC  f.A  YIE  ^SS^NTip:i4«J^- 
MENT  AQUATIQUE  DES  Poi^SONS ,  dCUX  f^jtS  Ç^l  S^IQb|ent  io- 

cpmpatibles. 

Si  d'autres  aQi||iai|X|  tels  qu^  les  Cétacés,  qui  n($  ^n- 
jraient  ég^lpmept  eps^er  qife  dans  )*eau  respirent  ppf^n^Vèi 
l'^ir,  ce  n'est  toutefois  qp'à  la  copditiop  d^  ne  j^im^is  ^'éloi- 
gper  pour  '<>°£f^P^  4^  )*9tmpspt)èpe  pu  i|$  spnt  à  (oui  in- 
stant obligés  de  re^epir,  ce  qui  les  re^d,  pbysiologîoM^p^, 
moins  aquatiques  que  lef  Poi§|^p^  ;  iqf^t  Iq.  pif  dQfi$  Çtau  §rt 
le  principe  faniafnf^ial  4f  tq^fp  kw  w^êii^m^iWi  principe 
en  conséqif^ce  fiuq^çl  topi}  1^  syit^mp»  d'orglWïe*  ool  fyé 
joïodiflés;  pqifditjftps  m^9èf^  de  Ipip  R|r  Iw  cb»»geB}W|l| 
gradue)^  que  (oqt  l'organisme  ^u)^^  4gp#  Im  plass«$  $MRér 
riei}rp3 ,  pp  B^^sa»)^  R*'  ^  Rftfnbireiigw  ^ansfQrmatiQPf  PU 

RÈGNÇ  P^R'fqUf  H  f ^US  P4g£:AfTJ^  Ii4t||f9I||IE  PNTRP  yOfJTBÇ 
LES  FONCTIONS ,  Spiy^NT  f^BS  pi^.CqiJ^TAJfqe»  DA(jf $  f.;^9pCSLf.Si 

I.ES  ANi^AUf  oNf  ÉTÉ  Aff^f^^  4  yiya|^. 

L*appareil  de  la  re$pir;|f^pp ,  optrp  la  fopciiop  4^  \^  t^- 
nératjQp  du  sang,  sert  epcope,  cl^is^ le^  Y^irt^bré^  s^rjpps, 
copipe  simple  accessoire  a  la  prp^uptjpq  4^  1^  ^Pi^  «  p9f 
laquelle  ceux-ci  manifei^ent  leur  gf  isfpnce  ppujr  ^  ${gRi)$r 
^  d'autres  plai^$  ^  dis^apce. 

Cet  îjpp^riiil  vocal,  qij  |^  f^ryncp^  p»t,  ppur  pet  p4f^, 
placé,  chez  |e$  MAMMJF^if f:^ ,  ^  Tep^rée ^e  li^  tr^pbéj^-^rtèrR , 
dont  II  forfif e  rori6,ce.  J)  coi)sis^p  en  upe  caviié  \k  p;^roj§  cair* 
tilagineuses ,  formée  de  plusieurs  pièces  nfp))ilej^  mi^  ep 
mouvement  par  des  nauscjes,  dont  1^  fppctioif  e^f  de  faire 
varier,  suivant  le  pemn ,  le^  r^ppR^ts  4^  pe§  carti}agps  Çj^pp 
|a  voix  pluf  ou  moins  gfave  pp  ^gpe  qpi  doi^  êir^  produi^. 
Iklai^»  eu  principe,  Torjgane  proprement  dit  delà  vpii^opU 
GïoUf^  n'e^t  autre  cl^ose  qp'||ne  simple  ouverture  pp  fprw^ 
de  fepte  horizontale,  ^}t\^^^  ^V'^ïf^  ^^  arrière,  pi^n^lpsuit 


}- entrée  de  celle  cktmbre  cartilagineuse ,  qvi  n'esl  elle-aiéaie 
qae  la  {Nremière  {lailie  de  la  trachée-artèrei  dont  les  annpauK 
cartilagineux  ont  reçu  un  certain  déyeloppeqieiit  et  une 
antre  diaposition ,  ainsi  que  cela  est  ordinaire  lorsque  des 
organes  déjà  esistanis  sont  employés  11  nw  autre  fonction. 

Ce  Larynx  est  une  espèce  de  caisse  k  peu  près  cylindrique, 
sn  poptinuant  par  sa  base  ouverte  avec  U  tracliée-arlère ,  et 
dont  le  fond  supérieur  est  en  partie  fernuî  par  deu^  lames 
latérales  menbraneqses ,  formant  entre  elles  un  angte  sali- 
ianl  en  dessus,  interceptant  la  glotte  dont  je  viens  de  parier, 
es  imitant  k  peu  près  T Anche  d*ui|  hautbois;  avec  cette  di^ 
férence  que,  dans  cet  iq^trument,  le  courant  d'air  vibrant 
qui  produit  le  sop,  va  de  dehors  vers  l'intérieur  du  tube, 
tandis  que  daps  le  larynx,  le  courant  d'air  produisant  la  voix 
va  en  sens  contraire  ;  et  tout  l'art  epnsisie,  d'nn«  pirt ,  k  tàr 
trécir  o|i  à  élargir  cettp  ouverture  au  moyeq  d^  p)USp)^S 
qpi  mettent  les  cartilage^  du  larynx  en  mouvemeftt,  §^m 
que  les  sons  harmoniques  doivent  ètl?^  plus  ^lev^;  et, 
d'antre  part,  à  allqoger  ou  k  raecnurcir  1^  tnebéé-arièv^ 
pour  changer  de  ton. 

La  voix ,  ainsi  purement  et  simplpmieut  produits  par  T^ir 
iortant  par  la  glotte ,  est  ensuite  srticulé^  chez  VfJonune  en 
sons  alphabétiques  par  les  divers  PrgAR^s  do  la  bqucbe  et  du 
nn,  tels  que  la  langue,  le  palais,  le  yqite,  1^  lèyr^s  et 
même  les  joues;  parties  dont  les  musja)^  moteujrs  spnt  sus- 
ceptibles de  leur  faire  exécuter  dos  mouv^pients  trjte-pfécjs, 
nécessaires  à  la  prodM^tion  do  h  ^oix  ot  dP  ja  p^roje;  tandis 
que  cela  est  impossible  cbo?  les  anifpauf ,  pu  pe^  musplpf 
9onteommo  paralysés,  quoiqu'ils  existent  tpuç  dj^  fnéfqe 
que  dans  l'espèco  bumWR^  :  P'e§t  la  spule  raispp  qui  em- 
pêche les  Mammifère  do  p^der,  pt  qpi  pe  leur  permet  de 
produire  qno  certains  m^  propres  s  cbsqqp  ospège. 

C'est  dans  la  CusSi  des  Oisp^cx  que  l'appareil  vooil 
arrive  k  son  maximum  do  perfection  «  c^  ai^iffl^uf  étapt  d$ 
tout  le  Règne  animiJ  l$i  urnls  qui  ^rriveqt  à  étr^  dg  vérj: 


534  THlSoLOGIB  DB   LA   NATURE. 

tables  musiciens  ;  plusieurs  espèces  surpassent  de  beaucoup 
ce  que  Tbomme  peut  atteindre  par  Teffet  de  son  intelligence 
et  d'un  long  exercice. 

Or,  cette  faculté  est  d'autant  plus  remarquable,  que  les  fonc- 
tions des  parties  de  cet  appareil  sont  entièrement  différentes 
de  ce  qu'elles  sont  dans  l'bomme  et  les  autres  mammifères  ; 
les  oiseaux  n'ayant  ni  lèvres,  ni  voile  du  palais,  ni  joae 
charnue,  et  la  langue  incapable  de  faire  des  flexions,  an 
moyen  desquelles  l'homme  articule  la  parole,  et  malgré  ces 
imperfections,  les  oiseaux  sont  cependant  les  seuls  animaux 
qui  apprennent  à  parler;  mais  il  a  fallu  que  la  nature  sup- 
pléât k  ces  défauts  par  d'autres  organes  qui  remplissent  tout 
aussi  bien  les  conditions  des  parties  manquantes. 

Ce  qui  est  même  le  plus  remarquable,  est  que  ces  articu- 
lations de  la  voix  sont  produites  chez  ces  animaux  par  le 
larynx ,  remplacé  comme  osgane  purement  vocal ,  par  u& 
antre  appareil,  exclusivement  propre  aux  oiseaux,  situé  dans 
le  thorax,  a  l'endroit  où  la  trachée-artère  se  divise  en  ses 
deux  bronches  ;  appareil  qui  reçut  de  Ik,  par  analogie  de  fonc- 
tions, le  nom  de  Larynx  inférieur.  C'est  un  nouvel  exemple 

DE  LA  FACILITÉ  AVEC  LAQUELLE  LA  ToUTE-PuiSSANCE  DIVINE  A 
PU  CHANGER  DES  ORGANES  DE  FONCTIONS,  ET  D*EN  ÉTARLIR 
d'autres  FORT  DIFFÉRENTS  PRODUISANT  LE  MÊME  EFFET. 

Le  larynx  inférieur  n'est,  comme  organe  de  production 
de  la  voix  qu'une  simple  petite  valvule  semi-lunaire,  formée 
par  un  repli  de  la  membrane  très-mince  qui  double  l'inté- 
rieur de  la  trachée-artère,  placée  au  point  où  celle-ci  se  bi- 
furque pour  former  les  deux  bronches.  C'est  en  heurtant 
contre  cette  valvule  que  l'air  chassé  des  poumons  se  met  en 
vibration  et  produit  le  son  ;  absolument  comme  cela  a  lieu 
dans  le  flageolet  ;  tandis  que  les  diverses  notes  de  la  gamme 
sont  produites,  d'une  part,  au  moyen  de  l'élargissement  de 
cet  appareil,  et,  de  l'autre,  par  l'allongement  ou  le  rac- 
courcissement de  la  partie  inférieure  de  la  trachée-artère  ; 
mouvements  exécutés  par  l'action  de  plusieurs  muscles  pro- 


CHAPITRE  lit,  5â<^ 

près  à  cette  partie»  et  qui  manquent  complètement  chez  les 
mammifères  ;  effet  absolument  semblable  à  celui  qu*on  pro- 
duit pour  le  même  résultat  dans  le  flageolet  et  tous  les  in- 
struments à  vent  k  touche,  en  ouvrant  ou  en  fermant  telle 
ouverture,  afin  de  faire  également  varier  la  longueur  de  la 
colonne  d'air  en  vibration.  Mais  on  peut  encore  mieux  com- 
parer l'effet  produit  dans  le  larynx  inférieur  des  oiseaux  à 
celui  de  la  saquebute,  qu'on  allonge  ou  qu*on  raccourcit  pour 
changer  le  ton. 

La  voix  produite  au  fond  de  la  trachée-artère  est  ensuite 
modulée  et  articulée  par  le  larynx  supérieur,  l'analogue  de 
celui  des  mammifères  ;  quoique  plus  simple,  étant  en  principe 
presque  réduit  k  la  glotte,  fente  longitudinale  fermant  de 
même  l'entrée  de  la  trachée-artère,  mais  placée  au  niveau 
de  la  partie  postérieure  de  la  langue.  Cette  fente  pouvant 
être  plus  ou  moins  élargie,  à  la  ¥olonté  de  l'oiseau,  remplit 
par  Ik  tout  k  fait  les  fonctions  des  lèvres,  qui  manquent  k 
ces  animaux.  Or,  on  sait  avec  quelle  étonnante  habileté  plu- 
sieurs oiseaux  modulent  leurs  voix  en  chantant,  en  même 
temps  que  certaines  espèces ,  et  spécialement  le  Perroquet 
gris  et  le  Moqueur^  imitent  la  voix  de  tous  les  animaux,  et 
même  d'autres  bruits  fort  différents. 

Quant  aux  Reptiles  ,  ce  ne  sont  guère  que  les  espèces  de 
la  Famille  des  Batraciens  Anoures  qui  aient  une  voix  forte 
que  tout  le  monde  connaît  ;  les  Sauriens  et  les  Ophidiens 
ne  produisant  que  certain  sifflement  plus  ou  moins  aigu  ; 
encore  la  plupart  sont-ils  muets  ou  k  peu  près. 

L'organe  de  la  voix  de  tous  ces  animaux  est  l'analogue 
plus  ou  moins  imparfait  du  larynx  supérieur  des  Oiseaux. 
Dans  les  Grenouilles,  animaux  dont  la  voix  est  si  forte,  le 
larynx  n'est  cependant  pas  plus  gros  qu'un  grain  de  chêne- 
vis ,  mais  fait  pour  être  parfaitement  vibrant. 

Les  Chéloniens  n'ont  également  que  le  larynx  supérieur, 
mais  paraissent  tous  complètement  muets. 

Enfin  les  Poissons,  ne  respirant  point  l'air^  n'ont  aussi 


2t^  niiOLOGJil  a  ik  ^ATURt. 

âfticuoe  voix  rëellè.  Quelquès-ùiis  cependant,  tef  que  lé 
Grohdin,  font  entendi*e  une  espèce  de  voit  lorsqd'oo  les 
retiré  subitement  de  l'eau.  Ce  bruit  est  produit  par  l'aîr  qni 
s'échappe  alors  de  leur  vessie  natatoire  par  on  orifice  qai 
communique  avec  l*œsophagë. 

Nous  n*àt€ins  considéré  jusqu  à  présent  les  Ai^iHAtn  en 
général ,  et  les  VERTÉfiKés  en  particulier,  que  sous  deux 
I^ineipaui  points  de  vue,  celui  de  la  faculté  locomotrice  qui 
les  distingue  déjà  éminemment  des  végétaux ,  et  sous  celui  de 
la  grande  fonction  de  Tassiitiitsttioti  beaucoup  plus  compli- 
quée chez  ces  derniers,  quant  aux  appareils  organiques  qui  y 
concourent.  Il  nous  reste  encore  à  les  considérer  dans  leur 
état  actuel  d*individualité  sous  le  raj)port  des  facultés  (^tfih 
ont  de  pouvoir  n^etire  leurs  divers  organes  en  activité  pour 
leur  faire  reinplir  les  fonctions  spéciales  que  la  volonté 
siipréme  du  Créateur  leur  à  prescrites. 

J*ai  déjii  donné  au  commencement  de  cet  ouvrage,  page  4t, 
lin  aperçu  très -succinct  des  conditions  générales  dafaë 
lesquelles  se  trouve  le  système  nerveux  des  Animaux,  dan$ 
lequel  réside  sfiécialémeiit  la  cause  immédiate  de  Factivitë 
de  tous  les  organes,  et  j'y  renvoie  poiir  cet  objet;  mËls  nous 
avons  encore  à  considérer  te  système  d'organe  quant  }t  ce 
qu'il  présente  de  plus  remarquable  dans  les  diverses  Classes 
de  l'embranchement  des  YERtÉBttÉS,  dont  chacune  présente 
k  cet  égard  également  les  caractères  qdi  lui  sont  particuliers. 

Chez  les  Manimifères,  et  surtout  daùs  Y  Homme,  le  Cerf>eau^ 
partie  essentielle  du  systèihe  nerveux ,  constituant  le  cefftref 
d'activité  où  agit  immédiatement  l'Esprit,  et  très-probable- 
meilt  aussi  l'Ame,  remplit  toute  la  cavité  crânienne  en  y  for- 
mant une  masse  divisée  en  plusieurs  lobes  plus  ou  moins 
considérables,  très-régulièrement  pairs  pour  les  parties  laté^ 
raies,  et  symétriquement  impaires  dans  les  médianes  :  celles- 
ci  étant  chacune  divisées  en  deux  moitiés  latérales  égales. 

Tous  ces  lobes  sont  unis  entre  eux  vers  le  centre,et  se  rap- 
prochent de  façon  h  laisser  sotivent  des  iiftervalles  où  ils  ne 


(:HÀfiiTàÉ  ni.  527 

àODt  qtté  sliiipléffietit  coiitigùs,  de  maDiêre  i  former  diver- 
âèft  cKtltés  âëâigdées  ions  le  nota  de  l^ëntrittUès  du  cerveau. 

De  la  partie  thédiane  ind paire  dé  la  basé  de  cette  masse 
géiiéràle  tiaissehi  ensuite  dôuie  paires  de  troncs  nerveux , 
prolongements  de  méiné  substahcè  qbè  le  cerveau,  et  for- 
mant des  tordons  ^lus  on  moins  ràmiAés,  qui  se  rendent 
dans  différentes  parties  dri  corps  pour  y  porter  Texcila- 
tion  Yîtale,  chacun  suivant  la  fonction  que  Torgane  où 
il  se  termine  doit  remplir,  satls  qile  ni  la  forme  ni  la 
conlexture ,  ni  la  tiature  de  ces  tl'ohcs  nerveui  aient  encore 
pti  laisser  àpertôli*  aux  Aiiatdttlistes  (juelqiies  caractères 
auxquels  ils  aient  pu  reconilalire  la  causQ  de  \i  diversité  de 
flfiictions  de  ces  nerfs  et  dé  leurs  innombrables  ramiGca- 
liens. 

Tous  ces  nerfs  cérébraux ,  à  Texcepliôn  des  trois  J)aires 
pcistériènres,  se  rendent  dans  lés  diverses  régions  de  ta  tête, 
él  ces  dernières  dans  d'autres  parties ,  telles  que  le  cou ,  le 
Ih^rai  et  même  dans  Tâbdomen. 

Mais  outre  ces  diterses  branches  plus  ou  moins  grêles,  la 
pdhie  médiane  iilférienre  dû  cerveau  se  prolonge  en  arrière 
eli  un  très -gros  pédicule  sortant  du  crâne  par  le  trou 
oecipitsil  pour  se  contlndel*  daris  le  canal  vertébral  de  tout  le 
raehis  jusque  Vers  la  partie  postérieure  de  ce  dernier,  en 
formant  la  Moelle  épinière;  prolongement  qui  doUne  dans 
chaque  vertèbre  due  pdire  de  Nerfs  latéraux ,  désignés  de  Ik 
sous  le  nom  de  Nerfs  rachidiens,  neffs  èri  apparence  entiè- 
rement semblables  k  ceui  du  cerveau,  dont  ils  ne  sont  en 
effet  au  fond ,  que  des  répétitions  par  paires ,  sortant  par  des 
trous  latéraut  de  la  colonne  vertébrale  pour  aller,  en  se 
subdivisant,  porter  Faction  du  sentiment  et  delà  volonté 
dans  toutes  les  parties  du  corps  dépendant  ânatomiquement 
et  surtout  théoriquement  de  la  vertèbre  où  chaque  paire  uait. 

Quant  au  système  automatique  ou  du  grand  sympathique, 
il  forme  de  chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale  une  série 
de  ganglions  étendue  depuis  la  base  du  crâne  jusque  dans 


o28  TfliOLOGtB   DE  LA   KATURË. 

l'abdomen,  sans  répondre  partout,  ni  en  nombre  ni  en 
disposition ,  à  chacune  des  vertèbres.  De  ces  ganglions  plus 
ou  moins  volumineux  partent  ensuite  plusieurs  troncs  Der- 
veux ,  dont  les  uns  communiquent  avec  les  nerfs  cérébro- 
spinaux, et  dont  les  autres  vont  se  répandre  dans  les 
organes  pour  y  porter  le  principe  vital ,  et  plus  particulière- 
ment dans  les  viscères ,  organes  qui ,  pour  être  soustraites 
au  sentiment  et  k  l'action  de  la  volonté ,  ne  reçoivent  pas  de 
nerfs  du  cerveau  et  de  la  moelle  épinière. 

Ces  deux  systèmes  nerveux ,  y  compris  le  cerveau ,  sont 
forviés  d*une  substance  pulpeuse,  blanche  ou  grisâtre,  sui- 
vant ses  parties ,  que  tout  le  monde  connaît  sous  le  nom  de 
Cervelle  ;  substance  qu'il  ne  faut  pas  confondre ,  comme  on 
le  fait  souvent,  avec  les  tendons  des  muscles  que  le  vulgaire 
nomme  à  tort  des  nerfs. 

En  examinant  la  structure  intime  du  système  nerveux, 
on  le  trouve  composé  de  deux  substances  qui  ne  paraissent 
différer  que  par  la  couleur;  Tune  centrale  blanche,  ou 
Substance  médullaire  et  une  superficielle  grisâtre ,  ou  Sub- 
stance corticale ,  mais  dont  déjà  on  ignore  complètement  les 
fonctions  spéciales.  Sur  quelques  points  du  cerveau,  on 
trouve  en  outre  des  parties  noirâtres  ou  jaunâtres  qui  pa- 
raissent être  de  la  substance  grise  accidentellement  variée 
de  couleur. 

Le  cerveau  et  les  nerfs  ont  une  contexture  fibreuse  ;  le 
premier  offrant  des  fibres  plus  ou  moins  rayonnées  allant  du 
centre  à  la  circonférence,  en  passant  d*une  masse  du  cer- 
veau dans  Tautre  en  s'y  entre-croisant;  tandis  que  dans  les 
nerfs  les  fibres  sont  longitudinales ,  et  de  Ik  plus  ou  moins 
parallèles. 

C'est  en  poursuivant  les  fibres  de  chaque  tronc  nerveux  à 
travers  la  masse  du  cerveau  qu'on  parvient  k  reconnaître  la 
partie  de  ce  dernier  où  les  nerfs  naissent  réellement;  origine 
qui  est  souvent  fort  éloignée  du  point  où  ils  se  dégagent  de  la 
masse  cérébrale,  et  qu'on  nomme  ainsi  k  tort  leur  origine. 


CHAPITRE  III.  529 

Pour  que  les  nerfs,  dont  la  substance  est  très-molle, 
aient  toutefois  quelque  consistance,  afin  que,  distribués 
dans  tout  le  corps ,  ils  puissent  se  prêter,  sans  se  rompre , 
aux  mouvements  des  organes  dans  lesquels  ils  pénètrent, 
ils  sont  revêtus  d*une  tunique  fibreuse  très-forte,  nommée 
le  Névrilème. 

Voici  en  peu  de  mots  ce  qu'on  connaît  d'essentiel  sur  la 
structure  du  système  nerveux  chez  tous  les  animaux.  Quant 
à  sa  composition  et  à  sa  forme ,  Tune  et  l'autre  varie  plus  ou 
moins  dans  les  détails  suivant  chaque  espèce  animale,  en 
offrant  selon  les  Classes  ,  comme  tous  les  autres  organes , 
la  plus  grande  analogie  dans  Tensemble. 

Si  pour  connaître  la  conformation  et  la  composition  du 
cerveau  dans  Y  Homme,  on  les  examine  dans  toute  la  série  des 
Animaux  VERTÉBRÉS ,  on  remarque  facilement  que,  tout  en 
y  retrouvant  les  parties  analogues  dans  les  mêmes  rapports 
de  disposition ,  elles  offrent  toutefois  par  leur  forme  et  leur 
volume  des  différences  assez  notables ,  plus  ou  moins  con- 
stantes dans  chaque  Classe,  pour  constituer  à  l'égard  de 
chacune  un  type  particulier,  ainsi  que  cela  existe  au  fond 
pour  tous  les  autres  systèmes  d'organes  ;  et  cela  dans  tout 
le  règne  animal. 

L'anatomie  de  l'Homme  ayant  été  étudiée  presque  exclu- 
sivement à  celle  des  animaux ,  comme  partie  essenlielle  des 
sciences  médicales,  on  n'a  pu  considérer  le  système  ner- 
veux ,  et  surtout  le  cerveau ,  que  sous  la  forme  toute  spéciale 
qu'ils  offrent  dans  l'espèce  humaine ,  sans  pouvoir  les  rame- 
ner k  aucun  principe  fondamental;  objet  auquel  conduit 
au  contraire  d'une  manière  toute  particulière  l'étude  de  l'a- 
natomie comparative. 

Dans  les  Mammifères  et  surtout  chez  THomme  ,  où  la  par- 
tie antéro-supérieure  du  cerveau  est  très-volumineuse ,  celle- 
ci  enveloppe  tellement  la  plupart  des  autres  parties,  en  se 
confondant  plus  ou  moins  avec  elles,  qu'il  est  impossible 
de  reconnaître  leurs  véritables  rapports  avec  les  autres  or- 

I.  34 


530  THiOLOGtlS  DE  LA  NATCRB. 

ganes.  Si  Ton  descend,  au  contraire,  graduellement  de 
famille  à  famille ,  jusqu'aux  vertébrés  inférieurs  ;  c'est-à-dire 
jusqu'à  la  classe  des  Poissons  ,  en  suivant  Tanalogie  des 
diverses  parties  du  cerveau;  celles-ci  deviennent  pro- 
portionnellement de  plus  en  plus  petites,  de  là  plus  écar- 
tées et  se  présentent  en  conséquence  dans  des  conditions 
qui  permettent  de  mieux  reconnaître  leur  véritable  com- 
position ,  et  les  rapports  anatomiques  de  chaque  partie  con- 
stituante. 

L'Encéphale  des  Poissons  se  montre  ainsi  composé  de 
plusieurs  paires  de  masses  renflées  ou  Ganglions^  dont  le 
nombre  varie  d  une  espèce  à  l'autre;  ce  (^ui  n'a  pas  Is^ssé 
d'embarrasser  les  anatomistes  sur  les  véritables  analogies 
de  chacune  de  ces  parties  avec  celles  des  vertébrés  supé- 
rieurs. En  les  comparant  toutefois  entre  elles  dans  les  di- 
verses classes ,  on  parvient  encore  assez  bien  à  expliquer 
convenablement  cette  diflërence  apparente ,  et  à  ramener  ces 
parties ,  à  un  seul  et  même  type.  Chez  certains  poissons  on 
trouve  même  jusqu'à  onze  paires  différentes  de  ces  ganglions, 
taudis  que  chez  d'autres  il  n  y  en  a  que  (juatre.  C'est  que  chez 
plusieurs ,  la  première  paire  se  subdivise  souvent  en  deux  ou 
trois ,  et  chez  d'autres  la  dernière  est  également  partagée 
en  plusieurs ,  formant  même  jusqu'à  six  paires. 

Si  maintenant  on  examine  quels  sont  les  rapports  de 
toutes  ces  paires  de  renflements  de  TEncéphale  avec  la  com- 
position des  parties  osseuses  de  la  tête  qui  les  renferment, 
on  trouve  que  le  crâne  se  compose  d'une  série  de  cinq  ver- 
tèbres consécutives,  formant  la  partie  la  pins  antérieure  de 
la  colonne  rachidienne;  vertèbres  dont  chacuqe  correspond, 
théoriquement,  à  Tune  des  paires  de  ganglions  de  l'Encé- 
phale, dont  elle  reçoit  ses  nerfs;  et  il  est  très-probable,  tout 
lindique  du  moins ,  qu'il  y  a  en  outre  une  paire  principale , 
celle  désignée  généralement  sous  le  nom  d'Hémisphère  du 
eerveau ,  la  plus  volumineuse  chez  les  mammifères ,  qui  ne 
produit  point  de  nerfs ,  et  se  trouve  surajoutée  aux  ganglions 


CHAPITRE  m.  534 

réellement  vertébraux  ;  ces  hémisphères  étant  I4  siège  de^  fq- 
cultes  purement  intellectuelles ^  qui  n'qnt  pasbesoip  ^'org^nes 
spéciaux  extérieurs  pour  ^tre  exercées. 

Les  fonctions  ^ensitives,  au  contraire,  s'exerçant  ^aps 
certains  organes  particuliers ,  out  toutefois  aussi  daps  le 
cerveau  des  renflements  pluç  ou  pooins  forts,  dans  lesquels 
siège  proprement  le  spp^,  et  où  naissent  les  nerfs  qui  y 
transmettent  Içs  sçnpatiops  perçues  dans  ces  organes,  poqr 
les  communiquera  l'individu,  ou,  con^me  on  dit,  au  Moi  ; 
repflemcpts  qui,  en  conséquence,  prfsidetit  à  ces  sens. 

La  faculté  loçornotrice,  au  moyqn  de  laquelle  Yindividu  a , 
far  sa  volonté,  le  pouvQîf  de  fairq  contracter  plus  ou  moins 
tel  ou  tel  paqscle,  afjp  de  piettre  certaines  parties  du  corps  en 
mouvement,  parait  é^alepient  résider  dans  certaines  parties 
dp  cerveau,  aoù  viendraient  ses  nerfs;  pour  se  rendre  de 
là,  chacun  dans  |e  piuscle  qu'il  doit  fairt;  contracter. 

Il  ept  plus  probable  toutefois,  et  diverses  observations 
tendent  a  le  prouver,  que  la  faculté  locomotrice  de  chaque 
région  du  corps  réside  plus  paipiiculièremept  dans  la  partie 
de  la  moelle  épiniore,  la  base  du  cerveau  comprise,  répon- 
dant à  cette  région  par  les  nerfs  qu'elle  produit;  c'est-à- 
dire  que  les  mouvements  des  muscles  de  la  tête  dépendent 
des  nerfs  crâniens,;  et  que  ceux  des  autres  parties  du  corps 
ont  leur  siège  ^^lUS  la  nioelle  épipière  proprement  dite  ; 
mais  que  de  part  et  d'autre,  l'incitatiop  volontaire  dont 
chaque  partie  de  l'ensemble  de  ces  organes  centraux  du  sys- 
tème nerveux  a  besoin  pour  agifi  ^  son  foyer  exclusive- 
ment dans  le  cerveau,  et  probablep^ent  dans  les  hémi- 
sphères; d'où  résulte  que,  sitôt  qqe  cette  partie,  siège 
de  la  volonté,  cesse  de  fonctipnner,  les  mouvements  volon- 
taires cessent;  et  le  corps  est  en  tout  ou  en  partie  paralysé; 
c*est*k-dire  que  si  les  muscles  sont,  ainsi  que  cela  me  parait, 
des  organes  comparables  ^  des  électro-aimants  ;  lesjierfs  lo- 
comoteurs y  répondraient  aux  fils  conducteurs  du  fluide 
galvanique  ;  les  ganglions  de  la  moelle  épinière  où  ils  nais- 


53i  THKOLOGIE  DE  LA  NATUBE. 

sent ,  feraient  les  fonctions  de  pile  galvanique ,  et  le  cerveau 
celui  d'agent  excitateur  intelligent. 

