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Full text of "Théorie des équations algébriques. Traduction par H. Laurent"

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THÉORIE 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES 


JuLius   PETERSEN, 


PROFESSEUR     A    LUNIVERSITE     DE     COPENHAQUl 
MEMBRE    DE    L'aCADÉMIE    ROYALE    DES    SCIENCES. 

TRADUCTION    PAR 

H.  LAURENT, 

K\ainin3lPur  il'ailmission  :i   rKrult*  l'ulyleelini(|ue  île  l'iirU. 


PARIS, 
GAUTHIER-VILLARS  ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DU    BUREAU    DES    LONGITUDES,    DE    l'ÉCOLE    POLYTECHNIQUE, 
Quai  (les  Granris-Augustins,  55. 

1897 


THÉORIE 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES, 


CHEZ  LES  MEMES  EDITEURS. 


DU    MÊME    AUTEUR    : 

Méthodes  et  théories  pour  la  résolution  des  problèmes  de  con- 
structions géométriques,  avec  application  à  plus  de  400  pro- 
blèmes; traduit  par  0.  Chemin. 

Deuxième  édition 4  fr. 


THÉORIE 


ÉQUmONS  ALGÉBRIQUES 


JuLius    PETERSEN, 

'ROFESSEUR     À     L"  UNIVERSITE     DE      COPENHAGUE 
MEMBRE    DE    l'aCADÉMIE    ROYALE    DES    SCIENCES. 


H.  LAURENT, 

Examinalcur  d'admission  à  l'École  l'olylcchiiique  de  Vai 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS/  ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DU    BUREAU    DES    LONGITUDES,     DE    l'ÉCOLE    POLYTECHNIQUE, 
Quai  des  Grands-Aiiguslins,  55.  /) 

1897  ,  >^ 


si 


Tous  droits  réservés. 


au 


PRÉFACE  DU  TRADUCTEUR. 


Je  n'ai  pas  la  prétention  de  faire  l'éloge  de  la  Théorie 
des  équations  algébriques  de  M.  Petersen,  ce  Livre  est 
connu  et  apprécié  en  France,  et  depuis  longtemps  on 
en  désirait  une  traduction. 

Sous  un  volume  relativement  petit,  l'édition  française 
que  nous  publions  aujourd'hui  contient  les  matières  dé- 
veloppées dans  la  plupart  des  Traités  d'Algèbre  supé- 
rieure, mais  il  contient,  en  outre,  une  théorie  des  équa- 
tions résolubles  au  moyen  d'équations  du  second  degré 
avec  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'un 
problème  de  Géométrie  puisse  être  résolu  au  moyen  de 
la  règle  et  du  compas;  c'est,  je  crois,  le  seul  Traité 
didactique  dans  lequel  cette  question  importante  se 
trouve  traitée  (').  Il  contient  aussi  une  théorie  entière- 
ment nouvelle  de  la  théorie  des  formes  binaires  (-),  due 


(1)  Le  Chapitre  relatif  aux  équations  résolubles  au  moyen  de  racines 
carrées  est  tout  à  fait  original;  il  est  extrait  de  la  thèse  soutenue  par 
M.  Petersen  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  en  1871. 

(-)  Celle  théorie  des  covarianls  a  été  donnée  en  1879-1880. 


VI  PRÉFACE    or    TRADUCTEIR. 

à  M.  Petersen,  qui  n'existait  pas  dans  l'édition  originale 
et  qui,  bien  entendu,  n'a  encore  paru  dans  aucun  Traité 
classique;  cette  théorie,  qui  fait  l'objet  du  dernier  Cha- 
pitre, sera  lue  avec  intérêt,  je  l'espère,  non  seulement 
par  les  jeunes  étudiants  de  nos  Facultés  et  de  nos  Ly- 
cées, mais  encore  par  leurs  maîtres  et  par  les  savants. 

Les  personnes  qui  n'ont  pas  encore  lu  l'Ouvrage  de 
M.  Petersen  et  qui  voudront  bien  étudier  dans  cette  tra- 
duction, remarqueront  la  simplicité  et  la  clarté  de  l'ex- 
position qui  font  le  charme  de  ce  Traité  d'Algèbre.  Pour 
le  lire  avec  fruit,  il  suffit  de  posséder  les  parties  les  plus 
élémentaires  des  Mathématiques,  avec  les  quelques  no- 
tions de  Calcul  différentiel  enseignées  dans  les  cours  de 
nos  Lycées  qui  préparent  aux  Écoles  Polytechnique  et 
Normale.  Les  candidats  à  ces  Écoles  trouveront,  dans  les 
trois  premières  Parties,  le  développement  des  matières 
exigées  aux  examens  d'admission,  avec  de  nombreuses 
applications.  Ils  y  trouveront  la  démonstration  de  théo- 
rèmes utiles  pour  la  délimitation  et  la  séparation  des 
racines,  de  nombreuses  méthodes  d'élimination,  de 
curieuses  méthodes  d'approximation,  peu  connues  en 
France,  et  cependant  fort  intéressantes. 

Les  élèves  forts  et  qui  ne  travaillent  pas  dans  le  but 
exclusif  d'entrer  dans  une  École  liront  avec  intérêt 
la  théorie  des  équations  abéliennes  et  le  Chapitre  re- 


PRÉFACE    DU    TRADUCTELIJ.  VII 

latif  à  l'équation  du  cinquième  degré,  où  l'impossibi- 
lité de  la  résolution  de  cette  équation  se  trouve  établie 
par  des  moyens  tout  à  fait  élémentaires;  et  môme,  la 
théorie  des  équations  résolubles  au  moyen  d'équations 
du  second  degré,  qui  conduit  à  trouver  les  conditions 
nécessaires  et  suffisantes  pour  qu'un  problème  de  Géo- 
métrie puisse  être  résolue  au  moyen  de  la  règle  et  du 
compas. 

La  quatrième  et  la  cinquième  Partie  contiennent  : 
i*"  la  théorie  des  substitutions  de  lettres  et  des  équations 
algébriques  avec  l'exposé  des  recherches  d'Abel  et  de 
Galois;  2°  la  théorie  des  formes  linéaires,  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut.  Ces  dernières  Parties  s'adressent 
plus  particulièrement  aux  élèves  de  nos  grandes  Écoles  ; 
les  maîtres  même  y  trouveront  l'occasion  de  s'instruire. 

Je  termine  en  remerciant  M.  Petersen  d'avoir  bien 
voulu  me  permettre  de  traduire  son  Traité  d'Algèbre  et 
de  mettre  mes  compatriotes  à  même  de  profiter  des 
excellentes  choses  qu'il  contient. 

H.  Laurent. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


PREMIERE  PARTIE. 

SUR  DES  ÉQUATIONS  EN  GÉNÉRAL. 


CHAPITRE  I. 

Pascs 

Propriétés  générales  des  équations  algébriques i 

Sur  les  expressions  imaginaires.  Fonctions  rationnelles  entières.  Nom- 
bres des  racines  d'une  équation.  Racines  conjuguées  des  équations  à 
coefficients  réels.  Détermination  de  la  racine  commune  à  deux  équa- 
tions. Condition  pour  que  deux  équations  aient  des  racines  communes. 
Racines  égales.  Expressions  des  coefficients  en  fonction  des  racines. 

CHAPITRE  II. 

Relations  entre  les  coefficients  et  les  racines xiS 

Fonctions  symétriques  des  racines.  Formules  de  Newton.  Autres  fonc- 
tions symétriques.  Nouvelle  méthode  pour  le  calcul  des  fonctions  sy- 
métriques des  racines.  Formules  générales  pour  le  calcul  de  s  ^  et 
de  a  .  Equation  aux  carrés  des  différences.  Fonctions  rationnelles  des 
racines. 

CHAPITRE  ni. 
Sur  l'élimination i.1 


Elimination  d'une  quantité.  Application  de  la  théorie  des  fonctions  symé- 
triques. Méthode  de  Labatie.  Méthode  d'Euler.  Méthode  de  Sylvester. 
Méthodes  de  Bézout  et  de  Laurent.  Systèmes  de  plusieurs  équations 
à  plus  de  deux  inconnues.  Théorème  de  Bézout.  Théorème  de  Jacobi. 
Méthode  de  Poisson. 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


CHAPITRE  IV. 

Pages 

Transformation  des  équations 72 

Transformation  linéaire.  Equations  réciproques.  Formation  des  équa- 
tions clans  lesquelles  une  racine  est  fonction  de  plusieurs  racines 
d'une  équation  donnée.  Méthode  de  Tschirnaus  pour  faire  disparaître 
des  termes  d'une  équation. 


DEUXIEME  PARTIE. 

SUR    LA    SOLUTION    ALGÉBRIQUE    DES    ÉQUATIONS. 


CHAPITRE  I. 

L'équation  du  troisième  degré  ou  l'équation  cubique 89 

Méthode  de  Hudde.  Méthode  de  Lagrange.  Méthodes  de  Tschirnaus  et 
d'Euler. 

CHAPITRE  II. 

V équation  du  quatrième  degré  ou  équation  biquadratiquc 96 

Méthode  de  Lagrange.  Méthode  de  Descartes.  Méthode  de  Ferrari.  Mé- 
thodes de  Tschirnaus  et  d'Euler.  Étude  approfondie  de  la  Méthode  de 
Descartes. 

CHAPITRE  IH. 

L'équation  binôme i  o3 

Expression  des  racines  au  moyen  des  lignes  trigonométriques.  Pro- 
priétés des  racines.  Application  de  la  théorie  des  équations  récipro- 
ques aux  équations  Linomes. 

CHAPITRE  IV. 
L'équation  du  cinquième  degré 112 

Impossibilité  de  résoudre  cette  équation  algébriquement. 


TABLE    DES    MATIÈRES.  XI 

CHAPITRE  V. 

Pages 

Décomposition  des  poljnoines  rationnels  en  facteurs  rationnels. . .      117 

Facteurs  du  premier  degré.  Expression  ge'nérale  d'un  facteur  de  f(x). 

CHAPITRE  VI. 

Équations  abc'lienncs 124 

Équations  dans  lesquelles  une  racine  peut  s'exprimer  rationnellement 
en  fonction  d'une  autre.  Equation  ahdlienno  dont  les  racines  forment 
un  groupe.  Examen  du  cas  où  le  degré  de  Te'quation  n'est  pas  un 
nombre  premier.  Sur  les  équations  irréductibles  dont  deux  racines 
sont  liées  par  la  relation  x,  x^-\-  ax^'\-  bx^-\-  c  =  0. Résolution  algé- 
brique des  équations  binômes.  Division  de  la  circonférence  en  17  par- 
ties égales.  Réduction  de  l'équation  a;'=  =  i.  Propriété  de  l'équa- 
.      xy—\ 

tion  • =  0  ou  «  est  premier. 

:r  —  I 

CHAPITRE  VU. 

Équations  résolubles  à  l'aide  de  racines  carrées r")o 

Forme  des  racines.  Résolution  de  l'équation.  Condition  pour  qu'il  soit 
possible  de  résoudre  l'équation.  Application  à  un  problème  de  Géomé- 
trie. Intersection  d'un  faisceau  avec  une  courbe  du  quatrième  ordre. 


TROISIEME  PARTIE. 

SUR    LA    RÉSOLUTION    NUMÉRIQUE    DES    ÉQUATIONS. 


CHAPITRE  I. 

Séparation  des  racines 167 

Limites  des  racines  réelles.  Nombre  des  racines  comprises  entre  deux 
nombres  donnés.  Théorème  de  Descartes.  Théorème  de  Budan.  Théo- 
rème de  Rolle.  Théorème  de  Sturm.  Application  du  théorème  de 
Sturm  aux  racines  imaginaires.  Séparation  des  racines  réelles.  Mé- 
thode de  Fourier.  Théorème  de  Newton.  Généralisation  du  théorème 
de  Descartes. 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


CHAPITIΠ   H. 

Pascs 

Calcul  des  racines  des  équations  numériques ^"3 

Calcul  des  racines  commensurables.  Interpolation.  Méthode  d'approxi- 
mation de  Newton.  Méthode  de  Lagrange.  Méthode  de  Horner.  Calcul 
des  racines  imaginaires. 


QUATRIEME  PARTIE. 

SUR     LES     SUBSTITUTIONS. 


CHAPITRE  I. 

Des  substitutions  en  "énéral 


Ordre  des  substitutions.  Substitutions  circulaires.  Substitutions  sembla- 
bles et  échangeables.  Substitutions  positives  et  négatives. 

CHAPITRE  II. 

Substitutions  co?ijuguces  ou  groupes 245- 

Théorème  de  Lagrange.  Substitutions  permutables  avec  un  groupe.  Sur 
la  formation  de  quelques  groupes.  Le  groupe  alterné.  Groupes  que 
l'on  peut  former  par  la  multiplication  des  substitutions  d'autres 
groupes.  Théorème  de  Cauchy.  Groupes  transitifs  et  intransitifs.  Sur 
les  groupes  transitifs  qui  contiennent  d'autres  groupes  également 
transitifs.  Groupe  d'une  fonction  et  nombre  des  valeurs  qu'elle  peut 
acquérir.  Indice  d'un  groupe.  Dos  substitutions  linéaires. 

CHAPITRE  m. 

Théorie  de  Gnlois 276- 

Groupe  d'une  équation.  Propriétés  du  groupe  d'une  équation.  Réduc- 
tion du  groupe  au  moyen  de  quantités  adjointes.  Adjonction  des  ra- 
cines d'une  équation  auxiliaire. 


TABLE    DES    MATIÈRES.  Xlll 

CHAPITRE  IV. 

Pages 
Applications  de  la  théorie  de  Galois ■^Q'î 

Équations  abéliennes.  Equation  de  Galois.  Equations  dont  le  groupe  a 
pour  ordre  une  puissance  d'un  nombre  premier.  Équation  de  Hesse. 
Groupe  de  monodromie  d'une  équation. 


CINQUIEME  PARTIE. 

SUR    LKS    FORMES. 


CHAPITRE  I. 

Covariants  des  formes  binaires 3  i  i 

Formes  et  substitutions  linéaires.  Symboles.  Coefficients  et  fonctions 
transformées.  Semi-invariants.  Covariants.  Formation  de  nouveaux 
semi-invariants.  Systèmes  généraux  de  formes  jusqu'à  «  =  4-  Formes 
quadratiques  à  plusieurs  variables.  Substitutions  orthogonales.  Inva- 
riants. 

iNOTE. 

Sur  l'équation  .r'»  =  i 3  jC) 


ERRATA. 


Au  lieu  de 


2.3 

7  en  rem. 

38 

formule  (9) 

45 

i3  en  rem. 

52 

2 

54 

'7 

59 

i5  en  rem. 

60 

8 

62 

12  en  rem. 

G7 

S 

77 

7 

84 

i4 

84 

3  en  rem. 

89 

6 

91 

2 

loi 

II  en  rem. 

103 

6  en  rem. 

106 

i3 

m 

6 

120 

6  en  rem. 

122 

i4  en  rem. 

122 

i3  en  rem. 

i3o 

2  en  rem. 

,40 

I  en  rem. 

i4i 

3  en  rem. 

l52 

5  et  6 

i53 

2  en  rem. 

160 

6  en  rem. 

179 

7  en  rem. 

187 

10  en  rem. 

217 

I  en  rem. 

221 

17 

235 

5  en  rem. 

p  —  I  fois  appartient  à  ligne  9. 

s  s„. 

p  " 

Ainsi,  Mais. 


6.1- +4 

Terrard 

d'eux 

irréductible. 


r- 
(2). 

m. 

¥z. 

6X-4. 

Jerrard. 

des  restants. 

réductible. 


racines  imaginaires. 


qui  sont...  binômes  appartient  à  ligne  i5  après  celles 
divisibles.  divisible. 


on  peut 


3490 
cabd 


on  le  peut, 
en  un. 

■2-iZ 


car  jj. 
F- 


3. 
34940 
bdea. 


ERRATA. 

Pages 

Lignes 

Au  lieu  lie 

Lire 

243 

3  en  rem. 

des  trois 

trois  des. 

248 

4  en  rem. 

\- 

X-. 

250 
25 1 

10 

II  en  rem. 

{be),l,cd) 
ces 

{be){cd). 
les. 

253 

6  en  rem. 

un 

un  plus 

256 

2  eu  rem. 

c, 

269 

278 

5 

4  en  rem. 

y 

A' 

a". 

285 

I 

z=  z 

Z=ZZ. 

288 
290 
292 

II 

■4 

I  en  rem. 

pour 
un 

fouctions 

par 
le 

équations 

299 
3o3 

9 
II  en  rem. 

Q 
P. 

G 

3o4 

12 

'9 

If)  en  rem. 

lignes  triples 

ligne  triple 

lignes  triples 

pour  la  fouction 

0, 

lignes 

ligne  d'un  triple 

triples  de  lignes 

par  l'adjonction 

G, 

3i3 

14  en  rem. 

fonctions 

formes 

3i8 

I  eu  rem. 

•••■î  H-  ■  •  • 

''', 

319 

I  (  en  rem. 

P 

V- 

THÉORIE 

DES 

ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES. 


CHAPITRE  I. 

PROPRIÉTÉS  GÉNÉRALES  DES  ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES. 


Sur  les  expressions  imaginaires. 

1.  Si  l'on  désigne  par  i  l'expression  imaginaire  \'^i,  la 
forme  générale  d'une  quantité  imaginaire  ou  d'un  nombre 
complexe  sera 

a  -+-  bi, 
oix  a  Ci  b  sont  réels.  Si  l'on  pose 

(i;  a^rcosO,         /['^/•siiiO, 

on  aura 

y  >  )  a  ■+-  bi  ~  r  (  eos  0  -f-  /  sii 1 0  ) 


et 


)  r  =  v/«'--H  b- ,  taiigO  = 


/■  est  le  module,  il  est  essentiellement  positif;  Ô  est  l'argu- 
ment, (3)  donne  pour  d  deux  valeurs,  mais  (i)  montre  que 
cos9  a  le  signe  de  a  et  sin9  celui  de  b,  et,  comme  ces  signes 
déterminent  le  quadrant  où  se  termine  B,  l'arc  compris  entre 
o  et  271,  dont  la  tangente  est  tang9,  se  trouve  bien  déter- 
P.  I 


2  /  CHAPITRE    I. 

miné.  En  réalité,  Q  possède  une  infinité  de  valeurs  posi- 
tives ou  négatives  différant  entre  elles  de  ipn,  où  p  désigne 
un  entier  arbitraire  positil"  ou  négatif.  Dans  la  suite,  il  sera 
sous-entendu  que  l'on  peut  toujours  ajouter  à  l'argument  ce 
nombre  2/:>7r.  On  représente  encore,  pour  abréger,  la  quantité 
qui  a  pour  module  /•  et  pour  argument  Q  par  la  notation  /-,. 
Exemples  : 

1  =  1^,  /  =  I  ^,  —  1  -1-  /  y  '^  =   2  2  Tt,  —  I /  /3  =  2  i  TT. 


2.  L'imaginaire  a  +  bi  peut  être  représentée  par  un  point. 
Soient  0  {fig.  i)  une  origine  et  OXun  axe  orienté;  un  point  A 


est  déterminé  quand  on  donne  le  rayon  vecteur  /•  et  l'angle  B 
qu'il  fait  avec  l'axe  OX;  on  peut  représenter  ce  point  par  la 
notation  re;  on  voit  que  les  quantités  réelles  sont  représen- 
tées par  les  points  de  l'axe  OX.  On  voit  aussi  que  /■  repré- 
sente en  quelque  sorte  la  valeur  numérique  de  r%,  et  que  le 
fcicteur  cos9  +  i^inQ  en  détermine  la  direction,  il  joue  le  rôle 
d'un  signe  directif.  Les  signes  +  et  —  désignent  deux  direc- 
tions opposées  sur  l'axe  OX,  de  même  i  et  —  i  représentent 
les  deux  directions  opposées  perpendiculaires  à  OX.  Nous 
allons  montrer  comment,  en  généralisant  la  notion  d'addi- 
tion, on  peut  déduire  de  ces  directions  toutes  les  autres. 

Au  lieu  de  dire  que  l'imaginaire  /-g  représente  le  point  A, 
on  peut  dire  que  le  ra^^on  orienté  OA  est  représenté  par  /'o. 

Les  deux  imaginaires  a  +  bi,  a  —  bi  sont  dites  conjuguées; 
elles  ont  même  module,  leurs  arguments  sont  égaux  et  de 
signes  contraires,  les  points  qu'elles  représentent  sont  symé- 
triques par  rapport  à  l'axe  OX. 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  3 

3.  Calcul  des  imaginaires.  —  Nous  allons  maintenant  géné- 
raliser la  notion  d'addition,  de  manière  à  obtenir  pour  les 
imaginaires  un  calcul  analogue  à  celui  des  quantités  réelles. 
Soit  donnée  la  formule 

(«  +  bi)  -h  («1-!-  bit)  =  a  -i-  ai-\-  (b  -+-  bi)i; 

les  points  qui  représentent  les  parties  de  la  somme  ont  res- 
pectivement pour  coordonnées  a,  b  et  «i,  b^,  celui  qui  repré- 
sente la  somme,  a  pour  coordonnées  «  +  «i  et  b-\-bx.  Ces 
trois  points  et  l'origine  des  coordonnées  sont  les  sommets 
d'un  parallélogramme  dont  les  côtés  sont  r  et  /•,,  les  direc- 
tions de  ces  côtés  sont  déterminées  par  les  angles  6  et  Oj. 
L'addition  se  ramène  donc  à  la  recherche  de  la  résultante 
de  deux  droites  ayant  pour  longueurs  les  modules  et  pour 
directions  les  arguments  des  quantités  à  ajouter,  et  l'on  voit 
l'interprétation  géométrique  de  ce  fait  qu'une  somme  ne 
change  pas  quand  on  intervertit  l'ordre  de  ses  parties. 

Lorsque  la  somme  de  plusieurs  imaginaires  est  nulle,  après 
avoir  composé  les  droites  qui  représentent  les  parties,  on 
revient  à  l'origine  et  la  figure  se  réduit  à  un  polygone  fermé  : 
on  peut  donc  dire  que  la  somme  des  côtés  d'un  polygone 
fermé  est  nulle,  si  l'on  sous-entend  que  chaque  côté  repré- 
sente une  imaginaire,  et  qu'il  est  déterminé  en  grandeur  et 
en  direction,  ce  qui  détermine  le  sens  dans  lequel  le  poly- 
gone doit  être  parcouru.  On  peut  dire  aussi  que  le  point  final 
représente  la  même  imaginaire  quel  que  soit  le  chemin  par- 
couru. Ainsi  la  formule  (2)  montre  que  l'on  arrive  au  même 
point,  soit  en  parcourant  le  rayon  r  dans  la  direction  d,  soit 
en  parcourant  a  dans  la  direction  +1  et  6  dans  la  direction  i. 
Il  résulte  des  considérations  précédentes  que  le  module  d'une 
somme  est  moindre  que  la  somme  des  modules  de  ses  parties, 
pourvu  que  les  parties  n'aient  pas  toutes  le  même  argument. 
Dans  ce  dernier  cas,  en  effet,  le  module  de  la  somme  serait 
égal  à  la  somme  des  modules  de  ces  parties. 

hdi  soustraction  revient  à  une  addition  avec  changement  de 
signe  de  la  partie  à  soustraire. 


4  CHAPITRE    I. 

La  notion  de  multipUcalion  résulte  de  la  considération  de 
la  formule 

/■(cos6  4-  /siiiO)  r^  (cosOi-(-  i  sinOi) 
=  r./-,  [cos(0  +  Oi)  +  /  sin(0  +  Oi)] 
ou 

(4)  'o '■'9.  =  ('■'•!  Wô,- 

On  voit  que  le  module  d'un  produit  est  égal  au  produit  des 
modules  de  ses  facteurs,  et  que  son  argument  est  égal  à  la 
somme  des  arguments  des  facteurs. 

La  multiplication  par  un  facteur  revient  ainsi  à  une  multi- 
plication par  le  module  de  ce  facteur  (dans  le  sens  ordinaire 
du  mot  multiplication),  suivie  d'une  rotation  égale  à  l'argu- 
ment de  ce  facteur.  Soient  A  et  Ai  {fg.  2)  les  points  qui  re- 


présentent les  facteurs,  B  le  point  qui  représente  l'unité  h-i, 
et P  celui  qui  représente  le  produit;  on  voit  facilement  que  le 
triangle  OBA  est  semblable  à  OAiP. 

Ainsi  le  triangle,  formé  par  l'unité  et  l'un  des  facteurs,  est 
semblable  au  triangle  formé  par  l'autre  facteur  et  le  produit. 
Le  produit  est  formé  avec  le  multiplicande  comme  le  multi- 
plicateur est  formé  avec  l'unité. 

L'échange  des  points  A  et  A,  fournirait  encore  des  trian- 
gles semblables;  c'est  l'interprétation  géométrique  du  théo- 
rème relatif  à  la  possibilité  de  l'interversion  des  facteurs. 

Exemple  : 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  5 

La  division  se  ramène  à  la  multiplication.  Quant  à  Y  éléva- 
tion aux  puissances  et  à  l'extraction  des  racines,  elles  don- 
nent lieu  aux  formules  {n  étant  un  entier  positif) 

Dans  le  second  membre  de  la  dernière  formule,  on  doit  sup- 
poser à  B  des  valeurs  de  la  forme  B+ipr.,  et  des  valeurs  dif- 
férentes de />  pourront  fournir  des  solutions  différentes. 

Dans  la  suite,  on  fera  usage  d'exposants  fractionnaires, 
lorsqu'on  suppose  toutes  ses  valeurs  à  une  racine,  au  con- 
traire, on  fera  usage  du  signe  radical,  lorsque  l'on  voudra 
représenter  une  valeur  bien  déterminée;  ainsi  on  aura 

(6)  (^e)"=(v/^)2pz  +  Q, 

oh  p  doit  recevoir  les  valeurs  o,  i,  2,  ...,  (/?— i).  p=^n 
donne  le  même  résultat  que  /o  =  o;  p^^n-^a  donne  le  même 
résultat  que  p^i^a.  Ainsi  le  nombre  des  valeurs  réellement 
distinctes  de  (6)  est  n\  et,  comme  leurs  directions  partagent 
Tespace  en  n  parties  égales  déterminées  par  les  directions 

//        //  n  II  II 

1 

(/•fj)"  aura  au  plus  deux  valeurs  réelles  données  par  les  for- 
mules 

■ip--hO  ■?.p--~-0 

-i- =  O  OU  — =  -. 

Il  II 

Dans  le  premier  cas,  on  a  ô  =  o,  /5  =:  o;  dans  le  second  cas, 
on  a  9  =  o  et  2/?  =  n  ou  9  z=  tt  et  2/j>  -1-  i  =:  n.  Si  r^  est  imagi- 
naire, ses  racines  sont  imaginaires;  s'il  est  positif,  une  racine 
sera  positive,  l'autre  négative  si  n  est  pair;  une  seule  racine 
sera  positive,  si  n  est  impair. 

Enfin,  si  r^  est  négatif,  une  racine  sera  négative  si  n  est 
impair,  et  toutes  les  racines  seront  imaginaires  si  n  est  pair. 


O  CHAPITRE    I. 

En  combinant  les  résultats  précédents,  on  obtient  des  théo- 
rèmes analogues  au  sujet  des  exposants  négatifs  et  fraction- 
naires 

Si  la  fraction  -  peut  être  réduite  à  une  plus  simple  expres- 

sion,  l'expression  de  O'^y  peut  se  simplifier  également. 
Exemple  I  : 

les  trois  valeurs  de  cette  expression  sont 

cos4o°-H  f  sin4o°,        cos  160°-}- /sin  160°,        cos28o"-+- j  sinaSo". 
Exemple  II  : 

(—8)^,         r  =  8,         v//'  =  2,         0  =  -; 

1 
les  valeurs  de  (—8)^  sont 

2-.,     2_    et    25-    ou     I -H  /  y/j ,     — 2    et     I  —  isf^. 

Nous  allons  maintenant  appliquer  la  théorie  précédente  à 
des  considérations  géométriques. 
On  sait  que  l'expression 

.ro — .ri     ,r,  —  .r^ 


X'^  —  x^     X'^  —  j:3 

reste  invariable  quand  on  remplace  a?i,  a?,,  ^3,  ^4  par  — ,  —  j 

Xy     x^ 

—  5  —  •  Supposons  les  quantités  a;  imaginaires  et  représentées 

Xz       X'^ 

par  les  points  Aj,  A,,  A3,  A4  {fi g.  3).  Alors  x^^ — x^  sera  représenté 
en  grandeur  et  en  direction  par  Ai  Ao.  Si  l'on  parcourt  les  seg- 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  7 

inents  analogues  dans  l'orclre  Ai,  A.,  A3,  Ai;  si  l'on  désigne 
leurs  modules  par  i\,  /:,,  r^,  r.,  el  leurs  directions  par  de 


Fig.  3. 

A,    _^ -^  R, 


grandes  lettres,  X  désignant  la  direction  des  quantités  posi- 
tives, on  aura 

^-2— ^1=  /'UXR.I,  

Le  rapport  considéré  devient  alors 

r,{Xl\,)-  r.iXR,)' 
il  a  pour  module 

r-.  Pi 

et  pour  argument 

(XRi)  +  (R,X)  +  (RiX)-T-(XI\3)  =  (R,R,)  +  (BiR3). 

Ainsi  le  module  de  notre  expression  est  le  rapport  des  pro- 
duits des  côtés  opposés  du  quadrilatère  AiAïAaAj,  et  l'argu- 
ment de  cette  expression  est  la  somme  des  angles  opposés 
(et  extérieurs);  ces  grandeurs   restent   inaltérées   après  la 

transformation,  qui  consiste  à  remplacer  a:  par  -  ou  Tq  par 

(-)     ;  si  —  5  se  change  en  9,  le  point  correspondant  se  change 

en  son  symétrique  par  rapport  à  l'axe  des  quantités  positives; 
cela  revient  à  changer  la  direction  dans  laquelle  on  compte 

les  angles  positifs;  on  obtient  alors  (-)  •  Notre  proposition 


O  CHAPITRE    I. 

a  donc  encore  lieu  si  l'on  remplace  /'q  par  (-)  ,  et  si  nous 
changeons  —  9  en  9,  de  telle  sorte  que  le  produit  des  distances 
des  deux  points  corpespondanl  à  l'origine  soit  égal  à  un.  Les 
deux  points  en  question  sont  alors  transformés  l'un  de  l'autre 
par  rayons  vecteurs  réciproques.  Nous  venons  donc  de  dé- 
montrer par  l'Algèbre  que,  par  une  transformation  par  rayons 
vecteurs  réciproques  des  sommets  d'un  quadrilatère,  on  n'al- 
tère pas  le  rapport  des  produits  des  côtés  opposés  pendant  que 
la  somme  des  angles  opposés  change  son  signe.  Il  est  d'ailleurs 
indifférent  que  le  quadrilatère  soit  concave  ou  convexe. 

Fonctions  rationnelles  entières. 
k.  Étant  donnée  la  fonction  entière 

on  peut  toujours  choisir  le  module  /■  de  c  assez  petit  pour 
que  le  module  de  f{z)  devienne  et  reste  plus  petit  qu'une 
quantité  donnée  R. 

En  effet,  soit  a  le  plus  grand  module  des  coefficients  de 
f{z),  on  aura 

mod /(c)  <«(/•'" -^  r"'-i -!-..  .-t- /■)         ou         <« ; — , 

et  si  r  <  I 

mod/(3)<-^, 

et/(^)  aura  un  module  inférieur  à  R,  si  l'on  prend 

R 

Il  résulte  de  là  que,  dans  la  fonction 

z"^V, 

OÙ  P  désigne  une  fonction  entière  dans  laquelle  les  expo- 
sants de  z  sont  supérieurs  à  n,  on  peut  choisir  le  module 

p 
de  z  assez  petit  pour  que  mod—  puisse  être  rendu  phis  petit 


riiOPRIÉlÉS    GÉNÉUALF.S    DKS    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQIKS.  9 

qu'une  quantité  donnée;  si  l'on  change  -;  en  ^,  on  voit,  par 
suite,  que  l'on  peut  prendre  le  module  de  z  assez  grand  pour 
que 


puisse  surpasser  toute  quantité  donnée,  P  désignant  un  poly- 
nôme dans  lequel  tous  les  exposants  de  z  sont  inférieurs  à  n. 

5.  Une  fonction  entière  et  rationnelle  de  z  est  continue  {^). 

f{z)  est  continue  si,  z  étant  quelconque,  on  peut  prendre 
mod/i,  tel  que  pour  toutes  les  valeurs  de  h  du  module  moindre 
ou  égal,  le  module  de  la  dilïérence 

/(3-/o-/(0 

devienne  moindre  qu'une  quantité  donnée  si  petite  que  l'on 
veut. 

Celte  dilïérence,  développée  par  la  formule  de  Taylor, 
donne 

f'iz)h+f"{z)  j'~  -f-.  .  .  +  /-(c.)  77:^^. 

et  cette  expression,  comme  on  vient  de  le  voir,  peut  être 
rendue  aussi  petite  que  l'on  veut  en  choisissant  modA  con- 
venablement. 

Il  résulte  de  là  que,  si  f{z)  est  à  coefficients  réels,  et  si 
cette  fonction  prend  des  valeurs  de  signes  contraires  pour 
deux  valeurs  de  z,  elle  doit  s'annuler  pour  une  certaine 
valeur  de  z  comprise  entre  celles-ci. 

6.  Une  fonction  entière  réelle  de  deux  variables  réelles  x 
et  y  ne  peut  changer  de  signe  quand  x  et  y  varient  d'une 
manière  continue  sans  passer  par  zéro. 

Dans  le  cas  contraire,  la  fonction  en  un  certain  point  de- 
vrait passer  brusquement  d'une  valeur  positive  à  une  valeur 

(')  Cela  résulte  aussi  de  ce  qu'une  pareille  foncliou  a  une  dérivée  bien  déter- 
minée pour  chaque  valeur  de  la  variable. 


lO  CII.VPITRC    I. 

négative  ou  inversement,  de  telle  sorte  que 

f(x-^/>.y~\-/,)—f(.r.r) 

ne  pourrait  pas  devenir  moindre  qu'une  quantité  donnée 
pour  des  valeurs  suffisamment  petites  de  h  et  A;  cela  est  im- 
possible, car  cette  dillerence  peut  s'écrire 

/(.r  +  A,  J  -4-  k)  -f(.r  +  //,  j)  +f{x  +  h,  r)-f{x,  j), 

et  il  résulte  de  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  que  chacune 
des  deux  différences  dont  se  compose  l'expression  précé- 
dente peut  être  rendue  aussi  petite  que  l'on  veut,  la  pre- 
mière en  prenant  k,  la  seconde  en  prenant  h  suffisamment 
petit. 
La  courbe  dont  l'équation  est 

partage  le  plan  en  régions  finies  ou  infinies;  si  l'on  considère 
deux  points,  si  l'on  substitue  les  valeurs  de  leurs  coordon- 
nées dans/(j?,y),  et  si  l'on  obtient  des  résultats  de  signes 
contraires,  on  ne  pourra  passer  d'une  manière  continue  de 
l'un  à  l'autre  sans  traverser  la  courbe.  Les  régions  du  plan 
seront  regardées  comme  positives  ou  négatives  par  rapport 
à  la  courbe,  suivant  que  les  coordonnées  des  points  de  ces 
régions  substitués  à  la  place  de  ^  et  y  rendront  /{■r,  y) 
positif  ou  négatif.  Pour  passer  d'une  région  positive  à  une 
région  négative,  il  faut  traverser  la  courbe  un  nombre  impair 
de  fois;  pour  passer  d'une  région  positive  à  une  région  posi- 
tive, il  faut  la  traverser  un  nombre  pair  de  fois.  Si  l'on  tra- 
verse un  point  ot^i  se  coupent  deux  branches  de  courbe,  il 
faut  compter  le  passage  par  un  tel  point  comme  un  double 
passage. 

Comme  on  peut  supposer /(^, 7)  écrit  avec  un  signe  quel- 
conque, le  signe  d'une  région  est  arbitraire,  mais  on  peut 
convenir  d'écrire /(^,/)  de  telle  sorte  que  le  terme  qui  ne 
contient  ni  ^  ni  y  soit  positif.  De  cette  façon,  l'origine  sera 
dans  la  région  positive  et  les  signes  des  autres  régions  seront 
déterminés. 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  I  I 

7.  Si  l'on  considère  deux  courbes  A  =:  o  et  B  =  o,  leur 
ensemble  partagera  le  plan  en  régions  où  le  produit  AB  sera 
ou  positif  ou  négatif,  suivant  que  A  et  B  y  auront  le  même 
signe  ou  des  signes  contraires.  Considérons  un  point  d'inter- 
section des  deux  courbes  {fg.  4)>  et  décrivons  autour  de  ce 

Fig.  4. 


point  une  petite  courbe  fermée;  son  périmètre  sera  partagé 
par  les  branches  des  courbes  A  =:  o,  B  rr:  o  en  quatre  parties. 
Parcourons  la  petite  courbe  et  déterminons  en  chacun  de  ses 
points  la  valeur  de  AB;  toutes  les  fois  que  AB  s'annule,  son 
signe  change  et  l'on  franchit  une  branche  du  nœud.  Appe- 
lons les  portions  de  la  petite  courbe,  parties  positives  ou 
négatives  suivant  que  sur  ces  parties  AB  est  positif  ou 
négatif;  deux  parties  opposées  seront  positives,  les  deux 
autres  seront  négatives;  chaque  fois  que  l'on  traverse  une 
branche  du  nœud,  on  passe  d'une  partie  positive  à  une  partie 
négative  ou  inversement.  Si  l'on  effectue  le  parcours  dans 
un  sens  déterminé,  on  rencontre  deux  espèces  de  points 
d'intersection  :  ceux  où,  en  traversant  la  courbe  A,  on  passe 
du  positif  au  négatif;  ceux  où,  en  traversant  la  courbe  A,  on 
passe  du  négatif  au  positif.  On  trouve  un  exemple  de  ces 
points  dans  l'intersection  de  deux  cercles. 

Si,  pour  chaque  point  d'intersection  des  courbes  A  et  B,  on 
fait  la  différence  du  nombre  de  fois  où,  dans  un  parcours  au- 
tour de  ces  points  dans  le  sens  positif,  on  traverse  la  courbe  A 
en  passant  du  positif  au  négatif,  et  où  on  la  traverse  en  pas- 
sant du  négatif  au  positif,  on  trouve  -h  2  pour  certains  points 
et  —  2  pour  d'autres,  les  uns  seront  appelés  de  première  es- 
pèce, les  autres  seront  de  seconde  espèce.  Si  l'on  ajoute  toutes 
ces  différences,  on  obtient  un  nombre  qui  est  le  double  de  la 


12  CHAPITRE    I. 

difTérence  A  entre  les  nombres  de  points  de  la  première  et  de 
la  seconde  espèce.  Ce  nombre  est  celui  que  l'on  trouverait  si 
l'on  parcourait  une  courbe  fermée  renfermant,  dans  son  inté- 
rieur, tous  les  points  d'intersection  des  courbes  A  et  B.  En 
effet,  en  déformant  une  pareille  courbe,  l'ordre  dans  lequel 
elle  rencontre  A  et  B  ne  peut  se  modifier  qu'en  passant  par  un 
point  d'intersection  de  A  et  B,  et  en  quittant  un  point  où  elle 
toucbe  A  ou  B.  Elle  gagne  où  elle  perd  alors  deux  points  d'in- 
tersection avec  ces  courbes  {fig-  5).  Ces  derniers  points  n'ont 


Fig.  5. 


pas  d'influence  sur  la  valeur  de  la  différence  considérée,  car 
ils  se  suivent  immédiatement;  si  ce  sont  des  intersections 
avec  B,  ils  ne  comptent  pas;  si  ce  sont  des  intersections  avec 
A,  ils  ne  cbangenl  pas  la  différence,  parce  que,  une  fois,  on 
passe  du  négatif  au  positif,  et  une  autre  fois  du  positif  au  né- 
gatif. 

Puisque  deux  semblables  points,  pris  simultanément,  n'ont 
pas  d'influence  sur  les  autres  points  d'intersection,  ils  ne  peu- 
vent modifier  la  différence  A  dont  nous  nous  occupons.  Celle- 
ci  ne  peut  donc  changer  que  quand  on  passe  par  un  point 
d'intersection  de  A  et  B. 

Considérons  une  petite  courbe  fermée  {fig.  6),  ne  coupant 

Fig.  6. 


ni  A  et  B,  et  pour  laquelle  la  différence  A  est  nulle;  agran- 
dissons cette  courbe  jusqu'à  ce  qu'elle  touche  une  des  petites 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRigLES.  l3 

courbes  décrites  autour  d'un  point  d'intersection  de  A  et  B,  et, 
à  ce  moment,  adjoignons-lui  cette  petite  courbe;  la  différence 
croîtra  de  +2  ou  — 2,  suivant  que  l'intersection  sera  de  pre- 
mière ou  de  seconde  espèce;  on  peut  donc  énoncer  le  théo- 
rème suivant  : 

Etant  données  deux  courbes  A,  B,  si  Von  parcourt  une 
courbe  fermée  dans  un  sens  déterminé^  la  différence  du  nombre 
des  points  de  première  et  de  seconde  espèce  contenus  à  l'inté- 
rieur de  cette  courbe  est  la  moitié  de  la  différence  du  nombre 
de  fois  que  l'on  passe  du  positif  au  négatif  et  du  nombre  de 
fois  que  l'on  passe  du  négatif  au  positif,  en  traversant  la 
courbe  A. 

S'il  n'y  a  que  des  points  d'une  seule  espèce,  on  peut  déter- 
miner ainsi  le  nombre  des  points  réels  d'intersection  des 
courbes  A  et  B  contenus  dans  un  contour  fermé.  Le  théorème, 
du  reste,  est  vrai  quelque  rapprochés  que  soient  les  points 
d'intersection,  et,  si  plusieurs  sont  confondus,  il  a  encore  lieu 
en  comptant  chaque  point  autant  de  fois  qu'il  renferme  d'in- 
tersections confondues. 


Nombre  des  racines  d'une  équation. 

8.  Considérons  une  équation  du  degré  n 
(I)  f{z)  =  Ao3«4-  Ai3«-'-f-. . .+  A„  ==  o, 

à  coefficients  réels  ou  imaginaires;  posons 

^  et  7  désignant  des  nombres  réels;  en  séparant  les  parties 
réelles  et  imaginaires,  on  a 

(•2)  /(x--jo  =  A-B/, 

A  et  B  désignant  des  fonctions  réelles  de  x  et  y;  la  condition 
nécessaire  et  suffisante  pour  que  ^  H- ji  soit  racine  de  l'équa- 


14  CHAPITRE    I. 

lion  (i)  est  que  l'on  ait 

(3)  A  =  o,        B  =  o; 

les  racines  seront  donc  représentées  par  les  points  d'intersec- 
tion réels  des  courbes  A  et  B  :  nous  les  appellerons  points 
racines  ('). 

Maintenant  appliquons  à  ces  courbes  le  théorème  démontré 
tout  à  l'heure.  A  cet  effet,  décrivons  un  cercle  assez  grand 
pour  contenir  toutes  les  intersections  des  courbes  A  et  B,  si 
elles  se  coupent;  divisons  l'équation  (i)  par  Ao,  elle  prendra 
la  forme 

(4)  ^" -H  «.,;«-' -i-..  .=  o, 

et,  en  posant  z  ^  x  -^  ri  ^=  /-(cosS  +  /sin5), 

(5)  A  =  /'"cos/^0  -i-  07'"-'cos[(/^  —  i  )0  —  v]  -+-.,.=  o, 
(  6  )  B  =  /•«  siii  /i  0  -i-  ar"-^  siii  [{  n  —  i  )  0  -{-  v  ]-:-...  =  o, 

on  peut  prendre  le  rayon  /•  du  cercle  assez  grand,  pour  que 
les  premiers  termes  de  (5)  et  (6)  donnent,  avec  une  approxi- 
mation aussi  grande  que  l'on  veut,  les  points  d'intersection 
des  courbes  avec  le  cercle;  on  a  alors 

cos/<0  =  o,         siii//0  =  o, 
d'où 

■2/i  II 


(')  Les  courbes  A  et  B  ne  sont  pas  quelconques,  elles  dépendent  Tune  de 
Tautre;  on  a  en  eifet,  en  difterentiant. 


d"où  Ton  tire 


/'(^ +  -?•'■) 

_ ÔX       ÔB  . 
Ox        ôx    ' 

//(.r  +  rO 

_  ^)A        ÔB  . 

~  ÔJ        ÔJ  '' 

()B  _     ^;a 

Ox  ~        ôj' 

ô\  _  ÔB 
ôx   "  ÔJ 

PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  10 

Les  points  d'intersection  avec  le  cercle  des  courbes  A  et  B, 
à  mesure  que  le  rayon  du  cercle  croît,  tendent  donc  à  partager 
la  circonférence  en  4"  parties  égales,  et  ces  points  se  suivent 
alternativement;  la  ditTérence  A,  considérée  plus  haul,  du 
nombre  des  points  de  première  et  de  seconde  espèce  est  donc 
in,  il  y  a  donc  au  moins  n  points  d'intersection  contenus 
dans  le  cercle.  Donc 

Une  équation  de  degré  n  a  au  moins  n  racines. 

9.  Si  a,  est  une  racine  de  /{:■)  ^=  o,  le  polynôme  f{z)  est 
divisible  par  z  —  y.^. 

En  effet,  on  peut  poser 

Q  désignant  une  fonction  entière,  et  R  un  nombre  indépen- 
dant de  z.  Cette  identité  doit  avoir  lieu  pour  :;  =  c/.^,  et  l'on  a 

R  =  o; 

car  T{  ne  contient  pas  :;,  et  il  ne  cbange  pas  en  remplaçant  ;: 
par  a,. 

Soit  a,  une  autre  racine  de  l'équation,  elle  doit  annuler 
{z  —  ai)Q  et  par  suite  Q,  donc 

donc 

/(:;)  =  (3-a,)(3-a,)Q„ 

et  ainsi  de  suite. 

Inversement,  on  voit  facilement  que  a  est  racine  de  f{z)^=o 
quand  {z  —  a)  divise  f{z).  A  chaque  racine  de  f{z)  corres- 
pond donc  un  facteur  de  f{z)  de  la  forme  z  —  a,  et  récipro- 
quement. Comme  un  polynôme  du  degré  n  ne  peut  avoir  plus 
de  n  facteurs  du  premier  degré,  une  équation  de  degré  n  ne 
saurait  avoir  plus  de  n  racines.  En  combinant  ce  résultat 


ib  CnAPURE    I. 

avec  le  n"  8,    on  voit  qu'une  équation  de  degré  n  a   n   ra- 
cines ('). 

Si  l'on  appelle  y.^,  v-i,  •  •  -,  ««  ces  racine?,  on  a 

(7)  f{z  )  =  X,{z  -  aO  (-■  -  a,),  --(z-  a„  l, 

OÙ  Ao  est  le  coefficient  de  ^"  dans/(c). 

10.  On  a  supposé,  dans  la  démonstration  du  théorème  pré- 
cédent, que  les  points  d'intersection  de  A  et  B  étaient  simples, 
c'est-à-dire  tels  qu'une  petite  courbe  tracée  autour  de  chacun 
d'eux  ne  rencontrait  chacune  des  courbes  A,  B  que  deux  fois 
seulement.  Si  cela  n'avait  pas  lieu,  on  ne  trouverait  n  racines 
qu'en  comptant  chaque  semblable  point  pour  autant  de  fois 
qu'il  y  a  de  doubles  passages  du  signe  +  au  signe  — .  Nous 
allons  revenir  sur  ce  cas. 

Prenons  pour  origine  un  point  racine  z  =:  v.:  z=io  doit 
satisfaire  à  l'équation,  elle  a  donc  la  forme 

(8)  a.jZ-^/^-j^z'^^...=  o, 

et  l'on  a 

(g)  A  =  rtrcos(6  -f-  u)  -4-  br-  cos(20  -h  uj)  -^.  .  .=  o, 

(lo)  B  =  rtz-sin  (0  -H  ■j)  +  /jf'  sin  (26  -!-  -j,)  -h.  .  .=  o: 


(')  On  voit  que  les  poiats  racines  doivent  être  des  points  de  même  espèce,  de 
sorte  que  le  théorème  énoncé  plus  haut  peut  servir  à  déterminer  le  nombre  des 
racines  contenues  dans  un  contour  donné  (  théorème  de  Gauchy  )  ;  on  peut  mon- 
trer que  les  deux  espèces  de  points  d'intersection  pour  les  courbes  A  et  B  sont 
tels  qu'il  faut  traverser  la  courbe 

fJA    (m  _  ()X  ()B 
(jjc    ()y  Oj    dx 

un  nombre  impair  de  fois  pour  aller  d'un  point  d'une  espèce  à  un  point  dit 
l'autre  espèce.  Cette  courbe  n'a  pas  de  branche  réelle,  car  à  l'aide  des  équations 
de  la  note  de  la  page  i4,  le  premier  membre  de  son  équation  se  change  en  une 
somme  de  deux  carrés. 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  in 

pour  une  petite  valeur  de  r,  on  n'a  besoin  de  considérer  que 
les  premiers  termes.  Tant  que  a  n'est  pas  nul,  chacune  des 
courbes  A  et  B  ne  coupe  le  petit  cercle  de  rayon  /•  qu'en  deux 
points  déterminés  par  les  équations 

cos(0 -h  u)  =  o,         sin(8  +  'j)  =  o, 

et  l'on  a  affaire  à  un  point  d'intersection  ordinaire.  Si,  au 
contraire,  a  =  o,  les  points  d'intersection  du  cercle  avec  A 
et  B  seront  donnés  par 

cos(2  6 -f- Ji)  =  o        et        sin('2  0 -H -Ji)  =  o, 

d'où  il  suit  que  chaque  courbe  possède  en  ce  point  un  point 
double,  et  le  petit  cercle  les  coupe  en  8  points,  chaque  équa- 
tion donnant  4  valeurs  pour  Q.  Un  pareil  point  augmente  la 
différence  A  de  ±  4  et  compte  pour  deux  points  racines.  En 
général,  un  point  devra  compter  pour  p  points  si  l'équation 
a  pour  premier  terme  un  terme  en  zp  ou  quand  son  premier 
membre  est  divisible  par  zP;  dans  ce  cas /(s)  est  divisible  par 
{z  —  a)P  et  le  théorème  que  nous  avons  démontré  n'est  vrai 
que  si,  f{z)  étant  divisible  par  {z  —  y.)P,  on  compte  la  racine  a 
comme  équivalant  à  p  racines.  On  dit  alors  que  l'équation 
a  p  racines  égales  à  a,  ou  que  a  est  une  racine  multiple 
d'ordre  p. 


11.  Deuxième  démonstration  de  ce  théorème  que  toute 
équation  de  degré  n  a  n  racines  (démonstration  d'Argand, 
aussi  appelée  démonstration  de  Cauchy). 

Il  suffit  de  démontrer  que  toute  équation  a  une  racine, 
car  on  peut  écarter  cette  racine  par  la  division  du  premier 
membre  de  l'équation  par  un  facteur  du  premier  degré,  on  a 
alors  une  équation  de  degré  moindre  qui  admet  une  racine, 
et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  l'on  arrive  à  une  équation  du 
premier  degré  qui  a  une  seule  racine;  on  a  ainsi  déterminé 
successivement  n  racines  dans  le  cas  oij  l'équation  est  de 
degré  n. 

P.  2 


l8  CHAPITRE    I. 

Pour  établir  que  l'équation 

a  au  moins  une  racine,  nous  chercherons  à  la  vérifier  pour 
une  valeur 

Si  ^0  satisfait  à  l'équation,  ce  sera  une  racine,  sinon  /{-■) 
prendra  pour  -s  =  ^o  une  valeur  Zq  de  module  R;  mais  on 
peut  montrer  que,  en  modifiant  légèrement  /■  et  9,  on  peut 
faire  acquérir  hf{z)  un  module  inférieur  à  R,  si  R  n'est  pas 
nul.  Si  l'on  remplace  ^o  par  -o+  /*  où 

on  a 

f{Zo  +  //)  =  /(3o  )  -+-/'^(-o)^'   -^fr-^K-n  )  ^y^_    -r-  .  .  .  -+-  Ao//'S 

oii  p  peut  être  >i,  plusieurs  dérivées  pouvant  être  nulles.  On 
a  alors 

^." =  i-hC;;pP[cos(/Jcj  -+-Xjj)  -hi  s'm(pw  -4-  a^j)]  4- B, 

B  étant  divisible  par  une  puissance  de  p  supérieure  à  p,  en 
posant 

P-  J^^o) 

Si  l'on  choisit  w  de  telle  sorte  que/Joj  4-  a^,  =:  7-,  on  a 

cos(/j»oj  -h  ap)  —  —  I,         sia{p(^i  -i-  'Jij,)  =  o 
et 


y(-o; 


I  — C„p/'+Bo 


où  Bo  est  la  valeur  que  prend  B  pour  la  valeur  assignée  à  w. 
Le  terme  —  Cppp  est  négatif  et,  pour  de  petites  valeurs  nu- 
mériques de  p,  supérieur  au  module  de  Bj  :  on  peut  donc 
prendre  w  et  p  tels  que 

mod^-^^ ^<i        ou        mod/(;o+/0  <  mod/(;o). 


PROPRIÉTÉS    GÉ.NÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  I9 

Le  minimum  de  11  est  donc  zéro  et  le  théorème  est  dé- 
montré. 

On  pourrait  cependant  objecter  que  R,  en  décroissant, 
pourrait  tendre  vers  une  limite  différente  de  zéro  sans  l'at- 
teindre; mais,  si  l'on  considère  les  valeurs  de  R  correspon- 
dant aux  valeurs  finies  de  ^,  il  y  en  aura  une  qui  sera 
minima;  mais  cela  est  impossible,  comme  on  l'a  vu,  si  celte 
valeur  minima  n'est  pas  nulle.  Il  reste  donc  à  montrer  que  z 
ne  croît  pas  indéfiniment  quand  R  tend  vers  zéro.  Or,  cela 
n'a  évidemment  pas  lieu  puisque  f{z)  croît  indéfiniment 
avec  -;. 


Racines  conjuguées  des  équations  à  coefficients  réels. 

12.  Si  la  quantité  imaginaire  a  -+-  bi  est  racine  d'une 
équation  à  coefficients  réels,  a  —  bi  est  également  racine  de 
cette  équation. 

En  effet,  on  a,  en  désignant  par  J{z)  un  polynôme  entier 
et  par  a  +  bi  une  racine  de/(^)  =  o, 

j\z)={z-{a  +  bim, 

Q  désignant  un  polynôme  entier.  Comme  f{z)  ne  contient 
pas  i,  i  doit  disparaître  du  second  membre  après  que  l'on  y 
aura  effectué  la  multiplication,  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que 
si  les  exposants  de  i  sont  tous  pairs,  et  alors  son  expression 
ne  doit  pas  changer  quand  on  remplace  i  par  —  /;  il  en 
résulte  que 

/(3)  =  [3-(«-/v/)]Ch, 

où  Qi  est  entier  et  ne  diffère  de  Q  que  par  le  changement  de 
i  en  —  i\  on  voit  donc  que/(^)  est  divisible  par  z  —  {a—  bi) 
ou  que  a  —  bi  est  également  racine  de/(^)  ^  o. 

Les  racines  imaginaires  d'une  équation  à  coefficients  réels 
sont  donc  en  nombre  pair  et  les  facteurs  imaginaires  du  pre- 
mier degré  d'un  polynôme  entier  à  coefficients  réels  sont,  par 
suite,  également  en  nombre  pair. 


20  CHAPITRE    I. 

En  groupant  deux  facteurs  imaginaires  conjugués,  on  ob- 
tient le  facteur  réel 

On  voit  donc  qu'an  polynôme  entier  à  coejficients  réels  peut 
se  décomposer  en  fadeurs  réels  du  premier  et  du  second 
de^ré. 


Détermination  de  la  racine  commune  à  deux  équations. 

13.  Si  les  deux  équations  /(;)=:o  et  F(r)=3:o  ont  les 
racines  communes  a,  h,  c,  ...,  J\z)  et  F(^)  auront  le  fac- 
teur commun  {z  —  a)  [z  —  b)  {z  —  c) .  .  .  et  vice  versa. 
Comme  on  peut  toujours  obtenir,  par  des  méthodes  con- 
nues, le  facteur  commun  à  deux  polynômes,  on  pourra  tou- 
jours trouver  une  équation  ayant  pour  racines  les  racines 
communes  à  deux  équations  données.  Des  équations  ayant 
des  racines  communes  pourront  donc  toujours  être  rempla- 
cées par  d'autres  de  degré  moins  élevé.  Si,  par  exemple, 
9 (s)  est  le  plus  grand  commun  diviseur  de  f{z)  et  F(-), 
l'équation  cp(-s)  =0  aura  pour  racines  les  racines  communes 
à  /■(;:)  =:o  et  F(s)=:o.  Les  autres  racines  de  ces  équations 
satisferont  aux  équations 

fjz)  ^^  FJ2l  =0 

Si  les  équations  données  avaient  des  racines  multiples 
communes,  (p(:;)  =  o  admettrait  ces  racines  avec  leur  plus 
petit  degré  de  multiplicité.  Si,  par  exemple,  f{z)  est  divi- 
sible par  {z  —  a)!'  et  F(:;)  par  (5  — a)^^?,  ©(s)  l'est  par 
(z  —  a)'',  V{z):cf){z)  et  9(5)  auront  donc  encore  des  racines 
communes  et  leur  degré  pourra  être  encore  abaissé,  etc. 

Une  équation  f{z)r=o  à  coefficients  numériques  ration- 
nels est  dite  irréductible  quand  f{z)  ne  peut  pas  se  décom- 
poser en  facteurs  à  coefficients  rationnels.  Cette  notion  peut 
être  généralisée;  si  l'on  regarde  certains  nombres  irration- 
nels comme  donnés,  adjoints,  comme  l'on  dit,  on  peut  les 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  2  1 

considérer  comme  rationnels.  L'équation  z^  —  3  =  o  est  alors 
irréductible  dans  le  sens  primitif  du  mot,  mais  elle  devient 
réductible  après  l'adjonction  du  radical  y/S  :  le  domaine  de 
rationalité  ordinaire  est  alors  étendu,  comme  l'on  dit,  à  \/3. 

Si  les  coefficients  contiennent  des  irrationnelles,  il  faut  les 
considérer  comme  adjoints. 

Si  les  coefficients  contiennent  des  lettres,  on  doit  les  con- 
sidérer comme  des  quantités  rationnelles.  Des  fonctions  irra- 
tionnelles de  lettres  peuvent  être  adjointes.  Ordinairement, 
quand  les  coefficients  contiennent  des  lettres,  on  adjoint 
toutes  les  irrationnelles  numériques. 

Comme  0(5)  est  rationnel  quand  /(:;)  et  F(^)  le  sont  eux- 
mêmes,  on  voit  que  deux  équations  sont  réductibles,  quand 
elles  ont  des  racines  communes;  cependant  il  pourra  arriver 
que/(c)  divise  F(^)  et  que  o{z)  ^f{z);  dans  ce  cas/(::)=^o 
pourrait  être  irréductible. 

Il  résulte  de  là  que,  quand  une  équation  admet  une  racine 
d'une  équation  irréductible,  elle  les  admet  toutes. 


Condition  pour  que  deux  équations  aient  des  racines  communes. 

li.  Proposons-nous  de  trouver  la  condition  nécessaire  et 
suffisante  que  doivent  remplir  les  coefficients  de  deux  équa- 
tions, pour  qu'elles  aient  des  racines  communes. 

Soient  les  équations 

(l)  flz)  =    Z"  -t-r/i;"-l    -^rt.3«-2  -J-...H-   ^„    =0, 

{■1}  J\{Z)  =  Z'"  +  /;ic'«     14-  /;,-"^-2_^.  .  .+  /;,„  =  o. 

Si  ces  deux  équations  ont  une  racine  commune,  /(-)  et 
/i(^)  ont  un  diviseur  commun;  si  l'on  cherche  le  plus  grand 
commun  diviseur  de  /{z)  et  /i(-),  on  finit  par  trouver  un 
reste  qui  n'est  fonction  que  des  coefficients  des  deux  équa- 
tions; soit  V  ce  reste,  d'où  l'on  a  éliminé  les  facteurs  intro- 
duits pour  faciliter  la  divisions'il  y  a  lieu. 

(3)  V  =  o 


22  nilAPITUE    I. 

sera  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  nos  équa- 
tions aient  une  solution  commune,  le  reste  qui  précède  a  la 
forme 

s'il  est  identiquement  nul,  les  polynômes  /  et/i  ont  un  fac- 
teur commun  du  deuxième  degré,  et  les  équations  proposées 
ont  deux  racines  communes;  la  condition  pour  que  les  équa- 
tions en  question  aient  deux  racines  communes  est  donc 

et  ainsi  de  suite. 

15.  Lagrange  a  mis  ces  équations  de  condition  sous  une 
forme  différente.  Supposons  un  des  coefficients  des  équa- 
tions a  variable,  les  autres  restant  constants;  quand  a  varie 
d'une  manière  continue,  on  peut  admettre  que  les  racines 
varient  également  d'une  manière  continue  (');  demandons- 
nous  quel  accroissement  h  il  faut  donner  à  a  pour  que  l'équa- 
tion (i),  dans  sa  nouvelle  forme,  ait  une  racine  commune 
avec  (2).  Si  dans  V  on  change  a  en  «  +  A,  cette  expression 
devient 

(5)  Va  =  Vh-  y- //+ -— h.... 

(la  d(i-    I  .1 

Si  la  quantité  a  est  déterminée  de  telle  sorte  que  les  équa- 
tions (i),  (2)  aient  une  racine  commune,  on  a  V  =  o;  si, 
pour  «  +  ^,  on  a  encore  une  racine  commune,  on  a,  en  outre, 
V/i=o;  l'accroissement  h  est  alors  donné  par  la  formule 

(la  (la-     1 . 2         c/a-^    1 .  ■>. .  i 

Si  l'on  remplace  dans  (1)  z  par  toutes  les  racines  de  (2), 
a  reçoit,  pour  chacune  d'elles,  une  valeur  correspondante  qui 
satisfait  à  (i),  et  à  chacune  de  ces  valeurs  de  a  correspond. 


(')  Cela  résulte  de  l'existence  des  dérivées  des  fonctions  implicites. 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  23 

dans  (6),  une  valeur  de  h.  Ces  m  valeurs  de  h  correspondent 
chacune  à  une  racine  de  (2).  D'un  autre  côté,  deux  équations 
(i),  qui  correspondent  à  des  valeurs  distinctes  de  a,  ne  peu- 
vent avoir  de  racines  communes  (excepté  si  ^  =  0,  cas  que 
l'on  peut  laisser  de  côté).  Si  alors,  pour  une  valeur  de  a, 
q  racines  de  l'équation  (2)  satisfont  à  (i),  q  des  racines 
de  (6)  doivent  être  nulles.  Donc  la  condition  nécessaire  et 
suffisante  pour  que  q  racines  de  (  2)  satisfassent  à{i)  est 

^7^      ^  =  "'         .7^7^"'         ^="'         ■••'  rf^^="' 

en  sous-entendant  que  ^  =  o  n'est  pas  racine. 

Ces  équations  sont  équivalentes  à  celles  qui  ont  été  trou- 
vées plus  haut  si  les  q  racines  sont  distinctes;  si  a  était  plu- 
sieurs fois  racine  de  (2),  il  n'a  besoin  que  d'être  racine 
simple  de  (i)  pour  que  les  équations  (7)  aient  lieu.  On  voit 
que,  au  lieu  de  supposer  a  égal  à  l'un  des  coefficients  de  (i), 
on  pourrait  le  supposer  choisi  de  telle  sorte  que  les  coeffi- 
cients de  (i)  soient  fonctions  linéaires  de  ce  paramètre;  cette 
équation  serait  alors  de  la  forme  A  +  aB  =0  et,  d'après  ce 
que  l'on  a  vu  plus  haut,  il  faudrait  supposer  que  A  et  B  n'ont 
pas  de  facteur  commun. 


Racines  égales. 

16.   Toute  quantité  p  fois  racine  de  f{z)  =  o  est  exactement 
racine  de  f  {z)  =0. 

Soit,  en  effet,  a  une  racine  d'ordre  de  multiplicité  p  de 
p  —  I  fois  f{z)  =  o,  alors  on  a 

f{z)  =  {z-^)pQ, 

où  Q  n'admet  plus  le  facteur  (g  —  a).  On  en  tire 

/' (5)  = /?(G  -  a)A'-iQ  +  (3  -  a)/'Q' 
=  (3_a)/'-i[pQ  +  (3-a)Q'j. 

Q'  désignant  la  dérivée  de  Q;  f'{z)  est  donc  divisible  par 
{z  —  a)p-^  et  n'est  pas  divisible  par  une  puissance  plus  élevée 


24  CHAPITRE    I. 

de  ^  —  a,  puisque  /)Q  n'est  pas  divisible  par  z  — y.,  c/.  est 
donc  racine  d'ordre  de  multiplicité  p  —  i  def'{z.). 

Désignons  maintenant  par  Pj  le  produit  des  facteurs  sim- 
ples de /(g),  par  P,  le  produit  des  facteurs  doubles  pris  unr 
seule  fois,  etc.,  en  sorte  que 

/(3)=:P,PiP^.., 

/'(c)  =  P.Pi...Q, 

Q  désignant  les  facteurs  de  f'{z)  non  contenus  dans  /(■:;); 
le  plus  grand  commun  diviseur  de  f{z)  et /'(s)  sera 

?(3)  =  P.P1..., 
d'où 

^]=P,P.P3...=.A(.). 

En  appelant  9i(-)  le  plus  grand  commun  diviseur  de  9(3) 
et  de  o'(3),  on  trouve,  en  divisant  o{^)  par  0\{z), 

/,(c)  =  P,P3...; 
donc 

On  a  ainsi  l'expression 


de  l'équation  à  laquelle  satisfont  les  racines  simples  de 
/(s)  ^o.  Celte  équation  est,  en  général,  irréductible.  Pour 
déterminer  P,,  on  a 

o,(:;)  =  P3P|..., 

et  si  92(-)  est  le  plus  grand  commun  diviseur  de  9i(  =  )  et  de 
(f[{z),  on  a 

d'où  l'on  tire 


PROPRIÉTÉS    GÉNÉRALES    DES    ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  20 

En  continuant  ainsi,  on  a  successivement 

P,  =  O,  l'o  =  O,  P3=  O,  .... 

et  la  résolution  de  ces  équations  fait  connaître  les  racines  de 
f{z)=:o.  On  ne  saura  pas  toujours  résoudre  ces  équations, 
mais  en  tout  cas,  il  est  toujours  possible  de  remplacer  la  ré- 
solution ci' une  équation  qui  a  des  racines  multiples  par  la  ré- 
solution d'autres  équations  qui  n'ont  que  des  racines  simples  et 
lesquelles  entrent  à  un  même  degré  de  multiplicité  dans 
/(--)=  o. 

Expression  des  coefficients  en  fonction  des  racines. 

17.  La  forme  la  plus  générale  de  l'équation  du  degré  n, 
quand  on  divise  le  premier  membre  par  le  coefficient  de  z", 
est 

(i)  f{z)  —  :;«-(-«, 3" ■■•-;-  aiZ'^---~.  .  .-i-  a,i_iz  -h  a,i  =  o, 

et  si  l'on  désigne  par  «i,  a.,  . . .,  a„  ses  racines,  on  a 

(2)  f{z)=(z-oi,)iz-a,)...(^-ccn)- 

Si  l'on  effectue  le  produit  indiqué  dans  le  second  membre  de 
cette  équation,  et  si  on  l'identifie  avec  le  développement  de 
/(-),  on  obtient  les  formules 

/  î(l-r-  2-2        -r-.-.-h         a„  =  —  «i , 

\       ai  a,-!-     «las    -r-.  .  ,-i- a„_i  a„  =  «2, 

(3)  '    a,  a.^a,-!- a,  aj^i -+- .  .  .-f- a„_.2a,j_ia„  =— <73, 


26  CHAPITRE    II. 


CHAPITRE  IL 

RELATIONS  ENTRE  LES  COEFFICIENTS  ET  LES  RACINES. 


Fonctions  symétriques  des  racines. 

18.  Une  fonction  de  plusieurs  variables  est  dite  symétrique 
quand  elle  reste  invariable  lorsque  l'on  permute  deux  de  ces 
variables  d'une  façon  quelconque.  Nous  ne  considérerons  dans 
la  suite  que  des  fonctions  symétriques  rationnelles.  Quand 
une  expression  de  forme  non  symétrique  ne  change  pas  de 
valeur,  quand  on  y  permute  les  lettres  qu'elle  renferme,  pour 
des  valeurs  déterminées  de  ces  lettres,  on  peut  lui  donner 
une  forme  symétrique.  Ainsi,  par  exemple, 

«2  +  3/;, 

pour  a  =  I  et  ^>=  2,  ne  change  pas  de  valeur  quand  on  per- 
mute a  et  Z;;  on  peut  l'écrire  sous  la  forme  symétrique 

-{cfi-\-  'M)  -1-  /;2_f_  3^;), 

D'une  manière  générale,  si  o  ne  change  pas  de  valeur,  en 
permutant  certaines  quantités  données,  et  si,  par  les  permu- 
tations de  ces  quantités,  elle  prend  les  formes  o,,  9.,  . . .,  9,,, 
on  peut  poser 

cp  =    -   (o,+  (p,-l-...-UO„), 

et  9  prend  la  forme  symétrique. 

Une  fonction  quelconque   symétrique   des   racines   cV une 


REL-VTIONS    EMRE    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES.  27 

équation  peut  s'exprimer  rationnellement  en  Jonction  des 
coefficients. 

Dans  le  cas  où  la  fonclion  est  fractionnaire,  on  peut  la 
mettre  sous  une  forme  telle  que  le  numérateur  et  le  dénomi- 
nateur soient  symétriques.  Si,  en  effet,  on  considérait  la  frac- 
lion  réduite  à  sa  plus  simple  expression 

o(.ri,  r,,  .  .  ■) 

J/(x,,^-2,    ...)' 

et  si  les  deux  termes  n'étaient  pas  des  fonctions  symétriques, 
il  y  aurait  deux  valeurs  x^  et  x^_,  qui,  en  s'échangeant,  laisse- 
raient inaltérée  la  valeur  de  la  fraction,  tandis  que  les  valeurs 
du  numérateur  et  du  dénominateur  se  trouveraient  changées. 
Mais  cela  est  impossible,  car  il  en  résulterait  deux  fractions 
égales,  capables  de  devenir  infinies  pour  des  valeurs  de  x^, 
Xo,  ...  qui  ne  seraient  pas  les  mêmes. 

On  peut  donc,  si  l'on  veut,  ne  considérer  que  des  fonc- 
tions symétriques  entières.  Considérons  un  terme  d'une  telle 
fonction,  et  permutons  les  racines  qui  y  entrent  de  toutes  les 
manières  possibles:  les  résultats  devront  entrer  dans  la  fonc- 
tion symétrique  et  leur  somme  sera  symétrique;  les  autres 
termes  peuvent  être  traités  de  la  même  façon. 

Considérons,  par  exemple,  une  équation  du  troisième  degré 
ayant  pour  racines  x^,  Xo,  x^.  Si,  dans  une  fonction  symé- 
trique des  racines,  il  entre  le  terme  Xixlx^,  il  doit  aussi  y 
entrer  les  termes  x^xlx^,  x^xlx,,  et  l'on  aura  à  considérer 
la  fonction 

Ti  .r|  .rj  -I-  .ro  x\  x^  -+-  x^  .r |  x, , 

qui  peut  s'écrire 

.ri.r2.r3(.ri-f-.r2-i-  fs), 

et  l'on  a  alors  affaire  aux  fonctions  x^x^x^  et  Xi-\-  x,^-[-  x^; 
en  réalité,  on  aurait  du  obtenir  six  termes,  car  le  nombre  des 
permutations  de  trois  lettres  est  6;  mais  le  terme  considéré 
est  lui-même  symétrique  par  rapport  à  deux  racines  :  il  n'y  a 
pour  cette  raison  que  trois  permutations  donnant  des  résul- 
tats différents. 


2  8 


CHAPITRE    II. 


Ainsi,  une  fonction  symétrique,  qui  ne  peut  pas  être  dé- 
composée en  fonctions  plus  simples,  est  déterminée  par  un 
seul  de  ses  termes;  on  la  représente  par  ce  terme,  précédé 
du  signe  i;  par  exemple,  pour  une  équation  de  degré  n, 

S.ri.r2=  J-pr,-!-  x^x^-^-  ,ri^i-f-.  . .-}-  .r„_,.r„, 


Formules  de  Newton. 

19.  Nous  considérerons,  en  particulier,  les  fonctions  symé- 
triques 

s  .r,  =  i'i ,  S  .r  f  =  ,v, ,  ....  ^  ,r'i  =  s,. 

pour  le  calcul  desquelles  Newton  a  donné  la  méthode  sui- 
vante :  de 

(i)  f{,r)  =  (.V  -  ,r,  )  (x  -.T,)...{x-  .r„) 

on  tire,  en  prenant  les  dérivées  logarithmiques  ('), 

(2)  --jr -    = 1 h.  ..H 

J{X)  X  —  Xi  X  —  .^2  X  —  X/i 

(')  Cette  formule  peut  aussi  s'établir  comme  il  suit  :  on  tire  de 

/(.r)  ^(.r  _.,-,)  (.r-xj  ...  (.r-.rj 
la  formule 

f{x-i-h)  =  {a.-->,-h—.r){x  +  h-x„)  ...  (x  +  /i-.r„) 
et 

mais 

A^)  /(-*■)    •       /(^)    1.2  '^•■•' 

si  l'on  égale  les  coefficients  des  mêmes  puissances  de  h  dans  les  deux  exprcs- 
siens  de  •   —  " 


{•*^){--^r^y-h^} 


f'{x)  I  r  I 

j{x)         X  —  x^         a-  —  X,  X  ~  .r^ 

1  f"(x)  ^  I  ,  i  I 

2  J{x)  (.1 -./■,)  (..-.r,)  ^"  (X-.;-,)  (x-^J  ^•••'^  i^-^n-.)  (•^- -■'■„)' 


RELATIONS    ENTRE    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES. 


Ainsi 


(3) 


fX-r)  = 


f(^)   ,  f(^) 


f(-r) 


X  Xi  X  X-i 


or  on  a 

(  4  )  ,/■( X )  =  x'^  -f-  ai  x'i- '  -+-  «o  .r«-2 . 

et 


./■(• 


X"- 


X,       X"- 


-I-  «1  J'f 
-I-  «2-^'l 
-i-  «3 


.r^-^-f-.  .  .-f- JC' 


riyx'}~^ 


on  a  d'autres  équations  analogues,  en  permutant  j^i  avec  les 
antres  racines  .r,,  ^3,  . . .,  .r„. 

En  ajoutant  toutes  ces  formules,  on  a,  avec  les  notations 
adoptées  tout  à  l'heure. 


,r"-2-+-.v3 

.r''-3--. 

..-f-<-«-i 

^«i.v. 

+  «1.S'„_2 

-+-  «o^l 

+  «2 -^«-3 

-1-  «r/;j 

-i- 

<run  autre  côté, 

(5)      f'(x)  =  «.r"-'  +  («  —  i)r<i.r«-2H-  (/i—  Oa^.r"-  ^-t-.  .  .+  «„- 
en  identifiant  les  deux  valeurs  de  f'i-r),  on  a 

I  .^2-^  «1^1  -I-  ■>.r/2=  o, 


(7,j_2Vl  +  (/«  O'^/l-l  =   O. 


3o  CHAPITRE    II. 

De   ces  équations  on  lire,  par  un  calcul   de   proche   en 
proche, 


(7) 


S.2=          rtf  2<72, 

S;>  —  (/'f   -+-  3  «1  «2 3  «3, 

-^i  =     fi'[  —  4  f'I  ^2  +  4  ^'i  '^s  +  ' 

lal  —  4<Ti- 

Sr,  =  —  «f  -i-  5  rrf  ri-,  —  5 rcf  a-i  —  : 

'■>(al  —  a;)a 

ces  formules  ne  peuvent  servir  qu'à  calculer  ^,,  s=,,  . .  .,  5„_,. 
Pour  calculer  s^,  s,^^^,  .  . .,  on  multiplie  f{^)  =^o  par  .r'",  et 
Ton  a 

,l-'l+"'  -f-  «1  ,f«+"2-l  -f.  (i^x"+"'--  -t-  .  .  .  -r-  rt„  .r'«  =  o, 

équation  satisfaite  pour  j? z=:  ^i,  a:.,,  .  . .,  x„.  Si  l'on  remplace 
successivement  x  par  ces  valeurs,  et  si  l'on  ajoute  les  résul- 
tats obtenus,  on  trouve 

(  8  )  Sn^m  -^-  "l  -fa+m-l  +  ^'2  Sn^m-'ï  -i-  .  •  .  4-  ««  */;  =  O, 

et,  en  faisant  m  =  o,  i,  2,  ...  (et  en  observant  que  5„z^/i), 
on  a 

Si,       -^  aiSa -1  + lti'!ji-l-^  ■  • --^  iia,i    =0. 

(9)  ', 

i    ■^■/i  +  2— f''l'"^«+l  +  '^'i*'»        -t-.  .  .-4-  (7„.V2  =  O, 


Ces  formules  permettent  de  calculer  5,,,  ,ç„+i,  5'„+,, ...  quand 
.v,j_i,  .ç„_2,  . . .  ont  été  calculés  par  les  formules  précédentes. 
Les  formules,  auxquelles  nous  venons  de  parvenir,  montrent 
que,  si  les  coefficients  de  l'équation  (4)  sont  des  nombres  en- 
tiers, les  sommes  des  puissances  semblables  des  racines  sont 
aussi  des  nombres  entiers.  Dans  la  suite,  nous  aurons  besoin 
de  remarquer  que  les  formules  précédentes  sont  homogènes, 
quand  on  y  considère  les  indices  des  a  et  des  s,  comme  jouant 
le  rôle  d'exposants.  Enfin  que  les  coefficients  sont  donnés  par 
des  équations  linéaires  quand  on  connaît 


RELATIONS    EMRE    LES    COEFKICIEMS    ET    LES    RACINES.  3l 

Quand  on  connaît  Sp  pour  n  valeurs  de  p  consécutives,  on 
détermine  les  coefficients  à  l'aide  de  n  équations. 
Le  calcul  de  s-p  peut  se  faire  en  faisant  usage  de  l'équation 

obtenue  en  changeant  a-  en  -;  pour  celle-ci  on  a,  en  effel. 


«'-1(7  )"=!:■ 


20.  On  peut  encore  obtenir  Sp  de  la  manière  suivante  : 
on  a 

(10)  _J_^I_:^^-4^...; 

.1  —  .Vp        ./■        .1-         .r* 

cette  équation  a  lieu  en  supposant  le  module  de  a:  supérieur 
au  plus  grand  des  modules  des  racines,  afin  que  le  second 
membre  soit  convergent;  si  l'on  remplace  alors  a^p  successi- 
vement par  toutes  les  racines  de  l'équation  et,  si  l'on  ajoute, 
on  obtient,  en  vertu  de  la  formule  (2)  du  n"  19, 

f'(.r)  _  n         .v,  i-, 

j\.v)         X        .1-         x^ 

(l  l)  —jr- =    /^    -I-    -'     -H  —    -H 

Si  l'on  développe  alors  le  premier  membre,  suivant  les 
puissances  de  -■>  on  obtient  deux  expressions  de  cette  fonc- 
tion qui  doivent  être  identiques  pour  les  valeurs  de  x  de 
module  supérieur  à  une  quantité  déterminée.  Une  simple 
division  permettra  donc  de  calculer  ^j,  5,,  .... 

La  quantité  ^ peut  aussi,  pour  des  valeurs  suffisam- 
ment petites  de  œ,  se  développer  en  série  convergente,  suivant 
les  puissances  de  ^  à  exposants  positifs  ;  on  a 


on  en  déduit,  par  des  moyens  analogues  à  celui  qui  a  été 


32  CHAPITRE    II. 

employé  tout  à  l'heure, 

([■2)  —  •  .  '    '  =  .v-i-h  y_2.r-i-  ,ç_3.r2-h.  .  ., 

f'{  r) 

et  l'on  trouve  5_i,  .ç_.2,  ...  en  ordonnant  le  quotient  "V— -(  » 

suivant  les  puissances  positives  de  œ.  On  voit  l'identité  des 
méthodes  qui  ont  permis  de  calculer  5p  en  fonction  de  .■?/,_,, 
.Çp_,,  . . .,  s,,^„,  à  l'aide  de  la  formule  (9)  du  n"  19,  et  qui  per- 
mettent de  calculer  un  terme  d'une  série  récurrente  en  fonc- 
tion des  précédents;  les  termes  de  l'échelle  de  relation  sont 
les  coefficients  de  l'équation  changés  de  signe. 


Autres  fonctions  symétriques. 

21.  Les  fonctions  symétriques  que  nous  venons  d'apprendre 
à  calculer  sont  ce  que  l'on  appelle  les  fonctions  simples;  les 
fonctions  doubles  sont  celles  dans  chacun  des  termes  des- 
quelles il  entre  deux  racines,  les  fonctions  triples  sont  celles 
dont  les  termes  en  contiennent  trois,  etc. 

Le  terme  général  d'une  fonction  double  est  ainsi  de  la 
forme  ^*^f.  Si  l'on  forme  le  produit  Srx.So,  on  trouve  les 
termes  de  i^^^'^,  et,  en  outre,  des  termes  de  la  forme  x'^-^'^; 
ainsi  on  a 


(0 


\^r 


on  voit  que  les  fonctions  doubles  seront  des  nombres  entiers 
si  les  coefficients  eux-mêmes  sont  entiers,  et  que  leur  degré, 
estimé  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  est  égal  à  la  somme 
des  exposants  a,  [3. 

Pour  a  =  |3,  les  termes  sont  égaux  deux  à  deux,  car 
jc'^x^z^i  x'jji-^;  et  comme,  dans  la  fonction  symétrique,  ces 
termes  ne  figurent  qu'une  fois,  on  a 


RELATIONS    ENTRE    LES    COEFFICIENTS    ET    LFS    RACINES.  33 

Pour  obtenir  la  fonction  symétrique  triple  ijr^j:-^.r^,  on 
multiplie  (i)  par  5,,,  et  l'on  a 

Les  termes  du  premier  membre  contiennent  ceux  de  la 
(onction  symétrique  cherchée,  mais  il  y  en  a  d'autres  qui  pro- 
viennent de  la  multiplication  de  termes  de  la  forme  j:J  par  des 
termes  contenant  encore  cT,;  ces  termes  sont  ceux  de  la  fonc- 
tion symétrique 

I  2    '    --  •■'  1  ■■''  2  •'  { 

on  a  donc 

(3)  X ,r? .r '? .r^  =  vv, .«•„  A'    — A-yVo       — Xr,  s         — s    s      „  +  2  v      o 

^    ^'  12     3  p    T  p-'-y  P    o'-^Y  y    a+p  a+p+y' 

dans  le  cas  où  deux  des  exposants  a,  j3,  y  deviennent  égaux, 
les  termes  deviennent  égaux  deux  à  deux;  quand  les  trois  ex- 
posants a,  (3,  y  deviennent  égaux,  six  termes  deviennent 
égaux;  ainsi  on  a 

(4)  S.r«.r^.rJ  =  -  (.^.yy  —  -i  s  y,  s- .^^y  —  .v.-^.v,,  -i-  a.foa+y  ), 
(  5  )  X  .r-f  J'I  vf^  =  _L  (  4  _  3  ,-^  .V, -^  -f-  2  .Va  a  )• 

On  peut  continuer  ainsi,  et  il  est  démontré  que  toute  fonc- 
tion symétrique  entière  des  racines  est  une  fonction  entière  des 
coejficients ;  elle  est  homogène,  et  son  degré  est  la  somme  des 
exposants  des  racines,  pourvu  que  l'on  considère  Up  comme 
étant  du  degré/?. 

Nouvelle  méthode  pour  le  calcul  des  fonctions  symétriques 
des  racines. 

22.  Les  formules  de  Newton  s'appliquent  assez  facilement 
aux  équations  numériques,  mais  il  y  a  d'autres  méthodes  qui 
sont  préférables  quand  l'on  a  affaire  à  des  équations  litté- 
rales. Telles  sont  les  méthodes  de  Waringet  de  Cauchy;  nous 


34  CHAPITRE    II. 

allons  indiquer  ici  une  méthode  qui,  au  fond,  coïncide  avec 
celle  de  Waring,  mais  qui  est  d'une  application  plus  commode. 
Pour  la  facilité  de  l'exposition,  nous  écrirons  l'équation 
donnée  sous  la  forme 

(l)  ,r«  —  fil .r"-'  -t-  a.yj:"-'^  —  a^x"--^ -+-...=  o, 

nous  supposerons  la  fonction  symétrique  cp  de  degré  a;  soil 

(  2  )  Cf  ==  Aa-af'n  -+-  Aa-«4-K'/t-l  +  .  .  .  , 

Aa-„««  contient  tous  les  termes  de  9  qui  dépendent  de  «„; 
Aa-«+i«/j-i  contient,  parmi  ceux  qui  restent,  tous  ceux  qui 
dépendent  de  a„-i,  etc.,  l'indice  est  égal  au  degré.  Cette 
équation,  quand  on  y  remplace  a„,  «„_,,  . . .  par  leurs  valeurs 
en  fonction  des  racines,  se  transforme  en  une  identité;  on 
peut  y  annuler  autant  de  racines  que  l'on  veut,  et  si  l'on  s'ar- 
range de  telle  sorte  que  le  dernier  terme  de  <p,  en  faisant  cela, 
soit  le  seul  qui  ne  soit  pas  nul,  ce  terme  sera  tout  calculé;  on 
peut  alors  se  débarrasser  par  la  division  du  produit  des  ra- 
cines restantes,  et  continuer  à  appliquer  la  même  méthode. 
Nous  allons  appliquer  cette  méthode  à  quelqties  exemples. 

Exemple  I  : 

(3)  S.rJ.r|.r3  =  X^^a^  -h  Ai «3-1-  Xifi'^-^  A3 «3; 

le  premier  terme  contient  «e  puisque  1  est  du  sixième  degré; 
ce  terme  disparaîtrait  si  la  fonction  était  de  degré  moindre. 
Le  dernier  terme  contient  a^,  car  la  fonction  s'annule  si  l'on 
annule  toutes  les  racines  sauf  deux. 
Posons  maintenant 

•n  =  ■•^s  =  .re  =  .  .  .  =  o  : 

alors  on  a 

(4)  ^.v\.rl.r,=  \,a,. 

Nous  pouvons  conserver  notre  notation  primitive,  en  nous 
rappelant  que  l'indice  le  plus  élevé  est  3;  en  divisant  par 

x^x^x-^,  on  a 

(  5  )  S  ,r  1  x-x  =  .A3  =  «o^'s  +  ^1  (i-i  (i\  ; 


RELATIONS   ENTRE    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES.  00 

a\  n'entre  pas  dans  A3,  car  la  fonction  doit  s'annuler  quand 
deux  racines  s'annulent. 

Si  l'on  pose  x^:^  o,  on  trouve 

.ri.rîI,Xi=^  T-iûiOi,  ai  =  i; 

et  de  (5) 


.ii.r,X3 

Comme  cette  formule  est  identique,  on  peut  y  faire  toutes 

les  racines  égales  à  l'unité,  alors  tous  les  produits  de  racines 

qui  se  rencontrent  dans  la  fraction  se  réduisent  à  l'unité,  et 

l'on  a 

ao=6  —  3.3= —  3. 

Si  maintenant  on  fait  a/,==  o  pour/?  >  4» 

Z.I-]  .r^./':)  =  Aifif^ —  3aj  -i-  «1  a>  a-^ 

ou 

^ .rî  x%  .i\  -f-  3 rt?  —  <7i  <7.,  a, 

— - — -^ — '  =  A .,  =  ay  a^  -\-  a,  a\ , 

.r,  .v-i  .1-3  ./i 

formule  où  «„  6t  a,  sont  à  déterminer.  Pour  y  arriver,  posons 
trois  racines  égales  à  l'unité  et  la  quatrième  égale  à  h;  cher- 
chons le  coefficient  de  h-  dans  le  second  memhre  pour  l'éga- 
ler au  coefficient  de  A*  dans  le  numérateur  du  premier;  dans 
1x\x\x^,  on  n'utilisera  que  les  termes  qui  ont  l'exposant  3 
en  h,  et  l'on  trouvera  ainsi  A^  autant  de  fois  qu'il  est  possible 
de  prendre  deux  racines  parmi  les  trois  que  l'on  a  fait  égales 
à  un,  c'est-à-dire  six  fois;  alors,  comme  on  a 

^3  =  I  -I-  3 //,         (7-2  =  3  -i-  3//,         ((y  =  Il  -\-  3, 

on  a 

(3  —  9  =  a  1  =  —  3  ; 

et,  en  prenant  toutes  les  racines  égales  à  l'unité, 

■i\  -+-  48  —  96  =  6ao —  3. 16, 

2(o  =  i  ; 
on  a  donc  maintenant 

"L.r]  j:%  .r-i—  a,^(  \a.^ —  3rtf  )  -t-  3<7|  —  r/,  Oo/Vj 

= =:  A  I  —  7.  r;  1 , 


36  CH.VPITIIK    II. 

si  l'on  annule  toutes  les  racines  sauf  5.  Et  si  l'on  prend  ces 
cinq  racines  égales  à  l'unité,  on  a 

Go  —  5(4.  lo  —  3.2"))  -H  3.io2—  ").  lo.  10  =  a.j, 
a  ^  7, 

et  finalement  Ao  =  — 12,  de  sorte  que  le  résultat  pour  toute 
équation  sera 

I.x\  xl  X3  =  —  I2<76-H  yf'ôf'i  -r-  ft'J ^a,  —  3(7î  )  —  "yr/l  ^  rii  aïO:,. 
Exemple  If.  —  Pour  l'équation 

X^  —  rtj  X-  -T-  «2  ■''  —  ^':i  =  O. 

on  demande  de  calculer 

u  =  (xi  -  x.,y-  (xi  -  x,y-  (x,-x,y-  -. 
on  a 

U  =  A,j«:j-^  X'^a.,, 

les  termes  suivants  doivent  manquer,  U  s'annulant  alors  que 
deux  racines  deviennent  égales  à  zéro. 
Pour  ^3=  o,  on  a 

.r  j  xl  {xi  —  x-i  )2  =  Ai  n>  =  fij  ( —  .\  ci, -h  al): 

et  alors 

U  =  r/aCaofl.s-t-  ai«2'''i  -+-  y-2 a\  ) -i- al(—  ^ m -^  «{)• 

si  l'on  lait 

.ri  =  x-,  =  i.         .r:j  =  //, 

et  si  l'on  égale  les  coefficients  de  h'*,  on  a 

o  =  X2  -H  4,  '^î  =  —  Â  '• 

en  égalant  les  coefficients  de  A%  on  a 
9.7.1  —  -ai  —  12  =  0, 

et  si  l'on  égale  toutes  les  racines  à  l'unité,  on  trouve 

ao  =  —  27  ; 
ainsi  on  a 

U  =  —  27«j  -t-  18 rti a-,  rti  —  Uh^'l  —  ^ril -h  a'ia'i. 