Enfin,  les  fonctions  automaliqueê,  celles  exercées,  au  con- 
traire, sans  que  le  moi  en  ait  connaissance,  et  sur  lesquelles 
la  volonté  n*a  en  outre  aucun  pouvoir,  résident,  ainsi  que 
je  Tai  dit,  dans  le  système  nerveux  sympathique  formé 
d*un  certain  nombre  de  Gangliom  ou  masses  nerveuses  iso- 
lées ,  ordinairement  assez  petites,  formant  une  série  de 
chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale  ;  ces  ganglions  commu- 
niquant entre  eux  et  avec  les  nerfs  venant  du  cerveau  et  de  la 
moelle  épinière  par  de  nombreuses  branches  nerveuses  ; 
mais  Ton  n'a  pas  encore  pu  s'assurer  si  cette  communication 
est  réelle  ou  simplement  apparente,  ni  comment  elle  a  lieu. 

J'ai  dit  que  l'Esprit  résidait  dans  l'encéphale,  ou  qu'il  y 
avait  du  moins  son  centre  d'activité,  d'où  il  agissait  par  les 
nerfs  sur  tous  les  organes  du  corps  soumis  à  son  empire. 
Les  fonctions  sensitives  et  volontaires  dépendant  des  facultés 
intellectuelles,  il  n'y  a  pas  de  doute  que  les  parties  de  l'en- 
céphale d'où  elles  tirent  leur  puissance  ne  soient  en  commu- 
nication avec  celle  qui  préside  spécialement  k  l'intelligence; 
et  comme  celle-ci  réagit,  il  est  très-probable  que  c'est  plus 
spécialement  dans  cette  partie  aussi,  que  l'Esprit  doit  plus 
particulièrement  avoir  son  siège. 

J*ai  fait  remarquer,  en  outre,  que  les  hémisphères  for- 
maient dans  l'homme  et  les  Mammifères  plus  de  la  moitié 
supérieure  de  la  masse  du  cerveau ,  et  que  ne  produisant 
point  de  nerfs,  on  admettait ,  avec  beaucoup  de  raison,  que 
c'était  là  le  centre ,  où  résidait  ï Esprit  ou  le  Moi. 

Cette  portion  supérieure  de  l'encéphale  étant  proportion- 
nellement plus  volumineuse  dans  Y  Homme  que  chez  aucun 
Mammifère  ,  il  semble  déjk  indiquer  par  Ik  qu'elle  est  le  siège 
de  rintelligence. 

Elle  a  dans  son  ensemble  la  forme  d'une  demi-sphère, 
d'où  le  nom  qu'on  lui  adonné,  et  se  trouve  partagée  longitu- 
dinalement  en  deux  moitiés  par  une  profonde  scissure  qui 


CHAPITRE  m.  533 

la  traverse  jusque  vers  sa  base,  où  les  deux  parties  qu'on  ap* 
pelle  plus  spécialement  les  Hémisphères ,  sont  unies  par  une 
large  commissure. 

Ces  deux  masses  sont  ensuite  encore  subdivisées  k  leur 
surface  en  saillies  arrondies ,  irrégulièrement  contournées 
sur  elles-mêmes  en  de  nombreuses  Circonvolutions ,  qui  ont 
ceci  de  remarquable,  que  c'est  précisément  dans  Y  Homme , 
l'espèce  de  Mammifères  la  plus  intelligente,  qu'elles  sont 
les  plus  nombreuses ,  et  plus  prononcées  que  chez  aucune 
autre,  et  moins  marquées  encore  dans  les  classes  inférieures: 
comme  si  le  degré  d'intelligence  était  en  quelque  sorte  pro- 
portionné h  la  surface  de  cette  partie  du  cerveau. 

Ces  deux  hémisphères  communiquent  h  leur  base,  cha- 
cune principalement  par  un  gros  pédoncule  avec  une  masse 
centrale  inférieure,  impaire,  nommée  le  Pont  de  Varoles^  et 
celle-ci ,  k  son  tour,  postérieurement  par  un  gros  prolonge^ 
ment  ou  Moelle  allongée,  avec  la  Moelle  épinière  qui  en  est  la 
continuation ,  en  se  prolongeant  dans  le  canal  vertébral. 

Sous  la  partie  postérieure  des  hémisphères ,  se  trouve  une 
autre  masse,  la  seconde  en  volume,  ou  Cervelet^  dont  on  ne 
connaît  pas  encore  les  fonctions  avec  certitude,  ne  produi- 
sant également  pas  de  nerfs,  mais  seulement  deux  pédon- 
cules qui  pénètrent  dans  le  Pont  de  Yarole. 

Outre  ces  quatre  parties  principales ,  l'encéphale  en  pré- 
sente encore  d'autres  plus  petites  et  de  moindre  importance 
placées  sous  les  hémisphères ,  et  dont  je  ne  parlerai  point 
ici,  leur  description  étant  sans  but  dans  le  présent  ouvrage. 

C'est  de  la  face  inférieure  de  la  partie  centrale  de  l'encé- 
phale, et  surtout  des  pédoncules  du  cerveau ,  du  pont  de 
Varole  et  de  la  moelle  allongée  que  naissent  les  divers 
nerfs  de  la  tête ,  et  entre  autres  les  deux  nerfs  Olfactifs  ou 
de  l'odorat,  les  deux  nerfs  Optiques  ou  du  sens  de  la  vue, 
les  Trijumeaux  ou  nerfs  du  goût,  et  les  nerfs  Acoustiques 
ou  du  sens  de  l'ouïe.  Quant  aux  nerfs  du  Tact  ou  de  la  sen- 
sibilité générale ,  ils  naissent  par  autant  de  paires  qu'il  y  a 


534  THéOLOGIS  DE  LA  NATURK. 

de  vertèbres ,  en  accompagnant  tes  nerfs  qui  président  aux 
mouvements  volontaires. 

Tous  ces  nerfs  se  rendent  dans  les  divers  organes  aux- 
quels ils  sont  destinés,  en  se  subdivisant  plus  ou  moins 
pour  y  servir  à  la  fonction  que  ces  organes  remplissent. 
C'est-à-dire  que  les  nerfs  sensitifs  y  perçoivent  Timpression 
que  les  corps  étrangers  font  sur  ces  organes  et  tes  trans- 
idettent  au  cerveau ,  pour  les  y  soumettre  au  jugement  de 
l'Esprit,  et  que  celui-ci  communique,  au  moyen  des  nerfs 
moteurs  ou  volontaires,  aux  muscles  soumis  II  sa  domination 
le  commandement  de  se  contracter,  conformément  à  cette 
même  incitation  pour  réagir  selon  les  circonstances  sur  le 
monde  extérieur. 

Ce  double  eiïet  peut  être  parfaitement  comparé  ii  celui 
qui  a  lieu  dans  un  télégraphe  électrique  au  bout  duquel 
seraient  placés  deux  sortes  d*agents,  les  uns  préposés  pour 
signaler  au  chef  du  gouvernement,  au  moyen  du  fil  élec- 
trique, tous  les  faits  qui  ont  lieu  dans  la  région  soumise  ^ 
sa  surveillance,  et  les  autres  ayant  au  contraire  pour  fonctions 
d'exécuter  les  ordres  qu'ils  reçoivent  du  même  pouvoir  cen- 
trât ;  double  communication  qui  s'exécute  avec  la  tûême 
rapidité  peut-être  que  celle  de  ce  même  télégraphe,  dont  léS 
effets  peuvent,  dit-on,  se  transmettre  avec  une  vitesse  de 
45,000  lieues  par  seconde. 

Là  comparaison  que  je  fais  Ici  est  tellettietit  jtistè  que , 
d'après  les  observations  et  les  expériences  qtt'on  à  faites, 
il  existe  h  plus  grande  analogie  entre  le  fluide  nêrteux 
qu'on  suppose  parcourll*  leâ  nerfs,  et  les  fluides  électriqties 
et  galvaniques. 

C'est  ainsi  que  YEsprit ,  qtii  présidé  &  tunité  de  gouver- 
nement qu'on  nomme  d'ordinaire  le  Jfot ,  perçoit  et  apprécie 
les  effets  que  les  corps  étrangers  font  sur  telle  partie  du 
corps ,  et  qui  lui  sont  signalés  avec  les  caractères  que  chaque 
fait  présente,  soit  par  les  ûerfs  du  taôt,  soit  par  ceux  des 
sens  spéciaux  localisés  dans  certains  organes  seulement,  en 


CHAPITRE   III.  535 

même  temps  que  l'Esprit  agit  sur  les  muscles  volontaires 
suivant  sa  décision,  en  leur  transmettant  par  les  nerfs  mo- 
teurs, dont  chaque  fibre  musculaire  parait  recevoir  un  ra- 
muscule,  comme  agent  indépendant  de  tous  les  autres,  To- 
bligation  de  se  contracter  de  la  quantité  voulue;  quantité 
tellement  précise ,  que,  pour  produire  un  mouvement  déter- 
miné de  moins  d'un  centième  de  millimètre^  plusieurs  mus- 
cles y  contribuent ,  quoique  chacun  soit  composé  de  plu- 
sieurs  milliers  de  fibres ,  dont  retendue  de  contraction  est 
différente  pour  chacune:  cette  étendue  dépendant  de  la 
longueur  de  chaque  fibre,  qui  varie  considérablement,  et 
son  degré  d*inctinaison  sur  le  tendon  commun  qui  les  reçoit 
toutes  dans  chaque  muscle  (1),  précision  qui  dépasse  tout 
effort  d*imagination ;  tandis  que,  dans  d'autres  cas,  cette 
même  contraction  est  non-seulement  très- incertaine,  mais 
même  entièrement  involontaire  chez  les  personnes  non 
exercées  h  tel  mouvement,  Ou  affectées  de  tremblement 
contre  lequel  tout  effort  de  la  volonté  est  impuissant  ;  diffé- 
rences qui  dépendent  non  dii  pouvoir  de  Tesprit,  mais  de 
réiat  des  appareils  nerveux  et  musculaires  sur  lesquels  ce- 
lui-ci agit,  en  rentrant  dans  les  conditions  relatives  dans 
lesquelles  se  trouvent  les  esprits  des  diverses  espèces  ani- 
males ,  et  Fournit  ainsi  une  présomption  de  plus  en  faveur 
de  la  similitude  des  esprits  de  tous  les  animaux,  sans  en 
excepter  l'espèce  humaine. 

D'apfès  l'étude  qu'on  a  faite  du  système  nerveux,  on  a 
trouvé  que  toutes  les  paires  de  nerfs  rachidiens  étaient  formées 
k  leur  naissance  sur  la  moelle  épinièré  de  deui  racines ,  une 
plus  superficielle  constituant  la  partie  semitive,  et  une  plus 
profonde,  formant  la  partie  motrice;  que  ces  deux  racines  se 
confondaient  bientôt  en  un  seul  tronc ,  probablement  en 
s'accolant  simpleitienl  Tune  à  l'autre,  sans  précisément  con- 
fondre leur  substance;  et  que  ces  troncs  composés  ainsi  de 


(1)  Voyez  la  note  n»  8  et  17. 


536  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

deux  parties  distinctes  vont  ensuite  se  distribuer  partout  ; 
les  nerfs  moteurs  en  se  rendant  dans  les  muscles  où  ils  se 
terminent;  et  les  tactiles  dans  les  organes  qulls  rendent 
sensibles,  et  spécialement  dans  les  téguments  qui  consti- 
tuent proprement  dans  toute  leur  étendue,  le  réceptacle  du 
sens  du  toucber,  appelé  de  Ik  le  Sens  général.  Lh,  chaque 
extrémité  nerveuse  arrivée  k  la  surface  où  elle  est  en  rap- 
port avec  les  corps  étrangers ,  se  trouve  revêtue  d*une  espèce 
de  coiffe  d'une  substance  légèrement  résistante ,  constituant 
ce  qu'on  nomme  une  Papille  nerveuse ,  enchâssée  dans  les 
téguments  et  recouverte  par  l'épiderme  qui  la  garantit  du 
contact  immédiat  des  objets  extérieurs  ;  papille  bien  dis- 
tincte à  la  vue  simple  dans  l'intérieur  des  mains  et  surtout 
au  bout  des  doigts,  ainsi  que  sur  la  langue.  C'est  à  travers 
cette  enveloppe  que  les  nerfs  éprouvent  les  impressions 
sensitives  que  les  corps  étrangers  exercent  sur  eux,  et  qu'ils 
transmettent  ensuite  au  Moi  qui  les  apprécie. 

On  a  fait  de  nombreuses  conjectures  sur  la  partie  du 
cerveau  qui  pouvait  être  le  siège  tout  k  fait  central  de  l'agent 
intellectuel  de  V Homme  et  des  Animaux;  on  l'a  assez  natu- 
rellement placé  dans  quelques-unes  des  parties  médianes» 
mais  toujours  sans  preuves  certaines  ;  enGn  on  pensa  que 
ce  devait  être  plus  spécialement  dans  les  hémisphères; 
d'abord  par  la  raison  que  ces  deux  masses  cérébrales  sont , 
ainsi  que  je  Tai  déjk  dit,  surtout  très-développées  dans 
l'homme,  qui  se  distingue  par  sa  haute  intelligence,  et,  en 
second  lieu ,  en  ce  que  ces  mêmes  hémisphères  ne  produi- 
sent aucun  nerf,  ce  qui  semble  indiquer  qu'il  préside  k 
une  fonction  qui  n'en  a  pas  besoin  ;  fonction  qui  ne  peut 
guère,  en  conséquence,  être  autre  que  celle  de  l'intelligence 
et  du  jugement  moral.  Mais  k  quoi  sert  alors  le  Cervelet , 
qui ,  très-volumineux  aussi ,  ne  produit  également  pas  de 
nerfs?  On  a  bien  formé  diverses  conjectures  k  ce  sujet,  mais 
toutes  sont  restées  sans  démonstrations  suffisantes.  Gall  a 
pensé  que  c'était  la  partie  qui  régissait  les  fonctions  gêné- 


CHAPITRE    111.  537 

1     ratrices  ;  d'autres ,  que  c'était  le  siège  de  la  régularité  des 

mouvements,  etc. 
!  Quant  à  Tidée  que  les  hémisphères  sont  spécialement  le 
siège  de  Tîntelligence ,  cette  opinion  étant  fondée  sur  cette 
expérience  faite  plusieurs  fois,  qu'en  comprimant  même  lé- 
;  gèrement  le  cerveau  par  un  moyen  mécanique,  chez  des 
personnes  dont  une  partie  du  crâne  a  été  enlevé,  ces  per- 
sonnes ont  k  rinstant  perdu  connaissance ,  sans  éprouver  du 
reste  aucune  douleur  par  reflet  de  cette  compression ,  sont 
revenues  de  suite  à  elles  en  recouvrant  leurs  facultés  intel- 
lectuelles aussitôt  que  la  compression  cessait.  Mais  d'autres 
observations  semblent  aussi  prouver  le  contraire  ;  celle ,  par 
exemple ,  où  des  personnes  blessées  \k  la  tête  ont  eu  le  cer- 
veau plus  ou  moins  fortement  entamé  sans  que  pour  cela 
leurs  facultés  intellectuelles  en  aient  été  altérées.  Il  n'en  est 
pas  de  même  des  moindres  blessures  faites  au  cervelet,  ou 
îi  la  moelle  allongée,  qui  tuent  subitement. 

Les  Physiologistes  sont  allés  plus  loin.  Ayant  remarqué 

que  non -seulement  chez  Y  Homme  y  mais  aussi  et  surtout 

chez  les  animaux  ,  où  les  parties  constituantes  de  l'Encéphale 

sont  plus  distinctes,  les  divers  nerfs  des  organes  des  sens, 

prenaient  leur  origine  dans  des  renflements  plus  ou  moins 

Yolumineux  du  cerveau  ;  ils  ont  pensé  avec  beaucoup  de 

raison  que  ces  renflements  étaient  les  sièges  spéciaux  de  ces 

sens ,  qui  devaient  être  d'autant  plus  actifs  et  plus  subtils , 

que  ces  renflements  étaient  plus  développés  ;  et  partant  de 

cette  première  base ,  ils  ont  pensé  aussi ,  et  cela  encore  avec 

beaucoup  de  probabilité ,  que  de  même  toutes  les  facultés 

organiques ,  les  intellectuelles  comme  les  autres ,  devaient 

avoir  chacune  ainsi ,  dans  l'encéphale ,  un  centre  d'activité 

d'où  leurs  organes  tiraient  leurs  nerfs;  et  que  ces  centres 

devaient  être  également  d'autant  plus  développés  que  les 

fonctions  qui  y  ont  leur  siège  sont  plus  énergiques;  mais 

il  s'agissait,  en  définitive,  de  trouver  le  lieu  de  chacune 

de  ces  parties  de  l'encéphale  qui  préside  à  telle  ou  telle 


S38  THÀ)LOGIB  DB  LA  NATURK. 

fonction.  Cest  la  théorie  de  cette  composition  Ae  renoé- 
phale  et  des  facultés  résidant  dans  chacune  des  parties, 
qui  forment  ce  dernier,  qui  constitue  ce  qu*on  a  nommé  le 
Système  de  GaU ,  ou  la  science  de  la  Phrénohgie  (1) ,  dont  il 
a  déjà  été  question  plus  haut. 

LeB  Appareilê  sensitifs^  aii  moyen  desquels  les  Aisimaix 
se  mettent  en  i^pport  avec  le  monde  extérieur,  sont,  comme 
tout  le  monde  sait,  au  nombre  de  cinq  dans  Tespèce  hu- 
maine; mais  j'at  déjà  fait  remarquer  plus  haut,  page  50, 
qu'il  existait  de  très-foftes  présomptions,  fondées  sur 
Tobservation  deâ  faits,  soit  anatomiques,  soit  physiolo- 
giques, qui  font  penser  que  du  tnoins  certains  animaux  de 
diverses  classes ,  en  possèdent  encore  d^ailtres  dont  nous  ne 
pouvons  concevoir  ni  la  disposition  ,  ni  Tactiôn ,  par  cela 
même  que  nous  né  les  avons  point;  pas  plus  qu*il  ne  serait 
possible  k  un  aveugle  de  naissance  de  concevoir  par  loi^ 
même  la  fonction  de  la  vùê  et  la  nature  des  couleurs  ;  sens  l 
Texistencè  duquel  il  croit  toutefois  par  lès  expériences  qu'il 
fait^ur  les  clairvoyants.  C'est  par  l'un  de  ces  sens,  à  nous 
inconnus,  que  certains  animaux ,  tes  Oiseaux  surtout,  et,  I 
ce  qui  parait  aussi,  le  Chien,  ont  connaissance,  malgré  te 
grand  éloignemeut  de  la  direction  dans  laquelle  se  trouvent 
les  lieux  auxquels  ils  âont  attachés,  i^oit  par  instinct,  soit 
par  tout  autre  sentiment  iuoral.  il  suffira  de  rappeler  ici 
ceâ  f^its ,  bieil  connus  de  tout  te  thôude ,  oà  l'on  einptoie 
défi  Oiseaux  bons  voitieré,  et  d'ordinaire  des  PigeoHs, 
pour  porter  des  missives  !i  de  très-grandes  distances ,  ï 
plus  de  cent  lieues  ;  expériences  où  il  suffit  de  transporter 
dans  le  lied  d'où  ils  doivent  revenir  un  ou  plusieurs  de  ces 
oiseaux  qui  ont  des  petits  qu'tk  soignent.  Le  sentiment  d'af- 
fêclion  qu'ils  out  pour  leur  progéniture ,  les  disposant  à 
revenir  k  leur  nid;  ils  prennent,  aussitôt  qu'ilsi  fiont  remis 
en  liberté ,  immédiatement  la  direction  de  l'endroit  où  se 


(i)  Voyéï  la  noie  n*  28. 


CHAPITRE   III.  539 

trouveut  ces  objets  de  leur  alTectioii ,  en  parcourant  ce  grand 
espace  en  un  temps  tellement  court ,  qu'on  est  oblige  d'ad- 
mettre qu*ils  s*y  rendent  avec  la  plus  grande  célérité  et  eb 
ligne  droite. 

Comment  expliquer  ce  remarquable  résultat  où  ces  Pi- 
geom,  qui  n*ont  jamais  quitté  le  voisinage  de  leur  colombier, 
et  qû*ûii  a  transportés  dans  des  caisses  closes ,  ^  de  si  grandes 
distancés,  ont  Cependant  une  st  parfaite  connaissance  delà 
direction  du  lieu  où  ils  veulent  se  rendre,  qu'aussitôt  ils  y 
vontt  Ce  ne  sont  évidemment  pas  tes  sens  de  la  vue,  de 
Touie  ou  de  Todorat  qui  peuvent  les  guider  h  travers  un  si 
grand  espace  ;  et  Ton  est  bien  forcé  d'admettre  qu'ils  ont 
pour  cela  un  moyen  particulier  d'après  lequel  ils  se  di- 
rigent; nioyen  qui  ne  peut  être  qu'un  sens  (}ae  nous  ne  pos- 
sédons pas. 

C'est  au  moyen  de  ce  même  sens  que  lèâ  fftrondeîJes ,  et 
autres  Oiseaux  Voyageurs,  se  dirigétit  dans  leurs  longues 
pérégrinations,  où  ils  se  rendent  &  tous  les  changements  de 
saisons  h  des  milliers  de  lieues  de  distance  dans  les  lieUï  et 
jusqu'au  même  nid  qu*llsont  autrefois  construit ,  et  qu'ils 
savent  retrouver  lors  même  qu'il  n*est  point  en  vue.  Plusieurs 
fois  j'ai  pris  plaisir  à  voir  partir  d'une  seule  Volée,  dans  les 
premiers  jours  de  septembre,  toutes  les  hirondelles  de  la 
localité,  dont  la  troupe  prenait  chaque  fois  parfaitement  lâ 
direction  du  Sud ,  sans  dévier  le  moins  du  nionde  de  la 
route  qui  devait  les  conduire  jusqtt*au  centre  de  TAfrlque , 
où  elles  avaient  une  seconde  patrie. 

G*ÈST  1>AH  LE  SENTIMENT  iNSTlNCTl^  DE  LA  NÉCESSITÉ  OU 
VOYAGE,  ET  AU  MOYEN  DE  CE  fclXIÈME  SENS,  QUE  L'ÉTËRNEL 
DtEU  A,  DANS  SON  1NËFFA6LE  ÈONTÉ,  ACCOKDÉ  A  CES  Ol^EAUl, 
qu'il  A  PRÉVENU  LEUR  DESTRUCTION  DANS  LE  PAYS  QU'lLS 
QUITTENT    À  l'approche   DË    LA   BIAUVAISÈ    SAISON,    OÙ    tOUt 

moyen  d'existence  leur  manquerait  ;  et  les  y  fait  revenir  par 
l'amour  de  leur  patrie ,  et  lés  inconvénients  du  pays  qu'ils 
habitent. 


540  THBOLOGIE  DB  LA  NATURI. 

C'est  également  par  l'effet  d'un  sens  spécial ,  qn*on  peut 
expliquer  comment  les  animaux  sauvages  reconnaissent  les 
qualités  toxiques  des  plantes  au  milieu  desquelles  ils  doÎTent 
saisir  celles  qui  leur  sont  destinées  pour  nourriture ,  sans 
jamais  en  manger  de  malfaisantes.  Ce  sens  nous  parait  de- 
voir offrir  une  grande  analogie  avec  celui  de  TOdorat ,  maïs 
il  n'est  sans  doute  pas  le  même;  du  moins  tel  que  nous  le 
connaissons  ;  car  on  ne  conçoit  pas  comment  toutes  les 
plantes  venimeuses,  dont  l'odeur  est  si  différente  pour  nous, 
puissent  avoir  constamment,  et  dans  tous  les  climats,  la 
même  odeur  pour  les  animaux. 

Or,  nous  ne  connaissons  chez  les  Animaux  supérieurs 
aucun  organe  qui,  soit  par  sa  disposition,  soit  par  sa  forme 
et  les  nerfs  qu'il  reçoit,  puisse  donner  ces  indications  ;  d*oà 
nous  sommes  même  obligés  d'admettre  que  ces  différents 
sens  n'ont  point  d'organes  spéciaux  extérieurs  a  l'encéphale; 
et  que  ce  ne  peut  être  que  dans  quelque  partie  de  ce  dernier 
qu'ils  doivent  résider.  Mais  encore  lequel?  C'est-à-dire  que, 
jusqu'à  nouvelles  découvertes,  nous  sommes  obligés  de 
ranger  ces  facultés  dans  la  classe  des  instincts  :  ce  qui  n'a- 
vance en  rien  la  solution  de  la  question ,  vu  que  le  comment 
reste  toujours  inexplicable.  Si  l'on  voulait  s'abandonner  aux 
hypothèses ,  et  vouloir  chercher  la  solution  de  ces  questions 
dans  cette  série  de  phénomènes  qui  constituent  la  Science 
mesmérienne ,  où  l'on  dit  qu'on  peut  avoir  connaissance  des 
faits  qui  se  passent  à  grande  distance,  aussi  bien  que  des 
propriétés  des  substances  ;  sans  doute,  on  y  trouverait  l'ex- 
plication des  actes  dont  je  viens  de  parler ,  et  dont  la  réalité 
n'est  plus  mise  en  doute  par  personne;  mais  nous  devons, 
pour  porter  un  jugement ,  attendre  que  les  phénomènes  du 
Mesmérisme ,  de  cette  haute  physiologie ,  soient  en  eux- 
mêmes  mieux  prouvés  comme  faits. 

Nous  verrons  aussi  plus  bas  qu'il  existe  chez  certains  ani- 
maux inférieurs,  tels  que  des  Insectes,  des  Organes  qui, 
par  leur   composition,  doivent  nécessairement  servir  à 


CHAPITRE   III.  541 

quelque  sens  différents  de  ceux  dont  nous  sommes  nous- 
mêmes  pourvus. 

Le  sens  du  TotAchery  généralement  répandu  dans  toutes 
les  parties  du  corps  où  aboutissent  des  nerfs  du  système 
céphalo-rachidien ,  est  toutefois  plus  spécialement  localisé 
dans  les  téguments  par  lesquels  le  corps  se  trouve  en  rap- 
port immédiat  avec  les  objets  extérieurs ,  dont  ce  sens  doit 
signaler  Texistence  à  Tanimal ,  lorsque  ces  objets  viennent  à 
rencontrer  ce  dernier  ;  en  lui  faisant  connaître  leur  degré  de 
résistance,  leur  température ,  ainsi  que  Taction  destructive 
qu'ils  peuvent  exercer  sur  lui.  Ce  sens,  surtout  très-subtil 
aux  bouts  des  doigts  et  de  la  langue ,  y  acquiert  un  degré 
remarquable  de  finesse  par  Texercice  auquel  on  soumet, 
sous  ce  rapport,  ces  parties,  plus  propres  ^  cet  usage  que 
tout  autre,  par  la  forme  et  la  mobilité  qu'elles  ont  re- 
çues, et  qui  leur  permettent  d'explorer  activement  les  objets. 

Tant  que  le  sens  du  toucher  ne  transmet  k  l'agent  intel- 
lectuel que  les  impressions  produites  facilement  sur  le  corps 
par  les  objets  extérieurs ,  ce  sens  reçoit  simplement  le  nom 
de  Tact ,  terme  qui  désigne  ainsi  ce  sens  k  Y éidX  passif.  Lors- 
qu'au contraire  Tintelligence  réagit  pour  questionner  en 
quelque  sorte  les  papilles  nerveuses  sur  la  nature  de  l'objet 
avec  lequel  elles  sont  en  rapport,  en  commandant  k  l'organe 
portant  ces  papilles  de  les  promener  sur  cet  objet,  afin 
qu'elles  puissent  l'examiner  sous  ses  diverses  conditions,  ce 
sens  devenu  actifs  prend  plus  spécialement  le  nom  de 
Toucher. 

Ce  sens  se  trouve  en  outre  k  un  certain  degré  de  finesse 
ïk  la  partie  de  l'Homme  et  des  Animaux  qui  appuient  sur  le 
sol  POUR  qu'ils  t  aient  la  conscience  de  la  disposition  et 

DE  la  forme  de   ce  MÊME   SOL,  AFIN  d' ASSURER  LES  MOUVE- 
MENTS DE  LOCOMOTION. 

En  classant  les  sens  localisés  d'après  leur  analogie  avec  le 
toucher,  le  premier  doit  être  celui  du  Goût,  dont  le  siège  se 
trouve  dans  toutes  les  parois  de  la  bouche,  mais  plus  spécia- 


,14i  THioLOGIS  PB  U  riATDRK. 

I^m^pt  ï  la  surf^c^  de  1»  langue,  m  voile  4u  palais,  et  an 
palais  lui-même,  où  viennent  se  subdiviser  k  ViDQm  les 
derniers  r^musçule^  d^  plusieurs  nerfs  qui  paraissent  jouir 
de  la  faculté,  qui  leur  est  d*aiileurs  exclusivement  propre, 
de  percevoir  cette  sorte  de  sensation^ ,  nerfs  qui  s*y  tenni- 
napt  çqmme  ceu^  du  toucher,  daos  des  papilles  placées  à  la 
aurfs^ce  de  ces  organes ,  et  qui  empêcteut  le  contact  trop 
direct  dea  substances  avec  les  nerfs  eux-mêmes;  papilles 
très-nonibreu$e4  et  fort  distinctes  sur  la  langue ,  et  moins 
au  vqilQ  du  p^laia  et  aux  joues ,  où  les  sensations  guçtatives 
sont  en  effet  de  plus  en  plus  faibles. 

La  langue  seule  reçoit  trois  espèces  de  nerfs  :  le  Linçwl 
VBypoglosse  et  le  Glo^sopharyngim,  Le  premier  parait  être 
pelui  dans  lequel  réside  la  sensibilité  tactile,  le  second  est  le 
nerf  moteur,  et  le  troisième  préside  au  sens  du  goût.  Quoi- 
que qe  soit  par  ce  dernier  sens  qu'on  perçoive  les  impressions 
gustatives  des  substances ,  on  est  cependant  généralement 
dan3  Terreur  ^  ce  sujet,  donnant  d'ordinaire  le  même  nom 
de  goût  k  de  nombreuses  perceptions  qui  ne  sopt  réellement 
que  des  effets  d*odorat.  Le  véritable  Goût ,  qui  n*est  perçu 
que  d^ns  la  cavité  buccale,  fait  connaître  certaines  qualités 
des  substances ,  tant  que  ces  dernières  sont  solubles  dans 
la  salive ,  comme  agissant  par  là  d'une  manière  spéciale 
et  eflicace  sur  les  papilles  de  l'appareil  gustatif  par  une 
espèce  d'effet  cbimique.  Telles  sont  les  qualités  SiLcrées, 
Saliwf^  ^  Alcalim^ ,  Àcide9 ,  Arrières ,  CaM$lique$  et  Astrin- 
gentes^ mais  non  pas  les  Aramatiques^  signalées  par  les 
particules  volatilisées  des  substances;  sensations  qui  accom- 
pagnent asse^  généralement  quelques  autres  des  qualités 
vraiment  gustatives  perçues  dans  la  bouche ,  tandis  qu'elles- 
mêmes  sont  perçues  dans  les  fosses  nasales  au  moyen  des 
vapeurs  qui  s'exhalent  des  substances  placées  dans  la  caviié 
buccale;  vapeur  qui,  pénétrant  dans  le  nez  par  les  arrière- 
narines,  y  font  éprouver  une  sensation  d'odorat  qu'on  con- 
fond avec  le  goût  par  l'effet  de  la  grande  proximité  du  siège 


CHAPITRE   ni.  ^3 

de^  ^enx  sens;  mais  od  peut  facileiQçnt  se  coQvaipcre  du 
coqlraire,  en  mâcbaqt  ou  en  bqvaqt  ççs  ^yb^tapces  arows^- 
tîqpes  pendant  qu'on  p^aintient  leç  narines  fermées  en  1^ 
piuçant,  pour  empocher  le  coqraqt  d'air  venaut  de  la  bouche. 
Dans  cet  état,  les  substances  qu'on  dit  avojr  le  goût  le  plqs 
fort  n'ont  plus  que  ceux  indiqués  plus  haut.  C'est  aiqsi  que 
le  fromage  n'est  plus  que  «aie ,  le  poivre  n'est  qqe  simple- 
ment caustique  y  le  vin  n'est  qu'octdf ,  caMstique^  amur  et 
astringent ,  mais  sans  aqcqn  bo^quet  ;  tandis  que  tous  les 
S^'^ts-goûts  des  aliments  reparaissept  à  l'instaqt  même  o4 
Ton  rétablit  je  CQurant  d'air  par  les  nariqeç. 

Le  véritable  goût  n'a  ainsi  lieu  qu'au  contact  des  corps 
comme  le  toucher,  doqt  il  n'est  qq'une  première  modifica- 
tion spécialisée  dans  certaiqeç  propriétés,  çt  par  \i  un 
toucher  exceptionnel. 

Dans  sa  condition  passive ,  ce  $çns  reçoit  plq$  spéciale» 
meut  le  nom  de  Goût ,  tandis  qqe  lorsque  la  volonté  iqter- 
vient  pour  explorer  les  substances  sous  ce  rapport,  il  reçoit 
celui  de  Saveur.  Dans  le  premier  cas,  oq  goûte  les  aliments, 
dans  le  second,  on  les  savoure. 

Quoique  l'emplacement  où  se  trouve  l'organe  du  sens  du 
goût  soit  très-naturel,  et  ne  paraisse  avoir  SQq$  ce  rapport 
rien  d'extraordinaire ,  il  n'en  est  pas  moinç  veai  Qyp  cç  ne 

PECT  ÊTRE  QUE  PAR  l'eFFET  d'uNE  PUISSANCE  INTELLECTUELLE; 
QUI  A  VOULU ,  DANS  SA  HAUTE  SAGESSE ,  0U*|(,  S^  T^IQUVAT  AV 
COMMENCEMENT  DE  l' APPAREIL  DIGESTIF,  PQIJR  EXCITER  l'aIHI- 
HAL,  PAR  l'agrément  DE  LA  SAVEUR,  À  SA^SII^  Lf;g  A^l^ENTS 
AVEC  SA  BOUCHE  ,  ET  Qu'UNE  FOIS  ARRIVÉS  LÀ ,  L^EfFET  SYM*> 
PATHIQUÇ  QUE  LA  MÊME  PROVIDENCE  A  ÉTABLI  Ê^^TRE  LA  CAVITÉ 
BUCCALE  ET  L'ESTOMAG,  ÉTANT  EXCITÉ  PAR  LE  VIDE  CAUS^  PAR 
l'absence  des  ALUIENTS  dans  C&  dernier  ,  ENGAGE  l' ANIMAL 
À  AVALER  CE  qu'il  A  DANS  LA  BOUCHE,  ET  DE  RE4ETER  GB 
QUI ,  PAR  SON  INSTINCT,  LUI  EST  DÉSAGRÉABLE  ;  Car  pOUrqUOi 

Tappareil  dégustatif  n'est-il  jamais  ailleurs,  dans  quelque 
animal  que  ce  soit? 


544  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

Le  sens  de  Y  Odorat  a,  comme  on  sait,  son  réceptacle  à 
rintérieur  des  fosses  nasales  dans  la  membrane  plus  ou 
moins  développée  en  surface  qui  tapisse  ces  cavités ,  et  cela 
suivant  les  replis  et  circonvolutions  que  font  certaines  lames 
osseuses  ou  cartilagineuses  placées  dans  la  partie  supérieure 
de  ces  cavités;  membrane  dans  laquelle  viennent  se  subdi- 
viser à  rinfini  les  deux  nerfs  Olfactifs ,  les  seuls  qui  aient 

BEÇU  DE  LA  SAGESSE  DIVINE  LA  FACULTÉ  DE  POUVOIR  PERCE- 

iVoiR  LES  ODEURS.  Hais  quoiqu'il  y  ait  encore  contact  entre 
.  les  corps  étrangers  et  Torgane  sensitif ,  ce  contact  est  du 
moins  excessivement  subtil ,  n*ayant  lieu  que  par  cette  sub- 
stance à  rétat  volatil;  subtilité  qui  permet  aux  extrémités 

•  nerveuses  d'être  presque  k  nu,  et  par  conséquent  sans 
former  ces  papilles  qu'on  remarque  soit  au  bout  des  doigts, 
soit  sur  la  langue,  pour  y  préserver  les  nerfs  du  contact  trop 
rude  des  o4)jets  extérieurs.  Cette  presque  nudité  des  nerfs 

.  olfactifs ,  qui  ne  se  trouvent  recouverts  que  de  la  membrane 
muqueuse  très-mince  et  molle  des  fosses  nasales ,  nommée 

•  Membrane  pituitaire^  était  d'ailleurs  nécessaire  pour  que 
l'impression  de  simples  vapeurs,  d'une  subtilité  souvent  in- 
concevable ,  puissent  produire  une  impression  sensitivc  sur 
les  nerfs  à  travers  cette  membrane. 

Ce  sens  est  en  effet,  tellement  délicat  chez  certains  ani- 
maux, que  le  Chien  par  exemple,  reconnaît  après  plusieurs 
heures,  k  Todorat,  non-seulement  qu'une  pièce  de  gibier  a 
passé  sur  tel  point  ;  mais  encore,  la  direction  dans  laquelle 
elle  a  couru,  malgré  les  vents  plus  ou  moins  violents,  qui 
ont  souvent  passé  sur  ces  traces ,  et  auraient  dû  en  enlever 
jusqu'aux  derniers  vestiges  de  matière  volatile  que  l'animal 
a  pu  y  laisser  en  appuyant  si  promptement  ses  pieds.  Or  le 
Chien  est  loin  d'avoir  l'appareil  olfactif  aussi  développé  en 
étendue  que  certains  autres  Mammifères,  tels  que  les  espèces 
du  genre  Marte  ^  dont  tout  l'intérieur  des  fosses  nasales  est 
rempli  de  lames  osseuses  extrêmement  minces,  si  étroi- 
tement contournées  et  repliées  sur  elles-mêmes,  que  la  sec- 


CHAniRE    III.  §45 

tion  de  cet  appareil  est  à  comparer  au  tuUe  le  plus  fin. 
Ici  aussi ,  rien  ne  parait  plus  naturel  que  de  voir  Tappareil 
olfactif  placé  dans  les  fosses  nasales,  à  l'entrée  du  canal  par 
où  passe  l'air  servant  à  la  respiration;  air  qui,  attiré  pour 
cette  dernière  fonction ,  amène  avec  lui  les  particules  odo- 
rantes qu'il  tient  en  suspension.  Mais  pourquoi  cet  appareil 

OLFACTIF  SE  TROUTE-T-IL  PRÉCISÉMENT  LÀ,  ET  NON  AILLEURS, 

si  ce  n'est  comme  pour  le  goût,  par  l'effet  de  la  sublime 
Providence  du  Créateur  ,  qui  l'a  ainsi  placé  dans  les 
conditions  les  plus  favorables  à  la  fonction  qu'il  a  voulu 

qu'il  REMPLÎT. 

De  même  que  les  autres  sens,  l'odorat  présente  aussi  deux 
conditions,  l'une  pa55tt7e  où  l'impression  dea  corps  volatilisés 
se  fait  percevoir  sans  la  volonté  ou  l'attention  de  l'individu , 
condition  où  on  la  désigne  plus  spécialement  sous  le  nom 
de  Sentir;  tandis  que ,  lorsque  le  même  individu  se  sert  de  ce 
sens  pour  explorer  les  corps ,  afin  d'en  reconnaître  les  qua.- 
lîtés,  l'action,  devenue  ainsi  active,  reçoit  le  nom  de  Flairer. 

Par  le  sens  de  l'Ouïe,  l'on  perçoit  des  sensations  plus 
délicates  encore  que  par  celui  de  l'odorat ,  l'agent  qui  s'y  fait 
connaître  n'étant  plus  un  corps  quelconque,  mais  simplement 
des  vibrations  dues  primitivement  h  des  corps  étrangers 
éloignés;  vibrations  transmises  au  moyen  d'autres  corps  in- 
termédiaires solides,  liquides  ou  gazeux,  jusqu'à  l'organe 
sensitif ,  qui  les  communique  au  Nerf  acoustique^  et  celuv-ci 
finalement  au  cerveau ,  en  indiquant  par  les  difTévents  genres 
de  vibrations  qu'il  éprouve ,  de  quelle  nature  est  le  corps  qui 
les  a  mis  en  activité;  et,  ce  qui  est  difficile  à  concevoir,  il 
indique  en  même  temps  la  direction  et  la  distance  où  ce 
corps  est  placé. 

L'Appareil  acoustique  des  Mammifères  se  compose  de  trois 
parties  consécutives  :  V Oreille  externe  ^  Y  Oreille  moyenne  et 
YOreille  interne. 

V Oreille  externe^  que  tout  le  monde  connaît,  se  compose 
du  Pavillon ,  de  plusieurs  Mttseles  qui  mettent  celui-ci  en 

h  35 


$46  THÉOLOGIE  DB  Li  NATURE. 

iQouveipent  et  dit  Conduit  auditif  t^ierm^  canal  étroit 
coniinuniquant  du  fond  du  pavillon  avec  Tixreille  moyenne. 

L'oreille  moyenne  consiste  principalement  en  une  cavité 
nommée  la  Caisse  du  tympar^^  placée  en  dedans  du  conduit 
auditif  externe ,  et  formée  par  la  réunion  de  plusieurs  os. 
Celle  cavité  est  séparée  de  ce  dernier  par  le  Tympan^ 
ipembrane  mince,  rigide,  presque  sèche,  tendue  sur  un 
cadre  osseux ,  formant  la  limite  des  deux  parties,  et  imitant 
absolument  la  peau  d'un  tambour. 

Au  fond  de  celte  caisse  se  trouvent,  à  peu  de  distance  Tune 
de  Tautre ,  deux  petites  ouvertures  communiquant  dans 
Toreille  interne,  dont  Tune,  appelée  h  Fenêtre  ronde,  est 
fermée  par  une  membrane  imitant  un  second  tjmpan;  et 
dont  l'autre,  la  Fenêtre  ovale,  est  bouchée  par  la  platine  de 
l'Élrier,  petit  osselet  dont  il  sera  parlé  ci-après. 

Entre  la  membrane  du  tympan  et  cette  dernière  ouverture, 
est  placée  une  chaîne  de  quatre  très-petits  osselets,  dont  le 
premier,  ou  le  Marteau,  adhère  au  milieu  du  tympan  par 
une  longue  apophyse  styloïde,  formant  le  manche  du 
marteau,  et  partageant  cette  membrane  en  deux  parties 
égales;  tandis  que  sa  tète,  formant  un  gros  renflement  est 
dirigée  librement  dans  l'intérieur  de  la  caisse,  où  elle  s'ar-> 
ticule  avec  YEndume,  second  osselet  de  la  chaîne,  lequel 
s*arlicule  à  son  tour,  par  l'extrémité  d'une  apophyse  grêle  ei 
libre  avec  l'os  Lenticulaire,  le  plus  petit  osselet  de  tout  le 
corps,  à  peine  visible  chez  l'homme,  et  qui  lui-même  s'articule 
avec  le  sommet  de  l'Élrier,  le  quatriènie  osselet  de  la  chaîne 
dont  je  viens  de  parler.  Cet  Êtrier,  qui  a  en  eifet  la  forme 
de  l'objet  dont  il  porte  le  nom ,  se  compose  de  deux  branches 
partant  de  l'os  lenticulaire,  et  se  terminant  aux  deux  bouts 
d'une  platine  ovale,  placée  dans  la  fenêtre  ovale,  au  bord  de 
laquelle  celte  platine  est  liée  par  un  ligament  circulaire  qui 
lui  permet  un  léger  mouvement. 

Cette  chaîne  d'osselets  est  mise  en  mouvement  par  de  Irès- 
petits  muscles  destinés  à  la  tirer,  soit  en  dedans,  pour  tendre 


CHAPITRE   III.  547 

la  membrane  du  tympan ,  soit  en  dehors,  pour  la  relâcher  et 
faire  en  même  temps  sortir  la  platine  de  Tctrier  de  la  fenêtre 
ovale,  dans  laquelle  elle  est  plus  ou  moins  enfoncée. 

EnGn,  sur  les  côtés ,  existe  un  canal  en  partie  membra- 
neux ,  nommé  la  Trompe  d'Eustachi^  établissant  une  com- 
munication entre  la  cavité  de  la  caisse  et  les  arrière-narinesi 
pour  permettre  Taecès  de  Tair  dans  Torcille  moyenne  qui  eo 
est  remplie  :  condition  nécessaire  2i  la  fonction  de  Taudilion. 

VOreille  interne  est  formée  entre  autres  d  une  cavité  fort 
compliquée ,  nommée  de  là  le  Labyrinthe ,  creusée  dans  le 
Rocher,  Tos  le  plus  dur  du  corps,  et  en  conséquence  le  plus 
propre  2i  transmettre  les  vibrations  qu'il  éprouve. 

Ce  Labyrinthe  se  compose  d^une  première  cavité  nommée 
le  Vestibule  »  commtiniquant  par  la  fenêtre  ovale  avec  la 
caisse ,  et  par  celle-ci  avec  les  deux  entrées  de  trois  Ca- 
naux sem%'Circuh%re9  arrondis  •  faisant  également  partie  du 
Labyrinthe.  Enûn,  plus  en  dedans  encore»  est  une  cin- 
quième cavité  de  ce  dernier,  ayant  la  forme  de  celle  d'une 
coquille  de  Limaçon ,  dont  on  lui  a  donné  le  nom.  Cette  ca* 
vite  spirale  est  divisée  en  deux  compartiments  ou  Rampes^ 
par  une  lame  également  spirale  contournant  Taxe  ou  la  Co- 
lumelle  du  limaçon.  L*une  de  ces  rampes  s'ouvre  par  le  gros 
bout  dans  le  vestibule,  tandis  que  FautrQ  aboutit  à  la  fe* 
nêtre  ronde,  par  laquelle  elle  communiquerait  avec  la  c^sse 
si  cette  ouverture  n'était  pas  fermée  par  une  membrane. 

Toute  la  cavité  du  Labyrinthe  est  remplie  d*une  pulpe  de 
consistance  gélatineuse ,  très-délicate ,  dans  laquelle  plon- 
gent les  dernières  fibrilles  du  nerf  acoustique  auxquelles 
cette  humeur  communique  les  vibrations  sonores  qui  lui  sont 
transmises. 

Dans  la  columelle  du  Limaçon  est  creusé  le  Conduit  auditif 
interne^  communiquant  à  sa  base  avec  la  cavité  du  crftne. 
C*est  par  là  que  le  tronc  du  nerf  acoustique  pénètre  dans 
Tappareil  de  Taudition.  Pèsson  entrée,  ce  nerf  envoie  des 
branches  dans  la  pulpe  auditive  contenue  dans  le  vestibule 


M8  THEOLOGIE   DE   LA    NATURE. 

et  les  trois  canaux  semi-circulaires.  Pénétrant  ensuite  plus 
avant,  ce  nerf  forme  succesivement  un  nombre  considé- 
rable d'autres  rameaui,  qui  perçant  les  parois  de  la  cola- 
melle,  entrent  dans  le  limaçon  en  se  répandant  en  rayon- 
nant sur  la  lame  spirale  qui  sépare  les  deux  rampes,  en 
devenant  de  plus  en  plus  courts ,  proporUonnellement  k  la 
largeur  de  cette  lame. 

On  conçoit,  par  la  courte  description  que  je  viens  de  faire 
des  parties  principales  de  Tappareil  acoustique  des  Mammi- 
fères, que  les  vibrations  de  Tair  venant  rencontrer  le  Pa- 
villon de  rOreille,  y  sont  réfléchies  dans  le  Canal  auditif, 
en  augmentant  d'intensité;  que  rencontrant  au  fond  de 
ce  canal  la  membrane  du  Tympan ,  plus  ou  moins  tendue , 
celui-ci  les  fortifie  encore  beaucoup  en  entrant  lui-même 
en  vibration  ,  et  communique  les  frémissements  qu'il 
éprouve ,  d'une  part ,  au  moyen  de  l'air  renfermé  dans  la 
caisse ,  à  la  membrane  fermant  la  fenêtre  ronde ,  et  par 
celle-ci  k  la  pulpe  auditive  contenue  dans  l'une  des  rampes 
du  limaçon  ;  et  d'autre  part ,  il  communique  ses  vibrations 
par  l'intermédiaire  des  osselets  de  la  caisse  à  travers  la  fe- 
nêtre ovale ,  à  la  pulpe  auditive  contenue  dans  le  vestibule, 
les  canaux  semi-circuluires  et  la  seconde  rampe  du  limaçon  : 
divers  effets  que  facilite  la  propriété  éminemment  vibrante 
du  rocher  comme  corps  très-dur. 

Le  pavillon  de  l'oreille  répercutant  simplement  les  vibra- 
tions de  l'élément  ambiant  sur  le  tympan,  on  conçoit  que 
celles-ci  peuvent  être  ou  tellement  fortes  qu'elles  deviennent 
douloureuses  pour  l'animal,  ou  bien  si  faibles  que  celui-ci  a 
de  la  peine  à  les  entendre.  Or  c'est  évidemment  dans  le  but 

DE  GRADUER  CONVENABLEMENT  CET  EFFET,  QUE  LE  CRÉATEUR  A  , 
DANS  SA  SUBLIME  SAGESSE  ,  DONNÉ  À  l' ANIMAL  LA  FACULTÉ  DE 
MODIFIER ,  PAR  LE  MOYEN  DES  MUSCLES  MOTEURS  DES  OSSELETS 

DE  l'ouïe  ,  LA  TENSION  DU  TYMPAN ,  afin  d'augmcuter  OU  de 
diminuer  Veffet  que  produit  cette  membrane  éminemment 
vibrante. 


CHAPITRE   m.  510 

En  examinant  en  outre  les  diverses  autres  parties  qui 
constituent  Tappareil  auditif,  on  reconnaîtra  facilement 
aussi  que,  par  leur  moyen ,  les  vibrations  de  Tair  peuvent 
être  très-bien  communiquées  au  nerf  acoustique ,  et  par 
celui-ci  au  cerveau. 

En  effet,  les  vibrations  ainsi  graduées  étant  transmises  à 
la  pulpe  auditive  remplissant  tout  le  labyrinthe ,  celte  pulpe, 
qui  parait  être  éminemment  susceptible  de  les  transmettre  ^ 
son  tour  k  tout  ce  qu'elle  touche ,  les  communique  aux  der- 
niers ramuscules  du  nerf  acoustique,  le  seul  capable,  comme 

MERF  SENSITIF,  DE  TRANSMETTRE  CES  VIBRATIONS  AU  CERVEAU 

SOUS  LA  FORME  DE  SONS,  cu  Ics  commuuiquaut ,  d'une  part, 
k  ceux  de  ces  nerfs  répandus  sur  la  membrane  qui  double  le 
vestibule;  d*autre  part,  k  ceux  distribués  sur  la  membrane 
intérieure  des  canaux  semi-circulaires,  et  surtout  aux  nom- 
breux rameaux  formant  la  série  graduée  en  longueur,  appli- 
qués sur  la  cloison  des  rampes  du  limaçon. 

Voici  tout  ce  que  les  Anatomistes  et  les  Physiologistes 
savent  de  positif  sur  la  structure  et  la  fonction  de  Tappareil 
auditif,  dont  la  grande  complication  semble  indiquer  un  but 

TRÈS-SAVANT   DANS   LA    SCIENCE  DE    L*AGOUSTIQUE  ,  mais  qUC 

les  connaissances  des  Physiciens  n'ont  pas  encore  pu  ap- 
précier :  car  pourquoi  cette  complication? 

Si ,  ainsi  que  doivent  le  penser  les  Matérialistes,  cet  éton- 
nant appareil  s'est  formé  lui-même  de  toutes  pièces ,  par  je 
ne  sais  quelle  combinaison  de  propriétés  physiques  de  la 
matière  brute  ^  agissant  fortuitement  les  unes  sur  les  autres , 
comment  se  fait-il  que  cet  appareil  soit  partout  le  même 
chez  toutes  les  espèces  de  Mabimifères  ,  dont  les  individus 
primitifs  ont  été  formés  séparément  par  le  hasard^  et  bien 
nécessairement  dans  des  conditions  perturbatrices  fort  nom- 
breuses ,  et  plus  ou  moins  différentes  ;  et  comment  se  fait-il 
que  nous  retrouvions  même  cet  appareil  chez  les  autres  Ver- 
tébrés, formé  exactement  d'après  les  mêmes  principes, 
quoique  fort  varié  quant  aux  détails?  Mais  ce  qui  déroute  ici 


^SO  TmioLOGni  ds  la  natues. 

même  les  plus  hardis  penseurs,  c'est  que ,  malgré  que  Tap- 
pareil  auditif  intérieur  soit  si  compliqué  chez  tes  Mammifères, 
ces  animaux,  bien  qu*ils  aient  Toreille  trës-Gne,  ne  sont 
toutefois  pas  en  état  de  faire  entendre  des  sons  musicaux  ; 
tandis  que  les  Oiseaux  ,  les  seuls  animaux  réellement  musi- 
ciens, et  de  12à  capables  d'apprécier  les  sons  harmonieux,  ont 
cet  organe  bien  moins  compliqué,  surtout  pour  ce  qui  con- 
cerne le  Limaçon. 

Si  Ton  ne  connaissait  que  l'appareil  auditif  de  Thomme  et 
des  autres  Mammifères,  on  serait  très-disposé  k  croire  que 
la  série  si  admirablement  décroissante  des  derniers  ramus- 
cules  du  nerf  acoustique  appliqués  sur  la  lame  spirale  du 
limaçon ,  a  reçu  cette  disposition  si  régulière  par  la  rai- 
son que  chacun  est  en  harmonie  de  ton  avec  le  son  qu'il 
doit  plus  spécialement  transmettre  au  cerveau  ;  disposition 
qu'on  donne  dans  le  même  but  aux  cordes  des  harpes  et  des 
pianos,  suivant  les  sons  plus  ou  moins  élevés  qu'elles 
doivent  rendre;  et  cette  explication  parait  même  d'autant 
plus  plausible,  qu'on  sait  par  expérience  que,  lorsque  l'air 
est  en  vibration,  la  corde  de  ces  instruments  qui  se  trouve 
en  harmonie  de  ton  avec  cette  vibration  de  l'air  se  met  par 
Ik  même  en  vibration  et  rend  ce  son  ;  eflet  qui  a  également 
lieu  sur  toutes  les  cordes  rendant  des  sons  harmoniques 
avec  celle-ci.  Or  cette  expticatiou,  toute  rationnelle  qu'elle 
semble  être,  ne  répond  malheureusement  pas  aux  faits  ana- 
tomiques  qu'on  trouve  chez  les  Oiseaux  dont  j'ai  déjîi  parlé. 

En  effet ,  ces  animaux ,  qui  possèdent  seule  te  sentiment 
inné  de  la  vraie  musique,  que  certaines  espèces  portent  jus- 
qu'au talent  le  plus  extraordinaire,  en  chantant  avec  ta  plus 
rigoureuse  justesse,  ont  cependant  un  appareil  auditif  dans 
toutes  ses  parties  plus  simple  que  celui  des  Mammifères. 

La  conque  de  l'oreille  est  beaucoup  plus  petite ,  et  même 
recouverte  de  plumes,  quoique  conformée  d'une  façon  parti- 
culière pour  faciliter  Taccès  des  vibrations  sonores  de  Tair. 
La  chaîne  des  osselets  de  ta  caisse  du  tympaù  n*est  plus 


CHAPITRE    III.  551 

formée  que  d'une  seule  pièce  représentant  TÉtrier ,  et  d'un 
rudiment  qui  remplace  le  Marteau.  Enfin  teLitnaçou,  loin 
de  former  un  tbur  et  demi  de  spirale ,  tomme  chez  les  Mam- 
mifères, ne  comprend  plus  qu'ertvlron  tari  tiers  dli  tout-. 
L'opinion  avancée  plus  haut,  ijiié  h  dégrddatiori  de  h 
longueur  des  fibrilles  nerveuses  ^ur  la  laitie  spirale  du  lima- 
çon  était  due  h  la  gradaliotl  des  soris  qu'elles  font  percevoir 
à  l'animal ,  ne  parait  en  conséquerice  pas  avoir  été  le  pklK- 
cn^E  d'après  lequel  Le  CRÉAtEUR  A  Dans  son  omnisciei^g^ 

ÉTABLI  l'appareil  AUDITIF  DES  ANIMAUX,   ET  SURTOUT  CeLuI 

DES  Oiseaux. 

Ce  qui  est  encore  difficile  h  concevoir  dans  les  phénonlènes 
d'acoustique,  et  qu'on  peut  juger  avec  une  certaine  préci- 
sion ,  non-seulement  de  la  direction  dans  laquelle  se  trouVe 
placé  le  corps  sonore,  mais  encore  de  sa  distance,  ai  Tô- 
reille  externe,  qtii  rassemble  une  partie  des  ondes  sonore^ 
pour  les  diriger  datià  le  conduit  auditif,  se  trouvait  dah^ 
ch&qué  individu  totijour^  exactement  dans  la  tiléme  dispo- 
sition  relativement  à  ce  dernlei'^  l'explication  serait  facile  : 
on  dirait  que ,  paf  l'effet  dé  l'habitude ,  (bndée  sur  Une  eipé- 
ritnentation  de  toute  la  vie,  oïl  apprend  que  tout  son  qui , 
après  s'être  diversement  réfléthi  dans  la  coûqUe  de  l'oreille, 
atrive  finalement  M  tyrtipafa ,  vient  primitivement  de  telle  et 
distance  et  dans  telle  direction.  Mais  il  suffirait  que  cette 
même  conque  fût  tant  soit  peu  déplacée,  ou  accidentelle- 
ment déformée,  pour  que  tout  ce  résultat  fût  détruit,  vu  que 
la  moindre  modification  dans  les  surfaces  répercutantes  dé 
l'oreille  changerait  tout  l'effet  :  et  c'est  ce  qui  a  lieu  k  tout 
instant,  sans  que  l'individu  perde  par  Ik  la  faculté  de  reéon-* 
naître  là  distance  et  la  direétion  du  corps  sonore 

Dans  sa  condition  passive  ^  la  perception  des  soné  s'ap- 
pelle Entendre  ;  et  lorsqu'elle  est  active ,  pdr  l'attention  qu'ôri 
y  apporte,  elle  reçoit  la  dénomination  A'Êcôuteir, 

Si  1  appareil  acoustique  est  déjk  si  remarquable  par  sa 
composition ,  qui  nous  montre  l'applic^tior  i^b  la  connais- 


S52  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 


SANCE  LA  PLUS  PROFONDE  DES  LOIS  QUI  RÉGISSENT  CETTE  BELLE 

BRANCHE  DE  LA  PHYSIQUE ,  il  n*esi  toutefois  DullemeDt  k  com- 
parer &  Tadmirable  appareil  de  la  Vision  par  lequel  les  ani- 
maux  perçoivent  rexistence  des  objets  sous  le  rapport  de 
plusieurs  de  leurs  caractères ,  au  moyen  de  la  lumière ,  Ta* 
gent  le  plus  subtil  de  la  nature,  dont  la  matérialité,  autrefois 
admise,  est  aujourd'hui  même  contestée  ;  n'étant  plus  con- 
sidérée que  simplement  comme  un  efïeideV£iher(i\  le  corps 
lui-même  le  moins  dense  de  Tunivers  qu'on  suppose  remplir 
tout  l'espace  ;  et  dont  la  lumière  ne  serait  que  le  résultat  de 
ses  vibrations. 