RELATIONS    ENTRE    LES    COEFFICIENTS   ET    LES    RACINES.  3" 

Dans  cet  exemple  et  dans  le  précédent,  le  résultat  ne 
change  pas  en  revenant  à  la  forme  primitive  de  l'équation 
avec  tous  les  coefficients  positifs. 

Formules  générales  pour  le  calcul  de  v^,  et  de  a,,. 

23.  Le  théorème  de  Newton  permet  de  calculer  Sp  quand 
les  coefficients  sont  connus,  et,  inversement,  les  coefficients 
quand  Si,s^_,  . . .,  s,i  sont  donnés  ;  mais  le  calcul  exige  la  réso- 
lution d'un  système  d'équations  linéaires.  Par  la  méthode 
suivante,  on  trouve  l'expression  explicite  de  ces  quantités. 

Soit 

(  1  )     (.r  —  .ri  )  (.r  —  .r^  ) . . .  (.r  —  .r„  )  =  x" -+-  r/,  .r"-' -j-  Oy  r«--+ . . .  -i-  <?„  ; 

dans  cette  identité,  supposons  œ  plus  grand  que  le  plus  grand 
des  modules  des  racines;  alors,  en  divisant  par  x"-  et  en  pre- 
nant les  logarithmes  naturels,  on  a 


(2) 


\  \  .r         X-  X"' 


tous  les  termes  peuvent  être  développés  en  séries  conver- 
gentes, et  l'on  a 

/■^i  •''■2  >^n 

formule  où  l'on  a  posé 


Égalons,  de  part  et  d'autre,  les  coefficients  de  x-p;  dans  le 

premier  membre,  il  est  —  — ;   dans  le  second  membre,  le 

^    ^     .  P 

lerme  gênerai  est 


k  \  X         x'-    

et  le  lerme  général  du  développement  de  la  parenthèse  est 


38  CHAPITRE    II. 

égal  (en  vertu  de  la  formule  du  polynôme)  à 

(  3i  4-  3-'  -+-  •  ■  •  —  3« V.    -5    -î         'i       la  +"'1, 


(4) 


ou 

(5)  p,- fi,-+-... +  ?„  =  /.: 

on  n'utilisera  que  les  termes  pour  lesquels 
(G)  3,  +  '2;î,  +  ...-^«3„  =  /;. 

de  sorte  que  la  solution  générale  sera 

(:;  ■'i>=2d pTTsTTTTTv '^'V'^'ï  ■••^'«  • 

où  (3,,  [3o,  ...,  j3„  doivent  recevoir  toutes  les  valeurs  posi- 
tives ou  nulles  satisfaisant  à  (6). 

Pour  obtenir  ap  sous  forme  explicite,  on  tire  de  (2) 

^    '  X     '    x^    '  '  '  '       .r"-  ^  I        1 .  ■>.       " 

où 

X        ix'^        3  x^ 
et  l'on  trouve  comme  tout  à  l'heure 

où 

(10)  p,-^•2p2+3p.3  +  ••.-+-"^l«  =  p; 

on  trouve  ainsi 

,  «1  =  —  -Cl, 

l       a  «2=  *1—        "*2j 

(.11)   ',    31<73=  — i'f-H    3  Si  Si—      2.S-3, 

i41«4=      i-f—  G^ïio-f-    Si'i^a^Si'l     —    6^1, 

1    5!-73=  — j'f-i-IO^f  .yo—  20,9î*3  — l5*I*l-^  3o*l*i-|- 205,^3— '^1-^5, 

comme  avec  les  formules  de  Newton. 


RELATIONS    EMUE    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES.  3g 

•24.  Si  l'on  applique  (7)  à  l'équation 
(12)  x-  —  a.v-hb  =  o, 


on  trouve 


(.3)  y(-0.p(;>-a--i)!^^,_,,^^, 

^      ^  '      j^  {p—-iix)\ix\ 


grand  entier  contenu  dans  -^-  On  peut  aussi  écrire 

S/,  =  aP  —  pnP-^-  h  4-   '    '    aP-*  h'- ^  .  .  . 

(14  j    ' 


pour  l'équation 

z- —  :;,r  -f- 1  =  o, 

on  a 

/  ,  »(D  —  3) 

(  s^^xP-pxP-^^LJL- .r/'-.-... 

(i5j    <: 

(  -+-(-1).  1.0.3. ..îz  -^ 

formule  qui  trouvera  son  application  plus  tard. 

Équation  aux  carrés  des  différences. 

25.  Étant  donnée  une  équation,  on  peut  en  déduire  une 
autre  dont  les  racines  sont  les  carrés  des  différences  des 
racines  de  la  proposée.  Soient 

les  racines  de  la  proposée;  les  racines  de  l'équation  cherchée 
seront 

(,fi  — .roj2,     (.r,  — ./;3)2,      ...,     (.r„_i  — x„)^ 

et  cette  équation  sera  de  degré      ^'~'  > 


ijO  CHAI'ITHK    II. 

Celte  équation  a  joué  autrefois  un  rôle  important  dans  la 
théorie  qui  nous  occupe.  Si  l'on  annule  son  dernier  terme, 
on  exprime  que  la  proposée  a  des  racines  égales,  car  cette 
circonstance  exige  qu'une  des  différences  au  moins  soit 
nulle.  Ce  dernier  terme,  abstraction  faite  de  son  signe,  porte 
le  nom  de  discriminant  de  l'équation  proposée.  Si  l'équation 
donnée  a  deux  paires  de  racines  égales  0^1=  cc^,  œ^-=^x,^,  les 
deux  derniers  termes  de  l'équation  aux  carrés  des  différences 
seront  nuls.  Si  l'équation  proposée  a  trois  paires  de  racines 
égales,  les  trois  derniers  termes  de  l'équation  aux  carrés  des 
différences  seront  nuls,  etc. 

L'équation  aux  carrés  des  différences  servait  surtout  à 
trouver  des  intervalles  comprenant  une  seule  racine  de 
l'équation  proposée.  Nous  parlerons  plus  loin  de  cette  appli- 
cation, nous  allons  donner  ici  une  méthode  simple  pour 
former  l'équation  aux  carrés  des  différences.  Pour  former 
cette  équation,  Lagrange  exprime  les  sommes  des  puissances 
semblables  de  ses  racines  S,,  S2,  ...  en  fonction  des  sommes 
des  puissances  semblables  des  racines  s^,  s,,  ...  de  la  pro- 
posée comme  il  suit. 

L'application  de  la  formule  du  binôme  donne  identique- 
ment 

( X  —  .ri  f-P  H-  (  X  —  a:,  f  -^  ...-+- {x  —  x,t)-P 

"i-P        o  ,  •ip(?-.p  l)        , 

=  nx^P .r-/'-'  \i ^ x-P—-s.y  -H ...  ; 

I  l  .  A 

si  l'on  remplace  successivement  œ  par  .r,,  j:^_,  . . .,  et  si  l'on 
ajoute,  on  a 

-2?)  ipllfj  —  }) 

et  comme  les  termes  équidistants  des  extrêmes  sont  égaux, 


•^  p 
(i)      s,,  =  ns-i/j •'^2/>-i  vi  -H . .  .  it; '—^ ' sf,. 


■1  1 . 2 .  .  ./> 


Si,  par  exemple,  l'équation  donnée  est 

x^  -h  px-  -T-  qx  -h  I'  =  o, 


RELATIONS    EMRI'    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES.  L\l 

on  trouve 

s,  =  3,.,-    si 

^3  =  J •'''g  —  '"> •*'i  *'5 -I-  I  > ■''i ■'''■,  —  ^^"h 
d'où  l'on  conclut  l'équation  aux  carrés  des  différences 

où 

P   = 2/J--1-  fxy, 

\\  =  i/J^r  —  p-'J- —  1 8/"//'  -+-  i  7^-!-  27/'-. 

On  peut  donner  du  discriminant  une  expression  qui  est 
souvent  commode;  si  l'on  pose 

f{.r)  =  (.r  —  Xi)o{.r), 

si  l'on  différentie  et  si  l'on  fait  j:  :=  .r,,  on  trouvera 

/'(.r/)  =  (xi-  .r,  )  (Xi—.r.,  )...  (.n—  ,r,_,  )  (.r,-  .r,vi  ) .  .  .(.r,-.r„  ). 

Si  l'on  remplace  Xi  successivement  par  toutes  les  racines  et 
si  l'on  multiplie  entre  elles  toutes  les  équations  obtenues, 
on  obtient  dans  le  second  membre  tous  les  facteurs  de  la 
forme  — {xi — ^jY;  le  discriminant  est  donc  de  la  forme 

/•'(.r,)/'(.r,).../'(.r„). 

Fonctions  rationnelles  des  racines. 

26,  Une  fonction  rationnelle  d'une  racine  j^i  d'une  équa- 
tion/(.r)  =  0,  de  degré  n,  peut  se  mettre  sous  la  forme 

cp  et  ^]>  désignant  des  polynômes  entiers.  Si  l'on  multiplie  haut 
et  bas  par  J>(j^,)  ^(-^s)  •  •  •  'H-^n),  on  a 

(2)  ?(^l)- 


<\>(xi)  J^(j:2).  .  .4'(.-^/j) 


43  CHAPITRE    IJ. 

Le  dénominateur  est  une  fonction  symétrique  des  racines  et 
peut  être  exprimé  rationnellement  en  fonction  des  coef- 
ficients; le  numérateur  est  une  fonction  symétrique  des 
racines  de 

(3)  é^  =  - 

dont  les  coefficients,  quand  on  a  effectué  la  division  indi- 
quée, sont  des  fonctions  entières  de  oc^  et  des  coefficients 
de/(^).  La  fonction  rationnelle  donnée  est  donc  réductible 
à  une  fonction  algébrique  entière  de  x^,  j'ajoute  que  l'on 
peut  supposer  son  degré  au  plus  égal  à  «  —  i;  en  effet,  si  son 
degré  est  plus  élevé,  on  peut  la  mettre  sous  la  forme 

oi^i  R  est  du  degré  n  —  i  au  plus,  et  comme  /(^i)  =  o,  on 
voit  que  toute  fonction  rationnelle  d'une  racine  d'une  équa- 
tion de  degré  n  peut  se  mettre  sous  la  forme  d'une  fonction 
entière  de  degré  n  —  i  au  plus. 

Si  l'on  avait  une  fonction  rationnelle  de  plusieurs  racines, 
on  la  mettrait  d'abord  sous  la  forme 

Ao-l-Ai.r,-^...-hA,,_,.r«-i, 

oix  Ao,  Al,  . . .,  A„  peuvent  contenir  jc.^,  x^,  ....  Chacun  de 
ces  coefficients  peut  être  traité  de  la  même  façon  par  rap- 
port à  ^2  et  ainsi  de  suite,  et  l'on  arrive  ainsi  à  une  fonction 
entière  des  racines,  dans  laquelle  l'exposant  d'une  racine 
quelconque  ne  peut  dépasser  n  —  i. 
Exemple.  —  Dans  l'équation 

.r^  -i- p.i-  -+-  qx  -I-  r  =  o, 

on  peut  mettre  une  fonction  d'une  racine  sous  la  forme 

a  -\-  l).i\-\-  c.r'i, 

mais  il  vaut  souvent  mieux  adopter  la  forme 


UELATIONS    ENTRE    LES    COEFFICIENTS    ET    LES    RACINES.  43 

on  l'obtient  en  remplaçant  x  par  ^,  dans  l'identité 

f-2  (  .r^  -f-  p  .r2  -i-  y  ,r  -+-  /•  ) 

=  ('r.r--4-  hx  -+-  a)  (c.r  ^ pc  —  /;) 

Alors  le  premier  membre  étant  nul,  on  a 

r  ,.2  -*-/,,.  ^  .,  _        [  yr^  -  r  (  ^/  -4-  /yp  )  -4-  /^2  ]  -ri  +  rc'-  —  ope  +  r/T- 

cx^-^  pc  —  b 


CIIAPITRK    III, 


CHAPITRE  III. 

SUR    L'ÉLIMINATION. 


Élimination  d'une  quantité 

27.  Deux  équations  algébriques  entre  a;  el  y  :  l'une  du 
degré  w,  l'autre  de  degré  n,  peuvent  être  mises  sous  la 
forme 


(I) 

f(.y 

)  =  ^'oj  '"-^  f^'i. 

)  '"- 

I  j_  r/2j'"~ 

--^. 

.   .+  rt; 

(2) 

F(.)- 

)  = /a,.)  "--/',. 

)"'' 

+  /.,,,-    ^ 

^. 

.   .  +    ^, 

OÙ  ap  et  ^p  désignent  des  fonctions  de  .c  seul  et  de  degré  p. 
On  peut  de  ces  équations  en  déduire  d'autres,  satisfaites  pour 
les  mêmes  valeurs  de  a;  et  de  y. 

Pour  trouver  ces  valeurs,  on  cherche,  en  général,  une 
équation  qui  ne  contient  plus  qu'une  des  inconnues.  Cette 
équation  porte  le  nom  d'équation  finale,  et  l'on  forme  cette 
équation  en  chassant  (en  éliminant)  l'autre  inconnue.  Si  l'on 
forme  cette  équation  en  œ,  elle  déterminera  toutes  les  va- 
leurs que  X  peut  acquérir,  de  manière  à  satisfaire  à  (i)et(2); 
en  général,  à  chacune  de  ces  valeurs  de  x  ne  correspond 
qu'une  valeur  de  j,  telle  que  l'ensemble  de  ces  valeurs  satis- 
fasse aux  équations  données  :  à  chaque  valeur  de  x  corres- 
pond un  facteur  déterminé  du  premier  degré  commun  aux 
deux  équations.  La  question  peut  donc  se  présenter  sous  cet 
autre  point  de  vue  :  trouver  la  condition  pour  que  les  poly- 
nômes /(j)  et  F(/)  aient  un  facteur  commun.  Nous  allons 
faire  connaître  les  méthodes  les  plus  importantes,  qui  ont 
pour  but  de  conduire  à  l'équation  finale. 


SLR    l'élimination.  4^^ 

Application  de  la  théorie  des  fonctions  symétriques. 

28.  L'équation  F(  j)  =:  o  est  de  degré  n  en  /  et,  par  suite, 
elle  a  n  racines  fonctions  de  x;  on  ne  peut  pas,  en  général, 
les  calculer,  mais  on  peut  les  appeler  jj,  7,,  ...,/„;  à  chaque 
valeur  de  x  cherchée,  correspond  au  moins  une  valeur, 
ji,  y.,,  . . .,  j„  satisfaisant  à  /(  j)  :=  o  ;  la  condition  nécessaire 
et  suffisante,  pour  qu'il  existe  une  valeur  de  x  satisfaisant 
aux  deux  équations,  est 

(I)  ./'(r,  )/(j-2  ).../(,)■«  .)  =  o, 

car  cette  équation  est  satisfaite  lorsque  l'un  des  facteurs  du 
premier  membre  est  nul,  et  seulement  dans  ce  cas.  Comme 
Ju  y-2,  ■  ■  -,  y  a  entrent  symétriquement  dans  l'équation  précé- 
dente, ils  peuvent  être  éliminés  à  l'aide  de  la  théorie  des 
fonctions  symétriques,  en  exprimant  le  premier  membre  au 
moyen  de  bo,  b^,  . . .,  6„,  c'est-à-dire  en  fonction  de  x  seul. 
L'équation  ainsi  obtenue  ne  contient  plus  que  x  et  est  l'équa- 
tion finale  cherchée. 

On  peut  montrer  facilement  que  l'équation  finale  est,  au 
plus,  de  degré  mn  ;  /(/)  est,  en  effet,  homogène  du  degré  m 
quand  on  y  regarde  Qp  comme  du  degré  p.  Si  l'on  regarde /j, 
Vo,  . . .  comme  étant  du  premier  degré,  f{y\)f{y-2)-  ■  -/{yn) 
sera  homogène  et  du  degré  mn.  Ainsi,  toutes  les  formules 
relatives  aux  fonctions  symétriques  de  j'i,  Joj  •••»  yn  sont 
homogènes  en  regardant  les  racines  comme  du  premier  degré 
et  bp  comme  du  degré  p. 

L'équation  finale  en  x  sera  donc  du  degré  mn,  si  l'on 
regarde  les  indices  des  a  et  des  b  comme  déterminant  les 
degrés  de  ces  quantités.  En  réalité,  ces  indices  ne  sont  égaux 
qu'à  l'exposant  de  la  plus  haute  puissance  de  x  que  peuvent 
contenir  les  coefficients.  Si  donc  on  considère  les  degrés  par 
rapport  à  x,  l'homogénéité  sera  détruite,  mais  le  plus  fort 
exposant  de  x  dans  l'équalion  finale  sera  mn  au  plus.  ^0  entre 
en  dénominateur  dans  les  coefficients  de  F(/),  mais  cela  n'a 
pas  d'influence  sur  le  résultat,  b^  ne  contenant  ni  x  ni  y. 


46  CHAPITRE    III. 

On  voit  donc  que  V  équation  finale  est,  au  plus,  du  degré  mn. 
Si  les  équations  données  sont  complètes  et  générales,  c'est- 
à-dire  si  tous  les  termes  ont  des  coefficients  tout  à  fait  quel- 
conques et  indépendants  les  uns  des  autres,  le  degré  sera 
précisément  mn. 

Si,  en  effet,  on  considère  les  équations  particulières 

{■1)  j  =  x>n,         ■r=j", 

on  obtient  l'équation  finale  de  degré  /n« 

(3)  ,r'"«  =  .r, 

et  ce  cas  doit  être  contenu  dans  le  cas  général,  s'il  ne  s'est 
pas  introduit  de  solution  étrangère;  or  tel  n'est  pas  le  cas; 
car,  soit  x^  une  racine  de  (3),  la  première  équation  (2)  donne 

et  la  deuxième  équation  (2)  devient 


donc  les  racines  de  (3)  donnent  toutes  des  solutions  de  (2); 
donc  il  est  prouvé  que  : 

Deux  équations  générales  des  degrés  m  et  n  conduisent  à 
une  équation  finale  du  degré  nin. 

29.  Si  l'on  regarde  x  ai  y  comme  des  coordonnées  dans  un 
système  de  coordonnées  rectangulaires,  les  équations  don- 
nées représenteront  deux  courbes  des  degrés  m  et  «,  et  leurs 
solutions  détermineront  les  intersections  des  deux  courbes. 

Deux  courbes  générales  des  degrés  m  et  n  ont  donc 
nin  points  communs.  Dans  quelques  cas  particuliers,  l'équa- 
tion finale  pourra  être  de  degré  moindre.  Si  l'on  part  du  cas 
général,  et  si  l'on  fait  varier  les  coefficients  d'une  manière 
continue  pour  leur  faire  prendre  des  valeurs  pour  lesquelles 
le  cas  particulier  se  présente,  les  coefficients  des  plus  hautes 
puissances  de  x  tendront  vers  zéro,  et  autant  de  racines  croî- 


SUR  l'élimixation.  kl 

tront  au  delà  de  toute  limite  (ce  que  l'on  voit  d'ailleurs  en 

changeant  x  en  -  )•  On  peut  donc  dire  qu'il  y  a  toujours  mn 
solutions  communes  ou  mn  intersections,  si  l'on  compte  les 
solutions  qui  croissent  indéfiniment  ou  les  points  qui  s'éloi- 
gnent à  l'infini.  Ces  considérations,  qui  conservent  au  théo- 
rème relatif  aux  intersections  de  deux  courbes  toute  sa  géné- 
ralité, sont  d'une  grande  utilité  dans  la  Géométrie  moderne. 

Exemple.  —  Les  équations  générales  du  second  degré  sont 

/(.)")  =  (f^r"'  H-  «1  j  -H  «0, 

On  trouve,  pour  le  produit  f{yi)f{yi), 

-+-  "i  71/2  -+-  f^o^'i  (Ji  H-  ri  )  -+-  «1  «2  (fl  +  J  2  )  H-  "1 


Jlji- 


Voici  comment  on  peut  former  la  fonction  f{yi)f{yi) 

On  divise /(y)  par  F(/),  et  l'on  a,  en  appelant  E  un  polynôme 
entier, 

fiy)     .  .  ^?  /(.'•/) 

F(J) 


E  + 


li 


F'(;/j 


et,  par  suite,  en  posant  "^rj-^  =  ?(/)> 


/•(  y) 

F(JJ 


=  E+-2:o07) 


cpCn)+-Vr;.0,) 


ce  qui  permet  de  former  icp(/,),  1yiO{yi), 
simple  division;  on  a  alors  identiquement 


par  une 


'f(ji) 


?0"2) 

?(r2) 


=  ?(.^•l)'f(/■2)...cp(.r„)•D^ 


48  CHAPITRE    III. 

en  appelant  D  le  second  déterminant.  D-  est  égal  au  produit 
des  carrés  des  différences  ( j^  —  vj)  ou  au  produit 

F'0-i)F'(r2)...F'(r.); 
{voir  n"**  23  et  37)  celte  équation  peut  s'écrire 


=  /(.''!  )/(.r2).../(j,J, 
ce  qui  fait  connaître  l'expression  de  l'équation  finale. 

Méthode  de  Labatie. 

30.  Soient  Vi^^o,  ¥,  =  0  les  équations  données  en  jc  et  y, 
ordonnées  comme  plus  haut;  soit  n  le  degré  de  V,  en  r  ;  nous 
supposerons  que  V,  est  de  degré  égal  ou  inférieur  au  degré 
de  Vj.  Si  Vi  et  V2  ont  un  facteur  commun,  nous  le  supprime- 
rons; outre  le  nombre  fini  de  solutions  que  nous  détermine- 
rons plus  bas,  les  équations  seront  encore  satisfaites  pour 
toutes  les  valeurs  de  ^  et  j  qui  annulent  le  facteur  commun. 

Maintenant  cherchons  le  plus  grand  commun  diviseur  de 
V,  et  V,;  on  finit  par  trouver  un  reste  fonction  de  .a?  seul;  en 
égalant  ce  reste  à  zéro,  on  a  l'équation  finale,  car  cette  équa- 
tion exprime  que  Vi  et  V,  ont  un  facteur  commun.  Mais,  en 
examinant  les  choses  de  plus  près,  on  voit  qu'il  peut  s'intro- 
duire des  solutions  étrangères,  de  même  qu'il  peut  en  dispa- 
raître; cela  tient  à  ce  que,  pour  éviter  les  fractions,  on  intro- 
duit ou  on  supprime  des  facteurs  dans  les  calculs.  Ces  facteurs 
sont  fonctions  de  a^  seul  :  ceux  qui  seront  introduits  dans  les 
dividendes  seront  désignés  par  11,  ceux  qui  seront  supprimés 
dans  les  diviseurs  seront  désignés  par  v,  les  quotients  seront 
désignés  par  Q.  On  a  alors  tout  d'abord 

(0  «iV,  =QiV.2-^V3('i; 

on  voit  alors  que  les  deux  systèmes  d'équations 
uiYi^o  )  {       V.  =  o, 


^'^  '       V.  =  o)  -  IVar, 


SLR    L  ÉLIMINATION.  4g 

ont  les  mêmes  solutions  finies,  car  toutes  les  valeurs  finies 
qui  satisfont  à  l'un,  satisfont  à  l'autre;  si  l'un  des  systèmes  a 
des  solutions  multiples,  l'autre  les  a  aussi  et  au  même  degré 
de  multiplicité  ;  car  on  peut  regarder  ces  systèmes  comme  des 
cas  limites  de  systèmes  plus  généraux  sans  solutions  multi- 
ples. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  n'est  vrai  que  pour  les  solu- 
tions finies;  les  deux  systèmes  peuvent  ne  pas  avoir  les 
mêmes  solutions  infinies;  ainsi  le  système 

X-  -T-  y^  -\-  cil ■''  -f-  b^y  -i-  Cl  =  o 

a  deux  systèmes  de  solutions  infinies,  et  l'une  de  ces  équa- 
tions combinée  avec 

{a  —  ai)x-\-  (b  —  bi)y  -f-  c  —  f,  =  o 

n'a  pas  de  solutions  infinies.  Nous  laisserons  de  côté  les  so- 
lutions infinies. 
Les  systèmes  (2)  peuvent  aussi  s'écrire 

1  «j  =  o.        Vi  =  0        cl        l'i  =  o,         V2  =  o, 
■^'*  \  \,  =  o.         V.  =  0  V,  =  0,         V3  =  o: 

nous  désignerons  ces  systèmes  par  i,  2,  3,  t\. 

On  voit  que,  si  l'on  remplace  le  système  donné  2  par  4,  on 
introduit  les  solutions  étrangères  qui  appartiennent  à  i,  et 
que  l'on  a  éliminé  celles  qui  appartiennent  à  3.  Dans  le  cas  où 
«1  et  v^  ont  un  facteur  commun  d^,  on  peut  l'écarter  par  la 
division,  car  il  entre  les  deux  fois  en  combinaison  avec 
¥2  =  0  :  il  disparaît  une  fois  en  divisant  par  t'i,  tandis  qu'il 
s'introduit  une  autre  fois  en  multipliant  par  «j;  de  la  sorte  le 
système  donné  sera  remplacé  par 


-1=0        et        Vo 
(.4)  'A 

(  V2  =  o  V3 

P. 


5o  CnAPITRE    III. 

et  les  solutions  étrangères  introduites  sont  rléterminées  par 

On  opérera,  sur  le  système  Vo  =:  o,  \-^  =^  o,  de  la  même 
façon  que  sur  le  système  primitif,  et  l'on  continuera  ainsi  de 
suite  jusqu'à  ce  que  l'on  parvienne  à  l'équation  finale,  en 
ayant  égard  aux  systèmes  mis  de  côté  et  à  ceux  qui  détermi- 
nent les  solutions  étrangères.  Pour  obtenir  l'équation  finale, 
il  faut  la  multiplier  par  -~  et  par  les  quantités  analogues,  et 

la  diviser  par  -/  et  les  quantités  analogues. 

Cependant,  s'il  s'agit  des  solutions  générales  des  équations, 
on  doit  se  rappeler  que  les  racines  chassées  et  introduites 
jouent  un  rôle  spécial  et  tout  autre  que  celui  des  racines,  qui 
sont  telles  qu'à  chacune  ne  correspond  qu'une  valeur  de  y. 
De  celte  façon,  -^  =^o  doit  être  combiné  avec  V.i=:o  et  une 

équation  analogue  '-f-  avec  ^'p_ul  =  o,  analogue  à  ¥.=  0.  Nous 
allons  maintenant  montrer  comment  on  peut  simplifier  la 
solution. 

31.  Nous  avons  seulement  évincé  les  facteurs  communs  à 
un  t'  et  à  un  M  de  même  indice;  car  on  n'a  à  combiner  que 
dans  ce  cas  u  et  f>  avec  une  même  équation.  Nous  allons 
toutefois  établir  le  théorème  suivant  : 

Si  un  u  et  un  v  suivant,  par  exemple  u,  et  i\  ont  un  facteur 
commun  x  —  ol,  qui  n' appartient  pas  à  un  u  ou  un  ç  intermé- 
diaire, le  système  x  —  a  =  o,  ¥3^=0  peut  être  remplacé  par 
X  —  a  =  o^  Vj^  o. 

Considérons,  en  effet,  les  équations 

(6)  I    ":3V,=  Q:3Vi^Y3i'3, 

Elles  montrent  que  .r  =r  a,  et  les  valeurs  de  j  qui  satis- 
font à  ;/,=:o  et  ¥3=0  satisfont  aussi  à  Vi  =  oet  ¥3  =  0  (s'ils 


SUR  l'élimi.wtion.  5i 

n'annulent  pas  c,  ou  ('3)  et  inversement,  les  valeurs  qui  satis- 
font à  ('4=0  et  ¥5^=0  satisfont  aussi  à  ¥3=0.  Il  est  donc  in- 
différent de  combiner  les  racines  communes  à  «2  =  o  et  i\  =  o 
avec  ¥3=  o  ou  avec  V5  =  o,  et  ainsi  (abstraction  faite  des  so- 
lutions infinies)  on  ne  commettra  pas  de  faute  en  supprimant 
les  facteurs  communs  à  lu  et  i\.  Ainsi,  on  peut  supprimer  tout 
facteur  primitivement  introduit  par  une  multiplication  dans 
un  u,  si  on  le  rencontre  une  première  fois  dans  un  c. 

Si,  par  exemple,  dans  a,  on  trouve  le  facteur  a;  —  Xi,  et 
dans  U3  le  facteur  jc  —  «2,  on  peut  faire  disparaître  ces  fac- 
teurs si  on  les  rencontre  pour  la  première  fois  dans  un  v,  et 
comme  cela  a  lieu  quelque  petite  que  soit  la  différence 
entre  a,  et  ct^,  cela  doit  encore  avoir  lieu  pour  ai=z  oco.  Si 
donc  le  même  facteur  a  été  introduit  plusieurs  fois,  on  peut  le 
faire  disparaître  le  même  nombre  de  fois  s'il  entre  dans  les  c. 

On  voit  maintenant  quelles  sont  les  équations  à  résoudre  : 

d'abord,  on  a  le  facteur  étranger  '-^.  et  la  multiplication  sui- 

"1 

vante  donne  ^7-^;  on  élimine,  par  la  division,  les  facteurs 
contenus  dans  ç^;  en  appelant  leur  produit  di,  il  reste  à  con- 
sidérer -T-T-j  et  en  multipliant  par  u^  et  en  écartant  les  fac- 
teurs  contenus  dans  «-3,  dont  on  désigne  le  produit  par  d^,  on 
a  à  considérer  "'"/"/  ;.  et  ainsi  de  suite. 

«1  rt2  «3 

Les  équations  données  seront  donc  remplacées  par  le  sys- 
tème suivant  : 

\    -7-    =  O.  -—=0,  -—=0,  -. =  O. 

(7)  fA  (h  d^  da-x 

\  Vo  =  O,  V3  =  o.  ¥4  =  0 V„  =  o, 

équations  qui,  abstraction  faite  des  solutions  infinies,  ne 
fourniront  que  les  véritables  solutions  avec  leurs  degrés  de 
niultiplicilé.  Les  facteurs  étrangers  introduits  doivent  donc, 
si  cela  n'a  déjà  pas  été  fait  dans  le  courant  de  l'opération,  dis- 
paraître de  l'équation  finale.  Le  dernier  reste  est  V„^.,(^„_i,  et 
l'on  peut  supposer  V„+i=  i,  ce  reste  ne  contenant  pas  y,  en 


52  CHAPITRE    III. 

sorte  que  ('„_i=o  est  l'équation  finale,  de  laquelle  après 
avoir  divisé  par  a„_,  on  a  écarté  toutes  les  solutions  étran- 
gères. Comme,  en  général,  V„  est  du  premier  degré  en  y, 
le  dernier  système  fait  connaître  les  solutions  qui  sont  telles 
qu'à  une  valeur  de  a:  correspond  une  valeur  de  j;  l'avant- 
dernier  système  fait  connaître  les  racines  telles  qu'à  une  va- 
leur de  ^  correspondent  deux  valeurs  de  y,  etc.  Comme  les 
solutions  multiples  ne  peuvent  se  rencontrer  que  dans  des 
systèmes  tout  particuliers,  on  ne  trouve  que  le  dernier  sys- 
tème, si  l'on  a  affaire  à  des  équations  tout  à  fait  générales. 
En  général,  l'équation  finale,  obtenue  en  annulant  le  dernier 
reste  de  la  méthode  du  plus  grand  commun  diviseur,  est  de 
degré  trop  élevé,  puisque  l'on  doit  en  ôter  les  facteurs  intro- 
duits pour  faire  les  divisions,  afin  d'éviter  les  fractions.  En 
opérant  sur  deux  équations  du  troisième  degré,  on  trouve  un 
reste  du  onzième  degré,  et  l'on  a  eu  à  multiplier  deux  fois  par 
un  polynôme  du  premier  ou  une  fois  par  un  polynôme  du 
second  degré.  La  dernière  division  introduit  un  facteur  du 
quatrième  degré;  mais  il  ne  joue  aucun  rôle,  car  il  n'intro- 
duit pas  de  racines  finies. 

Si  le  nombre  des  racines  communes  est  moindre  que  celui 
qui  est  indiqué  par  le  théorème  général,  c'est  que  les  racines 
manquantes  sont  infinies.  En  Géométrie,  les  solutions  infi- 
nies ont  une  plus  grande  importance,  et,  pour  cette  raison, 
nous  n'en  parlerons  plus  ici  : 

Exemple  : 

Vi  =  )  3-i-  •ixy'^-h  {2x- —  j.i')''  -i~  ■^" —  4  =  0, 

V2  =  J  "--i-    2./)     -f-    'IX-  —    >./•  -+-    l  =  O. 

On  supprime  dans  le  premier  reste  le  facteur  x  —  2,  et  on 

le  combine  avec  V,.  Le  deuxième  diviseur  est  y  +  j?  H-  2;  il 

donne  le  reste  a:^-—5x  -{-6,  et  l'on  obtient  les  deux  systèmes 

./■  =  2,  .1"- —  5.V  -i-  6  ^  o, 

y--^  2 J7)'  -T-  2X'-  — ^  5.r  -^  1  =  o,        j-  -i-  .r  ^--2  =  0, 

ainsi 

.r  =  'jt,         X  =  "2,  X  =  2.  X  =  3, 

r  =  o,        ;=  — 4,        y=_4,        ,=_j. 


SLR  l'élimination.  53 

Comme  on  devrait  obtenir  une  équation  finale  du  sixième 
degré,  deux  valeurs  de  a:  sont  infinies.  Les  deux  courbes 
représentées  parles  équations  données  ont  deux  interseclions 
à  l'infini  et,  sur  les  quatre  autres  intersections,  deux  se  con- 
fondent pour  donner  un  contact. 

Méthode  d'Euler. 
32.  Soient 

j  U  =  ooy'" -^  «I  )  "'-1  —  a-iY'"-^ -h . . . ^ <7,„  =  o. 

'"  }     V    =    i„,  «__/,,,«-!  ^    /;,,«-'-  -^...-     />,,=    ... 

les  équations  données.  Si  U  et  V  ont  un  facteur  commun  9  de 
degré  p, 

(1)  Ci  =  aoV/'-i- a,  r/'-' -H.  .  .-I- a;,, 

et  si  l'on  pose 

(3)  ^==M,         X=N, 

les  polynômes  NU  et  MV  devront  être  identiques.  N  est  alors 
de  degré  n  —  p  et  M  de  degré  m  — p.  Multiplions  alors  U  et  V 
par  des  polynômes  de  degrés  respectifs,  égaux  à  n  —  p  et 
m — p,  et  à  coefficients  indéterminés;  et  égalons  les  coeffi- 
cients des  mêmes  puissances  de  j  dans  les  deux  produits.  Si 
l'on  élimine  les  coefficients  indéterminés  entre  les  équations 
qui  sont  du  premier  degré,  on  aura  les  conditions  pour  que  U 
et  V  aient  un  facteur  commun  de  degré/?. 
Soit 

{    X  =  /-o.r"-/'  -/•,  )"-/'-! +...-/■„-/,. 

On  a  à  sa  disposition  m  -h  n  —  2p  coefficients  indéterminés, 
et  l'identification  des  deux  produits  donne  m  -t- « — p  équa- 
tions; en  éliminant  les  coefficients  indéterminés,  on  a /«équa- 
tions de  condition;  si  elles  sont  satisfaites,  on  a 

NU  =  MV. 

De  là,  il  résulte  que  les  n  facteurs  de  V  doivent  entrer  dans 


54  CHAPITRE    Iir. 

NU,  et  que  p  d'entre  eux  au  moins  doivent  entrer  dans  U, 
puisque  N  est  seulement  de  degré  n  —p. 

Pour  /?  =  i,  on  n'a  qu'une  équation  de  condition  qui  est 
l'équation  finale  cherchée. 

On  peut  obtenir  la  forme  générale  du  facteur  commun,  en 
remplaçant  les  polynômes  M  et  N  par  d'autres  M,  et  Ni  de 
degré  moindre,  et  en  annulant  les  coefficients  des  puissances 
supérieures  de  j  dans  N,U  —  MiV;  si  l'on  pose 


(5) 


NiU  — iMiV  =  a„r/' 


le  facteur  commun  à  U  et  V  de  degré  p  sera  précisément  le 
second  membre  de  (5),  si  les  conditions  pour  que  ce  facteur 
existe  sont  satisfaites. 
Exemple  : 

U  = 

V  = 

si  l'on  pose 


«3=0, 

^3  =  o; 


X2)U=(J'+P1J-^P2)V, 


on  a,  en  identifiant, 


r/yd 

-{- 

a  2 

Q 

—      l>2 

+  ^P. 

+  b. 

f/iO. 

-+- 

«3 

=    h,h 

+  A.2P. 

+   />3 

a-iOi 

-+- 

-^l'^h 

' 

En  éliminant  a,,  a,,  (3i,  (3,,  on  a  l'équation  finale 


<^'l 

o 

/>, 

0 

I 

f'i—bi 
a,- h. 

«2 

«I 

A, 

br 

f'z—b^ 

f'3 

«2 

b. 

bî 

o 

O 

«3 

o 

b. 

o 

Pour  avoir  l'expression  du  facteur  commun,  on  posera 

(j  +  ai)U  — (j  -t-  (iiOV  =/«/  +  «; 


SUR  l'élimination.  55 


et  l'on  trouve 


ai/7i  -1-  a-i  —  pi/;]  +  h.-,, 

ai  a.2  -+-  a-i  =  p,  /a,  -h  l>z  +  m, 

a,  et  {3i  sont  donnés  par  les  deux  premières  équations,  et  m 
et  n  par  les  deux  dernières. 

Pour  trouver  la  condition  pour  qu'il  existe  un  facteur  com- 
mun du  second  degré,  il  suffit  de  poser  m  =r  «  i=  o;  alors  les 
conditions  sont  données  en  égalant  à  zéro  les  déterminants 
oblenus  en  prenant  trois  colonnes  dans  le  Tableau 

I 


('l 

n. 

f'z 

Ih 

l>i 

l>z 

-l'I 

r/3  —  b-i 

() 

Ces  quatre  déterminants,  que  l'on  peut  ainsi  égaler  à  zéro, 
ne  fournissent  que  deux  équations  distinctes. 

Si  les  équations  ainsi  obtenues  sont  satisfaites,  on  obtient 
le  facteur  commun  du  second  degré  en  éliminant/'  entre  les 
deux  équations  données,  ce  facteur  est 


Méthode  de  Sylvester. 

33.  Cette  méthode  ne  diffère  pas,  au  fond,  de  la  précé- 
dente. Elle  consiste  à  multiplier  les  équations  données  par 
y,  y^,  y^,  ...  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  obtenu  deux  équations 
de  degré  m  -h  n  —  i  ;  on  a  alors  fii  +  n  équations,  entre  les- 
quelles on  élimine  y,  y-,  j%  . . .,  j"'+«-i,  en  les  considérant 
comme  des  quantités  indépendantes  entrant  au  premier 
degré.  On  obtient  ainsi,  en  considérant  les  équations  trai- 
tées au  paragraphe  précédent, 

j^+<^/iy^-i-  (iiY  -^  (i-i   =  o, 
r'^  -h  «u  3  -)-  rt^j^  -i-  a-ij  =^  o, 


^5  _,.  fuy'*  +  «2j'  -h  0^}"^  : 


CHAPITHE    III. 

j^-h  i>iY--i-  /joj-  -{-    l>i    =  o, 


d'où  l'équation  finale 


I  l>i  l'i  h, 
l'x  l>i  I';  o 
b-i     b^      o       o 


Oi 

fl-i 

/'. 

h. 

l'-l 

Ih 

Celle  équation  devient  identique  à  celle  que  l'on  a  trouvée 
tout  à  l'heure,  si  l'on  échange  la  troisième  ligne  avec  celle 
que  l'on  obtient  en  retranchant  la  sixième  de  la  troisième, 
puis  en  supprimant  la  première  colonne  et  la  sixième  ligne. 

Si  on  laisse  de  côté  la  troisième  et  la  sixième  équation,  on 
trouve 


l'^ 


ce  qui  détermine  les  deux  conditions  pour  que  les  équations 
proposées  aient  un  facteur  commun  du  second  degré. 

Les  résultats  des  recherches  précédentes  sur  les  équations 
à  deux  inconnues  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Soient  m  et  n  les  degrés  des  deux  équations,  l'équation 
finale  est  de  degré  mn;  dans  des  cas  particuliers  ce  degré 
peut  s'abaisser,  soit  parce  qu'il  existe  un  facteur  commun 
dans  les  deux  premiers  membres  des  deux  équations  annu- 
lant leur  plus  grand  commun  diviseur,  soit  parce  qu'elle  pré- 
sente des  racines  infinies  faisant  disparaître  les  plus  hautes 
puissances   de  l'inconnue.  A  chaque   racine   de   l'équation 


SLK  l'élimination.  5j 

finale  en  x  correspond,  en  général,  une  valeur  de  7  donnée 
par  une  équation  de  la  forme 

A/  -!-  B  =  o. 

Celte  équation  devient  illusoire  quand  les  valeurs  de  x  annu- 
lent A  et  B,  7  a  alors  deux  valeurs  données  par  une  équation 

de  la  forme 

A,72^B,7-^Cl  =  o, 

si  Ai=  B,  =  Ci=  o,  7  a  trois  valeurs,  elc. 

Ces  résultats  sont  surtout  mis  en  lumière  dans  la  méthode 
de  Labatie,  parce  que  toutes  les  expressions  dont  on  a  besoin 
pour  former  les  équations  de  condition  ou  les  facteurs  sont 
calculées  pendant  les  opérations;  cette  méthode  est  plus 
commode  quand  on  a  affaire  à  des  équations  numériques,  et 
doit  être  alors  préférée;  tandis  que  les  méthodes  d'Eu  1er  et 
de  Sylvester,  qui  doiuient  le  résultat  au  moyen  d'un  détermi- 
nant, sont  préférables  dans  le  cas  oi^i  le  calcul  complet  des 
résultats  n'est  pas  exigé. 

Méthodes  de  Bézout  et  de  Laurent. 

34.  Les  méthodes  d'élimination  que  nous  avons  dévelop- 
pées ne  sont  pas,  en  réalité,  très  différentes;  elles  se  rédui- 
sent, en  définitive,  à  déduire,  des  équations  données,  de 
nouvelles  équations  linéaires  en  y,  et  à  en  éliminer  les  7  ;  la 
méthode  suivante  de  Laurent  a  pour  but  de  montrer  leurs 
rapports.  Soient  f{y)  =  o  et  9  (7)  —  o  les  équations  données 
que  nous  supposerons  des  degrés  m  et  n  ou  m^n.  Soient 
^1(7)»  ^2(7),  ..-,  ^niy)  des  polynômes  de  degré  «  —  i  linéaire- 
ment indépendants.  En  multipliant  f{y)  par  ces  polynômes 
et  en  divisant  les  produits  par  9(7),  on  obtient  n  équations 
de  la  forme 

(i)     ^i(r)fir)  -  qi(j)^(f  )  =  f'i  +  luy  +  Ci^  2  +  . .  .-4-  /,-7''-i. 

Considérons  le  déterminant  des  coefficients  des  restes 


58  CHAPITRE    III. 

Soient  Ai,  Ao,  . . .,  „  les  mineurs  de  R  relatifs  à  la  pre- 
mière colonne;  si  nous  multiplions  les  équations  (i)  respecti- 
vement par  ces  mineurs,  et  si  nous  ajoutons,  nous  obtenons 
l'équation 

(2)  /Q-)  V  A,.e,(  r)  -  '^(j)ZXiqi(y)  =  R: 

celte  identité  montre  que  tout  facteur  commun  à  /(/)  et  à 
9(7)  appartient  à  R  ;  et,  comme  R  ne  contient  pas  j,  R  =  o 
est  la  condition  pour  que/  et  o  aient  un  facteur  commun.  Si 
les  coefficients  de  /  et  de  9  dans  (2)  sont  respectivement  de 
degrés  n  —  i  et  m  —  i,/ et  9  ont  un  facteur  commun  du  pre- 
mier degré,  et  R  =:o  est  la  résultante  de/=  o  et  9  =;  o. 
Si  R  n'est  pas  nul,  (2)  donne  le  théorème  suivant  : 

Si /{y)  et  o{y)  n'ont  pas  de  facteur  commun,  on  peut  tou- 
jours trouver  deux  polynômes  A  e^  B  des  degrés  n  —  i  et 
m  — I,  respectivement  tels  que  l'on  ait  identiquement 

A/C,r)-Bo(,))  =  r. 

Lorsque  R  =  o,  on  tire  des  n  —  i  équations  distinctes,  obte- 
nues en  égalant  les  restes  à  zéro,  les  valeurs  de  y,  y'^,  ■  ■  -, 
/""S    oii   y   désigne   la    racine   commune    à   /(r)=o    et 

On  peut  remplacer  les  fonctions  9  par  des  combinaisons 
linéaires  de  celles-ci  qui  soient  linéairement  indépendantes; 
les  a,  les  b,  . . .  seront  ainsi  remplacés  par  des  fonctions 
linéaires  de  ces  quantités;  le  déterminant  R  sera  alors  mul- 
tiplié par  le  déterminant  de  la  substitution  correspondante. 
En  faisant  varier  les  coefficients  des  0,  R  acquerra  des  fac- 
teurs divers.  Laurent  prend  les  9  égaux  à  i,  y,  y-,  . . .,  j"~'; 
dans  ce  cas,  en  désignant  par  71,72,  •••,  J«  les  racines  de 
9(7)  zzz  o,  les  équations  (1)  deviennent 

(3)  n  /(/^)  =  ''i-  hoi.-^--.-^iiyr'- 

Si  l'on  forme  le  déterminant  qui  a  pour  élément  général  le 
second  membre  de  cette  équation,  on  voit,  d'après  la  forme 


SLR    L  ÉLIMINATION. 

de  cet  élément,  qu'il  est  le  produit  de  R  par 


59 


D  = 


I    J--Î 


comme  D  =  o  pour/x^^=  V/,  on  voit  que  D  est  divisible  par  le 
produit  des  différences  des  racines  j^.,  et  comme  D  et  ce  pro- 
duit sont  de  même  degré,  ils  ne  peuvent  différer  que  par  un 
facteur  numérique,  et  il  est  facile  de  voir  que  ce  facteur  est  i 
(voir  p.  48);  D^  est  donc  le  discriminant  de  o{y)-  Si,  au  con- 
traire, on  considère  le  déterminant  qui  a  pour  élément  général 
le  premier  membre  de  (3),  on  le  trouve  égal  à 


on  a  donc 


./b-i)/0  2)....f(j,OD; 
H  =  /':n)/0-2).../(j«), 


ce  qui  (p.  45)  donne  la  forme  la  plus  simple  de  la  résultante. 

Maintenant  supposons  qu'avec  ce  choix  spécial  des  9,  l'on 
ail  A„=o  :  le  terme  en  j"~'  dans  2)A,9,  s'annule,  le  coeffi- 
cient de/(7)  est  alors  de  degré  n—2  dans  (i),  et /(y)  et  9  (y) 
ont  pour  R  =  o  un  facteur  commun  du  second  degré  ;  si  l'on 
a  encore  A„_i  =  o,  ces  fonctions  ont  un  facteur  commun  du 
troisième  degré,  et  ainsi  de  suite.  Si  le  facteur  commun  est 
de  degré  n  —  i,  il  ne  devra  différer  que  par  des  facteurs 
connus  de  chaque  reste;  tous  les  éléments  de  R  d'une  même 
ligne  sont  alors  proportionnels  à  ceux  d'une  autre  ligne,  et 
tous  les  mineurs  de  R  sont  nuls. 

Laurent  évite  les  divisions  à  l'aide  de  certaines  fonctions 
auxiliaires,  mais  le  déterminant  qui  exprime  la  résultante  est 
un  peu  moins  simple;  comme  ces  fonctions  sont  souvent 
utiles,  nous  allons  les  faire  connaître. 

Soit  F(y)i=o  une  équation  de  degré  m  ayant  toutes  ses 
racines  «1,  c/.,,  . . .,  «,„  inégales;  on  pose 

F(y) 


(j  —  "ijl^'l  un' 


6o  CHAPITRE    III. 

les  \  sont  des  fonctions  entières  de  degré  m  —  \,  \i  se  réduit  à 
I  pour /^ a,  et  s'annule  pour  les  autres  valeurs  de  a;  il  en  ré- 
sulte que,  si  '^{y)  est  un  polynôme  quelconque  de  degré  m  —  \ 
au  plus,  on  a  identiquement 

'L(  r)  =  'I;((7i  )ïi^  '^{.fti)\i^-  ■  --^  '^(V'w  );/;/. 
Si  l'on  prend  4>  égal  aux  m  expressions  de  la  forme 

f(r)  '^(r/,-)  —  cpf  r)  f(r/,-) 

on  obtient  en  fonctions  linéaires  des  4  qui,  pour  une  racine 
commune  de/(/)  =  0,  cp(j)^  o,  s'annulent  à  la  fois;  si  l'on 
élimine  les  ^  des  équations  obtenues  en  égalant  les  fonctions 
linéaires  à  zéro,  on  obtient  la  résultante.  Laurent  montre 
qu'elle  contient  en  facteur  le  discriminant  deF(y);  dans  les 
applications,  il  n'est  pas  nécessaire  de  former  ce  discrimi- 
nant ;  et  l'on  peut  prendre  pour  les  a  des  nombres  arbitraires. 
Bézout,  Cauchy  et  Cayley  ont  fait  connaître  des  méthodes 
fl'élimination  qui,  au  fond,  reviennent  à  prendre  (lorsque 
m  =  n)  Qi,  On,  ...  égaux  aux  coefficients  du  quotient  de  la 
division  de  o{x)  par  y  —  ^c;  q^,  q,,  ...  sont  alors  les  coeffi- 
cients du  quotient  de  la  division  de  f{x)  par  y  —  x. 

Systèmes  de  plusieurs  équations  à  plus  de  deux  inconnues. 
Théorème  de  Bézout. 

33.  Bézout  a  démontré,  pour  la  première  fois,  que  l'élimi- 
nation de  A-  —  j  quantités  entre  k  équations  conduit  à  une 
équation  finale  au  plus  égale  au  produit  des  degrés  des  équa- 
tions en  question. 

Pour  plus  de  simplicité,  nous  supposerons  que  les  équa- 
tions données  soient  au  nombre  de  quatre,  nous  les  suppose- 
rons à  quatre  inconnues  x,  y,  z,  a,  et  tout  à  fait  générales  des 
degrés  m,  n,  p  et  q;  nous  supposerons  mln^p^q. 

De  la  dernière  équation,  on  tire  ui  en  fonction  entière  des 
autres  inconnues  et  en  fonction  linéaire  des  puissances  moins 
élevées  de  u,  et,  en  multipliant  par  it,  on  peut  ainsi  obtenir 
toutes  les  puissances  de  u  en  fonction  linéaire  des  puissances 


SLR    L  ÉLIMINATION.  6l 

inférieures  à  7.  Si  l'on  porte  ces  valeurs  dans  les  autres  équa- 
tions, Il  n'y  entrera  plus  qu'à  la  puissance  7  —  i  au  plus;  de 
même,  de  l'avant-dernière  équation,  tirons  la  valeur  de  zp,  et, 
en  continuant,  on  tirera  la  valeur  de  y"-  de  la  seconde.  Ces 
substitutions  faites,  la  première  équation  ne  contiendra  pas 
de  termes  divisibles  par  j",  z-p,  u'',  elle  sera  de  forme  entière 
et  homogène  dans  le  sens  oii  nous  avons  déjà  pris  ce  mot. 

Maintenant  multiplions  la  première  équation  ordonnée  par 
rapport  à  /,  z,  u,  et  dont  les  coefficients  sont  fonctions  de  x, 
par  un  polynôme  P,  contenant  tous  les  termes  de  la  forme 
Xy^z^u^  non  divisibles  par  y",  z-p,  u'J.  Supposons  que  le 
premier  coefficient  de  ce  polynôme  soit  égal  à  un.  La  multi- 
plication une  fois  effectuée,  faisons  encore  disparaître  les 
termes  divisibles  par  y",  zp,  «-?,  l'équation  contiendra  autant 
des  autres  termes  indéterminés  que  de  coefficients  indéter- 
minés, et  cela  sous  forme  linéaire;  on  peut  les  déterminer 
de  manière  à  annuler  tous  les  termes  en  y,  z,  u  et  le  résultat 
est  alors  l'équation  finale. 

Pour  déterminer  le  degré  de  l'équation  finale,  nous  obser- 
verons que  le  degré  de  la  première  équation  est  m.  Le  degré 
du  facteur  par  lequel  on  l'a  multipliée,  et  qui,  au  moyen  d'in- 
dices convenablement  choisies,  est  rendu  homogène,  étant 
/JL,  le  produit  sera  de  degré  m  +  [i,  le  nombre  des  termes  du 
produit  est  npq,  c'est  le  nombre  des  termes  du  produit 

(  1  -;- )■  -f- }-2  — . .  .—_)"->)(  i~  z  —. . .—  :./'-')(!  —  ;/—...—  «'/-'), 

qui  ne  diffère  du  premier  que  par  ses  coefficients  qui  sont 
linéaires  par  rapport  aux  coefficients  indéterminés.  Soient 
/"■'  un  terme  de  P  et  a''')  son  coefficient  ;  a^''/'''  est  de  degré  \j., 
il  se  trouve  multiplié  dans  le  produit  par  un  facteur  de  degré  m 
en  .r.  Le  produit  a  la  forme 

si  l'on  égale  à  zéro  les  coefficients  de  /'"',  l^'^>,  . . .,  et  si,  entre 
les  équations  obtenues,  on  élimine  a**",  a''\  ...,  ce  qui  se 
fera  en  égalant  à  zéro  un  certain  déterminant,  les  termes  de 
la  diagonale  sont  les   coefficients   de   termes   de  la   forme 


62 


CHAPITRE    iri. 


a<'")/"'.  Ces  coefficients  sont  de  degré  m,  et  leur  produit  est 
de  degré  mnpq.  Tous  les  termes  de  l'équation  finale  ont  donc 
une  somme  d'indices  égale  à  mnpcj,  et,  par  rapport  à  x,  elle 
sera  de  degré  mnpq  au  plus.  II  est  facile  de  voir  que  ce  degré 
n'est  pas,  en  général,  inférieur  à  mnpq;  en  effet,  si  l'on  con- 
sidère les  équations  particulières 

X  —  y'",  y  =  z",  z  =  al',         a  =  x'i . 

leur  équation  finale  est  bien  de  degré  mnpq. 

36.  Si  l'on  n'introduit  que  npq  —  2  coefficients  indéterminés 
dans  P,  on  peut  faire  disparaître  tous  les  termes,  à  l'excep- 
tion de  celui  qui  contient  seulement  jr  et  de  celui  qui  contient 
une  des  autres  inconnues  au  premier  degré;  on  a  alors  une 
équation  qui  détermine  cette  inconnue  lorsque  l'on  a  tiré  x 
de  l'équation  finale,  et  la  discussion  s'achève  comme  dans  la 
méthode  d'Euler  exposée  à  propos  de  deux  équations;  cette 
méthode  d'Euler,  en  réalité,  est  identique  à  celle  de  Bézout. 

Exemple  : 


y- -h  xz  =  b-, 


'^f 


=  Ij^- 


j-z   =  lAx  —xc^- 

^^-J 

yzi    =c^y  —xlA 

-+-  .r2  z 

y'-z'-=  /Ac'-—b^-x 

■  —  c\r 

et 

(yz  -^  3ti  3  —  ^3i  j>-  -T-  Yî  )  (yz  —  .r^  —  a'-  )  =  o. 

Si  l'on  effectue  la  multiplication  et  si  l'on  remplace  yS  :;-. 
y-z,  yz-  par  leurs  valeurs,  on  obtient,  en  égalant  les  coeffi- 
cients de  yz,  z,  y  et  le  terme  indépendant  à  zéro,  et  en  éli- 
minant les  coefficients  «i,  ;3i,  ■/.„  l'équation  finale 
2.r2  —  a-  o  o  1 

—  c^x       2.r2  —  a-  h-  o 

—  h^x  c-  IX-  —  a-  o 
b-ic'-            —b^-x         —cKc      x'-  —  i 


SLR  l'élimination.  63 

On  voit  que  tous  les  termes  d'une  ligne  diagonale  sont  du 
second  degré,  ce  qui  confirme  ce  que  nous  avons  dit  sur  le 
degré  de  ces  termes  en  général.  Pour  trouver  y  et  z,  posons 

(3  -h  ao  J  -i-  ai  )  {yz  ^x"-—  a^  )  =  o 

ou 

z-)-  -+-  oio)-z  -f-  -Xirz  -f-  :;(./;"- — n-)  -^  an.r(.r-  —  a-)  -+-  ai(.r2  —  a-)  =  o; 

si  l'on  remplace  z-y  et  y'-z  par  leurs  valeurs,  et  si  l'on  égale 
à  zéro  le  coefficient  de  yz,  on  a 

■3(2.r- —  a--r-  cxqÙ-)  -h  )  [ao(2.r'- —  a-)  -7-  c-~\  —  .r(  //--i-  aoc-)  =  o: 

en  égalant  à  zéro  les  coefficients  de  /  ou  de  z,  on  a 

z  [  b- r^  —  (.9. .r2  —  a- )- ]  —  j:[c*  —  h- ( 2  jf-  —  a- )] . 

Les  équations  que  nous  venojTS  de  traiter  peuvent  être  réso- 
lues plus  simplement,  en  ajoutant  les  deux  dernières  et  en 
les  multipliant  entre  elles,  puis  en  éliminant  y  +  z  e\.  yz. 
L'équation  finale  du  huitième  degré  se  ramène  au  quatrième, 
en  posant  a:-=z  u. 

37.  Nous  pouvons  donner  à  la  méthode  que  nous  venons 
d'exposer  une  autre  forme;  elle  revient,  en  réalité,  à  retran- 
cher d'abord  de  l'une  des  équations  les  autres,  multipliées 
par  des  polynômes  déterminés.  Par  exemple,  pour  faire  dis- 
paraître de  /=  o  de  degré  n  >/?  les  termes  qui  contiennent 
•r/',  xP-^\  . .  .,  J-",  au  moyen  de  l'équation 

o  =  .r/'  -h  (Il  .ri'-'^  -f-  .  .  .  =  o, 

on  a 

_ri>  =    r^   ^  .   .  .  , 


OÙ  kn-p  est  de  degré  n—p,  en  sorte  que,  pour  faire  dispa- 
raître les  termes  en  xi',  xp^\  . . .,  on  écrit 

où  B„..,,  est  un  polynôme  de  degré  n  —p. 


64  CIIAI'ITHE    III. 

J)e  celle  faron  si  cpi=  o,  9,=  o^  93—  o,  9i=o  sont  les  équa- 
tions considérées  au  n°  35,  nous  avons  d'abord  formé  l'équa- 
lion 

co  1  -H  A  '^ 2  -t-  B  cçs  -i-  C  ççi  =  O  ; 

nous  avons  ensuite  multiplié  celte  équation  par  un  facteur,  cl 
nous  avons  combiné  le  résultat  de  la  même  façon  avec  les 
trois  équations  02=0,  93=^0,  9i=o;  nous  avons  alors  trouvé 

Xi  oi  -H  (Xi  A  H-  Al  )  cp2  +  (>M  B  -^  B,  )'^:j+  (  X,  C  +  Cl  )'^i  =  o; 

et  cette  équation,  quand  on  y  suppose  les  coefficients  du 
polynôme  multiplicateur  convenablement  choisis,  est  la  ré- 
sultante ;  en  sorte  que  celle-ci  est  de  la  forme 

X,  C3,  -!-  I2  'f  2  -+-  l-i  'i:!  -^  Ài  'il  =  R-=  O. 

Théorème  de  Jacobi. 

38.  Pour  simplifier,  nous  ne  considérerons,  dans  ce  qui  va 
suivre,  que  deux  équations;  néanmoins,  nos  conclusions  se- 
ront tout  à  fait  générales,  et  nos  raisonnements  pourront 
sans  difficulté  s'étendre  à  un  plus  grand  nombre  d'équations. 

Soient  les  trois  équations 

cp,(,r,  r,  3  )=  o,  o.,{.r,j\  z)=  o,  03(x,)-,z)=o: 

pour  la  commodité  du  langage,  nous  supposerons  que  ces 
trois  équations  soient  celles  de  trois  surfaces.  Alors  les  coor- 
données de  leurs  intersections  sont  les  solutions  de  ces  équa- 
tions. Soient  m,  n,  p  respectivement  les  degrés  des  équa- 
tions en  question,  posons  mnp  =  \j.\  nous  désignerons  par 
{xifiZi)  les  coordonnées  des  intersections  et  nous  suppose- 
rons i  =  I,  2,  . . .,  /a. 

Il  existe  un  théorème  important  sur  les  fonctions  symé- 
triques des  coordonnées  des  points  d'intersection  des  trois 
surfaces,  dû  à  Jacobi  et  que  nous  allons  démontrer. 

Soit  f{œ):=.o,  une  équation  ayant  toutes  ses  racines  a-,, 
^•2,  ...,  œ„  distinctes;  en  désignant  par  (^{x)  un  polynôme 


SUR  l'élimination. 


65 


quelconque,  la  formule  relative  à  la  décomposition  en  élé- 
ments simples  donne 


an^ri'-i-  a<xP- 


2( 


Xi^{Xi) 


V  —  Xi)j'{Xi) 


formule  d'où  les  termes  entiers  disparaissent  si  le  degré  de 
o{oc)  est  inférieur  à  «  —  i.  Si  l'on  y  fait  x^o,  on  a 

^(Xi) 


el  A-  =  G  si  le  degré  de  o  est  inférieur  à  n 
Posons  maintenant 


(«) 


A 1 1  'f  1  -i-  A 1 2  cp2  -f-  A 1 3  '^3  =  X, 
X.lO,^  ÀooCpo-h  A  23  93=  Y, 
''3  1  9Î  "^  ''32  '^2  "+"  ^33  93  ^  ^  ' 


X,  Y,  Z  ne  contenant  respectivement  que  x,  que  7  et  que  z 
ces  quantités  sont  de  degré  [x;  nous  supposerons  nos  équa 
lions  générales,  en  sorte  que  le  déterminant  fonctionnel 


<^?l 

do, 

doi 

dx 

ùy 

'dz 

d-^i 

ôyj 

do. 

'ôx 

^' 

Oz 

<H, 

()-:,:i 

r>f. 

O.i 

7»r 

f)z 

D  = 


sera  différent  de  zéro  aux  points  d'intersection  de  nos  trois 
surfaces.  Nous  poserons 

A-   S±ÀnÀ22>^33, 

\  sera  le  déterminant  des  équations  (i),  et  nous  aurons 
A'^/=  A,X  +  R/Y-^C,Z. 

Nous  pouvons  combiner  les  /ut.  racines  des  équations  X=:o, 
Y  =  o,  Z==o  ensemble  de  [x^  manières;  ces  combinaisons 
comprendront  les  coordonnées  simultanées  des  /jt.  inlersec- 
P.  5 


66 


CHAPITRE    III. 


lions  de  nos  surfaces.  Chacune  de  ces  ii^  combinaisons  an- 
nule A(f)i  et,  comme  les  9  s'annulent  à  la  fois  et  aux  points 
d'intersection  seulement,  A  devra  s'annuler  pour  les  autres 
combinaisons  en  nombre  /ji* —  (j.. 

Le  théorème  de  Jacobi  apprend  h  évaluer  la  fonction  sy- 
métrique 


OÙ  ^  est  une  fonction  entière  quelconque,  et  oiî  la  somma- 
tion s'étend  à  tous  les  points  d'intersection  des  trois  surfaces. 
Si  nous  différentions  les  équations  (i),  en  négligeant  les 
termes  nuls  avec  les  ©,  nous  aurons 


(2) 


dj  Ôf  Ôf 

Xj,_Li  -l-X,,  JL  +Xi3-i-  =0, 


et  deux  systèmes  analogues.  Formons  le  déterminant 


X'Y'Z' 


X 

0 

0 

0 

Y' 

0 

0 

0 

Z' 

et  remplaçons  ses  éléments  par  leurs  valeurs  (2),  nous  obte- 
nons le  produit  des  deux  dé  erminants  D  et  A,  donc 

DA  =  X'Y'Z'. 

La  somme  que  nous  avons  voulu  évaluer  se  réduit  alors  ; 

Zj  X'Y'Z" 


elle  doit  s'étendre  à  toutes  les  intersections;  mais  on  peut, 
sans  inconvénient,  l'étendre  à  toutes  les  combinaisons  des 
racines  de  X  =  o,  Y  =  o,  Z  =  o,  à  cause  de  la  présence  du 
facteur  A,  nul  pour  les  combinaisons  qui  n'appartiennent  pas 


SUR  l'élimination.  67 

aux  intersections.  Cette  somme  se  décompose  en  d'autres  de 
la  forme 

2^  X  \  z'  ~  2d  X'  2dy  Z^  z'  ' 

Ce  produit,  d'après  ce  que  nous  avons  vu,  s'annule  quand 
a,  (3,  y  ne  sont  pas  simultanément  égaux  ou  supérieurs  à  /jt.  —  1 . 
Si  le  degré  de  ^pA  est  alors  inférieur  à  3  (jut.  —  i),  la  somme  en 
question  sera  nulle;  si  le  degré  ^'A  est  égala  3(|u.  — i),  elle 
sera  égale  au  rapport  des  coefficients  de  xV--'^ ,  yV--'^ ,  zV--'^  au 
numérateur  et  au  dénominateur. 

Comme  la  différence  des  degrés  du  numérateur  et  du  dé- 
nominateur n'est  pas  altérée  par  l'introduction  du  facteur  A, 
on  peut  dire  que  la  somme  en  question  est  nulle  quand  le 
degré  de  ^  est  moindre  que  le  degré  de  D. 


Méthode  de  Poisson. 

37.  Considérons  d'abord  trois  équations  des  degrés  m,  n, p 

(i)        cp,„f.r,  )■,:;)  =  0,         cp„(.r,j,  3)  =  o,         o p(,r, j,  3)  =  o. 
Éliminons  z  entre  les  deux  dernières,  nous  aurons 

La  dernière  équation  est  de  degré  np,  et  <\ii,  ^^  sont  des 
fonctions  entières.  Si  donc  on  regarde  x  comme  une  quantité 
connue,  on  aura  np  valeurs  de  y  et  np  valeurs  correspon- 
dantes de  z.  Nous  supposerons  les  équations  données  homo- 
gènes dans  le  sens  déjà  donné  à  ce  mot,  c'est-à-dire  que  nous 
supposerons,  par  exemple,  à  y''z^  un  coefficient  d'indice 
m  — /•  — 5  dans  la  première  équation,  et  ce  coefficient  sera 
une  fonction  entière  de  x  dont  le  degré  sera  égal  à  son  in- 
dice. Nos  deux  équations  (2)  sont  alors  homogènes  dans  le 
sens  convenu. 

Nous  appellerons  fonctions  symétriques  des  np  solutions 
(  r,,  z^),  (j-,,  z.,),  . . .  des  fonctions  qui  ne  changent  pas  quand 


68  CHAPITRE   m. 

on  permute  à  la  fois  Zp  et  Zg,  jp  et  y,/.  Les  fonctions  symé- 
triques des  solutions  seront  des  fonctions  symétriques  de 
Xi,  y.2,  ...  si  l'on  y  remplace  ^i,  z^,  . . .  en  faisant  usage  de  la 
première  formule  (  2  ),  et  pourront  être  exprimées  rationnelle- 
ment à  l'aide  des  coefficients  de  la  seconde  équation  (2),  coef- 
ficients qui  sont  fonctions  de  œ.  Comme  les  équations  dont 
on  a  fait  usage  sont  homogènes,  les  fonctions  symétriques 
homogènes  par  rapport  aux  solutions  seront  homogènes  par 
rapport  aux  coefficients.  Par  exemple 

sera  transformé  en 

4^l(-r,.Vl)    _^     .     '}l(-^,j2)   _^ 
•^''^2C-Ï,^l)      '    •^'J^2(.r,j2)      '     ■■■' 

et  sera  exprimable  en  fonction  de  x  seul,  c'est-à-dire  en 
fonction  des  coefficients  des  équations  données.  Comme  nos 
fonctions  symétriques  sont  fractionnaires,  on  doit  s'attendre 
à  ce  que  leur  expression  sera  fractionnaire  et  que  la  diffé- 
rence entre  le  degré  des  numérateurs  et  du  dénominateur 
sera  le  degré  de  la  fonction  symétrique.  Nous  allons  prouver 
que  le  résultat  est  entier  et  que  le  dénominateur  divise 
exactement  le  numérateur.  En  effet,  s'il  n'en  était  pas  ainsi, 
il  existerait  des  valeurs  finies  de  x  rendant  infinies  des  fonc- 
tions symétriques  entières  de  /i,  ^1,  y^_,  z,,  .  ..,  ce  qui  ne 
peut  arriver  que  si  l'une  des  quantités  jj,  c,,  y^,  z.2,  ...  est 
infinie.  Or,  les  équations  ^«=  o,  ^p=o  sont  tout  à  fait  géné- 
rales, même  quand  x  prend  une  valeur  particulière,  et  l'on 
sait  que  de  pareilles  équations  n'ont  pas  de  solutions  infinies. 
La  condition  pour  que  la  première  équation  soit  satisfaite 
par  un  des  systèmes  trouvés  est 

(•}j  cp„,(,r,_)i,ci)  ç>,„(x,j2,  z,)  ...  Omi-^,fnp,  z„p)  =  o; 

ce  produit  est  une  fonction  symétrique  entière  de  o-,,  jj, 
./o,  Yi,  ...  et  peut  s'exprimer  en  fonction  de  x;  chaque  fac- 
teur est  une  fonction  homogène  de  degré  m,  et  ce  degré  ne 


SUR  l'élimination.  69 

change  pas  quand  on  passe  des  fonctions  symétriques  aux 
coefficients;  l'équation  finale  est  donc  de  degré  mnp. 

38.  Si  l'on  élimine  z  entre  o,n  =  o  et9„  =  o,on  obtient  une 
équation  entre  x  et  j  de  degré  m«;  si  l'on  élimine  z  entre 
<p„=o  et  cpp  =  o,  on  obtient  une  équation  de  degré  np.  En 
éliminant  y  entre  ces  deux  dernières  équations,  on  obtient 
une  équation  de  degré  mn-p,  rationnelle  en  x.  On  ne  peut 
donc  employer  ce  procédé  d'élimination  sans  introduire  de 
solutions  étrangères;  mais  on  peut  utiliser  ces  calculs  pour 
obtenir  y  puis  z  rationnellement  en  fonction  de  x. 

Il  est  facile  d'interpréter  les  solutions  étrangères,  si  l'on 
considère  les  deux  équations  en  ^  et  y  :  la  première  exprime 
(|ue  o,n  et  9,1  ont  un  facteur  commun;  la  seconde  exprime  que 
9„  et  Op  ont  un  facteur  commun.  L'équation  obtenue  par 
notre  dernier  procédé  exprime  donc  que  la  première  et  la 
deuxième  équation  ont  une  solution  commune,  que  la 
deuxième  et  la  troisième  ont  une  solution  commune,  tandis 
qu'il  faudrait  exprimer  que  les  trois  équations  ont  une  solu- 
tion commune. 

Si  l'on  désigne  par 


les  valeurs  de  z  tirées  des  trois  équations,  on  peut  combiner, 
pour  les  égaler,  une  valeur  de  chaque  groupe,  ce  qui  peut  se 
faire  de  mnp  manières,  tandis  que  l'on  peut  obtenir  mn'^p 
combinaisons  en  égalant  une  valeur  du  premier  groupe  avec 
une  valeur  du  deuxième,  et  une  du  deuxième  avec  une  du 
troisième. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  trois  équations  représentant 
trois  surfaces  du  second  ordre,  en  éliminant  deux  fois  z,  on 
obtient  les  équations  des  courbes  du  quatrième  ordre  qui 
projettent  l'intersection  de  deux  surfaces  sur  le  plan  des  xy  ; 
ces  courbes  se  coupent  en  16  points;  8  de  ces  points  sont  les 
projections  des  intersections  des  trois  surfaces;  les  8  autres 
sont  les  projections  de  points  d'intersections  de  parallèles  à 
l'axe  des  z,  avec  les  courbes,  intersections  qui  sont  distinctes. 


70  CHAPITRE    III. 

39.  Nous  avons  montré  que,  dans  un  système  de  trois  équa- 
tions de  degrés  m,  n,  p,  deux  inconnues  pouvaient  s'expri- 
mer rationnellement  au  moyen  de  la  Iroisième,  cette  der- 
nière étant  déterminée  par  une  équation  de  degré  m«/>.  Nous 
avons  montré  que,  si  les  équations  étaient  tout  à  fait  géné- 
rales, ce  degré  était  précisément  m?ip.  Dans  des  cas  particu- 
liers, le  degré  peut  s'abaisser;  alors  une  ou  plusieurs  solu- 
tions sont  infinies.  De  même,  les  valeurs  de  /  et  s  exprimées 
en  œ  pourraient  être  indéterminées;  ce  cas  se  présenterait, 
comme  on  l'a  vu,  à  propos  de  deux  équations,  si,  à  une  va- 
leur de  oc,  correspondaient  plusieurs  valeurs  de  r  et  ::,  don- 
nées alors  par  des  équations  de  degré  supérieur. 

On  voit  facilement  que  la  démonstration  que  nous  venons 
de  donner  s'étendrait  à  quatre  équations  à  quatre  inconnues, 
et  nous  n'entrerons  pas,  à  ce  sujet,  dans  de  plus  amples  dé- 
veloppements. 

40.  La  méthode  que  nous  venons  de  donner  pour  le  calcul 
des  fonctions  symétriques  est  très  pénible  et  peut  être  sim- 
plifiée comme  il  suit  :  écrivons  la  première  équation  donnée 

ainsi 

a,„  —  ?/  =  o, 

a„i  désignant  les  termes  qui  ne  contiennent  que  x,  et  —  u 
désignant  les  autres  termes;  si,  comme  plus  haut,  on  rem- 
place /i,  Zi,  Y-2,  ^-i,  ■  ■  •  par  leurs  valeurs  (3),  u  prend  np  va- 
leurs «1,  «2,  . . .,  et  l'équation  finale  est 

(4)  (a,„— «i)(«,„  — M,)  ■••{f',n—ihip)  =  o; 

on  exprime  alors  z  rationnellement  en  fonction  de  .r  et  j 
[37(2)],  et  si  l'on  porte  ces  valeurs  dans  u,  on  a 

(5)  u  =  t^{x,j). 

Si  l'on  élimine/  entre  cette  équation  et 

<ll{x,J')  =  o. 

on  obtient  une  équation  en  u  de  degré  np;  et  quoique  u  se 


SUR  l'élimination.  71 

présente  sous  forme  fractionnaire,  on  voit,  comme  plus  haut, 
que  les  coefficients  de  l'équation  en  u  sont  des  fonctions  cn- 
lières  de  x.  Comme  l'équation  en  11  peut  s'écrire 

{a  —  »i  K"  —  "2)  •  •  •  (  "  —  ""/',)  =  o, 

il  suffit  d'y  remplacer  «  para,,,  pour  obtenir  l'équation  finale. 
On  pourrait  aussi  bien  tout  de  suite  remplacer  u  par  a,„ 
dans  (5),  ce  qui  revient  à  éliminer  y  de  l'équation  ^'  =  0  et 
de  la  première  après  en  avoir  fait  disparaître  z.  Mais  la  forme 
du  résultat  serait  changée,  et  l'on  ne  verrait  pas  immédiate- 
ment le  facteur  que  l'on  doit  supprimer,  tandis  que  l'on  sait 
que,  quand  on  a  u,  c'est  le  coefficient  de  u"''. 


Exemple.  —  De 


y-  -+-  --^  ■■ 


on  tire 


X 

J 

/;'-  r 

—  l3 

■2/j')--r-  .r-*  )    — 
'  :  )-3  —  /A  ) 


éliminons  y  entre  les  deux  équations  en  j,  le  coefficient  de  là 
sera  supprimé  et,  à  la  place  de  u,  on  mettra  a^  —  x-;  on 
retrouve  ainsi  l'équation  en  x  du  huitième  degré  trouvée 
page  62. 


CHAPITRE    IV. 


CHAPITRE  IV. 

TRANSFORMATION   DES   ÉQUATIONS. 


Transformations  linéaires. 

ki .  Étant  donnée  une  équation,  on  peut  en  déduire  d'autres 
dont  les  racines  sont  liées  aux  racines  de  la  proposée  par  des 
relations  données. 

Étant  donnée  l'équation 

(i)  fU)  =  o, 

on  peut  former  une  équation 

(2)  o(n)  =  o 

telle  qu'entre  les  racines  x  et  u  de  ces  équations  il  existe  la 
relation 

a  -h  bu  a  —  ex 


{'">) 


du  dx —  /; 


où  a,  b,  c,  d  sont  indépendants  de  u  et  de  x. 

Pour  obtenir  l'équation  (2),  il  suffit  de  remplacer  dans  (i) 
.a;  par  sa  valeur  (3);  on  obtient  ainsi  l'équation 

qui,  après  l'évanouissement  des  dénominateurs,  se  ramène  à 
la  forme  ordinaire. 

Pour  résoudre  l'équation  (1),  on  peut  résoudre  l'équation 
<p(«)  =  o  et  remplacer,  dans  l'expression  de  x  en  fonction 
de  u,  u  par  sa  valeur;  les  équations  (i)  et  (2)  sont  donc  de 


TRANSFORMATION    DKS    ÉQLATIO.NS.  ^3 

même  degré  et  chaque  racine  de  l'une  fournit  une  racine  de 
l'autre.  Si  l'une  des  équations  est  irréductible,  l'autre  l'est 
aussi;  en  effet,  si  l'une  d'elles  était  réductible,  elle  se  décom- 
poserait en  d'autres  plus  simples  que  l'on  pourrait  transfor- 
mer individuellement,  et  l'autre  équation  serait  elle-même 
décomposable. 

On  peut  effectuer  la  transformation  en  posant  successive- 
ment 

/;  ad  —  hc  c 

a  (l-((i  et 

de  sorte  que  les  transformations  linéaires  se  ramènent  aux 
trois  types 

./■  =  ■xu:  .f  =  u  -T-  Il  :        .1-  =  -  . 

Il 

i2.  La  substitution  a;  =  1x11  fournit  une  équation  dont  les 
racines  sont  avec  celles  de  la  proposée  dans  un  rapport  fixe. 
Si  l'équation  proposée  a  des  coefficients  fractionnaires  (le 
coefficient  de  la  plus  haute  puissance  de  l'inconnue  étant  ré- 
duit à  l'unité),  on  peut  toujours  disposer  de  a  de  telle  sorte 
que  l'équation  transformée  ail  tous  ses  coefficients  entiers. 
Si  l'on  a,  par  exemple, 

'■'1  i>i  i>,i 

Si  l'on  pose  x^^  -,  et  si  l'on  multiplie  par  a",  on  a 

(l\  <U  fin 

ce (?;)  =  ?/"  -^  -_  aw"-'  -1-  ~T^  y.-u"-'^~\- .  .  .-h  -r™  «"  =  o: 
pour  que  -p  y.,  V  y.'-,  .  .  .,  "r'  a"  ijerdent  leur  forme  fraction- 

'-'1  l>l  l>n 

naire  si  toutes  les  fractions  7-^,    ,-,   •••    sont  irréductibles, 

/;,      /;, 

il  faut  que  a  contienne  les  facteurs  premiers  ou  littéraux  qui 
entrent  dans  6,,  b.^,  . . .,  b,i.  Pour  trouver  l'exposant  q  avec 
lequel  un  facteur  (3  doit  entrer  dans  a,  on  observera  que  (3/"^ 
entrera  en  facteur  dans  ot^;  si  donc,  dans  le  dénominateur  b,,. 


74  CHAPITRE    IV. 

il  entre  le  facteur  (3'",  il  disparaîtra  si  pq^  r  ou  si  ^=--  On 

divisera  donc  les  exposants  des  facteurs  qui  entrent  dans  les 
dénominateurs  par  l'indice  du  terme  correspondant  et  l'on 

prendra  pour  exposant  g  de  (3  le  plus  petit  entier  tel  que  g=-' 

Exemple  : 


I  1      ^  I  I 


les  exposants  de  a  dans  les  dénominateurs  sont 

I,  ■■>..  4,  3, 
en  les  divisant  par  i,  2,  3,  4>  on  a 


la  valeur  entière  minima  plus  grande  que  toutes  ces  quantités 
est  2;  un  calcul  analogue  pour  b  donne 

I        I       '2      3 

1     j    11- 

2     3     4' 

on  a  ainsi 

a 

et  l'équation  transformée  devient 

II'*  -+-  a u^  -+-  a-  h  11^  -+-  a-  b  u  -{-  a^  l>  =  o  ; 

si  l'on  prend  a  =  —i,  ou  a:  =  —  u,  on  obtient  une  équation 
dont  les  racines  sont  égales  à  celles  de  la  proposée  changées 
do  signe. 

4-3.  La  substitution 

.r  =  Il  -{-  Il 

peut  servir,  en  choisissant  convenablement  /i,  à  faire  dispa- 
raître un  terme  de  l'équation.  La  formule  de  ïaylor,  en  l'ap- 
pliquant à 

(5)       f{x)  =  ^"-H  axX'i-'^-\-  aiX'^-^-\-.  .  .4-  a,i-iX  -\-an=  o, 


TRAXSFORMATIOX  DES  ÉQUATIONS.  76 

donne,  en  effet, 

(/(/,  +  «)=/(/') +/'(/o" +/"(/') -^^ +••  • 

le  coefficient  de  u"  est  i,  car  f"  {h)  =  ni;  le  coefficient  de 
i/"-^  est  «1+  nh;  on  le  fera  disparaître  en  prenant 


Le  coefficient  de  ii"~-  est 

«'2^-  (//  —  f  )rti//  +  2  "("  —  i)/'"! 

et  on  pourra  le  faire  disparaître  de  deux  manières  par  des 
choix  convenables  de  h.  En  général,  le  coefficient  de  u"-'' 
pourra  s'annuler  pour  p  valeurs  de  /i  qui  sont  racines  d'une 
équation  de  degré/?.  Si  l'on  veut  annuler  le  dernier  terme,  il 
faudra  résoudre  une  équation  du  degré  n,  qui,  au  nom  de 
l'inconnue  près,  sera  identique  à  la  proposée,  ce  qui  s'explique 
en  observant  que  faire  disparaître  le  dernier  terme,  c'est  ex- 
primer que  l'équation  transformée  a  une  racine  nulle,  ce  qui 
revient  à  trouver  les  valeurs  de  h  qui,  soustraites  des  racines 
de  la  proposée,  donnent  une  différence  nulle.  Les  valeurs  de 
h  en  question  sont  donc  les  racines  de  la  proposée. 
Exemple  : 

^2  -H  A  .r-  -+-  B  .r  -f-  C  =  o 


se  ramène 

à  la 

forme 

II- 

•  -\-  au  -(-/>  = 

0 

en  posant 

A 

alors 

a  = 

=  ii-4^ 

} 

Ij==C- 

i 

^6  CHAPITRE    IV. 

44.  En  combinant  les  deux  substitutions  dont  il  vient  d'être 
([uestion,  on  obtient  la  suivante  : 

,r  =  a  «<  -I-  // , 

Nous  examinerons  le  cas  particulier 

(7)  x  =  h-u. 

Il  peut  arriver  que  l'équation  en  u,  abstraction  faite  du 
nom  de  l'inconnue,  soit  identique  à  l'équation  proposée:  si  Xi 
est  alors  une  des  racines  de  cette  dernière,  h  —  Xy  en  sera 
une  autre;  appelons-la  x^',  alors 

(8)  ,r,  +  .r.=  //; 

comme  jt,  est  une  racine  arbitraire,  l'équation  jouira  de  cette 
propriété  que  les  racines  ont  deux  à  deux  pour  somme  h,  et, 
si  l'équation  est  de  degré  impair,  une  racine  sera  égale  à  -■, 

et  le  facteur  x peut  être  éliminé  par  la  division;  nous 

supposerons  alors  l'équation  de  degré  pair. 

Une  telle  équation  peut  être  résolue  à  l'aide  d'une  équation 
de  degré  moitié  moindre  et  d'équations  du  second  degré.  En 
effet,  si  l'on  pose 

(9)  j  =  x{h  —  x)         ou         x'-  —  lix  +  y  =  o 

dans  l'équation  donnée  (5),  y  n'aura  que  -  valeurs;  car 

y  y  =  ,ri  (//  —  Xi)         cl         j-2  =  '^3  (  /'  —  -^2  ) 

sont  égaux  en  vertu  de  la  relation  x^  +  j-^zz:  h. 

Les  fonctions  symétriques  des  j  seront  aussi  des  fonctions 
symétriques  des  x;  cette  considération  permet  de  former 
l'équation  en  j;  mais  on  peut  aussi  l'obtenir  en  éliminant  x 
entre  (5)  et  (9). 

Si  l'on  peut  résoudre  l'équation  en  j,  f{x)  pourra  se  dé- 
composer en  -  facteurs  du  second  degré  comme  il  suit  : 

i'{x)  =  {x'^  —  hx-^yi  )  {x'-  —  hx  -hy-,)  .  .  .  rx'^—  /ix-hy„y 


TRANSFORMATION    DES    ÉQUATIONS.  77 

On  voit,  en  comparant  cette  valeur  de/(.?^)  avec  (5)  que 

2«i  =  —  ////. 

Si  l'on  veut  vérifier  qu'une  équation  jouit  de  la  propriété 
en  question,  il  n'y  a  qu'à  voir  si  elle  est  inaltérée  quand  on 

change  a-  en  —  — '  —  j:-. 

Exemple  : 

x^  —  9^5 -T-  3o.r'*  —  \^x^  -h  •i.a.r-  -\-  (Sx  m  '\  =:  o. 

Celte  équation  ne  change  pas  quand  on  remplace  x  par 
3  —  .r;  si  l'on  élimine  x  à  l'aide  de  la  relation 

x2 —  3.r  -+-J  =  o, 
on  trouve 

)  -^  —  3  )■■-  —  2  )    -r-  4   =  o, 

qui  se  décompose  en 

j  —  I  =  (,       et       r^  —  2.)-  —  4  =  0. 


Équations  réciproques. 

iîi.  Si,  dans  une  équation  dans  laquelle  x  est  l'inconnue, 
on  fait  la  substitution 

(0  -  =  ;. 

on  obtient  une  nouvelle  équation  dont  les  racines  sont  les 
inverses  des  racines  de  la  proposée.  Si  l'on  tombe  sur  une 
équation  identique  avec  la  proposée,  celle-ci  a  ses  racines 
deux  à  deux  inverses  l'une  de  l'autre;  si  elle  est  de  degré 
pair  et  si  elle  est  de  degré  impair,  une  racine  devra  être  égale 
à  ±  I.  Dans  ce  dernier  cas,  on  supposera  que  l'on  ait  écarté 
le  facteur  xzj-i  par  la  division;  alors  l'équation  peut  être 
résolue  au  moyen  d'une  équation  de  degré  moitié  moindre 
et  d'équations  du  second  degré. 


yo  CHAPITRE   IV. 

En  effet,  si  l'on  pose 

(  2  )  y  =  j:  -, — .  ou  .r2  —  .r/  -+-  I  =  o, 

les  valeurs  de  y 

I  ,  I 

Ji  =  "ï"lH J  et  yo_=  X.i-\ 

.ri  X2 

seront  égales  ?,i  x^x^^zi;  y  a  donc  moitié  moins  de  valeurs 
que  X.  On  obtient  l'équation  en  y,  en  éliminant  x  entre  la 
proposée  et  (2). 
La  condition  pour  qu'une   équation   soit  réciproque    est 

(}u'elle  reste  inaltérée  quand  on  y  change  x  en  -;  dans  le  cas 

où  l'équation  est  de  degré  pair,  il  faut  que  la  suite  des  coef- 
licients  soit  symétrique  (le  premier  doit  être  égal  au  dernier, 
le  second  à  i'avant-dernier,  etc.)-  Si  l'équation  est  de  degré 
impair,  la  suite  des  coefficients  doit  être  symétrique  si  l'on 
peut  diviser  le  premier  membre  par  ^  4-  i  ;  si  le  premier 
membre  peut  être  divisé  para-  — i,  la  suite  des  coefficients 
doit  être  symétrique,  à  cela  près  que  les  coefficients  numéri- 
([uement  égaux  doivent  avoir  des  signes  contraires.  La  forme 
générale  des  équations  réciproques  de  degré  pair  est  donc 

(3)     j:2«-f- 1  -^  rti(j;2«-i-4-  x)-\-  a2(x-'i-'~-  X-)—.  .  .-h  anX"-=  o. 

La  réduction  peut  s'obtenir  de  la  manière  suivante  :  on  di- 
vise par  x'^  et  l'on  a 

on  pose 

(5)  X  -i =j, 

d'où 


TRANSFORMATION    DES    ÉQUATIONS.  79 

et,  en  multipliant  membre  à  membre  ces  deux  formules, 


En  général,  si  l'on  fait 
(6) 

en  multipliant  par  ^  +  -  =/,  on  a 

(7)  ■'''p+\=J'Sij  —  S,,-i, 

formule  qui  permet  de  calculer  successivement  s^,  s^,  s^,  .... 