Cet  appareil  de  la  vision  qui  constitue  VŒU  et  ses  dépen- 
dances ,  est  le  seul  de  tous  ceux  qui  servent  k  la  perception  des 
sensations  que  les  Physiciens  sont  parvenus  ^  imiter  en  partie 
dans  la  chambre  obscure;  aussi  est-il  le  mieux  apprécié  dans 

SA  SAVANTE  COMPOSITION  PORTÉE  k  LA  PLUS  COMPLÈTE  PER- 
FECTION qu'on  PUISSE  CONCEVOIR  ,»TANT  SOUS  LE  RAPPORT  DE 
LA  RIGOUREUSE  iPPLIGATION  DES  LOIS  MATHÉMATIQUES  DE 
l'optique,  que  sous  CELUI  DES  PROPRIÉTÉS  DERÉFRAN6IBILITÉ 
DES  DIVERSES  HUMEURS  DE  l'oEIL,  ET  ENFIN  SOUS  CELUI  DE  LA 

plus  bienveillante  prévision  de  toutes  les  circonstances 
qui  pourraient  en  troubler  les  fonctions;  soins  où  le 
Créateur  a  ,  dans  son  ineffable  bonté  ,  partout  prévu 
tous  les  inconvénients  auxquels  ce  magnifique  appareil 
est  naturellement  exposé,  et  cela  non-seulement  chez  les 
Mammifères  dont  nous  nous  occupons  plus  spécialement 

ICI ,  MAIS  AUSSI  DANS  TOUTES  LES  AUTRES  CLASSE  d'aNIMAUX  ,  SE- 
LON LES  CONDITIONS  PARTICULIÈRES  DANS  LESQUELLES  IL  A  PLU 

À  l'Être  suprême  de  les  placer  dans  sa  sublime  sagesse. 
L'Œil  des  Mabimifères  (PI.  I ,  fig>  S)  est  un  sphéroïde 
creux  formé  d'une  membrane  fibreuse,  blanche,  élastique  et 
résistante  (a  a  a)  ou  ^clérottgtie,  constituant  ce  qu'on  nomme 
le  blanc  de  l'œil. 

(1)  Voyes  la  note  n*  15. 


CHAPITRE    III.  553 

La  partie  antérieure  de  ce  sphéroïde  présente  une  grande 
ouverture  circulaire  (6  b) ,  fermée  par  une  calotte  sphérique 
(bcb)  faisant  saillie,  et  formée  par  une  membrane  fibreuse 
dense,  incolore,  parfaitement  transparente,  ressemblant,  pour 
sa  formeetsadisposition,  k  un  verre  de  montre  enchâssé  dans 
Touverture  de  la  sclérotique ,  et  paraissant  formé  d*une  lame 
de  corne  très-mince,  d*où  elle  est  appelée  la  Cornée. 

Immédiatement  derrière  cette  cornée,  la  même  ouverture 
de  la  sclérotique  est  fermée  par  une  cloison  plane .  mince  ^ 
membraneuse  (d d)  ou  17m ,  ainsi  nommé  pour  les  diffé- 
rentes couleurs  dont  elle  est  teinte,  variant  du  gris  au  bleu , 
au  verdàtre ,  et  dans  différentes  teintes  de  brun.  Cette  cloison 
est  formée  en  partie  de  fibres  musculaires  circulaires ,  non 
soumises  k  la  volonté ,  et  en  partie  de  fibres  ligamenteuses 
élastiques  disposées  en  rayons  de  la  circonférence  au  centre, 
où  elle  se  termine  k  la  Pupille  ou  Prunelle  (e),  ouverture  ar- 
rondie chez  Y  Homme  et  la  plupart  des  Mammifères,  où  elle 
forme  cette  tache  noire  au  centre  de  Tiris.  Chez  certains  ani- 
maux, tels  que  le  Cheval  et  la  Chèvre,  cette  ouverture  est 
carrée,  et  dans  les  espèces  du  genre  Chat,  etc.,  elle  est 
ronde  lorsqu'elle  est  complètement  ouverte ,  et  en  fuseau 
plus  ou  moins  étroit  quand  elle  est  contractée. 

A  une  petite  distance  derrière  l'iris,  se  trouve  une  seconde 
cloison  verticale  membraneuse  (ff) ,  formée  par  un  repli  de 
la  Choroïde  (g  g),  membrane  mince  qui  tapisse  toute  la  partie 
postérieure  de  la  sclérotique.  En  arrivant  près  de  Tiris,  cette 
membrane  forme  le  repli  dont  je  viens  de  parler  en  séparant 
la  cavité  de  l'œil  en  deux  compartiments  inégaux ,  un  plus 
grand  postérieur  et  un  plus  petit  en  avant ,  ce  dernier  lui- 
même  encore  divisé  par  l'iris  en  deux  Chambres ,  communi- 
quant entre  elles  par  la  pupille.  Cette  seconde  cavité  est  éga- 
lement tapissée  d'une  membrane  très-fine,  qui  en  revêt  toutes 
les  parois ,  et  vient  en  conséquence  aussi  doubler  les  cloisons 
formées  par  la  choroïde  et  l'iris. 

Au  centre  de  cette  double  cloison,  entre  ses  deux  feuillets, 


S54  THriOLOOn  DB  LA  NATURB. 

se  trouve  placé  le  Cristallin  (ft),  grand  corps  lenticulaire, 
rond,  faisant  face  en  avant  en  touchant  presqu'^  Tiris.  Ce 
cristallin  est  formé  d'une  substance  entièrement  incolore, 
d'une  transparence  parfaitement  limpide  comme  la  cornée, 
et  ayant  la  consistance  de  la  corne  très-ramollie;  mais 
consistant  principalement  en  albumine,  substance  analogue 
au  blanc  d'œuf 

La  cavité  postérieure  (h)  du  globe  de  l'œil,  tapissée  par  la 
choroïde,  est  enduite,  à  l'exception  de  la  partie  qui  répond 
au  cristallin,  d'une  substance  onctueuse  brune,  presque 
noire;  et  il  en  est  de  même  de  la  partie  de  la  membrane  qui 
tapisse  la  face  postérieure  de  l'iris. 

La  cavité  de  la  choroïde  est  à  son  tour  tapissée  par  la 
Rétine  (/  H) ,  membrane  nerveuse  formée  par  l'épanouisse- 
ment du  Nerf  optique  {m),  qui,  venant  du  dessous  du 
cerveau,  pénètre  dans  le  fond  de  l'orbite  osseux,  et  plus 
avant  dans  le  globe  de  l'œil ,  en  perçant  la  sclérotique  et  la 
choroïde  dans  leur  partie  la  plus  postérieure ,  où  il  se  déploie 
en  formant  la  rétine,  qui  s'éteild  en  avant  jusqu'auprès  du 
cristallin.  C'est  dans  cette  membrane  nerveuse  que  réside  le 
sens  si  délicat  par  \e(\ue\  FanitUBl  perçoit  les  plus  légères 
nuances  des  couleurs. 

Enfln  la  cavité  du  globe  de  l'œil,  circonscrite  par  la  télîûe, 
est  remplie  de  Y  Humeur  vitrée ,  ainsi  appelée  de  sa  parfaite 
transparence  qui  la  fend  Settiblable  îi  Une  masse  de  vei^re , 
quoiqu'elle  n^ait  que  la  consistance  du  blanc  d'œuf. 

La  cavité  antérieure  de  l'œil,  placée  entre  la  cornée  et  le 
cristallin ,  est  au  contraire  retnpiie  de  V Humeur  aqueuse , 
liquide  peu  différent  de  l'eau. 

Tels  sont  les  principaux  organes  qui  constitujent  la  partie 
proprement  dioptrique  de  l'œil ,  lesquels  se  trouvent  ensuite 
accompagnés  de  divers  autres,  simplement  accessoires,  qttt 
contribuent  toutefois  puissamment  à  ràccomplisseftiedt  de 
la  fonction  de  l'œil.  Je  les  indiquerai  successivement  en 
parlant  de  leurs  fonctions. 


CHAPITRE    III.  555 

L*œil  étant  dirigé  vers  un  objet,  reçoit  les  rayons  lumi- 
neux diversement  colorés  que  celui-ci  lui  envoie;  et  qui  pé- 
nètrent dans  son  intérieur  a  travers  la  cornée,  Thumeur 
aqueuse,  le  cristallin,  la  capsule  de  ce  dernier,  et  l'humeur 
vitrée  placée  derrière  celui-ci,  tous  incolores  et  d'une  trans- 
parence parfaitement  limpide.  Les  rayons  émanés  de  chaque 
point  de  cet  objet  forment  un  faisceau  qui  couvre  la  cornée, 
et  la  traverse  en  y  éprouvant  une  première  réfraction ,  vu 
la  forme  convexe  de  cette  membrane;  de  manière  que  ces 
rayons  de  lumière  y  sont  brisés  en  se  rapprochant  de  Taxe 
du  faisceau  :  par  l'effet  de  cette  loi  de  l'optique  que 

TOUT   RAYON  LUMINEUX  QUI   PASSE  d'UN  MILIEU  MOINS   DENSE 

(Tâir)  DANS  UN  milieu  plus  DENSE  (l'humcur  aqueuse), 

ÉPROUVE  AU  CONTACT  AVEC  CE  DERNIER  UNE  DÉVIATION  DANS 
SA  DIRECTION  QUI  ht  RAPPROCHE  DE  LA  PERPENDICULAIRE 
ABAISSÉE  SUR  LA  SURFACE  DE  CE  CORPS  PLUS  DENSE  ;  inflexioD 

différente  suivant  la  réfrangibilité  de  ce  corps. 

Une  partie  des  rayons  de  chacun  des  innombrables 
faisceaux  lumineux  qui  traversent  ainsi  la  cornée  tombant 
dur  l'iris,  membrane  opaque,  y  sont  arrêtés  et  perdus; 
tandis  que  la  portion  centrale  de  chaque  faisceau  passe 
par  la  papille,  qui  le  calibre  selon  le  diamètre  de  son  ou- 
verture ;  et  cette  partie  seule  continuant  dans  ta  nouvelle 
direction  qu'elle  a  prise,  rencontre,  un  peu  au  delà,  le  Cris- 
tallin ,  corps  plus  dense  encore  que  l'humeur  aqueuse  qui 
fait  subir  dans  le  même  sens  une  nouvelle  réfraction  à  ces 
faisceaux  lumineux;  ce  qui  les  rapproche  encore  davantage 
de  l'axe  de  chacun  de  ces  derniers.  Ces  faisceaux,  dont  la 
lumière  se  concentre  ainsi  de  plus  en  plus ,  traversant  te 
Cristallin ,  éprouvent  une  troisième  réfraction  en  passant 
de  celui-ci  dans  l'humeur  vitrée  dont  la  densité  est  moindre 
que  la  sienne;  et  par  cela  même  la  réfraction  a  lieu  en  sens 
contraire;  c'est-à-dire  que  les  rayons  lurnîneux  de  chaque 
faisceau  s'éloignent  de  la  perpendiculaire  abaissée  sur  cha- 
que point  respectif  dé  la  face  postérieure  du  Cristallin  ; 


5«%  THÉOLOGIE   DE  LA    NATURE. 

mais  comme  la  courbure  de  cette  surface  est  en  sens  inverse 
de  celle  de  la  face  antérieure,  Teffet  de  cette  réfraction  est 
de  rapprocher  encore  plus  le  rayon  dans  chaque  faisceau , 
en  les  rendant  convergents  de  divergents  qu'ils  étaient  en 
rencontrant  la  cornée.  Or  la  forme  des  surfaces  où  les 

RÉFRACTIONS  ONT  LIEU  EST  SI  SAVAMMENT  CALCULÉE  QUE  LA 
CONVERGENCE  QU^ELLE  PRODUIT  DANS  CHAQUE  FAISCEAU  EST 
TELLE ,  QUE  TOUS  LES  RAYONS  D*UN  MÊME  FAISCEAU  SE  REN- 
CONTRENT EXACTEMENT  SUR  UN  MÊME  POINT  DE  LA  RÉTINE ,  en 

s'y  condensant  autant  qu'ils  Tétaienl  sur  le  corps  dont  ils 
émanent  ;  condensation  dont  le  résultat  est  de  reproduire 
la  même  couleur  du  point  de  Tobjet  d*où  le  faisceau  est 
parti  ;  et  tous  les  points  de  condensation  des  innombrables 
faisceaux  sont  placés  suivant  une  même  surface  courbe 
approchant  de  la  sphérique ,  qui  est  précisément  celle  que 
présente  la  concavité  de  la  rétine,  membrane  blanche  sur 
laquelle  Timage  de  chaque  point  de  Tobjet  se  reproduit 
ainsi,  en  formant  par  conséquent  une  image  parfaitement 
nette  de  cet  objet  entier;  mais  dans  une  position  renversée 
due  à  Tentre-croisement  de  tous  les  faisceaux  dans  la  pu- 
pille, dispositions  nécessaires,  ainsi  que  je  le  ferai  voir, 
pour  que  Tindividu  ait  conscience  de  la  position  réelle  ou 
redressée  de  cet  objet.  Or  chaque  point  de  la  rétine,  trans- 
mettant au  Moi  ,  par  le  nerf  optique  dont  cette  membrane 
est  répanouissement,  la  sensation  de  la  couleur  de  limage 
avec  laquelle  il  est  en  contact ,  ce  même  Moi  se  représente 
par  l'ensemble ,  non-seulement  la  couleur  de  chacun  de  ces 
points ,  mais  encore ,  par  l'effet  de  la  disposition  de  ces  der- 
niers, la  forme  de  Timage  entière. 

La  question  de  savoir  comment  il  se  fait  que  nous  voyons 
les  objets  dans  leur  situation  naturelle  redressés ,  quoique 
leurs  images  soient  renversées  dans  l'œil ,  a  longtemps  oc- 
cupé les  physiciens  et  les  physiologistes,  qui  ont  essayé 
d'en  donner  des  explications ,  les  unes  plus  singulières  que 
les  autres  ;  et  revenant  en  résumé  k  ceci  que ,  ce  n'est  que 


CtlAPlTRË    IIU  55? 

par  l'effet  de  l'habitude  que  nous  voyons  droit  ce  qui  est  à 
l'envers  :  comme  si  jamais  cela  pouvait  être  ;  tandis  que 
l'explication  de  ce  fait  se  trouve  exclusivement  dans  la  né- 
cessité mathématique  du  fait  lui-même;  c'est-à  dire  que 
cela  ne  peut  pas  être  autrement;  en  d'autres  termes,  que 
si»  par  une  raison  quelconque ,  l'image  de  l'objet  était  re- 
dressée dans  l'œil,  nous  verrions  cet  objet  à  tout  jamais  ren- 
versé. En  effet,  quoique  nous  sachions  par  Texpérience  que 
nous  voyons  par  les  yeux ,  ce  n'est  toutefois  pas  de  Timage 
peinte  au  fond  de  notre  œil  que  nous  avons  conscience  : 
cette  conscience  nous  disant  au  contraire  que  Tobjet  est 
hors  de  nous ,  dans  la  direction  de  l'axe  visuel ,  et  cela  même 
à  une  distance  déterminée,  souvent  très- précise  ;  absolu- 
ment comme  nous  entendons  que  le  bruit  se  fait  k  distance 
de  nous  et  non  dans  notre  oreille.  Or,  en  projetant  ainsi  la 
cause  de  Timage  hors  de  nous  dans  la  direction  de  Taxe  de 
chaque  faisceau  lumineux  qui  le  produit,  il  est  tout  naturel 
que ,  les  axes  se  croisant  dans  la  pupille,  le  sentiment  de  tel 
point  de  la  rétine  soit  projeté  en  dehors  vers  le  côté  opposé 
à  celui  où  l'impression  sensitive  a  lieu.  C'est-à-dire  que  la 
partie  de  l'image  qui  est  en  bas  est  projetée  vers  le  haut; 
celle  d'en  haut  vers  le  bas,  et  celles  des  côtés  vers  les  côtés 
opposés.  Cet  effet  est  absolument  celui  qui  a  lieu  lorsqu*on 
veut  voir  ce  qui  arrive  au  dehors  d*une  fenêtre  qui  repré- 
sente la  pupille  de  l'œil  ;  la  personne  qui  veut  voir  ce  qui  se 
trouve  à  droite  est  obligée  de  se  placer  k  gauche  dans  le 
fond  de  l'appartement;  et  lorsqu'elle  veut  voir  ce  qui  se 
trouve  en  haut,  il  faut  qu'elle  se  place  en  bas.  Or  cette  per- 
sonne remplit  successivement  les  conditions  de  chaque  point 
sensitif  de  la  rétine. 

Cette  explication  mathématiquement  vraie  ,  je  l'ai  donnée 
déjà  dans  mon  Traité  pratique  et  théorique  d'anatomie  corn- 
parative,  t.  II,  p.  387,  1842,  et  je  ne  crois  pas  que  d'autres 
l'aient  présentée  avant. 

L'œil,  tel  que  je  viens  de  le  décrire  succinctement  dans 


A 


558  ruBOLOGiE  de  la  nature. 

ses  parties  les  plus  importantes,  est,  comme  od  voit,  une 
véritable  chambre  obscure,  semblable  à  celles  que  les  opti- 
ciens construisent;  ou  plutôt  la  chambre  obscure  est  une 
imitation  aussi  exacte  que  possible  de  Tadmirable  appareil 
dioptrique  de  Toeil ,  dont  les  physiciens  n*ont  pu  imiter  toutes 
les  parties ,  ni  surtout  leur  donner  les  formes  rigoureuse- 
ment nécessaires;  les  moyens  mécaniques  de  fabriquer  ces 
objets  leur  manquant.  Cest  ainsi  qu*ils  ont  été  obligés 
d*empIoyer,  pour  les  Iqntilles  faisant  les  fonctions  de  cris- 
tallin, des  formes  \k  surfaces  sphériques,  tandis  que  ce  de- 
vraient être  des  courbes  de  sections  coniques;  ea  même 
temps  que  la  surface  qui  reçoit  Timage  dans  les  chambres 
obscures  est  plane  au  lieu  d*être  courbe. 
Comment  est-il  possible  que  jamais  un  anatomists  An 

PU  EXAMINER  LA  MAGNIFIQUE  COMPOSITION  DE  l'oEIL  ,  %V  T 
RECONNAISSANT  LES  FONCTIONS  QUE  CHACUNE  DE  SES  PARTIES 
Y  REMPLIT  AVEC  UNE  SI  ÉTONNANTE  PRÉCISION,  SUIVANT  LA 
PART  qu'elle  doit  PRENDRE  À  l' ACCOMPLISSEMENT  DU  PHÉ- 
NOMÈNE DE  LA  VISION,  SANS  SE  SENTIR  PÉNÉTRÉ  JGSQU'aC 
FOND  DE  L*AME  DU  SENTIMENT  DE  LA  PLUS  GRANDE  ADMIRATION 
POUR  UN  APPAREIL  D*UNB  CONSTRUCTION  SI  SAVANTE,  ^T  SANS 
ÉPROUVER  LÀ  LE  SENTIMENT  D*UN  RESPECTUEUX  HOMMAGE  QU'iL 
NE  SAURAIT  SE  REFUSER  DE  RENDRE  DANS  SON  COEUR  AU  SU- 
BLIME AUTEUR  DE  CE  MERVEILLEUX  OUVRAGE  ? 

Destiné  k  faire  connaître  aux  plus  grandes  distances  les 
divers  objets  par  la  couleur  qu'ils  reflètent,  et  par  suite  leur 
forme,  leur  disposition  et  même  leur  éloignement,  l*(eil 
DES  Mammifères  présente  dans  son  ensemble  la  forme 
d'nn  Sphéroïde,  afin  de  pouvoir  tourner  avec  la  plus 

GRANDE  FACILITÉ  DANS  TOUS  LES  SENS,  POUR  ÊTRE  DIRIGÉ 
VERS   TOUS    LES    OBJETS  QUE    L*AMMAL    VEUT  EXPLORER.  CeS 

mouvements,  qui  s'exécutent  avec  la  plus  étonnante  pré- 
cision, sont  produits  principalement  par  quatre  muscles 
fixés  au  fond  de  Torbite  osseuse  autour  de  rentrée  du  nerf 
optique;  d'où  ils  se  portent  en  avant  pour  s'insérer  Tau  à  la 


CHAPITRE    111.  ^^9 

face  supërîeiire  du  globe  de  Tœil;  l'autre  à  sa  face  infé- 
rieure; et  les  deux  derniers  aux  faces  internes  et  externes  : 
tous  les  quatre  au  grand  cercle  de  ce  globe.  Il  suffit  d*avoir 
indiqué  la  disposition  de  ces  quatre  muscles  droits,  pour 
faire  comprendre  que  par  leur  action  ils  font  rouler  rœil 
sur  lui-même ,  en  dirigeant  Taxe  visuel  vers  les  quatre  côtés 
principaux  ;  et  que  les  directions  intermédiaires  sont  pro- 
duites par  la  combinaison  de  Taclion  de  deux  de  ces  nmscles. 
Quoique  ce  nombre  de  muscles  paraisse  suffisant  pour 
que  l'œil  puisse  ainsi  être  dirigé  de  tous  côtés ,  il  en  existe 
cependant  encore  deux  autres ,  dont  l'action  est  de  faire 
rouler  le  globe  sur  lui-même  dans  un  plan  transversal  ;  et 
cela  sur  une  étendue  de  mouvement  assez  considérable. 
L'an ,  fixé  aux  os  de  Torbite  sour  le  globe,  se  porte  en  baut 
pour  s'insérer  au  milieu  de  la  face  externe  de  ce  dernier,  et 
jfait  tourner  l'œil  en  dehors.  Le  second ,  devant  produire  le 
mouvement  contraire,  naît  dans  le  fond  de  l'orbite  au-des- 
sus du  droit  supérieur,  et  se  porte  en  avant,  en  haut  et  en 
dedans,  vers  l'angle  supra-interne  de  Torbite,  où  son  ten- 
don terminal  se  réfléchit  dans  une  boucle  ligamenteuse  fixée 
il  l'os,  pour  se  diriger  en  dehors ,  et  s'insérer  ^  la  face  supé- 
rieure du  globe.  C'est  ainsi  qce  le  Créateur  a  obtem, 

PAR  l'effet  de  cette  DÉVIATION  DU  TENDON  DE  CE  MUSCLE,  de 

le  faire  agir  dans  une  direction  transversale  où  l'espace  dispo- 
nible pour  remplacement  du  muscle  entier  est  trop  court,  et 
l'a  en  conséquence  fait  venir  du  fond  de  Torbite,  dont  la  dis- 
lance est  assez  grande  pour  que  le  corps  du  muscle  soit  suffi- 
samment long  pour  lui  permettre  une  grande  étendue  de  con- 
traction. Il  est  inutile  de  dire  que  pour  faciliter  le  glissement 
du  tendon  dans  la  boucle  ligamenteuse  formée  en  arc  de 
poulie  de  renvoi,  ce  tendon  y  est  accompagné  d'une  gaine 
synoviale  qui  diminue  considérablement  le  frottement  dans 
ce  ligament;  précaution  minutieuse  qui  ne  manque  nulle 

PAHT  DANS  CES  CIRCONSTANCES. 

Mais,  outre  ces  six  muscles  de  l'œil  qui  existent  seuls  dans 


.^i60  THEOLOGIE  DB  LA   tlATURB. 

V Homme,  il  y  en  a  encore  quatre  autres  chez  les  Animaux,  et 
même  chez  les  Singes,  qui  approchent  tant  de  l'espèce  hu- 
maine. Ces  mui^cles,  semblables  aux  quatre  droits,  sous  les- 
quels ils  sont  respectivement  placés ,  mais  plus  courts ,  sont 
également  Giés  aux  os,  autour  du  nerf  optique,  et  s'insè- 
rent en  avant,  k  la  face  postérieure  du  globe  de  l'œil,  quih 
tirent  plus  particulièrement  en  arrière,  en  le  faisant  en 
même  temps  tourner,  chacun  de  son  côté.  C'est  chez  ces  ani- 
maux une  complication  qu'on  retrouve  même  chez  les  Ch- 
sEAijx,  mais  dont  on  ne  comprend  pas  l'usage. 
La  sclérotique  qui  constitue  le  globe  est  une  mbmbrane 

ÉPAISSE,  FIBREUSE,  RÉSISTANTE  ET  ÉLASTIQUE,  POUR  MAIN- 
TENIR  AUTANT    qu'il  EST    NÉCESSAIRE    LA   FORME     SPHÉRIQUE 

contre  les  dépressions  faibles  qu'il  pourrait  éprouver;  dé- 
pressions qui  pouvant  facilement  changer  la  forme  du  fond 
de  l'œil  produiraient  une  altération  dans  la  netteté  de  l'image 
sur  la  rétine. 

La  cornée ,  placée  a  sa  partie  antérieure  é^ant  parfaitement 
transparente,  ainsi  que  les  humeurs  qui  remplissent  le 
globe,  ces  parties  présentent  par  là  la  seule  condition  de 

POSSIBILITÉ  QUI  PERMETTE  À  l' ANIMAL  DE  PERCEVOIR  AVEC 
NETTETÉ   ET  SANS  ALTÉRATION  DE  COULEUR   LES   OBJETS  QU'iL 

regarde;  mais  cette  rigoureuse  limpidité  de  ces  humeurs 
ne  suffit  pas  pour  que  le  résultat  le  plus  parfait  soit  obtenu. 
La  lumière  blanche  étant  composée  de  plusieurs  éléments 
colorés  dont  l'ensemble  constitue  le  spectre  solaire ,  ces  élé- 
ments diversement  réfrangibles  se  séparant,  lorsque  la  lu- 
mière passe  d'un  milieu  moins  dense  dans  un  autre  plus 
dense,  et  réciproquement,  il  était  de  toute  nécessité  que 
cet  inconvénient  fût  évité  dans  Tœil,  pour  empêcher  que 
l'image  produite  sur  la  rétine  ne  fût  irisée,  et  par  Ik  altérée 
dans  les  couleurs  naturelles  des  objets.  Or  cet  inconvénient 

A,  EN  effet,  été  prévenu  PAR  INAPPLICATION  DE  MOYENS 
RESSORTANT  DE  LA  CONNAISSANCE  TRANSCENDANTE  DE  LA 
THÉORIE   DE    LA    RÉFRANGIBILITÉ     DES     CORPS  ,   EN     FAISANT 


CHAPITRX  III.  561 

PASSER  LES  RAYONS  LUMINEUX  QUI  PÉNÈTRENT  DANS  l'OBIL 
À  TRAVERS  PLUSIEURS  MILIEUX  DE  DENSITÉS  DIFFÉRENTES  , 
DONT  L*UN  CORRIGE  L*EFFET  PERTURRATEUR  DE  l' AUTRE  ;  pro- 
priété qui  ne  fut  découverte  que  le  siècle  dernier  par  les 
Physiciens  qui ,  cherchant  k  faire  des  lunettes  achromati- 
ques, en  ont  trouvé  les  moyens  en  t&chant,  dit-on,  d'imiter 
la  composition  de  Fœil,  organe  qui  possède  cette  propriété  à 
un  degré  très-éminent. 

Cette  découverte  est  attribuée  k  un  Opticien  nommé  Hall, 
qui,  le  premier,  construisit  des  instruments  achromatiques 
dès  1733;  mais  cette  partie  de  la  science  de  l'optique  fut 
surtout  perfectionnée  par  Dollond,  en  17o7,  qui  en  dé- 
montra la  théorie. 

C'est  ainsi  que  le  Tout-puissant,  qui  a  créé  la  lumière 
en  la  composant  de  divers  rayons  colorés ,  capables  de 
réfractions  différentes ,  a  lui-même  prévenu  ,  dans  la 

COMPOSITION  DE  l'oBIL,  QUI  DEVAIT  ÊTRE   ACHROMATIQUE,  LES 
INCONVÉNIENTS  QUE  CETTE   PROPRIÉTÉ  DEVAIT  Y  PRÉSENTER. 

J'ai  dit  un  peu  plus  haut  que  nous  n'avons  réellement  pas 
conscience  de  limage  qui  se  forme  au  fond  de  notre  œil , 
mais  bien,  par  le  moyen  de  cette  image,  la  conscience  que 
l'objet  qui  la  produit  est  hors  de  nous,  dans  la  direction  de 
notre  rayon  visuel  ;  mais  cela  ne  suffisait  pas  :  il  fallait  en- 
core pouvoir  reconnaître  la  distance  k  laquelle  chaque  objet 
se  trouve  pour  déterminer  sa  véritable  place ,  et  cela  au 
moins  pour  les  corps  placés  non  loin  de  nous,  avec  lesquels 
nous  pouvons  être  en  rapport  d'action. 

Cette  dislance  est  indiquée,  d'une  part,  par  la  netteté  plus 
ou  moins  grande  avec  laquelle  les  objets  se*  dessinent  sur  la 
rétine;  et  de  l'autre,  par  la  teinte  que  prennent  les  objets, 
teinte  d'autant  plus  grisâtre  et  plus  violàtre  que  ces  objets 
sont  plus  éloignés  ;  et  c'est  cette  propriété  qui  constitue  ce 
qu'on  nomme  la  Perspective  des  couleurs;  et  enfln  la  distance 
est  indiquée  par  la  forme  et  les  dimensions  que  présentent 
les  images  des  objets,  selon  leur  éloignement  et  leurs  direc- 

I.  36 


562  THBOLOGIB  DB  LA   NATL'RB. 

lions  relatifes,  conditions  qui  constitaent  )a  Pei^spective  li- 
néaire ou  géométrique;  et  la  théorie  et  les  effets  de  ces  deux 
perspectives  sont  connus  par  l'habitude  ^ue  donne  l'obser- 
vation de  tons  les  instants.  En  effet,  ces  résultats  sont  si  bien 
dus  à  rhabitude,  que  led  Peintres  trompent  l'œil  te  mieux 
exercé  en  représentant  sur  un  seul  plan  des  objets  placés  à 
des  distances  plus  ou  moins  éloignées,  et  même  fort  grandes , 
en  imitant  simplement  les  conditions  voulues  h  cet  égard 
par  ces  deux  genres  de  perspectives. 

Le  degré  de  netteté  et  les  diverses  teintes  sons  lesquels  les 
objets  sont  représentés  sur  la  rétine ,  et  dont  dépend  en 
partie  l'apparence  de  la  distance  réelle  it  laquelle  ces  objets 
sont  placés,  étant  modifiés  par  toute  lumière  qui  viendrait  à 
les  frapper  et  qui  ne  serait  pas  celle  des  faisceaux  lumineux 
qui  produisent  les  images,  il  était  nécessaire  encore  que  toute 
autre  lumière,  jusqu'à  la  plus  faible  lueur,  fât  interceptée 
ou  détruite.  Cet  effet  est  produit  dans  tous  les  instrumeûts 
d'optique  »  par  la  coolear  noire  mate  qu'on  donne  à  toutes 
les  parois,  antres  que  celle  que  doit  traverser  la  lumière, 
ainsi  que  celle  sur  laquelle  l'image  doit  être  représentée  :  cette 
dernière  devant  être  blanche  ponr  ne  point  absorber  la  lu- 
mière ;  condition  fondée  sur  l'observation  qu'on  a  faite  que 
les  corps  noirs  mats  absorbent  toute  espèce  de  lumière  sans 
la  réfléchir;  d'où  résulte  que  toute  lumière  qui  vient  à  lés 
frapper  s'y  perd,  et  n'est  en  conséquence  pas  réfléchie  sur 
l'image  représentée  dans  quelque  partie  de  lappaml.  Or 

CETTE  PROPRIÉTÉ  DES  CORPS  NOmS,  QDE  LE  GRÉàTBUR  A  0AKS 
SA  TOl)T£*SCIENGE  ,  PARFAITEMENT  CONNUE  ,  IL  L'a  APPLlQtÉE 
DANS  l'admirable  APPAREIL  OPTIQUE  DE  L'CBIL  CHEZ  TOCS  LES 
ANIMAUX  ;  KT  GELA  NON-SEULEMENT  EN  DONNANT  CEtTfi  TEIiYTE 
AUX  PAROIS  DE  LA  CAVITÉ  DB  CET  ORGANE ,  QU'UNE  LUMIÈRE 
PERTURBATRICE  PEUT  RENCONTRER  ,  MAIS  ENCORE  À  TOltES 
LES  PARTIES  OÙ  ELLE  POURRAIT  PRODX^mB  CET  EFFET  DÉFA- 
VORABLE À  LA  VISION,  SI  ELLE  LES  TRAVERSAIT,  AFIN  QUE  CBTTS 
LUMIÈRE  SOIT  ÉGALEMENT  PARTOUT  ABSORBÉE.  C'CSt  aiusi  que 


CHAPITRE    III.  563 


non -seulement  là  choroïde  qui  tapisse  la  cavité  postérieure 
du  globe  de  Toeiî  est  êDduite  de  cette  humeur  noire,'  mais 
aussi  le  revers  de  TiHs  est  recouvert  dé  ce  Pigmèntum;  vu 
^ue  cette  membrane  fort  mince  laisse  traverser  une  partie  de 
la  lumière  extérieure  qui  là  frappé,  et  qui  doit  être  absorbée 
à  sa  face  postérieure  ;  en  même  temps  que  la  lumière  colorée 
qui  forme  l'imagée  sur  la  fétîné  étant  en  partie  rëltëchie,'  re- 
yiendrait  sur  celte  image  par  ùi\è  seconde  réOéiicin  sur 
d'autres  parois,  si  celles-cî  n'étaient  point  noires,  et  trou- 
blerâSt  la  netteté  de  cette  image. 

En  parlant  plus  loin  des  yeux  des  Insectes^  je  ferai  voir 
encore  avec   ûAeLLÉ  MmrTiÈtsÊ  ArtÉNfioN  la  sagesse 

DIVINE  A  EMPLOYÉ  CETiffe  PROPRIÉTÉ  DE   ti  CC^ULEUR  MOIRE  ; 
£T  CELA  TOUJOURS  DAN^  LES  MÊMES  VUES.^ 

Soit  que  fè  pigmèntum  réfléchisse  cependant  encore  une 
partie  de  la  lumière  c^ùèla  rétine  lui  renvoie,  cet  enduit 
n'étant  pas  parfaitement  tèrUfé,  par  cela  même  qu'ait  est 
humide;  soit  qu'une  trop  forte  lumière  qui  frappé  la  rétine 
produise  quelque  irritation  sur  cette  tneînbhiie  et  du  trouble 
dans  sa  fonction ,  tfôiible  que  iiOus  désignons  sous  le  nom 
d*£blouissemehi;  cti  inconvénient  D'une  tÂop  forte  lu- 
mière A  également  été  prévu  et  corrigé  par  la  sagesse 
DV  Créateur,  en  graduant  cette  lumière  selon  le  besoin, 

DÈS  SON  ENTRÉE  DANS  l'oEIIL  ,  PÀW  LÀ  tkCULti  DONNÉE  A  LA 
PUPILLE  DE  POUVOIR  SE  DILATER  OU  DE  SÊ  RÉTRÉCIR  CONVE- 
NABLEMENT POUR  NÉ  LAISSER  ARRIVER  àuÀ'  LE  CRISTALLIN  QUE 
JUSTE  LA  OUANTlTlè  DE  LUMIÈRE  tA  MIEUX  APPROPRIEE  À  LA 
PAODUCTION  D*UNE  IMAGE  BIEN  NETTE  ;  ti  CELA ,  NON  PAS  EN 
EN  LAISSANT  LE  SOIN  À  L' ANIMAL  QUI  POURRAIT  EN  FAIR^  UN 
MAUVAIS  usage;  M41S  LA  SAGESSE'  I^lVlNE  EN  À  FAIT  UNE  FA- 
CULTÉ automatique;  de  maniéré  ûue  Le  Mouvement  de  la 

PUPILLE  A  LIEU  PAR  l'eFFÉT  MÊME  DU  MAL  QUI  DOIT  ÊTRE 
ÉVITÉ  SANS  QUE   L* INDIVIDU  EN  AIT  CONSCIENCE. 

Pour  cela,  la  membrane  de  Tiris  a  été  formée,  ainsi  que 
je  Tai  déj^  fait  remarquer,  de  deux  ordres  de  fibres,  les  unes 


oë4  THÉOLOGIE  DK  LA  NATURE. 

rayonnées  fibreuses  et  élastiques ,  et  les  autres  circulaires 
musculeuses  automatiques  croisant  celles-ci.  Ces  dernières 
susceptibles  de  se  contracter  d*autant  plus  fortement  que 
la  lumière  à  laquelle  la  rétine  est  exposée  est  plus  vive  et  par 
là  plus  irritante;  faculté  physiologiquement  calculée  avec 
Là  plus  rigoureuse  précision,  de  manière  k  produire  exac- 
tement reflet  voulu.  Cest-à-dire  que ,  si  une  lumière  trop 
vive  vient  à  frapper  la  rétine,  celle-ci,  irritée,  réagit  sympa- 
thiquement  sur  les  fibres  musculaires  de  l'iris  qui  se  con- 
tractent en  resserrant  Touverture  pupillaire,  jusqu'au  point 
où  le  faisceau  de  lumière  que  cette  dernière  laisse  passer  ne 
produit  plus  d'éblouissement.  Lorsqu'au  contraire  le  fais- 
ceau lumineux  n'est  pas  assez  fort  pour  former  sur  la  rétine 
une  image  suffisamment  éclairée  pour  être  parfaitement 
sensible,  celle-ci  ne  réagissant  point  sur  l'iris,  les  fibres 
musculaires  de  celui-ci  se  relâchent  comme  paralysées ,  et 
les  fibres  rayonnées  fibreuses  élastiques  devenant  prépon- 
dérantes se  raccourcissent  et  font  agrandir  la  prunelle, 
jusqu'à  ce  que  le  faisceau  lumineux  qui  traverse  cette  ouver- 
ture soit  assez  fort  pour  irriter  la  rétine;  circonstance  qui 
détermine,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  la  contraction  des  fibres  cir- 
culaires. 

Ces  deux  effets  opposés  sont  si  parfaitement  calculés  dans 
leur  gradation ,  et  agissent  si  promptement,  selon  le  besoin , 
qu'il  suffit  de  quelques  minutes  pour  que  l'un  ou  l'autre  effet 
soit  produit;  résultat  qu'on  peut  facilement  voir,  soit  sur 
les  personnes,  soit  sur  les  animaux,  en  leur  faisant  tourner 
alternativement  les  yeux  vers  la  lumière  et  vers  l'obscurité. 
Cet  effet  explique  pourquoi  on  ne  voit  rien  lorsqu'on  entre 
tout  k  coup  dans  un  lieu  obscur  ;  tandis  qu'on  y  voit  assez 
bien  après  y  être  resté  un  peu  de  temps. 

On  pourrait  penser  que  la  contraction  de  la  pupille  a  lieu 
par  l'effet  direct  de  la  lumière  sur  l'iris;  mais  l'expé- 
rience prouve  le  contraire ,  vu  que  chez  les  individus  aveu- 
gles par  l'effet  de  l'insensibilité  de  la  rétine ,  l'iris  ne  se 


CHAPITRE   III,  565 

contracte  plus  par  l'effet  de  la  lamière  qui  frappe  l'œil. 
Cette  contraction  et  cette  dilatation  de  la  pupille  sont 
surtout  fort  étendues  et  très-remarquables  chez  les  animaux 
nocturnes ,  et  parmi  les  Mammifèrks  ,  spécialement  dans  le 
genre  Chat,  qui  voient  assez  bien  dans  une  obscurité  presque 
complète,  leur  pupille,  qui  peut  s'élargir  jusqu'au  point  qu'on 
n'aperçoit  presque  plus  rien  de  tout  l'iris,  laisse  pénétrer 
dans  l'œil  un  faisceau  de  lumière  tellement  gros,  que  mal- 
gré son  peu  d'intensité,  il  suffit  pour  produire  une  image 
sensible  sur  la  rétine.  C'est  ainsi  que  la  sublime  sagesse 

ET  l'ineffable  BONTÉ  DU  CRÉATEUR  A  SOUS  CE  RAPPORT, 
favorisé  la  VIE  NOCTURNE  DE  CES  ANIMAUX  ,  QUI  SANS  CETTE 
FACULTÉ  NE  SAURAIENT  SUBVENIR  À  LEURS  BESOINS;  Ct  COmmC, 

par  cela  même  que  leur  rétine  est  extrêmement  sensible , 
un  faisceau  assez  faible  de  lumière  produit  l'éblouissement 
chez  eux,  il  leur  a  été  donné  aussi  de  pouvoir  tellement 
RESSERRER  LA  PUPILLE,  qu'ou  uc  l'apcrçoit  ^  SOU  tour 
presque  pas  lorsque  l'animal  est  exposé  à  une  vive  lu- 
mière. 

Mais  une  particularité  difficile  k  expliquer  que  présentent 
les  espèces  du  genre  CAat ,  ainsi  que  plusieurs  autres  ani- 
maux nocturnes  encore,  est  d'avoir  la  pupille  en  forme  de 
fuseau,  au  lieu  d'être  circulaire  ;  c'est-k-dire  que  c'est  une 
ouverture  anguleuse  en  haut  et  en  bas  comprise  entre  deux 
arcs  de  cercles,  de  manière  que,  se  dilatant,  l'ouverture  s'a- 
grandit principalement  en  s'élargissant  dans  le  sens  trans- 
versal, et  pas  en  longueur,  et  celk  jusqu'au  point  de  devenir 
à  la  fin  parfaitement  ronde;  tandis  que,  dans  son  plus  grand 
rétrécissement,  ce  n'est,  au  contraire,  qu'une  fente  k  peine 
perceptible. 

Les  rayons  lumineux  formant  les  faisceaux  qui  pénètrent 
dans  Tœil,  étant  d'autant  plus  divergents  qu'ils  viennent 
d'un  corps  plus  rapproché,  il  est  impossible  (jue,  sans  chan- 
ger de  disposition,  les  humeurs  réfringentes  de  l'œil  puis- 
sent, dans  tous  les  cas,  les  réunir  en  un  seul  point  ou  Foyer 


moins 
Mammi- 


566  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

m 

sur  la  rétine  ;  les  rayons  venant  de  loin  se  réunissant  plus 
tôt  que  ceux  venant  de  près.  Or»  comme  Timage  nette  n'est 
formée  que  lorsque  les  rayons  d'un  même  faisceau  sont  con- 
fondus  en  un  seul  point,  il  était  nécessaire  que  la  distance 
entre  le  cristallin  et  la  rétine,  constituant  la  distance  focale 
du  premier,  pût  être  allongée  ou  raccourcie,  selon  que 
ranimai  veut  bien  distinguer  des  objets  placés  plus  ou  i — ■^" 
éloignés.  Rien  n'indique  cependant  dans  l'œil  des  M 

FÈRES  QUEL  EST  LE  MOYEN  QUE  l'InTELLIGBNCE  CRÉATRICE  Y  A 

EMPLOYÉ  POUR  CET  EFFET  i  c  cst-h-dirc  qu'il  u'cxistc  aucun 
moteur  spécial  qui  fasse  varier  la  position  soit  du  cristallin, 
soit  de  la  rétine  :  mais  Tefiet  est  produit  par  des  moyens  in- 
directs. 

l'observation  nous  montre  gue ,  lorsqu'on  regarde  au 
loin,  l'œil  ne  fait  aucun  effort  pour  bien  distinguer  les  ob- 
jets :  on  cherche  seulement  k  bien  ouvrir  les  yeux;  ce  qui  a 
probablement  pour  but  de  tendre  le  mieux  possible  la  con- 
jonctive  ,  membrane  superficielle  de  Tœil ,  qui ,  sans  cela, 
peut  être  l^gèrënoient  ridée,  et  aelà  moins  transparente. 
Quand,  au  contraire,  on  regarde  de  très-près,  on  sent  qu'on 
fait  iin  effort  volontaire  tellement  grand  ,  qu'on  ne  saurait 
le  continuer  longtemps  sans  fatigue;  preuve  que,  dans  ce 
dernier  cas,  les  muscles  dé  l'œil  sont  contractés.  Or,  il  semble 

Sue  par  Feffet  de  cette  même  contraction,  le  globe  de  l'œil 
oit  être  tiré  en  arrière ,  et  comme  il  appuie  sur  un  coussinet 
de  graissé,  l'effet  que  ce  retrait  paraît  devoir  produire  est 
dé  pousser  le  fond  de  la  rétine  en  avant,  en  diminuant  par 
Ih  la  distance  focale  du  cristallin.  Mais  c'est  précisément  le 
contraire  qui  doit  avoir  lieu,  tè  foyer  du  cristallin  pour  les 
objels  rapprochés  étant  plus  reculé  que  celui  des  objets  éloi- 
gnés ;  d'où  il  devient  évident  que  cette  contraction  des  mus- 
cles doit  produire  définitivement  un  tout  autre  résultat. 

En  effet,  le  globe  de  l'œil  étant  rond  et  rempli  de  diverses 
humeurs  plus  ou  moins  fluides,  il  arrivé  qu'en  le  compri- 
mant d'une  façon  quelconque,  ces  humeurs  doivent  se  porter 


GHAflTRE   III.  567 

vers  d'autres  parties  et  les  dilater.  Si  donc  les  quatre  mus-" 
clés  droits,  et  peut-être  aussi  les  deux  obliques,  se  contrac- 
tent, les  premiers  portent  non-seulement  l'œil  en  arrière , 
mais  ils  le  compriment,  en  outre,  sur  ses  quatre  faces  dans 
sa  partie  postérieure,  vu  que  les  muscles  qui  contournent  le 
globe ,  sur  lequel  ils  sont  appliques ,  tendent  par  cette  con- 
traction k  prendre  une  direction  droite  en  appuyant  sur  sa 
convexité ,  de  manière  ii  lui  faire  prendre  dans  cette  t>ditie 
iine  forme  un  peu  pyramidale,  en  le  faisant  entrer  dans 
l'espèce  d'entonnoir  qu'ils  constituent  entre  eux ,  sans  le 
déprimer  au  fond  de  ce  dernier,  et ,  par  conséquent  sans 
£$^courcir  la  distance  foeale  du  cristallin. 

Cette  compression  du  globe  de  l'œil  est  d'autant  plus  pos- 
sible, que  les  deux  muscles  obliques  s'opposent,  en  agissant 
ensemble,  k  ce  que  ce  globe  soit  porté  en  arrière ,  en  même 
temps  que,  par  leur  action ,  ils  le  compriment  par  les  côtés, 
et  le  font  allonger  par  conséquent  d'avant  en  arrière. 

Cest  s^a  doute  aussi  pa#  l'effet  de  cette  ft^rme  pyrami- 
dale que  prend  la  partie  poftérieiire  du  globe  de  l'œil,  qu'on 
pe  Ypit  jamais  bim  (jist^nclQv^nt  qu'une  trèis^petite  portion 
d'\ip  objet»  le  resta  ^apt  d*aiitant  plus  confus  que  la  partie 
dlç  l'image  s'éloigq^dava^t^ge  de  ee  point  central.  Celas*ex« 
p|ique,  d'après  ce  que  j^  viens  de  faire  renoarquer,  parce  que 
\a  fond  de  l'œil  étant  allongé  >  et  ep  con^uence  non  eon^ 
çentrique  autour  du  (centre  ivk  cristallin ,  ce  n'est  que  daas 
la  partie  très-peti^^  ^  sofimet  ^e  la  pyramide  où  la  seasa* 
tion  est  la  plus  viye,  q/^^  Vimage  est  sieule  parfaiieaieiit 
nette ,  et  d^  plus  en  f^^^  tumh^e,  autour. 

Cet  allongew^t  4^  la  partie  postérieure  dn  gl^be  doit, 
toutefois,  ét^e  très*faible;,  pour  ^e  pas  tnotp  troubler  l'image 
vers  la  périphérie  du  cbamp  d^  Voe^MttU»^  9sse&<^epenxlftttt 
pjour  allonger  uq  pe«  la^ instance  (poat^  du  cristaHin ,  afin 
de  contribuer  k  fai^e  tmeu^  di^tifign/er  par.  là  les  otijets  cMp* 
proches. 

Cette  même  compression  du  globe  doit  edsuite  produire 


568  THEOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

an  second  efiet  bien  plus  efficace  que  le  premier,  celui  de 
porter  toutes  les  humeurs  de  Tintérieur  de  l'œil  en  avant.  Le 
cristallin,  librement  suspendu  au  centre  de  la  cloison  mem- 
braneuse dans  laquelle  il  est  placé,  est  fortement  poussé  en 
avant  par  le  déplacement  de  1  humeur  vitrée,  en  s'éloignant 
du  fond  de  la  rétine,  ce  qui  augmente  notablement  la  dis^ 
tance  focale  de  ce  dernier;  mais  ces  effets  ne  suffisant  pas 
encore  pour  amener  la  rétine  au  foyer  de  cette  lentille;  celle- 
ci  poussant  k  son  tour  Thumeur  aqueuse  devant  elle,  ce  li- 
quide agit  de  même  sur  la  cornée ,  et  lui  fait  prendre  une 
forme  beaucoup  plus  convexe  ;  d*où  résulte  pour  cette  der- 
nière humeur  une  plus  grande  force  de  réfrangibilité,  qui 
achève  d'amener  le  foyer  du  cristallin  sur  la  rétine. 

C'est  par  cet  ingénieux  effet  produit  par  les  muscles,  que 
l'animal  fait  k  volonté  varier  instantanément  la  distance 
focale  de  la  rétine,  pour  accommoder,  selon  le  besoin,  son 
œil  k  la  perception  des  objets  placée  k  différentes  distances. 

Le  globe  ayant  dû  être  mobile,  pour  pouvoir  être  dirigé 
de  tous  côtés ,  et  les  téguments  qui  le  recouvrent  étant  par- 
faitement transparents^  il  se  présente  pour  ces  effets  deux 
conditions  différentes  :  ces  téguments  pouvaient  être  cornés, 
et  par  conséquent  fixes ;,  et  l'œil  mobile  dessous;  ou  bien  ils 
pouvaient  être  très-flexibles  et  adhérents  k  l'œil,  qui  les  en* 
traîne  dans  ses  mouvements;  deux  dispositions  qu'on  re- 
marque en  effet  chez  les  différents  animaux ,  selon  les  con- 
ditions  DANS  LESQUELLES   LA  VOLONTÉ  DU  CRÉATEUR  LES  A 

PLACÉS  :  la  première  nous  la  trouvons  chez  les  Serpents,  etc., 
et  la  seconde  chez  les  Mammifères  et  les  Oiseaux. 

Dans  ces  deux  dernières  classes,  la  portion  de  téguments 
qui  revêt  la  face  antérieure  du  globe  de  Tœil  ou  la  conjonc- 
tive^ est  une  membrane  très-ténue  et  molle,  qui,  pour 

rester  transparente  et  flexible  ,  A  BESOIN  d'eTRE  CON- 
STAMMENT HUMECTÉE  PAR  UNE  HUMEUR  AQUEUSE  QUI  LA  RE- 
COUVRE. Cette  humeur,  qui  constitue  les  Larmes  lorsqu'elle 
croule  en  abondance,  est  sécrétée  par  une  petite  glande  placée 


CHAPITRE   III.  .H69 

aa  -  dessos  de  la  partie  externe  du  globe ,  et  qui  produit 
plusieurs  petits  canaux  excréteurs  venant  s'ouvrir  sous  la 
paupière,  où  ils  laissent  couler  ce  liquide;  et  c*est  par  les 
mouvements  de  clignotement  que  les  paupières  la  répandent 
en  très-petite  quantité  sur  les  yeux  pour  les  humecter 
simplement.  Cette  humeur  coulant  ensuite  sur  la  conjonc- 
tive, 8*y  évapore  en  partie,  et  le  surplus,  descendant  par 
Teffet  de  son  poids ,  arrive  ^  la  paupière  inférieure ,  qui , 
taillée  en  biseau  à  son  bord  postérieur,  forme  par  Ih  une 
gouttière  dans  laquelle  les  larmes  coulent  vers  l'angle  interne 
de  l'œil ,  où  elles  arrivent  k  un  canal  par  lequel  elles  s'é- 
coulent dans  le  nez. 

La  sécrétion  des  larmes  étant  continuelle ,  il  arriverait  le 
plus  souvent  que  la  petite  gouttière  qui  les  recueille  ne  pou- 
vant facilement  les  contenir,  les  laisserait  déborder  sur  les 
joues.  Mais  tout,  jusqu'à  ce  petit  inconvénient,  a  été  admi- 
rablement PRÉVU  PAR  LA  BONTÉ  DU  CRÉATEUR.  Pour  CCld,  il 

a  été  placé ,  sous  la  conjonctive  qui  double  les  paupières ,  un 
certain  nombre  de  petites  glandes  simples ,  dites  de  Meibo- 
niuSy  sécrétant  une  humeur  onctueuse,  grasse,  qui,  coulant 
par  de  petits  conduits  ouverts  sur  le  bord  des  paupières, 
les  graisse  légèrement ,  et  empêche  par  Ik  les  larmes  de 
passer  par-dessus,  à  moins  qu'elles  ne  soient  trop  abon- 
dantes ;  et  c'est  leur  débordement  qui  constitue  l'action  de 
pleurer. 

La  sécheresse  de  la  conjonctive,  qui  survient  lorsqu'on 
tient  les  yeux  longtemps  ouverts,  devenant  douloureuse,  on 
est  souvent  obligé  de  clignoter  pour  l'humecter  de  nouveau; 
mais  ce  n'est  pas  uniquement  pour  cela  que  les  paupières 
ont  été  ajoutées  aux  yem  ;  ces  organes  si  précieux  et  très- 

DÉLIGATS  DANS  TOUTES  LEURS  PARTIES  DEVANT  ÊTRE  SOIGNEU- 
SEMENT MIS  À  l'abri  DBS  NOMBREUX  ACCIDENTS  AUXQUELS  ILS 

SONT  CONSTAMMENT  EXPOSÉS ,  surtout  par  l'actiou  des  corps 
étrangers  qui  volent  dans  l'air,  ou  même  par  l'effet  d'une  lu- 
mière trop  éclatante ,  les  paupières  ont  principalement  pour 


570  THiOLOÇlK  PS  }Ji  NATURE. 

fonctions  de  les  eq  garantir.  A  cet  eQet ,  ces  deux  replis 
tégumentaires  renferment,  dune  part»  des  muscles  qui  les 
meuvent,  dont  Tun,  formé  d'une  couche  de  fibres  circulaires 
autour  de  la  fente,  sert  à  fermer  Tœil  en  pressant  les 
paupières  Tune  contre  l'autre. 

Sous  la  partie  de  ce  muscle  qui  eqtre  dans  la  composition 
^(i  la  p^upière  supérieure ,  se  trouve  le  âtmcU  releveur  de  la 
paupière^  fixé  au  foqd  de  Torbite  au-dessus  du  muscle 
droit  supérieur,  d'où  il  se  porte  en  avant  et  en  haut,  pénètre 
dans  la  paupière  et  s'y  élargit  en  un  feuillet  mince  qui  va 
s'insérer  ï  une  Iqnne  cartilagineuse  occupant  le  bord  libre 
de  la  paupière.  C'est  en  agissant  sur  ce  cartilage  que  ce 
muscle  relève  la  paupii^ra  saps  lui  iW(à  foir^  d'apgle,  ainsi 
que  cela  a  lieu  chez  beauç<>i}p  d'animaux  qui  manquent  de 
ce  cartilage. 

Mais  la  sollicitude  py  €^^A?:^t[p  nç^'est  fowt  bngoke 
ARHÉTÉE  LÀ  l^a  s^oindrc  ppps&ièrç  cavsapt  de  vives  dou- 
leurs sur  1^  conjonctive,  pwuB  phâgiséiient  thè^-sen* 

SIBLE  POUR  QUE  L*A{U1|AL  SO^T,  CQIiSTAïqCENT  EN  QkUW  QQXTBE 
TOUT  CE  QUI  POURRIT  \  pAl}SEH'iH^£|.QUfi  TR0U9L^«  LA  DI- 
VINE Provipenge  a  porté  se;s  ^i^^  minutieux  jusqu'à  gak- 

NIR  LE  90RD  DfS  UEUX  PAUPIÈRES,  ET  SPÉGIALEMEFT?  LA 
SUP^^lf:URE  I  d'une  EA^GâE  DE  ÇHf ,  POILS  TRES-ROIRE»  iUS- 
POSÉS  EN  tEIGNIlS ,  SE?i^]^  ET  PIRi^ÉS  EN  AVANT  POUn  ARRÊ- 
TER LES  MOINDRES  CORPUSCULES  QUI ,  VOLTIGEANT  EN  L'aJ»  « 
PQUflRA^PfT  TOMBER  PANS  JL.ES  TEflX ,  EK  MÊME  TEUPS  QUE 
LES  Gi;.S  GAfU^TISSEI^T  l'qEIL  DE  LA  G^^RTÉ  VENANT  DU  CIEL  » 
ET  QUI  PEUT  TROUELfill  I^A  NETTETÉ  DE  l'iM AG£  PEINTE  SUR  LA 
EI^TINE. 

Enfin  l'appareil  du  sens  de  la  vue  étant,  par  la  délica- 
tesse de  sa  structure ,  très  *^$pQ$é  apx  efforts  plus  ou  moins 
violents  que  les  corps  extérieur^  peuvent  exercer  sur  lui  >  la 
Sagesse  divine  l'a  arrité  le  mieux  possible,  E9  l'enfer- 

>UNT  DANS  UNE  CAVITÉ  OSSEUSE  FORMANT  l'OrQITB,  DAMS 
LiVQIJE^LE  IL  SE  veut;  ET  DONT  l'OUVERTURE,  TO|ttNÉE  EN 


CHAPITRE  III.  571 

AVANT ,  EST  ELLE-MÊME  GARANTIE  PAR  LA  SAILLIE  DU  FRONT , 
S* AVANÇANT  PLUS  OU  MOINS  SUR  ELLE. 