On  obtient  une  formule  générale  pour  le  calcul  de  s,,  à 

l'aide  de  la  théorie  des  fonctions  symétriques.  En  effet,  œ  et 

-  sont  racines  de  l'équation 

Or  on  a  trouvé  [2ï,  (i5)] 

/  ,      PO  — 3) 

^>  =fp-pj"-'--^  '  \  ^   V-  +  -  •  • 

(  8  )  < 

)  ,  p{p  —  ]x  -^  i) . .  .(p  —  a  (j.  H-  i) 

+  (_,|xLli \ -.^'- ^ -^;/'-2H-^.... 

Quand  le  produit  de  deux  racines  quelconques  d'une  équa- 
tion est  égal  à  k,  on  abaisse  cette  équation  par  la  substitu- 
tion 

A- 


d'une   manière  analogue  à  celle  qui  permet  d'abaisser  les 
équations  réciproques. 

Exemple  : 

x"^  —  1  =  0; 

en  divisant  par  o^  —  i,  on  a 

JO^  -\-  x^ -{- x'* -^  X^  -^  X-  -^  X  -\-  I  =  o , 


8o  CHAPITRE    IV. 

que  l'on  peut  réduire  à 

Exercice.  —  La  substitution 

a  -+-  bu 


peut  être  utilisée  pour  faire  disparaître  le  deuxième  et  le  troi 
sième  terme  de  l'équation  du  troisième  degré. 


Formation  des  équations  dans  lesquelles  une  racine  est  fonction 
de  plusieurs  racines  d'une  équation  donnée. 

46.  Jusqu'ici,  l'équation  cherchée  avait  chacune  de  ses  ra- 
cines fonction  d'une  seule  racine  de  la  proposée.  On  peut 
aussi  former  des  équations  dont  les  racines  soient  fonctions 
de  plusieurs  racines  de  la  proposée.  Un  exemple  de  ce  cas  a 
été  traité  lorsque  nous  avons  cherché  l'équation  aux  carrés 
des  différences  dans  laquelle  chaque  racine  est  déterminée 
par  deux  racines  de  la  proposée.  D'une  manière  générale,  on 
peut  déterminer  une  racine  de  l'équation  cherchée  au  moyen 
de  la  relation 

(l)  j=/(.r,,.r,,  ...,,/>). 

On  obtient  alors  toutes  les  racines  de  l'équation  cherchée, 
en  remplaçant  les  p  racines  œ  qui  figurent  sous  le  signe  / 
par  les  racines  de  la  proposée  de  toutes  les  manières  pos- 
sibles; si  l'on  suppose  que  /  soit  une  fonction  rationnelle, 
cette  fonction  aura  autant  de  valeurs  qu'il  y  a  de  manières  de 
prendre  p  racines  parmi  celles  de  la  proposée.  Si  l'on  repré- 
sente les  valeurs  par /i,/.,  .  . .,  /jj.,  l'équation  cherchée  sera 

(  2  )  (7  -  /i  )  (  j-  -j'i)---  {.y  -fu.  )  =  o. 

Comme  le  premier  membre  de  cette  équation  est  une  fonc- 
tion symétrique  de  /i,  /.,,  . . .,  /^,  il  sera  aussi  une  fonction 
symétrique  des  racines  de  la  proposée  et  pourra  s'exprimer 


TRANSFORMATION    DES    É0U4T1ONS.  8l 

l'alioiinellemeiit  en  l'onction  de  ses  coefficients.  L'équation 
cherchée  aura  donc  ses  coefficients  rationnels,  si  les  coeffi- 
cients de  la  proposée  sont  eux-mêmes  rationnels,  et  son  de- 
gré sera  le  nombre  des  valeurs  de  la  fonction  /. 

47.  On  peut  suivre  une  autre  voie  pour  trouver  l'équation 
cherchée  et  faire  usage  de  l'élimination;  mais  on  peut  ainsi 
introduire  des  solutions  étrangères  dont  il  faut  se  débarras- 
ser. Considérons,  par  exemple,  l'équation  générale  de  degré  n 
et  proposons-nous  de  trouver  l'équation  dont  les  racines  sont 
données  par  la  formule 

(3)  r  =  .ri -H  ocro, 
OÙ  y.  est  un  nombre  donné;  on  en  tire 

(4)  .r,  :rr  V  — a.r. 

et,  comme  jt,  est  racine  de  l'équation  donnée/(.r)  =  0, 

(j)  /(r  — a,r2)=o. 

Si  l'on  ordonne  cette  équation  et  si  l'on  écrit  a-  au  lieu  de  x.y, 
on  a 

(G)  /O— a.r)  =  o,         /(x)  =  o. 

Ces  deux  équations  doivent  avoir  une  racine  commune,  ce 
(|ue  l'on  exprime  en  éliminant  x;  la  résultante  est  l'équation 
cherchée  en  /. 

On  voit  que  les  équations  (6)  auront  une  racine  commune 
((uand  on  aura 

Y  =  .r,,  -r-  a  ,ZV/, 

ce  qui  n'exclut  pas  le  cas  où  l'on  aurait  Xp^^x^j  contraire- 
ment à  ce  que  l'on  suppose  :  l'équation  transformée  aura  donc 
pour  racines  étrangères  les  valeurs  de  (i  -\-  a)Xp;  toutes  ces 
quantités  sont  racines  de 


^■(.:-.)-° 


et  pourront  être  écartées.  Alors  la  résultante,  qui  était  de 
P.  6 


82  CHAPITRE    IV. 

degré  nP-,  pourra  être  réduite  au  degré  n{n  —  i),  et  aura  pour 
racines  les  valeurs  de  a.\  4-  y.x.2,  a-,  et  x,  étant  supposés  diffé- 
rents. 

Pour  a  =  r,  les  racines  de  l'équation  finale  deviennenl 
égales  deux  à  deux  et,  par  une  extraction  de  racine  carrée, 
cette  équation  se  réduit  au  degré  "~^  ^  nombre  des  va- 
leurs distinctes  de  ^i-H  jc.,. 

Plus  loin,  nous  développerons  une  autre  méthode  qui  per- 
mettra de  faire  usage  de  l'élimination  sans  introduire  de  so- 
lutions étrangères.  (Voir  Calcul  des  racines  imai^inaires  des 
équations  numériques. ) 

D'une  manière  analogue,  on  voit  que  l'équation  qui  a  pour 
racines  les  produits  des  racines  prises  deux  à  deux  des  ra- 
cines de  l'équation  proposée  s'obtient  en  éliminant  .r  entre 


(9)  .f{-'^)  =  ^        et        /('-j^O' 

la  résultante  admet  comme  racines  étrangères  les  carrés  des 
racines  de  la  proposée. 

48.  On  peut  utiliser  les  relations  qui  existent  entre  les  coef- 
ficients et  les  fonctions  symétriques  des  racines  pour  écarter 
de  l'expression  donnée  plusieurs  racines  et  ensuite  faire  usage 
de  l'élimination.  Soit,  par  exemple,  l'équation 


et 


Si  l'on  fait  usage  de  la  relation 

./j  -F-  X,  —  . 

qui  donne 


on  obtient  l'équation  cherchée  en  éliminant    /■  entre  la  p 
posée  et 

x{y  ^i)  -uja,=:  o. 


TRANSFORMATION    DES    ÉQUATIONS.  83 

Si  l'on  voulait  avoir,  pour  la  même  équation,  l'équation  aux 
carrés  des  différences,  on  aurait 

4  ^1 

j  =  (.vi  —  .r,  )'  =  (-Ti  ~  ./-o  )2  —  4  .r,  .r,  =  (aj  -f-  .rj  ^-^  -^^ 
et  il  faudrait  éliminer  .c  entre  la  proposée  et 

.r>-  =  .r(ai  +  ,r)2+4a3. 

Méthode  de  Tschirnaùs  pour  faire  disparaître  des  termes 
d'une  équation. 

49.  Soit  donnée  l'équation 

<  i )  x-" -+-  «I a:"-'  ■+-  Oi.r'i-- -h.  .  .-h  fia-i -T  -f-  ('il  —  o  ; 
|)osons 

(   i  )  Y  ~  Ijo  —  hi  ./■  -h  ^2-l"-  -t-  •  •  •  -i-  ^p  '^l', 

oiip<n.  Si  l'on  élimine  œ  entre  (i)  et  (2),  on  obtient  une 
équation  de  degré  n  en  y,  car  y  a  autant  de  valeurs  que  a;. 
Pour  éliminer  a;,  on  peut  faire  usage  des  méthodes  exposées 
plus  haut;  on  peut  aussi  procéder  comme  il  suit  :  On  élève  (2) 
au  carré,  au  cube,  etc.,  en  éliminant  à  l'aide  de  (i)  les  puis- 
sances de  X  supérieures  à  la  («  —  i)'^""^,  on  obtient  ainsi  une 
série  d'équations  de  la  forme 

<  J  )  \   )^  —  cZo  -i-  di  .r  —  cf^x^  -^ .  .  . , 


remplaçons,  dans  ces  équations,  ce  successivement  par  toutes 
les  racines  de  (i);  en  ajoutant  les  équations  ainsi  obtenues 
et  en  appelant  Si,  s.,,  ...  les  sommes  des  puissances  sem- 
blables des  racines  de  (i);  Si,  S,,  ...  les  sommes  des  puis- 
sances semblables  des  valeurs  de  r,  on  aura 

'    Si=--  flbo^  biSi-^  b.2S2-h.  .  ., 

!  S-2  =  nco  -h  CiSi-i-  C2S,-\-  .  .  .. 
S3  =  iuIq  -^  di  Si  -+-  d.2  .y2  -I-  .  .  . . 


0Z|  CllAITlRE    IV. 

Si,  S,,  ...  pourront  être  calculés  en  fonction  des  coefficients 
de  l'équation  (i)  et,  inversement,  les  coefficients  de  l'équa- 
tion cherchée  pourront  être  calculés  en  fonction  de  Si,  S2,  ... 
à  l'aide  des  formules  connues.  Les  coefficients  indéterminés 
bo,  bi,  ...,  b,,  pourront  être  déterminés  de  manière  à  faire 
disparaître  p  coefficients  de  l'équation  en  /.  Si  l'on  pose 
ainsi 

Si  =0,  82=   O,  S;j    =    O, 

on  fera  disparaître  le  deuxième,  le  troisième  et  le  quatrième 
terme.  La  première  équation  est  du  premier  degré,  la 
deuxième  du  deuxième  degré,  la  troisième  du  troisième  de- 
gré par  rapport  aux  coefficients  indéterminés.  On  voit  qu'il 
faudrait,  en  apparence,  résoudre  une  équation  du  sixième 
degré  pour  faire  disparaître  ces  trois  termes;  maisJTerrard  a 
montré  qu'il  suffisait  pour  cela  de  résoudre  une  équation  du 
troisième  degré. 

La  première  équation  Si^  o  est  homogène  et  du  premier 
degré  en  b^,  b^,  . . .;  à  l'aide  de  cette  équation  on  peut  élimi- 
ner un  coefficient  dans  82  =  0  et  S-j=:o  qui  sont  homogènes 
du  deuxième  et  du  troisième  degré,  et  qui  ne  cessent  pas  de 
l'être  après  l'élimination  du  coefficient  en  question.  Prenons 
p-=^(\-,  on  pourra  disposer  de  cinq  coefficients;  S2  est  alors 
une  fonction  homogène  du  second  degré  de  quatre  d'entre 
eux  et  peut  se  mettre  sous  la  forme  {voir  50) 

aipf  -t-  o..p\  —  r/.^p\  -^  -x.^pl, 

«1,  «2?  «3»  2^1  étant  des  nomhres  connus  et  /^i,  p.i,  p^,  p,^  des 
fonctions  linéaires  homogènes  des  coefficients  indéterminés. 
Si  l'on  pose 

(5)  ai/>»f -^  a./j.]  =  o,         «s/?! -^  a.pl  =  o, 

on  obtient,  au  moyen  d'extractions  de  racines  carrées,  deux 
équations  linéaires,  à  l'aide  de  ces  équations,  on  pourra  faire 
,  disparaître  deux  coefficients  indéterminés  de  83^:0;  l'un 
j(/:iW  dl^ilX  est  arbitraire,  l'autre  sera  déterminé  par  une  équation 
du  troisième  degré  qui,  résolue,  fournira  les  valeurs  des 
autres  coefficients. 


TKA>SFORMATIO>'    DES    ÉQUATIONS.  85 

50.  Nous  avons  admis  qu'une  fonction  homogène  du 
deuxième  degré  pouvait  affecter  une  certaine  forme  particu- 
lière, et  il  nous  reste  à  le  prouver,  ce  qui  se  fait  comme  il 
suit  : 

Soient  ^i,  ^o»  •  •  •>  -^n,  «  variables;  une  fonction  homogène 
du  deuxième  degré  de  ces  variables  peut  se  mettre  sous  la 

forme 

a-2.r-2^aaP.r,-Q, 

OÙ  a  est  un  coefficient  rationnel  ou  iiralionnel  cl  P  et  Q  sont 
respectivement  du  premier  et  du  second  degré  et  ne  contien- 
nent pas  ^i;  celte  expression  peut  se  mettre  sous  la  forme 

(a.r,-hP)2-4-Q-P2, 

où  Q  — P*  est  une  fonction  homogène  du  deuxième  degré  qui 
ne  contient  pas  o^i  et  peut  être  traitée  comme  la  précédente. 
En  continuant  ainsi,  on  décompose  la  fonction  donnée  en  un 
nombre  de  carrés  au  phis  égal  au  nombre  des  variables. 

Cette  démonstration  est  en  défaut  lorsque  tous  les  termes 
de  la  forme  axf  manquent.  Dans  ce  cas,  la  fonction  est  de  la 
forme 

xix,-^  Xxi  —  Bxi  =  (.r,  -^  B)(.r,  -+-  A)  —  AB, 

où  A  et  B  sont  indépendants  de  ^i  et  ^2  ;  mais  alors  on  a 

(J7i  —  B -+- x,-v  A)2— (^l-^  B  —  .r-j  — A)'^  =  4(.fi -1- B)(^2-^  A), 

et  nous  pouvons,  en  introduisant  deux  carrés,  nous  débarras- 
ser de  deux  variables. 

Nous  reviendrons  plus  loin  sur  cette  question. 

Si  l'on  applique  la  méthode  précédente  à  l'équation  du  cin- 
quième degré  ou  à  l'équation  aux  inverses,  on  obtient  les 
transformées 


DEUXIÈME  PARTIE. 


Slil!  I.A  SOLUTION  ALGÉBRIQUE  DES  ÉQUATIONS. 


l'éqcation  du  troisième  degré  ol-  équation  cubique.        89 

CHAPITRE  I. 

L'ÉQUATION  DU  TROISIÈME  DEGRÉ  OU  ÉQUATION  CUBIQUE. 


Méthode  de  Hudde. 

51.  L'équation  ilu  Iroisième  degré 
(1)  .r3 — 1  =  0 

est  irréductible.  Ses  racines  sont  i,  a  et  (3,  et  l'on  a 

entre  ces  racines,  on  a  les  relations  remarquables 

I  — a  — P-— o;  I  — a^— 32=0:         a3  =  i; 

a  =3-^;  3  =  «2. 

L'équation  générale  du  troisième  degré,  ou  équation  cu- 
bique, est  de  la  forme 

-3-t- A:;2-^B3  — C  =  0; 

la  substitution 

A 

la  ramène  à  la  forme 

(  3  )  .r  *  —  a  .r  -7-  /-»  =0 

que  l'on  peut  résoudre  de  plusieurs  manières. 


Ç)0  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

52.  Nous  remplacerons  ^  par  deux  nouvelles  inconnues 
p,  <7,  en  posant 

(4)  x=--p^f/, 
l'équation  (3)  deviendra  alors 

p'-^  —  q^—  b  —  { 3pq  -~  a  )(  p  —  q  )  ^=  o, 

et  sera  satisfaite  si  l'on  détermine  /?  et  y  au  moyen  des  deux 
équations 

(5)  p^  —  q-^=  —  h\  pq=—y 

En  élevant  la  dernière  au  cube,  on  a 

(6)  p3,/3=_  ('^y. 

11  est  à  remarquer  que  l'on  obtiendrait  encore  cette  der- 
nière équation  en  remplaçant  a  par  aa  ou  Sa. 
p^  et  cf  sont  racines  de  l'équation 

(7)  ^2^hv-~  (j^'=o, 

et  sont  déterminés  par  les  formules 


d'où  Ton  conclut 


/*/     b         Ifby     /ay     /'.      b        /[by     (ay 

'SI)  —  v-ï-^vG)  "(3)^1- 5-^(5)^(3)  ■ 

formule  connue  sous  le  nom  de  formule  de  Cardan.  Comme 
une  racine  cubique  a  trois  valeurs,  on  a,  pour  x,  neuf  va- 
leurs; il  s'est  donc  introduit  six  racines  étrangères;  cela  tient 
à  ce  ((ue  l'on  a  remplacé  la  deuxième  équation  (5)  par  (6)  : 


l'équation  du  troisième  degré  ou  équation  cubique.       gi 
les  neuf  valeurs  sont  racines  des  trois  équations 

i   a:-  -+-     a.jc  -+-  b  =--  o, 
(  I o  )  '  x^  -4-  a  <v  X  -^  /;  —  o. 

Pour  séparer  les  racines  de  ces  équations,  nous  oljserve- 
rons  que  chacune  d'elles  est  relative  aux  hypothèses  respec- 
tives 

a  ifx  n'i 

(  M  )  /;./  ^  —  -  ;         pq  ^  -  y  ;         l^'l  -  -  Y  * 

Si  a  et  ^  sont  réels,  p  et  q  doivent  être  choisis  de  telle  sorte 
que  leur  produit  soit  réel.  Nous  avons  trois  cas  à  considérer: 

r'  i-\  -+-  (^)  >o,  />•'  et  (f  sont  réels,  p  ei  q  ont  un  sys- 
tème de  valeurs  réelles;  si  l'on  désigne  ces  valeurs  réelles 
par  pi  et  7,,  tous  les  systèmes  des  valeurs  de  p  et  q  seront 

'12)  px.     /J,a,     p/y.     7,.     7,  a.     71^3, 

et  l'équation  proposée  aura  pour  racines 

•*i  =  /?!-- 71;       ■'Ci  =  p\^  —  qi'^\       ■£i=p\'é-^q\^, 

de  manière  que/»'/  soit  réel  dans  tous  les  cas.  La  deuxième 
ot  la  troisième  équation  (10)  auront  pour  racines 

/;, -^7,a;     pr^-qr.     pi'ii -^  qi'i, 

Pi^qi?-   pi'^-qr.   /i a -+-./, a- 
On  peut  aussi  poser 

a  a 

et  l'on  n'obtient  alors  que  les  véritables  racines.  Dans  le  cas 
([ue  nous  venons  d'examiner,  l'équation  a  une  racine  réelle 
et  deux  racines  imaginaires. 

2»  Si  I  -  )  ^-  (  ô  )  =:  O,  />,  et  qi  sont  égaux,  1  équation  a  ses 

racines  réelles;  mais  deux  d'entre  elles  sont  égales. 


92  DEUXIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    I. 

3"  (r)~(^)<^-  Dans  ce  cas,  yj^  et  (7"  sont  imaginaires, 
p  et  q  sont  également  imaginaires,  mais  on  peut  accoupler 
leurs  valeurs  de  manière  que  /"7  =  —  -  soit  réel;  soient  p^ 
et  ^1  de  telles  valeurs.  Les  formules  (12)  fourniront  encore 
les  racines,  même  lorsque  a  et  b  sont  imaginaires. 

Quand  a  et  b  sont  réels,  les  racines  affecteront  une  forme 
imaginaire;  il  est  facile  de  montrer  qu'elles  sont  réelles.  On 
a,  en  effet, 


(i4) 


^-^a'-œ'-ii; 


Si  l'on  pose  alors 


(.3)  -^=,.cosO.  ^-^/_(^y_(|y=rsinO, 

on  trouve 

(16)  /)■*= /'(cosO  —  j  sin9);         <r/^  = /-(cosO  — /sinO), 


ou 


^n"-(ii 


(17)        ^=  1/  -U    ;       cose- 


v-iïï 


6  est  donc  dans  le  premier  ou  le  second  quadrant,  car  sin  5  est 
positif.  On  a  alors 


(.8) 


et 


?  =  1  /  — , .,  (  cos  ;^ ;  sin 1  ; 


a         1  k 


X  =  24/   —  -  cos  

où  k  doit  recevoir  les  valeurs  o,  i,  2. 


l'éolatiox  du  troisième  degré  ou  équation  cubique.        g'6 

Les  trois  racines,  clans  le  cas  qui  vient  de  nous  occuper, 
sont  donc  réelles  et  inégales.  Ou  lui  donne  le  nom  de  cas 
irréductible.  On  ne  peut  représenter  les  racines  au  moyen  de 
radicaux  que  sous  une  forme  imaginaire. 

Lorsque  l'on  essaye  de  calculer  p  el  q  sous  la  forme 

A  rii  B  v/  ^ 

sans  faire  usage  de  fonctions  trigonométriques,  on  est  fatale- 
ment ramené  à  l'équation  donnée. 


Méthode  de  Lagrange. 

53.  Lagrange  cherche  à  déterminer  une  fonction  des  racines 
qui,  une  fois  connue,  permette  d'en  utiliser  les  racines.  La 
fonction  considérée  par  Lagrange  est 

(r)  y  =  {xi—OLX,  —  p.r-,Y, 

OÙ  Xi,  x.,,  cTs  sont  les  racines  de  l'équation  proposée  et  a,  j3 
les  racines  cubiques  imaginaires  de  l'unité.  Cette  fonction 
dépend  d'une  équation  du  second  degré;  en  effet,  elle  n'a 
que  deux  valeurs,  caries  six  valeurs  qu'elle  semble  prendre 
quand  on  y  permute  les  racines  ne  sont  pas  distinctes;  ainsi, 
on  a  (ol) 

et 

y  n'a  donc,  en  réalité,  que  deux  valeurs  distinctes,  soil 

ji=  {xy  —  'xxi+  ?■2•3)•^        j2=  {■xxi  —  Xi^  3x3)3, 

dont  la  somme  et  le  produit  peuvent  s'exprimer  rationnelle- 
ment au  moyen  des  coefficients  de  l'équation.  On  trouve 

^  --T-  l'/bf  —  i-cû  =  o, 


94  DEUXIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    I. 

et  les  racines  sont  données  par  les  formules 

.n  —  .r.2    -^     .r:j  =  o  : 
.Xi  -1-  a.r2  -+-  (3x3  —  Y  Yi  ; 

Nous  ne  ferons  pas  de  discussion. 

Méthodes  de  Tschirnaiis  et  d'Euler. 

5i.  Ces  deux  méthodes,  au  fond,  rentrent  l'une  dans  l'autre  ; 
en  posant 

(i)  r^H-/;/-Hr/  =  ,f, 

et  en  choisissant />  et  q  de  manière  qu'en  éliminant  /  entre 
cette  équation  et 

(•2)  j^^-d, 

on  trouve  l'équation  proposée.  On  peut  aussi  se  proposer  de 
ramener  l'équation  à  la  forme  (2)  en  posant 

Exemple  : 

.ty^  +  ,r-  —  'îx  —  1  =  0, 


.r=j- 


cosO  =  —  ""'        —  — '-—;  0  —  79"  6' 24". 


•1    /-         9,/5Tr-t-f) 
r  =-  3  v7C0s-^-^ 

Problème.  —  Quelles  sont  les  équations  irréductibles  du 
troisième  degré  dont  une  racine  peut  s'exprimer  rationnelle- 
ment au  moyen  d'une  autre? 


■'>4 

27     ""' 

v'(D' 

2/7' 

CHAPITRE    I.   —    ÉQUATION    DU    TROISIÈME    DEGRÉ,    ETC.  gj 

Si  .r,  et  Jo  désignent  les  deux  racines,  on  pourra  poser 
./"i  =  a  —  b.r2-+-  r.r|, 

car  toute  fonction   rationnelle   d'une  racine  affectera  cette 
forme  (26). 
Soit 

/"(.r)  =  .1'^ -^ p .v- -i-  q.i  -^  r  =  o 

l'équation  demandée  et  W(a7)r=o  l'équation  qui  a  pour  ra- 
cines les  troi-s  valeurs  de  «  h-  6x,  -h  cx-l;f{cc)  =  o  eiW{.x)z=io 
ont  alors  une  racine  commune  et,  comme/(.r)  est  irréduc- 
tible, toutes  leurs  racines  doivent  être  égales  deux  à  deux; 
comme  on  ne  peut  pas  avoir,  par  exemple, 

.;■;;  =  a  -î-  b.r^  -h  r.r|, 

car  j?3  serait  racine  d'une  équation  du  second  degré,  il  faut 
que  l'on  ait 

./■]  —  a  -^  b.i\  —  cri^ 

Xo  =  a  -I-  hx^  -i-  c.r| , 
./'s  =  a  ^  bxi~r-  cxr . 


On 

tii 

re  de 

ces 

équations 

'- 

i 

D  = 

- 1  .^1 

—  Xof-iXi  — 

■^■i 

)-(-ï-2- 

^'i)'-     {voir  2o). 

b  et  a  contiennent  v^D  au  dénominateur;  mais  ils  ne  contien- 
nent pas  d'autre  irrationnalité.  Toutes  les  équations  du  troi- 
sième degré  pour  lesquelles  s/D  sera  censé  connu  jouiront 
alors  de  la  propriété  demandée;  en  prenant  v/D  successive- 
ment avec  le  signe  -h  et  avec  le  signe  — ,  on  aura  deux  racines 
en  fonction  de  la  troisième. 


q6  deuxième    partie.   —    CHAPITRE    H. 


CHAPITRE  II. 

L'ÉQUATION  DU  QUATRIÈME  DEGRÉ  OU   ÉQUATIOX 
RIQUADRATIQUE. 


Méthode  de  Lagrange. 

55.  La  résolution  de  l'équalioii  du  quatrième  degré  s'effec- 
tue au  moyen  d'une  équation  du  troisième  degré,  que  l'on 
appelle  la  résolvante.  L'inconnue  de  cette  dernière  équation 
est  une  fonction  des  racines  de  la  proposée  qui  n'a  que  trois 
valeurs.  Il  existe  plusieurs  fondions  jouissant  de  cetle  pro- 
priété, par  exemple 

{x^--  X2){x:i-T-X!,), 
{xi  —  x-i-^  x^  —  .rv  )-■ 

Lagrange  fait  usage  de  la  première;  il  pose 

(0    yi  =  J-\.ri-^  x-iX.^-.        y^_=  x^x^-r-x-ix^;         y3  =  x^x^^  x-yX^. 
Si  l'équation  donnée  est 

(2)  /(j7)  =  xi^  Ax3-T-B^-2— C.r  —  D  =  o, 
on  a 

Jl.r2-^-Jljr3-^j2j3  =  ^X\X.iXi  =  AC  —  4D, 

Ji7-2  r,3=  'Lx\x.iXzX'^—  S.r"ïx|x2  =  D(A2  —  4B)-^  G- ; 
la  résolvante  est  alors 

(3)  j3  -  Bj2-  (AC  -  4D)j  -:-  D(4B  -  A^;  -  C'-=  o. 


LÉQUATION    DU    QUATRIÈME    DEGRÉ,    ETC.  97 


Méthode  de  Descartes. 

56.  Descartes  pose 

J\x)  =  (.1-2-)-  oL^x  -+-a.2)(.r2-hPi.r-)-  ^^ 
et  ridentificalion  lui  donne 

Si  l'on  fait  alors 

et  si  l'on  élimine  «i,  (3i,  a.,,  (S.^  entre  ces  cinq  équations,  on 
irouve  une  équation  en  j  identique  à  celle  que  nous  avons 
obtenue  plus  haut.  Cela  s'explique  en  observant  que  czj  et  (S^ 
sont  les  produits  de  couples  de  racines  et  a^-^  (3.,  est  la  fonc- 
tion utilisée  par  Lagrange;  on  pourrait  tout  aussi  bien  poser 

j=ai;3,         ou        j=(xi— 3i)2, 

et  j  serait  toujours  une  des  fonctions  possédant  trois  valeurs 
identiques  à  celles  que  nous  avons  citées  plus  haut. 

Méthode  de  Ferrari. 

57.  Ferrari,  qui  a  le  premier  résolu  l'équation  du  quatrième 
degré  est  parvenu  à  la  même  résolvante  que  Lagrange  et  que 
Descartes.  Il  écrit  l'équation  sous  la  forme 

<■'  (--.--■r)'=(T-»-)--(T-^-)-T-^' 

et  il  détermine  y  de  manière  à  rendre  le  second  membre  égal 
à  un  carré  parfait;  en  écrivant  cette  condition,  on  retrouve 
la  résolvante  de  Lagrange,  et  /  a  encore  la  même  significa- 
tion que  plus  haut.  Si  l'on  désigne  par  S^  le  second  membre 
P-  7 


gS  DEUXIÈME    PARTII'.    —    CnAPITRE    II. 

de  (i),  lorsque/  a  été  déterminé  comme  on  vient  de  le  dire, 
on  a 

(2)  x^^-x^^±S  =  o, 

et  l'équalion  du  quatrième  degré  se  décompose  en  deux  autres 
du  second  degré  qui  fournissent  les  racines  cherchées;  on  a 
ainsi 


et,  par  suite, 

J  =  Xi  .V.2  -)-  .Vs  ^'4  . 


Méthodes  de  Tschirnaiis  et  d'Euler. 

08.  Tschirnaiis  ramène  l'équation  à  la  forme 

J*-t-PJ2^-0  =  0 

en  posant 

j  =  r/  -^  ùx  -\-  x^ 

et  il  détermine  a  et  b  de  manière  à  annuler  les  coefficients 
de  y^  et  de  y. 

Euler  élimine  y  entre 

X  =  a  -+-  hy  -\-  cy-  -+-  dy^ 
et 

_)-4  =  e. 

et  ciéierniine  a,  b,  c,  cl  et  e  de  manière  que  la  résultante 
coïncide  avec  l'équation  proposée.  Nous  n'indiquerons  pas 
comment  les  racines  de  la  proposée  dépendent  de  l'équation 
du  troisième  degré  que  l'on  obtient  ainsi.  Euler  a  aussi  in- 
diqué une  méthode  analogue  à  celle  de  Iludde  pour  le  troi- 
sième degré  en  posant 

X  ■—  p  -^  q  ^  r\ 

on  peut  disposer  de/?,  q,  r  de  manière  à  décomposer  l'équation 
en  trois  autres  qui  font  connaître />^+^-4-/'\.  /f'g--{-p-r--{-rj-r-, 


L  ÉQUATION  DU  QUATRIÈME  DEGRÉ,  ETC.  gg 

et  pcjr;  p^,  q"'  et  /'-  sont  alors  racines  d'une  même  équation 
du  troisième  degré. 

Étude  approfondie  de  la  méthode  de  Descartes. 

59.  Dans  la  pratique,  il  convient  de  donner  la  préférence  à 
la  méthode  de  Descartes,  en  la  modifiant  un  peu.  On  ramè- 
nera d'abord  l'équation  à  la  forme 

(i)  x*-\- ax''--^hx -\r  c  —  o^ 

et  l'on  posera 

(2)  x'*-\-  ax--i-  ù X  -\-  c  =  {x- -\-  X X  -h  '^)  {x^  —  a.r-f-  y), 

et,  par  suite, 

(3)  _.oc2+P  +  .^  =  ,,,  «(.^_P)  =  ^,,  ^^{  =  c, 

on  en  déduit 

4l3Y  =  4c  =  («  +  a2)2_^, 
ou 

(4)  a^-\-  iaa'*-i-  {a- — 4^)»" — //-=o; 
cette  équation,  en  posant  «-  =  /,  devient 

(5)  r^-h  lay^----  {a^- —  ^c)y  —  b'^  —  o; 

l'équation  en  a  a  six  racines,  à  savoir  les  six  valeurs  de 
x^  -H  d?,  ;  elles  sont,  par  couples,  égales  et  de  signes  contraires, 
car  (i)  donne 

Xy-r-  .ro  4-  JTj -H  X4  =  o. 

Si  a  et  h  sont  réels,  le  dernier  terme  de  la  résolvante  est 
négatif;  elle  a  donc  toujours  une  racine  positive  et  les  deux 
autressont  toutes  deux  positives,  négatives  ou  imaginaires; 
a-=.\jy  sera  alors  réel  au  moins  pour  une  valeur  de  7  ;  or 

(6)  p^îizt^_A: 

■2  2  a 


100  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

deux  racines  seront  donc  fournies  par  l'équation 

o?  -^  a-x  —  I) 

(7)  .r^-i-a.r-! =0. 

^''  2a 

et  l'on  obtient  les  deux  autres  en  changeant  a  en  —  a. 

On  voit  que  les  racines  de  l'équation  proposée  sont  don- 
nées par  de  simples  extractions  de  racines  carrées,  sila  résol- 
vante a  une  racine  rationnelle,  et  cette  condition,  comme  on 
le  verra  plus  tard,  est  nécessaire  et  suffisante  pour  que  l'on 
puisse  résoudre  la  proposée  au  moyen  de  racines  carrées. 

Si  l'on  a 

«2        al) 

4     '    2        2  a 

pour  les  deux  valeurs,  l'équation  (7  )  du  second  degré  montre 
que  les  quatre  racines  sont  imaginaires;  elles  sont  toutes 
réelles  si  l'on  a,  au  contraire, 

4^2  2a' 

et,  si  ^  +  -  est  compris  entre  +  et .  deux  racines  sont 

42  ^  2  a 

réelles  et  deux  autres  imaginaires. 

Si  l'équation  proposée  a  des  racines  égales,  les  deux  équa- 
tions du  second  degré  considérées  plus  haut  auront  une  ra- 
cine commune,  ou  bien  l'une  d'elles  aura  une  racine  double; 
dans  ce  dernier  cas,  on  a 


2              2a 

a2 

4 

12/     4»' 

et,  comme  on  a  a^r=j',  on  peut  écrire  celte  équation 

Cette  équation  devant  avoir  une  racine  commune  avec  la  ré- 


l'équatiox  du  quatrième  degré,  etc.  ioi 

Suivante,  celle-ci  doit  être  réductible.  On  arrive  à  la  même 
conclusion  en  admettant  que  les  équations  du  deuxième 
degré  ont  une  racine  commune. 

60.  Nous  avons  vu  que  nous  n'avions  besoin  de  connaître 
qu'une  seule  racine  de  la  résolvante  pour  en  déduire  toutes 
les  racines  de  la  proposée;  on  peut  aussi  utiliser  toutes  les 
racines  de  la  résolvante;  appelons-les  a,,  al,  al,  on  aura 


XTXiX, 


ou  01  j  «22:3=  f^- 


car  on  peut  choisir  a^,  a^,  «3  de  telle  sorte  que  leur  produit 
ait  le  signe  de  b. 
La  quantité  placée  sous  le  radical  dans  les  racines  de 

peut  prendre  une  autre  forme;  on  a,  pour  x  =  aj, 


a-        a         b         fa-iH-  <x.^)- 

4            J.          lOL                     .\ 

et  alors 

(8) 

Xi   1         —  a,d=(a,-+-3r3)_ 
^2  \                        2 

de  même 

(9) 

x^   )  _  ot,±(a.,-^a3) 

La  résolvante  a  toujours  une  racine  positive;  soit  a\  cette 
racine,  et  a,  la  valeur  positive  de  \Ja\.  a^a^  doit  alors  avoir 
le  signe  de  b\  trois  cas  peuvent  se  présenter  : 

1°  al  et  a\  sont  tous  deux  positifs,  a^  et  «3  ont  le  même 
signe  si  b  est  posilif;  ils  sont  de  signes  contraires  si  b  est  né- 
gatif :  les  racines  de  la  proposée  sont  toutes  réelles. 

2°  a\  et  al  sont  tous  deux  négatifs.  On  posera 


m  et  n  étant  positifs;  on  a  alors 

a2  =  qz  «  \/m  ;         a^  =  ±i^i 


102       DEUXIÈME  PARTIE.  —  CHAP.   II.  —  l'ÉQUATION  DU  4''  DEGRfi. 

si  b  est  positif  et 

a-2  =  ±  i  \//>},  0C3=:±  i  \//l 

si  b  est  négalif  ;  les  racines  de  la  proposée  sont  imaginaires 
dans  le  cas  où  m  et  n  sont  inégaux.  Si  m^n,  deux  racines 
sont  égales,  les  deux  autres  imaginaires. 

3°  a\  et  y.\  sont  tous  deux  imaginaires;  alors  on  posera 

a|  =  r2(cosô-i-/sinO);         a|  =  r2(cosO  —  JsinO) 
et 

0      .  .  o\ 


r  (  cos — h  t  sin 

2  2/ 

0  .     .      0'\ 

/■  (  COS i  sin-  1: 


et  les  signes  de  /•  seront  les  mêmes  ou  non,  suivant  que  b 
sera  positif  ou  négatif;  dans  le  premier  cas,  on  a 


dans  le  second, 


.r,   j 

1 

—  ai±  2rcos  - 

Xi    \ 

2 

■^3    1 

1 
1 

^       ■        ■      ^ 

ai  ±  iir?,\n- 

2 

•r,  1 

2               ^ 

Xi 

—  ai±  2irsin- 

x,_ 

2 

^3    1 

i- 

_^             0 
ai±2rcos- 

l'équation  proposée  a  alors  deux  racines  réelles  et  deux  ra- 
cines imaginaires. 


l'équation    BINOME.  Io3 


CHAPITRE  III. 

L'ÉQUATION   BINOME. 


Expression  des  racines  au  moyen  des  lignes  trigonométriques. 

Gl.  On  appelle  équations  binômes  les  équations  de  la 
forme 

(I)  z"  =  a. 

Nous  avons  déjà  rencontré  des  cas  particuliers  de  cette 
équation;  nous  allons  maintenant  nous  occuper  du  cas  gé- 
néral. 

Si  a  est  imaginaire,  par  exemple,  si 


(3) 

rt  =  <7l-r-  ibi, 

on  pose 

(3) 

ai  =  r  cosfi,         /-'i=rsinO; 

on  trouve 

(4) 

z  =  v  ri  cos  -^ ■  -i-  i  sin  — 

Cette  formule  donne  les  n  valeurs  de  z  en  attribuant  à  p 
n  valeurs  entières  consécutives.  Les  racines  sont  imaginaires, 
car,  pour  obtenir  une  valeur  réelle,  il  faudrait  avoir,  pour 
une  valeur  entière  de/?, 


ipr. 


/<-. 


104  DEUXIÈME    PAFSTIE.   —    CHAPITRE    III. 

k  désignant  un  entier,  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  si  5  =  o 
ou  B=iT.,  ce  qui  suppose  b  =  o. 

Si  a  est  réel  et  si  k  désigne  le  nombre  positif  tel  que 

l'équation  (i),  en  posant 

devient 

On  obtient,  comme  plus  haut,  pour  les  racines  de 
(5)  .r«  =  i, 


(6) 

X 

=  cos 

n 

.    .    -xpr. 
-  i  sin  — —  , 
n 

et  pour 

celles 

de 

(7) 

x'^=- 

-  I, 

(S) 

X  = 

cos 

(  o.r>  - 

-I)- 

.     .      (9.p  -h 

^  i  sm  ^—i- 

1)- 

Dans  le  premier  cas,  on  obtient  une  racine  réelle   pour 
ipr.  ==  G  ou  2/?7r  =  II-,  en  attribuant  à  p  les  valeurs 

O,        I,       2,        . . .,       («  — l). 

Si  n  est  impair,  on  ne  peut  prendre  que  />  =  o,  ce  qui  donne 
X  ^i;  si  /i  est  pair,  on  peut  prendre  p  =zo  et  p  =  -  j  d'où 
l'on  lire  ce  :=i  et  j:-  = —  i.  Les  autres  racines  sont  imaginaires 
et  conjuguées  deux  à  deux. 
Dans  le  second  cas,  on  a  des  racines  réelles  en  prenant 

2/)  -4-  [  —  o,         et         ip  -i-  i  =  n; 

la  première  équation  n'a  pas  de  solution,  et  la  seconde  n'en 
a  que  si  n  est  impair;  si  n  est  pair,  on  n'a  que  des  racines 
imaginaires;  si  fi  est  impair,  on  n'a  qu'une  racine  réelle 
.27= — i;  les  racines  imaginaires  sont  encore  ici  conjuguées 
deux  à  deux. 


l'équation    BhNOME.  100 

Propriétés  des  racines. 

62.  Les  racines  des  équations  binômes  jouissent  de  pro- 
priétés dont  on  fait  un  fréquent  usage;  nous  considérerons 
spécialement  l'équation 

.r"  =  [ . 
Les  racines  communes  aux  équations 
X"  =  I        et        .t""  =  1 
sont  racines  de  l'équation 

xi  =  l, 

où  q  est  le  plus  grand  commun  diviseur  de  m  et  n. 

Cela  résulte  de  ce  queccf—i  est  le  plus  grand  commun 
diviseur  de  x"^  —  i  et  ^"  —  i . 

63.  Toute  puissance  d'une  racine  de  l'équation 


est  une  racine  de  cette  équation. 

Car  si  a  est  une  racine  de  ^"  =  1,  olp  sera  aussi  une  racine, 
puisque  («/')"  =  (a")^= '• 

64.  Si  p  est  un  nombre  premier,  toutes  les  racines  de 

XP=  I 

pourront  être  représentées  par 

a,     a-,     «3,      .  .  . ,     aP, 

a  désignant  une  quelconque  des  racines. 

Comme  tous  les  termes  de  cette  suite  sont  racines,  il  suffit 
de  montrer  qu'ils  sont  tous  inégaux.  Or,  si  l'on  pouvait  avoir 

a7  =  a'', 

OÙ  ^  >  /•,  on  aurait  ainsi 


I06  DEI'XIÈMIC    PARTIE.   —    CHAPITRE    III. 

et  comme  a  n'est  pas  nul,  a  devrait  être  racine  de 

.r'i'''—  I  =  o; 

ce  qui  est  impossible,  car  (62)  7  —  r  <.p  et  l'équation  précé- 
dente ne  peut  avoir  d'autre  racine  commune  avec  la  proposée 
que  l'unité.  Si  p  n'est  pas  un  nombre  premier,  plusieurs 
termes  de  la  suite  a,  a-,a^,  ...  pourront  être  égaux,  en  sorte 
que  cette  suite  ne  fournira  pas  nécessairement  toutes  les  ra- 
cines. 

On  appelle  racines  primitives  celles  qui  ne  satisfont  à  au- 
cune autre  équation  de  la  forme  x'J=zj ,  oii  q  est  moindre 
que  p.  Si  p  est  un  nombre  premier,  toutes  les  racines  sont 
primitives,  excepté  l'unité.  Si  p  n'est  pas  premier  et  si  a  est 
une  racine  primitive,  toutes  les  racines  sont  comprises  dans 
la  suite  a,  a-,  a%  . . .,  qui  sont  déterminées  par  des  équations 
binômes.  Si  p  est  une  puissance  de  nombre  premier,  toutes 
les  racines  sont  primitives,  à  l'exception  de  celles  dont  l'expo- 
sant est  une  puissance  de  p  inférieure  au  degré  de  l'équa- 
tion. Ainsi  —  i  et  H-  i  sont  racines  primitives  pour  /?  =  4,  alors 
que  —I  et  H- 1  ne  le  sont  pas,  vu  qu'ils  sont  racines  de 
x'''z=].  Toutes  les  racines  peuvent  être  représentées  par  a, 
ot},  a?,  a'*,  si  a  :=±:  /;  mais  non  si  <xz=.±i. 

On  peut  démontrer  comme  il  suit  qu'il  existe  pour  toute 
valeur  de  n  des  racines  primitives;  si,  en  effet,  toutes  les  ra- 
cines pouvaient  satisfaire  à  des  équations  de  degré  moindre 
que  le  degré  de  la  proposée,  on  aurait  pour  chaque  valeur 
de/) 

-IPJZ    _    O.py- 
Il  /Il 

où  «,<  «;  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  si  -  est  réductible  à 
une  plus  simple  expression.  Il  y  a  donc  autant  de  racines 
primitives  que  de  nombres  entiers  inférieurs  à  n  et  premiers 
avec  n  ;  ce  nombre  est,  comme  l'on  sait,  égal  à 


J(-À 


PU    \  PJ  \  Pqt 

Pi,  p.2,  ■ . .,  Pq  étant  les  facteurs  premiers  de  n. 


L  ÉQUATION    BINOME.  IO7 

65.  Si  m  et  n  sont  premiers  entre  eux,  on  obtient  toutes 
les  racines  de  a;'""  =  i  en  multipliant  toutes  les  racines  de 
■j^m.-—  j  pdf^  toutes  les  racines  de  x'^zzii. 

En  effet,  si  les  arguments  des  racines  dea^'"=i  elx'^z=i\ 

ipr^        2<7TC  ,,  ,     ,  1    ..  2-(nm  -h  pn) 

sont-^—  el  -J—  1  argument  de  leur  produit  sera '- — 

Ce  produit  sera  donc  racine  de  x""'=zi;  il  reste  à  prouver 
que  tous  les  mn  résultats  ainsi  obtenus  sont  différents.  S'ils 
ne  l'étaient  pas,  on  aurait,  par  exemple, 

qm  -\-pn  =  qi/n  -\- pi'i 
OU 

n         q  —  qi' 

ce  qui  est  impossible,  car  m  et  n  sont  premiers  entre  eux  et 
Pi—p<m,  q  —  qi<n. 

On  voit  facilement  que  ce  théorème  peut  être  étendu  à  un 
nombre  quelconque  d'équations  binômes  dans  lesquelles  les 
exposants  de  l'inconnue  sont  premiers  entre  eux.  Les  équa- 
tions de  la  forme  x'^^zi  peuvent  donc  être  ramenées  à  d'au- 
tres dans  lesquelles  les  exposants  de  l'inconnue  sont  des 
puissances  de  nombres  premiers. 

66.  L'équation 

XP^  =  I , 

où  p  désigne  un  nombre  prétnier,  peut  être  résolue  à  l'aide 

d'équations  de  la  forme 

xP=  a. 

En  effet,  l'équation  proposée  peut  être  résolue  au  moj€n 
des  suivantes 

xP=^y',         o£//=ot,,  af=a3,  ...,  «/'_,— I. 

Si,  en  résolvant  ces  équations,  on  prend  une  racine  quel- 
conque, pourvu  qu'elle  ne  soit  pas  égale  à  i,  la  valeur  de  x, 
à  laquelle  on  parvient  de  cette  manière,  est  une  racine  primi- 
tive de  la  proposée,  sans  quoi  elle  donnerait,  pour  l'une  des 


I08  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CIIAP[TRE    Ilf. 

quantités  «i,  a,,  . . .,  la  valeur  i,  ce  qui  est  contraire  à  nos 
hypothèses;  on  trouve,  de  cette  manière,  une  racine  primitive 
de  la  proposée,  et  ses  puissances  donnent  les  autres  racines. 
Nous  venons  ainsi  de  prouver  que  toute  équation  de  la 
forme 

X"  =  I 

peut  être  ramenée  à  des  équations  la  forme 

.r/'=  a, 

OÙ  p  est  un  facteur  premier  de  n,  a  étant  déterminé  comme 
on  vient  de  le  dire. 

67.  Les  fonctions  symétriques  des  racines  de  ^"— i  =  o 
sont  faciles  à  calculer;  on  a,  en  effet, 

Sn  =  .i-P  -f-  .r'^  -i- .  .  .  -4-  x''  =  a/'  -i-  x'^r  -+-...  -m  , 


a  désignant  une  racine  primitive.  Si  p  n'est  pas  divisible 
par  n,  le  numérateur  de  la  fraction  est  nul,  le  dénominateur 
ne  l'est  pas,  ainsi  5^=0.  Si/?  est  divisible  par  n,  la  fraction 
prend  une  forme  indéterminée;  mais  chaque  terme  de  s^, 
est  égal  à  l'unité,  donc  Sp=z  n.  Il  en  résulte 

toutes  les  fois  que  a +  (3  + y  h n'est  pas  divisible  par  n; 

car  une  pareille  fonction  s'exprime  sous  forme  de  sommes  de 
termes  tels  que  s^s^s,.  . . .,  qui  sont  nuls  dès  que  les  indices 
ne  sont  pas  tous  divisibles  par  n,  et  la  somme  des  indices  est 
égale  à  la  somme  des  exposants  de  la  fonction. 


Application  de  la  théorie  des  équations  réciproques 
aux  équations  binômes. 

68.  L'applicalion  de  la  théorie  des  équations  réciproques 
l'équation  binôme  permet  d'abaisser  le  degré  de  cette  équa- 


l'équation    BINOME.  fog 

tion.  Considérons  l'équation 

(0  xP=^, 

OÙ  p  désigne  un  nombre  premier;  tous  les  cas  où  p  n'est  pas 
premier  pouvant  se  ramener  à  celui-ci. 
Soit/?  =  2/1  +  i;  en  divisant  par  x  —  i,  on  a 

(2)  x-"-\-  x2rt-i_|_  j;2«-2_|__  ^  __i_^f.  _|_,  =  o  ; 

cette  équation  est  réciproque  et  la  substitution 

I 

Y  =  .1-  -\ 

.r 

conduit  à  une  équation  de  degré  n 

(3)  U„=o. 

Cette  équation  a  toutes  ses  racines  réelles;  en  effet,  on  a 

( 4 )  x'^  —  xr -\-  i  =0; 

il  en  résulte  que,  à  une  valeur  de  /  correspondent  deux 
valeurs  de  ce  dont  la  somme  est  j  et  le  produit  i.  Deux  ra- 
cines jouissant  de  cette  propriété  sont  données  par  les  for- 
mules 


Xi  = 

cos 

2Pi- 

-f-  i  sin 

2/5, TT 

■2/1  -h  l 

2//  -i-  I 

x,= 

cos 

ipiT. 

—  i  sin 

2/?,- 

■2/1  -+-I 

■2/1  ■+-  I 

J 

=  2  COS 

2/JiTr 

en  sorte  que 
(5) 

^/t  -r  1 

Les  racines  de  l'équation  (3)  sont  donc  les  n  valeurs  diffé- 
rentes de  2  cos   ^^^'    que  l'on  obtient  en  posant 

pi=  1,2,  . . .,  //. 

Dans  cette  expression,  les  arcs  sont  des  multiples  de  la 
(2/1 -h  i)'^'"*'  partie  de  la  circonférence;  ces  arcs  peuvent  être 
construits  à  l'aide  de  lignes  droites  et  d'arcs  de   cercle,  si 


1  10  DEUXIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    III. 

leurs  cosinus  peuvent  s'obtenir  par  des  extractions  de  racines 
carrées.  On  voit  ainsi  que  le  problème,  qui  a  pour  but  de  par- 
tager la  circonférence  en  p  parties  égales  au  moyen  d'arcs 
de  cercle  et  de  lignes  droites,  revient  à  résoudre  l'équation 


au  moyen  d'extractions  de  racines  carrées.  Pour  />:=5, 
l'équation  en/  est  du  deuxième  degré  et  le  problème  admet 
une  solution.  Pour  /?  =  7,  l'équation  en  y  est  du  troisième 
degré  et  ne  peut  être  résolue  au  moyen  de  racines  carrées. 
Plus  loin,  nous  reprendrons  cette  question;  pour  le  mo- 
ment, nous  nous  bornerons  à  établir  le  théorème  suivant  : 

G9.  Si  p  est  iiJi  nombre  premier,  l'équation 

xi> —  I 


est   irréductible. 

Si  X  est  un  polynôme  entier  à  coefficients  entiers,  décom- 
posable  en  facteurs  A,  B  de  degrés  moindres,  A  et  B  pour- 
ront avoir  leurs  coefficients  entiers.  En  effet,  si   l'on  avait 

l'identité 

X  =  AB, 

A  et  B  ayant  des  coefficients  fractionnaires,  on  pourrait  mul- 
tiplier par  un  nombre  k  et  faire  perdre  aux  coefficients  leur 
forme  fractionnaire;  maintenant  AX  est  divisible  par  un  fac- 
teur premier  de  A,  il  doit  en  être  de  même  de  A  ou  B  (•);  on 
pourra  diviser  les  deux  membres  de  l'équation  par  ce  facteur 
sans  introduire  de  dénominateurs  et  ainsi  de  suite. 
Maintenant,  supposons  que 


(•)  La  démonstration  qu'on  donne  ordinairement  de  ce  the'orème,  A  et  B  étant 
des  nombres  entiers,  s'applique  encore  au  cas  où  A  et  B  sont  des  polynômes 
à  coefficients  entiers.  Le  polynôme  est  dit  divisible  parx,  si  tous  ses  coefficients 
sont  divisibles  par  a:. 


CHAPITRE    ni.    —    L  ÉQIATION    BINOME.  III 

soit  le  produit  de  deux  facteurs  rationnels;  ces  facteurs  de- 
vront avoir  leurs  coefficients  entiers;  changeons  a?  en  ^  +  i, 
l'expression  précédente  prendra  la  forme 

(6)  xP-^-^  po{x)-\-p, 

o(^)  désignant  un  polynôme  entier  rationnel  à  coefficients 
entiers  et  divisibles  para-;  les  termes  indépendants  de  ^  dans 
les  facteurs  de  (6)  ayant  pour  produit/?,  et  p  étant  un  nombre 
premier,  devront  être  égaux  à  ±  i  et  à  ±p;  le  produit  en 
(juestion  aura  donc  la  forme 

(±i  +  a,.ï:-+-  r/2.r--T-.  .  .){±p^byx-^b^_x^-^.  ..); 

retranchons  des  deux  membres  de  l'équation 

il=  /)  (  dr  I  -^  «1  .r  -^  <72  ^■'- .  .  .  )  ; 

tous  les  termes  de  ce  qui  reste  dans  (6),  à  l'exception  de 
xP-\  seront  divisibles  par  /?;  il  en  résulte  que  b^  est  divisible 
par  p,  et  ainsi  de  suite;  en  continuant  ainsi,  on  arrive  à  une 
égalité  de  la  forme 

{±i  —  aiX-\-  a.yx^  .  .  .)x[>-=  .r/'-'-+-/?OiCr), 

d'oii  il  résulterait  que  p  devrait  diviser  le  coefficient  de  a;^, 
ce  qui  est  impossible,  puisqu'il  est  égal  à  ±1;  l'équation  en 
question  est  donc  irréductible. 


DEITXIÈMK    PARTIE.    —    CHAPITHE    IV, 


CHAPITRE  IV. 

L'ÉQUATION  DU  CINQUIÈME  DEGRÉ. 


Impossibilité  de  résoudre  cette  équation  algébriquement. 

70.  On  a  vu  que  la  résolution  de  l'équation  du  troisième 
et  du  quatrième  degré  réussit,  grâce  à  cette  circonstance 
qu'il  est  possible  de  trouver  une  fonction  des  racines  possé- 
dant moins  de  valeurs  qu'une  racine  même,  et  qui,  par  con- 
séquent, dépend  d'une  équation  de  degré  moindre.  Lagrange 
a  montré  que  lorsque  l'on  essayait  d'appliquer  les  méthodes 
qui  réussissent  pour  le  troisième  et  le  quatrième  degré  à  des 
équations  de  degré  supérieur,  l'équation  auxiliaire  était  de 
degré  supérieur  à  celui  de  la  proposée.  Il  devenait  ainsi  pro- 
bable que  les  équations  générales  de  degré  supérieur  au  qua- 
trième ne  pouvaient  pas  avoir  de  racines  algébriquement 
exprimables  en  fonction  des  coefficients.  Abel  a  montré  qu'il 
en  était  réellement  ainsi.  Sa  démonstration  a  été  simplifiée 
par  Galois.  Nous  allons  exposer  la  démonstration  de  Galois 
en  la  modifiant  dans  la  forme. 

Si  une  équation  générale  du  degré  n  pouvait  être  résolue 
à  l'aide  de  radicaux,  il  en  serait  de  même  de  l'équation 

(l)  V     1  -  / 

(  -f-  X^X.,  -+-  XyX^   .  .  .  )  X"--"^  .  .  .    Zh  X1X2,    .  .  .  X,i   —  O, 

oii  x^,  x-i,  . . .,  x,^  sont  arbitraires  et  indépendantes  les  unes 
des  autres,  x^,  x^_,  ...,  .r„  étant  les  racines  de  l'équation, 
la  résolution  doit  conduire  à  ces  valeurs.  Toute  racine  que 
l'on  aura  besoin  d'extraire  devra  pouvoir  s'effectuer  quand 


l'équation  du  cinquième  degré.  ii3 

on  remplacera  les  coefficienls  a,,  a,,  . . .  par  leurs  valeurs  en 

Maintenant,  supposons  que  la  première  racine  à  extraire 
soit  _ 

A  ne  contient  pas  de  radicaux,  c'est  une  fonction  des  coeffi- 
cients de  l'équation,  et,  par  suite,  une  fonction  symétrique 
de  ^,,  x-y,  . . .,  ^«.  Mais  y  ne  peut  pas  être  une  fonction  sy- 
métrique rationnelle  de  ^i,  jt^,  . . .,  x„,  sans  quoi  il  s'expri- 
merait rationnellement  au  moyen  des  coefficients;  si  /  n'est 
pas  symétrique,  il  contiendra  deux  racines  ^i  et  ^2.  qui>  en 
se  permutant,  changeront  la  valeur  de  /;  comme  toutes  les 
valeurs  de  j  sont  données  par  la  formule 

/'•=A, 

l'une  des  valeurs  doit  se  déduire  d'une  autre  en  la  multi- 
1 

pliant  par  une  valeur  a  de  i''  différente  de  l'unité.  Si  donc 

/(^,,  ^,>  . . .  )  est  l'une  des  valeurs  de  j,  on  aura 

/(^i,,r.2,  .r3,.ri  ,.  .  . ,  x^)  =  a/f.r^,  Xi,  Xi,Xf^,  ....  x,i). 

Cette  équation  doit  être  identique,  car  j?i,  ^2,  ...  sont  indé- 
pendantes les  unes  des  autres  ;  elle  subsiste  donc  en  permutant 
Xi  et  ^2;  on  obtient  alors 

f{x.2,  Xi,  X3,  .ri,    .  .  .,  X/i)  =   '^fi^l,  -^25  -3^3, -^45    •  •  •■  ^n)', 

en  multipliant  cette  équation  par  la  précédente,  on  a 


On  peut  toujours  supposer  que  p  est  premier,  car  on  peut 
toujours  parvenir  à  un  radical  à  indice  quelconque  par  des 
extractions  successives  de  racines  à  indices  premiers;  alors 
on  doit  avoir  /•=  2,  puisque  dans  ce  cas  seulement  on  peut 
avoir  a:=  —  i.  La  première  racine  que  l'on  doit  extraire  est 
donc  une  racine  carrée,  y  est  une  fonction  rationnelle  de  ^r,, 
x^,  . . . ,  x^  qui  change  de  signe  quand  on  échange  ^1  et  x^, 
ou  même  quand  on  échange  deux  racines  quelconques,  car 
P.  8 


Il4  DEUXIÈME  PARTIE.  —  CHAPITRE  IV. 

on  peut  supposer,  avant  l'exlraclion  de  la  racine  carrée,  que 
l'on  ait  mis  dans  A,  à  la  place  de  Xi  et  a;,,  deux  racines  quel- 
conques. 

y  n'est  pas  symétrique,  mais  il  jouit  d'une  propriété  carac- 
téristique; il  reste  invariable  par  une  substitution  circulaire 
effectuée  entre  un  nombre  impair  de  racines.  Par  exemple, 
quand  on  met  j^j  à  la  place  de  œ^,  a;,_  à  la  place  de  x^,  x^  à  la 
place  de  ^i,  cela  revient  en  effet  à  faire  un  nombre  pair 
d'écbanges  entre  deux  racines,  ce  qui  chaque  fois  produit  un 
changement  de  signe,  et  ce  qui  finalement  reproduit  la  va- 
leur initiale. 

Si  l'on  continue  à  combiner  le  radical  avec  des  radicaux 
analogues  et  avec  les  coefficients,  qui  sont  des  fonctions  sy- 
métriques des  racines,  puis  avec  de  nouveaux  radicaux,  et 
ainsi  de  suite,  deux  cas  peuvent  se  présenter  :  ou  bien  les 
nouvelles  expressions  présenteront  ce  caractère  de  rester 
inaltérées  par  toutes  les  permutations  circulaires  de  3  et 
5  racines,  ou  bien  on  finira  par  être  obligé  d'extraire  une 
racine,  et  le  résultat  obtenu  ne  présentera  plus  le  caractère 
en  question.  Dans  le  premier  cas,  on  finira  par  trouver 

Xi=/(,ri,,r2,X3,  ...,,r„), 

ce  qui  doit  être  une  identité,  ce  qui  est  absurde  si  l'on  a  plus 
de  deux  racines,  une  permutation  circulaire  de  trois  lettres 
altérant  le  premier  membre  sans  altérer  le  second,  d'après 
notre  hypothèse. 

Il  faut  donc  nécessairement  que  l'on  tombe  sur  un  radical 
qui  ne  présente  plus  le  caractère  en  question.  Ainsi  on  par- 
viendra à  une  expression 

dans  laquelle  B  reste  inaltéré  après  une  permutation  circu- 
laire quelconque  de  3  ou  5  racines,  cette  propriété  n'appar- 
tenant pas  à  z. 

Supposons  que  z  change  de  valeur  quand  on  remplace  Xy, 
X,,  x^  par  X.,  x^,  Xy  respectivement,  les  valeurs  de  z  sont 


l'équation  du  clnquième  degré.  ii5 

racines  de 

:;'■=:  B  ; 

entre  deux  valeurs  de  z,  on  aura  une  relation  de  la  forme 

qui  doit  être  identique;  elle  doit  donc  subsister  quand  on  y 
permute  les  trois  racines.  On  a  donc 

/(,r2,  X3.  xi^xi,,  ....  x„ )  =  0Lf(x3,  X, ,  X.J ,x,,,  . .  . ,  ,r„ ), 

/(•-fa,  -2^1,  •^■2,  -2^4,    •  •  •  ,  -^n)  =  ^/(••f'i,  "l'2,  •«"3,  "^'i,   •  •  •  ,  -^'/i  ) 

et  en  multipliant  les  trois  équations,  membre  à  membre, 
on  a 

Si  donc  il  y  a  trois  ou  un  plus  grand  nombre  de  racines,  on 
doit  rencontrer  un  radical  cubique. 
Désignons  par 

~,     y.z,     oL-z 

les  trois  valeurs  de  ce  radical,  on  a 

33  =  B. 

Supposons  qu'il  y  a  plus  de  quatre  racines;  une  permuta- 
tion circulaire  de  cinq  lettres  n'altère  pas  B.  Par  cette  per- 
mutation, pour  que  l'équation  ne  cbange  pas,  z  doit  se  changer 
en  az  ou  en  u^z;  si  z  change  par  cette  permutation,  on  mon- 
trera comme  tout  à  l'heure  que 


ce  qui  est  impossible,  puisque  a  est  une  valeur  imaginaire 

de  i^ 

Alors  z  doit  rester  invariable  par  la  permutation  circulaire 
de  cinq  lettres  :  c'est  la  seule  hypothèse  qui  nous  reste  à  faire, 
en  supposant  qu'une  substitution  circulaire  de  trois  racines 
le  multiplie  par  a  ou  a-. 

Or,  une  permutation  circulaire  de  trois  quantités  peut  s'ob- 


Il6      DEUXIÈME   PARTIE.   —  CHAP.  IV.   —  l'ÉQLATION   DU    5®   DEGRÉ. 

tenir  en  exécutant  deux  permutations  de  cinq  d'entre  elles. 
Ainsi  une  permutation  circulaire  de 

peut  s'obtenir  en  exécutant,  par  exemple,  une  substitution 
circulaire  entre 

"^oî       •^*4î       ^Z-}       "^  1  î       '^'2? 

puis  entre 

Xi,     JTj,     ,r3,     .r^^,     ,^5  ; 

comme  z  doit  rester  invariable  après  une  permutation  de 
cinq  lettres,  elle  doit  aussi  rester  invariable  après  une  per- 
mutation de  trois  lettres;  ceci  étant  en  contradiction  avec 
nos  hypothèses,  il  est  prouvé  que  l'équation  générale  d'un 
degré  supérieur  au  quatrième  ne  peut  être  résolue  algébri- 
quement ('). 


(')  Par  ce  mot  algébriquement,  il  faut  entendre  que  l'équation  ne  peut  pas 
être  résolue  au  moyen  d'extraction  de  racines  et  des  autres  opérations  algé- 
briques. Abel  et  Galois  ont  aussi  examiné  la  possibilité  d'exprimer  x,  au  moyen 
de  formules  algébriques  ne  se  réduisant  pas  identiquement  à  a-,. 


\ 


DÉCOMPOSITION    DES    POLYNOMES    RATIONNELS,    ETC.  II7 


CHAPITRE  V. 

DÉCOMPOSITION  DES  POLYNOMES  RATIONNELS  EN  FACTEURS 
RATIONNELS. 


Facteurs  du  premier  degré. 

71.  Les  facteurs  rationnels  du  premier  degré  d'un  poly- 
nôme rationnel  f{x)  peuvent  toujours  être  calculés.  Un  fac- 
teur de  cette  espèce  doit  en  effet  avoir  la  forme  a;  —  a,  et  a 
doit  être  un  facteur  du  terme  indépendant  de  x;  plus  tard 
nous  reviendrons  sur  cette  question;  nous  remarquerons  seu- 
lement ici  qu'il  n'y  a  à  chercher  que  des  facteurs  x—  a  dans 
lesquels  a.  divise  le  dernier  terme;  si  de  pareils  facteurs 
n'existent  pas,  l'équation  f{x)z=o  n'a  pas  de  racines  ration- 
nelles et  f{x)  n'a  pas  de  facteurs  rationnels  du  premier 
degré. 

Expression  générale  d'un  facteur  de/(x). 

72.  Soit 

(I)  f(x)  =  o 

l'équation  générale  du  degré  n  sans  racines  égales.  Soient 

J-,,     .r,,      ....     x,i 
ses  racines;  soit 

une  fonction  rationnelle  déterminée  de  p  racines  et 

?l!        ?2,        .-.,        Cf/- 


Il8  DEUXIÈME    PAUTIE.   —    CHAPITRE   V. 

les  valeurs  algébriques  que  l'on  obtient  en  permutant  dans  cp 
toutes  les  racines  de  l'équation.  Désignons  par 

Jl,       J-2,         ...,       Jq 

les  valeurs  numériques  de  celles  d'entre  elles  où  l'une  des 
racines,  x^,  par  exemple,  est  restée  à  sa  place.  Les  diverses 
valeurs  de  o  sont  déterminées  par  une  équation  à  coefficients 
rationnels.  Soit  /i  une  racine  de  cette  équation  et  soit  oc  son 
degré  de  multiplicité,  alors 

n  =  9i  =  cp2=...=  Ça; 

considérons  l'équation 

(3)  (/  -)\)iy-]\)-  ■  -{y -jcj)  =  o; 

ses  coefficients  sont  des  fonctions  symétriques  des  racines 
de 


et  peuvent  s'exprimer  rationnellement  en  fonction  de  Xy  et 
des  quantités  connues;  et  (3)  pourra  se  mettre  sous  la  forme 

(4)  F(r,.r,)  =  o. 
Puisque  j,  est  racine  de  cette  équation,  on  a 

(5)  F(/„,r,)  =  o; 
ce  qui  montre  que  x^  est  racine  de 

(6)  F(7i,.r)-o; 

cette  dernière  a  donc  une  racine  commune  avec  la  proposée. 
Voyons   si  ces  équations  peuvent  avoir   d'autres  racines 
communes,  par  exemple  x,n.  Pour  cela  il  faut  que 

F(ri,.r„0  =  o, 
ce  qui  exprime  que  /i  est  racine  de 
F(j,  .r;„)  re- 
cette équation  se  déduit  de  (4)  en  changeant^i  en  ;r,„,  ou, 
ce  qui  revient  au  même,  elle  s'obtient  en  faisant  le  même 


DÉCOMPOSITION    DES    POLYNOMES    RATIONNELS,    ETC.  I  19 

changement  dans  (3)  qui  est  identique  à  (4).  Parcechange- 
ment/i,  /a-  •  •  se  changent  dans  des  valeurs  de  9,  de  sorte  que 
la  condition  pour  que  ^,„  soit  une  racine  commune  consiste  en 
ce  qu'il  existe  une  valeur  9/,.  de  cp,  dans  laquelle  j:„j  remplace 
^1  et  pour  laquelle 

71  =  ta; 

cette  dernière  équation  est  satisfaite  pour 

A  =  i,     A- =  2,     ...,     /c  =  a-, 

donc  les  deux  équations 

(7)  /(•>p)  =  o,        F(ji,^)  =  o 

ont  pour  racines  communes  toutes  celles  qui  peuvent  prendre 
la  place  de  Xx  dans 

(8)  'fi,     ^2'      •■•5     ?a- 

On  peut  tirer  diverses  conséquences  de  ce  théorème  qui  a 
été  donné  sous  une  forme  un  peu  moins  générale  par  La- 
grange  et  par  Galois. 

73.  Dans  le  cas  où  l'équation  en  9  n'a  pas  de  racines  égales 
on  a  seulement 

ji  =  oi  ; 

si  donc  9  est  dissymétrique  et  d'une  forme  telle  qu'aucune 
racine  ne  puisse  prendre  la  place  de  x^  sans  que  la  valeur 
algébrique  de  9  change,  x^  reste  alors  la  seule  racine  com- 
mune aux  deux  équations;  elle  peut  alors  s'exprimer  ration- 
nellement au  moyen  de  y^  et  des  quantités  connues.  En  par- 
ticulier, cela  aura  lieu  pour  toutes  les  racines  de  l'équation 
si 

J=  9(.ri,.r2,  ...,.r„) 

prend  des  valeurs  toutes  différentes  pour  les  n\  permutations 
des  racines.  C'est  la  forme  donnée  par  Galois  au  théorème 
qui  nous  occupe. 

Si  9  est  symétrique  ou  présente  une  symétrie  partielle, 
toutes  les  racines  qui  peuvent  prendre  la  place  de  x^,  sans 
changer  la  forme  algébrique  de  91,  sont  racines  communes 


I20  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    V. 

aux  deux  équations.  Considérons  en  particulier  le  cas  où 
toutes  les  p  racines  peuvent  être  échangées  dans  o,,  les  deux 
équations  ont/»  racines  communes  et,  par  la  méthode  du  plus 
grand  commun  diviseur,  on  peut  former  une  équation  qui 
détermine  ces  racines  communes,  ou  le  facteur  du  p^^"^^  degré 
correspondant  de  f{x). 

La  forme  la  plus  générale  d'un  facteur  du  p^''^"  degré  de 
f{x)  est  alors 

(9)  ■^''+  ?i(.ri)'^'^-^+  ?2(ri)^/^-2. .  .-^  '^p{y,).  ■ ., 

où  9i,  92?  •••>??  sont  des  fonctions  rationnelles  de /i  et  des 
quantités  connues,  /i  désignant  la  valeur  d'une  fonction 
symétrique  de/»  racines  qui  est  déterminée  par  une  équation 
dont  toutes  les  racines  sont  simples.  On  peut  ainsi  dans  ce 
cas  exprimer  toutes  les  fonctions  symétriques  des/?  racines 
en  fonction  d'une  d'entre  elles  et  des  quantités  connues. 

Exemple  I.  —  Pour  l'équation 

x^  —  6  .r2  -1-  1 1  .r  —  6  =  o , 

si  l'on  donne 

x\  -f-  j:|  =  5  ; 

on  posera 

Ji  =  -^^ï  -+-  A ,        Xi  =  x\  +  xl 

et  l'on  obtiendra,  en  éliminant  x^  et  x-„ 

j^-  —  {x\  +  i4)j+  i4.i1  +  7^  =o; 
ou,  en  remplaçant  x^  par  ^  et  /  par  5, 

.r^  —  5x2-1-  2  =  o, 

équation  qui  a  avec  la  proposée  les  racines  de 

^2 3j7  -t-  2  =  O. 

Exemple  II.  —  Trouver  la  forme  générale  des  diviseurs  du 
second  degré  de 

f{x)  =:  x^-\-  ax-->r  bx-\-c 


DÉCOMPOSITION    DES    POLYNOMES    RATIONNELS,    ETC.  12  1 

en  fonction  du  produit  j  de  deux  racines  de  /(.r)  =r  o 

Xi-i-X3=  —  a  —  xi  ; 
ainsi 

J-2  -+-  {Xl   -+-  OXi  )  J XiC  =  O, 

d'où  la  forme  cherchée 

r/y — r 

x^  -^ X  -hr. 

7i.  L'équation  en  o  qui  a  ni  racines  inégaies  et  dont  nous 
avons  fait  usage  plus  haut  appartient  à  une  classe  remar- 
quable d'équations  dont  nous  allons  nous  occuper.  Elles  ont 
cette  propriété  que  chaque  racine  peut  s'exprimer  rationnel- 
lement en  fonction  de  chacune  des  autres.  En  effet,  chaque 
racine  est  fonction  rationnelle  de  ^j,  œ^^,  . .  .,  x^,  qui,  à  leur 
tour,  sont  fonctions  rationnelles  d'une  des  valeurs  de  9. 

On  peut  utiliser  cette  propriété  pour  exprimer  autant 
d'irrationnelles  que  l'on  veut  rationnellement,  au  moyen 
d'une  même  irrationnelle,  en  appelant  irrationnelle  une  ra- 
cine d'une  équation  algébrique  à  coefficients  rationnels;  peu 
importe  d'ailleurs  que  l'on  puisse  ou  non  exprimer  cette  irra- 
tionnelle au  moyen  de  radicaux. 

En  effet,  soient  cr,,  x.^,  ...,Xp  des  irrationnelles,  détermi- 
nées par  diverses  équations  algébriques  dont  elles  sont 
racines.  On  peut  toujours  (par  exemple  au  moyen  d'une 
simple  multiplication)  former  une  équation  dont  ces  quan- 
tités soient  racines;  si  l'on  considère  une  fonction  des  racines 
de  cette  équation  dont  toutes  les  valeurs,  obtenues  en  per- 
mutant les  racines,  soient  distinctes,  les  racines  de  cette 
équation  et  les  irrationnelles  données  seront  exprimables 
rationnellement  au  moyen  de  celte  fonction.  On  peut,  par 
exemple,  prendre  cette  fonction  égale  à 

(10)  J  =  a1.r1-4-a2.r2-t-.  .  .-+- a„j:-„, 

en  supposant  l'équation  auxiliaire  de  degré  n.   11   est   évi- 
dent   que   l'on  peut  choisir   les    coefficients  «j,  «2,  ...,a„ 


122  DEUXIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE   V. 

puisque  a-^,  œ^,  ...  sont  différents,  de  telle  sorte  que  toutes 
les  valeurs  de  y  soient  distinctes. 

75.  Supposons  toujours  l'équation  donnée  de  degré  n  et 
les  ni  valeurs  de  cp  distinctes,  l'équation  en  tp  pourra  être 
réductible;  dans  ce  cas,  supposons-la  décomposée  en  équa- 
tions irréductibles;  soient 

(^')  ?I:        '■f2,        ...,       O/j 

les  racines  de  l'une  d'elles.  On  peut,  comme  on  l'a  vu,  expri- 
mer chaque  racine  de  l'équation  donnée  en  fonction  ration- 
nelle d'une  valeur  de  9,  en  sorte  que  les  racines  pourront 
être  représentées  par 

Si  dans  cette  suite  on  remplace  o^  par  un  autre  terme  de  la 
série  (11),  la  nouvelle  suite  représentera  encore  les  racines  de 
l'équation  donnée,  mais  dans  un  autre  ordre. 

Pour  trouver  l'une  des  racines,  x^,  par  exemple,  posons 

si  dans  91  on  intervertit  l'ordre  des  racines,  on  peut  trans- 
former un  autre  terme  de  (n)  ;  le  calcul,  dans  les  deux  cas, 
sera  le  même,  à  l'ordre  près  des  racines,  et  si  l'on  a 

on  aura 

Xp  désignant  la  racine  échangée  avec  œ^,  quand  0,,  remplace 
cpi.  Les  nouvelles  valeurs  sont  distinctes;  car  si  l'on  avait,  par 
exemple, 

^l(?/.)  =  ^I' -2  (?/,), 

(ifp  serait  une  racine  commune  à  ^\(cp)  — 1''2(9)  =  0  et  à 
l'équation  irréductible  qui  a  pour  racines  les  quantités  (11). 
On  devrait  donc  aussi  avoir  W,  (  91  )  —  W,  (  91  )  =  o  (  13 ),  ce 
qui  est  absurde  puisque  les  quantités  (lâ)  sont  distinctes. 


CHAPITRE    V.    —    DÉCOMPOSITION    DES    POLYNOMES,    ETC.  120 

Nous  verrons  plus  loin  que  ce  théorème  est  fondamental 
dans  les  applications  de  la  théorie  des  substitutions  à  la 
théorie  des  équations. 

76.  Des  développements  qui  précèdent,  il  résulte  que  dans 
le  cas  où  f{x)  a  des  facteurs  rationnels,  il  est  toujours  pos- 
sible de  les  trouver.  Par  exemple,  si/(j7)  possède  un  fac- 
teur rationnel  de  degré  p,  il  devra  exister  p  racines  de 
/(^)=o  dont  le  produit  est  rationnel.  On  peut  trouver  ce 
produit  y  en  formant  l'équation  qui  a  pour  racines  les  pro- 
duits de  p  racines  de  la  proposée,  cette  équation  a  alors  une 
racine  rationnelle;  appelons-la  k.  On  aura 

.riXo. .  .Xp  =  /i, 

et  les  coefficients  du  facteur  rationnel  peuvent  être  expri- 
més en  fonctions  rationnelles  de  k.  Si  l'équation  en  y  avait 
des  racines  égales,  on  pourrait  partir  d'une  autre  fonction 
symétrique  des  racines,  par  exemple 

y=  {a  —  ^•i)(a  — j'2).-.(a—  i>), 

où  l'on  peut  toujours  choisir  a  de  telle  sorte  que  l'équation 
en  /  n'ait  pas  de  racines  égales,  si  la  proposée  elle-même 
n'en  a  pas.  Comme  k  est  facteur  du  dernier  terme  de  l'équa- 
tion, on  peut,  quand  il  n'a  pas  un  grand  nombre  de  facteurs, 
au  moyen  de  tâtonnements,  simplifier  la  recherche  de  l'équa- 
tion qui  donne  k. 

Quand  k  est  rationnel,  il  existe  un  facteur  rationnel,  pourvu 
que  k  ne  soit  pas  racine  multiple;  en  effet,  si  k  était  racine  mul- 
tiple, il  n'existe  pas  nécessairement  un  facteur  rationnel  de 
degré/»,  car  les  équations  (7),  dans  ce  cas,  peuvent  avoir  un 
facteur  commun  de  degré  plus  élevé.  Nous  reviendrons  sur 
ce  cas  un  peu  plus  tard;  nous  nous  bornerons  à  observer  ici 
que  si  une  équation  est  réductible,  il  est  toujours  possible  de 
la  décomposer  en  d'autres  irréductibles. 


124  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VF. 

CHAPITRE  YI. 

ÉQUATIONS    ABÉLIENNES. 


Équations  dans  lesquelles  une  racine  peut  s'exprimer  rationnelle- 
ment en  fonction  d'une  autre. 

77.  Gauss  a  montré  que  les  équations  qui  servent  à  par- 
tager la  circonférence  en  parties  égales  sont  résolubles  algé- 
briquement; ces  équations  sont  comprises  dans  une  classe 
d'équations,  étudiées  plus  tard  par  Abel  et  qui  portent  le 
nom  à'équaLions  abéliennes;  ce  sont  des  équations  dans  les- 
quelles une  racine  peut  s'exprimer  rationnellement  en  fonc- 
tion d'une  autre.  Les  équations  réciproques  et  les  équations 
du  3«  degré,  par  exemple,  appartiennent  à  cette  classe 
(Exercice  5i).  Les  équations  abéliennes  peuvent  toujours 
être  abaissées  et  souvent  même  résolues  algébriquement. 

Nous  supposerons  que,  dans  l'équation  irréductible  de 
degré  n, 

(1)  /(■r)  =  o, 
on  ait  entre  deux  racines  la  relation 

(2)  .r,  =  fJ(.r.), 

où  Q  désigne  une  fonction  rationnelle. 

Si  l'on  forme  l'équation  en/  qui  a  pour  racines 

(3)  Ji  =  e(,ri),    j.2  =  e(,r,),     ...,     r„=0(.r,), 

on  obtient  une  équation  qui  a  une  racine  commune  avec  la 
proposée  et,  comme  celle-ci  est  irréductible,  les  deux  équa- 


ÉQUATIONS    ABÉLIENXES.  125 

lions  en  ^  et  en  j  étant  de  même  degré  doivent  avoir  les 
mêmes  racines.  II  en  résuite  que,  si  l'on  exécute  l'opération  9 
sur  une  racine  quelconque,  on  doit  en  trouver  une  autre;  si 
l'on  opère  sur  celle-ci  comme  sur  la  première  on  en  trouve 
une  troisième,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  l'on  retombe 
sur  une  racine  déjà  obtenue.  Un  groupe  de  racines,  par 
exemple  trois,  sera  donc  lié  par  des  équations  telles  que 

1.ri  =  OfjTa), 
•^3=  Oi;.r,  ); 

si  l'on  désigne  alors  5[9(a:)]  par9"'(.37),  etc.,  ces  équations 
donnent 

(5)  ,r,^On.r,); 

cette  équation  ne  saurait  être  identique  si  l'on  suppose  à  01a 
forme  entière,  ce  qui  est  possible  (26),  et  si  l'on  exclut  le  cas 
où  Q  serait  linéaire;  cette  équation  x  —  Q^{x)  =  o  a  une  ra- 
cine Xi  commune  avec  f{a;)  =  o,  elle  admet  donc  toutes  les 
racines  de  cette  équation.  Si  en  dehors  des  racines  Xi,  x^,  x^ 
on  prend  une  racine  x,^,  celle-ci  doit  donc  former  un  groupe 
avec  deux  autres  racines;  dans  ce  groupe  il  ne  peut  entrer 
plus  de  trois  racines,  car  l'équation  ^4=:9*(^J  montre 
qu'après  avoir  effectué  trois  fois  l'opération  B  on  doit  retrou- 
ver x.^\  il  ne  peut  pas  entrer  moins  de  trois  racines  dans  le 
groupe,  car  si  l'on  avait  x^-=^  0"{x,,)  on  aurait  aussi  Xi:=  Q^{xi) 
et  le  premier  groupe  ne  contiendrait  que  deux  racines,  La 
même  racine  ne  peut  entrer  dans  deux  groupes  différents, 
car  si  le  second  groupe  contenait  jt^,  x^  et  Xi  on  aurait 

et.z-3  =  ^5,  ce  qui  est  absurde,  l'équation  proposée  n'ayant 
pas  de  racines  égales. 

On  voit  ainsi  que  les  racines  se  partagent  en  groupes  con- 
tenant le  même  nombre  de  racines,  et  si  n  est  premier,  il  n'y 
aura  quun  groupe.  Si  n  est  un  nombre  composé  il  doit  être 
divisible  par  le  nombre  des  racines  de  chaque  groupe. 


126  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

Si,  par  exetnple,  on  a  m  groupes  de  p  racines,  n  =  mp. 
L'équation  peut  alors  se  résoudre  à  l'aide  d'une  équation  dé 
degré  p  dont  les  coefficients  dépendent  d'une  équation  de 
degré  m. 

Si,  pour  plus  de  simplicité,  nous  supposons  p  toujours  égal 
à  3,  on  peut  poser 

( 6 )  ji  =  a:i  +  .r,  +  .rj  =  02 (.rj )  -i-  fj  (.rj  )  4-  X3, 

si  l'on  remplace  x^  par  toutes  les  racines  de  l'équation  pro- 
posée, on  obtiendra  3/?i  valeurs  pour /j. 
Ces  valeurs  sont  égales  trois  à  trois;  ainsi 

02  ( .r,  )  +  0  ( .ro  )  +  x^  =  x^  -i-  J^i  +  .r., . 
0 2  (.r,  )  -i-  0  ( .ri  )  -f-  x^  =  x-i  -f-  .7-3  -+-  xi  ; 

y  n'a  ainsi  que  m  valeurs  et  sera  fourni  par  une  équation  de 
degré  m  à  coefficients  rationnels,  que  l'on  obtiendra  par  la 
théorie  des  fonctions  symétriques  ou  en  éliminant  x  entre 

(7)  f{Jo)^o     et    j  =  .r-f-0(.r)H-fj2(,r); 
la  résultante 

(8)  ?0)  =  o 
du  degré  m  a  pour  racines 

\  1-2  =  .r4-)-.r5-i-.rf,. 

(9)  j- 

'   J'/«=  -1^1)1  —  %-+-  -^'Sm  —  l  -T~  •"-'iin  ■ 

dans  le  cas  où  ces  racines  sont  inégales,  on  peut  trouver  la 
forme  générale  d'un  diviseur  du  3''  degré  de/(^) 

,r^-y,,.v^-^W,{r,,)x-^W,{jp)\ 

si  l'on  remplace  jp  successivement  par  ji,  y-2,  ••■fj'm,  on 
obtient  les  /n  facteurs  du  3"  degré  def{x);  de  telle  sorte  que 
l'équation  donnée  du  degré  3/?i  est  réduite  aux  équations 

\  x^  —j-x'-  -h-  Ti  (7 ) X  +  ^'2  0'  )  =  o, 


ÉQUATIONS   ABÉLIENNES.  I27 

la  première  est  du  troisième  degré  et  la  seconde  du  /??î«™<= 
degré.  Les  mêmes  considérations  sont  applicables  au  cas  où 
le  groupe  contiendrait,  au  lieu  de  trois,  un  nombre  quel- 
conque de  racines. 

L'équation  9(7)  =  0  ne  donne  pas  lieu  à  l'examen  de  cas 
particuliers  :  elle  peut  être  quelconque  ;  l'autre  est  encore 
une  équation  abélienne,  car  ses  racines  forment  encore  un 
groupe  doué  des  propriétés  considérées  plus  haut.  Nous  ver- 
rons plus  loin  qu'elle  est  toujours  résoluble  algébriquement. 

78.  9(/)==o  peut  avoir  des  racines  égales;  alors  on  peut 
partir  de  la  fonction 

(il)    j,  =  (a-xi)(a  — ,r,)(a— .r3)  =  [a-Û-^(.r3)][a-0(^-3)](a-.r3X 

où  a  peut  être  choisi  de  telle  sorte  que  deux  valeurs  de  7, 
ne  puissent  être  égales.  Si  l'on  avait,  en  efTel,  pour  toute  va- 
leur de  a,  j'i  =  J2  pai'  exemple,  ou 

(x  —  Xi){a  —  .r,){a  —  X3)  =  (7.  — ./•.J(a-  Xs)(a  — .re), 

les  trois  racines  du  premier  groupe  seraient  égales  à  celles 
du  second,  et  l'équation  donnée  serait  réductible. 

Le  résultat  de  cette  discussion  est  donc  que  ; 

Si  p  des  racines  d'une  équation  irréductible  peuvent  se 
mettre  sous  la  j orme  x^,  Q{xy)y  0-(^,),  .  . .,  0^-*(^i),  où  9  est 
tel  que  Op{Xj)^=zxi,  cette  équation  est  de  degré  mp  et  elle 
peut,  à  l'aide  d'une  équation  de  degré  m,  être  réduite  à  une 
autre  de  degré  p. 


Équations  abéliennes  dont  les  racines  forment  un  groupe. 

79.  Il  reste  à  étudier  l'équation  du  degré  n 
(0  /(■'^)  =  o, 

dont  les  racines  peuvent  être  mises  sous  la  forme 

(2)  ^1,     e(^i),     On^i),     ...,     0«-i(.r,), 


128  DEUXIÈME    PARTIE.     —    CHAPITRE    VI. 

OÙ  ^1  désigne  une  racine  quelconque  et  où 

(3)  Q'^(x,)=j-i. 
Désignons  par  a  une  racine  quelconque  de 

(4)  ^"  =  i; 
l'expression 

(5)  W(.ri)  =  [.r,4-aO(.ri)-i-a2  62(,r,)-+-...  +  a«-iO"-i(.r,)]'S 

où  a.  est  considéré  comme  connu,  n'a  qu'une  seule  valeur  et, 
par  suite,  peut  s'exprimer  rationnellement  en  fonction  des 
coefficients  de  l'équation  donnée  des  coefficients  de  0etde  a. 
Si  l'on  prend,  au  lieu  de  a,,  une  autre  racine,  par  exemple 
j:-3=  9'2(j?,),  on  a 

XF(,r3  )  =  [62 (.ri  )  -h  cc(P { .r,  )  -4-  a'^  0'* (,ri  )-!-...+  a^-'  6  (,r,  )]«, 

OÙ  la  quantité  entre  crochets  se  déduit  de  celle  qui  est  ana- 
logue dans  (5)  en  la  multipliant  par  a"--.  Comme  a'^^i,  les 
deux  expressions  de  W(^i)  et  de  ^(j^g)  sont  égales.  On  voit 
ainsi  que 

(6)  Wi.r^)=W(.r,)=...=  W{.r,). 
On  peut  poser 

(7)  W(x,)='^[W{xO-i-'Vi.r,)^...  +  W{Xn)] 

et  calculer  W  comme  une  fonction  symétrique.  Elle  contient 
a  et,  par  suite,  possède  une  valeur  pour  chaque  valeur  de  a. 
Si  l'on  appelle  v,.  la  valeur  de  W  qui  correspond  à  la  valeur 
a,,  de  (X,  on  ohtient  n  équations  de  la  forme] 

(8)  .r  +  a,.0(.f)  +  ocf.  02(.r)-i-.  .  .+  a;?-i  0"-i(,r)  =  7~- 

La  valeur  correspondant  à  oc,.=  i  de  'sf-j,-  est  connue,  car  on 
connaît  la  somme  des  racines,  elle  est  — A,  si  A  est  le  coef- 
ficient de  ^"-'.  Si  l'on  ajoute  les  n  équations  (8),  et  si  l'on 
observe  que 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  I  29 

pour  toutes  les  valeurs  de  p  non  divisibles  par  n,  on  trouve, 
en  supposant  «0=^  i> 

(9)  •^= 

Si  l'on  multiplie  chaque  équation  par  a~'"  avant  de  les  ajou- 
ter, tous  les  termes  du  premier  membre  s'annulent,  excepté 
B"^{x),  et  l'on  obtient  une  quelconque  des  racines  par  la  for- 
mule 

(,o)  6„.(.)=-^-^°T"">^^°î"'/^^---  +  °;"y^. 