Dans  la  description  très-succiDcte  que  je  viens  de  faire  de 
Toeil,  description  suffisante  pour  faire  comprendre  la  forme 
et  la  fonction  de  ce  superbe  appareil,  où  se  dévoile  la 
science  la  plus  transcendante  de  Toptique,  je  n'ai  toutefois 
pas  fai)  mention  de  plusieurs  particularités  fort  remarquables 
pour  r^na^omiste  et  le  physiologiste,  mais  qui  seraient  ^aq^ 
întéfét  dans  le  présent  ouvrage.  Je  n'ai  ainsi  point  parlé  de 
la  structure  intime  de  chacune  des  parties  de  cet  appareil , 
QÎ  du  Cercle  ciliqire^  anneaq  blanchâtre  qui  entoure  posté- 
rieurement ie  grand  cercle  de  Tiris ,  et  dont  on  ne  connaît 
pas  la  fonction.  Beaucoup  d'anatpipistes  le  considèrent 
comme  un  ganglion  nerveux  appartenant,  dans  ce  cas  sans 
doute,  au  système  sympathique,  et  pensent  que  c'est  sous  son 
influence  que  la  Pupille  se  dilate  ou  se  resserre  sympa^hi- 
quement  par  l'irrita^on  de  la  rétipe. 

pn  retrouve  les  mêmes  cinq  sens  (|ans  l^s  quatre  ^ujres 
classes  de  Vertébrés,  et  cel^  avec  ]a  même  disposition 
dans  les  appareils  respectifs  ;  conséquence  naturelle  de  l'u- 
nité du  plan  d'après  lequel  cet  Émbrai^chement  du  Règne 
ANIMAL  a  été  formé;  et  chacun  c|e  ces  appareils  se  compose 
en  conséquence  des  mêmes  parties  principales  que  chez  les 
Mammifères  ;  en  offrant  toutefois  diverses  mpditications  ep 
harmonie  avec  le  genre  de  vie  pour  lequel  ces  animau^^  ont 
été  créés. 

Le  Tactj  généralement  répandu  sur  joutes  les  parties  du 
corps,  ne  parait  nulle  part  localisé  dans  quelque  organe 
spécial  du  Toucher  chez  les  Oiseaux  ,  si  ce  n'est  chez  cei:- 
taines  espèces  qui  saisissent  les  objets  avec  leurs  pieds ,  or- 
ganes où  la  sensibilité  parait  être  assez  précise. 

Le  Goût  et  YOdorat  ne  présentent  rien  de  particulier  ; 
et  sont  l'un  et  l'autre  plus  ou  moins  subtils ,  comme  chez  les 
Mammifères. 

Quant  à  rOuïe,  j'ai  déjà  (ait  remarquer  que  les  Oisëau]!:, 


572  THÉOLOGIE  DE  LA  NATCRE. 

les  seuls  animaux  réellement  musiciens,  portaient  souvent 
le  talent  du  chant  jusqu'au  plus  haut  degré  de  perfection. 
Cette  faculté  prouve  non-seulement  que  ces  animaux  ont  un 
appareil  vocal  parfaitement  organisé,  mais  encore  que  le  sens 
de  rOuie  est  exquis  chez  eux ,  tant  par  la  Qnesse  de  la  percep- 
tion que  par  le  discernement  des  sons  harmoniques  ;  et  cepen* 
dant  leur  appareil  auditif  est  plus  simple  que  chez  les  Mam- 
mifères, ainsi  qu*on  l'a  vu  en  parlant  plus  haut  de  ces  der- 
niers animaux;  fait  jusqu'à  présent  inexplicable  pour  le 
physiologiste. 

C'est  ainsi  que  déjà  les  Oiseaux  n'ont  point  de  PavUUm 
de  TOreille,  mais  seulement  une  dépression  membraneuse 
latérale  de  la  tête  qui  en  tient  lieu  :  partie  toutefois  très- 
large  chez  les  Chouettes  et  les  Hibous^  qui,  sans  pouvoir 
chanter,  paraissent  avoir  l'Ouie  extrêmement  délicate. 

Cette  conque  de  l*oreille  est  généralement  dépour- 
vue DE  plumes,  qui  empêcheraient,  par  leur  présence, 
les  sons  de  s*y  réfléchir  convenablement  dans  le  con- 
duit AUDITIF.  Mais  cette  partie  est  recouverte  par  quelques 
grandes  plumes  qui  la  traversent,  et  qui  présentent  seules 

UNE  CONFORMATION  PARTICULIÈRE ,  CALCULÉE  D*APRÈS  L*USAGE 

AUQUEL  ELLES  SERVENT ,  CCS  plumcs  ayant  leurs  barbes  très- 
écartées,  grêles  et  roides,  de  manière  k  ne  former  qu'une 

ESPÈCE    DE  TREILLIS,   À  TRAVERS  LEQUEL  LES  SONS  PEUVENT 

TRÈS-BIEN  SE  TRANSMETTRE  À  l'oreille  ;  taudis  qu'clIcs  em- 
pêchent l'accès  de  l'eau  et  même  de  l'air  froid. 

Le  Tympan  y  k  fleur  de  tête,  ferme,  comme  chez  les 
xMammifères,  la  Caisse,  qui  ne  renferme  qu'un  seul  osselet, 
au  lieu  de  quatre  formant  la  chaîne  entre  cette  membrane 
etl'orilicedu  Labyrinthe,  Celui-ci  se  compose  également  d'un 
Vestibule,  de  trois  Canaux  semi-circulaires  et  du  Limaçon, 
mais  dont  les  rapports  ne  sont  pas  les  mêmes  que  chez  les 
Mammifères  :  le  Limaçon  diffère  surtout  en  ce  qu'il  ne 
forme  plus  la  spirale ,  mais  simplement  un  ergot  conique 
un  peu  arqué,  et  tout  cet  appareil  est  plongé  dans  du  tissa 


cHAPimB  m.  573 

cellulaire  osseux  très-léger  formant  Pintërieur  des  os  du 
crâne,  et  dans  lequel  Tair  extérieur  a  accès. 

Quoique  YOEil  des  Oiseaux  soit  formé  absolument  sur  le 
même  plan  que  celui  des  Mammifères ,  il  en  difière  toutefois 
par  une  plus  grande  complication ,  et  en  conséquence  par 
une  plus  grande  perfection. 

Le  Globe  y  au  lieu  d'élre  sphérique,  a  la  forme  d'une 
courge  très-courte,  dont  le  goulet,  placé  entre  la  Cornée  et  le 
Cristallin ,  est  garni  tout  autour  d'un  cercle  de  plaques  os- 
seuses, unies  par  des  fibres  musculaires ,  de  manière  à  pou- 
voir être  rapprochées  pour  élreindre  cette  partie  de  l'œil  ; 
resserrement  qui  produit  à  la  fois  rallongement  de  Tœil,  une 
forte  convexité  de  la  cornée,  et,  par  suite,  un  changement 
notable  dans  la  distance  focale  du  cristallin. 

Il  existe,  comme  chez  l'homme,  six  muscles,  quatre 
droits,  disposés  de  même,  et  deux  obliques ,  mais  ceux-ci, 
autrement  placés ,  ayant  leur  point  d'attache  sur  la  partie 
antérieure  du  fond  de  l'orbite,  d*où  le  supérieur  se  porte  en 
haut ,  en  dehors  et  en  arrière ,  pour  s'insérer  directement , 
sans  se  détourner  dans  une  poulie,  en  dessus  k  la  sclérotique. 
L'inférieur,  qui  naît  sous  le  supérieur,  se  porte  en  dehors , 
en  dessous  et  en  arrière,  pour  s'insérer  en  dessous  k  la  sclé- 
rotique. Ces  deux  muscles  doivent  également  comprimer  le 
globe. 

Le  Cristallin  est  beaucoup  moins  convexe  que  chez  les 
Mammifères;  condition  conforme  au  genre  de  vie  de  ces 

ANIMAUX ,  QUI  S'ÉLEVANT  À  DE  GRANDES  HAUTEURS  DANS  l'aIR  , 

doivent  Être  presbytes  ;  genre  de  vue  où  la  réfraction  des 
humeurs  de  l'œil  est  la  plus  faible  ;  et  gomme  les  Oiseaux 

DOIVENT  cependant  AVOIR  AUSSI  LA  FACULTÉ  DE  BIEN  DISTIN- 
GUER LES  OBJETS  qu'ils  TOUCHENT ,  IL  ÉTAIT  ÉGALEMENT  NÉ- 
CESSAIRE QUE  LA  DISTANCE  FOCALE  DU  CRISTALLIN  PUT  CONSI- 
DÉRABLEMENT varier;  et  c'est  a  quoi  sert  la  complication 
de  la  pariie  antérieure  de  l'œil  par  les  plaques  osseuses. 
La  vue  des  Oiseaux,  et  surtout  des  Rapaces,  est  si  perçante, 


574  THEOLOGIF   DR   LA   NATtlRR. 

qu'ils  voient,  à  des  hauteurs  de  plus  de  cent  mètres ,  le  plus 
petit  animal  courir  à  terre,  et  sur  lequel  ils  fondent  comme 
un  trait  pour  le  saisir. 

Une  complication  de  l'œil  des  Oiseaux  qu  on  n'a  pas  en- 
core expliquée,  consiste  dans  ce  quon  nomme  le  PeigtiCy 
expansion  vasculaire  d*un$  membrane  analogue  à  la  cho- 
roïde, et  très -régulièrement  plissée,  qui,  placé  dans  la 
partie  inférieure  du  globe  ^  s'y  insère  suivant  une  ligne  qui 
part  de  l'entrée  du  nerf  op^tique ,  et  se  dirige  vers  le  bord 
inférieur  du  cristallin  qu'elle  n'atteint  le  plus  souvent  pas. 
Cette  membrane ,  enduite ,  comme  la  choroïde ,  d'un  vernis 
noir,  9*élève  de  là  verticalement  dans  l'humeur  vitrée ,  dans 
laquelle  elle  est  maintenue  par  la  résistance  de  celte  der- 
nière. Il  est  bien  évident  que  l'Intelligence  créatrice  a 

DONNÉ  CET  ORGANE  AUX  OISEAUX  POUR  Y  REMPLIR  UNE  FONC- 
TION ;  mais  il  a  été,  jusqu'à  présent,  impossible  aux  Physi- 
ciens et  aux  Physiologistes  de  la  découvrir. 

Une  autre  complication  de  l'appareil  de  la  vision  des  Oi- 
seaux consiste  dans  la  Membrane  clignotante ,  troisième 
paupière  que  ces  animaux  peuvent  faire  passer  comme  un 
rideau  devant  leur  œil ,  pour  diminuer  la  trop  grande  inten- 
sité de  la  lumière  lorsqu'ils  fixent  dès  objets  très-brillants , 
tels  que  le  ciel  et  surtout  le  soleil.  Elle  est  formée  par  un 
repli  vertical  k  demi  transpaient  de  la  conjonctive  de  l'angle 
interne  de  l'œil,  dont  il  n'existe  qu'un  simple  rudiment 
immobile  chez  certains  Mammifères,  tels  que  les  Chiens, 
et  surtout  distinct  dans  les  vieux  sujets,  où  celte  membrane 
forme  une  petite  expansion  partant  de  l'angle  interne  de 
l'œil,  en  s' avançant  plus  ou  moins  sur  le  globe. 

Celle  membrane  clignotante  des  Oiseaux  est  surtout  re- 
marquable sous  LE  rapport  DES  MOYENS  MÉCANIQUES  TRÈS- 
INGÉNIEUX  EMPLOYÉS  POUR  LA  FAIRE  MOUVOIR.  C'cst  uu  véri- 
table rideau,  disposé  comme  ceux  des  fenêtres,  et  rassemblé, 
à  l'état  de  repos,  dans  l'angle  interne  de  l'œil ,  sous  les  deux 
paupières ,  où  il  est  fixé  supérieurement  à  la  voûte  de  Tor- 


CHAPITRE   Ut.  iûi> 

bite,  les  deux  feuificis  se  continuant  au  bord  interne  avec  la 
conjbDctive  des  paupières  tran^ersales  et  celle  du  globe  de 
rôBil.  Le  bord  externe  est  libre ,  et  Tinférieur  forme  un  petit 
bourrelet  élastique,  qui  fait  qu'abandonnée  à  elle-même, 
la  membrane  clignotante  reste  plisséè  flans  Tangle  interne 
de  rϔl. 

Pour  faire  moilvoir  le  ridèaii  dans  les  deux  sens  opposés , 
il  aurait  fallu  deux  autres  muscles  antagonistes  qui  tirassent 
ce  dernier  en  debors  et  en  dedans  ;  mais  cotnme  tout  muscle 
ne  peut  se  contracter  que  dans  une  étendue  proportionnelle 
k  sa  longueur,  il  aurait  fallu  qu'il  existât  k  droite  et  à  gauche 
de  chaque  globe  un  espace  assez  considérable,  suffisant 
pour  remplacement  de  ces  organes.  Or  les  dimensions  de 
l'orbite  ne  le  permettant  pas,  ^Intelligence  suprême  a 

EN  conséquence  employé  CN  autre  moyen  FOft*T  REMAR- 
QUABLE PAR  SA  SAVANTE  SIMPLICITÉ.  Pour  le  muscfc  interne 
qui  doit  ramener  la  membrane  clignotante  à  son  état  de 
repos,  la  chose  était  facile  :  il  a  suffi  de  le  remplacer  par 

LE  LIGAMENT  ÉLASTIQUE  OCCUPANT   TOUT  LE  BORD  INFÉRIEUR 

DÉ  CETTE  MEMBRANE  dont  je  vicus  dc  parier.  Par  l'efifet  de 
ce  ligament,  le  mouvement  de  retrait  devient  facile,  prompt 
et  même  passif,  ce  qui  dispense  Toiseau  de  faire  aucun 
effort  pour  niiaintenir  le  rideau  ouvert.  Mais  la  difficulté 
était  plus  grande  pour  le  mouvement  opposé,  qui  devait 
nécessairement  être  actif,  et  par  conséquent  produit  par  des 
mosicles  volontaires;  et  cela  dans  une  assési  grande  étendue 
de  mouvement.  Mais  comité  rien  ne  put  être  difficile  au 
Créateur  ,  it  a  produit  l'effet  méganique  voulu  ,  en  ren- 

DAlIt  le  muscle  avec  SON  TENDON  QUI  FAIT  AVANCER  LE  RIDEAU, 

RÉELLEMENT  CIRCULAIRE.  PouT  ccla,  cc  muscYe  se  tTouve  placé 
sur  la  partie  interne  du  globe  de  Fœil ,  où  il  s'insère  à  la 
Sclérotique  elle-même  ,  et  se  porte  horizontalement  en  ar- 
rièi'e  et  en  haut,  vers  le  nerf  optique  qu*il  contourne  en-des- 
sus en  s'y  déviant  dans  une  coulisse  que  lui  forme  un  second 
muscle.  Son  tendon ,  après  avoir  décrit  cet  arc ,  se  dirige  en 


576  TH^OLOGIS  DB  LA  MATURE. 

dessous  y  passe  sous  la  partie  infra-externe  du  globe  de  l*oâl. 
Arrivé  à  la  face  antérieure  de  ce  dernier,  il  se  dirige  horizon- 
talement en  dedans  pour  aller  slnsérer  k  la  partie  inférieure 
de  la  membrane  clignotante,  en  s*y  continuant  avec  son 
ligament  élastique,  dont  le  principal  faisceau  se  recourbe 
ensuite  subitement  en  dessous  et  en  arrière ,  contourne  de 
nouveau  le  globe  dans  sa  partie  inférieure ,  et  va  se  fixer 
après  à  la  face  interne  postérieure  et  inférieure  de  la  Sclé- 
rotique, en  dedans  et  un  peu  au  dessus  de  l'origine  do 
muscle  ;  de  manière  que  ce  dernier,  avec  son  tendon ,  fait 
un  cercle  irrégulier  complet ^  en  se  déviant  trois  fois.  Dans 
ce  long  trajet,  le  tendon  est  maintenu  en  place  par  du  tissu 
cellulaire  qui  le  bride.  Bien  que  la  partie  charnue  de  ce 
muscle  moteur  de  la  membrane  clignotante  soit  assez  lon- 
gue, elle  ne  Test  cependant  pas  assez  pour  pouvoir  faire 
exécuter  k  cette  dernière  une  course  qui  la  fasse  passer  sur 
toute  la  cornée,  et  il  a  fallu  employer  bn  conséquence 

UN  moyen  accessoire  qui  AUGMENTAT  CETTE  ÉTENDUE  DE  MOU- 
VEMENT. Ce  moyen  TRÈS -INGÉNIEUX  ET  FORT  SIMPLE ,  COUSiste 

en  un  second  muscle  court  et  large  placé  k  la  face  supra-posté- 
rieure de  la  Sclérotique ,  à  laquelle  il  adhère  par  son  bord 
supérieur.  De  là  la  lame  musculeuse  se  porte  en  bas  vers  le 
nerf  optique,  où  son  bord  inférieur  forme  la  coulisse  dans 
laquelle  passe  le  tendon  du  premier  muscle.  Au  moyen  de  la 
combinaison  de  ces  deux  muscles  qui ,  sans  se  faire  réelle- 
ment suite,  ajoutent  cependant  leurs  actions,  le  second, 
qui  ne  parait  être  qu'un  simple  accessoire  du  premier,  est 
précisément  celui  qui  agit  le  plus  efficacement  dans  le  rac- 
courcissement du  tendon ,  agissant  à  la  fois  sur  les  deux 
bouts  réfléchis  de  ce  dernier,  en  faisant  dévier  ce  muscle 
de  sa  direction  arquée.  C'est  un  moyen  mécanique  sem- 
blable à  celui  par  lequel  le  tendon  élastique  du  muscle 
deltoïde  des  Oiseaux  est  dévié  de  sa  direction  droite  par  un 
autre  tendon  élastique  qui  lui  est  peri>endiculaire  ,  afin  de 
faire  plus  fortement  fléchir  Taile  pqgr  la  placer  au  repos. 


CHAPITRE   111.  577 

Les  Oiseaux  s'élevant  à  de  grandes  hauteurs  dans  les  airs, 
d'où  ils  doivent  distinguer  les  objets  placés  au  loin  autour 
d*eux ,  réclat  du  ciel  et  surtout  la  lumière  du  soleil  irritent 
trop  fortement  leur  rétine;  ils  diminuent  Tintensilé  de 
cette  Yive  lumière,  en  voilant  leurs  yeux  au  moyen  de 
leurs  membranes  clignotantes ,  à  travers  lesquelles  ils  re- 
gardent. 

Les  Oiseaux  rapages  ont,  outre  cette  troisième  paupière , 
un  autre  organe  qui  ménage  leur  vue  contre  l'éclat  du  ciel , 
afin  de  leur  permettre  de  bien  distinguer,  à  de  très-grandes 
hauteurs  où  ils  planent,  la  proie  qu'ils  cherchent  à  terre. 
C'est  une  simple  petite  visière  formée  par  une  saillie 
arquée,  très-proéminente  du  bord  supérieur  de  leurs 
orbites  ,  s' avançant  pour  ombrager  la  pupille  ,  afin  que 

LA  LUMIÈRE  DIFFUSE  DU  CIEL  NE  TROUBLE  LA  NETTETÉ  DE  l'i- 

mage  peinte  sur  la  rétine. 

Les  Oiseaux  devant  distinctement  voir  à  des  distances 
fort  variables,  et  surtout  de  très-haut  dans  un  air  plus 
OU  MOINS  RARÉFIÉ,  doul  la  deusité  est  très-différente  de 
celle  de  l'humeur  aqueuse  de  l'œil ,  la  réfraction  à  la  sur- 
face de  la  cornée  est  plus  forte  que  chez  les  Mammilères  ; 
d'où  il  résulte  que,  si  le  Cristallin  était  aussi  convexe  que 
chez  ces  derniers ,  le  foyer  de  cette  lentille  en  serait  très- 
rapproché;  aussi  TIntelligence  créatrice  a,  dans  la  pré- 
"VISION  de  ce  résultat,  donné  au  cristallin  une  convexité 
très-faible  ,  en  même  temps  qu'elle  a  rendu  la  cornée 

FORT  variable    DANS  LA  SIENNE   PAR   l'eFFET  DES  PLAQUES 

osseuses  qui  l'entourent,  afin  de  laisser  à  l'animal  la 
faculté  de  voir  de  loin  et  de  près ,  selon  les  conditions 
bans  lesquelles  il  se  trouve. 

Les  organes  des  sens  des  Reptiles  et  des  Chéloniens  ne 
présentent  rien  de  remarquable  qui  les  distingue  de  ceux 
des  Mammifères  et  des  Oiseaux,  dont  ils  offrent  à  peu  près 
le  terme  moyen ,  comme  d'ailleurs  sous  tous  les  autres  rap- 
ports. Je  ferai  seulement  remarquer  que  les  Serpents,  étant 

I.  37 


â7$  THÉOLOGIE  D«  hk  NATURK. 

condamDés  à  ramper  k  terre,  au-deasus  de  laqudle  ils  ne 
peuvent  guère  s*élever,  où  ils  sont  obligés  de  se  frayer 
leur  chemin  à  travers  une  infinité  d'obstacles  qui  pour 
raient  blesser  leurs  yeux  et  les  priver  ainsi  h  jamais  de  la 
vue,  si  leur  conjonctive  était,  comme  dans  les  animaux 
supérieurs ,  une  membrane  délicate  et  molle  ;  cbs  animaux 

ONT  REÇU  DE  LA  PROVIDENCE ,  POUR  PARER  À  CET  UTCONVÉ- 
NIBNT,  UNE  CONJONCTIVE  CORNÉE)  SÈCHB  BT  BE  LÀ  RÉSIS- 
TANTE ,  que  de  faibles  froissements  auxquels  elle  est  exposée 
ne  peuvent  endommager.  Cependant  comme  par  Teffet  des 
saletés  qui  s'y  attachent,  ou  par  le  frottement  réitéré  des 
corps  étrangers  avec  lesquels  cette  partie  de  Tœil  se  trouve 
souvent  en  contact,  la  limpidité  de  sa  transparence  peut  être 
altérée ,  cette  même  Providence  a  soumis  la  conjonctive 

CORNÉE  DE  CES  ANIMAUX  À  DES  MUES  PÉRIODIÛUES  ASSBS  RAP- 
PROCHÉES PAR  LESQUELLES  ELLE  SB  DÉTACHE  AVBG  L*ÉP1DBRMB 

DE  TOUT  LE  CORPS,  OU  mettant  k  découvert  une  nouvelle 
conjonctive  parfaitement  pure  et  limpide. 

Ce  même  état  corné,  rendant  les  Paupières  inutiles, 
comme  protectrices  de  Tceil ,  ces  organes  ont  en  consé- 
quence ÉTÉ  supprimées,  d'où  les  yeux  des  serpents  sont 
constamment  ouverts. 

Les  Poissons  étant  obligés  de  vivre  au  milieu  des  eaux , 

LEURS  ORGANES  SENSITIFS  ONT  ÉTÉ  EN  GONSÉQUENCB  ÉGALE- 
MENT MODIFIÉS  EN  VUE  DE  CETTE  CONDITION  FONDAMENTALE 
DE  LEUR  EXISTENCE. 

Le  Tact  ou  le  Toucher  général  parait  peu  développé 
chez  ces  animaux,  dont  le  corps  est  revêtu  d'écaillés  fort 
dures,  capables  de  résister  aux  légères  atteintes  qu'il  peut 
éprouver;  encore  ces  effets  peuvent- ils  être  facilement 
transmis  par  les  mêmes  écailles  aux  téguments  sensibles 
placés  dessous  pour  avertir  lanimal  des  causes  qui  les  pto^ 
duisent  ;  de  même  que  chez  les  Mammifères  et  les  Oiskaux 
le  plus  léger  attouchement  des  poils  et  des  plumes  devînt 
sensible.  On  peut  s'en  convaincre  fiieilement  en  touchant 


eBAPiTni  III.  an 

uu  seul  poil  sur  le  doB  d'ao  Chat  en  état  de  trafiquillité  par- 
faite ,  ranimai  remuani  aussîtét  la  partie  correspondante  de 
sa  peau  pour  chasser  l'objet  qui  vi^t  de  Tirriter.  Les  Oi- 
seaux éprouvent  même  un  sentiment  de  satisfaction  lors- 
qu'on caresse  légèrement  leurs  plumed» 

Les  PoissoHs  paraissent  toutefois  jouir  d'une  sensibilité 
exquise  dans  les  membranes  de  leurs  nageoires  »  surtout 
dans  celle  de  la  queue,  où  vient  se  distribuer  le  grand  nerf 
latéral  du  corps,  propre  à  ces  animaux^  et  tenant  du  eer- 
▼eati.  La  grande  sensibilité  de  cette  nageoire  se  conçoit  fa- 
oilement  en  considérant  que  le  poisson  doit  avoir  le  senti- 
ment le  plus  délicat  de  la  résistance  que  l'eau  exercé  sur  cet 
ofgane^  pour  la  direction  que  le  corps  doit  prendre  dans  là 
nage,  et  que  Tanimal  doit  régler  avec  précision. 

Le  sens  du  Goût  parait ,  au  contraire,  très-obtus  chea  les 
Poissons  ,  tons  avalant  leur  nourriture  aussitôt  qu'ils  l'ont 
saisie,  sans  la  savourer; 

Le  sens  de  VOdordt  oiïre  la  particularité  remarquable 
qu'il  ne  saurait  être  ce  qu'il  est  chez  les  animaux  aérienè. 
Ces  animaux  ne  respirant  point  par  les  narines  ^  les  fosses 
nasales  ne  communiquent  plus  avec  le  pharynx,  et  ne  for- 
ment que  de  petites  fossettes  placées  au  bout  du  museau ,  et 
seulement  ouvertes  en  dehors.  Si  nous  attachons  au  sens 
dé  l'olfaction  l'idée  que  l'organe  qui  en  est  le  siège  per- 
çoit l'impression  des  particules  des  corps  dissoutes  datis 
l'air ,  ce  sens  ne  peut  plus  exister  chez  les  Poissons  qui 
vivent  dans  l'eau }  et  si  nous  considérons  oe  liquide  comdie 
remplaçant  l'air^  en  servant  de  véhicule  à  ces  mêmes  sub- 
«stances  odorantes,  ce  sens  ne  doit  pas  différer  de  celui 
du  goût,  qui  a  cette  spécialité  chez  les  animaux  supérieurs. 
Enfin,  on  ne  conçoit  pas  non  plus  comment  il  est  possible 
que  les  particules  odorantes  des  corps  puissent  se  transporter 
assez  promplement  au  loin  ,  dans  l'eau ,  pour  avertir  les 
poissons  de  la  présence  et  de  la  direction  où  sont  placés  ces 
eorps  ;  el  cependant  Von  voit  ces  animaux  se  diriger  assez 


Ô80  THBULOGIt  DE  LA  WATURK. 

promptement  vers  les  endroits  où  ces  corps  se  trouvent , 
lorsqu'il  leur  convient  de  s*en  approcher. 

VOule  présente  cette  particularité  que  son  appareil  man- 
que de  toute  la  partie  extérieure  formant  le  Pavillon  de  [1*0- 
reille,  le  conduit  auditif,  le  tympan,  la  caisse  et  les  osselets 
renfermés  dans  cette  dernière;  cet  appareil  étant  réduit 
exclusivement  au  Labyrinthe ,  dont  seul  on  retrouve  les  di* 
▼erses  parties,  même  fort  développées.  Cette  absence  de 

L*OREILLB  extérieure  ET  MOYENNE   S* EXPLIQUE  PAR  LÀ  QUE 

CES  PARTIES  SONT  INUTILES,  VU  quc  Ics  vibralions  de  l'eau 
se  transmettent  plus  facilement  aux  os  du  crâne,  et  par 
ceux-ci  à  la  pulpe  auditive,  que  ne  le  font  les  vibrations  de 
l'air,  qui  ont  besoin  d'être  d'abord  concentrées  par  le  pavil- 
lon ,  et  renforcées  par  la  membrane  du  tympan  ;  et  qu'en 

CONSÉQUENCE  CE  MOYEN  DE  RENFORCEMENT  n'a  POINT  ÉTÉ 
EMPLOYÉ. 

Les  Yeux  des  Poissons,  toujours  composés  d'après  le 
même  plan  que  chez  les  autres  vertébrés,  n'offrent  que  peu 
de  chose  qui  mérite  d'élre  remarqué,  quoique  ces  appareils 
soient,  comme  tous  les  autres,  conformés  de  manière  à  rem- 
plir RIGOUREUSEMENT  LES  FONCTIONS  QUI  LEUR  SONT  PRES- 
CRITES DANS  LES  CONDITIONS  OÙ  CES  ANIMAUX  SONT  PLACÉS. 

Les  Poissons  vivant  dans  l'eau,  où  la  conjonctive  se 
trouve  constamment  humectée  par  ce  liquide,  il  n'y  a  pohit 
chez  eux  de  glande  lacrymale,  ni  de  paupière  destinée  à  ré- 
pandre les  larmes  sur  le  globe  de  l'œil  ;  aussi  la  peau  de  la 
tête  passe-t-elle  librement  sur  l'œil,  sans  former  d'ordinaire 
aucun  repli  ;  en  devenant  simplement  transparente  sur  la 
cornée. 

L'eau  ayant  une  densité  égale  k  celle  de  l'humeur  aqueuse 
de  l'œil,  la  lumière  ne  saurait  être  réfractée  k  son  passage  à 
travers  la  cornée;  aussi  celle-ci  est-elle  entièrement 

PLANE  ;  ET  LA  CONCENTRATION  DES  RAYONS  LUMINEUX  NE  POU- 
VANT en  CONSÉQUENCE  ÊTRE  PRODUITE  QUE  PAR  LE  CRISTALLIN, 
CELUI-CI  EST,  AU  CONTRAIRE,  FORT  CONVEXE  ET  MÊME  ENTli- 


cHAnTRi  m.  581 

REMENT  8PHÉRIQUE  ;  forme  qa*on  retrouve  généralement , 
POUR  LA  MÊME  RAISON,  chez  tous  les  animaux  aquatiques,  à 
quelque  classe  qu'ils  appartiennent. 

Avant  de  terminer  ici  Tindication  de  ce  que  le  système 
nerveux  et  ses  dépendances  offrent  de  plus  remarquable  chez 
les  Animaux  vertébrés,  je  dois  faire  mention  d*une  singu- 
lière faculté  qui  s'y  rattache  aussi  bien  qu'aux  fonctions  se- 
crétoires,  mais  qu'on  ne  connaît  encore  que  dans  cinq  es- 
pèces de  Poissons  appartenant  k  autant  de  genres  diffé- 
rents :  ceux  des  Torpilles^  des  Nardnes ,  des  Gymnotes,  des 
Tétraodons  et  des  Malaptirures ,  faculté  qui  consiste  dans 
le  pouvoir  qu'ont  ces  animaux  de  lancer,  h  distance  et  h  vo- 
lonté sur  tel  objet,  des  commotions  électriques,  ou  plutôt 
galvaniques ,  souvent  d  une  force  extraordinaire  ;  et  l'organe 
qui  produit  cet  effet  varie  de  forme  et  de  disposition  selon 
chaque  espèce. 

Chez  la  Torpille ,  où  cette  faculté  est  connue  depuis  long- 
temps, l'appareil  qui  en  est  le  siège  est  placé  k  la  partie 
antéro-supérieure  du  corps ,  entre  la  tête  et  les  nageoires 
pectorales.  C'est  un  assemblage  de  petits  tuyaux  membra- 
neux parallèles  entre  eux,  coupés  par  des  cloisons  transver- 
sales en  un  assez  grand  nombre  de  cellules  remplies  d'une 
certaine  humeur.  Dans  le  Gymnote^  cet  appareil  est  au  con- 
traire situé  sous  la  peau. 

Quand  même  l'organisation  de  cet  appareil  extraordinaire 
serait  parfaitement  connue,  on  ne  concevrait  encore  pas 
comment  il  est  possible  que  ces  animaux  puissent  lancer 
le  fluide  électrique  à  distance  à  travers  l'eau ,  sur  tel  objet 
ou  tel  animal,  qu'ils  veulent  foudroyer  pour  en  faire  leur 
proie.  Ces  faits,  certifiés  par  plusieurs  observateurs,  et  entre 
autres  par  M.  de  Humboldt,  qui  a  faits  es  expériences  sur  le 
Gymnote^  nous  prouvent  toutefois  que  le  Créateur  qui  a 

ÉTABLI  CES  APPAREILS,  EN  LEUR  ATTACHANT  LA  REMARQUABLE 
PROPRIÉTÉ  DONT  JE  VIENS  DE  PARLER,  CONNAISSAIT  NON- 
SEVLEMENT  LE  PLUIOE  ÉLECTRIQUE  ,  MAIS  AUSSI  PARFAITEMENT 


^I&à  THS0L06IB  M  LA   NATURB. 

LBS  LOIS  AUXQUELLea  IL  EST  SO0MIS;  ET  QBLA  À  OH  BE6RÉ  BB 
TRANSQBlffiAMB  BIEN  AU-DESSUS  BE  T0UW  COI<fOBPTlBH  JÊfh- 
MAINE. 

Nous  venoiis  de  coasidërer  les  foBetioDs  du  système  ner- 
veux sous  le  rapport  des  facultés  autoiBat}<|ues,  locomotrices 
et  sensitives  ;  il  nous  reste  encore  h  en  apprécier  les  facaltés 
intelleetueHes.  C'est ,  ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit,  dans  TEb- 
eéphale  que  TEsprit  a  son  centre  d'activité»  et  spécialement 
dans  le  cerveau ,  par  lequel  il  agit  an  moyen  des  nerf^  sur 
toHS  les  organes  pour  les  mettre  en  activité.  J'ai  dit  qn^n 
pensait  aussi  que  c'étaient  plus  particulièrement  les  deux 
Bémisphères  eéréhraux  qui  constituent  l'organe  immédiat 
de  son  action  ;  d'une  part ,  parce  que  cette  partie  de  l'en- 
céphale ne  produit  aucun  nerf;  d'où  t^on  conclut  que  sa 
fonction  réside  eiclusivement dans  cet  organe  même,  et  ne 
saurait  être  en  conséquence  qu'une  fonction  InteHectneHe , 
quoique  le  CervéUi  soit  dans  le  même  cas;  et,  d'autre  part, 
on  admet  cette  opinion  avec  d'autant  plue  de  probabilité, 
que  les  Hémisphères  présentent  précisément  le  phis  grand 
volume  relatif  dans  YBomme ,  Tespèee  la  plus  intelligente 
de  tout  le  Rèone  ahimai,  ,  quoiqu'il  existe  aussi  des  ani- 
maux dont  cette  partie  de  l'Encéphale  est  très-velnmi- 
nense,  sans  que  pour  cela  ils  se  distin^uenl  psF  l'émi- 
nence  de  leur  intelligence.  Enfin ,  si  ees  deux  faits  indiquait 
que  le  cerveau  est  le  siège  des  feeukés  intelleetuelles  on 
du  Moi,  il  paratt  du  moins  ne  pas  Tétre  ex^hisivement, 
vu  que  certains  Amiuiaux  ybrtébeés  privés  de  leur  tèle  ont 
doinné  des  signes  non  équivoques  de  la  oonseience  <f»'ite 
avaient  de  leur  existence,  par  les  mouveaMnta  précis 
qu'ils  ont  exécutés,  conformément  aux  circonstances  dana 
lesquelles  ils  se  sont  trouvés.  C'est  ainsi  que  des  (Kseam , 
auxquels  on  venait  de  couper  ta  tête,  ont  eneopo  conm  fort 
loin  sans  tomher.  Maia  quoi  qu'il  en  soit,  noua  dévoua 
admettre  jusqu'à  la  preuve  du  contraire,  que  le  eervieaa 
et  ^4iis  spécialement  les  Hémisphères  sent  le  siège,  on  dv 


cKAnTRS  m.  583 

moins  h  eentre  d'aetivité  de  TEsprit;  VÈtre  ieul  intellechiel 
qui  anime  les  Animaux  et  les  distingue  éminemment  des 
Plantes,  en  leur  communiquant  la  faculté  de  distinguer  leur 
individualité  de  ce  qui  n'en  feit  pas  partie  ;  ainsi  que  Tln- 
slinct  qui  les  guide  dans  leurs  actions  et  F  Intelligence  por- 
tée souvent  jusqu'il  la  raison ,  d'après  laquelle  ils  se  déter- 
mÎDenl  par  leur  volonté  dans  les  actes  qu'ils  produisent. 

Diaprés  les  définitions  que  j'ai  données  plus  haut ,  page  09, 
de  rinslinct,  de  l'Intelligence  et  de  la  Raison,  dont  il  est 
essentiel  de  ne  pas  confondre  les  attributs ,  on  conçoit  que 
l'intelligence  doit  varier  considérablement  cbez  les  animaux , 
suivant  le  nombre  des  faits  que  chacun  peut  embrasser  à  la 
foiSy  le  degré  d'importance  qu'il  est  susceptible  d'y  attacher, 
la  diverriti  des  circonstances  qu'il  peut  concevoir,  Yétendue 
des  rapports  qu'il  reconnaît  entre  les  faits ,  la  justesse  des 
conséquences  directes  ou  indirectes ,  qu'il  est  capable  d'en 
tirer,  et  enfin  le  degré  d'imagir^tion  qu'il  a  pour  créer  les 
moyens  qui  doivent  le  conduire  au  résultat  désiré. 

En  appliquant  ces  principes  k  l'espèce  humaine  elle- 
même,  dont  l'intelligeece  est  susceptible  de  s'élever  jusqu'il 
la  raison  la  plus  transcendante,  nous  trouvons  déjà  chez  elle 
des  modifications  infinies  entre  les  divers  individus ,  depuis 
le  Crétin  qui  jouit  k  peine  de  la  conscience  de  son  existence  » 
et  se  trouve  au«^ssous  d'une  foule  d'espèces  animales, 
jusqu'aux  Philosophes  les  f4us  éminents;  et  cette  même 
gradation ,  nous  la  retrouvons  dans  le  reste  de  l'échelle 
animale  ;  mais  II  des  degrés  beaucoup  plus  inférieurs.  C'est- 
à«-dire  que  V Somme,  doué  de  la  raison ,  est  par  là  capable  de 
se  déterminer  dans  ses  actions ,  suivant  les  conséquences 
qu'il  peut  tirer  les  unes  des  autres,  jusqu'à  l'infini  des  causes 
et  des  effets  qu'il  observe ,  en  s'élevant  ainsi  aux  considé- 
ratiens  les  plus  abstraites ,  en  comparant  et  en  pesant  des 
faits  qui  ne  tombent  pas  so«s  les  sens  ;  tandis  que  les  Ain- 
MAUX,  même  les  plus  intelligents,  ainsi  que  je  Fai  déjà  fait 
remarfter,  ne  pev?eiil  guèfe  tirer  qu'une  seconde  censé- 


*)84  THiOLOGIS  DK  LA   NATURB. 

qaence  d'une  première,  et  peut-être  jamais  une  troisiènie 
de  deux  secondes,  ce  qui  devient  déjà  abstrait. 
Mais  SI  l'Ëtrb  suprême  a  reflsé  aux  brutes  le  pouvoir 

DE  S*ÉLEVER  PAR  LEUR  INTELLIGENCE  JUSQU'À  LA  RAISON,  IL 
A  COMPENSÉ  CE  DÉFAUT  CHEZ  ELLES,  EN  LEUR  ACCORDANT  LÀ 
PUISSANCE  DE  l'iNSTINCT  QUI  LA  REMPLACE  POUR  LEUR  SERVIR 
DE  GUIDE  DANS  LEURS  RAPPORTS  AVEC  LE  MONDE  EXTÉRIEUR; 

sans  que  cette  compensation  soit  jamais  ni  complète  ni 
rigoureusement  en  raison  inverse  de  l'intelligence  dans 
chaque  espèce  ;  quoique  aucune  de  celles-ci  ne  soit  à  la  fois 
entièrement  privée  de  Tune  et  de  Tautre  ;  condition  dans  la- 
quelle se  trouvent  exclusivement  les  Végétaux  ;  c'est-à-dire 
les  Êtres  organisés  qui  n*ont  point  conscience  de  leur  exis- 
tence; le  Créateur  s*étant  borné  à  varier  jusqu'à  TinGni  la 
puissance  de  ces  deux  facultés,  suivant  les  besoins  qui  dé- 
coulent des  circonstances  dans  lesquelles  sa  volonté  a  placé 
chaque  animal. 

Les  deux  puissances  de  YInsiinct  et  de  YInteïïigenc$  ont 
ensuite  la  plus  grande  influence  dans  1  exécution  des  actes 
volontaires  de  la  vie  ;  la  première ,  qui  n'est  qu  un  simple 
penchant^  une  disposition^  un  goût^  agit  comme  cause 
primitive  prédisposante ,  et  la  seconde  comme  cause  seconr- 
daire  modifiante  et  déterminante.  Celle-ci,  se  trouvant  sou* 
vent  en  opposition  avec  celle-là ,  lui  cède  dans  plusieurs  cir- 
constances, et  perd  ainsi  de  son  énergie  dans  Texécution 
des  actes  qu'elle  accomplit.  De  son  côté,  Tlnstinct  tendant  à 
déterminer  l'intelligence  à  se  porter  sur  tel  ou  tel  objet,  lui 
prête  sa  puissance  et  lui  donne  par  là  une  plus  grande  force; 
et  l'Intelligence,  à  son  tour,  régularise,  modifie,  développe 
ou  domine,  suivant  les  circonstances,  les  impressions  four- 
nies par  l'instinct;  et  c'est  surtout  chez  Y  Homme  où  l'intel- 
ligence a  un  grand  pouvoir,  que  son  influence  sur  les  sug- 
gestions instinctives  est  la  plus  grande,  et  difière  surtout  d*  un 
individu  à  l'autre. 

Quoique  Y  Homme  se  guide  plus  particulièrement  par  les 


CHAPITBB  III.  585 

effets  de  son  intelligence  et  de  sa  raison,  il  est  toutefois  éga- 
lement mû,  comme  la  brute,  par  des  suggestions  purement 
instinctives,  qui  le  portent  vers  tels  actes,  sans  qu*il  puisse 
s'en  rendre  compte.  C*est  ainsi  que  la  divine  Providence 

LUI  INDIQUE  DÈS  SA  NAISSANCE  ,  GOMME  À  L* ANIMAL  ,  par  UD 
PENCHANT  INNÉ  qu*il  DC  s'CXpliqUO  pas,  UNE  TENDANCE  À  SE 
NOURRIR  DE  TELLE  SUBSTANCE  ET  NON  d'uNE  AUTRE,  Ct  EN 
MÊME  TEMPS  LES  MOYENS  QU*IL  A  À  EMPLOYER  POUR  S*EN  SLS- 

TENTER.  En  effet,  ce  n*est  certes  pas  rintelligence,  et  moins 
encore  la  Raison,  qui  indiquent  à  TEnfant  qai  vient  de 
naître  aussi  bien  qu*au  jeune  Animal,  qu^il  a  à  chercher  le 
sein  de  sa  mère,  où  il  doit  trouver  le  lait,  la  seule  substance 
qui  puisse  servir,  pendant  les  premiers  temps  de  sa  vie,  k 
Tentretien  de  son  existence  et  au  développement  de  son 
corps;  et  rien  non  plus  que  le  penchant  inné  ou  instinctif 
ne  peut  l'engager  à  recevoir  par  la  bouche  et  à  attirer  par  la 
succion  ce  liquide  nutritif.  Plus  tard  même  encore,  lorsque 
sa  raison  Téclaire  sur  le  choix  des  aliments  dont  il  peut  se 
nourrir,  il  refuse  complètement  de  faire  usage  pour  cela  de 
telles  ou  telles  substances  pour  lesquelles  il  ne  sent  aucun 
penchant,  ou,  comme  on  dit,  aucun  goùt^  quoique  ces  mê- 
mes substances  servent ,  par  Tinstinct  contraire ,  exclusive- 
ment d*aliments  à  de  nombreux  animaux.  C'est  ainsi  que 
jamais   YHùmme   ne    se  sent   disposé  k  se  nourrir  de 
rherbe  des  prés  ou  des  feuilles  des  arbres ,  ou  bien  de 
bois,  etc.,  etc.,  dont  vivent  régulièrement  certains  animaux. 
Quelle  autre  raison,  si  ce  n*est  celle  d'un  simple  penchant 
imlinctiff  peut-on  donner  de  la  répugnance  qu'il  éprouve  à 
la  seule  odeur  de  tel  objet ,  dont  il  refuse  de  se  nourrir,  se 
laissant  plutôt  mourir  de  faim  ;  tandis  que  certains  animaux 
le  préfèrent  à  tout  autre  aliment ,  Todeur  que  ces  substances 
répandent,  loin  de  produire  ce  fâcheux  effet  sur  eux,  leur 
paraissant  au  contraire  fort  agréable;  et  si  Y  Homme,  par 
Teffet  d'une  spéculation  de  son  intelligence,  et,  par  une  vé- 
ritable dépravation  de  goût ,  parvient  à  vaincre  cette  repu- 


SM  TH^OLOGU  H  LA  HATURK. 

gfHmcê  pour  cerUtiM  ««ti ,  911'tl  rêpaussaU  m»pafaf>anî  ewe 
homWy  et  arme  à  s'en  servir  craimê  nourriture,  il'  lenr 
fait  toutefois  subir,  soit  par  la  eniss<Mi ,  soit  par  divers  ap- 
prêts et  assaisonnements ,  de  nodifications  qui  leur  donnent 
quelque  analogie  avee  les  substanees  qui  hii  sont  plus  spé- 
cialement destinées,  telles  que  les  Fruits  et  la  t^ir. 

C*est  également  ainsi  par  un  penebantinslincfif  que  hmg- 
temps  avant  Tàge  de  la  puberté,  les  individus  de  seres  diffië- 
rents  se  sentent  portés  l'un  vers  Faotre  par  un  sentiment 
d*attacbemeiit  dont  ils  ne  se  rendent  pas  compte  ;  sentimait 
qui  n*est  que  le  penckant  instinctif  ou  la  cause  prédispo- 
sante de  la  reproduction  de  Tespèce. 

Cest  encore  par  on  sentiment  instinctif  que ,  dès  les  pre* 
mières  années  de  sa  vie,  la  jeune  f  He  se  sent  dëj^  remplie 
d*afleetion  pour  les  enfants,  qu'elle  aime  li  soigner,  long- 
temps avant  qu*dle  pusse  se  douter  qc*ellb  est  uesti- 

NÉB  FAI  LA  SOBLim  BOUTÉ  DO  CrÉATBUU  À  FROOIUUBR  CBS 

MÉMU  soms  AUX  sMFAirrs  Qu^nAB  norr  flus  tard  mettre 
AU  MŒiDB.  et  qui,  dans  la  frile  eristenee  de  leur  premier 
^e,  ont  si  émineflraMnt  besoin  de  celte  tendre  afifeetion , 
portée  par  leur  if  ère  jusqu'b  la  passkm  la  plus  vive  ;  tandis 
querHomme,  à  quelque  ftge  que  ce  soit,  n*éprouve  jamais  an 
fond  deaon  cœur  le  senliment  d^une  aussi  graude  tendresse 
pour  les  enfents  ;  quand  même  il  en  est  le  père;  autre  uprar 
un  la  svBLmE  sagbssb  dit  Créateur  ,  qui  n*a  pas  vouh 
que  l'beanne  éprouvât  la  même  affection  pour  ses  enfants , 

rATANT  PtUS  FART1CUL1ÈMB19T  BESTIMÉ  FAR  LA  FORGE  Fnv^lQVE 
qu'il  Lm  A  ACCORDÉE  À  EE  ÊTRE  LB  PROTECTEUR  OOQtrO  Tm- 

ftuepce  étrangère  ;  condition  par  laquefle  il  est  moins  que  la 
femme  en  position  de  pouvoir  leur  prodiguer  ses  soins  ina- 
médiats,  étant  trop  sowfent  obligé  de  s*en  étoigner;  ^ndis 
que  le;  sentiment  de  son  amour  pour  eux  arrive  1^  son  plus 
bnut  degré  de  passion  lorsqu'ils  se  trouvent  menacés^ms  leur 
bien-élie;  encore  son  dévouement  n*est-il  pas,  alom  même,  à 
cMaparir  k  cekit  de  In  mèpe,  que  lien  ne  saurait  égaler  ;  ses- 


CHAflTM  m.  S81 

liment  de  vive  énergie  qu'on  retroufe,  d'ailleurs,  également 
pour  les  mêmes  raisons  chez  tous  les  animaux ,  où  le  plus 
ordinairement  les  femelles  donnent  seules  des  soins  à  leurs 
petits. 

C'est  de  même  que  tout  Être  qui  a  la  conseienee  de  son 
caistenee  éprouve  un  sentiment  instinctif  de  frayeur  au 
aeui  aspect  de  tout  objet  qui  rappelle  en  lui  Tidée  de  la 
deaUuction,  ou  simplement  d^un  danger;  Sentiment  que  la 

SAGESSE  DIVINE  A  INSPIRÉ  AUX  ANIMAUX  POUR  LES  PORTER  À 
VEILLER   EUX-MÊMES  À  LEUR    CONSBRTATlOIf  INDIVIDUELLE;  Ct 

par  lequel  ils  préviennent,  autant  que  possible,  leur  trop 
piompte  destruction,  sans  que  rien  ait  souvent  pu  leur 
faire  comprendre  que  dans  telle  circonstance  leur  existence 
est  en  danger.  Cest  ainsi  que  le  CMen,  d'ordinaire  si  cou- 
rageux, e^t  elfrayé  de  l'approche  du  lion,  dont  son  odorat 
lui  fait  connaît re  la  présence,  quoique  ce  soit  pour  h  pre- 
Buère  Ibis  qu^il  se  trouve  dans  la  proximité  d'un  si  redou^ 
table  ennemi ,  et  que  rien  n^it  pu  le  lui  ftiire  connaître 
d'avance. 

C'est  ce  même  instinct  qui  f^it  éprouver  aux  hommes , 
comme  aux  animaux,  un  sentiment  d'horreur  h  la  simple  vue 
du  cadavre  d\in  individu  de  teurespèce;  et  ce  n^est  que  par 
l'elfet  de  l'intelligence  que  nous  parvenons ,  par  une  véri- 
table violence  que  nous  faisons  à  nous-mêmes ,  à  vaincre 
eelto  répugnance  ;  indilKrenee  que  nous  pouvons  aussi  faire 
nattffo  chez  les  animaux  par  l'effet  de  l'éducation  que  nous 
IffÊt  donnons,  en  agissant  par  leur  intelligence  sur  leur  in- 
«tind  :  l'expérience  de  la  première  leur  faisant  comprendre 
q«ie,  dans  telle  circonstance  qui  accompagne  l'événement 
autrefois  redouté ,  il  n'y  a  réellement  pas  de  danger  pro- 
bable. C'est  en  détruisant  ainsi  chez  eux  l'efiét  de  Tinstînct 
fue,  Bon-*seulement  on  peut  faire  vivre  ensemble,  sans 
qu'ils  soient  effrayés,  des  animaux  plus  ou  moins  intelli- 
gents instinctivement  ennemis  ;  mais  même  de  simples  in- 
sectes q«e  la  moindre  chose  effhaye  peuvent  être  ainsi  appri- 


388  THÉOLOGIE  DB  LA  NATURE. 

Toisés  par  l'habitude ,  au  point  de  ne  plus  témoigner  de  la 
crainte  ^  la  vue  des  objets  qu  ils  redoutaient  avant. 

EnGn  un  simple  bruit  soudain ,  un  mouvement  brusque 
de  tout  objet  qui  pourrait  être  à  craindre,  font  fuir  non- 
seulement  les  animaux  faibles,  auxquels  ils  semblent  pou- 
voir devenir  dangereux,  mais  Thomme  lui-même  ne  peut 
s'empêcher  d'éprouver  une  pénible  émotion  en  pareil  cas;  ï 
moins  qu'averti,  sa  raison  ne  lui  fasse  comprendre  qu'il 
n'a  rien  k  craindre. 

Mais  si  l'homme  a,  comme  les  animaux,  des  incitations 
instinctives  qui  le  guident  dans  plusieurs  circonstances, 
ceux-ci  sont  aussi ,  comme  lui ,  plus  ou  moins  pourvus  d'In- 
telligence; et  il  n'est  même  pas  probable  qu'aucune  espèce 
en  puisse  être  totalement  privée.  En  effet,  chez  un  Être  tout 
à  fait  dépourvu  d'intelligence,  l'instinct  ne  pourrait  produire ii 
lui  seul  aucun  résultat,  et  ne  serait,  en  conséquence,  qu'une 
puissance  inutile,  et  la  Nature  aurait  manqué  son  but;  les 
divers  penchants  innés ,  propres  k  chaque  espèce ,  ne  fai- 
sant que  simplement  connai^re  aux  Animaux  ce  dont  ils  ont 
besoin ,  et  les  moyens  k  employer  pour  arriver  au  but  que 
ce  penchant  leur  indique;  tandis  que  l'acte  lui-même  qui 
leur  fait  atteindre  ce  but  est  exécuté  par  l'effet  de  la  volonté, 
qui  constitue  une  faculté  intellectuelle;  d'où  l'on  doit  con- 
clure que  tout  Être  organisé ,  capable  de  mouvements  exé- 
cutés dans  un  certain  but ,  et  variables  selon  les  circonstances 
fortuites  dans  lesquelles  cet  EU  e  peut  se  trouver^  est  nécessai-- 
rement  doué  d'Intelligence^  et  reçoit  de  là  le  nom  (t^ÂmiUL; 
Intelligence  qui  le  distingue  du  Végétal,  qui  en  est  privé, 
aussi  bien  que  de  V Instinct,  ces  deux  puissances  étant  insé- 
parables. 

Or  les  divers  instincts  des  animaux  ne  se  bornent  pas 
seulement  k  leur  indiquer  ce  qui  peut  leur  être  nécessaire  k 
l'entretien  de  la  vie ,  ils  les  portent  encore  k  accomplir  une 
foule  d'actes  de  beaucoup  moins  d'importance,  tels  que  la 
mmique,   Y  affection  pour  les  lieux  quils  habitent,  leurs 


CHAFITM   III.  S^ 

genres  êpéciaux  de  mouvements^  etc.,  etc.;  et  ces  divers 
penchants  instinctirs  ne  se  bornent  pas  seulement  à 
chaque  espèce  animale,  mais  se  modifient  encore  beau- 
coup dans  chaque  individu,  qu'ils  déterminent  à  produire  de 
préférence  tel  acte  plutôt  qu'un  autre  ;  et  ces  modifications 
paraissent  d'autant  plus  grandes  que  Fespèce,  et  sur  tout  Pin* 
dividu ,  est  plus  intelligent;  c'est  du  moins  ce  que  l'observa- 
tion indique;  car  plus  on  descend  dans  l'échelle  animale, 
moins  on  voit  varier  la  manière  d'agir  des  espèces ,  celles 
placées  aux  degrés  les  plus  inférieurs  faisant  constamment 
la  même  chose.  Ce  qui  s'explique  encore  par  là  que ,  chez 
elles,  l'Intelligence  intervient  de  moins  en  moins,  pour  faire 
varier  les  moyens  d'exécution  suggérés  par  les  penchants , 
sous  l'empire  desquels  leur  volonté  agit;  et  c'est  au  con- 
traire dans  l'espèce  humaine,  la  plus  intelligente  de  toutes , 
que  les  instincts  spéciaux,  individuels,  sont  les  plus  nom- 
breux et  les  plus  variés. 

C'est  ainsi  que  nous  voyons  les  penchants  instinctifs  se 
spécialiser  chez  les  uns  en  penchants  pour  tel  art  ;  chez  d'au- 
tres pour  différentes  sciences  ;  ou  bien  dans  l'aptitude  à  cer- 
taines occupations ,  etc.  ,.où  l'on  désigne  ces  instincts  sous  les 
diverses  expressions  synonymes  de  Goût,  de  Penchants ^ 
à* Aptitude  et  même  de  Passions ,  sans  chercher  k  trouver  le 
pourquoi  de  ces  différentes  tendances,  qui  ne  sont  en  effet 
que  des  penchants  instinctifs  innés,  dont  on  ne  se  rend  pas 
compte,  ne  pouvant  en  connaître  la  cause  déterminante. 

Ces  mêmes  Instincts,  tant  qu'ils  ne  se  rattachent  pas  à  la 
raison ,  se  retrouvent  ensuite  chez  les  Animaux  de  toutes  les 
classes,  où  il  sont  souvent  plus  nombreux  et  bien  plus 
rigoureusement  spécialisés  dans  leurs  objets;  ce  puissant 
mobile  devant  compenser  chez  eux  ce  que  leur  faible  intelli- 
gence ne  saurait  leur  indiquer  dans  les  diverses  circon- 
stances dans  lesquelles  les  animaux  peuvent  se  trouver. 

C'est  ainsi  que  le  plus  grand  nombre  d'Animaux  ne  re- 
connaissent qu'un  seul  genre  d'aliment;  quelques-uns  seu* 


SM  TBiOLOMI  M  Là  MATUM. 

lement,  étant  natarellement  omnivores ,  se  nourritseat  ia* 
distinctement  de  substances  fort  différentes  ;  mais  en  gé- 
néral ,  les  animaux  sont  d*autant  plus  restreints  dans  lears 
goûts  innés  qu'ils  appartiennent  k  des  classes  plus  infé* 
rieures  »  où  Tintelligence  »  de  plus  en  plus  faible  t  peut  moiii 
les  guider  dans  le  choix  de  leur  nourriture. 

Quoique  la  plupart  des  Mammifères  Ue  vivent  d'ordîntire 
que  d'un  seul  genre  de  nourriture ,  ils  en  acceptent  toutefois 
le  plus  souvent  aussi  une  autre  i  lorsque  la  grande  faim  les  j 
oblige  :  c'est  ainsi  qu'on  est  parvenu  k  faire  manger  de  la 
chair  k  des  espèces  herbivores  »  et  diverses  substances  végé* 
taies  k  des  carnassières  ;  il  faut  toutefois  pour  celles-ci  qtie 
la  différence  ne  soit  pas  trop  grande,  leur  appareil  digestif 
ne  pouvant  pas  les  digérer;  et  alors  elles  se  laisseraieal 
plutôt  mourir  que  d*en  manger,  leur  instinct  les  leur  faisant 
repousser. 

C'est  également  ainsi  que  les  Ruminaitts  ne  vivent  qae 
d'herbe,  ou  de  feuilles;  tandis  que  d'autres  espèces  se  nour- 
rissent exclusivement  de  fruits  charnus,  d'insectes,  de 
Poissons,  etc. 