Dans  cette  expression,  on  peut  prendre  un  des  radicaux, 
avec  une  quelconque  de  ses  valeurs,  mais  alors  les  valeurs 
des  autres  doivent  s'en  déduire.  Par  exemple  si,  dans  l'ex- 
pression de  uj,  a  désigne  une  racine  primitive  de  l'unité,  les 
autres  valeurs  de  a  seront  ses  puissances  ap=a^,  et  l'on  a 

i  y^i  =  X -^  a.^{x)    -^a2  02(a-)   -l-...-T-a«-ie«-i(x), 
\  y~p=  x  —  xi>%{x)^ar-Pf)'^{x)-^.  .  .-T-a(«-i)/^0'»-i(a:); 

si  l'on  change,  dans  ces  deux  équations,  œ  en  9"'{x),  la  pre- 
mière se  trouve  multipliée  par  a-'",  la  seconde  par  a-p'".  Le 
produit 

(12)  0ix)  =  {V^,)"-^V^p 

se  trouve  alors  multiplié  par 

cc-min-p)  a-  mp  =  i^-mn  —  j  j 

il  se  trouve  donc  inaltéré  quand  on  y  permute  deux  valeurs 
de  ^;  9(x)  est  donc  une  fonction  rationnelle  qui  peut  être 
calculée  comme  plus  haut  ^'(^).  Si  Ton  désigne  sa  valeur 
par  ttp,  on  a 

(i3)  'v/^=^('ra'^- 

Tous  les  radicaux  qui  entrent  dans  la  valeur  de  x  peuvent 
donc  s'exprimer  rationnellement  en  fonction  de  l'un  d'entre 
P-  9 


l3o  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

eux;  si  l'on  remplace  ces  radicaux  parleurs  valeurs  dans  (9), 
on  obtient  pour  x  une  expression  qui  n'a  que  n  valeurs  cor- 
respondant aux  valeurs  de  '{j-o^,.  a  entre  dans  le  résultat,  et 
nous  verrons  plus  loin  qu'on  peut  l'exprimer  algébriquement. 
On  voit  ainsi  qu'^we  équation  dont  les  racines  peuvent  être 
représentées  par  x.,  Q{x),  6^{x),  .  .  .,  0"—''-{x),  où  d'^{x)  =  x, 
est  résoluble  algébriquement. 

Comme  cela  a  toujours  lieu  quand  n  est  premier,  dès  qu'une 
racine  est  fonction  rationnelle  d'une  autre,  une  équation  de 
degré  premier  dont  une  racine  est  fonction  rationnelle  d'une 
autre,  et  qui  est  irréductible,  est  résoluble  algébriquement. 

Dans  le  cas  où  les  fonctions  /et  0  sont  à  coefficients  réels, 
a  sera  la  seule  imaginaire  contenue  dans  Ui  et,  comme  les 
valeurs  de  a  sont  conjuguées  deux  à  deux,  à  savoir  a'^  et  a"--'-', 
il  doit  en  être  de  même  pour  les  valeurs  de  u  ;  ainsi 

(  ui      r=:  p(cosw -I- i  sinœ), 
(  u„_i=p(cosa)  —  isinio), 

(i5)  p2=  u,u„_i  =  rt;j_,. 

Comme  a„_i=  y^ui '(/u„_i  quand  on  échange  et.  et  a"^-^  reste 
inaltéré  et  ne  contient  d'autre  imaginaire  que  a,  il  doit  être 
réel.  On  a  donc 

(16)  Vui  ==  v^^Wcos-^— ^^ hisin-^— ^^ Y 

oià  a  désigne  la  valeur  numérique  de  a„_i  ;  il  en  résulte 

(,7)     ;^^  =  ^  y/;^- Fcos 


'^ r- 1  sin 


De  sorte  que  les  racines  ne  dépendent  que  de  quantités  ra- 
tionnelles, d'une  racine  carrée,  du  sinus  et  du  cosinus  de  la 
,jième  partie  de  la  circonférence,  et  de  la  même  partie  d'un 
angle  &j  dont  la  tangente  est  fonction  rationnelle  du  sinus  et 
du  cosinus  de  ce  même  angle  oj. 
Comme  0  est  réel,  on  voit  immédiatement  que  les  racines 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  l3l 

sont  toutes  réelles  ou  toutes  imaginaires,  car  si  l'une  est 
réelle,  les  autres  le  sont  aussi. 


Examen  du  cas  où  le  degré  de  l'équation  n'est  pas  un  nombre 
premier. 

80.  La  méthode  que  nous  avons  fait  connaître  pour  la  ré- 
solution des  équations  abéliennes  dont  les  racines  forment 
un  groupe,  est  tout  à  fait  générale  ;  mais,  quand  le  degré  n'est 
pas  un  nombre  premier,  la  solution  peut  être  simplifiée. 

Soit  n  =  pm;  on  peut  répartir  les  racines  en  groupes  de 
p  racines,  à  savoir  : 


(0 


X,     e'«(j;),     02'«(.r),      ...,     e'/'-i)'«(a:), 

e(,r),     e'«+i(-^),     G2'"-^'('^)-      •••,     G(p-i''"+i(.r), 


(   e'"-l(,r),      e2'«-J(x),       ...,      Ql>'n-l(x), 

et  l'on  pose  alors 

<2)  6'«(a:)  =  0i(a-), 

les  racines  placées  sur  la  première  ligne  seront 

(3)  .r,      0,(j:),     ef(a:).      ...,     O^H-ï), 

ou 

<4)  QP{x)  =  %'np(j:)  =  X. 

On  peut  donc,  d'après  ce  que  l'on  a  vu  (77),  réduire  l'équa- 
tion, à  l'aide  d'une  équation  de  degré  m,  à  une  autre  de  de- 
gré/?. L'équation  de  degré/»  a  la  même  propriété  que  la  pro- 
posée; cela  n'a  pas  lieu  pour  l'équation  de  degré  m  dans  le 
cas  traité  (77)  et  (78).  Mais  on  peut  montrer  que,  ici,  où 
toutes  les  racines  forment  un  groupe,  les  deux  équations  aux- 
quelles se  réduisent  la  proposée  jouissent  de  la  même  pro- 
priété. 

L'équation  du  degré  m  en  /  est  constituée  de  telle  sorte 
que  l'une  de  ses  racines  est  fonction  symétrique  des/j  racines 


iSa  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

du  premier  groupe;  les  autres  dépendent  de  la  même  façon 
des  racines  des  autres  groupes. 

Soit  maintenant  ji  la  racine  qui  peut  s'exprimer  au  moyen 
de 

(5)  X,     %'»{x),     %'-"\x),     ...,     0'/'-i)'«(x), 
soit /2  celle  qui  peut  s'exprimer  au  moyen  de 

(6)  e(jc),     0'«+i(^),      ...,     0(P"i' '«+'(,/;), 

les  coefficients  de  l'équation  qui  a  pour  racines  les  quanti- 
tés (5)  sont  fonctions  rationnelles  de  jj,  et  toutes  les  fonc- 
tions symétriques  des  racines  peuvent  s'exprimer  rationnelle- 
ment en  /i;  ja  est  une  fonction  symétrique  de 

e(x),   eO'"(.r),   eo2'"(.r),    ..., 

et,  par  conséquent,  aussi  des  racines  (5);  y,  peut  donc  s'ex- 
primer rationnellement  en  y,,  de  sorte  que  l'équation  en  r 
jouit  de  la  même  propriété  que  la  proposée. 

Si  m  et  /o  sont  des  nombres  composés,  on  peut  continuer 
de  la  même  façon,  et  toute  équation  abélienne  dont  les  racines 
forment  un  groupe  peut  être  ramenée  à  des  équations  abé- 
liennes  de  degré  premier. 

Sur  les  équations  irréductibles  dont  deux  racines  sont  liées  par  la 
relation 

(i)  XiX^-^-aX'^-^bx^-^  c  =  o. 

81.  Nous  supposerons  que  a,  b  el  c  sont  des  fonctions  ra- 
tionnelles de  quantités  dont  les  coefficients  de  l'équation 
sont  eux-mêmes  des  fonctions  rationnelles.  Si  l'on  change 
dans  l'équation  oc  en  x -\- h,  h  étant  déterminé  par  l'équa- 
tion 

(2)  //2+   (rt  +  è)//-4-C  =  O, 

deux  racines  seront  liées  par  la  relation 

(3)  XiX^-^  {h  -\-  a)xi-\-  {h  -+-  b)X'i  =  o\ 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  l33 

si  l'on  chan2:e  ensuite  a:  en  -,  on  obtient  entre  deux  racines 
la  nouvelle  relation 

(4)  i-h  {// -r- a)j:2-\- {/i -h  b)xi  — o; 
si  enfin  on  change  ^  en  ^  +  A,  ou 

(5)  (■2/1  -r-b  -{-a)/ii-hi  =  o, 

on  obtient  une  équation  dans  laquelle  deux  racines  sont 
liées  par  la  relation 

,rs  '  /i  -^  a 

(6)  .rj  =  a.r.,,         ou         a  =  —  -, ,-  • 

Maintenant  supposons  que  l'équation  donnée  continue  à  être 
irréductible,  même  lorsque  l'on  regarde  h  comme  une  quan- 
tité connue,  bien  qu'il  soit  donné  par  une  équation  du  second 
degré,  quantité  pouvant  être  utilisée  dans  la  décomposition 
en  facteurs;  dans  ce  cas,  l'équation  finale  doit  être  considé- 
rée comme  irréductible;  car,  si  elle  pouvait  se  décomposer 
en  plusieurs  autres,  il  suffirait,  pour  décomposer  l'équation 
primitive,  de  revenir  aux  inconnues  primitives.  Un  groupe 
de  racines  sera  donné  par  les  relations 

(  7  )  .ri  =  a  X2 ,         jTo  ~  3C  j:-3  ,  .  .  . ,         ^p  =  aj^i , 

qui  montrent  que  a  est  racine  primitive  de 

(8)  a:P=i. 

De 


h  -^  a 

on  tire 

<io)  // = ; 

et  alors,  en  remplaçant  h  par  cette  valeur  dans  (2),  on  a 

{\  1)  cL-(ab  —  c)  -h  (a'^-f-  b"^ —  ■2c)ix-h  ab  —  c  =  o. 

L'une  des  racines  de  cette  équation  est  l'imaginaire  conju- 


l34  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

guée  de  a,  car  le  produit  des  racines  est  un;  soient 

cos'j  -;-  isin-j 

et 

COS'J  —  /siii'j 

ces  racines;  on  a 

rt-'-H//2— 2C        (a  —  bY 

2  COS  'J  =  1 =   -. 2  , 

c  —  al)  c  —  ab 

OU 

,     ,                    ,         (a  —  f>)-              ,             a -h />  ^  .  a  —  b  [xtt 

(12)        c  =  ab -^. :  h  = ±1 tang  ^ — , 

4  COS-  - — 
P 

011  /x  est  premier  avec  p,  puisque  a  est  une  racine  primitive. 
On  voit  qu'un  groupe  de  p  racines  de  l'équation  transfor- 
mée peut  être  exprimé  au  moyen  de  l'une  d'entre  elles;  si 
l'on  désigne  par  /i  cette  racine,  les  p  racines  sont  données^ 
par  l'équation 

et  s'il  y  a  m  semblables  groupes,  on  pourra  mettre  l'équation 
transformée  sous  la  forme 

(i3)  {xi'-jP){.vP-j-P)...{xP-jP,)  =  o; 

y'I,  yl,  . .  .,  y^;^  peuvent  ainsi  être  considérés  comme  racines 
d'une  équation  quelconque  du  degré  m.  Soit 

(i.i)  f(j)  =  o 

cette  équation,  l'équation  en  œ  sera 

(i5)  /(.r/0  =  o, 

et  l'équation  proposée  doit  être  telle  qu'on  puisse  la  ramener 
à  cette  forme  au  moyen  des  transformations  dont  il  a  été 
question;  on  voit  que  p  peut  être  supposé  premier,  sans 
diminuer  la  généralité  de  la  solution. 

82.  Les  équations,   qui   ont  la  forme  générale  que  nous 
avons  considérée,  supposent  que  a  puisse  entrer  dans  la  rela- 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  l35 

tion  (i).  Si  celte  relation  ne  contient  que  des  quantités  ration- 
nelles. 


doit  être  rationnel  et  le  nombre  premier  p  doit  être  égal  à  2 
ou  à  3. 
Si  /)  =r  2,  la  valeur  de  c  est  illusoire  ;  dans  ce  cas 

h  -T-  a 

ainsi 

a  =  b, 
d'où  la  relation 

(lO)  .ri^To-r-  rt(Xi-+-^2)  -i-  c  =  0. 

Si  l'on  pose 

y  —  .i\-^  Xi, 

on  trouve  l'équation  en  j  en  éliminant  œ  entre  la  proposée 

et 

.1-2  —yx  —  aj  —  c  =  o. 

On   reconnaît    (jue    l'équation   appartient  à  cette  classe, 
quand  elle  reste  inaltérée  en  changeant  a:  en 


Réciproquement  on  trouve  toutes  les  équations  du  degré 
2/1,  qui  appartiennent  à  cette  classe,  quand,  dans  l'équation 
générale  du  degré  n  en  r,  on  pose 

.r2  —  c 

Pour/?  =  3,  on  a 

(18)  c  =ab-h{a  —  ùy, 
et  la  relation 

(19)  XiX^-h  axi  -r-  bx^-V-  ab  ^  {a  —  b)-  =  o. 


l36  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

Ces  équations  doivent  rester  inaltérées  quand  on  change  x 


en 

ax  -T-  a^  —  ah  -i-  b'^ 


(20) 


Elles  se  réduisent  à  la  forme 

x'^  =j-, 
ofi 

2  //  -f-  (■  a  -f-  /--  ) 


(  9,  l  )        x'  =   -7    H -, T  J  X  =  Il 

'  X  —  Il         ih  -^  a  -^  b  (zh  -i-  a-h  b)x  —  i 

et 

/  ft  -^  b    ,    a  —  b    I — -  ,  ,  , 

( •}.'}.  )  h  — ±  sJ  —  0  —  —  a  — (a  —  ^ ) ^• 

22 

On  peut  facilement  exprimer  les  coefficients  de  l'équation 
du  troisième  degré  au  moyen  de  l'un  d'entre  eux;  si  l'on  pose 

.Ti  +  x-i  +  .Ts  =  —  J  ;         xx  .r,  +  ,ri  x^  -+-  .r,  .rj  =  a,  ; 

,ri,r2-^3  =  —  «3, 
on  lire  de 

.ri x^  -y-  axi  -f-  bx^  +  «^  —  ab  -h  b^  =  o, 

x^Xg-h-  ax-i—  bx,i-^  a"^ —  ab  -^  b-  =  o, 
X3  Xi  H-  axz  -f-  bxi  -f-  a^  —  ab  -t-  /;2  =  o , 

en  les  ajoutant, 

o,  _  (o  ^-  /> )j  H-  3(«2 _  «Z,  +  /';2 )  =  o ; 

et  en  les  ajoutant,  après  les  avoir  multipliées  par  x^,  .Ti  et  a-,, 

—  3a3-i-  (a  -i-  b)a2—j(a^-—  ab  -h  b'i)  =  o; 

d'où  l'on  déduit  l'équation 

(23)  ./;3 -hrx^' -+- [(a  -f-  6 )/  —  3 («2 _ r/Z*  -4-  b'-)] x -^ aby  —  (a^  +  b^)  =  o. 

En  éliminant/  entre  cette  équation  et 

M)  K(j)  =  o, 

où  r(j)  =0  est  une  équation  irréductible  arbitraire,  on  ob- 
tient une  équation  de  l'espèce  cherchée. 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  187 

Exemple  : 

.r^  -7-  .r-  —  2  jr  —  I  =  o  ; 

celte  équation  reste  inaltérée  quand  on  change  ^  en ; 

on  a  alors 

.ri  .ro  -^  .ri  -H  I  =  o  ; 
ainsi 

1  I  -f-  T.  Ot 

a  =  I  ;         /;  =  o  :         //  =  a  ;  /'  1  = =  — '■ ; 

i  -f-  2  a  o 

l'équation  réduite  est 

„„      ±i3v/=:T-9 


83.  Nous  avons  supposé  que  l'équation  donnée  reste  irré- 
ductible quand  la  racine  carrée  qui  entre  dans  h  est  censée 
connue;  soit  k  cette  racine,  il  peut  arriver  que  l'équation  se 
décompose  en  deux  autres 

et 

A  — /.B  =  o, 

et  alors  il  est  clair  que  dans  ce  cas  la  relation  (i)  détermine 
^2  comme  racine  d'une  de  ces  deux  équations  quand  x^  est 
pris  pour  une  autre  racine. 

L'équation  transformée  se  laisse  décomposer  aussi  en  deux 
autres  et  chacune  des  racines  de  celles-ci  xi,  est  déterminée 
en  fonction  d'une  autre  racine  Xi  au  moyen  d'une  relation  de 
la  forme 

Xk  =  axi; 

on  arrive  donc  à  la  même  détermination  de  a  que  dans  le  cas 
général,  de  sorte  que  l'on  peut  énoncer  le  théorème  sui- 
vant : 

Si  deux  racines  d'une  équation  irréductible  du  /i'«'"<"  degré 
sont  liées  par  la  relation  (i),  l'équation  peut  être  résolue  au 
moyen  d'une  équation  du  second  degré  à  l'aide  d' une  équa- 
tion de  desrré  -.  dans  le  cas  où  a  ^  b:  dans  le  cas  contraire, 
on  peut  la  ramener  à   une  équation  du   troisième  degré,  à 


l38  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

Vaide  d'une  équation  de  degré  -;  dans  ce  dernier  cas  on  doit 
avoir  c  ^  a-—  ah  -^  b". 

84.  Lorsque  deux  racines  d'une  équation  irréduclilDle,  déve- 
loppées en  fraction  continue,  finissent  par  avoir  les  mêmes 
(luotients  complets,  l'équation  appartient  à  la  classe  d'équa- 
tions que  nous  venons  d'étudier.  Si  le  quotient  complet  com- 
mun est  désigné  par  q  on  a 

/    r\  d-^-diq  f^fiq 

(  -25  )  JTi  = -^- ,  X,  — ^^-^ , 

c-^c,q  i'-é'i7 

d  d\  ,  ,  1  .    >  ...  ,  f  il  r  . 

-et  —  étant  les  dernières  réduites  de  a:,  et  -j  —  étant  les 

(^  ei  g     gi 

dernières  réduites  de  a;^  que  l'on  obtient  quand  on  fait  usage 
des  parties  différentes  des  fractions  continues.  Si  l'on  éli- 
mine ^  on  a 

(26)  (egi  —gei)xi  X.2  -1-  {eif—  e/i  ) .rj  -h  (d^g  —  dgi).ro -h  dfi—dj=^  o  ; 
on  a  identiquement 

,^^x       \  {eif~efi){dig-dgi)-\-{dei  —  edi)(fgi  —  gfi) 
■''       i  ,  =(egi-ger){dj\-fd,\ 

OÙ,  comme  l'on  sait, 

rZei  —  dei  =  ±  i , 


Pour  p  =-2,  («  =  b),  et  si  l'on  pose 

egi  —  gei  =  X,         e,/—  cj\  =  dig  —gid=  a, 

(27)  donne 

df\-dj='^, 

où  1  est  un  diviseur  de  a-±i;  la  forme  générale  d'une  équa- 
tion aux  racines  ^1  et  a:<,  est  donc 


(29)  X^  —  Xf- 


ay       a-  nr 

T        \^ 


où  a  désigne  un  entier  quelconque,  1  un  diviseur  de  a^±  i 


ÉQUATIONS    ABÉLIENXES.  iSg 

et  /  une  racine  d'une  équation  arbitraire.  Pour  p:=o  en 
posant 

eif—fei  =  a,         d^  g  —  g,  d  =  b,         et         dj\  —fdi  =  c, 

(27) donne 

ab  ±  \  =  X  c 
et  l'on  a  (18) 

\c  =  a'^  —  ab  -+-  b-  ; 

il  en  résulte 

de  sorte  que  l'on  doit  faire  usage  du  signe  -h  ;  on  a  donc 
h  =  «  ±:  I , 

'= X — ' 

La  forme  la  plus  générale  d'une  équation  du   troisième 
degré  aux  racines  ^i  et  Xj  est  donc 

X^  -r-JX^  -1-  «2  -^  -^  «3  =  O, 

où 
(3o)  \  -lazti  3(«2±rt-+-i), 


ai- 


~W  X^ 


a  est  un  entier  arbitraire  et  >.  un  diviseur  de  a-±i  a 


Résolution  algébrique  des  équations  binômes. 

85.  On  a  montré  que  la  résolution  de  l'équation  binôme  se 
ramenait  à  la  résolution  d'équations  de  la  forme 

(i)  x/'— 1  =  0, 

oij  p  désigne  un  nombre  premier;  les  racines  de  cette  équa- 
tion ont  été  mises  sous  forme  trigonométrique,  et  nous  allons 
montrer  maintenant  comment  on  peut  les  mettre  sous  forme 


l4o  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

algébrique.  La  somme  de  deux  racines  de  l'équation  (i)  étant 

égale  à  2cos  — ,   la  circonférence  pourra  être  partagée  en 

p  parties  égales  au  moyen  de  la  règle  et  du  compas,  si  l'équa- 
tion en  question  peut  être  résolue  au  moyen  seulement  de 
racines  carrées. 
Si  l'on  divise  par  j?  —  i,  on  obtient  l'équation  irréductible 

(  2 )  ,r/'-i  -4-  xP--  -h  .  .  .  -1-  ,r2  H-  ,r  -M  =  o. 

Les  racines  de  cette  équation  peuvent  être  représentées  au 
moyen  de  l'une  d'elles  a  par  les  expressions 

(3)  'a,     a'',     a'-',      .  .  .,     a''''"', 

OÙ  /•  est  une  racine  primitive  de  la  congruence 

(4)  .rP-i  — lEso  (mod/?), 

c'est-à-dire  un  nombre  tel  que  /-^  —  i  ne  peut  être  divisible 
par/?  pour  A  </;  — i.  Il  est  facile  de  voir  que  tous  les  termes 
de  la  suite  (2)  sont  différents. 

Soit  8  une  racine  arbitraire  (i  excepté)  de 

xP-^^i  =  o. 

Nous  aurons  à  considérer  dans  la  suite  le  produit  de 

/    V,  =  a  +  p  a''      H-  p2  ^r'.    _<_  .  .  .  _|.  p/;-2  a^P"^ 

(16)  '  par 

les  termes  en  [3"  sont 

Si  l'on  pose  a,  +  «'"-%  a,  sera  racine  de  (i)  et  l'on  aur 


ÉQUATIONS    ABÉLIEXNES.  l4l 

pour  expression  de  la  quantité  entre  parenthèses 


Si  ai  n'est  pas  égal  à  i,  ceci  représente  la  somme  des  ra- 
cines de  l'équation  (2),  c'est-à-dire  —  i.  Si,  au  contraire, 
a,  =  I ,  cette  somme  est  égale  à  />  —  i  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  si 

/•«-f-i  =  o  (mod  p), 
d'où  l'on  tire 


le  produit  cherché  sera  alors 


et  comme 

i^i3-T-p2H-...+  [3p-2=o, 

on  aura 

(7)  \,\,=pf^=±p, 

car  ,3  ^    est  égal  à  i  ou  à  —  i . 

Dans  le  premier  cas,  on  peut  réunir  dans  les  deux  facteurs 
V,  et  V2  les  termes  éloignés  l'un  de  l'autre  de  ■^-—  rangs; 
deux  semblables  termes  sont 

p—i         /)  — 1 

P  -1 
p  divisant  /•   -    +1,  /?  divise 

(,V_,)(,V_.,) 

et  ne  divise  pas  le  premier  facteur;  la  somme  de  nos  deux 


t/42  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

termes  est  alors 


S  =  «."(«'•"+ «-'■"), 

ou  si,  par  exemple, 

l-K            .     .      271 

a  —  cos  — ■  -h  i  sin  — 
P                 P 

et  si  l'on  pose 

2Tr  _ 

on  a 

Si  l'on  désigne  alors  par  y  une  racine  de 

p-i 

et  si  l'on  fait/»  =:  2[x  +  i,  on  aura 
(9)  4ViV,  =  p, 

où 

Vi  =  cos  a  -H  YC0S7-rt      -h. .  .-f-  yt^"'  cosr!-'--'(7, 

V2=  cosrt-i-  Y~*  C0S7-rt  -+-.  .  .-h  y-'S^-i'  cosrV--^a. 
86.  Si  l'on  pose 

les  racines  de  l'équation  donnée  (2)  pourront  se  mettre  sous 
la  forme 

X,     0{x),     02(,r),      ...,     0/^-2  (x), 

où  0^-^(^)=r^;  cette  équation  appartient  donc  à  la  classe 
des  équations  étudiées  (79),  et  les  racines  sont  des  sommes 
de  termes  de  la  forme 

V  désignant  une  fonction  rationnelle  des  coefficients  et  de  (3. 
a  peut  donc  s'exprimer  au  moyen  de  radicaux,  si  la  même 
chose  a  lieu  pour  [3;  comme  le  calcul  de  [3  dépend  à  son  tour 
de  la  résolution  d'équations  binômes  dont  les  degrés  sont  des 
nombres  premiers  inférieurs  à  p,  on  finit,  par  des  réductions 
successives,  par  tomber  sur  des  équations  que  l'on  peut  ré- 


ÉQUATIONS    ABÉLIENXES.  l43 

soudre  et,  par  suite,  la  proposée  est  résoluble  au  moyen  de 
radicaux. 
Les  termes  de  a  sont  conjugués  deux  à  deux;  par  exemple 

V/ui        et  \l-^n-\ 

sont  conjugués,  etc.  Ces  deux  radicaux  sont  V,  et  V,  dont  le 
produit  est  ±p.  Leur  module  est  \]p.  Les  arguments  s'obtien- 
nent en  divisant,  par  les  facteurs  premiers  de  /j  —  i,  un  angle 
que  l'on  peut  construire.  Si  le  nombre  premier  p  est  de  la 
forme 

(10)  p  =  2^M-  I, 

p  —  I  ne  contiendra  pas  d'autres  facteurs  premiers  que  2,  on 
pourra  donc,  dans  ce  cas,  partager  la  circonférence  en  p  par- 
ties égales,  au  moyen  de  cercles  et  de  lignes  droites,  car  on 
n'aura  à  construire  que  des  expressions  rationnelles,  à  par- 
tager des  angles  en  deux  parties  égales  et  à  construire  la  ra- 
cine carrée  de  p. 

87.  Au  lieu  de  traiter  comme  nous  l'avons  fait  l'équation 
donnée,  on  peut  la  traiter  comme  une  équation  réciproque 
et  la  réduire  à  une  autre  de  degré  \i.,  celle-ci  conserve  le 
caractère  d'équation  abélienne.  En  effet,  ses  racines  étant 
des  sommes  de  racines  conjuguées  de  l'équation  binôme  sont 
de  la  forme 

(11)  2C0S«,      2  COS/*«,       2C0S7'-<7,       ...,       2C0SA'H-~*rt, 

et  l'on  sait  que  cos/«  est  fonction  rationnelle  de  cosa.  Si 
l'on  fait  pour  cette  équation  le  produit 

on  retrouve  le  produit  (9)  dont  la  valeur  est/?. 

C'est  Gauss  qui  a  résolu,  pour  la  première  fois,  l'équation 
binôme;  il  a  fait  voir  que  la  circonférence  pouvait  être  par- 
tagée en  /?  =  1'^+  I  parties  égales  quand  p  était  premier,  et 


144  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI, 

cela  en  partageant  des  angles  en  deux  parties  égales  et  en 
construisant  sjp. 

Plus  tard,  Abel  a  généralisé  la  méthode  de  Gauss. 


Division  de  la  circonférence  en  17  parties  égales. 

88.  La  division  de  la  circonférence  en  dix- sept  parties 
égales  dépend  de  l'équation 

(i)  x'^ —  I  =  o; 

si  on  la  divise  par  x  —  i   et  si  l'on  réduit  l'équation  réci- 
proque ainsi  obtenue,  on  obtient  la  transformée 

( 2 )      .r* -4-  .r"  —  -x^  —  G .r» -r-  1 5 X*  —  i o x^  —  i o .r^  —  ^x  -^1=^  o. 

Les  racines  de  cette  équation  sont 

■ikiz 

.r  =  2  cos j 

17 

011  A=  t ,  2,  . . .  ,  8. 

L'équation  (2)  étant  du  degré  2^  pourra  être  résolue  parla 
méthode  développée  (80),  à  l'aide  de  trois  équations  du  second 
degré;  mais  nous  préférons  faire  usage  de  l'équation  primi- 
tive du  16"  degré. 

La  plus  petite  racine  primitive  de  j?^*^  =  i  (mod.  17)  est  3; 
on  prendra  alors  /■  :=  3,  et  les  racines  seront 


Posons 


alors  on  a 

7i-^-r.2=  — I. 

Le  produit /1J.2  est  rationnel,  car  si  l'on  échange  a  avec  une 
autre  racine  il  ne  change  pas  de  valeur;  car  si  l'on  échangea 


ÉQUATIONS    ABÉLIEN.NES.  1^5 

avec  une  racine  du  même  groupe  7,  et  72  ne  changent  pas; 
si  l'on  échange  a  avec  une  racine  d'un  autre  groupe  ji  et  j^ 
s'échangent  entre  eux.  Comme  le  produit  de  deux  racines 
est  encore  une  racine,  /ija  est  la  somme  de  64  racines 
parmi  lesquelles  ne  se  trouve  pas  l'unité,  deux  racines  con- 
juguées se  trouvant  dans  le  même  groupe;  comme  le  produit 
est  symétrique  chaque  racine  y  entre  quatre  fois. 
Enfin,  comme  la  somme  des  racines  est—  i,  on  a 

vi.r-2  =—  i, 
et  y,  et  j'2  sont  racines  de 
(5)  ,2^,._^^o 

Maintenant  posons 

(   a  4- a'3^  3! -1  —  a-'^  —  ;i  :  a^  -;- a-'   -f- a-^   +  a-5    =  ;.j. 


(6) 


-11 


(7)  -l-+--2=Ji;  -3-i--V=j2- 

L'équation  qui  a  pour  racines  les  8  termes  de  jj  est  du 
huitième  degré;  l'un  de  ses  coefficients  est — Vi  et  les  autres 
sont  fonctions  rationnelles  de  celui-ci.  ^^1:^2  doit  donc  pouvoir 
s'exprimer  rationnellement  en  /,,  car  il  n'est  pas  altéré 
quand  on  échange  les  racines  contenues  dans  j,  ;  le  produit 
en  question  a  16  termes  qui  sont  tous  racines;  parmi  ceux-ci 
se  trouve  a'"  qui  appartient  à  72  et  a*  qui  appartient  à  j,  ; 
les  autres  termes  de  ji  et  Vo  doivent  donc  se  trouver  aussi 
l)armi  les  16  termes  en  question;  on  a  donc 

et,  en  remplaçant  y.  par  y/-, 


les  z  sont  donc  racines  de 

(8)  :;2— ji;  — t  =  o         el         ^'^—Jî- 

P. 


I46  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

Si  l'on  pose  enfin 

a  -i-  a-i  =  ti , 

comme  tit^  est  rationnel  en  l'i  et  ^,,  il  doit  en  être  de  même 
de  53,  et  l'on  a,  en  effet, 

Zl  =  z.2^2Z->^  i  OU  -2^3  =  3j  —  r,— Ji  —  4: 

/j  et  to  sont  donc  racines  de 

On  peut  donner  six  expressions  analogues  à  celles  qui  sont 
données  pour  t^  et  t.,.  Ces  huit  valeurs  sont  racines  de  l'équa- 
tion réciproque  du  huitième  degré  à  laquelle  se  ramène  la 
proposée;  ces  valeurs  sont 

2C0S<7;         2C0S2<7;         ...;         acosSa, 


Le  côté  du  polygone  de  34  côtés  inscrit  dans  le  cercle  de 
rayon  i  a  pour  expression 

T.  8:: 

■3.  sin  7;-;  =  2  cos  —  =2  cos  î<7 
^4  '7 

et  se  trouve  parmi  ces  racines;  on  les  construit  facilement  au 
moyen  de  cercles  et  de  droites,  à  l'aide  de  trois  équations  du 
second  degré,  en  construisant  d'ahord/  et  z.  A.insi,  on  con- 
struit le  polygone  de  17  côtés  et,  enjoignant  les  sommets  de 
deux  en  deux,  celui  de  34  côtés. 

Réduction  de  l'équation  ./'"  =  i. 

89.  Nous  appliquerons  encore  notre  méthode  au  cas  où 
/>  =  t3;  ici  r  =  2,  et,  en  faisant  ahstraction  de  la  racine  i,  les 
autres  sont 


ÉQUATIONS    ABÉr.IENNES.  \  [q 

Si  l'on  pose 

j)"i  =  a  -^  a*  -I-  «3  _^_  3£-i  -f-  a.-*  -i-  a-^, 

}■,  =  a- H-  x^-l-  a*"' H-  o'-^-h  a-8  -H  a-^, 
on  a 

j"i-^j2  =  — i;      .rij-2  =  — 3, 

el  l'on  a,  pour  calculer  y,  et  j.,, 

J--^J  —  3  =  o. 
Posons 

et,  par  suite, 

r.i  +  G,-i-C3=J-i, 
3(32-7-  3i;;3-f-  32-3  =  —  I, 
^,30  33  =  2-I-J2  =  1— Ji; 

a/.— 
les  six  valeurs  de  2  cos  -—-seront  déterminées  par  les  équa- 
tions 

J--^J  —  3  =  o, 

33-J32  — 3H-J  — 1  =  0. 


./■/' —  I 
Propriété  de  l'équation  -; =  o  où  p  est  premier. 


90.  I,'équation 

(0 


.f  —  1 
où  p  est  un  nombre  premier,  a  pour  racines 

a,     X'",     a'",      ....      ol''^"'  : 

si  l'on  pose,  comme  plus  haut, 

i   )i  =  X  ^-  a'"-(-  X''-!-  .  .  .-+-  x'"''"' 

I  J-2  =   X'  —  X'    —01.'    -I-  ...  -I-  X'''^    ' 

on  a 

/>  peut  être  de  la  forme  \n  -h  i  ou  4"  +  3. 


l48  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VI. 

1°  yj  z=  4«  +  !•  —  Les  racines  conjuguées  se  trouvent  dans 
le  même  groupe;  en  sorte  que  ji/2  iie contient  pas  le  terme  i. 
Le  nombre  des  termes  de  71/2  est  t\n}  et  chaque  racine  doit 
y  entrer  n  fois;  on  a  donc 

j2+/-/'  =  0 
et 

(3)  J= :^-^- 

L'équation  dont  les  racines  sont  les  termes  de  y\  a  ses 
coefficients  de  la  forme  «  +  />/,,  a  et  ^  désignant  des 
nombres  entiers;  si  l'on  forme  la  somme  des  produits  de 
q  racines  pour  calculer  les  coefficients  de  l'équation,  on 
obtient  une  somme  dont  chaque  terme  est  une  racine;  ces 
racines  sont  les  unes  égales  à  i,  les  autres  sont  des  termes 
de  7i  ou  de  y,_ ;  mais,  si  un  terme  de  /i  se  trouve  dans  le  pro- 
duit, ils  doivent  s'y  trouver  tous.  La  somme  a  donc  la  forme 
aj,+  ^y,+  cou  {a  —  b)Yi  +  c  —  b,  011  a,  ^^,  c  sont  entiers 

et  où  l'on  a 

'xn{a+  b)  -\-  c  =  (l^iïii), 

ces  deux  nombres  étant  tous  deux  l'expression  du  nombre 
des  termes  qui  entrent  dans  le  coefficient  calculé. 

Si  l'on  échange  a  en  a'",  et,  par  suite,  ji  en/.,  on  obtient 
l'équation  dont  les  racines  sont  les  termes  de  y^,  les  deux 
équations  se  distinguent  seulement  l'une  de  l'autre  par  le 
signe  de  \//3.  Il  n'y  entre  pas  d'autres  dénominateurs  que  2; 
alors  on  peut  écrire  ces  équations  ainsi 

où  Y  et  Z  ont  des  coefficients  entiers,  et  on  a  identiquement 
4X  =  Ï2  — yjZ2. 

Y  est  de  degré  ^^^^  ,  Z  de  degré  ^-^^^;  comme  les  deux  équa- 
tions que  nous  venons  de  former  sont  réciproques,  on  voit 


ÉQUATIONS    ABÉLIENNES.  l^Q 

que  dans  Y  et  Z  les  coefficients  formeront  des  suites  symé- 
triques, comme  dans  les  équations  réciproques. 

2"  /?i=4«  -t-  3.  —  Les  racines  qui  entrent  dans /i  senties  in- 
verses de  celles  qui  entrent  dans  j,;  parmi  les(2rt-i-i)"  termes 
de /, j2  se  trouve  l'unité  2«4-i  fois;  chaque  autre  racine 
entre  n  fois;  on  a  alors 


J- 

-t- J 

r  +  //  -1-  1 

=  o. 

}■ 

= 

-l±v/= 

"^. 

•2 

et,  en  procédant  comme  plus  haut,  on  a 

les  deux  équations  ne  diffèrent,  comme  dans  le  cas  précé- 
dent, que  par  le  signe  de  \/—  p,  mais  elles  ne  sont  plus  réci- 
proques; l'une  se  déduit  de  l'autre  en  changeant  .37  en  -  et 
en  chassant  les  dénominateurs;  les  coefficients  de  Z  ont  les 
mêmes  propriétés  que  plus  haut,  et  les  coefficients  de  Y  sont 
égaux  et  de  signes  contraires  deux  à  deux. 

Notre  développement  n'est  pas  applicahle  au  cas  où  p  =^0; 
dans  ce  cas 

4(a-2  +  .;;4-i)  =  V-2^3Z2; 

Y  =  2x-t-  i:        Z  =  I, 
ou 

Y  =  j:  -H  -2  ;         Z  =  jr, 
OU 

Y  =  .r  —  I  ;  Z  =  .r  +  I . 

Les  théorèmes  que  nous  venons  de  démontrer  sur  les  poly- 
nômes X  trouvent  leur  application  dans  la  théorie  des 
nomhres  (Diricolet,  Journal  de  Crelle,  t.  17). 


DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VU. 


CHAPITRE  VIL 

ÉQUATIONS  RÉSOLUBLES  A  L'AIDE  DE  RACLNES  CARRÉES. 


Forme  des  racines. 

91.  Soit  ^1  une  racine  d'une  équation  irréductible  donnée 
que  nous  supposerons  résoluble  au  moyen  d'expressions 
rationnelles  et  de  racines  carrées;  lorsque  nous  dirons  qu'une 
expression  contient  n  racines  carrées ,  il  faudra  sous-en- 
tendre  que  ces  racines  sont  distinctes;  nous  dirons  qu'une 
expression  qui  ne  contient  que  des  racines  carrées  d'expres- 
sions rationnelles  est  une  expression  du  premier  ordre;  une 
expression  qui  contiendra  des  racines  carrées  d'expressions 
du  premier  ordre  seulement  sera  du  second  ordre  et  ainsi  de 
suite. 

Si  les  radicaux  qui  entrent  dans  jr,  sont  liés  entre  eux  par 
une  équation  du  premier  degré  à  coefficients  rationnels,  on 
en  profitera  pour  réduire  le  nombre  des  radicaux  contenus 
dans  .a?,.  Lorsque  a^i  sera  ainsi  ramené  à  contenir  le  plus  petit 
nombre  possible  de  radicaux,  on  fera  évanouir  les  radicaux 
qui  entreront  en  dénominateurs;  on  n'introduira  pas,  par 
cette  opération,  de  nouveaux  radicaux,  cette  opération  se 
faisant  par  de  simples  multiplications  qui  peuvent  se  faire  de 
façon  qu'on  n'introduise  pas  de  nouveaux  radicaux.  Alors  les 
radicaux  n'entrent  dans  j?,  qu'avec  l'exposant  i  ;  car  une 
puissance  paire  d'un  radical  est  une  expression  radicale  d'un 
ordre  moins  élevé;  il  en  résulte  aussi  que  toute  fonction  ra- 
tionnelle d'un  radical  entrant  dans  x^  peut  s'exprimer  en 
fonction  rationnelle  du  premier  degré  par  rapport  à  ce  radical. 

Si  l'on  change  les  signes  des  radicaux  qui  entrent  dans 


ÉQUATIONS    RÉSOLUBLES    A    l'aIDE    DE    KACINES    CAIîRÉES.  l5l 

l'expression  de  x^  de  toutes  les  manières  possibles,  ^i  pren- 
dra de  nouvelles  valeurs  ^"2,  ^o,  .  . . ,  j:'^,.  et,  si  ^1  contient 
p  radicaux,  Xy  prendra  2^  valeurs;  mais  ces  21'  valeurs  ne  sont 
pas  toujours  distinctes;  c'est  ainsi  que 

ne  change  pas  quand  on  change  le  signe  de  \/l> . 
Si  J7i  est  racine  crime  équation  irréductible 

(0  /(.r)  =  o 

,ro,  .r-i,  .  .  . ,  ^jj,  sont  racines  de  la  même  équation. 

En  effet,  remplaçons  ^par  ^1  dans/(wr)  :  comme  il  n'existe 
pas  de  relations  entre  les  radicaux  qui  entrent  dans  ^1,  les 
coefficients  des  radicaux  qui  entreront  dans  l'équation  ainsi 
obtenue  devront  être  nuls.  Les  équations  qui  en  résultent  et 
qui  expriment  que  .Vy  est  racine,  à  leur  tour  contiendront  des 
radicaux  dont  les  coefficients  devront  être  nuls  et  ainsi  de  suite; 
on  arrive  de  la  sorte  à  des  équations  qui  ne  contiennent  plus 
que  des  quantités  rationnelles,  (pii  ne  dépendront  pas  des 
signes  des  radicaux  qui  entraient  dans  ^1  et  qui  seront  satis- 
faits, quels  que  soient  ces  signes.  Si  donc  l'équation  (i)  admet 
pour  racine  ^1,  elle  admettra  aussi  pour  racines  œo,  ^3,  . . . ,  ^p.. 

Maintenant  on  peut  poser 


où  ^c  est  un  radical  qui  n'entre  pas  sous  un  autre  signe  ra- 
dical; \/c  n'entre  pas  alors  dans  l'expression  de  A  ou  de  B, 
qui  peuvent  contenir  d'autres  radicaux;  posons  alors 

T.  =  A-B  s/r  : 
le  produit 

(,,;_,^,)(,r_.r,) 

ne  contiendra  pas  \/c  si  l'on  forme  des  produits  analogues 
pour  toutes  les  autres  racines  en  changeant  les  signes  des  ra- 
dicaux se  trouvant  en  A  et  B  ;  on  obtient  l'expression 

ix—Xi){x  —  X2),     ...,{X  —  X^) 


1.J2  DIÎLXIÈMIÎ    PARTIE.     —    CHAPITIIE    \ll. 

transformée  en  un  produit  de  2/'-'  facteurs  du  second  degré, 
qui  se  déduisent  de  l'un  d'eux,  en  changeant  les  signes  des 
radicaux  de  toutes  les  manières  possibles.  Deux  de  ces  fac- 
teurs sont  de  la  forme 

j:-2—  (  A,  -  B,  /c)  .>■  -^  X.,—  \i,  y/^. 

et  leur  produit  du  quatrième  degré  dont  le  premier  terme 
est  ^*  ne  contient  pas  \/Ti.  Si  l'on  traite  ces  facteurs  du  qua- 
trième degré  d'une  façon  analogue  et  si  l'on  continue  ainsi 
de  suite,  on  finit  par  trouver  une  équation  du  degré  1''  à 
coefficients  rationnels  admettant  les  racines  a?,,  .v.,,  . . .,  x^. 
Si  elle  est  irréductible,  elle  doit  se  confondre  avec  l'équation 
donnée;  mais  il  peut  arriver  que  plusieurs  valeurs  de  x 
soient  égales,  en  sorte  que  l'équation  obtenue  soit  réduc- 
tible. Dans  ce  cas  elle  admettra  un  même  nombre  de  fois 
toutes  les  racines  de/(^):=o;  sans  quoi,  en  divisant  par 
une  puissance  convenable  de/(^),  on  pourrait  obtenir  une 
équation  admettant  une  partie  seulement  des  racines  de 
f{x)^o;  le  degré  de  l'équation  donnée  doit  donc  être  un 
diviseur  de  ip.  Donc 

Une  équation  irréductible  qui  peut  être  résolue  au  moyen 
d'extractions  de  racines  carrées  doit  être  d'un  degré  égal  à 
une  puissance  de  1  et  ses  racines  ne  diffèrent  les  unes  des 
autres  que  par  les  signes  des  radicaux. 

92.  Une  racine  d'une  équation  irréductible  de  degré  i'' 
qui  peut  être  résolue  à  l'aide  de  racines  carrées  peut  s'expri- 
mer au  moyen  de  p  radicaux. 

Si  dans  l'équation 

(0  /(•^)  =  o 

on  remplace  x  par  -,  si  l'on  chasse  les  dénominateurs  et  si 
l'on  cherche  par  les  méthodes  connues  le  plus  grand  commun 
diviseur  des   premiers  membres   des    deux  équations,   on 


ÉQUATIONS    RÉSOLLBI.ES    A    l'aIDE    DE    RACINES    CARRÉES.  1 53 

obtient  un  reste  du  premier  degré 
M  >■  -^  X 
et  le  dernier  diviseur  peut  être  représenté  par 

Ax2+B.r  — C. 

M,  N,  A,  B,  C  désignant  des  fonctions  entières  de  A  et  des 
quantités  connues.  Soient  Xj  et  x^  deux  racines  de  l'équa- 
tion (i)  :  si  l'on  l'ait  k  =  x^x^^,  Xi  et  x^  seront  des  racines 
communes  aux  deux  équations  et  l'on  aura 

La  forme  la  plus  générale  d'un  facteur  du  second  degré  de 
f{x)  en  fonction  du  produit  de  deux  racines  est  donc 

9  désignant  une  fonction  rationnelle. 

Quand  k  sera  connu,  les  deux  racines  seront  ainsi  données 
par  une  équation  du  second  degré,  c'est-à-dire  que  leur  ex- 
pression contiendra  un  radical  de  plus  que  celle  de  /.. 

k,  étant  un  produit  de  deux  racines,  sera  déterminé  par  une 
équation  de  degré 

^ =   ■2/'-' (2/'—  11. 

Comme  k  peut  s'exprimer  au  moyen  de  racines  carrées, 
l'équation  en  k  devra  pouvoir  se  décomposer  en  d'autres 
dont  les  degrés  seront  des  puissances  de  2.  Ces  équations 
ne  peuvent  être  toutes  de  degré  2?  ou  de  degré  plus  élevé, 
car  une  somme  de  pareilles  puissances  serait  divisible  par  ip, 
ce  qui  n'a  pas  lieu  avec  le  degré  de  l'équation  déterminant  k  :  le 
degré  de  l'une  de  ces  équations  doit  donc  être  au  plus  égal 
à  2^-'. 

L'équation  de  degré  2^  pourra  donc  se  résoudre  au  moyen 
de  p  racines  carrées  si  celle  du  degré  2^-'  peut  se  résoudre 
au  moyen  de  «  —  i  racines  carrées.  Mais  l'équation  du  second 
degré  peut  se  résoudre  au  moyen  d'une  racine  carrée;  lethéo- 


I04  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VIT. 

rème  se  trouve  donc  démontré.  Cependant,  il  existe  un  cas  qui 
demande  à  être  examiné  de  plus  près,  à  savoir  celui  dans  le- 
quel/(j;)  el/[  -  I  ont  un  facteur  commun  de  degré  supérieur 

à  deux.  Cela  ne  peut  arriver  que  si  l'on  a,  pour  des  valeurs 
de  p  et  q  différentes  de  i  el  2, 


on  aura  alors 

et  si  l'on  remplace  œ  par  jc  +  /^ 

■Tp  .r^  -\-  h  (  x,,  -^  ./Vy  )  ^  h^  =.ri  ,r,  -h  //  (  ,r  i  4-  .r,  )  -+-  h-  ; 

celte  formule  ne  peut  avoir  lieu  quel  que  soil  h;  sans  quoi 
l'équation  donnée  aurait  des  racines  égales,  ce  qui  est  impos- 
sible, puisqu'elle  est  irréductible. 

Si  donc  la  démonstration  tombait  en  défaut,  on  pourrait 
toujours  transformer  l'équation  de  manière  que  le  cas  en 
question  ne  se  présente  pas.  Comme  la  transformation  n'altère 
pas  le  nombre  des  radicaux  qui  entrent  dans  les  expressions 
des  racines,  le  théorème  est  vrai  dans  tous  les  cas. 

93.  Si,  comme  plus  haut,  on  associe  les  facteurs 


deux  par  deux,  les  nouveaux  facteurs  du  second  degré  deux 
par  deux  et  ainsi  de  suite,  on  se  débarrasse  chaque  fois  d'un 
radical;  quand  il  ne  reste  plus  qu'un  radical  y/a ,  on  obtient 
deux  facteurs  qui  ne  diffèrent  l'un  de  l'autre  que  par  le  signe 
de\/a;  l'équation  de  degré  2^  peut  alors  se  ramènera  une 
autre  de  degré  2^-^  dans  laquelle  les  coefficients  contiennent 
\^x  et  qui  prendra  la  forme 


',  et  l'on  peut  toujours  faire  en  sorte  que  le  coef- 


ÉQUATIONS    RÉSOLUBLKS    A    LAIDE    DE    RACINES    CARRÉES.  100 

ficient  de  la  plus  haute  puissance  de  x  soit  l'unité,  sans  que 
\'y.  entre  en  dénominateur.  Si  l'équation  donnée  est 

/(.r)  =.  o, 
il  faut  donc  que  l'on  ait 

/(.r  )  =  (.;■'"  4-  fli ^'«-1  -f- .  .  .  ^  a,„  f- 

—  7.{bixm-i-\-  h^x"i-^-^.  . .+  Oin)-. 

\j y.  est  le  dernier  radical  que  l'on  fait  disparaître  dans  :r,, 
c'est-à-dire  le  premier  qu'il  faut  calculer  quand  on  veut 
évaluer  a:,;  si  l'on  a  le  choix  entre  plusieurs  radicaux  à 
calculer  tout  d'abord,  f{x)  peut  être  ramenée  de  plusieurs 
manières  à  la  forme  que  nous  venons  de  considérer.  Par 
exemple,  si 

.n  =  y/â  -I-  \/7i  -H  \  s/ il  ^  \JJ)  ^  /c, 

on  pourra  ramener /(.r)  aux  deux  formes 

X'^  —  aW       ou       k^—bW, 
où  A  est  du  quatrième  degré  et  B  du  troisième. 

Résolution  de  l'équation. 

9i.  Pour    abaisser    l'équation    donnée,    on    peut   former 
l'équation  qui  a  pour  racines  les  valeurs  de 

(j:i+  .7-2 -h.  .  .-4-.r,„)(jr,„+i-t-x,„+2-j-.  .  .H-./-./»)- 

Le  degré  g  de  cette  équation  est  égal  à  la  moitié  du  nombre 
de  manières  dont  on  peut  prendre  2/'-*  lettres  sur  ip  ou 


On  peut  montrer  que  ce  nombre  est  impair;  si  l'on  divise 
para  tous  les  facteurs  pairs  de  ip\  on  obtient  tous  les  fac- 
teurs de  2/'-'l,  Si  donc  u,  //,,  «^  désignent  des  nombres 
impairs,  on  aura 

2/jl   _  22P-'.2/'-l  \u. 


l56  DFXXIÈMK    PARTIE,    —    CHAPITRE    VII. 

Si  l'on  remplace  successivement />  par/»  —  i, /?  — 2,  . 
et  si  l'on  multiplie  les  équations  ainsi  obtenues,  il  vient 

•2.PI  =  ■2-''-hiiiiiu. . .  ; 
le  dénominateur  de  ,s-  étant  2-''-' «7  i/î  ....  ainsi 


ce  qui  est  un  nombre  impair. 

L'équation  déduite  de  la  proposée  et  que  nous  venons  de 
considérer  est  résoluble  par  radicaux,  si  la  proposée  l'est,  et 
elle  doit  se  décomposer  en  équalions  dont  les  degrés  sont 
des  puissances  de  2;  or  son  degré  est  impair:  donc  l'une  des 
équalions  dans  lesquelles  elle  se  décompose  doit  être  du  pre- 
mier degré,  de  sorte  que,  parmi  les  valeurs  que  peut  acquérir 
le  produit  que  nous  avons  considéré.  Tune  est  rationnelle; 
on  peut  la  trouver  dès  que  Ton  a  formé  l'équation  auxiliaire, 
car  elle  entre  en  facteur  dans  le  dernier  terme  du  premier 
membre  de  l'équation  auxiliaire;  comme  on  connaît  en  outre 
la  somme  des  facteurs  de  ce  produit,  ceux-ci  pourront  se 
déterminer  au  moyen  d'une  équation  du  second  degré  à  coef- 
ficients rationnels.  On  connaît  donc  la  somme  de  m  racines 
en  fonction  d'un  radical  carré  et  les  autres  fonctions  symé- 
triques de  ces  m  racines  peuvent  s'exprimer  rationnellement 
à  l'aide  de  la  somme  trouvée  et  des  quantités  connues;  l'équa- 
tion qui  détermine  ces  /«  racines  a  donc  la  forme 

.t:'"  ^-  (//]  -T-  l>i  /a  )./•'"-'  -^  («2  -f-  h-,  y/a)./;"'-2  -^ .  .  .  -i-  et,,,  -+-  b„t  sj %  =  o, 

où  «1,  b^,  a.,,  .  . .,  a„i,  b„i  et  a  sont  rationnels.  Si  l'on  change 
+  v/a  en  —  \a,  on  obtient  l'équation  qui  donne  les  m  autres 
racines. 

Si  l'on  traite  de  même  l'équation  réduite,  en  regardant  y/a 
comme  une  quantité  connue,  on  obtient  une  équation  de 
degré  2p-^  dont  les  coefficients  sont  fonctions  de  ^ot.  et  d'un 
nouveau  radical  carré.  Ici  se  présente  une  difficulté  :  la  racine 
que  l'on  cherche  et  qui  doit  être  considérée  comme  ration- 


ÉQUATIONS    RÉSOLUBLES    A    LAIDE    DE    RACINES    CARRÉES.  I  Sj 

nelle  est  en  réalité  de  la  forme  b  +  c  v^a  et  doit  être  facteur 
d'une  expression  de  la  même  forme,  à  savoir  le  dernier  terme 
de  l'équation;  mais  on  peut  tourner  la  difficulté  en  changeant 
X  en  r  +  ^y/a  et  en  décomposant  l'équation  en  deux  autres 
ayant  pour  racines  b  et  c. 

Condition  pour  qu'il  soit  possible  de  résoudre  l'équation. 

95.  En  suivant  la  marche  que  nous  venons  d'indiquer,  il 
est  toujours  possible  de  résoudre  une  équation  résoluble  à 
l'aide  de  radicaux  carrés.  Mais  en  pratique  il  devient  déjà 
très  pénible  de  résoudre  l'équation  du  huitième  degré.  On 
peut  souvent  simplifier  les  calculs  en  faisant  usage  du  théo- 
rème suivant  : 

S'il  est  possible  de  réduire  de  moitié  le  degré  de  l'équation 
f{x)^=iO,  en  extrayant  la  racine  carrée  de  f{x),  on  doit 
trouver  un  reste  qui,  multiplié  par  une  puissance  de  2,  est 
divisible  par  a,  \/x  désignant  la  racine  carrée  à  laquelle  on 
est  conduit  en  effectuant  la  réduction. 

Supposons  que  l'équation  soit 

(1)  .r-'"-+- A,. /•-'"-'  —  ..  .-^  Â,„  =  o 
et  puisse  être  ramenée  à  la  forme 

(2)  (jr'«-4-ai.r'«-i-i-...-;-r?„,)2— a(^i.r'"-i-^  ù.2X"i--^...-^b,„)' =  o; 
supposons  que  l'extraction  de  la  racine  carrée  donne  pour(i) 

(3)  (,r'«-t-  /LiX'«-'-h  A■2.r"'----^-.  .  .-H  A•m/-^-  R/«-i  =  o, 

R„,_i  étant,  au  plus,  de  degré  m  —  i;  alors  on  a  identiquement 

1  [2.r'»-f-  (cii^  ki)j:'"-^-h  (ai-h  k,)^'"-^-^.  .  .^  a,n-^  fim] 

(4)  x[(ai  — Ai).r'"-i+  («,--  A-.,),r'«-2^.  .  .+  a,„  -  A„,J 

et,  en  égalant  les  coefficients  de  x-"'-\  x-'"--,    ...,  x'"  où 


l58  DEUXIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    VII. 

le  reste  est  sans  influence, 

•2(rti  — A-i)  =  o, 

2(a2—  /^-î)  +  (^'1  -+-  ^ù)  («1  —  /ù)  =  aèf , 

(5)       {  2(a,,- A>)-H(rti-HA-i)(r</,-i-A-/-i)+..-=  «A, 

■iiCn  —  l^m  )  -t-  (  «1  -1-  ^1  )  (  «'«-1  —  l^m-  1  )  +  •  •  • 

-I-  ( a,n-\  -\-  km- 1  )  («1  —  In  )  =  7. B, 

aA  et  aB  désignant  des  quantités  divisibles  par  a. 

La  première  de  ces  équations  montre  que  «i  =  Ai;  la 
seconde  que  a^—  A^,  abstraction  faite  du  facteur  2,  est  divi- 
sible par  a;  la  troisième  que  a^—  k^  est  divisible  par  a,  et 
ainsi  de  suite;  la  dernière  montre  que-  a,,,  —  k,^  est  encore 
divisible  par  a;  <x  est  donc  facteur  du  premier  membre  de 
l'identité  (4)  et  par  suite  de  R,„-i. 

Si  la  racine  contient  plusieurs  radicaux  du  premier  ordre, 
chacun  de  ceux-ci  peut  être  soumis  à  la  même  discussion 
que  v/a,  et  tous  les  facteurs  des  quantités  rationnelles  a  doi- 
vent se  trouver  dans  les  termes  de  ll„,_i. 

Considérons,  par  exemple,  l'équation  à  laquelle  on  ramène 
.2-1''  —  1  =  0,  à  savoir 

/■(  .1  )  =  ,rS  _)_  j;i  —  n  x^>  —  G  .r^  -t-  1 5  .r^  +  i  o  .r^  —  i  o  ,r-  —  ^x  -\-  i  =  o  ; 

l'extraction  de  la  racine  carrée  donne 

■?J^'l\,n-i  =  —  1 7 ,32.r3  —  17 .  88.r2  —  17 . 92a-  —  1 7 . 1 278  ; 

l'équation  peut  en  réalité  s'écrire 

.^,.4  _^  1  j;3  _  1  j^i^  .>,r  _  I  =  ±  ^ '^  i^^.i^j^i—  2.r). 
2  2  2     ' 

Application  à  un  problème  de  Géométrie. 

9G.  Les  équations  que  l'on  peut  résoudre  par  de  simples 
extractions  de  racines  carrées  ont  une  importance  toute  par- 
ticulière  en  Géométrie ,  car  tout   problème  de  Géométrie 


ÉQUATIONS    IIÉSOLLBLES    A    l'aIDE    D1:    RACINES    CAIUIÉES.  iSg 

résoluble  au  moyen  de  la  règle  et  du  compas  doit  conduire 
à  une  semblable  équation.  Toute  construction  de  ce  genre  se 
ramène  à  ces  problèmes  élémentaires  :  faire  passer  une  droite 
par  deux  points;  décrire,  d'un  point  donné  comme  centre, 
une  circonférence  de  rayon  donné;  en  répétant  ces  construc- 
tions, la  Géométrie  analytique  permet  de  calculer  les  élé- 
ments inconnus  en  fonction  de  ceux  qui  sont  donnés  ;  comme 
ces  calculs  ne  conduisent  jamais  à  des  équations  d'un  degré 
plus  élevé  que  le  second,  il  faut  que  les  éléments  inconnus 
puissent  se  déduire  des  données  par  de  simples  extractions  de 
racines  carrées. 

Il  résulte  de  là  qu'il  est  impossible  de  partager  un  angle  en 
trois  parties  égales  au  moyen  de  la  règle  et  du  compas.  On 
peut,  en  effet,  se  proposer  de  construire  le  cosinus  de  cet 
angle  et,  comme  ce  cosinus  est  racine  d'une  équation  irré- 
ductible du  troisième  degré,  il  ne  peut  pas  s'exprimer  au 
moyen  de  racines  carrées. 

La  plupart  des  constructions  reviennent  à  la  détermination 
d'un  point  qui  lui-même  se  trouve  déterminé  par  l'intersec- 
tion de  deux  lieux  géométriques-  Si  l'un  d'eux  est  une 
droite  dans  une  position  quelconque  et  si  l'autre  est  une 
courbe  indépendante,  on  peut  déterminer  l'ordre  de  cette 
courbe  si  la  construction  du  point  peut  se  faire  à  l'aide  de  la 
règle  et  du  compas.  D'une  manière  moins  générale,  on  peut 
avoir  à  déterminer  la  courbe  lorsque  la  droite  renferme  un 
paramètre  variable,  par  exemple  quand  elle  doit  passer  par 
un  point  fixe. 

97.  Supposons  que  l'on  se  donne  un  faisceau  de  droites 
dont  le  sommet  soit  à  l'origine  des  coordonnées  et  propo- 
sons-nous de  trouver  les  courbes  dont  les  intersections  avec 
une  droite  quelconque  du  faisceau  peuvent  être  déterminées 
à  l'aide  de  la  règle  et  du  compas. 

Nous  supposerons  que  la  courbe  ne  passe  pas  par  l'ori- 
gine; prenons  des  coordonnées  polaires  et  posons 

(i)  x  =  mr:  y  =  iir\ 


i6o  Di:u\ii:ME  pautik.   —  ciiapitue  mi. 

l'équation  de  la  courbe  prend  la  forme 

(  2  )  «  4-  hr  +  cr-  -H  .  .  .  =  O, 

où  a  n'est  pas  nul  et  où  a,  h,  c,  ...  sont  des  fonctions  homo- 
gènes des  degrés  o,  i,  2,  ...  de  m  et  de  n. 

Si  le  problème  peut  être  résolu  avec  la  règle  et  le  compas, 
cette  équation  doit  pouvoir  se  résoudre  pour  toute  valeur 
de  m  et  de  n  ;  il  existe  sans  doute  entre  m  et  n  une  relation  en 
sorte  que  leur  rapport  seul  est  arbitraire;  mais  on  peut  rem- 
placer m  et  n  par  mk  et  ni:,  si  l'on  change  en  même  temps 
/■  en  T'  ot  l'on  peut,  par  cete  raison,  regarder  m  et  n  comme 
indépendants. 

D'après  nos  hypothèses  les  constantes  qui  entrent  dans 
l'équation  de  la  courbe  sont  indépendantes  de  m  et  de  ji.  U 
est  facile  de  voir  que  l'équation  (2)  est  irréductible  si  la 
courbe  est  indécomposable. 

Si  l'équation  (2)  est  susceptible  de  se  résoudre  au  moyen 
de  racines  carrées,  elle  devra  pouvoir  se  ramener  à  la  forme 

(3)  />(A4-B/-4-C/-2,  ...j2  =  /,•,(A,  +  Bl^-hCl/•^...)^ 

où  k  et  Aj  sont  des  fonctions  entières  homogènes  de  m  et  n  ; 
(3)  n'est  pas  nécessairement  identique  à  (2),  car  on  peut  avoir 
supprimé  un  facteur  par  la  division.  En  comparant  les  équa- 
tions, on  voit  que  ce  facteur  est 

-^  ou  0  =  k A2  —  /l  1 A 2  ; 

a 

car  a  est  indépendant  de  m  et  n  et  on  peut  le  supprimer  sans 
changer  la  forme  de  nos  équations.  On  peut  supposer  que  k 
et  A-,  n'ont  pas  de  facteur  commun,  car  on  pourrait  le  faire 
disparaître  par  la  division;  on  peut  supposer  en  outre  que  9 
n'a  pas  de  facteur  commun  avec  A  et  Ai  ;  car  un  facteur  appar- 
tenant à  9  et  à  A'i  appartiendrait  à  A,  B,  C,  ...  et  pourrait  être 
supprimé  par  division  sans  changer  la  forme  de  l'équalion. 
On  peut  mettre  (3)  sous  la  forme 

[A  v/Â  +  A,  v/^+  (B  ^k  +  B,  v/^)/-  - .  . .  .] 

X  \X^I-X,\/1',^  (b/Â-B,v/Z^)/' --...]  =0. 


ÉQUATIONS    RÉSOLUBLES    A    LAIDE    DE    RACINES    CARRÉES.  l6l 

Si  l'on  multiplie  le  premier  fadeur  par  Ay/A  —  Aiv/Aj,  le  se- 
cond par  Av^/i  +  Ai\/A-i,  on  obtient  la  forme 

[  cp  +  ( M  +  N  s/Wi) r  +  ( ,M  1  -t-  N ,  v/ÂÂ^ ) /■  2  -H . . .  ] 
X  [cp  +  (M  — N/Â7^)r  +  (M,-Niv//Û^)/'2  +  ...]  =  o 

et  le  premier  membre  doit  être  divisible  par  9-. 

Nous  allons  montrer  que  chacun  des  facteurs  est  divisible 
par  9.  Si  l'on  forme  le  produit  des  deux  facteurs,  chaque 
coefficient  sera  divisible  par  9-;  or,  en  développant,  on  a 

cp2  +  2  cp  M  /•  + . . . 

et  l'on  voit  que  9  doit  être  en  facteur  dans  M.  Si  m  —  oui  est 
en  facteur  dans  9,  m  =  a/i  doit  annuler  un  des  deux  fac- 
teurs, par  exemple  le  premier;  m^=.aii  doit  alors  annuler 
M  +  N\/AAi  et,  comme  A^i  n'a  pas  de  facteur  commun  avec  9, 
il  doit  annuler  N.  Maintenant,  considérons  dans  le  produit  le 
coefficient  de  /■-  :  en  dehors  des  termes  divisibles  par  cp^^  il 
n'entre  que  le  terme  2M19  ^^  nous  voyons  que  Mj  doit  être 
divisible  par  9;  nous  en  concluons,  comme  plus  haut,  que  Nj 
est  divisible  par  9;  en  continuant  ainsi,  on  voit  que  tous  les 
M  et  les  N  sont  divisibles  par  9.  Si  l'on  divise  les  deux  fac- 
teurs par  9,  on  obtient  l'équation  (3)  dégagée  du  facteur  9  et 
sans  que  sa  forme  soit  modifiée;  on  peut  donc  supposer  (2) 
et  (3)  identiques;  alors  on  a  kk}—  k^k\r^a,  a  étant  indé- 
pendant de  m  et  «;  a  n'est  pas  nul  et  k  et  Aj  ne  peuvent  être 
tous  deux  constants  (sans  quoi  l'équation  serait  réductible); 
les  coefficients  doivent  être  des  fonctions  homogènes  de  m 
et  de  II,  parce  que  l'équation  reste  inaltérée  par  la  substitu- 
tion qui  remplace  vi,  n,  r  par  mh,  nh,  j  et  ne  peut  prendre 
la  forme  (3)  que  d'un  nombre  fini  de  manières;  si  donc  Aj 
contient  m  et  n,  Aj  doit  être  nul  et  A-  et  A  constants. 

Si  l'on  pose  Ai=o  dans  (3),  on  détermine  les  valeurs  de 

m  et  n  pour  lesquelles  les  points  d'intersection  d'une  droite 

et  de  la  courbe  sont  confondus  deux  à  deux.  La  courbe  doit 

donc  être  une  courbe  d'ordre  ip   telle  que   du  sommet  du 

P.  n 


l62  DEUXIÎÎME    PARTI!!.    —    CHAPITRE    VII. 

faisceau,  on  puisse  lui  mener  des  sécantes  dont  les  intersections 
coïncident  deux  à  deux  et,  comme  Ai=:o,  Ai  doit  être  au 
moins  du  second  degré  en  m  et  n\  le  sommet  du  faisceau 
doit  donc  être  le  point  d'intersection  de  deux  droites  jouis- 
sant de  cette  propriété  et,  s'il  est  arbitraire,  le  problème  ne 
sera  possible  que  si  une  droite  coupe  la  courbe  en  deux  points 
seulement.  Donc  : 

En  dehors  des  coniques,  il  n'existe  pas  de  courbe  dont  les 
intersections  avec  une  droite  arbitraire  puissent  se  déterminer 
à  l'aide  de  la  règle  et  du  compas. 

Et  le  principe  de  dualité  montre  que,  en  dehors  des  coniques, 
il  n'existe  pas  de  courbe  dont  les  tangentes  menées  par  un 
point  arbitraire  puissent  être  construites  avec  la  règle  et  le 
compas. 

Intersections  d'un  faisceau  avec  une  courbe  du  quatrième  ordre. 

98.  Nous  allons  considérer,  en  particulier,  les  courbes  du 
quatrième  ordre;  leur  équation  doit  être  de  la  forme 

( 1 )  (  A  -)-  B  r  +  C  r^  Y-  =  kv"-  n.)  r  +  E  )2 . 

Si  E  n'est  pas  nul,  k  est  du  deuxième  degré;  si  E  est  nul,  k 
doit  être  du  quatrième  degré.  Dans  le  premier  cas,  on  par- 
vient à  une  équation  de  la  forme 

(2)  S-^=Xa3y2, 

OÙ  S  =  o  représente  une  conique  quelconque,  oii  X  désigne 
une  constante,  y  =  o  une  ligne  droite,  oc:=o,    (3  =  o  deux 
droites  du  faisceau. 
Dans  le  second  cas,  on  a 

S2=XapYo; 

a:=o,  [3  =  G,  y  =  G,  ô  =  o  sont  alors  des  droites  arbitraires 
du  faisceau. 

La  première  équation  appartient  à  une  courbe  du  quatrième 
ordre  avec   deux   points   doubles   déterminés  par   S  =  o   et 


ÉQUATIONS    RÉSOLUBLES    A    l'aIDE    DE    RACINES    CARRÉES.  l63 

y  =  G  et  avec  les  tangentes  doubles  a  =  o,  j3  =:  o  qui  se  cou- 
pent au  point  donné  et  dont  les  points  de  contact  se  trouvent 
avec  les  points  doubles  sur  la  conique  S  =  o. 

La  deuxième  équation  est  celle  d'une  courbe  du  quatrième 
ordre  avec  quatre  tangentes  doubles  qui  se  coupent  au  point 
donné  et  dont  les  buit  points  de  contact  sont  sur  la  conique 
S  =  o. 

Nous  n'examinerons  pas  le  cas  où  le  point  donné  se  trouve 
sur  la  courbe  et  y  est  un  point  multiple  d'ordre  g,  l'ordre  de 
la  courbe  chercbée  s'élevant  de  g  unités.  Nous  montrerons 
seulement  comment  on  peut  construire  les  intersections  des 
courbes  de  la  première  classe  avec  les  droites  du  faisceau  au 
moyen  de  deux  coniques. 

L'équation  (i)  peut  s'écrire 

(C  -  D  /^)/--+  (b  —  E  //c)r  +  A  =  o. 


2              1 

— 1 — 

1            '"2 

sfket 

pi  en 

P2, 

Pl 

etp^ 

seront  déler- 

Si  l'on  change  \/'k  en 
minés  par  l'équation 

(B^—  /tE2)p2-t-  4ABp  -t-4A-^=  o, 

qui  est  celle  d'une  conique;  celte  conique,  pour  E  =  o,  se 
transforme  en  une  droite  double 

Bp-4-'2A  =  o 

qui  est  la  polaire  de  l'origine  par  rapport  à  la  conique  S  =  o. 

Si  E  n'est  pas  nul,  pi  et  Pa  sont  confondus  pour  A  ==:  o  et 
les  tangentes  doubles  sont  tangentes  à  la  conique  auxiliaire. 

Comme  les  deux  intersections  fournies  par  la  conique  ne 
suffisent  pas  pour  déterminer  les  quatre  points  d'intersection 
cherchés,  nous  ferons  usage  d'une  seconde  conique;  on  peut, 
par  exemple,  prendre  celle  dont  les  points  d'intersection  avec 
les  droites  du  faisceau  sont  en  division  harmonique  avec  /',  et 


l64      DEUXIÈME  PARTIE.  —  CHAP.  VU.  —  ÉQUATIONS  RÉSOLUBLES,  ETC. 

/•2,  et  également  avec  7-3  et  t\\  ces  points  sont  déterminés 
par  les  équations 

2(^:1X2-+-  ri  /■,)  =  (.i'i  +  .r.2)  (/'i  4-  r.), 
2  (  .ri  .r.  H-  /'s  /■4  )=(,/■!  +  ,ro  )  (  /'s  -h  r^  ). 

On  en  déduit  l'équation  de  la  conique  cherchée 

(BD  — CE),r2  4-2AU,r  +  AE  =  0. 

Pour  E  =  0,  cette  conique  se  décompose  en  deux  droites, 
dont  l'une  passe  par  le  point  donné  et  dont  l'autre  est  la 
droite  trouvée  plus  haut.  Dans  ce  cas,  on  ne  peut  pas  opérer 
la  réduction,  tandis  que,  quand  E  est  différent  de  zéro,  on 
détermine  facilement  les  quatre  points  d'intersection  quand 
on  a  trouvé  les  intersections  avec  les  coniques  auxiliaires. 

Inversement,  on  peut  se  donner  deux  coniques  et  se  pro- 
poser de  construire  une  courbe  du  quatrième  ordre  de  l'es- 
pèce qu'on  vient  de  considérer.  Pour  plus  de  détails,  on  peut 
consulter  un  Mémoire  de  l'auteur  dans  le  Tidsskrift  de  Zeu- 
then  pour  1874. 


TROISIEME  PARTIE. 

SUR  LA  RÉSOLUTION  NUMÉRIQUE  DES  ÉQUATIONS. 


SÉPAKATIOX   DES    UACINliS.  167 


CHAPITRE  I. 

SÉPARATION   DES   RACINES. 


Limites  des  racines  réelles. 

99.  La  résolution  algébrique  des  équations  de  degré  supé- 
rieur au  quatrième  n'est,  comme  nous  l'avons  vu,  possible 
que  dans  des  cas  particuliers.  Lorsque  l'on  donne  une  équa- 
tion à  coefficients  numériques,  on  peut  cependant,  sans  con- 
naître la  forme  algébrique  des  racines,  déterminer  leurs  va- 
leurs numériques  avec  telle  approximation  que  l'on  veut.  Pour 
obtenir  ces  valeurs  approchées,  il  faut  d'abord  séparer  les 
racines,  c'est-à-dire  déterminer  pour  chaque  racine  deux 
nombres  comprenant  cette  racine  et  pas  d'autre  racine;  s'il 
existe  des  racines  égales,  il  faut  connaître  leur  ordre  de  mul- 
tiplicité. La  séparation  est  facilitée  quand  on  détermine  d'a- 
bord les  limites  des  racines,  c'est-à-dire  deux  nombres  com- 
prenant toutes  les  racines  réelles;  on  a  plusieurs  méthodes 
pour  déterminer  les  limites  des  racines  qui  ne  donnent  ce- 
pendant que  des  approximations  très  incertaines. 

100.  Première  méthode.  —  Soit  l'équation 

X"- -i-  cil x"--^  + .  . .  —  a,n .r"-'"  — . .  .—  Op x"-i' . .  , ±  «„  =  o, 

où  a,„  est  le  premier  coefficient  négatif  et  Up  le  plus  grand 
coefficient  négatif  pris  en  valeur  absolue.  Pour  ^>i,  on  a 

j^n—m  +  l j 

X'^<  ap{xn-"^-\-xn-m+'^  +  ...+  \)  =  Clp , 


l68  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

donc  aussi 

OU 

OU 

(l)  X<l-^"i/a,,. 

Celle  valeur  de  a;  sera  une  limite  supérieure  des  racines.  On 
peut  abaisser  cette  limite  comme  il  suit.  Posons 


et  appliquons  la  formule  trouvée  pour  la  limite  supérieure  à 
l'équation  en  y,  on  a 

f  <i^"{/aijj.i\ 
on  aura 


(2)  .r  <  -  -f-   v/<7/,  y./'-'". 

Comme  a  est  un  nombre  positif  arbitraire,  on  peut  le  choisir 
de  manière  à  abaisser  autant  que  possible  la  limite  trouvée; 
cette  valeur  s'obtient  en  annulant  la  dérivée  du  second 
membre  de  (2),  ce  qui  donne 


P 
a'"  = 


p  —  m    •' 
d'où 

m 

(3)  .<-^(^-:^f  ç/.7;  =  m/^Z^Z^I, 

^    '  p  —  m\      m      I      "    ''       '  \   ,n>"  {p  —  m  )P-"' 

formule  que  l'on  ne  peut  employer  si  mzzzp-,  dans  ce  cas,  (2) 
donne  pour  a  =  00 

(4)  ^<"v/^. 

On  ne  peut  pas  prendre  ici  pour  ap  le  plus  grand  coefficient 


SÉPARATION    DES    RACINKS.  l6(J 

négatif  de  l'équation  donnée,  parce  qu'il  ne  donne  pas  néces- 
sairement le  plus  grand  coefficient  de  l'équation  en  j;  on 
doit,  pour  ce  motif,  prendre  la  limite  la  plus  élevée,  que  l'on 
obtient  quand  on  prend  pour  ap  tous  les  coefficients  néga- 
tifs. 

Exemple  : 

x^ —  x~ -\-  5x^  —  i5j;^ —  ^~x'*-\-  x^ —  71 1  ,r- —  3i3  j:  +  1  =0; 

les  limites  sont 

n    3/15  t/T;       „    6/71 1  7/31 3 

'•  Vt'  <V^'  «VV-  'V"6^' 

d'où  il  résulte  que  5  est  une  limite  supérieure  des  racines 
positives.  La  plus  basse  limite  en  nombres  entiers  est  en  réa- 
lité 4- 

Si  l'on  change  o^  en  —  ^  et  si  l'on  cherche  une  limite  supé- 
rieure des  racines  de  l'équation  transformée,  on  obtiendra 
une  limite  inférieure  des  racines  négatives  de  l'équation  pro- 
posée. On  trouve  ainsi 

<6, 
16 

en  sorte  que  les  racines  réelles  de  l'équation  considérée 
sont  comprises  entre  —  6  et  -1-  5. 

Si  l'on  change  x  en  -  j  on  trouve,  en  appliquant  les  mé- 
thodes précédentes,  que  -  est  compris  entre  deux  limites 
—  k  et  A'i,  alors  x  ne  peut  pas  être  compris  entre  —  -^  et  ^; 

la  première  de  ces  quantités  est  une  limite  supérieure  des 
racines  négatives,  la  seconde  est  une  limite  inférieure  des 
racines  positives. 

101.  Deuxième  méthode.  —  On  met  l'équation  sous  la 
forme 

f{x)  =  ^{x)  —  (p,(^)-+-  <^,{x)  =  0, 

oii  o(^)  désigne  l'ensemble  des  termes  précédant  le  pre- 


v/^ 


170  TnOISIÈME    PARTIE.    —    CllAPimE    I. 

mier  terme  négatif,  —  o,(^)  l'ensemble  des  termes  négatifs, 
92 (^)  l'ensemble  des  termes  positifs  restants.  Dans  la  diffé- 
rence 

o(x)  — oi(,r) 

substituons  des  nombres  positifs  croissants  jusqu'à  ce  que 
nous  trouvions  un  nombre  k  qui  rende  cette  différence  posi- 
tive; A- sera  une  limite  supérieure  des  racines  positives.  En 
effet,  soit  a:'"  la  puissance  la  moins  élevée  de  a:  dans  o{3r), 
la  différence  précédente  peut  s'écrire 


r cp ( .r )  _  Oi(.r)"| 


Or  -^-^  ne  contenant  que  des  coefficients  et  des  exposants 
positifs  sera  croissant  avec  a-,  '^\^l  ne  contenant  que  des  ex- 
posants négatifs  sera  décroissant  quand  x  croîtra.  Une  valeur 
de  37  supérieure  à  k  rendra  donc  notre  différence  positive,  el, 
par  suite, /(^)  positif.  Aucune  valeur  de  ^  supérieure  à  A 
ne  pouvant  annuler /(^),  k  sera  une  limite  supérieure  des 
racines. 

Exemple.  —  Si,  dans  l'exemple  ci-dessus,  on  change  x  en 
—  ce,  on  obtient  l'équation 

œ^ -+-  x~  -\-  5 x^ -^  1 5 x^ —  47'^* —  -^^  —  711X--T-  3i3j:  -f-  I  =  o. 
Si,  après  avoir  divisé  par  ce-,  l'on  cherche  à  rendre  positif 

a:^ -1- x5 -4-  5  j;* -+- 1 5  x^  —  (  4"  .r^ -1- .r  -+-  7 1 1 ), 

on  voit  que  cela  a  lieu  pour  a:z=3.  Cette  méthode  fournit 
donc  —  3  comme  limite  supérieure  des  racines  négatives, 
tandis  que  l'autre  méthode  donnait  —  6. 

La  méthode  précédente  peut  être  généralisée  en  décompo- 
sant/(^)  en  plusieurs  groupes  de  la  forme  (p{cc)  —  Oi{cc),  où 
les  coefficients  de  ^(^)  et  de  ^i{^)  sont  positifs,  tous  les 
termes  de  91  étant  de  degrés  inférieurs  à  ceux  de  o{cc);  une 
valeur  de  ce  qui  rendra  positives  toutes  ces  différences  sera 
évidemment  une  limite  supérieure  des  racines  positives. 


SÉPARATION   DES    TIACLNES.  17! 

102.  Méthode  de  Newton.  —  Si,  dans  les  polynômes 

f(x),    /'(,r),    f"{x),      ...,    /"(.r), 

on  substitue  des  valeurs  croissantes  de  a;  jusqu'à  ce  cjue  Von 
trouve  un  nombre  k  qui  les  rende  tous  positifs,  k  sera  une  li- 
mite supérieure  des  racines. 

En  effet,  on  a 

/(A-  +  /o-/(A)+/'(/Oy+/"(/0-/^, +•••+/'", 

d'où  il  résulte  que/(A -j-/0  sera  positif  si  h  est  positif  et  si  A: 
a  été  déterminé  comme  il  a  été  dit  :  k  -{- h  ne  peut  donc  être 
racine  si  h  est  positif,  donc  k  est  une  limite  supérieure  des 
racines. 

Cette  méthode  est  plus  pénible  que  les  précédentes,  mais 
elle  donne,  en  général,  des  limites  plus  resserrées.  Toutefois, 
les  limites  peuvent  encore  être  trop  élevées,  car  cette  mé- 
thode fait,  en  outre,  connaître  des  limites  supérieures  des 
racines  de/'(^)  =  0,  /"(x)  =  o,  ...,  et  ces  équations  peu- 
vent avoir  des  racines  bien  supérieures  à  celles  de/(^)=:o. 

Un  exemple  servira  à  jeter  quelque  lumière  sur  la  pratique 
de  cette  méthode. 

Exemple  : 


x5-i-5.r'* 

—  io,r3 

-h  X- 

- 

ïQ>x 

- 

7 

=  0 

/(^) 

= 

x--i-5x'*  — 

[OX3-f- 

x'-  — 

6 

X  — 

7- 

f'(^) 

= 

5x^-i-  20.r3- 

-3ox2 

-^1X 

- 

16. 

f"i^) 

1.1 

= 

lo.r^H-  3ox^ 

-3o^ 

+  1. 

... 

f"(^) 

iox'^-i-iox 

— 10. . 

2.3 

/"(•^) 

= 

5^-+-5.. .  . 

2.3.4 

/'(-) 

-+- 



On  commence  par  en  bas,  a;r=o  rend/""  positif,  toute  va- 


172  TROISIÈME    PARTIE,    —    CHAPITRE    I. 

leur  supérieure  rend  f^  positif,  et  l'on  en  a  fini  avec  celte  fonc- 
tion, .2?=  i  rend  positif /"(^)  et /"(.a;),  mais/'(^)  négatif; 
pour  x=zi,  f  {x)  est  positif,  mais  f{x)  est  négatif  et,  comme 
finalement  3  rend  f{x)  positif,  c'est  une  limite  supérieure 
des  racines. 


Nombre  des  racines  comprises  entre  deux  nombres  donnés. 

103.  Soient  a^,  a,,  a^,  ...  les  racines  réelles  de/(^)  =  o, 
rangées  par  ordre  de  grandeurs  croissantes;  on  a 

/(.r)  =  X(,r-a,)(-i'-^2)(.r-«3)..., 

X  déterminant  les  racines  imaginaires  et  ne  pouvant,  par 
suite,  s'annuler  pour  aucune  valeur  réelle  de  x.  Si  l'on 
prend  x  inférieur  à  aj  et  si  on  le  fait  croître  jusqu'à  ce  qu'il 
passe  par  une  valeur  supérieure  à  la  plus  grande  racine 
réelle,  le  signe  d'un  facteur  et,  par  suite,  le  signe  du  produit 
changent  chaque  fois  que  x  passe  par  une  racine  :  f{x)  doit 
donc  prendre  le  même  signe  pour  des  valeurs  de  x  compre- 
nant un  nombre  pair  de  racines  et  de  signes  opposés  pour  des 
valeurs  de  x  comprenant  un  nombre  impair  de  racines.  Donc 

Si  f{a)  et  f{b)  ont  le  même  signe,  il  y  a  un  nombre  pair 
de  racines  entre  a  et  h;  si  a  et  h  sont  de  signes  contraires,  il 
y  a  un  nombre  impair  de  racines  entre  a  et  b. 

Par  exemple,  si,  dans  une  équation  dont  le  dernier  terme 
est  ±  «„,  on  fait  successivement  x  égal  à  —  00,  o  et  -+■  ce,  on 
obtient,  pour/(^) 

±  co,     ±  a,i,     -+-  co, 

on  a  +  co  pour  x  z= — 00  si  l'équation  est  de  degré  pair  et 
—  00  si  elle  est  de  degré  impair;  i\  en  résulte  qu'««e  équa- 
tion de  degré  impair  a  au  moins  une  racine  réelle  de  signe 
contraire  à  son  dernier  terme,  et  une  équation  de  degré  pair 
à  une  racine  positive  et  une  racine  négative  au  moins,  si  son 
dernier  terme  est  négatif. 


SÉPARATION    DES    RACINES.  IjZ 


Théorème  de  Descartes. 

104.  Lorsque  deux  termes  consécutifs  d'une  équation  ont 
le  même  signe,  on  dit  qu'ils  forment  une  permanence;  lors- 
qu'ils ont  des  signes  contraires,  ils  forment  une  variation. 

Descartes  a  démontré  le  théorème  suivant  : 

Une  équation  ne  saurait  avoir  plus  de  racines  positives  que 
de  variations,  ni  plus  de  racines  négatives  que  de  perma- 
nences. 

Pour  démontrer  ce  théorème,  nous  considérerons  une 
équation  quelconque  ordonnée  suivant  les  puissances  dé- 
croissantes de  X,  et  en  la  multipliant  par  x  —  a,  nous  intro- 
duirons la  racine  positive  a.  Nous  allons  voir  que,  quels  que 
soient  les  signes  des  termes,  cette  multiplication  introduit 
une  variation  au  moins. 

Le  premier  terme  ^"  de  l'équation  peut  être  censé  positif; 
la  première  variation  se  rencontre  dès  que  l'on  arrive  à  un 
terme  négatif  et,  comme  il  est  précédé  d'un  terme  positif,  ces 
deux  termes  seront 


Un  des  termes  de  la  nouvelle  équation  sera  alors 

—  {aan-p+  f'n-p+l  )-vP- 

On  ignore  si  le  terme  précédent  est  positif,  mais  ce  que  l'on 
sait,  c'est  qu'il  existe  au  moins  un  terme  précédent  positif  et 
si,  par  suite,  on  parcourt  la  suite  des  termes  depuis  le  pre- 
mier jusqu'au  terme  en  xp,  on  rencontrera  au  moins  une  va- 
riation, comme  dans  la  première  équation  à  xp-'^.  Si,  en  par- 
courant la  suite  des  termes  jusqu'au  terme  en  xp,  on  rencontre 
plus  d'une  variation,  on  en  rencontrera  évidemment  un 
nombre  impair,  carie  changement  d'un  signe  ne  peut  jamais 
produire  une  augmentation  ou  diminution  d'un  nombre  im- 
pair de  variations. 
La  première  variation  que  l'on  rencontre  ensuite  se  trouve 


1^4  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

quand  on  parvient  à  un  terme  positif.  Supposons  que  ce  terme 
soit  en  x'J,  on  montrera,  comme  tout  à  l'heure,  que  le  terme 
en  .r^+i  dans  la  nouvelle  équation  est  positif,  de  sorte  que, 
quels  que  soient  les  signes  précédents,  il  y  a,  entre  xp  et 
xi^'^,  au  moins  une  variation  dans  la  nouvelle  équation;  en 
continuant  ainsi  on  verra  qu'en  arrivant  au  terme  *•'"  dans 
l'ancienne  équation,  et  au  terme  j?'+*  dans  la  nouvelle,  on  a, 
dans  cette  dernière,  rencontré  au  moins  autant  de  variations 
que  dans  la  première.  Supposons  que,  après  avoir  passé  par 
le  terme  en  x^'  dans  la  première  équation,  on  ne  rencontre 
plus  de  variations,  soit  ±:  k  le  coefficient  de  x'',  tous  les 
termes  qui  suivent  ont  le  signe  de  k\  dans  la  nouvelle  équa- 
tion, le  terme  en  x''^'^  a  le  signe  de  A,  tandis  que  le  dernier 
terme  est  —  aa^,  qui  est  de  signe  contraire  à  k.  Si  donc  on 
parcourt  la  suite  des  termes  à  partir  de  ic''+\  on  rencontre 
encore  au  moins  une  variation  dans  la  nouvelle  équation; 
comme  la  suite  des  termes  jusqu'à  ^'■^"'  (inclus)  présentait 
au  moins  autant  de  variations  que  dans  l'ancienne  équation, 
il  faut  nécessairement  que  la  nouvelle  équation  présente  au 
moins  une  variation  de  plus  que  l'ancienne. 