Cette  spécialisation  dans  le  genre  de  nourriture  devieot 
ensuite  de  plus  en  plus  rigoureuse  chei  les  Oiseaux  ,  lei 
Reptiles  et  les  Poissons  ;  mais  c'est  surtout  dans  la  CiASsi 
des  Insectes  que  la  restriction  va  d'ordinaire  le  plus  loin, 
beaucoup  d'espèces  n'acceptant  exclusivement  qu'une  seule 
qualité  d'aliment,  en  refusant  complètement  toute  antre, 
quelque  rapprochée  qu'elle  puisse  être  de  celle  dont  elles  se 
nourrissent  habituellement.  On  voit  ainsi  des  chenilles  ne  vi- 
vre que  sur  une  seule  espèce  de  plantes,  et  d'autres  Insectes 
que  d'une  seule  espèce  animale  ;  et  cela  est  surtout  remar* 
quable  pour  les  animaux  parasites  des  Classes  inférieures. 

Cet  lostinct  fait  souvent  produire  k  certains  Ânimaaxdes 
actes  des  plus  étonnants,  par  l'apparence  de  raison  dont  on 
croit,  au  premier  aperçu,  y  trouver  des  effets;  tandis  qu'ils 
ne  font  que  suivre  aveuglément  les  impulsions  de  ce  pea- 


cHAPinB  m.  Ml 

ehiDi  inné  q«i  les  porte  à  agir  de  cette  façon  et  dod  d'une 
attire;  c*eftl  k-dire  sans  qu'ils  examinent  en  eux-mêmes 
les  motifs  qu'ils  peuvent  avoir  de  suivre  cette  indication,  et 
par  conséquent  sans  jamais  rien  changer  par  leur  volonté 
aux  moyens  employés  :  ces  moyens  leur  étant  suggérés  par 
le  penchant  lui-même ,  quoique  ce  soit  bien  par  leur  volonté 
qu'ils  exécutent  les  actes  qui  s'y  rattachent. 

Certains  Philosophes ,  confondant  les  effets  de  l'Inteilt- 
gence  avec  ceux  de  l'Instinct ,  qu'ils  ont  sans  doute  mal  dé- 
finis, ont  souvent  attribué  à  Tune  de  ces  puissances  de 
l'Esprit  ce  qui  dépendait  de  l'autre  ;  d'où  ils  sont  tombés 
dans  de  graves  erreurs  quant  aux  conclusions  qu'ils  ont  tirées 
des  faits  observés.  C'est  ainsi  que  voyant  certains  animaux 
établir  des  constructions  que  l'homme,  malgré  sa  raison  et 
l'admirable  adresse  de  ses  mains,  aurait  de  la  peine  à  exé- 
cuter, ne  pouvant  attribuer  ces  eifets  h  l'Intelligence  qu'ils 
crurent  devoir  dénier  à  tous  les  Animaux ,  en  la  confondant 
avec  la  Raison  dont  ceux-ci  sont  en  effet  réellement  privés, 
ont  attribué  ces  actes  exclusivement  k  l'Instinct ,  qui  n'était 
lui-même,  selon  eux,  que  la  cause  occulte  d'un  acte  méca- 
nique automatique  auquel  les  animaux  étaient  réduits,  et 
qu'ils  ne  produisaient  ces  effets  merveilleux ,  que  simplement 
comme  les  Métiers  à  la  Jacquart  exécutent  les  admirables 
broderies  dans  les  fabriques  de  soie.  Mais  ces  Philosophes 
ne  crurent  pas  devoir  tenir  compte  de  la  spontanéité  d'une 
foule  d'actes  de  ces  mêmes  animaux  qui  interviennent  dans 
les  travaux  qu'ils  exécutent  d'une  manière  si  remarquable  : 
spontanéité  qu'une  simple  mécanique  ne  saurait  avoir. 

La  meilleure  preuve  que  les  Animaux  ,  et  même  ceux  des 
Classes  inférieures,  tels  que  beaucoup  d'InsECTES,  ont  de 
rinteliîgence ,  et  même  une  intelligence  très-élevée,  c'est 
qa'ils  pensent ,  faculté  elle-même  prouvée  par  cela  qu'ils  ont 
de  la  mémoire;  se  iouvenant  parfaitement  de  l'endroit  où  ils 
OBt  établi  leur  nid  ;  et  si  on  déplace  celui-ci,  en  le  transportant 
dans  des  lieux  entièrement  différents  de  eenx  où  ils  réta<> 


392  TH^LOGIB  DB  LA  HATDKB. 

blissent  ordiDairement,  ils  y  reYiennent^  après  i'être  bien 
orientée  lorsqu^iU  le  quittent  les  premières  fois.  Ce  fût 
remarquable  peat  facilement  être  observé  non-seulement 
chez  les  AbeïHes ,  dont  on  change  la  ruche  de  place ,  mais 
aussi  chez  les  Bourdons ,  sur  lesquels  j*ai  souvent  fait  cette 
expérience. 

Si  tel  animal  fait,  depuis  la  création  de  son  espèce, 
toujours  la  même  chose  dans  les  mêmes  circonstances,  sans 
qu'aucun  individu  y  ait  jamais  rien  changé,  ce  n'est  point 
qu*il  ne  puisse  faire  autrement  par  la  volonté,  qui  est  k  son 
service  aussi  bien  qu'elle  est  au  service  de  Thomme,  mais 
c'est  uniquement  parce  qu'il  n'éprouve  en  lui-même  aucun 
penchant ,  aucune  prédisposition ,  aucun  goût ,  aucune  entrie 
de  faire  autrement.  Chaque  animal,  en  entreprenant  un 
simple  acte,  ou  même  un  très-grand  travail,  dans  le  but 
qu'il  doit  servir  k  un  objet  déterminé,  croit  Vimaginer  ou 
V  inventer  y  comme  étant  le  plus  convenable  pour  atteindre 
le  résultat  final ,  et  Texécûte  par  sa  pure  et  libre  volonté , 
comme  l'homme  exécute  les  travaux  qu'il  entreprend  ;  mais 
l'animal  ne  s'aperçoit  point  que  le  plan  et  les  moyens 
d'exécution  lui  sont  suggérés  par  ce  sentiment  intérieur  que 
nous  nommons  V Instinct,  souffle  divin  dont  la  Providence 
▲  ANIMÉ  LES  Animaux  pour  leur  servir  de  guide  infaillible 

DANS  toutes  LES  CIRCONSTANCES  PRINCIPALES  DE  LEUR  TIB , 
AFIN  qu'ils  PUISSENT  ARRIVER  AU  BUT  POUR  LEQUEL  DiEU  LES 

A  créés;  sentiment  tellement  précis  que  leur  volonté,  qui 
prend  cet  instinct  pour  guide,  ne  peut  constamment  produire 
que  la  même  chose  ;  d'où  le  résultat  est  tellement  parfait  que 
de  toute  autre  manière  ils  ne  sauraient  faire  si  bien.  En 
effet ,  l'imagination  reste  stupéfaite  devant  la  charmante 
ET  SI  savante  construction  du  nid  de  certains  oiseaux, 

OBJET  d'autant  PLUS  ADMIRABLE  POUR  L'hOMME  ,  QUE  LUI- 
MÊME,  MALGRÉ  SA  HAUTE  INTELLIGENCE  ET  l'iNCOMPARABLB 
adresse  DE  SES  MAINS ,  NE  SAURAIT  LES  IMITER ,  TANDIS  QUE 
l'oiseau   n'a   pour  tout   moyen    d'exécution    AUTRE   CHOSE 


CHAPITHB    III.  593 

QUE  SON  BEC.  Il  faat  voir,  pour  être  transporté  d'étonné- 
ment,  avec  qael  talent  de  construction  le  Loriot  et  la  Mé- 
sange Bemiz  suspendent  leurs  nids  k  Textrémité  des  petites 
branches  des  arbres  ;  le  premier  aux  plus  hautes  cimes  des 
chênes  de  nos  forêts ,  et  la  seconde  au  bout  des  rameaux  les 
plus  flexibles  des  arbres  qui  s'avancent  au-dessus  des  eaux 
comme  pour  braver  Timpétuosité  des  vents  ;  et  je  pourrais 
citer  encore  beaucoup  d'autres  faits  aussi  remarquables  que 
ceux-ci. 

Mais  sans  s'arrêter  k  la  simple  construction  du  nid  des 
Oiseaux,  qui  varie  à  l'infini  selon  les  espèces,  suivant  la 
forme ,  la  disposition  et  les  matériaux  employés ,  et  dont 
quelques-uns,  tels  que  les  nids  du  Pinson  et  du  Chardon- 
neret ,  sont  de  véritables  chefs-d'œuvres  de  netteté  et  de 
précision.  On  ne  conçoit  pas  comment  beaucoup  de  ces 
oiseaux,  et  entre  autres  ceux  que  je  viens  de  nommer, 
se  procurent  certains  objets  qu'ils  emploient,  tels  que  du 
crin  de  cheval ,  dont  l'intérieur  de  leurs  jolies  construc- 
tions est  toujours  garni  ;  ces  espèces  vivant  en  pleine  cam- 
pagne ou  daos  les  forêts ,  n'approchaut  jamais  des  basses- 
cours  où  ils  pourraient  en  rencontrer,  on  n'entrevoit  pas 
comment  ils  peuvent  trouver  cet  élément  qui  parait  indispen- 
sable dans  rédiûcalion  de  leurs  nids;  objet  dont  l'homme, 
malgré  ses  soins  et  sa  perspicacité ,  ne  saurait  découvrir  le 
plus  faible  débris. 

Quoique  les  constructions  d'un  grand  nombre  d'bi- 
SECTES ,  et  plus  particulièrement  de  ceux  de  I'Ordre  des  Hy- 
ménoptères auquel  appartiennent  les  Abeilles  et  les  Guêpes , 

ÉTONNENT  À  JUSTE  RAISON ,  TANT  PAR  LEUR  DISPOSITION  GÉ- 
NÉRALE QUE  PAR  LEUR  EXÉCUTION  EN  DÉTAIL,  l'uNB  ET 
l'autre  parfaitement  calculées  pour  LE  BUT  DANS  LEQUEL 

ELLES  SONT  ÉTABLIES,  la  couformatiou  de  certaines  de 
leurs  parties,  telles  que  celles  des  cellulles  que  con- 
struisent ces  derniers  insectes,  n'a  cependant  point  en 
réalité  ce  grand  intérêt  qu'elle  inspire  k  la  première  vue 

U  39 


^   I 


594  THÉOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

sMs  le  rapport  d'ane  apparence  de  haute  eoDnaissaDce  de 
la  géométrie  qui  semble  y  aycir  été  a[ipliquée;  ces  cellules 
offraut  la  forme  et  la  disposition  la  plus  économique  que 
eette  science  puisse  faire  découvrir  par  le  calcul ,  science 
qae  ces  charmants  petits  êtres  ne  connaissent  évidemment 
pas;  aussi  ces  formes  ne  sont-elles  au  fond  que  le  résultat 
de  la  compensation  des  forces  purement  mécaniques  qui  y 
agissent  en  sens  divers  les  unes  sur  les  autres,  en  produisant 
partout  réquilibre,  et  par  Ik  ces  formes  géométriques  si 
admirablement  régulières  que  présentent  les  alvéoles, 
dans  lesquelles  ces  insectes  élèvent  leurs  petits.  En  effet» 
ees  adroits  constructeurs  n'ont ,  par  leur  instinct ,  que  la 
disposition  de  former  de  nombreuses  cellules  pour  y  placer 
séparément  chacune  de  leurs  jeunes  Larves ,  et  rangent  dans 
eebut,  ees  cellules  parallèlement  les  unes  autour  des  autres , 
où  chacune  à  part  prendrait  naturellement  la  forme  cy- 
lindrique; et  cela  d'autant  plus  que  llnsecte  qui  la  construit 
est  placé  dedans,  et  s'y  retourne  souvent  pour  la  bâtir  avec 
sos  mandibules  aidées  de  ses  pattes.  Mais  par  cela  même 
que  ces  cellules  se  pressent  les  unes  contre  les  autres,  les 
efforts  qu'elles  exercent  chacune  sur  celles  qui  Tavoisinent 
se  mettant  naturellement  en  équilibre,  elles  deviennent 
toutes  forcément  prismatiques;  et  comme,  par  une  loi  de  la 
géométrie,  six  cylindres  ou  six  prismes  de  mêmes  diamètres 
en  entourent  exactement  un ,  chaque  alvéole  devient  né- 
oessairement  hexagonal;  et  cette  forme  qu'ils  prennent 
ainsi  passivement  est  prouvée  par  celle  que  présente  la 
dernière  rangée  placée  à  la  circonférence  du  rayon ,  où  la 
partie  extérieure,  qui  n'est  point  pressée  par  les  autres,  est 
en  effet  cylindrique. 

Quant  à  la  forme  pyramidale  à  trois  pans  que  présente  le 
fond  de  la  cellule  lorsquelle  y  est  adossée  contre  le  fond 
d'une  autre  couche  opposée ,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  les 
rayons  àLAbeille$^  cette  forme  est  également  due  à  des  causes 
semblables,  et  spécialement  k  la  pression  que  le  corps  mou 


CHAPITRE   Ul.  895 

de  la  larve  qui  habite  chaque  cellule  exerce  sur  ce  fond  qui 
se  moule  de  même  toujours  plus  ou  moins  régulièrement 
entre  trois  alvéoles  opposés.  Cet  effet  est  de  même  prouvé 
par  la  forme  en  calotte  sphérique  que  présente  le  fond  des 
cellules  des  nids  de  Guêpes ^  qui,  ne  formant  qu'une  seule 
couche,  n^éprouvent  aucune  contre-pression  par  le  côté 
opposé. 

Mais  si  ces  habiles  petits  constructeurs  n'agissent  point 
ici  sous  l'influence  d'une  connaissance  innée  de  la  géomé- 
trie, la  forme  si  économique  que  ces  alvéoles  présentent 
n'en  à  pas  moins  été  calculée  d'avance  par  la  touts- 
sciENCE  DU  Créateur,  qui  arriva  a  ce  résultat  en  obligeant 
simplement  ces  insectes  k  donner  k  ces  petites  cavités  une 
disposition  parfaitement  régulière  dans  leur  parallélisme. 

Il  suffit  de  ce  peu  d'exemples  que  je  viens  de  citer  poar 
faire  comprendre ,  non-seulement  la  différence  qui  existe 
entre  V Intelligence  et  V Instinct ,  et  par  suite,  comment  ee 
dernier  peut  souvent  faire  produire  aux  animaux  des  aetes 
en  apparence  merveilleux,  s^ns  qu'ils  en  conçoivent  aq- 
cunement  le  résultat  final  ;  agissant  par  leur  volonté  en 
conséquence  de  ces  incitations  instinctives,  absolament 
comme  VHomme  agit  par  sa  volonté  dirigée  par  sa  raison  , 
dans  l'exécution  des  faits  que  celle-ci  lui  a  fait  concevoir.  Je 
pourrais  multiplier  à  l'infini  les  exempU^s  de  ces  remar- 
quables actes  instinctifs;  ipais  comme  j'aurai  plus  tard  il 
revenir  sur  cet  intéressant  sujet  à  l'occasion  de  la  repro- 
duction des  animaux,  fonction  à  laquelle  se  rattachent  la 
plupart  des  actes  de  l'intelligence  et  de  l'insMnct  de  chaque 
espèce  »  je  me  bornerai  ici  aux  seuls  exemples  cités  f^^8 
haut. 

Dans  le  court  exposé  que  je  viens  de  faire  de  l'organisation 
animale,  je  n'ai  porté  l'attention  du  lecteur  que  sur  la  mer- 
veilleuse structure  des  Animaux  vsRTÉnRÉs,  formant  le 
premier  des  quatre  grands  ËMERANCuEifENTS  du  RàenE 
ANIMAL ,  et  dont  je  n'ai  mêff)^  indiqué  que  les  faite  les  pins 


596  THÉOLOGIE  DE  LA  NATURE. 

essentiels,  afin  de  faire  connaître  Tadmirable  composition 
da  corps  de  ces  animanx,  placés  an  premier  rang  de  la 
série  zoologique,  non-seulement  par  leur  étonnant  orga- 
nisme, mais  aussi  par  les  fortes  dimensions  qu'ils  atteignent; 
embranchement  auquel  V Homme  appartient  nu  même  titre 
que  chacune  des  autres  espèces  qui  le  composent;  et  si  Tes- 
pèce  humaine  y  occupe  le  premier  rang,  c*est  moins  par  la 
complication  de  son  organisation  que  par  l'éminence  de 
ses  facultés  intellectuelles. 

En  citant  les  faits  anatomiques  et  physiologiques  les  plus 
essentiels,  et  autant  que  possible  aussi  les  plus  faciles  k 
concevoir,  sans  être  accompagnés  de  nombreuses  figures 
explicatives,  je  crois  avoir  àéfii  fourni  les  preuves  les  plus 
évidentes  que  l*existenge  d'aussi  merveilleux  orga- 
nismes NE  SAURAIT  ÊTRE  ATTRIBUÉ  QU*i  L*INTERVENTION  DE 
LA  TOUTE-PUISSANCE  d'UN  ÊtRE  SUPRÊME ,  d'uN  DiEU  CRÉA- 
TEUR,  SEUL  Éternel;  et  que  rien,  pas  même  la  plus  légère 
modification  ne  saurait  être  due  à  Taction  d*une  autre  cause 
primitive  quelconque.  Je  pourrais,  en  conséquence^  borner 
ici  rénumération  des  faits  qui  constatent  cette  vérité  fonda- 
mentale de  toute  science  humaine,  et  k  laquelle  on  est  tou- 
jours finalement  ramené ,  qu'il  existe  une  Intelligence 

CRÉATRICE  comme  CAUSE  PREMIÈRE  DE  TOUT  CE  QUI  EST.  Mais 

cet  ouvrage  serait  bien  incomplet  si  j'en  excluais  ce  que  les 
autres  animaux  oflrent  de  men^eilleux  dans  leur  structure 
tout  aussi  remarquable  que  celle  des  animaux  vertébrés  ;  et 
cela  d'autant  plus,  que  les  espèces  inférieures,  qui  sont  en 
même  temps  les  plus  petites,  oflrent,  précisément  par  la 
grande  simplicité  de  leur  organisation  et  Tinfinie  petitesse 
de  leur  corps  souvent  de  beaucoup  au-dessous  de  tout 
ce  que  1  imagination  peut  concevoir ,  la  preuve  la  plus 
é<:latante  du  pouvoir  infini  de  Dieu  ,  pour  qui  rien  n'est 

GRAND ,  RIEN  N'eST  PETIT  DANS  L*UN1VERS ,  DEPUIS  l'immeDSité 

du  système  steltaire  sorti  de  sa  main  toute-puissante,  jus- 
qu'^  la  Monade  animalcule,  dont  la  masse  réunie  de  plus  de 


cHAnTRB  m.  597 

cent  vingt-cinq  millions  d*individus  n'équiTant  pas  à  eelle 
de  ia  plus  petite  tête  d'épingle  (i). 

Je  dois  d^autaot  plus  signaler  ici  ce  qu*il  y  a  de  remar- 
quable dans  Torganisation  des  animaux  inférieurs,  dont  un 
grand  nombre  d'espèces  ne  le  cède  eu  rien  pour  la  com- 
plication à  rhomme  même,  que  certains  Philosophes,  plus 
sophistes  que  savants ,  ont  cru  pouvoir  s'appuyer  de  leur 
infinie  petitesse  pour  faire  croire  que  leur  structure  était 
d'une  simplicité  proportionnée  à  leurs  faibles  dimensions, 
et  telle  qu'il  suffisait  que  certaines  substances  brutes  soient 
fortuitement  réunies  dans  un  môme  lieu ,  pour  produire 
ces  animalcules  par  l'effet  de  quelque  acte  chimique  ou 
autre,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'admettre  l'intervention 
d'aucune  Intelligence  créatrice  qui  leur  donnerait  l'esistence. 
Mais  avant  tout,  ces  Philosophes  auraient  dft  se  demander 
à  eux-mêmes  s'ils  ont  bien  conçu  la  prétendue  simplicité 
de  ces  petits  animaux  qu'ils  ne  connaissaient  pas,  et  com- 
ment l'organe  même  le  plus  rudimentaire  pouvait  se  former 
ainsi  de  lui-même;  car  il  ne  suffit  pas  d'avoir  prononcé  aussi 
légèrement  le  mot  simple^  sans  chercher  k  en  apprécier  la 
valeur,  pour  être  en  droit  de  croire  qu'on  a  tout  dit,  tout 
démontré ,  et  de  baser  ensuite  sur  une  hypothèse  aussi  fri- 
vole un  système  théorique  entier  sur  la  formation  de  tous 
les  Êtres  de  la  Nature;  formation  qui,  selon  ces  Philoso- 
phes ,  ne  serait  plus  que  le  facile  développement  progreê- 
sif  de  ces  espèces  primitives,  qui  auraient  été,  selon  eux, 

LES  PREMIERS  ANCÊTRES  DES  HOMMES. 

En  faisant  voir,  au  contraire,  que  les  petits  animaux,  et 
surtout  les  Insectes,  qu'on  a  tant  cités  pour  la  prétendue 
simplicité  de  leur  organisation,  qu'on  ne  connaissait  pas, 
sont  tout  aussi  compliqués  que  Y  Homme  lui-même,  quoique 
formés  sur  un  tout  autre  plan;  et  en  faisant  voir  que  les 
espèces  plus  inférieures  encore  et  réellement  beaucoup  plus 

(1)  Voya  la  note  n*  24. 


806 


THEOUMII  M  LA  NATURE. 


simples ,  ont  tootefoîs  encore  une  structure  d'une  admirable 
composition ,  où  se  dévoile  la  science  la  plus  transeenrlante 
en  toute  chose  du  sublime  auteur  de  la  natnre,  je  répondrai 
péremptoirement  par  des  faits  à  cet  échafaudage  de  théories 
où  Ton  ne  cherche  ^'k  prouver  des  hypothèses  par  d'antres 
hypothèses. 


fin  iHi  TWE  vftpniui. 


Plus.—  IHPUMÉ  FAB  B.  TVUlfOT  BT  C%  B9B  BACDlBy  9^. 


THÉOLOGIE 


DE  LA  NATDRE. 


PAR 


HERCULE   STRAUS-DURCKHEIM, 

DOCTEUR  tS  SCIENCES. 


Je  ne  crois  rien  à  priori , 
absolumenl  rien. 


TOME  PREMIER. 


A  PARIS, 

CHEZ  L'AUTEUR ,  RUE  DES  FOSSÉS-SAINT-VÎCTOR ,  14 , 

ET  CHEZ  VICTOR  MASSON ,  LIBRAIRE-ÉDITEUR , 

Place  de  rÉcoIe-de-Médeciue  ^  17. 

1852 


liEFRJLMÇOm,  libraire, 

9   ET    10,    RUE  CA<;rMIR-DELAV16NB   (PLACE   DE   l'oDÉOH)- 


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centèse dans  la  pleurésie  purulente.  1  vol.  iii-8, 1869.  2  fr.  50. 

BEZÂRD.   —  Hecherctes   sur  llBmpliysème   traamatic[ae 

consécutif  aux  fractures  des  côtes,  t 'Vol.  iii-8^  1868.  2  fr.  50 . 

BERNARD  (CL)  et  HUETTE.  »  A.tlas  de  médecine  opératoire 
et  d'anatomie  ohimrgicale.  1  vol.  de  113  planches.  1866>  relié 
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ture  de  rarticutation  tibio-fémorale  et  de  leur  traitement.  1868»  lu-S»  de 
82  pages,  1868.  2  fr.  50 

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COTARD.  — tStttde  sur  T  Atrophie  partielle  du  Cerveau.  1  vol. 
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complets  de  Fart  des  Accouchements,  divisés  en  quatre  par- 
ties sur  une  feuille  in-4o  petit  texte.  2  fr. 

ROLLET.  —  Hecherches  cliniques  et  expérimentales  sur  la  Syphilis, 
le  Chancre  simple  et  la  Blennorrnagie,  en  un  mot,  un  Traite 
de  maladies  vénériennes,  contenant  :  Principes  nouveaux  d'hygiène,  de 
médecine  légale  et  de  thérapeutique,  appliqués  à  ces  maladies;  par 
J.  RoLLET,  chirurgien  en  chef  de  Pnospice  de  rAntiquaille  de  Lyon  (iiô- 

Sital  des  vénériens).  1  beau  volume  de  plus  de  600  pages,  accompagné 
e  20  figures,  dont  10  retouchées  au  pinceau  avec  le  plus  grand  soin.  CSu*- 
tonné.  1869.  8  fr. 

STRAUSDURCKEIM.  — Théologie  de  la  nature,  par  le  D'  Her- 
cule Straus-Durckeim,  3  beaux  vol.  in-8<>  de  700  à  800  pa^  de  texte 
chacun,  et  5  planches  gravées,  représentant  divers  svgets  d'histoire  n«  tu- 
relie.  Au  lieu  de  22  fr.,  net  6  fr. 

Trésor  de  rËtndiant  en  médecine  ou  le  secret  des  examens, 
seul  vrai  questionnaire,  suivi  de  réponses  exactes  et  complètes  au  nombre 
de  667  :  anatomie,  physiologie  et  histologie;  1S64.  1  vol.  in-32  de  168 
pages.  i  fr.  25 

—  Deuxième  partie,  patholo^e  interne  et  externe,  920  questions  et 
réponses;  1865. 1  vol.  in'32.  1  fr.  25 

SAPPEY.  Traité  d^anatomie  de  Thomme.  3  vol.  ràliés.       35  fr, 

Traité  d^anatomie  descriptive,parMM.BoNAMY,BROGA,BEAu.ete. 

4  vol.  reliés,  figures  noires.  100  fr. 

CSompendium  de  médecine,  par  MM.  Deulberob,  Monnerbt  et 
Fleury.  8  vol.  grand  in-8.  70  fr. 

^  du  même.  Un  grand  nombre  de  livraisons  séparées.  Prix  de  chaque,  au 
lieu  de  3  fr.  50  net,  75  c 

Dictionnaire  de  médecine  en  30  volumes.  50  fr. 

—  Un  très-grand  nombre  de  volumes  séparés.  Chaque,  1  fr.  25 

—  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques.  15  volumes,  1836, 
demi-reliure.  25  fr. 

—  des  dictionnaires  de  médecine  français  et  étrangers,  publié  sous  la 
direction  de  Fabre.  9  vol.  reliés.  1850.  30  fr. 

—  d^histoire  naturelle,  par  ctOrbigny.  25  vol.  et  atlas,  flg.  col.  125  fr. 

Gazette  hebdomadaire,  publiée  par  le  D'  Deghambre,  1834-67. 
14  vol.  cartonnés.  175  fr. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  de  médecine.  26  volumes 
reliés  et  1  re  partie  du  tome  XXVII,  broché  ;  1828-1865.  100  fr. 

On  trouve  &  la  même  librairie  loua  les  oovra|^s  neaveau» 

neufs  et  d'oeeeslon* 


A.  Parbnt,  imprimeiir  de  la  Facultû  de  Médeane»  me  M.-le-Pâoctt,  81. 


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f- 


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OUVRAGES  IHI  JiÊlHE  AUTEUR. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  l'aNATOMIE  COM- 
*  PARÉE  DES  ANIMAUK  ARTICULÉS  9  AUXQUELLES  ON 
^'     A  JOINT  l'aNATOMIE  DESCRIPTIVE  DU  BIELOLONTHA 

vuLGARis  {hanneton)  donnée  comme  exemple  de 

L'ORGAiyiSATiON  DES  COLÉOPTÈRES;  ouvrage  cou- 
ronné en  1824  par  rinslilut  de  France.  1  vol.  in-4'  vélin, 
accompagné  d'un  Atlas  de  dix-neuf  planches  gravées  aux  frais  de 
la  même  société  savante.  Chez  M.  Berger-Levrant,  à  Strasbourg, 
et  à  Paris,  chez  M.  Reinwald,  rue  des  Saints-Pères,  8.  Paris, 
1828.  —  Prix.  48  fr. 


TRAITÉ  PRATIQUE  ET  THÉORIQUE  D'aNATOMIE  COH* 
PARATIVE  COMPRENANT  l'ART  DE  DISSÉQUER  LES 
ANIMAUX  DE  TOUTES  LES  CLASSES  ,  ET  LES  MOYENS 

DE  CONSERVER  LES  PIÈCES  ANATOMIQUES;  3  vol.  in-T, 
1842.  Chez  M.  Méquignon-Marvis  fils,  rue  de  rÉcole-de-Méde- 
cine,  5 ,  à  Paris.  —  Prix.  13  fr. 


ANATOMIE  DESCRIPTJ^VE  ET  COMPARATIVE  DU  CHAT  9 
TYPE  DES  MAMMIFÈRES  EN  GÉNÉRAL  ET  DBS  CARNI- 
VORES EN  PARTICULIER  ;  2  vol.  in-4%  papier  cavalier,  ac- 
compagné d'un  Atlas  de  vingt-cinq  planches  sur  papier  grand 
raisin  in-plano,  gravé  sur  cuivre  avec  le  plus  grand  soin, 
représentant  de  grandeur  naturelle  et  dans  leur  situation  sur 
ranimai  vivant ,  tous  les  organes  décrits  dans  l'ouvrage,  qui 
comprend  aussi  l'Osiéologie ,  la  Syndesmologie  et  la  Myoiogie. 
—  Prix.  80  fr. 

Il  a  été  tiré  de  cet  ouvrage  vingt  exemplaires  sur.  papier  grand 
raisin  superfm  avec  les  gravures  sur  papier  de  Chine.  Prix.  160  fr. 


FARI8.  •>-  IMPRIMA  PAR   E.  TQUMOT  ET  t*, 
Ra«  Raoioe,  16,  prèi  de  l'Odéos. 


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