Supposons  maintenant  que  l'on  ait  divisé  le  premier 
membre  de  f^x)  ^o  par  tous  les  facteurs  linéaires  qui  cor- 
respondent aux  racines  positives  ;  l'équation  que  l'on  obtient 
n'a  plus  que  les  racines  négatives  et  imaginaires  de  l'ancienne 
équation  ;  et  l'on  ne  sait  rien  sur  le  nombre  de  ses  variations. 
Réintroduisons  successivement  les  facteurs  que  l'on  avait 
supprimés,  à  chaque  fois  on  introduit  au  moins  une  nouvelle 
variation. 

Quand  on  a  réintégré  toutes  les  racines  positives,  on  re- 
tombe sur  l'équation  primitive,  qui  doit  avoir  autant  de  varia- 
tions au  moins  que  de  racines  positives.  En  changeant  x  en 
—  X,  on  établit  la  seconde  partie  du  théorème. 

Le  nombre  total  des  variations  et  des  permanences  d'une 
équation  de  degré  n  est  précisément  n.  Si  donc  cette  équation 
a  toutes  ses  racines  réelles,  le  nombre  des  variations  est  égal 
au  nombre  des  racines  positives,  le  nombre  des  permanences 
est  égal  au  nombre  des  racines  négatives. 


SÉPARATION    DES    RACINES.  irjB 

Si  un  OU  plusieurs  coefficients  sont  nuls,  on  peut  les  regar- 
der à  volonté  comme  positifs  ou  négatifs,  une  variation  infini- 
ment petite  dans  un  coefficient  ne  pouvant  changer  le  signe 
d'une  racine  (en  faisant  abstraction  du  cas  où  l'équation  a 
une  racine  nulle).  On  peut  donc,  quand  il  y  a  des  termes 
nuls,  les  remplacer  par  d'autres  choisis  de  manière  à  rendre 
minimum  le  nombre  des  variations  et  des  permanences.  Si 
l'on  a  un  terme  nul  entre  deux  de  signes  contraires,  on  peut 
le  supposer  positif  ou  négatif  à  volonté,  car 


donne  une  variation  et  une  permanence,  quel  que  soit  le 
signe  que  l'on  mette  à  la  place  de  o.  Si,  au  contraire,  il  se 
trouve  un  terme  nul  entre  deux  de  mêmes  signes,  l'équation 
a  au  moins  deux  racines  imaginaires;  car,  si  l'on  a 


on  peut,  pour  compter  le  nombre  des  variations,  supposer 
que  l'on  a 

H-   -i-    +, 

et,  pour  compter  le  nombre  des  i)ermanences,  supposer  que 
l'on  a 

-+-  —  -t-; 

la  somme  du  nombre  des  variations  et  du  nombre  des  per- 
manences sera  donc  de  deux  unités  moindres  au  moins  que 
le  degré  de  l'équation,  ce  qui  montre  qu'elle  a  au  moins  deux 
racines  imaginaires. 

Lorsque  la  somme  du  nombre  des  variations  et  du  nombre 
des  permanences  n'est  pas  égale  au  nombre  des  racines 
réelles  la  différence  est  un  nombre  pair;  cela  résulte  de  ce 
que  l'introduclion  d'une  racine  positive  correspond  à  l'intro- 
duction d'un  nombre  impair  de  variations,  et  à  ce  qu'une 
équation  qui  n'a  que  des  racines  imaginaires  a  un  nombre 
pair  de  variations  (son  dernier  terme  est  positif). 

Exemple  : 

x"^  -^  x^  —  x'* 2^3  —  >r  -h  I  =  O. 


lyQ  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

On  peut  lire 


et  l'équation  a  au  plus  deux  racines  positives  et  une  racine 
négative;  elle  a  donc  au  moins  quatre  racines  imaginaires. 

Théorème  de  Budan. 

105.  Les  théorèmes  de  Descartes  et  de  Newton  sont  des 
cas  particuliers  d'un  théorème  de  Budan;  ce  théorème  a  aussi 
été  donné  par  Fourier,  qui  l'a  développé  dans  ses  leçons; 
mais  il  a  été  puhlié  avant  par  Budan. 

Considérons  la  suite 

f(x),    f\x),    /'(.r),      ....    /"')(.r), 

et  substituons  à  la  place  de  x  les  nombres  a,  b  où  a  <.  b. 

L'équation  f  (a;)  ^o  n'a  pas  plus  de  racines  entre  a  et  b 
que  de  variations  perdues  par  la  suite  précédente,  quand  on 
passe  de  a  à  b. 

On  voit  facilement  que  quand  l'une  des  fonctions  de  la 
suite  passe  par  zéro,  la  précédente  et  la  suivante  sont  de 
signes  contraires;  si  l'on  considère  f'p-{a:),  par  exemple, 
on  a 

fyp){x^h)=fp'{x)  -^fu>+y\x)h^. . .; 
pour/f^^(^)  =  G  et  pour  h  infiniment  petit 

fi'{-r^  —  l>)    et    fi>+'{x) 

ont  des  signes  contraires  ;//'-*-H.^^)  elf''{x  +  h)  ont  le  même 
signe  sif^p'>  (a:)  eif''i'+^'>{x)  ne  sont  pas  nuls  à  la  fois.  Si  donc 
deux  dérivées  consécutives  ne  sont  pas  nulles  en  même 
temps,  il  faut  qu'il  se  perde  une  variation  quand  x  traverse 
une  racine  de  la  première.  Si  l'on  considère  alors  la  suite 

f^P-^\x),    fp^ix),    f^P^'^ix), 


SÉPARATION    DES    RACINES.  I77 

on  voit  que  si/^^'(x)  s'annule,  il  se  perdra  une  variation  par 
les  deux  dernières  fonctions,  tandis  que  par  les  deux  pre- 
mières il  se  gagnera  ou  se  perdra  une  variation  ;  ainsi  quand 
f^p^{jc)  s'annule,  il  se  perd  deux  ou  zéro  variations;  quand 
/(:r)  s'annule,  il  se  perd  toujours  une  variation,  puisqu'il 
n'existe  aucune  fonction  avant.  On  arrive  ainsi  au  résultat 
suivant  :  Il  se  perd  au  moins  une  variation  chaque  fois  que 
l'on  passe  par  une  racine  de  l'équation  f{x)  =:  o,  il  peut  s'en 
perdre  plus  qu'il  n'y  a  de  racines,  mais  l'excès  est  pair. 

106.  Il  faut  examiner  le  cas  particulier  où  plusieurs  fonc- 
tions consécutives  s'annulent;  soit  J'-p~^^{^)  la  dernière 
d'entre  elles;  on  a 

j\,j-i}Çr—/i)  =  +f'i>^{x)  —  +...,  /</^-2)(.r+//)=/(/')(.r)  -^  +..., 
f.i>-z)(x—h)  =  —f'/'\.r)  -^  +...,    /(P-3)(,r+//)  =fp\.v)  Y^ -+-••., 


Les  fonctions  qui  s'annulent  à  la  fois  présentent,  avant  le  pas- 
sage par  zéro,  uniquement  des  variations  et,  après  le  passage, 
elles  ne  présentent  que  des  permanences;  de  sorte  que,  dans 
ce  cas,  il  y  a  encore  perte  de  variations.  Dans  le  cas  particu- 
lier où  les  p  premières  fonctions  s'annulent  l'équation  a 
p  racines  égales  et  il  se  perd  alors  p  variations.  Le  théorème 
est  donc  applicable  à  tous  les  cas  et,  en  particulier,  aux 
racines  multiples. 

Si  l'on  pose  x  = —  oc,  la  suite  n'a  que  des  variations;  si  l'on 
fail^  =  o,  on  obtient  les  signes  des  coefficients  de  l'équa- 
tion; si  l'on  fait  x  =  -{-œ,  on  n'a  plus  que  des  permanences. 
C'est  justement  le  théorème  de  Descartes,  qu'on  obtient  ici 
comme  cas  particulier  du  théorème  de  Budan. 

Si  l'on  remplace  x  par  un  nombre  k  qui  ne  donne  que  des 
permanences,  il  n'y  aura  pas  de  racines  entre  A  et  oc;  k  sera 
donc  une  limite  supérieure  des  racines  ;  de  sorte  que  le  théo- 
rème de  Newton  est  aussi  contenu  dans  celui  de  Budan. 
P.  12 


178  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

Si  /(«)  et  f{b)  sont  de  signes  contraires,  tous  les  autres 
termes  de  la  suite  conservant  les  mômes  signes  pour  ^  =  a  et 
.r  =  b,  il  n'y  a  qu'une  racine  entre  a  et  b,  car  on  a  vu  qu'entre 
a  et  Z>  il  y  a  un  nombre  impair  de  racines,  et  il  n'y  a  eu 
qu'une  variation  perdue.  Dans  ce  cas  la  racine  est  séparée 
par  a  et  b,  il  faut  cependant  remarquer  que  la  séparation  ne 
pourra  pas  toujours  se  faire  par  ce  procédé,  parce  que  plu- 
sieurs fonctions  de  la  suite  peuvent  s'annuler  avec/(^),  et 
qu'il  peut  ainsi  se  perdre  à  la  fois  plusieurs  variations. 

Au  moyen  de  la  suite  considérée,  on  peut  se  procurer  une 
limite  supérieure  du  nombre  des  racines  comprises  entre 
deux  nombres  donnés,  mais  la  considérai  ion  de  la  suite  ne 
permet  pas  d'affirmer  l'existence  de  racines  imaginaires,  car 
de  —00  à  +00  il  se  perd  toujours  le  même  nombre  de  varia- 
tions, que  l'équation  ait  ou  n'ait  pas  de  racines  imaginaires. 

Théorème  de  RoUe. 

107.  Si  a  et  b  sont  deux  racines  consécutives  de  V équation 
f{x)z=.o,  r équation f\x)z=  o  a  au  moins  une  racine  com- 
prise entre  a  et  6,  en  tout  cas  un  nombre  impair  de  racines 
comprises  entre  ces  limites. 

Puisque /(^)  est  une  fonction  continue,  comme  elle  s'an- 
nule pour  x=ia  et  x^zb,e,\\e,  ne  peut  aller  sans  cesse  en 
croissant  ou  sans  cesse  en  décroissant;  elle  doit  donc  passer 
par  un  maximum  ou  un  minimum  pour  une  valeur  de  x  com- 
prise entre  a  et  Z^  et  cette  valeur  est  racine  ùe.  f  {x)  :=  o. 

La  fonction  peut  avoir  plusieurs  maxima  ou  minima,  mais 
comme  elle  ne  s'annule  pas  entre  a  et  b,  il  faut  bien,  si  elle 
commence  par  croître,  qu'elle  finisse  par  décroître  ou,  si  elle 
commence  par  décroître,  qu'elle  finisse  par  croître;  il  est 
facile  de  voir  qu'il  en  résulte  un  nombre  impair  de  maxima 
ou  de  minima.  La  considération  de  la  courbe  /  =:f{x)  rend 
ces  développements  évidents. 

Il  résulte  de  là  qu'entre  deux  racines  consécutives  de 
f'{x)  =  0,  il  ne  peut  y  avoir  plus  d'une  racine  de  f{x)  =  o; 


SÉPARATIO.N    DES    UACINES.  I79 

car  s'il  y  en  avait  deux,  entre  celles-ci  il  y  aurait  une  racine  de 
/'(^)  =  o.  11  en  résulte  que,  quand  f{x)^zio  a  toutes  ses 
racines  réelles,  f'{^)  a  aussi  toutes  ses  racines  réelles;  que  si 
f{oc),  pour  X  ^=:  a,  a  p  racines  égales,  f  {ce)  =  o,  pour  cette 
même  valeur,  a  p  —  i  racines  égales. 

Exemple  : 

f{.r)  =  X'" -\- pjc'^ -h  fj  =  o        (m  cl  //  sont  impairs). 

La  règle  de  Descartes  montre  que  l'équation  a  une  ou  trois 
racines  réelles.  Or 

f'{.r)  =  mx"-^  (  j-"'-«+  —  ]  • 

1°  Si  p  est  positif,  f'{x)  n'a  d'autre  racine  réelle  que 
j;  =  o  :  donc/(.2:)  =o  n'a  qu'une  racine  réelle; 

2°  p  est  négatif .  f'{x)  =:oaune  racine  nulle  et  deux  autres 
racines  réelles  :  appelons-les  —  b  et  h-  6  ;  f{x)  =^  o  peut  avoir 
trois  racines  réelles  dans  les  intervalles  («  —  i  est  pair): 

—  -X,  —  b,  -i-  h.  -1-  ce, 

ces  valeurs,  portées  dans/(j;),  donnent  les  signes 


si  les  trois  racines  réelles  existent  ;  pour  qu'il  en  soit  ainsi 
il  faut  que 

—  hm  —pbn-^—  q^ 

ou,  en  remplaçant  b  par  sa  valeur  et  en  simplifiant, 

\in  —  n  J  \  m  ) 

La  condition  pour  que 

X^  -\-  px  -j-  <jf  =  o 

ait  trois  racines  réelles  est 


l3o  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    I. 


Théorème  de  Sturm. 


108.  Nous  avons  remarqué  que  ce  qui  empêchait  le  théo- 
rème de  Budan  de  donner  le  nombre  exact  des  racines  réelles 
comprises  dans  un  intervalle,  c'est  que  lorsqu'un  terme  de 
la  suite  s'annule  il  peut  se  perdre  des  variations,  sans  que 
/(:;)  passe  par  zéro.  Sturm  a  tourné  cette  difficulté  en  faisant 
usage  d'une  autre  suite  qui  jouit  de  celte  propriété  que,  lors- 
qu'un terme  de  la  suite  s'annule,  ceux  qui  le  comprennent 
sont  de  signes  contraires  de  sorte  que  le  nombre  de  varia- 
tions n'est  pas  altéré  quand  un  terme  intermédiaire  de  la 
suite  passe  par  zéro.  La  suite  de  Sturm  a  pour  premiers 
termes,  comme  celle  de  Budan,  /(^)  et/'(.r);  les  autres 
termes  sont  les  restes  que  l'on  obtient  en  appliquant  à  ceux- 
ci  la  méthode  du  plus  grand  commun  diviseur  en  ayant  soin 
de  changer  chaque  fois  les  signes  de  ces  restes  et  en  n'in- 
troduisant que  des  facteurs  positifs  pour  éviter  les  fractions. 
Nous  supposerons  l'équation  débarrassée  de  ses  racines  mul- 
tiples :  /{or)  etf'{.x)  n'auront  pas  alors  de  facteurs  communs 
et  le  dernier  reste  sera  indépendant  de  jr;  les  termes  de  la 
suite  sont  donc  f{x),  f'{^)  et  les  restes  changés  de  signes; 
nous  les  désignerons  par 

/(■^■),     f'i-^).     M^r),     /3(,r),      ...,     fnix); 

alors,  en  désignant  par  un  q  les  quotients  et  par  un  c  des  fac- 
teurs positifs, 

CiMx)  =  cjif-iix)  -/i(.r), 


Ces  restes  donnent  lieu  aux  remarques  suivantes  : 

Deux  termes  consécutifs  de  la  suite  f{x),  f  {x),  f-iix), 
ne  peuvent  s'annuler  pour  une  même  valeur  de  x. 


SÉPARATION    DES    RACINES.  lOI 

En  efiet,  s'il  en  était  ainsi,  tous  les  restes,  jusqu'au  der- 
nier, seraient  nuls,  et  l'équation  aurait  des  racines  égales. 

Si  un  terme  de  la  suite  [excepté  f  (ce)]  s'annule,  celui  qui 
le  précède  et  celui  qui  le  suit  sont  de  signes  contraires. 

Par  exemple,  pour/3(^)  =  0,  on  a  c^_f.,{x)  =:—f.,{x).  Si 
l'on  fait  varier  x  à.Q  — 00  à  +00,  les  termes  de  la  suite  ne 
pourront  changer  de  signe  qu'en  passant  par  zéro;  donc 
il  ne  se  perdra  pas  de  variation,  puisque,  quand  un  terme 
s'annule,  celui  qui  le  précède  et  celui  qui  le  suit  sont  de 
signes  contraires,  de  sorte  que,  avant  comme  après  le  passage 
par  zéro,  les  trois  termes  considérés  forment  une  variation  et 
une  permanence.  Cette  conclusion  ne  s'applique  pas  au  pre- 
mier et  au  dernier  terme  de  la  suite,  qui  n'en  ont  pas  avant 
ou  après  eux.  Mais  le  dernier  terme  est  indépendant  de  x  et 
ne  saurait  changer  de  signe  et,  en  vertu  de  ce  qui  a  été  dit(l05), 
il  se  perd  une  variation  quand /(^)  change  de  signe.  La  suite 
considérée  perd  donc  une  variation  toutes  les  fois  que  x  passe 
par  une  racine  de  f{x)  =1  o.  Ainsi  : 

Si,  dans  la  suite  de  Sturm,  on  fait  xr=^a  et  x^i^h,  le 
nombre  des  variations  perdues  est  égal  au  nombre  des  ra- 
cines comprises  entre  a  et  b  {b>  a). 

Quand  la  valeur  substituée  annule  un  terme  de  la  suite  de 
Sturm,  suivant  le  premier,  on  peut  le  supposer  égal  à  +  o  ou 
à  —  o.  Si  le  premier  terme  est  nul,  c'est  une  racine  de  l'équa- 
lion,  et  si  l'on  veut  le  faire  entrer  dans  la  suite,  il  faudra  faire 
commencer  cette  suite  par  une  variation  ou  une  permanence, 
suivant  que  la  racine  en  question  sera  une  limite  supérieure 
ou  une  limite  inférieure  de  l'intervalle  considéré. 

Lorsqu'un  terme  de  la  suite  de  Sturm  ne  change  pas  de 
signe  dans  l'intervalle  considéré,  on  peut  arrêter  la  suite  à 
ce  terme.  En  effet,  la  démonstration  du  théorème  de  Sturm 
suppose  seulement  que  le  dernier  terme  de  la  suite  conserve 
toujours  le  même  signe,  et  il  est  indifférent  que  ce  terme  soit 
ou  non  fonction  de  x. 


TROISIÈME    PARTIE. 


CHAPITRE    I. 


109.  Quand  on  forme  la  suite  de  Sturm,  on  trouve  le  plus 
grand  commun  diviseur  de  f{x)  et  f'{œ),  qu'il  y  ait  ou  qu'il 
n'y  ait  pas  de  racines  multiples  ;  s'il  y  a  des  racines  multiples, 
tous  les  termes  de  la  suite  acquièrent  un  facteur  commun  9, 
il  peut  être  écarté  par  une  division,  sans  que  les  propriétés 
de  la  suite  cessent  d'avoir  lieu  :  le  dernier  terme  est  alors 

fi  r  )  f  (  v) 

constant,  les  deux  premiers  ^^-— ^  et  --^-^'-^  perdent  une  varia- 
tion quand /(j?)  elf'{x)  s'annulent;  et,  après  la  division, 
un  terme  qui  s'annule  se  trouve  toujours  entre  deux  autres 
de  signes  contraires;  donc,  après  la  division,  on  peut  encore 
appliquer  le  théorème  de  Sturm,  mais  les  racines  multiples 
ne  peuvent  être  comptées  qu'une  fois.  On  n'a  pas  besoin  de 
diviser  par  le  facteur  9,  car,  s'il  est  positif,  il  ne  change  pas 
les  signes  de  la  suite;  s'il  est  négatif,  il  les  change  tous;  en 
aucun  cas,  le  nombre  des  variations  ne  se  Irouve  changé. 

Si  l'équation  donnée  est  de  degré  /^  et  a  toutes  ses  racines 
réelles,  la  suite  de  Sturm  a  /i  + 1  termes;  pour  jr  =  — 00, 
elle  ne  doit  avoir  que  des  variations;  pour  ^r  =+00,  elle  ne 
doit  avoir  que  des  permanences,  et  il  faut  pour  cela  que  tous 
les  termes  de  la  suite  aient  leur  premier  coefficient  positif. 

En  posant  xz=i  —  00  et  œ^=.o  dans  la  suite  de  Sturm,  on  a 
le  nombre  des  racines  négatives  ;  en  posant  ^  =3  o  et  j:  =;  co, 
on  a  le  nombre  des  racines  positives.  Les  racines  manquantes 
sont  imaginaires. 

Exemple  I  : 

.r6_i-  3x4—4^3-1-  Gx2+i2J;  — 18  =  o, 


/  (.r)  =  xG  +  Zx'*—  4,r3-h  0^2+  i2,r  - 

\f'{x)  —  .rS-t-2.r3 —  ix''--^  'ix  -hi 

/^(x)  =  —  x'^'Jr-  ■2X^ —  4>^" — 1oj:-1-  18. 

f3{x)=  —  X^+lOX'-—lÇ) 

f^(x)  =  84  .r2—  qj:— T70 

f^(x)  =  lïGyx  —  2402 

û{^)=  + 


SÉPARATION    DES    RACINES.  1 83 

Pour^  =  —  ce,  on  a  quatre  variations;  pour  ^  =  o,  on  en  a 
trois;  et  pour  ^=+00,  on  en  a  deux.  L'équation  a  donc  une 
racine  négative,  une  racine  positive  et  quatre  racines  imagi- 
naires. 

Exemple  II  : 

j:^-4-  dx  -\-  b  =  o, 

f  (x)  =z  x^-\-  ax-+-  b, 

f'(x)  =  3^-2+  «, 

f>{x)  = —  lax  —  3t, 

/3(,r)=-4«3-27/;2. 

La  condition,  pour  que  l'équation  ait  trois  racines  réelles,  est 
que  a  soit  négatif  et  que 

4a^-T-  27/>-<  o. 

La  première  condition  est  comprise  dans  la  seconde;  si  elle 
est  remplie,  on  a,  pour^=:o, 

Les  trois  premiers  termes  donnent  toujours  une  permanence 
et  une  variation;  on  a  deux  racines  positives  et  une  racine 
négative  quand  b  est  positif,  deux  racines  négatives  et  une 
positive  quand  b  est  négatif. 

On  rencontre  souvent  des  suites  de  fonctions  qui  jouissent 
des  propriétés  caractéristiques  des  suites  de  Sturm,  et  l'on 
peut  en  profiter  pour  déterminer  la  nature  des  racines  des 
équations  obtenues  en  égalant  ces  fonctions  à  zéro;  les 
exemples  suivants  mettront  ce  fait  en  évidence  : 

1°  Dans  la  fraction  continue  suivante,  où  «1,  «o,  •  •  •  sont 
positifs, 


les  dénominateurs  des  réduites  sont  liés  entre  eux  parles  re- 
lations 

Q„+i  =  j:Q„  — «„_iQ;j_,,         Qo  =  i,         Qi  =  a:. 


l8/+  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

On  voit  facilement  que  le  premier  terme  de  Q„  est  jr"  et  que 
la  suite 

Q„,    0,_„     ...,    œ,    I 

jouit  des  propriétés  de  la  suite  de  Sturm.  Comme  le  second 
terme  n'est  pas  la  dérivée  du  premier,  on  ne  peut  pas  en  con- 
clure qu'une  variation  se  perd  toutes  les  fois  que  le  premier 
terme  passe  par  zéro,  mais  dans  le  passage  de  —  oo  à  h-oo,  on 
perd  n  variations.  Q„  a  donc  dû  s'annuler  n  fois  et,  comme  il 
est  du  degré  n,  Q„=:o  a  toutes  ses  racines  réelles. 

Les  théorèmes  suivants  se  démontrent  de  la  même  façon. 

2°  La  n'^'"'=  dérivée  de  la  fonction 


est  de  la  forme 


(1  +  ^2). 


l'équation  P„=  o  a  toutes  ses  racines  réelles. 

=  Uo  +  Ui  a  -}-  U2  a2  -i- . , 


l'équation  U„=o  a  toutes  ses  racines  réelles. 

4°  La  fi''"^"  dérivée  de  e-^'  est  de  la  forme  P,^e--^';  l'équa- 
tion P„=o  a  toutes  ses  racines  réelles.  (Hermite.) 

5« 

,  „  -3-  a  a^ 

u  =  (i  —  2  a.r  +  a^  )   2  =  uq  -t-  «1  — h  «■>  —  -t-  . . .  ; 
I  1.2 

les  polynômes  «0,  «1,  «2,  •  •  •  sont  appelés  polynômes  de  Le- 
gendre.  «„r=o  a  toutes  ses  racines  réelles;  on  trouve,  en 
effet,  en  différentiant  par  rapport  à  a, 

u  —  3{.v  —  a)u'-h{i  —  2aj7-i-  oc^)[i"=  o, 

et  en  différentiant  plusieurs  fois  de  suite,  puis  en  faisant  a  =r  o, 

i/„— (2//  —  i)j:  11,1-1  —  (" — i)^««-2)  "0=1,  iii  =  x, 

on  peut  terminer  la  suite  à  l'unité. 


SÉPARATION    DES    RACINES.  l85 


Application  du  théorème  de  Sturm  aux  racines  imaginaires. 

110.  On  a  vu  plus  haut  que  si,  clans  une  équation  à  coeffi- 
cients réels  ou  imaginaires 

/(  =  )  =  o, 

on  posait 

:;  =  .r  +  }  /, 

elle  se  partageait  en  deux  autres 

A  =  o,        B  =  o, 

qui  pouvaient  être  regardées  comme  les  équations  de  deux 
courbes  dont  les  intersections  étaient  les  points  représentant 
les  racines  de  l'équation.  Nous  allons  nous  proposer  de  trou- 
ver le  nombre  des  points  racines  contenus  dans  un  contour 
fermé.  Pour  plus  de  simplicité,  nous  supposerons  qu'il  s'agisse 
de  trouver  le  nombre  des  racines  contenues  à  l'intérieur  d'un 
cercle  de  rayon  r  et  dont  le  centre  a  pour  coordonnées  a  et  h. 
L'équation  de  ce  cercle  peut  être  remplacée  par  les  deux 
suivantes  : 

I  —  t-  ,  -it 

I  +  ;-         ^  I  -H  r- 

qui,  par  l'élimination  de  t,  donnent  l'équation  du  cercle. 

La  circonférence  du  cercle  est  parcourue  dans  un  sens  dé- 
terminé quand  on  fait  varier  i  de  —  ce  à  +  oo.  En  vertu  du 
théorème  de  Cauchy,  le  nombre  des  points  racines  contenus 
à  l'intérieur  du  cercle  est  la  moitié  de  la  différence  du  nombre 
de  fois  que  AB  passe  du  négatif  au  positif  et  du  positif  au  né- 
gatif. Ces  nombres  sont  les  mêmes  que  celui  de  changements 
des  variations  que  présentent  A  et  B  écrits  l'un  après  l'autre, 
ou  des  permanences  qu'ils  présentent. 

Remplaçons  maintenant  x  el  y  par  leurs  valeurs  en  t,  et 
multiplions  A  et  B  par  un  même  facteur,  de  manière  à  les 
changer  en  deux  polynômes  entiers  en  t  et  premiers  entre 
eux. 


l86  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

Opérons  ensuite  sur  ces  polynômes  comme  on  l'a  fait  plus 
haut  sur/(jc)  et/'  (^),  on  obtiendra  une  série  de  polynômes. 
Cherchons  combien  il  se  perd  de  variations  dans  cette  suite 
quand  on  fait  varier  ^  de  —  oo  à  +  ce.  Comme  la  suite  ne  peut 
perdre  de  variations  que  par  son  premier  terme,  chaque 
terme  étant  compris  entre  deux  autres  de  signes  contraires 
quand  il  s'annule,  le  nombre  de  variations  perdues  donnera 
la  différence  du  nombre  de  fois  que  le  produit  des  deux  pre- 
miers termes  passera  du  négatif  au  positif  et  du  positif  au 
négatif,  et  comme  ces  deux  premiers  termes  ne  diffèrent  de 
A  et  B  que  par  un  même  facteur,  leur  produit  a  le  signe  de  AB. 
On  voit  ainsi  que,  pour  chaque  racine  contenue  à  l'intérieur 
du  cercle,  il  se  perd  deux  variations  {ou  il  s'en  gagne  deux). 


Séparation  des  racines  réelles. 

111.  D'après  ce  que  l'on  a  vu,  il  est  facile  de  voir  si,  entre 
deux  nombres  donnés,  il  y  a  un  nombre  pair  ou  impair  de 
racines  réelles.  Mais,  avant  de  procéder  au  calcul  numérique 
des  racines,  il  faut  déterminer  des  intervalles  qui  ne  com- 
prennent qu'une  racine.  Il  y  a  des  cas  particuliers  où  il  est 
très  facile  de  séparer  une  racine;  par  exemple  quand  tous  les 
termes  sont  positifs,  sauf  le  dernier,  l'équation  n'a  qu'une  ra- 
cine positive,  et  celle-ci  se  trouve  séparée.  Si  l'on  remplace  x 
par  I,  lo,  ICO,  . . .,  on  peut  déterminer  deux  de  ces  nombres 
comprenant  la  racine;  on  peut  ensuite  resserrer  les  limites 
jusqu'à  ce  que  l'on  ait  renfermé  la  racine  entre  deux  nombres 
entiers;  on  abrège  le  nombre  des  essais  en  déterminant  une 
limite  supérieure  et  une  limite  inférieure  des  racines. 

Une  méthode  très  sûre,  mais  très  pénible  pour  la  sépara- 
tion des  racines,  a  été  donnée  par  Waring  et,  plus  tard,  par 
Lagrange  ;  elle  consiste  à  former  l'équation  aux  carrés  des 
différences  des  racines  et  à  déterminer  une  limite  inférieure 
de  ses  racines  positives  ;  soit  a  cette  limite  ;  entre  deux  racines 
quelconques  de  l'équation  proposée,  on  aura 


SÉPARATION    DES    RACINES.  187 

si  l'on  forme  alors  la  suite 

V' 3c,      îs/^,      3  V' 2,      .... 

deux  termes  consécutifs  de  cette  suite  ne  pourront  com- 
prendre plus  d'une  racine,  car,  s'il  en  était  autrement,  la 
différence  de  deux  racines  serait  moindre  que  s/ en. 

Cette  méthode  suppose,  bien  entendu,  l'équation  débar- 
rassée  de  ses  racines  multiples,  sans  quoi  l'on    trouverait 

On  peut,  toutefois,  modifier  la  méthode  de  manière  à  n'a- 
voir besoin  de  connaître  que  le  dernier  terme  de  l'équation 
aux  carrés  des  différences;  nous  ne  nous  arrêterons  pas  da- 
vantage sur  cette  méthode,  parce  que  le  théorème  de  Slurm 
permet  plus  facilement  la  séparation  des  racines. 

Pour  séparer  les  racines,  on  forme  la  suite  de  Sturm  et  l'on 
remplace  x  successivement  par  des  valeurs  entre  lesquelles 
on  en  intercale  de  nouvelles,  jusqu'à  ce  que  l'on  parvienne  à 
deux  valeurs  telles  que,  en  passant  de  l'une  à  l'autre,  la  suite 
de  Sturm  ne  perde  plus  qu'une  variation.  Les  racines  sont 
ainsi  complètement  séparées,  et  l'on  peut,  par  de  simples 
essais,  resserrer  l'intervalle  comprenant  une  racine. 

Exemple  : 


La  suite  de  Sturm  est 

x'*  -h    x^  —  4  -f '■  —  4  -^ 
4.r3-h  3,r2— 8a:  —4.. 

7  j-'  -4-  8  a:  —  4 

kx  +5 


+  0C. 

-t- 

-1- 

2. 

-4- 
-t- 

—  I. 
-t- 
-\- 

0. 

-)- 

-1- 

+  I. 

-+- 

+  2. 

-t- 
-f- 

+ 

-t- 

Ce  Tableau  montre  que,  dans  le  passage  de  —  2  à  — i,  de 
o  à  I,  de  I  à  2,  il  se  perd  respectivement  2,  i  et  i  variations; 
l'équation  a  donc  quatre  racines  réelles,  les  racines  positives 
se  trouvent  séparées;  pour  séparer  celles  qui  sont  comprises 


l88  TROISlÈMi:    PARTIK.     —     CHAPITRE    I. 

3 
entre  —  2  et  —  i,  on  fera  œ  =  —  -  dans  le  premier  membre 

de  l'équation  proposée,  et  l'on  obtiendra  un  résultat  négatif: 
il  en  résulte  qu'une  des  racines  négatives  est  comprise  entre 
—  I  et  —  1 ,5,  et  l'autre  entre  —  i  ,5  et  —  2. 


Méthode  de  Fourier. 

112.  Le  théorème  de  Sturm  permet  de  séparer  à  coup  sûr 
les  racines,  mais  les  calculs  auxquels  conduit  celte  méthode 
sont  très  prolixes.  Une  équation  du  sixième  ou  du  septième 
degré  avec  des  coefficients  très  simples  conduit  ordinaire- 
ment à  des  résultats  contenant  cinquante  chiffres  et  plus; 
aussi,  dans  la  pratique,  est-il  souvent  plus  commode  de  faire 
usage  du  théorème  de  Budan. 

On  se  souvient  que  la  suite  de  Budan  est 

/(.r),     /'(.f),     /"(.r),      ..., 

et  l'on  fait  usage  de  cette  suite  comme  de  celle  de  Sturm; 
mais  le  nombre  des  variations  perdues  ne  donne  qu'une  limite 
supérieure  des  racines  comprises  dans  l'intervalle  correspon- 
dant. Ainsi  il  peut  se  perdre  deux  variations  quand  un  terme 
intermédiaire  de  la  suite  s'annule,  sans  pour  cela  que  /{x) 
passe  par  zéro;  cela  arrive  quand  le  terme  nul  est  placé  entre 
deux  autres  de  même  signe.  Comme  en  passant  de  —  00  à 
-f-00  on  perd  /^  variations  quand  l'équation  est  de  degré  n, 
l'équation  a  deux  racines  imaginaires  toutes  les  fois  qu'il  se 
perd  deux  variations  par  suite  du  passage  par  zéro  d'une  des 

fonctions  /'  {x),  f"{x) On  peut  donc  conclure  de  là  que 

si,  X  variant  de  a  à  b,  la  suite  de  Budan  ne  perd  pas  de  varia- 
tions, l'équation  n'a  pas  de  racine  comprise  entre  a  et  è  et 
que,  si  elle  en  perd  une,  il  y  a  une  racine  entre  a  et  b.  Si  elle 
en  perd  deux,  ou  bien  l'équation  a  deux  racines  imaginaires, 
ou  bien  elle  a  deux  racines  réelles  comprises  entre  a  et  b. 

113.  Supposons  que  l'on  ait  trouvé  un  intervalle  dans 
lequel  il  se  perde  deux  variations,  et  cela  entre  les  trois  pre- 


SÉPARATION    DES    RACINES.  1 89 

miers  termes;  alors,  en  supposant/(j:)  positif  pour  les  deux 

limites  oc  et  [3 ([3  >  a),  on  aura 

/(^),  /'(^),  /"(«),  /(?),  /'(P),  nn 


Si  nous  supposons  qu'il  ne  se  soit  pas  perdu  de  variations 
dans  le  reste  de  la  suite, /"(a^)  =o  n'a  pas  de  racine  entre  a 
et  ^.f"{x)  est  donc  toujours  positif  dans  l'intervalle;  si/(x) 
reste  également  positif,  la  perte  de  deux  variations  doit  indi- 
quer l'existence  de  deux  racines  imaginaires.  Des  considéra- 
tions géométriques  vont  nous  permettre  de  nous  rendre 
compte  de  ce  qui  arrive  en  général. 
Comme  les  intersections  de  la  courbe 

avec  l'axe  des  x  donnent  les  racines  de  l'équation /(^)  =  o, 
il  s'agit  de  trouver  si  entre  a;  =  a  et  ^  =  |3  il  existe  deux  ou 
zéro  points  d'intersection.  Comme  f  {x)  change  de  signe 
tandis  que/"(^)  conserve  son  signe  dans  l'intervalle  consi- 
déré, il  doit  y  avoir  dans  cet  intervalle  un  minimum  et  la 
concavité  est  tournée  vers  le  haut;  les  deux  cas  sont  repré- 
sentés par  les  Jig.  7  et  8. 


Fi-. 


Fig. 


La  première  correspond  au  cas  où  il  y  a  deux  racines  ima- 
ginaires, la  seconde  au  cas  où  il  y  a  deux  racines  réelles.  Si 
les  tangentes  aux  points  limites  se  coupent  au-dessus  de 
l'axe  des  x,  il  y  a  nécessairement  des  racines  imaginaires, 
mais  la  réciproque  n'est  pas  vraie.  On  peut  seulement  dire 


igO  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

qu'il  y  a  des  racines  imaginaires  si 

ATi-f-TB^AB, 


ou 


Je  répète  que,  de  ce  que  les  tangentes  ne  se  coupent  pas 
au-dessus  de  l'axe  des  x,  il  ne  faut  pas  conclure  à  l'existence 
des  racines  réelles,  mais  on  voit  que,  si  les  racines  sont  ima- 
ginaires, on  pourra  toujours  rapprocher  les  limites  a  et  (3 
pour  que  l'intersection  des  tangentes  ait  lieu  au-dessus  de 
l'axe  des  x.  On  resserrera  alors  l'intervalle  compris  entre  y. 
et  (3  jusqu'à  ce  que  la  relation  (i)  soit  satisfaite,  ou  jusqu'à 
ce  que  la  perte  de  deux  variations  soit  remplacée  par  la  perte 
d'une  variation;  dans  le  premier  cas,  on  est  en  présence  de 
deux  racines  imaginaires;  dans  le  second,  on  est  en  présence 
de  deux  racines  réelles. 

114.  Maintenant,  nous  allons  examiner  le  cas  où,  dans  le 
passage  de  a  à  [3,  la  série  perd  d  variations. 

Laissons  de  côté  le  terme  f{x),  c'est-à-dire  considérons 
f'{x)  :=o  comme  l'équation  donnée,  alors  on  perdra  d^  varia- 
lions;  en  considérant/"(a^)  =  G  comme  l'équation  donnée, 
on  en  perdra  d^,  etc.  Deux  d  consécutifs  sont  alors  égaux  ou 
différents  d'une  unité,  Fourier  appelle  dp  l'indice  de  f-p^ix). 

Maintenant,  considérons  le  premier  indice  de  la  série  qui 
a  pour  valeur  i  ;  soit  dp  cet  indice,  f^P''{x)  -=o  a.  alors  une 
racine  entre  oc  et  (3;  l'indice  précédent  doit  être  2,  car,  s'il  était 
égal  à  zéro,  il  devrait  y  avoir  un  indice  antérieur  égal  à  i; 
l'indice  suivant  peut  être  2,  i  ou  o;  s'il  est  2  ou  i,  on  peut 
toujours  subdiviser  l'intervalle,  de  telle  sorte  que  l'intervalle 
qui  contient  la  racine  de  f^p''{x)=zo  ne  contienne  pas  de 
racine  de/<^'"'"''(^)  ^  o;  pour  les  autres  intervalles,  on  a 

d,  =  o, 
et  le  premier  indice  i  est  à  chercher  plus  à  gauche  dans  la 


SÉPARATION    DES    RACINES.  IQr 

suite;  donc  on  n'a  besoin  de  considérer  que  le  cas  où 
dp^i  =  '2,         dj,  =  I ,         dp+i  =  o  ; 

ce  cas  est  celui  que  nous  avons  examiné  (113),  et  l'on  peut 
décider  si  les  racines  de 

f<p-i){x)  =  o 

sont  réelles  ou  imaginaires;  si  elles  sont  réelles,  on  peut 
scinder  l'intervalle  en  deux  autres,  contenant  chacun  une 
racine  et,  comme  chacun  a  l'indice  i,  on  peut  continuer  de  la 
même  façon  ;  si  elles  sont  imaginaires,  les  deux  variations 
doivent  être  perdues  et  quand  une  fonction  suivante  s'an- 
nule elle  doit  se  trouver  entre  deux  autres  de  même  signe. 
L'équation  proposée  doit  donc  aussi  avoir  deux  racines  ima- 
ginaires; si  l'on  en  fait  abstraction,  on  peut  retrancher  2  de 
chacun  des  indices  de  la  partie  de  la  suite  qui  reste  à  étudier. 
Si  l'on  continue  de  celte  manière,  on  peut  rejeter  le  premier 
indice  i  vers  un  terme  moins  avancé  dans  la  suite,  et,  quand 
on  l'a  ramené  jusqu'au  premier  terme,  la  racine  est  séparée. 

Exemple  : 

x^  —  j .r*  —  1 6 ^3  -t-  -}-  1 2 ./:-  —  9 X  —  5  =  o. 

On  a 

f{x)  =  .r» —  5x''  —  i6j:3-f-  12^2 —  g,^; —  5^ 

f  (x)  =  5>r^ —  20 x^ —  48"C2-i-  24 >r  —  9, 

y  f"  i-r)  =  5x^—i5x-—2^x -{-6, 
4 

—  f"'(  X  )  —  5  X-  —  I  o  .r  —  8 . 
12  ' 

la  limite  supérieure  des  racines  est  8.  Dans  l'intervalle  o,  8 
on  perd  trois  variations;  deux  de  o  à  i,  une  de  7  à  8.  Il  y  a 
donc  une  racine  entre  7  et  8  qui  se  trouve  séparée.  L'inter- 


192  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

valle  de  o  à  I  doit  être  examiné  de  plus  près;  les  signes  de  la 

suite  sont 

Pour  X  =  o  : -I-— H, 

»     .X  =  1:     —  —  —  —  —  -+-, 
si  l'on  regarde  o  comme  négatif;  alors  on  a 

f/j  =  2,     di  =  i,     (fs  =  o, 

et 

f'(i)        /'(o)  ^3        3 

/"(O       /"(O)        7        8  ^    ' 
il  faut  alors  resserrer  les  limites;  on  pose  ^—-  et  l'on  a  les 


les  variations  se  perdent  donc  de  o  à  -;  on  trouve  alors 


d'où  il  résulte  que  les  deux  racines  sont  imaginaires.  L'équa- 
tion a  encore  deux  racines  négatives,  l'une  entre  —  3  et  —  2, 
l'autre  entre  —  i  et  o. 

115.  Les  racines  imaginaires  peuvent  être  séparées  par  la 
méthode  donnée  (110),  ou  encore  en  remplaçant  le  cercle 
par  deux  parallèles  à  l'axe  des  y,  qui  servent  à  séparer  les 
parties  réelles,  ou  par  deux  parallèles  à  l'axe  des  a:,  qui  ser- 
vent à  séparer  les  coefficients  de  i. 

Théorème  de  Newton. 

116,  Newton  a  énoncé  sans  démonstration  un  théorème 
établi  plus  tard  par  Sylvester  et  généralisé  par  lui  et  qui  cor- 
rige les  indications  du  théorème  de  Budan,  relatif  au  nombre 
des  racines  comprises  entre  deux  limites  données. 


SÉPARATIOX    DES    HACINES.  igS 

On  considère  une  seconde  suite  dont  tous  les  termes  sont 
conjugués  deux  à  deux  avec  celle  de  Budan.  Lorsque  dans  la 
série  de  Budan  on  a  une  variation,  les  termes  de  la  série  con- 
juguée formant  une  permanence,  nous  dirons  que  nous  avons 
une  variation-permanence  et  nous  désignerons  celte  circon- 
stance par  le  symbole  V-P;  l'équation  f{a:)  —  o  étant  de 
degré  n,  les  deux  suites  sont 

]f\-^\     [f"(.v)r—/c,f'(.v)f"'{.r), 


fi'\x),     [/(/')(.r)]2-  A>f /-»(,r)/(/^+i)(^-), 


(I) 

OÙ 

^   '  'il  —  p 

Pour  abréger,  nous  désignerons/'^) (^)  par/,. 

Nous  allons  étudier  les  changements  des  V-P  que  l'on  ren- 
contre dans  la  double  suite  quand  on  fait  croître  x\  il  faut 
remarquer  que 

(3)  .^_/,-^=      '     . 

Nous  supposerons  d'abord  que  deux  termes  consécutifs  ne 
s'annulent  pas  en  même  temjjs. 

Le  nombre  des  V-P  ne  peut  changer  que  quand  un  terme 
de  l'une  des  deux  suites  passe  par  zéro. 

Supposons  que  ce  soit  le  cas  pour/^,  le  changement  s'opé- 
rera entre  les  termes 

Jl>1  J  p  'V'  Jp-ljp-i-ll 

Jp+ll    Jp+l       '^p+ljp     Jp+i'l 
pour/p  =  o  les  signes  des  termes  de  la  seconde  suite  sont 


Si  le  signe  du  milieu  est  4-  on  a  une  V-P,  c'esl-à-dire  si  /,,_i  et 
P.  i3 


194  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

fp^x  sont  de  signes  contraires;  dans  ce  cas,  dans  la  première 
suite,  il  y  a  une  variation  et  une  permanence,  de  sorte  que, 
dans  les  trois  paires  de  termes,  il  y  a  une  V-P  avant  comme 
après  l'annulation  de/,,. 

Ceci  n'a  plus  lieu  quand  c'est /(x)  qui  s'annule  ;  dans  la 
première  suite  une  variation  se  change  en  permanence  et 
les  deux  premiers  termes  de  la  seconde  série  sont  positifs  et 
forment  une  permanence;  donc,  en  tout  cas,  il  se  perdra 
une  V-P  quand  x  passera  par  une  racine  de  f{x)^zo,  pen- 
dant qu'il  ne  se  produit  aucun  changement  dans  les  V-P 
quand  un  autre  terme  de  la  première  suite  s'annule. 

Il  reste  encore  à  chercher  si  le  nombre  des  V-P  peut  chan- 
ger quand  les  termes  de  la  seconde  suite  s'annulent.  La  dé- 
rivée de/;,  —  ki,fp.Ji,^x  —  lp  est 

(2  —  kp  )Jpfp-^i  —  /.p //,_i/p+2  ; 
pour  T„  =  0,  on  a 


II 


et  comme 


on  peut  mettre  les  dérivées  sous  la  forme 

I       f 

7. f~^  (fp+i — l'^:>+ifp.fi>+i)^ 

OÙ  la  quantité  entre  parenthèses  est  le  terme  suivant  T/,+, 
de  la  suite;  on  voit  ainsi  que  si  x  reçoit  un  accroissement 
infiniment  petit  h  à  partir  de  la  valeur  qui  annule  1  p,  T,, 
reçoit  lui-même  un  accroissement  qui  a  le  signe  de 

(4)  {-^Tp^.h. 

Tp  ne  peut  changer  de  signe  que  si  /p_i  et  /p+i  sont  de 
mêmes  signes.  Si  donc  on  a  une  V-P,  fp  doit  avoir  un  signe 
opposé  à  ceuxde/p+i  et/p_i.  La  première  suite  présente  alors 
les  signes 

-4-   —   -!-      OU      —    4-    —, 


SÉI'AUATION    DES    RACINES.  IQO 

f 

de  sorte  que  -j-^—  esl  négatif  et  T^,  a  le  signe  de 

—Tp+i/i. 

Pour  une  valeur  négative  de  h,  c'est-à-dire  avant  le  passage 
de  Tp  par  zéro,  T^  et  T^+i  forment  une  permanence  qui,  pour 
h  positif,  se  change  en  variation;  dans  ce  cas,  il  se  perd  une 
V-P;  quand  Tp_i  a  même  signe  que  Tp+,,  il  se  perd  aussi 
une  permanence  entre  T/,_i  et  T;„  et,  dans  le  cas  contraire,  il 
s'en  gagne  une.  On  perd  ainsi  une  V-P  chaque  fois  que  l'on 
passe  par  une  racine  def(x)=zo;  il  s'en  perd  deux  toutes  les 
fois  qu'un  terme  de  la  seconde  série  passe  par  zéro  quand  il 
est  compris  entre  deux  autres  de  même  signe,  pendant  que  le 
terme  correspondant  de  la  première  série  forme  avec  le  pré- 
cédent et  le  suivant  une  variation. 

117.  Nous  avons  supposé  que  deux  termes  consécutifs  ne 
pouvaient  pas  s'annuler  en  même  temps;  s'il  en  était  ainsi, 
les  coefficients  de/(^)  devraient  satisfaire  à  une  équation  de 
condition;  alors,  en  changeant  infiniment  peu  les  coeffi- 
cients, on  pourrait  ramener  ce  cas  au  précédent. 

Ce  changement  n'altère  pas  les  signes  des  termes  des  deux 
suites,  pourvu  que  les  valeurs  limites  de  x  n'annulent  aucun 
terme.  Un  changement  infiniment  petit  dans  les  coefficients 
ne  peut  altérer  le  nombre  des  racines  contenues  dans  un 
intervalle  donné,  si,  bien  entendu,  les  valeurs  limites  ne  sont 
pas  racines;  la  méthode,  même  dans  le  cas  qui  nous  occupe, 
fera  connaître  une  limite  supérieure  du  nombre  des  racines. 

Il  reste  encore  à  examiner  le  cas  où.  f{x),  f  {x),  ..., 
/■(/^-''(j7),  f'-p^{x)  s'annulent  :  c'est  le  cas  où  p  + 1  racines 
sont  égales.  On  trouve  alors,  comme  à  propos  du  théorème 
de  Budan,  que  la  première  suite  perd/?  variations;  supposons 
/p4_i  positif;  la  première  suite 

/(.r),    f'{x).     ...,    f'P-^Ux),    fpU.r),    /(/'+i'(.r) 
passe  de 


ig6  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

La  seconde  série  n'a  pour  x  —  Ju  dans  ses  p  +  i  premiers 
termes,  que  des  permanences.  Soit 

l'un  des  termes;  pour  x  —  h,  on  a 

//P—r-hl  lip—r-rl 

f,  =  =//,+!  ^— — -— -,  ;  /,_,    =  -f,,^,    _____; 

hP~'' 

de  sorte  que  le  signe  de  ce  terme  sera  le  même  que  celui  de 

1 1^ 

ou  de 

p  —  r-T-2        /i  —  r-i-i 
p  —  r  -r-  i  II  —  r 

Cette  dernière  expression  est  positive,  car  n  >/>,  et  cela  quel 
que  soit  ;•.  Les  deux  suites  commencent  donc  pour  x  —  h 
par/?  V-P,  qui  se  perdent  toutes  quand  on  franchit  les  p  ra- 
cines; le  théorème  subsiste  donc  dans  le  cas  où  il  y  a  des 
racines  multiples. 

118.  En  ce  qui  concerne  kp,  nous  n'avons  utilisé  que  la  rela- 
tion 

2  —  kp  =  j , 

et  nous  avons  supposé  kp  positif;  ces  conditions  sont  rem- 
plies si 

_  w  -  p  ^-  I 

hp  —  > 

m  —  p 

OÙ  m>  n;  quand  m  croît  indéfiniment,  cette  valeur  de  kp  se 
réduit  à  l'unité. 


SÉPARATION   DES    RACINES.  I97 

Exemple  : 

f    (x)  =  .rS—  3x'*+  2.r5  —  8x^-+  3,r  —  25  =  o, 
f   (x)=5x'* — \2x^-h  6x-  —  iQ>x -h  3, 
f"  (x)  =  2o.r3—  SG.r^H-  [2.r  —  16, 

/'"  (x)  =  60X- ~-2X  -+-  12, 

/'"(x)  =   I20X 72, 

r  (.r)  =  i2o. 

Les  racines  sont  comprises  entre  zéro  et  4;  pour  ^=ro 
on  a 

—  25  -1-3  — i6  -f- 12  — 72  -i- 120 

_i_        _      ^-        _       +        -i- 

où  les  signes  placés  sur  la  seconde  ligne  sont  ceux  des  T; 
pour  a;  =  ^,  la  première  suite  ne  présente  que  des  perma- 
nences, et  il  n'y  a  pas  besoin  de  déterminer  ceux  de  la  se- 
conde. Pour  ic  =  o,  on  a  une  V-P;  pour  ^=:  4,  on  n'en  a  pas; 
l'équation  a  donc  une  racine  réelle  et  quatre  racines  imagi- 
naires. 

119.  Dans  ce  qui  précède,  on  a  considéré  les  V-P  perdues 
pour  déterminer  le  nombre  des  racines  par  lesquelles  on 
passe.  Sylvester  a  pris  les  P-P  ou  doubles  permanences  en 
considération;  quand  un  terme /p  de  la  première  suite,  com- 
pris entre  deux  autres  de  signes  contraires,  s'annule,  les 
trois  termes  correspondants  de  la  seconde  suite  sont  positifs, 
en  sorte  que  une  V-P  et  une  P-P  changent  de  place.  Si  les 
deux  termes  qui  comprennent  celui  qui  s'annule  ont  le  même 
signe,  les  trois  termes  correspondants  de  la  seconde  suite 
formeront  deux  variations,  de  sorte  que,  dans  ce  cas,  il  est 
encore  indifférent  de  considérer  les  V-P  ou  les  P-P. 

Quand  c'est  Tp  qui  change  de  signe,  fp-i  et  fp+i  ont  le 
même  signe,  de  telle  sorte  que  la  première  suite  a  deux  va- 
riations ou  deux  permanences.  Si  Tp_i  et  Tp+i  ont  des  signes 
différents,  l'ordre  seul  se  trouve  modifié  :  il  ne  reste  donc 
plus  à  examiner  que  le  cas  011,  Tp  passant  par  zéro,  Tp_i  et  T^+t 
sont  de  mêmes  signes. 


igS  TROISIÈME    PARTIi:.    —    CHAPITRi:    I. 

Dans  le  cas  où  la  première  suite  présente  deux  perma- 
nences, (4)  montre  que  T^,  après  s'être  annulé,  prend  le 
signe  de  Tp+ii  alors  deux  P-V  se  changent  en  P-P. 

Dans  le  cas  oij  la  première  suite  présente  deux  variations, 
(4)  montre  que,  dans  la  seconde  suite,  deux  permanences  se 
changent  en  variations  ;  dans  ce  cas,  deux  V-P  se  changent 
en  V-V;  on  peut  donc  étendre  comme  il  suit  le  théorème 
démontré  plus  haut  : 

Quand  x  croit,  en  passant  par  une  racine  de  l'équation 
donnée,  on  gagne  une  P-P  ;  quand  x  annule  un  ternie  de  la 
seconde  suite  compris  entre  deux  de  même  signe,  et  quand,  de 
plus,  les  termes  correspondants  de  la  première  suite  présen- 
tent deux  permanences,  on  gagne  deux  P-P. 

120.  De  cette  manière,  on  a  donc  deux  limites  supérieures 
du  nombre  des  racines  réelles,  et  l'on  peut  choisir  entre 
celles-ci  la  moins  élevée;  c'est  ce  que  l'on  voit  sur  l'exemple 
traité  ci-dessus;  pour  ^  =  o,  on  n'a  pas  de  P-P,  tandis  que 
pour  ^  =  4  on  en  a  cinq;  ici  le  théorème  de  Sylvester  donne 
cinq  racines,  tandis  que,  sous  la  nouvelle  forme  que  nous 
avons  donnée,  il  en  donne  une. 

Pour  déterminer  le  nombre  des  racines  réelles  d'une  équa- 
tion, on  peut  faire  ^  =  —  oo  et  a?  =  -h  co  ;  il  faut  alors,  dans  la 
seconde  suite,  déterminer  les  plus  forts  exposants  de  chaque 
terme;  sans  s'arrêter  aux  calculs  nécessaires  pour  cela,  on 
remarquera  que,  dans  T^,  les  deux  termes  avec  l'exposant  le 
plus  élevé  s'évanouissent,  de  sorte  que  le  terme  utile  à  consi- 
dérer contient  un  exposant  pair;  en  laissant  de  côté  un  fac- 
teur positif,  le  coefficient  de  ce  terme  sera 

(6)  «1-,^— r«2, 

l'équation  étant 

(7)  f{x)  =  xn  +  aixn-i-{-aix"-'^  +  ...= 

Si  donc  on  avait 


SÉPARATION    DES    RACINES.  IQQ 

tous  les  signes  de  la  seconde  suite  seraient  +  pour  œ  =  cc 

comme  pour  ^=— oc;  si 

in 
ai  <  (72, 

ils  seraient  —,  à  l'exception  du  premier  et  du  dernier,  qui 
seraient  +.  Dans  le  premier  cas,  on  gagne  n  P-P  ou  l'on 
perd  n  Y-P,  et  la  méthode  ne  donne  aucun  renseignement; 
dans  le  second  cas,  la  méthode  montre  que  l'équation  a  deux 
racines  imaginaires  :  la  méthode  ne  peut  déceler  que  la  pré- 
sence de  deux  pareilles  racines;  pour  obtenir  un  meilleur 
résultat,  il  faut  partager  l'intervalle  et,  pour  chacun  des  nou- 
veaux intervalles,  appliquer  le  théorème  en  choisissant  la  plus 
petite  limite  qu'il  fournit  pour  le  nombre  de  racines  réelles. 
Pour  ^  =  o,  on  tire  de  (7) 

il  en  résulte 

T/,  =  ipiy- al _p  —  ''  ~^      '  (p -  I ) ! ( p  -M )  ! «„_/,_, aa-,,+u 

ou,  en  écartant  le  facteur  positif  (/>!)-, 


T„-r/B. 


p  -^  i   n  —  p  -+- 
P  "  —P 


formule  valable  pour  tous  les  termes,  sauf  pour  le  premier  et 
le  dernier,  qui  sont  positifs. 

C'est  le  seul  cas  considéré  par  Newton  et  pour  lequel  il  a 
donné  son  théorème  sans  démonstration;  les  deux  suites  sont 
alors,  en  écrivant  les  termes  dans  un  ordre  inverse, 

-H,  «1,  «2,  «3> 

in  ,       '\(n  —  i)  „       Un  —  a) 

-H,     ai  —  - a-i,     al ciiCi^,    «3       TT 5-'^'!2«4,     

n  —  I  %{n—i)  •*       3(/z  — 3) 

Admettons  que  l'on  ait  ici  q  P-P.  Pour  jr=r  — 00,  on  n'a  pas 
de  P-P;  donc  l'équation  n'a  pas  plus  de  racines  négatives 
que  les  deux  suites  n'ont  de  P-P(^).  Admettons  que  les  deux 
suites  aient  q^  V-P  ;  pour  x^=-\-cc,  on  n'a  pas  de  V-P  :  donc 


200  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    I. 

l'équation  n'a  pas  plus  de  racines  positives  que  les  deux  suites 
n'ont  de  V-P  (^i);  et  l'on  peut  encore  dire  que  l'équation  a 
au  moins  autant  de  racines  imaginaires  que  la  seconde  suite 
a  de  variations  {n  —  q  ■ —  ^,  ). 

Newton,  en  utilisant  les  P-P  pour  les  valeurs  négatives  de 
a;  et  les  V-P  pour  les  valeurs  positives,  obtient  une  meilleure 
estimation  que  Sylvester  pour  la  limite  supérieure  du  nombre 
des  racines  réelles.  Dans  l'exemple  traité  plus  baut,  le  Ibéo- 
réme  de  Newton  montre  qu'il  n'y  a  pas  plus  d'une  racine  po- 
sitive, tandis  que  le  théorème  de  Sylvester,  qui  n'emploie  que 
les  P-P,  montre  qu'il  ne  peut  en  exister  plus  de  cinq.  C'est 
la  même  limite  que  donnerait  l'application  du  théorème  de 
Descartes. 

Généralisation  du  théorème  de  Descartes. 

121.  Dans  ce  qui  va  suivre,  nous  allons  donner  une  mé- 
thode nouvelle  qui  montre  comment,  par  des  considérations 
toutes  différentes,  on  peut  arriver  à  déterminer  une  limite  du 
nombre  des  racines,  et  qui  remplace  avec  avantage  la  précé- 
dente. Seulement,  dans  quelques  cas  particuliers,  elle  se 
montre  inférieure  à  celle  de  Newton,  mais  elle  s'applique 
avec  plus  de  facilité. 

Quand  nous  avons  démontré  le  théorème  de  Descartes, 
nous  avons  vu  que,  en  introduisant  dans  l'équation  une  ra- 
cine positive,  on  augmentait  au  moins  d'une  unité  le  nombre 
des  variations.  Si  la  multiplication  par  ce  —  a  introduit  plus 
d'une  variation,  elle  diminue  le  nombre  des  permanences,  et 
l'on  obtient  une  détermination  plus  précise  du  nombre  des 
racines  négatives,  le  nombre  de  ces  racines  n'étant  pas  aug- 
menté par  l'introduction  d'une  racine  positive. 

Soit  ap  le  premier  coefficient  négatif;  l'équation  obtenue 
en  multipliant  par  a:  —  a  présentera,  à  certaines  places,  les 
mêmes  signes  que  les  termes  de  l'équation  proposée,  si  l'on 
écrit  les  termes  les  uns  au-dessous  des  autres,  et  l'on  peut 
se  demander  si  l'on  peut  choisir  a  de  telle  sorte  que  des  per- 
manences se  changent  en  variations. 


SÉPARATION    DES    RACINES.  20I 

La  multiplication  de 

(i)         x"  ^  Oix'^-^  -^  a.2X"-^-[- .  .  .-h  ap-xxn-P+^  —  a,,xn-P  ..  . 
par  X  —  a  donne 

(2)  JC«+'4-  (r/i  —  r/).c"+ . .  .  +  («/,-i  -  'xa,,.-i)x'^-P+^—mx"'-P+'^  ..., 
OÙ  m  est  positif;  maintenant  posons 

(3)  ^=/.v, 

les  signes,  dans  la  nouvelle  équation,  seront  ceux  de 

I,     7.1  —  a,     h-i — a,      ...,     I<  p-i — a,     — .... 

Soit  a^j  le  premier  coefficient  positif  après  — ap\  soit  —  a, 
le  premier  coefficient  négatif  qui  suit,  etc.,  les  signes  des 
termes  suivants  seront  ceux,  de 


a  —  /.-,- 


Dans  le  cas  où  les  quotients  A-  qui  entrent  dans  chaque 
groupe  sont  décroissants,  la  valeur  de  a  est  indifférente;  on 
peut  alors  déplacer  les  variations,  mais  non  augmenter  leur 
nombre;  dans  le  cas  contraire,  il  existe  une  valeur  de  a  com- 
prise entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  valeur  de  k  d'un 
groupe  qui  augmente  le  nombre  des  variations;  on  peut  dé- 
terminer facilement  la  valeur  de  a  qui  transforme  le  plus 
grand  nombre  possible  de  permanences  en  variations;  la  nou- 
velle équation  peut  être  traitée  comme  la  première,  et  ainsi 
de  suite  jusqu'à  ce  que  l'on  parvienne  à  une  équation  où  les 
quotients  k  sont  tous  décroissants  dans  chaque  groupe.  La 
limite  du  nombre  des  racines  positives  se  déterminera  de 
même  façon  en  changeant  ^  en  — x. 


,     a  —  A>+i, 

a  —  /.7,-H2, 

,   Vi-a, 

/'Vy+2—  «, 

,     a-Av^,, 

a-A,.+2, 

202       TROISIÈME  PARTIE.   —  CHAPITRE  I.   —  SÉPARATION  DES  RACINES. 

Exemple  : 

x^-\-  j:" -f-  4 .r^ -f-  8 x^ —  x'*  —  j x^ —  iix'^-\-\5ïx  —  45o  =  o, 


29. 


les  nombres  précédents  donnentles  valeurs  des  k;  si  l'on  fait 
«  =  3,  les  trois  permanences  se  changent  en  variations,  et 
l'on  n'obtient  que  des  permanences  dans 

—  4  .r6  —  25  x'^  —  ^x'*  —  x^  +  .  .  . 

"^        1       L 
4         25        4 

et  l'on  a  le  nouveau  groupe  de  signes 

25  4  I 

4  2J  4 

de  sorte  que,  pour 

4  25 

on  n'a  plus  qu'une  permanence;  l'équation  n'a  qu'une  racine 
négative. 
Le  théorème  de  Newton  donne 


ainsi  on  a  trois  P-P.  Pour  trouver  le  nombre  des  racines 
positives,  on  change  oc  en  —  ^  et  l'on  a 

x^  —  .r"  -+-  4 x^  —  8 x^  —  x'*-\-'] x^  —  l'iX'  —  132^'  —  43"  =  o  ; 

dans  les  dernières  permanences,  les  quotients  A-  vont  en  di- 
minuant, et  la  multiplication  ne  peut  faire  disparaître  de 
permanences.  L'équation  a  donc  une  ou  trois  racines  positives, 
ce  que  nous  apprend  aussi  la  méthode  de  Newton. 


CALCUL   DES   RACINES    DES   ÉQUATIONS   NUMÉRIQUES.  2o3 

CHAPITRE  IL 

CALCUL  DES  RACINES  DES  ÉQUATIONS  NUMÉRIQUES. 


Calcul  des  racines  commensurahles. 

122.  Une  équalion  à  coefficienls  fractionnaires  peut  tou- 
jours, comme  on  l'a  vu  (42),  être  remplacée  par  une  autre  à 
coefficients  entiers,  le  premier  terme  ayant  pour  coefficient 
l'unité.  Dans  la  suite  nous  supposerons  toujours  qu'il  en  est 
ainsi. 

Une  équation  à  coefficients  entiers  et  dont  le  premier  terme 
a  pour  coefficients  l'unité  ne  saurait  avoir  de  racines  frac- 
tionnaires. 

Soit  l'équation 

(l)  j:«  +  ri'i.r'^-i-|-«2.r"---4-.  .  .-^o,i  =  o. 

Si  la  fraction  irréductible  -  pouvait  être  racine  de  cette  équa- 
tion, on  aurait 

ou 

—  =  —  (aijyi-'i  -{-  a^p'^-- q  -i- . .  .-4- rt;,,f/«-i  ), 

ce  qui  est  impossible,  vu  que  le  premier  membre  est  une 
fraction  irréductible,  tandis  que  le  second  membre  est 
entier. 


204  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    II. 

123.  Si  l'on  veut  alors  calculer  les  racines  rationnelles 
d'une  équation,  on  peut  d'abord  la  mettre  sous  une  forme 
telle  qu'elle  n'ait  plus  que  des  coefficients  entiers;  le  pre- 
mier étant  égal  à  i ,  elle  n'a  plus  en  fait  de  racines  rationnelles 
que  des  racines  entières,  et  nous  allons  montrer  comment  on 
peut  déterminer  ces  dernières. 

Soit  (i)  l'équation  donnée  et  t  une  racine  entière,  on  a 

^''-f-rti^'-i-f-  r/-2;"-2-+-. .  .4-  a„_2r--t-  an-vt  +  fin  =  o; 

il  faut  remarquer  tout  d'abord  que  t  est  un  diviseur  de  a,^; 
on  essayera  donc  les  diviseurs  de  a^,  et  si  aucun  d'eux  n'est 
racine,  l'équation  proposée  n'a  pas  de  racine  entière. 

Pour  essayer  le  nombre  t,  on  divisera  l'équation  précé- 
dente par  t  et,  si  l'on  fait  «„  =  tq^-i,  on  aura 


rtii"-2-)-  rt.,^'-3. 


«„_i  ^  fJa-\ 


d'où  il  résulte  que  a„_i  -i-  q,i-x  doit  être  divisible  par  t-,  appe- 
lons q,i-2  le  quotient,  on  voit  de  même  que  «„_,  -^  ^«-2  doit 
être  divisible  par  t,  et  finalement  on  a 

1-4-  go  =  o. 

Dès  que  dans  le  courant  des  opérations  un  quotient  ^  devient 
fractionnaire,  le  nombre  t  essayé  ne  peut  être  racine.  Au 
contraire,  si  tous  les  coefficients  sont  entiers  et  si  l'on  ter- 
mine par  ^0  = —  ij  le  nombre  essayé  est  racine  et  le  premier 
membre  de  l'équation,  débarrassé  du  facteur  linéaire  cor- 
respondant à  cette  racine,  est 

xn-r  _  ryi  ,/;«-2  _  q,xn-i  —  ..  .  — 7„_i, 

car,  en  multipliant  le  polynôme  par  ^—  ^  on  trouve 

et  comme 
ou 

tqp-x-qp^cip, 


CALCUL    DES    KACINES    DES    ÉQUATIO.XS    NUMÉRIQUES.  2o5 

on  retrouve  le  premier  membre  de  (i).    L'exemple  suivant 
rendra  évidente  la  marche  des  calculs. 

Exemple  : 

x"^  —  47-^'^-+-  4^3x3 —  i4oj:2-4-i2i3.r  -\-  ^10  =  o. 

Essayons,  par  exemple,  le  noml^re  3,  on  aura 

. . . —  ï^ox^  -+-  I2i3 x  -I-  420 
45i  i4o 

3ii  i353 

3  ne  divise  pas  3n  et  ne  peut  être  racine;  essayons  12,  on  a 

I        —47       423        —140        i2i3        420 
—  I  35        — 3  104  35 


o         —  12         420  —  36         1248 

12  est  racine  et  l'équation  divisée  par  ^  —  12  donne 

x'*  —  35^:3  4-  3.^2 —  io4.r  —  35  =  o; 

en  essayant  œ  =  35,  on  a 

1—35  3        — 104         —  35 

—  I  o        —  3  —  1 


—  35  o         —  io5 

et  l'on  arrive  à  l'équation 

j;3  -h  3^  +  1  =  o 

qui  n'a  plus  de  racines  rationnelles. 

Pour  diminuer  le  nombre  des  essais  infructueux,  il  faut 
déterminer  les  limites  des  racines  ;  on  diminue  ainsi  le 
nombre  des  facteurs  de  a^  à  essayer  en  éliminant  ceux  qui 
sont  compris  en  dehors  des  limites.  Il  faut  ensuite  observer 
que,  sif{.x)  est  divisible  par  x  —  t,  les  nombres 

t—l'  t  -{-  l  t  —  2  t  ^  -2    ' 

doivent  être  entiers;  les  nombres  les  plus  petits — i,  +1, 


206  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    II. 

substitués  dans  l'équation,  donnent  /(i),  /(— i)  et,  dans 
l'exemple  précédent,  on  a 

/(-i)=:-i4o4;      /(i)  =  i87o. 

Il  n'est  donc  pas  nécessaire  d'essayer  le  nombre  lo,  car 
i4o4  n'est  pas  divisible  par  ii;  il  faut  essayer,  au  contraire, 
—  lo  parce  que  i4o4  est  divisible  par  9  et  1870  par  11;  on  a 

/(a)  =  49^0 

qui  n'est  pas  divisible  par  12.  On  voit  alors  que  —10  n'est 
pas  racine. 

Interpolation. 

124.  Lorsque  l'on  a  séparé  les  racines  d'une  équation,  il 
est  nécessaire  de  rapprocher,  autant  que  possible,  les  limites 
qui  comprennent  cette  racine,  avant  d'appliquer  les  méthodes 
d'approximation.  On  arrive  à  ce  résultat  en  substituant  des 
valeurs  intermédiaires  dans  f{oc),  et  l'on  peut  continuer 
ainsi  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  repéré  les  racines  entre  des 
limites  aussi  rapprochées  que  l'on  veut. 

Bien  que  cette  méthode  soit  théoriquement  assez  simple, 
elle  ne  laisse  pas  que  d'être  très  pénible  en  pratique,  et  l'on 
suit  une  autre  voie  qui  permet  d'arriver  plus  facilement  au 
but. 

125.  Différences  cV  une  fonction. —  Soit 

UQi  "i,  Un. 

une  suite  de  quantités  déterminées  d'une  manière  quel- 
conque; si  l'on  pose 

(l)  Un+x  —  lln=  ^Ihi-, 

^Un  est  ce  que  l'on  appelle  la  première  différence  de  u,i; 
on  construit  d'une  manière  analogue  la  seconde,  la  troisième 
différence,  etc.  Ainsi 

{  y-Un-i-i —  ^-i'n=  A3</„.  etc.; 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  2O7 

on  en  déduit 

A2«„  =  \ll„+i  —  \Un 

=  11,1+1.  —  lln+l  —  Un+i  -f-  «« 
=  ^<,^^-2  —  2/<„^.l  +  ?<„, 

=  /<,j  +  3 —  3«„  +  2+  3?/„^-i ll„  ; 

comme  on  voit,  les  coefficients  sont  ceux  des  puissances  de 
a  —  6  et  l'on  a  en  général 

(3)        \Pl/n  -  «/.+,.  -  ^  ».+p-l+^'^^^~'^   ?/,,+„_2--.  .  .+  (-I)/'?/,,, 

et  Ton  voit  que  les  dllférences  peuvent  s'exprimer  en  fonc- 
tion des  fermes  de  la  suite  Uo,  u^, Réciproquement,  les 

termes  de  la  suite  peuvent  s'exprimer  à  l'aide  des  différences. 
On  a,  en  effet, 

d'où 

mais 

donc 

De  même 


?<2  =  Ui  -+-  A«,, 
«2  =  «o-t-  2A«o-+-  A-//,,. 

=  «0+  2AMo-r-  A2«o-|- A?/o+  .^  A^  Wq  +  A'' «0 

=  «0-+-  3Az<o+  A^Sz/o-H  A3//0, 

et  l'on  voit  que  les  coefficients  sont  ceux  des  puissances  de 
a  ^-  b.  On  a  ainsi,  en  général. 


(4)  ///,  =  ?/oH-  -  A?<o+  — ^^ A^i/o-}-.. 


AP?<o. 


126.  Différences  des  fonctions  entières.  —  Soit 

(5)  u  =  f{x)  —  aox"  -h  o,x«-i  +  . .. 


2o8  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I!. 

une  fonction  entière  de  x,  dans  laquelle  on  donnera  à  x  suc- 
cessivement les  valeurs 

j"o  ;         ^0  -i-  ''^  !         x^-\-  i}i\         ...  ;         .2-0  -^  nli: 

soient 

llQ,  Ui,  «2,  •••,  Un 

les  valeurs  correspondantes  de  ii. 
On  a  alors 

(6)  ^u  =f{x  +  /i)-f{x)  =  «r/oX«-i/i  ^.  . . 

et  il  en  résulte  que  Au  est  de  degré  inférieur  d'une  unité  au 
degré  de  u;  A^m  est  de  degré  inférieur  de  deux  unités  et  a 
pour  premier  terme  n{n  —  \)a^x'^-^'h'^,  etc.;  il  en  résulte 
que  lorsqu'une  fonction  est  de  degré  n,  sa  n^^"^^  différence 
est  constante  et 

Les  différences  d'ordre  supérieur  sont  nulles.  Une  suite  dont 
les  différences  d'ordre  n  sont  constantes  est  une  suite  diffé- 
rentielle d'ordre  n. 

Exemple  : 


[x)  =  x'*, 

/l  =  l 

;       ^^0  = 

Uq             Ui 

Il  2 

Ils            «4 

i         i6 

8i 

256      625 

AUq         lUi 

\U2 

A  «3 

i5         65 

[JD 

369 

^^-Uo    ^' 

2«,     A 

2«2 

5o       I 

10          1 

94 

A3«o 

A3«, 

6o 

84 

Ai 

Uo 

24 

Les  formules  (4)  et  (3)  donnent 

?/5  =  I  -i-  5.  i5  -+- 10. 5o  -i- 10.60  +  5.24  =  1296  =  6^, 
Ai?/o  =  I  —  4.16  -f-  6.81  —  4.256  +  625  =  24. 


CALCUL    DES    RACIXES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  2O9 

127.  Substitution  de  valeurs  équidistantes  de  x  dans  f{x). 
—  Si  l'on  veut  calculer /(j?)  pour  des  valeurs  équidistantes 
de  X,  on  peut  le  faire  pour  n  valeurs  équidistantes  de  x  et 
obtenir  les  autres  valeurs  de/(^)  au  moyen  de  simples  addi- 
tions. 

Supposons,  par  exemple,  que  la  fonction  donnée  soit 

u  =^  x^ —  'ix  -f-  6, 

et  que  l'on  désire  en  obtenir  les  valeurs  pour  j;  =  i,  2,  3,  . . .; 
alors  si 0^0=  i>  pour 

a:  =  I,         x  =  2,         ,r  =  3, 
u     lu     l'^u     l^u 

2 

2 

4  126 

14 
18 

Comme  l'on  sait,  la  dernière  différence  est  6.  Pour  A-u,  le 
calcul  peut  se  faire  en  observant  que  les  différences  de  deux 
différences  secondes  est  égale  à  6;  il  suffira  d'avoir  une  seule 
différence  première  pour  avoir  toutes  les  autres  quand  on 
connaîtra  les  différences  secondes  et,  enfin,  on  aura  toutes 
les  valeurs  de  «  dès  que  Ton  aura  l'une  d'elles  ;  il  suffira  donc 
d'avoir  calculé  trois  valeurs  de  u  et  d'en  déduire  directement 
deux  valeurs  de  A«,  puis  une  de  A.-u.  On  trouve  ainsi,  pour 

6,    12,     18,     ..., 

puis,  pour  A«, 

—4»    2, 
puis,  pour  u, 

6,    2,    4j     18,    5o,     ...; 

ainsi  l'on  trouve 

/(o)=6,        /(4)=5o. 

128.   Calcul  de  f{x)  au  moyen  de  ses  valeurs  pour  n  +  i 
valeurs  équidistantes  de  x.  —   Si  l'on  écrit  la  formule  (4) 
P.  i'. 


32, 


2J0  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    II. 

SOUS  la  forme 

j       '  I  1.2 

^^^  j  ,    ;.(p-l)...(p-/7H-i)     ^^ 

l  1  .  2  .  O  .  .  .  /Z 

et  si  l'on  y  fait 


puis  si  l'on  y  suppose  Uo,  Ai/^i  ^'"o^  •  ■  ■  remplacés  par  leurs 
valeurs  déduites  de  u=f{x),  on  a 

I  x  —  .ro  S.iin        ( x  —  .ro )  f .r  —  .tq—  /i)  A^ //„ 

1       ~  l  /l  1.2  A^ 

(  8  )  ' 

^    ^  j  _    (.r  — .r»)  f.r  —  .rp  — /Q . . .  [.r  — .rp  —  (n—i)//]  \"  it, 

I  ~^  I  .2.3. . .«  //« 

Comme  cette  formule  a  lieu  pour  toutes  les  valeurs  entières 
de  p,  elle  aura  lieu  aussi  pour 

X  =  ,ro,         X  =  X(,-i-  /i,         Jc  =  Xo-h  -î/i.  .  .  . ,         X  =  Xq -i-  /t/i. 

Si  l'on  désigne  le  second  membre  par  F(.r),  on  aura  donc 

f{x)  =  F(x) 

pour  n  +1  valeurs  de  œ;  comme  celte  équation  est  au  plus 
de  degré  n,  c'est  une  identité;  on  a  donc  exprimé /(^)  au 
moyen  de  ses  valeurs  pour  n  -+- 1  valeurs  équidistantes  de  ce, 
et  cela  sous  une  forme  qui  est  souvent  utile. 

Exemple.  —  Trouver  une  fonction  du  troisième  degré  pre- 
nant pour  œ^zzi,  j?=2,  x^?>,  X  =1 /^  les  valeurs  5,  ii,  i3 

et  2  1.  On  a 

5       II  1 3       21 

C  2  8 

-4        +6 

lO 

ainsi 

iio=5,         A»o=6,         A-«o  =  — 4)         \^Uo  =  io,         /'  =  ', 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  211 

donc 

f(x):=  5  -^  &(x  -  l)  —  1(X  —  l)  (X—  7.)  -^  ^(x  —  l)  {x  —2)  (x  —  3). 

129.  Interpolation.  —  A  l'aide  du  théorème  précédent,  on 
peut  résoudre  la  question  que  nous  nous  étions  proposée,  à 
savoir  de  calculer  des  valeurs  d'une  fonction,  pour  des  va- 
leurs de  ^  comprises  entre  celles  pour  lesquelles  le  calcul  a 
déjà  été  fait.  Ordinairement,  on  partage  /*  en  parties  égales; 
on  pose,  par  exemple, 

h  =  q/ii; 

on  a  alors  les  valeurs  de  la  fonction  pour  x  =  jCq-{-  mh^  au 
moyen  de  la  formule  (8) 

où 

m(m  —  q)(m-9.q)  ...    [w-(A-,)r/| 

Si  l'on  pose,  par  exemple, 

/.  =  >.        h,=  -L, 

10 

on  a 

(10)  Aa=  r, r^- • 

1 .2.3 . . .  Aïo^ 

Pour  calculer/(a7o+ /«/il),  on  ne  substitue  pas  les  valeurs 
de  m  dans  A;^.;  on  se  borne  à  calculer  les  différences  de  la 
fonction  correspondant  au  nouvel  intervalle  et,  si  on  les  dé- 
signe parla  caractéristique  ô,  on  a 

St'o    =  oAlA^/o-^  ôA2A2«o     -i-SAjA^Wo    - 

O^Vq=  O^Aîl-Uo-r-O-Asl^Uo- 

o3t'o=  o-^AsA^j/o- 

car 

0Ui,=  O,  o2Ai=o,  03A2=O,  ..., 

parce  que  «o»  ^i'  -■^2,  •  •  •  sont  de  degrés  o,  i,  2,  ...  en  m  res- 


212  TROISIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    II. 

pectivemenl;  on  a,  pour  7  =  lo,  w  =  o, 

Al  =—5  oAi  =  o,i, 

10 

,         m(in  —  ]o)  ^.  ,-  ,,  . 

A9=   ;—  J  0Ao=: 0,045,  02A->=0,OI. 

1.2.102  '        ' 

.         ini  m  —  io)( m  — 10)  ^.  „.  ^„  . 

A3=    ^ ^ 5  0A3=O,O283,  02^3=—  0,009, 

03A3=  0,001. 

Dans  la  fonction  considérée  plus  haut,  on  avait 

i/o=5,         A;<o=6,         A2«Q  =  —  4,         A3;/o=io; 

alors 

ot^o    =  6.0, 1  -i-  4.0,045  -i-  10.0,0285  =  I  ,o65, 

o^t^Q  =  —  4 -0,01  —  10.0,009  =  —  o,  i3, 

o3t'o=  10.0,001  =  0,01. 

Les  valeurs  de  la  fonction  pour 

.r  =  i,i,  A' =  1,2,  ...,  a.'  =  i,y 

sont  fournies  par  le  Tableau  : 

X.                                u.  Zu.  5=«.  S' M. 

1,0 5,000  i,o65  — o,i3  0,01 

1,1 6,o65  0,935  — 0,12  0,01 

1,2 7 , 000  o , 8 1 5  — o ,11  0,01 

1,3 7,8i5  0,705  —0,10  0,01 

1,4 8,520  o,6o5  —0,09  0,01 

1,5 9)i'^5  o,5i5  — 0,08  0,01 

1,6 9,640  0,435  — 0,07  0,01 

1,7 10,075  o,365  — 0,06  0,01 

1,8 10,440  o,3o5  — o,o5 

1,9 10,745  0,255 

2,0 Il  ,000 

Si  l'on  prolonge  ce  Tableau  par  le  haut,  on  trouve  que  la 
fonction  s'annule  pour  une  valeur  de  x  comprise  entre  x  =  0,6 
et  ^1=0,7. 


CALCUL   DES    RACINES    DES   ÉQUATIONS   NUMÉRIQUES. 


Méthode  d'approximation  de  Newton. 

130.  Supposons  qu'une  racine  de/(^)  =  o  soit  séparée  par 
deux  nombres  voisins  a  et  6  où  a  <  6.  Si  l'on  pose  ^  :=  a,  on 
a  une  erreur  jpj  déterminée  par  l'équation 

/(rt  +  .ri)=o         OU         o=f{ci)+f'{a)xi-\--f"{a)x\-+-...\ 

comme  x^  est  très  petit,  les  termes  en  x\,  œ\,  . . .  sont  très 
petits  en  comparaison  de  ceux  qui  contiennent  x^.  Newton 
les  néglige  et  pose 

o=/(«)-+-/'(rt).ri,         d'où        .ri  =  —  — — ; 

d'où 

On  obtient  ainsi  une  valeur  approchée  qui,  en  générai,  sera 
plus  satisfaisante  que  la  première;  de  celle-ci  on  en  déduira 
une  autre  par  le  même  procédé,  et  ainsi  de  suite. 

Exemple  : 

x^ —  IX —  5  =  o; 

une  racine  est  comprise  entre  2  et  2,1,  on  a 

f  {x)  =  x^—%x  — 5, 
f{x)  =  3^2_._^. 

si  l'on  fait  a^=.i,  on  a 

—  1 

X  =  1 =2,1; 

10 

on  a 

/(2,i)  =  o,o6i;       /'(2,i)  =  ii,23, 

d'où 

■r  =  2, 1  —  o,oo54  =  2,0946, 


2  [4  TROISIÈME    PARTIK.    —    CHAPITRE    H. 

et  de  là  on  déduit  encore 

/(2,o946) 

.r  =  2,0946— — 1-_  =2,0946  —  0,000048317 

j  (2,0946; 

=  2,09455x483. 

131.  Défaut  de  la  méthode.  —  La  méthode  de  Newton  est 
d'une  application  assez  simple,  mais  elle  ne  peut  pas  toujours 
être  employée  avec  certitude,  parce  qu'il  peut  arriver  que 
l'erreur,  au  lieu  de  s'atténuer,  aille  en  grossissant.  On  s'en 
rend  compte  au  moyen  d'une  représentation  géométrique;  on 
doit  déterminer  l'intersection  de  la  courbe  y=f{a;)  avec 
l'axe  des  œ.  On  a  trouvé  un  point  dans  le  voisinage  du  point 

Fig.  9.      .  Fig.  10. 


d'intersection,  qui  a  pour  abscisse  a;  la  méthode  de  Newton 
revient  à  remplacer  la  courbe  par  sa  tangente  au  point  qui  a 
pour  abscisse  a;  cette  tangente  a,  en  effet,  pour  équation 

j-f(a)=f'{a)(x-a), 

et  son  intersection  avec  l'axe  des  œ  s'obtient  en  faisant  j  =  o  ; 
d'où 

fia) 

X  =  a  — , 

./'(«) 

ce  qui  est  la  formule  de  Newton;  on  voit  que  le  point  où  la 
tangente  coupe  l'axe  des  x  peut  être  plus  éloigné  du  point 
cherché  que  le  point  d'où  l'on  est  parti.  Pour  cette  raison 
(Fourier,  Housel,  etc.),  on  a  cherché  à  perfectionner  la  mé- 
thode de  manière  à  approcher  constamment  de  la  racine  cher- 
chée. Pour  arriver  au  but,  il  faut  connaître  une  valeur  appro- 
chée par  excès  et  une  valeur  approchée  par  défaut.  Ce  qui 
suit  va  résulter  des  explications  que  nous  venons  de  donner. 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  2l5 

132.  Nous  supposerons  l'équalion  débarrassée  de  ses  ra- 
cines multiples.  Nous  supposerons,  en  outre,  que  f  {oc)  et 
f"{^)  ne  soient  pas  nuls  en  même  temps.  On  peut  alors  sup- 
poser que  les  limites  de  la  racine  cherchée  soient  assez  rap- 
prochées pour  que,  entre  ces  limites,  f'{x)  et /"{a;)  ne  chan- 
gent pas  de  signe.  L'ordonnée  de  la  courbe  y=:f{x)  est  alors, 
entre  ces  limites,  toujours  croissante  ou  toujours  décroissante, 
et  sa  concavité  est  toujours  tournée  du  même  côté;  comme 
f{x)  change  de  signe  dans  l'intervalle,  f{x)  et  f"{x)  ont  le 
même  signe  à  l'une  des  limites;  si  l'on  part  de  cette  limite, 
la  méthode  de  Newton  fournira  une  valeur  plus  approchée, 
ainsi  que  l'on  peut  s'en  assurer  à  l'inspection  des  quatre 
figures  ci-dessous  : 

Fig.  II.  Fig.  12. 


Fig.  i3.  Fig.   il^ 


^ 


Dans  la  première  et  dans  la  dernière  figure, /"(a?)  est  positif, 
et  l'on  part  de  la  limite  pour  laquelle  f{x)  est  positif;  dans 
les  deux  autres,  f"{a;)  est  négatif  et  l'on  part  de  la  limite  pour 
laquelle  f{x)  est  négatif.  Si  l'on  mène  une  sécante  passant 
par  les  points  correspondants  aux  deux  limites,  cette  sécante 
coupe  l'axe  des  x  en  un  point  qui,  avec  le  point  où  la  tan- 
gente rencontre  le  même  axe,  fournit  deux  limites  plus  rap- 
prochées entre  lesquelles  la  racine  se  trouve  comprise;  la 
sécante  a  pour  équation 

J-fi/')  =  -  ^_^     (-^ - «), 

et  elle  donne 

-a  fia) 


-/(«) 


y(^)-/(«)        /'(«)• 


2l6  TROISIÈME   PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

OU 

fU')=f{a)-^f'{a)—^ h/  («)— 777^  +•••> 

m  =  -J"{a){b-a)-h^J"'{a){l>  —  a)'^  +  .... 

Si  donc  a  et  h  sont  deux  limites  telles  que  f{a)  et  f" {a) 
soient  de  même  signe 

(Il  =  a -T, 

./  («) 
et 

lji=z  a  — 

/  {a)-^m 

sont  deux  nouvelles  limites  plus  approchées. 

Exemple.  —  Nous  avons  considéré  l'équalion 

x^ —  IX —  5  =  o, 
où 

f{x)  =  x'^ — IX  —  5;        /'(^)  =  3uC2 — 2;        /"(.r)  =  6.r. 

Une  racine  est  séparée  par  les  limites  2  et  2,  i  ;  on  a 

/('2)=  —  I,  /(2, 0  =  0, 061 

el/"(2,  i)  est  positif. 

«1  =  2,1  —  o,oo54  =  2,0946, 
,  0,061 

(^1=2,' 

Si  l'on  part  de  ces  nouvelles  limites,  on  trouve 

«2  =  2,094551483, 

^2=  2,0946  —  0,000048528  =  2,094551472. 


Méthode  de  Lagrange. 

133.  Lorsqu'une  racine  se  trouve  séparée  par  deux  entiers 
consécutifs  a  et  a  +  i,  on  peut  poser 

I 

X  ^=^  a-\ 

Xi 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  217 

et  former  l'équation  en  x^  ;  si  la  racine  cherchée  était  néga- 
tive, on  changerait  ^  en  —  r. 

Si  l'équation  proposée  n'a  qu'une  racine  entre  a  et  «  + 1, 
la  transformée  n'a  qu'une  racine  supérieure  à  i  ;  celle-ci 
pourra  être  séparée  par  deux  entiers  Z^  et  6  + 1,  et  l'on  posera 

X'^=h  -\ — ^• 

En  poursuivant  ainsi  les  calculs,  on  ohlient  le  développe- 
ment de  la  racine  en  fraction  continue 


b 


Si  l'équation  proposée  avait  plusieurs  racines  entre  a  et 
a-t- 1,  la  transformée  aurait  plusieurs  racines  supérieures  à  i; 
chacune  d'elles  donnerait  lieu  à  un  calcul  analogue. 


Exemple  : 

f{x)  =  x^—  -ix —  5  =  0, 


on  pose 


Xi 


f{x)  =/(.)  +  /'(a)i-  4-  i/"(2)  ^  +  ^ 
=  —  H-io i-6^--l T> 

Xi  x\  X[ 

et  la  transformée 

/i(,ri)  =  x\  —  \ox\  —  Ç>x^  —  \  =  o; 

la  racine  positive  de  cette  équation  est  comprise  entre   10 
et  11;  on  pose 

^1  =  10  -(-  —  • 
X2 

On  a 

fi{x)  =  ^s_io,r2 —  6x  —  I,         /i(io)  =  —  61, 
f\ix)  =  3x^—20x  —  6,  /i(io)  =  -f-94, 

~fl{x)  =  32X  —  IO,  i/'|(io)=  +  20, 


2l8  TROISIEME    PARTIE.    —    CHAPITRE    H. 

et  la  transformée  est 

—  6ixl-T-  ç)^xl-\-  lox^-T- 1  =  o, 

dont  la  racine  positive  est  comprise  entre  i  et  2. 
La  racine  cherchée  est  comprise  entre 

2  H et        2  -H > 


ou  entre 

I  I  21 

134.  Cette  méthode  ne  conduit  que  péniblement  à  une  ap- 
proximation convenable.  Lagrange  a  montré  comment  on 
pouvait  simplifier  la  dernière  partie  du  calcul;  mais,  comme 
les  calculs  sont  encore  compliqués,  malgré  ce  perfectionne- 
ment, la  méthode  n'est  pas  avantageuse  et,  pour  cette  raison, 
nous  ne  l'exposerons  pas.  Au  contraire,  nous  montrerons  que 
cette  méthode  peut  être  remplacée  par  une  autre  plus  avan- 
tageuse en  profitant  de  la  forme  particulière  de  l'équation 
transformée. 

Considérons  l'équation  trouvée  plus  haut 

fi(xi  )  =  xl  —  io.rf  —  6x1  —  1  =  0. 

Si  l'on  développe  en  série  récurrente  une  fraction  dont  le 
dénominateur  est/i(^),  cette  série  passera  de  l'état  de  con- 
vergence à  l'état  de  divergence  quand  œ^  passera  par  la  racine 
cherchée  et  rendra  la  fraction  infinie;  développons  alors 
-fT—-,  nous  aurons 

oi^i  les  coefficients  sont  liés  par  la  relation 

an=  iort„_i-i-  6«„_2-!-  a, 1-3; 

on  trouvera  successivement,  pour  ces  coefficients,  les  valeurs 

I,  10,  106,  1121,  ii856,  I253g2,  1326177,  •••• 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  210 

En  vertu  d'un  théorème  de  Cauchy,  lorsque  la  série  de  con- 
vergente devient  divergente,  le  rapport  d'un  terme  au  précé- 
dent passe  par  la  valeur  i;  ce  rapport  est 


de  sorte  que  -^  tend  vers  — ;  en  faisant  usage  des  deux 
derniers  coefficients  calculés,  on  trouve 

•r  =  2  -I =  2,09  45  5i  48 15. 

.ri 

Si  l'on  calcule  encore  un  coefficient,  celui-ci  et  le  précédent 
fourniront  une  valeur  de  x  qui  a,  avec  celle  que  nous  venons 
de  trouver,  dix  décimales  communes. 

135.  Cette  méthode  revient,  au  fond,  à  celle  que  Daniel 
Bernoulli  a  fait  connaître;  voici  en  quoi  elle  consiste  : 
Calculons  les  fonctions  symétriques  des  racines 


Si  ^1  est  la  plus  grande  racine,  pour  une  grande  valeur  de  m, 
s„i  et  s,„^i  pourront  être  remplacées  par  leurs  premiers  termes 
et  l'on  aura 

^  m 

En  faisant  usage  de  5_,„  et  5_(„,^_i),  on  peut  de  même  trouver 
la  plus  petite  racine. 

Si  l'on  observe  alors  que 

j:f'(x)  Si        s., 

—. =  /z  -+-  -  -H  ^  -t- .  .  . , 

on  voit  que  la  méthode  exposée  plus  haut  coïncide  avec  celle 
de  Bernoulli  quand  on  prend  xf'{x)  pour  numérateur. 

Cette  remarque  montre  dans  quel  cas  il  sera  avantageux 
d'employer  la  méthode.  Pour  que  tous  les  termes  que  l'on 


220  TROISIÈME    PARTIE.    —    CnAPITRE    II. 

néglige  soient  petits  par  rapport  à  ^'",  il  faut  qu'il  n'existe 
pas  de  racine  ayant  une  valeur  absolue  voisine  de  celle  de  œ^, 
ni  de  racine  imaginaire  dont  le  module  difîère  peu  de  celui 
de  ^1.  Si  deux  racines  imaginaires  ont  un  module  maximum, 
le  rapport  de  deux  sommes  consécutives  ne  tendra  vers  au- 
cune limite;  si,  par  exemple,  ces  racines  sont 

r(cosO  ±  i  siiiO), 

on  aura 

s„i  =  2  r'"  cos  /?i  0  + .  . . , 

X/n+l  =  2r'«  +  '  cos(w  -H  I  )  0  -t-. . ., 

et,  en  négligeant  les  termes  d'ordre  inférieur, 

s,n+\  _     cos(m  +  i)0 
s,n  cos  m  6 

m  croissant  indéfiniment,  cette  expression  n'a  pas  de  limite. 
L'emploi  des  séries  entières  conduit  aux  mêmes  conclusions. 
Pour  que  l'on  puisse  appliquer  la  méthode  avec  succès,  il 
faut  que  l'on  puisse  mettre  l'équation  sous  une  forme  telle 
que  les  termes  de  l'échelle  de  relation  aient  le  même  signe 
et  décroissent  assez  rapidement  ;  la  méthode  pourra  donc 
s'appliquer  concurremment  avec  la  méthode  de  Lagrange 
qui,  en  général,  conduit  rapidement  à  une  équation  transfor- 
mée jouissant  de  la  propriété  requise. 

136.  Nous  traiterons  encore  un  exemple.  L'équation 

.1-3  —  7  j;  H-  7  =  O 

a  deux  racines  comprises  entre  i  et  2  ;  si  l'on  pose 

^  =  n > 

.ri 

on  obtient  la  transformée 

X]  4  '^'l  -H  SoTi  -h  I  =  O, 

qui  a  une  racine  entre  i  et  2  et  une  autre  entre  2  et  3;  on 
devra  traiter  chacune  à  son  tour;  en  considérant  la  seconde 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  221 

on  posera 


d'où  l'on  déduit 


I 


r|  -+-  X|  —  2  ^2  —  I  =  o, 


qui  a  une  racine  positive  entre  i  et  2;  on  posera 

I 

et  l'on  aura 

xl—  3.r|  — 4.r3  — I  =  o; 

la  racine  positive  de  cette  équation  est  comprise  entre  4  et  5. 
Posons  enfin 

on  obtient  la  transformée 

xl  —  7.0x1  —  9.r4  —  1=0; 

l'échelle  de  relation  est 

20,    9,     I, 
et,  à  l'aide  de  ces  nombres,  on  forme  les  coefficients 

I,     20,     409,     836i,     170921,     349078. 
Si  l'on  pose 


on  a 


Xr,= 

349ÎO78 
I 7092 I 

2  -i- 

I 

[ 

4  + 

Xi. 

ou 

^^19.3494078+4.1709^1^^33 

14.3494078  +  3.170921 

137.  Après  la  méthode  de  Bernoulli,  il  convient  de  men- 
tionner celle  de  Graffe.  Elle  consiste  à  poser  ,3;  =  y/y  et  à  faire 
évanouir  le  radical;  on  obtient  alors  une  équation  dont  les 


222  TROISIÈME    PARTIE.   —    CUAPITRE    II. 

racines  sont  les  carrés  des  racines  de  la  proposée;  si  l'on 
continue  de  la  sorte  en  calculant  les  coefficients  par  loga- 
rithmes, si  l'on  finit  par  trouver  une  transformée  dans  la- 
quelle les  logarithmes  des  coefficients  vont  en  doublant  :  c'est 
un  signe  que  les  racines  sont  négligeables  vis-à-vis  de  la  plus 
grande.  Supposons,  par  exemple,  que  l'on  ait  élevé  les  racines 
à  la  trente-deuxième  puissance  et  que  l'on  ait  obtenu  l'équa- 
tion 

:^"-t-rti:;«-i-!-  «2 -""-  +  •  .  .  =  o. 

Si  l'on  pose 

x-p  =  —  ai, 


en  négligeant  les  termes  d'ordre  inférieur,  on  trouve  les  ra- 
cines quand  elles  sont  réelles,  mais  la  présence  des  racines 
imaginaires  complique  la  question  comme  dans  la  méthode 
de  BernouUi;  aussi  n'entrons-nous  pas  dans  plus  de  détails. 

Méthode  de  Horner. 

138.  La  méthode  de  Horner  s'appuie  sur  ce  fait  que,  étant 
donnée  une  équation,  on  peut  en  déduire  une  autre  dont  les 
racines  sont  égales  à  celles  de  la  proposée,  diminuées  d'une 
même  quantité;  la  méthode  tire  son  importance  de  la  manière 
même  dont  se  fait  la  transformation,  qui  est  assez  simple. 

Soit 

J\.v)  =  o 

l'équation  donnée;  pour  diminuer  les  racines  de  a,  on  prend 
pour  nouvelle  inconnue  x  —  a  cl  l'on  pose 

fia:)  =/(a  +  ^-  -  a)  =/(a)  +/'(a)  (x  -  a)  +  Ç^  (■^-  -  '-^T-^--  • 

-f-  (x  —  0.)"-=  o. 

On  voit  que  /(a)  est  le  reste  de  la  division  de/(j:)  par 
X  —  y.,  que  /'(a)  est  le  reste  obtenu  en  divisant  le  quotient 


CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  223 

par^r  — a,  etc.;  par  des  divisions  successives  par  ^  —  a,  on 
obtient  les  termes  successifs  de  l'équation  transformée. 

Pour  effectuer  la  division  par  x  —  oc,  on  peut  faire  usage 
de  la  méthode  employée  pour  développer  une  fraction  en  sé- 
rie, l'échelle  de  relation  est  a;  si  le  dividende  est 

et  le  quotient 

X  —  a 
on  a 

h^=  a(,.     bi  =  Oi-h  xbo,     b^=^a^-\-  olI^i,     ...,     b ,,  =  a p -\- 'x b ^^i     

On  a  l'habitude  de  disposer  les  calculs  comme  on  va  l'indi- 
quer à  propos  des  racines  de  l'équation 

3^5  _  j;3  4_  ^x--\-Sx  8=0, 

en  diminuant  les  racines  de  deux  unités;  on  a,  en  n'écrivant 
que  les  coefficients, 

3  o  — I  -f-4        +5        -8 

3  6          K  26          5-  106 

3  12        35  96  249 

3  18         71  238 

3  9.4         119 

3  30 

l'équation  transformée  est  ainsi 

3^5-1-  3o,r^-i-  1  \<jx^-\-  238x2-1-  249^  -\-  loG  =  o. 

La  multiplication  par  2 (a)  et  l'addition  ont  été  menées  de 
front;  si  l'on  avait  affaire  à  des  nombres  composés  d'un  plus 
grand  nombre  de  chiffres  et  qu'il  fût  impossible  de  faire  les 
opérations  de  tête,  il  serait  bon  d'écrire  le  produit  ab,,  au- 
dessous  de  ttp+Y  et  d'ajouter  comme  on  l'a  fait  dans  l'exemple 
que  nous  traitons  un  peu  plus  bas. 

On  fait  usage  de  cette  méthode  pour  trouver  les  chiffres  de 
la  racine  successivement.  Supposons,  par  exemple,  la  racine 
comprise  entre  2  et  3;   on  diminuera  les  racines  de  deux 


224  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE   II. 

unités;  on  cherchera  la  première  décimale  de  la  racine  :  on 
réduit  pour  cela  l'équation  à  ses  deux  derniers  termes;  si 
l'on  trouve  que  cette  décimale  est  5,  on  diminuera  les  racines 
de  0,5  et  l'on  continuera  ainsi  de  suite;  il  peut  arriver  que, 
en  procédant  ainsi,  on  trouve  un  chiffre  trop  fort  pour  la  dé- 
cimale cherchée;  on  en  sera  averti,  parce  que,  dans  l'équa- 
tion transformée,  la  nouvelle  racine  est  négative  ;  alors  on 
essaye  un  chiffre  moins  élevé;  si  l'on  a  trouvé  un  chiffre  trop 
faible,  la  suite  du  calcul  ne  tarde  pas  à  mettre  le  fait  en 
évidence. 

Comme  exemple,  nous  reprendrons  l'équation  étudiée  plus 
haut 


x^- 

-7-^  +  7 

=  0. 

Cherchons  la  racine 

comp 

irise  entre  i,3  et  1 

[,4;  le  calcul  se 

dispose  ainsi  : 

' 

0 

I 

—7 
-6 

+7 

-Hl 

I 

2 

—4 

I 

3 

' 

0,3 

0,09 

—0,903 

3,3 

—3,01 

0,097 

0,3 

1,08 

I 

3,6 

—  ,93 

0,3 

I 

3,9 

La  racine  a  été  diminuée  de  i,3;  le  chiffre  suivant  est  dé- 
terminé par  l'équation 

1,93^  =  0,067,         j:  =  o,o5; 
on  diminue  alors  la  racine  de  o,o5 

I 


3,9 
o,o5 

-1,93 
0, 1973 

0,097 
—0,086625 

3,95 

—  1,73  25 

0,010375 

o,o5 

0 ,  20 

47oo 

—  1,5325 

o,o5 

4,03 

CALCUL    DES    RACINES    DES    ÉQUATIONS    NUMÉRIQUES.  225 

les  deux  derniers  termes  donnent  alors  le  chiffre  6;  ainsi 


4,o5 

—  1,5325 

0,010375 

0,006 
4,o5G 

0,024336 
—  1, 508164 

—0,009048984 
0,001326016 

0,006 

0,024372 

4  ,062 

—1,483792 

0,006 
4,068 

d'où  l'on  déduit  le  chiffre  suivant  8. 

139.  Lorsque  l'on  a  ainsi  trouvé  quelques  chiffres,  on  peut 
trouver  plusieurs  des  suivants  par  une  méthode  abrégée;  on 
voit,  par  exemple,  que,  pour  trouver  le  chiffre  8,  il  n'est  pas 
nécessaire  de  faire  usage  des  quatre  dernières  décimales  des 
deux  dernières  séries;  on  laisse  de  côté  les  deux  derniers 
chiffres  de  la  première  série  et  les  chiffres  correspondants 
des  séries  suivantes. 

Calcul  des  racines  imaginaires. 

140.  Il  a  été  prouvé  (110)  que  l'on  pouvait  séparer  les  ra- 
cines imaginaires  en  cherchant  des  limites  pour  les  modules 
et  les  arguments  de  ces  racines,  ou  en  cherchant  des  limites 
entre  lesquelles  sont  comprises  la  partie  réelle  et  la  partie 
purement  imaginaire.  Ensuite,  on  peut  utiliser  la  métliode 
de  Newton  pour  déterminer  plus  complètement  les  racines. 
En  général,  le  calcul  présentera  de  grandes  difficultés,  car 
l'on  n'a  pas  de  moyen  commode  pour  s'assurer  que  l'on 
approche  effectivement  de  la  racine;  aussi  vaut-il  mieux  em- 
ployer un  autre  moyen,  et  l'on  ramène  la  recherche  des  ra- 
cines imaginaires  à  la  recherche  des  racines  réelles  d'une 
autre  équation. 

Soit 

/(.r)  =  o 

l'équation  à  résoudre:  posons 

P.  i5 


226  TROISIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

on  a 

équation  qui  se  décompose  en  deux  autres  : 


et 


/(J)  -/"0-)  -^  +/"(/)  pf^  —  . .  =  o, 


/'(/)-/"'(j)-;^+.f'(.r)^^ 


Si  l'on  élimine  y  entre  ces  deux  équations,  on  obtient  une 
équation  en  z,  où  z  n'entre  qu'avec  des  exposants  pairs  et  qui, 
par  conséquent,  peut  être  abaissée.  On  déterminera,  d'après 
les  méthodes  exposées  plus  haut,  les  valeurs  positives  de  z-; 
on  sait  que  les  méthodes  d'élimination  permettent  d'exprimer 
y  rationnellement  en  fonction  de  z;  chaque  valeur  de  z  don- 
nera une  valeur  correspondante  de  y,  si  nous  supposons 
l'équation  donnée  à  coefficients  réels  et  qu'une  seule  paire 
de  racines  conjuguées  ont  la  même  partie  imaginaire,  en 
sorte  qu'à  une  valeur  de  z^ne  correspond  qu'une  valeur  dej; 
si  deux  paires  de  racines  ont  la  même  partie  imaginaire,  une 
équation  du  second  degré  donnera  les  valeurs  correspon- 
dantes de  y,  et  ainsi  de  suite,  conformément  à  ce  qui  a  été 
dit  dans  la  théorie  de  l'élimination. 

On  comprendra  mieux  l'esprit  de  cette  méthode  en  la  con- 
sidérant à  un  autre  point  de  vue.  Soient  ^Tj  et  ^2  deux  racines 
conjuguées,  et  soit 


lors 


Jl=  -(Xi-HJTî), 


-  (Xi  -Co)-, 


l'équation  en  z^  est  donc,  à  un  léger  changement  de  variable 
près,  l'équation  aux  carrés  des  différences.  Elle  a  une  racine 
négative  correspondant  à  chaque  couple  de  racines  imagi- 


CALCUL   DES   RACI.XES    DES    ÉQUATIONS   .NOMÉRIQUES.  227 

naires  de  la  proposée,  une  racine  réelle  correspondant  à  une 
combinaison  de  deux  racines  réelles,  et  une  racine  imaginaire 
correspondant  à  chaque  combinaison  d'une  racine  réelle  et 
d'une  racine  imaginaire,  ou  de  deux  racines  imaginaires  non 
conjuguées. 

Exemple  : 

x'*-^  ax^-h  ùx  -h  c  =  o, 

on  trouve 

4/3  -4_  2rt/  -h  Z»  —  4j:;2  =  o, 
et,  en  éliminant  z-. 


rB  ■    «v.H-"^-4S.       ''  . 

=  0, 

^       -1^   ^       16     ^        04 

•"       2       47 

Pour 

X'—  X  -+-  \, 

on  a  les  deux  équations 

r'-|r'~ji=o,       ='=j' 

47 

Si  l'on  pose 

'-'=v 

on  a 

i>^—  ii>  — 1  =  0, 

ou,  en  diminuant  de  2  les  racines, 

v\  -;-  6^1  -(-  8t'i  —  I  :=  0. 

en  faisant  usage  d'un  développement  en  série  récurrente, 
l'échelle  de  relation  est 

8,    6,     I, 


228       TROISIÈME  PARTIE.   —  CHAP.   H.    —  CALCUL  DES  RACINES,  ETC. 

et  l'on  trouve 

I,    8,    70,    60g,    53oo,    46i'^4--- 
53oo 

V     ='i.-^   — ;   =2,11  4907^^ 

46124 

j2=  0,5287269 J  =±  0,727136.  .  ., 

22=  j  0,8725415, 
(  0,1849123, 

et,  par  suite,  les  quatre  racines  sont 

—  0,727136. .  .±  /. 0,934092. . ., 
-t-  0,727136. .  .±  /. 0,430014. .  ■  • 


QUATRIÈME  PARTIE. 


SUR    LES   SUBSTITUTIONS. 


DES    SUBSTITUTIONS   EN   GÉNÉRAL.  23 1 

CHAPITRE  I. 

DES  SUBSTITUTIONS  EN  GÉNÉRAL. 


Ordre  des  substitutions. 

lil.  Si   l'on   considère   une  fonction  de  cci,  a-.,,   ^3,  par 
exemple 

Xi  -\-O.Xi-\-  3^3, 

on  peut  en  déduire  une  autre 

en  remplaçant  a-i  par  ^2»  -^i  par  ^3  et  ^3  par  cci.  L'opération 
par  laquelle  on  remplace  ainsi  plusieurs  lettres  par  d'autres 
est  ce  qu'on  appelle  une  substitution:  on  représente  cette 
opération  au  moyen  de  deux  séries  de  lettres,  chaque  lettre 
placée  au-dessus  d'une  autre  indiquant  qu'elle  doit  être 
substituée  à  cette  autre;  la  substitution  que  nous  avons  eflec- 
tuée  ci-dessus  pourra  donc  être  représentée  par  le  symbole 

X.j    X3    Xi  \ 

•ri  X.2  x^J 

et,  comme  l'ordre  dans  lequel  s'etrecluent  les  remplacements 
est  indilFérent,  on  peut  sans  inconvénient  remplacer  le  sym- 
bole précédent  par  un  autre  obtenu  en  intervertissant  l'ordre 
des  lettres  pourvu  que  les  lettres  placées  dans  une  même 
colonne  verticale  restent  dans  une  même  colonne. 

La  forme  la  plus  générale  d'une  substitution  de  n  lettres 
est  alors 


(t) 


232  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

OÙ  Al  et  Ao  représentent  des  permutations  différentes  de  n 
lettres.  Ai  est  le  numérateur,  Aq  le  dénominateur  de  la  sub- 
stitution. La  lettre  qui  en  remplace  une  autre  sera  dite  la 
remplaçante  de  cette  autre. 

Si  on  laisse  A,,  inaltéré,  on  pourra  remplacer  Ai  par  n\ 
permutations,  on  a  donc  en  tout  n\  substitutions  de  n  lettres; 
l'une  d'elles 

'Ao\ 
Ao/ 

qui  laisse  toutes  les  lettres  en  place  se  représente  parle 
nombre  i. 

Lorsque  dans  une  substitution,  au-dessus  l'une  de  l'autre, 
figurent  deux  lettres  identiques,  on  peut  en  faire  abstraction 
et  la  substitution  n'est  en  réalité  qu'une  substitution  entre 
un  moins  grand  nombre  de  lettres  que  îi. 

Le  symbole 

SAo 

exprime  que  la  substitution  S  s'effectue  sur  l'arrangement  Ao, 
ainsi 

Le  produit  de  deux  substitutions 

TS 

représente  la  substitution  qui  résulte  de  la  substitution  S 
effectuée  d'abord  et  de  la  substitution  T  effectuée  ensuite; 
par  exemple,  on  a 

(t)a:)^(:t) 

et  l'ordre  des  facteurs  ici  n'est  pas  indifférent.  Si  l'on  effec- 
tue p  fois  de  suite  la  substitution  S,  on  a  une  substitution 
finale  que  l'on  représente  par  S^;  alors 

S"  et  I  signifiant  qu'on  laisse  toutes  les  lettres  en  place.  Si 


DES    SUBSTITUTIONS    EN    GÉNÉRAL.  233 

l'on  a 

S=T, 

on  a  évidemment 

SS,  =  TS,,        S,S  =  SiT; 

en  sorte  que  l'on  peut  multiplier  à  gauche  ou  à  droite  les 
deux  membres  d'une  égalité  par  une  même  substitution. 

Exemple  : 


XxX\  —  X\X!,, 

par  la  substitution 

devient 

x,^x\  -]-  xlxz, 

soit 

j^    /X3    Xi    Xi\^ 
\Xi    X.2    xj  ' 

on  aura 

ST  = 

■■(:: 

X,, 

X3    xj'                                \Xi    Xi    ^3    -^i 

S2  =  (^^    -^4  Xi    Xi\^  ^,  ^  /Xi    Xi    Xi 

\Xi    X.2    X3    X^J'  \Xi    X2    X3 

142.  Si  l'on  considère  la  suite  des  substitutions 

I,         S,         S2, 

le  nombre  total  des  substitutions  de  n  lettres  étant  fini,  on 
doit  nécessairement  retomber  sur  une  substitution  déjà 
obtenue  :  supposons,  par  exemple,  que  l'on  trouve  alors 

ou 

cette  formule  prouve  que  la  substitution  S?  laisse  invariable 
une  permutation  quelconque;  ainsi 


234  QUATRIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    I. 

et  k  désignant  un  entier  quelconque 

les  puissances  successives  de  S  forment  donc  une  suite  pé- 
riodique. 

Si  [3  est  le  plus  petit  entier  donnant  Si^  =  i,  on  dit  que  S 
est  d'ordre  [3. 

Si  au  lieu  de  SP-=*  on  écrit  S-=<;  on  a 

On  voit  facilement  que  si  S  remplace  la  permutation  a  par  la 
permutation  h.  S"*  remplacera  h  par  a. 
Soit  [3  l'ordre  de  S  et 

/désignant  le  plus  grand  commun  diviseur  de  a  et  [3,  y.^  el 
j3i  seront  premiers  entre  eux.  Pour  déterminer  l'ordre  x  de 
la  substitution  S^  posons 

d'où 

A- 3        /-S, 


il  en  résulte  que  (3i  ou  -^  est  la  plus  petite  valeur  de  x,  donc  : 

Si  S  est  d'ordre  (3,  S"  sera  d'ordre  ^i  f  étant  le  plus  grand 

commun  diviseur  de  a  et  ^.  On  remarquera  que  S'^  et  S  sont 
de  même  ordre  si  c/.  et  ^  sont  premiers  entre  eux.  Dans  ce 
cas,  les  puissances  de  S*  seront  égales,  à  l'ordre  près,  à  celles 
de  S  ;  par  exemple,  si  l'on  pose 

on  aura 

a.r  — pj  =  /;, 

équation  qui  a  toujours  une  solution  si  a  et  (3  sont  premiers 
entre  eux. 


DES  SUBSTITUTIONS  EN  GÉNÉRAL.  235 

Exemple.  —  Soit 

e  a  h  cl 
de 


I c  a  c  h  d\  _  le  a  h 
\a  h  c  d  c  ]  '^  \a  h  à 

ldcah\ 
^   -   \a  h  d  e) 


\a  I)  d  cj 
et  S  est  du  quatrième  ordre;  si  l'on  pose,  par  exemple, 


on  a 

et  l'on  a  aussi 


(«■)-(fir.)=^' 


Si  l'on  applique  celte  substitution  à  la  fonction 

«3-1-  3rt;/;2_  2ff^e, 

on  a 


Substitutions  circulaires. 

143.  Une  substitution  est  dite  circulaire,  quand  elle  substi- 
tue à  chaque  lettre  du  dénominateur  celle  qui  la  suit  et  quand 
elle  remplace  la  dernière  parla  première. 

La  substitution 

'c  a  b  d^ 
a  b  d  e^ 

est  circulaire,  car  elle  remplace  chaque  lettre  de  a  h  d  e  par 
la  suivante  et  la  dernière  e  par  a;  une  pareille  substitution 
se  représente  encore  par  une  suite  de  lettres  entre  paren- 


236  QL'ATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    I. 

thèses,  ainsi 

ç^  ^  [^  c  d  ''/'\  =  {n  b  c  cl  c)  =  {b  c  d  e  a), 
\a  b  c  cl  e  I 

L'ordre  d'une  substitution  circulaire  est  évidemment  égal 
au  nombre  des  lettres  qu'elle  déplace.  Car,  par  une  applica- 
tion répétée  de  cette  substitution,  on  remplace  successive- 
ment a  par  b  c  d  e  a  el,  quand  on  a  remplacé  a  par  a,  on 
obtient  la  substitution  i. 

lii.  Toute  substitution  est  un  produit  de  substitutions  cir- 
culaires. 

Prenons,  en  effet,  une  lettre  arbitrairement  au  dénomina- 
teur de  cette  substitution,  elle  se  trouve  remplacée  par  une 
seconde,  celle-ci  par  une  troisième  et  ainsi  de  suite  jusqu'à 
ce  que  l'on  tombe  sur  la  première;  ces  lettres  constituent 
une  substitution  circulaire  ou  un  cycle.  Si  l'on  opère  de  la 
même  façon  sur  les  autres  lettres,  on  obtient  de  nouveaux 
cycles.  Une  substitution  ou  un  cycle  qui  opère  sur  deux 
lettres  est  ce  que  l'on  appelle  une  transposition;  elle  re- 
vient à  l'échange  de  ces  lettres;  un  C3'cle  composé  d'une 
seule  lettre  peut  être  négligé. 

La  substitution 

-,_///  k  cl  f  h  j  a  g  e  c   i  m  l  n 
\a  b  c  cl  e  f  g  II  i  j  k  l  m  n  , 

peut  se  décomposer  ainsi 

S  =  («  h  g){b  k  i  e){c  dfj)(lm){n), 

OÙ  le  dernier  cycle  formé  d'une  seule  lettre  peut  être  laissé 
de  côté.  Il  est  évident  que  l'ordre  dans  lequel  on  écrit  les 
cycles  est  indifférent.  . 

lio.  L'ordre  d'une  substitution  est  égal  au  plus  petit  mul- 
tiple des  ordres  de  ses  cycles. 

Soit,  en  effet, 

S  =  CoCiCo.  .  . 


DES    SUBSTITUTIOXS    EN    GÉNÉRAL.  287 

une  substitution  décomposée  en  ses  facteurs  circulaires,  et 
soit 

S-^-  =  I  ; 

comme  les  cycles  sont  relatifs  à  des  lettres  différentes,  on  a 

c^  —  I ,       r-y  =  I ,        f  f  =  I ,        • . .  • 

La  plus  petite  valeur  que  puisse  prendre  x  est,  d'après  cela, 
le  plus  petit  des  nombres  satisfaisant  à  la  fois  aux  égalités 
précédentes. 

Si  tous  les  cycles  de  S  sont  de  même  ordre,  cet  ordre  sera 
aussi  celui  de  S,  et  une  pareille  substitution  est  dite  régu- 
lière; il  ne  faut  pas  oublier  que  les  cycles  considérés  doivent 
tous  contenir  des  lettres  différentes. 

{ab){cd)  est  une  substitution  régulière  du  second  ordre, 
mais  (aô)  (6c)  ^  (aôc)  est  une  substitution  circulaire  du 
troisième  ordre. 

146.  Si  S  est  une  substitution  circulaire  d'ordre  [3,  S^  sera 
une  substitution  régulière  composée  de  f  cycles,  f  désignant 
le  plus  grand  commun  diviseur  de  a  et  [3.  Si  a  et  [3  sont  pre- 
miers entre  eux,  S"^  sera  elle-même  circulaire. 

Soit 

S  =  («1  a.2   ...  «^); 

S  remplace  ap  par  a^+i,  S^  remplace  «p  par  a^+a,  ...,  S'^  rem- 
place «p  par  rtp+a;  si  l'on  effectue  la  substitution  S'-*,  on  ob- 
tiendra d'abord  un  cycle 

ou  un  indice  tel  que  p  -\-  xy.  devra  être  remplacé  par  le  reste 
de  sa  division  par  (3,  s'il  est  plus  grand  que  ,3.  Alors,  pour  re- 
tomber sur  la  lettre  ap,  il  faut  que 

^-4- o£x  =  p  —  Pj         ou         .r=-^, 

OÙ  X  désigne  le  nombre  des  lettres  du  cycle.  Si  a  et  |3  sont 
premiers  entre  eux  /  ==  a,  a;  :=  [3,  et  la  substitution  S  est  cir- 


Exemple  : 


238  QUATRIÈME    PAIITIE.   —    CHAPITRE    I. 

culaire.  Si  a  =/ai,  (3  =:/j3i,  alors/ =  ^  et  le   nombre   des 
cycles  est 

Q 

S  =  inbcdef), 
S2=  {ace){bdf), 
S^  =  (ad){be){cf), 
S^=(aec){bfd), 
S-' =  (afedcb), 
S«=i. 

147.  Toute  substitution  régulière  est  une  puissance  d'une 
substitution  circulaire. 

Soit  la  substitution  régulière 

S  =  {ciibiCi  . .  .gOiOibiCo .  .  .  o-a)-  •  ■(amb,nC„,  .  ■  .gm}- 
Si  l'on  pose 

G  =  (rti  r^2  .  •  .  ffm  bi  bi  .  .  .  b„i  .  .  .  gig2  .  .  .g,n  ), 

on  a  évidemment 

S  =  C'«. 

lis.  Toute  substitution  peut  être  décomposée  en  facteurs 
primitifs,  c'est-à-dire  en  facteurs  dont  l'ordre  est  un  nombre 
premier  ou  une  puissance  d'un  nombre  premier. 

Supposons  S  d'ordre  n  et 

n  =  a^, 

a  et  [3  désignant  des  nombres  premiers  entre  eux.  On  peut 
toujours  trouver  des  entiers  x,  /  tels  que 

a  .r  -}-  p__r  =  I  • 

Alors 

S  =  S='-^S?r. 

Or,  on  a 


DES    SUBSTITUTIONS    EN    GÉNÉRAL.  289 

de  sorte  que  les  facteurs  S"'^,  SP^  sont  d'ordre  (3  et  a  respec- 
tivement; on  peut  ainsi  poursuivre  la  décomposition  en  fac- 
teurs jusqu'à  ce  que  l'on  n'ait  plus  que  des  facteurs  d'un 
ordre  égal  à  un  nombre  premier,  ou  à  une  puissance  d'un 
nombre  premier. 

Exemple  . 

S  =  {abcdef) 

est  d'ordre  2  x  3  =6;  on  a  donc 
où 


Substitutions  semblables  et  échangeables. 

149.  Deux  substitutions  sont  semblables,  quand  elles  sont 

composées  d'un  même  nombre  de  cycles  composés  d'un  même 

nombre  de  lettres.  Deux  substitutions  S  et  T  sont  échan- 

i^eables  quand  on  a 

ST  =  TS. 

La  substitution 

ASA-> 

est  dite  la  transformée  de  'è par  A. 

150.  Une  substitution  est  semblable  ci  ses  transformées. 

Soit 

{ahc.) 

un  des  cycles  de  S  et  «,,  ^i,  c,,  ...  les  lettres  par  lesquelles 
A  remplace  a,  b,  c,  ...  ;  quand  on  opère  la  substitution  A-', 
a,  se  trouve  remplacé  par  a,  qui  se  trouve  remplacé  par  b 
par  la  substitution  S,  qui  se  trouve  lui-même  remplacé  par  by 
parla  substitution  A.  La  substitution  ASA"^  remplace  donc 
«1  par  bi,  bi  par  Ci,  .  . . ,  de  sorle  qu'au  cycle  {abc. . .)  corres- 
pond, dans  la  transformée,  le  cycle  («lôiCi. .  .);  donc  : 


2^0  QUATRIÈME    PARTIE,   —    CHAPITRE    !, 

La  transformée  de  S  par  A  peut  s'obtenir  en  effectuant 
sur  les  lettres  des  cycles  de  S  la  substitution  A. 

Exemple  : 

S  =  {abcd),         k  =  {ac){b(l),         ASA- ^  =  (cdab). 


Si 

on  a 
où 


S  =^  (abc)  (de), 
T  =  {dca){lw), 

T  =  ASA-i, 

A  =  {adbc). 


Ainsi  quand  S  ei  T  sotit  semblables,  on  peut  toujours  trouver 
une  substitution  A  qui  transforme  S  en  T.  Cette  substitution 
est  celle  qui  remplace  chaque  lettre  de  S  par  celle  qui  occupe 
la  môme  place  dans  ï. 

151.  Les  deux  produits  de  deux  substitutions  sont   sem- 
blables. ST  et  ÏS  sont  semblables,  car 

ST  =  S(TS)S-i. 

152.  La  transformée  d'un  produit  est  égale  au  produit  des 
transformées  de  ses  facteurs.  Ainsi 

A(ST)A-i  =  ASA-iATA-i. 

153.  Si  deux  substitutions  sont  échangeables,  leurs  trans- 
formées le  sont. 

En  effet,  si 

ST  =  TS, 

ASA-'ATA-i  =  ATA-iASA-i. 

154.  Si  les  substitutions  S  et  T  sont  échangeables,  on  a 

ST  =  TS        ou        S  =  TST-i, 

et  S  est  égale  à  sa  transformée  j)ar  T. 
Pour  effectuer  la  transformation  de  S  par  T,  il  faut  (150) 


DES    SUBSTITUTIONS    EN    GÉNÉRAL.  2^1 

effectuer  la  substitution  T  dans  les  cycles  de  S;  alors  deux 
cas  pourront  se  présenter  :  ou  bien  T  ne  modifiera  pas  les 
cycles  de  S,  ou  bien  elle  se  bornera  à  les  échanger  entre  eux. 
Le  premier  cas  se  présentera  si  les  lettres  d'un  cycle  de  S 
n'entrent  pas  dans  T  ou  si  une  puissance  d'un  cycle  est  un 
facteur  de  T,  ce  qui  fera  que  le  cycle  transformé  commence 
par  une  autre  lettre  sans  que  l'ordre  des  lettres  soit  altéré.  En 
dehors  de  ces  facteurs,  T  ne  peut  contenir  que  des  facteurs 
qui  peuvent  échanger  des  cycles  de  S;  cherchons  un  pareil 
facteur  Q. 

Si  l'on  applique  ce  facteur  au  cycle  Ci,  celui-ci  se  change 
en  un  autre  C2  qui  doit  aussi  entrer  dans  S,  C2  se  change  en 
C3,  . . . ,  C[x  se  change  en  C,  ;  d'ailleurs  Ci  gagné  par  la  trans- 
formation peut  commencer  avec  une  autre  lettre  que  dans  S; 
on  a,  par  exemple. 

Cl    =(«!«,  ...fti), 
C.2   =  {bibo...bi\ 


et  Cl  devient 

Le  facteur  P  de  S 


c^=(Af....fn, 

(«p+l«p+2  •  •  .  «p). 

1  =  Li  L2  •  ■  •  Cjj. 


est  une  substitution  régulière  et,  si  p=:o,  le  facteur  0  de  T 

Q  =  («1  b,  .  .  ./,)  («2/a  .  .  ./2  ) .  . .  (a,  b,-...  fi) 

est  régulier.  Q  est  encore  régulier  si  p  n'est  pas  nul,  mais  le 
nombre  des  lettres  dans  chaque  cycle  sera  un  multiple  de  f/; 
le  premier  cycle,  quand  on  prend  les  indices  suivant  le  mo- 
dule i,  devient 

(«1^1-.  -/l  «p+l  ^p+l  •  •  ./p+l  «2p+l  •  • .  ), 

dans  lequel  on  parvient  à  un  terme 

^7P-(-i) 

qui  est  identique  à  Uy-,  alors  on  doit  avoir 

^  p  =  /a, 
V.  16 


242  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CUAPITRE   I. 

OU,  en  appelant  a  le  plus  grand  commun  diviseur  de  p  et  de  /, 
et  en  posanl  api  =  p,  af,  ==  i, 

donc 

q  =  il  ; 

Q  est  donc  un  produit  de  a  facteurs  circulaires  composés 
chacun  de  l'i  [j.  lettres,  et  l'on  a 

PP   =  («■lrtl  +  p«H-2p-  •  •)  ('^l^l  +  p^l-l-2p-  ••)•••. 
QV-=z  («lrtl  +  p<7i+2p.  •  •)('^''l^H-p^H-2p-  •  •) 

d'où 

PP=  QV-, 

les  membres  étant  différents  de  l'unité,  car  P  est  d'ordre  i  et 
p  <  «.  S  et  T  seront  donc  échangeables,  seulement  si  leurs 
lettres  communes  constituent  des  substitutions  régulières 
satisfaisant  à  la  condition  précédente.  L'équation  PP:=Q!^ 
est  une  condition  nécessaire,  mais  non  suffisante  pour  que  S 
et  T  soient  échangeables. 

155.  //  existe  toujours  des  substitutions  T  satisfaisant  à 
l'équation 

(i)  S'«=TST-i, 

lorsque  ni  est  premier  avec  Vordre  de  S. 

m  doit  être  premier  avec  l'ordre  de  chacun  des  cycles  de  S. 
S'"  est  alors  semblable  à  S,  car  chaque  cycle,  élevé  à  la  puis- 
sance m,  donne  un  nouveau  cycle  composé  des  mêmes 
lettres.  Alors  (150)  il  y  aura  des  substitutions  T.  Soit  Tj  l'une 
d'elles,  (i)  pourra  s'écrire 

T1ST71  =  TST-> 
ou 

ST7iT  =  T7iTS. 

S  ot  T^'T  sont  alors  échangeables.  Soit  U  une  substitution 
quelconque  échangeable  avec  S,  et  soit 

Tt'T  =  U, 


DES  SUBSTITUTIONS  EN  GÉNÉRAL.  243 

d'où 

T  =  T,U. 

Celte  substitution  satisfait  à  (i),  car 

TiUS(T,U)-i=TiST7'  =S'«; 

on  voit  donc  que  Von  obtient  toutes  les  solutions  de  (i)  e/i 
multipliant  une  solution  particulière  par  les  substitutions 
échangeables  açec  S. 

Exemple  : 

S  =  (abc)  (clef);  S'- =  {ac/j)(dfe); 

S2=TST-i,         si         T  =  (bc)icf). 

Substitutions  positives  et  négatives. 

156.  Une  substitution  quelconque  peut  être  décomposée  en 
un  produit  de  transpositions. 

En  effet,  on  peut,  au  moj^en  d'une  transposition,  amener  une 
lettre  à  la  place  qu'elle  doit  occuper  définitivement;  et  l'on 
peut  alors  remplacer  la  substitution  par  une  autre  dans  la- 
quelle n'apparaît  plus  cette  lettre;  la  nouvelle  substitution 
pourra  être  traitée  comme  la  première,  et  ainsi  de  suite.  On 
a  ainsi,  par  exemple, 

iabcd)  =  {bd)  {hc)  {ad). 

157.  Si  le  produit  d'un  certain  nombre  de  transpositions 
est  égal  à  i,  le  nombre  de  ces  transpositions  est  pair. 

Soient  a,  b,  c,  d,  ...  les  lettres  sur  lesquelles  on  opère; 
considérons  le  produit 

{n  —  b){a  —  c){a  —  d)...{b  —  c){b  —  d)...: 

il  change  de  signe  par  une  transposition  quelconque.  Soient 
p,  q,  r  des  trois  lettres,  dans  le  produit  entreront  les  facteurs 
±{p  —  r)  ei±{q  —  /■),  dont  le  produit  ne  change  pas  par  la 
transposition  {pq).  Les  facteurs  du  produit  considéré  chan- 


244       QUATRIÈME  PARTIE.  —  CHAP.  I.  —  DES  SUBSTITUTIONS,   ETC. 

gent  donc  de  signe  par  couples  ;  abstraction  faite  de  p  —  q,  qui 
se  change  en  q  —  p,  le  produit  tout  entier  change  donc  de 
signe  par  la  transposition  {pq)-  Si  donc  le  produit  des  trans- 
positions employées  est  égal  à  i,  il  faut  que  le  produit  des 
différences  considérées  ait  changé  de  signe  un  nombre  pair 
de  fois,  c'est-à-dire  que  le  nombre  des  transpositions  en 
question  soit  pair. 

Quelle  que  soit  la  manière  dont  une  substitution  a  été  dé- 
composée en  un  produit  de  transpositions,  le  nombre  de  ces 
transpositions  est  toujours  de  même  parité. 

En  effet,  supposons  qu'un  produit  de  m  transpositions  soit 
égal  à  un  produit  de  n  transpositions.  Si  l'on  multiplie  ces 
deux  produits  successivement  par  les  n  transpositions,  on 
obtiendra  un  produit  de  m  -\-  n  transpositions  égal  à  i;  donc 
m  H-  n  est  pair  et,  par  suite,  m  et  n  sont  de  même  parité. 

On  est  donc  conduit  à  considérer  deux  classes  de  substitu- 
tions :  les  unes  sont  un  produit  d'un  nombre''pair  de  transpo- 
sitions; les  autres  sont  un  produit  d'un  nombre  impair  de 
transpositions;  les  premières  sont  dites  positives,  les  autres 
sont  dites  négatives,  parce  qu'elles  ne  changent  pas  ou  chan- 
gent le  signe  du  produit  de  différences.  On  voit  facilement 
qu'une  substitution  circulaire  est  positive  quand  elle  opère 
sur  un  nombre  impair  de  lettres,  et  qu'elle  est  négative  quand 
elle  opère  sur  un  nombre  pair  de  lettres.  Si  une  substitution 
est  décomposable  en  \i.  cycles  de  «i,  n^,  . . .,  n^  lettres  res- 
pectivement, son  signe  sera  celui  de 


de  sorte  que  la  différence  entre  le  nombre  des  lettres  et  celui 
des  cycles  sera  pair  ou  impair,  suivant  que  la  substitution 
sera  positive  ou  négative. 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  245 

CHAPITRE  IL 

SUBSTITUTIONS  CONJUGUÉES  OU  GROUPES. 


Théorème  de  Lagrange. 

158.  On  dit  que  des  substitutions  forment  un  groupe  ou 
un  système  conjugué,  lorsque  le  produit  de  deux  quelconques 
de  ces  substitutions  fait  partie  de  leur  système.  Les  puis- 
sances d'une  même  substitution,  par  exemple,  forment  un 
groupe.  Les  substitutions  en  nombres!  que  l'on  peut  for- 
mer avec  n  lettres  forment  également  un  groupe  (le  groupe 
général).  Pour  exprimer  que  le  groupe  G  est  formé  des  sub- 
stitutions I,  S,,  S,,  . .  .,  on  écrit 

G  =  (i,S„S2,...). 

Le  nombre  des  substitutions  d'un  groupe  est  Vorclre  de  ce 
groupe,  le  nombre  des  lettres  sur  lesquelles  il  opère  est  son 
degré;  l'ordre  du  groupe  formé  des  puissances  de  S  est  égal 
à  l'ordre  de  S. 

159.  Si  un  groupe  Y  d'ordre  jx  est  contenu  dans  un  groupe 
G  d'ordre  m,  ^  est  un  diviseur  de  m  (Théorème  de  La- 
grange). 

Supposons  le  premier  groupe  F  formé  des  substitutions 

soit  Ti  une  autre  substitution  de  G,  ce  groupe  G  conliendra 
les  sui)Stitutions 

Ti,     S,T,,     S,Ti,     ...,     Sa_,Ti; 


2^6  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

si  G  contient  encore  d'autres  substitutions,  soit  Ta  l'une 
d'elles,  il  contiendra 

T2,     SiTo,     S,  T.,     ...,    Sa-iTo; 

et  ainsi  de  suite.  On  obtient  ainsi  les  substitutions  de  G  or- 
données en  des  séries  contenant  chacune  p.  substitutions  et 
le  théorème  sera  démontré,  si  l'on  constate  que  toutes  ces 
substitutions  sont  différentes.  S'il  n'en  était  pas  ainsi^  on 
aurait 

SaTp  =  So(,Tp, 

pour  certaines  valeurs  de  a,  |3,  «i,  [3,.  Soit  j3  >[3,,  on  aurait 

T,s=S-iSa,Tp,, 

ce  qui  est  impossible;  en  effet,  le  second  membre  fait  partie 
des  substitutions 

et  l'o  ne  fait  précisément  pas  partie  de  ces  substitutions. 

On  verrait  de  même  que  les  substitutions  du  groupe  G 
peuvent  être  ordonnées  en  séries  de  la  forme 

Ta,     TaSi,     TaS,,      ...,     TaS^.-,. 

Du  théorème  que  nous  venons  de  démontrer  on  tire  les 
conséquences  suivantes  qui  sont  très  importantes  : 

L'ordre  cl  un  groupe  de  degré  n  est  un  diviseur  de  n\ 

Car  ce  groupe  est  contenu  dans  le  groupe  général. 

Vordre  d'un  groupe  est  divisible  par  l'ordre  d'une  quel- 
conque de  ses  substitutions. 

Car  il  contient  le  groupe  formé  des  puissances  d'une  quel- 
conque de  ses  substitutions. 

Un  groupe  dont  Vordre  est  un  nombre  premier  p  ne  con- 
tient que  des  substitutions  régulières  d'ordre  p  {excepté  la 
substitution  i).  Si  son  degré  est  p,  le  groupe  se  compose  des 
p  puissances  d'une  substitution  circulaire  d'ordre  p. 


SUBSTITLTIO>S   CONJUGUÉES   OU    GROUPES.  2Zi7 

On  voit  aussi  que 

Les  substitutions  communes  à  deux  groupes  forment  un 
groupe. 

Car  le  produit  de  deux  de  ces  substitutions  appartient  aux 
deux  groupes. 

Les  substitutions  d'un  groupe  qui  ne  déplacent  pas  des 
lettres  données  forment  un  groupe. 

Car  si  certaines  lettres  ne  sont  pas  déplacées  par  deux  sub- 
stitutions elles  ne  le  sont  pas  non  plus  par  leur  produit. 

Toutes  les  substitutions  d'un  groupe  qui  sont  échangeables 
avec  une  substitution  donnée  forment  un  groupe. 

Substitutions  permutables  avec  un  groupe. 

160.  Les  transformées  des  substitutions 

I ,     Si,     So,     •  •  •  )     S/M— 1 

d'un  groupe  G  par  une  substitution  quelconque  T  forment 

elles-mêmes  un  groupe. 

En  effet, 

TSiT-'TSoT-'  =  TCSiSoJT-i. 

Les  substitutions  des  deux  groupes  sont  semblables  deux  à 
deux,  et  dans  ce  cas  on  dit  que  les  deux  groupes  eux-mêmes 
sont  semblables. 

Lorsque  le  groupe  transformé  coïncide  avec  le  groupe  pri- 
mitif on  dit  que  la  substitution  T  est  permutable  avec  le 
groupe  G.  Dans  ce  cas,  on  a,  pour  chaque  valeur  de  a,  une 

valeur  de  (3  telle  que 

TSa=SpT. 

Toutes  les  substitutions  d'un  groupe  G,  qui  sont  permu- 
tables avec  un  groupe  R  forment  un  groupe. 

En  effet,  si  U  et  T  sont  permutables  avec  H  =  (i,  Si,  S2, ..  ) 
on  a 

UTSa(UT)-i  =  UTSaT-iU-i=  USpU-i  =  Sy, 

de  sorte  que  UT  est  aussi  permutable  avec  H. 


248  QUATRIÈME  PARTIE.  —  CHAPITRE  II. 

161.  Un  groupe  est  simple,  quand  il  ne  contient  aucun 
groupe  avec  lequel  toutes  ses  substitutions  sont  permuta- 
bles, dans  le  cas  contraire  il  est  composé. 

Soit  G  un  groupe  composé  qui  contient  le  groupe  H  avec 
lequel  toutes  ses  substitutions  sont  permutables;  soient 

I,    S„    S,.,     ...,    S,„_i 

les  substitutions  de  H,  soit  T  une  substitution  de  G  qui  ne 
soit  pas  contenue  dans  H;  H  peut  contenir  des  puissances  de 
T,  soit  T='  la  puissance  la  moins  élevée  de  T  contenue  dans  H, 
les  substitutions  de  la  forme 

TPS,. 

sont  contenues  dans  G  et  sont  différentes  pour  (3  <  a  ;  pour 
(3  =  a,  on  obtient  les  substitutions  de  H,  et  pour  [3>  a,  on 
obtient  périodiquement  les  mêmes  substitutions  que  tout  à 
l'heure,  et  les  substitutions  de  H  quand  [3  est  un  multiple  de 
a.  L'ordre  de  T  doit  donc  être  un  multiple  de  a. 

Les  am  subslitutions  que  nous  venons  d'obtenir  forment 
un  groupe  Hi;  en  effet,  on  voit  que  le  produit  de  deux  quel- 
conques d'entre  elles  appartient  à  la  suite  de  ces  am  substi- 
tutions, car  pour  une  certaine  valeur  de  h  on  a 

TPSa-=S/,TP. 

Sur  la  formation  de  quelques  groupes. 

162.  Les  substitutions  qui  transforment  T   en   une  de   ses 

puissances  forment  un  groupe. 

En  effet,  si  a  et  (3  sont  premiers  avec  l'ordre  fx  de  T  et  si 

l'on  a 

MTM-'=T^,     NTN-i  =  TP, 

on  a  aussi 

(MN)T(MN)-i  =  MNT. .  .M-i  =  MT?M-i  =  MTM-i MTM-i  N-i=  T«P  ; 

de  sorte  que  MN  fait  partie  des  substitutions  considérées  si 
M  et  N  en  font  partie. 

On  peut  voir  que  l'on  obtient  encore  un  groupe,  si,  parmi 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  "i^g 

les  substitutions  du  groupe  considéré,  on  ne  prend  que 
celles  dans  lesquelles  les  exposants  de  T  satisfont  à  une  cer- 
taine condition  si  cette  condition  est  telle  que  a^  y  satisfait 
quand  oc  et  (3  y  satisfont,  a^  étant  pris  suivant  le  module  fi.  ; 
cela  a  lieu  non  seulement  quand  a  et  3  sont  premiers  avec  [x, 
mais  encore  quand,  a  et  (3  étant  premiers  avec  [j.,  ils  satisfont 

à  la  congruence 

x9  =  /l'«  (mod  ix), 

où  d  et  k  sont  des  nombres  donnés,  le  second  premier  avec  [i, 
m  étant  quelconque. 
En  effet,  si  l'on  a 

on  a 

Considérons,  par  exemple,  une  substitution  circulaire  Tde 
jjL  lettres,  prenons  pour  a  et  [3  tous  les  nombres  premiers 
avec  ix;  le  nombre  de  ces  entiers  est  9(/Jt);  considérons  les 
o([jl)  puissances  de  T  dont  l'exposant  est  premier  à  /m,  et 
inférieur  à  ju.,  chacune  d'elles  peut  être  formée  par  transfor- 
mation de  T,  et  fournir  /x  substitutions,  car  chaque  lettre  de 
la  puissance  de  T  peut  être  placée  la  première.  On  obtient 
ainsi  un  groupe  de  i^o(jdl)  substitutions,  et  si  ix  est  un  nombre 
premier/»  l'ordre  de  ce  groupe  sera  p{p  —  i).  On  pourrait 
aussi  se  borner  à  considérer  les  substitutions  que  l'on  obtient 
quand  on  écrit  T  et  ses  puissances  de  manière  qu'elles 
commencent  avec  la  même  lettre;  cette  lettre  ne  figure  pas 
alors  dans  les  substitutions  cherchées,  et  celles-ci  sont  alors 
des  substitutions  de  /j-  —  i  lettres  et  forment  un  groupe 
d'ordre  9  (fi). 

Exemple  I  : 

T  =  (a  b  c  d  c  f),         T^  =  {a  f  e  d  c  b). 

La  transformation  se  fait  par 

qui  avec  i  forme  un  groupe  du  second  ordre. 


25o  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

Si  l'on  écrit  T^  de  toutes  les  manières  possibles,  on  obtient 
un  groupe  du  douzième  ordre  qui  contient  le  précédent. 
Exemple  II  : 

T  =  (rt  b  c  d  e)^ 

1^  —  {a  c  e  h  d), 
T^  =  (a  d  b  e  c), 
T^  =^  (a  c  d  c  b). 

Si  a  conserve  sa  place  dans  la  transformation,  on  obtient 
le  groupe  du  quatrième  ordre 

I,     {b  c  e  d),     (b  d  e  c),     (b  e),     (c  d). 

On  a  vu  que  si  (j.  désignait  un  nombre  premier/»  on  obte- 
nait un  groupe  de  p  —  i  lettres  d'ordre/?  —  i;  ce  groupe  se 
compose  des  puissances  d'une  substitution  circulaire  d'ordre 
p  —  i,  s'il  entre  une  pareille  substitution  dans  le  groupe.  On 
peut  poser 

T=(rto,    (Il    fl^    .  .  .    cip-i),      1''=  {cio   ttr  Clir    •••)) 

et  on  obtient  la  transformante 

qui  est  circulaire  si  /•  est  racine  primitive  de  /?,  ce  qu'on  peut 
supposer,  puisque  tout  nombre  premier  a  des  racines  primi- 
tives; le  groupe  cherché  est  alors 

1,     U,    U2,     ...,    LV-2. 

Si  l'on  veut  former  le  groupe  d'ordre /»(/?  — i),  on  écrira 
T''  en  le  faisant  commencer  par  chacune  de  ses  lettres  ;  les 
transformantes  ont  alors  la  forme 

car  on  obtient  par  une  transformation  par  U^  la  puissance 
demandée  de  T  commençant  par  ao,  et  avec  une  transforma- 
lion  par  T'''  on  amènera  une  autre  lettre  à  la  première  place. 
Par  exemple, 

1  =  {a  b  c  d  e),     T^  =  (b  c  c  a  d) 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES   OU    GROUPES.  25 1 

et  l'on  obtient  la  transformante 

/  b  e  c  a  d\   _   f  h  e  c  a  d\   / a  d  b  e  c\   _       j     , 
\a  b  c  d  e )  ~   \a  d  b  e  c )  \a  b  c  d  e J 

on  obtient  ainsi  le  groupe  cherché,  en  multipliant  les  puis- 
sances de  U  à  gauche  par  les  puissances  de  T. 

Si  l'on  multiplie  à  droite  on  obtient  les  mêmes  substitu- 
tions, mais  dans  un  ordre  différent. 

Le  groupe  alterné. 

163.   Parmi  les  '^  =.  n\  substitutions  que  l'on  peut  forme?- 

avec  n  lettres,  celles  qui  sont  positives  forment   un  groupe 

N 
d'ordre  —  et  il  n'y  a  pas  d'antre  groupe  de  cet  ordre. 

Lorsqu'un  groupe  contient  une  substitution  négative,  il 
doit  contenir  autant  de  substitutions  négatives  que  de  substi- 
tutions positives.  Si  l'on  multiplie  toutes  les  substitutions  de 
ce  groupe  par  une  de  ses  substitutions  négatives  on  retrouve 
le  groupe;  comme  cette  multiplication  change  les  substitu- 
tions négatives  en  substitutions  positives  et  vice  versa,  il  faut 
qu'il  y  en  ait  autant  des  unes  que  des  autres;  comme,  d'ail- 
leurs, les  substitutions  positives  forment  un  groupe,  il  faut  que 

N 
toutes  ces  substitutions  positives  forment  un  groupe  d'ordre  — 

Ce  groupe  porte  le  nom  de  groupe  alterné. 

N 
Considérons  maintenant  un  groupe  d'ordre  —   formé   des 

s  ubstitutions  i ,  S,,  S,,  ...  ;  soit  T  une  substitution  quelconque 

N 
qui  ne  fait  pas  partie  du  groupe,  les  -  substitutions  ST  sont 

différentes  entre  elles  et  différentes  de  i,  Sj,  S,,  . . .,  les  sub- 
stitutions S  et  ST  sont  alors  en  nombre  N  et  contiennent 
toutes  les  substitutions  possibles  :  les  substitutions  S  doivent 
donc  renfermer  et  se  confondre  avec  les  substitutions  T-S  et 

de  même  avec  les  substitutions  T*  S,  ï'^  S, 

Alors  T  doit  être  d'ordre  pair,  sans  quoi  TS  devrait  se  trou- 


202  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

ver  dans  le  groupe  considéré.  Ce  groupe  devra  alors  contenir 
toutes  les  substitutions  circulaires  du  troisième  ordre  et  par 
suite  le  groupe  alterné  car  on  a 

(«1«2)(«2«3)  =  («l«2^-'3),  («)«2)(«S«4)  =  («i  ^^2  r/3  )  (  <7-2  «3  «4), 

ce  qui  montre  que  toute  substitution  positive  peut  être  mise 
sous  la  forme  d'un  produit  de  substitutions  circulaires  du 
troisième  ordre. 

Une  fonction  qui,  sans  être  symétrique,  n'est  pas  altérée 
par  les  substitutions  du  groupe  alterné  est  dite  alternée.  Une 
pareille  fonction  n'a  que  deux  valeurs,  toute  substitution 
ayant  la  forme  S  ou  ST,  S  appartenant  au  groupe  alterné  et 
T  désignant  une  substitution  négative  quelconque;  puisque 
la  fonction  n'est  pas  altérée  par  les  substitutions  S,  elle  ne 
peut  posséder  qu'une  valeur  distincte  d'une  valeur  donnée, 
valeur  que  lui  fait  acquérir  la  substitution  T.  Pour  «  =  3 

est  une  fonction  alternée  qui  prend  les  valeurs  r  et  — y. 

16i.  Un  groupe  qui  contient  toutes  les  substitutions  circu- 
laires du  troisième  ordre  est  ou  le  groupe  alterné  ou  le  groupe 
général. 

Car  on  a  vu  qu'un  pareil  groupe  contenait  toutes  les  sub- 
stitutions positives. 

Un  groupe  qui  contient  toutes  les  substitutions  circulaires 
d'ordre  p  est  le  groupe  alterné  ou  le  groupe  général. 

Car  on  a 

(«i«2«3)  =  {a^a^a.^a-ia-i  .  .  .  ap){apap-i  .  .  .  a5«2«'i«4«3), 

en  sorte  que  le  groupe  contient  toutes  les  substitutions  cir- 
culaires du  troisième  ordre. 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  253 

Groupes  que  l'on  peut  former  par  la  multiplication  des  substitu- 
tions d'autres  groupes. 


163.  Quand  deux  groupes 

•:       S„       S.,, 

...,    S,„-, 

1,     T„     T,,, 

...,    T„-i 

inl  tels  que 

SaTp  = 

=  T?.S.. 

pour  toutes  les  valeurs  de  a  et  j3  et  pour  des  valeurs  conve- 
nables de  [3i  et  «i,  on  dit  que  ces  groupes  sont  échangeables. 

Si  l'on  multiplie  toutes  les  substitutions  S  d'un  même  côté 
par  toutes  les  substitutions  T,  on  obtient  un  nouveau  groupe 
d'ordre  mn,  si  les  groupes  considérés  n'ont  d'autre  substi- 
tution commune  que  l'unité. 

En  effet,  toutes  les  substitutions  obtenues  ainsi  sont  diffé- 
rentes, car,  si  l'on  pouvait  avoir 

on  en  conclurait 

et  les  groupes  auraient  en  commun  une  substitution  qui, 
évidemment,  est  différente  de  l'unité.  D'ailleurs 

SaTpSaJp,, 

par  un  échange  de  facteurs  et  d'indices  convenables,  peut 
être  ramenée  à  la  forme 

SyTs, 

ce  qui  montre  que  nos  mn  substitutions  forment  un  groupe. 
Des  théorèmes  analogues  peuvent  être  énoncés  pour  un 
grand  nombre  de  groupes. 

Théorème  de  Cauchy. 

166.  Si  p  est  un  nombre  premier,  il  existe  un  groupe  de  k 
lettres  dont  l'ordre  est  la  plus  haute  puissance  de  p  qui 
diviie  k  ' 


254  QUATRIÈME    PARTIE.     —    CHAPITRE    II. 

Si  k<p,  le  groupe  i  d'ordre  />"  est  le  groupe  dont  il  est 
question  dans  l'énoncé.  Pour  démontrer  le  théorème  il  suffit 
de  montrer  que  s'il  a  lieu  pour  tous  les  nombres  inférieurs 
h  p'^  i\  a  encore  lieu  pour  tous  les  nombres  inférieurs  à  />*+*. 

Tout  nombre  inférieur  à  /?''+'  peut  être  mis  sous  la  forme 
pq -i- f  où  q  <.p'^  et  r<,p;  nous  admettrons  qu'avec  les  g 
lettres  a,  b,  c,  . . .  on  peut  former  un  groupe  d'ordre  /jP  où  p^ 
est  la  plus  haute  puissance  de  p  qui  entre  dans  q\ 

Au  moyen  de  chaque  substitution  {abc  .  .  .),  {de  . . .),  ... 
de  ce  groupe  nous  pouvons  en  former  une  autre 

{aihiCi.  .  .){a.2h2Ci  ...)..  .{a,yhpC,,.  .  .) 
X  (rfici  ...){che.2...  )...{d,,e,,.  ..) 
X 

en  remplaçant  chaque  cycle  par  un  produit  de  p  cycles  com- 
posés des  mêmes  lettres  affectées  d'indices  différents.  Les 
substitutions  ainsi  obtenues  forment  un  groupe  de  degré  pq 
et  d'ordre  /:>P  ;  soit 

T  =  (C„C2...) 

ce  groupe;  ses  substitutions  échangent  les  lettres  sans  tou- 
cher aux  indices.  Désignons  les  substitutions  circulaires 

{ai^'i Cp),     {biù.2.  .  ..bfj),      ... 

par 

Sa,       Si,       ... 

respectivement.  Ces  substitutions  échangent  les  indices  sans 
modifier  les  lettres.  Le  groupe  cherché  est  composé  de  sub- 
stitutions de  la  forme 

Sa,      S^       ....      Cjj., 

et  leur  nombre  eslp'^p^..  Nous  allons  montrer  que  toutes  ces 
substitutions  sont  distinctes  et  qu'elles  forment  un  groupe; 
on  a,  en  effet,  si  Cj^.  remplace  b  par  a, 

SIC,  =  C,Sr, 

car  les  deux  substitutions  que  l'on  vient  d'égaler  remplacent 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  255 

b/,  par  «!^-hy;  on  peut  donc  échanger  des  facteurs  S  et  C  dans 
un  produit  SC  pourvu  que  l'on  modifie  convenablement  l'in- 
dice de  S.  Si  l'on  pouvait  alors  avoir 

il  faudrait  qu'une  substitution  C  qui  n'échange  que  des  lettres 
pût  s'exprimer  à  l'aide  d'un  produit  de  substitutions  S  qui 
n'échangent  que  des  indices.  Cela  étant  impossible,  les /)'?+P 
substitutions  considérées  sont  toutes  distinctes;  elles  for- 
ment un  groupe,  car  le  produit  de  deux  d'entre  elles  peut 
être  ramené  à  la  même  forme  en  faisant  reculer  leur  fac- 
teur C;  ce  produit  appartient  donc  à  l'ensemble  des/>'?+P  sub- 
stitutions. 

Il  reste  à  trouver  la  puissance  la  plus  élevée  de  p  contenue 
dans  {pq  +  r)\;  si  l'on  met  à  part  les  facteurs  non  divisibles 
par/?  on  trouve /^''^l  et/>P  étant  la  plus  haute  puissance  con- 
tenue dans  ql,  p'^'^1  est  la  plus  haute  puissance  de  p  contenue 
dans  {pq -\-  r)\.  Il  est  donc  prouvé  que  l'on  peut  trouver  un 
groupe  d'ordre  />P+'?  oiî  /?P+'?  est  la  plus  haute  puissance  de  p 
contenue  dans  A  !,  où  A'  est  le  nombre  des  lettres. 

167.  Si  le  groupe  G  d'ordre  g  contient  les  groupes  H,  K 
d'ordres  h,  k  et  si  H  ne  contient  pas  de  substitutions  {autre 
que  i)  semblables  à  celles  de  K,  on  a  g  ^^  multiple  de  hk. 

En  effet,  appelons  S  les  substitutions  de  H,  T  celles  de  K 
et  U  celles  de  G,  il  existe  hk  substitutions  de  G  de  la  forme 

SaUiTp, 
toutes  différentes,  car  si  Ton  avait 

on  en  déduirait 

ce  qui  est  absurde,  puisque  T^Tp'  et  Sa' S^,  ne  peuvent  être 
toutes  deux  égales  à  i  et  ne  sont  pas  semblables. 

Soit  alors  U2  une  substitution  non  comprise  parmi  les  hk 


256  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

substilutions  considérées;  G  contiendra  encore  hk  substitu- 
tions distinctes  de  la  forme 

SaUoTp, 

distinctes  des  précédentes;  car,  si  l'on  avait 

SaUiTp  =  Sa,U2Tp^, 

U,  se  trouverait  parmi  les  substitutions  déjà  considérées.  Si 
l'on  continue  de  cette  manière,  on  épuise  toutes  les  substitu- 
tions de  G  à  savoir  hk  substitutions  dans  chaque  série,  et  il 
faut  que  hk  divise  g. 

168.  Tout  groupe  G  dont  l'ordre  est  divisible  par  un 
nombre  premier  p  contient  une  substitution  d'ordre  p. 

Supposons  que  le  groupe  G  soit  formé  avec  A:  lettres  et  que 
son  ordre  soit  égal  à  g,  ce  groupe  et  le  groupe  T  considéré 
§  166,  supposé  d'ordre  /??,  sont  contenus  dans  le  groupe  géné- 
ral d'ordre  A'!.  Si  G  ne  contenait  pas  de  substitution  d'ordre/?, 
il  ne  contiendrait  pas  de  substitution  semblable  à  celles  de  T; 
car  r  ne  contient  que  des  substitutions  dont  l'ordre  est  une 
puissance  de  p  (159),  et  il  y  a  toujours  des  puissances  des 
substitutions  semblables  à  celles-ci  dont  l'ordre  estp;  k\  de- 
vrait donc  être  divisible  par  gp^  (167),  ce  qui  est  impossible 
si  g  est  divisible  par  le  facteur  premier  p,  puisque  p^  est  la 
puissance  la  plus  élevée  de/»  contenue  dans  A!.  G  doit  donc 
contenir  au  moins  une  substitution  d'ordre  p. 

Groupes  transitifs  et  intransitifs. 

169.  Un  groupe  est  dit  transitif,  si  au  moyen  de  ses  sub- 
stilutions on  peut  amener  une  quelconque  des  lettres  à  la 
place  occupée  par  chacune  des  autres;  il  est  intransitif  dans 
le  cas  contraire. 

Quand  un  groupe  est  intransitif,  une  lettre  a,  peut  rem- 
placer «2,  «3,  •••;  ap,  mais  non  bi,  b.,,  ...,  b^,  alors  une 
lettre  a  ne  peut  remplacer  une  lettre  b  ;  sans  quoi,  en  combi- 
nant deux  substitutions  du  groupe  a,  on  pourrait  faire  occu- 
per à  a,  la  place  d'une  lettre  b. 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  2^7 

Ainsi,  dans  un  groupe  intransitif,  on  pourra  distribuer  les 
lettres  en  deux  ou  plusieurs  systèmes  tels  que  dans  un  même 
système  les  lettres  ne  puissent  que  s'échanger  entre  elles,  et 
non  avec  celles  des  autres  systèmes;  toute  substitution  du 
groupe  se  décomposera  en  cycles  qui  ne  contiennent  que  des 
lettres  d'un  même  système. 

Naturellement,  il  faut  dire  quelles  sont  les  lettres  en  ques- 
tion. Ainsi  le  groupe  général  de  n  —  i  lettres  est  transitif  si 
l'on  n'a  à  considérer  que  les  n  —  i  lettres  de  ce  groupe;  il 
devient  intransitif  par  rapport  à  un  système  contenant,  outre 
ces  n  —  I  lettres,  d'autres  lettres  que  le  groupe  considéré  ne 
déplace  pas. 

Un  groupe  est  m  fois  transitif  s'il  est  possible  de  faire  pas- 
ser, au  moyen  de  ses  substitutions,  à  la  fois  m  lettres  données 
à  la  place  de  m  autres  lettres  arbitraires  distinctes  ou  non 
des  premières. 

On  voit  facilement  que,  si  l'on  peut  remplacer  m  lettres 
quelconques  par  m  lettres  données,  on  peut  également  rem- 
placer m  lettres  quelconques  par  m  lettres  quelconques. 

Le  groupe  général  de  n  lettres  est  n  —  i  fois  transitif,  le 
groupe  alterné  «  —  2  fois.  Si  un  groupe  de  n  lettres  contient 
une  substitution  circulaire  de  n  lettres,  il  est  au  moins  une 
fois  transitif;  s'il  contient  en  outre  une  substitution  circulaire 
de  n  —  I  lettres,  il  est  deux  fois  transitif,  etc. 

170.  Si  Von  considère  des  lettres  déterminées  a,  b,  c,  .  . . 
d'un  groupe  G  {transitif  ou  intransitif)  et  si  le  groupe  H 
qui  ne  déplace  pas  ces  lettres  est  d'ordre  k,  G  est  d'ordre  kp, 
p  désignant  le  nombre  des  systèmes  de  places  que  prendront 
a,  b,  c,  ...  par  les  substitutions  de  G. 

Soient,  en  effet, 

I,    Ti.    To,     ....,    T/._i 

les  substitutions  de  H,  et  R  une  des  autres  substitutions;  les 

substitutions 

R,     TiR,     T.R;     ....     T/,-iR 

P.  •; 


258  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

transportent  toutes  les  \eitres  a, b,c,  .  . .  aux  mêmes  places,  et 
cette  propriété  n'appartient  qu'à  ces  substitutions,  car,  si  une 
autre  substitution  R,  possédait  cette  propriété,  RiR-'  lais- 
serait les  lettres  invariables  et  appartiendrait  au  groupe  des 
substitutions  T.  R,  se  trouverait  alors  donc  dans  la  suite  TR. 
Les  substitutions  de  G  peuvent  donc  se  partager  en  p  séries 
de  k  substilutions. 

Si  G  est  m  fois  transitif,  si  l'on  considère  m  lettres  ff,  b, 
c,  . . . ,  le  nombre  total  des  lettres  étant  n,  on  aura 

p  =  n{n  —  i).  .  .{il  —  m  +  i), 

d'où  l'on  voit  que  V ordre  d'un  groupe  m  fois  transitif  de  n 
lettres  est  divisible  par  n{n  —  i)  .  .  .  {n  —  /?i  +  i). 

Si  G  est  intransitif  et  si  l'on  considère  a  lettres,  échan- 
geables entre  elles,  les  substitutions  qui  n'échangent  pas  ces 
a  lettres  forment  un  groupe;  soit  A  son  ordre;  le  nombre  des 
systèmes  de  places  auxquelles  on  peut  amener  ces  lettres  est 
un  diviseur  de  a!;  l'ordre  de  G  est  donc  un  diviseur  de  kyl; 
si  l'on  raisonne  de  la  même  façon  sur  les  n  —  a  lettres  res- 
tantes et  ainsi  de  suite,  on  voit  que  l'ordre  de  G  est  un  divi- 
seur de  a!  i3!  y!  .  .  .,  où  a,  [3,  y,  ...  satisfont  à  la  relation 

a  +  [B  -t-  Y .  .  .  =  /i 

et  désignent  le  nombre  de  lettres  des  systèmes  dont  les 
lettres  peuvent  être  échangées. 

171.  Si  un  groupe  est  m  fois  transitif,  et  s'il  contient  une 
substitution  qui  ne  déplace  pas  plus  de  m  lettres,  il  est  le 
groupe  général  ou  le  groupe  alterné. 

Soit  S  une  substitution  qui  déplace  au  plus  m  lettres;  soit 
S,  une  substitution  quelconque  semblable  à  S;  le  groupe  doit 
contenir  une  substitution  qui  change  les  lettres  de  S  dans  les 
lettres  correspondantes  de  Si  (169);  si  l'on  transforme  S  par 
cette  substitution,  on  obtient  Si;  cette  substitution  entrera 
donc  aussi  dans  le  groupe.  Soit 

(«!«:.  ..a,j) 


SUBSTITUTIONS   CONJUGUÉES    OU   GROUPES.  aSg 

un  cycle  de  S.  Pour  Si  on  peut  prendre  une  substitution  con- 
tenant le  cycle 

les  autres  cycles  de  S  et  Si  étant  les  mêmes,  à  l'ordre  des 
lettres  près  qui  sera  renversé.  G  renferme  aussi  la  substitu- 
tion 

SiS  =  ((71^/3  riTi), 

et  par  suite  toutes  les  substitutions  circulaires  du  troisième 
ordre;  G  contient  donc  le  groupe  alterné  (  164). 

Cette  démonstration  suppose  que  S  contient  un  cycle  de 
trois  lettres  au  moins.  Dans  le  cas  contraire  on  peut  prendre 
pour  les  deux  cycles  de  S  et  Si 

(«irt.)         et         (a2«3), 

«3  étant  une  lettre  qui  n'entre  pas  dans  S;  alors 

SSi  =   («l«2«3). 

172.  Quand  un  groupe  m  fois  transitif  contient  une  sub- 
stitution qui  ne  déplace  pas  plus  de  2  tu  —  4  lettres,  il  est  le 
groupe  alterné  ou  le  groupe  général. 

Soit,  en  effet, 

S  =  (abc...)(def...)(g...) 

une  des  substitutions  qui  déplace  q  lettres,  et  supposons 
ni<.q  <i2in  —  3.  Le  groupe  contient  une  substitution  T  qui 
ne  déplace  pas  m  —  i  de  ces  lettres  a,  b,  c,  . . .,  d,  e,  et  qui 
remplace  les  autres  par  a,  |3,  y,  .  .  .,  dont  l'une  au  moins,  a, 
qui  remplace  /,  n'existe  pas  parmi  les  q  lettres  considérées. 
Le  groupe  contient  alors  la  substitution 

U  =  TST-i  =  (abc  ...  I  {deoi  ...)  (p  ...)... , 

et  la  substitution  S-'U,  qui  ne  contient  que  les  lettres  e,  a,  (3, 
f,  g,  . . .,  et  qui  ne  peut  être  i,  puisqu'elle  déplace  au  moins 
oc;  le  nombre  de  ses  lettres  est  au  plus 

■A(q  —  m  -h  i  )  ^  i  =  iq  —  2/n  -h  0  <.  q  ; 

de  cette  manière,  à  l'aide  de  la  substitution  donnée,  on  peut 


200  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

en  trouver  une  autre  déplaçant  moins  de  lettres  et,  en  conti- 
nuant ainsi,  on  finit  par  en  trouver  une  qui  déplace  au  plus 
m  lettres,  ce  qui  démontre  le  théorème. 

Le  nombre  minimum  des  lettres  déplacées  par  une  substi- 
tution d'un  groupe  est  ce  que  l'on  appelle  Xdi  classe  ùu  groupe. 

173.   U  ordre  d'un  groupe  de  n  lettres,  m  fois  transitif,  qui 
ne  contient  pas  le  groupe  alterné,  est  un  diviseur  de 


a  désignant  le  plus  grand  des  nombres  m  et  i  m  —  4. 

En  effet,  si  l'on  forme  le  groupe  général  de  a.  lettres,  il  ne 
contient  pas  de  substitution  semblable  à  une  substitution  du 
groupe  donné  déplaçant  plus  de  a  lettres;  si  l'ordre  du  groupe 
donné  est  g,  gai  sera  un  diviseur  de  n\  (167). 

174.  Un  groupe  de  degré  n,  qui  ne  contient  pas  le  groupe 
alterné,  ne  peut  pas  être  plus  de  q  fois  transitif,  q  désignant 
le  plus  petit  des  nombres 

n  -h  ^        n 

Si  le  groupe  est  q  fois  transitif,  son  ordre  (170)  est  un  mul- 
tiple de 

«  (  //  —  1  )  ...  (  n  —  f/  -M  )  ; 

ce  nombre  doit  (173)  être  un  diviseur  de  — j ,  ou  {n  —  q)l  doit 
être  divisible  par  a!;  on  doit  donc  avoir 

n  —  q'^a,         q'^n  —  a, 
où  a  est  le  plus  grand  des  nombres  q,  iq  —  4;  il  en  résulte 

7^-         et         -71-3— 

M.  Jordan  a  fait  voir  qu'un  groupe  de  degré />  +  a  ne  peut 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  261 

être  plus  de  a  fois  transitif,  si  p  est  premier  et  si  a  >  2  {Bul- 
letin de  la  Soc.  math,  de  France,  t.  I). 

175.  Si  un  groupe  Cj,  n  fois  transitif,  contient  un  groupe  H, 
permutable  avec  toutes  les  substitutions  de  G,  H  est  au  moins 
n  _  I  fois  transitif. {Ce  théorème  est  soumis  à  une  exception.) 

Le  théorème  est  vrai  pour  n  =  2,  car,  si  l'on  désigne  par 
S  =  (a6  ...)(...)••  •  une  suhstitution  de  H,  G  contiendra 
une  substitution  T  qui  remplace  a,  b  par  deux  lettres  arbi- 
traires. H  contiendra  alors  ÏSÏ-',  qui  remplace  une  lettre 
arbitraire  par  une  lettre  arbitraire. 

A  l'aide  de  G  et  de  H,  formons  deux  nouveaux  groupes  G,, 
H,,  en  laissant  de  côté  les  substitutions  qui  contiennent  une 
lettre  déterminée,  a  par  exemple;  Hi  est  contenu  dans  Gj,  il 
est  permutable  avec  toutes  les  substitutions  de  G,.  Comme  G 
est  n  fois  transitif,  Gi  l'est  n  —  i  fois. 

H  est  une  fois  de  plus  transitif  que  H„  car,  au  moyen  des 
substitutions  qui  ont  été  écartées,  on  peut  placer  a  oii  l'on 
veut;  le  théorème  énoncé  a  donc  lieu  pour  G  et  H;  s'il  a  lieu 
pour  G,  et  H,,  et  comme  il  a  été  démontré  pour  le  cas  où 
n  =  i,\\  est  général,  pourvu  toutefois  que  l'un  des  groupes  Hi 
ne  se  compose  pas  de  la  seule  substitution  identique  i. 

Il  y  a  donc  lieu  de  considérera  part  le  cas  où  Hi=r(i); 
dans  ce  cas,  toutes  les  substitutions  de  H  (à  part  la  substitu- 
tion i)  contiennent  toutes  les  lettres  qui  entrent  dans  G,  sans 
quoi  on  pourrait  prendre  pour  a  une  des  lettres  qui  font  dé- 
faut; une  seule  substitution  de  H  peut  remplacer  a  par  b. 
Soient,  en  effet,  T  et  U  deux  substitutions  différentes;  rem- 
plaçant a  par  6,  ÏU-'  est  différent  de  i  et  ne  peut  contenir  a; 
d'un  autre  côté,  a  s'échange  avec  toutes  les  autres  lettres,  le 
nombre  des  substitutions  est  alors  égal  à  celui  des  lettres;  il 
en  résulte  que  H  est  une  fois  transitif  (170). 

Si  G  est  deux  fois  transitif,  le  théorème  est  vrai;  on  n'a 
donc  à  considérer  que  le  seul  cas  n  >  2.  Si  H  contenait  une 

substitution 

S  =  {ahc. ..){...), 


262  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

il  coiiliendrait  une  autre  substitution  remplaçant  a  par  b 

Si=  {abd  ...)(...). 

car  si  G  est  plus  de  deux  fois  transitif,  il  existe  une  substitu- 
tion qui  transforme  S  en  Sj.  On  voit  donc  que  les  cycles  de  H 
ne  contiennent  que  deux  lettres,  et  l'on  en  conclut  facilement 
que  l'on  ne  peut  avoir  que  n  :=  3. 

Puisque  les  substitutions  de  H  sont  du  second  ordre, l'ordre 
de  H  est  une  puissance  de  2.  Les  substitutions  de  H  sont  écnan- 
geables,  car  si  S  et  T  sont  deux  de  ces  substitutions,  on  a 

(ST)(ST)  =  i,        d'où        ST  =  TS. 

Le  groupe 

I,     {ab){cd),     (ac){bd),     (ad){bc), 

contenu  dans  le  groupe  général  du  quatrième  ordre,  est  un 
exemple. 

Sur  les  groupes  transitifs  qui  contiennent  d'autres  groupes 
également  transitifs. 

176.  Soit  G  un  groupe  transitif  de  degré  sujjérieur  à  p  qui 
contient  un  groupe  jh  fois  transitif,  A,'permutant  les  lettres  «i, 
«2,  •  •  -,  «p.  Les  substitutions  de  G,  qui  ne  permutent  que  ces 
lettres,  forment  un  groupe  qui  contient  A  et  qui  est  au  moins 
m  fois  transitif,  nous  supposerons  que  ce  groupe  soit  A. 

Soient  b^,  b.,  ...  les  autres  lettres  permutées  par  G;  sup- 
posons que  G  contienne  un  groupe  renfermant  A  et  permu- 
tant les  lettres  «i,  a.,,  .  . .,  a^,  b^.  Ce  groupe  doit  contenir  des 
substitutions  qui  remplacent  b^  par  un  a  et,  par  suite,  des 
substitutions  remplaçant  6,  par  un  a  quelconque.  Une  pareille 
substitution  permet  de  mettre  b^  à  une  place  quelconque;  au 
moyen  des  substitutions  A,  on  peut  mettre  m  des  lettres  a  à 
des  places  quelconques;  le  groupe  est  donc  au  moins  m  +  i 
fois  transitif. 

Ce  groupe  peut  lui-même  être  contenu  dans  un  autre  groupe 
contenu  dans  G,  lequel  déplace  les  lettres  Oi,  a^,  ...,  ap,  b^,  b^ 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  263 

el  est  au  moins  m  +  2  fois  Iransilif.  En  continuant  ainsi,  deux 
cas  pourront  se  présenter  : 

1°  Après  avoir  ajouté  q  lettres  une  à  une,  nous  parvenons 
au  groupe  G  au  moins  m  +  q  fois  transitif; 

2°  Nous  arrivons  à  un  groupe  que  nous  ne  pouvons  plus 
généraliser  de  cette  manière,  parce  qu'il  n'existe  plus  de  sous- 
groupe  contenant  une  lettre  de  plus;  nous  désignerons  main- 
tenant par  A  ce  groupe  m  fois  transitif,  permutant  les  7?  lettres 
rti,  «2,  . . .,  Gp.  G  contient  au  moins  deux  lettres  b,  et  de  telle 
sorte  qu'aucune  de  ses  substitutions  ne  contienne  pas  seule- 
ment une  seule  lettre  b;  car  s'il  contenait  une  semblable 
substitution,  il  existerait  un  sous- groupe  échangeant  seule- 
ment les  a  et  un  b,  ce  qui  est  contraire  à  notre  hypothèse. 

Considérons  maintenant,  parmi  les  substitutions  qui  échan- 
gent un  a  avec  un  b,  sans  changer  tous  les  a  avec  des  b,  une 
substitution  dans  laquelle  les  b  sont  en  nombre  minimum; 
soit  T  celle  substitution,  supposons  qu'elle  remplace  a^  par 
bi,  ai  ne  remplaçant  pas  lui-même  un  b;  nous  supposerons 
qu'elle  remplace  un  b  par  un  autre  b,  qu'elle  remplace,  par 
exemple,  b,.  par  b^;  on  aura 

V^i  Or  a,.   ...  J 

Dans  le  groupe  A,  il  entre  une  substitution  S  qui  échange 
«1  en  a,.;  si  on  la  transforme  parT,  on  obtient  une  substitution 
qui  remplace  61  par  un  a,  dans  laquelle  bg  n'entre  pas  et  qui, 
en  outre,  ne  contient  pas  d'autres  b  que  ceux  qui  entrent 
dans  T.  La  substitution  inverse  remplace  un  a  par  un  b  et  ne 
contient  pas  bs.  Or  cela  est  contraire  à  notre  hypothèse.  On 
a  donc  le  théorème  suivant  : 

Une  substitution  qui  remplace  un  a  par  un  b  et  qui  con- 
tient le  minimum  de  lettres  b  doit  remplacer  chaque  a  par 
un  b,  ou  ne  doit  remplacer  aucun  b  par  un  autre  b. 

Dans  le  premier  cas,  le  nombre  des  lettres  b  doit  être  au 
moins  égal  au  nombre  des  lettres  a. 


204  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

Dans  le  second  cas,  on  a 

\«i  «2  ...  y 

Nous  supposerons  maintenant  A  au  moins  deux  fois  tran- 
sitif. Si  nous  supposons  que  chaque  a  n'est  pas  remplacé 
par  un  b,  a,,  par  exemple  sera  remplacé  par  «^,  où  /•  pourra 
être  égal  à  s.  A  contient  une  substitution  qui  ne  déplace  pas  a^ 
et  qui  remplace  a,,  par  a^_.  Si  on  la  transforme  par  T,  on  ob- 
tient une  substitution  qui  ne  contient  pas  61  et  qui  remplace 
Us  par  6,;  or  cela  est  impossible,  T  doit  donc  remplacer  tout 
a  par  un  b.  Donc  : 

Si  A  est  deux  fois  transitif,  une  substitution  T,  qui  rem- 
place un  a  par  un  b,  doit  remplacer  chaque  a  par  un  b. 

Nous  désignerons  par  b^,  b..,  .  .  .,  bp  les  b  qui,  dans  T,  rem- 
placent les  a  ;  s'il  y  a  plus  de  p  lettres  b,  nous  les  désignerons 
par  c.  En  transformant  A  par  T,  on  obtient  un  groupe  B  des 
lettres  6,  m  fois  transitif. 

11  existe  une  substitution  qui  remplace  «1  parci;  elle  rem- 
place, comme  on  l'a  vu,  tous  les  a  par  des  b  ou  des  c;  si 
parmi  les  lettres  substituées  aux  a  il  se  trouve  des  b,  trans- 
formons cette  substitution  par  T^',  nous  obtiendrons  une 
substitution  qui  remplacera  les  a  en  partie  par  des  a,  en 
partie  par  desc;  or  cela  est  impossible;  donc  toute  sub- 
stitution remplaçant  un  a  par  un  c  doit  remplacer  chaque  a 
par  un  c,  il  y  a  donc  au  moins  p  lettres  c;  on  prouve  aisé- 
ment, comme  plus  haut,  qu'une  substitution  qui  remplace  un 
b  par  un  c  remplace  chaque  b  par  un  c. 

Si  l'on  continue  ainsi,  on  voit  que  les  lettres  de  G  peuvent 
être  réparties  en  systèmes  de  p  lettres  a,  b,  c,  . . .,  avec  les 
indices  i,  2,  3,  , .  .,/j;  les  substitutions  du  groupe  échangent, 
soit  les  lettres  d'un  même  système,  soit  toutes  les  lettres 
d'un  système  avec  toutes  les  lettres  d'un  autre  système. 

Les  groupes  qui  jouissent  de  cette  propriété  sont  dits  impri- 
mitifs. Les  autres  groupes  sont  dits  primitifs.  Les  groupes 
imprimitifs  sont  une  seule  fois  transitifs,  car  ils  ne  peuvent, 
par  exemple,  remplacer  à  la  fois  «1  par  a,  et  a^  par  b^. 


SL'BSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  265 

177.  On  a  supposé  le  groupe  A  au  moins  deux  fois  transi- 
tif; s'il  était  seulement  une  fois  transitif,  la  substitution  T, 
qui  contient  le  plus  petit  nombre  de  lettres  b  peut  échanger 
les  lettres  a  en  partie  par  des  lettres  a,  en  partie  par  des 
lettres  b. 

Nous  désignerons  les  a,  qui  sont  remplacés  par  des  b,  par 
«1,  a,,  . . .;  les  autres  seront  désignés  par  a.  On  a  alors 
'bi   b-2   ...    a,    .  .  .  \ 


T  = 

\rtl    «2 

011  «2  pourra  être  un  a. 

A  contient  une  substitution  Si  qui  remplace  «,  par  a..; 
supposons  qu'elle  remplace  un  a  par  un  a;  transformons 
cette  substitution  par  T,  on  obtient  une  substitution  dont 
l'inverse  remplace  un  a  par  un  b  et  63  par  ô,;  or  c'est  impos- 
sible :  donc  toute  substitution  de  A,  qui  remplace  un  a  par 
un  a,  remplace  tout  a  par  un  a;  nous  pouvons  continuer  ce 
raisonnement  comme  plus  haut  et  montrer  que  A  est  impri- 
mitif. On  peut  donc  énoncer  le  théorème  suivant  : 

Un  groupe  transitif  de  p-]-q  lettres,  qui  contient  un  groupe 
de  p  lettres  qui  est  m  fois  transitif,  et  qui  ne  contient  pas  de 
groupe  imprimitif  de  p  lettres,  est  imprimitif  ou  au  moins 
m  -\-  q  fois  transitif. 

Deux  cas  particuliers  sont  à  remarquer. 

JJn  groupe  transitif  du  degré  n  qui  contient  une  substitu- 
tion circulaire  d'ordre  p,  p  désignant  un  nombre  premier 
>  -  «,  est  au  moins  {n  —  p  -r- 1)  transitif. 

La   substitution   circulaire  et  ses  puissances  forment  un 
•groupe  d'ordre/»  qui  ne  peut  être  imprimitif,  et  ni/>,  ni  au- 
cun nombre  plus   grand  que  p  et  plus  petit  que  n  ne  peut 
diviser  n,  de  sorte  que  le  groupe  considéré  ne  peut  être 
imprimitif. 

Un  groupe  transitif  qui  contient  un  sous-groupe  alterné 
est  imprimitif  ou  contient  le  groupe  alterné  formé  avec 
toutes  les  lettres. 


266  QUATUlfcME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

Car  un  groupe  de  degré  n  ne  peut  être  au  moins  n~  i  fois 
transitif  que  dans  le  cas  où  il  est  le  groupe  alterné  ou  le 
groupe  général. 

178.  Ordre  des  groupes  imprùnilifs.  —  Dans  un  groupe  G 
imprimilif  d'ordre  mp  les  substitutions  des  lettres  «i,  a.^,  . . ., 
«/>;  by,  b.^,  . . .,  b,,;  c^,  C.2,  . . .,  Cp-,  .  . .  ne  peuvent  remplacer 
que  des  lettres  d'un  même  système  par  des  lettres  d'un  même 
système.  Soient  Tj  et  Tj  deux  substitutions  qui  permutent  les 
lettres  de  la  même  manière,  abstraction  faite  des  indices,  et 
Si,  Sa,  ...  les  substitutions  qui  n'opèrent  que  sur  les  indices. 
La  substitution  T^Tj^  appartient  alors  à  la  série  des  substi- 
tutions S;  dans  la  suite 

Ti,     S,T,,     S2T1,     ... 

se  trouvent  toutes  les  substitutions  de  G  qui,  sans  avoir  égard 
aux  indices,  échangent  les  mêmes  lettres  de  la  même  façon. 

Soit 

Ui  =  {abc.  .  .)  {de.  .  .  ) 

une  substitution  dont  les  lettres  sont  échangées  de  la  même 
façon. 

A  l'aide  d'une  autre  substitution  de  G,  qui  n'appartient  ni  à 
la  série  S,  ni  à  la  série  Sïi,  formons  la  série 

T,,     SiT,,     S2T2.     ..., 

caractérisée  par  la  substitution  U.,  et  ainsi  de  suite. 

Les  substitutions  U  forment  un  groupe,  car  si  TaTp  entre 
dans  la  suite  qui  commence  par  Ty,  on  a 

UaUp  =  Uy. 

L'ordre  de  G  est  donc  un  diviseur  de 

•    m\{p\)'n, 

car  G  est  contenu  dans  le  groupe  imprimitif  pour  lequel  le 
groupe  U  est  le  groupe  général  d'ordre  m\  et  S,,  S2,  ...  et 
leurs  produits  sont  donnés  par  les  groupes  généraux  que 
l'on  peut  former  avec  les  m  systèmes  de  lettres. 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  267 

Un  groupe  H  est  isomorphe  avec  un  groupe  K,  quand  à 
chaque  substitution  de  K  correspond  une  substitution  de  H 
et  à  chaque  substitution  de  H  une  ou  plusieurs  substitutions 
de  K,  le  produit  de  deux  substitutions  de  K  correspondant  au 
produit  des  substitutions  correspondantes  de  H. 

De  cette  définition  et  de  ce  qui  précède,  il  résulte  que  le 
groupe  U  est  isomorphe  avec  G. 

Exemple.  —  Si  l'on  prend 

on  peut  former  le  grouiie  du  quatrième  degré  et  du  huitième 

ordre 

1,     (oiao),     {fnbi).     {aia.2){ùilj2), 

(ciibiaibi),     (aibi){o.,h.),     {aj>i){a.bi),     {.nJ)iaJ)i)\ 
ce  groupe  est  imprimitif  et  isomorphe  avec  i,  [ah). 

Groupe  d'une  fonction  et  nombre  des  valeurs  qu'elle  peut  acquérir. 

179.  Les  substitutions  que  Von  peut  faire  subir  aux  lettres 
dont  dépend  une  fonction,  sans  altérer  la  valeur  de  cette 
fonction,  forment  un  groupe. 

En  effet,  si  une  fonction  reste  inaltérée  quand  on  opère 
avec  la  substitution  S  ou  avec  la  substitution  T,  il  est  clair 
qu'elle  ne  changera  pas  non  plus  quand  on  effectuera  la  sub- 
stitution ST;  celle-ci  fait  donc  partie  des  substitutions  qui 
n'altèrent  pas  la  fonction,  qui  par  suite  forment  un  groupe. 
Ce  groupe  s'appelle  le  groupe  de  la  fonction  et  l'on  dit  que  la 
fonction  admet  les  substitutions  du  groupe.  Si  la  fonction 
par  exemple  est  symétrique,  son  groupe  sera  le  groupe  géné- 
ral; si  elle  est  alternée,  son  groupe  sera  le  groupe  alterné.  Le 
groupe  du  huitième  ordre  et  du  quatrième  degré  consi- 
déré (178)  appartient  aux  fonctions  («i  est  remplacé  par 
x^,  etc.,  . .  .) 

(jCi-}-X2)  (^3-1- ^i),     XiX-i^XiXi,,     {xi—X'i^Xz — x^y,      .... 

Soit  maintenant  g  l'ordre  d'un  groupe  d'une  fonction,  qui  se 


208  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

compose  des  substitutions 

I,   s„   s,,    ...,   s.-,. 

Le  groupe  général,  si  le  nombre  des  lettres  est  n,  pourra 
être  représenté  par  les  —  séries  de  substitutions 

et  comme  les  substitutions  S  ne  changent  pas  la  fonction 
considérée,  toutes  les  substitutions  de  la  série  feront  acqué- 
rir à  la  fonction  la  même  valeur  que  T^. 

On  oJ)Lient  donc  le  nombre  des  valeurs  distinctes  que  peut 
acquérir  une  fonction  de  n  lettres  en  divisant  ni  par  l'ordre 
du  groupe  de  la  fonction. 

Exemple.  —  Les  trois  valeurs 

pourront  se  déduire  de  la  première  au  moyen  des  substitu- 
tions 

I,     (-^2.^3),     {x.x.,). 

Le  groupe  de  la  fonction  se  compose  de  huit  substitutions; 
si  on  les  multiplie  par  les  trois  précédentes,  on  obtient  les 
vingt-quatre  substitutions  du  groupe  général.  La  somme  et 
le  produit  des  trois  fonctions  considérées  ne  sont  altérés  par 
aucune  des  vingt-quatre  substitutions  en  question,  elles  sont 
symétriques. 

180.  On  peut  toujours  former  une  fonction  admettant  un 
groupe  donné;  on  peut,  par  exemple,  former  une  fonction/ 
dont  toutes  les  valeurs  sont  distinctes; 

J  =.aiJ"i-4-a2"K--2  — •  •  . 

oi^i  a,,  a,,  ...  sont  des  nombres  différents,  est  dans  ce  cas; 
si  l'on  désigne  par/i,  /o,  ...  les  valeurs  que  prend/  parles 
substitutions  du  groupe  donné 

-  =  (^— ri)(2-j2)..-, 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  269 

OÙ  a  est  indéterminé,  est  inaltérée  par  les  substitutions  du 
groupe  et  variable  pour  toute  autre  substitution. 

181.  Si  le  groupe  de  la  fonction  y^  est  G  et  si  la  substitu- 
tion T  transforme  jo  ^'^  J'i>  le  groupe  transformé  de  G  par  T 
appartiendra  à  y. 

Soit,  en  effet,  S  une  substitution  de  G.  S  ne  cliange  pasjo; 
TST-^  ne  changera  pas/,;  car  on  a 

Tjo=„Vi         ou         T-iji  =jo; 
ainsi 

TST-h-,  =  TSjo  =  Tjo=Ji. 

Lorsque  G  est  permutable  avec  T,  le  groupe  transformé 
coïncide  avec  G,  de  sorte  que  le  groupe  appartient  aussi  àji- 
On  voit  ainsi  que  si  le  groupe  G  appartient  à  y„,  il  appar- 
tient aussi  auœ  fonctions  transformées  de  jo  />«/"  ^^^  substitu- 
tions permutables  avec  G. 

Indice  d'un  groupe. 

182.  On  appelle  indice  d'un  groupe,  le  quotient  obtenu  en 
divisant  l'ordre  du  groupe  général  par  l'ordre  de  ce  groupe. 

Considérons  une  fonction  qui  ne  soit  pas  altérée  par  toutes 
les  substitutions  d'un  groupe,  mais  qui  soit  altérée  par  toutes 
les  autres,  le  nombre  des  valeurs  distinctes  de  cette  fonc- 
tion, d'après  ce  que  l'on  a  vu  (179),  sera  égal  à  l'indice  du 
groupe.  L'indice  du  groupe  général  est  i,  celui  du  groupe 
alterné  est  2. 

On  a  vu  (170)  que  l'ordre  d'un  groupe  intransitif  de  n 
lettres  était  un  diviseur  de  a  !  [3  !..  .  où  a  +  (3  + ...  ^:  /i.  L'in- 
dice de  ce  groupe  est  alors  un  multiple  de 


L'ordre  d'un  groupe  imprimitif  est  (178)  un  diviseur  de 

m\{p\)"', 


270  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

quand  le  groupe  contient  m  systèmes  de /)  lettres.  La  plus 
petite  valeur  que  puisse  prendre  l'indice  i  est  donc 

mp(inp  —  i)...(m-i-i) 
~  î.i.  .  .p.-i.3.  .  .p.  .  .i.i.p' 

le  numérateur  et  le  dénominateur  contenant  le  même  nombre 
de  facteurs.  Pour  «  =  4,  on  obtient  le  groupe  de  l'exemple 
178  dont  l'indice  est  3.  Pour  n  =  6,  le  plus  petit  indice  est  10, 
pour  n=zS  il  est  35  et  il  croît  rapidement.  On  peut  prouver 
que  cet  indice  pour  n  >  4  est  supérieur  à  n,  bien  que  ce  fait 
soit  presque  évident. 

183.  Nous  allons  encore  considérer  un  groupe  primitif  qui 
ne  contient  pas  de  groupe  alterné.  Soient /?,, /?2,  ••  •  des 
nombres  premiers  distincts  dont  la  somme  ne  soit  supérieure 
au  nombre  n  des  lettres;  avec/?i  lettres  formons  une  substi- 
tution circulaire  non  contenue  dans  le  groupe;  les  substitu- 
tions circulaires  de  /?,  des  lettres  restantes  ne  pourront  pas 
toutes  entrer  dans  le  groupe;  prenons  une  de  celles  qui  n'y 
entrent  pas  et  continuons  de  cette  façon  autant  que  possible; 
soit  T  la  substitution  d'ordre  P1P2  ■  •  ■  obtenue  en  faisant  le 
produit  de  ces  substitutions  circulaires. 

Le  groupe  ne  peut  contenir  ni  T  ni  ses  puissances,  car  parmi 
les  puissances  d'une  telle  substitution  se  trouve  au  moins  une 
des  substitutions  circulaires  qui  n'entrent  pas  dans  le  groupe. 

Soient  alors  r,  S,,  S,,  ...  les  substitutions  du  groupe  con- 
sidéré, ^leur  nombre;  formons  toutes  les  substitutions  telles 
queT'^Sp;  elles  sont  toutes  diiïérentes  et  leur  nombre  est 
IPiP-2  •  •   '  ce  nombre  est  au  plus  égal  k  ni;  donc 

7  = ;  i  =  ^piP',. . . 

II  en  résulte  que  Vindice  du  groupe  ne  peut  être  inférieur  au 
produit  des  nombres  premiers  dont  la  somme  ne  dépasse  pas  n. 

iSk.  Supposons  que  les  nombres  premiers  employés  soient 
Pi,  Pi,  . . .,  prj,;  alors 


SUBSTITUTIONS    COXJUGUÉES    OU    GROUPES.  27 1 

mais  po  désignant  un  nouveau  nombre  premier  quelconque 

Pi-^ Pi  +  ■  ■  ■—  Pa-^ P^>  >t, 
le  nombre 

/^a  désignant  le  plus  grand  de  ces  nombres  premiers  ou  celui 
qui  en  approche  le  plus  n'est  pas  divisible  par  un  des  nom- 
bres /?,,  />2,  ■  ■  ■,  Pa]  c'est  donc  un  nombre  premier  ou  un  pro- 
duit de  nombres  premiers  différents  de  ceux-ci  :  /j»o  peut  donc 
être  pris  inférieur  ou  égal  à  ce  produit;  alors 

Pl  +  P-2-^---^  POL-I  -^PlPi-  ■■  POL-I   >  " 

OU 

i^PiPi  ■  •  •  P'x-iP'x  >  -Pa"- 

De  celte  manière,  on  voit  qu'il  n'existe  qu'un  seul  groupe 
d'indice  plus  grand  que  2  et  moindre  que  n,  à  savoir  pour 
ti  =  4.  Parmi  les  groupes  de  n  lettres  dont  l'indice  est  n  se 
trouve  le  groupe  général  de  n  —  i  lettres.  Ce  groupe  appar- 
tient aux  fonctions  de  n  lettres  symétriques  par  rapport  à 
n  —  I  d'entre  elles.  Si  l'on  prend  pour  les  nombres  premiers 
/?,,  p,_,  . . .,  les  nombres  2,  3,  5,  .  .  .,  on  voit  qu'un  groupe 
d'indice  n  n'est  possible  que  pour 

//<io(=2-f-3-i-5); 
et  comme 

9  =  7  -f-  2,  s  =  3  -t-  j,  7  =  2  -^-  5,  5  =  2  -f-  3, 

il  reste  à  considérer  les  cas  où  «  =  4  et  n  =6  .  On  voit  faci- 
lement que,  pour  «  =  4,  il  n'y  a  pas  de  groupe  transitif  d'in- 
dice 4;  pour  «^  6,  il  y  a  un  groupe  d'indice  6  trois  fois  tran- 
sitif appartenant  aux  fonctions  de  six  lettres  possédant  six 
valeurs  sans  être  symétriques  par  rapporta  cinq  d'entre  elles; 
on  obtient  une  pareille  fonction  en  multipliant  entre  elles  les 
expressions 

ab  -H  cd  -h  ef,     ac  -H  be  -^  fd,     ad  -t-  bf-+-  ce, 
ae  -\-  bd  -h  fc,     af-h  bc  -\-  éd. 


272  QUATRIÈMK    PARTIE.    —    CHAPITliE    II. 

//  eut  donc  impossible  de  trouver  une  fonction  de  n  lettres 
possédant  plus  de  deux  et  moins  de  n  valeurs,  excepté  si 
n  ^  [\.  Il  est  impossible  de  trouver  une  fonction  de  n  lettres 
ayant  n  i^aleurs,  si  elle  n'est  pas  symétrique  par  rapport  à 
n  —  I  lettres,  excepté  pour  n  ■=-.  6. 

Des  substitutions  linéaires. 

185.  Considérons  une  substitution  formée  avec  les  lettres 
«0,  «1,  ...,  a„_i;  si,  dans  une  transformation  d'indices,  l'un 
d'eux  devenait  supérieur  à  n  —  i,  il  faudrait  sous-enlendre 
qu'il  doit  être  remplacé  par  le  reste  de  sa  division  par  n; 
OL,  n  -V-  a,  in-\-  a,  . . .  seront  donc  considérés  comme  repré- 
sentant le  môme  indice.  Représentons  par  le  symbole 


^'f) 


la  substitution  qui  remplace  la  lettre  qui  porte  l'indice  z  en 
général  par  une  autre  portant  l'indice  F(c).  La  fonction  F(-) 
devra  être  telle  que,  pour  >■:  =  o,  1,2,  ...,«  —  i,  elle  prenne 
à  l'ordre  près  ces  mêmes  valeurs. 

Nous   considérerons   en    particulier    les   substitutions    li- 
néaires 

F  (z)  =  a:^  -\-  b  remplira  la  condition  dont  nous  venons  de 
parler,  si  b  désigne  un  nombre  entier  quelconque  et  si  a  est 
un  nombre  premier  avec  n,  car  on  obtient  des  restes  tous  dif- 
férents en  divisant  az-^  b  par  n  et  en  attribuant  à  z  les  va- 
leurs 0,  I,  2,  . . .,  «  —  I. 

Les  substitutions  circulaires  sont  un  cas  particulier  des 
substitutions  linéaires;  par  exemple,  si 

-(=:■>  -cr>  -cr>  •■■' 


SUBSTITUTIONS   CONJUGUÉES   OU   GROUPES.  278 

Le  nombre  des  substitutions  linéaires  de  n  lettres  est  no{n), 
9(/0  désignant  le  nombre  des  entiers  premiers  avec  n  et  in- 
férieurs à  n;  a  peut,  en  effet,  recevoir  9(«)  valeurs  et  b  peut 
en  recevoir  n.  Les  substitutions  linéaires  forment  un  groupe, 
car 

'cz-^d\  f  az -{- h\         / ac z  -\-  ad -\-  b' 


Ce  groupe  est  celui  qui  a  été  considéré  (162),  car  si  l'on  trans- 
forme 

(ao«i«2  •  ••) 
par 


on  obtient  une  substitution  dans  laquelle  la  série  des  indices 
est 

b,     a-h  b,     -ia-^  b,      . . ., 

la  substitution  considérée  est  donc  transformée  en  sa  puis- 
sance a. 

D'après  ce  qui  précède,  on  voit  que  toutes  les  substitutions 
du  groupe  linéaire  peuvent  s'obtenir  en  combinant  par  mul- 
tiplication deux  substitutions 


où  a  est  racine  primitive  de  j;?''^'  =  i. 

186.  Si  n  est  égal  à  un  nombre  premier  p,  l'ordre  du 
groupe  linéaire  est  p{p  —  i),  et  il  n'y  a  pas  d'autre  groupe 
de  p  lettres  qui  soit  du  même  ordre. 

En  vertu  du  théorème  de  Cauchy  (168),  un  groupe  d'ordre 
p{p  —  i)  doit  contenir  une  substitution  circulaire  d'ordre  p; 

soient 

I,    S,    S2,    ...,    s/^-i 

les  puissances  successives  de  cette  substitution  et  ï  une 
autre  substitution  du  groupe;  toutes  les  substitutions  delà 
forme 

P.  i8 


274  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    II. 

ne  peuvent  être  différentes,  car  leur  nombre  est  jf-;  on  doit 
donc  avoir,  pour  des  valeurs  convenables  des  exposants, 

OU 

d'où  l'on  tire,  en  élevant  les  deux  membres  à  une  puissance 
convenable, 

TST->  =  S'". 

T  transforme  donc  les  substitutions  S  en  leurs  puissances,  et 
ces  substitutions  forment,  comme  on  l'a  vu,  le  groupe  li- 
néaire. 

187.  La  notion  de  substitution  linéaire  est  susceptible  d'ex- 
tension, et  l'on  peut  concevoir  des  fonctions  linéaires  frac- 
tionnaires en  posant 

az    -h  h 


F(z) 


ciiz-  -h  bi 


Lorsque  F(5)  =  q,  il  faut  supposer  que  q  est  donné  par  l'équa- 
tion indéterminée 

az  ^  b  =  q{aiz  —  bi)->v- py 

(on  suppose  n  égal  à  un  nombre  premier  p).  Si  une  valeur 
de 5  rend  le  dénominateur  «i^  -+-  b^  multiple  de/»,  on  a  ^=cc, 
une  lettre  devra  alors  porter  l'indice  oo,  et  on  a  les  ^  -h  i 
lettres 

«u,     Ci,      ....     «/^-i,     a^. 

La  lettre  qui  porte  l'indice  ce  sera  remplacée  par  celle  qui 
porte  l'indice  a  donné  par  la  formule 


PX 


Ces  substitutions  forment  un  groupe  d'ordre  {p  —  i)p{p  +  i). 
Nous  n'en  dirons  pas  davantage  sur  ce  sujet. 

On  a  étendu  ces  notions  en  considérant  des  lettres  avec 


SUBSTITUTIONS    CONJUGUÉES    OU    GROUPES.  275 

plusieurs  indices,  par  exemple  x  et  j.  Ainsi  le  symbole 

,     ax  -^  Of  \ 

bj,     aix-i-bij 
J 

représente  une  substitution  qui  remplace  .v  et/  parax  -\-  by^ 
a^x  +  b^y;  comme  plus  haut,  les  indices  doivent  être  censés 
remplacés  par  le  reste  de  leur  division  par  un  nombre  donné. 
Ces  considérations  trouvent  leur  application  quand  le  nombre 
des  lettres  est  la  puissance  d'un  nombre  premier.  Quand  le 
nombre  donné  (module)  est  yo,  a^y^  représente  un  ensemble 
de  p^  lettres. 

Ordinairement,  on  appelle  groupe  linéaire  le  groupe  gé- 
néral d'ordre  no{n)  dont  nous  avons  parlé;  mais  on  com- 
prend aussi  sous  cette  dénomination  d'autres  groupes  conte- 
nus dans  ce  groupe  et  transitifs  ;  leurs  ordres  sont  de  la  forme 
an,  Cf.  désignant  un  diviseur  de  9(/0' 


276  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    III. 


CHAFITRE  III. 

THÉORIE    DE    GALOIS. 


Groupe  d'une  équation. 

188.  Une  équalion  irréductible  peut  devenir  réductible  si 
l'on  suppose  certaines  irrationnelles  données  et  pouvant  en- 
trer dans  les  coefficients.  Ainsi,  par  exemple,  l'équation 

est  irréductible,  mais  elle  devient  réductible  si  l'on  se  permet 
d'employer  l'irrationnelle  v^S;  elle  se  réduit  alors  aux  équa- 
tions 

X  —  2  -H  V' ^  =  o         et         X  —  2  —  y/j  =  o  ; 

quand  on  se  permet  ainsi  d'employer  dans  les  calculs  cer- 
taines expressions,  on  dit  que  ces  expressions  sont  adjointes. 
L'équation  considérée  est  réductible  quand  on  adjoint  y/S; 

elle  reste  irréductible  quand  on  adjoint  \/5,  ^7, Toute 

équation  devient  réductible  en  adjoignant  une  ou  plusieurs 
de  ses  racines. 

Dans  la  suite,  nous  supposerons  l'adjonction  de  certaines 
irrationnelles,  et  ces  irrationnelles  pourront  alors  entrer, 
sous  forme  rationnelle,  dans  les  coefficients  des  équations 
que  nous  aurons  à  considérer. 

Galois  a  montré  qu'à  toute  équation  correspondait  un  cer- 
tain groupe  de  substitutions  servant  à  la  caractériser,  ou 
plus  exactement,  servant  à  caraciéi'iser  une  classe  d'équa- 
tions. Quand  on  connaît  certaines  propriétés  des  racines,  on 


THÉORIE    DE    GALOIS.  277 

peut  les  Utiliser  pour  découvrir  le  groupe  de  l'équation  el, 
inversement,  quand  on  connaît  le  groupe  de  l'équation,  il  en 
résulte  certaines  propriétés  communes  à  toutes  les  équations 
de  la  classe  à  laquelle  appartient  ce  groupe;  nous  allons 
maintenant  montrer  comment  on  parvient  à  la  notion  du 
groupe. 

189.  Nous  nous  donnerons  l'équation  réductible  ou  irré- 
ductible du  degré  n 

(0  /(•^)  =  o, 

dont  nous  supposerons  les  racines  toutes  inégales 


Considérons  une  fonction  des  racines  qui  prenne  des  valeurs 
toutes  distinctes  quand  on  y  permute  ces  racines;  une  pa- 
reille fonction  a  n  1  valeurs,  qui  sont  racines  d'une  équation 
de  degré  n\  sans  racines  égales.  Nous  pouvons,  par  exemple, 
prendre  cette  fonction  égale  à 

(2)  ji  =  3t,.r, -i- aoJTo^-- • -^  ^«•^«> 

a,,  C/..2,  . . .,  a,j  étant  choisis  de  telle  sorte  que  toutes  les  va- 
leurs de  j  soient  distinctes. 

L'équation  du  degré  n\  qui  détermine  les  valeurs  de  / 
peut  être  réductible;  décomposons-la  en  d'autres  irréduc- 
tibles et  désignons  l'une  d'elles  (la  résolvante)  par 

(3)  F(j)  =  o. 

Supposons-la  de  degré  m. 

Soient  y\,  y^_,  . . .,  /,„  ses  racines.  On  a  vu  (74)  que  chacune 
de  ces  racines  pouvait  s'exprimer  rationnellement  en  fonc- 
tion de  l'une  d'entre  elles;  on  a  vu  aussi  (73)  que  toute  ra- 
cine de  (i)  pouvait  s'exprimer  rationnellement  au  moyen 
d'une  quelconque  des  racines  de  (3). 

On  peut  donc  représenter  les  racines  de  (i)  sous  la  forme 

(4)  ^i(ri),    ^'2(71).    •••,    ^«(/i), 


278  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    III. 

W^,  W,,  .  .  .,  ^n  désignant  des  fonctions  rationnelles.  Dési- 
gnons par  Al  la  permutation  (4)  des  racines  représentées  par 
cette  série;  si  l'on  change  ji  en  y,,,  Ai  se  changera  en  une 
autre  permutation  A^-  des  racines  a^i,  x^,  . . .,  à  savoir  celle 
qu'on  obtient  au  moyen  de  la  substitution  qui  change /i  en 
jk  (75).  On  obtient  ainsi  m  permutations  des  lettres  Xi, 
Xo,  .  . . ,  x„,  à  savoir 

(5)  A,,    A2,     ...,     A,n. 

qui  se  déduisent  de  Ai  au  moyen  des  substitutions 

(6)  I,     S,,     S,;     ....     S,„_i. 

Nous  allons  prouver  que  ces  substitutions  forment  un  groupe. 

On  a,  en  effet, 

/A=6(j,), 

0  désignant  une  fonction  rationnelle  déterminée.  La  série  A^ 
ou  S/,_iAi  pourra  se  mettre  alors  sous  la  forme 

T,Oj„     V^eji,     ....     T„Oji 

[en  écrivant  5/i  au  lieu  de  ô(/,  ) . .  .  ]  et,  en  opérant  avec  la 
substitution  S^-i,  on  obtiendra  pour  la  série  des  S^-iS^-iA, 

^l'iV.,     ^'^Oj,.      ....     T„0/,; 

car  l'effet  de  la  substitution  S^_i  est  de  remplacer  l'i  par  y^. 

Si  la  suite  de  ces  racines  coïncide  avec  une  des  suites  A, 
le  produit  S^_i  S/,._i  se  trouvera  dans  la  suite  (6),  et  les  sub- 
stitutions de  cette  suite  formeront  un  groupe. 

Puisque  9{yi)=yk  est  une  racine  de  l'équation  irréduc- 
tible (3),  il  faut  que  l'équation  du  degré  m  dont  les  racines 
sont  9{yi),  9{y^_),  . . .,  9(j,„)  coïncide  avec  (3),  et  l'on  doit 
avoir,  par  exemple, 

0(r,/)  =  r,.; 

la  série  précédente  coïncide  alors  avec  la  série  A'. 

Il  est  donc  prouvé  que  les  m  substitutions  (6)  forment  un 
groupe.  Ce  groupe  a  été  désigné  par  Galois  sous  le  nom  de 
groupe  de  l'équation;  nous  le  désignerons  par  G. 


THÉORIE    DE   GALOIS.  279 


Propriétés  du  groupe  d'une  équation, 

190.  Toute  fonction  rationnelle  U  des  racines  dont  la  va- 
leur numérique  n'est  pas  altérée  par  les  substitutions  du 
groupe  G  peut  s'exprimer  rationnellement  au  moyen  des 
quantités  connues. 

La  fonction  U  peut  s'exprimer  rationnellement  au  moyen 
d'une  des  racines  de  (3),  par  exemple  /i,  de  telle  sorte  que 
l'on  a 

<p  désignant  une  fonction  rationnelle.  Comme  les  substitu- 
tions de  G  n'altèrent  pas  la  valeur  de  U  et  que  leur  effet  est  de 
permuter  ji  avec  y 2,  73,  ...,/„,»  on  a  aussi 

U  =  cp(j,)  =  ?(j3)-...  =  <F0;«), 

et,  par  suite, 

U  -  ;)-^  [  'f  (Ji  )  -^  ?  (  Kî  )  ^  .  .  .  -H  cp  {y,n  )]. 

U  s'exprime  ainsi  comme  fonction  symétrique  des  racines 
de  (3)  et,  par  suite,  peut  s'obtenir  au  moyen  des  quantités 
connues. 

191.  Une  fonction  rationnelle  des  racines  qui  peut  s'' expri- 
mer rationnellement  au  moyen  des  quantités  connues  reste 
numériquement  inaltérée  par  les  substitutions  du  groupe  G. 

Soit  B  la  valeur  donnée  de  la  fonction;  en  exprimant  toutes 
les  racines  qui  entrent  dans  B  au  moyen  de /i,  on  a 

9(ji)=B, 

cp  désignant  une  fonction  rationnelle;  ji  est  donc  une  racine 
de 

qui  doit,  par  suite,  admettre  les  autres  racines /2>j3»  •  •  •>//«; 
on  a  donc 

?(J2)  =  B,        ?0'3)-B,         ...,        o(/,„)  =  B, 


28o  QUATRIÈME   PARTIE.    —    CHAPITRE  III. 

si  bien  que  la  fonction  conserve  la  valeur  B  quand  on  effectue 
les  substitutions  de  G. 

Ce  théorème  est  encore  vrai  et  la  démonstration  conserve 
toute  sa  force  quand  B  est  irrationnel,  pourvu  que  l'adjonc- 
tion des  irrationnelles  contenues  dans  B  n'empêche  pas  (3) 
d'être  irréductible. 

192.  //  n'y  a  que  les  substitutions  du  groupe  G  qui  laissent 
invariables  toutes  les  fonctions  rationnelles  des  racines. 

Considérons,  en  effet,  la  fonction 

(a  —  Ji  )  (a  — j2  ). .  .  (a  —  Y,n) 

où  a  est  indéterminé;  on  voit  facilement  que  celte  fonction, 
dont  la  valeur  est  rationnelle,  ne  resie  inaltérée  que  par  les 
substitutions  permutant  y\,  j.,,  ...,  y,„,  c'est-à-dire  parles 
substitutions  du  groupe  G.  Une  équation  ne  peut  donc  avoir 
qu'un  seul  groupe;  on  doit  donc  trouver  le  même  groupe 
quelle  que  soit  l'équation  analogue  à  (3)  dont  on  fait  usage. 
Ces  équations  par  suite  sont  de  même  degré. 

193.  Si  deux  fonctions  rationnelles  des  racines,  cp  e^  (|i  sont 
égales,  elles  ne  cessent  pas  de  l'être  après  avoir  effectué  une 
substitution  du  groupe  G. 

Car  leur  différence  est  rationnelle;  elle  doit  donc  toujours 
conserver  sa  valeur  nulle  après  que  l'on  a  effectué  les  substi- 
tutions du  groupe. 

194.  Le  groupe  G  est  transitif  ou  intransitif,  suivant  que 
l'équation  est  ii-réductible  ou  non. 

Si  le  groupe  est  intransilif  il  échange  quelques  racines 
entre  elles  sans  les  échanger  avec  les  autres;  il  ne  change 
donc  pas  une  fonction  symétrique  quelconque  de  ces  racines; 
une  semblable  fonction  peut  donc  s'exprimer  rationnellement, 
et  ces  racines  seront  les  racines  d'une  équation  à  coefficients 
rationnels;  l'équation  proposée  est  donc  réductible. 


THÉORIE    DE    GALOIS.  281 

D'un  autre  côté,  si  l'équalion  est  réductible,  on  doit  avoir, 
pour  des  racines  déterminées, 

(a  — .ri)(a  — .r.,)...(a-.rp)  =  K, 

OÙ  a  est  indéterminé  et  K  rationnel;  ce  produit  ne  conserve 
sa  valeur  que  si  l'on  permute  ensemble  aci,  œ.,,  . . .,  Xp,  ou  si 
l'on  permute  d'autres  racines  entre  elles.  G  ne  peut  donc 
contenir  que  des  substitutions  produisant  ces  permutations, 
il  est  donc  intransilif. 

Si  l'on  ne  garde,  parmi  les  substitutions  de  G,  que  les  cycles 
qui  contiennent  x^,  x^,  ...,  x,,,  on  obtient  un  groupe  Gi- 
Une  fonction  de  ces  racines,  qui  reste  inaltérée  par  les  per- 
mutations de  G,,  mais  qui  est  altérée  par  toutes  les  autres 
qui  permutent  x^,  x.y,  . . .,  Xp,  est  rationnelle,  car  elle  n'est 
pas  altérée  par  les  substitutions  de  G.  Gi  est  donc  le  groupe 
de  l'équation  qui  a  pour  racines  xi,  x^,  . . .,  Xp. 

195.  La  résulta/ite provenant  de  l'élimination  dey  entre 

y'" -+-  ai/'"-i -h. .  .-¥-  a„i  =  o 
et 

?o(/).r«-^?lO').r«-»-^...^-<f„(/), 

où  «1,  «2»  •  •  •  ^ont  rationnels  et  Oq,  o,,  ...  sont  des  fondions 
rationnelles,  a  son  groupe  impriniitif,  et  réciproquement 
toute  équation  dont  le  groupe  est  imprimitif  provient  d'une 
semblable  élimination. 

Soient /i,  y.^,  . . .,  /,„  les  racines  de  la  première  équation, 
soient  Xr^^,  x^^,  •  •  ■■,  ^pn  les  racines  de  la  seconde  quand  on 
y  remplace/ par  yp;  soit  Pp  une  fonction  symétrique  arbi- 
traire de  ces  n  racines;  la  fonction 

A  =  {cc  —  Vi){<X  —  i>,)...(ct.  —  V,n), 

où  a  est  indéterminé,  est  alors  une  fonction  symétrique  de 
ji,  j',,  . .  .,j',n  et  peut  s'exprimer  rationnellement.  Le  groupe 
chercbé  ne  peut  contenir  que  des  substitutions  laissant  A 
invariable,  c'est-à-dire  laissant  Cj,  r,,  ...,  (',«  invariables  ou 


282  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITHE    III. 

les  permutant  entre  eux.  Ces  substitutions  échangent  ainsi 
les  n  racines  du  système 

.rpi,     .rp2,      .  .  . .     Xpri, 

contre  les  n  racines  du  même  ou  d'un  autre  système;  le 
groupe  est  donc  imprimitif. 

D'un  autre  côté,  soit  G  le  groupe  imprimitif  d'une  équation 
contenant  les  m  systèmes  de  lettres 

.rpi,     .rp2,      ....     .rp,;, 
pour  p  =  I,  2,  .  .  .,  ?n.  Posons 

^'p=(?-.^pi)(13-.rp.2:)...(?-.rp„) 

et 

A  =  fa  —  (•!)(«  —  i',).  .  .(a  —  v,n), 

où  OC  et  ;3  sont  indéterminés.  A  reste  inaltéré  par  les  substi- 
tutions qui  remplacent  des  lettres  d'un  môme  système  par 
des  lettres  d'un  même  système.  A  reste  donc  invariable  par  les 
substitutions  du  groupe  et  peut  s'exprimer  rationnellement. 
A  l'aide  de  A  on  pourra  trouver  toutes  les  fonctions  symé- 
triques de  p,,  ('2,  . . .,  v,„  sous  forme  rationnelle;  c,  ayant  les 
valeurs  c,,  r,,  . .  .,  v,^,  sera  ainsi  déterminé  par  une  équation 
de  degré  m  à  coefficients  rationnels;  quand  Cp  sera  connu,  JCr, 
sera  déterminé  d'une  manière  analogue  par  une  équation 
de  desré  n  dont  les  coefficients  seront  des  fonctions  ration- 


Réduction  du  groupe  au  moyen  de  quantités  adjointes. 

196.  L'ordre  de  G  est  le  degré  de  l'équation  irréductible 
en  r;  si  l'on  adjoint  de  nouvelles  quantités  de  manière  à 
rendre  cette  équation  décomposable,  on  obtient  un  nouveau 
groupe  d'ordre  moindre;  comme  les  substitutions  du  nouveau 
groupe  sont  déterminées  par  les  racines  de  la  nouvelle  équa- 
tion irréductible  et  que  ces  racines  se  trouvent  parmi  les 
quantités  /i,  jo?  •  •  ••  y,>n  le  nouveau  groupe  est  contenu  dans 
l'ancien. 


THÉORIE    DK    GALOIS.  283 

197.  Si  l'on  adjoint  la  valeur  r,  d'une  certaine  fonction 
rationnelle  des  racines,  le  groupe  nouveau  devient  le  groupe 
des  substitutions  de  G  qui  n'altèrent  pas  Zi. 

;,  ayant  été  adjoint  doit  être  regardé  comme  rationnel; 
toute  substitution  du  nouveau  groupe  doit  laisser  inaltérée 
la  fonction  ^1  des  racines;  le  nouveau  groupe  est  contenu 
dans  l'ancien  :  donc  il  ne  peut  contenir  que  des  substitutions 
de  l'ancien  groupe  qui  n'allèrent  pas  ^i. 

Nous  allons  montrer  que  toutes  les  substitutions  de  G  qui 
n'altèrent  pas  ^i  appartiennent  au  nouveau  groupe;  formons 
une  fonction  rationnelle  quelconque  des  racines  exprimable 
rationnellement  au  moyen  de  -i  et  des  quantités  connues,  en 
appelant  Ui  cette  fonction  et  o  un  symbole  de  fonction  ra- 
tionnelle 

d'où  (193) 

l'indice  a  indiquant  que  l'on  a  effectué  une  substitution 
quelconque  a  qui  se  trouve  parmi  celles  de  G  qui  n'altèrent 
pas  ;;i  ;  on  a  donc 


en  sorte  que  la  substitution  a  laisse  invariables  toutes  les 
fonctions  qui  peuvent  s'exprimer  rationnellement  en  Jj  et 
des  quantités  connues,  a  appartient  donc,  en  réalité,  au  nou- 
veau groupe  après  l'adjonction  de  5,. 

198.  Si  une  fonction  9  des  racines  et  une  autre  fonctions 
restent  inaltérées  par  les  mêmes  substitutions  de  G,  cp  peut 
s'exprimer  rationnellement  en  fonction  de  t.. 

En  effet,  si  l'on  adjoint  tî,  on  obtient  pour  l'équation  un 
groupe  réduit  H.  Ses  substitutions  laissent  tt  et  9  invariables, 
9  peut  donc  s'exprimer  ralionnellement  au  moyen  de  tt  et 
des  quantités  connues. 


284  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    III. 

Adjonction  des  racines  d'une  équation  auxiliaire. 

199.  Soit  Zi  une  racine  d'une  équation  irréductible  auxi- 
liaire dont  les  racines  sont  z-i,  s,,  . . .,  z;,;  nous  admettrons 
que  l'adjonction  de  ^i  réduise  le  groupe  G.  Alors  l'équation 
F(/)^ose  décompose  en  d'autres  irréductibles  du  même 
degré,  chacune  d'elles  peut  servir  à  déterminer  le  nouveau 
groupe  ;  soit 

(I)  o(j,^0  =  o 

l'une  de  ces  équations  ;  on  peut  supposer  que  le  coefficient 
de  la  plus  haute  puissance  de/  soit  l'unité,  les  autres  étant 
des  fonctions  entières  rationnelles  de  z^  de  degré  A-  —  i  au 
plus. 

Si  l'on  divise  F(/)  par  9  {y,z)  et  si  l'on  égale  à  zéro  les 
coefficients  du  reste  on  obtient  les  conditions  pour  que  F(j) 
soit  divisible  par  o{y,  z);  ces  équations  de  condition  sont 
satisfaites  pour  z  ~zi  ei  comme  l'équalion  en  z  est  irréduc- 
tible elles  doivent  être  satisfaites  pour  z^=z.2,  . .  .,  z  ^  z/^., 
F  (y)  est  donc  divisible  par  9(7,  5,), . . .,  9(7,  z/,). 

Le  produit 

(•2)  ^l'O)  =  ?0',  -1)  'fO-,  =0) .  . .  oO;z,) 

est  une  fonction  entière  de  y  et  des  quantités  connues  (les 
valeurs  de  z  ne  sont  pas  ici  regardées  comme  connues); 
chaque  facteur  étant  facteur  de  F (7),  l'équation 

(3)  ^'(7)  =  o 

ne  saurait  avoir  d'autres  racines  que  celles  de  F(7)  =  o,  et 
doit  les  admettre  au  même  degré  de  multiplicité;  donc  on  a 
identiquement 

(4)  ^"(/)  =  [F(r)]'7. 

Comme  o{y,  z^)  =  0  est  irréductible,  les  autres  équations 
analogues  le  sont  aussi,  pourvu  que  pour  chacune  d'elles  la 
valeur  correspondante  de  z  soit  adjointe.  Si,  en  effet,  9(7,  z) 


THÉORIE    DE    GALOIS.  '.îSS 

était  divisible  par  91  (y,  z),  pour  ^  =  ;,  le  reste  de  la  division 
de  9(7,  z)  par  91(7, -)  devrait  être  nul  pour  z  =  z^,  il  devrait 
encore  être  nul  pour  z:=  Zi  et  9(7,  Zi)^=o  serait  réductible, 
ce  qui  est  en  contradiction  avec  ce  qui  précède. 

Lorsque  deux  des  équations  9  =  0  ont  une  racine  com- 
mune, toutes  leurs  racines  sont  égales  deux  à  deux;  en  effet. 


(5)  oCr,:;i).=  o         et         ^(j,Z2)  =  o 

ont  toutes  deux  la  racine  71,  et  si  la  première  a,  en  outre,  la 
racine  72,  72  pourra  s'exprimer  rationnellement  en  7,,  et  l'on 
aura 

(6)  72=00.), 

9  désignant  une  fonction  rationnelle.  L'équation 

(7)  ?[0(7),  :;i]  =  o 

a  alors  une  racine  commune  avec  la  première  équation  (5) 
et  par  suite  doit  les  admettre  toutes;  la  fonction 

est  alors  divisible  par  o{y,  z)  pour  z=zzi  et  donc  de  même 
pour  z  =  Zo,  de  sorte  que  l'équation 

(8)  ?[0(j),32]  =  o 

doit  être  satisfaite  quand  9(7,  ^o)  =  0  l'est;  parmi  les  racines 
de  cette  équation  se  trouve  7,,  en  sorte  que  l'on  a  identi- 
quement 

(9)  ?[9(7i), -2]  =  o         ou         'j{y,,z2)  =  o; 

d'oij  il  résulte  que  7,  est  racine  de  la  seconde  équation  (5)  : 
deux  des  équations  9  =  0  ont  donc  ou  les  mêmes  racines,  ou 
toutes  leurs  racines  différentes. 

Soit  7i  une  racine  commune  à  7  de  ces  équations,  ces  équa- 
tions devront  avoir  les  mêmes  racines;  g  autres  équations 
doivent  avoir  les  mêmes  racines,  sans  les  avoir  communes 
avec  les  équations  du  système  précédent,  et  ainsi  de  suite. 


286  QUATRIÈME    PARTIE.     —    CHAPITRE    III. 

En  extrayant  la  racine  r/''"^''  de  (4),  on  a  alors,  identique- 
ment, 

(lo)  F(j)  =  (p(7,  3i)cp(7,  Sa)  •••  ?(/,  2/0, 

oi!i  9(r,Ci),   ...,  o{y,z,.)  désigjnent  des  facteurs  de  chaque 
système;  on  a  donc  A  =:  qr. 

Les  racines  z  se  partagent  ainsi  en  r  systèmes  de  q  racines, 
de  telle  sorte  que  l'on  obtient  deux  groupes  réduits  différents, 
suivant  que  l'on  adjoint  deux  racines  appartenant  à  deux 
systèmes  diff'érents,  tandis  que  l'on  obtient  le  même  groupe 
réduit  pour  deux  racines  d' un  même  système. 

Dans  le  cas  où  le  degré  k  de  l'équation  auxiliaire  est  un 
nombre  premier /j,  on  a  ^=:i.  F(/)  est  donc  un  produit  de 
p  facteurs  et  l'on  obtient  l'ordre  du  groupe  réduit  en  divisant 
l'ordre  de  G  par />. 

Si  l'on  adjoint  une  fonction  des  racines  d'une  équation,  on 
adjoint  en  définitive  une  racine  de  l'équation  irréductible 
qui  détermine  cette  fonction.  Les  valeurs  de  cette  fonction 
forment  alors  des  systèmes  analogues  à  ceux  que  nous  venons 
de  considérer. 

200.  Les  différents  groupes  réduits  sont  semblables. 

Soient  Hi  et  H,  deux  de  ces  groupes  correspondant  à  -:, 
et  z.^;  soient  ji  et/.2  des  racines  respectives  de 

Les  racines  de  la  première  équation  peuvent  être  mises 
sous  la  forme 

lu     OiO-i),     6oO'i)-     •••• 

6*1,  9.2,  .. .  désignant  des  fonctions  rationnelles. 

On  montrera,  comme  plus  haut,  que  les  racines  de  la  se- 
conde sont 

j2,    OiO-o.    Ui^h    •••• 

Soit  maintenant  ï  la  substitution  qui  remplace  ji  parja» 


THÉORIE    DE    GALOIS.  287 

Sa,  S^  les  substitutions  qui  remplacent  jj  par  9a- (71)  et  jo  par 

Qkiy'i);  on  a 

TSa.  =  S:i.T; 

car  ces  deux  substitutions  remplacent  Vi  par  B^iy-i);  celte 
formule  établit  la  similitude  de  Sa-  et  S^;  mais  Sa  est  une 
substitution  quelconque  du  groupe  Hj,  SJ^.  une  substitution 
du  groupe  H,;  la  substitution  T  transforme  donc  Hj  en  lïo. 
Comme  j,  et  y^  sont  des  racines  quelconques  de  (3),  une 
substitution  quelconque  de  G  transformera  un  groupe  H  en 
lui-même  ou  en  un  autre  groupe  H. 

201.  Si  les  racines  de  l'équation  irréductible  auxiliaire 
peuvent  être  exprimées  rationnellement  en  fonction  de  l'une 
d'elles,  et  si  Vadjonction  d'une  de  ces  racines  réduit  G  à  II, 
H  sera  permutable  avec  toutes  les  substitutions  de  G. 

Si  toutes  les  racines  de  l'équation  auxiliaire  peuvent  être 
exprimées  rationnellement  en  fonction  de  l'une  d'elles,  en 
les  exprimant  effectivement  ainsi,  adjoindre  une  racine  de 
l'équation  auxiliaire,  c'est  les  adjoindre  toutes;  les  groupes 
H,,  H2,  . . .  que  l'on  a  trouvés  tout  à  l'heure  doivent  coïnci- 
der; mais,  puisque  tous  ces  groupes  peuvent  être  transformés 
les  uns  dans  les  autres  avec  les  substitutions  de  G,  H  trans- 
formé par  ces  substitutions  reste  identique  à  lui-même  :  H  est 
donc  permutable  avec  les  substitutions  de  G. 

202.  Si  l'adjonction  de  toutes  les  racines  dUine  équation 
irréductible  auxiliaire  réduit  le  groupe  G  à  H,  H  est  permu- 
table avec  toutes  les  substitutions  de  G. 

L'adjonction  des  racines  en  question  revient  à  l'adjonction 
d'une  fonction  9  rationnelle  de  ces  racines,  dont  toutes  les 
valeurs  sont  distinctes  ;  ces  valeurs  peuvent  être  exprimées 
rationnellement  en  fonction  de  l'une  d'elles,  et  les  racines  de 
l'équation  auxiliaire  peuvent  être  exprimées  rationnellement 
en  fonction  de  9,  de  sorte  que  les  racines  de  l'équation  en  cp 
peuvent  être  considérées  comme  adjointes;  notre  théorème 
résulte  donc  du  précédent  (201  ). 


288  QUATRIÈME    l'AKIIE.    —    CHAPITRE    IH. 

203.  Dans  le  cas  où  le  groupe  G  d'ordre  in-=zkq  contient 
un  groupe  H  d'ordre  q,  permutable  avec  toutes  les  substitu- 
tions de  G,  G  pourra  se  réduire  à  H  en  adjoignant  les  racines 
d'une  équation  abélienne  de  degré  k. 

Soient 

I,     Si,     S2,     ...,     S^_i 

les  substitutions  de  H;  les  substitutions  de  G  peuvent  être 
distribuées  en  k  séries  :  elles  sont  de  la  forme  TaSp,  où  a  a  la 
même  valeur  dans  une  même  série. 

Soient  j'i,  j.,,  ...,  j^^  les  racines  de  F(j')^o,  qui  se  dé- 
duisent de  ji  pour  les  substitutions  S,  et  soit 

61=  (3t— Ji)(a— J-2)  ■••  (a— J7), 

a  désignant  une  indéterminée;  9^  reste  inaltéré  par  les  sub- 
stitutions S,  mais  les  autres  substitutions  changent  sa  valeur; 
si  donc  on  adjoint  B^,  le  groupe  de  l'équation  deviendra  H. 
Montrons  maintenant  que  B^  peut  être  déterminé  au  moyen 
d'une  équation  abélienne.  Soient  ôj,  Q^,  ...,  Ok  les  valeurs 
que  l'on  obtient  en  effectuant  sur  9i  les  substitutions  i,  ï,, 
T.,  . .  .,  T;t_i,  et  posons 

A  =  (P-0,)(P-0.)...(8-e,.), 

où  (3  désigne  une  indéterminée. 

Puisque  H  est  permutable  avec  les  substitutions  de  G,  au- 
cune des  fonctions  9  (181)  ne  sera  altérée  parles  substitu- 
tions S.  A  ne  peut  donc  être  altéré  par  aucune  substitution 
TjîSa;  car  Sa  ne  modifie  aucune  des  valeurs  9,  et  T  ne  fait 
qu'échanger  les  valeurs  des  9;  on  a,  par  exemple, 

TpÔ3  -=  TpT,0,  =  TySôOi  =  ô,,^.i  ; 

car  TpTa  fait  partie  du  groupe  G  et  doit  avoir,  à  cause  de 
cela,  la  forme  TySg. 

Puisque  aucune  substitution  de  G  ne  modifie  A,  A  pourra 
s'exprimer  rationnellement,  ôj,  9,»  •  •  •  seront  déterminés  par 
une  équation  du  degré  k,  et  l'on  voit  facilement  que  cette 
équation  est  irréductible  et  abélienne,  car  les  diverses  va- 


THÉORIE    DE    GALOIS.  289 

leurs  de  9  peuvent  s'exprimer  rationnellement  les  unes  eu 
fonction  des  autres,  puisqu'elles  restent  invariables  par  les 
mômes  substitutions  de  G;  leur  groupe  est  d'ordre  k  et  se 
compose  des  substitutions  qui  permutent  9,,  Q.^,  ...  de  la 
même  manière  que  les  substitutions  T. 

Si  k  est  un  nombre  premier,  les  racines  de  l'équation  abé- 
lienne  peuvent  s'exprimer  rationnellement  au  moyen  d'une 
équation  binôme;  on  peut  donc  aussi  réduire  G  à  II  en  adjoi- 
gnant un  radical  et  les  racines  de  l'unité. 

204-.  A  présent,  nous  pouvons  faire  connaître  les  conditions 
nécessaires  et  suffisantes  pour  qu'une  équation  puisse  être 
résolue  algébriquement.  Si  une  équation  peut  être  résolue 
algébriquement,  son  groupe  doit  pouvoir  se  réduire  à  la  seule 
substitution  i,  en  adjoignant  successivement  les  radicaux  qui 
se  trouvent  dans  les  racines  et  des  racines  de  l'unité,  de  ma- 
nière à  connaître  toutes  les  racines  de  l'équation  en  /.  Le 
groupe  devra  donc  se  réduire  à  i  en  adjoignant  successive- 
ment des  racines  d'équations  de  la  forme 

zP=  A, 

o\x  p  désigne  un  nombre  premier  et  A  une  quantité  connue 
ou  déjà  adjointe.  Cette  équation  est  abélienne  si  l'on  regarde 
les  racines  de  l'unité  comme  des  quantités  connues. 

D'ailleurs,  aux  n°^  199  et  203,  on  a  montré  que  la  condition 
nécessaire  et  suffisante  pour  que  le  groupe  G  de  l'équation, 
d'ordre  pcj,  puisse  être  réduit  par  une  telle  adjonction,  con- 
siste en  ce  que  ce  groupe  G  contienne  un  groupe  II  d'ordre  q, 
permutable  avec  toutes  les  substitutions  de  G.  Alors  H  doit 
contenir  un  nouveau  groupe  permutable  avec  toutes  les  sub- 
stitutions de  H,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  l'on  parvienne 
au  groupe  i.  Ainsi 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu  une  équation 
puisse  être  résolue  algébriquement  est  que  son  groupe  con- 
tienne un  groupe  et  celui-ci  un  nouveau  groupe,  et  ainsi  de 
suite,  jusqu'à  ce  que  l'on  parvienne  au  groupe  i;  et  cette  suite 
P.  19 


agO  QUATRIÈME    PARTIE.    —     CHAPITRE    III. 

de  groupes  doit  être  telle  que  chacun  d'eux  soit  permutable 
avec  les  substitutions  du  précédent,  l'ordre  de  chacun  d'eux 
s" obtenant  en  divisant  l'ordre  du  précédent  par  un  nombre 
premier. 

205.  Prenons,  par  exemple,  l'équation  générale  du  qua- 
trième degré;  son  groupe  est  le  groupe  général  du  quatrième 
degré  et  du  vingt-quatrième  ordre;  ce  groupe  contient  le 
groupe  alterné  avec  lequel  ses  substitutions  sont  permu- 
tables; en  adjoignant  une  fonction  altérée  des  racines,  le 
groupe  sera  réduit  au  groupe  alterné;  c'est  cette  fonction  que 
l'on  trouve  quand,  cherchant  à  résoudre  l'équation,  on  est 
conduit  à  extraire  une  première  racine  carrée. 

Le  groupe  alterné  contient  un  groupe  du  quatrième  ordre 
où  les  substitutions  sont  permutables  avec  un  groupe  alterné; 
ce  groupe  est 

I,     (.r,  .r,)  (.r3,r4),     (.rj  .rs)  (.r^  X4),     {^x^x,^){x^_x^). 

Au  moyen  d'une  extraction  de  racine  cubique,  on  détermine 
une  fonction  qui  reste  inaltérée  par  ces  substitutions,  par 
exemple  x^x^_  -h  x.^x,^;  si  l'on  adjoint  cette  fonction,  le  groupe 
alterné  se  trouve  réduit  au  groupe  du  quatrième  ordre  con- 
sidéré, qui,  au  moyen  de  deux  extractions  de  racines  carrées, 
se  trouve  réduit  au  groupe  i. 

Le  groupe  général  de  degré  n,  qui  est  le  groupe  de  l'équa- 
tion générale  de  degré  «,  peut  aussi,  au  moyen  d'une  extrac- 
tion de  racine  carrée,  être  réduit  au  groupe  alterné.  Nous 
allons  voir  tout  à  l'heure  que,  pour  n>4,  ce  groupe  est 
simple,  et  alors  ce  groupe  ne  peut  plus  être  réduit  par  l'ad- 
jonction d'un  radical;  il  en  résulte  que  les  équations  géné- 
rales de  degré  supérieur  à  4  ne  peuvent  pas  être  résolues 
algébriquement. 

Voici  maintenant  la  démonstration  de  la  proposition  que 
nous  avons  admise  :  Supposons  que  le  groupe  G  d'ordre  \n\ 
puisse  se  réduire  à  un  autre  K  d'ordre  k  oij  kp  r=z\n\,  p  dési- 
gnant un  nombre  premier.  K  ne  saurait  contenir  toutes  les  sub- 
stitutions circulaires  du  troisième  ordre.  On  peut  donc  for- 


THÉORIE    DE    GALOIS.  29I 

mer  un  groupe  d'ordre  3  A-  (161)  contenu  dans  G,  ainsi/)  =;  3; 
si  «  >  4»  on  peut  montrer  que  p  =  5,  K  ne  contenant  pas 
toutes  les  substitutions  circulaires  du  cinquième  ordre;  mais 
p  ne  peut  être  à  la  fois  3  et  5;  la  réduction  est  donc  impos- 
sible pour  «  >4« 

En  réalité,  cette  démonstration  ne  diffère  pas  de  celle  que 
nous  avons  donnée  plus  haut  pour  établir  que  l'équation  du 
cinquième  degré  n'était  pas  résoluble  algébriquement. 


292  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    IV. 

CHAPITRE  lY. 

APPLICATIONS  DE  LA  THÉORIE  DE  GALOIS. 


Équations  abéliennes. 

206.  Nous  avons  déjà  étudié  les  équations  abéliennes.  Aussi 
montrerons-nous  brièvement  comment  on  peut  leur  appli- 
quer la  théorie  de  Galois. 

Considérons  une  équation  abélienne  irréductible  de  de- 
gré n,  on  aura 

(1)  .r.2=G(.x-i)         ou         a-,— 6(xi)  =  o; 

le  groupe  de  l'équation  doit  contenir  une  substitution  qui 
remplace  x^  par  x^\  soit 

un  de  ses  cycles;  si  l'on  fait  subir  à  (i)  celte  substitution, 
on  a 

(2)  e(xi)  =  x2,      e(x2)  =  .r3,      ...,      e(j:,.)  =  '^i- 

On  voit  alors  facilement  qu'une  substitution  du  groupe  qui 
remplace  une  des  lettres  x^,  x^,  . . .,  x,.  par  une  lettre  qui  ne 
fait  pas  partie  de  cet  ensemble,  doit  les  remplacer  toutes  par 
de  nouvelles  lettres,  sans  quoi  l'équation  aurait  des  racines 
égales;  transformons  une  substitution  entre  les  lettres  a?,, 
X,,  . .  .,x,.  par  une  substitution  qui  les  échange  avec  d'autres, 
nous  obtenons  une  substitution  qui  montre  que  /•  racines 
différentes  des  précédentes  sont  liées  par  des  équations  ana- 
logues aux  fonctions  (2);  s'il  y  a  plus  de  /•  racines,  un  autre 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  298 

système  de  /•  racines  sera  encore  lié  par  des  équ^ilions  ana- 
logues, etc.,  elles  substitutions  du  groupe  ne  pourront  échan- 
ger que  des  racines  d'un  même  système  avec  des  racines  d'un 
même  système.  Le  groupe  est  donc  imprimitif  et  l'équation 
peut  se  décomposer  en  équations  de  degré  r,  au  moyen  d'une 
équation  auxiliaire. 

207.  On  n'a  donc  à  considérer  que  des  équations  dont  le 
groupe  contient  une  substitution  circulaire  de  toutes  les  ra- 
cines et  où  ^2=  0(^,  ).  Toutes  les  racines  peuvent  alors  s'ex- 
primer rationnellement  en  fonction  de  l'une  d'elles,  et  une 
fonction  des  racines  n'a  que  n  valeurs.  L'équation  F(j)  =:o, 
qui  détermine  le  groupe,  est  donc  au  plus  du  degré  n  :  elle  est 
donc  exactement  de  degré  n,  car  le  groupe  est  transitif  et,  par 
suite,  son  ordre  est  divisible  par  n.  Ce  groupe  se  compose 
d'une  substitution  circulaire  et  de  ses  puissances. 

Soit  y.  une  racine  primitive  de  oc"  =  i ,  on  voit  facilement  que 
A  =  (  a  xi  -+-  a- x-i  -h  ...  -h  .r  „  )'^ 

est  rationnel,  car  cette  fonction  n'est  pas  altérée  par  les  sub- 
stitutions du  groupe.  Si  l'on  adjoint  a  et  '\fk,  le  groupe  sera 
réduit  à  l'unité;  les  autres  substitutions  changent,  en  effet, 
ax^-\-  a.^x^-\-. .  .^  x,i;  les  racines  seront  donc  exprimables 
rationnellement  en  fonction  de  yA  et  des  racines  de  l'unité. 
Si  le  degré  d'une  équation  abélienne  est  un  nombre  pre- 
mier n,  son  groupe  doit  contenir  une  substitution  circulaire 
d'ordre  n;  l'équation  sera  alors  résoluble  algébriquement. 
Si  n  n'est  pas  premier,  et  si  le  groupe  contient  encore  une 
substitution  circulaire  d'ordre  «,  on  voit  que  l'on  peut  abais- 
ser son  groupe  en  adjoignant  des  radicaux  à  indices  pre- 
miers; par  exemple,  si  «  =  1 5  et  si  S  est  la  substitution  cir- 
culaire, 

I,  s^  ss  s»,  s'2 

sera  un  groupe  permutable  avec  les  substitutions  du  groupe 
primitif,  et  sera  le  groupe  réduit  en  adjoignant  les  racines 
d'une  équation  de  la  forme 

2»=  A. 


294  QIATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    IV. 


Équations  de  Galois. 

208.  Galois  a  étudié  les  équations  irréduclibles  de  degré 
premier  p  et  dont  les  racines  sont  exprimables  rationnelle- 
ment en  fonction  de  deux  d'entre  elles,  et  il  a  fait  voir  qu'elles 
sont  résolubles  algébriquement. 

Toute  fonction  rationnelle  des  racines  d'une  pareille  équa- 
tion pouvant  s'exprimer  rationnellement  en  fonction  de  deux 
racines,  l'ordre  de  son  groupe  est  au  plus  /?(/?  —  i),  et  comme 
ce  groupe  est  transitif,  son  ordre  est  divisible  par/?. 

Nous  avons  vu  plus  haut  (186)  que  les  substitutions  d'un 
groupe  de  cette  espèce,  les  racines  étant  x^,  cc^,  x^_,  .  . .,  Xj,_f 
sont  de  la  forme 

ou  de  la  forme 


(=:■>  -a- 


L'ordre  du  groupe  est  kp,  k  est  égal  à/>  —  i  ou  à  un  divi- 
seur de  /)  —  I,  et  a  est  une  racine  primitive  de  a'^  =  i  (mod/?). 
Maintenant,  posons 

où  a  est  racine  de  ' =  o,  désignons  par  X,,  X3,  . . . ,  X/f_, 

les  résultats  obtenus  en  effectuant  sur  X,  les  substitutions 
T,  T-,  . . .,  T"^'-',  et  posons  encore 

A  =  (Xi+[3X,+  p2X3  +  ...+  p^-XA.)^ 

[3  désignant  une  racine  quelconque  de  .3;^ — 1  =  0.  A  doit  être 
rationnel,  car  il  n'est  pas  altéré  par  les  substitutions  du 
groupe,  car  la  substitution  S  n'altère  pas  X,,  X2,  . . .,  X^.  et 
la  substitution  T  effectue  des  permutations  circulaires  entre 
lesX. 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉOniE    DE    GALOIS.  CîqS 

Si  l'on  remplace  alors  (3  par  ses  tlilTérentes  valeurs,  on  ob- 
tient k  équations  qui  se  ramènent  au  premier  degré  et  d'où 
l'on  peut  tirer  X,,X2.  .  . .  en  fonction  de  vA  et  des  racines  de 
l'unité. 

Les  quantités  Xj,  X.,  . .  .  étant  connues,  on  en  déduit  ^o. 
r,,  . . .  comme  on  l'a  vu  à  propos  des  équations  abéliennes. 
En  réalité  l'équation  donnée  se  réduit  à  une  équation  abé- 
lienne  par  l'adjonction  d'une  de  ces  quantités,  car  alors  le 
groupe  se  réduit  aux  puissances  de  S.  Donc  : 

Une  équation  irréductible  dont  le  degré  est  un  nombre 
premier,  et  dont  les  racines  sont  des  fonctions  rationnelles  de 
deux  d'entre  elles  peut  se  résoudre  algébriquement. 

Dans  le  cas  où  le  groupe  d'une  équation  irréductible  de 
degré  p  ne  contient  que  des  substitutions  linéaires,  chaque 
racine  peut  s'exprimer  en  fonction  rationnelle  de  deux  d'entre 
elles;  car  si  l'on  adjoint  deux  racines,  le  groupe  se  trouve 
réduit  à  l'unité,  puisque,  mise  à  part  la  substitution  i,  les 
substitutions  linéaires  déplacent  au  moins />  —  i  racines  et 
ne  peuvent  en  laisser  deux  invariables. 

209.  Si  une  équation  irréductible  dont  le  degré  est  un 
nombre  premier  p  est  résoluble  algébriquement,  son  groupe 
ne  contient  que  des  substitutions  linéaires. 

Si  l'on  adjoint  tous  les  radicaux,  pour  réduire  le  groupe  de 
l'équation,  il  se  trouvera  un  radical  d'indice  p,  car  c'est  le 
seul  qui  pourra  faire  disparaître  le  facteur  p  de  l'ordre  du 
groupe.  Dès  que  l'on  aura  adjoint  ce  radical,  et  pas  avant, 
l'équation  sera  réductible,  et  comme  le  nouveau  groupe  est 
intransitif,  son  ordre  ne  peut  être  divisible  par/>,  et  récipro- 
quement l'équation  ne  peut  être  irréductible  si  l'on  n'a  pas 
évincé  le  facteur />  de  l'ordre  du  groupe. 

L'équation  donnée  devient  donc  réductible  après  l'adjonc- 
tion du  radical  d'indice />,  et  son  groupe  est  devenu  intran- 
silif  ou  réduit  à  l'unité.  Soit 

H=(i,Ui,U,.  ...) 


296  QUATRIÈME    PAUTIK.      -    CHAPITRE    IV. 

ce  groupe.  Avant  l'adjonction  du  radical,  le  groupe  conte- 
nait toutes  les  substitutions  de  la  forme 

S  désignant  une  substitution  circulaire  d'ordre/^  (ICI). 

Les  lettres  se  distribuent  en  systèmes,  de  telle  sorte  que 
les  substitutions  U  n'échangent  que  des  lettres  d'un  même 
système;  H  est  permutable  avec  les  puissances  de  S;  celles-ci 
ne  peuvent  donc  échanger  que  des  lettres  d'un  même  sys- 
tème avec  des  lettres  d'un  même  système;  comme  ce  n'est 
pas  le  cas  pour  les  puissances  de  S,  H  ne  peut  contenir  que 
la  substitution  i.  La  dernière  adjonction  doit  être  d'un  radi- 
cal d'indice  p  et  auparavant  le  groupe  était  composé  d'une 
substitution  circulaire  et  de  ses  puissances. 

Comme  le  groupe  se  trouve  réduit  à  l'unité  par  la  dernière 
adjonction,  toutes  les  racines  deviennent  rationnelles,  de 
sorte  que  l'équation  auparavant  irréductible  se  décompose 
actuellement  en  équations  du  premier  degré. 

210.  Les  adjonctions  successives  auraient  pu  réduire  le 
groupe  sans  rendre /(^)  =  o  réductible;  dans  le  cas  où  des 
adjonctions  réduisent  le  groupe  G  à  H  qui  ne  contient  que 
des  substitutions  linéaires,  on  peut  montrer  que  G  ne  con- 
tient non  plus  que  des  substitutions  linéaires,  et  le  théorème 
précédent  en  résultera,  car,  le  dernier  groupe  ne  contenant 
que  des  substitutions  linéaires,  cela  aura  lieu  pour  les  autres. 

Il  reste  donc  à  prouver  que  G  ne  peut  contenir  que  des 
substitutions  linéaires,  si  le  groupe  H,  obtenu  par  l'adjonc- 
tion des  racines  d'une  équation  binôme,  ne  contient  lui- 
même  que  des  substitutions  linéaires.  H  doit  contenir  la  sub- 
stitution circulaire  S  d'ordre  p  et  ses  puissances;  soit  T  une 
substitution  de  G  qui  n'entre  pas  dans  H,  H  est  permutable 
avec  T,  et  T  doit  par  suite  transformer  S  en  une  de  ses  puis- 
sances, car  dans  le  groupe  linéaire  H  il  n'entre  pas  d'autre 
substitution  semblable  à  S  que  les  puissances  de  S.  T  est 
donc  lui-même  une  substitution  linéaire,  car  seules  les  sub- 
stitutions linéaires  transforment  S  en  une  puissance  de  S. 


APPLICATIONS    DE   LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  297 

Il  est  donc  prouvé  que  la  condition  donnée  par  Galois  pour 
la  résoiulDiiité  d'une  équation  irréductible  de  degré  premier, 
sous  forme  algébrique,  est  nécessaire  et  suffisante. 

Équations  dont  le  groupe  a  pour  ordre  une  puissance  d'un  nombre 
premier. 

211.  Soit  p"-  l'ordre  du  groupe  d'une  équation  irréductible 
y(x)=o,  p  désignant  un  nombre  premier.  Comme  l'ordre 
du  groupe  est  divisible  par  le  degré  de  l'équation,  ce  degré 
doit  être  une  puissance  de/?,  yw'"  par  exemple. 

Si  l'on  adjoint  une  racine  Xi  de  l'équation,  l'équation  de- 
vient réductible;  chacune  des  équations  irréductibles  dans  les- 
quelles elle  se  décompose  a  un  groupe  qui  ne  contient  que  des 
substitutions  dont  l'ordre  est  une  puissance  de  p  (19V),  de 
sorte  que  ces  groupes  ont  pour  ordre  une  puissance  de  p  et  il 
€n  est  de  même  des  degrés  des  équations  correspondantes. 

Puisque  l'équation  se  trouve  réduite  par  l'adjonction  de  x^ 
à  d'autres  dont  les  degrés  sont  des  puissances  de/?  et  que 
parmi  ces  équations  il  en  est  une  du  premier  degré,  il  faut 
qu'il  y  en  ait  au  moins  p  du  premier  degré;  au  moins  p  ra- 
cines seront  rationnellement  exprimables  en  fonction  de  x^. 
Plus  haut  (206)  on  a  fait  voir  que  le  groupe  de  semblables 
équations  était  imprimitif  et  qu'elles  pouvaient  être  réduites 
au  moyen  d'une  équation  auxiliaire.  Le  groupe  de  l'équation 
réduite  se  compose  de  substitutions  dont  les  cycles  se  trou- 
vent dans  les  substitutions  de  G,  et  leur  ordre  comme  le 
degré  de  l'équation  sont  des  puissances  de  p. 

En  divisant  le  degré  de  l'équation  proposée  par  celui  de 
l'équation  réduite,  on  a  le  degré  de  l'équation  auxiliaire  (195), 
qui  par  suite  est  aussi  une  puissance  de  p.  L'ordre  du  groupe 
de  l'équation  auxiliaire  est  aussi  une  puissance  de  p,  car  ce 
groupe  se  réduit  à  l'unité  en  adjoignant  toutes  les  racines  de 
l'équation  donnée.  Adjoignons  ces  racines  une  à  une;  à  chaque 
réduction  on  doit  parvenir  à  une  équation  irréductible  dont 
l'ordre  du  groupe  et  le  degré  doivent  être  une  puissance  de/>. 
On  voit  ainsi  que  l'ordre  du  groupe  de  l'équation  auxiliaire 


298  QUATRIÈME    PARTIE.   —    CHAPITRE    IV. 

doit  être  une  puissance  de  p  (199).  On  arrive  au  même  résul- 
tat en  montrant  que  ce  groupe  est  isomorphe  avec  G. 

Les  deux  nouvelles  équations  peuvent  être  réduites  de  la 
même  façon  jusqu'à  ce  que  l'on  tombe  sur  des  équations 
abéliennes  de  degré  p.  Comme  le  produit  des  degrés  de  ces 
équations  est  égal  au  degré  de  la  proposée,  les  racines  de 
celle-ci  peuvent  être  exprimées  au  moyen  de  m  équations 
abéliennes  d'ordre  p. 

212.  D'un  autre  côté,  l'ordre  du  groupe  d'une  équation, 
qui  peut  être  résolue  à  l'aide  d'équations  abéliennes  de 
degré/?,  peut  être  abaissé  au  moyen  de  divisions  successives 
par  le  nombre/»,  jusqu'à  ce  qu'il  se  réduise  à  l'unité;  l'ordre 
de  ce  groupe  est  donc  une  puissance  de/?.  Donc 

La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  équation 
puisse  être  résolue  au  moyen  d'équations  abéliennes  de  degré 
p  est  que  V ordre  de  son  groupe  soit  une  puissance  de  p.  Son 
degré  est  alors  nécessairement  une  puissance  de  p  également. 

Ce  tbéorème  est  une  généralisation  de  celui  qui  fait  con- 
naître les  conditions  pour  qu'une  équation  soit  résoluble  au 
moyen  de  racines  carrées,  et  que  nous  avons  démontré  plus 
haut. 

La  démonstration  qui  précède  montre  qu'il  n'y  a  pas 
d'autres  groupes  transitifs  d'ordre />"(«  >i)que  des  groupes 
imprimitifs.  Cela  résulte  nettement  de  ce  qu'il  existe  une 
équation  qui  possède  un  groupe  donné.  En  effet,  chaque 
groupe  correspond  à  une  équation;  à  savoir  l'équation  géné- 
rale de  même  degré  que  le  groupe  quand  on  a  adjoint  une 
fonction  des  racines  invariable  par  les  substitutions  du  groupe 
et  variable  par  tout  autre  substitution. 

213.  Supposons  qu'un  groupe  G  contienne  un  groupe  H 
d'ordre /J'^, /:>  désignant  un  nombre  premier.  Toutes  les  sub- 
stitutions de  G  permutables  avec  H  forment  un  groupe  K 
d'ordre  l^.p'^. 

Supposons 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  C-QQ 

les  substitutions  de  K  peuvent  être  rangées  en  séries,  de  la 
forme 

Ty,     TySi,     ...: 

dans  le  cas  où  H  est  celui  des  sous-groupes  contenus  dans  G 
pour  lequel  a  est  le  plus  grand  possible,  il  ne  peut  se  trou- 
ver, parmi  les  substitutions  TySp,  une  substitution  dont  l'ordre 
soit  une  puissance  de  p;  s'il  s'en  trouvait  en  effet  une,  on 
pourrait  à  l'aide  de  cette  substitution  construire  un  groupe 
contenu  dans  Q,  et  d'ordre  /?P  ou  (3  >  a  (161)  ;  comme  l'ordre 
de  chaque  substitution  S  est  une  puissance  de  p,  elle  ne  peut 
être  semblable  à  une  substitution  ÏS. 

Les  substitutions   de   G  peuvent   être   rangées  en  séries 
comme  il  suit  (chaque  série  a  ^i.p'^  termes)  : 

I,     Si,     S2,     ...,    T,    TSi,     .... 
U,    US„    us.,,     ....    UT,     ..., 


U  n'est  pas  permutable  avec  H,  mais  il  pourrait  l'être  avec 
un  groupe  contenu  dans  H,  à  savoir  i,  Sa,  Sp,  . . .;  les  sub- 
stitutions S  peuvent  être  écrites  en  séries  comme  il  suit 


I,    s„ 

Sp,     . 

M,, 

M,S«, 

M,Sp, 

M,, 

M.,  Sa, 

M2S3, 

le  nombre  des  substitutions  M  étant  une  puissance  de  p. 
Si  l'on  multiplie  à  gauche  les  termes  de  la  série 

U,    USi,    US2,     ...,    UT,     ... 

par  l'une  des  substitutions  Sa,  S;^,  . . .,  on  retrouve  la  même 
série  à  l'ordre  des  termes  près.  Au  contraire,  si  l'on  multiplie 
les  termes  de  la  même  série  par  une  des  substitutions  M,  on 
obtient  une  nouvelle  série,  composée  de  termes  différant  à 
la  fois  entre  eux  et  de  ceux  de  la  série  primitive.  On  déduit 
ainsi  de  la  série  primitive  autant  de  séries  qu'il  y  a  de  substi- 
tutions M;  le  nombre  de  ces  séries  est  une  puissance  de  p. 


300  QUATRIÈME    PARTIK.   —    CHAPITRE    IV. 

Si  G  contient  un  plus  grand  nombre  de  substitutions,  avec 
l'une  d'elles  formons  de  la  même  manière  une  série  de  sub- 
stitutions dont  le  nombre  soit  une  puissance  de  p,  et  conti- 
nuons ainsi  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  épuisé  toutes  les  sub- 
stitutions de  G.  Comme  toutes  les  substitutions  ainsi  obtenues 
sont  différentes,  l'ordre  de  G  est 

;jL/j^(l  —  p^-^i  —  p'^-'^2  ...  I. 

où  p"^^,  p'^^-,  . . .  sont  les  ordres  des  groupes  contenus  dans 
H  et  qui  sont  permutables  avec  les  substitutions  U.  Plusieurs 
des  nombres  a^,  a,,  ...  peuvent  être  égaux;  ils  peuvent 
même  être  nuls,  mais  ils  sont  au  plus  égaux  à  a  —  i .  La  quan- 
tité entre  parenthèses  a  en  tout  cas  la  forme  i  -h  np. 

214.  Nous  allons  étudier  de  plus  près  le  groupe  K  et  mon- 
trer que  jUL  ne  peut  être  divisible  par/>.  Puisque  H  est  per- 
mutable avec  toutes  les  substitutions  de  R,  on  peut,  si  l'on 
considère  une  équation  dont  le  groupe  est  K,  réduire  K  à  H, 
au  moyen  d'une  équation  auxiliaire  du  degré  (j.  dont  toutes 
les  racines  peuvent  être  exprimées  rationnellement  à  l'aide 
de  l'une  d'entre  elles,  et  dont  le  groupe  est  d'ordre  [x(203). 
Ce  groupe  doit  contenir  une  substitution  d'ordre  p,  si  /j.  est 
divisible  par/?. 

Cette  substitution,  par  rapport  aux  quantités  désignées 
(203)  par  0,,  5,,  ....  peut  être  remplacée  par  une  des  substi- 
tutions T  (203);  la  puissance  p  de  cette  substitution  doit 
laisser  Ô,,  0^,  ...  inaltérées.  Comme  cela  n'a  lieu  que  pour 
les  substitutions  S,  T''  est  l'une  d'elles,  ce  qui  exigerait  que 
l'ordre  de  T  fût  une  puissance  de  p,  ce  qui  est  contraire  à 
notre  hypothèse,  /j.  n'est  donc  pas  divisible  par/?. 

On  voit  ainsi  qu'un  groupe  d'ordre  kp'^,  où  k  n'est  pas 
divisible  par  p,  doit  contenir  un  sous-groupe  imprimitif 
d'ordre  /»^  ou  un  groupe  linéaire  d'ordre  /?  si  a  =  i .  Le  groupe 
d'ordre  p^  est  contenu  dans  un  autre  d'ordre  ^j-p^  avec  les 
substitutions  duquel  il  est  permutable,  et  l'on  a 

h  —  l±{np  -^i). 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  3oi 

215.  Si  k<.p,  on  a  A^=p.;  soit  alors  ij.z=ij.jp^,  où/»,  dé- 
signe un  nouveau  nombre  premier  qui  ne  divise  pas  [j.i.  Si 
i^i</'i>  l'équation  auxiliaire  de  degré  (x  pourra  être  ré- 
duite à  une  équation  résoluble  par  radicaux,  au  moyen  d'une 
équaiion  de  degré  /Jii;  si  l'on  peut  ainsi  continuer  jusqu'à  ce 
que  l'on  obtienne  une  équaiion  auxiliaire  dont  le  degré  et 
l'ordre  soient  des  puissances  d'un  nombre  premier,  l'équation 
proposée  est  résoluble  algébriquement  (Sylow,  Math.  An- 
nale n,  V). 

Équation  de  Hesse. 

210.  Hesse  a  étudié  une  équation  du  neuvième  degré,  dans 
laquelle  deux  racines  quelconques  a,  b  sont  liées  à  une  troi- 
sième par  les  relations 

c  =  tp(rt, /)),         /)=o(a,c),         a  =  o(b,c). 

9  désignant  une  fonction  symétrique  et  rationnelle. 

On  rencontre  cette  équation  quand  on  cherche  les  9  points 
d'inflexion  d'une  courbe  du  troisième  degré.  Au  sujet  de  ces 
points  on  a  le  théorème  suivant  :  toute  droite  passant  par  deux 
points  d'inflexion  passe  par  un  troisième  point  d'inflexion. 
La  condition  pour  que  trois  de  ces  points  soient  en  ligne 
droite  prend  la  forme  c  =  cp(a,  b),  où  a,  b,  c  sont  trois  ra- 
cines de  l'équation  du  neuvième  degré  qui  détermine  les 
points  d'inflexion.  L'équation  c  =  9(a,  b)  n'est  satisfaite  que 
si  les  trois  points  a,  b,  c  sont  en  ligne  droite. 

217.  Le  groupe  de  l'équation  ne  peut  contenir  que  des 
substitutions  qui  remplacent  les  trois  points  a,  b,  c  par  trois 
autres  en  ligne  droite  (193). 

On  peut  prendre  deux  points  sur  neuf  de  72  manières; 
de  cette  manière  chaque  droite  est  obtenue  6  fois,  et  il  existe 
12  lignes  droites  distinctes  passant  par  trois  inflexions.  On 
arrive  au  même  résultat  en  observant  que  par  chaque  point 
passent  4  des  lignes  en  question;  leur  nombre  est  donc 
4x0:3^12. 


302  QUATRIÈME    PARTIE.    —    CHAPITRE    IV. 

De  3  points  en  ligne  droite  partent  donc  9  lignes  droites, 
abstraction  faite  de  celle-ci;  les  6  autres  points  se  trouvent 
donc  sur  les  deux  droites  restantes. 

Maintenant  représentons  chaque  point  d'inflexion  par  deux 
indices;  le  premier  de  ces  indices  sera  o,  i  ou  2  suivant  que 
le  point  sera  sur  la  première,  la  deuxième  ou  la  troisième  de 
ces  lignes;  sur  les  9  lignes  restantes  choisissons-en  3  de  la 
même  façon  et  donnons  au  point  le  second  indice  o,  i  ou  2  sui- 
vant qu'il  sera  sur  la  première,  la  deuxième  ou  la  troisième. 
De  celte  manière  les  points  seront  représentés  par  les  élé- 
ments du  tableau 

(00)  (01)  (02), 

(10)        (n)        (12), 
(20)        (21)        (22); 

les  points  représentés  par  les  éléments  d'une  mèrae  ligne  ou 
d'une  même  colonne  sont  alors  en  ligne  droite. 

On  ne  peut  ranger  ces  points  de  manière  à  voir  les  6  autres 
lignes  parce  que  3  points  d'inflexion  au  plus  sont  réels.  Les 
deux  lignes  droites  que  l'on  ne  voit  pas  et  qui  passent  par 
le  point  (00)  sont  nécessairement 

(00)       (11)       (22). 
(00)         (12)         (■11); 

les  autres  lignes  sont  déterminées  d'une  façon  analogue,  et 
l'on  voit  que  si  3  points  sont  en  ligne  droite  la  somme  de 
leurs  premiers  et  de  leurs  seconds  indices  est  divisible  par  3. 

218.  Désignons  ces  indices  par  .r  et  y,  et  considérons  les 
substitutions  qui  remplacent  a:  et  j  par  ax  -i-  by  -j-  c  et 
«i^-h  bif  -\-  Cl,  les  nombres  étant  pris  suivant  le  module  3; 
alors,  après  la  substitution,  3  points  en  ligne  droite  seront 
remplacés  par  3  autres  points  encore  en  ligne  droite,  car  si 

^1  +  JTo  -H  .rj  =  Ji  —  J-o  -H  Js  =  O, 

on  a  encore 

axi  ■+-  b/i-h-  c  -^ax2-+-  bj'^-i-  c  -^  ax^  -\-  by-i-h-  c  =  o. 


APPLICATIONS    DE    LA    TOÉORIE    DE    GALOIS.  3o3 

La  notation 

(.r, /;     ax -T- bj -\- c^     a^x -+- hij -r- c^) 

représentera  une  substitution  des  9  points,  si  l'on  exclut  les 
valeurs  de  a,  b,  «,,  b^  pour  lesquelles  a^, —  6ai  =  o.  Ces 
substitutions  forment  un  groupe,  car  le  produit  de  deux 
d'entre  elles  donne  une  substitution  de  même  espèce,  c  etCi 
peuvent  être  pris  égaux  à  o,  i  ou  2  ;  si  c  et  Cj  ont  été  choisis, 
a  et  6  ne  doivent  pas  être  à  la  fois  nuls;  si  «  et  6  ont  été  choi- 
sis, a,  et  61  peuvent  être  choisis  de  6  manières  différentes; 
l'ordre  du  groupe  est  donc  9.8.6. 

Le  groupe  en  question  remplace  3  points  en  ligne  droite 
par  3  autres  points  en  ligne  droite;  nous  allons  voir  qu'il 
contient  toutes  les  substitutions  qui  jouissent  de  cette  pro- 
priété. 

Soit  T  une  semblable  substitution  qui  remplace  (00)  par 
(a[3),  (01)  par  (a, (3i),  elle  devra  remplacer  (02)  par  (a.,  (Sa), 
de  telle  sorte  que 

la  substitution 

S  =  (jr,7;     ax^hy^a,     aix-^hyf^^^) 
du  groupe  produit  cet  effet  quand 

si  T  remplace  (10)  par  {y-^^-,)-,  la  substitution  S  produira  cet 
effet  si 

a -H  a  =  as,         <7i -1-^  =  ^3. 

On  voit  facilement  que  la  substitution  T  est  maintenant 
bien  déterminée,  et  cela  par  cette  seule  condition  que  3  points 
en  ligne  droite  sont  remplacés  par  3  autres  en  ligne  droite; 
et  comme  la  substitution  S  déterminée  jouit  de  cette  pro- 
priété, S  et  T  sont  égales. 


^04  QUATRIÈME    PARTIK.    —    CHAPITRE    IV. 

'  G  contient  ainsi  les  substitutions  qui  n'altèrent  pas  la  va- 
leur nulle  de  o{a,  h)  —  c.  Alors  G  est  le  groupe  de  l'équation 
ou  le  contient. 
G  contient  le  groupe  Gj  formé  des  substitutions 


où  a  est  égal  à  i  ou  2,  et  où  c  et  Cj  peuvent  recevoir  leurs 
trois  valeurs.  Ce  groupe  du  dix-huitième  ordre  est  permu- 
table à  toutes  les  substitutions  de  G.  Si  l'on  cherche  3  droites 
contenant  les  9  inflexions,  on  voit  que  G,  ne  contient  que  les 
substitutions  de  G  qui  échangent  ces  lignes;  comme  il  existe 
12  lignes  triples  et  qu'une  ligne  triple  détermine  les  deux 
autres,  il  existe  4  lignes  triples  qui  doivent  se  déterminer  au 
moyen  d'une  équation  du  quatrième  degré  dont  les  racines 
réduisent  le  groupe  G  à  G,. 

On  peut  encore  réduire  le  groupe  G  à  Gi  en  résolvant  une 
équation  abélienne  du  degré  9.8.6;  18  r=  24.  Cette  équation 
n'est  autre  chose  que  la  résolvante  de  l'équation  du  quatrième 
degré  et  se  trouve  résolue  dès  que  celle-ci  l'est.  Au  lieu  de 
réduire  le  groupe  G  à  G,  pour  la  fonction  des  racines,  on 
aurait  pu  le  réduire  par  l'adjonction  successive  des  radicaux 
qui  servent  à  résoudre  l'équation  du  quatrième  degré. 

On  divise  ainsi  l'ordre  de  G  par  24. 

Gi  contient  le  groupe  G,  du  troisième  ordre 

qui  est  permutable  avec  les  substitutions  de  Gi;  le  groupe  Q, 
peut  être  réduit  à  G,,  en  adjoignant  les  racines  d'une  équa- 
tion du  troisième  degré  qui  lait  connaître  les  3  droites  d'un 
triple,  ou  en  adjoignant  les  radicaux  qui  servent  à  résoudre 
cette  équation. 

Le  groupe  est  alors  réduit  aux  puissances  d'une  substitu- 
tion régulière  du  troisième  ordre;  il  est  donc  intransilif,  et 
l'équation  se  trouve  réduite  à  3  équations  du  troisième  de- 
gré; ces  équations  sont  abéliennes,  le  groupe  se  trouvant 
réduit  à  i  en  adjoignant  une  racine  arbitraire. 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  3o5 

Groupe  de  monodromie  d'une  équation. 

220.  Soit 

une  équation  contenant  un  paramètre  indéterminé  X  ;  pour 
plus  de  simplicité,  nous  supposerons  les  coefficients  numé- 
riques. Si  l'on  suppose  k  connu,  l'équation  possède  un  groupe 
déterminé  G. 

Une  fonction  rationnelle  o  de  k  et  des  racines  qui  reste 
inaltérée  par  les  substitutions  de  G  peut  être  exprimée  ration- 
nellement au  moyen  de  k  et  des  nombres  connus;  elle  doit 
donc  être  monodrome  par  rapport  à  k,  c'est-à-dire  qu'elle 
doit  avoir  une  valeur  déterminée  pour  une  valeur  donnée  de 
A-,  et  reprendre  cette  même  valeur  quand  k,  après  avoir  varié 
d'une  manière  quelconque,  repasse  par  sa  valeur  primitive. 
La  fonction  reprend  après  la  variation  de  k  sa  valeur  numé- 
rique primitive,  mais  sa  forme  algébrique  peut  avoir  changé, 
la  variation  de  k  pouvant  avoir  amené  une  permutation  entre 
les  racines. 

Si  l'on  fait  varier  /ren  lui  faisant  prendre  toutes  les  valeurs 
réelles  ou  imaginaires,  on  produira  des  substitutions  entre 
les  racines;  ces  substitutions  forment  un  groupe,  car  si  k  en 
suivant  un  chemin  fermé  produit  une  substitution  S  et  en 
suivant  un  autre  chemin  fermé  il  produit  la  substitution  T, 
en  suivant  successivement  ces  deux  chemins  il  produira  la 
substitution  TS.  Ce  groupe  porte  le  nom  de  groupe  de  mono- 
dromie par  rapport  à  k.  Nous  le  désignerons  par  H. 

221.  Les  substitutions  du  groupe  de  monodromie  naltè- 
rent  pas  une  fonction  monodrome  de  k.  En  effet,  si  k  suit  un 
chemin  déterminé,  il  en  résulte  une  substitution  déterminée 
correspondante,  et,  comme  la  fonction  est  monodrome,  cette 
substitution  ne  le  change  pas,  puisque  la  fonction  reprend  la 
même  valeur  quand  k  revient  au  même  point,  quel  que  soit 
le  chemin  suivi. 

P.  20 


3o6  QUATUIÈMK    PARTIE.   —    CHAPITRE    IV. 

Réciproquement,  une  fonction  est  nionodronie  quand  elle 
n'est  pas  altérée  par  les  substitutions  de  H.  Car  ces  substilu- 
tioiis  correspondent  à  tous  les  chemins  que  peut  suivre  k. 

222.  Le  groupe  II  est  contenu  dans  G.  Toutes  les  substitu- 
tions de  H  laissent,  en  effet,  une  valeur  rationnelle  d'une 
fonction  rationnelle  des  racines  et  de  k  inaltérée,  car  cette 
fonction  est  monodrome. 

Mais  il  faut  remarquer  que  II  ne  contiendra  nécessairement 
pas  toutes  les  substitutions  de  G;  en  effet,  de  ce  qu'une  fonc- 
tion est  monodrome,  il  n'en  résulte  pas  qu'elle  puisse  s'ex- 
primer rationnellement  par  des  quantités  connues  ;  elle  peut, 
par  exemple,  contenir  des  radicaux  et  G  ne  se  réduit  à  H 
qu'après  l'adjonction  de  ces  radicaux. 

223.  Le  groupe  H  est  permutable  aux  substitutions  de  G. 

Soit  4^  une  fonction  des  racines  invariable  par  les  substitu- 
tions de  H,  mais  variable  par  les  autres  substitutions.  Elle 
sera  monodrome  en  k  et  par  suite  exprimable  rationnelle- 
ment au  moyen  de  k  et  de  coefficients  irrationnels;  appelons 
a,  by  c,  ...  ces  coefficients;  la  fonction  ^  satisfait  à  une 
équation  irréductible;  on  obtiendra  des  relations  entre  a,  b, 
c,  . . .  en  écrivant  que  ^p  satisfait,  quel  que  soit  k,  à  cette 
équation.  On  peut  donc  former  une  équation  telle  que  a,  b, 
c,  . . .  s'expriment  rationnellement  au  moyen  d'une  de  ses 
racines  (74),  et,  si  l'on  adjoint  ses  racines,  G  se  réduira  à  un 
groupe  qui  ne  pourra  contenir  d'autres  substitutions  que 
celles  de  H.  Ce  groupe  sera  donc  H,  car  l'adjonction  d'irra- 
tionnelles numériques  ne  saurait  réduire  ce  groupe.  H  est 
donc  permutable  avec  les  substitutions  de  G  (202). 

224.  Considérons,  par  exemple,  l'équation  qui  fait  con- 
naître cos-  au  moyen  de  k  zzz.  cos^.  Appelons  x^,  œ.2,  . . .,  x,^ 

ses  racines,  ou  x-p=z  cos — ;  adjoignons  cos^  et  sin:;;  si 

z  varie  d'une  manière  continue,  cos^  et  sin^  reprennent  les 


APPLICATIONS    DE    LA    THÉORIE    DE    GALOIS.  Soj 

mêmes  valeurs  quand  z  croît  de  2p  tï,  p  désignant  l'un  des 
nombres  G,  I,  2,  . . .,  n  —  i;  la  racine  a;,,  se  changeant  alors  en 
x,.+p,  le  groupe  de  monodromie  de  l'équation  par  rapport  à 
sin^  et  cos^  est  le  groupe  linéaire  de  degré  n 

(r-^p 


et,  comme  ce  groupe  est  permutable  avec  les  substitution; 
du  groupe  algébrique,  celui-ci  a  la  forme 


il  se  réduit  au  groupe  de  monodromie  en  adjoignant  cos  — '  et 

sin  — ,  car  on  voit  facilement  que  dans  ce  cas 
II 

^(.r ,,+  ,,, r^,)  =0, 

OÙ  ij;  est  rationnel  et  cette  équation  ne  subsiste  que  pour  les 
substitutions  du  groupe  de  monodromie. 


CINQUIÈME  PARTIE 


SUR  LES  FORMES. 


COYARIANTS  DES  FORMES  BINAIRES. 


Formes  et  substitutions  linéaires. 

1.  Nous  désignerons  par  a%  la  forme  binaire  générale 
d'ordre  n 

(i)     a'j.  =  Uqx'I  -;-  -  aix'l-^XQ~\ ^^ -aix'l~'^xl  -4-. .  .-h  «„.r^', 

OÙ  «0)  «ij  •  •  •>  ««  seront  ce  que  nous  appellerons  les  coeffi- 
cients; si  l'on  fait  a":=o,  et  si  l'on  regarde  x^  :  x^  comme 
inconnue,  on  obtient  l'équation  générale  du  degré  n. 

2.  La  forme  est  transformée  par  une  substitution  linéaire, 
quand  on  pose 

(2)  -('i  =  aii;i  + ai2?0)         •■t'o  =  «21  ^i -t- «22  ^21 
et  l'on  suppose  le  déterminant 

(3)  D=  I  '" 

1     «21        «22    I 

différent  de  zéro;  si  l'on  a  plusieurs  formes  analogues  a'^, 
b%',  . . .,  il  sera  sous-entendu  qu'elles  sont  transformées  par 
la  même  substitution. 

Quand  on  effectue  la  substitution,  la  forme  se  change  en 
une  autre  de  même  ordre,  mais  avec  de  nouveaux  coeffi- 
cients u'q,  a\,  ....  qui  dépendent  des  anciens  et  des  coeffi- 
cients de  la  substitution  (2);  on  peut  effectuer  deux  sub- 
stitutions successivement:  cela  revient  à  effectuer  une  seule 


3l2  CINQUIÈME    PARTIE.   —    SUR    LES    FORMES. 

substitution,  mais  cette  troisième  substitution  n'est  pas  la 
même  quand  on  change  l'ordre  dans  lequel  on  effectue  les 
deux  premières;  toutefois,  le  déterminant  de  la  troisième  est, 
en  tout  cas,  le  produit  des  déterminants  des  deux  premières. 

3.  La  substitution  la  plus  générale  résulte  des  quatre  sui- 
vantes {voir  il)  : 


x,  =  Ai,, 

Xq  —  /i;o 

X\=  çu 

.ro=/^o: 

•ï-i  =  ;i^^-i;o, 

.ro  =  ^u, 

dont  les  déterminants  sont  /.-,  /,  i  et  i.  La  substitution  obte- 
nue en  les  effectuant  successivement  aura  pour  déterminant 
/î^l;  c'est  la  plus  générale,  parce  qu'elle  contient  les  quatre 
paramètres  k,  l,  a^,  a^,  et  l'on  A^oit  facilement  qu'on  peut  les 
déterminer  sans  ambiguïté  quand  on  se  donne  les  coefficients 
de  (2).  Excepté  pourtant  lorsque  ajj  =  o  ou  ao^^o;  alors, 
en  effet,  ils  sont  infinis;  comme,  dans  ce  cas,  a,,  et  a,i  ne 
peuvent  être  nuls,  nous  admettrons  encore  une  cinquième 
substitution  simple  qui  échange  seulement  les  variables;  elle 
a  pour  déterminant  —  i  et  change  a^  en  «„_^. 

Symboles. 

4.  Nous  regarderons  les  lettres  a,  b,  . . . ,  A,  B,  . .  . ,  dans  ce 
qui  va  suivre,  comme  des  s^^mboles  dont  les  puissances  seront 
remplacées  par  des  indices;  ainsi  nous  aurons 

(a)"=fin,        («)o  =  rto,         (A)3  =  A3, 

mais  n  sera  toujours  égal  à  ou  inférieur  à  l'ordre  de  la 
forme,  car  «„  n'a  plus  de  sens  dans  le  cas  contraire.  Nous 
pouvons  alors  écrire 

(  4)  ^'5  =  (.î-i-t-  «a?o)«, 

si,  après  avoir  appliqué  la  formule  du  binôme,  nous  écrivons, 


COA'ARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  3l3 

au  lieu  du  premier  terme, 

j:'l  (  a  ,ro  )"  =  .r'/  (  ^/ )o  ( ,ro  )»  =  «o  J.-'/ • 

Nous  considérerons  ensuite  une  différentiation  symbolique 
pour  laquelle  nous  ferons  usage  de  la  caractéristique  Aj;  elle 
€onsistera  à  appliquer  les  règles  ordinaires  de  la  difl'érentia- 
tion  aux  puissances  symboliques.  Ainsi,  on  posera 

On  voit  donc  que  l'on  n'a  qu'à  différentier  en  regardant  les 
indices  comme  des  exposants.  Nous  donnerons  encore  quel- 
ques exemples  : 

Ai(«i^('2  —  '''!)  =  o,         Ai<7i(7j  =rto'^'3  -f-6a]a2«3. 

Coefficients  et  fonctions  transformés. 

5.  Lorsque  l'on  transforme  la  forme  (i),  on  obtient  une 
forme  de  même  ordre  avec  de  nouveaux  coefficients  «„, 
«1,  . . . ,  et  il  en  est  de  même  pour  toute  autre  forme.  Soit  u 
une  fonction  entière  et  rationnelle  des  variables  et  des  coef- 
ficients d'une  ou  de  plusieurs  fonctions,  homogène  en  o^, 
et  Xq.  Si,  dans  u,  nous  remplaçons  les  coefficients  par  ceux 
des  formes  transformées  et  x^,  x^  par  ^i,  ^o  respectivement, 
nous  obtenons  une  nouvelle  expression  u' .  Maintenant,  dans 
u',  remplaçons  les  nouveaux  coefficients  et  les  variables  t\ 
et  ^0  pai'  leurs  valeurs  en  fonction  des  anciens  coefficients  et 
des  anciennes  variables;  si  alors  a'  ne  diffère  de  u  que  par 
un  facteur  dépendant  seulement  des  coefficients  de  la  sub- 
stitution, on  dira  que  u  est  un  covariant  de  la  forme,  ou  un 
covariant  simultané  des  formes  s'il  intervient  plusieurs 
formes  dans  l'expression  de  u.  Les  considérations  qui  vont 
suivre  ont  pour  objet  la  recherche  des  covarianls  et  leur 
mode  de  dépendance.  Pour  obtenir  des  covariants,  nous  cher- 
cherons les  conditions  pour  que  u  reste  invariable  quand  on 


3l4  CINQUIÈME    PARTIE.    —    SUR    LES    FORMES. 

effectue  les  cinq  subslitulions  particulières  dont  il  a  été  ques- 
tion plus  haut. 

6.  La  première  substitution  donne 

a',,  =  h"ag,  l\=Xi  :  h,  ^q  =  -^0  :  k. 

On  voit  que  tout  covariantde  a%  doit  être  homogène  par  rap- 
port aux  coefficients  de  cette  forme;  si  son  degré  par  rapport 
aux  variables  (que  l'on  appelle  son  ordre)  est/?,  si  son  degré 
par  rapport  aux  coefficients  (que  l'on  appelle  son  degré)  est 
g,  la  substitution  considérée  multiplie  le  covariant  par  A"^-^. 
Si  l'on  considère  un  covariant  de  plusieurs  formes  des  degrés 
n,  /ij,  /?,,  . . .,  et  si  les  degrés  d'un  de  ses  termes  par  rapport 
aux  coefficients  de  ces  formes  sont  respectivement  g,  g^y 
g^,  . . .,  Ing  sera  le  degré  de  tous  ses  termes  et  le  covariant 
sera  multiplié  par  k^"^-p  après  la  transformation. 

7.  La  seconde  transformation  donne 

a[j  =  lla,i,  h',1  =  l'ihq-,  \ï  =  ••Ci,  ^u  =  •^ol  l- 

Si  l'on  désigne  par  v  le  degré  de  A  dans  un  terme  kx^^x^^,  en 
y  regardant  les  indices  comme  des  exposants  (c'est  ce  que 
l'on  appelle  \e  poids  de  A),  ce  terme  sera  multiplié  par  /^-?; 
V  —  (3  doit  alors  avoir  la  même  valeur  pour  tous  les  termes  d'un 
covariant.  Si  l'on  ordonne  le  covariant  comme  les  formes,  le 
poids  de  chaque  coefficient  devra  être  supérieur  d'une  unité 
au  poids  du  coefficient  précédent. 

8.  La  cinquième  substitution  change  a„_^  en  «^,  x^  en  Xq  et 
vice  versa;  ce  changement  ne  doit  pas  altérer  un  covariant, 
ou  doit  simplement  le  multiplier  par  —  i.  Soit 

(5)  Ao.rP-^^Ai.<-i^o-t-...+  Ap.rg 

le  covariant,  la  substitution  change  Aq  en  ±  kp.  Si  y  est  le 
poids  de  Ao,  A^  sera  de  poids  v  -\-  p. 
Mais  AflAp  doit  être  de  poids  ^ng,  car,  si  dans  AoAp  il  entre 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  3l5 

un  facteur  «^  ou  b^,  il  doit  aussi  y  entrer  un  facteur  a^-py 
bn 

(6)  p^^ng-i^>, 

ce  qui  montre  que  l'ordre  d'un  covarianl  est  déterminé  quand 
on  connaît  le  poids  et  le  degré  de  son  premier  coefficient. 

Si  l'on  effectue  successivement  la  première  et  la  deuxième 
substitution,  le  covariant  est  multiplié  par  li^'^s-pp-=^  {k^iy. 
Or  k^l  est  le  déterminant  de  la  substitution  résultant  des 
deux  premières,  la  troisième  et  la  quatrième  substitution  ont 
pour  déterminant  i  et  ne  changent  pas  le  covariant,  comme 
nous  le  verrons  plus  loin;  il  en  résulte  que  : 

Une  substitution  quelconque  de  déterminant  D  multiplie 
un  covariant  par  D^,  v  désignant  le  poids  du  premier  coeffi- 
cient du  covariant. 

9.  Nous  avons  vu  que  tous  les  coefficients  d'un  même  cova- 
riant u  ont  le  même  poids  ou,  comme  nous  le  disons,  sont  ho- 
mogènes en  indice  et  sont  de  même  degré,  c'est-à-dire  ho- 
mogènes dans  le  sens  propre  du  mot.  On  aura  donc,  en  vertu 
de  cette  dernière  propriété, 

du  du  du 

(la  -. r-  Ot V-  .  .  .-^  a„  ■ —  (ru. 

L'homogénéité  en  indice  fournit  une  équation  analogue. 
Si  nous  faisons,  en  effet. 


CH^'^ln 

h,=f!n 

nous  aurons 

'^         du 

^d    ^  dx^ 

..=2^-'^ 

cpi 

du 

"V^           du 

,    .  du  du  du         ,     du 

o«i  da^  da^  dbi 


3l6  CINQUIÈME    PARTIE.    —    SUR    LES    FORMES. 

10.  La  troisième  substitution  est 

•^1  =  ^1  -+-  =^1  ;o)        ^'o  =  ^0, 
elle  change  a'^:=  (.Ti—  aj^^Y  ^n 

[;i-f-f;«-i-ai)ïo]". 

Les  coefficients  de  la  forme  transformée  dépendent  donc  de 
ceux  de  la  forme  primitive  au  moyen  d'une  équation  symbo- 
lique qui  exprime  que  le  symbole  reçoit  l'accroissement  «j. 
On  a  alors 

(  8 )     <^'p  =  ( «  -^  s'-i  y  =  ^h'  -^  -  ^'p- 1^-1-^  ^—^ ^'p—î  otf  —  . . .  —  «/', 

ce  que  l'on  peut  encore  écrire 

(9)  "7^=  ^'p—  Ai«p-'  ^  Af  (7/,  —!-—..., 


où  Aj  représente  AiAj. 

Nous  avons  là  une  analogie  frappante  avec  la  formule  de 
Taylor  et,  si  nous  observons  que  cette  dernière  formule  peut 
se  démontrer  en  s'appuyant  sur  ce  fait  qu'elle  est  valable 
pour  aP  et  l'accroissement  «i  donné  à  a,  et  qu'on  peut  la 
généraliser  en  considérant  plusieurs  variables  recevant  des 
accroissements  divers,  on  pourra  l'étendre  à  des  symboles; 
si  nous  supposons  que  tous  ces  symboles  reçoivent  le  même 
accroissement  «i,  la  formule  de  Taylor  donnera 

du        du 
Oa~  Où  ~' 

et,  en  faisant  usage  de  la  notation  différentielle  symbolique, 

(  10)  u'  =  u  -h  ^lU—  -f-  Af  »  — -  -f-.  .  ., 

u    désignant    une    fonction    entière    des    coefficients    d'un 
nombre  quelconque  de  formes  et  u'  la  fonction  transformée. 
Si  les  variables  entrent  aussi  dans  a,  on  a 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  Siy 

et  l'on  trouve 

(11)  «  =  «  -r-     Al  «  —  .ro  -—     ai  ^-     A,  «  —  xo  --— h  .  . . , 

formule  dans  laquelle  les  exposants  des  parenthèses  doivent 
être  considérés  comme  plus  haut. 

La  formule  (ii)  montre  que  les  covariants  doivent  satisfaire 
à  la  relation 

,      ,  ^  du 

(12)  Ai«~  .ro^--  =  o, 

d'où  il  résulte 


Si  a^o  et  Xj  n'entrent  pas  dans  u,  on  a  seulement 
(i3)  \iu  =  o 

ou 

,    ,  à//.  du  du         ,     du 

(i4)  «0  1 1-  2«i  "i H..  .-)-  ncin-i- \-bo-j-  -^.  ... 

Au  surplus,  (12)  peut  être  considérée  comme  un  cas  parti- 
culier de  (i3),  si  l'on  y  considère  —  a;^  et  œ^  comme  les  coef- 
ficients d'une  forme  adjointe  du  premier  degré. 

11.  La  diflférentiation  symbolique  abaisse  d'une  unité  le 
poids  de  chaque  terme,  sans  changer  les  lettres;  pour  un  co- 
variant  u,  les  termes  de  (12)  qui  contiennent  les  mêmes  let- 
tres au  même  degré  doivent  se  détruire  entre  eux.  Nous  pou- 
vons en  conclure  qu'un  covariant  est  homogène  par  rapport 
aux  coefficients  de  toutes  les  formes  ou  se  décompose  en  plu- 
sieurs autres.  Un  covariant  pourrait  aussi  se  rapporter  à  des 
formes  contenant  des  variables  différentes,  œ^,  ^1;  fo,  Ji  •  ■  ■; 
il  devrait  alors  être  homogène  par  rapport  à  chaque  paire  de 
variables,  et  dans  (12)  il  s'introduirait  de  nouveaux  termes  de 
la  forme 

du 


3l8  CINQUIÈME    PARTIE.   —    SUR    LES    FORMES. 

12.  La  quatrième  substitution  transforme  a'^.  en 

[^i(i  — aa2)-4-«;o]'S 

alors 

7)  p 

rt^  =  (  I  -f-  a  a2  y-PaP  =  cip  h ap^x  =«2  -r-  •  •  • 

<^2  »,  «2 

A,  désignant  une  opération  identique  avec  A,,  à  cela  près  que 
Oq  doit  être  remplacé  par  «„_,/,  bq  par  hn,-q,  ....  On  a  donc 

A2a„_i  =  <7,;,         Ao*?,,  — o. 

La  condition  pour  que  u  soit  un  covariant  est  alors 

du 
(i5)  \iu—xi  -—  =0, 

et  l'on  a,  en  général, 

,  r\         '  i  K  àii\  a.        (  du  Y  ^- 

(iG)      u  —  u-^  t  \,u  —  Xi  - — h     A,?/  — xi  -^ —      -^  -f-.  .  ., 

^      '  \  dxj    I         V  OJOqJ    1.-2 

formule  qui  doit  être  généralisée  comme  (u),  si  l'on  a  affaire 
à  plusieurs  paires  de  variables.  Si  les  variables  n'entrent  pas 
dans  u,  (i5)  donne 

{17;  AoU  =  o 

ou 

,    „  du        ,  ^        ou  du  ,     du 

dcio  dcii  da^^i  dOo 

13.  Nous  allons  maintenant  montrer  comment  les  coeffi- 
cients d'un  covariant  dépendent  de  l'un  d'entre  eux.  Soit  le 
covariant 

(19)    K  =  Aox'i-r-  ^-^  Aix^-'  xo+  ^'^ ^^~'\,xf-'xl~...-^X^x^-^.~.... 


COVARIANTS    DES   FORMES    BIXAIRES.  Sig 

Supposons  que  g  soit  le  degré  et  v  le  poids  de  A^,  de  sorte 
que 

[jl  =  Il  g  —  2  V . 

Nous  avons  vu  que  A^  est  de  degré  g  et  de  poids  v  h-  7. 
Si  nous  appliquons  à  K  la  formule  (12),  nous  trouvons 

ot,  comme  cette  quantité  doit  être  identiquement  nulle, 

AiAo=o,         AiAi  =  Ao,         A,  A.,  =  2  Ai,         ...,         Aj  A.^  =  ^yA^_i. 

On  voit  que  l'opération  A,  a  le  même  effet  sur  les  coeffi- 
cients d'un  covariant  et  sur  ceux  de  la  forme. 
Appliquons  à  K  la  formule  (i5),  nous  trouvons 

A,Ao.r!^  +  -^A,Ai.rr'.ro+'^''^~'^AoA.,x!f--^xg  +  ...  +  A,At,x^ 


'^A,.rï-i^l^A,rr.„ 


I 

\x(  u.  —  i)('u  —  2) 


d'où  l'on  conclut 

AjA/,  =  0,         AoAp-i^A/;,  ..., 

A2A^=  ([j.  — f/)A^+i,         ...,         A2Ao=[JlAi. 

Ces  formules  montrent  que  l'opération  A^  s'applique  d'après 
les  mêmes  règles  aux  coefficients  d'un  covariant  et  aux  coef- 
ficients d' une  forme  de  même  ordre  que  le  covariant. 

De  ces  théorèmes,  il  résulte  qu'ww  covariant  est  entiè- 
rement déterminé  quand  on  connaît  un  quelconque  de  ses 
coefficients,  car  au  moyen  des  deux  opérations  on  peut  dé- 
terminer tous  les  autres.  En  particulier  nous  remarquerons 
que  Ao  satisfait  à  l'équation  AiAq^o  et  A^  à  l'équation 
A2Ajx=:o.  Les  fonctions  qui  satisfont  à  ces  deux  équations 


320  CINQUIÈME    PARTIE.   —    SLR    LES    FORMES, 

seront  ce  que  nous  appellerons  des  semi-invariants;  ils  se- 
ront de  première  espèce  ou  de  seconde  espèce,  suivant  qu'ils 
satisferont  à  la  première  ou  à  la  seconde  ('). 

Un  covariant  d'ordre  nul  satisfait  aux  deux  conditions  et 
on  l'appelle  un  invariant;  pour  un  semblable  covariant,  on 
a  l.ng-=z-2v.  Les  deux  espèces  de  semi-invariants  se  déduisent 
les  uns  des  autres  en  changeant  aq  en  a„_ç,  bq  en  b,i^-q,  .... 
Il  en  résulte  qu'un  invariant,  par  un  semblable  changement, 
doit  rester  inaltéré  ou  changer  seulement  de  signe  selon  que 
son  poids  est  pair  ou  impair;  car  le  changement  se  produit 
par  la  cinquième  transformation. 

Les  covariants  deviennent  des  invariants  lorsque  l'on  re- 
garde les  variables  comme  coefficients  de  formes  linéaires 
dont  le  premier  terme  est  négatif. 


Semi-invariants. 

\k.  On  voit  facilement  que 

{ai  —  acioy 
est  un  semi-invariant  de  première  espèce,  car 

Ai(ai  — r/(7o)!^=  [J.(ai—  aciQ)V--'^{aQ~  ciq)  =  o; 

il  se  trouve  représenté  par  a'^z=z(a:i-r- axo)^-,  si  l'on  rem- 
place a-i  par  «1  et  ^o  par  —  «o-  l^  est  nul  identiquement  pour 
|jL=  I  ;  pour  les  autres  valeurs  de  ^x,  on  a,  en  divisant  par  a^, 
qui  est  lui-même  un  semi-invariant, 

(20)    Co=«o>         C2=feoOi  —  a'I,         C3  =  «^«3 — 3«o«iao  — 2«f; 

n  est  la  plus  grande  valeur  que  puisse  prendre  ^. 

A  l'aide  de  ces  n  —  i  semi-invariants,  on  peut  exprimer 
en  fonction  entière  tous  les  semi-invariants  de  a"^,  après  les 
avoir  multipliés  par  une  puissance  convenable  de  «y. 


(  '  )  Parfois,  quand  nous  parlerons  de  semi-invariants,  sans  en  désigner  l'es- 
pèce, il  faudra  sous-entendre  qu'il  s'agit  de  semi-invariants  de  première  espèce. 


COVARIAXTS    DES    FORMES    BINAIRES.  321 

Dans  Cjj.,  le  premier  terme  est  a^'^  a^,  et  a^  n'entre  que 
dans  ce  terme.  On  peut  alors  éliminer  d'un  semi-invariant 
donné  U,  au  moyen  des  équations  (20),  les  quantités  a,i,  (7„_,, 
«„_2,  . . .,  «2  et  l'on  n'introduit  ainsi  que  des  dénominateurs 
puissances  de  Oq;  on  obtient  ainsi 

U  =  A-4-Bai  +  C«ï^..., 

A,  B,  C,  .  . .  désignant  des  fonctions  entières  des  c  divisées 
par  des  puissances  de  Cq.  A,  B,  C,  . . .  sont  ainsi  eux-mêmes 
des  semi-invariants  et  l'on  a 

AjU  =  B«o  +  2Cao«i  -T-.  •  -, 

et  cette  quantité  n'est  identiquement  nulle  que  quand 
B  =C. . .  =0,  car  les  c  et  a  peuvent  être  considérés  comme 
indépendants. 

On  voit,  de  même,  qu'une  fonction  U,  telle  que  A^  U  ^  o, 
peut  être  ramenée  à  la  forme  A  +  Ba,,  etc. 

D'une  manière  toute  semblable  on  verrait  que  des  semi- 
invariants  simultanés,  abstraction  faite  de  multiplicateurs 
puissances  de  a^,  bg,  . . .,  peuvent  être  exprimés  en  fonction 
entière  et  rationnelle  des  c  et  de  leurs  analogues  ainsi  que 
de  semi-invariants  de  la  forme  a^b^  —  boU^.  Enfin,  on  aurait 
des  théorèmes  analogues  pour  des  semi-invariants  de  se- 
conde espèce  en  changeant  a^  en  a„_,,  etc. 

15.  Il  est  facile  de  trouver  l'expression  d'un  semi-invariant 
donné  de  a%  en  fonction  des  c.  Si  l'on  pose,  en  effet,  «i  =  o, 
Cjx  se  réduit  à  a^^'ajj.;  il  suffit  alors  de  multiplier  le  semi- 
invariant  par  une  puissance  de  «o  telle  que  son  degré  de- 
vienne égal  à  son  poids  (tous  les  c,  excepté  Cq,  jouissent  de 
cette  propriété  ),  et  alors  de  poser  «,  =  o  ;  on  a  ainsi  l'expres- 
sion demandée. 

Par  exemple,  soit 

en  multipliant  par  al  et  en  posant  a,  =  o,  on  a 

P.  21 


322  COVARIAMS    DES    FORMES    BINAIRES. 

d'où  l'on  tire 


C'est  ce  que  l'on  peut  voir  d'une  autre  manière. 
Le  semi-invariant  doit  rester  inaltéré  par  la  troisième  sub- 
stitution, et  par  suite  quand  on  remplace  a^  par 


0(,-r-  rja^^iai- 


comme  «i  doit  disparaître  du  résultat,  on  peut  le  remplacer 

par  une  quantité  arbitraire;  nous  le  remplacerons  par ^-^ 

Si  nous  multiplions  par  a'^,  où  v  désigne  le  poids,  «^  se  change 
en  a^Cq,  et  si  l'on  divise  par  a^,  où  g-  désigne  le  degré,  on  re- 
trouve le  résultat  auquel  nous  sommes  parvenus  tout  à 
l'heure. 

On  aurait  pu  remplacer  «1  par —;    et   en  multipliant   par 

une  puissance  de  rg,  a^  se  serait  changé  en  a%;  donc  : 

Un  semi-invariant  quelconque,  multiplié  par  une  puissance 
convenable  de  Xq,  peut  s'exprimer  sous  forme  entière  au 
moyen  de  «'J,  a^"' ,  .  .  . . 

Par  exemple,  on  a  identiquement 

.rJ(<7o<Vv —  4«i'''3+  3a|)  —  ciQa^  —  4«'i«l-  -+-  3(«1-)-. 

Ce  théorème  s'étend  sans  difficulté  aux  semi-invariants  si- 
multanés. On  a,  par  exemple, 

j'(,{a,^/ii —  l^oUi)  —  UqÙ]- —  l>Qf'x- 

16.  On  obtient  encore  un  groupe  de  semi-invariants  en 
posant 

d^^=  (a  —  /j)\^, 

car  on  a 

Airfu.=  iJ.{a  —  b)\>-~U.i-i)  =  o. 

Si  l'on  pose  b  =  a,  on  obtient  des  semi-invariants  relatifs 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  32.3 

à  la  forme  «".,  qui,  pour  p.  impair,  s'évanouissent  identique- 
ment; ainsi 


Ces  quantités  peuvent  servir,  au  lieu  de  c.2,  c^,  . . . ,  à  expri- 
mer un  semi-invariant;  et,  par  ce  nouveau  procédé,  on  intro- 
duira en  dénominateur  une  puissance  moins  élevée  de  a^. 

17.  Il  est  facile  de  trouver  la  signification  des  semi-inva- 
riants c;  en  effet,  si  en  appliquant  la  troisième  substitution 
on  pose  «1  égal  à ^  le  second  terme  de  la  forme  transfor- 
mée s'évanouit  et  <7),  se  réduit  à  (a  —  ^^j    qui,    abstraction 

faite  du  facteur  a'^'^ ,  se  réduit  à  c^,;  donc  : 

Si  l'on  transforme  la  forme  de  telle  sorte  que  son  second 
terme  s'évanouisse,  on  trouve 

Si  l'on  égale  cette  forme  à  zéro,  on  obtient  une  équation 
dont  les  fonctions  symétriques  des  racines  pourront  s'expri- 
mer au  moven  de  -^j  ^,"  . . .,  -^;  ses  racines  dépendent  des 

différences  des  racines  de  l'équation  non  transformée;  on  a, 
en  effet, 

•ri  =  ^1 ^0,  .^0  =  ço         et        .—  =  s 


JTy 


Ainsi 


ô  désignant  la  différence  entre  —  et  une  autre  racine. 


324  COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

En  ce  qui  concerne  les  semi-invariants  de  seconde  espèce, 
il  n'y  a  qu'à  remplacer  les  racines  par  leurs  inverses.  D'ail- 
leurs, il  est  facile  de  voir  que  la  troisième  substitution  ne 
change  pas  la  différence  de  deux  racines  et  que  la  quatrième 
ne  change  pas  la  différence  de  leurs  inverses. 

18.  Si  l'on  remplace  «i  par  — ^,  Aq  et  Ai  désignant  les 
deux  premiers  coefficients  d'un  covariant,  on  trouve 

c'est  un  semi-invariant  qui,  multiplié  par  AJ%  est  ramené  à 
la  forme  entière.  On  obtient  ainsi  n  —  i  nouveaux  semi-inva- 
riants par  lesquels,  à  l'aide  de  Ao,  un  semi-invariant  quel- 
conque, multiplié  par  une  puissance  convenable  de  Ao,  peut 
s'exprimer  sous  forme  entière  et  rationnelle.  Aq,  comme  nous 
le  verrons,  est  un  semi-invariant  arbitraire  qui  n'est  pas  un 
invariant;  si  l'on  exprime  de  même  Aq,  on  obtient  une  rela- 
tion entre  les  semi-invariants  dont  on  a  fait  usage. 

En  effet,  comme  celui  qui  correspond  à  c^  ne  s'évanouit 
pas,  on  a,  dans  ce  cas,  n  semi-invariants,  tandis  qu'il  n'existe 
que  n  —  i  semi-invarianls  c. 

19.  Il  existe  entre  les  opérations  Aj  et  Aj  une  dépendance 
que  l'on  met  en  évidence  comme  il  suit  :  on  a 

^  Ou  .  ^  /  ^  (^n- 

si  l'on  forme  Ai  AoW  et  A^Aj  u,  on  voit  immédiatement  que  les 
termes  qui  renferment  des  dérivées  du  second  ordre  sont 
les  mêmes;  les  autres  sont 

Z{iJ.^i){n-[}.)a,,,~  et  Z^x^ji  -  ix  ^  i)a,j,  ~ 

On  a  donc,  quel  que  soit  le  semi-invariant  u, 
(22)  AiA2?i  —  AaAi?;  =  {n<^ —  '2.v)u. 


CO VARIANTS   DES    FORMES    UIXAIRES.  3^5 

Si  II  contient  les  coefficients  de  plusieurs  formes,  on  doit 
remplacer  ng  par  ^ng. 

Co  variants. 

20.  Nous  avons  vu  que  les  coefficients  d'un  covariant  de- 
vaient satisfaire  aux  deux  séries  de  relations 

AiAy=ryA^_l,  A2Ây=([x  — r/)A^+i. 

En  outre,  on  a 

jjL  désignant  l'ordre  du  covariant,  g  le  degré  et  v  le  poids  de 
Ao. 

Nous  pouvons  montrer  que  la  dernière  condition  peut  rem- 
placer une  des  séries  de  conditions  trouvées  plus  haut,  pourvu 
que  nous  ayons  encore  égard  aux  relations 

AiAo  =  o        ou         A2A[ji  =  o. 

On  a,  en  effet, 

A2Ao=[xAi        ou        Al  AoAo  =  [JtAi  Al  ; 

mais 

AiA2Ao=  A2AiAo-^(2://ji;  —  2v)Ao=  [-lAol 

donc 

Al  Al  =  Ao. 

De  plus,  on  a 

A2  Al  =  {\x  —  i)  A2,         Al  A2  Al  =  (  ;ji  —  i)  A]  A,, 

mais 

AiA2Ai  =  A2AiA,-f-(S/io-2v  — 2)Ai 

=  A2Ao-+-([Jt  —  2)Ai  =  2([JL  —  l)Ai, 

donc 

AiA2=2Ai, 

et  ainsi  de  suite. 

Tout  semi-invariant  détermine  donc  un  et  un  seul  cova- 
riant. 


SaÔ  COVARIANTS    DES    FORMES    BLXAIRES. 

Le  semi-invariant  cf„  détermine  la  forme  donnée  (la  forme 
fondamentale). 

Il  en  résulte  que  les  covarianls  dépendent  les  uns  des 
autres  de  la  même  manière  que  les  semi-invariants  qui  les 
déterminent.  Si  l'on  a,  par  exemple, 

Ao=BoCoH-Do, 

et  si  l'on  remplace  Bo,  Co  et  Dq  par  les  covariants  qu'ils  dé- 
terminent, on  obtient  un  covariant  dont  le  premier  terme  a 
pour  coefficient  Ao,  ce  covariant  n'est  autre  que  celui  qui  est 
déterminé  par  Ao,  car  il  n'y  en  a  qu'un  qui  soit  ainsi  déter- 
miné. 

Les  théorèmes  démontrés  plus  haut,  sur  les  semi- inva- 
riants, en  donnent  d'autres  analogues  pour  les  covariants; 
ainsi  l'on  a,  par  exemple,  le  théorème  suivant  : 

Un  covarianl  appartenant  à  la  forme  a",  multiplié  par 
une  puissance  convenable  de  la  forme  fondamentale,  peut 
s'exprimer  en  fonction  entière  et  rationnelle  au  moyen  des 
covariants  déterminés  par  les  c. 

On  démontre  des  théorèmes  analogues  au  sujet  des  semi- 
invariants  de  seconde  espèce. 

'•li.  Nous  avons  montré  plus  haut  que  les  semi-invariant* 
sont  simplement  multipliés  par  une  puissance  de  Xq  quand 
on  y  remplace  a^,  par  a^;  il  existe  un  théorème  analogue 
pour  les  covarianls.  En  effet,  un  covariant  n'est  pas  altéré 
par  la  troisième  substitution;  on  a  donc  identiquement 

K  =  A;(j:i— aiXo)f^--i-  -  ^\{-^\  —  aj^o)!^-^  -+-••  .  —  X'^x'^q, 

ou,  en  remplaçant  a^  par  .2?i  :  x^, 

K=A;,.zt 

où  AÎj,,  représente  la  valeur  transformée  de  Ajj,.  Le  change- 
ment dont  nous  avons  parlé  remplace  a^_  par  «^'  ;  a-^-,  en  sorte 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  827 

que  A'^  acquiert  le  dénominateur  jc^-^^-  où  v  désigne  le  poids 
de  Aq',  ainsi  : 

L/i  covarianl  multiplié  par  x^  est  représenté  par  son  der- 
nier coefficient  dans  lequel  on  remplace  a p,  bq,  ...  par  a'^, 
hl   ...." 

On  arrive  au  même  résultat  en  donnant  dans  Ap  au  symbole 
l'accroissemeril  —  —  et  en  développant  par  la  formule  sym- 

■i'o 

bolique  de  Taylor, 

Exemple.  —  A  l'aide  de  c^  et  pour  «=^4»  on  forme  un  cova- 
riant  d'ordre 

2.4  —  4  =  4, 
on  a 

Ao=rto'''2 fl\;  iXi^  f(nf(3—  aiClo-,  6A2=  <7o«4-i-2ai03 —  3rt|, 

1X3=  ai  a^ — a^Os,         A4.  =  «2  ^'4 — «L 

et  le  covarianl  peut  s'écrire 

pour  n  =  2,  C2  est  un  invariant  qui  peut  s'écrire 

pour  n  =  3,  c,  donne  le  covariant 

(«0  «2  —  «î  )  -^ 'î  -^  ('"'O  «3  —  «1  «2  )  -^-'1  "f 0  -+-  {fil  «3  —  a  \  )xl 

=.[ai«i-(«J.)2]:.r^ 

Formation  de  nouveaux  semi-invariants. 

22.  Étant  donné  un  semi-invariant,  on  peut  en  déduire  de 
nouveaux,  en  remplaçant  les  coefficients  a^,  «,,  a,,  ...  par 
une  série  de  fonctions  Aq,  Aj,  Ag,  . .  .  pour  lesquelles 

AiAo=o,         AiAi=Ao,         AiA2  =  2Ai,         .... 

En  vertu  de  ces  équations  la  nouvelle  expression  s'évanouira 
quand  on  la  différentiera  symboliquement,  tout  comme  l'an- 
cienne. Alors  on  peut  remplacer  aq  par  a^-i-  kbq,  â:  désignant 


328  COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

adjointe.  Un  semi-invariant  H  se  transformera  en 

et  comme  k  est  arjjilraire,  les  coefficients  de  toutes  les  puis- 
sances de  k  devront  être  des  semi-invarianls.  Ainsi,  un  semi- 
invariant  H  en  donne  un  autre 

dE  ,        ôti  ,  dH  , 

la  différentiation  symbolique  donne 

/  ,x     *    ^H  dE  dR  du  ^    cm 

(94)      A,  — -  = —  ,      Al-—  =  —  2- — ,      ••-,      Al- — ^  o. 

Otto  ocii  ofti  acii  aa,i 

La  dernière  équation  montre  que  d'un  semi-invariant  on 
peut  en  déduire  un  autre  en  différentiant  par  rapport  au 
dernier  coefficient  «„. 

Les  équations  (2^)  montrent  encore  que  chaque  dérivée 
partielle  détermine  la  suivante;  H  est  donc  bien  déterminée 

quand  on  connaît  -—  et  en  vertu  de  (7)  quand  on  connaît -r — 

(et  l'on  en  dirait  autant  des  semi-invariants  simultanés). 

On  voit  encore  que  si  a^  entre  dans  H,  a^__^,  a^_^_,  . . .,  a^ 
doivent  y  entrer  également.  Dans  un  invariant,  à  cause  de  la 
symétrie,  il  doit  entrer  tous  les  coefficients. 

Si,  dans  un  covariant,  on  regarde  — x^  et  x^  comme  les 
coefficients  d'une  forme  adjointe  —  ^0^1 +  ■^1^0»  dételle  sorte 
que  ^,^x^z=  —  Xq;  A2 ^0  =  —  ^i>  les  conditions  de  covariance 
deviennent  des  conditions  d'invariance.  On  peut  donc  consi- 
dérer les  X  comme  des  coefficients  et  les/  comme  de  nou- 
veaux coefficients;  du  covariant  K  on  déduit  alors  le  nouveau 
covariant 

divisé  par  le  degré  de  K  en  ^;  on  lui  donne  le  nom  de  pre- 


COVARIAXTS    DES    FORMES    BIXAIRES.  829 

mière  polaire  de  K.  Si  K  =::  Ag  =  (xi  -f-  A^o)''  on  a,  pour  ex- 
pression de  celte  polaire, 

j,(.r,  -V  A.ro)/'-'  --  Ajo (.ri  +  A^'o)^"»  =  A^.-'  A| . 

La  première  polaire  de  cette  expression  est  la  seconde  polaire 
de  K;  elle  a  pour  expression  A^r'A^.  et  ainsi  de  suite;  d'ail- 
leurs les  polaires  de  K  se  réduisent  à  K  si  l'on  fait  y,  =  ^"1, 

Soit,  maintenant,  Kj  un  covariant,  avec  deux  paires  de  va- 
riables X  el  y  et  de  degré  /•  en  /.  Si  l'on  remplace  /  par  x, 
on  obtient  un  covariant  K;  soit R la  z-'^™^  polaire  de  K,  Kj—  R 
doit  alors  s'annuler  pour  y^x  (c'est-à-dire  pour  y^^zx^, 
ji  =  ^i)  et  par  suite  il  doit  être  divisible  par  ^i/o  — /i^^o  que 
l'on  appelle  le  coi^ariant  identique  et  que  l'on  désigne  par 
{xy).  On  a  alors 

où  K,  désigne  un  covariant  dont  le  degré  en  x  et  en  y  est  infé- 
rieur d'une  unité  au  degré  de  Ki;  si  l'on  traite  K,  comme  Ki, 
et  ainsi  de  suite,  on  a  le  théorème  suivant: 

Un  coK'ariant  qui  contient  deux  paires  de  variables  x  et  y 
peut  se  mettre  sous  la  forme 

Kl  =  R  -+-  Ri  (.n)  ^  R  o(.rK)'-4- . .  . , 

les  R  désignant  des  polaires  de  co^ariants  indépendants 
des  y. 

2i-.  A  l'aide  du  covariant  K,  formons  le  nouveau  covariant 

oao  ddy  Oa,i 

OÙ  nous  pouvons  remplacer  les  b  par  les  coefficients  de 
(yi-o —  -1/0)";  nous  trouvons  alors  le  covariant 

,  ,,       c(K     „         rJK       „   ,  rJK       „  ,    ,  .    c)K     „ 

foetji  ont  été  jusqu'ici  regardés  comme  des  constantes; 


33o  COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

maintenant  supposons-les  variables,  (26)  est  encore  un  co- 
variant,  car  la  relation  ix=:2ng  —  2 y  est  encore  satisfaite; 
posons  K:=  A|^  et  remplaçons  y  par  a:,  (26)  deviendra  le  co- 

variant  déterminé  par  le  semi-invariant  -— -^«  La  /•'«™'=  polaire 

de  ce  covariant  et  (26)  ont  une  différence  divisible  par  (^/) 

(23). 

On  peut  aussi  pi-endre  K  égal  à  un  invariant,  (26)  sera 
alors  un  covariant  d'ordre  /*;  si  l'on  pose  dans  ce  covariant 
ji  =r  «,  jû  =  — I»  on  retrouve  l'invariant,  et  en  procédant 
ainsi  on  déduit  toujours  d'un  invariant  un  covariant  d'ordre  n  ; 
au  contraire,  un  covariant  d'ordre  n  ne  fournit  pas  toujours 
un  invariant,  le  résultat  pouvant  parfois  être  identiquement 
nul;  nous  pouvons  donner,  sous  une  forme  remarquable,  la 
condition  pour  que  les  choses  se  passent  ainsi.  Si  le  cova- 
riant A^  est  déduit  de  l'invariant  J,  (26)  donne 

Ao=  '  — j  —nAi 

()a,i 

en  sorte  que 

(27)       (/J  =  Ao  don  —  //Al  dcin 

Un  covariant  d'ordre  n  détermine  donc  de  cette  manière 
un  invariant  quand  le  second  membre  de  (27)  est  une  diffé- 
rentielle exacte;  si  cela  n'a  pas  lieu,  on  obtient  un  résultat 
identiquement  nul. 

25.  Lorsque  l'on  a  deux  semi-invariants  Ao  etBo  la  formule 
suivante  en  donne  un  nouveau 

(A— B)'  =  AoB,.—  '^  AiB,._i-^..., 

pourvu  cependant  que  /•  ne  soit  pas  plus  grand  que  l'ordre 
d'un  des  covarianls  déterminés  par  Aq  et  Bq.  Considérons  la 
polaire  r'^""^  de  l'un  d'eux 

Ar'-A;-. 

et  posons  dans  cette  polaire  Xo  =  o,  ^'1  =  1,  yoz=i,  ji  =  — B; 


' 

//(//  —  I  )  ^             di 
1.2          ^       da,i-i 

1  da,i- 

1  -t- 

n(n  —  i) 

— Aodan-o  — .  . . 

COVARIAMS    DES    FOKMliS    BINAIRES.  33 1 

nous  obtiendrons  le  semi-invariant  (A—  B)'"  que  nous  appel- 
lerons le  /•'^■™e  composant  de  A  et  B. 

Tout  invariant  est  le  n''^"'e  composant  de  «o  ^t  d'an  autre 
semi-invariant;  nous  avons,  en  effet,  trouvé 

^^ 

J  =  l'A  — rt)«,         Ao=  -T— • 
"«« 

Ici,  (A  —  a)«-i  est  identiquement  nul;  en  effet,  si,  dans 

n  —  i  (il  — i)(/;    -2) 

Aofl/j-l \ia,i—2- ; Aort/J-S —  •  •  • 

on  fait 

di  ,  I     f)J 

Ao  =  Y —  )  Al  = )  •  •  •  1 

oa,i  n  oa,i-\ 

le  composant  multiplié  par  n  devient  AiJ,  c'est-à-dire  zéro. 

26.  Tout  semi-invariant  est  une  somme  de  composants  de 
a^  et  de  semi-invariants,  dont  le  degré  est  moindre  d'une 
unité. 

Dans 

g-H  = rt„-T- rt„_i  -t-  ...—  -—  «7o, 

°  ()a„  àa„-i  dao 

nous  écrivons  le  second  membre 

//                     n(n  —  \)     , 
Ao«7j A  «/i_i  -! A  a,i-i-T-  .  .  . , 

OÙ,  d'après  {1^), 

AiAo  =  o;         A,A'=Ao,         Ai  A"  =2  A',  

nous  poserons 

A'  =  Ai^Bo, 

A"  =  A2-+-'2Bi-4-Co, 

A"'  =  A3-i-3B2-^3Ci  +  Do, 


Ao,  Bo,  Cû,  ...  désignant  des  semi-invariants  de  degré  g  —  i. 


332  COVAUIANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

On  obtient  alors 

(28)     -H  -  (A  -  o)'^  -  Y  (B  -  «)"-'  -^  'li^LlZll  (C  -  «)«-2_^  . .  .^ 

comme  il  est  dit  dans  le  théorème  énoncé.  Il  est  sous-entendu 
que  les  ordres  de  Aq,  Bq,  Cq,  ...  sont  assez  élevés  pour  que 
les  compositions  puissent  être  effectuées;  tel  n'est  pas  le  cas 
lorsque  le  covariant  dérivé  de  Ao  est  d'un  ordre  inférieur  à 
2/1,  les  ordres  de  Ao,  Bo,  Co,  ...  allant  en  diminuant  de  deux 
unités.  Nous  supposerons,  par  exemple,  Do  =  o,  et  nous  sup- 
poserons que  la  formation  de  C2  ne  puisse  pas  être  effectuée. 
(La  difficulté  se  présente  dans  le  dernier  terme  d'une  des 
équations  précédentes.)  On  a  alors 

A'"  =  As+SBo^SCi, 
A"=  A4+4B3^  "iK, 

où  K  est  à  déterminer;  or,  de  AiA'^'=  4 A"',  on  tire 

AïK  =  3Ci; 

de  ce  que  C2  ne  peut  pas  être  formé,  cela  doit  tenir  à  ce  que 
AjCirzro,  en  sorte  que  Cj  est  un  semi-invariant  de  seconde 
espèce;  il  faut  montrer  qu'il  n'existe  pas  de  fonction  en- 
tière K,  telle  que  AïK  soit  un  semi-invariant  de  seconde  es- 
pèce. En  d'autres  termes,  il  faut  montrer  que  l'équation 
A2  Al  u  =  o  ne  peut  être  satisfaite  que  si  Aj  «  =  o. 

Supposons  que  u  soit  une  solution,  effectuons  une  permu- 
tation symétrique  sur  les  indices;  nous  obtiendrons  une  nou- 
velle fonction  Ui,  et  alors  AiAo^i  —  o  et,  par  suite, 

AjAi  Aoio  =  o; 

ce  qui  nous  donne,  pour  la  première  équation,  la  nouvelle 
solution  A^Ui. 

Soient  g  le  degré,  v  le  poids  de  u,  A2  «1  sera  de  degré  g-  et  de 
poids  ng  —  V  -h  i.  Supposons  que  u  soit  celle  des  solutions 
de  degré  g  qui  a  le  plus  petit  poids,  alors 


COYARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  333 

Ai«  est  un  semi-invariant  de  seconde  espèce,  et  si  p.  désigne 
l'ordre  du  covariant  correspondant 


ce  qui  est  en  contradiction  avec  ce  qui  précède,  puisque  p. 
est  positif  ou  nul.  Ci  doit  donc  être  nul,  et  le  tliéorème  est 
vrai  dans  tous  les  cas. 

Nous  avons  alors  à  notre  disposition  un  moyen  pour  former 
tous  les  semi-invariants;  en  effet,  en  composant  a^  avec  lui- 
même  on  forme  les  semi-invariants  du  second  degré;  en  com- 
posant ceux-ci  avec  «o>  on  a  les  semi-invariants  du  troisième 
degré,  et  ainsi  de  suite. 

Exe/)iple :  A\ecA(,—  Co,  «  =  3,on  forme  rinvariant[uoiV(2i)] 

R  =  2(Â  —  A)2  =  4 (Ao  A,  -  Af  )  =  i{aoa.2  -  af  ) {a^ a^  —  a?,  ) 

—  (rto«3—  «iwa)-- 
Pour  n  -=  4,  on  a 

i2(AoA.2 — Af  j  =  2(<7ort2 —  «D  («oa4-f-'2  0irt3 —  3 al)  —  3(«7o'''3— «"'K'a)") 

ce  qui  est  un  semi-invariant  du  quatrième  ordre  (ordre  du 
covariant  correspondant). 

Pour  «=:  27  -i-i,  on  a  «0*^27+1  "*  •••  6*'  <^'^  difïérentiant  par 
rapport  à  «27+1,  on  a  un  semi-invariant 

62^+1  =  «^«27+1  +  •  •  -, 

Ces  semi-invariants  et  ceux  que  nous  avons  appelés  «^2»  d^, 
dg,  ...  peuvent  servir  à  exprimer  tous  les  semi-invariants 
sous  forme  rationnelle,  avec  des  dénominateurs  qui  sont  des 
puissances  de  «o»  et  l'on  pourra  obtenir  ainsi,  ordinairement, 
des  puissances  moins  élevées  de  «0  en  dénominateur,  que  si 
l'on  employait  les  c  et  les  d. 

27.  Nous  avons  vu  que  tous  les  semi-invariants,  multipliés 
par  une  puissance  convenable  de  ciq,  pouvaient  s'exprimer 
en  fonction  entière  des  c,  et,  en  faisant  usage  des  d  et  des  e, 


334  COVARÎANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

nous  avons  vu  que  celle  puissance  de  «o  pouvait  être  abais- 
sée; on  peut  se  demander  si,  en  introduisant  de  nouveaux 
semi-invariants,  on  peut  parvenir  à  réduire  ultérieurement 
cette  puissance  de  «„• 

On  peut  enfin  se  demander  s'il  n'existe  pas  un  nombre  fini 
de  semi-invariants  d'une  forme  permettant  d'exprimer  sous 
forme  entière  tous  les  autres.  C'est  ce  qui  a  lieu  effective- 
ment, et  Gordan  en  a  donné  une  démonstration  très  compli- 
quée en  considérant  successivement  tous  les  semi-invariants 
de  degrés  croissants,  en  écartant  ceux  qui  peuvent  s'expri- 
mer en  fonction  d'autres  de  degrés  moindres;  nous  ne  par- 
lerons pas  de  cette  démonstration,  mais  renverrons  à  celle 
beaucoup  plus  simple  de  Hilbert  {Mathematische  Annalen, 
Bd.  33).  Sylvester  a  donné,  à  l'aide  de  longs  calculs,  le 
nombre  des  semi-invariants  nécessaires  jusqu'à  «  =  io  {Ame- 
rican Journal,  Bd.  2).  L'auteur  du  présent  Traité  a  poussé 
les  recherches  de  Hilbertplus  loin  {Acta  mathematica,  Bd.  15  ; 
Théorie  der  regulâren  Graphs)  et  a  obtenu  des  résultais 
qui  permettront  peut-être  de  trouver  directement  les  semi- 
invariants  en  fonction  desquels  on  peut  exprimer  les  autres. 
Nous  exposerons  ici  un  problème  dont  la  solution  sera  né- 
cessaire pour  arriver  à  ce  but. 

Si  l'on  considère  l'expression 

Pi  =  (.ri  —  ,r, )-A  f  .ri  —  .rs)". .  .  .  (.r„_i  —  a-,,)'^;^, 

oii  P,  est  de  même  degré  par  rapport  à  tous  les  oc,  et  si  l'on 
forme  la  somme  2P  relative  aux  valeurs  que  prend  P  quand 
on  y  permute  les  x,  ce  sera  une  fonction  symétrique,  qui  est 
susceptible  dans  des  cas  particuliers  de  s'annuler  identique- 
ment. Le  problème  dont  nous  avons  parlé  a  pour  but  de 
caractériser  les  expressions  Pi  qui  jouissent  de  cette  pro- 
priété. 

28.  Le  premier  composant  de  A»  et  Bo  est 

Dn=(A  — B)'=  AoB,-BoAi. 

On  l'appelle  le  déterminant  fonctionnel  ûe.  Aq  et  Bq  (à  pro- 
prement parler,  c'est  celui  des  covarianls  correspondants): 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  335 

si  l'on  forme  le  déterminant  fonctionnel  de  D^  et  d'un  autre 
semi-invariant  Co,  on  a 

DoCi  — CoD,  =  AoBiCi-A,BoC,-AiB,Co-A.,BoCo 

=  -^[Bo(A-C)^+Co(A-B)2-A,(B-C)2], 

ce  qui  permet  d'exprimer   le   déterminant   fonctionnel    an 
moyen  de  formes  d'un  degré  moindre. 

Le  produit  de  deux  déterminants  fonctionnels  est  donné 
par  la  formule 

2(AoBi-BoAi)(CoD,-DoCi) 

=— AoCo(B-D)2-vAoDo(B-Cr--BoCo(A-D)2-BoDo(A  — C)5. 

On  appelle  forme  hessienne  de  Aq  la  quantité  AqA,  — A7, 
Le  second  composant  de  cette  quantité  et  de  Ao  est,  si  l'on 
suppose  que  Aq  détermine  un  covariant,  d'ordre  ft 

(AoAo  — Af)A2- (A0A3- A,  A,)A, 

-h  - — ^- Ao[2A,A3+([JL  — 3)AoAi-(!JL-  i)A|]=.  -^^-^^AoDi- 

4;x  — 10       "^  -  4[J.  —  10 

où  D4  est  formé  d'une  manière  analogue  à  d,,. 

Systèmes  généraux  de  formes  jusqu'à  «  =  4. 

29.  Nous  supposerons  que  nous  n'ayons  affaire  qu'à  une  seule 
forme  fondamentale  de  degré  «14,  et  nous  déterminerons 
le  système  de  formes  qui  lui  correspond,  c'est-à-dire  les  semi- 
invariants  nécessaires  et  suffisants  pour  pouvoir  exprimer 
tous  les  autres.  Pour  y  parvenir,  nous  établirons  le  théorème 
suivant  : 

Si,  dans  un  semi-invariant  d'une  forme  a",  nous  rempla- 
çons respectivement  a^,  a,,  a^,  .  .  . ,  a,^  par  o,  ag,  2  «1,  .  .  . ,  nan-i, 
nous  obtenons  un  semi-invariant. 

Un  semi-invariant  u  peut  se  mettre  sous  la  forme 

U  =  X  -h  B<70) 


336  COVARIAXTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

A  ne  contenant  pas  «o-  ^ous  poserons 


ou 


âa, 


du         ^       du  du 

dcii  '  (Ja3  ùa,i 


et,  comme  A,  u  =  o,  on  a 


A'i  A  -r-  Oo-^lB) 


où  «0  n'entre  pas  dans  A[\;  cette  équation  se  partage  alors 
dans  les  deux  suivantes  : 

àX  ÔX        „      .)A 

-— -  -T-  Al  B  =  o,  2«i ^3^7-: ^...=  0, 

w/i  0(1-2  '  da^ 

Si  dans  A  on  met  «o  à  la  place  de  a^,  2 ai  à  la  place  de  a,,  etc., 
A  se  changera  en  A'  et  l'on  aura 

dX'  dX'  ,  dX! 

aç^^-  -r-icii  —-—■.  .-^{n  —  i)«„_2- =  o, 

o«i  da-i  da,i-i 

formule  qui  montre  que  A'  est  un  semi-invariant  de  a^'K  Si 
g  et  V  sont  le  degré  et  le  poids  de  a,  le  degré  g'  et  le  poids  v' 
de  A'  seront 

S  —  §1  V    =  V        -  g. 

On  passe  facilement  de  A'  à  A.  Quand  on  connaît  A,  u  n'est 
pas  en  général  déterminé,  B  ne  l'étant  pas.  Mais  si  l'on  a 
«1=  A  +  Biao,  «2  =  A.  -f-Bgaoj  on  a 

«1  — "2=  (61  —  62)^/0, 
Bi  — Bo  désignant  un  semi-invariant  de  degré  g  —  i. 

30.  Pour  n  z=  2,  on  voit  facilement  que  a^  et  c-i  constitue  le 
système  général  de  formes  et  que  a*cf  est  la  forme  la  plus 
générale  d'un  semi-invariant. 

Si  II  =  3,  nous  allons  voir  que  le  système  général  de  formes 
est 

ao,  C2=«o«2  —  rtj,  C3=alci3 — 3«o«i«2-î- 2rtf 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  SSj 

et  l'invariant 


On  a  les  valeurs  suivantes  de  A' 

rtj,     al,     alc^. 

Tous  les  A'  qui  peuvent  être  formés  à  l'aide  des  semi- 
invariants  de  aj.  appartenant  à  a^,  ils  ont  la  forme  a'^c^,  mais 
ici  a  et  (3  ne  sont  pas  arbitraires,  car  pour  m  on  a  3^^  2v  et 
pour  A',  par  suite,  3  «■'^2(v'+^');  d'où  g'^2v'  ou  oc ^2(3.  Ils 
peuvent  tous  s'exprimer  comme  produits  des  trois  semi-inva- 
riants trouvés,  excepté  si  a  :=  2|3  h-  i.  Ce  cas  ne  peut  pas  se 
présenter,  car  u  aurait  la  forme 

U  ~  OiRr'-T-  «oB, 

d'oiî 

o  =  Al  ii  =  <^/o  H?  -;-  «0  ^1 B, 

où 

AiB=— HP, 

ce  qui  est  impossible  (26). 

Si  nous  considérons  un  u  arbitraire,  nous  pouvons  en  dé- 
duire l'A'  correspondant  et  l'exprimer  sous  forme  entière  à 
l'aide  des  trois  A'  spéciaux,  et  si  l'on  remplace  ces  A'  par  les 
semi-invariants  H,  c,,  Cg,  on  a  u  exprimé  à  l'aide  de  ces  quan- 
tités à  un  terme  près  de  la  forme  a,,"!  qu'il  faut  calculer  de  la 
même  manière,  ce  qui  prouve  que  si  le  théorème  est  vrai 
pour  le  degré  g  —  i,  il  l'est  pour  le  degré  g;  il  est  donc  dé- 
montré. 

Si  n  =  4,  nous  allons  prouver  que  le  système  général  de 
formes  est 

«0,     Co,     Cs,         i  =  a^jO'^  — ^(iiOz-^- "ial, 

j  =  {a^a^ —  «f)rt4-T-  la^aid^ —  a\  —  a<^a\ 

Clg       cil       «2    I 
«1       «2       «3     I  , 

I  a-i     «3     «4  I 

p.  22 


338  COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES. 

<■  et  /  désignant  deux  invarianls.  Les  A'  sont 

al,     al,     C.2,     C3, 

et  il  faut  prouver  que  tous  les  A'  peuvent  s'exprimer  sous 
forme  enlière  à  l'aide  de  ceux-ci. 

Nous  trouvons,  comme  plus  haut,  ^'=v';  si  l'on  exprime  A' 
en  fonction  des  c  et  a,,  (14),  «o  ne  peut  entrer  en  dénomina- 
teur, car  pour  tout  c  le  degré  et  le  poids  sont  égaux  :  tout  A' 
doit  donc  se  composer  de  termes  de  la  forme 

Si  a  >  T,  a^  peut  s'exprimer  à  l'aide  de  a^  et  al,  et  nous 
avons  seulement  à  examiner  le  cas  où  A'— «oc^cj.  Mais  on 
peut  voir  que  ce  cas  ne  peut  pas  se  présenter;  en  effet,  on 
aurait 

Il  =  /?!  S  -1-  «0  Br 

OÙ  s  est  un  semi-invariant  de  aj.;  pour  A',  on  a  g'  =  -<y-\-i 
et  pour  u,  2ff  =  v^  i,  et  pour  B,  2^2^=  "■>%',  c'est  la  condition 
pour  que  B  soit  un  invariant,  et  nous  voyons  comme  pour 
n=z3  que  l'équation  est  impossible.  Donc  tous  les  A'  peuvent 
s'exprimer  à  l'aide  des  4  considérés  plus  haut;  nous  en  con- 
cluons que  le  système  de  formes  est  composé  de 

et  des  invariants  /  et/. 

Nous  n'avons  considéré  que  des  semi-invariants  de  pre- 
mière espèce,  mais  ils  peuvent  servir  à  former  tous  les  cova- 
riants. 

31.  La  signification  des  covariants  et  des  invariants  consiste 
en  ceci  :  en  les  égalant  à  zéro,  on  obtient  les  propriétés  des 
formes  qui  restent  les  mêmes  quand  elles  subissent  des  sub- 
stitutions linéaires.  Le  discriminant  exprime  une  semblable 
propriété  et  est  un  invariant;  poura^,  c'est  la  quantité  H  écrite 
plus  haut.  Nous  allons  chercher,  comme  exercice,  la  condi- 
tion pour  que  les  points  racines  de  a^  =  o,  ou  les  zéros  de  a^., 
forment  une  proportion  harmonique  ou  une  division  harmo- 


COVARIANTS    DES    FORMES    BINAIRES.  SSg 

nique  sur  une  droite,  en  les  considérant  comme  des  abscisses 
de  points  en  ligne  droite;  cette  propriété  n'est  pas  altérée 
par  une  substitution  linéaire,  et  nous  pouvons  supposer  les 
abscisses  de  nos  quatre  points  égales  à  o,  i,  oo  et  —  i;  alors 
l'équation  a  la  forme 

4^i^o(ri  —  ?o)  =  Oi        où       ^0  =  <^'2=  «i=  o,       fii=i,       ^3  =  — i; 

on  trouve  y  =  o,  condition  qui  convient  à  toute  équation  du 
quatrième  degré. 

Pour  former  le  discriminant  de  a^,  nous  observerons  qu'il 
est  du  douzième  degré  par  rapport  aux  racines  de  a^  =  o,  a,, 
est  de  degré  q  par  rapport  à  ces  racines;  le  discriminant  est 
alors  un  invariant  de  poids  12  et,  par  suite,  de  la  forme 
ai*+  {3y%  a  et|3  désignant  des  constantes  dont  le  rapport  est 
à  déterminer  (si  nous  faisons  abstraction  d'un  facteur  com- 
mun); nous  considérerons,  pour  cela,  une  équation  simple 
de  discriminant  nui,  par  exemple 

.t'i  —  .r?,r?  =  o. 


G 

ce  qui  donne  pour  le  discriminant 


«3  =  «4 


Les  covariants  égaux  à  zéro  fournissent  des  points  qui  sont 
liés  aux  points  racines  des  formes  fondamentales  par  des  re- 
lations qui  restent  inaltérées  par  une  substitution  linéaire. 
Par  exemple,  les  formes  a%  et  bj,  ont  pour  semi-invariant 
a^bi  —  b^ai  et  pour  covariant  correspondant 

{af,bi  —  6o«i).rj  -i-  {a^bi—  ^o«2)-fi.ï'o-i-(«i^2—  ^i«2)-^o  ! 

les  points  racines  de  celte  équation  forment  une  division  har- 
monique avec  les  points  racines  de  chacune  des  formes  al, 
bl  {voir  p.  i64). 


340  FORMES    QUADRATIQUES. 


Formes  quadratiques  à  plusieurs  variables. 

32.  La  forme  la  plus  générale  d'une  forme  quadratique  à 
Il  variables  est,  en  supposant  «/,/=  «//„ 

(i)      f=  aiix\  -\-  iaiiXiXn-\-  a.inx\  +...-+-  a,i7i-^fi=  ^OkiXkXi; 

elle  sera  transformée  par  une  substitution  linéaire  générale 

si  l'on  fait 

/  x^=  aiiJi-i-ai2r2-4-...-+-ai„j„, 

(2)  j     , 

OÙ  le  déterminant  de  la  substitution  1±a.^y(Xz^_,  .  . .  a„,j  n'est 
pas  nul.  Nous  supposerons  les  a  et  les  a  réels. 

Nous  avons  vu  plusbaut  (p.  85)  que /pouvait  être  ramené, 
et  cela  de  plusieurs  manières,  à  la  forme 

(  3 )  /=  A,  j?  -^  A,  j|  + . . .  +  A^j/5 , 

es  A  étant  réels  et  les  /  désignant  des  fonctions  linéaires  et 
homogènes  des  a:;  nous  supposerons  ces  fonctions  linéaire- 
ment indépendantes  les  unes  des  autres;  si  cela  n'avait  pas 
lieu,  on  pourrait  toujours  remplacer  un  certain  nombre  des  y 
par  leurs  valeurs  en  fonction  des  autres  et  effectuer  de  nou- 
veau la  décomposition  en  cai-rés;  en  tout  cas/?;: /?. 

33.  Si  l'on  ramène  f  de  deux  manières  à  la  forme  (  3  ),  dans 
les  deux  cas  le  nombre  des  termes  sera  le  même. 

Supposons,  en  effet,  que  l'on  ait  identiquement 

Aijï-HAa/i  4-...-T- A/,_}-2  =BiY2  +  B2Y|  +. . .+ B^Y|, 

OÙ  q>P'  Les  /  étant  linéairement  indépendants,  nous  pou- 
vons exprimer  x^,  x^_,  .  . .,  Xp  en  fonctions  linéaires  de  yi, 
fn,  •  •  -1  fp  6t  des  autres  x  et  porter  leurs  valeurs  dans  Yi, 
Y2,  . . . ,  Y,j,  qui  deviendront  des  fonctions  de  ji,  j^,  . . . ,  j^,, 
Xp+i,  .  . .,  x,i.  En  différentiant  la  relation  trouvée  par  rapport 


FORMES    QUADRATIQUES.  34^ 

à  ocp^y,  on  obtiendrait  une  relation  entre  les  Y  qui  serait 
linéaire,  ce  qui  est  contraire  à  nos  hypotlièses.  Donc  q^p . 

Dans  tous  les  cas,  il  y  aura  un  même  nombre  de  coefficients 
A  et  B  positifs  et  négatifs. 

Supposons  Al,  A2,  .  . . ,  A,,  positifs,  Bi,  B,,  . .  .,  B/  négatifs, 
et  les  autres  A  négatifs,  les  autres  B  positifs;  si  le  théorème 
n'est  pas  vrai,  nous  pouvons  supposer  r  -^  l<Cp.  Si  l'on  pose 

Jl=j2  =  .--=J/-=  Vi=y2  =  ...=  Y/=  O, 

on  pourra  de  ces  équations  tirer  un  certain  nombre  des  œ  en 
fonction  des  autres  et  porter  leurs  valeurs  dans  l'équation 

Al  jf  -^  A^ji  -^. . .  =  Bi  Y?  -+-  Bo Yl . . . . 

Si  tous  les  Y  s'annulent,  c'est  qu'il  existe  entre  eux  des 
relations  linéaires,  ce  qui  est  contraire  à  nos  hypothèses;  s'ils 
ne  sont  pas  tous  nuls,  le  second  membre  de  l'équation  pré- 
cédente sera  positif,  tandis  que  le  premier  sera  négatif  ou 
nul,  ce  qui  est  absurde. 


Substitutions  orthogonales. 

34.  11  y  a  des  substitutions  linéaires  qui  changent  l'expres- 
sion 

x\  -h  .ri  -h  .  .  .  ■+-  x% 

€n 

on  leur  donne  le  nom  de  substitutions  orthogonales.  Il  est 
facile  de  voir  qu'elles  satisfont  aux  relations 

<4)  a.\p-\~alp^...-^a.%p  =  \  (/>  =  i,  2,  . .  . ,  «)» 

(5)     ai/,ai/-+-  aoA-ao/-!-..  .-+-a«^a„/=  o  {k,l  =  i , -2,  .  .  . ,  n;  k^l). 

En  vertu  de  ces  équations,  si  l'on  multiplie  la  première 
équation  (2)  parait,  la  seconde  par  «2^,  ...  et  si  on  les  ajoute, 
on  a 

<6)       jr /i-=ai/tJ^i-l-a-2A-^2 -*-••• -H  a«A.^rt         (/i  =  i,  2,  .  . . ,  «), 


342  FORMES    QUADRATIQUES. 

et  l'on  reconnaît,  en  vertu  de  yl  -^ yl  -h . .  .■=  x\  ^  a-l  -\- . . . 
que  cette  substitution  est  encore  orthogonale. 

Pour  n  =:  2  elrt=:3,  les  substitutions  orthogonales  repré- 
sentent des  transformations  de  coordonnées  rectangulaires 
sans  changement  d'origine. 

35.  Nous  allons  essayer  de  ramener  /  à  la  forme  (3)  au 
moyen  d'une  substitution  orthogonale;  nous  supposerons  le 
problème  possible,  quitte  à  le  démontrer  plus  loin. 

La  formule 

(7)  f=ktYl-^AoXl-h...-^Anfh 

donne 


dxi 


2  A      ^y^- 


Cette  équation,  étant  identique,  subsistera  en  remplaçant  œ^ 
œ.2,  . . . ,  Xn  par  ai/,.,  a^,,,  •  •  •  ?  (^'■nk,  valeurs  annulant  les  y,  ex- 
cepté j'i  qu'elles  rendent  égal  à  un,  et  alors  on  aura 

«a  «lA-f-  Cli2  22/.- -I-  .  .  •  —  Uin^nk  =  Aa  a/A-  (/  =  1 ,  2,  .  .  .  ,  «) 

ou 

/  («11  — A/,) a,/,-;-  «12X2^. -^. .  .^-«i„2„A  =  o, 

(8)  \  an^xa^iciii— -^k)^U'  —  - ■■  —  ain'-'-nk^o, 


d'où  nous  tirons,   en  éliminant  les  a  et  en  remplaçant  k/,. 
par  s, 


(9)  ?(0 


ni^  —  S  «12  <Vi3 


Si  l'on  permute  circulairement  Ai,  Aj,  ...,  A,j  et  ji^ 
Vj,  . . .,  yn  l'équation  (7)  ne  change  pas;  les  coefficients  de 
(2)  se  permutent  circulairement,  tandis  que  les  x  et  les  a 
ne  changent  pas;  dans  (8)  A;^  est  remplacé  par  A^^-i  tandis 
que  les  a  en  (9)  ne  changent  pas.  L'équation  (9)  a  donc  pour 
racines  Aj,  Aj,  . . .,  A„. 


FORMES    QUADRATIQUES.  343 

Toutes  ces  racines  sont  réelles.  —  En  effet,  les  coefficienls 
de  l'équation  (9)  sont,  par  hypothèse,  réels;  s'il  y  a  des  ra- 
cines imaginaires,  elles  doivent  être  conjuguées  deux  à  deux; 
soient  A/t  et  A/  deux  semblables  racines;  remplaçons  dans 
(8)  Aa-  par  sa  valeur,  alors  de  ces  équations  et  de  (4)  on 
pourra  tirer  a^k,  «aA.  •  •  -,  ««a»  et  comme  dans  les  équations 
qui  déterminent  A^-  il  n'entre  pas  d'imaginaires,  pour  déter- 
miner ai/,  a,,-,  ...,  a„/,  il  suffira  de  changer  i  en  —  i;ilen 
résulte  que  ot-jk  et  cf.ji  sont  conjugués  :  leur  produit  est  donc 
positif,  ce  qui  est  impossible  en  vertu  de  (5). 

36.  Lorsque  l'on  remplace  A^.  par  sa  valeur  dans  (8)  le  dé- 
terminant de  ces  équations  s'annule  et  l'une  de  ces  équations 
devient  une  conséquence  des  autres,  et  si  nous  désignons  par 
AiA:,  Aayt»  •■■t^nk  Igs  mincurs  relatifs  à  la  première  ligne, 
nous  avons 

«lA-  ^ik  <X,tk  I 


Au-       Mk  A,a-       v/a^a-+A|a.  +  ...^A,^a 

où  le  dernier  rapport  est  déterminé  par  (4).  Les  a  ont  donc 
des  valeurs  bien  déterminées  quand  tous  les  A  ne  sont  pas 
nuls;  si  tel  était  le  cas,  on  pourrait  faire  usage  d'une  autre 
ligne.  Enfin,  si  tous  les  mineurs  étaient  nuls,  deux  des  équa- 
tions (8)  rentreraient  dans  les  autres,  une  des  quantités  a 
pourrait  être  choisie  arbitrairement  (moindre  que  i);  dans 
ce  cas  on  a  o'{s)  =  o,  et  deux  valeurs  de  s  sont  égales,  car 

,,    ,  do  do 

o(.v)=  — 


et  tous  les  termes  du  second  membre  sont  nuls,  car  les  déri- 

do 


sont  des  mineurs  du  déterminant  9(5).  On 


—  d{nii-s) 

rait  de  même  que  si  deux  des  quantités  a  peuvent  être  choi- 
sies arbitrairement  o"{s)  =  o  et  ainsi  de  suite. 

Nous  allons  montrer  maintenant  que  la  substitution  consi- 
dérée est  orthogonale  et  que  l'équation  (3)  est  satisfaite.  En 


344  FORMES    QUADRATIQUES. 

effet,  si  A^.  et  A/  sont  des  racines  distinctes,  on  a 

f'iï^llc-^fni'^lk-^-  ■  •—  C'in^nk  ^  A/,a,7„ 
<7/i  ai/  -t-  r//2  «2/  -+-•••  "t-  (lin  '^ni  ~  A/  a//. 

Si  l'on  multiplie  la  première  équation  par  a,/,  la  seconde  par 
o-ik  et  si  l'on  retranche,  on  a 

fii\{rLxk'3.ii—  ai/a//,)  -^  ariia^j^au — c^i/^ik)-  ■  -^  (  A/,  — A/)a;A:a,7  ; 

si  l'on  fait  «  =r:  i,  2,  . .  ,  /i  et  si  l'on  ajoute  toutes  les  équa- 
tions ainsi  obtenues,  on  remarque  que,  en  vertu  de  la  rela- 
tion a„jp=-.  aj,,„,  lous  les  termes  du  premier  membre  se  dé- 
truisent et  l'on  a 

(A/,—  A/)(ai/ta]/-t-a2/,a2/H-.  ..-+-«„/, a,,/)  =  o, 

de  sorte  que  les  équations  (5)  sont  satisfaites,  ainsi  que  les 
équations  (4)  qui  ont  été  introduites  pour  achever  de  déter- 
miner les  a. 

De  ces  équations  il  résulte  que  tous  les  termes  de  la  forme 
B/„,yiy,„,  où  /  et  >7i  sont  différents,  s'évanouissent,  en  sorte 
que  l'on  a  bien  la  relation  (3). 

Invariants. 

37.  Une  substitution  linéaire  transforme  lajjXiXj  en  une 
autre  IbijyiYj,  avec  d'autres  coefficients.  Toute  fonction 
des  coefficients  qui,  après  la  substitution,  se  trouve  seule- 
ment multipliée  par  une  puissance  du  déterminant  de  la  sub- 
stitution est  ce  que  l'on  appelle  un  invariant. 

Quand  on  multiplie  le  déterminant  de  la  substitution 

D  =  :S±a„,a22,  ...,ot„„ 

par  lui-même  on  obtient  un  nouveau  déterminant  dont  l'élé- 
ment général  est 

Si  la  substitution  est  orthogonale  tous  ces   éléments  sont 


FORMKS    QUADRATIQUES.  345 

nuls,  sauf  ceux  de  la  diagonale  principale  qui  sont  égaux  à  i; 
le  déterminant  D  est  donc  dans  ce  cas  égal  à  ±  i. 

Dans  le  cas  général  les  valeurs  des  coefficients  de  la  trans- 
formée sont  données  par  la  formule 

Si  l'on  multiplie  le  déterminant 

deux  fois  par  D,  on  obtient  le  déterminant  A  où  les  a  sont 
remplacés  par  des  b;  mais  si  l'on  multiplie  A  par  D^  le  terme 
général  sera 

«a  Cji  -(-  rt/2  cj-2  -+-...  -4-  ain  Cjn-, 

ce  qui  montre  ([u'après  le  changement  des  a  en  i,  A  est  mul- 
tiplié parD^.  A  est  donc  un  invariant;  on  lui  donne  le  nom 
de  discriminant  de/. 

9  {s)  devient  égal  à  A  quand  on  fait  5  =  0.  Donc  A  =  o  est  la 
condition  pour  que /se  décompose  en  n  —  i  carrés:  c'est  là 
une  propriété  qui  ne  se  trouve  pas  altérée,  comme  on  l'a  vu, 
par  une  substitution  linéaire. 

Lorsque  l'on  effectue  une  substitution  orthogonale,  les 
coefficients  de  9  {s)  ne  sont  pas  altérés;  pour  le  voir  il  suffit 
de  considérer  l'expression 

/ —  ^(■^i  -^  x'i— .  .  .-^  xJi). 

dont  le  discriminant  est  9(5),  quel  que  soit  ^,  ce  qui  exige 
que  tous  les  coefficients  de  9(5)  restent  les  mêmes  après  la 
substitution  orthogonale. 


NOTE. 

SUR   L'ÉQUATION 


1.  De  l'équalioii 

(1)  /(.r)  =  .r«-i-r  o, 

nous  écartons  par  la  division  tous  les  facteurs  qui  se  trouvent 
dans  des  expressions  de  la  môme  forme  et  de  degré  moindre. 
Nous  obtiendrons  alors  une  équation 

(2)  cp«(.r)=:o, 

dont  les  racines  sont 

-ik-       .  .    ik- 

cos ^  i  sin 7 

//  n 

où  A  a  toutes  les  valeurs  moindres  que  n  et  premières  à  n,  en 
nombre  o{n).  Ces  racines  sont  les  racines  primitives  de 
l'équation  (i). 

On  peut  former  les  polynômes  cpa('^)>  successivement,  en 
s'appuyant  sur  le  théorème  suivant,  qu'on  démontre  facile- 
ment en  ayant  égard  aux  arguments  des  racines  : 

Si  p  est  un  nombre  premier  qui  divise  n,  on  a 

(3)  cp,./,(a;)-ç„(.r/'), 

mais,  si  p  ne  divise  pas  n, 


348  NOTE. 

On  trouve,  par  exemple, 

o.i(.r)  =  x -{-i,  Os{ôc)  =  X'-^  X -T-i,  Ç6(-^)  =  -ï'- — ^ 

®15(-^)  =  -^^ X'^  -h  X^ —  X'*^  X^ X  -^  l. 


Les  coefficients  sont  —  i,  o,  -h  i  jusqu'à  «  =  io5,  où  l'on 
trouve  un  coefficient  —  2.  Les  équations  sont  réciproques. 
On  a 

et,  par  l'équation  (3), 

dans  tous  les  autres  cas,  l'équation  (4)  montre  qu'on  a 

2.  Si  a  est  une  racine  quelconque  de  l'équation  (2),  toutes 
les  racines  sont  exprimées  par  a^",  où  k  est  premier  avec  n. 
Si  l'on  élève  toutes  les  racines  à  la  puissance  A",  on  obtient  les 
mêmes  racines  dans  un  autre  ordre,  et  l'équation  9„(^)  =0 
reste  inaltérée. 

Si  ç3„(^)^o  est  réductible,  elle  se  partagera  en  équa- 
tions irréductibles  de  même  degré. 

Soient 

>t'i(,r)=o,         ■»F2(^)  =  o 

deux  des  équations,  a  une  racine  de  la  première,  a^'  une  ra- 
cine de  la  seconde.  Si  l'on  élève  toutes  les  racines  deTi(j?)=^o 
à  la  puissance  k,  on  obtient  une  équation  de  même  degré  qui 
aune  racine  commune  avec  l'équation  irréductible ^"2(^)^=0; 
donc  elle  a  toutes  les  racines  de  ^'2(-^)  =  o;  donc  ^'i(^)  est 
au  moins  du  même  degré  que  W^_{x). 

De  la  même  manière,  on  voit  que  ^\_{x)  est  au  moins  de 
même  degré  que  W ^i^x)\  donc  les  W{x)  sont  du  même  degré, 

3.  Cependant  on  peut  prouver  que  cp„(^)  =0  est  irréduc- 
tible. Ce  théorème  a  été  démontré  pour  la  première  fois  par 


SUR  l'éqlatiox  a:"^=^i.  8/49 

Gauss  pour  le  cas  où  n  =p.  Plus  lard  Eisenstein,  Kronecker, 
Dedekind,  etc.  ont  donné  des  démonstrations,  dont  la  plus 
simple,  due  à  Eisenslein,  est  donnée  p.  iio.  Nous  donnerons 
ici  une  démonstration  nouvelle  pour  n  =^  p^. 

Comme    Opa(i)=/>,    on   doit   avoir,    abstraction  faite    du 


signe  (2), 

^i{i)=p, 

lt%(l)  =  Vl'3(l)...= 

et  alors 

P       ^'i(i) 

(i-af)(i-af)... 
(i-a,)(i-a2)... 

où  «1,  «0,  . .  .  désignent  les  racines  de  ^\(  j?)  =  o;  ici  la  fonc- 
tion est  une  fonction  entière  et  symétrique  des  racines  de 
Wi{œ)  =  o  et  pour  cette  raison  est  égale  à  un  nombre  entier, 
les  coefficients  de  ^1(0;)  étant  des  nombres  entiers,  le  pre- 
mier égal  à  I.  L'équation  ne  peut  donc  être  réductible. 

La  démonstration  du  cas  général  a  coûté  bien  du  temps  et 
de  grands  efforts,  et  les  démonstrations  que  l'on  en  a  don- 
nées sont  très  compliquées.  La  plus  simple  est  due  à  Arndt. 

Nous  exposerons  ici  une  démonstration  nouvelle  que  l'au- 
teur a  trouvée  trop  tard  pour  l'insérer  à  sa  place  dans  ce 
Traité.  Elle  est  fondée  sur  un  théorème  connu  de  Gauss,  à 
savoir  : 

Sif{x)  ^  o  est  une  équation  à  coefficients  entiers  et  si  Von 
forme  V équation  o{x)  :=  o,  dont  les  racines  sont  les puissa/ices 
piè/ne  ^jgg  racines  de  f{x)  ^o  {p  désignant  un  nombre  pre- 
mier), le  polynôme 

f{x)-o{x) 

aura  tous  ses  coefficients  divisibles  par  p. 

Nous  allons  maintenant  donner  notre  démonstration. 

Soit 

Or,{x)  =  W^{x)W.^{x)  ...; 

les  racines  de  ^\(j:)  =  o  sont  les  A'^™*^*  puissances  des  racines 
de^'i(^)=o.  Soit  m>n  un  nombre  plus  grand  que  tout 


35o  NOTE.  —  SUR  l'équation  œ"  =  ]  . 

nombre  qui  divise  tous  les  coefficients  d'un  polynôme 

Soit 

t  ==  An  -h  /.-, 

OÙ  A  est  le  produit  de  tous  les  nombres  premiers  jusqu'à  m, 
excepté  ceux  qui  divisent  k.  Comme  .2;"  =  i,  en  élevant  toutes 
les  racines  de  W^  {x)  =r  o  à  la  puissance  t  on  obtient 

Soit 

;  =  PiP,P3,  ..., 

où  les  P  sont  des  nombres  premiers;  ils  sont  tous  plus  grands 
que  m;  en  élevant  les  racines  de  ^1  aux  puissances  Pi,  P2, 
P3,  . . . ,  on  ne  peut  pas  dans  tous  les  cas  retrouver  Wj,  parce 
que  le  produit  t  change  ^1  en  ^^2-  Alors  au  moins  un  des 
nombres,  par  exemple  P,,  changera  ^1  en  un  autre  W,  par 
exemple  «Fg.  Alors 

W,i.r)~W,{.x) 

serait  divisible  par  Pi,  ce  qui  est  impossible,  puisque  Pi  >  m. 


.pr.  GAUTIIIEK-VILI.ARS  ET  FILS,   quai  des  Crands  Augusli; 


LIBRAIRIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  FILS, 

QUAI  DES  GRANDS-AUGUSTINS,   55,    A   PARIS. 


PETERSEN  (Julius),  Professeur  à  l'Université  de  Copenhague.  —  Méthodes 
et  théories  pour  la  résolution  des  problèmes  de  constructions  géo- 
métriqueSj^  avec  application  à  plus  de  400  problèmes.  Traduit  par 
0.  Chemin,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  Professeur  à 
l'Ecole  des  Ponts  et  Chaussées.  2*  éd.  Petit  in-8,  avec  fig.;  1892.     4  fr. 

LAURENT  (H.),  Examinateur  d'admission  à  l'École  Polytechnique.  — 
Traité  d'Algèbre,  à  l'usage  des  candidats  aux  Écoles  du  Gouverne- 
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par  .J.-H.  Marchand,  ancien  Élève  de  l'École  Polytechnique.  4  volumes 
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matiques élémentaires.  5'  édition  ;  1897 4  fr. 

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matiques spéciales.  5"  édition  ;  1894 ^  ïr. 

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matiques spéciales.  5"  édition  ;  1 894 4  fr. 

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Tcme  I.  —  Calcul  différentiel.  Applications  analytiques  ;  i885.  10  fr. 

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Tome  VI.  —  Equations  aux  dérivées  partielles;  1890 8  fr.   5o  c. 

Tome  VII  et  dernier.  —  Applications  géométriques  de  In  théorie  des 
équations  différentielles  ;  1891 . .    8  fr.  5o  c. 

Ce  Traité  est  le  plus  étendu  qui  soit  publié  sur  l'Analyse.  Il  est  destiné  aux 
personnes  qui,  n'ayant  pas  le  moyen  de  consulter  un  grand  nombre  d'Ouvrages, 
ont  le  désir  d'acquérir  des  connaissances  étendues  en  Mathématiques.  Il  contient 
donc,  outre  le  développement  des  matières  exigées  des  candidats  à  la  Licence, 
le  résumé  des  principaux  résultats  acquis  à  la  Science.  (Des  astérisques  indiquent 
les  matières  non  exigées  des  candidats  à  la  Licence.)  Enfin,  pour  faire  comprendre 
dans  quel  esprit  est  rédigé  ce  Traité  d'Analyse,  il  suffira  de  dire  que  l'Auteur  est 
UD  ardent  disciple  de  Cauchy. 


23024  .Fan».  -  Imprimerie  GAUTHIER-VILLARS  ET  FILS,  quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


:\  Petersen,   Julius 

11  Théorie  des  équations 

P4,81/^         alf^ebriqiies 


]     Physical  & 
Applied  Sci. 


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